BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE O U HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE. Pour les Mois DOCTOB. NOVEiviB. et DECEMB. M. D C C. XXXIV. TOME QUATRIEME, PREMIERE PARTIE. A LA HAYE, Chez PIERRE DE.HONDT. M. UCC. XXXIV. AVERTISSEMENT. Pierre de Hondt , Libraire à la Haye , a im- primé Les Tomes XI. et XII. de J'Hiftoire d'Angleterre de Monfieur î>e Rapin Tboyras, TABLE DES ARTICLES. Art. I. "X yfR- le Dr. Brown; les Ope- XVx rations , &c. de VEntenae- ment humain . . . Les Cbofes Di- vines ^ Jurnaturelles conçues par analogie avec les Cbofes naturelles ^ humaines. Second Extrait. Pa^r. i I I. Mr. J A c QU E s A N D E R s o N ; Re- cueil concernant l'Hiftoire de Ma- rie Reine d^EcojJe^ en 4. Volumes. Premier Extrait. 19 III. Mr. Samuel Chandler;/^ Traduàion en Auglois de Z'Hirtoi- re de l'Inquifition par Limborch , précédée d'une ample Jntrodu^tion touchant Vorigine de la perjécution , Jes progrès , gf fes caufes réelles , ou prétendues. Second Extraie. 54 I V. Mr. Le Motteux; fuite de fes Remarqties fur Rabelais; tra- duites de VAnglois. 80 V. Lettre à Mr. Waterland, au fiijet de fon dernier Ouvrage qui a pour titre , l'Importance du Dogme de la Ste. Trinité main- tenue, i^^o VI. Mr. Salmon; Defenfe de VHifioire à^ Angleterre contre les Faljifi cations de Mr. jd£ Rapin Thoyras da7is TABLE DES ARTICLES. dans fin Hijîoire de ce Roiaw quife publie àpréfent par fema; Art. vil Mr. TEvêque Burnet; fes 1 moires contenant VHifloire de ce ïefi pajjc de fon tems en Angle, re depuis la Revolutio?î jufqu'à conclujîon du Traité de Paix d îrecbt 2^. Volume. Second Extr; ] VI IL Mr. George Ch EYNE;LflJl ladie Angloife , ou Traité des il ladies des Nerf s ^ de toute ejpt Troifieme Extrait. i I X. Mrs, B E r N A R DjB I R c H, L o c MAN & Sale;. TraâuEtion ViBionaire de Mr. B A y l e e?î y glois ; avec des Additions â? des 1 flexions des Traducteurs ; â? la dL Mr. B A Y L E par Mr. d M A I z E A u X. I X. Mémoires Philofophiques , ^c. V 35. pourlesmois d'AvriliMay,Ju Juillet , Août , Septembre^ Oàoh Novembre cf Décembre 1728. i XL Mr. R o R E R T W A R R E N ; Ty glican impartial , ou Vexcellence la beauté de V Eglife Anglicane fii lement repréfentées. &c. Le Quai impartial, pourfermr de Réponf l'Anglican Impartial rfzi Dr. Wa REN. 2 XII. Nou-vdks Littéraires, 2 BIBLK BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE. Pour les Mois d'Octobre, Novembre, ET Décembre. MDCCXXXIV. ARTICLE PREMIER. The Procédure &c. of Human Under- ftanding. -Things Divine and Super- nacural conceived by Analogy vâth Things natural and human, Ceft-à-dire. Les Opérations l^c. de ï Entendement hn-^ main. — Les Cbofes Divines (y furnaînrel^ les conçues par Analogie avec les Cbofes na» t ur elle s (jf humaines 'j ÇQCond Extraie (a). \ Notre (a) On a ru le premier dans le Tom, II î. de cette Biblioth. Part. I. paa. 3Q, Tome IF, Fart. L ^ A 2 Bibliothèque Britannique^ Notre Auteur commence Ton Traité de l'Analogie par expliquer la difFeren- ce qu'il y a entre la Métaphore & l'Analo- gie. La' Métaphore , die il, confifte à em- ployer ridée ou la Notion d'une chofe avec le Terme qui l'exprime , pour repréfenter une autre chofe, qui a quelque rapport ap- parent avec la première , mais fans qu'il y aie aucune relTembîance réelle , ni aucun rapport véritable entre les chofes , que l'on compare; c'eftainfi que le Pfalmin:e exprime la verdure 8^ la fécondité des champs par 'Tire & chanter: L'Analogie au contraire , con- fiée à fubllituer l'idée ou la notion d'une chofe à la place d'une autre, pour la re- préfenter, à caufe de la relTembîance réel- le, & du rapport véritable qu'il y a dans la nature même des chofes, que l'on com- pare. La JMétaphore &; l'Analogie conviennent, premièrement en ce que par l'une & par l'autre on fubftitue l'idée d'une chofe à la place d'une autre , & que par elles un mot ed détourné de fa fignification propre & primitive à un fens éloigné. En fccond lieu elles conviennent en ce que ni dans l'une ni dans l'autre les Idées ou les Notions fubftituées n'offrent à l'efprit rien de la nature propre & réelle des cho- ies reprefentées, telles qu'elles fo4it en el- les mêmes ; ce ne font tout au plus que des fimilitudes ou des reflemblances. hhls OCTOE. NOVEMB. ET DeCEMB. I734. ^ Mais la Métaphore & l'Analogie cliiFé- rcnt, en ce que le fondement de la pre- mière n'efl qu'une relTemblance apparente, ou un rapport imaginaire, comme lors qu'il efl: dit , que Dieu a des mains, des oreilles , des yeux^ (Sec. au lieu que le fondement de l'Analogie eft une reflemblance réelle, comme lors qu'il eft jîarlé de la connoif- fance de Dieu, de fa puilTance, de fa bon- té, (S:c. il y a une reflemblance réelle, entre ces perfeftions de la Divinité, &c. , lors 3, qu'on les applique à Dieu, doivent être 5, entendus dans un tout autre fens , qu'on „ ne les entend communément. Par exera- „ pie, fi Ton objecte, que la Préfcience „ de {a) Alciphron Tom. I. Dial. IV. $. XVH. pag. z^f. DcTOn. NOVEMB. ET DeGEMB. 1734. If >, de Dieu eft incompatible avec la con- 5, tingence des Evéneiiiens; parce qu'il elt j, contradictoire de connoitre certainemenc j, une chofe incertaine^ on répondra , que „ cela eft vray par rapport à la connoif- ^, iance prifc dans le fcns ordinaire, mais „ que la contradiftion diipaioit , lî l'on 5, luppoic, que la coîinoijjance en Dieu li- „ gnitie quelque cho les deux Parties contradan- 5, tes,& l'état préfent du Roiaume; voions 5, maintenant, (dit l'auteur) fi de ce 5, Mariage projette on peut cfpérer 5, quelque fureté pour la Religion Pro- „ tcftante & pour la perfonne de notre ,, Reine. Commençons par la Religion: Eft- il ap- parent que l'Evangile foit protégé par une Femme ennemie de l'Evangile? On dira qu'elle peut changer, que peut-être fc laifTera t-eilc perfuader: mais c'eft-là une affaire qui dépend de Dieu feul: & fî l'on en juge par l'expérience , par fes inclina- tions & par fes adions , on conviendra qu'il n'y a guéres lieu d'efpérer que la Vé- ritable Religion puifle habiter dans un VailTeau fî fragile. Outre qu'elle a une raifnn d'Etat pour demeurer ferme dans le Papilme. Voiant les deux tiers de ce Roiaume avoir du penchant pour fa Reli- gion , voudra-t-elle l'abandonner pour fe joindre au plus petit nombre? C 4 Et ^6 BlB L I O T H E Q U E B R I T A N N I QU E > • Et pour ce qui eft de îa lureté de notre Reine : pourra-c-elle l'attendre de Marie d'Eco(r>i, d'une Princefle qui n'a pas fait difficulté de prendre les Armes & le titre de Reine d'xAngleterre ? On dira peut-être que li la Reine peut fe réfoudre à .apprvou- ver le mariage de cette Princefle, à la ré- tablir dans ion Roiaume , & à la déclarer fon Riccefleur , elle s'engagera par ferment à faire tout ce qui pourra contribuer à la fureté de la Reine. Mai? quelle apparence y a t'il qu'une Ambitieufe, une Ecoflbife, une Perfonne qui a renoncé à fon honneur &: à fa réputation , en un mot un rejetton de la Maifon des Guifes , qui font profcf- fion de n'obferver aucun traité, quelque folemnel qu'il foit. Quelle apparence, dif- je, qu'une femme de ce CaraQère veuille garder fon ferment? Puis donc que ni la Religion ni la Reine ne doivent attendre rien de bon de Marie d'Ecofle, voions s'il y a quelque chofe de plus à fe promettre du Duc, qui ed: né Anglois. Pour fa Religion , on a déjà vu qu'elle efl fort chanceïlante , & par confé- quent en grand danger. C'efl ce que prou- ve l'exemple de Salomon, qui devint ido- lâtre en époufant une femme idolâtre: & fi ce Prince, qui étoit le plus fage des hommes, s'elt laifie féduire par une fem- me, qui étoit au delTous de lui par rap- port au rang & à l'efprit : que peut on at- tendre du TDuc dont le rang & l'efprit font OCTOB. NOVEME. ET DeCEMB. I734. 41 font inférieurs à ceax de la Reine Marie? Mais fuppofons qu'il demeure ferme dans fa Religion; tout le danger eft il pafie? non ; car fi elle ne Tagrée pas , ce qui elt fort apparent, aiant le goût trop délicat pour l'aimer: fi elle le gouverne, ce qui elt fort naturel, puifqu'il ed Ton inférieur: s'il meurt, ce qui peut arriver, puifqu'il eil mortel: ou fila vie lui eit ôcce par des moiens violens , ce qu'on peut fort bien attendre d'une Femme à qui ces pra- tiques ne font pas nouvelles , & quieftpro- tcgée par un Pape , qui peut difpcnfer de tout: dans tous ces cas là que deviendra la Religion ? De tout cela l'Auteur conclut que fuppo- fé que la Reine Elifabeth voulût mettre en liberté Kîarie d'Ecoile, il feroit dangereux de lui faire époufer un Seigneur Angtois , qui quoique fon fujet né, fe laideroit'bien- tôt féduire par une Epoufe Ecollbifc; & qui par le crédit qu'il auroit dans le Roiau- me, pourroit y exciter de grands troubles. Au lieu que fi Elle époufe un Prince étran- ger , les partilans feront en petit nombre dans ce Roiaume ( car difficilement u?î An- gloi s pourra filje foumeître à un Maître étran- ger). De plus dans ce dernier cas fuppo- fé qu'elle époufe un Prince François, l'Ef- pagne en fera jalcufe, fa Politique ne per- mettant pas que l'Angleterre & la France foient réunies fous un même Gouverne- ;inent : & la France fera dans les mêmes C 5 idées 42 Bibliothèque Britannique, idées à l'égard d'an Prince Erpagnol : mais fi Elle époufe un Seigneur fujcc d'Angle- terre ou d'EcoITe, ces deux Puiflances loin d'en avoir de la jaîoufie fe joindront en- femble , pour lui donner du fecours , pour troubler & bouleverfer ce Roiaume. On volt par la Préface que Mr. Anderjhn a mife à la îàe de la defenfe de la Reine Marie , que l'Evoque Le/Iey atîrlhuoit cet Ecrit à un Miw'Jire iiommé Sampfoii. I X. La neuvième Pièce a pour titre, Défenfe de la haute , pfii[fonte ^ mhle Pr.n- cejfe ^Mar'ie , Reine d'Ecoiïe ^ Doiiamère de France', avec une Démonjïrat Ion de fort Droit ^ Titre à la JucceJJion de la Cjiironne cV An- gleterre ^ èP que le Gou-jernemî des Femmes ejl conforme aux Loix de D'eu cP de la Nature. Par Morgan P h i l i p p s Bachelier en Théo- ' logie. L^an 1570. Cette Pièce' ejl inférée ici d'après V édition de Lyege chez IVattei Morbers 157 1. Mr. Andcrfon y a mis une Préface, dans laquelle il parle clés différentes Editions & ^ de l'imporrance de cette Pièce, qui con- tient les Railbns les plus plaufibles en fa- veur de Marie d'Ecofîc, ce ou les autres Ecrivains qui ont traité ce fujet , ont puifé celles qu'ils ont alléguées. Il nous apprend à quelle occalion la Pièce fut com- po'fée. AulTitôt après que de la Reine Elifabeth fut mon*:ée fur le Throne , il pa- rut pluficurs Ecrits contre le prétendu droit de Marie d'Ecofle à la Couronne d'An- OCTOB. NOVEMÏI. ET DeCEMB. I734, 43 d'Angleterre : & depuis que cette PrincelTe fe fut réfugiée dans ce Roiaiime, on pu- blia quantité de Libelles contr'Elle. L'E- véque Lefie^ qui ctoit alors en Angleterre un des Commiflaires de Marie , s'en plaignit à la Reine Elilabeth, & lui demanda la per- mifTion de défendre la MaitrelTe contre tant de Calomnies: ce qui lui fut accordé: il coiTipofa un Traité en faveur de la Reine Marie, dont il donna une copie à Elifa- beth, qui en parut allez fatisfaite. Mais peu de' temps après parut un petit Volume divifé en trois Parties. La première éîoiî une Dcfenje de la Reine Marie. La féconde prouvoit (on Droit ^ 'Titre à la fuccejjwn de la Couroime d* Angleterre , & la troifieme Ibute- noit que le Gouvcrneiuent des femn.es efl con- ferrae aux Loix de Dieu &' de la nature. Ce Traité étoit difterenc lans doute, de ce- lui que l'Evêque avoit donné à la R. Elifa- beth , puifqu'eîîe en fut très choquée, que les Exemplaires en furenc fupprimés, & qu'on fit d'exactes perquifitions pour eri découvrir l'Auteur. Mr. Anderfon allègue plufieurs raifons pour prouver que c'étoic L'Evéque Lefiey lui même,* qui dans le tir tre n'a voit pris le nom de Morgan Philippe que pour dépayïfer le Lecteur; de qui dans îe cours de l'Ouvrage parloit com.me un Anc;lo:?. L'Editeur a retranché de ce Traité les deux dernières Parties , qui regardent !a fuccciTion de Marie d'Ecoflc à la Couron,- ne 44 BiCLIOTHEQUE ERitANNIQÙE, ne d'Angleterre & le Gouvernement des femmes ; ces deux Parties étant plus com- plettes dans l'Edition latine, qui fe trou- ve dans le fervice de Woodman & L'yon. Enfuite vient la Préface de l'Auteur de la Pièce. Ce n'elt qu'une Déclamation contre l'ambition & l'envie, à quoi il at- tribue toutes les calomnies qu'on a débi- tées contre la Reine Marie. Il infifte en- fuite furie droit indubitable qu'Elle a à la Couronne d'Angleterre Ç mais feulement après la R. Elifabeth ) & il prie fes Com- patriotes de confidérer les terribles confé- quences qui auroient lieu, fi on vouloit lui difputer ce droit. Car à qui le tranfporte- roit onP Et quels troubles n'en naitroit il pas ? L'Equité & le bien du Roiaume de- mandent également que la Reine d'Ecofle foit regardée comme l'unique & légiti- me héritière de la Couronne d'Angle- terre. Venons à la Pièce même. L'Auteur après avoir parlé du défaut général des" hommes à\%imer à publier ce qu'ils ont entendu dire ^ fans conjiàércr sHl eft vrai ou faux , dit que perfonne n'a plus de fujet de fe plaindre d'un tel procédé , que la Reine Marie d'E- coiTe , dont on a terni la Réputation par tant de calomnies & fur tout en l'accufant fauiïement d'avoir fait mourir fon Mari Hen- ri Smart le Lord D.irnley , & c'efl: d'un cri- me fi odieux que l'Auteur entreprend de la jullifier. 5, I. Sur . OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. I734. 45 „ I. Sur quel fondement, dit-il, attribue ,, t'on à la Reine une Adion 11 noire? 5, Le fexe natur/eîlement abhorre le fang: 5, il eft rare de trouver dans les femmes 5, du penchant à la cruauté .-pourquoi donc 5, attribuer un penchant fi odieux à une 5, Princefle dont la naiflance illuftre, le „ rang fuprême , la noble éducation , & „ tout le cours d'une vie paflee dans la ^y pratique de la vertu à. de la piété , doi- j, vent éloigner d'elle un femblabîe foup- 5, çon : & une Reine qui s'efl attiré l'efti- ,5 me & i'amitiç de tous les Princes Chré- 5, tiens par toutes les Qualités roiales qui ,, ornent & relèvent la beauté vjC les gra- 5, ces de fa Perfonne? Tombe t'on tout „ d'un coup dans le crime ? Non fans 5, doute : nous nous élevons & nous tom- 5, bons par degrés aufli-bien par rapport 5, à la vQrtu que par rapport an vice. ,, Qu'on faflé donc voir dans la conduite y, paffée de cette Reine, quelqu'adion qui 5, puifle fonder les foupçons qu'on a con- 5, çus contr'Elle. Qu'a-t-ellc f\iit d'indigne 5, d'une Princefle? J'en appelle au Roiau- j, me de France, témoin de fa conduite ,, & de fes démarches : j'en appelle à ceux ,, d'entre fes propres fujets. qui ne font ,, pas traîtres ou fes ennemis déclarés. „ Qu'ils Paccufent hardiment , qu'ils ne j, l'épargnent pas; & ils ne pourront rien 5, alléguer qui puifié la faire croire capa- ,, ble d'une crahifon fi noire. 2. Si 4(5 Bibliothèque Britannique, 2. Si la Reine Marie, dit l'Auteur, avoic eu deflcin de faire mourir fon Epoux, n'auroit elle pas pu le faire félon les loix de la Jultice ? Quoiqu'il fut fon mari 'avoient janîais oui dire ni. cru qu'Elle eût rien fçu de leur deilcin. L'Auteur après avoir allégué des preuves diredles de Plnnocertce de la Reine, ré- pond aux accufawions que l'on forme con- ti'elle. On VacAife de n'avoir pas aimé fon mari âf d^ avoir vécu dans une dijcord^ continuelle avec lui. L'Auteur avoue que la Pleine s'étoic un 48 Bibliothèque Britannique, un pea refroidie envers fon Epoux ; mais que c'étoienE Tes Accufateurs eux mômes, qui avoienc le plus contribué à aliéner leurs •eiprits, en feduifanc fon Epoux, & l'en- gageant à confpirer contre fa Reine, à la retenir prifonniere, après avoir tué en fa prefence David fon Secrétaire. Il ajoute que nonobfrant tout cela, dès que la Rei- ne fçut que Mylord Darnley fe repentoic de ce qu'il avoit fait, elle alla le trouver à Glafcow, lui donna des marques de l'a- mour le plus tendre , & cela jufqu'au der- nier moment qu'elle le vit : preuve qu'elle î'aimoit véritablement, & qu'elle avoit ou- blié tout ce qu'il avoit fait contr'elle. • On produit quelques lettres , quon prétend avoir été écrites par la Reine au Comte de BotbwelL L'Auteur répond que dans ces lettres il n'efi: fait nulle mention du def- fein de tuer le Roi : que d'ailleurs il efl faux que la Reine foit l'Auteur de ces let- tres ; qu'il n'y a ni addrelTe, ni fein, ni datte; qu'on ne fçait pas qui en a éié le porteur ;& que vraifemblabîement elles ont été forgées par les ennemis de la Reine, qui ont contrefait fon écriture^ pour la rendre odieufe. On reproche à la Reine de n avoir point pa- ru affligée de la mort de fon mari ^ ^ de n'en avoir point porté le deilil régulièrement. L'Au- teur répond, que fi elle n'a pas fait le deiiil comme les Reines d'Ecofle ont accoutumé de le faire; c'eft que. les Reines ordinaire- ment OCTOB. NOVEMB. ET DecEMB. I734. 4p ment en perdant leur mari , perdent leur Roi, au lieu que Marie d'Ecofle ne per- doit qu'un fujet en la perfonne de fon ma- ri : Que néanmoins bien loin de paroitre indifférente à cette perte, elle en témoi- gna une fi grande aliiidlion, que pendant un tems fort confidérable elle fuioit la lumière du jour, fe tenant renfermée dans fa chambre, ou elle n'avoit d'autre clarté que celle de la Chandelle: Et qu'elle au- roit demeur'^ , plus long-tems dans un état fi trifte , fi les exhortations réitérées de fon Confcil , & les perfuafions de fes mé- decins ne lui avoient fait envifager cette conduite comme fort préjudiciable à fa fanté , & dangéreufe même pour fa vie ; ce qui l'obligea à reparoitre en public. Enfin on lui reproche , qu'Elle contraEta bien-tot après un troijîème mariage ^ ^ cela avec le Comte de Botlrcoell foupçonné fur ds fortes préfomtions , d'avoir été un des princi- paux aàeurs dans le meurtre de fon mari, L'Auteur répond à cela i. que le C. de Bothwell avoit été déclaré innocent par les Pairs du Roiaume, & par un Ade de Parlement: 2. Qu'on avoit foUicité la Rei- ne à époufer le Comte; qu'un grand nom- bre de Seigneurs (entre lefquels il y en avoit de ceux la même qui enfuite fe'fonE le plus recriés contre le mariage de la Reine) avoient fait une efpèce d'aflbcia- tion , pour prefTer ce mariage & pour dé- Tms IF. Part, l D fe»- ço Bibliothèque Britannique^ fendre le Comte contre tous ceux cjui ©feroienc l'accufer. _,, La Reine voyant cette conduite de îiNoblefîe, craignant de nouveaux malheurs, & rappellanc dans Ton Eiprit, les troubles qui s'é- to;ent déjà élevez contr'eile^ le meurtre de fou Secrétaire commis en ra prcfen- ce, la mort funellc de fon mari oc les exfémitez oii elle alîoit être réduite , connoilîant d'ailleurs le courage & l'ac- tivité du Comte de Bothweii , & les grands fervices qu'il avoit rendus à fa mère & à elle même ; Elle crut ne de- 3> 5 5 35 99 5^ 99 35 55 99 35 39 „ voir pas réfiiler plus long-tems aux fol- 55 licitations de fa Noblefle , & fe réfolut 55 enfin à époufer le Comte: deibrte que 55 ce Mariage loin d'être reproché à la 55 Reine , doit être regardé comme aiant 55 été fait en quelque forte malgré elle. 5, Mais comme on vouloit la pouÏÏer à 5, bout on ne fut pas content 5 jufqu'à ce 55 qu'on l'eût obligée à réfigner la Cou- 55 ronnc en faveur de fon fils , & à céder 5v la régence au Comte de Murray " Ici l'auteur : s'étend beaucoup à prouver l'in- juftice de la conduite dsr, Ecoflbis5 de s'ê- tre rebellez contre leur Souveraine fur des foupçons fi mal fondez. " Ils proteftoienc 3, (dit -il) 5, que leur unique delTein étoic 5, de retirer la Reine des mains du C. de 55 Bothweii & de la remettre en liberté, & 5j dès qu'ils Pont en leur puilTance , ils la ^* tien- OCTOB. NOVEMR. ET DeCEMB. I734. 51 5, tiennent prifonnière dans le Château de „ Locbleven. lis font femblant de pour- „ fuivjc le Comte pour le meurtre du ^, feu Roi 5 (Se ils ont été les premiers à ^y le juitlrîer la - dellus : & îorfque dans y, la fuite il n'y avoit rien de plus aifé que P, de l'arrêcer , ils l'ont lailTé échapper. 3, Ils prétendent rétablir la paix èc la 3, tranquiiité dans le Roiaume , oc de- ,5 puis plufieurs liecles le Roiaume n'a ja- yy mais été plus remph de troubles qu'à yy préfent Mais quand même la Reine auroit été aufli coupable qu'on a voulu le perfuader, étoit-on en droit de fe foulever contr'elle à. de la traiter comme on a fait? .Les "Loix divines & humaines donnent elles à des fujets le pouvoir de mettre la main fur leur Souverain ? On lit dans l'Ecriture que David étoit coupable de meurtre à. d'adul- tère; cependant on n'y voit pas qu'il aie été dépofé par fes fujets. Enfin l'Auteur après avoir tâché de juf- tifier la Reine , foutient que fes Accuû- teurs étoient eux-mêmes les Auteurs de la jnort du Roi : il en charge en particulier le C. de Murray Régent d'EcolTe , ce qu'il prouve par l'ingratitude de ce Seigneur en- vers la Reine. Elle l'avoit élevé à la di- gnité de Comte, & l'avoit comblé 'de bien» faits , enforte qu'il avoit jufqu'à 26000. livres de rente en fonds de terre ; à: pour D 2 toU" 5^ Bibliothèque Britannique^ toute reconnoiflance il ôte la Couronne à fa bienfaitrice ; ce qui marque afles , die notre Auteur , qu'il a ie cœur extrêmement mauvais , & qu'il eft capable des pluâ grands crimes. Il eft vrai qu'il fe préfente ici une difficulté, c'eft que le C. de Muf- *ray n'étoit pas à la Cour quand le Roi fut tué, & qu'il étoit hors du Roiaume lorfque la Reine fut arrêtée & mife en prifon par les Rebelles. Mais l'auteur ré- pond qu'il eft perfuadé que le Comte étoit le Chef de tous ces Rebelles, que c'étoic lui qui les fiiifoit agir, & que c'eft par confequent à lui qu'il faut attribuer tout ce qu'ils ont fait : il afliare même que le Lord Harrîs reprocha en face au C. de Murray, que le jour qu'il étoit parti d^Edimbourg (quelques heures avant la mort du Roi} il lui avoit dit; cette nuit Alylord Darnley perdra la vie-. Et que le Comte ne s'ab- fenta que pour mieux cacher fon jeu; que ce fut pour cela que dans la fuite âl fit punir févèrement quelque-uns des complices de la mort du Roi, & en ac- cufa'la Reine elle-même. Mais Dieu con- "lîoiftant l'innocence de cette Princefle la délivra de la prifon de Lochleven d'u- ne manière miraculeufe ; de là Elle vint le réfugier en Angleterre, (où elle s'eft îi bien juftifiée devant les Commiftaires Anglois, qu'ils ont tous été pleinement perfuadez de fon innocence d; ont follicité la OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMD. I734. 53 îa keine Elifabeth de la rétablir dans fou Roiaume) (a), L'Auceur finit par une exhortation au C. de Murray (S: à cous les rebelles, de ren- trer dans leur devoir ; Et pour les y enga- ger, il leur promet le pardon de la Reine, s'ils fe repentent & qu'ils mectent bas les Armes: il les prie de coniidérer que la Rébellion eft toujours à la fin fatale à Tes Auteurs, & que les PuifTances étrangères, la France l'Efpagne & fur tout l'Angleter- re fe dilpoferont bientôt à van^^er l'honneur d'une Reine opprimée. XX. Par la letlure de cette vingtième Pièce, il paroit que le Comte de Both- weil avoit offert de foutenir Ton innocen- ce par un combat fingulier; & que le Car- tel avoit été accepté par un Lord, un Che- valier & un Gentilhomme, qui chacun oifroient de maintenir l'aecufation contre lui en préfence des deux Armées , mais que le Comte avoit enfuite refufé de com- paroitre; ce qui lui eft reproché ici. Nous donnerons l'extrait des trois au- tres Volumes dans les journaux fuivans. {a) Ce qui cft ici renfermé entre les crochets eft un fait abfolument faux , comme Mr. Ander- fon le dit dans fa Préface, & c'eft là ce qui cho- qua û fort la Reine Elifabeth, & pourquoi elle fit faire des perquifitions pour en découvrir l'Au- teur. D q . ARTI- 54 BlIîî^îOTHEQUE BRITANNIQUEa ARTICLE m. The Hrfiory of the Inqui/ttion by Phiîlp à Limborch , ProfeiTor of Divinicy amongdî: the Remonftrants, tranflaied into English by Samuel Cbandier : To which is prefixed a large Intro- (ludion concerning tiie rife and pro- grès of perfectiîion , and the real & pretended caufès of it. London , folcf . by John Gray , 1751. C'eil-à-dire , YHiJîoire de ï Inquifnion par Limborch , traduite çn Angluis par Mr. Samuel tJhamIIer , (^ précédée d'une ample In- trodudiion touchant l'origine de la Per^ fecutïon , [es progrès , £5? [es caufes réeU les , ou prétendues, à Londres , chez Gray, 175 1. in 4°. Second Extrait. On a vu le premier dans la 2. Partie du lli. Tome de cette Bibliothèque, Article IV. page 308. DAns l'Extrait précèdent Mr. Chandler nous à conduit jufqu'au tems de la ^déformation. 11 rend juftice à ceux qui concnbuerent d'une manière (î zélée à corriger les abus. Mais en même tems, it déplore le malheur qu'ils eurent de garder un reil:e odieux de Fapifme. C'cft ce qu'il " ■ " " pî'é- OCTOB. NevEMB. et DeCE^ÎB. 1734. y y ■prétend qui les por:a à infi/ger des peines coiporeiies aux liéretiqnes. Nous .créions plutôt qu'on a faïc, parmi les Proteftans , une mauvaife appîicacion des ordres don- r:és aux Ifraeliies (a) touchant ceux qui chercheroient à les détourner de Dieu, on qui paiieroient de révolte contre lui. Il faîîoit les faire mourir, par la fencence du Magiflrat, comme criminels de Lèze-ma- jefié divine & humaine. Car la Reli^grion à: l'Etat faifant également partie du Goii- 'vernement en Ifraël, de telles gens ne s'y attaquoient pas moins au Souverain de PEp tat , qu'à l'Objet de la Religion. Il en étoit de même des Idolâtres ,• ce qui réfui- toit de cette conditution iinguliere, que Jofeph (h) appelle du nom de Théocratie. "Des Réformateurs en gênerai, l'Auteur vient en particulier à Luther. Quoi qu'il fut d'une hum^eur violente , comme Ï€s Sec- tateurs le reconnoifTcnt (c) il ne croioic pourtant pas, qu'on dût mettre à mort les Hérétiques. Du relie il a fuivi Popinion de S. Au2;ufl:in, qui n'épargnoit par les tiutres peines aux fauteurs de Phérefie. Aufli ne tint il pas à Luther que la Saxe ne fut purgée de Zuingîiens. En quoi il fe vit appuie de l'EleQeur qui , lorfque le Land- (a) Voiez Deutcronome XIII Se XVII. {L) Contre Appion , JJv. If. chap. i6. (c) Voiez lUiftoire du Lutheranifme , par Sec- kendorf, D4 ^6 Bibliothèque Britanniquï^^ Landgrave de Hefle tacha de les faire cora" prendre dans la Ligue Proteftante , n'en voalut poinc entendre parler. Il n'ctoic pas poffible, félon Luther & Melanchthon même, de vivre en paix avec des gens qid .enfeignoient des Dogmes contraires a ceux qui étoient reçus en Saxe. On aflurc d'ailleurs que Luther dit dans une de Tes Conféren- ces avec Bncer, qu'il falloit que fis partlfans ^ eu ceux de Zidngle , .fuffenî des Minijîres de Satan. Et les juges criminels, à Wittem- berg, s'avifcrent quelques tems après de condamner à mort Pierre Pejielius , pour Zuinglianifme. Mais rElecleur ne trouva pas cela bon. Il n'y eût que des Anabap- tifles qu'on fît mourir. Après ces obfervations, l'auteur commen- \ ce une longue inveélive contre Calvin. Il n'y a pas un de fes Lecteurs qui ne dût s'y attendre. Mais quelques-uns peut-être feront lurpris de ce qu'il ajoute , que Cafta- lion égaloît Calvin enfçavoir. Quoiqu'il en foit, lorfqu'il accule C2iWm ^ d' avoir , par un dernier effort d'inimitié , tdcbé de foulever le Magiftrat contre Caftalion^ pour le mettre à viort ; on ne fçait ou il à pris ces termes, pour le mettre à mort ; on n'en voit nulle trace dans aucun écrit de Calvin , ni dans ■aucun autre monument de ce tems là. L'Article fuivant regarde Jérôme Bolfec y qui après avoir été Carme en France, vint faire le Médecin à Genève. Selon Mr. Chandier,, '" Calvin ctoit préfent k un Ser- OCTOE. NOVEMB. ET DeCEMB. I734. 57 5, mcn que Boîfec fit dans l'Aflemblée , & „ il le combattit publiquement. Surquoi , j, le pauire Bolfec fut arrêté , 6c peu après , „ par le confeil de Calvin, banni pour fe- 3, dicion & Pelagianifmc. " L'Auteur cite en marge. Théodore de Bdze dans la vie de Calvin i en Larin, où il n'eit parlé d'un Sermon , qu'autant que ce mot y rcflemble à Sermonem. L'AJJe.nhlée dont il s'agit n'é- toit pas du nombre de celles qu'on fait, avec le peuple , pour le fervice divin ; c'écoit une aliemblée des Miniftrcs pour con- férer fur quelque point de Théologie, ou fur un endroit important des Livres facrés. Bolfec n'étoit là qu'un des auditeurs, qui ne voiant pas Calvin à fa place fe crût tout permi. Mais comme il commençoit à par- ler (a) Calvin arriva inopinément , & l'en- tendant difcourir, ne fe montra pas : L'au- dience fut paifible , quoi qu'après que Bolfec eut fini, Calvin le réfuta fortement, par une foule d'autoritez de l'Ecriture fainte, aufli bien que de paffages de S. Auguftin & de folides raifons. C'eft ainfi qu'en juge Bèze ^ qui ajoute, que ce fut de Vavis des Eglifes de Sw[[e , que le Sénat de Genève fit le procès à Bolfec. Et LuUin, l'un des Syndics, attefte , fur Ja foi des Regiitrcs de la République, que Bolfec fut condam- né j)onr /i^j-yca/zrfa/é'j, 7^^ impiétés a^ fa mau- vaife {a) Eo Sefmomm ingretfj. Th. Beza invita Cal- vini , ad anii. ifjr, D5 58 Bibliothèque Britannique, vafe vie a) du moins, la laite de fan hiitoire fera toujours l'objet d'une jufrô horreur , non feulement pour des Protef- tans : mais même pour des Catholiques Romains qui n'ont pas perdu tout fcn ci- ment d'iionneur à. de conrçience. Si le fort de V Infortuné Ser-vet, comme parie Mr. Chandier, fut des p]us tragiques, il n'a pas moins fervi de prercxte aux En- nemis de Calvin pour le dpchirer. L'Au- teur rapporte , fur le témoignage de Boî- fec , 6c d'Uytenbogard, ce que Cà'vm5dit parlant de Servet, dans une Lettre, q'j'il écrivit à Fïret, 6? à Furel; c'eft qne Jî cet hérétique tomhdt jaiimis entre [es rnaiîîs^ f//f- roit enforte qu'il perdit la 'uie. Le fait eil mal rapporté : Et encore plus mal atreiié. Il ;ic- falloit pas mettre l'addrefTe de la let- tre aux deux anciens colc^mes d^ Calvm , qui ne le trou voient pas alors dans le mê- me lieu pour la recevoir enfemble. D'autre côté les Témoins fe coupent ; l'un la fup- pofant écrite à Viret, & l'autre à Faref. L'accufateur auroit pu & dû le fçavoir. Mais paflbns à quelque choie de plus gra- ve. On nous force de revenir à Bolfec; nom infâme par une calomnie , auiTi exécrable que le crime, pour lequel Bolfec n'eut pas (a) Voiez la Pefenfe de Calvin, par Drelin- . court 5 p. If I. imprimée à Genève en i66j. avec approbation des palleurs , & privilège des Syndics. OcTOB. NovEMn. ET Decem^. 1734. ^^ pas honte de publier , que le Réformateur 'dv o\t étù fieurdelifé à Noyon; Et Bolfec diîoit avoir vu l'acte, qui en faifoit foi: Tout cela pourtant eft faux , d'une fauffcté notoire. On le fçait , depuis long tems , par les preuves authentiques qu'en a ram- mcflë le célèbre Dielincourt, dans la Ds- feiîfe de Calvin: (a) Et aujourd'hui, par tout le monde, à la faveur du Diàimaire de Bayle (b). Maimbourg même forcé par l'évidence des faits, abandonne Bolfec (c). Chofe étrange qu'on reproduife ce mife- rable fur la vSçcne contre Calvin ! qu'un Hidorien Protejtant , qui a quelque honneur à perdre, l'ait fait! Pour Ûytenbogard , il raconte ce qu'il avoit {a) Comme cet Ouvrage devient rare, on en rapportera de la page 32, le paragraphe fuivant. " „ Si les Regiftrcs & les Archives de cette ville 35 là {Noyon) euffent été pillés ou brûlés, on di- „ roit. qu'il eft du tout impolTible de faire voir 3, cette prétendue fcntence. Mais par une fingu- 3, liere Providence de Dieu, afin de pouvoir fer- 3, mer la bouche aux calomniateurs, tous les Re- 5, giftres & tous les Archives de Noyon ont été 3, confervés, & on les a fouillés une infinité de ,, fois, pour y trouver quelque chofe au difame 3, de Calvin: mais il ne s'y eft jamais rien trou- 3, vc; Et le Diable lui même n'y trouveroit point 3, ce qui n'y eft pas, & qui n'y fut jamais. " • {h) ATtnle Bolfec. {c) Voiez Oiat. oui tit. Cnhinns^ Gen. i6\^. 00 Bibliothèque Britannique, avoit oui dire a Grotius : Et on admettra mé feurement, que de ce qui fe pafle ici d'une Province à l'autre. Notre auteur dit enfuite, que Servet fut hrulé à Genève h 25. d'Octobre 1553. Ce fut Calvin qui fit informer contre lui par un nommé la Fontaine y après l'avoir lui-même dénoncé à un des Syndics: Et il l'avoue hautement. De plus , il fouhaita que le prifonnier fut Jupplicié ; quoiqu'il eut muliù qu'on eut épargné à Servet la peine du ^ feu. Mr. Chandler croit reconnoicre là le lan- gage des Inciuifîteurs. Car puifque les loi>: de Genève condamnoient un Hérétique au feu; Ibuhaiter qu'il fut exécuté à mort, c'étoit vouloir qu'il expirât dans les flam- mes. Pour décider ce point, il faudroit être initruit de la Confl:itution de Genève. "Ce (54 Bibliothèque Britannique, Ce qu'il y a de feur , c'eft que les Magif- trans n'y font pas auiîi liez par la lettre de la loi , que les Juges le font en Angleter- re. Ces Meffieurs là reprefentcnt la Sou- veraineté 5 & tout a la fois en font partie: Ils auroient pu commuer la peine. Calvin le leur demanda, accompagné de tous fes Collègues qui n'étoient pas en petit nom- bre, & parmi lefquels il y avoit des Gene- vois, A moins que de fuppofer que les Magiftrats étoient les Maîtres de cette af- faire ; ce feroit peu dire que Calvin & fa compagnie écoienc de francs hypocrites, dans la demande qu'ils faifoient : Il faudroic qu'ils eulTent eu perdu le fens commun^ Venez vous ici nous infulter, pouvoient dire Mefiieurs les Syndics,- ou vos lumiè- res font elles encore fî bornées par raporc à la République & au pouvoir de fes Ma- gidrats ? Que l'on parle donc de Calvin comme d'un autre homme: A la bonne heure! Mais que ce foit pour en dire ce qui eft vrai , ou dont on a des preuves. 11 faut rendre juitice à tout le monde: mais il n'efl pas ju(l;e que la charité foit violée: Et on la viole par des difcours, autant que par des actions. Mr. Chandler fe vante d'avoir rapporté toute cette affaire de la manière la plus im- partiale. Il nous permettra d'en penfer ce que nous voudrons. Mais s'il faut le dire en pafùint^ les reproches qu'on a fiiits au OCTOB. KOVEMB. ET DeCEAîB. 1734. 6^ Réformateur de Genève, ont je ne fçai quoi qui lied mal dans Ja bouche des Gene-vois. Quelle pitié de leur entendre dire que c'elt fur le compte de Calvin qu'on doit tout mettre-, 6c qu'il a mené leurs Seigneuries'^ N'eit ce pas les faire regarder comme les organes de la vengeance d'un homme, qui tout Palleur qu'il écoit de l'E- glife , n'en étoit pas moins fujct de la Ré- publique? Au refte , û ce fut vangeance , ou con- fcience qui le fit agir; c'eft ce qu'on ne peut fçavoir qu'autant que fcs actions le manifeltent. Notre Auteur aflure, que Cal- vin agit en cette affaire par principe: Et ce principe , dit il encore , étoit com^nim à Cal- vin avec tous les Féres , avec les plus fçavans csP les plus pieux Réfirînateurs , Melancbthon Bucer y Farel; avec les Pafteurs de Bafie, Berne, Zurich , cf ScbaffJjou/e. En voila beaucoup. Mais il y en avoit bien d'au- tres encore dans ce tems là ; Ec nommément Socin. L'Anonyme qui a écrit la lettre â im ami,T]'â pas manqué de fournir Ià-de(Ius un Supplément à rbijîoire de la perfecutioJi par Mr. Cbandler, Comme le fait eft des plus curieux , nous donnerons le précis du récit qu'on en voit au long dans la vie , oa fi on veut dans le panégyrique de ce Chef de Secte (a). Fran- ( a ) Vita Socini , authore Sam. Przipcovio. Equi- té Pol. Tme IF. Fart. L E 66 Bibliothèque Britannique, François David caufant du defordre en Tranlylvanie , oli un parti s'étoit formé contre l'adoration de Jefus Chrilt ; Socin fut mandé du Bafle, en 1578., afin de re- tirer l'arcboutant de fa faQion, d'une er- reur fi honteufe & û pernicieufe : ut prœcii puum faàionls ducem a tam turpi ^ perniciofo »rrore abjlraberet. Socin, en arrivant, alla prendre un apartement dans la maifon oii David logeoit. Mais ce qui facilita le commerce entre eux, n'aida point à ra- mener le condudeur des errans. Ce Da- vid cherchoic moins la vérité qu'à fe faire valoir dans Ton parti. Mal lui en prit^ car le Prince, abrégeant la controverfé, le fit mettre enprifon, où il mourut peu après: Enforte que tout le monde regarda fa fin comme un martyre : Obitus ejtiSy martyrio Jimilis , fiatim omnium m Je oculos concertent. Il refteroft à fçavoir, fi Socin eut quel- que part à la mort du prifonnier ? c'eft ce que Samuel Przipcovius ne voudrok pas que l'on crut. Selon lui, ce -n'étoit pas l'intérêt de Socin. Mais après tout, le Prince étoit Socinien , de même que P^^lan- draia fon favori qui mena l'affaire. Ils avoient fait venir, du fond de la Suifle, leur grand Docteur: Et fans fon aveu, ou malgré lui, l'auroient ils débarrafie d'un rival qui s'avifa de vouloir poufîer le Soci- nianifme , aufii loin qu'il femble aller nacu- xellement? C'en étoit trop; On crut de- voir Octob. Novemr. et Decemb. 1734. 6^ voir fe piquer d'Orthodoxie, au ftijet de cette contradiction de B>ançois David. Ec comme dans ce tems-la tout tendoit à ré- primer l'hérefie par la force, les Socinicns eux-mêmes , lorfqu'ils ont été les maîtres n'ont nullement été d'avis que l'on duc dogmatifer. S'ils ne livrent pas ouverte- ment rhéretique an bras féculier \ ce bras, lorfque le Prince les favori Te , fe fait fen- tir pefamment: le pouvoir à h Dragonne vient refréner fort à propos la pétulance d'une langue trop fubtile , qui prétend raffiner après eux. Mais revenons à l'Hif- coire. En 1632 , Nicolas Antboine fut étranglé & brûlé à Genève. L'Hiftorien pailc légè- rement fur ce qui efl: pourtant des plus cu- rieux. Il eut du moins fallu dire ce qu'An- thohie a eu de tnigulier; C'eft d'avoir exer- cé les fondions du faint Minijlére ^ fams rien croire des vérités de la religion Chré- tienne, & d'être mort pour le Judaïfme y donc il n'avoit pas pu obtenir de profefler la créance. Valentin Gentil, fut décapité à Berne en 1566. & le cadavre de David George brûlé à Baileen 1559- t)ès 152(5. on avoit noiéuil Anabaptifte à Zurich: & Environ le même tems on bannit Ocbin. L'auteur veut par- ler d'un Italien de ce nom, qui s^eO: ren- du fameux par fa défenfe de la Polygamie. Ce fut en 1563. qne chaffé pour cela de Zurich , il fe retira en Pologne , â.^é de - E 2 ibixau- ^S Bibliothèque Britannique, foixante feize ans. U n'y a pas à en dou- ter (a). Lubienùcius ^ Polonois du parti des Socmiens 5 fuc aufli chaiTé de fa patrie, & de pluliears viI!e^ a'Ailemagne. Mr. Chand- 1er a pris ia peine de prouver que ceci fut fait par les Luthériens: mais pour ce qu'il impute aux Calviniites, d'avoir chaiTé les Sociniens de Pologne , . on ne fçait pas quelles preuves il en a par devers lui. Il s'elt prolTe de dire qu'en 157I5 l'Eledleur Palatin fit mourir Sylvanus accufé d'Arria- nifme. De là il palTe brufquement en Hollande, ou Brandt lui fournie d'amples Mémoires , particulièrement au fujet de la controverfe entre les Calvinijîes & les Arminiens. Il s'y méfia des motifs de Politique, car ceux ci vouloient la paix avec l'Efpagne, & ceux là ne la vouloient point ,* ce qui leur valût le fupport du Prince Maurice. On réprima le parti contraire. Barnevclc perdit la tête , Grotius fut emprifonné , & Uytenbogard dépofé. Chacun fçait que les Etats convoquèrent le Synode National à Dordrecht. Il commença fes feances , le 14. de Novembre , en 1618. Tout s'y pafla à l'avantage du parti dominant: Et feion notre Auteur, qui prétend railler, il faut dire à Vijonneur de VEglije Anglicariey qiL'elle y ccnc'A.rut par fes Députés , Carleton Evé- {a) Anno 1^6^ y natus (Ochinus) annos 76 y a Tigurinis pulfus çft. BibîiQih, antitrin. OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. I734. 6$ Evéque de Landaf; Hall, Dav enant , à. Ward , Doàeurs en TimÏGgk. JNous voici eiiriii arrivés à la Grande Bre- tagne , OLi d'abord on produit Crammer , qui après avoir fait fouffrir le martyre à d'autres, le fouffrit à fon tour lui même. Si on ne trouve rien ici de ce qui {c pafla Ibus Henry VI II, & qu'il n'y Ibit rien dit des cruaurés du règne de Marie ; c'eft appa- remment que l'Auteur n'a pas regardé le premier comme Proteftant , & qu'il a re- gardé la dernière comme Papille. Sous Elifabeth, l'an 1559, le Parlement pafla un Acte d'Uniformité. En fuite Parker fit foufcrire à ceux du Clergé , qu'ils ap- prouvoient l'ufage des Cérémonies, & des Vétemens. Trente - fept Miniftres , à Lon- dres , refuferent de le faire ; & il les fufpen- dit- Bien refolu , dit l'Auteur, que le peupk nauroiî ni Sacremens ni Sermons , faîis le Sur- plus 6^ fans le Bonnet quarré. La Chambre Etdlée publia aufli un Décret qui defen- doit d'imprimer quoique ce fut contre les Réglemens de la Reine» L*Archevêque de Cantorbery & l'Evêque de Londres le fi2;ncrent. ' Ce Zèle fanatique , félon Mr. Ciiandler, obligea les Puritains à feféparer. Mais la Reine & les Evéques en envoiè- rent bon nombre à la prifon de Bridenxiell où on enferme la canaille. En 1572 , on en vint aux foufcriptions pour la dodrine. Et là delTus dépoficions nouvelles , & nou- veaux emprifonnemens. Deux ans après E 3 oîi 70 Bibliothèque Britannique, on défendit V exercice de la Prophétie. C*eft ainfi que l'on apelloit des Conférences, entre les Miniftres, fur des fujets de Reli- gion. Et il fut défendu aux Lai'ques de s'aflembler pour lire l'Ecriture Sainte les jours de Fête. En 1583 , Thackcr &; Copping, Miniftres Puritains, furent pen- dus. Les principaux inftrumens de ces pei-fecutions, étoient Parker., Aylmer & vVithgift. L'auteur renvoie à V excellente Hijloire de Mr. Neul^àont nous avons don- né des extraits. Il ajoute cependant que Withgift établit une certaine Cour, fore femblable à l'inquifition , qu'elle devint un objet d'horreur pour la Nation entière, & qu'enfin , fous Charles I , le Parlement l'a- bolit. Le règne de Jaques fait voir une fuite continuejle de vexations. Entre autres l'Archevêque de Cantorbery , nommé Ban- croft, après avoir pris la rejolution d'exter- miner le parti des Puritains y ï ils ne vouloient pas céder, fit fentir la rigueur des Cenfu- res Eccleiiaftiques , à plus de trois cent Minijîres. Mais Wigtman , dogmatifeur de ce tems-là, n'en fut pas quitte à fi bon marché. L'Evêque Neal trouva le moien de le faire pendre. Et King. Evêque de Londres,^ condamna un nommé Légat, à être brûlé pour herefîe, ce qui fut exécuté à Smithfields : mais qui déplut fort au peu- ple. Tout ceci donna un fort mauvais excm- . ' ' pic OCTOB. NOVÈ^ÏB. Et DeCEMR. I734. 7! pie à Charles premier , qui comme on fçait, le livra à Laud, Anglican des plus rigides. Ils s'en trouvèrent mal tous deux , puif- qu'ils perdirent tous deux la vie fur un échaifaut. Notre Auteur ouvre ce fujec lugubre , par une période triomphante. ,5 Sous le règne du Roi Martyr, VEglife^ yy dit.il 5 étoit au comble de fa gloire, & 5, de fa puilfance. Mais , tel efl: le fort des? „ chofes humaines: Bientôt cette Eglifè „ tombe malade , languit , & meurt ". La période , qui fuit immédiatement , né paroit pas bien fe lier avec celle-là. On y dit, „ que Laud faifoit tout plier, & 5, qu'il gouvernoit VEglife avec une vergs 5, de fer ". C'cft le double fens du mot é'EglîfCy qui caufe ici l'embarras. Mais il ne faut pas s'arrêter à ces minuties. Mr. Chandler a peint Lawrf des plus noi- res couleurs. AuHi Mr. Berriman , admi- rateur pailioné du Prélat , & de fes princi- pes, n'eft pas content de ce procédé in- jurieux. Nous ne croions pas devoir en- trer dans le détail de cette difpute qui in- tércfle bien moins ailleurs, que dans ce pais. Nous nous contenterons de deux ou trois remarques (a}. I. Mr. Berriman allègue, en faveur de Latid^ une excufe qui paroit plaufible. Il dit {a) Sur quoi on peut; voir Brief Remarks, 70. Anfwer, fj,. Review, 72. Second letter ^.f. & 50. adrertiferacnt 5-7. E4 72 BiRLiOTHEQUE BRITANNIQUE^ dit que les Arrêts de la Chambre Etoilée, où cet Archevêque avoit fcance, étoier.t conformes aux loix. Cela n'empecheroic j^ourta.nt point qu'il n'y eut eu, en les Icncerxes un fonds d'injuftice, fi on prend pour régie ce que la Raifon & l'Evangile dicteroient , fur le fujet dont il s'agit. Air. Chandlcr l'entend bien ainli : mais d'ailleurs , il ne convient pas de cette conformité, fans rellriftion. De forte que le fait & le droit femblent être ici également conteftez. Qui fera le juge pour donner l'arrêt déti- nitif.? En attendant que l'on en ait^un, on pourra admettre, fans beaucoup rifquer de part ni d'autre; 6c dire que le feul Laudn'é- toit point la chambre Etoilce , quelque crédit qu'il y eut; 6c , que û les Juges pronon- cèrent félon la loi , c'cft el!e , pluiôt qu'eux & lui, qui porte le blâme de la rigueur dont on ufà contre les Puritains. 2. Mr. Chandler fe moque de ce qu'on prétend ériger Laud en Martyr de l'Eglife d'Angleterre. Quoi qu'il entre là-deflus en un grand détail, Mr. Berriman ne s'ell- ému qu'au fujet du tort infuportahle qu'on ofe faire à cette Eglife, en taxant fes At- tîcles , d'être éudenwient Calvîniftes , dans les matières de la grâce. Cela J'a furpris extrêmement, lui qui fait profeflion d'en être un Membre des plus zclez. Il allè- gue Biùl^ 6: d'autres, qui ont entrepris de k décharger d'une imputation qui lui pa- 4*oit li étrange. Elle l'efl moins pourtant qu'il QCTÔB. NOVEMR. ET DeCEMTÎ. I734. 73 qu'il ne fembie. Un Docteur , du moins auin célèbre que Bull, a bien prétendu pouvoir ramener à ion Arrlanifme la litur- gie Anglicane 5 avec les Homilies, & avec les XXX IX. Articles. 3. Quand enfin Limborcb a beaucoup loué Laud , qui étoit en Angleterre le Protefteur des Remontrans Hollandois, il ne s'enfuit nullement qu'il approuvât l'ef- prit de perfecution, dont l'Archevêque étoit animé. Quelques louanges qu'on donne à un Prélat, on n'adopte pas pour cela tous Tes fentim.ens. Du refte , un Savant d'outre mer peut n'être pas tou- jours bien au fait de nos divifions : Ou s'il les connoit,il s'y attachera plus ou moins, félon fa paUion régnante , ou félon le zèle dominant de fon Parti. Parmi les Séna- teurs d'Arminius,le penchant n'efl pas pour ce qu'on apelle Puritanifme. Mais c'ell ce qui importe très peu. La guerre entre le Roi & fon Parlement eft connue de tout le monde. Les Presby- tériens, devenus, les maîtres, infligèrent des peines corporelles aux réfradtaires. A la vérité , on n'en vint point jufqu'à ré- pandre le fang. Mais auffi, le parti ^ui fe vit dominant alors, ne le fut que très peu de tems. Charles II. rétablit l'Eglife Anglicane par TAfte paflé dans fon premier Parlem.ent, fous l'ancien titre d'y^cïe d'Uniformité. Par cefeulActe, deux mille Minijlres furent E 5 pvi- 74 Bibliothèque Britannique, privés de leurs bénéfices. Ec à confiderer la chofe dans plulieurs de Tes circonllan- ccs^ 6: paniculieremenc dans fes fuites, on ne peut gucres concéder à Mr. Chand- 1er , qu'elle n'aie eu l'air de ce qu'on doit apeller Perjecution. Aulîi fe dechai- ne-c-il violenmenc contre ccuk qui en fu- rent les Auteurs. Il nomme en particu- lier Sbeîdon JVard & Wrenn, Evéques Les . Chevaliers de la Jarretière font apel- ' lez dans 'jâ même , endroit. Oifeaulx, d€ proye' terribles ,, non toute s fois vtnansr au leurre y ,§L ne reçognoijjuns le guant. D'ail' leurs qu^nd on demande , à Editue a'o,u vient dans. Tlfle fon:nani:e une abondance de biens Qx. ùo frians morceaulx ; s'il répond d'abord, de tout l'aultre monde ^ il ajoute in- continent : exc^^res; jmi. quelques contrées Aquilanaires-^ lesquelles y depuis quelques cen- taines années , ont meu la Camarine (a). Pariant .enfuite .de ja. TQuraine ,, il dit: de Tour aine ^ tant ^ tant de biens annuel- lement nous 'viennent , que nous (eut dict ung jour par gens du lieu par c^ pajjans ^ 'que le Duc de Touràine n'ha en tout fon reveiiiù ; de quoi fon faoulde lard manger ^ par reyrejfivelar- gejfe que. /es Prédéçefjeurs ont faià aces Sacro- Saines ôijeaîdx ,-. 'poilr içy de Pbaifans nous fmiùler.^ de Perdreaukc-^ \de :Gelinotes ^ poulies dlLnde^ pras Cbappons de. Lçudunois, venai- fin de toutes fortes ^ ^ toutes fortes de gi- MerCb). ... (..:. y . . f - Le petit bon homme bemite nommé Bragui- hïis qui -donria aux gens de Pantagruel plei- ne infirùciion de toute la fonnerie, les fait quatre jours confequens jeufner ^ affermant qu'en Vljle'.'fonncmte aultrement receus ne fer oient y par- ia) Livre V. Ch:ipitrc VL ( b ) Ibidem, OCTOB. NOVEMB. ET DeCE^ÎB. I734. 87 parceque Ion ejloit le jeu/ne de quatre îe?nps< (a). C'elt ainfi que les ordinations , dans l'E- gîife Romaine, font accompagnées de jeû- nes, & -cela aux tcms marquez ici par Rabelais , qui fait voir que ces jeûnes (quoique louables, à confidérer leur infli- tution) font fujets à un grand abus; <5c que bien des gens s'en moquent en les obr fer van t. g Remarques y?/r le Chapitre IL Les jeiines parachevez , Pantagruel & fes Compagnons , à la recommandation de VHer- mite , font très-bien reçus p^r Albia7i Car,iar ^ maiftre Editue de Vljle fonnanîe. C A ]\i Aji , en Hébreu, eft un nom donné à des Prê- tres Idolâtres. St. Jérôme le rend en La- tin par Arufpex auflî bien que par JEdî- tiius. On peut juger par le choix de ce nom , ouel cas Rabelais veut que nous faf- lions des habirans, des facrifices , & des miftères de l'Ifle fomante. Camar dit à fes Etrangers qu'elle avoit premierevient ejîé habitée par les Sitici- NES, mais qui par crdre de natiire ils ejîo'ent dcccnus oijeavlx. Or on fait que les Siticines étoient, dans le Paganifme , ceux qui avoient courume de chanrer des chants lugubres fur les 'corps morts (b) à: que les ( a ) Livre V» Chapitre I. {b) Voyez V Alphabet de r Auteur Frartcois, au mot Siti fixes» F4 §8 Bibliothèque Britannique, les Prêtres de l'Eglife Romaine à leur tour fubfident principalement par leurs Ohiîs ^ par leurs Trentins ^ par leurs Mefles pour les Trépaflez. Ce n'eft pas au refte fans raifon , qu'ils font repréfentez comme autant d'Oifeaux. L'emblème convient à des gens qui prenant î'eiïbr fur les ailes de la contemplation & d'une fainteté fublirae, laiflent bien loin au deflbus d'eux (lion les en croit) ces va- nitez terreftres , dans la fange des quelles nous rampons , nous autres Laïques, com- me autant de pauvres vers de terre. Rabe- lais infmue ce qui en efl, lorfqu'il dit que ces heaulx oifeaulx .... rejjemhlans es hom- mes dé fa Patrie , heumient ^ maiigeoient comme hommes , efmeutijjoient comme hom- mes .... ânrmoient ^ roiijft noient comme hommes: brief, ajoute-t=-iI, à les veoir de pri- me face eujjiez dict que fiLJjent hommes ^ tou- tesfois ne l'eftoîent mie , félon Vinftruàion de mcàjire Editiie \ mais proteftant quils n'ef- toient ni Séculiers ni Mondains. Leurs Cages qui étoient grandes ^ riches^ fumpîueufes ^ ,^ j'aiàes par merveilleufe archi- tecture ^ repréfentent d'autant mieux les E- glifes qu'on voit des cloches pendantes au dejjus (a). Les divers Pennaiges marquent les di- vers habillemens qui diflinguent les diffé- rens Ordres dEccléfiaftiques ou de Reli- gieux. {a) Livre V. Chapitre II L OCTOTÎ. NOVEMB. ET DeCEMB. I734. 8^ gieux. Le pennaige, tout blanc , défigne l'Habit blanc des ^Bénédictins. Ceux qui Font tout noir , font les Auguftins. Le gris appartient aux Francifcains : Le mi- party de blanc ^.noir^ aux Bernardins: Le rouge aux Cardinaux: Le, blaiic-^-bleu , à certains Chevaliers & Commandeurs. Des Cagots à col tors & pâtes pelu'éSy qui depuis trÀs cens ans entre ces joyeulx oijèaiilx étoient aclvolez, font les Ordres de St. François, & de St. Dominique. Rabe- lais avoit été Cordelier. Il avoit eu même bien des chagrins à afluyer de la part de fes Confrères : Il parloit de ces gens là avec connoiflance de caufe. AuOl'ne fou- haite-t-il pas moins que quelcque fécond Her- cules pour les exterminer. § Remarques fur le Chapitre IIL Le Papegaut , unique en fon efpèce com- me le Phitiiix d'Arabie , eft inconteftablc- m.ent le Pape. Frayeft, dit Rabelais, qu'il y a environ deux mille fept cens Joixante lunes que furent en nature deux Papegaux produits , mais ce feut la plus grande calandté qu'on veit oncqnes en cette IJle. C'eli: ce qui étoit effedivemienc arrivé, environ 1760 Lunes, ou environ 140» ans avant que notre Auteur écri- vit, (a) Ce fera pour déguifer la chofe qu'il {a) Si Mr. le Motteux a compté à 12. Lunes par F 5 an. 50 Bibliothèque Britannique^ qu'il aura mis 2760. Lunes au lieu 1760; ou peut-être, y-a-t-il Ici une faute d'im- preiTiQn. Quoiqu'il en foir, je crois qu'il s'agit du Schilme & Avignon^ qui dura qua- ra:-ce ans, à. pendant lequel on vit juf- qu'à trois Papes à la fois , favoir Benoit neuTume (a), Grégoire douze , & A- t E X A N D K E cinq. Ce Schifme fut terminé par le Concil'.' de Çcnjîance , qui commen- ça en 1414, 6c finit en 1419 ( ^ ). § Re- an, c',ft 14^. ans t8. Lunes: & s'il a compté à 13. ce ne fca . que 13^-. ans, f. Lunes. On verra dans la finte l'ufage de cette remarque. {a) Mr. le Mocteux a voulu dire Benoit XJ\J. (A) Le Schifme d'Avignon avoit commencé en 1379. c'cft à di-e 170. ans avant le tems où Ra- belais efl: cen'é écrire, & non 140. comme fem- ble l'avoir fupolé Mr. le Motteux. Mais c'efl: qu'il ne confîderoit point le rchifme dans Ton ori- gine, quoque les expreîTions de Rabelais fem- ijla/Tcnt lexiger. // j^ ha eniùon deux mille fept cens (oixante Litneî que furent en nature deux P.r- pegaux PRODUITS. Mr. le Motteux ne peut pas non plus avoir confidéré le fchifme par ra- port au tems où il fut terminé: Car de 1419. à if-19. où Rabelais écrivoit 5 il n'y a que 130. ans. Il parut deux Papes en 1406., année de l'éleftion de Grégoire X il. Mais de 1406. à i. et Decemb. 1734. 16^ droit à l'autre , le Chariot ou le Bateau ; quelquefoii même c'eft une embufcade de voleurs fur la route. Il y a tel de ces fens fuivant lequel on pourra dire allez propre- ment que le chemin chemine; & fi on les tranfporte tous au mot de Chemin y ce fe- ra encore mieux. Peut-être encore qu'il y avoit au Château le Village d'Odos en Bigorre ( où la Reine Marguerite de Navarre mourut ) des gens qui s'appelloient Chemin ou du Chemin-^ & que l'Auteur joue fur ce nom. § Remarques furk Chapitre XXVI T. Le premier endroit où nos Voyageurs débarquent après l'Ile des Odes ^ c'elt celle des Sandales, que Rabelais appelle Vlfle des 'Efcloîs. EscLot, dans une partie de la France , & nommément vers Touloufe , fignifie un Sabot /une Sandale: Mais je m'en tiens à ce dernier mot, à je dis Vite des Sandaks , parceque c'eft le nom ordinaire de la chauflure de plufieurs Ordres Mo- naftiques, & qu'il s'agit manifeftement des Moines dans ce Chapitre. Cependant, comme on fe fervoit autre- fois en France du mot d'Efclop pour celui (.VEfclave, je fuis perfuadé que Rabelais en cachant fa penfée fous celui d-J^ckî, a voulu infmuer que les Moines font autant û'Efclops ou d'Efclaves : car en effet ils le font par leur vœu d'obédience. Les |io Bibliothèque Britannique, Les Jéfuites même (à qui il en veut aulli dans ce Chapitre , quoiqu'il dife en termes fort couverts ce qui les regarde par- ticulièrement) font des Efcravcs par les fta- tuts de leur Société. Il faut qu'ils renon- cent à leur propre Raifon ; qu'ils foyenc toujours prêts à obéir à l'Eglilë Romaine; qu'ils croyerit, lî elle le dit , que le noir eft blanc & que le blanc .eft noir; qu'ils refpedenc les ordres de leur Supérieur comme ceux de Dieu même; & qu'ils fe foumetcent à fon gouvernement comme s'ils n'éLoient que de pures machines, (a). C'ell fur ce pié que le Pape Paiillll. confirma l'établiiTement de leur Société en 1540. environ dix ans avant que Rabelais écrivit fon cinquième Livre. On voit que cette date de leur Inititution s'accorde fore avec ce qu'il dit : que le Roi de l'Ile nom- mé Benius , tiers de ce novi^ m.ontra à fes Etrangers ung monajîere nouveau faià, éri- gé cf haftl . . pour les Frères Fredons. Ce qu'il ajoute peut s'apHquer aux Moines & aux Religieux en général. Par liaîiiîs cj bulle patente obtenue de la O^Linte . . . ils efioicnt tous babillez en bruf- Idïirs de 'r'tiaifons. Ce font gens qui portent le feu delà divifion dans les Familles, & qui ruinent les Maifons comme s'ils y a voient nris le feu. Leurs {a) Voyez les Exerrtiia Spiriiuaiia Ignatii Loyo!^ , imprimez à Jnun. OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMîî. I734. II ï Leurs ventres carrelez marquent le foia qu'ils ont de le bien bourrer le P^entre. Leur duplicité braguatiiie ^par laquelle nous voyons quelcques certains ^ borrificques myjleres ejtre àucment repréfentez , peut 11 gnirier, non feulement Ja double portion de vigueur ou de lafciveté qu'on attribue aux Moines; mais encore quelque chofe de plus vilain , 6c qu'on reproche particu- lièrement aux Jéfuiccs. lis portent fouliers rends comme hajjlns: De quelque côté que Pintérêt dirige leurs marches fecrètes, vous ne fauriez recon- noitre à la trace leurs Allées ou leurs Te- nues. Ils or\t barbe mfe : c'efl j dire que vous ne gagnerez rien avec les IVloines ; que vous ne leur aurez jamais du poil. Ils ont pieds ferraîs: quand ils ont une fois mis le pié dans un endroit, ils s'y tiennent ferme. Ils fe font raire ^ plwmcr comme cochons la partie poftérieure de la tejle, depuis le fom- met jiifques aulx Omoplates-^ a6n que fi on veut les prendre par derrière, il n'y aie point de prife. A la ceinture Rabelais leur met ung rafcu- oir trenchant', foit pour Symbole de leur appétit qui n'a pas befoin d'être éguifé; foit pour dire qu'au moindre obilacle ils font prêts à vous taillader, ils vous em- poi'tenc la pièce qu'à tâtons. Ils Je tenoient bottez , efperonnsz 6? prejîs à vionter à cheval , quand la trompette jonne- roit pour le jugement final, Niais notez QvCaïnfi bottez ^ ejperonnez , ils dormoient ou ronfloient pour le moins , & fe compofoient à dormir aulii-tôt que le Soleil foy couchant avoic mis fin a la journée. Midy fon,»ant . . ils s' efve illofent . . . ^ fe desjeunoient de baijler, Àumoins étoit ce Jà leur premier déjeuner .... Ce traie qui porte dire(ftement fur la parelTe des Àloines, peut tomber par reflexion fur la manière édifiante dont ils chantent ou brail- lent à Matines. Cependant Us âefcendoicnt aux Cloifires, & làfelavoient curieufement &c. II nre femble voir les Moines au Bénîtier. Puis ïajjeoient fus une longue [elle , ^ fe curoient les dents jufques à ce que le Prévoji fi^Ji fis^^^ 9 Jiffiaiit en paulme , lors chafcun ou^ vroit la gêule tant qu'il pouvoit, ^ haifloient aucunes fois demie heure , aucunes fois moins , félon que le Prieur jugeoit le desjeuner ejire proportionné à la fejte du jour. Ainfi s'alle- Tome ir. Part. I. H vent ïî4 Bibliothèque Britannique, yent les Moines pendant que l'office du jour fe lit. Apres cela faifolent une fort belle proceffion , fui* la quelle Pantagruel feit img notable mi- rificque . . Avez vous veii ^ dit-il, & noté la finejfe de ces Fredrons icy ? Pour parfaire leur procejjîon , ils font fortis par U7ie porte de VE- glife , ^ font entrez par Vaiiltre . . . Sus mon honneur , ce font quelcques fines ge?is . . . fus inon honneur qu'ils en J gavent bien d'aidtres. Je dirai à mon tour des Moines, ce que Plaute a dit des Souris. Ces Animaux ne font pas bêtes , Et ne s'enferment pas. Ami , fans favoir où: Quand par un trou tu les arrêtes , Toujours pour s'échapper ils ont quelque au- tre trou. Cogitato mus pujtllus quam fit fapievs beflia : JEtatem qui uni cubilinunquam committit fuam\ Quiafî unum ofiium ohfdeatur , aliud perfugium qu&rit, . Plaut: in Muft. Aél. IV. A la Proceflion ils portoient deux banniè- res , en Vune des quelles efioit en belle painclure le pourtraict de Vertus , e?i Vaultre 'de Fortu?ie, TJng Fredon premier portoit la bannière de Fur- îune , après luy mar choit ung aultre portant icellç di Vertus i m main teiiant ung afperfouoir ■ - viouil' OCTOB. NOVEMR. ET DecEMIÎ. I734. Hj» mouillé . . . duquel continuellement il comme fûuettoit le précèdent Fredon portant Fortune, Le fens eft : que dans le Tyliéme des Moi- nes la Fortune marche devant la vertu ^ iSc qu'ils ne prodiguent leur encens qu'aux gens riches. La proceffion achevée comme promenement ^ exercitation falubre , ils Je retiroient en leur refeàoir , ^ dejjouhs les tables Je mettoient à genuilx. Le heu étoit convenable pour cet acle d'adoration. Le Réfectoire elt le Pa- radis des Moines: C'ell le lejour des Di- vinitez qu'ils adorent : Elles font là fur les Plats comme fur autant de Thrônes. Cette explication d'un palTage affez obfcur , efl peut-être plus juite qu'elle ne paroît d'a- bord. Aumoins femble-t-il que Rabelais , en mettant les Fredons agenouillez deffoubs les tables, ait voulu dire qu'ils étoient do- viinez & maitrifez par les mets qui étoient àejjus, comme il infmue plus clairement dan"? un autre endroit qu'un Religieux deJToubs h treille, ayant par là le vin au dejjus de ja tefte , doit palier par cela même pour un homme maiftrifé ^ dominé par le vin C'eft à peu près ce qu'il dit de la Pontife de Jupiter, mais pour en faire une appli- cation immédiate aux Pontifes quels qu'ils foyent, & à touîs perfonnaiges qui ïaddon- neiit ^ dédient à contemplation des. cbojss ài=uims (a). Pen- ■ ^{a) Vovsz Livrey. CKapître, XXXIV. vers h fîî>. i-^^ ' Il 2 ïi6 Bibliothèque Britannique, Pendant que les Fredons font à genoux fous ]a table, on les voit de \)\[is s' appuyaJi s, la poiàrine â? eftomach chafcun fus une lan- Urne\ (\\Ji\ pourroit bien n'être autre chofe que leur Ventre vuide & affamé , après la viande creufe dont Rabelais a dit qu'ils déjeunoient. Le grand Efcîot qui paroit fur l'entrefai- te 5 ayant une fourche en main , & qui là les traictoù à la fourche, c'eft le Religieux qui vient avec un Livre & qui fait la lectu- re tandis que les autres mangent. Ils commençoient leur repas par fromeige , ^ Vachevoient par mouftarde âf laiànie. Cette bifarrerie, entre plufieurs autres, carafté- rife l'affeclation avec laquelle les Ordres Religieux cherchent la fingularité dans leur manière de vivre. Les Moines au refte, n'auront point de peine à trouver un rap- port fenfible entre le Bénédicité par où ils font obligez de commencer leur repas, & le Fromeige par ou les Fredons commer- çoient le leur. C'eft une pièce de Delfert, qui ne vaut rien à l'entrée , & qui eft na- turellement de dure digeftion quand on n'a encore rien- dans l'eftomac. Imaginez vous un Libertin de grand appétit, invité à dî- ner chez un bon Presbytérien où on le re- gale d'une longue Oraifon pendant qu'il voit le dîner fe refroidir? La Mouftarde à. la Laïcliie, ne conve» nant guère mieux au delfert que le Froma- ge à Pentrée j pourra repondre à VAgimiis ou OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. I734. II7 OU Aftion-de-graces , doac les Moines s'ac- commodent prefque aufli peu que du Béné- dicité: C'eft une feconJe cérémonie hors- de faifon pour eux, lorfqu'ils leur tarde de courir à ces Recréacions dont il eft parlé au Chapitre fuivant. Rabelais donne fou- vent dans les Jeux-de-mots; Peut-être a-t- il choifi la Moutarde ù. la Laitue, pour in(î- nuer que la cérémonie de VÀgimus ell en- nuyeule au gré des Moines ; qu'elle dure long-tems ou qu'elle moult tards félon eux_, 6c qu'elle les tue en quelque force. Le dijher parachevé, les Fredons joyeux & fatisfaics béniflbienc avec tranfport les Divinitez nourricières à qui ils écoicnt redevables d'une vie iî douce: (car c'eft aind que j'entends ces paroles de mon Auteur, ils prioient Dieu très -bien: Et Is refle du jour , attendans le jugement final , ils s'exerçoient à œwcre de charité : tantôt fe pe- laudaiit lung Vaultre ,t2Lntoi s'entrenazardajit ^ tancôc s'entregratignant: un jour s'entremoii- chant, & l'autre ï entretirant les vers du nez: Aujourdhui s'entrecbatouillant , & demain s'entrefountanîs. A quoi l'on peut ajouter les Aftes de piété indiquez au Chapitre XXVIII. Le Soleil fjy couchant en V Océan , ils bot- taient 6f efperonnoient ïung Vaultre , ^ hC' zicles au nez-, comme pour y mieux voir en cas qu il vînt quelcun les furprendre , ou comme fi leur manière de s'entrebotter «Se H 3 de li8 BibliothequeBritannique, de s'entr'éperonner avoit eu quelque chofa de fcandaleux. A la minuict rEfclot entroit , cf gens debout^ là efmouîoient £f affiloient leurs rafouoirs: 8* la procejjîon faicte meîtoient les tables fus eux ^ Ê? repaijjoîent comme devant. Ils faifoienc la même chofe que le jour. Deffenfe rigoureufe fus peine horrificque leur ejloit faicle , poijfon lors ne toucher ne manger qu'ils feroie?it fus mer ou rivière: ne chair telle quelle feufl , lorsqu'ils feraient en terre ferme. On pourroic dire que les Moines obfervent quelque chofe de femblable , en ce qu'ils ne trouvent à mordre que fur les Abfens ; pouflant jufqu'à la flatterie , le foin de vous épargner tant qu'ils font avec, vous : Mais ce n'eft pas toujours une règle. Il fera plus fur de dire que Rabelais nous donne ici une idée de leur friandife , qui dédaigne les alimens faciles à trouver; qui dans les lieux les plus éloignez de la Mer ou des Rivières , voudroit avoir le Poiflbn tout vivant; (5c qui par la raifon des contraires, ne voudroit en pleine Mer que de la viande fraîche. 5 Remarques yj^r k Chapitre XXV II L Ce Chapitre n*a pas befoin de commen- taire. J'obferverai feulement que Rabelais en faifant parler le Frère Fredon par mo- nof-^llahes y a voulu courner en ridicule la dif- OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. [734. 119 i difcrétion affectée & fufpedte de plufieurs \ Religieux, qui devant le Monde ne favenc paSjdiroic on, deflerrer les dents. De là la reflexion de Frère Jean fur Je Fredon qui eft li compendieux dans Tes réponfes: Cor bien . . ainfi ne parîs-il avecquesfes garfes^ il y ejt bien polyjyllabe (Scc. g Remarques fur le Chapitre XXIX. O N voit dans ce Chapitre comment Vin- ftitiitiun de Carefme dejplaijl à Epijiemon: pourquoi les Moines en aiment l'oblerva- tion; (Se combien leur zèle eft vif à ceç égard. § Remarques fur Us Chapitres XXX. y XXXI. L'IsLE de Satin eft une fîdtion où Ra- belais montre beaucoup de littérature, d'efprit , & de jugement. En décrivant ces Tapijfcries qui repréfentent toutes foit:s d'hiftoires , de Fables , & d'animaux ou de Végétaux fabuleux; il critique divers Auteurs anciens & modernes qui fur bien des chofes, ne doivent point en être crus; leur ftile fût il doux &; uni comme Saîi?i. Sa critique femble avoir aufli pour objet les Romans pleins de Monftres & de contes monltrueux , pour lefquels fon liècle avoic trop de goût. Les meilleurs Ecrivains François s'écoienc appliquez à traduire H J. Ama- 1^0 Bibliothèque Britannique, Amaàis de Gaule afin d'étaler les beaurez » l'abondance, & les grâces de leur Lan- gue. Tout le Monde comprend en gros ce que Rabelais veut dire lor-qu'il parle du viejîier de témoignerie (a). Mais les Etran- gers peuvent ignorer que les Percherons (k les Manceaulx qu'il met en jeu, Ibnt fa- meux en France pour leur habileté dans ce métier. Il les introduit débitans cette maxime ; Qu'il faut efpagner la ^vérité fi on veut parvenir en Court de grands Seigneurs: Mais à la manière dont il a fuivi leur maxime, on voit bien qu'il n'étoit né, ni dans le Perche ni dans le Mans. § Remarques fur les Chapitres WWl, Q XXXIll. Le Pays ^e Lanîernois ou des Lanter- nes^ elt le Payïs des Siences & des Savans. C'eft ainfi qu'Ariitoce efpiant , confidérant ^ & tout rédigeant par efcript ^ cil reprcfencé tenant une lanterne , pendant que derrière lui efloient comme records de fergens plufieurs aultres Poilojbphes (b). C'eft ainfi que Bartok eft appelle lanterne de droit. ( c ). Par la lanterne de h Rochelle^ qui feit bonne clairté à nos Voyageurs lorfqu'ils en- tre» {a) Vers h i{n du Chapitre XXXI. (h) Chapitre XXXI. vers le commencement. , NOVEMB. ET DeCEMB. I734. I25 moins : & ils deviennent rapides à mefure qu'on avance, § Remarques fur le Chapitre X X X V I f , & fur les fuivam jirquà la fin du Livre, La defcription du Temple eft un Chef- d'œuvre d'Archiceclure , oîi Rabelais fait voir que les beautez de cet Arc ne lui écoienc pas moins connues que celles de tous les autres Arts auxquels un homme d'efpric peut s'appliquer; Et fi on veut chercher des midères dans cette defcrip- tion , il n'e(t pas fans apparence qu'on fe- ra payé de fa peine par les découvertes qu'on' fera. Mais je n'ai pas le loifir de m'engager plus avant dans cette forte de recherches. Je me contenterai ^de dire deux mots qui donnent une idée générale du deflein de l'Auteur, & c'eft par où je finirai. On fait que Bacbuc^ le nom de la Bouteille & de la Pontife , eft un mot Hé- hreu équivalent à celui de Bouteille. S'il y a du miftère dans ce choix d'un mot Hé- breu , peut-être le deflein de l'Auteur étoit- il d'infinuer que VHébreu ou le Texte ori- ginal de l'Ancien Teftament, eft la pre- mière fource de la Vérité , qui de cette fource a paflTé dans les Verfions comme le Vin coule de la Bouteille dans les verres : Et à ce compte l'Auteur aura infînué la mê- me 126 BiîîLiOTHËQUE Britannique, îne choie touchant le Texte du Nouveau Tcftament , par ie choix - qu'il a fait du Grec pour l'Infcription du Temple, EN OINQ AAH0EIA . c'efl: à dire en vin lerité. A propos de quoi on pourra ob- ferver que les Véritez falutaires qui dé- voient être révélées & rendues communGS par la Noui-elle Alliance, font repréfentées dans l'Ecriture fous Temblême du vin. P'^enez , achetez/ans argeiit du vin êP du laiU Ifaïe LV. v. i. Les deux Teftamens femblent encore avoir été l'objet de notrô miftérieux Architede , lorfqu'il a donné deux parties , ou mis deux Battans, au Por- tail de fon Temple. Tout le Monde né goûtera peut-être pas de pareilles explica- tions. Mais ma manière d'expliquer le relte, ne fera, j'efpère, désapprouvée de perfonne. La noble larderrie qui avoit conduit les Pèlerins, jafqu'aux portes du Temple, les pria là d'avoir yo/z cxcufe pour légitime^ fi el- le défiftoit plus avant les conduire ... Car entrer dedans ne luy cjîoit permis pour certai- nes caiijès , le/quelles taire meilleuf eftoit à gens vivaîis vie mortelle, qiiexpojer. Ces certaines caufes ne font pas difficiles à deviner. Le$ gens éclairez fâchant bien que la Vérité e(t haïe dans le Monde, ils n'ont pas tou- jours le courage de montrer qu'ils la con- noiffent: Plufieurs le cachent du commer- ce qu'ils ont avec elle, crainte de nuire à leur fortune, ou même d'expofer leur vie* 11^ OCTOB. NOVEMU. ET DfGEMR. 1734. I27 Ils iront avec vous jufqu'au Temple de la Vérité : ils vous en ouvriront les portes , H vous voulez: Mais n'exigez pas qu'ils y entrent. C'efl: au moins ce qu'on pouvoir dire des plus grands hommes qu'il y eût €n France, prirmi les Laïques aufli' bien que dans le Clergé , fous les règnes de François I. & de Henri II. La meweilleufe perfpicuité de la grande Lampe dont le Temple cjioit efclairé ^ donc tout le corps fpbericqîie Jembloit e7nfla?nJ?oyé ^ & fur laquelle il ejîoit difficile d'ajjeoir ferme l^ coîîftmit regard, comme on ne peult au corps du Soleil, nous fournit une autre rai- fon pourquoi la Lanterne voulut demeurer hors du Temple. La Sage Lanterne infî- nuoit par là que quelque lumineufe qu'elle fut 5 il y avoic dans Je Temple même une lum ère capable d'effacer la fienne. L'Auteur ne pouvoit mieux finir,* qu'en difant que les homm^es add 07271er ont leur eftude , s'ils font fages, à rechercher la Vé- rité par imploration de Dieu Soui'erain ; per- fuadcz que ce Dieu abfcons , quand ils le fupplieront de Je inanifefterof dejmivrir , ne fera point infenfible à leurs prières, leur ejlarglra congnoiljance de foy â? de fes créa- tures. Fin des RcmMrqiies fur le clnqikiéme Livre, RE- 128 Bibliothèque Britannique, REMARQUES SUR QUELQUES AUTRES OUVRAGES DE RABELAIS. L PANT AGRUELINE, PROGNOSTICATION. RAbelaiSy qui ctoit Savant en Aflrono- niie, fe divertit dans cet Ouvrage aux dépends des Aftrologucs. J'ai ouï dire que dans l'AIiTianac du pau- vre Robin , ( Poor Robin s Almanack ) on voit imprimé quelque cliofe de fembiable à cette Prognojtication: Et je n'en ferois pas lurpris , vu ce qu'il y a d'inj^énieux & de Satirique dans ce Badinage: Il s'efl bien trouvé un des plus Savans hommes d'Alle- magne, qui n'a pas dédaigné d'en emprun- ter beaucoup de chofes : ]e veux dire 3^0^- cbim Fortins Rindelberghis. Il commence une petite pièce qu'il a faite dans le goût de celle de Rabelais, par ces paroles mani- feilement traduites du troifiême Chapitre de la Progîîoftication. Proximo anno cœci pa- rum aut nibil videbimt , Surdi malè auditnt , Ttiuti non loquentur Multi interibiint pifces , boves y oves ^ porci , caprete , pulli y ^ capones : inter Jîmias , canes ^ equos , mors non tantopere Jleviet. Seneclus eodem an- no erit immedicabiiis propter annos qui prœ- cejje- OCTOR. NOVEMR. ET DECEMn. 173^. I2p cejjt:runt. Non panel inopia hhorabunt 6:c. " [.e ticre de la Prognojiicaîijn i'atcribae à Maiflre Al c o f r i b a s N a s i e r : Mais ce nom n'efl: qu'une anagramme de François Rabelais , qui eft inconcefrablemenc l'Au- teur de cecce Production ; dans la quelle au refte on peut remarquer d'un bouc à l'autre une teinture fenfible de Protejian- îijme. I I. EPISTRE DU LIMOUSIN. C'eit une imitation ironique de ces Ecri- vains qui par une atfedlation ridicule par- ioienr Latin en François. Le dlxain qui fuit V Epure ^ elt une déclaration du defîein de l'Auteur. III. LA CHRESME PHILOSOPHALE Des Ojieftions Encyclopédiques , &c- Il y a des Bagatelles qui ne fe. fauvenc de l'oubli qu'à la faveur du nom de celui qui les a faites. La Cbrefme Pbilofopbale eft' de ce nombre. On l'a mile à la faite des Oeuvres de Rabelais après fa mort , com- me il paroît par le titre du cinquième Li- vre dans quelques ancienn^is Editions, Tome ir, P.irt. L I IV. igo Bibliothèque Britannique, IV. DEUX EPISTRES. A deux 'vieilles de différentes mœurs. L'Epiftre à la première Vieille^ a tout l'air d'une ' fanglante Invedtive contre FEglife de Rome: Et l'Epiftre à la féconde Vieille y pourra fe prendre par cela même pour un Eloge de l'Eglife Reformée. Fin ^f j R E M A R Q u E s de Mr. le M o t- TEux /wr Rabelais. ARTICLE V. A Letter to the Révérend Doftor Wa- terland occafioned by fome paflages . in his late treacife entitled , The Im- ' portance of the Doélrine of the holy Trinity aflerted. London, H. With- ridge. C'eft-à-dire , Lettre à Mr, JVaterland, au fujet de fon dernier ou- 'vrage q^ui a pour titre ï Importance du 'Dogme de la Sainte Trinité maintenue , à Londres chez Withridge, 1734. in 8. pages 43. L'Anonyme, à qui Mr. Waterland s'é- toit principalement attaché dans l'Ou- vrage , OCTOB. NOVÊME. ET DeCEMB. I734. l^^ vrage , donc nous avons donné V Extrait (a) a cru devoir défendre la pluspart de fes premières Remarques par de nouvelies Obfervarions. Comme elles fe reduifenc le plus Ibavenc à expliquer ce qu'il avoic dit 5 cela l'oblige à entrer dans des détails peu intereflans, ou il ne feroic pas aile de le iuivre , d'une manière à contenter *nos Ledcurs. Mais nous croions qu'on ne fe- ra pas fâché de trouver ici ce qu'il avan- ce , touchant certains faits importans, qui regardent l'Hilloire Eccleiiallique de ce Roiaume. 5, Vous avés raifon, dit-i! à Mr. Wafer- „ land, de demander, fî c'eft fi -.de nient dans 5, les mots que con/îjîe la foi des Chrétiens ! ou ,y fi ce n'eji pas plutôt dans les cbofis? fi c'efi: 55 annoncer les vérités divines que de reciter 3, firdplement les paroles qui les contiennent ^ 5, après en avoir fait évanouir le fins 1 ou 3, plutôt fi ce n'eft point là les corrompre ^ 5, les renvcrfirl je propofe la même quef- ,, tion au fujet des Trsiite neuf Articles. Ils ,, p'-iir::nt pour être fondés fur l'Ecriture: „ Et à leur tête, on voit une Déclaration „ du .Roi Charles I. en ces termes; -^w^ I ,, perfonne déformais^ en écrivant^ ou enprè- 55 chant ^ 71 attache à ces Articles un autre 5, fins que celui qui fi prefente naturelleraent 5, à le/prit: Mais que chacun s'y Ihumette^en yy les prenant dans leur finiple " cf entière fi- gnifica- {a) Tome II. féconde Partie," Article IV. l 2 132 Bibliothèque Britannique, 5> gnificatim\ Et ne prétende point que ce qu'il 3, en peîife , ou que la gloj'e quil en fait ^ en ,^ J'oit le fens: Mais les reçoive dans leur Jhis ,5 littéral cf gramr,iatical. 5, Vous avés vous même découvert, avec „ beaucoup de vivaciré oc de force, la 55 prévarication excrême des Ârriens qui ,3 fignent les Trente neuf Avticies. Mais 55 ne vous en dep'aife ! N'y a-c-il que deux 3j ou trois de ces Articles qui foient im- 3, porrans ? Et d^ailJeurs ne doit on pas „ croire chacun de ces Articles dans fa 5, figniiication pure c? Jî/nple, & dans tou- ,, te l'étendue des termes? Si on le doit, .5 d'où vient que vous faites gloire de re- 3, jetter le dogme de la Predejtination ab- 55 folue? Et cela 5 dans le tems que vous 3, êtes obligé de faire évanouir le fens de 5, V Article dix-feptième\ comme un Arrien 3, élude à fon tour le fens àv\ Premier Ar- 3, ticlc , & de trois autres? Si Epifcopius y 33 ou Limborch avoient foufcrit ces quatre 3, Articles i\nti- Arriens 5 pour obtenir quel- 3, que pode Ecclefiafiique , je les au- 35 rois (a) „ Par raport à vos propres fentim.ens 55 touchant la Predeftination , je ne fçais 3, po'nt quels ils étoient, lorfque vous 3, foufcri vires aux Articles qui l'établiflent. 3, La charité m'oblige à fuppoier, que „ vous en prîtes alors les termes , dans 3, leur {a) L'Auteur hifle ici le fens iufpendu. OcToiî. NovEMn. ET DECCMr. 1734. 13-5 3, leur force primitive, ou dans li^nvjens 3, naturel; & que vous en fit es de rùéine 3, par rapon à tous 1er. autres Articles qui 33 iont Calvinijles. Quoi iju'il enfo't, je dois 3, vous dn-e, que li la Dljclpline étoit re- 33 tablie dans votre Egîife; ce qu'elle fou- ^, halte depuis long tems : vous vous fériés 33 expofé vous même à une première ^ Je- 33 co7ide admonition^ comme attaquant un 3, article fondamental de la Religion. Dans 35 la Préface que vous avés mile à la tête ,3 de vôtre Défenfe de la Divinité de Jefiis 3, Cbrifl ^ vous confondes \q^ opinions des 3, Predefiinatiens avec celles des Antimmiens : 3, Et vous lesexpofés également au mépris, 3, comme aiant été foutenus par les Ad- 3, verfaires de l'Evéque Bull^ qui pour la 3, pluspart furent, dites vous, des gens 3, à Syjtéine, qui s'étoicnt intrus dcns l'E- ,5 gliie, durant la grande Rébellion. 3, Je vais ici tranfcrire la première par- 3, tie de VArVcle de la Predejtination , qui ert 3, effet eft le plus "long de tous , & qui à 3, coup feur mérite qa'on n'y ait pas moins 35 d'égard qu'aux autres. „ La Predejîinaxion à la vie eft le pro- 3, pos éternel de Dieu , par kqitel avant la 3, fondation du monde ^ il a fermement arrêté 3, par Ton confeil qui nous e(t cache , de 5, délivrer de la malédiction c? damnation^ 3, ceux quHl a élm du genre humain^ en Je- ,, fus Cîjrijl au Salut éternel ^ commue xa'ÛtinaK. ,3 faits à honneur. Ceft pourriuoi ceux qui 1 ^ ,, ont J34 Bibliothèque Britannique, 3, ont reçu àe Dieu un fi grand bienfait font ,, apellez félon le Décret de Dieu , par fon „ Efpric, qui produit fon efficace ^ lorfquilejl 5, tems. Us oheiffent par %\'2iQG, à fa vocation *^ 3, Ils font juftitiés gratuitement ,- Us font „ faits enfans de Dieu par adoption; Ils font ,, faits femblahles à limage de Je fus C/jrift , ^y fon Fils Unique ; Us marchent religieufement 55 dans les bonnes œuvres; Et enfin par la „ mifericorde de Dleu^ ils arriveîit à la bea- 5, titude éternelle. „ j'en apelie à tout homme qui ne fe 5, laiffe pas aveugler par des préjugés , & 5, qui n'a pas renoncé au lens commun, (i 3, ces paroles , à la première lecture même, „ n'expriment pas le dogme de la Predefti- „ nation abfolue? Je dem.ande s'il efl pof- 3, lible d'y faire la moindre attention, ians „ être au fait de ce que vouloient dire les ., Compilateurs des Articles ! Franchement , 5, ils auroient été dignes des petites mai- ,, /o/zj" , s'ils avoient tenu la conduite qu'on „ leur prête. Car vorla des Articles de' „ foi qu'ils dreflent folemnellement , pour 3, être fignez par une foule de gens, dans „ une longue fuite d'années. Ces articles, „ ils les expriment d'une manière extre- „ mem.ent forte ; en particulier celui dont „ il eft queilion: Et cependant, ils n'au- 5, ront eu deflcin d'exprimer le dogme de „ la Predeftination , ni de l'Eleftion , que 5, dans le fens qu'ont imaginé les Remon- ,^ îrans Hollandois ^ ou les Arminiens An- „ ghis. OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. 1724. ^3^ 5, glois. Mais y a-t-il là un feul mot qui 35 le raporte à la prefcience de la foi , ou des œuvres, comme caufe de la predeC- tination ? ou l'Article parle-t-il d'oLtenit la félicité éternelle , lî ce n*e(t en vertu dj propos éternel de Dieul Y fait on dé- pendre la Predeftination du choix des hommes ? ou n'eft ce pas plutôt du Décret de Dieu ! leur vocation que fon Efprit rend ei^cace ; leur Obeiflance à la vocation de cet Efprit Saint,* leur juf- tification gratuite ; leur Adoption ; leur reflemblance à Jefus Chrifl, & le foin qu'ils ont de marcher religieufement dans les bonnes œuvres ,* Enfin leur bonheur éternel; Tout cela ne decou* le-t-il pas clairement, félon la teneur de cet Article, & du Décret, & de la Grâce de Dieu? „ Si dans le commerce de la v'e civile , qucî- cun prenoit la même liberté d'expli- quer, ou les paroles, ou celles d'autrui, qu'on a pris de tordre celles de la Confef- fion de foi ; ou qu'il voulut leur donner un fens qui les rendit favorables à fes inte- 35 35 33 33 „ rê'.s temporels; il fcroit regardé bien- ,, tôt comme un fripon & menteur fieffé. Et fi on lui faifoit fon procès dans une Cour de JujUce, pour un abus û licen- tieux des termes de la Langue, qui font connus , & que l'on fçait avoir une fi- gnification déterminée; je crois qu'il au- roit de la peine à éviter une flétrijjurei I 4 „ Pcr- ï^ Bibliothèque Bf^itannique , „ Permettes moi de tranfcrire ici un Paf- 55 fage de votre préface , que j'ai déjà ci-. 5, tée. Il y une cbofe ^ dites vous , que je ne' 5, fçaurois m' empêcher de remarquer pour l bon- 5, neur du Docteur Ciarke; c'cjt que dans la 3, Nouvelle Edition de fin livre fur la Tri- ' 55 nité ^ il a retranché de fon Introduction ces 5, paroles ; Il eft clair que chacun peut rai- 5, Ibnablement foufcrire à de pareils For- 3^ mulaires ^ lorfqu'il peut, en quelque fens 55 que ce foitjles concilier avec l'Ecriture, >) T^fi ifpérer ^ ajouter vous, que daformaîs 55 perfiiine ne prétendra Je J'eriir de Vautoxité ,, du Boàeur Ciarke^ pour fv^iur des Formu- 55 laires, qu'on ne croit p^jùit , félon k fens 55 propre c? véritable des paroles^ Êf félon Vin- 55 tentïon connue de ceux qui les ont compilés 55 âf établis. Une telle prévarication ejl très 55 Tiiauvaife en elle mérae: Et elle auroit^ avec 55 le tems y .une fimefte influence fur les mccuv^ 55 de la Nation. Si a un coté les vScrmeriS 55 qu'on prête à l'Etat, âf de l'autre les (;- 55 gnacures du Clergé font coiiiptées pour rien ^ 55 &? que pour défendre une obliquité fi grof 53 fiére^ ou pour pallier de telles Juper chéries^ 55 on n'ait quà inventer de niifcrahks fuhtili- 55 tés: C'en eft fait de tous les principes d' bon- 5 3 neur, cf de tous les fentimens de vertu:, la 5, Religion ne fera plus quun Atheiiine de- 55 guifé. 5, Ces paroles, que j'emprunte de vous , 55 attaquent auHi fortement les Arminiens ^^ y, que les Arriens ou perni-^Arrien?. AulVi ,, op.r OCTOB. NOVEME. ET DeCEMB. I734. I37 5, ont ils tous eu recours à je re fçai quel- 3, les évafions pour excufer, s'il fe pou- 3, voit, aux yeux du monde, leur peu de 55 fincérité & de bonne foi. A quel jargon 3, de Logique, ou de Meîaphyfique , n'ont ,, ils pas éré réduits? Quelles ciiicaneries ,5 balles & déteilables n'ont ils point em- „ ploie, pour procurer à leur confcience „ une fauire tranquilité, & pour foutenir 5, leur réputation chancellante ? NosTheo- ,5 loi^iens à Syftème le font bien conduits „ d'une autre manière. Sçachant , qu'ils „ étoient fous les yeux de celui qui voit 5, tout; Pcrluadés , que tous les avantages ,, de cette vie ne pourroient jamais les de- 5, dommagcr de la perte de l'amour de ,5 Dieu; ils ont renoncé de bon cœur, & 5, avec fermeté, à tout ce que le fiecle ,, leur offroit de plus brillant: Et s'étant ,, cxporés, avec leurs fami'les, à une fou- „ le de vexations^ ils ont reçu avec joie k „ raviffemeiit de leurs biens, dans l'attente 5, de rheritage eterntl. 5, Il eft facile de voir , que c'ctoit pour ,, faire fon apologie, que le Dotleur Clarke 5, inféra, dans \ Introduction on^ fon Livre, „ une longue citation de la Vie de rEvéque 5, Bull, par Nelfon. Car autant que j'tri „ puis juger , il faut que le Prélat & le 5, i)ocï^izriefoutiennent, ou tombent enfem- 5, ble. Si l'un aprévariqué, l'autre l'a fait ,, aufil. La feule diiFcrence qu'il y a,c'ell: ^, que quoique les idées de l'Evcqûe s'ajuf I 5 5, tcnt 138 Bibliothèque Britannique, .„ tent aufîi peu , avec celles de Calvin fur 3, la Grâce 5 que celles du Dodeur avec les 5, fentimens ordinaires fur la irinité: Elles yy ont eu de fon tems le bonlicur d'être 3, reçues avec un applaudifTement plus ge- 3, neral , que les opinions de Mr. Clarke 3, ne l'ont été pendant fa vie. Nos Uni- ^y ver fîtes , aufli bien que les Cicrés des Pa- yy roijfes, donnèrent à l'envi dans des idées 5, qui les éloignoient du CaMnifme: Et le 55 Parti qui l'emporte eft toujours cenfé le 3, Parti Orthodoxe. Maispuifqu'aduellement, 3, il femble que l'on fe laile des vieux dog- 55 mes, (S: que l'amour de la nouveauté 3, gagne le deilus; Qui fçait fi la genera- 3, tion fuivante ne regardera point les Ar- „ ticles, dont on fait à préfent valoir l'/w- 3, portance , comme des Articles entièrement 33 hors de mode. 3, Quoi qu'il en foit, quand même les 3, Sçavans feroient entrés dans les idées de 35 Bull, plus généralement qu'ils n'ont fait: 3, E: qu'outre l'Ecriture Sainte , cet Evê- 3, que eut pu compter d'avoir pour lui tous 3, les Pères, & tous les Scholalliques, juf- ,3 ques à Calvin ; e'eO: au fond ce qui ne „ Vauroit point juftifié de ce dont le Doc- 3, teur TuUy ^ l'accufoit, lui & fes Adhe- rens; fçavoir de penfer d'une manière contraire aux Articles, qu'ils avoient foufcrits folemnellemenr. Et je ne vois pas qu'il foie poffîble de l'ablbudre d'une bafle diiTuTiuiacion 3 ou d'une indigne „ fO' OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. I734. 130 „ fophiftiquerie 5 s'il. a tâché de tori^re^es „ mots, dont la fignification efh naturelle, „ & fe préfcnte d'elle même à l'cTprit. 55 Pourquoi François de Ste. Claire (a) n'au- 55 roit il pas prêcé aux Articles de l'Egiife ,5 Anglicane ce qu'il penlbit fur la religion, j, & ne les auroit il pas pu accorder avec ,5 les Décrets du Concile de Trente ? Ce- 5, la lui étoit tout aufîi aifé qu'au Prélat 5, de faire parler ces Articles à l'Arminei- „ ne. Bien en prit à Bull d'avoir écrit en 5, Latin ; Vous le faites remarquer vous 5, même. Et en eflet, c'eil ce qui fît qu'il ,5 ne fe dcshonnora point parmi le peu- 5, pie. Les partifans de l'Arminianifme en 55 Angleterre ne feroient point mal de l'i- 35 miter en cela. ARTICLE VL A Defence of the Engîîsh Hiftory, againfl the mifreprefentaiions of Mr. de Ka- pin Thoyras, in his Hiflory of En- giand , now publishingweekly ^ Lon- don. Printed for J. Wilford, at the three flower-de- luces, behind the Chapter hoiife in St. Paul Church yard 1734. C'ell-à-dire. Dcftnfe de (.î) Voies Bibliorh. Brit. Tome II. Part, fé- conde p. 3-fi. Î40 Bibliothèque Britannique, rHiftoire (ï Angleterre , contre . les FaU ftficaîiorîs de Mr.de Ra pin Tboyras dans [on Hiftoire de ce Royaume^ qui fe publie à prefent par femaine, ^. pp. ijj, L'Empreflement avec lequel !e Public a reçu riliftoire de Mr. de Rapin, Tef- time dans laquelle, elle s'eit maintenue, & les différentes Editions qui s'en font faites, Ibnt un Garant fur du mérite de l'Ouvrage: On ne fçauroit s'empêcher de reconnoitre dans cet Auteur , une grande application à s'inftruirc de la Vérité des faits, une fmcerité peu commune h les rap- porter, une exactitude, & un Ordre clair & naturel qu'on trouve dans peu d'Hillo- riens: & quoiqu'il avertifle , qu'il n'écrit que pour le étrangers, Ion Kiltoire n'a pas été reçue moins favorablement dans ce Roiaume que par tout ailleurs. Les An- glois qui ne font pas naturellement porter à louer les Auteurs étrangers , ce fur tout îorfqu'il eil queftion de l'Hiltoire de leur Païs 5 n'ont pas laille de rendre juftice a Mr. de Rapin; fon Hilloire a été d'abord traduite en Anglois ; l'Edition s'en cft bientôt débitée , & acluelleraent on la reimprime par foufcription , te on, en livre aux Soufcripteurs un certain ^.ombre- de feuilles par femaine. Mr. Tinéal Minif- tre, (& neveu de Mi% Tindal, Auteur du Chrïjïicinijm auSfi'aîickn que le Mojide ) qui en OCTOR. NOVEMR. ET DeCEMB. I734. I4Î en eit le Traducteur,. y a ajoute pîulîeurs remarques fort inftructives , où il éclaircic plufieurs endroits & rectifie quelques fau- tes : il feroit difficile que dans un Ouvrage d'une auiii longue haleine, & qui demande une connoillance fi étendue, Mr. de Ra- çin ne fut tombé dans quelques erreurs, ibic par inadvertance, ou manque de fe- cours pour fe bien mettre au fait. Les re- marques de Mr. Tindal fervent à le relever là dedlis , & il le fait d'une manière égale- ment judicieufe & polie, fans rien ôter au m.erite de Mr. de Rapin , & le Lefteur y trouve toujours ion compte. La Brochure dont nous allons parler eft d'un tout autre caractère. A en juger par le titre , on doit s'attendre à y trouver plutôt une Satyre , qu'un examen impartial du livre de Vlr. de Rapin. L'Auteur n'a pas mis fon nom a la tète de l'Ouvrage, mais on fcait que c'ed- Mr. Salmon ; le mê- me qui a donné au Public plufieurs autres Ouvrages, entr'autrcs r/;^ modem Hijlory , qui paroiflbit ici chaque mois, & qu'on a traduit en Hollande , honneur auquel fans doute l'Auteur ne s'attendoit pas, vu le peu de fuccès qu'ont eu fes autres Ecrits dans ce Païs ci : Celui dont nous allons rendre compte, n'en a pas eu davantage; les honnêtes gens n'aiment point à lire des libelles diffamatoires, fur tout contre des perfonnes d'un mérite reconnu. Nous aurions pu nous difpenfcr de donner l'ex- trait 142 Bibliothèque Britannique, trait d'un livre de ce caractère ; mais on verra par Jà VEfprit de parti qui règne dans ce Roiaume ; ou il y a bien des perfon- nes 5 qui penfenc à peu près comme Mr. Salmon , & qui accufent Mr. de Rapia de parcialité , principalement dans l'hiftoi- re des quatre Rois de la maifon des Scuarts, qui font les Héros de ces Mef- lieurs. Ils fe plaiccnent que cet Auteur fait connoitre trop ouvertement de quel coté il panche; qu'il fait des reflexions qui pré- viennent le Lecteur, î\iais Quoi! un Hifro- rien doit il être cenfé partial , lorfqu'oii peut découvrir de quel coté il panche , lors même qu'il donne fon jugement fur les démarches des différents partis , pourvu que d'ailleurs il ne taife rien de la Vérité, & qu'il rapporte avec candeur le pour iî-z le contre ? Un Auteur n'eft-il pas bien ai- fe de faire connoitre dans quels fentimens il efl, à l'égard des faits qu'il difcute, &: de donner une idée avantageufe de fon ju- gement ? Et les Leéleurs ne font ils pas iatisfaits de voir de quelle opinion eit leur Auteur, fur tout lorfqu'ils peuvent baîan- <:cr les preuves & en juger par eux mê- mes P Mais venons à notre livre. Nous ne fuivrons pas l'Auteur dans tou- tes les invedtives contre Mr. de Rapin ; il faudroit prefque tout copier: il ne s'arrête pas à examiner la Vérité des faits, qui font rapportés dans l'Hiitoire d'Angleter- re, il n'y auroit pas trouvé fon compte,- il s'at- OCTOE. NOVEMC. ET DeCEMR. I734. I43 s'attache feulement aux reflexions de l'Hif- torien, auxquelles ii en fiibftituë d'autres à fa manière. ïl commence par quciqucs Remarques iur les Qualicez neccHiires pour écrire une bonne Hiftoire : il dit que dans la plufpart des Hiftoriens on trouve ces deux grands défauts, Vignorance réelle, â? l'ignorance affectée. L'ignorance réelle , dit il, vient de ce que la vie d'un homme ne fuffiroit pas pour s'injiruire de tout ce qtr< eji requis , pour bieîi écrire Vhiftoire générale d'un Roiau- me 5 quand il vivroit aujji long temps que Methufalem : il fauàroit p'UiJièurs perjonnes oc- cupées à un tel ouvrage , cif que chacun choi- fit pour fa part un certain période. L'igno- rance affeàée ou volontaire vient de ce que la plupart écrivant par des vues d'intérêt, ccn- Jultent moins la vérité, que ce qui peut plaire au public c:? faire débiter leur livre ; & ceux Cl il les appelle des Ecrivains Siiijfes. Ex- preiïion qui lui plait fifort, qu'il y revient en plufieurs endroits : & immédiatement après ces remarques générales , il dit, que pour ce qui efl: de Mr. de Rap-n , il n'au- rait pas pu dire la vérité, quand il Vauroit voulu: cf qu'il nauroit pas voulu la dire, quand il Vauroit pu. Il a fort fur le cœur , qu'un Etranger ait ofé entreprendre d'écrire l'hilloire d'An- gleterre. Coip.ment, dit-il, a t'il pu en li peu de temps acquérir une connoifTance allez étendue pour cela? Mais faut il en effet, comme notre Auteur l'avance, la vie 144 BlELlOTHF.QUË B RI T A NNîQ 0 E, vie d'un Methulalem pour s'inllruire de ce qui efl: necellliirc à une telle entreprife? î.c temps que Mr. de Rapin y a mis ne fuffi- foic il pas? Il eit vrai, qu'il croie étran- ger , qu'à cet égard il avoit un grand dela- vancage, & que malgré Ton application & ion exaditude, il ne pouvoit guère s'em- pêcher de commettre quelques fautes que les Gens du païs découvrent aifémcnt , ce qui font de peu d'importance. Mais d'un autre coté, on oferoic prefqu'avancer, que par rapport aux Révolutions qui font arri- vées dans ce Royaume, & qui font la par- tie la plus imereilante de i'hiltoire ; un Etranger efl: plus propre qu'un Anglois, à en donner une idée claire ^ fidèle , qui mette le Lecteur en état de juger. Oa peut regarder Tétranger comme un Speéla- teur desinterrelTé des évenemcns oli ni lui , ni Tes Ancêtres n'ont eu aucune part, ce qu'on ne peut pas dire des Anglois, Il y en a bien peu qui ne foient prévenus pour ou contre quelque Pareil on fçait qu'il y en a deux dominants dans ce Roiaume , dont Mr. de Rapin a fort bien développe POrigine & les principes dans fa Dillertation fur les IFhiggs ^ les Torys : & ceux qui font outrez dans ces deux Partis fe font des idées fi différentes des chofes , qu'on pourroit appliquer à leurs hiftoires , ce que Mr. de Rapin dit de celles que Buchanan & Cambden ont écrit delà Reine Marie d'Ecoffc, qu'il femble pref- OCTOB. NOVEMB. ET DeCEiMB. I734. 145 prefque qu'on life l'hiftoire de deux diffé- rentes perfonnes. Mais Mr. de Rapin ctoit étranger , il étoic François réfugié^ il n'en falloic pas davantage pour émouvoir la bile de notre Auteur, qui auroit voulu qu'il eut parlé avec plus de ménagement de la Famille des Stuarts : Quel retour , s'écrie t'il , pour la favo- rable réception que les Huguenots exilés ont trouvé icil ils ont été recueillis par un Prince de la même Communion , que celui qui les avoit chajjez : tant dlmmanité auroit au moins dû les engager à pajjer fous fîlence fes malheurs ^ f es démarches imprudentes: mais ce charita- ble Protecteur des affligés^ nen reçoit pas un meilleur traitement que d'en être calomnié ^ avili : fes Ancêtres , depuis le premier qui a monté fur le Throne d" Angleterre ^ font reprefen- îez comme des Tyrans Q des Monflres par ceux là même que fa bonté a nourris. Et il efl très probable que la compaffion de ce Prince infortuné , lui a coûté cher , à? que ce fut là une des raifons qui lui attirèrent la colère du Pape. Pour ravaler une telle Bonté nous avons fouvent ouï dire , que le deffein de Ja^ ques IL étoit de rendre les Réfugiez à leur Roi, afin qu'on leur fit fouffrir de îiouveaux tourmens ; Accufation où Von voit autant de \ probabilité que de reconnoiffance \ car fi leur \ Roi avoit eu cette intention , ne les auroit-il I pas retenu chez luil Par cet échantillon on ! voit que les François proteftans ne doi- vent pas s'attendre à être fort ménagez Tome IV. Part. I. K par 146 Bibliothèque Britannique, par notre Auteur. Il auroit voulu que Mr- de Rapin eut pajjé fous filence, les malheurs ^ lesfaujjes démarches de ce Prince Charita- ble : mais il n'auroit donc pas fallu écrire fon hiftoire , ou l'écrire comme le Père d'Orléans Pa fait, qui tient de la bouche même de ce Prince , ce qu'il dit de lui. L'auteur allure que la bonté de Jaques IL lui a coûté cher y piiîfque cela lui attira la colère du Pape ; apparemment qu'il attribue à cette colère la perte de fa couronne. A l'égard du defTein qu'il dit, que les Ré- fugiez attribuèrent à Jaques 1 1. de les livrer à leur Roi, c'efl un fecret qu'il révèle au Public, (Se qui pourroit bien être de fon invention. Ce que Mr. de Rapin dans fa Diflerta- tion fur les Wittena-Gemot, dit des libertez & des droits du Peuple &; du Contradl Ori- ginal qu'on doit fuppofer entre le Monar- que & les fujets , déplait fort à notre Au- teur : Il prétend que les droits & les pri- vilèges des Peuples, ne font qu'un effet de la conceflion des Rois , &; il le prouve par le Serment qu'Edourd II. fut obligé de prêter à fon couronnement, dont voici la formule qui lui fut lue. Sire voulés 'vous conferver cf confirmer par votre ferment au Peuple d'Angleterre , les Loix établies par- les pieux Rois vos Predeceffeurs ^ ^ en particu- lier Us Loix , Coutumes ^ Libertez accor- dées au Clergé ^ au Peuple , par le glo- rimx St. Edouard votre Predeceffeur ? Mr. d4' OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. I734. I47 de Rapin avoit obfervé fur la formu- le de ce ferment, qu'on y pouvoit décou- vrir combien le Peuple avoit empiété fur les Prérogatives Roiales , depuis l'établif- fement de la grande Charte,* qu'il parole manifeftenent , que bien loin de fuppofer que la grande Charte fût le titre original des privilèges accordez par le Roi Jean au peuple d'Angleterre , on ne la regardoic que comme la confirmation des anciennes Libertez de la Nation: que fuivant cette fuppolition on fait jurer à Edouard II., qu*il obfervera les Loix de St. Edouard, qui étoient les mêmes que celles des An- glo-Saxons : depeur qu'en l'obligeant à jurer d'obferver la grande Charte, on ne lui donnât lieu de s'imaginer que les privilè- ges du Peuple, n'étoient fondez que fur les concernons des Rois. Notre Auteur remarque là-deflus , que puifque félon Mr. de Rapin le Peuple avoit ufurpé les Libertés fur la Prérogative Roiale , elles appartenoient donc originairement à cette Prérogative; & que la dernière réflexion de cet Hiftorien effc contredite par le ferment même, oii Edouard II. ]m'e de conferver les Loix, Cou- tumes ^ Libertés y accordées au Clergé ^ au Peuple par St. Edouard, Ces Libertez font donc de l'aveu même de ceux qui exigent le ferment, une Conceflion des Rois, fi- non Normans du moins Anglo-Saxons. Sur la manière dont Edouard I. traita le Clergé , qui d'abord refufa de donner la K 2 dou* i4§ Bibliothèque Britannique, douzième partie de fes Biens & qui enfuite fut obligé d'en donner la cinquième , Mr. de Rapin avoit remiarqué , qu'on voit par cet exemple , que le Clergé eft aufli promc à fe foumectre, quand il a affaire à un Prince ferme & refolu , que fier & opiniâ- tre envers un Prince foible & fcrupuleux. Notre Auteur trouve qu'il auroit été de la candeur & de lafmcerité d'un Hiflorien de marquer ici , ce qu'il entend par le Clergé de peur qu'on ne charge tout le Corps , de ce dont il n'y a qu'une partie qui foit cou- pable. Car par le Clergé , dit il, quelquefois Ml entend le Pape âf Jes Mirmidons , quelque- fois les Moines , âf d'autres fois les Evtques ç^ les Prêtres , qui font le Clergé J'ecuUer ; au lieu que V accujation de cet Hiflorien femble retomber fur tout le Corps: c'efb pourquoi notre Auteur interprète ici le terme de Clergé , KAvipcç par celui de Choifîs , fcavoir , pour être blâmez ^ tournez en ridicule par Mr. de Rapin, 11 l'accufe en plufieurs endroits de pa- roitre peu favorable au Clergé, dont il fe montre, lui, zélé defenfeur , il fe plaint de ce qu'on charge fouvent le Corps en General, de démarches dont il n'y a que quelques particuliers qui foient coupables : 11 entreprend même la défenfe des Monaf tères ,qui furent injufiement fupprimez fous Henri VIII., pour des crimes & des abo- minations , qui , félon lui , ne font pas croiables èa n'ont aucun fondement. Ec fur OCTOB. NOVEMR. ET DeCEMH. I734. I4P fur ce que Mr. de Rapin die dans fon in- troduction, que les Druides, dans les affai- res publiques (Se particulières, avoient ufur- pé une autorité qui ne leur convenoit pas, iS2 Bibliothèque Britannique, „ la Religion Proteftance , c'eft la vigueur 5, avec laquelle il s'oppofa au mariage du 35 Prince de Galles avec une Infante d'Ef- 5, pagne , & à la Tolérance des Papiftes. 3, On peuc voir dans THiftoire de Mr. de 35 Rapin (n) la Lettre , qu'il écrivit au 55 Roi là-defllis. Cette Lettre^ ajoute cet 55 Hiftorien , fait mir que ce n'eft pas fans ^^ fondement y qne V Archevêque pafjoit pour 55 Puritain 5 du moins félon les Idées de la 5, Cour^ qui r egar doit comme Puritains ^ tous 55 ceux^ qui refufoient d'attribuer au Roi un 5, pouvoir fans bornes ". Abbot fufpendu de Tes fondions fe reti- ra dans fa maifon à Ford, ou il s'atta- cha 5 dit le Neve (&) , à écrire Thiftoire de fa difgrace5 au lieu de faire fa foumif- lion au Roi. „ Mais, remarquent nos Au- 55 teurs 5 quelle foumiflion pouvoit il faire, ^ fi toute là faute confiftoit à n'avoir 55. pas voulu approuver un Sermon , qui 35 tendoit à renverfer la Conftitution de 55 l'Etat, & à avoir refufé de fe prêter •5 aux vues d'un Miniftére, qui vouloic 35 lever de l'argent par des voies , qui 55 étoient contre les Loix? Tels étoient 55 les crimes d' Abbot ! C'étoient , il faut 55 l'avouer 5 des crimes aux yeux d'un 55 Prince qui vouloit être defpotique, & 55 d'un Miniftre avare & ambitieux; mais 5, des (a) Là même 5 p. 21 r. 212. {b) Lives of tlie Bishops, p. loi. OCTOB. NOVEMB. ET DecEMB. I734. I83 „ des crimes, qui relevoient fa Gloire 55 aux yeux de tous les bons Citoiens, & 3, qui le rendoienc extrêmement cher à 5, toute la Nation, pour la caufe de la- „ quelle il fouffroic ". Vers la fin de l'Année 1628. Abbot fut en apparence rétabli dans les bonnes grâces du Roi, qui le fit venir à la Cour. "L'Ar- chevêque d'York, & le Comte de Dorfcc furent au devant de lui , & l'introduifirenc avec beaucoup de folemnité chez le Roi; ce Prince lui donna fa main à baifer d'un air fort afi^able , & lui dit de ne pas man- quer de fe trouver deux fois la femaine au Confeil. Malgré ce renouvellement de fureur , Abbpt ne trouva pas beaucoup de contentement à la Cour : foit que la trif- tCiTe, que lui caufoit l'accident fâcheux qui lui étoit arrivé , le rendit plus indo- lent (Se plus relâché dans l'exercice de fa charge , foit qu'il ne penetroit pas la po- litique de la Cour, & qu'il crût, qu'en faifant lever fa fufpenfion, on avoit eu moins deffein de lui rendre jultice, que d'appaifer un puiflant parti (û) dans la Chambre des Communes , il eft certain , qu'il tomba dans un abattement, qui le mina peu à peu, & le conduifit enfin au Tombeau. Voici le portrait, que le Docteur Wel- wood fait de ce Prélat. „ Il avoit, dit-il, {a) Celui des Puritaine. M 4 ï84 Bibliothèque Britannique, ,, refpric doux,& une grande modération; „ dans toute fa conduite il a fait voir, ,, qu'il écoit très éloigné d'étendre l'Acte 3 5 d'unifûrmité au delà de ce qui étoit ab- 3, folument neceflaire pour entretenir la 35 paix dans l'Egliie , & pour maintenir les 3, Prérogatives de la Couronne. Quoiqu'il 3, fut très favant, il n'étoit pas propre 33 pour la Cour, étant incapable de céder 3, au tems; par fa fermeté hors de faifon 3, il donna lieu à fes ennemis de le faire 3, paflcr pour un homme peu favorable à 3, l'Autorité Roiale, trop attaché aux in- 3, terets du peuple , & par confequent 33 peu propre a être emploie dans les af- _,, faires d'Etat, Cet Archevêque étoit fort charitable, comme il paroit par un état des Aumô- nes, & des dons 3 qu'il faifoit ; mais ce qu'il y a de plus remarquable , c'eft , que tout l'argent qu'il pouvoit épargner, il l'envoioit à la Reine de Bohème, pour les intérêts de laquelle il a toujours été extrê- mement Zélé. Outre les Ouvrages , dont Mr. Baile fait mention , Abbot à compofé plufîeurs au- tres pièces , dont on trouve ici le Catalo- gue, & entre autres un Récit de fa riifgra- ce à la Cour, A Narrative concerning bis difgrace at Court. "*' Voilà un exemple des Additions ou Sup- plemens , que nos Auteurs ont jugé à pro- ■ pos de faire à divers Articles de lAr. Éay- le. OCTOB. NOVEME. ET DeCEMIÎ. I734. ^^S îe. Il y a outre cela. un fort grand nom- bre d'Articles nouveaux dans ce Volume , puiique contenant 712. pages, il ne va pourtant que juiqu'aux Lettres ANE, le dernier Article étant de Barthelemi Aneau. Malgré ce grand nombre d'additions, nous ne nous attacherons pourtant qu'à un feul Article, que nous choifirons parmi les Hommes llluftres de la Grande Bretagne, parce qu'ils font moins connus de delà la mer. L'Article auquel nous nous bornons eft celui de l'Evêque Andrews. Lancelot Andrews (a) naquit à Lon- dres environ l'An 1555., d'une ancienne famille de la Province de Suffolk: Aiant fait fes humanitez dans le lieu de fa naif- fance , il alla étudier dans le Collège de Pembroke à Cambridge ; où il prit bien- tôt après le degré de Bachelier es arts. Il lé dillingua d'une manière fi particulière pas fon lavoir 6c fon mérite , que Mr. Price ayant fondé un Collège à Oxford, le nomma à fon infceu, pour en être un des Membres. Il s'acquit bientôt Teilime des Perfonnes les plus diflinguces dans l'Etat: Le Comte d^ Huntingdon, Gou- verneur d'York , l'engagea à aller avec lui dans le Nord de l'Angleterre, pour y tra- vailler à la converfion des Papilles ,* en quoi il eut le bonheur de réuffir aflez bien, aiant ramené plufieurs Catholiques Ro- mains i {a) Oit André ^/7 François. M 5 185 Bibliothèque Britannique, maias, & même quelques Prêtres à la Re- ligion Proteltante. Il gagna auflî les bon- nes grâces de François Wallingham^ Se- crétaire de la Reine Elizabeth; ce grand homme ne voulut jamais permettre , qu'An- drews accepta un bénéfice à la Campagne, de peur que fes Talens & Ion lavoir ne fuflent par là enfevelis dans PObfcurité ; il avoit deflein de lui procurer la charge d'expliquer les Controverfes dans l'Uni- verfité de Cambridge,- en attendant il lui donna une Cure & une Prébende à Lon- dres. Andrews fut enfuite fucceiîivement Chef du Collège de Pembroke à Cam- bridge, Chapelain delà Reine, & Doien de Weftminller. En l'Année i<505. ^^ Roi Jaques I. le fit Evêque de Chichefter; de là il fut tranferé à l'Evêché d'Ely en 1609. & fait Coafeilîer privé du Roi , pre- mièrement en Angleterre , & enfuite en EcofTe, où il accompagna ce Prince. En 1(5x8. il fut fait Evêque de Winchefter, & Doien de la Chapelle du Roi. La ma- nière dont il acquit toutes fes Dignitez lui eft fort honorable, car il ne les foUicita jamais & ne les dûtt^u'à fon mérite. Jaques L aiant, comme on fait, écrit en faveur de l'Autorité des Princes; Bel- larmin , déguifé fous le nom de Matthieu Tortus , l'attaqua avec beaucoup d'aigreur. Le Roi aiant dédaigné de répondre à cet adverfaire , Andrews s'en chargea , & le fit avec autant de vivacité , que de force. Sa OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. I734. Ig^ Sa Reponfe eft intitulée, Tortura Torîi; five ad Matthei Torti librum Refponrio, qui nuper editus contra Apologiam Sere- niflimi , Potentiflimique Principis Jacobi^ Dei Gratia , Magnse Britanniae , Francise., & Hiberniaî Régis, pro Juramento Fide- litatis. Cet Ouvrage fut imprimé à Lon- dres en 1609.5 ^^ quarto 'j Calàubon en fai- foit beaucoup de cas. L'Auteur y fou- tient que les Princes feuls ont le Droit de convoquer les Conciles , Synodes , ou autres AfTemblées Ecclefiaftiques , & de les diflbudre lors qu'ils le jugent à propos ; & que les Synodes <5cc. n'ont droit de délibé- rer fur rien fans la permilîlon du Prince. Il foutint le même fentiment dans un Ser- mon 5 qu'il fit devant le Roi , qui étant mécontent des Minières Presbytériens d'Ecofle , parce que malgré fa Defenfê ils avoient tenu une Allémblée générale à Aberdeen , en avoit fait venir quelques- uns des plus confiderables à Londres , & leur avoit demandé leur Opinion fur trois Queftions, qui regardoient fon Autorité dans les Affaires Ecclefiaftiques. La fé- conde de ces Queftions étoit, ,, S'ils re- 5, connoiflbient , que fa Majefté , en ver- 5, tu de fon Autorité & de fa Prérogative 5, comme Roi Chrétien, avoit le Droit de 5, convoquer , proroger, & diffoudre , pour 5, des caufes juftes, & à lui connues, les „ AfTemblées Ecclefiafliques , dans tous les 5, païs de fa Domination. " Tan- î88 Bibliothèque Britannique, Tandis que les Miniftres Eco(ro>3 deli- beroient fur cette queftion , & fur les deux autres , le Roi établit quelques Evéques pour prêcher tour à tour devant lui , & ordonna aux Miniftres d'Ecoile d'aflifber à leurs Sermons. Quand ce fut le tour de l'Evêque Andrews , il fit le Sermon dont nous avons parlé, & dont on trouve ici un Extrait curieux. Jaques I, avoit tant de refpedt pour no- tre Prélat, qu'en fa préfence ilétoit beau- coup plus modefte & plus retenu, qu'à l'ordinaire , auffi l'Evêque lui parloit il quelquefois avec ailés de liberté ; on en rapporte ici un exemple remarquable. Apres que le dernier Parlement, qui fe tint fous ce Prince eut été diflbut, le Roi s'adrclTant un jour à Neal Evêque de Dur- ham, & à Andrews, leur dit, MeJJieurs y ne puis je pas prendre V argent de mes fujets , lorfque feu ai bejbin , fans toutes ces Formali- tés d'un Parlement ? fans doute , Sire , ; ;'uirque quand „ St. Paul, écrit aux Poilippiens .W fait men- 3, tiondes Evéques: Et pour ler- Cor/wî/j/^/zy, 5, ils ne furent pas long-tems fans en avoir, 3, fuppofé qu'ils en fuflent alors deftitués ; „ car Denis leur Evéque fut célèbre fous 5, Marc-Auréle. " On fait aurefte, que ce Denis fleurifibit vers la fin du 2. fiecle. On objede que cet ordre d'Evéques fupé- rieurs aux Prêtres eil: Anti-Chrétien ;ma\i quoi ! dit Mr. Warren," n'eil-cc point là taxer „ d'x'\nti-Chri(tinanifme ces faints Evoques „ fuccejjeurs imméiHats des Apôtres & ccu:: , 53 qui fouffrirent fous le règne cruel de Marie '^ ,, P^tre fcandaiilé devoir nos Evéques Pairs 55 du Roiaume , c*eft ne pas faire reflexion 5, que les vSouverains ont été autorifés par 5, St. Paul à leur conférer cetce dignité; 5^ car il eft dit en termes exprès, que les „ Anciens qui préjîdent duëment , fuient réputés 5, dignes de double honneur Ça) outre que dans {a) l. Tim. V. 17. O3 114 Bibliothèque Britannique, 5, rApocaîypfe ils fonc appelles des Anges î „ (a) ô: les Anges valent bien les Pairs d'An- 5, glecerre , pour ne pas dire enfin, que J. C- 55 porte auffî le titre d'Evéque: " Et porter le même titre que lui, c'eil une qualité que Mr. Warren regarde comme bien audeflusde celle de Baron. Ma's ajoute t'il,'' bien des 5, gens fe trouvent choqués delà vafteéten- 5, due des Diocéfes d'aujourd'hui. Ils ne 3, confidérent pas que la commilTion des 3, Apôtres s'écendoic à toute la terre , que St. ,, Paul avoit le foin de toutes les Egîifes; „ qu Athanafe n'avoit pas feulement pour „ fon Evéchc la ville la plus marchande du 35 monde Çb) mais une partie conOdérable 5, de l'Egypte; qu'outre Hippone, St. Au- 5, guftin âvoit PEglife de Euftala fc) à 40. 5, milles de fon Diocéfe; & que celui de „ Théodoret , Evéque de Cyr,étoitde 40. ,, milles en quarré, & contenoitSoo. Ep;lifes 3, Autant en compte l'Archevêque de Tolé- ,, de , duquel la rente annuelle eftde deux ,5 cent mille fix cens écus. Et que dirons nous ., deTimothéc, & de TitePCelui- là étoic ,, Evêque d'Ephéle, & par là même d'un 3, Païs tout entier 5 (avoir r^y?^, fui van t St. 3, Chrifoftome, c'eft-à-dire, l'AfieProconfu- 5, laire. Mais , voici plus , Tite étoit Evê- 3, que de Crète ; Et du temps d'Homère , 3, cette llecontenoit cent villes, d'où Theo- (.1) Apoc. IT. 2. {c) Auguil, Epia. z6i. OCTOB. No\^Mn. ET DeCEMC. 1734. 2IJ „ pbylafle conclut qu'il y avoit cent Eve- „ ques fournis à Tito. Comme d'ailleurs , fe- 3, Ion d'autres Pérès , il prcchoit dans les ,, Iles voifmes , c'eft ce qui a dû augmen- „ ter beaucoup Ion diocéfe. Cependant tout 5, cela n'efc allégué, au fond, que p^r vdie 5, d'Apologie y jufques à ce qu'on puifle con- „ venablement réduire nos Evechez à des ,, bornes plus étroites , & afin qu'en atten- 5, dant on ne laifle point d'avoir une pro- 5, fonde vénération pour ceux qui les oc- 55 cupent adtuellement, ,, Pour les Prêtres qui ont le foin des a- 5, mes, quoiqu'ils n'aient pas d'autorité far 5, elles, comme les Evêques; Clément d'A- 5, léxandrie leur donne une Roiauté (a) Spi- ,, rituelle. AulTiontils le pouvoir d'ablbudre 5, qu'ils reçoivent dans i'ordination par ces 3, paroles ; A qui tu pardonneras les péchez , ils „ feront pardonnez ; ce qui fait que St. Chrifof- „ tome s'écrie. Grande eft la dignité du Prêtre î ,, Mais les Anciens , comme on les appel- 5, le, n'en ont d'autre que celle que Calmn ., leur a donnée ; & il n'étoit pas un Apôtre , „ il n'étoit pas infpiré, ni il ne faifoit pas „ desm.iracles;Il n'efl pas même mortmar- „ tyr : Tout cela néanmoins peut fe dire des 5, Sts. Hommes qui ont établi les premiers 5, Evêques.'' L'Auteur prouve qu'il n'eft pas leul de fon fentiment touchant la nouveau- té de ces Anciens , par ce qu'en ont dit Epif- copius (4)0uTC5 cv7a;f ,'?3tr»/.i;it>-«*.9ca'9rcç.Cîem Alcî. Strom. L 7» 04 2i6 BibliothequeBritannique^ copiiis , Courcelles & Limborcb; car félon lui on doit croire qu'ils avoient bien médité ce fujec; étant d'aulTi habiles gens qu'ils l'étoicnt. 11 ajoute que dans la première Epitre aux Corirr.hiens, ileft dit que Dieu a mis les uns dans V Eglife ^ i. Apdtres , i. Prophètes en 3. lieu Docteurs \ puis les miracles^ les dons de guéri/on, les Je cour s ^ les gouvernemens , les diverfitez des langues. Cq.î fe moquer que de prétendre que les Gouvernemens foient les Anciens. Il y a là trois ordres d'Eccié- liaftiques . & cinq efpèces de doîis. On ne fait point de difficukez fur les deux premiers de ces dons, ni fur le dernier. Four le 3. qu'on traduit fecours ^ nôcre auteur veut qu'il m.arque un cfprit pcné^ trant 5 une grande habileté dans les affai- res, & que le 4. foie le talent de bien conduire un troupeau ; c'efl comme Se. Jérôme l'a entendu , en quoi il efl: préfé- rable à St. Grégoire de Nazianze qui l'ex- plique des maîtres d'Ecoles^ & à Lyra qui l'entend des Curez dans chaque paroifle. On n'eft pas mieux fondé à trouver ceux qu'on appelle Anciens dans la I. Ep. à Timothéc , ou il efl dit félon la Verfion ordinai'-e, que les Anciens qui préfidenî due- raent fjient réputez digîies de double honneur^ principalement ceux qui îravûillcnt en la paro- le, cf ^n rinjlriicîion. Jl s'agit ici félon Mr. Warren , non de 2. ordres de pcrfonnes ^ mais de ditFcrens talens dans le même or- dre, dont les uns font fuperi^urs aux autres, ÇaU OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. I734. 2I7 Calvin allègue en faveur des Anciens ces paroles de l'Ep. aux Romains , foit qiie quelqu'un préjide qu'il le fajje foigneufement. En ii l'on en croit ce grand homme ^ on ne peut pas bien les interpréter autrement, Mais Mr. Warren qui prétend qu'un Eccléfiaf- tique n'elt pas moins capable de bien pré- fider qu'un Laïque , aime mieux entendre cela ûes Evoques , puiique ce devoir fait une partie principale de leur charge. Se- lon lui les Anciens dont il efl parlé dans Tertullien, St. Cyprien, & Optât de Mi- léve , écoient des Eccléfialliques. Et ce qu'on fait dire à St. Ambroife '* que l'E- 5, glife avoit eu des Anciens fans le con- 5, leil des quels rien ne fe faifoit, 6: qu'il ,, ne fait point par quelle négligence cet- „ te co Kume le trouvoit abolie , fi ce 3, n'eft qu'elle l'ait été par l'orgueil des „ Docteurs en vue d'augmenter leur auto- 3, rite ". Cela, d'sje, ne prouve rien, à ce qu'il croit , parce que ce n'eft par St. Anhroifi qui l'a dit : En effet , c'elt Hilaire Diacre qui vivoit longtems avant St. Amabroife. Pafibns au 2. Ouvrage dont nous devons donner l'cxtri^it. I I. L'Anonyme qui répond au Dr. War- ren paroit avoir beaucoup d'elprit & d'é- rudition; c'eft dommage qu'il donne un peu trop dans la plaifanterie. Le Dr. peut y avoir donné occafion lorfqu'il a préten- du pouvoir ramener les Qiiakres à l'Eglife O ^ Na-* 2i8 Bibliothèque Britannique, Nationale par le moien des louanges qu'il jui prodigue. S'imagine- t-il les convaincre de ]a préférence qu'il ell perfuadé qu'on doit donner à certe Eglife , en leur allé- guant qu'elle e(t de cinq ans entiers plus ancienne que celle de Rome , ou parce qu'ljciac Cafaiihon qui étoit le Phénix des Savants, 6c le Soleil de l érudition, a décla- re que la réformation la plus parfaite eft celle d'Angleterre? Il étoit permis à Cau- faubon de dire ce qu'il en penfoit; mais il n'y a peut-être pas un Quakre qui fe fou- çie de favoir qui fut le grand Cafaubon: Si bien que de pareilles autoritez font ici entièrement déplacées. C'eft pourtant dit l'Auteur, ce qui fe- roit encore moins de tort à la caufe de Mr. Warren que les légendes qu'il débite avec un air de confiance, comme fi c'é- toient des faits avérés. Par exemple , que l'Eglife Anglicane Rpar dejjus toutes les au- tres l'avantage d'avoir eu le premier Roi Chrétien nommé Liicius; Et qui plus efb, qu'elle a vu naitre dans fon fein le premier Empereur Chrétien , & la première Impé- ratrice Chrétienne, Conftantinlc grand, & la très religieufe Hélène fa mère. Mais à- l'égard de Confi:antin , il fut bien déclaré Empereur en Angleterre , mais ce n'eil: pas à dire qu'il y foit né. Et qu'on ne fe fi- gure pas qu'il foit né Chrétien. 11 avoic 35. ans avant que de penfcr h. quitter le taganifme. Pour fa mère 5 on feroit fore emba- OcTOE. NovEMc. ET Decemb. 1734. ^lÇ^ embarafTé de dcterminer ou elle naquit. Et l'on doute qu'elle ait jamais mis le pié en Angleterre. Le Père de Conflantin avant que d'être déclaré Cefar avoit chaffé cette femme, qui pafTe pour avoir été fa concubine. L'Auteur ajoute que fon Antagonifle au- roit bien dû dans cet endroit régaler fes Lecteurs du curieux récit d'Urfuîe, (Se de fes Onze mille Vierges Martyres , nées dans l'Eglife d'Angleterre : car il eft vrai qu'il n'y eût jamais une autre Eglife qui ait pu fe vanter de pareille chofe. Mais à l'égard de Charles i. que Mr. Warren regarde com- me le premier Roi Martyr, le Quakre ne chicane t'il pas lorfqu'il veut le lui enlever, fous ombre que Corradin Roi de Naples fut décapité en 1269. pour avoir prétendu que ce n'étoit point au Pape qu'il appar- tenoit de dépofer les Princes ? Le cas de Charles eft bien différent. On fait que les Quakres n'ont pas feule- ment banni de leur culte tout ce qui peut s'appeller Cérémonie , mais même les Sa- cremeiîs. Cependant les Chrétiens fe font toujours cru autorifez par Jefus-Chrift à bâti fer en vertu de l'ordre exprès qu'il donne à fes difciples, d'endo cimier les Na- tions, les batifant au nom du Père^ du Fils ^ ^ du St. Ejprit{a). Mais, dit nôtre Au- teur , l'Ecriture a fait mention de 4. fortes de {a) Matîh, 28. ip. 250 Bibliothèque Britannique, de batêmes, un Batême d'eau ^ un Batéme, d'efpril , un Batême de tribulation , & un Ba- îéîîie d'i7iftruàion: C'eft de ce dernier que Jéfus-Chriil: parle; car il ne die pas endoc- trinez, & puis baîifez, mais baîifant; \\ bien que le Batême donc il s'agit ici, e(t le moien, l'inOirument, la méthode, & le fu- jet de Tinlirudion par laquelle le Caté- chumène efi: avancé en connoilTance ,• au lieu qu'un homme fort du Lai'oir auiTi fa- vant que lorlqu'il y efl entré. Apparemment qu'à la première occafion l'Auteur fera voir que le Batême de Jefus-Chritt ne fut que ion injîruàion par Jean Batifle. Au lujet de la Cène , il dit , que le Dr. n'en a point prouvé l'inilitution par l'E- criture, & qu'ai nfi il attendra qu'il l'ait fait, pour lui répondre. Sur quoi il paffe à laZ.f- turgie, à laquelle il ne croit pas jufle de te- nir les gens lerviîement attachez; Et puis, d'après le Dr. . il rapporte les raifons des heures de la prière dans i'Eglife Ancienne. A matines , c'étoit parce que la nuit étant palTée , Dieu nous éclaire du jour ; à Tier- ce y parce que Piiate y prononça fentence contre Jeius Chrill: ; à Sexte ,notïc midi , par- ce qu'il fouffrit alors fur la croix, à A^'.ne 3. après-midi , parce que tout y fut troublé & effraie par fa crucifixion , à: à î^efpres ; par- ce que la nuit nous a été donnée pour nous rcpofer de nos travaux ordinaires. Notre Quakre, palTc enfuite aux Cérémo- nies de VEgliJe Anglicane. La première eîl la OCTOB. NOVEMIÎ. ET DeCEMIÎ. I734. 22 f la révérence qu'on fait au nom de Jéfus \ Ce qui fert felo-n Mr.Warren ^' à déclarer que 5, Ton croit la Divinité dej. C. en oppo- 5, fition aux Deiftes & aux Sociniens , fans par- 5, 1er des juifs & des Quakres. Je vous 3, abandonne, lui dit nôtre Auteur, les Déïf- „ tes, les Sociniens ,& les Juifs; Vous êtes 3, celui qu'il faut pour les foufleter Ça) mais 35 q»- méchante compagnie? On ne fe feroit 5, pas attendu à un procédé fi peu charita- 5, ble,&(i indigne d'un Chrétien ''. Après avoir lancé ces traits contre le Dr. , il lui foutient qu'il viole lui-même les Loix de la Société , qui défendent l'ufage de toute autre Cérémonie que de celles qui font auto- rifées ; car la révérence en quellion ne Teft pas. Mais ce qui femble étonner le plus nô- tre Quakre , c'eft que Mr. Warren ait appelle le figne de la croix ,, une pauvre figure enVair „ qui n'ajoute rien à l'efficace du Batême , 5, ni à fa prefedlion " Et à quoi fert - elle ^ doncP dit-il, eft ce à chajjer les mouches du vifage de l enfant ? Le Dr. croit que c'elt un moien de nous retracer h mémoire de la paf Jîon; mais on le renvoie à fes maitres qui veulent que ce figne emporte quon n'aura point honte de combattre &c. Qh ). Pour la coutume de recevoir la Com- munion à genoux, Mr. Warren la fande fur Véton- {a) Voiez 2. de Epitre aux Corinth. Ch. 12. 7, {b) Matth. 26. 40, Marc 18. Luc 22. 14. 222 Bibliothèque Britannique, Vétcmiantefaviiliûrité avec laquelle le Très-haut nous y permet d'approcher de lui; d'où il con- clut que 710US ne fumions trop-nous y humi- lier. Le Quakre^ après avoir dit que ce n'efl pas là au fond fon affaire, ajoute pourtant qu'à raifonner juitejil faloit con- clure tout au contraire , qu'on doit s'alTeoir dans ce repas. Mais félon le Dr. ce font les Ariens qui les premiers fe font avifez de prendre la communion aflis. Voilà qui eft admirable réplique le Quakre, puifqu'ii paroit par la narration uniforme des Evau- gélilles C^) ^^^ ^^s Apôtres en préfence de Jefus-Chrift s'affirent, qUE BRITANNIQUE^ de la Loi de MoïTe , contre les objections de ceux qui ont cru que l'on pouvoit dériver cette Loi des rites & des coutumes & des Egyptiens & des autres Gentils; & où l'on examine par occafion pluHeurs argumens captieux des Deïftes contre la I^evelation. 2. Vol. in 8. dont le premier con- tient 319. pp. & le fécond 364. fans une Table des Textes cités , & un ample In^xx alphabétique, L'Infatigable Mr. Wbifion vient de donner au Public un nouvel Ouvrage , dont voici le titre Six Dijfertations çjc. c'eft-à-dire ûx DiiTertations. Dans la L On défend l'autenticité des temt)igna- ges de Jofephe touchant Jefus Chrift, Jean Bâ- tifte ,& Jaques furnommé le jufte. Dans la II. On prouve que l'exemplaire du vieux Teftament dont Jofephe s'eft fervi , eft le même que celui qui a été recueilli par Nehemic. Dans la III. On réplique a ce que le Dr. Sykes a dit dans la Défenfe de fa Dijfertation fuy l^ Edipfe mentionné par Fhlegon. Dans la IV. On confirme par les Eclip- fes , & par des Obfervations aftronomiques , la Chronologie de l'Ecriture Ste. & les Prédidions qu'elle renferme. Dans la V. On fait quelques reflexions fur les B^emari^ues du Chei^alier Ne'UJton fur les Prophéties de Daniel & de Vjpocalipfe. Dan3 la VI. On démontre que le Miniftere de Notre • Seigneur a duré au moins quatre ans, à l'occafîon ^d'uneDifTertationquia paru depuis peu fur cefujer. Par Gitiîlauwe Whifîon Maître es Arts, Chez Jean IVhiflon (undefesfils)f;2 8. pp. 35-5-. Nous rendrons compte de ces Diflertations dans un Journal fuivant. Mr. Thomas Carte Maitre es Arts propofe de faire imprimer par foufcription une Hifioire de la vie de Jacques Duc d'Ormond, depuis fa naiffance en 1610. jufqu'à fa mort en i<588. Où l'on trouvera un Etat des Affaires d'Irlande pen- dant OCTOB. NOVEIMB. ET DeCEMB. I734. 23Ï ^hnt la Viceroiauté, & un recueil très curieux de Lettres écrites tant par lui , que par le Roi , les fe- cretaires d'Etat ,& autres grands Seigneurs de fou tcms : En trois Volumes in folio. Le prix delà fouf- cription eft de f. Guine'es , trois en foufcrivant, & les deux autres en recevant l'Ouvrage complet. On en imprimera un petit nombre [d'Exemplaires en grand papier, qu'on donnera pour 6. Guinées. R. PVare, A. IVard ^ J. Ofwald^ & autres Li- braires viennent de publier Tht Anatomy of hu^ man Bones &'c. c'eft-à-dire Ofleoîogie ; Avec une explication du mouvement des Mufcles, & de la circulation du fang, comme aufïï de la digeftion & de la nutrition ; ôc une Dcfcription des quatre fens. Le tout illuftré & orné d'un grand nombre de figures. On y a joint une méthode courte & aifée pour découvrir les vertus des plantes pour la guerifon des maladies du Corps humain. Par George Tbomp- fû/1 Maitrc es Arts, in 8. pp. 299. fans la Préface > l'Index, Se le GloiTaire. Ce n'eft ici qu'une com- pilation de ce que les plus célèbres Auteurs mo- dernes ont écrit fur ces diverfes matières ; mais une compilation qui ne laiiTe pas que d'être fort utile pour les commençans, & pour ceux qui n'ont pas encore fait de grands progrès en Ana- tomie & en Botanique. L'Auteur de la Brochure intitulée, Recherches fur la quejiiûn s'il eji permis de manger du fang QPc, dont nous avons donné un Extrait dans la l. Part, du Tome I IL de cette Bibliothèque, vient d'en publier une féconde pour foutenir ce qu'il avoit avancé dans la première, & réfuter les nouvelles raifonsque Mr. Delauny,Sc celui qui a pris fon par- ti ont allégué en faveur du fentiment contraire, dans les deux petites Pièces que nous annonçâ- mes, à l'Artiçles des Nouvelles Littéraires du P ^^ Jour» 232 Bibliothèque Britannique, Journal précèdent. On voit par là que cette DiC- pute n'eft pas encore à fa fin ; & l'on parle même de quelques autres favans du premier ordre qui ont defTein d'y entrer, & de traiter la matière à fond. Si cela arrive, nous aurons Toin d'en in- ftruire nos Ledeurs. On a publié depuis peu une troifléme Edition du Traité de Mr. Fofley fur VUti/ite, la vérité , &* r Excellence de la Révélation Chrétienne y conforme en tout à la féconde. Mr. Robert Stepbens y Hi^QxlogrTi^hQ du Roi, a donné au Public un Recueil de Lettres & autres Pièces du Chancellier Bacon ^ qui n^ avaient point encore été imprimées ; Avec la vie de ce grand Homme. I, Vol. in 4. Mr. Stephens eft mort depuis peu. Il paroit depuis quelque tcms une Brochure ano- nyme fous ce titre, Arj Ejfay for ajievieiv of the Eook ofCommon Prayer,&c» c'eft à-dire Efîai ten- dant à faire voir la necelTité qu'il y a de retoucher le Livre des Prières Communes, (ou de la Liturgie Anglicane) Avec quelques exemples des endroits qu'il faudroit reformer; le tout foumis à l'examen des perfonnes qui font en autorité. Par un Au- teur impartial. Chez J. Doivning^ in 8. Cette Brochure a été vivement attaquée dans une feuille hebdomadaire 5 fur ce que l'Auteur voudroit , en- tre autres chofes qu'on retranchât de la Liturgie & des Confedions de foi , le Symbole d'Athanaié, comme fi fon defTein étoit de favorifer l'Arianif- me. Mais il s'efl; aufil tôt juftifié dans un petit Ecrit qui a pour titre, A Defeme of the Ejfay for a Revieiv of the Book of Common Frayer , Ô'r. c'eft- à- dire Défenfe de l'Efiai tendant à faire voir la neceflité , qu'il y a de retoucher la Litur- gie Anglicane, & particulièrement d'en retrancher le Symbole d'Athanafc. En réponfe à une Lettre infe- OcTOB. NovEMn. ET Decemtî. 1734. 233 inférée dans le IVeek/y Miftellany du ip. d'Ofto- bre dernier &c. Chez T. Cooper , in 8. Non Content de cela, l'Auteur a donné une féconde Edition , de fon Ejjlii , avec quelques change- mens & additions , fons ce titre, ££"^1 oit i'on aU lègue /'autoritt du préfent Archevêcjue de Cantorhery y du Dokn Pi idéaux , du DoHr. Nicholls , S^ de queU cjuei autres Théologiens dijlingués de l'Eglife Angli- cave pour prouver quil e(l raifonnable de retoucher la Liturgie .^ in 8. chez le même. L'Hiftoire d'Angleterre fous les Règnes du Roi Guillaume & de la Reine Marie, de la Reine Anne, & du Roi George I. par Mr. Oldmixon, eft adluellement fous prefTe, & paroitra dans peu , en un Volume in folio d'environ 200. feuilles. Ce- pendant on reçoit encore des foufcriptions, dont le prix efl d'une Guinée pniable la moitié enfoufcri- vant , & l'autre moitié en recevant le Livre. Les fcntimens & la manière d'écrire de l'Auteur font déjà connus du Public , fur tout par VHiJîoire qu'il publia il y a quelques années, du Règne des 5'«jr/j, & dont on a donné de longs Extraits dans la Bibliothèque Raifonnée. J. Batley ^ &> T. Co^ viennent d'imprimer une f-ronde Edition du Livre de Mr. Stackboufe inti- tule , A Compkat Body of fpeculatiie and praHical Divinity &c. c'eft a-dire Syfteme complet de Théologie fpeculative & pratique , divifé en cinq Parties. L De l'exiftence, de la nature, & des attributs de Dieu; & des preuves de l'autorité di- vine de la Révélation. IL Des œuvres de la Création, & de la Providence. II L Des évene- mens les plus mémorables arrivés depuis le com- mencement du monde jufqu'à la venue de Jefus Chrijî; avec des Differtations particulières fur cha- cun d'eux. 1 V. .Des Myftères de notre très Ste. P 5" foi. 234 Bibliothèque Britannique, ^oi. V. Des grands préceptes de la Morale na- turelle & Evangelique. Le tout extrait des meil- leurs Auteurs anciens & modernes, m.iis principa- lement des Ouvrages de ceux qui ont pafTë pour les plus favans Théologiens & les plus habiles Prédicateurs parmi nous. Par Thomas Stackhmfe , Mairre es Arts, & Vicaire de Beenham , dans la Comté de Eerk, Un Vol. in fol. Mr. Balgiti :\. Maitre es Arts, Vicaire de Konh- Allerton dans la Comté ^Yùrk^ Se Prebendier de Saliibîiry , a publié un Recueil de Traités de Morale ■& de Théologie, qu'il avoit donnés en differens tems , & dont voici les titres, I. Lettre à un Deïf' te. IL Les fondements de la bonté morale. ll\. fecon- de Partie de la Dijfertation fur les fondements de la bon- té morale. IV. De la Reùlitude divi?7e. Y- féconde Lettre a un Léijie. V I. De la Loi de la Vérité. Il y a joint des Notes, & un fupplémentfur la ReEiitude, Ce Recueil, fort eftimé des ConnoiiTeurs, eft dé- dié à Mr. le Doftr. Hoadley nouvellement trans- féré du fiége à^Salisbury à celui de IVinchefler ^ & fe trouve chez J. Pemberton. gros Volume in 8. Le mérite de cet ouvrage n'a pas empêché qu'il n'ait été attaqué dans un fermon imprimé fous et titre , A fermon containing fome ReHeBiûns upon Mr. Balgui's EJfai on Moral goodnefs &^c. c'eft-à-dirs .fermon contenant quelques reflexions fur le Trai- té de Mr. Balgui de la Bonté morale : Prêché de- vant rUniverfité d'Oxford le 25-. de Juillet 1734-. Par Mr. Tipping Sylvefer Maître es Arts. Chez J: .U^ilford. Nous rendrons compte quelque jour (le ce fermon , & du Recueil qui y a donné lieu. Voici quelques autres Livres nouveaux. An Effai en Phyftck, &c. Effai fur la Médecine , dans lequel on tâche de faire revivre la Pratique des Anciens. Par André Hooke Dû&. profita du long fèjour qu'il y fît. En peu de tems il apprit l'Anglois, & fe fit fi bien aux manières du païs, qu'on eut dit qu'il y ■e3<5 Bibliothèque Britanniquï, y étoit né. De retour à Londres , il commença à 7 exercer fa Profeflîon , & depuis il s'y eft toujours ap- pliqué avec beaucoup de fuccez. Les habiles gens du métier l'eftimoient , les perfonnes dont il étoit connu aimoientàremploier,& les l'auvres fur tout leche- riffoientjil les voioitavecplaifir, & loin d'en exiger quelque recompenfe, fouvent il les affifloft de fa bourfe. En 1727. , il publia un Traité du /"owi^o/V de V Imagination des femr/ies enceintes fur le fœtus , fans y mettre fon nom. Cet Ecrit, dont Mr. DelaCha- pelle a donné un Extrait dans la 2. Part, du Tom- X V. de fa Bibliothecfue Aniloife , combattoit trop vi- vement les préjugés vulgaires fur ce fujct, pour n'ê- tre point attaqué. ., Mr. Tumer Médecin de Londres aiant foutenu l'opinion contraire dans un Traité des Maladies Cutanées , fe crut engagé d'honneur à le réfuter; mais il le fit avec fi peu de folidité, & tant d'aigreur, que fon Livre feroit bientôt tombé dans l'oubli, fi Mr. Blondel lui même n'eut jugé à propos d'en prendre connoifiance dans une féconde Edition de fon Ouvrage, plus ample que la première. Cette , Edition qui parut en 1729., & dont les Auteurs de la Bibliothèque Raifonnée ont rendu compte (Tom. V. 2. Part.) acheva de mettre le Public éclairé de fon côté, & lui aifura l'honneur à^ la vidloiie fur fon Antagonifte. Mr. Blondel n'entendoit pas feulement ce qui étoit du reffort de fa profefTionjil étoit verfé dans la Litté- rature , il pofTedoit les langues mortes , & en par- ticulier l'Hébreu ; il aimoit la Théologie , & les Ou- vrages anonymes qu'on lui attribue font effedive- mentdelui , il n'étoit rien moins que novice dans ces diverfes fciences. Il eftraort dans fa 6p. année, extrêmement regretté de fa famille & de fes amis. BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE. o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE. Pour les Mois de JANVIER, FEVRIER et MARS. M. D C C. XXXV. TOME QUATRIEME, SECONDE PARTIE. A LA HATE, Chez PIERRE DE HONDT. M. DCC. XXXV. TABLE DES ARTICLES. Art. I. Mr. Pierre KoL BEN, Etat préfenî du Cap de Bonne E s- p E R A N c E , traduit de V Allemand par Mr. Medley. Pag. 237. IL Mr. Colliber; fes Penjees li- bres fur VAme^en quatre EJJais. 275. m. Mr. Guillaume Snelgra- V e ; Nouvelle Relation de quelques endroits de la Guinée , âf du Com- merce qu^on y fait des Efclaves ; &c. 298. IV. ilfr. Nicolas Mann; Dijferta- tions Chronologiques fur Vannée de la Naiffance de Jefus Chriji , âf celle de fa mort. 318. V. Mr. Jaques Anderson; Re- cueil de Pièces concernant VHifloire de Marie d'EcoJfe, &c. en 4. ml. Second Extrait. 338. VI. Mr. George Sale ; Le Ko-. Il A N , appelle communément , VA l- CORAN DE Mahomet, tra- duit en Anglois fur V Original A' raie , avec des Notes tirées des meilUurs Commentait ^ur s, 3<58. * 2 Art. TABLE DES ARTICLES. A R T. V I L Mr. l'Evêque B u R n e t ; feî Mémoires concernafit VHiftoire de ce qui ïejl pajjé de fin îems en Angleterre j depuis la Révo- lution jiifquà la conclufion du Traité de Paix d'Utrecbî. Vo- lume fecond. Troifieme Ex- trait. 388 VI IL Mr. VExtque Berkeley; LAniUfie , ou Difiours adrejjé à un Mathématicien incrédule; (S:e. Item. Mrs. M i d d l e- T o N et s iM I t h ; Lfl Géomé- trie ne faxorifi point Vincrédu- liîé; ou Défenfe de Mr. New- ton âf des Matbematicieîîs An- glois. 421 IX. Jfr. Jean Ayltffe; Nou- 'ueau Recueil du Droit Civil , tel qu'il eft reçu ^ fuivi chez la ' . " plupart des Nations de V Euro- pe; &c. 431 X. Nouvelles Littéraires, 450 B I- BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUFRJGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE. Pour les Mois de Janvier, Février ET Mars. MDCCXXXV. ARTICLE PREMIER. The prefent State of the Cape of Good- Hope : Or A Particular Account of the fe veral Nations of the Bottent ois ; Their Religion, Government, Laws , Cu- lloms, Cérémonies, and opinions; Their Artof War, Profeffions, Lan- guage, Genius, &c. Together with a short Account of the Dutch fettle- ment at the Cape. Written Origî- nally in Higjh German, by Peter Kol- Tome IF. Fart, IL Q hen 238 Bibliothèque Britannique^ hen A. M. Done iiito English from the Original , by Mr, Medley. llluflra- ted with Copper Plates. London &c. C'eft-à-dire. L'Etat préfent du Cap de Bonne Efpéran- ce : Oh Relation particulière des diffé- rentes Nations des Hottentots , de leur Re- ligion^ leur Gouvernement^ leurs Loix y Coutumes y Cérémonies ^ 6? Opinions-^ de leur manière de faire la guerre ^ de leurs Profe [fions , leur langage , leur génie , t^c. Avec une Hifioire abrégée de VEtahltffe- ment des Hollandois à ce Cap. Traduit de TOriginal Allemand de Mr. Pierre Kolben Maître es Arts ^ par Mr.Med- iey ; ïif enrichi de figures en taille-dou* ce. A Londres, chez Guillaume In- nys, 1751. in 8'. pp. l^S- ^^ns la Préface, & la Table des matières. LE Tradufleur de cet Ouvrage, dans une afTez longue Préface qu'il a mife à la tête , fait plufieurs reflexions iùr l'Hiftoire ù. fur les Hifloriens en gênerai. Il s'atta- che principalement à montrer l'influence que les différens temperamens ont fur ceux qui écrivent, & combien il importe par là même , pour pouvoir juger de la vérité d'une Hiftoire , de favoir quel a été le tem- j>erament particulier de celui qui en e(t l'Au- Janvier, Février et Mars. 1735^. 239 rÀuteur. L'expérience prouve, dit-il, quç les Melancholiques font fujecs à s'en laifler impofer, qu'ils prennent fouvent Tombré pour la realité , & des foupçons malfondé^ pour des vérités inconteltabîes, qu'ils exà^ gèrent le mal, & paflent très légèrement: fur le bien qu'ils rapportent, &c. Les San- guins ^ au contraire, reprefentent. toujours les ciiofes par leur plus beau côté , 6: ne fe plaifent qu'à des récits agréables (Se dir vertilTans. Les Bilieux donnent à tout ce qui leur déplait les couleurs les plus odieu- fes , & le font paroitre infiniment pliïs mauvais qu'il n'eft. Les Phlegmatiques font, à la vérité, impartiaux & exacts dans la relation des faits, mais de très mauvais Juges des caufes & des motifs, parce qu'ils manquent delà pénétration necelTaire pour cela. Ils ne voient que l'écorce des cho- fes , (Se d'ordinaire leurs récits font longs &ennuieux, chargés de répétitions (S: d'in- utilités. C'eft dans la clafTe de ces der- niers que Mr. Medley met fon Auteur , & c'ed par là qu'il cherche à relever la fidé- lité de fon HiÛoire. Au refte, il nous ap,- prend que ce qu'il en donne ell pjùtot ua 0regé qu'une tradu(2:ion, qu'il a retran- ché ou corrigé la plupart de fes réflexions & de fes raifon,nem^ns, qui étoient oii inutiles ou peu juftes, (Se qu'il a fait quel- que ctiangemcnt dans la difpofition de l'Ouvrage, en rangeant fous un même ci;\^f ks .matières jgvii avoient du. r^ppoi-c Q 2 en 240 Bibliothèque Britannique^ enfemble , & qui fe trouvoient difpsrfées. Il feroit à fouhaicer qu'il eut prit à ce der- nier égard encore plus de liberté qu'il n'a fait 5 comme il paroitra par l'Extrait que nous allons donner de cette Hiftoire. Chap. I. Elle eft divitee en 28. Chapi- tres , dont le premier parle du voiaG:c de l'Auteur au Cap de Bonne Efpérance. En- T704. , Mr. le Baron Van Krofick Confeiller privé du feu Roi de Prulîé, dont iMr. Kol- %en étoit alors Secrétaire, lui propofa d'al- ler dans ce païs-là , pour y faire des ob- fervations ailronomiques , avec promefle iair de pourceau pour la- quelle ils ont une grande averfion , &:c. Cependant, comme ils ne confervent au- cune mémoire des Enfacs d'ijraël, de Moï- 4^48 Bibliothèque Britannique, fe, ni de la Loi, ce qui devroit naturelle- ment êcre s'ils tiroient leur origine & leurs inificutions de quelcune des dix: Tribus rranfporcées en Affyrie , Mr. Kolhen croie qu'il eit bt:aucoup plus probable qu'ils Tor- rent des Trogloàites defcendans d'Abraham par fil femme Ketura, lesquels obfervoienc non feulement toutes les coutumes , ou du moins la plus grande partie des coutumes dans lefquelles les Hottentots rellemblenc aux Juifs, mais encore plufieurs autres que les premiers fuivent aduellement , comme de donner à leurs enfans , des noms de bêtes favorites, d'un bœuf, d'un mouton, &c. d'attacher ceux qu'une grande vieillef- fe a rendus incapables de prendre foin d'eux mêmes, à des pieus plantés dans de petit.fs huttes faites exprès pour cela, (Sç d'y mettre des provifions fuffifantes pour les foutenir jufqu'à leur mort , après quoi on les abandonne entièrement; leur ma- nière de chaffer, leur extrême legcreré à la courfe , (S: leurs funérailles (a). Mais lî les Hottentots defcendent des anciens Trogloàites ^ d'oii vient qu'on ne trouve rien dans leur Tradition qui ait le moindre rap- port à l'hifloire de ce peuple , au pais qu'il habitoit , ni à Abraham qui en eft le Chef? L'Auteur répond que quelque grande que foit cette difficulté , elle ne détruit pas les preu- {a) Voies fur tous ces articles ce qu'en ditDio «ore de Sicile. Janvier, Février et Mars. 1735. 24^ preuves de fait qu'il vient d'alléguer , & n'empêche pas qu'on ne puifle regarder les Hottf ncots comme une Nation très ancien- ne qui a toujours habité le même pais de- puis le déluge. Ceci paroitra fans doute un peu outré , & même contradictoire , pu\Çqu' /Jbraham d'où font defcendus les Troglodites , de qui l'on fuppofe que fortcnc le^ L-lotcentots,a vécu près de quatre Cens ans après le déluge. Le langage de ces derniers eft de tous les langages connus le plus extraordinaire , & le plus difficile à apprendre. Il n'a rien de commun avec aucun d'eux ,- ce qui n'eft pas un petit préjugé en faveur de l'anti- quité de cette nation. Un feul mot fignifie fouvent plufieurs chofes , & des chofcs toutes différentes. La prononciation dé- pend de certains chocs ou froilTemens de la langue contre le palais, (i peu naturels, & de certaines vibrations & inflexions û étranges, qu'il efl: impoffible de la décrire , & prefque aulTi impolTible à des Etrangers de Taquerir. Elle c(t fur tout remarquable en ceci, qu'elle tient beaucoup du bégaie- ment , & qu'à entendre parler les Hotten- tots, on les prendroit pour un peuple de bègues. L'Auteur donne ici une lille de mots de cette langue, avec l'interprétation à coté , & des accens deffus pour marquer les lettres où la collifion doit fe faire , com- me Kg(jU une Oie, Biinqvad un Arbre, Quaiba un Ane, Kuviiiïomo ua Tiere, &c. ^ "^ Chap. IV\ <25P JBlBtlOTHEQUE RrITANNIQUE, Chap. IV. Rien n'effc plus outré que le portrait que les Voiageurs ont fait jufqu'ici des Hottentoîs. On les a reprefen- tés comme le peuple du monde le plus fauvage & le plus brutal , incapable en quelque manière de reflexion , fans au- cun fentiment de Dieu & de religion, fans aMCune idée d'ordre & d'œconomie , ni la ^noindre teinture d'humanité. Ce qu'on a remarqué au fujet de leur tradition, prouve déjà en partie le contraire , & le caradtè- )*e que Mr. Kolben donne dans ce chapitre de leurs mœurs , fait voir qu'ils ne font pas à beaucoup près auffi llupides ni auflî barbares qu'on les a dépeints. Il dit qu'il en a connu plufîeurs qui avoient appris parfaitement l'Hoilandois , le François, TAnglois, & le Portugais; & un entre au- tres, qui prononçoit très bien ces deux dernières langues, quoi qu'il s'y fut appli- qué un peu tard, & que la prononciation en fut infiniment différente de celle de fa langue maternelle. Il allure qu'ils enten- dent beaucoup mieux l'agriculture que les Européens du Cap qui s'adrefTerit fouvenc à eux pour avoir leur avis là-defllis. En #an^ plufîeurs autres arts , ils font paipjtre autant de difcernement & de capacité qu'aucun autre peuple, comme nous le verrons dans la fuite. Ils font d'cxccllcns domeftiques , & peut être -les plus fidel^.s qu'il y ait au. monde : Les Hollac.dois qui eu gardent lin grand nombre, ,en foi^t'li pev Janvier, Février et Mars. 1735. zjx perfuadés qu'ils ne peuvent fe refoudre à^ s'en défaire. On ne les voit jamais abufer de la confiance qu'on a en eux; (Se ils s'aquictent des commiflions les plus im- portances avec une exaditude qui eft une preuve de leur jugement & de leur intégrité. L'Auteur fait à cette occafion l'hiftoire d'un Hoitentot ^ nommé Claas ^ qui peut fer- vir à donner de ces peuples une tout au- tre idée que celle qu'on en a généralement, mais que nous ne faurions rapporter ici, fans nous jetter dans une longueur exceflive. Après les avoir montré par leur beau cô- té, voions les défauts qu'il leur attribue. Ils font parefleux au delà de toute expref- fion ; on diroit qu'ils font confifter leur félicité dans l'inadtion & l'indolence. Ils re veulent pas même fe donner la peine de penfer & de raifonner , hors des cas d'une abfoluë necelTité, quoi qu'ils en foient au(^ fi capables qu'aucune autre nation : Et de la vient, fans doute, que le Chriftianifme n'a jamais pu faire aucun progrès parmi eux , comme nous le verrons dans la Hiite. Il n'y a qu'un befoin preflant , ou une paffion violente pour quelque chofe, qui puifie les exciter au travail; & alors ils ne le cèdent à perfonne en activité &: en di- ligence, mais dès qu'ils ont ce qu'ils foi^ haitent , ils retombent dans leur première parelTe qui femble née avec eux. C'eO: probablement à cette parefTe géné- rale qu'il ïmi artribuer leur extrême mal pro* 2$2 BtnLIOTHEQUE BRITANNIQUE, propreté en ce qui regarde le manger &le boire; quoique les Voiageurs Paient beau- coup exagérée. L'Aureur en allègue un ou deux exemples, mais ils ont quelque chofe de fi choquant, que nous croions fai- re plaifir à nos Leclcurs de les palTer fous filence. 11 remarque enfuite, que quelque grande que foit cette malpropreté , elle ne nuit pointa leur fanté, & n'empêche pas qu'ils ne vivent fort long-tems, plus long- tcms même qu'on ne fait communément en Europe, car il efl très ordinaire de voir parmi eux des Vieillards de cent ans & au delà qui font encore forts & vigoureux. Mais ce qui rend les Hottenrots encore plus fales, c'eft la coutume qu'ils ont de fe frotter le corps , & la peau dont ils fe cou- vrent & qui fait tout leur habillement, de beurre ou de graifle de m.outon mêlée avec de la fuie,& cela pour paroitre pais noirs, car ils font naturellement de couleur d'o- live. Ils obfervcnt cette coutume avec beaucoup de foin , & depuis leur plus ten- dre enfance; & l'on peut dire que c'eft la feule chofe en quoi ils ne font pas paref- feux. Les plus pauvres font obligés de fe fervir de beurre ou de graifle rance , ce qui leur donne une odeur déteftable , qui fait qu'on ne fauroit les approcher, & qu'on les fent plutôt qu'on ne les voit. Mais ceux qui font à leur aife , font fort délicats là-deflus, & ne fe frottent que de ce qu'il Y a de plus frais. Plus ils fonc riches, & plus Janvier, Février et Mars. 1735. 253 plus ils en emploient; c'eft en cela que confifte tout leur luxe, & par oli ils fe diftinguent des autres. Ce qu'il y a de lîngulier , c'eft que loin de fe lervir d'huile de poifTon, ils l'ont en horreur, quoiqu'ils en mangent avec plaifir la chair. Aurefte, Mr. Koîben n'eft point du fentiment de quelques Auteurs qui croient que les Hot- tentots fe graiflent ainfi le corps pour le rendre plus agile , quoiqu'il convienne que de tous les peuples il n'y en a point qui ait plus defouplelTe & de légèreté de corps, jufques là que quelquefois ils devancent des chevaux à la courfe : Mais outre la raifoa qu'il a déjà donnée de cette coutume, il en allègue une autre qu'il prétend être la vé- ritable. C'eft que comme ces peuples vonc tout nuds, à la referve d^une peau de mouton qu'ils fe jettent fur les -épaules , s'ils ne s'oignoient pas le corps de graifle , les chaleurs excelTîves qu'il fait dans ce païs là toute l'année, les épuiferoient en- tièrement félon toutes les apparences, Ôc hâteroient par là même leur mort. LesHottentots ne font pas lî petits qu'on les a reprefentés , puifque la plupart des hommes ont cinq à fix pieds de haut : Les femmes font beaucoup plus petites. Les uns & les autres font droits, & fort bien faits ; ni trop gras , ni trop maigres. Ils ont la tête généralement fort grofle , les yeux à proportion, le nés plat, les lèvres cpaifTes, les dents blanches comnae de l'y- Toms IF.FurLll R voire. Cj"4 BiBlLIOTHEQUE BRITANNIQUE,' voire , & les joues naturellement vermeil- les , mais à force de fe barbouiller de graif- fe & de fuie , on a peine à s'en apperce- voir. Leurs cheveux font comme ceux des Nègres, courts & noirs comme du jais. Les hommes ont les pieds grands &; larges; les femmes les ont fort petits & fort ten- dres. Ils ne favent ce que c'eft que fe cou- per les ongles des mains & des pieds, non plus que de fe peigner, ce qui n'augmente pas peu leur mal propreté. L'Auteur afTu- re qu'il n'a vu parmi eux, pendant tout le tems qu'il a été au Cap , ni bolTu , ni tor- tu, ni boiteux, à la referve de deux qui pouvoient l'être par accident ; quoique , dit-il , ils ne prennent aucun des foins qu'on prend des enfans en Europe. Bien loin de naître noirs , comme plufieurs Auteurs l'ont foutenUa ils ne le font dans aucun tems, quelque peine qu'ils fe donnent pour le devenir. Mr. Kolben qui a vu un grand nombre d'enfans nouvellement nés , dit qu'ils étoient tous de couleur d'olive clai- re, qui à la vérité devient plus foncée avec l'âge , mais qui ne noircit jamais en- tièrement. A cette occafion , il nous ap- prend une chofe dont il déclare avoir été le témoin, c'efl: que les Nègres naifTent blancs , mais qu'au bout de dix ou quinze jours, cette couleur fait place à un noir foncé qui leur couvre tout le corps, ex- cepté les paumes des mains & la plante des pieds, qui confervent toujours une cou- leur Janvier, Février et Mars. 1735. 255 leur blanchâtre. Dans le Chapicre I X. il rapporte un fait fort remarquable qu'il au- roit dû naturellement placer ici. C'eft que les Hottencoces ont toutes une efpéce de peau dure 6: large qui leur croit au defllis de l'os pubis, & qui deicendant aflez bas, femble deftinée par la Nature à couvrir leur nudité, quoiqu'elles portent par def- fus une pièce de peau de mouton. Tbez-enot dit qu'il a vu la même chofe dans fes voia- ges : Alais au lieu que les femmes dont il parle, coupent de bonne heure cette peau, ou plutôt la brûlent avec un fer chaud, la regardant comme une difformité ; les Hottentotes la laiiTent croître , & ni hom- mes , ni femmes, n'en font choqués. Chap. V. Avant que de parler en détail des diverfes Nations des Hottentots, l'Au- teur a cru qu'il étoit neceffaire de dire un mot de l'alliance & de l'amitié qui fubfîfte entre eux & les Hollandois. A peine ces derniers fe furent ils mis en devoir de cul- tiver les Terres qu'ils avoient achetées, comme on l'a dit plus haut, & d'y bâtir des Maifons & des Forts, que les Gimjemans qui font la Nation du Cap la plus voifine de la mer , s'oppoférent à leur établifle- ment, & appellérent toutes les autres Na- tions à leur fecours pour leur faire la Guerre. Les Hollandois fe défendirent û bien , & firent en différentes rencontres un fi grand carnage de leurs ennemis , avec leurs armes à feu , que la terreur de leur R 2 nom 2^6 Bibliothèque Britannique, nom fe répandant chez tous les Hotten- tots , ceux ci fe virent enfin obligés de demander la paix. On la leur accorda aux conditions qu'on jugea à propos. Non feulement le premier marché fait avec eux fut confirmé , mais de plus on flipula que toutes les terres qu'ils n'occupoient pas ac- tuellement , appartiendroient déformais aux Hollandois , avec cette feule claufe que les naturels du païs pourroient s'établir par- tout oh ils voudroient, pourvu que ce fut dans les lieux que les Hollandois eux mê- mes lailTeroient incultes. On conclut en même tems une alliance ofFenfive & défen- ïive, qui quoi qu'elle ne fut point couchée par écrit, les Hotcentots n'aiant pas Pufa- ge des lettres, a été religieufement obfer- vée de part & d'autre , jufqu'à préfent. Parce Traité, les Hollandois font de- venus en quelque manière les Maîtres de tout le païs ; le Gouverneur eft l'arbitre de tous les différens publics qui s'élèvent en- tre les Hottentots ; & ceux-ci forment comme tout autant de grandes armées^ toujours campées, & prêtes à marcher au premier avertiffement, au fccours des Hol- landois qui par confequent n'ont rien à craindre d'une invafion étrangère. D'ail- leurs , il y en a toujours bon nombre dans la garniion du Cap, qu'on accoutume â une certaine difcipline, & comme on les change de tems en tems, il ne fe peut qu'à la longue les Hottentots n'apprennent du 1 Janvier, Février et Mars. 1735. 257 4u moins à manier leurs propres armes avec avantage, &. à le battre avec ordre. Les Chefs des Nations viennent fouvenc renouvellcr l'alliance avec le Gouverneur, & lui faire des préfens de bé:ail. Ils fonc toujours bien reçus, & on leur donne en échange de leurs préfens, du Tabac, de l'eau de vie , du corail , & d'autres chofes que l'on fait qu'ils aiment. Ces Chefs, & la meilleure partie de leurs peuples , ont tant d'attachement pour les Hollandoîs, que s'ils découvrent que quelque Hottentot: leur fade le moindre tort, ou ait feulement deOein de nuire à leur Etabliflement , ils le livrent aunî-tôt au Gouverneur pour le pu- nir comme il jugera à propos. Chap. VI. Dans le Chapitre fui van t , l'Auteur traite des différentes Nations qui divifent les Hottentots. Il en compte fei- ze , dont quelques unes font (î confidera- bles qu'elles peuvent mettre jufqu'à 20000. hommes fous les armes. Il les parcoure l'une après Pautre, & marque leur fitua- tion, la nature du pais qu'elles occupent, à. ce qu'elles ont de particulier. Nous ne faurions le fuivre dans ce détail qui nous meneroit trop loin. Il finit en difant un mot des Caffres dont le pais confine avec celui des Hottentots qui font au Nord-Eft du Cap , le long des Côtes. On a fouvent confoDdu ces deux peuples, quoiqu'il y ait une très grande différence. Les Caf- fres ne s'oignent point le corps , ils ne R 3 bé- 25S Bibliothèque Britanniql^e, bégaient point, ni ne frappent de leur lan- gue contre le palais en parlant. Ils habi- tent des mailbns quarrées & faites de plâtre, ce que ne font pas les Hottentots. Ils cultivent leurs terres d'une manière toute différente. Ils fement une forte de bled de Turquie , & ils en font de la biè- re. Ils portent des Croix pendues à leur cou ; toutes chofes qui ne fe pratiquent point parmi les Naturels du Cap. Le Chapitre feptiéme ell deftiné à expli- quer la forme de gouvernement des Hot- tentots. Chaque Nation a un Chef appel- lé Konquer^ dont l'office efi: de comman- der l'armée, de diriger les négociations , & de préfider dans les Confeils; & fans fon confentement on ne peut faire ni la paix ni la guerre. Anciennement il n'étoit dif- tingué que par la beauté de la peau dont il étoit couvert , comme peau de tigre , de chat fauvage , &c. jMais depuis que les HoUandois firent préfent à chaque Na- tion, en traitant alliance avec elles, d'u- ne couronne de cuivre , il la porte con- flammcnt, à la tête de l'armée, dans les Confeils, & dans toutes les folemnicés. Sa dignité eft héréditaire, mais fon pouvoir ett fort borné,- car hors des cas que nous avons marqués, il n'a d'autorité que dans le village où il fait fa refidence. Il n'a même aucun revenu fixe pour foutepir fon rang, ou recompenfer fes travaux. Une extrême vénération que le peuple a pour lui. Janvier, Février et Mars. 1735. 259 lui , eft tout l'avantage qui lui en revient. Et quoi que fa dignité foit héréditaire, il eft obligé avant que d'en être revêtu , de s'engager folemnellement dans une Afîem- blée nationale, à ne rien changer dans l'ancienne forme de gouvernement, ni rien entreprendre contre les prérogatives des Capitaines des Kraaîs , ou villages , ou contre les droits & les privilèges du peu- ple. Après les Chefs , viennent les Capitaines établis pour adminiftrer la juftice, & veil- ler à la cranquilité publique dans Pétenduë de leur Jurifdiftion , c'eft à dire de leur village : Et en tems de guerre ils comman- dent les troupes du village, fous le Chef ou le Roi de la Nation. Leur emploi eft aufli héréditaire, & ils font également obli- gés, avant que d'en faire les fondions, de s'engager folemnellement en préfence du peuple de leur village, à ne point s'é- carter des anciennes loix & coutumes qui y font en ufage, & à n'y faire aucun chan- gement. Quand ils ont à juger de quelque affaire importante, ils aflerablent tous les' Chefs de famille, ils prennent leurs avis, & la fentence qu'ils rendent conformément eft fans appel. Ils ne font diftingués du refte du peuple que par les peaux dont ils fe couvrent, &: par une longue Canne or- née d'une pomme de cuivre qu'ils portent à la main , & dont les Hollandois leur fi- rent préfent lor? de leur établilîement au R 4 Cap. 260 Bibliothèque Britannique; Cap. ^ Il n'y a ni gages ni émolumens atta- chés à leurs charges. On peut les regar- der comme la NoblefTe du païs , & les Dé- putés de chaque village à rAHemblée qui fe tient pour régler les affaires générales de la Nation, dans le lieu ou le Chef faic fa refidence. Celui-ci préfide dans ces Aflemblées, & recueille les voix des Capi- taines qui font rangés en cercle autour de lui 5 car tout s'y décide à la pluralité des voix. Dans chaque village, il y a un Méde- cin , & quelquefois deux qui font choifis du nombre des Sages , comme ils les appel- lent, ou des plus experts en Botanique & en Chirurgie. Ils voient tous les malades fans diflinftion, & fans aucun profit, l'hon- neur attaché à cet emploi étant regardé comme une recompenfe fuffifante. Ils ont une grande connoiflancc des vertus des fimples , & favent fort bien ventoufer & faigner avec la lancette. Les Hottentots ont une très grande confiance en eux. Leur pharmacie eft un myftére impénétra- ble ; & fi les Patients meurent entre leurs mains , ils fe tirent d'affaire en affeurant que l'effet de leurs remèdes a été empê- ché par quelque fortilège , car l'idée qu'on a de leur capacité efl telle qu'on les en croit toujours fur leur parole. Les Prêtres fuivent les Médecins , car ceux-ci ont le pas chés les Hottentots. Il y en a un dans chaque village, lequel ell: aufii Janvier, Février et Mars. 1735. 2<5t aulTi éleâ:if, & dont tout l'office confifte à préfider aux Sacrifices, à- régler ou à praciquer certaines cérémonies religieufes, à célébrer les mariages 6c les funérailles, é. à faire far les cnfans mâles l'opération donc nous parlerons dans la fuite. On l'appelle Suriy c'eiï à dire Maître. Son emploi, comme celui des Médecins, eit honora- ble, mais fans profit, & tout ce qui lui en revient , c'elt d'être de toutes les bon- nes fêtes , & de recevoir quelques préfens de veau ou d'agneau. Ch^p. VIII. Tel eft le Gouvernement des Hottentots. Le Chapitre fuivant rou- le fur leur religion: Il n'eft pas facile d'en donner une jufhe idée. Ces peuples font généralement fi refervés là deflus , & lors même qu'on peut les engager à en difcou* rir , ils s'expliquent fi différemment , & avec tant de contradiftion, qu'on ne fait à quoi s'en tenir. L'Auteur dit qu'il a demeuré long-tems au Cap avant que de pouvoir s'afiTurer de rien à cet égard. Les Européens qui y font, du moins pour la plupart, loin de chercher à s'infi:ruire de la religion des Naturels , & d'en infi:ruire les Voiageurs , ne queftionnent les pre- miers que pour fe moquer de leurs opi- nions & de leurs coutumes, & prennent plaifir à tromper les autres , en leur débi- tant là-delfus mille fidlions. Ce ne fut qu'en pénétrant bien avant dans le païs, que Mr. Kolben pue fe fatisfaire en partie ; R 5 les 252 Bibliothèque Britannique, les habitans aiant moins de commerce a- vec les Européens , en étoient aulli moins défians & plus ouverts. Voici ce qu*il en apprit , & qu'il donne pour certain. Les Hottentots croient un Etre fuprème. Créateur du Ciel & de la terre , arbitre du monde, par le pouvoir duquel toutes chofes ont été faites & fubriftent, & qui poflede des attributs & des perfe6lions in- compréheniibles. Us l'appellent Goimja Goiinja, ou Goimja Ticqma y c'efl: - à - dire le Dieu des Dieux; & ils difent qu'il ne fait de mal à perfonne, que perfonne n'a lieu de redouter fon pouvoir, & qu'il habite fort au deflus de la Lune. Ce qu'il y a de furprenant, c'eft qu'ils ne rendent aucu- ne efpèce de culte à ce Dieu fuprème qu'ils reconnoifTentj & quand on leur en demande la raifon, ils ne peuvent ou ne veulent point en donner. Mais ils adorent la Lune qu'ils régardent comme une Divinité infé- rieure , ou comme l'image vifible du Dieu invifible. Ils lui attribuent le pouvoir de difpenfer à fon gré la pluie à, lebeauvtems, & c'eft pour lui demander l'un ouTautre, fuivant qu'ils en ont befoin, qu'ils l'invo- quent. Us s'aflemblent de nuit en rafe cam- pagne, à la pleine & à la nouvelle Lune, quelque tems qu'il fafle. Là après avoir fait mille contorlions 6c mille grimaces aufïï ridicules qu'horribles , ils le jettent à terre tout de leur long, & pouflent des cris affreux qui font retentir tous les envi- rons I Janvier, Février et Mars. 1735. 262 rons. Enfuite, ils fe relèvent fubitement, & frappant la terre du pied à. criant com- me des enragés , ils adreflent à la Lune , vers laquelle ils ont le vifage tourné, ces paroles , Mutjché Atzé Cherdqua Kahà chori Ounqila^ c'ett à dire, je vous falii'é, accordés nous de la pâture pour notre bétail âf du lait en abondance. Ils répètent cette prière , ou quelque autre femblable , en dançant & battant des mains , jufques à ce qu'ils n'en puiflent plus ; & alors ils fe repofent aufli long-tems qu'il le faut pour recommencer, en s'accroupiflant, tenant leur tête avec leurs mains, & appuiant leurs coudes fur leurs genoux. Ils palTent la nuit entière, & quelquefois même une partie du jour fuivant dans cet exercice, & ils s'en re- tournent chez eux avec toutes les démon- îlrations poflibles de fatisfaftion & de joie. Les Hottentots adorent auflî comme une Divinité bienfaifante , un Infedte qui eft, à ce qu'on dit, particulier à leur pais. Il n'eft pas plus grand que le petit doigt d'un enfant, il a le dos verd, le ventre tacheté de blanc & de rouge , deux ailes , & fur la tête deux cornes. Dès que les Hotten- tots l'apperçoivent, ils lui rendent le plus profond hommage; & s'il arrive qu'il ho- nore de fa préfence un village, tous les ha- bitans fe rallémbient autour de lui avec d'auflTi grands tranfports de dévotion que Il le Maitre de l'Univers étoit venu au mi- lieu d'eux. Ils chantent & danfcût autour de E(54 BibliothequeBritannique, de lui par bandes, comme des gens hors d'eux mêmes, oc lui jettent de la poudre d'une herbe qu'ils Sippeilcnz Bue bu , & nos Bocanilles Spirxa. Ils couvrent aulTi de la même pouarele dedans &le dehors de leurs huttes, 6c tout ce qui leur appartient; & ils tuent deux brebis en actions de grâces : Car ils s';maginent que cette divinité ailée leur apporte la profperité, le pardon de toutes leurs fautes, & la fagefTe pour mieux vivre à l'avenir; & ils ne doutent point que leur village ne foit bien-tôt diftingué par quelque bénédiction extraordinaire. S'il arrive que cet Infecte fe pofe fur un Hottentot, on le regarde dès là comme un faint , & on le vénère comme tel. Le bœuf le plus gras du village eft offert en facrifice d'action de grâces , on en donne les entrailles bien ncttoiées &; bouillies , avec la graille (Se la coiffe, au prétendu faint qui s'en regale feul \ les hommes en mangent la chair auffi bouillie , & les femmes le bouil- lon ; la joie eft univerfelle , & la fête des des plus célèbres. On prend la coiffe qu'on faupoudre de Bucbu, & après l'avoir bien tordue comme une corde, on la mec au cou du faint en guife de collier, &; il eft obligé de la porter jour & nuit jufqu'à ce qu'elle pourrifle & qu'elle tombe par pièces, ou que la divinité ailée juge à pro- pos de fe polèr fur quelque autre habitant du village. Pour ce qui eft de la graille, il faut qu'il s'en oigne avec foin le corps, qu'il Janvier, Février ET Mars. 1735. 26^ I qu'il ne fe ferve d'aucune autre , tant qu'el- le dure , & qu'il n'en perde quoi que ce I foie. L'Auteur aflure avoir été plus d'une fois témoin de cette folemnite religieute, & il rapporte à cette occafion une hiftoire ailés finguliére qui e(l arrivée fous Tes yeux, & qui fait bien voir jufques ou va^la fu- perrtition de ces peuples pour ce viTinlec- te ; mais elle cft trop longue pour l'infé- rer ici. Ils rendent encore un culte religieux à leurs Saints ^ à leurs Héros qui font décè- des. Ils ne leur érigent pas, à la vérité , des temples, des tombeaux, des (tatues, ou d'autres monumens publics ; mais ils leur confacrent des bois , des montagnes , des prairies, & des rivières. Quand ils palTent auprès de ces lieux confacrés, ils s'arrêtent pour fe rappeller la mémoire, ou méditer fur les vertus du Saint ou du Hé- ros , & pour implorer fa protection tant pour eux que pour leur bétail. Quelquefois ils s'aquittent de ce devoir fans branler, &: dans un parfait filence, la tête enveloppée de la peau qu'ils portent. D'autrefois ils danfent, chantent, & frappent des mains comme des forcenés. Mais il règne parmi les Hottentots une autre efpèce d'idolâtrie, bien plus étrange que toutes celles que nous venons de dé- crire. C'eft qu'ils adorent une certaine Divinité malfaifante qu'ils appellent Tou^ qûoa^ & qu'ils regardent comme le princi- pe 2(5^ Bibliothèque Britannique, pe & la caufe de tous les maux imagina- nables. Ils difent que c'efl un petit Dieu inférieur, d'une humeur bizarre & fâcheu- fe, qui ne fe plait que dans le defordre, & qui ne laifle guère en repos les pauvres Hoctentots. Ainfi ils lui rendent hommage pour l'adoucir, & fe mettre par là à cou- vert des trilles effets de fa noire malice, ils lui offrent un bœuf ou une brebis, & font plufieurs cérémonies extravagantes qu'ils croient lui être agréables. Voilà tout ce que Mr. Kolben a pu ap- prendre de certain touchant la religion des Hottentots. Il ajoute une chofe qui efl: bien trifte, c'eft que quelques grofliéres & abfurdes que foient leurs pratiques fu- perftitieufes , il efl: comme impoffible de les en faire revenir, tant ils en font infa- tués. Si vous voulés raifonner avec eux là deffus, ils affedent auflî-tôt un morne fi- lence, ou ils s'enfuient, & vous plantent là. Ils femblent nés avec une antipathie mortelle pour toute autre religion que pour la leur. La Compagnie des Indes n'a épar- gné ni foins ni dépenfe pour les amener au Chrifl:ianifme, mais tous fes effors ont été jufqu'ici inutiles ,* à, l'Auteur ofe aflurer qu'on ne doit pas s'attendre à un meilleur fuccés au moins de tout ce fiécle. Il ra- conte à ce fujet une petite hifl:oire qui ne fait que trop connoitre l'éloignement natu- rel, &prefque invincible de ce peuple pour la foi Chrétienne. Mr. Janvier, Février et Mars. 1735. 257 Mr. Fan der Sîel prie chez lui un Hot- tentot dans Ton enfance , & réleva dans la Religion & les mœurs des Européens du Cap, fans lui laiiTer avoir que peu ou point de commerce avec les Naturels. En peu d'années cet Enfimc apprit très bien les principes du Chriftianifme , diverfes langues, & tout ce qu'on voulut lui en- feigner. Le Gouverneur en conçut auflî- tôt de grandes efpcrances , & dès qu'il eut atteint un certain âge, il î'envôia aux In- des , au fervice du Commiflaire gênerai de la Compagnie. 11 s'y conduiflt avec beau- coup de prudence & de fagefle , & y ref- ta jufqu'à la mort de ce Commiflaire, qu'il revint au Cap. Quelques jours après fon arrivée, étant allé voir fa famille, il fe dépouilla de fon habillement Européen , & s'équippà à la mode de fon pais , avec une peau de mouton. Cela fait, il empa- quetta Tes habits, & les apportant aux pieds du Gouverneur, il lui tint ce dif- cours „ Aies la bonté, Monfieur, de vous „ fouvenir qu'aujourd'hui je renonce pour „ toujours à cet habillement, & en même „ tems à la Religion Chrétienne. Je veux „ vivre & mourir dans la Religion , les „ mœurs , & les coutumes de mes Ancê- „ très. Je vous demande feulement la „ grâce de me laifler le collier & le cou- „ telas que je porte. Je les garderai pour „ l'amour de vous ". A peine eut il pro- noncé ces mots, que fans attendre de ré- ponfe , M8 Bibliothèque Britannique, ponfe, il partit & s'enfuit avec une vitefTe furprenaïue dans fon pais, d'où il n'eft, ja- mais revenu au Cap. Mr. Kolben dit qu'il fe rencontra plufieurs fois dans les divers volages qu'il fit aux environs du Cap , & qu'il fut furpris de lui trouver une connoiflance peu commune de la Religion Chrétienne , & un efprit très cultivé. Il lui reprocha dans les ter- mes les plus vifs fon Apofbfie, & mie tout en œuvre pour le ramener à la foi ; mais il fut fourd à toutes fes exhortations, & infeniible à toutes fes carefles. La feu- le raifon qu'il lui allégua pour juftifier fa conduite, fut qu'il lui étoit impoffible, & à tous ceux de fa Nation, d'ooferver les préceptes de l'Evangile. L'Auteur fait là deflus une reflexion très fenfée , c'eft qu'il eft fort à craindre que la raauvaife vie des Chrétiens n'eut confirmé cet Hottentot dans cette penfée , & ne foit en gênerai une des grandes caufes du peu de progrès que fait le Chriftianifme parmi les Infidè- les, & fur tout au Cap. Chap. IX. Outre ce qu'on vient de di- re de la Religion des Hottentots, ils ont plufieurs coutumes fort extraordinaires, qu'on peut regarder comme en faifant en quelque manière partie. Telle eft celle de retrancher un tefticule aux Mâles, à l'âge de huit ou neuf ans ; ce qui s'obferve avec beaucoup d'exaètitude & de cérémonie chez toutes les Nations HotUntotes. Mr. Janvier, Février et Mars. 1735. 26ç> Kolhen dit avoir vu plufieurs fois cette opé- ration, & voici la delcription qu'il en fait. Après avoir bien frotté le Patient de la graifle des entrailles d'une brebis nouvelle- ment tuée pour ce fujet, on le couche à terre fur le dos, on lui lie les mains & les pieds, & cinq ou fix de Tes amis le tien- nent de force étendu dans cette pofture. Alors le Prêtre vient avec un couteau bien tranchant (car ils n'ont pas de meilleur in- ftrument ) & aiant fait dans le Scrotum une incifion d'an pouce & demi, il lui en- lève le tefticule gauche , &; lie les vaif- fcaux avec une promtitude & une dextéri- té qui furprendroient nos plus habiles Ope- rateurs. Enfuite , il introduit à la place une petite boule de la même grofleur, fai- te de la graille de la bî*ebis mêlée avec de la poudre de quelques herbes médicinales, & fur tout de Buchu\ & puis il coût la plaie fort adroitement. Pour cela il fe lert de l'os d'un petit oifeau, comme d'une alêne , & d'un filament de nerf de mouton en place de fil ; ce qui ell: tout aufli com- mode, & moins dangereux, à ce que croit l'Auteur , qu'aucun autre mftrument en ufa- ge parmi les Européens. Il en juge ainfi parce que cette manière de coudre les plaies n'a jamais eu , que Ton fâche, de mauvai- fes fuites , & qu'elles fe gueriffent bien-tôc fans beaucoup de foin. L'Opération finie, le Prêtre oint de nou- veau le Patient avec de la graiffe toute Tome IK Part. IL S chau- 270 Bibliothèque Britannique, chaude de la brebis tuée, ou plutôt il lui en arrofe tout le corps, & avec tant d'a- bondance que lorfqu'elle eft refroidie elle forme une efcèce de croûte. Ce qu'il y a derjfible c'efi: qu'alors l'Operateur fait avec fes ongles des filions dans cette croûte , d'une extrémité du corps à l'autre , & pifle deifus copieufement, aiant foin de fe refer- ver pour l'occafion; après quoi il le frotte bien fort par tout, (5c le laille dans cet état. Aufli-tôt chacun l'abandonne, & le pauvre miferable tout tremblant, & plus mort que vif, fe traîne comme il peut dans une petite hute qu'on lui a bâti exprès tout proche du lieu ou l'opération s'efl: faite. Il y paQe deux jours ou environ , fans voir perfonne, & fans autre rafraichif- fement que la graifle qui lui couvre le corps , & qu'il peut lécher s'il veut. Au bout ^de ce tems , il fort & fe montre à tout le village, auffi bien rétabli que s'il n'avoit eu aucun mal; & pour le prouver, ii fe met à courir avec la légèreté d'un cerf.' Mais les Parens du Patient ne l'ont pas plutôt abandonné, qu'ils fe retirent, avec le Prêtre, dans leur hute où tous les hom- mes du village s'aflemblent en diligence pour les féliciter, & faire la fête avec eux. On fait bouillir la chair de la brebis qu'on a tuée à cette occafion ; les hommes la mangent, ou pour mieux dire, la dévo- rent, (5c ils envoient- le bouillon à leurs fen> Janvier, Février et Mars. 1735. 271 femmes, félon la coutume. Le refle du jour, (Se toute la nuit le paficnt à fumer, à chanter, 6: à danfer. Le lendemain ils fe couvrent la téce de poudre de Bucbu , 6: s'(jign'jnc le corps du relte de la brebis, après quoi ils s'en retournent chez eux. Pour ce qui eft de l'Operateur, lî les Pa- rent du Patient font riches & de bonne voîonté , ils lui font prêtent d'un W\îu ou d'un A^^ncau pour le recompenfer de les peines. Tous ceux qui ont publié jufqu'ici des Relations du Cap , ont cru fur des rai ions de vraifemblance , & même fur le témoigna- ge de quelques Hottentots , que cette cou- tume fi excraordinaire n'a d'autre but que de procurer aux Maies plus d'agilité & de légèreté à la courte. Mais quoi que notre Auteur convienne que Textraétioa d'un teilcule peut y contribuer, il nie que c'en foit là la vraie raifon , & il dit que l'aiant demandée à quelques Hottentots des p!us intelligens , ils lui avoient répondu que c'eil une Loi établie parmi eux de tems immémorial , qu'aucun homme ne pourra connoitre une femme, qu'on ne lui ait premièrement ôté le tefticule gauche. Cette Loi e(l fi facrée , que fi quelcun ve- voit à la violer il n'y iroit pas moins que de fa vie , & la femme m.éme qui auroit eu le malheur de coucher avec un tel homme, quoi qu'innocem.ment , courroit rifque d'é^ . tre mile en pièces par celles de fon Sexe^ S 2 Au fil 572 Bibliothèque Britannique, AufTi ont elles grand foin quand elles Te marient, défaire examiner préalablement, par leurs Parens, ceux qui les recherchent; d'autant plus que c'eft une opinion régnan- te parmi elles, qu'un homme à deux tef- ticules engendre conftamment des jumeaux. Au rede , Mr. Kolben croit que cettv3 cou- tume pourroit bien être une corruption de la circoncifion, quelque peu de rapport qu'elle paroiffe avoir avec cette ancienne cérémonie. La chofe n'ell pas impolTible, mais eft elle vraifemblable ? C'cft à nos Ledleurs à en juger. Une autre coutume remarquable , parmi les Hottentots , eft celle de recevoir les jeunes garçons dans la Société des hom- mes; ce qui fe fait lorfqu'ils ont environ dix & huit ans, avec de grandes cérémo- nies que l'Auteur décrit fort au long & que nous rapporterons en deux mots : Tous les hommes du village s'aflemblent , & forment un cercle, au dehors duquel ce- lui qui doit être admis fe tient à quelque diftance dans une pofture des plus rifibles Le plus R'iié de la troupe fe lève , & après avoir demandé l'avis de l'Aflemblée , il fort du cercle , & s'adreffant au jeune hom- me , il lui fait une longue exhortation , au bout de laquelle il fe met à piffer fur lui par reprifes, tandis que le gars reçoit fon urine avec avidité, & s'en frotte le corps, la mêlant avec la graiffe & la fuie dont on Ta auparavant enduit. Enfuice il le féli- cite Janvier, Février et Mars. 1735. 273 cite de l'honneur qu'on va lui faire, & lui donne fa bénédiction en ces termes, qu'il prononce à haute voix, Oiie la bonne fortu- ne t'accompagne ! F^is long îems. Crois & Mul- tiplie. Que ta barbe puijje bien-toî paroitre ! Enfuite il l'introduit dans le cercle des hommes , ou il e(t proclamé. Jufques l'a il n'eft pas permis aux Jeunes gens de converfer avec les hommes, pas môme avec leurs pères; les mères ont tout le foin de leur éduca- tion, elles ne les perdent point de vue, & les mènent par tout oli elles vont. Mais dès lors, elles font fi bien déchargées de ce foin, que leurs enfans ainfi admis au rang des hommes , n'ont abfolument plus de com- merce avec elles , & femblent avoir oublié tout ce qu'ils leur doivent ; ce qui va fî loin qu'ils peuvent les maltraiter & les in- fulter impunément, comme ii c'étoit une marque d'un courage mâle. La cérémonie de leur réception eft fuivie d'une fcte à leur manière , que les parens donnent à tout le village, & qui dure allez long-tems. Les Hot^entots aiment fi fort ces fortes de réjouïfTances , qu'ils en font dans toutes les occafions tant foit peu extraordinaires, comme lorfque quelcun d'eux efl relevé d'une grande maladie, ou réchappé d'ua danger éminent ; lorfqu'ils ont fait un grand carnaaje de bé^es fauvages qui dévorent leur bétail; lorfque tout un Village change de demeure , foit parce que le bétail n'y trouve plus de pâturage, foie parce qu'un S 3 habi- ^74 Bibliothèque Britannique, tant y efl: mort de mort violente ou natu- relle,* lorfque leur bétail a éîié délivré de quelque maladie épidemique , après avoir offert à la Lune, qui eft leur Divinité turc- Jaire, des facritices p'-opitiatoircs en abon- dance ; -enfin lorfqu'ils fort paTlcr par le feu , ou plutôt au travers d'une fumée épaif- fe 5 leurs belliaux pour les imprégner d'une odeur qui empêche que les chiens fauvaG;es ne les attaquent ; car ces animiaux qui m.- feftent le païs & qui vont par troupes , font de tous les plus à craindre pour le bétail , & y font quelquefois d'aifreux: ravac^cs, C'ett du moins là la raifon que j\Ir. Kvlhen dit qu'un Hottentot de bon iens lui a don^ née d'une coutume fi extraordinaire. Les naturels du Cap ont adopté le mot Hollandois Andersmaken^G^m lignifie changer en mieux , pour defigner toutes ces fèces , comme file but en étoit de les rendre meil- leurs & plus fages , 6c qu'elles fiiTf-nt partie de leur religion. AulTi eft il à remarquer que quoi qu'ils aiment extrêmement les liqueurs fortes, ils n'en boivent jamais, ou ils n'en boivent que très peu dans leurs réjoui'ifan- cês publiques: On ne les voie point, com- me les Européens , fouiller leurs feftins par des excès honteux. Ils peuvent chanter , danfer , & caufer enfemble avec toute la gaieté poffible , des jours entiers , pourvu qu'ils aient du tabac ou du Ddcba , ce de l'eau mêlée avec du bit, qui cil: leur boif- fon aràinaire: il Janvier , Février et Mars. 1735. 27^ n ejî tems de finir cet Article. Nous don- ner ens le précis du refte de ce L'vre dans le Volume J'uivant de cette Bibliothèque. ARTICLE II. Free Thoughts concerning Soûls : In four EfTays : I. of the Humane Soûl confidered in its own nature. II. Of the Humane Soûl compar'd wiih the Soûls of Brutes. III. Of the ruppofed Prce-exilient Itate of Soûls. IV. Of the future flate of Soûls. To which is added an EfTay on Création. By the Autlior of the Impartial Inquiry , &c. Cefl-à-dire, Fen/écs libres fur ï Ame En quatre Effais. 1 De C Ame coufide- rêe en elle niéme.\ IL De ï Ame humai- ne comparée ai-ec celle des Bêtes. 11 L Dé lii prétendue péexïjlcnce des Ames. IF. De 1 Etat futur des Ames après lu mort. On y a jjîrit uyj ejjai jurla Créai un. Par r Auteur de ^E^Camfcn impartial, &c. A Londres , chez R. Robinjon , «7^4. 8. pp. 168. L 'Auteur de cet Ouvrage cH: Mr. Culli- ber qui publia en 1729, un Livre fous The C/jrijiian Religion foundcd on S 4^ rea- 27<5 BlIîLIOTHEQUE BRITANNIQUE, reafon , &c. La Religion Chrétienne fondée fur la raifon &c. Quelques années aupara- vant il avoit mis au jour un oétit Traité fur VExijlence cf la Nature de Dieu , qui eft fort recherché. Celui dont nous allons donner le précis renferme, comme on le voit par le titre , cinq Eflais , & chacun de ces Eflais e(t divile en plufieurs feclions. Dans le premier qui roule fur la nature de notre ame &qui fait plus du tiers de ce Vo- lume, PAuceur fait voir d'abord, que la diilinclion Ariflotelicienne à" eime fenfithe , & d'ame raifoîimble , etl également mal fondée & peu necelTaire , puifque la fenfation &: le raifonnement ne font que des facultés par- ticulières, ou des modifications différentes d'un feul & même principe intérieur. On n'en fauroit douter, û l'on confidère que toute fenfation ou perception eft dans le fond un ade de la penfée, & que le rai- fonnement n'elt que l'examen & la compa- ra'fon de nos perceptions ou de nos idées. Mais quelle cil la nature de ce principe in- térieur d'oLi naiffent ces différentes facultés ou ces differens ades , 6i que nous appel- ions proprement notre ame? Eft ce une fimple particule, ou un compofé des parti- cules les plus fubtiles de notre corps? Ou n'ett ce point quelque chofe de diftindt , & d'indépendant du corps? On convient univeriellement que le cerveau, auquel aboutifient comme à leur centre tous les nerfs du corps, eil le fiége de la fenfa- tion Janvier , Février et Mars. 1735. 277 tjon , de forte qu'il e(t naturel de placer Tame dans cet endroit. Si quelque parti- cule du corps conllicuë ce principe pen- fant , elle doit afluremcnt fe trouver parmi les efprits animaux les plus fubtils» qui cou- lent avec abondance dans le cerveau,- com- me il paroit par les tournoiemens de tête, qui ne peuvent procéder que d'un mou- vement circulaire de ces efprits , par la chaleur qui monte à la tête, lorfque l'ef- prit efl: fortement appliqué à quelque ob- jet 5 & par i'épuifement que caufe une lon- gue & profonde méditation. Si donc l'a- me n'eft pas eflentiellement diftincle du corps , il faut que ce foit une fimple par- ticule , ou un compofé de diverfcs parti- cules dans le cerveau. L'Auteur s'étend à réfuter l'une & l'au- tre de ces fuppofitions, La première pa- roitra évidemment faufle fi l'on confidère qu'une fimple particule, c'eit-à-dire , une de ces plus petites parties dont les corps font originairement compofés , eft incapa- ble de recevoir tout à la fois cette gran- de variété de fenfations dont l'ame cft fufceptible. L'imprelTion des objets exté- rieurs ne fauroit fe faire fur elle que par le moien d'autres particules des efprits ani- maux. Mais fi toutes les particules primi- tives qui compofent ces efprits font d'une égale ou à peu près égale grolTeur, com- me Mr. CûUiber le prouve au long , il eil impoflible qu'aucune d'elles aie tout à la S 5 fois 278 Bibliothèque Britannique, fois toutes les fenfations qui doivent naî- tre des diverfes impreffions des autres par- ticules. Quelque capable de fentiment qu'on la luppofe , elle ne fauroit jamais recevoir qu'une feule impreflion en même tems, n'y aiant qu'une ieule particule qui puifle agir fur elle à la fois , & par confe- quent elle ne fauroit jamais éprouver cet- te variété de fenfations que notre ame éprouve. Un exemple rendra la chofe plus fenfible. L'œil peut recevoir tout à la fois l'imprciTion d'un grand nombre d'ob- jets extérieurs , parce que les particules des raions de lumière font incomparable- ment plus petites que la prunelle au tra- vers de laquelle ces parricules paflent. Mais fi elles étoient toutes d'une grandeur éga- le à celle de la prunelle , il cil certain que l'œil ne pourroit recevoir qu'un feul raion, & par confcquent qu'une Ieule impreiTion à la fois, ce qui ne produiroit aucune va- riété de fenfation, ou de perception des objets extérieurs. Il en efl: de même dans le cas dont il s'agit. Cependant, l'Auteur veut bien fuppofcr pour un moment que les particules prmiiti- ves dont les corps font compofés foien: d'inégale grofleur que celles qui ont plus de volume foient capables de fentiment & de peniee , & que les autres leur fervent Amplement d'organes: Mais il demande quel avantage l'on peut tirer de cette fup- pofjtion. Les particules les plus groHés ne fe- Janvier, Février et Mars. 1735. 279 fcroienc-elles pas dans ce cas pour TelTen- cicl , la même chofe que ce que nous ap- pc Ions efprit ? Auili e(t ce probablement es qui a engagé nos Alatérial'ftes m.oder- ncs a abandonner l'opinion que l'ame n'efl qu'une fimple particule indivilibie, ou qu'un Atome , 6l à loutenir avec les anciens Ato- mijîes , qu'elle eft un compofé, ou du moins le refultat d'un comporé de lembîables par- ticules. Mais Mr. Collibcr fait voir par divers ar- gum.ens que cette dernière fuppofition n'eft pas mieux fondée que la précédente. Déjà il eft certain que le principe penCant doit être quelque chofe de fixe , 6c non pas de volatil 6: dans un mouvemiCnt perpétuel , comme le font les efprits animaux ; autre- ment nos pcnfées feroient dans une agita- tion & une confufion continuelle , & nous ferions incapables de pourfuivre avec fer- meté aucun delTein. De plus , fi ce prin- pe intérieur étoit compofé, nos fenlations n'auroient aucune liailbn , & nos actions qui en font les fuites , aucune uniformiité. tes efprits animaux font fans doute necef- faires pour que les objets extérieurs puif- fent exciter quelque fenfation dans notre ame; mais il ne s'enfuit pas qu'ils aient par eux mêmes la faculté de l'exciter; il faut qu'ils agiQént fur un fujet a(ftuellement pen- fant , fans quoi leur mouvement , quelque rapide qu'il foit, ne produira jamais qu'un changcraenç de lltuation ou de figure. Si l'on 2S0 Bibliothèque Britannique, Ton dit que les couleurs & les Tons refultent de la feule figure & du feul mouvement des objets 5 quoi que ce foie des choies diffé- rentes de la figure & du mouvement , & qu'ainû la penlee , quoique difl:erente de la figure & du mouvement, peut très bien re- fulter de leur coin poli ci on; l'Auteur répond que les couleurs 6: les Ions ne font pas plus dans les objets de la vue & de l'ouïe , que la douleur n'efl: dans ceux de l'attou- chement. C'eft dans Tam'e qu'il faut les chercher ; car s'il n'y avoit point d'Etre penfant, la figure & le mouvement, quel- que compofés qu'on les fuppofe , ne fau- roient jamais exciter, & beaucoup moins produire la couleur, le Ton, ou la douleur. Ajoutés à cela , que la compofition , ou le mélange de certaines parties , ne change point la nature de ces parties. Or comme les particules primitives, des efprits animaux font edéntiellement diltincles les unes des autres, elles doivent retenir cette diftinc- tion malgré leur union la plus étroite ; & par confequent, quand on les fuppoferoic capables de fenfation , chacune d'elles ne fauroit appercevoir qu'une partie des ob- jets qui feroient impreiTion fur leur tout. Mais dans ce cas nous ne pourrions jamais avoir d'idée d'un objet entier , n'y ayant rien dans le com.pofé qui fût capable de réunir & de comparer une partie de l'ob- jet avec une autre, ni de refléchir fur une telle comparaifon. Suppofons , par exem- ple, Janvier, Février et Mars. 1735. 281 pie, que les particules d'un miroir foienc revêtues de la faculté de penfer ; cepen- dant , comme ces particules font auflî réel- lement didinctes les unes des autres, que fi elles étoient à une grande diflance , cha- cune d'elles ne peut appercevoir qu'une cer- taine partie de l'objet donr îe miroir entier reçoit rimpreffion , c'eft à dire, une partie proportionnée à fon étt-nduë; de forte que ce qui ell: apperçu par une de ces particu- les, ne fauroit ablblumcnt être apperçu des autres : Et comme le miroir n'elt compofé que de ces particules-là, il n'y a rien en lui qui puilTe réiinir leurs diverfes percep- tions imparfaites, & par confequent il ne fauroit jamais avoir une idée complette de l'objet , telle que notre ame s'en forme. Il eft donc inconteftable par ce qu'on vient de dire, que l'ame n'eft pas matériel- le & n'eft point dépendante du corps, & qu'ainfi elle en eft elfentiellement diftinéte. Mais fi l'on veut favoir plus particuliéremenc en quoi confilte fa nature, il n'y a qu'à fe fouvenir que ce qui rend les particules de notre corps incapables des fenfations que nous éprouvons au dedans de nous , c'eft qu'elles font naturellement diftindes & fe- parables les unes des autres. Car il fuit de là que notre ame doit être une fubftance fimple & fans compofition , & par confe^ quent indivifible. Cependant comme l'ex- périence prouve que l'ame agit fur le corps , & réciproquement le corps fur l'ame, l'Au- teur 282 Bibliothèque Britannique, teur croit qu'on peut très bien en conclur* re que l'ame ell une fubltance qui tient le milieu entre la matière & la nature de Dieuw Ce qu'il dit là delîus eit fort extraordinai- re, 6l fent un peu la Gontradidtion. Voici comme il s'exprime. „ Si l'ame reçoit l'impreflion des objets' ^, extérieurs par le moien de la matière 5, dont nos corps font compofés , c'eft une 3, preuve, ce femble , qu'elle n'elt pas d'u- 5, ne nature entièrement différente de la ,, matière; & fi elle agit fur le corps par 3, une force inhérente, comme uneconltan- „ te expérience le fait voir^ cela découvre j, un pouvoir que nous ne pouvons guère 5, mieux comprendre que celui qui a donné 5, le mouvement aux plus grands corps de 5, l'Univers. Je dis que l'ame humaine ne 5, peut pas être , ce femble d'une nature 3, entièrement diflerente de la matière , y, puifqu'elle efl: paflive aufli bien q^j'aélive. y, Car comm.e NIn Locke le remarque (a) ^ ,, VEfprit par , c'efl à dire Dieu, étant feule- ,, lement aà'f , ôf Ici pure matière feulement 5, pcifjive ^ on peut croire que ces autres Etres 5, qui font actifs & pafjifs tout enfemble , par- ,, ticipent de l'un ^ de Vautre. C'eft au 5, moins Là l'opinion la plus naturelle , & ,, la plus conforme au fentiment commun >, du genre humain , qui s'élève contre cer- 5, tains- ( a ) Effai de Veniendçment , kitmain, Liv. 1 1* chnp. 23. p. 239. Janvier, Fevrtër et Mars. 1735. 583 5, tains Philofophes qui en dépouillant l'a- j, me de tout ce qui appartient à Tidée de 3, matière , en ont fait ou U7i Jîmple Aàe^ ,, fans aucun Agent convenable, ou un fim- 5, pie allemblage de PuijJ'ances aàkes, fans 5, aucun fujet qui les renferme ". vS'il nous efb permis de dire notre penfée fur cet article , il nous paroit qu'il ell tout aufli difficile de concevoir une fubflance fimple , & fans compofition, qui tienne de l'efprit & du corps , que de comprendre comment l'efprit & le corps agiflent réci- proquement l'un fur l'autre : Nous n'avons pas même d'idée de cette efpéce de fub- itance. Dans la 5. Sedlion , Mr. Colliher remar- que que la diflinétion eifentielle qu'il y a entre le corps & l'ame prouve par une con- fequence claire & neceffaire que l'ame eft feparablc du corps. Ainfi fans s'arrêter à le démontrer , il examine les circondances & la manière d- cette féparation. L'ame étant une fubflance fimple & fans compofi- tion , doit fubfifter dans fon entier après la mort , & conferver les mêmes proprie- tés & les mêmics facultés qu'elle pofiedoic auparavant, à moins qu'elle n'en foit dé- pouillée pas une Puiflance fupérieure. Il n'en faut pas même excepter nos fehfa- tions , qui bien qu'elles dépendent à pré- fent du corps , feront alors d'autant plus vives qu'elles feront excitées immédiate- ment par les objets extérieurs. Outre ces 284 Bibliothèque Britannique, ces fentations , nous en aurons bien d'au- tres , fuivant l'Auteur , plus parfaites d'où refulte la reiiftance , n'eft elle pas une propriété particulière de la matière? 11 ré- pond 35 que fi par la folidité on entend ici , comme on le doit , l'impénétrabilité par la matière, il eft très certain que la folidi* té n'eft point une propriété particulière de la matière. Au contraire, la fubftan- ce de l'Etre incréé, quoi qu'abfolument in- vifible, eft la plus parfaitement folide , parce qu'elle eft tout à fait impénétra- ble par la matière, ou par quelque autre Etre que ce foit : Et de là vient qu'elle pénètre, & qu'elle remplit toutes chofes , mais fans aucune refiftance ; car la refif- tance n'a lieu qu'entre des fubftances de même nature ou dénature approchante, comme le font tous les Etres créés , lefquels ne peuvent par confequent péné- trer aucune fubftance ". Il eft à crain- dre que cette réponfe ne pafle dans l'ef^ prit de bien des gens pour un vrai galima- thias ou l'Auteur ne s'eft jette que faute de pouvoir refoudre l'objedion dont il s'agit, & qui nous paroit en effet infoluble dans fes principes. Il emploie la Sedlion fuivante à faire voir que quoi que les opérations de l'ame fem^ blent dépendre du corps , pendant qu'elle lui eft unie , elle ne lailTe pas d'agir en plu- Janvier, Février et Mars. 1735^ 287 pîufieurs cas indépendamment de lui , & d'une manière qui montre qu'elle en eft dif- tinfte & réparable : Comme lors qu'elle fe fait des idées de Dieu , & d*aucres chofes qui ne font point des objets des fens; qu'el- le corrige les erreurs des fens & de l'ima* gination , &c. De là l'Auteur palTe à exa- miner plus en détail les merveilleuies facul- tés & opérations de l'ame. La première eft l'attention à rimprellion des objets des fens, d'oLi nait l^ Jenfatioji extérieure, ainii appellée pour la diftinguer de la fenfatioii intérieure qui eft produite par la réflexion. De ces deux efpèces de fenfations dépen- dent les facultés ou les adtes de la mémoire & de Vimagination. La mémoire n'eft autre chofe que le pouvoir qu'a la faculté fenfi- tive de conferver ou de reveiller les fenfa- tions & les idées qui s'excitent en l'ame, tant celles qui viennent des fens, que celles qui n'en viennent pas. Il eft certain que ce pouvoir dépend du cerveau , par rap- port aux premières , car l'on voit tous les jours qu'il s'affoiblit confidérablement <5c qu'il fe perd même tout à fait par une blef- fure ou par quelque autre accident qui af- fecte cette partie. Mais il n'en eft pas de même à l'égard des fécondes,* la faculté qu'a Pâme de les retenir & de les rappeller, eft une bonne preuve qu'elle eft indépendante & eflentiellement diftindle du corps. ^Imagination dépend de la mémoire , puifque c'eft le pouvoir qu'a la faculté fen- T 2 liti' 288 BitîliothequeBritanniqûe^ lîtive de feparer ou d'unir les idées des ob" jets abfens que la mémoire feule peut rap- peller. L'Auteur diflingue enfuite deux fortes de fenfatîon comparative , Vintuitwe & la âémonflrative. La première elt l'atten- tion que i'ame fait à la convenance ou dif- convenance des idées , & la fenfation ou perception qu'elle en a , & qui refulte d'u- ne comparaifbn immédiate. La féconde ed aufii une fenfation ou perception de cette convenance ou difconvenance, mais pro- duite par une comparaifon médiate. Ainfi , toute la différence qu'il y a entre ces deux efpèces de fenfations, c'eft que Vintuitive apperçoic l'accord ou l'oppofition de deux idées , en les comparant enfemble immé- diatement , & fans l'intervention d'aucune autre idée; au lieu que la démonftrative fe fert pour cela d'une , ou de plufieurs idées moiennes. Mr. Colliber donne à ces deux aftes , ou facultés de l'âme , le nom de fenfations, parce qu'il les regarde comme des opérations de la faculté fenfitive, qui font déterminées par la volonté. C'efb ce dont tout le monde ne conviendra pas avec lui , & qu'on ne peut même admettre que dans la fuppofition que l'âme eft , comme il le prétend , une fubftance qui tient le milieu entre le corps & l'efprit , & qui participe également des deux. La mlitîon eft un au- tre adte de l'âme, qui procède de la vo- lonté 5 ou de la faculté de vouloir ^ & qui confifte dans le pouvoir qu'a TEfprit de fe ■ ■ dé- Janvier, Février et Mars. 1735. 289 déterminer à de certaines adlions préfera- blemenc à d'autres , en conlequence d'un choix parfaitement libre , ou dans ce choix là même. Or , qu'il y ait en nous .un tel principe déterminant , c'eft ce que l'Auteur prouve par le fentiment intérieur que nous en avons, & par l'expérience que nous en faifons chaque jour , comme lors qu'entre deux ou plufieurs objets qui nous paroiflent d'égale valeur, nous en choifîf- fons un , fans y être portes par aucun motif qui ne foit purement intérieur, ou pris du fond même de nos âmes. Si quel- que chofe doit nous convaincre que l'ame elt eflcntiellement diilincle & indépendante du corps , c'elt cette faculcé ou ce pou- voir qu'elle a de fe déterminer elle même comme elle le juge à^ propos : Car il eft dé- montré que rien de femblable ne fe trouve dans la matière , & qu'elle demeureroit é- ternellement en repos, fi elle n'étoit mue par quelque paiOance étrangère. La dernière faculté ou opération de l'a- me dont l'Auteur fait mention, c'eft la /o- culté exécutrice , comme il l'appelle , ou le pouvoir qu'a l'ame d'exécuter ce que la to- lition a déterminé. Nous n'avons pas d'idée claire de la manière dont cette faculté agit. Mais néammoins nous pouvons affirmer qu'elle n'agit pas toujours par les imprel- fions qu'elle reçoit du dehors &: qu'elle ren- voie au dehors, comme les corps qui aeif -fent les uns fur Its autres. Souvent un fcul T 3 acle 290 Bibliothèque Britannique, acte de la volonté qui n'eft afllirément ni une impreflion caufée par contadl, ni l'effet d'une telle imprefiion , fuffic pour l'exciter à mouvoir le corps avec une rapidité égale à celle de la penfée. Et c*eft par là que cet- te faculté 5 de même que toutes les autres dont on a parlé, prouve clairement que l'ame efl eflentiellement diitincte du corps, & par confequent qu'elle peut fubfifler & agir fans le corps. Mr. Colliber finit cet EfTai en répondant à une difficulté qui s'offre naturellement à refprit, c'efl que quoique l'ame ne dépen- de pas du corps , à, qu'elle puifTe vivre fans lui , il ne s'enfuit pas qu'elle fubfifte après la mort. La même puiffance qui l'a créée peut la dépouiller de {"es facultés, & même l'anéantir ; Et comment favons nous que cela n'arrivera point? Nous le fa- vons, dît il, par le defir & l'efpérance de l'immortalité, qui fe trouvent fi profondé- ment gravés dans nos âmes ; & fur tout par la confidération de la parfaite juftice de l'Auteur de la Nature qui demande que la vertu foit recompcnfée & le vice puni dans un autre monde. D'ailleurs n'eft-il pas naturel de croire que puiique les particules mêmes de la matière dont nos corps font compofés, confervent & leurs propriétés & & leur exiftence après la mort , (^ qu'on ne fauroit prouver qu'aucune d'elles doive jamais être anéantie , à beaucoup plus forte raifon notre ame fubfiftera-t-elle éternelle- ment Janvier, Février et Mars. 1735. 2pr ment avec toutes Tes facultés ? L'Auteur auroit bien dû ajouter à ces preuves cel- les que la révélation nous fournit , quoi qu'il parle ici en Philofophe. Car il eft certain que tous les raifonnemens du mon- de ne fauroient nous donner une pleine cer- titude de l'immortalité de nos âmes, s'ils ne font foutenus d'une déclaration formelle de la volonté de Dieu à cet égard ; & cet- te déclaration , l'Evangile nous la donne prcfque à chaque pagje. Dans le fécond Eltai , Mr. Colliber fe pro- pofe de faire voir par une jufte comparai- fon de l'ame de l'homme avec celle des bê- tes, combien la première furpafle en excel- lence la féconde. Pour cela il reprend les diverfes facultés ou opérations de notre ef- prit qu'il a expliquées auparavant , & il prou- ve que quelques-unes ne fe rencontrent ab- folument point dans les bétes, & que la plupart des autres ne s'y rencontrent que dans un degré fort inférieur. Si l'on con- fidère que toutes les bêtes font fafceptibles (\q fenfation y on ne lauroit douter qu'il n'y ait dans les plus viles & les plus llupides même , un principe différent de la matière, qui les fait agir. Il eft même certain qiie les fenlations que plulieurs animaux ont des objets extérieurs font beaucoup plus vives & plus diftinftes que celles que nous en a- vons. L'Auteur en allègue pour preuve le chien , qui par fon odorat peut découvrir fon Maître parmi une infnité de gens, & T 4 rc- 2P2 Bibliothèque Britannique, retourner à la maifon quoi qu'il en foit fort éloigné ; le Cerf qui entend le moindre bruit; à l'Aigle qui apperçoit à une grande diitance les plus petits objets: De là vient que ces fortes d'animaux ont la mémoire très fidèle, comme on le voit en particu- lier dans le chien. Klais d'un autre coté , ils font auffî incapables de corriger les er- reurs de leurs fenfations , que de fuppîécr aux défauts naturels de leurs organes par des fecours artificiels; C'e(t-là un privilège particulier à l'homme. De plus, les bêtes ne peuvent retenir qu'un petit nombre d'i- dées, & encore ces idées ont elles princi paiement rapport à leur confervation &: à la propagation de leurs différentes efpèces. Selon Mr. Colliber ^ les bêtes ont auiTi une efpèce d'imagination ; mais comme elles manquent d'un fond luffifant d'idées , leur imagination ne fauroit leur fournir cette a- gréable & furprenante variété d'images que celle des hommes elt capable de former, quoique les effets qu'elle produit fous le nom dHnftinB; tiennent quelquefois du mer- veilleux. Vinjlinct n'eft autre chofe , ce femble, qu'une certaine pente de l'imagi- nation qui porte neceffairement les animaux aux actions qui tendent à leur confervation &à leur propagation. Mais dans ce cas, quelques régulières que foient ces adlions, elles ne fauroient être mifes en parallèle a- vec celles des hommes qui procèdent de liberté & de choix. L'Auteur raifonne ici Janvier, Février ET Mars. 1735. 293 & dans touc cet ElTai , comme fi l'ame des bêces (Se fes diveries opérations nous étoient auffi clairement connues que les noî:res,au lieu que nous n'en lavons rien que par con- jecture. Cependant, pour prouver que leurs adions font neceflaires, il allègue l'exemple des oifeaux qui font leurs nids, & des a- beilles qui forment leurs petites cellules & leurs raions de miel, toujours de la même manière 6l fans aucune variété. Cet exem- ple ne nous paroit pas concluant , parce qu'il fuppofe que le feul défaut de variété e(l une preuve inconteftable d'un défaut de liberté ou de raifon , ce qui n'eft certaine- ment pas toujours vrai. L'uniformité , en fait d'adions, eft fouvent une aufli grande marque de fagefle , que la variété. L'intuition eft une autre faculté de l'ef- prit, que Mr. Colliber croit être commune aux hommes & aux bêtes ; car , dit il , il eft raifonnable de penfer que les bêtes font capables d'appercevoir jufques à un certain point la convenance ou la difconvenance des idées des chofes qui font impreffion fur leurs fens. Par exemple, un chien peut connoitre par une comparaifon immédiate , & fans l'intervention d'aucune idée moien- ne, qu'un homme n'eft pas un cheval ou un chien. Mais c'eft là le plus bas degré de Vintuïtion^ car pour celle qui nous fait ap- percevoir la liailbn des termes & des pro- portions, les bêtes en font auiTi incapables qu'elles le font de parler & de raifonner. T j Cette 594 Bibliothèque Britannique^ Cette dernière faculté, je veux dire la raifon ou le raifonnemsnt , eu. ce qui diilingue principalement notre ame de celle des bê- tes. Une preuve, félon T Auteur, que les bêtes en font deflituées, c'efl: l'impuiflance où elles fe trouvent, non feulement de va- rier leurs aâ:ions les plus régulières, com- me on l'a déjà remarqué, mais encore d'ap- percevoir les beautés de la peinture & de la mufique, qui confident furtout dans de certains rapports ou de certaines propor- tions : Pour ce qui eft de la peinture , on fait par expérience que les animaux n'en font point touchés; mais à l'égard de la mufique on n'en conviendra, peut être, pas égale- ment. AufTi Mr. Colliber a t-il foin de préve- nir les objections qu'on pourroit lui f^iirelà- -deflus. Il remarque que la mufique effraie la plupart des bêtes , même des bêtes pri- vées, & que s'il y en a qui femblent y pren- dre plaifir, cela vient de ce qu'elles font accoutumées à l'entendre, ou de ce qu'on y a attaché de certaÎRCs chofes qui leur plaifent , comme de leur donner à manger, de les endormir, u.c. dans ce tems là. Il traite de fable ce qu'on dit en particulier du Dauphin qu'il aime la mufique à la paf- fion, & les exemples qu'on en allègue. Il dit que le chant des oifeaux n'a rien , ou très peu , de ce qu'on appelle proprement mufique, & que d'ailleurs il n'efl pas de leur propre compofition ; c'eft un bruit na- curel, 6c auffi machinal que le croaflement da Janvier 5 Février et Mars. 1735. 295 du corbeau , ou le glouflement de la pou- le. S'il y en a qui apprennent à chanter des airs compofés par des Muficiens , on ne voit pas qu'ils prennent plus de plaifirà ces chants artificiels , qu'à ceux qui leur font naturels ; & quand même ils paroi- troient en être plus touchés, on n'en pour- roic rien conclurre, pas plus qu'on ne peut inférer de la facilité qu'a le Perroquet d'i- miter les fons les plus rudes , qu'il y prend un plaifir réfléchi. Nous laiiïbns à nos Lec- teurs à juger de la folidité de cette refle- xion. Pour prouver que les bêtes n'ont point d'idée des proportions , l'Auteur allègue encore l'exemple du chien, qui peut bien dif- tinguer par la vue fon Maitre des autres perfonnes avec qui il eft en compagnie; mais qui s'il entre dans une chambre oii il y ait compagnie, & où fon Maitre ne foit point, ne fauroit s'aflurer par le même fens que fon Maitre n'y eft pas , & efl: obli- gé pour cela d'avoir recours à îbn odorat , & de fentir l'un après l'autre tous ceux qui font dans la chambre : Preuve manifet^e qu'il n'a aucune notion de la difi^érence des traits & de la proportion du corps, qu'il y a entre fon Maitre & les autres. Or il fuie de cet exemple & des précedens , que les bêtes font incapables de former des règles générales par rapport à la convenance ou la difconvenance de quelque idée que ce foit, ou ce qui eft tout un, de former des règles 296 Bibliothèque Britannique, règles de proportion , de les appliquer aux cas qui fe préfentenc, & par confequencde raifonner, puifque c'eO: en cela même que confifte le raifonnement. Si l'on objedte que les bêces font plu- fieurs allions qui fuppofent de la reflexion & du raifonnement, comme le chien qui cache dans la terre ce qu'il ne peut man- ger, le refervant pour quand il aura faim; la fourmi qui amalte du grain pendant l'été, pour lui fervir durant l'hyver, & qui le ron- ge pour empêcher qu'il ne germe; les cas- tors qui, à ce qu'on dit, fe bâtiflent des efpèces de raaifons avec des apparcemens commodes , & s'aflujettifront tous ceux de leur propre efpèce dont ils peuvent fe ren- dre maitres, 6cc. Mr. CoUher répond que toutes ces adtions ne font que des effets de VInftinà dont on a parlé plus haut, & il prétend le prouver par la raifon qu'il a dé- jà fait valoir, favoir le défaut de variété. Ces adlions font toujours exaftement les mêiTies, ainfi félon lui, elles ne fauroient venir d'un principe de raifon. D'où il con- clut que la plus noble facuîcé qu'on puiflTe fuppofer dans les béres c'eft l'imagination ou la phantaijie y encore avec les modifica- tions qu'il y a attachées. La volonté^ d'où procède la 'uolitioîi , ne fe trouve pas non plus chez les brutes, par les raifons qu'on vient d'alléguer. D'ailleurs, comme elles n'ont aucune idée de propor- tion, elles n'en fauroient avoir de la bon- té. JANVIER, Février et Mars. 1733'. 297 té, de la convenance, ou du prix des ob- jets qui leur font offerts , ni par confequent fe déterminer pour l'un plutôt que pour l'autre, par reflexion & par choix. Si el- les femblent préférer de certaines chofes à d'autres, on voit qu'elles y font portais par pur inrtinft, par la feule force de leir appétit, ou par la feule impreffion des ob- jets extérieurs. Enfin, la faculté exécutrice, ou le pou- voir qu'a l'ame de mouvoir le corps, & de produire par fon moien diverfes avions, eft commune aux hommes & aux bêtes, avec très peu , pour ne pas dire point de diffé- rence , félon l'Auteur. Il nous femble pour- tant qu'il y en a une très grande dans fes propres principes ; car chez les bêtes cette faculté n'eft mife en jeu que par^ Timpref- fion des objets des fens , & ne peut par confequent produire que des allions necef- faires; au lieu que dans les hommes elle efl: fouvent excitée parla volonté toute pure, ou par un principe déterminant que l'ame a en elle même , & qui fait que toutes les aftions qui en refultent font parfaitement libres. La différence ne valoit elle pas bien la peine d'être relevée, & Mr. Colliher eft il excufable de ne l'avoir pas apperçuë , puifqu'elle découle fi naturellement de fon hypothèfe ? Il conclut en difant que ,, fi les refle- 5, xions qu'il'vient de faire, femblent éle- 5, ver la nature humaine, elles tendent en ,, mê- 298 Bibliothèque Britannique, „ mêc-ne cems à abaiiler l'orgueil humain» ,, Car elles nous apprennent à nous regar- ^, der comme la plus balTe clafle des Etres ^, intelligens, puifque nous avons en appa- 3, renceli peu d'avantage fur les bêtes le» 5, plus parfaites , qu'il faut faire de grands 5, efforts de raifonnement pour convaincre „ ceux qui ne jugent des chofes que par les 55 apparences , que la différence qu'il y a 5, entre elles & nous elb à tous égards con- 55 fidérable '\ Nous nous arrêterons ici ; la matière efl: Il abftraite que nous croions faire plaifir à. nos Lecteurs de renvoier à une autre fois le précis des trois Eiïais fuivans- Celui qui roule fur i'écat des âmes après la mort, mérite plus qu'aucun autre que nous en rendions compte, par les penfées nouvel- les, ou mifes dans un jour nouveau, qu'il renferme. ARTICLE III. ANewaccountof fome parts of Guinea and the Slave trade. Containing I. The hiflory of che late conquefl: of the Kingdom oïjohidaw by the King of Dahomè, the author's journey to the conqueror's camp where he faw feve- ral captives facrificed &c. IL The inanner howtbe Negroes become Sla- ves, Jan\^if.r 5 Février et Mars. 1735. 299 ves,ihe numbers of them yearly expor- tée! from Guineato America , the law- fulnefs ofthat tradCjthe mutinies among them on board the ships where the aiuhor has been &c. III. A relation of the author's being taken by pirates, and the manv dangers he underwent. By Captain William Snelgrave. Lon- don, printed for James , John and Paul Knapton 1734. C'efl-à-dire Nou^ 'veîle relation de quelques endroits de la Guinée ^ 13 du commerce quon y fait des efclaies-y Contenant ïhifioire de la der- nière Conquête du Royaume de Judah par le Roy de Dahomè &c. in 8- pagg. 288- fans la préface. LA ledlure des Voyages eft des plus a- mufantes: elle feroic en même temps des plus utiles fi l'on pouvoir toujours comp- ter fur la bonne foy & l'intelligence des voyageurs. Il eft fi rare d'en trouver qui poliedenc ces deux qualitez , que plufieurs curieux font rebutez par l'infidélité des re- lations. On peut dire à l'avantage de cel- le-ci, qu'elle a un air de fincerité qui pré- vient les ledleurs : point de faux merveilleux qui gâte la plus part des livres de cette na- ture. Le Capitaine Snelgraije fait dans fa préface une defcripcion générale du vaftc pay^ 3CO Bibliothèque Britannique^ pays de la Guinée, dont la côte s'étend de- puis le Cap verd à quatorze degrez trente minutes de latitude boréale , au Sud & à l'Elt , jufqu'à la côte d'Angolla: la rivière de Congo ^ au fixiérae degré de latitude mé- ridionale, elt l'endroit le plus éloigné ou les Anglois négocient. Leur commerce s'y eltfi fort augmenté depuis la paix d'Ucreeht, qu'au lieu qu'en 1712. Il n'alla que trente trois navires Anglois à la côte de Guinée, on fit voir devant les CommilTaires du Commerce, en 1726, que l'année précé- dente, il y étoit allé 200. violes, au grand avantage de la navigation , & des colonies Angloifes de l'Amérique. Il n'efl: prefque pas poflible, dit notre auteur, de connoî- tre l'intérieur, de ce pays , dont les côtes font fi étendues &; fi fréquentées : la barba- rie, &; l'humeur défiante & foupçonneufe de fes habitans forment un obftacle qu'on ne fauroit encore furmonter. Les difficul* tez font même devenues plus grandes par la fanglante révolution qui en a dépeuplé la meilleure partie: Ajoutons à cela que tout le long de 250 lieues de côte, entre le Cap de P aimas ^ h la rivière d'Ancober près d'A- xim, les Européens n'ont fait encore aucun étabîiflement; leurs vaififeaux fe tiennent à l'ancre au fignal que font les Nègres qui vont avec leurs Canot, faire des Echanges de leurs marchandifes avec celles d'Europe. Ils nont eu garde de s'avanturer dans le pays, fâchant combien il en a couteaux plus Janvier, Février et Mars. 1735. 30! plus entrcprenans qui ont péri par la jalou- lic des Ncgrcs : ils craignonc qu'on ne fafTe des decouvcrLcs qui leur deviennent fa- tales. On fait que les marchandifes qu'on tire de ce pays là, coniirtcnc lurtout en Efcla- ves Nègres, en dents d'Elephaut 6lc. que les naturels du pays portent aux vaifleaux d'Europe fans crainte , ex'Cepté quand on leur a fait quelque mauvais traitement ou quelque fupercherie, ce qui n'e(t arrivé que trop fouvent, dit notre auteur, à la honte des nations Angloife & Françoife. Ces ac- cidens ont porté coup au commerce , les innocens ont payé pour les coupables, oc piufieurs Européens ont été maflacrez pour la fceierateile de quelques-uns de leurs com- patriotes. L'auteur ajoute aux difficultez qu'on a de s'initruire de l'intérieur du pays, que les Nègres qui demeurent bien avant dans les terres, fe défient de ceux de leur Nation qui font au fervice des Comptoirs Anglois ou François. Ces barbares favent mentir à. en faire accroire aux Européens. C'eft feulement à la cote d'or que les habitans font civilifez par le Commerce réglé qu'ils ont avec ceux-ci. C'eft là que les Etran- gers peuvent aller à terre fans péril: mais depuis le Royaume de Jacqiun jufqu'à la baye de Benni'i qui comprend les CallaharSy les Camerons , & le Cap Lopez ^ ce qui' fait un efpace de plus de trois cens lieues ; Tome ir. Part, IL V l'au- ^o.i Bibliothèque Britannique, l'auteur a dit plus haut 250, tout le long de cette côte, disje, il n'y a point de Comptoir d'aucune nation de l'Europe : cela fait que les naturels du pays font pour la plus part brutaux & barbares. Mr. Snelgrave rapporte un exemple de leur barbarie dont il fut le témoin en 1704. Le Roy d'une ville nom- mée Jahrue étant tombe malade , fes prê- tres lui confeillerent de facritier à fesDieux un enfant qui avoit dix mois. L'auteur le vit pendre à une branche d'arbre avec un cocq vivant attaché au pied, ce qui étoic un acceffoire de la cérémonie. Il raconte aulîi de quelle manière il fauva un autre en- fant qui auroit eu le même fort: les récits circonflanciez qu'il fait, montrent que ces Africains font plongez dans un aveuglement brutal dont les idées communes de l'huma- nité ne fauroienc les faire revenir; le na- turel l'emporte. Nous ne devons pas ou- blier qu'à la fin de la préface , l'auteur don- ne de grandes louanges à la relation de la Guinée par Mr. Bofman Hollandois ; il dit que c'eft l'hiftoire la plus exadte que nous ayons de ce pays là; & que tout ce qu'el- le contient fe trouve conforme aux obfer- vations qu'il a faites : c'eft à cette relation qu'il renvoyé les lecteurs qui fouhaiteront de connoître , à fond les mœurs, les cou- tumes, & la manière de négocier des Nè- gres qui habitent cette côte. Après cette introduction, l'auteur racon- te la defolation du Royaume de H^Maw , ou Janvier y Fevrïiîr et Mars. ^735, ^a;^ ou Flda-y ou yuda comme' l'appellent les François. La côte de cette portion de la Guinée efl: au ftxieme degré quarante mi- nutes courant Oued au Nord de l'équa- teur: Sabée en ell: la capitale 3 lltuée à lépc milles d'Angleterre de la mer: c'eft dans cette ville que le Roy avoit accordé aux Européens des maifons commodes pour leurs fadories,* & les protegeoit par rap- port à leurs marchandifes & à leurs per- Ibnnes ; il leur étoit permis de s'en retour- ner après, avoir fini leurs affaires. La Rade 011 les navires jettoient Pancre étoic comme un porc franc pour toutes les na- tions de l'Europe qui achetoienc des îs^e-* grès dans ce pays là. Ce négoce eftoic fi' confiderable que les François , Anglois 5" Hollandois & Portugais tiroient plus da vingt-mille nègres par an de ce Royaume > & des pays voilins : ce grand commerce avec les Européens avoit fi fort apprivoifé' & civilifé , les habitans de cette part de l'Afrique , qu'il y avoit duplaiOr à négocier, avec eux. Le plus grand inconvénient étoiç l'inclination du peuple au larcin , dont on avoit peine à fe garantir, quoi que le cou-» pable pris fur le fait devint l'efclave de ce- lui dbnt-il avoit volé les effets. TAuteur donne une raifon de la quantité d'habitans de ce pays là qui ne s'accorde pas avec les obfcrvations faites en Turquie , en Perfe & en d'autres pays où la Polygamie e(t pra- tiquée. II dit<]iiîè laltbei'téxl'avoir pl'ifieûr."? Y 2 ' fem, 304 Bibliothèque Britannique, femmes avoit rempli le Roiaume d'habicans, que ce peuple induflrieux avoit parfaite- ment bien cultivé la terre naturellement fertile, 6: que le pays fe trouvoit couvert de villes (Se de villages. Mais tous ces avan. tages rendirent bien-tôt ces Nègres fi fiers fi effeminez & fi adonnez aux plaifirs , que quoi qu'ils puflTent mettre au moins cent mille hommes en campagne , leur lâcheté fut 11 grande que de fe lailTer chaiîer de leur Capitale par deux cens de leurs ennemis, & ils virent détruire tout leur pays par une nation qu'ils avoient auparavant mepriiee. Mr. Snelgrave rapporte cet événement avec toutes les circonrfances qu'il a pu ramafler , & qui font aufli inftrudtives que celles qu'on trouve dans l'Hiftoire des peuples les plus célèbres. On y voit combien il importe à un Prince d'agir & de gouverner par lui même le Roy de Judab avoit vécu juf- qu'à l'âge de trente ans éloigné de la con- noiflance des aiFaires par fes Miniftres & fes Courtifans, 11 s'etoit livré à tous les plaifirs brutaux ; & c'eft ce qui le perdit , comme cela efl arrivé à plufieu^'s Princes aufii imprudens que lui. Le Roi de Dahomè dont les Etats font fort éloignez de la mer, s'étoit rendu fa- meux par plufieurs vidloires ramportées fur fes voifins. Il envoya un Ambafiadeur au Roy de Judab pour obtenir la liberté du commerce fijr la côte , offrant de payer les droits ordinaires pour les Nègres qu'oa ven- Janvier, Février et Mars. 1735. 30J vendroit aux Européens ; Cela lui avanc été refufé , il refoluc de s'en venger à la première occafion. Le Roy de Judab écoit (i éloigné de rien craindre de ce coté là , qu'il dit à l'Auteur dans une audience qu'il lui donna après le départ deTAmbalTadeur , que fi le Roy de Dabomè venoit attaquer Tes Etats, lui Roy de Judab , ne le traiteroit pas quand il Tauroit pris, à la manière du pays, qui eft de couper la tête au vaincu , mais qu'il le rendroic efclave, pour fervir aux emplois les plus vils. Ce Prince avec tou- tes fes fanfaronnades fit des fautes capita- les qui font ici racontées, avec un détail qui ne peut que plaire aux Lecteurs : On y voit des avantures curieufes & interelTantes , qui font connoitre le caractère perfide & cruel des Nègres de Dabomè qui maflacrent leur;s ennemis vaincus, fans fonger que de cette ma- nière ils dépeuplent les pays donc ils ont fait la conquête. Cette confideration ne fauroit l'emporter fur leur humeur barbare 6l fanguinaire ; cela eft furprenant quand on confidere les égards qu'ils ont pour les blancs donc le commerce leur attire quelque profit: on en trouve ici des exemples , non léulement par rapport à l'Auteur , mais en- core à plufieurs perfonnes donc il raconte les avantures. Le Culte que ces peuples rendent aux ferpens, dont on voit ici la defcripcion, eft connu par diverfes autres relations,- Il eil: remarquable que ce Culte eft fort étendu y 3 Cû ^06 B-I-B't 10 T HE QU Ç B^^ TTA N-N I Q-yE , -^en Afrique & dans les Indes Orientales :Oa 'en trouve des traces dans l'Antiquité Egyp- -tienne , Grecque & Latine. Le facnit'ice 'que le Roy. de Dabovtè fit -faire d'environ quatre mille Captifs aux mânes de fes gueï- -riers morts, reffemble beaucoup à •eeUK d'Achille pour la mort de Pacrocle, & d'S- ^née ^pour' celle de Pallas. 11 y aur oii t ;i(|i un vade champ pour, raifonher fur le rap- port d'idées de tant d'hommes qui ont vécu dans des fieeles & dans des pays fi eÎQi- -gnez les u^s des autres (a). Mais ces refle- xions, pourroient nous mener tropioin: re* venons au Capitaine 5?ze^g?'^.ve. Los'ferpens que les Peuples àe^iidab adorent font particuliers à ce pays la, die l'Auteur; il nous paroit pourtant que ceux: que décrit le Docleur I{empfer dans fes amcenitates exoticce à: qu'il a vus dans la Per- le méridionale & dans les Indes , leur refpjm- blent beaucoup. Us font fort gros au mi- lieu du corps , qu'ils ont rond comme celui d'un cochon : ils ont la tête & la queue fort petites, ce qui rend leur mouvement fort lent ; leur couleur efl entre jaune &c blanc, avec des rayes noires. Ils n'ont au- cun venin, & fi on leur marche defîus par hazard, car ce feroit un crime capital de Je faire à delTein , leur morfure n'a aucune fuite dangereufe : c'eft la raifon que les Nè- gres ( a ) Lîfez fe Livre du Père Lafteait fur les ïifçsurs & ks Cq Ht lima des fauvages de r Amérique', . J'ANvi'ER , Février et Mars. 1735. '307 grcs donnent du Culce qu'on leur rend. Joi- rgnez à cela une tradition établie parmi eux , que quand leur pays efl: menacé de quelque malheur , ils en font délivrez par raflidance .de leurs ferpcns ; cela manqua pourtar.t dans cette dernière révolution. Les vainqueurs en ayant trouvé beaucoup dans les mailbns où ils écoient fort familiers, leur coupèrent la tête, leur difant que s'ils étoi^nt Dieux,, ils Te fauvallent eux mêmes; après quoi ils les firent cuire & les mangérenc. Nôtre Au- teur en racontant cet événement, s'éton- ne que ces Barbares meprifcnt fi fort les Dieux du pays, eux qui leur facrifient des hommes après une vidoirej comme il en a été témoin. Il parle enfuite de la furprife des Soldats du Roy de Dabomè , lorfqu'ils virent des hommes blancs pour la première fois : le Lecleur fe rappellera celle des Gaulois qui après avoir pris le Capitole fe continrent quelque temps à l'afpecl vénérable des Sé- nateurs qu'ils maffacrerent enfuite. Les Nègres dont il effc ici queftion , quelques Barbares qu'ils foient, ne maltraitèrent pas beaucoup les objets de leur furprife ; & quoi -qu'ils viflènt que le Sieur Duport Gouver- neur de la Compagnie d'Afrique , n'étoic qu'un fimple homme comme eux ils fe con- tentèrent de le faire prifonnier avec qua- rante autres blancs après leur avoir pris tout ce qu'ils avoient. Le Roy conquérant en ufa dans cette* rencontre avec une hu- V 4 m^up* 3o3 Bibliothèque Britannique, manité d'autanc plus remarquable qu'il n'e- pargnoic rien dans le pays conquis ; On fe perluadera fans peine qu'il a cru trouver Ton intérêt dans cette conduire ; mais quel qu'en foit le motif elle eft fort louable , fur tout dans un Barbare. Ces évenemens fe paflerent en 1727', l'Auteur étant arrivé dans ce pays là vers la fin du mois de Mars , apprit des prifonnicrs blancs , les ravages que les conquerans avoient faits dans le Royaume de Judab : Tout le pays étoit jonché de morts que les foldats 'avoient pafle au fil de Tcpée fans aucune dilHndion ; Ils avoient aulli mis le feu aux habitations. On verra ici pluiieurs recit*^ lamentables de cette nature , au lieu d'obfervations fur rhiftoire naturelle du pays pour laquelle il faut confulter .d'autres Auteurs. N'oublions pas de remarquer que le Roy de Dabomè ufa de clémence non feulement envers les blancs, par le moyen defquels il croyoit faire fleurir le commerce ; mais encore qu'il fe contenta d'un léger tribut du Seigneur d'Ardra par le même motif. Il jugea , dit Mr. Sndgrave que les habitans de Jaquin lui fcroient utiles parce qu'ils entendent le Commerce, & que parleur moyen il pour- roit été fourni d'armes à feu & de poudre, pour continuer fes conquêtes. Outre cela, les ^faquins ont été toujours les rivaux de ceux de Judah en fait de négoce , & les hailfent mortellement à caufe qu'ils l'avoient attiré tout chez eux ,* l'agrément du pays Janvier, Février et Mars. 1735. 309 & la douceur du gouvernement des Nègres précédons avoienc porté les Européens à rendre la ville de Sabée le centre de leur commerce dans la Guinée. L'Auteur raconte enfuite fon voyage au Camp du Roy de Dabomè^oii il vit Dicn des chofes lurprenantes. Les principales font le lacrifice de quatre mille prifonnicrs , donc nous avons déjà parlé ; & les cérémonies bizarres que l'on fit à fa réception ; Cérémo- nies qui lui firent craindre que l'on ne mé- ditât quelque chofe de funede concre fa perfonnc ; mais il en fut quitte pour la peur. Les tentes des Nègres font faites de branches d'arbres & couvertes de chau- me, & ne reflemblent pas m.al à des ruches. C'eft ici que la foule des curieux l'incom- moda beaucoup,' il falut des ordres vigou- reux pour empêcher qu'il ne fut etoufi'é par Je concours de perfonnes qui venoient de fort loin pour voir des hommes blancs. l'Auteur vit plufieurs foldars de la garde qui portoient à leur cou des dents d'hom- me enfilées en guife de Chapelets qui def- cendoient jufqu'à la ceinture. Il y en avoic allez, dit il , pour garnir plufieurs boutiques de barbiers en Europe; il devoit dire en Angleterre, où cet écalage eft plus comm.un qu'ailleurs. Les dents que parcoicnt ces foidats étoient une partie de la dépouille des ennemis ; c'étoic à leur égard com.me la Croix de St. Louis en France , ou telle autre Chevalerie militaire. Le Roy de Da- . . V ^ ■ ' hoihè reur Janvier, Février et Mars. 1735. 311 reur ne contribua pas peu à faciliter la con-- quére de leur pays, parce qu'elle en inti- ' miJa les habitans qui n'oferent tcfiir tête à un ennemi dont ils ciaignoient d'être mangez :.c'c(l: du moins ce qu'ils avouèrent à l'Auteur pour excufer leur lâcheté. A cette occafiun Mr. Snelgrai:e fait quel- ques réflexions fur la difncuité que fcs Lec- teurs auront à croire les choies furprenantes qu'il raconte de la barbarie de ces peuples , dont il a cependant été témoin; & qu'il confir- me par le témoignage de quelques Anglois qui virent vendre publiquement de la ch-dir hu- jiiaine dans un marché voilin du Camp du Roy de Dahomè. Ce Prince faute de Cava- lerie a eu beaucoup de peine à fe defen- -drc d'un peuple voilîn qui en a : Les joè's , c'cft le nom de ce peuple, n'ont pas eu neant- moins tout le fuccez qu'ils pouvoienc, at- tendre contre le Roy de Dahomey à caufe que fcs foîdats ont des armes à feu qui ef- farouchèrent les chevaux. Ce Prince fe fervit dans cette, rencontre de la rufe que Tomiris employa contre Cyrus ; les ^oës ayant trouvé une grande quantité d'eau de Vie dans le Camp prétendu abandonné de Dahomè , s'enivrèrent d'autant plus facile- ment, que cette liqueur leurétoirtpconnue; leurs chevaux leur furent alors d'un auiïi grand fervice que jamais, & leurs éperons aufli , fuppofé qu'ils s'en fervent, c'eft ce que l'Auteur ne nous apprend pas. l\ raconte cnf.rte la manière donc il traira avec un Of- ficier 312 Bibliothèque Britannique, ficier du Roy de Dabomè pour le droit du tranfporc des efclaves, Oc celle dont il fe garantit des fupercheries de cet Officier ; car ces Barbares, tout gioffiers qu'ils font, entendent aulTi finement leurs intérêts que les nations les plus rufées de l'Europe. Le Roy fut plus traitable que fon Officier, & parut être très porté à favorifer les Euro- péens. Il découvrit bien fon humeur vin- dicative, en difant qu'il nequitteroit pas les armes qu'il n'eut la tête du Roy defudab; ce fut à l'occafion de la reflexion que nô- tre Capitaine leur fit faire , qu'il etoit de l'intérêt d'un Prince de ne pas dépeupler les pays dont il faifoit la conquête. On trouve ici une partie des avantures d'un Noir du Royaume de Jaquin qui fervoit d'interprète aux Anglois, Ck. qu'on a vu en Angleterre en 1731. L'Auteur fe moque des idées extravagantes qu'on y donna de ce jeune homme; les gnzettes communes dans cette Ifle & fi commodes pour faire con- noitre les raretez phyfiques, morales apoli- tiques, ont cet inconvénient, qu'elles contien- nent beaucoup de chofes fauffes qu'il ne TQine ir. Part. IL X con- 3î8 Bibliothèque Britannique, conte que les trilles avantures de nôtre Capitaine dont le vaifTeau fût. pris par des^ pirates qui infeftoient les côtes de Guinée en 171 8. Ils font de diverfes nations ; ce Ton a plufieurs livres qui décrivent leurs inoeurs & leurs ufages. L'Auteur faillit à être tué diverfes fois, & cependant quelques uns de ces pirates eurent la generofité de le renvoyer en Angleterre cliargé de pré- fens. Il arriva a Briitol le premier d'Août 1719, & y fut reçu fort humainement par Mr. Cafamajor marchand françois établi dans cette ville , qui donna par ordre de fon correfpondant, aux pauvres matelots du Capitaine , dont on avoit pris le vaifleau , dequoi s'en retourner chez eux. On promit à Mr. Snelgrave le commandement d^m au- tre navire; Il faut qu'on lui ait tenu parole, fes avantures du premier livre étant pofle- rieures à de celles celui ci. ARTICLE IV. Of the true years of the bîrth , and of the death of Chrifl ; Two Chrono- logical DifTertations C'eil - à - dire, . DiJJcrtaîions Chronologiques fur r année de la Naijfance de Je fus Chrift , l^ celle de fa Mort, à Londres chez J. Wilcox , à la léce de Virgile , dans le Strand , 1733 > Janvier, Février et Mars. 1735. 319 1733 î ifî 8. pages; 212, fans l'Epicre Dedicatoire , àc la table des matières. MR. Nicolas Mann^ Auteur de ces Dif- Jertatio?2s, les dedic à Mr. l'Evêque de Chichelter, fous qui i! a été élevé. Mais fon Epitre Dedicatoire n'a pas les défauts de tant d'autres qui ne font remplies que de fades adulations. Il a voulu la ren- dre inftrudive , en ramaflant , dans un pré- cis exact 6: curieux , divers endroits de la Chronologie de Ne-wtoîi. Et il donne en mê- me tem.s 5 des marques d'une grande indi- gnation contre certaines gens qui ont trai- te avec mépris l'ouvrage pofthume de ce grand homme. Ils auroienc pu apprendre de Sturmius , que dans les Içiences qui font liées avec les Mathématiques , il n'y a rien de plus épineux que les dilcufTions de Chro- nol.gie. Cependant, Mr. Mann prétend que Neivtoîi a répandu un plus grand jour fur l'hiftoire du monde , que n'ont fait enft'm- ble Scaligery Pttau , cf Ujjerius. En voici un Exemple qui regarde ie tcms de Sefijlris; première Epoque, ou l'Iiidoire Sacrée fe lie avec rililtoire Profane. I. Les Grecs & les Egyptiens convien- nent généralement, que Ton voit le même Héros dans Ofiris é, Bacchiu Ça). Ce n'ed plus (a) Herodot. Jib. 2. c. 4.2. Diodor. Sic. lib. r. c. 3. .f. & lib. 4.. c. I. Plut, de Ifide & Ofiri , p.. J)-6. 3<52. X 2 320 Bibliothèque BritAnniqus^ plus un fujet de difpute d'ailleurs Jofeph af- JLire que les grandes adions , ou'on raporte de Scjbjlris, onc été faites par Sejac , & qu'il n'y a eu entre eux d'autre dillérence que celle du nom (a}. 2. Ofsis & Sejojlris furent tous deux Rois iVEgypte, & tous deux conquirent VEtbio- pie. Cependant il n'y a jamais eu qu'un fcul Roi d'Egypte qui ait été maître de VEthiop'e (b).^' 3. L'un & l'autre, comme Rois d'Itgyp- te , furent à la tête d'une puiflante Armée y foutenue d'une flotte également formidable. Avec cette armée & cette flotte , ils enva- hirent toute TAfie : Et du côté du Nord , rafFujettirent jufqu'au Tanaïs: du côté de rOricnt jufques à la mer des Indes (c). 4. Tous deux érigèrent des Colomnes dans les païs qu'ils avoient conquis. Elles ap- prenoient quelle refiftance les habitans de ces païs avoient faite : Et qu*il n'y en eut prefaue point de la part de ceux de la Pa- leftirie Çd). 5. Tous {a) Antfq. lib. 8. c. 10. {h) 1. Chron. XII. 2. Herodot. lib. 2. c. iic. DiodoT. Sic. lib. i p. 10, 11. 35-. {c) 2. Chron. ubi fupra. Herodot. u. f. I02. Diodur. u. f. 12.35'. Maiietho ap. Jos. c. Apion lib. I. Jofeph. Antiq. lib. 8. c. 10. Nonnus Dio- nyfiac. lib. 4.7. Ver. 624. {d) Herod. & Diod. ubi fupra. Dionys. Pen'cg^. Ver. 6z^. & iij-z. .npollodor. lib, 5. p. i6z. Janvier, Février et Mars. 173^. 321 5. Tous deux, aiant paffé rHelîefpont, vinrent en Europe, & n'y trouvèrent pas feulement une forte oppofition dans la Thrace , mais coururent même grand rifq.ue d'y perdre leur armée. 6. L'un & l'autre fe virent accompagnez, dans leurs expéditions, d'un grand nombre de jeunes gens nez le même jour que ces Princes (St qui avoient été élevez avec eux (a). 7. Tous deux bâtirent , & embellirent extrêmement la ville de Thebes dans la h-iutc Egypte. 8. Tous deux changèrent la face de ce païs, & d'ouvert qu'il étoit auparavant, ils en firent un païs impraticable à la Cavalerie en le coupant par des canaux Navigables, qui du Nil fe rendoient aux grandes villes. 9. Ils fe virent l'un & l'autre fur le point de périr par la confpiration d'un de leurs Frères. îo. L'un & l'autre au retour de leurs con- quêtes firent leur entrée en Egypte fur des chars de triomphe : Et dans les Poètes ou donne à celui d'Ofiris un attelage de Ti- gres; dans l'Hiftoire celui de Selbftris eft traîné par des Rois captifs. iT. L'un ce l'autre ont régné 28 à qo ans W. 12, Ils (a) Dioflor. p. ^r -143. {6} Pjur. de li\ & Of. p. 3r(5, 3(^7. X3 322 Bibliothèque Britannique, 12. Ils n'ont eu, ni l'un ni l'autre, qu'un feul fuccefleur de leur famille (a). 13. On a fixé le tems, ou vécurent Ofi- ris &, Bacchus, à deux Générations avant la Guerre de Troie : & le règne de Sefollris precedoit cette guerre de deux règnes (b). Enfin l'invafion de la Judée, par Sefac , dans l'an de la Période Julienne 3743, ar- riva environ 260 ans avant l'invalion d'E- gypte par Sennacherib , du tems. de Sethon l'un des Succefleurs de Sefac. Et de Sefof- tris à Sethon inclufivement, félon Hérodote, il y a dix Règnes qui font exaQement 260 ^ns , à compter 26 ans pour chaque Règne. Dans des Siècles û éloignez , il n'efl pas poflible de démontrer plus clairement qu'Ofiris & Bacchus , Sefollris &; Sefac ne font que les diiferens noms d'un même Roi. Car voila un amas de circonitances & d'ac- tions OLi tout paroit uniforme. Cela pofé il fuit manifcftemcnt que l'Expédition des Argonautes, la Ruine de Troie, la Révo- lution cauféc par les Heraclides dans le Pe- loponnefc, & les autres Evenemens qui ac- compagnèrent ceux là , ou qui les fuivirent, ont dû arriver dans le tems même qu'ils font placez dans la Chronologie de New- ton, ou à peu près. Mais venons à celle de notre Auteur , (î on peut ainfi apcUer fes deux Difj'erîaîiom. Il {a) Herod. lib. 2. c. m. 144. {h) Gephalion in Eufeb. Ckronic p. 32. Janvier, Février et Mars. 1735. 323 Il ne faut pas douter que le Sujet n'en foie très interefifant , quoiqu'il femble que l'E- vangile n'ait pas voulu fatisfaire là-delTus la curiofité des Sçavans, comme l'Auteur l'in- fînue. Ce fujet demande cependant des dif- cuflions aprofondies , & des calculs exads. On doit y aporter toute l'attention que Mr. Mann y a fçu donner. Sa Première Dijfertation , qui regarde le Tems de la NailTance de jefus Chriit, com- mence par l'Oracle célèbre touchant le Sçi- lo (a), L'Auteur fait voir que ce n'efi: point une indépendance entière, ou une autorité fouveraine , que l'Oracle promectoic aux defcendans de Juda : mais la continuation de leur Gouvernement jufqu'à la venue du MelTie. Qu'en effet le Sanhédrin s'ell-main- tenu quoi qu'avec une grande diminution de fon pouvoir : Et cela jufqu'à la guerre fous Vefpafien. On produit divers exemples de l'exercice de cette jurisdidlion dans le dé- clin de la Republique des Juifs. Mais touc cela n'indique qu'en gros le tems où le Mef- fie aura dû venir au monde. 11 faut em- prunter des lumières d'ailleurs, fi on veut marauer avec quelque précifion celui de la Naidance de Jefus Cbrijl. Et fur cela l'Au- teur propofe ces cinq ou fix Conjîderatiovs: I. Que Jefus Chriit eft né peu de tems avant la fin du règne d'Herode furnommé le Grand. 2. Qu'il {a) Livre de la Gencfe cKap. XL IX; v. 10. X 4 324 Bibliothèque Britannique, 2. Qu'il naquit dans le temsd'un Dénom- brement gênerai des Juifs par l'ordre d'Au-^ gufte. - 3. Que ce Dénombrement fut le premier qui fe fit fous TAdminillration de Cyrenius ou Quirinus ; Ce que Tertullien iTict fous Sentius Saturnin qui étoit alors le Gouver- neur ordinaire de Syrie. . 4. Qu'il y avoit une paix générale, lorf- que Jefus Chrill: vint au monde. 5 Que fa conception tombe fur le fixié- me mois après celle de Jean Batiiie, 6: la naidance par confequent 15 , à 16. mois après la Vifion qu'eut Zacnarie , lorfqu'il officioit au Temple dans le rang d'Abia. Entin que Jefus Chrilt avoit environ tren- te ans , l'an 15 ou 16 de Tibère. D'oii l'Auteur croit pouvoir inférer qu'il faut pla^ cer la NaifTance de Jefus Chrift au Printems de la 747 Année de la Fondation de Ro- me , qui repond à l'Année Julienne 39. C'eft la 4707 de la Période Julienne / ik plus de lix Ans avant notre Ere com^^ mune. Mais avant que de donner des Preuves qui judifient la première de ces Confidera- tions, Mr. Mann a cru devoir s'arrêter à faire voir, qu'Herode n'étoit pas un Etran- ger parmi les Juifs : mais un vrai Juif, quoi- qu'il y ait eu quelque différence à cet égard entre Herode &. ceux qui étoient de la pofterité de Juda. L'erreur , qui en a fait un Etranger, e(l pourtant ancienne. Mais ■ on Janvier, Février et Mars. 1735. 325 on prétend qu'Eufebe (a), feul y a donné cours; ne prenant pas g^-rde qu'elle détruit l'application qu'il fait lui-même de l'Oracie de Jacob. Les Epiphanes, les Auguftins , les Photius, ¢ autres chez les Anciens & les Modernes, ont fuivi Eulcbe aveuglé* nient en cela. Mais ils auroient dû faire plus d'attention , qu'apparemment ils n'en ont fait, à ce qu'on lit dans Nicolas de Da- mas, dans Strabon (b) dans Jofeph {c): lis en auroient pu recueillir qu'Herode deC- cendoit d'une maifon ancienne qui à la vérité étojt Profelyte d'origine , mais pourtant Juive. Quelque parti qu'on prenne , il faut con- venir qu'Herode commença à régner l'an quarente avant l'Ere Chrétienne, qui repond à Tan 4674 de la Période julienne, & 714 de la fondation de Rome. Mr. Mann qui népargnc pas ailleurs les Citations pour foutenir ce qu'il avance , auroit pu , ce femble , indiquer un Paflage qui établit ce Principe Fondamental. Jofeph {d) dit , qu'Herode fut établi Roi de Judée, par le vSenat, dans la 184 Olympiade, fous le Ccn- fulac de Domitius c? Pollion, L'année Olym- piadique , oii ces deux Romains étoienc Confuls , finit avec le mois de juin dans l'an- ( j) Hfn-, Eccl. lib. I. c. 6. {b) Geograph. lib. i6. p. 7<5r. {c) Antiq. lib. 19. c. 7. p. ($83. {d} Ibid. c. II. p. ^pp X 5 32(5 Bibliothèque Britannique, l'année que l'Auteur venoit de marquer. Cela eft certain. Deforte qu'Herode a dû être fait Roi , vers le milieu de cette année. Il eft très certain encore qu'Herode af- fiegea JeruRilem occupée par Antigone. Cette ville fut prife , & ce Prince, peu de tems après mis à mort. C'eft delà que Jo- feph compte les années du règne d'Herode. Mr. Mann fuprime encore ici la Datte de cet Evénement fi bien marquée dans Jo- feph (fl) par le Confulat d'Âgrippa âP de Gallus. L'Hiflorien en donne même cinq ou fix autres carafteres qui ne permettent pas d'y voir d'autre année que la Trente Jeptieme avant l'Ere commune vers le milieu de l'année. Mais fur l'autorité de Dion, on avance ici ce fiege d'un an. Dion tou- tesfois ne de voit pas être au fait de cela, comme Jofeph. Ce qui a pu embarrailer notre Auteur , c'eft que Jofeph paroit avoir compté un an de trop pour le Syfteme qu'on a imaginé. On n'a fans doute' pas fait re- flexion que l'Hiftorien Juif a compté les an- nées par les Confulats. On l'a pourtant dû fuppofer ainfi par raport au 1. commence- ment du Règne d'Herode. Car la première & la dernière année de ce règne ayant été incomplectes, on n'a pu les compter, pour des années , que fur le pied d'années Confulaires, ou marquées par leurs Confuls , dans les Faftes. (a) Ibid. c. i)-. p. 6)-6-8. J.\NviER, Février et Mars. 1735. 327 Fafte. Et fur ce pied là H e rode aiant ré- gné, félon le témoignage exprès de Jofeph, 6i Hi manière de compter (^a) trente fept ans , depuis qu'il fut fait Roi par les Romains , & trente quatre ans, depuis qu'il fe fut dé- fait d'Ancigone; fon Règne a fini Pan IV. avant notre Ere commune. C'eft la même année que pofe Mr. Alann, (Se qu'il va établir par de nouvelles preuves. L'une qui eft eflenticlle , c'eft la durée du Règne d'Archclaus ii!s (S: en quelque forte fucceiïeur d'Herode, pendant neuf ou dix ans. On s'exprime ainfi pour deux rai- fons 5 la première que Jofeph dit Neuf , dans fes livres de la Guerre des Juifs; & Dix, dans ceux de fes Antiquitez. La fé- conde qui met Jofeph à couvert de cette contradiction apparente, c'eft qu'Archelaus gouverna la Judée en vertu des dernières volontez de fon Père, qui dévoient néan- moins être ratifiées par l'Empereur. Or il fe pafTa quelques mois entre la mort d'He- rode, (Se la ratiiication de fon Teftament par Auguite. Ainfi vo^la deux commence- mens de règne pour Archelaus ; l'un d'en- viron 10 5 è: l'autre de g ans entiers. Mais la lin de l'un (Se de l'autre , ou du même rè- gne {a) Ainîî il compte 70 ans depuis la bataille d'Aclium j Antiq. liv'. 18. ci. p. 794.. 3- ans pour le regiie de Philippe liv. iti. c. 5-. p. 803. & 1 ans du voiage d'Antoine Guerre liv, 2. c. ] 2. p. §3^. C(3ll. Antiq. liw i:^. c. 13. p. 643. ^28 Bibliothèque Britannique, gne diverfemenc comTiencé tombe dans l'an 6 de l'Ere Chret-enne, toit ou tard; Et i! faut que cela foie amii, puifque fous les Confuîs de cetce année (a) qui écoit la 759 de Rome , Dion dit expreiîemenc qa'Herode de Paleftine^ comme il appelle Ar- chelaus , fut exilé , cf fa principauté adjugée aufifc de l'Empire. C'elt cecte même an- née que Jofeph die que naquit Machias fon Père. Mais ce qui mérite far tout d'être obfer- vé, c'eft que la Judée aianc été réduite en Province , Cyrenius y impofa une Taxe , ^ue rHin:orien Juif raporte à l'année 37 après la Bataille d'Aftium (h). Cette année, à compter du jour de cette oataiilc qui fut donnée le 2. de Septembre l'an 723. de Rome, commence au môme jour de l'an 6 de l'Ere commune , &de Rome 759. Arche- laus étoit alors exilé, P 734- (e) Legatus Propra^tor SynasSaturninus, Procu- rator tantum Volumnius. Vide Noris. Ccnotaph, Pifan. p. îo6. & Pagi in Baron, p. 30. 332 Bibliothèque Britannique, lieu de croire que Cyrenius, qui revenoic d^ la guerre contre ks Homonomades , ou il avoic acquis beaucoup de réputation (a), reçut en paiTant par la Syrie , un ordre particulier d'Augulte , de faire le Dénom- brement du peuple dans les païs limitro- phes ; Ce que Saturnin fit audi ,* comme Gouverneur de cette Province. L'Auteur remarque fort bien que ces deux fortes de Gouverneurs etoicnt foLjVent établis en tems de guerre ^ & que ce n'eit pas ce que l'on contelle: mais on doute qu'il y en eue eïx tems de paix. Il nous fembie pour- t me que ce que Jofeph vient de raporter fait voir que cela fe pratiquoit aufli dans ce tems : Et félon notre Auteur il y avoic à peu près autant de necei]itc d'envoier des Gouverneurs extraordinaires, lorfqu'il s'a- gillbit de faire un Dcnomhrement , qu'en t:ms de guerre. Dans l'Italie môm.e, Aa- giifte ne put pas ven-r à bout d'achever un Dénombrement , crainte des émeutes po- pulaires, (b) Drufus s'y emploia dans, les Gaules, quoiqu'il n'y eut pas guerre alors dans cette Province. Il n'en étoit pas non plus Gouverneur, de la manière que Cef- tius ou Saturnin l'avoienc été en Syrie. Germanicus lit la même chofe , lorfqu'il alla en Allemagne, (c) Et on voit, fous Nc' {a) Taclt. Annil. Ifb. f. &Dio lib. 5-5-- (i^) Dioj ubi fapra. {c) Tac. Annal, lib. i. c. 31. & 1. 2. c. (^. Janvier , Février et Mars. 1735. 333 Néron , jufqu'à 3 Commiflaires envoiez en- femble pour un pareil fujec dans la premier- re de ces Provinces, (a) Ainfi on comprend fans peine que le Dénombrement, donc il eft parlé dans S. Luc, a pu fe faire en mê- me cems , fous Saturnin & fous Cyrenius. De plus, il faut obferver qu'ils ne furent obligez, ni l'un ni l'autre, à fe cranfporter pour cet effet dans la Judée,* ilfuffifoit qu'ils communiquaflént à Herode , les ordres d'Augufte , par raport à ce Roiaume qui pour être Allié duPeupIe Romain, n'ea étoic pas moins dans l'enceinte de l'Em- pire. D'ailleurs Jofeph dit (b) que l'Em- pereur avoit fait Herode Procurateur en Chef de Syrie,* ce qui, fous prétexte de lui faire honneur l'obligeoit à prêter les mains à l'exécution de l'Edit Impérial dans la Pa« leftine. Il importe peu que cet Hiilorien, n'ait pas parlé du Dénombrement , dont il e(l queftion , mais d'un autre qui fe fit quel- ques années après , & dont S. Luc. fait aufli mention dans les Adtes des Apôtres : Celui-ci eut lieu, lorfque la Judée fut rédui- te en Province. Mais le premier n'eut point d'influence fur l'état de Juifs , c'eft-à-dirc qu'il ne changea rien au Gouvernement , fous lequel ils vivoienr. Ils n'eurent qu'à fe rendre chacun dans fa ville oli leurs Gé- néalogies étoient confervées. Dans les au- tres (a) Id. ibid.lib. 14.0.4(5. (h) Antiq. lib. 17. c. i. p. 7f3- - Tme IF. Part. IL Y 334 Bibliothèque Britannique, très païs de la dépendance des Romains, chacun Te faifoit inlcrire , non dans le lieu de fa naiflance, mais partout où écoienc fes biens ; i:omme on l'apprend du Di- gefte (a). Mr. Mann va plus loin encore. Il pré- tend qu'on voit des traces du Dénombre- ment , donc il s'agit , dans un Serment de fidélité y que les Juifs furent obligez de prê- ter , tant à Augufte, qu'à Herode, & dont le refus coûta une grolfe fomrae d'argent à fix mille Pharifiens, & à quelques-uns d'eux ]a vie même (b). Dans ce tems-là Herode avoit perdu les bonnes grâces d'Augufte qui lui avoit écrit que Si jufque là il Vavoit traité en ami , déformais il le traiteroit en efcla- ve (c). 11 n'eft pas étonnant que fes enne- mis le regardaflent comme un homme per- du fans reflburce: Et peut-être qu'Augufle fut bien aife de le mortifier par ce moien d'un Dénombrement dans la Judée. C'étoit lui faire fentir tout le poids de fon autori- té: D'autant plus que le Dénombrement, & le Serment ont dû fe faire la même an- née , fi on s'en raporce aux Argumens Grecs que l'on a mis à la tête des livres des An- îiquitez ; car on voie là que le XVII. con- tient Phiftoire de 14. ans, à compter de la mort d'Alexandre 6l d'Ariltobule , jufqu'à l'Éxil (a) 5'o. Tit. If. {b) Antiq. lib. 17. c. 1. p. 7^3, {c) Ibid, i6. $* 7}f, JANVIER, Février et Mars. 1735* 335 l'Exil d'Archelaus» C'efb ce qui placeroic le ferment vers Tan 747 de Rome, à. le 7 avanc l'Ere Chrétienne; Année qui , félon l'auteur , repond à la dernière du Gouver- nement de Saturnin en Syrie. On tache d'établir cela par 'des Médailles que fournif- fent Noris & Spanheim ^ & que l'on compa- re avec les récits de Jofeph , de Plutarque & de Dio7i Cajfius. îviais les bornes de no- tre Extrait ne nous permettent pas d'entrer dans ce détail. Paflbns à la 4. conjideraîion , tirée de La Paix qui, dit-on, regnoit alors dans tout l'Em- pire Romain. La guerre concre laThrace, que les uns font commencer en l'an de Ro- me 743, les autres 744, ne dura que 3 ans; Si bien qu'elle étoit finie en 747 , où oq prétend que Jefus eft né. On allure enfui- re fur l'autorité de Patercule Ça) & de Dion (b) que Tibère triompha des Allemans le I. jour de cette même année* S'il fut obligé 5 prefque immédiatement après , de retourner en Allemagne où il fe faifoit de nouveaux mouvemens contre l'Empire , c'eft ce qui n'eut aucune fuite confiderabîe. Enfin Noris témoigne (c) que félon le&> Saints Pérès, Jefus Chrift eft venu au mon- de dans le tems d'une paix univerfeUe, Mais a notre avis, il vaut bien autant s'en rap- porter {a) Lib. 2. c. p;. (fr) Lib. ff. {e) Csnotaph, Pifair. p. 2oo. Y î. 33^ Bibliothèque Britannique, porter au témoignage d'Orofe Ça) qui die que le Temple de Janus fut fermé Tan 5 avant l'Ere Commune. Dans la 5. Conji aération , Mr. Mann vou- droit bien pouvoir fixer le Jour même de la Naiffance de Jefus Chrift. il eft vrai que Clément d'Alexandrie femble regarder de pareilles Recherches corame de vaines cu- riofitez : Et Scah"ger croit qu'il eft impof- fible d'y réuffir. Cependant Clément mê- me (/?} nous apprend que les uns mettoienc cette naiflance au 19. ou 20. d'Avril , & d'autres au 20. de May. Notre Auteur doit pancher pour l'une ou l'autre de ces opi- nions, puifqu'il a placé le Dénombrement dans ces mois là, par la railbn que fi on eut fait ce Dénombrement en hyver , cela au- loit été extrêmement incommode à bien des gens qui fe virent obligez de quitter les lieux de leurs demeures , pour aller oli les Chefs de leur famille , & eux-mêmes pour la plus part étoient nez. Quoiqu'il en foit, la tradition d'occident Ta emporté pour le 25. de Décembre : mais elle ne remonte guerres plus haut que ïe IV. Siècle. Nous paflerons cela volontiers à notre Auteur , & même ce qu'il conclut que û la Naiffance de Jefus Chrift, fut dans l'année quMl tache d'établir, elle arriva an Frintems : Saifon ^ dit il , ou il faut , félon Fir- gile . {a^ Hift. lib. 6. c. 22. (4) Stramat. L p. i\9^ Janvier, Février et Mars. 1735. 337 gile , placer le commencement du monde. /^er magnus agebat Orbis (a). La 6. conlideration regarde une Année de Tibère, qui paroit liée avec la 30 an- née de Jefus Chrilt Selon S. Luc. (b) La parole de Dieu fut adrejjée à Jeaii Batifle dans la 15 année de Tibère. Alors Jean Evangeli- [oit ^ batifoit , Et Jefus Chrifi coûnnençoit d'avoir environ 30 ^72/. Mais tout cela n'efl poinc fans diiHculté» Car on peut au moins demander ce qu'emporte l'expreiTion de S. Luc, félon le grec ; Si c'eit que Jefus Chrift étoit alors entre 29 & 30 ans , foie courans, foit accomplis? ou bien fi cela veut dire qu'à 30 ans, Jefus Chrift entra dans l'exercice de fon Miniftere ? Eufebe s'eft déclaré pour le i. fcns , & Origene pour le 2. C'eit celui que Mr. Mann croie îe plus conforme à l'original. De quelque manière qu'on l'entende, il s'agira toujours de fixer le tems oli Jefus Chrilt avoit l'âge que S. Luc lui donne. L'Auteur dit qu'il n'y a aucune raifon de fuppofer que ces termes d^environ 30 ans puiiTent s'emploier pour marquer l'âge d'un homme depuis 25 juf- qu'à 35 ans. Il lui paroit qu'on ne peut l'entendre que de l'âge de 29 à 31. Nul des Anciens n'a écé au de'à de 32 (&). On fait là deÛus une difficulté confide- rable. C'efl que fi Jefus Chrift eH né plus dé (a) Georgj. H. Ver. 33^. & ^. [b) Pagi in Baron, p. 18. Y 3 338 Bibliothèque Britannique, fix ans avant l'Ere Commune , il aura eu dans la 15 année de Tibère , 33 ans palTez,- Car cette ij année coïncide avec la fin de l'année Vulgaire 28 , 6l k commence- ment de 29. Quelques-uns ont cru pouvoir repondre h cela , que ce qui eil dit, de l'âge de je- fus Chrirt , n'a aucune liaifon avec ia 15 année de Tibère, cette datte ne regardant que le Miniltere de Jean Batifte. Et qu'ainli on fe fait une difficulté qui n'eft pas réelle- ment dans S. Luc. Mais c'ell couper le nœud ou éluder la difficulté. Mr. Mann, après l'avoir pouflee dans toute fa force, prétend la refoudre en donnant à Tibère un commencement de Règne, antérieur à fon avènement à l'Empire. Car Augulle î'avoic aflbcié , & cette njfociation dura trois ans un peu plus ou moins. De cette manière l'Auteur fait tomber la 30 année de Jefus Chrift fur la 15 de Tibère, à compter de- puis fon affociation par Augulle. C'ed au refte ce Qu'il fe refcrve à developer dans (a féconde D{[[erîaîion , dont nous rendrons compte une autre fois. ARTICLE V. Colle(3:ions Relatini^ to the Hiflory of iMary Queen of Scotland , in four volumes &c. C'ell -à -dire , Recueil de Pièces concernant THiitoire de Marie i Janvier, Février et Mars. 1735. 339 Marie Reine d'Ecofle &c. en 4. vol. à Edimbourg 1727. Second extrait, ÇOn peut voir le premier dans la I. Parc, du IV. Tome de cette Bibliothèque p. 19. Le fécond volume de ce Recueil, dont nous nous propofons de parler ici , contient les Pièces fuivantes. I. T^Xpofition de la conduite de Marie jCj Reine d'EcolTe écrite par Buchanaa en vieux Ecoflbis, avec une Préface de l'éditeur. I I. Les ConfeiTions de Guil. Powrie & de George Dalgleifh domeftiques du Com- te de Bothwell , & de Jean Hay & Jean Hepburn vaffaux & complices du dit Com- te , touchant le meurtre du Roi Henri Darnley , pour lequel meurtre ils ont été tous quatre exécutez. I I I. L'examen & la déclaration de Ni- colas Hubert , appelle communément Frencb Paris ( parce qu'il etoit né dans cette vil- le ) & qui aufli a été exécuté pour le fufdic meurtre. I V. Adle du Parlement d'Ecofle de Dec. 1567. qui ratifie la Ceiïion que la Reine Marie avoit faite de la Couronne en faveur de Ion Fils , & confirme la Régence au Com- te de Murray qu'elle avoit déclaré Reeent d'EcofTe. V, Afte qui ratifie la nomination & Tac- Y 4 cep- 340 Bibliothèque Britannique, ceptation du C. de Murray , comme Ré- gent d'Ecofle. VI. A6te du Parlement touchant la Dé- tention de la Reine , oli l'on ;voit les Raifons, pour lefquelles on la retenoit en prifon. VIL Déclaration du Parlement au Sei- gneur de Lochlevin touchant la détention de la Reine dans le Château de Loch- levin. V I I I. Lifle de ceux qui ont été prefents dans le Parlement allemblé à Edimbourg le 15. de Dec. 1567. IX. Aiïbciation de plufieurs de la No- blelîe d'Ecofle & d'autres , fur la Ceflion que la Reine Marie avoit faite de la cou- ronne & du Gouvernement en faveur du Prince fon Fils. X. Aéle du Confeil privé d'Ecofle, tou- chant l'abdication de la Reine Marie en fa- veur de fon Fils , lorfque le Lord Lindfay en prefenta l'adte aux Seigneurs du Confeil privé, XL Relation du Couronnement du Roy Jaques. X I L Proclamation de l'avènement de ce Roy à la Couronne. XI IL Acception delà Régence par le Comte de IMurray. XIV. Proclamation de la Régence du C. de Murray. XV. Adte du Confeil privé , fur ce qu'on avQit deli^/ré entre les mains du C. de Mur- Janvier, Février et Mars. 1735. 341. Murray Regcnc une boëte d'argenc , con- tenant les lettres &c. de la R. Marie & du C. de Bothwell. XVI. Déclaration du C. de Murray 6t des'CommilTaires nommez avec lui, portanc que les Lettres & autres Papiers qui leur avoienc été donnez à Weftminfter en An- gleterre, contre la R.Marie, étoient des ir*ieces originales & authentiques. . XVII. Copie d'une Lettre écrite de Londres , oii Ton fait voir , qu'on peut ajouter foy à ce qui efl rapporté dans l'Ecrit fnutulé. Expojîtion de la Conduite de la R. Marie d'EcojJe. XVIII. Courte Relation en forme de; Journal , des Evenemens les plus remar- quables de la vie de Marie d'EcolTe, depuis la najflance de fon Fils en 1566, jufqu'au temps qu'elle alla en Angleterre en May 1568. XIX. Juflification de Mr. Jean Craig MiniCcre d'Edimbourg , fur ce qu'il avoic fait publier les Bans , pour le mariage de la Reine Marie d'EcofTe & de Jacques C. de Bothwell ; avec un AQe de TAlfemblée de l'Eglife d'Ecofle touchant cette affaire. . X X. Aéte de l'aflemblée générale , ap- prouvant la juflification de Mr. Craig. XXI. Acte de l'aflemblée générale, de- pofant l'Evêque d'Orkney , pour avoir Ma- rié la Reine avec Bothwell, XXII. Adte de l'afTemblée générale, qui rétablit l'Eveque. y 5 Dans 342 BinLIOTHEQUE BRITANNIQUE, Dans le premier Extrait que nous avoni donné de cet Ouvrage , nous avons rendu compte de la Defenfe de h Reine Marie d'E- cojje écrite par Leiley Eveque de RofT.^Oa pourra comparer les railbns que cet Eve- qae allègue en faveur de la Reine , avec celles que Buchanan employé contr'Elle, dans Vexpofition de la Conduite de cette Prin- cejje: C'elt la première Pièce de ce Second Volume; elle avoit dabord été écrite en en latin , & Mr. Anderfon avertit dans la Préface qu'il a mife à la tête, que l'on croit communément que Buchanan lui même l'a çnfuice traduit en EcofTois. Lefley & Bu- chanan fuivent des méthodes fort différen- tes dans ce qu'ils allèguent pour & contre la Reine Marie. L'ouvrage du premier n'eit, comme on l'a vu, qu'une Déclama- tion continuelle , ou il employé fouvent en faveur de Marie d'EcofTe , des raifons tirées d'un peu loin : Buchanan au contraire fans faire aucune reflexion fur les démar- ches de cette PrincefTe , fe contente de donner un expofé fimple & exact de toute fa Conduite , & qu'il addrelfe à la Reine Elifabeth. ,, Ce ne fut, dit il , qu'après la nailTance „ de_fon_Fils en Juin 1566. que l'on com- ,, mença à s'appercevoir du delTein que la ,, Reine Marie avoit de fe défaire du Roy, , „ par quelque moyen que ce fut, &; d'e- „ poufer enfuite 'Bothwell. Mais pour j, parvenir à fe$ fins , fans qu'on put la „ foup- Janvier , Février et Mars. 1735. 343 „ foupçonner du crime qu*elle étoic refo- 3, lue de commectre; elle commença à femer 3j fecretemenc de la diflention entre le Roi „ & les Seigneurs du Royaume , & rem- „ plie tellement tous les eiprits de jaloufie 6c de méfiance, qu'il n*y avoit perfonnc de quelque rang à la Cour , qui ne fuc dans la neceflité de prendre parti. Un jour qu'Elle s'etoit entretenue avec le Roy Jacques fort avant dans la nuit, elle lui periuada fi bien que toute la NoblelTe avoit confpiré la mort , & ne cherchoic que roccaiion de le tuer , que ce Prince le retira tout effrayé : à peine fut il par- ti , qu'elle envoia chercher en diligence le Comte de Murray, comme ayant une affaire de la dernière importance à lui communiquer : & lui dit , que le Roy avoit conçu une haine fi violente contre lui , & étoit li piqué de la faveur qu'el- le lui temoignoit , qu'il étoit fermement refoUi de le défaire de lui : Deforte que le Roy & le C. de Murray en feroienc fans doute venus à quelqu'extremité, li la trahilbn n'avoit été découverte. 3, Ce projet ayant échoué , la Reine , lous prétexte de fa GrolTeflc , voulue engager le Roy à s'attacher à quelque 5J „ Dame de la Cour, & lui nomma entr'au- ,, très la femme du C. de Murray , afin 3, d'avoir enfuire une raifon de le répudier „ & d'époufer Bothwell: cela ne lui réuf- „ ûc pas mieux. Mais auffi toc après qu'el- le 344 Bibliothèque Britannique, le fat accouchée, elle ne garda plus de mefures ; touces les fois que le Roy ve- noic la voir , elle le recevoit de manière à lui faire allez connoitre que fa prefcn- ce dciplaifoir, pendant que Bothwell avoic accès à toute heure, & qu'on ne pouvoit rien obtenir de la Reine que par fon „ moyen. „ A peine la Reine étoic-elle relevée de fes Couches , qu'un matin elle fe levé & s'en va du coté de la mer , fuivie feule- ment de quelques uns de fesDomefliques les plus affidez , & comme on étoit en peine de favoir où elle pouvoit aller en fi grand hâte , elle entra fubicement & feule dans un vaifleau , oîi il n'y avoic que des gens appartenant à Bothwell , reconnus pour voleurs & pyraces , & fe fait conduire au Château (ïAloe, Là elle mena publiquement une vie fi licentieule, que tous les honnêtes gens en étoienc fcandalifez: & lorfque le Roy ayant ap- pris cette equippée alla la trouver pour la ramener , il en fut très mal reçu ; à peine lui permit elle de refter là quelques heures , deforte qu'il fut obligé de s'en retourner en diligence , au péril même de fa vie. „ Après avoir refté quelque temps dans cet endroit, Elle s'en revint à Edimbourg , oh elle aila loger, non pas dans fon Pa- lais, mais dans une maifon particulière , d'oii par les jardins on pouvoit entrer dans Janvier , Février et Mars. 1735. 345 5, dans la maifon d'un David Cbamberis 3, domeflique de Bothwell. Là elle 5, avoit pour principale confidente la Da- ,3 me Rêves , femme qui avoit été au- 55 trefois maitrelTe de Bothwell , & qui „ après avoir fait le métier de fille de ^5 joye, faifoit alors celui d'entremctteufe. 3, Pa'r le moyen de cette honnête Dame , 3, Bothwell fut introduit un ibir dans la 3, Chambre de la Reine, & lui fit violence, 33 à ce qu'elle difoit. Mais qu'elle violen- 35 ce ! s'écrie l'Auteur, c'eft ce que la fuite 3, a fait afiez connoitre. Cependant la Rei- ne voulut avoir fa revenche &. faire à fon tour violence à Bothwell; elle en- voya la Dame Rêves, qui entra de nuit dans la Chambre de ce Seigneur pendant qu'il dormoit , l'arracha d'entre les bras de fon Epoufe & le força de venir à demi nud trouver la Reine. 35 En Odtobre Elle alla à Jedburg pour y 3, tenir les AiTizes , & le C. de Bothwell fe 3, retira kLiddisdaïîl où il fe comporta d'une „ manière fi peu digne d'un homime de fa 5, qualité, qu'il'prit querelle avec un voleur ,3 qui le blefla dangereufement. La Reine „ n'eut pas plû-tôt appris cette nouvelle 3, qu'elle devint comme une forcenée ; 3, malgré les incoramoditez de la faifon elle 3, fe mit en chemin, alla trouver le Comte 3, & n'eut point de repos jufqu'à ce qu'il 33 fut en état d'être tranfporté à Jedburg y 5, & Elle en prit tant de foin , qu'elle tom- bai 34<5 Bibliothèque Britannique, 3, ta elle même malade , enforcc qu*on 5, derefperoit prefque de la vie. Le Roy ,, qui aimoic toujours tendrement la Reine, 5, & qui avoit fait tout ce qu'il avoit pu 3, pour regagner fes bonnes grâces, ayant 5, appris fon état, s'en vint aulTi-tot à Jed- 5, hurg pour en prendre foin ; mais ce mal- ,, heureux Prince trouva à peine où le lo- ,, ger, des ordres exprès ayant été donnez 3, de ne le recevoir nullepart : la Reine lé 3, reçut fi mal, (!kon eut fi peu d'égard pour 5, lui à la Cour, qu'il fut obligé de s'en 3, retourner : & la Reine fit auiîi-tot tranf- 3, porter Bothwell comme en triomphe „ dans fa maifon , &: le fit coucher dans 3, une chambre au deflbus de la fienne. 3, Dès qu'ils furent un peu mieux Tun & 5, l'autre , ils vécurent enfemble dans un ,, commerce fi fcandaleux & fi public, qu'ils 3, fembloient craindre que leur conduite nd 5, fut pas afiez connue. Le Roy écrivit à 5, la Reine fur la vie qu'elle menoit , elle „ lut fa lettre en prefence du Régent, da 3, C. de Huntley ai du Secrétaire , & en- 5, tra dans une telle fureur qu'on craignoic ,, qu'elle ne retombât malade; elle protefia j, ouvertement qu'à moins qu'elle ne trou- 3, vât quelque moyen de fe défaire du koy, „ elle n'auroit jamais un jour de repos , 6c 3, que plustot que de vivre dans cet état , 3, elle fe tueroit elle même. „ La Cérémonie du Bateme du jeune „ Prince fe fie à Sîrivding vers le commen- « ce- Janvier, Février et Mars. 1735. 347 „ cernent de Décembre ; il étoit venu des 5, Ambafladeurs de France & d'Angleterre „ pour y affilier ; & afin que Bothwell put 3, y paroicre avec honneur & fe diflinguer 5, par fa magnificence du refte de la No- „ blefle 5 la Reine lui fournie de l'argent 5, pour fe faire un Eauipage , & lui aida 5, elle même à choifir les habits & les or- 3, donna, avec autant de foin & de peine „ que fi elle avoit été non pas fa femme, „ mais une de fesDomeftiques; pendant que 5, le Roy manquoit de tout au bateme de „ fon propre fils , & n'avoit pas feulement 55 de quoi fubvenir aux depenies les plus ne- 5, ceiTaires: bien plus il lui fut défendu de 3, paroi tre en la prefence des Ambafladeurs ; 55 & la Noblefle eut ordre de ne lui faire „ aucun honneur : la Reine lui fit même „ enlever toute fon argenterie & lui en» 5, voya de l'étain en la place. Le Roy fuc ,5 fi outré de ce procédé qu'il quitta Strive- „ ling & s'en alla à Glasgoio, chez fon Père. 3, Jufqu'ici on n'a vu que des marques da „ Souverain mépris que la Reine avoit pour „ fon Epoux; mais voici des preuves d'u- „ ne cruauté inouïe & d'une haine implaca- „ ble. A peine ce malheureux Prince eut il 5, quitté Sîrh-eîingy qu'il fe fentit extreme- 5, ment mal, enforte qu'il étoit aifé de foup- „ çonner que c'étoit l'efi^et de quelque poi- „ Ion- Dès qu'il fut arrivé à Glafgow touc „ fon Corps le trouva couvert de taches noi- „ res, il reflentoic des douleurj violentes ^9 daQS / '54S BlPLIOTHEQtTE BRITANNIQUE, 5, dans tous Tes membres , il deperiflbit à 5, vue d'œil , & on derefpera bien-toc de fa „ vie: malgré tout cela, la Reine ne vou- 5, lut permettre à aucun Médecin de l'aller 3, voir : 6i dès que la Cérémonie du Bate- 35 me fut achevée, elle alla avec Bothwell 3, à Tillibarne , où ils paflèrenc huit jour^ 5, dans leurs familiaritez accoutumées. 5, Mais la Reine voyant que le Poifon ,, n'avoit pas produit tout l'effet qu'elle en 5, attendoit, & que le Roy par la force de 3, fon tempérament avoit furmonté la vio- 35 lence du mal , elle alla à GlafgoWy fous 35 prétexte, difoit elle 5 de voir Ion Mari : „ mais fes lettres à Bothwell (dont nous ,5 parlerons bien-tot) font arfez voir ce ,5 qu'elle le propofoit par cette vifîte, c'e- 3, toit de prendre des mefures plus effica- 5, ces pour fe défaire de fon Epoux. Dans 55 cette vue elle fit femblant dabord de ,5 vouloir fe reconcilier avec lui , & le fit 3, tranfporter à Edimbourg & loger dans 35 une maifon peu digne d'un Roy & fort 3, peu commode pour un malade , mais 3, très convenable à Texécurion de fon 33 defiein : C'étoit une maifon écartée , 33 qui tomboit en ruine & qui depuis long- 3, temps n'avoit pas été habitée; il y avoic 3, au fonds du jardin une porte qui donnoit 33 dans la campagne, par où il étoit aifé 3, d'entrer à toute heure & de reffortir en 3, cas de befoin. C'efl: la demeure que choi- 3, fie la Reine pour fon EpoiiX, fous pre? ^ - : texte. Janvier, Février et Mars. 1735. 349 ,5 texte, difoit elle, qu'il y feroic plus com- 5, modement & adn qu'il ne foupçonoâc 3, rien , & qu'on la crut entièrement recon- „ ciliée avec lui , elle prit une Chambre au „ deflbus de celle ou écoit le Roy & y cou- „ cha les deux nuits avant celle de l'exccu- „ tion de fon projet. Comme elle vouloic „ faire tomber le foup^on fur le C. de „ Murray, elle fit tout ce qu'elle put pour y^ l'obliger à refter à Edimbourg : il vouloit „ partir pour aller trouver fon époufe qui „ écoit prête d'accoucher, la Reme le pria „ de relier au moins encore une nuit (qui „ étoit celle ou l'on de voit fe défaire du „ Roy} mais W panit avant l'exécution'; 5, on ne lailTa pas cependant de l'en ac- „ cufcr. ., Tout étant prêt pour l'exécution de „ cet abominable deûein, la Reine après „ fouper alla voir le Roy , & pafla quelques „ heures avec lui. Elle lui temoignoit plus 3, d'amitié qu'elle n'avoit fait depuis fix ou „ fept mois, lorlque Paris entra : Ce Pa- „ ris étoit un jeune homme né en France, „ qui avoit été au fervice de Bothvvell ô: 5, étoit alors à la Reine : il étoit le prin- 5, cipal confident de leur commerce fecrec ^y Sa venue devoit écre le fi;^nal que tout „ étoit prêt. La Reine auffi-tôt le levé , ,, prend congé du Roy & fe retire che^ „ elle , ou etoit le C. de Bothwsll avec „ ^ui elle s'entretint jufqu'à minuit , après ,j quoi ce Seigneur s'en retourna chez lui , Tome IF. Pan. IL 2 „ cha;.^ 350 Bibliothèque Britannique, 5, changea d'habits pour n'être pas recon- 5, nu & alla avec fes comphces à la maifon 35 où étoit le Roy. On avoic mis de la ,, poudre dans la Chambre au deflbus de 5, celle oîi il couchoit , la même que la 3, Reine avoit choifie pour elle. Par ce 5, moyen on fit fauter la maifon & ce Prin- 5, ce y périt miferablemenc. Bothwell auffi- 3, tôt courut chez lui fe mettre au lit : & 3, la Reine de fon coté attendoit impatiem- 3, ment le fucces de i'entreprife , lorfqu'elle 3, entendit le bruit de la chute de la mai- 3, fon & les cris du Peuple .-Elle cependant 3, reftoit toujours tranquile dans fon lit , 5, comme fi de rien n'étoit , jufqu'à ce que ., Bothwell, faifant femblant d'être lui rae- 5, me tout effrayé, vint avec plufieurs Sei- 3, neurs & Dames lui annoncer le malheur 5, qui venoit d'arriver au Roy. Elle reçut 3, cette nouvelle avec beaucoup de ferme- 5, té 3 donna des ordres pour s'informer ,, des Auteurs , & puis fe recoucha & dor- 3, mit tranquilement jufqu*au lendemain à 3, midi. Cependant pour fauver les appa- 3, rences elle fit publier le deuil , qui' ne 3, devoit pas durer long.temps : elle fe com- 3, porta à cet égard de manière que le Pcu- 3, pie ne fçavoit fi elle rioit ou fi elle pleu- 3, roit : mais ce qui fait voir jufqu'où elle 3, pouvoit pouiTer la cruauté & l'effronte- 3, terie , c'ed qu'après avoir fait mourir fon époux fi inhumainement, elle voftut voir fon Corps mort , (5c repaitre fes „ yeux 3> Janvier, Février et Mars. 1735. 551 ,, yeux d'un fpedtacle qui auroit dû lui fai- 3, re horreur , & enfuice elle le fit enter- 5, rer de nuic, fans aucune cérémonie, & „ placer à coté de David Rizzo. 5, Mais comme le Peuple commençoit à „ murmurer de fa Conduite, il fallut au „ moins faire femblant de prendre le Deuil: „ la coutume étoit que les Reines, après „ avoir perdu leur époux ; fe renfermoicnc 5, pendant 40 jours fans voir la lumie- „ re : Celle-ci fe renferma à la vérité ,, dans fa chambre , tenoit les portes fer- ,, mces , mais avoit toutes les fenêtres ,, ouvertes ; & à peine eut-elle pafl"ë quatre ,, jours dans ce trille état qu'elle quitta le voile 6c reparut en public. Il a-riva alors une chofe defagreabîe ôc comique en même temps : Henri Killegree étoit ve- nu en Ecofle pour complimenter la Rei- ne de la part de la Reine d'Angleterre. Le jour & l'heure étoient pris pour lui donner audience : il vint à la Cour plu- tôt après qu'avant le temps marqué , & „ cependant il trouva tout en defordre au ,, Palais ; toutes les fenêtres étoient ou- „ vertes les bougées n'étoient pas allumées,* „ en un mot rien n'étoit encore prêt pour ,, jouer la comédie. Après douze jours ,, d'un pareil deuil la Reine alla à la maifon ,, de Setoitn avec peu de fuite ; Bothwell „ y vint auflTi, & fut logé , peu convena- ,, blem.ent ce femble à fa qualité, dans une „ Chambre joignant h cuifmc ; il eft vrai Z 2 „ que 353 Bibliothèque Britannique, ,, que cette chambre étoit diredlemeiic au 5> deflbus de celle au couchoit la Reine, ^y dans laquelle on pouvoir entrer par un ., efcalier dérobé 5 fort étroit à la vérité , 3, mais allez large pour donner palTagc 55 à Bothwell. Une conduite lî étrange „ fit du bruit jufqu'en France , & Mr. du 5, Croc étant arrivé fur ces entrefaites en „ qualité d'Ambafladeur du Roy très Chré- 5, tien, il obligea la Reine à quitter ce fe- 55 jour &; à s'en retourner à Edimbourg. 5, Cependant tout le monde étoit indi- „ gné du peu de foin avec lequel on re- „ cherchoit les meurtriers du Roy, & le „ C. de Bothwell fut accufé ouvertement j, d'en être le chef. Il fallut enfin fe re- 5, foudre à fubir un jugement : mais on 5, prit de fi bonnes melures qu'il ne cour- 5, rut aucun rifque d'être condamné : on ne 55 donna pas le temps au C. de Lenox père 5, du feu Roy , d'être préfenc au Procès , & 5, Bothwell comparut fuivi d'une troupe 55 de Gens armez ; enforte que fans ob- 5, ferver aucune forme de Loy il fut ab- 5, fous. Il ne lui relloit plus pour parvenir 55 à fes fins que d'époufcr la Reine : elle 5, le fouhaitoit paflionném.ent , mais elle ,, n'ofbit paroitre y conlentir : il fut donc 5, refolu que le Comte de Bothwell l'enle- 55 veroit oc qu'ainfi il paroitroit que le ma- 5, riage s'étoit fait malgré elle. Comme 5, elle revenoit de Strizelijîg le Comte l'at- 55 tendit en chemin , U i'à'Si: de fa Perfon- \y ne Janvier, Février et Mars. 1735. 33-^ 3, ne & la fie conduire à Dunbar 011 il la ,, retint prifonniere en apparence. Mais y, cela ne faffifoic pas encore : Bothwell „ écoit marié ; il falioic pour contrarier ua 3, nouveau mariage qu'il fut feparé juridi- ,, quement de fa femme (Jeanne Gordon) 5, on trouva moyen de pcrfuader à cette 3, Dame de pouriuivre elle même fon di- 3, vorce avec fon Mari. On allégua pour ,y prétexte qu'avant leur mariage , Both- 3, well avoit eu commerce avec une paren- 3, te de fa femme. Cela etoit vrai & le 3, Pape lui avoit donné là-delFus une Eulle ,, de difpenfe. Mais la Bulle ne fut point 5, produite & le mariage fut cafle, enluite 3, de quoi Bothwell époufa la Reine. L'Auteur produit enfuite plulieurs pie- ces juftificatives de ce qu'il vient d'avancer. Le Ç. de Morton avoit pris à un Domefti- que de Bothwell, une petite CaOetce de verm,eil doré, ou il y avoit plufieurs vers & lettres dé la prop're main de la Reine. On y voit aufii fon Contrat de mariage avec fiothwell , daté du 5 d'Avril 1567. c'eft-à-dire huit femaines après la mort du Roy , qui fut tué le 10 de Février, (Se quel- ques jours avant que le Comte fût abfôus du Crime dont il étoit accufé , & que fou premier mariage fut dipious. On ne fcri pas fâché fans doute de voir des ver? de la façon de la Reine d'Eco lié ; ils font ad- drelTez au Comte de Bothwell, & écrits en François : nous en choilkons quelques Z 3 endroits 354 BibliothequeBritanniqué, endroits qui expriment le mieux la violence de l'on Amour. O Dieux, ayez de moi compafTion , Et m'enfeignez quelle Prouve certain ]e puis donner, qui ne lui lemble vain De mon amour à 'ferme affection. Las ! n'elt il pas ja en pofleffion Du Corps , du Cœur, qui ne refufe paine Ny deshonneur , en la vie incercaine , OiTenfe de Parentz, ne pire afîiitlion ? Pour luy tous mes amis j'eflime. moins que rien , ]'ay hazardé pour luy 6: nom & coa- fciencc ; Je veux pour luy au monde renoncer: Je veux mourir 'pour luy avancer. Que relie il plus pour prouver ma con- fiance ? Entre fes mains & en fon plein pou- voir, Je metz mon Fils , mon honneur, & ma Vie, Mon Pais , mes fubjedlz , mon Ame af- fubjetSlie , Eft tout à luy, & n'ay autre vouloir Pour mon Objeft, que fans le décevoir Suivre je veux malgré toute i'Envie Qu'iffir en peult : Car je n'ay autre envie Que de ma Foy, luy faire appercevoir Que pour tempefte ou bonnace qui face. Jamais ne veux changer demeure ou place. Bref Janvier, Février et Mars. 1735. 355 Bref je farai de ma foy telle preuve , Qu'il connoitra fans fainte ma confiance, Non par mes pleurs , ou fainte obeif- fance , Comme autres ont fait, mais par divers Elpreuve. Elle pour fon Honneur vous doit Obeiflance, Moy vous obeilTant j'en puis recevoir blalme , N'eftanc, à mon regret, comme elle vo- tre Femme. Et fi n'aura pourtant en ce point préé- minence. Pour fon profit elle ufe de confiance, Car ce n'efl peu d'honneur d'être d'voz biens Dafme,* Et moy pour vous aimer j'en puis rece- voir blafme; Et ne lui veux céder en toute Tobfer- vance. Elle de vollre mal n'a l'apprehenfion , Moy je n'ay nul repos tant je crains l'ap- parence. Par l'advis des Parentz elle eut voflre ac- coincance, Moy malgré tous les miens vous porte Affection , Et de fa loyauté prenez ferme afTurance. Par vous' , mon Cœur , & par voflre Alliance Elle a remis fa maifon en honneur ; Elle a joui par vous de la grandeur Z 4 Dont 35<5 Bibliothèque Britannique, Dont tous les fiens n'avoient nulle af- furance ; De vous , mon Bien , elle a eu la con- fiance. Et a gai'gné pour un temps voftre Cœur. Par vous , elle a eu plaifir en bon heur , Et pour vous a receu honneur oc révé- rence , Et n'a perdu finon la jouiïïance D'un fâcheux loc , qu'elle aimoit chè- rement. Je ne la plains d'aimer donc ardamment. Celui qui n'a en fens ni en vaillance En beauté, en bonté n'y en confiance Point de fécond. Je vis en cette Foy. Mais vous l'aimez , las , trop je l'np- percoy , Et vous doutez de ma ferme confiance , O mon feul Bien , & mon feul Efperance, Ec ne vous puis aflurer de ma Foy. Et fi n'avez en moi nulle afTurance , Et foupconnez mon Cœur fans appa- rence Vous defîant à trop grand tort de moi. Vous ignorez l'amour que je vous porte, Vous foupconnez qu'autre amour me tranfpoi-te , Vous eflimez mes pnroles du vent, Vous dépeignez de Cire mon, îas , Cœur, Vous me penfc^z Femme fans jugement ; Et' tout cela augmente mon ardeur. "?•♦••'»•••• ».... Mon Jaîtvier , Février et Maus. 1735, 557 Mon Cœur, mon Sang , mon Ame, mon Soucy . Las ! vous m'avez promis qu'aurons ce plaifir. De devifer avecques vous à loylir. Toute la nuift, où je languis icy , Ayant le Cœur de extrême paour tranfy^ Pour voir abfent le but de mon defir.' Craint de oublir un coup me vient faifir: Et le autre fois je crains que rendurcy •Soit contre moi votre amiable C-œur. Je crains quelque dit de un méchant rap- porteur. Une audre fois je crains quelque avanrure Qui par chemin détourne mon Amant Par un fâcheux & nouveau accident. Dieu 5 détourne toute malheureux Au- gure ment, mais elles font en en entier en Ecol- fois. Elles méritent d'être lues , nous vou- drions pouvoir les produire ici toutes , mais cela nous meneroit trop loin : nous nous contenterons de rapporter les principaux traits de la féconde Lettre , qui fait le mieux connoitre le caradere de fa Roine ^ les difpofitions dans lefquelles elle étoir en- vers le Roy (Se envers Èothwelî: clic com- mence ainii. Z 5 „ Edunt 358 Bibliothèque Britannique, ,, Eftanc party du lieu ou je avois laifle 3, mon Cœur, il fc peulc aifement juger „ quelle efloic ma contenance; veu ce que 5, peuît un Corps fans Cœur, qui a été cau- 3, fe que jufques à la diliiée je n'ay pas 5, tenu grand propos , aufli perfonnc ne 3, s'eft voulu advanccr, jugeant bien qu'il 3, n'y faifoit bon (il faut que nous prenions le refis de rEcojJois). j. Comme j'étois à 3, quelques miles de la ville (de Glafgow) 3, Le Comte de Lenox m'envoya un Gen- 35 tilhomme pour me complimenter, & pour 33 s'excufcr de ce qu'il ne venoit pas au ,3 devant de moi; mais qu'il n'avoit ofé le 33 faire à caufe de quelques paroles que 3, j'avois dites fur Ton compte : je repon- 5, dis qu'il n'y avoit point de remède con- 3, tre la peur, & qu'il n'auroit pas (ujet de 3, craindre , s'il n'étoit pas coupable. . . . 3, Dès que je fus arrivée à Glafgow, le 3, Roy envoya chercher joachim , & lui 3, demanda d'où vient que je n'étois pas 3, venue loger avec lui^, que cela ferviroit 3, beaucoup à rétablir fa fanté. Il s'infor- ,, ma encore pourquoi j'érois venue, fi c'é- 3, toit à bonne intention ,* ii vous étiez 3, avec moi ; fi j'avois pris à mon fervice 3, Paris & Gilbert , 6x. fi je ne voulois pas ren- 3, voycr jojepb\ il parla même du mariage 3, de Bafilane. (C'étoitun Aui:ernois ^ habile muficien cf un des favoris de la Reine) ,, Je 3, ne puis compiendre d'où il a pu favoir 3, toutes ces parcicularitez. J'allai le voir I Janvier 5- Février et Mars. 1735. 35-9 „ & lui demandai ce qu'il vouloit dire par ,5 ùs lettres où il fe plaignoic de la cruau- 5, té de quelques perfonnes» 11 répondit ,, qu'il étoit tout tranfporté , qu'il étoit (î ,5 charmé de me voir, qu'il croyoit qu'il en 3, mourroit: il parut cependant un peu cho- 3, que de me voir penfive: il me dit enfuite 5, qu'il fe fentoit fort mal , mais qu'il ne 5, vouloit point faire de tedament, qu'il me 5, laiflbit la difpofition de tout, quoique je 5, fufle caufe de fa maladie, par le chagrin „ qu'il avoit de ce que je, .me comportois „ d'une manière fi étrange.^ fon égard. Il „ ajouta : vous me demandez ce que je j, veux dire par la cruauté dont je parle 5, dans mes lettres; c'eft de vous feule que j, je veux parler , parceque vous ne vou- 3j lez pas recevoir mes offres de repentir : j, je confefle que j'ai manqué à mon de- 5, voir 5 mais non pas en ce que vous 3, m'avez reproché. Je fuis jeune ; vous j, direz peut-être que vous m'avez déjà j, pardonné plufieurs fois & que je fuis re- 5, tom"bé en faute; il eft vrai, mais fi j'en j, obtiens le pardon, je protefte que jamais plus je n'y retomberai : je ne fouhaite qu'une chofe au monde , c'eft que nous puiiïîons vivre enfemble comme Mari 6c Femme , & fi vous ne voulez pas y con- „ fentir , jamais je n'en relèverai ; je vous prie de me dire votre refolution là def- „ fus. Dieu fçait combien je fuis puni , ,, pour avoir fait mon Dieu de vous, «Se „ pour 3^0 Bibliothèque Britannique, 3, pour ne penfer qu'à vous feule : & {[ 3, jamais je vous ai ofFenfé, vous en êtes 55 l'unique caufe , parce que iorfqu'on me 5, fait quelque tort, fi j'ofois m'addrefler 5, à vous 5 je n'en voudrois parlera nul au- 35 tre; mais n'y ayant point entre nous cet- 5, te familiarité qu'il dcvroit y avoir, je 3, fuis obligé de renfermer mes chagrins 3, dans mon Cœur, & c'eft là ce qui me „ fait tourner l'efprit. Je lui repondis „ bien des cTiofes îà delTus qu'il feroit trop 5, long de vous écrire 11 auroic 35 fort fouhaité que je vinle demeurer 3, dans fa maifoïî : mais je lui dis que cela 3, ne fe pouvoit : il paroillbit avoir quelr 35 que crainte que je n'eufle dcifcin de l'en- 3, voyer en prifon : je lui dis que je vou- ,5 lois l'emmener à Craigmiltar ou les mede- ,3 cins & moi poumons mieux le fecou- ,5 rir: il me repondit qu'il étoit prêt à fai- 3, rc tout ce qoc je voudrois : je lui de- ,5 miindai , d'où vient qu'il étoit facile •5 contre quelques Seigneurs. lîîenia & jno- 3, tcfta qu'il les oimnic tous, & me pria de 3, ne point ajouter foy à ce qu'on pour- 3, roit me dire contre lui ; & que pour ce 3, qui me rcî^arde il aimeroit mieux mour- 5, rir que me caufer aucun deplaifir , & là 3, deflus il me parla d'une manière li fîat- 3, teufe , avec tant d*?»rt & de tendrefie que - 3, vous en auriez été étonné. Jamais je ,5 ne le vis plus tendre & plus fournis; & (i 3, je n'avois pas des preuves certaines que 3, Ton Janvier , Février et Mars. 1735. 361 ^, foîi Cœur cft mou comme de la cire, 6c ^, que le m'icn ne fut pas dur comme le ,, diamant , à l'épreuve de tous les traits , 3, cKcepté de ceux qui partent de vôcre „ main , j'aurois prcfqu'eu pitié de lui : 3, mais ne craignez rien , la place tiendra 5, jafqu'à la môrc; «S: vous, ne vous laiflcz 3, pas gagner par celles qui fans doute fe- 3, rons tous leurs efforts pour cela i. Le Roy fouhaiteroic que je lui donnaf- 3, fe moi même à manger : il a toujours 5, la larme à l'œil : il laîuë T/2;2g,Commi(rai- 5, res conftituez par le noble & puiflanc 3, Prince Jacques (Hamilton) Duc de Cba- 3, telîeraud , dans toutes fes affaires pen- ^3 dant qu'il feroit abfent du Royaume; Le- 35 die (a) Li malfon de Steward defcend de Gauttier qui avoit rendu de grands fervfces à Malcolm Roy d'Ecoife lequel fut tué en 1093. ^" combattant contre Guillaume le Roux. Ce Malcolm avoit fait Gauttier fon Steivard ou Intendant, & depuis ce temps là fes Defcendants ont toujours porté le nom & le tftre de Steivard (c'eft-à-dire Intendant ou Gouverneur ) d'Ecoffe , même après qu'ils furent parvenus au Tàrone , ce qui arriva en 1370. en la perfonne de Robert Steward. r^';:f /r. F2rî, IL A a 3<56 Bibliothèque Britannique, „ dit Arthur Hamilton Procureur procefta ^5 au nom du dit Duc de Chatelleraiid , que 35 quelque chofe qui eut été faite ou feroic 5, faite dans la fuite par rapport au Cou- „ ronnement du fufdit très excellent Prin- 5, ce 5 que les Actes ôcConilitutions qui le- 3, roient faits là deflus^ ne prejudicieroient „ en aucune manière au noble & puifianç ^ Duc de Cbatelleraud 6c à tous ceux qui „ defcendent légitimement du fang Royal ,5 de la Reine d'"'EcolTe , dans leur titre & ,y fucceilion à la dite Couronne , lorfqu'il „ plairoit à Dieu de les y appeller par leur 3, droit indubitable, ô: là deflus il demanda y, les inltruments & documents des Con- 5, notaires publics fouflignez. C'eft ce qui ,, fut fait dans la Sale du Confeiï au Cha- „ teau de S'criveling. ^, L'AiTemblée fe rendit enfuite dans FE- „ glife paroiffiale de Striveling , où le ,5 Comte de Morton prêta ferment au nom „ du Roy Jacques en ces termes, „ ^îoi Jacques Prince & Steward d'E- jj coile , promets fidèlement & devant 5, PEternel mon Dieu , que pendant tout ,, le cours de ma vie je fervirai l'Eternel yy mon Dieu de toutes mes forces, félon 5, qu'il l'a ordonné dans fa Sainte Parole ,, révélée & contenue dans le vieux & le 3, nouveau Teftaraent , & que félon cette 3, Sainte Parole je rrîaintiendrai la verita- ,j ble Religion de Jefus Chrift; la Predica- 35 tien de'fa Parole & l'adminidration de JANVIER, Février et Mars. 1735. 357 5, fes Sacrements , comme il efl reçu & 5, pratiqué maintenant dans ce Royaume ; 3, que j'abolirai toute faulTe Religion , & j, que je gouvernerai le Peuple commis â ,5 ma Charge, fuivant la volonté & com- ,, mandements de Dieu &. conformément 35 aux Loix & Conftitucions reçues dans 3, ce Royaume, nullement contraires à la \y Parole de l'Eternel mon Dieu : je pro- ,, curerai de tout mon pouvoir àTEglifede >, Dieu & à tout le Peuple Chrétien entie- 5, re & parfaite paix: je preferverai & gar- „ derai inviolablement les droits & privile- 5, ges de la Couronne d'Ecoffe , fans les 3, transférer, ni les aliéner : j'interdirai & „ redrefferai toute forte de torts &, d'op- „ prenions dans quelqu'état & degré que „ ce foit : je commanderai & ferai en for- 3, te que la juflice & l'équité foient obfer- 33 vées envers tous fans exception : & je „ ferai tous mes efforts pour extirper dans 3, mes Etats & Empires tous hérétiques & ,3 ennemis de la véritable Religion , qui au- 33 ront écé convaincus comme tels par la „ véritable Eglife de Dieu. Tout ce que 3, cy - defllis je protefle d'obferver par un ,5 ferment folemnel. Apres quoi le Roy Jacques fut oint & couronné par l'Eveque d'Orkoey ic. Aa 2 A R- 0(58 Bibliothèque Britannique, ARTICLE VI. •The Koran, &c. Cefl-à-dire, UAl- coran traduit de ï Arabe , a'vec des No- tes fff un Difcours préliminaire^ par Mr. G. Sale, fécond Entrait {a)i A Près avoir parlé de Tétat des Juifs & des Chrétiens lorfque Mahomet pa- rut , Mr. Sale nous dit, que l'Arabie étoic alors dans un état heureux & floriiïant , avant été peuplée au dépens de l'Empire d'Orient. Car ceux d'entre les Chrétiens , que l'Efprit perfécuteur des Sedles domi- nantes ne permettoit pas de vivre tranqui- les dans leurpaïs, trouvèrent une retraite afleurée dans l'Arabie , oh ils purent fuivre en liberté les mouvemens de leur con- fcience. La nature du Gouvernement des Arabes favorifa beaucoup le deflein qu'avoit Ma- homet d'établir une nouvelle Religion ; car les différentes Tribus étant toutes in- dépendantes Tune de l'autre , il fut aifé au faux Prophète de leur perfuader fa Reli- gion, & de les foumettre à fa puiflance Pune après l'autre: au lieu qu'il lui auroic été prefque impoffible d'exécuter ce deflein , H les {a) On a tû le premier dans le TqhIi IHi dç octte Biblîotli, P, II. pag. 3^g, &c. Janvier, Février et Mars. 1735. 359 les Arabes n'euflenc formé qu'une feule fo- ciéce réunie fous le même Gouvernement. Mahomet n'ignoroit pas fans douce quel- le écoit la ficuacion des aftaires dans VO- rienc, tant par rapport à la Religion , que par rapport à la politique : fes frequens voyages lui avoient fourni les occafions de s'inrtruire fur ces fujets : & quoiqu'il n'y ait pas lieu de croire, qu'il ait d'abord forgé le vatie projet de fubjuguer tout l'O- rient, on ne fauroit pourtant douter, que la connoilTance qu'il avoit de l'écac des af- faires ne lui ait fait efpérer avec raifon de réuiTir dans fon entreprife : ayant des ta- lens extraordinaires , & une grande habi* leté , il feut profiter des moindres événe- mens, & tourner à fon avantage , les cho- fes mêmes, qui auroient fait échouer tout autre que lui. Ce ne fut, dit Mr. Sale, que lorfque Mahomet fe trouva dans l'abondance , a- près avoir époufé Chadijah , qu'il forma le deflein d'établir une nouvelle Religion , ou, comme il s'exprime lui-même, de ré- tablir la Religion ancienne & véritable , qu'Adam, Noé, Abraham, Moife , Jefus- Chrift , & tous les Prophètes avoient pro- feflee ; de détruire l'Idolâtrie grofTicre , dans laquelle fes compatriotes écoient tom- bez , de purifier le culte du vrai Dieu des erreurs & des fuperflitions, que les Juifs & les Chrétiens y avoient introduites, & de le réduire à fa pureté primitive , qui A a 3 coa- 370 BiBLIOTHEqUE BRITANNIQUE, çonfiite principalemenc à n'adorer qu'un feul Dieu. „ Je ne déciderai point , dit notre Au- 5, teur, fi c'étoitlàun effet de renchoufiaf- 5, me de Mahomet ; ou s'il employa cet- „ te voye dans le deflein d'envahir le Gou- 55 vernement de fon païs: l'opinion gêné- ,y raie des Chrétiens elt , que Tambition, 55 & le defir de fatisfaire fes paflions bru- 55 cale.s furent les feuls motifs de l'entrepri- 55 fe de ce faux Prophète. Cela peut 5, être 5 quoiqu'il y ait de l'apparence , 5, qu'au commencement fes vue:s ne fu- 55 rent pas fi interrefiëes. Le deflein d'em- 5, mener les Arabes payens à la connoif- 5, fance du vrai Dieu étoit fans doute „ grand & digne de louange ; & je ne fau- 55 rois adopter la penfée d'un favant Au- 5, teur(fl), que Alabomet îiefiîquefubjîitiier 4 55 Vidolatrie des Arabes une Religion aujji niaiL- ,5 vaife. 11 étoit fans contredit fortement 5, convaincu de cette vérité importante, 55 qu'iL n'y a qu'un Dieu ; c'eft fur- 5, quoi il infifie principalement dans fon 55 Alcoran , les autres Dogmes qu'il y éta* 5, bla 5 n'étant pour ainfi dire enfe'ignez 5, qu'accidentellement & par occafion, ou 55 par néceffité , plutôt que de deflein pré- 55 médité. 55 Puis donc que Mahomet étoit lui-mê- „ me {a) Prideaiix Vie de Mahomet , pag. y 6. ûq Janvier, Février et Mars. 1735. 37t j, me perfuadé de cet article fondamental „ de la Foy, qu'il croioit avoir été ob- ,5 fcurci non feulement par les Idolâtres, 35 mais même par les Chrétiens ; dont les „ uns adoroient Jefus-Chrift comme Dieu, 5, & les autres rendoient outre cela un „ culte fuperftitieux à la Vierge , aux 55 Saints, 6i aux Images Il eft ai^ 5, fé de comprendre, que Mahomet a crû „ faire une œuvre méritoire , en retirant „ le monde de Tidolatrie & de la fuperfti- „ tion ; & avec le fecours d'une imagina- „ tion vive & échauHée, qui e{t aflez or- „ dinaire aux Arabes, il aura pu aifément 5, s'imaginer , que la Providence l'avoit 3, particulièrement defliné à exécuter ce „ beau deflein. On objedera peut-être, ,, que l'enthoufiafme qu'on attribue à ce ,, grand Prophète des Arabes ne s'accor- „ de guère avec cette fage conduite , &; „ cette grande prudence, qu'il a fait pa- „ roitre dans l'exécution de fes delleins , „ & qui paroiflent être incompatibles avec „ les folles imaginations d'un violent & zé- „ lé fanatique. Mais quoiqu'il y ait peu 5, de fanatiques, qui aient agi avec autant „ de prudence & de circonfpedtion que „ lui , il ne feroit pourtant pas le premier 5, qui auroit été enthoufiafle fur un fujet „ particulier, & qui à tout autre égard fe 5, feroit conduit avec beaucoup de fa- On voit par ce paflage , que notre Au- A a^4 tcur 372 Bibliothèque Britannique, teur ed aflez porté à croire , qu'il y avoîc un peu d'enthoufialme dans le faic de Nia- homet. Mr. Bayle cfl d'un autre fenci- ment (a) : Après avoir remarqué , que Ma- homet ne put point faire de Miracles, il ajoute (f?) 5 55 Un homme, qui auroit crû 5, pendant quelque tems, que Dieu lui en- 35 voye fon Ange, pour lui révéler la véri- 3, table Religion, ne fe defabuferoit-il pas 5, en éprouvant , qu'il ne peut juflifier fa 5, milTion par aucun I^hracle? Or voilà l'é- 5, tat OLi Mahomet fe trouva ; les Korei- 3, fchites lui promirent d'embraffer fa nou- 5, velle Religion, pourveu qu'il fit des Mi- 3, racles; mais jamais il n'eut la hardiefle 3, de leur en promettre ; il éluda fubtile- 3, ment leur propofition, tantôt en difant 3, que les Miracles n'étoient plus néceflai- 3, res, tantôt en renvoyant à l'excellence 3, de l'Alcoran ^» N'y avoit-il pas là de- 3, quoi fe convaincre foi-même, que l'on 3, n'étoit pas envoie de Dieu extraordinai- 3, rement , pour fonder une nouvelle Re- 3, ligion,,? On pourroit répondre à cela, que tout renthoufiafme de Mahomet con- fiftoit à fe perfuader, qu'il étoit appelle par la Providence Divine à rétablir le 'cuire du feul vrai Dieu ; (Se que pour parvenir à ce but {a) V. Did. Crit. Art. Mahomet, Rem. K. & T. (b) Rem. K. (c) Voyez Kcttinger 5 Hift. Oriait. pag. 301* 303. Janvier, Février et Mars. 1735. 373 )uc il crûi: qu'il lui écoit permis de perlua- ier au peuple , qu'il avoit receu de Dieu es dodrines qu'il leur enfeignoic , & les 3réceptes qu'il leur donnoit. Quoiqu'il en foie; Mr. Sale nous dit, que Mahomet avoit toutes les qualitez né- :eflaires pour exécuter Ion entreprife: Les /Vuteurs Mahométans lui donnent les plus magnifiques éloges ; & l'on peut dire avec Mr. de Boulainvilliers Ça), que ,, Mahc- ,5 met impofteur n'a été ni groiTier ni bar- 5, bare; qu'il a conduit Ton entreprife avec 3, tout l'art, toute la délicatelTe, toute la „ confiance, l'intrépidité, les sjrandes vues 3, dont Alexandre & Céfar euflent été ca- „ pables dans fa place. Il eft vrai que fes 5, mœurs ont été plus fimples que celles de 5, ces deux Conquérans , qu'il a moins 5, connu l'intérêt, l'avarice, le luxe & la 5, prodigalité ; au lieu defqueîs il a em- 5, ploie la Religion pour motif de fes ex- „ ploits „. C'eft à peu près à quoi fe ré- duifent les témoignages des Auteurs Ara- bes, que Mr. Sale rapporte en faveur de Mahomet. Après ces Réflexions fur la perfonne de ce fameux Légiflateur des Arabes , Mr. Sa- le nous donne l'hifloire de fa vie, & de l'établifleraent de fa Religion; nous en rap- por- (a) Vie de Mahomet, p. 24.8. Edition de Lon- dres. Aa 5 374 Bibliothèque Britannique, porterons les particularicez, qui dous pa- roitront les plus remarquables. Durant les douze premières années de fon Miniftere, Mahomet n'employa que des moyens légitimes pour établir fa Religion, îa prédication , les exortations , les raifon- nemens ; de forte que tout le fucccs qu'il eut avant fa fuite de la Mecque doit êcre uniquement attribué à la perfuafion , & nul- lement à la force: Jufqu'alors il ne lui fut point permis d'employer la contrainte; & il déclare lui même dans pluficurs paflages de TAIcoran , qu'on prétend lui avoir été révélé durant fon féjour à la Mecque, que tout fon Miniftere confiftoit à prêcher, ds Janvier, Février et Mars. 1735. 383 ^ de l'Ecriture a été donnée Qa) ? Ils onc 3, été renvoyez au livre de Dieu 3 afin 5, qu'il jugeât entr'eux; mais quelques-uns „ ont tourné le dos , & fe font retirez „. Notre Auteur remarque (/?) que ce pafla- ge fut révélé à l'occafion d'une difpute , que Mahomet eut avec quelques Juifs, & qui eft diverfement rapportée par les Com* mentateurs. Al Beida'-coi dit , que Maho- met entrant un jour dans une Synagogue des Juifs , deux d'entr'eux lui demandè- rent, de quelle Religion il étoit ? Maho- met répondit , de la Religion d'Abraham. Abraham étoit Juif, dirent - ils. Surquoi Mahomet propofa de décider la Queflion ( fur la véritable Religion ) par le Penta- teuque; mais les Juifs ne voulurent point accepter fon défi. Un autre Commenta- teur (t) rapporte la chofe autrement ; il dit , que deux perfonnes de la Religion Ju- daïque ayant commis adultère , on laifTa leur punition à la décifion de Mahomet, qui ordonna qu'ils fuflent lapidez félon la Loi de Moïfe. Les Juifs refufèrent de fe foumettre à cette fentence , alléguant qu'il n'y avoit point de telle Loi dans le Penta- teuque. Mais Mahomet en ayant appelle au livre même, on y trouva la Loi, fur- quoi les criminels furent lapidez > au grand mé» {a) Ceft-à-dire, ies Juifu <^) Rem. c. de la pag. 37, (r) •JallaWdciin, Bbn 384 Bibliothèque Britannique,' mécontentement des Juifs. Il efl à remar- quer, dit là-deflus notre Auteur, que cet- te Loi , qui ordonne de lapider les Adultè- res eit citée, dans le Nouveau Teftament (a) , ( quoique quelques perfonnes doutent de l'autenticité de ce paflage) mais on ne la trouve plus, ni dans le Pentateuque Hé- breu , ni dans le Samaritain , ni dans la Verfion des Septante; on y voit feulement, qu'il faut faire mourir les adultères (è) ; Les Mahométans allèguent ce changement entre les preuves de leur opinion, que la Loi de Moïfe a été corrompue par les ]uifs. Il eft aufli à remarquer, ajoute Mr. Sale, qu'il y avoit autrefois un paflage dans l'Alcoran , qui ordonnoit la même peine contre les Adultères (c) , & les Commen- tateurs difent , que les paroles feulement ont été abrogées , mais que le fens, ou la Loi eft encore dans toute fa force. Nous obferverons en paflant, que Du Rier tra- duit le paflage de l'Alcoran , que nous a- vons rapporté, d'une m.anière bien diffé- rente de celle de notre Auteur. Voici comment le Tradudleur François fait par- ler le Prophète des Mufulmans» „ Ne 5, vois-tu pas une partie de ceux, qui fui- „ vent la Loi écrite? Comment ils ont été „ appeliez à la lecture du Livre de Dieu , „ afin {a) Jean VIII. f. (h) Levit XX. jo. ( c ) C'eft le paffiJgç ? qu« nous avons rapport® ci • deifus. Janvier, Février et Mars. 1735. 385 „ afin qu'ils jugent avec équité les difFé- „ rens , qui font entr'eux? Mais plufieurs „ font retournez en leurs péchez, ils ont „ méprifé l'Ecriture (a) „. C'efh à ceux qui entendent l'Arabe à juger, fi notre Au- teur a mieux attrappé le fens de l'Origi- nal , que Du Rier. La troifième efpèce de paflages abrogez eft de ceux dont le fens eft abrogé, quoi- que la Lettre fubfilte. On trouve dans foi- xance & trois Chapitres difterens de l'Al- coran 225 de ces palTages. Tels font les préceptes de fe tourner vers Jérufalem en priant, de jeûner félon l'ancienne coutu- me, de tolérer les Idolâtres, d'éviter les ignorans , (Sec. Divers Ecrivains ont re- cueilli avec beaucoup d'exaditude ces paf- fages abrogez , & Mr. Sale a eu foin de les marquer dans fa traduction. Il y a eu de grandes difputes parmi les Mahométans fur cette Queftion, lî l'Alco- ran eft incréé , éternel , fubfiftant dans l'Ef- fence même de Dieu , ou non. Les Sén- ilités ou Ortodoxes tiennent pour l'affirma- tive, & on prétend, que Mahomet lui-mê- me a déclaré , que quiconque foutient le contraire , eft un infidèle. Cependant la négative a été foutenue par plufieurs Mu- fulmans, particulièrement par la Sedte des Motazalites^ & par les Difciples difa Ebn So- (a) Alcoran de Mahomet , traduit par Du Rier, p. 40, 4.r, f Bb3 58(5 Bibliothèque Britannique, Soheib Abu Mitfa , qui n'ont pas fait diffi- cake d'accufcr d'intidélicé ceux qui fou- t'ennent que l'Aicoran eft incréé, comme s'ilî! ad'.Tiecto'.ent deux Etres écernels. Cetce Difpuce, qui a caufé bien des trou- bles & des periëcutiors , femble n'avoir été au fond qu'une difpute de mots, comi- rne il paroit par le moyen qa'^' Gbuzali employa pour réunir ces deux opinions en apparence incompatibles. L'Aicoran , di- foit-il, efl lu 5 prononcé, écrit, retenu dans la m-émioire , cependant il ell éternel, iubrirtanr dans l'elTence miéme de Dieu , dont il ne fauroit êcre féparé , pour être tranfmiis dans la mémoire des homimes, ou fiir les feuillets d'un Livre. Par ou, dit Mr. Sale, ce Commentateur femble enten- dre, que ïldée originale de l'Aicoran efl réellement en Dieu, & par confequcnt co- eflentielle , Janvier, Février et Mars, 1735. 405 5, qu'ils femblcnt condamner ; ils le fou- rnecccnc aux opinions d'autrui , (S: cnc 5, une déférence aveugle pour le jugcmenc 3, de vous autres Meilleurs les Mathematj- 5, ciens , qui paflez pour les plus grands 5, Maîtres en taie de raiionneraent, qui n'a- ,, vez que des idées claires & diftiiicles, 5, qui n'admetcez jamais rien fans examen, 5, qui marchez toujours le flambeau à la 5, main, 6c qui êtes uniquement occupez 5, à trouver la vérité, par les confequen- ,, ces les plus jultes, tirées des principes 3, les plus évidens. Avec ces préjugez, ,, on le foumet aveuglément à vos déci- 5, lions 5 dans les fujecs mêmes fur lefqueis 3, vous n'avez aucun droit de décider. J'ai ,5, appris par des voyes fûres , que c'eft là ,j une IMéchode abrégée de faire des li> 5, crédules. ,, Puis donc que l'on fuppofe, que vous 5, concevez les chofes plus diftinctement, 3, que vous les examinez avec plus d'exac- j, titude, «Se que vous raifonnez avec plus 5. de jufteffe que les autres hommes , 6c 5, que fi vous avez moins de Religion 5, qu'eux , c'eft que vous êtes plus judi- „ cieux & p'us railbnables , qu'il me foit 3j permis d'uiér du privilège de la liberté 3, de penfer pour examiner l'objet , les 53 principes (Se la manière de démontrer des 3, ^lathematicicns de ce fiècle, avec la mé- ,3 me hardiefie , avec laquelle vous ofez 35 traiter les Myftères de la Religion ; afin C c 5 35 de 40(5 Bibliothèque Britannique, 3, de faire voir à tous les hommes quel ,5 droit vous avez de les conduire, & à „ quoi ils doivent s'attendre en vous lui- „ vanc,,. Ainfi félon Mi*. Berkeley le meilleur moyen de prévenir les dangereux eifets de l'aveugle déférence qu'on a pour les Ma- thématiciens 5 c'elt de montrer que cette déférence e(t mal fondée, qu'ils raiibnnent très mal dans cette fcience même, qui eft de leur relTort ; C'eft ce que Mr. Berkeley tache de montrer dans la plus grande par- tie de fon Ouvrage; car de cinquante Sec- tions ou Paragraphes qu'il contient , il y en a 46, ou 47 employez à développer les faux principes & les inconfequences de la Méthode des Fluxions. Des accufations 11 graves , & une attaque fi vive ne pou voient pas manquer de re- veiller le zèle de quelque amis des Mathé- maticiens: Un habile homme, qui fe cache fous le nom de Philalethes, a pris leur dé- fence, & foutient leur caufe avec beaucoup de chaleur. 11 commence par quelques Réflexions fur le peu de conformité qu^il y a entre le Ti- tre & le fujet du Livre de Mr. Berkeley; enfuite il pafle au but que cet Auteur s'eft propofé, félon lui, & qui eft de diminuer la réputation de Mr. Newton & de fes Sec- tateurs , & de décrier la fcience des Ma- thématiques. „ Ce deflein, dit Philalethes, 55 nous a paru très étrange à nous Mem- bres 5> Janvier, Fevrtf.r et Mars. T735. 407 5, bres de l'Uni veiTité, qui connoifibns com- yy bien les Mathématiques font utiles au 3, Genre-humain Nous avons de la 5, peine à comprendre , quel motif a pu 5, vous porter à décrier une fcience, dont 5, l'utilité ell généralement reconnue. Les 35 Mathématiciens font des incrédules, di- 5, tes vous, qui abulent de leur réputation ,, & de leur autorité , pour pervertir le „ monde. En vérité, Monfieur, ceci nous ,j paroic nouveau, & nous furprend beau- „ coup ; nous n'appercevons rien de tel ,, ici, & nous avons de la peine à croire , ,, qu'il en foit autrement ailleurs. Mais ,, fjppofons pour un moment que l'accufa- ,, tion foit fondée,* avez vous bien exami- ,, né , s'il ell: de l'intérêt de la Religion , „ de publier dans le Monde, qu'un nom- „ bre confiderable de gens favans, & fi ,, favans , qu'ils pajjent pviir co7icei'oîr les ,, chofes plus dijlinctement ^ pour les examiner „ avec plus de foin , & pour raifonner a^vec ,5 plus de juftejje que les autres hommes^ ne ,, croient pas la vérité de la Religion Chré- „ tienne? C'eft là, fi je ne me trompe, ,, un langage plus convenable à un Alci- 55 phrQn ou a un Lificles (a) , qu'à un Théo- ,, logien Chrétien. Ne le dites point dans ,, Gad, ^ ne le publiez point dans les rues ,, d'AJcalon. Car quoique la vérité de la „ Re- (.i) Perfonages, qui combattent la Relig'on dans le Peiit-Fhilfo-ihe, 408 BiBLIOTHEqUE BRITANNIQUE, 5> Religion Chrétienne foie établie fur des preuves folides, ... je craindrois pour- cane , que ce ne fut un grand fujct de fcandalc pour les Efprics foibles, lion leur perfuadoin, que géncralemenc par- lant, les plus grands hommes, à, ceux qui raifonnent le mieux font incrédules. „ Faifons une nouvelle cûficellion, fup- pofoDS avec vous, qu'il foie non feule- ment vrai, mais même de notoriété pu- blique 5 que le Corps entier des Ma- thématiciens foit ennemi de la Reli- gion Chrétienne i Quelle méthode fau- droic - il employer contre eux ? Quelle méthode? direz vous ; il faut les ruiner de réputation ; & li nous ne faurions les attaquer du coté des mœurs, travaillons au moins à montrer, qu'ils n'ont ni fa- voir ni bon fens: ce fera le moyen de détruire l'autorité qu'ils ont aquife par- mi le Peuple , 6i d*cmpécher qu'ils ne féduifent ceux , qui feroient allez im- prudens, pour s'en rapporter a leur ju- 3, gemcnt, dans des chofes de la dernière ., importance, &c. En vérité, Ivîonfieur, „ ce^te Méthode eft admirable, foyez af- „ furé de réulTir en la fuivant, au moins „ faut il avouer, que vous fuivez parfaite- „ ment bien la voye ancienne ^ & que vous „ favez faire un meilleur ulage de YOdiiun „ Theolog'.cu?n^ de ce zèle immodéré, que „ les Théologiens ont fi bien fçù faire va- 5, loir depuis long-tems. Mais oft-cc là la „ Mé- Janvier, Février £t Mars. 1735. 409 55 Méthode, que J. C. & les Apôtres ont 5, employée?.... On dira peut-être , que 55 ce font là de trop grands exemples pour 3, vous; roç aThu ; Que perfonne île re- 33 çoive les ordres, à moins qu'il ne foie 3, habile dans les Mathématiques,,. Pour moncrer, que le Clergé ell capable de 4IO BibliothequeBritannique, de cette étude, on fait ici un grand éloge des Eccléfiaftiques d'Angleterre, qui négli- gent tous les plaifirs du fiècle , toute occu- pation mondaine, pour fe rendre capables d'exercer les fondions de leur charge. Cet éloge a bien l'air d'être un peu ironique, fur-tout lors qu'on fait attention à ce qui eft dit de Mr. Berkeley en particulier. „ Vous, Monfieur, lui dit-on, avez déjà montré au Clergé avec combien de faci- lité il peut le faire , ( étudier les Ma- thématiques) puifque malgré le grand nombre , à. l'importance des affaires , dont vous avez été chargé ici, & dans des païs très éloignez non feulement vous avez pénétré dans ce qu'il y a de plus abftrait &: de plus difficile dans les „ Mathématiques , mais miéme par votre ^, extrême application, vous en avez fçû 5, découvrir les défauts les plus cachez , & ,, en avez développé les Sophifmes les „ plus embarraflans" & les plus fubtils. Je „ ne doute point , que votre exemple ne 3, reveille lî bien le zèle, la piété & l'in- „ duftrie de vos confrères , que déformais „ fi Euclide, Archimede , ou Apollonius, 3, fe trouvent le moins du monde oppofez „ au progrez du Chriflianifme, on ne fafle ,, voir ailément, qu'ils font coupables d'er- 3, reurs à. d'inconfequcnces autant que Mr. 5, Newton lui-même,,. On ajoute à tout cela plufieurs traits vifs & piquants contre Mr. Janvier, Février et Mars. 1735. 411 Mr. Berkeley , auxquels il n'eft pas à pro- pos de nous arrêter, parce qu'ils font trop perfonels. Jufqu'ici on a fuppofé la vérité de Tac- cufation d'incrédulité , que Mr. Berkeley intente aux Mathématiciens ; mais on vient eniuice à en demander la preuve; car on n'en trouve aucune dans toute la pièce de l'Accufateur. „ Vous n ignorez pas ^ lui dit- „ on , quel abus les Mathématiciens font de „ leur Autorité , la cbofe , dites vous , eji 5, connue^ vous l'avez apprife par des voyes „ feures. Fort bien : Que l'on pende donc, 3, que l'on brûle tous les Mathématiciens; „ que l'on crie haro fur eux ; qu'on excite 5, la populace à les déchirer en pièces, ,5 Tros , Rutulufue fuat , Laïques & Ecclé- „ fiaftiques , quoiqu'un grand nombre de „ ces derniers ayent fait honneur à leur 55 ordre , par leurs prédications , leurs E- „ crits , & leurs mœurs irréprochables. „ Qu'on déterre les corps des Barrows & ,, des Newtons , qu'on les brûle fous la „ potence, & qu'on démolifle les monu- „ mens , qu'on leur a dreflez. Quoi ! Le „ premier n'a- 1- il pas toujours été regardé 5, comme une des plus grandes lumières ,„ de l'Eglife; & ne convient-on pas, que „ le fécond étoit un très bon Chrétien; ,, qui même a fourni d'excellentes preuves „ de la bonté , de la fageffe, & de la puif- „ fance de l'Etre fuprême ? N'importe. 5, Leurs Se(5tateurs foiic des Libertins, de 4Î 2 B I n L t O T II E Q U E BRITANNIQUE, 5, Petits Pbihfopbes , des Incrédules , qui ta- jj chenc de pervertir le monde ; Le'Doc- 5, ceur B. . . » y ne l'ignore pas , la cbofe ejl 3, connue^ il la apprijè par des voyes Jures. 3, Quoi, Aloiilicui. Sommes nous en An- ), gicterre ou en Efpagne ? Le langage 3, que vous tenez elt-il celui d'un faux a- 3, mi, qui dénonce quelque Hérétique à 35 l'inquilition ; ou eft-ce celui d'un Théo- „ logien Proteftant , qui accule un grand 3, nombre de perfonnes, qui font profef- 3, (ion de la Religion Proceltante , ôc cela 3, dans un pais Proteitant? J'avoue qu'eu 3, Efpagne une femblable accufation feroit ,, terrible , quelque innocent qu'on fur. 3, Mais ici, grâces à Dieu, & à nos Li- 3, bercez en matières civiles & eccléfiafti- 3, ques, puifqu'on n'allègue aucune preuve 3, contre nous , nous n'avons autre chofe 3, à faire , qu*à protefter de notre inno- 3, cence , à nier abfoiument l'accufation, 33 & à vous dire , que ceux: qui ont té- 3, moigné contre nous , quelques croya- 3, bles qu'ils vous paroiflenc , ne font que ,, d'impudens & d'infâmes calomniateurs,,. Ceci e(t un peu fort; Philalerhes l'avoue, mais il croit, qu'une accufacion auiîi gra- ve , & en même tems aufli mal fondée, que celle-là, juftifie ce langaiic. Il ajoute, qu'il ne croit point que l'Ëvêque foit l'Au- teur d'une fi horrible calomnie,, mais , dit- il, on ne fjuroit n^cr , qu'il n'ait été bien crédule 3 s'il y a ajouté foy ,* (Se il efl: cou- pable Janvier, Février et Mars. 1735. 413 pable d'une injuftice impardonnable , pour avoir public & répandu par tout le Royau- me une il noire calomnie. On pafle enfui te au fécond chef d'accu- fation contre les Mathématiciens moder- nes, favoir, qu'ils travaillent à pervertir le monde. Suppofant que cela foit vrai, quoi- que Mr. Berkeley n'en allègue aucune preu- ve, on demande, s'il y a quelque apparen- ce, qu'un homme défère au jugement d'ua Mathématicien en fait de Religion , pliitôc qu'en ma:ière de Droit ou de Médecine , feulement parce qu'il eft Géomètre ? Ou que des Efprits foibies reçoivent fes déd- iions contre le Chriftianilme , parce qu'il raifonne bien en Mathématiques ? Le Doc- teur Barrow étoit le plus grand Mathéma- ticien de fon fiécle en Angleterre; il étoit en même tems Théologien favant & Or- thodoxe: Cependant les Ariens, les Soci- niens, les Quakres fubfiftent encore, quoi- que ce grand rnaitre en fait de Raifonnement ait été d'un autre fentnnent qu'eux. Et par rapport à Mr. Newton, les François mêmes reconnoiflent qu'il étoit plus grand Mathématicien , qu'aucun de fes contem- porains même en France ; cependant on n'a pas ouï dire , que l'autorité de Mr. Newton, zélé Proteitant, ait emmené au- cun Mathématicien à la Religion Proteftan- te. Et lors que ce grand homme étoic malade, quoiqu'un grand maître en fait de raijimnement , il ne s'en rapportoit pourtanc Tome IF. Part. IL Dd pas 414 Bibliothèque Britannique, pas à fon propre jugement pour prendre des remèdes, mais il envoyoic chercher le Médecin , aux ordonnances duquel il fe foumeccoir, & il y a lieu de croire, que dans l'occafion il auroic eu le même égard pour fon Avocat. On vient après cela aux objeélions, que Mr. Berkeley a faites contre les Mathéma- tiques 5 ou plutôt contre cette partie des Mathématiques , qu'on appelle la Metbods des Fluxions. Ces Objections fe reduifent à trois claflès. i. L'obfcurité de la doctri- ne en elle-même. 2. Les faux raifonne- mens employez par Mr. Newton , & reçus implicitement par fes Sectateurs. 3. Les artifices & les déguifemens, dont Mr. New- ton s'eil fervi , pour en impofer à fes dif- ciples, & leur faire recevoir fon Syftême. Ces objections nous obligent à retourner au Livre de Mr. Berkeley , afin de les rapporter avec fidélité ; nous joindrons à chacune la réponfe de l'Auteur de Cam- bridge. I. L'Obfcuviré de la DoCtrine des Flu- xions. Mr. Berkeley promet d'examiner cet- te doctrine avec toute l'impartialité poffi- ble ; & foumet fes Reflexions au jugement de tout Lecteur équitable ; & il faut avouer qu'il a aflez bien traduit un pafTage de îvir. Newton dans fon introduction au Traité des Quadratures ; il remarque après cela , qu'il y a encore des Fluxions- de Fluxions , qu^on appelle Fluxions fécondes ; qu'il y a 'des i Janvier , Février et Mars. 1735. 415 des Fluxions de celles-ci , qu'on appelle troifiémes, qu'il y a les quatrièmes, cinquiè- mes, (ixiemes Fluxions, ikc. „ Et comme a, les (èns, ajouce-c-il, onc de la peine à „ appercevoir les objets extrêmement pe- 3, tits à déliez , ainli l'imagination , facul- „ té qui dérive des fens, elt fort embarraf- 5, lee lorlqu'il faut fe former des idées 5, claires des plus petites parties du tems, „ ou des petits incrémens engendrez dans „ ces petits efpaces de tems ; & encore 5, plus , lorfqu'il faut comprendre ces wa- „ menîums ou incrémens des quanîttez fluen- 5, tes dans leur première origine, dans le 5, commencement de leur exiftence, avanc 3, qu'ils deviennent des particules finies ; 5, il parole plus difficile encore de conce- 3, voir les velocitez de ces imparfaites ,5 entitez n ai flan tes. Mais les Velocitez des ,, velocitez, \ts fécondes , troifiémes ^c. velO" 5, citez 5 furpaflent li je ne me trompe tou- „ te intelligence humaine : Plus rEfprit a- „ nalife 6c pourfuit^ces idées fugitives, „ plus il s'égare 6: le perd ; des objets û 3, déliez échappent bien-tôt à notre vue. 5, Certainement dans quelque fens qu'on „ prenne ces termes de Fluxions fécondes , troifiémes, (^c. ils renferment un Myflè- re bien obfcur. La ^vélocité naîjunte d'ttr ne vélocité naijjante , VAuginent naiffant d'un Augment naiffant y c'eit- à-dire d'une chofe , qui n'a point encore de gran- „ deur; couûderez cela fous quel point D d 2 ^ de 4.16 Bibliothèque Britannique, de vue il vous plaira , & je me trompe 5, fort li vous ne trouvez qu'il eO: impof- 5, fible ûe le concevoir clairement ; j'en 3, appelle à l'expéri-ence de tout Lecteur 55 intelligent : Et 11 les fluxions fécondes 5, font inconcevables, que penferons nous ,5 des troifiémcs , quatrièmes, cinquièmes, 35 &c. & ainfl de fuite, fans fin ni bornes,,. Mr. Berkeley attaque enfuite de la mê- me manière la méthode des Mathemati- -ciens étrangers , qui au-lieu de quantitez flue?iîes & de Fluxions, parlent de Quanti- tez z'ariables , & de leurs différences infini- ment petites. Il trouve la même obfcuri- té dans cette méthode, que dans celle des Fluxions ; les Quantitez infiniment petites furpallent, dit-il, fa compréhenfîon , & les différences fécondes, troifiémes, u.c. font ielon lui, de pures chimères, des impolTi- bilitez, des contradiûions. Voyons com- ment on lui répond fur ces articles. On avoue d'abord , que la Doftrine des pluxions eft une des parties les plus diffi- •ciles des Mathématiques» Mais û les prin- cipes de cette Doctrine paroiffent inintel- ligibles à Mr. Berkeley, ils ne le pai-oif- fent pas à une infinité d'autres perfonnes, -qui les comprennent très bien. 11 efi: vrai que Mr. Berkeley en appelle à l'expérience de tout Ledteur intelligent. Mais on lui demande , s'il entend par là un Leâ:eur verfé dans les Mathématiques, ou un hom- me, qui n'en a aucune connoiflance ; au pre- I îiNviER, Février et Mars. 1735. 417 îmier cas on confent de s'en rapporter jugement d'un tel Ledeur; mais au fe- nd on demande comment un homme , i n'eft point Mathématicien, pourra ju- r de la Méthode des Fluxions? Mr. Ber- ley dira peut-être, qu'il leur a donné le idée de cette Doctrine, &; qu'ils peu- .'Ut en juger par ce qu'il en a dit. Mais, i dit-on, 5, avez vous reprefenté cette doctrine avec impartialité, eu avez vous donné une jufte Idée ? N'avez vous pas extrêmement abréi^é 5 ce que Mr. New- ton, dans l'endroit que vous citez , a- voit dit avec plus d'étendue , dans le deilcin de faire mieux comprendre fon Syftéme ? Avez vous rapporté ce qu'il , dit dans un autre endroit de fes Ecrits , (a), oîj il démontre géométriquement, , le fondement de fa Méthode, où il l'exr , plique au long; où il lève les difficultez, , 6: répond aux objections dont elle eft , fulceptibleP N'avez vous pas changé fes , expreilions de manière à confondre & , faire égarer le Lecteur, au lieu de Tin- , ilruire ? Où trouvez vous, que Mr. Nevv- , ton ait jamais employé ces expreilions , „ les Vélocitez des Félocitez, fécondes, troi- „ fiémes , quatrièmes, &c. Vélocitez ; La> ,, I^élocitè commençante d'une Vélocité com- „ mençante ; VAuginent naiffant d'un Au- „ gment naijjant ? Klt-ce là la lignification „ pro- ( /) Princip. Phfl. Ma^h. Lib. T. Sac. I. Dd3 4îg Bibliothèque Britannique, 3, propre & naturelle de ces expreffions, 3, Fluxiomim mutaîioites magis aut minus ce- 3, kres 5 ( les changemens plus ou moins 55 rapides des Fluxions ) ? Croyez moi , 3, Monfieur , il eft aifé avec de femblables 3, fraudes pieufes de faire paroi tre abfurde, 3, quelque doftrine que ce foie , même au 35 Ledteur le plus intelligent, à moins qu'au 35 lieu de s'en rapporter à ce que dit un 35 adverlaire, il veuille bien fe donner la 3, peine de recourir à l'Auteur même qu'on 35 prétend critiquer ,,» II. La féconde objection de Mr. Berke- ley regarde les faux Raifonnemens de Mv, Newton , adoptez aveuglement par les dif- ciples. Il en donne deux exemples 5 qui furprendront fans doute ceux qui ont quel- que connoiflance du Calcul différentiel 5 ou des Fluxions. Voici le premier exemple. Mr. Newton démontre (a') 3 que fi les cotez d'un Redlangle A B croiiTent ou dé- croilfent continuellement 5 V Incrément^ ou pour parler avec les Mathématiciens Fran- çois la différence de ce Redangle fera a B •^ h A, Car lors que les cotez A ^ B étoient deficiens de la moitié de leur mo- mentum ou différence , le Redtangle étoic A^^^aX B — h, c'eft-à-dîre5 A B — \a B — {h A-^ { ah & dès que les cotez font augmentez des deux moitlez de leur mo- men- (/r) Ibid. Lib. IL Lem.U. Caf. i. Janvier, Février et Mars. 1735. 4^9 Tiientum^ le Redtangle devient A -\- { a X 'B-^\ h, c'eft-à-dire AB^ \ aB^\ h A 4-î at: De ce Redlangle retranchez le pre- mier 3 il reliera aB^^bA, incrément du Rectangle A B , produit par les incrémens des côcez. Mr. Berkeley trouve cette manière de parvenir à l'incrément du Redangle A B indirecte & fautive. La Méthode directe, dit-il j feroit de prendre les cotez du Rec- tangle augmentez de tout leur incrément, & de les multiplier l'un par l'autre , A-^a X B-h-b ; alors on trouvera que Tmcrément du Reftangle AB efl Ab-^-B a -^ ab, qui excède celui , que Mr. Newton a trouvé de la quantité a b. Il ne iért à rien de dire, ajoute Mr. Berkeley, que la Quantité a b eh infiniment petite par rap- port aux deux autres ; puifqu'on nous af- fcure, qu'en Mathématique, il ne faut pas négliger la plus petite erreur. Li rébus Matbetnaticis errores quam minimi non funt coniemnendi (û). Là-deflus i'Auteur accufe la Méthode des Fluxions d'obfcurité & d'inconfequence. „ On ne fauroit faire un 5, pas, dit il 5 avant que de s'être débar- 3, rafle de la Quantité a b ; pour cet ciFec „ on change la notion des Fluxions, on „ la met dans des jours difFerens, on em- „ barrafle des Principes , qui devroienc ,5 être i/t) Introduâ. ad Quadrat. Curvan Dd 4 4-20 Bibliothèque Britannique, ^, être de la dernière clarté ; & les termes ^, donc le iens devroic êcrc fixe & décer- j, miné, fonc équivoques & ambigus. Ec 3, malgré toute l'adrefle cS: l'habileté de 5, l'Auteur , il ne fauroit fe debarralTer de 3, cette Quantité a b par un raiibnnement 3, légitime 6c concluant ,,. Ceci e(t ac- compagné de quelques accuditions perfon- nelles contre Mr. Newton, dont nous par- lerons dans la fuite: mais il faut voir pre- mièrement , comment l'Apologifte de ce grand homme répond à cette terrible diffi- culté, qu: -cmbarraile fi fort Mr. Berkeley. Après'" avoir expliqué en peu de mots la Propofition , que Mr. Newton vouloic prouver, on remarque, ,, i. que lai & Mr. 5, Berkeley s'accordent à prendre le ter- ,, me de momentwn pour lignifier indifl^e- 3, remment V incrément ou le décrér.ient à\\- 5, ne Quantité variable. 2. Que Mr. Ber- 3, keley a bien démontré , que l'Incrément „ du Redangle A B cïi a B-^-h A-^a h^ 3, 3. Que aB-^bA — ab eft le décré- 3, ment du même Reftangle , comme on 3, peut le prouver par la méthode que Mr. 33 Berkeley a employée. 3, A prefent , ajoûte-t-on, en s'adrefTant 3, à lui , je prens la liberté de vous de- 3, mander à vous , qui voyez beaucoup 3, plus clair dans ces matières , que Mr. „ Newton, ou qu'aucun de fes Sénateurs, „ laquelle de ces deux Quantitez vous 3, voudrez nommer le momentum du Redan- Janvier , Février et Mars. 1735. 421 „ gle A B. En vérité le cas eft embarraf- „ Tant ; la différence de ces deux Quanti- 5, titez Qiï 2 a b , précilement le double de 5, ce malheureux a b, qui vous caufe tanc 35 de peine. Cependant ces deux Quanti- 3, tez prétendent avoir un droit au titre de 3, momentum , 6c fi égal , que quoique je 3, fois convaincu de votre adrelTe & de 33 votre habileté, je ne vois aucun moyen 3, de finir leur dilpute par un raijonnement ,3 concluant & jiijte. 11 n'a, je crois, que 3, deux voyes pour les accorder. L'une 3, eft de les faire jouer à croix & à pile, 3, pour lavoir laquelle des deux aura le ti- 33 tre de momentum ; ou fi cette voye pa- 3, roic trop enfantine , ce peu digne' de la 3, gravité des Quantitez Mathématiques , „ il faut qu'elles finiflent leur différent à 3, l'amiable, & que fans prétendre aucune 3, prééminence l'une fur l'autre, elles con- 33 viennent qu'elles font enfembîe deux 3, momentums.. Voici ce qui en arrivera; „ puifque a B-v- bA-{-ab-\-aB-\-bA-^ yy a b font enfembîe deux momeiitums du „ Rectangle A B^ il fuit de là, que a B+- y, b A elt un feul mommtum du même „ Keftangle. On voit, que le Défenfeur de Mr. New- ton badine ici ; & en efiet la difficulté de Mr. Berkeley ne méritoit guères d'autre réponfe, que d'être tournée en ridicule; cependant on repond auffi à cette difficulté d'une manière plus férieufe , en develop- Dd 5 pane 41Î Bibliothèque Britannique, pant la Méthode des Fluxions ; & pour fai- re mieux comprendre à ceux, qui ne font pas fort verfés dans les Mathématiques , que la négligence de cette quantité a h n'eft d'aucune importance , on leur propofe l'e- xemple fuivant. Suppofé que deux Arithméticiens difpu- tent entre eux , s'il faut préférer l'ufage des fractions vulgaires , à celui des frac- tions décimales: celui qui feroit pour l'u- fage des fracliions vulgaires, & qui foutien- droit qu'il faut exprimer le tiers d'un de- nier par exemple , de cette manière \ , fe- roit-il raifonnable, s'il accufoit l'autre d'a- gir à l'aveugle , & de ne favoir ce qu'il fait, lorfqu'il exprime la même quantité en fradions décimales , o. 33333 , fous pré- texte que cette exprefiion ne donne pas la valeur exacte du tiers d'un denier. II efl: aifé de faire l'application de ceci à la dif- ficulté propofée par Mr. Berkeley. Ce Prélat a attaqué aufli Mr. le Marquis de l'Hofpital , qui démontre (fl), que la différence de .r 7 eft 3/ rf a: -1- x ^ 3; , au lieu que félon Mr. Berkeley elle doit être^^x •^xà-j-\-àxdy ; mais comme ce dxdyy qui répond à la quantité ah dQ Mr. New- ton, cmbarrafToit l'Auteur de VAnalyfe ^c. il s'en défait cavalièrement & la rejette fins cérémonie, „ Cela eft-il vrai, deman-, „ de-t-on là-deflus à Mr. Berkeley ; Mr. le 5, Mar- {a) Analifc des Infîn petits , Part. I. Prop. 2. Janvier 3 Février et Mars. 1735. 423 5^ Marquis de PHofpital , dans le tems mê- 55 qu'il rejette cette quantité , n'en donne- 3, t-il pas la raifon, ce cela dans la Propo- „ fition même , que vous citez ? Ne dit-il 5, pas, qu'il la rejette, parce qu'elle eft 5, mfiniiiient petite par rapport aux deux 5, autres termes xdy & ydx'^ Ne le dé- j, montre -t-il pas? Et pour prouver le 5, droit qu'il a de rejetttr cette quantité ,, ne renvoyé- t-il pas à fa première deman- 55 de? Avez vous donc rendu juflice à ce 3, grand homme, en cachant tout cela à 3, votre Leàeur intell.gent , au jugement 3, duquel vous vous luumettez ? Et n'en 3, impofez vous pas au Lcdleur, en difant 3, que cette quantité eft rejettée fans la 3, moindre façon ? 3, Vous direz peut -être, que vous ne 3, paflez pas à Mr. de l'Hofpical fa deman- 3, de. En ce cas, Monfieur , vous ne de- 3, vez point lire fon Livre; cette demande 3, eft à la tète de fon Ouvrage 3 comme ,3 une déclaration authentique à tout Lec- 5, teur, que s'il ne l'accorde pas, on n'en- 3, treprend pas de lui rien prouver de tout 3, ce fait. Si vous accordez la Demande , 3, vous ne pouvez pas nier , qu'il n'ait rai- „ fonné jufte , & en véritable Mathemati- 3, cien 3 lorfqu'il a rejette la Quantité ^^ dxdy. Et fi vous, n'accordez pas fa 3, demande, vous n'avez aucun droit d'at- 35 taquer les Raifonnemens , qu'il fonde là- j, deflus, mais feulement d'alléguer les rai- „ fons, 424 Bibliothèque Britannique, „ Ions, pour lefquelles vous rejettez cet- ,, te demande „. La féconde Propoficion combattue par le cenfeur de Mr. Newton , eft celle dans laquelle ce grand Mathématicien démon- tre , que les Fluxions de deux Quantitez quelconques x à. x'' font comme i à X'^-k Ceux qui ont quelque connoiflance du cal- cul des Fluxions, peuvent aifément s'ima- giner, fur quoi tombe la difficulté de Mr. Berkeley, èi coinment on y' répond ; & ceux, q'ui n'ont point d'idée de cette Mé- thode, ne comprendroient rien à tout ce que nous pourrions dire là-deHus. Nous ne faurions cependant nous empêcher de fai- re remarquer la bonne foy du Cenfeur , qui traduit ces exprcffions de Mr. New- ton , ei-a7îefcant jam augmenta illci , que ces incrémens deviennent nids , ou qiCU n'y ait point d'incremens ; il n'elt pas neceffaire de dire, que cette faulTe traduction eft vive- ment relevée, Mr. Berkeley, qui prétend que les prin- cipes de la nouvelle Analyfe font faux, a- voue pourtant que les confequences , qu'on en a tirées font véritables: Mais il expli- que bien-tôt cet étonnant Paradoxe , en faifant voir, que l'erreur, qu'on a com.mî- fc dans le Principe, fe trouve exaélemenc corrigée par une erreur contraire & équi- valente, erreur pourtant, que les nouveaux Analyftes n'ont jamais foupçonnée, & qui leur auroic été toujours inconnue , fl Mr. Ber- Janvier, Février et Mars. 1735. 42 ^ Berkeley n'avoic eu la bonté de la décou- vrir. Cette découverte eft (i ingenieufe , que nous croyons devoir la communiquer à nos Ledeurs de delà la Mer , qui appa- remment ne verront jamais la pièce de Mr. Berkeley. Soit la Courbe A B (a) ; la Coupée A P y x\ l'Ordonnée P B ^ y^ la différence de la Coupée, Pikf, dx, celle de l'Or- donnée R N , dy. Par la Méthode de l'Analyfe des infiniment petits on trouve, RN^ RB :: BP , PT, c'eftàdire, dx, y d X ^y ' • y » d^^^ ^^^^ ^'^^ fuppofe être la fouftangente P T, Mais il y a ici une erreur, car ce n'eft pas le Triangle RNB^ mais RLBy qui eft femblable k P B T, De forte , que le premier Terme de la Proportion doit être JRL, c'eft-à-dire, RN-\-NL Çdy-^z), ce qui donne 'V d X -j^^ pour la véritable expreflîon de la fouftangente. Maintenant l'Equation de ]a Courbe yyzzpx donne félon la Mé- thode ordinaire , 2y dy zzp dx^ & d y zz ^ — . Mais il y a encore ici une erreur.; cai- ladi^ereiîce de 3» 3/ eft oydy-h-dydy: D'où il fuit , que 2ydy-^dydy:zzpdx,àc , p dx dy dy ,, ^, ^ 3^ _ ^^y =^ ; l'erreur eft donc ici (/i) Voyez la Figure. 425 Bibliothèque Britannique, ici ésale à — *^— ^, & cette féconde er- 2 31 ' reur étant précifement égale à la première % (rt), & affedée d'un figne contraire, el- les fe compenfent réciproquement. Il n'eft pas difficile de répondre à ces Remarques. „ En commettant les deux 5, erreurs, dit TAuteur de Cambridge, ou 3, en les évitant toutes deux, vous trou- ,, vez la véritable Ibullangente j zz 2 X 5, Si en corrigeant la première erreur vous „ commettez la féconde ,■ vous aurez szz 2 '"V s* 20; X — - — '^-^-. Enfin fi corrigeant la ,, féconde erreur, vous commettez la pre- mière, vous trouverez szZ2x Y^ 2y i-ay^ 2 y Or je foutiens, que ces trois valeurs de j- font exactement égales encre el!es. Je fais que vous le nierez; vous foutien- „ drez , que 2 X X — '^ — eft moindre 2y-^dy „ que 20;, & que 2X X IZJZ — 2 eft plus „ grand que 2 x. Permettez-moi , Mon- 5, îieur, que pour l'inflruftion de quelques- „ uns de mes Ledeurs , je vous fade une „ Queftion. Suppofé que la véritable fouf- „ tangente 2 x ait deux mille lieues de „ longueur, de combien la féconde valeur „fg- {a) L'Auteur le démontre dans le §. fuivant. Janvier, Février et Mars. 1735. 427 5, feroit elle plus petite, ou latroifiémeplus 3, grande? feroit-ce d'une aulne, d'un pié, 5, d'un pouce, ou a'une ligne? non pas mê- „ me delà cent millième partie d'une ligne. ,, Quelle eft donc cette différence ? Peut- „ on dans le nombre infini de Fradtions 5, poflible , en aiîîgner une qui exprime ,, cette différence? Vous devez convenir „ vous-même, que cela eft impoffible; 6c „ vous êtes forcé d'avouer, que s'il faloic „ exprimer ces trois valeurs en nombres , ,, il faudroit les exprimer toutes trois par „ locx) , fans la moindre variation , addi- 5, tion, ou diminution. Voila donc la ter-. 3, rible poutre, qu'on a découverte dans ,, les yeux des Mathématiciens , & en „ comparaifon de laquelle toutes les diffi- 5, cultez de la Théologie ne font que des ,, fétus & des atomes ,, ! III. Le troifiéme chef d'accufation con- tre Mr. Newton renferme les Artifices & les Fraudes dont il s'eft fervi, feîon Mr. Berkeley, pour faire recevoir fes faux rai- fonneméns à fes aveugles Seftateurs. On a déjà refuté cette accufation en faifant voir, que les prétendus faux raifonnemens de Mr. Newton ne font rien moins que faux, & par confequent que l'Auteur n'a- voit pas befoin, d'employer la Fraude & l'Artifice , pour les faire recevoir à fes difciples. Cependant pour mettre la bon- ne foy du Cenfeur de Mr. Newton dans tout fon jour , on rapporte un paflage tiré de 428 Bibliothèque Britannique, de VAnalyfte ^ fur lequel on fait quelques Reflexions ; voici ce paflage. 5, Lors qu'on confidère, dit -il (a), les ^5 Artifices 6l les détours qu'employé le grand Auteur de la Méthode des Flu- xions ; les différentes faces fous lefquel- les il préfente fes Fluxions ; les diverfes méthodes auxquelles il a recours pour prouver la même choie, on eit porté à 5, croire, qu'il doutoit lui-même de la juf- „ teffe de fes Démonltrations ; &; qu'il ,,. n'étoit plainement fatisfait d'aucune de 5, fes idées particulières , de forte qu'il n'o- 5, foit s'arrêter à un point fixe. Ce qu'il 5, y a de fur, c'eft qu'il a lui-même avoué, 5, qu'il étoit perfuadé de certaines chofes , „ qu'il ne pouvoit pourtant pas entrepren- 5, dre de démontrer aux autres (b) „. Voici la Rcponfe de Philaléthes. „ Ea „ vérité, Monfieur 5 dit-il, tout cela me 5, paroit bien injulte. Mr. Newton ayant , „ fait de nouvelles découvertes très uti- 5, les ... . veut bien nous faire connoitre 5, fa Méthode ; & parce qu'il n'eft pas aifé 5, de la comprendre , il a la bonté de la „ reprefenter fous différentes faces , afin „ de nous la rendre plus facile ; «Se vous 5, ofez vous en plaindre : Pour moi je lui „ en fuis infiniment obligé Mais „ vous, Monfieur, qui ne comprenez pas „ en- fil) The Analyft, pag. 27. {6) Voyez Lettre à Collins , Nov. 8. 1676. Janvier, Février et Mars. 1735. 429 35 encore fa méthode, de quoi vous plai* ,5 gnez vous ? Vous êtes encore dans l'ob- 5, icurité , & vous trouvez mauvais qu'il ,5 ait tant travaillé à répandre la lumière. 5, Mais , dites vous , il doutoit lui-même „ de la jujtejje de fes Démonjlrations. Quoi, „ Mr. lors qu'un Prédicateur inllruifanc „ fes Auditeurs fur quelque fujet difficile, 55 fe donne la peine d'employer des preu- 3, ves de divers genres, & de reprefenter 5, fon fujet fous plufieurs faces différentes, „ afin de le mettre à la portée de fes Au- 55 diteurs, direz vous, qu'il le fait, parce 3, qu'il doute lui-même de la folidité de 5, les raifonnemens ? . . . . Il eft certain , ,j que quoiqu'une feule preuve puifTe fu^- 3, re , lorfqu'elle efl: concluante, cepan- 3, dant il y a des fujets lî difficiles ou fi „ importans , qu'ils méritent qu'on em- „ ployé plufieurs fortes d'argumens & de „ reflexions , pour les éclaircir & les bien „ établir. Ceci fuffit pour répondre à vo* „ tre troifiéme chef d'accufation. Seule- „ ment je vous prie de corriger, ou plutôt 5, de fupprimer ce que vous avez cité,oa „ prétendu citer de la Lettre à Mr. Col- ,, lins. Il y a une grande différence entre „ dire, je ne puis pas entreprendre de prou- ,5 ver une chofe, & je ne veux pas l'entre- 3, prendre. Mr. Newton n*a dit que le „ dernier, & d'ailleurs le fujet dont il par- „ le n'efi: point celui dont il s'agit dans „ votre Livre „. Tome IV. Part. IL Ee La *f3o Bj^bliothe'que Britannique, La Réputation de Mr. Berkeley nous a obligé à donner un Extrait étendu de fon ouvrage , & de la réponfe qu'on y a faite , afiji qu'on ne s'imaginât pas, que les ac- çufations & les objections d'un aufîî habi- le homme que lui , fufTent bien fondées. On en jugera par cet Extrait , où nous n'avons preique fait que traduire & abré- ger les deux pièces, qui en font le fujet. Au refte on aflure que Mr. Middieton, dont le nom a déjà paru plufieurs fois dans notre Journal , eit l'Auteur de cette Ré- ponfe , qu'il a compofée de concert avec Mr. Smith , ProfelTeur en Agronomie à Cambridge. ARTICLE IX. "A new pande6l of Roman Civil Law, as anciently eftablish'd in that Empire, and now received and pra6tifed in mofl European nations: wich many ufeful obfervatÎQns thereon , shev/ing wherein that Law difFers from the municipal Laws of great Britain , from the Canon Law in gênerai , and from that part of it now in ufe hère with us in England. Whereunto is prefix'd by way of in- troduclioD a preliminary difcourfe tou- ching the rife and progrefs of the Civil Law y the names of the autihors and corn- Janvier, Février et Mars. 1735. 431 compilers of them ; the feverall éditions and the beft commentators thereon. By John AyhfFe LL. D. late fellow of New Colledge Oxon. C'eft-à-dire: Nouveau recueil du droit civil ttl quileji reçu y fuivi chez la plupart des nations de l'Europe^ accompagné de plufieur s oh" fervations utiles ou Ton voit en quoi cç droit diffère des loi x municipales de la Gran* de Bretagne , du droit canon en gênerai^ (^ de cette partie des loix canoniques qui eft en ufage en Angleterre : le tout précédé d'un difcours ou ïon expofe l'origine £5? ks progrez du droit civil depuis les premiers temps de l'Empire Romain^ ^ oh ton et auffi inféré un détail particulier fur les livres de cette Jurisprudence , les no?ris des auteurs , ^ des compilateurs des loix^ leurs diverfes éditions^ £5? les meilleurs commentateurs : par Jean Ayliffe Do5ieur en droite ci- devant membre du 7wuveaîi Collège d'Oxford, A Londres , imprimé pour Jean Osborne dans Gray's Inn. 1734. in fol. pagg. 6o8.y^«i le difcours préliminaire. ON voit dans la préface de cet Ouvra- ge dédié au Comte de Chefterfieid Ambafladeur extraordinaire d'Angleterre au- près des Etats Généraux, que Pauteur fe Ee 2 pro- 432 Bibliothèque Britanniquf, propofe fur tout, de le rendre utile à ceux de Tes Compatriotes qui fe deftinent aux emplois publics. Les Anglois ont des loix qui leur font particulières: Elles font un compofé de Jurisprudence Saxonne jDanoi- fe. Lombarde, èc Normande. L'auteur re- marque que ces loix font defedlueufes en bien des points, ù. il fouhaiteroit que dans les cas auxquels elles n'ont point pourvu , les juges Anglois euflent recours aux loix Romaines dont on ne fauroit trop admirer la fagefle & l'équité. La connoifTance qui en efl répandue dans les Etats voifms de l'Angleterre doit encore obliger les habitans de ce Royaume à les étudiera l'exemple de leurs voifms afin de fe pourvoir d'une règle générale &: commune pour terminer lesdif- ferens qui peuvent furvenir à l'occafion du commerce, (Se des négociations d'Etat. Ceux qui n'ont pas une connoifTance exadte des termes, & des principes du droit Romain font expofez à bien des furprifes : ils les éviteroient fans peine s'ils ne negligoient pas l'étude de cette jurisprudence qui a ré- glé autrefois le plus grand Empire de l'uni- vers , &: qui règle encore un fort grand nom- bre d'Etats. Le diicours préliminaire commence par l'éloge de la jurisprudence Romaine donc l'auteur fe propofe de donner un fyftéme complet dans ce volume, & dans celui qui le fuivra. Il dit que cette négligence donc jl fe plaine* commença vers la fin du règne d'Eli- Janvier, Février et Mars. 1735. 433 d'Elifabeth, & confîderant la faute que l'on a commife en cela, il s'étonne que les na- tions voifines de l'Angleterre ne foient pas dans l'admiration quand elles voyent que pendant tout ce long période de temps la Dation Angloife a pu fe foutenir au point de grandeur où elle eft encore , & fe main- tenir avec honneur au dehors ayant à faire à des gens qui les furpaflént en prudence & en adrefle dans les négociations, & dans la connoilTance des matières de commerce tant par mer que par terre. Mr. Ayliife en- tre fur cela dans des détails dignes de la confideration des Anglois. On voit après cela une hifloire fort de- taillée de la jurisprudence Romaine. Les Romains n'avoient dans les commencemens de leur ville aucune loy écrite. L'authorité defpotique de leurs Roys terminoit tout: chacun de ces Monarques faifoit des regle- mens à lafantaifie: Niima Pompiîius établit la forme du Culte divin fans faire aucune loy qui regardât le gouvernement civil; Tidlu^ & Ancus firent à la vérité quelques loix ab- folument necefTaires, mais du refte il y a apparence que les Romains fe conformoient alors aux ufages des anciens habitans du Latiwîiy lailTant à leurs Roys le pouvoir de régler les differens des particuliers par des fentences arbitraires. Les Loix & reglemens faits par les Roys furent recueillis aux pre- miers temps de la Republique par SextusPa- pirius. Le premier des Romains qui fe ren- Ee 3 dit 434 Bibliothèque Britannique, die remarquable par la connoiflance des loix. Son recueil porte fon nom : il n'y a eu pourtant d'autre part que la peine de le compiler ^ & de le mettre en ordre. L'au- teur croit que c'ed le même Papirius qui dans fon enfance trompa adroitement la mère: Cette Dame s'mforinoit de lui trop curieufement de ce qu'on avoit mis en dé- libération dans le Sénat. Les Confiais qui fuccederentaux Roys eu- rent l'autorité legiflative ,m'ais ils ne la pu- rent pas beaucoup faire valoir contre un peuple jaloux de fa liberté & en polleffion de fe gouverner plus par la coutume que par des loys établies : C'eft ainfi que les Romains vécurent pendant vingt ans après l'expulfion de leurs Ro\^. Les loix de Ju- lîius Brutus, & de Pubïicola regardoient la confervation de la liberté du peuple oppri- mé par la noblelle qui vouloit gouverner à fa fantaifie, cela excita des l'éditions com- me on le peut voir dans Tite Live, fi l'on n'aime mieux le lire dans l'hiftoire des ré- volutions Romaines de l'Abbé de Vertot. Les Decemvirs furent nommez trois cens ans après la fondation de Rome pour aller en Grèce afin d'y recueillir les lOix les plus fages des Republiques confédérées de ce pays-là : On en compofa les loix des dotLze tables que Ciceron dit être d'un plus grand ufcge que tous les écrits des Philolophes. L'auteur qui s'eft propofé de faire con- noitre les progrez de la jurisprudence Ro- maine y Janvier, Février et Mars. 1735. 435 inaine, entre dans tous les détails nécef- faires à fon plan; il explique ce que c'étoic quQ les plebijcitcs , les Seiiatus-conjultes ^ &.c. avec les ditrerentes manières dont le peu- ple s'aflembloit pour donner fon confcnte- ment aux loix propolées. 11 rapporte la création des Prêteurs qui tcnoient la place des Confuls quand ceux-ci commandoient les armées. Leurs fonctions étoient defup- pléer à ce qui manquoit aux |oix : ils le fer- voient pour cela des principes de l'Equité, en quoi le tribunal du Chancelier en Angle- terre leur reiïemble. Les Empereurs qui chargèrent le gouvernement Républicain conlérverent les "noms des charges auxquels le peuple étoit accoutumé : Cependant les Edits de ces Souverains eurent force deloy & furent recueillis dans le corps du droit Romain. L'auteur explique les divcrfes for- mes de ces Edits que l'on voit dans le Code compofé par l'aut.horité de Juftinien. Tout ce qu'on dit ici fur les recueils des loix Im- périales elt fort curieux, & fera lu avec plaifir par ceux qui aiment l'hiftoire Romai- nés, qu'on ne fauroit bien entendre fans une connoiflance fuffifante des loix de ce grand Etat. Notre auteur ne fe contente pas de rap- porter les noms de ceux qui ont rédigé en corps les ioix Romaines , tant celles de la Republique que celles des Empereurs, il fait encore le dénombrement de tous les comiBCHtateurs qui fe font acquis de la re- Ee 4 puta 43^ Bibliothèque Britannique, putation par leurs explications & leurs glo- fes : il remarque que la plus part de ces Jurisconfultes écrivoient mal en Latin ; qu'ils ignoroient l'hilloire 6: les belles lettres. C'eft dommage que de lî bons efprits dont nous admirons la pénétration & le bon fens , ayent été privez des connoiffances qui leur étoient fi neceflaires , & qui auroient fait lire leurs ouvrages dans les fiecles les plus polis. Peu de gens lifent aujourd'hui Âc- curfe y Azon^ Bartok &c. les Cujas, les Dua- rens & autres favans hommes qui les ont fuivis ont fait oublier ces anciens ukramon- tains 5 qui meriteroient pourtant d'être lus plus qu'ils ne le font. Il eft furprenantque Mr. Ayliffe ne dife rien du grand & bel ouvrage de feu IMr. Bornât Avocat du Roy à Clermont en Auvergne , nouvellement tra- duit en Anglois par Mr. Guillaume Strahan Do6leur en droit. Mr. Domat s'étoit appli- qué comme notre auteur, à faciliter Pétude •des loix Romaines : fes préfaces fjnt admi- rées parles connoiffeurs ,qui d'ailleurs font partagez fur le fuccez de fon entreprife. Il a voulu changer l'ordre des loix Romaines pour le rendre plus naturel; Cependant bien des Jurisconfultes , & en particulier Mr. Ay- liffe, prétendent que l'ordre de Juftinien , ou pour mieux dire de Tribonien'(Sc de Do- rothée 5 qui travaillèrent fous fes ordres , eft le mieux entendu qu'il foit poflible. On peut voir cela par les Synopfes de Cujas, de Pa- cius, & de Colombet: On le verroit peut être Janvier, Février et Mars. 1735. 437 être encore mieux par les ouvrages de feu hlr. Caufle Pro^lleur en droit à Montpel- lier, li Mr. Ion tiis qui occupe la même chai- re , vouloir bien donner au public ce quefoa père a laifie en écac d'être imprimé. Notre auteur en racontant ce qui regarde les differcns recueils des loix Rom.aines,ne manque pas de juger de la différence dti flyle Latm félon les differens ficcies : Bien des Critiques ont apperçu comme lui , la dif- férence du Latin du Digeile d'avec celui du Code qui efl: enflé & prolixe. Le flyle des refcrits des Empereurs qui refidoient'à Con- ftantinople,fefcntpIus de ce défaut que ce- lui des predecefîeurs de Conflantin , dont les exprefTions étoienc concifes & nerveufes, comme on peut le voir dans ce qu'on en trouve recueilli dans le Digefte. Cet ouvrage efl immenfe par la raifon qu'il faloit l'ex- traire des écrits d'un très grand nombre de Jurisconfultes, mais on l'eflimera moins fi l'on confidere que les compilateurs n'y em- ployèrent pas tout le temps neceffaire , ce qui fait regreter la perte des Originaux. Mr. Ayliffe rapporte les divers fentimens des écrivains qui ont attribué cette perte à Jullinien ou à ceux qu'il avoit chargez de compofer ce corps de droit; & des au- teurs qui juftifient la defTus cet Empereur. Quoiqu'il en foit les gens de lettres regret- tent ces beaux ouvrages tronquez &: muti- lez dans le recueil de Tribonien qu'on a ac- Ee 5 cufé 438 BiELiotHÉQûE Britannique, cufc d'avoir travaillé avec négligence , ôc avec peu de bonne foy. Les Infticudons ou les éiemens du droit Romain furent compoiez après le Digeite : ainfi les Jurirconfaltes précendent que ce pecît livre déroge aux loix du grand recueil quand celui-ci s'y trouve contraire. Après la publication des Inflitutions , l'Empereur Jullinien publia fon Code ou recueil des loix impériales avec des correftions & des ad- ditions: Il y ajouta les Nouvelles; c'eil ainfi •qu'on appeûe les Conftitutions des Empe- Teurs qui ne font pas inférées dans le Co- de. C'eft fur ces Nouvelles que notre Au- teur étale beaucoup de littérature & de cri- tique en rapportant les diverfes opinions des Jurifconfultes fur leur nombre, & fur la langue dans laquelle elles furent écrites ; ■& far le nom des Empereurs qui en font les auteurs. Les loix fur les fiefs ne font pas d'extradtion Romaine, comme dit notre Au- teur ,* Ce font des Conftitutions Gothiques d'une date plus moderne, réduites en corps par des Ecrivains qui ont vécu long-tems après. On verra encore ici l'hiftoire des Manufcrits du Digefte , ou des Pandeftes , dont le principal, ou pour mieux dire le feul eft à Florence dans la Bibliothèque du Grand Duc. Notre Auteur fait ici une digreflion fur les loix des Goths & des Lombards. Les loix des Vifigoths étoient établies en Italie _ avanc ' Janvier, Février et Mars. 1735. 439 avant le règne de l'Empereur juflinien. Ces peuples barbares vécurent d'abord dans le pays conquis lans aucune règle : Ils le civi^ liièrenc enfin , & formèrent un Corps dô loix écrites qu'Iiidore attribue à Euricus. Il eft vrai qu^ AtJulpbe ordonna l'an 412, que les Sujets obierveroient les loix Gociiiques conjointement avec les loix Romaines, 6c Aîharlc ordonna que ces mêmes loix fe- roient communes aux Goths & aux Ro- mains. On voit malgré l'oblcurité des faits hiftoriques qui regardent ces loix, que Ca- ricus qui gouverna les Goths établis dans là Gaule Narbonnoife depuis Tan 465 jufques à l'an 484, recueillit les loix éparles des Goths, & en fit une efpèce de Code doirt les Vifigoths fe fervirent. Dans la fuite Lé- vigilde étendit beaucoup ce Code en y a- joutant divers décrets faits par les Succcf- ieurs de Caricus , & particulièrement par Clmdefindiis 6: Recefwindus h. qui tout le mon- de a attribué la correction des loix Gothi- ques. Les Efpagnols les appellent Fzf^roy^is;- go , c'e(l-à-dire , jurifdiftion de« Juges. Ce recueil des loix Gothiques que PithoiL 6c Lin- denbrucb nous ont conlervé en entier, fut en force pendant quelque tems^ fans exclure entièrement le Droit Romatn. A?iia7i Goth de Nation conferva les relies des loix Ro- maines , (S: fit en Latin un abrégé du Code Tbcodoficn par ordre d'Alaric le jeune. Il y fit entrer les règles d'Uipien, les inftitu- tiôns de Cajus , i& ks fentences de Paulus. Après 440 Bibliothèque Britannique", Après que ce Code eut été fait pour les Attires dnns la Novempopulanie Tan 22 du règne d'Alaric le jeune , on en envoya des copies à tous les Comtes ou Juges des Etats à'Alaric pour régler le jugement de toutes les caufes. 11 n'y avoit alors en Italie aucu- ne autre loi reçue, & quoiqu' Alaric fut tué dans une bataille , l'année fuivante , & que le Royaume de Touloufe fut conquis par les Francs 5 T7j5o^or/r Roi des Oftrogoths fut adr mis au partage de cette conquête, & voulut que fa portion fut gouvernée par les loix des Goths. Un décret du Roy Chindifijoind abolit entièrement le droit Romain fous cer- taines peines, & l'on mit à fa place les loix des Wifigoths. Recefujind fon fils confirma ce décret, & dans la fuite le Roy Egica con- fia la correction des loix Gothiques aux E- vêques d'Efpagne qui furent chargez de les rendre conformes aux règles du Chriftianif- me, à la referve des décrets de Chindefwind* De cette manière les loix Gothiques fu- rent en force dans toute l'Efpagne, l'Italie, & la France, jufqu'à ce que Sanche Ramire Succefleur de Cbmdefwiud dans l'onzième fiécle , introduifit les loix Impériales ,d'OLi Alphonfe dixième tira la compilation inti- tulée les Partita qui fut le fondement des loix d'Efpagne. EnfuitePa/jfa^z Bourguignon de Nation fit un recueil des reponfes des Jurifconfultes tiré du droit Romain. Les Bourguignons & les autres Nations ve- nues de la Germanie , qui infeftoient les Gaules Janvier, Février et Mars. 1735. 441 Gaules accordèrent à leurs Sujets la liberté de fe fervir du droit Romain. Ce qui re- garde les loix des Oflrogoths en Italie efl fort incertain. L'Auteur rapporte un paflage de Jornandes, où Ton voit que Bicenœus dès le premier fiécle du Chrirtianifme obligea les Gotlis de fuivre leurs propres loix : ce qui pourroit s'entendre des Getes: Il efl plus certain que Theodoric Roy des Offcrogoths donna de Pautorité aux loix Romaines, com- me il paroit par le préambule d'un de les Edits. Ni lui ni fes SuccelTeurs ne firent au- cun corps de droit, mais à peine Juftinien eut-il conquis l'Italie fur les Goths que fes loix s'y établirent , fans pourtant que les loix des Goths y fuflent entièrement abolies. Les Lombards fous le règne à'Alhoin fe rendirent les maîtres de l'Italie & y intro- duifirent leurs loix : Environ Tan 637 Rotha- ris mit ces loix par écrit, & Grimoald par ordre de ce Prince y fit quelques additions. Luiîprand après Grimoald , ajouta d'autres loix auxquelles on joignit les Edits de Ra- chife , & d'AiJîulphe. Les Empereurs Char- lemagne , Louis le débonnaire , Lotaire , Pépin , Gui , Othon , Henry , & Conrad ajou- tèrent diverfes chofes inférées dans le droit Lombard. Lindenbruch ainferé ce corps de loix Lombardes dans fonÇode des loix an- ciennes jdivifé en trois livres fubdivifez en divers titres qui portent le nom des Roys ou Empereurs auteurs de ces divers Capitu- laires. Le premier compilateur de ces Ca- pi- 442 Bibliothèque Britannique, pitulaires ne nous eft pas connu, mais on voit qu'il doit être aflez ancien , puifque Cot- ta Sicilien , qui vivoit cinq cens ans avant les loix des fiefs, a fait un Commentaire fur ces Capitulaires. On peut voir fur toutes ces difcuïTions Co7iringiiis de Origine juris cap. 22. Le droit Romain ne laiiïbit pas de con- ferver toujours quelque autorité parmi tou- tes ces révolutions. Il fuppleoit à ce qui manquoit aux loix des Nations conquéran- tes fans choquer leur autorité. Ariflulpbe Roy de Lombardie qui dans le huitième lié- cle, mit fin à TExarchat de Ravenne par l'expulfion des Grecs , eut beaucoup d'é- gard pour les reftes des loix Romaines, com- me on le voit par les fréquentes citations qu'en font les loix Lombardes. Nous forti- rions des bornes d'un extrait fi nous nous étendions davantage fur ce fujet, que le Ju- rifconfulte Baudoin a très bien éclairci dans les prolégomènes de fon Commentaire fur les Inftitutions de Juftinien. On y voit la di- verfe manière dont les Sujets des Francs , Gaulois ou Italiens, reconnoiflbient le Co- de de Theodofe ou celui de Juftinien, félon la liberté que leurs maitres leurs en avoienc accordée ; & l'oubli oli tomba le Digefte qui a failli à être perdu pour toujours. L'Auteur rapporte après cela l'hiltoire des révolutions des loix Romaines qui furent entièrement négligées, oc la manière dont elles font parvenues jufqu'à nous. Elles eu- rent à combattre la jaloufie de quelques Em- pe- Janvier, Février f.t Mars. 1735. 443 pereurs qui fuccédèrcnt à Juftinien , & la fu- reur des Barbares qui vouloienc abolir juf- qu'au nom Romain. Les Bafiliques ou loix de l'Empereur Bafile qu'il vouloic oppofer à celles de l'Empereur Juftinien, n'ont point force de loi dans les Etats qui fuivent le droit Romain ,* mais elles font d'un grand ufage pour donner du jour , & pour rétablir le texte des loix de Juftinien que les Balili- ques paraphrafent quelquefois» Nous ne faurions fuivre l'Auteur dans ces difcufllons critiques fans tomber dans une longueur in- utile; ces matières fe trouvant rédigées dans plufieurs ouvrages des Jurifconfultes Fran- çois, Allemans, & Italiens. Il continue après cela à expofer Thiftoire du retabliftement du droit Romain en Italie & en France : Il rapporte les noms des il- luftres Profefleurs qui expliquèrent à Bolo- gne, à Montpellier & dans les autres Uni- veriitez de ce tems-là. En nommant les Pro- fefleurs qui fuccedèrent à ces premiers , il met par erreur Hugo Bonellus au nombre des Allemans : ce Jurilconfulte étoit François : On peut voir fon article dans le Didlionaire hiftorique & critique oii Pon trouve aufli ce- lui de Duarcn dont notre Auteur a mal or- thographié le nom , û ce n'eft pas une fau- te d'impreftion. Ce qu'il dit du règlement de Philippe le Bel fur l'étude du droit Ro- main n'eft pas exact : Ce Roi de France ne prétendoit pas que tout fon Royaume le gouverûàt feloa le droit non écrit, puifque plu- 444 Bibliothèque Britannique, plufieurs Provinces fuivoient déjà le droic Romain : entre autres celle de Languedoc , comme l'Auteur le dit lui-même. Ce même Monarque établit un Parlement fixe à Tou- loufe ville que Mr. Ayliffe paroit ne pas connoitre l'ayant confondue avec Toulon ville maritime de Provence. Il expofe tout ce qui regarde les tribunaux d'Efpagne , & d'Allemagne : L'Auteur paroit n'avoir rien négligé de tout ce qui mérite d'être fçu là- defllis, non plus que fur l'ufage des loix Ro- maines tel qu'il eft établi dans les pays qui îliivent leurs coutumes particulières. Le droit Romain fupplée à ce qui n'a pas été réglé par le droit coutumier, ou par le droic canon dans les Etats du Pape, où ce droit a prévalu fur le droit Romain par l'autorité des fouverains Pontifes. Ce droit canon ne contient prefque rien de bon à. de confide- rable qu'il ne doive au droit Romain ; l'Au- teur fait làdeflus une allufion à la fable du Geai paré des plumes des autres oifeaux qu'il avoit dépouillez. Il finit fon difcours préliminaire en refle- chiflant fur ce qui regarde les loix des Lom- bards, les Capitulaires de Charlemagne, & le mélange qu'on a fait en Angleterre des loix Romaines avec les loix des Saxons, des Danois, & des Normands, fur-tout dans les caufes qu'on juge à l'Amirauté. Cette Jurif- diftion dit Mr. Ayliffe , eft fouvent bornée par les cours ordinaires qui trouvent le moyen de s'attribuer le jugement des caufes donc Janvier, Février et Mars. 1735. 445 donc l'Amirauté devroit connoitre. On réfu- te ici certains Jurifconfultes François , qui faute d'entendre le langage dans lequel les loix d'Angleterre font écrites , ont cru que le droit Romain n'y étoit pas connu 5fur-touc ne connoiflanc pas le peu d'Anglois qui fc font appliquez à le commenter, au lieu qu'il y en a beaucoup parmi les autres Nations. Notre Auteur fait voir par des exemples confiderables que les Anglois fe fervent du droit Romain non feulement dans la forme de procéder m^ais encore dans le jugement du fonds. On cite là-defius l'Auteur du livre- intitulé Fleta & Braàon deux anciens Jurif- confultes Anglois qui ont beaucoup emprun- té du droit Romain : Ils l'ont incorporé avec le droit d'Angleterre que l'on peut comparer au vaiffeau des Argonautes par les additions & réparations qui y ont été faites en divers tems. L'Auteur nous apprend qu'en EcofTe le droit Romain efl fuivi quant à la forme de procéder, & que dans les Provinces unies le droit Romain a plus d'autorité qu'en Fran- ce, &en Allemagne. Les loix Romaines é- tant pleines d'équité, on les citoit fur ce pied^ là dans les tribunaux de cette République a- vant qu'on les eut reçues comme une loi conitante & établie , fur laquelle on fe régie toutes les fois qu'elle n'eft point contredite par celle qui eft communément reçue dans le pays; ÔCi^s juges font obligez par ferment d'oblerver le droit Romain fur ce pied-là. Les habitans de la Frifc s'attachent au droit Tome IP^. Pan, IL Ff Ko- ^6 Bibliothèque Britas:nique, Romain avec plus de rigueur encore que leurs Conféderez ^ & en préfèrent les loix à toutes les autres. L'auteur qui a fuivi exactement l'ordre gênerai des Jurisconfultes qui rédigèrent en corps les loix Romaines, divife fon grand ouvrage en quatre livres dont le premier traite des loix en gênerai , des coutumes , des ordonnances, des refcrics, des privilè- ges , de l'interprétation des loix , des dé- crets du Sénat Romain necefTaires pour l'in- telligence de cet ouvrage , des règles & principes du droit, de l'équité en gênerai, des rubriques & titres des loix &c. du droit civil Romain tel qu'il eft fuivi en An- gleterre , (Se de quelle manière il feroit ne- ceflaire d'en admettre la pratique fans pré- judice de la loy commune du pays, en di- ilinguant ce qui feroit pris du droit Ro- main, de ce qui le feroit de la loy com- mune , ce que l'on confond fouvent au grand préjudice des plaideurs , & autres fu- jets du Royaume. On termine ce livre par l'explication des term^es de droit, des de- finitions , des divifions &c. Le fécond livre traite de l'état des per- fonnes , pères de famille , fils de famille , maris & femmes &c. les aftes d'émancipa- tion 5 de manumiflion , les citoyens Ro- mains 5 les Empereurs , Roys , Princes , Con- fuls 5 Prêteurs , Eccleûafîiques , Ambafla- deurs , &c. Dans le troiûeme livre on parle des cho- Janvier , Février et Mars. 1735. 447 fes 5 elles font le fécond objet du droit; on voit ici leur divilion en facréos & profanes &c. avec la manière de les acquérir, con- tracts , tellamens , & autres voyes du droit des gens 6: du droit civil (Sec. On voit dans le quatrième livre , ce qui regarde les obligations en gênerai, les con- tradls & leurs dépendances, ce qui e(l d'u- ne grande étendue : Les obligations qui vien- nent du delict, du vol & de la rapine, (Sec. Voila le plan de cet ouvrage tiré comme nous l'avons dit des Jurisconfuites Romains qui diviferent leur compilation félon trois grands objets, ou titres, les perfonnes, les chofes (Se les actions, ou moyens de pour- fuivre en juftice ce qui nous ell: dû. Avant que de finir cet extrait nous ren- drons compte de ce que notre auteur die au titre neuvième du premier livre, oi:i il explique l'ufage du droit Romain en Angle- terre. Il y eit reçu , dit il , à l'égard des affaires de Marine tant civiles que criminel- les : il ell fuivi aulTi dans le Jugement des delids militaires avec des limitations. Cela eft accompagné de difcuffions inévitables quand on traite une matière fujette à des contradi(^ions. Les principales dit notre auteur viennent fouvent des gens qui n'ont pas examiné à fond la matière en queftion. On voit ici quelles font les fon(51:ions de diverfes charges en Angleterre, comme de celles de Connétable , (Se de Maréchal; le tri- bunal de cette dernière connoit de tout ce F f 2 oui 448 Bibliothèque Britannique, qui regarde les Armoiries , & les Drapeaux ou pavillons , conformément à la difpofi- tion du droit civil des Romains , qui juge que tout cela efl de fa jurisdidion. Cela doit être ainfi autant que cela ne contredit pas les loix qui ont pris pied en Angleterre. Dans les matières qui regardent l'honneur, elles ont dérogé aux difpofitions du droit Romain ; mais la Cour d'honneur a cefle fes fonctions depuis long-temps , par de grandes raifons d'Etat , félon Mr. Haies pre- mier juge du Royaume. Voici quelques exemples des cas oii Pau- teur fouhaiteroit que le droit Romain fup- pleât à ce qui manque aux loix d'Angleter- re : Elles font defeétueufes à l'égard des de- voirs mutuels des, Pères & des Enfans. Il n'y a point de loy qui y pourvoye û l'on excepte la déclaration d'Elifabeth qui re- regarde uniquement les enfans des pauvres qui fans cela pourroient être à charge à la paroifle. Cette déclaration ne pourvoit point à la fubfiftance des parens & des Enfans abandonnez foi t par la négligence, foit par la dureté des uns & des autres. Au lieu que dans le droit Romain , il y a un règlement qui contraint le Père de reconnoitre & d'en- tretenir fon enfant dans les cas où il "peut y avoir des differens entre le Mari & la femme fur des foupçons d'adultère , & mê- me fur de violentes prefomptions de ce cri- me. Que fi la femme eft convaincue juridi- quemena; alors le Mari peut refufer les ali- mens Janvier, Février et Mars. 1735. 449 mens à la mère & à l'enfant. Dans les au- tres cas un père elt obligé d'entretenir, ha- biller, nourrir, & donner une partie de fes biens à fon enfant à proportion de fes faculttrz. De même que le père eft obligé envers l'enfant, l'enfant l'eft envers fes père 6: mère qu'il doit nourrir & entretenir fé- lon fon pouvoir, étant contre la nature & la raiibn que les enfans n'ayent pas foin de leurs parcns, auquel cas le juge peut inter- poler Ion authorité ôc contraindre ceux qui refufent de faire leur devoir. Voici une au- tre efpece qui montre laneceflité de recourir au droit Romain. Un homme meurt en An- gleterre 6: laifFe fa femme exécutrice de ion teftament: Si elle fe remarie elle peut tranfporter tout le bien de fon premier Alan a'u fécond qui le depenfe 6: le dillipe fans égard pour les enfans du premier lidl, ce qui les fait tomber dans la pauvreté. Le re- mède à cela feroit, félon Mr. Ayliffe, d'a- voir recours au droit Romain qui fait per- dre au Mari ou à la femme qui fe rema- rient ayant des enfans d'un premier licl , la propriété des biens que le premier Mari a îaifTez, 6c cette propriété pafTe aux enfans; le père ou mère furvivans n'en ayant que l'ufufruid pendant leur vie. L'auteur rap- porte encore d'autres exemples moins conîi- derables qui prouvent la neceflité d'intro- duire l'ufage du droit Romain , non feule- ment dans les cas qu'il propofe, mais en 'pien d'autres qu'il eft aifé de prévoir, (Scqu'i F f 3 re- 450 Bibliothèque Britannique, regardent principalement les exécuteurs ,& adminiftratcursdes biens des défunts parens, OQ étrangers, il n'y a point de loy en An- gleterre pour brider un prodigue qui dilTipe Ion bien ; le droit Romain y pourvoiroir. Cet article du livre de Mr. AylifFe ell: des plus intereffans , & mejite l'attention ferieufe de ceux qui peuvent remédier aux defordrcs auxquels les loix du pays n'ont pas pourvu -fuffifamment. Ce que l'on voit de l'importance de cet ouvrage doit faire attendre avec impatience le fécond volume que l'auteur promet. Il s'étendra fur la nature &c les fonaions des tribunaux d'Angleterre. Nous en rendrons un compte exacl quand il paroitra. 'éïi^ ^zi^ -^iiE^^®^ 'f^^'^M^ ^®* *^?l^ <-®^ A R T I G L E X. NOUVELLES LITTERAIRES. De Dublin. Mr. l'Evêque de Dozvn & Connor vient de pu- blier un Ouvrage fort curieux fous ce titre, A Defence of ths artcient Hijîorians &Pc. c'eft-àdire. Apologie des anciens Hirtoriens, fur tout en ce qui regarde l'Hiftoire d'/î7.w..'e, de la Gratu-ie Ere- îagne, 6i de tous les autres i'aïs du Nord. En forme de dialogue entre un Proteftant & un Pa- pifte, un Anglois & un Irlandois. On y a joint deux jAN^viïiEt, Février et Mars. i73ff. 451 (Jeux Sermons , dont le premier a été prononcé k l'occafîon de l'Union de YEcoJJe avec V jîngleterre y & le fécond dans le tems que l'on conféra \ts de- grez dans TUniverfité de Cambridge, in 8. Se vend à Londres chez T. Longman» d'E d I m e o u r g. G. Steivartf & S. Symmtr ont imprimé depuis? peu, TZ7e Hifrory of îhe Affairs of Church and Sta^ te in Scotland Ô^r. c'eft à dire Hiftoire des Affaires d'Ecoffe, tant par rapport à l'Eglife que par rap- port a l'Etat, depuis le commencement de la Re- formation fous le règne de Jacjues V. jufqu'à ce que la Reine Marie Je retira en Angleterre, ett ifôS. Tirée des Regiftres publics, &d'autres Piè- ces autentiques. Tome I. in folio. Se trouve à Londres ch-.'z LGftgmàn. Pour fe former quelqu© làiz de cette Hiftoire, il fuffit de favoir qu'un E- Vcque Nott'jtWiiir en eft l'Auteur, & que la par- ti alite y règne d'un bout à l'autre. DE Cambridge. On a imprîrfjé ici Oratio de Phyftologia expîîcan* éA Munere^ ex cekberrimi Woodivardi Tejîar/ienttf injïituto : Habita CarrtahrigiA in fcholis publiai x earolo Ma [on A, M. TnipeyiCiiGulielrvi Thurlbown. 8. A compendiôni [yflem of natmal Fhilofophy ^ &c. Svftème abrégé de Phyfique générale, avec desr Notes qui contiennent les démonitrations mathr- matiques , Si quelques remarques particulières. Partie I. qui traite des proprietez des Corps, des k.ix de leur mouvement, & de ieur mechanifme. Cet Ouvrage fe publie par Brochures, ou Farties. La féconde vient de paroitre, & traite de VHy- Ff + d*vfa^ 45^ Bibliothèque Britannique, àrofaticfue & des proprietez des corps. A quoi l'on a joint trois DiiTertaîions , favoir fur les Sons 5 les Tuyaux capillaires , & l'Origine des Fontaines. L'Auteur fe propofe de traiter de la mê- me manière toutes les autres parties delà Phyfîque , & d'y joindre des DiiTertations fur les phi^nomenes de la Nature les plus curieux , qui quoi qu'ils n'entrent pus proprement dans un fyileme de Phy- lîque générale, n'en méritent pas moins l'atten- tion des Philofophes. Londres. On a réimprimé la Géographie de Varenius traduite en Angîois par Mr. Dugdale\ avec des corred'ions confiderables , & de nouvelles Notes. Mr. Leadhezîer Maitre de Mathématique vient de nous donner un nouvel Ouvrage de fa façon , fous ce titre, JJranofcopia y Or the Contemplation of Jiejti!e?7, &c. c'eft-a dire La Théorie du Ciel, ou Démonftration de l'équation du Tems ; Avec la méthode d'obferver l'entrée du Soleil dans chaque point de l'Ecliptique , de trouver l'aphélie & l'ec- centricité des Planètes, & de déterminer le plus ^rand éloignement du Soleil où fe trouvent Ve- nus Si, Mercure, le mouvement moien de la Ter- re, fes aphélies, & la rétrogradation de l'Equi- noxe, le lieu véritable & apparent du Soleil & de la Lune parle Calcul & les Obfervations , & la véritable heure de la nuit par les Etoiles en fe i^rvant d'un nouveau quart de Cercle ; comme aufTi l'explication & la demonflration de la Mé- thode de Kepler & de Flawjlead pour fupputer le tems des Eclipfes du Soleil les plus remarquables. A quoi l'on a joint de nouvelles Tables, la paral- laxe de la Lune, fa longitude 3 & fa Latitude, in %, chez J. Wilcox, Mr. Janvier , Février et Mars. 1735. 453 Mr. Cliftun Médecin de S. A. R. le Prince de Galles , a traduit en Anglois les Traitez d'Hippo- crate (ut WMr , l'Eau , la fituation des lieux, & l'in- fluence que ces diverfes chofes ont fur le corps humain; les Maladies epidemiques, & les prognof- tics , fur tout dans les Maladies aigues: Avec des Notes pour l'intelligence de cet Ouvrage. i« 8. chez Osborne. Rivington vient d'imprimer. j4 'Joumey over Land , from the Gulph of Hondurai to thegreat South Sea , &^c. c'eft-à-dire Relation d'un Voiage par terre , depuis le Golfe d'Honduras jufqu'a bgran- de Mer du Sud, fait par Jean CoJkhum ^ & cinq autres Anglois , qui avoient été pris fur un Vail- feau de cette Nation par un Garde- côte Efpa- gnol, & mis enfuite à ferre, dans un lieu nommé Porto-Cavalo , nuds & blelTez, comme on l'a rap- porté dans les Nouvelles publiques du mois d'Oc- tobre 1731. Ouvrage contenant ur,e grande va- riété d'avantures extraordina res , & de nouvelles découvertes très utiles fur cette partie de l'Amé- rique , qui eft prefque inconnue; comme aufll une relation exacte des mœurs & des coutumes des divers Indiens qui l'habitent , & en particu- lier de leurs difpofitions envers les Ef^agnols & les Anglois. A quoi l'on a joint une l'iece cu- rieufe composée fous le règne de Jaques 1. quin'a- ▼oït jamais été imprimée, & dont voici le titre. Courte reIaîio>2 de ce cjiiil y a de plus remarquAhlr dans les Volages de Nicolas Wiihlngton , Fadeur dans les Indes Orientales, gros \'olume/»3. Mr. le Docteur Sykes a publié une féconde Dé- fenfe de fa Dijfenation fur VEclipfe mimionnt par J'hlegon. C'eft une Brochure in 8. imprimée chez les Knapton. Davis vient d'imprimer un cinquième Toire F f y des 454 Bibliothèque Britannique, des Mélanges du Dr. Siuifl, en profe & en vers, r;7 8. Voici quelques autres Livres nouveaux. 1. Explanatory Notes and B.emarks on Milton^s Paradife lo(l &^c. c'eft- à-dire Notes & Remarques fervant à l'intelligence du Paradis perdu de Mitton. Par J. Richardfon Père & Fils. Avec la Vie de cet Auteur, & un Difcours fur fon Poème. gro# in 8. chez les Knapton. 2. Status humant natur& expojltus in Oratione co- ram Medicis Londimnjîhus , habita Fejîa D. Luc a Die 1734- A Jûhanne Hollings. Apud J. To-njon, in 8. On a traduit cette Harangue en Anglois. 3. Robert! JVelJied Tentamen alterum de propriis naturarum kahiîihuSy remediifcjue ad Jingu/os accom- TTJoda^dis. Uhi uMorhi torum feu pmplicium , feu mixfoYur/iaffnes notantur^ atque ex iis orti fontes f\mpton7.'iftim indicantur j quo accurafiui cognofcan. tur , cevîiufijue ac tutius toUantur. Londtni , Irnpenjîs J. &> P. Knapton. in 8. Le premier Efla; avoit été publié quelques mois auparavant fous ce ùttejRobertï Welfed Tentamen de variis hominurn naturis , réme- diifqite ad jingulas accommodandis : Uhi morhi earum feu Simplicium , fve Mixtovum a^nes notantur. Ex quihus nata f-^mptornatum diverjttas exployatur ^ ^pfif- Cjue fanandi rationes deducuntur. Londlni Impenfs J. & P. Knapton in 8. 4. A DiJJertaiion concerning God^s Command to Abraham Br-c. c'eft-à-dire DifTertation fur l'ordre que Dieu donna à Abraham de lui oirrir fon fila en facrifîce. Par Gtiillaume Whifion Maitre è« Arts. Chez Jean JVhifton. rn 8. The Hiftory of the Church under the Old Tefta- ment &*c. Hiftoire de l'Eglife fous le Vieux Tef- tament, depuis la Création du monde: Où l'on parle auffi en détail des affaire? & des fciences des Pnyens Janvier, Février et Mars. 1735. 455 Payens avant la venue de Jefr.s Chrift-, & de l'état des Juifs depuis la captivité de Babylone jufqu'à ce jour. On y a joint un Difcours tendant à faciliter la Converfion des Juifs, une Table Chronologi- que , & un Index alphabétique fort exa(Et. Par Robert Milîar Maitre es Arts, in folio, zh^z A, Mi l- (ar dans le Sirand^ à la tête de Bttchana??. Un Volume de Sermons pollhumes de Mr. Ro- gers Docteur en Théologie, Vicaire de 5/. Ciks Crippleg.^.tej Sous-Doien & Chanoine de Wells ^ & Chapelain ordinaire de Sa Majfste. On amis à la tête un Eloge hiftorique de l'Auteur, compo- fe par Je An Burion Bachelier en Théologie, & Bourfier du Collège A'Eaton, Chez G. Innys & R. Manhy. gros in 8. The Rtlig^iom , B^ational , and Moral Condnci of MattheQV Tindai Qpc. Lettre a un Ami fur la Con- duite de feu Matthieu Tindal Doéleur en Droit, & Bourfier du Collège à! Ail fouis dans l'Univer- fité A' Oxford y foit en fait de Religion, de Philo- fophie , ou de Bonnes mœurs. Par un membre du même Collège. // vitndya aux dernien jours des Moqueurs qui fuivront leurs propres convoitifss. 2 Pier. m. 3. Chez T. Cooper. in 8. Deux Volumes de Sermons pofthumes de Mr. Cooke Recteur des ParoiiTcs unies de St. George Jlfartyr , & de Ste. Marie A fade laine à Canlorbery y Ôc l'un des fix Prédicateurs de la Cathédrale. Chez les Libraires de Londres, in 8. Ce Mr. Cooke s'étoit aquis une grande réputation parla manière de prê- cher , & il auroit lui même fait imprimer ces Ser- mons fi la mort ne l'avoit prévenu. La Traduction de ïlîijloire du Concile de Trente de Fra Paolo^ par le P. Le Couraycr ^ dont nous avons donné le Projet daîis la 2. Part, du Tome IlL de cette Bibliorheque , eft actuellement fous prelTe, & p;uoitra bientôt. Mr. 45^ BinLioTHEQUE Britannique, Mr. Befomhe Chapelain de Mylord Baltimore y & fîls de Mr. Befomhe Minillrc de l'Eglife Fran- çoife communément appeilee t^e Londres^ vient de publier le Projet fuivant. „ Projet pour imprimer par voie de foufcrip- ,, tion une Traduftion Françoife d'un Livre Ita- „ lien intitulé, rincredub fenza fcuja •^c'tOi-'i àxr^, 5, Vlmredule fam excufe , ou l'Impie forcé jufqmi „ dan', fei derniers retranchemens ^ composé par le „ Père Segneri. 5, La Tradudion que j'offre aujourd'hui au Pu- „ blic doit fa naifTance a une caufè afTez fingu- „ liere. Lifant il 7 a quelque tems une Apoftille 5, du célèbre Samuel Clarke , [a) dans laquelle ,, ce.î Auteur citoit avec éloge un pafTage de Mr. „ IVooiliJlon {b), il me fouvint d'avoir vu autre- „ fois les mêmes penfées, & à peu près les me- „ mes termes dans Vlntredulo fenZ'.'* fcnfa du Père 5, Segneri. Je cherchai d'abord de toutes parts ce 5, Livre qui malgré les fréquentes Editions qu'on ^ en a faites , ne fe trouve qu'avec d fficulté; je „ le lus avec iom, & y découvris bien tôt le paf- ), fage que je m'étois rappelle (c), fuivi de plu- „ fieurs autres , pour le rnoms aulTi dignes du „ fuffrage des perfonnes pieufes & éclairées. Çon- ., vaincu des lors pnr ma propre expérience, du j^ mérite de l'IUurtre Apolocirie de la Foy, qui a „ toujours paiîe pour le Théologien le plus ù- „ vant, le plus fpirituel , le plus éloquent que „ V Italie ait produit depuis plufîeurs fiécles, je 5, formai le deffein de traduire Ton Ouvrage, per- 5, fuadc (a) A la fin de fon T)i [cours fur tEnchai/:er?jent des Prophé- ties , i^c. (/;) Dans ioa E^iucht de U Religion nAf-trelle, p. $j. 4c (fc-j Pag. 14. £dn, Ventt, Janvier , Février et Mars. 1735. 457 » fuadé que la Traduction n'en pourroit qu'être 5, très utile dans un tems où le libertinage d'cf- j, prit étoit à fon plus haut période, & où les ,, Livres impies le multiplioient tous les jours, 5, Cependant quelqu excellent que me parut le „ Traité du Père Segmri , comiTic la plus grande 5, partie de ce Traite ne rouloit que fur ct^ prc- 5, mieres veritez , VExtJtence de Dieu-, la Providen- „ ce , r Immortalité de l'Ame , je reColus d'y ajouter 5, trois DifTertations ; la première fur la neccflltc 5, d'une Révélation ,& rexcelleiice du Chriftianif- j, me ; la féconde fur Tin fpi ration de Moïle, & 5, à^s Prophètes; la troifieme fur les Miracles, „ dont la certitude me donneroit occafîon d'éta- 5, blir la vérité ce* tairs conrenus dans l'E- 5, vangile. ,, Voilà le plan que j'ai fuivi, & qui formera, ,, j'efpere , une variété également agréable & utile. 5, On trouvera dans le Fere Stgmri un Theolo- ,, gien folide, mais qui ne néglige point les or- ,, nemens , qui donne fouvenr l'eÀbr a fon iraagi- 5, nation, qui emprunte des Arts 6c des Sciences 5, ce qui peut enrichir fon fujcr. 5, Le fupplénient contiendra les preuves les „ plus convaincantes que m'aient fourni, & de „ mûres refledions , & h lec'ture des meilleurs j, Ouvrages: Quand je parle des meilleurs Ou- j, vrages , on peut croire que je n'oublie point „ les Auteurs Anglois : Il femble que cette raifoii j, forte & pure qui les éclaire toujours plus ou „ -moins , fc dévoile entièrement à leurs yeux „ lorfqu'il s'agit de rcpoufler l'Incrédulité, & de „ conferver les doux & fublimes objets de leurs „ efpérances. 5, J'ai ajouté des Notes par tout où elles m'ont „ paru u^les, foitpour répandre quelque lumière 5» fur 458 Bibliothèque Britannique, 3, fur les endroits obfcurs , foit pour confirmer 55 les veritez naturelles. Conditions. 5j L'Ouvrage entier fera un Volume in Quat-to 5, d'une grolTeur raifonnable. 3, Il fera corrige avec toute l'exscftitudepoflîble. 5, On n'épargnera rien pour la beauté du Papier 3j & des Carafteres. j, On commencera à imprimer des qu'on aura 3, un nombre fuitifant de foufcriprions. 3, Le prix fera de dix Chellings , dont on paiera 5, cinq d'avance, & les autres cinq en retirant 3, l'Ouvrage. 3, Le nom des foufcrivants fera mis à la tête 3, du Livre. 3, On recevra les foufcriptions à Amjîerdam y 3, chez Mr. Chjtngnion \ à Paris chez Mr. Briafon^ 3, Rue St. Jaques-^ à Londres , ch.ezM.r. PauIVail- 3, Ltnt dans le Strand , Mr. Hoguel près de Som- 3, merfet-houfe ^ Mr. Dh Noier a la tète à'Erafme, 3, dans le Strand, & chez l'Auteur dans L///e J^/;?- 3, c bélier Street. Au reftea Mr. Befomhs s'eft déjà fait connoitre par un Sermon Anglois qu'il publia l'année der- nière, fur ces paroles des Juges L 19. Et VEter- nel fut avec Juda , Ô= ils dépojfcdérent les habit an s de la montagne j mais ils ne détojfedérent point les habitans de lu Vallée 3 parce quils allaient det cha- riots de fer» TABLE TABLE DES MATIERES DU TOME QUATRIEME. A. AL&oran (D de MaKomet, traduit de l'Araba avec des Notes par Mr. Sale. j58 Ame. (L') Penfees libres de Mt. CoJIibey fur l'A- me, en quatre Eflais, le premier fur fa nature 276. le fécond combien celle de Thomme fur- pafle celle des bêtes. 291 analogie ; Différence entre elle & la Métaphore, a An(kr[on\ (Mr. Jaques) Recueil concernant l'Hif- toire de Marie Reine d'Ecoffe, en 4. vol. Pré' mjer Extrait. 19. Il laifle à chacun la liberté' de juger de la conduite de la Reine Marie félon quil lui plaira. 21. plus en état qu'aucun autre de fournir un Recueil de pièces authentiques touchant l'hiftoire de cette Reine. 22. Second Extrait. 338. Andre-ius. (L'Evêque) Son Hiftoire. iZ6-i^o, Ca- talogue de fes Ouvrages. ipr Anglais ( Un ) fe fouraet difficilement à un Maî- tre étranger. ^r Anthoine (Nicolas) mort pour le Judaïfme. 6j Ayliffe\ (Mr. Jean) Nouveau Recueil du Droit Romain, tel qu'il efl fuivi chez la plupart des Nations de l'Europe, • &c, 43 r Bayle TABLE B. BAyk ( Mr. ) Tradudlion AngloiTe de fon Dic- tionaire , avec des Additions, des Correc- tions & des Remarques. 176 Berkeley^ (Mr. l'Evéque) TAnaiifte , ou Difcours addrefTé à un Mathématicien incrédule ; &c. ^00. Tourné en ridicule. 410 Bernard ( Mrs. ) Birch , Lockman &* Sale ; Leur Tradudion du Didtionaire de Mr. Bayle en Anglois , &c. 176 Befomhe (Mr.) Projet de foufcription pour fa Traduftion du livre intitulé rincredulo ftnx.a feu fa compofé par le P. Segncri. 4V<î BiTi.h ( Mrs. ) Bernard , Lockm.tn Ô* Sale ; Leur Tradudion du Didionaire de Mr. Bayle en Anglois, &c 176 BoJfec (Jérôme) pour quelles raifons il fut con- damné. 5-7. Infâme Calomniateur. ihid, Bolton. (le Duc de) Portrait qu'en fait Mr. Bur- net. 3po Broivn; (Mr. le Dr.) Les Opérations, &c. de l'Entendement humain Les chofes Divines & furnaturelles conçues par Analogie avec le« chofes naturelles & humaines. Second Extrait, i . Quelle différence il met entre l'Analogie & U Métaphore. 2. 11 foutient que la connoilfanc» que nous avons des perfeftions morales de l)ieu, n'efl: qu'Analogique. 12. Il rembarre vi- vement les Arriens & le Dr. C/arke. 14.. Lui même vivement nttaqué par l'Auteur de VaLi' ■phroy?. \6. Il remarque un peu de colère dans fa reponfe a cet Auteur. 17. Son livre a été re- gardé comme très dangereux par des perlonnes éclairées. iB DES MATIERE S.' harjan. Son Expofé de la Conduite de la Reine larie d'Ecoffe. 21 net ^ (Mr. l'Evêque) Ses Mémoires concer- ant l'Hiftoire de ce qui s'efl pafTé de fon tems ti Angleterre; &c. Second Extrait, ifi. Selon [\ le Roi Guillaume III. mécontenta les An- lois par fon humeur fombre. ifi. Troijteme xirai't de (es Mémoires 388. Portrait qu'il fait a Czar de Mofcovie. 389. Autre portrait du larquis de M^inchejîer. 390. Portrait du Roi uillaume. 397 C. ^Alvîn, Invedive de Mr. Chandler contre lui. / <;6. Le fort de Servct à fervi de prétexte IX enHcmis de Calvin pour le déchirer. ^3 hdtn ; ( Mr. ) s'eft fouvent trompé dans (t^ nnales , par une lâche complaifance pour {z^ iperieurs. 23. Ce qui a fait tomber ^bien des iftoriens dans l'erreur. 24. de Bonne Efperance. Les Portugais le décou^ irent en 1493. 241. Les Hollandois commen- rent en 1660. d'y toucher. 24.2. Ce que c'eft le le Païs. 245 idler-^ (Mr. Samuel) Sa Traduction en An- ois de l'Hiftoirede l'Inquifition parLimborch, c. Second Extrait. ^^. Sa longue inventive con- ; Calvin. 5-6. Se trompe fur le mot latin Ser- ■inem. 5-7. Il n'a pas honte de produire fur la enel'infame calomniateur lîolfec contre Calvin. ). Il étale avec un air de confiance les chicanes le la Bibliotherjue Raifonnte a refutées. 6:). 61, U vante d'avoir raporté l'affaire de Servet de la aniere la plus impartiale. 64. De Suiffe il pafTc I Pologne, de là en Hollande & enfin en An- Tomç ir. Part. Il, G g glc- TABLE gîeterre en trouvant partout l'efprit de perfë- cution. 67-69. Il peint Laud des plus noires couleurs 71. H fe moque de ce qu'on prétend l'ériger en Martyr de l'Eglife d'Angleterre. 72. Il fe recrie que les SucceiTeurs des Apôtres leur refTemblentpeu. 76. Ses Remarques fur l'hiftoire de l'Inquifition. ibid. Il y a du bon dans ces Remarques, qui plairoient plus , s'il s'étoit moins laiiTé emporter à fon zèle. 78 Cheyne (Me. George) La Maladie Angioife, ou Traité de la Maladie des Nerfs, &c. Troijteme Extrait, 163. Hiftoire de fa Maladie. 170 Cockburn ( Mr. Jean ) fa Relation d'un voyage par terre depuis le Golphe d'Honduras julqu'à la grande Mer du Sud. 45*3 Coîliber (Mr.) fes penfées libres fur l'Ame, en quatre EiTais. i-j^ Cooke (Mr.) Deux volumes de Sermons pofthu- mes. 4f^ Cotto^ [Le Chev. Robert) pourquoi il écrivoit fon nom ain{î Rob. Cotton Erucens. 23 Courayer (le P.) Sa Tradudlion de VHifioire cïh Concile de Trente far Fra Paolo , fous prefle. Çzjvr de MofcovJe, Portrait qu'en fait Mr. Bur- net. 385 Dyîi;id; (François) fa voir fi Socin eut quelque part à fa mort. 66 JDoivn (L'Evêque de) & Connor ^ ion Apologie des Anciens Hifloriens,- &c, 4.^0 Scvivainf- DES MATIERES. E. ECrivaifiS Suijfes» Qui Mr. Sâlmon apelle àinfî 14.3. Qu'il peut ajufte titre être rangé dans leur clafle. lyi G. Guillaume (le Roi) III. mécontenta les An- glois par fon humeur fombre , félon Mf. Burnet. ifi. Ses principaux favoris, ibid. Son amour pour les plaifirs l'empcchoit de s'appliquer aux affaires. 15-3. Huit Evêques refufent de lui prêter ferment. 15-3. Déclaré Roi d'EcofTe. iff. Il vouloit remettre le Gouvernement entre les mains de fon Epoufe & fe retirer en Hollande. if6. Il étoitrefervé avec laReine. 15-7. II refout d'aller en Irlande , ibid. Un parti dans le Par- lement fe déclara ouvertement contre le Gou- vernement, if 8. Selon Mr. Burnet il aimoitplus les Hollandois que les Anglois , ihid.. Il don- na l'exemple de piété à la Nation. i6ï. Il eut une alHiclion fi vive de la mort de la Reine, qu'elle palTa toutes les bornes, ihid. Chagrins qu'il eut à l'égard du règlement de la Succef- fion Proteftante. 390. Il tomba de fon Cheval, fe démit la clavicule, & mourut quelque tems après 396. Portrait qu'en fait Mr. Burnet. 397. Cûi?7ce. Relation de quelques uns de fes endroits , 6c du Commerce qu'on y fait des Efclaves. 299. H. H ijloire des Affaires d'EcofTe, &c. par un Eve- q-ue Non-jurcar. 45" ï Gg 2 liol' TABLE BoUandots, Ls. terreur de leur nom obligea les Hottentots de leur demander la paix. 25-6. Ils font devenus en quelque manière les Maitres de tout le Païs du Cap de Bonne Efperance. ibid. Hottentotes. (Les) ont une certaine peau. dure & large qui leur croit au-deïïus de l'os pubis. i<^^. Quand elles fe marient, elles font exa- miner fi ceux qui les recherchent ont plus d'un tefticule. 272 Hottentots, maltraitez par les Portugais. 241. Traité fait avec eux par le Gouverneur van Riebeek. 243. Le nom à'Hottentot efl le vé- ritable des Plabitans du Cap dt Bonne Efperan- ce. 246. Leur Origine, ihid. Leur Langage. 249. Le Caradlère de leurs mœurs. 25-0. Leurs défauts. 25-1. Leur flature. 25-3. Différentes Nations qui les divifent. 2^7. La forme de leur Gouvernement. 25-8. Leur Religion. 261 . Ils adorent un Infecle. 263. Et une Divinité malfaifante qu'ils appellent Touqûoa. 166, 11 ell impoffible de les faire revenir de leurs fu- perftitîons ibid. Exemple de cette impoffibili- té. 267. Coutumes extraordinaires. 268. Ils retranchent un teflicule aux Maies à l'âge de neuf ans. ibid. Ce qu'ils obfervent comme une Loi facrée. 271. Quand & comn^ent ils reçoi- rent les jeunes garçons dans la focieté des hom- mes. 272. Ils ont adopté le mot des Hollandois Andersmaken pour défîgner leurs fêtes. 274. J- JAcjues (le Roi) mourut en 1701. Portrait qu'en fait Mr. Burnet, 39f Jefus Cbrif, Differtations Chronologiques fur l'an- née DES MATIERES. n, & celle de fa Mort. 318 Gg 3 //*»- . X A B LE Marie StHArt* Reine d'Jiiigleterre. Déclarée Rei- ne d'EcofTc. iff. Son Epoux vouloit lui re- mettre le Gourcmcrnsnt & le retirer en Hol- lande. 1)6. 11 etoit referve avec die. 15-7. Son inimitié contre la PrinceUe de Danemark dura, dit Mr. Burnet, juiqu'a la £n de fa vie, 1)9. Elle donna l'exemple de pieté a la Na- tion; i<5r. Sa mort, ikhi. Son éloge. 164 ^larie ( La Reine ) d'Ecoift. Le LeCleur impar- tial eil fort embarrallé fur Tidee qu'il doit s'en former. 20. LeOey E-v-éque de RolT & Bâcha- n^n les deux premiers Antagoniftes dans l'hif- toire de la Reine. 21. Confiderations fur fon mariage projette avec le Duc de Sortfolk. 36. Sa conduite. 342 - 363. Depofitions de cinq Criminels exécutez pour le meurtre du Roi. Marî'^Oratig > ( Le Duc de ) difgracié auprès du Roi Guillaume. ifS MMherTiMiciem Angiois défendus contre l'Evêque Berkeley. 400 Medley ; ( Mr. ) Sa Traduction de l'état prélent du Cap de Bonne Efperance. 237 I-îttnoirfs P/bihfcphi^ites , &c. Volume XXXV. 196 Métaphore-, Différence entre elle & l'Analogie, z /rhàieton ( Mrs. ) & Sr/iizh ; Leur Defenle de Mr. Kewron <5c des Mathemiticiens Angiois, con- tre lEvêque Berkeley. 400 Moti2nx\ (Mr. Le) luire de (es Remarqu.es fur Rabelais, traduites de l'Anglois. 8o Millar (Mr. Rob. ) Hîftoire de i'Eghfe fous le Vieux reftam:;nt, ^c, 4)'-}. ^'cw DES MATIERES. N. NEiuton (Mr. le Chev. ) défendu contre l'E- vequc Berkeley. 406 Nûttfolk ; (Le Bue de ) Confiderations fur fou -Ma- riage projette avec la Reine Marie d'Ecofle. ^6 Nouvel/es Littéraires. 2 25> & ^50 P. PEfielius (Pierre) condamné à mort pour Zuin- glianïfme. y 6 Q: OUalzre (Le) impartial, ou Reponfe à TAn- glican de Mr. Warren. 210. L'Auteur Ano- nyme de cette Reponfe donne trop dans la plai- fanterie. 217 R. RAbelats. Suite des Remarques de Mr. le Moi^ teitx {mx cet Auteur. 80-130 ?>.apin ( Mr. de ) Thoyras. Eloge de cet Hifto- rien 140. Son Hiftoire d'Angleterre traduite en 7\nglois par Mr. Tindal. ihid. Satyre de Mr. Salmon contre cette Hiftoire. i4i-t5'i Kefwe/7 ( Nouveau ) du Droit Civil Romain, par Mr. AylifFe. 430 PJchardfon ( Meffrs. ) Notes & P.emarques fervant à l'intelligence du Par.^.iis perdu de Ali/tor/. 45-4 ■Rieheek (Mr. van) Chirurgien de Vai/Tcau , fait Amiral de <]uatre Vaiffcaux & Gouverneur du Gg 4 Cap TABLE Cap de Bonne Efperance. 242. Gagne les bon- nes grâces des Hottentots. 24.5 Rogers (Mr. le Dr.) un Volume de Sermons Pof- thumes, avec l'Eloge de l'Auteur. 4.5' j* Rujfeh, ( l'Amiral) remporte une Viétoirç complet- te fur le Maréchal de Tourville. 1 60 S Ah ( Mr. George ) S^ Mejfrs. Bernard, Bîrch ^ & Lockman ; Leur Tradudlion en Angloi* (fu Didtionaire de Mr. Bayle. 176. Sa Tra- daftion en Anglois du Koran, appelle com- munément l'A lc or an DE M AH o -M ET, avec {es Notes tirées des meilleurs Commentateurs. 368 Salmon ; ( Mr. ) Defenfe de l'Hiftoire d'Angle- terre contre les falfifîcations de Mr. de R a- piN Thoyras, dans fan Hiftoire de ce î^oyaume. 139. Sa Satyre contre cet Auteur. 14.1. Son Hiûoire moderne traduite en Hol- lande, hooneur auquel il ne devoit pas s'at- tendre, ibid. Sa Brochure contre Mr. de Ra- pin n'a pas eu plus de fuccès que fes autres Ecrits en Angleterre, ibid. Pour le fuivre dans Çç.s invectives il faudroit prefque tout co- pier. 14.2. Il a fort à cœur qu'un Etranger ait ofé entreprendre d'écrire l'Hilloire d'Angleter- re. 143. Mr. de Rapin ctoit Etranger, il é- toit François Réfugié, il n'en falloit pas d'a- vantage pour émouvoir la bile de Mr. Sal- mon. 14^. Il fufiit que Mr. de Rapin ait parlé avec éloge d'Edouard III. poui que Mr. Salmon y trouve de quoi le reprendre. 149. Ses inveàtves doivent être attribuées à l'çfprit 4ç DES MATIERES. êc parti. ifO. Il n'a d'autre moyen pouf fubfifter, que ce qu'il gagne par fes Libelles. Servet, Son fort a fervi de prétexte aux enne- mis de Calvin pour le déchirer. fS. Exécuté à Genève. 65 Smith ( MeiTrs. ) & Midieton. Leur Defenfe de Mr. Ne^vton & des Mathématiciens Anglois contre l'Evcque Berkeley. 400 Snelgrave ; ( Mr. Guill. ) Nouvelle Relation de quelques endroits de la Guinée, & du Com- merce qu'on y fait des Efclavcs ; &c. 298, Sa Relation a un air de fincerité qui prévient les Ledeurs. 299. Il fait le Jurifconfulte & le-Moralifte au llijet du Commerce d'hommes. Socin. Savoir s'il a eu quelque part à la mort de François David. 66 Steward (La Maifon de ) Ton Origine. 365-. dans les Notes. Swift ( Mr. le Dr. ) Le cinquième tome de fes Mélanges en Profe •& en Vers. 45-3 Syftême abrégé de Phyfîque générale, &c. 45-1 S-jkes (Mr. le Dr.) fa féconde Défenfe de faDif- fertation fur l'Eclipfe mentionnée par Phlegon. 4-rj TIndaî ( Mr. le Dr. ) Lettre à un Ami fur fa conduite, &c. 45-5' Totvnshend; (Mr. le Colonel) Senfation extraor- dinaire qu'il a éprouvée dans fa maladie , qu'en fe tenoBî tranquilc il pouvoit mourir lorfqu'il vouloit, & revivre de nouveau. 163 G g 5" U\7en' TABLE DES MATIERES. U. u ytenhogard fe trompe après Gratim au fujst de Calvin. ^^ VArerfiuL Nouvelle Edition corrigée & aug- mentée de nouvelles notes , de fa Géogra- phie. 45-2 W. WArrent,{Mv. Robert) L'Anglican impartial, ou l'excellcncs & h beauté de TEglife An- glicane fidèlement repréfentces , &c. LeQuakre impartial , ou Reponfe a rx\nglican de Mr. W A R R K N. 210 VJ^ater.'ar/H. ( Mr. ) Lettre au fujet de fon dernier Ouvrage qui a pour titre , l' Importance du Dogme de' la Ste, Trinité maintenue. 130 IVhifion (Mr. Guiil.) Dillertation fur Tordre que Dieu donna à Abraham d'offrir Ton Fils en fi^ crifîce. ^f^ Winchejîer. (Le Marquis de) Portrait qu'en fait Mr. Burnet. 390 JVoodman (McfTrs.) & Lyon-^ leur Recueil de pie- ces touclïant l'Hilloire de la Reine Marie- d'E- cofTe. 22 N. CATALOGUE DES LIVRES quife trouvent à la Haye chez PIERRE DE HONDT. HISTOIRE Métallique des XV H. Proviiices des Païs-Bas par Mr. Ger. van Loon. 3. vol, fol. , . - - Tom. 4, & f . fous prefTe. ]o. Harduini Opéra varia, cum Tabulis «neis, 5i Indicibus. fol. Examen du Pyrrhomïme ancien & moderne, par Mr. de Crouraz; fol. NB. cet Ouvrage eft im- primé fur le mcme format du Diftionaire & des Oeuvres de Bayle. H. Cannegierer DiiTertaîio de Brittenburgo , Ma- tribus Brittis , Herba Britannica, & antiquilh- mis Britannorum per Galliam & Germaniam Sedibus. 4. fîg. /-ta j Hiftoire du feiziémc Siècle, par Monfr. Durand, 4. vol. 12*^. Les cent Nouvelles Nouvelles , par Mad. Go- me?: , 6. vol. 12. , /-i_ /r j Les Dons des Enfans de Latone, ow la Chade