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Jusqu'à un certain point, l'agriculture elle-même, en tant que com- prenant dans son domaine un grand nombre de végétaux et alors même qu'elle emprunte à la physiologie et à l'anatomie des plantes de précieux VI documents, rentre essentiellement dnns la botanique appliquée, et si ce n'était la différence entre le contingent des terres cultivées et celui des jardins, au fond et selon la nature des choses, Tagriculturc et Thorticul- ture ne seraient que deux branches de la botanique. C'est ainsi que la plupart des auteurs de philosophie en examinant la classification des sciences humaines, ont entendu limiter, définir et placer ces branches de connaissances. De ces pères de la science au seizième siècle, alors que la botanique aussi reprenait une vie nouvelle dans l'observation des choses mêmes de la nature, évidemment De l'Escluse était l'homme le plus pratique et ses écrits originaux ont eu surtout pour but de livrer à la postérité une his- toire exacte, érudite et aussi complète qu'on pouvait désirer de la posséder alors, de chaque végétal destiné à vivre désormais en société avec l'homme. De l'Escluse saisit l'espèce dans son lieu d'origine, il l'envoie au loin, pai- ou chez un homme qu'il nomme, il donne l'année de cette émigration, il raconte comment l'introduction a eu lieu dans une localité donnée, il ne néglige aucune circonstance intéressante, il fait intervenir les souverains, les nobles, les grands de la terre, les dames, les horticulteurs par amour et par passion, il met son monde en scène, et si ses contemporains, gens assez secs et raides en général, ont fait des livres qu'on consulte. De l'Es- cluse sait faire lire les siens d'un bout à l'autre et nous sommes persuadés qu'il arrivera à tous les appréciateurs d'une belle langue, d'un beau style et de belles pensées de ne plus quitter les ouvrages du professeur de Leyde , du moment qu'on les a ouverts une fois. Ce sont de ces livres qu'on lit et relit entièrement et souvent quand on est venu au monde l'amour des fleurs dans le cœur. Nos horticulteurs d'aujourd'hui devraient les avoir toujours sur leur table d'étude , et c'est en les compulsant sans cesse qu'ils suivraient eux-mêmes les bonnes traditions : l'exactitude, la véracité, la justice pour tous, les soins entendus, les succès et les insuccès, les preuves, les noms propres, une bienveillance sans borne et le véritable esprit de la bonne compagnie et toutes ces choses exprimées dans une langue délicate, élégante et pure. Ces livres modèles, heureux sont ceux qui les possèdent et qui conversent souvent avec eux ! Charles De l'Escluse, dont le nom fut latinisé selon la coutume de l'époque en Clusius , naquit le 19 février 1526, à 5 heures du matin, à Arras dans l'Artois, de Michel De l'Escluse, seigneur de Watènes et con- seiller de la curie provinciale, et de Guilliémine Quineaut, femme exem- plaire par ses vertus et ses belles qualités. Il était l'aîné des enfants et eut hérité plus tard du titre de seigneur de Watènes, mais ayant vu sa noblesse reconnue et augmentée par plusieurs souverains , et trouvant sans doute son titre de docteur plus beau que celui de baron, il remit îi son frère ses droits d'aînesse avec le titre de la famille et se contenta de son nom de Carolus Clusius tout court, mais respecté et honoré partout. Il était né faible et durant toute sa jeunesse il souffrit des fièvres qui revêtirent vil — un caraclère intcrinillent quaternaire et même devinient pernicieuses au point quïl fut toute sa vie sujet à beaucoup de maux physiques, et de plus mélancolique, rêveur, mais d'une activité qu'on n'eût pas supposée possible avec une constitution si débile. Sa jeunesse fut d'abord heureuse sous tous les autres rapports. Ses parents le chéi'issaient , dit un de ses biographes, sa patrie était glorieuse, sa famille dans l'opulence, sa maison innocente, ses pénates honnêtes, ses paroles et ses pensées libres et rien ne fut négligé pour lui donner une brillante éducation. Paul Euchairc jetait du lustre sur les études d'humanité à dand, et le jeune Charles De l'Escluse, pour achever les siennes, vint demeurer dans la capitale des Flandi'cs. De là il partit pour Louvain où il fit ses classes de grec et de latin pendant deux ans au collège des Ti'ois-Langues. D'une aptitude rare à tout apprendre, il avait fini ses études en droit à 22 ans; il prit alors ses grades de licencié sous Gabriel Mudœus. Son père avait voulu d'ailleurs qu'il se vouât à la jurisprudence comme fils de famille, mais la Providence Tavait destiné à briller dans une carrière pour laquelle, avant vingt- quatre ans, il ne s'était senti aucun attrait, tellement il est vrai, si l'on compare cette jeunesse à celle de Linné , que pour mener les hommes à leur fin , le doigt de Dieu les pousse au même but par des chemins bien différents. A côté des arguties de droit, les diseussions théologiques présentaient de l'attrait à sa vive et prompte intelligence , et c'est dans ces discussions quïl trouva le seul malheur de sa vie ; Louvain n'avait pu manquer, du reste, de lui offrir sous ce rapport de quoi s'exercer. Mais Marbourg citait André Hyperius dont les coui's de théologie avaient une grande réputation, et le ûuneux légiste Oldcndorp. De TEscluse, possédé déjà de cet amour de la locomotion qui ne le quitta jamais, s'empressa de suivre son penchant pour les voyages et partit pour cette université. Là, les pro- fesseurs lui parlèrent tant de Mélanchthon, « le savant universel, l'oracle de l'Allemagne i> selon les louanges du temps, qu'il brûla d'aller le voir, et bientôt il se rendit à Wittemberg en Saxe, où résidait en ce moment l'ami de Luther et le rédacteur de la Confession r^/lî^^/sôo^r^f. Mélanchthon qui savait avec tant d'art emmieller la coupe des séductions, exerça sur le généreux mais trop fiiible De l'Escluse un ascendant qui lui fit commettre la seule faute que nous trouvons dans sa vie, mais cette faute est grave et solennelle. Le célèbre professeur Treviranus, de Bonn, la juge aussi avec austérité : « Certainement, dit-il , nul n'a plus de mérite, ni en a de plus grands en botanique que Charles De l'Escluse. Qu'il s'agisse du nombre de plantes découvertes par lui-même , de l'élégance ou de la fidélité des planches dessinées et gravées, delà perspicacité nécessaire l)our distinguer les vraies espèces , des soins pour ouvrir à la science les champs inexplorés de la France, de l'Espagne et du Portugal, ou de l'érudition des écrits antérieurs et contemporains, qu'il s'agisse de tant de qualités, De l'Escluse ne le cédera à aucune autre illustration. VIII Tous proclament la modestie et la candeur de son âme. Mais, ô ciel! pourquoi ne peut-on pas louer de même sa constance dans la religion de ses pères ! Il déserta le culte de ses aïeux , il abandonna sa foi et se lia avec Philippe Mélanchthon ! » M. Treviranus est un des plus grands savants dans la science même deDe TEscluse, il appartient à un pays où la tolérance religieuse est depuis long- temps entrée dans les mœurs, et cependant dans cet acte qu'on doit envi- sager naturellement d'après sa propre communion, la postérité ne réserve que le blâme pour l'illustre écrivain d'Arras. En 1550, il partit de Wittemberg pour Francfort et de là se rendit à Strasbourg où il résida quelque temps. Son projet était de parcourir la France et la Suisse et il commença par Lyon d'où il gagna Montpellier. Jusque-là, De l'Escluse n'avait pas étudié la moindre plante et ne se sentit aucun penchant vers les sciences naturelles : la théologie, le droit étaient seuls les objets de ses préoccupations. L'histoire des sciences atteste que le célèbre Rondelet jouissait au plus haut point de l'art d'entraîner les esprits vers ses sciences de pi'édilection et d'inspirer aux autres les passions dont lui-même était possédé. Rondelet était précisément de retour de son voyage en Italie où il avait accom- pagné le cardinal de Tournon et avait servi à fonder à Rome l'académie des Arcades. En 4551, il fondait à Montpellier un amphithéâtre d'anatomie et préparait, grâce aux secours de l'évêque Guillaume Pellicier, son grand ouvrage sur les poissons. De l'Escluse devint l'ami et le commensal du lameux médecin et ce fut dans ce commerce qu'il prit la prompte mais ferme résolution de changer de carrière, d'abandonner le droit et les dis- cussions de théologie pour la médecine et l'étude approfondie et toujours aimable des plantes. Il se mit de nouveau sur les bancs de l'école, écouta son maître et son ami Rondelet avec avidité et se pénétra surtout des principes de clinique de Laurent Joubert , un des grands praticiens de l'époque. Dans ces études médicales, l'amour de la botanique l'emportait, et, voulant connaître les espèces par elles-mêmes, il se mit à parcourir le Narbonnais dans tous les coins et recoins. Son panégyriste Vorst le compare à un chien qui le long du Nil irait sentir à toutes les fleurs : comparaison peu gracieuse mais pittoresque, exprimant l'altitude d'un botaniste herborisant sans relâche et trouvant comme par instinct les plantes les plus cachées. Ce n'est pas seulement, ajoute Vorst, l'histoire naturelle qui l'occupait ainsi, mais les objets d'art, les antiquités, les mœurs des populations, leur histoire : tout l'intéresse. M. De Ram, rec- teur de l'université de Louvain, a publié de De l'Escluse des lettres qui prouvent qu'il était aussi un savant numismate , et Abraham Ortelius a ajouté à son Theatrum geographictim une table chronographique de la Gaule narbonnaise [Tabula chronographica Galliœ /iar6one«5î5), entière- ment rédigée par le savant d'Arras. Cependant, il entretenait des relations avec les savants littérateurs de IX — son temps : on le voit par les lettres et les poésies de Pierre Lotiche qu'on regardait alors comme le prince des poètes allemands et qui avait une haute estime pour De l'Escluse. Celui-ci se mit en relation, dès le com- mencement de ses études sur les plantes, avec les illustrations botaniques de son temps : il devint bientôt beaucoup plus instruit que Rondelet et Huit par donner des leçons de botanique à son maître. On l'appelait le Galien, l'Oribase , TEsculape de son temps. Ce qui rendait l'étude des plantes difficile, longue et fastidieuse, c'était l'absence des jardins bota- niques, car Pise, en 1S43, et Padoue, en 1545, eurent seuls des jardins de ce genre; Florence n'eut le sien qu'en 1556 , et De l'Escluse, par des circonstances qu'il croyait fatales, ne sut jamais visiter l'Italie. Il ne pou- vait donc étudier les plantes réunies à l'état vivant. De plus, les ouvrages de la renaissance de la botanique étaient surtout les œuvres de ses con- temporains. Ruelle, Mathiole, Fucbs venaient de publier les premières éditions de leurs œuvres générales en 1550, 1548 et 1552; Dodoëns, en 1554, avait mis au jour la première édition de son célèbre Cruydthoek, qui est visiblement le livre principal qui a guidé De l'Escluse dans ses recherches sur les plantes. Or, tous ces auteurs étaient fort incomplets, surtout en ce qui concerne la flore du centre de l'Europe, et c'était cette flore que De l'Escluse cherchait à compléter. Après avoir pris ses grades en médecine à Montpellier, il repassa par Lyon, visita Genève et Bàle où, précédé de sa réputation, il fut reçu avec les plus grands honneurs par l'université. De là il descendit le Rhin jusqu'à Cologne et arriva à Anvers où il demeura quelque temps pour présider à l'impression , chez Jean Loc , de son Histoire des fiantes en laquelle est contenue la description entière des herbes, c'est-à-dire, leurs espèces, formes, noms, tempérament, vertus et opérations : non-seulement de celles qui croissent en ce païs , mais aussi des autres étrangères qui viennent en usage de médecine , par Rembert Dodoens, wierfectw de la ville de Malines, et nouvellement traduite de bas aleman en franco is par Charles De l'Escluse (petit in-fol., 584 pages sans les tables). Cet ouvrage, de 1557, remplace dans nos bibliothèques la première édition du Crmjdt- boek, de Dodoëns, de 1554, devenu aujourd'hui d'une rareté excessive ('). Beaucoup de planches ont servi aux deux livres, mais cependant il y en a un certain nombre qui ont été gravées expressément pour la traduction française. Il est impossible dans l'histoire d'une plante d'Europe qu'on veut avoir complète, de ne pas consulter ce livre précieux qui coûta deux ans de travail à son traducteur. L'ordre que suit ce dernier, est le même que celui de Dodoëns. Ce fut cette même traduction en français qui fut de nouveau traduite en anglais, par Lyte, et propagea en Angleterre les (I) Voyez sur ce point noUe l'rologue à la mémoire de Dodoëns, 1" vol. de la Belr/iquc horticole, p. xiv cl l'éloge de Rcmb. Dodoëns, par M. D'Avoine, p. 185. X — noms de l'auteur et du traducteur. Cette année loo7, il fit paraître en- core à Anvers son Recueil d'aucimes gommes et liqueurs^ bois, fruils, racines aromatiques (in-fol.), dans lequel il montre combien son but était de faire connaître, sous le rapport botanique, les substances pbarmaceu- tiques que la médecine employait alors sans en savoir ni la nature, ni l'origine. La guerre entre Charlcs-Quint et Henri II de France le retint dans les Pays-Bas, où il choisit pour séjours Anvers, Bruxelles et Louvain. En 1560, il partit pour Paris et y vécut deux ans, enfin il passa toute l'année (I5()5) à Louvain. Il est inutile de faire remarquer que, s'il ne fut pas attaché à l'université si célèbre de cette ville, son apostasie seule légiti- mait cette exclusion. Pendant ce séjour il contribua à l'édition de plu- sieurs œuvres littéraires : c'est ainsi qu'il mit en français les vies d'An- nibal , de Scipion et de Donat Aeciaivolo, lesquelles traductions parurent dans le Plutarque français. Il publia aussi, en 4561 , la traduction en latin de l'ouvrage italien Antidotarium florentiinim , ou trois livres sur l'exacte manière de composer les médicaments , tirés des ouvrages de médecine des Grecs, des Arabes et des modernes, selon les docteurs de Florence. Cet ouvrage de matière médicale obtint une grande vogue. En 1565, il se rendit à Augsbourg d'où il partit au bout de deux mois avec les frères Fugger, traversant en poste la Belgique et la France, le long de son littoral et de là il parcourut toute l'Espagne qu'il visita en botaniste, ainsi qu'une partie du Portugal et surtout les environs de Lis- bonne. Ces herborisations durèrent un an entier et furent des plus fruc- tueuses. N'oublions pas qu'il nous ramena de Cadix les jolies jonquilles et dota nos jardins, à la suite de ces explorations, d'un grand nombre de plantes nouvelles. Il a publié lui-même ses découvertes en Espagne sous le nom de Rariorum aliquot slirpium per Ilispanias obscrvatorum lihri II (Anvers, 1576, 1 vol. in-8°), ouvrage dans lequel on retrouve l'origine et l'introduction de beaucoup de nos belles plantes. Les courses à travers les montagnes lui furent fatales. Il tomba avec son cheval dans un précipice, se cassa le bras droit au-dessus du coude, et , dans une autre chute occa- sionnée aussi par son désir d'arracher quelque plante nouvelle d'un rocher, il se cassa la jambe, mais ces accidents ne le découragèrent pas, et nous verrons comment d'autres malheurs personnels le forcèrent plus tard d'adopter une vie plus sédentaire. Étant à LisJjonne, le hasard lui fit tomber entre les mains le Dialogue de Garcias ab Orto (Du Jardin), en portugais, sur les aromates des Indes. De l'Escluse trouva ce livre si utile qu'il le traduisit incontinent en latin, et, plus tard, en 1574 , il le fit publier chez Plantin d'Anvers, en y an- nexant l'ouvrage de Nicolas Monardès, médecin espagnol, sur les Simples du Nouveau-Monde. Ces ouvrages eurent jusqu'à cinq éditions. Pour se rendre compte de cette popularité, il faut se rappeler que Garcias ab Orto ou ab Horto (Du Jardin), médecin portugais, né en 1500, commença le XI premier rétudc réelle des substances utiles dans l'art médical et l'art culi- naire. Il était parti pour les Indes avec le vice-roi de Portugal et avait fondé à Bombay un jardin botanique dans lequel il avait rassemblé toutes les espèces de l'Inde employées dans les arts et les métiers. C'est dans son ouvrage qu'on trouve les premiers documents sur l'aloës, rassa-fœtida,le benjoin, la laque, le camphre, le bétel, le macis, la muscade, le girofle, la cannelle, la manne, le |)oivre, la noix de coco, la noix des Maldives, les myrobalanes, la rhubarbe, le gayac et un grand nombre de produits du règne végétal du plus haut intérêt et sur lesquels il ne régnait que de l'obscurité, des doutes et des erreurs. De l'Escluse revint d'Espagne dans les Pays-Bas après un an de séjour et fit servir les sept ans de tramiuillité qu'il y conserva, à traduire des ouvrages utiles pour Plantin avec lequel il s'était lié d'une étroite amitié et à ouvrir des relations avec les principaux botanistes et horticulteurs de la Belgique, horticulteurs dont De l'Escluse appréciait avec autant de raison que de tact la haute utilité pour la propagation des plantes. Ce serait un ouvrage d'horticulture à faire et des plus curieux que celui dans lequel on rédigerait le dictionnaire alphabétique des noms, de la vie et des actions des introducteurs de nos plantes actuellement connues. Les ouvrages de De l'Escluse, si consciencieusement écrits sous ce rapport, devraient être les premiers consultés et fourniraient d'amples renseigne- ujents. L'histoire des choses utiles, des origines et des découvertes n'exis- tera qu'à la condition que ce dépouillement sera fait, et dans les œuvres de De l'Escluse on s'apercevra que plusieurs de nos grandes familles ont laissé des traces anciennes de leur culte pour les beautés de la nature et que l'amour de la culture des jardins n'a pas quitté leurs lignées depuis des siècles. Les princes D'Arenberg, de Cbimai , de Croy, Conrad Schets dont Mgr. le duc D'Ursel est un des descendants , etc. , sont souvent cités dans ces œuvres, de même que les comtes De Sivry, Van der Dilft, De Bossu, De Houckin, etc. Beaucoup d'autres noms s'y retrouvent presque à chaque page et témoignent de la haute splendeur de l'horticul- ture dans la Belgique. Bruxelles citait avec orgueil les jardins pleins de plantes rares du trésorier de la Toison d'or. Van Veltwyck, du malinois Jean Boisot, des Van Vreccome et De Brancion dont Vanderdiift hérita. Malines se vantait des jardins de Georges Van Rye, si célèbre par l'intro- duction des tulipes, et de Raphaël Coxie; Anvers réunissait une foule de merveilles dans les jardins et les consei'vatoires de Pierre Coudenbcrg, de Jean De Gruttere et de Guillaume André. Louvain comptait d'ardents introducteurs dans les professeurs De Breughel, Corneille Gemma et Jean Viring, tandis que Liège possédait le chanoine de St-Lambert, Charles De Langhe , un des amis de De l'Escluse et qui, d'après Juste- Lipse, dota nos jardins du Muscari de Corse, cette plante célèbre depuis que Napoléon reconnaissait sa patrie à l'odeur de sa fleur. Incontestable- ment c'est parce qu'il y avait tant de jardins alors en Belgique, si riches, si XII soumis à un progrès constant et si rapprochés sur une petite étendue que De TEscluse se fixait toujours au centre de cette région florifère. Les lettres publiées par M. De Ram et le professeur Treviranus prouvent, en effet, quïl résidait indifféremment à Bruxelles, à Louvain, à Anvers, à Malines, etc. L'année 4559 fut désastreuse par une grande disette. Un botaniste an- glais, le docteur Bulleyn, sauva un grand nombre de pauvres en les nour- rissant avec une gesse maritime [sea pease)^ et ce succès lui fit examiner avec soin les ressources qu'on trouverait dans les plantes spontanées. De là à l'acquisition de la science elle-même des plantes, il n'y a qu'un pas, et Bulleyn devint un des principaux botanistes d'Angleterre. Il publia un ouvrage sur les plantes sous le nom de Boulevard de défense [Buhvark of défense) et correspondit avec Del'Escluse, désormais le centre de toute la botanique du seizième siècle. De TEscluse partit pour l'Angleterre en 4571, s'embarqua à Calais et resta deux ans au-delà de la Manche. Le botaniste belge y fut parfaitement accueilli par les savants et les person- nages d'élite parmi lesquels la postérité cite les lords Philippe Sidney et Diere. Autant De l'Escluse plaignait les Espagnols de l'état malheureux dans lequel ils abandonnaient leur pays, autant il loue les Anglais de la splendeur de leurs îles. On sait qu'une défaite éprouvée par sir John Hawkins fit concevoir à François Drake, vice-amiral sous Elisabeth, une vive aversion pour les Espagnols, et qu'il jura de leur faire le plus de mal possible. Deux fois déjà , il s'était rendu aux Indes occidentales pour se venger d'eux, suivi par de hardis aventuriers de mer. Ces marins avaient rapporté de leurs voyages beaucoup de choses extraordinaires, et François Drake lui-même était instruit en histoire naturelle : sir John Hawkins, son parent et son protecteur, passe en Angleterre pour le premier intro- ducteur en Europe de la pomme de terre. Avant son départ pour Vera- Cruz en 4572, Drake eut des relations avec De l'Escluse et le capitaine lui fit donner beaucoup de détails par ses marins sur les curiosités natu- relles des Indes. C'était une bonne fortune pour un homme qui , comme Del'Escluse, aimait à raconter au sujet de chaque être naturel, ce qu'on en disait. Ces récits le portèrent de nouveau à s'occuper des plantes extra- ordinaires. Philippe Sidney et Edward Diere lui avaient fait connaître fouvrage espagnol de Nicolas de Monardès concernant l'histoire des médi- caments simples rapportés du Nouveau-Monde. Retenu à Gravesende par les vents contraires et avant de s'embarquer pour la Belgique, De l'Escluse traduisit en latin cette histoire de Monardès. C'est dans cet écrit qu'il est parlé pour la première fois delà cannelle d'Amérique, du bananier, du maclura, des gayaves, de la pistache de terre, de la granadille plus tard passiflore, du gingembre, du jalap , du grand soleil , de la fleur de sang devenue notre capucine, de la balaie, des pipes et subsidiairement du tabac, du baume de Pérou, etc. Toutefois, plusieurs de ces plantes re- çurent de plus amples développements concernant leur histoire dans un XIII autre écrit que De l'Escluse traduisit et annota plus tard, V Histoire des aro' mates et médicaments de Christophe à Costa. Le botaniste belge laissa une si bonorable renommée en Angleterre que, plus tard, Lyte traduisit (1578) en anglais sa traduction française du Cniydthoek de Boôoëns. Les planclies ou bois gravés par les soins de Van der Loc, servirent encore à Tcdition anglaise qui fut imprimée à Anvers. De l'Escluse reçut en Angleterre sa nomination de médecin de l'empe- reur d'Allemagne Maximilien II , et il est évident quil dut cette haute fonction à sa réputation de botaniste, car outre une charge honorifique qui l'attachait à la cour impériale indépendamment de son titre principal, il obtint encore la place de directeur du Jardin impérial des Plantes fondé récemment à Vienne. Immédiatement, il partit pour sa nouvelle résidence. Il est à remarquer que depuis 1562 De l'Escluse cultivait la connaissance, faite à Louvain, de Thomas Rédiger, noble silésien, patricien de Breslaii, avec lequel il eut une longue correspondance en Belgique, en Italie et en Allemagne, et que, dès 1570, il commence à lappeler son «t Mécène digne à jamais de respect i» Domino ac Mœcenati perpetuo ohservando. Le pre- mier médecin de l'empereur était Jean Craton de Craftheim , qu'on a faussement représenté comme l'ennemi de Dodoëns et qui demeurait aussi à Breslau, de sorte qu'il est probable que c'est par Rédiger et par Craton que le célèbre botaniste belge dût l'insigne honneur d'être appelé à Vienne, honneur que son mérite justifiait d'ailleurs pleinement. On voit à l'active correspondance de De l'Escluse, au style de ses lettres et aux louanges qu'il savait habilement semer dans ses ouvrages à l'adresse des hommes en crédit, qu'outre ce qui revient de plein droit à ses vastes con- naissances, il faut encore tenir compte dans sa vie , des moyens les plus ordinaires de parvenir, les influences personnelles. De l'Escluse remplit ces charges pendant quatorze ans tant sous l'em- pereur Maximilien II que sous son successeur Rodolphe II. Sa demeure liabituelle jusqu'en 1598 était Vienne, mais pendant cet intervalle il fit encore plusieurs absences qu'il tournait toujours à l'avantage de la science des plantes. Il se rendait à Prague avec l'empereur, visita toute la Hongrie et y eût des relations avec le comte De Batthyan chez lequel il travailla surtout à son Traité sur les champignons annexé plus tard à son grand Traité des plantes rares. L'illustre botaniste éprouvait, il le dit lui-même, une répulsion invincible pour l'usage culinaire de ces cryptogames, et ses amis s'amusaient à les lui servir sans qu'il s'en doutât. Il parcourut toute l'Autriche et rédigea la Flore de Pannonie qu'il publia à Anvers chez Plantin avec 355 nouvelles gravures de plantes sous le nom de Rariormn aliquot stirpium et plantarnm per Pannoniam, Attstriam et vicinas quasdam provincias ohservaiorum. historia quatuor lihris expressa, ouvrage qu'on consulte encore aujourd'hui avec le plus grand fruit. Il visita de nouveau et h deux reprises l'Angleterre où il trouvait chaque fois l'occasion d'apprendre des faits inconnus relatifs aux plantes d'Amé- ** XIV riquc. En 1582, il publia aussi ses notes sur les aromates , les espèces culinaires et pharmaceutiques du Nouveau-Monde sous le nom de : Caroli Clusii aliquot notœ in Garciœ aromatiim hisloriam, ejusdemcpie des- criptiones nommllarum stirpiuni et aliarum exoticarum rerum, quœ a generoso viro Francisco Drake, équité anglo, et his observatœ snnt qui eum, in longà illa navigatione , quà proximis annis universum orhem circumivit, comitati snnt , et quorumdam peregrinornm fructuum, qnos Londini ah aniicis accepit. La même année il donna une nouvelle édition de l'histoire des aromates de Christophe à Costa, un des élèves de Garcias et lui-même médecin à Burgos. Cet écrit est un des livres primitifs des plus nécessaires à consulter dans l'histoire de nos plantes utiles. C'est en effet dans ses pages que l'on parle pour la première fois avec des détails curieux du tamarin, de l'anacarde, du galanga, de l'ananas, des caram- boles, du jambos, du datura , de la sensitive alors connue sous le nom expressif de /ier6a iu'ra, ou herbe vivante, et tellement extraordinaire (ju'un médecin (est-il écrit), après l'avoir vue au Malabar, devint fou. De TEscluse était également à Vienne en 1588 lorsqu'entretenant toujours des relations avec ses amis de Belgique , il reçut de Philippe de Sivry, gouverneur de Mons en Hainaut, ces premiers tubercules de pommes de terre introduits l'année auparavant à Bruxelles par un employé de l'am- bassade de Rome. De l'Escluse les fit figurer avec la plante en fleur, les communiqua à ses amis, tandis que Jacques Garet de Francfort lui envoya d'autres tubercules des environs de cette ville. L'histoire si intéressante de ce précieux aliment ne saurait s'écrire aujourd'hui sans recourir à De lEscluse qui, par le seul fait d'avoir popularisé le plus riche présent que le Nouveau-Monde ait offert à l'ancien, mérite de prendre place parmi les bienfaiteurs de l'humanité. La culture de la pomme de terre préconisée par le botaniste belge placé alors à la tête du Jardin impérial de Vienne, continuée par les horticulteurs de Belgique, transmise à François Vanster- rebeck au dix-septième siècle , à Verhulst de Bruges au dix-huitième, ne se perdit plus dans nos provinces, et, quand Parmentier avait trois ans, nos pupulations trouvaient déjà sur les marchés publics des villes les pommes de terre en abondance. Cest à Francfort, où Jacques Garet les cultivait au seizième siècle, que Parmentier connut les pommes de terre, chez le pharmacien Morin dans la demeure duquel il avait reçu un billet de logement, et c'est un nommé Grégoire, paysan de Jalhay près de Liège, qui apprit à Parmentier la culture du précieux tubercule; Grégoire fut employé en France dans les plantations de Parmentier. L'histoire de la pomme de terre, faite consciencieusement et les preuves à l'appui, nous prouve de la manière la plus évidente que dans la propagation de cet indispensable aliment, les Belges ont joué un rôle bien autrement impor- tant que celui de l'homme auquel la France a voué tant de reconnaissance et décerné les plus grands honneurs. Maximilien H augmenta les titres de noblesse de De l'Escluse; l'illustre XV — médecin jouissait à la cour de crédit et de considération. Sa vie y semblait lissue de jours heureux et cependant , qui le croirait ! le botaniste s'en- nuyait! il avait pris les grandeurs en pitié, et sans motif autre que sa volonté, il partit de Vienne en 1587 après s'être démis de ses charges et fonctions. Ni Vorst, ni Boissard, ses contemporains, qui ont fait connaître les détails de sa vie peu de jours après sa mort, n'ont attribué son départ de l'Autriche qu'à l'intolérable ennui que lui inspirait l'étiquette des cours. L'été, il herborisait constamment et séchait les plantes; dans une de ses lettres il parle de son herbier avec cet amour que vouent d'ordi- naire les botanistes à leur jardin desséché; l'hiver, il décrivait et dessinait ses plantes. Dans les manuscrits de ses ouvrages conservés avec beaucoup de soin à la bibliothèque de Leyde, on retrouve ces dessins faits à la plume, à hachures croisées; ils indiquent plus de précision et d'exactitude que d'entente du dessin , mais c'est là , comme on le sait, une qualité pour les figures d'histoire naturelle et notamment de botanique. Il des- sinait d'ailleurs finement, et l'on cite la carte d'Espagne avec les noms des lieux dessinée par lui pour Ortelius. De Vienne, De l'Escluse partit pour Francfort où il séjourna six ans; il y vécut, dit son biographe, de sa vie à lui, sibique vixit. Le landgrave Guillaume ne pouvait cependant laisser dans l'ombre une illustration de la taille de De l'Escluse, aussi ce dernier, malgré son peu d'aptitude pour l'art du courtisan , ne pût-il échapper entièrement aux invitations du prince. Le botaniste en reçut, sans doute malgré lui, des honoraires an- nuels; le landgrave l'amenait avec lui dans son carosse, le consultait dans l'intimité et le mettait en relation avec les ambassadeurs et les seigneurs du pays. Le savant publia à Anvers, en 1389, pendant son séjour à Francfort, l'ouvrage de Pierre Bellon sur l'histoire de la Grèce, de l'Asie, de l'Egypte et de la Judée suivie dune botanique des plantes peu connues de ces contrées : Pétri Belloni, cenomani, plurimarmn singidarum et memorabilium reruni in Grœciu, Asia, j€gypto, Judœa, Arabia^ aliisque exteris provinciis ab ipso conspectarum observationes , tribus libris ex- pressœ. Accedit ejusdem de neglecta stirpium culturO, , atqiie eariim cognitione libelhis , edocens quà ratione sylvestres arbores cicurari et mitescere qneant. Carolus Clusius e gatlico latinum faciebat. Antv. Plant. 1389, in-8«. Nous avons dit comment, dans ses herborisations en Espagne, il s'était cassé le bras droit et la jambe. A Vienne , il s'était luxé le pied et fendu la malléole à l'âge de 33 ans. A Francfort, un nouvel accident l'attendait, une chute lui occasionna la luxation du fémur, et le mal méconnu et mal guéri le fit boiter le reste de sa vie , il ne marcha plus qu'en s'aidant de béquilles. Alors il fut réduit entièrement à la vie sédentaire qui allait si peu à ses habitudes, il devint calculeux, herniaire et hypocondre, et c'est dans ce mauvais état de santé qu'à l'âge de 67 ans il accepta la nomination de professeur à l'université de Leyde où sa haute réputation le précédait. — XVI — Dodoëns, nommé en 1582 professeur à la même université, y était mort en 1585. De l'Escluse n'y trouva plus son ami. Non-seulement il y donnait leçon tous les jours, mais il ouvrait encore des conférences sur les sciences, la médecine, la botanique et la philosophie à tous ceux qui voulaient dis- courir avec lui. Son zèle était infatigable, et, malgré ses souffrances phy- siques, il donna (en 1601) la belle édition de sa grande œuvre originale, le Rariorum 'plantarum historia, auquel il ajouta son Traité des champi- ynons, les lettres de Honorius Bellus et de Thomas Roels, sur diverses plantes, la description des bains de Vérone, volume in-folio enrichi de nombreuses figures et d'un beau portrait de De l'Escluse gravé par Van der Gheyn (Anv., chez Moretus). En 1605 parut chez Rapheleng, dans l'imprimerie de Plantin à Anvers, son Exoticorum libri deceni, avec les observations de Bellon également in-folio et enrichi de planches nom- breuses. Ce sont ces deux volumes in-folio qui forment pour l'histoire des plantes, cultivées dans nos jardins, une des sources les plus fécondes de la véritable instruction qu'elles exigent. C'est là que De l'Escluse a ma- nifesté son véritable esprit, son immense érudition et les trésors de sa science profonde. Il connaissait les sept langues requises pour être littéra- teur à cette époque : le grec, le latin, l'italien, l'espagnol, le portugais, le français, et, disent ses contemporains, le flamand ; mais il sera bien permis sans doute d'y joindre l'allemand puisqu'il donne dans ses ouvrages mêmes les preuves de cette connaissance. Il était non-seulement versé en littérature, en philosophie, en cosmographie, en médecine, mais à l'étude approfondie de la botanique , il joignait celle de la zoologie : il fit con- naître les limules, le fameux dodo, cet oiseau qui a disparu du temps de l'homme de la surface de la terre, les pingouins et beaucoup de poissons. Cuvier l'appelle » l'homme le plus savant de son siècle » et il n'est pas un seul historien des sciences qui n'ait rendu plein et entier hommage à son éminent mérite. Pour cultiver la science avec tant d'amour, il resta céli- bataire et mourut après seize ans de professorat , à l'âge de 84 ans , le 4 avril 1609, à Leyde où il fut enterré dans l'église de Notre-Dame. L'université lui rendit les derniers honneurs. Après avoir conduit le deuil, le sénat académique assista à l'éloge funèbre prononcé par le pro- fesseur Éverard Vorst, le 7 avril 1609; le sénat fit imprimer cette pièce et ordonna que le portrait du défunt figurerait dans la grande salle acadé- mique. Une inscription laudative gravée sur cuivre fut placée dans l'église de Notre-Dame où elle subsista jusque vers 1820, époque où le temple fut abattu. Le professeur Tenwater eut soin à cette époque de faire trans- porter la plaque de cuivre, encadrée de bois sculpté, dans l'église actuelle de Saint-Pierre à Leyde où on la voit encore contre le premier pilier de droite en entrant. L'inscription est ainsi conçue : XVII — BOJKiS niEllORliS Carol I Clvsii Atrebatis pos. Qui ob nominis celebritatem probitate , ervditione, tvm REI IMPRIMIS HeRBARI.E ILLVSTRATIONE PARTAM , INTER AVL.E CaES. FAMILIARES ALLECTIS; ET POST VARIAS PEREGRINATIOJiES A NOBB. DEMVM ET AMPLISS. DD CVRR. ET COSS IN HANC VBBEM CONDECORAND;E AcADEMI^ EVOCATVS, ET STIPENDIO PVB. PER ANNOS XVI. HONORATVS XXCIV™ JE. S. ANNUM INGRESSUS OBIIT CELEES IV APR. MDC . IX. Son éloge funèbre et une notice biographique, écrite par Boissard, pour servir à la biographie des hommes illustres dont les portraits avaient paru à cette époque, ont été publiés dans les Curœ posteriores , ouvrage posthume de De lEscluse, mis en ordre par Rapheleng et contenant la description et les figures des plantes et des animaux destinés à une nou- velle édition de ses œuvres (1611). Nous avons vu à Leyde un exemplaire des Rariorum plantarmn historia, avec les figures et le texte des Curœ posteriores, placés à leurs endroits respectifs par Rapheleng, gendre de Plantin, de manière que la nouvelle édition, complétée des œuvres origi- nales de De l'Esclusc, était prête à être imprimée. Nous mettons en tète du troisième volume de la Belgique horticole un double portrait de De l'Escluse, l'un le représentant à l'âge mûr de trente à quarante ans, l'autre donnant ses traits vers quatre-vingts ans. Le second de ces portraits est le plus répandu, il figure en tète de ses œuvres et a été reproduit souvent. Le premier est au contraire rare, il a été fait d'après un tableau original en possession de M. Rota qui l'a laissé copier par M. Ambroise Tardieu de Paris, afin de le faire figurer dans la collec- tion des portraits de savants dont il a été parlé dans le Dictionnaire des sciences naturelles. De l'Escluse eut beaucoup moins que Del'Obel l'idée d'une classification méthodique des plantes : il n'avait pas , comme son émule de Lille , la prescience des familles. Son grand ouvrage repose plutôt sur un senti- ment d'horticulteur que sur une idée de botaniste. Le premier livre com- prend les arbres, les arbrisseaux et les sous-arbrisseaux où le dragonnier figure à côté du laurier-avocatier et une céramiaire à côté d'un sapin; le second livre embrasse les plantes bulbeuses et tubéreuses; le troisième les œillets ou plantes coronaires auxquelles il joint les espèces à belles fleurs odorantes , preuve manifeste que son arrangement repose sur le goût et par suite sur une simple considération d'horticulture ; le qua- trième livre réunit les scabieuses, les radiées, les labiées , les plantes grasses auxquelles il joint les aristoloches, les aroïdées , la batate , la pomme de terre et en général les plantes à grosses racines qu'il distrait, on ne sait pourquoi, des espèces tuberculifères de son second livre; le cinquième a rapport aux plantes narcotiques ou les espèces dont les feuilles — XVllI — sont incisées comme celles de ces plantes, les espèces acres et les aspéri- l'oliées, singulier mélange de toutes sortes de familles sans lien ni con- nexion; enfin, le sixième livre renferme, comme il le dit lui-même , des espèces mêlées, à suc laiteux, à inflorescence en ombelle, les graminées, les légumineuses, les trifoliées, les fourragères, les plantes marines et les espèces aquatiques. On est loin de reconnaître dans cette distribution l'esprit méthodique de De l'Obel. Mais à côté de ce qui manque à cette œuvre, on lui trouve d'excellentes figures, des descriptions bien faites, des détails historiques des plus complets, une perquisition exacte des lieux d'origine, les dates d'introduction, les noms et qualités des premiers cultivateurs et beaucoup de faits sur les usages et qualités des objets. Sous tous ces rapports le Rariormn plantarum historia est, comme en a jugé Sprengel , un monument éternel de génie et de science, monument dont ne peuvent se priver ni l'élève, ni le maître en botanique : Tanti viri scripta monumenta œterna ingenii sunt ac doctrmœ quibus et tiro cl qui ad matiiritatem pervertit^ etiammim carere nequit. L'histoire des sciences naturelles en France a réclamé De l'Esduse comme une de ses gloires. Cette assimilation repose uniquement sur ce fait qu'aujourd'hui Arras, la ville de naissance du savant, appartient à la France, mais quand il y vint au monde, Arras appartenait aux provinces belges. Nous avons exposé la vie de De l'Escluse, nous lui voyons parler le flamand et son premier écrit en botanique est une traduction en fran- çais d'une œuvre flamande; son éducation, il la fait à Gand et à Louvain; quand il va chez lui, comme il le dit lui-même, où va-t-il ? à Anvers, à Louvain, à Bruxelles ou Malines. S'il se fût regardé comme français, il se serait rendu à Paris comme le ferait tout français n'ayant pas de chez soi. Depuis que Charles-Quint avait donné l'exemple d'un empereur d'Alle- magne employant à sa cour un médecin flamand, nous trouvons après ce temps des médecins belges attachés à ces empereurs, et De l'Escluse réside à Vienne au même titre que Dodoëns. Enfin, De l'Escluse meurt professeur à Leyde comme membre de la grande famille belge qui a fourni tant de célébrités aux provinces balaves dans les premières années de la république. L'ensemble de ces faits et gestes, la physionomie de toute cette vie que nous venons de retracer, ne peuvent laisser aucun doute que De l'Escluse ne doive figurer en premier lieu dans l'histoire des sciences telles qu'elles se sont développées dans notre pays. Si d'autres nations le revendiquent comme une de leurs illustrations, nous devons y applaudir, car un homme de cette valeur appartient en réalité à cette famille de l'humanité où le talent, la science et le génie donnent, sans avoir égard au lieu de naissance, le droit de citoyen. Les nations ne s'arrachent pas un grand homme si elles ne s'enorgueillissent de le placer dans leur panthéon. - XIX La Belgique horticole a fait souvent usage des écrits de De TEscluse; ils servent surtout à redresser les erreurs, presqu'aussi nombreuses que les plantes elles-mêmes, qui pullulent dans les ouvrages anglais au sujet de l'introduction des espèces; ils font ressortir toute la gloire de notre hor- ticulture belge célèbre depuis quatre siècles. Le succès toujours croissant de notre entreprise nous prouve que, tant à l'étranger que dans notre propre pays , la confiance dans le travail national n"a pas diminué. De tous les pays de l'Europe et de l'Amérique nous recevons des appuis nom- breux afin de persévérer dans la marche que nous avons adoptée. Tous nos efforts tendront à améliorer l'œuvre tout en lui conservant son carac- tère de popularité et d'art pratique accessible au plus grand nombre et cela au moins de frais possible. LA BËLGIOVE HORTICOLE, aa'ijLiiuiaïi 023 aaaooaQa qqs aaaaaa Q\ir qqsj '3aQc:)aai.3. HORTICULTURE. NOTICE SUR UN NOUVEAU GENRE D'IRIDEES , APPELE REMA- CLEA, ET SPÉCIALEMENT SUR LE REMACLEA FVNEBRIS DE CARACAS , Par m. Ch. Morren. Parmi les plantes envoyées de Caracas cnBclgiqne,parM.Van Lonsberghc, consul général des Pays-Ras, dans cette région de l'Amérique méridio- nale, s'est trouvée une iridée qui doit former le type d'im genre nouveau, lîappelant la structure générale des Cypclla, ce genre difFcre cependant de tous ses voisins par un caractère singulier des étamines, dont les an- Ihères sont soudées intimement aux styles, au-dessous des stigmates, tout en ayant les fdets libres, de sorte qu'en fait c'est une véritable gynandric de Linnéc, dans la famille des iridées, appartenant h la triandrie. Cette soudure est un des caractères les plus remarquables qu'on puisse trouver dans cet ordre de plantes. Voici comment nous caractérisons ce nouveau genre : RliMACLEA. MoRR. Pcrigoninm corolli- nuin, supcriirn , hexapliyllo-pnrliliim, /c^fï- »(a.v basi concavis, exlci'ioribus niaioi'ilms [lalciililins, inlerioribus iiiinutis coiivoliilis, apice rcllcxis. Stamiua tria laciiiiis inlerio- ribus allcriia , pcrigoiiii basi discoideo, iii- scrlu filatnenla Ulw.ra , imo vix coallla, laxe cl, tliversc lorla, (iliforniia, i^racilia, anlhcrœ oblongii', b)iigilii(liiialilcr dcbiscenlcs, l)ilo- nilari's, (bii-so ciiiii angiilo cxlcrno loboruni sligiiialis ailiial;c. Ovarium inforiini oldonjjd- prismaliciiin Iriloculare- Ovula pluriina,iii ioculornni angulo cuiitraii biscriala, horizon- lalia. Stylus brevis, filiforinis, .s<((/h(« dila- lalum , crassuni , lrilol)uni , lobis creclis, veniro seii angulo exiei-no anUifrifcris , sunimo Iri -qiiadri - tuberculatis , obliqiiis (slignia gonuinnm). Capsula mcmbranacca, loriiloso-triloculari.s, apico annulala, lociili- cido-lrivalvis. Scmina plurinia, angulala, nigosa.siriala, hoj-izonlalia in loculorum an- gulo cenlrali biseriala. BKLG. HOKT. T. III. REMACLIilE. MoRR. Périgone corollin, su- père, divise profondcmcnl, en six parties, di- visions conravesi'i la Ijasc , Icscxiérienres phis grandes, ouvcrics, les inlérienrcspluspeliles, eonvoliih'cs, réfléchies au soninicl. Trois éta- mines ailerncs avec les divisions inlérieures , insérées à la base discoïdale du périgone, filets libres, à peine soudés en bas, conlournés là- eliciiK'ul cl diverscmenl, liliforincs, grêles, aiillicrcs (iblongues, s'ouvrant longiludinalc- ineiil, l)il(jcuiaires, adnéesj)ar le dos à l'angle exierne des lobes du stigmate. Ovaire infère , (d)long, prismatique, triloculaire. Ovules nom- breux , en deux séries à l'angle central des loges, horizoïilaux. Stylectiiivl, (iliforme, stif/ Wiftic dilaté , é|)ais, trilobé , lubes droits, an- thérifèrcs par le ventre ou l'angle exierne ; au sommet Iri-quadri-tuberculé, oblique (vrai stigmate). Capsule membraneuse, torulcuse- Iriioculairc, annulée au sommet, loculicide- li'ivalve. Graines assez nombreuses, anguleu- ses, rugueuses, striées, liorizonlalcs, en deux séries à l'angle central des loges. I ~ 2 — Ouire le caractère singulier de la soiuliire par le dos de ranlhère avec ranglc antérieur ou externe du lobe du stigmate, immédiatement au- dessous de la dépression terminale bordée de quatre ou de trois tubercules marginés , au milieu desquels on voit la vraie surface stigmalique hu- mide; outre la particularité que les fdets , libres, lâches, aussi longs que les anthères et même plus longs qu'elles, sont à peine soudées en bas, mais qu'elles naissent d'un disque aplati formé de la soudure des bases des deux verticilles du périanthe, il faut encore noter l'anneau supérieur qui couronne la capsule et forme une espèce de disque à rebord extrêmement distinct. Nous avons dédié ce genre à la mémoire du botaniste belge Remacle Fucus, plus connu sous le nom de Remacle de Limbourg, né à Limbourg et mort chanoine deTéglise de St. -Paul à Liège en 1586. Auteur d'un grand nombre d'ouvTagcs de botanique, de matière médicale, de pharmacie, de médecine et d'histoire de cette science, Remacle Fuchs avait droit à cet honneur. Il nous suffira de citer ici les livres suivants dus à sa plume : Plantarwn omnium, quarum hodie apud pharmacopolas ustis, etc., no- menclatura (Paris, 1541, 2" éd. 1544); dans cette histoire des plantes on trouve plusieurs synonymies liégeoises intéressantes pour la botanique belge; Hàtoria omnium aquarum quœ m communi hodie practicantium usii sunt (Paris, 1532), laquelle étude des eaux ne comprend pas, comme beaucoup de bibliographes l'ont cru, celle des eaux minérales, mais bien rénumération raisonnée des eaux distillées alors en usage; De Herbarmn notitia, natura atque virihns (Antw., 1544); et enfin son histoire de la médecine : Vitœ iUustrium medieorum (Paris, 1540). Il était impossible de lui dédier un nom de genre prenant l'origine de son nom dans celui de sa famille, puisque le père Plumier a, il y a plus d'un siècle (en 4705), con- sacré le nom de Fuclisiaaux charmantes onagrariacées connues. D'ailleurs, le nom de Remaclea que nous proposons ici poui* nommer cette singulière et remarquable iridée, est, ce nous semble, d'autant plus légitime que Remacle Fuchs se bornait à mettre un simple F. majuscule à la suite de son prénom de Remacle, sur les ouvrages de sa composition. Monseigneur Jacquemotte, vicaire-général du diocèse de Liège, camérier de Sa Sainteté le Pape, prélat aussi distingué par son savoir varié et profond que par ses vertus, a bien voulu nous permettre de faire dessiner la verrière de la cathé- drale de Liège représentant le portrait du célèbre botaniste du pays, ainsi que son tombeau découvert récemment dans une des chapelles de ce temple. Nous avons déjà publié une première notice biographique sur Remacle ('), mais nous nous proposons de compléter ce qu'on sait de lui par de nou- velles recherches qui n'ont pas été infructueuses à l'égard de ses ouvrages. L'espèce unique actuellement connue de ce genre, est caractérisée comme suit : (1) Fuchsia ou recueil d'observations de botanique, Bruxelles, in-S" , 1850. 5 — HEMACLEAFUiNEBRIS. Monn. W. Belgique liurt. III, (ig.l. fuUix radicalibiis , ancipili-bifariis , lo- ralo-eiisalis, pedalibiis, paralleli-nervosis , apice atteniialis, glabris; scapo lercli , foliis longiore, in medio bractca foliifornii munilo, sumnio sub-compresso , racemo bracleoso. quadri-quiiique floro, spathis tern)inalibus compressis, navicularibus, imbricalis, pcdi- cellis pollicaribus et ultra , perigunii foliolis exterioribus ovalibus, inio concavis, |)ollica- ribiis, (lavis, faurc iiigro-fiiccsceiilibus, folio- lis inlerioribus scnii-pollicaribus. flavis, in medio inaculis nigris lacriinaiforniibus nola- lis. (v. V. c.) Vid. tab. 1, flg. 1-2. flores aperti, 3. folium, 4. pelaliiiii inlernum, 5. stamina cuni pislillo adiiala lenle auda, G. capsukc apex, 7.sen)en lente aucluni. RÉMACLÉE FUINÉBRE. UIorr. V. BeUiique hort., III. fig. 1. Fvuilles radicales, à deux Iraneliants cl en deux séries , lorées-ensifornies, longues d'un pied, à nervures parallèles, amincies au som- met, glabres; hampe arrondie, plus longue que les feuilles, munie au milieu d'une bractée f()liïforme,au sommet subeompriniée, c pourvue d'unebraclée,;u|nalrc ou cinqfleurs, s/xttlti'S terminales, comprimées, naviculaires, imbriquées, pédicelles longues d'un pouce et plus, folioles du pcrigoiie les exiérieures ovales, concaves du bas , longues d'un pouce, jaunes, taclielécs de noir-brun en dedans, les intérieures d'un demi-pouce, jaunes marquées de taches lacrimiformes noires, (v. v. c. ) Voyez pi. 1 . lig. 1-2 , fleurs ouvertes, 3. feuilles; 4. pétales inlcrnes ; 3. élamines souilécs au pistil, augmentées par la loupe ; 6 sommet de la cap.-ule ; 7 graine agrandie. Cette singulière espèce rappelle , par les couleurs jaunes et noires de sa corolle, les ornements des funérailles catholiques, et puisque le titu- laire du genre, Rcmacle Fuclis , était chanoine, nous avons cru pouvoir rappeler et la coloration si rare de la fleur et la qualité du |)atron par le nom spécifique de funebris, propre aux funérailles. Cette Heur dure un jour, est diurne, s'ouvre en juin 5 quatre à six fleurs se succèdent. Natu- iM^Ilcincnt et sans tuteur, la plante qui a le port d'un marica, laisse pendre tctle hampe dun à deux pieds munie d'une bradée foliiTorme vers le milieu ; hors des spathes terminales s'élèvent des fleurs au nombre de ([uatre à six. Culture. On cultive cette espèce dans de la terre de bruyère mélangée de sable ; elle supporte très-bien la serre tempérée; elle entre en repos au mois d'août et alors on l'arrose moins. La propagation se fait facilement par graines. Le remacleu funebris est vivace. C'est au total une jolie plante (jui peut-être pourra se cultiver en pleine terre en été, du jnoins dans nos climats, mais, dans des contrées un peu plus méridionales, elle offrira plus de chances de supporter un ciel sans abri , surtout parce que ses tubercules sont en repos pendant la mauvaise saison et peuvent alors se remiser avec facilité. .NOTICE SUR L'ESCALLONIA A GRANDES FLEURS [ESCALLONIA MACRANTIIA), SAXIFRAGÉE DE CIIILOË, Pau le même. Arbuste à feuilles persistantes, branchu, d'un beau i)urt, atteignant de quatre à cinq pieds de hauteur, portant des rameaux arrondis couverts de poils glanduleux, des feuille.'i obovales elliptiques, à i>ointe légèrement obtuse, rétrécies à leur base, alternes, deux fois dentées, surface supc- — 4 — rieure lisse , d'un vert foncé, marquée de rélicidalions dépi'iniées, l'ace inférieure plus pâle, ponctuée de petites glandes rcsinifères; les fleurs disposées en panicules terminales, grandes; d'un beau rouge-pourpre, pédicelles bractéolées, bractéoles caduques; calice turbiné couvert de glandes visqueuses pédicellées, portion inférieure du tube adhérente à l'ovaire, partie supérieure libre, campanule et divisé à peu près jusqu'à la moitié en cinq dents sétiformes et légèrement ouvertes; corolle de cinq pétales spalliulées, les onglets droits formant un tube de près dun pouce de longueur , lames réunies au limbe d'un diamètre de trois quarts de pouce; étamines de la longueur du tube ; ovaire à deux loges, st} le colum- naire entouré à la base d'une glande épaisse et terminé par un stigmate dilaté et obscurément bilobé; capsule turbinée cylindrique, surmontée du limbe persistant du calice. Le genre Escallonia a été fondé en 1781, par Mutis, et rappelle le nom du voyageur espagnol Escallon. En 1859, on en connaissait trente espèces dont huit étaient introduites en Europe, mais, depuis, le nombre de celles connues s'est élevé à quarante. Beaucoup proviennent du Pérou où elles croissent entre les groseilliers, les drymis et les chênes. Dans ces régions chaudes de l'Améi'iquedu Sud, elles se tiennent entre 2,000 et 4,500 mè- tres d'altitude au-dessus de l'Océan, mais dans le Chili elles descendent dans les plaines. L'espèce dont nous reproduisons ici la figure, Escallonia macranlha, est originaire de Chiloc d'où 31. Lobb l'a introduite en Angle- terre où elle était connue déjà par un travail de MM. Ilooker et Arnott, fait sur des i)l;nichcs sèches. Cîdture. Dans notre pays ces plantes passeraient dilïicilement l'hiver en pleine terre, mais dans le centre de la France et dans le midi de l'Angle- terre elles deviennent rustiques. On peut cependant les sortir de bonne heure, dès le mois de mai. On les plante en pleine terre de bruyère où elles produisent un effet charmant ; au mois d'octobre on les enlève avec une motte suffisante et on les rentre en orangerie, serre tempérée ou apparte- ment. Les boutons, formés l'été, se développent et s'ouvrent en automne, et l'on obtient de jolies fleurs, rappelant un peu celles des Fuchsias, même au commencement de l'hiver. La multiplication s'opère par le bouturage sous cloche étouffée et dans une bâche tiède; la reprise a lieu sans peine au bout de quelques semaines. Pour donner une belle forme aux têtes, il faut pincer souvent ou ététer les bouts. CULTURE ANGLAISE DES FUCHSIAS, Pau un amateur du comté de Kent. Les fuchsias sont arrivés à un haut point de popularité. Cela devait être, car peu d'arbustes sont plus volontaires et répondent plus richement — 5 — aux soins dont on les entoure. Ces soins peuvent se résumer en plusieurs points essentiels, selon que Ton envisage la période de croissance et la période de floraison : ils sont relatifs au lien, au sol, au véhicule, à l'eau, à la lumière, à l'ombre et à riiivcrnage. Prenons d'abord le lieu. Toute serre n'est pas convenable aux fuclisias, rex[)érience le prouve : quand clic est trop grande et trop haute, les plantes fdcnt; quand elle est trop basse, elles étouffent. Il faut donc une serre moyenne, pouvant contenir cinquante pieds de fuchsias. Le toit plane convient mieux que le curviligne, les plantes étant plus également distantes de la lumière ; les petites plantes surtout doivent se trouver près du verre, donc, sur l'estrade, les plus grandes sont en avant et les plus petites en haut, tandis que l'œil demande loyée pure. Tamisée et pressée, c'est-à-dire, privée de ses mottes, elle devient excellente. Sans doute que la présence de l'argile dans cette terre, rendant son dessèchement plus diflicile, con- tribue beaucoup à lui donner sa bonne qualité. Le véhicule, c'est le pot. Quand la terre est de première qualité, la petitesse du pot donne du bois précoce à fleurir. Si, au contraire, le pot est grand, le bois reste succulent, grandi! fort, produit des perches, et la floraison diminue. Quand on veut obtenir de hauts fuchsias, en boule ou en tcte, avec des troncs dénudés, il faut donner de grands pois, et, le soir et la nuit, permettre aux bacs d'eau dejeterdans l'air unegrandequantité de vapeur : le pincement des feuilles conduira ces tiges. Si, au contraire, on a pour but de posséder des pieds l)assets, en buisson ou en pyramides sans troncs, le pot doit être petit et l'humidité moindre. Dans ces derniers cas, la floraison est plus précoce pour l'âge et plus abondante au bel âge. L'eau doit donc arriver aux fuchsias sous l'état liquide et sous l'état de vapeur. Kous venons de voir comment les vapeurs nocturnes dévclojjpent le feuillage, comment donc la sécheresse des nuits amène la llor;.ison. Quand la saison des fleurs approche, on diminue les arrosements, sinon on provoquerait toujours le développement des branches et des feuilles; mais, les boutons étant formés, on augmente de nouveau l'eau, et dans la floraison, les fuchsias évaporent considérablement. Une fois les fleurs formées, on arrête cette évaporation par une exposition constante à l'ombre. Ceci nous mène à [)arler de la lumière. — 6 — L'ombre est de rigueur pour les fuchsias fleuris : elle conscivc les fleurs, ne nuit ni à leur éclosion, ni à leurs couleurs. On objecte que les fuchsias croissent naturellement sur les collines fortement éclairées de l'Amérique méridionale : c'est juste, mais on sait aussi que dans nos cultures d'Europe les fleurs sont plus belles, plus grandes et plus nom- breuses que sur les pieds sauvages. Les fuchsias fortement éclairés mettent leur bois plus vite à fleurir, restent plus j)etits et leurs fleurs sont plus grêles. L'ombre donnée à tcmi)s est donc un agent de bonne floraison : elle est nécessaire pendant toute l'époque du développement floral. De même, la lumière directe du soleil n'est pas favorable dans le premier âge de la plante; l'ombre, au contraire, est utile à sa première croissance, et sa première végétation , convenablement protégée, prédispose le pied à porter plus tard plus et de plus belles fleurs. L'insolation directe est surtout utile, pendant dix ou douze jours, à Tépoque du complet déve- loppement et lorsqu'il faut aider à la formation des bourgeons floraux ; plus de temps épuise ceux-ci. Quand la lumière a été ainsi employée, l'aspersion d'eau sur toute la plante par le seringage devient des plus né- cessaires : elle imite l'action si bienfaisante de la pluie. C'est surtout quand les premiers boutons s'ouvrent que l'aspersion montre tous ses effets, et alors toute vapeur doit être éloignée, sinon il y a putréfaction de fleurs. L'hivernage comprend aussi plusieurs règles. La plus importante est la taille à six pouces de longueur des rameaux, tous les ans. Cette opération conserve au pied, même fort, une jeunesse perpétuelle de cime. Une taille de ce genre sur les pieds en buisson leur donne une grande santé et beau- coup de vigueur dans la pousse : elle empêche les rameaux de fûer et d'être maigres. Cette taille donne aux fuchsias anglais la splendeur qu'on leur connaît. Dans le repos, il leur faut la partie la plus sèche de la serre froide, là seulement où la gelée ne peut les atteindre. L'arrosement diminue beaucoup, et on les laisse tranquille jusqu'à l'apparition des premiers bourgeons foliaires dont la pousse indicjue la recrudescence de la vie. SUR LA CULTURE DES CALCEOLAIRES, Par UiN HORTICDLTEUR DE BoHDEAUX. ^ Si la culture des calcéolaires appelle toute l'attention de l'horticulteur, en revanche une floraison vigoureuse, brillante et de longue durée, le dédommage amplement de ses peines; elles méritent bien qu'il leur applique tous ses soins. Bien que les belles variétés que nous cultivons dans nos jardins puissent être regardées comme vivaces, si l'on \eut les faire fleurir abondamment, il ne faut pas les traiter comme toiles. Il faut semer chaque année, en août, en jjeliles terrines bien drainées, à l'ombre, sous châssis ou en serre froide, près des jours, sans couvrir les graines, emporter ensuite le jeune plant séparément et lui faire passer l'hiver sur une tablette de la serre froide, l)ien aérée et bien exposée à toute la lumière solaire. Au premier printemps, on rempote, deux fois au moins avant la floraison , afin que les jeunes plantes acquièrent une grande vigueur (elles sont assez gourmandes) et puissent fournir de plus abondantes fleurs. Ce qu'elles redoutent le plus pendant l'hiver, c'est l'humidité, qu'il en faut éloigner par une abondante admission d'air, sous les châssis ou dans la serre, chaque fois que le temps le permettra. Pen- dant cette saison, on se contentera d'entretenir la terre très-légèrement humide, mais au printemps , après le premier rempotage, on arrosera abondamment, en calculant néanmoins la quantité d'eau adonner, d'après la santé et les besoins des plantes. La floraison a lieu ordinairement aux mois de mai et de juin. Vers cette époque, on place les calcéolaires à l'air libre; on les ombrage au moyen d'une toile à grandes mailles ou d'un treillis léger, à l'abri d'une haie vivante, ou même en les laissant dans leurs coffres ou dans la serre froide qu'on a dépanneautée. On mouille, on seringue même avec quelque abondance, et bientôt une admirable et luxuriante floraison vient récom- penser la persévérance du cultivateur. Au déclin de la floraison, pour faciliter à la fois et hâter la maturité des graines, les calcéolaires sont exposées à l'air libre, sans abri contre le soleil, dans un espace bien aéré, derrière quelque haie qui les abrite seulement des grands vents. On surveille avec vigilance la maturité des capsules , et on se hâte de les cueillir avant qu'elles s'entr'ouvrent et laissent échapper leurs se- mences, que l'extrême ténuité ne permettrait pas de retrouver sur le sol. On sème ensuite, comme je l'ai dit, et l'on peut jeter les anciennes plantes au dépotage; car, dès la seconde année, elles seraient déformées, et quelques soins qu'on leur donnât, la floraison n'en serait que maigre et eflilée. Si l'on veut avoir de belles variétés et varier ses jouissances, il faut user, pour cela, du procédé de l'hybridation et féconder soi-même ses plantes , opération délicate et qui exige beaucoup d'adresse de la part de l'opérateur, en raison de la ténuité des organes sexuels de ces plantes. Toutefois, il peut se dispenser de retrancher les étamines ; mais il fécon- dera autant que possible, avant l'ouverture de celles-ci, les fleurs qu'il veut rendre fertiles, de préférence avec le pollen de variétés d'élite. Sa sagacité assortira les couleurs, les formes. — 8 REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Acacia cjchopiibii. Bcnlli. in Hook. Lond. Journ. Bot. v. \ , p. 388. — Moisn. in Lohin. Plant. Preiss. v. 1 , p. 22. — Walp. Repert. Bot. V, -1, p. 908. — Hook. Bot. mag. Uilio. 1852. Acacia des cygnes. Fa- mille des Légumineuses (section des Pulchclla') : rameaux poilus, épines axiIJaircs , subulées, parfois manquant, pinnes unijugées, pétiole très- court submutique, glandule avortée, folioles de 5 à 7 paires, linéaires, révolutées sur les bords, subciliées , capitules globuleuses. La section des ;\cacia, appelée pidchcHœ par M. Bentbam, est caractérisée par Tabsence d'épines ou des épines axillaires, partant d'un bourgeon pourvu de brac- tées. Onze espèces étaient connues dans cette section : l'acacia cycnorum est très-commun dans le district de la Rivière du Cygne, en Australie. Elle est arrivée en Angleterre par graines, et grâce aux soins de 31. Drum- mond. Les premiers pieds ont fleuri en avril 1852. Culture, La culture est la même que celle de tous les acacias de la Nou- velle-Hollande : il leur faut une serre tempérée, très-aérée, beaucoup de lumière sans soleil vif, de bons drainages, des arrosements peu copieux, mais fréquents. Bi'aeliyisema lanceolatnui. Meisn. in Lelim. Plant. Preiss. v. i, p. 24. V. 2, p. 206. — Walp. Repert. Bot. v. 5, p. 422. — Ilook. Bot. mag. 4652. 1852. Bracbysème à feuilles lancéolées. Famille des Légumi- neuses. Feuilles opposées (très-rarement internes), ovales, ovato-lancéo- lécs ou lancéolées mucronées, très-entières, réticulées finement au-dessus quand elles sont sèclies, argentées soyeuses au-dessous, ainsi que les ra- meaux, pétioles courts, stipules petites, subulées, colorées, grappes sub- composées, axillaires, plus courtes que les feuilles, calice soyeux, ailes et étendard de moitié plus courts que la carène. Ce bracbysema porte ses feuilles en même temps que les fleurs lesquelles sont écarlates. Il fleurit en février. Quand M. Meisncr décrivit le premier cette espèce, il ne pos- sédait pas des échantillons complets, c'est ce qu'il lui a fait dire que les fleurs étaient solitaires. Culture. Cette espèce, originaire d'Australie et des bords de la rivière du Cygne, demande la serre tempérée où elle ne prospèj-e bien qu'en pleine terre; il lui faut un mélange de terre de bruyère , d'argile franche et de sable siliceux. Les boutures se font en bâche chaude et sous cloche. Ctiiichcnotia niaci'autha. Turczan. Act. Soc. Moscov. v. 19, n" 1, p. 500. — Steetz. in Lchni. Plant. Preiss. v. 2, p. 562. — Hook. Bot. mag. 4654. 1852. Guichenotia à grandes fleurs. Famille des Lasiopéta- lécs. Caractères du genre : Inflorescence axillaire, rameuse; bractéole — 9 — hypocalycinalc, persistante, tripartite; calice jjétaloïde, persistant, cam- panule, quinquepartitc, divisions valvaires dansTcstivalion, tricostécs sur le dos. Corolle à cinq pétales hypogyncs , alternes avec les divisions du calice, petits, squammiformcs. Cinq ctamincs hypogyncs opposées aux pé- tales; filets subulcs, anthères exti'orses, biloculaircs, linéaires-lancéolées, loges s'ouvrant longitudinalcment par une fente latérale. Ovaire sessile, quinqueloculaire, loges trcs-tomcnteuses en dedans, cinq ovules par loge, insérés en deux séries le long de l'angle central, ascendants, style fdi- forme, court, stigmate simple. Caractères de l'espèce : pédoncules allon- gés, portant 2 à 5 fleurs , bractées en même nombre, linéaires alternes, peu éloignées des fleurs, capsules à peu près glabres à l'intérieur. Cet arbrisseau poilu est plus singulier que beau ; les fleurs sont roses cl jolies, elles ressemblent à celles des pommes déterre. Originaire des bords de la rivière du Cygne, il rappelle le nom de M. Antoine Guichenot, jar- dinier de l'expédition de l'amiral Baudin. Enfin il a été décrit par M. ïurc- zaninow sur échantillons secs de Drummond. Cidlure. La culture est celle de toutes les plantes australiennes : serre tempérée, fortement aérée, drainage bien exécuté, arroscmcnt peu co- pieux, demi-ombre constante. nicdiiiill» isiclioldtiana. Plancli. FI. des Serr. v. 5, p. 482. — Walp. Ann. bot. v. 2, p. G04. — Bot. maq. 4G50. 1852. — Médinille de Sieboldt. Famille des Melastomacées. Plante glabre, rameaux arrondis, barbus, à poils frisés aux nœuds, feuilles opposées , à pétiole court et épais, elliptiques, ovales, coriaces, aiguës à la base, un peu acuminées au sommet, à cinq nervures, au-dessus d'un vert très-foncé, plus pâles au- dessous, panicules tliyrsoïdes terminales, pédonculées, pendantes, fleurs tétramères, tube du calice globuleux, limbe très-court, éraillé, anthères Itilobées à la base et pourvues au dos et en bas d'un éperon. Originaire, dit-on , des 3Ioluques, cette espèce a été introduite dans l'établissement de M. Van Houtte , à Gand , et de là dans les serres anglaises. C'est un bel arbuste à feuilles très-foncées et à fleurs roses blanchâtres, l'ovaire un peu jaune. Le nombre de Medinilla s'est beaucoup augmenté dans ces derniers temps. M. Walpers en cite aujourd'hui trente-cinq de connus. La médinille de Sieboldt fleurit au printemps et continue longtemps de porter des panicules. Sir William Hookcr écrit mal son nom : Sieboldiana, c'est Sieboldtiana qu'il faut conserver. M. Sicbold , zoologue célèbre, n'étant pas iM. Sieboldt botaniste et voyageur très-connu : c'est le cas ou jamais, d'api)liqucr le rigorisme orthographique recommandé par De Can- dolle aux écrivains du temps. Culture. Ce medinilla se cultive en serre chaude, dans de la terre de bruyère drainée, mais tenue humide par de fréquents arrosements. On pince les branches pour le tenir court :il aime à être placé près des vitres, sinon il file haut et mince. BELfi. nOUT. T. III. 2 — 10 — Tricliopfilln siinvls. Limll. et Pa\t. FI. Gard. v. 1, p. 44-70. — îîook. Bot. inarj. 4G;J4. 185:2. Tricliopilia suave. Famille des Orchidées. Pseudobiilbcs arrondis, pelils , foliacés, monopliylles, feuilles larges- ol)lo!igues, coriaces subscssiles , pédonculées , penchées, mulliflorcs, sépales et pétales linéaires-lancéolées , ondulés, assez droits, labclluni très-grand, lobes ondulés, crénelés, dentés, entonnoir du clinandre lobé, lobes très-finement frangés. Originaire de l'Amérique centrale , comme d'autres espèces du même genre, celle-ci est extrêmement dislincle par ses pseudo-bulbes, ses feuilles et ses fleurs; ces dernières sont d'un blanc un peu jaunâtre, et le labellum est taclicté de violet et nuancé de jaune, son odeur est très-])énétrantc et agréable. Jusqu'ici celle espèce appartient à MM. Lucombe et Pince , chez lesquels la floraison a eu lieu en avril 1852. Culture. La culture de ce trichopilia ne diffère pas de celle des autres espèces de ce genre. Serre chaude, humide, arrosements copieux et fré- quents lors de la végétation, ralentissement hors de cette époque, place- ment près des vitrages, air étouffé; terre de bruyère mélangée de tassons, culture en jjot drainé; telles sont les conditions d'une bonne réussite. Vâolit '^'^llkonnuiSi. Roem. Ined. — Willkomm. Enum. plant, nov. et rar. in Ilis})ania lect. 1845-'184G. Linnœa. 1852, p. 10. — PI. exs. «. 1840. n° 1421. — Violette de Willkomm. Famille des Violacées.' Glabre, tige ascendante, rameuse à la base, feuilles cordées-ovales, crénelées, obtuses au sommet ; stipides inférieures scarieuses , les supérieures her- bacées lancéolées, acuminées, entières, les inférieures rarement frangées- dcnlées h la base, égalant les pétioles et les dépassant dans la partie supé- rieure de la tige, trois grands sépales (comme dans le V. mirabilis)^ l'éperon grand, obtus, légèrement crochu au sommet; capsule aiguë. Celte nouvelle espèce de violette porte de grandes et belles fleurs vio- lettes, aussi belles que celles de la violette admirable, dont elle diffère par les feuilles cordées-ovales et obtuses , et non cordées réniformes et brièvement acuminées, beaucoup plus petites, par les liges glabres et non pourvues d'une ligne de poils , par de grandes fleurs violettes et non d'un pâle bleu, à i)cinc odorantes, et enfin par un éperon en forme de sac et beaucoup plus grand. Le Viola Willkomm a été trouvé par M. Mau- rice Willkomm dans les fentes des rochers moussus et sous les taillis om- bragés des côtes seplcntriouales des monts Serrât en Catalogne. Les fleurs V étaient ouvertes le 14 avril 1846. La beauté et la nouveauté de celte espèce de pensée ou de violette engageront sans doute les horticulteurs espagnols à la répandre bientôt dans les jardins où elle passera l'hiver en pleine terre avec les soins réclamés par les plantes alpines. — n rHYSIOUE HORTICOLE. SUR LES MOYENS DE FAIRE PRODUIRE AUX PLANTES LEURS FEUILLES , LEURS FLEURS ET LEURS FRUITS A DES ÉPOQUES DÉTERMINÉES D'AVANCE , Pau m. Quetelet, Membre et Secvélairc perpétuel des li'ois classes do rAcadémie royale de Belgique. Un lies problèmes les plus intéressants pour les sciences naturelles, est celui qui a pour objet de déterminer à priori le nombre de jours qu'exige une plante pour donner successivement ses feuilles, ses fleurs et ses fruits. Ce problème est très-compliqué , car plusieurs causes concourent simul- tanément à le produire. Toutes ces causes, il est vrai , n'opèrent pas avec une égale énergie; il en est même une qui prédomine d'une manière si marquée que, dans le plus grand nombre de cas, on peut faire abstraction de toutes les autres , sans s'exposer à voir les erreurs des calculs dépasser des limites assez étroites. Cette cause prédominante est la cbaleur. Elle est utilisée de la manière la plus curieuse dans nos serres, où nous changeons à volonté les époques naturelles des plantes, pour leur faire donner, selon nos besoins ou nos caprices, leurs fleurs et leurs fruits. Et, quand ces phénomènes ne se pro- duisent pas assez vite au gré de nos désirs, nous les faisons naître en for- çant les plantes. Ces procédés sont bien connus ; mais ils sont fondés sur la pratique bien plus que sur la science. Le problème à résoudre semble devoir se réduire à peu près aux termes suivants : une plante étant par- venue à tel degré de son développement , quelle est la température moyenne qu'il convient de lui donner pour lui faire produire ses feuilles, ses fleurs ou ses fruits, à une époque assignée d'avance ? Ce problème, on le conçoit, ne comporte pas une solution l'igoureusc- ment mathématique, car, dans l'état de la science , la nature de la plante, riiumidité, l'exposition, la lumière et bien d'autres causes encore ont des effets qui ne sont point calculables; on sait seulement qu'elles opèrent dans des limites généralement resserrées. On sait aussi qu'il est des plantes ({ui sont rebelles aux températures de nos serres, et qui par suite échap- peraient entièrement à nos expériences. Adanson annonça le premier, je crois, qu'en ajoutant, depuis le com- mencement de l'année, les temi)éralures moyennes de chaque jour, on voit, quand la somme atteint un certain chiffre, se produire les mêmes phénomènes delà végétation, par exemple, la feuillaison ou la floraison — 12 — d'une plante. Les successeurs de ce savanl ingénieux , et en parliculici- MM. le comte Gasparin et Boussingault, cherchèrent à déterminer le point de départ avec plus d'exactitude. Guidé par des considérations particulières, j'ai cherché à montrer, dans mon ouvrage Sur le climat de la Belgiqne , qu'à la somme des tempéra- tures, il vaut mieux suhstituer la somme des carrés des températures, comptées depuis Fépoquc du réveil des plantes. L'expérience seule pouvait décider en faveur de Tune ou de l'autre de ces deux hypothèses. Une première épreuve répondit {)arfailement à mon attente ( ' ); elle fut faite par M. de Bremaccker, qu'une mort prématurée a récemment enlevé aux sciences. ous soûl très-avancés; les bractées sont très-écarlées ; on dislingiM' très-bien le tiijrse. 28. Les bourgeons sont prêts à s'ouvrir; les tbyrses s'allongent. 29. Les bourgeons et les tbyrses s'allongent beaucoup. ôO. Vnc partie des leuilles coniniencent à s'épanouir; les tbyrses eon- tinuenl à s'allonger; les bractées sont toutes écartées. i Avril. Toutes les leuilles eonunencent à s'épanouir ; les tbyrses se montrent entièrcinenl ; les boutons de lleurs commencent à se séparer. 5. Quelques leuilles ont déjà des pétioles; les pédoncules des tbyrses s'allongent. 4. Peu tle variation. La serre où se faisaient les observations avait, an maximum, une tem- pérature de 20 à 21 degrés Réaumur; celte température descendait pen- dant la nuit à lo", et diuis (luebiues circonstances à 10 degrés Réaumur. J'estime que l'on jïeut pi'cndi-c pour la moyenne 20" centigrades. Or, d'après i)lusicurs années irexpérience, j'ai iudiipu', clans VAnnuaire de l'Observatoire, (pie les feuilles du lilas varin exigent une somme de températures égale à 1!)1 degrés cenligradcs, pour commencer à s'épa- nouir , ou bien encore une somme de carrés de températures égale à 1515. D'ajjrès la mélbodc de calcul d'Adanson, Roussingault et de Gas- parin , il faudrait donc de 9 à 10 jours de température à 20 degrés; et, d'après ma métbode, 5 à 4 jours seulement. D'après les tableaux de "SI. Scbram, il a fallu , en elTet, trois jours et demi de tcmpératuie à 20 degrés pour produire l'épanouissement des premières petites feuilles, et, après 9 à 10 jours que suppose l'autre mé- tbode de calcul , la feuillaison était déjà complètement acbevce. (1) rour rciulrc les coniparni.sons pins faciles , nous joiijiions aux ob.-crvalioiis dr la >frre celles faites en pleine lerrr. par le même oltscfvalciir, et sur nu lilas variu éjjaleineni. — 17 — Pour Ifi proniièrc floraison du lilas varin , V Annuaire de l'Ohnervutoire montre qu'il laul .'i08 doiçrôs de tcmpéralurc ccnliii;ra(lc; ou bien, dans ma manière de calculer, «me somme de carrés de températures égale à U)Ij7. Ce qui suppose, d'après Adanson, plus de 25 jours, et d'après ma méthode, 11 à li2 joursseulement. Oi-, ce dernier résultat encore s'accorde avec les expériences faites au Jardin botanique, qui fixent, en moyenne, à 11 jours Yi répo({ue de la (loraison (\\i lilas varin. Il résulte donc de toutes ces comparaisons que la méthode qui consiste à calculer les époques de la leuillaison et de la lloraison, en tenant compte des carrés des températures, présente, au moins dans les exemples cites, un accord surprenant avec les expériences tentées dans les serres. Si cette méthode se confirmait |)leinement par des épreuves ultérieures, elle pré- senterait les plus grands avantages dans la praticpie. Ce (pli m'a surtout montré la nécessité de suhslitiuîr les carrés des tem- pératures à leur simple somme, c'est l'observation de ce qui arrive, quand la température, aux princi[)ales épocjues de la végétation, vient à s'élever d'une quantité un peu notable au-dessus ou à s'abaisser au-dessous de sa valeur habituelle. Dans le premier cas, la végétation prend une activité remarquable; et, dans le second, elle se ralentit et semble s'arrêter même. D'après la méthode d'Adanson, de Boussingault et du comte de Gas- parin, la végétation se trouve aussi avancée après deux jours de tempé- rature de 10 degrés, qu'après un jour de température de 20 degrés , ou qu'après quatre jours de tcmjiéialure de li degrés. Dans toutes ces circon- stances, la somme est 20, et les résultats doivent être conséquemment les mêmes. Dans la méthode que j'ai proposée, les effets respectifs seraient dans les rapports de 200, 400, et 100, c'est-à-dire qu'avec 20 degrés, au mois de mars, par exemple , le progrès de la végétation, en 24 heures , serait double de ce qu'il est habituellement par une température moyenne de 10 degrés; et ce progrès serait moitié moins grand, si la température s'abaissait à 5> degrés. Un physicicTi ingénieux, M. Babinet, a proposé, dans ces derniers temps, à l'Institut de France, dont il est membre, une nouvelle méthode de calcul par laquelle le progrès de la végétation doit s'estimer en ayant égard à la somme des températures et au carré du nombre des jours (*). D'après les vues de M. BabincI , dans les trois exemples précédents, les effets produits seraient respectivement comme les nombres suivants : Pour deux jours à 10 degrés. ... 4 x 10 = 40 » un jour à 20 »... 1 x 20 = 20 » quatre jours à 5 » .... 16 x 5 = 80 (1) Comptes rendus hcbdomadairrs des séovfcs de iArudémic des sciences , t. XXXIl , p. 'j2l ; nvril 18;H. lîELG. HORT. T. III. 3 — Î8 — Ainsi, dans celte manière de calculer, nu jour de 20 degrés de tempéra- ture, loin de produire l'efTet de deux jours de température à 10 degrés, serait moitié moindre; et, au contraire, la température, en s'abaissant à 5 degrés pendant quatre jours, produirait un effet double. Ces résultats sont évidemment contraires à ce qu'indique Texpérience, et spécialement à ce que montrent les Uibleaux des observations faites au Jardin botanique de Bruxelles. •1 Si l'on réflécbit, dit M. Babinet, qu'en général l'effet produit par une cause constante, agissant pendant un certain temps, est proportionnel à l'intensité de la cause et au carré du temps, on verra que, dans la ques- tion météorologique qui nous occupe, c'est la température efficace [t — ^') qui est la cause du développement de la plante, tandis que j est le temps pendant lequel elle agit. )• L'assimilation de l'effet de la cbaleur sur les plantes à l'effet de la pesanteur, qui fait parcourir aux graves un espace proportionnel à l'inlensité de la pesanteur et au carré du temps de la cbute , est très-ingénieuse sans doute, mais elle est plus apparente que réelle. Le problème qui nous occupe comprend plusieurs parties intéressantes: Il est évident d'abord, quelle que soit la formule de calcul que l'on em- ploie, qu'il existe de certaines limites de températures qu'il ne faut point dépasser dans les serres, ou bien au-dessous desquelles il ne faut pas des- <îendre, si l'on ne veut s'exposer non-seulement à nuire au développement, mais encore à compromettre l'existence de la plante. Quelles sont ces limites ? elles varient sans doute selon les espèces et les individus; mais on possède généralement peu de recherches tentées dans cette voie. On comprend que la formule que j'ai proposée n'est applicable que sous la condition de ne pas s'écarter des températures moyennes au delà de cer- taines valeurs. Il paraît aussi que toutes les plantes n'exigent pas la même somme de chaleur pour sortir de leur sommeil hivernal ; ce point de départ reste également à établir. Doit-on ensuite calculer les températures efficaces, c'est-à-dire celles qui contribuent efficacement au développement de la plante, à partir du 0" de l'échelle thermométrique centigrade, comme on le fait généralement, ou à partir d'une température i , qui ne formerait pas une constante dans le règne végétal , mais qui serait une quantité variable ? Quelles sont ensuite les plantes qui restent rebelles aux températures des serres, et refusent d'y produire et leurs fleurs et leurs fruits, malgré l'action des températures ? On voit combien de questions se présentent à la fois , dès qu'on cherche à pénétrer dans cette voie d'observation, qui prend le calcul pour base et qui peut, je pense, répandre beaucoup de jour sur l'intéressante partie des sciences naturelles qui fait l'objet de cette note. _ 11) _ HISTOIRE DES PLANTES CURIEUSES LA SAXIFRAGE A FOUETS ou LA PLANTE ARAIGNÉE DES NEIGES, Par m. Ch. Morren. La planche annexée ci-contre est destinée à donner une idée exacte d'une des plus curieuses organisations végétales. D'une racine perpendi- culaire, fusiforme et un peu fibreuse, s'élancent dans toutes les directions un nombre considérable de stolons ou filets un peu pubesccnts, portant au sommet et à leur extrémité de petites rosaces de feuilles qui , à leur tour, font racine et s'ancrent à la terre. On dirait d'une colonie déjeunes plantes entourant une mère commune. Puis, de ce centre, s'élève une tige solitaire, droite et feuillue, et, au bas, s'étend une rosace plus grande, d'où la colonne floréale se dresse. Les feuilles elles-mêmes ont l'air de petites spathules ou cuillers bordées ou frangées de jolis poils glanduli- fères (Voy. pi. 2, fig. 2). Tantôt cette colonne se couronne d'une fleur, tantôt de plusieurs fleurs en ombelle au nombre de trois à cinq ; le calice rappelle dans ses cinq lobes (V. pi. 2, fig. 5), les feuilles si gracieuses du bas; les pétales sont jaunes, au nombre de cinq, et chacune à cinq ner- vures (V. pi. 2, fig. i); dix étamines viennent ensuite, et les anthères sont globuleuses; enfin, l'ovaire, entièrement supère, porte des stigmates ciliés. Au total, c'est une gi'acieuse miniature. Son origine est non moins remarquable. On sait avec quelle persévé- rance la marine anglaise cherche un passage au nord-ouest des glaces polaires. Les ofliciers n'ignorent pas que les végétaux de ces contrées étouf- fent de chaleur sous le climat de Londres, mais ils n'en veulent pas moins essayer d'introduire et de conserver dans leur patrie les merveilles de ces contrées si extraordinaires. Le capitaine N. Penny en ramena dernière- ment une boîte toute remplie de plantes curieuses; la saxifrage à fouets s'y trouvait, et, chose plus remarquable, le docteur Sutherland, de l'expé- dition de la frégate Albert, parvint à ramener à Londres non-seulement des plants vivants et bien portants de cette saxifrage, mais même des pieds en pleine floraison. Elle avait été cueillie ou, mieux, extirpée des Alpes caucasiennes et des montagnes rocheuses du nord de l'Amérique, à une latitude de 42° nord, aux îles Melville et à l'extrémité nord du détroit de Behring. Les marins de l'équipage l'avaient nommée spontanément la plante aux araignées^ parce que les filets très-minces partant de la rosace centrale imitent les rayons d'une toile daraignée. Le difficile était dimiter les conditions naturelles de son séjour natal. C'est un problème horticole tellement ardu, que le principal jardinier du domaine royal de Kew désespère en quelcpie sorte de le résoudre. Pen- dant dix mois de Tannée, cette saxifrage dort dans un état de sommeil — 20 — profond, sous des neiges presque perpétuelles. A peine ces neiges se fondent-elles un peu, que tout à coup la saxifrage se réveille. Pendant ce jour de trois mois, sans nuit, le soleil darde continuellement ses rayons sur elle : l'obscurité ne succède plus à la lumière, et les physiologistes auront à expliquer comment la respiration des parties vertes parvient à faire vivre ce végétal. Ici l'acide carbonique ne peut plus se reformer sous l'obscurité, puisqu'il n'y a plus de nuit, et pendant ce jour continu, sous lequel la plante vit dans tout le développement de sa végétation, la respiration doit lui enlever constamment de l'oxigène. Ce problème de physique vivante est donc aussi obscur que la nuit des pôles. La terre se dégèle seulement à une profondeur de dix pouces à deux pieds, et au- dessous elle reste éternellement gelée. M. Smith fait remarquer que, pendant les dix mois de gelée, la vie végétative de cette flore arctique échappe à toute influence solaire. A priori^ on eut dit que cette vie y était impossible, et cependant elle y est. Il y a dans cette région d'impor- tantes et très-délicates expériences physiologiques à suivre avec soin pour l'avancement des sciences de la vie, et tout un champ de découvertes s'y ouvre pour l'homme instruit. Tenir la saxifrage à l'état somnolent au moyen d'un froid artificiel pendant neuf à dix mois de l'année, saisir le moment où la chaleur peut lui être impunément donnée pour l'éveiller de cet étrange sommeil, con- duire toutes les circonstances autour d'elles de manière à la faire fleurir et mûrir ses graines, ces circonstances peuvent encore se réaliser chez les personnes qui se voueraient avec passion à cette culture exceptionnelle, mais, on le conçoit sans })cinc, il ne leur sera jamais donné de faire luire le soleil jour et nuit pendant trois mois, et les lumières artificielles, quelques vives qu'elles soient, n'ont pas, on le sait encore, le pouvoir chimique des rayons solaires. Aussi peut-on tirer de l'histoire de cette petite plante plus d'une moralité curieuse. L'homme n'a pas reculé devant l'art de cultiver, sous les zones tempérées, les plantes tropicales: il .-i transporté la flore de l'équateur jusque sous les cercles polaires, la cha- leur est venue à son secours; mais où sa puissance a rencontré d'invin- cibles obstacles jusqu'à présent, c'est devant le froid de ces mêmes pcMes, qu'il i)eut à peine imiter pendant quelques moments, mais non d'une manière continue. L'homme enchaîne et subjugue Pluton, tandis que Borée se rit de ses prétentions, et, de même que l'armée française trouva dans les plaines de la Russie un indomptable ennemi, les jai'diniers doi- vent reculer devant les volontés du Nord. L'horticulture anglaise décrit et figure la plante; elle raisonne ce qu'il faudrait faire pour la cultiver, mais elle ne dit pas qu'elle y est parvenue. Chacun admire aujourd'hui la culture de la Victoria regiu, la reine des eaux, la géante des nymphes, mais voici une miniature liliputienne qui nargue, dans sa petitesse, les prétentions de notre orgueilleuse humanité : C'est la mouche qui tue le lion. 21 — PI. 1 22 — FLORICULTURE DE SALON. LE LIS DE SAINT- JACQUES CONSIDÉRÉ COMME PLANTE DE LAMPE , Par m. Jacques Ferret, de Pont-de-Veyle. M. J. M. G., dans le Journal de la Société d'horticulture, de Màcoii (1852, p. iC2), décrit, comme il suit, le procédé pour obtenir, dans les appartements, la floraison du lis de Saint-Jacques, qui est, comme on le sait, V Amaryllis formosissima de Linnée, aujourd'hui le Sprekelia for- mosissima des botanistes. «I M. Jacques Ferret, jardinier de M. A. de Parseval, à Pont-de-Veyle, nous a montré une lampe suspendue dans la serre tempérée, d'où sortent, par plusieurs ouvertures, des lis de Saint-Jacques qui font un délicieux ornement d'une assez longue durée, et dont nous conseillons l'usage poul- ies appartements. Il suffît d'avoir le soin de placer sa lampe près d'une croisée, ou dans un vestibule, lorsque les ognons sont en fleurs. i> A deux époques difl'érentes, pour avoir une succession de fleurs, dit M. J. Ferret, vers le 20 janvier et vers le 20 mars, j'ai planté mes ognons dans la lampe garnie d'une terre de potager, en ayant soin de les tourner de manière à ce que la fleur peut sortir par une des ouvertures. J'ai exposé ma lampe pendant un mois dans la serre chaude, à une température de 15 à 20 degrés, pour hâter la floraison des lis, et je l'ai ensuite transportée dans la serre tempérée, où les fleurs se succèdent et se conservent iorl longtemps. i> Je ne doute pas qu'on obtiendrait le même résultat en ])laçant celte lampe, d'abord dans un appartement chaufle, et ensuite dans un vestibule, qui recevraient, l'un et l'autre, une lumière suflîsante. » DES FEUILLES ODORANTES DE VORCHIS MIL/TA R/S , Par m. Ch. Morren. Dans les contrées où Vorchis militaris abonde , on ferait bien d'en re- cueillir les feuilles et de les faire sécher; elles répandent une délicieuse odeur de benjoin, tandis que fraîches elles sont inodores. On les dépose dans les vases qui ornent les salons et les appartements se parfument de cette excellente odeur. Smith , en Angleterre, Cloquet, en France, ont vérifié cette propriété singulière de posséder une odeur posthume. '2. y CONSTRUCTIONS HORTICOLES. CHASSIS DE FENETRES EN ZINC POUR SERRES, CONSERVATOIRES, BOUDOIRS HORTICOLES, etc. Par m. Charles Morren. Lorsqu'on inventa les serres en fer, une des craintes les plus répandues était de voir se briser les carreaux par la dilatation du fer, que la chaleur allonge, et que le froid rétrécit. L'expérience prouva que cette crainte était chimérique, et l'usage des châssis en fer s'est considérablement ré- pandu. Cependant, à moins de couler le châssis sur une forme donnée, on ne peut, par ce métal, remplacer les verrières des anciens, où les dessins étaient réalisés par des lanières de plomb moulées. Dans beaucoup de serres, boudoirs horticoles, lieux de repos, et même de vrais conserva- toires, on tient cependant à suivre un style 5 là, celui du moyen âge, ici, celui de la renaissance , l'ogival , le romain ou le grec, chacun selon ses goûts. Aujourd'hui, le zinc remplace avec avantage le fer; on le travaille plus légèrement, il résiste tout autant, et ne doit pas être coulé tout d'une pièce, la soudure, plus facile, permettant l'agencement désiré selon la fantaisie. Nous donnons ci-contre les modèles de ces châssis en zinc, tels qu'ils sont fournis par les agents de la Société de la Vieille-Montagne. Ces des- sins sont gracieux; on peut les remplir par des vitres, soit blanches, soit colorées ; on peut aussi varier par le verre mat ou le verre à dentelles, le verre transparent. On voit que les barres peuvent affecter toutes sortes de formes. INSCRIPTION MORALE GRAVEE SUR UN CADRAN SOLAIRE. Les faux amis semblent l'ombre De l'aiguille des cadrans, Qui paraît s'il fait beau temps Et fuit si le ciel est sombre. Brès. 24 PI. 3 \j^. — 2S — ARBORICULTURE. LE LIOUIDAMBAR A STYRAX, Par m. Cn. Morren. Hermandez, envoyé par Philippe II d'Espagne en Amérique pour en étudier les produits naturels, est le premier auteur qui ait parlé du liqui- dambar, qu"il appelle, de son nom mexicain, xochiochotzo-qiiahicliel. Il le donne pour un grand arbre produisant ime espèce dambrc liquide ; les Espagnols nommèrent incontinent cet arbre liquidamhar^ par suite de cette idée. Peu de temps après, Banister, missionnaire collecteur de Fé- vêque anglais Compton, découvrit la même espèce dans le nord de l'Amé- rique, en envoya un pied à l'évcque en IG8I, lequel le fit planter \\ Fulham par son jardinier, George London. Le botaniste Ray, en 1G8G, cite alors le liquidambar sous les noms de stijrax Ikpiida, styrax aceris- folio et de styrax arbor virginiana, tandis que Plukenet, Catesby et Baubin continuent de le désigner sous la dénomination de liquidambar. L'abbé Clavigiero, dans son Histoire du 3Iexique, décrit aussi celte espèce sous les noms de xochiocotzotl et de qinlhrahacha, et en connaît les pro- priétés; la dernière appellation voudrait dire : brise-axe, pour indiquer que le bois en était tendre. Le liquidambar styraciflua. (Linnée) se pro- pagea en Angleterre, où on le planta surtout près des eaux et dans les endroits humides; il s'étendit jusqu'en Ecosse et dans le nord de TAUe- magne, et enfin près de Berlin, il ne peut plus atteindre que des dimen- sions d'un bel arbuste. Notre dendrologue belge, De Poederlé, le vit chez Du Ilamel, l'introduisit en Belgique, et cite également un beau pied de cette espèce, planté à Deurne (près d'Anvers) par les soins du secrétaire des Etats Knyff. Les pieds de De Poederlé résistèrent au fameux hiver de 1776, de même que ceux du jardin botanique de Louvain. Nous connaissons encore actuellement peu de plus beaux arbres pour orner une pelouse en le cultivant isolément; sa forme est une élégante py- ramide; sa feuille est, l'été, d'un vert brillant et gai, l'automne, et ])arfois dès le mois d'août, elle devient rouge, d'un pourpre vif, et cette colora- tion, plus pure ([ue celle de beaucoup de fleurs, dure longtemps; le jaune et le brun succède au rouge, et la chute des feuilles a lieu. Emerson rap- porte que rien n'est plus remarquable en automne, dans les forêts de New- Jersey, que les liquidambars aux feuilles étoilécs, colorées d'un pourpre carminé vif. La planche 4 , p. 27, est destinée à représenter le port et les caractères principaux de cette espèce. BELG. HORT. T. III. 4 — 2G - Le bois du liquidambar est compacte et d'un grain fin ; le cœur du bois est rouge, et, quand il est scié en planches, il est marqué transversalement et à des distances considérables, de taches noirâtres. Léger, il prend un beau poli, devient susceptible de former des lames très -minces et de servir de bois de placage; aussi, les ébénistes le recherchent-ils pour les meubles les plus élégants. Il prend aussi fort bien la teinture noire, et remplace, en Amérique, Tébènc ; on en fait des lits, des portes, des ba- lustrades, des fauteuils et des chaises: c'est un excellent bois pour l'inté- rieur, tandis qu"à l'air, et comme bois de construction, il pourrit et ne vaut rien ; de même il ne convient pas pour la flamme, et en donne à peine. C'est donc un véritable arbre d'ébénisterie, et c'est comme tel qu'il con- vient de l'exploiter. Le liquidambar, atteignant dans son pays de 30 à 40 pieds de hauteur, mesure de i2 à 15 pieds de circonférence lorsqu'il a cette hauteur. Parfois il ne branche qu'à 50 ou 40 pieds du sol , et le tronc est indivis et cylin- drique: c'est Michaux qui raiïirmc. En Europe, sa hauteur moyenne esl On attribue à Liège le nom de Moulin à l'introducteur de cette variété. M. llenrard vend le pied 1 fr. 50 c. DE LA CULTURE DE LA VIGNE APRÈS LA TAILLE, Par m. Mas, Pn'sideiil de la Sociélé d'Hoilicultuie pratique de l'Ain. De l'ébour(ieonne)iienf. 11 s'exécute sur tous les bourgeons ûiiblcs, à l'exception de ceux destinés à remplacer ou à concentrer les coursons. On supprime aussi les bour- geons doubles ou triples, et même ceux qui ont des fruits, mais qui n'au- raient pas la vigueur nécessaire pour les ftiire mûrir ou qui cbargeraienl trop le cep, trop jeune ou trop faible. En un mot l'on retranclie tous ceux (|ui feraient confusion, ceux qui n'ont pas de fruit, ou qui ne seraient pas utiles à la taille de l'année suivante; on en laisse un sur chaque courson et l'arement deux. L'ébourgeonnement, qui ne serait pas fait d'assez boinie heure, pourrait |)roduire le même inconvénient qu'une taille tardive (et une perte de sève). Dans tous les cas, il ne faudra jamais retrancher ces bourgeons au ras de l'écorce ; on leur laissera un petit talon garni d'une feuille. L'ébourgeonnement est de la plus grande importance, et doit se faire successivement, c'est-à-dire , au fur et à mesure que le besoin s'en fait sentir; l'on ne peut pas le faire avec trop de modération, surtout au mo- ment de la floraison, où il est plus convenable de s'en abstenir. 11 est bien facile à exécuter sur les treilles où la sève est bien équilibrée; mais sur les autres il faut rarement le faire avant que les bourgeons aient ôO à 40 ccnlimctres de longueur, lorsqu'ils ont de la consistance; évitez cependant autant que possible une trop grande perte de sève. L'on sup- prime aussi avec grand soin, au fur et à mesure de leur naissance, les .lilrrons on. entre-feuilles qui poussent dans les aisselles des feuillec. - 51 — opération très-facile si Ton s'y prend de bonne licurc; mais si l'on aviiil trop attendu et qu'ils fussent ligneux, il faudrait les couper. De Vévrillement. Le retranchement de toutes les vrilles est encore d'une grande nécessité pour éviter une perte considérable de sève ; au contraire, la sève, comme nous l'avons dit, ne peut être trop employée à la formation du fruit el du bois. L'on peut aussi en même temps, dans les années d'abondance, supprimer les grappillons; quant aux ailerons, il ne faut pas les arracber, mais les couper avec les ongles lorsqu'ils sont encore à l'étal herbacé; si on les avait laissés devenir ligneux, il faudrait se servir de la serpette, mais, dans les deux cas, on doit leur laisser un petit talon de 5 à 6 milli- mètres de longueur. Du pincement. Le pincement, si utile dans la culture des arbres fruitiers, est aussi pratiqué avec le plus grand soin par ceux qui veulent bien soigner leur vigne. Il a pour effet de suspendre momentanément la pousse des bour- geons , de favoriser la formation des yeux, d'accélérer leur maturité ol de donner de la force aux bourgeons voisins non pinces. Comme on le voit, le pincementdoit être fait un peu tard, pour évitei- de faire mûrir trop vite les yeux du talon qui pourraient s'ouvrir avant la fin des gelées, tandis qu'il ne doit que fortifier ces yeux pour y asseoir la taille avec plus d'avantage. Il se fait ordinairement sur le 8" ou le O'^œil lorsque le bourgeon a 50 ou 00 centimètres de longueur. Si les bourgeons de l'extrémité attirent à eux toute la sève , et que ceux près de la tige restent faibles, on rétablit l'équilibre en j)inçaut les forts. Cette opération évite de rogner la vigne. Du palissage. L'époque du palissage est indiquée par la croissance des bourgeons, et la nécessité de les attacher pour éviter de les voir rompre par le vent; ils se prêtent à toutes les inclinaisons sans en souffrir ; ainsi lorsque la taille n'est pas formée en cordons, l'on peut étendre les pousses sur le mur, de manière à le bien garnir et à bien poser les fruits; les premiers liens doivent être volants; l'on ne fixe les bourgeons que lorsqu'ils sont devenus ligneux et ont été définitivement arrêtés; ils ne doivent point se croiser ni se trouver entre le treillage et le mur. Retranchement d'une partie des grappes et des grains. Après le palissage, l'on doit retrancher les grappes trop nombreuses, et lorsque les grains auront atteint la grosseur d'un petit pois, les desserrer s'ils doivent trop se presser les uns contre les autres; cette opération fiiit mûrir le raisin plus vite cf facilite beaucoup la conservation; elle est — 32 — indispensable sur les muscats. L'on profite de cette opération pour re- chercher la chenille du sphinx qui se retire de préférence dans les grappes à grains serrés. Épamprement. Celte opération délicate qui donne aux raisins celte belle couleur mor- dorée, qui le fait mûrir plus vite et augmente sa qualité , se pratique un peu pendant toute la végétation , mais principalement lorsque le raisin est aux trois quarts de sa maturité et qu"il commence à devenir transpa- rent, c'csl-à-dirc (juc Ton doit faire l'efTeuillage de manière h laisser tou- jours pénétrer librement l'air et la lumière. Il ne ûmt enlever qu'aux approches de la maturité les feuilles qui couvrent le raisin, en laissant toujours avec soin le pétiole nécessaire pour abriter les boutons. Enfin pour préserver le raisin de bien des attaques, l'on peut placer les grappes dans de petits sacs de crin, qui sont toujours préférables à ceux de papier. Pour les cueillir il faut attendre un temps sec et ne jamais les attacher au fruitier par le tuyau. CULTURE MARAÎCHÈRE. MANIÈRE DE PLANTER LES ARTICHAUTS POUR AVOIR UNE RÉCOLTE ARONDANTE A L'AUTOMNE, Par m. Raveâud, Secrétaire -adjoint de la Soeiélc d'horlifullure de Màcon. Au mois de novembre dernier, je me promenais avec M. Bonnetain- IJellot, dans son jardin de Charbonnière; je m'arrêtai étonné devant un carré d'artichauts, dont tous les pieds étaient couverts de fruits très-beaux (même au printemps j'ai rarement vu de récolte aussi abondante) ; je le priai de vouloir bien me dire comment il s'y était pris pour obtenir un résultat pareil. Voici ce qu'il me dit : « Au mois de juillet dernier, ayant recommandé à mon jardinier de planter des artichauts pour en avoir en automne, il arracha tous les vieux pieds et les porta sur le fumier. Huit jours après, j'aperçus mes artichauts tout grillés et les crus morts ; je demandai au jardinier pourquoi il n'avait pas planté d'artichauts, qu'ils étaient tous morts; il me répondit qu'ils n'avaient pas de mal, que s'il avait agi ainsi, c'est qu'il l'avait vu recom- mander dans un ouvrage de jardinage, que lui avait donné M"'= Rosalie. Alors, il détacha des œilletons, qu'il planta et arrosa comme on le foit habituellement, et son essai eut un succès complet, d MM. Piot et Rabout objectent que l'on voit quelques pieds produire à l'automne, et ([ue c'est cxceplionncllcmciit. I\Iais ce (jui prouverait que la dessiccation partielle des artichauts influe pour leur faire donner une ré- colte à l'automne, c'est que tous les pieds étaient couverts de fruits. r>ercu"--s i -o . Hedvsarum silnricmn . Pou-. ().(Tastro\o\)iuni Hugolii 11 (M\tV Où HORTICULTURE. NOTICE SUR LE SAINFOIN DE SIBÉRIE [IIEDYSARUM SIBIRICUM), \ "' CHARMANTE PLANTE DE PLEINE TERRE ET VIVACE , / Par m. Ch. Morren. On vante, et certes à bon droit, la beauté du Dicbjtra spectahilis, une des plus importantes introductions que nos jardins ont reçues dans ce siècle. Mais, et nous ne sommes pas seuls de notre avis, on nous per- mettra de placer à côté de la délicieuse fumariacée de la Chine, une légu- mineuse de Sibérie , sans doute connue depuis longtemps comme le dicbjtra , mais non pas introduite. Nous voulons parler de Vhedisarum sibiriciim de Poiret, dont voici la diagnose : HEDYSARUM ( Leiolvblum ) SIBIRICUM. Poir. Suppl. 5. p. 17. Lam. 111. t. 628, fig. o. — DeCand. Prodr. 2, p. 543. Caw/e ereclo, l'oliolis oblongis lanceolalis , 8-10 jugis, aculis,ulrumqiie aUciuialis, siiblus pubescen- libtis aut glabris, .ç/i'yjx/iA- superioribus dis- linclis, bracfeis pedicello sœpius brevioribus pt mullo, racemo elongato gracili , mullifloro, florilms secundis , dependenlibus , speciosis, /(7jfH»ijniiî«.s peiidulis glaberrimis , lœvibiis, arlieiilis Iribus, vixqualernis, ullimo majori. V. tab. 6, fig. 1. Racemus; 2. folium ; 5. flos : 4-. vexilliim ; a. ala ; 6. carinœ pelala ; 7. gcnilalia et ala ; 8. Icgumen. SAINFOIN [section des Léiolohes) DE SI- BÉRIE. Poip. Siipplém. 3, p. 17. Lam. 111. f. 628, fig. 3. — De Cand. Prodr. 2, p. 343. Tige droite, folioles oblongues ou lancéolées, (le 8 à 10 paires, aiguës, amincies aux deux bouts , au-dessous pubescentcs ou glabres, stipules supérieures distinctes , bradées sou- vent plus courtes et de beaucoup que les pédicelles, grappe allongée, grêle, multiflore, fleurs unilatérales, pendantes, grandes et hcUes, gousses pendantes, très-glabres, lisses, articles au nombre de 3, rarement quatre, le dernier le plus grand. Voyez pi. 6, fig. 1. grappe,- 2. feuille; 3. fleur ; 4. étendard ; ii. aile ; 6. pétales de la carène ; 7. génitalies et aile ; 8. gousse. Bien que Loudon rapporte à 1798 Tintroduction de cette plante dans les jardins de TAngleterre, cependant elle n'existait pas dans ceux du con- tinent et nous ne l'y voyons guère encore aujourd'hui ; il y a six ans nous en avons reçu des graines par l'entremise de M. Fischer de St.-Péter.sbourg, et aujourd'hui ce sainfoin attire vivement l'attention des horticulteurs. Presque aucun ne l'a vu ailleurs et beaucoup nous le demandent. En effet, c'est une charmante plante, volontaire, rustique et fleurissant abondam- ment de mai à juin. Elle est originaire de la Sibérie et de la Daourie. De Candolle donne pour caractère fixe d'avoir les feuilles pubescentes au-des- sous. Nos pieds les offrent glabres. Il distingue une variété, pedicellare, où les bractées seraient de moitié plus courtes que les pédicelles. Sur nos in- dividus, ces bractées atteignent à peine le cinquième de la longueur des pédicelles et sont excessivement grêles. Nous aurions pu proposer peut- être une nouvelle espèce, mais notre savant collègue, M. Martens, profes- seur de botanique à Louvain, a eu la complaisance de comparer nos BELG. IIORT. T. III. 5 — 34 — écliantillons cultivés avec ceux de son herbier, et il a ramené sans peine la plante venue de Russie à Vhedysarum sibiriciini de Poiret. La fleur est d'un violet pourpre très-vif, et le calice écarlate : la grâce de la fleur est parfaite. Culture. On reproduit ce végétal de graines , mais peu mûrissent dans notre pays, ou bien de la division des pieds. Il est vivace et se contente d'une terre argileuse ordinaire. NOTICE SUR LE GASTROLOBIUM HUGELII , DE HENFREY, ET SA CULTURE , Par le même. Le Gastrolohium de Hugel appartient à ce genre de légumineuse dont la siugulière étymologie se trouve dans les deux mots de gaster, ventre, et lobos , lobe ou gousse, c'est-à-dire gousse ventrue pour indiquer que ce fruit est en effet souvent renflé et plein de vent. C'est un arbrisseau bas, dont les tiges sont droites, presque toujours divisées en trois, portant des branches opposées, tout à fait poilu, les feuilles sont orbiculaires, la base cordiforme, sessiles et pourvues d'une longue pointe ou alêne au bout libre , les verticilles portent trois feuilles et de leur aisselle naissent les pédicellcs, de sorte que les fleurs s'associent aussi trois à trois ; les pédicelles sont un peu plus longs que le calice et sans bractées. Le calice a cinq dents, deux lèvres et des cils aux dents. La corolle d'un jaune brillant possède un étendard large, transversal, réfléchi et profondément bifide, les ailes sont recourbées, plus longues que la carène. Ce gastrolobe est originaire du Swan-River d'Australie ; il a été intro- duit en I80O, par M. Drummond, chez MM. Knight et Perry de Chelsea. Depuis on l'a vu plusieurs fois sur le continent où il figure parmi les plantes rares en fleur au mois d'août. Culture. La culture de ce joli arbuste demande quelques explications particulières. Il faut se procurer dès le mois de mars quelques pieds petits mais sains, et , quand les racines en sont bonnes , il faut les planter dans des pots deux fois plus grands que ceux d'où ils sortent, remplis d'une terre de bruyère riche, tourbeuse, mélangée d'un quart d'argile franche, de sable siliceux, de tassons et de morceaux de houille très-dure. Après le dépotement, on place ces pots dans une bâche ou une serre tempérée basse; on arrose modérément les premières semaines, puis plus abondam- ment après ce temps. On asperge le plant d'eau tous les jours et on l'en- toure ainsi d'une atmosphère humide. Évitez surtout que la tige ne file, et, pour l'en empêcher, pincez les bouts de manière à conserver à l'arbuste une Icle ronde. Quand cette culture marche bien , on repote, fin juin, et — 35 — enfin une troisième fois en août. Lorsque la racine remplil tout le pot, on donne un bon arrosement de purin nièlé d'eau deux l'ois par semaine. Si ce gaslrolobe est envahi par les insectes, il faut le seringuer d'eau très-propre, le laver et le couvrir de fleur de soufre pendant deux jours. Ce traitement les tue et fait du bien à la plante au point de lui donner une bonne fleuraison la seconde année. La propagation se fait au moyen de boutures sur bois mûr à demi et coupé en août : on les plante dans du sable sous une cloche de verre et en bâche, en ayant soin de laisser cica- triser les branches dans un endroit plus frais. La chaleur de la bâche doit être modérée. CULTURE DES CLNÉRAIRES, Par M.C.Cavuon, Horlicultem' à Cherbourg. Les Cinéraires s'enrichissent tous les ans, au moyen du semis, d'un grand nombre de variétés au milieu desquelles les amateurs choisissent celles dont les fleurs présentent les plus belles formes, les nuances les plus riches ou les plus agréables, et dont le port offre l'aspect le plus gracieux. Leur culture me semble devoir être divisée en deux saisons complète- ment distinctes, et cette division repose sur leur mode de végétation. Vers le mois de septembre, au moment même où les chaleurs diminuent, où les nuits deviennent humides et fraîches, la végétation des Cinéraires, auparavant presque insensible, prend tout à coup une nouvelle activité; elles se disposent à élever leurs tiges et à développer ces fleurs dont la fraîcheur et la beauté feront, pendant une partie de l'hiver et surtout au printemps, l'ornement des serres tempérées et des salons. Si parfois on en voit quelques pieds fleurir dans le cours de l'été, ce n'est là que le résultat d'une végétation qui ne s'était pas accomplie convenablement en son temps ; aussi les fleurs de cette saison n'ont-elles jamais la beauté de celles du printemps. Enfin, api^cs la floraison, la vie des Cinéraires devient de moins en moins active ; elles ne présentent plus que l'aspect de plantes languissantes : mais à ce moment aussi il se développe au collet des racines plusieurs rejets qui fourniront à l'amateur, quand le temps en sera venu, les moyens de conserver et de multiplier chaque variété; si ces rejets ne se développaient pas spontanément, il faudrait exciter la plante à en pro- duire, puisque sans cette précaution, les tiges étant annuelles et les bou- tures réussissant difficilement dans cette saison, on se trouverait exposé à perdre une variété précieuse. Les Cinéraires ne sont vivaces que par les drageons qu'elles produisent — Ôt) ~ assez facilemenl du collet des racines. En effet, dès que ces productions nouvelles, destinées à remplacer les anciennes tiges, ont acquis quelques centimètres de longueur et développé quelques feuilles, la sève, élaborée par ces dernières, descend à la base des jeunes drageons et y provoque la formation de nouvelles racines, que l'on voit même fréquemment poindre à 0™,0l ou 0'",02 au-dessus du sol. Ces racines s'accroissent, s'implantent en terre, et bientôt la vieille plante languit et meurt. Les jeunes rejets, qui désormais la remplacent, prennent alors un dé- veloppement proportionné à la fertilité du sol , et surtout à Thumidité communiquée à l'air environnant par l'évaporation de la terre où ils sont plantés. Soigneusement garanti des rayons directs du soleil au milieu du jour, leur feuillage s'élargit, se colore, devient de plus en plus étoffé ; les tissus de la plante, quoique toujours chargés d'eau et de matière en dis- solution, s'organisent; les feuilles, d'autant plus riches en couleur qu'elles ont été moins exposées au liàle et aux rayons brûlants du soleil , accom- plissent leurs fonctions avec plus de rapidité et d'énergie ; la sève, puri- fiée et transformée en cambium, devient plus abondante, afflue dans les tissus et en augmente la masse, bien que ces tissus restent toujours mous, par suite de la prépondérance de l'oxygène sur le carbone; les feuilles radicales, favorisées par les mêmes causes, larges, épaisses, étoffées, préparent une sève abondante qui, s'accumulant à leur base, détermine la vigueur de la tige floi'ale, toujours d'autant mieux nourrie et mieux constituée pour produire une riche floraison que ces feuilles radicales ont gardé plus longtemps une végétation normale. Les racines conservent parfois de la vie au delà d'une année; mais alors elles sont incapables de puiser dans la terre une nourriture suflîsante pour donner des tiges florales : leurs tissus se trouvent paralysés par le dépôt continuel des matières terreuses qu'y charroie en abondance une sève trop aqueuse. Une preuve sensible de ce rapide engorgement des racines, c'est le prorapt dépérissement de la plante, quand il ne se développe pas à son collet de nouvelles racines qui, puisant énergiquement leur nourri- turc à la superficie du sol, en entretiennent la vigueur. Culture d hiver. Au mois d'août ou de septembre, quelque temps avant le réveil de la végétation, je choisis au collet de chaque variété de mes Cinéraires les jets les mieux nourris, prenant de préférence ceux qui parlent à fleur de terre, et qui ont toujours de jeunes racines ou un bon talon pour assurer la reprise de la bouture. Je les préfère aux drageons qui percent de sous terre : fexpérience m"a appris que ceux dont je fais clioix fleurissent plus tôt et plus facilement; d'ailleurs ces drageons souterrains ont toujours tendance à produire eux-mêmes un grand nombre de nouveaux drageons qui, malgré tout le soin qu'on met à les supprimer dès leur apparition, — 37 — nuisent toujours à Taccroissement des feuilles radicales, et par suite au beau développement des tiges. Je procède ensuite à la plantation des jeunes rejets dans une terre bien travaillée à la bêche et à la fourche, et rechargée de 0"%06 de terreau en- viron (fumier de couche bien consommé), auquel j'ai ajouté, en le mélan- geant avec soin, à peu près un cinquième de sable fin de mer. J'établis, autant que possible, l'emplacement de ma pépinière à l'abri du soleil de la matinée, beaucoup plus sec que celui du couchant; j'espace mes plantes de manière à pouvoir les relever en mottes. On peut également faire cette première plantation dans des pots, terrines ou caisses; mais la pleine terre est préférable. C'est là, dans la pépinière, que les Cinéraires acquer- ront pendant rautomne cette végétation normale, qui est la base et la garantie de leur vigueur et de leur beauté à venir. Dans le courant de novembre, moment où les premières gelées peuvent survenir dans notre pays , j'enlève mes plantes et les mets dans des pots de 0™,10 h 0"',13 de diamètre, selon la force du pied, préférant leur donner d'ab ord de petits vases, et progressivement de plus grands. La terre que j'emploie alors, est un mélange composé de deux tiers environ de terreau provenant de vieilles couches, avec un tiers de terre franche et de sable fin, mélangés par parties à peu près égales; plutôt plus de sable que de terre franche. A la suite de ce premier empotement, je tiens mes plantes à l'abri d'un mur, d'une haie, d'une ligne de paillassons, de tout ce qui peut les pro- téger contre les grandes pluies et les grands vents, qui signalent toujours chez nous l'approche de l'hiver; mais j'ai soin de surveiller attentivement le temps chaque soir, dans la crainte de les laisser surprendre par la moindre gelée, car elles y sont très-sensibles. S'il y avait seulement ap- [)arence d'une légère gelée blanche, un paillasson déroulé en avant suffi- rait pour les garantir. Le peu de temps qu'elles restent ainsi dehors, à la suite du premier empotagc, les maintient à l'état normal beaucoup mieux que si elles étaient tout d'abord renfermées dans une serre. Ainsi placées immédiatement dans un lieu frais et abrité, la transplantation ne leur fait éprouver qu'une faible commotion. La rentrée en serre a lieu dès les premières gelées, après que les plantes ont été préalablement nettoyées de toutes les feuilles mortes ou jaunâtres qu'un air concentré ferait bientôt entrer en décomposition ; mais alors je les tiens dans une bâche, sorte de châssis élevé dans lequel régnent des gradins qui les rapprochent autant que possible du vitrage. Le dessous des gradins est utilisé pour des plantes à feuilles caduques. L'avantage de ce local, comparé aux serres ordinaires, c'est que jamais la température ne s'y élève beaucoup, point essentiel pour la conservation de la santé des Cinéraires. L'expérience ma appris que, placées dans une atmosphère chaude et sujette à de grandes variations, ces plantes ne prospèrent pas longtemps : leurs jeunes pousses, incessamment tourmentées par les — 58 — pucerons dont elles sonl alors envahies, se rabougrissent et ne donnent qu'une floraison très-imparfaite. Les Cinéraires aiment, au contraire, une atmosphère plutôt humide que sèche, sans cesse renouvelée par le libre accès que Ton donne à l'air extérieur, tant que le thermomètre indique encore deux degrés au-dessous de zéro. Ainsi donc, à Cherbourg, notre bâche à Cinéraires sera presque toujours ouverte, puisque sous notre cli- mat les gelées sont rares et de courte durée ; l'influence de l'air extérieur, le peu d'élévation de la température et la légère humidité provenant du sol de la bâche, conserveront aux plantes leur vigueur naturelle, et con- trarieront, au contraire, l'accroissement et la multiplication des pucerons, contre lesquels elles ont à lutter dans les serres ordinaires, où la tempé- rature est plus élevée, et par là même plus sujette à de fréquentes variations de chaleur et de froid, de sécheresse et d'humidité. D'ailleurs, parvint-on à les garantir des pucerons, ces plantes, composées de tissus organiques très-mous et très-susceptibles de se dilater à l'excès par suite d'un engorgement de sève, n'auraient jamais, sous une chaleur élevée, une floraison aussi satisfaisante qu'à une basse température. Les plantes s'étioleraient; les fleurs seraient petites et s'épanouiraient mal. S'il survient de grands froids et que les gelées augmentent, je ferme le plus hermétiquement possible toutes les ouvertures de la bâche, et, selon l'intensité du froid, je double les paillassons, pour empêcher la vapeur condensée sous les vitres de se transformer en glace. Seulement, pour éviter une humidité surabondante, je renouvelle l'air chaque fois que le temps le permet. Les plantes ainsi traitées ne croissent pas vite, mais en revanche elles sont robustes. Si dans le cours de l'hiver elles avaient besoin d'un rempotage, ce qui se reconnaît à la quantité de racines qui tapissent la motte, ce rempotage doit précéder la formation des boutons à fleurs. Mais cette opération doit être modifiée d'après ce que nous avons vu du mode de végétation des Cinéraires. Comme je l'ai déjà dit, les racines perdent très-promptement leur action vitale ; je ne mets donc aucune importance à conserver les plus vieilles qui se trouvent dans le fond du pot, d'autant plus que sous l'influence de l'atmosphère un peu humide de la bâche il s'est produit, non-seulement au collet de la plante, mais à l'air même, le long des rameaux, une grande quantité de nouvelles racines, pleines d'activité et de vie. Partant de cette observation, une pratique toute difl"érente de la mienne consiste à changer la superficie de la terre en la renouvelant à l'aide de terre plus neuve et plus friable. Pour moi, je coupe transver- salement la motte par la moitié , après quoi je la rempote dans un vase un peu plus grand que le premier, de manière que les racines du collet se trouvent enterrées : la plante ne souffre pas un instant de cette opération (jui jne procure un double avantage; d'abord, je puis ainsi fournir à mes Cinéraires, au moment même où la floraison va absorber beaucoup de nourriture, une masse bien plus considérable de bonne terre nouvelle, ci — 59 — de plus j'enlève ainsi la plus grande partie de la vieille terre, non-seule- ment appauvrie, épuisée, mais décomposée et imprégnée de matières et de gaz délétères rejetés par les racines. Ainsi traitées, quelques-unes de ces plantes fleurissent pendant l'hiver, mais la plus grande floraison a lieu vers le mois de mars : c'est alors qu'on peut les disposer et les placer dans les serres et les appartements, selon le goût et le caprice des amateurs. Le Journal cV horticulture pratique nous a appris qu'en les mettant au printemps dans le parterre ou les plates-bandes du jardin, on en obtenait un charmant effet. Chez nous on en tire rarement ce parti, quoiqu'on pût souvent le faire avec beau- coup d'avantages. Culture (Vété. Après la floraison, les Cinéraires perdent sensiblement de leur vigueur. La saison du repos arrive pour elles d'autant plus promptement que les chaleurs de l'été se font plus vivement sentir. Chercher alors à réexciter en elles l'activité de végétation qu'elles montraient naguère, serait peine à peu près perdue. Tout ce qu'on doit leur demander pour le moment, c'est la production de quelques drageons partis du collet, et qui assurent la conservation de la variété pendant les chaleurs de l'été. Si les pots se trouvaient exposés au hàle et au soleil, on serait obligé de donner des arrosements journaliers ; mais alors la superficie de la terre, alternativement sèche et humide, nuirait à la formation des drageons dont on a besoin. Si, au contraire, les plantes placées à l'ombre trouvent natu- rellement dans l'atmosphère qui les entoure, une humidité bienfaisante, les drageons ne manqueront pas de se développer. Lorsqu'ils ont acquis un développement suffisant, c'est-à-dire quand ils commencent à émettre des racines, on modère la végétation des plantes en diminuant peu à peu les arrosements, de manière qu'elles passent en- viron trois mois dans un repos presque complet. Ce repos, moins absolu- ment nécessaire pour les plantes herbacées que pour les plantes ligneuses, est pourtant d'une haute importance, si l'on veut obtenir des individus bien florifères. Les heureux résultats que je remarque depuis longtemps dans l'accroissement des plantes qui ont joui de ce repos annuel qu'exige impérieusement la nature, me fait attacher le plus grand prix à cette circonstance. Cependant je dois faire observer que pour les plantes her- bacées telles que les Cinéraires, cet état de repos, qu'il est si facile de donner aux végétaux ligneux, réclame de grandes précautions : il ne faut pas qu'elles tombent dans un état de langueur qui dégénérerait bientôt en maladie, et dont les suites seraient on ne peut plus défavorables à la bonne constitution des jeunes rejetons qu'elles doivent produire, et sur lesquels on compte pour la conservation et la multiplication de la variété; le point le plus essentiel, c'est de bien choisir le moment convenable — 40 — pour les faire reposer : ce moment est souvent indiqué par la plante elle- même, lorsque, malgré la continuation des mêmes soins, sa végétation perd sensiblement de son activité; il se présenterait naturellement aussi- tôt après la floraison , mais alors il est important d'exciter le développe- ment des drageons, et d'assurer leur radification , puisque rarement la plante quiles produit, passerait elle-même une seconde année d'existence. Chez les Cinéraires, le but du repos qu'on leur donne est que les dra- geons obtenus au commencement de Tété ne prennent pas trop d'allonge- ment pour faire de jolis pieds à l'automne, époque où Ton commencera à leur donner des soins en vue de développer leur accroissement et d'en faire de belles plantes. Or, on ne peut guère atteindre complètement ce résultat qu'en conservant des plantes en pot durant l'été. En ejBFet, la végétation de celles qu'on livre dès le printemps à la pleine terre est toute différente : leurs drageons, continuant à croître pendant le temps qui devrait être consacré au repos, acquièrent souvent trop de développement pour former de jolies plantes pour l'année suivante. On peut cependant les rabattre et les exciter à leur tour à produire de nou- veaux drageons qui serviront à la multiplication d'automne, mais d'une manière moins avantageuse que les drageons qui auront reposé. Plusieurs fois il m'est arrivé de perdre subitement, en pleine terre, des plantes jusqu'alors vigoureuses. Ce fait se produisant dans des temps de sécheresse, et la plante se fanant pendant le jour, j'en attribuai la cause à la sécheresse seulement ; mais comme les arrosements donnés le soir ne produisaient d'effet que pendant la nuit, j'eus la curiosité de visiter les racines : je les trouvai chargées de milliers de pucerons qui en suçaient la sève. Depuis cette première observation, j'ai remarqué à diverses reprises et dans différentes années que le nombre de ces pucerons s'accroît consi- dérablement et en très-peu de temps, et que quand une plante est atta- quée, toutes celles du voisinage ne tardent pas à l'être: si les ravages causés par les pucerons n'ont pas encore une grande gravité , on peut arracher la plante pour la nettoyer et la replanter en un lieu frais et om- bragé, dans une terre légère et friable, qui pourrait offrir, par exemple, moitié de terreau bien consommé, et moitié de terre de bruyère mélangée d'un peu de sable fin ; la terre de bruyère est ici employée pour rendre le compost plus poreux et plus perméable aux racines. Si le mal est déjà grand, pour peu que la plante présente encore quelques parties fraîches, il faut bien les en détacher et les bouturer à l'instant pour conserver la variété qu'on est menacé de perdre ; et dans ce cas on doit donner à ces boutures des soins bien plus minutieux qu'à la plante malade, surtout pour empêcher la transpiration excessive des feuilles, qui sufllrait à elle seule pour rendre impossible le développement de nouvelles racines. — 41 — REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Acnciai sqciastiata. l\Iorr. Ann. de Gand, v. 5 (1847), p. 209, cum ic. — Lindl. Paxt. FI. Gard. 4852. — Th. Moor. Gard. Comp. voL d, p. 85, 1852. • — Jard. fleur, p. GO, 1852. — Acacia ccaillcux. Famille des Mimosées. Rameaux droits, striés, stipules inermes, squammilbrmes, grandes, naviculaires, bords scarieux bruns; pbyllodes très-étroitcnient linéaires, amincis par la base, presrpie plus longs que les entre-nœuds au sommet des rameaux, sommet oblong tronqué, bord renflé, uninerves très-entiers; capitules rassemblés, globuleux, multiflores, grappes beau- coup plus courtes que les phyllodes, calice à cinq dents lancéolées. Quelques journaux horticoles anglais et du continent citent et figurent cette espèce d'acacia comme étant décrite sous ce nom par M. Lindley. Le savant professeur de l'université de Londres n'est pas capable d'avoir ravi et sciemment, à un de ses collègues du continent, ni un nom de plante ni quoi que ce soit : il y a là erreur et erreur inanireste. Les annales de la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand, connues de M. Lindley lui-même, ont figuré et décrit, en 1847, cette espèce sous le nom de Acacia squamata, nom donné par le rédacteur de cet ouvrage, et adopté par M. Lindley en 1832, cinq ans plus tard. Les Anglais rap- portent que cet acacia provient de la contrée dite Swan-River en Australie, d"où elle a été introduite par M. Drummond chez M. Ilenderson. En 1847, cette même espèce fleurissait déjà chez M. Glym d"Utrecht, mais tout ce qu'on savait d'elle, c'est qu'elle provenait de l'Australie. Culture. Identiquement la même que celle des autres acacias de la Nouvelle-Hollande : une serre à grande ventilation, température modérée, mi-ombre, grands soins dans l'arrosement, ni trop copieux, ni trop re- tardé et toujours modéré. La multiplication se fait par boutures franche- ment ligneuses en bâche et sous cloche. Bertoei'ls 'WnlUichiaBia. De Cand. Prodr. 1 , p. 107. Wall, plant, asiat. rar. v. 5, p. 23 , t. 243. Walp. Rep. bot. v. 1, t. 104. Lindl. et Paxt. fl. Gard. v. 1, p. 12 et p. 79, fig. 28. Ilook. Bot. mag. 4636. 1852. Epine vinette de Wallich. Syn. Berberis atro-virens. Don. Gard. Dict. V. 1, p. 117. Famille des Rerbcridées. Rameaux anguleux, épines tri- partites , allongées-subulées , feuilles fasciculées , oblongues-Iancéolées, raides, glabres, dentées, dents épineuses, pédicelles axillaires agrégés, uniflores, plus courts que les feuilles. Primitivement, cette espèce a été découverte près du sommet du mont Shéopur dans le Népaul, par le docteur Wallich, circonstance d'où de Can- dolle a tiré son nom. M. Thomas Lobb l'introduisit vivante ou de graines chez l'horticulteur Veitch, et à la même époque le docteur Hooker (fils) l'envoya de l'Himalaya oriental au jardin royal de Ivew. Cette espèce nELG. HORT. T. ru. 6 _ 42 — (répinc-vincUc fleuril de Irès-honne licuic, au mois d'avril, et même ([uand elle n'a que huit ou dix pouces de hauteur et dans de ])etits pots. Dans son pays natal , elle atteint cependant de six h huit pieds de hauteur. Les feuilles sont jaunes et grandes. Culture. D'après les expériences faites récemment, le Berheris de Wal- lich est décidément en Angleterre, et peut-être dans nos climats, une espèce rustique et de pleine terre, devenant ainsi un hel ornement de nos bosquets. Le feuillage lui donne un faux air du Berben's ilicifolia, mais l'inflorescence est très-différente. Il faut à cet arbuste de la terre de hruyère à base de sable, et la reproduction se fait soit par gi'aines, soit par boutures sous cloche. On le laisse d'ailleurs croître librement. Ceanotlius rerrncosiis. Nuit, in Torr. et Gr. FI. of N. Am. v. 1, p. i2G7. — llook. Bot. niug. 4G60. 1832. Ceanotlws porte-verrues. Famille des llhamnées. Rameaux opposés, portant de grosses verrues aux nœuds, feuilles opposées, subarrondies-cunéïformes , orbiculaires ou coriaces, à pétioles courts, penninerves, brillantes, très-entières ou dentées, glabres, en dessus luisantes, en dessous finement réticulées, aréoles velues, co- rymbes axillaires, rachis noueux-tuberculé, fleurs d'un bleu violet pâle. La découverte de ce joli cyanothus, toujours vert, est due au vénéi^able M. Nultall ([ui le trouva à Sainte-Barbe, dans la Haute-Californie. Des graines en ont été envoyées par M. Hartweg à la Société d'horticulture de Londres, sous le nom de Ceanothvs integerrimus, mais elles ne donnèrent pas la plante connue sous ce nom et publiée comme telle par IMM. Ilookcr et Arnott, dans la partie botanique du voyage de Beechey. Les fleurs sont petites, réunies en corymbes, violettes ou bleuâtres. Culture. Cette espèce a passé les deux derniers hivers en pleine terre dans l'arboretum de Kew, où la floraison s'en fait au premier printemps en avril ou mai. 11 sera toutefois prudent dans nos contrées de conserver les pieds en serre froide et de les essayer en pleine terre. 11 leur faut un sol assez riche en humus et à fond de terre de bruyère. On reproduit par boutures faites sous cloche et par graines lorsqu'elles viennent à maturité. CœlogvBic ochracea. Lindl. Bot. reg. 1846. t. fiO. — llook. Bot. mag. 46G1. 1832. — Célogyne à taches d'ocre. Famille des Orchidées. Pseudobulbcs tétragones au bout, feuilles étroites lancéolées, obscurément veinées de cinq nervures, rétrécies en un pétiole étroit, grappe pauci- flore, penchée au bout, plus courte que les feuilles, labcllum trilobé, pubescent en dedans, lobes latéraux arrondis, l'intermédiaire oval, acu- miné, obtus, sinus denticulé ou entier , deux lamelles droites entières, s'évanouissant vers le milieu , ligne courte, élevée , dentifère au sommet et placée près de la base. Cette espèce de célogyne est fort jolie surtout par ses fleurs blanches portant sur le labellum une macule d'un jaune vif bordée d'aurore. Elle est de plus entièrement odorante. On la trouve com- — 43 — ijiunémenl sur les collines et les montagnes de l'Inde boréale et orientale. M. Thomas Broekiehurst , de Fcnce près de Macclcstield, Tintroduisil en Angleterre. Dans les jardins royaux de Kew elle fleurit en mai. Culture. Cette espèce se cultive dans la serre chaude consacrée aux orchi- dées, plutôt en terre et sur tassons que sur bois; elle exige un bon drai- nage, des mousses coupées et surtout du sphagnum, de la sécheresse en temps de repos et beaucoup d'eau pendant la floraison. De»(li*ol)iiisu Fariucri. Paxt. May. of Bot. v. 15. cum le. — Ilook. Bot. mag. 4Go9. 1852. Dendrohium de Farmer. Famille des Orchi- dées. Tiges allongées, claviformes, articulées, profondément sillonnées, pseudo-bulbées à la base, feuillues au sommet, deux à quatre feuilles ovales, coriaces, striées, grappes latérales multiflores, pendantes, bractées petites, ovales, concaves, sépales d'un jaune blanchâtre, teintés de rose, larges, ovales, obtus, pétales conformes de même couleur, un peu plus grands, labellum plus grand d'un jaune soufré pâle, disque d'un jaune d'or, rhomboïdal, très-obtus, onguiculé, large, pubescent en dessus, dcnti- eulé sur le bord. Cette charmante espèce de dendrohium a été envoyée par M. 3Iac Clel- land du jardin botanique de Calcutta à M. Farmer, d'où lui est venu son nom. M. Paxton fait observer que dans son port et son apparence cette espèce ressemble beaucoup au Dendrohium densiflorum, mais les tiges sont plus anguleuses et les hampes florales sont moins fournies de fleurs, et enfin celles-ci sont très-différentes entre les deux espèces. Sir William Hooker fait observer cependant que ces fleurs diffèrent plus par leur cou- leur que par leur structure. Si donc on s'en réfère, dit-il , aux autres carac- tères, ces espèces sont en effet distinctes. Culture. Ce dendrohium est de serre chaude, se cultive sur un morceau de bois pourvu d'écorce et demande, en un mot, les mêmes soins que toutes les orchidées du même genre dont la culture a été souvent exposée dans ce recueil à propos d'autres espèces. Rliododcudi'ou Icpidotniu. Wall. Cat. n'' 758. — Don. Gard. Dict. V. 5, p. 845. De Cand. Prodr. v. G, p. 724. Roylc. 111. p. 2G0, t. G4, fol. 1. Hook. fil. in Sikkim. — Rhod. Conspect. p. G. Hook. Bot. mcuj. 4657. 1852. — Bosuge à lépides. Syn. : Bhododendron elœagnoides. — Bliodod. scdujnum, Hook. fil. Sikk. rhod. t. 25, à droite fig. 1-2, à gauche fig. 1. — Rhod. obovatum, Hook. fil. Sikk. rhod. Conspect. spec. p. G. (Rosage à lépides). Famille des Éricacécs. Arbrisseau rameux , entièrement couvert de lépides blanchâtres ou ferrugineuses; feuilles obovées, lancéolées, oblongucs ou apiculées, à pétiole court, d'un \crt pâle, pédoncules terminaux solitaires , droits, au nombre de deux ou trois; cinq sépales foliacés obtus, tube de la corolle court, renflé, les lobes ouverts, larges et ovales, corolle jaune ou purpu- — 44 — liîic, liuit élainines ciliées, ovaire qiiinque ioculaire , stigmale court el courbe. Nous devons faire remarquer que Sir William Hooker dessine rétami ne portant des poils vers le bas du filet, mais non pas des cils, les poils sont répandus sur tout le pourtour de l'organe. Ce rosage imite surtout, quand la fleur est jaune, un Ileliantbemum dont il a assez le port. Véri- lication faite, il s"est trouvé que la distinction de trois espèces de rliodo- dcndx'on, par >[. Hooker fils, était nulle et non avenue; les trois n'en faisaient qu'une et encore était-elle une ancienne espèce connue de Wallicb. Ce rosage à lépides croît à une élévation de 14 à Io,000 pieds d'alti- tude sur rilimalaya orienlal, mais il y descend aussi à 8,000 ])ieds dans les vallées humides où ses troncs deviennent très-tortueux; les brauclies feuillues et florifères se développent seulement au sommet des tiges et quand le soleil donne en plein dessus , tout l'arbuste répand une odeur résineuse assez forte , douce et agréable. Les fleurs , qui ne sont pas grandes, varient du jaune au pourpre et au violet. Son nom vulgaire est tsaliima ou tsinnu. Culture. Germée de graines introduites du Sikkim, cette espèce de ro- sage fleurit en avril ; on la tient en serre tempérée ou même froide, et l'été à l'air dans un endroit frais et à mi-ombre. Il lui faut de la terre de bruyère comme à ses congénères. iStylidiiaui pilosum. Labill. Nov. Holl. 2. 65. t. 213. — De Cand. Prodr. 7. 552. — Lindl. Bot. reg. 41. 1842 [Stylidie poilue). Syn. : Sty- lldnmi longifolium. Richard in Pcrs. Syn. 2. 210. Famille des Stylidiacées. Hampe glanduleuse, pubescenle, subrameuse, feuilles planes, allongées, hmcéolées-ensiformes, quatre pétales ondulés, denticulés, le cinquième t»l)long au milieu calleux, base à deux appendices, nain, défléchi, gorge à deux écailles semi-lancéolées, ciliées, irrégulièrement denticulées. Ce stylidium est originaire, croit-on, de la rivière du Cygne en Australie. II circulait dans le commerce, il y a quelques années, sous le nom de Styli- dium Dicksotii , mais ce nom n'a pu lui être conservé après les analyses. Cette espèce est fort remarquable par la grandeur de ses fleurs, dont la blancheur éclatante est rehaussée vers le milieu de deux nuages jaunes. La panicule est très-fournie et se compose de douze à quinze fleurs. Culture. On la tient en orangerie où elle est vivace et demande un sol composé d'une terre de bruyère sablonneuse, mélangée d'une égale quan- tité d"az'gile légère ou de terre franche. Elle exige de petits pots, et, pen- dant le temps de la floraison, elle se comporte comme une espèce aqua- tique, tant elle aime les arrosements. En hiver, elle se plaît dans les parties les plus froides de la serre tempérée. Sa reproduction a lieu par graines. — 45 ~ LITTÉRATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE. RECHERCHES SUR L'HISTOIRE DE LA ROSE , Pau m. Loiseleur Deslongchamps. De Vancienneté de la cidiure de la l'Ose. L'hisloiie tle la rose se perd dans la nuit des temps. On ignore quels lurent les premiers peuples qui la cultivèrent, et Ton ne peut sur cela que former des conjectures. Il est permis de croire que les anciens Égyptiens l'ont connue , mais on ne peut, avec aucun degré de certitude, la distin- ;^uer dans les monuments qu'ils nous ont laissés ('). Il est aussi probable ({u'elle fut plantée dans les fameux jardins de Babylone, dont on attribue la construction à Semiramis , environ 1200 ans avant Tère vulgaire , et cela paraît d'autant plus vraisemblable que, selon le témoignage des voya- geurs modernes , plusieurs espèces de roses croissent naturellement en Perse, contrée voisine de la Babylonie. Ce qu'il y a de certain, c'est que les Juifs cultivaient la rose à l'époque où vivait Salomon (^), environ deux siècles après Semiramis, puisque dans deux ouvrages attribués à ce prince, il est question de cette fleur. (1) M. lionastre , qui s'est beaucoup occupé de l'élude des anliquilés égyptiennes, a bien voulu me communiquer la noie suivante : « J'ai fait beaucoup de recherclies pour m'assurer hi, sur les monuments égyptiens tels que les obélisques , les stèles et les papyrus, la rose y était représentée, et je n'ai trouvé sur ces monuments rien qui put faire croire que les anciens Egyptiens aient gravé, sculpté ou peint cette fleur comme caractère liyéroglypliique ou figu- ratif. Cependant le nom de la rose se rencontre dans les anciens manuscrits cophtes. » Lors de l'expédition des Français en Egypte, M. Ralïcneau-Delile n'y trouva que deux roses, ]a rosa ulba el la rosa centifolia. Yoy. Description de l'Egypte , éd'il. de Panckoucke, in-8": (ome XIX, p. 91. Quelles que soient ces autorités, je ferai voir plus loin qu'il est à croire que sous Donatien, les Egyptiens cultivaient une troisième espèce, la rosa hifera. (2) Livre de la Sagesse, cliap. 11, v. 8. Peut-on d'ailleurs assurer que la rose soit la fleui' des champs donl il est question dans le passage suivant du Cantique des Cantiques, cliap. Il , vol. 1 , de la version de la Vulgate : Ego sum flos campi et lilium convallium , ce que le Jlaistre de Saci traduit par : « Jesuisla fleur des champs et je suis le lis des vallées ;» en ajoutant dans les notes que le sens de l'hébreu est : « Je suis comme une rose de la campagne de Saron ! » Cette dernière observation est confirmée par les deux versions protestantes de David Martin et d'Ostervald, faites sur l'hébreu, dans lesquelles on lit : « Je suis la rose de Saron. » Malgré l'accord de ces trois auteurs et de plusieurs autres encore, qu'il serait possible de citer, toutes les diiïicultés ne sont pas levées. M. Gcnesius, dans son Lexicon manuale hebraicum et chal- daicnm, dit que le mot traduit par rose (khavaltsélclh) a été, par d'anciens interprètes, tantô' i:ris pour un lis [lilium), tantôt pour un narcisse (norrïssiw}. M. Genesius pense, el cela d'après Tautorité de la version syriaque, que la ileur dont il s'agit est le colchicum antumnalc, et nulle pari le savant hébraïîant n'indique le sens de la roïc qu'expriment les traductions citées plus haut. — 4C — Il (-si (^aillclll•^ proiiM- jj;ir plu^iciii^ jiiissajjc-, du livif de rtcrlésia^- li(|uc', dont r.iulciir vi\uil environ .se|)l siècles après Sidoinon , (juc les Juifs aviiienlde l>elles planUitions de rosiers et surtout à Jéricho ('). •1 J";ii |)Oussc mes branches en ji.'iut comme les palmiers de Cadès, et comme les plants de rosiers de Jérieho (Eeclés. «-haj). xxiv, vers, 18). • L'ne voix me dit : Kcoutez-moi, ô yermes di\ins, et portez des fruits comme des rosiers plantes sur les jjords des eaux {L. ('.. fliap. xxxix, vers. 17). • Il a paru coniMK; l'arc-cu-cicl (jui jjrille daui ](■•< nuées lumineuses et comme les roses (pii ()oussent leurs fleurs au piinlemps (L. C. ehap. i, vers. 8). Il Les (irecs cultivèrent la rose de bonne heure, puisrpie Homère, (pii fleurissait deux siècles après le roi des Hébreux, dont je viens de parler, etupfunte déjà, dans son Iliade et dans son Odyssée, le brillant coloris de la rose pour (leindre le lever de l'astn' du jour; l'aurore, selon ce poêle, a des doij^ts de rose, l'aurore parfume l'air de ses roses. Ib'roilote (*) fpii vi\ail dan^ le cincpiième siècle avant notre èie, dit ({lie, dans un eanlon de la Maci-doiiie , près d(!s jardins ipi'on croyait a\oir af)|)aitenus à Midas, fils de Gonlius, il y avait des roses à soixante pétales (pti croissaient d'elles-mêmes, sans culture, et (pii avaient un parfum plus agréable ipie celles (pii venaient ailleurs. Lit rose uomvivc par les pactes la reine des fleurs. Dans ces temps reculés, les (Irecs dr)nnaienl à la rose la préférence sur tontes les autres plantes, et ils l'avaient cpialiliée de reine des fleurs. Kn efFet, dans les fra^mr-nts «pii nous restent de Saplio, dont on [>lace l'exis- l(!nce six cents ans avant J.-(]., on trouve des vers dans lescjuels la rose est placée au premier rang. «1 Si Jupiter, dit cette femme célèbre, voulait donnei- une reine aux fleurs, la rose serait cette reine. Klle est rornement de la ten-e , l'éclal des plantes, l'o-il des fleurs, lémail des prairies , une beauté éclala/ile. r;ile exhale ramoiii-, allirf! et hxc Vénus; toutes ses feuilles sont char- mantes; son boulon vermeil s'entre-ouvre avec une grâce infinie et souril (léli(;ieusement aux /,é[)hirs amoureux. (I) Les environs de Jériclio dlaieiit jadis la partie la plus fertile de la l'aleslinc. Ils alion- diiicnten rosiem el (;n palmier». Toiilcs ces richesses ont maintenant disparu du sol. ( Votjaf/v m l'uhnlinc cl en Syrie , en 18.10, par M. George Roliinson, t. I , p. 8• Mais c'est dans Iode (*) (juAnacréon a consacré à Téloj^r de la rose qu'il a été vraiment insjiiré de l'amour de cette ravissante lleiir. Jamais on n*a rien ditilepuis cpii ait égalé le clianue réj)an(lu dans tout et de là aussi cette coutume qui s'était introduite dans quelques pays du Nord de suspendre une rose au-dessus de la table dans les salles à manger, lorsque l'on voulait que les convives gardassent le silence sur tout ce qui pourrait se dire pendant le repas (^). Mais ce ne fut pas assez pour les poêles de l'antiquité d'avoir consacré la rose à Vénus, à l'Amour, ou à tout autre divinité; leur fleur chérie ne put avoir une origine commune, et leur riante imagination se plut à la faire naître d'une façon extraordinaire et surnaturelle. La ûible ra; onte de plusieurs manières soit sa naissance , soit comment elle prit la vive couleur qui la distingue. (i)D'Oibessaii, Essai sur les roses, page 528, dans les mémoires liistoriques, criliques. elr. lome m , de la pajïc 297 à 357. (2)Ro5eiilicrp Rliothlor/ia, cilil. in-S", 1050, pa^te H. — 4î; — Nous avons déjà vu d'après Anacréon, quelle fut l'origine de la rose. Bion la fait naître du sang d'Adonis, qui, selon la m}thologie, périt vic- time de la fureur du sanglier suscité par Diane à la prière de 3Iars, jaiouv de la préférence que la déesse de Cythère avait accordé à ce jeune prince. «t Malheur, malheur à Vénus! dit le poète, le charmant Adonis n'est plus, et la déesse répand autant de larmes qu'Adonis a perdu de sang. En tombant sur la terre l'un et l'autre changent en fleurs , le sang donne naissance à la rose , et les pleurs à T Anémone ('.))> Ovide (^), sans expliquer en quelle espèce de fleurs eut lieu la méta- morphose , fait simplement dire par Vénus à Adonis : années plusieurs de nos ainali^urs in-;lruits, nous citeroas parmi eux M. de Can- narl-d'Hamale, président de la Société royale d'iiorticullure de Maiines, cultivent le Pancralium en pleine terre , et, malgré nos gelées même fortes, il ne meurt pa>. Ils laissent les bulbes séjourner sou-s terre t^jute Tannée et les relèvent tous les quatre ou cinq ans pour leur fournir une nou\elle terre. Celle-ci doit être meuble, à fond sablonneux, mais amendée de terreau et engraissée de >ieux détritus de bâche, même arro>ée de purin. La végétation luxueuse de cette amarvllidée et son abond;intc flo- rais^jn explique la nécesiifé de ces soins. Nous avons également \u le bo/i effet de telU: plante cultivée dans les lies boisées qu'on voit souvent au milieu des pièce» d'eau. De même, dan* la terre humide des bosquets, dans les endroits ombragés où les i-ayons du soleil peuvent pénétrer obli- quement au lever du sucher de l'astre, le Pancralier pros- père, et quand il y épanouit ses candides corolles, il y répand, vers le soir ^ui-toul, un de^ parfums les plus agréables qu'on puisse sentir : tout le bosfjuel en est embaumé. En orangerie, dans les apparl/;ments, dans les cultures d'intérieur, cut séparés et cul- tivé» dan» de.■^ pot-» s<;paré-5 pour augmenter leur force en vue d'une llo- v'dï^Hï à venir. Les fruits i-uiiennttil .■>ouvent des graine.-» qui mûrissent et peuvent servir au semis : il siiz-ait même utile de rcconjnianrlerwi moyen j>our obtenir d/^ variétés de i'espè^;e, des fleurs double-» ou des fleurs plus gr-andes. Les ognons forU fleurlss<;ntU^utr;s les années. M. lianti>nnel a tellement multiplié cet élégant végèt;jl qu'il en fournit cent forts bulbes à fleurir pour la modique s^jujuie de 10 francs. Rien ne peut donc plus emp*';^;her le Pancratier maritime d'enlrcidans nos cultures même les plus vulgaires. MOYLN DL HECO.NNAITJ'.E LES OEILLETS DOLliLES DA>S L\ SEMIS. Une expérience;, U;ndanl à faire distinguerles oiillets doubles, vientd'étre faite au jardin botanique de J>ijon. L<;s planl> qiii présentaient troi.«» ou quatre wjlylédons ont été cultivfh>s<îparément, tandis que d'autres oihuu'ut — 75 - un colyltklon oonsidérablemont plus dévelopi^nf que Pautre ou divisé en deux parties. Tous les plants à cotylédons anormaux par le nombre ou par la forme ont donné de magnifiques fleurs doubles. On ignore eneort» ce que les autres produiivnt. [Ann. de la S^ute (/<- (a CôU-irOr.) CAKACIEUES POUR UECONNAITUK LKS Ml FLIERS PANACUKS A\ AM' LA F I.l-r RAISON, Tau m. Mvii, Uorticiillcur popinicrislo à Y\etot ^Soiui^luforiounfJ. Les mufliers, appelés également mu/Ies et (fuetiles de lion, mufles de veau, sont toujours des plantes à la mode, et c'est avec raison, car ils produisent, une partie de Tannée, une grande quantité de jolies fleurs: les unes unicolorcs, mais riches de tons; les autres panachées aMX' des couleurs bizarrement entremêlées, et d'un très-bel etTel. Le mullicr est, en outre, une plante bisannuelle ou trisannuelle, selon la nature du sol, qui se complaît partout et particulièrement dans les terrains graveleux; sa culture est tort simple. Mais le but de cette note n'est pas de traiter de la culture de celle charmante plante; elle est trop facile et tout le monde la connaît. J'ai \oulu scnUMucnl indiquer par quel mo\en on peut reconnaître, dans un semis, les \arictés j\ fleurs panachées des \ariétés ji fleurs unicoloi'cs, comme on reconnaît les quarantaines doubles des siuq>les. Lorsque les uuitlicrs ont dé^eloppc de o à t> feuilles, si la face inférieure de ces prcnucrcs feuilles est unirornuMUcut ou verte, ou bruiu*, ou rt>sée, les flciu's seront unicolorcs; si cette face inférieure est ra\ée im bien panachée de rouge, les fleurs seront infailliblement panachées, et le seront d'autant plus, que les stries de la feuille sont plus prononcées. Par ce caractère, tpn ne m'a jamais fait défaut, les maivhauils pourront fournir, sûrement, du jevmc plant de nuillicr panaché, et les jaitliniers bourgct>îs pourront en faire des groupes île panachés et d'unicolores, en ayant soin de les distancer de manière que le pollen îles unicolorcs n'a- gisse pas trop abouilauuucnt sur les panachés; ce qui amèiu'rait nalu- iclIcnuMil une dégénérescence. [Horh'eulleur f l'aurais , par M. IIiium\>.) — 74 - REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Calaiitlic Tiridl-fusca. Ilook, Bot. mag., 4(101). 1859. — Calanlhe à ilcurs vertes et fauves. Famille des Orchidëes. Pseiulo-bulbcs oblique- ment ovées et grandes, lobées et sillonnées; feuille solitaire lancéolée acuminée, striée, longuement vaginée à la base; hampe radicale, glabre; épi allongé, lâche, multiflore; sépales et pétales (d'un vert brun ou fauve) lancéolés; labellum droit, oblong, subspathulé, embrassant la colonne, tri- lobé; lobes latéraux courts, obtus, l'intermédiaire large, scmi-orbiculaire, nmcroné; disque longitudinalement lamelle et maculé; éperon court, obtus et recourbé. Cette orchidée est plus une espèce botanique qu'une plante horticole. Native d'Assam, elle a été importée à Kew par M. Simon. Elle fleurit pour la première fois en avril 18a2. Le redressement des parties du périanthe, la forme du labellum et la couleur des fleurs la rendent remarquable comme espèce de culanthe. Culture. On suppose qu'elle est terrestre, non épiphyte; donc, qu'il faut la cultiver en terre et en pot et non sur du bois suspendu. Son port rapproche du Calanthe nasuca, dont il faudra lui appliquer la culture. Cnrcnma Rojscocana. Wall. Plant, as. rar., vol. i, p. 8. t. 9.— Ilook. Bot. may. 4CG7. 4852. — Curcuma de Roscoe. Famille des Scita- minées. Racines formées de plusieurs fibres tubérifèrcs; tubercules petits, ovoïdes; feuilles oblongues, très-aiguës, unicolores, glabres; épi cen- tral oblong, sublétragone, orange et nu; bractées obovales, très-obtuses, planes au sonnnct; anthère crctéc; loges distantes, sans éperon. Cette magnifique plante de serre chaude a été envoyée par le célèbre Wallich au duc de Northumberland, possesseur du château de Syon. Elle est ori- ginaire des rives du Tenasserim, dans le royaume de Pégu. 31. Wallich exprime à son égard des doutes sur la validité du genre Curcuma, tel qu'il est décrit actuellement. Ainsi, Tanthère porte en haut une large crête comme dans les Kœmpferia ., mais clic n'est pas terminée en bas parles éperons des autres Curcuma. Les loges ressemblent, d'ailleurs, à celles des ffabenaria, en ce qu'elles sont séparées l'une de l'autre par un large connectifqui disparait vers le haut. Culture. Cette magnifique espèce se cultive en serre chaude, dans de la terre de bruyère ; elle exige assez d'humidité et un renouvellement de terre tous les deux ans au moins. On la voit fleurir en juillet; les bractées sont orange-feu, les fleurs jaunes : l'épi est dense. niccouopsi» ^'allichii. Wall. Cut. n"8125. /3.— Hook. Bot. may. 4068. 18r52. — Méconopsis de Wallich. Famille des Papavéracées. Plante élancée, entièrement subglaucescente, couverte de longs poils fauves et droits; feuilles radicales pétiolécs, pinnées, pinnatifidcs au sommet; les })innes et les lobes ovales-oblongs, incisés-sinués; les caulinaircs oblongs, sinués-pinnatifidcs et scssilcs; 1rs fleurs grandes, penchées, disposées m — 75 — longue grappe (épi) feuillue et inlérieurenieiit composée ; corolles bleuâtres, ovaire elliptique, couvert de poils ferrugineux denses; style cylindrique de la longueur de Tovaire. Celte nouvelle espèce de Méconopsis n"a rien d'analogue avec celle décrite par De Candolle sous le nom de jMeconopsis uepalensis, qui est le Papaver paniculalum de Don. Ce dernier porte des fleurs jaunes et une capsule globuleuse de la grandeur d'une cerise de jardin. Le docteur Hooker possède, dans son lierbier, une autre espèce du même genre, également à fleurs jaunes et dont la panicule est beau- coup plus composée. Ces faits sont d'autant plus intéressants que cette espèce-ci (le M. Wullichu), découverte dans lllymalaya du Sikkim, porte des fleurs d'un bleu pâle. Or, on sait que dans la loi des distributions des couleurs, les traités généraux de botanique assurent que jamais le bleu n'existe dans les Papavéracécs. Voilà donc ce précepte sur le point de s'annuler. Le bleu n'est pas encore franc, c'est vrai, mais le fond existe, et il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'un autre méconopsis fût d'un bleu franc. Culture. Sir William Hooker ne donne plus, depuis quelques mois, la culture des plantes qu'il tlécrit et figure. La coopération de Sf. Smitb, jardinier en chef de Kew, a été retirée, et c'est un grand défaut dans un ouvrage comme le Botankal magazine, aussi horticole que botanique. Tout ce que nous savons, c'est que ce 3Iéconopsis fleurit en juin : il pour- rait fort bien être de pleine terre. Il est venu de graines. Vcrbesina aiii'ca. De C. Prodr. o. 615 ; Verbésine dorée; syn. : Wedelia aurea. Ilook. Bot. mag. l. 5584. — Famille des Composées, Sene- cionidées. Sous-arbrisseau de 1 à 2 pieds de hauteur, touffu ; rameaux cylindriques velus, blanchcàtres, poils apprîmes; feuilles opposées, sessiles, ovales-lancéolées, obtuses à la base, subacuminées au sommet, dentées, et de chaque côté pubescentes, scabres; capitules solitaires et terminaux aux aisselles supérieures, les dernières au nombre de trois; écailles de l'involucre extérieur ovales, obtuses, pubescentes et scabres au dos; ligules de 7 à 12, le double plus longues que l'involucre; achènes des rayons obcomprimées, biaiistulées, celles du centre triquètres, inégale- ment aristées. Cette jolie plante vivace, originaire du JMexique, fleurit en septembre et en octobre; ses fleurs sont dorées et charmantes. Précieuse acquisition pour la pleine terre, elle commence à se répandre en Belgique, où son introducteur a été M. Henrard, démonstrateur du cours d'agricul- ture à l'université de Liège, horticulteur à Sainte-Walburge-lez-Liége. Le i)rix du pied est actuellement de 2 francs. De Candolle a remarqué que les fleurs femelles des rayons sont le plus souvent stériles. Le célèbre bo- taniste de Genève n'avait vu la plante qu'en herbier, et cultivée seulement au jardin botanique de Barcelonne. Culture. Le Verbesina aurea s'obtient de graines, ou mieux de division du pied ; il se contente de la terre ordinaire des jardins, et ne demande pas d'autres soins que ceux réclamés par les plantes les plus rustiques. — 7() - — 77 HYDROPLASIE HORTICOLE. LE SERPENT ET LES PAL3IIERS EJACULATEURS.— LA CORBEILLE AUX PERLES D'EAU, Par m. Ch. Morren. Le Bon jardinier^ œuvre de MM. Poitcau, Vilmorin, Deeaisne, etc., veut que le ternie à'hijdroplasie soit consacré à riiydrodynamiquc con- sidérée dans ses rapports avec riiorticulture , et par Imlrodynaniique eliacun sait qu'il faut entendre la science du mouvement de Teau ou des liquides. Nous souscrivons volontiers au ternie à'hydro'plasie, bien que nous ne l'ayons pas trouve consacré par la docte Académie des quarante immortels. Un artiste s'occupant à'hydroplasie s'appellera -t- il Hydroplase ou Hjjdroplasle? Nous laisserons choisir M. Rosseels, de Louvain, architecle de jardin et horticulteur renommé, qui, à tous ses autres talents, vient de joindre celui de conduire et de faire sauter les eaux. Les fêtes commu- nales de Louvain, iioiiorées de la visite de S. M. le roi Léopold et de LL. AA. RR. les princes et la princesse Charlotte, ont prouvé que M. Rosseels s'est élevé très-haut dans l"art neptunicn. A Tenibran- chement des deux escaliers du beau local de la Table-Ronde, où se 1. 14 — 88 - M. Vordier, également avantageuseinenl eoiiuu pour ses belles cultures de rosiers et que j'ai aussi consulté à ce sujet, est du même avis que M. Vibert. Cependant M. Berger, qui est très-habile en fait de multipli- cation forcée, croit que les deux savants horticulteurs que je viens de citer, s'exagèrent les inconvénients des greffes accélérées. Il convient que celles-ci exigent beaucoup de précautions pour parvenir à leur entière conservation , mais il assure que lorsqu'on a le soin de ne pas les faire passer trop brusquement de la température élevée de la serre à celle de l'air ambiant, en les y accoutumant peu à peu, il est rare qu'elles n'aient pas un plein succès. Ce qu'il y a de certain , c'est que cet horticulteur s'étant procuré, à la fin d'octobre 1845 , un pied de la belle Rose de la reine de M. LafTay, en pleine végétation, il a pu en faire d'abord un cer- tain nombre de greffes, qui, en second lieu, lui ont permis d'en porter le nombre total ;i une centaine, dont le 23 mars dernier j'en ai encore vu quelques-unes chez lui. Ces greffes qui lui restaient m'ont paru avoir toutes des caractères viables assez prononcés. Elles avaient cinq à six pouces de longueur, et quelques-unes portaient déjà un bouton de fleur. Outre ces cent greffes, M. Berger avait encore une cinquantaine de bou- tures de la même variété nouvellement faites, et qui presque toutes étaient parfaitement reprises. On est en général si pressé de jouir aujourd'hui , que producteurs e.l consonnnateurs, à l'cnvi les uns des autres, se hâtent d'arriver à leur but par tous les moyens possibles. Au reste , je vais donner deux exemples qui prouveront combien, dans des mains habiles, la propagation des roses rares est facile. Il y a quelques années M. Paillet, qui dès lors était très-habile à mul- tiplier les rosiers, ayant rencontré dans le jardin d'un autre horticulteur, vers le milieu du mois d'août, une variété de rose remontante encore peu répandue et assez recherchée, qu'il n'avait pas dans ses propres cultures, lui proposa de la lui acheter. Le cultivateur y ayant consenti, M. Paillet tira de sa poche le prix convenu, le donna à son vendeur en lui disant : Hé bien! vous voilà payé, arrachez-moi mon rosier, je veux l'emportei- tout de suite. L'autre de s'y refuser en alléguant que dans la saison où l'on était alors, arracher l'arbuste c'était s'exposer à le faire périr, et qu'il fallait attendre pour le lever de terre qu'on fût au mois de novembre. Comment, dit 31. Paillet, vous en êtes encore là ! pour moi je ne crains nullement de perdre mon rosier, car il est bien à moi puisque je viens de vous le payer, et, sans plus attendre, je l'emporte à l'instant même, et comme je n'ai pas besoin de l'églantier sur lequel il est greffé, je vous le laisserai, il pourra vous servir à greffer une autre espèce. En disant cela, à la grande surprise de son vendeur , il })rend sa serpette , coupe la tète du rosier, l'emporte chez lui, et dès qu'il y est arrivé il en convertit tous les yeux, au nombre de vingt à vingt-cinq, en autant d'écussons qu'il place à o'il {)oussant sur autant de sujets de Provins ou de Bifères qu'il — 81) — avait plantés en pots depuis quelque temps et qui étaient bien en sève. Il avait eu soin , en écussonnant, d'arquer les rameaux des sujets sur lesquels il greffait, et par ce moyen toutes ses greffes étant à œil poussant commencèrent à se développer du dixième au douzième jour après. Enfin tous les écussons faits ainsi à œil poussant ayant bien réussi, il eut, vers la mi-octobre, de quoi en faire une si grande quantité de nouveaux, qu'il avait à la fin de l'année cent cinquante sujets greffés de la même variété de rosier, dont vingt avaient déjà poussé des rameaux. Ces der- niers auraient même pu avoir donné des fleurs , s'il n'eût j)référé em- ployer les jeunes pousses à en retirer autant d'écussons à œil dormant qu'il y avait d'yeux, mais dont alors la presque totalité était en voie de pousser au printemps suivant , et qui même auraient pu le faire plus tôt s'ils avaient été placés dans une serre ou sous châssis. Voici un autre exemple de la rapidité avec laquelle on peut aujoui'd'hui propager les roses rares, et en peu de temps les rendre communes. M. Lecoq , que j'ai déjà eu occasion de citer plus haut, m'a dit qu'il y a des années il avait pu multiplier la Noisette Desprez, qui, naguère encore, avait été d'un prix plus élevé qu'aucune autre, avec non moins de facilité. S'étant procuré vers le \" juin, une tête de ce rosier qui lui avait fourni de quoi faire sur églantier et à l'air libre, vingt-quatre écussons à œil poussant, il avait retiré de la pousse de ceux-ci, et dès la mi-juillet, un nombre d'écussons encore plus considérable. Ces derniers ayant aussi été pratiqués à œil poussant et sans plus de précaution, il en avait pris vers la fin de septembre de quoi faire encore de nouvelles greffes, et de telle sorte, qu'à la fin de l'année il put livrer au commerce six cents pieds de la Noisette Desprez, dont tous ceux greffés à la fin de septembre étaient à œil dormant , mais dont les premiers et les seconds avaient commencé à pousser des rameaux. Quelques-uns même de ceux dont il n'avait pas employé les yeux à faire de nouvelles greffes , avaient déjà donné des fleurs. Je n'ai dit qu'un mot de la greffe en fente au commencement de ce eha- [litre, parce que j'ai été entraîné à parler de celle en éeusson et surtout de ces greffes accélérées telles qu'on les pratique actuellement pour pro- pager le plus rapidement possible les variétés de roses rares et nouvelles, il est donc à propos que je revienne à la première, ainsi qu'à quelques autres moins usitées, mais qu'il convient cependant de faire eonnaitrc. La greffe en fente était beaucoup plus en usage il y a quelques années qu'elle ne l'est maintenant. Cette sorte de greffe me parait surtout con- venir aux amateurs qui ne courent pas après les nouveautés, et pour toutes les variétés qui ne remontent pas. Elle a l'avantage de donner presque tout de suite des jouissances; en effet, si l'on peut se procurer à la fin de février ou au commencement de mars, au moment où l'on taille les rosiers, des rameaux des anciennes espèces de roses, parmi lesquelles il y en a de si belles, on les conserve enterrées, au nord, dans un coin de son — 90 — jardin, jusqu'au moment de les greffer. Il est pr<^férablc d'avoir plante, un an à l'avance, les églantiers sur lesquels on voudra les placer; mais à la rigueur il suffira que ces sujets aient été mis en terre en novembre ou décembre, et même enjanvier et février. Quelle que soit d'ailleurs l'époque où les églantiers ou sujets aient été plantés, il vaudra mieux, pour faire ses greffes, attendre que l'ascension de la sève commence h s'y manifester par le développement de quelques bourgeons, d'un demi-pouce à un pouce de longueur. Lorsque ce moment favorable est arrivé pour pratiquer la greffe en fente, ce qui a lieu plus tôt ou plus tard dans le courant de mars ou seu- lement au commencement d'avril , selon que l'on habite plus près du Midi , ou que l'on est reculé dans le Nord, et selon aussi comme la saison s'annonce devoir être hâtive ou tardive, alors on s'y dispose. A cet effet on retire de terre les petits rameaux destinés à former les greffes, et, après les avoir nettoyés , on les taille bien net en biseau par leur base, h commencer d'un œil, et de manière que l'écorce, laissée seulement du côté de celui-ci, puisse se bien ajuster avec celui des sujets qui , préala- blement, on a coupé horizontalement à la hauteur que l'on a jugée con- venable. Ensuite on fend perpendiculairement le sujet par le milieu et suffisamment pour y introduire la greffe (voy. pi. 15, fig. III b) qui doit être enfoncée jusqu'au commencement du biseau et de façon que l'écorce et l'œil soient placés extérieurement. Les greffes doivent être choisies de manière qu'elles aient deux yeux ou boutons; mais à moins que l'églan- tier ne soit vigoureux et anciennement planté, il n'en faut pas laisser trois ou quatre. Lorsque l'églantier ou sujet est petit, on n'y place qu'une greffe, en ne le fendant alors que d'un seul côté; c'est même ce que con- seillent, dans tous les cas, de bons horticulteurs, en recommandant de laisser au sujet un œil opposé à la greffe. M. Victor Verdier, que j'ai déjà eu l'occasion de citer, et qui réprouve la greffe en fente avec deux greffes opposées, m'a assuré qu'en la faisant au contraire avec un seul rameau, et telle qu'il vient d'être dit , la greffe en fente vivrait certainement assez longtemps et aussi bien que la meilleure greffe en écusson. Cependant si le sujet est assez fort et bien en sève, je crois, d'après ma propre expé- rience, qu'on peut en mettre deux en regard, une de chaque côté. Les choses étant ainsi disposées , on assure les greffes avec plusieurs tours d'un fil de laine (voy. pi. 14, fig. V aa) , et enfin on recouvre le haut du sujet ainsi que ses fentes et tout le tour de la greffe avec une sorte de mastic composé de deux parties de colophane et d'une de cire jaune, fondues et bien mêlées ensemble. Cette composition doit être appliquée assez chaude pour bien s'attacher aux parties qu'elle est destinée à mettre à l'abri du contact de l'air, mais pas trop , pour ne pas les brûler. Plu- sieurs jardiniers et pépiniéristes, qui ont une grande quantité de rosiers à greffer , remplacent le mastic dont je viens de donner la recette par la t'omposition suivante qui est plus économique, et qui s'applique de mèiiie — 91 — modérément chaude : cinq parties de poix noire, une de résine, une de suif, une de cire jaune. On peut ajouter une petite quantité de tuile ou de brique pulvérisée et finement tamisée, cela donne plus de liant et en même temps plus de consistance au mastic. Si les greffes ont été bien choisies et bien faites, elles reprennent presque toutes et fleurissent dès l'été suivant, quelques jours seulement plus tard, que si leurs rameaux étaient restés sur les rosiers qui les portaient primi- tivement. On peut faire venir de loin des greffes pour la fente, en ayant soin de les enfoncer par le gros bout dans de la terre glaise humide, ou dans une grosse pomme de terre , et de les emballer dans de la mousse afin qu'elles ne se dessèchent point en chemin. Au moment où l'on veut employer ces greffes, on les rafraîchit par le bas en les taillant comme il a été dit ci-dessus. En plongeant même tout entiers les rameaux destinés à faire des greffes dans du miel , on peut les envoyer à de grandes dis- tances, jusqu'en Amérique, par exemple. On m'a indiqué dernièrement un autre procédé pour la conservation des greffes destinées à être envoyées au loin. Il consiste à les couvrir exactement de plusieurs couches d'une dissolution de gomme arabique, qu'on laisse bien sécher et qu'on emballe ensuite dans de la mousse sèche pour les expédier. Les personnes qui reçoivent ces greffes doivent d'abord les mettre tremper dans l'eau où le miel et la gomme se fondent promptement, puis on les rafraîchit, on les taille convenablement par le bas et on les emploie comme à l'ordinaire. On a reproché à la greffe en fente de n'être pas solide et de se décoller facilement; il est possible que sous ce rapport elle ne convienne pas aux horticulteurs marchands , aussi n'en font-ils point du tout usage; mais je puis assurer, d'après ma propre expérience, qu'elle est avantageuse à pratiquer par un simple amateur et qu'elle produit de très-beaux sujets. Je puis encore citer, en faveur de la greffe en fente des rosiers, ce que j'ai vu, jusqu'à trois différentes fois et dans diverses localités, dans le jardin d'un de mes amis. Celui-ci qui était fonctionnaire public , avait été forcé, dans l'espace de quarante ans , de transporter jusquà sept ou huit fois sa résidence à des distances souvent très-éloignées. Comme il aimait beaucoup l'horticulture et particulièrement les roses , il s'empressait, chaque fois qu'il changeait de demeure, de se créer un jardin selon son goût. Pour cela, dès que la saison pouvait le lui permettre, il se procurait, le plus tôt qu'il lui était possible , une centaine d'églantiers ou plus, les faisait planter , et il ne manquait pas au commencement du printemps suivant, aussitôt que le temps était favorable , de greffer lui-même tous ses églantiers avec les plus belles roses qu'il pouvait se procurer. Dès Tété d'après il jouissait de leurs fleurs, dont chaque sujet lui en donnait déjà plusieurs. Les années suivantes ses rosiers formaient de superbes têtes. Je les ai vus quelquefois à la troisième et à la quatrième année , et ils — gr- êlaient toujours d'autant plus beaux qu'ils étaient greffés depuis plus longtemps. 11 se gardait bien de les tailler aussi court que je le vois faire dans la plupart des jardins de Paris, aussi avait-il une bien plus grande abondance de fleurs, et je ne lui ai pas ouï dire que cela eut une influence fàcbeuse sur ses églantiers et sur les grefl"es elles-mênies. Quoi qu'il en soit, la greffe en fente convient principalement pour changer les espèces et les variétés qui portent de vieux et forts églantiers, parce que , par son moyen, on peut très-promptemeut se procurer de nouveaux rosiers ayant tout de suite une forte tête. Les vieux sujets anciennement greffés sont très-propres aussi pour former des sujets francs de pied, il ne faut qu'incliner leur tête vers la terre, et, lorsqu'on y est parvenu, on marcotte toutes leurs branches qui sont assez fortes. Si la greffe a été faite au niveau de la terre, il n'est j)as besoin que ce soit un vieux sujet, on se contente de l'en terrer, et quand elle a suffisamment poussé, on en marcotte les rameaux qui ne tardent pas à prendre racine. La greffe par incrustation est peu usitée , mais elle mériterait de l'être davantage. Elle se pratique au commencement d'avril, au moment où la végétation s'annonce dans l'églantier par le développement de quelques bourgeons. Elle se fait à l'air libre et voici comment : On fend longitu- dinalement le sujet dans la longueur de deux pouces ou environ , à la hauteur convenable (voy. pi. 14 , fig. VI d) (*) , et à quelques lignes au- dessous d'un œil dont la végétation est déjà commencée, puis on enserre dans la fente pratiquée un œil de la greffe tenant à son bois, lequel est taillé en biseau de deux côtés (id. figure c). On l'enfonce jusqu'à ce que les deux écorces soient parfaitement jointes entre elles , comme on fait dans la greffe en fente ordinaire, et on l'arrête avec quelques tours d'un fil de laine un peu gros, passé au-dessus et au-dessous de l'œil lui- même, absolument comme on fait pour l'écusson oi'dinaire. Cette sorte de greffe ne tarde pasà se développer, elle offre l'avantage de donner des fleurs trois mois après qu'elle a été faite, et d'être par conséquent de deux mois en avance sur l'écusson à œil poussant qui ne peut se pratiquer, dans le climat de Paris, qu'à la fin de mai ou au commencement de juin, et qui ne produit des fleurs qu'à la fin de juillet ou même au commencement d'août. M. Lecoq m'a assuré avoir exécuté cette greffe nombre de fois, depuis l'année 1850, et que toujours il l'avait pratiquée avec succès; il l'a depuis communiquée à d'autres horticulteurs auxquels elle a de même bien réussi. C'est encore d'après le même praticien que j'indique une autre espèce (1) Voy. pi. li, fig. VI, u le sujet tel qu'il doit être évidé (rini colc; /< la }j;reffc' |ilafér comme il le faut. C'est , à la rigueur, une greffe en feule surnioiih'c d'un wU qui conlinuc :'i tirer ou à aspirer la sève. - 1)5 -- (le greffe dite aspirante. Celle-ci, à ce qu'il me paraît, n'est qu'une modi- fication de celle en fente. On la pratique de la manière suivante et à la même époque que la précédente. On prend un sujet de la grosseur d'une plume à écrire ou au plus du petit doigt; ceux qui seraient plus gros pré- senteraient trop de difFicullé pour être fendus ainsi qu'il est nécessaire. A deux pouces au-dessous d'un œil qui est sur le point de se développer, on commence à évider transversalement la tige du sujet, de manière que Tentaille que l'on pratique s'élargisse insensiblement jusqu'à ce que deux pouces plus bas l'échancrure soit parvenue à la moitié de l'épaisseur du sujet. A cette dernière distance on pratique perpendiculairement sur la tige en fente comme on pourrait le faire pour greffer en fente d'un seul côté; dans cette fente on insère une greffe à deux yeux , faite absolument comme dans l'espèce dont il est question , et on l'assure par plusieurs tours d'un fil de laine, qu'on finit par recouvrir de mastic à greffer, ainsi ([u'il a été dit ci-dessus. L'œil laissé en végétation sur le sujet, immédia- tement au-dessus de la greffe, continue à attirer ou aspirer la sève jusqu'à ce que la greffe elle-même puisse se développer , et c'est de là qu'elle a reçu le nom d'aspirante. Lorsque la greffe a poussé d'environ deux pouces, on retranche la tète du sujet, et on la recouvre de mastic (*). La laine dont on a entouré la greffe doit être laissée encore deux à trois mois seulement; pour prévenir l'étranglement, on interrompt les tours par une coupe per- pendiculaire faite avec la lame du greffoir. Cette greffe est moins facile et moins avantageuse à pratiquer que la précédente, et on le conçoit, parce que la partie dénudée du sujet se trouve privée de sève qui passe de pré- férence dans la partie restante de la greffe, et qui est opposée à celle-ci (voy. pi. 14, fig. VI a et 6). La greffe , en placage, usitée avec tant d'avantage pour le camélia , ne donne aucun bon usage pour le rosier. Une sorte de greffe peu usitée sur le rosier est celle que j'ai fait figurer pi. 14, fig. IV (^) , et dont je dois encore la connaissance au sieur Lecoq. Voici comment elle se praticiue. On prend un petit rameau garni de deux yeux, dont l'un soit situé vers la base et le second dans la partie supé- rieure. On taille d'abord en biseau ce rameau dans toute sa moitié infé- rieure , et on laisse la supérieure entière ; lorsque le rameau est ainsi préparé, on l'applique par son côté dénudé dans la fente du sujet, dont l'écorce a été soulevée à droite et à gauche en deux lambeaux, comme pour l'écusson ordinaire. On finit , pour maintenir cette greffe, par l'entourer (1) Toutes les fois qu'on retranche la tête d'un églantier, il est essentiel d'en recouvrir la coupe avec un peu de maslic, afind'empcchcr l'altération de la moelle qui a beaucoup d'épais- seur dansées arbrisseaux. (2) Voyez pi. 14, fig. IV. Greîfe avec un rameau à deux yeux , appliquée à la manière d'un écusson. Celte sorte de greffe convient bien pour la multiplication accélérée : « le sujet prêt à recevoir la greffe ; b la greffe ; c le sujet avec la sreffe en place. BELG. HORT. T. III. 15 — 94 — de plusieurs tours d'un fil do laine, ainsi qu'on fait pour celle d'un écusson. Elle se fait d'ailleurs à la même époque que celle-ci et à l'air libre; l'avantage qu'elle présente c'est que , comme on la pratique avec deux yeux, s'il arrive que le supérieur ne prenne pas , l'inférieur ne manque presque jamais, et il se développe comme aurait fait un écusson simple. On peut s'en servir comme greffe forcée , en la faisant sur les petits sujets (ju'on met en serre ou sous châssis chaud, et dont on hâte la reprise par les moyens que j'ai dits plus haut. La greffe du rosier sur les racines de l'églantier, ou sur celles de quel- ques autres espèces, produit des fleurs trois mois après qu'elle a été faite, quand on a eu la précaution de choisir des rameaux convenables. Lors- qu'on veut la pratiquer , on prend des racines longues de cinq îi six pouces, grosses comme une plume à écrire, bien garnies de chevelu, et on les greffe en fente par leur plus gros bout à la manière ordinaire. Aussitôt qu'elles sont faites on les plante en pot, en ne laissant passer que la greffe, et on les place sur couche tiède et sous châssis , où elles ne tardent pas à se développer. Cette espèce de greffe est très-facile à faire, puisqu'elle peut se pratiquer au coin du feu, et, dès le mois de mars, je crois qu'on devrait la mettre plus fréquemment en usage. Voyez d'ailleurs sur ce sujet la note de M. Jacques, dans les Annales de la Société iVlIorti- €1(1 tare de Paris ^ tome X, page 454. D'UN EXCELLENT iMASTIC A GREFFER, Par m. a. Sannier. Ce mastic est prcTcrable à ceux formulés jusqu'à ce jour et employés à chaud, en ce qu'il dispense, une fois confectionné, de rourneau et de citarbon. Dans sa composition toute simple , la greffe trouve encore des éléments nutritifs pour sa reprise. 11 est d'un emploi facile , ne se liquiRe pas au soleil et ne se détériore pas par l'effet des pluies. Enfin, il adhère peu aux doigts lorsqu'on a la précaution de les tenir humides. Pour s'en servir, il suffît de le pétrir dans la main , afin qu'il devienne souple, malléable et facile à étendre. Son utilité ne se borne pas au gref- fage, il s'emploie encore pour couvrir les plaies naturelles ou causées par les am- putations faites aux arbres. Yoicl , après divers essais comparatifs, la composition de ce mastic à greffer : 123 grammes cire jaune .... 40 centimes. résine (<5 » suif 15 » terre argileuse ... 00 » bouse de vache . . 00 » cendres de bois . . 00 » 000 grammes mastic pour 60 centimes. 11 faut faire fondre les trois premières substances ensemble, les bien mélanger, les retirer du feu, y ajouter les trois autres, après qu'elles ont été bien tamisées, et agiter jusqu'à ce que le tout ail pris un peu de consistance; car, autrement, il pourrait arriver que la matière grasse vint à la surface; dans ce cas , le mélange serait imparfait et le mastic de mauvais emploi. 123 8 123 » 123 )) 30 » 30 » * - » • • * • • ..• • • • r # w ]\)Mr mu* au Kilo de l'icrnoiil — D5 — JARDIN FRUITIER. POIRE UXE A U KILO DE PIERPONT, Pau m. Cii. Moruen. Ouchjucs pomologistcs rangent clans une même variété certaines poires Ircs-grosscs, réunissant riiy])ertro[)liie du volume à une chair cassante, inapte à être savourée crue, mais devenant excellente par la cuisson. On dit, en ce sens, que les poires angora, beauté de Tervueren, belle ange- vine, faux Bolivar, royale (rA7igl€terre, comtesse de Tervueren, grosse de Bruxelles, duchesse de Berry d' hiver, etc., sont toutes les mêmes. 11 est à remarquer que le législateur de la pomologic au dix-huitième siècle, Duhamel, ne dit pas un mot de ces poires. Dans le cinquième volume des Annales de la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand (p. 95), nous avons fait connaître, sous le nom de poire géante de Basèle, une poire du même groupe, mais constituant une variété spéciale, très-dis- tincte des autres gros fruits. Il est évident que la seule raison d'avoir des fruits très-volumineux ne peut autoriser la fusion en une seule variété de tous les arbres qui les présentent. C'est ce que prouve encore la variété dont nous donnons ei-contre la gravure. 31. G. De Pierpont possède, à sa maison de campagne, à Balàtre (pro- vince de Namur), un poirier dont les fruits mesurent de 20 à 23 centi- mètres de hauteur, sur II à lii centimètres de diamètre. Le poids ordi- naire de chaque poire est de 1 kilogramme, avec une variation de 20 grammes en plus ou en moins. Sa forme est symétriquement turbinée, la queue un peu oblique; le pédoncule long de 3 à 7 centimètres, implanté légèrement en creux au bout de la poire; l'œil régulier, légèrement en- foncé, et le pourtour arrondi; l'épicarpe jaune entièrement, allant au fauve et au rouge du côté éclairé, pointillé de brun, et, sur plusieurs par- ties, des vergetures brunes; la chair cassante, devenant par la cuisson aromatique, parfumée, sucrée, excellente ; les pépins rares, gros, noirs, en forme de larmes. Cette poire est plus courte proportionnellement que la géante de Basèle, mais plus grosse ; cette dernière se rapproche davantage des calebasses, et la poire de M. Pierpont se range plus vers la beauté de Tervueren, dont elle diffère cependant par le coloris, la piqueture, l'arôme et la finesse de la chair cuite. L'arbre est vigoureux et fertile. Le poids du fruit nous l'a ftiit nommer une au kilo, et il est juste d'y joindre le nom de son honorable proprié- taire et propagateur. 3IM. les amateurs de fruits pourront s'adresser à M. G. De Pierpont, à lîouvignes (près de Dînant), i)our obtenir les greffes de cette variété, source d'excellentes compotes et ressource assurée de tout un hiver. î)0 ARBORICULTURE. CULTURE EiN PLEINE TERRE DE L'ACACIA ou MIMOSA DEALBATA , NE GELANT PAS A C. 12° SOUS ZÉRO, Pau m. Baptiste Despoutes. Une circonstance duc au hasard vient de faire connaître aux pépinié- ristes d'Angers que le Mimosa dealbata, cet habitant de la terre de Van Diemen, n'est pas aussi rebelle à la culture en pleine terre chez nous qu'ik le supposaient. MM. Ilanion et Ronficr, horticulteurs en cette ville, avaient planté dans un jardin, aujourd'hui occupé par M. Lucas, un de ces acacias en pleine terre dans une serre. Par suite de changements dans la disposition de leur jardin, ils détruisirent cette serre, mais ils laissèrent le Mimosa à sa place, sans s'inquiéter bcîiucoup de ce qu'il pourrait devenir. Débar- rassé des entraves de la serre, il poussa avec une vigueur inconnue jus- qu'alors. L'hiver vint; on ne le protégea même pas, et au printemps il se couvrait de ses ravissantes fleurs jaunes, au grand étonncment de ses propriétaires et de tous les horticulteurs. C'était en 4845 ou 1844. L'hiver suivant, il ne se comporta pas moins bien, et sa floraison fut encore plus abondante que la première. Depuis cette époque, il a supporté toutes les intempéries de nos saisons, bien que le thermomètre centigrade soit des- cendu quelquefois à plus de 12° 0. Ce beau Mimosa a maintenant environ 8 mètres de hauteur, ses bran- ches latérales en ont près de 2, et s'étendent dans toutes les directions, courbées sous la masse étonnante de fleurs. Depuis cette époque, tous les jardins de la ville sont pourvus de ces arbres. Dans les pépinières de M. André Leroy, on en voit plusieurs qui, plantés au mois de mars, ont atteint, en deux ans seulement, la hauteur de 6 mètres et dont les branches latérales ont près de 2 mètres d'étendue. Ils sont plantés en terre de bruyère; un autre, du même âge, planté au milieu d'une pépinière, en terre dure et pierreuse, et sans aucun abri, ne le cède en rien aux pre- miers. Tous, en ce moment, se courbent sous le poids des fleurs. [Revue horticole, 18o2.) — 97 — PATHOLOGIE DES PLANTES. CIMENT CICATRISATEUR DES PLAIES D'ARBRE, Par m. V. Anduy. Dans son ouvrage sur les Maladies des végétaux, M. Wicgnumn dit ce qui suit : c'est le bon jardinier qui l'affirme, et nous le savons par expérience. Ces fruits cueillis verts et non lignifiés, mais tendres et frais, se mangent avec plaisir au dessert, pralinés de sucre ou simplement couverts de cette substance. Les beurrés anisés de Hollande peuvent fort bien se préparer avec ces fruits. Des tranches de biscuits grillés et rôtis, frottés de beurre frais et saupoudrés de fruits de myrrhis avec du sucre, deviennent un régal digne des meilleures tables. Ce fruit est en oulrc sain, salutaire, apéritif, digestif et, par conséquent, hygiénique. Mangé à la fin du repas, il rafraîchit le palais, fatigué par trop d'exercice. On peut également préparer, avec ce fruit, toutes les liqueurs qu'on fait avec l'anis (le Pinipinella unision) et la badiane {Vlllicium anisatum). Le myrrhis n'a pas le piquant du premier, ni la finesse du second, mais il possède une douceur qu'aucun de ses rivaux ne possède. L'anisette de Bordeaux est préparée avec le Pimpinella, l'anisette de Hollande avec rniicium des Indes, l'anisette d'Orient provient du 3Iyrrhis : les amateurs d'anisette auront donc à choisir leur plante favorite ; mais il nous sera agréable, toutefois, de distribuer à nos abonnés, qui en feront la demande, des graines de Myrrhis. — iOO — PLANTES NUISIBLES. DESTRUCTION DES CHARDONS , Par le même. Un dos fléaux de nos jardins, de nos champs, de nos prairies et pelouses sont sans contredit les chardons. L'histoire naturelle de ces plantes mérite d'être plus connue, précisément parce que son étude sert à fournir des moyens assurés de restreindre la multiplication et la reproduction de ces végétaux nuisibles , si pas d'en amener la destruction sur un terrain donné. D'abord, il existe en Belgique, en France, tout aussi bien qu'en Angle- terre, un préjugé , à savoir que les chardons ne se reproduisent pas par graine. Cette idée résulte de ce qu'en semant des chardons on en obtient rarement. Les observations botanico-météorologiques de Linnée ont déjà mis sur la voie pour se rendre compte du fait avancé. Les chardons ne fleurissent pas avant le solstice d'été, et si l'on s'obstine à les couper raz de terre avant cette époque, on est sur le chemin de les détruire tout à fait. Les capitules qui forment leurs fruits aigrettes après le solstice , donnent des graines mûres , mais à chacun de ces capitules il y a des graines sté- riles. Quand on n'a semé que celles-ci, on a conclu que les chardons ne se multiplient pas par semis , mais des expériences bien faites sur le semis des graines fécondes et mûres n'ont prouvé que trop bien la facilité de ces végétaux à se reproduire par la voie la plus ordinaire. La conclusion à tirer de l'observation sur la floraison post-solsticiale est qu'il faut fau- cher les chardons avant cette époque. Un autre fait non moins certain, c'est que des chardons coupés raz de terre itéra tivement, meurent entièrement. L'échardonnage n'exige donc pas sti'ictement que la racine soit déterrée : l'expérience prouve que la mutilation répétée suffit pour obtenir ce résultat. C'est un grand secours pour qui soigne ses propriétés. On a fait quelque bi'uit dernièrement d'une fiole à échardonncr. C'est un vase en verre fermé par le haut et possédant un long bec vers le bas, dans le genre des carafes au moyen desquelles on donne à boire aux oiseaux tenus en cage. On remplit la fiole d'acide sulfurique , on se pro- mène où il y a des chardons et on laisse tomber à leurs pieds quelques gouttes de la liqueur corrosivc. Le lendemain, le chardon est mort. Ce moven entraîne l'inconvénient de faire mourir aussi dans une pelouse Iherbe croissant à côté du chardon , et d'occasionner ainsi des taches jaunes sur un tapis de verdure. 1 . pupillosus - r...r. -2 .(InUalus.Tor,-. :).4 .'>. «-MMilus, Hook — loi HORTICULTURE. NOTICE SUR TROIS NOUVELLES ESPÈCES DE CÈANOTIIUS VENANT DE LA CALIFORNIE, JOLIS ARBUSTES DE PLEINE TERRE OU D'APPARTEMENT ET PROPRES A FORCER, Par m, Ch. Morren. Les céanothîfs forment un genre très-naturel dans la famille des Rham- nacées ou des Nerpruns, fondée par Linnéc et considérablement augmentée par les botanistes modernes. Sous-arbrisseaux originaires de l'Amérique (lu nord, glabres ou pui>escenls, rarement épineux, portant les rameaux droits, les feuilles alternes, dentées, à trois nervures ou moins, ces végé- taux portent des fleurs toujours jolies , gaiement colorées, soit blanches, soit jaunes, soit bleues, réunies en panicules terminales, ou disposées à Faisselle des rameaux. Leur rusticité permet d'en cultiver un bon nombre en pleine terre, et les espèces les plus délicates en orangerie, serre froide, conservatoire ou appartement. Les Ceanothus azureus, Delillianus, verrucosus sont généralement cul- tivés, en Belgique, dans les jardins. Les horticulteurs et amateurs de belles plantes vivaces seront donc charmés, présumons-nous, de recevoir ici les portraits et les diagnoses de trois espèces nouvelles, ou peu connues, qui nous arrivent en ce moment d'Angleterre, et qui viendront embellir nos bosquets et nos parterres. C'est de la Californie que ces trois espèces nous ont été importées. Voici leurs caractères respcclifs : I.— CEANOTHUS PAPILLOSUS. XuU. iiiTorr. el Gray. FLof.Y. An»., v. 1.— Th. Moore. Mag.of bol. 1830. p. 169, cura ie. — Branches lomenlcuses, feuilks I('gèrement oblongues, plus nombreuses et fasciculées aux aisselles, couvertes en-dessous (Pua (lu\el dense et doux, denli- culées de glandes sur les bords; pédoncules agrégés; panieules un peu eapilulécs; ovaire tri- angulaire et angles se projetant du somniel. Le calice et la corolle sont bleus, les anthères jaunes. Voy. pi. 10, fig. j . n.-CEANOTnUS DENTATUS. NuU. in Torr. elCray. Fl.ofN. Am., v. 1.— Th. Moore. Murj. of bot. 1850. p. 169, cum ic. — Branches et pédoncules couverts d'un duvet poilu ,- feuilles oblongucs parfois, plutôt cunéiformes, trés-obluses ou profondément émarginées, réunies et comme fasciculées aux aisselles des branches, duvelcuses en-dessous, bords révolut-és, irrégu- lièrement dentées, ponctuées de glandes capilées, à peine duveteuses au-dessus, le plus souvent glabres; pédoncules axillaires, le plus souvent éloignés du sommet des branclres, allongés, divergents, pourvus de f)etites bractées étroites ; panicules le plus souvent globuleux, réunis au sommet des pcdoneuks, pourvus àe. bractées laineuses ; pédieelles courts et laineux. Voyez pi. IC, fig. 2. Ces deux espèces sont toutes deux provenues de leur patrie, la Cali- fornie, et leur introducteur est le célèbre botaniste voyageur de la Société BELG. UOBT, T. JII, J4 — 102 — «riiorlic'ultiue de Londres, M. Harlweg, à qui nous devons (aiil et de si jolies nouveautés. Cependant, on ne sait rien de positif sur le lieu précis de leur habitation naturelle. On ne savait pas davantage, en 181)0, si ces espèces étaient ou non de pleine terre sous nos climats. On les avait néan- moins cultivées, en vue de s'assurer de leur résistance, au pied d'un mur et en pleine terre, au Jardin expérimental de la .Société de Chiswick. Les deux hivers de 181)0 à 1851 cl de 18"J1 à 1852 se sont passés sans cpic les plantes en souffrissent, et sur le continent, l'hiver dernier, aucun de ces céanothus n"a gelé. On les a vus fleurir, pour la première fois, au parc de Blackheath, chez Tesquire M. E. Fellows. Nous traiterons plus loin de leur culture. m. — CEANOrHUS RIGIDLS. NiHI in Torr. pI Giay. FI. of N. Am., vol. 1, p. 28fi. — Jourii. of Soc. Lond., t. 5, p. 107— Bonlli. Plant. Ilarlw., p. 3:)2.- Lindl. et PaxI. FI. Gard.. vol. 1, p. 74, ciim ic. — Hook. Bol. mat). 4664. 1832. — Rnmenux opposas, rarnules piibespcnts, «ubangulciix cl coiivcrls de grosses verrues aux nœuds ; feuilles opposées, siiliarrondies-cunéi- fornies, presque sessiles, épaisses, raides, déniées d'éjjines, glabres au-dessus , brillantes, ponetuées de points creux visibles à la loupe, rélieulécs au-dessous ; aréoles profondes, velues; ombelles uxillaires, ])onrvues de lu-aclécs à la base; corolles d'un bleu-fonré. Voyez pi. 1G, fig. 5. C'est aussi à Harlweg que l'Europe doit ce beau céanolhus dont les fleurs sont presque d'un bleu d'indigo, et c'est encore de la Californie que cette espèce nous est arrivée. Sir William lïooker dit qu'il hal)ite la province de Monlercy. Coulter, Douglas et Lobb en ont introduit des pieds après Flartweg. Sa culture a déjti prouvé qu'il est plus raide et qu'il se branche mieuxque notre prun icr sauvage (pr/^;H/.s.s|)?'/?o.Sfl). Un feuillage toujours vert et remarquable, une floraison en mai, des fleurs nombreuses et bleues en font une espèce des plus précieuses pour les bosquets. Déjà à Kew, voici deux ans qu'il brave l'hiver en pleine terre, et il est probable qu'il en fera autant sur le continent. Relativement à la cultin*e de ces céanothus, sir William Hooker pense que tous les céanothus du nord-ouest de l'Amérique passeront très-bien les hivers dans nos climats ; mais il trouve que certaines températures leur vont mieux que d'autres. Il cite comme leur étant des plus favorables le climat du Devonshire. C'est ainsi que l'évêque d'Exeter possède les plus beaux céanothus peut-être du globe,à coup sûr de l'Europe. Le 27mai 1852, ce prélat trouvait, à l'un de ses Céanothus divaricatus en pleine terre, dix- huit pieds de hauteur, autant en largeur et douze pieds de profondeur; des milliers de thyrses bleus et des milliers de fleurs rendaient les feuilles invisibles. Le Cettnothns rigidiis fleurit pendant six semaines et plus; puis succédait la floraison du Ccanolhus (Jentalits, et enfin celle du paptl- losus. Au contraire, le Céanothus azurevs ne fleurit qu'en août. Quoiqu'il y ait certainement des difl'érences dans les cultures en rapport avec les espèces, cependant les principes fondamentaux de l'entretien du Céanothus azureus forment la base des procédés applicables à toutes les — 105 — espèces du genre. On peut envisager ees cultures dans leurs rtipporls avec les serres froides ou les apparlements, avec l'art d'obtenir des fleurs forcées, et pour ce but, peu d'espèces conviennent autant, et enfin avec la pleine terre. Dans ces trois cas, la nature du sol reste la même. La terre doit être riche pour ces riches feuillaisons et lleuraisons. Une terre franche, sablo-argileuse pour deux parts, une part de terreau de feuilles consommées, une part de terre de bruyère un peu tourbeuse, le tout mélangé avec une partie de sable siliceux blanc; voilà le sol le plus convenable qu'on puisse leur donner, et c'est à peu près par une telle composition que l'évêque d'Exeter a obtenu ses succès. Si le pied est assez fort, on peut lui donner pour la culture d'orangerie, d'appartement, ou en vue du foi-çage, un pot de six h huit pouces de dia- niètre; mais si on lui cnfournitun plus grand, il faut surveiller l'arrose- mcnt, car les céanothus tiennent rigueui' à leau stagnante. Après l'em- polement, on place le pied à l'ombre dans lorangerie, dans un endroit sans courant d'air; on maintient autour de lui une atmosphère tranquille et l'on asperge la couronne une fois par jour à la seringue et avec de l'eau très-propre. Ce traitement commence en mars, et les pieds grandissent vigoureusement jusqu'en juillet. A cette époque, il leur faut un plein soleil; le bois mûrit, et les boutons à fleurs naissent de suite. Durant toute la croissance, ne permettez h aucune branche de filer : pincez, pincez sans crainte, et tenez tous les rameaux en respect pour serrer la cime. Une tète compacte se couvre de plus de fleurs qu'une tète claire, et le pincement engendre des boutons. Un céanothus en pyramide, haut de deux à trois l>ieds, doit avoir deux pieds en diamètre de cime, et quand celle-ci fleurit, le tout devient un être charmant. Une fois qu'on force et qu'on parvient, par ees moyens, à une floraison, celle-ci dure un temps considérable, et, pour les bouquets dhiver, les céanothus sont des merveilles: un feuillage perpétuel, résistant, ne se fanant pas, et des fleurs d'azur, que veut-on de mieux? Quand les plantes forcées ont donné leur profusion de fleurs, on les taille court et on les laisse en repos pendant quelques semaines. Une douzaine de céanothus en fleur, réunis dans une serre, produisent un effet féerique. Quant à la pleine terre, la protection d'un mur ou d'un bosquet n'est pas à dédaigner dans un endroit exposé. Il faut choisir un sol jjoreux, meuble, mais pas autrement engraissé que comme nous l'avons dit; les engrais animaux emportent les branches et la végétation tourne en feuilles plutôt qu'en fleurs. LES 31UILIERS, Par le même. Nous avons dit naguère conunent les pâquerettes, dhumbles cl modestes pptites fleurs de nos pelouses, s'étaient métamorphosées, entre les mains — 104 — des liorlicullcuis, cm i-oiolles brillanlt's, fastueuses, (ileines de variété cl de fantaisie. Cet em])irc de l'art fait })l»s d'un genre de merveilles, et quand il s'excree sur des espèces de plantes originaires dEuropc, il est rare que, les conquêtes une fois acquises, la plus grande popularité ne s'y attache et la physionomie des jardins, rornemcntation de nos demeures, la composition des bou([ucts, les peintures, les dessins de nos papiers de tenture, de nos tissus, enfin ces innombrables choses où les Heurs jouent un rôle ou par elles-mêmes, ou par leur représentation, reçoivent alors d'imjjortantes modifications. C'est le sort, en cfTel, d'une Heur perfection- née par l'horticulture de se multiplier partout. Nous le voyons aujour- d'hui pour les antirrhimim ou mufliers : ils sont devenus, depuis ces dernières années, de fleurs très-délaissées et oubliées qu'elles étaient naguère, des objets dont un jardin aujourd'hui ne saurait se passer ; elles ont inspiré et elles continuent de provoquer un engoùmcnt général, et des amateurs en font même leur occupation exclusive. Chose i)lus singu- lière encore, ce muflier est devenu la plante favorite d'hommes graves et sérieux qu'on ne croirait guère rangés sous la bannière de Flore, mais qui, à l'exemple du grand Condé lui-même, trouvent dans la culture d'un parterre, une distraction utile et un délassement hygiénique ; le muflier est surtout aimé des hommes d'État et des célébrités j)olitiqucs. Il serait assez diflicile de donner la raison philosophique de cette relation d'amour entre de graves préoccupations et des mufles de veau ; mais, au fond, il n'y a de singulier dans ces sympathies que le nom malencontreux donné à une belle et remarquable fleur. Si la tulipe accompagne nécessairement les portraits de Busbeke, de Rubens et de Juslc-Lipse, on verra un jour les mufliers orner de leurs brillants pavillons les tableaux où se trouveront reproduits les traits tie plus d'un ambassadeur actuel et de plus d'un ministre d'Etat. Et, en elTet, à voir ce que les horticulteurs sont parvenus, par des semis bien entendus, par des croisements dont les abeilles étaient les premiers auteurs, par des procédés de bouturage, chez lesquels l'étude des saisons est devenue une des conditions de réussite, à voir, dis-jc, ce que les horticulteurs sont parvenus à faire de l'ancien mufle de veau, on s'explique parfaitement le choix de cette fleur comme culture privilégiée. C'est devant un parterre d'antirrliinvm que cette vérité est sans conteste. Sur un petit espace s'élèvent des plantes fortes et vigoureuses, pleines de santé et de richesse : leur hauteur, atteignant la moitié de celle de l'homme, lui permet de saisir toutes leurs beautés sans se baisser; les épis se multiplient à l'envi, les fleurs s'étagent sans nombre sur ces thyrses élégants, les corolles sont grandes sans être démesurées, leur forme, quoiqu'étrange et rappelant en général la gueule d'un fougueux animal , est cependant belle dans sa singularité; les couleurs sont innombrables, et les teintes en deviennent parfois si vives, que l'œil est ébloui à les regarder ; les combinaisons de ces nuances introduisent une série de va- - 105 - riélés donl j)ca iraulrcs ciillurcs approclsciit, cl lellc est la teiulaiice des imtirrhimim a se divei'silîci', qu'il n'est pas rare de rencontrer, sur le même épi et sur les liges d'une même plante, des couleurs complètement difFérentcs et des fleurs qu'on ne croirait pas pouvoir naître d'une souche commune. A eôlé du blanc le plus i)ur, ou d'un jaune soufré-clair, naîtra incontinent une fleur pourpre, une fleur d'un cramoisi ardent, ou quelque corolle diaprée des i)lus jolis dessins. A tous ces charmes, qui donnent aux aiitirrhinumunc |)lace si importante dans les parcs des châteaux ou sur les pelouses de nos maisons de campagne, s'en joint un autre (jui a d'au- tant plus de mérite qu'on est plus initié aux mystères de la création, ou^ ce qui est la même chose, qu'on est amateur plus profondément instruit de reslhéti(|uc des antirrhiiium. Ce charme, c'est la co}iquèle, non de l'impossible (ce serait là un lève indigne d'occuper des hommes d'Étal qui tiennent compte avant tout des fails accomplis), mais c'est la conquête d'une combinaison de coloris à laquelle aucune loi naturelle ne s'oppose, et que cependant la nature n'a j)as encore réalisée jus(iu'aujourd'hui, du moins à la connaissance ni des amateurs nombreux de ce genre, ni de tous les auteurs d'horticulture. Nous nous expliquons. Il y a des mufliers d'un blanc pur, d'autres jaunes-, ceux-ci deviennent d'un pourpic brillant, et ces teintes de rouge conduisent insensiblement vers l'écarlate dont l'éclat ne devient jamais franc, vers le carmin aux plus vives nuances auquel le muflier sait atteindre, et vers le violet dou- teux où l'élémenl azuré fait défaut. Toutes ces couleurs, ensuite, se com- binent deux à deux, trois à trois, quatre à quatre; car il est inutile, sans doute, de faire remarquer que dans les teintes où le rouge et le blanc doivent conduire, se trouvent le rose, l'incarnat, le saumon, le jaune- isabelle et ces délicates nuances intermédiaires. Aux fleurs réalisant ces couleurs franches, s'étcndant uniformément sur des coixjUcs bien faites, sont venues se joindre des fleurs panachées. On conçoit pourquoi on pré- fère des fonds blancs panachés de vergétures tricolores ou quadricolores, et c'est dans celte série de mufliers panachés que les amateurs placent leurs plantes les plus chères cl les plus recherchées. Or, il y a des anlirrhimim où le tube est blanc cl la gueule carminée, avec le milieu de la lèvre inférieure jaune. Quand une plante de celte variété se trouve dans un jardin, il est impossible que l'homme le moins ami des fleurs ne la remarque pas et ne dise que la nature est une admi- rable artiste dans la confection de ses tableaux. D'après ces combinaisons de lube blanc et de lèvres rouges, on penserait qu'il dût exister des fleurs blanches avec les lèvres seules panachées, ou, en d'autres termes, des corolles à tube blanc elàmufle panaché. Les amateurs ont vainement tenté de réaliser la création d'une telle variété, cl comme aucune loi de la combinaison des couleurs, lois très-fixes dans la végétation et très-bien connues, ne s'oppose à la réalisation d'une telle variation, on se demande pourquoi elle ne se produit pas, et subsidiairement on s'inquiète, on se — l()(i — préoccupe de savoir si elle s"c'st présenlée déjà quelque pari. Deux aiua- leurs de mufliers ne s'abordeiil jamais sans se demander: Nous nous permettons de ci-oire que les amateurs actuels des antirrhi- num ne se sont guère doutés de tant de vertu, et que si quelques diplo- mates manifestent aujourd'hui pour cette fleur une prédilection particu- lière, ils seront étonnés de trouver, dans notre candide Dodoëns, un passage de ce genre. Il leur appartient, plus qu'à tout autre, de donner au botaniste de l^lalincs tort ou raison. QUELQLRS MOTS SUR LES ACIIIMÉXÈS ET LES ALSTROEMÈUES, Par Madame De Villemereuil, Dame palronesse de la Société d'iiorlioullurc de l'Aube. La saison est peut-être un peu avancée pour aborder la culture des Acbiménès. Cependant j'espère qiie ces notes pourront encore être utiles à la société. Je parlerai surtout des espèces que j'ai cultivées jusqu'ici, et que toute personne, possédant un châssis pour les melons et les couches nécessaires à leur culture, peut essayer. Plantées dans un compost de terre de bruyère et de terreau de feuilles et étouffées sous châssis, avec une température humide de 25 degrés centigrades et un ombrage constant, ces jolies gesnériacées réussiront à donner des tiges élevées et d'un beau feuillage. Aussitôt qu'elles montrent leurs boulons à fleurs, on peut les transporter sur un gradin de la terre tempérée ou de l'orangerie ou même d'un appartement aéré, chaud et ombré tout à la fois, où elles achèveront leur floraison. Les espèces qui réclament cette culture sont : Achimenes longiflora, (frandiflora , hirsiita, coccinea, violacea, alba, GiDitherii. Tandis que les achimenes ignea, pcdioiculata veulent plus d'air et de lumière dans la première jeunesse. Les achimenes picta ci gloxiniœflora, très-belles plantes, offrent encore quelques difficultés de culture : elles réclament impérieusement la serre chaude. Les achimenes longiflora, latifoUa, Hierii, ^oo?/u"t réussissent parfai- tement dans les deux modes de culture. - 108 - - En général, une chaleur concentrée et une lumière ilifFuse , dans la première jeunesse , un abri chaud cl acre dans la seconde période de végétation, feront toujours de celle plante la plus désirable de celle que nous envoie le Brésil. Je suis bien aise de faire profiter les amateui's cl les jardiniers d'un accident arrivé à ma serre et qui m'a mise à même de faire quelques obser- vations qui pourront leur être utiles. Le thermomètre de l'orangerie étant descendu à 0, toute ma collection lie gloxiiiias a été perdue; mais les acJihnenes rosea, coccùwa et alha ont parfaitement résisté. L'achlmciies (jraiulifora a péri; (piant aux autres espèces rentrées dans une serre tempérée, surchargée accidentellement d'une humidité tiède de 8 à 12 degrés, elles s'y sont conservées intactes. J'ajouterai qucl(|ucs notions sur la culture des aifttrœwères ^ amarylli- dacées, originaires du Pérou et du Chili et dédiées à un contemporain et ami de Linnéc (Alstrœmcr, médecin-naturaliste suédois). Ces plantes, peu connues dans notre département, méritent pourtant tuic place dans toute jolie collection, pour la richesse de leur floraison d'abord, et ensuite pour le peu de soins qu'elles réclament. Qiiclqucs rhizomes que j'ai fait venir de Belgique, en octobre dernier, de l'établissement justement célèbre de M, Van Iloutte, ont été plantées dans un encaissement en briques , sur un fond bien di-ainé et surchargé de sable et de terre de bruyère. Un vieux cliàssis disjoint, posé sur rencaissement et entouré de feuilles, recouvert de panneaux vitrés, surcliargés de paillassons, selon la tempé- rature , a protégé suffisamment cette plantation. Dès le premier prin- temps, les tiges se sont montrées et les fleurs les plus brillantes se sont succédées jusqu'à la fin de juin. REVUE DE PLANTES NOUVELLES. i^dcBQnndra fragrans. Willd, — Sims Z?ôf. mag. t. 1519. • — Diosnia IVagrans, De Cand. Prodr. 1, p. 715. — Bévue horticole, 1852, p. 521 , n\cc fig. — Adenandre odorant. Famille des Rulacécs, section en.«. Wall. Cat. n" 2008. — Lindl. Gen. Gt sp. Orchid, p. 79. — Ilook. Bot. mag. ^(^^^T). 1852. Dendrobium BELG. HOKT. T. Ml. 15 — MO — li'ansj);\iriil. Faiiiillo tles Orchitlées (section tIfs Eudfnilroljiuiu, du genre Dendrobiinn). Tiges ;ilIongées, arrondies, articulées , raides et élancées, (enilles presque disliques, linéaires-lancéolées courbées, fleurs géminées, sépales aeuniinés , pétales obtus, sépale supérieur un peu plus petit, labellum obové, oblong, obscurément trilobé , bord su[)éricur recourbé, G2. 1852. — Impatiente à grandes feuilles. Famille des lîalsa- minées. Plante dressée, herbacée, simple; feuilles alternes, amples (par- fois de près d'un pied), ovales, acuminées, à grandes dents mueronées (bord paraissant cilié), poilues de chaque côté, pourvues à la base de soies molles et frangées de glandes atténuées en long pétiole rouge portant quelques glandes ou soies; pédoncules uniflores, axillaires agrégés e( pressés, plus courts que le pétiole, fleurs petites, jaunes et roses ou jiourpres, sépale supérieur (formé de deux séj)ales réunis), onguiculé infé- rieurcment cucullé, glabre , éperon court, recourbé , à soies rares et le bout enflé et didyme. Cette espèce de IJalsamine est excessivement com- mune dans l'ilc de Ceyian et probablement dans toutes les forêts humides de l'înde en général. M. TInvaites, surintendant du jardin botanique de Peradenia, en envoya des graines en Angleterre, du lieu nommé- Adam's Peak, et BI. (lardner en introduisit d'autres de Newra Ellia, récoltées à plus de (5,000 pieds d'altitude. Avant eux, M. le général Walker en avait déjà envoyé des exemplaires à Kew, mais la plante s'était perdue. Quoicpie les fleurs soient petites, elles sont cependant jolies par leurs couleurs vives, le jaune et le pourpre, et de plus les pédoncules et les pétioles des feuilles du haut sont également d'un pourpre vif: toute la plante atteint deux pieds de hauteur. Culture. Tu an après le semis des graines, les plantes portent fleurs dans une serre humide mais pas des plus chaudes. On choisit donc un endroit frais et vaporeux dans une serre chaude ordinaire. La multipli- cation se fait par graines et pai* boutures ou divisions de tiges : le sol doit être Irès-humeux cl poreux, le mieux est une terre de bois; les airo- sements fréquents. — m — LÏTTÉKATllUE BOTANIQUIi ET HORTICOLE. ASPECT DE LA VEGETATION DE I/ALCEUn- , Par m. Reuteu, I. — Al^ei». Le paysjigc , en aiTivaiit à Alger, préseiile au voyageur un aspect t'iranger, avec ses collines verdoyantes, |)arsemées ça et là de jolies mai- sons blanches, près descjuelles se voient quelques palmiers, dont la cime élevée se détache sur le bleu du ciel. Mais surtout les cactus et les agaves, à teinte glauque, rangés en longues files le long des routes ou épars sur les collines et dans le voisinage des habitalions , donnent au paysage une physionomie presque tropicale. La ville, avec ses maisons blanches, aux formes carrées et aux toits plats, s'élevant en étages les unes au-dessus des autres adossées à la col- line, ne ressemble pas mal (quoiqu"en beaucoup plus grand), vue d'une certaine distance, à ces éboulements calcaires que nous voyons quelque- Ibis aux pieds de nos montagnes, surtout celui du Coin, au [)icd dcSalève. A l'époque de mon arrivée, c'est-à-dire au commencement de mars, elle était entourée de toutes parts d'une végétation rudérale, abondante et du plus beau vert, formée par de grandes planles herbacées, dont trois ou quatre espèces de mauve et Vurtka piluUfera forment le fond; les bords des chemins et les talus des routes étaient revêtus d'énormes touffes de deux beaux chardons , le sih'dnm inarianiiin et (jalacîiles lomcnlosa, aux grandes feuilles radicales, marbrées de taclies blanches , dont les tiges commençaient à monter. Phisieurs de ces plantes présentent de belles fleurs, par exemple, le Cerinthe major , avec ses grandes bractées violettes ; les Echitim grandi fiorum et plantafjiiieiiui , aux fleurs bleues et rouges, et surtout le Convokiilus altheoïdcs avec ses belles cloches roses; mais la plante la plus abondante à cette époque et qui occupe tous les lieux cultivés et en friche, est le Chrijsanlhemum coronarium, qui, ainsi que le C. mijcoms, couvrent au loin la campagne de leurs margue- rites dorées. Cette végétation de décombres s'arrête dès qu'on s'éloigne un peu de la ville ou du voisinage des habitations. On retrouve alors la végétation primitive formée d'une grande variété darbustes, composant ce qu'on appelle la broussaille, ce sont surtout les légumineuses de la tribu des Génistèes, avec leurs jolies fleurs jaunes , telles que le Geiiistu friciispidata et G. férox, Coronilla pentapInjUa, Cjjiisus iriflorus et Ca- hjcotomc spinosa, au pied duquel riolt, m grosses (ouffcs , ÏOrohavchc — 112 — condtnsala, à fleui'ii d'un pourpre noir; daulri's espèces à l'euillcs coriaccî^ et toujours vertes, telles que les Qtiercus coccifeni et Pseudo-coccifera, les Alaternes, les Lenlisqucs, les Phyllirea, avce le Chconerops ou pal- mier nain, qui croit partout en grosses touffes et dont le tronc ne s'élève presque jamais au-dessus du sol; il forme, en certains endroits, surtout dans la plaine de la Mitidja , des sortes de champs à perte de vue, et fait le désespoir des nouveaux colons , à cause de la difficulté qu'il apporte aux défricliements. Parmi ces arbustes se trouve une foule de jolies plantes bulbeuses , un grand nombre de Liliacées, mais qui , dans cette saison , n'étaient pas en fleurs, car la plupart lleurissent en automne après les jiremières pluies; une grande variété d'orchidées entre lesquelles brille VOphnjs tentlire- dinifera , le plus beau de tout le genre; enfin, partout 17/«;>' sysiryn- chium, dont la fleur délicate ne dure que quehiues heures. Les gazons sont éniaiUés de Bellis unnua qui remplace notre Pâque- rette; le Hyoseris radiata remplace partout notre Denl-de-lion^ si com- mune chez nous et qui manque à l'Algérie. Notre Renoncule bulbeuse est remplacée par le R. flabellaius. Les collines qui forment le massif d'Alger et dont les parties les plus élevées sont situées dans le voisinage de la ville, présentent un aspect des plus pittoresques; le sommet du Boudjarcah s'élève à plus de 400 mètres au-dessus de la mer. Ces collines sont sillonnées de ravins profonds et de jolis vallons , parsemés de maisons blanches , d'architecture moresque, entourées de hauts cyprès et d'orangers. La végétation de ces collines est très-intéressante pour le botaniste et présente une grande variété de plantes différentes à cause de la diversité des sites et des expositions. Sur les sommités et les plantes tournées au soleil se voient les Cistus heterophyllus et Monspeliensis, les Labiées aro- matiques, le Romarin, la Lavandula niulli/ida, VArteniisia arborescens, qui revêtent les pentes escarpées des ravins de leurs grosses touffes soyeuses et argentées. Par dessus toutes ces plantes s'élancent les grandes férules au feuillage délicat et à la panicule dorée, dont les liges, une fois desséchées, servent à former des clôtures, des cages, etc. C'est aussi sui- ces collines que se voient le peu d'arbres du pays qui, sans former des forêts véritables, croissent quelquefois en petits bosquets. Sur les hauteurs ce sont des caroubiers épars, des chênes verts, et surtout des oliviers qui sont devenus sauvages, et ombragent particulièrement les anciens che- mins mores. Dans le fond des vallons se voient des ormeaux, des peu- pliers blancs, et au bord des ruisseaux deSulix pedicillata, grande espèce cjui ressemble à notre saule Marceau. Le ricin est très-répandu le long des chemins et dans les ravins où il devient arborescent, il est presque on tout temps chargé de fleurs et de fruits. Sur les arbres et les grands arbustes de ces vallons s'élèvent souvent à une grande hauteur des })lantes grimpantes, qui les relient ensemble de mille manières. Ce sont — 115 — la Cleinalis cinhosu, dont les jolies (leurs bhtiiches el oJoran(cs paraissent en lii\er; la Hosa sempervirens , ie Lonùcia onplexa el Maitvitanica, avec ses baies noires; VAràlolocliia ullissima, le Convolciiliis Lucanus, une variété de lierres à feuilles beaucoup plus grandes el (pii pourraient bien cire une espèce parliculière, enfin la Rubla lungifolia aux petites Heurs verdàtrcs en larges panicules, et une Ephcdru (l'allissima de Desl.) aux longues tiges, juncilornies et sans feuilles ramiliécs à Tinfini, forme d'immenses perruques sur le cactus. Dans les parties ombragées, surtout sur les revers des anciens cbcniins creux, pratiqués du temps des Maures, se voient une foule de jolies espèces délicates. Des fougères élégantes, le Gtjhinogramme leptophi/llu, l'une des plus petites et des plus délicates de la famille, tapissent, avec le Ly- copodiidu denliculatam, les lalus et les creux des rocbers ; VAsplenium V'i spicatus, aux belles llcurs dorées, d'un pouce de diamètre, Linuria re/lexa, Tracheltiim cœru- leum, CampaniiUa didtoloma, Allium Iriquelriim aux jolies fleurs pen- chées, d'un blanc rayé de vert; elle a une très-forte saveur, et les mili- taires s'en servent en Algérie à la place de l'ail ordinaire. Parmi ces plantes s'en trouvent d'autres moins apparentes, mais non moins intéressantes, telles que Thelkjonum cijnocrambe, Euphurbiu pteri- cocca clPuridaria maurilanica (Dur.), jolie espèce nouvelle et annuelle. Enfin, un beau C(jdumea[^) à bulbe énorme, et remarquable par ses grandes feuilles anguleuses, soutenues par des pétioles épais et raides; il donne en automne des touffes de belles Heurs roses et odorantes, ressenj- blant à celles des C. hederœfoliuni el neapolitanuin , avec lequel on l'a réuni , je ci^ois mal à propos. La plaine de la Mitidja, qui s'étend au sud d'Alger jusqu'au pied du petit Atlas, présente une végétation moins vai'iée à cause de son unifor- mité. Le palmier nain envahit de grands espaces; la broussaille s'étend partout; dans les lieux humides cependant elle prend un caractère un peu différent; les plantes épineuses y sont plus fréquentes; c'est surtout le Zizijpkus Lolus (le Lotus des anciens selon Desfontaines) qui s'étend au loin à laide de racines traînantes et qui, avec les Asparagus albus, lîubtis frulicosus et Calijcotonie spinosa, forment des fourrés inextricables. Les parties les plus humides de la Mitidja sont nues et couvertes de prairies • 1) C. alricanum B. el R. — 114 — par.sciuées de jolies [)lanle.s, telles que Oirfiis papiUonaeea ^ Scrupius lin- (jua, Anononcpulmuta, Scorzonera iindtdata aux belles Heurs roses; au- dessus de toutes ces plantes s'élè\ e l'élégant Orobiia alropurpureus. Cer- tains Ciulroitfi sont particulièrement favorables aux grandes espèces de liliacées. On y voitstutout VAsphodelus riunosita a^ec VAllium nigriim, et la Sc'dle maritime dont rénornie bulbe se montre à moilii; liors d<; la terre couronnée de ses larges feuilles. Enfin les parties marécageuses de cette même plaine sont en certains endroits couvertes de VIris spuriu, qui les revêt d'un beau tapis bleu à Tépoquc de la lloraison. La cliaîne du petit Atlas au-dessus de Blidab présente un aspect très- pittoresque et des formes accidentées qui rappellent en petit nos Alpes; elle était en partie couverte de neiges tombées nouvellement à l'époque où je lavis. Sa végétation, dans une saison plus avancée que celle où je m'y trouvais, doit être très-intéressante quoique njoins riche que celle de nos montagnes. Les arbres y sont assez abondants et forment, en certains en- droits, des bois étendus, ce sont principalement des chênes-verts, le Tluii/a articulata, particulier à l'Atlas et dont le feuillage délicat ferait un joli efTet dans nos bosquets; enfin , sur les sommités d'Ain-tcl-Azid on trouve une forêt d'une espèce particulière de cèdre : Cedrus atlanlivd, ressemblant beaucoup à celui du Liban, mais distinct i)ar ses fruits [dus petits et ses feuilles plus fines: les pentes inférieures tournées au nord sont couvertes de taillis formés principalement des Vihurnum. linus , Cylisns Iriflunts et de VErica arborea, qui était toute couverte de ces innombrables petites cloches blanches, répandant au loin l'odeur la plus suave. Les bords du torrent sont ornés du Laurier-rose et du Salix pedicellata. J"ai trouvé peu de plantes en fleur à cause de la saison trop peu avancée, je citerai scidement entre les plus intéressantes le Chrijsantlwiintni palu- dosiim (Desf.) qui, avec les Bellis annua, les Trichonema, Siilbocodium et Fedia (jracili/lura émaillc les gazons; une nouvelle espèce de saxifrage, \oisinemais très-distincte de la granulata {S. allantica B. et /î.) , espèce nouvelle avec laquelle elle a été confondue par les botanistes de Texpé- dilion scientifique, le r«m«îS ;Jî<6esceHS (Desf.). Les éboulemcnls sont ornés par IcsSenecioatlanticus B. et R., espèce nouvelle; le Silenepseudu- atocion, Géranium allanticum, Boiss. Bellis papulosa du même auteur. Enfin près de la fontaine d'Ain-til-Azid, on trouve en quantité la Primula grandiflora , seule localité algérienne de cette jjlante si conunune chex nous ; c'est probablement aussi la station la plus méridionale. La végétation des jardins offre aussi beaucoup d'intérêt an botaniste, parles plantes exotiques qui prospèrent sous ce beau climat connue dans leur lieu natal. Le bananier se fait remarquer entre tous , par son port étranger, ses larges feuilles et ses régimes pendants, il se plaît dans les lieux abrités des vents violents; il demande aussi de fréquents arrose- menls; c'est surtout au jardin de llinpital du dey et dans celui d'aceli- — 115 — nialalion qu'il forme de véritables bosquets. Le dattier est [>Iantéça et là et se montre an loin par sa cime élevée; il fleurit très-bien mais ne mûrit pas ses fruits , et les dattes que Ton voit à Alger sont apportées des limites du désert. L'oranger, le citronnier et le grenadier, avec l'abricotier et le figuier sont très-communs et pi-oduisent des fruits excellents; la ciuine à sucre et le coton sont aussi cultivés en certains endroits , ainsi que la cochenille qui vit sur une espèce particulière de cactus, l'ne foule de plantes cultivées pour rornement prennent là un développement duquel n'approchent jamais chez nous les mêmes espèces cultivées en serre. C'e^t, par exemple, le Daturu orhorea , couvert presque en tout temps de ses immenses cloches parfumées; le Senecin petaaites du 3fexique, à tige arbo- rescente; le Lantana camara, plusieurs espèces de pelargonium du Cap, les Passiflores ; un grand nombre de plantes grasses : les Alix" Viilfjarls cl fntctkosa, les Cactus, les C. triffomis, cjrandî/Iorus et speciosissimus- les beaux Mezemhryauihemnm tapissent les vieux murs et pendent aux fenêtres. Les/xm, ]cs gldijculs cl les Oxalis du Cap forment d'élégantes bordures; parmi ces derniers l'O. purpurea et YO. coriiua sont fréquem- ment cultivées; celle-ci s'échappe souvent des jardins et a été introduite de cette manière dans quelques flores du midi de l'Europe. On plante généralement sur les promenades le 3Ielia azedarah^ vulgai- lemcnt appelé Lilas des Indes, dont les fleurs en ont le parfum et la cou- leur, et surtout le Pinjtolucca dioica , arbre originaire du Brésil méri- tlional, remarquable par son tronc lisse, ses rameaux tendres et presque herbacés et son développement rapide , mais son bois est très-mou et sans utilité. C'est surtout au jardin d'acclimatation , à ÎIussein-Dey, qu'il faut ad- mirer la beauté des plantes exotiques qui y sont cultivées en plein air; outre les bananiers dont j'ai déjà parlé, on y voit des bosquets de j)lu- sieurs espèces de bambou, des Cusitarinas et des Aeacias de la Nou- velle-Hollande, des Araucaria, le Globba nutans et d'autres Scitaminées; des pans de murs sont tapissés par le Passiflora kermesina, mais la plante la plus remarquable à cette époque était un énorme pied de BovgainviUea spectabilis, revêtant tout le côté d'une maison d'un magnifique manteau de la couleur rose de ses belles bractées , car les fleurs sont jaunâtres et de peu d'apparence. La flore cryptogamique de ces contrées est beaucoup plus riche qu'on ne pourrait se l'imaginer d'après la latitude. On peut s'en convaincre par les premières livraisons de la partie consacrée à la botanique dans le ma- gnifique ouvrage de V Exploration scientifique de V Algérie. Je ne me suis occupé que de la jolie famille des 3Iousses , et comme je me trouvais à Alger dans la saison la plus favorable , j'en ai rapporté envii'on une ein- (juantaine d'espèces, la plupart intéressantes, mais une seulement nou- velle : c"est un très-petit Phascum q»ic j'ai trouvé près de Blidah; il res- semble l)eaucou[) au Ph. curvicollum , mais il m diffère par sa capsule — lit) — ohlongnc et par d'autres caractères. La plupart des mousses de celle r«''gion appartiennent à la division des Acrocarpes, qui se développent pendant la saison humide et disparaissent pour la plupart en été; mais les ffijpnacées, qui craignent davantage la sécheresse, y sont beaucoup plus rares. Le singulier genre /sccfcs, de la famille des Lycopodiacées, s'est enrichi, dans la flore algérienne, de plusieurs espèces nouvelles, décou- vertes ])ar M. Durieu, et deux d'entre elles présentent cette particularité remarquable qu'elles croissent sur des pelouses sèches, tandis que les espèces européennes, jusqu'ici connue^s, habitent le fond des lacs, vivant complètement sous l'eau. II. — Oran. Oran , situé à 5(55 kilomètres par mer à l'ouest d'Alger, présente un aspect tout différent et beaucoup moins agréable; il est entouré de toutes parts par des terres élevées , surtout à l'ouest par les monts Ramera ou Djebel-Santo, de formation calcaire, formant une chaîne uniforme élevée de 400 à 500 mètres, se dirigeant de l'est à l'ouest, dont un des points culminants, le mont Sanfa-Cruz, couronné d'un ancien fort espagnol, do- mine la ville, auprès duquel elle est en partie adossée. Toute la campagne environnante est découverte et paraît stérile, à cause du manque absolu d'arbres, excepté dans le ravin où est bâtie la ville, dont les flancs sont couverts de jardins arrosés par le surplus des eaux qui alimentent les fon- taines d'Oran; là sont plantés un grand nombre darbres fruitiers dont les plus ordinaires sont les figuiers, les grenadiers et les abricotiers; les oran- gers, si communs à Alger, et les bananiers ne se voient ici que très-rare- ment, à cause du manque d'eau. Cependant, malgré cette stérilité apparente, la végétation des environs d'Oran fournit encore une plus grande variété d'espèces que celle d'Alger, <'t elles sont plus spécialement propres à la flore atlantique. Les pentes rocailleuses du Santa-Cruz et les ravins du Djebel-Santo présentaient, au mois d'avril, époque à laquelle je m'y trouvais, un véritable jardin, quoique, à une certaine distance , on les eût cru complètement arides. Parmi les pelits buissons bas formés par les Lavandida dentata et niulti- fida, et le Raïuarin, on voyait le Micromeria inodora et diverses espèces de genêts, d'admirables touffes de VAnagallis collina , ouvrant au soleil leurs nombreuses fleurs écarlates, une jolie violette , le V. arborescens, formant réellement un petit arbrisseau ; VErodium guttatinn, remarquable par ses grandes corolles régulières d'un pourpre violet, marquées d'une tache noire à la base des pétales; la Lavatera maritima, le brillant Calen- dida suffruticoso, aux fleurs orangées, qui croît partout dans ces rocailles, une espèce d'armoise, A. adoralissima (Desf.), à odeur forte qui fleurit très-tard, et dont les tiges piquées par un insecte produisent une excrois- sance couverte d'un duvet laineux qui est employé dans le pays comnie - H7 — amadou . Les escarpements et les parois de rochers tom'nés au nord , sont ornés d'une foule d'espèces saxicoles , dont plusieurs sont remarquables parleurs fleurs élégantes, ce sont, entre autres, Antirrhinum tortuomm, Helichrysum rttpestre , Seriola lœvigata , Sonchns spinosus , CoroniUa glanca, Poterium ancistroïdeSy et le rare Silène Gihrcdtarica que M. Bois- sier a découvert à Gibraltar, où il n'avait pu en recueillir qu'un seul échantillon lors de son premier voyage, et qu'il a retrouvé abondamment sur les rochers du Santa-Cruz. Deux fougères remarquables, le Cheilan- thes odora et le Notochlœna lamtginosum se cachent dans les fentes des rochers et accompagnent ordinairement le Boucerosia munhyana^ sin- gulière Asclépiadée aux tiges charnues et sans feuilles, rappelant tout à fait les stapelias du Cap. Les ravins du Djehel-Santo, moins exposés à la violence des vents et à la dent dévastatrice des animaux, présentent une végétation buissonneuse plus développée, formée surtout par les Quercus pseudococcifera , Caly- cotome intermedia , qui remplace ici le spinosa, si commun à Alger, et ([ui, avec V Asparagus albus et le Rhus pentaphyUa, y forment des fourrés d'un accès diflicile; parmi ces arbustes se font remarquer VOsyris qua drifida, le Genista cephalanta et VOnonis arborescens (Desf.), qui pré- sente un tronc droit de cinq ou six pieds de haut, avec de nombreux épis de fleurs roses. A l'ombre de ces buissons s'abritent quelques espèces rares , le beau Silène pseudoatociou, le Saxifraga globulifera qui tapisse les rochers de ses nombreuses fleurs blanches avecle Linaria marginata aux jolies fleurs jaunes striées de brun, le Melilotus elegaus (Dur.), espèce annuelle à grandes fleurs blanches odorantes; enfin, sous les palmiers nains et les lentisques se cache le singulier Ceratocapnos umbi'asa, petite plante grim- pante découverte par M. Durieu, formant un genre nouveau dans la famille des Fumariacées, et dont M. Edm. Boissier a trouvé une seconde espèce en Palestine. Sur les parois des rochers et dans des excavations, à l'abri de la pluie, se trouvent quelques espèces particulières : le Polygala saxatilis, les Câmpanida mollis et]e Fmnariacorymbosa, plante remar- quable par son élégance et son extrême fragilité, au point quïl est difficile d'en détacher des échantillons sans les briser. Les décombres et les champs négligés sont couverts des mêmes plantes ([u'à Alger, accompagnées cependant de plusieurs espèces différentes ; on y remarque surtout un grand nombre de crucifères, le Diplotaxis aiiricu- lata (Dur.), avec le Brassicavaria du même auteur, ainsi que la Sinapis genicnlata, jaunissent la campagne; dans les lieux argileux on voit la Psy chine stylosa avec V Enonça vesicaria elle Cordylocarpus muricatus. On trouve aux mêmes lieux le singulier Pterantlms echinatus et VAiroon hispanicus, avec le Statice Thoiiini; ces dernières espèces indiquent ordi- nairement la présence du sel. Les routes près de la ville sont bordées de haies irrégulières, formées BELG. HORT. T. Ili. IG — H8 — par (les agaves montrant ça et là leurs longues tiges desséchées et for- mant un vase-candélabre, des cactus souvent revêtus de leur toison d'E- phcdra et entremêlés de plantes grimpantes, le Convolvidus altheoïdes et V Aristolochia gluuca. Enfin deux arbustes, le Withania frutescens, espèce de solanée aux clochettes verdàtrcs, et le Salsola oppositifolia , grand arbuste buissonneux au pied duquel s'étale le Fugonia cretica, premier représentant de la flore des déserts, et dont les jolies fleurs vio- lettes ouvertes en étoiles, exhalent Todeur du muguet. Les parties incultes de la plaine à l'est et au sud d'Oran , couvertes de broussailles et d'une apparence uniforme, présentent cependant assez de diversité dans leurs productions, selon la nature sablonneuse ou argileuse et un peu salée du sol. La famille des Cistinées fournit ici un plus grand nombre de représentants qu'aux environs d'Alger, et leurs espèces pré- sentent aussi plus de variété : les Cisliis motispeliencis, salvifolius et se- riceiis Mirh, et une foule d'hélianthèmes aux fleurs jaunes, blanches ou roses, étalent leurs innombrables corolles au soleil du matin; elles se plaisent surtout dans les lieux sablonneux; le rare Ifelianthemum Caput- felis que Boissier avait découvert en Espagne, sur la côte opposée, se retrouve en quantité sur les sables maritimes de la plaine des Andalous, elle croît en société de VHelicmthemum halimifolium , et AcVOnonis euphrasiœfolia ; c'est dans les mêmes sables maritimes que se trouvent de belles orobanchacées, la grande Plielipœa lutea et le Ceratocalyx macro- lepis, nouveau genre décrit par M. Cosson, qui est parasite sur le romarin, et qui avait été découvert en Espagne par M. Bourgeau. Le Cistus lada- niferus, remarquable par sa tige élevée, ses grandes fleurs blanches, res- semblant à des roses, et par ses feuilles luisantes enduites d'une résine aromatique connue sous le nom de ladanum^ forme des taillis étendus sur les pentes nord du Djebel-Santo, vers Mers-el-Kibir, et son bois fournit le principal combustible pour les fours à chaux de cette localité. C'est en- core dans ces lieux sablonneux qu'on trouve une jolie camomille à fleurs jaunes. Anthémis Bovei, les Centaiirea involucrata et acatdis, un bel Erodium, E. Maurikmicum (Dur.), à grandes fleurs lilas irrégulières, avec les deux pétales supérieurs marqués de taches pourpres rappelant les espèces de géranium du Cap, l'élégant Ehenus pinnatiis au feuillage soyeux, avec une foule de légumineuses et de graminées annuelles. Les terrains compactes formés d'une argile d'un rose vif, qui s'étendent au sud de la ville, vers le lac de la Senia et celui de la Sebka, ou grand lac salé, vaste espace couvert en hiver d'une eau peu profonde et qui, se desséchant en été , ne présente plus qu'un immense champ de sel, sont aussi ornés d'une végétation particulière, c'est là que le Convolvidus tri- color couvre de grands espaces de ses belles fleurs bleues, souvent accom- pagné du C. lineatus aux cloches roses et aux feuilles satinées, et de VAlthea longiflora, jolie espèce à grandes fleurs roses que j'ai découverte à Aranjuez où elle est fort rare, et qui se retrouve abonilamment dans - 119 — loule la plaine d'Oran. (/est aussi dans les lieux argileux, sur des cultures abandonnées et au bord des cliemins qu'on trouve le beau Linum (jrundi- florum , avec des fleurs ponceau marquées au centre d'un cercle plus obscur; j"ai rapporté des graines de cette espèce, qui peut-être deviendi'a un ornement de nos jardins. C'est encore là que se voient diverses espèces iVEryngiums aux feuilles raides et piquantes, dont les plus remarquables sont les i^. triquetrum, dichotomum et ilicifolium ; ces plantes ont la singulière propriété de se colorer, à la fin de leur vie, en une belle teinte (Tacicr bleui. Ce phénomène avait attiré l'attention de l'un de nos compa- irioles que je vis à Oran et qui croyait, à cause de cela, avoir découvert dans ce pays un terreau propre à produire des dahlias bleus , variété inconnue jusqu'à présent et si désirée par les horticulteurs. Les lieux où commence le sel s'annonce par la présence de la Speryu- laria média, des Melilotm compacta et Messanensis , et par diverses espèces de graminées telles (juc Hordeum mariimm, Leptunis incurratus et fiUformh, Glyceria distans et lenuifolia; diverses espèces de Fran- kemas, dont celle appelée corijmbosa par Desf. , est particulière à l'Al- gérie et forme, avec le Salicornia fruticosa et diverses espèces de statice, des gazons compactes qui permettent de parcourir de pied ferme les bords vaseux de ces lacs. Le petit lac de la Senia, qui peut avoir une demi-heure de circonférence , a des eaux assez claires et faiblement salées; elles ont fort peu de profondeur et se dessèchent presque entièrement en été; elles nourrissent quelques plantes: des Char as , la Zanicheliia, une nouvelle espèce de Riipia, la R. trichodes en tapisse le fond, et c'est dans ce petit lac que croît la cnrieviseDuriœa helicophylla, \^\anle de la famille des Hépa- tiques, mais ressemblant tout à fait à une algue; elle est formée par une l)etite feuille verte ressemblant à un ruban roulé en hélice, dont les tours vont en augmentant de la base au sommet, elle végète sous l'eau et porte les organes de la fructification sur deux individus différents (*). fLa fin au prochain numéro.) rUOVEKBE LUNATIQUE SUK LE SEMIS DES FLEURS. Dans la nouvelle lune il faut planter les fleurs ; Les semer en décours ; et par celte observiince On leur procure l'excellence Et la vivacilé des plus belles couleurs. ( L'A beille des jardins.) (1) M. Durieu vient de m'apprendrc ipie la localilé de ceUe plante intéressanlc est mainle- nant enlièrement dcfruile , on a dessèche le lac de la Senia, et il a clé remplacé par des jardins pnlagcrs qui alimentent la ville d'Oran. 120 PI. 17. » #M^, ^^^«^^ — 121 — FLORICULTURE DE SALON. LE NAUTILE DE LA MER DES INDES CONSIDERE COMME VEHICULE DE PLANTES DE SALON, Par m. Ch. Morren. La mer des Indes fournit un mollusque dont la coquille présente des ressources pour la floriculture des salons. Nous voulons parler du Nauti- lus pompilius, de Linnée : grande coquille contournée en spirale, symé- trique et chambrée en dedans, formée d'une suite de cavités séparées par des planchers arrondis et se communiquant au moyen d'un tuyau intérieur. Le dernier tour de spire enveloppant les autres est d'une capa- cité telle, lorsqu'on place convenablement la dépouille de l'animal, qu'on peut y cultiver avec facilité une foule de belles plantes, et notamment d'élégantes fougères. Quand la coquille du Nautilus n'a pas été dépolie, elle est d'un blanc mat et rayée, ou plutôt zébrée de bandes ondoyantes et de flammes fauves. Mais elle est plus belle dépolie ; alors elle présente un nacre brillant et d'une harmonie des plus douces avec le vert pur de quelques gracieuses fougères. Les Chinois et les Indiens sculptent cette coquille, et, en laissant la nacre, ils épargnent les parties blanches en ôtant tout le fauve; de là résulte des dessins singuliers, mais auxquels l'œil finit par prendre goût. Les coquilles détériorées à l'ouverture servent, étant usées horizontalement, de pieds à d'autres coquilles en- tières, soudées avec elles au moyen de chaux vive et de blanc d'œuf. Tantôt on pose le nautile supérieur sur sa petite convexité, tantôt sur sa grande, et on s'en sert alors comme d'un meuble élégant pour les tables, les meubles de toilette, les tablettes de fenêtre. Notre planche représente deux de ces positions. Dans l'une on a cultivé VAdiantum reniforme, dans l'autre le Selaipnella cordifolia, charmantes espèces de fougères que nous recommandons d'une manière toute spéciale aux dames. Deux nautiles nacrés et ornés de riches dessins coûtent, à Anvers (près du port), dans les divers magasins de coquillages, de 2S à 50 francs, selon les beautés. Par contre, on en acquiert parfois à 1 franc la couple, quand ils portent quelques détériorations, insignifiantes pour l'horticulteur, mais importantes pour l'amateur de coquilles, par exemple: la déchiqueture du bord de la bouche. Cette déchiqueture se remplit par quelque feuille ou quelque branche de fougère. Les nautiles ayant leur robe naturelle coûtent, entiers, de 2 à 5 Irancs dans la métropole du commerce belge; enfin, les nautiles nacrés, mais sans dessins, s'obtiennent de a à lOfrancs. Nous donnons ces prix afin de mettre les amateurs à même de se pourvoir de CCS meubles sans le regret de s'être laisser tiompcr par les marchands. — 122 — LADIANTUM RE NI FORME, FOUGÈRE DE SALON, Par le même. Dans CCS Nautiles, nous cultivons avec succès, et non sans ])laire aux nombreux visiteurs de nos serres, une charmante fougère de la tribu des Ptéridées, appartenant au genre des Adianthes, ou cheveux de Vénus. Nous rappellerons ici que le nom à'adiante a été tiré du grec [adiantos) pour exprimer la singulière propriété de la fronde de ces fougères, c'est- à-dire, de l'ensemble des feuilles, à savoir: de dessécher l'atmosphère, ou, en d'autres termes, de soutirer les vapeurs d'eau dont il peut être cliargé. C'est assez dire que la culture des adiantes dans les appartements un peu humides est des plus hygiéniques. VAdiante renifornie est originaire des rochers de Madère. Par consé- (|ucnt, il résiste, chez nous, à la température des serres tempérées, des orangeries, des salons, des boudoirs, des lieux de repos habités par riiomme. C'est une plante toujours verte, à fronde simple, arrondie ou réniforme, glabre, lisse, d'un beau vert, très-propre; le tout à peu près d'un demi-pied de hauteur; les pédoncules sont grêles, droits, et le rhizome écailleux et rampant. Les sores sont oblongs, contigus et forment d'élé- gants rebords bruns simi-circulaires sur le pourtour de la fronde. Cette disposition donne une grande élégance à cette espèce. On la reproduit par division de souche ou par graines, ce qui vaut mieux. Voyez pi. 17, fig. 1 , la vignette de cette jolie plante. LE SELAGINELLA CORDIFOLIA, LYCOPODIACÉE DE SALON, Par le même. Nous avons représenté, dans un des Nautiles nacrés (pi. 47, fig. 2), une espèce de Selaginella, nommée cordifolia par les botanistes, et des plus belles pour la culture des appartements. Haute d'un pied environ, la souche pousse des jets droits et branchus, d'un beau vert, aplatis et tout (^ouverts de petites feuilles dressées et cordiformes terminées par une pointe acérée. Ces feuilles se placent en imbrication et se pressent davan- tage vers le sommet des rameaux. Les branches extérieures, au lieu de se dresser et de former faisceau, s'inclinent, au contraire, et tombent négligemment vers le bas. On voit alors leurs extrémités pousser des jets allongés en épis et quadrilatères, où les feuilles, au lieu d'être distiques, occupent quatre rangs. Ces épis, d'un vert plus foncé et longs d'un pouce et plus, donnent bientôt naissance à de petits corps jaunâtres, sur la nature desquels on n'est pas encore bien fixé, mais ces corpuscules semés, il en provient de nouvelles sélaginelles. La grandeur, l'élégance, la gaieté de cette plante en fait un objet cliar- tnant pour les cultures d'appartement, et nous engageons les horticulteurs à la multiplier considérablement. 425 — PI. 18. .4 Kï.» /<■ I. t^h^''^^'^ — 124 HYDROPLASIE HORTICOLE. JAHDIMÈUES A JETS DEAU PORTATIVES, INVENTION DE M. PLASSE, Par m. Ch. Morren. j\l. Plassc (rue Saint-Honoré, G7, à Paris) a imaginé d'appliquer le mécanisme qui fait remonter Thuilc dans les lampes-carcel, à la projection de l'eau en forme de jet, sans qu'on soit obligé de retourner l'appareil, comme dans la fontaine d'Hyéron. Une fois le succès obtenu par ce moyen, il devenait facile d'appliquer l'appareil aux jardinières ou aux vases dans lesquels on cultive des plantes. Notre plancbe 18 représente à la fois et l'un et l'autre de ces meubles , dont le centre projette un jet d'eau au milieu de mousses, de lycopodiacées ou de plantes qui aiment les eaux. On peut convertir la jardinière en réservoir de poissons rouges en même temps qu'on y cultive des plantes florales. On peut même, en maintenant les végétaux à une certaine dislance, faire jaillir des eaux de senteur dans un salon parfumé et par ces eaux, et par les flevu's. Il sera facile de faire varier les ressources qu'on peut obtenir de ce genre d'ap- pareil. Son prix dépend plus de l'ornementation que du système de pro- jection qu'on y emploie. Les dimensions qu'on peut donner à l'appareil permettent de s'en servir soit à table, soit sur la tablette d'une cheminée, un guéridon, le devant d'une fenêtre, etc. La modicité de son prix l'introduira dans les habita- tions même les plus modestes. L'eau éjaculée sert de nouveau à alimenter l'appareil. On peut , par des procédés, augmenter, adoucir, régler et faire varier le bruit, ou mieux, les sons que l'eau fait naître dans sa chute. Les anciens avaient mieux étudié que nous les symphonies hydrauliques qui avaient pour eux le plus grand charme. « Les Orientaux modernes, dit le spirituel horticulteur Brès , produisent parfois des sons très-agréables au moyen de filets d'eau de diverses grosseurs, tombant dans des bassins de formes et de grandeurs différentes. L'harmonie musicale est répandue dans toute la nature : c'est à l'homme à l'y chercher, à la développer, à lui donner tous ses attraits. )> Osez; Dieu fit la terre, et l'homme l'embellit. i> Ananas dOlalnli — 425 ~ JARDIN FRUITIER. L'ANANAS D'ANSON, OU L'ANANAS DOTAIIITI , Pau m. Ch. Morren. Nos amatciirs-cuîtivatcurs d'ananas ne cultivent guère, en Belgique, que l'ananas ordinaire, le type de l'espèce. La plupart des variétés pré- conisées et dont quelques-unes sont remarquables par leur grosseur ou leur coloris, ont été successivement abandonnées pour laisser de nouveau leur place à la sorte ancienne et primitive. Les gros ananas surtout ont donné lieu à des déceptions : la plupart sont creux, fades et sans saveur, comparativement, du moins, à celle qu'on s'attend à trouver dans le roi des fruits. Cependant, les Anglais placent très-haut dans leur estime l'ananas de lord Anson, qu'on appelle encore ananas (VOtahiti, bien que ce ne soit nullement cette île qui ait produit cette variété. On attribue sa naissance à une graine d'un ananas sauvage (on sait que les ananas cultivés sont stériles) qui aurait germé à Sliugborough, dans les bâches de lord Anson dont il porterait donc légitimement le nom. Cet ananas aui'ait quatre mérites spéciaux : le premier, sa beauté; le second, sa précocité ou sa facilité de se mettre en fruit de bonne heure; le troisième, sa promptitude à exhaler son arôme et son pouvoir de le conserver longtemps, et, enfin, rexcellence de sa saveur hautement par- fumée. A ces avantages, il faut en ajouter un cinquième : c'est que les feuilles de cette variété se maintiennent presque droites, de sorte que la plante occupe un bon tiers moins de place qu'un ananas ordinaire. Un fruit ordinaire pèse aux environs de 2 kilogrammes , et les plus gros, mais ceci arrive rarement, en pèsent 4. Voici ses caractères : Feuilles droites , étroites, régulièrement et fortement dentées, d'un vert jaunâtre, glauques comme à l'ordinaire, les dentelures plus jaunes et ponctuées de brun. Fleurs grandes, d'un lilas pâle. Fruit arrondi, aminci en haut, devenant, en mûrissant, d'un vert olive- foncé, couvert d'une farine blanche ; à sa maturité, d'un jaune orange-foncé, avec des espaces verdâtres entre les aréoles; aréoles plates, ordinaire- ment grandes, avec la bractée courte, petite et blanchâtre. Chair d'un jaune pâle, un peu cassante, douce et très-parfumée; jus abondant, frais et subacide; couronne petite, ordinairement un peu purpurine. On peut se procurer cet ananas communément en Angleterre ; les hor- ticulteurs du continent qui ont des relations outre-Manche, sont à même de le fournir aux amateurs. i;F.L(i. IIOT. T. III. 17 ARBORICULTURE. f . , \ LE CYPRES FUNEBRE OU PLEUREUR, OU CUPRESSUS FUNEBRIS V \ I>ES BOTANISTES, Par m. Cii Morren. ' écailles mucronces. La planche 20 donne l'idée d'une branche de ce cyprès, qui devient en ce moment populaire dans les jardins. Lindley y voit un substituant au saule pleureur, et une espèce susceptible d'opérer une révolution sem- blable à celle produite naguère par cet enfant exilé de Babylone dans les paysages européens, les lieux de repos, les parcs et les jardins. Jusqu'à présent, on n'a pas constaté de pertes par le froid de nos hivers, et il est peu probable que nous aurons à déplorer sa délicatesse. Le cyprès funèbre paraît être un arbre résistant et fort. On le cultive absolument comme les thuyas, les pins ou sapins, en lui laissant toutefois de l'espace pour laisser tomber ses branches. Dans les climats plus fortunés que celui de la Belgique, par exemple, à l'île d'Hyère, M. Rantonnet nous écrit des merveilles de son introduction. En France, le cyprès pleureur ne peut manquer d'arriver à une grande popularité. Les horticulteurs de Belgique, ou M. Rantonnet lui-même, tiennent de jolis pieds à la disposition des amateurs, à un prix fort raisonnable (2 fr.) et qui ne peut manquer de les voir introduire de suite dans nos maisons de campagne. Y — 127 — PI. 20, AISBC/C/i « — 128 — ANIMAUX NUISIBLES. DESTRUCTION DU KERMÈS ET DU TIGRE, Par m. Martin. Après avoir plusieurs fois fait usage, avec plus ou moins de succès, (les moyens que nous indiquent plusieurs auteurs célèbres, pour détruire les insectes nuisibles à la végétation des arbres fruitiers, je viens aujour- d'hui soumettre à votre appréciation un fait qui m'est particulier. J'avais, l'an dernier, deux arbres : un pêcher et un poirier en espalier, attaqués, le premier, d'un insecte connu sous le nom de kermès, le second, du tigre ou grise. Ayant remarqué, dans le courant de juin, qu'après une végétation active la sève de ces arbres s'était subitement arrêtée, j'en recherchai la cause, et je reconnus que l'épiderme des feuilles et des jeunes bourgeons était piqué d'une multitude de petits insectes que l'œil pouvait à peine découvrir. Je fis plusieurs injections d'eau pure qui de- meurèrent sans résultat; tous ces insectes étaient inhérents aux jeunes pousses. Au bout de quinze jours, les feuilles manquant de sève, devinrent sèches et noires. J'abandonnai ces arbres jusqu'au mois de novembre, époque où ces insectes sont à l'état de larve. La tige, ainsi que les membres, en était couverte, et leur adhérence était telle qu'il me fut difficile de les détacher avec un grattoir. Cette opération terminée, je donnai, avec un pinceau, une forte couche d'huile de poisson à ces arbres entiers, mais surtout aux embranchements et à la partie tournée vers le mur, où ces insectes cherchent un abri contre les rigueurs de l'hiver. Ce procédé m'a parfaitement réussi ; l'huile fut comme un tonique pour ces arbres qui, vivifiés par une sève abondante, donnèrent beaucoup de nouvelles branches où je n'en attendais pas. Un des résultats non moins avantageux pour ces arbres, c'est que, l'an dernier, ils étaient couverts de fourmis, attirées par les sécrétions sucrées du kermès et du tigre; ils ont, cette année, une écorce très-lisse et n'ont à souffrir d'aucun insecte. [Bullelin de la Société dliorticulture de l'Aube, 4852.) ATTAQUE DE LA VIGNE PAR LA GRANDE GUÊPE. La grande guêpe [vespa crabro, L.) attaque les vignes déjà souffrantes ^ar Voïdium. On en a constaté cette année une plus grande quantité que les années précédentes ; ou dépose dans les serres à vigne une bouteille renfermant de leau édrdcorce par de la mêlasse ou sucre brun. Ces grandes guêpes viennent se noyer dans ce liquide. Il faut éviter de les saisir vivantes, parce que leur dard est fort long et que sa blessure est douloureuse. — 129 — PLANTES NUISIBLES. L'0IDIU3I ÉPARGNE TOUTES LES AUTRES VIGiNES QUE LA VIGNE A VIN , Par m. Pépin. J'ai remarqué, depuis l'invasion de Voidium , que la plupart des ampé- lidées exotiques ont été préservées de cette maladie, jusqu'à ce jour, au Muséum. Ainsi V Ampélopsis bipinnata, le C Issus quinquefolia des États- Unis, le Cissas heterophylla du Japon, ainsi que le Cissus orientalis, se sont développés avec autant de vigueur que les années précédentes. Dans le genre Vitis proprement dit, je citerai les Vitis lahrusca, vulpina, cordifolia, Virginiana , ainsi qu'une variété envoyée d'Amérique il y a trente ans sous le nom de vigne de Masachussets (vigne d'Alexandrie ou vigne Isabelle) , que l'on recherche dans beaucoup de jardins à cause de la couleur et de l'arôme particulier de ses fruits, et de l'extrême ampleur de son épais feuillage couvert de coton au-dessous. 31. le vicomte lléricart de Thury a remarqué, de son côté, dans sa propriété de Thury, que cette vigne de Masachussets , quoique placée en espalier entre des vignes ma- lades, a été préservée jusqu'à ce jour. [Revue horticole, 1832.) LE BLANC DU ROSIER GUÉRI PAR LE SOUFRE , Par m. Ch. Morren. On sait qu'un des plus redoutables ennemis des jeunes rosiers est ce qu'on appelle vulgairement le meunier ou blanc des rosiers. Ce blanc est une muccdinée connue des naturalistes sous le nom d'Eriphepannosa, de Link. Ce champignon forme un lacis dense de filaments blancs, nombreux et mêlés. On ne parvient pas à en débarrasser les feuilles et les bourgeons au moyen de brosses et de lavages réitérés. L'eau semble propager au contraire le mal. Un de nos abonnés, M. Vandoren, de Bruxelles , nous écrit qu'il es( parvenu à détruire complètement ce fléau sur les rosiers par la fleur de soufre. Il a agi sur ses rosiers comme sur la vigne. Un soufflet surfurisa- Icur a couvert ses rosiers par dessous et par dessus d'une fine poussière de soufre, après avoir humecté les parties malades d'eau ordinaire. Dix jours après l'opération, les rosiers étaient sauvés, l'érysiphé était détruit et une lirillantc végétation a succédé à l'état maladif. — 150 — CULTURE maraîchère. I/ABECEDAIRE DES JARDINIERS, LE CRESSOxX DE PARA ET LE CRESSON DU BRÉSIL DES HORTICULTEURS, LA SALIVAIRE DES MÉDECINS , Par m. Ch. Moruen. On emploie dans l'art culinaire français , très-haut placé comme on le sait généralement dans l'estnne du monde civilisé, une plante dont ]"his- toire est encore assez obscure et de plus entachée de quelques erreurs (|ui ont cours dans les traités d'horticulture maraîchère , même les plus récents. Nous voulons parler des abécédaires, et ne croyez pas qu'il s'agisse ici tle l'A. B. C. D. de l'horticulture , mais bien d'un objet placé bien loin des éléments de la science. D'abord, qu'appelle-t-on abécédaires ? Le Bon jardinier donne ce nom à deux plantes qu'il croit distinctes : le cresson de Para et le cresson du Brésil, le premier serait le spilanthes oleracea de Linnée, le second le spilanthes fusca de l'H. P. , c'est-à-dire de {'kortiis parisiensis, lequel avait pour auteur Lamarck. Remarquons déjà une erreur, c'est que Linnée écrivait spilanthus :c'esl Jacquin qui écrivait spilanthes. Le Bon jardinier a-t-il bien raison de nommer abécédaires ces spilan- thes ? Nous ne le pensons pas. Ce nom a été donné par Rumphius au ■sjnlanthi(s acmella L. ABCdaria, voilà comment il l'appelle dans son Histoire des plantes d'Amboine, vol. G, p. 145, pi. 65, et Ton ne sait pas trop pourquoi cette composée de Ceylan fut nommée ainsi. Rumphius ne put pas nommer du même terme le spilanthes des cuisines, puisqu'il ne connut pas ce dernier. Il y a donc là transport de noms d'une espèce à une autre. Puis, il n'y a pas de cresson de Para et de cresson du Brésil comme deux espèces distinctes. Ces deux plantes n'en sont qu'une comme espèce, seulement ce sont deux variétés d'un même type ou plutôt le cresson du Brésil est une variété de celui de Para. Les synonyiiies du cresson de Para sont : Bidens acnielloïdes. Berg. — Bidens f'ervida. Lam. — Bidens oleracea. Cav. — Pijrethrum spilanthus. Medic. — Le tout devient le spilanthes oleracea. Linn. (avec la restitution de l'orthographe de Jacquin). Cette espèce a une variété brune : c'est le spilanthes oleracea var. /3 /)/.sca de Desfontaines, de Persoon , etc. Le Bidens fusca de Lamarck, le spilanthes fusca des horticulteurs modernes. Le cresson de Para fait partie de la seconde section du genre spilanthes, appelée celle des Sali\ aires, salivaria , nom qui indique déjà la propriété — 151 — de provoquer la sécrétion de la salive. De Candolle caractérise comme suit le spilanthes oleracea (Prod. V, p. 624) : Tige rameuse diffuse; feuilles opposées pétiolées , larges, ovales, obtuses à la base, tronquées et sub- cordées, ondulées et subdentées, pédicelles terminaux, monocépliales, plus longs que la feuille, capitules épais, ovales, discoïdes, involucre formé de 15 ou 1 G écailles ovales-oblongues, achènes ciliés aux angles et pourvus de deux arêtes ou mutiques. Toute la plante est d'un vert foncé, la corolle est jaune au milieu de son disque. Dans la variété fvsca (cresson du Brésil) la corolle est brune au milieu de son disque et les feuilles sont encore plus brunes. De Candolle met en doute si , comme le dit Wildenow , cette composée annuelle est originaire de ITnde orientale, mais il pencbe pour l'Amérique méridionale ; son nom borticole indiquerait que la plante est venue du Brésil , et il est certain pour lui que depuis cinquante ans (De Candolle écrivait ceci en 184G) la salivaire avait été introduite dans les jardins d'Europe. Or, dans ses synonymes, le botaniste de Genève cite Bcrgius et les actes de l'académie de Stockbolm. Cet ouvrage aurait pu lui apprendre la date précise de l'introduction du cresson de Para parmi nous. Bcrgius écrivit la première histoire de cette plante sous le nom de Bidens acmel- loïdes, et en 1768 il avait déjà obtenu des graines mûres de pieds cultivés à Stockholm. C'est donc avant cette année que le cresson de Para fut in- troduit dans ces contrées du nord. M. Jacques et Herincq , dans leur Manuel général des plantes cultivées, se sont donc trompés en assignant l'introduction de ce légume condimenteux à 1770. On sème les graines en mars ou avril, sur couche et sous châssis, pour repiquer après les gelées , sinon les pieds sont pris du froid auquel ils ne résistent pas. On choisit une exposition chaude, au sud, un terrain léger mais gras et on arrose souvent. Cependant en Hollande, où les affections scorbutiques sont communes, on cultive le cresson de Para directement en pleine terre ; on le sème en mai et il croît vite dans les sables échauffés et engraissés de ce pays. Le cresson de Para s'emploie avec succès comme cresson avec les viandes et dans la salade : il est excessivement fort et piquant. Il excite les glandes salivaires et produit une abondante sécrétion de salive. Son action sur les gencives est bienfaisante, et ce mets est utile aux personnes qui ont de mauvaises dents et les chairs de la bouche faibles. Une parti- cularité des capitules ou des têtes de lleurs de cette plante, c'est que si l'on s'en frotte les gencives, on éprouve d'abord un fourmillement ou un picotement dans ces parties, puis la salive coule et enfin on éprouve un sentiment de froid ou de fraîcheur singulier qu'il serait bien difficile d'ex- pliquer. Nous avons vu les personnes amateurs de cresson , estimer celui de Para comme le plus fort et le manger avec plaisir. — 152 — LES PÈCHES A L'EAU-DE-VIE , Par un Amateur. La pêche est un fruit dont lu chair est molle et fine, pleine d'un suc rxqnis quand elle est mûre; mais, dès qu'elle devient trop molle, elle est déjà passée : la peau des meilleures est très-fme et se détache facilement. Le dedans de ce fruit est d'un rouge vermeil. Je ne parle pas de toutes les pêches : il suffît de dire que celles dont la peau est fine et bien colorée, la chair ferme, douce et bien succulente, d'un goût sucré , cependant relevé, vineux et parfumé, le noyau petit, et qui quittera facilement le fruit, auront toutes les qualités qu'elles peuvent avoir, et mériteront la j)référencc sur toutes les autres. On peut conserver ce fruit, par le moyen de l'cau-de-vie , plusieurs années, et ajouter même un degré à la bonté naturelle de son parfum, en apportant à la façon de le conserver toute l'attention qu'elle mérite. Il faut choisir les plus belles pêches qu'il sera possible de trouver, qui ne soient pas tout à fait mûres et les cueillir dans un temps sec et au milieu du jour, afin que l'humidité en soit bien essuyée. On les prendra sans taches et on essuyera le duvet qui les couvre. On les fendra jusqu'au noyau, pour donner au sirop et à l'esprit-de-vin la facilité d'en pénétrer l'intérieur et de les confire à fond, afin qu'elles puissent se conserver. Cette préparation faite, on met, pour confire un cent de pêches , huit livres de sucre et six pintes d'eau dans un poêle que l'on place sur le feu. Quand le sirop est prêt à bouillir, on le clarifie, en y mettant deux blancs d'oeufs fouettés avec un peu d'eau. On enlève l'écume qui se forme à la surface et on continue de le faire bouillir jusqu'à ce qu'il ait pris un peu de consistance. Alors on y met les pêches par parties pendant qu'il est bouillant, et on les laisse quelques minutes. On retire les pêches avec une écumoire à mesure qu'elles blanchissent, îl faut être prompt à les retirer, parce que celles qui cuisent trop sont perdues , et tout au plus on peut les servir comme compote, mais elles ne valent plus rien pour être confites à l'eau-de-vie. Quand on retire les fruits du blanchissage, il faut avoir soin de les arranger à mesure sur une table couverte de linge blanc, pour les laisser égoutter, et observer de les poser sur leur entaille, afin que l'eau que le fruit a prise au blanchissage s'écoule et qu'il ne reste que le suc et le par- fum du fruit. Pendant que le fruit s'égoutte et se refroidit, on achève le sirop que l'on fait épaissir jusqu'à ce qu'il commence à candir ou à cristalliser. On le retire du feu. On le passe dans un tamis ou à travers un linge; on le laisse refroidir. On y met 4 pintes d'esprit-de-vin et on le verse sur ces pêches dans des bouteilles à larges ouvertures. Les pêches nagent d'abord librement, puis elles vont au fond. C'est le signe qu'elles peuvent se con- server, en bouchant les bouteilles, plusieurs années de suite. 4afe«*Si^ -.-ii!^ri;â;^3ss: 1.3. [/ilimii oinanlctini. Wall 4, icMK^psiciiinn acaule reicli. — iùù — HORTICULTURE. NOTICE SUR LE LIS GIGANTESQUE, LILIUM GIGANTEUM, MA- GN[FIQUE ESPÈCE VIVACE, DE PLEINE TERRE, ORIGINAIRE DE L HIMALAYA, Par m. Ch. Morren. Les lis forment, sans contredit, un des plus beaux genres de plantes qui puissent se cultiver. Nous ne reviendrons pas ici sur la littérature des différentes espèces qui le composent et qui a été exposée avec autant d'élégance que d'érudition dans le premier volume de la Belgique horticole, par l'honorable M. De Cannart d'IIamale, président de la Société royale d'horticulture de Malines. Nous avons à constater ici la découverte et l'arrivée en Europe du prince des lis, comme le nomme M. Hooker, le Lilium giganteum, décrit naguère par le docteur Wallich. Nous figurons ci-contre le port, les fleurs et le pistil de cetle remarquable espèce [voyez pi. 21, fig. I, 2, 5). Voici sa diagnose : LILIUM GIGA^TEUM. Wall. Elalum, ro- LIS GIGANTESQUE. Wall. Planteélancée, bustuni; foliis iiiferioribus longe peliolatis, amplissimis , cordulo-roluiidatis, brcvi acu- robusle; feuilles inférieures longuement pé- liolées, très-amples, cordées-arrondies, briè- minalis, superioribus sensim minoribus. laie venient acuminées, les supérieures peu à peu ovatis, minus peliolatis; floribus iniidiiùhiis plus pelilcs, larges, ovules, moins péliolées ; in racemum longum bracteatis disposilis; sepalis oblusis, apice palentibus. (Hook.) fleurs pencliées, pourvues de bradées et dis- posées en un long épi; sépales obtus, planes au sommet. (Hook.) Lilium gigantcum. Wall. Tent. 11. nep., p. 21, 212, 13 (excl. syn.). — Roem. et Sch. syst. Veg., vol. 7, p. -419. — Spreng., syst. Veg., vol. 4 p. ô42. — Zucchar. inSieb., FI. Jap., vol. i, p. 35 (in nota). — Kunlli. Enum. planl , p. 2G8. Lilium cordifuUum. DonProdr., fl. nep., p. 52 (excl. syn.). Quand M. Dieudonné Spae, horticulteur de Gand, publia, dans les Mémoires des savants étrangers de l'Académie royale des sciences, lettres et beaux-arts, son travail sur les espèces du genre lis (1 845), il lui manquait les renseignements déjà publiés par le docteur Wallich, sur cetle espèce que le savant docteur avait découverte naguère dans les endroits ombrageux duShéopore au Népaul. n Ce lis gigantesque, écrivait aloi^sle célèbre direc- teur du Jardin botanique de Calcutta, est majestueux; il s'élève parfois à une hauteur étonnante: un exemplaire portant des fruits, destiné au Musée de la Société des Indes orientales, mesure dix pieds de la base du collet au sommet de la plante. Les fleurs sont grandes en proportion et répandent une délicieuse odeur, analogue à celle du lis blanc. » Le major 3Iaddeu envoya, il y a cinq ou six ans, des graines de cetle belle espèce à M^I. Cunningliam, propriétaires de la pépinière de Comely- Bank, près d'Edimbourg. Us cultivèrent ce lis en silence, et en juin 18î)2 BELG. HORT. T. Ml. 18 — 134 — ils le virent porter des fleurs pour la première fois. Ces fleurs sur leur épi furent ?» leur tour envoyées par le professeur Balfour, d'Edimbourg, à sir William Hooker, qui s'empressa d'en faire graver le dessin, pour donner à cette importante importation la publicité qu'elle mérite à tant de droits. Nous regrettons, pour notre part, que le format de notre i)u- blication ne permette pas de représenter plus fidèlement un lis de dix pieds de hauteur et dont la culture a plutôt augmenté les beautés. En une seule saison, le lis gigantesque a acquis cette hauteur, et la partie de la hampe qui porte les fleurs, mesure elle-même au delà de dix pouces de longueur. Un épi de cette ami)leur accompagné de feuilles, qui elles-mêmes atteignent de dix à douze pouces de longueur sur une largeur de huit, doit produire un effet des plus grandioses dans les jardins. Ce qui ajoute un grand prix à ces qualités, c'est que les bulbes ont été cultivées sans chaleur artificielle et en pleine terre. Ce sera donc une acqui- sition qui fera honneur à notre siècle, et aucun doute ne peut s'élever sur la prompte popularité que doit acquérir à notre époque ce prince des lis, comme l'appellent les horticulteurs d'Angleterre. D'une rosace de grandes feuilles arrondies et cordées, s'élève une hampe atteignant la hauteur de l'homme et s'élevant au-dessus d'elle presque du double; les fleurs élégantes, penchées pour permettre au spectateur de les contempler dans toute leur beauté, ne sont pas, comme le disaient les descriptions anciennes, verdâtres à l'extérieur, roussàlres à l'intérieur, ni d'un blanc- terni maculé en dedans de taches violettes, mais ces fleurs sont au contraire blanches, avec cette teinte un peu verte qu'on retrouve aussi sur notre lis blanc, et en dedans, d'élégantes stries ou bandes purpurines-foncées rehaussent cette blancheur. Sir William Hooker rap- porte, en parlant de cette fleur blanche et rouge, que le roi de Danemark, Frédéric VII, a nommé commandeur de l'Ordre de Danebrog M. le doc- teur Wallich, ordre dont le cordon est précisément formé des mêmes cou- leurs. Celte analogie entre une fleur et une récompense royale est digne d'être remarquée à cette occasion. Nous venons de dire que M. Wallich a découvert le lis gigantesque dans les endroits ombragés duShéopore, au Népaul. Le baron Hugel le retrouva au Peer-Punjal, passé l'Himalaya, et le fils de sir William Hooker, le docteur Hooker, revit la même espèce sur une longue partie des collines apj)artcnant à cette chaîne. Le major Madden prit ses graines dans les forêts même de l'Himalaya, où la plante paraît être fort commune, sur- tout dans les provinces de Kamaon, Guiwall et Buschur. Elle croît spon- tanément dans du terreau noir, les bulbes presqu'à la surface du sol , à des altitudes au-dessus de l'Océan de 7,500 à 9,000 pieds, contrées cou- vertes de neige depuis novembre jusqu'au mois d'avril. Les tiges creuses de lahampe, longues de six à neuf pieds, servent aux habitants pour faire des instruments de musique, des chalumeaux surtout. Le fruit mûrit en novembre et décembre. — 153 — Il ne peut y avoir aucun doute que la plante ne se naturalise dans nos jardins, dùt-ellc ne pas donner plus de graines mûres que notre lis blanc ordinaire; les lis se reproduisent si facilement par les écailles des bulbes ou même par des divisions de ces écailles, qu'on peut en obtenir une grande quantité en peu de temps. Les borticulteurs feront une excel- lente spéculation de se livrer au plus tôt à cet important commerce. DE LA CULTURE DU BANANIER CHEZ LES ARABES ET LES ESPAGNOLS , Par m. Clément Mullet. Cette note est extraite, pour la plus grande partie, d'un Traité d'agri- culture écrit par un More espagnol, Ibn al Awam, de Séville, qui vivait vers l'an 000 de l'iiégire, c'est-à-dire vers le xir siècle de l'ère cbrétienne. Ce Traité comprend des extraits des divers auteurs arabes, grecs et ro- mains qui avaient écrit sur l'agriculture, auxquels notre Espagnol a joint le résultat de ses propres expériences. C'est, en quelque sorte, une ency- clopédie assez complète pour son époque, et dans laquelle on peut encore aujourd'liui trouver des préceptes et des renseignements fort utiles et très-profitables. J'ai cru, pour compléter l'bistoire de la culture du bananier en Orient, devoir donner par extrait et en abi'égé celle pratiquée aujourdliui en Egypte, d'après un travail de feu M.Bové, directeur desjardins dlbrabim- Pacha, contenant ses observations sur les cultures d'Egypte ('). Le bananier, suivant Abouf Taii, a des feuilles très-longues, arrondies par le bout et aplaties en partie. La longueur de ces feuilles est (pielque- fois de douze palmes (2'", 75) sur une largeur de trois palmes (70'') (^), suivant l'agriculture mabatbéenne, le sol le plus convenable pour le ba- nanier, c'est une terre noire et grasse, sans aucune saveur. 11 exige une culture très-assidue et des soins continuels. Le vent du coucliant et celui du nord lui sont nuisibles, particulièrement le premier, tandis que les vents du midi et du levant lui sont favorables. (1) Exirail (les Annales île l'Inslilut liorlicole de Fromont. (Paris, M™<: HuzarJ, 1833.) Sui- vant cet ouvrage, l'espèce cullivée en Égy|)te est le Ahisu Paradisiaca. En considérant la di- mension donnée à l'arbre que décrivent nos auteurs arabes, on ne peut pas douter qu'il ne s'agisse d'une autre espèce. M. Dové ajoute ce fait curieux, c'est que cet arbre, cultivé en Palestine, en Syrie et en Arabie, y donne des fruits plus gros : ce qui prouverait l'inlluence du climat sur leur volume. (2) Pour base de cette évaluation, on a pris la valeur donnée par l'.Ann. du bur. des longit. à la Palme de Valence (0ni,23,23), qui diffère peu de l'évalualion donnée à celle mesure du Chabre (0'",2:î,0!)), dans la Descripl. égypt., l. 7. Ici la longueur de la feuille est prise de sa naissance. — 136 — Quelques agriculteurs espagnols disent que le bananier ne prospère point dans les terrains exposés au froid., et qu'il lui faut un sol qui soit dans de bonnes conditions de température : telles sont certaines parties du littoral abritées des venls, humectées par d'abondantes rosées et bien éclîauffées par les rayons du soleil. Ilcdjaj dit que le bananier pousse une espèce de cayeux, à Taide duquel il se propage, il se reproduit encore coiiime la colocasie [Arum coloca- sia. Linn.). Les deux auteurs déjà cités disent que des terrains destinés au bananier doivent être préparés d'avance par un bon labour. Ensuite, on pratique des carreaux à la proximité desquels on dispose des murailles, de façon à avoir l'exposition du midi et en plein soleil ; on applique un engrais léger et on arrose ensuite. Vers le mois de mars, on arrache les drageons avec leurs racines, on les plante dans des carreaux, dans des trous de la pro- fondeur de deux à trois palmes (O^iGG ou 0™,(J9), en laissant entre chaque trou une distance de six coudées ('). On recouvre ensuite avec de la terre et du fumier pour conserver la fraîcheur du sol, en prenant bien soin de ne pas trop le fouler avec les pieds. On arrose en faisant la plantation ; on continue de le faire une fois tous les quatre jours jusqu'à la fin de mars, puis on ne donne plus d'eau que tous les huit jours. Quand vient l'hiver, on arrose en donnant aussi de l'engrais ; on couvre pendant la nuit pour garantir la plantation contre la gelée, la neige et tous les acci- dents qui peuvent survenir dans cette saison. On découvre pendant le jour pour que le jeune végétal reçoive la chaleur du soleil. Si pour la reproduction on a employé des cayeux, le travail et les soins à donner sont en tout les mêmes que ceux que nous venons de décrire. Quelques praticiens conseillent de faire la plantation dans une terre qui ne soit point sèche, et d'arroser souvent, jusqu'à ce que le plant ait atteint dix palmes (5'", 58), c'est-à-dire qu'il ait atteint sa taille ordinaire. Le bananier donne du fruit au bout de deux ans. On voit alors appa- raître au sommet unique, qui souvent, et c'est le cas le plus habituel, est du poids de cinquante rotlz ou livres communes. 11 arrive quelquefois qu'il descend au-dessous de ce poids, au quart, et même plus bas. On coupe ce régime lorsqu'il est encore vert, et que les fruits, encore durs, n'ont point encore atteint leur maturité; on le suspend dans l'intérieur des maisons, où il achève peu à peu de se mûrir. Le bananier se reproduit encore de lui-même au moyen de ses nom- breux rejetons. Quand le régime de banane a été coupé, la tige se des- sèche, tombe, et se retrouve remplacée par un rejeton qui croit et pousse tout naturellement, sans qu'il soit besoin de rien recoucher ni provigncr. (1) C'esl-à-dire 3™,22, en prenant la coudée dile d'Almanwun, évaluée à 0'",51,!)6. (De»cr. de l'Egypte, t. 7, éd. Panckouke.j — 157 — Cet arbre exige beaucoup d'eau, et la terre dans laquelle il est plante doit être entretenue dans un étal continuel d'buniidité, sans que jamais on la laisse se dessécher. Il y en a qui prétendent que le bananier se reproduit par le moyen de la colocasic. C'est une de ces fables agricoles transmises de génération en génération malgré leur futilité, et qui nous prouvent que dans l'Orient, comme dans l'Occident, les ignorants sont toujours en dehors du raison- nement et de l'expérience. Si ce fait que racontent de bonne foi les an- ciens écrivains et les agriculteurs actuels était vrai, un noyau de datte, placé dans la racine tubéreuse de la colocasie {Arum colocusia. Linn.) et mis en terre, donnerait naissance au bananier, parce que, dit-on, la banane semble tenir, pour la qualité et les propriétés, de la colocasie et de la datte. C'est tout comme si l'on prétendait que l'amande amère, placée au milieu d'un melon, donnerait naissance à un abricotier, parce que le fruit aurait la saveur de l'un et le noyau de l'autre. Je ne fais qu'indiquer cette fable, que je ne pouvais me dispenser de citer, puisqu'elle tient à riiisloire de la culture de Tarbre qui nous occupe. La culture du bananier, telle quon la pratique maintenant en Egypte, parait se rapprocher de celle que nous venons de décrire. Anciennement cultivé pour Tagrément, dit feu M. Bové dans Touvrage cité plus haut, le bananier ne se voyait point en dehors des jardins; mais Ibrahiin-Pacha, dont l'active intelligence a donné une impulsion si vive à l'industrie de toute espèce en Egypte, a l'ait beaucoup de dépenses pour amener la cul- ture en grand de cet arbre; aussi, la voit-on pratiquée en divers endroits où elle était inconnue. Quand on veut faire une plantation de bananiers, continue feu M. Bové, on choisit un terrain limoneux et arénacé qu'on puisse facilement arroser. Pour première préparation, on donne un labour à la terre, on fait ensuite des trous de trois à quatre décimètres de large, sur cinq de profondeur. On piend des rejetons qu"on sépare de la plante-mère, en ayant soin de conserver la motte ; on les met en place en nivelant la terre. Quelquefois on pratique des rigoles pour donner de l'eau par irrigation tous les huit ou dix jours. On donne au jeune plant un binage de temps en temps, afin de détruire les mauvaises herbes. Si on a des rejetons d'une bonne force, qu'on les entretienne bien en leur donnant de fréquents binages et ne laissant jamais attendre l'eau longtemps, on les voit pousser et se développer dès la deuxième année. Les fruits du bananier commencent à mûrir au mois de septembre, et pour hâter leur maturité, on coupe la spalhe pour la mettre quelques jours sur la paille. On mange ces fruits crus ou cuits, ou préparés de diverses manières. Tels sont les préceptes sur la culture du bananier que nous ont transmis les anciens auteurs arabes, les agronomes d'Espagne du xii'' siècle, et ceux aujourd'liui en usage en Egypte. Sans doute , il en est qui trou- — 158 — veront leur application dans nos pays occidentaux , où le bananier ne se montre que dans les serres chaudes, exigeant les soins les plus assidus et qui souvent encore soni fort mal récompensés. J'ai cru vous inté- resser en mettant sous vos yeux le tableau de la cullui^e d'un végétal extrêmement curieux, qui fait un des plus beaux ornements des grandes serres et que nous avons vu se développer si bien et si complètement par les soins et Tliabiletë du directeur des jardins de Sainte-Maure, D'autres horticulteurs veulent aussi tenter cette culture; on ne saurait trop les encourager : c'est pour eux particulièrement que j'ai écrit. L'homme in- telligent sait étendre ses ressources en s'appropriant des méthodes et en se créant des procédés avant lui inconnus et qu'on ne soupçonnait pas. CULTURE DES EPACRIS, Par m. Pelletier. I Les épacris, dit M. Pelletier, demandent une bonne terre de bruyère sablonneuse et finement tamisée. Celles qui ont trois ou quatre ans au moins doivent être rempotées deux fois par an : 1° de janvier à mars, après la floraison; alors on en réduit la motte, et on profite de cette opé- ration pour faire la taille de quelques-unes d'entr'elles. On doit retran- cher, à 0™,08 ou 0'",10 de leur insertion, les rameaux des variétés qui poussent naturellement droites, tandis que les miniata, la grundiflora et autres, dont la floraison est presque perpétuelle, n'ont pas besoin de subir cette taille; !2" en août, un peu avant leur rentrée, elles seront mises avec toutes leurs racines dans de plus grands pots, placées dans les endroits les plus éclairés des serres ou sous châssis, et seront aérées chaque fois que la température le permettra. Les plantes plus jeunes pré- fèrent la culture en pleine terre de bruyère. A cet effet, au mois d'avril, on dispose, à une exposition abritée des rayons solaires trop directs, un coffre semblable à ceux en usage pour les primeurs. Le sous-sol sera tapissé avec la partie la plus tourbeuse de la terre, laquelle sera recou- verte de terre plus sablonneuse, criblée et d'une épaisseur de 0"',15 à 0'",20, selon l'âge des plantes quon doit y fixer. Par ce moyen, leur conservation est facile et leur végétation luxuriante, ce qui permettra de leur donner une belle l'orme par le pincement ; elles seront arrosées avec moins de réserve, surtout dans les journées chaudes et arides. Au mois d'août, on relève les sujets pour les rempoter; leur reprise est facile, en ce qu'ils enlèvent une bonne quantité de terre avec leurs racines. La multiplication des épacris se fait : 1" par semis, en février ou mars, dans des terrains de O'",^^ de largeur sur 0"',iO de profondeur, et recou- vertes de mousse fine de '■2 millimètres d'épaisseur; 2" par boutures faites 159 — en mars et pendant l'été dans de petits pots ou terrines recouvertes de cloclies et privées des rayons solaires, et 5° par marcottes pratiquées en pleine terre pendant la saison. LES PANTOUFLES DU PÈRE FEUILLEE ET LES BRODEQUL\S DU DOCTEUR FOTHERGILL , Par m. Ch. Morren. Un religieux minime, à la fois astronome, géographe et botaniste, le père Louis Feuillée, né à Mane près de Forcalquier, en lOfiO, et mort à Marseille en 1752, parcourait par ordre du roi de France, de i 701) à 1 71 '2, l'Amérique méridionale et les Indes. Ce fut au Pérou qu'il fit la connais- sance d'une fort jolie plante, naguère inconnue des nombreux botanistes, qui, depuis la découverte du Nouveau-Monde, le parcouraient à lenvi pour en ramener des productions curieuses. Quand Feuillée vit la fleur de sa plante, il la compara de suite h une élégante pantoufle, et lui donna pour ce fait le gracieux nom de Calceolaria, qui n'est au fond cependant que le mot de pantoufle, de bottine, de b7'odeqiiin ou de soulier transformé. La calcéolaire du Pérou, que l'Europe ne reçut toutefois qu'en 1775, quarante et un an après la mort de celui auquel nous devons sa découverte, était le Calceolaria pinnata, dont les mœurs ne vont guère cadrer plus tard avec celles du père minime, qui l'avait baptisée. On la cultiva, on la trouva fort jolie, mais elle restait toujours semblable à elle-même, et les filles nombreuses qui venaient annuellement au monde étaient toutes et toujours exactement semblables à leurs mères. Les annales de la bienfaisance conservent avec respect le souvenir de Jean Fothergill, qui consacra une partie de ses revenus à créer, à Upton (enEssex),un vastejardin botanique destiné surtout à la culture des plantes utiles, aux arts, à l'industrie et à la médecine. Fothergill donnait annuel- lementsesplantespourrien à tous ceux à qui elles offraient de Tintérêt. Cet homme de bien reçut, en 1777, un envoi de végétaux des îles Falkland, et parmi eux se trouvait une calcéolaire de rare beauté. Il faut lire dans les écrits du temps combien on vantait les charmes de cette nouvelle pan- toufle en fleur, qu'on nomma bientôt la Calcéolaire de Fothergill. Cette fleur offrait l'image d'un brodequin très-long, très-étroit et pourvu d'une petite empeigne. Le dedans du soulier était blanc, le liseré jaune, le de- hors rouge, et à la pointe s'olfraient des dessins d'or sur fond de pourpre. Les plus riches chaussures auraient tout à envier à une si belle combi- naison, et c'est la nature même qui nous l'a indiquée. A cette époque, on s'impatientait de ne pas savoir trouver la vraie culture de ces calcéolaires, qui, au bout de deux ans, périssaient presque toutes et menaçaient d'é- teindre leur race en Europe. Le plus fameux jardinier de ce temps, — 140 — M. Alton, essayait les boutures, les marcottes, les surgeons, il espérait dans les graines, mais rien n'annonçait que le climat de nos contrées leur fût favorable. Les calcéolaires devinrent bientôt des plantes d'une grande rareté, et cette rareté continua jusqu'en 1827, où, en Belgique, un pied se vendait encore 80 à 100 francs. Aujourd'hui, un pied des plus beaux s'obtient à 25 centimes! Qu'est-cedoncquenostemps actuels ont apporté aux calcéolaires pour leur faire obtenir une si grande popularité? Cette révolution est due à l'ar- rivée en Europe de deux espèces, l'une venant de Cheloë, l'autre du Chili, toutes deux introduites vers 1825; elles ont montré une grande affection l'une pour l'autre d'abord, puis l'une et l'autre pour l'ancienne calcéolaire du pèreFeuillée, et toutes ces pantoufles se sont mises, entre les mains des horticulteurs, à enfanter un si beau gâchis de productions nouvelles, qu'aujourd'hui le plus malin des savants ne saurait ni refaire l'arbre gé- néalogique, ni reconnaître les alliances, ni reconstruire les souches. La calcéolaire à corymhe du Chili, une des espèces des plus florifères, sert tantôt de mère, tantôt de père à la calcéolaire à fleurs crénelées de Cheloë et réciproquement, puis le croisement s'exécute avec les autres espèces, et de là sont sorties ces innombrables collections sans limite et sans fixité que vous voyez pendant près de trois mois sur l'année briller dans nos appartements et consteller nos fenêtres de millions de corolles aux dessins infinis et aux gammes de toutes les teintes. A cette époque de la saison, les personnes qui aiment les fleurs demandent à connaître l'histoire des calcéolaires : c'est l'objet à l'ordre du jour de l'horticulture, et ce n'est pas inconsidérément que nous avons cru devoir précéder ce moment pour tracer en peu de mots les phases de l'arrivée en ce monde de ces pantoufles vivantes. Les calcéolaires ont deux étamines placées sous une lèvre supérieure, et au milieu on voit s'élever un petit organe pointu qui est le pistil. II y a actuellement deux classes d'horticulteurs, les uns qui prétendent qu'il faut choisir les calcéolaires les plus belles et pendant leur floraison, prendre des fleurs pu les étamines ne sont pas encore ouvertes, pour dé- poser sur ce petit organe pointu la poudre des étamines dtîjà ouvertes d'une autre fleur dont on voudra faire passer les dessins dans une progé- niture donnée. Voilà le secret de la première séi'ie d'horticulteurs, ce sont ceux qui croient à l'hybridation ou bâtarde, etc. Les autres pré- tendent que pour obtenir une belle suite de calcéolaires extraordi- naires, il faut choisir quelques belles variétés déjà acquises, et le reste du secret est de ne plus rien faire du tout. Ce second système est certes le plus facile, et tout porte à croii'C qu'il est aussi efilcace que l'autre, car il paraît qu'une fois le croisement obtenu entre deux vraies espèces de cal- céolaires, la variabilité naît dans les produits d'une façon prodigieuse, et plus n'est besoin d'agir sur la souche par un modificateur quelconque, l'action naturelle suffisant. — Ui — La pantoufle du père Fcuillée était primitivcmenl anguleuse, le brode- (juin du docteur Fothergill était long, étroit et pointu. Aujourd'hui les ealcéolaircs sont devenues de ces chaussures arrondies comme on en por- tait sous le règne de Charles-Quint, même un beau idéal des calcéolaires est de les l'éduire en sphère complète, fendue seulement en deux lèvres. C'est M. Van Iloutte qui s'est apj)roché le plus près de cette forme : ses calcéolaires perfectionnées imitent des bulles multicolores suspendues à des fils de soie verte. Un jeune professeur de sciences naturelles de Saint- Trond, M. Van Oyen, est parvenu à produire force calcéolaires qui, tout à coup, se sont converties en longues liâtes n'ayant plus rien d'un soulier quelconque, mais imitant une bouteille à Champagne. Pendant que M. Van Iloutte bullifiait les calcéolaires, il donnait aux étamines un grand développement, et pendant (|ue 31. Van Oyen faconisait (pardon!) ses fleurs, les étamines s'annihilaient. L'avenir que nous réserve cet anta- gonisme est gros de mystères, et l'essentiel aujourd'hui est que l'horti- culture sache le fait pour en étudier les conséquences. L'école qui croit peu aux hybrides, explique les infinies colorations des calcéolaires d'une manière fort sinq)le. Cette école prédit même quelles couleurs et quels dessins vous pouvez obtenir d'une fleur d'un genre donné, et elle détermine aussi cpiels dessins et quelles couleurs vous n'obtiendrez pas. Ainsi, elle vous interdit, dans les calcéolaires, les va- riétés bleues et les dessins en zones concentriques. Elle vous autorise à espérer toutes les teintes du blanc, du rose, du pourpre, du jaune, de l'orange et du brun ; elle vous promet des stries, des rayons, des gloires, des auréoles, des lignes pleines, interrompues, rayées, striées, ponctuées; elle vous gratifie des points, des gouttelettes, des yeux, des ocelles , des îlots, des archipels, des macules rondes ou tourmentées, des ondes, des flots, des nuages, des éclairs et des éclaircies. Tout cela est permis, tout cela est possible, tout cela se combine de mille manières pour les fonds, les teintes, les nuances, les couleurs franches et pleines, les reflets, les souflles, les vapeurs de coloris sautillant et n'existant qu'à l'état de soup- çons. On le conçoit facilement, le nombre de ces combinaisons doit déjà s'élever assez haut pour contenter l'homme le plus avide de choses qui ne se ressemblent pas. Quand on cultive ces calcéolaires, si capricieuses d'après les principes de l'art moderne, il n'y a rien de plus rare que d'obtenir deux pieds qui portent les mêmes fleurs. L'imprévu est ici la règle comme dans la politique, et si certaine République défunte avaiteu besoin dechaussures, elle eutpurepré- senter son caractère instable en choisissant les pantoufles du père Fouillée, pleines de surprises, d'inespérances et de soudainetés. Voilà bien une fleur de notre siècle ! Or, pour qu'elle nous étonne de ses merveilles et de ses caprices, il ûmt ne pas suivre la méthode ancienne, qui semait la plante au printemps et n'obtenait rien. Les calcéolaires veulent être semées en août, et par des graines récoltées immédiatement avant le semis. Ce semis BELG. HOUT. T. HI. 19 — 142 — res. On ne sait pas encore si les graines mûriront cbex nous. Muiiucera grandillora. llook. Bol. nuuj., v. 1852, tab. 4080. - - Monocère à grandes fleurs. Famille des Kla'oearpées. Syn. Monnccra lidircolata. llassk. Cat. pi. horl. //(*/. //oiryoy., p. 208. JJla;ocarpns()raH- _ 144 — diflora. Siiiitli. In liées Cy cl. , n" 5. — Elœocarpus lanceolala. Bliimc. Byilr., p. 119.; Sprciig. Syst. veget. car. post., p. 489. — Feuilles ellip- tiques-lancéolées, amincies à leur base, au sommet obtusiuscules, à dents créniforraes éloignées ou Irès-enlicrcs, grappes axillaires, pauciflores; pédicelles allongés, très-grêles, plus longs que le pétiole. Celte plante, originaire de Java, avait été longtemps cultivée dans les serres de Kew comme une espèce inconnue, mais ayant le port d'un Termiiialia. Les fleurs s'en montrèrent pendant Tété de 181)2. C'était évidemment cette plante que sir G.-L. Scliaunton avait ramenée de la Chine, et que sir James Smith avait décrite dans VEncyclopcklie de Rees comme étant VElœocurpus grandiflora. L'auteur y avait cependant décrit avec justesse les étamines comme étant celles d'un Monocera. Sa véritable nature a donc été étrangement méconnue par plusieurs auteurs, entre autres par Blume, qui s'empressa d'en faire une nouvelle espèce sous le nom à'Elœocarpiis lanceolata. Le môme auteur affirme qu'elle est abondam- ment cultivée à Java, dans les jardins. Les feuilles varient par la longueur du pétiole et les crénelures ou dents des bords. Le feuillage élégant, le calice pourpre, les pétales frangés et blancs, lavés d'un peu de jaune; la forme en clochette de la fleur en font un charmant végétal qu'on voudrait voir fleurir souvent dans les serres. Cidture. Le Botaniccd magazine de sir William Ilooker ne donne plus aucun détail sur les cultures. Nous devons donc nous borner à dire que c'est une plante de serre chaude, mais sa nature prouve qu'elle demande le même mode de culture que Jes Theophrasta , une bonne terre de bruyère, un drainage de tasson, modérément de l'eau et une chaleur constante et active : elle reprend de bouture sous cloche et en bâche chaude. Rnbiis biflopiis. Buchanan exSmitli in Jîees' Cijclop. De C. Prodr., p. 558. — Spreng. Sijst. veget., \. 2, p. 527. — Hook. But. mag. 4678., V. 4852. — Ronce biflore. Syn. : Rnbiis pedoncidosiis. Don Prodr. Fl. nep., }). 234. — Famille des Rosacées. Tiges droites, élancées, très-blanches par une poudre de cette couleur qui les couvre; aiguillons épars, ou épines fortes et courbées ; feuilles glabriuscules au-dessus, pubescentes tomen- teuses au-dessous, simples, trilobées ou ternées ; folioles ovales, incisées- dentées, les latérales sessiles, la terminale plus large, pétiolulée, rarement à folioles quinque-pinnées; pédoncules penchés, agrégés (parfois gémi- nées), uni-bi ou trillores; lobes du calice larges, acuminés, un peu plus petits que les pétales ; fruit orange. Cette ronce est originalité du Népaul, d'où l'ont reçue MM. Veitch d'Excler. On l'a cultivée quelque temps sous le nom de Rubus leucodermis, plante significative, indiquant bien la blan- cheur des tiges et des rameaux, mais qui devait disparaître devant les lois de la nomenclature et de la justice. Bien examinée, la tige est couverte d'une substance poudreuse, blanclie, dont la nature est encore inconnue. — 145 — Le nom de leucodermis avait (Vaillciirs été donné à nne espèce de ronce du nord et de Toccidcnt de rAniériciue par M. Douglas, et adopté par MM. Torrey et Gray dans la Flore de l'Amérique du Nord. Sir William Ilooker considérait lui-même cette espèce comme une simple variété du Rubiis occîdeiitalis de Linnée. Culture. Cette ronce est une charmante plante d'ornement destinée à la pleine terre. Elle se couvre aux mois de mai et de juin d'une profusion de fleurs blanches, très-élégantes, auxquelles succèdent des mûres oranges d'une délicieuse odeur. Il est déjà incontestable que ce fruit sera une conquête nouvelle pour les tables, et il n'y a guère de doute que la cultiu'c ne parvienne à augmenter sa grandeur. C'est donc une acquisition sur laquelle nous reviendrons un jour forcément et agréablement. Il parait qu'on cultive cette ronce sans peine, et qu'elle croît avec autant de facilité que nos ronces indigènes, se reproduisant par les graines, les boutures, les divisions de racines et les surgeons. Sobralia ehlorantha. Hook. Bot. mag. i8oi>. t. 4682.— Sobralie à Heurs jaunes. Famille des Orchidées. Plante épiphyte? tige courte, peu de feuilles, terminales, elliptiques-ovales, obtiuscules, subcoriaccs, à stries éloignées, longuement vaginées, l'inférieure plus grande, la supé- rieure bractéimorphe 5 fleur solitaire, terminale, sessile, jaune; pétales cl sépales égales, conniventes, lancéolées; labcllum un peu plus long que les sépales, oboval; disque strié, bord ondulé, disque élevé en dedans, j)rès de sa base; bout de la colonne à lobes latéraux courts. Cette nouvelle Sobralie est originaire de Para, au Brésil, et a été envoyée par M. Yates à MM. Lucombe et Pince, chez lesquels elle a fleuri en juin I8o2. Les fleurs ont en général la structure des Sobralies, mais leur couleur jaune et le feuillage font ressembler la plante à un Cattleya à feuilles épaisses et de la consistance du cuir. Poeppig et Endlicher avaient fondé un genre sous le nom de Cyathoglottis (nov. Gen. et sp. Plant., p. 55), et ils ajou- taient que ce genre était très-voisin des Sobralia et ne s'en distinguait que par des caractères minimes : les fleurs en étaient aussi jaunes ou blanches, mais l'anthère devrait être terminale, tandis que dans la plante de Para elle est attachée au lobe au moyen d'un bout trifidc de la colonne. Dans cette plante, en vérité, les lobes sont plus courts que dans les fleurs rouges des Sobralias, et les sépales, comme les pétales, sont connivcnts et unis sur une certaine partie de leur longueur. Que les genres soient donc distincts ou non, toujours est-il que le Sobralia chloranthu ne s'accoixle pas avec la description du Cijathoglottis crocea ou C. candida, les deux seules espèces décrites par Pœppig et Endlicher. Culture. L'absence de pscudobulbe et la nature de Sobralia à port de Cattleya, en fait plutôt une Orchidée à cultiver en terre ([ue suspendue; aussi, sir William Hooker doute-t-il de sa nature épi})hyte. On devra lui réserver une place chaude et, sans doute, assez humide, comme à d'autres — 140 — Orchidées du Brésil. Nous manquons, au reste, de rcnseignemenls précis sur sa culture. Tac«ouia saiiguinea. DeC., Prodr., vol. 5, p. 534. — Hook. Bot. niag. 185:2. t. 4674. — Tacsonie à fleurs sanguines. Syn. : Tacsonia qua- drkjlandulosa. DeC, Prodr., voL 5, p. 555; Tacsonia quadridentata? Tacsonia pubescens? De C. 1. c. — Passiflora samjuinea. Smith. Rees'- Cyclop. N° ^to.^ Passiflora quadriglandulosa. 3Ieyer. Essequib,, p. 226. — Famille des Passiflorées. Division du genre Tacsonia des Distepliana. Feuilles oblongues-ovales, réticulées au-dessous, simples, cordées ou tri- lobées; lobes oblongs-ovales, bords inégalement sinués et lobés, involucre petit, à bractées linéaires acuminées, dentées, ayant à la base, de chaque côté, une ou deux glandes grandes; tube court, sépales et pétales linéaires- oblongs, acuminés; couronne double, Tintérieure membraneuse, multi- fide au bout ; filets extérieurs droits. M. Henri Rye envoya cette espèce de Tacsonia de la Trinité à M. Hugh Low, de Clapton, sous le nom ma- nuscrit de T. diiersifolia, mais sa floraison fit bien connaître son identité avec le T. sanguinea, dont nous avons donné plus haut la synonymie. Il est probable que les espèces distinguées par De Candolle doivent être ramenées à l'espèce type et que c'est à la diversité du feuillage qu'on doit ces spécifications erronées. La fleur est grande, fort jolie, et d'un beau rose pourpre. Culture. Plante grimpante, elle semble convenir à 31. Law pour la cul- turc en serre tempérée et en conservatoire, car elle ne demande que peu de chaleur, et sa culture est aussi facile que celle des Passiflores les plus volontaires. La reproduction se fait par boutures de branches, en bâche et sous cloches étouffées. Elle est vivace. Th^sauotus tenais. Lindl., Bot. reg. 1858. tab. 30. Thysanote eflilé. Famille des Liliacées. Feudles juncées, droites, glabres, de la lon- gueur des hampes basses et rameuses , ombelles terminales portant aux environs de quatre fleurs, bractées ovales, membraneuses sur les bords, mucronécs égales à l'article inférieur des pédicclles, six étamincs inégales droites, stigmate papillcux. Cette jolie petite plante, haute d'un demi- pied, est originaire du Swan-River d'où M. Robert Mangles l'a déjà ra- menée en Europe dès 1857. On admire ses charmantes fleurs violettes, élégamment frangées et portant au centre des étamines jaunes. Culture. On la cultive en orangerie , mais en été on la tient en pleine terre où elle fleurit en mai ou juin. En la couvrant on peut même lui faire passer l'hiver dans les parterres du jardin. Le sol qu'elle préfère est un mélange par tiers déterre franche, de terreau consommé de feuille ou de terre de bruyère, et enfin de sable siliceux. Sa reproduction se fait par boutures ou par graines; celles-ci se sèment dans la bâche froide. — U7 — LITTERATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE. ASPECT DE LA VÉGÉTATION DE L'ALGÉRIE , Par m. Redter. ( Suite el fin , voy. p. H 1 de ce volume. ) III. Tlemscn. Tlemsen, située h une trentaine de lieues au sud-ouest d'Oran, est l'un des points les plus occidentaux des possessions françaises en Afrique, Aers les frontières du Maroc, et présente, pour le botaniste, Tune des localités les plus intéressantes de l'Algérie , surtout sous ce rapport que c'est un des lieux qui a été exploré avec le plus de soin par Desfontaines ; aussi étions-nous bien désireux d'y faire une excursion. La route qui conduit d'Oran à Tlemsen serpente au sud-ouest, et, après avoir longé la Sebka ou grand lac salé, se dirige ensuite vers le sud. Cette première partie de la route présente la végétation uniforme de la plaine d'Oran , dont le Chainœrops compose la majeure partie, parmi lesquels se détaclicnt quelques touffes du Daplme gnidium, dont le feuillage, d'un vert clair et le port élancé et flexible , rappelle celui du saule et contraste agréablement avec la teinte sombre et le port raide du palmier nain. A l'extrémité du lac salé, les parties basses formées d"une argile salée, nivelée parles eaux, nourrissent quelques plantes maritimes, des Frankenias, des Salicornes ,• VHordeum marimim y forme presque à lui seul des tapis très-étendus d'un joli vert glauque ; là se montrent abondamment les beaux tapis d'un bleu foncé de la Salvia cdgiriensis , mélangée avec la CAiutaurea cdgiriensis (Dur. et Coss.) , belle espèce à fleurs roses. De ce point la route se dirige vers le sud et commence à monter en passant dans les terrains très-sablonneux couverts de broussailles, formées principale- ment des Cisttis ononspeliensis et A'IIeUunthemum hulimifoliiim, au feuillage grisâtre, tout couvert d'une multitude de fleurs jaunes à cinq pétales tacbécs de noir à la base; entre ces buissons se montrent ca et là VIris xijphium et YArmeria manritanica, dont les beaux capitules roses, de la grosseur d'une noix , commencent à faire un des ornements de nos jardins. Plus loin, les broussailles deviennent de plus en [)lus élevées et se composent alors presque entièrement de Loilisqite , entremêlé avec le Ehiis pentaphijlla (Desf.), espèce remarquable à feuilles digilées et à rameaux épineux; il est assez rare aux environs d'Oran et forme ici, à certaines places, des fourrés impénétrables. Un ou i]Qu\ cours d'eau inter- — i48 — rompent la monotonie de ces bois uniformes; leurs bords sont couverts «le Tamurix au feuillage délicat, et de lauriers-roses parmi lesquels se lancent ça et là les longs épis de la Lavatera hispida (Desf.), belle 3Ial- vacée frutescente rappelant par son port les espèces tropicales ; au même lieu se voyaient quelques pieds de la Macjidaris tomentosa (De C), om- bcllifère gigantesque, à ample feuillage d'un effet très-pittoresque. En approcbant de Din-Temouchen , poste militaire situé sur le bord d'un ruisseau, à environ la moitié du chemin entre Oran et Tlcmsen, la plaine devient plus agréable et plus variée, les bords de la route sont ornés de magnifiques bouquets du Limmi grandiflonnn d'un pourpre vif; et de VAlthœa langi/Iora (B. et R.), aux belles fleurs roses; là aussi nous trouvâmes abondamment, parmi les buissons, une belle espèce nouvelle de lin, ïeLimnn asperifoUum (B. et R.), présentant des corymbes de fleurs car- nées à gorge jaune nuancée de violet ; le Convolvidus su/frncticosus (Desf.), était très-abondant et couvert de fleurs variant du rose carné au bleu paie. Depuis Din-Temouchen le sol devient de plus en plus montueux et de plus froid; les champs argileux et en partie en friche sont couverts, sur une grande étendue, d'un tapis bleu du Convolvidus tricolor ou Belle- de-jour; les crucifères brassicées deviennent dominantes et jaunissent la campagne , parmi lesquelles on distingue le Diplotaxis mauritanka, de Duricu, et une nouvelle espèce à'Eruca à fleurs blanches réticulées de lignes violettes. Quelques pentes escarpées bordant la route nous offrirent la jolie Linaria elatiiioïdcs (Desf.), VOnonis hiflora, Vllippocrcpis miiior, (Munb.), et le singulier Pteranthus cchinatus, dont la place, dans Tordre naturel , est incertaine. Sur ces plateaux élevés et froids la végétation était encore assez peu avancée; dans les parties incultes se montraient la belle Scorzonera coronopifoUa (Desf.), le Mcdope mtducoïdes , et YJ/e- liaitthemum polijanthum; quelques champs ensemencés en céréales se voient en certains endroits près des villages arabes, formés de tentes en poils de chameaux; au bord de ces champs nous trouvâmes la Psychine stylosa et la rare Linaria latifolia (Desf.), qui n'avait pas été retrouvée depuis ce botaniste Enfin, en arrivant vers Tlemsen, le pays devient plus fertile, les cul- tures sont plus communes, des arbres commencent à se montrer; c'est là que nous vîmes pour la première fois le Pistacia atlanlica (Desf.), très- bel arbre particulier à l'Algérie, qui, par son tronc épais et sa cime touffue, rappelle assez bien l'aspect de notre noyer, ses feuilles, d'un vert frais et tendre, contrastaient avec la teinte grisâtre et triste des chênes verts et des oliviers, dont d'immenses plantations entourent la ville et forment comme des espèces de forets. Tlemsen est située sur un plateau onduleux et élevé, qui est borné au sud par les derniers gradins du Djibcl-Terny, et à l'est par l'Oued-Safsaf. L'élévation de son sol et des eaux abondantes modifient beaucoup la température et diminuent la chaleur du climat; aussi plusieurs plantes — 149 — (le TEuropc moyenne se rclrouvcnt-ellcs ici dans tout le luxe de leur végétation ; les bords des ruisseaux sont revêtus de la fraîche verdure du sureau commun, de Tormeau , de la Rosa canina , qui se montraient à nous agréablement mélangés à VIris (jcrmanica , au Calen- (hda suffrutkosa et la Linaria heterophylla y élance ses tiges longues de deux ou trois pieds terminées par de beaux é|)is de fleurs jaunes. Les pentes rocailleuses et escarpées, au sud de la ville, nous présentent une riche moisson d'espèces rares et nouvelles pour nous; sur les premiers rochers , parmi les cultures , nous trouvâmes le Fumaria ritpestris (B. et R.) , espèce qui croît contre les rochers et y cafche dans leurs inter- stices ses grappes fructifères; au pied de ces rochers se trouvait abon- damment un beau Thym nouveau, très-apparent par ses beaux épis de pourpre; au même endroit croissait la Scrophularia hispida (Desf.), espèce peu connue et qui a été mal à propos réunie avec la 5. appemlicu- lata. Contre les rochers escarpés pendaient de grosses touffes de Poterium ancistroïdes, l'espèce la plus distinguée de ce genre tant controversé de nos jours, celle-ci est facilement rcconnaissable par ses tiges ligneuses de la grosseur du doigt. Entre les interstices de ces rochers se Hiontraient le Ramniculus blepharkarpos (Boiss.), le Senecio atlanticus, espèce nou- velle, un Géranium à grandes fleurs d'un pourpre violet, ressemblant à celles des mauves, G. Malva'florum (B. et R.), et voisin du tuberosum, la Lmaria marginata, VErodimn hymenodes , une jolie saxifrage, la S. glohiflifera (Desf.), qui nous rappela bien agréablement la flore de nos Alpes. Au-dessus de ces premières assises de rochers on trouve un plateau formé d'une argile rouge, couverte d'une courte broussaille et présentant ça et là quelques traces de culture; dans ces champs nous trouvâmes VAnaojclus pyrelhrum , aux jolies fleurs blanches radiées teintes de pourpre, en dehors, et étalés en cercle sur la terre autour d'une longue racine pivotante , doué d'une saveur chaude et piquante qui apaise les Semée en automne, les plantes sont dans leur beauté en hiver; semée en avril, à l'ombre et en pleine terre, le gazon se forme sous les bosquets pendant l'été. C'est donc une espèce qui offre de pré- cieuses ressources. Les botanistes ont nommé cette espèce, unique dans son genre, loiiop- sidimn acaule (Reich.) de deux mots grecs i'av^ ïou, violet, et d-d^i^ ('^"s) apparence , aspect, pour indiquer le bleu tendre ou le lilas léger des corolles. Desfontaines, qui nous amena en Europe le réséda, ramena cette crucifère au genre Cochlearia, ou herbe à cuiller, espèce de cresson dont les excellentes qualités sont connues, surtout en ce qui concerne les gen- cives, la bouche et les dents. L'Ionopsidie possède des vertus du même genre. Ces feuilles en cœur, mâchées crues, forment un très-bon cresson qui n'a qu'un seul défaut, sa taille mince, et c'est précisément cette même taille qui en fait une miniature horticole du plus incontestable intérél. Une graine d'Ionopsidie coûte encore en Belgique, cette année, 1 centime, ou I franc le cent et oO fi'ancs les dix mille. Mais, après la saison nou- velle, ce prix sera tellement diminué, que la graine s'obtiendra pour rien. — 454 - PI. 22. kSJ. NV — 455 — GLOBE SUSPENDU GARNI DE PLANTES GRASSES, Par le .^iême. Les amateurs de plantes grasses continuent à augmenter en nombre clans notre lloréale Belgique. On ne se borne plus h les cultiver en pois et dans ûc^ grottes, ou sur des étagères en rochers, on les a jetées dans l'air et on leur a dit : u croissez-y pendues. » Ces plantes volontaires et bénignes ont obéi, et l'on voit aujourd'hui dans plusieurs de nos maisons, des globes qui se prêtent admirablement à ce genre de culture, demandant peu de jour, peu d'arroscmenls, et vous récompensant par une végétation incessante, de jolies formes et une verdure perpétuelle. S'il y a peu de fleurs, du moins les figures parfois étranges des tiges et des feuilles offrent une juste compensation. Ces globes, dont la pi. 22 est destinée à donner une idée exacte, se confectionnent sur toute grandciu' en zinc perforé : le ballon se main- tient par des méridiens en zinc également, formés de bandes repoussées en perles ou en oves; l'ouverture est largement ouverte au-dessus, où vient aboutir TaMC du globe, terminé par un anneau de suspension. Cet axe passe d'outre en outre et maintient le bout inférieur du meuble, qui, rempli de terre, doit présenter un poids assez considérable. Voilà le mf**ible (jui coûte peu, est durable et d'une certaine élégance. Quanta l'objection que le zinc tue les plantes, nous devons convenir que l'expé- rience prouve que non, et nous avons vu des globes semblables garnis d'une végétation brillante d'autant plus riche en preuve de l'innocuité, qu'elle avait dû, pour être de cette force, s'y perpétuer longtemps. On arrose par la large ouverture du haut. Voici une combinaison d'espèces que nous avons vu produire de char- mants effets : l" On avait planté et on avait laissé sortir de l'ouverture du haut des branches du Se})ipervirum arhoreiim, choisi dans ses variétés de type vert, de feuilles panachées de blanc sur Jes bords, et de feuilles pourpres ou bordées de brun. Toute la plante maintenue par le pincement dans de justes proportions. Cette espèce, originaire du Levant, est très-commune dans les vieilles serres surtout, et rappelle les cultures de nos pères, qui l'ont connue depuis '1()40 et même avant; 2" Les trous du zinc perforé avaient reçu, de distance en distance, de jeunes brins de Sedum dm^uphyUnm , formant im joli gazon d'un vert (rès-glauque et laissant tomber avec grâce les branches délicates, ter- minées par de mignonnes feuilles en petites boules; 5° On dispose aussi vers le haut du globe, et en laissant passer les tiges par les trous latéraux , l'une ou l'autre de ces euphorbes à tige épaisse , charnue et tombante, comme YEiipliorhia procumbeus du Cap, ou VEu- phorbia pendula de iMadagascar. - 156 — JARDIN FRUITIER. LE NOISETIER FRISE DE FILBERT, Par m. Cii. Morren. Onclqiios poniologucs affirment que le semis des noisettes provenant du noisetier de nos bois ne produit pas toujours le type de bonnes variétés, et que celles-ci se propagent de marcottes, de drageons, et souvent parla greffe sur ce même noisetier des bois. Voilà certes un cercle vicieux, car ces bonnes variétés que Ton recommande de greffer sur sauvageons, sont cependant orginaires de ces mêmes semis. C'est au semis que s'adressent les poniologucs, qui, en fait de noisettes comme en fait d'autres fruits, veulent perfectionner. Filbert était un de ces amateurs. Il sema des noi- settes et obtint une variété dont Tamandc, très-blanche et excellente, fut l'origine du nom de noisetier hlanc de Filhert, sous lequel cette variété circula longtemps dans le commerce. Ce hhuic de Filhert^ par un semis successif, produisit le frisé de Filhert, dont nous reproduisons ci-conlre la figure (PL 25, fig. 1-2) et qui est trcs-estimé. C'est le noisetier favori des parcs anglais. Les branches s'étalent; les fruits naissent par quatre ou cinq réunis, parfois plus 5 l'involucre est profondément divisé, large- ment ouvert, grand, du double plus long que la noix, légèrement frisé dans ses laciniurcs. La noisette est lisse, glabre, oblongue, de moyenne grandeur; l'écaillé est mince, bien remplie et l'amande délicieuse de goût. La maturation se fait tard dans l'année. LE NOISETIER DE COSFORD, Par le même. On estime beaucoup en Angleterre et avec raison le noisetier de Cos- ford, que la Société d'horticulture de Londres a surtout propagé. Il paraît provenir du Suffolkshire. Sa fécondité est remarquable, et la finesse de récaille le fait préférer à d'autres variétés. L'arbre croit vigoureusement et les branches montent. L'involucre est aussi long que la noisette, un peu hispidc ou poilu à la base. Quand le fruit mûrit, l'involucre s'ouvre et reste ouvert largement: les segments en sont divisés. La noisette est grande, oblongue, cylindrique à la base, élargie, un peu comprimée et ornée de bandes brunes alternativement plu'^ foncées et plus claires. L'écaillé est fine, se casse facilement; l'amande blanche, remplissant bien i.'j.NoiscUc liisci*. — ,'>-4. Noisette de ( oslord I i — 157 — l'enveloppe, d'un goùl exquis et d'une conservabilité parfaite. Parla des- siccation, ces amandes deviennent sucrées. Ces deux noisetiers sont depuis longtemps introduits en Belgique, mais on s'occupe si peu de cette sorte de fruit qu'on ne le voit guère mentionner sur les catalogues commerciaux. On est bien injuste envers un fruit aimé d'un grand nombre de personnes. La rédaction s'empressera de procurer ces espèces de noisetiers aux personnes qui voudront se les procurer. NOUVELLE FORME DONNÉE AU POMMIER DE PARADIS, Par m. Dubredil. Les pommiers de Paradis, si remarquables parla précocité de leur mise à fruit, parleur fertilité, et surtout par le volume de leurs fruits, sont habi- tuellement cultivés sous forme de petits gobelets plus ou moins réguliers, que l'on dispose en lignes, ou plus souvent en massif dans le jardin fruitier. Nous avons observé dans l'établissement de MM. Jamain et Durand, pépi- niéristes à Bourg-la-Reine, une autre disposition qui nous paraît offrir de l'intérêt, et que nous montre la fig. 5 de la pi. 25. Pour obtenir cette disposition, on plante les jeunes arbres sur une seule ligne, en réservant entre eux une distance de 3 mètres. On choisit de préférence de jeunes pommiers offrant déjà sur leur tige, à 0"',ô3 en- viron au-dessus de la greffe, deux branches opposées l'une à l'autre. La plantation étant faite de façon à diriger ces deux branches parallèlement à la ligne, on tend au-dessus de cette ligne et à 0'",40 du sol un fil de fer, sur lequel on attache ces deux branches dans une position horizon- tale Il n'y a plus ensuite qu'à favoriser chaque année l'allongement de ces deux branches, qu'on continue de fixer sur le fil de fer. Elles ne doivent porter chacune que des lambourdes. Il en résulte un cordon continu, très-rapidement établi, et qui produit un effet très-agréable à l'œil, sur- tout quand il est couvert de ces énormes fruits que produisent les pom- miers de Paradis. Ces cordons de pommiers peuvent être placés autour des carrés du jardin fruitier ou du potager, ou sur le bord de plates-bandes d'espalier, lorsqu'elles présentent une largeur d'au moins )™,G0. {Revue horticole.) liELG. HOT. T. 111. 21 — 158 - DU CIÎITO ET DE SA CULTURE, Par M. BossiN, Ilorliculleiir à Paiis. Monsieur le directeur de la Bdgique horticole, Je suis redevable à votre générosité de graines de melon {chito), et votre nniiiificence m"a permis d'en essayer la culture d;ins mon jardin, spéciale- ment consacré aux expériences comparatives sur toutes les plantes utiles qui parviennent à ma connaissance, sans exclusion toutefois des lleui'S que j'aime beaucoup. Trois graines de la plante qui nous occupe en ce moment, furent semées concurremment avec d'autres espèces appartenant à la famille des Cucur- bitacées, dont le chito fait partie. Sur trois semences, une seule leva. J'ai jïUmté le pied à l'air libre sous cloche, mais sans châssis, sur une couche composée de feuilles et de fumier, recouverts de 13 centimètres environ d'une terre composée de débris d'herbe et de végétaux de tous genres, que j'ai le soin de mettre à part et en (as. J'augmente cette composition avec des cendres lessivées et autres; j'ajoute encore les détritus de la cuisine et je fais arroser le tout par les eaux ménagères, que je serais très-fâché de perdre et dont je tire un bon parti. Au bout de cinq ou six mois de fermentation, je me trouve avoir un excellent compost que je préfère souvent au meilleur terreau. Veuillez me pardonner cette digression, mais il me paraît qu'en traitant une question horticole, on peut et l'on doit aborder en passant toutes celles qui s'y rattachent, et celle-ci est cette fois du nombre. Dans le compost que vous connaissez maintenant, je plantai le seul pied de chito, qui ne tarda pas à prospérer et à se développer d'une manière vraiment fabuleuse. Les racines poussèrent avec un luxe tel qu'il étonna mon jardinier au plus haut point; d'autant plus que non loin de là on voyait, semées le même jour, plantées dans les mêmes conditions, traitées de la même manière, d'autres espèces de melons qui ne végétaient qu'à grande peine, et j'ai craint un moment que nia mclonnière éprouva le sort de beaucoup d'autres qui furent spontanément envahies et détruites ou par la grise, ou par d'autres maladies occasionnées ou favorisées pro- bablement par les changements subits de température de l'été dernier. Ces variations atmosphériques furent fort regrettables, car elles portèrent une atteinte grave à la bonne qualité des fruits de melon. Le chito, en nouvel hôte bien appris, se comporta parfaitement; il émit, au bout de cinq à six semaines de plantation, des mailles (jui nouèrent et (jui devinrent bientôt des fruits apparents, au nombre de dix à douze, sur lesquels on pouvait sûrement compter. Aujourd'hui, nous dégustons le troisième. Ces premiers fruits ne mirent que de trente-huit à quarante-cinq jours })0iir arriver à leur maturité complète. 159 Le premier melon-chilo qui me fut envoyé par mon jardinier n'était pas assez mùr, et le jugement que nous portâmes sur lui était assez lai-gc- ment défavorable. Si j'eusse été chez moi à la campagne, je crois que, dans ma mauvaise humeur contre le chito, j'en aurais impitoyablement arraché le pied, que j'aurais envoyé... dans la fosse aux mauvaises herbes. Mais, hier, mon jardinier, ignorant le mauvais succès de son premier envoi, me fit parvenir de nouveaux fruits de chito, dont un fut ouvert sur-le- champ en présence de plusieurs pei^onnes, qui toutes furent surprises et satislaites de rexcellente odeur, de la saveur délicieuse, de !n finesse de la chair et de la pointe acidulée, qui rafraîchit le palais et (jui se fait longtemps sentir après la dégustation. La réhabilitation dans notre estime fut complète. Le melon-chito ne sera probablement pas admis de sitôt dans les cul- tures spéculatives, telle est mon opinion; mais nous lui assignons, s'il maintient ses qualités, l'une des premières places dans le jardin bourgeois. Sa qualité d'être précoce pourra peut-être aussi le faire rechercher des primeuristes, et s'il réussissait chez eux, il est présumabic qu'on lui donnerait la préférence sur le melon des carmes, le melon orange, etc., dont les fruits ne me paraissent guère plus gros ni plus avantageux à la production que les fruits meilleurs au goût et à l'odorat du chito. Le melon-chito est de forme ovo'ide, les côtes sont peu saillantes ou nulles, parfois légèrement brodées; l'écorce, qui prend une teinte jau- nâtre en mûrissant, est mince et elle recouvre une chair d'un blanc ver- dâtre très-fondante, juteuse et très-sucrée : il offre à l'odorat et il laisse à la bouche quelque chose qui ne ressemble en rien aux effets des autres melons et d'excessivement délicat. Les fruits, qui sont du poids de 400 h 600 grammes et qui mesurent de 9 à M centimètres de longueur et 24 à 28 de circonférence, ne contiennent aucune cavité appréciable dans leur intérieur, et ils se trouvent garnis d'une infinité de petites semences blanches, que l'on prendrait volontiers pour ceux d'un concombre. Le chito est en effet, sous le rapport botanique, un cucumis comme vous l'avez établi vous-même, Monsieur le directeur. Je crois donc que, sans enthousiasme ni exagération, on doit regarder le chito comme une bonne et utile importation qui réussira dans nos jardins potagers d'Europe. Ce sera, nous en avons la certitude, un excellent fruit de plus, dont la culture, facile d'après ce qui précède, permettra la popu- larisation : il peut paraître en grande abondance sur les marchés, où il pourra être offert à bas prix aux nombreux consommateurs. Nous pensons que, cultivé à la manière des melons de Ronfleur, le chito réussirait admirablement bien. Permettez-moi, Monsieur le directeur, qu'en termi- nant, je vous adresse mon court, mais bien sincère compliment, pour m'avoir fait connaître le melon-chilo et m'avoir mis à même de pouvoir apprécier ses bonnes et délicieuses qualités. Veuillez agréer, etc. Paris, le 29 aoùi 1S:J2. — 160 PI. 24. a Lu ftfiure de r/uitrlie est relie de la pompe- seringue (modèle ungluis). a Corps de la pompe. h Tube en éqiierre avec leriiiel on seringue en dessous et sur le eôlé des feuilles. La figure de droite est celle de la pompe à main à jet continu, a Corps de la pompe. 6 Seau, au fond duquel est soudée la pompe, e Clef du robinet pour arrêter l'eau à volonté. d Tube articulé pour lancer l'eau ; on visse sur lui une gerbe formant pomme à trous pour diviser l'eau. e Jet remplaçant la gerbe à volonté , et pou- vant chasser l'eau à 10 mèlres, f Poignée pour porter la pompe et la main- tenir quand on s'en sert. g Bouchon à vis , adapté à la base de la pompe el qu'on dévisse pour la vider complètement. — 161 INSTRUMENTS HORTICOLES. SUR LES SERINGUES PERFECTIONNEES De m. Grodlon. Rapport de MM. Malot frapporlcui') , Arnheiler, Lepère , Dupuy-Jamain, à la Société Nalioiiale d'Horliciilluve de la Seine. Messieuhs , Dans la séance du mois dernier, notre collègue M. Groulon a soumis à l'appréciation de la Société, deux instruments perfectionnés par lui, une seringue-pompe et une pompe à la main. Notre honorable président chargea MM. Arnheiter, Lepère , Dupuis- Jamain et moi à examiner limportance de ces perfectionnements. Voici les résultats constatés par les expériences auxquelles nous nous sommes livrés : Le premier objet que nous avons soumis à l'épreuve est la pompe- seringue, usitée pour Taspersion des arbrisseaux dans les serres. L'ancien modèle qui, vous le savez tous , Messieurs, est un tube cylin- drique droit, ordinairement en cuivre, terminé par un bouchon de même métal percé de nombreux trous pour diviser l'eau en une pluie plus ou moins fine, suivant le diamètre des trous. La commodité de cet instrument est incontestable lorsqu'il s'agit d'as- perger le feuillage d'un arbre ou d'un groupe d'arbre, au-dessous et au- tour duquel on peut circuler ; mais dès qu'il faut mouiller le dessous des feuilles des parties inférieures, et surtout de celles qui avoisinent le sol, soit d'un espalier, soit d'arbustes disposés en massif, derrière lesquels il n'est pas possible de passer, cette pompe-seringue à tube droit laisse alors quelque chose à désirer. Le perfectionnement de la pompe-seringue de M. Groulon est fort simple , rien n'est changé dans la forme de l'ancien modèle , il consiste seulement en l'addition d'un tube équerre, qui ressemble tout à fait à un coude de tuyau de poêle et qu'on adopte à Textrémité du tube droit, après en avoir dévissé le bouchon. Ce bouchon muni de sa soupape à bulle, se place ensuite au bout du tube équerre. Le même bouchon sert , comme vous le voyez , à la seringue droite ordinaire et à la seringue à coude. A l'aide de ce nouvel ajustage, qui peut facilement se mettre dans la poche lorsque son emploi n'est pas d'une absolue nécessité, on arrose sans se baisser toutes les parties d'un arbre depuis son sommet jusqu'au dessous — 162 — des feuilles placées à 2 ou 5 ccnliinèlres du sol. Votre Commission, Mes- sieurs, a dû reconnaître l'utilité de cette innovation. Le second instrument que nous avons eu à examiner, est une pompe à main à jet continu , ajustée et soudée au vase qui contient Tcau de ma- nière à en faire une pompe portative et facile à gouverner, dans les sen- tiers étroits d'un jardin ou d'une serre. Cette pompe, vous vous le rap- pelez, est un seau en zinc pouvant contenir dix litres d'eau et soudé à un corps de pompe à jet continu. La même idée qui a présidé au perfectionnement de la seringue-pompe, se retrouve encore ici : le tube d'où s'échappe l'eau, au lieu d'être situé vers le milieu ou au sommet du corps de pomi)e, est remplacé par une cannelle à articulation placée à la base du vase-réservoir, de manière à faire sortir l'eau à volonté et presque à fleur de terre, et mouiller par là le dessous des feuilles placées très-peu du sol. On arrête le jet avec la plus grande facililé et sans se trop baisser, à l'aide de la clef, dont la tringle dépasse la hauteur du réservoir le long duquel elle est fixée. On ne l'ouvre qu'au moment de faire agir le piston. On adapte , au moyen d'un pas de vis, une petite lance qui projette un jet d'eau assez fort à une distance de 10 à 12 mètres suivant la force de la personne qui fait agir le piston. A l'aide de l'articulation , on dirige ensuite ce jet soit à fleur de terre, soit perpendiculaire, suivant qu'on dresse plus ou moins l'extrémité mobile de la cannelle. On peut remplacer la lance par une petite pompe d'où l'eau s'échappe en gerbe et mouille une plus large surface. Enfin, pour vider entièrement la pompe , lorsque l'opération est ter- minée, une petite ouverture est pratiquée à la base du seau; on la tient fermée par un bouchon à vis placé en dehors; en un mot, ce petit appareil nous a paru bien confectionné et d'une simplicité remarquable. Quant à sa commodité, la pompe et le réservoir ne faisant qu'un, on peut circuler en pompant et la diriger avec une extrême facilité. Votre Commission a été unanime à reconnaître le perfectionnement de cette pompe et les services quelle peut rendre à l'horticulture comme à l'agriculture, surtout aujourd'hui que les vignes, constamment menacées par la maladie, demande l'application prompte et régulière des arrosages. D'après ce procédé, et surtout d'après tous les efl'orts que M. Groulon, notre collègue , a déjà fait jusqu'à ce jour pour améliorer, inventer ou perfectionner des instruments propres à l'horticulture, votre Coihmission, Messieurs , à l'unanimité , a l'honneur de vous prier de vouloir bien insérer le présent rapport dans votre Bulletin, et de le renvoyer au comité des récompenses. Malot, rapporteur. Pour rendre plus facile l'intelligence des descriptions données dans ce rapport, nous offrons (pi. 24, fig. i et 2) la figure des deux instruments. — ir,- — CULTURE MARAICHERE, PROCEDE RUSSE DE FORCER LES ASPERGES , Par m. Wttewaal , Rédacteur en chef du Landbouw-Courant. Piirmi les difTérentes méthodes de cultiver les asperges comme pri- meurs , il s'en rencontre une , employée surtout en Russie , qui nous paraît convenir parfoitement à nos contrées et dont la })!anc]ie 25 donne la disposition et les détails essentiels. On réunit deux couches d"as|)erges parallèlement , et chacune d'un mètre de largeur sous un même abri. Entre ces deux couches on laisse un chemin de trois décimètres et demi , la place suffisante pour passer et faire la coupe. Après octobre , quand la fane est enlevée jusque près du sol , on couvre les couches de fumier de cheval de l'épaisseur de 4 '/j dé- cimètres, et on laisse le tout bien en repos jusqu'aux gelées. Aussitôt que celles-ci arrivent, on recouvre le tout soigneusement. Des deux côtés du long bord des couches on enfonce des pieux dans le sol distants de 1 mètre et demi les uns des autres et dépassant le niveau de la terre d'un mètre. Sur ces pieux (6 h) se trouvent des saillies (c) qui permettent aux plan- ches latérales de parfaitement se toucher et de fermer par conséquent l'enclos de culture. Les pieux aux extrémités sont réunis par des tra- verses {d). Enfin il y a des planches de clôture sur les côtés comme nous l'avons vu, et des planches de dessus. Sur la planche on a supposé ouvert un des côtés pour représenter l'intérieur, mais dans le fait, ce côté aussi est fermé. Seulement, sur ces côtés, on laisse des portes juste assez grandes pour permettre à un homme ordinaire d'y passer. Si les gelées augmentent d'intensité, on recouvre cette couverture en bois d'un lit épais de paille, de fumier refroidi, ou de feuilles, enfin d'une telle matière qui ne permette pas le froid de pénétrer à l'intérieur. Par ime disposition semblable, on est assuré de récolter des asperges pendant tout l'hiver. Pour en opérer la coupe, on ouvre la porte, on s'in- troduit sur les mains et les pieds dans le chemin du milieu, une lanterne en avant. Les asperges coupées et la bonne saison venue , on enlève les bois et on laisse croître librement les plantes. Cette caisse de bois suscep- tible d'être démontée facilement, se dispose sur deux couches une année et sur deux autres couches l'année d'ensuite, de manière à revenir aux deux premières la troisième année et ainsi de suite. — 164 PI. 25. / Xu,h^ ^ ^- Se^^treyn^ 1.4 Solaniim é,lauciini . ô.'rourrclia lappacea. Domb. — 105 — HORTICULTURE. NOTICE SUR LE SOLAXUM GLAUCUM, BELLE ESPÈCE VIVACE, DE PLELNE TERRE, Par m. Ch. Morren. M. Walpers regrette, dans son Repertorium botaniciim , qu'aucune figure ne soit publiée du Solanum glaucophi/lliim des jardiniers, une des plus belles et des plus élégantes espèces de ce grand genre qu'on puisse cultiver en pleine terre. Nous trouvons d'ailleurs que ce Solanum est beau- coup trop peu propagé dans nos jardins dont il fait l'ornement pendant toute l'année. Le nom de Solanum glaucophyllum est celui qui circule parmi les horticulteurs; mais M. Dunal , dans le 15'' volume du Prodrome, a rectifié l'histoire de cette espèce dont voici la diagnose : s. GLAUCUM. Dun. Prodr. De C. lô, p. 100. Caille lereti, lœvi, crasso,glaberrimo, luteo-glaucescente, minute punetulato ; /bhï* brevissime petiolatis, lanceolato-obloiigis, acu- minatis, acutis, basi in peliolum decurrcn- (ibus et acutis, nervoso-venosis, glaucis; racemis terminalibus, démuni lateralibus, 2-5- chotomis, corollis quinquefidis, plicalis, stel- latis ; 6acci« glaucis, ovato-globosis, apiculatis. Dun. S. GLAUQUE Dun. Prodr. De C. 13, p 100. Tige cylindrique, lisse , épaisse, très-glabre, couverted'une glaucescence jaunâtre, et fine- ment Tponclulée ; feuilles à pétiole très-court, lancéolées-oblongues, acuminées, aiguës, finis- sant à la base en pétiole et aiguës inférieure- ment , nervées-veinées , glauques ; grappes terminales, puis latérales, bi-tricholomes; corolles quinquefides , pliécs, stellées ; baies glauques, ovales-globuleuses, apiculées. Dun. C'est le Solanum glaucescens n° 45, de Bâcle (De Cand. et Moric), mais non de Zuccarini (Annales de l'Acad. de Munich). Introduit dans les jardins en 1855, par les soins de M. Gaudichaud, il y a circulé et circule encore sous les noms de Solanum glaucophyllum ou de Solanum glauciwij et c'est ce dernier que M. Dunal a définitivement adopté. Vivace, la plante est originaire de Buénos-Ayres et des provinces brésiliennes de Rio-Grande et de Minas-Geraës. Elle atteint six pieds et plus de hauteur, les tiges sont droites, simples, nombreuses, glauques, un peu rougeàtre.? au sommet, portant outre de très-petits points, des lenticelles blanches, courtes, saillantes. Les feuilles ont 5 à 6 pouces de longueur, larges d'un pouce et demi , à pétiole court, glabres, glauques, bordées de blanc, la nervure médiane parfois pourpre , les nervures secondaires arquées et élégamment anastomosées, un peu proéminentes; le pétiole blanc. Les corymbes terminaux d'abord, puis latéraux portant de 14 à 20 fleurs, subtrichotomes, de trois à quatre pouces de longueur, glabres et les fleurs lâches. Les pédicelles articulés, de a à G lignes de longueur, renflés légè- rement au sommet; le calice cyathiforme, glabre, à divisions aiguës, d'un violet brunâtre. La corolle est grande, d'un pouce de diamètre, en étoile, BEi.r,. noRT. T. m, ;2!2 — 166 - bleue, violette et rose d'après son âge, les nervures médianes et le milieu des lobes d'un vert pâle. Les cinq étamines sont égales et jaunes, les filets très-courts, les anthères jaunes, oblongues, irrégulières au sommet, ven- trues, les deux trous terminaux arrondis. L'ovaire est glabre, ovale- globuleux, le style droit, le stigmate capité, de la hauteur des étamines. La baie est ovale-globuleuse, de 3 à 4 lignes de diamètre , apiculée par persistance du style. Ces détails sont représentés sur la planche 26 , fig. 2, 5, 4. Culture. Cette belle espèce de plante fait un effet remarquable dans les bosquets et les parterres. Ses feuilles persistent chez nous pendant Ihiver: le port rappelle l'oléander. Les fleurs, fort jolies, se succèdent pendant tout le mois de septembre et continuent en octobre. Nous n'avons jamais vu leurs fruits. La reproduction se fait par boutures de tiges ou par divi- sions de racines. La plante demande un sol meuble, terreauté, a base de terre franche et assez d'humidité. Un amateur la met en vente à Liège au prix d'un franc. S'adresser au bureau de la Belgique horticole. NOTICE SUR LE TOURRETIA LAPPACEA (Domb.) , Par m. J. Decaisne, 3Iembre de l'Inslilut. Cette jolie plante est originaire du Pérou (voy. pL 26, fig. d), où elle a été découverte vers le milieu du siècle dernier par un des plus célèbres voyageurs français, Joseph Bombay, qui en envoya les graines en France, vers 4780, à M. De Jussieu. Fougeroux de Bouderoy le pre- mier en donna peu de temps après une description complète, accompagnée d'une figure très-exacte dans les Mémoires de l'Académie des Sciences pour 1784 (p. 206, tab. i). Le Tourretia lappacea est une plante annuelle dont le port est assez semblable à celui de VEcremocarpus ; elle s'étend à 3 ou 4 mètres; ses branches sont carrées, herbacées et succulentes; mais elles se soutiennent en s'accrochant fortement aux corps voisins ou saillants à l'aide de vrilles bi ou trifurquées, très-rameuses, analogues à celles de certaines légumi- neuses (gesses, etc.), les rameaux opposés, axillaires, de même nature que les tiges, sont ordinairement colorés en violet à leur pointe d'origine. Les feuilles sont opposées, tri-ternées , pétiolées; les folioles sont pétiolulées, ovales, aiguës, dentées; mais celles du milieu se conver- tissent souvent en vrilles , qui occupent ainsi la place de cette foliole terminale. Cette vrille se décompose en filaments déliés, disposés en tire- — 407 — bouchons, comme ceux des Bryones ou des Passiflores. Des poils fins et blancs se remarquent sur les pétioles et sur les angles des tiges ; on en rencontre aussi de plus gros disposés par bouquets au point d'insertion des rameaux ou des articulations. Les fleurs sont disposées en grappes placées à Textrémilé des branches ; CCS grappes portent de 10 à 20 fleurs, accompagnées de petites bractées linéaires, aiguës, très-caduques, de même longueur que les pédicelles et parsemées comme le support général de poils glanduleux. Le calice est tubuleux , bilabié , coloré jusqu'au sommet en rouge de cinabre à partir de la moitié inférieure qui est verte; la lèvre supérieure se présente sous la l'orme d'une corne assez étroite; l'inférieure plus large, obscurément quadridentée, est comme creusée un peu en gouttière ou en euilleron. La corolle d'un violet foncé, tubuleuse, resserrée vers le milieu, présente une seule lèvre en capuchon, glabre, verdàtre, striée de violet à l'inté- rieur; cette corolle offre une grande ressemblance avec celle des pédicu- laires. Les étamines, au nombre de quatre, naissent vers le milieu du tube; elles sont didynames; deux d'entre elles sont accompagnées de poils à leur point d'origine sur le tube. Les anthères sont à deux loges paral- lèles. L'ovaire, entouré d'un disque hypogyne, mince, quadrilobé, à lobes inégaux, offre des tubercules bruns, qui plus tard se changent en épines dans le fruit mûr. Le style, plus court que la corolle, se divise au sommet en deux stigmates. Le fruit est une capsule ovale, coriace, bru- nâtre, qui rappelle parfaitement celui du Xanthium, et qui se trouve partagé à l'intérieur en quatre loges portant aux angles des graines apla- ties , pliées sur elles-mêmes dans leur longueur et bordées d'une aile membraneuse. Culture. Le Tourretia croît au Pérou, entre les rochers , aux environs de Lima, et, suivant Bombay, dans la province d'Amanca. On le cultive comme les Ecremocarpus en semant les graines en terre légère et meuble sur couche tiède et en pots au commencement d'avril. Le jeune plant doit se repiquer en place en lieu sec et chaud. Le Tourretia , comme on en peut juger par la figure et la description que nous en donnons, est émi- nemment propre à orner les berceaux et les tonnelles. {Revue horticole.) LES FOUGÈRES , PLAiMES AD5IIRABLES D'APPARTEMENT , Par m. Ch. Morren. Il fut une époque, et ce temps n'est pas loin de nous, où toute une famille de végétaux fixait à peine l'attention de l'homme du monde : elle n'avait pas encore introduit dans nos demeures les légions innombrables de ses genres ni délassé nos esprits de leurs élégants panaches, de leurs dentelles à jour, de leurs chevelures ébouriflees ou tressées par la main — 1G8 — habile de la nature, la grande et incomparable artiste de l'univers. Ces! a peine si la gente médicale y puisait un édulcorant sirop, un remède rontre les toux et les extinctions de voix , ou quelques moyens anthel- minthiques. Cette famille de plantes ne se présentait pas, en effet, avec une cohorte (le fleurs brillantes, avec les tons variés d'une palette garnie de couleurs et encore moins avec les sources de ])énétranls parfums. Rien n'existe chez elle de tout ce qui flatte nos sens dans le reste du règne végétal : |(oint de fleurs, point de coloris, point de parfums. Et malgré ces priva- tions, nudgré cette pauvreté apparente, ces plantes sont inséparables aujourd'hui de tout progrès en horticulture; il n'y a plus de beau bouquet sans elles; les coiffures des dames les réclament impérieusement, et les corbeilles, les suspenseurs, les jardinières, les serres portatives, les sur- (outs de table, en un mot tous les meubles floraux de nos salons, de nos boudoirs, de nos alcôves, de nos vestibules, de nos péristyles ne peuvent [>lus désormais prétendre a la perfection de l'ornementation sans ces végé- taux méconnus, oubliés, négligés pendant des siècles. Depuis vingt-cincj ans, peu à peu, de jour en jour, d'importation en importation, cette révo- lution horticole s'est accomplie. Désormais ses acquisitions sont liées au bien-être de l'homme. Cette famille des plantes est celle des fougères, et nous n'en excluons poini jusqu'aux humbles mais si gracieuses espèces de nos forêts , celles qui ne coûtent que la peine d'aller les chercher, surtout par ces beaUx jours d'un hiver italien comme celui dont il nous est donné de jouir en cette année de grâce 4882 (28 décembre). Peut-être trouverait-on dans le moyen-âge une velléité de donner un léger air de poésie à une seule espèce de fou- gère, figurée de ci et de là dans les lettrines d'un manuscrit à miniatures tels que notre Marguerite Van Eyck savait si bien les peindre. Cette fou- gère-là ne pouvait être que celle appelée alors cheveux de la Vierge 3Iarie, débaptisée depuis l'école pa'ienne du dix-huitième siècle, sous le nom de cheveux de Vénus. Jean Van Eyck, un des plus grands génies de la pein- ture du xv" siècle, avait l'honneur d'être valet de chambre de Philippe- le-Bon, et comme tel il l'accompagna à Lisbonne quand le duc de Bour- gogne alla demander la main d'Isabelle. C'est sans doute dans ce voyage ({u'il vit la svelte et délicate capillaire et qu'il apprit à semer de son indes- criptible feuillage les gazons de ses tableaux. Le voyageur qui visite près de Naples la célèbre grotte de la Sibille ou les ruines de Ba'ia , naguère coiisacrées au culte de Vénus , ne peut s'empêcher d'admirer entre les milliers de fleurs de cyclamen et de pâquerette élancée, ces plumes d'éme- raude de la plus élégante fougère d'Europe. Mais, malgré cette influence exercée sur l'art, la eapilhiire-cheveux de Vénus n'avait pas même pénétré dans nos jardins. Il a fallu tout l'empire des fougères sur l'horti- PUlturc contemporaine , pour voir actuellement peu de salons garnis de plantes sans cetle adianthc du Midi. — 169 — II y a dix ans, quand nos expositions horticoles connnencèrent à rece- voir des collections de fougères et qu'enfin on se décida à ouvrir en leur faveur des concours et à faire battre ou graver des médailles en leur hon- neur, on entendait, même parmi les hommes instruits, se faire cette question : u mais à quoi bon donc cette importance donnée à des fougères? ([u'y voyez-vous? — des feuilles, parfois un tronc noirci , des pousses en crosse d'évèque, et, au lieu de fleurs, de la poussière brune qui ressemble singulièrement à du Porto-Rico râpé , sans l'odeur ni sa bienfaisante influence sur un cerveau obscurci. » Et l'on critiquait et l'on blâmait les administrations, les conseils, les programmes, voire même toutes les autorités qui, plus attentives que le public à la marche du siècle, savaient bien cependant ce que récelaient ces fougères si dédaigneusement calom- niées. Déjà, la géologie était fondée, elle intéressait au plus haut degré les peuples et les gouvernements, puisque l'industrie lui demandait et la houille et le fer, le luxe exigeait d'elle les pierres précieuses, et tous, tous sans distinction, l'or, l'argent et le cuivre. Or, la géologie s'était avisée de découvrir que cette houille si précieuse , n'était au fond que du char- bon de fougères, et pour en connaître le gisement , la nature et la richesse [)lus ou moins probable de son exploitation, la science du globe avait besoin d'une étude approfondie delà végétation actuelle des fougères de ce monde-ci. La botanique envoya ses sentinelles dans toutes les zones à la quête de ces plantes , et l'horticulture livra toutes les ressoui'ces de son art pour conserver sous nos climats et pour l'instruction sérieuse et cer- taine de tant de gens mus par des intérêts si considérables, ces fougères désormais une des familles les plus importantes du règne végétal. La géo- logie venait de prouver que les bassins houilliers étaient naguère des archipels où s'élevaient hauts comme des pins et couronnés comme des palmiers ces somptueuses fougères en arbre, et la botanique, fidèle com- pagne parmi les sciences de la nature, de la doctrine nouvelle, s'empressa de lui démontrer que dans les archipels de l'Océan équatorial, l'ancien état du monde montrait encore son sublime spectacle, et que là encore conmie dans les temps dont l'homme n'a pu apprécier les merveilles, les fougères arborescentes élançaient dans les airs leurs gigantesques frondes. Bientôt, il fut donné aux populations de Bruxelles, de Liège, do Gand, de Paris, de Londres et de Berlin de contempler en nature ces formes qu'on avait traitées d'abord de rêves géologiques et d'exagérations de voyageur. Il est dans la nature de la perfectibilité humaine qu'une découverte en amène d'autres, et si Dieu a dit à la mer : u tu n'iras pas plus loin , » il n'a point, que nous ne sachions, imposé cet arrêt à l'intelligence. L'atten- tion était désormais fixée sur une immense tribu d'êtres vivants. Les investigations suivies ont amené successivement la découverte d'un nombre fort considérable de fougères, et, quoique dépourvues de toute richesse florale, ces plantes ont excité chez Ihommc instruit comme chez — 170 - riiominc du monde, un sentiment très-énergique d'amour, de convoitise et de possession. Il n'est pas une dame qui, voyant une fougère, ne vous la demande : toutes s'écrient que rien n'est plus gracieux, plus léger, plus aérien, plus finement et plus coquettement découpé, plus harmoniquement agencé ; les unes ornent leurs chevelures d'un feuillage isolé, les autres aérifient, disons le mot, leurs bouquets de corsage de ces guipures naturelles, celles-ci les sèchent dans leurs livres d'heures comme si c'étaient des images de souvenir , celles-là les collent et les vernissent sur les écrans, les abat-jour, les éventails. Bref, les fougères sont aimées et choyées, cultivées et multipliées, conservées et utilisées par toutes les dames qui sentent au fond de leur àme un irrésistible penchant vers ce qui est beau, gracieux et parfait. Aujourd'hui donc plusieurs centaines d'espèces de fougères se cultivent avec le plus grand soin; se contentant de la température de nos apparte- ments , elles rafraichissont de leurs mignonnes et capricieuses verdures toutes les parties de nos demeures où l'on ne gèle pas. Organisées pour vivre à l'ombre des forets , à l'entrée des grottes ou aux bords des ruis- seaux, elles aiment les pénombres et le faux jour que donne un rideau. Le plein soleil dont nous redoutons l'éclat, leur fait mal comme à nos yeux; nos lumières du soir ne les font nullement souffrir, et, pour l'ornement des bals et des réunions, elles offrent d'immenses ressources. Cette nature de végétation modeste , ce peu d'exigence et cette bonhomie d'une vie placide et quelque peu mystérieuse, leur procurent les facilités pour vivre pendant des années lorsqu'on les suspend dans des candélabres à fleurs au fond des appartements et voire même dans des alcôves ordinairement peu éclairées. Nous avons vu et réalisé nous-méme tout un entourage de lit orné d'une riche végétation de fougères. L'absence de fleurs ne permet pas de supposer qu'on puisse la nuit se trouver mal de ces innocentes végétations diaprées dont la douce teinte et les reflets d'émeraude donnent tant de calme et de charme aux pensées du matin. Une terre de bois, du saule décomposé, des tassons, des pierrailles, une humidité constante, jamais excessive, voilà toutes les conditions vitales auxquelles elles tiennent , mais quant au reste, ce sont les enfants les plus soumis de toutes les familles que Flore ait jamais réunis sous son sceptre. En Amérique , elles croissent sur les arbres morts : vous pouvez impunément les suspendre dans des vases libres; ailleurs et là aussi les crevasses des rochers les attachent sur des plans verticaux : vous pouvez les placer sur des consoles et ces parois des murs ne les dérangeront pas, au contraire, elles vous enverront toutes leurs feuilles précisément du seul côté d'où il vous sera permis de les voir. Plusieurs d'entre elles, d'une nature gazonnante, vont en peu de jours se permettre de couvrir toute la surface disponible de la terre d'un édredon de branches, de feuilles et de petites crosses enroulées avec une grâce charmante. Une jardinière - 171 — recevrait les fleurs les plus splendides qu'elle ne ferait qu'augmentci- leur éclat en recevant par des fougères de ce genre un repoussoir aussi heureux et aussi concordant. Leur vert est pur, leur fond est doux, et un peintre, qui a le sentiment des tons, vous ferait ressortir bien plus et bien mieux que nous ne pouvons y prétendre, tout l'avantage d'un tapis aussi harmo- nieux que finement tissé. On ne connaît pas une seule mousse qui puisse produire comme la selaginelle bronzée ayant l'apparence d'un velours ehàtoignant d'azur, le teint du cuivi'e et le glauque de la mer. Si dans le contentement de nos yeux, l'horticulture trouve tant d'avan- tages à cultiver les fougères, si leurs charmes seuls suffisent pour en faire désormais un genre de plantes où les arts d'imitation iront chercher des conceptions nouvelles et la mode des exigences inconnues naguère , il ne faut pas croire que ees êtres ne servent pas non plus, depuis que nous vivons avec eux, à nous initier plus profondément à des merveilles dont nous n'avions pas dans le domaine de la science la moindre idée. Quand on parle d'un grain trouvé dans les catacombes de l'Egypte et qui germe après des milliers d'années de conservation , il y a des gens qui font les incrédules de convention , eux qui certes ne pourraient pas expliquer pourquoi une graine de melon , portée pendant dix ans dans mon gousset, produit de meilleurs melons que la graine de l'année der- nière. Voici un naturaliste français, M. Thuret, dont l'Institut de France a couronné du grand prix Monthyon , son travail sur les fougères , qui vous affirme que des graines de ces plantes, puisées dans des herbiers séculaires et plus, germent quand on le veut et produisent des plantes saines et vigoureuses. Voyez-vous la conséquence ? Ayez un ami, un cor- respondant dans les régions à fougères , il vous enverra, dans une lettre, de la poudre reproductive de ces plantes , et n'importe le temps que la lettre reste en chemin, vous êtes sûr de pouvoir faire germer la poussière qu'elle contient. Depuis quelques années les jardins botaniques se sont communiqué par cette voie économique les plus belles collections pos- sibles. Vous achetez un bouquet de fougères , vous cueillez les feuilles vieillies de ces plantes dans une serre, vous secouez les feuilles dans un cornet de papier, vous semez la poudre recueillie et vous obtenez les plus coquettes plantes du monde. Voilà une des conséquences de la culture européenne de ces végétaux, et dans le commerce horticole ce résultat est considérable, même pécuniairement parlant. Un savant polonais, permettez-nous de vous en écrire le nom , nous vous en laissons la prononciation libre, M. Leszczyc-suminski (nous prions très-sincèrement nos lecteurs de croire que nous n'inventons rien) a fait une autre découverte sur ces fougères, et l'Institut de France s'en est lellement ému qu'il a ouvert un grand prix pour la voir confirmer. Le concours lui a donné gain de vérité, et cette vérité est une des plus singu- lières qui se soient fait connaître dans notre siècle. L'analogie portait à croire que les fougères comme les autres plantes se fécondaient; seule- — 172 — ment on s"élait perdu en conjectures pour savoir où était le sexe mâle. Sans doute qu'il fallait le chercher près de l'appareil femelle. Nullement, ce savant polonais découvre que la femelle donne une graine ou un œuf si vous l'aimez mieux, et cela sans mâle. Cette graine germe ou cet œuf éclot , puis sur la jeune plante ou sur le petit, arrive, naît et se dé- veloppe, nous ne dirons pas l'époux, ni le père, mais enfin le mâle du jeune; il féconde ce dernier et voilà la reproduction assurée. Vit-on jamais dans l'empire de tout ce qui vit et se reproduit, pareille anomalie, pareille loi ? Depuis trois ans, l'Académie des Sciences de Bruxelles agite une grave question. Deux séances puhliques ont excité une vive attention chez nos savants nationaux par le combat, tout bienséant d'ailleurs comme il doit l'être entre académiciens de bon ton, entre MM. D'Omalius de Halloy et le professeur Wesmael , de Bruxelles. Ce dernier soutient que les espèces, depuis le commencement de notre état actuel du globe , sont immuables et de création primitive. M. D'Omalius n'a pas de certitude sur cette immuabilité , et pour lui les hybrides existent dans la nature , comme M. Wesmael veut que ce soient des résultats de la force active de l'homme sur la nature. Ces deux systèmes recherchent vivement l'histoire des êtres mixtes , des hybrides. Or, il existe une fougère à feuilles dorées magni- fiques, c'est une espèce s'il en fût une au monde , et il en existe une seconde dont les feuilles tout autres sont argentées et brillantes. Un jour, M. Bory entre au jardin botanique de Louvain , et qu'y voit-il dans les serres? une fougère inconnue qui tenait de ces deux espèces : elle était à la fois argentée et dorée ; les horticulteurs s'arrachaient cette plante tant elle était belle. Bory s'écrie que c'est une hybride; donc les fougères ont des sexes, car qui dit hybride dit fécondation croisée. On discute un mo- ment et l'on se tient pour convaincu. Mais voici venir un savant de la Thuringie, M. Bernhardi. Celui-là, pour observer bien, passe des années dans le silence, et savez-vous ce qu'il découvre? que la fougère dorée germe, et quand elle a germé elle se soude avec la fougère argentée, et la prétendue hybride est un être double, formé de deux moitiés, de deux êtres différents sans copulation, sans fécondation, sans sexes! Voilà donc un de ces faits à renverser les plus belles théories du monde , et une preuve de plus ajoutée aux cent mille autres que la nature, dans sa grave et respectable gaieté, se joue de nos misères et de nos malices. Au milieu de toutes ces choses curieuses , l'horticulteur est le plus habile et le plus philosophe : il jouit de ses beautés, et il a, croyons-nous, raison envers et contre tous. - 175 — LE LIERRE D'ALGER, Par le même. Le lierre d'Alger, si remarquable par sa vigueur et par la beauté de ses feuilles, a été introduit en France par M. Joseph Auzende, ancien jardinier -botaniste, adjoint du Jardin botanique de la marine, à Toulon. Dans le cours de ses herborisations, en i852 et en 4835, il le trouva très-abondant aux environs d'Alger, principalement au Moustapha-Supé- rieur, au camp des Figuiers, à Ibrahim-Pacha. Ce lierre, rampant d'abord sur terre, s'élevait ensuite pour tapisser les rochers exposés au Nord. Mais déjà, en 1840, il était devenu rare; les environs d'Alger avaient été dénudés dès cette époque ; les broussailles et les bois étaient détruits pour le chauffage des fours et probablement il serait excessivement diffi- cile de le retrouver aujourd'hui dans les vallons rapprochés d'Alger. Ce lierre magnifique a été reproduit considérablement par M. Rantonnet, Ihabile horticulteur d'Hyères, qui nous en a envoyé de très-beaux exem- plaires. Nous avons constaté sur eux une polymorphie extraordinaire des feuilles. Ces organes y offrent des formes très-multipliées et très-diverses sur le même pied, de sorte qu'en effet cette plante présente un port et un aspect très-différents de ceux de notre lierre indigène et de la variété dite d'Ecosse, qui est plutôt une variété irlandaise, si l'on tient compte de son origine. M. Rantonnet nous a fait tenir des feuilles de ce lierre cultivé chez lui qui mesuraient 2o centimètres de largeur sur 19 de hauteur, dimensions immenses. Nous aurions voulu le figurer, mais le format de notre publi- cation ne permet pas cette représentation, qui, réduite, n'offre pluslin- térêt voulu. C'est à la description seule que le lecteur pourra juger de la valeur de cette plante. M. Rantonnet cède de jolis sujets cultivés en pots au prix de 50 centimes pièce, le cent à 40 francs, les marcottes bien enracinées, 30 francs le cent, à expédier dans leur saison (en octobre, novembre ou décembre). Les boutures emballées dans une bourriche, au prix de 10 francs le cent. M. Rantonnet appelle son lierre Hedera algeriensis. Quelques horticul- teurs qui le tiennent de lui , ont changé ce nom en Hedera macrophylla : c'est la même plante. Naturellement, l'expérience na pu nous apprendre encore si ce lierre conservera chez nousles dimensions qu'onlui voit sous le climat si favorable de file d'Hyères. On ne peut pas affirmer non plus qu'il ne les conservera pas. Dans le Nord, le lierre a de petites feuilles, et en Russie on le cultive beaucoup dans les serres. Cependant, le lierre d'Irlande ou d'Ecosse, se développant chez nous en plein air et en pleine BELG. HORT. T. III. 23 — 174 — terre avec ses grandes dimensions appartenant à la variété, il se peut que le lierre d'Alger le fasse aussi. Nous engageons donc les amateurs, vis-à-vis de son bas prix, d'essayer sa culture. C'est une plante admirable. REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Oendrobiiini ci*etaceuiii. Lindl. Bot. reg., v. 55, t. 62. — Hook. Hot. mag., v. 1852. Tab. 4686. — Dendrobie crétacée. Famille des Orchidées. Feuilles lancéolées, émarginées au sommet et obliquement, obtiuscules ; fleurs solitaires, sépales linéaires-lancéolées, très-planes, obtiuscules; labellum subarrondi, indivis, cucullé, frangé, denté, pubes- cent des deux côtés; base à fossette, obtuse, trilamellée; menton court, obtus (Lindl.). C'est une végétation singulière de quelques Dendrobium, de porter des fleurs sur la partie dénudée des tiges, là où les feuilles ont disparu, de sorte qu'il n'y a guère dbarmonie entre le feuillage et l'inflo- rescence dans ces espèces. Cette espèce-ci est entièrement blanche, le labellum seulement a un lavis jaune et des stries rouges. Cette espèce a été envoyée directement d'Assam en 4851, elle a fleuri en Angleterre en juin 1852. M. Griffîth vit la même espèce à Mergui, sur les collines du Khasya, et M. Thomas Lobb l'envoya aussi dans les serres de MM. Veitch à Exeter. Culture. Semblable en tout aux Dendrobium, à suspendre sur des mor- ceaux de bois garnis de sphagnum, dans la serre à Oi^chidées. Echinopsis cristata. Salm-Dyck. Cacteœ in hort. Dyck. Cuit., p. 58-178. — Ilook. Bot. mag., v. 1852. Tab. 4687. — Echinopsis creté. Syn. : Echinocactiis ohrepandus. Salm-Dyck. A. G. Z. 1845. p. 586, var. ifl piirpiirea. Fleurs purpurescentcs. Famille des Cactacées. Tige dé- primée-globuleuse, brillante, verte, à dix-sept côtes comprimées, très-on- dulées entre les coussinets; coussinets immergés, presque réunis, gris, tomenteux; aiguillons raides, les extérieurs au nombre de dix, recourbés, ouverts, le supérieur et le central solitaire, plus longs et droits, recourbés. M. Bridges introduisit cette plante de la Bolivie, et non du Chili, comme M. Smith l'a dit dans le Botanical magazine. La fleur de cette plante est dun blanc un peu lavé de vert, de rose et de carminé. Elle fleurit en juillet. Les echinopsis forment un genre récemment séparé des échino- cactus, par le prince de Salm-Dyck, qui en reconnaît aujourd'hui une vingtaine d'espèces. Culture. On lui donne la serre chaude, peu d'arrosement, une terre sèche et beaucoup de lumière, comme aux mélocactées proprement dites, Heliconia pulTerulenta. Lindl. Dot. reg. 1648. — Morren. Horti- — 475 — culture belge, t. 2. 1834. p. 27, cum ieon. — Hook. Bot. maif. 1852. Tab. 4085. — Héliconie pulvérulente. Famille des Musacées. Feuilles oblongucs, minces, acuminées, raarginées, cordées à la base, pulvéru- lentes et blanches au-dessous; spathcs ternées, colorées (d'un rouge vif- eocciné) ; feuille bractéale concolore plus longue ; fleurs (petites, blanchei^) trois fois plus courtes que la spalhe, verdâtres^ sépale nain, oblong, sub- mucroné. Le genre Heliconia est voisin du genre Strelitzia. Rœmer et Schultes énuméraient onze espèces de ce genre, et M. Walpers en donne sept de plus dans ses Annales, vol. 1, p. 8H; toutes sont originaires de l'Amérique du sud. L'espèce dont nous parlons ici et que nous avons fait connaître depuis 1834, se distingue facilement des autres par la farine blanche qui garnit le dessous des feuilles, et par la petitesse des fleurs en comparaison des bractées rouges. Sa patrie est réellement inconnue. Il y a 20 ans qu'elle a été introduite dans nos serres par feu sir Abraham Hume et cultivée dans les serres de Wormleybury. Culture. Les Héliconias se cultivent en serre chaude comme les Stré- litzias, mais il y a entre eux un contraste évident quant à la floraison. Avec peu de soins, on obtient des Strélitzias une floraison annuelle; avec beaucoup de soins on n'en obtient pas une des Héliconias tous les dix ans. Nous avons remarqué en Belgique que les Héliconias ne fleurissaient qu'a- près des déplacements d'une serre à une autre, après un voyage, une souffrance, un arrêt de végétation. Si l'on repote après ces événements, la plante fleurit. Ceci fait croire qu'il faut rempoter annuellement, ou tous les deux ans. Du reste, il leur faut une bonne terre de bruyère, ter- reautée, riche ; de la chaleur de serre chaude, des arrosements modérés et beaucoup de jour, sans insolation directe. La reproduction se fait par multiplication de pieds. Hoya fraterna. Blume. Mus. Bot. Lugd. Bat., p. 44. — Hook. Bot. mag. \. 1852. Tab. 4684. — ^ Hoya fraternel. Famille des Asclépiadées. Feuilles amples, elliptiques, épaisses, coriaces , aiguës , subcordées à la base et calloso-glanduleuses, obscurément penniverves à nervures éloignées, recourbées sur le bord, pétiolées, côte très-grosse surtout au-dessous; pédoncule 3-4 fois plus court que la feuille; ombelle multiflore, compacte; sépales ovales, obtus, concaves; corolle arrondie, lobes deltoïdes, planes, recourbés, veloutés, soyeux; folioles de la couronne staminale courtes- ovales , bout droit, obtus. Cette jolie espèce d'Hoya a été d'abord signalée par Blume, à Java, et puis découverte par M. Thomas Lobb, qui a eu le meilleur esprit d'en doter l'Europe. Cette espèce croît aujourd'hui en pleine prospérité chez MM. Veitch, à Exeter, où elle fleurit abondamment durant tout l'été et l'automne. Des feuilles mesurent un pied de longueur: on n'observe bien la structure de cette feuille épaisse que séchée pour l'herbier. La fleur est d'un jaune rosâtre très-éléganl, d'un ton chaud, avec un i-ellet rose et carminé. Le tissu est un velours soyeux ; la cou- — d7() — ronne staininale est d'un jaune vif, et chaque partie porte deux stries réunies angulairement d'un beau rouge verniillonné. Le nom de fralerna donné à cette espèce paraîtra singulier, mais il indique le voisinage de cette plante avec VHoya coriacea. Culture. Plante de serre chaude et grimpante, elle exige une bonne Icrre de bruyère, terreautée, à base de teiTe franche. On ne peut jamais la pincer, attendu que les ombelles naissent constamment du même pé- doncule. Couper ce dernier, c'est se priver d'une succession de fleurs pour les années suivantes. La multiplication se fait par boutures, en bâche chaude et sous cloche étouffée. Vncciiiiiiin erythriniim. Hook. Bot. mag., v. 1852. Tab. 4688. — Myrtille à fleurs rouges. Famille des Vacciniées. Plante droite, glabre; rameaux rouges, feuilles ovales, à pétioles courts, obtus, coriaces, en- tières, toujours vertes; grappes terminales agrégées, mulliflores; bractées foliacées, plus hautes que les fleurs; fleurs pentamères , unilatérales, pendantes; calices glabres, corolles urcéolées, étamines incluses, fdets poilus, ainsi que le disque épigyne et grand; anthères mutiques, loges tronquées. Le docteur Wight a écrit la monographie des Vacciniées de rinde, qui rentrent dans le genre Agapetes, Ceratostemma , Thihaudia et Vaccinium. Le docteur Klotzsch veut que toute la famille doit com- porter quatorze genres de plus, et que probablement il y en aura vingt- neuf. A ce compte, cette espèce-ci devrait, avec le V. Rollisoni, constituer un genre nouveau, vu que les anthères sont mutiques; mais sir William Hooker considère ce caractère comme si minime, qu'il ne veut pas le prendre pour la base d'un genre : quelques poils ou non à une anthère ne peuvent former un caractère générique. Cette myrtille est originaire de Java , comme la Rollisoni, et c'est au fond une charmante espèce : les tiges et les fleurs ressemblent à des branches et à des perles de corail. Culture. On la cultive en serre tempérée, sèche et aérée, dans de la terre de bruyère, en drainant le pot et en réglant parfaitement les arro- saments. Les myrtilles sont très-sensibles à la stagnation des eaux, et meurent du moment que celles-ci s'aigrissent. La reproduction se fait par le semis ou la division des pieds. — 477 — LITTÉRATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE. QUELQUES RÉFLEXIOiNS SUR L'ÉTUDE DE LA BOTANIQUE, ET DÉTAILS SUR LE MODE DE REPRODUCTION DES ALGUES ZOOSPORÉES, Discours pronoîicé dans la séance publique de la Société des sciences nalu- relles de Cherbourg, le 29 octo6re 1852, Par m. Auguste Le Jolis, Archiviste de la Société, Messieurs, De toutes les sciences qui ont pour but l'étude des êtres de la création, la Botanique est peut-être la plus attrayante par la nature même des objets sur lesquels portent ses recherches. Aussi les plantes ont- elles toujours attiré l'attention des observateurs, soit par leurs fleurs brillantes, leurs formes gracieuses et variées, soit à cause des immenses ressources qu'elles procurent à l'homme; et maintenant surtout que l'étude des végétaux est devenue une véritable science ayant ses théories et ses faits, ses hypothèses et ses lois , le nombre de ceux qui s'en occupent s'est-il accru d'une manière considérable. Mais, si les notions élémentaires delà Botanique sont assez généralement répandues dans le monde, il faut l'avouer cependant, ces notions sont le plus souvent très-vagues, et de nature même à donner une idée fausse de cette science. De là vient que beaucoup de personnes qui s'attendaient à trouver un délassement dans cette étude, y renoncent bientôt par fatigue et par ennui, rebutées qu'elles sont par les termes techniques et barbares dont sont hérissées les pages des ouvrages élémentaires; que d'autres, pour lesquels les difficultés n'auraient pas été un obstacle, ne voient dans la Botanique qu'une vaine mnémotechnie de noms et de mots, et la regardant comme indigne de fixer l'attention d'un esprit sérieux. Il me serait facile de montrer com- bien ces préventions sont mal fondées; mais, voulant restreindre ces quelques réflexions dans de courtes limites, je me contenterai d'indiquer en peu de mots le véritable but que doit se proposer le botaniste, et les moyens qu'il doit employer pour y parvenir. L'étude de la Botanique ne consiste pas seulement , comme on le pense quelquefois, à récolter plus ou moins de plantes, à leur imposer des noms plus ou moins bizarres, à les étiqueter et classer dans un herbier. Quoi- que l'unique occupation de bon nombre de personnes qui se disent et se croient peut-être botanistes, ce n'est là qu'un travail purement matériel — 178 — et préparatoire et qui ne mène à aucun résultat, si l'esprit de l'observa- teur ne sait pas s'élever à de plus hautes conceptions philosophiques, si, aidé de la connaissance exacte des faits, il ne cherche pas à reconnaître h; mode d'action des deux lois fondamentales d'harmonie et de variété qui régissent tous les êtres ; l'étude comparative de ces lois, la contemplation intelligente des mystères de la création, tel est le véritable but de la Bota- nique, comme celui des autres sciences naturelles. Moins la lune nous parait éclairée, plus notre globe est lumineux pour elle. La lumière que la terre renvoie à la lune est d'ail- leurs 15 fois et demie plus intense que celle qu'en reçoit... L'opinion s'est généralement répandue, depuis Lambert etSchroeter, que les différences dans l'intensité de la lumière cendrée, dépendent de la force plus ou moins grande avec laquelle est réfléchie la lumière solaire qui frappe la surface de notre globe, suivant qu'elle est renvoyée par des masses continentales couvertes de sables, de prairies, de forêts tropicales et de rochers arides ou bien par les vastes plaines de l'Océan. Le 44 février 4774, la lumière cendrée se changeait en une teinte olive tirant sur le jaune ; la lune rece- vait alors sur son hémisphère d'ombre la lumière verte de la terre réflé- chie sous un ciel serein par les régions boisées de l'Amérique méridio- nale. - 184 PI. '27. S ■■'■"' — 185 — HORTICULTURE DES BEAUX-ARTS. LA BOTANIQUE DE L'ARCHITECTURE , CORNICHES ET CHAPITEAUX , Pau m. Ch. Morren. Qui ne sait pas en Belgique et ailleurs que M. Roelandt, professeur d'architecture à TUniAersité deGand, membre de l'Académie royale des sciences , lettres et beaux-arts de Belgique, est un grand et fécond archi- tecte, pénétré de toutes les vérités, de tous les principes de son art? Les monuments de sa ville natale parlent assez haut et assez éloquemment en sa faveur, pour que nous soyons dispensé d'ajouter une parole à leur langage. Je revis cet homme de cœur, de talent et de poésie, le 14 dé- cembre , au banquet offert par l'Académie à son secrétaire perpétuel M. Quetelct, à l'occasion de son élévation au grade de commandeur dans rOrdre de Léopold. >: Connaissez-vous , mon cher Roelandt, lui dis-jc, les nouvelles et originales idées de William Pettit Griflith , architecte, membre de la Société des antiquaires de Londres, au sujet de la Bota- nique architecturale, c'est-à-dire de l'application de la science des plantes à la science des pierres? » — « Je ne sais vraiment, repartit mon ami , où la botanique n'est pas et que rarchitecture ait eu des accointances avec les plantes et les fleurs, j'en suis complètement convaincu. Vovez les Indes, dans ses monuments anciens vous retrouvez les plantes aqua- tiques; Brahma, le Dieu créateur, naît du sein d'une fleur dont les bota- nistes ont fait une nymphéacée, sa feuille peltée devient l'ornement des pilastres. On a dit et avec raison que les monuments de l'Egypte étaient lourds, massifs, faits pour braver les siècles et la barbarie des hommes; mais qui inspira ces formes? les plantes grasses, grosses, trapues de sa flore, les tiges triquètres et angulaires du' papyrus correspondant aux pyramides et à leurs arêtes. On croit que l'architecture grecque est si harmonieuse à nos yeux parce qu'elle reflète dans ses colonnes les pro- portions du corps humain; l'homme a fourni , dit-on, les proportions de l'ordre dorique ; la femme, plus svelte , plus délicate, aurait présidé à la conception de l'ordre ionique ; Callimaque aurait puisé le Corinthien dans la contemplation d'une jeune fille, fraîche et belle, portant sur la tète une corbeille d'acanthe, les cannelures des colonnes seraient les plis de la robe. Tout cela est très-poétique, mais est-ce vrai? ne trouverait-on pas la colonne tout aussi bien, tout aussi noblement dans le tronc des palmiers et le chapiteau à volutes ou à feuilles dans la fronde de ces élé- gants dattiers ? c'est bien la feuille d'acanthe , végétal majestueux que je cultive avec délices dans mon jardin, vis-à-vis de moi, c'est bien la feuille — 18G — (raoaiithe qui est remontée au soniinet ot KMi dr M 1 I Iciiraïul . '_». l'oirc melon flc> Tournai — I9i — priétés telles qu'il convient de le placer définitivement dans la série po- mologique. Le même jour que M. Henrard nous présenta ce fruit dont il désirait avoir la description et obtenir l'illustration dans la Belgique horticole^ nous avions l'honneur de recevoir M. Edouard Fenzl, professeur-direc- teur du Jardin botanique impérial de Vienne, qui était venu visiter en Belgique les principaux établissements horticoles. M. Fenzl voulut bien servir de parrain à l'enfant inconnu de M. Henrard et lui donner la célé- brité d'un nom justement estimé et honoré dans le monde floréal. C'est donc sous le nom de poire beurré Fenzl , que nous communiquerons à nos lecteurs la connaissance de cet excellent fruit. Ce beurré mesure de sept à huit centimètres de hauteur sur un dia- mètre de 5 à 5 Yj; la poire est pyriforme, souvent oblique , renflée d'un côté, rétrécie vers le tiers caudal. Le pédoncule a deux centimètres de longueur, brun , implanté presque à fleur dans un léger défoncement; l'œil est entier, brun, bien formé, à peine plongé dans un creux rétréci. L'épicarpe, vert dans la maturation, devient jaune-d'or dans la maturité; flagellé de vermillon du côté éclairé et tout parsemé de macules , taches et piquetures fauves. La chair est blanche, savoureuse, délicieuse, pleine de jus, fondante, sucrée et des plus agréables; le pépin trapu, très-noir et luisant. Un des grands avantages de ce beurré est que son épicarpe ou peau est plus épais que celui de ses pareils. Cette ténacité fait que la poire ne se froisse pas dans le transport et peut impunément voyager dans les j)aniers. Arbre vigoureux, excellent pour prairie et verger, fertile et régulier dans ses portées, il se façonne à toutes les formes propres au plein vent. Le fruit mûrit vers le 25 septembre. Il est très-recherché sur le marché de Liège. M. Henrard peut céder le beau pied du beurré Fenzl au prix de 1 fr. oO centimes. DES LABOURS POUR ARBRES FRUITIERS, Pau m. Du Breuil. Les labours maintiennent le sol dans un état d'ameublissenicnt con- venable. On ne devra pas les faire profonds, de peur d'endommager les racines des arbres, surtout de ceux greffés sur prunier, sur cognassier, sur paradis , et qui se développent toujours plus superficiellement que les autres. Dans ce dernier cas, au lieu d'employer la bêche, il sera pré- férable d'user de la fourche à dents plates. Dans les terres argileuses, on donnera deux labours par année, l'un avant l'hiver, l'autre au prin- temps, après la taille des arbres. Dans les terres légères, on pourra se contenter d'un seul labour donné au printemps. — 192 - VI 29. — 195 — INSTRUMENTS HORTICOLES. LE NECESSAIRE DU GREFFEUR DES FRÈRES DiTTMAR DE HeILBRONN. On ne saurait bien grefFer sans bons instruments. Le mécompte des greffes tient plus souvent qu'on ne le pense, à la défectuosité des ustensiles. Ces instruments nécessaires sont : 1° La scie; celle figurée ci-contre, pi. 29, dans la boite, a le manche en are et le dessous propre à être saisi par la main. L'arcure est assez forte pour permettre le mouvement sans être gêné par les branches; 2° Un couteau-émondoir ou serpette , ayant pour but de tailler les grosses branches et présentant la courbure nécessaire à la lame ; 3° Un greifoir à deux lames. L'une des lames est destinée à couper le sujet, à le fendre, le préparer; la seconde à séparer l'œil, Técorce ou le talon. Ces lames sont pures. Au-dessous des lames se trouve un angle saillant propre à soulever l'inoculation et à la porter sans y toucher des doigts ; 4" Un greffoir à deux lames et terminé par un onglet en ivoire qui soulève l'écorce , s'introduit entre elle et l'aubier et permet d'achever l'opération sans toucher des doigts les parties vivantes qu'on met en contact ; 0" Pour les greffer en fente, en couronne, etc., sur gros arbres, on se sert d'un couteau plus fort; la lame est plate sur le bord supérieur et peut recevoir impunément les coups d'un marteau de bois ; le manche est recourbé en crochet et offre de la résistance; ce crochet sert à ouvrir les fentes et à les tenir ouvertes jusqu'à la fin des opérations ; 6° Une pierre à aiguiser afin d'entretenir les lames dans la finesse de leur tranchant. Tous ces instruments sont renfermés dans le nécessaire du greffeur. Les frères Dittraar , à Heilbronn dans le Wurtemberg , confectionnent des nécessaires semblables figurés pi. 29, qui ont une grande réputation, et ce au prix de 12 fr. tous les instruments réunis et la boite élégamment ornée. On ne saurait rien posséder de plus convenable pour les travaux ordi- naires du jardinage. — 194 — NOTE SUR LE DIACARPOMÈTRE, OU INSTRUMENT A MESURER LES FRUITS, Par m. Bossin, Horticulteur à Paris. L'horticulture qui depuis quelques années est entrée dans une voie sr remarquable de progrès, dans tout ce qui touche la multiplication d^ espèces, leur culture habile, le gouvernement des serres, l'excellente direction donnée aux plantes utiles ou d'agrément, la recherche dea espèces nouvelles qui promettent de devenir de précieuses acquisitions pour l'agriculture, les arts ou le jardinage, est cependant un art qui manque encore de précision dans les indications toutes les fois qu'il s'agit de poids ou de mesure. Tous les jours on rencontre dans les ouvrages d'UorticuIture des indications telles que celles-ci : arbre gros comme la cuisse, une branche à peu près de la grosseur du bras, un fruit gros comme un œuf ou le poing, et bien d'autres encore qui laissent dans l'esprit une idée vague et incomplète de l'objet ou de la chose qu'on qua- lifie ainsi. Or, dans toute science ou dans tout art pratique qui aspire à la perfection, il faut que les mesures linéaires ou autres soient énoncées avec un certain degré d'exactitude, parce qu'elles servent de point de départ et de termes de comparaison dans toutes les appréciations numé- riques que l'on se propose de faire par la suite. Les horticulteurs ont si bien senti la nécessité d'employer des instru- ments donnant des mesures exactes, qu'il n'y en a peut-être plus un seul aujourd'hui qui se contenterait de plonger la main dans une couche chaude pour apprécier son degré de chaleur, ou d'apprécier la sensation qu'il éprouve en entrant dans une serre pour juger de sa température. Sous ce rapport, ils n'ont point hésité à adopter l'usage du thermomètre, et, même dans les serres et les bâches bien gouvernées, celui du baro- mètre et de l'hygromètre, instruments de précision qu'on ne voyait autre fois que dans les cabinets de physique ou dans les arts industriels et qui figurent aujourd'hui au premier rang des appareils employés dans la multiplication et l'éducation d'un grand nombi'e de nos plus brillantes acquisitions végétales. Nous nous proposons, dans cette note, de faire connaître un autre in- strument de précision à l'usage des horticulteurs, auxquels nous espérons qu'il deviendra bientôt aussi familier que le thermomètre, qui donnera plus de précision à établir les énonciations métriques qu'ils pourront avoir à faire, et enfin leur rendre des services de plus d'un genre. Cet instrument est le diacarpomètre , ainsi nommé parce qu'il sert à mesurer les dimensions des fruits, mais qui peut réunir plusieurs autres ^ 195 — tipplications utiles. Disons d'abord à qui est dû le mérite de l'invention du diacarpomètre. Le 12 juillet dernier, M. Abel Delafarge, membre du Comice agricole de Salers, agriculteur savant et très-zélé, horticulteur-amateur plein de goût et d'intelligence, nous adressa une lettre où, parmi plusieurs idées ingénieuses, on lisait ce qui suit : te Les instruments d'horticulture font tous les jours de nouveaux pro- grès; cependant je n'ai vu nulle part qu'on en eut inventé pour mesurer les dimensions des différents fruits que l'on possède en France. A ce sujet, il faut que je vous fasse part d'une idée qui m'est venue en voyant le compas du tourneur. Il m'a semblé qu'en le modifiant il pourrait remplir cet office, et j'ai tâché de le tracer. Il aurait à peu près la figure ci-incluse, une des branches de ce compas porterait un arc, ou un quart de cercle qui traverserait l'autre branche à la même hauteur et y serait fixée au moyen d'une vis de pression. Cet arc ou quart de cercle serait gradué en parties décimales, et indiquerait par des chiffres la mesure de l'ouverture des branches. Il serait aussi d'une grande utilité pour déterminer la largeur des incisions annulaires corticales que l'on conseille de faire sur les tiges des arbres, afin de hâter leur mise à fruit. Cette largeur, d'après les ob- servations de certains hommes consommés dans la culture des arbres frui- tiers, doit être en raison du diamètre ou de la vigueur de la partie de l'arbre annelé; on pourrait lui donner le nom de diacarpomètre, tiré du grec, qui veut dire mesure du diamètre des fruits. Nos habiles fabricants d'instruments pourraient l'exécuter parfaitement. Voyez si cette idée peut être mise au jour et est digne d'être présentée aux Sociétés d'horticulture de Paris. ;• Nous avons saisi en effet avec empressement l'idée de M. Abel Delafarge, et elle nous a si bien paru digne d'être mise sous les yeux du public et des Sociétés d'horticulture, que nous n'avons pas hésité à faire exécuter plu- sieurs exemplaires du diacarpomètre par un habile fabricant d'instru- ments de précision, c'est-à-dire confier cette exécution à M. Laplace, rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois, n° lo, à Paris, qui s'est depuis longtemps acquis une excellente réputation pour la perfection de ses compas et en général de tous les instruments de mathématiques, qu'il confectionne d'une manière tout à fait supérieure. L'instrument suffisamment indiqué dans la lettre de M. Abel Delafarge, construit avec toutes les rigueurs de l'art par M. Laplace, a quelques ressemblances avec ce qu'on appelle dans les arts industriels un coinpas d'épaisseur, mais il en diffère en beaucoup d'autres points qui le rendent plus propre au service auquel on le destine: il a 48 centimètres de hauteur et occupe une largeur de 12 à 14. Il mesure des objets depuis les plus petites épaisseurs jusqu'à un diamètre de 25 centimètres, avec une exacti- tude qui pourrait aller jusqu'au millimètre, précision bien suffisante pour les besoins actuels de l'horticulture. Il se compose comme les compas — 196 — ordinaires de deuv branches en laiton longues de 10 centimètres assem- blées sur une tête, et qui dans le bas sont terminées par deux pointes au moment où l'instrument est fermé. Sur la branche en laiton de droite est fixé, par une vis, un quart de cercle gradué en acier, qui passe par une fenêtre percée à travers l'autre branche, laquelle peut couler sur cet arc, être arrêtée sur tel point qu'on désire de sa graduation, au moyen d'une petite vis de pression qui la serre sur le quart de cercle. Les divisions sur le quart de cercle indiquent exactement Técartement des branches, ou l)lutôt de la distance linéaire, et de suite, qui existe alors entre leurs pointes en acier. Pour mesurer la grosseur d'un fruit, on écarte les branches jusqu'à ce que leurs pointes touchent les deux extrémités op- posées de son plus grand diamètre, puis on lit sur l'échelle graduée le chiffre de cet écartement, qui est celui du diamètre de ce fruit; on peut de même mesurer la hauteur. Indépendamment de la mesure du diamètre ou des autres dimensions des fruits, il est aisé de voir que le diacarpomètre est susceptible de rece- voir beaucoup d'autres applications en horticulture. Son ingénieux inven- teur, M. Delafarge, en a lui-même indicjué une importante, celle relative à l'incision annulaire sur les arbres. Rien ne s'oppose non plus à ce qu'on s'en serve pour mesurer l'accroissement annuel en grosseur d'un rameau, d'une branche, d'une tige quelconque; le diamètre et la hauteur des pots, l'écartement des semis de plantes, la grosseur des pieux, d'échalas, des baguettes, le diamètre du calice ou de la corolle des fleurs, l'écartement des rameaux sur la tige , la hauteur des verticilles floraux , la distance des clous de palissage entre eux, etc., etc., et bien d'autres usages encore auxquels on songera aussitôt que l'instrument sera dans les mains du jar- dinier praticien. On voit donc que le diacarpomètre nest pas un de ces instruments de fantaisie à l'usage seulement des amateurs, c'est un appareil destiné à devenir d'une application usuelle en horticulture, à donner plus de pré- cision, plus de grâce, d'élégance aux travaux et en même temps à fournir des indications bien plus précises qu'on n'avait l'habitude de le faire jusqu'à présent dans la pratique de cet art. Toutes ces considérations nous déterminent à le recommander très- vivement à tous les jardiniers, les horticulteurs et les amateurs, bien con- vaincus qu'il leur fournira une foule de notions exactes qui aident à l'in- telligence des observations et permettront de leur accorder plus de con- fiance et d'étendue, et cette recommandation nous la leur adressons avec d'autant plus d'empressement que l'habile constructeur, M. Laplace , a consenti , malgré l'excellence de leur fabrication, à réduire à un taux très- modéré le prix des instruments qu'il peut dès aujourd'hui livrer à la consommation. M. Laplace, fabricant d'instruments de mathématiques, rue des Prêtres- Saint-Germain-l'Auxerrois n" 1?), a fixé à ofr. 50 cent, le prix du diacnr- — 197 — pomètre , dans les dimensions indiquées ci-dessus , c'esl-à-dire pouvant mesurer des corps ayant jusqu'à 25 centimètres de diamètre, celui dont le dessin réduit ci-joint est de cette dimension et du prix de 5 fr. 50 c. M. Laplace peut en confectionner de plus grands et de plus réduits dont les prix seront en rapport avec les instruments. PI. 30. BKLG. HOT. T. Ili. 2G — 198 — ANIMAUX NUISIBLES ET PATHOLOGIE VÉGÉTALE. MEMOIRE SUR LES GALLINSECTES DE L'OLIVIER, DU CITRON- NIER, DE LORANGER, DU LAURIER-ROSE, ET SUR LES MALA- DIES QUILS Y OCCASIONNENT DANS LA PROVINCE DE NICE ET DANS LE DÉPARTEMENT DU VAR , Par m. J.-B. Bobineau-Desvoidy. Je savais que les oliviers et les orangers de la France méridionale sont, depuis un certain nombre d'années, infectés de maladies que les efforts de l'homme n'ont encore pu ni surmonter, ni même arrêter. Je résolus d'étudier par moi-même ces fléaux. Mon but était d'en rechercher l'ori- gine, d'en constater les causes et les ravages. Je voulais demander à l'his- toire de ces maladies, déjà naturalisées dans ces provinces, l'histoire pro- bable des maladies nouvelles ou prétendues nouvelles qui affligent en ce moment nos départements du centre et du Nord. Je me rendis donc dans la province de Nice et dans la contrée d'Hyères. Je vais en peu de mots tracer un aperçu de mes observations. Les oliviers, citronniers, orangers, et une foule d'autres arbres cultivés dans ces climats, sont en proie à une affection que les Italiens nomment la morfée, parce qu'ils l'ont comparée à une affection psorique cutanée. C'est une croûte ou une crasse noire qui recouvre le tronc, les branches, les feuilles et les fruits des arbres sur les étendues quelquefois considérables. La végétation est arrêtée, viciée ; les arbres tombent dans la langueur, le marasme et la stérilité. Ils n'offrent plus qu'un aspect de dégoût et de répulsion. Ils peuvent rester plusieurs années dans ce triste état. D'autres fois, la maladie quitte brusquement une localité pour se jeter sur une autre localité plus ou moins voisine, qu'elle ravage à son tour. D'après les témoignages de l'histoire, cette maladie ne paraît pas avoir plus d'un siècle de date. Les écrivains la font naître à Rome, d'où elle se serait répandue dans toute l'Italie, et enfin la France. Elle fait chaque année des progrès nouveaux soit en intensité, soit en étendue. On n"a encore trouvé aucun moyen de l'arrêter. Cette morfée porte dans le Nord le nom de fumagine; elle y est moins désastreuse et surtout moins hideuse, parce que les arbres y sont à feuilles caduques, et qu'ainsi ils ne conservent pas la maladie accumulée sur eux durant plusieurs années de suite. Les Italiens ne sont pas daccord sur la nature de la morfée. Est-ce une maladie spéciale? N'est-elle que le produit des piqûres des gallinsectes. J'embrasse cette dernière opinion comme étant la plus rationnelle et -- 199 — appuyée sur l'observation directe des faits ; car on ne rencontre la morfée que sur des arbres déjà attaqués par les kermès. Il suffit du voisinage d'un arbre attaqué par ces animaux pour rendre malade les arbres con- tigus qu'ils envahiront. La séquestration d'une tige saine et sa mise eji contact avec les kermès ont bientôt occasionné la morfée. Mais la morfée, une fois installée dans les climats chauds, ne tarde pas à prendre une énergie extrême, au point de devenir la maladie prédomi- nante et envahissante. Elle est alors comparable aux affections cutanées qui ont pris trop d'extension sur les animaux et qui finissent par amener des accidents plus grands que ceux engendrés par la cause primitive. Je constate que le coccns adonidum, la cochenille des serres, originaire du Sénégal, attaque plus particulièrement les arbres des genres citroiuiiej' et limonier ; Que le kermès hesperidum (Linn.), ou le kermès des orangers , origi- naire d'Amérique et d'Afrique, s'adresse de préférence aux orangers, aux lauriers-roses, aux pêchers; Que le kermès aonidium (Linn.), ou le kermès des lauriers, originaire de l'Archipel indien, est venu surtout aux laurinées. Le kermès oleœ, inconnu de Linnée et décrit par Bernard en 1782, fait les plus grands ravages sur les oliviers : il s'est pareillement jeté sur la famille des orangers, sur les lauriers et sur une foule d'autres végétaux. C'est l'insecte le plus désastreux de cette époque. En outre ces diverses espèces de gallinsectes, franchissant les limites que la nature leur avait assignées dès l'origine, ont indifféremment atta- qué les autres arbres à feuilles persistantes. On peut aussi les rencontrer vivant ensemble sur le même arbre. Elles ont fait davantage, elles se hâteni d'occuper chaque arbre nouveau au fur et à mesure que la culture lamène des contrées lointaines pour l'acclimater. Ces insectes ne sont donc pas dangereux seulement pour le présent, ils sont encore redoutables pour l'avenir. C'est dans les localités grasses, humides, bien cultivées, bien ari'osées, bien engraissées, et surtout à l'abri des vents, que kermès et morfée fleu- rissent à l'envie et se manifestent par les plus grands ravages. La cupidité de l'homme, qui a voulu avoir à la fois plusieurs espèces de récoltes sur le même champ, et qui y a accumulé plusieurs genres de végétaux, a pro- voqué, par une culture poussée à l'excès, un excès de végétation qui en- gendre les myriades d'animaux, auteurs de tant de désastres. Je termine mon Mémoire en rappelant l'attention du naturaliste sur les quatre espèces de gallinsectes mentionnées, dont on connaissait bien les habitudes, et qui, à l'exception du kermès oleœ, n'avaient encore été ob- servées que dans les serres. Linnée , en raison de leur domicile sur les arbres aromatiques et toujours verts des contrées les plus chaudes, leur imposa le glorieux nom de coccns adonidum, coccus hesperidum , comis aonidum. Pour lui, comme pour Geoffroy, c'étaient des insectes exotiques. — 200 — rapportés des pays lointains et torréfiés par les feux du soleil. A l'exemple de leurs végétaux nourriciers, ils n'entretenaient en Europe leur existence qu'à l'abri de domiciles vitrés et sous Tinfluence d'une chaleur artificielle. Ces insectes ont quitté leur prison; sous des climats favorables, ils ont retrouvé en plein air les arbres de leur véritable patrie : la nature a repris ses droits. Le coccus adomdum s'est de nouveau installé sur les citronniers, le kermès hesperidum sur les orangers, le kermès aonidum sur les lauriers, ainsi que plusieurs siècles auparavant, le kermès oleœ avait suivi l'olivier dans ses migrations en Europe, Des végétaux étrangers avaient été transportés sur des plages nouvelles, leurs insectes, également en voyage, les y ont rencontrés. Dans leur nouvelle patrie, plantes et animaux ont trouvé des conditions favorables à un excessif développe- ment. Les plantes, par de riches produits, ont d'abord répondu aux vœux des cultivateurs ; mais les insectes se sont accrus dans la même proportion : comme aucun obstacle et aucun ennemi ne s'opposaient à leurs générations incessantes, ils n'ont pas tardé de devenir causes de maladies, de stérilité et même de mort pour leurs nourriciers. Ces faits sont positifs et au-dessus de toute contestation. Leur récit ne pourrait-il pas nous guider dans nos études sur ces grandes maladies qui, aujourd'hui, affligent l'agriculture dans tous les points de l'Europe. [Ext. du mém. Académie des sciences de Paris. 2 août 1852.) CULTURE MARAICHERE. LES PAVOTS COMME PLANTES ALIMENTAIRES. M. D'Hombres-Firmas recommande les jeunes plantes de pavot de jar- din {Papaver somnif'eriim) comme un légume agréable et sain. On en fait usage dans sa famille depuis longtemps, sans aucun inconvénient. Les graines sont semées dans des carreaux, et quelquefois on repique les plantes dans des plates-bandes ou en bordure. Dans le premier cas, on éclaircit , et les plantes arrachées servent de légume ; dans le second , on peut encore prendre les feuilles inférieures des plantes qu'on ménage pour les fleurs. On accommode le pavot au beurre ou au sucre, comme des épinards ; on en met sous les fricandeaux, dans les tourtes, etc., etc. M. D'Hombres rappelle que les femmes , dans le midi de la France, no- tamment dans le département du Gard, vont chercher au milieu des champs les plantes de coquelicot [Papaver rhœas, P. hybridum), et en colportent des corbeilles qui se débitent promptement. Quelques per- sonnes les mangent en salade, d'autres apprêtées comme les épinards et de la chicorée. Si on les prenait jeunes , elles seraient peut-être aussi bonnes que le pavot cultivé des jardins. I -G. Aiiouloa lloluM\lol\ii Mon-. - l)('M{l?"ol)iun\ (lovoniamim l'axi 201 HORTICULTURE. NOTICE SUR UNE NOUVELLE ET MAGNIFIQUE ESPÈCE WANGU- LOA, DÉDIÉE A S. A. S. LE PRINCE FRÉDÉRIC DE IIOHENLOIIE- \NALDENBOURG-SCHILLlNGSFURST, Par m. Ch. Morren. Anguloallohenlohii. Morr. Anguloa de Hohenlohe. — Famille naturelle. Orchidées. — Tribu III. Vandées. CLASSE GYNANDRIE. Car. gen. ANGULOA. Ruiz et Pav. Peri- gonii globoso -connivenlis foliola extcriora basi inter se connata, lateralia labello sup- posila, ejiisdem ungui adnala, inleriora mi- nora. Labellum cum columnœ basi continiium, longe ungiiiculalum, lamina adseendenle co- lumnœ parallela, ealceii'ormi , apice inœqua- liter triloba, lobe medio srepius saccalo. Culumna brevis clavala, niarginala. Anihera bilociilaris , terminalis, carnosa, PoUinia duo, solida, bine siilcala , in glaudiila slig- malis pcdunculala j'cndula, sessilia. Car. spec. A. HOIIEMOHII. Morr. Pseuclo- bulbis ovatis aculis subcompressis, niaximis, polypbyllis; foliis vaginanlibus lalo-lancco- lalis, ulrinque atlenualis, apice aculis, pli- catis, bi-pedalibus ; pedunculo unifloro, ra- dicali , foliis breviore , squamis inflalis irabricatis vaginalo, perigotiii ringenlis, foUolis exlerioribus subrolundis, convexis, apiculalis, intcrioribus conformibus, sursuni apiculatis, aculis, in globum compressum e! ringentcm conniventibus , labelli articulati oscillanli Irilobi lobis lateralibus falcatis . plano-ereclis, aculiusculis, medio subœqiiali profonde saccalo, infundibulari , bilabialo piloso, labio superiore quadri-sinualo, labio inferiorc revolulo ; columna intégra, antherœ operculo compresso. Tab. 31, fuj. d-a. Fig 1. Labelli faciès superior. 2. Labelli faciès laleralis. 5. Labelli medio secli lobnm. 4. Opcrculum saccatuni. .'j. PoUinia. ORDRE MONANDRIE. Car. géiv. ANGULOA. Ruiz et Pav. Folioles extérieures du périgone connées à la base, les latérales posées sur le labellum , adné à son onglet, \es intérieures plus \>t\ilcs ; périgone globuleux-eonnivenl. Labellum conlinu à la base de la colonne, longuement onguiculé, lame asceiidanle, parallèle à la colonne, cal- céiforme inégalement trilobé au bout, le lobe du milieu souvent en sac. Colonne courte, claviforme, marginée. Anlhère biloculaire, terminale, charnue. Deux polUnies solides, sillonnées, pédonculées, à une glande du stig- mate, pendantes et sessiles. Car.spéc. ANGULOA DU PRINCE HOHEN- LOHE. Morr. Pseudobulbe oval, aigu, sub- comprimé, grand, polyphylle ; feuilles engai- nantes, larges, lancéolées, amincies aux deux bouts, au sommet aiguës, pliées,de deuxpieds de longueur ; pédoncule uniflore, radical, plus court que les feuilles, entouré d'écaillés ren- flées, imbriquées; périgone grimaçant; fo- lioles extérieures subarrondies, convexes, api- culées, les intérieures conformes, apiculées au sommet, aiguës, conniventes en un globe comprimé et grimaçant ; labellum articulé oscillant, trilobé; lobes latéraux en faulx , planes, droits, un peu aigus, le médian sub- inégal, profondément sillonné, infondibuli- forme, bilabié, poilu, lèvre supérieure quatre fois sinuée, lèvre inférieure révolutée; colonne entière, anthère avec opercule comprimé. PL ùi, fig. i-o. Fig. d . Face supérieure du labellum. 2. Face latérale du labellum. ô. Seclion du milieu du labellum. i. Opercule. 5. Pollinies. M. Lindley [Bot. reg. 1840. 41) a donné la diagnose des quatre espèces d'Anguloa connues et dont la quatrième [A. sqnalida. Roex.) est même douteuse quant au genre. Ce sont les il . ynifora, A . Clove.<>ti el A . Rttckeri. BELG. HORT. T. III. 27 — 202 ~ 11 suffit de lire, les descriptions et de jeter un coup d'œil sur les planches pour être convaincu qu'aucune de ces espèces n'est celle que nous figurons et décrivons ici. Les pseudobrdbes mesurent jusqu'à 12 et 15 centimètres de hauteur et 7 de largeur; subcomprimés, parfois eoniques, à cinq angles obtus, sinon à six angles , dont deux sur chaque face, lisses. Les feuilles, ordinairement au nombre de quatre, sont entourées à la base d'écaillés successivement plus grandes, vertes, foliacées, passant peu à jieu à l'état de fouilles ; elles naissent latéralement aux pseudobulbes anciens et développent des corps semblables au-dessous. L'ensemble du nouveau jet, couronné de ses fouilles, mesure 60 centimètres. Les fouilles ont jusqu a 40 centimètres de longueur, larges de 11 et 12 centimètres, ovales-lancéolées, plissées, à cinq grandes nervures jaunes , saillantes au-dessous, à plis nombreux parallèles, atténuées aux deux extrémités, la terminale aiguë, d"un vert pâle au-dessous, plus foncée au-dessus. La hampe uniflore naît latérale- ment au jeune jet, mesure avec la fleur 55 centimètres de hauteur et atteint le milieu des fo'uilles; la hampe est cylindrique, offre quatre nœuds munis chacun d'une écaille verte, enflée, ovale, lancéolée, amplexicaule à la base , augmentant successivement de grandeur. La fleur mesure 10 centimètres de hauteur, elle a la forme globuleuse, mais aplatie sur les côtés, ne s'ouvre jamais très-fort et offre l'aspect grimaçant du genre. Les folioles externes du périgone sont vertes à l'extérieur, brunes-pourpres à l'intérieur et tachetées de brun plus foncé, bordées de vert olivâtre; ces folioles sont orbiculaires, l'extrémité terminale comme appendiculée mais large, les latérales sont bosselées et presque ventrues, la supérieure un peu en casque; les latérales forment ensemble, au-dessous, un creux qui reçoit le labellum dans son mouvement de bascule. Les folioles in- ternes du périgone sont conformes aux autres, vertes au dehors, mou- chetées de brun-pourpre, d'un pourpre brun-foncé en dedans avec un reflet violacé, une sorte de pruine cireuse; ces folioles se dirigent vers le haut et sont pointues. Le labellum (fig. 1, 2 et 5) est pourpre-brun en dedans, pourpre-pàle en dehors; à sa base il offre une articulation mem- braneuse très-élastique, jaune, tendineuse, qui lui donne l'aspect de ne pas tenir fixement à la fleur. Si on incline celle-ci du côté du dos, le labellum tombe par un mouvement de bascule contre la colonne, si on abaisse la fleur, le labellum tombe dans le creux des deux folioles laté- rales et externes du périgone. Ce labellum est ovale en nacelle, les bords relevés, les deux lobes latéraux presque carrés, plus longs que larges, coupés en faux larges, entiers, le bout presque obtus. Le lobe du milieu est poilu, obtus, creusé en sac infundibuliforme à deux lèvres, la supé- rieure a quatre crénenules sinuées, épaisses et poilues, la lèvre inférieure révolutée, en dessous, en pointe mousse et poilue, tachetée de pourpre, de jaune et d'orange; en dedans du sac, à la partie supérieure, sont deux frètes obtuses, jaunes, couvertes de poils. Ce sac est nectarifore. La co- — 205 — lonne est forlc, longue, bosselée et voûtée sur le dos, deuii-cylindriquo, jaune, tachetée de macules d'un pourpre-vif, le milieu blanc moucheté de rouge-pourpre et de rose, le bas verdàtre moucheté de vermillon, les bords blancs. Opercule (fig. 4) pincée, jaune; le rosteite allongé condui- sant à deux sinus orbiculaires laissant voir au-dessous le gynise jaunâtre et visqueux. Les masses polliniques (fig. o) ont une glandule triangulaire, visqueuse, une caudicule longue, élastique, plane, les masses polliniques elles-mêmes attachées au bout, triangulaires, légèrement recourbées et sillonnées extérieurement. La fleur singulière de cette espèce, la plus grande et la plus belle des espèces du genre, répand la nuit une odeur d'un vin fin un peu acide et aromatisé : cette odeur est très-agréable, mais on ne sait à quoi la com- parer fixement. Cette magnifique orchidée, plante splendide, noble et de grand effet dans une serre, se trouvait dans un envoi de la Colombie, dont nous achetâmes une partie, en 1848, à une vente de M. Jacob Makoi, à Liège. Nous n'avons aucun renseignement précis sur la station de cette espèce remarquable, mais nous la supposons venir de cette région. Cultivée en serre chaude, mais sans trop de chaleur, cette orchidée si recominandable fleurit pour la première fois sur le continent, du 1*"^ mai à la fin de juin 1849. Le roi des Belges, S. M. Léopold \", vint visiter l'Uni- versité de Liège, accompagné de S. M. la reine et de LL. AA. Rl\. les princes et la princesse Charlotte, le 10 juin de cette année. Cet Anguloa eût le privilège d'orner le salon principal de Thôtel de M. le baron White- hall, où le roi logeait. S. M. remarqua la i)lante dès son entrée et exprima sa surprise en voyant une espèce si neuve et si étrange par sa forme et son coloris. Son Altesse Sérénissime le prince Frédéric-Charles-Joseph de Ilohen- lohe-Waldenbourg-Schillingsfurst, la princesse son épouse et leur famille, avaient honoré de leur visite le Jardin botanique de Liège et mes serres particulières, où le nouvel Anguloa venait de faire éclore ses fleurs. Le prince Frédéric de Ilohcnlohe possède des connaissances étendues dans les sciences naturelles, et la singularité de cette orchidée le frappa d'étonnement. Ce sentiment est d'autant plus explicable qu'il faut se rappeler qu'IIernandez, surnommé le Pline du Nouveau-Monde, dédia son ouvrage sur la Flore du Mexique à l'Académie des Lyneées de Rome, et que celle-ci, vivement émue de voir la fleur d'un Anguloa, le genre favori d'IIernandez, prit incontinent cette fleur pour l'emblème de l'Aca- démie entière. Les Lyneées de Rome, dit Bateman, du grand ouvrage duquel je tire ces documents, avaient choisi cette fleur de préférence aux autres parce que, outre sa forme singulière, elle était tachée comme un lynx , animal dont la vue perçante devait représenter celle du natura- liste. Nous ne pouvions mieux faire que d'offrir à S. A. S. le prince Frédéric de Hohenlohe la dédicace de cette espèce, et nous nous trouvons — 204 - honoré de pouvoir faire connaître, en publiant l'histoire de l'Anguloa, que cet hommage a été agréé. Depuis cette époque, nous avons vu chez M. Linden, horticulteur à Bruxelles, le dessin d'un Anguloa à fleurs pourpres, mais toutes ouvertes et béantes. M. Linden l'appelle Anguloa piirpurea, mais seulement dans son catalogue. Cette espèce semble différer de la nôtre, et d'ailleurs, le nom donné à cette dernière ayant déjà été imprimé plusieurs fois depuis 1849, au sujet d'observations physiologiques, nous croirions encore avoir droit à la priorité, si les deux espèces étaient les mêmes, le nom d'un catalogue sans description n'ayant pas de valeur dans la nomenclature. V Anguloa IIolte?ilohii se maintient toujours à un prix élevé, au moins 100 francs la plante. NOTICE SUR LE DENDROBIUM DU DUC DE DEVONSHIRE, Par le même. Le Demlrobium devonianum est une des plus jolies espèces qui puisse se trouver dans ce genre si élégant d'orchidées. Sir Joseph Paxton le fit connaître, et il eut la délicate idée de dédier cette élégante espèce au noble protecteur de la botanique anglaise. Sa Grâce le duc de Devonshire. Native des collines du Khoseea, dans les Indes orientales, elle a été intro- duite il y a quelques années seulement et on lui vit porter des fleurs pour In première fois en Europe, en septembre 1847, dans la collection de feu M. Clowes. Sir Joseph Paxton la figura et la décrivit dans le Magazine of botany , vol. 7, et plus tard sir William Hooker , en la faisant bien figurer, en donne une excellente description détaillée dans son Botanical magazine, tab. 4429. La tige est allongée, presque cylindrique, articulée, d'un brun pâle et blanchâtre et parfois prolifère; les jeunes pousses ont seules des feuilles ; celles-ci sont peu nombreuses , distiques, distantes, linéaires-lancéolées, submembraneuses, acuminées. Les fleurs forment une grappe assez dense à l'extrémité des pousses sans feuilles; ces fleurs sont grandes et très- belles ; le fond de leur couleur est le blanc souffre, mais l'orange vif, le rose elle lilas tendre viennent rehausser cette teinte sur le labellum, les pétales et les sépales. Les sépales sont larges, lancéolés, obtus, entiers, et l'extrémité est teintée de lilas clair, les deux sépales antérieurs sont unis à leur base et prolongés en un éperon court, obtus et émarginé. Les pétales sont plus larges que les sépales, planes , ovales, aigus, très-élégam- ment ciliés et le bout rose. Le labellum est très-remarquable de beauté, très-large et étendu , eucullé , cordiforme , pourvu sur le bord d'une frange finement tressée, et les franges elles-mêmes ciliées (voyez la planche); ce labellum porte deux grandes macules d'un orange vif sur un — 205 — fond blanc légèrement safrané ; le bout émarginé est d'un beau rose. La colonne est soudée avec la base du labellum. Culture. Ce dendrobium appartient à la section des dendrobium cau- lescents; ses tiges pendent. Par conséquent , cette orcbidée se maintient dans sa santé étant suspendue attachée à un morceau de bois dans la serre propre à cet ordre de végétaux. Dans le creux du morceau de bois, on place de la terre de bruyère et des sphagnum coupés. On peut aussi cultiver cette espèce sur une toufle pressée et liée de sphagnum ou dans une corbeille où Ton met des tassons, de la terre de bruyère et des mousses. Pendant la période de végétation, il lui faut de la chaleur et des arrosements, mais elle craint la grande lumière du milieu du jour , pen- dant rété. Quand les tiges ont atteint leur longueur, les feuilles se flé- trissent et disparaissent. Alors on laisse agir le soleil en plein dessus; il y a arrêt de croissance et les fleurs se développent pendant la saison sèche sur les liges dépouillées de feuilles, mais ces fleurs sont si grandes, si belles, et les grappes si fournies qu'on rie regrette plus les ornements foliaires. Les pousses latérales servent à reproduire le végétal, car ces jeunes pousses développent des racines, même quand elles sont attachées aux vieilles plantes. CULTURE DE L'OEILLET REMONTANT PAR SEMIS , Par m. Léon Lille , Horticulleiir à Lyon. Pour obtenir une floraison d'oeillets en hiver, par semis, il faut semer des graines de vrais œillets remontants que vous vous procurez chez quel- qu'un de confiance (*) si vous n'en êtes pas possesseur; ces semis doivent être faits à partir du 15 janvier jusqu'au 15 mars, dans des terrines ou caisses, même sous vitraux et à une température de 10 à 12 degrés centi- grades, dans un mélange de terre composé comme suit : sable fin '/j, ter- leau mélangé de plâtras '/j, terre de bruyère ou terreau de feuilles bien consonnnées Ys; vous tamiserez et mélangerez le tout ensemble, vous rem- plirez vos terrines ou caisses de ce mélange, en ayant soin de serrer la terre afin qu'elle ne s'affaisse pas trop, et vous laisserez au moins à chaque terrine ou caisse un centimètre de rebord pour qu'en arrosant l'eau n'en- traîne pas vos graines d'oeillets, ce qui arrive souvent aux semis faits de ce genre. On se plaint ensuite que les graines ne se lèvent pas! Exposez (1) J'en liens toujours à la disposilion ilcs anialeiirs au prix de 2 à 5 fr. par paquel. Je possède égalemeni 2o variétés d'oeillets rcinonlants propres à fleurir l'hiver. — i>OG — vos terrines ou caisses sur une banquette de seiTC ou d'orangerie niènic, sous châssis près du jour, vous entretiendrez les semis dans une certaine moiteur sans humidité. Quand vos œillets commenceront à lever, donnez-leur de l'air si le temps le permet, cela empêchera vos plants de fondre et de s'étioler; aussitôt qu'ils auront 4 à 6 feuilles, vous les repiquerez comme on le pra- tique ordinairement pour les autres plants; vous les ombragerez pendant quelques jours afin qu'ils ne se fanent pas, pour être replacés dans un lieu bien aéré aussitôt qu'ils commenceront à repousser, et ensuite replantés en pleine terre et en planches de quatre rangs vers la fin du mois davril suivant. Pour cela il faudra faire préparer votre emplacement quelque temps d'avance en ayant soin de bien faire défoncer votre sol , s'il est maigre vous le fumerez avec du fumier bien consommé, après la plantation vous arroserez et paillerez vos planches d'œillets fortement afin de préserver le sol des petites gelées de j)rintemps; vous les binerez, arroserez, sarclerez, s"il y a nécessité; en les traitant ainsi, vos œillets grossiront promptemcnt, de sorte que dans le courant d'octobre une bonne portion commencera à s'élever, c'est-à-dire monter à fleur; ce sont tous ces œillets qu'il faudra faire relever dans le courant du mois de novembre et faire placer dans des pots de 15 à 18 centimètres de diamètre, en ayant soin de les lever avec leurs mottes autant que possible afin qu'ils ne se fanent pas ; vous les baguetterez, arroserez, pour être ensuite placés dans une serre près des vitres et pas trop bumide, on les tiendra nettoyés, on aura soin de leur donner de l'air pour en empêcher la rouille et la moississure qui nuisent complètement à la floraison des œillets en hiver. En cultivant les œillets remontants de cette manière, on obtient dans le courant de janvier une floraison magnifique qui se succède jusqu'en juin; à cette époque on a choisi les variétés qui méritent d'être conservées, on les rabat pour être rempotés ou plantés en pleine terre l'été , et relevés en automne comme vous l'avez fait l'année auparavant, et replacés ensuite dans la serre. Cette méthode demande moins de soins que la culture par boutures ou marcottes (que j'indiquerais dans un prochain article). Les plantes sont plus vigoureuses, moins délicates , donnent une plus grande quantité de fleurs, et on a le plaisir d'obtenir quelques variétés nouvelles. i° OEillet Madame Blandant, variété flamande, plante vigoureuse c\ bien ramifiée, fleur très-grosse et de forme parfaite, couleur jaune- canarie, lavée de rose surleboutdes pétales. Hauteur4D centimètres [extra]-, 2° Émeraiides, variété Bichon, plante bien ramifiée et de floraison facile, fleur moyenne, couleur rose, satinée, cerise, claire. Hauteur 50 cen- timètres [beau)-, 3" Henry , variété fantaisie florissant facilement, fleur grande, fond blanc, lavée de raies, carminée, pourpre. Hauteur 70 centimètres ; 4" Souvenir d'une amie, variété Grenadin, plante vigoureuse , cou- — 207 — stamment fleurie, fleur grande, couleur feu éclatant. Hauteur 50 centi- mètres [exti'a). On peut s'adresser pour obtenir ces variétés d'oeillets remontants, ainsi que des graines, à M. Léon Lille, marchand grainier à Lyon, Cour Morand, n° 8. REVUE DE PLANTES NOUVELLES : Bégonia mbrovenia. Hook. Bot. mag. 1835. Tab. 4G89. Bégonia à veines rouges. Famille des Bégoniacées. Plante très-glabre, tige courte, pauciflore ; feuilles longuement pétiolées, obliquement ovales, très-acu- minées, inégalement dentées en scie, au-dessus maculées de blanc, pourpres au-dessous; stipules grandes, subulées à la base, large; pédon- cules axillaires dépassant le pétiole, fleurs corymbeuscs, quatre pétales, deux extérieures plus grandes, à veines rouges; capsules striées de rouge, deux ailes courtes, arrondies, la troisième allongée, horizontalement elliptique, obtuse. M. Booth, neveu de M. Thomas Nuttal, amateur dhor- ticulture à Rainhill, pi'ès de Preston (dans le Lancashire), apporta cette nouvelle espèce de Boston, avec le Berjonia xanthina. Cette espèce nou- velle est des plus jolies; les tiges sont pourpres, les fleurs blanches, veinées élégamment de rouge, et les capsules à fond vert veinées de pourpre pro- duisent un effet gracieux. Culture. Elle ne diffère en rien de celle des autres Bégonia de serre. Bégonia Tbwaitesii. Ilook. Bot. mag. 4855. T. 4692. Bégonia de Thwaites. Famille des Bégoniacées. Plante acaule, feuilles à peine iné- quilatérales, assez longuement pétiolées, cordées, aiguës ou acuminées, obscurément lobées, crénées-dentées, dun vert intense purpurescent, maculées de blanc au-dessus, au-dessous veloutées par des poils nombreux pourpres, bords nus; stipules ovales, acuminées; hampes nombreuses, plus courtes que les pétioles; fleurs presqu'en ombelles, télrasépales ; capsules anguleuses, trois angles courts, arrondis, subégales, duplicato- ciliés. Il n'y a pas de Bégonia dont les feuilles soient plus élégamment colorées que celle-ci. M. Thwaites, qui Fa découverte, est aujourd'hui surintendant du Jardin botanique de Paradenia, à l'île de Ceylan. Envoyée à Kew, elle y a fleuri en juin 1852. Les fleurs ne sont pas grandes, mais nombreuses, blanches, teintées de rose; mais la beauté de la plante réside dans les feuilles, qui offrent des teintes cuivrées, bronzées et pourpres remarquables. Culture. Elle est la même que celle des Bégonia connus de serre inter- médiaire entre la serre chaude et la serre tempérée. Dielytra chry«antiia. Hook. et Arnott. Bot. of Beeclm/s voyage, p. 520, t. 75. — Lindl. et Paxt. Floiv. gard. jan. 1855, tab. 105. Diélytre à fleurs dorées. Famille des Furnariacées. Tige droite, feuillue, rameuse; — 208 — feuilles 2-5 fois pinnées ou séquées, segments linéaires aiguës, glabres; panicule allongée, bractées et calices larges, ovales, obtus; pétales spa- tbulés, les extérieurs à peine gibbeux à la base, les intérieurs largement ailés sur le dos, à peu près sur toute leur longueur; stigmate très-large et tronqué. C'est une jolie plante vivace et de pleine terre, découverte en Californie par Douglas, et portant des fleurs dorées dans ce pays d'or. M. Lobb Ta retrouvée dans son pays et en a envoyé des graines à MM. Veitch, chez lesquels elles ont poussé, végété et fleuri. La première fleuraison a eu lieu en septembre 4832. Ce nouveau Dielytra forme des touffes remplies et glauques, et offrent le port et Taspect de la rue, mais les fleurs sont très-nombreuses, disposées en larges panicules et d'une belle teinte jaune. Sa beauté est sans doute moindre que celle du char- manX, Dielytra spectabilis, mais ce sera toujours une charmante plante pour Tautomne. Culture. Elle n'offre rien de difficile. Comme toutes les plantes de la Californie, il lui faut un été brûlant, et par conséquent il faut la placer dans la partie du jardin exposée en plein soleil, la laisser dans la séche- resse et ne l'arroser que modérément. MM. Lindley et Paxton ne disent pas que les graines ont mûri en Angleterre, ce qui fait supposer que la multiplication s'obtiendra par division de pied. Lfieliopsis» doiiiiiigensis. Lindl. et Paxt. Flow. gard., ann. 1855, tab. 185. Lceliopsis de Saint-Domingue. Famille des Orcliidécs. — Syn. : Cattleya domingensis. Lindl. Gen. et Sp. orch., p. 118,; Braughtonia lila- cina. Hcnfr. Gard. mag. of'Bot. m., p. 201. — M. Lindley fonde aujour- d'hui son genre Lœliopsis sur un caractère qui paraîtra aux yeux des botanistes rigoureux, en fait de classification, bien insuffisant pour mo- tiver cette séparation, ic Les Liieliopsis, dit-il, sont des Cattleya, mais ils ont des fleurs membraneuses et les veines du labellum barbues. Au fond, on a pris ces signes faute de mieux, car c'est le port qui a conduit à la séparation. )> Ce genre comprendrait actuellement, outre l'espèce ci-dessus nommée, \e Lœlia Lindenu , le Broughtonia chinensis eiVEpidendrum citrbense. Le Lœliopsis domingenses a les Y>èendohu\hesdi\)hy]\es, les femUes oblongues, coriaces, obtuses; la hampe grêle, nue, portant vers les huit fleurs au sommet; labellum bilobé, divisions denticulées, ondulées, re- courbées; veines centrales barbues. M. Mackenzie trouva cette espèce sur les arbres de Saint-Domingue. Jaeger en vit aussi sur les troncs de bois de campêche, dans les forêts près de Miragoane, où il vit les plantes en fleur au mois d'avril. MI\I. Henderson et Buckcr montrèrent les premiers cette espèce en fleur en Europe. C'est une jolie plante dont les fleurs sont d'un beau lilas veinées de jaune. Culture. 11 lui faut la serre chaude, surtout pendant la croissance. Pen- dant son repos, on doit la tenir sèche. Elle croit mieux en pot que sus- pendue, malgré son origine épiphyte. — 209 — Liliuin caiiadciise. L. var. occidentale. Lindl. et PaxL Flov. Gard., ann. 1855; p. 158. Lis du Canadas, var. occidentale. Famille des Liliacées. Ce lis a des feuilles étroites, verticillées, et des fleurs révolutées (niartagon) oranges, piquetées de pourpre. 11 est originaire de la Cali- fornie et introduit récemment au jardin de la Société d'horticulture de Londres. M. Hooker donne des renseignements sur cette variété dans sa Flore du nord de VA mèriqve. Les fleurs sont plus petites que celles du type, plus foncées en couleur et les pétales plus contournées. Les feuilles sont j)lus longues, plus linéaires, dix par verticille au lieu de cinq. Toutes les étamines ne sont pas unies entre elles. La plante est fort jolie. Culture. Ce lis est de pleine terre et se cultive comme le lis blanc. Spathodea caïupaïaiilata. Pal. de Beauv. Flore d'Oware et de Bénin, i. 47. t. 27; De C, Prodr. 9. 208; Benth. in Hook. Niger flora, p. 461; Lindl. et Paxt. Fl. Gard. 1853 jan. Spathodce campanulée. Fa- mille des Bignoniacées. — Sin.: Spathodea tulipifera. (G. Don.), Bignonia tulipifera. Schumacher et Thonning, Beschyving, etc., p. 273. — Arbre glabre (?), feuilles alternes, impari-pinnées ; folioles par quatre paires, lancéolées, très-entières; grappe terminale, subrameuse; calice longitii- dinalement subvelu, nervé, arqué au bout; corolle campanulée, glabre; limbe subégal (De C). Ce beau végétal a fleuri à Chatsworth au mois d'août, quoique auparavant il y eut déjà fleuri en juin, et alors ses fleurs étaient plus belles et les couleurs plus distinctes et plus riches. Ses grappes portaient des fleurs analogues en éclat à celles des tulipes, consistantes, oranges, et six ou sept à la fois. M. Lindley les compara à celles qu'il avait en herbier et qui avaient été cueillies dans leur endroit naturel, aux bords du Niger, sur la colline de Stirling, par l'infortuné Ansell. Palisot de Beauvois déclare que c'est un arbre de moyenne grandeur dont le bois brisé répand l'odeur de l'ail. 11 n'en avait vu qu'un seul pied à trois lieues au nord de Cliana. M. Benlham, dans la Niger flora, fait observer que Palisot n'avait pu faire sa description que sur des fragments de l'un ou de l'autre arbre de cette espèce, échappé à l'incendie de Saint-Domingue, d'où résultèrent plusieurs erreurs. Aussi il dit les feuilles alternes au lieu de dire opposées. Thonning remarque que les fleurs sont aussi grandes que celles des tulipes. A ces détails, extraits du Flotver Garden de MM. Lindley et sir Joseph Paxton, nous ajouterons qu'il est singulier de voir ces auteurs redresser les erreurs de Palisot par les observations de M. Bentham, et continuer néanmoins à consacrer ces mêmes erreurs dans la diagnose de l'espèce adoptée par eux. L'introduction de ce Spathodea est due à M. Whitfield. Cu/ï?/re. Ce Spathodea est deserre chaude ; il lui faut une terre terreautée à base d'argile franche. 11 exige beaucoup d'eau et un bon drainage. Sa floraison est difïicile à obtenir, comme dans toutes les espèces de ce genre. BELG. IIORT. T. UI. 28 — 210 — LITTÉRATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE. (scènes du monde animé.) LES JARDINS DE LA NATURE , LE PRINTEMPS ET LES FLEURS , Par m. h. Lecoq, Professeur d'histoire naturelle à Clermonl-Ferrand. Sons la zone tempérée que nons habitons, nous sommes témoins chaque année de la lutte des saisons. L'hiver et ses frimats glacés résistent long- temps encore aux premiers souffles du printemps ; la lutte s'établit dans l'atmosphère et la victoire , d'abord indécise, appartient de droit à celui qui livre la bataille, et suit Tordre établi par le Créateur pour l'harmonie des mondes. Le froid c'est la mort, le printemps c'est la vie. La jeunesse qui triomphe aujourd'hui succombera plus tard sous le vent mortel de l'hiver, et le cercle éternel qui enlace et conduit les mois de l'année , ramène aux mêmes époques les mêmes scènes et les mêmes tableaux. Suivons un instant ce cercle qui nous entraîne avec lui comme la fleur des champs qu'il fait éclore et qu'il anéantit, comme l'insecte qui bour- donne enivré de vie et de bonheur et qui tombe ensuite sans laisser de trace de son passage. Un seul printemps suffit à la fleur éphémère , à l'insecte occupé de ses plaisirs et de ses amours ; mais puisque Dieu nous a permis de parcourir en entier le cercle que nous ne pouvons arrêter, laissons-nous entraîner sur la pente et suivons, en respectueux admirateurs, les scènes successives de ce monde animé. Les montagnes sont encore couvertes de neige, les nuages emportés par le vent du nord, reviennent sous une impulsion contraire; ils se groupent en flocons ou s'étendent en un voile sombre qui couvre toute la terre et la sépare des beautés du firmament. Des étoiles légères, composées de cristaux glacés, descendent en oscil- lant de la voûte assombrie. Le vent siffle et s'arrête , puis il siffle encore et la nuée entr'ouverte laisse échapper des ondées de grésil qui tournoient et qui tombent sur la végétation naissante. Le calme se rétablit, le soleil brille; sa lumière décomposée dans les globules de glace ne peut suffisamment échauff"er l'atmosphère où les germes engourdis restent ensevelis sous leurs chaudes enveloppes. Le printemps est la jeunesse de l'année, comme elle il a ses écarts qui s'apaisent avec l'âge, et bientôt ces variations de l'atmosphère, obéissant — 211 — à des influences opposées, cessent et cèdent à cette douce température, à ces tièdes ondées qui donnent le signal du réveil à tout ce qui peut vivre et respirer. 0 vous (jui pendant les longues soirées d'hiver n'avez vu les fleurs qu'à la lueur des flambeaux, vous qui les avez admirées dans vos serres attié- dies, sortez dans les campagnes; les vents glacés se sont retirés de nos riantes contrées, les bourgeons des arbres ont ouvert leurs écailles, l'eau tombée de la nue a vivifié tous les germes, les premières fleurs sont épa- nouies , venez jouir un instant du concert des oiseaux , de l'harmonie des fleurs, des parfums de l'air et de ces scènes vivantes qui vont si rapide- ment vous passer sous les yeux. Les forêts abritées vous ofi'rent les prémices de la saison ; l'anémone des bois y lient encore sa blanche corolle inclinée vers la terre craignant un retour d'hiver; elle ose à peine développer ses feuilles découpées. Près d'elle croit le corydalis aux racines tubéreuses; ses fleurs roses étagées le long d'un épi, séparées par d'élégantes bractées et suspendues sur leurs mobiles supports , attirent de laborieux insectes sortis de leur retraite et se livrant à leurs travaux. Des bombus annelés de blanc, de noir et d'o- range, y cherchent un miel rare et sans parfum, puis s'envolent en bour- donnant, se croisent, se poursuivent et s'arrêtent sur d'autres fleurs dont le sol est déjà couvert. Ils essaient la jolie-pulmonaire aux feuilles tachées et aux corolles d'azur; ils effleurent la primevère élevée dont les ombelles soufTrées sont Tindice certain des beaux jours. Près des corydalis et autour de moelleux tapis de mousse verdoyante, croit en abondance la scille à deux feuilles avec ses grappes épanouies d'un bleu d'outre-mer ; l'humble pâquerette étend ses rayons purpurins pour découvrir un disque d'or. Le léger isopyrum à feuilles de thalictrum balance au gré du moindre vent ses fleurs délicates et passagères qui rap- pellent celles des hellébores. L'anémone renoncule montre ses fleurs orangées sous les buissons de hêtres encore dépourvus de leurs feuilles. Des groupes de houx au feuillage éternel , aux fruits écarlates, sont dissé- minés au hasard sur le sol et laissent deviner mille détours sur cette mousse émaillée. Le merle et la fauvette y célèbrent une belle journée et viennent avec inquiétude ou curiosité voltiger autour de vous. Le ciel est bleu comme la scille à deux feuilles, et le papillon-citron aux ailes angu- leuses sortant de sa retraite d'hiver, essaie de comparer la nuance pure de ses ailes au pourpre du corydalis, à l'or des renoncules, changeant à chaque instant par son inconstance, les contrastes que vous admirez. Combien de fois déjà ce tableau s'est-il renouvelé depuis qu'assis sur cette mousse verdoyante, j'écrivais ces lignes, au milieu des montagnes et loin du séjour des hommes. Mais qui pourrait contempler à satiété les merveilles des forêts et cette majestueuse végétation arborescente qui, dans tous les pays du monde, donne au paysage son caractère et sa grandeur. — 21i — Dans nos climals c'est au piiiilenips que ks grands arbres laissent épa- nouir leurs fleurs et presque toujours avant que les feuilles ne viennent les entourer d'ombrage et de fraîclieur. Dès les premiers jours de l'année on voit les aulnes et les noisetiers, munis de longs cbatons suspendus, abandonner à l'air des nuages de poussière fécondante, germes de vie transportés à dénormes distances de leur point de départ. Les trembles à la verte écorce, et les peupliers blancs laissent tomber les écailles rési- neuses qui abritaient leurs fleurs unisexées; le saule marceau et plusieurs de ses congénères allongent subitement les filets de leurs étamines et leurs anthères jaunes et odorantes, attirent de nombreuses tribus d'in- sectes qui s'agitent pendant le jour entier sur leurs épis parfumés. Le printemps jouit du soleil et les arbres à peine feuilles ne répandent pas encore leur ombre protectrice. Plus tard de nombreuses espèces habi- tant les bois, y chercheront un abri contre les feux du jour, maintenant le contraire a lieu et c'est au contact d'une vive lumière que les espèces vernales se développent sur la terre. Le daphné lauréoie cache ses fleurs verdàtres sous son brillant feuillage et le bois-joli aux flexibles rameaux couvre ses branches de fleurs roses dont les parfums rappellent les da])hnés des Indes. Les violettes sauvages ouvrant leurs corolles inodores , causent d'innocentes déceptions pour la jeune fdlc (jui croit trouver sa fleur chérie. Des tapis de pervenche restent humblement appliqués sur la terre, mêlés au Herre des forêts , parsemés de corolles d'un bleu céleste dont la gorge fermée est interdite aux insectes, et près d'elles paraissent de petits groupes d'adoxa musquée, frêle et délicate création que la tiédeur de la saison peut seule conserver quelques jours. Ces plantes vivent en société et ne souffrent pas que d'autres espèces viennent partager avec elles le sol qu'elles ont acquis par la conquête ou par la prescription. Mais plus loin on voit lérithrone à feuilles agréablement dessinées , à la fleur rose et inclinée qui fait le charme de la forêt, puis le narcisse jaune qui allonge ses godets orangés et près desquels la nature a placé la scille penchée aux épis bleus ou violets pour former une nouvelle scène de printemps. Quelle vie et quel mouvement dans ces heureuses journées où l'hiver paraît avoir abandonné sans retour les vastes forêts et les campagnes fleuries. La sève puisée dans le sol monte silencieusement dans des milliers de canaux invisibles à nos yeux; elle se divise et se partage dans les plus minces rameaux, les bourgeons s'entr'ouvrent et les fleurs des arbres se montrent sans éclat. Les chênes laissent flotter leurs chatons verdàtres, le bouleau déroule ses épis suspendus , le sycomore balance ses grappes allongées, et le hêtre à la cime majestueuse, laisse deviner sous un feuil- lage translucide et plein de fraîcheur, le berceau de ses fruits et le charme modeste de ses fleurs. — 215 — Au milieu de cette confusion de verdure, des arbres paraissent avoir conservé la neige des hivers. Ils se distinguent au loin par leur blancheur éclatante, ce sont des cerisiers sauvages [ccn-asus avium) dont les fleurs en bouquets couvrent les branches étagécs, et dont le vent, dans ses tour- billons, doit bientôt emporter les blanches corolles au milieu des airs. La guêpe au corsage annelé de noir voltige sur la lisière du bois. Elle arrache à Técorce du frêne les fibres dont elle va tisser ses cellules, et des milliei's d'abeilles bourdonnent sur les disques ncctarifères de l'érable champêtre qui vient d'ouvrir ses fleurs jaunâtres et polygames. La grosse abeille noire sort de sa retraite et ses anneaux métalliques réfléchissent la lumière du soleil; le bombyx-tau cherche dans de brusques détours sa l'emelle immobile et de la même couleur que les feuilles desséchées; la vannesse-io montre ses veux irisés, et le morio aux ailes frangées d'or étale, en planant sur vos têtes, toute la splendeur de ses taches azurées. L'écureuil amasse, à la bifurcation des branches, les mousses qui doivent abriter sa famille, il saute gaiement dans les cimes des vieux chênes. Le loir , poussé par le danger, s'élève au sommet des grands arbres où, poursuivi par le cliat sauvage, il s'élance sur le sol , gonflé d'air, la mem- brane de son corps étendue, et descend lentement en rappelant les scènes animées des polatouches de la Lithuanie et de la Finlande ou les mœurs analogues des espèces de Java et des Philippines. De gros lézards verts à gorge bleue courent avec bruit sur le sol ; l'orvet se traîne dans Therbe naissante , et la couleuvre à collier expose à la chaleur tout son corps engourdi. Les tableaux sont aussi variés que les sites, et dans les lieux mêmes où les perce-neige s'étaient déjà montrés, on trouve, un peu plus tard , les fleurs papilionacées de l'orobe printanier , les panaches des luzules , les pyramides verdoyantes des euphorbes et la sanicle autrefois vénérée mais qui a subi linconslance des hommes. Le règne des orchidées arrive avec le cours des saisons : VOrckis f'usca y tient le premier rang. Le pourpre et le lilas nuancés par la nature en font une des belles plantes de la forêt. UOrchis gcileata l'accompagne, et autour d'eux , à l'abri du feuillage, paraissent ces fleurs singulières des Ophrys copiant les formes anomales des mouches et des araignées, celles des bombus et des abeilles. Pourquoi ces formes imitatives que nous retrouvons sur différentes parties de la terre , dans les Epidendrmn mosquito et torrito de l'Amé- rique méridionale , dans VAnguloa ou fleurs du Saint-Esprit, et dans le singulier Blet ici du Pérou ? Ailleurs le printemps iait éclore les corolles panachées des Mellitis; il fait épanouir les larges spathes des ^rwm et réchauffe leurs massues pour- ]irées,il couvre de fleurs éclatantes le Lithospermmn Ccpruleo-pitvpiireinii, et garnit la lisière des bois de Fusain et de Nerpruns, ou de Vionne>i ornés de leurs blanches couronnes et de leurs feuilles l(d>ées. — 214 — Les chantres des forêts, éloignés par le fi'oid des hivers, se confient an souffle des beaux jours. Ils arrivent en foule et prennent possession de leurs bosquets. Bientôt ils abandonnent le plumage terni par la tempête et se couvrent d'une livrée aux couleurs éclatantes. La mélodie commence au sein des bois; elle exprime a la fois et l'amour et la crainte, le plaisir ou la peine et souvent le bonheur; écoutez leurs accents, n'ont-ils pas un langage pour célébrer celte fête de la nature; n'ont-ils pas pour se comprendre cet alphabet harmonieux, dont les notes distinctes ou soudées par de douces modulations se précipitent , se mo- dèrent ou se traînent selon l'expression que l'oiseau veut leur donner; langage animé et sonore chantant souvent les délices de leur existence, leurs désirs et leurs espérances. Dans ce concert des forêts il semble que chaque arbre, que chaque buisson rend un son différent; le merle siffle en volant et traverse la clairière , l'alouette jette ses notes du haut des airs, la linotte ramage sous l'aubépine fleurie, le pinson lui répond sous le feuillage d'un ormeau, la grive se fait entendre dans le bosquet voisin. Chacun paie un tribut à l'harmonie, et leurs compagnes silencieuses écoutent sans les répéter tous leurs refrains d'amour. Ils voltigent, ils chantent encore, se détournent et reviennent toujours , puis le couple heureux s'envole au milieu des bois, dans les fourrés impénétrables, sur la cime des rochers ou se perd dans les nues. Sans cesse agités au milieu du feuillage naissant, ils cherchent un lieu tranquille où chaque couple pourra s'établir. Les uns le trouvent au sommet des grands arbres, d'autres au milieu d'un buisson fleuri; quelques-uns le cachent sur la terre dans les champs verdoyants ou dans riierbe des prairies. Le creux d'un rocher, le vieux tronc sécu- laire sert de retraite à des familles entières, qui y trouvent repos et bonheur. Aussitôt ils sont à l'œuvre, le ménage est d'accord et travaille en com- mun. La charpente est posée et l'on commence à tisser la trame qui doit supporter la couche moelleuse. Tous alors redoublent d'activité. Ils en- traînent les tiges desséchées des plantes herbacées : celles du caille-lait, des paturins et des agrostis légères; ils recueillent les crins abandonnés par les animaux, ils transportent les mousses que les vieux arbres leur offrent en abondance, et les plus élégants liypiium, et les /esAea veloutés ou transparents sont mis en œuvre par ces ingénieux constructeurs. Les lichens sont arrachés des branches ou des rochers, leurs petites feuilles reliées par des racines ou collées par de l'argile délayée , masquent l'ex- térieur de l'édifice , de ce séjour qu'ils cherchent à entourer de mystère. La laine que les buissons épineux arrachent aux troupeaux, les plumes emportées par le vent vont tapisser l'intérieur de ces charmants réduits. L'aigrette vaporeuse de la graine du saule et du peuplier, portée rapide- ment sur les ondes mouvantes de l'air , devient pour eux le prix de la course ou du combat. C'est l'édredon d'une jeune famille mollement bercée par la brise. — :215 — Hélas! nous qui avons la raison en partage, nous combattons souvent pour un motif plus futile encore que ce léger duvet qui voltige au gré du vent; nous portons la mort au milieu des glaces polaires pour l'élégante fourrure d'une zibeline, dans les déserts de l'Afrique pour les Marabouts d'une autruche, et dans les forêts vierges de l'équateur pour les plumes éclatantes des aras. L'oiseau ne détruit rien pour construire l'habitation de sa famille, des débris lui suffisent et de ces riens il forme les plus charmants ouvrages. Cherchez avec persévérance , étudiez leurs ruses et leurs détours et vous découvrirez alors quelques-unes de ces retraites où votre présence amènera l'inquiétude et les tourments. Admirez et éloignez-vous. La linotte a déposé cinq œufs blancs dont le gros bout est moucheté de rouge. La grive, dont le nid est tapissé d'argile, a quatre œufs d'un vert bleu parsemé de points noirs. La corneille sur le haut d'un arbre solitaire couve les siens qui sont d'un vert gai marbré de noir. Le loriot à la livrée d'or , à la noire mantille , a suspendu sa nacelle à la bifurcation d'un pommier, et quatre œufs blancs parsemés de noir contiennent les germes de sa postérité. Le merle de roche à la poitrine rose , mantelé de bleu, niche dans le creux du rocher. Six œufs d'un vert de mer composent sa famille, et le rossignol sans éclat et presque sans parure décèle , par ses mouvements, le lieu où des feuilles mortes artistement groupées contiennent cinq œufs couleur d'olive, produit de ses amours. Le pic vert frappe à coups redoublés le vieux tronc qui résiste à ses coups, il en essaie un autre et avec une laborieuse persévérance il y creuse un abri ; la mousse le tapisse et six œufs blanc pur et brillants y sont préservés de la pluie et des orages. Les mésanges , constamment agitées , profitent des cavités des vieux arbres et y pondent des œufs nombreux, blancs et sablés de points rouges, tandis que l'engoulevent pose au pied d'une touffe de bruyère, sur un sol dénudé, deux œufs marbrés de gris. L'alouette s'élève en célébrant l'hymne du printemps; elle se perd dans la nue, et sa compagne attentive au moindre bruit, couve sous la motte du guéret des œufs pointillés de gris et de brun. Déjà dans l'antre du rocher ou sur le plus vieil arbre de la forêt , l'oi- seau de proie a placé son aire ; les petits sont éclos et des scènes de car- nage contrastent avec les fêtes des oiseaux chanteurs et leurs douces mé- lodies. Le milan plane dans les airs et rapproche les cercles concentriques pour fondre sur sa proie ; la buse fait entendre son cri monotone et guette le passereau qu'elle va sacrifier à sa progéniture ; l'autour au vol rapide fond sur la perdrix craintive et l'enlève dans ses serres acérées. Telle est la destinée des êtres animés que la mort elle-même devient la source de la vie, cercle éternel des générations successives qui se tiennent et s'enchaînent, mélanges de plaisirs et de peines pour tout ce qui rcs- pire, source profonde de rêveries philosophiques ou d'émotions poétiques et religieuses. Un son plaintif a frappé vos oreilles ; c'est la tourterelle qui vient do traverser le feuillage. Elle a dit son chant d'amour et sa compagne rapide ' la suit d'un vol assuré. Les heaux jours les ont surpris , et, sur la branche bifurquée d'un érable, au point même où elle vient s'attacher sur le tronc, le couple construit à la hâte un léger berceau de branches dessé- chées. C'est une coupe élargie, sans mousse et sans duvet, où deux œufs blancs comme l'ivoire assurent leur postérité. Un couple en sortira , de sexe difTérent, et avant que les saisons n'aient terminé leur cours, les enfants répondront aux roucoulements de leur mère. Qui donc, si ce n'est Dieu lui-même, inspire au jeune oiseau le désir de traverser les airs. Mollement étendu sur la couche où il a pris naissance, il cherche à s'en éloigner, il hésite, il tremble, et pourtant il brûle d'es- sayer ses ailes dont l'usage lui est inconnu. Pressé par l'exemple, il hésite encore, mais il s'est trop avancé sur le bord du berceau où il dormait avec sécurité, il tombe, il ouvre ses ailes , l'air le soutient et le balance. Il se repose sur la branche voisine, il monte puis redescend , et confiant dans l'élément vaporeux où il doit passer sa vie, il dit à ses parents un éternel adieu. Heureux celui qui , frappé de ces douces émotions du printemps , peut s'abandonner à l'ombre des forêts aux rêveries d'un cœur pur et d'une âme tranquille ; écouter à la fois le ramage des oiseaux et le bruit tumul- tueux du ruisseau, suivre à demi assoupi les moelleuses ondulations d'une branche feuillée que le vent abaisse et relève tour à tour comme pour nous indiquer les inévitables fluctuations de la vie. Le bruit cadencé du feuillage agité, la brise chargée d'effluves parfumées, le bleu du ciel qui se montre à travers la cime du vieux chêne, tout invite au sommeil. Instants de repos et de bonheur ! qu'ils sont rares dans la vie! Le monde est oublié, le monde avec ses éternelles fictions et ses jouissances calculées, le monde, ses déceptions, ses caprices et ses calomnies. La nature seule est devant vous, et le songe enchanteur vous entraîne vers des régions lointaines où le printemps est éternel ; il vous conduit dans de riantes contrées, sous les dômes impénétrables des forêts du nouveau monde , préludant ainsi aux merveilles d'une autre vie. Les palmiers étendent au-dessus de vous leurs gigantesques parasols, les mimosa agitent leurs branches aériennes et vous montrent les houppes légères de leurs fleurs colorées. Des bauhinia, des bannisteria, lianes élégantes de la forêt, s'étendent pour vous en guirlandes et en festons, retombent et s'élèvent encore, et, semblables au cordage d'un navire , relient les arbres en un faisceau et leur prêtent l'éclat de leurs fleurs ravissantes. Votre imagination, doucement excitée par les merveilles que vous avez contemplées, vous transporte bientôt sur d'autres points du globe, tou- jours calmes et sans cesse animés. Vous êtes sur cette ferre nouvelle où — 217 — les arbres et les animaux ont un aspect étrange , sur les rivages de cette Océanie dont vous êtes si loin. Votre songe y embellit même la nature. Tout paraît étrange à vos sens , les branches articulées du casuarina résonnent au moindre vent, des bosquets de raetrosideros s'enfoncent au milieu des terres. D'innombi'ables essaims de jjcrroquets, de cacatoès, de perruches australes , revêtus des plus riches couleurs , voltigent sur le sommet des eucalyptus séculaires , et de charmantes mésanges à collier bleu d'outre-mer folâtrent au milieu de leurs feuilles acérées. L'esprit céleste qui préside à votre rêve vous transporte encore sur divers points de la terre et vous ramène de nouveau sous les arceaux de verdure des forêts vierges de l'Amérique. Vous entendez les notes mélo- dieuses de l'organiste {Pipra musica, Lath.)^ le chantue de ces merveil- leuses solitudes. Balancé sur la tige flexible d"un bignonia, il chante l'hvmne du matin sur des tons aussi purs que la nuance du ciel. Vous êtes éveillé et vous rêvez encore , vous êtes dans votre patrie et ces sensations inspirées j)ar le sommeil ne se sont point évanouies, la mélodie continue, mais ce n'est plus l'organiste , c'est le rossignol dont l'exil est fini , qui chante son retour et ne songe qu'au bonheur; le parfum qui vous entoure c'est la violette, fleur du printemps, parure de la terre, éveillée par les premiers beaux jours , et le hêtre majestueux dont les bourgeons viennent de s'entr'ouvrir, c'est la voûte feuillée qui vous rap- pelait les palmiers de l'équateur. Le lierre qui s'attache à vos arbres, le chèvrefeuille qui s'enroule autour de la charmille, la clématite qui enlace les rameaux, voilà les lianes que vous avez rêvées. La nature aussi simple dans ses moyens que grande dans l'exécution de ses œuvres, reproduit sur les points les plus éloignés de la terre des tableaux qui ne diffèrent que par les détails et dont les grands traits ramènent à l'uniformité et à la généralité de ses lois. Le parallélisme des plantes qui diffèrent et pro- duisent dans le paysage un effet analogue et se remplacent avec le même aspect, est un des phénomènes les plus curieux que présentent les êtres organisés. L'ombre des bois plait par sa solitude et par le demi-jour qui règne sous ces vastes berceaux. Longtemps vous errez au hasard sous les voûtes de ces arbres séculaires, et vous n'apercevez partout que les colonnes innom- brables qui supportent les arceaux de la forêt. Isolé du monde , seul au milieu de ces vieux témoins de tant de printemps successifs, vous arrivez fout à coup sur la lisière où la campagne à son tour vous déroule ses riants aspects et son immense étendue. Les prairies se présentent en par- terres émaillés , les champs dépourvus de leurs épis montrent le vert tendre des céréales. La cime des montagnes n'a pas abandonné ses neiges et le lac azuré reçoit l'eau murmurante des glaciers. Ce ne sont plus ni les mêmes scènes ni les mêmes impressions. Les saisons marchent à grands pas et le printemps s'avance au-devant de l'été. Tous les arbres sont cou- verts de leur feuillage, et cette teinte douce et uniforme est souvent BELG. IIORT. T. III. 29 — 218 — interrompue par les fleurs. Les pêchers qui teignaient les coteaux de rose près des blancs amandiers ont perdu cette parure éphémère , Taubépine aux mille corolles , compagne du mois de mai et des plus beaux jours de l'année, agite doucement ses guirlandes fleuries; les genêts aux fleurs dorées égaient tous les coteaux , le narcisse des poètes fleurit dans les prairies, se mélange aux troUius aux fleurs globuleuses, et aux nombreux orchis dont les épis marbrés et purpurins apparaissent sous les trem- blantes panicules des brises et des paturins. Les pommiers des vergers conservent leurs pétales carminés , et sous leur ombrage naissent à pro- fusion ces simples fleurs des champs que souvent nous avons transportées dans nos jardins et qui partout reçoivent nos hommages. C'est la bugle rampante avec ses épis bleus, c'est le lychnis aux pétales découpés, souvenir d'enfance et de nos joies passées, c'est la véronique chamœdris dont la corolle semble refléter à la fois l'azur du ciel et la transparence des eaux. Des touffes de myosotis , semblables à des bouquets de turquoises , multiplient à l'infini leurs charmantes corolles, images de la pureté et de la modestie. A mesure que l'eau du bruyant ruisseau vient humecter la terre, les végétaux changent d'espèce et la nature renouvelle les tableaux. Sous les bosquets d'aulnes, qui indiquent le cours sinueux des eaux, naissent les chrysospleniuni. Leurs bractées d'un beau jaune supportent encore quelques fleurs et présentent des corbeilles en miniatures, ouvertes bien avant la maturité des graines et où celles-ci finissent de mûrir. Les Caltha palustris au sombre feuillage sont couverts de fleurs dorées et dominent ces gracieux parterres entourés par les fleurs délicates et teintes de lilas de la cardamine des prés. Un papillon voltige autour de cette jolie crucifère, c'est la pierride aurore aux ailes enflammées dont la femelle modeste, blanche et nuancée de vert, vient pondre sur l'herbe de sa prédilection. Combien de plantes, excitées par l'eau et la chaleur, se développent à l'envi et se hâtent d'occuper les rives baignées par le ruisseau. La lathrée clandestine s'y montre une des premières, parasite sur le saule et le peu- plier, sans feuilles et sans racines, elle forme de larges touffes d'un admi- rable violet, et avant la fin du mois de mai ses capsules élastiques ont lancé au loin ses graines globuleuses qui mendîront leur vie aux arbres puissants qui ont déjà nourri leurs parents. L'alliaire aux larges feuilles fleurit près des touffes de myosotis dans les lieux frais où la consoude lient inclinée sa corolle jaunâtre et enfonce sa profonde racine. La ficaire tapisse la berge du courant qui baigne le pied du Lunaria rediviva, de l'hesperis matronalis dont l'odeur et la nuance remi)lace dans ses lieux sauvages le lilas de nos jardins. Le Iha- lictrum à feuilles d'ancolie se couvre de houppes soyeuses, argentées on ainétbystes, et balance ses gracieuses panicules près des liges feuillées de — 219 - VEquisetum thelmatheia , prèle gigantesque dont la Ibrme et la crois- sance rapide nous reportent vers un monde qui n'est plus et nous rappelle sa végétation éteinte. Le Géranium phœum , sombre mais d'une grande fraîcheur, suit le cours de l'eau souvent accompagné du Géranium rober- tianum, dont les feuilles élégamment divisées et les fleurs striées de rose ne cessent de répéter, par de gracieux balancements, les mouvements rapides que le flot du ruisseau communique aux ondes aériennes. Nous trouvons près de là VOsmunda regalis , la plus belle des fougères, avec ses frondes à demi-roulées , attendant un peu plus de chaleui- pour re- dresser ses épis fructifères. Puis viennent les saules, aujourd'hui couverts d'un feuillage naissant et de chatons fleuris, et plus tard de ces aigrettes légères qui peuvent, comme les voiles du navire , conduire l'arbre en miniature , germer sur de lointains rivages. On voit poindre au-dessus des eaux ou dans la terre délayée , les feuilles coupantes de nombreux carex. Déjà leurs étamines font saillie en dehors des écailles noires de leurs épis , et les fleurs femelles réunies en séries droites ou penchées attendent le pollen qui doit en vivifier les germes. Les Eriophorum dépourvus des aigrettes blanches que le vent doit agiter, naissent le pied dans la vase; VAlopeairns geniculatus , couché sur la terre inondée, dresse ses longs épis et ses étamines orangées; la valériane dioïque est en boutons couleur de rose, et le ménianthe ou trèfle d'eau attire de loin l'attention par ses thyrses couleur de chair , et la peluche délicate qui revêt ses corolles d'albâtre. Les eaux elles-mêmes sont habitées par des fleurs , les callitriches aux longs rameaux oscillent au gré du courant et le teignent d"un vert pur. La renoncule aquatique s'y balance mollement , ses fleurs blanches y éclosent et chacune d'elles enfermée dans la bulle d'air qu'elle a sécrétée, ressemble à une perle mouvante que l'eau ne peut entraîner. Le cresson de fontaine s'élève au-dessus de la surface et marie ses fleurs blanches aux corolles bleues des véroniques aquatiques. Les Ceratophyllum constamment submergés y traversent les différentes phases de la vie, et le Hottonia s'y élève en plumets blancs et rapprochés nés de longues guirlandes verticillées qui envahissent le lit du ruisseau. Il n'est pas jusqu'aux poissons qui ne sentent la douce influence du soleil. Vous les voyez glisser avec rapidité dans les eaux pures ou cou- rantes du lac et du ruisseau. La lumière décomposée dans leurs écailles se transforme en faisceaux dorés, en rayons d'argent ou en teintes nacrées qui contrastent avec l'azur de l'élément qu'ils habitent. Déjà les épinoches ont rassemblé les racines qui doivent former leurs nids, les mâles se revêtent de leur livrée d'amour, et, gardiens vigilants de la couche qui doit abriter leur famille, ils étalent les épines dont leur corps est armé et courent à chaque instant au-devant du danger réel ou imaginaire. Malheur à l'inscclc imprudent qui s'abat alors sur ses plaines liquides^ — 220 — mallieur au vermisseau qui, réveillé par la chaleur, s'agite sur un sol incliné et roule jusque dans le courant. Il est bientôt saisi par la truite à la course rapide, ou par les cyprins bondissants réchauffés aux premiers rayons du soleil. Les champs ont aussi leur parure. Les bleuets et les coquelicots ouvi-ent leurs premières fleurs , les adonis étalent aux feux du jour leurs pétales écarlates et les ferment à Tastre des nuits, au serein du soir. La pensée sauvage y tient sa place , tantôt blanche et quelquefois nuancée de bleu. Les sainfoins, les trèfles incarnats et le vert pur des céréales divisent les campagnes en un réseau à larges mailles dont chacune offre sa nuance et son aspect. Les légumineuses fleurissent sur la berge des chemins et sur la lisière des sentiers, les hi-omus et les avenu suspendent leurs tremblants épillets, et dans les moissons plus avancées le glayeul montre le pourpre de ses pétales près des fleurs vulgaires de la moutarde des champs. Les pelouses sont chargées de petites plantes printanières : le Carex precox et quelques-uns de ses congénères, le Cerastimn triviale, le Mœnchiu erecta, le Luzula campestris font partie de ces associations au-dessus desquelles s'élèvent souvent les jolies fleurs blanches de la saxifrage gra- nulée. Plus loin le terrain sec produit de petits massifs de gnaphale dioïquc dont les capitules roses et immortels persistent pendant long- temps, ou bien le sol plus humide et sablonneux offre le curieux phéno- mène de ce trèfle souterrain qui enfonce lui-même dans la terre le germe contenu dans ses fruits [Trifolium suhterraneum). Les rochers les plus arides, humectés par la neige de l'hiver, par les pluies vernales, ou arrosés par Teau des fontaines, subissent aussi l'in- fluence des beaux jours. La potentille printanière les cache sous la multitude de ses fleurs, YAn- thericum liliago les décore de ses calices d'un blanc dïvoire, V Anthémis montana y fixe ses l'acines et y reçoit les premiers rayons du soleil. De nombreuses crucifères les ornent de bonne heure depuis la giroflée de muraille au délicieux parfum, jusqu'à ces alyssum et ces arahis à fleurs blanches attachés aux bords des précipices ou fixés sur leurs flancs; de- puis ces genêts soyeux qui s'étendent en gazons fleuris sur les blocs de granit exposés aux rayons solaires jusqu'aux sagines verdoyantes qui tapissent les roches, et aux fougères naissantes qui s'abritent dans la grotte humide et fructifient loin du jour. Quand le printemps a terminé dans la plaine le temps voulu dans l'ordre des saisons, il se réfugie dans les montagnes. Leurs cimes glacées rafraîchissent l'atmosphère, et l'eau pure (jui des- cend et se précipite dans tous les ravins entretient la fraîcheur et la jeu- nesse des végétaux. Les forêts d'arbres verts, et surtout les grandes forêts de sapins y offrent une sombre et solennelle mélancolie que l'on ne sent plus de la — i>21 — même manière sous le feuillage moins sévère de nos chênes à feuilles caduques, ni sous le vert gai des hêtres et des bouleaux. Les sapins fleurissent au moment où ils produisent les jeunes feuilles de l'année, et le gui leur parasite, qui a quitté les forêts pour nos vergers, est la première plante qui ouvre sa fleur aux brises du printemps. Les vacciniinn et surtout le myrtille, se serrent sur le sol et occupent les moindres clairières. Leurs fleurs roses en grelot sont penchées comme celles du muguet, qui recherche au contraire l'ombre et la lumière diffuse pour fleurir et embaumer l'atmosphère. Le sceau de Salomon, le muguet verticillé, la mayanthème à deux feuilles se réunissent aussi sous les arbres verts. Dos massifs de Scilla liliohyacinthiis colorent de grands espaces en bleu ou en lilas ; Tancolie y déploie ses nectaires éperonnés, Vactœa y élève ses panaches près de la curieuse parisette, dont toutes les parties sont symétriques et concordantes. On voit l'asperule odorante semée à profusion sur le sol, on y remarque la délicate oxalis; ses pétales veinées sont d"une finesse extrême, et ses folioles acides s'endorment tous les soirs. La stellaire holostée étale ses étoiles blanches sous les buissons rameux du sureau à grappes ; de grandes luzules se mêlent aux paturins et aux calama2:rostis. Les bords des eaux et tous les lieux humides nourrissent des saules rampants, avec le Salix peutandnt, formant des arbres ou des buissons à feuilles luisantes et parfumées. LeLychis sylvatica, le Lychis viscaria se couvrent de fleurs carminées. Le Petasitis albiis ne quitte pas les filets d'eau limpide ; ses larges feuilles et les thyrses blancs qui les précèdent en indiquent le cours. Avec lui paraît V Equisetum sytvatiaini aux tiges articulées et aux gracieux ver- ticilles. Les pelouses supérieures ont leurs genévriers aux fruits bleus qui des- cendent jusqu'à la lisière des forêts, où le groseillier des rochers montre ses grappes de fleurs rembrunies. Au-dessus de la zone arboresceste, le soleil lutte encore contre la neige accumulée par l'hiver : lentement elle disparaît. Le printemps s'empare du terrain qu'elle abandonne; la gentiane bleue, l'androsace carnée naissent auprès des touffes nombreuses de l'anémone des Alpes. Ses grandes fleurs blanches ou soufrées paraissent au loin sur les pelouses encore décolorées pendant que la soldanelle des montagnes, sortant des neiges à demi-fondues, déroule ses pétales frangées et semble heureuse d'échapper à sa prison glacée. Mais il faut s'arrêter; nous devons au printemps l'évolution de tous les germes, ces miracles de tous les jours, de toutes les années et auxquels l'homme, indifférent par habitude, donne à peine un instant d'attcntmn. Comment peindre ces mystères du développement des tissus, et comment concevoir cette action vernale qui excite à la fois In graine d le bourgeon — 222 — et les débarrasse tous deux des enveloppes qui les protégeaient pendant l'hiver. Dieu leur a-t-il refusé linstinct à ces plantes qui attendent engourdies l'arrivée des beaux jours, à ces germes qui restent ensevelis pendant les calmes éphémères d'un hiver adouci, mais qui paraissent h l'époque fixée et développent leurs organes? Est-il de plus grands miracles que cette évolution, que ce prolongement d'un bourgeon qui va devenir la branche d'un grand arbre, et ce germe de la semence qui s'allonge et se modifie, se charge d'organes nouveaux, fleurit et fructifie dans l'espace d'un printemps; ou bien, bravant les siècles et conservant la vie, se réveillant chaque fois que la nature engouixlie reprend son essor , ce germe pri- mitif atteint ses limites: le gland a produit le vieux chêne, la graine imperceptible et cotonneuse a formé le peuplier élancé, et le gigantesque sapin, jouet du vent dans son origine, brave maintenant la furie des tempêtes. Chaque année l'influence du printemps accomplit ces prodiges; miracles ou métamorphoses, peu importe le nom qu'on voudra leur donner. Une des impressions les plus profondes que puisse ressentir celui qui contemple la nature, c'est celle qui est produite par cette force de vie répandue sur tous les points de la terre. Le règne organique est partout, depuis la ceinture animée qui entoure lés tropiques jusqu'au milieu des glaces polaires et des neiges des montagnes. Le monde entier est animé. La vue des organes qui se déroulent et s'étendent, le bruit confus de tous ces êtres vivants qui courent et s'agitent en poursuivant leur destinée, ce cercle éternel de vie et de mort, dans lequel tous les grands phénomènes sont enfermés, tout nous frajipe et donne à nos sens une impulsion qui les excite et nous conduit ensuite à de profondes méditations. Qui sait si dans la suite des âges. Dieu perfectionnant son œuvre n'ac- cordera pas à l'homme des sensations nouvelles pour son intelligence et pour son cœur, peut-être alors sera-l-il encore plus impressionné des beautés de la nature et des charmes du printemps; son âme élevée par la prière et moins soumise à ses liens matériels sentira plus directement les merveilles qui l'entourent. La nature plus belle à ses yeux lui montrera sous des couleurs plus pures le songe de la vie, le repos du tombeau et le réveil de l'éternité. Si votre cœur est endurci, si les maux de vos semblables et les souf- frances des animaux n'excitent ni votre générosité, ni votre pitié, ne venez point respirer dans les campagnes l'air parfumé du printemps. L'égoïsme a desséché votre âme; vous ne jouirez pas des sites enchanteurs que la lumière du matin colore de ses teintes les plus pures; vous ne verrez pas les pompes du soleil couchant, ni ses rayons de pourpre, ni ses franges dorées. Le concert des oiseaux ne réveillera pas chez vous le sentiment du bonheur; la fleur sera terne et décolorée, la verdure sans fraîcheur. Le bleu d'un ciel sans nuage ne vous conduira pas aux douces l'êveries de l'âme; le printemps ne vous appartient pas. — i>:25 — Mais vous dont le cœur généreux a soulagé les infortunes de l'hiver, vous dont les seuls regards portent à l'affligé la consolation ou l'espoir, vous qui partagez les souffrances de tout ce qui est malheureux, vous ne resterez pas insensible aux splendeurs du printemps ; c'est pour vous que la brise agite le feuillage et transporte l'encens des fleurs; c'est pour vous que le ciel est azuré, que le soleil émaille les prairies de fîeurs nouvelles; à vous s'adressent les hymnes et la mélodie des oiseaux: Jouissez en paix, c'est le bonheur des anges, la volonté de Dieu. DE L'ABRICOT, DE SON ÉTYMOLOGIE ET DE SA CONSERVE, Par m. Ch. Moruen. Les botanistes ont fait aujourd'hui de l'abricotier leur Armeniaca vul- garis. Le nom est heureux puisqu'il rappelle l'Arménie , la patrie de cet arbre fruitier : les anciens l'appelaient Malus armeniaca, la pomme d'Arménie. Chacun sait que les Romains le durent h Lucullus et nous le devons aux Romains. Mais d'où vient le nom A' Abricot? Les plus anciens auteurs du moyen-âge épelaient apricot, aprècot, api-écock, et avant les incunables, on trouve a-prêcot, a-précoke. Les érudits y voient une cor- ruption de prœcox, fruit précoce, fleur précoce; mais les Grecs écrivaient déjà xepiJtvxxa [perikukka] et les Arabes nomment les abricots Berikach et par corruption Bercoch. Le nom arabe a donc une grande similitude avec le nom grec. Enfin Burnett veut que le mot d'abricot dérive directement de l'arabe Bercoch. Les Persans sont plus aimables envers l'abricot, ils l'appellent u la semence du soleil » et sans soleil il n'y a pas de bonne semence. Un abricotier spécial , V Armeniaca brigantiaca que l'on cultive à Briançon, fournit un noyau huileux, et l'huile a pris le nom û' huile de Marmote afin de cacher son origine, mais l'horticulture n'a plus de secrets pour personne. Témoin la fameuse conserve d'abricots en pâte, si célèbre dans le Midi. Voici sa recette : Prenez des abricots blancs, à demi-mûrs, pelez-les et coupez-les par tranches; faites-les dessécher sur un feu doux; mettez quatre onces de fruits par livre de sucre cuit à la plume un peu forte; quand il sera presque refroidi, mettez le fruit dedans. Remuez avec une cuiller pour que le tout soit bien délayé et dressez votre conserve en petites pâtes. Elle se conserve longtemps et se sert sur les tables les plus délicates. Quand les abricots ne mûrissent pas, c'est un excellent moyen de les utiliser. 224 PI. 32. ^ (S| ■"i — 225 — HORTICULTURE DES BEAUX-ARTS. BOTANIQUE ARCHITECTURALE. — ROSACES ET PANNEAUX, Par 31. Ch. Morren. Les plantes ont non-seulement fourni les modèles pour les chapiteaux et les corniches des monuments du moyen-àge, mais les plus jolies rosaces sont précisément celles qui ont puisé leur ornementation dans les beautés du règne végétal. La rosace elle-même est une fleur, le nom Tindique. Ce sont des roses ornant la voûte. Cependant il est remarquable qu'au lieu d'imiter une rose, un nénuphar, une alcée, toutes formes typiques de rosaces, Thomme a composé la rosace architecturale d'un assemblage de feuilles, de fleurs ou de fruits combinés. C'est une preuve de sa faiblesse en fait de conception. La nature fait une magnifique rosace d'une seule fleur, parce qu'elle apporte dans sa composition la variété des organes ; elle y suit d'ailleurs des lois de nombre et des lois de géométrie, et toute fleur est une rosace qui nous plaît, parce qu'elle possède une beauté in- trinsèque : cette beauté même est une conséquence du nombre et de la proportion. Toute fleur en rosace procède du nombre trois répété, comme 3, 9, 12, io, etc., ou du nombre typique cinq répété de même, selon la série 5, 40, 15, 20, 25, etc. De même, toute fleur en rosace, quant aux proportions, procède d'une suite de triangles équilatéraux qui se répètent et se superposent selon les nombres 1, 2, 5, 4, 5, etc., mais de manière à ce que les angles du second correspondent au milieu des côtés des pre- miers, le point d'intei'section des côtés du troisième passant par celui des côtés des deux triangles précédents, et ainsi du reste. Ce sont les rosaces à ornements pairs. Au contraire, les rosaces à ornements impairs existent aussi dans la nature ; elles sont réalisées par les fleurs qui procèdent de la répétition et de la juxtaposition d'une suite de pentagones réguliers, lesquels suivent les mêmes lois de symétrie que les triangles dont nous venons de parler. Les fleurs symétriques procèdent de ces deux lois du triangle et du pentagone. Au contraire, l'homme a conçu ses rosaces architectoniques comme s'il avait puisé son idée dans la contemplation d'un parterre circulaire et de la combinaison des nombres pairs à partir de 4 et en ajoutant sans cesse 2 aux nombres produits, comme 4, G, 8, 10, 12, etc. La rosace archi- tectonique du moyen-àge n'a son type que dans les formes des plantes les plus simples , révélées seulement à notre intelligence par l'invention du microscope. Ce sont les algues microscopiques qui réalisent dans la nature les rosaces de nos cathédrales, et, certes, ce n'est pas dans les observa- tions microscopiques que les architectes ont puisé ces combinaisons, IJELG. HOT. T. ni. 50 — 226 — puisque l'instrument de la vue multipliée en puissance ne date que de 1620. C'est la croix, irréalisable sans le nombre quatre, ou l'étoile (l'étoile de Bethléem) à six, huit, dix rayons qui paraissent évidemment avoir inspiré l'idée de la rosace au type de 4, 6, 8, 40, 12, etc. parties. Les voûtes perforées de trous pour laisser descendre les cordes néces- saires au peinturage des monuments , devaient donner l'idée de revêtir ces ouvertures d'étoiles, les ornements du firmament. Mais ces étoiles architecturales, formées de feuilles, de fleurs et de fruits, ont préféré certaines plantes à d'autres. M. Griflith publie (et nous republions) quatre rosaces modèles (pi. 52, fig. 4,2, 5, 4). La première a le type de la croix ; elle est formée de quatre feuilles de tulipier [Lyriodendron tulipifera), avec leur sommet incisé tourné vers le centre de la rosace et alternant avec quatre fleurs en tulipe du même arbre. Le tulipier, originaire de la Floride, du Canada, de la Nouvelle- Angleterre, n'a été introduit qu'en 4665, et nous nous permettrons, par conséquent, de douter que jamais M. Griflith ait trouvé la feuille et la fleur de cet arbre dans les rosaces des monuments du moyen-àge. C'est sans doute une espèce charmante pour inspirer un artiste, mais une rosace de tulipier ne peut avoir le caractère historique qu'on veut lui donner (rosace n" 4, pi. 52). La rosace n" 2, pi. 52, est formée au pourtour de six feuilles de figuier, de six fruits de la même plante et, au centre, de six autres feuilles de la même espèce, soudées par leur extrémité inférieure. Le figuier est une plante d'autant plus légitime dans cette occurrence, que Raphaël l'avait choisi comme l'arbre de la science, et Eve n'aurait point offert à Adam une pomme, mais une figue. On conçoit la légende à Rome, où les pommes sont des fruits rares et où les figues entrent dans l'alimentation quotidienne. Quand on connut en Europe le bananier, on prit aussi son fruit pour le fruit défendu, d'autant plus qu'en le coupant en travers on y voit une croix, le signe de la rédemption du péché originel. Le figuier est donc une plante catholique très-digne de figurer dans un temple chrétien. La rosace n° 5 est ornée d'une branche circulaire A'Erodiumpyrenaicum (Pelargonium de M. Griflith), plante spontanée des Pyrénées, mais cul- tivée déjà pendant le moyen-âge dans les jardins du centre de l'Europe. Cette même plante figure comme espèce paléographique dans les minia- tures des missels et des livres d'heure. La rosace n" 4 comprend une plante des plus communes, mais dont la précocité de fleuraison devait attirer les regards à une époque où les fleurs cultivées étaient encore plus nombreuses, le Ficaria ranvnculoïdes. Une fleur ouverte de ficaire occupe le centre de la rosace, et les feuilles, avec les fruits ou les calices des fleurs fanées, parcourent le pourtour au nombre de huit ou en double croix. — 227 ~ Les panneaux comportent le type quinaire ou le type quaternaire. Le second est plus ordinaire que le premier. Celui-ci repose sur la structure normale des fleurs des dicotylédones ou les plus conuimnes: le pentagone. Aussi, voyons-nous le panneau n° 5 provenir de l'observation faite sur VAquilegia vulgaris, appelé dans le moyen-âge le gant de la Vierge, parce que chaque pétale en cornet a la forme d'un doigt de gant, et que cinq doigts semblables (la main) constituent la fleur de cette plante spon- tanée. Plus tard on nomma cette espèce la colombine, parce que les nectaires imitent déjeunes colombes dressant leur cou hors du nid. L'aquilége était la fleur favorite des châtelaines du moyen-âge. Le panneau à quatre images n" 6 porte pour ornement le chêne à glands pédoncules Quercus pedunculata , l'espèce de chêne indigène qui n'était pas celui des Druides {Quercus robur). Ce dernier a les glands ses- siles. J'ai trouvé presque sur tous les monuments chrétiens de Belgique le chêne à glands pédoncules préféré au chêne des Druides. J'y vois un contraste, une distinction d'avec la plante consacrée dans une religion détruite par le christianisme, et en ce sens le chêne pédoncule devenait en effet le chêne des chrétiens : il symbolisait la religion nouvelle et re- [)résentait sa vigueur, sa force, sa perpétuité, sa grandeur. Le chêne pé- doncule est beaucoup plus grand et plus majestueux que le chêne des Druides. Le panneau en croix n" 7 est orné d'un rameau d'érable; l'érable des champs {Acer cumpestre) croissant dans les haies, les taillis. Sa feuille rappelait dans le Nord la feuille de la figue du Midi, mais ses fruits à deux ailes rappelaient à leur tour la créature uniquement spirituelle et intel- lectuelle, que dans la foi chrétienne on appelle ange et que le symbolisme représente par une tête (l'intelligence) placée entre deux ailes (la spiritua- lité). Le panneau n" 8 est regardé par M. Grifïith comme formé dans ses ornements du fraisier de la Virginie, mais la date d'introduction de cette plante, ne remontant qu'à l'année 1629, il est probable que le fraisier des sculpteurs des monuments ogivaux est tout simplement notre fraisier d'Europe {Fragaria vesca). Ce dernier figure dans un grand nombre de manuscrits à enluminures, conservés à la Bibliothèque royale de Bruxelles et provenant de la maison de Bourgogne. Les fleurs et les fruits, les unes blanches, les autres rouges, ressortent avec avantage, accompagnés de leurs feuilles vertes sur le fond doré des lettrines, et la même espèce a dû, de toute nécessité, attirer l'attention des artistes du moyen-âge. La fraise étant le premier fruit du printemps, le fraisier a été de très-bonne heure le symbole de la consolation, et à ce titre il pouvait entrer de plein droit dans l'ornementation des temples où la prière inspirait ce sentiment. — 228 — ARCHITECTURE DES JARDINS. JARDIN PAYSAGER RENFERMANT UN JARDIN SYMÉTRIQUE, Plan de MM, Denis et Renouard. Quant à la grandeur, si on classe les jardins en petits, moyens et grands, il est essentiel de savoir les étendues non comparatives, mais effectives de ces trois classes. Voici les règles proposées par MM, Denis et Renouard: Tout jardin est réputé petit, s'il mesure aux environs de 12 mètres de côté. Le jardin moyen est celui dont un des côtés, en supposant le terrain carré, est long de 20 à 23 mètres. Enfin, si la surface est limitée par des côtés de 50 à 100 mètres, on peut dire que le jardin est grand. Passé cette mesure, on entre dans la catégorie des parcs. Nous donnons ci-contre (pi. 55) le plan d'un jardin-parc de maison de campagne, conçu et dessiné par MM. Denis et Renouard. Ce plan est une heureuse combinaison du jardin paysager avec le jardin symétrique, quoique celui-ci soit très-restreint. Derrière le château, les arbres frui- tiers, les espaliers, la pelouse pour le ménage se combinent avec les carrés des légumes, et, dans le coin de l'arrièrc-jardin, s'ouvre le verger dont la perspective s'observe entre trois massifs d'arbustes du banc où va s'asseoir le pomologiste. Dans le reste du jardin, les promeneurs ont beau jeu, les chemins se croisent et serpentent sans se nuire, et les combinai- sons des allées et venues se varient à l'infini. L'étang et la rivière se couvrent de ponts, et l'une des branches est bordée de peupliers d'Italie plantés en quinconce. Il faut observer que la vue prise du château n'est nulle part offusquée par les plantations, et que les groupes d'arbres, dans leurs formes de sapins, de pyramides ou de touffes, s'harmonisent en- semble au plus grand agrément de cette même vue. Vis-à-vis de l'étang, à droite, est une demeure isolée: elle a devant elle un parterre circulaire à fond gazonné et à boulengrins d'arbustes. Sa vue s'étend à son tour sur l'étang; les rochers de son bord, les quatre ponts et les pelouses qui mènent d'un côté au château principal, de l'autre à la sortie de la rivière. Les dimensions des pièces gazonnées , l'étendue des bosquets, les groupes d'arbres doivent nécessairement varier d'après le terrain dont on peut disposer, mais l'étude de ce plan peut donner naissance à des idées qu'on appliquera heureusement dans un cas particulier. Et c'est en ce sens surtout que la publication des plans divers devient utile. On n'imite pas , on s'approprie seulement , sans copier servilement les idées de l'original. 229 — PI. 33. I — 250 — JARDIN FRUITIER. LE FRAMBOISIER NAIN ET PERPETUEL DE FONTENAY- AUX- ROSES, GAIN DE M. GONTIER, ET ACQUISITION DE M. PELÉ, HORTICULTEUR A PARIS, Par m. Ch Morren. Le 8 oclobre 1852, M. Pelé, horticulteur rue de TOursine, ii" 81, à Paris, nous expédiait des plants en fleur et en fruit d'un nouveau fram- boisier, que nous sommes empressés de peindre d'après nature. 31. Pelé avait raison de nous écrire que c'était rendre un vrai service aux amateurs que de leur faire connaître u cette variété merveilleuse, » comme il l'ap- pelle. Ce framboisier est, en effet, nain, et se maintient à une hauteur de 60 à 80 centimètres au plus. Sa fructification est perpétuelle, c'est-à- dire qu'elle continue depuis le printemps jusque dans l'arrière automne sans interruption. Les framboises reçues sur les pieds de Paris le 10 octo- bre étaient excellentes de goût et de parfum. Ce framboisier a les tiges comme celles de son espèce typique, vertes au sommet et aiguillonnées, mais il se distingue par des rameaux termi- naux très-fructifères et fleurissant longtemps. Les feuilles assez amples sont d'un vert gai au-dessus, et au-dessous très-blanches. On cultiverait la variété pour le jeu seul de lumière qu'apporte le vent dans ce feuillage bicolore. La fleur n'a rien de distinctif, le pédoncule s'allonge de la lon- gueur du fruit, le calice est bien formé, élégamment relevé. Le fruit est ovale-arrondi ou sphérique, les baies moyennes de gi'andeur; la couleur est lie de vin, mais ce framboisier offre ceci de particulier, que peu de framboises sont plus que les siennes couvertes de cette fleur bleue à reflet, où les botanistes voient de la cire. Or, cette enveloppe cireuse préserve les fruits des effets de la pluie, et en général elle est d'un bon indice pour la conservabilité du fruit. M. Gontier, de Fontenay-aux-Roses, est le producteur de cette variété remarquable; il l'a obtenue de semis, et après l'avoir cultivée plusieurs années de suite, il lui a constaté les belles qualités dont nous venons de tracer la liste. M. Pelé, de Paris, en a fait l'acquisition. Fa multipliée, et peut satisfaire en ce moment aux commandes qu'on lui fera. Il la livre prise chez lui au prix de 2 francs le pied et 20 francs la douzaine. On peut l'obtenir aux mêmes prix chez M. Gontier, à Fontenay-aux-Roses. Le bureau de la BeUjique horticole transmettra volontiers les commandes, pour la Belgique, à M. Pelé, frais de port à payer par l'acheteur. Le framboisier perpétuel nous a été si souvent demandé, alors que nous ne possédions que celui dit des quatre saisons, lequel en fraude souvent deux sur quatre, que nous nous attendons à voir le framboisier de Fon- lenay, tout nain qu'il soit, susciter des commandes gigantesques. l'Vainboisicr nornct iiel de IVlè — ^251 — PATHOLOGIE DES PLANTES. EXPÉRIENCES SUR LA MALADIE DE LA VIGNE, Par m. Antoine Willems, Horticulteur à Herentals, en Campinc. Monsieur le directeur de la Belgique horticole, L'intéressant article que vous avez publié dans votre précieux journal, et dû à la plume de M. Bergmann fils, relativement à la maladie de la vigne, me décide à vous faire part des résultats que j"ai obtenus cette année sur mes espaliers en plein air et sur mes vignes cultivées en serre. Tout ce que j"ai fait ])our éviter d'être préservé du fléau a été peine per- due. L'oidium se trouvait déjà sur les propriétés de M. le baron Van Ryne- ghem, dont je dirige les cultures. D'abord, j'ai fait des fumigations de tabac et rempli même les serres d'une épaisse fumée de cette plante nar- cotique, mais cette opération n'a rien produit. Puis, j"ai lavé à l'eau de tabac les grains des grappes au point de les noircir ; ces grains sont devenus durs et l'oidium a continué ses ravages comme si le tabac était complètement inactif. J'imaginai alors de laver les grappes à l'eau de savon, puis j'en seringuai le cep et les feuilles. On eût dit que ce moyen portait le dernier coup de destruction : les raisins prenaient de plus en plus l'aspect maladif, et les arbres souffraient considérablement. L'oidium se développait toujours de plus en plus, malgré le savon et le tabac. M. Devine , professeur de culture maraîcbère à l'École d'arboriculture de Vilvorde, me transmit alors le procédé de M. Grison, que j'ai mis en pratique de cette manière : Je pris Y2 livre de fleur de soufre, '/j de chaux vive, que j'éteignis, et, pendant qu'elle était encore chaude, je la mélangeai avec le soufre dans une chaudière en fonte, j'ajoutai 4 litre d'eau et je fis bouillir le tout pendant dix minutes. Le liquide refroidi, je le mêlai à iOO litres d'eau et j'en seringuai mes vignes : nous étions arrivé au mois de juin. Cette opération n'eut pour effet que d'arrêter un peu la végétation du champignon. J'ignore si ce procédé fut appliqué trop tardivement, mais le fait est que je n'en obtins aucun résultat satisfaisant sur les vignes en serre. Le 2 juillet, je remarquai les premiers symptômes de la présence de l'oidium sur mes vignes en plein air. J'étais résolu de tout tenter pour arrêter ce mal redoutable. Je recomposai donc le mélange de M. Grison, mais je doublai la dose: je pris 1 livre de fleur de soufre, 1 livre de chaux vive, que je fis bouillir avec 2 litres d'eau, et la liqueur refroidie fut mêlée à 400 litres d'eau pure. Je seringuai les espaliers le soir après le coucher du soleil, et, le matin, je répétai l'opération avec de l'eau limpide et — 232 — Iraîche. Cette première opération me donna un résultat des plus satisfai- sants. Je crus un moment que j'étais maître de l'ennemi, mais, le 4 2 juillet, je le vis reparaître avec une nouvelle fureur de destruction. Je fis un second seringuage, et, quatre jours après, je recommençai de nouveau. Ces trois opérations ont suffi pour détruire entièrement le champignon dévastateur, et j'eus de bons et beaux raisins en plein air; seulement, le manque de chaleur ne leur donna pas la maturité convenable. Toutefois, ils étaient sains et couverts de cette fleur glauque et cireuse, qui contribue si efficacement à la beauté du fruit. Une preuve certaine de l'efficacité de mes opérations, c'est qu'ayant abandonné à elle-même une vigne de Frankcnthaler noir pour en com- parer le raisin avec les autres, elle ne montra que des grains de la grosseur d'un tuyau de plume. Les variétés sauvées par l'aspersion sont le raisin blanc ordinaire, le muscat noir et le petit Saint-Laurent. Herenihals, 20 octobre 1852. PANTHÉON DE L'HORTICULTURE. BIOGRAPHIE DE LOUIS-JEAN-FRANCOIS LEGRELLE-DHAISIS , D'ANVERS , Par m. Ch. Morren. L'art innocent et doux que célèbrent mes vers Remonte aux premiers jours de l'antique univers,- Dès que l'homnie eut soumis les champs à la culiure , D'un heureux coin de terre il soigna la parure. Il est encore des heureux de ce genre qui accomplissent cette mission de la primitive humanité pour le plus grand bonheur et d'eux-mêmes et des autres. L'horticulteur par goiit, par instinct, par passion, est au fond un véritable philosophe qui retrempe son âme à la contemplation des beautés de la création , et reporte sans cesse ses hommages du cœur à la source d'où découlèrent tant de merveilles. La biographie de ces hommes adonnés aux soins du jardinage , prouve chez eux une grande suavité de caractère, une humeur placide et douce , un commerce agréable et plein de sérénité, et presque toujours une bienveillance qui se traduit par une bienfaisance salutaire pour les malheureux. Les fleurs inspirent de nobles instincts, des habitudes réglées, l'amour de la vie de famille, et quand on les cultive parce qu'on les aime, on aime aussi tous ceux qui les entourent d'attentions et les soignent. C'est parmi les amateurs de jardins qu'on trou- verait le plus de ces hommes pour qui l'inscription tumulaii'e a il fut tendre époux, bon père et ami dévoué )> ne serait pas ou une banalité ou un A'" Louis Jean -François LKCJRKLLKd'UAMS. — 255 — mensonge. Aux preuves mille fois répétées de ces louables relations, nous Aenons en ajouter encore une, puisée celle fois dans les annales de l'hor- liculture de Belgique. Nous avons à jeter quelques fleurs de regret sur la tombe d'un des plus illustres noms dont ces annales ont le droit de s'enor- gueillir, et, rappelant la vie de celui qui l'a porté, nous retracerons une partie des phases que la science des plantes a parcourues chez nous dans ces dernières années marquées par tant de progrès et fières de leur succès. Louis-Jean-François Legrelle était né à Anvers, le 20 janvier 18-17. Destiné à devenir l'héritier dune gramle fortune, son éducation fut digne de la carrière brillante ouverte devant lui. Il la parcourut vite, comme s'il pressentait une fin prématurée, et on le vit accomplir avant l'âge de 55 ans ce qu'à peine nous trouvons achevé chez d'autres après un demi- siècle et plus de travaux utiles. M. Louis Legrelle était un de ces hommes chez qui la sensibilité exquise, excitable par tous les mobiles de l'émotion, se concentre dans le cœur, s'y soustrait à Tinvestigation de la curiosité et v fait tressaillir Tàme sans que les traits extérieurs décèlent ces commo- tions. Sous la forme d'un homme à la figure joviale et épanouie , plus l'éservé qu'abondant dans ses discours, avare de ses confidences intimes et de ses pensées du moment , toujours pnident et poli , il cachait au dehors les belles qualités du dedans. Mais, sa constance à visiter les salons de peinture et les ateliers des grands artistes d'Anvers, ses extases devant les chefs-d'œuvre de l'art, l'acquisition des tableaux dont il ornait ses de- meures, sa joie et sa volupté à entendre les concerts, la belle et entraî- nante musique , son goût en architecture et enfin sa passion pour les fleurs pouvaient facilement faire reconnaître chez lui la délicatesse de ses sentiments et ses entraînements naturels. Dépourvu de toute prétention, possédant la modestie de bon aloi, sans calcul et sans masque, s'il ne brillait pas dans les salons , il obtenait un succès plus digne d'envie : quand on le connaissait, on s'attachait à lui, on l'aimait et on l'estimait, et si durant sa vie , il ne compta pas un ennemi, à sa mort on le vit pleurer par tous : pauvres et riches priaient à ses obsèques. C'était un homme de bien. On vient de voir que son cœur vibrait à la beauté : il resta fidèle à ce penchant dans tout ce qu'il fit. Il possédait une maison de campagne charmante, et il y réunissait des milliers de belles fleurs, il y fit bâtir d'élégantes serres et un jardin d'hiver rappelant le paradis terrestre en miniature, et dans ce lieu de joie et de bonheur il choisit pour compagne de sa vie une dame qui ne l'eut pas cédé à Eve elle-même en grâce et en beauté. Jamais union ne fut mieux assortie. M. Louis Legrelle en voyant les magnifiques camellias que possède Anvers, et c'est peut-être la ville de l'Europe qui en renferme les plus beaux pieds , s'était épris d'un véri- table amour pour la rose du Japon. Quand il vit les palmiers majestueux, il éprouva, comme Alexandre de Humboldt à la vue d'un dragonnier, le désir de connaître les êtres créés à leur image, et lorsqu'on introduisit en BELG. HORT. T. 111. 31 — 234 — Belgique les orchidées (ce fut à Anvers ([uc >1. Parthon de Von, ancien consul de France, réalisa le premier cet heureux progrès), il ne put s'em- pêcher de se souhaiter à lui-même et aux siens de passer des jours tissés de bonheur au milieu de tant de jolies et gracieuses merveilles. Pour at- teindre ce but, il lui fallait une compagne digne de lui, une femme qui le comprit, participa t àses goûts et travaillàtconime lui et avec lui à l'accomplis- sement d'un si beau projet. Les mariages heureux se font au ciel, dit-on : on peut dire que celui de M. Louis Legrelle était un mariage providentiel. Le 20 avril 1841 , il épousa à Anvers 31"'' Caroline-Jeanne-Marie d"Hanis, appartenant à une famille distinguée dans la finance, le haut commerce, l'église, la jurisprudence, la navigation, à une famille où l'activité et les talents font partie de Técusson et se transmettent avec les armoiries. L'histoire de l'horticulture vénère aujourd'hui la mémoire de 3farie de Brimeur, épouse de Conrad Schets, un des ancêtres du duc d'Ursel : cette dame a laissé son nom dans le lis bulbifère, dont elle dota les jardins d'Europe. Elle fit faire à la science des jardins des progrès dont la posté- rité a recueilli et recueille encore les fruits. Les annales de la jnêmc science citent aussi avec honneur Christine Bertolf, épouse du célèbre Hopperus, laquelle dame, cousine de Tillustre Dodonœus, nous donna la capucine et beaucoup d'autres plantes curieuses. Hopperus vit à Madrid le grand soleil, originaire du Pérou, et n'eut rien de plus empressé que d'en envoyer la figure à sa femme qui, grande amateur de fleurs , en dis- tribua les graines en 1569, première année où l'on contempla dans nos jardins ce géant floréal. L'horticulture est une science reconnaissante, aimable et courtoise : elle a inscrit les noms de ces femmes célèbres à côté de ses héros et de ses illustrations. Et s'il est vrai que n noblesse oblige î« l'horticulture contemporaine devra inscrirez la suite de ces noms honorés, celui de Madame Caroline d'Hanis,. épouse de Louis Legrelle. Jamais la science de Linnée et l'art de Lenôtre n'eurent de plus digne interprête. Classification et phytographic , noms latins et patrie, hislori([ue et détails de culture , toutes ces choses qui font reculer bien des hommes , cette dame joue avec ces diiïicultés et en remontrerait à plus d'un horticulteur famé, voire même à plus d'un auteur. Heureux de ce choix d'élite, M. Louis Legrelle monta à Berchem, en 4843, le plus vaste établissement horticole d'amateur fortuné que possède la Belgique. Un nombre considérable de plantes exotiques y furent intro- duites : palmiers, pandanées, cactées, les plus grands comme les plus petits végétaux y étaient admis; ils y étaient conservés s'ils étaient beaux et utiles. Ce furent surtout les orchidées qui, après les camellias, obte- naient les affections du maître. A chaque exposition d'horticulture, soit à Anvers, soit à Gand , à 3Ialines, à Bruxelles , les médailles de premier module venaient prouver aux intelligents époux, combien leurs introduc- tions étaient applaudies et honorées. Des centaines d'ovations de ce genre rappelleraient ces succès, et si ouis Legrelle : il appoi-lail dans la charité la modestie du juste : il allait lui-même soulager le pauvre honteux. Plus d'un devait succomber à la misère quand il sentit une main bienveillante le relever de sa chute. Le propriétaire du château de Ber- chem s'était imposé un devoir -qui exprime parfaitement son caractère. Tous les ans, les premiers fruits de ses récoltes (et elles étaient variées et nombreuses) étaient donnés aux malades et aux pauvres. Ce que d'au- tres appelleraient les prémices du dessert, il l'appelait, lui, les prémices de la charité, et si sainte Dorothée, marchant au martyre, fut encouragée par un ange qui lui offrit une corbeille de fleurs, lame de Louis Legrelle, prête à paraître devant Dieu, reçut, nous en sommes sûrs, l'encourage- ment au sacrifice de la vie par les pauvi'es qui lui offraient, en prières et en bénédictions, les fruits de leur reconnaissance. La commune de Berchem manquait d'hôpital. M. Louis Legrelle n'eut de paix que lorsqu'il trouva les moyens de doter la commune de cet éta- blissement. Il devint l'un des principaux moteurs de son érection , et c'est assez dire que sa générosité y contribua largement. Dans cet homme de bien deux passions faisaient vibrer les fibres du cœur : lamour de la charité et l'amour du beau. Son cœur avait trop palpité devant tant d'émo- tions vives : le 15 mai 1852, en pleine saison des fleurs, à midi , l'heure où toutes les corolles regardent le soleil, source éternelle de leur vie, il expira d'une maladie nerveuse , ayant à côté de lui sa femme éplorée et ses quatre enfants dont le plus jeune venait de naître : il quittait à jamais toutes les fleurs qu'il avait tant aimées, et elles toutes aussi levaient les yeux vers la source de cette vie sans fin où d'éternelles fleurs l'attendaient encore t Il y a trois siècles (1560) Anvers citait avec orgueil un de ses fils célè- bres, Pierre Caudenberg, qui avait établi , à Borgerhout, un vaste jardin réunissant toutes les raretés de l'époque , plus de quatre cents plantes exotiques, ce qui était de ce temps-là digne d'un roi. Les serres n'exis- taient pas encore et Pierre Caudenberg cultiva le premier dragonnier que vit l'Europe, les dattiers et une foule de végétaux utiles. Les plus grands savants se rendaient à Anvers pour venir admirer ces merveilles. Le jour arrivera où l'image de Pierre Caudenberg sera placée au Panthéon anver- sois. Alors aussi, l'image (*) de Louis Legrelle, l'horticulteur anversois le plus digne de louanges sous le règne de Léopold I", viendra rappeler à ses compatriotes les bienfaits de sa trop courte existence et les services qu'il a rendus au pays, à la science et à l'humanité. Que des fleurs éter- nelles entourent à jamais son nom révéré! (1) Je dois le dessin du portrait de M. Legrelle, peint pur M. le baron Wappers , à l'obli- geance d'un membre de la famille, auquel j'exprime ici mes remercîmenis, pour celle commu- cation ; il m'a remis aussi quelques noies indispensables qu'il m'a fallu pour rédiger celle notice. (C/(. Morren.) J.U i « - ^•fUt-^-eyni! 1. ('Inrlt;\ \ ulo.vris . lloii . 2.Sli(Tia rhi-YS.»nlli.\ . — 257 — HORTICULTURE. NOTICE SUR LE STIFFTIA CHRYSANTHA DE MICAN , ARBUSTE ROBUSTE DE SERRES , Par m. Ch. Morren. Quoique le Stifftia chrysantha soit connu depuis quelques années, cependant il est très-peu répandu et c'est cependant une des plus belles plantes qu'on puisse cultiver : elle demande même peu de soins et sa robusticité est beaucoup plus grande qu'on ne le croit généralement. Elle appartient à la famille des Composées , ordre des Mutisiacées. Les caractères du genre sont : Capitule homogaine, discoïde, mulli et équalidore. Involuere fermement imbriqué, écailles coriaces, sèches, mullinerves , ovalo-arrondies , les intérieures linéaires. Réceptacle nu, alvéolé. Corolle subcoriace, glabre, régulière, quinquefîde, lobes extérieurement circinalo- révolutées. Filets lisses. Anthères exsertes, longuement coudées. Style cj'lindrique glabre, bifide, rameaux courts, égaux, aigus. Acli'enes glabres, allongés, à bec très-court. Pappe mul- lisérié, paléacés longs, inégaux, paillettes linéaires, dentées en scie. Les Stifftia sont des arbres du Brésil à feuilles glabres , les rameaux cylindriques, les feuilles alternes, pétiolées, oblongues, aiguës, penni- nei'vcs, les capitules terminales, les pédoncules squamigères. Le Stifftia chrysantha de Mican (Del. 11. Bras. Fasc. 1. — De Cand., Prodr. 7, p. 26. — ïlook. Bot. mug. 44ô8) appelé encore Augusta gran- (Hflora par Leander (Akad. Mink. Pbil. v. 7, p. 255, t. 14, non Pohl.), cl Plazia braziliensis par Sprengel. {Syst. veg. v. 5, p. o05), est, selon Hooker, introduit k Kew par M. Henderson. Selon l'habitude très-com- mune en Angleterre, on y dissimule les introductions faites sur le conti- nent. Ainsi, M. le professeur Balfour qui la vu fleurir à Edimbourg en 1849, n'hésite pas h le déclarer introduit par les botanistes de Kew. Or, nous avons vu fleurir dans toute sa beauté le Stifftia chrysantha au Jardin des Plantes à Paris, en 1 847, et cette année même, \e Portefeuille des horticul- teurs (Paris, n° 6, p. 1 64) en a publié la description et la figure longtemps avant les recueils anglais qui nont pas cité un seul mot de ces publica- tions. L'arbuste avait été introduit au Jardin des Plantes directement de Rio-de-Janeiro où il croît dans les forêts du mont Corovado. Il y fleurit en avril. Un pied de 2 mètres de hauteur portait sept capitules de belles fleurs oranges d'un jaune d"or ferrugineux , comme l'indique la planche ci-jointe (pi. 56). A Kew on l'avait cultivé huit ans sans obtenir de fleuraison. Culture. Cet arbuste à belles feuilles luisantes, d'un beau vert et résis- tantes, se reproduit facilement par boutures sous cloches et à chaud ; il se BELG. HOHT. T. I!l. 5:2 — 2Ô8 — cultive en caisse, dans une terre de jardin mélangée de terre de bruyère et d'argile franche. Ou draine la terre par dessous et au moyen de tessons ou débris de poteries. On lui donne la chaleur d'une serre chaude mo- dérée , mais quand la plante est un peu forte , elle passe en serre tem- pérée où nous l'avons vu fleurir et conserver ses fleurs très-longtemps. Ce serait une espèce à répandre, car elle fait un charmant effet dans les salons, les bouquets et les expositions. Ses capitules plaisent aux amateurs de belles plantes, et la saison où on les obtient, ajoute encore au prix qu'on doit leur donner. Le bureau de la Belgique horticole en a de beaux pieds disponibles au prix de 2 francs et de plus petits à 4 franc. NOTICE SUR LE CHIRITA COMMUNIS , Par le même. Parmi les plantes nouvelles les plus florifères et des plus jolies qu'a reçues dans ces derniers temps la maison Jacob-Makoy , à Liège , figure un Chirita à fleurs bleues charmantes et abondantes, provenant des serres de Kew, sous le nom de : CHIRITA COMMUNIS. Catile suffruticoso, ascendenle, ramoso , basi subglabro , tereli, ramis oppositis, subquadrangulalis, sericeo- tomentosis, pilis minutissiniis adpressis; /b- /ii.ï oppositis decussati», sericeo-tomentosis, pilis adpressis, peliolo sujji-a canaliculato, tereli, lamina duplolongiore, ovato-oblongis, basirodundalis,apiceacuminalis,integris seu minule crenulatis, arcle cilialis, iitrinque sericeo-lomentosis, pilis adpressis minulis- simis; pedunculis axillaribus, follis longio- l'ibus , tri-quinque umbellatis ; bracteis et bracteolis lanceolalis niiniUis; calycis lobis ovato-lanceolatis acuminatis, sericeo-lomen- losis ;foroi/i.scernuis, tubo infundibulifornii, niedio subvenlricoso , limbo vix bilabiato, oblique, lobis subrotundis (iN. v. v. c.) CHIRITA COMMUNE. Tige suffrutescenle, montante, rameuse, presque glabre à la base, arrondie, les rameaux opposés, subquadran- gulaires, couvertes d'un duvet soyeux, à poils très-petits et plats ; feuilles opposées-décus- sées, velues à poils soyeux et aplatis, pétiole cananiculé au-dessus, cylindrique, lame du double de longueur, ovalo-oblongues, arron- dies à la base, aiguës-acuminées au sommet, entières ou finement crénulées, très-finement ciliées, sur chaque face soyeuses à poils ap- prîmes et courts ; pédoncules axillaires plus longs que les feuilles , ombelles , à trois ou cinq fleurs, bradées et bractéoles lancéolées petites, lobes du calice ovalo-lancéolés, acu- minés , tomenleuses-soyeuses ; corolles pen- chées (pendantes) , tube infondibuliforme, subventrues au milieu, limbe à peine bilabié. oblique, lobes subarrondis. Ce Chirita a de l'analogie, pour le port, avec le Chirita Walkeriœ de Gardner, mais il en diffère par les feuilles opposées, non ternées, plus larges, moins pointues et moins longues, à pétiole plus long, par les pé- doncules beaucoup plus longs que les feuilles, terminés par une sertule Dieu planta dès le commencement le paradis terrestre. Si ce n'était man- quer de respect au Créateur de toutes choses, ne pourrait-on pas dire qu'il fut lui-même le premier jardinier de l'univers, et la Genèse, œuvre inspirée, lui attribue ce caractère expressément! Il planta le jardin et puisy transporta l'homme, sa créature; tiditergoDominus Deus hominem et posint eum in Pai-adiso voluptatis, vt operuretur et custodiret illiim. Il le posa dans le jardin du bonheur, afin qu'il y travaillât et qu'il le gardât. Travailler le jardin, le garder, c'est féconder son sol , soigner les plantes, les multiplier, puis clôturer son étendue, le séparer du lieu sur lequel le travail n'étend pas ses bienfaits, le garder contre toute action de dépréciation ou de destruction. Ce sont bien les prescriptions les plus essentielles du jardinage , et si nous voyons l'horticulture établie d'insti- tution divine, si nous trouvons dans la bible, le Créateur lui-même repré- senté comme l'horticulteur du lieu où l'homme sera livré à l'exercice de son libre arbitre, nous pouvons encore déterminer les conditions que l'art est appelé à remplir par les paroles mêmes du livre sacré. Nous cherchons vainement l'art ou la science qui pourrait en dire autant pour prouver la noblesse de son origine. Et ce n'est pas tout encore : ex omni ligno paradisi comede : vous vous nourrirez de tous les arbres du jardin, dit le Créateur à Adam. Le jardin est donc créé en vue des plantes édules : il s'agit évidemment ici darbres fruitiers : la pomologie n'est qu'une frac- tion de l'horticulture, elle est indiquée, comme on le voit, dans l'essence des êtres qui la composent et dans le but qu'elle doit accomplir, par le grand législateur des Hébreux, avec une précision que les siècles ont con- servée et qu'ils maintiendront à jamais. L'emplacement de ce jardin où le premier homme décida du sort de l'humanité entière, jardin dont la composition doit être regardée comme le modèle du genre, cet emplacement a occupé, on le conçoit aisément, plus d'un érudit, plus d'un savant et plus d'un hagiographe. Il est à remarquer qu'aucun horticulteur ne s'est occupé de cette question , et c'est sans doute à cause de cette abstention du seul juge compétent pour la traiter, qu'elle est restée sans solution. Les uns le placent en Perse ou au nord du golfe persique près de Bassora , où l'Euphrate se divise en quatre bran- dies ; les autres le mettent en Arménie; ceux-ci en Chaldée et ceux-là à Ceylan, près du pic d'Adam et de la tombe d'Abel. Cette dernière opinion est celle vers laquelle penchait Linnée : (c La beauté du solejl, dit-il, la fertilité du sol, les pierres, les animaux, les plantes dont s'enorgueillit Ceylan, ont fait croire que celte île avait été le Paradis terrestre, et d'autres ont pensé que nos premiers pères, chassés du Paradis, y avaient fixé leur demeure sur le mont appelé la montagne d'Adam ; quoi qu'il en — 247 — soil de ces traditions, ajoute Linnée, tout concourt à prouver la préémi- nence de cette île sur tous les autres climats du monde ( '). i> Linnée, par une de ces gracieuses images dont abondait son génie poétique, donna le nom de Paradis terrestre (Parar/m) aux jardins botaniques, inventions du seizième siècle , et caractérisés par leur mission de réunir en exemplaires isolés tontes les plantes du globe que nous babitons. Le duc de Devonshire a compris le mieux, à notre époque, Timitation du Paradis terrestre , en divisant son immense serre de CbastAVortb en cinq compartiments renfermant cliacun les plantes de la partie du monde à laquelle il correspond. Sir Joseph Paxton, le célèbre architecte du palais de cristal , a cherché ses idées horticoles dans la Genèse , comme Martin s'inspire de ses divines pages avant de nous offrir ses grandioses concep- tions. La dignité de rhorticulturc peut offrir comme une de ses plus belles preuves le rôle qu'elle joue et dans la création du monde et dans la créa- tion de rhomme. Des auteurs sacrés ont fait remarquer depuis longtemps que, si la chute de Thomme eût lieu dans un jardin, séjour de délices et de bonheur, la rédemption dans la première phase de la passion , s'ac- complit aussi dans un jardin : le jardin des Olives dont les oliviers, con- temporains du Christ, existent encore. Le témoin de la chute devient le témoin de l'expiation, et cette concordance ennoblit dans l'ancienne et la nouvelle loi cette horticulture inséparable, comme on le voit, des deux plus grandes scènes du monde : la création de l'humanité, son salut par la passion de riIomme-Dieu. Un intérêt particulier s'attache à la connaissance de l'origine des choses. L'horticulture, considérée ainsi dans son principe, offre aux l)euples chrétiens un caractère attachant, puisqu'elle leur rappelle de grandes vérités de leur foi. Cet intérêt diminue sans doute quand on passe de la croyance universelle à quelques théogonies ou cosmogonies particu- lières, mais il est encore assez grand pour qu'on s'en occupe, surtout quand on envisage ces doctrines dans leur ensemble. Ainsi, nous citerons quelques-unes de ces idées où rexistcncc de la plante est liée à celle de Dieu même. Les Indous font remonter l'origine des choses à plus de trois millions huit cent mille ans avant l'ère chrétienne. Suivant leur Védam et leur Shastah, livres sacrés des Brahmes, il n'y avait, au commencement du monde, que Dieu et l'eau. Dieu ou Para-Brahmah est le premier prin- cipe : il crée dans l'eau la seule chose qui coexistât avec lui, une feuille. Cette feuille surnage, sa forme est celle d'un enfant qui se mord l'orteil, et du nombril de cet enfant, ou mieux du nombril de cette feuille appelée Narayan, sort une fleur. Cette fleur, à son tour, produit Brahinah et ce Brahmah est chargé après par Dieu , le premier principe , de créer le (l) riora Zcyliinica. Ilolni. 1747, iii-8", in prwf — 248 — monde; Visltnoif, un Jinge, est destiné à le eonscrver; Siva , un autre iinge, a pour mission de le détruire, et IJrahmali, Vislinou et Siva forment 1.1 Irinilé indienne. On retrouve évidenmient dans cette théogonie le fond des idées hibli- (|ues. La plante est antéi'ieure à raclièvement du monde; la fleur comme V Herbu virens de Moïse, est antérieure à la Heur, siège de la semence, et si ce n'est pas Ihomme dont la création est liée à rexistence de la plante, (•"est le Créateur même du monde qui naît lui-même dune fleur. La représentation de ce mythe indien a été réalisée, comme on le sait, par le Nelumbium, plante de la l'amille des Nymphéacées , dont limage se retrouve et sur les monuments de llnde et jusque d.ujs les lormes de leurs épaisses colonnes. Dans la religion des Indous, on constate encore un autre lait qui prouve Timportance que ces anciens j)euplcs attachaient à la connaissance des plantes. Une seule Divinité présidait à la l'ois à la science <'l aux campagnes, comme pour indicpier que la contemplation des scènes de la nature inspirait la science, et que la source de celte dernière se trouve en grande partie dans la vue et dans l'étude des végétaux. La m\tliolog!e grecque n'était au fond (pie le symholisme de la natui-e. De même que les lléhreux avaient plac('' le honheur [)riniilif de l'homme d.ins la jouissance d'un jardin de délices, j)laiilé par les mains du Créateur lui-même, de même ce symholisme , admettant l'immortalité de l'àme, plaçait les ombres de ceux qui avaient vécu selon la loi des dieux dans les Champs-Elysées, jardin où régnaient un i)rintemps sans fin et un honheur parfait , récompenses éternelles d'une vie passée sans fautes. L'idée du honheur est encore une fois inséparahle de celle d'iui jardin. Ce jardin, placé aux enfers , était idéal, et si l'entrée des enfers a été |)l.icée par Virgile près du lac Averne, nul n'a cherché l'emplacenjent des Champs- Elysées. Il n'en est pas de même d'un autre jardin eélèhre dans l'anti- quité, la i)ropriété des filles d'IIesper, Eglé, Aréthuse et Ilespérélhuse. Le jardin des Hespérides, de T]!» XV ozperi, arbre ou fruit, était essen- tiellement unjardin fruitier. Les uns l'ont placé en Afrique, i)rès du mont Atlas, les autres près de Cyrénaï(pie. Scylax, géographe, ayant vécu six cents ans avant J.-C, a décrit ce jardin, donné son ])lan et énuméré ses richesses. 11 y croissaient des arbres produisant des pommes d'or qu'on suppose être des oranges, des grenadiers, des mûriers, des vignes, des oliviers, des amandiers et des noyers. Quant aux plantes d'ornement, c'étaient surtout des arbustes, des myrtes, des lauriers , des lierres et des oliviers sauvages. Il n'y est pas le moins du monde parlé des roses. Le mythe relatif à Junon donnant à Jupiter une orange ou pomme d'or, le jour de leur mariage, l'étymologie de l'Éden et celle du mot d'hespérides, étymologie presque identique, le dragon à la langue de feu qui garde le jardin de la fable et l'épée flamboyante (pii préside à la conservation du Paradis terrestre, ces similitudes prouvent au docteur Syckler que c'est nue même croyance qui se cache sous deux énoncés. Quant au jardin — 241) — promis de Mahomet, le paradis des Orientaux où les charmes consistent surtout en frais ombrages, en fontaines et en houris aux yeux noirs, jardin où il n'est question ni de fleurs, ni de fruits, il oiïre un air de famille si intime avec celui des Champs-Elysées que la source de son invention ne l)cut laisser aucun doute. Le jardin d'Alcinoiis, placé à Corfou ou dans quelque autre ile asiatique et décrit avec tant de vérité dans l'Odyssée, coiTcspond à la vérité avec laquelle Homère fait connaître les mœurs de ses héros. Ce jardin n'est (ju'un jardin de ferme : les fruits, les légumes, les fleurs y sont matériel- lement utiles, on y trouve de véritables haies vives, les premières que (ite l'histoire, des couches pour les primeurs, des parteires j)Our les fleurs et des bassins pour l'arrosement. L'horticulture , dans sa partie la plus j)rosaïque, la culture maraichère, peut avoir un grand respect pour la sublime poésie dHomère, car si la pomologicfait remonter sa première noblesse à la Genèse, c'est dans le chef-d'œuvre de la littérature grecque (pie l'histoire des légumes doit chercher la sienne. Le grand IVewton ne dédaigna pas , après ses travaux sur l'attraction universelle, la marche des astres et les lois de la lumière, de s'occuper de l'origine de l'horticulture. II en plaçait le berceau en Egypte. Amuîon ou Osiris y avait planté les jardins des oasis, et chaque jardin y était la copie ou la reproduction d'un élysée dont le prototype se trouvait au mont Ararat où Noé avait trouvé la vigne. Telle était la raison pour laquelle il n'y a guère de jardin sans raisins, fussent-ils même produits en serre. Néanmoins, iMempbis, sous le sceptre des Pharaons, comptait des temples magni(i(iues, des statues colossales et des palais resplendissants, mais on ne sait pas si on y joignait des jardins. Strabon loue cependant les fruits de l'Egypte. La pèche y était consacrée à Ilarpocrate, le dieu du silence, parce que la pèche a l'air d'une bouche fermée. Sur la pyramide de Chéops on lit une inscription, en caractères égyptiens , indiquant les frais du travail horticole nécessaires pour produire des radis, des oignons et de l'ail. Ce seul fait indique l'importance (jue l'Egypte donnait à l'horticul- ture, et dans notre siècle, horticole par excellence, s'aviserait-on jajnais de graver sur nos monuments publics les frais d'un jardin légumier ? Parmi les sept merveilles du monde figuraient les jardins de Babylone célèbres parleur site, leur perspective, leur étendue et la variété des [liantes qu'on y cultivait. Ils étaient caractérisés par les terrasses, la forme carrée des aires de culture, les pilliers et l'abseRce des voûtes encore in- connues. Des arbres se trouvaient surtout sur le haut et donnaient de vastes ombrages aux parties les plus aérées. Cette disposition exprime un grand progrès de l'art, en introduisant comme élément de beauté la per- spective si riche en ressources. Le pays où s'élevait Babylone était uni- forme et en plaine. La moindre colline y devenait l'objet d'une attention [)articulière et s'y convertissait en jardin : les cèdres, les pins-pignons et les cyprès lui donnaient une de ces formes qu'on est convenu d'apftcler — 250 — orientales parée qu'elles apparliennent, en effet, à la flore de cette région. Quand Séniiramis arrive à Clianon, ville de Médie, elle y découvre, sur un plateau élevé, un rocher d'une étonnante hauteur. A l'instant elle décide de faire un jardin du plateau , d'entourer le roc de plantations et de bâtir sur ses flancs et son sommet une suite de constructions somp- tueuses d'où la vue embrassait diverses perspectives. La théorie des vues dans Tart de dessiner les jardins remonte à cette reine célèbre des Assyriens. L'histoire des jardins nous prouve jusqu'ici que ces lieux étaient con- sacrés au repos, au plaisir, à la contemplation de la nature. Un grand roi y établit un élément d'intérêt nouveau, l'instruction. Ce roi est Salomon. A ses connaissances en arcliitecture il joignait celle de la botanique : il étudiait les plantes. Le jardin de son temple fameux et de ses palais était carré et entouré de murs élevés. Ce jardin contenait une foule de plantes curieuses pour l'hisloire naturelle. L'hyssopc y croissait entre les pierres des murs (*); des fleurs y sont cultivées pour leurs par''ums. On y trouve la rose, le muguet, le calamus ou le roseau odorant, le camphrier, le nard, le safran, le cannellier; des arbres de construction comme le cèdre, les pins , les sapins; des arbres à fruit comme les figuiers, les vignes, les pommiers, les dattiers, les grenadiers; l'eau y circulait en ruisseaux ra|)ides ou s'y arrêtait en lacs paisibles. Le voyageur Manndrell prétend même que le lit de ces lacs est encore visible, qu'ils étaient disposés au nombre de trois, les ims au-dessus des autres, de manière à déverser leur Irop plein en cascades. Salomon exprime lui-même le but de son horti- culture : «; J'ai fait moi-même mes jardins et mes paradis, et je les ai plantés de toutes sortes d'arbres à fruit; j'y ai conduit les eaux afin d'y avoir des fleurs et des arbres (Eccles. n, 5, 9). ;> A la rigueur, on peu! li'ouver dans les jardins de Salomon l'origine première des jardins d'in- struction, but rempli aujourd'hui par les jardins botaniques, et l'on ne peut nier qu'il ne fut le premier souverain sous l'impulsion duquel l'hor- ticulture prit une forme savante. Il est déplorable seulement qu'on doive le citer aussi pour avoir laissé dévier l'horticulture de sa noble mission, en la faisant servir à la dépravation des mœurs. « Je condamne, lui dit le Seigneur, vos couches de luxure avec lesquelles vous perdez votre âme dans vos jardins à fleurs. » Ashuë ou la Vénus des Juifs y avait, en effet, im temple et des nymphes. L'horticultui'C des Hébreux était assez avancée : elle offre encore sa physionomie ancienne , contemporaine de Salomon, aujourd'hui dans le Chanaan. On sait que les Hébreux ne connaissaient pas le seigle, mais qu'ils cul ti\ aient du froment, de l'orge, du millet, des vesces, des lentilles (1) Hasselquisl conclut de là, mais a lorl, que l'iiyssope de Salomon devait cire une mousse, mais riiyssopc croit sur les mui's, nolainnienl a lAv'^c. et des fèves : dans les jardins ils semaient des concombres, des melons, des courges, des oignons, de Tail , de l'anis, du cumin, du coriandre, de la moutarde et autres épiées. Les Hébreux semaient la vigne, ce que nous ne faisons plus et à tort. Moïse reconmiande même de ne pas semer la vigne qu'avec une seule espèce de graines, de crainte que le mélange de plu- sieurs variétés n'abâtardisse celle qu'on veut conserver; conseil prudent et qui semblerait indiquer que ce profond naturaliste ait eu l'intuition de la sexualité des plantes. Mababad, le premier roi de la Perse, y introduisit le goût des jardins : ils prirent cbez ce peuple une nouvelle destination, et Anvers, plus qu'au- cune autre ville de Belgique, doit s'intéresser à ce progrès : je veux parler de rinvention des jardins zoologiques. Xénopbon nous apprend dans son liistoire de Texpédition des dix mille, que Xercès avait fait construire en Phrygie un jardin dans le voisinage d'une forteresse et qu'il l'avait consacré non-seulement à y élever toutes espèces de plantes, mais aussi à y nourrir toutes sortes d'animaux. Aristote,le précepteurd"Alexandre-le-Grand, avait eu l'idée de réunir dans un lieu déterminé les créations des trois règnes de la nature et de posséder ainsi des musées d'histoire naturelle, idée réalisée à Londres, beaucoup plus tard, au dix-septième siècle, par une lamille de flamands : les trois Tradeskin dont le souvenir s'est perpétué sous le nom de Tradescant, par les Anglais, qui se sont emparés de ces gloires émi- nemment belges et flamandes. Les jardins persans , dont Pline nous a retracé les plans, étaient plantés de lignes droites d'arbres comme les jardins géométriques de Lenôtre, et tout le long s'étendaient des parterres de rosiers, de violettes et de fleurs odoriférantes. Une nécessité essen- tielle s'attachait aux jardins de la Perse, à savoir une tour du sommet de laquelle on étendait sa vue sur les environs. Les terrasses de Babylone en avaient donné l'idée , en mêjne temps que les invasions des ennemis en faisaient une condition de défense. Les jardins de Cyrus , à Sardis, pas- saient pour de vrais modèles. Ils furent imités en Grèce où le joyeux philosophe Épicure regardait un jardin comme un lieu essentiellement propre à passer gaiement sa vie et à y mettre en pratique la seule philosophie digne, suivant lui, de notre triste humanité : celle du plaisir et de la joie. Le jardin d'Epicure était situé à Athènes même, vis-à-vis du Dipylon et sur le chemin de l'Académie: c'était par les fleurs qu'on arrivait à ce temple de la gloire. La statue de la Minerve Pseone (Minerva Pœonia) s'élevait vis-à-vis du jardin du philo- sophe Mélanthe , toujours sur le chemin de l'Académie. Lycurgue était tellement convaincu que les jardins étaient indispensables aux nations et surtout à la vie urbaine , qu'il les déclara d'utilité publique , et mit à la charge de tous leur construction et leur entretien. Cette idée de Lycurgue est réalisée fort heureusement de nos jours dans les plus belles villes des cinq parties du monde. Ce grand législateur avait compris la haute in- fluence des fleurs sur la civilisation de la société humaine , et trouvait — 252 ~ dans la contemplation de ces suaves merveilles de la création, un moyen de purifier les mœurs et d'ennoblir les élans du cœur. Dans l'Académie même, se trouvait le Lacydum ou le jardin de Lacydes. Platon place son dialogue sur la beauté sous les frais ojubrages des rives de l'Illyssus. ïhéocrite ouvre la scène de sa première églogue à l'ombre d"un pin- pignon, et la beauté d'Hélène est comparée à celle d'un cyprès cultivé. La Grèce emprunte à la Perse ses arbres, ses plantes odorantes et ses fleurs aux plus brillantes corolles. Le peuple le plus civilisé et le plus spirituel de l'anticpiité voulût que l'esprit se retrempât dans les formes, les couleurs et les parfums des fleurs. Les narcisses, les violettes , les roses et le lierre se propageaient <à profusion , et Tliéopliraste affirme même que les Athé- niens cultivaient des plantes à fleur pour l'hiver, au point que lorsque la neige couvrait le sol les années rigoureuses, les violettes abondaient aux marchés d'Athènes. La vallée de Tempe était une vallée de fleurs. Piri- thoiis, Thésée, OEdipe , Odraste possédaient de beaux jardins à l'entrée desquels le premier autel était consacré à l'Amour. Les tombes des grands hommes et de ceux qui mourraient au service de la patrie étaient ornées de sculptures et d'arbres cultivés aux frais de la nation. La botanique et l'horticulture firent d'immenses progrès sous ces heureuses influences, et il n'y a rien d'étonnant de trouver chez ce peuple qui avait si bien com- pris l'influence des fleurs sur les arts , les sciences et les lettres, sur une société polie et spirituelle, les premières grandes doctrines sur les lois de la nature. Les Grecs ont compté les premiers grands hommes qui ont illustré ces branches des connaissances humaines. La religion symbolique des Grecs avait donné d'ailleurs à l'horticulture uncaractère sacré. Leurs mythes n'étaient qu'un culte rendu à la création, et sous le voile de ces fables se découvre une philosophiez tout entière. Zéus, Jupiter ou Isis représentent les forces vitales, le pouvoir dynamique de la vie. Jupiter était l'esprit et l'àme de l'univers. L'influence de l'air atmosphérique sur la vie des plantes est indiquée par la reine des dieux, Ilère ou Junon, qui, assise sur le trône des cieux, préside au retour des saisons. Les fleurs et les fruits naissent sous ses pas et le règne végétal entier est placé sous sa protection. Zéphir, un vent modéré et doux, fils d'Eole et d'Aurore, le matin, rend la vie, par son souffle tiède, aux fleurs et aux arbres. Il épouse Flore, la déesse des fleurs, parce que le vent féconde les fleurs. Cybèle ou Gœa, la terre, est la bonne déesse par excellence : c'est la terre, en effet, qui se couvre de moissons et les fait sortir de son sein, lîadès ou Pluton , le dieu du feu, habite les entrailles du globe et le chauft'e; c'est la chaleur de la terre qui assure la germination et donne par les sucs terrestres le luxe de la végétation. VAlma Vernis, le mythe de la reproduction, naquit de l'Océan, et les nymphes, dans leurs nom- breuses légions, habitent la mer, les fleuves, les rivières, les fontaines, les ruisseaux. L'eau ou l'irrigation n'cst-ellc pas la source des richesses végétales : chaque espèce de plante avait, dans ce symbolisme, sa dryade — 253 — ou son homodryadc. A sa naissance , les Heures transportent Vénus à l'Olympe, et parmi ces heures (expressions du temps) figure Thallo, qui préside au germe et à Taccroissement des plantes, parce qu'en effet chez les plantes, la reproduction se fait à des heures déterminées. Linnée sym- bolisa lui-même cette idée par son horloge de Flore. Apollon est le soleil et ses flèches sont les rayons de cet astre : il préside aux plus heaux jours de l'été alors que par son influence la terre se couvre des plus brillantes corolles , tournant leurs pétales épanouis vers leur Dieu i)rotecteur. Diane est la déesse des nuits, mais aussi clic est la déesse des forces végé- tales qui retrempent leur énergie perdue dans la sérénité des nuits. Diane ou la force végétative , vit plus spécialement dans les forêts où les plantes abondent et où la déesse s'adonne à la chasse des bêtes fauves qui dé- truisent ces mêmes plantes. Lesdryades, nymphes des ruisseaux, célèbrent la fête de Diane dans les bois, précisément parce que la rosée humide rafraîchit les tiges et les feuilles desséchées. En un mot, toute la mytho- logie qu'on a gâtée dans notre mesquine éducation, qu'on a méconnue dans ses innombrables applications, est la science de la nature exprimée par des images et des fictions poétiques. L'horticulture, envisagée sous ce rapport, devient une science des plus intéressantes et sert singulièrement à expliquer bien des mystères de la philosophie païenne. [La suite au prochain numéro.) HORTICULTURE DES BEAUX-ARTS. BOTANIQUE ARCHITECTURALE. — COINS DE VOUTE, CONSOLES ET CROSSES, Par m. Ch. Morren. Nous continuons à offrir certains modèles dornements d'architecture dans lesquels des fleurs et des plantes particulièi'es deviennent des modèles appropriés, dont les artistes du moyen-âge ont tiré, et ceux de notre (îpofjue peuvent tirer d'avantageux partis. Les fig. 1 et 2 de la pi. 57, représentent la fig. 'l,un coin de voûte orné d'un écusson derrière le(piel serpente le CuUjstegia sepium, et la fig. 2 un autre coin de voûte où l'or- nement est ime tige volubile de bryone dioïque. Le Calijslegia sepium, naguère encore le Convolrulus sepium ou lise- ron des haies, est une plante toute catholique. Le mot liseron est un diminutif de lis, mais le lis blanc était réservé aux grands saints, comme saint Joseph, saint Antoine dePadoue, saint Ignace cl en général les BELG. HORT. T. Ml. 34 254 PI. 57. ^^^'}^^.^ — 255 — vierges-martyres. Le liseron des haies était le symbole de rinnocencc du jeune àgc. Dans les processions du moycn-àgc, les jeunes lilles ayant fait leur première communion dans l'année, en portaient des couronnes ou des guirlandes. La corolle blanche et immaculée, fugace, ternie parla moindre atteinte, corolle chez laquelle le pli le plus léger reste ineffaçable et où toute tâche est indélébile, devenait, on le voit, une représentation par- lante de la pudeur. Dodoëns, en 1554, fait connaître comment notre mot de i;o/?<6i7 (de lierre). Les Allemands nommaient la même plante herbe se balançant au gré du vent. Sa signification dans les cérémonies du culte catholique autorise donc complètement de la part de l'architecte le choix de ce végétal dans les temples chrétiens. La bi'vone [Brijoiiia dioïca) est plutôt une plante de signification mon- daine; on la nommait anciennement couleuvrée, parce que ses tiges ser- pentent comme une couleuvre. A ses fleurs blanches succède un fruit rouge et sphérique comme un raisin; le végétal rappelle dans la forme de ses feuilles et l'existence de ses vrilles la vigne , d'où lui est venu le nom de viticella , petite vigne. Enfin , la bryonc passait dans le moyen-àge |)our un moyen efficace de conserver la beauté. «Elle nettoyé le cuir (oji disait alors cuir pour peau) et effaces les rides et fronces, lentilles et toutes sortes de taches et cicatrices, si on la mesle avec farine d'Orobus et de Fenugrec. Aussi faict bien Ihuilc dans lequel la racine de bryonia a esté cuicte. n De l'Escluse, en 1557, nous affirme ces croyances, dont les dames surtout acceptaient volontiers le bénéfice et auxquelles elles seraient sans doute bien aise encore de pouvoir ajouter foi. 11 n'en faut pas plus pour agir sur l'esprit des artistes, si sensibles à la beauté et l'élégance de la bryone, ses pampres ornées de vrilles leur permettraient d'y puiser des formes agréables. Les consoles ou corbeilles, fig. 5 et 4, très-élégantes dans leur simpli- cité, un simple cône couvert d'herbes, comportent l'une fig. o, le lierre , l'autre fig. 4, la moschatelline, adoxa moschatellina , dont nous avons déjà parlé p. 188 et 189 de ce volume. Nous avons dit que le lierre, dont l'ancien nom était Lyarre, était une plante essentiellement démocratique : elle n'avait rien à faire avec l'élément religieux. Voici une anecdote peu connue, comment on s'expli- quait alors le phénomène de l'amour du lierre pour la vigne qu'il enlace, • • ' * - • . • • ^ « ♦ • » . i , *• • s • . • " . ' ' é H /■•= Poire Nouveau Poileau . .'^. Poire MécliiiUe , Toi — JARDIN FRUITIER. LE BON CHRÉTIEN NAPOLEON, Par m. Cn Morren. Le Bon clirétien Napoléon a reçu difTérents noms, comme Bonoparte, le Captif de Sainte-Hélène, Gloire de VEmpereur, ce qui n'a rien que de très-légitime, puisque ces noms-là s'accordent avec la personne de Tem- pcrcur; mais on a nommé ensuite cette même poire Charles d'Autriche, puis Charles X et même on l'a baptisée du nom de Mabille, souvenir plutôt de bal que de dessert. M. Liart de Mous ayant obtenu la médaille pour l'exposition de ce bon chrétien, a vu ensuite donner son propre nom de Liart à cette même variété, sauf que bientôt ceux qui n'aimaient pas cette poire la nommaient Poire d'trn Liard, et pour rappeler enfin que le fruit avait reçu la médaille et non l'exposant, d'après l'ancien esprit de nos expositions, la j)oire prit aussi le nom de Poire-médaille. Elle circule aujourd'hui dans le commerce pomologique sous tous ces noms, estimée j)ar les uns comme de toute première (lualité et reléguée par les autres dans le deuxième rang, selon la venue du fruit et le trahit sua quemque voluptas du palais de chacun. C'est un arbre vigoureux et productif, convenable pour le haut vent, la pyramide et l'espalier. La greffe sur coignassier l'cpuise par abondance de fruits et on le retient par la taille. Des pomologistes d'expérience le recommandent pour l'exposition au nord et au couchant, deux emplace- ments pour lesquels il n'est pas mauvais d'avoir des variétés à utiliser. Le fruit est turbiné, pyriforme, parfois bosselé et irrégulier, gros, d'un beau vert, rubicond du côté du soleil et souvent obtus aux deux bouts. La chair est fondante, musquée, mûrit en septembre et a le défaut de mollir vite et de se blcssir de même. C'est au reste une variété que tout bon jardin doit posséder. LA POIRE NOUVEAU POITEAU , Par le mèîhe. Notre honorable collègue M. Ilennau, professcuj- d'économie politique à l'université, cl de pomologie praticjue, chez lui et dans son jardin pour les amis qui vont l'y voir, place parmi les exccllenlissimes poires de !('po(pu' le Xouvcati Voitean, bien que nous n'ayons vu nulle part l'an- — 258 — cicn Poitcau, sinon le digne nestor lui-niènie de la poniologie française. Ce Nouveau Poiteau serait nn enfant de Van Mons qui en a beaneoiip sur sa conscienec. C'est un rejeton vigoureux et à son tour très-productif et fécond. Il est volontaire, il brave les vents dans sa haute taille et se taille tout aussi bien en pyramide, se laisse crucifier les branches et les bras sur l'espalier. 11 jjréfère le levant et le couchant et s'arrête vis-à-vis du nord où il souffre et vis-à-vis du midi qui le brûle. Son fruit que nous figurons ci-contre, d'après de délicieux exemplaires produits par M. Hcnnau, est gros, ovale, pyriforme, lisse, pur de forme, régulier, la chair délicieuse, fondante, juteuse, sucrée, aromatique, fraîche et sapide. Elle fait les dé- lices des gourmets et des gens qui savent vivre; en novembre, à l'époque de la lëte de saint Hubert surtout, jour où les chasseurs meublent le repas de gibier, tandis que les paisibles pomologues abattent leurs meil- leurs fruits. ACTES SUPPLEMEiMAIRES A LHISTOIRE DE L'ARBRE A FRAISES OU BENTHAMIA FRAGIFERA , Pau le même. Depuis que nous avons publié dans le second volume de la Behjiquc horticole, p. 5C9, l'histoire du Benlhamia fragiferu , cet arbre s'est beaucoup plus répandu dans les jardins tant dans ce pays que dans plu- sieurs autres; mais il est arrivé à quehpics personnes un fait dont la mo- ralité est qu'en horticulture comme dans toutes les branches de connais- sances humaines, on ne saurait jamais être trop savant, n'en déplaise à ceux pour qui la science est une cause d'ennui. Voici ce fait. M. Lindley, dans la première édition de son Système naturel (1850) , avait donné le nom générique de Benthamia à des borraginées que M. Lehmann, de Hambourg, avait déjà distingué sous le nom d'Amsinckia. Ce dernier nom , en vertu des lois de justice et de la nomenclature, a dû prévaloir. Ce ne fût qu'après cette date, dans le Botanical register, pi. 1379, (juc le professeur de Londres sépara le Cornus capitula, de Wallich , sous le nom de Benthamia fr agi fer a. lien est résulté que des personnes deman- dant en Angleterre des graines de Benthamia ont reçu des graines d'Am- sinckiu , une borraginéc insignifiante pour un arbre à fraise! la mésa- venture est fâcheuse alors qu'une année de })erduc en fait de semis d'arbre est toujours à regretter. Le Benthamia jragifera de l'Himalaya s'est conservé dans quelques jardins botaniques d'Allemagne. ^I. le professeur Schleidcn , qui dirige aujourd'hui celui de léna (Saxe-Weimar Eisenach), annonce cette année la graine de l'arbre à fraise comme ayant été recueillie mûre dans ce — 259 — jardin, ot l'oflVc en communication d'échange avec les autres jardins, preuve que larbre a dû y produire des fruits mûrs. De Candolle (Pyrame) nous apprend qu'il a reçu, de la Compagnie an- glaise des Indes-Orientales, des fruits secs de cet arbre qui croît naturelle- ment au Népaul , sur le mont Chandugliiry près de Gossain-Tlian, où le fruit s'appelle communément Chungwa, près de Serampore, où on le nomme Rhumoivro, entre Sutley et Fumma, et enfin près du Sininagur. Les fruits sont ordinairement de la grosseur d'une petite prune. Nous avons reçu une notable quantité de graines fraîches do cette aimable plante, et, pour la propager plus vile, nous l'offrons gratuite- ment aux abonnés à notre publication qui désirent la recevoir. Ces graines germent très-bien dans une serre tempérée ou en bâche , dans une terre meuble et traitées avec les soins ordinaires que réclament les semis. En repiquant les jeunes pieds quand ils présentent assez de force et les trois premières paires de feuilles, la reprise se fait promptemcnt, et on con- tinue de les soigner comme nous l'avons dit dans notre premier article. A VIS. Nous donnerons volontiers des graines de l'arbre à fraise, Benlhamia fragifera, à nos honorables abonnés qui nous en exprimeront le désir par le moyen ordinaire de leur correspondance. ARBORICULTURE. LE SAPIN DE DOUGLAS, ADIES DOUGLASII , DE LINDLEY , ARBRE SUPERBE , DE PLEINE TERRE , Par m. Cu. Morren. Le sapin de Douglas est un grand arbre, de première grandeur, conique, couvert d'une écorce brun-grisâtre, abondante en résine balsa- mique (voy pi. 59). Les feuilles sont légèrement pectinées et ouvertes, linéaires, étroites, obtuses sur les bords et le sommet, tout à fait entières et lisses, d'un vert foncé au-dessus, marquées au milieu d'une ligne dé- primée et argentées en dessous, d'un pouce de long (voy. pi. o9). Les cônes mâles sont courts, denses, obtus, à peine d'un demi-pouce de lon- gueur. Les bractées écailleuses, concaves, très-obtuses, ciliées et tournées sur les bords. Les anthères obcordées, très-courtes, biloculaires, la crête très-courte, obtuse, épaisse, tuberculiforme. Les cônes terminaux au sommet des branches, solitaires, pendants, ovales-oblongs, d'un brun clair, j)Ourvus de beaucoup de bractées linéaires, acuminces à la base; les écailles arrondies, concaves, coriaces, entières, persistantes et douces au toucher. Les bractéoles linéaires , tricuspidées , cartilagineuses et — 260 — incml)raneuses, deux fois aussi longues que les écailles, les dents acumi- nées, celle du milieu beaucoup plus longue. Graines ovales; testa crus- tacée; aile elliptique, obtuse; noix brune, légèrement concave sur le côté extérieur [Lamh. Penn. CijcL). La planclie 59 donne tous ces détails. D'après Douglas lui-même le tronc de celte espèce, dans les forêts du nord-ouest de l'Amérique , varie de 2 pieds à 40 pieds de diamètre et de 100 pieds à 180 pieds de liauteur. Parfois même cette espèce atteint à des dimensions encore plus extraordinaires. Il donne pour exemple un tronc trouvé en place près du fort George sur la rivière Coknnbia, tronc qui, mesuré à 5 pieds au-dessus du sol, présentait 48 pieds anglais en circon- férence (1() pieds de diamètre). Quand l'écorce est jeune, elle renferme des l'éservoirs d'une résine jaune clair, ressemblant au baume de Gilead. Le bois des arbres vieux est excellent, très-solide, ferme, pourvu de très-i)eu de nœuds, à peu près de la couleur du buis; il ne se déjette pas et est peu sensible à rbumidité. Le sapin de Douglas est très-répandu dans les forêts de l'Amérique du Nord vers l'ouest, entre les 45 et 52 degrés de latitude nord. Primitive- ment , il y a été découvert par Menziès à Nootka , où il aborda dans le vovage de Vancouver, en 4 797 , et Lamltert en publia les brandies sans (leurs ni cônes en 182G, sous le nom fautif de Piims laxif'olia. En 4825, Douglas en envoya des cônes en Angleterre à la Société d'horticulture de Londres, qui répandit l'espèce sur toutes les Iles-Britanniques. Ce sapin résiste très-bien au froid, car en Ecosse, dans le Perlbsliire, au château de Mcthven , les jets crûrent de 4 pied 4 pouces à 4 pied 6 |)ouces par année. A Dropmore , les pieds ])ortèrent des cônes en 4855 , d'où sortit une nouvelle progéniture. Depuis cette époque , les cônes n'ont cessé de se former et de donner de bonnes graines. Aux environs de Londres, la (;roissance est aussi rapide que celle du sapin epicca , mais le chmat hu- mide et brumeux raccourcit le tronc qui se divise proportionnellement davantage. J'ai fait au conseil supérieur d'agriculture , dans sa session de 4852, une proposition relative à l'encouragement que devrait donner le gouver- nement belge à la propagation des arbres utiles de grande culture. h'Ahks Doucjlasii figurait parmi les espèces qui méritent cette sollicitude, mais les élections sont venues clore la session avant (jue le conseil ait i)u même examiner ma proposition. J'aurais fait connaître, sans cette circonstance, (jue les pieds A'Ahws Douglasii venus de graines, se vendent en France 0 fr. le pied; ceux de 20 à 50 pouces de hauteur valent en Angleterre (le 5 à 40 shillings, et, pris en grandeur moyenne, 6 shillings. MM. Bau- mann, à Bolhvyller (Ilaut-Uhin), vendaient, en 4858, les petits pieds de ce sapin 25 fr. On voit à ce prix que le gouvernement, en faisant venir des cônes d'Amérique par les consuls, pourrait faire beaucoup en faveur de la pr(»pagation de cet arbre éminemment utile. — 261 - l'I. 39. lîELG. IIORT. T. III. 35 — 26i — MEUBLES ET USTENSILES DE JARDIN. LE CLOCHETON ORNE POUR DAHLL\. Par m. Ch. Morren. Connaissez-vous un objet qui déroge davantage à la noblesse de l'hor- liculture qu'un pot renversé sur un bâton! Quel prosaïque étendard à côté du poétique dahlia! Le pot est déjà en lui-même un meuble dont l'utilité seule peut excuser la vue, mais qu'on fait toujours bien de dissi- muler, et autant dans les salons cubiculaires cache-t-on loin des regards certain meuble analogue , autant dans un jardin le pot devrait-il avoir honte de se montrer. Le jardin, les fleurs, leurs formes gracieuses, leurs couleurs fraîches et variées, leurs pénétrants parfums se concilient peu avec tout ce qui ramène l'esprit aux dures nécessités de la vie. L'horticul- ture est de la poésie où les idées sont des fleurs. On place un pot renversé sur un tuteur près de chaque dahlia pour prendre les forficules ou perce-oreilles, qui viennent se loger dans le foin que recèle le fond de ce pot. J'ai donc engagé M. Deville, employé à la Vieille-Montagne, à Chênée, près de Liège, de confectionner des cloche- tons en zinc, à bon marché et d'une forme élégante, lesquels clochetons figurés ci-contre, en regard de l'ignoble pot roturier en usage, montrent combien ils sont préférables et combien un parterre de dahlias gagnera à cet ornement. Ces clochetons plus ou moins grands, mais ordinairement entre un et deux décimètres de hauteur, ornés en dehors et au-dessus d'oves, de rets de coeur et d'autres enjolivements, dessinant en festons le bord de leur limbe et terminés par un pommeau approprié, sont en dedans armés d'une douille qui passe par l'axe et les affermit droits sur le tuteur. Quatre cloisons les séparent en autant de vides pour recevoir le foin et les forfi- cules (fig. 5, p. 40) qui aiment à se fourrer dans cette substance, s'y logent comme dans le pot de malencontreux aspect. On fait la ronde et on prend ces insectes comme à l'ordinaire en secouant les clochetons et en replaçant le foin. Pas de casse, pas d'enlèvement par les coups de vent et les orages, durée éternelle et réemploi tous les ans sans perte, peu de frais, puisque ces clochetons vont d'un franc à un franc et demi, ornements pour les jardins, moyen de placer à côté des dahlias une couleur harmonique au choix de l'amateur; tous ces avantages ne sont pas à dédaigner. J'avais pensé demander un brevet pour ce meuble nouveau , mais à quoi bon? Je le livre à tous les industriels zingueurs, malgré l'horreur qu'éprouve ma plume de ti'acer ce mot nouveau et nécessaire, dit-on, puisque la langue industrielle l'emploie. On plante des milliers de dahlias par an dans tous les pays civilisés : autant de pots de moins et autant de clochetons de plus. - 2Go ~- IM. iO. .#»sfc^ _ 264 — OPÉRATIONS ET PRATIQUES HORTICOLES. IDEES SUR LES ARROSEMENTS , Par m. Rousselon , Membre de la Société impériale d'horlicullure de la Seine. La dislribution raisonnée des arroseraents est une question d'une vaste importance pour l'iiorticulture , et mériterait d'être traitée ex-professo par quelques-uns de ces habiles horticulteurs qu'une longue expérience a initiés aux secrets de cette opération. En attendant, j'ai cru devoir consigner ici quelques idées sur ce sujet, non avec la prétention de l'éclairer, mais comme une preuve de bonne volonté à faire connaître ce qui peut concourir à appeler les méditations des hommes compétents. L'air, la lumière, la chaleur et l'eau sont, comme on le sait, les quatre agents de toute végétation normale. Nous })ouvons restreindre le premier; le second, dans ses applications aux végétaux, a échappe à notre puis- sance, nous ne savons que produire l'obscurité. La chaleur est plus docile et peut recevoir, sous notre direction, des minima et des maxinia. L'eau, dans la nature, a abondamment fourni notre climat, et qui est si indis- pensablement nécessaire à la nutrition des plantes, ne nous présente de difficultés réelles que dans sa meilleure distribution, pour leur plus grand bien-être , distribution combinée avec rinlluence des autres agents. Je ne vous dirai rien de ses qualités , il me suffit de vous rappeler rexcellente notice du secrétaire-général de la Société d'horticulture de la Seine, publiée dans le Bulletin de 18;il, n" de mars, p. 80. D'ailleurs, il ne s'agit ici que de poser les principes généraux qui peuvent guider dans l'arrosage des plantes. Le premier qui se présente à l'esprit et dont l'admission n'est contestée de personne, est pour les plantes dites molles qui exigent une plus grande somme d'eau que toutes les autres. Si donc on voulait établir une échelle hydraulique dont les divers degrés seraient marqués par les plantes, on verrait au bas de l'échelle les végétaux ligneux du tissu le plus serré, et à son sommet les herbacées les plus tendres. Ainsi, les plantes annuelles et celles qu'on cultive comme elles , exigent plus d'eau que les plantes vivaces auxquelles il en faut davantage ainsi que pour les ligneuses. Cette abondance d'arrosements joue un rôle considérable dans la culture ma- raîchère pour toutes les j)lantes à feuillage comestible. Il y a, certes, des exceptions spéciales, c'est pourquoi je me htâte d'indiquer les nombreuses modifications qui résultent des saisons et des climats, des expositions de la nature, du sol, des différents états des plantes, comme maladie et santé; des diverses périodes de leur existence, telles que la multiplication prir les procédés admis, comme semis, boutures , marcottes; de la jeu- — 2G5 — nesse à Tâge adulte, et du temps qui arrive pour tous les êtres organisés, ]a vieillesse qui conduit à la mort; de la culture qui leur est appliquée à l'air libre ou dans les conservatoires , en pleine terre ou en vases, et enfin de la nécessité d'absorber une plus grande quantité de fluide aqueux imposé par la nature aux plantes liydrogétones, dont elle a placé le ber- ceau dans le voisinage des sols marécageux et immergés. Les horticulteurs exercés savent trouver dans les faciès des végétaux des caractères tracés par la main du Créateur qui leur indiquent ceux qui ont un besoin plus ou moins considérable d'arrosements. Mais Texpé- rience seule apprend à lire ces caractères , et il serait à désirer que la botanique cherchât à déterminer, d'une manière aussi précise que [)0s- sible, ceux qui sont propres à l'aire reconnaître le degré d"aptitude d"un végétal pour l'eau. Les climats, les saisons, les expositions font varier le besoin des arro- sements en exaltant ou abaissant la température. C'est elle, en effet, (jui nécessite une abondante distribution d'eau, d'autant plus grande que son intensité occasionne une vaporisation plus considérable de l'humidité, doù l'on peut conclure qu'indépendamment des degrés de latitudes spéciaux aux climats, le printemps, l'été sont les saisons où les arroscments sont le plus nécessaires; moins importants en automne, ils sont presque nuls en hiver. Je n'ai pas besoin de dire que les diverses natures de sols font varier la fi'équence des mouillures ; les terres poreuses comme les siliceuses , que l'eau traverse comme un tamis, doivent être souvent mouillées, mais peu abondamment, toutes choses égales, tandis que les argileuses ou com- pactes , qui la retiennent avec avidité, mais s'en imbibent lentement, doivent recevoir des arroscments plus copieux mais plus rares. Tout ce qui précède s'applique aux ])lants en santé , l'état de maladie modifie singulièrement cet ordre de choses. Pour régler, dans ce cas, la distribution de l'eau, il importe de connaître la cause qui trouble la végé- tation. Quelquefois ce trouble provient d'un excès d'humidité qui pourrit les racines , ou dont la somme ne peut être élevée dans la circulation à cause d'une contraction accidentelle ou normale des vaisseaux séveiix. Ici le remède est dans l'absence des arroscments. Mais si l'on soupçonne que la langueur est produite par privation d'humidité, le soin à prendre est de la restituer peu à peu en la dispensant , selon les degrés de force du sujet et de façon à ne pas porter le désordre dans son organisation par une abondance prématurée. Les diverses époques de l'existence d'une végétation influent aussi dune manière grave sur l'importance de l'arrosage : s'agil-il de semis, la graine doit être confiée à une terre d'une humidité légère qui puisse attendrir le péricarpe et pénétrer insensiblement à l'intérieur , cette douce humidité doit être maintenue jusqu'à la levée et augmenter gra- duellement à l'égard des plantes, et [)]us ou moins selon leur nature. Les — 2GG — l)lant('s bulbeuses et tuberculeuses ont besoin diin trailenient analogue lors de leur plantation, et, connnencant par une bumidité très-/nodérée, elles en reçoivent ensuite une plus grande sonnne, suitout au moment du développement des feuilles. Les marcottes, qui exigent constamment une quantité donnée d'humi- dité toujoui's égale, la veulent médiocre parce que son exagération empê- cherait la formation des mamelons, origine des racines; il en est de même à regard des boutures. Dans leur jeunesse, les plantes ont une contexlure relativement plus molle, de là un besoin plus grand d'humidité; mais alors , comme dans rélat adulte, la distribution de l'eau se complique, des exigences qu'im- posent au végétal les diverses phases de la végétation annuelle, à savoir: la croissance, la floraison, la maturation des fruits et le repos, (le dernier n'enexige pour ainsi dire point, la croissance et la floraison en demandent d'autant plus que la température s'élève davantage, mais la maturation des fruits ou semences pour laquelle la plus grande somme de calorique est nécessaire ne peut se parfaire complètement qu'avec un certain degré de sécheresse qui exclut la pensée d'arrosage. Dans la vieillesse, les organes circulatoires, en grande partie obstrués, ne peuvent plus absorber une forte quantité de liquide, et les arrosements doivent être fort modérés. La floraison exige communément une assez grande somme d'eau , de même que la croiss^mce nous dispense de traiter la (juestion de savoir si cette évolution de développement en hauteur et en diamètre précède ou suit l'inflorescence, car il y a certaines plantes, surtout parmi celles qui fleurissent normalement au premier |)rintemps, dont l'accroissement suit la production des fleurs; telles sont le calycanthc précoce, Chimnnanthus. frofjrans, l'arbre de Jiulée, Cc.rcis siliquastnim , \e Jasminum nudi- /loriim, etc., chez lesquels les feuilles succèdent à l'appareil floral. Dans ce cas, l'évolution de croissance se complique du phénomène de la matu- ration des fruits qui s'opère simultanément et force à restreindre les arro- sages qu'il convient de suspendre au moment même de la maturation. Les camellias sont dans le nombre des plantes dont la croissance a lieu après la fleur. Les quatre phases de la végétation trouvent donc des analogies approxi- matives dans les saisons; le printemps est le temps de la croissance, l'été celui de la floraison, l'automne celui de la maturation, et l'hiver correspond au repos. Bien que quelques végétaux à feuilles persistantes conservent une sorte de végétation pour laquelle ils trouvent dans l'at- mosphère une humidité suffisante , chez le plus grand nombre la vie semble suspendue, les plantes annuelles ont disparu; les Aivaccs, privées de leurs tiges, n'ont de sève que dans leurs racines, du collet desquelles les bourgeons ne peuvent s'élancer contractés qu'ils sont par l'air refroidi, et les arbres , dépouillés de leurs feuilles , recèlent sous leur ccorce In — 267 — sève concrétée el inactive. Alors les arroscmenls seraient inutiles et ne pourraient produire d'autres effets que d'attendrir les plantes et de les rendre ainsi plus accessible à la gelée. Si tel est le spectacle qu'offre la nature à l'air libre , il n'est pas le même dans les conservatoires où une cbaleur artificielle permet à la sève d'entretenir sa circulation et de porter la vie dans toutes les parties des végétaux qu'ils abritent, là les arrosenients ne sont pas suspendus, mais modérés en raison du degré du calorique régnant. Le printemps, l'été et l'autoume sont les époques de l'année où l'appli- cation de l'eau aux plantes est le plus nécessaire. Indépendamment de la nature particulière des terrains dont j'ai précédemment parlé, ceux qui sont exposés au midi ont besoin de plus d'eau que ceux qui regardent le nord, d'autant plus qu'ils sont moins garnis de végétation ou peu garantis, par les arbres, des rayons solaires qui les pénètrent. Les arrosements du printemps doivent être peu abondants, mais souvent réitérés, surtout à l'égard des semis et des jeunes plants dont la végétation doit être hâtée. Il s'agit de remplacer l'humidité que l'évaporation enlève à la surface plus tôt que de pénétrer la terre qui conserve encore une assez grande fraîcheur. L'été impose l'obligation d'arroser les plantes de toutes espèces, surtout celles cultivées en terre légère. Lorsqu'il ne pleut pas, il faut mouiller tous les jours les plantes en vases qui se dessèchent plus promptement. Les plantes annuelles qui se montent à graines n'ont besoin que de peu d'eau, distribuée de loin en loin et toujours en plus petite quantité suc- cessive. Les plantes bulbeuses dont la végétation va finir n'ont plus besoin d'arrosements. L'automne, dont les jours sont plus courts, voit successivement se ra- lentir la végétation, c'est l'époque de la maturation des graines et celle de l'aoùtement des rameaux. Dans cette saison, les arrosements, moins né- cessaires, se ralentissent, à moins que la chaleur continue sans pluie. Il importe toujours de les raisonner, car exagérés, ils ])euvent empêcher la maturité, et dans tous les cas ils diminuent les qualités des fruits. Leur prolongation inutile a la même influence que celle des pluies intempes- tives, il continue la végétation des bourgeons qui sont alors plus sensibles au froid. Le moment le plus convenable pour la distribution d'arrosements est dans le printemps, le matin, après le lever du soleil, afin que sa chaleur compense le rafraîchissement qu'ils procurent , et que l'évaporation se complète assez pour que les plantes soient sèches avant la nuit, et que les gelées blanches, si communes à cette époque, aient moins de prise sur les pousses attendries. Des considérations pareilles sont applicables aux arrosements d'automne. Quant à l'été, les arrosements font un meilleur effet lorsqu'on les donne après le coucher du soleil. Ils apportent aux plantes une fraîcheur qui — 208 — répare les pertes de la journée occasionnées |)ar la chaleur desséchante du soleil et ranime leurs fibres altérées; cette fraîcheur a , en outre, l'avantage de prolonger, durant la nuit, son influence salutaire qui serait pronipternent dissipé par Tévaporation du jour. Ce n'est que dans des cas extraordinaires qu'on peut arroser dans la journée et notamment dans les cultures légumières dont les plantes constanunent tenues molles par l'a- bondance de Teau qu'on leur prodigue, pourraient brûler sous les feux du soleil. Dans les conservatoires où la chaleur artificielle sn[)primc la saison d'hiver, les arrosements ne sont pas alors complètement suspendus, mais modérés en raison du calorique régnant. Ils sont cependant moins fré- quents que dans les autres saisons et beaucoup moins copieux. L'eau ({u'on emploie est toujours à la tempéra tiu'e des serres. Ici, sa distribu- tion est motivée, pour ainsi dire, sur les besoins de chaque plante, et plus considérable dans les serres chaudes que dans les autres. Des sujets veulent une humidité constante mais modérée, comme les protéaeées, les bruyères, les camellias; d'autres pour ainsi dire point, comme les Pehir- ffoainm, taillés et débarrassés de leur jeune bois, les plantes grasses qui cependant végètent mieux au printemps si elles ont reçu, pendant l'hiver, deux ou trois arrosements, etc.; d'autres réclament beaucoup d'eau; d'autres encore, une atmosphère humide, comme les orchidées. Il faudrait donc, pour ainsi dire, dresser un tableau nominatif avec les observations applicables à chacune, observations indiquant non-seulement la quantité d'eau à donner, mais les époques de Tannée et l'heure du jour. Une autre question encore est la manière de distribuer l'eau, firriga- tion pour les gazons et prairies, les arrosoirs, les seringues, les pompes, offrent autant de procédés qui ne doivent pas être employés sans raison- nement. L'usage des arrosoirs à pompe convient lorsqu'il s'agit de mouiller une gi'ande surface; le bec est indispensable dans les serres pour porter l'eau à tel sujet sans mouiller ses voisins , et pour arroser les plantes en fleurs en respectant celles-ci. Les seringuages qui raffrai- chissent le feuillage et lèvent le limbe des feuilles, sont très-importants et ont aussi leurs époques plus favorables, comme le printemps et les grandes chaleurs pour les plantes d'orangerie et de serres. Tous ces divers moyens méritent donc aussi des observations qui seraient dune grande utilité. En mettant sous vos yeux cet aperçu rapide des arrosements, sur les- quels il serait possible d'écrire un volume, j'ai voulu indiquer que leur application serait certainement susceptible de règles pour les diverses catégories de végétaux, et dont fort peu d'exceptions empêcheraient la généralité. -L./1/' -Uf. ''.\j^.:-\ ■■■ ^f'u' LanaôtM-ia rosca _ Lanaofria alba . Rm/, oi- W — 2G9 — HORTICULTURE. NOTICE SUR LES LAPAGERIA ROSEA ET LAPAGERIA ALRA , BELLES LLVNES A FLEURS CHARMANTES ET A FRUITS AGRÉABLES , Par m. Cn. Mouren. L'IiorticuUiire française se réjouit aiijourd"luii de posséder dans les jardins d'élite deux élégantes lianes nouvellement découvertes et dont riiistoire devient des plus intéressantes, à une époque où elles rappellent de glorieux souvenirs. Les botanistes Ruiz et Pavon firent connaître dans leur Flore du Pérou (vol. 5, p. 65, pi. 297), un nouveau genre de plantes qui nécessita un nom patronimiquc. La beauté de ses fleurs, leur éclat, la ricbesse de leur toilette, la suavité de leurs formes, la délicatesse de leurs brandies, la noblesse du port et enfin le goût agréable des fruits qui succèdent aux fleurs, toutes ces circonstances ne font pas de ces plantes des êtres ordi- naires et des botes communs, confondus dans le règne végétal. C'étaient des fleurs des plus distinguées. Ruiz et Pavon les dédièrent donc à l'ira- pératricc Josépbine en employant son nom de famille : Tascher de la Pagerie. La dédicace porte que ce genre prendra le nom de Lapageria, étant consacré à Marie-Josèphe-Rose Tasclier de la Pagerie, «( femme de cboix, épouse cbérie de Napoléon Bonaparte, Empereur des Français, et elle-même protectrice éclairée et excellente de la botanique et de Tbis- toire naturelle, d Le nom de Lapageria fut adopté par tous les botanistes, et Endlicber le fit entrer dans le code général des formes connues de la végétation. Le professeur Lindiey crut même, à voir la structure de ces fleurs, que leur genre devait former la soucbe d'une famille nouvelle qu'il avait nommée les Philésiées, mais sir William Ilooker, Endlicber et les principaux botanistes le ramenèrent aux Smilacées. Le Lapageria rosea (voy. pi. 41, fig. i) se rencontre dans les forêts du Cbili d'où il fut rapporté, en 1847, par le révérend docteur Wbeelwrigbt, et cultivé avec tous les soins possibles à Kew. En 1849, déjà, on y eût des fleurs de cette plante que sa forme doit ramener aux vraies lianes, et bientôt le portrait circula parmi les botanistes et les amateurs de belles fleurs. Nous-mêmes, nous donnâmes une première notice, cette année 4849, dans les Annales de la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand, o" vol. p. 255, accompagnée d'une ricbe gravure de la Lapagerie. Le révérend docteur Wbeelwrigbt qui s'occupa de cette smilacée , est le même gentilbomme américain qui établit la navigation à vapeur dans CELG. HORT. T. III. ÔG ~ 270 ~ rOcéaiî Pacifique. D'un autre côlc-, M. Lobb l'envoya à MM. Veilcli d'Exeter, et, de ces différents endroits, l'élégante Lapageria arriva bientôt en Belgique où elle figura dans nos expositions, et à Paris au Muséum où l'attendait, en 18S2, une circonstance curieuse : celle de fleurir en même temps que le Napoleona iinperialis , cet arbuste à fleurs en étoile et portant au centre une couronne , auquel s'attacluiit un si glorieux sou- venir. Le Napoleona imperialis enlacé du Lapageria rosea! quel plus éloquent bouquet pouvait produire, cette année où s'accomplissait l'avé- nement à l'empire du prince Louis Na|)oléon, l'iiorticulturc de Paris! aussi les journaux politiques ont-ils enregistré à l'envi cette co'incidence remarquable. De plus, en 1851, M. Labadie, négociant établi depuis longtemps à Valparaiso, envoya au Muséum un Lapageria alba qui est probablement une variété albine de l'espèce arrivée par l'Angleterre, mais cependant, un bon juge en ces matières, M. J. Decaisne, l'.qîpelle .. Cohn.r ,r\l<.sl (M..|U,„k>, .i i . SM„omM(. Naguère, le laurier de la victoire couronnait le front des Césars, et le laurier d'Apollon se tressait en couronne sur la tète des poètes. Une cou- ronne de cliènc était la récompense du mérite civil. Aujourd'bui, les liommes expriment leur admiration pour le talent des artistes par des bouquets de fleurs. Dans les fêtes publiques, dans la visite des rois et des pi'inces, on trans- forme la ville en promenades verdoyantes et fleuries. Il semble que riiomme ne peut exprimer sa joie sans les fleurs. Le pin silvestre s'aligne dans les rues, les guirlandes de houx ou de genêts ornent les façades, l'asperge s'accumule en pyramides et en faisceaux, des arcs de triomphe en verdure et en fleurs joignent aux mille beautés de leurs corolles les couleurs nationales. Si la fête est consacrée au Roi des rois, si l'Hostie Sainte est portée parles mains du pontife, la flamme, symbole de l'âme, alterne aux fenêtres avec les bouquets et pendant que renccns monte vers le ciel eu nuages d'azur, le sol est jonché de fleurs et dhei'bcs parfumées. La dernière expression qui permette à riioinme de dire son amour, sa — 325 — reconnaissance ou son rcsjject se trouve dans les fleurs et leur arôme. La poésie de la démonstration et l'énergie de l'enthousiasme s'arrêtent là. En suivant le développement de la science des jardins et de l'art des cultures à travers les époques de riiistoire, en les envisageant à notre temps actuel dans leurs rapports avec les besoins de riiomme et de la civilisation, nous avons prouvé plus d'une fois que l'industrie, la littéra- ture et les beaux-arts avaient des points de contact nombreux avec l'hor- ticulture. Toutes les industries où le dessin joue un rôle ont besoin de fleurs. A mesure que celles-ci s'introduisent des pays lointains, nous voyons changer les dessins, et les dessins examinés sous ce point de vue, nous donnent les dates de leur confection. La postérité tirera profit de ces rapports. Nous traiterons dans une autre conférence des relations qui existent entre les formes des fleurs et des feuilles, l'architecture et l'art des constructions. La peinture puise les renseignements les plus précieux pour l'harmonie des formes et les sympathies des couleurs dans la con- templation des appareils floraux, et il n'est pas étonnant de trouver les grands artistes, âmes essentiellement sensibles aux charmes de ce qui est beau en soi et par nature, attachés à quehiucs fleurs. Léonard de Vinci était aussi bon botaniste que grand jjeintre. Rubcns affectionnait les tulipes, fleurs colorées de la manière la plus heureuse et dignes du roi du coloris. Redouté affectionnait les roses et son pinceau les illustra. ■ La littérature puisa à pleines mains plus d'un genre de beautés dans la contemplation des fleurs. Les peuples anciens exprimaient leur amour de la nature par le respect religieux qu'ils vouaient aux objets du règne vé- gétal, et, outre la description même de ces objets ou des grandes scènes de la création dont ils font rorncmcnt, ils donnèrent encore naissance à des allégories gracieuses, charmantes et reposant souvent sur des rapports ingénieux. Les images puisées dans les fleurs abondent. Ne prenons pour exemple qu'une fleur, la rose. Homère, Anacréon, Virgile, Martial, Catulle, Théocrite, Arioste, Ausone, 31alherbe, Bernard, Delille, etc., l'ont chantée. Où est la poésie sans fleurs, depuis la bible qui embrasse le monde dans toutes ses merveilles jusqu'aux plus légères conceptions de nos jours, glissant à peine sur la surface des choses? L'auteur du Cosmos a exposé les raisons philosophiques qui lient le monde des perceptions au monde des sentiments, et explique l'influence heureuse exercée sur les lettres par l'étude juste et approfondie des êtres de la création et notam- ment des végétaux. Il y démontre pourquoi Buffon ne nous émeut pas, malgré toute la pompe de son style , dans la description des scènes du monde, tandis qucJ.-J. Rousseau, Bernardin de St-Pierre, Chateaubriand, madame de Sevigné même, et dans les littérateurs allemands et anglais, RIopstock, Schiller, Gœthe et Byron, sans avoir en vue les résultats directs de la science, inspirent ccj)endant un sentiment très-vif pour l'étude de la nature, tout en remuant les fibres du cœur. Buffon ne savait pas peindre le paysage et le paysage, c'est le spectacle de l'univers végétant et fleuri. — 324 — Or, toute scène où agissent les hommes doit avoir un fond , et, pour que rémotion soit à la hauteur de la conception, il faut que le fond du tahlcau soit aussi vrai que l'épisode qu'il retrace. La littérature a donc tout à gagner à connaître la nature, et quand on surprend des écrivains à donner des fleurs bleues au sycomore, à prendre des saules pour des oliviers, on perd en eux toute confiance et l'intérêt se détache de leur œuvre. Enfin, jetons en finissant sur les fleurs et l'horticulture, une dernière lueur qui les rendra plus belles encore à vos yeux. Envisageons-les comme les sources d'une noble bienfaisance , comme les motifs d'une charilé vraiment chrétienne. Les plantes, devenues par les besoins dont nous avons parlé, des objets de commerce, et les contrées lointaines pouvant seules satisfaire à l'ardente curiosité de l'homme, puits sans fond d'inta- rissables plaisirs, il est évident que les plantes doivent exiger des frais pour leur acquisition , des frais pour leur conservation et leur bien-être. Les fortunes opulentes peuvent seules prétendre h vouloir jouir de végé- taux rares, et c'est un grand bien, car ces mêmes fortunes, pour accom- plir leurs volontés, ont besoin de beaucoup d'artisans modestes, d'ouvriers intelligents, honnêtes et de petits industriels. Ainsi, il faut de la terre de bruyère que les contrées les plus pauvres recèlent seules; il faut le char- riage ou le transport par barques; il faut des potelées, produits d'un art qui, exercé déjà par Socrate, compte toujours plus d'honnêtes travailleurs que de parvenus ; il faut le menuisier pour les caisses, le charpentier, le vitrier et le serrurier pour les serres ; il faut les chaufTer et les cliaufTer toujours, et enfin les jardiniers sont indispensables pour leur entretien. Les jardins', quelque soit leur étendue et les plantes qui les ornent, vont chercher leur contingent dans cette classe intéressante de travailleurs. De la terre, de l'eau, de l'engrais et des soins entendus, multiplient les végétaux avec un petit capital, l'horticulture ouvre une honnête profes- sion. Les acquéreurs de plantes déversent ainsi sur ceux qui ont peu, le superflu consacré aux plaisii'S et aux jouissances. L'horticulture devient un acte de bienfaisance. Les sociétés horticoles, outre leur mission de civilisation et de progrès, accomplissent un des saints devoirs imposés à l'homme : elles propagent le travail, assurent les rémunérations et répandent le capital en le divisant entre de nombreuses mains. Ces asso- ciations n'ouvrent pas de salons d'exposition et ne célèbrent pas de fêtes, sans saisir ces occasions d'exciter la charité publique. Avant d'aller con- templer les fleurs, les visiteurs déposent aux portes d'entrée, l'obole de la bienfaisance, et le pauvre n'est jamais oublié par les honorables adminis- trations qui président à de si utiles compagnies. Imitons , Messieurs , leur fructueux exemple ; nous qui pendant ces deux heures avons pai'lé de fleurs, versons aussi le baume consolateur sur ceux qui souffrent. Vos cœurs répondent au mien, la bienveillante atten- tion avec laquelle vous avez bien voulu m'entcndrc et m'encourager, me garantit que dans mon dernier ai)pel vous me répondrez encore par votre — 525 — synipalliique appui. Je supplie particulièrement les représentants des sociétés d'horticulture ici présents, ces apôtres de la bienfaisance, ces pontifes de Flore, de recueillir aujourd'hui et avant de nous quitter, la manne de l'aumône qui laissera demain dans l'asile du pauvre le souvenir d'une bonne action exercée par les membres du cercle artistique, littéraire et scientifique de la noble cité d'Anvers. Une quête nu nom des fleuv». Donnez, au nom des fleurs! L'encens de leur calice, Montant vers le Très-Haut, nous rend le ciel propice. La fleur, plus d'une fois, conjura le destin. Donnez, au nom des fleurs, afin que, la nuit close, Votre rêve soit pur, léger comme la rose, Entr'ouvranl sa corolle aux regards du matin! La terre s'embellit de suaves merveilles j Vous leur donnez vos soins, votre temps et vos veillcSj Couronnez-les aussi d'une bonne action! Les fleurs portent bonheur, et, mères de l'aumône, Elles placent sur vous un rayon de ce trône Qui darde avec son feu la bénédiction. Donnez , au nom des fleurs ! Généreuses comme elles , De votre don d'amour, femmes, soyez plus belles! Vous, heureux d'ici-bas, donnez votre surplus! Que la main gauche ignore à qui la droite donne. L'obole du souffrant de bienfaits s'environne El l'or que vous semez, apporte son reflux. Le ciel dota les fleurs de vertus si puissantes Qu'elles ancrent aux corps les âmes languissantes, Prêtes à s'envoler vers leurs derniers séjours. Arrosez donc ces fleurs de l'eau de bienfaisance, Des pleurs des consolés, afin que leur essence Vous conserve longtemps aux fils de vos amours! Donnez, au nom des fleurs ! elles charment la vie. Celle que vous aimez, en secret, vous convie A répandre partout la joie et le bonheur. Filles de la santé, la fortune les cueille. Le plaisir de ses doigts chaque jour les effeuille; Laissez-les donc charmer jusqu'au lit de douleur! Donnez, au nom des fleurs! Soulagez la misère, Afin que sous vos pieds des fleurs jonchent la tïrre, Que le ciel vous seconde et bénisse vos pas ! Semez sur l'indigent des fleurs pour votre tombe. Semez autour de lui pour l'heure où tout succombe, Dans l'aumône semez des fleurs pour le trépas ! BELG. HORT. T. (11. 45 ~ 32G — PHYSIOLOGIE DES PLANTES HORTICOLES. ETUDES ANATOMIQUES ET ORGANOGÉNIQUES SUR LA VICTORIA REGI A, ET STRUCTURE COMPARÉE DU NELUMBIUM , DU NUPIIAR ET DE LA VICTORIA , Par m. Aug. Trecul. (Extrait d'un Mémoire présente à l'Académie des sciences de Paris, le 2 novembre 1852.) Les nymphcacées ont d'abord été classées parmi les monocotylédones ; elles le furent plus lard parmi les dicotylédones, quand M. Mirbel eut fait connaître que leur embryon est réellement dicotylédoné. En 1841), je le constatai de mon côté et je démontrai que le rhizome possède en même temps la structure propre aux monocotylédones. En 1851 , M. Planchon reconnut la même structure chez la Victoria, mais il prétendit que son embryon n'a réellement qu'un seul cotylédon bilobé. La même année, je dus à Tobligeance de sir W. Ilooker de commencer l'étude de celte plante et je vis que son embryon ne diffère en rien de celui du Niiphar. Il est ovoïde, à deux cotylédons parfaits, charnus , qui enserrent la gemmule: celle-ci est épaisse , un peu comprimée, divisée en deux parties; l'une, plus grosse, est la première feuille ; l'autre , plus petite , insérée sur le côté de la précédente, est la seconde feuille primordiale. La radicule est à peine sensible. Les phénomènes de la germination sont les mêmes que dans le Nuphar: le testa se gonfle, s'ouvre par un opercule qui laisse passer la radicule et la gemmule ; les cotylédons restent engagés dans les enveloppes de la graine. Des racines adventives naissent bientôt au-dessous de la seconde feuille et de celles qui se développent ensuite. Celles-ci sont protégées dans leur jeunesse par une stipule embrassante. Toutes les feuilles de la jeune plante n'ont point la même forme : la première est dépourvue de limbe ; elle consiste dans la pétiole et la ner- vure médiane; la seconde est lancéolée, rose; la troisième hastée, rose aussi; la quatrième est verte, peltée, sagittée et revêtue d'aiguillons à la face inférieure et sur son pétiole. Les autres affectent la forme circulaire. J'ai signalé dans le JVupliar des papilles qui existent, pendant la ger- mination, sur un renflement de l'axe, à la base des cotylédons. Elles sont beaucoup plus prononcées encore sur la Victoria. Ces organes paraissent destinées à nourrir la plante pendant le développement de la radicule. La structure de la jeune Victoria est semblable à celle du Nuphar. En effet, la radicule et la tigelle n'ont qu'un seul faisceau central, d'où — 327 — partent de la base de celles-ci deux filets vasculaires qui vont dans les cotylédons. Au sommet de la tigelle le nombre des vaisseaux augmente; son faisceau unique se divise pour envoyer des vaisseaux dans les feuilles primordiales et dans le bourgeon terminal. On dislingue en dessous de celui-ci des vaisseaux qui se dirigent vers des feuilles rudimentaires, dont ils n'atteignent pas encore la base, et dont ils ne peuvent descendre par conséquent. Des vaisseaux se séparent aussi du faisceau central de la tigelle pour se prolonger dans les premières racines adventives. Ils re- montent obliquement dans l'axe , puis se recourbent pour pénétrer dans les racines. Ils ne descendent donc pas des feuilles, puisqu'ils remontent dans l'axe comme les vaisseaux des feuilles eux-mêmes. Un autre trait de ressemblance entre la Victoria et le Nnphar est offert par la disparition des vaisseaux dans les pétioles et les pédoncules. Leurs vaisseaux, composés de trachées, s'étendent par la dilatation de la spiracule qui bientôt se rompt; chaque fragment se soude à ses doux extrémités en deux anneaux unis par un filet. Celui-ci étant recourbé, les anneaux sont isolés et forment des séries régulières qui disparaissent par rallongement du pétiole. La suppression totale des vaisseaux du pétiole et du pédoncule est très-instructive. Elle démontre que ces organes ne sont pas indispen- sables à la circulation des sucs. Ces études sur la Victoria et des observations sur le Nelumhium m'ont permis de reconnaître les premières phases de l'évolution des feuilles peltées. J'ai pu voir que ce n'est point le limbe qui naît le premier, comme on le croit généralement; mais le pétiole et la nervure médiane, sur les côtés de laquelle paraissent deux bourrelets bientôt unis par la base et qui s'enroulent sur eux-mêmes chacun de son côté. Des mesures multipliées m'ont prouvé aussi que les pétioles s'allongent suivant les mêmes lois que les rameaux et les tiges. La base a cessé de croître quand le haut s'allonge encore, et cette extension est d'autant plus considérable qu'on l'observe plus près du sommet. Après que le limbe s'est déroulé, il est soumis à une loi différente. J'ai trouvé que sa dilatation est à peu près égale dans toute son étendue à la fois. Divisé dans tous les sens en parties égales , toutes les divisions ont augmenté de la même quantité, au centre et à la circonférence. Quand la feuille avait une végétation très-vigoureuse, j'ai remarqué quelquefois une légère augmentation dans la proportion près de la circonférence. De même que dans le Nitphar^ l'épiderme du limbe des feuilles n'a qu'une seule couche de cellules; les stomates sont à la ftice supérieure ; sur la face inférieure sont aussi les petites cellules arrondies , sur les- quelles étaient insérés des poils dans le jeune âge de la feuille. La face inférieure du limbe est parcourue par de côtes puissantes et garnie de nombreux aiguillons. Les plus volumineux de ceux-ci sont insérés à la jonction des plus fortes côtes. Leur structure mérite une men- tion toute spéciale. Suivant M. Planchon , le plus faible comme le plus — 528 — fort contient des vaisseaux. J'ai vu que les gros seuls en renferment. Je nëgligei'ais cette petite inexactitude si ce fait n'acquérait de l'iraportance par la présence d'un organe nouveau coexistant dans ces mêmes aiguillons principaux. Il consiste en une petite cavité qui s'ouvre à l'extrémité de chacun d'eux. Cette petite bouche communique avec le milieu ambiant par une ouverture circulaire. Une autre particularité intéressante de la feuille de la Victoria, ce sont de très-petites perforations qui la traversent de part en part, et que M. Planchon a nommées stomatodes. Voici comment elles se développent: vis-à-vis la tache qui précède sur les deux épidémies, le parenchyme inté- rieur est remplacé par un mucilage dans lequel nagent des granules ; plus tard, on aperçoit de très-petites cellules globuleuses de volumes très- divers et contenant de la chlorophylle. Enfin, j'y ai souvent rencontré, vers l'époque de la rupture des épidermes, un ou deux corps beaucoup plus gros, globuleux ou un peu ovoïdes , incolores et composés de deux membranes ; l'intérieur renferme un liquide qui tient des granules en suspension. Il n'y a donc point là une simple destruction du parenchyme comme l'a décrit M. Planchon. J'ai fait beaucoup d'autres observations sur la Victoria; elles rentrent dans ce que j'ai dit du Nvphar , ou , se rapportant à l'accroissement des plantes en général, elles ne sont point assez complètes pour que je les cite ici. Parmi ces questions, dont je me propose de reprendre l'étude , je citerai les vaisseaux latieifères qui me sont apparus comme de longs tubes à parois minces qui se moulent ordinairement sur les cellules adjacentes. Je reviendrai aussi, s'il m'est possible, sur quelques problèmes des plus importants de l'accroissement des végétaux , qui me semblent pouvoir être résolus sur cette plante plus facilement qu'ailleurs. Le Nelumhiuni diffère des nymphéacées non-seulement par les carac- tères de sa fleur , de son fruit et de sa graine , mais encore par sa germi- nation, la structure de l'embryon , des rhizomes, des feuilles , etc. Pendant la germination , la radicule et la gemmule des nymphéacées sortent de la graine par le soulèvement d'un opercule au point qui corres- pond au microphyle de l'ovule à la radicule. Dans le Nelumhium, la radi- cule (car il en existe une cachée sous le repli des colytédons) ne sort pas de la graine, dont les enveloppes et le péricarpe se fendent par l'extré- mité opposée à la radicule. La radicule et la tigelle des nymphéacées que j'ai examinées, ne ren- ferment qu'un seul faisceau central ; celles du Nelumhium en contiennent plusieurs disposées autour d'un axe en quelque sorte médullaire. Il y a même deux zones de faisceaux dans la tigelle de ce dernier végétal , l'une centrale, l'autre périphérique. C'est de la zone centrale que partent les vaisseaux qui se répandent ainsi en cercle autour de l'axe des racines adventives. La multiplication des faisceaux du rhizome du Nelumhium est digne de — 529 — l'attention des botanistes. Je regrette que les limites imposées à cet extrait ne me permettent pas de l'exposer ici. Le rhizome des nymphéacées est continu, et les feuilles y sont insérées suivant les lois ordinaires de la phyllotaxie. Celui du Nelumhium est interrompu ; ses entre-nœuds sont grêles et souvent très-longs dans la jeune plante; plus courts, épais, féculents dans la plante adulte; ils sont séparés dans celle-ci par des rétrécissements courts, sur lesquels étaient insérées les feuilles et les racines adventives. Dans les nymphéacées les vaisseaux disparaissent du pétiole et du pédoncule; AAXïsle. Nelumbium ils persistent, et les faisceaux sont reliés entr'eux par un réseau vasculaire très-remarquable , correspondant aux cloisons transversales par lesquelles sont divisées les lacunes qui par- courent les pétioles et les pédoncules du sommet à la base. Je terminerai en disant que c'est une erreur d'admettre, comme on le fait généralement sur la foi de M. Delile, que les stomates sont réunis vers le centre de la feuille du Nelumhium , car ils sont répandus sur toute la surface de son limbe. ÉMIGRATION JUSQU'A BERLIN, EN 18S2, DU SPHINX DU NERIUM, Par m. Ch. Morren. On sait que le Nerium Oleander nourrit dans le midi de l'Europe et en Afrique , un magnifique Sphinx nommé par les entomologistes Sphinx Nerii. Le Nerium a été introduit en 159G dans les contrées du centre de l'Europe , notamment en Angleterre. Il resta cultivé dans ces régions pendant plus d'un siècle et demi sans que l'énorme papillon dont la che- nille se nourrit de ses feuilles, l'ait suivi. Mais à la fin du dix-huitième siècle, on vit que le Sphinx de l'Oléandre apparaissait de temps en temps dans les jardins où l'on cultivait l'arbuste. C'est ainsi qu'à Bruxelles, la femme du célèbre peintre Lens prit de ces Sphinx dans un jardin, à la fin du siècle dernier, mais on n'en avait guère constaté la présence plus au nord. En 1852, toutefois, ce beau papillon a émigré jusqu'à Berlin. Dans le jardin des horticulteurs MM. Hensel et Gorpe, on a trouvé 17 chenilles très-bien développées de cette rare espèce; elles se sont toutes métamor- phosées en chrysalides pour donner des insectes parfaits en 1853. On attribue cette émigration à la chaleur de l'été. Elle est utile à constater dans l'intérêt de l'histoire approfondie des maladies des plantes, car elle confirme qu'il a fallu dans ce cas plus d'un siècle et près de deux siècles et demi pour amener sur une espèce l'animal qui s'en nourrit. — 530 — PI 47. — 35) — CONSTRUCTIONS HORTICOLES. L'ALCAZAR DE LYON, par M. DENIS. L'Alcazar est construit à Lyon sur l'ancien emplacement du Colysée des Brolteaux et destiné à la promenade, aux bals, aux fêtes, aux concerts, soit de jour ou de nuit. Son plan est combiné de manière à recevoir pendant la belle saison une troupe équestre et de servir de cirque olympique. L'Alcazar a donc pour but l'agrément et le plaisir; l'ouverture en a eu lieu le 2 janvier 18S2. Deux couloirs servent d'entrée aux piétons, les voitures ont une entrée et une sortie particulière; on arrive dans un vestibule décore dans le genre mauresque; on passe de là dans la salie, ayant devant soi une glace haute de 4 mètres et large de 3'",50 au bas de laquelle se trouve un bassin en tuf orné de deux vases mau- resques d'où jaillissent deux jets d'eau s'élevant à six mètres, et entre eux est placée une corbeille d'eau où la nappe de liquide tournant de droite à gauche forme le marabout. A gauche de l'entrée est placé le comptoir et un buffet de sucreries , tandis qu'à droite s'étalent les jardinières de la fleuriste. La forme du monument est circulaire, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. La salle consacrée aux bals, aux concerts, etc., mesure 40 mètres de diamètre avec un pourtour élevé de O^jSO et large de 6 mètres. Deux rangs de fauteuils à la Voltaire, recouverts d'un beau velours cramoisi servent de sièges aux spectateurs. L'élévation de la coupole est de 25 mètres, du haut et du milieu de laquelle descend un lustre en cristal de 500 becs de gaz. Dix-huit autres lustres de 60 à 80 becs de gaz chacun, éclairent cette salle durant les nuits dansantes. Les dorures et les peintures, toujours dans le style mauresque, représentent les armoiries des anciens rois. Dix-huit colonnes laissent dix-sept ouvertures autour de la salle et supportent la toiture couverte en ardoises et séparent le jardin du centre : le jardin l'entoure complètement. Autant de rochers, ornés de plantes rares et variées, diversifient les perspectives; tous sont difTérents les uns des autres, et chacun repose sur un fond d'excellente terre végétale ou de terre de bruyère selon l'exigence des cultures. Dans les pierres sont ménagées les ouvertures où la terre continue de monter, et les proportions sont tellement combinées que les végétaux , jouissant des bienfaits de la pleine terre , peuvent y acquérir le développement , même gigantesque , de leur type. Les Caladium (même giganleum) , les Bananiers, les Palmiers, les Dattiers, les Dragonicrs, VAslrapea, les Fougères, etc., y varient la physionomie de ces Hores qu'embel- lissent des légions de Bégonias et d'une foule d'autres plantes, même jusqu'aux modestes lichens aux teintes mélancoliques et à l'aspect de vétusté et de ruines. Les fougères, \es mousses cl les lichens, dans toutes les variétés de leur végé- tation, dissimulent les sources d'eau qui vont rafraîchir les plantes servant d'or- nement à ces rochers dont on compte vingt-quatre formes diverses dans le pourtour de la grande salle. L'autre côté du jardin, ou celui que l'œil embrasse dans le retour par le chemin unique qui traverse cette serre circulaire, est orné de quatre cascades entrecoupées par dix grottes, toutes diversifiées de même dans leurs formes et leurs plantations. Un château d'eau, construit en tuf, très- élégant, ayant trois plateaux, se trouve parmi elles. D'entre les deux premiers plateaux sort un lierre artificiel, enveloppe la colonne et porte entre son feuillage cent becs de gaz qui brillent sous l'eau qui tombe en cascade de plateau en plateau, pour se perdre dans le bassin baignant le pied du château. Le pont placé au fond de la salle fait face à l'entrée et sert de point d'appui à un second pont plus petit conduisant à l'orchestre. A chaque extrémité du pont se trouve une loge élégante où l'on vient se reposer et se délasser en repos par la lecture de — 332 PI. 48. — 533 — divers journaux et dans le pourtour, ailleurs, on a ménagé de même deux autres reposoirs silencieux. Six massifs de plantes de pleine terre et deux salles de rafraîchissement viennent achever de garnir le pourtour. Quatre escaliers con- duisent aux galeries supérieures qui dominent la salle, et de ces galeries quinze balcons donnent sur la serre et la dominent sur toute son étendue. Le promeneur peut ainsi embrasser d'un même regard et la salle et la serre. Dix-huit ballons de gaz enveloppent des lampes de fleurs et produisent le plus bel effet. Dans cette serre, l'horticulteur revoit avec plaisir quinze cents plantes diverses de serre chaude ou de serre tempérée, selon son emplacement, chacune portant son nom et celui de sa patrie, les unes droites et libres, les autres pendantes et cultivées de haut en bas, celles-ci grimpantes, s'accrochant à des rochers arides, celles-là s'élançant dans des nappes d'eau, tantôt des espèces avides de lumières, tantôt des amies de l'obscurité ou d'un demi-jour, ici des troncs moussus et ver- moulus recouverts de riches verdures et de fleurs, là des racines vivantes cherchant dans l'air leur liberté et leurs sucs, livrant ainsi aux regards les mystères de la végétation : telle est l'idée que nous pouvons donner, par la parole, du jardin de l'Alcazar, placé à bon droit parmi les lieux les plus enchantés de l'Europe. Appelons la gravure à noire secours. La figure l'e (pi. 47) représente le Rocher d'Ispahan, composé en pierres du pays entre et dans lesquelles on a ménagé des cases propres à recevoir diverses plantes. Le no i indique une étoile éclairée par le gaz au bas de laquelle jaillit une source d'eau recouvrant presque toute la masse du rocher et se réunissant dans un réservoir n" 10 en arrivant par le n» 12 et retombant en masse au bas du rocher. Le n" 2 est un Mimosa dealhala et le n» 5 un Mimosa pendula; le n» 4 représente un Poin- riana Gilesii; le n" 5 le Cunighumia lanceolata; les nos G, 7 et 8 sont des fougères à grands feuillages légers et nuancés de bleu et de gris d'acier. D'autres fougères , Lycopodes, Saxifrages et Orchidées complètent l'ornement de ce bloc, si élégant de rusticité et de sauvagerie, haut de 8 mètres sur 3 de largeur. La figure II (pi. 48j est la Grotte brésiliempie : profondeur 3 mètres, l'intérieur tout garni de plantes appropriées à ce lieu sombre et humide. N» 1. Massif de tuf , planté en fougères, ficus elastica, etc., bordé de lycopodes avec contre- bordure de primevères de Chine , presque toujours en fleur. 2. Vieux tronc d'arbre tout couvert i^orchidces. 3. Glace au fond de la grotte réfléchissant presque toute la vue du palais. Près du n" 2, un aloës artificiel dont chaque feuille fait jaillir un filet d'eau à son extrémité. 4. Sparmannia a f ricana dominant les fougères, saxifrages, lycopodes, pancratium, crinum , etc. , qui remplissent les cavités. Les soirées de bais , le fond de la grotte est éclairé par des glayeuls, arum, caladium, etc., faisant jaillir des lumières de gaz et des lueurs colo- rées, tandis que d'autres fleurs, combinées avec des tuyaux d'eau, font ruisseler des diamants d'eau. L'eau, la verdure, le gaz et les lumières colorées combinent ainsi leurs effets féeriques. Aucune description ne peut rendre des illusions que l'on change et diversifie à chaque fête. La figure III (pi. 49) donne une vue du jardin de l'Alcazar. IS<> 1. Vue d'une croisée de la galerie. 2. Corniche des arches. 3. Arbres à feuillage toujours verts et rameaux pendants, plantés au-dessus du pont, dans le tuf. 4. Ballon de gaz à l'entrée du pont. 5. Pont rustique, traversant un rocher en tuf, d'une rusticité élégante : il a 8 mètres de long sur 2", 50 de largeur et 2™, 30 de hauteur. Le rocher du pont a 7 mètres de hauteur, planté en végétaux de rocaille à tiges retombantes ou grimpantes, à feuillages très-variés et la plupart donnant des fleurs toute l'année. Un massif de plantes à feuilles persistantes orne les deux extrémités du pont dont cette gravure représente la vue de côté. Ce morceau est magnifique. G. Loges vue de côté. 12. Massif de plantes en vases, masquant un angle. 13. Lampe transparente. Elégance, hardiesse, combinaisons imprévues, telles sont les qualités de cet ensemble. La description de l'Alcazar n'a encore paru dans aucun recueil. Nous l'avons donnée dans des vues de l'horticulture en indiquant les végétaux dont les effets connus peuvent actuellement servir aux architectes. Ce palais est une imitation de l'Alambra et nous sommes heureux de pouvoir offrir les premiers ce travail descriptif à nos voisins, les Belges, chez lesquels l'horticulture si avancée et si riche présenterait d'amples ressources pour Imiter dans leurs villes ces lieux de repos, de joie, de sociabilité et de plaisir. lîELG. HOUT. T. IM. 44' — 554 PI. 49. '^^naeti, ]\ oyer à cavernes — 53» — JARDIN FRUITIER. LE NOYER A CAVERNES, Par m. Ch. Morren. Le noyer est connu depuis la haute antiquité et c'est à peine cependant si l'on en a spécialisé les variétés. Pline affirme que le noyer fut introduit de la Perse en Grèce et de là en Italie. Les Romains firent connaître ce bel arbre aux peuples conquis, et, pour nous, Belges, cette espèce doit être bien anciennement naturalisée, puisqu'il est question de noix dans les Capitulaires de Charlemagne. Dans nos provinces montagneuses le bois de noyer est vivement recherché pour la confection des meubles et surtout pour les crosses à fusil de la grande industrie de Liège, et cependant malgré cette utilité la culture du noyer au lieu de s'étendre se rétrécit : nos industriels propriétaires sont imprévoyants. Tout noyer à gros fruits est placé sous la rubrique de noyer à bijoux, parce que avec les écailles de ce fruit, on fabrique des nécessaires. Naguère, on a vu un curieux posséder une noix dans laquelle s'enfer- maient les œuvres d'Homère. D'autres préfèrent y insérer une paire de gants ou même une paire de bas de soie. Cependant tous les noyers à gros fruits ne sont pas les mêmes. C'est Poiteau qui le premier nomma à bijoux la variété à gros fruits, mais celle-là avait le fruit carré ou mieux en cube, la coquille tendre et même si lente à durcir qu'on choisissait cette variété pour les cerneaux. On se plaignait de ce que les noix n'étaient pas pleines et ne se conservaient pas. On possède près de Bruxelles des noix qu'on nomme noix à cavernes, parce qu'elles ont (voy. pi. 50, fig. 4 et 5) sur leurs écailles des cavités profondément excavées, irrégulières qui donnent à ces fruits un aspect très-particulier. Le brou est de moyenne épaisseur (fig. 2 et 5), lisse, vert, se déchirant très-peu ou pas du tout à la maturité, l'écaillé, vue d'en haut, légèrement cubique, avec les angles arrondis, les sutures très-fines; l'a- mande est en dedans très-blanche, fort grande, remplissant bien les vides et d'un goût aussi fin que délicat. L'arbre qui produit cette variété , croit surtout dans les terrains gras et légèrement humides de la partie la plus fertile du Brabant, où il s'élève fort haut. L'âge de ces arbres nous démontre que les hivers de 1709, 4769, d795, n'ont pas suffi pour porter atteinte à leur vie, alors que tant d'autres pieds de cette espèce étaient profondément attaqués. Le noyer, d'ailleurs, ne produit de fruits qu'après vingt ans et n'acquiert la plénitude de sa force et de production qu"à soixante. On peut se procurer au bureau de la Belgique horticole, des beaux jeunes pieds de cette variété à cavernes , très-susceptibles de se greffer sur le type ordinaire de l'espèce. — 536 — CULTURE MARAICHERE, LES MAYUAS REHABILITES COMME CORNICHONS, Par m. Ch. Moruen. Quand les mayuas ou tubercules du Tropœlum tuberosmn se présen- tèrent comme succédanés des pommes de terre, ils furent condamnés et ce jugement fut juste et bien porté; mais quand M. Neumann, directeur des cultures du jardin des plantes de Paris, y joignit la condamnation comme cornichon, il alla trop loin. On croque, d'ailleurs, les tubercules de cette capucine confits au vinaigre sur un grand nombre de tables, sans trop s'inquiéter de ce qu'en pense tel ou tel palais, difficile à l'endroit des ha- bitudes prises. D'une part, M. Lecoq, le spirituel et très-délicat profes- seur de Clermont-Ferrand, l'inventeur de tant de nouveaux légumes qu'il lui en plaît de produire à volonté, et comme les belles pensées de sa noble intelligence, M. Lecoq nous écrit que les mayuas confits au vinaigre sont excellents et préférables aux cornichons. Nous le savions depuis long- temps par notre dégustation et notre digestion personnelles. M. Desmedt, pharmacien à Borgerhout, lez-Anvers, nous fait Thonneur de nous écrire ce qui suit : « Contrairement à l'opinion admise par M. Neumann , nous nous sommes bien trouvés du mayua, confit au vinaigre, et même il a été préféré au cornichon par les délicats, si difficiles h satisfaire, d'après le fabuliste français : Les délicats sont malheureux Rien ne saurait les satisfaire. (Laf. liv. 2, fab. 1.) Voici comment j'ai opéré : on prend des mayuas bien lavés à l'eau , une livre, vinaigre de vin i^" qualité, autant qu'il en faut. On fait bouillir en- semble pendant deux minutes; l'action dissolvante du vinaigre enlève une partie de la couleur rouge de la peau. Alors on les jette sur la passoire et on laisse égoutter. On les place dans une bouteille à large ouverture et bouchée à l'émeri. On prend une nouvelle quantité de vinaigre de vin bouillant que l'on verse petit à petit, mais encore chaud , sur les tuber- cules mis en bouteille et on ajoute : poivre blanc entier, trois gros; racines fraîches et coupées en tranche de cochlearia armoracia, une once; semences de fenouil, deux gros. On ferme hermétiquement la bou- teille, on laisse reposer quinze jours et on mange ad libitum et à froid. » La préparation de M. Desmedt mérite de figurer dans la troisième édition de u la science de bien vivre ou monographie de la cuisine, envi- sagée sous son aspect physique, intellectuel et moral, ou le guide de la maîtresse de maison, par MM. Paul Ben et A. Desrez. ]> Nous la recom- mandons à ces messieurs et à tous autres qui veulent se donner des sia rosea i,null, ^ .3. 4^ Abrha îniiflora ., K Hi 4,..f. L .«rihaabala l>ïtprn,ita„ Ru .-f !'av 00/ HORTICULTURE. LE BARNADESIA ROSEA DE LINDLEY, Par m. Cii. Morren. On cultive dans les serres de Belgique deux espèces de Barnadesia, à savoir : les B. grandiflora et B. rosca, toutes deux de fort jolies plantes, à floraison abondante et facile. Nous avons vu à Malines, au jardin bota- nique, dans la rotonde, un si joli pied de Barnadesia rosca que nous n'avons pu résister au plaisir d'en publier la gravure, afin d'engager nos amateurs à se procurer cette plante qui ne coûte plus que la bagatelle d'un à trois francs selon les pieds. D'ailleurs, la figure du Barnadesia rosea, publiée par M. Lindley {Bot. reg., 29, vol. 29), représente cette plante si maigrement qu'elle ne rend pas du tout sa beauté. C'est au contraire un arbuste fort comme un lilas, épineux comme un groseillier; les fleurs sont beaucoup plus grandes, plus nombreuses qu'on se l'imagine. Les capitules solitaires sont ovales, cylindriques, peu pubescentes, sessilcs, la lèvre des floscules oblongue, émarginée, extérieurement poilue et à poils blancs, l'autre lèvre filiforme, la fleur tubuleusc centrale nulle, les filets libres, les poils du réceptacle non tortus et le pappe raide, plumeux. Quand la fleur se fane, le capitule se dessècbe et devient brun ; il peut servir alors comme l'immortelle, à orner les bouquets d'biver. Les poils du réceptacle deviennent tortueux, d'un jaune de paille et se dessècbent comme tels. Chaque feuille est munie à sa base de deux stipules en forme d'épines acérées; la feuille est elle-même ovale, amincie aux deux bouts, mucronéc, entière. Culture. Naguère introduite de l'Amérique-Méridionale, dans les serres du duc de Northumberland, c'était, il y a peu d'années encore, une plante fort rare. Aujourd'hui , les jardiniers belges l'ont abondamment repro- duite. Elle rappelle le nom de Michel Barnadez, botaniste espagnol, et devient une plante mixte des serres chaudes et tempérées. En hiver, elle aime la serre chaude, elle fleurit alors (février, — mars, — avril), tandis qu'en été elle passe dans la serre tempérée. Elle exige un sol sablonneux mélangé de terre de bruyère en égales proportions. En été, elle demande beaucoup d'eau, mais peu en hiver, saison où l'humidité la fait périr aisément, car elle appartient naturellement à de hautes montagnes. On la reproduit par boutures, par graines, les premières sous cloches et for- mées de branches de jeune bois. Elles reprennent facilement et c'est ce qui a assuré sa prompte multiplication dans nos établissements horticoles. CELG. IIOnT. T. III. 45 ~- 338 — SUR UNE CHARMANTE ABÉLIE, ACCUSÉE PAR LES BOTANISTES DE NE PORTER QU'UNE FLEUR, ALORS QUELLE EN PORTE DES CENTALNES, Par le mê3ie. Parmi les arbustes nouveaux qui se recommandent à raltention des horticulteurs aimant des floraisons faciles et belles à la fois, nous signa- lons une espèce d'Abelia, nommée fort mal à propos et contrairement à la vérité, Abelia um/lora, vu qu'au lieu de porter une fleur à sa branche florale, elle en porte toujours trois, et comme ces branches florales sont fort nombreuses, il s'ensuit que tout en la nommant Abélie uniflore, on a devant soi un arbuste couvert de plusieurs centaines de fleurs. C'est néanmoins l'auteur, qu'on se plaît à nommer aujourd'hui le prince des bota- nistes actuels, qui a cette contradiction sur sa conscience, M. Robert Brown ; il décrivit la susdite Abélie dans son ouvrage sur les plantes rares de Wal- lich. De Candolle, Lindlcy, IIooker,Walpers, en un mot toute la série des auteurs ont suivi la même nomenclature, et quand Von Sicboldt et Zuccarini ont voulu la changer en disant i46e/ja serrata au lieu iV Abelia uni/lora, ils en ont été pour leur latin et ont passé dans la liste fasti- dieuse des synonymes. Vouloir redresser la nomenclature de ses innom- brables singularités , c'est perdre son temps : toutes les langues sont pleines d'absurdités et nous les parlons toujours. U Abelia uni/lora (pensez miiltiflora) est une Caprifoliacée (clièvre- feuille) introduite du nord de la Chine, par M. Fortune; elle forme un arbrisseau ramcux, un peu pendant, pourvu de branches délicates et ordi- nairement opposées, parfois ternées; les feuilles sont larges, lancéolées, à pétiole court, acuminées, presque coriaces, d'un vert foncé, toujours vertes quoique pâles au-dessous. Les pédoncules sont axillaires, courts, à peine plus longs que les pétioles, portant de une à trois fleurs (le plus souvent trois). Le tube du calice est oblong, cylindrique, denté, poilu, entouré d'un involucre de trois bractéoles, le limbe formé de 2, 3 ou 4 sépales oblongs, spathulés, nervés, d'un brun rouge, plus longs que le tube, mais moins que la moitié de la longueur de la corolle. La corolle blanche, teintée de rose, le tube infondibuliforme, étroit, dilaté à la base en un éperon obtus, le limbe a deux lèvres (obscurément dessinées), la lèvre supérieure a deux, l'inférieure a trois lobes obtus planes, la gorge large, poilue et variée de jaune. Quatre étamines incluses didynames, le style à peine plus long que les étamines, le stigmate capité. Culture. Cette charmante plante ne coûte plus en Belgique que li francs le pied. Dans les emplacements privilégiés elle passerait en pleine terre, counne en Angleterre, mais elle n'exige que la serre froide ou l'appar- — 559 — tement en hiver, et, tout l'été, elle peut orner les parterres. On la repro- duit par boutures sous cloches. On sait la popularité acquise par le Weigelia rosea. L'espèce d'Abelia que nous recommandons ici, peut prétendre au même honneur. LE LARDIZABALA A FEUILLES BITERNÉES, ARBUSTE TOUJOURS VERT, GRIMPAiNT, ET A FLEURS COULEUR DE CHOCOLAT, Par le même. Un arbuste grimpant, trcs-fcuillu, à feuilles toujours vertes, à fleurs couleur lie de vin, occupe à bon droit Tintérét des horticulteurs et ama- teurs de jardin. C'est une Lardizabalacée, famille placée dans l'ordre naturel près des ménispermées, des grosclliers d'un côté et des muscadiers de l'autre. On le nomme Lardtzabala hiternata, du nom que les botanistes Ruiz et Pavon lui ont donné en le dédiant à Don Manuel de Lardizabal, ministre de Ferdinand VII, roi d'Espagne, conseiller d'Etat et gouverneur des Indes, ce qui ne l'empêcha pas de mourir en exil dans la Biscaye, en 1825, après avoir séjourné longtemps dans la citadelle de Pampelunc, pour un secret d'Etat qui n'a jamais été éclairci. Le Lardizahala qui rappelle cette grandeur par sa tige grimpante et cette infortune par sa fleur brune, a des branches plusieurs fois tordues ; les feuilles nombreuses sont généralement ternées sur les rameaux floraux, parfois bi ou triternées, les folioles pétiolées, presque coriaces, toujours vertes, ovales, cà et là dentées et les dents épineuses, d'un vert foncé au-dessus, pâles et réticulées au-dessous. Les pédoncules solitaires, axil- laires, portant à la base deux bractées larges, inégalement cordiformes; les fleurs en grappes pendantes, nombreuses, grandes, d'un brun de cho- colat foncé avec reflet de lie de vin. La gravure ci-jointe représente les fleurs mâles qui sont les plus communes. Le calice de ces fleurs possède six sépales charnus, planes, rhombo'ideo-ovales; la corolle a de même six pétales membraneux, lancéolés, subulés, blancs et farineux. En dedans se trouvent six étamines réunies en une colonne et portant six anthères à deux loges s'ouvrant sur le dos, oblongues, un peu recourbées et apiculées. Appartenant à la flore du Chili, elle s'étend au sud jusqu'à la Concep- tion; cette plante brave les hivers en pleine terre dans un climat un peu doux comme l'Angleterre, le centre de la France, etc. A Kew, à Exeter, on ne la couvre même pas en hiver. Son introduction est due à George- Thomas Davy, qui décrit comme suit l'effet que lui fit ce végétal en le voyant dans son lieu natal : <( Quand je vis celte plante dans la province de la Conception, je fus frappé d'étonnenient à la vue de la singulière couleur foncée des fleurs et la beauté du feuillage; je donnai ordre sur-le- — 540 — champ qu'on m'envoyât celle espèce à Valparaiso. On vend le fruit sur les marches du Chili. » L'auteur ne dit pas ce qu'on en fait, mais les plantes vivantes arrivèrent en Europe en 1840. Elles sont multipliées aujourd'hui en Belgique et n'y coûtent plus que six francs pièce. Cîilliire. On a remarqué en Angleterre, où de grandes plantes de douze, quinze et vingt pieds couvrent des treillis, des murs, etc., que l'ombre convient à ce végétal. La terre franclie lui suffît. On le conduit à volonté. La reproduction par semences ne peut se faire que lorsqu'on possède les deux sexes qui viennent sur des pieds différents, mais la reprise par boutures s'opérant facilement sous cloches et en bâches, on peut multi- plier aisément cette intéressante espèce. CULTURE ANGLAISE DES ROSIERS, Par mm. Wood, Wood fils et ILvrrison. II De toutes les terres que j'ai employées pour les rosiers, soit cultivés en pots, soit tenus en parterre, aucune ne m'a donné des résultats plus beaux et plus extraordinaires que celle-ci : J'ai pris sur le fond d'une bonne prairie des gazons de quatre pouces d'épaisseur; je les ai mis en tas, comme une couche à compost, de trois pieds de hauteur; je les ai retournés sens dessus dessous quatre fois, et je les ai coupés ou bâchés autant de fois dans un an. Puis, j'ai ajouté la même quantité de vieux engrais d'étable consommé, j'ai mélangé le tout et m'en suis servi immé- diatement. Jamais mes rosiers n'ont autant fleuri ni donné de plus belles Heurs. )> C'est là le secret de ce phénomène qui étonne tant d'horticulteurs du continent dans leur visite en Angleterre. Les roses y viennent de France et les roses anglaises sont infiniment plus belles que les roses françaises. On a beau accuser le ciel brumeux des îles Bi'itanniques, les roses y sont dignes de la Grèce. D'où vient ce prodige? de la terre et de la cultiu-e. On a tout intérêt à imiter l'une et à contrefaire l'autre. Comment plantc-t-on les rosiers en Angleterre? Voici la méthode de MM. Wood et fils, à Mareslield, célèbres par la beauté de leurs ro- saires (rosaria). Les rosiers étant classés, choisis et arrangés dans l'ordre qu'on a adopté, on fait pour chacun un trou de dix-neuf pouces de profondeur et large à l'avenant, on y dépose le compost dont il est parlé ci-dessus. Si le sol est sec ou si l'opération se fait par un temps sec, il faut un large arrosemcnt préalable, tout autour du trou cl le pied planté; il laut de plus un bon tuteur fixé en terre non remuée, qui ne permet pas au vent de détacher les racines. On piétine le sol et après on lui donne une bonne sauce de purin. Un rosier ne prospère jamais dans une terre épuisée et qu'il occupe — 541 — des années entières : il faut lui donner une terre nouvelle quand on voit sa végétation diminuer. Une exposition libre est la plus avantageuse. Un sol drainé vaut mieux que celui qui ne l'est pas. Si les tuyaux ne peuvent être employés, rigolez soit avec des briques, soit avec de simples tranchées de six pouces ou plus, selon la natui'c de la terre. On transplante le mieux en novembre, mais on peut le faire d'octobre à mars. Il ne convient pas de tailler et puis de planter immédiatement après. C'est à la première pousse des plantes replantées qu"on pince deux à trois bourgeons par jeune branche. Par ces moyens on obtient de grandes fleurs, beaucoup et longtemps. REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Cerciis Mac Doualcliœ. Ilook. Bol. mu(j., ann. 18b5, tab. 4707. Ccrée de Mac"Donald. Famille des Cactacées. Rameaux très-allongés, rampants, arrondis ou obscurément anguleux, subtubcrculés, tubercules épars irréguliers, petits, ayant la plupart une épine courte solitaire, brune ; fleurs très-grandes, tube du calice allongé, strié, un peu écailleux, écailles petites, velues, sépales très-nombreux, réfléchis, planes, linéaires acuminés, oranges, pétales blancs, lancéolés, droits, planes acuminés, style plus long que les étamines. Chacun connaît les immenses et magni- fiques fleurs du Cereiis grandiflorns , celles de cette espèce ne le cèdent ni en grandeur ni en beauté à ces dernières , et la floraison des pieds a été à Kcw, l'année dernière, un des plus beaux spectacles que puisse offrir une scène d'horticulture. C'est le général 3Iac'Donald qui a envoyé cette espèce du Honduras et elle a été plantée dans la serre aux cactées de Kcw, où elle présenta les premiers symptômes de floraison en juillet 1851. Les fleurs mesuraient dans leur éclosion quatorze pouces du bout du calice au bout du stigmate , et la même mesure se retrouvait dans le diamètre de la fleur ouverte. Vainement on chercha l'espèce dans les écrits si consciencieusement élaborés du célèbre prince de Sahn-Dyck, mais ne s'y trouvant point, Sir William Ilooker la décrivit comme nou- velle. Les sépales extérieurs, d'un orange vif, donnent surtout près des pétales blancs comme neige, un brillant aspectàcettc élégante production. Culture. Elle est la même que celle de la cerée grandiflore : une serre chaude, un treillis, de la terre ordinaire, peu d'eau et un fort éclaire- mcnt. La reprise des boutures se fiut facilement. Nous recommandons vivement cette nouveauté aux nombreux amateurs de plantes grasses, très-populaires dans l'horticulture de Belgique. d'oissaudra flava. Ilook. Bot. inag., lab. 4710, ann. 1855. Cros- sandre jaune. Famille des Acanthacées. Tige courte très-glabre, feuilles glabres obovées-lancéolées, ondulées, sinuées-pennatilidcs, très-entières vers le sommet et obtiuscules, les inférieures pétiolées, épi terminal — 542 — exactement tétragone, strobiliforme, bractées extérieures amples, arron- dies, carinées, carène aiguë, très-velues, veinées, épineuses-dentées au bord, corolle jaune. Cette espèce est originaire de TAfrique-Orientale, elle a été prise entre les fissures de roches sur la montagne dite Feuille-de- Sucre, à Sierra Leone, et envoyée par M. Wliitfield au jardin botanique du Regent's Park, à son dernier retour d'Afrique. La floraison a eu lieu en janvier 4855. Culture. C'est une plante de serre chaude, sa patrie l'indique assez. Sir William Hooker ne donne plus aucun détail sur la culture des plantes qu'il décrit. Dciidrobiiim heterocarpuni. Wall., cat. n" 20. — Lindl. Gcn. et Sp. Orchid., p. 78. — Bot. mise, 1844, p. 49, n" II. — Bot. mag., 4708, ann. 4855. Dcndrobicà fruits divers. Famille des Orchidacées.Syn. Dmdrohium aureum. Lindl. Gen. et Sp. Orch., p. 78, ctvar. Pallidum. — Lindl. Bot. mise. 4859, t. 20. Tiges arrondies, pendantes, feuilles oblongues, aiguës, planes, fleurs géminées et ternées, odorantes, formant une grappe fausse, sépales linéaires-oblongs, aigus, pétales ovales aigus plus grands que le sépale supérieur, labellum onguiculé, limbe subpan- duriforme d'un jaune brillant vif orangé , le milieu allongé , acuminé , plane. Cette belle espèce de dcndrobium a été reçue à Kew, venant d'As- sam, par M. Simons, en 4852, et a fleuri en 4855. Pendant la floraison la tige était sans feuilles. M. Wallich la découvrit au Népaul; elle existe aussi dans Tilc de Ceylan, h la partie sud de Madras et au nord du Bengale. Ctdlure. Elle est la même que celle des dendrobiums exigeant la plus haute température. Dciidrobiiiiu tcretifoliuiu. Br. Prodr., Nov. Hol., p. 555. — Lindl. Gen. et Sp. Orch., p. 94. — Ilook. Bot. mag., ann. 4855, tab. 4714. Dcndrobie à feuilles cylindriques. Famille des Orchidacées. Tiges rampantes, feuilles filiformes, cylindriques, périanthe à folioles allongées- linéaires, étroites au sommet, labellum tricariné, lobe intermédiaire linéaire-lancéolé, acuminé, crispé. Cette orchidée, connue depuis 4810 et publiée alors par M. Brown , n'avait pas été figurée. Elle avait fleurie en 4859, chez M. Loddigcs, mais le professeur Lindley n'en avait publié que la description sans figures. Native des environs du port Jackson, en Aus- tralie, 31. Jloore, directeur du jardin botanique de Sydney, l'envoya dernièrement à Kew. Les fleurs sont d'une excessive légèreté et simulent des insectes volants ayant tous leur bec tourné du même côté. La fleur est blanche, teintée légèrement d'un jaune clair et quelques petits points pourpres épars. Culture. On la cultive dans la serre aux orchidées sur un morceau de bois sur lequel les tiges deviennent violettes, tandis que les feuilles sont vertes. — 545 — Pitcairiiia iiiacrocalyx. Hook. Bot. mag. 1855, lab. 470b. Pit- cairnie à grand calice. Famille des Broméliacées. Feuilles radicales Irès- longues, lancéolées, très-aiguës, inférieurement atténuées, engainantes, très-glabres, submembrancuses, costées, inermes, les caulinaires peu à peu plus petites, tige allongée, arrondie, sublaineuse, laine presque rousse, grappe laxiuscule, fleurs (blanches) très-ouvertes, à la fin réflé- chies, bractées ovales, concaves, acuminées, égalant le calice en longueur, pédicclles très-courts, calice ample, jaune, sépales ovales, acuminés, ap- presso-connivents, pétales oblongs linéaires-spatbulés, subtordus, sans écailles à la base, ovaire supère. Quelques horticulteurs de Belgique sont dans l'habitude d'envoyer à Sir William Ilooker, intendant des cultures de la reine d'Angleterre, leurs plantes nouvelles. C'est là un acte de pure courtoisie, car les plantes sont offertes gratuitement a l'établissement de Kew, et de plus on laisse à M. Ilooker l'honneur de décrire ces espèces. Eh bien! nous traduisons ici littéralement comment ces abnégations de patriotisme et ces faveurs sont appréciées, «c Cette présente plante, dit M. Hooker, est une de ces nombreuses nouveautés de l'Amérique du Sud, que nous sommes accoutumés à recevoir des jardins belges, sans noms et sans particularités locales, » et puis il ajoute : iv\., chap. fi. — An- nales de l'Observatoire royal de Brurclles, lom. V, 1856); 2» Les articles sur les Phénomènes périodiques de la végétation, par notre collègue M. Mor- ren , dans les Annales de la Société royale d'agricullnre et de botanique de Gand. Il les a réunis sous le nom de Traité historique de Phénologie. BELG. HORT. T. III. 46 — 346 — prévoir d'avance quand elles tomberont, ni encore moins les empêcher de tomber? Nul doute qu'il ne soit facile de déprécier, par des arguments du même genre, l'observation périodique des végétaux et des animaux. 3Iais les sciences physiques et naturelles ont fait, depuis un siècle, tant de progrès inattendus et imprévus, dus à des observations qui semblaient par elles-mêmes sans importance; les progrès dans la théorie ont amené des applications si utiles dans tout ce qui a rapport à lalimentation, à la fabrication, à la mécanique, à l'hygiène, à la vie, en un mot, qu'il y aurait certes témérité et imprudence à dire à priori : telles recherches sont inutiles, — alors même qu'elles n'auraient pas déjà produit de notables résultats. Ne faisait-on pas d'ailleurs les mêmes reproches à la micrographie, considérée d'abord comme propre seulement à satisfaire la curiosité, bien que Pline, sans connaître ni prévoir les merveilles du microscope, ait dit, il y a dix-huit cents ans : Natura maxime miranda in minimis! — Aujourd'hui, cependant, nous voyons la disette ou l'abondance des pro- duits les plus nécessaires à l'hounne ou les plus précieux, la santé ou la maladie, dépendre de la présence ou de l'absence d'organismes si petits, que leurs ravages seuls seraient connus , si l'on n'avait le secours du mi- croscope pour les découvrir. En effet, les maladies de la vigne, de la pomme de terre, du seigle, du froment, de l'olivier, des vers à soie, etc., ne sont-elles pas dues à des plantes cryptogames ou à des insectes para- sites, pour la plupart invisibles à l'œil nu? Certaines maladies de l'homme ne sont-elles pas l'effet des mêmes causes? Nous pourrions citer cent exemples semblables. Répétons-le donc bien haut : aucune recherche qui a pour objet une connaissance plus approfondie de la nature n'est indigne de nos études et ne peut être réputée inutile. L'homme à qui il a été dit : IVosce te ipsmn, ne se connaîtra complètement que lorsqu'il connaîtra aussi tout ce ({ui l'environne. L'observation des i)hénomènes périodiques de la nature est d'ailleurs pleine de charmes; elle détend doucement notre esprit , agité par les pas- sions violentes de l'humanité; elle élargit l'horizon philosophique, qui se replie au contraire sur lui-même, lorsque l'étude est concentrée dans la compilation et l'interprétation des livres, sans se retremper dans celle des faits observés incessamment sur la nature même. Voyez dans quel état le moyen-âge nous a livré les sciences naturelles! Combien d'hommes de génie, de rhéteurs fameux, ont alors consumé leur activité et leur talent à disserter sur les textes du maître, à les interpréter, à les tour- menter, au besoin à les torturer par des commentaires plus ou moins ingénieux, qui acceptaient comme axiomes des eiTeurs manifestes, des erreurs reproduites de siècle en siècle, uniquement parce qu'elles se ren- contraient dans un texte d'Aristote, de Pline ou de Columelle, sans son- - 547 — ger plutôl à vérifier les fails en recourant à l'observation directe et répétée. Depuis que les études procèdent d'une méthode différente, depuis qu'on a recours avant tout à l'observation, les erreurs se sont évanouies et les vérités ont apparu de toute part. L'observation des phénomènes périodiques naturels fait encore parti- ciper l'habitant des grandes villes à cette vie des champs, qu'il serait banal de préconiser de nouveau ici ; 0 fortunalos , nimium sua si bona norint Agrkolas Elle lui permet de se reporter sans cesse aux changemeuls que chaque jour détermine dans l'aspect de la nature; car cette étude lui fournira continuellement des jalons qui représenteront à son imagination ce qui se passe hors de la cité. Le dévelo|)pement des arbres et des fleurs à la promenade publique , le retour de rhirondcllc et du martinet autour des édifices, les débals des choucas et des étourjieaux sur le clocher de l'église, les combats des moi- neaux sous ses fenêtres, l'éphémère qui tourbillonne le soir autoui' des réverbères, et jusqu'aux hannetons poursuivis par les enfants, sont des phénomènes périodiques à observer Et bientôt, celui qui a pris goût à ce genre d'investigations, trouve moyen, sans quitter la cité, de se tenir au courant des migrations des oiseaux et des poissons, en visitant les marchés au gibier, les boutiques des oiseleurs et les étalages des poissonniers. Il y a plus : le grand nombre et la concentration des objets apportés en ville, mettent souvent à même le naturaliste citadin, de réunir des notes plus complètes que celles du zoologiste campagnard mais isolé. Dans l'aperçu que nous allons donner des diverses périodes de l'année zoologiquc, nous vous entretiendrons particulièrement des oiseaux, classe d'animaux qui ont fait l'objet d'un travail que l'Académie a bien voulu accueillir, il y a quelques années ('). ( 1 ) En considérant les oiseaux de la Belgique au point de vue qui nous occupe, celui des migrations, nous avons adopté les divisions suivanics : 1° Oiseaux sédentaires (le moineau , etc.) ; 2» Oiseaux d'été, comme l'hirondelle et le rossignol qui se propagent en Belgique, et nous quittent pendant la mauvaise saison; 5» Oiseaux de passage double et régulier, au printemps et en automne, qui ne se propagent pas chez nous, par exemple la grive mauvis, la grue, la cigogne; i" Oiseaux d'hiver, qui arrivent en automne et reparlent au printemps (le tarin, la cor- neille grise, etc. ); 5» Oiseaux de passage accidentel, qui ne viennent que rarement ou irrégulièrement (le casse- noix ; le jaseur, les pétrels). Nous connaissons environ 550 espèces d'oiseaux en Belgique. Les espèces terrestres, au nombre de 190 , se répartissent ainsi qu'il suit : l" Sédentaires. 43 2" U'clé 50 — 548 — Notre illustre collègue, M. Quetelel, le promoteur du genre d'observa- tions qui nous occupe, a trouvé que le Calendrier de Flore pour la Belgi- que , se réparlissait naturellement en plusieurs périodes que nous men- tionnerons dans l'année de Faune, qui se divise, pour nous, en quatre saisons ornithologiques presque égales, deux de migrations, deux de sé- jour, qui commencent chacune un peu avant l'époque des quatre saisons astronomiques. I. Printemps. Nous le commencerons vers la mi-février, en plein hiver, dira-t-on, mais , répondrons-nous , lorsque des signes non équivoques , tant dans le règne végétal que dans le règne animal, présagent déjà le printemps aux yeux de l'observateur de la nature. Ainsi, tandis que le réveil des plantes s'accomplit (du 2;J au 27 janvier) et que les premiers signes de la végétation se manifestent (du 21 au 28 fé- vrier) par les feuilles précoces de la Spiraea sorbifolia, du chèvrefeuille et du groseillier des haies; pendant que nous voyons avec joie s'ouvrir les fleurs roses de la bruyère herbacée, les bouquets jaunes du cornouiller et les corolles blanches de la perce-neige, les grues, revenant d'Afrique, traversent rapidement les airs en lignes triangulaires, et retournent vers le Nord en jetant leur cri monotone. Mais la bergeronnette blanche, précurseur du printemps, s'installe joyeusement dans nos jardins et sur nos demeures. — Si le soleil se fait sentir, si la température s'élève au-dessus de -+- 40" R., la chauve-souris sort de sa retraite en choisissant l'heure du midi , et la grenouille quitte en même temps la vase du fond de l'eau où elle avait trouvé un abri contre la gelée. Nous sommes arrivés ainsi au 45 mars; un mois s'est écoulé dans ces premiers efforts de l'activité animale et végétale; nous entrons dans une époque où les plantes commencent une évolution plus régulière, celle des premières floraisons, qui comprendra toute la feuillaison, laquelle se ter- minera au commencement de mai, ainsi que la période d'arrivée des oiseaux du 3Iidi qui viennent passer l'été en Belgique. Nous diviserons ce temps en deux parties. Dans la première, du 21 mars au 21 avril, les oiseaux de double passage, les grives, les bécasses, etc., achèvent de traverser la Belgique, en même temps que ceux d'hiver, la 5» De double passage 15 4.0 D'hiver 10 li° De passage accidentel 70 Les oiseaux aquatiques sont au nombre de liO Les espèces des trois premières catégories qui se trouvent régulièrement chez nous, s'élèvent à 83 Les espèces de passage accidentel à GS — 541) — corneille grise, le roitelet, songent au départ : ils vont les uns et les autres peupler et réjouir les sombres forets et les plaines stériles du Nord. Nos bosquets et nos bois ne restent pas pour cela dans la solitude, car pour un départ, nous avons dix arrivées heureuses. Jusque dans nos cités, en écoutant, vers le 25 mars (date presque fixe), le chant du rouge-queue solitaire , de retour sur le clocher de l'église ou sur sa cheminée favorite, nous savons que le printemps est venu. Peu de jours après, au commencement d'avril, les hirondelles, plus sociables, voltigent par bandes nombreuses autour des nids qui les ont vues naître, plus constantes en cela que dans la date de leur arrivée, qui est sujette à un écart de près de IS jours au delà ou en deçà de la moyenne (7 avril). A peu près en même temps, et avec aussi peu de fixité, le rossignol et la fauvette à tête noire remplissent nos jardins de leurs chants mélodieux. Tous ces oiseaux sont insectivores : le manque d'insectes plutôt que le froid les avait chassés de chez nous en automne. Admirons ici l'instinct que la Providence leur donne de revenir de si loin en traversant les mers, pour se trouver dans nos climats précisément à l'époque où les insectes commencent à paraître. Toute la nature est alors en mouvement. Quand notre climat, si varia- ble, nous accorde par bonheur une série de beaux jours, c'est, à notre avis , le moment le plus solennel , le plus poétique de l'année. A peine délivrés de l'hiver, nous apprécions mieux la tiédeur de l'air que nous respirons; la verdure nouvelle du saule et de l'aubépine repose l'œil fatigué de la neige et des arbres défeuillés; l'herbe des prés, redevenue verte, est émaillée de pâquerettes et de primevères, la pervenche orne les bois, l'hépatique et beaucoup d'autres fleurs printanières les jardins. I/air est embaumé par les daphnés, les violettes, les narcisses et les gi- roflées. Représentez-vous ce tableau, animé par les cris des oiseaux qui passent et de ceux qui partent, et par les chants d'amour des espèces sédentaires ou qui viennent d'arriver, imaginez ces prés sillonnés par des papillons aux couleurs brillantes, écoutez les mille bourdonnements des abeilles, des bombyles et des autres insectes précoces butinant sur les fleurs ; voyez les pêchers, les cerisiers, tous nos arbres fruitiers couverts de fleurs, espoir d'une abondante récolte, et dites si toute la nature n'est pas en fêteî Nous savons, il est vrai, que ces joies du printemps sont trop souvent de courte durée. — Il en est du printemps de Tannée comme de celui de la vie... « Il faut qu'avril jaloux brûle de ses gelées » Le beau pommier, trop fier de ses Heurs éloilées, » Neige odoraiile du printemps... » a dit un poëte illustre ; — mais telle est la destinée, et ce que les charmes du printemps ont de précaire ne sert qu'à les faire apprécier davantage. — 550 — La seconde et dernière division du printemps zoologique dure environ un mois jusqu'à la moitié de mai. Comme nous l'avons dit, c'est aussi le terme du développement des feuilles dans notre pays. L'acacia, le chêne, le frêne et enfin le févier se revêtent successivement de verdure; le fraisier, le lilas, le muguet, le marronnier, le cytise et l'épine se parent de fleurs ; les arbres et les plantes sont dans tout leur luxe, la feuillaison est terminée, et aucun hôte de nos bois ou de nos champs n'est absent, car nous avons vu arriver dans leur ordre accou- tumé, et avec une grande fixité dans les dates moyennes, le coucou, la caille et la tourterelle aux environs du 20 avril ; l'hirondelle des fenêtres , le loriot et le gobe-mouches entre le 24 avril et le \" mai; enfin le mar- tinet vers le i'^'^ mai. La première quinzaine de mai, qui ne nous ofl're plus que le développe- ment d'un petit nombre d'arbres ou d'arbustes à feuillage tardif comme le févier ( Gleditscliîa), ne se signale non plus , dans la classe des oiseaux, que parle retour de deux espèces amies de la chaleur stable : l'hypolaïs contrefaisant et la verderolle. — Lorsque le chant imitateur et si varié de ces petits oiseaux insectivores se fait entendre, c'est la promesse venue du Ciel que la gelée ne nous menace plus. II. Été. C'est une période de séjour pour tous les oiseaux qui se reproduisent chez nous. L'observateur qui voudra étudier les oiseaux pendant cette pé- riode, notera l'époque de la construction des nids, de la ponte des œufs, de l'incubation, de l'éclosion des petits, de leur sortie du nid, du mo- ment où ils pourvoient seuls à leur subsistance; également celle où le mâle cesse de chanter. C'est aussi le moment d'apparition du plus grand nombre d'espèces d'insectes. On peut dire, sous ce rapport, qu'aucun jour ne se passe sans nouvelle observation : nulla dies sine lineci. L'observateur des plantes n'est pas moins occupé , car si le développe- ment des feuilles s'est terminé lorsque les derniers oiseaux arrivaient, chaque jour faitéclorc autant de fleurs nouvelles que d'insectes nouveaux. C'est la période de la grande floraison (du 4 mai au 45 juillet, d'après M. Quetelet), — c'est aussi celle des premiers fruits du fraisier et du ce- l'isier, suivis bientôt par ceux du groseillier et du framboisier. III. Automne. Nous comprendrons sous ce titre les trois mois qui se passent du 10 août au 10 novembre environ , pendant lesquels ont lieu les migrations autom- nales des oiseaux; en un mot , le départ des espèces d'été , la traversée de celles de double passage, et enfin l'arrivée des oiseaux d'hiver. — ùM — Tout cela se passe à peu près dans le même ordre qu'au printemps; mais, bien entendu, en sens inverse. L'automne ornitliologique peut également se diviser en deux parties de six semaines environ chacune. Dans la première, il n'arrive pas encore d'oiseaux d'hiver : l'hypolaïs, la verderolle et le martinet nous quittent les premiers avant le 45 août, après un séjour de trois mois que nous avons pris pour base de notre été. Ces oiseaux ne s'exposent pas davan- tage aux froids précoces qu'aux froids tardifs. La cigogne repasse vers la même époque. La plupart des autres voyageurs ne se mettent en marche qu'au commencement de septembre. C'est le moment de la maturité du plus grand nombre de fruits, c'est aussi celui des chasses.... Abondance dans les deux règnes ! Mais nous touchons à l'automne astronomique : nous sommes au 21 septembre, nous allons parcourir les six dernières semaines qui con- stituent pour les oiseaux la seconde division de cette saison. Les espèces d'été achèvent de nous quitter, les hirondelles se ras- semblent en grand nombre et s'envolent définitivement un peu après nos grandes journées nationales de septembre. Elles nous quittent aux appro- ches des temps rigoureux : puissent-elles retrouver toujours, au prin- temps, la protection et la liberté dont elles ont joui constamment sur cette terre hospitalière!... Le passage des grues, du 45 au 20 octobre, nous dit assez que l'hiver est proche; le roitelet, la corneille grise et les autres oiseaux de cette saison ont repris leurs quartiers d'hiver parmi nous, et la bergeronnette blanche , arrivée la première au printemps , nous aban- donne avec les derniers beaux jours vers le 4"'" novembre. Pendant cette dernière division de l'automne zoologique a lieu le phé- nomène de la chute des feuilles. Les oiseaux d'été nous sont arrivés au printemps, pendant la feuillaison, avec l'apparition des insectes; ils nous ont quittés au moment de l'cffeuillaison en même temps que les derniers insectes disparaissent. Le thermomètre, redescendu au-dessous de -+- 40" R, fait rentrer la chauve-souris et les grenouilles dans leur torpeur hibernale; et lorsque l'oie sauvage fait entendre ses clameurs bruyantes en traversant nos cam- pagnes, nous savons que les frimas l'ont chassée des marais du Nord. IV. Hiver. Le séjour d'hiver dure environ trois mois, jusqu'au 45 ou 20 février. Nous avons dit, en commençant cette revue de l'année zoologique, qu'il correspond à peu près avec le repos hibernal des plantes signalé par M. Quetelet entre la fin de l'effeuillaison (45 novembre) et les premiers signes de la végétation (24 février). Pendant ce séjour d'hiver, le naturaliste peut noter l'apparition d'oi- seaux de passage accidentel; — vers la fin de cette période, il a encore à observer le premier chant de printemps des oiseaux sédentaires, leur sé- paration par paires, etc. — On noiera aussi que, parmi les insectes, il y en a quelques-uns qui éclosent en cette saison, et d'autres qui quittent leur retraite avant le printemps. L'hiver, la rude saison, s'est donc établi pour les végétaux comme pour les animaux vers la mi-novembre. Est-ce à dire que nous n'aurons plus j)ar-ci par-là de beaux jours? L'hiver, sous noire ciel inconstant, n'est pas mieux fixé à son début que le printemps à son point de départ. Dans cet arrière-printemps accidentel de novembre ou de décembre, les oiseaux sédentaires, le rouge-gorge, le troglodyte, l'accentcur, re- commencent à chanter; quelques papillons et plusieurs autres insectes sortent pour un jour de leur engourdissement; l'ellébore, la primevère, rhépalique, les daphnés, fleurissent comme dans les beaux temps excep- tionnels de février. Rien ne se ressemble plus que ces deux époques précaires, qui éveillent en notre âme les mêmes sensations. — Nous les exprimerons dans ces mots, qui résument, pour ainsi dire, la pensée de l'homme en présence des diverses phases de la vie qui fuient sous ses pas : Le regret dupasse, l'espérance de l'avenir. LETTRE SUR L'HISTOIRE NATURELLE DE GUATEMALy\, Par m. Julien Deby, Ancien pvofessenr de sciences naturelles, à l'école centrale de commerce de Bruxelles. Sto-Thonias de Guatemala, le VJ juin 1832. Monsieur et ancien professeur, Je vous ai promis de mes nouvelles après mon arrivée en Amérique et je saisis un instant de loisir pour vous adresser quelques lignes qui vous prouveront que l'éloignement ne me fait pas oublier l'ancien professeur qui a guidé mes })i'emiers pas dans la carrière scientifique et à qui je dois tout ce que je sais en botanique. Le sujet de cette lettre est un récit court et bien incomplet d'une course que j'ai faite jusqu'au sommet des montagnes du Sanguille, près de S'^-Tbomas de Guatemala (Amérique Centrale), vous pourrez en faire l'usage que vous jugerez convenable, et si cela peut vous être agréable, je vous comnumiquerais ultérieurement d'autres notes sur les recherches que j'ai été à même de faire pendant mes lointaines pérégrinations. Je vous fais parvenir par la même occasion, quelques plantes sèches, — 555 provenant du terri Loire presqu'inconnu de TOrégon ; elles ont été receuil- lies par M. le docteur Schuniard, de Louisville, géologue américain, envoyé en mission scientifique, par le gouvernement des Étals-Unis, et dont j"ai fait la connaissance à bord du steamer Ohio, entre la Jamaïque et la Virginie. Si les espèces sont nouvelles, peut-être jugerez-vous con- venable de les publier. Le l"'^ juin, après avoir engagé à mon service un guide indien et un porteur caraïbe, je me suis mis en route pour opérer Tasccnsion du Sanguille, sur les sommets escarpés et lointains duquel reposaient de gros nuages. Toutes les vallées de cette chaîne, vues de la plaine, étaient indi- quées le malin par de longues traînées blanches de vapeurs mouvantes , qui, s"élevant peu à peu sous l'influence d'un soleil radieux, laissaient apercevoir le vert foncé de la forêt vierge que j'allais traverser. En quittant le toit hospitalier de M. Fontaine, chez lequel je logeais, je traversai une petite portion défrichée de la colonie, portion que recou- vrait une végétation luxueuse d'Asclepias rouge, de Datura et de Mimosa sensilim, plantes qui paraissent dans cette localité représenter les végé- taux qui chez nous remplacent constamment les forêts de hêtre ou de chêne nouvellement déboisées. En face du consulat de Belgique, se trouve un endroit marécageux où croît en abondance le Pancratium tnaritimwn ainsi que quelques Ipomca , Hibiscus, etc., sur les feuilles desquels se reposent diverses espèces de rainettes et plusieurs sortes de crabes , et autour desquels voltigent d'in- nombrables papillons et libellules. Sur chaque pieu de clôture, sur chaque fragment de bois sec, l'on remarque le singulier Basilisciis mitratus , espèce de lézard dont le mâle porte sur la tête une crête solide et remarquable par sa forme. Cet animal, grâce à son agilité et sa vigilance, est fort difficile à saisir. Arrivé à la fontaine qui fournit l'eau potable à la colonie, l'on se trouve à l'entrée de la forêt. Ici les arbres de grande taille se couvrent de lianes qui passent de branche en branche ou qui pendent vers le sol comme les cordages d'un navire pendant un calme. Mille espèces d'arbres monoco- tylédones et dycotylédones se confondent en une masse confuse de végé- tation. Le vert foncé et le vert pâle des divers feuillages, les fleurs rouges, blanches, jaunes, bleues se mélangent d'une manière impossible à décrire, et dans ces branches voltigent des perroquets bruyants, des aras aux vives couleurs, et sur ces fleurs se soutiennent les ailes vibrantes des oiseaux mouches au corselage métallique. 11 faut être naturaliste pour comprendre la jouissance que procure le premier aspect d'une forêt vierge dans la zone torride; il faudrait être poëte pour transmettre sur le papier les déli- cieux et indéfinissables sentiments causés par la nouveauté des êtres qui frappent la vue, par la magnificence de la végétation, par l'air tiède qu'on respire, par les parfums qu'on hume, par les sons étourdissants qu'on entend. Des essaims de cigales, de criquets, de sauterelles produisent un BELG. HORT. T. Ml. 47 — 354 — concert perpétuel, auquel se mêle le cri des perroquets, le roucoulement des tourterelles et le croassement des rainettes : on est entouré de bruits inconnus, on sent déborder la vie autour de soi, et Ton finit toujours par reporter ses idées sur sa propre patrie, au climat brumeux, au ciel gris, mais où battent des cœurs amis qu'on ne retrouve pas dans la forêt loin- taine et que l'on regrette d'autant plus qu'on ne peut ici leur communi- quer ses impressions ni jouir de leur sympalliie. Après m'êtrc rassasié pendant quelques moments du coup d'œil général de la lisière du bois, je pénétrai dans le taillis par une ancienne piquette et me livrai à l'étude du détail. Je marchai le premier jour jusque vers quatre heures du soir, traversant avec peine un fourré où chaque pas demandait un coup de machette (espèce de grand couteau qui remplace la hache et qui sert à couper les branches qui barrent le passage), et où de tous côtés étaient tombés de vétusté d'énormes arbres. Tantôt le sol était ferme ou rocailleux, tantôt il fallait traverser des marais ou de petites rivières. Les serpents étant nombreux, Ton ne passait dans les endroits épais qu'avec précaution. Après avoir franchi sur des blocs de. rochers le lit d'une cascade pitto- resque , ombragée par de gigantesques Eriodendron , l'on commence à monter en suivant la crête des collines qui forment trois coudes principaux d'abord vers le Nord, puis vers le Sud, puis encore vers le Nord. Cette ascension ,est extrêmement pénible, la piquette étant presque perdue et la chaleur étouffante. Les arbres les plus remarquables de cette partie de la forêt sont le Ceiba [Eriodendron anfrachiosum), géant parmi tous les géants, mais dont le bois est de peu de valeur; divers Ficus, le Mahoni, le Palissandre, le S'^-Marie (Calophyllum), les Terminalia, les Sloanea, les Sapotille ou bois de fer, le Cecropia peltata, VAcromiasde- rocarpa, \c Lanrus leocoxylon , les Tlirinax, Cocos, Areca et cent autres dont les noms me sont encore inconnus. Les fougères arborescentes sont représentées par peu d'espèces (Phle- botium, Cyathea, Alsophila, etc.), mais de petits Adianthum et genres voisins, ainsi que diverses Lycopodiées, principalement des Selaginelles, sont fort communs. Le taillis se compose surtout de Palmiers nains, de Melastomées,d'Aro"idécs et de Pipéracées. On y trouve quelquesjolis Bégonias etGesnerias. Le Cacao est fréquent à l'état sauvage ainsi qu'une espèce de Salsepareille (Smilax). Les fruits mangeables que nous avons recueillis en chemin, sont VAnona squamosa et la Sapote (Mammea). A S'"-Thomas l'on cultive le Persea gratissima (Aguacate), l'Anacardium, diverses variétés d'oranges et de limons, des guagaves, des ananas, des bananes, des plantains, des frigoles (haricots noirs), etc., etc. Une grosse liane sans feuilles nous fut très-utile pour étancher notre soif. En la coupant d'un coup de couteau et en plaçant immédiatement la bouche dessous, il en découle une quantité considérable d'une sève rafraî- chissante et insipide : cette plante est bien eonnue des naturels du pays, à qui elle sauve souvent la vie lorsqu'ils s'égarent dans la forêt. Pendant notre trajet nous rencontrâmes plusieurs bandes de singes (Aleles, Cebus, Harpale), des écureuils, et je tirai quelques oiseaux. Nous campâmes pour la nuit, à quelques pas d'une rivière (je pense le haut du Rio-Escobar) ; notre rancho (espèce de case fabriquée à la hâte, au moyen de bâtons reliés par des lanières d'écorce et recouverts de grandes feuilles de palmiers), fut vite construit, il fut tapissé d'une épaisse couche de feuillage qui devait nous servir de matelas et bientôt j'y éten- dais mes membres fatigués. Pendant que je me reposais, le piiro à la bouche, mes hommes allumèrent du feu et préparèrent notre souper qui consistait ce jour en une maigre pitance, notamment un gros perroquet vert, un toucan, une demi-livre de viande sèche (carna seca) et un biscuit de mer, suivi dune tasse de bon café et du petit verre de rigueur. La dernière portion de notre course nous avait conduit par une forêt sombre et silencieuse où le roucoulement lointain de quelque tourterelle ou l'aboyement d'une espèce de coucou nous apprenaient seuls que nous n'étions pas les uniques habitants de ces vastes solitudes. La nuit arriva bientôt : c'était pleine lune et les rayons lumineux per rant le feuillage qui nous recouvrait, présentaient un aspect enchanteur. Des milliers d'insectes lumineux (Pyrophores, Photures, Pygolampis), voltigeaient autour de nous, simulant dans les airs ce que les noctiluques et autres animaux marins m'avaient si souvent fait admirer dans les eaux pendant ma traversée de l'Atlantique. Pendant la nuit, bien des sons nouveaux frappèrent mon oreille, (la singularité de ma position, jointe aux attaques incessantes des moustiques me privant de sommeil), le cri caractéristique des singes de nuit (Nycti- pithèques), le triste •■ ouiioù i> d'un Nyctibius (grand engoulevent), le croassement singulier d'une rainette ou d'un gecko étaient les plus fré- quents, mais quelquefois, à de rares intervalles, l'écho m'apportait le rugissement d'un jaguar (tigre des naturels), ou le miaulement d'un puma (lion des naturels), animaux très-fréquents dans ces parages. Nous lais- sâmes briller notre feu toute la nuit pour éloigner ces voisins incommodes qui, d'ailleurs, attaquent rarement l'Iiomme. Le matin nous ramena un soleil tropital dont l'apparition fut saluée d'une hymne infernale , entonnée par une bande de singes hurleurs (Mycetès), qui avaient passé la nuit sur un arbre, un peu plus bas que nous, sur le bord de la rivière. Après avoir pris un léger repas, nous nous remîmes en route. La montée fut rude et la forêt dense sur le penchant de la montagne. Le mélange hétérogène de centaines d'espèces différentes de végétaux frappe toujours le botaniste. Les plantes parasites ne se rencontrent qu'en fort petit nombre dans l'intérieur du bois, le manque d'air et de lumière nuisant sans doute à leur — o5H — croissance ; cependant clans les endroits ouverts, sur le bord des torrents, je recueillai divers Stanhopea, Oncidium, Cattleya, Epidcndrum, yEchmea, Tillandsia, Vriesia, etc. Ce jour, nous finies bonne chasse et par conséquent bonne chair, tuant un Tapesquint (Agouti), un 7îo66/'^ (Capromys), deux Coclies (Peccari), un IIocco (Crax alector) et divers autres animaux. J'arrivai le soir harasse de faligue sur le plateau du Sanguille, d'où par cer- taines ouvertures dans le feuillage on pouvait au loin distinguer la mer d'un bleu foncé, baignant la plantation d'Esperanza et le lac d"eau douce d'Isabal. La forêt se composait ici presqu'enlièrement de palmiers divers et de fougères en arbre. Je restai plusieurs jours en cet endroit, faisant chaque matin des excur- sions en zigzag autour de mon rancho. Le gibier abondait, les moustiques nous avaient quittés, l'eau était excellente, le temps magnifique, de sorte que ma vie sur la montagne ne me laissait rien à désirer. Le seul désagrément était causé par une espèce de mouche verte, voisine de notre Ahisca cœsar, qui pondait sur nos vêtements et dans nos cheveux des milliers de petites larves vivantes qui, rampant la nuit par centaines sur notre peau, causaient des chatouille- ments pénibles. Le matin je les enlevai de ma couverture de lit en les raclant avec ma bayonnette : cette masse vivante ressemblait alors pas mal à du fromage blanc (platte keesdes bruxellois). Le Sanguille atteint une hauteur d'environ cinq mille pieds au-dessus de la mer, il forme la ligne de partage des eaux qui se déversent d'une part dans le lac disabal, la Golfète, le Rio-Dulce et la baie de S'^-Thomas, et d'autre part dans le Rio-3Iontagna. Cette chaine s'étend depuis près le bord de la mer jusqu'aux montagnes d'Hermitagne. Sa constitution géologique la fait comprendre dans les terrains pri- maires ; j'y ai observé des calcaires bleus, des dolomies grises et des schistes bruns ou noirâtres, qui paraissent appartenir aux systèmes antraxilëre et rhénan de M. le professeur Dumont. J'ai recueilli pendant cette petite expédition, vingt-deux espèces d'oi- seaux, cinq mammifères, quatre-vingt-quatre reptiles, six cent vingt-deux insectes, cinq coquilles terrestres et d'eau douce, et une quarantaine de plantes en fleur. Je ne puis ici vous détailler jour par jour mes faits et gestes, cela me conduirait trop loin et finirait par vous ennuyer, je compte d'ailleurs 'i pourvu que Dieu me prête vie ^ livrer un jour à la publicité, le récit complet de mon voyage, pendant lequel j'ai recueilli des observations nombreuses. Ici sans livres, souvent sans gîte, écrivant sur mes genoux, il est difficile de faire quelque chose de bon ou de complet. Espérant que les quelques lignes qui précèdent vous intéresseront à cause de leur auteur plutôt quà cause de leur valeur, je vous prie, Monsieur le professeur, de me croire votre tout dévoué. — 557 — JARDIN FRUITIER. SUR LES FORMES A DONNER AUX P03IMIERS DE PARADIS CULTIVÉS COMME RORDURES OU HAIES, Par m. Baboud, aîné, Hoiiiculleui'-pépiniéi'isle, décorateur de jardins à Thoissey (Ain). Dans votre n" du mois de novembre [Belgique horticole^ v. 3, p. io7), nous fait l'honneur de nous écrire en date du 6 mars 4855, M. lîaboud, de Thoissey, vous donnez la figure d'une nouvelle forme de pommier- paradis, observée par M. Dubreuil dans les cultures de MM. Jamain et Durand. J'ai chez moi un exemple exactement semblable de celte nou- velle forme. Mes arbres plantés à la distance de 2"'50'' prennent leur sep- tième année de plantation. Je les ai depuis cette époque soumis par le pincement, à ne donner que des lambourdes. Ce que j'ai de plus que chez ces Messieurs, c'est que tous mes arbres sont depuis trois ans soudés aux extrémités par une greffe par approche presque invisible maintenant. De sorte que, tous ensemble, ils forment un cordon d'un seul et même corps. J'ai choisi pour établir ce genre de forme que j'ai cru devoir mettre en la même variété, la Calville blanche qui me paraissait la plus convenable à cet effet. Je crois avoir réussi, attendu que jusque-là elle a été très-docilr et m'a produit déjà beaucoup de fruits. Outre cette forme que j'apprécie beaucoup, j'en ai une autre non moins intéressante, établie depuis la même époque, que je me fais l'honneur de vous communiquer, en vous en donnant la description et la figure. Je l'ap- pelle Bordure arquée. Elle est représentée ci-contre (V. pi. 52, fig. I). Ce sont des pommiers-paradis plantés à 70 centimètres de distance, arijués et attachés avec un osier les uns aux autres, à la hauteur de 25 centimètres au-dessus du sol, ainsi que la figure le représente. J'ai comme sur les précédents exercé exactement le pincement, et les ai réduits à ne donner que des lambourdes. Ce genre est tout en reinette du Canada. Les individus avaient deux ans de tige; quand je les ai plantés, et par consé- quent d(\jà garnis de boutons à fruit. J'ai eu la même année de leur planta- tion une petite récolte, et depuis cette époque, ils ont proiluit régulièrement chaque année beaucoup de fruits beaux et bons. Avec l'utilité de récolter des fruits, vous avez avec cette forme qui n'exige, une fois établie, que l'entretien du pincement fort peu coûteux, l'agrément d'une bordure de Heurs roses durant quinze jours et du plus charmant effet. J'ai lieu, M. le Directeur, d'être extrêmement satisfait de ce genre de culture, jusqu'à présent, mais je ne vous dissimulerai point mon inquiétude à son égard. Il me reste à acquérir l'expérience de ce que deviendront ces arbres, vrais martyrs étendus les bras en croix, le corps courbé, torturés, liés, garottés et pinces. Dureront-ils longtemps? C'est à l'avenir à nous éclairer sur ce point. — 358 PI. 52. Fig. 1. Fig. 2. ^^^-'c .^^ir-^'^^ ' ''-^ /^^^ z-^^ Fis. 3. «»yr<«v/>;i«»''x^>/;'7'/-/-/'-*-,^«-'^-^^^;j'#^^;j?i^^ :.■///■,•>/-'■ — 559 ~ CULTURE DES FRAISIERS SELON LA MÉTHODE DE CIIATIIAM, Par m. Cn. Morren. Challiam est une ville dont les environs sont célèbres pour la culture des fraisiers. En jetant un coup d"œil sur la fig. 2, pi. ')2, on comprendra de suite cette culture. Les planches sont en terrain plat, chacune large de trois pieds; entre elles sont des tranchées larges de neuf pouces et quatre pouces de profondeur sur le côté interne des briques employées pour garnir ces tranchées et maintenir la terre des planches. On emploj e pour cela trois briques sur champ pour les côtés et deux briques sur plat pour le fond, sans mortier, et affermies par elles-mêmes. Cette construction sert à enlever Teau des planches, à les drainer, et quant il y a trop d'eau dans les tranchées, on l'enlève par une pompe. Deux séries de plantes se trouvent alignées par planches près du bord des briques. Ce procédé donne beaucoup de fleurs, beaucoup de fruits, et ceux-ci sont volumineux et parfumés parce que le sol est chauffé par les briques qui absorbent et communiquent une grande quantité de calorique. METHODE DE CULTIVER LA VIGNE SUR LES ROCHERS INCLINES, Par le même. Voulez-vous cultiver la vigne sur un rocher, jetez un coup d"œil sur la fig. 3, pi. 52, et vous comprendrez de suite qu'avec cette culture, il faut que le raisin réussisse. Soit u, l, m, h, la ligne d'inclinaison générale du rocher. On modifie les inclinaisons partielles selon les couches des roches, par les surfaces af, gi, etc., telles que les rayons solaires deviennent perpendiculaires à ces surfaces, au temps où la variélé choisie de la vigne doit mûrir. En d'autres termes, étant donné l'époque où le raisin mûrit, quelle est à cette saison la hauteur du soleil sur l'horizon , à l'heure du midi ? Cette hauteur connue , on trace sur le papier le rayon de l'astre dans son angle avec une horizontale, puis on prend la perpendiculaire à ce rayon, au point où il coupe l'horizontale. Cette perpendiculaire donne l'inclinaison des plans ou des surfaces des rochers af, gi, sur lesquelles le raisin mûrira le mieux. Au pied de ces plans, on fait des fosses ou des tranchées, selon que le roc s'entame plus ou moins facilement, kh, on laisse un bord extérieur sur les escaliers pour maintenir le tout, on rem- plit ces fosses de bonne terre et la vigne échauffée par le roc donne d'amples récoltes de raisin. On ne comprend pas que cette méthode ne se soit pas propagée depuis longtemps. — 300 ~ ABRIS OU TABLIERS POUR PÊCHERS ET ARBRES FRUITIERS CULTIVÉS EN ESPALIER, Par m. Treyve, Korliciilleui' pépiniériste, à Trévaux. Je viens vous soumettre, M. le directeur de la Belgique horticole, deux plans d'un appareil propre à garantir le pied des pêchers en espaliers et d'autres arbres fruitiers, et, selon moi, d'une haute importance dans l'hor- ticulture pratique. Je m'occupe spécialement de la culture et de la taille des arbres fruitiers et j'ai pu depuis longtemps apprécier les immenses avantages de ces abris. Les fig. 4 et 2 de la planche liô, feront facilement comprendre leur construction. Deux pieux en bois dur, tel que mûrier, acacia, cliàtaignier, etc., con- viennent très-bien à la confection de ces abris. On les fixe par le haut et le bas au moyen de deux traverses sur lesquelles on cloue des planchettes ou lattes de mélèze ou de sapin. Ces planchettes doivent avoir 5 centi- mètres de largeur et laisser entre elles un vide de 1 centimètre pour laisser les rayons de soleil pénétrer jusqu'à l'arbre. Ces intervalles et ces largeurs sont calculés de manière que les rayons de soleil et l'ombre des planchettes s'alternent et se déplacent selon la marche de l'astre, au plus grand profit de l'arbre. La dimension de ce tablier est de 40 centimètres de largeur sur 50 de hauteur, je laisse \0 centimètres entre lui et le sol, afin que l'air puisse librement circuler. Je place l'abri à 20 centimètres de l'arbre, de manière à donner une légère inclinaison par le haut. Les traverses peuvent ilu reste être cintrées du haut et du bas, de manière à ce que le tablier soit parallèle au tronc, et ces abris sont encore plus gracieux que les plans. La figure P" est préférable à la S*"*, parce que le soleil perce oblique- ment, c'est-à-dii'e, de A en B, de manière à ce que l'arbre ne reçoit jamais le soleil sur toute la longueur du tronc. Je suppose l'abri de la figure i^" placé contre un mur en plein midi , la lettre A indique le côté qui doit être placé au levant. Ces abris seraient fort utiles aux personnes qui cultivent les arbres fruitiers en espalier, pêchers, abricotiers, poiriei^s, etc. Ils remplacent avantageusement les tuiles et les planches dont on se sert habituellement comme parasols d'arbre. Les tuiles et les planches pleines prennent tout le soleil et donnent tout ombre. La paille de même. Or, quand un tronc est entièrement privé de lumière, il s'affaiblit, devient très-sensible aux intempéries de l'air, et tel arbre trop protégé meurt par excès de soin : il faut une juste distribution de lumière et d'ombre, assez de lumière pour donner de la force, assez d'ombre pour empêcher la lumière de nuire. C'est ce double but que remplissent mes tabliers. fLettre adressée à la direcHon de la Bclcjic/ne horticole.) — 3C1 — PI. 55. ?^.^ BELG. HORT. T. III. 48 - 3G2 — PI. 54. — 565 — ARBORICULTURE. LE QUERCITRON, ARBRE DE FORÊT ET DE PARC, Par m. Ch. Morren. L'un des arbres les plus utiles à propager en Belgique, non-seulement dans les jardins comme ornement, mais aussi et plus spécialement dans les forêts, comme objet de haute importance est le quercitron, appelé encore chêne des teinturiers, chêne de Virginie, chêne discolore, chêne noir d'Amérique. En latin son vrai nom est Quercus tinctoria. Willd. et ses synonymes sont Quercus Virginiana, de Plukenett, Quercus discolor, de Willdenow. Les caractères spécifiques sont d'avoir les feuilles duveleuses au-dessous, obovales-oblongues , dilatées, largement sinuées; lobes courts, obtus, légèrement dentés, terminés en pointe. La cupule du gland est plate au-dessous et le gland globuleux. Michaux, dans sa Flora borealis americana, distingue deux variétés de Quercus tinctoria : i° Quercus tinctoria, var. angulosa (synonymes : Quercus nigra, Pursh. Quercus americana, Plukenett, Quercus velutina, Lamarck.) Les feuilles sont duveleuses, lobées de lobes angulaires, la cupule obtuse, gland glo- buleux, déprimé au sommet. Cette variété est originaire des bords du lac Champlain, en Pensylvanie, et des hautes montagnes de la Caroline et de la Géorgie; 2" Quercus tinctoria, var. sinuosa (synonyme : Quercus nigra, Wang.) Feuilles profondément sinuées , cupule plate et turbinée ; gland ovale. Cette variété provient surtout de la Caroline et de la Géorgie, où elle habite avec la précédente. Selon les observations de Michaux lils, cette espèce de chêne est la plus élevée de l'Amérique, les troncs atteignant de 90 à 100 pieds de hauteur et alors ils présentent 4 et 5 pieds de diamètre. Le tronc est droit, son écorce est noirâtre et de moyenne épaisseur ou d'un brun foncé. C'est de là qu'on a nommé ce chêne le chêne noir. La couleur foncée du tronc fait reconnaître celte espèce des Quercus rubra, coccif'era et ambigua, le falcata seul a la même couleur. C'est l'écorce intérieure du chêne à teinture ou du quercitron, écorce amère, qui teint en jaune. Le bois est rougeâtrc, à grains fins, poreux et analogue à celui des autres chênes rouges. En automne, les feuilles ac- quièrent cette couleur, de sorte qu'il fait un bon effet dans les paysages, les parcs, les bois, etc. — 564 — Le bois est fort, durable, très-recherché. A Philadelphie on s'en sert comme de chêne de construction. Au Canada et dans l'Amérique boréale entière on le recherche comme bois de chêne de première valeur. L'écorce sert aux tanneries, elle est beaucoup plus fine que celle du chêne rouvre, renferme beaucoup de principe tannant, et, en Belgique déjà, où quelques propriétaii'es ont semé des forêts de quercitron, les tanneurs demandent (le préférence celte écorce à une autre. L'écorce interne sert à la teinture, produit un beau jaune, très-utile dans la teinture des draps, du coton, etc. Les acides rendent ce jaune plus gai , les alcalis plus sombres , l'alun le précipite. Une livre de quercitron teint douze livres de soie. A Grune (Luxembourg), M. Petit, conseiller de la Cour d'Appel de Liège, a fait semer un bois en chêne quercitron; il fait l'admiration du pays et cet arbre serait excellent à employer dans le reboisement de l'Ardenne. SUR UN CYPRES PYRAMIDAL A BRANCHES HORIZONTALES, Par le même. Le cyprès pyramidal, Ciipressus fustigiata, a été distingué sous ce nom, comme espèce distincte du cyprès toujours vert, Cujwessus sem- pervirens, de Linné, par Pyr. De Candollc. De même, la variété f du cyprès vert de Linné est devenue pour Miller, De CandoUe et les auteurs, le CupressKS horizontalis. Ces deux espèces sont connues , très-cultivées dans le midi de la France, en pleine terre, et dans quelques jardins de Belgique, où même ils passent l'hiver quand ils sont abrités par un mur contre le nord. Nous avons reçu de Vienne, un Cupressus fastigiata, var. horizon- talis, qui joint à la forme pyramidale de la cime des branches parfaite- ment horizontales, étalées et presque toutes à angles di'oits. Entre ces bi'anches, il y a nombre de pousses sur la tige principale, se dirigeant obliquement vers le haut. Sa forme est très-élégante et cette combinaison d'une cime en pyramide avec des rameaux étalés plaît aux yeux; le vert est sombre et le bois rouge. Ce serait un ornement pour les serres froides, les jardins d'hiver, les conservatoires dans nos climats. Un peu plus au midi, il passerait en pleine terre. Déjà, à Quinkenpois, près de Liège, chez M. le Sénateur Desoer, le cyprès vert se maintient bien en pleine terre. Ce nouveau cyprès paraît même plus rustique que son aîné. Un horticulteur en a mis quelques pieds au bureau de la Belgique horticole a la disposition des amateurs. A ri irliaiils Ac Jôrusalciu . I non . 2 - liuiiic . .1. ^ .varie . — obi) — CULTURE MARAICHERE. LES ZUCCHETIS OU ARTICHAUTS DE JÉRUSALEM, Par m. Ch. Morren. Un ancien ministre, grand promoteur d'expositions d'agriculture el d'horticulture, entrait un jour dans la salle des potirons, et, frappé de la grandeur, de la variété, de la richesse des couleurs de tant de fruits qui ne viennent guère sur nos tahles, il s'écria : uLa nature ne se moque pas de nous, il faut que tant de belles choses aient leur utilité! d Le ministre avait raison, mais il aurait pu ajouter: l'animal le plus ignorant de la nature, c'est l'homme. On cultive en masse des courges, potirons, cale- basses, pastèques, melons de montre; on fonde en Belgique des sociétés de cucurbitophiles ou amateurs de concombres, Anvers en compte trois à elle seule, on imite nos sociétés et leurs expositions dans les autres pays, à Berlin entre autres, et, tous les jours, on adresse aux savants des ques- tions sur l'utilité de tel ou tel cornichon, de quelque pepon qui semble gros de jus et d'avenir, parce qu'on ne sait pas à quoi tant de fruits singu- liers peuvent servir. Parmi ces plantes qui intriguent nos amateurs figurent les Zucchetis ou Artichauts de Jérusalem, qu'on apporte sur quelques marchés de nos villes, Liège entre autres, et beaucoup de personnes n'osent les acheter n'en sachant que faire. Il existe cependant parmi nous des Zucchetis très- variés; on nous a demandé de les figurer et d'en donner l'histoire, et nous satisfaisons à ce désir exprimé par un grand nombre de nos abonnés, en faisant peindre le portrait des Zucchetis noirs (dit noirs, mais réellement \ert foncé), des Zucchetis blancs (les meilleurs pour la table) et les Zuc- chetis variés (convenables de même). Ces zucchetis sont encore appelés Artichauts de Jérusalem, mais nous n'aimons pas ce nom parce qu'il appartient depuis des siècles au topinam- bour, qu'il y a confusion à cause de lui et que les Anglais ne désignent guère autrement les tubercules de cette composée. C'est en Italie, dans l'Orient, que les zucchetis sont les plus répandus, pourquoi ne pas les désigner sous le nom qui leur est propre? On gagne toujours à être clair et juste. On les nomme encore Pâtisson d'Espagne. Ces zucchetis ne sont que des variétés du Cucumis melopepo (Linn.), nommé pâtisson, arbouse d'Astracan en français, squash-gourd des An- glais, melonenpfebe ou schildkurbis des Allemands, pronkappelen des Flamands. L'espèce est originaire de l'Inde-Orienlale et de l'Orient : elle est cultivée depuis des siècles dans les jardins. Plante grimpante, très-variable de forme, inconstante dans ses pro- duits, sans cirrhes ou vrilles ou les ayant très-petits ou bien les changeant en pétioles tortueux de petites feuilles, deux ou trois fois retournées sur — 566 — elles-mêmes. Les pepons sont petits proportionnellement à ceux du type de l'espèce, subconiques, à dix côtes partagées deux à deux en cinq angles obtus, tuberculeux et plus ou moins irréguliers. La culture des zucchetis est très-simple : elle est celle des cornichons. On sème en mars ou au plus tard en avril. Dans nos climats, où ces mois sont d'une température si chanceuse, on le fait en pot qu'on place dans la cuisine ou mieux sous couche. Les beaux jours arrivés on repique dans un terreau consommé ou dans une terre fortement fumée mais à fumier con- sommé. Le pâtisson ne court pas et c'est un grand avantage pour la cul- ture. En août les fruits sont formés. Quand il y en a trop, on les coupe vert, mais alors ils peuvent servir à la confiture au vinaigre, comme les cornichons. Le fruit obtenu, qu'en fait-on? Beaucoup de choses et de bonnes, si l'on veut : 1" Faites bouillir ces fruits, en nombre selon celui des convives, un servant en général pour quatre, dans de l'eau et du sel pendant un quart d'heure. Puis , ouvrez-le par la calotte de dessus , videz l'intérieur. Pre- nez de la mie de pain trempée dans du lait, exprimez-la; joignez deux jaunes d'œufs durs, deux onces de parmesan râpé, cinq amandes douces dépouillées de leur peau, deux clous de girofle, deux jaunes d'œufs battus, sel et zeste de citron, hachez et mêlez. Introduisez la farce dans les zuc- chetis, faites-les revenir dans le beurre, ajoutez un jus ou coulis ou une sauce blonde et servez chaud. Vous trouverez les zucchetis excellents. 2° Faites bouillir à l'eau et au sel et videz l'intérieur comme ci-dessus. Pelez des truffes en quantité selon le goût, bâchez les moins belles, bâchez de niême du lard, mêlez le tout avec sel, poivre, épices, une feuille de laurier, laissez sur un feu doux pendant un quart d'heure, retirez les truffes, sautez-les et laissez-les presque refroidir, mettez le tout dans le pâtisson, laissez-le se parfumer un jour ou deux selon le temps, puis enveloppez le tout de papier fort et beurré, cuisez, faites prendre de la cou- leur, servez avec une sauce selon le désir. Le zuccheti est très-appétissant. 5° Nous avons mangé les zucchetis farcis en dedans de pâte de plum- pudding anglais et servis à la sauce du susdit au rhum. Arrangés ainsi, ils étaient très-friands. Ce ne sont donc pas les préparations culinaires qui manquent à ces courges. Nous sommes persuadés, au reste, qu'en appliquant au pâtisson le mode de confectionner la citrouille ou potiron à la parmesane, et cet autre entremets qu'on appelle le potiron du four, on en obtiendrait un résultat aussi convenable qu'avec les grandes espèces, la chair étant en général ferme, succulente et presque farineuse. Pour beaucoup d'amateurs de jardin, les zucchetis sont de purs orne- ments. On les place une partie de l'hiver sur l,es cheminées ; on vient de voir qu'ils peuvent passer plus bas et entrer au four quand une main habile les y conduit. La graine a la propriété de se conserver 7, Sans et plus. — 367 PANTHÉON DE L'HORTICULTURE. BIOGRAPHIE DE JOSEPH VAN HOORDE, JARDINIER EN CHEF DU JARDIN BOTANIQUE DE MALINES , Par m. De Cannart d'Hamale, Chev. (le l'Ordve de Léopold, Prés, de la Soc Royale d'Horlicul. de Malines. La Société Royale dllorticulture de Malines vient de faire une perte bien sensible dans la personne de son jardinier en chef, décédé le 12 fé- vrier 4855, à la fleur de l'âge, après une longue et bien cruelle maladie. Relever les talents et les connaissances de celui qui fut l'àme du jardin de Pitzembourg, c'est s'acquitter d'une dette de reconnaissance pour les services qu'il y a rendus, et à ce titre, la mémoire de Van Hoorde sera précieusement conservée. Joseph Van Hoorde, décoré du signe distinctif accordé aux travailleurs agricoles, était né à Gentbrugge, Flandre-Orientale, en 4818. Elevé dans la propriété de M. Van Tieghem, où son père servait en qualité de jar- dinier, il y reçut ces premières impressions qui décidèrent de sa vie entière : les fleurs y furent son alphabet et Flore son institutrice. Envoyé en apprentissage chez le sieur Pierre Verleeuwen, horticulteur à Gand, il s'y distingua bientôt, quoique bien jeune encore, par son apti- tude et son amour pour la culture des plantes. Doué d'une imagination vive et ardente, et désireux de se perfectionner dans un art pour lequel il se sentait une vocation toute particulière, il n'hésita pas à se rendre à Paris, où la vue de tant de merveilles ouvrit son cœur et son intelligence à ce sentiment du beau qui distingue l'artiste dans toutes les professions. Le désir d'acquérir des connaissances plus étendues dans l'art du jar- dinage, joint au goût des voyages, lui fit faire plusieurs excursions dans diverses villes de France. Les châteaux des environs de Paris furent éga- lement pour lui un objet d'étude : leurs vastes jardins, d'une majesté imposante, avec leurs chênes séculaires et les différents caractères de scènes et d'ornementations qu'ils renferment, lui donnèrent ces idées de grandeur et d'harmonie qu'il sut mettre en pratique au Jardin Botanique de Malines. Pour Joseph Van Hoorde, l'horticulture était un culte : il cultivait par amour plutôt que par état, c'était chez lui une passion dominante. Il aimait sincèrement les plantes et il avait pour ces charmantes créations un tel — ÔG8 — respect, une telle affection que quelques heures avant sa mort, il se fit encore apporter un camellia en fleur qu'il contempla avec une eflfusion de bonheur mêlé d'une douce tristesse. Puis, après avoir jeté un dernier regard sur cette brillante rose du Japon, il se retourna vers son frère, lui remit l'objet de sa tendre affection en lui disant, les larmes aux yeux : ^. C^kT» r— *< *^^ " — 585 — ARBORICULTURE. LE CHARME A FRUIT DE HOUBLON, Par m. Ch. Morren. En 4792, le dendrologue baron De Poederlé signalait à rattenlion des cultivateurs belges, le charme à fruit de houblon, u en latin Ostria n nous ajouterons vulgaris , « en anglais Hop hornbeani, appelé Bois dur au Canada. » H quitte ses feuilles avant Thiver et croît plus vite que celui de ce pays (le charme vulgaire); les écailles des chatons sont enflées; il est fort répandu dans plusieurs parties du nord de l'Amérique, et il est très-commun en Allemagne et se trouve aussi en Italie , selon Linné. Le fait est que VOstrya vulgaris tirant son nom d'Ostrya, iVOslryos écaille [oester, huître) à cause de la forme de son fruit semblable à celui du houblon, est originaire du midi de l'Europe et notamment de l'Italie où il s'élève à 50 et 40 pieds de hauteur. Cependant, il n'a été introduit en Angleterre que peu avant 4724, et on voit qu'en 1792, on en parlait en Belgique comme d'une espèce à introduire. Il n'y est pas même très- répandu actuellement. L'écorce, les branches, les feuilles ressemblent à celles du charme ordinaire, mais les fleurs femelles sont tout autres : c'est un long strobile écailleux très-élégant. L'ostrya prend une forme gracieuse, dont la planche 58 est destinée à donner une idée. Il devient une boule dont les bi'anches nouvelles irradient à distance. C'est donc là une des formes à soigner dans la plantation d'un jardin paysager, et dans une pelouse cet arbre italien fait un très-bel effet. A Kew, dans le parc fameux de ce palais de la Reine d'Angleterre, on en voit un pied qui fait l'admiration générale. On greffe d'ordinaire VOstrya vulgaris sur le Carpinus betulus, le iviel-hoom des Flamands, le carme des Wallons, mais la croissance de la souche est moindre que celle de la greffe , à moins que la greffe ne soit fait immédiatement au-dessus du collet et de là résulte que dans les jar- dins les charmes à fruit de houblon ont des troncs plus gros que le sup- port. Delà aussi, il est bon dans la jeunesse de l'arbre de fixer la greffe et le sujet par un tuteur , car sans cette précaution le vent brise souvent l'un ou l'autre. La meilleure reproduction de cet arbre singulier se fait au moyen de graines , ce qui n'empêche pas qu'il ne reprenne de marcotte. Les graines mûrissent même en Angleterre. En Ecosse, à Bargally, on en voyait un pied, en 1780, de 60 pieds de hauteur; à Paris, un pied de 57 pieds de hauteur comptait ôd années d'âge, à Metz un autre mesurait 40 pierls de hauteur à 60 ans, mais à — 384 — Briick sur la Leytha , un individu de GO ans présentait 50 pieds de hau- teur. Ces détails prouvent qu'il atteint tout aussi bien sa taille dans le Nord que dans le Midi. Il croît dans le même terrain que le charme ordinaire et son bois est plus dur que celui de ce dernier. Il lui faut du fond. C'est un bon bois de charronnage et de menuiserie, mais la charpenterie en consomme peu, vu la petite étendue des pièces. DE LA SAISON POUR DEPLANTER LES ARBRES ET ARBUSTES A FEUILLES PERSISTANTES, Par m. Joseph Harrison. Quelle est la meilleure saison pour déplanter les arbres et les arbustes à feuilles persistantes, autrement dits, les arbres toujours verts? La plu- part des autorités horticoles répondent que le mois d'août est le vrai temps. Je diffère d'opinion avec ces autorités et cela parce que l'expé- rience personnelle m'a convaincu qu'il y a une saison meilleure encore que celle du mois d'août. En général, j'ai trouvé qu'on peut déplanter les arbres verts depuis le premier septembre jusqu'à la fin de février, mais dans cet intervalle de temps, le plus favorable est à partir du milieu de septembre jusqu'au milieu de novembre. Alors, avec les précautions nécessaires, on réussit presque toujours. En Angleterre, c'est un fait cu- rieux que pour beaucoup de personnes, le temps de la plantation des arbres verts doit coïncider avec la saison où l'on commence sa vie de campagne, savoir en juillet ou en août, et en fait, on voit des planta- lions réussir même alors, d'où est venu le préjugé que le mois d'août est le plus favorable. Il est à remarquer que si un arbre vert conserve ses feuilles après la plantation , il risque fort de mourir, mais s'il les perd en partie et si son écorce devient d'un vert gris et d'un ton mat, il reprendra. Si le temps est sec, il est très-bon d'arroser le soir les branches et modérément le sol. L'aspersion sur les feuilles m'a toujours paru une opération des plus heureuses et une de ces conditions qui assurent le succès. En septembre il y a parfois des soirées sèches, et c'est alors que les feuilles ont besoin de cette précaution qui paraît avoir sur leur évaporation une très-grande iniluence. (Traduit du Floricultiiral cabinet, I800.) ReiivoUc aiiolo - i)orluéiiis>e — 38» — JARDIN FRUITIER. LA POMME REINETTE ANGLO-PORTUGAISE, GAIN DE M. GATHOYE, Par m. Ch. Morren. Il y a des années, 31. Gathoye, pépiniériste à Liège, a fécondé par le pommier grosse reinette d'Angleterre qui a servi de père, le pommier reinette de Portugal, et il en a obtenu une variété encore inédite dont nous avons figuré le fruit d'après nature (voy. pi. 59). L'arbre est grand, bien fait, fertile. Le bourgeon est gros , fort, ferme, d'un rouge brunâtre, mais le duvet est moindre que dans la reinette d'Angleterre. Les feuilles sont grandes, de 14 à 15 centimètres de longueur, larges, ondulées, à grosses dents, à nervation prononcée, d'un vert foncé au- dessus, le pétiole long, les stipules grandes. Le bois des branches gris, parfois un peu rouge, tiqueté. Le fruit a pour caractère distinclif constant d'être oblique ou d'une forme insolite entre la poire et la pomme. La hauteur moyenne du fruit est de 9 à 40 centimètres de diamètre, an plus gros côté de 8 centimètres et demi. Le dessus est oblique, largement ondulé, l'œil enfoncé dans un large entonnoir bordé de gros plis, le dessus du fruit teinté de brun et de jaune. L'œil grand, creux, régulier. Le pédoncule très-court, enfoncé aussi dans un entonnoir peu profond et généralement didyme, les ondulations du pourtour très-larges. L'épicarpe est vert, passant vers le haut au jaune et au brun ; il est par- semé d'un tiqueté de très-petits points ronds, bruns ou noirs, ayant au centre un autre point blanc et rond aussi. Ces points sont assez espacés et sur quelques fruits il y a des taches brunes irrégulières, mais peu grandes. La chair est blanche, un peu verdâtre, assez ferme, quelquefois elle se lave de vert plus visible : elle est très-bonne au goût, ayant l'acide des reinettes et très-rafraîchissante. Les loges sont grandes, les pépins longs et grands. Celte pomme mûrit en novembre, plutôt vers la fin de ce mois. C'est un bon fruit de table et les jeunes pieds reproduits ont donné l'indice d'une fertilité qui promet de croître encore par l'âge. Les amateurs qui voudront se procurer cette nouveauté dont l'origine a été bien constatée, pourront s'adresser au bureau de la Belgique hor- ticole. De beaux pieds sont cotés 5 fr. à la pépinière de M. Gathoye. BELG. UORT. T. III. 51 — 380 — INSTRUMENTS D'HORTICULTURE. LES INSTRUMENTS A ARROSER ET A SERINGUER DE M. READ, Par m. Cii. Mouren. L'indiislrie anglaise a singulièrement perfectionne les inslruments des- tinés à Tarrosement et au seringage des plantes. La plupart sont en fer galvanisé et pourvus de modérateurs ou régulateurs, qui permettent de déterminer les volumes d'eau dont on veut faire usage. 31. Read (55, Ré- gent eircus , London) s'est placé au premier rang des industriels pour le perfectionnement de ces instruments. La gravure ci-jointe donne une idée bien faible de la variété des in- slruments de sa fabrique. On se plaît à les regarder comme les plus com- modes connus. Reaucoup de Relges se rendent à Londres, ils pourront en amener d'excellents instruments. On y voit l'arrosoir à i)on)pc qui permet, après avoir arrosé la plante, de Tasperger par-dessous, ce qui est nécessaire pour les rosiers et celte foule de plantes qu'envahissent les pucerons. (Voyez la gravure.) Plus loin on remarque une dame, l'aspergeoir rélroflexe à la main. Cet instrument permet dans un buisson de rose de laver le dessous des plantes et de les débarrasser des pucerons sans se piquer aux aiguillons, puisqu'on peut procéder à cette opération à distance. Ailleurs on voit deux jardiniers, l'un seringuant les arbustes libres au moyen d'une excellente seringue horticole, et l'autre transportant par un arrosoir-brouette en fer galvanisé une grande masse d'eau, tandis que de la main gauche il dirige le jet sur toutes les parties des arbres et arbustes, de la droile, il fait entrer le liquide dans le tube de gulta-percha au moyen d'un aspirateur en levier. Ce dernier instrument est actuellement en grand usage en Angleterre et il mérite de se propager sur le conlinent. Son prix ordinaire est à Londres de 5 livres (75 à 77 fr.). 587 PI. 61. Mm — 388 — INSECTES NUISIBLES. MOYEN ÉCONOMIQUE DE DÉTRUIRE LES CHENILLES. Les archives pour ragriciilture allemande [archifder Deutschen Landu::) donnent comme nn moyen assuré de prendre les clienilles en masse , le procédé suivant que nous n'avons pas essayé, mais que nous trouvons reproduit dans le journal de M. Enklaar, Vriend der Landman. On suspend le soir aux arbres des chiffons de laine et le matin on les dépend doucement. Les chenilles sont venues se mettre la nuit sur ces chiffons moins froids que les feuilles, on secoue les chiffons, on tue les chenilles et on pend de nouveau les loques aux branches. On prend ainsi des milliers de chenilles. — Nous nous demandons si toutes les espèces de chenilles se prennent indifféremment à ce manège. CULTURE MARAICHERE. POURQUOI LA LAVANDE PROSPERE-T-ELLE DANS QUELQUES JARDINS ET MEURT-ELLE DANS D'AUTRES. ■s La lavande, Lavendida spica, Linn., est cultivée dans nos provinces, tant pour sa délicieuse odeur , que pour être utilisée comme herbe fine, à servir avec les poissons, dans les ragoûts , potages et salades, ou d'aro- mate dans les confitures au vinaigre. On voit, cependant, périr cette plante dans quelques jardins où elle gèle très-facilement, tandis qu'ail- leurs et dans des provinces plus froides, elle se conserve admirablement. D'où vient cette différence? — Du sol. La lavande est un sous-arbrisseau du midi de l'Europe, introduit seulement pendant le seizième siècle dans notre pays. Il croît naturellement sur un sol graveleux, sec, compacte, sur les collines pauvres et exposées au soleil. C'est ce sol qu'il faut imiter. Des pierres et des cailloux entremêlés d'un argile compacte, lui plaisent plus que le terrain le plus riche et le plus gras. Dans ce dernier, l'odeur de toute la plante diminue et elle-même gèle ; dans le sol pierreux et sec, l'odeur est délicieuse et la plante moins humide, résiste aux gelées, pros- père et fleurit abondamment. FIN Dt' TROISIÈME VOLUME. TABLE DES MATIÈRES DU TROISIÈME VOLUME DE LA BELGIQUE HORTICOLE. 1. — HortîcnUupe. \. Notice sur un nouveau genre iriridécs appelé Remaclea, et spécialement sur le /?e?Kac/ca /"ioiein's de Caracas, par M. Ch. MoRREN 1 2. Notice sur i'Escallonia à grandes fleurs [Escallonia macranlha), saxifrage de Cliiloë , par le même 3 3. Culture anglaise des fuchsias , par un amateur du comté de Kent 4 4. Sur la culture des Calcéolaires, par un liorliculleur de Bordeaux 6 5. Notice sur le sainfoin de Sibérie [Hedysarum sibiricutn), charmante plante de pleine terre et vivace, par M. Ch. Morren 53 6. Notice sur le Gaslrolobium Httr/clii de Hcnfrey et sa culture, par le même .... 34 7. Culture des cinéraires, par M. C. Cavron, de Cherbourg 33 8. Deux roses hybrides remontantes, la margucrile Lecureux-Fraiponl et la noisette Eudoxie, gains de .M. CuERPiN, de Lyon, décrits par M. Ch. MoRREM 69 9. Note sur le Tympanunllie tuberosa, sa culture et sa synonymie, par le même ... 70 10. Notice sur le Pancrutier marilimc, élégante Amaryllidce de pleine terre, d'orangerie et d'appartement, par le même 71 11. Moyen de reconnaître les œillets doubles dans un semis 72 12. Caractères pour reconnaître les œillets panachés avant la fleuraison, par M. Mail. . 73 13. Notice sur trois nouvelles espèces de Céanoihus venant de la Californie, jolis arbustes de pleine terre ou d'appartement et propres à forcer, par M. Ch. Morren. . . 101 14. Les Mufliers, par le même 103 15. Quelques mots sur les Achiménés et les Alstreméres, par M™' De Villemerecil . . 107 16. Notice sur le lis gigantesque, Lilium rjiçjanleum, magnifique espèce vivace de pleine terre, originaire de l'Himalaya, par M. Ch. Mobreiv 133 17. De la culture du bananier chez les Arabes et les Espagnols, par M. Clément Millet. 133 18. Culture des épacris, par M. Pelletier 158 19. Les pantoufles du père Feuillée et les brodequins du docteur Folhergill , par M. Ch. MoRRE^ 159 20. Notice sur le Solanum gluucum, belle espèce vivace de pleine terre, par le même. . 165 21. Notice sur le ToMire/ia io/j/jacc», par M. J. Decaisne 166 22. Les fougères, plantes admirables d'appartement, par , M. Ch. MoRRES 167 23. Le lierre d'Alger , par le même 173 24. Notice sur une nouvelle et magnifique espèce d'/l»ii et à fruits agréables, par Ch. MoRREN 269 33. Notice sur cinq nouvelles espèces de Nénuphars ou Nyinphœas, par le même . . . 272 34. Culture du P/(/oa; Z)rH»«mo»K/î et de ses innombrables variétés, par M. G. Wyness. 27i 3îj. Id. Id. comme plante de rocher, par M. Cil. MoRREK. . . 276 36. L'floya variegala représenté d'après une plante fleurie en 1852, dans la collection de Son Altesse Royale le Prince Frédéric des Pays-Bas , par M. W.-H. De Vriese. 301 37. La colombine ou le gant de la vierge du Kanaor (aquilegia kanaoriensis), par M. Ch. .MoRREN 302 38. Au\ amateurs d'œillels flamands, par M. Bauduin 303 39. OEilIcls flamands choisis dans les riches collections visitées en 1832, par le même. 305 40. Quelques mots sur la culture de l'œillet flamand, sa multiplication et sa conserva- tion, par le même 306 4-1. De la greffe du Glycine sincnsis sur le Glycine frutescens , par M. Pépin 309 42. Le Barnadesia rosea de Lindley, par M. Ch. MoRRER • 337 43. Sur une charmante abélie, accusée par les botanistes de ne porter qu'une fleur, alors qu'elle en porte des centaines, par le même 538 44. Le Lardizabala à feuilles biternées, arbuste toujours vert, grimpant et à fleurs couleur de oliocolal , par le même 539 45. Culture anglaise des rosiers, par MM. WooD, WooD fils et Harrison 340 46 L'Iris notha du Caucase, belle plante vivace de pleine terre, par M. Ch. Morren. . 369 47. Le dicenira à fleur d'or, dicentra chrysaniha de la Californie , par le même. . . . 370 48. L'héliotroi)e pleureur de M. Haquin, par le même 371 49. De l'hybridation dans les orchidées et de leur germination, par le même 372 50. Demande et réponse au sujet des pàqucrellcs doubles .573 2. — Revue de plante.»* iioiiTelleis et remarquables. 1. Abelia uniflora. Br. ... 2. Acacia cycnorum. Benlh . . 3. Acacia squamata. Morr. . . 4. Adenandra fragrans. Willd. . 5. Bégonia rubrovenia. Hook. . 6. Bégonia Thwailesii. Hook. . 7. Bégonia xanthina. Hook. , . 8. Berberis wallichiana. De C. . 9. Brachysema lanceolalum. Meisn iO. Brya ebcnus. De C 11. Calanlhe gracilis, Lindl. . . 12. Calanlhe viridi-fusca. llook. 13. Calceolaria aquatica. A. Braun 14. Ceanothus verrucosus. Nutt. I.j. Cereus Mac Donaldise. Hook. 16. Cinchona calisaya. Weddell . 17. Cœlia manostachya. Lindl. . 18. Cœlogyne niaculata. Lindl. . 19. Cœlogyne ochracea. Lindl. . 20. Coleus Macraei, Benth. . . 21. Crossandra flava. Hook. . . 22. Curcuma roscoeana. Wall. . 23. Dendrobiumeretaceum. Lindl. 24. Dendrobium Farmeri. Paxt . 25. Dendrobium heterocarpum. \V 26. Dendrobium terelifolium. Br. 27. Dendrobium Iransparens. Wall 28. Dianthus ryathiphorus. Morls. ail 242 8 41 108 207 Ib. 142 41 8 109 375 74 242 42 541 276 574 245 42 245 341 74 174 45 542 Ib. 109 277 29 Dielytra chrysaniha. Hook et A. . 207 50 Dipladenia flava. Hook 515 51 Echinopsis cristata. Salm-Dyck. . 174 52 Eriogonum composilum. Dougl. . 513 53. Fuchsia Noiarisii , Lehm. . . . 244 54. Caleandra Baueri, Lindl. . . . 314 35. Gaultheria ferruginea. Cham. . . 278 36. Guichenotia macranlha. Turez . . 8 37. Gymnoslachyum ceylanicum. Arn. 58. et Nées 314 Helianlhus cirrhoïdes. Lehm. . . 244 59. Heliconia pulverulenla. Lindl. . . 174 40. Hoya fraterna. Bl 175 41. Impati^s Hookeriana. Arn. . . 314 42. Impatiens macrophylla. Gard. . . 110 43. Lœliopsis domingensis. Lindl. et P. 208 44. Lilium canadense. L. var. occident. 209 45. Malva involucrala. ïorr. et Gr. . 143 46. Meconopsis Wallichii. Wall . . . 74 47. Medinilla sieboldliana. l'Iancli . . 9 48. Monocera grandiflora. llook. . . 145 49. Narcissus pœlico-pseudonarcissus . Gren 374 50. Neptunia plena. Benlh 278 51. Pitcairnia macrocalyx. Hook. . . 343 52. Piteairnia echinala. Hook. . . . Ib. 55. Polenlilla Nutlalii. Lchin . . . . 279 54. Puya chilcnsis. Mol 374 591 — 55. Puya sulphurea. Hook 56. Rhododendron lepidolum. Wall. 37. Bubusbiflorus. Buch 58. Sobralia chlorantha. Hook. . . 59. Spalhodeacampanul. Pal. deBeauv 60. Slylidium pilosuni. Labill. . . 61. Syphocampylus orbignianus. Dec 315 43 lU 209 U 375 62. Tacsonia sanguinea. De C. 65. Thysanolhus tenuis. Lindl. . 64. Trichopilia suavis. Lindl. . 65. Vaccinium erythrinura. Hook. 66. Verbesina aurea. De C. . . 67. Viola Willkomuiii. Roeni . . U6 Ib. 10 176 75 10 3. — Littérature botanique et horticole. i. Recherches sur l'histoire de la rose, par M. Loiselecr-Deslongchamps 45 2. Reflexions horticoles 52 3. Aspect de la végétation de l'Algérie, par M. Reuter (suite et fin) 147 4. Proverbe lunatique sur le semis des fleurs. 119 5. Ce que les Anglais doivent aux Belges, par M. Lemayeur 152 6. Quelques réflexions sur l'étude de la botanique, discours prononcé à Cherbourg, par M. Aug, Le Jolis 177 7. Les plantes de la terre verdissent la lumière de la lune, par M. .4. De Hlmboldi . . 183 8. Scènes du monde animé. — Les jardins de la nature, le printemps et les fleurs, par M. H. Le.coq , professeur à Clermont-Ferrand 210 9. De l'abricot, de son étymologie et de sa conserve, par .M. Ch. MoRREiv 223 10. De l'horticulture considérée comme science sociale, morale, artistique, littéraire; de son utilité dans les besoins et la moralisation de la société, conférence tenue au Cercle artistique, littéraire et scientifique d'Anvers, par le même. [Première partie, j).2iii ; dcuxiètnc partie, p. 280 , troisième partie) 316 11. Une quête au nom des fleurs, par le même 325 12. Le poivre et son étymologie, par le même 288 13. Le calendrier de Faune, en Belgique, par M. m; Selys-Lo>gciumps 544 14. Lettre sur l'histoire naturelle de Guatemala, par JI. Julien Deby 352 4. — Physiologie des plantes. 1. Sur la nouvelle théorie des couleurs chez les végétaux de M. Martens, par M Ch. Morren 376 5. — Physique horticole. 1. Sur les moyens de faire produire aux plantes leurs feuilles, leurs fleurs et leurs fruits à des époques déterminées d'avance, par M. Quetelet H $. — Histoire des plantes curieuses. 1. La saxifrage à fouets ou plante araignée-des-neiges, par M. Ch. Morren. 19 7. — Anatoniie et organogénie des organes. 1. Etudes anatomiques cl organogéniques sur la Victoria regia et structure comparée du Nelumbitim, du Nuphar el de la Victoria, par M. k. Trêcvl 326 S. — Floriculture de salon. 1. Le lis de Saint-Jacques, considère comme plante de lampe, par M. Jacques Ferret , de Pont-de-Ville 22 — 592 — 2. Des feuilles odoranles de VOrchis milUuris, par M. Ch. Morren 22 3. Des cultures en pots garnis d'ombrelles renversées, par le même 53 4. Le Nautile de la mer des Indes considéré comme véhicule de plantes de salon, par le même 121 5. L'.4rf(a»i- 12. Nouvelle forme donnée au pommier de Paradis, par M. DuBREUiL 137 13 Du cbito et de sa culture, par M. Bossin, horticulteur à Paris 138 14-. Poire-melon de Tournai 190 13. Le beurré Fenzl, poirier de verger, par M. Ch. Morren Il)- 16. Des labours pour arbres fruitiers, par M. Du Breuil ... « 191 17. Le framboisier nain et perpéluel de Fonlenay-aux-Roses, gain de M. Gonlier et acquisilion de M. Pelé, horticulteur à Paris, par M. Ch. Morben. ...... 230 18. Le bon chrétien Napoléon, par le même 237 19. La poire Nouveau Poileau, par le même Ib. 20. Notes supplémentaires à l'Iiistoirc de l'arbre à fraises ou Benlhamia fragifera, par le même 238 21. Colmar d'Alost (Hellinck), par M. De JoKGiiE 291 22. Le Passe Colmar Simonette de Peruwelz, nouvelle poire couronnée par la Société royale d'horticulture de Tournai, décrite par M. Ch. MouREN 292 25. Le Noyer à cavernes, par le même 333 24. Sur les formes à donner aux pommiers de paradis, cultivés comme bordures ou haies, par M. Baboid, de Tlioissey 337 — 594 - 23. Cullure des fraisiers selon la méthode de Challiam, par M. CIi. .AIorren .... 359 26. Méthode de cultiver la vigne sur les rochers inclinés, par le incnic Ib. 11. La pomme reinette anglo-portugaise gain de M. Galhoye , par le même 385 IS. — Cultiire uiaraiclière. 1. Manière de planter les artichauts pour avoir une récolte abondanle à l'automne, par M. Raveaud 32 2. Notice sur l'ail, par un Français du nord 68 5. Du myrrhis anisé, de sa culture et de ses usages, par AI. Ch. Morrem .... 98 4. L'abécédaire des jardiniers , le cresson de Para et le cresson du Brésil des horticul- teurs, la salivaire des médecins , par le même 130 5. Procédé russe de forcer les asperges, par M. Wttewaal 163 6. Les pavots comme plantes alimentaires, par M. D'Hombres-Firmas 200 7. De l'utilité des rhubarbes et deleurs diverses préparations culinaires, par Ch. Morren. 298 8. Les Mayuas réhabilités comme cornichons , par le même 336 9. Les Zucchetis ou artichauts de Jérusalem, par le même 365 10. Pourquoi la lavande prospère-t-elle dans quelques jardins et meurt-elle dans d'autres? 388 19. — Bi'oinatolosrie. 1. De la plante aux cure-dents, par M. Ch. Morren , 67 2. Les pêches à l'eau-de-vie, par un amateur 132 30. — Maladies des plantes, Patliolog;ie végétale. 1. Sur l'érinaitie purpurine du hêtre, maladie appelée vulgairement la rougeole du ftê(re,parM. Ch. Morren 37 2. Rapport sur une nouvelle application du soufre contre l'oïdium de la vigne , imagi- née par M. Behgmann fils 60 3. L'oïdium épargne toutes les autres vignes que la vigne à vin, par M. Pépin. . . . 129 4. Le blanc du rosier guéri par le soufre, par M. Ch. Morren Ib. 0. Ciment cicatrisaleur des plaies d'arbre, par M. V. Andry 97 6. De l'Albigo de l'épine, maladie propre à cet arbuste, par M. Ch. .Morren .... Ib. 7. Expériences sur la maladie de la vigne, par M. Antoine Willems, horticulteur à Herenlhals 251 21. — Plantes nuisibles. 1. Destruction des chardons, par M. Antoine WiLLE.MS, horticulteur à Herenthals . . 100 '32. — Animaux nuisibles. 1. Destruction du kermès et du tigre, par M. Martin 128 5. Attaque de la vigne par la grande guêpe Ib. 3. .Mémoire sur les gallinsectes de l'olivier, du citronnier, de l'oranger, du laurier-rose, et sur les maladies qu'ils y occasionnent dans la province de Nice et dans le déparle- ment du Var, par M. J.-B. Robineau-Desvoidy 198 i. Émigration jusqu'à Berlin, en 1832, du Sphinx du nérium , par M. Ch. Morrea. . 329 5. .Moyen économi(|ue de détruire les chenilles. 388 — 595 — S3. — Panthéon de rhorticultnre. 1. Biographie de Louis-Jean-François Legrelle d'Anvers 232 2. Biographie de Joseph Yan Hoorde, jardinier en chef du jardin botanique de Malines, par M. De Cansaiit d'Hamale 367 ^4. — Histoire de la iscience. i . Prologue consacré à la mémoire de Charles De l'Escluse, un des pères de la botanique et de l'horticulture de Belgique, par M. Ch. MoRREN III 25. Planches» coloriées de fleurs. i. Abelia uniflora. Brown. . . 2. Anguloa Ilohenlohii. Morr. . 3. Aquigelia Kanaoriensis. Jacq. 4. Barnadesia rosea. Lindl. . . 5. Ceanotus dentatus. Nutl. 6. Ceanotus papillosus. Nutt. 7. Ceanotus rigidus. Nuit. . . 8. Chirita communis. Morr. . . 9. Dendrobium Devonianiim. Paxt 10. Diceiitra chrysantha. Hook. H. Escallonia macrantha. Hook. 12. Gasirolobium Hugelii. Henfr. 15. Hedysarum sibiricum. Poir. 538 201 302 537 101 Ih. Ib. 238 204 370 3 34. 35 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. Iloya variegala. De Yr. . Jonopsidium acaule. Beich Iris Nolha Bieb. var. superb Lagageria alba Ruiz. . . Lapageria rosea Ruiz. . Ladizabala biternata. Ruiz. Lilium giganicum. Wall. Remaclea funebris. Morr. Rose hybride Warg. Lecureu: Rose noisette Eudoxia. Stifflia chrysantha. D. C. Solanum glaucum. Dun. . Tourretia lappacea. Domb. 301 153 369 269 Ib. 339 133 1 69 Ib. 237 165 166 26. Planches coloriées de fruits. ABRICOTS. 1. Abricol-ppclie de Nancy. 29 I 2. Abricot royal Moulin. 29 ANANAS. 5. Ananas d'Anson ou d'Otahiti. 125 CERISIERS. 4. Cerise d'Elton 65 5. Cerise noire précoce de Knight. . Ib. 6. Cerise noire de Tarlarie. 66 FRAMBOISIER. 7. Framboisier nain et perpétuel de Pelé. 230 NOISETIER. 8. Noisetier de Cosford 156 | 9. Noisetier frisé de Filber(. 1.% — 59G — NOYER. 10. iNoyer h noix à cavernes 333 POIRIERS 11. Poire beurré Fenzl 190 12. Poire bon chrclien ( par erreur Na- poléon) 237 13. Poire colniar dWIosl. Ilellynck. . 291 U. Poire melon lie Tournai 190 15. Poire nouveau Poileau 257 IG. Poire passe Colmar Simonetle de Péruwelz 292 17. Poire !e«e au /cj7o de Pierponi. . . 9^» POMMIER. 18. Pomme Reinellc angio-porlugaise 383 ZUCCHETI. 19. Zuccheti blanc 56j 20, Zuccheli noir Ib. 21. Zuccheli varié 365 37. — Planche!» et figures xylograpliiée». MEURLES HORTICOLES. 1. Ombrelle renversée garnie de Heurs. 34 2. Nautile des Indes 120 3. Globe suspendu garni de plantes grasses 134 4. Seringue perfectionnée de M. Grou- lon 160 3. Seringue à réservoir, du même. . \(\0 6. Nécessaire du greffeur, des frères Ditlmar 29 7. Diacarpomèlre, deDelafarge. . . 197 8. Clochetons de Dahlia 263 9. Seringues de Read 587 CONSTRUCTIONS HORTICOLES. 10. Cliàssis de serre en zinc 24 H. Rocher artificiel de Hoole-House. . 36 12. Rocher d'Ispahan 350 13. Grotte brésilienne. . . . 14. Vue de l'Alcazar de Lyon. 332 534 PLANS. 15. Plan d'un jardin anglais renfermant un jardin français 229 HYDROPLASIE. 16. Serpent, palmiers, corbeille aux perles d'eau 76 17. Jardinière fontaine de Plasse. . . 125 18. Vase à jet d'eau de Plasse. , . . Ih. 19. Chinois entre quatre chandelles. . 297 20. Derviche tournant Ib. 21. Tulipe d'eau Ib, — 597 ARCHITECTURE HORTICOLE. ±2. Corniche au lioublon. 2ô. Coriiiclie au lierre. . 2i. Chapiteau au glecoma. 2."i. Chapiteau à l'adoxa. 2G. Chapiteau au pelargonium. 27. Chapiteau au houbloH. . 28. Rosace au tulipier. . 29. Rosace au figuier. 30. Rosace au pelargonium. 3t. Rosace à la ficaire. . . 184. 32 /i. 33 . Ih. 34 Ib. 35 Ib. 3G . Ib. 37 . 224 38 . Ib. 39 Ib. 40 . . Ib. Panneau à la eolonibinc. Panneau au clièiie pédoncule Panneau à l'érable. . Panneau au fraisier . Yoùle au calyslegia sepium. Voûte à la bryone. . Console ù l'adoxa. . . Console au lierre. Crosse à l'hépalique. . . 224 Ib. Ib. Ib. 234 Ib. Ib. Ib. Ib. PROCÉDÉS HORTICOLES. 4i. Greffes recourbées. 42. Greffe ik œil poussant 43. Greffe à forcer. . 44. Greffe herbacée. . 43. Greffe de rosier. . 4(). Autre greffe de rosiei 47. Nouvelle forniede pommier paradi; 81 Ib. Ib. 87 Ib. Ib. 160 48. Procédé russe de cultiver les as- perges 164 338 Ib. Ib. 3C1 49. Pommiers en arceau. 30. Culture des fraisiers. 31. Vignes sur rochers. . 32. Tabliers pour arbres fruitiers PLANTES. 35. Plante araignée des neiges 34. Adianlum reniforme. 33. Selaginella cordifolia. . 3G. Cupressu* funebris . 21 120 fb. 127 37. Scnipervivum arboreuni 38. Sedum dasyphyllum. 39. Euphorbia GO. Piloeerus ehrvsomallus . 134 Ib. Ib. 387 ARBRES. Liquidambar . Abies Douglasii Gl. G2. G3. Gineko biloba. 261 294 64. Quercus tincloria . 63. Charme à houblon. 362 382 AXATOMIES. ()G. Squelette de pomme épineuse. 67. Denlelle de pomme épineuse. . . 291 I 68. Denlelle de feuille de lierre. . Ih. 291 MALADIES DES PLANTES. 69. Rouçeole du ln'li 39 INSECTE NUISIBLE. 70. Forfieule 263 5i)8 — PORTRAITS. 71 Porlrail de Loiiis-Jcau-Franoois LegrcUc-J'IIanis. 72. PorlraiU Je Clusiu» jeune et de Clusiuâ vieillard. iJ52 Dislribulion ?Taluile ilo graines cl de Uiberculcs au\ abonnes qui en foni la (kMuandc. 1 . Herbe aux cure-denis (graines). 2. Myrrliis odorant. 3. Datura lalula à fleurs blanches. ■i. .\rbre à l'raise Benlhamia fragifera (gr.). j. Rhubarbes prince .\lbert. G. Id. Queen Victoria 7. Id. Elford. 8. Rhubarbes Ayton. 9. Id. Éniodi ou gigantesque. 10. Tubercules de Maj ua. 11. Id. Tapita 12. Id. Boussingaullia. 13. Graines de Zucchctis variés. Fl> DE LA TABLE DES .MATIERES. [2S m ^^B mm ~f:m m nit.^^^' >*^ f -^ '^^a^. .-•vj-a i^>^rK fO;r i««i ■m. New York Botanical Garden Librar 3 5185 00259 1996 Vï&S xi-' ,>,-.-^^ ^'^"^^ms ^m^ ,â,c '-•s^ ^ ^ iliil 0 5Ïil&:.^ 4 à^ . ■ -.Z Jf'y^^J r^ ^mmsk ^ ■">-- ^^ -^ % M. # J^ ** . ?5ft>l. J^KSyVT^^^g— pg '^■1 H|^^SPPI^^s| >1 -, fT .-' -J-'j ?, #> xj.;«^ <î'/4^"-^'^..•^ ■x\. . ^:>^' p m iffi ^^m r T iy'„ **■ ' ^f^i Jlj;^'' 4t^^m^% M^\