BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAFANS DE LA GRANDE-BRETAGNE. Pour les Mois D'AVRIL. MAY et JUIN. M. D C C. XXXV. TOME CINQUIEME, PREMIERE PARTIE A LA HATE, Chez PIERRE DE HONDT. M. DCC. XXXV, TABLE DES ARTICLES. A R T. I. EJJafs ^ ohfervations de Médecine ^ revus â? publiez par une Société d'Ediînbourg. pa:J. i II. Mr. Nicolas Mann; D'.Jjfer- îations Chronologiques fur l'Année de la NaiJJance"^ de Je fus Chrijl , âf celle de fa Mort. 2^. Ex- trait. 24 III. Mr. Jaques A n d e r s o n ; Re- cueil concernant l'Hiftoire de Ma- rie Reine d'Ecoffe en 4. Volumes, Troiûeme Extrait. 42 I V. Mr. Guillaume VV h i s t o i- ; Six DiJJertations. I. Sur V Authen- ticité du Temoigiiage de Jofephe touchant J. Cbrijl , Jean Èarjiijle 8^ Jaques le Jufte. IL Oiï l'on prouve que VExemplmre du V. T. dont Jofephe s'eji fervi et oit celui recueilli par Nehemie. III. Ré- plique à la Défence du Dr. Sy- kes de fa Dijfertation fur VEclip- fe de Phlegon. I V. La Chrono- logie des Livres Sacrez ^ la vérité des PrédidioJis qui y font contenues confirmées par les Éclip- fes., &c. V. Remarques fur les Obfervations du Chev. Newton fur les Pbropheties de Daniel ^ * 2 fur TABLE DES ARTICLES. fur rjpocalypfe. V L Demo'. Jîration de la durée du Minijte de Jefus Cbrifl. c V. Mémoires Pbilojopbiques , &c. N 405. poii^ le Tdois de Nov. 172; - N'\4o6. Dfcwzè. 1728. No. 40' Janv. c? FeH)r, 1729. N'*. 40: Mars c? Avril 1729. g VL Mr. George Sale, Le Kora ou TAlcoran de Mahomet traduit en Anglois fur V Origine Arabe , ai-ec des Notes ^ un D[ coure préliminaire. Dernier E> trait. II VIL Mr. Colliber; Ses peiifées^ l bresfur VAme en 4. EJfais. Se cond Extrait. 12 VIII. Mr. Littleton; Ses Lettn d^un Perfan écrites d'Angleterre un de [es Amis à Ifpaban. 14 IX. Exaraen d'un Miracle opéré dans i V. Siècle en la perfonne de que, ques Chrétiens Orthodoxes , en fc veur de la Trinité , &c. 17 X. Air. GuiLL. Whiston; Dii fertatio7i fur l ordre que Dieu don . na à Abraham d^ offrir f on fils e Sacrifice. ig( X l. L'Homme à la mode , ou les Tuteurs Comédie, ip; XII. Mr. Forrester; Le Philofoph pli. 2C( XIII. Nouz-elles Littéraires. 21 < BIBLIO BIBLIOTHECiUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE. Pour les Mois d'Avril , May et Juin MDCCXXXV. ARTICLE PREMIER. Médical Eflays and Obrervations, revi- fed and published by a Society in Edimburg. Volume H. Cefl-à-dire, Effciys £î? Obfervaîions de Médecine reins Cf publiés par une Société d'Edimbourg, à Edimbourg 1734. Second Volu- me 8^'. pp. 417. Tans la Table des Madères. CE volume qui a paru dès le commcji- cement de l'année contient trente & fix articles. Les trois premiers, fuivanc le Toms V. Part. I. A plan 2 BiRLioTHEQUE Britannique , plan de cet Ouvrage , font i. une table Metheorologique. 2. la relation des ma- ladi s les plus communes à Edimbourg Tannée précédente. 3. l'extrait des regif- trcs mortuaires de la même ville. Nous allons donner la lifte des 33. autres arti- cles de ce volume , en ajoutant à chacun de ceux dont nous ne failbns pas l'extrait, une courte explication , qui falTe connoi- tre le but de l'Auteur. Article I V. Eflay fur les remèdes to- piques penetrans par Mr. J. Armftrong. iM. D. . . . Dans cette difiertation l'Au- teur examine comment les parties des remèdes appliqués fur la peau font por- tées afles promptement, & en afles gran- de quantité dans les artères , pour en refoudre les obftructions & y rétablir une circulation libre. Il réfute le fentiment de ceux qui font attirer ces particules par les veines abforbantes , ou qui croient qu'elles pénètrent par les interftices des membranes; Enfuite il fait voir que les ar- tères exhalantes font les feuls canaux pro- pres à cette fonction , car tandis que cel- les dont elles partent font obftruées , cel- les ci demeurent vuides, & rien n'empê- che qu'elles n'attirent les liqueurs qui font à leur portée, comme font tous les vaiflaux Capillaires, lorfque rien ne s'y oppofe. Article V. Remarques fur l'ufage exté- rieur du Tabac & du Seneceon , Se fur les effets de l'huile de Terebentine prife inte- rieu- Avril, May et Juin. 1735. 3 rieurement par Mr. J. Stedman Chirurgien à Kinrofe Le Tabac réduit en bouil- lie en le pilant avec du vinaigre, ou de l'eau de vie , & appliqué fur l'eftomach cau- fe des vomiflemens violens , & refouc quelques fois des tumeurs très dures des hypocondrcs ; le Seneceon réduit en bouil- lie fans addition , & appliqué a froid fur le creux de l'eltomach, fait auiTi vomir, & guérit les fièvres intermittentes ; on ne doit s'en fervir que hors l'accès. L'huile ^cherée de Terebentineprife en trop gran- de dofe peut caufcr le Diabètes & une hydropifie mortelle ; d'autres fois elle don- ne la Strangurie & des fuppreiïîons d'uri- ne très facheufes. Article V I. Recherches fur l'hiftoire na- turelle & les effets de pluficurs eaux mi- nérales par Mr. A. Tompfon médecin à Montrofe. . . . Ces obfervations regardent principalement les eaux d'un village d'E- coOk; appelé Aberbrothock & des environs, & leur conformité avec celles de Spa & de Pyrmont. L'Auteur remarque fort judi- cieufement que ces eaux, qu*on nomme or- dinairement acidulce , ne méritent ce nom en aucune manière; au contraire TAlkali s'y fait voir par les effets qu'elles produi- fent : elles gueriffent les maladies qui pro- viennent de l'acide dominant dans les pre- mières voyes, & font dangereufes dans les cas oppofés; outre que les Elîays qu'on en fait en les mêlant avec la noix de Ga- A 2 le. 4 BinLioiHEQUE Britannique, le, ou avec les fyrops de rofes & de vio- lectes , montrent que ces eaux font alka- lines. VIT. Eiïay fur l'analyfe du fang humain par Mr.. G. Martine médecin a St. An- dré Ni les anciens médecins ni les chimiltes modernes n'ont eu une véritable idée du fang humain. Malpighi & Leeu- vvenhoek ont découvert par le moyen des microfcopes, que le fang n'eft autre cho- fe qu'un amas de globules , qui nagent dans un liquide tranfparent,* ce dernier a découvert auffi , que les plus gros de ces globules qui donnent la couleur au fang, font formés de fix autres globules d'un or- dre inférieur 5 & ceux-ci de m,ême, d'oii l'on conclut par analogie , qu'il y a la même différence entre toutes les clafTes des parties falides du fang, Mr. Martine cherche dans cet effay quelle efl: la grandeur de chaque ordre de ces globules , & dans quelle proportion ils le trouvent dans le ûmg d'un homme fain , ce qu'il détermine par des recherches , & des calculs très exadls, d'oii il conclut que cinquante mil- lions de globules rouges du fang ne pe- fent pas plus d'un grain : L'on peut juger par là de l'extrême petitefle des parties qui fervent à la compofition de notre ma- chine , puifque celles-ci font les plus gran- des qui circulent dans nos vaifleaux, & infiniment plus grandes que celles des or* dres inférieurs. VIIL Avril, May et Juin. 1735. 5 : VIII. Lettre de Mr. G. Martinç à Mr. Mon- ro ProfefTeur en Anatomie à Edimbourg, ou il rend compte du fucces d'une expérien- ce qui confille à couper les nerfs récurrents d'un animal vivant , & qu'il a poulTée plus loin qu'on n'avoit encore fait. Nous en donnerons l'extrait. IX. Eflai fur la nutrition des fœtus par Mr. Monro. X. SuJtte de l'eflay précèdent. X I. Corollaires pratiques de la diflerta- tion fur la nourriture des Fœtus» On ver- ra ci-deflbus l'extrait de cette diflertation & des Corollaires. XII. La fubftance du cerveau poulTée par une toux violente , hors du crâne par ]a cicatrice d'une playe à la tête , d'où l'on avoit emporté une pièce fort grande du crâne , par Mr. ]. Jamiefon Chirurgien Kelfo. . . » Cet accident quiproduifit la mort de la malade fut excufé par l'imprudence qu'elle eut de quitter une calotte de plomb qu'on luy faifoit porter pour couvrir la cicatrice de la playe qu'elle avoit ctie à la tête, qui n'étoit fermée que par les mé- ninges & les téguments. XIII. Cure d'un ulcère à la Joiie, dans lequel s'ouvroit le conduit falivaire fup&- rieur par Mr. A. Monro. . . . Cet ulcère ne çut être guéri qu'en ouvrant le conduit lalivaire dans la bouche; & lorfque cette ouverture fut Calleufe , on retira le feton qui la tenoit ouverte, h la falive ayant un A 3 ' paffa- 6 Bibliothèque Britannique, paflage libre dans la bouche , l'ulcère de la Joiie fe cicatrifa en peu de tems. XIV. Remarquable extravarion de fang après l'opération d'un Hydrocele par Mr. J. Jamiefon Chirurgien à Kelfo. . . Ce fang étoit contenu encre la Tunique Vaginale & l'Albuginéc, & s'étendoit pref- que aux anneaux des mufcles de l'Abdo- men ; mais on n'en put découvrir la four- ce : La malade guérit fort vite e fe mettoit en marche pour aller châ- tier les Egyptiens qui s'écoient révoltez. Et après avoir régné plus de vingt ans, fé- lon Diodore de Sicile (a) il fut ailanlné l'an 4 de la foixante & dixhuitieme Olympia- de ; Lyfithée étant Archonte d'Athènes. Cette année OÎympiadique commença a- vec la première pleine lune , après le Sol- liice d'Eté , dans l'an 4249 de la Période Julienne. Artaxerxes fucceda à Xerxès : Et, félon le même Diodore (b) il régna quarante ans qui ' finirent la 4''. année de l'Olympiade quatrevingthuitième. Thucy- dide auffi place la mort de ce Prince au commencement de l'hy ver , dans Tan fept de la guerre du Peloponefe ; C'ctoit l'an 4289 de la Période Julienne. Ainli i'annec 425^ (a) Lib. iT. p. 278. {b) Lib. 12. p. 315). Avril, May et Juin. 1735. 2(j 4256 fut bien, comme on l'a dit, la Septiè- me du règne d'Artaxerxes. Il refte pourtant ici une difficulté fur ce que la commiflion (a) donnée à Efdras ne regarde que le Temple de Jerufalem. Mais Mr. Mann prétend qu'elle étoit trop ample pour qu'on puifiTe fi fort la reftraindre; & que d'ailleurs , Efdias même l'interprète de la Réparation des murailles qui fut alor& commencée (i?). Nehemie ne fit qu'achever cet Ouvrai^e lorfqu'il les releva en 52 jours (c) S'il s'écoit cgi de reparer le degat entier caufé par les Babyloniens , cent ans aupa- ravant, il auroit bien fallu un autre tems, que 52. jours , & un tout autre nombre de gens, que Nehemie n'en put emploier. Pofons donc qu'Efdras, chargé de l'ordre du Roi , partit de Perfe le 12. de Nifan,2o de Mars: c'eft de là qu'il faut compter les LXX. femaines. Durant les VII pre- mières on devoit rebâtir les rues & les murs de Jerufalem. Les LXII. fuivantes, qui commencent à l'année, où les fept premiè- res ont fini , fçavoir l'an 430^. de la Pé- riode Julienne , fe terminent précifemenc dans le mois que le AleJJie devoit être retran- ché; au m,ois de Nifan de l'année 4739. qui eft la 26. de l'Ere Chrétienne. Par confe- quent le Minidere de Jefus Chriit devoit occu- (a) Efdras VU. 12-26. {b) La même IX. 9. ^o Bibliothèque Britannique, ôGcupef Tannée précédente 25. de nô. tre Ere. Tout cela feroit fpecieux , s'il n'y avoit pas dans l'oracle (a) une demie femaine , & même une femaine entière , dont il faut ne- ceflairement rendre compte. Il efl: dit, que dans le premier intervalle le facrifice démit cejfer; ce qu'on raporte communément au tems de la Paiïîon, où tout fut accompli (b) par cela même les Sacrifices typiques devin- rent inutiles. Mais , li on en croit Mr. Mann , on a là les trois ans &* demi , pen- dant îefquels le fervice divin fut interdit par Antiochus Epipbanes qui opprima fî cruel- lement les Juifs. A l'égard du fécond inter* valle, l'Auteur convient que c'elt la derniè- re des fepcante femaines, oli V Alliance de- voit être confirmée à ce peuple. Et on en voit l'acGompliiîement dans les neuf premiers chapitres des Adles des Apôtres. C'ell à Ja fin de ces V 1 1. ans , qui furent accordez aux Juifs pour fe convertir au ChriftianiP me (c) qu'on doit, félon Mr. Mann, pla- cer l'Epoque de leur Rejeclion. Aullî fut-ce feulement alors que les Apôtres commencè- rent à prêcher l'Evangile aux Gentils. La. huitième année Corneille , le Centurion Romain, fut batifé avec fa famille (rf). II. Des (à) Daniel IX. 27. {6) Evang. félon S. Jean XIX. 30. {c) Actes des Ap. Il [, 22-16. {d) Lz même X. 48. Avril, May et Juin. 1735. 3t II. Des feptante femaines de Daniel, l'Auteur paUe à la confideration d'un pafla- ge dans S. Luc (a) ou on tronv e Jix dates du commencement de la prédication de VE- 'vangile par le Miniftere de Jean Batifte (^? \ Entre toutes ces dates la première qui eft la XV. année de Tibère, mente une particu- lière attention. On fçait que ce Prince commença à régner , après Augufte , l'an 14. de PEre commune , le 19. du mois d'Août. Ainfi l'an 15. de Ton empire, de- puis la mort de fon Predecefleur , n'a pu commencer qu'au même jour de l'an 28. dfe cette Ere. Si donc Jefus Chrift qui, félon l'Auteur, naquit au Printems de l'an 7. avant l'Ere, fut batifé en Janvier de l'an 28. de l'Ere, 6c crucifié en Mars de l'an 29. Il nauroit eu guéres moins de trente quatre ans lorfqu'ii reçut le Eatême , & trente cinq dans le tems de fa Paflion. Ajoutons que comme fon Bateme dut fe rencontrer après le milieu de cette 28; année, afin qu'elle reponde à la 15. de Tibère depuis fon avènement à l'Empire ; Jefus-Chrill n'a même pu être batifé en Janvier que dans l'an 29., c'ell à dire lorfqu'ii avoit près de XXXV» ans. Mais, comme on l'a déjà vu fur la fin du premier extrait, c'efl: ce que Mr. Mann ne croit pas qu'on puifïb fonder fur l'expreflion de S. Luc, fçavoir qu'a- ce) Chap. III. 1., &c. {b) S.Marc. I. i, &c. 32 Bibliothèque Britannique, qu'alors Jefijs Chrift commençait d'avoir environ trente ans, ou qu'à environ trente ans, il entra dans i'cxercice de Ion Mi- niftere. Afin donc de fe tirer de ce mécompte, qui ruineroit le Tylleme de TAuceur , il dit que Tibère fut aflbcié par Augufte. Et c*efl ce qu'il croit certam par le témoignage formel de Tacite & de Patercitle. Il auroit même pu ajouter Suctone. Nous rapportons, au bas de la page , leurs propres termes (a) dont le fens ell, en tubllance, qu'en qua- lité d'AiTocié , Tibère régna avec Augufte dans les Provinces. Il faut entendre celles que l'Empereur s'étoit réfervées , comme nous l'apprenons de Suétone 6l de Dion (b). On voit, dans la fuite des tems, Ti- te, aflbcié de même par Vefparien; Anto- nin, par Adrien; 6l Verus, par Marc Au- reîe. Mais, (a) Lege per Confulcs lata , ut Provincias cum Augufto communiter adminiftraret ; { Suet. in Tib. c. SI. ) ut sequum ei jus in omnibus Provinciis, ei^ercitibufque eflet ; ( Paterc. II. c. 121. Fiîius, collega imperii , confors Tribuniti^ poteftatis af- fumiîur. ( Tacit, annal. I. c. 3.) Etenim abfurdum «rat non elTe fub illo qux ab lUo vindicabantur : Et qui ad opcm ferendara primus erat , ad vindican- dum honorem non judicari parem. Pat. ubi fupra. {è) Suet. in Odav. XL VII. Dio lib. LHL p. ro3. Avril, May et Juin. 1735. 33 Mais c'eft le tems de cette Aflbciatioa de Tibère , qu'il s'agit principalement de fixer ; fans quoi elle ne feroit ici d'aucun ufage. C'ert ce qui peut fe faire par la confrontation des Hiftoriens (a) qui placent, à peu près dans le même tems , l'aflocia- tion de Tibère , & fon triomphe des Pan- noniens 6c des Dalmates , deux ans entiers après la défaite de Varus en Allemagne. Cette défaite arriva l'an 9. de l'Ere com- mune 5 fous les Confuls Camerin âf Sa- hin Cb)On ne fçait pourquoi Mr. Mann la mec à l'année fuivante. Mais on fent, qu*il a eu befoin de faire précéder l'alTociation de près d'un an , au triomphe , afin de faire tomber la X V. année de Tibère dans l'an 25 de l'Ere Chrétienne. Il allègue Pater- cule qui ne le favorife point , à notre avis. Car quoique PHiftorien femble infînuer , dans un entaflement de périodes embarraf- fées, que le décret de l'alTociation précé- da l'entrée de Tibère dans Rome , il n'en marque point le tems. Et d'ailleurs , Suéto- ne (c) le met après le triomphe. Du ref- te, le tems du triomphe efl: marqué nette- ment par le Confulat de Germanicus cf Ca- piton (a) Paterc. & Sueton. ubi ftjpra. {h) II. c. 762. Dion lib. LVI. (t) Triumphum egit . . . Ac non multopoft Icge , &c. lu Tib. c. 20. 6i 21. Tome V, Fart. L C 54 Bibliothèque Britannique, pton Ça) qui fe rejîcojîtroit d^LUs l'an 12. de notre Ere. Ceci pourtant ne Tuffit pas ; car la plus grande difficulté rcfte ; c'eil de Tçavoirû on a daté de cette Aflbciation les années de Tibère? furquoi il femble d'abord, qu'on n'a prefque rien à produire que des pré- fomtions. Comme par exemple , que le tems qui s'écoula, de raflbciation de Ti- bère à Ton règne, fut très court, que par ce- la i-oême on n'a guéres pu dater de cette Epoque. D'ailleurs, on n'y a même été autorifé que pour ce qui regardoit les Pro- vinces Impériales qui dcpendoient unique- ment d'Augufle , éc pour lefquelles l'afTo- ciation de Tibère eut lieu. Mais , fi on excepte S. Luc, nous n'avons point d'E- crivain de ces tems-là, qui fut de l'une ou de l'autre de ces Provinces. Et par confe- quent , il ne feroit pas jufte d'exiger beau- coup d'exemples de la manière dont on y dacoit; Enfin, comme tout afibcié que fut Tibère, il n'avoit point d'ordres à donner, proprement, dans Rome, ni dans les Pro- vinces du partage du Sénat; c'étoit feule- ment par les années d'Augufi:e , qu'on y pouvoit & devoit dater. Mais pour la Ju- dée, l'une des Provinces Impériales, Ti- Dere y regnoit depuis fon AfiTociation ; Et comme tout ce qui regarde le Miniflére de Jefus Chrift vient après; que d'ailleurs An- {a) Dio ubi fupra. Avril, May et Juin. 1735, ^^ Antioche d*où étoit S. Luc (a)^ relevoic du Gouvernement de Syrie, oii la Judée écoit comprife ,* il - Ôcoit fore naturel qu'il comptât le règne de Tibère, du tems qu'il avoit commencé dans cette Province. D'au- tant plus qu'il parle là d'une choie qui avoit un raport immédiat au païs où elle étoit arrivée. On n'eft cependant pas obligé de fe borner à ces railbns de convenance. Clé- ment d'Alexandrie (b) a obfervé qu'il y avoit des Ecrivains qui comptoicnt le règne de Tibère de plus haut que la mort d'Augufte^ le faifant monter à 26, ans , quoiqu'il n'aie pas été tout à fait de 23. Et Noris (c) a. trouvé dans les Médailles de Syrie, par ra- port à Augufte même, qu'on y avoit mar- qué les années du tems qu'il avoit fubju- gué ce païs. A l'égard de Pilate, il n'y a que deux: mots à dire. Son Predecefleur , établi par Tibère, gouverna onze ans: Et Pilate le refte de la vie de cet Empereur , comme on l'apprend de Jofepb (d), II dit qu'a- près que le Gouverneur de Syrie eut ren- voie celui de Judée à Rome, 'pour fc jafii- fier auprès du Prince ; Pikte en y arrivant le (a) Eufeb. Ui{\. Eccl. Lib. 3. c. 4. p. pi. {h) Stromat. II. p. 339. {c) Epoch. Syro-Macedonum. {d) Antiq. lib.. li^. s. 2. p. 79^. & c. f. p, Sei, C 2 5<5 Bibliothèque Britannique, le trouva mort. A la vérité l'Hiflorieu nô lui donne que dix années de Gouvernement : mais c^eft douie qu'il faut lire dans cet en- droit ; la première fyllabe du mot grec (a) aiant été omife apparemment par Tinadver- tance d'un copilte,* puifqu'il eft certain par jofeph même (b) que Tibère régna près de 23. ans Quoiqu'il en foit; par le tems, OLi Pilatedût fucceder à Gratus , on ne peut pas fe tromper en faifant commencer fon gouvernement vers la 12. année de Tibère à compter de fon avènement à TEmpire. Et cette année finit au milieu d'Août de l'an ij. de ce Prince depuis fon aflbciation. Nous ne nous arrêterons pas aux trois dates fuivantes qui font empruntées des Te- trarchies d'Herode , de Philippe, & de Sy- fanias ; parcequ'on n'en peut rien conclur- re de précis fur notre fujet. La fixiéme , prife du Pontificat à' Anne & de Caiphe eft fort exadte. Car il femble que le premier, qui faifoit les fondions facerdotales au com- mencement de cette année, eut alors le fécond pour fuccefleur , puifque, félon Jo- feph (c) Pilate le trouva en pofTeflion du Pontificat qu'il tint jufqu'à la dernière an- née de Tibère. Mr. Mann aime cepen- dant, mieux conjecturer, que ces 2. Pontifes avaient {a) S"jt,-^iKdi, {h) Ibid. c. 7. p. 817. , (<;) Ubi fupra 7^5-, coll. 802. Avril, May ET Juin. 1735- 37 avoienc accoutumé de fe fucceder annuel- lement. III. Il faut venir à ce qu'il avance qu'il n'y eut qu'ne Paque entre le Baceme de Je- fus Chrift, & la PalTion qui tomba dans cette fête. L'Auteur allègue un Oracle d'Efaie (a) qui porte que le Meflie doit prêcher l'an agréable du Seigneur; ce que Mr. Mann trouve à propos de borner à une an- née de Minijlere: Et cela fur tout parce que Jean Batifte dit Çù) la coignée eji déjà mijé à la racine de V arbre: Tout arbre donc qui ne porte pas de bon fruit va être coupé ^ jette au feu. Paroles qui renferment le Minifte- re dans un efpace de tems fort court qui ne peut pas beaucoup excéder celui d'une année. Il y a des gens difficiles qui de- manderoient quelque chofe de plus con- vaincant. On ne fçait fi on les fatisfera en les renvoiant à la plupart des Anciens qui ont été de cette opinion. .Tels en particu- lier Ctee/it d'Alexandrie ^TertuUien, Origene^ Africain ^ Laàance \ & par furcroit , le très /avant Hérétique Valentin, dit Mr. Mann. Si cela ne fuffit pas , il aflure que la nar- ration des Evangeliftes n'oblige à admettre qu'une Paque dans Fintervalle dont il s'agit. Car pour ce qui eft des trois premiers , ils ne donnent nulle certitude du contraire: Et {a) Chap. LXI. i. 2. C^) Evang. Selon S. Math. 3. 10. C3 38 Bibliothèque Britannique, Et pour îe quatrième ^ qui eft S. Jean 5qiioi* qu'il paroiile exprimer, en propres termes^ ieux Paqiîcs; on nous dit , i. que les Co- pilles de ion Evangile y ont tranfpofé dcuK Chapitres qui ibnc le V. & le VI. 2. qu'il ne faut pas lire ,au Verfet 14. du Chap. VI, que la Pâque, fête d^s juifs jétoit proche, mais raïei' le mot de Paqiie , ùi par la fàe entendre celle de Pentecôte, c'elt ce que Gérard Jean Vojfius (a) avoit déjà dit com- me PAuteur le fait obierver. Mais on ne voit pas que cette opinion en ait ^té plus fuivie. Quoiqu'il en foit, voici l'ar^ rangement Chronologique qu'on nous don- ne pour cette Année, 'dont la plus grande partie lombe dans l'an de la Période Julien- ^^ 4738. a & le refte en 4739. 4738 3Q. de Janvier. Jelus Chrift , âgé de Trente ans, e(l batifé. Paque, 14 Nilan , l'an 25. de l'Ere commune , Lundi ,2. d'Avril. Evang. félon S. Jean, II. 13. Pentecôte, 6 Sivan , Mecredi, 13 de May. Là même VL 4 & V. i. ., Fête des' Tabernacles, 6 Tifri, Jej- di, 27 de Septembre. Là même VII. 14. Dédicace , 25 Cafleu , Mecredi , 5 de. Décembre. Là même X. 22. 473^ U) DiiTert, ds an, Clirifli , part. 2. p. ^2, Avril, May et Juin. 1735. 3^ 4739 Paque, Ni fan , Vendredi, 22 de Mars- La même. XIII. &c. L'Auteur ajoute à cela J'àbrégé d'une Harmonie des Evangiles, qui donne bien Une idée de ce qu'il penTé: mais qui ne montre peut-être pas qu'il penfe jufte fui* ce fujet particulier. Tout ce que nous pouvons en extraire, c'eft qu'il place le Sahhat Second Premier ^ entre Pâque & Pen- tecôte ; mais pour le plus tard en Avril, parce qu'en Judée l'orge & le froment, com- me l'afllire Philon étoient meurs vers TE- quinoxe du Printems, (Se lelon Ifidore de Peluie , au tems de la Paque des Juifs. On pourroic croire que ces Autoritez mêm.e indiquent une Pdqiœ , dans le Sabbat en queftion: Et dans ce cas , elle ne peut pas être celle qu'on voit , dans la Table de l'Auteur, après le Batérae de Jefus Chrifl:. Ainfi il y auroit du moins deux Pâques avant celle où fe rencontre fa Paillon. Nous finirons cet Article en remarquant que l'Auteur croit tirer avantage, pour fon hypothcfe , de ce qui eft dit des Changeurs^ que Jefus Chrifl chafla du Temple ; Cette aftion étant raportée au commencement de fon Miniftere par S. Jean (a). Mais c'efl à la fin de ce miniftere que les trois autres Evan- {a) Evang. Selon S. Jean II. 14.. Ç4 40 Bibliothèque Britannique, Evangeliftes la raj3ortent (a). Cela a fait croire qu'une pareille choie avoit pu arri- ver deux fois, ou qu'il y a là quelque de- placement ou anticipation. On y en con- çoit une avec moins de peine en fup- pofant qu'il n'y a qu'une année de Mini- ftere , qu'en fuppofant qu'il y en a eu trois ou quatre. I V. L'Auteur bâtit fur un autre fonde- ment qui n'eft peut être pas des plus fer- mes; ceft la conftrudlion du Temî^Ie par Herode , dans la i8. année de ce Prince. Selon Mr. Mann , c'étoit peu avant la cru- cifixion de Jefus Chrift, que les Juifs di- foient (b ). Il y a quarante fix ans que Vm eji après à bâtir es Temple. C'eft ainii qu'il veut qu'on traduile, 6c non pas, On a été quarante fix ans à le bâtir. Sa rai Ton eft qu'on n'y en mit que vingt & deux, fi vous l'en- tendez du temple de Zorobabel. Mais pour celui d'Herode , c'étoit alors la quarente lixieme année qu'on y travailloit : L'an i8. d'Herode repond à Tan 4694 de la Période Julienne. Et il elt feur que 45. ajoutez à ce nombre donnent 4739; 26 de l'Ere Chré- tienne , & félon l'Auteur l'année de la Paf- fion. Il n'y a rien de mieux imaginé que cela , fi la propofition de rebâtir le temple, que (a) S. Math. XXI. 12. Marc. XI. 15-. Luc, XIX. 4f. {b) S. Jean chap. 2. y. 20. Avril, May et Juin. 1735. 41 que le Roi fit à la nation , félon Jofeph (a) l'an IV. , fut exécutée cette année même. Mais il fallut du tems pour alTembler des matériaux. Ec d'ailleurs l'année, dont il s'agit, n'aiant commencé qu'en Juillet, il eft probable que la propofition ne fut mê- me faite que plufieurs mois après, c'eft-à- dire à Pàque, ou les juifs venoient de tou- tes parts à Jerulalem. V. Parlant enfin du jour de la mort de Je» fus Cbriji qui , félon l'Evangile fut un Fen- dredi ^ Mr. Mann fait voir avec beaucoup d'érudition , que la Pleine Lune fe rencon- troit un Vendredi cette même année ,4739 de la Période Julienne qui eft la 25 ' de l'Ere Chrétienne: Et ne fe rencontroit dans aucune autre que la 33 qui eft celle oii on a accoutumé de placer cet Evénement. D'où il fuit qu'il doit être arrivé dans l'une de ces deux années. La conclufion eft très jufte , & nous voudrions pouvoir donner ici la fubftance des Principes qui la fondent ,* mais il feroit difficile d'abréger fans être obfcur. Les Lefleurs verront bien , fans que nous le difions , que l'Auteur donne la préférence à l'année XXVI. Et plu- fieurs auront pu déjà juger pour ou con- tre cette préférence. Nous ne pronon- cerons point là-delTus. Seulement nous a- vons cru devoir tracer une idée Générale du {a) Antiq. lib. if. c. 21. p. Cq^. &c. 4^ Bibliothèque Britannique^ du Syfleme de Mr. Mann, dans la Tabla ci -jointe. ARTICLE III. Collections reîatin^ îo the Hifiory. of Mary ^.een of Scotland &c. Recueil ae Pièces concernant l' Hiftoi- re de Marie Reine d'E cosse en 4. vol. y Troifiême Extrait. LE troifiême volume de ce Recueil ne contient que deux Pièces; i. La vie de Jean Lejley Evêque de RojJ. Cette Pièce ett- en Anglois , traduite de l'original Latin qu'on trouve dans le premier volume , & dont nous avons rendu compte dans notre premier Extrait. 2. La féconde Pièce contient les Négo- ciations de cet Evêque , ou Difcours ad- àrejjé à la très vertueufe ^ excellente Prin- cejfe Marie Reine d^EcoJfe , ^ fa Noblejfe, par Jean Evêque de RojJ^ AmbaJJaàeur de Jon Al- îejje auprès de la Reine d'Angleterre ; conte- nant un compte exact de [es Négociations pen- dant le temps de fin Àmbajjade , depuis fon entrée en Angleterre en Sept. 1568. juj qu'au, 26. de Mars 1572. Cetce féconde Pièce ^ qui remplit prefque tout le volume, eft précédée d'une Préface en forme de Lettre adreflée à la Reine d'E^ cofTe; & ou l'Evêque cherche à la confo- 1er dans ^es malheurs. Il employé pour cela plufieurs palTages de l'Ecriture ; éc lui fait ^ ? 2 I s g g ni- g- ^ S; 3 " n Pag. 43 TtfZ'/^ Chronologique pou?- ks deux DiJJertatiom. 4119 4H9 78-4 4M« 418, 4iOî 8S.4 454« 4«74 185.1. 4«7« 4«85 41554 XIII XVII XVIII XIX XXI XXXII I I j II 77s 1} 7»^ 1< 787 Xemcs commence à régner , vers le Pninems. Ct Prince, après avoir regnî plus de lo ans , eft adalliné , veri la fin de l'Eié, ou de l'Automne. AtUïerxe lui fuccede , du- rant 40. aiis. Sur 1.1 tiii de fa ". année , il donne , a EfJras , l'ordre pour re- bâtir Jcrufalcmi lequel celui ci reçeut le 11 Nlfan, ÔC lo de Mars, DM commencent ks LXX Semaines. Artaiterxe meurt , à l'entr;e de l'hyver. Ici finillènt les fept premières lemaines, 8c commencent les Ci fuivantes Milieu de la jç. femaine, où com:nencc h demi fcmaine dan» Uijnelle le Sactince celVa. Hcrude elt fait Roi , pat le Sénat , à la (in de la quatrevingt qua- tti;me Olympiade. Antigone , Ton concurrent , eft forcé de fe rendre , félon Dion ; ce que lofeph raporte àl'ann.e fuivante , & d'où il compte le Règne d'Herude. L'an 7 de ce Prince fs donne la Bataille d'Aflium , le 1, de Sep- rembre. Hccode , l'an 18 de fon règne, à compter de la mort d' Antigone eiuieiitend de rebà'ic le Temple. Jefus Ciirifl naquit , au Piintems. Hetode meurr environ le 11. Mars: Archelaus lui fuccede. Et peu aprcs , Jcfus Chtill eft ramené d'Egypte. l'Ere Chrétienne febn Denis le Petit, BannllTcmtnt d'Archflaus, la Judée réduite en Province. Défaite de l'Armce de Varus en Allemajne. Tibère y commande cette année , dans la-juelle fut fait le Décret pour f.)n allociation , &: d'i d il la faut Trioinpbt de Tibci Augulle meurt le ij. d'Asut Pilate fjccede , .î Gratus , d Jean Baûlle prêche l'Evangile tieme ans , aptes avoir été bacil Jefus Chrili memt le Nifan , V. des 450 où finiilèiit les L X X. Sci Ici finit la dernière femaine , où 1 Philippe le Tetrarque meurt. Vocation tic Cytneille. Pr;mices des Gentils, & Tibère fuccede -i tout VEmpire. is le Giuverncment de la judcc. Et ;eliis Chiift , âge d'environ , exerce en public Ton Minillere. " , li. de Mars, l'an 48} 'Alliance eft confirm.e j Juif. Avril, May et Juin. 1735. 43 fait voir par un tableau des misères de cet- te vie , à combien de calamitez nous Tom- mes fujecs dans ce Monde : Après quoi il dit qu'il n'y a point de condition qui foit expofée à tant de dangers & à tant de malheurs que celle d'un Ambafladeur , ou d'un homme chargé de quelque commilTion auprès d'un Prince. Pour le prouver il met dans ce rang Moïfe & les Prophètes, Jefus Chrift & les Apôtres ; & parcourt enfuite Thiltoire de quelques Amballadeûrs parmi les Païens qui ont eu beaucoup à IbuftVir. Un Miniftre public, dit- il, doit s'y 'attendre : Son devoir elt de s'expofer à tout avec courage pour le fervice de Ion Prince & de fa Patrie. Mais , ajoute - 1 - il , un autre devoir qui n'eft pas moins efTen- tiel, c'eft de rendre un compte exact de fa Commiflion : & ici encore il employé plufieurs traits d'érudition qu'il va cher- cher jufque dans l'antiquité la plus reculée; à la iiaite des quels vient l'exemple des fep- tante difciples que Jefus Chrifl: avoit en- voyez par la Judée , & qui lui vinrent ren- dre' compte du fuccès de leur Prédication. Tout cela engage l'Evêque à faire auiTi à la Reine un narré fidèle de ce qu'il a fait pendant fon féjour en Angleterre. Il com- pofa au refle ce Difcours dans la Tour de Londres, oii la Reine Elifabeth l'avoit fait enfermer pour les raifons qu'on verra. La Reine d'Ecofle s'étoit fauvée c'u Châ- teau de LocbUviny où le Comte Murray Ré-. gnec 44 Bibliothèque Britannique, genc du Royaume & fes Parcifans la rece- noienc. Elle aJTembla fes amis ; leva une armée; & alla livrer bataille au Régent pro- che de Glafcow. Le fuccès en fut malheu- reux pour elle ; de forte que ne pouvant plus refier avec fureté en Ecofle , elle réfoluc de fe réfugier en Angleterre. Elle avoit en- voyé auparavant un Gentilhomme à la Reine Elifabeth , lui dire que fi elle con- tinuoit à être preHée par fes ennemis , elle avoit delTein d'aller en pei'fonne lui deman- der du fecours : à quoi la R. d'Angleterre avoit répondu, qu'elle feroit la bien venue ce qu'on lui feroit tous les honneurs qu'elle pourroit attendre. En effet, la Reine Ma- rie étant venue en Angleterre fut parfaite- ment bien reçue à Carlijle. Elle envoya dabord les Lords Flemming & Harris pour lui dire, '' qu'elle fouhaitoit de fe ,5 rendre auprès de la Reine fa bonne fœur „ pour lui expofer l'état des affaires d'E- ,^ cofle, (S: prendre des mefures pour paci- 35 fier le Royaume ". Elifabeth ne jugea pas à propos de lui accorder fa demande, ni de permettre qu'elle vint plus avant ea Angleterre : elle lui fît dire de relier dans le Château de Botcon fur les frontières, juf- qu'à ce que fes affaires fuflent terminées , (^ fes fujets rentrez dans leur devoir. Elifabeth indiqua une Conférence a Tork entre des CommilTaires nommez parla Rei- ne d'EcoÛb, (S: d'autres qui y feroient de la parc de la Noblelfc mécontente. El- le Avril, May et Juin. 1735. 45 le y en envoya auOi de fa part, qui étoienc le Duc de Norcfolk , le Comte de SufTex, & le Chev. Sadler. L'Evêque de RofTavoic été nommé CommifTaire pour la Reine Ma- rie 5 avec quelques autres Seigneurs. Et de la part de la Noblelle mécontente parurenc le C. de Murray Regcnt , le C. de Morton (Se d'autres.- Les Députez de la Reine d'E- colle commencèrent pur faire une protefta- tion folemnelle par écrit „ que tout ce ,, qui lé feroit dans cette Conférence , ne „ pourroit porter aucun préjudice à la Rei- ,, ne leur Souveraine, ni à lés héritiers (5c ,, fucceflours à la Couronne d'Ecoflé, par „ rapport au droit de Souveraineté que „ les Anglois avoient quelquefois prétendu „ fur l'EcoQé; Et qu'ils n'étoient pas ve- ,, nus pour plaider ou débattre leur caufe „ devant eux , comme devant leurs juges „ 6:c. ". Laquelle Protellation fut approu- vée par les Commillaires Anglois & infé- rée dans leurs livres. Les Commiffaires de la Reine d'EcolTe furent priez de dire leurs Griefs, & de dé- clarer ce qu'ils demandoient : ce qu'ils fi- rent par un Ecrit , qui portoit en fubftan- ce ,, Que le C. de I^lurray la vérité des Prédic- tions qui 31 font contenues confirmées par les Eclipfes fe? par des objervations aflro» mmiques. V. Remarques fur les Qbfervc^ tions du Chev. Newton fur tes Pro- phéties de Daniel & fur ï Apocalipfe. V t Demonftration que le Mini fi ère de notrt Seigneur a duré pour h moins quatre ans. Par Guillaume Whifion 8°. ppi j^/, chez Jean Whifion 1734. DAns la première DifTertation , Mr. Whif- fowfe propofe de prouver l'authenticité du Témoignage de Jojephe touchant Jean Bap- tijle^ Jacquet le jvfieyviu tout de celui que cet E 2 hiiléi' (54 Bibliothèque Britannique, hiflorien rend à N. S. Jefus Chriji & qui a été le plus révoqué en douce par les fa- vans. L'Auteur rapporte d'abord ces Témoi- gnages dans leur entier ; le premier tou- chant Jean Baptijle Çq trouve dans les An- tiqu. Jud. L. XVIII. tOMchdiXïi Jacques le juf- te y ihid L. XX. Et celui enfin qui regarde Je- fus Chriji fe voit dans le L. xviii. Comme Taneguy le Fe-vre avoit attaqué ce dernier Témoignage, fous prétexte que le llile n'en paroiflbit pas être de Jofephe ; Mr. Whiflon produit ici un grand nombre de Paflages de cet Hiftorien; oli l'on trouve des Phrafes femblables à celles qu'il employé dans ce qu'il dit de Jefus Chriji. On peut voir ces PafTages dans le livre de Daubiiz, de Tejli- mon. Jofeph. Lond. 1706. 8. p. 128-205. & dans le Jofephe de l'Edition de Havercamp. vol. II. p. 216-232, d'où notre Auteur les a tirez. 11 rapporte enfuite tout ce que les Ecrivains Ecclefiaftiques & Profanes ont dit touchant Jofephe & que l'on trouve aufîî dans- quelques Editions de cet Hiftorien. Après quoi viennent les Reflexions de Mr. JVbijlon. I. Il remarque que puifque les Paflages concernant Jean Baptijîe ^ Jacques le jufle font généralement reconnus pour être de Jofephe; il n'eft pas moins certain que celui qui regarde Jefus Chriji eft du même Auteur, par la conformité du ftile : nonob- ftant ce qu'a pu 'dire Tan: k Févrs, qui pré- tend Avril, May et Juin. 1735. 65 tend qu'Eufebe a forgé ce Témoignage & l'a attribué à Jofeplie. II. En fécond lieu, dit notre Auteur, puif- que de l'aveu de prefque tous les favans, jofephe a parlé fi avancageufement de Jean Bapîijie qui a été le Precurfeur de Jefus Cbrift, &L de Jacques le Jufle qui a été fon Difciplef; e(t il vraifemblable qu'il n'eut rien dit à Tavantage de Jefus Chri(l lui-même, fon fu- jet le conduiiant là naturellement? III. Mr. U^hifton remarque en troifieme lieu, que dans le l^emoignage que Jofepbe rend à Jefus Cbrjl, il ne faut pas entendre ces Pa- roles 0 X:i;o; HTOQ vv, i! étoit le Cbrifl ^ ou il étoit Cbrift ; comme fi elles fignifioient que Jefus fut véritablement le Cbrift de Dieu, ou le Mejfie que les Juifs attendoient. Le def- fein de l'hiftorien Juif, félon notre Auteur, écoit feulement de marquer que ce Jefus duquel il parle, étoit diftingué des autres , qui portoient le même nom & qui ccoienc en grand nombre, par le furnom de Cbrift; ou qu'il écoit celui qui étoit connu dans le Monde fous le nom de Jefus Cbrift , & dont les difciples écoient nommez Cbretiens. Ce qu'il prouve , I Parceque les Grecs & les Romains , pour qui Jofephe écrivit fes Antiquitez JudaX- ques , n'ont pas pu entendre ces Paroles dans un autre fens. Les Juifs & les Chré- tiens favoient , il efl vrai , ce que c'étoit que le Meftîe promis à lEglife , qui devoit faire fur la Terre les fonctions de Roi, de \ . E 3 Sacri- 66 Bîp.LîOTHEQUE Britannique, Sacrificateur & de Prophète , ù. compre^ noient aifement toute la force de cette ex- preflion de Jo/ephe: mais ce n'étoit pas pour eux qu'il écnvoit ; c'écoit pour les Grecs y pe-- 72 Bibliothèque Britannique, 5, pereur à Rome ou Jofephe écrivit fon hirtoire. Cec Exemplaire de la Bible, dont Jofephe fe fervit, écoit, dit notre Auteur, un peu différent de celui des Samaritains & des LXX. comme on les avoit dans ce temps- là: mais beaucoup plus de celui des Malb- rethes, tel qu'on l'a e\i depuis Barcbokebas ^ comme il eil aifé de s'en convaincre. „ Mais quel Exemplaire pouvoit ce donc „ être, fi ce n'eft celui qui étoit confervé „ dans le Temple , & le même fans doute ,, que Nehemie avoit recueilli environ 520. „ ans auparavant ? '' Que Jofephe fe fait fervi d'un Exemplaire é- crit par Nehemie^ bien différent (^ beaucoup meilleur que ceux que nous avons, C'eft ce que Mr. Whilton prouve i. par le Livre même de Nehemie, ou il paroit manifefte- ment y avoir une interpolation depuis le Chap. VIL vf. 70. jufqu'au Chap. XI L vf. 26. Car ce qui efl: rapporté dans cet en- droit n'a pu être écrit par Nehemie, puif- qu'il y ert fait mention de Jaddua fouve- rain Sacrificateur , qui a vécu longtemps après ce Prophète , & qu'il y eft parlé de Nehemie en la troifieme perfbnne, au lieu que dans tout ce qui précède & qui fuit, il parle de lui même en la première perfon- ne. AufTi ne paroit il pas à notre Auteur que Jofephe ait eu connoiffance de ce qui fe trouve dans cette interpolation, & qu'il en falTe aucune mention ; ce qui eft une preu- ve Avril, May et Juin. 1735. 73 ve qu'il ne s'eft point fervi d'un exemplaire tel que ceux que nous avons , mais qu'il avoic fous les yeux celui de Nehemie même. 2. Les Prophéties de Malachie^ qui a vécu après Nehemie^ n'ont pu être inférées dans la Collection que celui-ci avôit faite des Li- vres facrez : ÂulTi J'^fepbe qui parle de tous les Prophètes jufqu'à Zacbarie; ne dit rien de Malachie , ce qui eil une autre preuve qu'il à fuivi l'exemplaire de Nebemîe. 3. Notre Auteur foutient que la Chrono- logie de Jofepbe eil: plus exadte que celle de nos Bibles : & qu'il y a plus d'ordre & plus d'harmonie dans fon hiftoire, qu'on n'en trouve dans la Bible hébraïque, ou dans les LXX. „ Mais ajoute-t'il , je ne „ prétends pas qu'on m'en croye fur ma ,5 parole; j'aime mieux que les'favans en „ faflent eux mêmes l'eflai , & ils feront „ bientoft convaincus que l'ouvrage de 5^0- 5, fepbe répend beaucoup de lumière fur les 3, livres hiftoriqucs & fur les Prophéties du 55 Vieux Teftament. " 4. Il y a un grand nombre de pcflages dans les livres de Moyfe, de Jofué (Sec. qui contiennent des faits poflerieurs de beau- coup à ces Ecrivains facrez , & qui ne- ceffairement doivent y avoir été ajoutez par une main étrangère: mais fi on les trouve dans nos exemplaires hébreux, dans les LXX., & même dans le Pentateuque Samaritain , il ne paroïc pas qu'ils fuflenc dans j4 Bibliothèque Britannique^ dans l'Exemplaire dont Jofephe s'eft fervL Mr. Wbiflon en allègue plulieurs exemples, nous nous contenterons d'en tranfcrire deux ou trois, par où l'on pourra juger du relie. Après qu'Abraham fut arrivé dans le Païs de Canaan il eft remarqué (Gen. XII. 5.) ^ue les Caîianéens étoient alors dans ce Païs là. La même chofe le trouve XIII. 7.^ Cette remarque ne peut avoir été faite qu'après que les Cananéens eurent été chaiîez de leur Païs, & par confequent long temps après la mort de MoiTe. Ces deux hittoi- res font bien rapportées par Jofephe, mais il n'y ajoute point cette remarque, ni ne paroit faire aucune allufion aux paffages, dont il s'agit; qui par confequent ne fe trou,- voient point dans fon Exemplaire. Gen. xxvi. 26. 32. 33. il eltdit, qu'^M- melsc Roi de Guerar , avec Abuzat fon ami cff Ficol chef de fon armée vint vers Ifaac 6c qu'ils firent alliance enfemble ; & que les Serviteurs d'Ifaac creuférent un Puits , à eau- fe dequoi le nom de la Ville a été Beer-fehab jufqu'à aujourd'hui: mais la même hiltoireell rapportée d'Abraham (ibid xxi. 22. 30. 31. 32.) ce qui, dit notre Auteur, ell certai- nement une addition , ou une répétition , âf une méprije d'Ifaac pour Abraham. Mais on ne la trouve pas dans Jofephe. L'Hiftoire de l'idolatne de Aîica (Juges Ch. xviii.) ne fe trouve point dans Jofe- pbe, & paroit à l'Auteur une addition de plus nouveUe datte* Avril, Mav et Juïn. 1735. 75 On pourroit dire à tout cela que ces va- riétés que l'on remarque entre nos Bibles, & l'hiftoire de Jojèphe, ne prouvent rien en faveur de ce dernier, à qui l'on a plus d'une fois reproché, de ne s'attacher pas fcrupu^ leufement à fuivre le Livres Sacrez. Mais Mr. Whiflon tâche de le juftifier là-deflus, par des raifonnements qu'il feroit trop long de rapporter ici. 11 prétend que Jofepbe étoit extrêmement exad à fuivre les Au- teurs infpirez , puifqu'il déclare lui même dans plutieurs endroits de Ces Antiquitez , qu'il ?fajouîûit , ni ne retranchoit rien aux Li* mes Sacrez , qu'il avoit toujours fous les •yeux, L'Auteur conclut en exhortant les Sa- vans Chrétiens & principalement les Eve- ques & les Pajîeurs, à procurer à l'Eglife Chré- tienne des Editions é? des 'ver fions du Vieux Teflament meilleures âf plus authentiques que celles qui ont paru juj'quà prejhit. Et de les former fur le Pentateuque Samaritain, fur la Bible des lxx. & fur les différentes leçons des Maforethes, & fur tout de Jofephe^ qui a puifé dans la meilleure fource. La troifieme Diflertation eft une fuite de la difpute que Mr. Wbifton a avec Mr. Sy- KEs, touchant VEclipfe dont Pblegon fait men- tion. On en a dcjn. parlé dans cette Bibliot. T. 3. Pr. P. p. cj6. Cette Difftrrtation n'a pas refté fans reponfe : Mr. Sykes a repli- que , & nous attendrons à rendre compte ée la fuite de cette difpute qu'elle paroillè ten» j6 Bibliothèque Britannique, tendre à fa fin ; pour n'être pas obligés de revenir Ibuvent à un même iujet. Dans la quatrième Diflertation , Mr. Wbif- ton examine la Chronologie des Chinois , des AfTyriens & des yËg\^tiens; & tâche de la redifier par des obfervations agronomi- ques & par des Eclipfes dont on voit ici un ample Calcul, i.-;..:. 6 à Cana en Galilée - - - 70. 7 au Jardain vers Jean Baptifte - 30. 8 au defert pour être tenté •' -c»'?-- 30. 9 a Jeruialem où J. C. fak-ft^isfecondé Pâque - ^ - -' ■^. 10. 10 à Nazareth - - - - ^ro. 11 à Gapernaum - - -; - 20. 12 a une certaine Ville. Supp*'' ^i^^;. - 10. 13 au Defert (de BethfaïdeJP. ^ï^^ - 13. 14 à Gapernaum - - iia.i:;iij.i. (5. 15 à Nain - - - ' '<^ii<''J^. 30^ 16 au Defert (de Bethfaïde) ^^ joints enfemble , efl fujette à beaucoup d'inconvcniens , à caufe du roulement des vagues 5 & des Courans d'eau qui fe trou- vent dans la mer, Mr. Defagidiers remar- quant que la prefTion des fluides à une mê- me protondeur , efl: toujours la même quel- le qu'en foit la direction , 6l que par confe- quent ce qui miontre exadlement quelle efl la preflion au fond de la mer , montre en même tems quelle en efl: la profondeur dans cet endroit là, a inventé une Méthode nou- velle , fondée fur ce Principe. Le Dr. Ha- ies dans fa Statique des Végétaux , dont nous avons donné l'Extrait , fait la defcription d'un Infl:rument qu'il a inventé pour dé- couvrir la preflion de Tair dans un vafe opaque ; il verfe du miel & ce qui vaut mieux encore du Syrop dans un vafe ou- vert, fur la furface du Mercure , prenant cnfuite un tuyau dont une extrémité efl fer- mée hermétiquement, & l'autre ouverte, il eofonce eelle-ci dans le miel ou le Sy- rop, 9*2 Bibliothèque Britannique^ rop ,1a preffion de l'air fait monter le Mer-» cure dans le tuyau ; retirant enfuite le tuyau du vafe , cette preiïîon cefle , le Mer- cure redefcend, mais le miel, ou le fyrop qui s'étoit attaché à la furface intérieure du tuyau 5 laifle une marque, qui montre juf- qu'ou le Mercure écoit monté. La Machi- ne que Mrs. Haies & Defaguliers ont inventée pour mefurer plus exaâement la profondeur de la mer n'eil autre chofe qu'une machine qui fait defcendre cet inflrument de Mr. Haies jufques au fond de la mer , & l'en fait remonter d'abord. Par le moyen de cet infbrum.ent on voit jufqu'oii la prefîîon de l'eau fait monter le Mercure & par là on juge de la profondeur de la mer. Arc. 7. Relation de deux Tumeurs ex- traordinaires de V abdomen , extrsike d'un livre Latin publié kStrashourg en 1728. qui a pour titre Joannis Boecleri M. D. &^c, ad exteros Medicos Epiftola^ par M. G. Rutty M. D. R. S. Secret. Quelque curieux que foient ces deux cas , comme ils fe trouvent dans un ouvrage nouvellement imprimé , nous y renvoyons nos Ledteurs. Art. 8. De la manière dont on cultive & on prépare le faifran en Angleterre , par Mr. Jaques Douglas Médecin extraordinai- re de la Reine & Membre de la S. R. L'Auteur prend fes obfervations de ce qui fe pratique dans la Province de Cam- bridge, qui eft celle d'Angleterre oii l'on cultive principalement le faffran, & depuis un Avril, May et Juin. 1735. 93 un plus long cems; après avoir fait choix d'un terrain uni , & qui s'eft repofé pendant un an , on le laboure vers le commence- menc d'Avril , en traçant des filions plus fer- rez & plus profonds que pour aucune autre elpece de grains , on y répand dans le mois ie May depuis 20. jufqu'à 30. charges de jmier préparé exprès pour chaque acre de •rre , enfuite on entoure ce terrain de lyes fort ferrées , afin d'en écarter les 'Itiaux & fur tout les lièvres qui ne man- eroient pas de manger les feuilles du faf- n pendant l'hyver. In Juillet on plante les racines dans des us placés à environ 3. pouces de diftance uns des autres , on en plante ordinaire- nt 392040. ou environ dans un acre de •e,on les laifle fans y toucher jufques au imencement de Septembre , que l'on ipt la terre avec la pioche pour faciliter ortie de la plante qui eft: prête à paroi- , & alors on arrache toutes les mauvai- herbes avec foin. 'eu de tems après les fleurs paroiflent, les cueille le matin , il n'importe que ce un peu devant, ou un peu après leur 'aite maturité, enfuite on fepare de ces rs les filamens ou Etamines , & avec une bonne partie du Piilile auquel ils : attachés, & on jette le refte comme ile; il ne refi:e plus qu'à fecher le faf- , ce qui demande bien du foin, & de luftrie. Mr. Douglas donne fort exadte- "êms F, Fart, L G mène P4 Bibliothèque Britannique, ment la defcripdon des inftrumens dont on fe fert pour cela , & de touc ce qu'on doit obferver pour bien fecher le fafFran & em- pêcher qu'il ne fe bruie; il déchoit dans cet- te opération de 4. cinquièmes & un acre en produit l'un portant l'autre en 3. années 26. livres ,• la dernière récolte efl de beaucoup la plus abondante; après cette 3. récolte on tire les racines de terre pour les replan- ter; après avoir feparé les vieilles enve- loppes , ces racines augmentent ordinaire- ment d'un tiers. Mr. Douglas fuppute qu'un acre de terre planté de fafFran rapporte cinq livres fterling de rente, toutes charges déduites. No. 406. Comme ce Cahier contient plu- fieurs Articles très curieux^nous en avons don- né un Extrait allés ample dans la première Par- ti du premier Volume de cette Bibliothèque. N«. 407, Art. I. Catalogue de 50, Plantes du jardin des Apothicaires à Cbelfea , que Mr. Ifaac Rand par ordre de la Compagnie des Apothicaires & fous la diredtion du Chevalier Sloane a prefenté à la Société Royale l'an 1727. Art. 2. Hiftoire de la prem. Décade d'un Livre qui a pour titre Johannis Marîyn Hif- îoria Plantarum rariorwn par Richard Reily, Mr. Martyn avoit fait deffiner exadlemenc plufieurs Fiantes de leur grandeur naturelle & avec leur propres couleurs, deforte que par ce moyen en regardant feulement les deffeins on peut apprendre à connoitre les Plantes fans avoir befoin d'une defcription Ion- .Avril, May et Juin. 1735. pj longue & ennuyeufe. AJr. Reily donnt: ici Je Catalogue des plantes que Mr. Martyn 2iïditx deffiner. Arc. 3. Eflay pour expliquer le Phéno- mène de l'élévation des Vapeurs, la forma- tion des Nuées 6c la djfccnte de la pluye, dans une lettre de Mr. Dejagulier au Dr. Rut- ty Secrétaire de la Socicce i^oyale. Tout la monde fçait que les V'apeurs que la Terre 6: la Mer exhalent, montent dans l'air , y forment des Nuées & retombent en- fuite en pluye ; mais l'explication de ce Phénomène e(t une des chofes fur lefquel- les les Philofophes ne fe font pas encore accordés, & toutes leurs hypothefes, ont un coté foible , par où on peut les attaquer. ]\'iewentyt prétend, que àcs particules de feu qui fe feparent des rayons du Soleil, s'attachant à des particules d'eau, forment des Corps plus légers que Tair, qui par les Loix de Thydroilatique montent necefiai- rement & forment des nuées , mais s'arrê- tent & demeurent fufpendus aufli tôt qu'ils font parvenus à une hauteur ou l'air ell en équilibre avec eux ; il conçoit que dès que ces particules de feu le détachent de celles d'eau , ces dernières recouvrent leur pre- mier poids & ne pouvant plus fe foutenir dans l'air , forment des goûtes & tombent en pluye. Mr. DefagiUiers remarque fur cet- te hypothefe. i. Qu'elle fuppofe que le feu eft une fubftance particulière ou un Elément diitindt, ce qui n'a pas été prouvé par des G 2 Ex^ ç6 Bibliothèque Britannique, Expériences fuffifantes, & que Mr. Haïe dans (es Ohfervations Statiques nomme une opinion mai fondée. 2. Mr. Nieicentyt attri- bue la réparation des particules de feu de celles d'eau & par confequent la production de la pluye à deux caufes aifferentes; i. à ]a Condeniation 5 lorfqu'il dit que les Vents qui foufflent de deux cotés oppofés con- tre une nuée compriment les particules d'eau ; que celles de feu s'en déta- chent alors , & que les premières étant de- venues par là plus pefantes fe précipitent & tombent en pluye: & 2. à la Rarefaftion, quand il dit que'lorfque le vent fouffle obli- quement contre une nuée , il la chalîe en haut dans un air plus raréfié & plus léger, que les particules de feu s'en détachent alors, pour monter plus haut encore, & que celles d'eau ayant recouvré leur pefanteur naturel- le, ne peuvent plus fe tenir dans cet air ra- réfié & léger ou le Vent les a pouflees , ni mê- me dans un air plus pefant , mais tombent en rofée , pruine , pluye ou neige , félon qu'el- les avoient été rarefi'ées ou condenfées. La première de ces Caufes eft contraire à l'Expé- rience: Lorfque deux vents foufflent de deux cotez oppofés , le Baromètre montée le tems fe met au beau , parce que l'air qui eft au deflus des nuées étant accumulé & devenu plus pefant , les nuées loin de defcendre en pluye , comme dit Nie^De?2tyt , montent juf- qu'à cette partie de l'Atmofphere dont l'air eft en équilibre avec elles , & Mr. De/agit- tiers Avril, May et Juin. 1735. 97 Uers remarque fur la 2de. caufe, que félon Mr. Niewentyt il doit pleuvoir neceflairement toutes les fois qu'une nuée fe trouve dans un air plus léger qu'elle, ce qui e(l démen- ti encore par l'Expérience, car fouvent les nuées montent ou defcendent fans pluye, même iors que le Baromètre fait voir que la pefanteur de l'air ell changée. Afin que la pluye tombe , il faut non feulement que la pefanteur , de l'air diminue confiderable- ment , mais encore que les nuées foient à une hauteui' fuffifante pour pouvoir tomber avec force ; parce que dans ce cas là Ja reli- flance de l'air qui augmente comme le quar- ré de Vitcffe avec laquelle la nuée defcend, approche les unes des autres les particules d'eau qui flotcnt dans l'air; tellement, que par l'attradlion elles forment des goûtes , qui étant plus pefantes qu'aucun air, tombent neccffairement en pluye: 3. Si des particules de feu fe joignant à celles d'eau les font mon- ter en vapeurs, le volume de ces particu- les de feu doit être loco. fois plus grand que celui des particules d'eau , par confe- quent un homme placé fur une montagne au milieu des nuées , doit fentir une chaleur af- fés grande , parce qu'il touche une furface de feu qui eft beaucoup plus grande que celle de l'eau, mais là ou la pluye tombe il doit faire plus froid, ce qui eft encore dé- menti par nos fens. Car le fommct d'une montagne cil toujours plus froid que la plai- ne même dans un tcms de pluye. G 3 ' D'au- 98 BlBLIQTHEOUE BRITANNIQUE, D'aucres expliquent d'une manière différen- te comment les Vapeurs montent. l'Eau , di- fent lis, eft plus pelante que l'air, mais étant raréfiée fa lurface augmente & la mafle de fes particules diminue tellement qu'étant éle- vée en l'air, elle ne peut tomber facilement, parce que le poids des particules diminue com- me la racine Cubique de leur Diamètre, & la furfaqe comme la racine quarréc de ce mê- me Diamètre. C'ett par cette raifon que la pouiîiere vole en Eté & que des Diflblvans foutiennent des Métaux qui font plus pefans qu'eux. i\Jr. Defaguliers remarque iur cela , que l'augmentation de la lurface d'un Corps dont le poids relie le même, l'empêche de defcendre, ou le retarde, "à caufe de la refi- ilence de f air à une plus grande furface ; par la même raifon elle doit l'empêcher de monter; que l'élévation de la pouffiere eft caufée par le Vent ou par les pieds des ani- maux qui s'y meuvent, au lieu que les Va- peurs montent dans un tems calme aufll bien que dans un tems orageux, & ne re- tombent pas comme la pouifiere , dès que le vent ceffe. La Troifième opinion qui eft aujourd'hui gencralem'ent receue,eftj que par l'action du Soleil fur l'eau (des particules d'eau) il fe forme de petits globules remplis d'un air très fubtil, qui font moins pefans que l'air commun ,& qui par les loix de l'hydro- ftatique doivent monter dans l'air ifuppofons qu'une particule d'eau qui forme un petit globe Avril, May et Juin, 1735. pp globe creux , augmente enforte que fon Diamètre devienne dix fois plus grand, fon Volume deviendra mille fois plus grand & fera plus léger que l'eau commune, donc le poids ell à celui de l'air comme 850. à I. Suppofons encore que l'air qui remplit ce globe foie 9. fois moins condenfé que l'air commun , ou comme 50. à 850. la pe- fanteur du globe & de l'air raréfié qui y eft contenu , fera à celle de Pair comme 900. à 1000. (Se par confequent il doit mon- ter jufqu'à ce qu'il fe trouve en équilibre avec un air, donc la denlité foit à celle de l'air OLi le globule a commencé à monter, comme 850. à environ 945, Mr. Defagidiers dit contre cette opinion , que le Volume d'un air , raréfié par une chaleur qui rougit uneRe- torte, ne fe dilate qu'au triple; par la chaleur de l'eau bouillante de \l ou environ |: par la chaleur du Corps humain de \^ ou environ 1 ; & il conclue que la Condenfa- tion & la rarefadlion , & par confequent l'élé- vation & la defcente des Vapeurs , doit avoir une autre caufe que la Condenfation & la rarefadion de l'air. Mr. Defagidiers après avoir refuté les fentimens des autres, propofe le fien. Il remarque d'abord que les fluides qui font élailiques, ont une denfité proportionnée à leur compreffion, & font compofés de par- ticules qui fe repouffent les unes les autres de leurs centres refpeftifs, & que les au- tres fluides qui ne font pas élafi;iqucs,coni- mo loo Bibliothèque Britannique, me le Mercure, l'eau &c. ne peuvent pas ^ être comprimés ; ce qu'il attribue à la for- * ce centrifuge des particules qui les compo- fent, &. non pas à l'abience du vuide , puif- que les fels qui imbibent l'eau, augmentent en poias , fans que leur volume augmente. Il fait voir enfuite, qu'on peut changer non feulement un fluide qui n'elt pas élailique , mais même un Corps folide en un fluide élallique, en augmentant la force repulfive des particules qui les compofent , & qu'au contraire en diminuant cette force repulfi- ve un fluide élaltique, peut être changé en un fluide non éîailique, & même en un corps folide : il ajoute que les particules du Mercure , de l'eau ôcc. ont une force attractive, puiiqu'elles forment des goûtes dans un Récipient vuide auni bien que dans l'air , & qu'elles s'attachent à d'autres corps. L'attradion & la repulfion ag'flent d'u- ne manière difl'ercnte : la première n'agit que fur les Corps qui font dans le point d'at- touchement, ou ç. une petite diflance, & alors elle furpafle la repulfion jufqu'à ren- dre non-elaflique un fluide élaftique , fans pourtant détruire entièrement la force re- pulfive de fes particules; parce que c'eft à caufe de cette repulfion que ce fluide ne peut pas être comprimé: Lorfque par la chaleur ou par la fermentation les particu- les s'éloignent du point d'attouchement, le repouir^Tient le renfL)rce (Se les particules agiileatà une grapdc difl;ance de ;, forte qu'un corps Avril, May et Juin. 1735. 10/ corps devenant un fluide élaflique, peut être dilaté jufques à occuper unefpace un million de fois plus grand que celui qu'il occupoic étant encore un corps folide ou un fluide non-élaftique : c'elt ainfi que Peau bouil- lante le change en Vapeurs élaftiques qui montent dans l'air, que le Mercure ou les huiles diitillées montent dans un milieu fore rare qui relie dans une Retorte rouge , que des Vapeurs fulfurées montent même dans un Récipient vuide, de la même -manière que l'Aurore boréale monte dans la partie fubtile de l'Atmofphere, qu'en jettant quel- ques goûtes d'eau forte fur du Mercure on voit monter une fumée rougeatre plus lé- gère que Pair commun , que les Végétaux ik les limailles des métaux , lorfqu'elles fer- mentent, produifent une fumée femblable, & qu'enfin plufieurs fubflances folides pro- duifent par la diftilation ou par la fermen- tation un air permanent. Mr. Defagiiliers ayant prouvé que la cha- leur rend les fluides élaftiques, remarque qu'elle agit avec plus de force fur l'eau que fur l'air, car un degré de chaleur qui raréfie l'air de y raréfie l'eau près de 14000. fois & la faifant bouillir la change en Va- peurs ; en hyver même ce petit degré de chaleur qui comparé à la chaleur de notre corps paroit froid , fait monter des vapeurs de l'eau pendant qu'il condenfe l'air. De tout cela Mr. Dejaguliers conclut que fi les particules d'eau changées en vapeurs par la G 5 cha- IÔ2 Bibliothèque Britannique, chaleur & rendues élaftiques, fe repouflent fortement les unes les autres , & encore plus fortement Pair , un amas de ces particules compofé de vapeurs & de vuide peut mon- ter dans l'air d'une denficé différente, fé- lon les differens degrés de fa propre denfi- té, proportionnés aux degrés de la chaleur, fans qu'il foit neceiTaire de recourir pour cela à des globules imaginaires. Pour mieux expliquer fa penfée il fait le calcul fuivant ; le degré de chaleur de l'eau bouillante elt 34. celui de l'Eté 5. celui du Printems & de PAutomne 3. celui de l'hyver 2. La dilatation des Vapeurs propor- tionnée à ces differens degrés elt 14000, 2058. 1235. 6i 823. la dilatation de l'air eft en Eté 900. au Printems & en Automne 850. & en hyver 800. Les vapeurs que le degré de chaleur exprimé par le nombre 2. fait monter en hyver lors que la dilatation de l'air eft 800. montent environ ^ d'un mi- le 5 quand le Baromètre eft au deflus de 30. pouces , & plus haut encore fi la cha- leur eft plus grande ; fi le Baromètre tom- be , & le lieu ou ces vapeurs foit en équi- libre devient plus proche de la terre, la cha- leur augmente, les vapeurs font plus raré- fiées, & le nouveau lieu de l'Equilibre eft à une hauteur proportionnée: il faut remar- quer encore qu'en hyver lorfque le degré de chaleur eft à raifon de 2. l'air le plus condenfé eft celui qui eft le plus proche de la terre , parce que celle-ci n'a pas une cha- leur Avril, May et Juin. 1735. ^03 leur fuffifante pour le raréfier comme dans un tems chaud; ainfi les vapeurs montenc par degrés dans un air dont la denfité di- minue à proportion qu'il eft plus élevé de la terre , à, la condcnfation de Tair froid qui les environne ne fçauroit les empêcher de monter, parce que cet air efl: également froid à quelque hauteur qu'il fe trouve éle- vé au defllis de la terre : dans le Printems & dans l'Automne le degré de chaleur ex- primé par le nombre 3. fait monter les va- peurs à la hauteur de 3!. miles lorfque le Baromètre eft à 30. pouces , & la dilatation de l'air 850. mais commiC l'air eft alors plus chaud à une petite diftance de la terre qu'à la hauteur d'un mile ou d'un demi -mile, & par confequent plus raréfié , les vapeurs en montant dans un air plus froid fe con- denrent,&; le lieu ou elles font en Equilibre eft à la hauteur d'environ un mile. En Eté le degré de chaleur exprimé par 5. devroic faire monter les vapeurs à la hauteur de 5I miles , mais comme l'air qui eft proche de la terre, eft alors encore plus chaud & plus raréfié , elles s'arrêtent à la hauteur d'envi- ron 2. miles ou i^ mile. Art 4. Remarques faites dans un Voyage ^uPeaken Derbyfhire par Mr. Marîyn. Mem- bre de la S. R. Le Diftria; dans la Comté de Derby qu'on appelle Peak eft fameux pour les 7. Merveilles qu'on y compte , & qui font I. Cbaîiworîb maifon fuperbe du Duc de 104 Bibliothèque Britannique, de Devonfhire ; 2. Mamtor Rocher affreux ; 3. Eldenbole puits d'une profondeur extraor- dinaire ; 4. la fontaine qui a un flux & re- flux. 5. BuxtonWell eau minérale; 6. Peaks- hole 6l 7. Pools-bole deux Cavernes. Mr. Martyn rapporte qu'on s'efl: trompé à l'é- gard de la plupart de ces merveilles, qu'il n'efl: pas vray qu'il tombe continuellement de grolTes pierres du Mamtor fur une petite montagne qui eftaudeffous de ce rocher fans que le rocher diminue ou que la montagne augmente; qu'FAdenbole n'eft qu'une grande ouverture perpendiculaire de la Terre, dont la profondeur efl: inconnue; qu'il n'a jamais remarqué aucun flux & reflux dans la fon- taine à laquelle on l'attribue; que Peaks-holeôc Pools hole font deux ouvertures horizontales fous deux monta2;nes , l'une près de Cajikton^ l'autre près de Buxton , qui félon les appa- rences doivent leur origine à des fources d'eau qui couloient fous fes montagnes, que BuxtonWell étoit renommé pour deux fources d'eau , Tune chaude , & l'autre froide, qu'on trouvoit à une fort petite diftance Tune de l'autre, mais qu'aujourd'hui il n'y a qu'une feule fource , dont l'eau, félon le Thermomètre de Haijoksbee, eft plus chau- de que l'eau commune de 325. degrés & dont on fe fert pour les bains. Il donne à cette occafion une Table des Expériences llatiques qu'il a faites fur les bains chauds que nous avons cru devoir inférer ici. Poids Pag. 104- (uillet. 22. h. 8': du matin. h. II. après avoir man- gé & chan- gé d'habits. Après a- voir diné & changé d'habits. le valet qui voit 136. 9. 134- 1. 108. 13- 118. 137. 5- 140. 7- 170. 4-;- 117. 8. 136. 14. 142. ûi- 170. I.J- 119. I. 173- Apres avoir été au Bain. 12. Minutes. Urine. 137. ";• 134. I3r 170. 119. 7- 3- §■ 4. g- après avoir été au Bain. 20. Minutes, Urine, 5'- Poids , une heure après avoir été au bain. 167. 14' 117. 9{- 7- 13- ^ 15- 135. 133- 167. 117, 15. II, 14. après avoir fait un tour dans Pools- hole pendant une heure & demie. la Tranfpiration s'eit trouvée 8l3- crois s'étant promené pen- dant i h. & le 4''. s'étant re- pofé. la Tranfpiration s'eft trouvée. 3- 5- 7*0-. 3- ?. 6;5- 173. 6. après avoir été au bain. i. h. 172. 15- après une heure de tranfpiration. Avril, May et Juin. 1735. loj Mr. Martyn conclue de ces Expériences, I. que le poids du corps, immediaccmenc après avoir pris le bain chaud , au^mence. 2. que la tranlpiracion qui vient cnluice , n'ed pas aufli force que le Dr. Keill dans la Médecine jlatique l'a prétendu, puiique ielon cette Taole elle ne monta dans une heure de tems qu'à j. onces , 6i dans une heure & demi de 8. onces à une livre, quoique riixercice qu'on prenoit en même tems put c.îufer par lui-même , félon le calcul du Dr. Keill , une tranfpiration de 3. à 6. on- ces : au lieu que le Dr. Keill prétend que la tranfpiration monte alors dans une heure de tems à une livre & demi. Art. Y. Cet Article contient un Calcul 5, jets fenfibles , l'Ecriture fainte même ^j à été obligée de reprelenter les „ plaifirs du Ciel, fous des images fenfi- 5, blés (a). Mais ces defcriptions n'ont 5, rien de ces imaginations puériles, dont „ les defcriptions de Mahomet font rem- 3, plies ; & fur tout elles font infiniment 3, éloignées de ces Idées grolTieres & fen- „ fuellcs , dans lefquelles Mahomet fe plai- „ foit fi fort; au contraire, l'Ecriture nous „ aflcure pofitivement , q\i'en la Refurrec- „ tioîi on ne prend ni ne dorme des femmes en „ mariage^ mais (\vCen ejt comme les Anges de „ Dieu dans le Ciel (bj. Mais Mahomet , „ pour exciter le prix du Paradis aux yeux 5, de fes Arabes , gens d'une complexion 5, fort amoureufe, a mieux aimé imiter fur ,, ce point l'indécence des Mages, que la „ modeitie des Chrétiens; & de peur que „ fes heureux Mufulmans fe plaigniflent, „ qu'il leur manquoit quelque chofe, il ajou- „ ta les Femmes à tous les autres agré- „ mens, qu'il leur accorda dans le Ciel, 3, jugeant par lui-même, que comme le rouf- „ fain (a) l'Apocal, xxi, 10, &c. xxii, 1,2, Luc. X X II 3 29 3 &c. {b) Matth. XXI , 30. 120 BiBLIOTHEqUE BRITANNIQUE, „ fain de Panurge , les Arabes méprife- „ roient tout autre plaifir, s'ils étoient pri- „ vez de celui-là. 5, Si 5 Mahomet avoit infmué, que ce 5, qu'il dit du Paradis, devoit le prendre „ dans un fens métaphorique, il feroit en ,, quelque for:e excudible; mais quoyque 5, quelques ^lahometans plus raifonnables 5, que les autres veuillent allegorifer les de- „ fcriptions du Paradis , qu'on trouve dans 5, l'Alcoran , il eil pourtant certain , que ,, l'opinion générale à: orthodoxe eil: , 3, qu'il faut prendre tout dans le fens li- 55 teral. On a prétendu que Mahomet excluoic les femmes du Paradis ; & que fuivant lui , elles n'ont point d'ames , 6l meurent com- me les Brutes. Mais Mr. Sale nous ap- prend 5 que quoiqu'en difent plufieurs Au- teurs Chrétiens , c'eft là une erreur vul- gaire ; car on trouve divers paflages dans l'Alcoran , ou il ell dit, que dans l'autre monde ou les femmes feront punies ou recompen- fées, félon qu'elles auront bien ou mal vé- ^cu. Il eft vray , que l'opinion commune eft, qu'elle ne feront pas reçues dans le même lieu, que les hommes, parce que leur place fera remplie par d'autres femmes : mais qu'elles iront dans un autre lieu, oii elles jouiront de toutes fortes de plaifirs. 5, Mais , ajoute Mr. Sale, je n'ay pas trou- 5, vé qu'il foit décidé en aucun endroit, 55 û elles auront la compagnie d'agréables Jou- Avril, May et Juin. 1735. 121 3, Jouvenceaux , créez exprès pour elles , 5, afin de rendre le fyfteme de Mahomec „ uniforme. Cependant ajoute- 1- il, on trouve dans l'Alcoran un fait, qui femble infinuer, quelque chofe de femblable. U- ne vieille Femme pria Mahomet d'intercé- der pour elle près de Dieu, afin qu'elle fut admife dans le Paradis. Mahomet lui re- pondit , qu'on n'y admettoit point de vieil- les : fu'-quoy l'autre le mettant à pleurer. Je Prophète lui dit pour la confoler, que Dieu la rajeuniroit. Un autre dogme de la foy des Maho- metans c'eft celui des Décrets abfolus & de la Predeftination tant au bien qu'au mal. On fait l'ufage qu'ils font de ce dogme pour combattre en defefperez , perfuadez , que toutes leurs précautions ne fauroient leur faire éviter leur deitinée, ni prolonger leurs jours d'un feul inftant. Notre Auteur parle enfuite des prières, & des Purifications des Mahometans ; fur quoi il nous apprend , que lorfqu'ils ne peu- vent pas trouver d'eau pure , ou que les Ab- lutions pourroient nuire à leur fanté, il leur eft permis de fe fervir de fable fin. Mais comme les Ablutions ne fuffifent pas pour les tenir propres, ils croient encore qu'il eit de leur devoir de fe peigner les cheveux, rafer la barbe, couper les ongles, arracher le poil des Aiflelles, & de rafer celui des parties honteufes ; outre cela ils ont la Circoncifion : & quovqu'il n'en foit pas Tsjiiis r. Fart. 1. ' l fait 122 Bibliothèque Britannique, fait la moindre mention dans l'Alcoran, ils la regardent cependant comme une indica- tion divine , dont il eft à la vérité permis de s'abftenir dans certains cas particuliers, mais qui cependant eft extrêmement utile & convenable. Quoyqu'ils tiennent cette Cou- tume d'Ifmaël, qui fut circoncis à douze ou treize ans, ils n'ont pourtant pas de tems fixe pour faire cette opération , il ne la font jamais avant que les enfans fâchent prononcer diitinclement cette Confeflion de Foy , // n'y a point d'autre Dieu , que Dieu , ^ MaJmnet ejt V Apôtre de Dieu : ûc c'eft or- dinairement encre l'Age de fix ans, & ce- lui de quinze ou feizc qu'ils circoncifent leurs enfans. L'Opinion générale des Douleurs Maho- metans, conformément à l'hiftoire fainte , eft, qu'Abraham fut le premier qui reçut ce Commanden>ent de Dieu même; Il y en a cependant, qui prétendent, que ce fut un Confeil , que l'Ange Gabriel donna à Adam , pour lui fournir le moyen de s'acquitter du ferment qu'il avoit fait, après fa chute, de fe couper la partie par laquelle il avoit péché; d'oLi ils concluent, que la Circon- cifîon eft d'une obligation univerfelle. Mr. Sale traite après cela des Aumônes, du Jeune, & du Pèlerinage à la Mecque. Il s'étend beaucoup fur ce dernier Article: 11 décrit le Temple de la Mecque, & tou- tes les cérémonies que les Mahomecans obfer- vent dans ce Pèlerinage. Nous ne nous arré- Avril, May et Juin. 1735. 12^ arrêterons poinc à tout cela, nous dirons feuiemenc, que ce Pèlerinage eft exprefle- menc commandé dans TAlcoran, & que fui' vanc une Tradition de Mahomet, il vau- droit autant mourir Juif ou Chrétien , que de mourir fans s'être acquitté de cet im- portant devoir. La cinquième Seftion traite de certains préceptes négatifs de l'Alcoran. On faic que le vin , & toutes fortes de liqueurs fortes font interdites aux Mahometans. Cependant plufieurs d'entr'eux aiment beau- coup le vin ; 6l lors qu'on leur demande pourquoy ils en boivent, puifque leur Re- ligion le défend fi expreltement; ils répon- dent , qu'il en eft d'eux comme des Chrétiens , dont la Religion défend l'impureté & l'i- vrognerie, comme de grands crimes, & qui cependant font gloire de débaucher des femmes ou des filles, & de boire avec excès. Le Jeu & rUfure font auffi défendus aux Mahometans ; aufli bien que plufieurs pra- tiques fuperilitieufes, qui étoient ufitées chez les anciens Arabes; & entre autres la cou- tume, qu'ils avoient , de brûler leurs filles toutes vives , de peur que la neceflué de les doter ne rendit leurs parens pauvres , ou que rimpuilTance de le faire ne les ex- pofât au chagrin de voir leurs filles efcla- ves , ou réduites à fe profbituer. C'eft pour- quoi la nailTance d'une fille , écoit regardée comme ua grand malheur. 1 2 Daus 124 Bibliothèque Britannique, Dans la fixiéme Seftion Mr. Sale nous parle des ordonnances de l'Alcoran par rap- port aux affaires civiles. On fait que PAl- coran permet la Poligamie ; mais on s'ima- gine ordinairement que chacun à le droit d'avoir autant de femmes ou autant de Con- cubines, qu'il en peut entretenir. On fe trompe en cela , l'Alcoran ne permet que quatre femmes ou Concubines en tout: Et même (i un homme trouve quelqu'inconve- nient à en avoir ce nombre, l'Alcoran lui confeille de n'entretenir qu'une femme lé- gitime ; & fi elle ne fuffit pas pour fatisfai- re fes defirs , il peut avoir recours à des Concubines , pourveu qu'il ne pafle pas le nombre prefcrit. Si quelques uns des fec- tateurs de Mahomet ont pafle ce nombre, c'efl: un abus , d'où on ne peut rien con- clure contre le précepte exprès de l'Alco- ran. La Loy de Mahomet, aufli bien que cel- le de Moyfe, permet le Divorce , mais avec cette différence, que félon la Loy de Moy- fe, il n'étoit pas permis à un homme de reprendre la femme, qu'il avoit renvoyée, lors qu'elle avoit été mariée, ou fiancée à un autre; au lieu que Mahomet, pour em- pêcher que fes fedtateurs ne renvoyaffent leurs femmes par légèreté ou par inconllan- ce, ordonna, qu'un homme qui auroit ré- pudié fa femme & l'auroit renvoiée, ne pourroit la reprendre, qu'après qu'elle au- roit été mariée à un autre, qu'elle auroit cou- Avril, May et Juin. 1735. 125 couché avec ce nouveau mary, & en au- roit été répudiée. 11 eft permi à un hom- me de répudier fa femme jufqu'a deux fois, & de la garder cependant, s'il fe répenc de l'avoir répudiée ; mais à la troifiéme fois il ne peut la reprendre, que fous la condition que nous venons de marquer. Cette condition fait, qu'on voit peu de di- vorces parmi les Mahometans, parce qu'on regarde comme un grand deshonneur parmi eux , de reprendre une femme , qui a été dans le lit d'un autre. Quoyqu'il foit permi aux Maris de répu- dier leur femmes, même pour des bagatel- les ; les femmes n'ont pas le droit de fe feparer de leurs maris, à moins qu'ils ne leur refufent les chofes neceilaires à la vie, qu'ils ne les maltraitent, qu'ils ne ncgligenc de s'acquiter du devoir conjugal, qu'ils ne foient impuifTans, ou qu'il n'y ait quelque autre caufe également importante. Mais en ce cas la femme perd ordinairement fon douaire , qu'elle ne perd pas tors que le mary la renvoyé, à moins qu'elle ne foit coupable d'impudicité , ou de defobeif- fance. Notre auteur rapporte plufieurs autres particularitez touchant le divorce, l'Adul- tère, les degrez prohibez, 6:c. que nous paflbns fous lilcnce afin d'abréger. 11 parle après cela des Loix touchant les Héritages; des contrats des particuliers; des peines infligées aux meurtriers, & aux homici- 1 3 des; 126 Bibliothèque Britannique, des; du vol, de la Loy du Tallion, ôcc. &: il nous apprend, que'quoyque rAlcoran foie le fondement de h Loy' civile, cepen- dant les deciiions des docteurs de la Loy ne font pas toujours fuivies dans les Tri- bunaux: civile, parce que ces decificns ne font pas toujours conformes à la aroize rai Ton. L"Au:eur vient enfjite à la Loy qui or- donne de faire la guerre aux Infid'eîes; fur- quoi il nous renvoyé à Reland (a), fe con- tentant de nous faire remarquer le rapport, qu'il y a encre les Loix militaires des juifs, ù celles des Mahometans. La feptieme Section roule fur les iNIois facrez des Mahometans , 6: l'Ordre qui leur efb donné de coniacrer le Vendredi au fer- vice de Dieu. La huitième 6: dernière Section traite des différentes fectes, qu'il y a parmi les Ma- hometans. Cette Seclion elt allez longue, cependant nous ne nous y arre.erons pas , parce que le fjjetj quoyque curieux, eiî un peu fec. Il ne nous relie plu? qu'a donner une idée des Noies de Mr. Sale. Elles font ou cri- tiques , ou hiftoriques. Nous ne dirons rien dcs premières , parce que pour les fai- re entendre , il faudroit entrer dans un dé- tail ' .? I Dans l'on Tr.i'té de Jure Militari M-^hjm- ry:<-:r. d„ns le 3. \'q\, de fss Dijerta!i9m Mijal- Un. rj. Avril, May et Juin. 1735. 127 tail de Critique Arabe, qui n'incerrefleroic pas la plupart de nos Ledeurs. Les Notes Hiftoriques contiennent les faits auxquels l'Alcoran fait allufion , & qui fervent beaucoup à l'éclaircir. En voici un feul exemple , que nous prendrons au ha- zard. C'eit fur le Chapitre LIX (a), ou il eft dit, Ce fut lui (Dieu) qui fut caicfe que ceux y qui ne crurent- point ^ parmi ceux qui reçoivent les Ecritures , furent obligez de quitter leur habitation , au premier départ Qb). Sur- quo/ notre Auteur nous apprend, " que „ ceux dont il efl: ici parlé, ibnt les Juifs de ,, la Tribu de Nadir, qui demeuroient à „ Medine , & qui lors que Mahomet s'en ^, fuit à la Mecque, promirent d'être neu- „ très contre lui & fes Ennemis , & s'y „ engagèrent par un Traité exprès. Lors que Mahomet eut gagné la Bataille de ]] Bedr^ ils avouèrent, qu'il étoit le Pro- phète décrit dans la Loy : mais lors qu'il eut reçu un échec à Ùbod^ ils changè- rent de langage , & Caab Ebn ab Aflmif ], vint avec quarante chevaux ,& fit une li- ,, gue avec Àbn Sofian , qu'ils confirmèrent _,, par Serment; fur quoy i\Iahomet fit mou- „ rir Caab^ & dans la quatrième année de ,, l'Hcgire, il s'approcha de Nadir, afliegea „ les Juifs durant fix jours dans leur for- » te- {a) Intitulé, De VE\'il ^ du Ryer, p. 433. ( h ) Nous ne fuivons pas la verfion de Du Ryer j mais nous traduilons dVpres Mr. Sale. 14 128 Bibliothèque Britannique, 5, terefle, qui étoit environ à fix miies de Medine, & les obligea de capituler: il leur permit de fe retirer , pourveu qu'ils quittaflenc le Païs, furquoy quelques-uns fe retirèrent dans la Syrie , d'autres à Khaibar , & Hira. C'elt là le premier départ, dont il elt fait mention dans le Texte. Le fécond arriva fous Omar 55 55 33 55 55 5» 5, lorfque ce Calife banit tous ceux qui 3, s'étoient établis à Khaibar, & les obli^ ^, gea à quitter l'Arabie. Mr. Prideaux rap- 5, portant que Mahomet obligea ceux de „ Nadir de quitter leur établilTement , dit j, qu'un Parti de l'Armée du Prophète pour 3, luivic ceux, qui s'enfuioient en Syrie, „ & que les ayant atteint, il les paffa tous 3, au fil de l'Epée, à l'exception d'un feul homme, qui fe fauva. Telle étoit, ajou- te-t-il , la cruauté de ces barbares, qui les premiers combattirent pour l'împojleur , qui les avoit trompez Ça). Mais un favanc a déjà remarqué (b) y que tout cela n'efl: fondé que fur une erreur, dans laquelle Mr. Prideaux eft tombé, pour avoir fuivi une faute qu'il y a dans TElmacin imprimé , oli , après avoir parlé de l'ex- pulfion de ceux de Nadir, on a inféré plulieurs mots fans liaifons, qui fe rap-^ portent à une autre adtion , qui arriva quelque mois auparavant , & dans la 55 quel-- {a) Prideaux, Vie de Mahomet , p. 8o. i^b) Gagnier , Not. in Abulf. vit. Moh. p.. 72» Avril, May et Juin. 1735. 129 5, quelle 70. MufuliTians5 au lieu de maf- „ facrer les autres, furent eux-mêmes fur- 3,, pris &. paflez au fil de l'Epée avec leur „ Chef. " On trouve fur tous les Chapitres des Remarques femblables , où Mr. Sale en éclaircilTant le texte de l'Alcoran, corrige en palTant les fautes ou d'autres auteurs font tombés, mais il le fait toujours avec beau- coup d'honnêteté & de modeftie. ARTICLE VIL Free TTooughîs cemerning Soûls : In four Ef- fays : (Se. C'efl-à-dire , Fenfées li- bres fur l'Ame : En quatre Eflais. &c. Second Extrait. (On peut voir le premier dans la 11. Part, du Tome IV. de cette Bibliothèque, Arc. II.) LE troifiéme EfTai dont nous devons rendre compte , roule fur la prétendue Fréexiftence des Ames. L/Auteur remarque d'abord , que les Pytbagorideîis , les Plato- niciens, & en gênerai les plus anciens Phi- lofophes du Paganifme croioient que les A- mes & raifonnables & fenfitives , avoient exiilé de toute éternité, ou feparément, ou unies à leur premier principe. C'eft d'eux que quelques Philofophes Chrétiens ont ti- ré l'opinion de la prccxiftcnce des Ames. 1 5 En 130 Bibliothèque Britannique, En rejetcant la ruppofition de leur éterni- té, ils ont prétendu qu'elles avoient tou- tes été créées en même tems que le mon- de. Et voici les raifons qu'ils en alleguoient. Il leur paro]flb)t non feulement déraifonna- ble de luppofer une génération fuccefllve des amcs , de même que des corps, mais encore impie de penfer que Dieu fut con- tinuellement atcentif , & comme obligé à créer de nouvelles âmes , 6c à les infufer dans les corps, à chaque nouvelle généra- tion ; fur tout dans les cas de fornication , d'adultère , ou d'incefte. Il leur fembloit auffi extrêmement abfurde de croire que les âmes qui font incomparablement plus nobles que les corDs , aient cependant une exitlence moins ancienne. Ainfi ils faifoient remonter la date de leur création à celle de îa création de la matière , ck ils s'imaginoient qu'avant que de defcendre dans les corps terreftres , elles étoient revêtues de corps aé- riens très déliés qui leur fervoient de véhicule. Mr. Colliber qui pofe que les Ames font créées feulement au moment de la concep- tion 5 réfute en peu de mots ces diverlês raifons. Il n'y a ni abfjrdité ni impieté à fuppofer que Dieu crée de nouvelles âmes à mefure qu'il fe forme de nouveaux corps par la voie de la génération , non pas mê- me dans les commerces impurs (k illicites. Tout comme le Soleil u'eil point ibuillé par les objets immondes, qu'il éclaire, auflî Dieu ne fait-il rien de contraire à la pureté d2 Avril, May et Juin. 1735 131 de fa nature, en infufanî: de nouvelles âmes dans des corps engendrés par un adte cri- iTiinel. Il agic fimplcmenc d'une manière conforme à l'ordre qu'il a établi dès le com- mencement dans la Nature. Ajoutés à cela, que l'opinion de l'infuiion des âmes créées en même tems que la matière, efl auffî fu- jerte à l'objedtion propofèe que celle de l'in- fiifion des âmes créées journellement. Ce- pendant il faut neceflairement que l'une des deux foit la véritable, à moins que de fup- pofer que les âmes fe choifilTent elles mê- mes les corps auxquels elles font unies , fans que la Divinité y intervienne. Pour ce qui eit de l'objcdlion tirée de ce qu'il n'efl pas probable que la création des âmes foit poderieure à celle de la matière , Mr. Colliber foutient qu'il n'y a pas plus d'ablurdité dans cette fuppofition , qu'il n'y en a à dire que les maifons font bâties & meublées avant que ceux qui doivent les occuper y entrent. Mais l'argument le plus plaufible qu'on al- lègue en faveur de la préexiffcence des âmes, eft pris de ce qu'on ne fauroit rendre raifon de l'état fâcheux 011 elles fe trouvent dans les corps , qu'en fuppofant qu'elles fe le font attirées par leur mauvaite conduite dans un état procèdent. C'étoit la penfèe des diiciples mêmes, de jefus Chrift , com- me il paroit par leur queflion au fujet de l'Aveugle né (a) ; & ce qu'il y a de remar- quable {a) Jean 1 X. 2. 132 Bibliothèque Britannique, quable, c'efl: que Jefus Chriftne les defabufe pas, & qu'on ne trouve rien dans le Nou- veau Teftament qui tende à établir le con- traire. L'Auteur qui garde là deflus un pro- fond filence , répond en gênerai , que quoi que le corps foit à plufieurs égards la pri- fon de l'ame , & une fource de douleurs , cependant lorfqu'il eft bien difpofé , c'eft une habitation afTez commode pour elle ; Outre que fi l'on coniidère l'état où elle fe trouve maintenant, comme un état d'épreu- ve ordonné par la Providence, & ruffifam- ment compenfé par les plaifirs intérieurs dont elle peut jouir, & plus encore par le bonheur infini qui lui efl deftiné après la mort, on verra qu'il n'eH: pas neceflaire, pour rendre raifon de Tes peines en ce mon- de , d'avoir recours a l'hypothèfe de fa pré- exillence. Ajoutés à cela , que cette hypo- thefe eft fujctte à une objedtion qui pâroit infolubîe à l'Auteur, c'ell que ,, fi les âmes „ des hommes exîftcnt avant que de s'unir „ aux corps qu'elles animent , d'oti vient ,, qu'elles n'en ont pas la m.oindre idée a- „ prés leur union? Le fentiment de leur „ propre exiftence ne dépend point du 3, corps , & ne peut être effacé par aucun 3, accident que ce foit , parce qu'il eft in- ,5 réparable de leur nature ". Mr. Colliber commence fon quatrième Ef- fay qui traite de l'état des âmes après la mort, par expliquer la manière dont l'amie feparée du corps peut avoir des fenfations des ob- jets I Avril, May ET Juin. 1735. 133 jets extérieurs. Pour cet eiFet\ il remarque que ce n'elt pas proprement l'œil qui voit, l'oreille qui entend (S:c. mais l'ame qui voit, qui entend «Sec. par le moien de ces orga- nes ; deforte que quoi que ces organes fuflenc retranchés , elle ne lailFeroit pas d'avoir les mêmes ienfations qu'auparavant, fi les ob- jets extérieurs continuoient à agir de la même manière fur les extrémités des nerfs qui étoient unis à ces organes. Aufîi l'ex- périence prouve-t-elle que ceux à qui l'on a coupé un bras ou une jambe, fcntent quelquefois une douleur femblable à celles qu'ils fentoient dans ces Membres avant l'opération. D'où l'Auteur conclud que quand tous les organes du corps feroient re- tranchés & feparés du cerveau, l'ame ne laifleroit pas d'avoir les mêmes fenfations qu'auparavant , fi les efprits animaux qui coulent dans le cerveau continuoient à être affediés de la même manière. Il va plus loin, & il dit que quand la fubftance même du cerveau feroit détruite , fi les efprits ani- maux, ou quelques autres particules fub- tiles qu'on voudra imaginer , font encore fufceptibles de l'imprelTion des objets exté- rieurs 6c capables d'agir fur l'ame, l'ame, quoi qu'ainfi feparèe du corps, aura les mê- mes fenfations que lorfqu'elle lui étoit unie. Mais tout cela n'eft fondé que fur une cho- fe qu'il fuppofe conftamment, comme nous l'avons déjà remarqué plus d'une fois , fa- voir que l'ame elt matérielle, ou naturelle- ment 134 Bibliothèque Britannique, ment inféparable de la matière, ce qu'on ne lui accordera pas fans preuves. Cependant , quoique Mr. Colliber foutien- ne que l'ame feparée du corps eit fufcepti- ble, non feulement de fenfations extérieu- res, mais encore de mouvement local, il ne croit pas qu'elle conferve le pouvoir de le fouvenir des objets qui excitent en elle ces fenfations. Et pour le prouver , il re- marque que comme ce n'eft que par le moien des traces que les objets extérieurs lailTent dans le cerveau, que l'ame peut s'en rapeller la mémoire, il eft évident que dès qu'elle eft feparée du cerveau, elle ne fau- roit plus avoir cette faculté. II nous fem- ble pourtant qu'elle devroit l'avoir , en fui- vant fes principes ; car fi Pâme eft maté- rielle, ou du moins infeparablement unie à quelque portion de matière, pourquoi cet- te matière ne feroit-elle pas le même effet que le cerveau? N'eft elle pas également capable de recevoir & de conferver les im- preffions des objets extérieurs? On ne fau- roit prouver le contraire. L'Auteur lui- même le fuppofe par la manière dont il re- fout une difficulté qu'il fe fait à cette oc- cafion. Si, l'ame, dit-il, perd en fe fepa- rant du corps , la faculté de fe fouvenir des objets extérieurs, quelle idée pouvons nous nous former de la Mémoire des Efprits d'un ordre fuperieur ? Il répond qu'il eft raifonnable de penfer que tous les Etres intelligens, à la referve de l'Etre incréé, font Avril, May et Juin. 1735. 135 font révécus de quelque corps plus ou moins groflier ; & que quoique ceux des Intelli- gences fuperieures foient incomparablemenc plus déliés (Se plus parfaits que les nôtres , cependant leur difpofition ell telle qu'ils fer- vent d'organes non feulement aux fenfa- tions extérieures, mais encore à la mé- moire. Mr. Colliber recherche enfuite ce que deviennent les Ames des hommes & des bétes après la mort. A l'égard des der- nières, il remarque que comme ce font des fubftances fentitives ou penfantes , elles ne fauroient être divifées, ni par confequenc diflbutes, la fenfation ne pouvant jamais refulter de la compoficion , ou de la difpo- fition du corps. Il avoue bien qu'il n'y a pas d'abfurdité à fuppofer qu'elles feronc anéanties, mais il croit qu'il efl: -plus pro- bable qu'elles continueront d'exifter, puis- que ce font des fubftances réelles, & qu'on ne fauroit prouver que la moindre particu- le même de matière doive jamais être anéantie. Si on lui demande ce qu'elles deviendront , il dit qu'il fuffiroit de répon- dre en gênerai , que l'Auteur de la Nature qui leur a donné l'exiflence , en difpofera d'une manière conforme à fa fagelTe & à fa bonté. Mais fi l'on en veut favoir davan- tage, il oblerve que ces Ames étant pure- ment fenfitives, 6c non raifonnablcs , com- me il l'a établi auparavant, elles ne fau- roient exercer leurs opérations hors du corps , 12 141- Bibliothèque Britannique, viron 30 ans, doit être aduellement infini, û cette planète a toujours é:é ^ quoiqu'il s'y falTe de continuelles additions» Mais les révolutions de la Lune autour de la ter- re n'étant que de 28 jours chacune , doi- vent être en beaucoup plus grand nombre que celles de Saturne, li nous la fuppoforis suffi éternelle : Ainfi un nombre actuelle- ment infini fe trouvera beaucoup plus pe- tit , o: même infiniment plus petit qu'un autre nombre, ce qui implique contradiction. De plus fi la forme de ce monde e(t éter- nelle, il faut dire qu'elle étoit abfolument neceltaire, ou qu'il étoit abfolument impof- fible qu'elle fut autrement qu'elle n'eft; car l'éternité & l'abfolue neceffité par rapport h l'exiftence & à l'efTence , font une feule à. même cbofe. Mais une chofe qui étoit abfolument neceffaire, ou fi necefi^aire qu'il étoit impofiible qu'elle ne fut pas, ou qu'el- le fut autrement qu'elle n'efi: , doit avoir été , & être encore entièrement im.muable. Cependant nous favons par une confi:ante expérience que la forme de cet Univers eft fujette à des changemens. Témoins entre autres , ceux qui font arrivés à la furface de ce globe terreitre; témoins les taches qu'on a découvertes dans le Soleil , & ces étoiles iixcs qui après avoir été vues pendant plu- fieurs Siècles , ont tout à fait difparu. II faut donc en conclurre que ce monde n'a pas toujoui-s été ce qu'il eft , & que quant à fa ferme il a eu un commencement. Mr. Col' Avril, May et Juin. 1735. 145 Mr. Culliber prouve la même choie à l'é- gard de Çix Jitbjîance '^ 6i pour cela, il fait voir que la Création , pnle uans^ ce fens , eft & pojjtble 6i certaine. Il paroit qu'elle eft pojfible 1. par la produélion de la forme de cet Uni- vers , qu'on vient de démontrer 5,puifque cet- te forme n'eft pas un pur néant, mais quelque choie de réel qui n'cxiltoit pas auparavant. 2. que l'exiftence d'un Etre éternel dont le pou- voir ell ablbîument indépendant dans fa nature à. dans fon exercice, enforte que pour agir il n'a pas necefTaircment befoin de mateiiaux. 3. Par l'idée que nous avons d'une propofi- tion contradiéloire , c'efl qu'elle emporte en même tems l'être (Scie non-étre, quelque chofe 6: rien,* car fuivant cela, dit l'Auteur, il n'y a point de contradiction à dire qu'une choie n'elt pas , & eft en différens tems. Par confequent la création d'une nouvelle fubftance eft poflible à un pouvoir infini , c*eft- à- dire , qui s'étend à tout ce qui n*im- plique pas contradiclion. Non feulement elle eft pojjlble ^ mais de plus elle eft certaine, comme on le démon- tre par les argumens fuivans. i. Si l'on com- pare les perfedlions neceflaires d'un Etre éternel indépendant, avec les imperfections manifeftes de ce monde vifible , l'on fera forcé de convenir que ce monde a été créé quant à fa fubftance, aufTi bien que quant à fa forme. L'exiftence éternelle , ou l'in- dépendance abfoluë empoite neceiïairement le pouvoir le plus parfait, 6: le pouvoir le K 5 plus 1^6 Bibliothèque Britannique, plus parfait exclut tout défaut , car tout défaut eft une preuve d'impuillance, ou de manque de pouvoir. Mais de quelque côté' qu'on examine cet Univers, il ne préfente rien qui indique un tel pouvoir, ou plÛLÔt qui ne marque le contraire. La nature paf- five de tous les Etres vifibles qui ie compo- fent en cil en particulier une démonftration palpable. S'ils fe meuvent, c'ell: parce qu ils font mus; car comme ils ne fauroient chan- ger la direction de leurs mouvcmens, il eit manifefte qu'ils n'ont ni le pouvoir ni la li- berté de fe mouvoir eux mêmes. Mais dès là qu'ils font defticuez de ce pouvoir , il implique contradiction qu'ils exiftent par eux mêmes, & par confequent qu'ils foient éternels. 2. La mê- me chofe fe prouve par la pénétration actu- elle d'une fubdance plus parfaite que la ma- tière dans tout ce monde vifible. C'eltcedont la nature de- la gravitation, ou du pouvoir qui fait que les corps tendent vers les cen- tres , ne lailTe aucun lieu de douter; car ce pouvoir n'eft pas inhérent aux corps , puif- que leur gravitation varie toujours fuivant leurs différentes difhances. D'où il fuitqu'ii faut qu'il y ait quelque fubftance étrangère qui pénètre la fubitance même de ce mon- de matériel , & qui lui imprime ce mouve- ment de gravitation. Cette fubi^ance étran- gère doit être plus parfaite que la matière , ce qui fuffit pour démontrer la création de celle-ci. La nature *de l'cfpace fournit une nouvelle preuve de cette pénétration furpre- nan- Avril, May et Juin. 1735. 147 nante. Suivant la Philofophie de Mr. New- ton , cette vade étendue dans laquelle le meuvent les grands Corps qui nous environ- nent, etl: pour la plus grande 'partie vuide de matière; mais comme elle e(t le fonde- ment des diltances qu'il y a entre ces corps , on ne fauroit la regarder comme un pur néant; car des corps que rien ne fepare, doi- vent necelTairement fe toucher c^i s'unir. Ce- pendant quoi qu'elle lliffife pour établir les diflances des corps , elle ne met aucun ob- llacle à leurs mouvemens , & à leur paflage d'un lieu dans un autre , ce qui fait voir clairement qu'ils en font pénétrés. Or cet- te étendue , cet efpace, ou ce vuide qui a la propriété de pénétrer toute la matière efl: , félon l'Auteur, un attribut particulier, ou la fubftance même de la Divinité. Four démontrer cette pénétration , il allègue encore l'union & & la cohérence des par- ties dont les corps font compofés; Car à quoi attribuer cette cohérence? feroit ce au repos , fuivant l'hypothèfe des Carte- fiens ? Mais le repos n'a pas plus la faculté d'unir , que le mouvement celle de feparer les corps. Seroit-ce à la preHion de l'air extérieur.? Mais dans ce cas, tous les corps étant fujcts à une égale prcllion , devroienc être également durs , ôc les mêmes corps être plus ou moins durs fuivant les diffé- rentes preffions ; ce qui eil contraire à Pex- pcrience. Il faut donc que cette cohérence procède de quelque caufe interne qui agiflç en 148 Bibliothèque Britannique, en meiTie tems fur toutes les particules des corps , pour les unir 6: les condenfer , 6i c'ert ce qui ne peut fe faire qu'en pénétrant leur fubftance. Mr. Colliber tire de la diftindlion réelle , & de la muiciplicitc des Etres qui compo- fent ce monde vifii-le , une 3. preuve en faveur de la certitude de la Création. Cet- te diftinclion ne lauroit être conteitée , fur tout dans le Syiteine de Mr. Nc-imoîi qui admet le vuide. Mais on ne peut l'attri- buer à une caufe dépendante & necelTairr, Il n'y a qu'un Etre libre, indépendant, (ïi^. par confequent éccrnel , qui puifle en être l'Auteur. 4. Les Ames des hommes étant immortelles de leur nature , il faut , ou qu'elles aient fubfiilé de toute éternité. Dans ce dernier cas, nous devrions avoir au moins quelque idée générale de notre exiftence dans un état précèdent ; &l cela même que nous n'en avons point ne prou- ve-t-il pas le contraire.? 5. Enfin j les Athées fuppofent qu'il n'y a dans le monde qu'une feule fubftance , lavoir la matière , & que cette fubftance cil: purement palTive ; fur quoi l'Auteur fait ce raifonnement. Si la matière eft éternelle , & cependant pure- ment palTive, il faut qu'elle ait été de tou- te éternité ou en repos ou en mouvement. Si elle étoit en repos , elle n'a jamais pu commencer à fe mouvoir; à. fi elle étoit en mouvement, fon mouvement ne peut jamais cefler. Elle a toujours dû continuer dans Avril, May et Juin. 1735. 149 le même état, puifqu'elle e(t purement paf- five, & par confcquent abfolumenc indiffé- rente au mouvement & au repos. Mais û elle étoit indifférente à l'un & à l'autre ; elle n'a jamais pu avoir de liaifon ni avec l'un ni avec l'autre,* d'où il fuit, félon les principes mêmes des Athées, que la- matiè- re n'a été ni en mouvement ni en repos de toute éternité, & ainfi qu'elle a eu un com- mencement. L'Auteur finit cet eflay par de courtes , mais claires réponfes à quatre ou cinq objections particulières que les Maté- rialités ont coutume de faire contre la Créa- tion, & il nous renvoie à un autre Livre où il a traité plus amplement ce fujet (a). ARTICLE VÏIL Letters from a Perfian in England ro his friend a,t Hifpahan, the third édition. London ; printed for J. Millau. 173^. C'eft - à - dire , Lettres d'un Fer fan écrit- tes d' Angleterre à un de [es amis à Ifpa- han. à Londres chez J. Milian i73f. 12. pp. 254. 3. édition. Quelque commode qu'il foît pour un Auteur de fe cacher fous un mafque , ' & de revêtir le caradtere d'un étran- ger, {a) The Impartial Enquiry into the Exijîence and Nature of Cod. C'efl - à- dire , Recherche impartia- le fur l'Exiftence, & la Nature de Dieu. Liv. M, ijo Bibliothèque Britannique, ger, que rien ne gène dans fes reflexions, ni dans fes fatires ; celui des lettres donc nous rendons compte , a rifqué cependant beaucoup, en mettant Ton ouvrage en pa- rallèle des Lettres Perfamies, qui ne font ni moins connues, ni moins admirées icy qu'en France*: iVlais puifque malgré la juitc pré- vention du public en faveur des anciennes , celles-ci ont été reçues avec un applaudif- fement univerfel, qu'en moins de trois moi« on en a fait trois éditions , on ne peut douter que la témérité de l'auteur n'ait été heureufe, & ne tourne à fa gloire. Au ref- te fon deguifement n'a pu le cacher, (Se tout le monde fçait que c'eft M. "Littleton membre de la Chambre bafle , jeune enco- re , quoique déjà connu par des ouvra- ges de Poeûe qui lui ont acquis de la ré- putation. Le plus grand nombre de ces lettres rou- le fur la politique & le gouvernement; on y trouve des reflexions très folides , des fa- tires hardies , 6c fouvent outrées de la con- duite du miniftere, & ce n'efl: pas appa- remment , ce qui a le moins contribué au grand & prompt débit de ce livre. Nous ne nous étendrons point fur les lettres de ce genre , d'autant plus qu'elles ne pour- roient être entendues de la plus part de nos ledeurs : nous nous arrêterons à ce qui efl: plus gênerai , & fur tout à ce qui peut faire connoitre aux étrangers les mœurs, 6c le goût de la fnation Angloife, ou du moins ce qu'en dit notre Auteur. Se- I Avril, May et Juin. 1735. 151 Selim, c'eft le nom du Perfan voiageur qui écrie d'Angleterre, marque d'abord à fon Ami Mirza, les motifs de Ton voiage, let relations, dit-il, que nous recevions de notre ami Usbec des parties de l'Europe qu'il avoit vues, nous firent naitreun ardent defir de connoitre le refte, & furtout cette „ Ifle fameufe dont Usbec ne pouvoit nous „ donner qu'une idée très imparfaite , „ puis qu'il n'y avoit pas été lui-m.ême. Suivant ce début on doit regarder ces let- tres comme un Supplément à celles d'U- bec, & il eft vrai que Selim l'a imité au- tant qu'il a pu dans fes exprelllons orienta- les & fouvent exagérées: ainfi nous aver- tilTons d'avance, qu'il faut en rabattre beau- coup pour les ramener au vray. Selim (a) arrivé à Londres jmuni de bon- nes recommiandations & enten^dant l'Anglois fuffifamment, va d'abord à Topera, voici de quelle manière il rend compte de ce fpec- tacle à fon ami.' Ce qu'on appelle ici un opéra eft un concert de mufique tranfporté d'Italie, & abfolument étranger à ce pays; il fut exécuté dans une Sale aufli magnifi- fique que le brillant palais de notre Empe- reur, & aufli remplie de belles femmes que fon ferail: on ne voioit point d'Eunuques parmi elles, mais il y en avoit un qui chan- toit fur le Théâtre, & par la tendreffe vo- luptueufe de fes airs, il fcmbloic plus pro- pre {a) Lettre 1. 152 Bibliothèque Britannique, pre à leur infpirer le gouc des plaifirs , qu'à les retenir dans la pudeur. Au lieu de l'habic qui convient à ces mi- ferables 5 celuyci étoit armé de toutes pie- ces, 6c fe nommoit Jule C^far. Je m'in- formai fi ce Jule Csefar avoit été fameux pHT fa voix, &; on me repondit que c'étoic un guerrier qui avoic conquis le monde en- tier , 6c débauché la moitié des femmes de Rome. J'étois fur le point d'exprimer mon étonnement de voir Ccefar lî digne- ment reprefenté, lorfque j'entendis a coté de moi deux dames s'écrier , comme dans une efpece de tranfporc , ô le charmant homme ! Madame n'en êtes vous pas amou- reufe a la folie ? Mon Dieu! dis je pourqiioy les femmes de ce pais aiment elles fi fort les Eunu- ques 5 il me femble qu'elles ont ailés d'hom- mes autour d'elles. En même tems j'entendis quelqu'un qui dit tout haut que la mufique , & les voix énoient deteitables. Ne faites point attention à cet homme, me dit mon ami , il eft de l'autre parti & ne vient ici que comme un efpion. Comment donc repondis je, avés vous des partis en mufique? oiiï répliqua t'il, c'eft une règle parmi nous de ne juger de rien par nos fens, ni par nos lumières, mais de n'entendre , de ne voir , & de ne pcnfer, que fuivant que nous nous trou- vons engagez dans un parti, ou dans l'autre. » J'efpc AvRît, May et Juin. 1735. 1.53 3, J'efpere lai dis-je qu'un étranger peut 5, demeurer neutre dans ces divifions, & 5, pour vous dire vray, votre mufique e(t 5, bien peu propre à m'infpirer refprit de fac- 5, tion, elle pourroic bien plutôt m'endor- „ mir;la notre en Perfe nous donne à tous 5, l'envie de danfer , mais celle-ci ne me 3, touche point. „ Vous n'avés qu'a vous imaginer quel- 3, le eft touchante, répliqua mon ami, & „ vous en ferés touché autant que les au- 5, très : c'eft un art que vous apprendrés 5, quand il vous plaira fans beaucoup de ,, peine, la plufpart de nous l'ont appris „ chacun à leur tour. Pool- bien entendre cette lettre, il faut fçavoir qu'il y a deux Opéras Italiens à Londres , que chacun a fes partifans , & que l'efprit de parti s'étend peut-être ici plus qu'ailleurs jufques aux chofes qui de- vroient le moins en dépendre» Après Topera Selim rend compte (a) à fon ami d'un autre fpeélacle, moins en vogue à 'la vérité que le premier, mais qui appar- tient en propre à la nation Angloife, & que notre Auteur regarde comme plus utile, il s'agit des Gladiateurs: voici la defcription que Selim en fait à Mirza. Les Spectateurs étoient placés dans les Galeries d'un Cirque découvert, plus bas étoit un théâtre rempli , non d'eunuques & d@ (a) Lettre 4. Tome V. Part, L L 154 BiRLIOTHÉQUE BRITANNIQUE, de muficiens , mais de taureaux, d'ours, de chiens & de Gladiateurs ; le plaifir con- firtoit à voir les animaux s'entre d'échirer, & les gladiateurs fe blelTer réciproquement pour un peu d'argent. J'avois grande pitié des animaux qu'on animoit les uns contre les autres, mais pour ces hommes afles bru- taux pour répandre le fang de leurs cama- rades, & prodiguer le leur, fans y être poufles par la colère, ou la vengeance, ils ne me fembloient dignes d'aucune pitié : quoiqu'il en foit , je regardois cette féroci- té comme une marque du génie guerrier de ce peuple , & je m'imaginois y décou- vrir l'etprit de liberté. Un François qui é- toit affis auprès de moy paroiiToit fort cho- qué de la barbarie de ce fpeclacle, & re- prochoic à mon ami l'humeur fanguinaire des Anglois dont il fait fes délices. Mon ami étoit en gênerai du même avis , & con- venoit qu'on, ne devoit pas le tolérer dans une nation civilifée ; mais un homme qui étoit affis au deflus d'eux , les regardant de travers, faifoit bien voir qu'il étoit d'un fentiment tout oppofé : il étoit botté , il avoit une perruque noire & courte , & étoit armé d'un long fouet, qu'il faifoic claque;: de toutes fes forces par voye d'ap- probation; lorfque les combattans étoient le plus animés, on auroit dit à fon air qu'il s'étoit battu luy-même plulieurs fois pour de l'argent, & exercé fouvent ce no- ble métier , ou du moins qu'il avoit eu une bon- Avril, May et Juin. 1735. ijj bonne partie de Ton éducation dans ce Cir- que; Tes difcours étoient auffi agrellcs, que fa figure, cependant il ne me fembloit pas manquer de bon fens. Je m'imagine , Mon- fieur, dit il à mon ami, que vous avés été élevé à la cour, ainfi je ne fuis pas furpris que vous ne-.goutés pas ce fpedacle, mais permettes moi de vous dire, que s'il venoic ici plus de monde, ûc qu'ii y en eut moins ?[ui perdiflent leur temps à fa cour, il n'en eroit que mieux pour la patrie : il eft vray nous fommes une nation civilifée, mais je fouhaiterois qu'en certaines occafions nous fuflions un peu moins civils; ces manières fi polies, & Il efféminées, nous recondui- ront par degrés à la fervitude, & nous en viendrons à haïr les combats en effet, fi nous n'aimons pas à en voir les reprefenta- tions. Vous autres gens polis vous êtes pour le goût dp Rome moderne , des eu- nuques n-edonnans & la corruption , pour moi, je fuis du goût de l'ancienne Rome les gladiateurs, & la liberté: pour ce qui eft de la barbarie, que cet étranger nous reproche, je pourrois lui nommer un de ces Rois, Ôc dont fa nation fe glorifie ex- trêmement, dont la conduite a été bien plus barbare ; car il a répandu le fang de plufieurs milions de fes fujcts par paffe- temps , & a mafTacré; fes innocens voifins fans fujet, & fans autre but que d'ncquerir la gloire de paffer pour le plus grand Gla- diateur de l'Europe. L 2 • Il 15(5 Bibliothèque Britannique, II eft impoflible de traduire chaque let- tre, ou même d'en indiquer le fujet, il y en a peu cependant qui n'aient quelque chofe de remarquable: la cinquième (a) qui s'adrefle a un Mollack efl ingenicufc. Selim y parle de la coutume de boire de l'eau qui s'introduit en Angleterre, il la regarde com- me un commencement de reformation qui fraie le chemin au mahometifme en ce pais : les prêtres à la vérité , dit il, font alarmés de cette nouveauté, & ne Tencou- ragent guerre par leur exemple , mais malgré leur opiniâtreté la venté prévaut & tu ]3eus attendre bientôt une converfion générale. (b) L'Auteur efl très court fur la comé- die, il en condanne l'indécence , à. ne pardonne pas aux Dames d'aflifter avec plai- fn- à des jeux où la modeftie efl fi peu ref- pedlée. La galanterie qui (c) règne dans les affemblées du beau monde, ne le choque pas moins, non plus que la complaifance outrée des rmus ; quoiqu'il î'excufe en quelque forte par les dégoûts qui fuivenc les mariages , dont la plupart n'ont aucur^ des motifs qui pourroient foutenir les é- poux dans la pratique confiante de leurs de- voirs. La continuation de l'hifloire des Tro- glodites commencée dans les Lettres Per- lannes, fait ici la matière de douze lettres; OTÙ {a) Lettre j*. {h) Lettre lo. (c) Lettre ii. ■ Avril, May et Juin. 1735. 157 on y voie comment ce peuple fe corrom- pit dans la morale, par l'éLablifTement des loix, (Scia chicane, dans la religion parla fuperilition, & dans la politique , par l'am- bition des Princes , ik de leurs miniftres. Voici quelques traits fur chacun de ces ar- ticles. (a) L'inflitution des loix parmi les Tro- glodites fut luivie de ce mal inévitable; ils commencèrent à croire que tout ce que la loy ne declaroit pas criminel écoit pjermis. Il leur llmbla que le vice n'ccoit plus un mal réel qu'on dut éviter comme tel, mais feulement un bien défendu, comme li tous les motifs qui nous obligent naturellement à nous attacher à la vertu euflent été dé- truits par l'influence étrangère de l'autorité humaine. Un Troglodice fe difoit à lui même, j'ai fçu profiter de la (implicite de mou voifm pour le tromper dans un marché que nous avons fait enfemble; il peut me le reprocher , mais il ne peut pas me punir , car la loi me perm.et de le voler , de foa confentement. Un autre, à qui fon ami redemandoit fon argent qu'il luy avoit prêté quelques an- nées auparavant, lui repondit, par où pou- vés vous juflifier votre dette P On fupplioit un troifiéme de remettre ù foQ fermier une partie de ce qu'il lui de- voit, {a) Lettre 14. L3 158 Bibliothèque Britannique, voit, parce qu'il écoit réduit à une extrême pauvreté par une fuitte de malheurs inévi- tables; ne voies vous pas qu'il lui en refte af- fés pour faire rubfider fa famille? en re- fufant le neceilaire à fa femme & à fes en- fans il peut trouver dequoi me payer , & c'ell à quoy la loi l'oblige. C'eft ainli que les cœurs des Troglodites s'endurcirent. . . . Ce fut bien pis quand par la multiplicité des loix on donna lieu à la chicane. Dans le temps qu'on deliberoit fur la necefiité de faire de nouvelles loix, &; d'interpréter les anciennes , un ancien Sénateur fit dans k Sénat le dilcours fuivant. 5, Vous travaillés 5 ô Troglodites, à fup- 3, pléer à ce qui manque à vos loix, mais ,, fuachés qu'en multipliant les loix , vous 35 multiplierés leurs défauts,- chaque nouvel- 5, le explication produira une nouvelle ob- 35 jeclion, & enfin on perdra de vue les 3, principes fur lefquels elles ont été origi- 35 nellement formées. Les hommes peu- 5, vent fe gouverner & fe bien gouverner y, par quelque loi que ce foit, fi elles font 3, fixées par un ufage ancien : outre qu'elles 3, font connues, & entendues, le peuple y 35 attache une idée de faincleté qui les fait 3, refpedter; mais chaque changement qu'on 23 y fait en découvrant quelque imperfec- 3, tion , diminue ce refpecl fans lequel el- 3, les perdent leur autorité. &c. Ce dif- cours ne perfuada point, l'on établit tant de Icix nouvelles s qu'il fallut qu'i^ cert^iin nom- Avril, May et Juin. 1735. 159 nombre de Troglodites iiiîent une étude particulière de les connoître ; ils devinrent les arbitres des différents & cauferent fou- vent par leur fubtilicé la ruine de .ceux qui fe confioient en eux. (a) Dans la 16. Lettre on voit comment l'idolâtrie & la fuperllition s'introduifirent chés les Troglodites, & comme ils perdi- rent l'amour 6c la crainte des Dieux, pour s'attacher à de vaines cérémonies que leur prêtres fuWtituerent au culte fimple, & pur en quoi confiftoit toute la religion de leurs pères: tandis qu'ils vivoient dans l'innocen- ce. L'artirice des prêtres augmentoit cie jour en jour la fuperltition, (h) 6i l'on en étoit venu au point de croire que rien n'c- toic moins ellêntiel à la religion que la vertu; rien n'étoit plus commun que d'enten- dre un Troglodite tenir ce langage, je veux piller mon voifm ou le public, car on peut appaifer la colère de notre Dieu en lui of- frant une partie du butin. Un autre met- toit fa confcience en repos en raifonnan: ainfi, il e(t vrai que je fuis un grand fcele- rat, j'ai fait tort à mon bienfaiteur, mais je ne manque à aucune proceliion , & j'i.y fait deux fois le tour du temple en me traî- nant fur les genoux. Un troifieme s'ac^-ii- foit à un préire d'avoir volé le bien de ibn futile, donnés en la moitié à notre ordre luy dit-il, «jc je vous fais volontiers prclent du {a) Lettre i6. {b) Lettre 17. L4 1(50 Bibliothèque Britannique, du refte L'efprit de perfecution fut une fuite de la perfecution , les prêcres foute- nus par la Cour tachèrent d'augmenter fou pouvoir, (a) ù. de perfuader que la famille régnante étoit divine , qu'elle tenoit la cou- ronne non par le confentement de la So- ciété, mais par une prééminence naturelle; que de lui refifler, c'écoit rcliftcr à D;eu6cc. De la vint Taucorité defpotique, les guerres entreprifes par pure ambition , malheureu- fes enfin , & qui après avoir épuifé les Troglodites d'hommes & d'argent, finirent par une paix qui leur fit perdre toutes leurs conquêtes , trop heureux encore d'acheter leur repos à ce prix. Une longue paix (b) dont les Troglodites jouirent, amena parmi eux le luxe & l'Amour des fciences. Notre auteur en veut beaucoup à ces fçavans fpeculatifes , qui ne font pas d'une utilité fort fenfible à la focieré , il fe recrie fur tout par la bouche d'un vieux Troglodite contre la propofition qui fut fai- te dans le confeil du Roi de tabler 6c de bien renter une Académie pour l'avance^ ment des fciences. ,, Si l'on avoit propo- „ fé dit -il, de bâtir un hôpital pour des ,, laboureurs décrépites , ou pour des ou- „ vriers hors d'état de travailler , je ferois „ volontiers entré dans ce projet. Mais je „ voudrois fçavoir quels fervices ces gens 3, là ont rendus pour obliger le public a „ en (.1) Lettre î8. (b) Lettre i^, & 20. Si Avril, May et Juin. 1735. 161 3, en prendre foin ; ce fçavoir dont nous fommes idolâtres , nous a-t-il rendus „ meilleurs , ou plus fages que nous n'étions ? 5, montrés m'en les effets dans nos mœurs j „ ou dans notre conduite politique? Si ce „ fçavoir n'eit qu'une curioflté de decou- ,, vrir des chofes qui ne nous incereflenc 3, point, je crois que nous le payons trop ,, cher . . . Nos enfans font élevés dans 3, ces fciences, & quel en eil: le fruit? au 5, lieu d'un efprit doux , & de l'amour de 3, la vérité, iis acquièrent un goût pour la „ difpute, & une habitude d'cluder la veri- „ te. Je foupçonne même qu'il y a quel- 3, que chofe de bas dans l'obeiflance que 3, ces maîtres impérieux exigent de leur dif- 3, ciples, & qu'une foumiflion fi entière à 3, leurs préceptes, doit abbattre l'efprit , 6c 33 en relîerrer les facultés. 3, Cro:és moy , Meflieurs, vous rendriés „ un bien plus grand fervice à l'Etat , en 3, envoient tous ces pareffeux à la chariie, 3, qu'en autorifant leur folies , & recom- 3, penfant leur inutilité. Tout cela fent un peu la déclamation mais ce que l'i^uteur ajoute (a) des maux que cauferent à la focieté les fubtilités & les opinions chimériques de quelques Philofo- phes eft plus jufte , ce qu'on fent allés fans que nous nous y étendions. Les {a) Lettre 21. L5 J62 Bibliothèque Britannique, (a) Les malheurs qui accablent une nation qui gémit fous le pouvoir defpotique , fe firent fentir fi vivement aux Troglodites , qu'ils fe réveillèrent & mirent un frein à l'aucorité de leur Rois, mais ces fages pré- cautions devinrent apparemment bientôt inutiles par la malice, à l'habileté d'un hom- me qui addrefla au Roy le difcours fui- vant. (h) Je m'apperçois , Sire , que vous êtes „ fort découragé par les bornes qu'on a mifes ,y à votre autorité ; mais peut être n'avés 3, vous pas tant perdu que" vous vous ima- -3, ginés. Le peuple eft charmé de fon ou- ^, vrage, il envifage avec plailir les dehors j, du gouvernement qu'il vient dérabiir; 35 mais ceux qui pénètrent dans l'mterieur 3, en trouvent les matériaux trop corrora- 3, pus , & trop foibles pour durer long- 33 tems. 3, Rien dans la Nature n'cfh plus oppofé l'un à l'autre, que l'amour de l'argent, & l'amour de la liberté: le premier eil ii enraciné dans le cœur de vos fujets , qu'il eft impoffîble que l'autre puilTe y fâbfiiler. Je vous dis^ Sire , qu'ils ne font pas afles honnêtes gens pour être libres: examinés la Nation ec jugés fi leur mœurs s'accordent avec leur conilitution, Y a t'il une vertu que l'indigence ne ren- de meprifible ? y a t'il un vice que les {a) Lettres 22. & 23. {L) Lettre 24. Avril, May et Juin. 1735. 163 5, richefles n*illuftrent ? le luxe n'a-t-il pas 5, infedcé tous les ordres du Roiaume?com- „ ment le foutenir ce luxe? ne les met t'il 5, pas dans une dépendance qui mettra „ bientôt fin à cetce chimère de liberté? 5, Voules vous établir votre pouvoir fur un „ fondement folide & durable , fondés le fur „ les vices du genre humain : que l'interefî 5, particulier s'oppofe à rinterefl: public : „ lervés vous des bLMbirs 6c de la vanité des 5, particuliers : faites voir aux chefs du peu- 5, pie qu'ils trouveront mieux leur compte à 5, le trahir qu'à le dcl'endre : voila Sire le 5, plan en abrégé de la conduite que vous 3, devez tenir, pour vous mettre au defTus 55 de toute contrainte , fans choquer ces 55 privilèges nominaux , dont les l>og!odi- 35 tes font plus jaloux qu'ils ne le font des „ chofes mêmes. Si vous voulés vous en „ fier à moy pour l'exécution de ce deflein, 5, je ne craindray point de m'expofer au 5, reflentiment de l'efprit de liberté, car en „ peu de temps j'en éteindrai jufques à la „ plus petite étincclic , je ne craindrai „ point non plus la juilice de la nation , 3, mon crime même fera ma fureté ". (a) La hardiefTe de notre Auteur dans fes ré- flexions le montre de plus en plus à mefure qu'on avance dans fon ouvrage : le goût ou l'on eft depuis la paix de ne conferver & de ne recevoii- dans les troupes que des hom» {a] Lettre 27. i<54 Bibliothèque Britannique, hommes d'une certaine taille jn'echapenc pas à fa cenfure. La fortune (i bornée des Ibl- dats, 6w ieur perlcverance dans un métier Q ingrat , lui paroilTent les chofcs du monde les plus furprenances. Ce qu'il dit (a) des loix & de î'adminillratiou de la judice en Angle- terre 5 ne plaira pas làns doute aux gens de Robe, ni à ceux qui font accou- tumés à fe regarder à cet égard comme les plus heureux de tous les peuples. Notre Auteur les compare à la Salle de Welhr.in- fter, oîj fe tiennent les différents tribu- naux : les fondements de cet édifice go- tique font profonds & durables ; il a duré plufieurs Siècles , & peut fubfiiler encore plufieurs autres; mais l'architeQure en efk chargée d'un grand nombre de parties inu- tiles ,* fi vous l'examinés en critique , vous y découvres plufieurs défauts ; cependant le tout enfemble a un air de grandeur qui vous frappe , & fe fait regarder avec une efpece de vénération. Pour ce qui efi: de l'adrainifiiration de la juftice, on la vend en gros dans les autres pays , & en détail en Angleterre ; le Juge n'a point de Salaire 5 mais le Procureur, l'Avocat, les Officiers de chaque tribunal vous font pai- er au triple. 11 en eft a l'égard de la julli- ce , comme de plufieurs femmes de qualité, elles font incapables de vendi'e leur faveurs, cela feroit au deflTous d'elles , mais il faut ga- (a) Lettre 2p. Avril, May et Juin. 1735. 16^ gagner tous leur gens , fans quoy il n'eft pas poiïible d'en approcher. Le definte- reflemcnt de la Dame ne ferc de rien à Ton amant , il efl: ruiné par l'avidité de fes do- meftiques. Ocfl un préjugé reçu parmi les Angloîs , qu'on ne trouve que chés eux un caradlere dont ils font grand cas, & qu'ils exprimcnc par ces termes gcod natiired. Ils prétendent même que les François n'o-nt point de ter- mes qui puifTent rendre l'idée qu'ils atta- chent à cette expreflion, parceque cette idée leur efl tout à fait étrangère. Ou ce préjugé eft bien mal fondé, ou Selim a été trompé, & trompe enfuite fon ami en lui expliquant quel eft ce Caradere lî fingu- lier, voici ce qu'il lui écrit à ce fujet;"je voudrois bien favoir, dis je, à une Dame, par quel mérite ce gentilhomme, qui eft placé vis à vis de nous , fe fait fi fort efti- mer. Il me femblc qu'il ne fait rien, qu'il ne dit rien, qu'il ne penfe à rien, qu'il n'eft rien, & cependant je le vois continuelle- ment en bonne compagnie; fon caractère, me dit elle, peut s'exprimer en peu de mots, c'eft ce qu'on appelle a good natufd- man. Je fuis fort aife d'apprendre cela, repH- quai-je , car j'ai grand befoin d'un tel hom- me; j'ai un de mes amis dans l'embarras, il pourra lui rendre fervice. Non , dit elle, il eft trop indolent pour fe donner la peine de rendre fervice à per- fonne."^ Quelle i66 Bibliothèque Britannique^ Quelle eft donc fa bonté , repliquai-je , ou comment connoifles vous qu'il en a au- cune? Pendant ce petit dialogue entre nous, le refte de la compagnie avoit tourné la converfation fur la medifance , & peu de reputacions échapoient à leur Satyre, pour peu qu'elles valuiTent la peine qu'on les at- taquât. Le bon homme cependant demeuroit dans un filence attentif, 6l avec toute la com- plaifance imaginable, laiflbit déchirer les amis abiéns, tant qu'il plaifoit à la com- pagnie. Quand la converfation fut achevée, il commença à parler de la douleur que lui caufoit la mort d'un Seigneur, qui, difoit il, ayoit été fon pacron, & fon bienfaiteur; mais il me fembloit qu'il en parloit fort à fon aife, ck la Dame qui me l'avoit défini, me dit ta l'oreille , que malgré fon amitié pour le défunt , é. les obligations qu'il lui avoit, il fdifoit à prefent la cour à fon plus grand ennemi , avec autant de baflefle qu'à fon défunt bienfaiteur. Dans le moment il entra un certain Co- lonel, & auffi- tôt qu'il apperçût mon hom- me il courut à lui , & l'embraiTant tendre- ment, mon cher, lui dit-il, il faut que tu fafle ce foir la débauche avec moi. Vous fçavés lui repondit il tout douce- ment que j'ai éré malade depuis peu & que le vin m'incommode. jSI'importe ^ répliqua le Colonel, tu ne vas Avril, May et Juin. 1735 167 vas point te coucher que tu ne fois yvre, car je ne trouve perfonne qui veuille me tenir compiignie. Le bon homme ne put re- fiilcràune Ibllicitation fi prelTance, il accep- ta honnêtement la propoficion, & tout le cercle convint qu'il étoit à craindre que fa bonté ne lui coûtât la vie tôt ou tard. A cette première ébauche de ce ca- ractère fi eflimé notre auteur ajoute quel- ques traits dans une des lettres fuivaates (a). Il fait entrer fon perfonnage dans une com- pagnie qu'il ^trouva occupée à relever par les applaudifîemens le mérite d'un homme d'efprit qui venoit de fortir: " il joignit 3, {es louanges a celles des autres, mais il 5, finit en infmuant clairement , quoique 5, d'une manière détournée que cet efprin ,5 qui plaîlbit tant ,avoit un tour fafyrique^ 3, qui lerendoit dangereux, & que ce Mon- 55 fieur n'en pouvoit avoir tant, qu'il n'en „ coûtât un peu à fa probité. ,, Cette réflexion impertinente & mal 5, fondée me mit ferieufement en colère, 3, je demanday à celui qui la faifoit, pour- „ quoi il fuppofoit cet homme méchant par „ la feule raifon qu'il n'étoit pas fot „ Si les traits de fon efprit ne portent que „ fur ceux qui méritent d'être tournés en 3, ridicule, il eft d'une aulTi grande utilité „ dans le commerce de la vie privée, que 3, l'épée de la juilice au public. Après {a) Lettre 40, i58 Bibliothèque Britannique, Après qu'il fut forti , Sclim s'informa de fon ami, pourquoi cet homme étoic fi re- cherché & reçu avec agrément dans les meilleures compagnies. „ Si vous voulés me garder le fecret , re- jj, pondit fon ami, je vais vous dire la ve- j, rite de la chofe; mais fi vous alliés me ^, découvrir , je pafferois moi-même pour ^, un méchant homme. Saches donc qu'il ^, y a dans cette ville dix mille gens com- 3, me celui-ci, qui fans un grain de bon j, fens, ni le moindre mérite, font leur ,, chemin en fe prônant les uns les autres, ,, Leur nombre les rend formidables , ^, fur tout fupportés comme ils le font 5, par les femmes. Ils fe fourent dans ]qs 5, compagnies , comme les chiens, à la ^, fuite de quelque homme d'efprit, à qui on 3, fuppofe qu'ils appartiennent ; là ils ne mordent , ni n'aboient , mais ils fonc humbles & careflfans ; en forte que ni l'humanité, ni la politefle ne permettent pas de les chaffer, & enfin ils acquièrent une efpece de droit par tolérance ; ils fou- tiennent leur caraélere en n'ayant point de volonté, ce qui réellement ne procè- de* que de leur incapacité de fe détermi- ner. Ils ont tous quelque finefie , & leurs paffions n'ont pas aiïes de vivacité pour rompre leur mjfures , & leur faire commettre ces indifcretions , auxquelles les gens d'efprit font fujets: ourre qu'ils font perfuadez que la moindre faute efi: 5> capa- Avril, May et Juin. [735. 1(59 5, capable de les perdre à jamais, ils n'ont 5, rien pour lervir de compenfation, car on 5, ne pardonne point des fautes réelles la 5, où il n'y a tout au plus que des vertus 35 négatives* Le petit nombre des gens de 55 bon Icns font obligez de le foumettre à 5, lu pluralité, &: de prodiguer injuftement j, l'épitete de bon , crainte de pailer eux 5, mêmes pour médians. Ceux qui ne feront pas contens de cette defcripcion , diront peut-être que l'auteur a été bien aife de créditer un caradère, qu'on ne lui donne apparemnient pas dans le mon- de. Quoiqu'il en foit ce Caradlère tel qu'on le peint ici , n'efi: ni fort rare , ni fort efti- mable, quoiqu'il reufiiTe affés Ibuvent. En voici un autre plus fingulier, & qu'on croi- roit volontiers imaginaire , li les exemples frequens de gens qui le donnent la mora par pur dégoût de la vie, n'en prouvoienc la realité. J'ai vu aujourd'hui ,dit Selim à Ton Ami^ un Anglois qui affeéte de palier pour un grand Philofophe: il eit parvenu par la for- ce de fea raifonnemens à avoir un entier degout de lui même , 6: une parfaite in- différence pour les autres. La vie m'eft à charge, & j'en fuis las, m'a t'jl ^it, j'ai éprouvé tout ce qu'on appelle plaifir, & j'en fuis abiblumient dégoûté, je n'aiine ni les femmes, ni le vin, ni le jeu, parceque j'ai reconnu la folie qu'il y a de s'y atta- 4:her ; & pour les affaires, elles me paroif- Tome F. Part. I. M fenc 170 Bibliothèque Britannique, fenc plus ridicules que les plaifirs ; l'embar- ras de la ville trouble mon repos , & à la campagne les vapeurs me tuent. Je croy que j'iray en Perfe avec vous , feulement pour varier un peu la fcene , & quand je m'y ennuiray , je prendrai une dofe a'opium pour pafler dans l'autre monde. (a) La lettre fuivante parle d'un Philofo- phe bien différent du précèdent , d'un hom- me qui fe rend la vie- agréable en s'acqui- tanc avec joye de tous les devoirs de la focieté 5 & dont le bonheur confifte à faire celui des autres. La plupart des lettres fuivantes roulent fur la politique, on y trouve une courte hiftoire de l'origine, & de la conftitution du gouvernement d'Angleterre, ce morceau eit curieux, mais il eft fi abrégé qu'il auroic falu le traduire en entier , & nous fommes informés qu'on verra bientôt ces lettres en François, ainfi fi les miorceaux que nous en avons donné plaifent au public , & pi- quent fa curiofité , il pourra dans peu la fatisfaire. Nous n'avons point parlé de trois petites hiftoriettes, qui font mêlées à ces lettres, elles pourront amufer agréa- blement les lecteurs. On les rencontre af- fés à propos pour fe delafler , après les re- flexions de morale & de politique, qu'on n'auroit peut-être pas lues fans ennui jufques au bout ^ fans le fecours de ces intermèdes. A R T. ( a) Lettre 39. Avril, May et Juin. 1735. 171 ARTICLE IX. An Enquiry into the Miracle faid to hâve been wroughi:, in the fifch century , upon fome Orthodox Chriflians in confirmation of the Do6lrine of the Trinity : Who continued. ro fpeak clearly and difî:io6lly, after their ton- dues had been eut out , by order of Ilunneric , an Arian , King of the Vandals , in a Letter to a Friend. London by J. Roberts 1750. C'eità- dire , Examen d'un Miracle , quun dit qui fut opéré ^ dans le cinquième fé de en la perfonne de quelques Chrétiens Ortho- doxes , en faveur du Dogme de la Trini- té : Lefquels continuèrent à parler , clâi-- rement £5? dijlin^ement , après que leurs Langues eurent été coupées , par l'ordre de Hunncric £5? Arien ^ Roi des Vanda- les. En for rue de Lettre addrejfée à un Ami. A Londres , chez Roberts , 1730. pages 61, fans la Préface. IL y a dix ans, que Mr. Berriman , pré- chant à S. Paul, (fl) fe déclara pour ia vérité (/î) Eight Sermons preachcd at Iddr Moyer'« le^urcj printed in the year 1715-. M 2 172 Bibliothèque Britannique, vérité du Miracle que l'Auteur de la Bro- chure, qu'on vient d'annoncer, combat de toute fa force. Mais avant cela, Mr. Ab- badie Ça) avoit publié pour l'établir tout ce que la méditation ûc l'étude avoient pu lui fournir fur ce fujet. D'ailleurs, comme les obfervations de Mr. Berriman dans fes fermons imprimez ne font pas à beaucoup près fi bien foutenues, & n'ajoutent rien de nouveau ; ce fera de Mr. Abbadie & de notre Anonyme que nous emprunterons ce qui s'eft dit de plus fort pour & contre : Nous réfervant néanmoins la liberté d'infé- rer nos remarques où elles nous paroitronc utiles pour mettre les Ledteurs au fait de cette Difpute. Sur ce pied là, voions d'a- bord ce que difent les Hiftoriens qui parlent du Miracle en queftion. Le premier en ordre , c'efl F^iclor , Evê- que Africain & ConfelTeur. Les uns l'appel- lent Uticenfis , ou d'Utique ; les autres Fi- îenjis y ou de Vite; Ce qui efl le plus appa- rent comme Beatus Rhenanus l'a fait voir : mais cela importe peu pour le fond. Ce Prélat dans le V. Siècle écrivit une Hiftoi- re des perfecutions que les Orthodoxes eu- rent à fouffrir de la part des Vandales qui faifoient profeilion de î'Arianifme. On voit dès le commencement du premier livre qu'il récrivit vers l'an 487. Ce fut , félon l'Ano- nyme, (^) La Triomphe de la Providence ou l'ouTsr* turc des fept Sceaux &c. 162 }, Avril, May et Juin. 1735. 173 nyme , environ trois ans après qu'on dit que le fait en queftion s'écoic pafle fuivanc Mr. Abbadie ce fui dix ^ fept ou dix àf buit ans. C'eft toujours un Auteur con- temporain. Mais il faut fans fe préoccuper entendre ce qu'il raporte (a) Nous emploie- rons la tradudion de Mr. Abbadie , à moins que l'original ne nous oblige à y faire quel- que'changemen: ,, Hâtons nous dit, Victor, 5, pour la gloire de Diju de dire ce qui ar- 5, riva à Typaze , Vnlc de la grande Mau- ,, ritanic. Comme on y eut vu venir un „ Evêque Arrien , fait Evêque pour la 5, deftru^lion des âmes , de Secrétaire 3, de Cyrilla {b) qu'il étoit auparavant , 5, toute la Ville s'en fuit par mer en Efpa- 5, gne 5 à l'exception d'un très petit nom- 5, bre qui ne purent être de l'embarque- „ ment. Le nouvel Evêque tacha de ga- „ gner ceux-ci d'abord par des careflcs, & , 35 puis par des menaces. Mais fortifiez au „ Seigneur ils perfifterent à rejetter l'Arria- 5, nifme , & nonfeulement ils méprifercnt 5, la folie du Scdudteur , mais ils celebe- 3, rent les divins myfteres dans une niaifon ,, où ils firent leur alTemblée. Il le fçut, & ,5 le fit fçavoir à Cnrcage où il envoia fe- 5, cretemcnt la relation de ce qui s'ctoic 5, pafle. A cette nouvelle le Roi fort irrité y 5, envoia un certain Comte qui par fes ordres 55 leur (^) De Perfccut. Vandaî. 1. f. c. 6. {b) 11 ctoi alors le Patria-rhc des Arriens. Abb. M 3 174 Bibliothèque Britannique, ,, leur fie couper la langue dès la racine, „ comme aufli la main droite. Tout cela ^, fut exécuté au milieu du marché où il avoit *3 afjsmhlé tout le pais («) mais après cette ,, exécution ils ne laiflbient pas de parler, ,, & ils parlent encore par la vertu du Saint ,5 Efprit Auteur de cette merveille. Que (i „ quelqu'un veut être incrédule, il n'a dans 3, dans ce moment qu'à aller à Conflantino- ^, pie OLi il trouvera le Soùdiacre Repara- „ tus, un d'entre eux, qui parle & fait des „ difcours fort polis, fans choquer l'oreil- yy le le moins du monde. Ce qui le fait ve- „ nerer avec quelque excès (^), & au pa* „ lais de Zenon , & fur tout de l'Impera- ,, trice qui le révère avec un refpeét mer- „ veilleux ". Le fécond Auteur c'eft Enèe de Gaze, C'étoit un Platonicien converti au Chiltia- nifme , plus jeune que Viftor de quelques années : Et ils paroifTent avoir vécu en mê- me tems fous l'Empereur Zenon ou fous Anaftafe. Nous avons de lui un Dialogue fur l'immortalité de l'ame & fur la refurrec- tion du corps (c) Ce Dialogue porte le nom de Theophraite, Philofophe Athénien , qui {/i) In Medio foro , congregata illuc omni pro- vincia: Cette circonfiance efi: fupprirnée dans la Lettre de l'Anonyme. {h) Nimium^ dans le Lafin quî pourroit n'y ^\i gnifier qu'extrememtnt , ou très fort. (t) Voiez lom. VIII. Biblioîh. Patrum. Avril, May et Juin. 1735. 175 qui efl: un des Interlocuteurs : Et l'autre elt Axithée qui reprefente un Chrétien & qui doit être Enée même. Après avoir expofé l'é- tat de l'Afrique, opprimée par la Tyrannie , il ajoute " Le Tyran impute la piété à „ crime à ceux qui vivent fous fon Empire. ,5 II leur ordonne de renier un dogme fi 5, bon & fi faint : Et ceux qui refufent de 5, lui obéir, O crime! O fureur! il leur fait „ couper la langue. Mais eux ils implorent ,, le fecours de la nature. Et voici que ^, trois jours après la nature fe renouvelle 5, en eux, non par quelque don que Dieu ,_, leur fafle d'une autre langue . mais par la „ grâce qu'il leur accorde de parler fans lan- „ gue d'une manière 11 articulée qu'ils di- „ fent ce qu'ils veulent , encore mieux 5, qu'auparavant. Et un peu après, j'ai „ moi même vu ces hommes , & je les ai „ ouï parier. Surpris que leur voix pue „ être fi articulée, je cherchois l'inflrumcnt „ de cette voix, & n'en croiant pas à mes „ oreilles, j'en remis le jugement à mes 3, yeux: Et quant ils eurent ouvert la bou- „ che , je vis qu'on leur avoic coupé la yy angue entière dès la racine. Procûpe efl: le troifieme qui atten:e ce fait (a) Il y a apparence qu'il écrivit 30. ou 40. ans après. Soit qu'il ait été General d'armée, ou Préfet de Conftantinople , c'é- toit un homm.e confiderable fous i'Kmpire de (.t) Lib. I. de bel). Vandal. c. 8. M 4 376 B I p. L I o T H i>Q u E Britannique, de Jultinien. Son Hi(toirc de la Guerre des Vandales eft fore connue : Ec c'eit là qu'il dit cVroccation d'un de leurs Rois, " Ho- ,5 noric fuc le plus cruel > te- {a) L'exprefTîon de Procope emporte qu'ils re- pondoient comme des Oracle?. Abb. {h) Lib. I. conft. de Cfficio Vixkdii Prstorio AfricîE. Avril, May et Juin. 1735. 179 „ tenoient dans leur infidélité, en les obli- „ géant à un fécond baptême : Et les corps 5, réduits à un elclavage honteux, quoique 5, libres , quoiqu'illuilres par le privilège „ de leur naiflance , ils les accabloient par 5, les maux infiipportables qu'ils leur fai- „ foient foufFrlr. ils profanoient les Saintes „ Eglifes de Dieu , éi de quelques-unes ils 3, en ont même fait des étables. Nous a- 5, vons vu ces hommes vénérables à qui on 55 avoit coupé la langue dès la racine , qui ,, ne laiflbient pas de parler Cîc de faire 'le 5, récit touchant de leur martyre. En feptieme 6l dernier lieu , on entaflc les citations de divers Auteurs qui tiennent le fait de la féconde main. L'un d'eux eft le Pape Grégoire^ premier du nom, que l'on apelle auffi Grégoire le Grand. Il dit (^a) ,, qu'étant à Conltantinople il y voioit un ,, vieux Prélat qui le fouvenoit d'avoir vu „ ces hommes miraculeux , & de les avoir en- „ tendu parler clairement (S: diltinftement. " Il ajoutoit '' qu'en ouvrant leurs bouches ,, ils difoient à tout le monde, voiez que ,, nous parlons n'aiant point de langues. *' Un autre (b) c'eft Fictor , Evêque de Tu- nunes Ôc confeOcur , avant que Juftinien eut délivré l'Afrique de Vandales. 11 mar- que le lieu où ce^ orthodoxes écoient en- terrez, 6: parle d'un de fes amis Evéque Afri- {a) Greg. I. Dial. lib. 3. c. 32. (/') Viélor Tunnonciifis iuChron. i8o Bibliothèque Britannique, Africain donc la Tcpulcure écoit auprès de la leur ; ajoutant ces propres paroles. 5, Qu'ils aient parlé jufqu'à la fin, encors ,, que leurs langues fulTent parfaitement „ coupées , la ville impériale , où leurs 5, corps font enterrez, en eft le témoin. '* Évagrius y pour un troilieme, qui elt connu entre les Hiitoncns Ecctefialliques , allègue Procope.6: JulLnien , fe trompant toutes- fois à l'égard du dernier qu'il nomme Juf- tin. Et pour le dire en palLmt Nicephore a fait précifcment la même faute. Enfin Ifidore qui fut Archevêque de Séville, <^c contemporain de Grégoire, eit fimplement ciré fans qu'on rapporte les paroles. AuiTi- bien font elles peu neccffaires après ce qu'on a déjà dit, qui ell^iu fond tout ce que l'on peut içavoir fur ce fa:t par la voie du témoignage; il s'agit à préfent de voir ce que l'on en pourroit découvrir par la voie du raifonnement. S'il falloit juger de ce fait par ce qu'un homme très célèbre dans la Republique des lettres en a penfé, on ne refleroit pas un moment en doute. Grotius apelle les quatre premiers Hilloriens qii'on allègue , des té- moins très feurs (û) Et cela dans un ouvra- ge des plus graves où il s'étoit propofé d'é- tablir la Vérité de la Religion Chrétien- ne {b). Il devoit fe connoitre en preuves {a) Teftes certiflimos. [b) V. R. c. 17. nota ra. Avril, May et Juin. 1735. 181 & en témoins, lui qui a fait Texcellent ou- vrage de jiiro belli ^ pacis. Et par fon em- ploi il étoit rompu aux fondions d'un Juge. Mais l'Anonyme , loin de s'en raporter au Jugement de Grotius , fait entendre que l'A- mi à qui il écrit n'ell pas homme à fe paier du fimplc fon d'un nom illuftre. Et comme c'eft ce que nous penlbns auffi de nos Lec- teurs, nous nous voions obligés, d'entrer dans la difcuiïion de ce Problème hiflorique. Ce fera toutesfois en renvoiant à VOuzer' ture des fceaiix où on verra, avec plaifir, ce qu'a pu produire fur le fujct , dont il s'agit, la plus riche imagination du monde. Pous nous , il nous fuffira de péfer les fept grandes circonftances qui fe trouvent ici , fé- lon Mr. Abbadie. Première Circonftance. On attefle îa cho' fe , non pour Vaijoir ouï dire , mais pour lavoir vue. Ceci eft fondamental. Un témoin oculaire , dit on , en vaut dix qui n'ont fait qu'entendre. Mais qui eft ici Té- moin , demandera- 1- on avec TAnony- me ? Apparemment ce n'eft pas Plàor qui cenendant eft le premier qui ait parlé de Tarfaire de Typaze , peu d'années a- près. Il dit bien que la choie étoit arri- vée , & que l'on n'avoit qu'à aller à Con- ftantinople où on en verroit une preuve vi- vante (Se parlante. Mais il ne dit pas qu'il l'eut vue , que les yeux euflent été témoins des faits qu'il raconte. Si on ajoute qu'E- née y contemporain de Vi6lor, a vu cette mer- i82 Bibliothèque Britannique, merveille; c'eft dequoi j'Anonyme ne con* vient; pas. Selon lui Enée efi: bien l'Auteur d'un dialogue où Theophrade & Axichée raifonnent enfembîe,- mais on peut douter que cet Enée fut contemporain de Vidlor. A la vérité , Axithée afllire poGcivement qu'il a vu ces Chreti-^^ns, mais cela ne prou- ve pas plus qu'Enée ait vécu dans ce tems là, que fl on vouloit faire Ciceron contem- lX)rain de Caton, fous prétexte que dans les dialogues de i'un , l'autre efl introduit comme témoin oculaire de ce qu'il racon- te» Axithée n'étant là qu'un nom feint, tout ce qu'on peut conclurre de ce qu'il affirme , c'eil: qu'Enée a cru fermement toute cette hiiloire , & là defTus n'a fait nulle difficulté de la mettre dans la bouche d'un perfonnage qui auroit tout vu de fes propres yeux. Par raport au témoignage du Comte Mût- cellin qui dit en termes formels. „ J'ai 55 moi même vu quelques-uns (a) de cette 3, troupe de fidèles (i?) à qui on avoit coupé j, la langue, je les ai vu moi-même à Bizan- ,, ce parlant d'une voix entière ". L'Ano- nyme dit 1°. que ce témoignage efl précé- dé d'un conte qui n'a gueres de vraifem- blance. C'eft celui du jeune homme fourd & muet dès fa naiflance , à qui Hunneric fit couper la langue. Et à qui , ce qu'on doit {a) Aïiqu^Titoi^ un aflez bon nombre, {h) On tn contoit foixante. Abb. Avril, May et Juin. 1735. 18 j doit bien remarquer, cette étrange opéra- tion donna Tufage de la parole immédiate- ment après. 2. 11 prétend que coîifpcxi /o- qii€7iîes ne veut pas dire que Marcellin les eut vus lorfqu'ils parloient : mais qu'en gros il avoit vu quelques uns de ces prétendus parleurs de qui cela fe raportoit ; & qu'au- trement il auroit du dire, Audivi Loquentes^ c'elt à dire, non je les ai vu, mais je les ai entendu parler. 3". Que Marcellin place cette avanture dans fa Chronique feus les Confuîs Theodoric 6l Venantius (en 484,) & que fa Chronique finit au 4. Confulat de juftinien ( en l'an 534 ; ) ce qui eft cinquan- te ans après qu'il dit les avoir entendu par* 1er. Quel âge donc avoit il alors. Il n'é- toit qu'un enfant , ou tout au plus un jeune garçon. Peut-être cependant nVft il pas jufte de fuppofer ni qu'il ait vu cette mer- veille dès la prcmiere année qu'elle arriva, quoiqu'il la place dans cette année ; ni que cet endroit de fa chronique ait été écrit Vannée même qu'elle fut publiée. Et en approchant les évenemens la difficulté s'é' vanouit. Mais ce qui paroit réellement fujet à ob- jection, c'eft qu'on allègue l'Empereur Ju/- .tin pour faire dire à Frocope , que celui-ci avoit vu quelques-uns de ces Africains par- lant, car par ce qu'on a rite de cet Hiilo- rien , il ne paroit pas qu'il en eut été té- moin oculaire. Non, mais Juflinien fe don- ne pour tel, à toute la terre, dans un Edic des i84 Bibliothèque Britannique, des plus folemnels. " Nous avons, dic-il , j, vu ces hommes vénérables à qui on avoit „ coupé la langue dès la racine, qui ne „ laiilbicnt pas de parier & de fau-e le ré- ,, cic couchant de leur martyre " (a). Si la traduction Françoife paroïc ici dire un peu plus que l'original Latin, l'Anonyme y déterre un fens bien oppofé; c'eft qu'ils racontoient leurs fouffrances ^ non pas, com- me on fe rimagme mal à propos, qu'ils fiflfenc cela en parlant; c'étoit en ouvrant une grande bouche ou on ne voioit aucune apparence de Langue, & en accompagnant ce fpe<^acle affreux d'un ton lamentable. Là-defTus il allègue en Latin deux endroits de Ciceron , & en Grec un pafTage de St. Paul. Nous renvoions tout cela au bas de la page (h), ce fera aux connoilTeurs à ju- ger s'il y a là quelque chofe de parallèle à ce qu'on fait dire à Juftinien. Nous ne croyons pas devoir entrer dans cette cri- tique. Seconde Circonflance. Plujieur s per formes judicteufes s^accordent à rendre ce témoignage. Mais c'eft dequoi encore Tanonyaie n'eft point {a) Psenas faas miferabiliter loquebantur. r Dolabella fuis Htteris bellum loquitur. J L. IX. Ep. ad Attic. Ep. ij. ,. ) Oculi nimis arguti, quemadmodum anf- ^ ' 1 mo affedi fimus , loquuntur. De leg. ! L. I. c. 9. \^ Arro^ayàv hi kaKÙtsu Ep. adHcbr. C. XI. 4- Avril, May et Juin. 1735. 185 point dilpofé à convenir. Selon lui, Ficlor qui eit le premier témoin, étoit un homme ciedule & adonné à la fuperftition. Sa crédulité fe prouve pur une foule d'hiftoires étranges qu'il raconte avec un air de perfua- lion : Et Ion penchant pour la fuperititioa n'eft pas moins vifible , parce qu'il favorife les opinions de TEglife de Rome fur la prééminence qu'elle s'attribue , l'invocation des faints , & les vœux du ceiioat comme Ruinarc Ton Editeur le fait oblerver. Enée ne raconte pas des choies moins incroia- bles que Viftor. Et pour Jujlinieny c'étoit un homme tranfporté d'un zèle outré , & qui d'ailleurs, lorlque ce prétendu miracle arriva, n'étoit qu'un enfant (a). Le Com- te Marcellin étoit trop éloigné de la fource pour pouvoir témoigner du fait. Du refte il étoit aufli fort crédule & il a farci fa Chronique de Légendes. Procope enfin étant contemporain du Comte & d'un caradlère fort approchant, fon témoignage ne fauroic être d'un plus grand poids. Troifieme circonftance. Uii million de pcrfonnes fçuvent la chofe par l'expérience de leurs propres J'en s ^ fi elle ejt vraie , ^ ne peu- vent manquer de fe moquer de ceux qui V affir- ment ^ {a) „ Juflinien naquit l'an 481. ou 82. car 5, Bellarmin met fa mort en ^6^, & Zonaras dit 5, qu'il avoit .-j-f. ans, lorfqu'il monta fur le tro- ,, ne, & qo'il en régna 39. Zonar. ann. tom. III, ylH bai de la Lettre , p. 31. Tome F. F art. I. N l§6 Bibliothèque Britannique, ment , fi elle ne Veji pas. Sur cela l'Anony- me femble être d'opinion, qu'en accordant tout cela ,,11 fe pourroit bien qu^on fe fat moqué de ceux qui racontoient le fait, fans que perfonne eut pris foin de nous en inftruire: ou û quelqu'un l'a raporté, ce fe- ra dans quelque ouvrage qui n'eft pas venu jufqu'à nous. Quatrième Circonftance. Vexamen en eft facile pour taus ceux qui ont des yeux â? des oreilles. Ceci paroit très fpécieux. Mais i,, on fuppofe qu'il y eut là des gens à exa- men. Cependant les Hiftoriens eux-mêmes. Prélats, Généraux, Philofophes, Comtes, Empereurs ne paroilTent point avoir beau- coup examiné. S'ils l'eufTent fait ils l'au- roientdit, c'efl: ce que l'Anonyme remar- que , & il ne veut pas même excepter Enée qui paroit pourtant avoir pris ce foin. Car immédiatement après ces paroles, **J'ai „ moi-même vu ces hommes & je les ai 5, oui parler , " il ajoute, „ furpris que „ leur voix put être (i articulée , je cher- 5, chois Pinftrument de cette voix , & n'en ,, croiant pas mes oreilles , j'en remis le „ jugement à mes yeux: Et quand ils eu- 3, rent ouvert la bouche, je vis qu'on leur 3, avoit coupé la langue 'dès la racine". Que voudroit on de plus exprès ? Mais l'Anony- me croit que cela n'eft que de la bro- derie. Cinquième Circonftance. Le Public ne peut manquer d'en prendre CQn7ioijJance par la Jtn- Avril, May et Juin. 1735. 187 Jingularité & Vimportance du fait. Rien n'eil plus vrai s'il y eut jamais un tel miracle. Mais cette circonltance le fuppofe, fans en éta- blir i'exiftence réelle ou la vérité. Sixième Circonftance. Lexamen s^ en fait confiant ^ journalier ^ ordinaire^ durant 'vingt (f cinq ou trente ans , dans une auffi graiide ville que Conjlantinople. A la bonne heure, fî après que la langue eut été coupée à ces Africains , ik qu'ils fe furent réfugiez à Con- ftantinople, ils y ont vécu la pîufpart, ou du moins quelques-uns d'eux, une trentaine d'années. Mais c'e(t ce qui n'eft pas die formellement: Et même, félon l'Anonyme» toute la preuve qu'on en a, c'eft ce qu'af- firme Jultinien qu'il avoit vu de pareilles gens, fani dire quand il les avoit vus. Il nous femble qu'il y a ici des raifons de dou- ter de part & d'autre. Si d'un côté, l'Ano* nyme ne prouve pas ce qu'il a avancé tou- chant la grande jeunefle de l'Empereur, lorfqu'il vit ces hommes miraculeux, il n'en fcauroit rien conclure en faveur de fon opi- nion. Et d'un autre côté, il ne paroit par aucun endroit que ce fut vingt & cinq ou trente ans après qu'ils fe furent fixez à Con- ftantinople que Juftinien les vit. Septième & dernière Circonltance. Après cet examen long , facile^ ordinaire , qui ne peut manquer de s'en faire chaque jour , ^ pendant fî longtems , h certitude du fait fe trouve fî établie^ que les Hifïoriens latteflent dhm ac- cord y tf que les Empereurs le donnent pour con- N 2 Jtant i88 Bibliothèque Britannique, Jlant dans leurs Froclaynations. Ce témoi- gnage des Hiitoriens *& des Empereurs eft au fond le grand motif de crédibilité dans le cas dont il s'agit. Et d'ailleurs TAnony- rne paroit convenir que ces divers témoins font parfaitement d'accord, aune particu- larité près. Selon lui Victor de Vite , qui a raporté ce fait, trois ans après qu'il, fut ar- rivé, dit Amplement qu'on avoit coupé la langue à nos Africains mais non dès la raci- ne , comme l'ont alTuré depuis Juflinien & d'autres. Il y a ici apparemment quelque' erreur, le mol radicltus évàr\t f^ans Vidlor , de l'édition de la Bibliothèque des Pérès, que cite Abbadie. Mais après tout, ce fait a été tranfmis jufqu'à nous d'une façon qui porte à croi-. re que du moins le fond de la narration eft véritable. Cependant , & dans la préface à dans la Lettre de notre Auteur, on ne né- glige rien pour faire naître des doutes fur ja chofe même, en la confiderant indépen- damment du témoignage. On dit que ce Miracle eft fans exemple: Et d'ailleurs on ne comprend pas, quel en auroit été le but, vu que le dogme, en faveur duquel on pré- tend qu'il fut opéré , eft fuffifament établi dans l'Ecriture. Enfin, dit-on, il ne s'agit pas de nous donner des miracles récens pour laveriréde chaque dogme du Chriftianifme ; Le Chriflianifme gênerai étant démontré par les miracles de Jefus Chrift & de fes Apotres.^ Mais toutes ces raifons ne fauroieht être resar- Avril, May et Juin. 1735. 189 regardées que comme des raifons de con- venance, auxquelles Mr. Abhadie en a op- pofé une foule d'autres avec cette éloquen- ce brillante & vive qui lui écoit fi particu- lière. Aufli V Anonyme a t'il bien fenti que comme le fait en queition , quelque extraor- dinaire qu'il paroillcj ed: attefté avec tou- tes Tes circonftances , il falloit dire quelque chofc de plus fatisfaiiant. Il avoue donc à fon Ami qu'il fe peut que dans la Perfecu- tion d'Afrique, les Vr.ndalcs aient 'fait cou- per la langue à des Orthodoxes: mais qu'on ne la leur coupa qu'à demi ; ce qui ne les aura pas empêché de parler aflez bien. Ec fur cela, il produit l'exemple d'un bon Ec- cleliaftique dans la Comté de Gloccfter, qui, à ce qu'on dit, fait les fondlions de fa charge quoiqu'il ait eu le malheur, il y a quelques années , d'avoir une partie de la langue coupée par des Voleurs qui vinrent pour piller fa maifon. Il ajoute celui d'un Mendiante Londres, qui pretendoit qu'étant efclave en Turquie , on lui avoit coupé la langue, qu'il ne faifoit pourtant que replier dans fa gorge pour exciter la compaflion des fpeclateurs , & leur arracher quelque af- fidence. Mais fi en faifant ce tour d'adref- fe , il articuloit fes paroles, c'elt dequoi il n'a pas pu , dit-il , être informé. Cela ell fâ- cheux ; car voila précifement ce qu'il s'a- gilfoit de fça'voir. Il finit par l'impertinen- te hiftoire des Lapins qui apprêta fi fort à rire au Public, il y a quelques années.- 2"^ 3 Nous 190 Bibliothèque Britannique, Nous ne la voulons pas repeter. Mais s'il faut régaler le public d'un conte qui vien- ne à propos, le voici en des termes qui pour être vieux ne déplairont pas. " Pierre j, Defmarets, au quatriefme des Sentences, „ & après lui Pierre de Rebuffi, Dodeur 5, en chacun Droit , racontent , que com- 5, me quelqu'un en France ( il ne nomme le 3, lieu) fouiflûit fa terre , il trouva une 5, langue d'homme, qui parloit. Laquelle ,5 interrogée de qui elle eftoit, fitrerponfe, 5.5 qu'elle eftoit la langue d'un Païen , Juge 55 jufle & incorruptible, duquel Dieu avoic 55 refervé l'ame en fa langue 5 tant qu'elle 55 fuit baptifée 5 pour autant que jamais il 55 n'avoit prononcé fentence qui fuft ini- ,5 que 5 & contre la vérité. Et fuft bapti- 5, fée, puis après réduite en cendre. Ça) ARTICLE X. A DifTertation concerning God's com- mand to Abraham , to offer up Ifaac his fon for a Sacrifice. C'eft-à-dire, Dijffertation fur f ordre que Dieu donna à Abraham d'offrir [on fils en Sacrifice ^^2x Mr. Whifton. A Londres, duod. p. 40. MR. JVbiJlon indigné de ce que plufleurs modernes ont voulu donner de nou- vel- {a) Jean Des Caurres , Oeuvres Morales. foliO 4.15. de 1 édition de Paris, ifS-j.. Avril, May et Juin. 1735. 1.9X; velles explications d'un fait auflî ancien que. celui qui efl: le fujet de cette Diflertation, le propote de les combattre, & de juftifier les anciennes explications. Il ne le fait pasi d'une manière directe ni fuivie. 11 fe con- tente de pofer plufieurs principes, & laifies d'ordinaire à Tes Ledleurs le foin de les ap* pliquer au fujet dont il s'agit. I. Jufqu'à ce Siècle profane , dit notre Auteur , tous les hommes raifonnablcs a- voient reconnu généralement , que Dieu » droit de difpofer de la vie de fes créatures , que félon fon bon plaifn* il peut en abréget ou en prolonger le cours : qu'il a droit de les affliger de maladies , (S: de les placer dans différens portes, comme il le juge a propos. C'eft aux Créatures à fe foume'ttre aux or- dres de cette Providence. Mr. Whijion dé- clare qu'il ne veut pas infinuer par là, que Dieu puifTe agir , oli qu'il agifle en effec d'une manière arbitraire, c'eft à dire, fans des railbns dignes de fa fagefle. Il croit au contraire, que comme (a) Dieu ne bail rien de tout ce qu'il a créé, toutes les chofes , qui arrivent dans ce monde, quelque trilles qu'elles puiflent nous paroitre à la première vue, font réellement deftinées au bien de fes Créatures. Mais Dieu n'eft pas obligé de Tendre compte aux hommes de fa cou»- duite. Il enre ferve l'éclairciflcment au jour du jugement , & en attendant il exerce la Foi, {a) Sap. II. «4. N4 192 Bibliothèque Britannique, Foi, la Patience & la Réfignation des fidèles. II. L'Auteur remarque en fuite qu'il pa- roîc par THiftoire des liécles palTez , depuis Adam jufqu'à nous , que Dieu s'eil toujours fervi de ce droit, fans rendre raifon de fa conduite. Aufli les plus fages & les plus vertueux parmi les Payens de même que parmi les Juifs & les Chrétiens fe font toujours humblement fournis aux ordres de la Providence, rendant grâces à Dieu pour fes bienfaits , les attribuant à f^ bon- ré , & ne les exigeant pas de fa juftice. Ils ne croioient pas même que Dieu fût en aucune manière obligé de leur continuer la vie , qui eft la fource de tous les biens. Lorfque Dieu jugea à propos de détruire la ra- ce des hommes par un déluize univerfel , les enfans innocens s'y trouvèrent envelop- pez avec les hommes coupables. On trou- ve plufieurs autres exemples femblables dans l'Ecriture. Nous ne fommes pas affurez que cette Difpenfation de la providence, quelque févere qu'elle paroifle , le foit réel- lement en effet. Ce peut être un grand bonheur pour un homme de mourir à la fleur de fon âge. En vivant plus longtemps il auroit augmenté le nombre de fes crimes 6c fe feroic préparé par là de plus grandes peines pour l'autre vie. 11 n'appartient pas à des hommes foibles & ignorons comme nous d'exiger , qu'un Dieu tout pinflant , tout fage & tout bon nous rendre compte de fes avions. Tout ce que nous poUedons nous le Avril, May ET Juin. 1735. 193 le tenons de lui. Par confequenc il peut le reprendre comme il le juge à propos. III. On a crû jufqu'à préfent qu'un com- mandement exprès de Dieu, quand on a des preuves convainquantes qu'il vient effedive* ment de lui , aucorife à ôter la vie à qui que ce foit. Les plus grands Pyrrhoniens modernes ne combattent pas directement cette autho- rité. Ils fe fervent d'une Méthode plus adroi- te. Voici leur objeûion. Lorfqu'un comman- dement qu'on dit venir de Dieu , eO: direcxe- ment contraire à Tes attributs, nous devons en conclure que Dieu n'en ei\ pas l'Auteur. Or le commandement que Dieu donna à A- braham de facritier Ton propre fils e(t i\ in- compatible avec ia bonté 6i fa judice , qu'il n'eii: pas poffible qu'il foit venu de lui. Ce railbnnement félon eux eH: d'une plus grande évidence, que ne fauroit être aucune Révé- lation. Mr. H'^bifion répond, qu'on auroit tore en effet d'exécuter un ordre , qui paroit s'op- pofer aux ordres de Dieu, quand on n'eitpas entièrement convaincu, que Dieu ait donné un tel ordre. Mais ce n'écoit pas le cas des anciens Prophètes, & en particulier d'Abra- ham qui e(t appelle Vami de Dieu. Ils ont tou- jours paru entièrement perluadez , que Dieu s'étoit révélé à eux. Et ce qui prouve évi- demment qu'ils ne fe trompoient pas, c'ell que la fuite des Evénemens repondoit tou- jours aux Révélations qu'ils avoient reçues (Se les afluroit de leur certitude. Témoin cet- te voix miraculeufe de Dieu , qui révoqua N j l'ordre IJÇ4 B 1 Tî L I O T H EQUE BRITANNIQUE, Tordre qu'il avoit donné à Abraham; & les^ promeilcs qu'il lui fit enfuite pour le récom- penfer de fa prompte obéiflknce. Ces. deux faits démontrent que la commiiTion que ce Patriarche avoit reçue, étoit véritablement Divine , & jaftifient entièrement fa conduite. I V. Mr. Whifton remarque enfuite que longtems avant Abraham , les Dieux des Paiens exigeoient qu'on leur immolât des vidlimes humaines, & particulièrement les enfans des coupables; & cela avant & après le Déluge. Il eft vrai que du tems d'Héro- dote cette coutume avoit été abolie en E- gyptc; & même il y avoit fi peu d'animaux qu'on pût offrir aux Idoles, que cet Hido- rien doute qu'ils leur aient jamais immolé des victimes humaines. Cependant il paroit par le témoignage de Sanchoniaîon , Mane- thon j Paufanias , Diodore de Sicile , Philon , Flutarque à. Porphyre, que ces facrifices é- toient fréquens dans la Phénicie & dans l'E- gypte & cela longtems avant Abraham , comme le Chevalier MarOmm & l'Evêque- Camherlmd l'ont prouvé. Ailleurs cette cruel- le coutume a continué depuis Abraham pen- dant une longue fuite de fiecles , & elle n'a été entièrement abolie que dans le troifié- me, ou peut-être dans le cinquième fiécle du Chriflianifme. V. Mr. Whifton fait voir après cela que Dieu avoit expreffement condamné de tels facrifices, & que c'ètoit principalement pour ce- crime qu'il avoit chafle de la Paleltine les . Na- Avril, May et Juin. 1735. 195 Nations Idolâtres & quelquefois les Juifs même, comme il paroit par piufieurs pafla- ges de l'Ancien Teltament (a). VI. L'Auteur remarque en fixiéme lieu , que fous l'Ancienne Alliance, Dieu n'avoic jamais permis que les Jufs lui offrifTent des hommes en facrifice, quoiqu'il eût eu droic de l'exiger , s'il l'avoit jugé h propos. Ils pouvoient facrifier des animaux: Les feuls facrifices humains leur étoient défendus; Tandis que le refte des hommes regardoienc ces fortes de facrifices comme la voye la plus efficace d'obtenir le pardon de leurs péchez, & les faveurs de leurs Dieux. Il eft vrai que Dieu voulût éprouver la foi d'Abraham , & connoitre fi ion obeiiTance à fes ordres égaloit celle que les Paicns té- moignoient à leurs Idoles. Car il eut foin de prévenir l'exécution de l'ordre qu'il lui avoit donné. VII. Mr. Whifton obferve enfuite que félon jofephe, Ifaac ayant atteint Page de vingt cinq ans , & par conféquent Abraham étant âgé de cent vingt cinq ans, ce Pa- triarche n'auroit pu lier Ton fils , pour le facrifier enfuite. Si celui-ci n'y avoit li* brement confenti. Ce confentement de la per- {a) Lev. i3. 21. Ibid. 20. 2. Deut. 12. 30, jr. 2. Rois. 16. 3. 2. Chron. 28. 3. 2 Rofs 17. 31. Ibid. 23. 10. Pf. 106. 37 , 38. Jer. 7. 30, 31 , 32. Ibid. ip. 3, 4> f« Ibid. j2. 35-, Ezcch. 16. 20, 21. Sap. 12. q-, ^, 6. 15)6 Bibliothèque Britannique, perfonne qui dévoie foufFrir écoit abfolu- inent nécellaire dans cette occafion. VIII. Notre Auteur croit qu'Abraham, quoiqu'il fe difporàc à facritier Ton fils , efpé- roit pourtant que Dieu s'intérefleroit à fa confervation. C'eft ce que paroit infinuer le Difcours qu'Abraham tint à fes ferviteurs. Moi àf renfant marcherons 6i adorerons ^ après quoi nous reviendrons à 'ccus ; de même que la réponfe qu'il fit à Ton tils qui lui avoic demandé, t^oici le feu àf Is bois, mais où ejî la h été pour l'Holccaiifle: Abraham répondit. Mon fils. Dieu fe pourvoira lui même de béte pour l'Holocaufie. IX. Il paroit outre cela, qu'Abraham & peut-être Ifaac lui-même croioient ferme- ment, qu'en cas que Dieu permit qu'Iuiac fut facrifié 5 il avoit defiein de le reltufcicer bientôt. C'eft ce qui paroit par l'Auteur de l'Epitre aux Hébreux. Cette efpérance étoit fondée fur la véracité de Dieu, qui lui avoit promis , qu'il feroit le Père deplufieurs Nations, & que ce feroit par le moyen d'I- faac qu'il auroit cette poflerité qu'il lui a- voit promife. En faiiant attention à la ferme perfuafion qu'Abraham avoit, que fi Dieu permetcoit la mort d'Ifaac , il le feroit revivre, on prévient les plus grandes difîicultez qu'on peut faire touchant la conduite de ce Pa- triarche. Alors on ne voit plus d'iniudice dans l'ordre de Dieu, ni d'inhumanité dans PûbéilTance d'Abraham. X. Il Avril, May et Juin. 1735. 197 X. Il faut d'ailleurs regarder ce facrifice d'ifaac comme un Type de celui de J. C. Le delTein de Dieu écoic de répréfenter d^a- vance dans la perfonne d'ifaac, ce qui dé- voie arriver dans la fuite des fiécles au Mef- lie. Mr. Whilton trouve plufieurs rapports entre ces deux facrifices. Abraham dévoie aller au pais de Murija^ c'eft à dire, à Jéru- falem , Ville où J. C. fouffrit le dernier fupplice. Il y arriva le troifieme jour, par confequent il revint chez lui le troifieme jour , ce qui marque le tems de la Refur- redion de J. C. Ifaac qui porte lui-même le bois fur lequel il doit être offert, repre- fcnte la refignation avec laquelle J. C. vou- lut bien s'expofer aux plus grandes fouf- France*:. XI. Si l'on objecte après tout cela, dit notre Auteur , que quelque Typique que puiffc être l'événement dont il s'agit, il de- voit être d'un très mauvais exemple pour les Paiens , où du moins encourager puif- famment leurs cruelles coutumes d'offrir leurs propres enfans à leurs Idoles. Mr. Whidon répond, que la manière publique & miraculeufe, dont Dieu empêcha l'exé- cution de Pordre qu'il avoit donné à Abra- ham , paroit au contraire avoir été la caufe de l'abolition de ces facrifices impies chez une Nation voifine, c'eft à dire, les Egyp- tiens. Porphyre fait mention de cette abo- lition. Amo/îsy dit il, abolit dans Héliopolis vilk d^Egypîe la Loi , qui grâonnoit ks SacrU ficfs ip8 Bibliothèque Britannique, ■fices Humains y comme Manetbon le témoigne. Ces facrifices Je faifoient à llmineur dcjmmi^ ^ on immoloit trois hommes dans un jour. A- mojis d Si 5> 35 204 Bibliothèque Britannique, 3, cheminées qu'on élevé fur les Maifons , 3, & qui forment pour ainû dire une efpèce 3, de bofquet. „ P. Et que dites vous de ces fenêtres 3, qui ne font pas plus grandes que des bâ- 5, tons d*un Eventail? 5, 2. P. Et de ces Murs qui donnent fur la rue, auffi hautes que les Maifons même, qui les cachent entièrement & qui inter- ceptent fi bien les raions importuns du So- leil, qu*en plein midi on s'imagine être dans un lieu fouterrain. Mil. N'admirez-vous pas aulîi ces Lan- ternes qui pendent dans le Veftibule, & ]] qui relTemblent fi bien aux Fanaux qu'on „ place fur les Côtes, & ce nombre prodi- „ gieux de Bougies qui donnent une fi gran- „ de lumière le foir dans les Apartemens. „ Pour moi je trouve qu'il y a un art infini „ à changer ainfi la nuit en jour. . Dans une autre fcéne Nos Prétieufes in- vitent le Milord Prétendu à faire une par- tie d'ombre. „ Ah Madame , répond galamment le „ Milord, „ Je trouve que les momens font trop 3, prétieux à préfent pour être facrifiez à d'au- 3, tre Divinité qu'à celle qui règne dans vos 3, yeux. P. Ah I qu'il eft flatteur ! 3, M. D'ailleurs , Madame , je ne joue 5, jamais aux cartes que loifque je ne fcais 3, que faire. )> 35 Avril, May et Juin. 1735. soj- 5, P. Jamais aux cartes, Milord! ,, M. Non, IMadame , excepté les (a) „ Dimanches. On eft défœuvré ces jours là. „ Point de fpedacles, point de Mafquarades, ,, point d'Opéras. Ma foi, cela eft honteux „ dans un pais Chrétien. Ainfl mon pis aller „ eft de jouer alors chez Milady Vermillon. ,5 P. Vous voyez, ma chère, qu'on fçaic bien pafler Ton temps dans ce quartier. Dans la Cité , on ne fonge qu'à aller à l'Eglife le Dimanche. „ M. Voila qui eft étrange. Mais c'eft- manque d'éducation jCCc. „ u P. Ma chère, nous faurons à préfent comment emploier le Dimanche. 5, 2. P. Nous parviendrons infenfiblement „ à prendre les belles manières. „ I. P. Oh. je refpere. J'ai commencé . „ déjà aujourd'hui. J'ai donné ordre que (î ,5 quelque Marchand venoit à apporter fes „ comptes, on le fit attendre au moins fîx ,,'■ heures. Milord , n'en agiflez vous pas de 3, môme avec ces animaux là. ,, M. Non, Madame, ils ne viennent ja- ,, mais chez moi. Ils favent bien que celé- ,, roit peine perdue. Vous faurez. Madame, ,, que j'ai deux fortes de dettes, que je 3, paie auiïi de deux manières différentes. ,, Mes dettes d'honneur , je les paie argent „ comptant, & pour ce qui regarde mes „ au- {a) Les Anglois fe font un fcrupule de jouer les Dimanches. ^o6 Bibliothèque Brit a;;nique, ,, autres dettes, les Privilèges de mon Ti- ,, tre m'en mettent à couvert. A Pv T I C L E X I L The Polite Philosopher. Or, . i\n Eflay on that Art, which makes a Man happy in himfelf, and agréable to others. C'eft- à-dire. Le Philofo- phe poli ; Ou , EJfai fur cet Art ^ qui en rendant ïhomme heureux , le rend en même tems agréable aux autres, Edim- bourg, chez Rob. Freebairn ; 17543 8V0. pp. S5' MR. Forreder , Auteur de cette petite pièce, eft un jeune homme, qui s'eft beaucoup attaché à l'Etude; après s'ê- tre renfermé pendant plus d'un an, pour méditer en liberté , & fans être diftrait, il s'eft mis à voyager , afin de fe perfectionner le cœur & l'eTprit par la connoiflance du mon- de. Il nous donne ici les Reflexions qu'il a faites fur la nécefTite de la Politejje pour rendre l'homme heureux dans le commerce, qu'il eft obligé d'avoir avec fes femblables. Pour traiter fon fujet avec quelque ordre, il commence par expliquer la nature de cette fcience, qu'il appelle P/jz7o/op/jî>. „ Les gens, „ qui entendent le Grec, dit il, nous affu- „ rent, que la Pbilofophie n'eft autre chofe 55 que V Amour de lafagejfe, & en ajoutant à i> ce Avril, May et Juin. 1735. 207 „ ce mot celui de ;)o/f>, j'en cens cette efpéce „ de fagefle, qui fait que l'homme eft en paix „ avec Iby-même , 6l ne trouble jamais la paix ,, ou le contentement des autres ni par Tes „ paroles, ni par Tes adlions. Les Critiques fouhaiteroient peut être, qu'on leur citât quelque ancien fage , Grec ou Romain, qui ait enfeigné l'efpéce defcience, que notre Auteur voudroit rétablir; & com- me il fe pique de plaire à tout le monde , il les fait rejfouvenir d'uîi certain Ârijiippe, qui fut ProfeJJeur en Philojopbie polie à Syracufe, du tems du fameux De?îys , dans la faveur duquel il fut plus avant que Platon même; Horace à ex- primé le fyftéme de ce Fhilofophe poli en un feul vers , que voici. Omnis Arifiippum decuiî Color £f Status , &> Res, Ce fage jouit à la Cour du Roy de Sicile , de tous les plaifirs, qui peuvent fatisfaire un cœurfenfuel; mais Pufage, qu'il en fit témoi- gne 5 qu'il étoit un vray Philofophe : Il en ufa avec modération aufli' long- tems qu'il pût fe les procurer, & s'en pafla fans inquiétude, dès qu'il en fut privé: en un mot il avoit la probité de Diogène , fans en avoir la ruflici- cité; & fa fagefle, utile à lui même, le rcn- doit en même tems agréable à tout le monde. Après quelques autres exemples d'Anciens & de Modernes, Philofophes & Généraux d'Armée , qui ont ajouté la PolitelTe à la fcience, notre Auteur explique les quali- O 4 tez. 208 Bibliothèque Britannique, tez 5 que doit avoir le Philofophe poli. La première, c'eft le bon Sens; & quoyquebien des gens le regardent comme une Antiquail- le , notre Auteur le croit abfolument necef- îaire à tout homme, qui veut acquérir la Po- îitejfe pbilofuphique , & il pofe pour maxime inconceftable , que/anx le bonjens il fi'y eut jamais de Galant homme. En fécond lieu , il faut qu'il ait de la Mo- dération', c'eft à dire, qu'il foit toujours tel- lement maitre de lui même, que l'amour, l'am- bition, ou l'avarice nerencrainejamaisà com- mettre quelque adlion, qui lui fafle perdre des avantages prefens , ou qui lui caufe du chagrin dans la fuite. La troifiéme qualité néceffaire à un Philo- fophe poli , c'eft la Bonté. Y a-t-il rien de plus aimable, que le caradére d'un homme, qui fait conftamment à tout le monde tout le bien , qu'il peut ? La Bonté de cœur dontîe de l'éclat à toutes les autres bonnes qualitez , qu'un homme poflede , & pafle un vernis fur fes défauts. „ Il y a peu de gens , ajoute Mr. Forrefter, 3, à qui la nature ait refuféla première de ces „ qualitez; il eft en notre pouvoir d'acque- 5, rir la féconde ; & pour la troifième, qui eft- „ ce qui voudroit en être privé, pour peu qu'il j, faiïe cas de l'eftime des autres hom- ^, mes , ou qu'il craigne d'être l'objet de la 3, haine du public? Et pour dire la chofe 5, comme elle eft, ce qui fait proprement >, l'honnête- homme, peut, étant bien appli- „ que Avril, May et Juin. 1735. 209 ,5 que 5 faire auiTi l'homme poli , & puis qu'il ,, n'y a perfonne, qui ne fe chocquâc , fi on „ lui refufoic le titre d'honnéce-homme, il „ eft aifé d'en conclure , qu'il y a peu de 3, gens, qui ne puflent mériter celui d'hom- „ me poli^fi leurs indifcrétion ne les enrer- 5, doit indignes ;c'ell: le défaut de Reflexion, „ & non pas leur incapacité qui les rend yy brutaux ". On méprifera peut-être toutes ces Refle- xions , parce qu'on s'imagine , que la Politef- fe eft plutôt un Ample ornement, qu'une Qualité necelTaire pour mener une vie douce & heureufe. Mais com.me le remarque notre Auteur, la tranquilité, & même le bonheur de nos jours dépend autant des petites cho- fes,que des grandes; on en conviendroit ai- ïement , fi Ion faifoit attention, que les moindres traverfes, même dans des bagatel- les, nous caufent fouvent de cruelîes inquié- tudes; & l'inquiétude, quelle qu'en foit la caufe, eil le plus grand de tous les maux:. Bien des gens fe font rendus malheureux plu- tôt par leur négligence dans de petites cho- fes , que par les fautes qu'ils peuvent avoir commifes dans des affaires importantes. Il n'y a que trop de gens, qui font dans cette erreur groflTiére , qu'ils ne doivent à leur pro- chain , que ce que l'exacte Equité exige ; au lieu qu'il eft certain, que la civilité, la com- plaifancc, le foin de faire plaifir aux autres, font abfolument néceflaires, pour nous ren- dre la vie agréable & pour nous prouver O j eftime 210 Bibliothèque Britannique, eftime & cette afFedion, que toui homme, qui en connoit le prix, ne peut que défirer. C'ell à bien placer ces petites attentions, & aies mettre en œuvre avec prudence, que confifte l'eflence de ce qu'on nomme politeire. Pour rendre tout ceci plus fenûble, notre Auteur fait le portrait de deux perfonnes de fa connoiflance, d'un caractère bien diffé- rent. L'un avec de grands biens & tous les avantages d'une naiflance illuftre, avec beau- coup d'efprit & des mœurs irréprochables, s'étoit rendu odieux par une fmcérité hors de faifon. Efclave de la vérité , il croioit qu'il eft indigne d'un homme d'honneur de ne pas dire toujours tout ce qu'il penfe. IHui arriva de déclamer contre l'Hypocrifie des Femmes , en prefence d'une Dame, qui étoit fortement foupçonnée de ce vice, & de s'emportier contre la Simonie & l'Artifice des Prêtres de- vant deux Chanoines. Par ces manières il s'efl: fait hair comme un Cenfeur incommo- de, au lieu de fe faire eltimer comme un Ami. L'Autre au contraire, qui étoit fans biens & d'une naiffance obfcure, a feu par fa com- plaifance à. fon attention h faire plaifir,gagner tellement l'eftime & Taffedion de tous ceux avec qui il a vécu, que de fimple Serviteur (a), qu'il étoit à l'Univerfité , il eft monté par de- grés à un Pofte, qui lui rapporte près de 3000 Livre3 (a) Les Serviteurs font de pauvres Ecoliers, qui étant entretenus pour peu de chofe à l'Univcrfirc font obligez de fervir les autres. Avril, May et Juin. 1735. 211 Livres Sterling par an. L'Abondance n'a pro- duit aucun changement dans les manières ; il fait encore aujourd'hui les délices de tous ceux qui le connoifient, par l'Art qu'il a de les perfuader, que leurs plaifirs & leurs inté- rêts lui font aulTi chers que les Tiens propres. Y a-t-il, quelcun , qui ne fouhaitât d'avoir l'efprit 5 la naifiance & la probité du pre- mier avec les manières du fécond ? Après avoir donné une idée générale de la 'ceriîahle politejj'e, qui confifte à parler ^ à agir dans toutes les occafions , de manière , que noiispsr- fuadions aux autres , que nous avons 'uéritablemeiit d CŒur leurs plaifirs & leurs intérêts ; notre Au- teur entre dans un aflez grand détail pour montrer les fautes , que l'on commet contre la politefle , & quelle doit être la conduite d'un homme poli , lors que la converfation roule fur la Religion , fur la politique , ou fur le caradlère ou les adlions des particuliers. Premièrement par rapport à la Religion. „ Je fais, dit Mr. Forrefter, qu'il y a un 5, grand nombre de gens , qui fe croyent très polis , & qui même paiTent pour tels , (S: qui s'imaginent qu'il eft au deflbus d'eux de pa- roitre avoir de la Religion. La Religion, di- 55 3, fent ils d'un air moqueur, eft la compagne ,, des Efprits melancholiques , (Se c'efl une im- 3> polireffe que d'en faire feulement mention 5, parmi les gens du bel air. Mais, qu'il me „ foit permis de le dire, il n'y a point, je pen- „ fe , de plus grande marque d'une mauvai- „ fe éducation, que de tourner la Reiigion M en 212 Bibliothèque Britannique, 3, en ridicule, ou d'en parler avec mépris. 5, A parler proprement , la Religion n'eft au- tre chofe, que le Culte, que les hommes par un principe de confcience font obligez de rendre à l'Etre , dequi ils tiennent leur exiftence, avec toutes les benedidtions & tous les avantages dont ils jouiflent. ,, Pour peu qu'on reficchifle fur cette Dé- finition , on conviendra , que c'efl non feu- lement une clîofe impolie , mais même cho- quante , que de badiner fur un fujet fi fe- rieux. Lors qu'on a quelque cflime pour uneperfonne, voudroit-on parler mal du Père de cette perfonne devant elle? Et quelle différence n'y-a-il pas entre un Pè- re & un Créateur ! Cela feul fuffit pour nous perfuader, que la Religion doit être au defius de nos railleries. A l'égard des différentes Religion , ou plutôt des Dogmes particuliers cà chaque Religion , les hommes font ordinairement zélez pour ces Dogmes, ou par delicateflede confcience, ou par la haute opinion , qu'ils ont de leurs pro- pres Lumières. Ceux qui ont la confcience délicate regardent le Salut comme une chofe trop férieufe pour s'en moquer. C'eft pour- quoi un homme poli doit être fur fes gardes a- nn qu'il ne lui échappe rien de choquant, ou qui puiffe faire de la peine à ceux, devant qui il parle. Pour ceux , qui ne font zélez pour leurs Dogmes particuliers , que par la haute opi- nion , qu'ils ont d'eux mêmes, il femble , qu'ils ne Avril, May et Juin. 1735. 215 ne méritent pas tant de ménagement. Mais fi l'on y réfléchit bien , on fera d'une autre opinion. Ceux, qui font attachez à quelque Doftrinejpar préjugé, par opiniâtreté, plu- tôt que par une perfuafion raifonnable , n'en font pas pour cela moins zclez ; un homme qui tourne en ridicule , ou qui condamne leurs opinions leurparoit méprilér leur jugement, & s'attire infailliblement par là leur indigna* don (Se leur haine. Or vaut il la peine de s'ex- pofer pour un trait d'efprit à la haine des autres? C'efl: ce que ni le bon fens ni lapo- litefle ne permettent pas , puifqu'il e(t de no- tre intérêt d'être bien dans l'elpnt de tous les hommes. L'Auteur ajoute à cela une Def- cription de la Religion en d'aiïez beaux vers , qui finiflent cette penfée. Pour être poli il n'eji pas necejjaire d'être profane. Il pàflTe enfuite à la Politique. L'Amour de la Patrie efl: une de ces Vertus , que tout le monde prétend avoir; & c'efl ordinaire- ment en fe divifant en divers partis qu'on croit montrer fon attachement pour la Pa- trie. Si le bon fens ne guide alors les hom- mes, le zèle qu'ils ont pour leur parti pro- duit bientôt toute l'animofué qu'on appcr- çoit dans les Fadtions, qui divifent un état. Alors tout homme, qui ne penfe pas, ou qui ne s'exprime pas comme eux fur le bien pu- blic devient leur ennemi. Un homme poli ne parlera donc que très rarement fur des fujets , fur lefquels dans une compagnie mêlée, il efl prefqu'impoffible de rien dire ,qui plaifeà tous les auditeurs. Ea- 214 Bibliothèque Britannique, Enfin l'Auteur vient aux converfations , qui roulent fur le caradère ou les actions des particuliers,* il fait voir combien la medifan- ce ou des railleries piquantes font oppofées à cette politefle, qui feule peut nous conci- lier reftime & l'amitié de ceux avec qui nous fommes obligez de converfer» Il parle auffi de l'intempérance de Langue , de ces parleurs éternels, qui s'imaginent que tout le monde doit prendre autant de plailir à les entendre, qu'ils en ont eux mêmes à jafer ; & de ces gens pleins de vanité , qui parlent toujours d'eux mêm.es , & qui n'entretiennent jamais les autres , que de ce qu'ils ont fait , ou de ce qu'ils feront; pour égaler fon fujet l'Auteur trace divers caradtères, qui ont bien des ori- ginaux. Après avoir marqué les fautes que l'on com- met contre la politefle , il auroit bien voulu donner les Régies qu'il faut fuivre pour é- viter ces défauts, & pour acquérir la vérita- ble politefle. Mais c'eflunefcience, qui s'ac- quiert moins par des préceptes & par des Règles, que par le commerce du Monde, & fur rout par celui du beau fexe , dont Mr. Forrefter efl; un grand admirateur. Et pour montrerl'utilité du commerce des Dames, il obferve, qu'il y a une certaine vanité natu- relle aux hommes , qui fait , qu'ils ne fauroient fe refoudre à fe reconnoitre inférieurs à ceux de leur fexe, en matière de connoiifance, d'honneur , ou de vertu. Mais cette vanité le» abandonne dès qu'ils font avec les Dames ; accou- AvRTt, May ET Juin. 1735. stJ accoutumez à leur céder en tout ,ils acquiè- rent bientôt l'habitude d'être complaifans même envers les hommes , & ce qu'il y a de rude & de féroce dans leurs manières , s'a- doucit par le foin qu'ils ont déplaire au beau Sexe. Nous dirons enfiniflant, que pour varier fonDifcours, notre Auteur exprime Ibuvent fes penfées en vers , & pour l'ordinaire fes vers font naturels, aifez, & bien tournez. ^#^ *^S^ -^^^i^ '^l^ ^i^ ^^ €ï§^ ^^ ARTICLE XIII. NOUVELLES LITTERAIRES. De Dublin. On a imprimé ici depuis peu Tbe JVôrh of J.S. ^ D. Z). , D. S. P. D. in four Volumes. Qpc. Ceft k- dire ; Les Oeuvres de Jonathan Swift, Dodleur en Théologie & Doyen de St. Patrick à Dublin. En 4. Volumes in \i. Nouvelle Edition, avec des changemens & des additions ccnfidera- blés, & plufieurs Pièces qui n'avoient peint encore paru. Le L Volume contient les Oeuvres mêlées de l'Auteur. Le H. Tes Poefîes. Le III. Les Voir.ges du Capitaine Lemuel Gulliver. Et le IV. Divers Traités qui regardent l'Irlande. Au refte ce n'eft pas Mr. Sivift lui même qui a publié ce Recueil de fes Oeuvres ; on n'a jamais pu Vy engager , quelque prière qu'on lui en ait faite. C'eft un /ano- nyme qui a pris ce foin , & qui a eu recours aux Amis ^16 Bibliothèque Britannique, Amis de l'Auteur pour ne donner que les Pièces qui font véritablement de lui , & pour Us donncc aufifi corredes qu'il étoit pofllble. d'E d 1 m b g u r g. On vient de publier Médical Ejjay s and Obferc. roi. m. C'eft-a-dire, Effais & Obfer. vations de Médecine , revus & publiés par une Société de Médecins d'Edimbourg; contenant une Relation des changemens de l'air , & des Mala- dies epidémiques; des DifTertations fur les drogues, i'anatomie , Sl l'œconomie animale, la théorie & la pratique de la Médecine & de la Chirurgie. Troipéme Volume. Chez Guillaume Momo , & Guil- laume DrummondiL Edimbourg- & fe trouve à Loti' drei chez Longman , Imiyi & Manhy, De Cambridge Mr. Con^en Midleton^ Dodeur en Theologi'e, & Bibliothequaire de cette Univerfité , vient de nous donner A DiJJertation concerning the Origin of printingin England^ &c. C'eft-àdire, DifTertation fur l'origine de l'Imprimerie en Angleterre ; Où l'on fait voir qu'elle a été premièrement introduite & exercée par notre Compatriote Guillaume Cax^ ton y à VTeJîminJîef , & non pas par un Imprimeur étranger à Oxford. Petite brochure in 4.0. Et fe trouve à Londres, chez les Knapton^ InnySy Mari' hy-i Kiyington-i Clarke^ & Harding. Thurlbourn a imprimé depuis peu une fixiéme Edition des Sermons du Doéleur Bentley prêchez félon la Fondation de Mr. Boyle. On y a joint trois Sermons^ l'un prononcé à Cambridge quand Mr. Bentley fut reçu Dodeur en Théologie l'an Avril, May et Juin. 1735. 217 3696; l'autre prêché devant l'Univerfité en I7if> & le troifiéme devant le feu Roi George I. en 171 7. gros in 80. Et fe trouve à Londres^ chez les Knapton , Innys & Manby , Rivington , & Birt, Le même Libraire vient de publier une féconde Edition de la Philofophie de Mr. Johnfon fous ce titre, Oiujliones philofophie a in jujii fyjiematis of' dinem difpofJt îavt an- Tome f^. Fart. I. P ^/e»»« 2i8 Bibliothèque Britannique, cienne qite moiertie , Ô* plujieurs autres matiérts qui tiaf oient jamais été ptbuéeu petit in 8. Cet Ouvrage qui fut parfaitement bien reçu du Public, lui mérita une place dans la Société Roïâ- le, qu'il a toujours remplie avec honneur. Aiant été appelle à prêcher, en 1 71 1 & 17 2 , les Ser- mons fondés par Mr. Boyîe , il crut ne pouvoir fhieux répondre au but de cç.t EtabhlTement, qu'en démontrant l'exiftence & les attributs de Dieu par un examen détaillé des Oeuvres de la Création, & il fît fervir à cela une infinité de recherches cu- rieufes d'obfervations , & d'expériences qu'il avoit faites auparavant. En 1713, il publia la première Partie de ces Sermons, intitulée Théologie Phyfic[Hey eu Démon fixation ࣠l'exijlence c^ da attributs de Dieu , tirée des Oeuvres de la Création, Traité qui ejl le précis de XVI. Sermons -prononcés à Lon^ dres dans l'Eglife de St. Marie le Bo'u; ^ les années i 7 i » & 1713, félon la Fondation de Mr. Boy le. On y a joint d^amples Notes , &^ un grand nombre d'ob- fervations curieufes. Ce Traité eut une approbation fi générale qu'on en fît trois Editions dans le cours de !a même année. L'Univerfîté d'Oxfort pour marquer quel cas elle en faifoit, & par une diftinc- tion peu commune, envoia à l'Auteur des Lettres de Do(fteur en Théologie , le difpenfant & du voiage & de toutes les formalités requifes en pareille oc- cadon. l^eu de tems après le Roi le fît Chanoine "de VVindjor , fans qu'il l'eut follicité & même fans qu'il en fût rien; circcnflance qui ne fait pas moins d'honneur à ce Prince qu'a Mr. Derbam. Les Ex- traits avantageux que les Journaliûcs ont donné de cet Ouvrage, les Eloges dont plufîeurs Auteurs l'ont honoré, & la Traduction qu'on en a publiée en François, l'ont fî bien fait connoitre, que tout ce que nous pourrions dire pour .en relever le mé- rite lèroit inutùe. Sur Avril, May et Juin. 1735. 2ii^ Sur la un de l'année fuivante {1714), Mr. Der- ham donna la féconde Partie de fes Sermons, fous le titre de Théologie AJirorîQmique , oit Démonftration de rexifrence Qp des attributs de Dieu ^ par l'examen & la Defcription des Cieux , Enrichie de figures. Ce Traité beaucoup plus court que le précèdent, n'eft ni moins excellent ni moins connu, fur tout depuis la tradudlion qu'on en imprima il y a quelques an- nées à Paris. En 1718, l'Auteur publia un Recueil très curieux de Lettres Philofophicjues écrites par le célèbre Mr. Ray & d'autres perfonnes avec qui il cntretenoit correfpondance tant en Angleterre qu« dans les Pais étrangers. Outre ces divers Ouvrages, Mr. Derham à pre- fente en différens tems à la Société Roiale plufieurs Pièces très curieufes fur des matières de Phyfique > qu'on peut voir dans les Mémoires philofuphicfues de cette focieté , ou dans les Extraits que les Journa- lises ont donnés de ces Mémoires. 11 a auffi laiffé divers Manufcripts prêts à voir le jour, que fa Veu- ve a dcifein de faire imprimer, & un entre autre* fur h /Irucfure de l'œil, auquel il mettoit la derniè- re main, lorfqu'il eft mort prefque fubitement,à l'âge de foixante dix-huit ans. Au refle, c'étoit un homme d'un commerce aifé ; d'une vie pure, d'ui"i« charité peu commune, & qui malgré fon attache- ment à l'étude de la Phyfique, n'a jamais négligé aucun des devoirs de fa ProfefTion, ou plutôt s'eft diftingué à cet égard, aiant conftamment deilervi lui-même fa Cure d'UpminJler. Aufii a-t-il été extrê- mement regretté de fon troupeau, «Se de toutes les perfonnes de fa connoifTance. Nous avons fait une autre perte par la mort d« Mr. Daniel Duncan, célèbre Médecin delà Faculté de Montpellier. Il étoit Fils de Pierre Dun- can Dodtiur en xMcdecine , 6c petit Fils de Cuil- F 2 lnU/TiE 220 Bibliothèque Britannique , liiume Duncan Gentilhomme EcofTois , aufTi Méde- cin, & ProfefTeur en l hilofophie dans l'Académie de Monfjuban. C'eft dans cette ville que naquit Daniel Duncan en 1649. 11 perdit fou Père & fa Mè- re lors qu'il éroit encore au berceau. Un Confeil- 1er au Parlement de Thouloufe prit foin de Ton édu- cation , & l'envoia à Puilaurens oii l'Académie de Montauban avoit été depuis peu transférée. Apres V avoir achevé Tes humanités , & fait un cours de Phiiofophie, il alla à Montpe/Iiey pour y étudier en Medeciiie , profeflion qui fembloit héréditaire dans fa famille. 11 s'y appliqua avec fuccez, & fe fit ai- mer de fes Maitres , fur tout de Mr. Barbeyrac Mé- decin très fameux, qui le menoit avec lui aux Vifi- tes de fes Malades, & qui lui donnoit des leçons en particulier. A peine avoit il vingt quatre ans, qu'il reçut le degré de Docteur en Médecine dans cette Univerfité. 11 alla enfuiîe a Paris ou il de- meura environ fept ans, & pendant leféjour qu'il y fît, il y publia fon premier Ouvrage qui a pour titre EX' ■plicaîion nouvelle &* rrechamcjiie des JiBions anima- les: Pari^ 1678. lequel fut très bien reçu des Con- noifieurs. De retour à Montauban lieu de fa naiffan- ce , il y exerça la Médecine avec une grande ré- putation , & il donna bien-tôt après, un nouveau Livre intitulé La Chimie naturelle , ou Explication chyniique & mechanicjue de la nourriture de V Ani- mal-^ en trois Parties imprimées à Paris ^ la première l'an 1681 , & les deux autres l'an 1687. La même tnnée il mit au jour fon Hifloire de l'Animal, ou la connoilTance du Corps animé , par la Mechani- que & par la Chymie. Tous ces Ouvrages lui firent beaucoup d'honneur , comme on peut le voir dans le Didionnaire de Bayle à l'Article de Cerifantes-» fur la fin, auquel nous renvoions les Curieux. Mr. Duncan continua à pratiijucr la Médecine à Mon-' Avril, May et Juin. 1735. 221 ■Montauhan avec beaucoup de fuccez jufques à l'an 1690 5 que la fureur de là perfécution l'obligjea en- fin de Ce réfugier à Genève. 11 ne trouva cependant pas dans cette ville les douceurs dont il s'étoit flatté; car la jaloufic des Médecins l'en chaflTa , en quelque manière un an après y être arrivé. De là il fut à Berne à la perfuafion d'un Seigneur de cette ville avec qui il avoit tait connoiJT^nce. 11 y fut très bien reçu, & il y exerça fa profelTion avec tout l'agré- ment polTibie pendant huit ou neuf ans; H y fît aufli des leçons d'Anatomie. Mais au bout de ce tems-la , les Réfugiés qui (e trouvoient k Berne aiant été priés de le retirer ailleurs, pour appaifer le petit peuple qui fe plaignoit que les François lui ôtoient le pain de la main , Mr. Duncan vou- lut luivre le fort de fes frères , quoi que ce- la ne le regardât point , & qu'on le prefïat de demeurer. Il partit djnc avec eux pour s'aller établir dans les Etats de l'Eledeur de Bran- debourg où il leur fut très utile. Car il ne fut pas plutôt arrivé à Be>lin qu'on le chargea du foin de leur diftribuer félon fa prudence les charités du Prince, de leur procurer des établifTcmens conve- nables , & de diriger leurs affaires. Commifiion pénible mais glorieufe pour lui , dont il s'aquittti avec honneur, & dont il ne retira pourtant d'autre avantage que des éloges & le Titre de Profcifeur en Médecine. Peu content de cette fituation , il fe retira en 1703. à la Haie ou il exerça fa profcffion environ douze ans , également emploie par les Grands & par les Petits. En ijof. il fit imprimer à Rotter- dam un petit Ouvrage fous ce titre, Avis faluiaire à tout le monde contre rabus des chofes chaudes , &^ payticnliéreme72t du Caffé , du Chocolat, &> du Thé \ Ouvrage qui a été traduit en Anglois. Deux ans P 3 apr«« 122 Bibliothèque Britannique, après, il publia une Traduélion Latine de h Chy» mie naturells-i avec quelques changemens & quelques additions, & il la dédia aux Etats de la Province de Frife, En voici le titre , Chymia naturalis /pe- cirnen , quo -plané -patet nullitm in Chymicis Officim's ■pYOceJfum feri , cui JimiUi aut analogm in Animalii (orpore non fat, jtimjlelodami. 17C7. Comme il avoit placé le peu de bien qu'il avoit appoité de France^ ou amaffé par fon induftrie, dans les fonds publics à' Angleterre ^{\ CTuX qu'il ne pouvoit mieux faire que d'y finir fes jours , & il y vint en ijif. Depuis ce tems-là, il a exercé fa profeflion à Lon- cires ^y avec le même fuccez qu'il avoit eu partout ailleurs , & toujours d'une manière très desinteref- lee. La feule chofe qui lui faifoitdela peine, c'étoit l'ingratitude de ceux qui fe prévaloient malhonnê' tement de fa generofîté. Ceux qu'il fervoit avec le p!u3 dé plaifir c'étoient les Pauvres. 11 difoit fou- vent qu'il gagnait plus avec eux qttavec les Riches , parce que Dieu fe chargeait de leurs dettes. Toujours prêt à fervir ceux qui avoient befoin de fon fe- cours , il avoit fi peu ménagé fa fanté , qu'il n'eft pas étonnant qu'il fe foit attiré des incommodités très fàcheufes qui l'ont conduit au tombeau , après avoir langui près de trois ans dans un état des plus triftes pour lui même & pour fa famille. Il a laifie en Manufcrit divers Traités de Méde- cine, de Mythologie^ & de Pljyjtque ^ entre autres un fur la Pejîe , & un autre fur l'inoculation de la petite Vérole. Il eft furprenant qu'étant aufli emploie qu'il l'étoit dans fa Profefiion, il ait pu tant écrire: Mais il e'toit infatigable; il regi-ettoit même tous les mo- mens qu'il donnoit au délaflement & au repos. Sa converfation aifée, vive & enjouée, & fon éloi- gnenient pour la médifance & la fatire, le faifoient rechercher de tous ceux qui le connoiiToient ; ce- pendiunt Avril, May et Juin. 1735: 1223 pendîtnt il voioit peu de monde, & ce qu'on ap- pelle plaifirs & récréations , lui ëtoit fouTcnt à charge. Homme droit & intègre > Proteftant éclairé &, plein de zèle, il a fait voir en fa perfonne que la qualité de Médecin & celle de vrai Chr<:tien ce font pas toujours incompatibles. Il eft mort à Lan- drei le 30. d'Avril dernier. Les Knaptom publient par Brochures une Tra- duction. An gloife de V Hîfl&ire manHftrite de rEmpire OttûniJin depuis JoK origine jujcfuts a prefznt: Eoiu oris^inairenient en Latin par Demttriui Cantemir Prince de AJcUaiie , & communiauce pav fan f.ls It Prince An- tiocbiiS Cantemir Miuifire Plénipotentiaire de Vlwt>er3- ttice de Mofco'-jieauprti de Ci Majejït Britannique George IL Le Tradudeur eft Mr. Tindal très connu par fa Traduction de l'Hiftaire de Mr. di Py.apin, & les Notes dont il l'a enrichie. Mais û l'on en croit certain Nouvellifte Anglois (a) il y a des fau- tes fûns nombre & groméres dans cette HijzGire de r Empire Ottoman ^ (Sc dans la Tradu.biel -, comme aufïï de Cartes de la Judée & de Jerufalem très corredcs. 11 y aura des Notes , des Obfervations , des Ar- gumens, les Textes parallèles de l'Ecriture^ ci ds bonnes Tables des matières. On trouvera à la marge la véritable Chronologie des évcnemens dont il y cÛ parlé. A \^ tèle du Livre l'Auteur mettra .«, Tk» GmhHfw '^•unuL 224 Bibliothèque Britannique, mettra cinq D ffertations. i. Recherches fort e'- tenduëi fur la véritable Chronologie dj J-ofephe, 2. Extrait de \' Exhoriation de jofephe aux Grecs, touihan^ îe HiJes & la Rcfurredioii des morts. 3. preuves qua cette Exhortation cft véritablement de ^ofe^he , eft que ce n'eft autre cliofe qu'uns Homélie qi'il fît lorfqu'il étoit Evéque de ferufa- km. 4. Démonflration que Ta. ils Hiftorien Ro- main a tiré de fofephe l'Hiftoire qu'il donne des fuifs. f. Diiïertation de Cellarius contre Har- douirt ; pour juftifier par des Médailles l'Hiftoire que Jofephe nous donne de la famille d'Herode. A la un du Livre, il y aura un Recueil complet des anciens Témoignages & Monumens qui con- firment ou éclairciffent VHijloire de Jofephe ^ & les livres du Vieux & du Nouveau Teflament. Mr. Whiflon après avoir parlé des Traductions An- grloi^cs que nous avons déjà, & dit qu'il n'y en a aucune qui foit exacte ni qui réponde à V excellence de r Original de cette Hiftoire , qui eft Ton Livre favori , nous apprend qu'il avoit d'abord deffein d'y joindre le Livre du Martyre des Macchabées , mais qu'après 7 avoir fait reflexion , il a refolu de ne donner que ce qui eft véritablement de Jofephe ., & que par la même raifon il omettra V AmhaIJade de Pbilon à Caius-) étant perfuadé que l'une & l'autre de ces Pièces font fuppofees , ou tout au moins étyrn^em?nt interposées. Cette Traduâion qui con- tiendra environ 280. feuilles, fans les Plans (Scies Cartes, fera un gros Volume in folio. La foufcrip- tion eft de deux Guinées pour le grand pipier , & d'une Guinée & demie pour le papier moien , dont on paiera la moitié en foulcrivant , & l'autre moi- tié en recevant un Exemplaire complet en blanc. A mefure que l'Ouvrage s'imprimera on le d^ftri- buera aux foufcriptcurs par Brochures^ c'cft-à-di- rc, Avril, May et Juin. 1735 225 r€, douze feuilles le premier Samedi de chaque mois: Et en faveur de ceux qui ne pourront pas foulcrire pour ce Livre , que l'Auteur regarde com- me le plus excellent de tous les Livres après la Bible, on leur donnera dans le même tems douze feuilles du papier le plus groflier pour un chel- ling. Les Soufcriptions ne fe reçoivent que par l'Editeur qui demeure chez fon fils 'Jtan whiflon Libraire , à la îéîe de EoyL , dans Flcet Jlreet. Il s'étoit engage à publier la première Brochure le premier Samedi du mois de May^ mais apparem- ment que la foufcription n'eil: pas allez avancée pour commencer, puifqu'il n'a encore rien paru de cet Ouvrage. A en juger par ce Projet , on y trou- vera bien des paradoxes hiftoriques. J. Wikox , & 0. Payne débitent The Naval JUfiory of Engelandy &c. c. à d. L'Hiftoire navale d'Angleterre, tant publique que particulière, dans toutes fes branches, depuis, la Conquête des Nor- mands en 1066. jufqu'à la fin de l'année 1734. Par Mr. Thomas l.ediard. 2. Vo]umcs in folio. Cet- te Hiftoire s'eft prem:érement débitée par Brochu- res , a mefure qu'on l'imprimoit , & elle fe vend encore afTez bien. Mr. Stillingfleet Dodlcur en Théologie vient de publier un Volume in 8. de Difcours de feu fon Père, en fon vivant Evéque de IVorceJler , fur di- vers fujets. 11 paroit depuis quelque tems une Brochure fous ce titre, A Difccurfe conceming the ufefulmfi of the Oriental Tranflaîions of the Bible, &c. c. à d. Difcours fur l'utilité des Verfions Orientales de la Bible, pour en expliquer les paiTages difficiles, & accorder les Septante avec l'Hébreu : Ou Projet pour imprimer les Verfions Ethiopiquc , Copte, ? S & 22(5 Bibliothèque Britannique, & Arménienne, comme un fupplement à la Poly* glotte de J'Vahot?. in 4. Voici quelques autres Brochures qui ne font pas moins intcrefîan tes. A Dijfertation on Matter and Spint. DifTertation fur la matière & l'efprit. Par yean J-ackfon. in 8. chez l\oon. Cet Auteur eft très connu par plufieurs Pièces fort hardies qu'il a publiées en différens tems fur la Religion. Tavo EjTays i. On tbs Origin, &c. c. à d. Deux EfTais I. fur l'Origine du Mal. 2. fur les Fonde- mens de la Morale. Par Jojeph Fojier. in 8. chez £€ttepivorth , & Hitfch. An Enquiry into tbe Shape ^ &c. Recherches fur la forme, la beauté, & la Stature de Jésus Christ & de la Vierge Marie, Offertes à la confideration des Nouveaux Convertis au Pa- pifme. Par Thomas Lewis Maître es Arts, in 8. chez G. Strahan. R. Gojîing, F. Clay , & D. Broinvne. ■ Effuy tbe foiivth , &c. Quatrième Eflai fur l'Au- torité , l'Utilité , & l'Importance du Clergé : Ou Appel au fens commun en faveur de la vérité & de la certitude de la Révélation Chrétienne. Par Chriftopb!e P\,obinfon Maitre es Arts, chez les Pem- berioni in 8. Nous a\ons annoncé les trois pre- miers dans les Volumes preccdens de cette Bi- bliothèque. On trouvera le refte des Nouvelles Littéraires à la fin du Volume fuivant. PIER- PIERRE DE HONDT, Libraire à la Haye vient d'Im- primer. Le Tome Troifieme in Folio, des Dif- cours tiilloriques, Critiques, Theolo- giques & Moraux, fur les Evenemens les plus mémorables de l'Ancien & du Nouveau Tefî:ament,par feu ^ionfieur Saurin^ Miniibe du S. Evangile à la Haye, continuez par Mondeur Roques y Palteur de l'Eglife Françoife de Basie. Cet Ouvrage, imprimé fur du Papier Impérial, Superroial, Pvoial , & Mé- dian, ell enrichi de très belles Figures, Vignettes, Lettres Grifes, & Culs de Lampe, gravez fur les delTeins de Mrs. Hoet^ tiouhra'ien^ ^ Picart, Le Tome 5. du Grand Di61ionaire Geo- graphique, & Critique , par Monfr. Bruzen la Martinîere. Ce volume con- tient les Lettres K. L. AL Les Tomes XI. & X 1 1. de THifloire d'Angleterre de Monll de Rapn Thoi- ras, 4. Le Le mtme Libraire publiera dans pu âe jours : Les Tomes $. & 6. in 06lavo des Dif- cours de Meflîeurs Saurin & Roques , fur les Evenemens les plus mémora- bles de ri\ncien& du Nouveau Tella- ment. Les Reflexions Politiques & Militaires , du Marquis de Sainte Croix , 2 vol. in 06lavo; Nouvelle Edition augmentée , dans laquelle on a fait entrer, tout ce qui a été fupprimé dans celle de Paris. Les Tomes 7. & 8. des Cent Nouvelles Nouvelles par Mad. Gomez, BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAFANS DE LA GRANDE-BRETAGNE. Pour les Mois DE JUILLET, AOUT et SEPTEMB. M. D C C. XXXV. TOME CINQUIEME, SECONDE PARTIE, A LA HATE, Chez PIERRE DE HQNDT. M. DCC. XXXV* TABLE DES ARTICLES. Art. I. "\ yCR. g u I l l a u m e Wy- j\X CHER LE y; Ses Oeuvres poflhumes , en profe cîf en vers , précédées de Mémoires de fa vie , par Mr. Theobald. Pag. 228. II. Les Traditions des Juifs, avec V Ex- plication des Dogmes des RahMns contenus dans le Talmud , cs'c. traduit de V Allemand ; en 2. Vo- lumes. 251* III. Mr. Pierre K o lp. e n ; Etat préfent du Cap de Bonne Espérance, traduit de VAlle- mand par Mr. Me d le y. Se- cood Extrait. 269. IV. Mrs. Chandler, Hunt, ^ Barker; Récit de ce qui s'eft paffé aux deux Conférences entre eux ^ deux Prêtres de VEglife Romaine, touchant le titre donné au Pape de Seigneur nôtre Dieu , i^c. Avec un Supplément à la Relation de ces deux Conféren- ces. 304. V. Mr. David Casley; Catalogue des Manufcrits de la Bihliotheque "* 2 Ro^aU TABLE DES ARTICLES. Royale , avec des Additions au Ca- talogue de la Bibliothèque Cotto- nienne; L'Auteur y a aiijfi joint cent cinquante exemples de l Ecri- ture qui a été en ufage en diffe- rens tems , depuis le troifieme fie- de jufquau quinzième , gravez fur des Planches de cuivre , ^c. Au. T. VL Mr. le Dr, Ko adley-^ Explica- tion de la Nature ^ du But du Sacrement de la Ste. Cène , âf de tous les Pacages du N. T. qui y ont du rapport, ^c. Avec un Formulaire de Prières, 355. VIL Mr. le Dr. S tebiîing; Sa Lettre à Mr. F o s T E R fur fou Sermon fur l'Héréfie. 370. VIII. Mr. Poster; Sa Réponfe auBr. Stebbing. 377. I X. Recherches fur la Vie ^ fur les E- crits d'Homère. 388. X. Extrait d'une Lettre de Mr. **** touchant un Projet pour impri- mer par foufcription une Traduc- tion en vers Grecs , du premier Livre du Paradis perdu de Mil- ton ^ar Mr. Richard Da- wes. 405. XL Nouvelles Littéraires, 412. BIBLI- BIBLIOTHEQ.UE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUFRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE. Pour les Mois de Juillet Août et Septembre MDCCXXXV. ARTICLE PREMIER. fbe pofthumous H^orks of William Wy- c HE RLE y Efq ; in profe and verfe. Faithfully publiih'd from bis Original Manufcripîs^by Mï,Thtohd\à. In îwo parts. To which are prefixed fotnc Memoiri of Mr. Wycherley's Life , by Major Pack. London. Printed for A. Bettefworthy J, Osborn^ IV. Mears T9mr. Part, II. Q ^* 228 Bibliothèque Britannique, . W,^ J> Innys , J, Peele, T. PFood- ^ivardy y F. Clay, 1728. Cefl-à-dire, Oeuvres polîhumes de Mr. Guillaume Wycherley; tant en proje qu'en vers \ fidellemenî publiées fur [es pro^ près Manujcrits , par Mr. Théobald : En deux Parties : précédées de quelques Mémoires fur la Vie de Wycherley, par Mr. Pack. A Londres. Chez A. Beîtefworth ^ J. Osborn^ Guil. Mears^ Guil. y J. Innys, J, Peele, T. fFood- ward y £if F. Clay. 1728 Ça). LA Réputation de WYCHERLEY, Tun des meilleurs Auteurs du Théâtre An- {a) Les autres Ouvrages de Wycherîey font; t. Quatre Comédies qui ont été très bien reçues. Mr. de Voltaire , dans fes Lettres fur les Anglois , a parlé de deux de ces Comédies ; Les deux au- tres ont pour titre , l'une Lom in a Wood or St. famés 's Park; en François r Amour dans un Bois &c. repréfenrée en 1672. Et l'autre repréren- tée l'année fuivante, fous le titre de The Gentle-^ many Dancing- Afajier c. a. d. Le Gentilhomme Mai* tre a dancer, 2. Un Recueil de Poéfîes qui diminua la réputation de l'Auteur plutôt qu'il ns l'augmenta; quoi- Juillet, Août, et Septemb. 1735. 22g Anglois, juftifie l'attention que nous don- nons à ce Recueil, qui du refte n'eft pas exemc des défauts ordinaires dans les Ou- vrages pofthumes des plus célèbres Ecri- vains. On y trouvera même des défauts qui ne fauroient pafler fous le fîmple nom de négligences , ôc lefquels on peut douter que l'Auteur eût corrigez quand il auroit été lui-même l'Editeur de fon Recueil. Outre que fes Vers manquent en géné- ral de douceur & d'harmonie, on n'y remar- que pas aiïez ce tour vif, original & ingé- nieux qui caradérife les vrais Poètes; nous aurions même pu dire les vrais Orateurs. Il aime à s'exprimer avec force ; & fouvenc il y réuflit : Mais fouvent aufli l'exprelTion pour être forte devient outrée, ou du moins trop laconique; & il arrive ainfî que telle penfée qui dans le fonds efl: vraye 6c natu- relle, paroit faufTe & affeflée après avoir paru obfcure. Ces défauts femblenr régner furtout dans les Pièces férieufes. Quelques unes qui font ironiques, marquent plus de naturel; L'ironie n'y e(l pourtant pas allez va- quoiqu'on y trouve du bon. Voy. le Li's're intitu- lé yin Hijfîoricjl Account of the Lives and IVritingi of our mofl conftderable Eng/iilj Poets &c. imprimé a Londres chez Ci4rll en 1720. p. 28 j.. }. Des Pièces Manufcrites qui pourroient faire un fécond Volume d'œuvres poi^humes, auiTi gro> que le premier ; à ce que dit l'Editeur ou le Li- braire daas /'Avfi i*u Lecteur. Q2 !i3o Bibliothèque Britannique, variée, & elle pourroic d'ailleurs y être mé- nagée avec plus de goût. 11 y a quelques Pièces fatiriques ou l'on fouhaiteroic plus de délicacefTe, de politeOe & de cour. 11 y en a de galantes: & dans leur genre, elles font meilleures que les Morales : mais c'eft dommage qu'elles ne roulent fouvenc que fur des penlées libertines, quelquefois même obfcènes. Après cette Critique, qu*il n'eft pas né- ceflaire de pouffer plus loin , ni de juftifier par des exemples , nous pouvons dire, fans compromettre notre jugement , qu'il y a dans ces Poefies poilhumes plufieurs chofes qui feroient un ornement dans un Journal où on pourroit les inférer en original. Mais comme le nôtre eft principalement pour les Ledeurs qui n'entendent pas l'Anglois, & que d'autre part il faut éviter la longueur, nous nous bornerons à un petit nombre de Pièces que nous pouvons faire connoître par une tradu6tion que nous en avons entre les mains. La première eft une efpèce d'Ode galante oh Ivycherley répond à une Maitreffe qui l'accufoit d'aimer le changement & qu'il faut fuppofer elle même un peu coquette & capricieufe. La penfée par où il débute n'eft pas nouvelle. Aumoins y a-t-il long- tems qu'un Auteur François a dit : (a) La con- ftari" ( a ) Voiez les Réf exions de Mr. de la RochefoU' caulty fous le titre de Confiance^ dans l'Editioa è^Amelot de la Houjfaie , Paris. 17 14. p. 8i» Juillet, Août, m Septemb. 1735. 231 Jlance en amour ejt une inconflance perpétuel- le , qui fait que notre cœur s'attache fuccejjive- ment à toutes les qualitez de la perjonne que nous aimons: & nous favons que Wycher- Jey connoiiToic très-bien le Livre ou cette réflexion le trouve : On en terra des preu- ves dans la fuite de cet Extrait. 11 eft cer- tain encore qu'il y a longtems que la même reflexion a fourni la matière d'une Chan- fon Françûife. Quoiqu'il en foit, voici la Traduction des vers Anglois. TRADUCTION LIBRE De la Pièce de W y c h e r l E Y qui a pour titre. To a fîckle Miftrefs accufing me of Jove of change, (a) Vous vous plaignez à tort ^f oit dit fans vous déplaire , Que faime la variété : Dans vos divers appas fai dequoi fatisfaire Mon goût pour la diverjtte : Et fi mon ame au fonds n'étoit un peu légère y J'aurois moins de fidélité. Votre humeur, entre nous , efl cbangea^Ui à V extrême, Ainfi que votre ajuftement : qui (a) Pag. 16. dQi Peè'fes. Q3 132 Bibliothèque Britannique, Qid vous voit y en un mot , voit le changement memSi Et le voit éternellement : Comment donc voulez vous ^ Fripone^qu^on vous aimCj A moins d'aimer le changement ? La féconde Pièce eft peut être celle qui par le mérite auroit dû être placée la pre- mière. Le Ledteur en jugera. TRADUCTION LIBRE. De la Pièce intitulée. Tbe filent Lovers Defence (a). D'une foule d'Amans vous croyez les difcoursj Et ces vains fons, Iris, nous trompent tous les jours: De mes yeux pleins d'amour la muette éloquence Dit beaucoup plus, le dit bien mieux, Et vous ne croyez point ce que difent mes yeux : C'efl bleifer la Juftice & manquer de prudence. En fait d'Amis , les plus bruyans Sont eilimez les moins fîdelles : Vous devriez, vous autres Belles, Juger de même en fait d'Amans. Suf- {a) Ibid. pag. ff. Juillet, Août, et Septemb. 1735. 233 Suivez en ma faveur une règle fi fage ; CeiTez de préférer à mes timides foins > De mes bruyans Rivaux le frivole ramage: Il en eft de l'amour ainfî que du eourage, Qui s'en vante le plus fouvent en a le moins. Outre les Pièces galantes il y en a quelques unes de Bachiques qui dans leur genre ne font pas mauvaifes. Celle qui a pour titre Love âf JVine , C'eft- à-dire, VA- fnour Êf le Vin^ fe retrouvera ( fi non pour le tour, au moins pour la penfée) dans les vers fuivans. TRADUCTION LIBRE D'une Ode Bachique de Wycherley (a). J'en avois fait ferment, je ne voulois plus boire; Mais dans ce Vin nouveau dès ce foir jo prétens Noyer jufqu'à la mémoire De mes frivoles fermcns. Le Vin ma troublé la cervelle , Et nuit 5 dit on , à ma fanté : Mais depuis que je l'ai quitté, L'Amour à fa façon me tue & m'cnforcelle. Puif («) Ibid p. f8. Q4 234 Bibliothèque Britannique, Puifqu'il faut que toujours un feu féditieux Et me dérange & me confume, Belles ! j'aime autant qu'il s'allume Au brillant de ee jus qu'au brillant de vos yeux. Loin de moi pour jamais la fobre frcnéliç D'un Cerveau par l'Amour féru Qui radote a jeun pour Sylvie ! Je veux , quand on verra de mes traits de folie » Qu'au moins pour mon çxcufe on difç // avoit bu. Il Y A aufli un petit nombre de Pièces qu'on pourroic slpgWgy Critiques , parcequ'el- les intéreiïent la Littérature. La plus con- îidérable en ce genre eft une Epître à Dry- DEN fur ce qu'il avoit propofé à Wycher- LEY de travailler avec lui à une Comédie. L'Auteur s'y défend modeftement d'entrer en lice avec un Maître qui TefFaceroit, & il en- tame ainfi un Eloge de Dryden, oii Dryden fans doute eft flatté, mais qui eft plein de reflexions judicieufes fur le Poème Drama- tique. Cependant, comme la Tradudbion que nous pourrions donner de cette Epître eft peut-être trop longue pour être mife ici toute entière, nous nous contenterons d'en citer quelques traits. Parlant de certains Auteurs, qu'il ne nom-^ me pourtant pas , Wycberlfy dit : 7# Juillet, Août, et Septemu. 1735. 235 Je ris lorfque je les entens , Dans leurs plaifantes Tragédies y Et dans leurs triftes Comédies Lamenter ^ languir toujours à contre-tems. Ce nejl point ton défaut On rit quajid tu le veux : Mais le Rieur dijcret , Crainte de t' interrompre y éclate avec regret. Ainfi , quand tu le "jtux ^ tu fait couler nos larmes: Mais notre R^ifon même, entrant dans nos allâmes ^ Du trouble de nos fens t'applaudit en fecret. Des loix de la Raifon obfervateur fidelle , Comme tu fais domter le cœur le plus rebelle , Tu fiis, quand il le faut , avec même fuccès , D'un cœuf trop attendri corriger la foiblejje : Prévenir en tout les excès : Mélanger fagement la joye ^ la îrifleffe ; Infpirer une horreur qui n'ait rien d'odieux: Et fans choquer l'efprit , épouvanter les yeux. Dans un autre endroit , louant Dryden de la lagffle & de la dignité avec laquelle il attaque'le Vice lors même qu'il le fait avec le plus de force & de vivacité : Tes empor^ tt?neus , dit-il , Tes emportemens même , au lieu de révolter ,• Plaifent à leur FiSiime 6f te font refpe^erm Q J Telle 23<5 Bibliothèque Britannique, Tdle quune Beauté piquante Qu'un pu dg colère embellit ^ Ta, Mufe, quand elle s'aigrit, Ne nous par oit que plus charmante. Sur la manière de traiter ramour; Qîiand ta fcène devient galante , Je 7i'y rencontre point ces Amans mal-èpris , Qui Joupirent par règle, ^ font les beaux Efprits', Moins fidelles à leur Amante Qu'à quelque figure brillante Qu'en Rhétorique ils ont appris. Je n'y trouve jamais un Amant fanatique Qui confonde en/es vers pompeux Lénthoufiafme poétique Avec un tranfport amoureux. Quand j'attens que le cœur naïvement s'explique Par des fentimens vifs ^ doux y Je n'enteîis point de graves foux Au lieu d'amour parler Logique : Ou bien en concetti décrivant leurs langueurs Irabir l'intérêt de leur fîame ; Et s'armer^ pour vaincre les cœurs y De la pointe de l'Epigrame. Tow Juillet, Août, et Septemb. 1735. 237 Toujours tel dans tes ijers qu'il eji dans la Nature^ L'Amour , q\uinà tu le fais parler , A fes ac cens vainqueurs 'joit Vame la plus durs Et s'attendrir ^ Je troubler. Il ne perd dans tes vers que l'excès immodejîi Où le jette un cœur corrompu ; Tu retranches le Vice ^ la Nature refte ; Touchante , fans jamais offenfer la Vertu ; Et telle que toujours la Vierge la plus fage^ Sans rougir , peut prêter l'oreille à fon langage» Touchant la gêne de la Rîrae ; Souvent pour la Rime étonné , ' Malgré les éperons du Rimeur objliné, Fegaze demeure immobile: Mais il connaît ta main y ^fous elle docile On le voit, cheval généreux , A l'afpeSt d'un pas dangereux y Devenir plus vif y plus agile ; Ou bien , d'un vol audacieux Mais toujours Jûr ^ gracieux , Parcourant dans les airs des routes inconnues , Sans te perdre dans les nues T' élever jusques aux deux. Au refte tout n'efl pas pur élosfc. Wy- cherley reconnoît au moins un défaut dans fon Héros. Si parmi les défauts dont tu Jus te défendre , Il en eJi un qu'en Tsi l'on puifje encor reprendre, Cefi 238 Bibliothèque Britannique, Cefl peut-être que ton Efprit , Malgré tes fouis, rompant la digue. Des règles que l'art lui prejcrit , Paroît en traits hrillans quelquefois trop prodigue. Par un mélange adroit de traits moins radieux^ Ceux qui doivent briller ne brilleroient que mieux ^ Une feuille fans prix ; mais bien mife en ufage, ^ l'œil du Diamant prête des feux nouveaux: Et l'or rendu moins pur par un jujle alliage y Fait les ouvrages les plus beaux. Nous nous fommes infenfiblement en- gagez à parler des Poéfîes de ce Volume, quoiqu'elles n'en faflent que la deuxième Par- tie, fi l'on excepte quelques vers mêlez dans la première avec la Profe d'un Essai CONTRE l'Orgueil et l'Ambition, cil l'Auteur débite d'un ton grave & fort , -quelquefois même poétique , des leçons qui ne regardent proprement que les gens ridi- culement entêtez de noblefle. Cette Pièce , qui fait la clôture de la première Partie, efl précédée d'un Recueil de Maximes & de Reflexions morales, au nombre de CCCVIII. Et avant ce Recueil le Ledleur trouve, fous le titre d'iNTRO- DUCTiON, un Difcours qui peut fervir de Préface à tout le Volume. C'eft un tiflu de reflexions fententieufes fur la démangeai- fon d'être Autour , après les quelles ÏFy- cberley reconnok lui même qu'on doit être tenté de lui demander, pourquoi donc il fc Juillet, Août, et Septemb. 1735. 239 fe met fur les rangs? Mais je penfe, dit-il, quHl y a de la vanité ^ de la peîitejje à s'en- gager dans une Apologie. Je fai d'ailleurs qu'il y a plus de Cenleurs que de Critiques, àpeu-près comme il y a plus de Verfificateurs que de Poètes. Je me pique peu de Poéfie^ ^ fuis encore moins jaloux du nom de Poète: Ce nom plus d'une fois a fait rougir ceux même qui étoient les plus fiers de le mériter. Ce que fai écrit depuis quelques années , doit être mis fur le compte d'une fanté foible ^ d'un trop grand loifir. J'ai fait de l'Etude , comme d'une jeune Femme ^ l'amufement de mon Ennui: Et, il ne faut pas s^étonner que j'aime les fruits d'un pareil amufement. Les mauvais Auteurs reffemhlent à ces Pères indulgens qui ont le plus de tendreffe pour les Enfans les plus infirmes. Voila tout ce qu'il croit devoir dire pour prévenir Tes Lefteurs. Il parle des Plagiai- res : mais il ne dit mot des Auteurs qu'il a pillez. Et dans fa Préface même , parlant des Modernes qui après s'être nourris delà fubftance des Anciens , les décrient ; & comparant les Modernes de ce caractère, à ces Enfans drus àf forts d'un bon lait qu'ils ont fuccé, qui battent leur Nourrice \ A voir de quel air il débite cette comparaison , on ju- reroit qu'elle eft de lui, (î on ne favoit qu'- elle eft de la Bruyère, (a) Mais c'eft encore pis quand on vient au ( a ) CaraSlêres &c. Chap: Des Ouvrages de rEfpriîi p. 78, 79. de l'Ed; d'Amft; i;'20. 240 Bibliothèque Britannique, au Recueil des Maximes et Réflexi- ons Morales. Sans parler de toutes ceiies que nous nous fouvenons confufément d'avoir lues ailleurs , il y en a quarante de. compte fait que nous pouvons prouver qui font une pure Tradudlion de celles de Mr» àe h Rochefoiicault , ou de la Dame Anony- me que Tes Editeurs lui ont alTociée. Nos Ledleuvs ( & ceux même qui n'entendent pas l'Anglois } feront peut-être bien aifes que nous en rapportions au moins trois ou quatre exemples. La XXX. Reflexion de Wycherley eft con- çue en CCS termes : Old Men give young Men good Coiinfel , not heing able longer to give them bad exemples: C'eft prefque mot pour mot ce qu'avoir dit La Rochefoucault: Les Vieil- lards aiment à donner de bons préceptes ^ pourfe confoler de ndre plus en état de donner de mauvais exemples {a). Le même Mr. de la Rochefoucault a- voit dit , que VAhfence diminue les médio- cres pajjions & augmente les grandes^ com- me le 'uent éteint les bougies ^ allume le feu (b). Si Bujfi- Rabutin s'eit approprié cette penfée; outre que ce n'eft point a- près avoir fait main-bafle fur les Plagiai- res, il y a mis quelque chofe du (ien, il y a (a) Vsgc i^i. àt l'Edition à'Aiwkt de la no:iJJliye -^ fous le titre de vieiVeJJe. {k) Ibid; fous le titre àz pjjjhns. p. 205'. Juillet, Août, et Settemb. 1735. 241 a mis au moins fa verûfication , lorfqu'il a dit: L'abfence eft à V Amour ce qu'ejî au feu le vent. Il éteint le petit, il allume le grand» Mais Wycherley n'a fait que traduire lorfqu'il a dit dans fa Réflexion Cil. Ahfence cools moderaîe PaJJions , but incenfes more violent o?ies\ as tbe IVindy 'u:bicb bk^ws ouï tbe Candie , kiîidles îte Fire. Il en eft de même de fa Reflexion CLXXIV, au dernier mot près, qui en- core pourroic bien y être de trop. It is y dit il, a very common failing in us , never îo le Jatisfied lOîîb our Fortune ^ aiid never diffa^ îisfied ixjitb our Jhije and conduct. C'eft-à- dire, dans les termes delà Rochefoucault ; Cejï un défaut bien commun , de n'être jamais content de Ja Fortune, ni mécontent de fon E- fprit : (a) ou dans les termes (un peu changez) d'un de nos Poètes ; Cejî des Humains l'errsur commune; Quelque puifjaiit quo7ifoit en ricbeffe , en crédit ^ Quelque mauvais fùccès quait tout ce qu'en écrit , Nul n'efi content de fa Fortune , Ni mécontent de fon Efùrit {b). C'eft {a) Ibid fous le titre é'Efprrt. p. ro8. {h) Poéfes de Madarie Deshoulures. Tome I, parmi les Réftexiom Moraks, Réflexion Vill. p, m, s>6 , 5>7. 242 Bibliothèque Britannique, C'eft une Reflexion de La Rochefou* cault , qa'une grande réputation eft une grande charge , difficile à foutenir : qu'wwe vie obfcure eft plus naturelle éf plus commode (a). Tou- te la différence de cette Reflexion à la ce XIV. de Wycherley, c'ell que dans cette dernière il y a une grande de'pense au lieu &uîie grande charge Et il eft fore vraifemblable que c'eft par une méprife du Traducteur: il aura cru que le mot de char- fe qui en Anglois eft équivalent à celui de )epenfe , avoit le même fens en François. A great réputation is like a great Expenfe, 'very tard to be fupported : An obfcure é? quiet life is much more naîural and more commo- dious. Un Auteur Anglois, qui écrivoit en tems de guerre avec la France , prévoyant une accufation de plagiat; On nous reproche, di- foit il dans fa Préface , o;z nous reproche à nous autres Ecrivains A?ighis de piller les Fran- çois : Eh ! qui pillerons nous fi ce n'eft nos En' nemis ? Cela valoic m^eux que ce qu'a fait Wycherley. Il faut cependant lui rendre juftice, (5c rapporter quelques unes des Re- flexions qu'il a tirées de Ton propre fonds, ou lefquelles au moins nous ignorons qu'il ait pillées. Réflexion IV. Comme un Joueur commence par être duppe âf finit par être Fripon , une Fem- {a) R. de L. R, fous le tîtrt de RtputattQO» p. 2îf. Juillet, Août, et Septemtî. 1735. 243 Femme novice qu'un Galand engage , commence par être fa duppe î^ finit par le dupper. En apprenant l'art de conduire une intrigue , elle apprend celui d'en former une nouvelle. Reflexion XXV. . . . Ceux qui ont beau- coup de ï^alets ^ de Servantes . . . ont le fort de ces Infeàes qui pour avoir plufieurs pieds y ne font que moins propres à aller vite. Reflexion XXVI. Je compare les faux A- mis à Vombre des Cadrans. Ils font là , ^ ne vous quittent po'nt , tant quon voit luire k So- leil de Vitre bonne Fortune. Dès qu^un nuage lobfcurcit; ils difparoijjent. Rt^flexion LVIII. L Eprit eft le fel de la Converfation , &* ajjaiffonjie nos . divertifemens. Mais dans la Converfation comme à table , il y a des cbn/es de trop haut goiït , ^ dont Vajfaifon- nement ne fait rien moins que reveiller lappét't. Refle\'i(in L X X X l V. Les préfens que les Petits ^ les Pauvres font aux Grands éf aux Riches , tiennent plus de la fubornation que de Vbommage. Qjiaiid un Puits ne donne point d'eau , ceft pour lui en faire donner quon le mouille. Et il y a toujours eu de ces Sacrifica- teurs mercenaires qui ne font monter au Ciel la fumée légère du Sacrifice, que pour en faire defcendre fur eux mêmes de folides bénédictions. Reflexion XC 1 1 1. LEfprit fans le juge- ment ejl un Vaiffeau fans gouvernail âf qui n'eft pas lejlé. Il vogue à Vavanture ; ^ fi légèrement qu'il ri [que fans ceffe de tourner. Reflexion C C X XX I. Les affaires reffm- blent aux têtes de V Hydre : plus on en dépcche^ Tome V. Part. IL R 6" 244 Bibliothèque Britannique, £ff plus on en retrouve. Un homme qui y ap" ■porte beaucoup de diligence^ n'a d'autre avan- tage que celui d'un Cheval qui va auffi vite qu'il peut pour faire jouer une Machine. Tout ce qu'il gagne à doubler le pas y c'eji qu'il fait plus de fois le tour. Reflexion CCLXXIII. Il en ejl de la Cenfurey qui ejî un remède pour VAme^ com- me des remèdes qu'on donne pour le Corps: Il y faut un certain degré de force âf d'amertume. Une médecine trop douce met les mauvaifes hu* meurs en mouvement , ^ ne les emporte pas. Reflexion CCLXXXIX. La flatterie efh nne forte de lutt-e. On fe courbe , on Je baifje devant fin homme: Mais on nefe donne ainjî du deffous , que pour prendre d'autant mieux le dejfus. Toutes les Reflexions de notre Auteur ne nous ont pas paru aufli originales que celles que nous venons de traduire. Aufîî n'eft il pas néceflaire qu'elles le foient. Ce qu'on auroic droit d'exiger, c'eft qu'elles fuirent toutes juftes & de bon goût. On voudroit , par exemple , qu'il eût fupprimé une certaine queftion fur le mariage. Ne pouvons nous pas bien dire, demande-t-il, que le Mariage fait plus de Pécheurs que la Ga- îanterie, puifque tût ou tard il oblige prefque tous Jes Sectateurs à fe repentir'^ Sans comp- ter que ces petits airs libertins ne font pas fort bienféans à un homme qui fe mêle de raoralifer; c'eft là une plaifanterie oii tout eft (i faux & fi recherché, qu'on ne voit guère rien qui puifie mieux fervir d'exem- pk Juillet, Août et Septemb. 1735. ^4$ pie pour donner l'idée d'une penfée froide* On ell: furtout en droic d'exiger que la raillerie foie excellente lorsqu'elle intérefle la Religion & Tes Miniftres. Quelcun a dit C^) que le revenu le plus afluré étoit celui du Bourreau, parce qu'il fe tire d'un fonds immancable,qui ell: la méchanceté du Gen- re-humain : Ec comme l'emploi du Bour- reau, auffi bien que le caradère de ceux qui paflTent par fes mains , n'eft guère plus refpeftable que refpefté , les honnêtes gens fe font permis de fourire à une plaifanterie qui n'avoit pour objet que le Bourreau ou des Brigans. Mais VVycherley prend pour objet d'une raillerie toute fembtable , & les Miniltrcs de la Religion & les Pécheurs pé- nitens en faveur des Quels le Saint Minif- tère a été établi : S'il efi de la fagejje ( dit-il^ de choifir un métier qui fûurnijje Jurement à «0- tre entretien, tout le Monde n'aura qu'à fe fai^ re Prêtre ; car les Prêtres vivant des péchez du Peuple, ils font un cvmmerce qui ne faur oit ja- mais que bien aller, (b) Nous avouons que nous ne voyons pas-là le mot pour rire, La reflexion eft d'autant moins judicieufe qu'une infinité de Prêtres font fort mal payez, & qu'ils le feroient encore plus mal fi les Laïques qui les payent devenoienc Prêtres eux mêmes: Outre' qu'étant établis pour (a) Si ma mémoire ne me trompe cela efl quel- que-part dans La Bruyère. ( b ) Reflexion C C LV I L R 2 24(5 Bibliothèque Britannique, pour enfeigner & pour prélider au culte, aufli bien que pour redrefler 6l tranquillifer la confience des Pécheurs, ils pourroienc très-bien vivre de leur métier dans un mon- de de Saints qui les réduiroient à la direc- tion du culte & à rinftruQion. Mais l'endroit que nous venons de rele- ver, n'eft pas le feul ou notre Auteur parle un peu inconfidérément. Si vous voulez, bien l'en croire fur fa parole , vous penfe- rez déformais , que les Mbvftres de la Reli- gion font une efpèce de Charlatans, qui s^em- pijonnent les premiers de leurs faujjes doctri- nes pour les débiter d'autant mieux aux aU' très; ou qui, pour faire avaler leur! drogues y les avalent eux mêmes, (a) Il vous dira, que les gens d' Eglife s'imaginent croire, ^ qice c'eft ûinfi qu'ils font croire à autrui ce qu'eux mêmes ne croient pas (b). Ils ptuvent lé confoler d'un pareil juge- ment. Au fonds il y en a qui le méritent: Et la Religion elle même, dont ils ne font après-tout que les Mmiflres , a bien fa parc dans l'affront. Il femble même quelquefois que ce foit d'elle proprement qu'on fe mo- que. Il eft vrai que quelquefois aulîî on paroît la refpeder: Ainfi , par exemple, on pofe pour maxime, Qu'f/ faut renoncer à la Raifon en faveur de la Foi , comme il faut éteindre la chandelle quand le jour paroît : (c) Mais {a) Refl. CCLXX. (/;) Dans la Refl. CCXCIII. (c) Refl. CCLXII. Juillet 5 Août f.t Septeme. 1735. 247 Mais quel que foit notre éloignemenc pour les interprétations linidres, nous avons pei- ne à nous perfuadcr qu'on ne prétende pas railler aux dépens de la Foi, lorsqu'on nous dit dans un autre endroit ; Que ce qui^ait le mérite de noire Foi en Dieu , ceft de croire implicitement , fans aucun appel à notre Railbn ; comice ce qui fait le mérite des fervi- ces que nous rendons aux Grands; c^ejl d'obéir à leurs ordres fans contrainte cîf fans examiner r'goureufement s'ils font légitimes (a) Wycher- Icy ayant été tour à-tour Proteitant &. Ca- tholique, Proteicant encore & Catholique à la tin , nous lui paflbns volontiers Ton impVcitement , que les Proteftans eux-mêmes pourroicnt fort bien employer en certai- nes occafionsiMais la comparaifon de Dieu avec des hommes qui font fujets à donner ces ordres illégitimes , & qui exigent une complaifance aveugle , fouvent aufTi cri- mmelîe qu'imprudente : c'elt là encore une fois ce que nous avons de la peine à pren- dre dans un fens férieux & honorable à la Religion. Quoiqu'il en foit: Il fe trouve ici une Rcflexion où l'Auteur ne parle de la Rafon même guère plu«; favorablement qu'un Pyr- rhonien. La Raifon , dit-il, ne fe donneroit pas tant de peine pour faire paffer fes aiiomes (its propoîitions J ^ elle étoit bien perfuadée de leur vérité Çb). Nous (a) Refl. CCI. {b) Refî. CCXXX. R3 •48 Bibliothèque Britannique, Nous finirions ici , fi nous ne penfions que les Lecteurs même qui ne connoiflenc ÎVycberley que par cet Extrait, nous fauronc gré cie leur dire un mot de fa Vie ou des Mémoires que le titre annonce. G u 1 L L A u i^i E , fils de Daniel W y c h E R- LEY, né à Clive en Sbropflnre, quitta l'An- gleterre à l'âge de quinze ans: Et après a- voir pafTé quelques années en France , il alla à Oxford pour étudier en Philorophie, â»^é alors d'environ vingt ans. 11 s'étoit faic Catholique Romain dans fes Voyages: il re- devint Proteltant: quitta l'UniveVfité fans prendre de degré: & de retour à Londres, comme s'il eût réfolu de s'appliquer au Droit , fe fît recevoir dans la Société des Jurifconfultes du Temple. Mais Charles fécond étoit fur le thrône: c'étoit le règne des plaifirs & de rEfprit:Wycherley,à qui ja Nature avait donné de l'efprit 6: du goûc pour les plaifirs, abandonna bientôt des é- tudes fèches & férieufes pour des occupa^ tions plus agréables & plus à la mode. El- les FiC tardèrent pas à lui faire une réputa- tion diftinguée. Il fut aimé de tout ce qu'il y avoit de gens confidérables par leur po- litelTe & par leur naiflance. On nomme entr'autres le fameux Duc de Biickingbami Et l'on ajoute , non-feulement que les ta- Icns de fon Efprit lui procurèrent la faveur de Charles Jecond, mais que d'autres talens lui attirèrent en même tems les bonnesgra- ces de quelques unes des MaitrelTes de ce galant Monarque. J| Juillet , Août et Septemb. 1735. 249 Il époufa la Comteflc de Drogbéda, qui le fit Maître de tout fon bien. Mais quand la Mort la lui eut enlevée, Ton droit lui fut contedé: & les fraix du Procès, joints à d'autres accidens, l'ayant mis hors d'état de iàtisfaire à l'impatience de fes Créanciers, il fe vit expofé à la rigueur des loix établies contre ceux qui ne payent pas leurs dettes. On ne dit rien ici du zèle de fes puiflans Amis: <5i on dit plus bas qu'il eut le cha- grin de s'en voir abandonné. 11 n'obtint pas même les fecours qu'il pouvoit attendre d'un Père qui avoit fix cens livres fterling de rente. Le Libraire qui avoit imprimé fa Comédie du Plain- Dealer ^^ qui n'y avoit pas moins gagné d'argent que l'Auteur de réputation, fut aflez Libraire pour lui refu- fer , dans le plus preffant befoin , un prcc de vingt livres fterling. 11 pafla fept ans en prifon : & il y feroit peut être demeuré plus longtems, fans la générofîté de Jaques/^- cond, qui au fortir d'une réprefentation du Plain-Deaîer , ordonna que les dettes de l'Auteur fuflent aquittées, & accompagna cette grâce d'une penfion annuelle de deux cens livres fterling qui lui fut payée jufqu'au tems de Vabdicaîion de ce Prince. Ces fe- cours ne le tirèrent pourtant pas d'affaire, parce qu'il s'étoit fait fcrupule de déclarer tout ce qu'il devoit. La mort même de fon Père le laiffa dans l'embarras. Le tef- tament qui le mettoit en pofrcflion des Eiens-fonds, ne lui permettoit ni de les R 4 ven- £50 Bibliothèque Britanntque, vendre ni de le«s engager. Mais il pouvoit en difpofer pour un Douaire. 11 ne s'agif- foit que de fe marier : Et c'étoit ce qui lui faiibit dirç, que s'il ne pouvoit foufFrir l'i- dée de vivre dans l'état du mariage, il vou- loit au moins y mourir. Il tint parole, & célébra les fécondes noces en 1715. à l'âge d'environ quatre-vingts ans , onze jours feu- lement avant fa mort. Il eut le tems de fe furvivre à lui-même; & de fentir triftement qu'à l'égard du Corps & de l'Efprit, com- me à Pégard de la Fortune , il n'étoic qu'u- ne ombre de ce qu'il avoit été. Quanta fes qualitez m.orales, on le loue non-feulement d'avoir, été un Ami zèîé & délicat, mais un homme d'un commerce ai- fé qui n'avoit rien de la mifanthropie donc on auroit pu le foupçonner fi l'on avoit ju- gé de lui par la févérité fatirique qui ani- me fcs Pièces de ihéâtre. L'Auteur de;S Mémoires de fa Vie paroît avoir été lui- même de fes amis. 11 ne le difculpe pour- tant pas d'avoir été libertin dans les plai- îirs. Ces Mémoires au refte font les mêmes qui avoient paru ailleurs environ dix ans auparavant (a). Mais ils raparoiifent ici avec (a) Dans le Poetlcal Rc^iJIer imprimé cliez Curl/ en 1719: Et vraiferpbb.blement dans les Mif- cclhriies ou œuvres tnélées de Mr Pack lui-même, publiées pour la féconde fois en 1720? peu de tems après la première Edition. JuLLiET , Août et Septemb. 1735. 251 avec quelques retranchemens & quelques additions. C'eft d'un Eclairciflemenc ajou- té à la fin , que nous avons tiré ce que nous avons dit des changemens de Religion de Wvcherley. Nous aurions fouhaité de favoir'les dates de ces divers changemens: cela auroit eu Ton ufage: mais l'EclaircilTe- ment ne les marque pas. ARTICLE II. The Traditions of the Jews &c. Ced- à dire, Les Traditions des Juifs ^ a^uec t Explication des Dogmes des Rabbins contenus dans le Talniud (s' les autres Ecrits des Doreurs Juifs , traduit de V Allemand i3 imprimé à Londres pour Jean Brotherton , fe vend chez J. VVil- ford dans le Cimeticre de S. Paul. 1752. 2. Vol. in 8. POur prouver la Vérité de la Religion Chrétienne, on fait voir par l'abus, que les hommes ont fait de leurs Lumières Naturelles, la neceflicé & l'utilité d'une Ré- vélation ; on examine enfuite les Caracleres de Divinité qu'on trouve dans celle qui a été accordée aux Juifs, & qui eft contenue dans les livres de îvloïle & des Prophètes; on montre enfin par les Prophéties , qui ont été accomplies en Jefiis Chrift , qu'il ell R 5 le 252 Bibliothèque Britannique, le Meflie promis aux fidèles , & que la Reli- gion qu'il nous a enfeignée eft la véritable. Les Incrédules pour éluder la force de ces Argumens allèguent deux chofes: i. que les Livres facrés des Juifs n'ont pas été écrits par infpiration Divine, que les faits, qui y font rapportés , font fuppofés & faux, que les Prophètes en débitant des oracles n'onc fuivi que leur Tempérament, les préjugez de leur Education & des viies d'Intérêt; qu'on n'a enfin qu'à lire le Talmud pour fe convaincre que c'étoit le génie de la Nation Judaïque d'inventer des faits , de prétendre à des Infpirations & de forger des miracles : 2. que Ti les Anciens Oracles doivent être expliqués dans le fens que les Chrétiens leur donnent , s'ils ont été accomplis exafte- ment en Jefus Chrift , fi les Circonftances de fa naifl'ance, de fa vie & de fa mort ont repondu parfaitement au Portrait que les Anciens Prophètes en avoient fait , il eft furprenant que les Juifs ayent pu le mecon- noitre , & le prendre pour un Impofteur. Pour refoudre la première de ces difficul- tez,on n'a qu'à comparer le Talmud avec les Ecrits de Moïfe & des Prophètes , & on trouvera dans ces derniers des Caradteres frappans de Divinité, au lieu que le premier eft rempli d'impiétés groffieres, de contra- didtioRs manifeftes & de fables ridicules. Pour repondre à la féconde objedlion , il faut remarquer que la principale raifon de l'in- crédulité des Juifs eft leur foumiflîon aveu- gle Juillet, Août et Septemb. 1735. 253 gle aux decifions de leurs Doâ:eurs, qui donnoienc un faux fens aa:i Oracles , & qui avoienc fubftitué à la Loi écrite la Loi Ora- le, aux commandemens de Dieu, les tradi- tions de leurs Pères , aux Livres du Vieux Teftament , le Talmud , qui contient la Mifna ou le Recueil des anciennes traditions faic par Rabbi ^udab fils de Simeon furnommé Haccadosb ou le Saint, & la Gemare qui eft le Commentaire de la Mifna ^ compole des Explications que les Rabbins furnommés Amoraim didtoient à leurs Elèves. Ces deux Livres du Talmud qui chez eux aneantif- fent la Loi & les Prophètes , conciennenc toute la Religion des Juifs. Il ed donc im- portant d'examiner Tidce qu'ils s'en font, l'origine qu'ils leur donnent (Se les Dogmes que ces livres enfeignent, C'efl: là ce que l'Auteur de ces 2. Volumes s'efl: piopofé de faire. Nous donnerons à nos Leéleurs un Extrait de ce qui nous y a paru le plus curieux & le plus important. Les Juifs prétendent que la Loi Orale, qui efl: contenue dans le Talmud^ eft plus ancienne que le monde, & ils raccontentque les Anges dirent à Dieu, lors qu'il Tenfeigna à Moï/e; donneras -tu à la chair & au fang cette Loi facrée & agréable qui eft 974. fois plus ancienne que le monde? Ils rap- portent que Aloifi monta au Ciel fur une nuée, qu'étant arrivé à la Porte l'Ange Ke- muel qui en eft l'huiftier, & qui comman* de J2000. Anges Exterminateurs, lui parla d'ua 254 Bibliothèque Britannique, d'un ton fier & lui dit ; d'où te vient cette envie, fils d^Amram , œ palier dans la de- meure des Anges de feu? que Moife lui ré- pondit, je n'y luis pas venu de moi même, mais par l'ordre du Dieu faint & bénit , pour recevoir la Loi , & pour la porter aux Ifraelites; que Kemuel non content de cette reponfe, voulut empêcher Moïfe de palTer outre , mais que celui-ci s'étant jetcé fur lui, & l'ayant chargé de coups, pourfuivic fon chemin. L'Ange Hauaniiel qui e il 60000. liciies plus grand que fon compagnon, »jC de la bouche duquel 12000. traits de Lu- mière fortent à chaque parole qu'il profère, ayant rencontré enfuite Moïfe lui dit fore brufquement. Qu'as tu à faire fils d'Âm- ram dans ce lieu des Saints? A ces paroles J^Lïfe fut faifi de frayeur, fes yeux fondirent en larmes, & il étoit prêt à tomber de la nuée, mais le Dieu faint & bénit, ayant compaflion de lui, dit à Haclarniel, depuis le jour que je t'ay créé tu as toujours été un chicaneur, lors que je formois le def- fein de créer l'homme, tu te montras mé- content & tu me dis ; Qu'eft ce que de l'homme que tu ayes foin de lui ? Tu méri- tas alors jullement ma colère, & je mis mon petit doigt fur toi , à prefent tu portes en- vie à celui qui eft fidèle dans ma maifon , à, que j'ay appelle ici pour recevoir iTia Loi & pour la porter à mes Enfans élus; car fi ce n'étoit pour la Loi que les Ifraelites doivent recevoir^ ut n'aurois point de de- meure Juillet, Août. et Septemb. 1735. 255 meure dans le firmament. Haàarniel ayanc encendu ces paroles , die au Dieu faine oc benic. Roi du monde tu fçais que j'igno- rois la permiiTion que tu lui as donnée de venir ici , à prefent je ferai fon guide (Se je marcherai devant lui , comme un Serviteur marche devant fon Maître. Ayant dit ce- la il courut au devant de Moï/e , 6i après lui avoir fait une profonde révérence, il le conduifit jufques au feu de l'Ange SandeU fon: Etant arrivé là, il lui dit; Retourne-ten je ne fçûurois relier plus longtems ici de peur que le feu de Sandel/on ne me confu- me. Moïfi à la vue de Sanàeljm , pleura , trem- bla & fe mit en prière , & Dieu à caufe de fon amour pour Ifraël Texauca; il fe mie entre Sandelfon & lui, comme il eft dit Exod. 34. 6. Quand Moï/e eut pafle Sandelfon , il s'avança vers R^ggon une Rivière de feu compofée de la lueur des animaux & donc la fource efl: fous le throne de la gloire. Les Anges Adminiftrateurs fe baignent dans cette Rivière & en entretiennent la flamme continuellement. Etant arrivé au delà de la Rivière, Moïj'e rencontra encore Galizur furnommé Rajîel^ & enfin un grand nombre d'Anges qui environnoient le throne de la gloire & dont le regard écoit terrible. Tous ces Anges s'oppoferent à Moife parce qu'il venoit emporter la Loi, qu'jis avoient def- fein de e^nrder dans le Ciel pour eux même* , & ils alloient le confumer par les flammes de feu qui fortoient de leurs bouches ; mais Dieu ô5<5 Bibliothèque Britannique, Dieu couvrit Moïjé de fa gloire, & lui die Puifqu'ils infillenc fi fort de garder la Loi pour eux, parle leur là-deflus. Moife leur dit; Il eft écrit dans la Loi , Je fuis TEternel ton Dieu qui t'ai reciré du païs d'Egypte ; avez vous fcrvi en Egypte? Il eft écrit ; Tu n'auras point d'autres Dieux devant ma fa- ce; y a-t-il parmi vous des Idolâtres? Il eft écrit ; Tu ne prendras point le Nom de rÈcernel ton Dieu en vain ; y a-t'il parmi vous des affaires qui exi- gent la Religion du ferment? Il eft écrit; fouviens toi du jour du repos ; travaillez vous pour avoir befoin d'un jour de repos? Il efl écrit; Honore ton Père & ta Mère ; avez vous des Pères à honorer? Il efl écrit, tu ne tueras point; Repand-on par- mi vous du fang? Il efl écrit tu ne paillar- deras point , y a-t-il parmi vous des fem- mes F Il eft écrit, tu ne déroberas point,* avez vous dans le Ciel des biens meubles ou immeubles? Il eft écrit, tu ne rendras point faux témoignage; y a-t-il parmi vous des faux témoins ? Il eft écrit tu ne convoi- teras point ; avez vous dans le Ciel des maifons, des champs & des vignes, qu'on puiHe convoiter? Apres ce difcours de iV/oz'- fe les Efprits Adminiftrateurs renoncèrent à leurs pretenfions, & Dieu lui apprit la Loi en dix jours de tems ,* mais Moïfe l'oublia en moins d'une heure, étant effrayé par les regards terribles des Anges au milieu def- quels il lai fallut palTer en defcendant du Ciel, Juillet, Août et Septemb. 1735. 257 Cieî, c'eft pourquoi Dieu ordonna à Jefi* fia qui eft l'Ange de l'Alliance, de la lui enfeigner de nouveau. On fait ici une diffi- culté. Comment, dit-on , Moïfe étant dans le Ciel pouvoit-il diftinguer le. jour d'avec la nuit ? le ra/;wwû? repond, quand Moïfe reçue la Loi écrite il fçavoit qu'il faifoit jour, & quand il apprit la Loi Orale, il fçavoit qu'il faifoit nuit. Quand il voioit le Soleil fe profterner devant Dieu, il connoiiïbit qu'il faifoit jour, & quand les Planètes & les Etoi- les l'adoroient , il concluoit qu'il étoit nuit; Quand il entendoit les Anges donner à Dieu le titre de Saint, il comprenoit qu'il faifoit jour , euvent rendre de raifon. Aufli les Amulett(.^s font ils en grand ulage parmi eux. Les Méde- cins môme s'en fervent dans la Cure des Maladies: La première chofe qu'ils font , c'elt de confulrer les entrailles d'uiae bre- bis faine & grafle, qu'on tuë d'abord à leur arrivée; ils en prennent la coiffe, & l'aiant faupoudrée de BucLu, & bien tordu^i com- me une corde, ils la mettent au cou des Malades qui font obligés de la porter juf- qu'à ce qu'elle pourriffe & qu'elle tombe par pièces. Si au bout de quelque tems ils ne fe trouvent pas mieux, alors Itîs Mé- decins ont recours aux remèdes naturels. Tous les HoîtcntGîs portent auffi pendu à leur cou , une poche ou ils mettent parmi d'autres chofes, un petit morceau d'une cfpèce de bois qu'ils 'appellent Suza j com- me un Amulette contre les fortilèges. L'Auteur dit qu'il s'cfl: fouvent diverti à les épouvanter en leur faifant voir l'effet de la Lanterne magique, du Miroir conca- ve. 270 Bibliothèque Britannique, vc, Ci de quelques autres Inltrumeni.^ que ces lauvdges ne pouvoient s'empêcher de rc^arwler comme une production de la Ma- gic. Ceuendanc il ajoute qu'il ne paroïc pas qu'ils croient, comme fait le petit peu- ple parmi nous, que les Sorciers Ce les iVla- ^'iciens falTent pade avec le Diable qui ie iaifit de leur ame, & quelquefois même de leiu* corps, lorfqu'ils meurent. Ils s'i- magin'.înt (împlement que leur Touqûouy ou mauvais Principe, dont la malice cit entié- rcmeni: bornée à ce monde 6c à cette vie, enfeigûe à ceux qu'il lui plait le Sorti. ègc & la iXîagie , fans avoir aucune idée de la manière dont cela fe fait. A cette occafion , AJr. Kclben nous aflu- re que quelque foin qu'il ait pris de s'en in- struire , il n'a jamais pu découvrir qu'au- cun d'eux crût que les gens de bien vont après leur mort dans un lieu de bonheur, & les Méchans dans un lieu de peines ce de fupplices. Cependant' il dit qu'ils ad- mettent l'immortahté de l'ame, quoi que ce dogme ne fafle point partie de leur Re- ligion, oc que peut être ils n'y penfent ja- mais pour eux mêmes. C'elt ce qu'il prou- ve au long contre le P. Tacbard ù. contre Bomn^^ qui ont foutenu le contraire. Pour cet eftet il remarque i. que les Hotîentots offrent leurs prières & leurs actions de grâ- ces aux gens de bien d'entreux qui font morts. 2."^ qu'ils apprehendcut que les Morts ne Juillet, Août, et Septemtî. 1735. 271 ne reviennent pour les tourmenter: De là vjcnc qu'à la mort d'un homme , d'une femme ou d'un enfant, tout le Village décampe & va s'établir dans un autre endroit, s'i- maginant que les Morts ne hantent jamais que les lieux ou ils font decedés , à moins qu'on ne leur emporte quelcune des cho- fes qui leur appanenoient, car alors l'opi- nion eft qu'ils fuivent le Village. Aufïî a-t'on grand foin de laifTer en fon entier la hutte où ils font morts, avec leurs habits, meubles, armes (Sec. & l'on n'y touche plus. 3. Les Hoîtentoîs croient qu'il tfl au pouvoir de leurs Sorciers & Magiciens de conjurer les Efprits , & de les empêcher d'apparoi- tre aux hommes & de les tourmenter. A- prcs cela, peut on douter qu'ils admettent l'immortalité de l'ame, quoi qu'ils ne re- connoifient ni Paradis ni Enfer? Chap. XI. Ce Chapitre traite de ce qui fe pratique à l'accouchement des Hoî- tentoîes. Il y dans chaque Kr.ial ou ViU lage une Sage -femme choifie d'entre cel- les qu'on juge les plus capables. Elle eft obligée d'exercer cette profefllon toute fa vie , quoi qu'elle n'en redre d'autre pro- fit que quelques petits prefens qu'on lui fait. Au moment qu'elle arrive chez la femme quelle doit accoucher , le Mari fort, & il ne lui eft paspermi de rentrer que tout ne foit fait, autrement il eft réputé fouillé, & obligé pour expier fa faute de donner une brebis, & en quelques en* droits 272 E lELIOTHEQUE BRITANNIQUE, droits même deux , à manger aux hommes du Village qui en envoient le bouillon à leurs femmes félon la coutume. Lorsque l'accouchement eil difficile, la Sage femme fait prendre à fa Malade une décoction de tabac 'iSc de lait qui la fait auiTi-tôt accoucher. C'eft à nos Européennes à juger fi un pa- reil remède leur conviendroit. Si l'Enfant vient au monde mort, le Père & la Mère s'en affligent extrêmement, fur tout fi c'efi: un garçon; on l'enterre fur le champ, & le Village fe tranfporte ailleurs. Mais fi l'En- fant e].l en vie, on le frotte bien devant le feu ou au foleil, premièrement de fiente de vache , puis du jus des queues d'une efpèce particulière de figues, & enfin de graifiè de brebis , ou de beurre fondu; après quoi on, le fau poudre de Bucbu depuis les pieds juf- qu'à hi tête. Quand \cs femmes accouchent de deux Jumeaux ou plus, fi ce font des garçon les Parens tuent deux bœufs gras , & cTonLient une grande fête à tous les habi- tans du Village, homm.es femmes & enfans, regardant cet accouchement comme une bénédiction particulière. Mais fi ce font des filleîî , on agit bien différemment, il n'y à prefque pas de fêre, & les Parens repre- lentant le plus fouvent aux hommes de leur Village, qui font leurs juges dans ces fortes de cas, qu'ils ne fauroient les élever tou- tes deux, foit à caufe de leur pauvreté, foit parce que la Mère n'a pas aflez de lait, ils ont la permilTioo de prendre la plus lai- Ji'iLLET, Août et Septemb. 1735. 2^3 laide o^ la plus mal faite , & de l'enterrer toute vive, ou de l'expcfer fur un arbre ou fur un buiflbn. La même choie fe pratique û c'eft un garçon & une fille , avec cette différence pourtant, que ce n'efl pas la laideur qui règle le choix de celui des deux qui doit périr: En pareil cas, les filles font toujours facrifiées, 6c l'on fait de grandes réjouïflances pour le garçon qui eift con- fcrvé. L'Auteur croit que les Hotîentots pour- roient bien avoir tké cetre barbare contu- me des Chinois &. des Japonois ^ qui font auf- fi périr tous les Enfans qui leur naiflent au delà du nombre qu'ils peuvent commodé- ment élever. Comme ils admettent la Meîempfycbofe , ils s'imaginant que les âmes de ces pauvres Innocens pourront être plus heureufes fi elles vont animer un autre corps, que fi elles reft:ent dans celui où elles fe trouvent,- amfi ils ne fe font aucune peine de les expofer. Mais les Hoîtentots qui ne croient rien de femblable, au moins à ce qu'il paroit , n'ont pas le même prétexte à alléguer en faveur d'une pratique fi cruelle, & parconfequent il ne femble pas naturel de fuppofer que ce foit chez eux une imita- tion. Les Européens qui font au Cap trou- vent quelquefois de ces Enfans expofés; s'ils font morts, ils ont le foin de les enter- rer, & s'ils font encore vivans ils ks por- tent dans leurs Mailbns, & les élèvent, à moins qu'ils ne foient pas en état de le fai- re 274 BiiîLIOTHEQUEBrIT AN NIQUE, rc," auquel cas ils les remettent à d'autres qui leur donnent une éducation Chrétienne, quoi que jufqu'à préfent c'ait été fiins aucun fruit. Tôt ou tard, ils lé fauvent chez les Naturels du Pais , à. renoncent à la Reli- gion qu'ils ont fuccée avec le lait , & à toutes les manières Européennes. Cap. XII. Dès que l'Enfant a été bien frotté & bien faupaudré, comme ont vient de le dire, la Mère lui donne un nom, ou li elle eft hors d'état de le faire , comme cela arrive quelquefois, par un effet de la décoftion dont nous avons parlé, le Père s'aquitte de ce devoir. A cet égard ils imi- tent les anciens Tr oglo dites , car ils donnent à leurs Enfans les noms des Animaux qu^ils aiment le plus, appellant les uns Hacqua^ c'eft à dire. Cheval; les autres Gamman^ c. à d. Lion, d'autres G/j'oz^^/îV, c. àd. Brebis; d'autres Gitacba c. à d. Ane; d'autres fKam- ma ; c. à d. Cerf &c. Au refte , les hommes doivent s'éloigner de leurs femmes , non feulement pendant leurs couches , mais en- core lorfqu'elles ont leurs ordinaires. S'ils en approchent dans ce tems-là, ou même qu'ils aient la moindre communication avec elles, ils paflent pour fouillés , & font obli- gés de fe purifier en offrant un bœuf gras. Cette coutume a beaucoup de rapport avec la Loi du Levitique XII. & XV. Mr. Kolhen nous apprend dans cet endroit que quelques dégoûtantes que foient les Hottentoîes à tous égards, les Hollandois du Juillet, Août, et Septemiî. 1735. 275 du Cap ne laiiTent pas quelquefois que d'a- voir commerce avec elles. Mais il nie ce que Boivm donne pour un fait certain que les Hoîtentoîs font périr tous tes Enfans qui naiOent de ce commerce. 11 alTure que cela n'a lieu qu'à l'égard des filles lorfqu'elles font: jumelles, comme on a déjà \u que c'eft leur coutume; & que par rapport aux garçons, ils les aiment pour le moms autant que les leurs propres. Chap. XIII. Ce Chapitre roule fur les 'IVlariages des Hottenîots , & plufieurs cho- fes qui y ont rapport. Lorfqu'un jeune homme veut fe marier , il faut avant tou- tes chofes qu'il communique fon defTein.à fon Père, ou à celui de fes Parens qui a le plus d'autorité, & qu'il l'engage à approu- ver fon choix. Si le Père ou le Parent l'approuvent, il va fur le champ avec le jeu- ne homme chez le Père ou chez le Parenn le plus accrédité de la fille, pour la de- mander en mariage. Celui ci , après avoir confuké fa femme, donne une rèponfe po- iitive , & pour l'ordinaire fatisfaifante. Mais fi elle ne l'efl; pas , l'on ne parle plus de cette afî^aire,* Le Galant fe guérit aufii- tôt de l'amour qu'il avoit conçu pour la Belle , & jette les yeux fur quelque autre. Si le Père ou le Parent confentent au ma- riage , on en fait d'abrord la propofition, à la fille; & au cas qu'elle ne l'agrée pas, il ne lui refte qu'un moien pour l'éviter, qui eft fort plai Tant ;C'ç{t oie fe cou ctrer avec Tcnie V, Part. IL T fon 2^6 Bibliothèque Britannique, fon Amant fur la terre , & de pafier la nuic avec lui à fe pincer, fe chatouiller, & fe donner des claques l'un à l'autre. Si elle fe- trouve la plus forte, l'en voilà débarafFée; il ne faut plus qu'il penfe à elle: Mais i\ le contraire arrive , comme il arrive ordinai- rement, elle eft obligée de l'époufer. Le Mariage n'eftpas plutôt conclu , qu'on fait de grandes réjouiftances que l'Auteur décrit ici fort au long, & oii font invités tous les Parens & Voifins des Fiancés, hom- mes à: femmes. Celles - ci pour paroitre plus belles & faire plus d'honneur à la fê- te, fe peignent le front, le menton & les joues avec de la craye rouge qu'on trouve facilement: Mais il dit qu'il n'a jamais rien vu de plus effroiable que le vifage d'une Hotîentoîe ainfi barbouillé.* Quand tout eft prêt pour la cérémonie du Mariage, les hommes fe tenant accroupis forment un cercle, au milieu duquel eft le futur Epoux dans la même pofture. A une petite diftan- ce de là, les femmes aufTi accroupies for- ment un autre cercle ; & la future Epoufe fe tient au centre dans la môme attitude. Alors le Prêtre entrant dans le cercle des hommes, s'approche du futur Epoux, & ]'afperge de fon urine, que celui-ci reçoit avec une très grande avidité la m.êlant avec la graifie & la poudre de Bucku dont il s'efl auparavant bien frotté le corps. Enfuite , le Prêtre pafTe dans le cercle des femmes, & fait la même afperHon fur la future E- poufe , Juillet , Août et Septemb. 1735. 277 poufe, qui ne s'en tient pas moins hono- rée. Il va & vient plulieurs fois de l'un à l'autre, & repète la même cérémonie juf- qu'à ce que Ton eau bénite foit épuifée, ou qu'il aie donné à chacun deux tour à tour, & l'une après l'autre, les bénédic- tions fuivantes qu'il prononce à haute voix, Puijfiés vous vivre longîems & beureu- fement enfemble , Puijfiés vous avoir un fils av.mt la fin de l'année, PwJJe ce fils être tou- te votre confolation dans votre yieillejje , Puif- fe fil être homme de courage , àf grand chaf- feurl La cérémonie finie, on ne penfe plus qu'à fe divertir; les hommes mangent à part, & les femmes de môme , il n'y a que le Nouveau -marié qui a la permiflion de s'afTeoir avec elles , encore ne touche t'il point à leurs viandes, il a une certaine portion qu'on prépare pour lui feul. La fê- te dure jufques bien avant dans la nuit, que l'Epoux prend Ton Epoufe & fe retire feul avec elle ,* alors chacun va dormir pour recommencer de plus belle à manger, à boire , à fumer & à caufer , car c'eft là tout leur divertiflement dans ces fortes d'oc- cafions. Quoi qu'ils aiment extrêmement la Mufique & la danfe, l'une & l'autre font bannies de leurs noces , fans qu'ils puiffent en alléguer d'autre raifon que la coutume. Les Mariages entre les Coufms-germains, & les Idus de germains font défendus chez les Hottentoîs. lis ont une Loi qui condam- ne (jC l'homme & la femme qui fe marient, T 2 ni 278 Bibliothèque Rritan.niqu:e, ou qui commettent fornication , dans ce degré de proximité, à être bâtonnés à mort. Ils puniflent aufli du dernier fupplice l'a- dultère, qu'ils regardent, de même que. le larcin , comme le crime le plus abominable. Mais d'un autre côté, ils aucorifent le di- vorce & la polygamie. Un homme peut avoir autant de femmes qu'il veut; cependant il e(l rare que les plus riches en aient au delà de trois, & pour Tordinaire les pauvres fe contentent d'une feule. Il n'eft permis à perfonne de répu- dier fa femme fans l'approbation des hom- ines du Village qui jugent fî le cas eft affez grave pour en venir à cette extrémité. A- près que le divorce a été approuvé, l'hom- me peut fe remarier s'il veut; mais ] a fem- me ne fauroit le faire tant que fon Mari vit, autrement elle efl cenfce coupable d'a- dultère, & punie comme telle. Cette Loi a beaucoup de rapport avec celles des an- ciens Juifs touchant le divorce, & pourroit bien en être venue. Lorfqu'une Veuve fe remarie, & toutes les fois qu'elle fe rema- rie, elle .efl: obligée de fe faire couper la pre- mière jointure d'un doigt en commençant par les petits doigts de la main. Ce îbnc les Médecins qui exercent en même tems la Chirurgie, qui font ces amputations a- vec tant de dextérité qu'il n'en arrive jamais aucun accident. Je ne fai fi nos Européen- nes voudroient fe remarier à ce prix; mais pour les Hottentotes , elles ne s'en font au- Juillet, Août et Septemb. 1735. 279 aucune peine, & rien n'eft plus ordinaire que de les voir convoler en fécondes, & même en troifiémes & quatrièmes noces. Chap. XIV. On voit ici quelle eft l'œco- nomie des Hottentois , comment ils élèvenc leurs Enfans , 6c juiques où ils portent la libéralité & l'hofpitalité. Le Mari abandon- ne à fa femme le foin du ménage 6: ne fe met non plus en peine de pourvoir aux* befoins de fa famille que s'il n'en avoir point. S'il va à la chalfe ou à la pêche, c'eft plutôt pour fon plaifir que pour en* rapporter quelques provifions , quoi qu'il* ne revienne jamais à vuide. La feule cho- fe dont il fe fa (Te une occupation férieufe, c'cft de prendre foin de fon bétail; encore faut il que la pauvre femme, malgré toutes les fatigues de fon domeftique , partage en quelque manière ce foin avec lui. Elle ne met jamais le pied dans fon appartement qui elt feparé du refte de la hutte , & elle' ne jouît que peu du plaifir de fa compa- gnie, puilqu'il fait fouvent lit à part, &■ qu'il ne lui arrive guère de pafler les nuits*- cticiéres avec elle. 11 commande en Mai- tre, & elle obéit en Efclave fans murmu-- rer ni fe plaindre. A cette occafion , l'Au- teur aflure qu'il n'y a peut être pas de peu-- ple plus charte ni plus modefte tant dan^ ' fes difcours que dans fes adions, malgré" ce qu'en ont débité certains Voiageurs qui^ ont dit que les hommes & les femmes ha- bitoienc enfemble pêle-mêle , fans aucune- T 3 pudeur, 28c Bibliothèque Britannique, pudeur, & fans obferver ies moindres bjea- feances. Les femmes font auffî feules chargées du foin de l'éducation des Enfans. D'abord après leurs couches , elles les enveioppen d'une pièce de peau de mouton, leur laif fant feulement la tête libre, & elles atta chent cette peau en forme de fac fur leu dos, & la portent tout le jour, foit qu'el ]es demeurent à la maifon ou qu'elles for tent, jufques à ce que ces petites Créatu res commencent à marcher. Ce qu'il y a de fingulier , c'eft qu'elles leur donnent à teter fans leur faire changer d'attitude , & fans détacher le fac qui les enveloppe. El- les ont les mammelles fi longues , qu'elles peuvent les jetter par delTus l'épaule, & les faire prendre à l'Enfant dont la tête s'élc- ve affez haut pour cela. Pendant qu'il tê- te, elles fument fans s'embaraiTer û la fu- mée l'incommode, & ainfi elles l'habituent à la foufFrir. Dès qu^l eft fevré , ce qui fe fait ordinairement lorfqu'il a fix mois , la Mère lui met de tems en tems fa pipe dans la bouche , pour accoutumer fon palais à la fumée, jufqu'à ce qu'il ait affcz de force & d'adrefle pour fumer fans fon fecours. Ainfi il ne faut pas s'étonner de la painon extrême que les Hottentots ^ hommes & fem- ines , confervent toute leur vie pour cette efpèce de plaifir ou d'amufement. Les En- fans fuivent leur Mère par tout où elle va, dès qu'ils peuvent marcher , (5c ils ne la quic- Juillet, Août et Septemb. 1735. 28c quittent point jufqu'à ce qu'ils foient admis dans la focieté des hommes fi ce font des garçons , ou mariés fi ce font des filles. S'il en faut croire notre Auteur, les Hot- îentûîs furpafient en gcnerofité & en hofpi- talicé tous les autres peuples. Ils prennent un fingulicr plaifir à le fccourir les uns les autres, & ils le font avec une fi noble fimplicité qu'on auroit peine à en trouver des exemples ailleurs que dans les premiers â^es du monde. C*c(ï ce que le P. Tacbard avoit déjà remarqué avec admiration dans fes V^oiages. Si un Hottentot reçoit en préfent quelques provifions , s'il a fait une bonne chafie ou une bonne pêche, il n'ell: p;is content qu'il n'en ait fait part à Ces Voifins & à fes amis. S'il apprend que quelcun e(t dans le befoin ou en danger de fa vie , il vole à fon fecours , à quelque didance qu'il foit; Il fera vingt mille pour tirer un homme de peine ou de mifère. l/hofpitalité de ce peuple n'efb pas moins remarquable , non feulement envers ceux de leur Nan'on , mais môme envers les E- trangers. Un Voiageur qui fe trouve fa- tigué, prefie de la f^m ou de la foif, ou furpris par la nuit, n'a qu'à fe prefenrer à la première hutte qu'il rencontre, aufil tôt on le prie d'y entrer, on le loge du mieux qu'on peut, 6c on lui donne tous les rafrai- chiiTemens dont il a befoin , fans exiger de paiement ni de recompenfe. Si le Mai- cre de la hutte n'a pas les provifions ou les T 4 corn- 28^ B I B L I OT H EQUEBrITANNIC^UE, commodités neceflaires , il s'adrefle à fes Voifîns qui s'emprefTent à fournir ce qui. manque. Mais c'eft fur tout dans les nau- frages que les Hûtteîitots font paroitre leur' humanité 6c. leur hofpicaiité. Au lieu de proficer des débris que la mer jette fur leurs Côtes, comme font prefque tous les autres peuples , ils les ramaflent avec foin pour le compte des propriétaires ; & loin d'aban- donner ceux qui ont échappé au naufrage,, ils les retirent chez eux, & leur donnent toute raffiflance poiTible. L'i^uceur en rap- porte une hiftoire remarquable, arrivée de fon tems, mais trop longue pour être in- férée ici. Dans le Chapitre fuivant, il décrit fo,rc au long la manière dont ces peuples gou- vernent leur bétail, l'ufage qu'ils en font, le revenu qu'ils en tirent , &c. Mais nous ne nous y arrêterons pas, parce qu'outre que cela nous meneroit trop loin, il n'y a rien de bien curieux, fi non que les Hotîen- tots ont une forte particulière de Bœufs donc ils fe fervent pour la guerre, à peu près comme quelques autres Nations le fervent d'Eléphants. Quoiqu'il y ait grande quantité de ceux-ci dans leurs Pais, ils ignorent en- tièrement la manière de les apprivoifer. Mais pour leurs Bœufs qu'ils appellent Bac- keleyers ^ de Backeley qui dans leur langue lignifie la guerre, ils les dreflent au combat avec beaucoup d'art. Ils en ont toujours bon nombre tians leurs armées , qu'ils gou- ver- Juillet, Août et Septemb. 1735. 283 vernenc fans peine , cC lorfqu'ils les lâ- chent fur l'Ennemi, ils y font ua ravage terrible, à moins qu'on ne leur en oppofe d'autres 6c en auffi grand nombre. Ils éven- trenc 6c renverfent avec leurs cornes , ils frappent & foulent avec leurs pieds tout ce qu'ils rencontrent, & ils fe jettent ou plu- tôt ils le précipitent avec tant de furie dans les rangs, qu'à moins qu'on ne les tue d'a- bord, ils ne manquent jamais de les enfon- cer, & d'aiTurer la viétoire à leurs AJaitresj Ces Animaux fervent encore à conduire le- bétail, à empêcher qu'il ne s'échappe, 6c à le défendre contre les voleurs 6c les bê- tes fauvages ,* ce qu'ils exécutent avec une adrelTe 6c un courage incroiables: AuiTi chaque village en. entretient il conftammenc,. 6c à fraix communs , au moins fix. Le Chapitre XVI. efl emploie à décrire la manière dont les Hoîtenîots , fe mettent & s'ajuftent. On a déjà remarqué que leurs cheveux font comme ceux des Nègres, courts, laineux, & noirs comme du jais. Mais les hommes les frottent tous les jours d'une fi grande quantité de graille 6c de fuie- mêlées enfemble , & il s'y amafle tant de poufTiére & d'autres vilamies, que ne fe peignant jamais , cela forme à la longue une efpèce de croûte qui tient comme du plâ- tre. AinQ dans les grandes chaleurs, ils vont tête nué, fans que le foleil les incom- mode le moins du monde, n'étant pas.pof-" Ciîle à fcs raions de pénétrer cette crojjte: T 5 cpaiiTe. 284 Bibliothèque Britannique, épaifle. Mais elle ne les garantit pas de même du froid, & de la pluie, ce qui les oblige de porter alors un bonnet de peau d'agneau ou de chat. Leur vifage , & tout Je devant du corps jufqu'à la ceinture , eft toujours découvert. A leur cou pend un petit fac des plus mal-propres, dans lequel ils portent leur couteau, s'ils en ont un, leur pipe, leur tabac ou leur Bâcha ^ & l'a- mulette dont nous avons parlé plus haut. Une peau de mouton , ou de bête fauva- ge, qu'ils attachent autour de leur cou, leur couvre les épaules & le dos jufqu'aux cujiïes, quelquefois même plus bas. Ils ne la quittent jamais; En hyver ils tournent la laine ou le poil en dedans, & en Eté en dehors; Ils couchent deflus, & quand ils meurent on les enveloppe & on les en- terre dans cette peau. Ils ont à leur bras gauche trois grands Anneaux d'yvoire qui leur fervent à parer les coups qu'on leur porte dans les combats. A ces Anneaux qui font très proprement faits, ils attachent un fac oii ils renferment les provifions dont ils ont befoin quand ils voiagent , de ma- nière qu'à peine l'appeiçoit on & qu'il ne les incommode point en marchant. Ils tiennent auÏÏi à la main gauche un petit bâ- ton à l'extrémité du quel eft attachée une queue de renard , de chat fauvage, ou de quelque autre bête femblable, dont ils fe fervent, enguifede mouchoir, pour s'eflliier îe vifage, ou le nez, & pour enlever la pouf- Juillet, Août et Septemtî. 1735. 2^5 pouffiére & la crafie qui s'amafle autour de leurs yeux. A la main droite ils portenc deux bâtons de bois d'olivier, ferrés par les deux bouts , l'un de trois pieds de long qui leur fert pour attaquer oc pour fe dé- fendre, & l'autre d'environ un pied fait en forme de dard, qu'ils lancent avec tant d'a- drefTj qu'ils ne manquent guère leur coup quoi qu'à une grande dilhnce. Q^and ils fortent avec ces deux bacons , cV(l une marque certaine qu'ils vont à la chaiîe, ou à la rencontre de quelque Ennemi. Ils cou- vrent leur nudité d'une pièce de peau, pour l'ordmaire, de chat lauvage qu'ils actachent à leur ceinture, & qui defccnd en pointe jufqu'à la moitié de la cuifiè. De là juf- qu'aux pieds ils font tous nuds, excepté iorf- qu'ils mènent pâicre le bétail, ou qu'ils ont à traverlèr des rochers ou des fables ; car alors ils portent des efpèccs de bottines, & des iandales de cuir crud de Bœuf ou d'!> lephant , dont ils tournent le poil en dehors. Les femmes portent toujours des bonuL^ts de peau de bétes fauvages, qui ne difFèrenc de ceux des hommes qu'en ce qu'ils font plus grands , & faits en pointe. Les bon- nets leur couvrent tout le delTus de la tête, & cachent fi bien leurs cheveux qui font tout comme ceux des hommes, qu'on n'en voit abfolument rien. Au lieu d'une peau de mouton ou de Tigre qui leur couvre les épaules 6c le dos , elles en ont deux plus grandes l'une que l'autre, 6c t'eil cDtre ces deux 226 Bibliothèque Britannique, deux peaux qu'elles portent le fac oli elles mettent les Enfans qu'elles allaitent, & ce- lui où elles renferment leur pipe, leur tabac, leur amulette, &c. La peau du defllis def- ccnd jufques au jarret; tout le reftedu corps eft nud , à la referve qu'elles attachent à leur ceinture deux autres petites peaux qui leur pendent , l'une par devant , l'autre par derrière , jufqu'aux genoux & plus bas. Les filles portent jufqu'à l'âge de douze ans , des joncs en forme d'anneaux autour de leurs jambes qui en font prefque couver- tes: Après quoi , elles y fubftituent des bandes de peau de mouton ou de veau, dont elles ont ôté proprement le poil , car on ne peut pas dire que les brebis de ce païs là aient de la laine. 11 y a des femmes qui ont à chaque Jambe une centaine de ces bandes , mais fi artiftement liées & en- trelacées qu'on a peine à s'appercevoir où les bouts fe touchent. Avec le tems elles durciflent, & fervent à d'autres ufages qu'à l'ornement ; car elles empêchent que les femmes ne fe déchirent les jambes quand elles vont au travers des épines & des brouflailles cueillir des herbes pour le mé- nage, (Scelles leur fournifi^cHt de la nourri- tare quand elles n'ont autre chofe à man- ger. L'Auteur alTure qu'il leur en a vu plu- fieurs fois broyer entre deux pierres , & enfuite dévorer avec une avidité furpre- nance. Mais ôuu-e ces aiiiftcmens ordinaires, les Hot- Juillet, Août, et Septemb. 173:5. 2S7 Hottentoîs en ont d'autres moins communs pour lelquds ils font extrêmement paflio- nés, comme les boutons de cuivre jaune, de minces plaques de ce métal , & de pe- tits morceaux de miroir qu'ils attachent à jeurs cheveux, des pendants d'oreilie, (Se des colliers, des bracelets, &c. de leton d'acier ou de verre qu'ils achettent ou qu'ils prennent en paiement des Européens. Plus ils ont de cette clincaillérie fur eux & plus ils fe croient parés & dignes de confidération : Oq(ï en quoi confifte fur tout la vanité des femmes. Les hommes fe dirtinguent par une autre for- te d'ornement qui leur eil: particulier, favoir jes Veffies des bêtes fauvages qu'ils ont tuées. Après les avoir bien enflées ils les attachent à leurs cheveux, & ils les portent toute leur vie comme ^des efpèces de trophées. Chapitre XVII. La nourriture ordinai- re des Hottentoîs, confifte en fruits, herbes & racines , en lait , en poiffon ,' & en chair de quelques bêtes fauvages. Ils ne touchent point à leur bétail, excepté dans leurs facrifices & leurs fcces, ou lors qu'il leur eft mort quelque béte de mort natu- relle ; car dans ce dernier cas, loin d'avoir de la répugnance à en manger, ils en trou- vent la chair beaucoup plus délicate, & font fort furpris que les Européens ne pen- fent pas de même. Une autre chofe qui n*eft pas moins choquante , c'cft qu'ils pré- fèrent les entrailles des Animaux à tout le reftc, & qu'ils les font bouillir dans le fang 288 Bibliothèque Britannique, fang avec lequel ils les mangent , en y a- joucant quelquefois un peu de -lait. Quel- que déceltable que nous paroifTe un ragoût de cette nature, ils Taiment à la fureur, & ils le regardent comme le plus excellent de kurs mets. Nous avons déjà eu occafion de remarquer qu'ils s'abltiennent religieufe- ment de la chair de pourceau ; mais il y a outre cela , des viandes dont les unes font défendues aux hommes, & les autres aux femmes. Par exemple, il n'eft permis qu'aux premiers de manger des Taupes, & le fang pur des Animaux ; & d'un autre côcé , les femmes ont feules le privilège de ce nour- rir de Lièvres , dt; Lapins , 6c de lait de brebis, car pour celui de Vache les deux Sexes en boivent également. Ce qu'on vient de dire , joint à ce qu'on en a remar- qué plus d'une fois, fait allez connoitre l'extrême malpropreté de ces peuples , & leur peu de delicateile dans le choix de leurs alimens ; mais en voici une nouvelle preu- ve, c'eit qu'ils font remplis de poux, mblent autour de lai en faifant des cris 6c des hurlemens hor- ribles, & frappant des pieds & des mains comme des forcenés. Dès qu'il à rendu l'eTprit, les cris & les hurlemens redou- blent avec tant de force qu'on peut les en- tendre à quelques milles de là ; ils lui met- tent la tète encre les Jambes, & dans cette poilure ils l'enveloppent dans la peau qui lecouvroit, ) Il y a là de la méprife dans le raporteur; ce Gregeire , fi connu par la réformp du Caîendrier ^ n'a pu avoir que if. ans avant la fin du Concile dont il s'agit. {c) Ce fut en i(jo5, que Sevçrîn Birji •> Cha- noine Juillet , Août et Septemb. i735- 3^9 pue invalider cette preuve , la compagnie parut témoigner, qu'elle y voioit une juili- licacion fuffilante de ce qu'avoit avancé Mr. Barker (a). Enfuite on entama la controverfe de noine à Cologne, y publia Les Conciles , en Quatre Tomes. C'eft ce Bini qn'UjJeriuSf dans {es Anti- quités Britanniques , apelle Contaminalor Concilia' Yum. On en fit , dans la même ville , une fé- conde édition, L'an j6i8. {a) Tout cela eît peu exaâ: , & ne paroit point venir d'une main habile. Il feroit à fouhaiter qu'on eut fait part au Public, ées preuves qu'allégua Mr. Eames & telles qu'il les propofi. Pour y fup- pléer en quelque forte nous indiquerons ici quel- ques partages des Actes de ce Concile V. de La- tran qui tmt depuis ifiz. jufques en i^ij. L'E- dition que nous fuivons c'eft celle du Louvre (E Typog. Reg. Parif. ) 1644. au Tome XXXIV. Dans la z Seflion de ce Concile il y a un dif- cours de Cajetan qui a été Cardinal & Légat cé- lèbre du Pape en Allemagne & en Angleterre. A- pres avoir dit à Jules II. (page lyf. ) à qui il ad- drefl*oit la parole, ,, Accingere Pater Sande gladio ,, tuo , tuo inquam accingere PotentiflTime .... fed ,, etiam procède .... tum etiam régna Sacerdos & ,, Rex &c. ". C'eft -a- dire. Père Saint ceignez voire épée, la votre , iHfje', Ceignez h ^ O Très-pdf- fani y Marchez contre l'ennemi. Régnez Sacrifca- teur & Roi tout enfemble. 11 ajoute un peu plus bas (même page) que c'eft ce qui le rendra ador.n- b/e a tous les j>euples , £?= de plus très Jemblable à Dieu ,, Univerfls populis adorandum , Deoque fn- ,, fuper fimiliimum ". Dans la 4 Seflion on voit X 2 un 310 Bibliothèque Britannique, de la TranfubftanticUion. Mr. Smith y Dodleur en Médecine , fut choili Modérateur , & s*en un antre difcours , où on parle au Pape (page 223) dans ces termes: ,, Cura ut falutem, quam 5, dedidi nobîs , & vitam & fpiritum non amit- „ tamus. Tu enim Paftor , Tu Medicus, Tu Gu- 5, bernator , Tu Cultor ; Tu denique a/ter Deiu ,, tn terris ". G'eft- à- dire. Faites (jue nous ne per- dions point le fa fut y ni la vie ni l'e/prit, cfue xom nous avez donné ^ car vous êtes le PaJJeur, vous êtes le Médecin , vous êtes le Pilote ^ vous êtes le Confervateur: vous êtesenjîn un autre Dieu en terre. Dans la Seflion 6, unPrelats'addrefleà Léon-i faifant nllufionàfonnom, & dit (page 281) comme s'il eut parlé, ou à Dieu ou au Fils de Dieu j Ne pleurez, point fille de Sion ; car voici le Lion de la Trihit de Jitda , Leori ia racine de David, le voici que Dieu vous a fujcité pour Sauveur : // vous fauvera de la main de teux qui vous pilloient , QT' il délivrera le peuple de Dieu de la main de ceux qui le pourfuivent. Oui , cV/2 vous Très Saint Léon que nous avons attendu com- me Sauveur a qui nous nous fommes attendus , comme au Libérateur qui devoit venir. C'ejl à vous que nous recourons en gémijfant des ravages que nous avons foufferts & dfis fautes que nous avons comrràfes. Mais ravis de joie dans Vefperance de la viHoire , qui va mettre fin à nos maux. Faites la guerre à ceux qui 720US font la guerre ; Prenez le bouclier Ô" l'épêe^ levez vous pour nous fecourir Qp pour nous défendre. Le Latin vaut afTez la peine d'être copié ; quoique le palTage foit un peu long; d'autant plus que tout le monde n'a pas a portée les vaftes Volumes des Conciles. ,, Ne fleveris £lia Sion , quia ecce venir 5> Léo d« Tribu Juda, Radix Dkvid, Ecce fulci. ,j tayit Juillet, Août et Septemb. 1735. 311 s'en acquita bien. Encre autres remarques qui furent faites, le Procédant n'oublia pas ce ,, tâvit tibi Deus Salvatorem , qui te falvabft de 5, manibus vaftantium , & populum Dei de manu 5, perfequentium liberabit. Te , Léo BeatifTime , 5, Salvatorem expe ce'ebre pour fon éloquent dif- cours dans cette occafion, y donna au l'ape ( p. 39^) \c thrc 6e DivinS Majeflas; & auflitot après, afin qu'on ne fe méprit pas au fens de Divine Majejîé y on voit reparoitre l'oracle touchant Jefus Chrift, comme accompli dans l'empire que le Pape exerce. Certain P. Etienne , Archevêque , débita dans la X. Seflion p. 4.-J.8. un fait rare, fans doute; c'eft que Conflantin , pour faire hommage a Silvejire ^ adora Jefui Chriji le Roi fiipreme dans la perfonne de fon Vicaire „ Chriftum regem magnum in fuo ,, Vicario per obedientiam adoravit ". On n'efl pas après cela bien furpris de voir dans la page fuivante , que St. Bernard^ regardant fa Sainteté comme fuperieure à toutes les PuifTances terreftres X 3 & 312 Bibliothèque Britannique, ce qui fe dit communément , que le pain eft appelle pain par trois fois après la con- fécracion , dans le récit que fait St. Paul de i'inftitution de la Cène. Mais de ce qu'une choie porte le nom qu'elle a eu a- vant que d'être changée, il ne s'enfuit pas , félon le Catholique Romain , qu'elle n'ait point en effet été changée, Veau qui fut changée en ^77z, eft appeilée de Veau après ce changement fi connu : On n'en conclura pas que ce changement n'eut pas été fait. Mr. Hunt répondit à cela , que c'étoit de l'eau avant qu'elle eut été chan- gée en vin : Et qu'après l'avoir été elle eut le goût & l'odeur du vin, peut-être auflî fa couleur. Deforte que le changement étoit réel, & parut tel à tous les fens des perfon- res qui en burent ; ce qui ne fe peut pas dire du pain confacré. Le & céleftes , eut écrit au Pape Eugène Toute puif- famé vous a été donnée j ,, Tibi data eft omnis Po- 5, teftas ". Mais encore s'étonne-ton que le Pa- triarche des Maronites écrivit à Léon en Concile , qu'il aàore (p. 374-.) & baife avec tout fon peu- ple, le vifage en terre, & les genoux ploiez,le3 très Saints pieds de fa Sainteté ; très mortifié de ne pouvoir pas le faire de corps, comme il le fait d'efprit. Voila le Dogme & le Culte , la Théorie & U Pratique. Principe & conlèqueiice, tout eft lié & fuivi. Que l'on ne reproche plus à Rome certaines conrarietez étonnantes. Ici du moins tout eft uni- forme. Juillet, Août et Septemtî. 1735. 313 Le Prêcre allégua de plus que la vergf d'Aron eft expreliemenn appellée une ver- ge après avoir été changée en Serpent. Mr. Hune ne fe preiïlint pas de répondre , Ton Antagonifte prit un air de triomphe. Mais Mr. Cbandkr fe leva ; ce que le Prêcre voiant, i! dit qu'il ne vouloic pas avoir fen; adverfaires à -la fois. Non, dit le Docteur, vous n'aurez à faire qu'à lui ; Je fumerai ma pipe : & il fe tut. iMr. Chandlcr pofa pour principe , qu'il y avoit des chofes que Dieu ne pouvoit pas faire. Le Prêtre fe recria que c'étoit limi- ter la Toute-puijfance. " Il ne fut pas diffici- 3, le de lui répondre. On ajouta que dans 5, le V. T. Dieu même dit ceci eji la Pdque ^ ,, parlant de ce qui en étoit le mémorial: 3, Et dans le même fens Jefus Chrilt , qui 35 étoit Dieu, dit, ceci eft mon corps. " Sur ce que le Prêtre preflbit les paUIiges qui parlent de recevoir indignemeiit , ou de ne pas difcerner le corps ^ le fang du Seigneur ; Mr. Chandler répondit par un paflage de l'Epitre aux Hébreux Qa) qui parle de fouler aux pies le fils de Dieu , cP de tenir pour cbofs profane le fang de V Alliance. Ce qui doic necelTairement s'entendre au figuré. Il ne paroit pas qu'il y ait eu de répli- que à cela: mais à l'occafion de ce qu'avoic dit Mr. Chandler des délbrdres qui s'étoienc gliflez à Corinthe dans la célébration de la (^?) Chap, X. 20. X4 314 Bibliothèque Britannique, la Ste. Cène, C^) ^^ Prêtre prétendit que ce défordre n'avoit de rapport qu'aux Agapes qui précedoient la célébration de l'Eucha- riftic; & Mr. Chandler foutint qu'elles fui- voienc toujours cette célébration , comme le prouve le témoignage des Pérès. Enfin il demanda au Prêtre , „ Si le 5, corps que J. C. donna à Tes difciples étoit ^, le corps même qui avoit été attaché fur 5, la croix? Et s'il étoit poflible qu'un mê- 3, me corps fut au même inftant en deux 5, lieux '^ ? On lui repondit que „ comme, „ félon St. Paul , (/?) il y a un corps natu- „ rel ^ un corps fpirituel, rien n'empêche „ de fuppofer qu'un corps fpirituel ne puif- 5, fe être en deux lieux à la fois ". Eh bien repartit Mr. Chandler , ,, dites nous fi le 5, corps qui a été crucifié étoit le corps na- 5, turel , ou le fpirituel ". Là-deflus le Prêtre s'embaraiïa, & puis répondit que c'é- toit un corps réel. Réel! dit Mr. Chandler, 5, ce n'eft pas dequoi il s'agit : mais de ré- ^, pondre précifement à ma queftion, ou ,, de fe rendre ". Le Prêtre demanda , qu'on lui permit de fumer fa pipe : Et quel- qu'un le pria de VaWomer fans figure. lien rit , & la compagnie fe prit à rire avec lui: Tout fe paHafort civilement. Quelques jours après les Proteftans fe ren- (a) Voiez Première Ep. de S. Paul aux Cor. ch. XI. 17. &c. (h) Ubi fup. XV. 4.4. Juillet , Août et Septemb. 1735. 315 rendirent oii il femble qu'on éroit convenu de fe voir: mais ces aucres Kieflieurs en- volèrent infinuer, qu'ils ne croioient pas devoir continuer la difpure fur le même pied. A la première conférence fe trouvè- rent environ vingt perfonnes , cempl-j remarquable dans une Chartre ds la Bibliothèque Cottoniene , qu'on donne pour la Chartre de la fondation de l'A^bbaye de 334 Bibliothèque Britannique. deFcterborough : elle e[t datée de l'an 664; cepcDdanc fi on en examine l'écriLure , on verra facilement qu'elle a écé écrite après le tems de Guillaume le Conquérant, ôc il y a apparence qu'elle a été fabriquée pour fauver les terres de cette Abbaye. Dans le même volume, cette Chartre eit fuivie d'u- TiQ Donation du Roi Edgar à rx-\bbaye de Perfor , l'an 972 : mais il n'y a point de croiK au devant des noms des témoins , quoiqu'après les noms de quatre de ces témoins , on ait marqué qu'ils ont figné à. y ont joint une croix ; d'oîj nous pou- vons vraifemblablememt conclure que cette Chartre n'étoit queprojettée, & qu'elle n'a jamais été mife en bonne & due forme. On l'a accompagnée d'une Lettre de Godefroy , Archidiacre de Worcefter, au Pape A. ou l'on déclare qu'il y avoit trois Sceaux , un du Roi Edgard, un autre de St. Dunltan , & un troifiëme d'Alfere Duc des Mercien^ Le Rcgître de- l'Egiife de Cantorbery nous aprcnd qu'un Godefroy fut fait Archidiacre de Worcefter l'an 1148 , & qu'il mourut en ii<57. Ainfi le Pape A. à qui cette Lettre eltâdreilée, doit être x^drien IV, qui fut créé Pape en 1154, & qui s'appelîoit aupa- ravant Nicolas Breakspear, o: étoit Anglois. 11 n'y a pas lieu de douter que cette Char- tre n'ait été écrite l'an 972 : mais il y a de fortes raifons pour croire qu'environ 230 ans après qu'elle fut écrite, cet Archi- diacre Juillet, Août, et Septemb. 1735. 355 diacre avaoça une faufTeté. Il voyoic que l'ufage des Sceaux étoic établi de fon tems, & il s'imagina fauflement qu'on s'en fervoic du tems d'Edgar. La Chartre même ne fait pas mention des Sceaux, comme cela fe faifoit lorfqu'on vint à s'en fervir. Si les Sceaux y écoienc , dit Mr. Cafley , pour- quoi eft-ce que Godefroy ne les montroic pas au Pape, & à ceux qui difputoient le titre des terres nommées dans la Chartre? Pourquoi vouloir qu'une affaire de fait , & de fi grande confequence fut crue fur ton iimple témoignage, lorlqu'clle pouvoit être prouvée évidemment fi elle étoit vraie ? On peut donc regarder cela, dit il, comme une autre fourberie monacale. Et qu'on ns vienne pas, ajoute-t-il, alléguer le témoi- gnage de cet homme, pour nous faire croi- re qu'on fe fervoit de Sceaux avant Edouard le Confefleur : ce feroic une miferabîe preuve. Il y a dans la Bibliothèque Cotto- nienc quatre Chartres du Roi Edgar , & quatre d'Edouard le Confefleur, qui n'ont point de Sceaux, & qui font pourtant Ori- ginales. Le paflage de St. Jérôme que nous avons indiqué , donne lieu à Mr. Cafley de faire une remarque très curieufe. Qu'on acheté fi l'on veut, dit ce Père, d'anciens livres é- crits fur du Velin couleur ce pourpre, en lettres d'Or & d'Argent, ou en lettres qu'on apelle communément uncialcs, & qui font plutôt des fardeaux que des livres ; pour- vu 33^ Bibliothèque Brita nniquit, vu qu'on me permette à moi 6l à mes amis d'avoir des Manufcrits en petit Caradlere^ & qui fuient plus recommandables par Te- xadicude de la correélion que par leur ma- gnificence. Habeant qui volunt leteres libros ^ vel in memhranis purpureis Auro Argentoque defcriptos , vel u n ci a l i b u s , ut Hjulgo aiunt^ L 1 T E R 1 s , onera viagis exarata qiiam Codi- ces ; dwnmodo mlhi meifqiie permlttant paupe- res habere Scbe Juins , 6f non tam piilchros Cudi- ces quam emenàatos. C'eil ainti que l'on im- prime ou qu'on cite toujours ce paflage ; mais au lieu de ces mots uncialibus îiteriSy les lettres unciales , ou d'un pouce , Mr. Calley croit qu'il faut lire initialibus liîeris y des lettres initiales , & jî fe fonde fur l'auto- rité de plufieurs Manufcrits, & fur la maniè- re ulîtée de lire de tels mots ambigus, qui eft de chDilir la leçon qui s'accorde le mieux avec le bon fens (a). „ On cora- 5, prend d'abord , dit Mr. Cafley, que par 3, initialibus literis il faut entenare les let- ^, très qu'on a cou:ume de mettre au commen- 5, cément des Livres , des Ciiapitres , ou des 5, Paragraphesjles quelles on apelle Capitales; 3, &fi un livre étoit tout écrit de ces lettres- 3, là , ce feroit véritablement un fardeau 55 plutôt qu'un livre, comme le remarque ,, St. Jérôme. Et nous avons encore au- 3, jourd'hui de vieâx Livres de cette efpé- 5, ce. Mais que faire de ces literœ unciales ^ 5, ces U) Voiez ci-delTus pag. jif* Juillet, Août et Septemb. ly]^. 337 ces lettres longues d'un pouce ? Od a-c-oQ trouvé que les Anciens écri voient dfs li- vres d'un fi monlh'ueux caradere? Et (i on en a écrit de tels, d'où vient qu'il n'en refte pas la moindre trace '' ? Mais dira-t-on , cette addition de St. Jérôme, 2it vulgo aimit , comme on parîe ordinaire- ment , ne convient pas (i bien à i?i.tialibus qu'à uncialibus. M. Cafley avoue que piuà un terme elt impropre, quoique fout^ert par l'ufage, plus il a befoin de ctt adcucifiemcnt: cependantque fi un livre entier écoit écrit en plus grofles lettres qu'à l'ordinaire, &;qu'e'les fuiïent apel'ées literœ initiales , l'adoucifie- ment ut vulgo aiunt ne feroic pas inutile : ce qui fuffit, dit il, pour juflifier ma rerrrirque. Ce paflage de St. Jérôme, ajoute Air. Cafley, a été la fource de plulieurs erreurs: car outre qu'il a produit les literœ unciales^ qui ont pafle à la montre perdant (i long- tems; on y a aufli trouvé les litej'cs mir.uîœ, les petites lettres, ou le miCnu caractère. On a prétendu que par liîerœ initiales ( ou U7iciales fi l'on veut), il falloit entendre les lettres Capitales par oppofit'on aux petites lettres ou menu carcdtere, donc on a fuppo- fé que les pauperes fcbeduh étoient écrites; & on s'ell: imaginé qu'elles d ifcro'Lnt com- me la grofle & la petite lettre différent au- jourd'hui : mais ceux qui font verfez dans les Manufcrits & dans les infcriptions du tems de St. Jérôme, f^vent que le menu caradere n'avoic pas encore été inven- té. 338 Bibliothèque Britannique, té 5 & qu'on ne fe fervoit que de lettres Capi- tales. Et en effet, tous les anciens livres & toutes les Infcriptions de ce tems-là , qui BOUS relient, font en lettres Capitales, & on ne fauroit donner un leul exemple du contraire. Cela fe peut auifi prouver par le témoignage des anciens Auteurs. Pline, Tacite , & Prifcien remarquent que les anciennes lettres des Grecs étoient faites à peu près comme celles des Romains, qui les avoicDtprjfes des Grecs (a). Or il paroit vifiblement qu'il s'agit ici des lettres Capita- les , qui ont encore beaucoup de reilem- blance, au lieu que le petit caractère Grec eft li différent du Latin , que la remarque de ces Auteurs ne fauroit lui convenir. Lip- fe parlant des lettres Latines dit que le me- nu caraâiere n'étoitpas connu des Romains, Nam hce minutœ (literas) igîiotœ olim (Z?). St. Jérôme n'a donc pu entendre par literce initiales que les plus groffes Capitales: car {es pauperes fcbedulcB étoient aufli écrites en Capitales, mais plus petites, & qui ne dif- fevoient des autres que par leur grandeur. Quoi- {a) Veteres Grœcas fuijfe eafdem pœne , quœ nunc Junt Latinœ. Plinius, Lib. VII. Cap. 5-8. Formœ Literis Lcitinis , quœ vèterrimls Grœcorum. Tacitus j\nnaî. Lib. XI. yîpiid antiquijfunos Grœcorum non plus quavi fedtcim erant Literœ; cjuibus ab illis ac- ceptis, Laîini Ântiqultatem fervaijerimt perpetuam. Prifcian. Lib. I. (^) De pronunt. Ling. Lat. Cap. 8. Juillet, Août et Septemr. 1735. 339 Quoique le Manufcrit AleîCandrin foie touc écrie en Capitales , ces Capitales font néan- moins beaucoup plus petites que ceiies d'un Manufcrit Grec de la Bibliothèque Cotonie- ne qui contenoit les Evangiles, & donc il ne relte que quatre feuillets: toutes les let- tres de ce fragment font de la même gran- deur que les lettres initiales de chaque pa- ragraphe du Manufcrit Alexandrin. Mr. Caf- ley nous donne un échantillon de l'un &: de l'autre. Mais, dira-t on, il n'eft pas facile d'écri- re beaucoup , ni d'écrire vite en fe fervant de ce gros caractère; quelle apparence y a-t-il donc que les Anciens qui ont écrie tant de volumes, ayent voulu s'en fervir : n'ont ils pas dû trouver une manière d'écri- re plus prompte & plus expeditive,fur touc pour les affaires ordinaires? Cette objedtion fuppofe qu'ils fe fervoienc de la même an- cre , & des mêmes plumes donc nous nous fervons aujourd'hui. Mr. Cafley répond que quand on a fait une découverte extrême- ment utile tout le monde s'étonne qu'elle n'ait pas été faite plutôt. On peut dire a- vec autant de raifon, ajoute-t-il , que l'Im- primerie , & la plupart des autres décou- vertes utiles doivent avoir été faites plûtôc qu'on ne dit ; mais cela ne prouve pas que les chofes foient ainfi. D'ailleurs, les An- ciens avoient une manière prompte de dé- figner le<; choses par des hiéroglyphes, & Tmie î\ Part. IL Z par 34Ô Bibliothèque Britannique, par des abréviations: l'Iliade a tenu dans une coquille de noix. Les fautes des Copiftes ont donné lieu à plufieurs opinions qui toutes ridicules qu'elles font en elles-mêmes, n'ont pas laif- fé d'être généralement fuivies. Nous ve- nons d'en voir un exemple, & Mr. Cafley en donne un autre qui lui a été communiqué en Converfaition par le célèbre Dofteur Bentley. Voici ce que c'eil:. St. Auguftin dans fon Livre de la Doctrine Chrétienne, parlant des Verfions de l'Ecriture , dit dans toutes les éditions de cet Ouvrage, qu'à l'égard des Verfions Latines du Nouveau Teflament , V Italique doit être préférée à toutes les autres, parce qu'elle eft plus lite- rale, & qu'elle exprime le fens avec beau- coup de clarté; & il ajoute qu'il faut fe fer- vir des exemplaires Grecs pour corriger les Latins qui en auront befoin : In ipfis aiitem interpretationihus I t a l a ceteris prœferatur : i^AM efi verborum tenacior cum perfpicuitate fententiœ. Et Latinis quibuslibet emendandis Grœci adbibeanîur cfc. (a). Mais Mr. Bent- ley lit illa au lieu d'Itala , & quœ au lieu de nam : illa ceteris prœferatur q u ^ ejî verbo- rum tenacior : ,, il faut préférer celle qui eft 5, plus iiterale ". C'eft fans doute ainfi qu'il faut {a) Aiiguffl. de DoStrina Cbyifîiam, Lib.ILCap. XV. félon l'édition des Benediclit'S qui ont mis en marge Comr.i^ndatur Itala -'jerfio Latiiia. JciLLET, Août et Septemb. 1735. 341 faut lire, dic Mr. Cafley, ou quelque chofe de lemblable. Car fi du cems de St. Auguftin il y avoit eu une Verfion , diltinguée par le nom d'Italique , à laquelle il donnoit la pré- férence parce qu'elle reprcfentoit exadte- temenc les termes de l'Original ; d'oti vient qu'il ne l'a nommée que cette feule fois, & en fe fervant du terme poccique Itala au lieu d''ItJ.lica ? D'où vient que les autres Pères Latins n'en ont pas dit un mot ? D'oi-i vient que St. Jérôme en particulier ne l'a jamais nommée , lui qui a traité ce fujet dans plufieurs de Tes Ouvrages , & fur tout dans fa Préface fur le Nouveau Tefta- ment, où il dit que le Pape Damafe lui avoit ordonné de comparer les Verfions Latines avec le Grec , & d'en faire une qui fut Autentique ; ou dans fon Epitre à Pam- machius , fur la meilleure manière de tra- duire ? Mr. Cafley ajoute que dans un Manuf- crit de la Bibliothèque Bodleienne qui a 800. ou^900. ans d'Antiquité, il y a ita .^' tœîeris prœferatur : nam : & dans un autre qui eft à peu près du même tems^ily a iîa'^^ cœîeris prœferatur nam; e ,, dit dans une de fes Lettres qu'une note 55 qu'il avoit lui-même écrite à la marge de 5, fon Pfautier, avoit été incorporée dans 55 le texte par quelque Copifte. Le Dr. 5, Bentley dans la Lettre qu'il a joint à la 55 Chronique de Malala , a prouvé que ces 5, Mots du quatrième Chapitre de l'Epitre 3j aux Galates, verfet 25. , Sina efi une 3) Montagne d'Arabie, ont été fourrez dans 5î le texte, de la même- manière. Ainli b> cette inferrion des trois témoins , a pu ,. fub- Juillet, Août et Septeme. 1735. 345 5, fubfifter longtems, & lorfqu'on s'aperçut 5, qu'elle étoic dans cet exemplaire , & 5, peut-être dans d'autres copiés fur celui- „ là, on a bien pu croire dans ces fiecles „ barbares qu'elle faifoit partie du texte, „ & s'imaginer qu'elle avoit été omlfe par 5, mégarde, ou même à defTein, dans les „ exemplaires où elle manquoit. 3> Après cela , continue Mr. CaHey , il étoic naturel qu'on fabriquât la Pre^^ace des Epitres Catholiques , où l'on fe plaint de l'infidélité des Traducteurs qui avoient omis ce paflage. Nous avons trouvé, dit l'Auteur de cette Préface , qu'ils fe font fort éloignés de la véritable foi en ne parlant dans leur édition que de l'Eau, du Sang, & de l'Efprit ; & omettant le témoignage du Père, du Fils, &: de l'EP prit: ab infidelibus Tranjlatoribus inultmn erratum ejje à fidei z-eritate comperimus ; îrium tantummodo vocabula , boc eft Aquœ , Qj Sanguis âf Spiritus ^in ipfa fua editione ^, p07ieîitibus , ^ Patris (^erbiqiie çj Spiritus teflimonium omittmtibus (a). Cependant „ il >> {a) \Jr[ favant Critique après avoir remarque qu'on a falfifîé plufieurs piiïages des Pcres pour les rendre orthodoxes, & en avoir donné des exem- ples , ajoute que la Préface des Epitres Canoniques a aufu été faulTement atribuée à ^x. jerome, com- me Erafme, Vidtorius, les PP. Benèdiftins. Mr. Simon & le Dodeur Mill l'ont reconnu. " Deni- 5, que & pius fcilicet impoftor aliquis feculi cir- Z 4 î, citer 34<5 Bibliothèque Britannique, ,5 il eft très certain que ce Verfet ne fe 5, trouve dans aucun ManufcritGrec de cet- „ te Epicre; & ni l\-\uceur de la Préface, „ ni aucun de Tes Amis à la prière ne l'a „ cherché dans aucun exemplaire Grec. 11 ,. eft même aflez vraifemblable qu'ils n'é- „ toienc pas capables de la faire, le pro- verbe „ citer noni , ementitus Hierotiymi norren Epi- ,; fiolis Canouicis prologum pr^fîxit, locumque ,, I. Jo. V. 7. Latinse Verfioni, ut iplemet fate- 3, tur, primus inferuit; facile quidem videre fc ,, prsefatus, fore qui ipfum faifanum coirupto- 5, remque Sanélarum pronunciarent Scripturarum , ,j quam criminationcm ut a fe amovcret , aliii ean- „ dem intentavit de iiîo prscipue loco, ubi de ,, unitatc Trinitatis in Prima Joannis Epiftola po- 5, fitum legimus. /n qua etiam ah infidelibus tran- 5, Jîatoribiis multum erratum ejje a fidei vet'itat& y^ comperimus , trium tantimimodà vocabula h. e. „ Aquae, Sanguinls & Spirirus in ipfa Jua editione ,, pênentibiiSt ^ Patris Verbique ac Spirifus TeftU 5, monium omittentibus ; in quo maxime ^ fides ,5 Catholica rohoratur ^ cîf Pcitris ac Filii ^ Sp'.ritus 3, S-nicli uni, divinitatis fubjlantia comprohatur. ,5 Qui prologus, licet plurimos Codices N. T. ,, Latinos invaferft, nufquam tamen inter genuina ,, liieronymi opéra comparuit , fed ab Erafmo , a „ Mariano Vidorio , a Benedidinis, poftea etiam 5, a Simonio atque Millio jure rejeéVus & fpuriis 5, annumeratus cft ". Proles^omena in No'ci Tefta- mcnti Grœci edhionem accuratijjlmard, ê vetuftiffi- ms Coda. MSS. de-iiio procurandam , &c. pag. J90, Juillet, Août, et Septemr. 1735. 347 „ verbe Grçecum ejl non potefi legi , aiant 3, parciculierement lieu dans ce tems-là. Cette Préface des Epitres Catholiques fut caufe qu'on inféra ce paflage dans les exemplaires qui ne l'avoienc point , & il s'en trouve encore plufieurs de ceux ci. Il y en a un dans la Bibliothèque Royale, oii ce palTage eft écrit d'une autre main, 6: on l'a place après le huitième verfet , parce qu'il y avoit l'efpace d'une demie ligne en blanc à la fin du paragraphe : Et plufieurs îvlanufcrits modernes ont les témoins du Ciel placez après ceux de la terre , aianc été copiés fur un Manufcrit femblable à ce- lui-ci. Cependant ce même exemplaire de la Bibliothèque Royale a la Préface éerite de la mê.ne main que le Corps du Livre , à. cela dans un fi mauvais Latin , qu'il fem- ble venir originairement de l'Auteur. On l'a enfuite corrigé, comme cela paroitra en comparant ce paif^ge tel qu'il fe trouve dans le Manufcrit de la Bibliothèque Royale , avec la manière dont nous venons de le rapporter d'après les imprimez. Ce Ma- nufcrit, qui a plus de 800. ans d'Antiqui- té, contient toute la Bible en Latin. Mr. Caflev en donne une notice fort exacte dans fon Catalo2;ue , & comme il y explique plus au long ce que nous venons de dire touchant le palTage en quedion , nous croyons qu'on ne fera pas fâché de trouver ici ce morceau , qui donnera en même tems Z 5 une 348 Bibliothèque Britannique, une idée de la méthode de Mr. Cafley. ,, Uxc Biblia Latina, plus 800. abhinc 5, annos manu Italica fcripta , omnium quse ^, in Anglia habentur, funt antiquiflima ; fi ,, excipias unum exemplar nuper ad Bi- jj bliochecam Harleianam acquifitum. Pau- 5, ca qujîij- eraditur, 5, in cujus locum fcribitur in îra JpT: & re- 3, liquum additamencum partim inter Lineas, 3, partim in Margine fcribitur. Prologus 3, nihiiominus Epillolarum Catholicarum , „ antiqna manu in hoc Codice fcribitur: 3, ubi Aucor -fidlitius, ( Hieronymi enim 3, fuiiTe vix credendum eft } querens de in- 3j fidelitate Interpretum , lie pergit, Jllo 55 pTŒcipue Icco , îibi de uniîaîç Trimtatis ^ in „ prima Juillet, Août et Septemr. 1735. 349 „ prma Jobannis Epijiola , pojitum îegimus ; ,, In qua eîiam ah infidelibm TranJIaturibiis 5, multum erratum ejje , Fidei veriîaîe compe- ,, rimusj trium taïUipnmodo vocabula, hoc ejl ^ „ Aqu(2^ Sanguinis ^ Spiritus ^ in ipfa fua 5, editione ponentes ; &^ Patris F'erbiqiie àf Spi- ,, ritiis teltimo7îium omittentes. Ec oblervcicu ,, dignum eft, quod teflimoniurti in CœIo ^ in ,5 hoc Codice poftponitur teftii^ionio in Terra ,, quia ad finem Paragraphi Ipan'um erat 55 relidums in quo pars Claufulas teftim-mii ,, in Cœlû fcribenda erat. Ali qui en a m re- ,, centiores Codiccs eodem ordine habenc ,, haec Teftimonia, ex hujufmodi fcilicec Co- 55 dicibus defcripti. On demandera peut-être, dit Mr. Cafley, comment il efl arrivé que le paflage ces trois Témoins ne fe trouve pas dans l'ex- emplaire qui contient la Préface où l'on fe plamt de la fupreflîon de ce même paflage? Pour repondre à cette queflion , il remar- que qu'il y avoit fort peu de gens dans ce tems là qui euflent tout le Nouveau Tef- tament , ôc encore moins qui euflent le Vieux & le Nouveau dans un feul volume & écries de la même main, comme ils le font dans cet exemplaire. Les quatre Evangiles fai- foient ordinairement un volume , les Epitres de St. Paul un autre (!S:c. Or on comprend aifément que quelcuo qui fouhaitoit d'avoir tous les livres du Vieux & du Nouveau Tef- tamentdans un fcal volume, & écrits de la même main, les a pia donner par parties à 350 Bibliothèque Britannique, lin Copiftc, 6: lu charger d'inférer cecte Pré- face à la place : mais que ne trouvant nas ce verlct dans l'exemplaire des Epicres Catho- Jiques qu'il copia, il n'avoic pas pu l'y nietrre. C'efl: une chofe afTez plaifante de voir l'Auteur de cecte Préface le plaindre grave- ment de l'infidélité des Traducteurs, lui qui lelon toutes les apperences n'étoit pas ca- pable de confulter l'Original. Car, comme ie remarque fort bien Mr. Cafley , longtems avant ck longtems après la compofition de 4:ette Préface , il n'y avoit prefque aucun Pcre de l'Eglife Latine qui entendit le Grec, comme cela paruit par leurs Ouvrages & .par l'Hiftoire de ce tcms-là. Le Vénérable Bede, un des plus favans hommes de Ion tems, ne l'entendoit pas, comme on le peut conclure de ce que dans fes Commen- taires fur le Nouve3u Teltament il ne cite jamais le Texte Grec, cc de ce qu'y ayant tout lieu de croire qu'il avoit en main le même exemplaire Grec & Latin des Ac- tes des Apôtres qui fe trouve aujourd'hui dans la Bibliothèque Bodieienne, li ne s'at- tache qu'à la Vcrfion Latine. M. Cafjey ajoute que (i on compare le Latin de la Vul- gatc avec le Grec, on trouvera qu'ils d'ffe- rent en piufieurs endroits , fans compter CLiui de la première Epitrc de St. Jean, <î.\: que cette différence ne peut venir que d'une igno- rance prefque univerfclle de la Langue Gre- que. Par exemple dans le fixiémc vcrfetdu Chapitre Juillet, Août et Septemc. 1735. 351 Chapitre cinquième de cette memeEpitre, Cejt es Je/lis Cbrift qui ejl venu avec Veau a* avec le fang ; non feulement avec le.iu , mais avec l'eau (^ avec le fang : êf C'efl^ le/prit qui en rend témoignage ^ car l'efprit eft la vérité^ ces derniers mots Vefpritejïlav:rité ^ retrouvent dans tous les exemplaires Grecs, & le fens fait voir que c'ell la véritable leçon : ce- pendant tous les exemplaires Latins que nous avons, tant manufcrits qu'impriinez, ont, car Chritl e(t la vérité, quoniam Cbriftus ejî ve- ritas. Wiclef dans la traduction Angîoife du Nouveau Teilament eft ici conforme à la Vulgate, ce qui montre qu'il l'a faite Tui- le Latin, & qu'il ne l'a pas comparée, ou n'a pas pu la comparer avec le Grec. Si les Pores Latins avoient été capables de lire le Nouveau Teftament Grec,'n'au- roient ils pas remarqué des fautes aulli grof- lieres que celle-là , & s'ils les avoient re- marquées, n'en auroient ils pas parlé? Mr. Cafley ajoute que cela a nuifi pu venir en partie de la Vénération fuperftitieufe qu'où avoit pour la V^ulgate, & de la perfuafion générale où l'on étoit qu'elle s'étoit mira- culeufemenc confervée exempte de fautes (comme on a cru que les 70. Juifs qui tra- vailloient dans différentes Cellules à la Ver- fion Greque du Vieux Teftament fe font miraculeufement rencontrez dans les mê- mes expreiiior;*;) ; de forte que le p'jtic nombre de ceux qui entendo'cn: un peu de Grec , ou ne fe font jamais avifei de cher- cher ^^1 Bibliothèque Britannique ^ cher des fautes dans la Verfion Latine , ne foupçonnant pas qu'il y en eut ,* ou s'ils y en ont trouvé, ils n'ont pas été aOez har- dis pour le dire, dans ces tems où l'igno- rance, la fuperriition , & par confequent le zèle perfecuteur dominoit. Quoi qu'il en foit, ces fortes de fautes ont fubfiité «plu- fieurs fîecles. Il eft facile de comprendre comment cel. le que nous venons de marquer a pu ve- nir : Car quoi que les mots Spiritus & Cbrljîits différent beaucoup lorfqu'ils font écrits ou imprimez tout au long , cepen- dant dans les Anciens Manufcrits ils ne dif- férent que d'une feule lettre , le premier étant toujours écrit sps" & le dernier xps, c'elt à dire, %p;, qui efl: l'abréviation de z;^t^oÇ' Car dans les Manufcrits Latins on retient toujours les lettres Greques du mot Cbriftus, auffi bien que celles du mot Je/us; mais les terminaifons font changées félon le génie de la Langue Latine. Je/us efl écrit IHS, ou_en petit caradcre lïïs ; &.c'e(l le Grec iH^y ou /vjç, abréviation de /V7;. Cependant les Copiftes ont ignoré cela du- rant l'efpace de mille ans avant l'invention de l'Imprimerie , car s'ils Pavoient fû ils n'auroient pas écrit îhs pour Iv/ts; ; mais comme de véritables ignorans ils copioient les uns après les autres les lettres qu'on a- voit mifes pour defigner ces deux mots : 6: enfin ils ont trouvé jefns Hominum Salv.i- ter Juillet , Août et Septemc. 1735. 353 îor dans cette abréviation IHS, ce qui fait encore mieux voir qu'il croyoient que la lettre du milieu étoic un b ù. non pas un y,' Ils ont auffi changé le trait qui eft au defTus du mot, & qui efl: une mar- que d'abréviation , & en ont fait une Croix làs. Mais quoique ces Mots Jefiis Chrifîus foient toujours abrégés dans les Manulcrits Latins de la manière qu'on vient de dire , cependant les Manufcrits Grecs (dont on pourroit croire que les Latins ont imité les abréviations J ne retiennent que la premiè- re & la dernière lettre de ces Mots, ainfî i7 %c. De mem.e , le mot àx^i^ n'a dans les Manufcrits Grecs que la première & la dernière lettre 'ùJs , delbrte qu'il eft très difficile , pour ne pas dire impoifible , de favoir aujourd'hui comment les Grecs écri- voient ce mot. Mr. Caflcy ajoute que la difficulté eft encore plus grande à l'égard de plufieurs mots Hébreux que les Maïoretes ont corrompus , difant Xerxes , Ahafuerus ^ Nebuchodonofor , Nahuchadnezzar. Le m.ot Jebova^ dit il, étoit inconnu avant Luther: les Auteurs Payens difent Jao. Voila les principales abfervations que Mr. Cafley à faites dans fa Préface. Il donne enfuite avec fon exaclicude ordinaire le Ca- talogue des Manufcrits de la Bibliothèque Royale. Nos Lecteurs feroient fans doute bien 354 Bibliothèque Britannique, bien aifes de connoitre quelques uns des principaux Manufcrits de cette Bibliothè- que, mais nous ne faurions entrer dans ce détail fans groflir deméfurement cet Extrait. Ce fera pour une autre fois. Cependant nous avons cru que l'on verroit avec plai- fir un exemple des carafteres dont on fe fer- voit dans le IV. Siècle, pris du fameux Ma- nufcrit Alexandrin , Manufcrit fi eftimable que Mr. Le Clerc déclare (a) que fi on lavoit publié , tel qu'il eft , il Vauroit fuivl dans fa Traduction Françoife du Nouveau Tedament , comme le plus ancien exemplaire qui nous foit connu. Nous donnons cet exemple d'après la planche que Mr. Cafley a fait graver , laquelle contient les neufs premiers Vcriers du Cinquième Chapitre de la première Epitre de vSt. Jean; & en fa- veur de ceux qui ne font pas accoutumez à l'écriture de ce tems-là , nous mettrons ici les mêmes Verfets dans le Caraftere Grec ordinaire , comme a fait Mr. Cafley dans fon Catalogue. Nous y joindrons une Tra- duction Françoife conforme au Manufcric Alexandrin. I Epitre de St. Jean Chapitre V, vers. 1--9, Selon le Manufcrit d Alexandrie. {a) Dans la Préface de fu Tiftducî-ion du Nouveau Tcftament. { O^jcCalùXiifid.IJoh V^i—j?. ox'cei<~rovevrereN «^ m'txi kxi T-rxCOxnxT-ncor-iTONr'e »vi r-4 hCa. 1^ O 1-^ e^MTOV 6»^^<^YT'COni Mco c K o NI e 1^ crr' -^ nxxTCD Ni e t-v-r Arr^e K NJ AM-O\'0Y'O Tnvr-i^pi^ e*!^ A.r^ T-rciJNI e NI ICA.1 T3.C e NJ^OAX CA.V T^OYT'H pCON^e NilCXIXieNIT^OAXl^ A.VTOVR^p«^'OvK€lCl NJOTiTT^^ 'ToneneNi fNi MNieNioNieicroY^Y KOC «^O NI HT~ri CT'i CuNiOOrvi • ^lOeCr-i MOrj iKCO NiTO NI K^CNicT" ei Ni HOTTicTie vcoNio^ri i cecn'" o vrocTovoy o VT"o cecT-i ni Oe X- O Ctp r-iA^ I y A. ATT-O C l-*^ A. I X I NiXroc KArn INI CiC>TOKoLÇ àuT», TV^pWjXfV' YMl Ul évTOKcil (XVT8 (hdfilCii ii'A slch' ori Ttiv TO yêyêvw^ixÉvov £'a t5 0^5 , v/xà tcv yo^» fJLOV' XUi âvT'/l éçiV Vj vi'AV^ V] Vl'AViTUCrx TOV y.0C(X0Vy v; TTiçiç yfxitiv- ri; éçiv ô viaSiV tov y.oçfxcv , el (mvi 0 Tiçsùoùv GTi iVi^THç èçiv 0 vioç rëùcOv-.èroç éçiv d €h^ù:V J/ vSdTOÇ y.Xi dljl^CCrOÇ KCii %VëV(XaTOÇ iy,(THÇ %p/çÔ;* 8K éV tHç vSxTl iXÔvOV , UXk^ èv Ta vSdTi ycii êv TÔï 'xveùfjiCiTt. ncci to tv^u/xû: éçiv to y^ctç.' TVpSv- OTl TO 'JÇVéXJiXU €ÇIV Vj à'KyfieiCi' OTl TfëlÇ eîa-ivji (jLdpTvpHVTSt;' to Trvsvfxa xxi to v^ccp '^ctl TO ul^' acci oî Tpetç sic to sv êhiv. eî t'/jv pL«p- Tvpiciv Tuv «vôpwTwv huy.^ûi'JO[j.ev , i] (jLcepTvpsix m 6f8 /xf/^wv eçiV oTt aVTvj éçh v) (j^apruplx tu ^£8, OTl jjLe^apTVpyi'iiev 'xept ra [w/à «Ws-j TRADUCTION. Quiconque croie que Jefus eft le Chrifl, eft né de Dieu : & quiconque aime celui qui a engendré , aime auiïi celui qui eft né de lui. Nous connoilTons que nous aimons les enfans de Dieu , quand nous aimons Dieu, & gardons les commandemens ; Cx Tes commandemens ne Ibnc point difficiles, parce .que tout ce qui ell ne de Dieu rem- porte la vidoire fur le monde , & cette vidtoire qui rend victorieux du monde, c'eft norre foi. Qui ell celui qui remporte la Tome F. Fart. IL A a vie- 356 Bibliothèque Britannique, victoire fur le monde, fi non celui qui croie que Jefus eft le fils de Dieu? C'eft ce je- fiis Chrift qui eft venu avec l'eau , avec Iç fang, <^ avec Pefprit ; non pas feulement; avec Teau, mais avec l'eau & avec refprit: & c'eft l'efpric qui en rend témoignage, car refprit eft la Vérité. Car il y en a trois qui rendent témoignage, l'efprit, l'eau, & le fang, & ces trois-là fe rapportent à une même chofe. Si nous recevons le témoigna- ge des hommes , le témoignage de Dieu eft plus grand; & c'eft là le témoignage de Dieu qu'il a rendu de fon fils. A R T I C L E. V I. A Plain Accourt of tbe Nature and End of the Sacrament of the LordVSup- per ; in which ail the Texts in the New Teftament reladng to it are pro- duced and explained , and the whole Doftrine about it , drawn from them alone. To which are added Forms of Prayers. C'eft-à-dire. Explication de h Nature £5? duBut du Sacrament de la Ste. Cène , y de tous les Faffages du N, T. qui y ont du rapport , dejquels feuls on déduit tout ce que ïon doit croire fur ce fujet. On y a ajouté des Formulaires de Prières- A Londres chez Mrs. Knap- ton, 1735. 8^0. pp. 25i. Quoy. Juillet, Août et Septemb. 1735. 357 QUoyque ce Livre foie Anonyme, o,n laie pourtant , qu'il efl: du Docleur Hoadley , cclébre par la Difpute , qu'il eut il y a environ dixhuit ans fur l'Au- torité de l'iiglire (a). H étoic alors £vê- que de Bangor ; quelque tems après il fuC transféré à l'Evéché de Salisbury , & depuis un peu plus d'un an il a été fait Evêque de Winclieller. L'Ouvrage qu'il nous donne à prefent e(t le précis de divers Sermons, qu'il prononça à Londres, lors qu'il y deilervoit une Pa- roifle. Il crût qu'il étoit de fon devoir, d'un côté de bien convaincre Tes Auditeurs, que le feul moyen d'être agréable à Dieu, c'eft d'obferver exactement les préceptes de l'Evangile (è) ; ik de l'autre de les munir contre les vaines frayeurs, & les fuperfti- tions, auxquelles les préceptes pofitifs de la Religion pourroient donner lieu, li on ne les èntendoit pas bien ; c'eft pourquoy il s'eft attaché à les expliquer, en ne prenant pour guide que les déclarations exprefles de Jefus Chrift, 6l de Tes Apôtres: Et comme les faulTes Idées, que les hommes fe font de (a) Mr. de la Roche en a parlé amplement dans Sa Bibl. Angl. T. III. p. 248. &c. & 289. &c. (b) Ces Sermons ont été publiez en Angîois , & Mr. Ricotier les 1 traduit en François, réduits en Traité, fous le Titre de Moyens de ptai^e a Ui.'u fous l'Evangile. A a 2 358 Bibliothèque Britannique, de la Sce. Cène , les rempliflent fouvent de craintes & d'inquiétudes , notre Auteur s'elt crû obligé de redifier ces faufles idées & d'expHquer cette Cérémonie uniquement par rtcrituve Sainte. Il réduit à plufieurs Propofitions , tout ce que les Auteurs Sacrez nous apprennent fur la Ste. Cène. Dans les fix premières il fait voir , que comme c'eft ici un précepte po- fitif, on n'en peut rien connoitre, que ce qui a été clairement révélé. Enfuite il exa- mine dans la feptiéme Propofition tous les Paflages du Nouveau Tedament, ou il eft fait mention de la Ste. Cène (a); & il en conclut dans la huitième Propofition , que „ Le bat, pour lequel Jefus Chrift a inili- „ tué la Ste. Cène, eft, qu'on fe fouvien- ,, ^e de lui : Que le Pain pris & mangé eft 3, le Mémorial de fon Corps rompu , & le Vin, le Mémorial de fon Sang répandu. Ou , fuivant l'Expreftion de S. Paul , qu'il faut manger le Pain & boire le Vin e7î mémoire de Jefus- Chriji , ôc continuer de cé- lébrer cette Cérémonie, jufques à ce que Jefus-Chrift, qui étoit autrefois prefent avec fes Difciples, & qui eft maintenant „ abfent, foit revenu. De la Mr. Hoadley tire une confequen- ce contre la Tranfubftantiation, la Prefen- ce (a) Principalement Mntth. XVI. z6. 6cc. Marc. XIV. 2 2. &c. Luc. XXII. ip. &c. i. Cor. XI. 23. &c. Juillet , Août et Septemb. 1735. 359 ce réelle , & le Sacrifice de la Meffe : Puif- que la Sce. Cène e(t la commcmoracion du Corps (Se du Sang de Jefus Chnft, il faut nccelTairemenc qu'ils Ibient abfens ; car il elt abfurde de fe rappeller la mémoire d'une cho'e préfence. Il n'elt pas moins abfurde de regarder ce Sacrement comme un véri- table Sacrifice ofi:crc par le Précre, puifque luivanc les paroles de rinllicution de la S:e. Cène , elle clï la Commémoration d'un Corps absent rompu pour nous, & non pas l'Ob- lacion d'un Corps prefent. Dans la Propofition neuvième notre Au- teur prouve , que c'eil agir conformément au but de la Ste. Cène, que d'y participer avec un pieux fentiracnt de la Relation dans laquelle on e!t avec Jefus Chrill:, en quali- té de fon Dilciple ; 6c de manger le Pain & bore le Vin en mémoire de lui , comme corporellement abfent. C'efl: fuivant Mr. Hoadley, cette Commémoration de Jefus Chrill abfent, qui eO: le but de l'inflitution de la See. Cène. Mais comme il y a d'au- tres paflages, outre ceux , qu'il a déjà exa- minés, qui ont quelque rapport à cette in- flitution , il examine fous la Propofition dixième le Chapitre X. de la prem.iere E- pitre aux Corinthiens , depuis le 10. Ver- iet, jufqu'au 21. inclulivement : Il en fait une allez longue paraphrafe, qu'il confirme par plufieurs Remarques ; d'où il tire par voye de Confequcnce cette Propofition. „ Les Chrétiens alTeinblez pour le Culte Aa 3 „ Re- 360 Bibliothèque Britannique, ,, Religieux & mangeant le Pain & bûvanc 3, le Vin de la Sce. Cène en mémoire du „ Corps & du Sang de Jefus Chrift , & à 5, fon honneur, le reconnoiflent par là pu- „ bliquement pour leur Maicre,& s'avouent ,, fes Difciples & en faifanc cela dans une 3, Aflemblée , ils déclarent , qu'avec tous ,, les autres Chrétiens ils ne font qu'un 3, Corps , ou qu'une Société fous Jefus ,, Chrift leur Chef; & par confequent ils ,5 font profeiïion de vivre fous fon Gou- 5, vernement , & d'avoir Communion avec 5, lui 5 comme avec leur Chef, 6c avec tous 33 leurs Frères Chrétiens , en qualité de 3, Membres avec eux de ce même Corps, 3, dont Jefus-Chrift eft le Chef. D'où il fuit, que les Chrétiens ne dé- voient pas participer avec les Idolâtres aux repas , qui fe donnoient après les Sacrifices; parce qu'en y participant ils fembloient ap- prouver ces Sacrifices , auiTi bien que les Idoles, à qui ils écoient offerts, & renon- cer en quelque forte à Jefus Chrift. Notre Auteur examme enfuite le Chapi- tre XI. de la première aux Corinthiens, verf. 20-34. & conclut (Prop. XII.) des Reflexions qu'il fait là deflus, ,, Que l'exa- 3, men de fol même ^ dont S. Paul parle dans 3, ce Chapitre , confifle à examiner fon 3, propre cœur, & les difpofitions où l'on 3, eft , afindefavoir, fi l'on vient à la Ste. ,, Cène, & fi l'on a deffein de s'y compor- J5 ter, non pas comme à un repas ordi- ,, naire Juillet, Août, et Septemb. 1735. 361 „ naire, mais comme à une Cérémonie par- 5, ticuliére, établie par Jefus Chriit ; c'eft- 35 à-dire, fi l'on y vient à deflein de manger „ le Pain, & de boire le Vin religieufe- „ ment en mémoire du Seigneur, & de fa „ more. C'eft uniquement, fuivant Mr. Hoadley, de cette Diipoûtion particulière qu'il s'agit dans ces paroles de l'Apotre , que chacun s'éprouve foi-mème , comme il paroit par les defordres , qui donnèrent occafion à ce précepte. Et quoyque l'examen particulier de toute notre Conduite foit très utile, & très necelTaire , pour nous corriger de nos vices ; cependant Mr. Hoadley ne croie point, qu'il s'agiflTe ici de cet Examen, ni qu'il foit d'une nécefiité abfoluc pour parti- ciper à la Ste. Cénc. Et comme le devoir de fe préparer à communier efl uniquement fondé fur le précepte de S. Paul, que nous venons de rapporter, notre Auteur en conclut dans fa XIII. Propofition , que „ La Prépara- „ tion neceflaire & fuffifante pour commu- „ nier confifte à réfléchir tellement fur „ cette Inlhtution de Jefus Chrift, que nous „ approchons de la Tahk Sacrée comme fes ,, véritables difciples , dans l'intention de „ manger & de boire en mémoire de lui „ d'une manière religieufe ; c'eft-à-dire avec „ des Difpofitions & une conduite conve- „ nables au but de cette faincc Cérémo- „ nie ". A a 4 On 362 Bibliothèque Britannique, On peuc comprendre par là, que Mr. l'Evoque de Winchefter reftreinc l'artion de communier dignement ou indignement au tems auquel on participe à la Ste. Cène. Tout homme, qui en communiant le fait d'une manière religieufe, en rappellanc à fon Efprit la mort de JerusChrill, remplit par cela même le but de cette Cérémonie, quelque vicieux", qu'il foit d'ailleurs (a); il e(l vray , que s'il continue dans !e crime, il fera condamné, non pas pour avoir com- munié indignement, ce qu'il ne paroit pas qu'il ait fait , mais pour ces crimes mêmes dans lefquels il perfevére. Notre Auteur remarque , en finiflant fes reflexions fur ce fujet, que maintenant , que les repas de charité font hors d'ufage, 6l veu la maniè- re dont on adminiltre la Ste. Cène dans l'Eglife Anglicane, le Miniftre adreflant la parole à chaque particulier , & l'excitant perfonnellement à manger le Pain & à boi- re le Vin en mémoire de Jefus Chriit , il e(t bien difficile, que l'on communie in- dignement, au moins fi l'on croit fmcère- ment en Jefus Chrifl, & û on le regarde comme fon Maître & fon Juge. Tout cela fait le fujet des trois Proportions fuivantes, favoir les XIV., XV., &XVI. Notre Evêque pafTe enfuite à quelques autres PalTages, qu'on applique ordinaire- itnt à la Sce. Cène , mais qu'il croit n'y avoir ia) Pag. 87. 88. Juillet, Août, et Septemiî. 1735. 363 avoir aucun rapport, comme fooc 1 Cor. V, 8. Hebr. XIII. , 10, & le VI. Chapicre de l'Evangile félon S. Jean. II établit après cela cette Propofition , qui eft la XVII. ,, Il eft à propos, & confor- 35 me au but de l'Inftitution de la Sec. Cc- 3} ne, que lorfque nous voulons y parcici- s, per, nous rappellions dans nos Efprits 5, les raifons, que nous avons de croire en 3, JefusChrift, que nous nous déclarions 5, Tes difciples ; que nous confeffions nos ,, péchez devant Dieu; que nous- recon- „ noiHîons l'obligation où nous fommes de „ vivre comme Tes fujets , qui n'attendent ,, d'être heureux, qu'aux conditions, qu'il a ,, lui même prefcrites; que nous temoi- 5, gnions à Jefus Chrift notre reconnoilTance „ pour fa Doctrine , pour Ton exemple , pour ,, fa Vie (Se pour fa Alort; que nous faflions ,, profeflion de ne dépendre que de lui, ,, comme de notre Chef; enfin que dans „ cette occafion nous renouvellions & aug- „ mentions notre amour pour tous les au- ,, très Membres du même Corps, en quçl- ,, que endroit de la Terre qu'ils foienc ". Quoique tout cela foit à propos, (Se conve- nable, ajoutenotre Auteur, il n'eft pour- tant pas de refTence de la Communion, & par confequent ne doit pas être preflë comme étant d'une neceflué abfolue pour communier dignement. Mr. Hoadley fait après cela une efpèce de Commencaue fur le lervice de la Commu- Aa 5 cion 364 Bibliothèque Britannique, nion uficé dans TEglife Anglicane, afin de le concilier avec fon fyflème. Il pofe en- fuice cette Propofition , qui efl la dixhuitie- me. ,5 Ce n'eit que par le Nouveau Tef- 5, tamenc , ou en confideranc quelle ell la 3, nature & le but de la Ste. Cène, yy qu'on peut connoitre les avantages, ,, qui y font attachez ,,. Surquoy il Ibu- tient, que de tous les paiïages, oii il eft fait mention de la Ste. Cène , il n'y en a qu'un feul, dans lequel on ait prétendu, qu'il y' a quelques Avantages, ou quelques privilèges promis à ceux, qui communient: c'efl: celui ou St. Paul dit (a), que h Cou- pe de Bénédiction efl la Coîmnunion du Sang de Cbrijt ; csP le Fain la Commimion du Corps de Corifl. On a crû, que ces paroles promet- toient la participation adtuelle à tous les avantages, que jcfus Chrilt nous a procurez par Tes fouifrances & par fa mort. Mais comme Mr. Hoadley croit qu'il efl: très dan- gereux de donner lieu aux Chrétiens de croi- re, que l'obéiflance dans ce point particu- lier , ou dans quelqu'autve point particulier que ce foit, peut leur procurer tous les avan- tages delà mort de Jelus Chritt, il s'efl: particulièrement attaché à réfuter cette er- reur. Il a montré, en expliquant le X. Chapitre de la première aux Corinthiens, que le paflage de St. Paul , que nous venons d'alléguer, lignifie feulement , que la Ste. Cène (e) I. Cor. X. 16. Juillet, Août et Septemb. 1735. 365 Cène ne doit pas être regardée, comme un repas ordinaire ; mais qu'en y buvanc le Vin, nous participons tous enfcmble d'une manière religieufe à ce qui reprefente le Sang de Jefus Chrift , & qui eft ainfi appelle dans les paroles de l'inltitution; & de même en rompant le Pain folcmnellemenc, nous participons tous enfemble à ce qui reprefen- te Ton Corps ; c'ell pourquoy S. Paul appel- le la Coupe la Communion du Sang de Cbrijt & le Pain la Communion du Corps de Cbriji. Pour mieux faire comprendre combien on le trompe , lors qu'on s'imagine , que la Communion nous procure tous les avan- tages, que Jefus Chrift nous a acquis, l'Au- teur allègue l'exemple du pardon des péch05^''//.cV èKa'jhepiv^; àKcXaCTci'j "AO'-iO'JOç y àlK 6'/dê-A' 'T'^i/i^vyoç û^or àzêipyei» Q^6 p^h v^^vy/OL (i:i7iX?V(rDiJ.P.T aùràp eyoys Vis à vis de la Tradudlion on imprimera l'Original , fi on peut obtenir l'agrémenE de ceux qui ont le droit de Copie: Au dé- faut deqaoi Mr. Dawes nous promet une Traduction Latine correfpondante à la Gîc- que. «n luels lieux je réfids , fi je fuis toujours le même, {îP tel qu'il m'appartient d'être ; moindre feule- ment que celui que la foudre a rendu, plus grand ''iue moi. Juillet , Août et Septemb. 1735. 411 que. Les caradtères & le format me pa- roiflenc à peu près fcmblables à ceux de l'Flomère de Baniès & de l'Horace de Mr. Bentley. Au delîbus du double Texte vous voiez les Remarques; Et fi elles font tou- tes dans le même goût que celles du Projet ^ elles fcrviront quelquefois à juftifier les ex- preflions du Traducteur, quelquefois à main- tenir rauthenticité ou la bonté du Texte Anglois contre les corrections deTvIr. Bent- ley: tantôt h expliquer ou à rétablir en paf- fant des pailages obfcurs ou corrompus des Anciens, & tantôt à découvrir ceux que Milton paroît avoir imitez. Il y a au refte une de ces Remarques qui laifle, ce me lembîe, quelque choie à déli- rer. C'eft celle qui roule fur le m.ot Zv7oits employé à exprimer le Fare^çcell Anglois qui répond à notre Adieu. Pour juftifier ion (expreiîion Grèque , Mr. Dawcs fe donne la peine de citer Virgile qui a d't Vivite Sylvx , & Catulle qui a dit Cum fuis vivat , va- leatque mœchis. Ne peut on pas croire après cela que pour citer un Auteur Grec, il ne manquoità Mr.Dawesque d'en trouver quel- cun qui eût dit Zv^^^rf ou Vivite en Grec dans le fens de Valete: Il y a apparence qu'il ne s'eft pas reflbuvenu d'un mot à'A- nacréon^ qui n'eit pas à la vérité le môme que Z-/,7 : iT ë , mais qui fourniflbit la même quantité dans les vers & qui n'auroit pas eu befoin d'autoritez latines. D d 5 X^;r 412 Bibliothèque Britannique» 'EpoiEÇ' Aiiac: Od. I. On n'attend pour commencer l'iraprefîîon qu'un concours fuffifant de foufcripteurs. La foufcription eft de quatre Chelings : deux en foufcrivant & deux en recevant l'Ouvrage en feuilles. Et fi l'Auteur eft encouragé par le fuccès du premier Livre , il s'engage à con- tinuer. On foufcrit à Cambridge ^ chez C. Crcuon- feld &; GnW. Tbwibourn: Et à Londres chez J. & P. Knapton ; chez les Jiin^s & Manby dans Liidgat&Jtreeî ; 6l chez Charles Hûguel dans le Straml ARTICLE XL NOUVELLES LITTERAIRES. De Dublin. LA difpuke entre Mr. le Do6lr. Berkeley Evê- que de Cloyne & quelques Mathématiciens s'échauffe de plus tn pins. Il y a environ quatre mois qu'il publia une Brochure faus ce titre, y/ Defence of Free-Tbiuking in Mathematicks , ^c, C'eft-à-dire, Défenfe de la Liberté de penfer dans les Mathématiques,- ou Reponfe à un Ecrit de Fbi- Liletbts Cautabri-gicnfis intitule', La Géométrie ne faz'orife pas F Incrédulité , ou Défenje de Mr. le Cbevalier Neivton ^ des Matbemoticiens d'y^ngleter- re. On y a joint un Jppendix touchant une Bro- chure Juillet , Août f.t Septemb. 1735. 4^3 chure de Mr. îValton qui a pour titre, Dtfenfe des principes des Fluxions contre les objections conte- nues dans VAnalyfte : Ou l'on tache d^ mettre cet- te Dilpute dans un fi grand jour que totis les Lec- teurs puifTent en juger. Par l'Auteur du Fetit Fbilofophe. in 8. Mr. Walton qui profefTe les Ma- thématiques dans cette Univerfité, a répondu: Et comme Mr. Berkeley avoir malignement intro- duit les Ecoliers ' de ce Profeffeur les catechifant fur les difficultés, que (lui Berkeley) avoit avan- cées dans fon premier Ouvrage , & ne pouvant en trrer aucune bonne folution, il a intitulé fa Réplique, The Catecbifm of tbe Aiithor of tbe Mi- nute Fbilofopber fully anfwered, c'eft-àdire, Ample Réponfe au Catechifme de l'Aùtèur du Petit Fui- lofophe 8. Effectivement il le fuit pied à pied , & ne laiffe pnfTer aucune de l'es queftions fans y ré- pondre d'une manière qui fait bien voir que c'eft à tort que fon Antagonifte l'a accuie d'ignorance. De Cambridge. L'Anonyme qui entreprit la défenfe de Mr. le Chevalier xYtriofo?2 & des Mathématiciens d'Ang'c- terre contre Mr. Berkeley , vient de réfuter le der- nier Ouvrage de celui-ci, dans une Brochure qui a pour titre, Tbe Mimit: Matbematician , ^c. C'eft-à-dire, Le petit Mathématicien; ou, l'Auteur qui fe pique de penfer librement penfe peu juge- ment. Par Fbibletbes Cjntabrigienjis. 11 y a beau- coup de feu dans cette Pièce, Mr. Berkeky n'y eft point épargné , & s'il ç\\ faut croire certaines gens, il ne fortira jamais avec honneur de cette Difpute. Mr. Martin Membre de la focieté Roiale , & Profeffeur en Botanique dans cette Univerfité, fait imprimer par foufcription une rradu<^ion Angloi- fe 414 BlBJ,IOTHEQUE BRITANNIQUE, fe des Georgiques dQ Virgile avec le Lati'n à coié, & des Notes critiques au bas dec pnfrcs, Mr. JFaterland vient de publier une petite Bro- chure fous ce titre, A Dijcourfe of Fundamentals , (j'c. C'eft-à-dire. DiiTertation lur les Articles fon- damentaux de la Religion Chrétienne, qui eft le précis de deux Difcours adrefTés au Clergé du Com- té de Midlejexy à la Vifîte de Pâques des années J734.. & i73f. Par Daniel IVaterland Doâ:cur en Théologie, Archi-Diacre du Comté de Midlejex , & Chapelain ordinaire du Roi. i?i 8. Chez Corne- îius Cro-duiifield Imprimeur de l'Univerfité; & fe trouve à Londres Chez Jean Crownfield. La Difpute fur rEciiple dont parle Phlegouy n'cft pas encore nnfe. Voici une nouvelle Bro- chure qui paroit la deiTus , Pblegon re-examined ^c. C'efl-à-dire. Le Témoignage de P/;/^^û/2 examiné de nouveau : Pour fsrvir de Réponfe à la féconds Dé- fenje de Mr. le Dr. S-jkes, On y a joint une Apcf- tille touchant le Chronicon Pajd.ale. Par Jean Cbapman Maitre es Arts, in 8. Chez les Crownjield. D'O X F O R D. Il paroit ici depuis peu de jours une nouvelle Edition de V Expédition de Cyrus par Xenophon^ dont voici le titre; E=voçâ"vT05 Y^C^a scva^Jj-aay ^i,&Kiit iTTTx. Xenopbontis de Cyri Expéditions Libri Jeptem» Grœca recognovit , cum Codicibus MSS.'is ^ omni- tus ferè libris editis contidit, plurimis in locis emen- da'vit , Verfi(ynem Latinam reformavit , Obfer'uatiûni' 1/us fuis , Tabula géographie a l^ Differtatione auxit cf illujîravit; Notas H. Stéphanie Leiinclami ^ JE. Porti cif Mureti recenfitas Êf caftigatas , Varian- tiuni Leclioîium deleSmn, Indicefque iiecejfarios ad- junxiî Thomas H u t c h i n s 0 n, Oxonii , E Thea- Juillet, Août, et Septemh. 1735. 415 Tbeatro Sheldoniano. Se trouve à Londres chez L. Gilliver, & J; Nourfe. un voL in 4.. Cette E- dition cft très belle, & d'ailleurs elle fait honneur au favoir de Mr. Hiitchinjon. Le Texte eft placé au haut des pages , la Verfion Latine au deiTous, l'un & l'autre en tort beaux caractères, & les No- tes font au bas en caractères plus petits, mais très lifibles. Nous venons de perdre le fameux Antiquaire Mr. Hearne. Il n'y a que peu de mois qu'il avoit publié un Ouvrage considérable fous ce titre, Bene- diCviis Ahbas Fetrohurgenfis de Vîta ^ Gejîis Hen^ rici IL ^ Rîchardi L £. Codice MS". Harleiano dejcripfa (j'c. Thomas Hearne A. M, 2. vol. in 8, Tlje Mechanîcaï praBice of Phyjîck^ &c. La Pra- tique mechanique de la Médecine: Dans laquelle l'on examine & l'on rejette la Méthode des Spéci- fiques , & l'Hypothèfe de Belliman fur la fecrctiont animale & fur le mouvement des Mufcles. Par T. Morgan Dodeur en Médecine, in 8. chez T. IVood'Lvard, La Nouvelle Edition du Threfor de la Langue Latine -par Rûbeyt 'Etienne paroit enfin depuis quel- ques femaines fous ce titre, Roheni Stephani The- faiirt'.s LinguA Latine, Editio nova , -prioribus muîto attciior &P ernendMior , Londini. Typis & ImpcnJIs Samnelis Harding ad Bihliomm &^ Anchor^, , in Vico St. Martin slane 173+. Cette Edition eften quatre Volumes in fol. & dédiée au Roi par les Editeurs Mr. Edniund La-iv Maitre es Arts, & Membre du Collège de Cûriji a Cambridge, Jean Tayhr Maitre es Arts , Membre du Collège de iî, Jean , & Gref- 41(5 BlRLIOTHEQUE BRITANNIQUE, Greffier de l'Univerfité , Thomas Johnfon ^ Maître es Arts, & Prlembre du Collège de la Madelaimy & Sandys Hutchitifan Maitre es Arts , & Biblio- thequaire du Collège de la Trinitt. Apres VY.' pitre dédicaroire , vient une Préface adreflee a Mr. Jean HoUings Dodleur en Médecine, & Mé- decin du Roi 5 dans laquelle les Editeurs parlent au lo'jg des principaux Diclionaires Latins & de leurs Auteurs , & rendent compte de cette E- dition. On trouve enfui re la Vie de Robert Etien- Tie -i par l'Auteur dQVHi/hire des Etiemies ^ & des Annales Typographic^ues, L'Anonyme qui publia, il y a quelque tems , un petit Ecrit fur la neceffité de retoucher la Liturgie Anglicane , & en particulier d'en retrancher le Symbole d'Athanafe (a), a été vivement attaqué dans une Brochure qui a pour tirre, The Athana' fiaii Creed a Preferjative againft Herefies , çjc» C'eft-àdire, Le Symbole d'Athanafe eft un préfer- vatiF contre les Herefîes : Traité ou l'on fait voir qu'il eft, raifonnable & neceiTaire de conferver ce Symbole dans la Liturgie Anglicane. Guillaume de Dublin, Le même Libraire débite , An Appendix to the Hîjlory of tbe Grand Rébellion , ^c. C'eft à dire Appendix à VHiftoire des Guerres Civiles , conte- nant plufieurs Pièces curieufes du Comte de Cla- rendon, & fervant à éclaircir divers endroits de cette Hiftoire : On y a joint une hifhDire nouvelle & particulière de la vie de ce Seigneur, & une ample Apologie de fon caraftcre. gros in 8. Batk-j , yrood , cff Cax viennent de publier en 3. Vol. in 12. Les Comédies de Terence en Latm & en Anglois , avec des Notes critiques. Le Latin eft d'aprcs les meilleures & les plus anciennes Edi- tions, 5t plufieurs anciens Manufcnts. Oi y mar- que partout les véritables Leçons, & Ton n*a rien négligé de tout c£ qui pouvoit fcrvir à en donner une parfaite intelligence. V oici quelques autres Livres tout nouveaux. A Trcatije on tbe Rheumatifin, 6cc. Traité du Rhumatif«;c tant aigu que chronique , avec des ObfervatioiiS fur les caufes qui le produilent. Par •Ee 3 Jeun 424 Bibliothèque Britannique, Jean Cheflnre Bachelier en Médecine. Un Volu- me in 8. Chez C. Rivingron. Jn Enquiry into tbe Doctrine of the Pbilofopbers of ail Nations, &•;. c'eft à dire , Recherches lur ce que les Phiiofophes de toutes les Naiions ont en- feigné touchant l'origine du Monde. Chez Ed- r.iund Curll. i. Vol. in 8. ^n Âppendix to tbe Gardenefs Dictionary &c. c'eft à dire, Appendix au Diétionaire du Jardina- ge, conte ant plufieurs Articles nouveaux qui ne Je trouvent point dans les Editions in folio de cet Ouvrage. Par Pbilippe' Miller Membre de la So- ciété Roiale. C'eft une Brochure in folio. M. Jxiniani Jujlini ex Trogi Pompcii Hiftoriis externis Lihri XLIV. Ouàm diligentijfimè ex va- riorinn Exeinplarium collatione recenfiti ^ cafiigati , ^ Notis optimorum Interpretum illujîrati : Q^iibus additur Cbronologia ad Hijîoriam accommodata, cum Indice rerum É? 'verhorum prœcipuè memorahilium. In vfum Scbolœ Mercatorum Scijjorwn. Editio fe- cunda acciiratè recognita, Impenfis J. ^ J. Bon- wicke -, &' J' JValtboe. ii. Some Tbougbts concerning Religion naînral and revealedy (^c, C'eft à dire, Penfées particulières fur la Religion naturelle & révélée. Chez. A. Dodd. grande Brochure in 8. An Appeal to tbe Comvion fenfe of Mankind ^c. c'eft à dire Appel au fens commun des hommes en f veur de la vérité & de la certitude de la Ré- vélation Chrétienne. Cinquième Eflai qui achevé l'Ouvrage. Par C. Robinfon Maitre es Arts. Chez \çs Pemberton. in 8. Mr. Z.e:^:^^t eft mort ici, au commencement du mois de Septembre, âgé de nona te & fix ans, & aiant confervé jufques à la fin une grande li- berté de corps & d'efprit. C'eft le même qui pu- blia ~ Juillet, Août et Septemb. 1735. 42^ blii en iyo6. la Relation d'un Voiage, dont voici le titre, Volages ^ Aijantures de François Léguât ^ de Je s Compagnons en deux IJles dejertes des Indes Orientales. Aijec la Relation des cbojes les plus remarquables qu'ils ont obferz'ees dans l'IJle Maurice , à Batavia , au Cap de Bonne Efperance, dans l'IJls Ste. Hélène , cîf ^« d'autres endroits de leur route. Le tout enrichi de Ca^-tes ^ de Figures- On peut voir un Extrait de ce JLivre dans les NoU' celles de la République des Lettres de Mr. Bernard, Tom. XVIII. p. 603. — -p Ee 4 TA- TABLE DES MATIERES DU TOME CINQUIEME. ABbadie (Mr.) s'eft déclaré pour la vérité d'un miracle opéré en la perfonne de quelques Chrétiens Orthodoxes, en faveur du Dogme de la Trinité. ^72-^ ^ Juiv, Abraham Diiïertation fur Tordre que Dieu lui don- na d'offrir fon Fils en Sacrifice. Second Extrait. ipo jilcoran (L') de Mahomet, traduit de l'Arabe avec des Notes, par Mr. Sale. iio Ame Penfées libres fur l'Ame par Mr. Coïliber en <]fttatr6 Mais. 12^ Andsr- DES MATIERES. Amierjoii ^Mr. Jaques) Recueil, concernant riîif- toire de Marie d'EcolTe en 4. Volumes. Troifie- me Extrait. 4.4 Jrmjlrong (Mr. J.) Effai fur les remèdes topi- ques penetrans. a jirimdel ( Le Comte d') CommifTaire de la Reine Elilabeth à la Conférence a Weftminfler. 4.7 B. BAckeley Dans la langue Hottentote fignifîe la guerre-, & Bacheliers les Bœufs dont ils fe fervent dans cette occaiîon. 282 Bail'^ (Charles) Flamand, Domeflique de la Rei- ne Marie d'EcofTe. Le nommé Ridolfi lui conlie TaîTaire dont il étoit chargé de la part de cette Reine; & l'envoyé de Bruxelles avec un paquet de lettres pour elle , pour le D. de Nortfolk 6c pour l'Eveque de Rofs. ^^. Baily arrêté à Dou- vres & mis à la qoeftion , confefla tout ce qu'il favoit. ^^ Balderfton ( Mr. George ) Supprcflion extraordinai- re d'urine, &c. n 5ar ?•£■/( iMr. Edmund) Miniftre ; fa Lettre avec des Obfervations fur le Guy à Mr. le Chev. Sloane. 8p Bedfort (Le Comte de) & autres font une Décla- ration a l'Evèque de Rofs de la part de la Reine Elilibeth. ^^ Berriman ( Mr. ) s*eft déclaré pour la vérité d'un miracle opéré en la perfonne de quelques Chré- tiens Orthodoxes , ea faveur du Dogme de la Trinité. i-ji Botbwell ( Le Comte de ) Accufation contre lui à la Conférence à York. 4^ Ee f G. B. CJp de Bonne Efperance Son Etat preTent, psr Mr. Kolben 26'p. L'EtabliiTement des HoU landois au Cap. 299 Caractères dont on fe fervoit dans le 4.me. fiécle , pris du fameux Manufcrit Alexandrin. 35-4. CajJey (Mr. David) Catalogue des Manufcrits de Ja Bibliothèque Royale, avec un Appendix con- tenant des Additions au Catalogue de la Biblio- thèque Cottonienne , & une Lifte des Livres qui ont été brûlez ou endommagiez lors que le feu prit dernièrement à cette Bibliothèque. On y a aufli joint ifo. exemples de l'Ecriture qui a été en ufage en differens tems > depuis le 3^1^. fiecle jufqu'au if.^^s gravez fur des planches de cuivre, & quelques- Obfervations fur les Ma- nufcrits, inférez dans la préface. 319 Chandler (Mr.) & Mr. Hiint , leurs Conférences avec 2. Prêtres de l'Eglife Romaine, touchant le titre donné au Pape de Seigneur notre Dieu, &c. ■ 303 Clerc (Mr. le) a déclaré que le Manufcrit Ale- xandrin de la Bibliothèque Royale en Angleter- re , étoit û eftimable, que ^ on l'az-olt publié tel qu'il eji, il Fauroit fuiz'i dans fa Tradudion Françoife du N. Teftament, comme le plus an- cien exemplaire cjui nous foit connu, jf^ Cohham (Le 1 ord ) mis à la Tour à Londres com- me Complice du Duc de Nortfolk. f 7 Cockhurn ( Mr. N. ) Hiftoire d'une femme que les Hsmorrhoides empéchoient d'avoir commerce avec fon mari. 9 Coin- DES MATIERES. Colliber (Mr.) Ses penl'ées libres fur l'Ame, en quatre Eflais. Second Extrait, î;p Collin ( Mr. ; Sa leconde lettre fur !a racine des Equations, avec la demonflration des autres rè- gles de l'Algèbre. 109 Conftrences entre' les Députez de la Reine Elizr'.bcth, de la Reine Marie & de la NooiciTc mécontente d'EcolTe, a Yoïk. 44. En fuite a Weftmitifter. 4.7. Ces Conférences rompues 48. Nouvelles Conférences aufli rompues. jj D. DJives (Mr. Richard) Extrait d'une Lettre de Mr. * ♦ * * touchant un Projet pour im- primer par foufcription une Traduttion en "vers Grecs du premier Livre du Paradis perdu de M Ht on. 40 f Verbnm (Mr. ) Calcul de la différence du tems des Méridiens des divers lieux de l'Europe. 105' Defagîiliers (Mr. J. T.) Machine pour mcfurer la profondeur delà Mer. 91. E/Iai pour expli- quer le Phénomme de rélevation des Vapeurs, la formation des Nuées & la difcente de la Pluïe. pç* Douglas (Mr. Jaques) Manière dont on cultive & prépare le Suffran en Angleterre. pi Du'idas (Mr. Jaques) Jauniffe & Abcès dans le foye. 19 ELiznheth (La Reine) d'Angleterre, ne permit point a la Reine Marie d'Ecoffe de venir eti Angle- TABLE Angleterre plus avant que le Château de Boîton 44. .Ses Co m mi lia 1res a la Conférence a YorK, 4f. Elle approuve la Proteftation de la Reine Marie à la dite Conférence, ibid. Elle ne con- clut rien fur les propofitions de la Reine Ma- rie, fi. Elle ne cherchoit pas a conclure, fuivant Mr. Anderfon. ^i. Sa Déclaration à l'Evéque de Rofs. 5-8 Enfoncement extraordinaire de la Terre dans la Comté de Kent. 90 Ejjais &L observations de Médecine, revus & pu- bliez par une Société d'Edimbourg. i Examen d'un Miracle, qu'on dit qui fut opéré, dans le 5'"^^. fiécle, en la perfonne de quelques Chrétiens Orthodoxes , en faveur du Dogme delà Trinité,* lefquels continuèrent a parler clairement & diftindement après que leurs langues eurent été coupées, lyi. Ce Miracle combattu 172. i^ Juiv, FOrrefler (Mr.) Le Philofophe poli; ou, EfTai fut cet Art, qui en rendant l'homme heureux le rend en même tems agréable aux autres. 106. Les vers de cet Auteur font naturels, aifez & bien tournez. zif Fofter (Mr.) attaqué parle Dr. Stehbing au fujet de fon Sermon fur l'Héréfie. 370. Sa Répon- fe. 377 G. Ihfon (Mr. Jofeph) Vefîcule du ûd, &c. 10. ' Nutrition du fœtus. 14 H. DES iM A T I E R E S. H. H Aies (Mr. îe Dr. Etienne) Machine pouf mefurer la profondeur de la Mer. 91 Noadiey (Mr. le Dr.) Explication de la Nature & du 15ut du Sacrement de la Ste. Cène & de tous les Pafla^es du N. Teftament qui y ont du ra- port. On y a joint des Formylaires de Prières. 35'7. Cet Ouvrage attaqué. 369 Hollandois Leur EtablifTemejat au Cap de bonne Efperance. 299. La douceur de leur Gouverne- ment & leur generoflté dont ils ufcnt à l'égard de ceux qui s'y établiiTept. 301 Homsre. Traces de Ton fentiment fur l'état des gens de bien & des méchans après leur mort. 141. Recherches fur la Vie & fur les Ecrits de ce Poète. 388 Homme (L') à la mode, ou les Tuteurs Comédie. içr^. L'Auteur ne fait d'ordonnaire que tra- duire Molière. 200 Hottentots. Les Amulettes en grand ufage parmi eux. 26p. Epouvantés par les effets de la Lan- terne Magique &c. ihid. Ils admettent l'im- mortalité de l'Ame, fuivant Mr. Kolbcn. zyo, L'accouchem^t de heurs femmes. 271. Qjnnd elles accouchent de deux Jumeaux ou plus, ma- ies, ils donnent une grande fête; mais fi ce font des filles , ils enterrent la plus laide tou- te vive, ou l'expofent fur un arbre. 272. Ils n'admettent pas la Metampfycole, comme les Chinois & Japonois. 273. Leurs enfans , quoi- qu'elevez dans le Chriftianifme , renoncent tôt o« tard a la Rcligioa qu'ils ont fuccés avec 1« TABLE le lait. 274. Ils donnent à leurs enfans les noms des animaux qu'ils aiment le plus, ibid» Quelque dégoûtantes que foient les femaies, les Hollandois ne laiiTent pas d'avoir quelque- fois commerce avec elles. 27 f. Mariages des HottentoîSy & ce qui y a raport. ibid. Moyen fort plaifant des elles pour éviter d'époufer un Gaîand qui leur déplait. ibid. Les Fian- cées fe rendent le vifage effroyable par la ptiinture dont elles fe barbouillent. ij6. Cé- rémonie de leur Mariage, ibid. Bénédiâ:ion du Prêtre. 277. A quels degrez il ne leur eft pas permis de fe marier, ibid. Leur divorce & la Polygamie autorifés. 278. La femme répudiée ne peut fe remarier, ibid. UnQ veu- ve en fe remariant doit fe faire couper la première jointure d'un do'gt. 278. L'œcono- mic des Hottenîots i-j^. Chaftes & modeftes dans leurs dilcours. ibid. Les femmes feules chargées de l'éducation des enfans. 280. Les Hottentots furpaffent les autres Peuples en gé- rérofité & en liofpitaliîé. 281. Donnent toute ralTiilatice pofTible à ceux qui font naufrage fur leurs Côtes. 282. Manière dont ils gou- vernent leur bétail , & le revenu qu'ils en ti- rent, ibid. Sorte de Bœufs dont ils fe fer- vent pour la guerre, ihitl. Manière dont les Hottentots s'ajuftent. 283. Ajuftemens de leurs Femmes. 28 f. Leur nourriture ordinaire. 287. Leurs Villages & leurs Huttes 289. PareiTeux, ils s'appliquent pourtant aux Arts méchani- ques. ibid. Ils font tous Potiers. 290. lis at- taquent avec leurs armes les bêtes fauvages les plus dangereufes. 291. Ils empoifonnent leurs Armes, ibià. Leur manière de prendre les Elephans & les Rinoceros. ihid. Us n'ont point DES MATIERES. point de monoye , & ne font commerce que par voye d'échange, zpz. Leur Mufique & leur Dance. 2^3. Manière dont ils font la guerre, ibid. Le Gouverneur du Cap tou- jours Médiateur de la Paix entre eux & leurs ennemis 294.. Se battent en defefperez. 29f. Manière dont la Juftice s'adminiflre parmi eux. ibid. Les Criminels meurent par les mains de tout le peuple. 196. Pratique de la Médecine 6c de la Chirurgie parmi eux 297- Lcurs funérailles, ibid. Cruelle coutume qu'ils ont d'abandonner ceux que les intirmitez de l'âge ont mis hors d'état d'avoir foin d'eux mê- mes. 29^ Hunt (Mr. le Dr. ) & Mr. Chandier,* leurs Con- férences avec 2. Prêtres de l'Eglife Romaine, touchant le titre donné au Pape, de Seigneur notre Dieu; &c. 305 ' Amlefon (Mr. J.) La fubfiance du Cerveau poulfce par une toux violente hors du Crâ- ne , &c. f. Remarquable extravafion de fangj après l'opération d'un Hydrocele. 6 K. T/^ Oglcr ( Le P. Ignace ) Tes Obfervatlons Af^ XSl tronomiques faites a Peking dans la Chi- ne. fjO Kj^tcn (Mr. Pierre) Etat prcfent du Cap de Bon- ne TABLE ne Efperance, traduit de J'AIlemand par Mr. Medley. Second Extrait. 269 Koran ( Le ) ou VAlcorayi de Mahomet , tra- duit de l'Arabe avec des Notes , par Mr. Sa- le, 110 LEicefter (Le Comte de) Commîflaîre de îa Reine Elisabeth à la Conférence à Weftmin- fter. 4.7 Lejlsy (Jean) Evêque de Rofs. Son Difcours à la Reine Marie d'Ecofle, & fa Préface en for- me de Lettre. 42. Nommé fon CommifTaire à la Conférence à York. 4^". Demeure Am- balTadeur de la Reine Marie en Angleter- re, fo. Arrêté, mais remis en liberté, & de- meure en Angleterre. 5-3. La Reine Elizabeth fé défie de lui , & avec raifon. 5-4. Il fe rend maitre d'un paquet de lettres dont Ri' ^Ifi avoit chargé Charles Baily. ^6. Interrogé fur les depofitions de Baily, il refufe de ré- pondre., ihid. Ramené de la Province à Lon- dres, le Comte de Bedfort & d'autres lui font une déclaration de la part de la Reine Elizaf- beth. f8. Sa réponfe. ^9. Sommé de repon- dre aux Chefs d'accufation qu'on avoit con- tre lui , il refufa de le faire. 60. Menacé de la Queftion , envoyé à la Tour & traité avec rigueur. 61. Après de nouvelles menaces il fe refolut de répondre, ihid. Le Comte de Mor- ton Régent d'Ecoffe le demande pour le faire exécuter en EcofTe. ihid. Tjré de la Tour & conduit au Château de Férnbam; Traité Latin qu'il DES MATIERES. ju'il avoit compofé à la Tour , ibid. Item un lutre Traité compofé à Fernham. 6i. Son Dif- rours en Latin à ]a Reine d'Angleterre, ibid. Il obtient la permifTion de fe retirer en France. ihid. très à'yin Perfan, écrites d'Angleterre à un de es Amis à Ifpahan. 149. Elles roulent pour le •lus grand nombre fur la Politique & le Gou- ernement dAngleterre , & on y trouve des cflexfons folides , des Satires hardies, & fou- ent outrées de la conduite du Minifleie. iço, Morceau curieux fur l'Origine & la Conftitu- ion du Gouvernement d'Angleterre. 170 vis ( Mr. J. ) Lettre au Dr. Rutî-j fur la nature i. les vertus des Eaux de Holt. 108 e ( Mr. De ) fes obfervations à Petersbourg fur ;s Eclipfes des Satellites de Jupiter. 10;' 'eton ( Mr. ) Lettres d'un Perfan , écrites 'Angleterre à un de fes Amis à Ispahan. 149 'A (Mr. Robert ) Hiftoire d'un Afthme. 8 ■ile-j (Le Lord) mis à la Tour a Londres Dmme Complice du Duc de Nortfolk. 57 M. €Acgîll (Mr. J.) Opération (fun Aneurifme Ji au bras. 6 in (Mr. Nicolas) DifTirtations Chrono'ogi- ues fur l'année de la NaifTance de Jefus Chrift, . celle de fa mort 24. 'ie (La Reine) dTcoHe; Retenue au Château 2 Lochlevin , elle s'en fauve 43. Livre batail- au Comte de Murray , fe réfugie duis .près en ngleterre, eu bien reçue à Carlifi: , & i efte J château de Botton. 44, Pror.ftatioii de fes me V, Part. IL F f De- TABLE Députez à la Conférence à York.. 4.^. Accufee d'avoir été complice du Meurtre du Roi fon Epoux. 47. Sa reponfe à une Lettre du Comte de Murray. 49. Propofitions qu'elle fît faire à la Reine Elizabeth. fo. Mefures qu'elles veut prendre avec le Pape & les Rois de France & d'Efpagne. f^ Martins (Mr. G.) EfTai fur l'an al y fe du Sang hu- main. 4. vSon expérience à couper les Neufs re-? currents d'un animal vivant. f & la Martyn (Mr.) Remarques faites dans un voyage au Peak en Derbythire. loj Mémoires Pbîlofopbiques , No. 405'. pour le mois deNovemb. 1728. No. 406. pour Decemb. 1728 No. 407. pour Janv. & Fevr. i 72p.;& No. 408. pour Mars & Avril 172p. Méthode nouvelle pour mefurer la hauteur des Montagnes, par les Obfervations du Baromè- tre. 8r Milton (Mr.) Le premier Livre de fon Paradis perdu traduit en Vers Grecs par Mr. Ricb. Da- ^joes. 405* Monro (Mr.) Elfai fiir la nutrition du fœtus. 5-, 14. & 23. Sa cure d'un ulcère a la joue &c. f. Remarques fur les membranes des Artères &c. 6. Réflexions fur l'Aneurifrae occafionné par une feignée. 7. Suites extraordinaires d'une fièvre intermittente, ibid. MontmoreiKy (Le Duc de) Ambaiïadeur auprès de la Reine Elizabeth, la foîlicite en faveur de l'E- vêque de Rofs. ^r Morton (Le Comte de) Régent d'EcoH'e , ^ prié la Reine d'Angleterre de lui faire remettre l'Evèque de Rofs pour être exécuté en Eco/Te. 61 Murray (Mr. Patrick) HaîmorrhagiiS extraordinai- res pendant 25). ans. 7 M UT' - DES M A T I E R E S. Aliirray (Le Comte) Régent d'EcofTe , retient la Reine Marie au Château de Lochlevin. 43. Com- miflaire de h Nobleife d'Ecofle mécoîiten^e j à la Confe'rence de York. 4.^. Ses raifons pour fe fouftraire à l'obéifTance de la Reine Marie. 4.6. Propofe au Duc de Nortfolk d'ëpoufer cette Rei- ne. 49. Ecrit une lettre fur ce fujet à la Rei- ne, ibid, N. NOrtfûîk (Le Duc de) CommifTaire de la Rei- ne Elizabeth a la Conférence a York. 4^. Approuve la propcfition qu'on lui iît d'ëpoufer la Reine Marie d'Ecofle. 49. Prend des mcfurea avec elle, qui caulent fa ruïne. fi. l^rifcnnier dans fa mail'on depuis plus de 2. ans, & accufe' ' par un de {es Domeftiques , &c. il fut mis à la Tour. 5-7 Northumberland (Le Compte de) fon foulevement en Ecoffe. fj Nouvelks Littéraires. 21^ & 41a r. PAlfle'j (Mr. J. ) Obfervatfons faites à l'ouver- ture d'un Cadavre. 7. Relation d'un Vers extraordinaire. 9 Paradis {Lq) perdu par Mr. Milton; Le ii". Livre traduit en Vers Grecs par Mr. Da-.ves. ^of Tringle (Mr. François ) Tumeur dans l'yEfophage 8. Suppre(ïïon d'urine caufee par la Paralifie de la Veffie. 11 R. RAnd (Mr. îfaac ) Catalogue de fo. Plantes eu Jardin des Apothicaires a Chelfea, p4 ti 1 R.ch^T' TABLE Recherches fur la Vie & fur les Ecrits d'Home- re. ^ ^ 388 Récit de ce qui s'eft paiïe aux Conférences entre deux Prêtres de l'Eglife Romaine, d'un côté, & de l'autre un Mimftre Anglican & deux Non- Conformiftes , touchant le titre donné au Pape , de Seigneur notre Dieu, la Tranfubftantiation, l'invocation des Saints & des Anges, & la leéture de l'Ecriture interdire au peuple. Avec un fup- plement à la Relation des 2. Conférences. 204. Reily ( Mr. Richard ) Hiftoire de la premier-e Décade d'un Livre qui a pour titre yoan. Mar- tyn Hijloria Plantarum rariorum, 94, Ridolfi , Florentin , attaché à la Cour de Ro- me , emploie par la Reine Marie d'Ecofle dans fes mefures avec le Pape & les Rois de France & d'Efpagne. f^. Charge Char- les Baily Flamand, domeftique de la Reine, d'un paquet de lettres pour elle, pour le Duc de Nortfolk & pour l'Evêque Lefley. 5'^ Rutty (Mr. G.) Extrait d'une Relation de deux Tumeurs extraordinaires dans l'Abdomen, 92 SJdler (le Chev. ) CommiiTaire de la Reine Elizabeth à la Conférence à York. 4,5* Sale ( Mr. G. ) L'Alcoran traduit de l'Arabe , avec des Notes & un Difcours préliminaire. Dernier Extrait. 110. Il corrige les fautes ou d'.^utres Auteurs font tombez avec beaucoup d'honnêteté & de modeftie. 129 Saumarez (Mr. Henri de) Machine nouvelle pour mefurer là route que les Vaifleaux font en Mer. 108 Steh' DES MATIERES. Stehhing ( Mr. le Dr. ) Lettre de Mr. Fojîer fur l'Herefîe. 370. Reponfe de Mr. Foftsr. 377 Stsdman (M . J.) Remarques fur l'ufage exté- rieur du Tabac & du Seneceon. &c. a Sujjex (Le Comte de) CommifTaire de la Reine Elifabeth à la Conférence a York. ^^ Sykes ( Mr.) fuite de fa Difpute avec Mr. Whiftoa touchant rEclipfe dont Phlegon fait mention. 7^. Sympfon ( Mr. Thomas ) JaunifTe caulée par des concrétions. 10 TAlimid, Explication des Dogmes des Rabbins qui y font contenus i^i Taylor (Mr.) Difficulté d'avaler, perte d'apetit, &c. 9 Tompfon (Mr. A.) Recherches fur l'hiftoire natu- relle & les effets de plufieurs eaux Minérales. 3. Traditions des Juifs avec l'explication des Dogmes des Rabbins contenus dans le Talmud & les au- tres écrits des Docteurs Juifs , traduit de l'Alle- mand. Zfl Trie-jjald ( Mr. Fr. ) Queftions fur la caufe de la Cohélîon des parties de la matière. lOf V Irgile, Traces de Ton fentiment de l'état des gens de bien & des méchans après leur mort. 14.1, \V. 'EJlmorland (Le Comte de) fon foulevement l'Aa then- W' enEcolTe. ., Wlnflon (Mr. GuiU.) fix Differtations , fur l'Au- Ff + TABLE DES MATIERES. tKenticfte du Témoignage de Jofephe touchant J. Chrift, Jean Baptifte & Jaques le Jufte, &c. 63. fuite de fa difpute avec Mr. Sykes touchant rEclipfe dont Phlegon fait mention. 7f. DiiTer- tation fur l'ordre que Dieu donna à Abraham d'offrir fon Fils en Sacrifice. Second Extrait ipo. JVbite (Mr. Jeremie) fon bon mot, en repondant à la queflion qu'on lui fit, ce que c'étoit que les Orthodoxes? il dit que ce font ceux qui ont le pouvoir de faire pendre leurs adverfaires. 377 Wingh ( Mr. Gilbert ) Ptifîe & Hydropifie de Toi- trine, par une Plaie trop tôt fermée. 8 irycheriey ( Mr. Guill. ) Ses Oeuvres poflhumes tant en profe qu'en vers, publiées par Mr. Théo- ' tald, & précédées de quelques Mémoires fur fa vie par Mr. Pack. 228. Défauts de fes Vers. 229. Tradudlions libres de quelques-unes de fes pièces. 231-238. Il parle des plagiaires, mais ne dit mot des Auteurs qu'il a pillez. 239. Quarante de fes Maximes ^ Rtfldxions ne font qu'une pure traduélion de Mr. de la Rochefou- cault. 2^.0. Penfées froides de cet Auteur. 244. & 245'. Il parle en Pyrrhonien de la Raijon 247. Sa vie 248-25-0. Il célébra fes fécondes Noces à l'âge d'environ 80 ans, onze jours avant fa mort. 2^0. Ses changemens de Religion. 248 & 25-1 FIER- PIERRE DE HONDT, Libraire à la Haye ment d'im- primer. Le Tome Troifieme in Folio , des dif- cours Hiftoriques 5 Critiques , Theologi- ques (S: Moraux, fur les Evenemens les plus mémorables de l'Ancien & du Nou- veau Tcftamenc , par feu Monfieur San- rin, ^Jiniftre du S. Evangile à la Haye, continuez par Monfieur Roques, Pafteur de l'Eglife Françoife de Bafle. Cet Ou- vrage, imprimé fur du Papier Impérial, Supperroial, Roial , & îvJedian , eil enri- chi de très belles Figures, Vignettes , Lettres Grifes & Culs de Lampe, g;ravez fur les defieins de Mrs. Hoet , Houhra- ken y ai Picart. Le Tome 5. du Grand Didtionaire Geo- graphique, & Critique, par Monfr. Bru^ zen la Martinierc. Ce volume contient les Lettres K. L. M. Les Tomes XL & XIL de rHifloire d'Angleterre de Monf. de Rapin Tboi- ras. 4. Les Tomes 5. & 6. in Oétavo des Dif* cours de MefTieurs Saurin