BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, O U HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAFANS DE LA GRANDE-BRETAGNE. Pour les Mois V R I L , MAYït JUIN, M. DCC. XXXVI. P T I E M PREMIERE PARTIE. A LA HATE, Chez PIERRE DE HONDX U. DCC, XXXVI. ' TABLE DES ARTICLES. Art. I. \>f^- César de Missy, J-VJL Les Larmes du Refuge ; ou Sermon prononcé en Mémoire de la Revocation de l'Edit de Nantes. Pag. i. II. Mr. François Hare, Evê- que de Chkhejîer ; Le Livre des Pfeaumes en vers Hébreux , corri- gé en phtjîeurs endroits par les règles .de la Critique &de la Poëfie ; &c. 95- III. Mr. Edmond Gibson; Co- de du Droit Ecclèfiaflique d'Angle- terre &c. Examen du Plan de la Puiffance de ÏEglife , propofé dans le Code du Droit Eccléjiajîique a" Angleterre. 117 IV. Mr. Maittaïre; fa Lettre à Mr. DesMaizeaux, en lui _ envoyant des Remarques Critiques de Mr. de laMonnoye fur 1 2 fi* TABLE DES ARTICLES. fes Annales Typographiques l avec fa Réponfe. 142 Art. V. Mr. Guillaume Whi s ton 9 Examen des preuves de la Retrac- tation de ÏArchcv. Crataner : Ou Raifons de croire que la prétendue Copie qiCon en a publiée rieft pas de IuL 163 VL Mr. Thomas Lèdiard ; fon Hiftoire générale de la Marine d'Angleterre , depuis la Conquête des Normands en 1066 > jufqu'à la fin de 1734. en 2. Volumes. Troifieme Extrait. 173 VIL Mr. Thomas Lewis ; Dif fertation fur la Taille fcf fur la BeautédejEsvs Christ. 193 VIII. Mr. le Dr. Me ad; Spécifique contre la Rage. 205. IX. Nouvelles Littéraires. 209* BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE. Pour les AI ois d'Avril, May, et Juin MDCCXXXVI. ARTICLE PREMIER. '^es Larmes du Refuge: pkSer- mon/;//' le Pf. 137. Prononce <&wu TE- glife Françoife de la Patente du Quartier de Soho , le ^ & Octobre 1735. Jour du -- Jeûne établi en mémoire de la Revoc a- tion^l'Edit de Nantes. Par Ce- Tom. FIL Part. L A sak 2 Bibliothèque Britannique., sar de Missy Minijire de la Sa- voy e. (8 pp. 86. fans Y AvertiJJemenl & une Prière avant l'Action. ) à Londres , chez P. Dunoyer dans le Strand , à la tête d'Erafme. 1735. LE Pf. 137. eft un de ceux qu'on a coutume de chanter dans FAfTemblée folemnelle du Jeune marqué au titre qu'on vient de lire. Et le Difcours du Prédi- cateur roule proprement fur Implication que fes Auditeurs peuvent fe faire du Texte. La Première Partie a pour ob~ jet l'Exil des Ifraélites , décrit & déploré dans les quatre premiers verfets : Nous nous tenons ajjis auprès des fleuves de Babylone, £f là nous pleurons en nous fouvenant de Sion: Nous pendons nos harpes &c. Sur quoi Mr. de Mifly remarque. 1. Qu'à la rigueur les Réfugiez ne fau- roient , ni reconoître un Refuge auflî doux que le leur dans la defcription d'un Exil auiïi rude que celui des Ifraélites , ni mê- me ( en cas de parité ) déplorer leur fort aufii triftement , parce que comme Chré- tiens , & Chrétiens per/écutez pour lajuftice , ils auroient des constations que les Ifraé- lites n'avoient pas. 2. Que tout cela néanmoins ne détruit pas un rapport vague à la faveur du quel ils peuvent à leur manière déplorer leur Difper- âv.ril, May et Juin. 1736. 3 Difperfion : que d'une part les Captifs de Babylone , fans avoir les mêmes confola- tions en avoienc de très - confïdérables , malgré lefquelles cependant ils étoient au- torilez de Dieu même à s'affliger : & que d'autre part on ne voit pas .pourquoi les Réfugiez refuferoient absolument de fuivre cet exemple , comme fi le beau côté du Refuge devoit les rendre infcnlibîcs à ce qu'il ne laifle pas d'avoir toujours de trifte. La Seconde Partie, en dévelc* Ï>ant cette dernière idée , fait voir qu'il eur refte au moins allez de fujets de dou- leur pour s'approprier le fécond Membre du Texte , & pour dire dans un bon fens , Si je t'oublie , 6 Jerufalem , que ma dextre s'oublie Êfc. vf. 5 & 6. Ici le Prédicateur auroit pu fe jetter tout d'un coup fur la Revocation de L'Edit de Nantes & fur l'hiftoire des malheurs qui la précédèrent ou la fuivirent. Mais dès l'entrée du Difcours , ce en divers endroits de la première Partie , il a parlé de ces malheurs comme d'une chofe connue , In médias res , Non fecus ac notas Auditorem rapiens : (a) Il continue encore fur le même ton: Ec parlant d'abord , au nom de ceux qui font déjà touchez de ces malheurs , en homme qui {a) Hor. Art. Poet. verf. 1+8 , 14?. A a 4 Bibliothèque Britannique, qui en eft lui même touché , il commence par alléguer pour fujets d'affliction , ( i ) L/endurciiTement de ceux de Tes Au- diteurs à qui le feul fon de ces paroles , la Révocation de l'Edit de Nantes , ne fuffiî: pas pour leur faire dire douloureufe- ment , Si je t'oublie , o Jerufalem , que ma dextre s'oublie &c. ( 2 ) La douleur fufpecte de pîufieurs autres , qui au lieu de le dire par un prin- cipe de Piété , d'Amour fraternel , de Chari- té , s'cxpofent par la négligence de ces Vertus au reproche de ne s'affliger que par le frivole principe d'un attachement profane pour les avantages terreftrcs qu'ils ont perdus. ( 3 ) Le jufte Sujet qu'on a de craindre ce que ( pour comble de douleur ) les uns & les autres traitent fouvent de chi- mérique : c'eft que pour les punir Dieu ne ramène des jours malheureux dont leurs péchez demandent & préfagent le retour Jufqu'ici l'Orateur a différé la peinture des malheurs qu'il a en vue , ou s'eft contenté d'en femer par-ci par-là quelques traits à mefure que le fil du D-ilcours l'y enga- geoit : Il femble avoir voulu fe régler fur cette idée d'un grand Maître : Or dinis bœc v.irtus erlt & venus ( aut ego fallorY Ut jam nunc dicat jam nunc debentia dici , Pleraque différât , & prœfens in ternpus omittat. {a) Mais {a) Hor. Art. Poet. verf. 42-45% Avril, May et Juin. 1735. 5 Mais il étoit tems de terminer la fuspen- lion : & c'en étoit ici véritablement le lieu. Après avoir fait , du retour des mal- heurs dont il s'agit , la matière d'une forte de menace , le Prédicateur fe trouve na- turellement engagé , & même en quelque façon obligé , à rendre fenîible , par un tableau de ces malheurs , la terrible idée qu'il paroit s'en former. Auiii fondent il , ( 4 ) Que ce qui devroit affliger , quand même on n'auroit plus rien de femblab'e à craindre , c'eft la feule idée de ces funeftes jours dont toutes les horreurs Je réunifient , comme à leur point central , dans le jour plus funejle encore de la Révocation de î'Edit de Nantes : Et là-deflus vient un Précis des horreurs de cette Révocation , confidérée d abord dans fes préparatifs, enfuite en elle même , & enfin dans fes conféquences im- médiates. Après quoi fe préiente , com- me de foi même , Implication des parole*? du Texte : O Temples profanez cr1 démo II s ! O Pafteurs... O Troupeaux... Si jamais je vous ou- blie , puijje cette main , que je lève au Ciel , fefécber& oublier Vufage d'elle même ! Tel- le eft la matière du quatrième Article. Mais elle n'y eft pas épuifée. Parmi les chofes qui pouvoient y entrer , l'Auteur en a dilcerné qui trôuveroient encore mieux leur place dans un Article nouveau, ou il paroit avoir eu particulièrement del- fôn de repréfenter, (5) Q.ue ce Qui doit afHiger , c'ed le A 3 fuc- 6 Bibliothèque Britannique, fuccès qu'ont eu les Perfécuteurs ; vu'lei milliers d'Enfans qu'ils ont enlevez pour les nourrir dans l'Erreur ; vu un million de Proteftans qui eurent la lâcheté de fuccomber ; vu des Pafteurs même qui le- vèrent VEîendart de VApoftafie ; vu enfin le dangereux état ou font jufqu'à ce jour les Protcftans de France. ( 6 ) Ce qui augmente notre douleur , dit Mr. de Mifïy , cejt la durée de toutes ces mi- Jères . . . Cinquante ans après la deftruclion de leur Temple les Captifs de Babylone refpirèrent\ ils virent paroître un Cyrus... Il y a cin- quante ans que tous nos Temples furent dé- molli : Et le Cyrus où eft il par qui ces pertes & ces outrages doivent Je reparer ? . . . O Dieu ! tes jugemens font adorables. . . Ta volonté foit faite... Mais tu ne veux point que notre re fignation nous rende injenjîbles à ta colère : £f il y a cinquante ans ; cinquante ans o Dieu ! que ta Colère a livré nos Eglifes à la fureur de nos ennemis. . . . C 7 ) & CM aggrave enfin notre douleur , c'efl de voir qui font ces Ennemis „ Ce 5, font des Compatriotes ; ce font des 3, Chrétiens ; ce font des Compatriotes >? & des Chrétiens avec qui nous vivions „ en paix ; & qui bien loin d'avoir des 3, foupçons à former fur notre fidélité , ;, ne pouvoient s'empêcher d'en faire pu- „ bliquement l'éloge. " En vain dira- t-on que la perfidie de leur procédé ne doit être mife oue fur le compte du Cler, Avril, May et Juin. 1735. y Clergé. L'Auteur difcute ce point : & fa difcuillon ( avec toute l'équité qui y rè- gne ) le met en droit de conclure par ces paroles addreflees à la France ; Ce qui aggrave nos malheurs , c'efi que nos mal- heurs J ont ton crime fi? V opprobre de ton nom! Ici on fent que la douleur eft portée à ce point d'où il n'y a qu'un pas à la Van- geance 5 & un pas aflez gliflant , oii on a befoin d'être loutenu par les leçons du Chriftianifme : C'eft ici par conféquenc qu'il convenoit de commencer -, comme Ta fait Mr. De Mifly , La Troisième PARTiEdefon Dif- cours , deftinée à expliquer chrétienne- ment quelle application fes Auditeurs peu- vent le faire des Imprécations qui corn- pofent le dernier Membre du Texte : O Eternel , fouvien toi des Enfans d'Edom... Fil- le de Babylone.. heureux celui qui te rendra la, pareille &c. I. Il établit en général , que malgré la grièveté reconnue de l'offenfe ? le refïen- timent doit fe régler fur les maximes de l'Evangile : qu'on peut aller jufquà la plain- te , jufqu'au reproche , jufqu'à la cenfure , £? ne point pajjer à Vimprécation ni à la haine : qu'on peut aumoins , dans la haine & dans les imprécations qu'on fe permettra , dif- tinguer les Criminels de leur Crime , détefler le Crime & demander grâce pour les Criminels &c. IL II fait voir que les Imprécations des Ifraélites contre l'Idumée & contre la Chai- A 4 dée% 2 Bibliothèque Britannique, dée , n'autorifent nullement les Réfugiez â en prononcer de pareilles contre la "Fran- ce: Que celles du Texte étoient infpirées> fondées même fur des Oracles précedens. auxquels l'allufion eft manifefte ; & que ceux du N. T. qui femblent y répondre , .font au fonds bien dirlerens : Que dans ceux-ci Babylone n'efl point, comme dans ceux-là , le nom propre d'une certaine Na- tion deftinée à être détruite dans un tems connu ce prochain : D'où il eft facile de conclure quen prononçant les impréca- tions du Texte, on doit le contenter de fonger en général au mauvais Parti qui fe- ra un jour confondu ; on peut même ef- pérer qu'avant que ce jour vienne, la Fran- ce engagée aujourdui dans le mauvais Par- ti aura le bonheur de s'en détacher, & par- tagera le triomphe du Parti que Dieu ai- me. Qjd fait ? dit ici le Prédicateur en parlant des Perfécuteurs de France , Peut- être que les troubles préfens de leur Royaume div;Je contre lui même , commencent déjà à leur ouvrir les yeux fur la folie de leur attache- ment à Rome, & fur lafageffe de l'exemple que leur a montré la nouvelle Patrie oit, nous vi- vons? Peut are que bientôt la Nature en tra- vail donnera à la France fin Henri Vlll. &? par lui une longue fuite de Rois qui feront tri- oivfcr la bonne Caufe , qui feront régner avec eux le bon Parti trop longtems opprimé ; &f qui dans la journée de la Fi lie de Babylone, hin de frémir avec fis Adorateurs , feront admis avtc Avril, May et Juin. 173*5. 9 avec nous à faire retentir le Ciel de leurs Allé- kijahJ feront trouvez dignes de vider leur voix aux concerts de la grande multitude qui doit er alors , Salut, gloire, honeur oc puif- fance à notre Dieu , parce que fes jugemens font juftes & véritables .... Voila , injideile £f barbare Patrie! voila quelles [mt nos impré- cations contre toi ! voila les maux que notrs vangeance te Joubaue! Voila* Seigneur, à quel prix nous ofons te demander le rétablffenent de ton Culte & de nos Temples dans la Terre que tu nous avo;s donnée en héritage ! III. Enfin , par une Prière qui fait con- venablement la clôture du Sermon & qui eft pleine de contenions humiliantes pour le Peuple, au nom duquel elles font énon- cées , on fait fentir aux Auditeurs qu'Us. doivent d'autant moins renoncer à la Mifé- ricorde , qu'ils en ont eux mêmes un ex- trême befoin. Voila une A xalyse du Sermon , qui en donnera aumoins une idée comme un Squélete donne celle du Corps hu- main : Et ce qui rend la comparaiîon en- core plus jufte , c'eft que comme l'art du Squéiête elt invifible dans un Corps entier & vivant, l'art auffi de FAnalyie efl ché dans ce Sermon ; y eft même caché avec trop de foin , au gré de quelques per- fbnriL^ : Car Quoique nous ayons mis un ordre bien fenfible dans cet Extrait , la vé- rité efl que l'Auteur n'a point annoncé ni numéroté les diviiions dans fop Difcours , A j ou io Bibliothèque Britannique, où tout eft tourné & lié d'une, manière qui en effet auroit difficilement comporté cet- te forte d'étalage. Il n'a pourtant pas ab- folument négligé de mettre fes Auditeurs au fait. Aumoins voit on fans peine dès l'Exorde, & qu'il découvre certains objets bien diflincts dans fon Texte ; & que ces objets , dans l'ordre où il les préfente, fe- ront fuccefTivement la matière de fon Dif- cours; & que ces objets, fi on fait comp- ter , font au nombre de trois. Quoiqu'il en foit: Pour fuppléer un peu à la fécherefle de l'Analyfe , nous ferons une autre remarque fur cet Exorde , ou fur le tour que l'Auteur y prend. S'addref- fant d'abord à ces Réfugiez fenfibles qui faififlent naturellement Implication du trif- te Cantique des Ifraélites ; /bit que 'votre dou- leur, ajoute-t-il, fi nourriffe par la comparai' fon de 'outre fort avec celui des Ifraélites exilez du Payïs natal ; foit quelle cherche un nouvel aliment dans leurs regrets ; foit quelle fe foula- ge en s'appropriant leurs vœux (f leurs efpé- rances ; elle aura toujours pour moi quelque ehofe de /acre... Je me charge même avec plai- Jtr (fi je puis parler de plaijïr dans ce trijle jour ) d'être V interprète de votre douleur auprès de ceux qu'elle ne touche pas , & qui malgré les nœuds dont ils font unis avec vous ne veu- lent pas la partager. Tout ce que j'ofe exiger de vous ( dufjiez vous vous faire quelque vio- lence ) c'eft que pour leur oter tout prétexte de s endurcir , vous m'autorifiez à ne rien outrer dans Avrii, May et Juin. 1735. ir dans l'application que je voudrois qu'ils fe fif- fent comme nous , tant de lexil des Ijraélites cf de leurs regrets , que de leurs vœux £f de leurs efpérances. Ce que nous voulions re- marquer dans ce début , c'eft cette eipèce de médiation dont le Prédicateur fe char- ge entre deux fortes d'Auditeurs , lorfqu'il le rend en quelque façon l'Avocat de la douleur des uns contre Finfeniibilité des autres. Tout le Monde fent que cela for- me une Situation qui doit naturellement jetter de l'intérêt dans les Difcours ; l'ani- mer , & l'animer d'une certaine manière ; en déterminer le ton , & le foutenir. Tout le Monde conçoit qu'à la faveur de ce début , l'Orateur doit naturellement , & régler avec fuccès la douleur des Pères en l'expliquant raifonnablement aux Enfans , & exciter celle des Enfans en parlant au nom des* Pères; en revêtant, pour ainii dire , l'autorité ce la tendreffe paternelles. Enfans dénaturez du Refuge... ( c'eft par là qu'il entre en matière ) oferoit on vous con- jurer par les Jbupirs àf par les larmes de ceux qui vous ont donné le jour... de ne point ag- graver leur trifteffe par une outrageante indif- férence pour ce qui la reveille Y Nous parlons , difent ils , £? on ne -eut point nous écouter. Nous Contons à nos Enfans ce que nous avons fouffert , ce que nous avons perdu , ce que mus avons rijqv.è pour fauver leurs âmes avec les noires : é? Us ne mettent point ces ebofes dans 12 Bibliothèque Britannique, dans leur cœur ! (a) Ne nous reprochez point ( pourfuit il ) que notre douleur efi dérai- Jonable ; que., nous fommes des ingrats de ne pas fentir combien notre Refuge diffère heureu- jèment de l'Exil des Ifraélites... Nous /avons que les Ifraélites étoient captifs , &? que nous fommes libres (b)... Nous /avons que les Ifraé- lites étoient en opprobre parmi un Peuple ido- lâtre.. £? que nous , nous fommes en bénédic- tion., parmi un Peuple qui faifoit gloire de nous apeller Frères longtems avant que nos derniers malheurs lui fournirent Voccafion de nous ouvrir généreufement des bras fraternels. S'il y a parmi nous quelque Réfugié infenfible aux charmes de cette fraternité , il eft parmi nous fans être d'entre noiïs : nous le désa- vouons (c) Hélas! pourquoi irions nous chercher de faux Jujets de douleur ! N'en avons nous pas affez de véritables ? Çd)...-. Et au commencement de la deuxième Partie: Quelle penfée encore roulez vous dans vos efprits pour endurcir vos cœurs ? (e) Penjez vous qu'a- près tous les aveux que nous avons faits tou- chant la douceur £f h gloire de notre Refuge, nous ne /aurions plus dire ce qui nous afflige ? Pui/quil faut donc qu'on vous le di/e , Ecou- tez. Ce qui nous afflige.... & que nous vou- drions qui vous affligeât , c'eft vous mêmes! ... c'eji la néceffité où vous nous rédui/ez , de vous expliquer les motifs de notre douleur pour vous faire (a) Page 4., f. (M Page 6. (c) Page 8, 9. {d) Page if. {e) Page i\ , 11 , 23 , 24.. AvRit, May et Juin. 173(5. îj faire comprendre que vous devriez la partager....* Cejl que malgré tant de Converfations où vos Pérès rechapez de la grande Trïbulation , vous en apprennent , la larme à l'œil , des détails dont ils ont été les témoins £f les témoins ^fouffrans ; . . c'eft que malgré le nom de Réfugiez qui devroit vous faire prendre le plus tendre intérêt à ce qui fournit la matière de ces Converf liions... le Jéul fin de ces paroles la Révocation de l'E- dit de Nantes , prononcées le jour même de cette Révocation , ne fuffife pas pour réveiller en vous un douloureux fouvenir.... C'eft que malgré tout ce qu'a de glorieuse ce nom de Ré- fugiez , qui pour oit ( fi vous le refpectiez ) vous rendre capables de VbumiUation que ce jour vous demande , c'eft que malgré tout ce qu'un nom fi Jainî pour oit ( s* il étoit refpeclé ) avoir d'influence fur vos mœurs & par consé- quent fur votre falut ; ce beau nom cependant 9 loin d'être en honeur parmi vous , y tombe de plus en plus dans un rnépris qui nous dit que vous êtes des Idcbes ; dans un mépris qui fait languir nos Eglifes prefque défertes , qui fait gémir ce qu'il y rejle de véritables Membres , £f qui Je fonde après-tout... fur quoi! Sur Vin* digne &r pitoyable crainte de ne pas faire ajfez bitn fa cour à la Nation ou nous vivons , fi à quelque prix que ce fait mus ne confondons notre nom avec le fien , fi nous ne lui facri- lions baffement ce que le notre a de plus faint tï de plus vénérable ! Comme fi une Nation auffi dijlinguée par la force de fa raifon fcf par h rwbleffe dt fes fentimms , exîgeoit de nws 14 Bibliothèque Britannique, nous ce rampant hommage ! Comme fi une Na- tion aujji ejtimable c? aujji eflimée que VAn~ gloife 9 avoit befoin que pour lui prouver qu on l'eftime on commençât par devenir Anglois l Comme sHl n'y avoit qu'un Anglois qui pût ejlimer des Anglois qu'on eftime par tout ! Si le Prédicateur paroît changer de ton, & perdre de vue ceux qu'il veut corriger de leur infenfibilité , c'eft lorfque venant à leur expoier les malheurs qui devroient les toucher , la feule idée des objets dont il s'occupe attire naturellement toute fon attention. Les images alors , & les fenti- mens qu'elles lui infpirent , prennent la place des Avis , des prières , des repro- ches ; & en les remplaçant les foutien- nent. Encore fent-on en certains endroits que ces Auditeurs infeniibles à qui il a celle de s'adreiTer directement , il ne laide pas de les avoir toujours dans l'efprit : Témoin ce trait , dans l'article où il s'a- git de la durée des malheurs. L'Infenfé dit en fon cœur , Il y a cinquante ans : le tems de s'affliger eft patte ! Je vois les Ifraélites , après même leur rétablijjement , continuer leurs humiliations : je leur vois obferver jufqiCà ce jour , les Jeûnes établis par leurs Pères à Ba- bylone , en mémoire des calamitez de l'ancienne Jérufalem : Et toi , Jérufalem nouvelle ! cinquante ans fuffir oient pour oublier tes mal- heurs ! Jérufalem ! Jérufalem ! fi jamais le tems t'efface de mon fouvenir , puiffe -t-il n'y avoir plus de tems pour moi ! Que ma dex- tre Avril, May et Juin. 173& 15 tre s'oublie elle même , £f que ma langue s'at- tache à mon palais , fi de toi , fi de ta gloire , je ne fais dépendre ma joye £f mes plaifirs i Il revient encore à la même Galle d'Au- diteurs dans la troifiême Partie , il parle même directement à eux , lorfqu'apres a- voir prié Dieu au nom des autres de leur pardonner fi dans le trouble qui faifit leur âme à Vajpeët de tant d'horreurs , il leur a jamais échapé quelques mouvemens d'impatien- ce ; Et vous, continue-t-il , & vous , qui pour avoir un prétexte de méprifer ou de dé- crier notre douleur y vous prévalez avec avidité de quelques exemples d'impatience dont vous ju- geriez peut - être moins rigoureufement fi vous étiez ajfez équitables pour vous mettre à la pla- ce des jbuffrans qu'on a pouffez à bout : Soyez témoins du ferment qu'au nom de tout le Corps de mes Frères de la difperïion , je fais en- core une fois au Père des Miféricordes , que nous voulons être mijéricor dieux comme lui : que nous voulons laiffer à nos Ennemis tous ces fentimens d'animofité que condamne le pur Cbriftianifme pour lequel ils nous persécu- tent &c. 11 retourne pourtant aufli dans la fuite aux Auditeurs fenfibles par lef- quels il avoit dabord commencé : & vers la fin du Difcours qui devoit naturelle- ment interefler les uns & les autres en commun , il arrive imperceptiblement que les uns fe trouvent confondus avec les au- tres On dira peut-être qu'on peut faire de bons Sermon* où il. y ait moins de con- 16 Bibliothèque Britannique', conduite , un deffein moins fixe , & des vues moins diftinctes. Tout cela cepen- dant ne nous paroît pas à négliger ; fur tout dans les Sermons qui fe font pour des circonib.nces particulières , 011 les Audi- teurs fant intéreflez d'une manière plus fenfible ou plus perfonelle qu'aux fujets ordinaires de la Prédication. C'eft ce qui nous a déterminez à relever dans ce Ser- mon ce qu'ordinairement on ne relève guère dons cette forte d'Ouvrages ; favoir l'efprit dans lequel il eiï compofé & qui y domine , qui en eft comme l'âme & qui en règle Pœconomie , qui en fait un tout* enfemble p]us ou moins intérelTant & un tout-enfemble d'un certain ordre. Ce qu'on peut exiger après cela, c'eft que le Difcours fe foutienne dans le dé- tail ; ou que chaque article , dans le ftîle qui lui eft propre , foit travaillé avec foin. Mais il n'y a que la lecture de toute la Pièce qui "pu^fTe en bien faire juger à cet égard. On en jugera provifionellement par les petits échantillons qu'on a déjà vus , & par un morceau plus long que nous allons donner dans Ion entier. C'eft le 7. Article de la deuxième Partie. „ Ce qui aggrave enfin notre douleur , „ c'cu de voir qui font ces Ennemis dont „ la hoirie eit fi cruelle , fi perfide , fi in- „ vétérée. „ Encore fi cétoient des Etrangers l „ mais ce font des Frères , Enfans d'une ,, même À vril, May et J lt i n. i 736. 17 même Patrie ! (a) Je fuis devenu étranger à mes Frères , & up homme de dehors aux Enfans de ma Mère ! „ Encore fi c'cù fient été des Compa- triotes Payens , Juifs , Difciples de Ma- homet ! Mais ce font des Chrétiens : Ido- lâtres , il eft vrai , mais Chrétiens pour- tant ! Enfans de Dieu comme nous en jesus Christ, au moins ( b ) félon la Cha'r : Difciples comme nous de ce- lui qui a dit , ( c ) Apprenez de moi à ê- tre débonnaires cf? humbles de cœur : Et il faut , lorfque les Chrétiens de l'Orient nous entendent parler de notre fort ; il faut qu'à la honte du Nom Chrétien nous leur entendions dire en frémiffant , qu'ils font heureux de vivre fous l'em- pire des Inrldelîes ! „ Encore fi ces Compatriotes Chrétiens, fi ces Frères à double titre étoient ainfi que plufieurs Peuples voifins , de vils Efcîaves de Rome , ( d ) vendus à fa:.re en tout Ce) ce que leur fuggère cette Je- zabel! Mais entre tous les Peuples (f)qiù mangent à fa table , & qui boivent (g) du vin de fes projiitutions , la France fe diftin- gua toujours par un refte de fageflfe ou de fermeté : Plus d'une fois la France lui (h) réfijla en face : Et toute fa fagefle elle „ i'ou- P£ lxix. 9. {b) Rom. ix. Matt. xi. 20. {d) 1 Rois xxi. if. p. 11. 20. (/) 1 Rôrs xviu. jo. (g) Ap. xvii. 2. (b) Gai. 11. 11. Tome VIL Part. I. B i8 Bibliothèque Britannique, „ l'oublie a & toute fa fermeté elle la perd > „ dès-que pour plaire à Rome c'eft nous „ qu'il faut facrifier ! „ Encore fi nous eûiïions été facrifiez „ dans un tems comme celui des Difcor- „ des civiles ou nous nous étions trouvés „ enveloppez malgré nous ! Nous dirions ,, avec Salomon , Ça) Un Frère offenfé efi ,, plus dur quune ville forte , £f les Difcor* „ des entre Frères font comme les verroux ,, d'un Palais. Mais c'eft Çb ) en tems de „ paix qu'ils ont répandu le Sang qu'on ré~ „ pand en tems de guerre : Et Vbomme qui a ,, regimbé de toute fa force contre moi , ( c ) c'eft ., celui qui êtoit en paix avec moi , celui Çd) „ fur qui je m'ajfurois. „ Si au moins c'étoient des Frères qui 5, eiuTent pu me foupçonner de trahiïon 5, ou d'infidélité. Mais ce font des Frè- „ res que j'aimois , & qui connoiiToient „ mon amour : Ils favent que ( e ) lorf- 3, qu'ils étoient malades , je me couvrois d'un 3, Cilice , faffdgeois mon anie par le Jeûne , 3, ma prière retoumoit dans mon fein , je me „ concentrois en moi - même , & priois „ pour eux : Ils favent que je me condui- te fois envers eux comme envers mon intime „ ami , que j'ai mené deuil pour eux (f)com- 33 me celui qui mèneroit deuil pour fa Mère : „ Ils (a) Prov. xviii. 19. (b) 1 Rois 11. 5% {c) Pf. xli. 10, 11. {d) & Jean xiii. 18. (e) Pf. xxxv. 13. (/) Ibid.verf. 14.. Avril, May et Juin. 1736. 19 Ils lavent que dans l'occafion j'ai pro- , digue mon fang pour eux : Toute la , Terre le fait , & ils l'avouent à toute , la Terre : ils louent eux mêmes mon j zèle pour leur fervice , & en reconnoif- , fance de mon zèle ( a ) ils me parlent de , paix: Mais 'la malice eft dans leur cœur : & , pendant qu'au dehors (&) chacun vit en , paix avec moi , comme avec fin meilleur t ami , au dedans il drejje des embûches. La , douleur de Hamafa que Joab vient de , ialuer ; voilà ma douleur. ( c ) Joab , m'appelle Frère , il me donne un baifer , de paix , il m'embrafle , je crois qu'il , m'aime , je me félicite de ce que ma , tendrefle eft payée de retour : & pen- , dant que je fens avec délice ces douces , penfées s'imprimer dans mon efprit avec , le baifer qu'il imprime fur ma bouche ; , pendant qu'entre les bras , mon cœur , s'ouvre aux charmes d'une amitié re- , connue.... dans ce même cœur je fens en- , trer un poignard que le Traître y plonge. „ O FVance ! ô Peuple dont on vante , la douceur , l'humanité , la générofité , , la franchife ! faut-il qu'à la honte éter- , nelle du Nom François on puifie te re- y procher de fi noirs attentats , des cri- , mes fi atroces ; ce que pour t'en laver, . ta plus belle refiburce ait été de les nier y {a) Vf. xxxvin. 3. (b) Jer. ix. 9. II. Sara. xx. p, 10. B 2 2o Bibliothèque Britannique, „ nier avec une impudence qui te cou- „ vre d'un nouvel opprobre! „ Nous dire, pour étouffer la voix „ de nos plaintes , que les Sujets n'ont „ agi que par ordre du Prince ! & que ce „ Prince lui même , en qui nous penfons „ quelquefois reconnoïtre l'Auteur de nos „ maux , n'étoit pas naturellement ingrat „ ni fanguinaire ! que les Directeurs de fa „ Confcience le leduifîrent î que le Cler- „ gé feul fut notre Ennemi ! Ah ! „ qu'importe à notre douleur , fi celui „ qui fait verfer ce fang que nous étions „ encore prêts à verfer pour lui , eft in- „ grat & fanguinaire naturellement , ou „ par art & par choix ! par un vice du tem- „ pérament , ou par une indigne pirîillani- „ mité ! par l'inflinct qui fait les Tyrans , „ ou par l'inftinct qui fait les Efclaves! „ par une brutale foif du fang , ou par la „ lâche peur de ne pas obéir allez fer- „ vilement à des Prêtres EmifTaires de „ Rome ! Ce n'eit point lui , foit : „ c'ed le Clergé qui par lui a violé la „ foi des Sermens les plus facrez , a or- „ donné des profcriptions , des vols pu- „ blics , des Jugemens iniques & cruels , „ des exécutions militaires , la démoli- „ tion des Temples , les Maflacres. Mais „ ils font- tes Enfans , malheureufe Fran- „ ce ! mais ils font tes Enfans com- „ me nous , ces barbares & facrilèges „ Prêtres ! Mais dans ces Enfans fortis „ de Avril, May et Juin. 1736. 21 „ de ton • fein qui fe difent Prêtres du „ ( a ) Dieu de paix & de Miféricorde , tu „ vois des Prêtres plus inhumains que „ ceux de ( b ) la dallée du fils de Hinnom , „ plus dévouez a celui qui (c) dès le corn- „ mencement a été meurtrier & menteur, Pè- „ re du menfonge : Et ces Enfans qui te „ deshonorent , les as tu défavouez ? As „ tu publiquement condamné leurs def- „ feins ? En as tu arrêté , traverfé , re- „ fufé l'exécution ? Avec l'autorité même „ du Prince dont ils avoient furpris la foi- „ bleffe , qu'euiTent ils fait s'ils n'eùilent „ été fécondez ? Qu'euiTent ils fait , s'ils „ n'euffent trouvé ni Juges iniques pour „ condamner des Innocens , ni Témoins „ parjures pour dépofer contr'eux , ni Mi- „ mitres de l'Injuftice pour les dépofTéder „ de leurs Emplois ou de leurs Biens , ni „ Ufurpateurs pour leur fuccéder contre „ leurs droits , ni Efpions ni Calomnia- „ teurs pour les trahir , ni Légions de „ Soldats ou de Bourreaux pour leur faire „ la guerre , pour les mettre à la torture, „ pour les détruire , pour les brûler, pour „ les malTacrer ? Qu'eûfTent fait (d) Âcb.ib „ & Jézabel pour tuer l'innocent Jefraélite ,, ûc pour s'emparer de l'héritage de je s Pè- ,, res , s'ils n'euffent trouvé ni Anciens ca- „ pables de tramer un complot infernal ; „ ni î ThefT. v. 23. b) 2 Chr. xxviii. 3. (r) Jeanviu. que ne répandiez vous celui des *Cou- „ pables qui par leurs attentats vous y au- roient forcé ? C'elt là le comble dé vo- tre lâche perfidie ! Vous avez ménagé les Coupables , parce que FEfprit vindi- „ catif {a) Ad. iy. ip. (b) Matt. vi. 30. Avril, May et Juin. 1735. 23 „ catif de leur Parti vous faifoit trembler : „ Et vous avez égorgé des Innocens , „ parce que vous laviez que l'Eiprit de „ leur Parti c'eil de prier pour leur Bour- „ reaux î „ Nous ne fommes point ingrats. Nous ,, bénilïbns la mémoire de ceux d'entre „ vous qui malgré les Edits n'ont pas vou- ,, lu être nos Perlecuteurs : Nous recon- „ noiflbns avec joye , au milieu de toutes „ nos trilles réflexions , que dans ce Cler- „ gé même qui paroit d'abord le feul cou- „ pable , nous avons trouvé des (a) en- ,, tra:lles de mifericorde , de la protection , ,, des Cœurs lenlibles & Chrétiens, (b) Le ,, Seigneur leur rende félon leur œuvres: ( c) e? 1 fora : Nous lavons qu'en toute Secte, ,, comme en toute Nation, (d) tout hom->ie ,, qui le craint cff qui s'adonne à la jujlice ,, lui eft agréable. Mais ce que Dieu ap- prouve , tu le condamnes , rebelle Pa- trie ! Mais ces Enfans dignes d'être a- voiiez, tu les as perfecutez comme nous ; :u maintiens toujours contre e comme contre nous , tes criminels re- dits. Jufqu'à ce que , par un heureux retour , tu nous autorifes à apcller la France les François qui détellent t :- ; cruelles infidélitez , nos plaintes contre toi le renouvelleront ; & nous ne c „ ferons »1. m. 12. {b) 2 Tim. iv. 14.. c) 1 The il. v. 14. (d) Actx. 3)-. B4 M 24 Bibliothèque Britannique, „ ferons de le redire avec la douleur d'un „ amour outragé , Ce qui aggr ive nos mal- 3, heurs font ton Crime & l'opprobre de Un „ Nom. . 5, O Mère dénaturée ! ô Frères ennemis „ qui nous ( a ) baïjjtz fans cau/e ! & pour „ qui , malgré votre haine , nous confer- ,, vons encore un relie de cet amour , 3, qui eft fort comme la mort , dont les (/;) 3, grandes eaux n'ont pu étAudre i 'ardeur , & 3, que les fleuves n'auront point la force ,, d 'étouffer ! Si jamais je vous oublie, ou 3, fi jamais je longe à vous fans déplorer .,, votre funefte erreur ; que cette main 3, que je vous tends encore , oublie l'ufa- 3, ge d'elle même ! que cette langue qui 3, vous rapelle encore à votre devoir , 3, s'attache à mon palais ! " L'A v e r t i s s e m e n t au refte qui fe trouve à la tête de ce Sermon , parle de certaines Remarques Critiques dont l'Auteur l'auroit accompagné s'il n'avoit craint que la publication des Remarques ne retardât trop celle du fermon même. Les Lecleurs qui voudront lavoir fur quoi elles dévoient rouler , trouveront à fe fatisfaire dans la Lettre fuivante. Lettre de Mr. De Mis s y à un de fes Amis : Contenant dwerfes Remarqués noju*, veîles fur le Pfeaume QXXXVIL o> en par- ticulier fur le tems où il a été coinpofé. Puis- («) Pf. lxix. f. (b) Cant. vm. 7. Avril, May et Juin. 1736. 25 Puisque vous le voulez bien, Mor- ficur , j'aurai l'honneur de vous dire ce que c'eft que les Remarques dont j'ai parlé dans V Avertiffement de mon Sermon. Vous vous ferez fans doute apperçu qu'il y a quelque chofe de ïingulier , foit dans la traduction que je donne du Texte ; foit dans certains endroits du Sermon même , où l'interprétation du Texte efl intéreflee. A ion dcilcin étoit de faire appercevoir à des Lecteurs moins clair-voyans ou moins attentifs que vous , ce qui .leur feroit peut- être échappé ; & de rendre raifon à ceux qui comme vous font mes Maîtres , de la liberté que j'ai prife de fortir un peu du chemin battu, §i- I. La principale fmgularité de ma tra> dv.àïon , ce la feule proprement qui puifle faire quelque peine , c'en: qu'au lieu du Prétérit, Nous nous fovimes tenus ... nous avons pleuré , j'ai traduit par le Préfent , Nous nous tenons ajjls auprès des fleuves de Pabylone ,' £f là nous pleurons: fup- pofmt que ce font les Ifraélites exilez oui parlent , & qu'ils veulent conter de quelle ère ils pafient la vie dans leur Exil. J'avoue que le Temps qui efl dans l'Hé- breu , c'efl: celui qu'on apelle le Prétérit. Mais c'eil une règle de Grammaire des plus communes que ce qu'on apelle le B 5 Pré- ;><5 Bibliothèque Britannique, Prétérit eft fouvent le Préfent par fa li- gnification réelle. Je ne fai même fi à cet- te règle on ne pourroit pas en ajouter une autre : C'eft que comme il y a deux for- tes de Préfents; l'un plus précis ou plus «défini , qui marque que la chofe fe fait actuellement ; l'autre plus vague & plus éten- du , qui marque qu'elle le fait conftam- ment ou dumoins ordinairement ; il y a aufli deux façons diftincr.es de les expri- mer : Et que comme le premier s'exprime heureufement par le Participe Benoni ; le fécond , dont je crois qu'il s'agit ici , s'ex- prime de même par le Prétérit , quoi- qu'il y ait d'autres moyens de l'exprimer. Sur quoi je vous prierai en paflant , vous qui êtes mieux au fait , de me dire fi ce ne feroit pas là une diftinction déjà recon- nue par les Rabbins , qui outre leur Tem- pus mtermedium ou Benoni , parlent encore d'un Tempus flans , (a) équivalent , ce me femblc , à ce que j'ai appelé un Pré- fent plus vague & plus étendu. Ce qui me paroît certain y c'eft que le Benoni n'aquiert cette dernière fignification , qu'à la faveur d'un changement qui en fait un fubftamif , & qui ainfi lui donne une con- ftflence qu'apparemment il n'auroit pas fans ce fecours : Et c'eft un fait , que dans l'endroit ou Aben Ezra a placé fa remar- que (a) Vid. Ûlajpi PbiloL Sac. L. III. Tracï. III. Canon. XLVJ. 2 & Trad. IV. Canon. I. Avril, May et Juin. 1736. 27 que touchant le Tempus flans , il s'agit d'un Préfent très indéterminé : car c'efl fur le Pfeaume premier qu'il a dit: Quan- do volunt loqiti per tempus flans , loquuntur fermone prœteriti , vel Jërmone futuri : Et fa remarque tombe lur le premier verfet , ou tout le Monde convient que Vir qui non abiit. . fletit . . . fedit ( comme traduit littéralement la Vulgate ) fignifie réelle- ment, rbomme qui ne va point . . qui ne s'ar- rête point . . qui ne s'ajfled point : Pourquoi ? parce qu'il eft évident que le Pfalmifte veut condamner ici , non pas un fimple acte pafl'é ou paflager , mais une certaine conduite , une certaine habitude 5 ou il entre une idée de perfévérance ou de continuation , que nous ne faurions ex- primer que par le Préfent. AurTi voyez vous que même dans notre vieille Ver- fion on a préféré le Préfent au Prétérit de l'Original : Et fi on y a confervé le Prétérit en traduifant ces paroles du Pf. 14. verf. 1. On a fort bien fu revenir au Préfent dans les paflages parallèles. Au Pf. LUI 1. vous trouvez, LInfenfé dit en fin cœur , & non pas , VInfènfè a dit. Au Pf. X. 6. il dit en fmy cœur , & non pas , il a dit. Pourquoi donc ne pourrois-je pas traduire à mon tour, Nous nous tenons., nous pleurons.. quoi- 28 Bibliothèque Britannique, quoique grammaticalement il y ait , Nous nous finîmes tenus . . nous avons "pleuré ? Dans les autres exemples ( dira - 1 - on peut-être) il s'agit d'une habitude mora- le qui naturellement fe confidère dans un fens vague & abftrait mieux exprimé par un Préfent indéfini qu'il ne le feroit par notre Prétérit, qui défini ou non exclut toujours l'idée de continuation, & par ce- la feul eil trop précis pour répondre à la peniee du Pfalmifte dans ces exemples : Au lieu que dans le Ffeaume 137. il s'agit d'un fait, dont la narration, comme hiftorique , ne doit rien avoir d'abflrait , ni par con- féquent de vague ou d'indéterminé. Mais , un feul exemple , entre plufîeurs , iufrira pour écarter cette objection. Il ne s'agit certainement pas^ d'une habitude morale dans ce que Moïfe difoit à jéthro ( Cen. XVIII. 16.) pour lui expliquer ce qu'il avoit coutume de faire parmi les Ifraélites : Quand Ut ont quelque caufe , ils viennent à moi : je juge alors entre l'un e? Vautre : &f leur fais entendre les ordonnances de Dieu : C'éft ainfi que portent nos Verrions , & même la'Vulgate , aufli bien que les LXX, à une petite différence près : Et voila qui eft pour le moins autant hiftorique que le commencement de mon Texte: Lifez. ce- pendant l'Original ; & vous verrez que ce qu'on a traduit par le préfent , c'eft le Prétérit. Si les LXX. qui dans ce paflyge ont em- Avril, May et Juin. 1736. 29 employé le préfent , ne s'en font pas fer- vi dans mon Texte, ce n'a été que pour y mettre un Aorifte : èxcêïsctixej -jm ixXav- aafxsv .. Et vous lavez que qui dit un Aorifte , dit un temps indéterminé , dont l'idée peut très - bien répondre à celle du Préfent vague dont je parlois tout - à- Theure Qa. ) La Paraphrafe Chaldai'que ne m'eft pas plus contraire que la Verfion Grcque. Peut-être même que je pourrois tirer quel- que avantage de la Paraphrafe. Car dans le verfet troifième, au lieu de continuer à employer le Prétérit indéterminé de l'O- riginal', elle employé deux fois le Préfent Benoni. Et raptores noftri lœtitiœ canfd dicentes. E lefiigio Levitœ dicentes paa wb t p C'eft fans aucune néeeflité que le Tra- ducteur Latin a mis , cVcebant , ( b ) au lieu de dicunt , le plus conforme à la lettre a- près celui de dicentes. Le (a) Voy. Glajpus ub. fjp. Tract. III. de Verbo. Car>on. XLVII. 1. & la Nom. Mêib. Grêque de Port- Royal. L. VIII. Ch. IX. $. I. {b) Dans la Polyglotte de Walton. 30 Bibliothèque Britannique, Le Père Calmet cite des Interprètes qui foutiennent que le Pfeaume a été écrit par les Captifs arrivez depuis peu à Babylone (a) Dans ce fentiment , il faut de toute né- ceiîité , ce me femble , ou que les Captifs foient cenfez parler au Prélent : ou que leur Prétérit foit cenfé équivalent à ce- lui du Participe Pabul , entant qu'on l'a- pelle Prœterilum adbuc dur ans : ou qu'au moins on le fafle répondre ci notre Im- parfait ; ce qui vaudroit toujours mieux 3 mais qui feroit fujet à d'autres difficultez que je marquerai plus bas. J'ignore fi les Modernes qui ont admis l'hypothèfe , en ont fenti la conféquence par rapport à la manière de traduire : Je ne les ai pas lus : Mais quand ils s'en feroient tenus au Pré- térit , cela ne m'embarafferoit nullement. Les Interprètes font fujets à s'oublier. Godeau ( b ) qui admettoit , comme une Tradition des Rabbins , que le Pfeaume a été compofé par les Lévites durant qu'ils et oient Captifs \ n'en a pas moins employé le Pré- térit dans fa Paraphrafe ; & qui* pis eft , le Prétérit défini : O Sion ! {a) Il cite les Rabbins fur la parole de Simon de Muys ; qui ne dit pourtant pas nuper ou de- puis -peu. Les Modernes citez par le P. Calmet , font Ferrand & Bojfuet. ( b ) Dans l'Argument de fa Paraphrafe du Pfeaume CXXXVI. Avril, May et Juin. 1736. 31 O Sion •' 0 chère Patrie ! Le trifte fowue?ùr de ta gloire flétrie Nous mit les larmes dans les yeux. On peut juger par Ton exemple , qu'il eft très poflible que d'autres , auiTi bien que lui , n'ayent confervé le Prétérit que par habitude & par inadvertence : Car notez que 5 ce n'étoit point la rime ou la mefure qui le gênoit. Vous n'avez qu'à lire les trois premières Strophes , pour vous convaincre qu'il ne lui auroit rien coûté d'y fubflituer le Préfcnt au Prétérit , en diîant : Aflis fur les bords de l'Euphrate , Dont le fier & rapide cours Baigne les orgueilleufes tours De qui Babylone fe flatte : Objet de la fureur des Cieux , O Sion ! ô chère Patrie ! Le trifte fouvenir de ta gloire flétrie Nous met les larmes dans les yeux. Nos harpes toutes détendues , En cet état où nos douleurs Ne veulent de nous que des pleurs , Reftent aux Saules fufpendues : Mais en cette captivité y Nos mai très pleins de violence, Ne nous permettent pas de garder le fîlence , Ni 32 Bibliothèque Britannique, Ni de pleurer en liberté. Reprenez vos harpes muettes , Difent ces Vainqueurs inhumains , Chantez nous ces Cantiques Saints Qu'apprit Sion de fes Prophètes ! Ce difcours accroît nos douleurs , Il nous vient de honte confondre , Et dans notre tranfport , nous n'y pouvons re'- pondre Que par des foupirs & des pleurs. Comment ferions nous &c. Godeau me fait fonger à Buchanan. Voyons, pour la curiofité du fait , ce qu'il y aura dans la Paraphrafe Latine Si le Pré- fent n'y eft pas conftamment employé , du moins il y domine : Dwn procul à Patriâ mœfti Babylonis in oris Fluminis ad ripas forte fedemus aquas Ecce ferox Dominus Soîymœ populator opimœ , Exigit in mediis carmina lœta malis. Tout ce qui m'en déplaît , c'eft que le Préfent y eft accompagné d'un dum forte qui le détermine plus que je n'aurois vou- lu. Mais aufli n'avons nous pas befoin de l'autorité de Buchanan. J'aurois mê- me pu , à la rigueur , me contenter de la règle généralement reconnue , qui dans la traduction des Prétérits Hébreux nous au- torife Avril, May et Juin. 1736. 33 torife toujours à opter entre le Parfait , l'Imparfait, le Pluique -parfait , & le Pré- lent , félon que la Raifon en décidera ; Et c'eft elle , ou je me trompe fort , qui dans mon efprit a décidé ici pour le Pré- lent , fur tout contre le Prétérit : par le quel vous me permettrez de commencer. IL Je le rejette donc parce que le con- ferver c'eft faire prendre le change au Lecteur : c'eft aumoins lui donner lieu de concevoir que les Ifraélites parlent de leur Captivité , comme d'une chofe paiTée , & après leur rétabliflement par Cyrus ; au lieu que c'eft réellement tout le contraire. Le Prétérit eft fi propre à infinuer cette faufle idée , que les plus habiles y font pris ; & cela dans l'Hébreu même , où ils lavent que le Prétérit , malgré la fignifi- cation étymologique de fon nom, s'employe fi fouverit pour décrire un état préieiît. Un Simon de Muys , qui certainement ne Tignoroit pas , qui vous dit d'ailleurs que félon les Rabbins le Pfcaume a été compo- fé dans la Captivité , & qui fans doute é- toit allez d'humeur à les en croire ; les abandonne brufquement , fe perfuade fans peine qu'ils font dans Terreur, pourquoi? parce que ces Prétérits , fedimus , fle-vimus , le lui perfuadent. Ça) Et je ne vois que cette (ya ) Suadent verba prxt. fedimus , flevi?nus, Voy. Sim : de Muys Comment, in Pialmos : Ar- g ■\t : Pf. 1 36. Tome VIL Part. I. C 54 Bibliothèque Britannique, fcètte même raifon qui ait pu pouffer le Père Calmet à fe déclarer pour la même àrypothèfe , comme pour la plus a'fée &f là plus fimple ( a) : car du refte il ne dit pas un mot pour prouver que celle qu'il re- jette , foit forcée & embaraffvnte. Je ref- t)ecte le Prétérit Hébreu. Si les Lecteurs Vy trompent , c'eft leur faute. Ils font avertis qu'il faut juger de fa lignifica- tion par lès circon (tances ; Mais la li- gnification du Prétérit François étant tou- jours toute déterminée , autant qu'elle peut l'être par le terme même de Prétérit ou de Pajjé ; je vous avoue que je ne l'aime point dans nos Verrions , lorlque j'ai lieu de croire que ce qui eft exprimé par le Prétérit dans l'Original n'étoit pas réelle- ment une chofe que l'Auteur regardât comme paffée. Or il me femble avoir quel- que raifon de m'imaginer aumoins que l'Auteur du Pf. 137. ne regardoit pas com- me telle la Captivité de Babylone : qu'il étoit au contraire du nombre des Captifs , & que c'eft en leur nom que dans la Cap- tivité même il a décrit leur état. Grotius difoit ( b ) que c'étoit une fottife que d'en douter. Il ne m'appartient pas de pren- dre la chofe fur ce ton là. Mais en re- vanche , j'alléguerai des raifons. (1.) Le (a) Calmet dans Y Argument du Pf. 136. {b) Dans fa première Remarque fur le Pfeau- tier. Avril, May et Juin. 1736. 35 (1.) Le fenriment des Rabbins , dans un cas de la nature de celui-ci , a beaucoup plus ^e poids que l'opinion de quelques Chrétiens ; & en a d'autant plus encore qu'il s'agit d'un fait dont il eft fort natu- rel que la tradition fe foit confervée par- mi les Juifs ; vu la liaifon fenfible , foit du fait ou de la tradition , avec les Jeu- nes folemnels qu'ils ont conftamment cé- lébrez depuis les vingt premières années de la Captivité de Babylone jufqu'à Tan- née courante. Vous foupçonnez peut-être que ceux qui déclinent ici l'autorité des Rabbins , ont eu foin de dire pourquoi ? Et en effet : On nous dit que fedimus & fievimiLS font des Prétérits : Comme fi les Rabbins s'em- barailoient du Latin de la Vulgate , ou comme s'ils avoient ignoré quel eft le temps grammatical du Texte Hébreu. Pour -moi je crois bonnement que fi ce Temps for- moit une difficulté réelle contre le fenti- ment des Rabbins , ils auraient du être les premiers à s'en appercevoir : & que puifqu'ils n'y ont point vu de difficulté, il faut apparemment qu'il n'y en ait point. On dit encore , à la vérité , qu'en fait de conjectures ou dbypotbèfes on aime les plus aijées & les plus fimples : Mais c'eft là , à la lettre , tout ce qu'on allègue , aumoins que je fâche : Et on ne fonge pas qu'il nous arrive tous les jours de n'apeller une hypothèfe , aifée 6? /impie , c-ue paiee que C 2 nous 36 Bibliothèque Britannique, nous la recevons aifément & avec {impli- cite. Vous voyez bien , Monfieur , que l'autorité des Rabbins , n'efl pas même ef- fleurée par ces fortes de raifons. (2.) Si c'eft du fimple & de Yaifé qu'il nous faut , cela même établit fi bien leur fentiment qu'il devroit l'emporter quand leur autorité n'y entreroit pour rien. Car en fuppofant contre leur fentiment , que les Iiraélites ne décrivent ici leur Exil qu'après leur retour , je comprendrai bien, il elt vrai , comment on peut leur faire dire au deuxième verfet , fur le même ton que dans le premier, Nous avons pendu nos harpes aux Saules : je comprendrai bien en- core comment ils pourront dire dans le verfet troifiême , Ceux qui nous avoient em- mené Captifs nous ont demandé des paroles de Cantique &c. Mais le moyen, je vous prie, que là-deffus ils s'écrient immédiatement enfui te , Comment chanterions nous ! Tout le monde fent que le tour naturel feroit , Comment aurions nous chanté ? Mais fi c'étoit là ce que le Pfalmifte vouloit dire , que ne le difoit il ? J'avoue que Diodati le lui fait dire : Mais fans examiner fi on a bien apprécié la Verfion de Diodati lorfqu'on a dit qu'elle étoit Vaverfion des Savans , il me fuffira de remarquer qu'il ne la juflifie ici par aucun paffage parallèle. En vain . citeroit on en fa faveur certains pafTages ou le même tems hébreu fe trouve tra- duit de même par le Plus -que-parfait du Sub* avril, May et Juin. 1736. 37 Subjonctif. Je puis attirer aumoins que dans les partages de cet ordre que je dé- couvre , c'eft fans aucune néceflité que ce Flus-que-parfait a été employé contre na- ture. Ifrael fi in viis meis ambidajjet. . inimi- cos eorum bumiliajjem (a): voila un de ces PafTages : Le fens naturel étoit : Si in viis meis ambularet , inimicos eorum humiliarem : ou même , Si ambulaverint , bumiliabo : ce qui feroit encore plus littéral. Utinam pe- riijjet dies quo nafciturus eram : C'eft un au- tre partage (&): Le fens le plus naturel eft aflurément , Pereat dies in quâ natus Jum ( c ) , comme l'a rendu la Vulgate , fui- vie en cela des Traducteurs de Genève , & de Diodati lui même. Dans les endroits ou la liaifon du difcours demande vérita- blement qu'on traduife par le Plus-que-par- fait du Subjonctif, l'Hébreu fe fert du Pré- térit (d): au lieu qu'ici c'eft un Futur (& cela fans Vm converfif ) qui à la rigueur exigeroit qu'on traduisît , Comment chante- rons nous ? AulTi eft-ce de la forte que tra- dmfent les LXX. & la Vulgate. La con- itruction eft ici précifément la même que dans (a) Pf. LXXX. ou LXXXI. 14, if. {b) Job III. 3. Selon l'interprétation de la Bible de Genève a la marge : & de_GlaJ)ius , Ca- non XLV. de Verbo. non feulement parce Avril, May et Juin. 1736. 43 parce que le ki- hébreu , du quel peut-être eft venu le M des Grecs, & qui fouvent répond à leur yàp , me paroît comme leur yàù & comme leur mû une particule dont le fens eft fort vague ; mais encore parce qu'il femble tenir quelquefois de la nature des difjonclives ou advcrfatives , & que no- tre Et à la même propriété dans les an-* tithèfes (a). Si néanmoins vous aimiez mieux conlerver à ki la fignification de quand ou de lorfque , j'y donne les mains , & c'eft à cette finifica'tion que je voulois d'abord m'en tenir. Mais le là revient toujours : & nous ne faurions pour- tant le mettre ni avec quand , ni avec lorf- que. On ne dit point du tout Qiiand là: & lorfque là feroit encore barbare. Lorfque voilà eft plus François , & ne répond peut- être pas moins à l'Original. Il y a d'au- tres langues que l'Hébreu , dans lefquel- les des idées aufli analogues que celles du là & du voila , s'expriment par un mot commun: témoin le tbere des Anglqis,qui proprement lignifie là , & qui très fouvent le trafic par voilà (b). L'Hébreu n'eft pas une Langue plus délicate. Tout le Monde convient qu'en général la fignifi- cation ( a ) La Paraphrafe Chaldaïque porte OHN que le^Tradu&eur Latin a cru pouvoir rendre par êutem. ( b ) Tbtrs h: comss : en François , U voila qui vient. 44 Bibliothèque Britannique, cation des particules hébraïques admet u- ne grande latitude ; & doit fe déterminer Erincipalement par la liaifon du difcours. .'Interprête Latin a traduit quia. Il avoit trouvé on dans les LXX. On a fait de fon quia un Car en François. Et tout cela vraifemblablement au hazard, pour fe tirer d'affaire en attendant mieux. Lorfque voila m'a paru plus clair & plus net : & peut- être m'auroit il fatisfait fi je Pavois cru allez élégant. Là delfus s'eft préfenté Et voila , qui eft moins long & plus doux. Relie à favoir s'il eft allez équivalent poul- ie fens. Je m'en rapporte à vous. Il me fuffit de pouvoir dire que le Quand de no- tre Verfion n'étant pas nécelîaire , il ne fauroit nous obliger à reconnoître ici les ellipfes violentes que j'ai fait voir d'ail- leurs qu'il falloit rejetter ; mais qui enco- re reviendront defagréablement , dès-que les Ifraélites feront cenfez parler de leur Exil après leur retour. (3) Si on m'accorde qu'ils déplorent leur Exil dans leur Exil même , rien de plus naturel , rien de plus touchant que ce qu'ils ajoutent , fi je t'oublie 0 Jêrufalem &c. Et j'oferois prefque affurer que tous ceux qui en font touchez , s'imaginent dans ce moment (malgré tout ce qu'ils peu- vent s'être imaginé jufques-là ) que c'eft du fonds de la Chaldée que partent ces foupirs pouffez' vers Jêrufalem. Théodoret femble bien 5 je l'avoue, n'avoir pas éprou- vé Avril, May et Juin. 1736. 45 vé ce que je dis : puifque félon lui le fens eft: Si je Vai oubliée pendant que j'étois loin de toi , &P fi jamais je t'oublie : Mais Théo doret faifoit un Commentaire ; & en hom- me d'efprit il vouloit le faire bien lié : il écoit de fon intérêt d'écarter par fon ex- plication une idée qui ne s'ajuftoit pas à Ion hypothèfe , & laquelle il preiïentoit que là fimple lecture du Texte donneroit à tout le Monde : marque qu'il avoit d'a- bord lui même reconnu dans les paroles du Texte le pur langage de l'abfence; tel qu'en effet on l'y reconnoîtra toujours, tant qu'on ne s'avifera pas de faire violen- ce à la lettre. Car fe mettre dans l'efprit que les Ifraélites dans une apoftrophe à Jé- rufalem préfente & remife en leur poffef- fion , s'addreflént à elle dans les mêmes ter- mes précifément qu'une douloureufe abfen- ce auroit pu leur ditter ; fe mettre dans l'efprit qu'au milieu de Jérufalem, au com- ble des vœux qu'ils ont formez pour la re- voir, ils faflent femblant d'en être encore bien éloignez afin d'avoir quelque chofe de plus tendre & de plus pathétique à lui di- re ; ce feroit leur prêter à pure perte une affeclation romanefque à la quelle perfonne ne fonge guère , & chercher avec peine le langage artificiel de l'Imagination où l'on eft maître de trouver le langage aimable du Coeur & de la Nature. Je conçois bien que deux Amis fujets à de fréquentes abfences , & qui ne fe revoyent en quelque forte que pour 46 Bibliothèque Britannique, pour fe dire un nouvel adieu , peuvent na* turellement dans leurs entrevues fe jurer l'un à l'autre qu'ils ne s'oublieront jamais. Il fuffira même quelquefois qu'ils nuiflent prévoir une féparation. Mais les Ifraélites rétablis dans leur Patrie & libres d'y paf- fer le refte de leurs jours , doivent natu- rellement lui parler comme des Enfans qui font état de vivre & de mourir entre les bras de leur Mère, & non pas comme s'ils étoient encore fur le point de la quitter: Je ne nie pas qu'ils n'ayent pu repeter au milieu de Jérufalem un Cantique compofé dans l'abfence, & où Fabfence eft fuppo- fée. Ces fortes de repétitions, prifes com- me telles, ne font point contradictoires & ont leur ufage. Mais il ne s'agit pas ici de la repétition du Cantique : Il s'agit de fon origine ; dans laquelle il faut abfolu- ment que nous le trouvions bien afforti 4 la fituation de ceux qui y expriment leurs fentimens. S'il s'adapte mieux à la fitua- tion des Ifraélites exilez, qu'à celle des Is- raélites rétablis , en voila aiTez pour me perfuader que c'efl dans l'exil & non après le rétabliflement qu'il a été compofé. ( 4 ) Après les îbupirs pouffez vers ]é- ruialem, viennent les imprécations contre fes Ennemis. O Etemel ! fouvien toi des En- fans d'Edom qui dans la journée de Jérufalem , difoient, faccagez , faccagez , jnf qu'à fes fonde- miens. Fille de Babylone , qui à ton tour dois iùre détruite j heureux celui qui te rendra la par Avril, May ït Juin. 1736. 47 pareille de ce que tu nous as fait ! heureux celui qui empoignera tes petits Enfans , £f les écra- Jera contre la pierre ! Qu'en dites vous Mon- iieur ? Ces imprécations ne font elles pas beaucoup plus naturelles dans la Captivité > avant la réduction de Babylone par Cyrus-, qu'après un rétablifiement qui fut la fuite de cette. réduction? Il eft vrai que par cet- te réduction .Babylone n'avoit pas encore été détruite à la rigueur. Mais outre qu'el- le l'avoit été au moins en partie , & que même dans le fens principal elle l'avoit été entièrement, je veux dire comme Siège de l'Empire Babylonien ; vous favez bien qu'on n'a pas droit de prefler ici rigoureufement le terme de détruite^ à la place duquel ceux par qui il eft employé , ne nient pas qu'on ne puiiïe mettre ce'lui de malbeureu- Je ou de miftrable , ainfi que l'a fait la Vul- -gate après les L X X; ou bien encore ce- -lui de Dejlrucir:ce , conformément à d'autres Interprêtes ( a ) qui peut-être ont attrapé jufte, & à l'imitation defquels j'aurois tra- duit , Babylone la Dejlruftrice , fi je ne m'é- tois borné à ne m'écarter de nos traduc- tions reçues qu'autant qu'il le falloit pour ■accorder mon Texte avec mon Sermon : Car du relie il me paroi t évident que il -on lit, Fille de Babylone la Deftruclrice , heu- reux celui qui te rendra la pareille, le fens a {a) Targum , lïcz'.iftatrù:. Verf.-Syr.. Dépr&da- ■ trix..Sjm. i m 48 Bibliothèque Britannique, a quelque choie de plus vif & de plus lu- mineux; le fécond membre de la période correfpond plus exactement au premier ; la raifon de l'épithète donnée à la Fille de Ba- bylone fe trouve dans le vœu qui fuit im- médiatement , fans 'aller la chercher ail- leurs : Et c'en: pour ne pas perdre tout à fait cette idée que j'ai inféré à ton tour dans la traduction que j'ai confervée : c'efl quel- que chofe: mais ce n'elt pas afTez. Dans l'Hébreu jl y a , comme vous voyez , un He em- phatique , ou pour mieux dire , vocatif & pathétique , qui prouve que le mot doit être pris fabftantivement , ou pour un adjectif fubftantifié ( fi j'ofa alnfî dire ) tel qu'eft la malheur eufe ou la mi/érable. Et on m'ob- jedteroit à tort qu'on peut traduire de mê- me la Défolée. Quoique cela fût vrai , ce- la ne concluroit rien en faveur du fyflême que je combats , puifque cela conviendroit tout aufli bien à celui que je défens : dans lequel Babylone feroit la Défolée par une anticipation Poétique non feulement très- belle , mais très-commune dans le ftile des Prophètes. D'ailleurs : quelle apparence que le Pfalmifte eût voulu dire ( car c'eft à quoi reviendroit fa penfée ) Babylone qui es déjà défolée , heureux celui qui te défolera fil ne t'avoit pas encore défolée ? Pour ôter à cette penfée ce qu'elle a de faux ou au- moins Avril, May et Juin. 1736. 49 moins de froid , qui ne voit qu'il faudroit dire , heureux celui qui te défilera encore da- vantage , ou qui te rendra la pareille encore mieux qu'il na fait ? Le malheur eft que le Texte dit Amplement , qui te rendra h pa- reille. Mais par celui qui devoit rendre la pa- reille à Babylone , qui pouvoit on tnten- dre , je vous prie , iurtout après le réta- bliflement des Ifraélites ? N'étoit - ce pas Oyrus , comme je l'ai dit dans mon Ser~ mon, p. 70? Or ce que Cyrus devoit fai- re ne Favoit il pas déjà fait alors , quoi- qu'il laiflat encore beaucoup à faire à un Darius & à un Xerxès ? N'avoit il pas fait l'eilentiel , & frappé le coup décillf ? La Ville furpvife , après un long fiège , par la deftruftion d'une Digue de laquelle dépen- doit un de fes plus beaux ornemens & un de les plus grands avantages ; la Garde du Pa- lais mife en pièces ; le Roy , & mille Courtifans avec lui, paflez au' fil de Tépée par les foldats de Cvrus ; l'Empire de Ba- bylone anéanti ; les Ifraélites rétablis avec honneur ( a ) : Tout cela les vange-t-il fi imparfaitement qu'ils puuTent de bonne grâce en prétendre caufe d'ignorance ; & parler encore de celui qui rendroit la pa- reille à Babylone , comme d'un Perfonna- ge inconnu qui n'exifleroit que dans leurs /i ora- (a) Prideaux L. II. An. de Beltfatzar 16 , 17; av. J. C. 5-40, H9--37» Tome FIL Pan, L E> jo Bibliothèque Britannique, oracles ? La vangeance n'a - 1 - elle pas mê- me été déjà aftez fanglante pour leur don- ner quelque fatisfaction fur l'oracle parti- culier des Enfans ou des jeunes gens écra- fez (a ) P . . . Excufez , Moniieur. Quoique je n'aye pas tout dit , je crains d'en avoir dit trop pour vous qui entendez à demi- mot , & qui n'aimez point à allonger les difputes par la chicane. Soit donc arrêté , fauf votre avis , que le Pf. 137. a été com- pofé dans le Payi's même de Babylone ; ce dans l'intervalle des 70 ans qui s'écoulè- rent entre la première tranfmigration des Ifraélites ou leur premier tranfport fous Nébucadnetzar , & leur rétabliilement ac- cordé par Cyrus. Cela eft encore bien vague. J'aurai be- foin de quelque chofe de plus précis dans un autre endroit. Mais c'eit toute la pré- cifion qu'il me faut ici , où. il ne s'agit que de juiliner la liberté que j'ai prife de renoncer au Prétérit de la plufpart des Traducteurs. III. Quant à Y Imparfait , admis par quel- ques autres (b), il faut convenir que n on vouloit en faire un certain ufage 3 il ne fe- (a) Ef. XIII. 16-18. ( b ) Voyez Patable , Diodati , le Clerc. Clément Marot aufil a employé l'Imparfait dans les deux premiers vers. • Ejlans affis aux rivas aquatiques De Bab-jton , plorions mélancoliques: Avril, May et Juin. 17.3a 51 feroit pas fujet aux mêmes difficultez que le Prétérit. Je conçois aumoins qu'on Courroie l'employer dans le premier ver- iet , en fuppoiant & en indiquant , s'il é- toit poiîîble , que? les Ifraélites décrivent une avanture particulière. Nous nous te- nions ( fous-entendez un jour) nous nous te- nions a (fis auprès des fleuves de Babylone , ff là nous pleurions. . . Nous avions pendu nos harpes à des fautes au milieu d'elle : Lorfque voila , ceux qui nous ont emmené Captifs nous demandèrent des paroles de Cantique. . . Ah ! comment chanterions nous £fc. Cela forme un narré affez fuivi , & qui peut fort bien être cenie fe faire à Babylone. Aufli voyez vous que Clément Marot ayant pris à peu près ce tour là , l'Auteur des Argumens du Pfeautier de Genève a mis à la tête de ce Pfeaume , C'ejl le Cantique des Prêtres , Lévi- tes , cf Chantres fierez de Jérufalem , captifs en Babylone. Mais je trouve ici d'autres in- convéniens. Premièrement s il faut que le feul temps employé dans l'Hébreu foie ici fucceflive- ment un Imparfait , Nous nous tenions ; un Pius-que-parfait, Nous avions pendu; & un Prétérit défini , Us nous demandèrent. C'elt un embarras où je ne voudrois au moins me mettre qu'au dernier befoin. En fécond lieu, je doute qu'il (bit bien na- turel de fous-entendre un jour dans le Tex- te : & je crois que toutes chofes égales d'ailleurs , la meilleure traduction eft tou- D 2 jours 52Bîbliotheque Britannique, jours celle qui n'ajoute rien à l'original. En troifiême lieu , j'ai peine à m'imaginer que le Pfalmifte ne nous parle que d'une avanture particulière. Si ce qu'il raconte n'eft arrivé qu'une fois, non - feulement la chofe me paroît moins intérelfante , & moins digne de la grande attention qu'il y fait ; mais je ne comprens plus pourquoi il accufe tout un Peuple. Ceux, dit -il, qui nous ont emmené Captifs. C'eft défigner les Chaldéens ou les Babyloniens en général. C'eft aumoins infinuer que l'infulte rappor- tée dans cet endroit eft l'effet d'une difpo- ïition nationale , qui naturellement ne fe découvre pas par une avanture particulière. En quatrième lieu , je trouve dès les deux premiers verfets des idées qui me font ju- ger que ce que veulent décrire les Ifraéli- tes , c'eft leur manière dé pafler le tems , c'eft leur train de vie ordinaire à Babylo- ne. Ces Rivages , ces Harpes même , lont autant d'indices auxquels il me femble re- connoître les ufages & les coutumes de ce Peuple , ou ce que le génie des Ifraélites devoit leur faire faire communément dans une fituation comme celle ou ils étoient. Aumoins les trouve-t-on dans la fuite fai- fant communément quelque chofe de fort femblable dans les lieux de leur difperîion ou ils font opprimez. ; Lors qu'on leur a ôté leurs Synagogues ou leurs Oratoires à Alexandrie , ^je les vois courir tous les jours aux Rivages voi- fins Avril, May et Juin. 1736. 55 fins pour y prier Dieu : Et leur inclination à choifir des rivages pour leurs Aflémblées religieufes , a paru dans plus d'une occa- (ion. (a) Lors qu'à Rome ils font opprimez par Domitien, je les vois s'aflVmbl ■•• ho. de la Ville dans un lieu , ou je trouve non- feulement une belle Fontaine , mais des Arbres : Nunc facri fontis nemus & delubra îocantur Judœis. (Z?) Et les Arbres font ici remarquables. Juve- nal aumoins femble y avoir fait attention comme à quelque chofe de fort particulier : Car outre la reflexion qu'il fait dans ce vers , Qmnis enim populo mercedem pendere jujja ejb Arbor: {c) Vous favez qu'il fait entrer les arbres dans le caractère de la Juive dont il parle ailleurs : Interpres LegumSolymarum, £f magna Sacerdos Arbor is. {d) A (a) Voy. Bafnage , Hift. des Juifs. Terne ou Li" vre VI. Ch. IV. $ VII. VIII. XI. (b) Juven. Sat. III. verf. 13 } 14. (jz) Ibid. verf. if, 16. du Tome II. (b) Gejsrus & Cajet: apud Volum. Voyez auflî la remarque de Ivîr, Martin fur le même en- droit* Avril, Mat et Juin. 173(5. 55 rois-je , on peut fuppofer fort vraifembla- blement que c'efî par métaphore aufil qu'il cafTe Ton baut bois , ou que fa lyre eft pen- due au croc. Mais cela ell fi badin que je n'ai pu en parler un moment fans perdre mon férieux. Pardon, Monlieur, je le re- prendrai bien vite : mais ce fera pour dire que je me crois obligé de chercher dans cette trille defeription d'un Prophète quel- que chofe de plus grave que les jolies fi- gures d'une Imagination qui fe joue , pen- dant qu'elle a des malheurs réels à décri- re , & des malheurs défolans qui veulent que l'exprefiion foit toujours (impie & na- ïve afin de paroître toujours fideile. Si les métaphores font de mile en pareil cas , ce font uniquement celles qui fe reconnoif- fent fi facilement qu'il foit impoflible d'y prendre le change. Eh ! qui ne le pren- droit ici? Sans examiner fi pendre des har- pes à des faules ne lignifiera bien naturelle- ment qu'are dans une grande affiiàion ; la prétendue métaphore le trouve ici dans une liaifon fi fenfible avec ce qui la précè- de & qui la fuit , que fi on l'admet , le tout-enfembie pourra perdre fa réalité ; & la defeription entière ne fera plus elle mê- me qu'une longue & violente métaphore, une pure Allégorie , malgré tout ce qu'e - le a d'hiltorique. Perfuadé par ces raifons, qu'il falloit (s'il étoit poiuble) imaginer quelque choie de mieux; j'ai eu recours à D 4 fc 56B1BLIOTHEQUE Britannique, la fuppofition d'un ufage qui fe feroit in- troduit fort naturellement parmi les Lévi- tes Muficiens tranfportez à Babylone , non feulement de porter avec eux leurs inftru- mens de Mufique comme un meuble de leur profeflion ; mais de les porter furtout à leurs AfTemblées religieules aux bords de l'Euphrate ; & là , de les pendre aux fau? les par un principe myftérieux , pour fe re- présenter fymboliquement , dans la fufpen- îîon vifible de leurs Concerts 3 le trille état où la colère de Dieu avoit réduit fon Peuple & les Miniftres de fon Culte. Pour s'appercevoir combien ces fortes d'a&ions fymboliques font conformes au goût de la Nation , & nommément dans ces tems-là , & à Babylone , il n'y a qu'à lire le Livre d'Ezéch'iel : pour ne point parler ici du Culte , qui n'etoit qu'un tiflu d'adtions fymboliques. Vous voudriez peut-être quelque exem- ple d'une action lymbolique qui eût pafle en coutume fans avoir été ordonnée de Dieu ? Vous en avez un bien marqué , ce me femble , dans le Copbinus fœnumque que les Juifs du tems de Juvenal portaient avec eux à leurs AfTemblées dans la Forêt d'E- gérfc : car c'étoit là furtout qu'ils le por- toient : au moins voit on que lorfqu'ils Tentroient dans la Ville , c'étoit après avoir laiiTé là leur équipage myftérieux , comme s'ils avoient eu peur qu'à ce figne on 10 Avril, May et Juin. 173(5. 57 ne les reconnût & on ne leur fie quel- que infulte : Copbino fœnoque relifto , Arcanam Judœa tremens mendicat in aurem. (a) C'eft par cet équipage que Juvenaî les dé- peint (comme par une chofe qui les ca- ractérise ) dans l'endroit même ou il parle de la Forêt ou ils alloient faire leurs dé^ votions* Nunc facri fontis nemus £f delubra locantur Jadœis : quorum cophinus fœnumque fupellex. Et quand j'apelle cet équipage myftérieux, vous favez que je ne parle pas de mon chef: que d'habiles gens y ont reconnu un Symbole de la néceflîté où les Juifs s'étoiént vu réduits , de manger du foin , pendant le dernier fiège de Jérufalem par les Romains : que ce ientiment efl même appuyé de quelque autorité (b). Il fem- ble d'ailleurs qu'il faudrait l'admettre , ne fût-ce que pour l'honneur de Juvenal , qui autrement aura fait beaucoup d'atten- tion à ce qui n'en méritoit çoint ; lui qui certainement n'étoit pas un lot 3 quoiqu'il ne (a) Juv. Sat. VI. verf. 5-41, ^42. {b) Voyez Britannica* , fur l'endroit cité: Et Henninius dans fes Jpicilegia fur le ftiême en- droit. 58 Bibliothèque Britannique, ne fut pas un Horace. Or il porter du foin a été une coutume myftérieufe & fymbo- lique parmi les Juifs opprimez à Kome, je ne vois pas pourquoi porter des barpes £? n'en point jouer n'auroit pas été auifi une coutume de la même nature parmi les Lé- vites Captifs à Babylone. Revenons main- tenant à ma thèfe. ' Si les Lévites ont à décrire ce qu'ils ont coutume de faire , & les railleries ou les infuites auxquelles ils font expofez par là ; quelle apparence qu'ils n'ayent en vue qu'une avanture particu- lière ? Tout ce qu'on peut répondre * c'eft que peut être ils ont décrit la choie dès la Îjremière fois qu'elle leur arriva. Mais quel- e apparence encore qu'elle leur (bit arri- vée pour la première lois à Babylone ou ils mettent la fcène ? N'avoit on pas du avoir cent occafions naturelles de leur demander qu'ils tiràffent des fons de leurs Inftrumens oififs, pendant qu'on les emmenoit captifs de Jérufalem à Eabylone , & qu'ils étoient en butte à l'infolence du foldat en campa- gne & nouvellement victorieux ? Après tout : à quoi bon s'opiniâtrer à traduire par Y Imparfait qui représente une avanture par- ticulière , lors qu'il n'y a rien dans le Tex- te qui détermine plutôt en faveur de l'Im- parfait qu'en faveur du Préfent , qui à d'au- tres éeards fait beaucoup mieux? § i i Je finirai donc ici les Remarques que j'a- voit Avril, May et Juin. 1736. 59 vois à vous propofer far la tradu&ion du Texte: Et je tâcherai d'être plus court fur celles qui regardent certains endroits du Sermon 9 oh l'interprétation du Texte eft intéreflee. I. Le premier de ces endroits ne m'arrê- tera qu'un moment. C'eft celui ou je dis , (a) Qiie fi jamais nous avons été réduits ( comme \tmblent l'avoir été les Israélites') à nous at- trouper dans les Forets & dans les Campagnes , pour donner enfemble des larmes au Jouvenir d'un Temple détruit , fur les mazures même du- quel 770s Affemblées n'ofoient Je former ; c'eft dans notre facrilège Patrie , deftruàrice furieu- Je de nos fanftuaires , & non dans cette Terre fainte qui nous offre de toutes parts des Sanc- tuaires plus glorieux , plus inébranlables. Il y a deux choies à remarquer dans ces paro- les. L'une, que les Ifraélites qui parlent dans le Texte femblent avoir été réduits à s'attrouper dans les Forêts & dans les Cam- pagnes : Vautre , que leur Temple alors étoit détruit. Mais comme ce dernier point s'éclaircira plus à propos dans un autre article , je ne parle à préfent que du pre- mier : ce je n'ai qu'un mot à en dire. C'eft que s'il n'eft pas déjà allez éclairci par les reflexions que j'ai faites fur les coutumes des Ifraélites, on peut y ajouter, 1. Une remarque que' vient de me four- nir notre Ami commun Mr. Stebelin: C'eft (a) Page 10. 6o Bibliothèque Britannique, que félon Aben-Ezra> lors que les Lévites difent dans le Pf. 137. Sur les fleuves de Ba- bylone, ils défignent par là les lieux ou ils fe retiroient afin de ne pas avoir les Ba- byloniens pour témoins des . larmes qu'ils repandoient en fe fouvenant de Sion : (a) 2. Une penfée qui n'a pas échappé au P. Calmet , & qui auroit du venir dans l'ef- prit à tous les Commentateurs : C'eft que vu la vafle étendue de Babylone , & la ma- nière dont le terrain y étoit distribué ou employé , il n'efl point furprenant de voir dans l'enceinte même de la Ville des ef- paces confidérables plantez d'arbres , des prez & des champs. 1 1. Le fécond endroit du Sermon , dont je voulois parler , ne m'arrêtera pas davan- tage. C'eft celui ou applicant à mon fujet les paroles du verfet cinquième , je les pa- raphrafe de la forte ( b) : Si je vous oublie, puijfe cette main , que je lève au Ciel , fe fi- cher &? oublier Vufage d'elle même! A quoi il faut rapporter les autres endroits ou apli- cant le verfet qui fuit, je le paraphrafe d'une manière qui fe réduit à ceci(c): Que cette langue ; qui vous aura fait un faux fer- ment , s'attache à mon palais , fi &c. Com- me {a) Go.deau dit quelque chofe de femblable dans l'Argument de fa Paraphrafe. Mais il fe con- tente de citer les Rabbins en général. (&) Page 4.3, 44. te) Page $Q & 5-2, Avril, May et Juin. 1736, 6t me je reviens plus d'une fois à l'applica- tion & à la paraphrafe de ces deux ver- fets , j'y ai mêlé félon l'occafion des pen- fées analogues que le Texte proprement ne renferme pas. J'ai prétendu cependant en donner aufli le véritable fens : Et fi je ne me fuis pas trompé , la paraphrafe que vous venez de lire , eft la feule qui le pré- fente ? quoiqu'elle n'ait aucun rapport avec l'explication qui jufqu'à préfent à été re- gardée comme la plus fatisfaifante , & qui fans contredit eft très ingénieufe. Mais je me méfie toujours des Commen- tateurs , lorfque leur glôfe ne s'enchafle dans le Texte que de manière à l'emba- ralTer. Or pour enchafTer la glôfe dans le Texte conformément aux Commentateurs que j'ai en vue , voyons qu'elle feroit la paraphrafe. Si je f oublie, ôjérufalem ! [com- me je le ferois fi dans une Terre étrangère je jouois fur ma harpe , dont j'ai parlé ci defilis , les airs qu'on me demande ] puijje ma main droite [ qui les aura jouez ] oublier [l'art de toucher de la harpe!] Et fi je ne fais pas de Jérufalem la four ce de ma joye [ comme on pourroît me le reprocher en cas que je chantaffe dans une Terre étran- gère les Cantiques dont je parlois tout-à- l'heure ] puiffe ma langue [ qui les aura ar- ticulez & qui par là aura contribué à les chanter] s'attacher à mon palais. Avouez que^ voila bien de l'efprit perdu entre ces crochets. Otez les ; & voila le Texte noyé ^Bibliothèque Britannique, noyé dans la glôfe. Encore a-t-il fallu pour ajufter l'un avec l'autre , renverfer Tordre des paroles \ & faire commencer le verfet fixieme par ou il finit. Mon ex- plication n'eût elle d'autre avantage que celui d'être plus fimple & plus ailée , je la préfèrerois par cette feule raifon. Mais il y a plus. Perfonne ne niera que les paroles du Pfalmifte ne foient une forte de ferment , accompagné d'une imprécation contre fa main droite & contre fa langue. Quelle raifon plus plaufible en peut on donner , que celle qui fe tirera du ferment même ? Or c'en: de là uniquement que je tire la mienne. On fait que chez les Ifraélites, faire un ferment , c'étoit allez communé- ment lever la main droite vers le Ciel, (a) comme pour le prendre à témoin : On conçoit même que ce gefte efl prefque inévitable dans les fermens d'un amour af- fligé ; qui de plus s'addreffe , par une vive apoflrophe , à un objet abfent : Et perfon- ne ne peut ignorer que chez tous les Peu- ples du Monde , prononcer un ferment c'efl mouvoir la langue ; qui comme or- gane de la parole , efl cenfée repréfenter la p^erfonne entière pour qui elle prononce le ferment. Je n'en veux pas d'avantage. Si c'efl la langue & la main droite qui font le ferment, l'imprécation ne fauroit tom- (a) Gsn. XIV. zi3 23. Pf. CVI. 26. Avril, May et Juin. 1736. 63 tomber fur rien plus naturellement que fur la main droite & fur la Langue. III. Le troifiême endroit que je voudrois éclaircir , c'efb celui où je parois fuppofer que les Captifs déplorent ici leur condi- tion après avoir reçu dans leur Captivité diverfes creuves de la protection divine , parmi lesquelles j'en ai compté quelques unes qu'ils ne reçurent que bien près du tems de leur retablilTement. Sur quoi je commencerai par vous avouer que cet ar- ticle de mon Sermon n'eiî point exact , ou ne s'accorde pas comme il devroit avec le principe que j'ai établi touchant le tems où le PL 137. fut compofé. Ce principe étant aumoins indiqué dans plus d'un en- droit du Diicours , on peut me reprocher à bon efcient que j'ai péché contre la rè- gle qui dit: (a) Primo ne médium , medio ne difcrepet imum. J'ai même fa't dans ce genre une faute lî groflière que je fuis furpris que perfonne jie m'en ait averti : C'eit d'avoir m s au nombre des confondons qu'avoient les Captifs de Babvlone , celles qu'ils rece- voient de Jéruialem par le miniflère de Zacbarie : lui qui ne fut chargé d'un pareil miniflère qu'à l'égard de ceux qui étoienc demeurez librement à Babylone après le s, réta- (a) Hor. Art. Poet. verf. 15-2. #4 Bibliothèque Britannique, rétabliffement de la Nation. Et comme fi j'avois eu peur de ne pas faire la faute af« fez bien , je n'ai pas manqué de la repéter à la première occafion qui s'en eft préfen- tée dans la fuite , à la page 25. ou parlant des Ifraélites à qui Zacharie avoit eu af- faire , je leur donne encore le titre de Captifs. Au lieu de ce mot mettez , je vous prie, celui d' Ifraélites dans votre Exem- plaire. Et à l'égard de l'article ou il s'agit des confolations accordées aux Captifs, ayez la bonté d'y effacer tout ce que vous ne trouverez pas dans la nouvelle Copie que je vais vous en donner , revue & corrigée. „ Quoi ! parce que nos malheurs ont „ leur beau côté , il faudra fermer les „ yeux à ce qu'ils ont de trille ? Condam- „ nez donc auffi la fenfibilité même des „ Ifraélites. Car penfez vous que leur fi- „ tuation , auffi bien que la nôtre, n'eût pas „ fon côté avantageux ? (a) N'étoit-ce rien „ pour eux, que de favoir par les oracles mê« „ mes dont leur captivité fut l'accomplifTe- „ ment , qu'après Joixante £? dix ans leur „ captivité cefferoit? N'étoit-ce rien que l'E« 3, dit publié par Nébucadnetzar lui même * „ portant que Qi) quiconque parlerait indécem- 5, ment contre le Dieu des Ifraélites, fer oit mis en 3, pièces , [y fa maifon réduite en voirie ? N'étoit- » ce {a) Ter. XX V. n, 12. (b) ~Diï\. III. 2$i Avril, May et Juin. 1736. 6$ 3, rien que les miracles éclatans par lef- 3, quels Dieu leur procura ce favorable 3, Édit ? le miracle de la ( a ) Fournaifc 3, ar ente,\e miracle du Songe divinement ex- 3, pliqué? N'étoit-ce rien que de compter 3, au nombre des Gouverneurs du Païs 3, même de Babylone, un (b) Sédtac, un s, Meffdc , un Àbelnégo , & fur-tout un Du- „ nid ? N'étoit-ce rien que d'avoir au „ milieu d'eux un (c) Ezécbiel, dont les „ Oracles , non moins que ceux d'un Da- „ niel, infpiroient de la vénération pour „ les Enfans d'Abraham, & entretenoient „ encore leur commerce avec l'Eternel, „ tout irrité qu'il étoit? N'étoit-ce rien „ que les confolations qu'un (d) Jérémie „ leur envoyoit de Jérufalem? N'étoit-ce „ pas leur parler félon leur cœur , que de „ leur renouveller la promefïe d'une foi- „ xante-&-dixiême année, qui feroit une „ année de bienveu'llancel N'étoit-ce pas, en „ attendant le terme, parlr de pa;x à leurs „ âmes , que de leur faire dire (comme „ Dieu le fit par jéremïe)(e) BatiJJezdes Mai- „ fons £? y demeurez : plantez des Jardins &f ,, en mangez les fruits : Prenez des femmes „ pour vous &f pour vos fils : Mariez vos fil- „ les.,.. {a) Dan. II 1 1 r. (/;) Dan. II. 49. (c) Ez. I. 1. (d) Ter. XXIV. xxrx. Urjer. XXIX. 6 , 7. Tom. Vil Part L ^ E 66 Bibliothèque Britannique, „ les Multipliez vous , £f ne foyez point 5, diminués. Recherchez la paix de la ville où „ je vous ai fait mener Captifs , &f priez le „ Seigneur pour elle : Car dans la paix de Ba- 55 bylone vous trouverez votre propre paix. „ II" n'y avoit que les faux Prophètes , En- „ nemi's de Dieu & de fon Prophète , faux „ amis de fon Peuple, tels que Ça) Sbé- „ majah le Nébélamite, qui pufTent donner „ à cette aimable invitation un tour odieux. „ L'Eternel enfin ne s'étoit ja?nais laijfé fans „ Témoignage parmi fes Enfans diiperïez ; „ fans leur donner même des témoignages „ aflez diflinguez de fa préfence & de fon „ amour , pour leur faire avouer qu'il nen „ ufoit pas ainfi avec les autres Peuples de la „ Terre : Et fi dans le lieu de leur Difper- „ fion , il ne fut pas leur Fortereffe & leur „ Sanàuaire avec tout le même éclat qu'au* „ paravant à Jérufalem au deiTus de l'y/r- „ che du Témoignage, au moins s'étoit il „ mis en droit de dire, (b) Je leur ai été corn- ,, me un petit Sanctuaire dans les Payïs où ils „ font venus. Les Ifraélites l'ignoroient „ ils ? Les voilà cependant qui aux bords „ de l'Euphrate pleurent : qui jeûnent: qui „ en mémoire de leurs malheurs établiïfent „ divers Jeûnes folemnels : Et cette afflic- ,, tion , qui félon votre fyftême devroit „ nous paroitre ingrate & 'déraifonnable, voila {a) Ter. XXIX. 24-32. Conf. XXVIU. i<5, 17. {b) £z. XI. 16. Avril, May et Juin. 1736. 67 , voila un (a) homme de Dieu, pouffé par , lEjprit de Dieu, qui dans un Cantique , divinement injpiré , la célèbre &c. " Ce fera fur cet Article , tel que vous ve- lez de le lire, que rouleront mes Remar- ques. Tel qu'il eft, Momicur, vous y voyez ans doute que je ne fuis pas tout-cà-*fait ndcterminé fur cette qucftion , favoir à quelle époque, dans la Captivité , il faut raporter la composition du Cantique : & que par conféquent me voici parvenu àl'en- ilroit de ma lettre où je devois avoir be- roin d'une nouvelle précifion touchant le :ems ou le Cantique a été compofé. Quel- ques uns fi j'ai bien compris , penfent que :e fut au commencement de la Captivi- té ( b ) : & d'autres que ce fut bien près de la fin. (c) J'avois d'abord donné dans ce dernier fentiment : mais j'en fuis revenu. U unique raifon fur laquelle il foit ippuyé , c'eft que le Cantique renferme des imprécations contre Babylone , lefquel- les on conçoit bien que les* Ifraélites pu- rent fe permettre lors qu'ils virent arriver le tems où Dieu devoit les vanger de leurs Ennemis ; mais lefquelles on trouve incom- patibles jufques-là avec Tordre que Dieu leur avoit donné par Jérémie , de rechercher h (a) Zach. Vif. i-f. & VIII. 19. (b ) Voyez ci-ddTus la note {a) de h page 30. (c) Hammond apud Polum. Il paroit balancer entre ce fentiment & celui que j'ai déjà tâché de réfuter. Mais Mr. Martin eft plus pofitif. E 2 68 Bibliothèque Britannique, la paix de la Ville , & de prier le Seigneur pour elle ( a ) : Raifon dans le fonds bien moin* folide que fpécieufe. Voir les Babyloniens fans haine &fans emportement: Prier Dieu de leur accorder la paix pour le tems qui doit s'écouler jui- qu'au terme où l'on fait qu'il a réfolu de les détruire : Leur fouhaiter fincèrement la paix, jufqu'à ce tems irrévocablement ar- rêté : & attendre le terme avec une pa- tiente réfignation: Voila certainement tout ce qu'exige l'ordre envoyé par Jérémie : Car du relie les oracles contre Babylone fubiiftent toujours ; & on convient que l'or- dre de prier pour elle , ne lauroit les ané- antir: Oà eft donc la prétendue incompa- tibilité de cet ordre avec des imprécations fondées fur ces oracles ; & qui ne deman- dent que ce que ces oracles , toujours of- ferts à la Foi , lui permettent de deman- der ? L'Ordrt commenté par les Oracles , c'efl qu'il faut fouhaiter la paix de Baby- lone pour un certain tems. Voit on que le Pfalmifte fouhaite pour ce tems-là la ruine de Babylone ? On a confondu. On s'eft imaginé que fouhaiter les chofes dans un certain tems, c'étoit toujours les fouhaiter pour ce tems là même. Et voila comment nous fommes la duppe de l'Equivoque. Si cette équivoque ne m'avoit fait îHu- fion , je me ferois apperçu du premier coup d'oeil, ; (■•) Jer. XXIX. 7. conf. vf. 10, Avril, May et Juin. 1736. 69 d'oeil , que l'air de trifteffe qui règne dans tout ce Pfeaume convient aumoins beau- coup mieux à des Captifs dont la délivran- ce eft encore éloignée , qu'à des Captifs qui touchent au moment de leur déli- vrance ou dont la délivrance s'opère ac- tuellement. Je me ferois apperçu que le tour & même les idées de la defcripron par ou le Pfalmifte commence , annoncent un homme qui décrit des malheurs enco- re nouveaux , au fentiment defquels il fe mêle de la furprife ou de l'étortnement , mais rien qui marque la moindre attention à la durée de ces malheurs. Je me ferois apperçu que les foupirs pouffez vers Jé- rulalem , ne font rien moins que les fou- pirs d'un homme qui compte de la revoir ou qui efpère de la revoir bientôt. Je me ferois apperçu que les imprécations même par lefquellcs la douleur fe foulage , ex- priment mal les idées & les fentimens propres à un Ifraélite qui auroit eu fon Libérateur & fa délivrance fous les veux. ]v. ke crois pourtant pas non plus, Monfieur , que tout cela doive nous jetter dans l'extrémité oppofée. Le commence- ment de la Captivité me paroît ici tout aufli peu reconoiffab.e que la fin. \7 Ces Affemblées où l'on avoit coutume de voir des Harpes fufpendues aux Sau- ves , femblent naturellement fappofer que les Lévites non feulement s'y trouvoient, mais qu'ils étoient en nombre à Babyîo- E 3 'ne 70 Bibliothèque Britannique, ne. Or c'eft ce que j'ai peine à concevoir au commencement de la Captivité : au- moins fi on en place le commencement ( comme cela s'entend d'ordinaire quand on parle de la Captivité en général ) au tems du premier tranfport ou de la pre- mière réduction de Jérufalem par Nébu- cadnetzar vers l'an quatrième de Jébo- jakim. (a) Dun câté , quoiqu'en difent les Hifto- riens modernes , je crois que par rapport au nombre des Captifs , cette première transmigration fut très peu coniidérable. Il n'en efl fait aucune mention , que je fâ- che , ni dans les Rois ni dans les Chroni- ques. Ce que Daniel en dit , ne donne nullement l'idée d'une transmigration na- tionale. Et elle a fi peu paru telle à l'Hif- torien facré qui compte les tranfmigra- tions (b), qu'il ne laSmet point du tout en li- gne décompte. Jolephen'en parle point dans le Chapitre où ç'auroit été le lieu d'en par^ 1er (Y) ni dans~un autre Chapitre où l'on concevra peut-être qu'il auroit pu le faire à l'occafion de la Captivité de Daniel (d)\ Et Bérofe qu'il cite, ne dit qu'un mot en pafiant des Captifs de Judée ; fans rien éta- blir (fl) Dan. I. t. conférez Prideaux A. av. J. C. 606. p. m. 1 1 8, 1 1 0. (b) Jer. Lîï. 27-30. (O Au Ch. VIL du Livre X. des Antiq. {d) Au Ch. XI. Avril, May et Juin. 173& 71 blir ni infirmer touchant leur grand nom- bre ( a ). Auflî y a-t-il toute apparence qu'à la première réduction de la Judée , le Vain- queur ne prétendit pas dépeupler un Royau- me qu'il confervoit à Ion Roi , & ne fit emmener proprement que quelques ota- ges. C'eft même ce qu'indique le choix bien marqué qu'il fit d'une certaine forte de Captifs. Il falloit , félon fon ordre que ce fuiïent des Enfans , & des Enfans de la Famille Royale & des principaux Sei- gneurs, (b) D'un autre coté , il n'efl dit mot des Lé- vites Muliciens , ni d'aucun des Miniftres du Temple : Et on entrevoit au contraire qu'ils avoient été épargnez dans cette pre- mière Expédition. Quoique Nébucadnet- zar eût fait enlever dès-lors plufieurs Vaif- feaux , du Temple de Jérufalem , le Tem- ple cependant fubfiP-oit encore , on y avoit laide lesutenciles nécefTaires pour les fonc- tions du Sacerdoce , les Afiemblées y con- tinuoient. Ce) Ajoutez que fi les L'évites avoient été tranfportez dès-lors , on ne comprendroit plus qu'avec difficulté com- ment ils peuvent être nommez par diftinc- tion dans le nombre confidérable de ceux qui foixante & douze ans après fe reflbu- venoient (a) Là même ; & dans le premier Livre contre Appion. {b) Dan. T. 3. {£) Jer. XXXVI. p--n. E4 72 Bibliothèque Britannique, venoient d'avoir vu le Temple fur pié , & s'en fouvenoient d'une manière qui dé- montre, non-feulement qu'ils l'avoient bien vu , mais qu'ils l'avoient vu dans un âge de maturité (a). 2. On fait qu'à tout prendre , la Nation s'étoit tirée allez heureufement d'affaire cette fois-là : & que la première réduction de Jérufalem ne fut point accompagnée de carnage , ni de deflruclions. Cela répond il aux idées qui viennent naturellemenulans l'efprit quand on entend le Pfalmifte parler de la Journée de Jérufalem , & d'une Jour- née ou l'on difoit , jaccagez } Juccagez jus- qu'aux fondemens ? 3. C'eft aux Iduméens qu'il attribue cette barbarie : ils avoient donc eu part à la journée qu'il déplore : Mais c'eft de quoi je ne découvre aucune trace dans ce qui eft connu de cette première guerre ; ou ils femblent au contraire n'avoir été inté- reflez que comme les Ifraélites eux mê- mes ; puifque Nébucadnetzar travailloit a- lors à foumettre tous les Peuples de la Syrie & de la Paleftine (/?); & qu'après la réduction de la Judée il paroît avoir pouffé fes conquêtes du côté de l'Egyp- te (c) ou il pouvoit trouver les Iduméens fur (a) Efd. III. 11-13, {b) Jer. XLVI. 1. & XXXV. 6-11. Voy. Pri- deaux L. I. An. av. J. C. 60G. p. m. 114. (c) H Rois XXIV. 7. Prid. Ub. Sup. A. a. J. C. 60). p. m. 123. Avril, May et Juin. 1736. 73 fur fa route. Il n'y a nulle apparence qu'avant ce tems-là ils lui ayent prêté leur miniftère contre la Judée comme ils le firent, vraifem- blablement , dans la fuite lorfqu'ils furent devenus tributaires de Babylone. (a) Si nous placions l'origine du Pfeaume neuf ou dix ans plus bas , un peu après la féconde prife de Jérufalem & le fécond tranfportdes Ifraélites ; quelques unes de ces difficultez feroient déjà moins embaraflantes. Ezécbiel fut alors du nombre des Cap- tifs tranfportez : & Ezéchiel étoityflm/ica- teur (b) : Il paroît même que d'autres facrifi- cateurs furent tranfportez aufli bien que lui. ( Jérémie XXIX. 1. ) Peut être que quel- ques Lévites Muficiens eurent le même fort , quoique i'Hiftoire n'en dife rien. Le fécond Siège de Jérufalem fut plus long de beaucoup & plus cruel que le précédent (c): Le Temple en fouftrit da- vantage ; le Vainqueur en emporta les tréfors & les Vaiffeaux les plus précieux qu'il y avoit lai fiez la première fois. Çd) L'Hiftoire enfin nous repréfentant ici les Hammonites , lesMoabites , & les Syriens, en a&ion avec les Chaldéens contre la Ju- (a) II Rois XXIV. 2. PriJ. A. a. J. C. 603. py 116. (b) Ezcch. I. 3. {c) Il Rois XXIV. 10. conf. Jer. XXII. 18-3-. & XXXVI. 30 {d) II Rois XXIV. 13-16. II Chr. XXXVI. 10. 74 Bibliothèque Britannique, Judée (a); on pourroic conjecturer que les Enfant d'Edom y font implicitement: compris , comme femble l'avoir penfe Pri- deanx. ( b) Mais fans compter que ces mêmes Idu- méens qui font obmis ici dans la lifte des Ennemis de Juda , font néanmoins les pre- miers que FHiftoire nomme bientôt après dans la lifte de fes Amis (c): vous fen- tez bien , Monfieur , que tout cela ne lè- ve les difficultez qu'à demi : & vous con- viendrez volontiers qu'une hypothèfe qui les lèveroit mieux , feroit préférable par cela feul. Je descends donc encore plus bas: & je vais ainfi jufqu'à la troifiême tranf- migration des Captifs après le troificme Siège de Jérufalem. Portez vous là , je vous prie , & jugez. D'abord vous voyez le fouverain Pontife & le fécond Sacrificateur fortans de Jéru- falem pour aller à Ribla foufrrir la mort fous les yeux d'un Conquérant qui renon- ce maintenant au refpect qu'il avoit con- fervé pour le Sacerdoce (d~). On n'eft plus furpris après cela , de trouver à Babylone des troupes d'autres Miniflres de la Reli- gion. (a) II Rois XXIV. 2. (b) Prid. A. 603. p. 126. (c) Jer. XXVII. 3. Conf. Prideaux , A. 5-98. p. 131. (d) II Rois XXV. 18-11. & Jer. LU. 24.-27. Conf. Jofepb Antiq. h. X, c. il. Avril, May et Juin. 1736. 75 gion. On feroit furpris au contraire de les trouver encore à Jérufalem, où Nébucad- netzar n'a prétendu laiiler ( à quelques perfonnes près ) que des Laboureurs & des Vignerons (a). Tant que le Temple a demeuré fur pié , j'ai conçu que les Lévites , comme appar- tenant au Temple , n'avoient pas été trans- portez : Mais déformais plus de Temple : & j'aurois prefque dit , plus de Ville. Tem- ple , Palais , Maifons , Tours & murailles, tout a été rafé ce brûlé. C'eft ici fans hy- perbole , la Journée & le fac de Jérufalem ; la journée ou l'on a dit à la lettre , Sac- cagez jufqiCaux fondemens. Il y a plus : Parmi ceux qui le difent , vous devez reconnoïtre les Enfans d'Edom. L'armée qui ravage Jérufalem n'eft point différente de celle qui en a fait le Siège : & pour favoir de quels Peuples elle étoit compofée , je crois qu'il y a un moyen in- faillible : c'eil de l'examiner telle qu'elle eft dans l'idée que Dieu lui même en donne à Ezéchiel ablent , par une révélation accor- dée au Prophète pendant le Siège (* b ) & -oa je trouve ces propres paroles contre les luuméens fpécinez parmi les autres Affîégeans : Pour ce qu'a fait Edom , quand il s'ejt inbumainen. eîiî Vous (a) Gejerus apud Polum. Le P. Calmet paroit avoir confondu le fentiment de Grotius avec ce- lui xde Gejer. ( b ) Voyez Munfter , & Clarhis , fur le Pf. 74, & Bocbart Hier. Part. I. L. III. C. 29. vers la fia, 80 Bibliothèque Britannique, Vous favez que divers Commentateurs regardant le Pfeaume 137. comme un ou- vrage prophétique de David. Ou je fuis le plus trompé du Monde, ou ils n'ont don- né dans une opinion G peu naturelle que par la crainte de rejetter tout-à-fait une înfcription dont ils avoient peine à ne pas reconnoître l'authenticité, dumoins en par- tie. Et je puis répondre que ni Mujîjler , ni Chrius , ni Mr. de Sacy qui ont fuivi cet- te opinion , ne l'ont fait en conféquence du Syftéme autrefois commun , félon le- quel David étoit cenfé l'Auteur de tous les Pfeaumes. Il n'y a qu'à lire leurs Remar- ques préliminaires fur le Pfeautier. * Je mis bien éloigné de croire que ni le nom de David, ni le nom de Jérémie, dé- fignent ici l'Auteur de la pièce , comme l'ont penfé les uns ou les autres de ces Commentateurs. Mais fans expliquer l'Info cription comme eux , je crois avec eux qu'elle mérite quelque attention. Quoi que Tbéodoret l'ait rejettée avec hauteur , & n'y aitapperçu qu'une téméraire impertinence, je m'en tiens à ce qu'il y a de judicieux dans la règle qu'il pofe ailleurs contre ceux qui traitoient les Infcriptions de faufles : que c'eft une témérité que de prétendre les renverfer , âvctTpÉxw vu l'autorité des L X X. qui les ont traduites comme tout le refle de la Sainte Ecriture (a). La rè- gle (0) Tbeodoreti Opcr. Tom. I. Edit. Sirm. p. Avril, May et Juin. 1736. 8î gle peut être d'ufage pour les Infcriptions même ou le Grec ne répond pas au Texte Hébreu tel qu'il s'eft trouvé dans la fuite , dans des Exemplaires différens de celui ou de ceux dont les LXX. s'étoient fervis. Il y a des différences qui n'intéreiTent point le dogme, bien entendu, de l'intégrité du Texte Hébreu. Mais bornons nous à l'Inf- cription du Pieaume 137. Quelle apparence , je vous prie , qu'elle fe Toit gliflée dans la plus ancienne Ver- fion , fi elle n'étoit anciennement dans au- cun Exemplaire de l'Original ? L'addition n'aboutiiïoit certainement à rien : elle fai- iqit __ même naître de l'embarras : Et par coniequent , fi quelque chofe ici doit pa- roitre naturel , ce n'efh point du tout que l'Infcription ait été ajoutée , c'efl qu'au con- traire elle ait été retranchée ou diminuée ou interpolée par des Editeurs qui n'y comprenant rien , ou n'auront pas jugé a propos de la conferver , ou auront cru qu'en la confervant ils pouvoient auffi, foit inférer un mot, foit en ôter un. S'il n'y avoit que Tôî AccvtS , cela feroit peut-être fufpecl : & je confens qu'on foupçonne les Editeurs qui n'ont retenu que cette partie de l'Infcription : ils peuvent y avoir eu quelque intérêt : foit qu'ils ayent voulu le- ver" aumoins une des difficultez en fuppri- mant 396. dans la Préface du Commentaire fur le« Pfeaumes. Tm. VU, Parti. F 82 Bibliothèque Britannique, mant le nom de Jéréraie ; (bit qu'ils ayenc voulu, en laiflant celui de David & le'laif- fant tout feul , favorifer d'autant le Syfté- me qui fait David Auteur de tous les Pleau- mes : Syflême décrié aujourdhui ; mais dont il paroït que bien des gens étoient autre- fois ridiculement entêtez , vu les ménagc- mens avec lefquels Théodoret en parle (a) vu la foibleffe fenfible des raifons même qu'il allègue pour ne le pas rejette* , & Faddrefle qu'il a de ne le réfuter qu'indi- reclement par Ion principe touchant le ref- pect qu'il faut avoir pour les Infcriptions des LXX. Mais en vertu de ce principe, je prens Tlnfcription dans fon entier: & je dis que le nouvel embarras qui fe forme du nom de Jérémie joint à celui de David, doit nous faire juger d'autant mieux com- bien il eft peu probable que les LXX. ayent mis là une pareille infeription , de leur chef, & fans avoir lu rien de fembla- ble dans l'Exemplaire Original ou dans au- cun des Exemplaires Originaux qu'ils tra- duifoient. Voyons à préfent ce qui pou- voit y être. Pour T^ Àuûià , nous ne pouvons natu- rellement fuppofer que "PH> ou bien 1H7? Et pour-'Lwa/a, puifque c'eft un Génitif, je fuppoferai , fi vous voulez , que la marque du Génitif s'étant auiïï trouvée dans (a) Théodoret. ubi. Supra. Avril, May et Juin. 1736. 83 dans l'Hébreu, il y avoit PPDT?. De for- te que rinlcripcion portoit, f ou . hrfr Mais comme TI^S fans ^orf, eft conftam- ment employé dans les Inscriptions des Pieaum.es , vous me permettrez de préfé- rer, & délire par conféquent Or le Texte ainfi rétabli fur la verfion . clïayons fl la verfion à fon tour , vu i'obf- feunté qui y refle , ne pourroit pas le ré- tablir ou le corriger fur le Texte. Je ne fuis nullement furpris que TnV ait été ren- du par T:c Atfu/Î- L'Hébreu a fi fouvent & fi conftamment ce fens-là , que les plus ha- biles Interprètes font très excufaoîes de n'avoir point fongé à lui en donner un au- tre. Il eft inconteftable cependant que le mot fignific tout aufli bien Dllecto , Tû à. -vj'2. Et cela pôfé , rien ne m'empê- chera de traduire , Dilecio Hieremiœ. ou fi on veut, 'lSr?:iïx Te: à.ya.TVi~l> F 2 en 84 Bibliothèque Bbitannique, en prenant l'Infcription dans le fens d'une addreffe ; femblable par exemple à celle de St. Jean à Gaïus , laquelle vous pourriez rendre en Hébreu par Car i. vous favez que le Lamed s'employc dans les addreffes : témoin entr'autres les Lettres de Tattenaï à Darius ( a ) qui com- mencent dans le Grec ûape/tp tw Bûcû.ei , & dans l'Hébreu , par 2. Soit addreffe , foit titre , vous favez que dans une conftruchon comme celle que je fuppofe, le Lamed fe repète au nom propre. Ceft ainfi que fervo vieo Jacob eit en Hé- breu Çb) Et c'eft ainfi que dans le titre même d'un Pfeaume ( c ) ou les L X X. ont fort bien mis T$ JsXj aup/a t# Aau/£ , l'Hébreu porte avec le double Lamed , Irb mm -027 L'Unique difficulté que vous puifllez me faire , (a) Efd. V. 7. (b) Ez. XXVIII, 2f. ,) Pi: XXXVI. ou XXXV. - Avril, May et Juin. 1736, 85 faire , c'cft que dans cet exemple & dans le précédent, la repétition du Ijxmeà dépend peut-être du Nom ou du Pronom qui ie- pare les deux mots caradérifez par cette lettre. Si cela vous fait réellement de la peine , il n'y aura qu'à flrppofer ce qui efl: fort facile à concevoir : c'eit que dans l'Origi- nal de la propre main de l'Auteur il y avoit. Avec un Jod Pronominal qui a pu très ai- féraent s'effacer ou être obmis dans les Co- pies. Les LXX. au refte ont employé le mot d' àyvxvjfvoc , & l'Interprète Latin après eux celui de Dilettus , dans une autre ins- cription où il feroit beaucoup moins aife qu'ici de juftifier l'emploi de ce mot (a). Quoiqu'il en foit , je le crois alTez bien jutlifié ici pour fervir de fondement à la conjecture, que je voulois vous propofer pour aider à déterminer avec quelque pré- cifionen quel tems le Pf. 137. fut compofé. Si après avoir admis l'infcription vous admettez encore l'interprétation que j'en ai donnée , je pôferai comme un fait indi- qué aumoins par cette infeription ; qu'on inferivit ( addreiïa ou dédia ) le Pfeaume à Jérémie, pour le lui envoyer. Et dans le (a) Voyez l'infcription du Pf. XLIV. ou XLV. avec les variantes & ce qu'en dit St. Chryfof tome. F3 86 Bibliothèque Britannique, le fonds cela étoit bien naturel. L'intérêt qu'il avoir toujours pris au fort des Captifs & la correfpondance qu'il paroît avoir en- tretenue avec eux avant ce tems là (a) me fufrlroient pour en juger de la forte: A plus force ration me persuaderai -je facilement que tout ce qu'il y avoit d'Ifraélites fages , religieux & zeiez', parmi ceux de la troi- fiême tranfînigration , pouvoient fe plaire à lui donner de leurs nouvelles & à lui inferire un Ouvrage qui contient , bien qu'en peu de mots, une delcription pathé- tique de leur état, une expreilion touchan- te de leurs regrets , & une vive exprefiion de leur foi aux: oracles cui leur promet- toient un Libérateur derfiné à vanger Jé- ruialem détruite : Car outre que ces Ora- cles , par rapport k eux, pouvoient être principalement ceux de Jércmic qui avoit toujours demeuré avec eux dans la Judée , & aux Oracles duquel il eft certain qu'on fit une attention toute particulière dans la fuite de la Captivité (b); vous voyez par toute l'Hiftoire de ce Prophète que le der- nier coup qui avoit féparé de lui les nou- veaux Captifs , n'avoit été frappé par la Providence que pour punir Sédécias & fes coupables Sujets de n'avoir jamais voulu reipecrer la miffion du Prophète , ni fui- vre les avis ; d'autant plus remarquables • après (a) Vovez feremie XXIX. & LI. fp-o-j-. [b) Dan. IX. 2. Avril, May et Juin. 1735. 87 après l'événement , qu'ils avoient fait le plus grand éclat lors qu'il étoit encore tems d'en profiter. Or fi vous me paffez que le Pfeaume fut addrefTé à Jérémie, en quel tems pourra- t-il avoir été compofé ? 11 faudra néeefiai- rement que ce foit, ou avant ou après la nouvelle transmigration qui eft la troifiêmè félon l'Hiftorien facré (a), mais que nous devons ici appeler la quatrième, parce que nous avons compté la première qu'il ne compte pas : Il faudra , dis-je , que ce foit ou avant ou après: c'ell à dire, entre les années X X. & X X V. de la Captivité , ou entre les années XXV. &LXX. (b) {a) Jer. LU. 28-30. (b) Selon P rideaux je devrois prendre pour terme moyen l'anXXIIl. au lieu du XXV. par- ce qu'il fuppofe que l'Auteur du dernier Chapi- tre du Livre de Jérémie , a fuivi le calcul des Juifs , dans lequel la XXtll. année de Nabucad- netzar eft la XXIIL de la Capti iré. La fuppo- fîtion étoit aflTez nature'le : car il eft incontesta- ble que ce calcul fert de fondement aux dattes des révélations de Jérémie , & en particulier à celle du premier verfetdu Chapitre trente-deuxiè- me , qui femble d'abord coïncider avec le verfet zo du Chapitre LU. lequel verfet comparé avad. Ce Pfeaume contient 22. vers félon le nombre & Tordre des lettres de l'Alphabet Hébreu. Ces Vers font dix Strophes dont les huit première font de deux & les 2. dernières de 3. vers. Meibomius prétend que tous les Pfeaumes font en fiances de 2. vers , parce qu'il y ayoit deux Chœurs de Muficiens, qui chantoient alternative- ment chacun un vers. Notre Auteur fait voir qu'il y dans les Pfeaumes des fiances de 3. vers aiïffî bien que de deux , & que fi la plupart font compofés de Diotiques, c'efl parce que certaines règles de la Poëfiele demandoient 5 & nullement, parce qu'on les chantoit par antiphone dans le Temple , puifqu'on trouve de même des Diftiques dans le livre de Job & dans les Proverbes , qui pourtant n'ont point été écrits pour être chantés dans le Temple. Notre Prélat fait fur ce Pfeaume les remar- ques fuivantes. 1. On voit par ce Pfeaume qu'il n'eft pas necefTaire qu'il y ait la même forte de vers dans toutes les* Strophes d'un Cantique. La 1. la 6. la 8. & la 10. Strophe de ce pfeaume font en vers Trochaïques avec l'accent fur la première Syllabe , & les au- tres en vers Jambes qui 'ont l'accent fur la féconde Syllabe. 2. Il paroit par ce Pfeaume que les vers d'une Avril, May et, Juin. 1736. 103 mm r\KT nMn mrç*n 10. d'une même Strophe doivent être d'un mê- me genre dans tous les Diitiques ; les 2. vers qii le compofent, font tous les deux Tro- chaïques ou Jambes , à la referve de trois , Pf. 25. Pf. 33. & Pf. 73. où le premier vers d'une Strophe s'accorde avec le premier Vers de la Strophe fuivante, & le fécond de la 1. avec le fécond de la dernière. La même règle s'obferve dans les fiances de 3. vers; mais fi la Sirophe eft de quatre vers, le 1. s'accorde avec le troifîeme, & le 2. avec le 4. comme Pf. 35. & 40. ; ou bien le 1. & le 2. font d'un genre, & le 3. & le 4. d'un autre, Pf. 44. 57. 69. 109. Dans le Pfeaume 29. on trouve un vers Jambe après trois Trochaïqucs , & dans le PC 96. deux Strophes où le 1. vers s'accor- de avec le 4. & le 2. avec le 3. 3. On voit par ce Pfeaume qu'il n'eft pas neceffaire qu'il y ait le même nombre de pieds dans tous les vers d'une même ïlro- phe. Dans les versTrochaïques de ce Pfeau- me on trouve a la vérité le même nombre de^pieds ou de fyllabes, mais non pas dans les vers Jambes ; le 5. & le 9. vers s'accordent & ont tous les deux trois pieds & demi. On trouve la même chofe dans la plupart des autres Pfeaumcs,& notre Auteur croie G 4 que 104 B I E L I 0 T H E Q U E BRITANNIQUE, eue ces Vers ufités parmi les Hébreux, ont été adoptés enfuite par le? Grecs, k ont eue appelles Vers Anacreontiques . f qu'Anacreon s'en efl fervi principalement, les vers de la 2. 3. 4. ce 7. Strophe différent en nombre de Syllabes. 4. Ce Pfeaume prouve évidemment qie les Vers Hébreux ne Ion: p2s Rimes, com- me l'a prétendu Mr. Le Cttrc, qui dans ion je Critique fur là Po.de des Hébreux inféré dans la Bibliothèque univerfelle de *e 1688. & dans les Commentaires , avoir promis de donner au public tout le Livre des Pfeaumes difpofë en forme vers rimes: Mais dans les Cantiques ce Moïfe Exod. 15. ce Deut. 32. qu'il a donné en vers rimes, (5c dont le t. contient 66. vers ce le 2. 156. il tranfpofe . ce allonge, accourcit les verfets, comme il le jugea propos, (ans garder aucune propor- tion, ni aucune régie. Le nombre des ri- mes n'eft pas fixe ce la longueur ces vers efl encore moins uniforme ; quelques uns font de 6. pieds , les autres de 5. les au- tres de 4. ou 3. , & quelques uns de 2. feu- lement S'il avoit bien examiné le Pi me CXI. dont chaque vers commence une lettre de l'Alphabet, ce ou étant ren- fermé dans de certaines bornes on De ni couper ni alionger , il auroît trouvé feulement que les vers Hébreux ne font point rimes. j. Il paroi t clairement par ce Pfeaume Avril, May et Juin. 173& 105 que dans la poëfie des Hébreux on n'avoit aucun égard à la (a) quantité des Syllabes; Les deux Syllabes le & dedans levers 4. & 5. qui font brèves, dévoient être longues félon les règles de la Poëfie Grecque <§ Latine , & dans les vers 15. & 22. les Syllabes mu dans Semucim & bil dans tekillato font au con- traire brèves , quoique félon les règles de la Poëfie Latine elles duffent être longues. Il s'enfuit de là que dans la Poëfie des Hébreux tous les pieds font de deux Syl- labes, parce que s'il y en avoit de 3." il faudroit neceflairement garder la différen- ce des longues & des brèves par rapport à la Syllabe du milieu. 6.' En comparant le vers. 6. de ce Pfeau- me avec le 22. & le vers 10. avec le 18. on trouve que fouvent on fait elifion d'une voyelle ou contraction d'une fyllabe : Vome- det qui dans le vers 6. eft dé 3. fyllabes, n'efl que de deux dans le vers 22. & fe prononce Vomeàî. Dans les vers 10. & 18. berito eft prononcé par contraction brito & dans le vers 16. la voyelle e en be émet y eft fupprimée par elifion, & on lit b'emet. 7. Les vers 1.3. 8. 20. font voir que le nom de Dieu HIIÎT eft de deux fyllabes & *U) Notre Prélat entend ici par k quantité des fyllabes , la différence des voyelles longues & brè- ves : Selon lui c'eft l'accent feul qui détermine la quantité , & qui dans les Trochées eft fur la pre- mière fyllabe & dans les Jambes fur la féconde. Gj io(5 Bibliothèque Britannique, & doit fe lire Jabvo, & qu'on ne doit pas y fubftituer les noms d'Adonai ni d'Elohim. Notre Auteur fait à cette occafion quel- ques remarques fur l'Etymologie, la ligni- fication , & la prononciation de ce nom ; Il croit que le paffage de l'Exode chap. 3. vf. 14. 15. peut aider à décider toutes les difputes qu'on a eues là deffus. Dieu dit à Moife Ebjebafer Ebjeb tu diras donc aux Enfans d'Ifrael Ebjeb m'a envoyé vers vous. Dieu dit encore à Moïfe , tu diras aux Ifraëlites Jebovab le Dieu de vos Pères , le Dieu d'Abraham , le Dieu d'Ifaac , le Dieu de Jacob m'a envoyé vers vous ; c'eft ici mon nom éternellement. On trouve dans ce paffage 3. noms de Dieu 9 Ebjebafer Ebjeb, Ebje, & Jebova. Les LXX. ont traduit le 1. en fui van t les idées de Platon èyâ êifju 0 £v je fuis celui qui fuis , le 2. par 0 m qui fuis , & le 3. par Kvpioç , en lifant dans le Texte Hébreu Adonai. Notre Auteur croit qu'il faut traduire le 1. par je fuis celui qui étois , que le 2. eft un abrégé du 1. & qu'il faut ponctuer le 3. par Jebjeb : Le nom entier nelon notre Auteur eft celui-ci, je fuis celui que j'étois, fçavoir , le Dieu de vos Pères , le Dieu d'Abraham , d'Ifaac & de Jacob ; que l'a- brégé de ce nom eft Ebjeb aftr Ebjeb ,je fuis celui que j'étois , & l'abrégé de celui-ci , Ebjeb je fuis: que Moi'fe répétant ce nom aux Ifraëlites, & parlant de Dieu dans la 3. per- Avril, May et Juin. 1736. 107 3. perfonne, dit , au lieu à'Ehjeb , je fuis , Jeb- jeb, il eit: mais d'oa vient que dans les Pfeaumes ce nom doit fe prononcer Jahvo , Ce que les plus anciens Grecs ont appel- lé le Dieu des Juifs 1AQ ? Notre Auteur dit qu'au lieu de bajab il y avoit dans le texte le Verbe Chaldaique bava , que la vé- ritable leçon étoit abvo afer abvo , & que de cet abvo on a formé le nom de Jabvob , de la même manière qu'on a formé le nom de japkob. 8. Le 1. vers de ce Pfeaume & tous les fuivans prouvent que le febeva mobile eft une véritable voyelle. Par les vers. 3. 11. 12. 13. 14. il paroit que les lettres guttura- les yrïnK reçoivent le fcheva muet aufli bien que les autres confones , & que tout ce que les Maforethes ont avancé par rap- port au fcheva compofé fous les Guttura- les , font des fictions mapfc dans le vers 3. eft de deux fyllabes aufli bien que maies & il ne faut pas lire mayafe : le vers 1 1 . fait voir que le Patacb furtivum eft une fiction dos Maforethes ; coh félon les règles de la mefure eft monofyllabe , aufli bien que ruh le fcheva fous le n. eft muet, -& on ne doit pas prononcer coah , ruah , puif- que dans le pluriel on ne dit pas CoaRot, ruahot, mais Cohot , ruhot. Notre Auteur prouve enfin par le 4. vers de ce Pfeaume que io8 Bibliothèque Britannique, que le Texte Hébreu a été corrompu long- tems avant les Moforethes. Les règles de la Poëfie & le fens du paflage demandent qu'ont lifenopezehem au lieu de nëpzehem. Un homme qui auroit fait attention aux rè- gles de la Poëfie n'auroit pas fubftitué un mot de 3. fyllabes à un de 4. , ni celui qui auroit examiné le fens du paflage , un nom à un participe ; cependant les LXX. ont lu comme nous hepzehem , & traduit èiç *rct èsKvfiMUTu uvtuv , ce qui fait voir que déjà de leur tems ce paflage avoit été altéré. Notre Prélat fait enfuite des remarques fur le Pfeaume 112. qui de même que le m. eft un acroftiche contenant dix ftro- phes, dont les 2. dernières font de 3. vers & les autres de 2. Tous les vers de ce Pfeaume , excepté ceux de la 1. ftrophe font des Jambes , dans la 2. & 4. ftrophe les vers font comme 4}. à g|. dans la 3. 5. & 6. comme 3J. à 4^. dans la 7. comme 4. à 4. & les 3. dernières ftrophes font compofées de vers Anacreontiques. Dans le vers 8. on a corrompu le fens en inférant entre rabum vebatinun la copulativé ve. L'Auteur du Pfeaume m. avoit dit de Dieu rabum vehannum Jabvoh. Celui du , Pfeaume 112. dit de même du juftc raîiim vebànnun zaâàik , mais en inférant la copu- lativé ve avant zaddik on change entière- ment le fens : On peut conclure du vers i<5. que Avril, May et Juin. 173(5. 109 que le Pronom ajer doit fouvent fe lire par contraction Je , & dans le vers 17. on doit lire par contraction ïehionim , ci non pas comme les Maforethes lifent laebionim, tout comme on doit lire Vijarim & non pas lajefarim. Les Remarques que notre Auteur fait fur les Pfeaumes 113. & 114. fe reduifent à ce- ci 1. que ces 2. Pfeaumes font compofés de Jambes Anacreontiques , 2. que le nom de Jabvcb doit fouvent être lu par con- traction Jab. 3. qu'on ne doit pas fuivre la poncluation"des Maforethes dans le mot O^D'tf & lire jamaim avec trois fvllabes , mais qu'il faut lire Jàmem. 4. que le nom de Dieu ÏTPK doit fe lire Elob & non pas avec un patach furtivum Eloab. 5. que tout ce que les Maforethes ont enfeigné touchant les Accents les Milvel & Milrav, le Dagefcb Cv le Makapb , eft chimérique. Mr. Hare conclut de toutes ces Remar- ques. 1. que dans la Poëfie des Hébreux tous les pieds font de deux fvllabes. 2. qu'il ne faut avoir aucun égard à la quantité des fyllabes,c'eft-à-dire, la différence des voyel- les longues & brèves. 3. que le nombre des pieds dans les vers eft le même ou va- rie. 4. que les vers qui ont un même nom- bre de pieds font des Trochées & ont l'ac- cent fur la première fyllabe. 5. que les vers où le nombre des pied's varie , font des Jam- bes , no Bibliothèque Britannique, bes , & ont l'accent fur la dernière fyllabe , ô*. que les fhrophes font ordinairement de deux vers, quelques fois de trois , ou qua- tre. 7. que les vers d'une même ftrophe font ordinairement d'un même genre. 8 que les vers Trochaïques ont prefque toujours le même nombre de pieds qui eïl de 3. , plus fouvent de 4. & quelquefois de 5. mais qu'il fe trouve auffî des vers Trochaïques dans lefquels le nombre des pieds varie comme 3. & 4. ou 4. & 3. ou 4. & 5. ou 4. & 6. ou enfin 5. & 6. & qu'il n'y a que le feulPfeaume 117, qui foit tout compo- fé de Trochées. 9. que dans les vers Jam- bes , il s'en trouve quelques uns ou le nom- bre dé pieds, eft de 3*. à 3^. de 4.4. à 4*. & de 5;. à J, j. mais qu'ordinairement le nombre des pieds varie & eft de 3*. à 4-J. ou de 4;. à 3;. ou de 4.5. à 5». ou de ${. à 4-;. ou de si- à 3*. ou de 3I. à 5|. ou enfin de 3*. à i\. 10. que dans tous les Pfeaumes il y a un mélange de Trochées & de Jambes. "1 1. que la Poëfie des Hébreux admet des Elifions , des Syncopes , des Apo- copes , des Ellipfes , des Pleonafmes & des répétitions. Notre Auteur finit ce Période en difant 1. que Gomare ccavant lui S. Jérô- me fe font trompés quand ils ont cru que les vers Hébreux étoient pareils à ceux des Grecs & des Latins & avoient les mêmes pieds & la même mefure. 2. qu'il n'^ft pas vray que dans la Poëfie Hebraique toutes les îtances foient de deux vers qui renfer- ment Avril, May et Juin. 1736. m ment un fens complet. 3. que Mr. Le Clerc a avancé fans raiion que les vers Hébreux font des vers rimes. Sur la queftion û les livres du Vieux Teitament ont fouffert quelque altération , foit par la longueur des tems , foit par la négligence des Copiftes, notre Auteur prend l'affirmative ; il dit que ceux qui prétendent qu'il ne s'eft glilTé aucune faute dans les livres iacres font obligés de fuppofer une fuite con- tinuelle de miracles, que les anciens Juifs fe font peu apliqués à l'Etude de la Critique que fous le règne de Jofias les Exemplaires de la Loi étoient devenus fi rares , qu'on la croyoit perdue , qu'Antiochus l'IUuftre fit brûler tous ceux qu'il put ramaffer ; mais que fi par la négligence des Copifr.es il s'eft gliiTé plufieurs fautes dans les livres du Vieux Teftament , on en trouve fur tout dans les Pfeaumes , parce qu'ils ont été copiés plus fouvent , & que la mefure des vers prouve manifeftement qu'il y a plufieurs palTages altérés & dans Iefqucls il y a des mots ajoutés, ou retranchés. Notre Prélat après avoir remarqué qu'il eft impofîible de dire quelque chofe de cer- tain fur la Mufique des Hébreux, & fur leurs inftrumens de Mufique , parle des Auteurs des ^pfeaumes , de ceux qui en ont fait le recueil , de l'ordre dans lequel ils font ran- gés, du tems où ils ont étécompofés, & de leurs inlcriptions. Quelques uns ontpre- sendu que tous les Pfeaumes ont été com- pofés ii2 Bibliothèque Britannique, pofés par David : Notre Auteur allègue contre leur fentiment la diverfité du flyle qu'on remarque dans les Pfeaumes , les in- fcriptions de ces Cantiques , les Evenemens qui y font marqués , les tems auxquels ils ont rapport, le fentiment de ceux qui ont fait le recueil des Pfeaumes & celui des juifs modernes, enfin le titre du Pfeautier , qui porte fimplement CD^HH '^aX^oi, Pfeau- mes de David, comme le livre des Pro- verbes porte le titre de FID/tP *7{&D Pro- verbes de Salomon. D'autres ont avancé qu'il faut donner à David non feulement les Pfeaumes écrits fous fon nom , mais aufli ceux à la tête defquels on trouve les noms d'Afaph , de Coré , d'Etean , parce que ces noms déminent non les Auteurs des Pfeau- mes , mais les Chantres à qui David les don- noit pour les chanter dans le Temple: Mais notre Auteur remarque que dans ce cas là il auroit fallu mettre le nom de David im- médiatement après le mot de Mizmor ou Jir, & celui du chantre , après le mot lamenazeb] & il allègue le paffage du 2. Chron. 29, 30, où 11 efl dit qu'Ezechias ordonna aux Lévites de chanter les louan- ges du Seigneur, par les paroles de David, & d'Afaph. D'autres encore ont avancé que tous les Pfeaumes qui n'ont point de titre, font de David. On avoue ici que quelques uns de ces Pfeaumes ont été compofés par David, comme les Pf. 2. 95. 96. & 105. Le Avril, May et Juin. 1735. 113 !e 2. parce que S. Pierre dans le livre des Attes le donne à David , le 95. parce que dans la verfion des LXX. il a pour titre Pfeaume de David & que S. Paul l'allègue fous fon nom ; le 105. parce que les 15. pre- miers verfets du Cantique, que David met entre les mains d'Afaph & de fes Frères , 1. Chron 16. 7. font répétez mot pour mot au commencement du Pf. 105. ; enfin le Pf. 96. parce qu'il eft tiré mot pour mot de la dernière partie de ce Cantique ; mais on nie qu'on puiiTe inférer delà que tous les Pfeaumes qui n'ont point de titre foient de David. Il y en a enfin qui difent que les Pfeau- mes qui n'ont point de titre doivent être attribuez aux Auteurs des Pfeaumes qui les précèdent immédiatement. Notre Prélat re- marque fur cela 1 . que dans cette fuppofî- tion il faudroit donner les Pfeaumes 95. & 96. qui font de David , à Moi'fe , dont le nom eft à la tête du Pf. 90. : 2. qu'on ne fçauroit alléguer alors aucune bonne rai- fon pourquoy les noms de David, d'Afaph &c. font répétés 'dans plufieurs Pfeaumes de fui- te. 3. que fi ceux qui ont fait le recueil des Pfeaumes en ont lai fie quelques uns fans titre , c'eft parce qu'ils en ont ignoré les Auteurs. Il ajoute que David a compofé 73. Pfeau- me fçavoir; 37. dans le premier l'ivre des Pfeaumes qui font divifés en 5. livres félon le nombre des livres du Pentateuque: 18. TmcriLParuL H dans ii4 Bibliothèque Britannique, dans le 2. livre ; 1. dans le 3. ; 14. dans le 4. & 28. dans le 5. ; & que ïi on lit à la fin du Pfeaume 72. ici unifient les requêtes de David fils d'Ifai , c'eft parce que le 1. re- cueil des Pfeaumes finifloit là. Afaph a com- pofé 12. Pfeautfies, les Enfans de Coré 11. Moi'fe 1. fçavoir le 90. Ethan le 89. & Sa- lomon le 127. On attribue le Pf. 88. à He- man. le 72. à Salomon & quelques uns à Iduthun ; mais Notre Auteur remarque que le Pf. 88. à deux titres , & efh attribué aufli aux Enfans de Coré, que le Pf. 72. a été compofé par David, & qu'il faut traduire ce mot lilchelomo par fur Salomon , & non pas de Salomon , & qu'Iduthun n'eft pas le nom d'un Auteur ou Chantre , mais d'un Inftrument de Mufique ; qu'on lit au Pf. 62. & 77. lamenazeb yal jedutwi, comme on lit Val haggitit , Val yalamor , val Jofanim , & que fi au Pf. 39. il fe trouve ces mots lame- nazeb lidutim, c'eft parce que par la faute des Copiii.es le V- avant 1. a été omis: Notre Auteur finit ces remarques en difant , que les noms à'Afapb, d'Etba?i, de Heman ne defignent pas toujours ceux qui étoient contemporains de David, mais leurs defcen- dans, puifque les Pfeaumes 79. & 89- com- pofés par Etban & par les enfans de Coré décrivent la ruine de Jerufalem & la de- foiation du temple par Nebucadnezar , que les Pfeaumes 42. 43. 44. & 84. ont été com- pofés dans la captivité de Babylone & le Pf.85. Avf.il-, May et Juin. 1736. 115 Pf. 85. immédiatement après le retour du peuple Juif de la captivité. Le Recueil des Pleaumes a été fait , félon notre Prélat , en divers tems & par divers Auteurs : 11 le prouve 1. par la fin du Pf. 72. qui fait voir que le premier Recueil du livre des Pleaumes riniiibit-là. 2. parce que pi u (leurs Pfeaumes Jbnt répétés dans les différons livres du Pfeautier;le Pf. 13. du pre- mier livre des Pfeaumes eft le même que le Pf. 53. ou le 12. du 2. livre; les 5. derniers veriets du Pf. 40. du 1. livre font répétés dans le Pf. LXX. qui eft le 29. du 2. livre ; le Pf. 108. qui eit le 2. du 5. livre , eftcom- pofé tout entier des 5. derniers veriets du F. 57. , & des huit derniers verfets du Pf. 00 ; 3. le mot de Selab qui fe trouve fouvent dans les premiers livres des Pfeaumes, ne fe trouve point du tout dans le 4. livre, & deux fois feulement dans le 5. Quant à la divifion du Pfeautier en 5. livres elle paroit à notre Auteur fort ancienne & Faite peutètre avant la Captivité de Baby- lone : 11 fonde fa conjecture fur ce que les quatre premiers livres rmiflent par les mê- mes mots , comme on peut le voir dans les Pfeaumes. 41. 72. 89- & 106. Comme il n'y a rien de nouveau dans les Remarques de notre fçavant Prélat fur l'ordre dans lequel on a rangé les Pfeau- mes, fur les tems où ils ont été compofez, 5c fur les titres qu'ils portent, nous ne nous H 2 y xi6 Bibliothèque Britannique, y arrêterons pas ; il fuffit de dire que cet ou- vrage a coûté à notre Auteur beaucoup de tems & de travail , que ceux qui ont quel- que connoifiance de la langue Hebraique le liront avec plaifir, & qu'on y trouve des Notes Critiques qui font très curieufes. ARTICLE III. Codex Juris Ecclefiaftici Anglicani , or the Statutes , Conjlitutions , Canons , Ru- bricks , ami articles of the Church of En- g]ci ie Code qu'un Anonyme vient d'attaquer ; ce grand Ouvrage , n'aiant été publ'ié qu'en Angîois , ne peut pas être bien connu de là la mer. Ceil ce cui nous oblige à en donner du moins une légère idée , qui d'ail- leurs répandra du jour fur l'Extrait de la \tu qu'on en a faite. H 3 Le n8 Bibliothèque Britannique, Le Titre de l'Ouvrage a été emprunté de Jujlinien qui donna le nom de Code au Re- cueil des Loix Impériales qui porte encore le nom de ce Prince. Et les quarante cinq grandes Se&ions, dans lefquelîes on voit ce Code partagé, fous le nom de Titres, font fubdivifées en Chapitres félon la mé- thode des Décrétâtes , dont le Recueil fe fit par ordre du Pape Grégoire IX. Nous ajou- terons à ces Remarques, que la compila- tion de notre Auwur nous a paru bien plus méthodique que celle du Pape. Vujage du Code eft d'infiruire le Clergé de fes Droits ; ce qui n'empêche pas que les Jurisconfultes ne pui lient en profiter. On y voit d'un coup d'oeil fous chaque Chef, ce qui concerne les Ecclefiaitiques d'An- gleterre , avant la Reformation , & depuis , jufqu'en l'an 17 12. On eft ainfi en état d'en juger d'une manière également aifée & fo- liole. En même tems on apprend à ne pas confondre les affaires Ecclejjajliques avec les affaires Civiles. Les uns & les autres ont naturellement leur cours féparé. Aufli l'Au- teur conclut-il que prétendre , avec nos Gens de Robe , qu'on doit affujettir les unes aux autres , c'eft leur faire violence. Au refle, félon lui, il convenoit à un Ecclefiaftique d'entreprendre cet Ouvrage , quoiqu'un Jurisconfulte de profeiïïon eut encore pu mieux s'en acquiter. Mais il n'y avoit point d'apparence qu'aucun Sçavant de Avril, May et Juin. 1736. 119 de cet ordre voulut en prendre le foin. Au fond,* fi on excepte quelques termes d'Art qui lui feroient plus familiers qu'à un Ecclefiaftique , l'Auteur croit s'être telle- ment appliqué à bien éclaircir les chofes même , qu'à cet égard on fera fatisfait : Et c'eft ce qu'il fe promet en particulier des Gens d'Eglife pour qui il a travaillé. Par raport à la diipofition de l'ouvrage , on trouve d'abord le Texte, compofé des Loix Ecclejiaftiques d'Angleterre; foit de cel- les qui actuellement font en force ; foit de celles qui font hors d'ufage , ou qui ont été abrogées. On penfera peut être que les premières fuffifoient ; mais l'Auteur fait re- marquer qu'un mélange de Loix Ancien- nes & modernes eft utile , & même très neceflàirc. Il ne faut pas s'imaginer de pouvoir connoitre la conftitution de l'E- glife Anglicane par l'état préfent de cette Eglife. Pour en avoir de juftes idées , il faut la confiderer dans les tems paiTez , auflï bien que dans le préfent. D'ailleurs lori- qu'il s'agira de faire de nouvelles Loix, d'où en emprun&era-t-on Feffençe , que des Loix anciennes? Ne convient il point aufïi , dans certains cas , de rétablir celles qui ont été abrogées ? ou ne doit on pas mê- me abroger celles qui fe trouveroient pré- judiciables à l'Egîife. Au lieu de faire con- tinuellement de nouvelles Loix, c'eft aux Leg'/Iateurs à examiner, s'il ne vaudroitpas H 4 mieux tfeo Bibliothèque Britannique, mieux- pour Y Intérêt de VEglife remettre les choies en tout ou en partie fur Y ancien pied. Après cela perfonne ne trouvera é- trange qu'il y ait ici des collections fur des fujets dont peut être on croioit ne plus entendre parler en Angleterre. Comme ce qui regarde les Moines, les Couvents, les Immunitez de l'Eglife , le droit d'Afyle, &c. „ Mais, dit l'Auteur, cela étoit établi au- „ très fois ; Il y a même actuellement des „ Coutumes qui y ont du rapport: Ainfi il „ falloit remonter jufqu'à la four ce: Il eft „ toujours bon d'avoir des Modelles origi- „ naux qui fervent à des ufages , & à des 3i fins que l'on ne peut pas prévoir. L'auteur , faifant enfuite Pénumeration de ce que fon ouvrage contient , raporte tout à Neuf principaux chefs ; fans compter plufieurs Tables particulières, & la Table Générale dont il fait fentir fort gravement l'utilité. Voici la Lifte dans l'ordre qu'il l'a donné. I. Les Statuts qui font des Loix faites en Parlement. I T. Les Conjlitutions , ou les Loix faites dans les Convocations ; foit celles qui ont été dirigées par les Archevêques ; foit celles ou prélidoient les Légats du Pape III. Les Canons; "Loix Ecclefiafliques qu'on apelie vulgairement les Canons de 7003. La Province de Cantorbery les drefïa: Et deux ans après, celle d'York les reçeut. IV. Les Avril, May et Juin. 1736. 121 IV. Les Rubriques , donc il y a de deux fortes. Les unes règlent l'ordre des fonc- tions Ecclefiaftiques en public ; on les con- noit allez par la Liturgie : les autres re- gardent les Droits de l'Eglife & fa Difci- pline; on les a ici rammaflees très exac- tement. V. Les Articles , appeliez communément les XXXIX Articles. L'Auteur affirme qu'ils font partie des Statuts , par cela même qu'un Acte de Parlement oblige le Clergé à les fouferire. VI. Les Sommaires qui font faits avec beaucoup de netteté & d'exactitude. VIL Le Commentaire ou l'auteur a fait entrer tout ce qui avoit relation à fon fujet ; foit ( 1 ) dans les Ordres écrits ; foit ( 2 ) dans les Râpons des Juges ; foit (3) dans les Canoniftcs JLyncvoood , & Atùon qui marquent ce qui fe pratiquoit de leur tems, & qu'on peut encore apeller la Loi Commune de l'Eglife ; foit (4) dans les Ar- chives des Evëchez , & particulièrement de l'Archevêché de Cantorbery , où il s'eft transfigé un très grand nombre d'affaires durant pîuficurs Siècles; foit (5) dans le Droit Canon, fourec de plufieurs de nos Loix Eccléfialiiques ; foit (6) dans divers Conciles, ou Anciens Synodes. 'VIII. Les Règles de la Loi Civile & Ec- clefiaftique , qui font un Mélange de Déci- dons ce d'Ufages. En effet ce qu'on a jugé H 5 autres- 122 Bibliothèque Britannique, autresfois, & qui fe pratique, encore, fait une Régie, félon laquelle ou peut & on doit même juger à préfent. C'eft la doc- trine courante des Cours Ecclefiaftiques. I X. V Appendice , ou l'Auteur a raflem- blé un grand nombre d'Inftrumens & d'Ac- tes publics , comme Bulles pour la confé- cration des Evêques, Lettres de Prêtrife, Difpenfes , Commendes , &c. A préfent on a divers formulaires qui différent de ceux-là : Mais il eft bien utile de fçavoir ce qui s'eft fait avant nous : Et d'ailleurs la plus feure voie de réformer fagement, & d'empêcher que la Réforme ne choque , c'eft de rétablir l'ancienne Difcipline fur un pied avantageux à l'Eglife. P allant plus avant l'Auteur dans fon Dif- cours Préliminaire (a) donne une idée gé- nérale de la firuation ou fe trouve actuel- lement i'Egiife Anglicane par raport aux Loix de l'Etat , avec lequel on fçait qu'elle eft d'autant plus liée , que le Roi en eft le Chef, & que cette Suprématie eft une des grandes Prérogatives de la Couronne. On comprend bien qu'il y a là quantité de chofes curieufes. Mais nous croions de- voir feulement nous arrêter au fujet prin- cipal de ce difcours qui eft la Puijjance de VÈgïïfe d'Angleterre. Selon l'auteur on ne doit pas s'imaginer qu'en banniiïant du Roiaume Y autorité Pa- pale , {a) Pag. 17. Avril, May et Juin. 1736. 123 pale, on ait eu delTein de donner atteinte à la Jurisdiàion des Evégues, & moins en- core de l'anéantir. La Forme folemnelle de leur confécration leur donne en termes exprès tant par la Parole de Dieu, que par les Ordonnances du Roiaume, l'autorité de corriger &f de punir dans leurs Diocefes les mu- tins, les rebelles, & les criminels. Si les Pré- lats , ne peuvent rien faire exécuter que fous les aufpices de la Couronne , cela regar- de uniquement le For Extérieur , & n'empêche pas que dans le For Intérieur , le Droit Divin ne les autorife à exercer la Difcipline Spiri- tuelle. Mais il eft vrai que pour les caufes Testamentaires & Matrimoniales , c'eft le Prince qui a bien voulu accorder aux Cours Ecclefiaitiques le droit d'en connoitre. Cependant L'Auteur foutient qu'il y a deux Pouvoirs Légifiatifs en Angleterre, l'un pour l'Egiife, l'autre pour l'Etat, l'un & l'autre agiiïant fous le Roi comme Cheffu- preme , ce comme Souverain. Sur cela il atta- que les Jurifconfultes Anglois qui, dit il, ont accoutumé de regarder la RaiJ'on & leurs Maximes particulières comme chofes équi- valentes. Selon lui , comme les Cours Ec- clefiaftiques & Civiles ont le même établi fi fement légal, elles devroient aufïi avoir la même autorité ; l'une ne devroit point em- piéter fur l'autre ? C'eft pourtant ce qui le fait. La Cour Civile envoie des Prohibi- tions à la Cour Ecclefiaftique : Et c'eft ce qui eft 124 Bibliothèque Britannique, ejî déplorable. D'ailleurs , cette Cour là évo- que à foi des Caufes dont la cpnnoiiïance appartient plutôt à PEglife. Bien des gens croient pouvoir pallier cet abus. Ils difent qu'on juge par douze Jurez dans les Cours Civiles ; oe qui ne fe pratique point dans les autres. Mais s'il y avoit la moindre affaire à juger entre un Ecclefiaftique & un Laïque , l'Auteur craint que le Laïque ne fe crût fort mal jugé par Douze Ecclefiajli- ques; quoiqu'au fond , pour parler modéré- ment , la confcience de ceux-ci vaille bien celle des autres. A la fuite du Difcours préliminaire paroit un plan détaillé du Code ; ce oui ouvre un grand champ qui fournirok des extraies pour plus d'un Journal , mais il faut fe borner à quelques Echantillons , pris ça & là dans cette vafte compilation. I. Les Statuts commencent par celui de Henry 2, dans l'an 1225. mais le Texte du 1. Titre commence par le Statut de lao\ année d'Henry 3, ou ce Prince accorde l'Immunité à l'Egiife d'Angleterre. Sur quoi le Commentaire remarque qu'il faut entendre par „ VEglife toutes les perfonnes Ecclefia- „ fliques dans le Roiaume, leurs pofTefHons „ & leurs biens; ajoutant que, felôn Coke (a) „ le mot d'Eglife étoit plus propre que ce- „ lui d'Ecclefiafliques , parce que les Eccle- „ fiaftiques {a) Grand Juge d'Angleterre. Avril, May et Juin. 173(5. 125 „ fiaftiques meurent, & que l'Eglife ne meurt „ jamais. 1 1. Les ConfUtutions commencent à l'Ar- chevêque Etienne, Tan 1222, & finifTent à Cbicbeley , en 1415. Celui-ci interdit aux Ec- clefiafbiques mariez le droit de juger ou de plaider dans les Cours des Evéques. Il y a une autre Cbnftitution qui eft de Peccbam, en 1279, inférée au titre XIV, Prédica- tion , Semions f$ Homélies félon l'Eglife d'An- gleterre. Le Chapitre feptieme roule fur les fujets qu'on doit traiter dans les Sermons: Et là deflTus le bon Archevêque prefcrit en- tr'autres l'Expofition des Dix Commandement, au nombre defquels on ne voit point le Second. On ne fera peut être pas fâché de trouver ici au bas de la page. Les pro- pres termes qui fe nportent à ce fujet (a). Si cette Conftitution déplaît, comme il lem- ble qu'elle doive déplaire aux Proteftans 9 ils feront fans doute édifiez de celle d'Ochobon ou Othon Légat en 1268. Elle porte qu'il ne ( a ) Decem Mandatorum tria ordinantur ad Deum , quae dicuntur mandata prima; tabula; , feptem vero ad proximum, qux dicuntur fecundse tabule mandata. In primo prohibetur omnis Ido- lolatria, cum dicitur non babebis Deos alienns co- r&nme, in quo implicite prohibentur omnia for- tilegia &incantationes. InfecunJo mandato , Non ajumes nomen Dd tui in wmum , prohibaturprin- cipaliter hserefis, &c. !2<5 Bibliothèque Britannique, ne faut rien prendre pour l'admininratiou des Sacremens , mais pourfuivre comme Simoniaques ceux qui s'en font paier : En- joignant , fous peine de fufpenfion, tant aux-Archidiacres qu'aux Evêques , de punir les coupables. C'elt, au titre ij. c. 2. Nous n'ajouterons plus que celle de Boniface en 1261. , laquelle tend à délivrer le Clergé des obftacles qu'il rencontroit de la part des Tribunaux Civils au fujet de certains Droits purement Spirituels comme Dixmes, Limites de Paroifle , & autres de même nature. Ce bon Ecclefiaflique fe fonde fur cette raifon peremptoire Ça) Qil' il ri appartient pas aux Laïques faits peur obéir , d'être juges des Oints du Seigneur. Ainfi il ordonne qu'on porte plainte au Roi ; & que s'il ne fait pas Jufti- ce , fes Miniftres foient excommuniez ; En- fin que s'il perfevére dans fon endurcuTe- ment , il foit lui-même mis à l'interdit avec fes Domaines. C'eft ce qu'on peut voir au long, titre XL V, Chap. 12. LsAuteur du Code avoit témoigné qu'il fe propofoit d'en faire un Syftème analytique à la manière des Inftitutes , & d'en recom- mander la lecture aux Etudians des Univer- fitez , lefquels fe deflinent à l'Eglife , afin de les {a) Cum judicandi Chriftos Domini nulla fit Laicis attributa poteftas , apud quos neccfïitas manet obfequendi. Avril, May et Juin. 1736. 127 les initier dans les Myftères de la conftitu- tion de FEglife Anglicane. C'eft pour en- trer dans les vues du Prélat que Mr. Grey publia, il y a cinq oufix ans , un gros in Oàaw qui a pour titre , Syjieme des Loix Ecclefiafiiques d'Angleterre extrait du Code. . . pour Vufage des Etudions &c. Ce fyfleme eft en forme de Catécbi/me: Et on peut dire qu'il eft en effet auflî clair & auflî complet qu'aucun de ceux qu'on a jamais mis entre les mains de la jeunelie. Nos deux Univerfï- tez n'ont pas manqué de l'approuver , & de donner des marques diftinguées de leur eftime à ce Sçavant. Enfin , l'année paiTée (a) Mr. L'Eve que de Lichfield fit à Ton Clergé l'éloge du Code, „ non feulement comme „ du meilleur livre écrit fur ce fujet depuis „ la Réformation; mais comme d'un Ouvra- „ ge extrêmement utile à YEglife Anglicane „ S: qui au jugement des ConnoifTeurs fer- 3, vira toujours de Régie. Il ne faut pourtant pas douter que cet Ouvrage n'ait déplu dans ce pais à bien des gens. Pour peu que l'on connoiffe l'An- gleterre , on y connoit auflî deux partis , l'un qui porte extrêmement haut les droits du Clergé, & l'autre qui les rabaifle autant qu'il lui eft pofîible. V Anonyme, qui a pu- blié l'Examen du Code , paroit être de ce dernier parti. On allure que c'eft Mr. For- fier 128 Bibliothèque Britannique, fier Jurisconfulte de Diftinclion; & il eft vrai que le Stilc de 1' 'Examinateur efl bien d?ns le gouc du Barreau en Angleterre. Quoiqu'il en foit , comme rien ne nous oblige à fuivre pied-à-pied le fil de fon dis- cours , & moins encore à faire ici la fonc- tion d'avocats , ni même d'arbitres ; nous nous contenterons de raporter , félon l'or- dre des tems , les Faits principaux fur les- quels il fonde fa Critique. Si on remonte jufqu'au commencement du Chriflianifme , on trouvera que la Dif- cipline Ecclefiajiique s'y exerçoit bien autre- ment qu'aujourdui. On confulta le corps entier des Fidèles qui étoient à Jerufalem, lorfqu'il fut queition de choifir un des Dif- ciples pour remplir la place vacante dans le Collège des Apôtres : Et Matbias leur fut aflbcié du conformément de toute VEglife. On la confulta de même, peu de tems après, fur le choix des personnes à qui feroit confiée l'adminiftration des charitez publi- ques : Et enfuite cette même Eglife dési- gnée auffi fous le nom de Frères, étant jointe avec les Apôtres & les Anciens , concou- rut à une délibération aufli difficile qu'im- portante qui intéreifoit tout le corps des Gentils convertis à la Foi Chrétienne. Ce fut en commun que fe fit la décifion Sy- nodale : Et ce fut au nom de tous qu'on écrivit la lettre du Concile aux Frères d'An- tioche. Ï/Au- Avril, May et Juïn. 173e. 129 , L'Auteur prétend que cette Dlfcipline iub- fifta dans les Eglifes jufqu'à ce que le Chri£ tianifme' devint la Religion dominante par la Cohveriion des Empereurs. Il cite là- deflus-un ouvrage (a) de Mr. King qui a été enfuite Grand Chancelier d'Angleterre. Avant lui Fra Paolo en avoit donné de for- tes preuves dans. Ton Livre du Droit des Souverains , & dans un autre qui traite des Matières Bénéficiâtes. Les Empereurs devenus membres de l'E- glifc en furent par cela même les princi- paux Chefs , aiant réuni tout le pouvoir du Peuple en leur peribnne. De leurpleiik puiflance ils ont convoqué des Conciles en Orient & en Occident. Ils y ont admis des Laïques comme dans celui de Nicée(b). Eux mêmes ou leurs CommifTaires Laïques préfidoient pour l'ordinaire dans ces Con- ciles: Et c'étoit les feuls Empereurs qui donnoient force de Loi aux Décrets des AfTemblées Ecclefiaftiques: Par raport à V Angleterre eh particulier $ l'auteur remarque qu'auflitôt qu' Honorius en eut retiré fes troupes, environ l'an 410; Elle devint indépendante de toute Puijjan- te étrangère. On* ne fçavoic pas encore Ce que c'étoit que celle du Pape. Les Laïques n'aniftérent pas moins que les Ec- clefialLiqués (a) Conftitution de l'Eglife Primitive, &C= [b) Socr. Hift. Fccl. Lir. L c. c. Tm, VIL Parti I 130 Bibliothèque Britannique, clefiaftiques au Synode National de 429, pour arrêter les progrès du Pélagianifme : Du moins eft-il appelle Magna Synodas Cle- ticorum 6f Laïcorumin uno Concilia. En 449, les Saxons débarquèrent en Angleterre, & y opprimèrent! es anciens habitans, dont une partie le réfugia dans la Province de Galles. Ceux d'entre eux qui étoient Chrétiens y maintinrent leur liberté, aufli bien que leur Police Ecclejïaftique. Ce ne fut que vers Fan 600 de l'Ere Chré- tienne, qu'un Roi de Kentfe fit baptiferpar le Moine Augujlin * envoie par PEvêque de Rome. Par degrez le Chrifliamfme s'établit dans les fix autres Roiaumes : Et on voit par les Monumens de YHeptarcbie, que fes Loix tant Ecclefiaftiques que Civiles fe fai- foient dans le grand Confeil de la Nation, ou des fept Roiaumes. Qu'il y ait eu pour- tant des Synodes, oh le Clergé feul avoit féance ; c'cft ce que l'Anonyme ne nie pas: Mais il prétend que ce qu'on y traitoit ne regardoit point le Peuple en tarit que diftin- gué du Clergé. Il s'agifibit de Y Ordre que les Ecclefiaftiques dévoient garder entre eux pour leurs fonctions. Vers le milieu du VIII. Siècle , il fe répan- dit une corruption générale en Angleterre. Surquoi le Pape Zacharie, écrivit àl'Archevê- que de Cantorbery pour l'engager à convo- quer un Synode afin de réformer le Clergé; & le légat du Pape 5 en Allemagne en écrivit au Roi, Avril, May et Juin. 1736 131 Roi. C'eft ce qui occafionna le Concile de Covesbo (û), ou avec le Clergé fe trouvè- rent préfens le Roi même , fes Princes ce fes Ducs. Un Aéte de ce Concile fait voir qu'ils y avoient donné leurs iuffrages , leur Seing le trouvant avec celui du Roi au bas de l'Acte. Il y a une foule d'autres exem- ples femblables de Synodes , où même le Peuple ctoit admis avec les Grands duRoiau- îne. On voit par ce que Mr. de Rapin a diu du gouvernement des Anglo-Saxcns , que le Clergé n'agiflbit point, dans ce tems là , com- me formant un Corps féparé du Peuple , & que c'eft ce qui n'a eu lieu, que lorfque la Puiflànce Papale envahit tout fous les Roi'? N or maris. A ce fujet, nous toucherons un point de Critique, concernant une des Loix Saxonnes. Guillaume le Conquérant , fat le premier qui ordonna que les Caufes Ecclenaftiques fe- raient jugées félon la Loi Epifcopale, & non félon la Loi Commune. Avant cela, YEvéque & ï/lldcrman, ou Juge Civil , tenoient la même Cour: Et fi î'un étoit abfent, l'autre n'en jugeoit pas moins les caufes, foit Ec- clcfiaftiques , foit Civiles, félon le droit di- vin ou humain; Mais quoique Y Auteur du Code avoue que YEvêque & YAlderman, n'a- vojent qu'une même Cour, il prétend que dans cette Cour, l'Eveque feul jugeoit les affai- re Svnode eft de l'an 74-. I 2 132 Bibliothèque Britannique, affaires Ecclefiaftiques, félon les Loix de VÊ* gUfe9& PAlderman ce qui regardoit le tem- porel , par la Loi Civile. Notre Anonyme trouve cela fort étrange, & le combat de toutes fes forces. En particulier il s'étend beaucoup à fixer la lignification du mot Aegiher dans la Loi Saxonne. Selon lui , c'eft ce qu'aujourdui , en Anglois , on dit eitber qui fignifie Vun ou l'autre, (a) La traduc- tion fitérale de la Loi porte, " Que là Je „ trouve l'Evêque &? aujji VAlderman : Et que ,, là (aegther) Vun ou Vautre infiruife du droit „ divin ef du droit civil (b) „ Le Pape Innocent 1 1. aiant trouvé le moien d'exclure les Laïques de toutes les Ajjemblées qu'il convoquoit à Rome (Y), le Clergé d'Angleterre crut devoir marcher fur les traces : Et par degrez fe débarraffa des Laïques dans les Svnodes. Mais enfui- te , il plut à Nicolas Iî. de faire le Roi fon Vicaire dans ce Roiaume ; non toutes fois avec (a) Il y apparence que cela eft ainfî , puifqus les crimes, qui ont été enfuite apellez Crimes Sci- rituels , étoient, par les Loix Saxoîies , punis de grofTes amendes y ou même de peines corporelles; & particulièrement T Impureté , de la perte des membres qui avoient fervi d'inftrumens au crime. {b) And thaer beo Bifceop and fe Aldermanand thaer aegther taecon ge Godes rith ge Weoroldcs rith. (f) C'eft Qnupbrt qui le raporte, Avril, May et Juin. 1730". 133 avec plein pouvoir : Il falloit que tout fut réglé de l'avis des Prélats Ça). Ce Pouvoir même du Roi parut exorbitant. L'Arche- vêque fut fait Légat. Et le Vicariat du Roi difparut. Voila apparemment le tems que Y Auteur du Code (b) a eu en vue lorfqu'il a dit , u qu'avant la Réformation les Canons rece- „ voient leur entière & finale confirmation „ du Métropolitain qui avoit plein pouvoir „ de les faire ponctuellement obferver. " Mais quelque tout puifTant qu'on le repré- lente , il n'étoit tel que comme Premier Mi- niftre du Pape. Au refte , cette autorité monflrueufe a été abolie en Angleterre par ce qu'on appelle le Statut du Trente £f un d'Henry Vlll. Dès lors les Loix du Roiaume attachèrent à la Couronne tout le pouvoir qui apartient au Cbef Suprè,ne , en terre, de l'Eglife Anglica- ne: Et cette autorité, que les Loix lui don- nent, ett dite " être fondée fur la Parole „ de Dieu. Deforte que les Prélats n'ont „ aucune Jurifdiftion Èccleiïaftique , fi non „ fous le Roi & par i^es ordres ; toute Ju- „ rifdiâion qui a pu légitimement être „ exercée par quelque Pouvoir Eccle- „ fiaftique (a) Vice noftra , cum conftlio Epifcoporum , conttitmîis. (b) Préface, page 2g. 134 Bibliothèque Britannique, „ fiaftique que ce foit , étant pour ja- „ mais uni à la Couronne Impériale cTAn- „ gleterre. Des Faits célèbres expliquent les Loix , fuppofé qu'elles aient befoin d'explication. En conlequence du Statut , dont on a parlé , Henry tranfporta à plufieurs Laïques , ^en di- vers endroits du Roiaume, la Jurifdiclion Epifcopale : Et même à préfent de fîmples Laïques l'exercent. D'ailleurs , on içait que le Roi établit Cromixell ion Vicegérent pour les affaires Ecclefiaitiques par tout "le Roiaume. Ainfî placé au deflus même du Primat de toute l'Angleterre . ce Laïque régla tout dans PEglife avec un pouvoir abfolu. Si EUfabetb ne jugea pas à propos de rendre un fujet flpuiffant, l'autorité même, que ce grand Miniflre du Prince avoit exercée, fut confiée par cette Reine à piuiieurs : mais tous Laïques, à la referve d'un leul qui étoit le Docteur Sandys. Il ne faut pas ou- blier que l'illuftre Crammer & fes Collègues avoient pris des Commiffions fous le grand Sceau, foit en gênerai pour exercer leurs fonctions Epifcopales , foit en particulier ..pour donner les Ordres. Ajoutez que le Roi Edouard leur avoit interdit en particu- lier le droit de vijiter leurs diocèfes : axant àejfçin, difoit-il défaire lavijite lui même: En un mot les Evèques n'étoient autorifez en rien de ce qui peut s'appeller Jurlfdiàkn^ que durant le bon flcOJlr du Roi. Sur tout Avril, May et Juin. 1736. 135 cela l'Anonyme a foin de citer, exactement les garants (a). L'Auteur du Code a cru pouvoir invalider la preuve qu'on tire de cette foule de Loix &. de Faits en recourant à la diftinàhn commune de l'Autorité Spirituelle &.TempGrdle:l\ avoue que les Prélats n'ont h féconde forte d'Autorité, qu'en vertu de la Suprématie Roiale ; Mais que pour la première , ils la tiennent de Droit Divin & inaliénable. Il s'appuie de ce qui , ratifié par le Pouvoir Légirfatif, lui parolt valoir une Loi exprefïc. C'eft l'Office de la Confécration des Evêques. L'Archevêque , s'acidrefTant à l'Eveque élu , demande s'il ne veut pas remplir les fondions Epifcc- pales, félon l'autorité qu'un Evêque en a par la Parole de Dieu , & comme elle lui fe- ra commife par les Loix du Roiaume. Mais l'Anonyme ne trouve point tout cela folide. Ce n'eit félon lui qu'un paffage unique qu'on oppofe à tant de Loix 11 formelles. Et d'ail- leurs, quand même les Evêques auroient quelque autorité indépendante des Loix , s'enfuit-il qu'elle dut aller aufli loin, que le prétend l'Auteur du Code? C'eft-à-dire , jufqu'à exercer toute forte de Difciplinel En- fin on ne peut qu'être extrêmement éton- né , qu'aiant pris la Parole de Dieu même pOUr [a) Burnet, Colled. of Records Vol. L. f. 1. 1-;. i"S- -5T- Vol. II. f. 8:. 9+. 273. 318. W ïjôBlBLIOTHEQUE Br ï T ANÎHQ Ï7E , pour fondement d'une Autorité contëfr/ëë, il n'allègue pas un mpt de cette Parole di? vine. Ce qu'il y a d'admirable , c'efl: que ^Anonyme , qui h'eft pas un homme d'EgliJe , croit avoir bien lu l'Ecriture Sainte (a) & ce* pendant il n'a pas pu y trouver la moindre ombre de preuve en faveur de la Juridic- tion que les Prélats s'arrogent de Droit divin. On a pu remarquer dans Pextrait du Co- Se , que félon fon Auteur l'Angleterre é(l gouvernée par deux Puifjances dijlincies , dont l'une réfide dans les Ecclejtafliques & l'autre dans les Sécul'ers; Et qu'ainfi c'efl à ceux- là de faire des Loix pour l'Eglifè, auffi bien qu'à ceux-ci de faire des Loix pour l'Etat.' & Si jamais , dit fur cela l'Anonyme , lé v Code tombe entre les mains de gens qui ?? ne fçachent rien de l'Hiftoire & de la, „ Conftitutiqn d'Angleterre , ils concîu- 5, rbn't probablement , qu'il n'y a rien de .,, plus réel que cette double PuiJJance lêgiflatï- v,, "je: Et 'qu'actuellement elle eft établie en v ^Angleterre , où qu'elle s'y exerce pat •„ deux Ordres de perfonnes différentes , * à<> (a) Aufli en la t'il bien ou mal ajufté les èx- ^'refuons à fe.s idées ; comme lorfqu'il dit, que le droit divin approprie' aux Ecclefiaftiques efr la -maudite rhçir.e d'amertume d'oii la Suprématie Pa- pale a Bomgâdnné. Avril, MaV et Juin. 1736. 137. 3, de même que pour des fujets differens, „ mais qu'au refte elles font égales , & que „ chacune d'elles eft fou'veraine dans ton ,, département. Cependant il eft très virai , „ que tout ce qu'a fait depuis 1603 > la W&~ „ tendue PuiJJance \ Spirituelle , le réduit à Un „ petit nombre de Canons Ecclefiaftiques* „ Elle a bien tâché , en divers tems , de „ faire valoir fes prétenfions. Mais la mort ,-, d'Elifabeth fit manquer le coup-, fous ,', fon Règne: Et fous Charles Premier, là „ prétendue PuuTance Ecclefiaftique ne fit „ que de vains efforts , qui ne fervirént „ qu'à la rendre méprifable. u C'efb ce que l'Auteur du Code n'ignore pas: mais il a judicieufement conçu, qu'il faut aller par dègrêz.-Etdans cette vue il a répandu, par tout le Code, un grand nom- bre de principes , de maximes , d'ouvertu- res & d'expédieïis, qui font là, félon lui , comme autant de Pierres d'attentes prêtes à être emploiéès dans la conftitution Eccle- fiaftique, dès qu'il s'en préfentera une oc- cafion favorable. Il les offre , à la considéra- tion de nos Supérieurs Ecclefiaftique s ajjemblez en Convocation. Mafs- pourquoi pas des Laïques , en Parlement ? C'eft que , fi on l'en Croit, lés premiers font les meilleurs Juges des^arfaires dé YEglife, & de tout ce qui s'apeîle Ordre ou Difcipline. L'Anonyme n'a pas la complaifance d'en convenir. Il prétend au contraire que pour ce qui regar- I 5 d<| I38 BlELIOTHEQUE BRITANNIQUE, de même purement YEglife , les Prélats ont fouvent conduit les affaires fort mal. Sans parler des tems qui précédèrent la Refor- mation, le Clergé ne fe fit pas grand hon- neur par la manière dont il. le prêta aux divers çhangemens qui furent faits fous Henry, Edouard, Marie, ce Elifabetb. On doit pourtant rendre juftice au plus grand nombre fous les Règnes de ces deux Prin- ceffes\ Us parurent très actifs pour le Papif- me, pendant que Yainée fut fur le trône: Et la Cadette y étant montée à fon tour, les Prélats du moins eurent honte de changer fi fouvent. Surquoi on fe pourvut d'autres Conducteurs Spirituels, qui ne manquoienc ni de capacité ni de zèle: Et qui cepen- dant n'ont pas dû le vanter d'avoir iervi d'organes a la Réformation dans ce Roiau- me. Ils y eurent au fond fi peu de part,. qu'ils ne purent pas même obtenir le re- tranchement d'un petit nombre de Cérémo- nies que, félon eux, on auroit dû abolir. Burnet en fournit les preuves dans fon Re- cueil des Actes (a) pour l'Hiftoire de la Réformation d'Angleterre. Après même ce tems là on n'a que trop éprouvé ce qu'on doit attendre du Gouver- nement des Eccleflaftiques. Ce furent eux qui réglèrent tout depuis 1628. jufques au lon^ Parlement. „ Quel honteux période ?, que Vol. Avril, May et Juin. 1736. 139 „ que celui de ces douze années , oîi tout „ tcndoic à inipirer une profonde vénéra- tion pour la Hiérarchie : mais avec une févénté fi pédantefcue, que ce qu'on fai- foit eut un effet tout contraire à ce qu'on s'étoit propofé! Ce n'étoit qu'enthoufiaime ce fanatiline. On ne parîoit que d'em- bellir le culte religieux, que d'habits famts, de fêtes, de teins facrez, de geftes myile- rieux , d'ornemens & de parures pour les Autels. On rempliflbit les priions de gens qui avoient deiobéis'à l'Egliie. Des mil- liers d'artifans allèrent chercher du pain dans les païs étrangers. Un grand nom- bre de SçavansPafleurs, qui ne vouîoient pus trahir leur Comcience , aiant été in- „ terdits , furent expofez au mépris & à la rifée publique , &. réduits à la dernière mifére. Notre Correlpondance avec les Eglifes Réformées fut rompue; ce l'achar- nement a vouloir dominer par tout cau- fa la guerre avec l'Ecoflb. Enfin nous nous vîmes plongez dans un abyfme de mifé- re par nos dîvifions înteftines , & par une „ affreufe guerre civile. C'eft-ce eue nous devons à l'habileté de Laud Car quoi qu'il n'ait été Archevêque de Cantorbery qu'en 1633. il fut premier Miniftre pour les Affaires Ecclefîaftiques , du moment „ qu'il le vit promi : de Londres. L'anonyme fait plufieurs obfervations eu- u'%aitres lujets: Par exemple, fur les Dix- 33 J3 "> 33/ 140 Bibliothèque Britannique, Dixmes félon le Projet nouveau de L'Auteur du Gode (V). Parce Projet il y auroit une aug- mentation de Dixmes équivalente à une taxe de 4. fhelins par livre fur les Maifons ,• mais les Laïques n'entendent pas raillerie fur de pareils projets. Et on ne doit pas non plus être furpris qu'ils paroiffent indignez d'un deflein des plus odieux en Angleterre y c'eft d'y ramener la falutaire Méthode de la Pur- zation .Canonique, fi fagement ordonnée par l'Extravagante ; comme l'exprime la citation £ la marge du Code , mais par méprife. Car il falloit dire la DJcrétale : Cette manière de Purgation veut qu'un homme prévenu par le bruit commun foit cité à la Cour Ecclefiafti- que;. Et là ne confeflant pas ce qu'on lui impu3 te , on l'oblige à s'en purger par Serment en préfence d'une demi - douzaine Çb) de Voi- ïiris qui déclarent fous Serment qu'ils croient qu'il dit la vérité. L'auteur du Code déplore? amèrement le malheur extrême de l'Églife qui fe voit actuellement deftituée de cette ilTW (a) Page 700. {b) Le Décret , qui a porté ce nombre jufqu'a Douze, l'alaise quelquefois indeiîni. Vide Jus Can. Coll. Dec. 2. 2. P. 2. C. Q. 5-. c. if. & 17. M. Dec. ÇJreg. L. f. t. 33. c. 1. & <;. La Conftitution du Légat Stratford, dans l'an 1 f+2 , dit Demi douzaine ou douzaine : mais le nombre eft reftraint dans le Code , à la demie douzaine. Et apparemment le fens eft qu'il faut pour le moins ce dernier nombre. Avril, May et Juïn. 1736. 141 importante branche de la Difcipline Ecclefia* fîique. Mais ce feroit plus-tôt le moyen de faire haïr tout ce qu'on apelleroit de ce nom. On en peut dire autant du Serment, qu'on nomme Ex officio , par lequel on s'en- gagcoit d'être examiné comme témoin con- tre foi-méme, ou de s'acculer au tribunal de l'Eglife. Mais comme il n'y a rien donc les Anglois en gênerai aient marqué plus d'horreur, on l'a entièrement aboli par une Loi qui eft en force depuis l'an 13, de Char- les IL Nous ne diflîmulerons pas i que l'Anony- me paroi t craindre qu'il n'arrive que les Idées qui ont été hazardées dans le Code , fi on les admet dans toute leur étendue , avec les conféquences qui en luivent naturelle- ment , ne tendent à introduire bientôt, tous les malheurs prévus par le P. Paul, dans le tems qu'on regardoit les deux derniers ar- ticles dont on vient de parler, comme des parties eflentielles de la conftitution Ecclejiajti- que. Il écrivoit dans une de fes Lettres de l'an 1609. " Anglis ego timeo : Epifcoporum ma- 0 gna illa poteftàs, licet fub Rege , prorfus „ mihi fufpetta eft. Ego equum ephippia- 5, tum in Anglia videre videor, & afccnfu-" „ rum prope die'm Equitem antiquum divino: „ Verum omnia divinae Providentia? fub- 5, lunt. " C'eft-à-dire , Je crains tout pour les Anglois. Cette grande puiffance des Evêques , quoique fous l'autorité Roiale, m eft tout à fait fuf- 142 Bibliothèque Britannique, fufpecte. Il me femble voir le cheval déjà fellé en Angleterre. Et je m' attens au premier jour à voir remonter l'ancien Cavalier : Mais Dieu ejt fur tout. ARTICLE IV. Epiftohl D.MlCHAELIS M A I TT A I- r e &c. Lettre de Mr. Maittairi à Mr. Des 3.1 a i z e a u x en lui en- voiant des Remarques Critiques de Mr. de la M o N noyé fur fes Anna- les Typographiques, avec la Réponie. Jlro clârijjîmo c? cruditiffimo PETRO DES MAIZEAUX, R. S. S. S. P. D. MICII. MAITTAIRE. „ "\TOn eft , cur miremur , Vir Clarîffi- L^ „ me,qùod tôt opéra înaturitatem „ non affequantur ; cum fint perpauci , qui , „ priusquam fufcipïant , perpendant fatis , „ qui d fin t fufeepturi. Oiiifua inquit Epi- „ grammatographus pondéra metitur , ferre po- „ tefi (a). Vix icaque quisquam pondera^quaB „ non fuerit diligenter praemenfus , rectè „ ferre {a) Martial. Lib. 12. Fpig. 100. Avril, May et Juin. 173*5. 143 „ ferre poterit. Ac verô ne videar paulô „ iniquior , res iita aliâ reputanda eir via. 5, Si enim neminem oporteat quicquam ag- „ gredi , nifi certus lit fe eflè materiae pa- „ rem ita peritè tra&andœ, ut nequeat in „ errorem, nedum leviffimum , incidere ; „ ita penitus exhauriendae , ut nihil ab alio „ quovis melius inftitui aut addi poiîit ; quot „ bonarum Iiterarum partes remanerent in- „ taftœ & incultce ! Nulla ferè diiciplina, „ uno conatu, uno tempore 3 uno magiftro , „ pcrvenic ad culmen. Singulis iicetfuam, „ quantulacunque fit, fymbolam conferre ; „ fuamque modo modeffè neque (quodfc- „ let criticorum quorundam feiolorum vul- „ gus ) pro imperio fententiam producerc. „ Sic tandem fict, ut opus quodlibet gran- „ de multorum manibus levetur. „ Me primùm ad invefïigandum Typogra- ,, phices Ortum & Progreflum induxerat 11- „ brorum amor, quodcue in his fœpius vol- „ vendis pofueram , ftudium : & ut eram „ ad alias res rudis & ineptus , privata vitse „ obfcurre infra magnam & fortunam & fa- „ mam pofitœ ratio fuafit , ut otium non prorius perderem , fed nonnihil de illâ materiâ chartis illinerem. Illeclus itaque „ eâ , quam in illo lludiorum geneYe per- „ cepcram , & me deinceps percepturum „ fore fperabam , voîuptate , ad tentandos ,, Annales Typographicos manum admovi; ,, oblitus eqûidem fiibfidia plurima ad id , ,, quod >i 144 Bibliothèque Britannique* ^ guod. moliebar , necefTaria mihi deefie : ^ fi enim meam penuriam & operis ampli- tudinem re&è ponderâfTem , necefle fuê- rat pedem referre , ob rei difficultatem ab incepto deterritum. Senfi-ab eo tem- pore, neque diffimulavi ,■ quam faepe eiv raverim ; Literatorum omnium & veriiam \r impetravï écauxilium, ut ab iis monitus 3, errata corrigerem : cujus fidem tibi faciet 5, prœfatio volùmini Annalium (^ 1719.3 pri- „ mo prsfixa. Utcunque tamen aufis , qui- ^ bus virés meas erant inferiores 6 excide- „ rim , mihi erit aliquidfolatii, me cotis * ■„ quas fecandi exôrs ferrum acuit , vice j, funclum fuifTe ; & alicujus viri , qui du- „ ram hanc aliquando capiat provinciam „ copiis omnibus ad eam pertinentibus in- ,3 ftruftiflîmus , induftriam excitaviflfe. De- „ nique ut aliquatenus meorum Annalium 3> lectoribiis fatisfacerem , in renovatâ nu* 53 per & duplô plus auftâ Primi Voluminis „ editione reflitui & repofui , quicquid in 3, priore editione erratum fuifle omiflumve „ animadvertere potui : necnon plura iri -, Indice propedicm edendo reflituam & „ reponam. Eorum , per quos profeci , & $, errores meos refcivi , nomina ( quod „ œquum fuit) inferui(à): inter quosD. 3, de la Monnoye ; cujus epiftolam ad me I, olim datam , "& Bresdas emiffam 5 fubji- ii cere U\ Annal. Vol. I. 1733. Praef. p. XÏV. & alibi fiaffim. Avril, May et Juin. 1736. 145 cere hic ex autographe) cum notis paucu- lis opéras pretium duxi : ut palàm fit me non efTe ad errandum, quam ad errorem agnofeendum, promptiorem. BERNARDI MONET£ Obfervatiuncuîœ in Cl. MICHAELISMAITTAIRE Annales Typographicos. Eruditiflimo Viro MICHAELI MATTARIO. Londinum. MAgnam , eruditiflime Mattari , Anna- les tui Typographici voluptatem mi- hi cos evolventï pepererunt. Eam ut au- geam , meas aliquot , inter legendum na- tas , obfervatiunculas ad te mittere libet ; quas, fi nullius momenti videbuntur, poft- habebis ; fialicujus, fufeipies non invitus. Hae autem funt. Pag. 1. Quoi fi ultra non datur , prodierim te- nus'] Tenus vox eft nihili, nomine vel pronomine deftituta. 2. ialbutiesl vox non eft Latina. 3. quem eniîendo nonnifi plures anni fufficie- bant~\ Oratio non eft Latina. Dicendum fuit cui pariendoy vel quid (imite. Tom.ni Parti. ' K Pag. 4* T4<5 Bibliothèque Britannique, Pag. 4. Biblia] pro Bibliis. 2 t. Leonardi Utinenfis Sermonum exemplar apud Carmelitas Divionenfes 'vidi olim & trattavi ; Venetiis in 4. per Magi- ftrum Franciscum de Hailbrun & Magi- ffcrum Nicolaum de Francfordia focios editum 1473. ubi ad calcem habetur in- fcriptio fimilis illi , quam ex Aquisgra- nenfis Cœnobii exemplari protuliSi % nifi quod pro Civitaîis Utinenfis fcriptum eft Communitatis Utinenfis. 31. Oreretar'] Oriretur. 33. cœperint evccudi'] cœperunt. 34. duos~] duas. 41. Jamfemi undecimus luftrum] Aliter , & emendatius legit pag. 6g. oculatior te- ftis Chevillerius , qui non femel Biblia illa viderat apud Cœleftinos. 42. Francifci Florii &c. ] Duas hujus libri editiones eodem tempore Turonis in domo Guillermi Archiepifcopi Turo nenfis confectas vidi ; unam pênes Ba- ronem Hohendorfium , alteram in Col-- legii Mazarinasi Bibliothecâ, ambas in 4. Tllam eleganti & nitido Charattere, hanc Gothico. Libelli meminic in Epitome Bibliothecœ Geiherianaî Simlerus his verbis parum accuratis : Francifci Florii de Amore Camïlke &? Mmïli®. 44. Artificum'] Artificium. 48. teftenturj teftantur. 55. 1480.] Edicio Romana habet. 14:5. Pag. 72. "Avril, 'May et Juin. 1736. 14" Pag. 72. Zmenzonius] Juveniconius Gyraldo , ied Raphaël fequebaturVenetas pronun- ciationis flexum. 81. Fichetus Beirarionem Parifiis Romam proficifcentem comitatus eft , & Befia- rio quidem in itinere obiit, lcd eo iplb anno Tichetus Romam advenit. Ibid. interjigniuîn ] Vox non eft Latina. 87. Raimitio] Raimitius, Ramutius, Rainu- tius, RanutiUs, Ranutinus, Remicius, Rimitius&Rhinuccinus (tôt enim mo- dispcrverfumcjus nomen occurrit) non alius eft quàm Alamaqnus vel Aleman- nus Rinuccinus Florentinus ; qui , prê- ter iElbpi fabulas , Latine vertit Philo- ftrati Apollonium , Hippocratis Epifto- las , Bruti Epiftolas , Plutarchi & Lu- ciani nonnulla. 89. Francifco interprète] Fr an eifeo Philelpho. 96. VulturW] Valturii , nempe Roberti Val- turii qui pag. 173. corruptiùs Fultur. Ibid. Liber de Vita & moribus Philofopho- rum eft Gualtheri Burley. Epifcopus autem ille Tropienfis Meînoi interpres eft Petrus Balbus Pifanus. 97. Andronico Lappo , item Birago ] Androni- co , Lappo item Birago feriptum oportuit. ^Andronicus cognomine Calliftus , erat Theflalonicenfis ; Lappus vero Biragus , Florentinus. bos emas Ubellos Sîrabonis : tibi noviine dicatos K 2 Zeni H8 Bibliothèque Britannique, Zeni Prœfulis &c. ] Interpunge & lege :- .... hos emas libellos Strabonis tibi , nomini dicatos Zeni Prœfulis. 128. TartelLl Tortell. 139. Por ] Pour. ( I H R ) Quid figniftcant ha? très literae ? Forte fcribi debuit ( I H S ). Ibid. pardon"] par don : ut fit allufio. 139. Errorem Joannis Callii optimè divinâ- fti , aftipulante tibi Antonio Verderio Biblioth. ïuae pag. 248. his verbis : La Chronique Martinienne translatée en Fran- çois > imprimée à Paris par Antoine Ferard. Firmant id in fuis Hiftoricor. Franc, indicibus Andrseas Quercetanus &Jac. Longus. 140. De Bibliis per Joannem de Averbach Reutlingae 1469. impreflis, fubvereor, ne forte Saubertus perperam Averbach pro Amerbach legens , alios in errorem mduxerit. 141. Audiamus Erasmum in ejus Epiftolâ] in fuâ. 145. Scilicet ab anno 1480. usque ad annum 1528. quo anno Erafmus ad Alciatum fcribens ejus mentionem facit~] Oblitus riic es Epiftolae Erafmi datas ad Leo- nem X. anno 1515. & à te pag. 142. citatse ; ubi Joannem Amerbachium decefiîfle fcribitur. Amerbachius, de quo Erafmus ad Alciatum , Bonifacius cft, Avril, May et Juin. 1736. 145» eft , trium Joannis filiorum natu mi- nimus. Sed qui ad 3u.m & 30urm aetatis annum tumpervenerat, & jus civile Ba- lileae profitebatur. 158. joanne Monacbo Placenîino ] Is erat Joan- nes Creftonus Carmelita. 167. Jaconello'] Jacovello. 174. Epirota] De hâc fabellâ, quam videre pervelim , fufè Jo. Picus Mirandula duabus ad Thomam ipfum fabellae fcriptorem epiftolis. 177. La Bufe de Cour ] Vera libri infcriptio VAbufê en Cour. Prodiit Lugduni in 4. typis Gothicis tcfte Verderio Biblioth. Êag. 102. tempore non adfcripto. nvide Garbo] Dini. Ibid. Hermolai Barbari caftigationes Pliniancs 1485. Cremonœ.] Atpriores caftigationes non prodierunt ante annum 1492. quo eas Hermolaus Alexandro VI. dicavic Romas impreiïas per Eucharium Argen- teum ; qui pofteriores anno fequcnte Alexandro eidem dicatas impreflït. Er- ravit itaque, more fuo , Callius , cu- jus fidem , nifi accuratè priùs explora- tam , fequi non admodum tutum eft. 180. V. Cal. Febr. M C C C C L X X V~] M C C C C L X X X V. nam Innocen- / tius VIII. fédère cœpit 29. Augufti 484- 185. BsvctpXoç'] B^pv^pJî;. 187. i\7a772 Zanc pro Joanne apud Italos~] Apud Venetos. K 3 188 ï^o Bibliothèque Britannique, 188. Plato de Benedi&is videtur Pater Joan- nis Antonii Platonidae de Benediclis. Uterque Bononiae imprimebat fumpti- bus Benedicti He&oris : id eft Bene- di&i , qui erat He&oris filius , ideo- que Heftoreus interdum appellatur. 189. Joanne Teppere'] forte Treperel. 190. duo fipulj ambo fimul. 191. fcribis five Jlationariis ] fcribœ funt, qui exemplariadefcribunt, ditti veteribus librani. Stationarii funt bibliopolae. Ita exponit Cangius. 397. Simon Senuenfis ] Genuenfis , vulgo Ja- nuenfis. îoô". Divœ Caffandrœ ] Patet hinc error To- mafini , qui CalTandrse Epiftolas Pata- vii 1636. edens , nunquam prius édi- tas dixit. 208. Bibliotheca? Wittianas Catalogus pag. 71. Sidonii Apollina-ri-s opéra exhi- bet cum coirtmentariis Mediolani 1488 édita. Fabricius Bibliothecae Lat. pag. 36. reclius computat 1498. nec aliter Savaro praefatione in Sidonium. 209. VARILOQUUS] Veriloquus. 211. Sanàiter~\ Santriter. 2i(5. Alanfranc] Ita quidem , &malè Galli- cus Interprcs appellat quem Lanfrafic appellare debuit. §17. Pauli Pompilii Liber &c. ] Atfuprapag. 156. Liber hic iisdem plane omnibus inilgnitus habetur* Avril, May et Juin. 1736. iji 218. Mattbœi Rojfî] Boflî. 219. Joan. Jovii Poniani] Joannis Jovïant Pontani. 236. Micbaei Bentius] Bentinus. Ibid. Betzemius] Borzcmius. Ibid. quod à fe velis. ] quod fe velis. 239. Landat Picum Mirandulam Alberti Pli avwiculwn 7iuper extinftum ] Aldus tem- poribus illis vicinus poterat uti voce nuper , non fcriptor hodiernus ducen- tis poft annis & ampliùs. 240. Hune Librum Caballi nondum vidi. ] Vi- dit & legit Gefnerus exeufum fol. 268. Leonem Allatium , quod Anthologiam capitalibus literis anno 1484. editam dixerit , re&è à Fabricio reprehendi notas : at Fabricio parcis , qui anno 1497. editum dixit. 281. ponderibus £P numeris ] ponderibus <5c menfuris. Ibid. Verwn in âxc/poxAA/ov] verumne. 287. Lcgi alicubi Lafcarem anno 1535. ob- iiiïe: fed nunc locus nonfuccurrit. Ex Erafmicerte ad VivemEpiftola, 2. Sept. 1528. data , confiât Lafcarem tune în vivis fuiiTe. Quin hoc ipfo momento locus , qui de longiorc ejas setate me fugerat , in memoriam redit. Habe- s tur is apud Lilium Gyraldum 2° de lui temporis poetis Dialogo , ubi Lafca- rem hune non multo poil ineuntem Pauii III. Pontificatum obiiflc dicitur. K 4 Paul us 152 Bibliothèque Britannique, Paulus autem 13. O&ob. anno 1534. fédère caspit. Ibid. Florentiis'] Florentin. 292. Galenio] Gelenio. 308. Quod Fabricius pag. 33. ex Menagio de Mufuro & Ficino refert , fabula eft. Mufurus nondum in Italiam venerat , nec puto Ficinum ab eo unquam vi- fum , & , quod caput rei eil , de ilîo utriusque colloquio Menagius ne ypi) " quidem. 367. Eam Cornu -copia? Perotti editionem quse Venetiis 1492. prodiit , non fuilTe primam apparet ex illâ quam Politia- nus Mifcellaneis fuis appofuit , coro- nide : ubi fe , poflquam ea publiée ami- cis aliquot, adhuc inedita , fpeclanda praebuhTet, fubitô plagii ab invidis fuis accufatum dicit , quafi infigniora quae- que haufiflet è Perotti Copia? - cornu , cujus videlicet archetypum , in Urbi- natas Bibliothecâ repbfitum , facile , inquiebant invidi illi , authoritate & gratiâ Laurentii Medicis obtinuerat. Addit verô Politianus féliciter acci- diffe , ut Perotti opus in lucem paulô pôit emitteretur , atque ita fe calum- niâ liberatum Mifcellaneorum editic- nem ulterius non diltulilTe. Unde cum ex Hieronymi Donati & Jacobi Anti- quarii literîs anno 1489. ad Politianum datis 3 & inter ipfius epiftolas editis , cou- Avril, May et Juin. 173(5. 153 conitet Mifcellanea eo ipfo anno 1489. prodiifie , qua2 tamen non nifï poft edi- cum Copis- cornu prodierint, confici- tur Venetam illam hujus Cornu editio- ncm,quam Bernardinus deCoris 1492. emifit , non fuiffe primam , aliamque à Politiano innui antiquiorem. Patere & hic occafione data pauculas in tuam Typographorum aliquot Parifienfmm JHiftoria'm notas illini refiduœ Chartae , alio- qui vacaturse. (a) Sub Francifco I. Lit er arum par ente, Francisco IL ] Miror Henricum 2. omiflum , fub quo res Typographica floruit ; nam Fran- ciicus 2. junior , & properà morte abrep- tus multam eam promovere non potuit. (J))Ab ineunie i^Jœculoadvergens iisque i6i;ri] iinmo ab ineunte 16 \ ad médium usquc T-rum A/ . Pag. 3. 15 f centuriœ~\ 16* 12. Caroli Giraldi] Girardi. 14. de med voluptate] voluntate. 18. 150, ineunte faculo~] exeunte. 25. Àlirum in modum célébrât Jof. Scaliger] Aliter fentit Cardanus initio AQionis fuce in calumniatorem librorum de fubtilita- te , his verbis : Vides modo bominis natu- ram £f ingenium , ob quam cau/am , cre- do y linâ& p:HtidC::r:Jtia?u auîbor , religiofUs eau a Parifiis crematus. ] Joan- nes Morelius Parifinus Libri de discipli- na ce politia ecclefiafticâ auclor , qui anno 1562. in vivis erat , nec propter r eligionem periit , confunditur hic cum Toanne Morelio Gulielmi fracre , Ti- lianoNormanno, qui io\ circicer statis anno in carcere , ubi religionis caufa cednebatur, obik ; ce cujus poil: morrem offeàTuin corpus crematum fuit 27. Fe- bruarîi , anno 1559. Primus Francifcus Crucimanius , cui fidere periculofum aonnur /:, fimilitudine nominum de cep: us,. C :.'. um de ali os in errorem in- duxit. Joannem utrumque pcrfpicue il Hiftoria fuà Eccleûailicà diftinxit Beza , Normannirab, de quo hicagitur, com. I. pag. 165. Parifiniim , comi 2. pag. 54. ±~. QtQUkkTusyyebeii&TwTnebcuf] Touirnebu genuinum fuiiTe vernaculà Ongu- Tur- nebi nomen docent Menagiana rom. 4. pag. 6. 43. ex Joan. Caffel] CafeL ci. Tei Avril, May et Jui-n. 1735. 15? 51. TeiJJter elog. citât id ex Epift. Lipf.yYcf- ierius malè Liplium teftem appellatEpift. Mifcell. cent.j.proEpiftolic. Qureft.l.5. 63. Adver/aricrum librum j tomum. ib. duplicem notas Odonis & Otbo?iis Tur- nebi fcripturam , fed non notas eum Gallicè Odet de Tournebu feipfum no- minale. 64. Anti-Baillet.tom. i.pag. 151. ] 351. &3J2. 78. Cbevillier pag. 135. ] 238. io(5. Bibliotheca? Verderif pag. 1190. voce Vocabulaire , non dubito Simon de Coli- nes legendum eflc pro François de Cq- îines. 138. Aretbœ~] Aretse. 156. Régis Secretarius facïus in auîam vif gra- vit ] Sandlioris Confilii Secretarii , les Secrétaires d'Etat migrant in aulam ; non vcrô Scribce ilii Rcgii, qui vulgô Secrétaires du Roy , qualcs fuit Carolus Morellus. Et haec funt , Vir cruditilTime , de quibus ego , rei Libraria? non incuriofus , ad- monendum te duxi , co animo , ut non parum me tibi debiturum profitear , fi cr- ga benevolum monitorem tu velis bene- \ oli vicifïïm monitoris officio defungi. y Lutetiae Pari/. Prid. Cal. Dec. 17 19. In I5<5 Bibliothèque Britannique, In précédentes BERNARDI MONETiE ObfervatiuncuJas MICHAELIS MAITTAIRE Nôtulœ. Vlri Euditifïimi Obfervatiunculas hafee % tantum abeft, utpofthabuerim, ut po- tiasex illismulto plures eâsque majoris mo- menti, in nova primi Voluminis 1733. edi- tione fuis fingulas locis , nnnquam fine D?» de la Monnoye mentione , inferuerim : qua- rum Indicem , ut faciiiùs reperiantur 3 hic fubjeci. Pag. 34. duos aniiquas edi- tiones pro duos, & p. 44* ar- t Ificu m pro art ificium- Hase videnturproeli indiligentia» raagis quam Authoris (qui prœlo adefTe non potuit ) ignorantise tribuenda. Pag. 187. Zane pro Joan- ne apud halos pro apud Ve~ netos. Id meam Italien lin- gue imperitiam arguit. Me autem non extra cul- pam fuiffe confîteor qui in rc mini non fatis corn- pertâ Epiftol. Annal Dni de Vol. I. la Mon- 1733- noye pag. 25 330 42 278 55 18 72 292 81 29 87 294 89 301 96 312 97 31.3 128 377 et Juin. 1736. 157 pertâ debueram peritiores coniuluiïTe. Pag. 1. Ouodfl ultra non datur , prodierim tenus, Scribendum certe fuit^o- dam prodierim tenus : quam leclionem in meâ Horatii 1715-. editione me cxteris praetuliffe [lib- I. Epift. 1. verf. 32. ] non memi- ncram. Pag 292. Galenio. Paulo ante in hâc & précédente pagina imprimitur Gele- nio. Hoc erratis typogra- phicis adnumerandumeft , quibus leélores candidi fo- lent veniam indulgere ; quippe qu£ poflunt à cor- re&ore, quamtumvis ocu- lato, fepe prsteriri , ne- que ab authore ob ipfîus abfentiam reftitui. Pag. 2. Balbuties, eiïe vocem non fatis Lati- nam , etfi ( quod obfervavit VolT. de Vit. Serm. ) pervulgatam, non dubitavi. Vo- cabulo autcm barbaro Ç borrida in Latinis bal- A\ rïl, May 139* 366c 405 140 37 141 38 H5 42 167 432 174 444 177 453 178 462 180 4<% 188 183 3 89 236 197 473 206 493 208 49<5 211 506 216 5*9 2171 218/ 520 219 C22 24O 77 287 107 308 532 367 717 * Quod affertur ex Verderio, non in p. 24.8. fed 246. legitur. I58 Bibliothèque Brît an nique * balbuties] ufus fum, ut ilîorum tempo- riim infantiam hujusmodi ùzqtv7tu.(T6i mc- liiis exprimercm. Pag. 3. quem [ fcil./œftiw ] enitendo — vir doc- tus negat efle orationcm Latinain. Ëft verô xque Latina ac apud Plaut. Epidic. Ad:. 4, Se. J23 vciT. 35. Epidicum quecrendo operam dabo. Et Pœnul. A cl. 1 . Se. 2. veri. 13. nus lavando operam dede- runt. Unde liquet Accuiativum à Dativo Gerundii régi polie. Pag. 4. Quid hic vitio detur nondum intcl- ligo \_ Biblia primum fuit typvgrapbiœ per- f'eùœ ojms~] Verbum enim Subilantivum inter duos diverii numeri nominativos pofitum cum utrovis concordat. Aman- tium irœ amoris redmtegratio ejL Terent. Andr. Act 3. Se. 3. v. 23. Seio enim Biblia fingulariter ufurpari nonniii apud # Kccicliatîicos , & alios minus Latinos Scriptorcs. Sic Bibliam apud Trfthcm. ( Chevillicr. pag. 8- ) Et Biblia in iub- feriptione quadam Typographicà ( An- nal, vol. 1 , 17 19. p. 159.) Me autum plu- ral i ui um fui fie probant multa paflim in meis Annalibus loca , Bibliis editis \ p. 11. Bibliurwn, p. 12. &c. Pag. 31. Oreretur : Oriretur, Illud non minus , quàm hoc polie dici confiât , cô quod le- gatur oreris Ovid. Mctam. 10. verf. 166. Idem etiam plerîque confirmant optimi Grammatici. Pflg* 33- P°ft- 'Avril, May et. Juin. 1735. i in ipsâ hâc pagi- na 81. & alibi pafllm. Pag. 141. Pro e/wj repofui /wa , Annal. 1733. p. 38-Forfan tamen efuYpCKXÛÏÏet retine- ri. Confulc VoïT. de Art. Grammat. Lib. 7. Cap. j<5. & Vall. de reciproc. fui & fuus. Pag. 158. W ï6o Bibliothèque Britannique, Pag. 158. Id à me obfervatum fuit Anna). 1719 p- I4<5> & I733î P- 44<5- Pag. 185. BeWpîoç.Etcertèfic imprimitur in Epiftolâ : quanquam in fubfcriptione ad calcem legatur BepvapJoç. Pag. T90. Pro duofimul correxi ambojîmul. An- nal. 1733. P- 244- Tamen duo pro ambo Volîîus (de vit. Serin, p.. 391 ) ex Cice- ronis Lib. 9. ad Attic. Epiftol. 6. Confu- les duo. Pag. 191. D?! de la Monnoye notam înferui nal. 1733. p. 52. Scribas a Slationariis non diftinxi , fecutus authoritatem Chevillerii p. 301. &c. Pag. 209 Fan/o^wj-Veriloquus. Et fie rejoo- fui Annal. 1733. p. 496. authoritate D1}* de la Monnoye deceptus. Demum tamen comperiens feribendum efTe va- riloquus , genuinam orthographiam , à quâ me feduxerat Vir eruditifïimus , in Erratorum Indice reftitu. Liber enim fie incipit : Incipit Variloquus : idem vocahulum diverfimode acceptum va- rie theutunifando expriment : Predicatori- bus confolabile enavigium. Compilâtes per venerabilem magiftrum Johannem Melber de Geroltzhofen ex fermonibus auditis &p per eundem conferiptis fub venerando rciro magijlro Jodoco Eycbman de Kahw exU mio doclore verbi Dei predicatore in Heidel- berga. In Simler. Biblioth.(Tiguri 1574) mendole legitur veriloquus. Pag. 236 Avril, May et Juin. 1736. i6t Pag. 236. Çertè Bentius oc BetzevJus habet Chevillerius, p. 127. ex quo haec ex- fcripferam ; qucmque citaveram. ib. quod à je velis - - fie apud Cheville- rium , p. 235. Sic etiam Mclchior. Adam, m Vit. Oporin. Pag. 239. Adverbiumtîttj^rufurpavî , non tan- quam meum , fed ex ipsâ Aldi ( quem ibidem nominavi ) epiftolà citatum : quem nobis mors invida nuper furripuit. 268. Léo Aliatius îongius à vero aberravit, quùm Fabricius. Pag. 281. Errorem duplicem hic à me ad- miiïiim agnofeo. Pag. 287. Florenîiis: Sic Zelcnerus. Equidem in multis paflim locis feribo Florentin fin- gulariter. Iniquiilimum eft in me reji- ci fiquid apud authores, quorum ver- ba fideliter exhibenda funt, peccatum fuerit. Satis in me quod reprehèndat, habec Yir Doctiffimus ; neque opus eft ( pro more ipims frequentïflimo ) me alienis erratis obrui. Ab Annalihus ad Hijloriam Typcgraptornm aliquot Parijienjîum iranieo , quam notis quibusdam pârftringit vir dochis , ne charta Epiftolae refîdua vacaret. Epfft. ad Aurel. Duc] Henri ci 1 1. nomen per infidelis memoriœ lapfum à me malè omifllim fuit, dum Francifcum Se- cundurn à Primo disjungere nolui. te VIL Part. 1. L Prooem. 162 Bibliothèque Britannique, Prooem. & p. 3, 18.] Malè faeculorum no- mina exprerTi, led meliiis Annal. Vol. II, pag. 2. lin. 4. Pag. 12. Giraldi pro Girardi : quem erro rem bis ipfe alibi correxi in Catalog. p. 17. & p. 159. Pag. 14. 44, 48. 63. 64. 138. 156. errata fateor. Pag. 45. Quaecumque hic animadvertit Dus. de la Monnoye , fufè dficuiïî , Annal. Vol. III, pag. 432. not. 1. Pag. 106. Hujus libri editionem Simoni Co linxo adfcriptam reperiet lettor , Annal. III. pag. 149. Pag, 78. Chevillier ,p. 135. ufque ad p. 240. repone , p. 235. ufque ad 240. Pag. 47. 63. Nondum mihi tune innotuerat Liber à Mam. Pattiffonio 1582. impref- fus , Ot bonis Turnebi in fupremâ Curiâ Parijîenfi Advocati Tumulus. Ubi lego fol. 25. Adrien de Tournebu : & 26. Tombeau d'Odet de Tournebu. Pag. 51. TeifTerii nvmjLovt%ov âfxaprqpLa c-afti- gat Vir in deprehendis erroribus, vel le- viflimis , Lynceus : neque ipfe femper ab hujufmôdi lapfu memoriali liber ; ciim Pag. 25. ( ubi notât Cardanum aliter fenfifle quàm Scaligerum) Jof. Scaliger pro Jul. Scaliger feripferit. Sed humanum en: errare. Praeterea pennae feftinantis lapfus eft potiiis quàm mé- morise incogitantis : graviùs enim er- rare 35 Avril, May et Juin. 1736. 153 rare non poterac vir acutiflimus : qui luculentum Criticse fuce fpecimen ia notis ad Bailleti Librum diclum Ju- gement des favans ; exhibuit. „ Tempus eftjam tandem te Epiflolà pro- „ lixiori fatigatum dimittendi. Vale , vir „ Clarilïïme : meis , quEe fateri & corrige- „ re , te vel alio quovis monente , ero fem- per paratus , erratis candidus veniam indulge. Ex Mufeolo. Londini cid idcc. xx- xiv. Cal. Mari. VI ARTICLE V. An Enqairy inio the Evidence of Arcbbifbop Cranmers Recantation : Or Reafons for a Sujpicion that-îhe pretended Copy ofit is not genulne. By William Whifton , M. A. C'eft-à-dire , Examen des preuves de la Rétractation de Cranmer : Ou Raifons de croire que la prétendue Copie quon en a publiée n'eftpas de lui. Par Mr. Whifton , à Londres , chez Jean Whifton (a) à la tête C'eft le fils de l'Auteur. L 2 i(54 Bibliothèque Britannique, tête deBoyle,dans Fleerilreet, 1736, in 8. pages 37. QUoique le Fait en queftion foit fort connu , il paroit être de nature à at- tirer encore l'attention du Public , vu le rang que Cranmer a tenu dans l'Eglife , & la part qu'il a eue à la Réformation, en An- gleterre On fçait que la Reine Marie le fit condamner au feu : Et qu'il condamna lui-même fa main droite à y être réduite en cendres la première, comme coupable d'avoir écrit des chofes contraires à ce qu'il penfoit touchant l'Eglife Romaine. Mr. Whiflon convient bien qu'il y a eu quel- que écrit femblable de Cranmer. Mais il prétend que celui qu'on a publié comme contenant la Rétractation de ce Prélat, lui a été famTement attribué , & c'efl fur cela que l'Auteur s'applique à dinflinguer le vrai du faux. Du relie , il paroit fouhaiter que ce qu'il ne dit ici que par conjecture , ou comme probable feulement , & point du tout par voie de démonftration , engage d'autres Sçavans curieux à approfondir un fujet qui intérefle par lui même & par fes circonflances. En attendant que quelqu'un entreprenne d'y mieux réuflir , s'il fe peut , nous profiterons des Ouvertures que Mr. Whiflon donne là-deflus. La Rétractation attribuée à Cranmer a été inférée dans le Martyrologe Anglois publié, par Avril, May et Juin. 1736. 165 par Fox , fous le titre d'Actes cf Monamens ; Ceft d'où Fa prife Mr. Whifton. Et pour conierver à cet Acte le tour antique qu'il a dans l'original, nous croions devoir l'em- prunter de l'ancienne traduction qu'en a donnée en François l'Auteur du Recueil qu'on apelle le Livre des Martyrs. La voici en propres termes. Je Thomas Cranner rejette £? renonce à toute hère fie de Luther & Zuingle , ertfemble à toute doàrine contraire à la pure 6? faine doctrine,. Outre , je confeffe & croy fermaient une Saine- te Eglife Catholique , hors laquelle il n'y a falut aucun. " De laquelle je reconnoy l'Eveique „ de Rome chef Souverain , lequel je con- „ feffe eftre le grand Pontife & Pape Vi- 3, caire de Chrift, auquel tous Chreftien? „ doivent eftre fujets. Quant aux Sacremens, „ je croy que le vrai corps & fang de Jefus „ Chrift , fous efpeces du pain , & du vin , „ cft très véritablement contenu au Sacre- „ ment de l'Euchariflie , & que par vertu „ divine le pain vient à le convertir & traf- „ fubftantier au corps & le vin au fang „ propre du Rédempteur. Et quant aux „ autres fix, j'en croy, comme j'ay fait en „ ceftuyci , tout autant que l'Eglife Romai- „ ne^croit & tient. Au furplus je croy que „ le Purgatoire eft véritablement lé lieu „ ou les âmes des trespaffez font tour- „ mentées pour un temps, & que l'Eglife „ prie fainctement ce en falut pour icelles , L 3 . .„ ne \66 Bibliothèque Britannique, „ ne plus ne moins qu'elle prie les Saincts. „ Bref , je tien & maintien entièrement „ tout ce que l'Eglife Catholique & Romai- „ ne tient, & me repen d'avoir jamais au- „ trement fait. Priant Dieu de bon cœur qu'il „ lui plaile me pardonner ce que j'ay mettait „ envers lui & Ion Eglife ; Et prie tous Chref- „ tiens de prier pour moy. Quant à ceux qui 3, ont été feduits par mon exemple ou doftri- „ ne , j'ay pareillement à les prier par le Sang „ de Jefus Chrift , qu'ils retournent a l'unité „ de l'Eglife , 6c difons tous ainfi afin qu'il n'y „ ait point de Schifmes entre nous. Finalle- „ ment comme je veux eftre fujet & obeïflant „ à l'Eglife de Jefus Chrift & defon Souverain 3, chef, ainfi me foumets je à Philippe & Ma- „ rie Roy & Roine d'Angleterre , enfemble- „ ment à toutes leurs Loix& Ordonnances ; 3, priant Dieu m'eftre tefmoin comme ce que 5, j'ay dit & confeffé , je ne l'ay fait ni pour 3, cuider complaire aux hommes ni depeur „ quej'ayedeleur defplaire : ains l'ay fait de 3, mon propre mouvement & vouloir, tant „ pour le lalut de ma confcience , comme 3, pour celui des autres. u À cette P.e tractation, telle qu'elle eft repré- fentée foit dans l'original Anglois, foit dans la traduction Françoife , on ne voit ni date , ni fignature, ni aucun témoin oui attelle qu'elle eft de Cranmer. Mais il eft vrai que lorfqu'on la répandit dans le public, on eut foin de faire imprimer, au bas, le nom de Avril, May et Juin. 1735. 167 de Cranmer , en ajoutant pour témoins Henrie Sydal , & Frère Jean de Villa Garcina. D'ailleurs, la Reine fut très aife de cette rétractation , quoiqu'elle n'en perfifta pas moins dans fa première réfolution de faire mourir l'Archevêque. Sur tout cela Mr. Whiflon veut, qu'on diflingue le commencement de cette pièce lequel on a cru devoir mettre en Italique, & la fuite de l'Acte laquelle eft guillemet êe. Il penfe que cette première partie, comme il s'en exprime , peut bien être de Cranmer : mais que la féconde ne fut jamais l'ouvrage de ce Prélat. La Raifon que l'Auteur en donne , c'ell qu'au fond la première partie eft fufceptible d'un bon fens , quoiqu'elle paroifTe aulTi capable d'une interprétation qui comporte ce que Ton penfe dans la communion de Rome. Au contraire la fé- conde partie eft le Papifme tout pur. Cel- le là donc fut l'ouvrage de Cranmer qui dans fon ftyle s'éloignoit toujours le moins qu'il pouvoit du langage auquel on étoit ac- coutumé: mais celle-ci venoit d'une toute autre main , vu fon oppofition manifefte aux fentimens dont notre Réformateur a toujours fait ouvertement profellion. Après cette Obfervation générale , Mr. Whiflon entrant dans le détail infifte fur le caractère connu de Cranmer. Pendant une Longue fuite d'années ce Prélat s'étoit con- ftamincnt dillingué par fa candeur & par L 4 îbn i(58 Bibliothèque Britannique, fon courage. En particulier lorfque Marie fut Reine , il refufa toujours de le ren- dre aux preiîantes follicitations de fes amis qui içacnant bien , que cette PrinceiTe avoit juré la perte deCranmer, auroient voulu eue du moins il eut pris pour lui le con- ieil , qu'il donnoit aux autres , de fortir du Roiaumc. Et lors qu'il fut dégradé, il pro- tefta hautement contre l'autorité du Pape , 6: apclla de lui au premier Concile Géné- ral qui ieroit aiTemblé. C'eft ce qu'il fit le 14 de Février, peu de tems avant la Re- tractation qu'on veut qu'il ait faite. D'ail- leurs , Fox raporte que cette Rétractation fut dreflëe par des Moines. On connoit le Style de ces gens là , & il eft aifé de le re- connoitre dans la féconde partie de 1 qu'on examine : mais pour la première , ce n'eft point te langage de la Moinerie , quoiqu'il puiiïe en quelque manière être pris pour une Rétractation y comme on l'a in- fmué. Surtout , il faut faire ici attention au ca- ractère des Agens & des Témoins qui pa- roiPent dans cette affaire; l'un, homme fi obfcur qu'on ne fçait d'où il fortoit ni ce qu'il devint: l'autre, Moine & Mifîïonaire Efpagnol. Penfe-t-on que de telles gens aient pu gagner fur l'Archevêque ce que n'en avoient pu obtenir le Cardinal Polus , tous les Evêques Anglois , les plus fçavans Docteurs du Roiaume , les Suppôts même de Avril, May et Juin. 173& 169 de rUniverfité d'Oxford, clans Pefpace de deux années entières , & plus , que le Pré- lac, en priibn, le vit harcelé par leurs dif- putes ce par leurs vexations? Au reite, (î jamais les deux Moines l'at- taquèrent, ce fut par de fi foibles Argu- ment , qu'on peut dire qu'ils font pitié, tels qu'on les voit reprefentez dans les Mo- numens de ce tems-là, & qu'ils ne paroif- fent propres qu'a effraier des Femmeletes ignares à qui tout fait peur. On fçait, il efl vrai, que Cranmer avoit écrit quelque choie qu'il n'auroit pas dû écrire. Lui-même s'en eonfefle coupable au poteau, & s'en punit comme d'un crime. Mais qu'etoit ce? Non cette longue Rétrac- tation qu'on avoit fait imprimer pour le dé- crier dans le moi aïs une efpéce de déclaration fort courte fur une petite feuil- le volante, îe Fox en parle, une efpéce de billet dont les copies furent mul- tipliées , ce dont quelques unes parurent bes de la main de Cranmer. C'eft ce que l'on comprend aifément dès Qu'on fup- pofe que ce pouvoit être la première par- tie de la Rétractation dont on a parlé ci- ^deflus. Mais c'eft ce qu'on ne fçauroit con- cevoir fi c'etoit cette longue queue que l'on y ofa frauuuleufemcnt attacher. Ce qu'il y a encore déplus fo"t, c'eft . le jour même du flippiice d< le Moine ,ol le vint tour- L* 5 men- 170 Bibliothèque Britannique, menter pour lui faire écrire , de fa pro- pre main, & figner un papier qu'on fe pro- pofoit de faire lire en préience de tout le peuple. Mais qu'en étoit il befoin, fi on avoit déjà une Rétractation folemnelle du Prélat ; Rétractation dans les formes , ren- due publique plufieurs femaines auparavant , & qu'à coup leur la Reine & tous fes Sujets avoient vue , ou avoient pu voir. Mr. Whifton fait remarquer enfuite, que le célèbre Hiftoiïen de la Réformation d'Angleterre s'eft un peu embaraffé dans les circonftances du Fait en queftion , en le fuppoiant véritable. Quelle apparence , félon lui , que Cranmer ait pu fe laiffer porter à faire une pareille rétractation avant que de fe voir condamné à être brûlé? Il faut donc croire , que les approches d'une mort terrible Vétourdirent de telle forte , qu'il Jigna ce qu'on voulut. Mais il fumt de dire, que cette hypothefe répugne au témoigna- ge uniforme des Papïftes & des Proteftans: Ils mettent la chute de Cranmer avant fa con- damnation , ou, fi on veut, ils font tous d'accord fur l'antériorité de cette rétracta- tion , vraye ou fauiTe. Du refte, lafentence, qui condamna le Prélat au feu , ïuppofe un Hérétique opi- niâtre & incorrigible. Mais comment Cran- mer étoit il tel , fi depuis plus d'un mois il s'étoit hautement ce folemnellement rétrac- té, comme on le prétend ? On Avril, May et Juin. 1736. iyr On dira, que la Reine le haïflbit perfo nellement, à caufe du divorce de Catherine , dont il avoit été en quelque forte le Pro- moteur; qu'ainfi Marie vouloit abfolument qu'il périt. Mais Mr. Whifton ne croit point que félon les loix du Pais, ni cette Reine fille de Catherine eut pu donner fes ordres pour l'exécution du Prélat , ni qu'au- cun des Officiers de la Juftice euflent pu prêter la main à cette exécution , s'il y eut eu une Rétractation telle qu'on l'a reprëfen- tée. Les Loix ne demandoient d'autre fa- tisfaction d'un Hérétique , fin on qu'il fe re- traçât; C'eft à quoi on le follicitoit, lors qu'il étoit attaché au poteau: On avoit mê- me , pour l'ordinaire , un Pardon tout preft , figné & féellé pour les Pénitens qui vou- draient s'épargner la honte & la douleur du fupplice. Enfin, le 13 de Mars, il y eut un Ordre du Confeil , aux Imprimeurs de la Rétracta- tion , d'en retirer tous les Exemplaires Cour être brûlez. Qui ne voit que le Con- feil la regarda comme une Pièce forgée , & comme telle , devant faire un contrafte af- freux avec le fupplice qu'on alloit faire Jbuffrir, non feulement à un Hérétique ob- ftiné, mais qui avoit été fi long-tems le Fau- teur de l'héréfie , ce ion grand Soutien en Angleterre? On peut fe reflbuvenir à cette occafion ( j'entens la (uppreffion des Exemplaires) que ce 172 Bibliothèque Britannique, ce n'eft pas ici la première fois , qu'on a fauffement fuppofé des Rétractations aux Hérétiques. Par exemple, fous Henry V, le Lord Cobbam eut le même fort que Cran- mer. On lui fit perdre la vie par le feu : Et tout enfemble on lui prêta une retracta- tion qu'il eft feur qu'il ne fit jamais. Pour ce qui e(t de notoriété publique dans le Martyre du Réformateur d'Angleter- re, fçavoir qu'il mit la main droite dans le feu , au moment qu'il approcha du bûcher , & la fit confumer dans les flammes, avec une confiance héroique; C'efl ce qui s'ex- plique aiiement par le malheur, qu'il avoit eu , de figner des paroles qui étoient d'elles mêmes , ou qui du moins pouvoient paroi- tre Equivoques , & par conféquent peu dignes d'un homme de fon caractère ; fur tout dans une pareille conjoncture ou il s'agiiïbit de fe déclarer à la vue du Ciel & de la terre. Mais il n'eft nullement neceffaire d'imagi- ner qu'il ait ainfi voulu expier un crime des plus énormes, tel qu'en effet feroit celui de la Rétractation atroce , autant quabfur- de , qu'une haine envenimée , ou la préven- tion la plus injufte ont imputée à un Prélat aufli illuftre que Cranmer , par fa piété & par fon mérite. AR- Avril5 May et Juin. 1736. 173 ARTICLE VI. Naval Hiflory of England &c. Cefrà- dire. Hiftoire de la Marine d'Angleterre : par Mr. Lediard , in fol. 2. vol. Troi- fieme Extrait. LA Marine d'Angleterre qui avoit été fur un fi beau pied fous le règne d'Elifa- beto , comme on l'a pu voir dans le journal précèdent, déchut beaucoup fous les règnes de Jaques I. & de Charles I. Ces Princes s'attachèrent bien plus à faire valoir leurs prérogatives & à augmenter leur pouvoir chez eux, qu'à fe rendre redoutables aux nations voiûnes ; aullî laifferent ils dépérir leurs Flottes , & il ne fe pafla rien de fort remarquable fur mer durant leur vie , ex- cepté que le Commerce ne laifla pas de fleu- rir & de s'augmenter confiderablement. La tranquiïité dont les Anglois jouiflbient au dehors fous le règne pacifique de Ja- ques /, leur donna tout le loifir & toute la commodité neceifaire pour affermir leurs Colonies dans la Virginie , la Nouvelle An- fleterre & les Ifles Bermudes: car quoique ces 'aïs fulTent déjà découverts depuis long- temps , les etablifTements qu'on y avoit faits n'étoient pas bien folides. La Compagnie des Indes Orientales fit aufli plu- 174 Bibliothèque Britannique, plufieurs établiflements confiderables dans cette partie du Monde. Les Anglois & les Hollandois agiflbient de concert , quand il étoit queftion de s'oppofer aux Portugais , qui ne voyoient qu'avec chagrin ces deux Nations venir partager avec eux un Com- merce , dont ils etoient feuls en poffefïïon, & qui leur rapportoit un il grand profit. Malgré toutes les oppofitions de ceux-ci, les autres ne laifTerent pas de s'établir & de le fortifier dans plufieurs Isles de l'Aile , qu'ils poffederent en commun. Mais les An- glois fe plaignent beaucoup que les Hollan- dois tàchoient fous main de les fupplanter & de les rendre odieux aux habitants du Paï's : L'affaire qui leur tient le plus au cœur , qui a été un des principaux Griefs contre la Nation Hollandoife & qu'on a même fait valoir comme un prétexte pour lui faire la Guerre , fous Cromwell & fous Charles IL c'eîî V Affaire d'Amboine ; nous en allons don- ner une relation d'après notre Auteur. ,, Dès l'an 1619. les Anglois & les Hollan- „ dois avoient fait un Traité , par lequel „ ceux ci , en confideration des depenfes „ & des pertes qu'ils avoient faites pour fe „ rendre maitres des Isles Moluques , de Ban- „ da & d'Amboine , dévoient jouir des deux „ tiers du Commerce de ces Isles , & les „ Anglois dévoient avoir l'autre tiers. La „ dernière de ces Isles , fçavoir Amboine> eft „ l'endroit de toutes les Indes Orientales où „ les Avril, May et Juin. 1736. 175 , les Epiceries croiflent en plus grande , abondance. Les Anglois en vertu de ce , Traité y avoient établi des Fa&ories, , mais ils n'en jouirent gueres que deux ou , trois ans : Les Hollandois trouvèrent bien- , toftle moyen de les en depofleder , en les , accufant d'avoir formé une Confpiration , pour fe rendre maitres du Fort des Hol- 5 landois à Amboine , & pour les chafler de „ l'Ifle ; ce qui n'avoit, dit notre Auteur, „ aucune apparence de vérité, puisque les „ Anglois n'etoient dans cette Me qu'au „ nombre de vingt ; au lieu que les Hol- )5 landois avoient p]us de deux cents foldats „ dans le Château & qu'il y avoit alors huit „ de leurs Vai fléaux dans la rade. „ Quoiqu'il en foit , voici fur quoi les „ Hollandois fondèrent le foupçon de cette „ Confpiration réelle ou prétendue. Un Ja- „ ponois qui étoit à Amboine fe prome- „ nant une nuit fur les remparts du Cha- „ teau, fit quelques guettions à la fëntinel- „ le , fur la force du Château , &fur le nom- „ bre d'hommes qu'il y avoit. Les Hollan- „ dois qui ne cherchbient qu'un prétexte „ de faire querelle aux Anglois, faifirent ,,/cette occafion : ils accuferent ce Japonois „ d'avoir quelque mauvais deflein (Se le mi- „ rent en prifon : ils lui firent donner la „ queftion,& à force de tourments lui ex- „ torquerent une Confeflîon , par laquelle il „ avouoit que lui ce quelques autres Japo- „ nois îj6 Bibliothèque Britannique, nois, avoient à Finftigation des Anglois, fait un. complot de fe rendre maîtres du Château ; fur quoi on prit ces Japonois, qui furent auffi examinez & mis a la Que- ftion , on en fit autant à un Portugais , qui etoit gouverneur des Efclaves des Hollandois. „ Cet Examen dura trois ou quatre Jours, pendant lesquels les Anglois qui fe fen- toient parfaitement innocents , ne firent aucune mine de vouloir s'enfuir, ils al- loient & venoient librement dans le Châ- teau: Mais un Chirurgien Anglois, ( qui le feu à une maîfon) à qui on avoit dit de quoi fes Compatriotes étoient accu- fez , ayant été mis à la Queftion , con- feifa tout ce qu'on voulut. Là deflus le Capitaine Tower/on chef de la Factorie Angloife, & tous les Anglois qui étoient dans la ville, furent citez devant le Gou- verneur , qui leur dit qu'ils étoient accu- fez d'avoir formé une Confpiration con- tre les Hollandois & qu'ils demeurcroient prifonniers jusqu'à ce qu'on eut fait de plus amples informations : & les Hollan- dois fiifirent & inventorièrent les mar- chandises & les livres appartenant à la Compagnie Angloife, & s'afiurerent de tous les Anglois qui étoient dans i'Ifle, „ dont quelques uns furent mis aux fers. „ Après qu'on eut couché par écrit la ., Con- Avril, May et Juin. 1735. 177 „ Confeffion & déclaration des Japonois , „ on procéda à l'examen des Anglais , & „ tous ceux qui ne voulurent pas avouer „ la Confpiration , (dont on étoit bien „ pcrluade , Clivant notre Auteur , qu'ifs „ cto:cnt innocents) furent mis à la Quef- 3, tion. Mr. Lediard fait ici une longue „ relation de la -manière dont on leur don- „ na la que-lion , & qui fa"t horreur à lire. „ La pluspart ne purent réfuter aux tour- „ menti & confeflerébt ce qu'ils fç&voient „ n'être pas vrai : d'autres effrayez à l'idée „ feule des tortures par lesquelles ils al- „ loicnt paiTer , fe déclarèrent coupables ; „ il n'y en eut que quatre qui fubïrent la „ la QuefHon fans rien conferfer : mai? tous „ les autres généralement fe rétractèrent „ & déclarèrent avec les ferments les plus „ folemnels qu'ils etoient innocents de ce „ dont on les chargéoit^ & fe demandèrent „ pardon réciproquement de ce qu'ils s'é- „ toient accules les uns les autres , difarit „ qu'il n'y avoit que les tourments qui „ euffent arraché cette confeffion. „ Dix Anglois , plufieurs Japonois & le „ Portugais furent condamnez à mort , le „ jour qu'on les amena dans la fa!e du Cha- „ teau pour entendre prononcer leur fen- „ tence : tous les Japonois s'ecrierent > O ,, vous Anglois dites nous qumd ejl ce que nous „ avons mangé ou çorvuerjc avec mus ? Pour- i donc , repondirent les Anglois , nous Tune TH. Part. I. M „ avez 17S Bibliothèque Britannique, „ avvz vous accufez ? Sur quoi ces pauvres „ Gens montrèrent leurs Corps qui por- 3, toient encore les marques de la Torture 5, & dirent, Ji une pierre avoit été ainfi bridée, 5, rCauroit elle pas changé dénature, combien „ plus nous , qui femmes de Chair £? defang? „ Et comme le Miniftre Hollandois vint „ pour les préparer à la mort , il leur re- „ prefenta cju'ils n'avoient plus qu'un peu „ de temps a vivre & les exhorta à confef- „ fer la vérité : mais ils continuèrent tous à foutenir leur innocence & y perfifte- rent jufqu'à la fin : Il y en eut vingt d'exe- „ cutez pour cette prétendue Confpiration , „ fçavoir dix Anglois entre lesquels étoient „ Mr. Tower/on l'agent de leur Compagnie, „ neuf Japonois & un Portugais , tout ce- „ ci fe pafla en Février 1623. „ On a feu toutes ces particularitez par „ le moyen des Anglois qui avoient été ab- „ fous ou pardonnez , & qui à leur retour „ en Angleterre furent examinez à la Cour „ de l'Amirauté, & déclarèrent fous ferment „ la manière dont cette affaire s'étoit paf- „ fée. Les Hollandois cependant ne s'arre- „ terent pas là ; ils s'emparèrent de toutes „ les autres Faclories que les Anglois avoient „ dans ces Ifles , & devinrent ainfi feuls mai- „ très du Commerce des Epiceries. e< Quoique les Anglois reflentiffent extrê- mement cet Affrontée la perte qu'ils avoient faite parla ; cependant ils n'en purent avoir fatis- 3-» Avril, May et Juirf. 1736. 179 fatisfa&ion que du temps de Cromwell qui en 1654 n'accorda la paix aux Hollandois qu'à condition qu'ils payeroient trois cents mille livres Jlerïings pour V A faire d'Ambclne & qu'ils reltitueroient l'Ifle de Poleron qu'ils avoient prife fur les Anglois. A l'occafion des Guerres entre les Anglois & les Hollandois fous Cromwcl Si fous Charles 11 notre Auteur fe recrie beaucoup contre Mr. de Rapin & l'accufe de partialité en faveur des Hollandois „ qui , félon Mr. Lediard „ ne font jamais bien, que, lorfqu'ils ne „ font pas engagez contre les Anglois , mais „ dèsqu'ils ont ceux-ci en tète ifs ne feau- „ roient manquer d'être battus. Mr. de Ra- pin n'en juge pas toujours de même & c'eft pourquoi quelques uns lui reprochent d'ê- tre partial. Ils appellent les Hollandois ( com- me le fait auffi notre Auteur ) les Ckers amis de Mr. de Rapin, parce, difent ils , qu'il demeu- rait parmi eux. Mr. Lediard ignore fans dou* te que cet Hiftorien eft mort à Wefel ville du Païs de Clevcs appartenant au Roi de Pruffe , ou il s'étoit retiré depuis bien des années : & que s'il a fait du iejour en Hol- lande , il en a fait auffi en Angleterre où il a même été dans le fervice pendant plufieurs années: en forte que par la raifon de Mr. Le- diard il devroit avoir été pour le moins auf- fi favorable aux Anglois qu'aux HoMandois , ajoutez qu'il eft affez ordinairc defc préve- nir en faveur d'une nation doat on écrit M 2 l'hif- iSo Bibliothèque Britannique, l'hiftoire. Mais Mr. de Rapin a eu foin de confulter les Auteurs des Nations qui ont eu affaire avec les Anglois , aulTt bien que les ou- vrages de ceux ci : & on fçait allez com- bien les relations des mêmes événements varient dans les circonftances & qu'elles ne manquent- gueres d'être favorables au Païs d'où eft l'auteur qui les rapporte : on en voit plufîeurs exemples dans l'hiftoire de Mr. Lediard lui même , qui dans le corps de fon ouvrage ne manque pas de faire hon- neur de tout a la Nation Angloife ; quoi- qu'il ait allez de bonne foi pour rapporter . .voues ce qu'ont dit là demis les Auteurs François ou Hollandois, dont tes Re- lations ordinairement font très différentes du Texte ; chaque Nation cherchant à aug- menter fes avantages & à diminuer les per- tes. Cependant il faut lire les uns ce les au- tres fi on veut avoir une idée jufte des cho- ies , ou plutlôt fi on veut apprendre à fuf- pendre fon jugement. Tout ce que l'Auteur dit des Guerres que les Anglois ont eu a foutenir ibus CromweU , fous C':mes IL fous Guillaume III. ce fous la Reine Annc,ef\. trop connu pour qu'il foit necelTaire de nous y arrêter. Apres la Guer- re ci 1690. Mr. Lediard remarque,, qu'au ., commencement de cette Guerre lorfque ,, la Flotte étoit fous le commandement du „• Comte de Torrington . les François étoient ., toujours le» premiers en mer & avec des ., for- . Avril, May et Juin: 1736. 181 ,, forces fuperieures à celles des Anglois ; „ aullî remportèrent ils fur eux plufieurs „ avantages : mais dès que la Marine eut „ été mïfe fur un meilleur pied ce que „ la Flotte Hollandoife eut joint les An- „ glois ; la Flotte Françoile n'ofa paroitre „ qu'une feule fois pendant tout le cours 9; de la Guerre ; ce encore cette fois là, qui „ étoit à l'Affaire de la Hog-ie en 1692. les „ François ne hazarderent le Combat que „ parce qu'ils avoient été mal informez. Le „ Comte de e qui commandoit la „ Flotte Françoife , avoit ordre du Roi d'at- „ taquer la Flotte Angïoife , commandée „ car le Chevalier Delav.il & qu'on fuppo- „ foit n'avoir point encore été jointe par „ l'Amiral Rujfel, qui avoit avec lui lesmeil- „ leurs vailïeaux Anglois, ni par la Flotte „ Hollandoife : mais il fe trouva que lorf- „ que le Comte de Tourville commença „ le combat , les deux Flottes étoienc unies „ & de beaucoup fuperieures à celle des „ François : Chacun feait les fuites de ect- „ te action : Depuis ce temps là 1a Flot- „ te Françoife ne parut plus en mer „ pendant que les Anglois bombardoient „ impunément les villes & infeftoient les „ côtes de France. Les François fe con- ,, tentèrent démettre en mer quantité d'Ar- „ matcurs, qui cauferent bien du dommage „ aux Anglois & aux Mollandois & même ,, plus que ceux ci avec leurs Flottes for- M 3 „ mi- i82 Bibliothèque Bbitannique, 5, midables n'en pouvoicnt faire aux Fran- „ cois, dont le commerce n'étoit pas fi con- „ nderable à beaucoup prés que celui des 3, autres. Selon le Calcul de Mr. Burcbett Secrétaire de l'Amirauté, l'Angleterre perdit dans la Guerre de 1690. 50. vaiflèaux de guerre & 1112 Canons ; & la France en perdit 59 avec 2244 Canons : dans la guerre de 1702 les Angtois perdirent 38 vaiflèaux de guerre ou brûlez , ou pris , ou coulez à fonds avec 1596 Canons, & les François pendant cette guerre perdirent 52 vaiflèaux & 3094 ca- nons. Ce qui excède de beaucoup la perte des Anglois. Mais pour faire la Balance juf- te , l'auteur auroit aufli du marquer à quoi fe montoient les pertes que les Hollandois avoient faites , ann de pouvoir oppofer cel- les des François à celles des Alliez. Mr. Lediard dit après Mr. Burcbett que dans le cours de ces Guerres on peut re- marquer deux grands défauts dans la Mari- ne d'Angleterre. Le premier, c'eft qu'on voit fouvent que la Flotte Angloife étoit mal fournie de provifions, enforte que quand il etoit queltion de pourfuivre l'ennerrn ou de former quelqu'entreprife , les provilions manquaient , l'équipage étoit bientôt ré- duit alamoitiéde la portion ordinaire & la Flotte obligée de s'en retourner dans les Ports d'Angleterre pour fe ravitailler : & ainfi rcanouoit l'occafion ou le vent. D'au- tres- Avril, May et Juin. 1736. 183 trcsfois il arrivoit que les Proviiions étoienc û mauvaifes qu'elles fe gatoient dabord, & que les matelots n'en pouvoient manger ians danger d'en mourir , comme il arriva en 1703 dans l'expédition de l'Amiral Sbovel dans la Méditerranée. Il eft vrai que les Commifiaires de l'Amirauté & même le Par- lement recherchoient enfuite les Auteurs de ces malverfations; mais ceux cjui en étoienc coupables y gagnoienc ordinairement allez pour trouver les moyens de fe juftifier. Un fécond défaut qu'on remarquoit alors dans la Marine d'Angleterre , c'eft qu'on n'a- voit pas foin de faire caréner les VaifTeaux, ce qui les retardoit beaucoup dans leur cour- fe ; aulîî voit on dans plufieurs occadons que les François attaquoient les Anglois quand ils en avoient envie , ceux-ci ne refufant ja- mais le Combat, dit notre auteur: mais quand les François n'avoient pas deflein de s'en- gager , il leur étoit aifé de s'échapper , les VaifTeaux Anglois ne pouvant prefquc ja- mais les atteindre , quoiqu'ils filfent force de voiles „ ce qui fuivantMr. Lediard, „ ne „ doit point être attribué à la ftrufture de nos „ VaifTeaux , qui font naturellement aufli „ bons voiliers qu'il v en ait au monde ; „ mais qui venoit de la négligence des An- „ glois qui n'avoient pas foin de caréner „ -leurs vailleaux, ce que les François étoienc „ fort foigncux défaire, par où ils avoient „ un grand avantage:,, enforte qu'ils étoienc M 4 allez 184 Bibliothèque Britannique, allez hardis pour fe mêler quelquefois par- mi des Flottes marchandes fans craindre les Convois , dans l'efperance de fe rendre maîtres de quelque vaifleau qui auroit l'imprudence de s'écarter , & furs d'échapper quand ils voudroient. En 1697 Une Èica- dre Angloife que l'Amiral Nevil comman- doit , donna la Chaîîe à une Efcadre Fran- çoife commandée par Mr- de Pointu, qui àvoit fait quelques prifes dans l'Amérique; les Anglois ne purent jamais l'atteindre ce furent obligez d'abandonner la ChaiTe, par- ce que la pluspart de leurs VaifTeaux eurent le mat du Perroquet rompu , & leurs Voi- les fe fendoient; ce qui n'arriva pas aux Fran- çois , quoique fans doute ils fifTent autant force de voile pour échapper, que les An- glois pour les pourfuivre; mais c'eft un dé- faut dont on a reconnu la caufe & auquel on a remédié. Mr. Lediard finit par une Relation de la Colonie qu'on a établie depuis peu dans la Géorgie : Nos Lecteurs ne feront peutêtre pas fâchez que nous leur en donnions quelque idée. En 1732 il fe forma une focieté de Perfonnes confidérables par leur rang & par leur mérite , qui choifirent Mylord Perceval pour leur Prefident. Cette focieté fut au- thorifée par lettres patentes du Roi , à ad- miniïïrer les liberalitez de ceux qui s'inter- refioroient à cet etablilfement ; à choifir les perionnes qu'ils jugeroient à propos d'en- vover Avril, May et Juin. 1736. 185 voyer dans la Géorgie & à leur fournir les choies neceflàires pour s'y établir. Le but de cette entreprife étoit 'de pourvoir à la fubiiftance d'un grand nombre de perfonnes qui ont de la peine à fubfifter dans leur Pa- trie , quoiqu' on n'y envoyé que des Gens connus. & munis eie bons témoignages. 2. d'étendre le commerce de la Nation Angloi- fe ; car on fe flatte eue le Païs eft propre à e.ever des vers à foye & le fuccés com- mence déjà à repondre eux efperances , ce qui fera d'un grand avantage aux Anglois. La Géorgie eft fituée entre le 31 ce le 32 degré de Latitude feptentrionale , & ren- fermée entre deux Rivières nommées Ala- miiab. La ville Capitale de ce Fais eft fituée fur les bords de la Savannah & porte le nom de cette Rivière : elle eft a 140 miles Sud Oueft de Charles Tvwo capi- tale de la Caroline Méridionale. C'eft un Païs plat , a peine y trouve t'on des éminen- ces de 30 à 40 pieds de haut : il eft remplis- de Bois, & on aura de la peine à le défri- cher, mais les terres qu'on a mifes en état d'être cultivées font fertiles : le fruit y eft très bon : on y trouve des Orangers en quan- tité, des Cèdres , des Cyprès, & des Chê- nes : la Volaille y eft abondante & très bon- ne. Les rivières feroient plus poiftbnneu- fes , s'il n'y avoit une efpece de Crocouy- les nommez Alligators , qui dévorent le Poiflbn & qui font en grand nombre dans la I 5 rivie- i85 Bibliothèque Britannique, rivière de Savannah : on n'y manque pas de Bœufs , de Cochons & de Chevaux: il y a quantité de Loups & d'Ours : les peaux de ces derniers Animaux peuvent fervir de lits , & de leur graifle on Fait une huile qui fert à frire & qui eft bonne aufii pour la fa- lade : quelques uns la préfèrent même à l'hui- le d'Olive. Ce fut en Novembre 1732. qu'on y en- voya pour la première fois une Colonie d'environ cent perfonnes : on eut foin de les pourvoir de toutes les chofes neceflaires pour leur Voyage , & pour faire un établiiTe- ment folide dans le Païs ou ils alloient. Mr. Ogletborp membre du Parlement & un des Directeurs de la focieté dont nous avons parlé , voulut bien les y accompagner , facri- iiant ainfi le repos & les agrémens dont il pourroit jouir dans fa Patrie , ou il tient un rang considérable , au plaifir d'être utile au genre humain , & de contribuer à l'établifle- ment d'une Colonie qu'on peut en quelque forte regarder comme fon ouvrage. Il arri- va à la ôeorgie avec fa Colonie en Février 1733. Son premier foin fut de choifir un en* droit propre à bâtir la Ville : il fit travailler tout ion monde & fit obferver une exafte difcipline , de forte qu'on n'entendoit per- fonne jurer , & qu'on ne voyoit ni parene ni ivrognerie : Chacun mettoit la main à l'œu- vre avec allegrefTe, Mr. Ozlethorp les encou- rageant par fes libéralités & par fa douceur ; il Avril, May et Juin. 1736. 187 il les traite comme fes enfans,* aufli l'ap- pellent ils leur Père : s'il furvient parmi eux quelque différent , c'eft lui qui décide, & cha- cun s'en tient à fa deciiion , parce qu'on eft perfuadé qu'il n'a que leur bien en vue. Mais ce n'eft pas feulement des Angîois ou des Européens que Mr. Ogletborp eft ché- ri & refpefté : il n'eft pas moins coniideré des Indiens du voifinage qui à l'envi font venus rechercher ion amitié : la Nation des Creeks lui envoya auflitoft après fon arrivée , des Députez , parmi lcfquels il y avoit cinq de leurs Rois : le plus âgé d'entr'eux porta la parole , & d'abord il reclama tout le Pais qui eft au Sud de laSavannah comme apparte- nant à la Nation des Creeks, puis il ajouta „ quoique nous fâchions bien que nous fom- „ mes pauvres & ignorans , cependant Ce- „ lui-là même quia donné la respiration aux „ Anglois , nous l'a donnée pareillement : 3, Celui qui a créé tous les hommes a don- „ né plus d'intelligence aux blancs;mais nous „ fommes fermement perfuadez que le Tout- „ puiifant qui habite dans le Ciel & dans „ toute cette vâfte étendue ( ce qu'il dit en „ étendant les viains de tous les cotez ) „ & qui „ a donné l'être à tous les hommes, a envoyé „ les Anglois chez nous pour inftruiré , „ nous , nos femmes & nos enfans ; C'eft ,, pourquoi, ajouta t'il, nous vous cédons ,, volontiers tous le Païs que nous n'habi- ■ „ tons pas nous mêmes ; & c'eft là le fen^ ï88 Bibliothèque Britannique, „ timent gênerai de toute notre Nation. Après quoi un autre Roi nommé Tomo Cbacbi qui avec fa Tribu avoit été chaffé de fon Païs , s'addrefla à Mr. Ogletborp & dit , „ j'étois un homme banni , j'arrivai ici pau- „ vre & fans fecours , je craignois que vous „ ne vouluffiez nous chaffer auffî; mais vous „ nous accordâtes des terres , vous nous „ donnâtes .dequoi manger & vous prites la „ peine d'inftruire nos enfans : nous vous „ avons déjà remercié de ces faveurs dans 3i les termes les plus forts : mais les paro- 5, les ne font qu'un foible retour pour de fi „ grands bienfaits; car de bonnes paroles „ peuvent partir d'un cœur double,- auiïï „ bien que d'un cœur fmcere : les princi- „ paux de notre Nation font ici pour vous „ témoigner leur reconnoiflance , & vous „ déclarer que nous aimons tant votre Peu- ,-, pie , que nous voulons vivre & mourir „ parmi vous : nous ne fçavons point diflin- „ guer le bien du mal, mais nous defirons d'ê- „ tre inftruits & guidez par vous , afin que „ nous apprenions à faire le bien , & que „ nous foyons regardez comme enfans de „ votre Colonie. On voit par ces Difcours les difpofitions dans lefquelles font ces Peuples , & qu'il y a grande efperance de les amener à la Foi Chrétienne: Mr. Ogletborp dit même dans une lettre qu'on trouve ici, qu'un de ces Rois Indiens va conftamment à l'Eglife , & lui .Avril, May et Juin. 1736. 189 iui a donné fon neveu qui lui doit fucceder , pour être élevé dans la Religion Chrétienne. Mr. Ogletborp après avoir donné tous les ordres necefïaires quitta la Géorgie en 1734 & revint en Angleterre au mois de Juin ; il amena avec lui Tomo Cbacbi un des Rois dont nous avons déjà parlé, avec fa fem- me , fon neveu & quelques Chefs Indiens : On leur a fait à Londres un accueil qui doit les confirmer dans la haute opinion qu'ils ont conçue des Anglois & dans l'a- mitié qu'ils paroiiTent avoir pour eux. On a envoyé depuis à diverfes fois de nouveaux renforts à la Géorgie & Mr. Og- letborp qui pendant fon féjour en Angle- terre , s'efh fortement employé à faire réuf- Cr cet établifTement , vient "d'y retourner au mois de Mars (1736). Par fes foins généreux & par l'induftrie de ceux qu'on y envoyé, cette Colonie ne peut que de- venir bientôt très confiderable , la VHle commence déjà à fe peupler ; elle n'eft ha- bitée que par des blancs, les Directeurs de la Colonie ne voulant pas permettre qu'on y ait des nègres: il y a toute apparence que la Culture des Vers à foye qui eft le principal but de cet établifTement , réuffira comme on l'a efperé : dès l'année pafTée on a envoyé ici de la foye faite dans la Géorgie , elle a été trouvée très belle; on Ta travaillée à Londres & on en a fait une riche étoffe qu'on a prefenté à la Reine, corn- ipo Bibliothèque Britannique, comme les prémices d'une Colonie qui porte le nom du Roi & qui a été formée fous fes aufpices. En 1734. on envoya dans la Géorgie une Colonie des Réfugiez de Saltzbourg : ils s'embarquèrent en Janvier & arrivèrent en Amérique au mois de Mars ; Mr. Ogletborp qui par bonheur étoit encore fur les lieux, remit de quelques jours fon retour en Europe , jufqu'à ce qu'il eut pourvu de toutes les chofes neceflaîres ces pauvres Gens , qui , par leur Zèle pour leur Reli- gion qui les avoit obligé à quitter leur Pa- trie , afin de chercher ailleurs la liberté de profeflèr l'Evangile dans fa pureté , me- ritoient bien qu'on s'intereflat pour eux. Mr. Ogletborp leur donna le choix du ter- rain où ils voudroient s'établir : ils choi- firent un endroit entre deux rivières qui fe jettent dans la Savannah , à la plus con- sidérable defquelles ils donnèrent le nom à'Ebenezer ( c'eft-à-dirc , Pierre de- fecours ) en mémoire du fecours que Dieu leur avoit accordé en les faifant arriver heureufement dan> ce Païs-là: la Ville qu'ils batiffentfur la Rivière à'Ebenezer porte le même nom : leur Païs eft extrêmement agréable & fer- tile ; il abonde en Vignes fauvages , qui étant cultivées pourront produire du vin : on y trouve une efpece de Myrthe dont on tire une Cire Verte propre *à faire des bougies & quantité de plantes dont on fait- l'in- Avril, May et Juin. 1730. ipi l'indigo : il y auflï abondance de toutes fortes d'animaux neceiTaires à la vie. „ Les „ Saltzbourgeois , dit une relation de ces „ quartiers-là 9 font laborieux, induftrieux „ & religieux , & feront félon toutes ap- „ parences fleurir leur Colonie ; jufqu'à „ prefent ils travaillent & mangent tous „ en commun. Mr. Bolzius leur Miniftre a déjà formé des liaifons avec les Naturels du Pai's & paroit avoir fait de grands progrès dans la connoiflancc de leur langue : on trouve ici une relation qu'il a faite de leur Ca- ractère , de leur Religion ce de leur langue qui mérite d'être lue : & il y a lieu d'ef- perer, que le zèle ayant engagé ce digne Pafteur à fuivre fori troupeau fi loin, le fera travailler efficacement à augmenter le Troupeau de Jefus Chrift par la conver- sion des Indiens , qui comme nous l'avons vu, y paroiffent déjà aflez difpofez. Ajoutons au récit de Mr. Lediard que dans le voifinage de la Géorgie , il s'eft formé en même temps une autre Colonie fous la direction de Mr. Pury: Gentilhom- me de Neufchàtel en Suiflc. La Ville s'ap- Î)elle Purysbourg: elle eft fituée le long de a Rivière de Savannah , a 23 ou 24 mil- les de la capitale de la Géorgie & à ico milles de Charles Toivn : clic doit avoir un mille en longueur & 169 quarrez: chacun de ces quarfez eft de quatre Arpents & conr i$2 Bibliothèque Britannique, contient quatre maifons, ce qui fera fept cents foixante & feize maifons : elle com- mence déjà à fe peupler allez bien : quan- tité de Suifles & de Vaudois font allez s'y établir : on y cherche des gens qui en- tendent la culture des Vers à foye. La différence qu'il y a entre la* Colonie de Purysbourg , & celle de la Géorgie : c'eft que ceux qui ont defiein de s'aller établir dans celle-ci & qui font approuvez des Directeurs, font envoyez aux fraix de la Société ce pourvus de toutes les chofes necelfaires : au lieu que ceux qui veulent aller à Purysbourg doivent y aller à leurs dépens & le fournir de tout ce dont ils ont befoin pour défricher & cultiver des Terres, qu'on leur donne gratis. A R- Avril, May et Juin. 1736. 193 ARTICLE VIL An Enq: 1 the Shape, the Beau- ty and Stature of the Perfon of rift , and of the Virgin Mary. 1 ft- à -dire ; Dijfcrtation fur la Tailla k Jésus Christ • Vierge )I .^ rie, par Thomas L A Le p. 9$. Ole Titre de cet Ouvrage fafie mention de la \ iarie , cepen- dant l'Auteur n'en parle qu'en panant. Son but principal, ou plutôt unique , de rechercher tout ce qui le peut dire tou- chant la queftion , û J. C. etoit bel nom- ou non. I. On peut félon Mr. Lewis foutenir le pour ou le contre , fans avilir la dignité de la perfonne Divine de J. C. ce fans cho- ondemens de notre Religion. Dieu chérit également tous les hommes indépen- damment de leur beauté ou de leur laideur. TomeFILPart.L N Ceccc 194 Bibliothèque Britannique, Cette diftinclion n'a lieu que dans ce monde. Les Aveugles , les Boiteux , les Eftropiez feront admis dans le Royaume des Cieux, s'ils ont rempli leurs devoirs : tandis qu'un grand nombre de ceux qui nous paroilTent aimables par la beauté de leurs traits & la fi- ne ffe de leur taille , & que ces avantages ren* dent fiers & infolens , en feront exclus pour toujours. 1 1. Quoiqu'on ne s'accorde point fur l'i- dée qu'on a de la beauté d'un homme , & que les fentimens varient à l'infini fur ce fujet , cependant félon notre Auteur, il y a un cer- tain goût général qui décide ce" différent. C'efl, dit il , un je ne fçais quoi , qu'on ne fau- roit expliquer. Les uns donnent la préfé- rence à un teint brun, les autres à un teint bazané ; les uns l'aiment olivâtre les autres blanc. Un grand né dans plufieurs endroits orne extrêmement le vifage , dans d'autres c'eft le né aquilin , & même un né court & écrafé a des charmes dans de certains pais. Cependant notre Auteur croit que partout on convient qu'un homme qui a une taille bien proportionnée, l'air majeftueux; le regard doux , l'oeil vif , la bouche bien faite, le teint uni , la démarche aifée , & qui efi: d'un tempérament robufte, fera re- gardé comme un bel homme chez toutes les Nations. Au contraire un homme d'une taille contrefaite & au deffous de la moyen- ne , qui a l'air bas, fombre & mélancholi- ■ • que, Avril, May et Juîfc 1735. 19$ que , les manières rebutantes , la démar- che peu ferme & dont les membres n'ont aucune proportion entre eux , un tel homme ne paiTera jamais pour beau dans quelque pais que ce foit. L'Auteur fi- nit cette réflexion en obfervant , qu'il y a un milieu entre la beauté & la laideur 5 milieu, oa fe trouvent la plupart des hom- mes, qui fans vouloir palier pour beaux , prendroient pour un affront le reproche , qu'on leur feroit d'être laids où defagréa- bles. Après ces Réflexions , que l'Auteur a ju- gé néceilaires , il entre en matière, & voi- ci Tordre qu'il fuit. D'abord il allègue les raifons de ceux qui font les Défenfeurs de la beauté de J. C. & enfuite celles de ceux qui la combattent. Il n'eft pas difficile de re- marquer que Mr. Lewis fe range de ce fe* cond parti. Les premiers allèguent en faveur de leur fentiment la manière miraculeufe & Divine dont J. C. fut conçu. Les excès des Pé^ res & des Mères, les accidens qui furvien- Bent fouvent pendant la GroflefTe , ou pen- dant l'accouchement , la force de l'Imagi- nation de la Mère ont beaucoup d'influen- ce , félon nôtre Auteur , fur la Taille & fur le tempérament d'un enfant. Mais fé- lon les Catholiques Romains , J. C. ne pou- voit être fujet à ces fortes d'inconvéniens, puisqu'il étoit né d'une Mère Vierge & pure. N 2 Ain(i io6 Bibliothèque Britannique, Ainfi le corps de nôtre Seigneur devoit être un ouvrage parfait , exempt de toutes les difformitez que caufent aux autres hommes les infirmîtez de la nature & mille autres accidens imprévus. Il n'y a qu'un feul Texte de l'Ecriture qui puiflb être allégué avec quelque apparence de raifon par les Défenfeurs de la beauté de J. C. [à) Tu es plus beau qu'aucun des fils des hommes, la grâce efl répandue en tes lèvres , parce que Dieu t'a béni éternelle- ment. Ce paflage a toujours été appliqué au Meffie. Les Papifles l'entendent litéra- lement. Cependant la plupart des Pérès Anciens , que nôtre Auteur a pu confulter , lui donnent, dit il , un fens figuré & myfti- que. Cyrille d'Alexandrie prétend que la beauté que le Pfalmille attribue au Meffie ne regarde pas les agrémens de fon corps , mais ceux de fon efprit (b). Eufebe (c). S; Bafilc, (d). Tertullien, (e). S\ Ambroi- fe , (/;. Ifidore de Pelufe , (g) l'Auteur d'un Commentaire fur les Pfeaumes imprimé au nom (a) Vf. XLV. {b) Cyril. Alex. Lîb. I. {c) Euf. in Pf. XLV. (d) Baf. in If. V. (e) Tert. Lib. III. contra Marcion, ch, j;« (/) Ep. i. ClafT. Ep. 29. ad Iren. (g) Indor, Peluf. Lib. Ep. 130. Avril, May et Juin. 1736. 197 nom de Jérôme, & un grand nombre d'au- tres l'appliquent à la beauté de J. C. par rapport à fa Divinité, le Texte étant enten- du dans le iens Myftique part tant de Com- mentateurs fi anciens , ne fauroit fervir de preuve à la beauté corporelle de la perion- ne de J. C; Plufieurs Auteurs Eccléfiafliques don- nent à J. C. une beauté parfaite. Voici comment Thomas d'Aquin s'exprime fur ce fujet. „ Chrift par Ton Incarnation a revê- , tu les infirmitez communes de la nature , humaine. Il s'eft aflivjetti à fouffrir la , faim, la foif, les fatigues , le fôfnmeil; , mais il n'a pas pris les infirmitez qui font , particulières à certaines perfonnes, com- , me d'être boiteux, aveugle, malade ou dif- , forme. Si l'on dit qu'il a bien voulu s'y , foumettre pour montrer fon humilité & , pour nous apprendre par fon exemple à , méprifer la beauté du corps , ainfi que par , la pauvreté il nous a enfeigné à mé- , priler la Gloire & les RicheiTes de ce , monde ; on poura dire par la même rai- , fon qu'il a été fujet aux mêmes maladies , que nous. " Ce qui eft abfurde & ridicule félon lui. Notre Auteur n'cft pas de ce fcntiment , quoiqu'il lbit fuivi par un grand nombre de Protcltans. Il ne croit pas que ce foit des- honorer J. C. que de foutenir qu'il a été fujet à la douleur & aux autres maladies du N 3 corps ÎÇ>8 B IB LI O T HE QUE B RI T. AN NIQUE, corps humain. A la vérité il étoit exempt de ces maux qui font les fuites du Vice &: de l'Intempérance , puis qu'il ne pouvoit point être coupable des deibrdres qui pro- duifent ces maux : mais il a pu avoir la mi- f raine , la petite vérole &c. quoique les .vangéiifles n'en faiTent aucune mention , parce que ce font des Circonflances peu im- portantes. Lorsque fon ame fut faifie de triftefie jufqu'à la mort, & lorsqu'il fouffrit cette terrible agonie qui lui ht fuer des Grumeaux de fang , tout fon corps devoiç éprouver des mouvemens convulfifs , il a dû fentir de violentes douleurs de tê- te & d'eftomac , & fe trouver dans un étaç de défaillance accompagnée de maux de cœur. Notre Auteur examine enfuite ce que cer- tains Auteurs difent des ftatues, des portraits & des médailles de J. C. Il parle auffi de la lettre de Pilate à l'Empereur Tibère , de celle d'Abgar Roi d'Edefte , à J. C. , de la réponfe de nôtre Seigneur , & de plu- sieurs autres pièces. Nous n'en parlerons pas , parce que ces pièces font très fufpec- tes , pour ne pas dire fauiles , & que pour la plupart elles ne font aucune mention de la beauté de J. C. Mr. Lewis s'attache enfuite à combattre les argumens plus directe dont les Catho- liques Romains & plufîeurs Ecrivains Pro- Cfllans fe fervent pour prouver la même Atrtl, May et Juin. 1735. 109 Théfe. Il faloit néceflairement , fclon ces Auteurs , que ]. C. fût un bel homme, pour introduire plus facilement fa Religion & fa Doctrine dans le monde. Tous les hom- mes tombent d'accord des avantages qui refultent d'une belle taille oc d'une preftan- ce agréable , fur tout dans des Aifemblées Populaires. Un Orateur qui par les grâ- ces de fa perfonne charme les Yeux de fes Auditeurs , fe fait écouter avec plaifir. Si nôtre Seigneur avoit paru fous une appa- rence défagreable , ce défaut auroit for- mé un grand obftacle à fes deiTeins , & auroit fait méprifer fa Prédication & fa perfonne. Cette manière de raifonner ne plait pas à notre Auteur. En lifant PHiftoire de la vie de J. C. on ne voit pas qu'il le foit fait admirer par le peuple. Au con- traire il en reçoit les plus cruels af- fronts & le plus fanglans outrages. Le peuple ne marque aucun refpecl pour fa pertbnne, & l'infulte comme le plus mé- prifable & le plus difforme de tous les Hommes. Un Vifage agréable , un teint beau, en un mot les agrémens perfonnels ne font pas néceflaires pour introduire une Nou- velle Religion. Mahomet étoit fujet au mal caduc , il avoit la tête grofîe , le teint brun , l'air defagréabie ; & tout le N 4 monde 200 Bibliothèque Britannique* monde fçait le fliccès de fes impofturesl Apollonius de Thyane avec toute fa beau- té, avec fa bonne" mine , fon éloquence, fon adreflè & fes prétendus Miracles , n'a jamais pu faire vingt Profélytes. Mais J. C. fans beauté , fans éloquence a fait des Difciples fans nombre , par la force de la vérité , par la pureté de fa doctrine , par l'excellence de les préceptes & l'évidence de fes Miracles. Si J. C. avoit crû que la beauté, l'élo- quence & l'adrelTe fuiïent néceiTaires pour convertir le Monde, il auroit choifi pour fes Difciples des hommes qui euiTent ces avantages. Cependant il choifit des per- sonnes , qui étoient du commun Peuple & qui étoient nullement bien faits. Oi peut juger des autres par la defeription qu'on nous donne de St. Pierre ce de St. Paul (a). St. Pierre étoit grêle, & avoit la taille au deffous de la moyenne , le vifage paie , les cheveux Crépus & la barbe épaiiTe. Se- lon St. Jérôme il étoit chauve , avoit les yeux noirs & marquez de taches rouges, peu ou point de fourciis le nez grand & large. St. Paul avoit la taille petite & cour- bée , étoit blond , avoit Fair grave , la tête (û) Niccph. Caliûh. iib. II. cap. 37. Avril, May et Juin. 1736. 201 tête petite , les yeux agréables , le nez long , la barbe épaiiTe & mêlée de poil gris, les cheveux de même. Il étoit d'un tempérament délicat, & étoit iouvent tour- menté de la migraine , ce que plufieurs croient avoir été Yécbarde en fa chair, dont il fait mention 'dans fes Epitres. Il infî- nuc lui même qu'il n'avoit pas fort bon- ne mine , Mes Lettres font graves £? fortes mais la préfence du corps ejt foible fc? la pa- role méprifable. St. Chryloïtome dans un Sermon qu'il a fait fur St. Paul & fur St. Pierre , dit que le premier n'avoit que trois coudées, c'eft-à-uire un peu plus de quatre pieds. Il paroit par plufieurs circonflances de la vie de ]. C. qu'il devoit avoir l'exté- rieur beau. C'eu le fentiment de ceux qui foutiennent la beauté de J. C. Sans, armes , fans autorité , il chalfe les Mar- chands du Temple. C'ctoit fans doute , dit St. Jérôme, la MajeRé de fa peribn- ne & l'éclat étonnant de fon Vifage qui furprit & épouvanta les Marchands. Son Augufte Préfence produifit le même ef- fet , dans le Jardin des Oliviers : Lorf- qu'une troupe de Soldats venoit pour fe faifir de fa perfonne , il les étourdit d'un feul mot. Ils veulent fe retirer & tombent à la renverfe. Les Juifs en en- voient d'autres pour le prendre, tandis qu'il pvechoie au Peuple. Les Soldats N 5 l'en* 202 BIBLIOTHEQUE BbITANNIQUE, l'entendent , & s'en retournent fans exé- cuter leur commiffion en s'écriant , ja- mais homme ne parla comme cet hom- me. Enfin les mêmes Auteurs allèguent que les plus grands ennemis de Chrift & de fa Religion, Julien l'Apoftai: , les Juifs & les Payens ne lui ont jamais repro- ché fa laideur & fa difformité. Ils l'ac- culent d'avoir été le fruit d'un Adultè- re, d'avoir été ignorant, Magicien & fé- ducteur , polî'édé du Démon , glouton & yyrogne. Les juifs ont débité des Relations monfcrucufes fur fa naiflance, fur fes Miracles , fur fa vie & fur fa mort. Des ennemis fi acharnez n'auroient pas manqué de le tourner en ridicule fur fa lai- deur, s'ils avoient eu quelques raifons de le faire. Voila en général les preuves dont on fe fert pour îoûtenir que J. C. étoit beau. L'Auteur examine enfuite les raifons , qui combattent ce fentiment. Il avertit d'abord qu'il faut traiter ce fujet avec beaucoup de précaution , faire abftraftion de la Divinité de J. C. , & le confidérer dans cet état de mifére & d'hu- miliation ou il s'étoit lui-même placé : état qui ne paroit pas compatir avec cette beauté & cette Majefté qu'on attribue à J. C Au pafiage du Pf. 45 que nous avons cité , ,-Avrtl, May et Juin. 173<5T 203 jc:té , l'Auteur oppofe les paifages du Ch. 52 & 53 d'Efaie , dont celui-ci eft le plus fort : Plufieurs ont été étonnez de ce que tu ctois ainfi défait de vifa* g? & de forme plus que tous les enfaîis des hom- mes, (a) Quoique les Evangeliftes ne faflent point le portrait de J. C. , cependant on peut conclure de plufieurs endroits qu'il ëtoit deititué d'agrémens. Ce que les Juifs lui difent l'infinue affez clairement , Tu n'as pas encore cinquante ans & tu as vu Abraham. Ainfi ils jugeoient que J. C. approchoit de cet âge. Si fon teint avoit été frais & vermeil , ils ne lui auroient pas donné trente ans , mais obfervant les rides de fon front , ils lui donnent plus de vingt ans plus qu'il n'avoit réelle- ment. Le titre de fils de l'homme par lequel il le diftingue , marque félon notre Au- teur que c'étoit un homme placé dans les plus trilles circonltances fans , beauté & fans agrémens , en un mot méprifabîe à tous égards. Le mot grec «v5p«roç. emportoit chez les Grecs l'idée de quel- que chofe d'infâme. Ainfi lorfque Pilate expofa à la vûë & à la rifée du Peuple J. C. couronné d'épines & revêtu d'un ma- '' teau U) If. 5-2. 14, 204 Bibliothèque Britannique, teau d'écarlate, il leur dit voici V homme 9 ÏSs ô «vôpWTOff. L'Auteur allègue enfuitc les fentimens des Pérès , qui tous , à l'exception de St. Chryfoftome & de St. Jérôme, ont crû que "la perfonne de J. C. bien loin d'a- voir les charmes de la beauté , avoit la forme d'un Serviteur , comme l'Ecriture s'ex- prime. J. C. depuis l'âge de douze ans jufqu'à celui de 29 exercea le métier de Char- pentier., & félon nôtre Auteur , il eft prefque impoflible qu'un Charpentier foit bel-homme. Quand il le feroit naturel- lement, il n'eft pas pofîible qu'un métier ii rude ne l'enlaidifle. Il courbe bien-tot le corps , grofllt les épaules , endurcit les mains, rend les traits rudes, & gâte le teint. D'ailleurs Notre Seigneur vécut dans la mifére. Or la mifére félon notre Auteur gâte la plus belle taille & la plus belle mine. Quand un homme eft obligé de travailler tout le jour , de coucher en plein air , de fouffrir les rigueurs du chaud & du froid, fon corps fe relient nécefîai- rement de tant de fouffrances , & elles le rendent maigre , foible , exténué & dé- fagréabie. L'Auteur finit par une confidération qui lui paroit très importante ; c'eft que fi }. C. avoit eu les charmes de la beau- té > Avril, May et Juin. 173s.- 205 té , il fe feroit expofé aux railleries des Juifs , qui le voiant converfer avec des femmes auroient foupçonné fa vertu. Il logea chez Marthe oc Marie. Il fouffrit qu'une femme lavât fes pieds, & les effuiât avec fes cheveux. Une autre répandit un parfum de grand prix fur fa tête. Si fa perfonne avoit été aimable & Majef- tueufe, on auroit, dit l'Auteur, attribué, à une paillon criminelle l'ardeur avec laqueî- les ces femmes le fuivoient. Mais ce qui prouve le contraire, félon l'Auteur , c'eiî que Magdelaine le prit pour un Jardi- nier , même après fa réfurrection. Jean 20. 15 ARTICLE VIII. Spécifique contre la rage. LE Dodteur Mead fit inférer dans une Gazette Angloife (a) au mois d'Aouft dernier , une méthode pour prévenir les fuites de la morfure des animaux enragés, dont il s'eft fervi plufleurs fois aveefuccez : Comme on ne peut trop faire connoiftre un remède fi utile , Mr. Mead a de plus fait diftribuer un très grand nombre de billets impri- {a) The ûayJy Mvertifcr. 21, Août 1735-, $.66 Bibliothèque Eritankiquè, imprimés ou cette méthode fe trouve. Nous' en rapporterons icy le contenu pour Futi- lité des Etrangers. Remède infaillible pour la morfure d'un chien enragé. il faut tirer neuf ou dix onces de Sang du bras* „ Prenez demie once d'Hépatique ter- ,j relire cendrée , en latin Lichen cinereus ,, terreftris , léchée & mife eri poudre , ce „ deux drachmes de Poivre noir aufîi pul- „ verifé, méfiez ces deux poudres & les „ divifés en quatre dofes , il faut les pren- ,j dre de fuitte , une chaque matin à jeun „ dans un grand verre de laiâ: de vache „ chaud. Lors que le malade a pris ces „ quatre dofes, il faut qu'il aille dans le j, bain froid tous les matins à jeun pen- „ dant un mois , il faut qu'il s'y plonge en- 5, tierement, & qu'il n'y refle pas plus d'u- „ ne demie minute après qu'il a retiré ,, fa telle de l'eau , fur tout h elle eft très „ froide. Enfuite il continuera de fe „ baigner dans l'eau froide trois fois „ la Semaine feulement , pendant quinze „ jours. „ Au refle l'Hépatique eft une Plante fort „ commune, & elle croift par toute l'An- 5j gleterre dans les terrains fablonneux & „ fteriles. Le temps le plus propre pour ,, la cueillir font les mois d'O&obre & de ,. Décembre. On Avril, May et Juin. 1736. 207 On pourroit foupçonner que îa (implicite de ce remède lui a fait tort dans l'efprit de bien des gens qui ne s'imaginent pas qu'un auiîi grand mal que la Rage paille fe gué- rir , ou fe prévenir fi facilement ; car ce n'eft pas manque de connoiftre cette metho- ' de en Angleterre qu'on en a fait li peu d'u- fage, & quoy que Mr. Mead n'enfoit pas l'inventeur , les foins qu'il s'eft donnés pour la rendre publique , & les heureufes expe^ riences qu'il en a faites, font plus capables de la mettre envoguequecequ'onen lit dans les Mémoires Philofophiques ; on trouve à la vérité la même poudre dans la Pharma- copée de Londres fous le nom de PtUvis An- tilyffus , mais il paroit que les Médecins n'y .faifoient pas grande attention. Ce remède n'étoit connu en Angleterre avant 1698 que d'un oncle de Mr. iDampier le voyageur ; celuy cy en parla à Mr. le Chevalier Sloa- ne qui rengagea, après la mort de fon On- cle , à faire part au public d'un fecret fi utile. Mr. Dampier écrivit là deflus à un frere qu'il avoit à la Campagne & qui con- noiffoitla Plante dont leur oncle fefervoit, & la méthode qu'il employoit tant pour les hommes que pour les Beftiaux , pour le prier de lui envoyer un échantillon de cet- te plante , ce un détail de la méthode de leur oncle. La réponfe de ce frere eft im- primée dans les Mémoires Philofophiques de l'année 1698, Nombre 237. Article 3, Toute 208 Bibliothèque Britannique, Toute la différence qu'il y a entre la recep- te de Mr. Dampier & celle du Dr. Mead, efl que celui-cy ne méfie que deux drach- mes de Poivre noir avec demie once d'Hé- patique , au lieu que l'autre veut qu'il y en ait une égale quantité ; outre cela Mr. Dampier donne une moindre dofe du mef- lange, & ne la réitère que deux ou trois fois , & ne fait point mention des bains froids. q® 9P se A K Avril, May et Juin. 1736. 209 ARTICLE IX. NOUVELLES LITTERAIRES. D'O X F'O R D. ON vient de publier ici un Projet pour impri- mer par voie de foufcription une féconde Edi- tion du Livre de fe>j Mr. Cave Chanoine de Wind- for , qui a pour titre , Scrijtorum Ecclejîaflicorum Hiftoria Litteraria; Avec des Additions & des Cor- rections très confiderables. ,, Comme l'on s'attend fans doute , difent les ,, Editeurs dans ce Projet , que nous apprenions 3, au Public ce que c'eft que cette nouvelle Edi- ,, tion , nous dirons que l'Auteur a emploie les 5, douze dernières années de fa vie à revoir avec ,, foin fon Ouvrage,' & à y faire des Corrections j, & des Additions û confiderables qu'elles en font ,, au moins près du tiers. On les imprimera tel- ,, les qu'on les a trouvées , écrites de fa propre ,, main , non pas par voie de fupplément , mais ,, en les inférant dans le Corps de l'Ouvrage , ,, chacune à la place naturelle ; & l'on en ufera de j, même a l'égard du dernier Tome , ou du fup- ,, plément qui avoit déjà paru. Ainfi l'on aura „ cette II ijloire littéraire dans fon entier, & nou- ,, velle à plufieurs égards. Du refte , il fuffit pour j, recommander l'Edition projettée , d'aflurer le pu- ,, blic qu'elle fera faite fur la Copie manufcritede «, cet Ouvrage, que l'Auteur avoit entièrement Tome JrI I. Part. I. O „ finie qio Bibliothèque Britannique, 5, finie & préparée pour l'impreffion peu de tems 3, avant fa mort . ou il avoit inféré de nouveaux 3, Prolégomènes , & qu'il remit en mourant entre 5) les mains de Mylord Reeve , grand Juge du 3, Rofaume , & du Docteur Jones Chanoine de 3 3 JVindfor 5 iès Amis & les Exécuteurs de fon ,3 Teiiament , les priant delà faire imprimer telle ,3 qu'il la laiiToit , & fans y rien changer. 3, Depuis ce tems-la elle a toujours demeuré entre 3, les mains de ces Meilleurs. Divers favans, tant ,3 de ce Païs que des Païs étrangers les ont fouvent yt foliicités de la publier ,* mais pluneurs obftacles 33 étant firvenus , le Public a été jusqu'ici privé ,3 d'un Ouvrage fi utile; ce qui a donné occafion ,, aux Libraires delà la mer d'en faire plufîeurs ,3 Editions imparfaites. On efl charmé de pou- 33 voir enfin rendre juftice au grand mérite de 5J l'Auteur, & fatisfaire a l'impatience des Savans , 3, en publiant cette Hiftoire littéraire par voie de 3, foufeription , aux conditions fuivantes. ,, L'Ouvrage fera imprimé dans l'Imprimerie 3, de cette Univerfité, en deux Volumes in folio y ,3 fur de très beau papier, & en gros caractères, 33 fort nets. Le prix de la foufeription fera d'un 33 fol & demi la feuille ; mais comme on ne fauroit ,3 en fupputer exactement d'avance le nombre des 3, feuilles que contiendra tout l'Ouvrage, les fou- 3, feripteurs paieront une Guinée en fouferivant , 3, & le refte en recevant un Exemplaire complet 33 en feuilles, à proportion du nombre des feuilles. u ,, En faveur de ceux qui fouhaiteront d'avoir „ ce Livre en grand papier , on en imprimera 3, précifernent le nombre qu'on aura fouferit , & „ pas d'avantage , à raifon de deux fols & demi 5, la feuille; & ks fouferipteurs paieront une Gu.- ,3 née Avril, May et Juin. 1735. 2rr -, née & demi en feuferivant , & le refte lors- ,, qu'on leur délivrera un Exemplaire complet en ,, feuilles. <; ,, Pour rendre cette Edition encore plus par- „ faite & plus utile , on y renverra, partout ou ,, cela fera neceilaire , à Fabricius , Oudin , Nburry ,, & aux autres Auteurs qui depuis le DocleurCa- 5, ve ont parlé des mêmes Ecrivains ; l'on dira aufli ,, quelque chefe des dernières Editions des Pères, 5, publiées ici ou ailleurs , & l'on mettra à la fin ,, du fécond Volume les Tables neceflairea pour ,, tout l'Ouvrage." ,, On commencera d'imprimer auflî-tôt qu'on ,, aura un nombre furnfant de fouferiptions , & ,, l'on y travaillera fuis interruption & avec toute 5, la diligence poflible j quelques Membres de cette ,, tJniverfïté s'étant volontairement chargés du 3, foin de la correction " ,, On mettra a la tête du premier Volume les ,7 noms des fouferipteurs , comme étant ceux a 3, qui le Public fera redevable de l'imprefTion ds -, ce favant Ouvrage. On fouferit ici chez les „ Srs. tenfs , Ptisi^y & Fletcber ; ce 3, a Londres, chez les Innys Si. Mû 3, Vaillant & autres. '* DE LONDRES. La nouvelle Traduction de YHiftoire du Concile de Trente , de Fra-Pao'.o , par le P. le Courayer , paroit enfin depuis quelques femaines , fous ce ti- tre^, Hiftoirt c. de Trente', écrite en Italien ra-Paolo S a r p 1 , de l'ordre des Servîtes , cf traduite : François , avec des Notes o? tbeologiquii , par P 1 e r r e O i Fa an- 212 Bibliothèque Britannique, François le Courayer, Docteur en Théo- logie de l'Univerfité d'Oxford, & Chanoine Régulier cf ancien Bibliothécaire de V Abbaye de Ste. Ge1 de Paris. A Londres , de l'Imprimerie de Samuel Idle in Bartholomcxv-Clofe , Et Je délivre chez Paul Vaillant , Libraire dans le Strand. i. vol. in folio. L'impreflîon en eft très belle & très correcte , & ne fait pas moins d'honneur à l'Imprimeur qu'au P. Le Courayer qui s'efl lui même chargé de la cor- rection de fon Ouvrage. On y voit parfaitement bien exécuté le Projet que cet habile homme en publia il y a environ deux ans , & que nous an- nonçâmes dans les Nouvelles Littéraires du To- me III. de cette Bibliothèque. 2. Part. A la tête du premier volume , eft une longue Epitre dedica- toire à la Reine, qui nous apprend que c'eft par l'ordre & fous les aufpices de cette Augufte Prin- ceffe que le P. LeCourayer a entrepris cette Tra- duction. Dans la Préface qui fuit & qui eft d'en- viron 30. pages, ce Père parle au long de l'Hiftoi- re qu'il nous donne fous une nouvelle forme, des diverfes Editions & Traductions qui s'en font fai- tes, & des Ecrits que les EmifTaires de la Cour de Rome ont de tems en tems publiés pour la dé- crier , mais en vain. Apres quoi il rend compte de fon travail, des fecours qu'il a eus , des nou- velles Pièces qu'on lui a communiquées , & de la nature de fes Notes , fur tout de celles qui regar- dent la doctrine , ou fans chercher à plaire ni aux Catholiques ni aux Proteftans , il s'eft: uniquement propofé de dire la vérité & ce qu'il croit le plus propre a faire cefler les difputes , à reconcilier les efprits & à rendre la paix à l'Eglife. Il finit par des reflexions très judicieufes fur la conduite & les Décrets du Concile de Trente , qu'il ne con- damne Avril, May et Juin. 1735. 213 damne pas en tout , mais qu'auffi il eft fort éloigné d'approuver en tout , & fur l'autorité des Conciles en gênerai & l'obligation ou l'on eft de s'y foumettre. Apres la Préface vient un Abrégé de la Vie de Fra-Paolo , tirée en partie de celle que .ce Ton compagnon a publiée, & en partie des Lettres ou des Ouvrages de ce célèbre Auteur. A la fuite de l'Hiftoire du Concile de Trente, on trouve une Relation hiftorique de la réception de ce Conci e, principalement en France ou il a rencontré plus d'obftacles & de difficultés que par- tout ailleurs. On a mis à la Un du fécond volu- me une Table des matières fort ample & fort exacte. Mr. le Do&eur Forbes vient de publier le Projet d'un grand ouvrage qu'il veut faire imprimer par voie de lbufcription , fous ce titre, /f fuit vieil) of tbe Publicl TranfàSions in the Reign of Oueen Elizabetb, Êfc. C'eftadire, les Tranfactions pu- bliques du Règne d'Elizabeth , mifes dans tout leur jour: Ou Relation circonftanciée de toutes les Affaires mémorables de ce Règne , dans une fuite de Lettres & autres Mémoires d'Etat , écrits tant par la Reine elle même ou par fes Miniftres , que par les Princes ou Miniftres étrangers. Le tout tiré de Manufcrits originaux & autentiques qui fe trouvent dans les Archives Roiales , dans la Bibliothèque Cottonienne , & dans d'autres Bi- bliothèques publiques & particulières, tant de la Grande Bretagne que des Pais étrangers. ,, La Reine Elizabeth , dit Mr. Forbes, eft re- ,, prefentée d'une manière fi différente par les dif- ,, férens Auteurs qui en ont parlé, que l'Hiftoire ,, de fon Régne eft prefque toute remplie dedou- „ tes & de conjectures. Tout ce que l'on en con- O 3 ,, noit 2T4 Bibliothèque Britannique, ,, noit avec certitude eft tiré des Lettres ou des ,, Mémoires autentiques des performes qui ont eu ,, part au Gouvernement. Mais jufqu'ici il n*y a a, eu qu'un petit nombre de ces fortes de Pièces ,, qui aient été rendues publiques. Les recher- 3, ches que cette Princeiîe fit fur le meurtre du 3, Roi d'Ecofîe en i ^68 (a); la négociation de 3, fon mariage avec le Duc d1 'Anjou , commencés 3, en 15-71 (&) ; Les affaires qu'elle eut dans les 5, Païs-basen 1 5*87 {c) , & en France pendant les ,, quatre dernières années de fon Règne (i),fbnt 3, les principaux érénemens, à la referve de ceux ,, qui regardent l'Eglife, dont nous aïons quel- 3, que Relation autentique. Pour ce qui cft du 3, Recueil de Rymer ■> il eft extrêmement defec- 5, tueux fur THiftoire de ce Règne- ne renfer- 9, mant prefque que des Pièces qui paroifTent de 3, peu dimportance , comme Lettres patentes , 5, Brevets de penfion , Commifiîons, Difpenfes, s, Lettres de grâce, Lettres de protection , Con- ,, gés d'élire, Préfentations aux Bénéfices, Appro- ,, bâtions d'élections , Reflitutions du revenu 3, temporel des Eglifes, & autres Inftrumens fem- ,, blables qui n'illufrrent pas beaucoup l'Hiftoire 5, d'un Règne ou la Politique a eu tant de part. .,, Ainfi , l'on eft prefque entièrement là-deiîus ,, dans lobfcurité,ou l'on fe perd dans les doutes 3, & les contradictions. " » Je (a) Anà^rÇom Coïïeftions, Recueil &Anclerfcn. Nous en avons rerdu compte dans les journaux prece'dens. (b) The Compleat Ambajfxdor. Le parfait Anibafîàdeux . ou WJfingham. (c) Cabota. (à) Nevil'saTtâ Winâtsoo^i Négociations. Les Nej ï-ons de Kroil & de Winurscod. Avril, May et Juin. 173(5. 215 ,, Je conçois donc que c'eft rendre un grand 1er- 5, vice au Public que de mettre cette Hiftoire dans 5, fon vrai jour, en la tirant des meilleures four- ,, ces: Et c'eft avec un fenfihle plaiiir que j'oie 3, afîurer qu'il refte encore afTez de Matériaux pour „ un û grand Ouvrage. LeSuccefieur d'Elizabetb 5, n'a pas détruit une auflî , grande quantité des ,, Monumens du Règne de cette PrincelTe, qu'un „ Hiftorien moderne fe left imaginé , fonde fur „ ce qu'il n'en avoit trouvé qu'un petit nombre 3, dans le Recueil de R.ymer (e). Les Archives Roia- ,, les renferment plufîeurs milliers de Pièces , dont ,, cet Auteur volumineux n'a pris aucune connoif- ,, fance. J'en ai fait une exacte recherche, je ,, les ai examinées avec beaucoup de foin, &j'aî , , la fatisfacTiion d'y avoir trouvé une fuite û con- ,, fidérable de Mémoires importans, que jointes ,, à celles que j'ai tirées de la Bibliothèque Cotto- „ nienne avant l'incendie qui fallit à la confumer 3, il n'y a pas long-tems , & de divers autres en- 3, droits , elles donneront une ample & jufte idée 3, de prefque tout ce qui s'eftpaffé fous ce Règne ,, mémorable. " ,, Comme toutes ces Pièces font écrites par des ,, perfonnes d'une grande habileté & dont le té- ,, moignage ne fauroit être révoqué en doute , il ,, eft à préfumer qu'on les verra avec plus de plai- ,, fir en entier & telles qu'elles fe trouvent dans ,, les Originaux, que û* elles étoient accommo- ,, dées au goût & aux vues particulières d'un ,, hom- (e) Voi. I'Hiftoire de Mr. De Rzpin. Tom. IL p. \zd.; & fort Extrait des Acte: de Kymer , infère dans la Biblit- ' h Mra Le Ci O * 2i6 Bibliothèque Britannique, jî nom m? qui s'en ferviroit pour écrire des Mé- ., moires, des Annales, ou une Hiftoire. " „ Chaque mot , chaque lettre des Manufcrits », originaux fera confervée dans cet Ouvrage avec 3, la derniers n'delité, & les fîgnatures de chaque „ Pièce feront û bien imittes, qu'on ne pourra P) pas les diftmguer des fîgnaturcs originales. " ,, Cet ouvrage eft actuellement fous la preife, & „ fera imprimé avec toute la diligence poiïible fur 3, de beau papier, avec un caractère neuf & les j, ornemens convenables. " ,, Le prix de la foufeription eft de deux Guï- 5, nées pour le premier & le fécond Tome in folio , ,, petit papier , lefquels contiendront 25-0 feuil- „ les; & trois Guinées pour le grand papier. cc ,, Les fouferiptions fe reçoivent par l'Editeur, „ demeurant dans Bennet-ftreet , Weftminfter , & ,, par plusieurs Seigneurs «Se Gentilshommes qui ?, ont la bonté de s'intereiTer pour un Ouvrage iî 3, utile au Public. " A en juger par ce Programme, par la qualité des perfonnes qui ont déjà fouferit & les fommes qu'ils ont fouferit , & par le témoignage avanta- geux que plufieurs focietés favantes d'EcoJje ( l'Au- teur étant Ecoljois ) qui ont vu & examiné le Ma- nuferit, rendent à cet Ouvrage, on ne peut dou- ter que ce ne foit ici une Collection très impor- tante & très digne de voir le jour. On trouve à la tête des fouferipteurs dont on a joint une Lille a ce Programme, le Roi, le Prince de Gal- les, le DucdeCumberland; enfui te dix Seigneurs ou Gentils-hommes qui ont fouferit cin- quante Guinées chacun, entre autres le Chevalier Walpoley & l'Orateur de la Chambre des Commu- nes. Ln Convention des Bourgs Roiaux d'EcoJJe a Avril, May et Juin. 1736. 217 afoufcnt pareille fomme , de même que l'Univer- ftté de Gtajcow, l'Univerfité, la Faculté des Avo- cats , &le Collège Roial des Médecins à'E A la fuite de cette Lille, Mr. Forbes a fait impri- mer les témoignages de ces divers Corps , figncs de leurs principaux Membres. Nous nous con- tenterons de traduire celui del'Univerfite d'Edita- bourg.j qui eft un des moins longs. ,, Ce jourd'hui Jaques Smitby premier Profef- „ leur en Théologie & Recteur de l' Université , ,, Jean Gowdie Profeflfeur en Théologie, Matthieu ,, Crauford ProfelTeur en Théologie & en Hiftoire ,, Ecclefiaftique , Robert Stewart Profefteur en Phy- ,, fique , & Charles Macky Profefteur en Hiftoire ,, Civile , qui dans une Affemblée précédente ,, avoient été députés pour voir le Do&eur Patnck „ Forbes au fujet du deflein qu'il a de publier, Les „ TranfaEtions publiques du Régne d' Elisabeth , mi- „ Je s dans tout leur jour fcfV, nous ont rapporté „ que s'étant entretenus avec lui, aiant vu tout ,, le plan & le contenu de Ton Ouvrage, & en „ aiant examiné un morceau qui renferme un dé- „ tail de quelques Affaires particulières & impor- ,j tantes, ils font d'opinion que c'eft-la une en- ,, treprife également grande & utile, un Ouvrage „ qui fera fort inftructif , fort digne de la curio- ,, fite du Public , fur tout de ceux qui lé mêlent ,, de Politique, & qui doit faire d'autant plus de „ plaifîr a nos Compatriotes en particulier, qu'il „ contiendra un grand nombre de Pièces propres ,, a éclaircir l'Hiftoire d'heofle fur quelques uns 5, des faits les plus embarafles & les plus conteftés. ,, Ils croient auffi que quand cet Ouvrage fera fi- „ ni, félon le plan & les échantillons qu'ils en „ ont vus & où tout eft autentique & au deffus Of „ de 2i8 Bibliothèque Britannique, 5, de toute exception , il répandra plus de lumié- 3, re fur le glorieux Règne à'Eiizabeth , & £ur „ THilloire de l'Europe pendant ce règne, que ,, tout ce qu'on a jufqu'ici publié fur ce fujet. Én- „ fin ils font perfuadés que s'agiifant d'un Recueil 3, qui n'a pu fe faire qu'à grands fraix & avec „ une peine prefque incroiable , & qui requiert 3, encore des fommes considérables pour le pu- 3, blier , l'Editeur mérite d'être encouragé de ma- 5, niére qu'il puifîe être non feulement rembourfé 33 de fes fraix, mais même recompenfé, du moins 3, en partie > de fon extrême diligence & de fa 3, grande capacité. " 3, L'AfTemblée aiant ouï ce rapport , a unani- 3, nement refolu de donner tout l'encouragement 3, pofiîble à Mr. le Docteur Forbes , & recomman- 3, de fortement fon Ouvrage à tous ceux qui ont 3, quelque zèle pour la vérité & pour le Bien 3, public. Signé au nom & par l'ordre de VU- 3, niverfité 5 Ja. Smith Pro. Prlr.i. A Edimbourg le 18. Janvier i73f. A Toccafîon de ce Programme , Mr. Defilhouet- îe vient de publier une Bouchure fous ce titre. Lettre fur les TranfaBions publiques du Règne d'E- lizabetb : Contenant plufieurs Anecdotes , £? quelques Réflexions critiques fur Mr. Rapin , relativement à l'Hiftoire de ce Règne, in 12. pagg. 133. Le titre porte que cette Lettre eft imprimée à Amfterdam chez jf. F. Bernard: Mais nous favons de bonne part qu'elle a été imprimée ici aux dépends de l'Auteur. Après avoir traduit à fa manière le Pro- gramme de Mr. Forbes & les témoignages avanta- geux Avril, May et Juin. 1735. 219 geux qu'on a rendus à Ton Ouvrage, l'Auteur dit qu'un ami lui aiant procuré la connoiiïance de cet hrtbile homme, il a eu le plaifir de voir Ton Ma- nufcrit & la liberté d'en extraire une Pièce qui re- garde une Confpiration formée contre la vie à'E- \* , dent on aceufoit l'Ambafladeur de Fran- ce d'être l'Auteur. Mr. De Rapin l'a foutenu après Combien & d'autres, mais fi l'on en croit Mr. 1 : ■> cet Hiftorien n'a pas exacte- ment fuivi - fur ce fait , & Cambden l'a en- core plus mal rapporté. C'eft ce qu'il prétend prouver en oppolant à ce qu'ils en ont dit la Pièce en queftion , qui eft un Mémoire écrit de la pro- pre main de Mylord Burleigb Grand Threforier d'Angleterre fur ce qui s'étoit paile au fujet ce cette Confpiration , entre lui, quelques autres Mi- nières d'Etat , & l'Ambafladeur de France. 11 prend de la occafion de cenfurer d'un ton aigre Mr. De Rapin , foutenant que fon Hiftoire du Règne à'Eiizabetb , eft très fautive, & qu'il fie femble point qu'il ait eu un génie particulier pour écrire V Hiftoire , ni les qualités agréables qui font trouver dans un Ouvrage le plaifir joint à finftruc- tion. C'eft encore beaucoup qu'il lui accorde du bon feus : A l'entendre, . d'écrire eft des plus communes ; & fi fon Hiftoire lui a aquis quel- que réputation , il n'en . qu'a Vav i qu'il a eu d'avoir des fecours qui ceux qui l'ont pré- cède n'ont point eus; car du refre, il n'efi pas exemt de préjuges , ni même de partialité , encore moins d'ignorance £f de meprtfe ; & quelquefois la mau- len de fon ftile jette fur ce qu'il dit , qui en fait méprendre ou erri- r. Nous laifibns au Public à juger fi Mr. D-: Rapin mérite cette Cenfure. 220 BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, Noon, Ford & Gray ont nouvellement impri- mé, A View of Poperyy &c. c'eft- a-dire, Exa- men du Papirme tel qu'on le trouve dans la Con- feffion de foy du Pape Pie IV. Contenant une Ré- ponfe a ce qu'il y a de plus eflentiel dans le Livre intitulé, La, ProfeJJion de la Eoy G , &è. dont on Ce fert aujourd'hui dans l'Eglife Romaine pour la réception des Nouveaux Convertis. On y a joint un Appendix touchant les Indulgences pour les pèches a venir,' & en particulier touchant un pardon gênerai pour 26000 ans & 16 jours , & une Difpenfe accordée aux Rois & aux Reines de France pour rompre leurs fermens & leurs engage- mens les plus folemnels. Par Jojepb Burrougl r. in ù'. Il paroit tous lesjours quelque nouvelle Brochure pour ou contre le Livre de Mr. l'Evèque de chefter, intitulé A Plain Account, &c. Explication claire & fimple de la Nature & du But du Sacre- ment de la Ste. Cène. En voici une anonyme ou ce Prélat n'eft pas épargné , Cbriftian Exceptions ta the Plain Account , &c. Objections Chrétiennes contre un Ecrit qui a pour titre Explication claire & JimpU (je. A quoi l'on a joint une Méthode pro- pre à découvrir la véritable idée qu'on doit atta- cher, & qu'on attschoit dans les tems Apoftoli- ques a ce St. Sacrement. Chez 'J. Nourfe, a l'En- feigne de l'Agneau, proche Temple-Barr, in 8. pp. J3. fans la Préface qui en occupe 16. Dans cet- te Préface , l'Auteur accufe formellement l'Evè- que d'avoir eu pour but dans Ton Livre de favori- fer & de répandre le focinianifme , & de s'être fervi pour en venir à bout de voies indirectes & contraires à la candeur. Pour prouver la premiè- re partie ce cette accufation, il compare la doctri- ne de ce Prélat avec celle de Socin & de les àiici- Avril, May et Juin. 173(5. 221 pies, & fait voir qu'il eft allé auiïï loin, & même plus loin qu'eux fur le tujet dont il s'agit , n'envi- iageant la mort de Jésus Christ que comme' une confirmation de la vérité de fon Évangile & un exemple illufîre de vertu, n'attribuant aucune ce directe ni indirecte au Sacrement de la Cè- ne , & foutenant que pour y participer dignement , il fufKt de fe rappeller la mémoire de notre Sau- veur, quelle que foit , d'ailleurs , la difpofition où l'on fe trouve. Pour ce qui eir du manque de fîn- cerité, l'Anonyme croit le trouver dans la maniè- re, infidèle félon lui, dont Mr. de JVinebtfier ci- te ou expofe plufieurs partages des Pères , & mê- me de l'Écriture Ste. . d.ms le mépris qu'il tache d'infpirer pour les hommes Apoitoliques , & en particulier pour St. difciple immédiat de S . 7 ; - j & *e premier qui ait écrit après lui , & enfin dans la contradiction palpable qu'il y a entre ce qu'il enfeigne & ce qu'il s'eil engagé d'enfei- gner par les fignatures, îes déclarations & les pro- menés les plus folemnelles. Bien-tot après la Publication de cette Brochu- re , il en a paru une autre aufli anonyme fous ce titre. ' :fîbe Lord's Supper confidered y c'efl: adiré, Réflexions fur le Sacrement de la Ste. Cène ; ou Comparaison de la conduite & de la doc- trine de l'Eveque de L avec la conduite & la doctrine de l'Eveque de r. On y a joint une Apoftille au fujet d'une Brochure intitulée. tiennes contre V Explication claire ef fimple , &c. chez J. Roberts in Oït.vv. C'eit un parallèle odieux entre deux Prélats dont les principes en matière de dodriue & de difcipline ibnt extrêmement différent; pardlele qui n'a pour but que d'élever le iecond aux dépends du premier. Mr. 222 Bibliothèque Britannique, Mr. le Doctr. Warren un des Antagoniftes ou- verts de Mr. l'Eveque de Winchejler , vient de pu- blier la féconde Partie de fa Réponfe au Livre de ce Prélat. C'eft une Brochure in 8. ou il y a plus d'aigreur que de folidite , quelque bonne que puif- fe être la caufe qu'il a entrepris de défendre. Cette Brochure n'a pas demeuré long-tems fans réponfe ; car il en paroit une autre depuis peu de jours fous ce titre , Remarks on Part. IL &c. C'eft - a-dire Remarques far la féconde Partie de la Répon- fe du Dr. Warren à un Livre intitulé , V explication claire & fimple oj'c. Par Philaletbes Suffoîcienfis , Au- teur des Remarques fur la I. Partie de cette Ré- ponfe. Chez. J. Roberts. 8. Le même Libraire a nouvellement imprimé , Notes on An Anjwer to a late Phamphlet intitled , £?c. c'eft-à-dire. Remarques fur une Réponfe à une Brochure publiée depuis peu fous ce titre , Examen du Plan qu'on donne du Pouvoir Ecclefiafti- que dans le Code du Droit Ecclefiaflique d' Angleterre &c. En forme de Lettre adreffée à l'Auteur de cet- te Réponfe : Par un Etudiant en Droit du Tem- ple in 8. Cette Difpute,non plus que la précé- dente, n'eftpas encore prête à finir. Il vient de paroitre un gros Livre in fol. fous ce titre, Differtationes & Conjeîiurce in Librum Jo- bi. Auctore S. ÏVefîsy , A. M. Typis G. Bowyer. Nous tn parlerons plus amplement une autre fois. Bibliotheca Topographie a Anglicana : Or a neiv and complet Catalogue &c. C'eft- à dire Bibliothè- que Topographique d'Angleterre : Ou nouveau Catalogue complet de tous les Livres qui ont rap- port à l'antiquité , la defeription & l'Hiftoire na- turelle de l'Angleterre, de fes Comtés, Villes, Sic. jufqu'à la préfente année 1736. Où l'on rend comp- te Avril, May et Juin. 1736. 223 te de leurs diverfes Editions , de leurs dates & de leur prix , & en quoi ils différent. Chez *. Wor- ral-i grofle Brochure in 12. Mr. Samuel Chandler nous a donné depuis peu une Hiftoire générale de la Perfecution en quatre Parties, dont lai. traite delà Perfecution parmi les Payens, la 2. de la Perfecution fous les Empereurs Chrétiens , la 3. de la Perfecution fous le Papif- me & l'Inquifition, & la 4. de la Perfecution par- mi les Proteftans eux mêmes. Chez J. Gray. in 8. La 3. de ces Parties n'eft qu'un Extrait de Y Hif- toire de l'Inquifition de Limborcb dont M. Chandler donna une Traduction il n'y a pas long-tems, & dont nous avons rendu compte dans cette Biblio- thèque Britannique. Ceux qui connoiffent fes prin- cipes & fon tour d'efprit devineront aifément ce qu'on doit s'attendre a trouver dans cet Ouvrage. J. Cor. vient de publier une féconde Edition du Diaionarium Britannicum de Mr. Bailey>in fol. avec des Additions & des Corrections considéra- bles. C'eft le Dictionairedes Arts & des feiences le plus complet qu'on ait en Anglois , après celui du Dr. Harris , dont nous avons parlé dans les Nou- velles Littéraires du Journal précèdent. Le même , Mr. Bailey a aufîï tout nouvellement publié un Diclionaire Domeftique afTez étendu. C'eft un gros vol. in 8. Voici un Livre qui nous eft tombé par hazard entre les mains, & dont nous ne parlons que par- ce qu'il a été imprimé à Bofton dans la Nouvelle An- gleterre. A Treatife againft Detra&ion gV. c'eft à dire, Traité contre la Médifance, en dix feclions Par /Mr. André Le Mercier Miniftre de l'Eglife françoife de Bofton. A Bofton, chez Daniel Hsnchman j-33. 1» 8. pp. 303. Ce 224 Bibliothèque Britannique, Ce n'eft pas que cet Ouvrage en lui même ne foit bon , & que l'Auteur n'ait dit fur le fujet à peu près tout qu'on peut dire de meilleur. Mais c'eft une matière rebattue, qui n'eft guère propre à re-eiller la curiofité des Lecteurs. 11 paroit depuis quelques femaines une Réfuta- tion du fécond Volume de l'Hiftoire des Puritains dvi Mr. Neal) fous ce titre, An impartial Exami- : o the fécond volume , &c. c'eft à dire, Exa- men impartia1 du fécond Voiume de YHijloire des Purii : r. I :.. X:\il. Ou l'on prouve que les réflexions de cet Auteur fur'es Rois Ja chue s I. & Charles II. iont fans fondement; l'on montre clairement qu'il a mal reprcfenté a deiTein la conduite des Prélats de ce tems la,- & Ton rele- vé le grand nombre de fautes qu'il a commifesdans ce qui regarde l'Hiftoire, & l'infidélité avec la- quelle il a rapporté fes autorités. Par Zacharie G>;y Miniftre & Docteur en Droit. Chez Gêfling , ourne. in 8. Nous rendrons comp- te de ce Livre lorfque nous donnerons la fuite de l'Hiftoire de Mr. Neal. Mr. Grey vient aufli de nous donner, An Exa- mination. &c. c'eft a dire, Examen du i^.. Cha- pitre des Remarques de Mr. le Chevalier Newton fur les Prophéties de Daniel, Chez J. Roberts. C'eft une Brochure in 8. Un Anonvme a publié , A ^Indication of the Hif tory of the Septuagint , [yc. c'eft à dire , Defenfe de l'Hiftoire des Sentante contre ce qu'en ont écrit les Savans Scaliger , Dupin? le Dr. Hody, le Dr, P rideaux j & autres Critiques modernes. Chez T. JVocthjuard. in 8. Thomas Osborne a rimprimé en un Vol. in folio Les Bibliothèques hiitoriques d'Angleterre d'Ecoife & Avril, May et Juin. 1735. 225 & cï'Irlande par feu Mr. Guillaume Nicholfon Ëvê- que de Carlifle. C'eft un excellent Ouvrage , dont Mi\ De la Chapelle a donné un Extrait dans la z. Part, du Tom. XIV. de fa Bibliothèque Angloife. Mr. Vincent Perronnet , Maître es Arts , vient de publier A ^indication of Mr. Locke , £?c. c'eft à dire Apologie de Mr. Locke , où on le défend contre l'accufation de favorifer le Pyrrhonifme & l'Incrédulité, & contre plufîeurs autres objec- tions & méprifes du favant Auteur du Livre inti- tulé, Les Opérations , C étendue & les bernes de l'En- tendement humain. Chez les Knapton. in 8. Tome VIL Pan. L P Ci CATALOGUS LIBRORUM, Qui proflant, HJGM-COMITUM, Apud PETRUM de HONDT. LIE RI L AT INI. J O. H A r d u i n i Opéra varia , în quibus continentur : I. Undecim Athei Hodier- ni, fcilicec , Janflenius , Martin ,Thomaf- fin, Malebranche , Quefnel , Arnaud , Ni- cole , Pafcal , Deicartes , Le Grand , & Régis. IL Platon expliqué. III. Pfeudo Virgilius ; IV. Pfeudo Hora- tius. V. Numifmata Sasculi Juftinianei ; VIL Antiqua Numifmata Regum Fran- corum ; VIII. Numifmata Sasculi Theo- dofiani. Hagœ-Comitum 1733. cumLVIL Tabulis Numifmatum ; fol. ■ ■ I«iem Liber , Charta Majori. CATALOGUS. IL Cannegieter Differtatio de Brit- ccnburgo , Matribus Brittis , Brittia Pro conio memorata , Herba Britannica, & antiquiflïmis Brittannorum per Galliam ce Gcrmaniam fedibus. Hagœ -Comitum 1735. cum Figuris , Numifmatibus , & In- for iptiouibus. 4. Thésaurus Antiquitatum Sacro Propha- narum, in quo ex Antiquis Grsecis, ac Latinis Scriptoribus quidquid ad nomi- na , ufum , & abufum Oleorum & Un- guentorem ex Sacris habetur Literïs dilucidè explicatur. Hagœ Comitum 172J. pi. Salengre Thefaurus Novus Antiquita- tum Romanarum. Hagœ Comitum 9 %vol. fol. Idem Liber, ChartaMajori. Novum Theatrum Civitatum & Statuum Saiuudia et Pedemontii. Ha- gœ-Comitum 1726. 4 vol. cum fig Cbarta Atlantica. fol. Bibîiotheca Hulsiana, Hagœ - Comitum 1720. 6 vol. 8. f). Curtius de Rébus Alcxandri Magni , cum Supplementis Freinshemii , Conv mentariifque Celîarii , & figuris. Hagœ- Comitum 1727. 2 vol. 8. 6. E. R um p H 1 1 Thefaurus Pifcium Tefta- P 2 cco CATALOGUS. eeorum , ut & Cochlearum ; quibus & âccedunt Conchylia , Conchas , Mine- ralia, Metalla, Lapides, &c. Variis in loris reperta Lugduni-Balavorum 1723. cum 60. figuris , folié. Jo. Jac. Scheuchzeri Herbarium Di- luvianum. Lugduni-Butavorum 1723. foL cum fi g. - — ! Idem Liber, ChartaMajori. Joh. Jac Scheuchzeri Itinerafper Hel- vetiae Alpinas Regiones fafta , annis 1702, 1703, 1704,1705, 1707, 17 10, 17 11, plurimis Tabulis sneis ilîuftrata. Lug- duni-Batœverum 1723. cum 131 figuris. 4 vol. 4. - Idem Liber, ChartaMajori. Di&ionarium Latino-Gallicum. Hagcc-Co:nit. 1730. 8. M E 1 p, o m 1 1 An tiquas Mufics Auétores VII. Grasco Latini , cum ejufdem Traclatu de Fabrîca Triremium , 3 vol. 4. Çohausen Heîmontius Ecftaticus , fîve vifa Medicaminum Poteflas : accedit de Hermetis Aquina Forma Pontica , qua? Elementa diîfolvit. Amfi. 1731. 8. — ; Ejufdem Archeus Febrium Faber <5ç Medici>s. Amjï. 1731. 8.. Ç.atalogus Librorum qui in Thefauris Roma- ho , Grasco , & Siculo contineatur. IM- ix 1725. 8. Ho< CATALOGUA Ho8pitalii, Galliarum Cancellarii 5 Car- mina. Amft. 1732. 8. B r u n 1 g s Compendium Antiquitatum Gra> carum. Francf* 1734. 8. Facetise Facetiarum3 hoc eft, Jocoferiorum Fafciculus 12. Ketten Apellcs Symbolicus , exhibens feriem ampliflimam Symbolorum. Amjï. 2 vol. 8. Suffridus Petrus de Frifîorum An- tiquitate & Origine, ejufdem Tra&atus de icriptoribus Frife, 2 vol. 12. H of m an ni Confultationes & Refponfa Medicinalia. Francf. 1734. 2 vol 4. Idem , fur du Papier Fin. L 1 m n o r c h Theologia Chrifliana : adjunc- ta eft Relatio Hiftorica de Origine & ProgrcfTu Controverfîarum in Fœdera- to Belgio de Prœdeflinatione. Hagce-Co- mitum 1736. fol. LIVRES FRANÇOIS. H Iftoire Métallique des XVII. Provin- dies Pais-Bas, depuis l'Abdication icreur Charles V. iufques à îa P 3 Paix CATALOGUS. Paix de Baden, par Mr. van Loon, Haye 1 736. 5 vol. fol. avec plus de 3000. Médailles. Le même , en grand Papier. Oeuvres d' Architecture , contenant les def- feins tant en Plein qu'en Élévations des principaux & des plus nouveaux Bati- mens , dans le dernier Agrandiflement de la Ville d'Amfterdam , & autres En- droits de ces Provinces , ordonnez par Philippe Vingboons. Haye 1 736. 2 vol. fol. avec 00. Figures. Difcours Hiftoriques , Critiques , Theolo- giques & Moraux, fur les Evenemens les plus mémorables de l'Ancien , & du Nouveau Teftament par feu Mr. S a v-. rin, continuez par Mr. Roques. Haye 1727-^—1730". 4 vol. fol. avec de très belles Figures , Lettres Grifes , Vignettes , & culs de Lampe , gravez fur les Defleins de Mr. Hoet, Hou- BRAKEN, ET PlÇART LE ROMAIN. Papier Médian, — 1 Sur du Papier Roial. Sur du Papier Superroial. ■ Sur du Papier Impérial. Les Tomes 3, 4, 5, 6. des fufdits Difcours in Oftavo, Oeuvres d' Architecture de Vi n c e n t S c a* mozzi, contenues dans fon Idée de l'Architecture Univerfelle , avec les flan. CATALOGUS. Planches Originales : on y a joint plu- fieurs Nouveaux DeflTeins des plus beaux Edifices de Rome , dont l'Auteur parle dans fon Ouvrage. Haye 1736. fig. fol. L'Art de Monter a Cheval, ou Defcription du Manège Moderne dans fa perfection, par Mr. le Baron (I'Eisember g. Haye 1733. avec 60. belles Planches, gravées par Pi c A r t fui — Le même en grand papier. Hiftoire d'Angleterre de Monfr. de Ra- pinThoiras. Haye 1 736. XIII. vol. 4. Ouvrages de 73. belles Figures peintes , def- finées, & gravées par divers Maitres, favoir Carats, Reni, Corre- gio,Callot, GuarciNjVouet, le Pautre,Rembrand vander Meulen, Collaert , & autres foi Magnificence du Roiaume de France , ou l'on voit fes Villes , Maifons de Plai- fance , & autres chofes remarquables ; avec 178. 2 vol. 4. Quinte Curce de la Vie & des Ac- tions d'Alexandre le Grand, de la Tra- duction de Mr. Va u gel as, avec le Supplément de Mr. Freinshemius, de la Traduction de Mr. du Ryer, Latin & François. Haye 1727. 2 vol. 12. n Le même; François fcûl. 12 P 4 U C A T A L O G U S. Le Supplément des Trophées Sacrés & Prophanes du Duché de Braband , par Mr. Butkens, 2 vol. avec des figures fol. Le même en Grand Papier. Le Recueil complet d'Eftampes , qui repre- fentent les Evenemens les plus mémo- rables de l'Ancien & du Nouveau Tef- tament (fans Difcours) gravées fur les Pefleins de Mr. Hoet, Houbra- KEN, ET PiCARTLEROMAIN. fllT du Papier Médian. Sur du Papier Roial. *- Sur du Papier Superroial. : — Sur du Papier Impérial. Le Grand Diftionaire Géographique & Cri- tique de Monfr. Brdzen la Mar- ti nie re, Géographe de Sa Majeflé Catholique. Haye 1736. 10 tom.6 vol. fol. jufques à la Lettre P. incluf. Cartes des Itinéraires & Voyages Modernes qui ont été faits tant par mer que par terre , dans toutes les Parties du Mon- de , particulièrement dans FAfïe , l'A- frique, & l'Amérique, avec 114. Can. 4. Le Nouveau Théâtre du Monde , ou la Geo- graphie Roiale, conrpofée de 51 Nou- velles cartes très exactes, avec une Des- cription Géographique & Hiftorique pies quatre parties de l'Univers , par M:. Gue- CATALOGUS. GUEUDEVILLE ET FERRARIUS. Leide 17 13. Grand Folio. La Géographie Moderne , Naturelle , His- torique & Politique, par Du Bois. Haye 1736. 4 vol, avec des figures 4. Hiftoire de la Conquête de la Floride , par del Soto. Haye 1736. 2 vol. 12. Sentimens des plus habiles Peintres fur la Pratique de la Peinture & de la Sculp- ture , mis en tables de Préceptes , avec r>lufieurs Difcours Académiques , par Mr, Testeun ; avec des Figures fil. Examen du Pyrrhonifme Ancien & Moder- ne , par Mr. de C r o . u s a z. Haye 1 733. Cet Ouvrage eft imprimé fur le même format du Diclionaire & des Oeuvres de B A y L E , dont l'Auteur fait une Criti- que perpétuelle, fol. - . Le même, en Grand Papier. L'Hiftoire du Seizième Siècle, par Monfr. Durand. Haye 1735. $ vol. 12. Bibliothèque Britannique, ou l'Hit toire des Ouvrages des Sçavans de la Grande Bretagne , par une Société cte Gens de Lettres à Londres, K^i734. 13. Parties g. Les Hommes illuûres, qui ont paui ea P cnD LUmrljifc ocgrafceerte i$i\U-- ri- CATALOGUS. ri-peitmngen / ïjet portrait fcatf bcri auteur Doo? Houbraken, Œptel* plaat &an Pic art, ©ignetten ban Den 5elben en ban Wandelaar* en berbère «a^namenten. 3Dem op Cjgoot papier. loemopjmperiaal papier vàn Loons flltoube ïjûUandfcrje Hif« tor*e Dec ftep5eren/ ftoningen/ i£er* togen / en <3iaaben Die ober (jet rijnns genaambe feoilanb Ijet ftoogge5ag Ijebben geboerd. Hagè 1754. 2 deelen, folio 5 met f raije jpigtiren / Penningen/ Sanbftaarten en anberefraajigfjeben. ■ Jbem op <6?ûût papier* 3demop3mperiaal papier. Hfbeelbtngen en 25efcD&ibingen ber $Jldefc bûo?naamjte en ^Iberuieutofte <6e* boutoen in 3lm(ïerbam/ doo? Phil^ Vingboons, fol. met 00 figuren. BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE- O U HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE. Pour les Mois de JUILLET, AOUT et SEPTEMB, M. D C C. XXXVI. TOME SEPTIEME, SECONDE PARTIE, A h A HA TE, Chez PIERRE DE HONDT, M. DCC, XXXVI. Art. I TABLE DES ARTICLES. IL K Emoires Pbilofopbiques de la JVi Société Roïale , pour les Mois de Novembre fip de Décembre 1730. pour Janvier , Fevrer , Marx, A- vril , Ma}; , Juin , ^tti/to , ^o^î & Septembre 1731. Pag. 235 1 1. Mr. G u 1 l l. Wa rburton in C. Velleii Paterculi Hijlorias Emen» dationes. 256 III. Mr. Guill. Giff ard;/w Ôb- fervations fur la GroffeJTe £P V Ac- couchement des Femmes ; publiées par Mr. Hody. 295 I V. Mr. Alex. Sïopford Cat- cott j les Elahim (ou les Dieux Suprêmes & Inférieurs ) fer» mon prononcé devant le Corps de la Bourgeoifie de Brijlol . &c. 304 V. Mr. Serces; 1^ Papifme Enne- mi de V Ecriture. 355 VI. Mr. Pierre Franc. Le Gou- ra y e r ; fa nouvelle Traduction Françoife de l'HiJioire du Concile de Trente de Fra-Paolo, avec fes Notes Critiques s Hijioriques fip Théo» logiques. 382 *2 VIL TABLE DES ARTICLES. VIL Les Traditions des Juifs , avec V Ex- plication des Dogmes des Rabbins contenus dans le Talmud , &c. Tra- duit de V Allemand ; en 2 Volumes. Second Extrait. 408 VIII. Mr. Robert Barker; Mémoi- re touchant un nouveau Micros- cope à réflexion. 428 I X. Mr. Joseph Bertin; Le No- ble Jeu des Echecs , contenant des Rè- gles &f des Inftruàions , à VuJ'age de ceux qui ont déjà quelque connoif- Jante de ce Jeu. 436 X. Nouvelles Littéraires. 447 B 1- $&ik&^&&&&')&&fè&&&fc^fè^fèr$r$ BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE; Pour les Mots de Juillet, Août, et Septembre MDCCXXXVL ARTICLE PREMIER. Philofophical Tranfactions , &c. Mémoires Pbilofopbiques de la Société Royale N°. 4 1 6. pour les mois de Novembre &? de Décem- bre 1730. N°. 417. pour Janvier & Fé- vrier , N'. 418. pour Mars, Avril, £? kay, N°. 41?. poar >/;z fc? Juillet, N°. 420. pow ^ozîf £? Septembre 17; 1. TtmFiLPart.lL Q L< «^6 Bibliothèque Britannique, Le Cahier 416. qui eft le dernier du To- me XXXVI. de ces Mémoires , con- tient les Articles fui vans. Art. I. TJ Elation d'un accouchement Xv contre Nature, ou le Fœtus lortit par Y Anus ; par Mr. Nourfe Chirur- gien affiftant de PHofpital de St. Barthele- mi &c. On verra ce même Cas dans l'ex- trait que nous donnerons du Livre de Mr. Giffard fur les Accouchemens. Art. II. Extrait d'une Lettre de Mr. Guillaume Stevcnfon à Mr. Benj. Hoadly, Docteur en Médecine, & Membre de la So- ciété Royale, contenant le récit d'une Ob- servation d'une Eclypfe Lunaire, faite à la Barbade le 29. Juillet 1729. par le Frère de Air. Stevenfon. Mr. Stevenfon ayant fait pendant plufieurs années des obfervations fur les Eclypfes So- laires & Lunaires , a trouvé , qu'elles arri- voient toujours dix minutes plutôt qu'elles n'auraient du faire fuivant fes Calculs, d'où il conclut que la Barbade eft fi tuée deux degrez & demi plus à l'Oiïeft, qu'on ne la place ordinairement. Art. III. Préparation anatomique des Végétaux, par Mr. Albert Scba, Membre de la Société Royale. Tout le fecret'de Mr. Scba confifle à fé- parer par la putréfaction la pulpe des vé- gétaux de leurs fibres ligneufes, & enfui te à conferver ces fquélettes dans des Efprits : II Juillet, Août et Septemu. 1736. 237 Il enfeigne la manière de préparer de cette forte les feuilles, les fruits, & même les écorccs. Le Fameux Ruyfch faiibit voir aux curieux un grand nombre de ces prépa- rations, & il en a fait graver pluficurs dans fcs Tbrèj '-niques. Art, iV. Relation des effets du îcnner- rrs la Pn l ïarmartheii, com- muée a la Société Royale par Mr. Jean ibre de la Société Royale , au- quel Air. Evair Davies avoit adréfle cette !on. Le 6. Décembre 1729. vers les quatre heu- res après midi il y eut des Tonnerres & des Eclairs fi terribles dans la ParoilTe de Pen- carrey , que tout le voifinage en fut allar- La Femme d'un certain Guillaume Griff. Morgan portant un fceau d'eau à fa maifon , n'eut pas plutôt pafle le feuil d'un paflage étroit qui conduiibit au foyer, qu'elle & trois de les enfans furent jettçz par terre d'un violent coup de Ton- nerre, qui les priva en un infiant de tout fentiment: ils demeurèrent ainfi nageant dans leur fang aflez longtems, jufqu'à ce qu'un voifin vint à leur fecours. La Foudre vint du coté de l'Efl frapper le foyer pro- che des fondemens de la maifon , oc fendit en deux une groiîe pierre, qui avoit envi- ron un pic & demi de large. Une des par- ties de cette pierre lé voit encore, l'autre partie fut brifée en mille pièces, dont les entrèrent dans la chair de ces infor- (^ 2 tunez, 238 Bibliothèque Britannique, tunez, & furent à ce que l'on croit la prin- cipale caufe de leurs blelTures, d'où l'on a tiré plus de vingt & quatre de ces Eclats. La Foudre continua fa route dans l'en- ceinte du Foyer vers le Sud, au travers de la muraille , qu'elle fendit depuis le haut jufques au bas pouffant de leurs places les pierres des fondemens , & fit proche de là perpendiculairement dans la terre un trou profond d'environ trois piez : Tous les uten- îlles de bois qu'il y avoitdans la maifon, les plats, les cuillers, occ.furentdifperfez çà & là , & trouvez quelques jours après dans le jar- din vers le Nord de la maifon , tout fondus ou brifez, La violene du coup tranfporta de leurs places les cloifons , oc une Caiffe plaine de froment. Ces perfonnes, qui avoient été bleffées, fentirent 11 fort pendant plu-- fieurs jours le fouffre & le bitume, qu'à peine pouvoit on les approcher. N'oublions pas de remarquer, qu'en panfant leurs playes on en tira plufieurs Elquilles. Art. V. Lettre de Mr. George Martin, D. M. à Mr. Graine D. M. & Membre de la Société Royale , dans laquelle il lui rend compte de la manière dont on a exécuté à S. André en Ecoffe l'opération de la Bron- chotomie & du fuccès qu'elle a eu. La relation de ce nouvel exemple d'une opération fi utile, & cependant fi rarement employée, ferviroitdu moins à encourager les médecins timides , à y avoir recours , quand même Mr. Martin fe feroit contenté Juillet, Août et Septemïï. 1736. 239 de rapporter le fait, & l'heureux fuccès qu'il a eu. Mais outre une hiftoire abré- gée de la Bronchotomie depuis Afclepiades jufques à notre teins, on trouve dans cet- te Lettre quelques obfervations de prati- que , qui rectifient la méthode propoféc par les meilleurs Auteurs; nous croions de- voir en faire part au public. Mr. Martin obferve d'abord que le pa- tient le fentit foulage dans le tems qu'on failbit l'opération, avant même qu'on eut ouvert la Trachère Artère, & qu'on eut introduit la Canule ; ce que notre Auteur attribue au fang qui fe vuida par la playe ; car il croit qu'une petite quantité de fang tirée des vaiiïcaux qui font proches de la partie affectée, caufe une revulfion bien plus confiderable, que fi on en droit une quantité beaucoup plus grande d'une par- tie plus éloignée. La féconde obiervation de notre auteur nous apprend, que les Livres de Chirur- gie ne donnent pas les véritables propor- tions de la Canule qu'on doit employer dans cette Opération: Car on remarque dans celle-cy que les parties &furtout la Glan- de Thyroïde s'enflèrent fi fort, qu'il fallut une Canule de plus d'un pouce de long pour pénétrer dans la Trachère Artère, aulieu que Mr. Garangcot ne lui donne que fix Lignes. Ehfi fartin propofe de faire deux Canules dont l'une entre dans l'autre, afin Q3 *> 240 Bibliothèque Britannique, de pouvoir retirer & remettre l'intérieure ' >rs qu'il ed nécefl :her la Canu'e , ce qui arrive ibu- vent, car avec l'air qui fort des pou; . Canule il monte ces vapeurs g tes , . bïenfc la Relpiration du patient, i refte h lade dont parte . in fut biencôt guéri, la en peu de jours; e la panfa qu'avec une te imbibée d . nuoit à chaq :de jours en irs. Art. VI. Diverf Agro- nomiques fartes à m i 72 ce envoyées au K a bone, 'jeiuite, lequel les a cornu ro Sarmante Do . en Médecine , ce Membre de la Société Royale. Cec Arc; :1e efi en Latin. Art. VIL Extrait des Nova Literaria Phifico-Medica curiofa,contenantla Defcrip- tion du Cernis Péri , qui fleurit à remberg en l'année 1730; co Mr. le Chevalier Sloane par Mr. Jean G . Steigertàhl Profeffeur au Collège Ru Hannover, Membre de la Société Ro cec. traduit du ; ir Mr. T. Docteur en Médecine. Ce ( res pour le Tome XXXVI. de ces Le Juillet, Août et Septemr. 173/5. 241 Le Cahier 417. qui eft le premier du To- me XXXVII. contient les Articles fuivans. Art. I. Catalogue des cinquante Plantes îréfentées à la Société Royale par là Com- pagnie des Apothicaires pour l'année 1731. rai- Mr. Ilaac Rand, Apothicaire ce Mem- bre de la Société Royale. Art. IL Defcription de la Machine qui et. au Pont de Londres , & qui fert à éle- ver les eaux de la Tamife pour les diitri- bier dans la Ville ; par Mr. IL Beighton, Membre de la Société Royale. *.rt. III. Lettre de Mr. Heifler à Mr. de Thom Envoyé du Duc de Brunfwic à la Coir d'Angleterre, ou il rapporte l'hiiloire d'un? Pierre de la veflîe, qui s'eft caflee d'elle même, & eft fortie par l'Urètre. Ce fait extraordinaire eit arrivé proche de Màriendal. L'Homme qui a eu un bon- heur fi peu commun étoit âgé de plus de foixarte ans ; il a été tourmenté de la Gra- velle pendant plufieurs années ; environ s avoir fenti tous les iympto- mes les plus fâcheux, qui accompagnent la Pierre, il lentit en 1728. en urinant une on, des efforts ce des mouvemens comme s'il fe cafibit des pierres dans fa Velle; & en effet il en rendit bientôt di- vers morceaux, qui continuèrent a fortir durant plufieurs jours , après quoy il fe trou- titierement délivré de fon mal, & a joui dj.inc parfaite fan té. t. IV. Lettre de Mr. Guillaume Der- Q 4 haiti G4* Bibliothèque Britannique, ham Docteur en Théologie, Chanoine de Windfor , ce Membre de la Société Royale à Mr. le Chevalier Sioane touchant la forte gelée du mois de Janvier 173]. Art. V. Lettre de Mr. Etienne Gray à Mr. Cromwell Mortimer Docteur en Mede^ cine & Secrétaire de la Société Royale | contenant plufieurs expériences fur l'klec- tricité. On peut voir une Traduction de cet .Ar- ticle dans le Journal Literaire, Tome XIX. 1. Partie p 183. & fuiv. Art. VI. Curvarum Hyperbolicarum œaiar tionibus trium nominum uîcmnque definitarum Quadratura generaV.s duplici Tbeoremate eû'ibi- ta a Dno. Samuele KligenlTierna PwfeJJ. DigniJJ. Math, in Acad. Upfal>.& R. S. S. coiivuiinicante Dno. Jacobo Sterling ejifdem etiam Soc'eîaûs doctijj. S. Art. VII. Relation d'un cas trèi rare d'une Plica Polonica, par Mr. Abraham Va- terus, Docteur en Médecine, ècProfelTeur en Anatomie à Wittemberg, & Membre de la Société Royale ; communiquée à la So- ciété Royale par Mr. Conrad Springell, D. M. & Membre de la Société Royale. Art. VIII. Extrait d'une Lettre du mè- ne Mr. Springell à Mr. Mortimer en lui envoyant la Relation précédente, avec un Article tiré des Actes de Breflaw & traduit de l'Allemand en Anglois par Mr. Mortimer Docteur en Médecine & Secrétaire de la Société Royale. ArTc Juillet, Août et Septemp. 1736. 243 Art. IX. Relation d'un mouvement ex- traordinaire de l'Aiguille aimantée qui dura pendant quelque tems au retour d'un voya- ge de Maryland par le Capitaine Gaul- tier Hoxton , communiqué par Lettre à Mr. David Papillon, Membre de la Société Royale. „ Le 2 Septembre 1724, dit Mr. Hox- „ ton , un peu après midi , étant dans la „ Latitude de 410. 10. N. & la différence „ de la Longitude du Cap Henry dans la „ Virginie environ 280, 00. E. le tems étant „ clair, le vent modéré, la mer unie, mon „ Contrcmaitre, qui étoit fur le Tillac,me „ vint avertir, que la Bouffole étoit fi agi- „ tee, qu'il lui étoit impolTible de s'y ré- „ glcr pour gouverner le VaifTeau. Sur- „ quoy je montois moy même fui le Til- „ lac ;" ce après avoir éprouvé la BoiuTole „ en divers endroits du VaifTeau, je trou- ,, vay qu'elle avoit partout la même agita- „ tion. Je me fis apporter toutes mesBouf- „ foies, ce les mis en differens endroits du „ VaifTeau, auiii loin de tout ce qu'il y avoit „ de fer, qu'il étoit pofTible; mais "je fus „ bien furpris de voir qu'elles avoient tou- ,, tes la même agitation, de forte que nous ,, ne pouvions régler la route .-du VaifTeau ,, fur aucune. Je touchay alors de nouveau „ quelques unes des Aiguilles avec un Ai- ,, mant, que j'ay toujours avec moy ; & de ,v peur nue l'Aimant n'eut enfuite quelque et fur elles je le fis mettre au bout du Q 5 Beaupré: 244 Bibliothèque Britannique, „ Beaupré: Mais je ne m'apperceus point, „ qu'il fut d'aucune utilité d'avoir touché „ de nouveau ces Aiguilles , car elles con- 53 tinuérent toutes à être agitées fort vite „ durant environ une heure , après que je „ fus venu fur le Tillac. Enfuite elles re- „ prirent toutes tout d'un coup leur direc- „ tion ordinaire. Durant tout le tems de „ leur agitation le Vaifleau n'avoit que peu „ de mouvement. N°. 413. Art. I. Relation d'une Aurore Boréale obfervée dans la Nouvelle Angle- terre le 22 Octobre 1730 , par Mr. Ifaac Greenwood ProfeiTeur en Mathématiques à Cambrige dans la Nouvelle Angleterre; communiqué par Lettre à feu Mr. Rutty , cy-devant Secrétaire de la Société Royale. 'Art. II. Relation de la même Aurore Boréale obfervée par Mr. Richard Lewis ; communiquée par Lettre à Mr. Pierre Col- linfon , Dotteur en Médecine , & Membre de la Société Royale. Art. III. Table nouvelle & exacte dref- fée fur plufieurs obfervations faites depuis l'an 172 1 juiqu'à l'an 1729 dans neuf voya- ges à la Baye de Lludfon dans l'Amérique Septentrionale, par le Capitaine C. Middle- ton; Gti l'on voit les variations de l'Aiguil- le aimantée, drivant les différentes Longi- tudes & Latitudes, comptant la Latitude de- puis le Méridien de Londres : Communi- quée par Mr. Benjo Robins, Membre de la Société Royale. Art. Juillet, Août et Septemb. 1736. 245 Art. IV. Obfervations far le Tems fui- tes dans un Voyage à la Baye de Hudfon en ée 1730; par le même Mr. Middleton, & communiquées par Mr. Robins. i , V. Lettre de I I \ Triewald Direc- s en Suéde , & Membre Sue- 1 Mr. le Chevalier Sloane Piéfider la Société Royale, &c. Touchant un Phé- nomène tout à fait extraordinaire; favoir, que l'eau d'une bouteille s'e't gelée pref- qu'en un Inftant;avec la Relation d'une ex- périence faitefur des Tulipes & ui* d' atres Pîantes Bulbeufes, par où il paroit que ces Qtès fleuriflent beaucoup tôt , lors qu'on pofe leurs bulbes ou oignons fur des bouteilles remplies d'eau , que iors qu'on les plante dans la terre. Voici le Phénomène extraordinaire dont il s'ag cet Article. Le 25 Décembre 1729. Mr. Triewald voulut montrer à quel- ques .perfonnes l'expérience des j de verre, qu'on fait monter & def- cendre dans une bon 2 d'eau & couverte d'un qu'il eut preffé laveflîe, l'eau qui auparavant éioit dans fo: jidité m. gela entièrement en un in wald n'entreprend pa • la caufe d'un Phénomène ne :, dont il . qu'il n'eft pas tifon. /- L'Expérience c" me article ei n'aie 24-6 BlKLIOTHEQUE BRITANNIQUE, n'ait peut-être plus la grâce de la nouveau- té, nous croyons cependant faire plaifir à plufieurs de nos Lecteurs en la rapportant ici. Au mois de Septembre 1729 Mr. Trie- wald pofa quelques oignons de Tulipes ce d'autres fleurs fur des phioles remplies d'eau , dans chacune defquelies il avoit mis deux grains de falpêtre. Il tenoit ces Phioles tantôt fur une planche dans fon Cabinet, & tantôt fur la Fenêtre : au bout de quinze jours il s'apperçût que ces oignons pouf- foient des racines : vers la fin de Novembre ils commencèrent à pouffer des feuilles , & en Janvier toutes ces Plantes fleurirent aufii bien que fi elles euiTent été plantées dans la Terre. Mr. Triewald ajoute, que quoyque ces Expériences ne fembîent propre qu'à réjouir la vue , il croit pourtant qu'elles peuvent fournir quelques lumières fur l'ori- gine de la Sève dans les Plantes ; furquoy il a déjà, dit il, fait quelques expériences, dont il promet de rendre compte après les avoir examinées de nouveau. Art. V I. Mr. Miller Membre de la So- ciété Royale , & Directeur du Jardin des Apothicaires à Chelfea, à réitéré ces Expé- riences , &il rend compte de fes Obfervations dans cet Article VI. ïl croyoit d'abord qu'en mettant un peu de JLcrre dans l'eau des Phioles cela feroit fleurir les Plantes plutôt, & leur feroit produire de plus bel- les fleurs; mais il trouva que les oignons, qui étoient fur les Phioles où il y avoit de Juillet, Août et Septemb. 1736. 247 la Terre, furent beaucoup plus tardifs que les autres: il remarqua aufii que l'eau qui étoit dans les bouteilles où il y avoit de la terre , ne fe dîffipoit pas la moitié û vite , que celle des phioles ou il n'y avoit point de terre, ce qui venoit, à ce qu'il croit, de ce que la matière terreftre fe mêlant avec l'eau, la rendoit épaiffe , moins pro- pre à être attirée par les plantes ou évapo- rée par la chaleur. Un mois après que les oignons eurent été polez fur les Phioles , ils commencèrent à pouffer des fibres dans l'eau , mais ils ne pouffèrent des feuilles que lors qu'ils eurent prefque entièrement achevé de pouffer de nouvelles fibres. Les Tulipes & les Nar- ciffes font beaucoup plus tardives que les Hyacinthes , de forte que fi l'on veut que toutes ces plantes fleuriflent en même tems, il faut mettre les oignons de ces premières fleurs fur les phioles fix femaines ou deux mois avant qu'on y mette ceux des Hyacin- thes. Par ce moyen ceux qui n'ont "point de jardin peuvent s'en faire un artificiel dans leur cabinet où ces fleurs croîtront très bien , pourvu qu'elles ne foient pas tenues trop chaudement , & qu'elles aient affez d'air : mais il faut prendre tous les ans de nouveaux oignons ; il efl vray que les Hya- cinthes fteunflent bien deux années de fui- te; mais les fleurs font ordinairement fort chétives la féconde année. A r t. VI I. Lettre de Mr. Madckn, Doc- teur 248 Bibliothèque Britannique, teur en Médecine à Dublin à Mr. Mortimer Secrétaire de la Société Royale. Un Accident aullî trifte 'qu'imprévu fait le ïirjet de cette Lettre: On n'auroit jamais feupçoimé , que l'eau diftillée des feuilles du Laurier-cerife fut un poifon des plus ■as & des plus prompts. Cependant au mois de Septembre 1728 deux femmes mou- rurent à Dtiblm pour en avoir bû environ deux onces chacune : leur mort ne fut pré- cédée , ni de vomiflemens ni de convuî- fions. Comme il ne fût pas permis d'ouvrir leurs corps peur les examiner, on a taché de tirer quelques lumières fur la nature & les effets de ce poifon en failant plufieurs expériences fur des chiens. Tous ceux qui ont allez pris de cette eau de laurier- cerife pour en mourir ont été ouverts & examinez avec foin, & les mêmes fympto- mes fe font prefentez : La furface interne de Feftomac étoit couverte d'écume , mais du relie fa couleur , fon odeur & fa confif- tence étoient les mômes qu'en fanté; le dedans de l'Eftomac n'étoit point enflammé , & il ne paroiflbit aucun changement au ve- louté de ce vifcére. Les Veines de FEftomac , la Mefaraïque & la Peine Cave étoient gonflées de fang ; les Artères au contraire étoient extrêmement vuides ; le Foye ni la Vefîcule du fiel n'é- toient changez en rien; Les Reins étoient plus remplis de fang qu'eà l'ordinaire, & pa- foiffoient d'un bleu foncé ; en faifant une inci- Juillet, Août et Septemd. 1736. 24$ incifion dans un de ces Reins, le Sang en ibrtit en plus grande abondance & plus flui- de que de coutume : le cœur & le cerveau étoient dans leur état naturel. La même eau injeclée par Y anus ta produit les mêmes effets avant & après la mort de l'animal, que celle qu'on a fait avalier kK d'autres. Une forte décoction des feuilles du même Arbre, & leur fuc exprimé n'ont pas moins de malignité que l'eau diftillée ; ce qui prouve clairement que c'eft dans la plante même que refide cette pernicieule qualité. Les mêmes expériences ont été répétées en Angleterre , avec le même fuCcès ; on en trouve la relation dans l'Article III. du Cahier 420 de ces Mémoires. N°. 419. Art. I. Mr. Mortimer Secré- taire de la Société Royale expofe dans cet Article les Principes que Mr. Jaques Chrif- tophle le Blon établit pour imprimer en imitation de la Peinture & pour tilTer des Tapifleries de la même manière que des Brocards. Mr. Le Blon voulant fixer la véritable harmonie des Couleurs dans la Peinture trouva , que tous les objets vifibîes pou- voient être reprefentez par les trois cou- leurs primitives le Rouge, le Jaune, & le Bleu; car du mélange de ces trois couleurs on peut compofer toutes les autres & mê- me le Noir, C'eft à Mr. Newton que l'on doit la découverte des différentes couleurs cou- 250 Bibliothèque Britannique , contenues dans les Rayons du Soleil, les- quelles étant toutes réunies forment le Blanc. Mr. Le Blon appelle les trois Couleurs primitives contenues dans les Rayons du Soleil Couleurs impalpables ; & les trois Cou- leurs primitives dont on fe fert dans la Peinture , Couleurs matérielles : L'union de ces trois dernières produit le Noir^ ou une couleur fombre & obfcure : Il croit que ce- la vient de ce que les particules qui com- pofent ces trois couleurs font opaques & non pas tranfparentes ; car elles ne réflé- chirent que certains rayons qui tombent fur leurs furfaces ; de forte que lors que ces particules font placées fi proches les unes des autres, & font en même tems fi peti- tes , que l'œil ne fauroit les diftinguer les unes des autres, on ne difeerne point la couleur de chaque atome particulier, on apperçoit feulement un mélange des rayons refléchis de toutes les parties qui le joi- gnent: ainfi le rouge & le jaune produifent la couleur d'Orange, le jaune & le bleu pro- duifent le verd , ac. C'eft fur ce principe que Mr. le Blon a réduit l'Harmonie des Couleurs dans la pein- ture à certaines Régies infaillibles , & il pu- blia il y a quelques années un Livre fur ce fujet, intitulé Coloritio : ou , l'Harmonie des Couleurs dans la Peinture, Ces Régies l'ont conduit à une Méthode de repréienter quelque objet que ce foie avec Juillet, Août et Septemb. 1735. 251 avec les Couleurs naturelles, par le moyen de trois Planches gravées & des trois cou- leurs primitives. Les Planches font gravées principalement en demi Teinte, excepte les ombres les plus obicures , & quelques uns des Contours , lors qu'ils doivent paraître fort vifs, qui font gravez fuivant la manière ordinaire. Chaque Planche n'efl pas gravée entière- ment, mais feulement fuivant la portion de la Couleur qu'elle doit reprefenter pour s'ac- corder avec les deux autres , de manière que les trois enfemble rendent la Peintu- re complctte. Cet Art de graver fe réduit a ces fix Ar- ticles. I. Reprefenter un objet avec trois Cou- leurs & par le moyen de trois Planches. il. Faire des Delfeins fur chacune des trois Planches , de manière qu'ils s'accordent exactement. III. Graver les trois Planches de manière qu'elles ne puiiTent manquer de s'accorder. IV. Graver ces Planches fuivant une Mé- thode particulière, en forte qu'on puiffe tirer trois mille bonnes Eilampes, & plus. V. Troiu er les trois vrayes Couleurs ma- térielles primitives, & les préparer de ma- nière qu'elles puiflent s'imprimer , être du- rables ce belles. VI. Tirer les trois Planches de manière quelles s'accordent parfaitement dansl'Im- preflion. Tomlll Pan. IL R Quel- 252 Bibliothèque Britannique* Quelquefois on peut employer aufll plus de trois Planches. Les obfervations , que Mr. Le Blon a faites fur le mélange des Couleurs reflé- chies par deux morceaux de foye de diffé- rentes Couleurs ce placez fort proches l'un de l'autre, l'ont engagea examiner quel ef- fet produiroient des fils de différentes cou- leurs tiflus enfemble , lorfque ces fils fe- raient iï déliez, qu'il fut impoffible de les diflinguer les uns des autres , même à une petite diftance. Ceci avec la méthode de rcprélenter un objet vifible avec un petit nombre de Couleurs , l'a conduit à produi- re par le moyen du métier de Tiflerand tout ce qu'on peut exiger dans l'Art de peindre. Mr. Mortimer explique ici de quelle manière Mr. Le Blon fait tiftre des JapifTeries ; mais nous ne faurions guéres rendre cela intelli- gible à ceux qui n'ont jamais veu de mé- tier de Tiflerand; & ceux qui en ont veu s'imagineront allez aifément qu'elle efl la méthode de Mr. Le Blon. Art. II. Lettre Mr. Surin Membre de la Société Royale contenant le récit de l'Etat ou la ville de Hafting fe trouva après que la petite vérole y eut régné environ un an & demi. Il paroi t par cette Lettre, que de 705. perfonnes qui eurent la petite vérole il n'en mourut que 07. Le nombre des Habitans de Hafting eft d'environ 1636. perfonnes. Art. III. Eclypfe des quatre fatelîites de Juillet Août et Septsmr. 1736. 253 de Jupiter calculées pour l'Année 1732 ;par Mr. Jaques Hodgfon, Membre de la Socié- té Royale & Principal du Collège de Ma- thématiques dans l'Hôpital de Chrift a Lon- dres. Art. IV. Lettre de Mr. François Nichols Docteur en Médecine & Membre de la S. R. au Prclident de la Société touchant un Polype , qui reffembloit a une branche de la Veine pulmonaire, rendu par une perion- ne afthmatiquc. Art. V. Relation d'une expérience, qui fert a expliquer un Paradoxe de Méchani- que, favoir que deux corps de poids égal fufpendus à une certaine elpéce de Balance ne perdent point leur équilibre , quoyqu'on approche l'un du Centre , & qu'on en éloi- gne l'autre. Par Mr. Defaguliers , Dodteur en Droit ce Membre de la Société Royale. Ce prétendu paradoxe difparoit des qu'on les yeux fur la figure de la Balance en queflion ; où l'on découvre d'abord que quoique les Poids changent de place, cepen- dant les points de la Balance fur lefquels ils agi fient demeurent toujours les mêmes. Art. VI. Obfcrvation communiquée à la Société Royale par Mr. Pierre Antoine Mi- chelotti , Docteur en Médecine , fur un très grand vomifiement de fang guéri pen- dant ï'Hyver par des potions à la glace. L'Hiftôire de la maladie, qui eft extrême- ment détaiiiée, fait la première partie de cet Article. Mr. Michelotti avant que de R a re- 254 Bibliothèque Britannique , recourir à ce remède fi peu ufké en pareil cas, c'eftà dire le Chocolat, la Limonade, & l'eau à la glace , avoit employé les re- mèdes généraux & topiques dont on fe fert ordinairement dans une violente hémorra- gie : fur tout il avoit donné à fon malade des dofes très fortes d'Opium , & il n'a pas lai fie d'en continuer l'ufage avec celui des potions froides : cependant il femble n'at- tribuer la belle cure qu'il a faite qu'à ces dernières, & il entreprend dans la féconde partie de fa DiiTertation d'en prouver l'ef- ficace , & de faire voir la bonté & les 'fon- demens de fa Méthode. N. 420. Art. I. Defcription d'un nou- vel Inftrument pour méfurer les Angles ; par Mr. Jean Hodly, Vice-Préfident de la So- ciété Royale ; communiquée à la Société le 3. May.' 1731. Art. IL Extrait d'une DiiTertation de Mr. le Chevalier Jean Clerk un des Barons de l'Echiquier en EcofTe, & Membre delà Société Royale , fur les ftiles des Anciens, & fur les diverfes efpéces de papier; par Mr. Roger Gale , Vice-Préfident & Thre- ibrier de la Socieié Royale. Cet Article efl en Latin. Art. III. Expérience faites fur des Chiens, concernant la qualité venimeufe de l'Eau diftillée du Laurier Cerife; par Mr. Mortimer , Secrétaire de la Société Royale. ( Ces Expériences confirment celles" qui . tfnt été faîtes à Dublin far le même fujet, & Juillet, Août et Septemb. 173(5. 255 & dont nous avons parlé à l'Article VII. du Cahier 418 de ces Mémoires. Art. IV. Continuation de l'Extrait de l'EiTai fur l'Hilloire naturelle de la Caroli- ne de Mr. Mark Catefby ; par Mr. Morri- mer , D. M. & Secrétaire de la Société Royale. Art. V. Obfervation de l'Eclypfe du So- leil arrivée le 15 Juillet 1730 fait à Pé- kin à l'Obiervatoire de cette Capitale par les RR. PP. Ignace Kegler &Andre Pereyra Jefuites ; communiquée par Mr. Jaques Caf- tro Sarmento , Docteur en Médecine , Li- centié dû Collège des Médecins à Londres, & Membre de la Société Royale. Cet Arti- cle eft en Latin. Art. VI. Partie d'une Lettre de Mr. Short, Docteur en Médecine à Mr. Le Che- valier Sloane Prefident delà Société Royale fur un Abcez dans le foye. Vo ci le fait tel que Mr. Short le rappor- te dans fa Lettre. „ J'avois un malade, qui M mourut dernièrement d'un Abcez dans le „ foye; je l'ouvris & je tirai des lobes in- „ rerieurs ce les plus menus douze livres 5, d'une matière purulente, épaifle, d'une „ puanteur infupportable , d'un rouge brun , „ & très acide , car elle ne fut pas plutôt „ expofée en pîain air qu'elle fermenta très „ fortement: Le malade en avoit tiré la „ partie la plus fluide par des vomiflemens „ vioîens pendant la dernière femeine de „ fa vie; & ayant trente ou quarante felles R 3 » F** Û$6 BlËLIOTHEQUE BRITANNIQUE, 5, par jour, & vomiffant autant de fois j a, cette matière étoit pouffée par le con- 5, duit commun de la Bile dans le Duode- 9y num, d'où elle étoit rejettée avec vio- 3, lence par haut & par bas, à caufe de 3, fon acreté. Toute la partie iùperieure du 3, foye jufqu'à un pouce au defibus de la 5, Véficule du fiel étoit faine. La tumeur 3, avoit tellement comprimé le Rein droit, 3, qu'il étoit devenu plus petit que la glan- 3, de rénale „. ARTICLE II. G1. WARBURTON A. M. I N C. VELLEII PATERCULI. Hiltorias , EMENDJTIONES. Ad AmphJJlmum Virum , Theologorum Vite- ratifîtmum , Criticontm fcientïjjïmnm , F. E. C. COmmunis humanitatis fcientia , quce unica fapienti convenit , ex Hifiori- ùs\ quemadmodum commuais tantum dé- mentis , Pbilnfopbis difcitur ab antiquis. Htç, enim, nihil nifi Matcriam in rerum na-~ Juillet , Août et Septemb. 1736. 257 naturâ; Ille9 ne vel hilum hujus ciïe con- tendit. Hic, Materiœ portiones, quafdam faculcatc cogitationis dotatas eflb opinatur ; JUe, etiam incorporâtes , mente carences , excogitat Adores. Unus , propria de exi- ilentia dubitat; Altcr , vel icnfuum denun- ciationes omni erroris admiftione liberatas , paras & intégras femper manere , çonfidit. Hic inianus , fupra Deos Sapientem fuum collocat ; Ille impunis , infra bellias Feli- cem deturbat. Fatuus quidam 9 fabas ferere reformidat ; Impudens alius , homincs , qua- cunque ingreditur via ferere licitum eiïe clamât. Nequc tamen, ut ingénue fatea- mur, Hiftoria ipfa cognatam fibi femper fervat virilem dignitatem. Veruntamen , fi forte in hac pagella fecans cotem nova- cuia mentem hebetet ; proximâ , vis vir- tutis, dum imprimit fe, & quafi fignat gentis barbare ac ferocis in animis vel iliam fpeciem, mirificè nos afficit volupta- te. Si in hoc loco , fanguinis inferniis im- ber perfundat nos horrore; Cœlefti prifeae eloquentiae rore , derepentè recreamur. Hic, fi Bos obfcœnè vociferet; Jllic , Ko- ma: Athenarumque Genii Oracuia divino af- ilatu fun dentés audiuntur. Fragmenta ve- terum Hifloricorum quantivis igitur pretii funt œftimanda. Sape etiam inter hase fe- culi felicioris Ornamenta haud infimum lo- cum tenet C. V. Paterculus. Cujiis hiftori- ci vis ingenii , qua? quidem fumma fuit . non fugit quemquam in literis antiquis me- R 4 dio- 258 BlBLTOTHEQUî BRITANNIQUE, diocritèr verfatum. Ob hanc, quœ in de- fcribendis , ccrtis fignis , hominum naturis, elucet maxime, illorum Scriptorum , per quos Imperii res Romani in Compendiaiunt redactae , mérité Principis nomine dignatus eft. At Hujus Manufcriptorum interitu, dam- num non levé latins litoraé fecerunt. Nam omnes poftèriores Editiones Exemplar Fro- benianae, curatam quam, ex Mf»\ unico mendofilîimoque , in Ccenobii Morbacenfis pluteis latente , Beatm Rbenanus publicum doriav.it, exprimunt. Quapropter, non immerio, Clariff. Bentkius , in Traclatu exi- mio contra neotericos quofdam Pfeudo par- rhcliaftas, luxatam paginam his verbis dé- plorât. „ The faults of tbe Scribes are „ round fo numerous , and the defetls be- „ yond ail redreis , that notwithftanding „ the pains of the learnedcft & acuteft ., Critics for two whole Centuries that 5, book is ftill , and like to continue a „ mère heap of errors. " *. MorhomTi- mum reverà eUe Velleii itatum ut concédât Lcctor vel fpecimine hoc perîeclo, facile fortaïTe impetraverimus ; an omnino defpe- randum illius eft pronuntiare. Ut ut ha?c fînt, non a re duxi, fententià Do&hT. Viri tam * C'eft à dire , les fautes des Copifîes font en fi grand nombre £f fi difficiles à corriger , que malgré tous les foins des plus habiles Critiques pendant deux Jiécles entiers , ce Livre en fourmille encore £f en fourmillera probablement toujours. Juillet, Août et Septemb. 1736. 250 tam definitè data, hoc proponere in pu- blico , quem donare Vellcii Hiftoriis habue- ram in animo. Parum féliciter etiamfi ma- nus ad prava admoverem haud débet mihi vitio verti. Critici enim priores loca fa- cile expugnabilia prceripuerunt , magnam- que , ex ea re gerta, laudem funtadepti: reliqua, quammulta! quam difficilia! pof- teris inta&a tradiderunt : neque débet , quod contenu iumus hac emendationum paucitate ; fi modo Vir fummus , qui iitos falcè metitoque irridet * Levijfwios quojque cmendandi occafiones miferè captantes , quajî numéro non pondère Critici labor œjlimandus ef- fet , audiatur. LIB. I. CAP. I. „ Regni potituf ,, iEgiithus pcr annosVII. hune Oreftes, ,, matremque, cum SOCIA confiliorum ,, omnium lbrore Eleftra, virilis animi fe- ,, mina, obtruncat " ] Sic in codice Mur- bacenfi , ex quo omnia Velleii Exemplaria expreiTa ilint, legitur. Lipfius, igitur, pro hàc lectionc, parum approbanda, repone- bat CONSCIA: qua? certè, non magis ar- ridet. Nam Eleclra , virilis anvii femina, ampiiorem fuftinebat, in hâc Tragœdia , perfonam quam [ confeia] innuit. Lego, „ CONSORTE confiliorum omnium forore „ Ele&ra. " Notandum enim, iftos fratres, vel ibrores, qui- * Euiftola Critfca ad EruditifT. virum H. S. S. E. f. â<5o Bibliothèque Britannique, quibus, non divifo patrimonio, bona com- munia erant 5CONSORTES, jure civili Romanorum , nominari. Sic Quint. , aut quicunque alius, in argumento Declama- tionis FRATRES CONSORTES inimici ejje cœperunt , div:/èrunt. Sic etiam CONSORS f rater, apud Noftrum , Cap. 10. hujus libri , interpretari débet. AfP*' ra circa bœc tempora cenfura Fulvii Flacci & Pofkbumii Alhini fait. Qjiippe Fulvii Cenforls f rater, & qnidem CONSORS, Cn. Fulviusfe- natu motus efi ab Us Cenforibiis. Hinc trahf- lativè, illi elegantèr nominati funt CON- SORTES , quibus fit commune confilium : five id domejiicum, ficut Agamemnonis Na- torum'; five, publicum , ut illius , de quo Plinius fcribit — - — CONSORS confilii pu- blici. Atqui cum verbum ad fratrum com- munia vota tranflatum fit , elegantiffime tum fluit Oratio. Perpolitam hanc ratio- nem loquendi , ad fratres moribus confi- miles , quam ingeniofe accommodatam , apud Velleium, 1. 2. c. 74. Leclorem, ite- rum, habere moneo. L. Antonius vitiorum fratrisfui CONSORS. CAP. IV. h Subfequenti tempore magna „ vis Gra?cs2 juventutis, abundantia VI- 9, RIUM, fedes quasritans, in Afiam Te ef- „ fudit. Nam & Jones , duce Jone , pro- 9, fecTti Athenis conftituere Ephcfum, 5, Miletum , Colophona " &c. ] Sed bîc ( d'ïcit Clariff. Burmannus ) FIRORUM prœjlare puto , quia pracedit [vires veteres 1 Juillet, Août et Septemb. 173(5. 2tfî &? [ magna vis ]. Prseclare quidem : île omnino legendum. At rationem pro- pter rnagis idoneam , quam Critico redderc placuit. Civitati Colonias educendi duo maxime fint in caufis. In primis quum terra, ferax hominibus , mulcitudinem nr.n poflit fuflcntare : Propter hanc, innuifl biles, undique verfum , emittebat Gracia Colonias. Hse ex Civitatis dominatu, a quâ eniiflae fuerant, emancipatse excunr ; &, faîvo honoris jure Metropoli , Ipfemet Refpublicse evadunt. In alteris, quum Ci- vitatis nimis augeatur Imperium : Hinc or- tx fuerant Romanorwn Coionia:. Tum , in Colonias fuas retinet Imperium, & in Pro- vincial eas redigit Metropolis. Minime erant ha2, fuo jure, Refpublics, fed mem- bra, tantum, illi Reipubl-icae , à .quà funt deductae. iEgyptii , ut apparet , ex Dicdori Bib. I. 1. Colonias de ipecie utraque emi- fifie fe jaftabant KaBohs ce vtéunaç texciHtaç 'Aiyvrrioi $#,/v hncêyvi'cu toùç (aurai Tpoyovouç è*l roXÀà (ihy rîjc omovftsv^ , hé ts TÎfV TIIEPOXHN ^ BA£IAET£ANTQN i::i:u àvr:T; , xaî hx tv:'j TTÏEPBOAHN tvq nOATANGPQîIIAS. At Coionia, de quâ hic differit Hiftoricus, non propter Poten- t\x fuit, fed hominum plenitudinem emif- fa; ideoque légère oportet, abundantia VIRORUM , qu2-madrnodum , fi, fioîentics, „ abun- dantia VIRIUM. CAP. 162 Bibliothèque Britannique, CAP. VI. ,, Imperium Afiaticum ab AfTy- „ riis tranflatum eft ad Medos — — „ Quippe Sardanapalum eorum regem mol- „ liciis fluentem, & nimium felicem MA- „ LO SUO Pharnaces Medus impe- „ rio vitaque privavic "] Senfum vacillan- tem miro praepediunt pleonafmo verba ]malofuol. Dictionis enim elegantia, aut nimium felicem'] , expulfis [malo fuo~] auc f.licsm vialofuo] expulib [nimium ] omni- no poftulat. Multo accuratius hune ex- Erimit fenfum Ovidius. " Lasta MA- O , NIMIUMque potens. " Quamobrem, opinor, ne legerem non re- claroabit Ledtor, 3, Et nimium felicem , IN AULA SUA- „ Pharnaces Medus imperio vitaque „ privavit ". Hcec enim circumflantia (viz\, câedem in aula fua efle perpetratam ) Sarâanapaïi maxi- me diferiminabat raortem. Neque cenfen- dum eft, vel difertiiîimum Authorem il- lam prsetermifTum ire. CAP. X. ., Per idem tempus, cum An- „ tiochus Epiphanes, qui Athenis Olym- „ pieum inchoavit , TUM REGEM ùY* „ RLE, Ptolemaeum puerum Alexandrie „ obdderet; miffus cfl ad eum légat us M. „ Popilius Lœnas, qui juberet incœpto de- 3) fiflere ". ] Sic habet Mfs, Critici etiam , qui Juillet, Août et Septemb. 173*5. 263 qui Labrarium fuper his flertentem depre- r henderunt , in hâc [rex Syriœ"] correctione ' conquiefcunc. At certè nihil opus erat no- tiflimum ex Syriœ Regibus fie difcrimina- re. Morbus , mihi crcde , altius in vivo haeret. In belli hiftoriam inter Antiochum & puerum Ptolemaeum gelli , fi animum in- tendamus , Epiphanem ad cingendum ur. bem Alexandriam obfidione Syriâ bis deve- nire intelligemus : arque etiam Popilium , expeditionis poflcrioris tempore , il li ob- viam occurrcre. Pro certo habeamus igi- tur, Authorem, tam doclrinarum tempo- rum ftudioium , fcripfifle , 1TERUM REDIENS E SYRIA. iterum. 1. e. fecundô. vizr. Ann. NabonalT. 580. quam prope accedunt hsec , ad Evani- dse Jectionis velligia videat unufquifque. CAP. XVI. „ Una œtas , per divi- „ ni ipiritus viros , iEfchylum, Sophoclem , „ Euripidem , illuftravit Tragœdias : una „ prifcam illam & veterem fub Cratino , „ Ariftophane , & Eupolide Comccdiam ; 5, ac novam comicam Mcnandrus , aequa- „ lefque ejus aetatis magis quam operis , „ Philemon ac Diphiius, & invenere intra „ pauciiTimos annos, neque IMITANDA „ reliquere ". ] Critici inter fe difïïdent, utrum [iwitanda1 an \ imiianâam'] verior fit leftio. Ne quidem fufpicantes intérim, vefbum ipfum, de quo dîfputatur, adulte- rinura «&f. Bibliothèque Britannique, rinum efle. At il verwn in vefti gaffent, mi- nime fuiffet de numéro vocis difputatum. Efto enim , Velleium in animo habuiffe , fie feripta Menandri deferibere, talia qua- lia nemo imitatione afTequi polTet; certè de Philemonis & Diphili , longé fecus fen- tiebat; qui, ut ipfe dicit, œquales Menandri crant œtatis , magis quam operis. Attamen vero, genus omnium horum Comicorum, ïub verbo, de quo agitur, aequè notatur. Legamus igitur. „ Neque EMENDANDAM reliquc- „ re ". i. e. novam Comicam. Sic enim , fe habuerat res : Prifca Comœdia , adumbratio tantum erat , five primum co- mici operis lineamentum ; quod Nova perfi- «ere contendit atque abiblvere. Quum igitur de quodam Comœdia? génère , ut prioris reformatione?& emendatione,com- memorare Author inftituiflet , fuum erat docere leclorem, an novœ comicœ Artifices ad fummum adduxerant eam,an opus erat profedtu ulteriori. CAP. XVII. " Hoc idem evenifle „ GRAMMATICIS, Plaftis, Piftoribus , 3, Scalptoribus , quifquis temporum inflite- ,, rit notis, reperiet, & eminentia cujuf- „ que operis artiffimis temporum clauftris ,, cîrcumdata. " Locus hic oculatiflimis Criticis ne in fufplcionem venit. Attamen istere turpe mendum , iafulfitate Librario- rura Juillet, Août et Septemb. 173(5. 265 mm manans , certè fcimus. Nunquam enim ex ore Vellcii [Grammaticis'] elabi potuit. I. in confeflb etl, Authorem, de ingenii folis, ut diftinguuntur haec, ab înduftrise ope- ribus , fermonem inftituere. Patet hoc, quum è ilngulis qus enumerat, tum è ra- tionibus, curid, de qao agit ille, fie eve- nerat, quas fubjîcit. II. reiiqus artes,hîc rccenfita;., communem naturam participant; & forores inter fe, atque agnatie appellari êofiint. At Grammatice, ignobilis verborum 'pifex, Advena, quidem, nullam cum his côeat focietatera. III. Grammatlces fortuna caeterarum artium fuit dillimilis. Fateor equidem, magnos artis Magïllros , qui eam ad fummum perduxerunt , Craîetem nempè, Arijïophanem atque Arijlarcbum , costaneos, etiam ferè squales , fuiiVe. Ilîo enim tem- pore , Pergameni Alexandrinique Rcges Bi- bliothecas ufque ad armulationis infaniam intenti ad inuruendas , magnis muneribus cumularunt Grammaticos. Sed in hoc, dico, fortuna artis huius ab îllis tota fît di- verfa, quodhxc, non (ficut ilîœ) a pri- mis exordiis, mtra temporis exiguum, ad fummum pervenit; neve, pari ipatio , a fummo delapfa fit. Ut illi , qui artis hujus porTident hiftoriam, per benè nofeunt. Adeo ut, ex iftis tribus ingeniorum Characteri- bus , quorum gratiâ, inter fejimandum , fi- Jlit, & in admirati.ncm rapitur Hiltoricus » un us tantùm huic convenjat arti. Pro ra- tiombus, itritur, in médium illatis, & jarn illa« ^66 Bibliothèque Britannique, illaturis, Veileium, cenfeo, non [ Gramma- ticis] fed [GEOMETRIS ] fcripfifle. " Hoc idem evenifïe GEOMETRIS, w Plaftis,Pi6toribus, Scalptoribus &c. " I. Quia, ex omnibus ingenii operibus, de artibus fingendi, hîc folum difle-ritur. At, harum omnium GEOMETRIA funda- mentum eft, & radix: fine cujus inftanti adjumento, labor, etiam exercitatiffimi in- geniofilTimique artificis, tantummodo fpe- ciofa valet ad edendum monftra. II. Expo- fitio narrationis , artiumque recenfio , ( nam pidtura , fcalptura , plaftice , Graecorum pro- priè fuerunt ) Veileium ad Graeciam refpexif- fe planum faciunt. At Cicero, de GEO- METRIA, apud has gentes, cultâ, hujuf- modi locutus eft In fummo apud Mo s honore GEOMETRIA fuit , itaque MATHE- MATICIS illuflrius. At nos metiendi ratioci- nandi utilitate hujus artis terminœomus modum. Hîc, de caufîs, quare apud Graecos fiebat celebris GEOMETRIA , atque eadem tem- peflate, apud Italos homines inhonorata jacebat , docemur : quia profectô metitndi ratiocimndi utilitate hi terminaxerant modum ; Illi, verô, artibus piclurae , fcalpturae, pla- flices , & mufiese , res, apud Graecos , quan- tivis pretii, infervire eam alTuefeceranu. JVIinime mirum, igitur, Geometras grsecos adfumma, quam brevi, perveniflè. Hanc jpfam, enim. maxime aftert Vfelleiuç inter eau- Juillet, Août et Septemb. 1736. 267 caufas cur ars celerrimè afcendit in fum- mum, Alit œmulatio ingénia: £? mine invidia, mine admiratio imitât ionem accendit> Et Cicero notât Honos alit artes , om- fiefque incendimur ad ftudia glorid. III. Id , denique quod Hifloricus de congruentibus ingeniis obfervat, GEOMETRIS ad amuf- fim convenir Euclides enim, Apollonius & Arcbimedes, Principes, penè dicam Inven- tores, antique GEOMETRItE, fuerant Coaetanii: ad quos, fpeciatim refpexifie ne dubitem aflerere Authorem. CAP. XVIII. " Neque ego hoc ma= " gis miratus fini , quam neminem Argivum, " Thcbanum, Laceda?monium Oratorem, " aut dum vixit authoritate, aut poft mor- u tem , memoria dignum exiftimatum* Quce « urbes, ET INITÀLIA talium ftudiorum " fuere fberiles , ni Thebas unum os Pindari " illuminarct ,:] Sic in unico legitur Mso. Miram illam atque fœdam depravationem [c? initalia'] Burerius, qui è Mso typis man- data™ primam corrigebat editionem, cum verbis [Et miiltœ aliœ~\ commutabat. in cu- jus leclionc, pofteriores omnes acquieve- runt editiones. Attamen rêvera, nihil fri- cidius hâc, aut ineptius poteft excogitari. In animo habeamus Authoris propofitum, Athence, dicit Velleius, fols erant, ex Graecorum Civitatibus, apud quas ftudia eloquentiœ vigebant. In qua re, aliquid miraculi videbatur illi ineiïe. Quippe quod Argos, Thebac, atque Sparta, quas, ficuc Tome FIL Part. IL S Athe- n6S Bibliothèque Britannique, Athenaepraepotentes erant ac liberse, è qui- bus exoritur eloquentia atque enutritur principiis , plane inopes erant Oratorum. Hîc, fcilicet, aliauid miri, & dignum me- moratu narrât Hiltoricus. Vide jam Bure- rii le&ionem. [Et miiltœ alics] dicit. Nunc Authorem videmus mirantem, multas par- vas Civitates re oratoria non prœftare , fi- cut Atbenas; cum nulla, ne minima caufêv inerat cur de hac admiraretur flerilitate. Sic obfervationis pondus ab Authore omni- no detraxit haec lectio. Itaque perfuafiflî- mura habeo , leclorem fagacem mecum cor- rigere. « Quaeurbes, ET ENITENTES " ALIAS , talium lludiorum fuere fle- « riles " Sic Tull: Atbenœ non folum in Gracia, fed prope cunctis gentibus ENITEBANT. E contractione , nempè , ficut nros erat libra- riorum, Scriptural, [ET ENIT: ALIAS] mcndum, ut videtur, exoriebatur. LIB. IL CAP. I. " Pompeium magni K nominis virum , ad turpiflîma deduxit [Nu- " mantia] fœdera. Nec minus turpia " ac deteflabilia Mancinum Hollilium Con- w fulem. Sed Pompeium gratia impunitum " habuit , Mancinum verecundia. QUIPPE , " non recufando perduxit HUC, ut per " Fetiales nudus ac poil tergum religatis " manibus , dederetur hoflibus. Quem illi « re- jj-jïllet, Août et Septemb. 1735. 269 cc recipere fe negaverunc. &c. " ] Quœrit Volîîus num Mancinus impunltus fuit , quem Romani nudum ac manibus poji tergum religa- tis, Nwmantinis tradiderel itaque punclum Scripturx-, quod, in vulgaribuseditionibus, Mancinum & Pompeium in eadem collocat catégorie de loco dimovec Atqui ad ro- gatum fie vefpondet Boeclerus, inquis 9 quomoâo impunit us diceretur qui bojlibus deditus ejil Quia. 1. in illa deditione non receptus. 2. priftino bonori refiituîus. 3. ad novos honores admifjùs eji. 4. adeo ut nec ipfe pœnœ leco du- ceret eam deditionis conîumeliam , quippe qui eodem babitu fibi Jtatuam inftituit quo deditus eji. annotante Plinio 3. 4. 5. Arridet quidem hoc reiponfum. Actamen verba, [quippe non reeufando ] , quas Voiïïum ofFenderant , Boe- clerum tam vehementer follicitabant, ut afferere non dubitabat Sed illud infaceto malèque cum textu cobœrenti glojfemati comparait' dum erit. Yerùm , quod ad hoc, aberrat longius. Melius conjicit, ut femper affole t , Clariff: Burmannus. an in Mo QUIP- PE, quod mox iîerum repetit ur . non late'at ul~ eus, dubito. Reverà ita eft. Hîc latet ulcus; quod perpurgare & reflituere in integrum nunc aggredimur. ec Sed Pompeium gratia impunitum ha- " buit, Mancinurn verecundia; QU^E, u POENAM non reeufando, perduxit " HUNC ut per Fetiales &c. Jam explicata benè 6c dilucida fluit oratio. S 2 Im- 270 Bibliothèque Britannique. Impunitus evadebat , pœnam non recufando. Voiïïi etiam rogatui plenius occurrit emen- datio quam Boccleri refponfum. CAP. IX. " Sane non ignoremus, ea- cc dem setate fuiffe Pomponium , fenfibus " CELEBREM, verbis rudem, & novitate K inventi a fe operis commendabilem " Quod Pomponio , hic attribuitur, an verè , in prae- fenti non inquiro , Atellanarum eft inven- tio. Videat Lector Authorem , Pomponia- ni &Orationïs & fcnsùs formam exprimere, ac per oppofitionem roTv êj&eToTv , exagge- rare, in his verbis voluiffe. Fateor etiam [verbis rudem'] fpeciem diclionis appofitè prce fe ferunt: quid, vero, ad fpeciem fen- sûs attinet, CELEBREM, eo nomine, Pom- ponium fuiffe? nihil certè. Authorem cé- lèbrent , & eundem bonum eiTe , fnnile vero intelligo. Sed cujufmodi ingenii? plané nefcitur. Ad oppofitionem quod attinet, non minus claudicat fententia. CELEBRIS & RUDIS n un quam reclè poiTint in ter fe opponi; quia hzc, naturam rei fubjecls ; illa adventitiam ejus qualitatem tantummo- do exprimit. Hactenus ergo , ad docendum , locum hune circitèr, latitare vitium. Ex- periamur fi forte eruere polîimus. Nobis igitur, inquirendum eft, quid Fabulas effet Àtellana. Sic feribit Diomedes Grammati- cus , Terîia fpecies eft 'fabuîarum laîina- rum , eux a Civitate Ofcorum Atella , ïn qua primum cœptœ Atellana diàœfunt. Argument is dictifque jocularibus Jimilesfatyricisfabvlis grœ- cis. Juillet, Août et Septemb. 1736. 271 eis. Et in alio loco , Latinis Atellina à Grœca fatyrica differt : quod in fatyrica ferèy fatyrorum perfonœ inducuntur , aut fi quœ funt "ridicule, fî miles fatyris Autohxus Bufiris: in Atellana , obfcœnœ perfonœ ut Maccus. Opère perfpetto qualitates Authori datas perpen- damus. [Senfibus CELEBREM, verbis radem] [Senfus célèbres] aut fententias graves , & magnas dignitatis ; aut fréquentes, & in ore omnium , quotidiè decantatas, fignificare poffint. Quorum velis? Alteruter , puto , tibi fufeipiendus eft. At, ab harum altéra fignificationum , Fabula Atellana ; ab altéra , Pomponii diftio abhorret. Certè, enim , Fabula, maxime dicax ac jocola, ne di- cam , impuris obfcœnifque emolita didbis , fententias graves , & amplas , ad alicujus ingenium feriptoris Mimorum Ethologorum (nam duo gênera mimorum fuerunt) reverà accommodatas, asgrè patitur. Et minus eft credibile, fententias Authoris , verbis ruais, in excultioribus civitatis temporibus, per ora hominum volitalfe. Porro , perverfa eft hase loquendi ratio [" fenfibus celebrem & novitate inventi a fe operis commendabi- lem "] cum fit verifîmile , 11 celebris, effet, quolibet nomine, Pomponius, laus inven- tionis celebrem reddidiffet. His perpenfis , fie, unâ tantum litera fublata, priftinam reftituere aggrediamur integritatem. S 3 « Sen= 272 Bibliothèque Britannique, " Senfibus CELEREM, verbis rudem .4 " & novitate inventi a fc operis com- " mendabilem. " I. Oppofitio , hac emendationc , fvncera redditur. IL verba [fenfibus CELEREM] femel&fimul, ingenium ad fabulas Atella- nas confmgendum aptum, & formam ope- ris, dicteriis repieti , rectillimè exprimant: Nam aut congregandi poteftatem , 6: varie- tate & celeritate coliigendi ideas , quas in- ter fimilitudo ulla reperiatur ; ( quam po- teftatem, ferax ingenium Latini, nos, idio- mate vernaculo , nominamus WIT;) auc illam praecipuam ingcnii fcracis fpeciem , quœ racetiis dicleriifque. prxftac , fignirlcare poflint. At potiiïimum [celerem feniibus] in- genium Poetae , qui in extemporali fabula fingenda maxime preeitabat , miré depingit. Taies enim fuerunt Atellanœ : hodiernis a Tufcis Hiftrionibus actis Comsdiis confi- millimae. Denique , apud bons latini tans Authores , hxc verba occurrunt. Sic Ci- cero - — Hinc hœc recenticr Academia emanar vit s in qua exîiîit divina quadam CELERI- TATE INGENU dkendique copia Carneades. Et Corn: Nepos — Vincebat enim omnes cura , vigilantia , patientia , calliditate, £f CE- LERITATE INGENU. Etiam Poets. Ovid: CELERI circumfpicere MENTE. Et Clau- dian: SENSU CELERI occunere dolis. De- nique etiam Velleius ipie. 1. 2. C. 73. Hic Ado- Juillet, Août et Septemr. 1736. 273 Adolefccns [Sex: Pompeius] Erat Jtudiis ru- ais, fermone barbarus , ivipetu jlrenuus , manu promptus , cogitatione CELER. Et C. n8. Tum juvenis génère nobilis , manu fortis , SEN- SU CELER , ultra barbarum promptus ingenio , nomine Arminius. CAP. XXVI. « Non perdat nobiliffi- ' mi fatti gloriam Calpurnia , Beltice filia , 8 uxor Antiftii : quœ juguîato , ut praxtixi- c mus , viro , gladio le ipfam transfixit. c Quantum hujus glorias , famaxme accef- c fit?nunc virtute eminet, patria LATET. CAP. XXVII. « At Pontius Telcfï- c nus — vir — fortiflimus , penitufque c Romano nomini infeftiffimus , — ita ad s Portam Collinam cumSulla dimicavit, ut c ad fummum difcrimen & eum & rempu- ' blicam pcrduceret. Qua? non majus pe- c riculum adiit , Hannibalis intra tertium s miliarium cadra confpicata, quam eo die, c quo circumvolans ordines exercitus fui c Telefinus, diftitansque adeffe Romanis ul- c timum diem , vociferabatur eruendam de- ( lendamque urbem ; adjicicns nunquam de- 6 futuros Raptores Italicae libertatis lupos y c nififilva, in quam refugere tolèrent , ef- c fct excifa. — Telefinus portera die fe- c mianimisrcpertuseft, victorismagis quam c morientis vultum praeferens CV| Autho- is , in magnammum Caîpurniae fa et u m ob- fervatio f miferè excfuciat Criticos, Certè (ait Lipfius) patria non latet , fi? Romanam fuiffty nomencue genufque evineunt, CALPUR- S 4 i\7i4 274 Bibliothèque Britannique NIA BESTIM FILIA. — Haeret hic Lip- fuis (dicit Volllus) ait que patriam neutlquam latere , âf evincere nomen genufque fuijje Ro- manam. Sed fugit virum maximum [patria] hic poni pro [_paterm~\ per patrem ajero intdlï- gendum arbitror Calpurnium illum quem Jugur- îba pecuniis corruperat. Cœteris etiam Cri- ticis tam valdè interprecatio hase arrifit , ut multum opéras & iludii, unumquodque in Patrem miferandum acerbe dichim colligen- do pofuerunt. Nempe, quod tenuis fube- rat iufpicio, Patrem Calpurniae illum Cal- purnium fuifle quem pecuniis corruperat Ju- gurtha. At ingénue fatetur ClariiT: Burman- rius latere adbuc ulcus , nec opinione falli- tur. Nam hocce modo , certè legenda cft fententia, " Nunc virtuie eminet patria. C. XXVII. «LATRANS at Pontius Teleimus " — ad portam — dimicavit.] Omnino etiam Romanum eft, fus ipfîus înteremptionem , PATRIAM VIRTUTEM nominare. Gens ifla & prœcipuè Author noiler fortiiTimorum in numéro hoc fachim habebat. Velleius enîm, de Antonio feri- bens, dicit, multa defidiœ crimina morte il- lum redimiffe. Iftud erat Romanorum , ab omnibus vitae calamitatibus miferiifque por- tus & refugium commune. Genti, etiam, alicui aclionum fpeciem, ut propriam ejus, aiïignare, ubi majori fimplicitate, fïcquen- tîâ Juillet, Août et Septemb. 1736. 275 ::à aut décore patraretur, apud Antiques in mu fuit. JEUanus in ïar: Hjjh l. 1. C. 21. fimillimè atque in hoc loco icribit — *U- p^TÛbifiètè ifv0ov afut K«/CEAAHNlKOxN m EPI ON. Et lib. 4. C. 22. — pjj 'EAAHNIKA'. Iterumque l. 6. C. 4. — m «M«c "EAAHNIKA. Ad Poncium Telefinum refert LATRANS , quod in lociim iubfrituimus : feri illius Ca- nis quam benè congruit perfenae verbum, verba docentlequent::. er batur — nun- le futur os lut. va effet excifa.l lP. XXXII. " l opeius — ef- " fetque ei imperium aequum in omnibus iC provinciis cum proconfulibus — Digna " eft memoria Q, Catuli cum authorïtas " tum verecundia : qui cum diflliadens le- " gem , in concione dixiffet eflè, quidem " prepclarum virum Cn: Pompeitim , fed ni- " mium. iberce reip: neque omnia " in uno reponenda; adjeciffetque , fi quid £C huic accident quem in ejus locum fubfti- " tuetis? fucclamavit univerfa concio Te li Q. Catule! turr jj.s " &c] Mini- me fit latina hœcîocudo [nimium jam libères il, ut necefle eft, interpretemus, — Ponïpeius plus poteilatis jam tenet quam li- béra refpub: facile pacitur ; — fed falva diclione , huic répugnât obfervationi hifto- ria. Eo enim cemnore ne formidolofus erat Pompeius. 2 . Non congruit Catuli perfo- nse, ut hic, in feenâ, adducitur , Cneum ambïtionis infimulare. 30, hujufmodi argu- S s men- 27<5 Bibliothèque Britannique, mentatio Scnatui quam Populo aptior effet. Sir iVirur rorriferem . Sic igicur corrigerem " Qui cum diffuadens legem , in Concione " dixiïTet , effe quidem prasclarum virum " Cn: Pompeium, ied nimium REGI A M cc libers reipublicie ".] regiam [legem fcilicet] Argumentum con- gruens, & ad animos populi permovendos aptum. Hse leges enim Populo quam fena- tui erant odiouores ; quia huic faepe , illj nunquam taies prodeffe poflent. E contra- rio , fenatus çrefcentem hominis fenatorii dignitatem iniquiori animo quamPopulusin- tuebatur ; quia , ab hoc , Populus Patro- num ; Dominum , Senatus foliim expettaret. Infuper, dum ab homine ad legem dirigc- bat argumentationem Catulus, odium Po- puli , quod excitare neceffe fuerit , fi ho- îninem, in iumma apud Populum gratia, in iufpicionem vocaviffet , peritè & callidè de- vitabat. Nec diction! minor quam fenfui vis redditur : Juris enim civilis Romauorum for- mula eft LEX REGIA. CAP. XXXIII. "' Cum Lucullus — (qui " alioqui per omnia laudabilis , & bello pe- " ne invictus , pecuniœ EXPELLEBATUR " cupidine) beîlufn [Mithridaticum] adhuc cc adminiftraret , Manilius Tribunus plebis, " femper venalis, & aliénas Minifter PO- « TENTEE, legem tulit, ut bellum Mu '* thridaticum per Cn: Pompeium admini- " lira- Juillet, Août et Septemt*. 1736. 277 ,, ftraretur ".] \_Expcllebatiir~] nibil hic Jîgni- ficat (inquit Clariff: Burmannus) nifi qui in- ter fingîilaria VelUii durijjlmam banc iocvtionem référât. At illa fingularia Velleiana non agnofco. Hujus Opihcii , rationes reddant Scribx «5c Librarii: atque etiam , quod ad [Expeliebatur] , eo id habeo numéro. Yel- leianum fcripfiffe arbitror, " Bcllo pêne invictus , pecunisc PEL- « LICEBATUR cupidine ". 1. e. Qucm , vàferrimi Pontici Régis ar- tes ad peUkendum non valebant, Pecunise cupido pellicebat. Verbum imprimis elegans ; cuique optimè rcfpondct Tô invictus. Sic M. Ciccro. — Ea antmum adolefcentis PEL- LEXIT omnibus rébus, quitus illa cetas capi 6? deliniri poteft. Ac verbum etiam, [PO- TËNTIiE ! quamvis in vitiï fafpicionem non devocatum, ne minus medelâ caret. Romani cnim fcriptores , ju/ium imperium POTENTIAM;t«/a ŒNTIAM nominarc iblebant. Non igitur in cuipa Ma- nilius , quod aUenœ potentiœ , fed quod — " aliénas Minifter IMPOTENTLE " — fuit: atque omnino fie legendum eft. Liv: — ■ î ra •: s fi re : f : n it : u m culpœ in An n iba lem 1MPO- TENTIMque ejus faute res. Etpoftea, Maures Numidafque IMPOTENTl dominatu terret. Denique Velleius nofter 1. 2. C. 24. PO- TENTIA i'ua mmquam, sut raro ad 1MPQ- TÉNTJAM ufus. CAP. 278 Bibliothèque Britannique, CAP. XXXV. « Hic [M. Cato] genitus c proavo M. Catone , principe illo familial 6 rortiae , homo virtuti fimillimus , & per 6 omnia ingenio Diis quam bominibus proprior , c qui nunquam rectè fecit, ut facere vide- 6 retur, fed quia aliter facere non pote- < rat. Cuique ID folum VISUM eft ratio- ' nem habere QUOD HABERET JUSTI- c TIAM ; omnibus humanis VITIIS immu- 6 nis , femper fortunam in fua poteftate e habuit ".] Imago mentis hxc Catonia- nas thêpfio)uKuç9 ut volunt Critici , exaggera- tur; Velleii, quidem, ab ingenio non ab- horrens , in laudando atque obtreCtando femper nimii , ac tanquam prodigi. Sed longe hic Cenfores falluntur fententiâ. Equi- dem nihil vident. In hac defcriptione ve- nuftas in eft minime vulgaris , ex refpettu , Cquerri , inceptum , perfequitur Velleius) ad Stoicorwn do&rinam nata. Nam obfervandum. eft, Catonem Principem Stoicorum Roms fuiffe, & quodam fato , fchola? huic totum addidhim conlecratumque. Romanorum In- génia minime erant ad colendas reconditas & abftrufas difciplinas, aut aptata naturâ, aut ufu parata. Quum Graecia fub Pop: Romani Imperium ditionemque cecidiffet, primo ab omnibus malè audiebantSophiftee. Mémorise proditumeft, traftavifle illos quàm illiberaliter noftri Catonis Progenitorem.Et cum tandem ad emoliendos mores fuos ad- ducli eiïent Romani, hi erant uîtimi Grae- corum Artificum in quos afperis bominibus pla* Juillet, Août et Septemb. 1736. 279 placebat oculum conjicere benignum. Nunc etiam gratiâ apud Dominos inita; illa gra- tia, Philofophiam ut elimatiorem luxurise fpeciem , in urbem , abhorrentem ab ifto grascanico ingenio , quod homines ad juran- dum in verbo Magiftri, proclives reddidit, tantum valeret ad introduccndam. Dogma- ta enim difciplinarum , non ui vitae regu- lam, fed uti quoddam fupellectilis genus, folùm in ufum Officinarum Dicendi ducebant Romani. At bonus homo , M. Cato , omni joco procul, Zenonis dogmata, boni fide, conduxit: & ex oppoilco , eacenus evafit, ut voluerit Stoicorum Paradoxa in publica introducere Confilia. Animadverti (inquit Cicero in Paradoxis) fœpe Catonem cumin Se- natu fentenliam diceret , locos graves ex pbilofo- pbiâ tract are , abborrenîes ab boc ufu forenfi & publico. Quapropter idem Cicero, qui bene norat qua fub lege fucrat introdu&a in ur- bem Philofophia, Catonem ut inconcinnum hominem ridct ; Hcbc , Homo , (inquit in Or: pro Mur:) ingeniofijfimas M. Cato , Autboribus eruditiffïmis inductus arripuit ; neqiie difputandi caufâ, ut magna pars , fed ita vivendi. Hoc fingu- larein Stoicorum dogmata iTudium,ab omni- bus aliis Italis hominibus difcrevit Catonem. Quamobrem illius mentis Pictura, in quâ nulla Stoici cxtarent lineamenta, minimi effet pre- tii : Ut , è contrario , fi forte , ex umbrâ portici, inpicturam diffunderetur Lux, exi- Hlia pulchritudine , iito modo omni inter y fe 28o Bibliothèque Britannique, fe parte confentiente , fplendefceret tota. Equidernque ita res fe habet. Univerfa oris forma Stoicis pigmentas eîfmgitur. Hinc Cha- racleris venuitas. [ " Homo virtutis fimillimus, &, per om- " nia, ingcnio Diis quam hominibus " propior " J Hoc, fimpliciter expofitum, puérile fît, & , iiipra modum hyperbolicum , gravique omnino Hiitorico indignum. Sed iî inter- pretemur, uti ad Stoicam Gloriationem re- fereas , limatiffimam prœ fe fert urbanita- tem. Senecam de Stoico fapiente difleren- tem audito. Sapiens Me cum Diis ex pa- ri vivit. Ep. 59. Jupiter quo antecedit virum bonuml diutius bonus efi. SAPIENS NIHILO SE MINOR1S 2ESTIMAT, quod virtutes ejus f patio breviore clauduutur. Deus non vinclt fapientem Fœlicitate , etiaiv.fi vincat œtate. non efi virtus major quœ largior. Ep. 73. Texte fortiter , hoc efi quo DEUM AN- TECEDATÎS, Me extra patientiam malorum efi, vus Jupra patientiam. De prov. Iterum [ " Qui nunquam reclè fecit ut " facere videretur , fed quia aliter fa- " cere non poterat " ] Hœc eftilla perfecla, abfolutaque virtus, quam Stoici in fapientî iiio gioriabantur. Doce- Juillet, Août et Septemb. 1736. 281 Docebant enim , virtutem nihilo minus ap- tam & confentaneam fuifle menti quam Exer- citationem corpori : & cum , per habitum, mens illam reddidiflet abfolutam , nihilo magis tum polie hominem excidere virtu- te quam ambulandi aut manducandi aclione atque uiu. Ex hoc pendet principio , quod Seneca in ?o. Ep. dicit, VIRTUTES RECEPT/E EXIRE NON POSSUNT. . Et quod Stoici omnes , cum, eandem efTe hominum ac Deorum virtutem pronunciant. Sic Proculus in Timceum '0/ $è àno ty\ç "Ltoûlq ucti tv;j àvTyv àpsT/p iivtu ôsav aai àv- bp'Avuv iipwxçt- Habes igitur magnificas lias voces Vellcianas ad iectam Stoicam refpec- tûs, ut diximus, caufâ. Aliis Enim in locis ubi illuftrium defunctorum vitâ hominum effigies exprimere laborat Author , longe fecus de virtute humana videtur exiflimare; certè multo moderatius Illum, & gravius eloqui. Ncmpè fie , perfecliffimam Tib : Gracci virtutem depingit Vir vita in» nocenti/Jimus , ingenio florentijjîmus , propojîto fanctiffîmus ,tantis denique adomaîus virtutibus , quantâs perfeêta & naîurâ £f induftrid MOR- TALIS CONDITIO RECIPIT. Nunc demum, ratione hujus Charac- teris perfpectà , reliqua pars, quam, pravif- fime exhibet Ms. , facile Emendari poteft. [ « Cuique ID folum VISUM cft ratio- « nem habere QUOD HABERET JUSTI- " TIAM"] Hic certè latet ulcus. Synceri enim lingus latinae Scriptores , cum de agen- tc 2$2 BlELIOTHEQUE BRITANNIQUE. te fermo fit, dicere ïblent [babere rationemÇ] cum de re \_reàumejfe\ Sed hic de re fer- mo eft. Quaravis etiam [baberet juftitiam] latine plane fonat ( etiamfi Heinlîo minus videbatur) ut Cicero, jus Juum obtine- re non pojje dicebant veteres, eum quem nunc JUSTITÏAM HABERE vel confequï non pof- Jè dicimus. • Attamen [ baberet juftiîiam ] nunquam fignifïcare pofiit [jujtum ejfet) quem fenfum poilulat iocus; nam [babere juftitiam] cum resagatur, idioma eft proprie vernaculum. Praeterèa, inhis, nihil invcn'o quo ifte perfeàijjimus Stoicus , ut Cicero in Bruto illum nominat, fatis ab aliis difcri- minetur Cato : cujus imaginem Velleius fum- ma fimillitudine exprimit. Lego igïtur, ( Mfo. auxiliario adjuvante, quod [ JUSTJ- TliE] exhibet.) " Cuique IS folum VISUS eft rationem « habere QUI ADILERERET JUS- « TITLE". Hîc iterum atque tertio refpicit Stoicos Author. Venufta enim heec gnoma ratio- nem habet decantato ifto paradoxo "OTI TÎAE "A4»PQN MAÏNETAÏ. [ " Omnibus humanis VITES immunis * cc femper fortunam in fua poteftate habuit"] Sic claudit denique , atque expiet Charac- terem Velleius. At hanc le&ionem depra- vatam efTe facile concedet Leclor. I. Quia, quod ad fenfum attinet , vitio laborat. re- petit juillet, Août et Septemr.. 173& 2S3 petit enim , & perfrigidè quidem , tantum- modo prioris dicli fententiam [bomo vituti Jîwillùnus ] II. Quod ad dialecticen. prœmif- fa nempe [ omnibus vitiis immunis ] vim con- clufionis [femperfurtunam rnfuapoteftaîe ha- bilita minime in le ampleCtuntur. Innocen- ti enim , fupra fortunae procellas in tu- to colloeari , nihilo magis quam Reo concc- ditur. III. Perpulchra ad Stoicorum Para- doxaallufio, quae 9 ut annotabam , efficit fingularem picturae hujus elegantiam , hîc interrupta eft ; quo ( in conclufione , ubi confpettus totius argumenti confervari dé- bet,) graphidis uni tas violatur. Legamus igitur. " Omnibus humanis VOTIS immunis " Sic enim vitiofa repetitio devitatur ; » praemifla vim conclufionis amplc&untur ; Et datur allufioni pereleganti integri- tas. Hic enim concinnus Author in men- te , fine dubio habebat celeberrimam Stoi- corum AI1A0EIAN. Audi , de homine voto- rum immuni , Scnecam loquentem. Qua- rts quart virtus nullo egeat ? prœfentibus gau- det , non CONCUPISCIT abfentia. Ep. 74. ! Afpexeris emiîtere banc Dei vocem : HJEC OMNI A ME A SUNT. fie fit, ut NIHIL CUPIAT, quia nibil eji extra omnia. Deben: l. 7. c. 3. Magnis itaque curis exemptus , cf dijlorquentibus mentem nibil SPERAT aut QUPJT, nec fe mitîit in dubium9Juo conten- T»meriI.Ï>art.IL T tus, $84 Bibliothèque Britannique, tus, nec Muni ex'1 (limes Darvo effe contentum* OMNI A 1LL1US SUNT. de ben: L 7. c/2. • Utique ammus ab omnibus externis in fe Twocanâus eji. fibi confiant , Je gaudeat , fua fu/piciat: recédât, quantum potejt ab allenis , Cfr le fibi applicet , DAMNA NON SEN- TIAT, ETIAM AD VERSA BENIGNE IN- TERPRETETUR. de tranq: An. c. 14. id eft, " Omnibus humanis votis immunis fem- * per fortunam in fua poteflate habuit". CAP. XXXV. « At Catilina non fegni- M us VOTA obiit quam SCELERIS CO- {£ NANDÏ confilia inierat. Quippe fortif- "' finie dimicans , .quem fpiritum fupplicio M ciebuerat, praelio reddidit" In Mfo. le- gitur [NOTA]. Non fugebat Criticos mendurn alicubi latitare. In queftionem dant igitur, [nota obiit]; & infœlicia ver- ba miferabiliter exagitant. Legit Manutius [ Mortem obiit] : Schegkius , \_voto obiit] Ad- dalius, [rnota obiit] : Gruterus , [conata obiit]: Boxhornins, [fat a obiit']: Renanus , Lipjius , £? Pupma liota obiit ;& in hac emendatio- ne libentiflimè conquieverunt Pofteriores omnes. Plane confiât tamen [NOTA obiit] ut in Mfo, extra culpam effe; quum inté- rim [SCELERIS CONANDI Confilia] ne- gîetla, ac, quamvis fœdè diftorta, etiam extra Fufpicionem jacent: cujus caufâ pul- cherrimœ àvriïeçeuç divellitur membrum poflerius, ac diflrahitur. Lego igitur. « At Catilina non Segnius NOTA obiit, " quam Juillet, Août et Septemb. 1736. 285 " quam SCELERATIUS CONDITA " confilia inierac. " i. e. nota confilia. ExquifitifiTma, ut notatur, antitheiis, rationem Conjuratiofiis , Ducii- eue ingenium edocens. Ad hune fenfum T. Livius & Hor: Flaccus verbia [obire 6c condita] utuntur. Lïv : Qida duo Conjules OBIRE tôt fimul bella nequirent. Fuie: Pra- cordia COXDITA aperit liber, i. e. condita confilia. Ad conflruclionem quod attinet, [QUAM] elegan ter connectit duo comparât i- va. Quint : Sitquefilubricr Jiudrs QUAM duh cior.Uv. Triumpbis ciarior QUAM gratior fuit. CAP. X L V I. " Cum deinde immanes " res, vix mulcis voluminibus explicandas, " C. Caefar il Gallia ageret; nec conten- " tus plurimia ac feliciffimis victoriis, in- u numerabilibufque csfis & captis hoflium " millibus, etiam in Britanniam Cranfjecif- ec fet exercitum , alterum penè imperio " noftro AC SUO quaerens Orbem" ] Qiiid velit Author verbis [ alterum penè imperio noftro ac Juo ] prorfus ignoro. [ Imperio nof- ro ] Romanum Imperium ; [ acfuo ] Casfa- ris in Gallia, vellem intell igere. [Orbisa Romano diveriùs~] facilis eft & explicata lo- cutio : immo, ut mox videmus, fub hac imagine , omnes Romani Scriptores noti- tiam Britanniœ nobis tradiderunt. Attamen [orbis a Caefaris diverius] oratio extra modum fit abfona atque abfurda, Scripferat iine-dubio Paterculus T 2 « Al- £86 Bibliothèque Britannique, cc Alterum penè, imperio noflro AC- CISUM , qusrens orbem. Accurata Britannia; Topographia. Sic apud Antiquos nobis occurrit illa, pifta. Claud. Noftro didutta Britannia mundo. V\rg\ Et penitus toîo divifos Orbe Britannos. Quia olim (ut explicat Servius verba) pmcîa erat continenti Britannia. Et Caefar ipie , Britan- niam jam exploraturus , in literis ad Sena- tum jaftat ALlUMfe ORBEM reperif- fe. Denique Julius Solinus Polyhiltor ver- ba Vellcii modo non tranfcribit. Finis erat Orbis ora Gallici littoris. Nijî Britanniz infula non qualibet amplitudine, nomen PENE ÔRBIS ALTERIUS mereretur. [Jccifumj etiam optimè dénotât Infulam a Continen- ti, cui olim, fecundum veterum mentem, jundta illa fuerat , feparatam : nam [ad] in compofitione , eandem ut [ an®} ] apud Graecos vim habet. ita [acciji] undique c partes fuas NUTRICATUR & CONTINET. de natz deor. I. 2. CAP XCL « Rufus Egnatius , per " om- Juillet , Août et Septemb. 1736. 293 fC omnia Gladiatori, quam Senatori pro- " grior cum effet OMNI flagitiorum " icelerumque confcientia merfus; nec " melior illi res familiaris quam mens fo- " ret; adgregatis fimiliimis fibi, interimere " Caefarem ftatuit. "] ClarilT: Heinfio & Bur- manno, hœc leftio plané difplicet; atque mérité. Quid enim vellet dicere \_omni conf- cientia ] ? Legam igitur , " ONERE flagitiorum , fcelerumque " confcientia merfus " Luxuriae, impuritatis atque imtemperan- tias vitia, Flagitium nominant latini, Sic illos, Flagitiofos nuncupat , qui manu, ven- tre , pêne , bona patria laceraverant , Crifpus in Hiitoria. Cumque igitur ad inopiam du- cunt ha;c crimina , perbene fit traducla lo- cutio metaphorica [ONERE flagitiorum merfus']. Scelusautem, crimcn notât quod flagitii malignitatem , jun&am/flc/wori. quod vi & malitia perpetratur, in fe habet. Er- go dicitur elegantiflime lconfcientiafceleru:ïi~] Dictum, ut videtur a Salnftio mutua- tum. Sic enim Crifpus de confimili \v;o S. Catilinà " Animus ferox, inopia rei fa- " m/^m&CONSCIENTIA SCELERUM." Nofler enim [ONERE flagitiàrufn] idem quod Crifpus inopia rei familiaris , in- nuit. Hoc nempe tenebatur onere Rufus Egnatius, Catilinà? fimillimus. At Author -ipfe fuam fancit le&ionem; & digitum, ut ita 294 Bibliothèque Britannique, itadicam, fequentibus, ac emendationem noftram, intendit verbis nec melior Uli r es familiaris quam mens foret. Unde li- quet , rem fanÀliarem , O N E R I : menîem , CONSCIENTE refonare. CAP. CX. « Rumpit, interdum MO- „ RATUR, propofita hominum fortuna " Tentât hac defenfione Velleius Tyberium cuîpâ liberare , cum Rebellio univeifae Pan- nonias, praeter opinionem, improvisé huic accidiltet. Sed quid defenfionis? Cave ne credas, Lector, Authorem tam abfurdè He- roi fuo patrocinari ; aut tam inconcinnam > tam nugatoriam fententiam proferre pofle. Pro certo habe, fie fcripfifle Velleium, « Rumpit interdum MATURATA pro- " pofita hominum fortuna. w Innuerat enim Hiftoricus; verbis, [prœ- parc.'veratjam hiberna Ccefar ad Danuhium 0c. ] conulia Caefaris in Germanos jam maturari, quum univerfa Pannonia, ex conftituto , arma corripuerat. Apta & idonea exeufa- tio , reconditâ exquiïitâque fententiâ invo- luta. Vocem habes apud T. Livium — T. QjLintium Confulem factum f.rtitumque Provin- ciam Macedoniam MATURATO itinerejam Corcyram trajecijfe eam rem ejje rati9 quœ MATU RATA dilatave non tam magni wnti adfummam rem populi romani ejfe. AR^ Juillet 3 Août et Septemb. 1736. 205 ARTICLE I I I. Cafés in Midwifry , Written by the latc Mr. William Giffard, Surgeon and Man-midwife , revifd and publifd by Edward Hody , M. D. and fellow of the Royal-Society. London: printend for B. Motte 1734... c'eft à dire, Obfervations fur la grojfeffe £f î accou- chement des femmes , par feu Mr. Guillau- me Giffard, Chirurgien & Accoucheur; revues & publiées par Mr. Hody , Doc- teur en Médecine £? membre de la So- ciété Royale à Londres , 1734. in 4. pp. J20. NOus ne faurions donner à nos lecteurs une idée plus jufte ni plus précité du livre dont il s'agift & de fon Auteur, qu'en copiant le jugement que Mr. Hodv en por- te dans l'Epiîbre dedicatoire addreftee à Mr. Hollins Médecin de fa Majefté Britannique. „ Feu Mr. Gifîard , dit^l , étoit un homme „ franc & naturel, & ce caractère fe fai- „ foit remarquer dans toutes fa conduit?; 55 & il a paru dans des occafions délicates 3, que fon Jugement étoit folide & qu'il ne 3, le laiflbit pas prévenir. Son adreffe & fen „ expérience dans fa profeÏÏion , & fur & tout fa charité envers les pauvres , à oui » il 29(5 Bibliothèque Britannique, ,j il étoit toujours preftde donner Tes foins, 35 lui avoient aquis longtems avant fa mort 3, l'eftime & l'amitié de tous ceux qui le „ connoifibient. 5, Pour fes Obfervations , elles font é- 5, crittes dans le même goufl que celles du y, fameux Mr. Mauriceau. Il nous a don- „ né dans ce recueil les relations exactes „ & ridelles de deux cent vingt & cinq ac- 3J couchements , dont un grand nombre é- „ toient très dangereux & très difficiles. 5, J'aurois fouhaitté que le ftile de notre „ Auteur euft été plus correct ; mais il en ,3 eft des livres comme des hommes , on 5, doit principalement faire attention à l'u- 3, tilité dont ils font au genre humain ; & 3, pour aiïlirer que ceux qui liront ces ob- 3, fer varions en, vue d'en profitter pour la „ pratique des accouchements , ne croiront 3, pas avoir mal employé leur temps. On peut envifager ce recueil d'obferva- rions fous deux faces différentes ; ceux qui s'attachent a la pratique des accouchements, V trouveront des exemples inftructifs de l'application d'une méthode, connue d'ail- leurs à la vérité , & fur tout par Fexellent traité de Mr. Mauriceau , mais dont la va- riété infinie des Cas qui fe prefentent rend fouvent l'ufage très difficile. Ainfià cet é- gard cet ouvrage doit eflre très utile aux praticiens , & il feroit à fouhaitter qu'une bonne traduction mifl plus de perfonnes en état de l'étudier & de le confulter: Il n'en: pas Juillet, Août et Septemb. 1730". 297 pas poflible d'y fuppleer par un extraie , quelque détaillé qu'il fûft; mais fi l'on cher- che dans cet ouvrage des faits qui interef- fent tous les Phyficiens en gênerai , on peut en choifnTant quelques uns des plus curieux de ces faits , fatisfaire en quelque manière la curiofité de ceux qui ne peuvent pas con- fulter le livre même. Le cas CLVI1. eft de ce genre ; nous en donnerons le précis d'autant plus volontiers qu'il a beaucoup de rapport avec le cas que Mr. Littre a publié dans les Mémoires de l'Académie des feiences de l'année 1702. , avec cette dif- férence que dans celui que rapporte Mr. Giffard, la femme fut bien pluftot à la vérité, mais bien plus malheureufement délivrée que dans l'autre. Mr. Giffard fut appelle en 1730. chez une femme, qui croyoit s'eftre bîeïlee trois mois auparavant, & qui avoit eu tous les fymptomes d'une faufle couche. Cependant peu de temps après Nelle fentit diftinfte- ment remuer fon enfant, & fon ventre con- tinua à groflîr, enforte qu'il n'y avoit au- cun doute qu'elle ne fuft enceinte. Il la trouva dans les douleurs qui précèdent l'en- fantement : mais lors qu'il voulut exami- ner fi l'orifice interne de la matrice com- mençoit à s'ouvrir, il rencontra une tumeur qui rempliflbit & dilatoit le Vagin d'une manière extraordinaire: Il crut que c'étoit la matrice qui étoit defeendue: cette tu- meur s'étendoit ea arrière & prefîbit le rectum 298 Bibliothèque Britannique, reGtum & le col de la Veffie; enforte que les excréments & l'urine ne paffoient qu'a- vec difficulté. Il chercha inutilement l'o- rifice interne de la matrice dans la fituation ou il eft d'ordinaire, mais enfin il le fentic deux doits au deflus de l'Os Pubis. On ver- ra dans la fuitte la caufe de cette fituation* Mr. Giffard ordonna les remèdes ordinai- res en pareil cas ; cependant la femme ref- ta en cet état de ' fouffrances depuis le 3. jufques au vingt du mois , & elle s'apper- çut quelques jours avant le 20. qu'il étoit forti par VAnus de l'eau teinte de fang ; c'étoient véritablement les Eaux du fœtus ; mais on n'avoit garde de s'en douter alors. Le vingt au matin notre Auteur fut appelé une féconde fois , & d'abord la fage fem- me lui diffc qu'un fœtus avoit été poufTe par VAnus ; & en effet il trouva le cordon umbilical qui pendoit hors de cette partie ; En le fuivant il pouffa fes doits environ juf- ques à trois pouces en dedans , où il ren- contra une ouverture, qui, à ce qu'il ju- gea alors , communiquoit du Redtum dans la matrice ; elle étoit affez large pour ad- mettre trois ou quatre doits ; & le cordon paffant par là , il ne doutta pas que le fœ- tus n'eufl fuivi le même chemin; il tafcha de détacher l'arriére faix , à quoy il ne put reuffir que très imparfaittement, & fut enfin obligé d'en laiflèr la meilleure par- tie. Cette femme ayant perdu beaucoup de fang caillé par l'Anus, mourut enfin fix jours Juillet Août et Septemb. 1735. 299 jours après cet accouchement, fi l'on peut l'apeler ainfi ; on trouva par l'ouverture du Cadavre les difpoiitions fuivantes. Le Vagin , la Matrice , les ligaments ronds, l'Ovaire , la Trompe de Failope & le ligament large , de même que les vaifléaux Spermatiques & Hypogaftriques du cofté gauche , étoient dans leur état naturel ; du cofté droit le pavillon de la Trom- pe de Failope s'ouvroit dans un fac , dont on va parler , & y étoit fortement at- taché; l'Ovaire de ce "codé & le ligament large étoient dilatés & formoient un lac de figure irreguliere , qui s'étendoit derrière la matrice, à la partie poflerieure de la quel- le il étoit attaché , & paflant plus avant vers le cofté gauche il s'alloit joindre à cet- te partie du Colon qui fe termine dans le Reàum , 6c au Rectum même : on trouva dans ce fac une partie de l'arriére faix , & les refies des membranes ; & outre l'ouver- ture qui communiquoit avec la Trompe de Failope, il y en avoit une autre d'environ quatre pouces de diamètre , qui perçoit le Rectum vers le milieu de fa longueur : la partie de l'Urètre du cofté droit, qui é- toit entre l'Ovaire & le Rein, étoit dilatée, de même que la partie du Reàum qui étoit entre la grande ouverture & le Colon; la dilatation de l'un & de l'autre avoit été caufée pas l'obftacle qui empefchoit qu'ils ne fe vuidaffent facilement, nous efperons que nos Le&eurs verront icy avec plaifir Tmt Vil. Part. IL V la 3oo Bibliothèque Britannique, la planche qui a été publiée dans le livre même, & qui a été gravée fur les deffeins qui furent faits par ordre de la Société Royale, lors qu'on lui fifl voir un Cas fi finguliër, Fig. I. elle montre la Matrice avec le fac placé derrière elle, & une partie du Colon & du Rectum ; les Trompes de Fallo- pe, l'Ovaire du collé gauche, les ligaments ronds, & le Vagin ouvert jufques à l'orifi- ce de la matrice. A. La Matrice. B. La Trompe de Fallope du codé gau- che. C. L'Ovaire du même codé. D. Les ligaments ronds. E. Le Vagin ouvert dans toute fa lon- gueur. F. La partie du Colon qui fe termine dans le Reclum. G. Le Reclum continué jufques à Y Anus fous le Vagin. H. La Trompe de Fallope du codé droit , dont le Pavillon s'ouvre dans le fac qui fe forme de l'Ovaire. î. Le Sac qui s'étend derrière la Ma- trice. Fig. II. Elle montre le dedans du Sac, & fon ouverture dans le Rectwih A. L'Inteftin* B. Le Juillet > Août et Sf.ptemp. 1736. 301 B. Le Sac attaché à Flnteitin. C. L'ouverture du Sac dans le Refitum. D. Les membranes que l'on trouva dan? le Sac. E. Le Vadn ramené vers la droit te. t>* L'Auteur finift en afïïirant que le £œtii§ étoit bien formé, mais fore émacîé, & cor rompu, car il y avoit quelque temps qu'il étoit mort. Si l'Hifhoire duCLXXXVI. Cas, don; nous allons donner le précis, n'eft pas tout à fait fi fmguliere que la précédente , elle peut en recompenfe diriger les Accoucheurs & les Médecins dans des occalions fem- blabies. L'Auteur fut appelle chez une dame veu- ve depuis quatre moie , qui fe croioit grof- fe, & qui avoit actuellement une perte très confiderable : Il crut remarquer que fa grof- feffe étoit imaginaire, & que cette perte' avoit des accès périodiques ;ainfi il ordon- na le Quinquina à la malade , dont il pa- rut qu'elle fe trouva mieux d'abord: mais quinze jours après elle fut prife de dou- leurs violentes , qui durèrent plusieurs heu- res, avec une perte qui n'étoit pas confide- rable. LorfqucMr. Giffard fe rendit auprès d'elle, la fage-femme lui fift voir une maf- fe groiTe comme les deux poings, qu'elle venoit de tirer du corps de la malade ; el- le l'avertit en même teras qu'elle enfenroic une autre dans le pafTage, mais quelle r.'o- V 2 302 Bibliothèque Britannique, foit la tirer: Il lui enfeigna comment il falloït s'y prendre , & en îuivant Tes direc- tions la fage-femme tira une malle plus grofle que la première ; auifitoft les dou- leurs & la perte celîerent , & l'Accoucheur trouva que l'orifice intérieur étoit remon- té & refermé. Ces mkffes étoient compo- fées de plusieurs hydatidés de différentes grandeurs , jointes enfemble par une fub- ïtance charnue & lafche , enibrte qu'elles reffembloient à des grappes de raifm , dont quelques grains étoient gros comme des noix & d'autres beaucoup plus petits. Voila tout ce que Mr. Giffard nous ap- prend de ce Cas ; mais le Dr. Hody , que cette Dame confulta depuis , nous en "donne la fuitte dans une audition qu'il a jointe à la fin de l'Ouvrage. Cette Dame depuis qu'elle eut été délivrée de ces paquets d'hy- datides fut fujette jufques à fa mort , qui arriva environ un an après , à des pertes fréquentes , qui duroient un jour ou deux, & elle n'étoit jamais fins un écoulement quelquefois plus quelquesfois moins méfié de fang ; elle ne fe plaignoit d'aucun au- tre mal , excepté d'une pefanteur dans les parties baffes: Enfin dix jours avant fa mort elle rendit une fubftance charnue très-pe- tite ; & depuis ce temps-là elle fentit de grandes douleurs dans le ventre , & elle mourut enfin de la fièvre & de la Gangre- né dans la Matrice. En ouvrant le Corps on trouva la Ma- tri- !/*»<* vtr.>£r>z^2r.^j.âû2 Juillet, Août lt Septemb. 1735. 303 trice telle quelle efl reprenfentée dans la figure. A. L'Arriere-faix attaché à la furface in- terne de la matrice, à laquelle il étoit fi étroitement uni, qu'il était devenu, pour ainli dire, un feul ce même corps. B. Efpace entre l'arricre-faix ce la Ma- trice , après qu'il en eut été feparé avec un couteau. C. Le corps de la matrice ouvert. D. Les Trompes de Fallopes. E. L'extrémité de la Trompe de Fallope ouverte. F. Les Ovaires. G. Partie des ligaments larges. IL Partie des ligaments ronds. I. Partie de l'arriere-faix qui étoit den- telée , & qui étoit pofée fur l'orifice de la Matrice. K. L'Orifice de la matrice coupé & ou- vert. L. Partie du Vagin coupée & ouverte. On a tout lieu de croire que û Mr. Gif- fard ne s'étoit pas imaginé, peut-être allez légèrement , que cette femme étoit entiè- rement délivrée, & qu'il euft agi comme il devoit dans une luppofition "contraire, il auroit prévenu les fuittes facheufes que caula la rétention de l'arriere-faix dans la Malrice. V 3 ART. 304 Bibliothèque Britannique, ARTICLE IV. The suprême and inferiour Elahim, A fermon preacLed before the Corporation of Briflol , and the Lord - Chief- Juftice ï lardwicke , at the May or s Ch appel , on Sunday the \6th~ of Augitft. 1735". beihg the Day before the Afftzes. By A. S. Cat" cott , L. L. B. late Fellow of St. John s. Collège in Oxford , and Majler of the Grammatical School in Briflol. London. Printed by H. Woodfall , at Elzevier's Heady without Temple- Bar. 1756. Cefl- à-dire , Les Elahim [ ou les Dieux ] SuRPREMES ET INFERIEURS. SemiOll prononcé devant le Corps de la Bourgeoifie de Briflol e? le Lord -Chef -de- Juftice Hardwicke, dans la Coapelle du Maire, le Dimanche 16. dAoût 173?. veille du jour des Affizes. Par Alexandre Stopford Catcott , Bachelier ès-loix , cy-devant Membre du Collège de St. Jean à Oxford , £f Maître [ à préfent ] de F Ecole de Grammaire à Briflol. Imprimé à Lon- dres , chez. H. Woodfall , à la tête d'£/- zevier , proche Temple bar. 1736. Grand ;:; quarto. Pages 38. avec une Ep.ître çkdicatoire & un AvertifTement. TM Juillet , Août et Septemb. 173(5. 305 J'AI dit, vous êtes DIEUX. Ce font ces paroles du Pf. LXXXII. vs. <5.:que Mr. Catcott a prifes pour Texte du Dif- cours qui vient d'être annoncé fous le titre de Sermon \ mais qui eft plutôt, comme il rinfinue lui même , une Difertation Critico- tbéologique fur le mot de Dieux, un ouvra- ge d'ailleurs par la publication duquel il compte avoir rendu fervice à la Caufe duCbrif- tûmifmc, & défendu l'Article fondamental de toute Religion révélée , ainfi qu'il en parle lui même dans l'Epitre dédicatoire. Ajoutez que c'eft une Pièce dans un goût prefque tout nouveau [ou dumoins_ fort peu com- mun en Angleterre , 011 les explications Cocceïennes de l'Ecriture font à peine connues malgré le voifinage de la Hollande, ce ou Ton ne fe feroit peut-être jamais imaginé que des explications approchantes de cel- les-là duflent trouver de zèîez partifans , furtout parmi les Défenfeurs de la Religion , qui jufqu'à préfent ne paroiffent pas avoir eu Tefprit tourné aux Allégories, ni aux fubtilitez Rabbinefques ; foit qu'ils ne fuf- fent pas nez pour cela, foit qu'il n'y eh- tendîflent rien , foit qu'ils aimaffent mieux facrifier l'avantage qu'ils en auroient pu ti- rer, que de défendre la bonne Caufe par des moyens qui réjou'fffent les Avocats de la mauvaife. Quoiqu'il en foit Mr. Catcott eft fort amoureux de certains principes & de certaines découvertes , qui véritablement V 4, ' ne 30(5 BlRLIOTHEQUE BRITANNIQUE, ne reviennent pas tout-à-fait au Cocceïa- nifme, mais qui en forment comme une nouvelle efpèce. Feu Mr. de Concourt , Au- teur des Entretiens fur les différentes méthodes des Cocceïens & des Voïtïens f , & qui croyoic ferieufement pouvoir rire aux dépens du Cocceïanifme % , difoit que c'étoit un bon- heur que Cocceïus ne fut pas né Gafcon; parce que le Cocceïanifme dans une imagi- nation Gafcone auroit été pouiTé bien plus loin & avec bien plus d'elprit, & qu'alors par la fubtiîité de la contagion tout auroit été perdu. Ceux qui là-defliis font d'hu- meur à s'intéreffer pour ou contre, feront bien aifes de voir aujourd'hui un échantil- lon d'un Cocceïanifme à VAngloife. On peut appeller ainli la nouvelle fience que Mr. Catcott nous étale , & qu'il étale de plus avec une noble fierté qui ne reffemble pas mal à celle que Mr. de Joncourt pen- foit remarquer dans les Cocceïens comme un de leurs caractères diftinclifs *. Au refte la nouvelle fience de Mr. Catcott n'eft. pas abfolument la fienne, & il ne prétend point en être l'Inventeur ; c'efl celle de Mr. Hutchinson: la même dont on a don- né quelque idée , il n'y a pas longtems, dans l'Extrait de l'ouvrage intitulé, Leu tre f Imprimez à Amjlerdam chez Zacharie Châtelain le fils, en 1707. £ Voyez fort Entretien I. p. 31, 32. * J-bid. p. 25-31. Juillet, Août et Septeme. 1736. 307 ire à un Evique touchant quelques découvertes importantes dans la Pbilofopbie & dans la Théo- logie f. Bien des gens, peu prévenus pour l'Auteur des découvertes importantes, avoient prédit qu'elles ne feroicnt pas fortune: Et la Lettre fur ces découvertes ne leur a pas procuré jufqu'à préfent un fuccès afTez bril- lant pour démentir la prédiction : Il femble cependant que depuis quelque tems elles commencent à prendre faveur : Aumoins fe trouve-t-il quelques Théologiens à qui il ne tiendra pas qu'elles n'ayent la vogue:] Mr. Catcott en fon particulier nous décla- re dans fon AvertiiTement qu'il regarde Mr. Hutchinfon comme un Homme & comme un Auteur que jufqu'au jour de fa mort il bénira Dieu d'avoir connu ; que c'efl de lui qu'il a parlé dans le fermon même com- me du premier qui ait bien entendu le Texte Hébreu depuis que l'Infpiration à cefie ; que c'efl lui enfin qu'il a repréfenté dès l'Exorde comme un Perfonnage que Dieu à fufcité exprès dans ces tems fâcheux pour rétablir la véritable connoiilance de la Lan- gue f Voy. Bïbliot: Brittan. T. VI. pp. 236-264. ou Art. II. de la Seconde Partie: & notez que l'Au- teur des découvertes y eft mal nommé Hutchejon. Son nom eft Hutchinfon', mais qu'il faut bien fe garder de confondre avec un autre Auteur du mê- me nom, dont il eft parlé dans le même volume. Art. Vil. Celui-ci eft homme d'Eglife & demeure à Oxford. L'autre , dont il s'agit à préfent, eft La ïque& demeure à Londres. 308 Bibliothèque Britannique, giie Hébraïque ; pour vanger ainfî la Religion révélée, qui faute d'un pareil fecours Jèm- bloit abandonner la place aux ajjauts de fes Ennemis ; & pour la vanger d'une manière fi triomphante que déformais toute leur rage £? toutes leurs rufes ne feront que blanchir. Ce n'eftpas d'aujourd'hui, ajoute-t-il dans le même Exorde, que j'ai penfé de la forte; ii je me fuis tu, c'eft en partie parce que j'aurois voulu trouver des compagnons d'oeuvre dans la propagation de cette fcien- ce, & en partie auffi parce que je crai- gnois qu'on ne me reprochât une affectation de paroître plus fage & plus /avant que mes Frères. . . . Mais puifque les autres fe taifent 9 il faut enfin que je parle. Cette introduction , dit-il enfui te , qui en apparence ejl étrangère à mon Texte , étoit néceffaire dans le fonds: £? on s'en appercevra avant que je finiffe. Tout cela eft d'un Orateur adroit : Il n'y a per- forine qui après un pareil Début ne" s'atten- de à un Sermon où le Prédicateur va , non- feulement travailler pour la Caufe du Chrif- tianifme & de la Religion révélée, mais fe fignaler pour elle par un coup d'éclat & de la dernière importance. Il convient , à la vérité , vers la fin de fon Sermon, que les Miracles opérez en faveur de la Religion Chrétienne , en four- nirent une preuve fuffifante : mais à qui ? à des perfonnes , dit il, libres de préjugez f. Or les t Page 33. Juillet, Août et Septemb. 1735. 309 les préjugez qui leur rendent la preuve in- fuffifante font connus : Impoflibilitç préten- due dans la nature même des miracles : Défaut prétendu d'authenticité dans l'Hiftoi- re qui les rapporte : Abfurdité prétendue dans la Doctrine à FétabliiTement de laquel- le Dieu doit les avoir deftinez: Voila en gros tous les préjugez que Mr. Catcott peut avoir eu en vue : Et qui fait? peut- être ces préjugez ne fe font ils maintenus jufqu'à préfent que faute d'évidence & de force dans tout ce qu'on a coutume de di- re pour les diffiper : Ne fera-ce pas beau- coup s'ils s'évanouïiTent déformais à l'éclat des nouvelles lumières que Mr. Catcott commence à répandre dans le Monde ? Voyons ce qui en eft: & pour cet effet donnons un précis de fa Diflertation fur le mot de Dieux, aufli fidellement qu'il nous fera porTible: ce qui foit dit néanmoins fans préjudice des droits d'une honnête liberté: car on voudra bien nous permettre de ne pas rendre avec une fidélité trop ferupu- leufe dans cette efpèce de copie , jufqu'au manque d'ordre & de clarté que nous avons cru appercevoir quelquefois dans l'original. Si c'eft là une infidélité, c'en eft une où F Auteur lui même ne trouvera pas moins fon compte que nos Le&eurs, fi fon Ou- vrage eft folide, & répond dignement à la grande idée que peuvent en faire concevoir l^Epître dédicatoire, l'AvertilTcment , l'Exor* ^e , & les petits traits que nous avons déia 3T0 Bibliothèque Britannique* déjà tirez du Corps même du Difcours. Entrons en matière. LE mot Hébreu que nous traduifons (mais très-mal au gré de Mr. Catcott) par celai de Dieux; & que nous prononçons communément Elobim avec un O, mais qu'il prononce conftamment Elahim avec un A; eft un Dérivé félon lui de pl^tf Alab ou Elab, qui comme Verbe fignifie, dit il, confirmer ou engager par ferment ; & comme fubftantif , tantôt le ferment même, tantôt la perfonne qui le fait: De forte que par Llabim , le plurier de Elab, il faut enten- dre des perfonnes qui Je font engagées par fer- ment à V exécution cl un Traité. Mais c'eft une règle de la Critique de Mr. Catcott, que pour avoir l'idée complette d'un mot qui exprime une aclion , il faut remonter à la première & principale action du même genre, ou au premier principal Agent en qui on puifle la trouver. A la faveur donc de cette règle il remonte au premier ver- fet de la Genèfe, ou il eft dit que les Ela- him (au plurier) créa( au fmgulier) la fub- Jiance des Cieux & la fubfiance de la Terre. Voila les premiers & principaux Elabim; les Elahim SuprCmes dont parle le titre du fer- mon , & qui en occupent la première Par- tie. Ce font les mêmes Perfonnes qui ont créé le Monde: Et ces Perfonnes font l'E- tre qui ne peut pas ne pas être, & qui dès-là nu il efl doit avoir toutes les perfections aàives; Telle eft la définition qu'en donne notre Au- Juillet, Août et Septemb. 1736. 311 Auteur , parceque les Elahim dans une infi- nité d'endroits font nommez Jébow [ ou nommez du moins à la fuite de ce nom, mais par appofition fans doute , cela fe fup- pofe : ] & que ce nom eft formé de PP J.ib qui veut dire VEffence , avec niH bova, ajou- te-t-il, qui fignifie Exercer des facilitez: en Anglois , îo exert powers. Or le refultat de tout cela , fi nous avons bien pris fa pen- fée, c'eft que le feul titre d' 'Elahim em- ployé pour défigner la Divinité , prouve un Traité conclu avec ferment entre des Per- sonnes divines qui ne font qu'une même Ef- fence. Mais il ne s'en tient pas là : Et fe fondant apparemment fur ce qu'elles ont ce titre dans le récit même de la Création , il retend avoir prouvé encore qu'il s'agit d'un "raité plus ancien que le Monde : Car d'ob- efter que l'Ecriture pourroit avoir appelé es Perfonnes divines Elabim par anticipa- ion, tout comme elle apelle quelquefois Morts ceux qui n'ont été tels que dans 1 fuite des évènemens ou elle les inté slTe f ; & comme nous mêmes nous di- sns tous les jours Le Défunt a ordonné 9 quoi- ii'H ne "fût pas encore Défunt quand il rdonna ; ou bien le Roi a fait certaines ac- ms y fans vouloir témoigner par là qu'il oit déjà Roi quand il les fit; ce feroit •opofer une difficulté dont Mr. Catcott ^mbarafie fi peu , qu'elle ne paroît pas même "* Voy. Rmh. I. 8. II. 20. & I Pier. IV. 6. f 312 Bibliothèque Britannique* même lui être verrue dans l'efprit. D'ail- leurs l'équité ne veut pas qu'on fe prévale de ce qu'il a obmis ici une autre preuve qui vient plus bas , qui n'eft point ïujette à la même difficulté , & qu'il auroit pu met- tre à fa place s'il avoit voulu. Elle eft ti- rée QYHabacuc I. 12. qui dit, félon les LXX & la Vu! gâte , N'ès-tu pas dès-k commence- ment 3 6 Seigneur , mon Dieu £? mm Saint: Se- lon la verfion Angloife , N'ès-tu pas d'éterni- té &c : Selon celle de Genève , N'es tu pas dès-jadis ê Eternel &c : mais' félon Mr. Cat- cott , N'es tu pas dès ton premier dejfein de créer l'homme, JE HO VA mon EL A H : il goitvoit même traduire JEHOVA mes ÈLAHIM, s'il avoit voulu tirer partie de la ponctuation des MafTorèthes , ou n'a- voit craint de la fuivre lors-même-qu'elle le favorife : Mais ce n'eft pas là l'ellentiel : le fort de fa preuve eft dans le mot Hébreu ZD^pD qu'il rend par ces paroles, Dès-ton premier deffein de créer X Homme. Et ne lui reprochons pas qu'il n'allègue rien pour éta- blir cette nouvelle traduction fur * la ruine des traductions ordinaires. Outre qu'en gé- néral il ne paroît pas aimer beaucoup ce qui fent la difeuffion, & que ce n'eft peut-être pas ici ou elle auroit été le plus nécelTai- re ; il a foin de nous avertir dans un autre endroit , que s'il avance certaines chofes fans preuve , on doit avoir allez de charité pour fuppofer qu'il a fes preuves par devers lui. Juillet, Août et Septemb. 1736. 313 lui. Ajoutez, qu'avec le pafTage cité d'Ha- bacuc, il en cite d'autres, * ou l'on voie que les promeffes faites à Abraham & à David [dans le tems] étoient accompagnées de cette formule , J'ai juré ou Jébova a ju- ré: ce qui ne pouvoit le rapporter félon lui qu'au Traité original qu'il a en vue, & ne pouvoit fe dire , qu'en conféquence de ce Traité confirmé par ferment avant la fon- dation du Monde. Il y avoit donc un pa- reil Traité: & un Traité (qui plus eiY) où il s'agilToit des intérêts de l'Homme. Si l'on veut lavoir ci préfent quels étoient les articles du Traité , nous allons les fpé- cifier d'après notre Auteur. Nous en dis- tinguons de deux fortes. Les uns contien- nent ce que les Elahim avoient arrêté qu'ils feroient en faveur de l'Homme: & les au- tres, ce qu'ils avoient arrêté que l'Homme feroit obligé de faire. Les uns regardoient le bonheur de l'Homme : les autres , fon devoir ou les conditions de fon bonheur. Et dans les uns ainfi que dans les autres, il étoit confidéré en premier lieu comme in- nocent, en fécond lieu comme coupable. PREMIEREMENT: En cas que l'Hom- me perfévérât dans l'innocence, fon bon- heur devoit être de jouir des fruits & des agrémens du Jardin d'Eden pendant un cer- tain tems d'épreuve , qui dureroit jufqu'à ce <* Gen. XXII. 16. Pf. LXXXIX. 3 , 4. & CX. r« 314 Bibliothèque Britannique, ce qu'il eût fait des progrès fuffifans dans la connoiiïance & dans l'amour des Elahim: Après quoi il devoit pafTer de la Terre ( fans mourir) à une vifîon & jouïffance éter- nelle de la préfence des mêmes Elahim. Notre Auteur trouve tout cela dans Ojée VI. 6 , 7 , en traduifant le Texte de la manière fuivante: Je demandois [bu f 'ai demandé] mi- séricorde £f non pasfacrifice , ô? la con- noijjance des Elahim plutôt que [ou avant que de demander] des bolocaujtes: Mais eux, de mime qu'A D A m , ont transgrejjé l'alliance. Le mot Hébreu qui répond à celui de miféricor- de , eft "Oîl [bbefed~] & lignifie ici, nous dit-on , le devoir d'Adam ou fa reconnoif- fance. On dira peut-être que cette remar- que, fuppofé même qu'elle foit jufte, eft parfaitement inutile dans un Article ou il s'agit du bonheur de l'Homme & non de fon devoir. Mais ne pouroit on pas repon- dre que l'un eft relatif à l'autre ? Qui dit re- connoijjance , fuppofe des grâces accordées ou promifes. Or que ces grâces fuflent pré- cifément telles que Mr. Catcott l'avance, ceft dequoi il faut croire charitablement qu'il a des preuves par devers lui : d'autant plus qu'il nous avertit qu'outre le palfage d'Ofée , il y en a peut-être un autre qui va tout auiïi bien au fait. SECONDEMENT donc : En cas que l'Homme tombât, les Elahim dévoient le fauver par le moyen de l'un d'entr'eux qui prendroic à foi la Nature de l'Homme cou- pable Juillet * Août et Septemb. 1735. 315 pable pour fouffrir en fa place une mort ex- piatoire &c. Nous difons d'abord qu'ils dévoient le fauver : c'efb une idée générale que notre Auteur établit fur divers Textes que nous pouvons renvoyer à la marge. * Nous difons * enfuite que le moyen par lequel ils dévoient le fauver , c'étoit l'in- carnation , les fouffrances , la mort expia- toire de l'un d'entr'eux : Et c'eft ce qui fc prouve , félon M. Catcott , par ces paroles de la Genèfe , III. 22. Voila , V Homme eft devenu comme Vun de nous pour connoître le bien & le mal : Paroles vuides de fens lî elles ne lignifient pas, conformément à fon com- mentaire , V homme eft devenu comme celui d'en- tre nous qui en vertu du ferment [qu'il a fait ou que nous avons fait] doit connoître par expé- rience le bien e? le mal. Ceux qui croyent reconnoître dans ce Texte une ironie "aux dépens de l'Homme malheureux , prêtent à Dieu des fentimens que Mr. Catcott trou- ve * Au Texte à'Hahacuc T. 12. que nous avons raporté ci-defîus : & aux trois autres Textes que nous avons indiquez dans le même endroit; il ajou- te Efaïe XLIII. 10, 11. & XLV. if , 17, 21. re- marquant que le mot ^ E L dans le premier de ces deux nouveaux Textes fignifîe Irradiateur; & que dans le fécond il y a le môme mot qui dans Habacuc fignirie , De s le premier dejjein de créer V homme. Confe'rez l'Extrait de la Lettre à un Evéque , p. 26*2. TomeVILPart.IL X 3i£ Bibliothèque Britannique^ ve indignes de la Divinité : Et il faut avouer que leur explication n'eft pas plus néceffai- re que la Tienne. Pourquoi une ironie aux dépens de l'Homme malheureux? Pourquoi pas plutôt un Sarcafme contre l'Ange rebelle qui avoit entraîné l'Homme dans la défo- béïffance? Ce qu'il y a de certain, c'eft que les termes dont Dieu fe fert font une allu- fion manifefte à ceux du Tentateur , qui avoit dit, vous ferez comme les Dieux , fâchant le bien & le mal. Gen. III. 5. C'eft 'là, ce femble, qu'il faut aller prendre , s'il eft poffible , le véritable fens de ce que Dieu dit dans la fuite par une efpèce de réponfe ou d'oppofition à la promeffe du Tentateur. Malheureufement pour Mr. Catcott on ne s'avifera guère de penfer qu'une promefie imaginée pour féduire, & qui en effet fe trouva féduifante , ait pu fignifier , vous reffemblerez à un des Elahivi , dont le bonheur particulier confiftera , pourvu que vous péchiez , à devenir homme comme vous , à fouffrir , & à mourir . . ♦ Mais laiiïbns à chacun fes idées. Si nous entrons bien dans celles de Mr. Catcott, fa grande affaire eft de prouver les Myftères de l'Evangile par des Textes du Vieux Teftament : & cela , autant qu'il eft poffible , par des Textes tirez des plus anciens Livres, & auxquels naturellement on ne fonge pas. C'eft dans cette vue fans doute que le favant Prédicateur nous régale ici d'une petite Dilfertation fur les CHE- RUBINS, qu'on ne fera pas fâché que nous Juillet, Août et Septemb. 1735. 317 nous traduifions. En la traduifant il fera peut- être à propos d'ajouter quelque choie au Texte pour l'écîaircifiement de la matière : Mais outre que nous renfermerons les ad- ditions entre des crochets , nous aurons foin de les enchafler de telle façon que le Lec- teur qui voudra les paiïer, trouvera dans le refte une traduction pure & fimple , par la- quelle il pourra fe faire une idée de la ma- nière d'écrire de notre Orateur, & de fon talent pour ce qu'on apelle le Stile d'ex- polition. ,, On a cru prefque généralement [dit-il] „ que les Chérubins étoient des efprits „ créez. Pas un mot dans l'Ecriture en 3Î faveur de ce fentiment. C'eft une inven- „ tion de Pbiïon qui par fes allégories a été „ le premier Corrupteur du Tex'te Hébreu , „ & le Père de toutes les Héréfies. Non. „ Les Chérubins étoient une repréfeta- „ tion emblématique du Traité des Elal „ Les miféricordieux Sauveurs de l'Homme „ lui ayant préparé après fa chute un nou- ,, veau" moyen d'être heureux, n'étoit il 3, pas à propos qu'il en fut inftruit, 6c qu'ils „ en établirent un Monument, non-feule- „ ment pour Adam , mais pour les généra- „ tions fuivantes ? Or comment cela de- ,, voit il fe faire, finon par quelque emblê- „ me? [Dira-t-on que cela fe pouvoit par „ une révélation en termes clairs & ror- „ mels , renouvellée de tems en tems ? examinons point cette queilion. Ce X 2 „ qui 318 Bibliothèque Britannique 3 5, qui doit ici vous convaincre qu'un em- 3, blême étoit abfoluraent néceffaire, c'efl 3, que] les trois Pcrfonnes divines ne pou- „ voient ni apparoître elles mêmes aux „ yeux de l'Homme , ni être réprefentée? 5> P^ „ 1} ar une image proprement ainfi dite. Mais quel emblème falloit il?] Des figu- , res humaines , par une raifon qu'on va „ voir , ne convenoient pas. La forme „ donc [ qu'il falloit donner à l'emblème ] 3, étoit [celle des Chérubins] telle qu'on ?3 la voit dans Ezécbiel *: Une tête de 3, Taureau , une tête d'Homme & de Lion 3, enfembie, & une tête d'Aigle : Trois té- .3 tes , quatre faces , & tous les corps en 3, un: Voila l'unité d'Effence, la diftinclion 3, des Perfonnes, & l'Homme admis dans 3, l'ElTence divine par fon union perfon- 3, nelle avec la féconde Perfonne , dont le 3, Lion a été conftamment l'emblème. On 3, voit à prêtent pourquoi les figures d'hom- „ me n'auroient pas convenu : C'eft que dans un Emblème compofé de pareilles figures , l'homme n'auroit pas été diflin- gué des trois autres. Cet Emblème fut appelé Cberubim , de CHE qui lignine comme 3 & de RUBIM qui veut dire les 5) 5 5 *■ 33 3> 53 , Grands * Mr. Catcott nous renvoyé aux Chapitres X. XL & XIT. de ce Prophète. Peut-être eft-ce uns faute d'Imprimeur ou de Copifte? [pour Cbap. X. S I. 4.-1C. Juir.LET, Août et Septemb. 173/5. 312 „ Grands: De forte que qui die Cbérubim9 ,, [bien loin d'exprimer par ce mot quel- „ que chofe d'équivalent à K^^D Jîcutpuer, „ ainfi que l'ont prétendu d'anciens Rab- ,, bins citez par ISatable fur Gen. III. 24. j „ dit proprement les Images ou les reffemblan- ,, ces des Grands: [Dénomination qui fe rap- ,, porte également & aux Elahim repréfen- „ tez par les trois Animaux , ce à ces Ani- „ maux eux mêmes. Les Elahim font] grands 3, à tout égard & au plus haut degré: Les „ trois Animaux font grands entre les Ani- ,3 maux. C'eft le Prince des Animaux privez , „ ie Prince des Animaux fauvages , & le Prin- „ ce des Volatiles. Ajoutez que les deux figu- ,, res[c'eft-à-dire apparemment les deuxChé- „ rubins qu'on voyoit au defllis de l'Arche] „ le tenoient vis-a- vis l'une de l'autre , & les „ faces tournées l'une vers l'autre, comme „ des Perfonnes qui entrent en traité ; & „ qu'elles regardoient toutes [deux] embas „ vers le Propitiatoire, confidérantfle Sang ,, dont le Souverain Pontife faifoit afper- „ fion; de même que les véritables Grands „ ou Rubim , dans les^ plus hauts Cieux , ,, tournent leurs yeux fur le facririce méri- „ toire du Corps crucifié & du Sang ver^c ,, de Jefus-Chriit. * L'Homme n'ayant pas été * Touchant la conformité des deux Chérubins de l'Arche avec ceux d'Ezéchiel, on peut voir le linpment des Coccejcns accompagné de quelqu réflexion^ critiques? dans les Entretiens de Mr. de X J J- 3^0 Bibliothèque Britannique, „ été une des parties contractantes , la figure j, repréfentative du Traité ne pouvoit pas „ proprement , vu la face d'Homme qui y 3, étoit, être appelée Elabim ni Cbe élabimz 3, Mais l'Homme uni à un des Pairs de „ FEflence devenant par là un Rub ou un >, Grand, ils pouvoient tous être appelez 3, Rubim ; & leurs images ou repréfentations , 3, Cbe rubim. C'efl ainfi qu'un [Roi de Tyr 3, à qui Ezéchiel addrefibit de la part de „ Dieu les plus fanglans reproches , mais 3, en qui on ne laiile pas de reconnoître ici 3, un] Type du Mejfîe , eft appelé par Ezé- 3, chiel un Chérubin qui a été oint *: Et c'efl 3, amfi encore que le titre de Rubbi ou de 3, Rabbî fe donnoit à Jefus-Chrifl , à qui „ feul proprement ce titre appartenoit. Au „ defîus de ces figures , foit quand elles 3, apparoiflbient en l'air à l'Orient du Jar- 35 din d'Eden , foit en d'autres tems, bril- 3, loit une lumière plus éclatante que le fo- „ leil , de laquelle partoient des rayons ,, comme d'un centre : Or la lumière d'fr- 3, radiation ou de gloire a toujours été l'em- ,, blême de la Divinité. Ce fut là le pre- ,3 mier Sbékimb9 réfidence vifible de la pré- „ fence Concourt, fur les différentes méthodes &c. pp. 246- 2.f3. Entretien III. * Ezéchiel XXVIII. 14. dans le même endroit où il lui fait les roproches dont nous venons de parler. Juillet, Août et Septemb. 1735. 321 3, fcnce divine: auffi eft il dit, à la pr*miè- „ re expofition [de l'emblème] Gen. III. 5, 24. que Jéhovn Elabim habitera dans Us 3, Chérubins *. Ce font là ces faces de Jého- „ va dont il eft parlé en tant d'endroits de 3, l'Ecriture , où nos Verfions portent , de- ,, vûtot le Seignetir [ou devant fa face au fin- 3, gulier] : Ce font là ces faces de Jéuova de 5, la préfence desquelles Caïn craignoit fi 3, fort d'être banni : Car comme on en re- 5, cevoitdes oracles & qu'on adoroit devant 3, elles & que d'elles deicendoit le feu qui 35 confumoit la viclime pour montrer que „ Dieu acceptoit le facrifice , c'étoit une 5, excommunication que de ne pouvoir les 5, approcher: [& on ne voit pas comment „ i'ex- * L'Auteur cite le mot hébreu qu'il traduit par habitera au futur , & le prononce ou l'écrit jishcan; fupprimant ainfi le Fan converfif du "Texte 3 & changeant la ponctuation des MafTorethes qui li- fcnt va ce qui fignifie il a placé ou fait ha- ■ conformément à la verfîon des LXX. dont le fens eft trcs-naturel & fe retrouve auffi. dans toutes nos traductions Que Mr. Catcott ait lu jishcan au lieu de jashken, on ne doit pas en être furpris : on voit l'ufage qu'il tire de ce change- ment : Mais qu'au lieu de Vajisbcan qui avec un Vau fignine. Il a habit t ou il habita^ Mr. Catcott life Amplement jishcan 3 & par conféquent traduife // c'eft un myftere que nous pénétrons «Sautant moins que le Prétérit convenoit beaucoup mieux à fon fyftème que le Futur. x4 322 Bibliothèque Britannique, „ l'excommunication , ou le banniifement 5, de devant les faces de Jéhova 3 auroit pu „ avoir lieu dans un autre fens, parce que] „ dans le fens de la toute-préfence Caïn retrou- 3, voit la face de Dieu partout. [Ce qu'on ,, a dit de la gloire divine qui brilloit au ., deflus des premiers Chérubins dont il „ foit parlé, eft fondé fur ce que] ainfi ap- „ paroiflbit la gloire divine au deflus des „ repréfentations folides de ces figures fym- „ boliques dans le Tabernacle oc dans le „ Temple : Et de là ces façons de parler , „ Jéhova habite dans les Chérubins , // eft ajfis „ fur les Chérubins &c. De là le titre de „ Chérubins de gloire , qui leur eft donné dans a, l'Epître aux Hébreux , Chap. IX. v. 5. „ Il y auroit encore bien des chofes à en 3, dire ; mais il faut être court. [Ajoutons 3, feulement que] dans ces tems-là il y avoit 3, à peine une Famille, foit de Fidelles ou „ d'Infidelles , qui n'eût de ces Images fous „ le nom de Téraphins , comme dans la fui- 3, te les Payens eurent, leurs Pénates. [Les 33 Chérubins font le premier modelle de ces 3, Idoles] : & ce furent là les originaux de a, tous leurs Hiéroglyphes ; principalement 33 de ceux à deux ou trois têtes , lefquel- 3, les étoient généralement les mêmes que „ celles des [trois] animaux facrez. „ Il eft vrai que tout cela eft fujet à une difficul- té qui paroît d'abord allez confidérable : Car enfin , dira-t-on , fi les Chérubins placez à l'Orient du Jardin d'Eden furent un Emblè- me Juillet, Août et Septemb. 1736. 323 me confolant, donné à l'Homme pour fa confolation ; & fi leur Epée flamboyante ou leurs lames de feu n'étoient autre chofe qu'une lumière d'irradiation , fymbole de la Gloire & de la Miféricorde divine; pour- quoi Moyfe rapporte-t-il le fait en termes û propres à nous perfuader que les Chéru- bins avec leur Epée flamboyante n'avoient été mis là que comme Minières ou Inflru- mens de la Juftice divine, pour empêcher l'Homme de venir à l'Arbre de vie ? C'efl une difficulté, il eft vrai : * Mais comme Mr. Catcott ne femble pas l'avoir apperçue, il pou- * Puifque j'ai propofé la difficulté , il ne faut pas que je déguife ce que j'ai depuis conçu qu'on pouroit dire de plus fpécieux pour la lever. C'eft que ces paroles de Moyfe Pour garder le chemin de V Arbre de vie, font telles dans l'Hébreu qu'el- les pouroient fignifier auflï , Pour confervcr lavoye &c : en prenant le Verbe *V2& dans le même léns qu'au v. 29. du Pf. 89. Je lui garderai ma gratui- te -. & le nom ^"H dans un fens analogue à celui de la voye des lieux Saints ou du Ciel, de laquelle il eft parlé Heb. IX. 8. De forte qu'alors on enten- dra par la voye de l'Arbre de vis, un accès ou un retour de foi & d'efpérance , foit vers le Ciel fi- guré par le lieu faint où avoit été l'Arbre dont le fruit auroit fait vivre éternellement : foit vers le principe éternel de vie dont cet Arbre étoit J'embléme , ou vers le Cbrift , qui félon le gros des interprêtes eft V Arbre de vie dans l'Apoca- lvpfe-XXII. i. 354 Bibliothèque Britannique, pouvoit fort naturellement ne fe pas met- tre en peine de la réfoudre ; & palier avec confiance , ainfi qu'il le fait, à une nou- velle petite DiïTertation , qui roule fur la phrafe hébraïque Çaratb beritb. Les Traducteurs ont coutume de rendre cette phràfe par celle de faire ou traiter al- liance. Mais Mf. Catcott remarque d'après Mr. Hutchinfon, que le mot BERITH ve- nant de "1D Bar ou Barar qui veut dire pu- rifier , ce mot emporte toujours une idée de purification * ce doit lignifier un Purifi- cateur. A quoi il ojoute que CARATH figni- fîant partout ailleurs couper ou retrancher, la phrafe CARATH BERITH veut dire propre- piement RETRANCHER UN PURIFICA- TEUR. De forte que quandDieudità Abra- ham,G£72.XYII. 7. JejuJ citer ai iQ-àr c'eft ce que lignifie littéralement l'Hébreu ^HDpni và- hakimothi: ] je fuf citer ai mon alliance tntre moi £f toi âf tapofiérité; le fens eft, je fu [citerai mm Purificateur. Et quand Dieu dit par Jérêmie XXXI. 31. Les jours viennent que je traiterai une nouvelle alliance avec la Maifon iïjjraël ; il faut l'entendre comme s'il y avoit Je retrancherai un nouveau Purificateur, f On appeloit Beritb les animaux purs qu'on of- frait * L'Auteur cite jéremte XXV. 22. & Malacbie Iïî. 1. + Conférez encore Gen. XXII. 16-18. Pf. LXXXIX. 3. Ez. XXXIV. 24.. XXXVII, z6. êc Mal. III. 1. Juillet, Août et Septfmb. 1736. 325 froic en Sacrifice: c^eft qu'ils étoient un type de celui des Elahim qui entant que notre Purificateur devoit être un jour retran- ché, félon l'accord fait entr'eux. Et de là encore le Btritb typique que les Fidelles immoloient lorfqu'én imitation des Contrac- tai céleftes, ils contractaient une Alliance. S'engager par le fang de cette victime , c'é- toit faire, félon Mr. Catcott, l'équivalent de ce que font aujourdui les Chrétiens lorf- qu'ils communient pour confirmer folem- nellement une promelTe. Il n'a pas le tems , dit il , de produire la centième partie des obfervations qui font ici à fon fujet: Il ne fauroit pourtant s'em- pêcher d'en produire au moins encore une : Il faut fuppofer qu'elle eft des mieux choi- fies : n'en perdons rien s'il eft polTible. Le Rédempteur eft appelé , non feulement BERiTH ou le Purificateur , mais MASSiCH ou VOirit, TSADiCH ou le Jufte , DAViD ou le bien-aimê , CHASiD ou le Pieux. Or remarquez vous bien ce petit i ou jod inféré entre les féconds & troifieme Lettres radi- cales de chaque mot? Notre Auteur nous allure, fi nous l'avons bien compris, que ce jod garantiffoit l'efficacité & la vertu com- municative des qualitez confolantes ou glo- rieufes que ces divers titres attribuent au Rédempteur. BERiTH ou Purificateur avec un jod ; on ne peut plus douter que par la pureté & par fa faculté de purifier, nos fouillures ne foyent véritablement effacées: [que 326 BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, [que fes fouffrances , par conféquent, & fa mort, ne foyent véritablement expiatoires.] MASSiCH ou Oint avec un jod; il eft. évi- dent que fon onttion emporte la nôtre. TSADiCH ou jufte avec un jod ; il faut né- cefTairement que fa juflice fupplée à nos dé- fauts. DAViD ou bien-aimé , CHASiD ou pieux avec un jod-, il s'enfuit manifefte- ment ce que nous ne dirons pas , parce qu'i- ci l'Auteur s'interrompt par un Étcatera que les Adeptes fans doute entendront R Bibliothèque Britannique, efl de n'entendre l'Ecriture que d'une cer- taine manière. Savoir au refte 11 cette ré- flexion, qui efl vraye & judicieufe, efl en- core bien appliquée dans cet endroit; & jufqu'à quel point elle peut favorifer la Théo- logie de Mr. Catcott; c'eft ce que nous n'entreprendrons pas ici de décider. Pour fatisfaire là-deflus les Efprits raifonnables , que le préjugé n'entraîne pas d'abord vers l'une ou l'autre extrémité, il faudroit peut- être une diicuiïion qui nous mèneroit trop loin : Et il efl tems de reprendre la fpéci- flcation des Articles du Traité. NOUS avons vu dans les deux premiers , ce que les Elabim a voient juré de faire en faveur de l'Homme, foit innocent, foit coupable. Mais ce n'efl pas tout. Les Eîa- him , comme Seigneurs & Propriétaires de la Terre par droit de création, ne vouloient la donner qu'à bail & fous certaines condi- tions; lefquelles violées par le Tenancier, le bail devenoit nul. Voyons donc à pré- lent qu'elles font les conditions auxquelles ils avoient juré de le foumettre. L'Homme devant être un Compôfé de corps & d'àme, & avec cela devant vivre en Société, on conçoit facilement que les Elahim avoient réfolu de lui prefcrire des devoirs extérieurs auffi bien qu'intérieurs. Mais ces idées font trop générales. EN PRENANT l'Homme dans l'état d'in- nocence, quelles dévoient être fes obliga- tions? \ Juillet , Août et Septemb. 1736. 329 A ce qui en a déjà été dit occafionelle- ment f, on ajoute ici d'un ton décifif Y Ob- servation du Sabbat § ; & une remarque my* ftérieufe * qui femble tendre à établir un fait lequel fort de fondement à de nou- veaux devoirs. Ce fait eft , que l'Arbre des vies ( comme il y a dans l'Hébreu) & l'Arbre de Sicnce, étaient deux Emblèmes ; l'un de YEjJence exiftante , l'autre de h Subftancedes Cieux 4.: Et les devoirs fondez là-defïiis auroient été, ii nous l'avons bien compris , la culture du premier Arbre à Texcluiion du fécond; <5c une manducation Sacramentale du fruit de l'un , avec l'abftinence entière du fruit de l'autre. Par la manducation Sacramentale du fruit de l'Arbre des vies , on auroit pro- fefTé [la croyance des deux vies , ou] l'cf- pérance d'une Vic-à-vcnir, & déclaré qu'on l'atten- j Voy. ci deflus, page 313. au paragraphe PRE- MIEREMENT. § Vov. Bibliotb. Brin. ub. fup. p. 26*0. 161. * C'eft la même qui fe trouve en termes moins myftérieux dans l'Extrait de ia Lettre à un Eve- que. Ubi fup. p. 24.8. 4 Pour comprendre quelque chofe a cela, il faut voir la Lettre à u , ou ce qui en a été dit dans la Bibl: Brit: ub. fup. page 25-1. & fuiv. à moins qu'on ne foit allez habile pour trouver la penfee de Mr. Catcott expliquée & prouvée dans certains partages auxquels il fe contente de nous renvover. Ces pafïages font: Levit. XXIII. 40. r. XXX. 33. Prcv. XXV. u. &Gwit. VIII. f. 53^ Bibliothèque Britannique* i'attendoit des Elabim vivant dont l'Arbre des vies écoit l'emblème. Toucher à l'Ar- bre de Sience , c'étoit déclarer au contraire qu'on attendoit d'u?i Agent créé [tel que la fubftance des Cieux repréfentée par cet Ar- bre] une nouvelle félicité attachée à de nouvelles lumières. Et c'eft là proprement ce qui fît le crime de nos premiers Parens. OR CE CRIME fuppofé & prévu par les Elahim, ils étoient convenus d'exiger, I. Que l'Homme , par toutes les démon- flrations qu'il en pourroit donner, fe re- connût îlncèrement coupable; indigne de rien pofTéder fur la Terre, qui ne lui avoit été donnée qu'à bail & conditionellement; indigne de vivre & fujet à une mort éter- nelle ; incapable de fe relever lui même ; mais perfuadé des mérites de la Mort que fouffriroit un jour en fa place l'un des E- lahim , revêtu de la Nature humaine : II. Qu'en attendant le Sacrifice promis, l'Homme exprimât tous ces fentimens par des Sacrifices figuratifs de celui-là: qu'il prît pour ces Sacrifices, des Animaux purs: & qu'il les offrît avec du Sel, Préfervatif con- tre la Corruption : III. Qu'en vertu & en conféquence des conditions précédentes , ceux qui s'y fou- mettroient travaillâffent , comme fîdelles Vaflaux , à retrancher ou à détruire les Re- belles & les Deferteurs. * Le * Conférez pages if. & 29. Juillet, Août et SëpTèmb. 1736. 331 Le tcp; de ces crois Articles , comme vous voyez, renferme des devoirs qu'Adam ne pouvoir pratiquer fans connoitre le Dogme du Bail de la Terre, le dogme d'une éternité beureufé ou 1 %fe après la mort, le dog- de V Incarnation t & celui du Sacrifice de Je fus Cbnjl Le 2e. "Article fiippofe de plus une cer- taine forme de Culte typique, une Loi cé- rémonielle auflï ancienne ou à-peu-près que la chute de l'Homme : §. Le 3*. Article enfin fuppofe «72e Difcipîine meurtrière contre tous Idolâtres ou Héré- tiques , palTée en loi des le commencement de la multiplication du Genre-humain. Voyons ce que nous pourrons tirer de notre" Auteur pour éclaircir ces différons nts. S'IL a prétendu dire quelque chofe tou- chant LE BAIL D. 1E, il fout que ce (oit: (1) ce qu'il obferve dans un endroit, que parles promefles faîtes à Noê api\ uge, le Bail fut renouvelle: (2) ce qu'il remarque dans un autre endroit , que £ Notez que L doit fè prendre dans le feus ordinaire, pour une Loi qui preferit des cérémonies ou la Chute de l'Homme efï prefuppo- fee, comme dans la Loi de Moyfe. A prendre les termes a la rigueur, on pourroit dire que dans le fyffcèmé de M. C. il va eu une Loi cérémonie avant même qu'Adam péchât. Mais il s'agit ici d\-Vdam Pécheur. Tome TH. Part. IL Y 332 Bibliothèque Britannique, que les Ifraelites ne poflëderent la Terre de promiiTion qu'à condition d'y obfervcr cer- taines loix: (3) ce qu'il inimue en parlant des fruits de la Terre offerts à Dieu par Caïn ; que c'étoit une efpèce de Cens ou de Redevence: (4) ce qu'il pofe en fait vers la fin de la féconde Partie de fon Sermon ; que les Rois de quelque Peuple que ce fût, ne fe regardoient anciennement "que com- me Seigneurs de fiefjervant fous leurs Elabim refpecfifs. Ajoutez (5) que fi /îdam, com- me Mr. Catcott fembie le penfer , a eu l'i- dée du Bail de la terre avant fa chute, il doit naturellement l'avoir eue aufli dans la fuite: & que fi Adam pouvoit, comme per- fonne ne le concédera, fe reconnoître indi- gne de vivre à caufe de l'Arrêt , Tu mour- ras de mort , il pouvoit bien par cela même fc reconnoître indigne de pofleder la Terre. Nous n'ofons pourtant pas mettre cette rai- fon fur le compte de l'Auteur. Au moins faut il remarquer que félon lui Adam pécheur ne devoit mourir que parce que fon Corps & fon Sang dévoient être confifquez comme parties de la Terre qu'il perdoit par le péché. QUANT au dogme d'une ETERNITE beureufé ou malbeureufe ÂPRES LA MORT; onne fauroit trouver étrange que Mr. Cat- cott en fuppofe la connoiffance dans Adam coupable , après avoir admis dans Adam in- nocent la connoiffance d'une féconde vie: à moins pourtant qu'on ne conçoive qu'A- dam fournis à la fenténee Tu mourra: de mort , Juillet, Août et Septemb. 173& 333 mort , put l'entendre de la mort du Corps & de l'Ame. à la fois; ce que Mr. Catcotc ne parte roit peut-être pas. Quoiqu'il en ioit , tout ce qu'il dît de relatif à la côm noi fiance ancienne d'une double immorta- lité de TAme, fe réduit à ceci: Que la dé- livrance de la fervkude d'Egypte étoit un' type de celle qui fauve les hommes de l'En- fer; & h Terre de promiilion, un type du Ciel , vers lequel aufii les Patriarches ten^ doient par leurs défirs & par leurs eîpé- rances , comme étrangers & Voyageurs fur la Terre ; Qu'il y a dans le Vieux Tefta- ment un grand nombre de partages qui mar- quent la durée éternelle des avantages at- tachez à la Purification ou Rédemption promife: Que Job eft pofitif fur la Réfur- redtion des Corps: Et que Moyfe lui même établit clairement l'immortalité de l'Ame d'Adam lorfqu'il lui attribue , non pas fim- plement la vie comme aux Animaux, maïs les vieszu plurier ; difant de. lui Kifimatb cbajïm CD^T\ PutDQ ou NafJjem ckiirn > fé- lon la leçon de Mr. Catcott. De forte que les vies pour la vie ne fera plus déformais , dans le ftile de Movfe , un idiotifme recon-' nu de la Langue Hébraïque *; mais une ex- * Âinfi pour dire la vieiiïéjje les Hébreux fe fervent du nom plurier CMp? aufli bien que du' fingulier fpv Lzjeun'fijjs de même s'exprime par un plurier cmTO ou niin^. Et Buxtorfe dit fur le mot zz"n , Vt alla atatum nominay pktrate ru.'fi (Btsvd temporel rcit£ dicas, Y 2 334 Bibliothèque Britannique, exprefiion employée à deflein pour dénoter les deux: vies de' l'homme: Preuve fimple & diredte: Preuve tirée de l'Hiftoire mê- ine de la formation de l'Homme : Preuve tirée de la première Langue que Fhoj ait parlé, car Adam par oit Hébreu, c'eft une des pièces du Syftême de Mr. Hut- chinfon *: Preuve par conféquent, fi â- vec cela elle efl decifive, qui doit nous paroître bien autrement confîdérable que l'argument que Jéfus-Chrifc tiroit de l'Hif- toire du Bâillon ardent, f AuiTi Mr. Catcott, ne s'eft il point prévalu de l'argument de J. Chrift : D'ailleurs l'argument eft com- mun. Il eft vrai qu'à toutes fes nouveau- tez il ne dédaigne pas de mêler que fois les chofes mêmes les plus commîmes. Mais on ne peut pas tout dire: Et c'eft pour cette raifon apparemment qu'il n'a pas rapporté non-plus une particularité que lui fourriuToit le Targum de Jênifalem: c'eft que ce * Voy. l'Extrait de la Lettre à un Evêque , p. 239- t Luc. XX. 37. Mr. Catcott allègue ce partage dans un autre endroit, p. 3:. mais à l'occasion d'autre chofe , & dans quelque autre vue. On peut cependant raporrer ici ce qu'il en dit. Il femble croire que le rationnement de J. C. ap- puyé fur le mot Hébreu: Je fuis les E l a 11 1 m tfJibrabam, les Eîaaim d'Ifac, les Elahim dé'J*~ cob. E"eile Malacb Jébova hua, ç'efl: à dire, 1 lui même : Il le confond enco- lent avec les Eîahim loriqu'a- l'avoir vu il s'écrie, Nous m ;; vu les Elabim: Et Mr. Cat- cott obferve que prefque toujours, quand l'Ecriture parle des apparitions du Malacb détermine ainii qui il etoit: Or il iflbit fous une forme humaine; prélu- r, tbefent Jebova. : xui. 6, 8^ 21 ; a. Y 3 Sg6 Bibliothèque Britannique, prélude fenfible de fa future incarnation. IL Abraham, Moyfe, Elie, eurent des in- dices particuliers de l'Incarnation confidé- rée par rapport à Tes effets 3 ou par rap- port à l'heureux changement qu'elle pro- duiroit dans le Monde par la douceur de rOeconomie Evangelique : Elie, dans le fon doux & iiibtil qu'il entendit fur la Monta- gne d'Oreb *: Moyfe, lorfqtfil fut admis à voirie Seigneur par derrière f: Abraham, dans fa converfation avec Melchifedek S. III. Eve elle même étoit fi remplie delà connoiffance & de Tefpérance de l'Incarna- tion , que ce fut là ce qui lui fit dire avec tranfport à la naillance de Caïn, J'ai acquis un Homme-Jehova: car c'eft là, ielon Mr. Catcott, le vrai fens de l'Original ï. SUR * ï. Rois XIX. T2. On peut voir îà-defTus la note de Grotius , & la conférer avec celle de Çlarius. ■f St. Augu&ini de Trinit. L U.c. i&, 17 ) al- îoit plus loin la-deflus que notre Auteur : & c'é- toit une opinion commune de Ton tems que par le Pofterior.i dont parle Moyfe , il faïloit entendre la nature humaine de J. C. Exode XXXIII. 23. $ Voy. Gen. XIV. 18-24.. & Heb. VIL % Gen. I V. I. Cette explication , qui a paru nouvelle à plus d'un Lecteur, ne l'efr point. Fa- gius l'a foutenue comme s'il en étoit l'Auteur : & bien d'autres l'avoient foutenue avant lui : Drufius qui s'en moquoit a prétendu la réfuter par les règles même de la Grammaire : Opitius en 167c fit une DifTertation exprès pour la dé- fendre, Juillet, Août et Septemb. 1736. 337 SUR le SACRIFICE de J. C. il n'êft pas moins exprès que fur l'Incarnation. Tous les Patriarches, dit-il, connoiflbient l'Origi- nal des Animaux purs qu'ils facrifioient, & à mefure qu'ils rëpandoient le fang de la victime , ils participoient par un acle de foi aux fruits du iacrirïce que la victime préfigurait *. La foi d'Àbel efl célèbre : & il eit décidé que par fa foi il offrit , non pas comme Caïn des fruits de la Terre , mais une Viàime qui étoit plus excellente ; pourquoi ? parce qu'elle répréfentoit la Vic- time par excellence , le véritable objet de la Foi ; au lieu qu'offrir des fruits n'étoit autre chofe que payer une forte de rede- vence aux Elahim Seigneurs de la Terre. [On a beaucoup parlé des fcrupules qui auraient du embarafler Abraham lorfqu'il reçut l'ordre d'immoler ion Fils : Le Pa- triarche cependant alloit obéir, & il n'y trouvoit , ce femble , aucune difficulté : Sur quoi fendre, dont le titre eft, De votivâ Mrtris Eya exclamatïone : Et tous ceux qui connoillent les TraSatus Biblici ajoutez aux Grands Critiques , peuvent fe fouvenir d'y avoir vu une Difîertation de Chriftophle Hehicus intitulée Defiderïum Ma- tris Evœ, ou il en veut a Pifcator , à Paré, à Calvin même, & a divers autres qui avoient re- jette cette explication , foutenue par Hwinius & conforme a la traduction de Luther. On peut voir aufTi Ccccr.jrs de fœdere § ?>8. f On peut voir là delîus Coccejus ut. fup. $« îo6, 307. Y 4. 338 Bibliothèque Britannique, quoi fe fondoit il ? Dans J'Hypothèfc de notre Auteur la réponic fera facile, pour- vu qu'on n'y regarde pas de trop près : car] il ne doute , 'pas le moins du Monde qu'Abra- ham rempli de l'idée de la grande Fia ime9 ne crût que c'étoit elle qu'il alloit immoler en immolant Ifac. [On demande pourquoi Dieu couvrit de peaux nos premiers Parens après leur chute, & d'où ces peaux étoient venues? Nouveaux problèmes dont la mê- me Hypothèfe encore fournira la folution. Il n'y 'a qu'à s'imaginer quelques victimes îes qui ayent été immolées préalable- ment. L'Ecriture n'en dit rien: mais Mr. Hutchinfon * a prétendu le prouver ] & Mr. Catcott le croit fi bien qu'il ne lui ref- te pas là deflus le moindre doute. Or cela, pofé, on voit non-feulement d'où les y venoient, mais pourquoi le Seigneur en couvrit la nudité de nos premiers Parer?. C'eft que couvrir leur nudité corporelle des dépouilles de la victime représentati- ve, c'étoit leur donner un emblème confo- lant [de cette gtande vérité: Que notre nudité fpirituclle eft couverte par le dé- pouillement de la victime véritable. 1 XA fuppofition d'une LOI CEREMO- NIELLE prefqu'aufji ancienne que la d'Adam^ n'a pas befoin de preuve après ce qui vient d'être dit. Mais pour mieux fai- re * Voyez l'Extrait de la Lzitn _. , p. 2j:. Juillet, Août et Septemb. 1736. 339 rc voir combien on le trompe quand on s'imagine que la Loi cérémonielle pr t naii- fance fur le $inaï9 notre Auteur nous cite, outre quelques Textes * qui regardent la Religion des Ifraélites dans le défert avant Tinllitution du Culte Lcvitique, un Texte de Samuel qui, dit il, ne permet prefque pas de douter qu'ils n'eûiïcnt eu un Tem- ple en Egypte f : Et il ejl certain , ajoute- t-il , quih y avoient exercé un Culte , fur l'in- terruption duquel Moyfe £? Aaron furent en- voyez à Pharaon jour en demander le rétàblif fement , &f pour demander en particulier la ptr- miffion de Jacrijïer un Agneau : ce qui avoit été en ujage longtems avant la Paque. . . Les Patriarches , dit il encore , obligeoient leurs Familles à Je défaire des Elahim étrangers , ils avoient leurs purifications , ils élercoient des Mo- numens emhlématiques £f avoienî des Téra- phins ; ils oignoient d' huile des chofts facrées , £f fd'joimt des libations ; ils avoient des habits Jacerdotaux .des tems c? des lieux marquezpour le Culte; ils confultoient l'Oracle; ils s'abjie- noient du Sang, £? difiinguoient les Animaux purs ou impurs. Sur tout cela il cite fes autoritez § : Mais il n'en cite aucune fur l'ufa- * E.vod. XXXTÏT. 7. 19, 22 , 24. & XVf. 9. Il trouve h un Tabernacle , des Prêtres & ces ' .Sam. VIL 2, 6. § Gm. VIT. 2. IX .;.. XXVÏIT. tS. XvXV. m. il f'alloit ajouter XXX'. -'• . y 5 340 Bibliothèque Britannique, l'ufage du fel dans les premiers facrifices : c'elt un Article auquel il ne revient point du tout. * Il eft vrai cependant qu'il auroit pu, bien ou mal,fe prévaloir de certaines expreflions de l'Ecriture {. FOUR ce qui eft de la DISCIPLINE MEURTRIERE que les vrais Adorateurs des vrais Elahim dévoient exercer contre tous Idolâtres ou Hérétiques, il n'en paroît ici d'autre preuve que la conduite des If- raélites à l'égard des Habitans de la Ter- . re de promilïion. Et il faut avouer ( vu les ordres celeftes en vertu des quels Moy- fe leur prefcrivit une telle conduite ; que cela prouve quelque chofe pour ce tems-là & même pour le tems qui vint après. Mais l'eiléntiel feroit d'établir la thèie par rap- port aux fiècles précédens , ou du moins par rapport au premier âge du Monde. Peut-être Mr. Catcott fe fera-t-il fondé, fans nous en avertir, fur la crainte de Caïn: Qiiconque me rencontrera, me tuera §. Ce qu'ii y a de certain , c'eft que le Meur- trier femble moins craindre la mort comme un jufte retour de fon meurtre , que com- me une fuite de fon banniflément ou de fon Excom?iiunication : & que félon Mr. Cat- cott * Voy. ci-defïusjp. 330. au paragraphe. Qu'en at- tendant. t Levit. IL 13. Nomb, XVilI. 19. & Marc IX. 49. $ Gen. IV. 14. Juillet, Août et Septemb. 1736. 341 cott le crime de Caïn fut l'Héréfie, par- ce qu'il ne croyoic qu à mo'tié , & fe con- tentoic de faire fes oblations de fruits à Jébova, fans facrifier avec foi des victimes a Jébuva les Elahim , qui pour cette railbn ne font pas nommez une feule fois dans toute fon hiftoire. * A propos de l'ancienne Difcipline , ou à propos de quelqu'autre chofe que nous ne devinons pas , ou peut-être à propos du mot Elubim qui revient par-tout, Mr. Cat- cott fait ici une obfervation qu'il faut au- moins indiquer : C'eft que le CHENE, qui paroît avoir eu quelque chofe de facré pour les Patriarches aufli bien que pour les Ido- lâtres f, s'apelle en Hébreu Alab, comme emblème du Traité des Elahim , & peut- être comme emblème de l'un d'entr'eiiK. [Et qui fait fi ce ne feroit pas par quelque raifon analogue que le Chine auroit été ap- pelé Robur par les Latins?] qUOI QU'IL EN SOIT: après l'obfer- vation furies Chênes, viennent les preuves du Traité des Elabim, tirées du Nouveau Tef- îament. Tout ce que nous y avons trouvé de particulier c'eft que les trois témoins cé- leftes du fameux paflage de St. Jean , pour- roient bien, félon notre Auteur, avoir été ainli nommez par allufion au Traité des Ela- * Page 32. conf. avec la page 22. 4 L'Auteur cite Jofué XXIV. 26. Ejdis I. 2$. LVII. f.& XLIV. i+. 342 Bibliothèque Britannique, Élahim, parce que dans ce Traité les Con- tractans furent témoins de ce qu'ils faifoient. Le refte eft un entaflement de paflages fort connus qu'il fuffira de citer à la mar- ge * , & fur lefquels il s'eft abflcnu de nous donner fes réflexions. Il a bien fait. Les reflexions n'auroient guère pu tendre qu'a deux fins : Ou à montrer que les preuves ti- rées du Nouveau Tejlament ne prouvent rien que dans leur combinai/on avec le nouveau com- mentaire fur les Elahim ; & cela auroit ré- volté les Orthodoxes qui jufqu'à préfenc les ont fu trouver fuffifantes fans ce fe- cours : Ou àfoutenir formelle:;ient qu'elles fuf- fifent ; & cela auroit été fui et à un autre inconvénient: Car dans ce cas, que de- viendra l'importance des nouvelles preuves qu'on avoit annoncées & débitées avec tant d'emphafe? D'ailleurs: Si Mr. Catcott s'é- toit engagé dans une difcufiion exacte de la force de les preuves , nous entrevoyons deux ecueils qu'il lui auroit été difficile d'éviter. I. Parmi les paflages qu'il cite il y en a qui décident clairement que l'Alliance E- vangélique avoit été jufqu'à la venue de Jcfus-ChriiT, un myftère caché dans le fi- lence t ; & dont les Patriarches par con- fé- * Jean XVII. f. Luc. I. 70. M. III. i%f Rom; XVI. 25-. Gai. HT. 13 , 17. Epbef. I. 4. & W- 9- Col. I. 16. II. Tim. l. 9. Tite I. 2. Heb. VI. 16. I. Pierre I. 19. l.Jean V. 9. | Rom. XVI. 27. A /•/. Ilf. 9. Nous ne c que les paflages les plus formels. Juillet, Août et Septemb. 1735. 343 féquent, avec tous leurs types, tous leurs- emblèmes , tous leurs oracles & tout leur Hébreu, ne doivent avoir eu, ce femble, qu'une connoiflance fort confufe & fore obfcure. Or pour peu que Mr. Catcott eût fixé Ion attention fur ces pafïages, il au- roit fallu prouver qu'ils ne détruifent point dans les Patriarches toutes les lumières qu'il leur a prêtées: il auroit peut-être fal- lu en rabbattre quelque chofe, & defeen- dre au moins dans des détails embarraflans. IL S'il avoit entrepris de difeuter exac- tement la force de fes preuves, il n'au- roit guère pu fe difpenfer de pofer nette- ment l'état de la queftion , ou d'expliquer diitinctement ce qu'il a prétendu que fes preuves prouvaient. Il auroit trouvé alors que fa thèfe principale fe réduit à ceci : Çhie ceux qui admettent la vérité de la Religion Cbretienne, linfpiration des Livres du Nou- veau T nt9'ff leur authenticité , ne le mî pas raisonnablement fans admettre lance Evangélique efl l'Oir d'un Conftil de trois Perforées divines , d féconde , en vertu de ce Confeil , s'ejh unie à 1 1 'Nature humaine four venir établir cette Allian- ce, Or s'il avoit avoué que c'eft là tout ce qu'il a voulu prouver par le Nouveau Tes- tament, il n'auroit pas manqué de s'apper* revoir que c l \ tout ce qu'il a vou- lu confirmer par le Vieux: Il fe feroit obligé a en convenir: Et cet aveu une fois î dontl auroit il dit en lui même, 344 Bibliothèque Britannique, ejl-ce là ce que j'avois promis? Je me fuis an- noncé en homme qui avec de nouvelles armes venois au fecours de la Religion révélée , contre qui ? fi ce rieft contre ceux qui la rejettent ? Et au lieu de la leur prouver , je me borne à leur faire voir quelle enfeigne , quoi ? des dog- mes qui en démontrent fi peu la vérité , que le Mwde ejl plnn de gens ou à qui ces dogmes mènes fournirent un prétexte de la rejetter , ou qui la croyent fi? qui la prouvent indépen- damment de ces mimes dogmes que félon eux elle n enfeigne pas. . . . Il eft vrai qu'un Ortho- doxe qui regarde ces Dogmes comme une partie de la Révélation , & comme une partie très-importante, eft obligé de les prê- cher aux Déifies , fi fon defTein eft de les rendre Orthodoxes en même tems que Chrétiens: Mais alors, répondra-t-on votre tâche eft de les convaincre, non pas que la Révélation vous autorife à parler en termes va- gues de trois Perfonnes divines , d'une Incarna- tion , d'un Sacrifice expiatoire , fi? d'un Con- feil de Dieu avant la Création ; mais qu'elle vous autorife à en parler dans toute la précifion des termes qui eypr ment le Cens orthodoxe : qu'elle fixe ce fins: quelle exclut celui que vouâroient ou pourraient y iubflituer les Trithéites , les A- r:eii: , les Sabclliens , ou tels autres hérétiques: fif fur: ont * que le f en s orthodoxe, ainfi fixé par elle , n'a rien d'abfurde qui doive la rendre fufpeàe. Si Mr. Catcott , à l'aide des prin- cipes & des découvertes de Mr. Hutchin- fon, avoic démontré tout cela d'une ma- nière Juillet, Août et Skptemb. 1735. 345 nière plus convainquante qu'on ne l'a fait avant lui , perfonne fans doute ne trouve- roit mauvais qu'il prétendit avoir rendu un fervice important à la Religion révélée: & fes Confrères lui pafleroienf volontiers peut-être l'air triomphant dont il eft entré dans la nouvelle Carrière 'où il les apelîe à le fuivre , & le petit air cenfeur dont il fe plaint de ce qu'il faut que ce foit lui qui leur donne l'exemple. Mais que peuvent ils penfer, fi tout ce qu'il a fait par fon Commentaire fur les Elahiffi fe réduit à nous faire entrevoir dans les Ecrits de Moy- fe & des Prophètes quelques nouvelles con- formitez avec ceux des Evangéliftes & des Apôtres? Si ces conformitez font bien prouvées elles peuvent avoir leur mérite; on ne le nie pas: Si l'Ancienne Révélation, au lieu d'être une ombre ou une (impie ébauche de la nouvelle, en eft réellement une repréfentation vive & diftinÛe, il ne doit pas nous être indifférent de connoî- tre en détail les rapports de l'une avec l'au- tre : Ces rapports , bien déterminez , & ingénieufement jultifiez, pourront être mis au nombre des Amœnitez Tbé logiques qui nourriflent agréablement la foi des Chré- tiens : ils pourront même entrer heureufe- ment dans le cours d'une Difpute avec les Juifs: A la bonne heure. Mais on pouvoit dire cela tout doucement : ce n'étoit pas la peine de faire former h trompette. Peut-être même qu'un peu de timkliré auroit 3-Î-6 B î P, L I O T K F Q u E B R I T A N N I Q U F. , auroit été convenable ; parce qu'à la tete des Théologiens à qui on fait la leçon , & qui ont malheureufement ignoré ou impru- demment négligé les nouveaux argumens dont on . veut leur apprendre cà te 1er- vir, on devoir naturellement, fi non ap- percevoir les Apôtres eux mêmes, pré- voir au - moins que !e Public croiroit les y appercevôir. Car fi ces argumens font jamais d'ufage dans quelque con- troverfe , c'en: naturellement contre les Juifs : èv s'il y a jamais eu une bon- ne occafion de 'les employer, il femble que ce foit dans les difputes des Apôtres avec la Synagogue : D'où vient donc que les Apôtres, fui vant fans fcrupule la Ver- fïc*î des LXX, mettent toujours au lieu d'Elabim le mot de Qsog ou de Dieu qui fé- lon Mr. Catcott exprime fi mal le fens myf- tërieux du mot Hébreu? Il ell vrai qu'il ne critique pas formellement le terme Grec , en faveur duquel on pourroit dire qu'il vient de Qica, racine perdue de rtfojfu , qui re- çoit quelquefois une lignification qu'il ne feroit pas impoflibte de ramener à celle du verbe Hébreu A\ab\ Mais outre que cette ne du terme Grec, fl elle efft vraye , pou- t On peut en juger par les Dich'onaires. \ oyeï Htnri HthnmT. lîl. Col. 1471. G. ifi^A; i/if, D. E. F. 1488. E. F. 148p. A. B. & 1492 au mot &ix:;îy.:i Mais il peut fuffire de faire attention à ces paroles des AllZS III, 2J". $ cù&imw h Martre '. ©*c« Juillet, Août et Septemi*. 1736. 347 pouvoit fort bien n'en être pas plus con- nue ; il aura toujours ce défaut eflentiel , qu'il eft conftamment employé au fmgulier dans les occaiions ou il feroit important qu'il répondit au plurier Elabim. Les Apô- tres néanmoins ne font pas là-deflus la moindre remarque , pendant qu'ils s'atta- chent à nous citer l'Hébreu ou le Syro- chaldaïque dans des cas certainement moins importans. Le plus confidérable efl celui où ils, rapportent l'exclamation de J. Chrift crucifié: Eli, Eli, lamina Sabacbtanit A- vouons qu'Elabi au lieu d'EU feroit des mer- veilles dans cet endroit là ? Mr. Hutchin-^ fon foutient que le fens propre & primitif de plufieurs mots Hébreux, deftinez à ex- primer des chofes importantes dans la Théologie , avoit été altéré ou perdu par la corruption affreufe des Juifs en matière de Religion avant la Captivité de Babylone ; & que dans cette Captivité le mal augmenta, la Langue Hébraïque acheva de fe corrompre, elle ne fut plus entendue que des Savans *: Et Mr. Catcott lui même nous alTure dans fon Sermon § que les Juifs Apoftats (dont il croit que nous avons été miférablement la dupe) ont fait tout ce qu'ils ont pu pour diliiper le vrai fens de tous les principaux ter- f Voy. Matt. XX VÎT. +6. * Voyez Y Exti ■■>■ Evêquejt î$$. & remarquez ce qu'il d:t de la Verfion des LXX. g Page 7 4.. Tome FIL Part. II. Z 348 Bibliothèque Britannique, termes qui regardent le Traité des trois Perfonnes divines: Il y a bien apparence que par ces Apoftats il' entend particulière- ment les Mailorethes , poftérieurs à l'éta- blifTement de l'Evangile: Mais il y a bien apparence auffi qu'entre la corruption qui précéda & celle qui fuivit le tems de cet établiflement , celle de ce tems -là même ne fe fit pas fi peu connoître dans le premier feu des difputes fur le Chriftianifme , que les Apôtres ne decouvriflent l'influence qu'elle pôuvoit avoir fur l'interprétation des termes eflentiels. Les Apôtres ont ils été dupes ou complices de l'entreprife facrilège & pernicieufe des Apoftats ? Selon St. Jean f, Jéius-Chrift a cité le Texte de Mr. Cat- cott, & a dit Qsct içe précifement comme les Septante. Selon St. Luc , $ Jéfus Chrift a cité Moyfe & a dit comme les Septante encore ,/e"DiEU d'Abraham , le Dieu àyh fac , le Dieu de Jacob. Le mot Elabim de l'original neferoit il plus un des termes prin- cipaux dont le fens a été perverti ? Mr. Catcott aura beau obferver que St. Luc ra- conte en Grec ce qui réellement a été dit en Hébreu*: La queftion revient: Com- ment St. Luc, comment chacun des Ecri- vains facrez, comment le St. Efprit qui les dirigeoit, a-t-il pu dans les Narrez de l'E- van- t Jean x- 34- j Luc. XX. 37. & Ex^xî. III. 6. * Page 32. Juillet, Août et Septemb. 1735. 349 vangile & dans coût le Nouveau Teftament , copier fans cefle l'erreur des LXX , & en quelque forte la -canonifer, lî elle étoitbien réelle ou bien confidérable ? Abrégeons. Mr. Catcott ferable avoir voulu prévenir l'ob- jection: Aumoins dit il que les trois Per- sonnes divines ayant rempli fous l'Evangile l'engagement en vertu duquel elles étoient appellées Elabim , le nom même d'Elahim ne pouvoit plus avoir lieu fous l'Evangile. Nous laiftbns volontiers à nos Lecteurs le foin de comparer la folution avec les dif- fkultez: & nous finirions ici, fi nous n'é- tions perfuadez qu'Un court Extrait du ref- te de l'Ouvrage pourra contribuer à les met- tre au fait, & leur offrir avec cela des ob- jets plus propres à délafTer l'attention qu'à la fatiguer. LES ELAHIM INFERIEURS four- niiïent à notre Prédicateur la matière de fa féconde partie , & une confirmation de la première. On convient que les Elahim dont par- le le Texte font des Gouverneurs : il faut ajouter que ces Gouverneurs étoient des Rois. Or qu'é- toit ce qu'un Roi? Un homme engagé par ferment dans un Traité f, & un homme qui par ce Traité devoit être le Protecteur & le Défenfeur d'un Peuple. { Nous n'en di- f L'auteur cite I. Sam. XL 14. II. Sam. V. 2. I. Sam. XI. 1. USam. III. 12, 13. II Rois XI..4. ■f Juges VIII. zi. I. Sam. VIII. f-zo. & IX. 16. jof\X,is. "Sam. XXI. 1. Z 2 su 350 Bibliothèque Britannique, dirons pas davantage fur cette féconde Par- tie du Sermon. LA TROISIEME expofe les conclu- lions de l'Orateur , & commence par celle- ci: Que la Religion a toujours été la mê- me en fubftance depuis la chute de l'Hom- me. „ Autrefois c'étoit : Crois & aime les „ Elahim, obéis leur, reçoi comme Frè- „ res ceux qui les reconnoiilent, détruis „ ceux qui ne les reconnoiflent pas , re- ,, préfente typiquement le grand Sacrifice „ qui doit fé faire un jour pour le falut des hommes , & tu feras fauve. Aujourd'hui ceft: Crois ce aime les Elahim, obéis „ leur, aime ceux qui les aiment, retran- 3, che de l'Eglife ceux qui ne les confef- „ fent pas , cé^bre dans l'Euchariftie le „ grand Sacrifice qui a été fait pour le fa- „ lut des hommes , & tu feras fauve. " Et voila comment nos Libertins (ajoute Mr. Catcott) quand ils ont foutenu que \tCbrif- tianifme eft auffi ancien que le Monde, ont dit vrai fans le favoir ! Autre Conclufion. Ceft que ces Mef- fieurs ( vu le dogme du Bail de la Terre ) critiquent fort témérairement la conduite que Dieu fit tenir aux Ifraélites contre les Peuples du Payïs de Canaan. Dieu étoit Mcuce, & ces* Peuples avoient poulie la corruption au plus haut degré. Si quelcun de nos Free-tbinkers * (demande Mr. Cat- cott) * Ceft le mot qui le P. Tournemins , dans fes Juillet, Août et Septemiî. 173(5. 351 cote) s'étoit trouvé parmi les Scélérats de Sodo;ne expofé à leur brutalité, ou s'étoit vu conduit à l'Autel pour être immolé par des Prêtres idolâtres à de faux Elabia; & qu'alors des Enfans d'Abraham furvenant à propos l'eûffent tiré d'entre leurs mains , euflenr. fait main-baffe fur ces Miférables , fc fuffent rendu Maîtres de la place, & euffent admis le Free-thinker délivré k par- tager le butin & les Terres; auroit il crié à rinjuftice? Je n'en croi rien, répond l'Au- teur. Si les Free-thinkers au refte ne fe ren- dent pas à ce bon mot ( car difficilement fe rendent ils ) ils doivent être édifiez au moins de l'équité avec laquelle on les y traitte lorfqu'on fuppofe qu'ils auroient été fort embarafTez dans les rues de Sodome. Troifiéme Concluiion ; contre les Chré- tiens qui veulent un Chriftianifme de pure Morale où les Articles de la Fui Chrétienne n'entrent pour rien, ce qui fa: faut la guerre à la Trinité ofent s'armer contre elle de ces paroles de Moyfe, Ecoute Ijrael, le Se:gneur notre Dieu ejl un feul Seigneur. § Qu'ils fe fourvoient grandement , dit Mr. Catcott ,fau- te defavoir les Ecritures & le pouvoir des Ela- bim Reflexions fur la liberté depenfer, a rendu en Fran- çois par Libres penfeurs. C'eft comme un nom de Scélc , que les incrédules fc font donne en Angle terre , & qui leur eft relié. § Deut: VI. 4. Z3 352 Bibliothèque Britannique, bim*l Le Texte même dont ils fe parent, les condamne. Qu'ils lifent l'Hébreu : Ils y trouveront , s'ils profitent de ce qui leur a été enfeigné dans ce fermon, que Jebova Elabim ejt un feul Jebova ; que par confé- quent l'EJJence exiftante eft trois perfonnes qui ont juré de nous fauver > & toutefois une feule Effence exij tante. ' Quatrième conclufion ; contre les Prédi- cateurs ou Docteurs à la mode , qui croyant faire des merveilles en difant avec St. Paul f; Si tu confefes de bouche le Seigneur Jéfus , &? crois en ton cœur que Dieu la reffufcité des morts , tu feras famé. Qu'ils fongent que St. Paul parîoit ainfi à des Juifs en qui la foi de la Trinité étoit préfuppofée , & qui [malgré ce qu'on a dit de la corruption & de l'ignorance ou leur Nation étoit tombée] étoient accoutumez à reconnoître la Trini- té dans toutes les pages de leurs Bibles, dans toutes le parties de leur Culte: Avec eux Conférer le Seigneur Jéfus difoit tout : Meffte & Fils de Dieu étoient pour eux des termes fynonimes. Mais les Gentils! Ce que St. Paul exigeoit d'eux étoit, que des vanitez qu'ils avoient adorées i ils fe convertirent [ non pas au Dieu vivant de nos Verrions ou du Texte de St. Luc , mais ] aux Ela- bim viv ans de Mr. Catcott, [qui étoient évi- * Marc XIÎ. 24., 17, n lit à la page 100, col. 2. Pfalmus XVl.juxta Hebraicam iupputationem in texttt novas tranfla- tionis (Eaeft Roberti Stephani typis, Lutet 1 f 45".) ilele ab initio verfus penultimi inclufivè qui incipit , jVeque enim défères &c. ufque ad illud Neqae permî- tes ut Beneficus excluf. Et à cette occafion , nous ferons peut-être pîaifîr à bien des gens de copier ici quelques extraits d'un long paffage de la Pré- face dejunius, devant l'Index Expurgatoire, pu- blie par l'autorité de Pbilippes II, & l'avis du Duc d'Albe , aux Pats Bas, en 1.5-71 , & réimpri- mé chez Jean Marejcbal, en if86*. „ Ante annos, y, dit-il , Viginti feptem . . . quum Lugduni agerem , ,, Corre&ore quodam Typographico ufus fum fa- ,, miliariter , cui Ludovico Savario nomen . . . Acci- ,, dit ut verfantem eum offenderem in rccognof- 3, cendis D. Ambrofii operibus, qux tum Frelo- ,, nius excudebat. . . Tum ille de forulis, fub „ menfa fua latentibus , aliquot paginas promens 9, Hœ: Juillet, Août et Septemb. 1736. $61 riblement notre Auteur, & avec raifon , c'efl: la Septième Régie de l'Indice Expurgatoire pu- blic par l'autorité dePielV., autorifé lui-même par le Concile de Trente *. Cette Régie permet la lcclure des Livres les plus obfcénes de la fa- çon des Auteurs Païens \ tels que (dit Mr. Ser- ces ,) un Martial , ou un Pétrone, fous prétex- te de l'élégance & de la pureté du Style : En même tems le lacré Concilef banniiïant des cabinets autant que des maifons des Chré- tiens, les Bibles en langue vulgaire i en chafle un Ijaïe , un David, un S. Paul, que l'on eût du y conferver, au moins, pour la beauté & la'fublimité du langage. C'eft la pieufe Critique de notre Auteur. On dira peut-être que tout cela n'a point empêché les Catholiques Romains en Fran- ce, de donner dans leur langue au public plufieurs Traductions de la Bible , ou du Nouveau Teilament. M. Serces convient du fait; mais en remarquant que PEgliie Gallica- „ Hœc eft, inejuit, prima forma paginarum, qms- ,, bis paucis dielus ad exempium veteris & certi ,, exemplaris optima fide imprcjfimus : Francifcatii „ autem duo pro au&oritate has omnes paginas ,, difpunxerunt , ut vides , & ilJas fubftitui in „ Locum priorum curaverunt , prêter omnem ,, noftrorum Librorum fidem &c. * Contin. SeJ]\ XXV. | Régula Indicis S. S. Synodi Tridentinœ jujju tditœ. \ Bilihi'ulgari quocunqne tdimfôe Cififertyta. 362 Bibliothèque Britannique, Gallicane n'eft qu'une partie de celle qui fe donne le titre de Catholique. Déplus , il oppofe à la France, & Y Italie, & YEfpagne, & le Portugal. Il oppofe encore le parti Jé- fu te dans le fein de PEglife Gallicane. En- fin il en apelle au Saint Père. S'il juge que le Peuple doit lire la Bible ; A la bonne heu- re : Mr. Serces veut bien donner gain de caufe aux Papilles. Mais, ajoute-t'il, pour montrer que cette conceflion au fond ne l'engage à rien, " une jeune Dame aiant „ dit à Ste. Tbéréfe , qu'elle porteroit une Bi- „ ble au Couvent ; voici la" réponfe que fit „ la Sainte : Nous autres Religieufes ne nous „ foucions ni de vous, ni de votre Bible ". * A ce compte la bonne Tbéréfe étoit auîîî po- lie , que Chrétienne. Mais fans s'arrêter à ces minuties , tout le monde fçait bien ce qui s'eft paffé en France, depuis la Coniti- tution Unigenitus > par laquelle Clément XI. condamna'la Lecture de l'Ecriture Sainte, le 8 de Septembre 17 13. Pour ce qui eft des Papifl.es Anglais, ils s'en tiennent à la Régie de V Indice- C'eft du moins ce qu'ont fait ceux qui publièrent , en 1633, le Nouveau Tejtament de Rbeims. Et le f)r. Wetbam , Profefîeur en Théologie, à Douai , qui en 1730 publia une Révifion de cette verfion , déclare & foutient " que „ les juftes raifons qu'a eu l'Eglife de-dé- „ fen- * Ceci eft rapporté d'après YAhb'i de la Trape, tom. IV. du Prefervatif de M. l'Enfant, Juillet, Août et Septemb. 1736. 363 ,-, fendre la letture des Livres facrez, fub- „ fiftent dans toute leur force „. Au refte , ce bon Docteur avoue ingenuement qu'il n'entend nullement l'Hébreu, & n'eft pas des mieux verfez dans la langue Gréque. Cet aveu fans doute eft modefte : mais on peut douter que ces riches talens Fautori- falTent futfifammént à travailler fur la Bi- ble. II. Cependant, quand 0,1 permettroit au Peuple de la lire, il n'en pourroit pas tirer de grands avantages, tandis qu'il fera imbu des Principes de/es Docteurs. L'un eft, qu'el- le n'a point d'autorité par elle même. On a reproché fouvent à ces Meilleurs ce qu'un d'eux f a oie dire, " Que fans le témoi- „ gnage de FEglife la Sainte Ecriture n'au- „ roit pas plus d'autorité que n'en ont les „ Fables dEfope „. Si bien qu'il faudroit commencer par être Papijie , avant que de fonger à être Chrétien. Le principe reçeu dans la Communion de Rome, c'eft 1* Imper- fection de l'Ecriture en qualité de Régie de foi ; Et ceci n'eft pas moins qu'une decifion du très Saint Concile de Trente t. Salmeron a même porté l'audace jufqu'à foutenir § que f ïVoîfgang Hermannus cité par Jurieuy préju- gez &c. part. 2. c. 7. % Sert*. IV. Coll. Bellarm. lib. 4. c. 12. & Greg. de Valence cité par Du Moulin y traité du Juge tjes controverfes , page 28. $ Tom. XIII. Difput VI. Part. 3. Tome VIL Part. IL A a 3 comme il leur a plu ; diff enfant ainfi ; com- me dit le Doien Perfon § non feulement con- tre V Apôtre: mais même contre V Evangile. Pour le meurtre on fçait qu'il fuffit de te réfugier dans quelque Eglife ; l'immunité Ecclefiaf- tique fauve le meurtrier. Et le Concile de Confiance qui ; contre la foi publique, fit périr Jean Hus , & Jérôme de Prague , éta- blit en même tems „ la Communion fous „ une feule efpéce, nonobftant, c'eft fon „ ter- t Account of the conférence by the Rom; Cath. pag. 22. 23. i Bibl. univerfelle, t. II. art. o. $ Univerf. Chronic. Jvjtllet , Août et Septemt. 173(5. 367 3, terme, le commandement & l'exemple de „ Jefus Chrift, ce de fes Apôtres : auflî bien „ que la pratique confiante de l'Ancien- „ ne Eglife. Dans fa cinquième & dernière Proportion, Mr. Serces pofe en fait , que les Catholiques Roma;ns ont corrompu honteufement & falfifié , la Sainte Ecriture , pour la faire fervir à leurs lues particulières. C'eft ce qu'on a vu , en France, dans ce qu'il appelle la traduction 4. du Nouveau Teftament, imprimée à Bour- deaux, en 1686. avec permiilion de l'Arche- vêque , & approbation de deux Docteurs. L'efpéce de Verfion qu'on a depuis impri- mée à Rouen * qui ne vaut guère mieux que la précédente, n'eft pas moins munie d'approbations. Aurefte ces deux ouvra- ges ne font pas plus connus qu'ils ne mé- ritent. Mais on connoit aflez parmi les Sçavans ce qu'on nomme le nouveau Tefta- ment de Port Roial, ou de Mons , & ceux des PP. Amelolte, Boubours, & Simon; fans parler de quelques autres, au nombre def- quels eft particulièrement celui de Louvain. Notre auteur faifant la revue de ces Ver- fion s { C'eft pluftôt une Révifion, ou fi on veut une corruption du Nouveau Teftament de Louvain qui a été aflez éftimé parmi les Proteftans de France : & Drelincourt en particulier n'en cite point d'au- tre dans fon Ahrtgt des Coîitroverfes* * En 1702. Aa ^ 368 Bibliothèque Britannique, fions & des deux Angloifes dont on a ci-def- fus parlé, y trouve des falfifications qu'il range en d'eux ClaJJes. La première contient les Falfifications moins confiderables : Entre lefquelles il met d'avoir traduit faire péniten- ce , pour fe repentir ; aller en pèlerinage , pour aller Amplement , ou partir ; pèlerin , pour étranger ■; traditions, pour enfeignemens ou or- donnances \ Légats, pour Ambaffadeurs \ Pré- lats , pour Conducteurs ; Aubes , pour vétemens blancs; vitre, pour /oir. &c. Mais voici des Falfirlcat'.ons pour la pluf- part manifeftes , & même atroces. Il plait à Rome de diftinguer deux ordres de culte 9 l'un de Latrie, <5^ l'autre de Dulie; Diftinc- tion que les Protefians n'admettent point, parce qu'elle ne leur paroit pas fondée dans l'Ecriture. Mais l'Edition de Bourdeaux à fçu pourvoir à cela, puifqu'on y lit en pro- pres termes , Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, £f ferviras de Latrie à lui feul *. Il y a dans le Grec Latreufeis , ce qu'il femble que Mr. Serces eut du indiquer: Sauf à lui de faire voir que c'efh mal à propos qu'on diflingue la Latrie , de la Dulie ; celle-là comme apar- tenant feulement à Dieu , & celle-ci comme reftrainte aux Saints. Latrie , dans le Grec du Nouv. Teftament & des LXX, veut dire fervice , & Dulie lignifie même Efclavage f Mais * Evangile félon S. Luc. IV. S. f Vide Rom. XII. 1. Gai. IV. 24. Exod. XII. 25". IV. 6. & paflun. Juillet, Août et Septemb. 1736. 369 Mais ce font là de ces minuties de Critique peu du gauft de notre Auteur. Il les lui faut arracher, dit il, pour qu'il les emploie Soit nous ne lui ferons point de violence là deilus, contens de ce qu'il ajoute, que les À$ges ne peuvent point être de légiti- mes objets du culte, vu le précepte for- mel de S. Paul § One perfonne ne 'vous mai- trife par fer vice aies' Anges ; ou la Verfion .de Louvain d'après la Vulgate dit ReV&on , ce qui revient au même fens. Mais la Ré- vilion de Bourdeaux porte Que perfonne ne vous feduife fous prétexte de Religion don- née à Môyfe par les Juges. C'eft ainii en- core qu'en décidant la quefdon, li on doit s'addreffer par voie d'inyocation aux Saints dans le Ciel, comme prenant un foin par- ticulier de nos intérêts ce de nos perfonnes, les verrions falfmeés des Papiftes font dire à S. Pierre, qu'il aura foin d'eux après fin trépas, afin quils aient mémoire de ce qu'il leur écrit: Au lieu qu'à nous autres Protefïans il dit félon le Grec t. J'aurai foin qu après mon départ vous puiffiez vous Jbuvenir de ces chofes. Par raport au Culte des Images ceux de Rome ont retranché le Second Comman- dement du Decalogue en Langue vulgaire. Chacun fçait fi bien ce qui en eft , qu'il y a peutêtre de l'affectation à nous apprendre qu'on ne trouve point cela dans certain Li- vret $ Epitre aux CollofTiens, Iî. 8. j 2de Ep. ds S. Pierre, f. if. Aa 4 37ô Bibliothèque Britannique, vret Italien, qui a pour titre, feforo délia àottrina di Cbrijto , imprimé à Trevifo , en 1649. Il vaudroit autant dire qu'on ne le trouve point dans le Catécbifme de Bourges, 5- édi- tion , à Bourges , chez Toubeau , imprimeur de V Archevêque £f du Clergé , 1703. avec privilè- ge du Roi. Ce qu'il y aurait de fingulier ieroit quelque ouvrage de même nature où fe trouverait le fécond commandement à la Huguenotte. Quoiqu'il enfoit, il ne con- viendrait pas de fupprimer une pointe admi- rable de notre auteur, qui s'étonne, „ qu'à „ la vue du Huitième Commandement, qui „ dit, Tu ne déroberas point: le Concile de 3, Trente ait pu dérober, de la vue du peu- 3, pie, le Second, qui dit, Tu ne te feras 3, point d'image &c. ". Nous nous rapellons à ce fujet qu'on ne s'eft pas contenté de cette efpéce de larcin, ou fuppreffiori du fécond précepte de la loi, dans ce qui efl intitulé le Decalogue Pajloral ± mais que fur le premier Commandement , Tu ri auras point d'autre Dieu devant ma face , on a dit, * „ que 3, par ce premier Commandement il eit or- „ donné de vénérer les Reliques des Saints -, & les Images des Bienheureux ". Il faut avouer -j. Le titre entier eft Confejponàle Ricbardi, feu Paftoralis Dccalogus , apud Colinsum, Paris 1724. in 8. pag. 112. * Hoc Prœcepto nobis prœcipitur quod SnnÏÏorum reliquias £? Beatorum imagines debemus venerarù pagina. 12, Juillet, Août et Sëpteme. 1736. 371 avouer que c'eft là une rare découverte de l'auteur de ce Décalogite. Mais Mr. Serces raporte une belle imagi- nation de MefT. de Port Roial dans un paf- fage pourtant un peu trop connu, ce fem* ble, pour pouvoir en impofer. Selon eux il y ieroit dit f Çhie Jacob s'inclina profon- dément devant le bâton de commandement que portoit Jbnjils. Le P. Bouhours aime mieux dire que le Patriarche bai/a re/peclueufement X extrémité de ce bâton ; lequel le P. Amelotte , félon notre Auteur , a érigé en Sceptre. N'en déplaife à Mr. Serces; Les Anglois l'a- voient & imaginé & dit longtems avant Amelotte: nous entendons ceux de Rbeims à qui la gloire de l'invention en doit être attribuée. Aurefte il ne fert de rien au Dr. Wetham d'avoir recours aux Septante , qui difent que Jacob adora fur le bout de [on bâ- ton. Le bon vieillard étant infirme s'ap- puioit defliis , félon Mr. Serces. D'ailleurs dit il, fi le Dr. entendoit l'Hébreu, il fe- roit bien furpris d'y lire, que Jacob s'ap- puia ï ou qu'il adora fur le chevet de fon lit. La vérité elt qu'il nous paroit jufte de par- tager avec ce Dotteur la furprife que notre Auteur lui prête; car le verbe Hébreu , qui eli plus de 150. fois dans la Bible, ne s'y trou- ve point à notre avis, dans la connotation que Mr. Serces s'eft imaginée. Mais la phrafe j Epitre aux Hébreux XI. 21. t inrù^ï Vajishtahhou Aa 5 372 Bibliothèque Britannique, phrafe dans l'original étant elliptique, cette idée efl foufentendue. De forte qu'on peut traduire félon le fens , que " Jacob adora „ Dieu, en s' appuiant mr le haut". Ce mot cy eft en Hébreu Rosh qui veut dire en gê- nerai commencement, tête ou Sommet. Durelte pour peu qu'on ait de connoiflance de la langue fainte , on fçait que les deux mots § qui y figninent l'un un Lit , & l'autre un bâton, ne différent que par les points qui fervent de voiellesr, & que c'eft à quoi il faut attribuer les deux traductions qui mê- me , félon notre avis , pourroient être réu- nies ; étant probable que Jacob s'appuia tout à la fois fur fon lit , & fur fon bâton. Mais cela foit dit en paffant. V. Nous voici parvenus , dans la fuite des Articles de la cinquième Propofition, au cinquième qui roule fur les Paffages falfifiez par les Catholiques Romains , pour appuier le Dogme de la Tranfubflantiation. Par exem- ple, il eil dit * que "la coupe eft le Nou- ,, veau Teftament, ou fi on l'aime mieux , „ la nouvelle alliance dans le fang de Jefus j, Chrift ". Dequoi ces MefTs de Bour- deaux & de Rouen fe font avifez de faire une tranfpofition bizarre , que ni le Grec ni la Vulgate n'admettent. Car ils traduifent, Le Cbalice le nouveau Tejlament efl en mon fang. Si l'Apotre S. Paul a cru devoir apeller feu- lement $ nttfc Miitab, un lit: r\W Mattcb , un bâton. * Première Lp. aux Cor. XI. 2f. Juillet, Août et Septemu. 1736. 373 lement Pain, ce qui eit le Corps de Jefu5 Chrijt ; Et s'il l'a même ainii appelle conjècu" tivement par trois fo:s, f fans ajouter au" cune Epitbéte; les Traducteurs ae Bour" deaux trouvant à propos d'eu mettre une chaque fois , dilent pain v v int, pain de vie, pain vif. Il eit vrai que Jefus Chrift le nomme l lui même le pain vivant, ou vivi- fiant, comme Mr. Serces traduit, d'après notre Veriion Françoifc, le mot Grec. § Mais cela n'autorilbit point ces Interprètes à traduire ce que le Sauveur avoit dit \ Je fuis le pain , ou félon une variante * qui n'elï tout au plus qu'une correction de Co- piée , le pain vivant qui eft defcendu , par le pain vif qui dejcend du ciel. Et dans les Ac- tes des Apôtres, où on voit qu'en rompant le pain ils pienoient leur repas** l'audace à Bourdeaux n'a pas été petite de traduire cette viande. Mais que fera ce LA MESSE TROUVEE DANS f lbid & 16. 17. & 28. ^ Evangile félon S. Jean, VI. fi. § éÇwv ?MÏ a la vie & comme cil eft dit ailleurs l'aiant en lui même, en eft la Source, qui la don- ne. Aufn eft il appelle pain de vie, v. 35-. I Ubi fup v. +1. * On la trouve dans les Mff du Marquis de Vê- les. Mais de quelle qualité, ou en quelque quan- tité qu'ils foient , perfonne ne les aiant vus que lui , s'il les a vus, les diverfes leçons n'en font pas fort recommendables. ** Chap. II. $6. 374 Bibliothèque Britannique, DANS LECR1TURE\. Le Texte des Actes des Apôtres dit § comme ils fervoient dans leur minijléreau Seigneur ; Ce qu'il faut traduire fé- lon Corbin Eux celebrans le Saint Sacrifice de h MeJJe ; félon le P. Véron , ils célébraient la Mef~ Je ; félon Port Roial , facrifioient\ félon Ame-lot- te , offroient le Sacrifice ; félon les Traduc- teurs de Bourdeaux & de Rouen, qui pri- ment en prévarication, c'eit, offroient au Seigneur le facrifice de la MeJJe. On peut voir le P. Simon * qui nous apprend la raifon que Véron aporta de fa traduction en cet endroit; C'eft que les Calviniftes avoient fouvent demandé à ce bon Père, " En quel 5, lieu de l'Ecriture il étoit marqué que Iqs „ Apôtres euffent dit la MeJJe "? Et il vou- ioit fatisfaire ces gens là. Après la Tran- fubftantiation, la grande fource des Reve- nus du Clergé Romain, c'eft le Purgatoire. Aufli ont ils tâché d'infinuer qu'il ne le trou- voit pas moins qu'elle dans le Nouveau Teftament. Par exemple, Selon Meffieurs de Port Roial, dans les fix premières Edi- tions du Nouveau Teftament de Mons , S. Paul "£ On a fous ce titre une brochure d'un tour ingénieux, & vif; Et où tout eft fort, & folide : mais la raillerie femble avoir été un peu trop pouf fée- L'auteur s'appelloit JanJJe, & étoit Miniftre à Rouen. L'imprefnon eft à Ville Franche , 165-8. § Chap. XI H. 3. * Venions du N. T. c, 31. Juillet, Août et Septemb. 173(5. 375 Paul ï diroit d'un Chrétien , qu'il ne laifferœ pas d'are fauve, quoi qu'en pajfant par le feu. Et Meilleurs de Bourdeaux plus hardis fe- ront dire à l' Apôtre , fauve comme par le feu du Purgatoire. Peut être quelqu'un parmi les Réformez , qui ne fçaura rien du Grec, croira pouvoir fe retrancher dans cette con- fiante parole du Sauveur, fur la croix, au bon Brigand , en vérité je te dis , que tu feras aujourdui avec moi dans le Paradis §. Mais qu'on ne s'y trompe point. Ce paflàge eft tout autre dans l'Edition de Bourdeaux, fçavoir, En vérité je te dis aujourdui , Tu feras avec moi en Paradis. Ce n'eft. ajoute M. Serces , ni Hier , ni Demain , que la parole eft dite; c'efl Aujourdui. Quand parleroit on en effet que le jour même qu'on parle? Mais eut pu, ce femble, repartir le bon Brigand. Quand donc ferai -je en Paradis? T Auteur croit pouvoir répondre félon les principes des Papilles ; Ce fera peut être dans 50. dans 100, ou dans 200. ans. Voici, à la fuite du Purgatoire, le fier Mérite des Oeuvres. S. Paul difoit de l'Aumo- ne, que Dieu prend plaifir à de tels Sacrifi- ces, f Et les Catholiques Romains difent dans leurs Ferfions * que Ion mérite par ces Sacrifi- ■j: Première Epftre aux Corinthiens III. if. $ Evangile félon S. Luc. XXflI. 4.3. | Fpitre aux Hébreux XIII. 16*. *- Rhcims, Douay , Bourdeaux, & Rouen. Sjô Bibliothèque Britannique, Sacrifices, ou félon Texpreflion élégante du P. Amelotte, Cejl par cette forte de Victimes que Dieu Je t eut obligé Le même Apôtre dit à Philemon , qu'il efpére de leur être rendu par leurs prières. * Et Port RoiaJ en fait le mérite de ces prières. S. Paul dit f que vous foïez rendus dignes du Roiaume de Dieu ; & la ^Traduction de Bourdeaux , que vous le mérir liez. Dès qu'on pofe des Mérites, il faut bien qu'il y ait des péchez qui foient Véniels. Auf- fi S.Jean dit félon ces derniers Interprètes, Toute iniquité ejt péché : mais il y a quelque péché qui riejl point mortel , mais véniel. % Et à coup feur celui-ci n'elt pas celui qui atta- queroit les Immunitez du Clergé. Du refte, ce dernier mot eft félon ces Ver fions § le titre fcripturaire de l'ordre qu'on appelle Ecclefiaftique. Car S. Pierre défend exprefiement de dominer fur le Clergé , difent elles: Et nous dirions fur les Clercs \. fi on peut ainfi repréfenter le terme grec ** par un fon qui en approche. Quoiqu'il en foit, c'efh d'où les François par la voie du Latin ft ont emprunte celui de Clercs. Mais * Ep. à Philem. v. il. f Ep. aux Hebr. Xï!L 22. îf Première Ep. de S Jean V. 17. a eu fi peu de fuccez qu'elle eft à peine connue. Aufli vit on bien-tôt à Rome qu'il falloit quelque cho- fe de plus fort & de mieux écrit pour dé- crediter cet Ouvrage. Le P. Alciat Jefuite fut chargé de la commirTion ; toutes les Ar- chives lui furent ouvertes , & l'on n'omit rien pour le mettre en état de réiiffir. Mais pluiieurs années emploiées à raiïembler ]es matériaux neceiTaires , ne fervirent qu'à lui faire mieux fentir la difficulté de l'entrepri- Juillet, Août et Septemb. 1736. 389 fe , &: il en laifla l'exécution à une main plus hardie ou plus preibmtueufe. Ce fut Pallavicin , auflï Jefuite ce depuis Cardinal, qui s'en chargea ce par fon propre choix ce par l'ordre de fes Supérieurs. Jamais per- ibnne n'entrepit la compoficion d'une Hi- floire avec plus de fecours. Outre les Mé- moires qa'Jlciat avoit raffemblés , chacun s'empreffi à lui fournir tout ce qui pouvait lui être de quelque ufage. Cependant tout cela n'aboutit qu'à relever des fautes légè- res dans l'Ouvrage de Fra Paclo , des inexac- titudes , quelques méprifes dans les noms ou les dates, quelques altérations dans des circonftances peu cflentielles, quelques con- jectures hazardées fans fondement, comme le P. Le Courayer le fait voir en détail dans les Notes. Du refte , il y a une fi parfaite conformité .entre l'HiiToire de Pallavicin & celle de fon Adverfaire , que l'Auteur man- qué fous le nom à'Aquilinus * dans le juge- ment qu'il porte des différens Hiftoriens du Concile, ne craint point de traiter ce Car- dinal , $ Interprète & d'Amplificateur de Fra- Pa.lo. S'il y a quelque différence, c'eft que Fr.i-Paoîo, comme le remarque fon Traduc- teur , eil rHiftorien du Concile , 6e que PaU * Plufieurs favans croient que cet Auteur eft Henrici lui-même, qui publia une Réfuta- tion de l'Hiftoire de Fra-Paolo, fous le titre de Cenfura Tbeologica e? Hiftcrka , dont la féconde Partie porte le nom d'Aquilinus. 300 Bibliothèque Britannique, Pallavicin en eft le Panegyrifte ; & à l'avan- tage près qu'a le dernier d'être plus exact dans certains détails moins eiTentiels & de nous avoir communiqué les Extraits de plu- fieurs Pièces originales que l'on ne connoif- foit point auparavant, on peut dire que le Public pouvoit très bien le paffer de fon Hiitoire, dont on nous donne ici au long une jufte cenfure. Cette attaque portée à l'Ouvrage de Fra- Paolo eft proprement la dernière qu'il ait eu à affilier: Car le P. le Courayer compte pour rien une Critique moderne de cet Ouvrage, qui parut in 40. à Paris en 17 19, & où l'Au- teur qui ne fe nomme point, déclare Vque/oB êejjein ri eft pas a examiner fi les faits de FHï- floire qu'il attaque font "vrais ou non, mais de montrer que Fra- Paolo n'a eu aucune des qualités neceilaires à un Hiftorien, c'eft-à- dire, ni fageffe , ni modération , ni jugement, ni habileté. Un Ecrivain de cette trempe ne mérite d'autre fort que celui d'être mépri- fé & oublié, comme cela lui eft * effective- ment arrivé. Et fa Critique, auilî bien que les précédentes , n'a fervi qu'à relever le crédit & la réputation de l'Hiftoire de Fra- Paolo. Le grand nombre de Traductions qu'on en a faites en diverfes langues eft une preuve de la bonté de cette Hiitoire & de Pemprefiement du Public à la lire. Mr. le Courayer en donne ici la lifte, & rend en lui- re compte de la fienne qu'il a faite, dit-il, fur l'Edition originale de Londres de 1619-, qui Juillet, Août et Septemb. 1735. 391 qui eft communément la plus eftimée ; mais en la comparant exactement avec celle de Genève de 1629, qui lui a paru généralement moins dcfectueufe , malgré le préjugé pu- blic. Dans cette Traduction , qui eft entiè- rement nouvelle, fa Méthode a été de ne point s'écarter trop librement du tour de l'Original, ni de le fuivre trop fervilement; d'éviter également dans le itile l'enflure & la baiYefie. L'Hiftoire demande de la frm- plicité & de la netteté ; & c'eft uniquement à quoi il s'eft étudié, " fans donner dans l'af- „ feétation fi commune aujourd'hui parmi „ nos Ecrivains modernes , qui fous pré- „ texte d'enrichir la langue par de nouvel- „ les cxpreflions ou de nouveaux tours, la „ défigurent & la rendent fouvent inintelli- „ gible * „. Pour ce qui eft des faits rapportés par Fra-Paolo, fon Traducteur nous allure qu'il n'a rien négligé de tout ce qui peut fervir à en juftifier la vérité. Il a confulté le plus de Mémoires qu'il lui a été poilible , non feulement ceux qui font imprimés , mais Quelques autres qui font encore eu manu- ferit, comme un Recueil d'Actes qui com- mencent à l'ouverture du Concile fous Paul 11 L & qui finiffent à fa tranilatioii à Bolo- gne , ramafles par un nommé L. Pratanus Neroius, où l'on trouve beaucoup de par- ticularités très curieufes & de faits qui con- firment 392 Bibliothèque Britannique, fîrment l'Hiftoire de Fra - Paolo ; un autre Recueil de Lettres des Légats du Concile, écrites pour la plupart au Cardinal Farnefe & au Cardinal Camerlingue. Ces deux Manu- fcrits ont été communiqués par le Docb. Ferrari qui a ramafië beaucoup de ces fortes de Pièces. Le P. le Courayer en a auflî trou- vé plusieurs dans la Bibliothèque de Mylord Lovel y qu'il a eu la liberté d'examiner . à loifir. Tels font un Recueil de Lettres de Philippe Mufotti fecretaire du Cardinal Stri- pand, fous le titre de jornale del Concilia di Trsnto \ un Recueil entier des Lettres de Vijconti, dont on n'a publié que la moindre partie; & une Relation des Congrégations du mois d'Août au fujet de la Communion du Calice. Plus il a confulté ces diverfes Pièces , & plus il s'efl convaincu de la fcru- puleufe exactitude de Fra • Paolo ; & pour ju- ftifier pleinement cet Auteur contre la ma- lignité de ceux qui l'accufent , il fuffiroit , dit-il , de publier une Collection de ces fortes de Mémoires. C'eft auiTi ce qu'il auroit fait avec plaifir , fi comme il nous l'apprend , il n'avoit été prévenu dans ce defTein par le Dr. Ferrari qui eft. actuellement occupé à met- tre en ordre tout ce qu'il a pu ramaffer fur ce fujet , & qui fera très obligé aux perfon- nes qui auroient quelques Manufcrits cu- rieux là-deifus , de vouloir les lui communi- quer & de le mettre par là en état de don- ner un Recueil aufTi ample & auln* complet qu'il eft poffible. Par- jillet, Août et Septemb. 1736. 393 riant enfuite de fes notes & fur tout de s qui roulent fur la Doctrine , le P. le lyer dit qu'il les a compofées dans l'E- de l'Hiltorien qu'il publie , & qu'on :rra la même impartialité , le même des- •elfement & le même éloignement de efprit de difcorde & de divifion que a goûtés dans fes autres Ouvrages. Se- lui, cette Edition en paroitra plus uni- 1e que fi elle eut été faite par des pèr- es engagées par préjugé à tout juftifier tout cenfurer dans le fyflème qu'ils fe ent propofé de fuivre ou de combattre. fai, ajoute t'il *, qu'en matière de doc- ine le moien le plus fur de fe donner ;s Panegyriftes eft de fe déclarer pour 1 parti fans lequel il eft rare qu'un Ou- •age puifle fe foutenir contre les atta- îes auxquelles une voie mitoienne ne man- ie guère de Pexpofer. Mais on doit mfiderer que l'Ouvrage que je publie t moins le mien que celui de Fra-Paolo ; ue mon principal objet a moins été d'é- iblir ou de combattre aucune doctrine ue d'expofer celle de mon Auteur , & t propofer quelques idées qui puilîent ;rvir à l'intelligence des matières ; que ins partialité ni fans haine à l'égard des 'atholiques & des Proteftans , rien ne l'intereiîe à favorifer les uns au préjudi- e des autres, & que mon feul intérêt eft „ de * pag. 17. 394 Bibliothèque Britannique, to de parvenir à connoitre la vérité ; que 3, lors même que je m'écarte des opinions y, des autres, c'eft fans condamner perfon- „ ne & fans me rendre l'arbitre de leur fa- 3, lut ou de leur damnation , perfuadé que ,, toute erreur de bonne foy eft toujours in- 3, volontaire , & par confequent moins cri- 3, minelie que les fautes qui font l'effet de la corruption du cœur; qu'enfin là véri- table Catholicité ne confifte pas tant dans une uniformité entière de fentimens , que dans un amour ardent de la vérité , une difpofition fmcère à fuivre toutes celles qui font connues , & une attention ferieu- fe à ne fufciter ni révolte contre l'auto- rité ni fchifme contre la charité par un attachement opiniâtre à fes idées ou une oppofition trop violente à celles des au- tres. „. Le Jugement que l'Auteur porte * du Con- cile de Trente eft une bonne preuve de fon impartialité , ou peut-être plutôt de fon at- tention à fuivre une voie mitoienne. Il en dit & beaucoup de bien & beaucoup de mal. Pour le mal , on l'en croira facilement par- tout ou ce Concile n'eit pas aujourd'hui re- çu ; mais pour le bien , il efl fort à crain- dre qu'on n'ait pas la même facilité. La pre- mière chofe qu'il trouve à reprendre, c'eft la multiplication exceffive de dogmes inconnus au- parafant y que le Concile a introduits en éri- geant * pag. 18-24.. Juillet, Août et Septemb. 1736. 395 géant en articles de foy tant de chofes incertai- nes , juper fines fcp peu fondées pour ne rien dire de pis ; c'eft l'abus des anathèmes lancés contre quiconque refuièroit de fe foumet- tre à fes décifions: Abus qui, comme le re- marque le P. le Courayer, * " n'eft pas le „ moindre mal que le Concile ait produit, „ puifque c'eft à cette indifcretion qu'eft due „ la perpétuité du Schifme & TimpolTibilité „ morale d'y remédier. Il eft vrai que s'il „ étoit aurfi bien au pouvoir de l'Homme „ de croire que d'agir, il n'y auroit en ma- „ tiére de doftrine comme en fait de pra- „ tique d'autre parti pour les Supérieurs à „ prendre que celui de fe faire obéïr par „ l'autorité des Loix. Mais l'efprit ne cède „ qu'à la lumière , & tout autre moyen au „ lieu de l'éclairer ne fert qu'à produire „ l'ignorance & l'hypocrifie. Toute Eglife „ donc qui prononce anathème contre une „ autre fur des points ou douteux ou non- „ neceffaires, fe fepare elle même de l'uni- „ té fans en retrancher les autres ; parce „ que comme elle n'a pas le droit d'en „ commander la créance, il n'y a pour les „ autres aucune neceflité d'obéir, & qu'u* „ furpant un pouvoir qui ne lui a point été „ donné,on peut parconfequent lui désobéir „ à cet égard fans injuftice & fans crime. „. Quant aux confequences que l'on pourroit tirer de ces principes , favoir que TEglifc Ro * pag. is>. Tome VIL Part. IL Cç 39<5 Bibliothèque Britannique, Romaine , eft vifiblement fchifmatique , que fi les Proteftans en font féparés , ce n'efl point leur faute ; que leur feparation ne iauroit être traitée de Schiime , & que la feule crainte de fe rendre coupable de ce péché ne doit retenir perfonne dans le fein de cette Eglife , le P. le Courayer garde là- deflus un profond filence. Une féconde chofe que cet Auteur repro- che vivement au Concile de Trente, c'efi * d'avoir infifté avec trop de roideur fur Vobferva- îion de plujieurs pratiques ou peu raifonnables , comme les prières en langue étrangère , ou con- traires à Vinflitution primitive , comme la Corn- munionfous une feule eJpèce}ou NULLEMENT NECESSAIRES comme Vufage des Images , V Invocation des faints, fcpc. ou TRES INDIF- FERENTES , & très peu effentielles à la vertu , comme la diftinction des viandes , le célibat du clergé , £f le maintien de certaines cérémonies &f de plujieurs ufages , qui fans être des abus en avùient occafionné un grand nombre. Noublions pas de rapporter ce que le P. le Courayer ajoute: " Au lieu, dit-il, de laiffer à la dif- „ pofition de chaque Eglife le jugement de 3, ce qui convenoit au cara&ère de chaque „ Nation & aux différentes circonitances 5, des tems & des lieux, on a infifté fur des 3, pratiques purement humaines avec autant „ de rigueur que fi c'euffent été des Loix „ de Dieu même. On a accablé une Reli- » gion, * pag. 18. & ip. Juillet, Août et Septemb. 1735. 39^ „ gion , dont toute l'excellence confifte dans „ la fpiritualité du culte, fous une infinité „ d'obfervances ferviles & par là „ on a donné lieu à la fuçerftition ,,. L'Abus de la puiffance lpirituelle eft un troifième défaut que l'Auteur condamne dans le Concile de Trente; car ce Concile s'elt at- tribué un pouvoir illimité fur les chofes pu- rement temporelles , & a fournis en beau- coup d'occafions l'autorité des Princes & des Magiftrats à celle du Clergé dans les affai- res mêmes gui de leur nature font unique- ment du reuort de la Puiffance feeuiicre. Enfin un dernier défaut, qui n'cftpas moins fenfible , c'effc l'arfeclation qu'on y remarque par tout , de concentrer toute "la puiffance Ecclefiaftique dans le Pape , au préjudice foit des Conciles, foit des Evêques qui n'y font confiderés que comme fes Vicaires & les exécuteurs de fes ordres. " Rien cepen- „ dant de plus contraire aux maximes de „ l'Antiquité, qui n'a jamais mis de difFéren- „ ce entre les Evêques de Rome & les au- „ très , & qui n'a difringué les Papes des „ Evêques ordinaires que comme les Me- „ tropolitains le font de leurs Suffragans, „ c'elt-à-dire par une étendue plus ou moins „ grande de Jurifdicrion aquife ou par la pré- „ éminence de leur Ville ou par les Ca- „ nons Mais les Papes au lieu ,, de fc contenter de cette fuperiorité de ,, Jurifdiction , ont prétendu être non feu- ,, lement les premiers Evêques , mais les Ce 2 ,, feuls. 398 Bibliothèque Britannique, „ feuls , dont les autres ne font que de fim- „ pies Vicaires ; ont affecté de paffer pour „ infaillibles ; en un mot fe re- „ gardant comme fuperieurs à toute forte „ de Loix , ils fe font fait un droit de dif- 5> penfer non feulement des loix purement 35 humaines , mais encore quelquefois des 3, divines , au préjudice de la Religion & „ au fcandale de l'Eglife *. Malgré tous ces défauts , le P. le Courayer croit qu'on ne peut difconvenir qu'il n'y ait beaucoup de chofes à louer dans le Concile de Trente. Et premièrement à l'égard de la difcipline , il prétend qu'on y a fait nombre â'Excellens règlemens conformes à l'ancien efprit de l'Eglife , & qu'on y a remédié à quantité d'a- bus pernicieux qui règnoient impunément aupa- ravant f. Pour le prouver il rappelle les desordres qui faifoient alors gémir tous les gens de bien & fouhaiter fi univerfellement une reformation, & il dit que fi l'on en juge fans partialité , on verra qu'ils font infini- ment moindres qu'ils ne Pétaient. Nous vou- lons bien en convenir , quoique l'expreffion foit certainement trop forte & que l'on puif- fe dire fans exagération qu'il y a encore une infinité de desordres 'a reformer dans l'Eglife Romaine. Mais quelque confiderable que foit le changement en mieux arrivé dans cet- te Eglife, depuis la tenue du Concile de Trente 9 * pag. ai. t ibii. Juillet, Août et Septemb. 1736. 399 Trente, nous demandons fi c'eft aux fages rè- glemcns de ce Concile qu'il faut attribuer ce changement , ou fi ce n'efl pas plutôt à la lumière que la Reformation a répandue , aux bonnes mœurs de ceux qui l'ont em- brasée les premiers , & aux vifs & conti- nuels reproches des Ecrivains Proteftans ; toutes chofes qui ont dû naturellement en- gager peu à peu le Clergé Romain , fource de preique tous les defordres , à mener une vie plus régulière , du moins en apparence, & à obferver avec plus de foin la difcipline. Il ne faut que lire les décrets du Concile pour fe convaincre qu'ils étoient peu capa- bles de produire cet effet , & que quelques uns mêmes étoient plus propres à augmen- ter le mal qu'à le guérir, comme les Canons accompagnés d'anathèmes contre le mariage des Prêtres, & pour les vœux de chafteté perpétuelle des Religieux & des Religieufes, dont le célibat le plus fouvent forcé a tou- jours été & fera toujours la caufe des derè- glemens les plus fcandaleux. Cela eft fi vrai qu'après la tenue" du Concile on ne ceffa de fe plaindre dans le fein même de FEglife Romaine qu'il s'étoit feparé fans avoir fait autre chofe que jetter de la poudre aux yeux de ceux qui defiroient fmcérement une re- formation. Le Concile de Trente , difoit un cé- lèbre Auteur Catholique de ces tems-là *, parlant des desordres qui régnoient dans FE- glife, * George Wicel. Ce 3 400 Bibliothèque Britannique, glife , Le Concile de Trente , quoi qiCil fut à demi aveugle , a bien vu tout cela , mais il ne Va point corrigé ; Il a dit qu'il falloit le faire , mais il n'en a rien fait. Le P. le Courayer nous pardonnera donc fi nous difons que c'eft ou- trer les chofes que de conclurre comme il fait * " qu'il s'eft fait dans ce Concile quan- „ tité de règlemens particuliers , qui quoi „ qu'infuffifans pour remédier à tous les „ maux, n'ont pas laiffé de rendre à l'Egli- „ fe une partie de fa pureté , & l'ont tirée de 3, cet abyme de corruption & de de [ordres qui „ Vavoient entièrement défigurée , 6? faifoient 3, gémir tous les gens de bien depuis un certain 3, nombre de Siècles ,,. Pour ce qui concerne les décrets de do- ctrine , il avoué' qu'il n'eft pas aifé d'en por- ter un jugement fi favorable. Car l'on ne fauroit nier que le Concile n'ait fait de plu-- fieurs opinions douteufes , erronées ou abfur- des autant d'Articles de foy, " qu'il n'en 3, ait impofé la créance malgré la liberté avec „ laquelle on en avoit dilputé jufqu'alors, 5, & qu'il n'ait retranché de la communion ,, de l'Eglife & chargé d'anathèmes des peu- 3, pies entiers pour des fentimens fi peu ne- 3, ceflaires que jufqu'au Concile de Florence 9 3, au moins , chacun avoit eu la liberté de 3, les croire ou de les rejetter. „: Du re- lie, il foutient qu'on n'y a point établi de doc- trine nouvelle ou inconnue , & que la li- berté * pag. 22. Juillet, Août et Septemb. 1736. 401 berté des Prélats n'y a point été gênée, du moins à cet égard. Ce dernier fait paroitra peut-être un peu légèrement avancé à ceux qui auront lu ou qui liront dans Fra Paolo les intrigues continuelles des Légats du Pa- pe , & la hauteur avec laquelle ils prétendi- rent régler toutes chofes dans le Concile, le nombre des Prélats Italiens prefque tous dévoués à la Cour de Rome , qui y affiliè- rent , lequel l'emportoit de beaucoup fur celui des Prélats de- toutes les autres Na- tions, & les plaintes que quelques uns de ces derniers y firent qu'on ne leur lailToit pas la liberté de dire ce qu'ils penfoient, & que le Pape tenoit le Concile dans la fervi- tude le P. leCourayer lui-même nous apprend dans une Note * , que " ce que Fra ■ Paolo „ dit fur ce fujet, fe trouve parfaitement „ juflifié par les Lettres de Vargas. Le Con- ,, cile , dit cet AmbaiTadeur, ne peut rien/ai- 35 repar lui même. On Va dépouillé de fin Au- „ îorité. Le Légat eft le Maître , il tient tout „ dans fa main. Les Proteftans en étoient „ feandalizés , félon Malvenda ; & ce Docteur „ craignoit qu'ils ne le fuffent bien d'avan- „ tage , lorfquHls verraient de plus près k peu „ de liberté quil y avoit dans le Concile , cïf Vem- „ pire abfolu quy exerceoit le Légat. Le même „ nous apprend qu'à peine y écoutoit on „ les Théologiens, lorf qu'il était queftion de ,, drejfer les Canons ou la Doclrine. ,,. Apres * Tom. I. psg. 5-68. Ce 4 402 BlELIOTHÊQUE BRITANNIQUE > Après avoir desapprouvé la liberté qu'à pris le Concile de faire plufieurs nouveaux Articles de foy, notre Auteur répond à une difficulté qu'on pourroit lui objecter , c'en: „ que félon une maxime communément re- „ çue parmi nos Théologiens , ce qu'il étoit „ libre de croire ou de ne pas croire avant ,, la détermination d'un Concile , devient 5, neceffaire après cette décifion. Mais cet- „ te maxime, dit -il, ne peut-être reçue 3, dans fa généralité , & elle doit être ref- ,-, trainte par quelque modification pour „ être ramenée à un fens raifonnable. Car „ il eft certain que toutes les vérités necef- 3, faires à croire nous ont été propofées 5, par Jefus Chrift & par fes Apôtres , & „ qu'ainfi n'y aiant aucune nouvelle Reve- 3, lation à attendre , toute l'autorité d'un 3, Concile ne confifte qu'à déclarer ces ve- „ rites, fans que cette déclaration les ren- 3, de plus ou moins necenaîres. Seulement 3, leur neceffité fe fait plus évidemment 3, connoitre par le confentement unanime 3,> d'une telle Affemblée qu'auparavant , & ce 3, confentement forme un préjugé contre 3, lequel il n'y a qu'une fouveraine éviden- 3, ce qui puiffe tenir. Mais en cas de par- „ tage d'opinion entre les Eglifes Chrétien- 3, nés, foit unies entre elles foit feparées 3, les unes des autres par le Schifme, l'u- 33 niformité de témoignage venant à ceifer , ,, il n'y a plus d'autre motif pour nous por- 33 ter à croire que les raifons de probabi- „ lité Juillet, Août et Sëptêmî;. 1736. 403 „ lité fur lefquelles^ font appuies les dog- „ mes qu'on propoie , ou l'évidence donc „ eft accompagnée la Révélation „ Tout ce qui n'eft donc ni évidemment „ révélé , ni évidemment certain, ne peut „ être propofe comme un objet de créance. „ Les dédiions d'un Concile , en matière „ de doctrine, qui n'ont pour appui aucune „ de ces deux évidences font autant d'im- „ pofitions injuftes fur la foy des hommes ; „ & tout anathème qui porte fur un autre „ fondement , eft nul de la nature & vicieux „ dans fon principe, &c. „ *. Mais ces maximes ne s'étendent qu'aux dogmes , & nullement à la difcipline. A ce dernier égard le P. le Q.urayer foutient , & avec raifon , qu'on ne peut refufer à un Concile le droit naturel à toute Société de faire toutes les loix qui paroiffent neceiTaï- res pour le maintien de l'ordre eft du culte public. Car comme l'Evangile n'eft point defeendu dans ces fortes de détails, & que jefus Cbriji a communiqué à fes Apôtres & a leurs fucceffeurs tout le pouvoir qui étoit necelTaire pour le gouvernement extérieur de fon Eglife, qui ne peut fubfifter fans un certain ordre ; il faut necetfàirement recon- noitre qu'il y a un tel pouvoir dans ceux qui la gouvernent , ou fe refoudre à voir régner la confufion & l'indépendance , qui font la ruine & la deftruclion de toute Société. Que ii * pag. 23, 24. Ce 5 404 Bibliothèque Britannique, fi l'on veut favoir jufques à quel point peu- vent obliger les décrets d'un Concile gêne- rai en matière de difcipline , l'Auteur répond r . que ces décrets n'ont de force qu'autant qu'ils font acceptés par les Eglifes particu- lières , foit qu'elles aient eu leurs députés au Concile, ou qu'elles n'y en aient point eu. Car les règlemens d'une Eglife ne peuvent point lier les autres , & des Députés ne peu- vent obliger les Corps qu'ils reprefentent qu'autant qu'ils agiiTent conformément aux intentions de ceux qu'ils reprefentent , ce qui ne peut fe vérifier que par l'acceptation. Ainfi ces règlemens ne deviennent des Loix que pour les Eglifes qui les acceptent & pour chacun des particuliers qui compofent ces Eglifes. 2 . Comme ils font d'une nature très différente, il s'enfuit aufli que l'obliga- tion de les pratiquer n'eft pas la même à tous égards , & qu'on ne peut en juger que par leur importance ; c'efl-à-dire que plus ils font importans & plus ils font obligatoires. Pour expliquer encore mieux fa penfée , le P. le Courayer range fous quatre chefs toutes les Loix de pure difcipline , & fait voir en détail jufques ou elles obligent. Les premières ont pour but de préferver l'ordre dans l'Eglife & la décence dans le Culte pu- blic. Les fécondes font relatives à des de- voirs moraux, •& femblent n'avoir été pré- fentes que pour en mieux procurer l'obfer- vation. Les unes & les au très de ces Loix font d'une obligation allez étroite , " parce „ que Juillet, Août et Septemb. 173(5. 405 „ que tout ce qui peut donner une atteinte „ eflentielje à l'ordre ce choquer avec fean- „ dale la décence du Culte, eft auffi.crimi- ,, nel qu'une immoralité, puifque li l'immo- „ ralité n'eit pas la choie même , elle le „ trouve du moins dans les confequences „ & par le fcandale que caufe cette deso- „ béïfiance, & par le renversement qu'elle 3, produit dans la Société. D'un autre côté, „ quoique les Loix relatives à des devoirs 3, moraux ne foient pas auflï eflentielles que „ les devoirs mêmes , il fuffit pour en rendre „ la pratique neceiTaire qu'elles aient une „ fin utile & qu'elles foient recommandées „ par une autorité fuffifante On „ ne peut donc exemter de péché ceux qui 5, violent ces fortes de Loix, puifqu'ils ne „ fauroient s'en écarter fans manquer à l'o- „ bénTance due à l'Autorité légitime qui les 3, a faites , ce fans s'expofer au danger de „ transgrelTer les devoirs, mêmes pour la „ pratique defquels on a preferit ces fortes „ de moiens. „ *. Une troifiéme forte de Loix de pure dis- cipline, ce font celles qui ont été faites uni- quement pour fervir d'aliment à la pieté, & propofées comme des moiens, fmon ne- cefîaires , du moins utiles & propres à l'in- ipirer. L'obligation n'en peut pas être aufîl étroite que celle des précédentes. Car com- me en matière de Loix l'obligation de s'y foumettre fe tire non feulement de l'auto- rité * P?.g. 27. 40(5 Bibliothèque Britannique, rite qui les prefcrit, mais de la nature même des devoirs qui font commandés, il s'enfuit évidemment que des pratiques arbitraires de pieté ne iàuroient être d'une auffi grande ne- ceffité que celle de chofesplus eflentielles,& que la différence des circonftances peut enref- ierrer ou en diminuer l'obligation. Elles n'o- bligent qu'autant qu'on ne peut les violer fans fcandale, & elles font fans force lorf- qu'on ne peut y obéir qu'en bleflant la cha- rité ou qu'en jettant du fcrupule dans les âmes. Enfin , il y a des Loix qui femblent n'avoir été imaginées qu'en faveur du Cler- gé , & qui le regardent perfonnellement. L'Obligation n'en paroit pas fort grande à l'Auteur. " Comme aucune Société, dit-il, ne peut s'attribuer de privilèges au pré- judice des autres, on lent bien que ces Loix ne peuvent avoir de lieu que du confentement des PuifTances qui y font intereffées, & que pour le tems qui con- vient aux Etats qui les admettent. Ces fortes de Loix intereffent moins la con- fcience que la Police & ne peuvent être regardées fur un autre pied. Il convient d'honorer les Miniftres de la Religion, & ça été la pratique de tous les tems & Pil- lage de toutes les Nations. Mais il ne faut pas confondre un devoir de police & de bienféance avec un afte de Religion „. Toutes ces Maximes font très fages & font honneur au P. le Courayer, auflï bien que la manière dont il finit fa Préface. „ S'il m'eft échappé , dit-il, quelques fautes M dans Juillet, Août et Septemb. 1736. 407 „ dans cet Ouvrage, je ne ne me ferai point „ un mérite de les défendre, & j'efpère re- „ ciproquement qu'on me fera la grâce de „ les excufer en faveur de la pureté de mes „ intentions. Ma principale attention à été „ de me tenir en garde contre les préjugés. „ Je n'ofe pas me natter de les avoir tous évi- „ tés. La naiffance, l'éducation,un amour trop „ déclaré pour la paix, une prévention quel- „ quefois trop favorable pour nos propres „ idées, nous feduifent fans que nous nous en „ appercevions. Tout ce qu'un homme fage „ peut faire, efl de ne point s'y livrer volon- „ tairement , ni par aucun motif de crainte „ ou d'intérêt ; & c'eft de quoi je puis me „ rendre un témoignage peu équivoque. Si „ j'euiTe été fufceptible d'aucune de ces vues, „ j'aurois eu plus de complaiiance dans ma „ Patrie , ou je me ferois mis dans une iî- „ tuation plus favorable à la fortune dans „ mon exil. Des motifs plus purs m'ont diri- „ gé dans mon entreprife;& s'il m'arrive quel* ,. quefois de me tromper, on ne doit l'im- „ puter qu'à la foiblefle de mes lumières, „ & non au défaut de droiture dans mes „ intentions. „. Quant aux vues d'intérêt que l'Auteur dit avoir facrifiées , il peut-être fincère; mais l'on doute que le parti qu'il a pris ne foit pas après tout le plus avantageux. Nous rendrons compte dans un Journal fuivant du refis ds cet Ouvrage. AR- 4-os Bibliothèque Britannique* ARTICLE VII. The Traditions of the Jews &c. Ceft-à- dirc Les Traditions des Juifs &c. Second Extrait. Le Iec eil dans le Tome 5e féconde Partie. r^Ans notre premier Extrait de ce Livre / nous avons donné quelques Exemples des faits fuppofés & des impietés groflieres qu'on trouve dans le Talmud & dans les Ecrits des Rabbins. Nous allons rapporter dans ceiui-cî ce que notre Autheur dit de leurs opinions ridicules , & de leurs Dog- mes abfurdes. Les Talmud i lies ont enrichi l'Hiftoire Naturelle de plufieurs découvertes ; ils nous donnent la clefcription d'un grand nombre d'Oifeaux, de Poifions, de Reptiles, d'Ani- maux & de Végétaux, dont il n'efl fait au- cune mention dans les Livres de ceux qui ont rapporté ce qu'il y a de plus curieux & de plus extraordinaire dans la nature. Ils difent dans le Talmud au Code Bechsrot quM y a un oifeau appelle Bar Juchne , qui^ en d'une grandeur fi monftrueufe qu'un Oeuf de cet oifeau s'étant caiTé, le blanc de l'œuf inonda foixante villages & déracina trois cent Cèdres. Dans le Code Bava Bàtra du même livre on lit la relation fuivante Rabba petit fils de Cbanna étant fur mer, vit un oifeau qui Juillet, Août et Septemb. 1736. 409 qui étoit dans l'eau jufques aux cuifles, mais dont la tête touchoit au Ciel : S'imaginant que la mer ne devoit pas être fort profonde dans cet endroit là, il voulut fe jetter dans l'eau pour le baigner , mais une voix du Ciel l'avertit que la mer y étoit fi profonde qu'une hache qu'un charpentier avoit laifl'é tomber fept ans auparavant, n'étoit pas en- core parvenue au fond, à caufe de la pro- fondeur des eaux, & de la rapidité des cou- rans qui l'empêchoient de tomber en ligne droite. Cet oifeau eft appelle dans la Ver- fion Chaldaique Tarnegal Bdra c. a. d. Coq Sauvage , mais Rabbi Afcbi dit que c'eft le Sis Sadai ou la béte des champs dont il eft parlé au Pf. 50. 1 1 . & Rabbi David dans Kimchi Sepber Scbarafchim afleure que lors- que cet oifeau étend fes ailes , il eclipfe le Soleil, & que Job fait allufion à cela quand il dit , l'epervier fe remplumera-t-il par ta fagette, & étendra-t-il fes ailes vers le midi. Job. 39. 26. Dans le même Code on trouve ce paffage, Rabba petit fils de Channa dit: Etant dans un defert nous vîmes des oyes fi grattes que des rivières de graifle decou- loient d'elles ; alors je leur dis, quand le Mettie fera venu, mangerons nous de votre chair dans l'autre monde : Une des oyes fe- coua là-deflus une aile , & l'autre leva une cuitte pour marquer que ce feroit là nôtre portion au^ tems du Mettie. Rabbi Eliezer me dit enfui te que les Hraëlites feroiend punis par rapport à ces oyes , parce que les péchés 4-10 Bibliothèque Britannique, péchés d'Ifraël retardant la venue du Mefne, ces oyes fouffroient beaucoup par ce retar- dement à caufe de leur graille. Ce Rabbin racconte encore une hiftoire fort extraordi- naire, je vis, dit-il, une grenouille qui étoit auiïî grande que le Village à'Akra dans la Hagronie; un Serpent vint & avala la gre- nouille, mais un Corbeau fondit fur le Ser- pent & l'engloutit ; après quoi il vola fur un arbre , & s'y nicha : Jugez par là de la force de l'arbre. Raf Papa fils de Samuel at- telle ce récit, & déclare, que s'il nel'avoit veu de fes propres yeux , il n'auroit pas pu le croire. Ce que le Taîmud dit de 3. pohTons nom- més GildenaS) bouc-marin, & Leviatban n'eft pas moins curieux. Le Gildena eft félon Raf-AJchi un poiiîbn marin , qui a deux na- geoires; Un vaiiTeau qui alloit à pleines voi- les, & qui en moins de teins qu'il ne faut pour faire bouillir de l'eau dans un poilon , faifoit foixante miles , fe trouva entre fes deux nageoires, & quoique le poifïbn na- geât contre le Vent , & que le VaiiTeau eut le vent en poupe ce ne fut qu'après une courfe de 3. jours & de 3. nuits que le Vaifleau paiïa le poiflbn. Le bouc marin efl un autre poiflbn; Raf-AJchi dit qu'avec fes cornes il creufe dans le fond de la mer pour chercher fa nourriture. Rabbi Jochanan ra- conte qu'étant en mer il vit la tête de ce poiflbn ; fes deux yeux étoient comme deux Lunes , & l'eau qu'il jettoit par fes narines Juillet,, Août et Septemb. 1736. 411 égaloit les 1. rivières de Sur». Raf Safra a- joute qu'un jour ce poiflbn ayant forti fa tête de la mer, il vie Tes cornes, fur lef- quelles il étoit écrit, je fuis une des plus viles Créatures qui habitent la mer ; la lon- gueur de mon corps elt de trois cent miles , & aujourd'hui je dois entrer dans la gueule du Leviathan: on peut juger par Là quelle doit être la grandeur du Leviathan. Ceux qui fouhaitent d'en lire la defeription , la trouveront dans la Synagogue de Buxtorf au Chap. 36. aulii bien que celle du Behc- mot , & du Lyon de la forêt d'FAa. L'hiftoire des Infectes , elt encore embel- lie par les Rabbins de quelques traits fur- prenans. En voici un tiré du Traité du Talmud, qui a pour titre Gittin, & qui eft confirmé dans la 10. Parafcba du Livre Be- refcbiîb R.ibba , dans Meirafch Kobelacb , & dans le 38. Chap. des Difcours de Rabbi Eliczer: l'Empereur Tite Vefpafîcn mepriia Dieu , & le blafphema ; que fit-il , il prit par la main une femme proftituée, entra avec elle dans le lieu très Saint, & ayant mis à terre le Livre de la Loi , il afîbuvit fa brutalité avec cette femme: il tira aufli ion épée & coupa en deux le Voile du Tem- ple , duquel fortit du fang. Dans fon retour à Rome il eflliya fur mer une furieufe tem- pête : alors en s'adreiTant à Dieu , il dit , Dieu des Juifs, il iemb'e que tu n'as du pouvoir que fur Teau, & que c'eft à caufe de cela que tu noyas autrefois Pharaon & Sifera ; Tome ni. Part. IL Dd mais 4.T2 Bibliothèque Britannique, mais û tu es le Dieu fort , Viens & fais moi la guerre fur le Continent : Au même inftant une Voix du Ciel fe fit entendre, qui lui dit méchant homme! j'ay une petite Créature dans le monde qu'on appelle mou- cheron , qui te fera la guerre. AulTi-tot que Tite fut débarqué , un moucheron entra car fes narines dans fon cerveau & le creu- îa pendant Tefpace de fept ans: Quand après la mort de Tite on lui ouvrit le Crâne, on y trouva ce moucheron , qui étoit auïïi grand qu'un pigeon , & pefoit deux livres; fa bou- che étoit de cuivre , & fes pieds de fer. Nous alléguerons encore deux paffages des Talmudiftes fur les Végétaux pour faire voir combien ils étoient fçavans dans l'hif- toire naturelle. Le premier eft tiré du Trai- té du Talmud intitulé Kethuvotb , le voici : Dans les jours du Meffie un grain de froment fera auffi gros que les 2. reins d'un des plus gros bœufs ; n'en foyez pas furpris , car voi- ci un Renard fit fa tanière dans un navet creux & y mit fes renardeaux. Ce navet tout creux qu'il étoit pefoit foixante livres du poids de Cypre. Raf Jofeph dit que fon Pcre lui laifTa "trois branches d'un Sénevé , & qu'en ayant fendu une , il y trouva neuf Rab ( mefure qui contient 24. œufs ) de graine de Moutarde, & que le bois fuffit pour couvrir la cabane d'un Potier. Rabbi Simeon fils de Tachalica dit ; Notre Père nous laifla un choux qui étoit fi grand que pour en arracher des feuilles , nous y montions & Juillet, Août et Septemb. 1736. 413 & en defcendions par une échelle. L'autre paflage eft du Traité Becborotb , où il efl dit ou'un Cèdre tomba , qui étoit fi grand que ieize chariots paffoient de front fur le tronc du Cèdre. Mais û les Talmudiftes ont été fort fça- vans dans Fhiftoire Naturelle , ils n'étoient pas moins habiles Géographes ; ils ont trou- vé l'endroit ou le Ciel & la terre le joignent, & Rabba petit fils de Cbanna racconte dans le Traité Bava Baîbra , qu'un Marchand If- maëlite lui montra cet endroit, & que vou- lant faire fa prière, il pendit fon panier à la fenêtre du Ciel : Etant revenu après fa prière , pour prendre fon panier , il ne le trouva plus, alors il demanda au Marchand s'il y avoit des voleurs dans ce pais ; le Mar- chand lui repondit que non , & que c'étoit le firmament qui tourne qui avoit emporté fon panier : il lui confeilla de refter dans cet endroit jufqu'au lendemain, parce qu'a- lors la fenêtre du Ciel étant revenue au même lieu, il v trouveroit fon panier. Les Defcriptions Géographiques que les Rab- bins nous ont données du Pais des Recba- bites en Afie , des montagnes de Nisbon pro- che de la Rivière de Golan, de la Rivière Sabbaîjon & des pai's qui font fur cette riviè- re, font trop longues pour être inférées ici ; nous nous bornerons à celle de l'ancienne Ville de Rome. On lit dans le Traité Pefachim , qu'à Rome il y avoit 3<5j. rues , dans chaque Dd 2 riie 4-14 Bibliothèque Britannique, rue 365. Palais, qu'on montoit à chaque Pa- lais par 365. degrés , & que fur chaque de- gré il y avoit affés de pierres precieufes pour acheter tout le monde : Et le Traité Magilla dit que la Ville de Rome a en longueur & en largeur 300. miles de 4000. grands pas chacun , qu'on y trouve 365. rues dont la plus petite qui a 16. miles en quarré, e(l habitée par des poulaillers ; que le Roi dine alternativement dans chacune de fes rues , & envoyé des Vivres de fa table à tous ceux qui y demeurent ; qu'on y volt trois mille Bains publics & joo. ouvertures par lefquel- les la fumée palTe ; que la Ville a d'un côté la mer, de l'autre des montagnes & des co- taux , du troifieme une muraille de fer, & du quatrième un terroir pierreux & fterile avec des fofies profonds. Nos Lecleurs ne feront peut-être pas fâ- chés que .nous leur apprenions quelques fe- crets des Rabbins, en voici des plus cu- rieux. 1. Secret que l'Ange Michel apprit à Pâli, & Pâli à Moi'fe , pour entendre toutes les langues. Si tu entends bien le Schemhamm- phorafeh ( le nom de Jehovah ) tu enten- dras les paroles des hommes & des bètes , le chant des oifeaux,i'aboyement des chiens le langage des Démons , des Anges , & des Dates", le mouvement de la mer, l'unité des cœurs , le murmure de la langue , & même les penfées des reins. 2. Secret pour fortifier la mémoire. Si vous fou- Juillet, Août et Septemb. 1736. 415* fouhaitez de ne rien oublier de ce que vous avez appris , recitez avant que de manger ce de boire les verfets fuivans. Il y a un Efprit dans l'homme, & l'infpiration du Tout puiflant le vend entendu. 1. Les préparations du cœur l'ont à l'homme , mais les propos de Ja langue viennent de l'Eternel. 2. Ne me rejette point de devant ta face, & ne m'ote point i'Efprit de ta Sainteté. 3. Sei- gneur étant en angoifTe ils fe font fouvenus de toi , ils t'ont prefenté leur humble requê- te , quand ta correction étoit fur eux. 4. ô Dieu crée en moi un cœur net, ce renou- velle au dedans de moi un Efprit bien re- mis. 5. Le Seigneur l'Eternel m'a donné une langue &c. Ef. jo. 4. 5. I'Efprit de l'Eternel a parlé par moi , ce fa parole a été fur ma langue. 6. Enfui te dites cette prière : Qu'il te plajfe ô Dieu d'Abraham, d'Ifaac ce lYK- raël de me révéler ta Loi, ce au nom de Patcbiel, de Raphaël, ce de Cbufid, illumine mes yeux , ce mon cœur ; qu'ils m'ouvrent le cœur afin que pendant toute ma vie , je n'oublie rien de ce que j'ay appris , ce de ce que tu m'as ordonné d'apprendre; qu'il s'attache à moi , que j'apprenne tous les jours ce que je n'oublie jamais les paroles de tes commandemens , Amen , Béni foit Dieu à jamais. Amen. Amen. NB. quelques uns jeûnent la veille du premier jour de May , é;rivcnt ces verfets fur un œuf, ou fur un gâteau pétri de miel , ce mangent ce gâteau , ou cet œuf. Dd 3 3. Se- 4i6 Bibliothèque Britannique, 3. Secret pour fe garantir des enchante- mens des Sorcières. Si vous vous trouvez dans une compagnie de Sorcières , dites leur , ô Vilhines Sorcières , puifle t-on vous jetter du fumier tout chaud dans la bou- che, puiflent les cheveux dont vous vous fervez dans vos enchantemens , vous être ar- rachés, puifle le vent difperfer les miettes de pain dont vous vous Fervez pour m'en- forceller, puifle le vent chafler au loin le Saffran nouveau que vous tenez dans la main quand vous faites vos charmes. Ce fecret a été enfeigné à Amemar par une habile Sor- cière. 4. Secret pour fe garantir de la famine & de la pefte. Quand la famine ou la pef- te font dans une Ville, ne fortez point, de peur que l'Ange de la mort ne vous rencon- tre, mais tenez ^ 1. Job. 32. 8. 2. Prov. 16. 1. 3. Pf. 51. 14. 4. Efaie 26. 16. 5. Pf. 51. 10. 6. 2. Sam. 23. 2. ) vous enfermés dans vos maifons. 5. Secret touchant Fufage de l'eau. On ne doit pas boire de l'eau la nuit du mecredi, ni celle du Sabbat , à caufe des malins Ef- prits ; mais fi vous êtes fort altérés pronon- cez les 7. verfets que David a prononcés au Pf. 29. depuis le verf. 3. jufqu'au 10. enfuite dites ces mots Lui Scbafan anigton , agordefon , & alors vous pouvez boire l'eau en toute fureté. 6. Secret important pour ceux qui font à un enterrement. Si vous êtes prié à quelque ca- Juillet , Août et Septemb. 1736. 417 enterrement , ne vous mêlez jamais parmi les Femmes, parce que l'Ange de la mort dance parmi elles , pendant tout le tems .des funérailles jufqu'à ce qu'elles foient de retour dans leurs maifons : Pour éviter donc l'Ange de la mort, marchez devant les Femmes & ne les regardez jamais en face, c'eft là le feul moyen de s'afleurer une longue vie. 7. Secrets importans. Ne vous tenez point devant un bœuf qui fort d'un étang, parce que le Diable dance entre fes cornes. Ne vous tenez pas non plus nud devant une chandelle, parce que celui qui le fait tom- be en conibmption, & celui qui jouit de fa Femme à la chandelle engendre des enfans confomptifs. 8. Origine des Nègres. Trois différentes efpeces d'animaux ont été punis, pour s'être acouplésdans l'arche, le chien, le Corbeau, ce Sem ; le chien demeure attaché à la chien- ne ; le corbeau jette fa femence par la bou- che , & la race de Sem efl noire. Caufe du hurlement des chiens dans îa nuit. Quand l'Ange de la mort entre dans une Vil- le, les chiens commencent à hurler. Mais quand Elie y entre, ils fe mettent à jouer enfemble. Après avoir rendu compte des opinions ri- dicules des Talmudiftes il nous refte à rap- porter leurs Dogmes abfurdes, & ce qu'ils difent fur la Création des Anges , leur ordre , leur nature , leur miniftere , leurs apparitions; Sur les noms des Démons , leur origine, leurs D 4 connoif- 418 Bibliothèque Britannique, connoifTances , leur pouvoir ; Sur l'origine des âmes , leurs tranfmigrations , l'état de l'A- me & du Corps après la mort, la punition apellée Na venad ou l'ame fugitive ; Sur les félicités du Paradis , & les peines de l'Enfer. Rabbi Eliezer, & Rabbi Jocbanan dans le livre Berefchit Rabba foutiennent , que les An- ges furent créés le fécond jour , & ils le prou- vent par les verfets 3. & 4. du Pf. 104. mais Rabbi Cbanina prétend qu'ils furent créés le 5. jour, & il en allègue pour preuve lepaiïa- ge de la Genefe. en. 1: 20. comparé avec Efa. 6. 2. Rabbi Becchai pour concilier ces deux fentimens dit, que les Anges qui font immortels, furent créés le 2. jour, mais que Dieu crée tous les jours une multitude d'An- ges qui chantent un hymne à fa gloire , & puis font anéantis , & qu'il commença à créer ceux ci au 5. jour. Dans le Traité Cba- giga il eft rapporté que la Rivière Dinur , ou la Rivière de feu efl formée de la Sueur des animaux qui portent le throne de Dieu, & que de cette rivière Dieu forme tous les jours des Anges qui lui chantent un hymne & puis meurent; Rabbi Jonathan affirme que Dieu crée un Ange de chaque parole qui fort de fa bouche , & que cela eft infinué au Pf. 33. 6, & on lit dans le Traité Beritb Menu- eba que quelques Anges ont été créés du feu, d'autres de l'eau, d'autres du vent, & que parce qu'ils ont été formés d'EIemens oppofés , Dieu les accorde à, fait la Paix en- tre Juillet, Août et Septemb. 1735. 419 tre eux, comme il eft die Job 26. 2. il fait la Paix en haut. Dans le même Traité Ecrit b Menucba on trouve qu'il y dix ordres d'Anges , comme il y a dix Sephiroth de Dieu. Ces ordres font, les Erellim , ou Puiflans , les Ifchem, ou hom- mes , les Benebaelobim , ou Fils de Dieu , les Malacbim, ou Rois, les Cbafcbmalim, ou char- bons ardens, les TarfcbiJ'cbim , les Scbinanim , les Cberubims , les Ofannims , & les Serapbims : Chacun de ces ordres a un chef, qui fut créé le premier; favoir les Erellims , Micael; les Ifchem, Zepbania ; les Benebaelobim, Cbofniel ; les Malcicbim , Urfiel ; les Cbafcbmalim , Cbafcbmal ; les Tarfcbifchim , Tar/cbiocb; les Scbinanim , Zakiel ; les Cberubims , Cherub ; les Ofannims , Rapbael: & les Serapbims Jebuel\ mais le Prin- ce de tous les Anges eft Metatron , Nom qui fignifie en langue Chaldaïque un Gardien 5 en Grec un MefTager, & en Latin un Seigneur. Ce Metatron a encore trois autres noms. Quand il porte les prières des Ifraëlites juf- ques au Thrône de Dieu qui eft au defîus des 900. Cieux, il eft appelle Y ancien ; quand il en defeend , il eft appelle le jeune ; & quand il eft de fervice auprès de Dieu 5 il eft appelle Naar> le Valet ; fa taille eft monftrcufe , & il eft plus haut que fes Compagnons , d'une étendue qu'on ne pourroit parcourir que dans 500. ans. C'eft lui qui morne par l'échelle qui eft placée fur la Rivière Dinur, & que Jacob vit en Songe. Selon l'opinion commune ce Me- tatron eit Enoch. Dieu lui envoya l'Ange Ddj A> 420 Bibliothèque Britannique, Anniel qui l'enleva de devant les yeux des habitans du premierMonde,le fit mourir fur un Chariot de reu , & le conduifit jufqu'auThrô- ne de Dieu. A fon arrivée dans le Ciel , les Seraphims , les Ofannims , les Cherubims , les roues du Chariot & les Anges de feu, le fentirent à la diftance de 5380. miles , & di- rent, quelle eft cette odeur comme d'un hom- me né d'une femme, une Créature fi vile doit elle monter dans le plus haut des Cieux? Mais Dieu leur dit ; Mes Serviteurs , mon ar- mée , mes Cherubims , que ceci ne vous fa (Te point de peine, tous mes Enfans m'ont renié & font devenus Idolâtres, c'efl pour- quoy je me fuis retiré d'eux, &cet Enoch eft le feul fous le Ciel que j'aye pour recom- penfe de tous mes travaux." D'autres pour- tant prétendent que Metatron avoit été un Savetier, & que Dieu réleva fi haut parce qu'à chaque coup d'aleineil penfoit àDieu & difoit, Béni foit à jamais le nom de la gloi- re de fon Règne : D'autres enfin difent qu'il avoit été Maitre d'Ecole. L'Ange le plus puifTant après Metatron eft Sandelfon, ou le Prophète Elie: Sa taille eft aufli monftrueufe que celle de Metatron ; fcs apparitions font fréquentes, il eftprefent toutes les fois qu'on circoncit un Enfant Juif, & il paroit fous la forme tantôt d'un Mar- chand Arabe, tantôt d'une Femme débau- chée, tantôt d'un Ours furieux, & tantôt «l'un FofToyeur. Nous avons déjà remarqué que félon \es ' Tal- Juillet, Août et Septemb. T73& 421 Talmudiftes les Anges ont été créés les uns du feu, les autres de l'eau, les autres du vent, & que par confequent ils fon corpo- rels. Ilscroyentde même qu'ils font mortels, & on lit dans le livre Jalkuîh Cbadash que tout Ange , qui quitte le lieu qui lui a été al- figné pour fa demeure , efl puni de mort fu- bite, excepté l'Ange Metaîron , qui a la per- miilion de monter au delfus des 955. Cieux qui font dans le Thrône de Dieu fans qu'il coure aucun danger. Ils ibutiennent enco- re que les Anges entendent toutes les lan- gues , excepté les langues Chaldai'que & Sy- riaque , & que c'eft à caufe de cela que les livres du Vieux Teftament ont été tra- duits en langue Chaldai'que , parce que les Anges , qui portoient envie aux hommes de ce qu'ils poffedoient la Loi , n'enten- dent point cette Langue. Ils infèrent de là enfin qu'on ne doit jamais prier Dieu en langue Chaldaïque, parce que les Anges ne l'entendant point, ne fçauroient porter les prières devant Dieu. A l'égard du miniftere des Anges les Rab- bins diient qu'il y a gcooco. Anges qui af- filient continuellement devant le^throne de Dieu ; que 70. autres Anges ont été nommés du tems de la confufion des langues pour prefider fur les 70. Nations du monde ; que ces Anges forment le Confeil fecret de Dieu , & font appelles Sarim Princes , Elobim Dieux, & qu'il étoit défendu aux Juifs de maudire ces Princes des Nations. Ils ajou- tent 422 Bibliothèque Britannique, tent que chaque Planète ou Aftre efl ani- mé & conduit par un Ange, & que c'eft la raifon pourquoy les Anges , qui gouvernent les Globes Celefles font appelles Ofannims & Galgalims Roues , Chariots , Globes : Ils allèguent le partage du Pf. 19. 1. pour prou- ver que ces Globes Celeftes font non feu- lement animés, mais doués d'intelligence.. L'Ange qui prefide fur le Soleil efl appelle dans Jalkuth Cbadafcb , Galgaliel , & celui qui gouverne la Lune, Ofaniel\ mais d'autres di- fent qu'il y a 8. Anges qui gouvernent le Soleil, jT.de jour & 3. de nuit, ou félon Rabbi Alexandre , 4. qui marchent devant le Soleil pour tempérer fa chaleur, & 4. qui marchent derrière lui, pour empêcher le froid. Trois Anges nommés Achtariel, Me- tatron & Sandelfon reçoivent les prières des Ifraëlites , & en font des bouquets. 2100. Anges prefident fur les herbes , l'Ange Jor- kemo fur la grêle , Gabriel fur le feu , Michel fur l'eau ; chaque Météore , Arbre , Plante Animal , Reptile , & Poiflbn , a fon Ange particulier ; chaque homme fon Mefchal ou Ange Gardien , qui l'inftruit fur la terre, & intercède pour lui dans le Ciel. Enfin on trouve dans Jalkuth Cbadafcb , qu'il y a 3. troupes d'Anges qui fe relèvent pendant les 3. veilles de la nuit pour louer Dieu, & que les autres au nombre de ôccoco. des- cendent fur la terre pour faire dormir les hommes. Quant aux apparitions des Anges en forme humaine, les Rabbins prétendent que Juillet, Août et Septemb. 173(5. 423 que les Corps avec lelquels ils paroifloient , étoient formés de la neige qui eft fous le throne de la gloire. Les Rabbins appellent les Démons Seta- nim Adverfaires , Scbedim Deftructeurs , Serim Velus Sarires , Boucs , & Majjikim malins. Rabbi Bêchai dit qu'ils fon apellés Serim, par- ce qu'ils paroiflent en forme de boucs , & Scbedirn parce qu'ils demeurent dans les De- fer ts du Nord ; mais l'Autheur du Livre Jal- kuth Rubeni prétend que les Diables font ma- ies & femelles , que les maies ont fur la tête des cheveux qu'on apeile Sear 9 & que les femelles ont la tête chauve ; que c'eit à caufe de cela que Boas mit la main fur la tête de Ruth, pour voir il ce n'étoit pas quel- que Diab-lelTe qui etoit venu coucher avec lui, & qu'ayant touché fes cheveux il lui dit, qui es tu ma fille, Ruth. 3. 9. Ils rac- content que Dieu créa les Démons le loir du Vendredi, fur la fin du Crepufcule, & que le Sabbath l'ayant furpris avant qu'il eut achevé de les créer , il ne put les revê- tir de corps, & que c'elt la railbn pourquoy il eft dit Gen. 3. 1. que le Serpent étoi'c Arum nud; ils ajoutent qu'outre les Démons que Dieu créa , Adam en engendra un grand nombre pendant les 130. ans de fa feparation d'avec Eve, & qu'Eve même ayant entrete-, nu un comerce criminel avec" les Démons maies, accoucha de plufieurs Démons. Ils nomment quatre femmes qui mirent au mon- de des Démons Lilis Naama , Igeritb Ôc Mâ- cha- 424 Bibliothèque Britannique, cbaîat. Ces quatre femmes prefident fur les quatre faifons de Tannée & s'affemblent fur ]a montagne de Nifcbpa près du Zodiaque. On peut lire Phiftoire de Lilis dans la Syna- gogue de Buxtorf : Naama étoit fœur de Tu- balcain , femme de Scbamrom & mère à'Afcb- medai Prince des Démons ; Igeritb étoit fille de Macbalaî que a fous fon commandement 180000. Anges deftrufteurs , & Macbalat eft femme de Sammael. Les Démons auflî bien que les Anges ont été créés, les uns du feu, les autres de Pair, les autres de Peau & de la terre ; il y en a de trois efpeces ; la iere reflemble aux Anges , la 2dc aux hommes, & la 3-. aux bêtes; ils volent comme les Anges & connoiffent l'a- venir ; mais ils mangent & boivent comme les hommes , engendrent & meurent comme eux. Il y en a qu'on apelle Scbedim Jebudim ou Démons Juifs , qui font fort fçavans dans la Loi orale & écrite, ont la foi & pratiquent la juftice; ils reflemblent aux Anges, ont le figne de Scbaddai ou de la Circoncifion, ce font fervis par les Démons idolâtres. Les Démons aiment à le nicher dans les Noyers, dans les fumiers, dans les égouts, fous les goutieres des maifons, & dans les Cloaques. On trouve fur ce fujet dans le Traité Cbollin une hiftoire afîez curieufe. Deux Porteurs mirent une Barrique de Vin fous la goutiere d'une maifon, mais le Diable rompit la barrique & repandit le Vin : Les porteurs en firent des plaintes au fils de Raf Jfcbi Juillet , Août et Septemb. 1736. 425* Afcbi qui ibmma le Diable a fon de trom- Sette. Le Diable ayant comparu , le fils de .af Afchilm demanda pourquoy il avoit rom- pu la barrique ? le Diable lui repondit par- ce qu'on l'avoit mife fous la goutiere , ce qui me bleflbit les oreilles : Le fils de Raf con- damna le Diable a payer le Vin ; le Diable demanda du tems; le" fils de Raf lui fixa un tems pour payer ; mais le terme étant expiré, le Diable le cacha; long tems après il ap- porta l'argent , & quand le fils de Raf lui demanda, pourquoy il n'avoit pas payé à l'échéance du terme qui lui avoit été afiigné , il repondit; Nous n'ofons rien prendre de tout ce qui eft. compté ,mefuré, empaqueté ou cacheté , de forte qu'il ma fallu attendre que j'aye trouvé quelque chofe, qui ne le fut pas. On lit encore qu'Abbaje menoit un a- gneau avec lui à la garderobe , afin que le Dia- ble ne lui fit point de mal; mais pourquoy un agneau, & non pas une jeune chèvre? Parce que le Diable étant Sair un bouc au- roit voulu avoir commerce avec la chèvre. Les Rabbins difent enfin qu'un homme après avoir été à la garderobe ne doit pas cou- cher d'abord avec fa femme, parce que le Diable le fuit de la garderobe , & s'il cou- che avec fa femme il engendre des enfans qui tombent du haut mal. Le Prince de tous les Démons eft Sammael; il a fous lui douze autres Princes ; fa ban- de particulière eft compofée de fols qui n'ont aucun pouvoir de faira du mal, mais feu- 426 Bibliothèque Britannique, feulement de tromper par des Preftiges; ils font illufion aux hommes en leur faifant voir des Villes, des Villages, des Palais, & ils les conduifenc dans des deferts , des marais , & des bois. Un autre Démon fort particulier eit Ketef Meriri ; qui exerce font pouvoir de- puis la 4e. jufqu'à la ge. heure du jour ; fa tête reitemble à celle d'un veau; il a des cornes & roule comme une Cuve; il eft plein d'yeux & a le poil d'un bœuf; fon rè- gne dure depuis le 17. de Juin jufqu'au o. de Juillet: quiconque le voit, tombe roide mort. Bedargon eft un autre Diable , il a 50. têtes & 0. cœurs, toutes les Lettres de l'Al- phabet font écrites fur fa peau , excepté les deux lettres Ment, & Thau. Comme ces Démons ont un corps , & font mortels , ils ont befoin de nourriture , & ils mangent félon les Rabbins , les fiâmes du feu , & boivent les vapeurs de l'eau: c'eft là la raifon pourquoy ceux qui veulent boire de l'eau en doivent toujours jetter une partie à terre, de peur que quelque Diable n'en ait bu; mais ils aiment fur tout à fe repaitre de fang. On nous les reprefente encore dans le Talmud comme fe querellant , fe faifant la guerre, & fe tuant les uns les autres; on nous dit qu'on peut les mettre en prifon & qu'à la fin des fieclcs ils feront tous conver- tis , purifiés & changés en Anges de lumière. Les Rabbins prétendent qu'il n'y a que les âmes des Juifs qui ayent été créées de Dieu, & que toutes les autres doivent leur origi- ne Juillet, Août et Septeme. 1730*. 427 ne aux Anges, ils enfeignent la Metempfycbofe, ou la transmigration des âmes: Selon quel- ques uns d'eux les âmes paiïent fucceflive- ment dans trois Corps differens pour être purifiées par ce moyen, & félon d'autres en mille Corps: L'amç de celui qui couche avec la mère paiTe après fa mort dans le corps d'une cicogne oc d'un chameau; celle des autres inccftueux dans le corps d'un mulet ou d'une femme Payenne & proftituée ; cel- le d'un Adultère dans le corps d'un ane ou d'un moulin à eau ; Celle d'un Concuffionnai- re dans le corps d'un corbeau ; celle d'un Prince ambitieux dans le Corps d'une abeil- le ; celle d'un boucher qui vend de mauvai- fe viande dans des fueilles d'abres ; celle d'un homicide dans l'eau ; celle d'un Calomniateur dans une pierre , & celles des juftcs dans les poi lions. Les âmes de ceux qui ont meprifé la Loi de Dieu pendant leur vie, fubiflenc après la mort la peine de Nad-Fenad; fugi- tives & vagabondes elles errent par tout l'u- nivers , fans trouver un lieu de repos : Les Anges pour les punir de leur desobeiflance les bernent continuellement, ce les jettent de l'orient à L'occident ce de l'occident à l'o- rient. Notre Autheur finit fon livre par un abré- gé de la Synagogue Judaïque de Buxtorf, & il conclut que les Dogmes de la Religion des juifs, telle qu'elle eit enfeignèe dans le Tal- mud, font ridicules, le Cuite & les cérémo- nies qu'ils pratiquent remplies de fuperfti- Tme FIL Part, IL E e tion» 428 Bibliothèque Britannique, tion. En Voilà afTez & peut-être trop fur de pareilles rêveries , pour faire voir au Lec- teur ce qu'on doit s'attendre à trouver dans le Talmud & dans les autres Ecrits des Rab- bins ; Nous efperons que fi cet Extrait n'eft pas inltruclif , il pourra du moins divertir des perfonnes d'un certain goût. ARTICLE VIII. M E M O I R E Touchant un NOUVEAU MICROSCOPE A REFLEXION, Inventé par Mr. ROBERT BARKER, Dofteur en Médecine & Membre de la Société Royale. DE TOUS les organes desfens il n'y en a point qui nous fournifTe à moins- de fraix plus d'idées que l'organe de la vue : Par nos autres fens , les idées n'entrent prefque qu'une à une ; il faut des efforts d'Imagina- tion & de Mémoire pour en confidérer plu- fieurs comme préfentes à la fois, & pour fai- re ces comparaifons d'idée à idée fans les quel- Juillet, Août et Septemb. 1736. 429 auelles il eit impoflîble de pofTéder ni de per- fectionner aucune Science: Au lieu que par JaVue, l'Efprit opère avec beaucoup moins de fatigue & plus de fuccès : il faifit d'un coup d'œil des Syftêmes entiers d'idées , ac- compagnez enco're d'une grande variété d'i- dées acceffoires qui font connoître les rela-. dons d'un Objet principal à mille chofes qui l'environnent : & tout cela , tant que les Ob- jets fubfiftent , demeure préfent à l'Efprit comme à l'Oeil aufli long-tems qu'il plaît à l'Obfervateur : Par là l'Imagination & la Mé- moire n'ayant prefque rien à faire , le Juge- ment exerce fes fonctions avec une entière liberté , & la Raifon fe fatisfait. De forte qu'on peut dire , que tout ce qui rétrécit ou qui élargit la Sphère de notre Vue , ré- trécit ou élargit par cela même la Sphère de notre Entendement. Ajoutons, que 11 on fait attention à l'infinie diverfité de la Natu- re , on trouvera que nous avons la Vue natu- rellement très-bornée ; puifqu'on fait par ex- périence qu'il y a un nombre prodigieux d'Objets qui échappent à l'Oeil par leur pe- titelle, & qu'il n'y en a point qui ne puif- fent nous devenir invilibles par leur éloigne- menc. Pour reculer les bornes de notre Vue , & donner ainfi un champ plus vafte à l'exerci- ce de notre Efprit, l'invention des Télefco- pes a été d'un grand fecours ; & les Microf- copes à leur manière ont eu le même ufage : On a porté les uns & les autfçs à un tel de- Ee 2 gré 4-3^ B I R L I 0 T H E Q T B BRITANNIQUE, gré de- perfection, que nous voyons à-pré- ient des Objets fix-cens fois plus éloignez, & des objecs mille fois plus petits , que les plus petits & les plus éloignez qui pûflent être apperçus autrefois par l'Oeil le plus per- çant de l'Antiquité : Mais quand on ne fait ces Inftrumens qu'avec des Verres dioptri- ques , comme cela s'eft conftamment prati- qué jufqu'à Mr. Newton pour les Télefco- pes , & jufqu'à l'année courante , 1 736 , pour les Microfcopes, les uns & les autres font fujets à de tels inconvéniens (vu la différen- te refrangibilité des rayons) qu'afin de les rendre propres à produire l'effet que nous venons de dire , il faut prendre pour les premiers des Segmens de Sphères extrême- ment grandes, & pour les féconds des Sphè- res extrêmement petites ; ce qui fait naître de nouveaux inconvéniens. A Tegard des inconvéniens attachez aux Té- lefcopes dioptriques, ce n'eft pas ici le lieu d'en parler: Le Public fait qu'on y a remé- dié par les Télefcopes à réflexion dont on doit à Mr. Newton la première idée: Mais à l'égard des Microfcopes , il ne fera pas hors de propos de remarquer au moins , que l'ex- trême petitelîe qui eft requife dans le Verre objedif, par la raifon que nous avons indi- quée , obligeant d'approcher l'Objet fort près du Verre , il s'enfuit de là ; I\ Que l'Objet fe trouvant obfcurci par l'Inftrument, il n'eft prefque plus vifible que parla lumière à la quelle il donne lui même paflage ; Jrn.LET, Août et Septemb. 1736. 431 pafîage; 6c que celle qui cevroit l'éclairer, eft plutôt cclipice par 'lui qu'il n'eft éclairé par elle : 1I\ Que parla mêmeraivon, lorfque l'Ob- jet eft trop diaphane on ne le difcerne que très imparfaitement, & lorfqu'il eft opaque on ne le voit point du tout : on fe trouve borné par conléquent à un certain ordre d'Objets : III . Qu'il faut encore que l'Objet, pour pouvoir être mis dans l' Infiniment , foittres- petit: De forte que ii l'on veut obferver les parties d'un Corps un peu volumineux , on eft réduit à commencer par les détacher de leur Tout; ce qui fait beaucoup de peine dans la DiflTecrjon des Cadavres , & qui dans la Diflection des Animaux vivans eft abfolument incompatible avec le but des Anatomiftes. COMME ces divers inconvéniens rcful- tent de la petitefle du Verre objectif ; & que la néceffité de l'avoir fi petit eft uniquement fondée fur la di<)pîric'té de ce même Verre ; il femble que naturellement on auroit dû penfer depuis lon^-tcms aux moyens d'em- ployer pour Objectif un Miroir concave, ca- pable de refléchir une image vive & nette de l'Objet vers l'Oculaire , ce de faire ainfi un Micro feope à réflexion. Auflî voyons nous que l'idée d'un pareil Microfcope n'avoit pas tout cà -fait échappé à la pénétration de Mr. Newton: Au moins paroit il par les Mé- moires dont il parle dans la Préface de la première Edition de fon Optique, qu'z7 avoit Ee 3 quel- 43^ Bibliothèque Britannique, quelquefois fongé à faire un Microfcope qui au lieu d un Ferre objectif auroit un Miroir concave de Métal: Car les Microfcopes , difoit-il , femblent être aujfi propres que. les Télefcopes à recevoir un nouveau degré de perfection: Peut-être même y font Us encore plus propres, pwfquHl ri y fau- drait , ajoutoit-il , qu'un feul Miroir concave de Métal , comme on peut voir par la figure ci jointe , Cù A B repréfenîe le Miroir objeàif: CD un Ver- re oculaire: F leur foyer commun : £? O Vautre foyer du Miroir, cù on placera V Objet. (Voy: Lowtborp dans Tes Philofcpbical Tranf actions abridged , Tome I. pages 210. & 388.) Mais pour peu qu'on y fafle attention, on s'apper- Cevra bien-tôt qu'un Infiniment conforme à cette idée feroit encore fort éloigné de fup- pléer à tous les défauts des Microfcopes ordi- naires. (i°.) L'Image de l'Objet, refléchie du Mi- roir A B au foyer F, ne pourroit l'y repré- fenter vivement & nettement qu'à propor- tion que l'Objet lui même feroit bien éclai- ré: Or il ne pourroit l'être ici que de biais , Ï>ar la lumière qui pafleroit dans l'efpace laif- ê entre lui & le Miroir : Et par conféquent on auroit toujours à fe plaindre que Plnflru- ment empêche l'Objet d'être bien expofé à la lumière. (20) Quoique l'on pût, à l'aide d'un pareil Microfcope , obferver des Objets plus diapha- nes & des Objets plus opaques que ceux qui font obfervez par les Microfcopes ordinaires , il reiteroit toujours un nombre confidérable àOb- Fig.il . M? BARKER'. _C_A 43 Fi &J M1.* HfF-vr- C ;jki . Juillet, Août et Septemb. 1736. 433 d'Objets vifibles à robfervation des quels ce Microfcope feroit inutile: je veux dire tous ceux qui par leur fluidité ne fauroient être fixez au foyer O , foit fur la pointe d'une cguille , foit fur le revers d'une petite plaque enduite de quelque matière gluante, foit par une petite pincette , qu'il faut fuppofer ici au bout d'une efpèce débranche, qui partant des bords du Miroir viendroit aboutir en forme d'éguille ou de plaque ou de pincette au foyer marqué pour y affujettir l'Objet. (3 .) Enfin , le grand inconvénient de dé- tacher les parties de leur Tout lorfcjué le Tout eft un peu gros, fubfifteroit ici dans fon entier. Mr. NEWTON étoit en beau chemin . mais il s'y eft arrêté ; féduit peut-être pat cette idée ( qui paroît lui avoir plû ) qu'un Microfcope à réflexion ne devoit avoir be- foin que d'un feul Miroir, au lieu que réel- lement il en falloit deux, comme on le ver- ra tout-à-1'heure: On pouvoit aller plus loin que lui : mais perfonne jufqu'à r^réfent ne l'avoit fait: L'honneur en étoit réfervéàMr. BARKER, qui vient de communiquer fa dé- couverte à la Société Royale dont il eft Mem- bre. Voici ce que c'efL Soit A l'Objet qu'on veut voir grofli. Soit B B un Miroir concave de métal : & D un autre Miroir plus petit, dont la concavité foit oppoféc ii celle du grand Miroir BB. Soit E une ouverture, pratiquée au milieu de ce même Miroir: & F, une Lentille plan* Ec 4 cou- 434 Bibliothèque Britannique, convexe , placée au deflus de l'Ouverture. Soit enfin la Lentille H le Verre oculaire. Les rayons de lumière qui partiront de TObjet A", feront refléchis par lé grand Mi- roir BB au foyer CC, ovu ils donneront une image renverfee de l'Objet : Et là , les rayons fe croifant, ils iront en divergeant tomber fur le petit Miroir D, d'où ils feront réflé- chis prefque parrallèles , par l'ouverture E du grand Miroir, jufqu'à la furface plane de la Lentille F: par la quelle Lentille ilspaffe- ront en fe rompant , & de la quelle ils vien- dront, en convergeant de nouveau, former en G une féconde image; qui étant l'image renverfee de CC, fera par conféquent l'ima- ge redreflee de l'Objet A. Et cette dernière image fera groflie par la Lentille H, tout comme un Microfcope ordinaire groffiroit l'Objet même, en fuppofant l'Objet aufîiprès de l'œil que l'eft ici l'Image: De forte que l'Image tiendra lieu de l'Objet, & l'Objet 'fe- ra obfervé dans fon image, non-feulement à une diftance confidérable de lui même , mais encore à une diftance confidérable de l'Inftru- ment ou du tuyau qui contiendra les difre- rens verres & miroirs dont Flnftrument doit être compofé : Mr. Barker compte que cet- te diftance pourra être de huit pouces , de dix , & même d'un pié. Or tout cela pofé , il eft évident Enpremier lieu , Que l'Objet pourra être ex- pofé à tel jour & à tel degré de lumière qu'il plaira à l'Ôbfcrvateur: En Juillet, Août et Septetsîr. 1736. 435 En fécond lieu , Que rien n'empêchera qu'en ne fafle des Obfervations fur toutes fortes d'Objets vifibles : Sur les plus diaphanes, par- ce qu'étant vus par la lumière réfléchie de leurs furfaces , ils feront vus diftinttement : Sur les plus opaques, parce qu'ils recevront & renvoyèrent librement la lumière : Sur les plus fluides, parce que demeurant hors du Microfcope , & le Microfcope étant mobile , on pourra les placer de la manière qui leur conviendra le mieux ou les prendre dans la place où ils fe feront arrêtez d'eux mêmes : En troifiéme lieu , Que par la même raifon, la néceflité ne fubfiftant plus de détacher les parties de leur Tout lorfque le Tout eft d'une certaine grandeur , on pourra obferver la liaifon même des parties , les confidérer dans leur union , & voir diftinclement dans les Animaux qu'on ouvrira vivans, le mouve- ment du Sang &c. A Londres le 1". de Février 1736. ARTICLE IX. The Noble Game of CheflT, containing Rules and inltruclions ; for the ufe of thofe who hâve already a little Know- ledge of this Game. By Cavt.Jofeph Ber- tin. London printed by H. IVoodfaïï, for the Aiuhor : and fold only at Slaugh- Ee 5 ter s 43<5 Bibliothèque Britannique, ter s Coffee houfe, in St. Martin s Lane 173 y. Ceft à dire. Le noble Jeu des E- checs , contenant des Règles & des infiruc- tions , à ïujage de ceux qui ont déjà quel- que connoijjance de ce Jeu. Par Mr. Jo- feph Bertin , Capitaine. A Londres aux dépens de ï Auteur , & Je vend au Cajfè de Slaughter dans la Rue de St. Martin des Champs 1 73f • 8- PP- 78- fins compter la Préface £p les Règles. L E Caffé de Slaughter ou ce Livre fe dé- bite, eft un des plus fréquentez de Londres : C'eft le Rendez vous des Gens de toute profeflîon , & particulièrement de ceux qu'on appelle Virtuofi. On y trouve tou- jours plufieurs Tables de Jeu ; Mr. Bertin y fait figure en qualité de Joueur d'Echecs , qui eft Tunique choie à quoi il paroifle s'ê- tre appliqué: mais aufli faut il avouer qu'il y excelle & qu'il paffe pour un/ des plus habiles ou pour le plus habile Joueur qu'il y ait dans ce Royaume. L'étude qu'il a fait àe ce Jeu, lui a valu plus que le fimpîe é- loge d'être bon Joueur. Par là il a eu le bonheur de gagner les bonnes grâces d'un Seigneur , qui lui a procuré le Pofte qu'il a: Mr. Bertin a voulu faire part au Public des lumières qu'il a acquifes , fur ce Jeu , qu'il regarde comme extrêmement utile,, non feu- „ lement Juillet, Août et Septemb. 1736. 437 [ement à caufe de la beauté même de ce Jeu , qui , félon notre Auteur, demande beaucoup de Génie & abonde en coups extrêmement variez & ménagez avec ad- drefle : mais encore , dit il , parce qu'il offre une jufte ima^e de la guerre, ou. l'on voit deux Armées rangées en batail- le, l'une contre l'autre ": & cette idée plait tant, qu'on lui a ibuvent entendu •e , qu'un homme qui fçait bien jouer aux E- cs $ conduire fes Pièces , efl capable de corn- .rAer une Armée. Ainfi voila un Apprentif- ^e de Guerre, qu'on peut faire fans cou- ■ de grands dangers. L'Auteur dit qu'il a été dans plufieurs .ïs , qu'il y a vu bien des Joueurs d'E- ecs, mais très peu de bons, faute de fça- ir bien ouvrir leur ieu:nous verrons quel- es règles qu'il prefcrit fur ce fujet. ,, Ce Jeu, dit il, confifte en deux parties , l'offert file éf la defenjive. Voffenfive confif- te à attaquer & à détruire, tant qu'on peut , les forces de l'ennemi ; & la de- fenfive, a arranger fes Pièces de manière à les pouvoir défendre contre les atta- ques de l'ennemi. Les Règles que l'Auteur prefcrit ici ne nt pas en grand nombre & pourront être • quelqu'ufage pour ceux qui fe pîaifent ce Jeu. I. Les Pions du Roi & de fon Fou, & le on de la Reine doivent marcher avant qu'on remue 438 Bibliothèque Britannique, remue les Chevaliers ; fans quoi le jeu fe trouvera embarrafle. II. Ne jouez jamais votre Reine avant que votre jeu foit bien ouvert, afin de ne point faire de mouvemens inutiles: un jeu bien ouvert donne un grand avantage. III. Ne donnez point d'Echecs inutiles. IV. Lorfque vous êtes bien porté, foit pour l'attaque ou pour la defenfe , ne vous arrêtez point à prendre des Pièces de vôtre ennemi ; de peur que cela ne vous détourne de vôtre principal deflein. V. Ne Roquez point fans necefiîté ; de peur que la liberté de vos Pièces ne foit interrompue par la. VI. N'attaquez ni ne défendez jamais le Roi , qu'avec des forces fuffifantes. VII. N'embarrafTez jamais votre jeu par trop de Pièces ferrées les unes fur les autres. VIII. Avant de remuer une Pièce , tachez de découvrir le defTein de votre ennemi , & le mal qu'il veut ou peut vous faire, afin de le prévenir. IX. Pour dégager votre jeu ; quelquefois faites échange de Pièces ; & quelquefois même donnez de vos Pièces , fi cela peut fervir à faire reuffir votre deriein. X. Celui qui eft le premier à jouer, eft toujours cerné avoir l'attaque ; mais dés que votre jeu eft bien ouvert & que vous le pouvez faire avec fureté , il faut que vous tachiez de gagner l'attaque. XI. Un Juillet, Août et Septemb. 1736. 43$ XL Un bon Joueur doit prévoir les defïeins de ion Ennemi , de trois , cinq & fept coups d'avance, & Te garder bien contre les Pièces qui font en embufcade & qui quelquefois de- meurent du temps fans agir. XII. Au commencement du jeu vous pou- vez fans danger avancer quelque Pion que ce foit deux Cafés. XIII. Le Gambit c'eft lorfque celui qui eft premier à jouer, donne à fon ennemi le Pion du Fou du Roi, cà la féconde marche, XIV. Le jeu ferré c'eft lorfque celui qui eft en premier ne donne point de Pion , qu'avec quelqu'avantâge. XV. Dès que votre ennemi a Roqué , il faut que vous avanciez vos trois Pions op- pofez à fon Roi, & que vous les fouteniez de quelques Pièces , afin de le forcer de ce côté là ; pourvu que de votre côté, vôtre Roi ne foit pas lui même en danger. XVI. Dès que votre jeu eft bien ouvert, pour gagner l'attaque ,il faut que vous pre- fentiez vos Pièces en échange : ii votre ennemi refufe d'échanger & qu'il fe retire, il perd ion avantage; ci delà défendez vous veniez à Yofferfrce. XVII. Pour bien jouer fur la fin du jeu; il faut bien calculer qui a l'avantage du mou- vement; car c'eft de là que dépend le gain ou la perte du jeu. XVIII. Il faut être bien attentif à defen- Pioo du Gambit & à conferver l'avan- tage 440 Bibliothèque Britannique, tage que vous pouvez avoir :& dès que vous avez de l'avantage, vous pouvez fans danger faire échange de Pièces. • On trouve enfuite plufieurs manières de jouer le jeu des Echecs ; nous allons en rap- porter trois ou quatre Exemples par ou on pourra juger des autres. Manière de jouer le Gambit , où l'on donne les trois Pions & le Fou du Roi. Blanc. Le Pion du Roi deux Cafés. Noir. De même. B. Le Pion du Fou du Roi deux Cafés. N. Le Pion du Roi prend le Pion du Fou du Roi contraire. B. Le Chevalier du Roi à la troifieme Café de fon Fou. N. Le Fou du Roi à la féconde Café de fon Roi. B. Le Fou du Roi à la quatrième Café du Fou de la Reine. N. Le Fou du Roi donne Echec à la qua- trième Café de la Tour du Roi contraire. B. Le Pion du Chevalier du Roi couvre. N. Le Pion noir prend le Pion du Che- valier du Roi contraire. B. Le Roi Saute. N. Le Pion prend le Pion de la Tour du Roi contraire & donne Echec. B. Le Roi à la Café de fa Tour. N. Le Pion de la Reine une Café. B. Le Juillet, Août et Septemb. 1736. 441 B. Le Fou du Roi prend le Pion du Fou du Roi contraire & donne Echec. N. Le Roi prend le Fou Blanc. B. Le Chevalier donne Echec à la qua- trième Café du Roi contraire. N. Le Roi à fa place. B. La Reine à la quatrième Café de la Tour du Roi contraire & donne Echec. N. Le Pion du Chevalier du Roi couvre. B. Le Chevalier du Roi prend ce Pion. N. Le Pion de la Tour du Roi prend le Chevalier. B. LaReine prend le Pion & donne Echec. N. Le Roi à la féconde Café. B. La Reine donne Echec & mat à la fé- conde Café du Fou du Roi contraire. Autre manière de jouer. B. Le Pion du Roi deux Cafés. N. De même. B. Le Pion du Fou du Roi deux Café-*. N. Le Pion du Roi prend le Pion du Fon du Roi contraire. B. Le Chevalier du Roi à la troifieme café de fon Fou. N. Le Pion du Chevalier du Roi deux Ca- fés. B. Le Fou du Roi à la quatrième café du Fou de fa Reine. N. Le Pion de la Reine une Café. B. Le Pion de la Reine deux Cafés. N. Le 442 Bibliothèque Britannique, N. Le Pion de la Tour du Roi une Café. B. Le Pion de la Tour du Roi deux Cafés. N. Le Fou du Roi à la féconde Café de fon Chevalier. B. Le Pion de la Tour du Roi prend le Pion du Chevalier du Roi contraire. N. Le Pion de la Tour du Roi prend le Pion blanc. B. La Tour du Roi prend la Tour du Roi contraire. N. Le Fou du Roi prend la Tour blanche, B. Le Chevalier du Roi prend le Pion du Roi contraire. N. Le Pion de la Reine prend le Cheva- lier blanc. B. La Reine à la quatrième Café de la Tour du Roi contraire. N. La Reine à la troifieme Café du Fou du Roi. B. Le Pion de la Reine prend le Pion noir. N. La Reine à la féconde Café du Che- valier du Roi. B. Le Pion doublé de la Reine une Café. N. Le Chevalier du Roi à la troifieme Café de fa Tour. B. Le Pion de la Reine prend le Pion du Fou du Roi contraire & donne Echec. N. Le Roi à la place de fon Chevalier. B. Le Fou de la Reine prend le Pion noir à la quatrième Café du Fou du Roi blanc. N. Le Fou de la Reine à la quatrième Cale Juillet, Août et Septemh. 1736. 443 Cale du Chevalier du Roi contraire charge la Reine blanche. B. Le Fou de la Reine prend le Pion du Fou de la Reine noire. N. Le Fou de la Reine prend la Reine blanche. B. Le Fou de la Reine à la troifieme Ca- fé de la Reine noire , donne Echec & mat. Manière de donner Echec &? mat avec le Chevalier &? le Fou. Situation. B. Le Roi dans la place de fa Tour. N. Le Roi à la troifieme Café du Fou du Roi contraire. N. Le Chevalier à la troifieme Café de la Tour du Roi contraire. N. Le Fou à la troifieme Café du Che- valier du Roi contraire. Au Noir a jouer. N. Le Chevalier donne Echec à la fé- conde Café du Fou du Roi blanc. B. Le Roi à la place de fon Chevalier. N. Le Fou à la quatrième Café du Fou du Roi blanc. B. Le Roi à la place de fon Fou. Tome VIL Part. II. F f N. Le 444 Bibliotu jiquE Britannique J N. Le Fou à la féconde Café de la Tour du Roi blanc. B. Le Roi à fa place. N. Le Chevalier à la quatrième Café du Roi blanc. B. Le Roi à la Place de fon Fou. N. Le Chevalier donne échec à la féconde Café de la Reine blanche. B. Le Roi à fa place. N. Le Roi à la troifleme Café du Roi blanc. B. Le Roi à la place de fa Reine. N. Le Roi à la troifleme Café de la Reine blanche. B. Le Roi à fa place. N. Le Fou donne échec. B. Le Roi à la place de fa Reine. N. Le Fou à la féconde Café du Fou du Roi blanc. B. Le Roi à la place du Fou de fa Rei- ne.. N. Le Chevalier à la quatrième Café du Fou de la Reine blanche. B. Le Roi à la Place de fa Reine. N. Le Chevalier donne échec à la féconde Café du Chevalier de la Reine blanche. B, Le Roi à la place du Fou de fa Rei- ne. N. Le Roi à la troifleme Café du Fou de la Reine blanche. B. Le Roi à la place du Chevalier de fa Reine. N. Le Juillet, Août et Septeme. 1735. 445 N. Le Roi à la troifieme Café du Chevalier de la Reine blanche. B. Le Roi à la place du Fou de fa Rei- ne. N. Le Fou donne cchcc à la Troifieme Café du Roi blanc. B. Le Roi à la place du Chevalier de fa Reine. N. Le Fou à la féconde Café de la Reine blanche. B. Le Roi à la place de la Tour de fa Reine. N. Le Chevalier à la quatrième Café du Fou de la Reine blanche. B. Le Roi à la place du Chevalier de fa Reine. N. Le Chevalier donne échec à la qua- trième Café de la Tour de la Reine blan- che. B. Le Roi à la place de la Tour de fa Reine. N. Le Fou donne échec & mat à la troifie- me Café du Fou de la Reine blanche. Situation où le Chevalier fiul damne ecbes £f mat . N. Le Pion du Chevalier du Roi à fa place. N. Le Pion de la Tour du Roi à la troifie- me Café de la Tour du Roi contraire. Ff 2 N. Le 44<5 Bibliothèque Britannique, N. Le Roi à la féconde Café de la Tour du Roi contraire. B. Le Roi à la féconde Café de fon Fou. B. Le Chevalier à la place du Chevalier du Roi contraire. Au Noir à jouer. N. Le Pion du Chevalier deux Cafés. B. Le Chevalier à la troifieme Cale du Fou du Roi contraire. N. Le Roi à la place de la Tour du Roi con- traire. B. Le Chevalier à la quatrième, Café du Chevalier de fon Roi. N. Le Pion de la Tour une Café. B. Le Chevalier à la troifieme Café de fon Roi. N. Le Pion du Chevalier une Café. B. Le Chevalier à laplace du Fou de fon Roi. N. Le Pion du Chevalier donne échec. B. Le Chevalier prend ce Pion & donne cchec & mat. ARTI- Juillet, Août et Septemb. 1736. 447 ARTICLE X. NOUVELLES LITTERAIRES. De Cambridge. IL paroit ici un petit Ouvrage anonyme fous ce titre, A jummary of natutaï Religion , £ftr. c'eft à dire „ Abrégé de la Religion naturelle, ,, contenant une Démonftration de l'Exiftence & „ des Attribuas de Dieu, d'où l'on déduit d'une ,, manière particulière les Devoirs moraux, & un ,, Examen des fondemens de l'obligation de ces ,, devoirs. Chez Guillaume Tburlbourn, & fe vend 3, à Londres chez J. Roberts. " in 8. Le Dr. Warren vient de publier la troifîéme Partie de fa Réponfe au Livre de Mr. l'Evêque de iriucbejler , intitulé A Ptain Account , &c. „ Explication claire & fîmple de la Nature & du ,, but du Sacrement de la Ste. Cène ". Se trouve à Lsmires chez les Innys & Manby. De Londres. Mr. Stukelcy Maître es Arts nous a donné de- puis peu le commencement d'un Ouvrage qu'il fait imprimer par Brochures. PafoognpbiQ Sacra: Or Difcourfes on Monuments of Antiquity that re- late to facred Hiftory , &c. ,, Diflertanons fur les ,, Monumcns de l'Antiquité qui ont rapport a „ l'Hifloire Ste. I. Cahier. " Chez les ïnnys & Manby. grand in -f°. Nous en rendrons compte dans la fuite. Ff 3 448 Bibliothèque Britannique, Pemberton, Word & plufieurs autres Libraires ont imprimé en deux petits Volumes in 8. The LT- nivetjal SpeÏÏator. ,, Le Spectateur univerfel. " Par Henri Stone Cajlle de Nnrthumberland , Ecuier. •C'eft un Recueil de petites Pièces publiées pério- diquement fous ce titre , en feuilles volantes , de- puis le mois d'Octobre 1728., lequel peut fervir de fupplément au Spectateur en huit Volumes. C'eft ainfi qu'en parlent les Libraires interefles; mais le Public en feroit la duppe , s'il les en croioit fur leur parole. The Scheme and Conduit bf Providence 5 &c. c'eft à dire. ,, Le Plan & la Conduite de la Pro- ,, vidence depuis la Création du monde jufqu'à „ la venue du Meflie : Ou Examen des raifons des „ diverfes difpenfations de Dieu durant cet efpace ,, de tems Par Mr. IVelfted, chez J. Wcdthoe. ,, Gros Volume in 8. Les Knaptàn viennent de mettre au jour en un Volume in folio , Tbe Hifiory of the Othmnn Em- pire j &c. ,, L'Hiftoire de l'Empire Ottoman de- ,, puis fa fondation jufqu'à préfent,* Ecrite origi- ,, nairement en Latin par Demetrius Cantemir „ Prince de Moldavie, & Traduite en Anglois 3, fur le propre Manufcrit de l'Auteur , par N. 3, Tindal Maitre es Arts. " Cette Hiftoire eft ac- compagnée du Plan de Conjlantinople & des Por- traits en taille douce des Empereurs Turcs. 11 y a un peu plus d'un an qu'elle fe publioit par Bro- chures , à mefure qu'on l'imprimoit , comme on peut le voir par nos Nouvelles Littéraires d'Avril , May & Juin 1735-. Les Univerfîtés de Cambridge & d'Oxford ont fait imprimer les Pièces en vers qu'elles ont eu l'honneur de préfenter à S. A R. Monfeigneurle Prince de Galles au fujet de fon Mariage. En voici les titres. Gra- Juillet, Août et Septemb. 1735. 4.^9 Gratuîatio Acaiemiœ Cantabrigienfis AufpicatiJJi- Fredsrici Walliœ Principis &? Auguftœ Princi- piffœ Saxe-Gotbœ Nuptias Celebrantis. Cantabrigiœt 'Jypis Academicis in folio. Gratuîatio Académies Oxonienfis , in Nuptias au/pi- latijjimas Illuftriffimorum Principum Frederici Prin- cipis Walliœ £? Auguftœ PrincipiJJœ de Saxo-Gotha, in fol. chez Thomas Longwan. Richard Willi.imfon a réimprimé les Sermons du Dr. Mo/s en cinq Volumes 8. La difpute qui s'eft élevée au fujet du Livre de Mr. l'Evêque de Winchefter continue encore , quoi qu'avec un peu moins de chaleur. Le fameux Mr. JVbifton s'eft aufïï m*s fur les rangs dans une Brochure quia pour titre , The primiti-ve Eu- char ift rtviv'd , &c. C'eft à dire , ,, ExpoHtion ,, de la doctrine & de la pratique des Chrétiens 35 des deux premiers fiécles touchant la céiébra- ;, tion de la Ste. Cène , dans les propres ter- ,j mes des Ecrivains Sacrés ou Ecclefiaftiques. ,, A l'occafion d'un Livre publié depuis peu ,, & intitulé Explication claire cf ftmple de la Na- ,, ture c? du but du Sacrement de la Ste. Cène. ,, Par Guillaume JVbifton Maitre es Arts. Chez „ Jean Whijion à la tête de Boyle. " in 8. pp. ii2. Sans attaquer directement le Prélat, Mr. JVbifton fait voir par divers paflages des Li- vres du Nouveau Teftament, entre lefquels il met les Epitres de St. Barnabe & de St. Ignace , des Cou- Jl initions Apoftoliques qu'il croit aufliautentiques que ces Livres & antérieures même à ces Livres , & enfin des Ecrits des premiers Pérès del'Eglife & des plus anciennes Liturgies , que le Sacrement de la Ste. Cène n'eft point une cérémonie de pure commémo- ration, qui n'exige aucune préparation particulière Ff 4. & 450 Bibliothèque Britannique, & ne procure aucun avantage Spirituel à ceux qui f participent dignement, comme l'Evêquede Win* cbefter( mais un Sacrifice reprefentatif, une Infti- tution dont le but eft de conferver parmi les Chré- tiens & de rappeller fouvent la mémoire de la mort de Jésus Christ, entant qu'elle a expié nos crimes & pleinement iatisfait pour nous à la jufti- ce de Dieu, une cérémonie à laquelle il faut ap- porter une préparation , une attention, une vénéra- tion particulière, & qui eft accompagnée d'une ef- ficace merveilleufe d'une grâce & d'une confolation furnacurelle pour tous ceux qui la célèbrent dans ces difpofitions là. Voici quelques autres Brochures dont les Au- teurs qui ne fe nomment point , n'ont pas eu pour le Prélat les mêmes égards que Mr. Wbijion. A True Account of tbe Doftrine of Cbrift , &c, c'eft-à-dire, " Expofé fidèle de la Doctrine de Je- „ sus Christ & de la primitive Eglife touchant ,, l'Euchariftie. ,, Chez jf. Clarke &c. grande Bro- chure in 8. Plain Account &c. compared witb tbe Account £?c. C'eft a-dire , " U Explication clai- sj re £f fimple de la nature c? du but du Sacre- „ ment de la Ste. Cène , comparée avec l'Explica- 5, tion qu'en a donnée le Docteur Lancelot An- 3, drews Evêque de Wincbefter fous Jaques I. ,, Chez Samuel Aufien & J. Roberts, petite Brochu- re 272. 8. A Vindication, of the Bishop of Wincbefler , &fc. c'eft à-dire , " Apologie de l'Evéque de Wincbefler ,, contre la calomnie de ceux qui fans aucune cha- 5, rite lui attribuent le Livre qui a pour titre Ex- 3, plication claire & fanple de la nature £f du but du Sacre- Juillet, Août et Septemb. 1735. 451 «, Sacrement de laSte* Cène. ,, Chez 7". Çooper in 8. C'cft un Ecrit ironique ou l'Auteur après avoir rap- porte tout ce qui peut donner lieu de croire , que ce Prélat a effectivement compofe ce Livre , & l'a- voir rapporté d'une manière qui rend la chofe aufli claire que le jour, foutient que cela eft impoïïîble , parce qu'il n'a pas dû le faire ni en qualité de Chré- tien , ni en qualité d'Eveque , ni même en qualité d'honnête homme, vu les engagemens (blemnels ou il eft volontairement entré. Amfl fuppotér qu'il eft l'Auteur de cet Ouvrage, c'eft luppofer qu'il n'a ni Chriftianifme, ni Orthodoxie, ni probité, ni confcien- ce , fiippoiïticn qui eft trop violente pour pouvoir être admife, &c. Tbe Chriftian Pafsover, é?c c'eft-à-dire " La Pa- ,, que Chrétienne: En quatre Sermons où l'on ex- „ pofe la Doctrine du Sacrement de la Ste. Ce- ,, ne , fuivant toute la teneur de l'Ecriture & ,, le confentement gênerai de l'Antiquité. Pré- „ chés pendant le Carême 1736, Par Glofter „ Ridley Bachelier en Droit. „ Chez J. Clarks ■in 8. Le Dr. iraterlmid, s'eft aufli attaché à établir la même Doctrine dans un Difcours prononcé, au mois de May dernier, devant lMflemblée du Cierge de Midlefex , dont il faifoit alors la vifite en qua- lité à'Archi- Diacre de ce Comté. Mais il ne s'eft point mis en peine de réfuter directement le Li- vre de Mr. de irinchefier; il ne l'a pas même nom- mé une feule fois , ce qui eft aftez furprenant dans un homme dont les principes font fi dirférens & le zèle fi conni' en faveur des fentimens re- çus. Son Difcours ié trouve chez 'J. Cr.ownfieidi in 8. Un Anonyme a vivement attaqué Mr. Samuel F f f Cband- 452 Bibliothèque Britannique, Cbaniler au fujet de fon Hiftoire de la Perf édition que nous avons annoncée dans les Nouvelles Litté- raires du Journal pre'cédent. C'eft dans une Bro- chure in 8. qui a pour titre, An Examination &fc. c'eft-à-dire, " Examen de l' Hiftoire de la Perfécu- „ tion publiée par Mr. Samuel Cbandler, en ce qui ,, regarde ce qu'il appelle Perfecution dans la ,, Grande Bretagne. Chez J. Roberts. „ Mr. Cbandler , aiant accufé l'Eglife Anglicane d'avoir perfecuté en différens terris les Presbytériens , l'Anonyme non content de nier ou de pallier les faits allégués en preuve , emploie la récrimina- tion , & accufe à Ton tour les Presbytériens d'a- voir perfecuté les Anglicans , lors qu'ils ont été les Maitres. Ils pourroient bien avoir tous deux raiion. Robert Gojling vient d'imprimer Baronia Anglica: A:i Hiftory of Lands , Honours, &c. c'eft-à-dire, ,, Hiftoire des Terres Seigneuriales, Baronies, & ,, Fiefs nobles , vérifiée par des Monumens auten- ,, tiques. Par feu Tbomas Maddox Ecuier , Hiftorio- ,, graphe du Roi. ,, in fol. pp. 202. Outre une ample Table des matières , & une autre plus ample encore pour YHi/loire de l'Ecbiquier que l'Auteur mit au jour en 171 1. C'étoit un favant Antiquaire qui a publié quelques autres Ouvrages dans le mê- me genre, un en particulier qui parut en 1702, fous le titre de Purmuhre Anglicanum ; C'eft un gros in folio qui contient un Recueil de Chartes & de vieux Inftrumens de diverfe forte tirés des Originaux & placés fous difïerens Chefs & félon l'ordre du tems , depuis la Conquête des Normands jufqu'à la fin du Règne d'Henry Fin. Mr. Millier nous a donné depuis peu A Maîbe- matical Juillet, Août et Septemb. 1736. 453 inàtical Treatife, &c. " Traité de Mathématique, „ Contenant un Syfteme des Sections coniques, & ,, la Doctrine des Fluxions appliquée a divers lu- ,, jets, favoir pour trouver les plus grandes & les ,, plus petites Quantités, les raions des develop- „ pees & les cauftiques par réfraction & reflec- „ tion, les fuperfîcies & les folides des Courbes, ,, la rectification des Courbes , les Centres de 3, gravité d'ofcillation & de percufllon , comme 3, aufïï la folution des plus utiles problèmes 3, de Mathématiques , dont plusieurs font entié- „ rement nouveaux. „ Chez les Innys & Man- fcy, & J. Nnirfe. in 4. pp. 227. fans la Préfa- ce, la Table de3 Sections, & 14. grandes plan- ches. Les mêmes Libraires & quelques autres ont tout récemment imprimé un Dictionnaire Latin & An- glois fous ce titre, Tbefaurus Lingua Latine? Com- pendiarius, &c. " Dictionnaire abrégé de 1a Lan- ,, gue Latine. En trois Parties qui contiennent 1. „ Les noms appellatifs & les Phrafes Angloifes de- ,, vant le Latin , les divers fens d'un même mot & ,, un grand nombre d'expreflions proverbiales ; le „ tout beaucoup plus ample qu'on ne le trouve 3, dans aucun autre Dictionnaire de cette efpece : s, A quoi l'on a joint en Anglois & en Latin les 3, noms des Lieux les plus remarquables , & les „ noms de batême. IL Les mots Latins appellatifs ,, devant I'Anglois avec lears étimologies , leurs „ diverfes lignifications rangées âans leur ordre 3, naturel , & l'explication des principaux Idiomes. ,, Le tout appuie des meilleures autorités , à la fuite ,, defquelles l'on marque le Livre, le Chapitre ou ,, le vers particulier ou l'on peut trouver la citation. ,, 111. Les anciens noms Latins des perfonnes & „ des 454 Bibliothèque Britannique, 3j des lieux les plus remarquables , dont il eft fait 3) mention dans les Auteurs claffiques , accompa- ?, gnés d'une courte explication Hiftorique & My- „ thologique: corrme aufli les noms modernes des ,, mêmes Lieux autant qu'on les connoit , tirés des ,, Auteurs les plus approuvés On y a joint le Ca- ,, lendrier Romain plus complet qu'aucun qui ait 3, été publié; les monnoies , les poids & les me- ,, fures des Romains; une Chronologie des Rois & 9) des Confuls Romains & des événemens les plus „ remarquables de cette Republique; les Abbre- 3, viations ufitées dans les anciens Auteurs & dans 3, les anciennes Infcriptions Latines ; enûn un petit 3, Dictionnaire des mots Latins qui fe rencontrent 3, le plus communément dans les anciennes Loix „ Angloifes. Par Robert Ainsivorth. „ Grand in 4. Ce Dictionnaire a été parfaitement bien reçu du Public , & on le regarde avec raiion comme le meilleur que l'on ait en ce genre. Le feul défaut qu'on y trouve , c'eft que le caractè- re en eft extrêmement menu , quoi qu'il foit fort net. Les efforts que les Non Conformités ont fait pen- dant la dernière Seflîon du Parlement, pour faire révoquer Vsltke du Tefl -, ont donné lieu à un grand nombre de petits Ecrits fort vifs , pour ou contre la continuation de cet Acte. Mais entre tous ceux qui ont paru fur ce lujet, il n'y en a point de plus modéré & où la matière foit mieux traitée que dans celui-ci , The Alliance bctween Church and Sta- te , &c. c'eft-à-dire, " l'Alliance de l'Eglife avec 3, l'Etat : Ou laNecefïité & l'Equité d'une Religion ,, établie par les Loix & d'un Acte du Teft , de- 3, montrée par l'efTence & le but de la Société Ci- s, vile, fur les principes Fondamentaux du Droit „ de Juillet, Août et Septemb. 1736. 455 n de la Nature & des Gens. En trois Parties. La ,, première traite d'une Société civile & religieufe. „ La féconde d'une Eglife établie par les Loix : ,, Et la troifieme d'une Loi du Teft. ,, Chez „ Fktcher Gyles, in 8. pp. 173. Mr. Butler Docteur en Droit , Recteur de Stan- hope dans le Diocefe de Durbam , Chapelain de Mylord Chancellier, & depuis peu de jours Au- mônier particulier de la Reine, vient de pu- blier un Ouvrage important, & nouveau à plu- fieurs égards, fous ce titre, Tbe Analogy of Reli- gion Natural and Reveaied to tbe Conflit ut ion and Courfe of Nature, £fc. C'eft-à-dire , " L'Ana- „ logie , de la Religion naturelle & de la Reli- ,, gion révélée avec l'état & le cours des Chc- ,, fes Naturelles. On y a joint deux courtes Dii- „ fertations I. Sur l'Identité perfonnelle. II. Sur 5, la nature de la Vertu. „ Chez les Knapton, in 4. pp. 320. Mr. Fatio, depuis long tems connu dans la Re- publique des Lettres fur le pied d'un habile Ma- thématicien, a defTsin de publier par voie de fou- fcription les Pfeawnes en vers Hébreux , de même que les Proverbes , le Livre de Job, deux Cantiques de Mcife & quelques autres Pièces de Poè'fie du V, Teftament. Mais en attendant que cet Ouvrage puiiTe être mis fous prefle, il veut nous donner, cinquante Pfeawnes traduits en Vers Anglois non rimes, d'une mefure correfpondante a celle des Vers Hébreux. Cette Traduction fera fuivie de celle de quelques Pfeawnes en Vers François de la même mefure, & fans rime; ce qu'il a trouvé beaucoup plus difficile à exécuter. De fa vans Juifs de ce Païs à qui Mr. Fatio a communiqué fon Manufcrit des Pfeawnes, &c. en Vers Hébreux, l'ont encouragé à 4J<5 Bibliothèque Britannique, à y mettre la dernière main & à le donner incelTam- ment au Public. Ilparoittous lesjourî quelqu; Ouvrage contre le» Déifies , & pour la vérité de la Révélation. En voici un, qui a bien Ton mérite, Tbe Cure of Deifm: or T Mediatorud*fcbeme by Jefus Cbrifi\ tbe onty true Religion Sec. C'eft-à-dire „ P^efutation du Déïfme: ,, Où l'on fait voir que le fyfteme de la Médiation ,, de Jejïis Chrifi eft la feule véritable Religion. ,, Pour répondre aux objections qu'on a faites fur 3, ce fujet , & réfuter l'idée très imparfaite qu'ont ,, donnée de la Religion naturelle & de la Religion ,, Chrétienne les deux Oracles des Deïftes , favoir ,, l'Auteur du Cbriftiaîiifme aujfi ancien que le Mon- ,, delà), & l'Autheur des Cara&eriftiques (b). Par ,, un Ecclefîaftique de Province. " En deux Vo- „ mes 8°. Chez les Innys & Manby. Quelque progrès que Y Armlnlanifme ait fait dans ce Païs , YOrtbodoxie même la plus rigide ne laifîe pas d'y avoir de zélés défenfeurs. On en peut ju- ger par le Livre fuivant , Tbe Caufe of God and Trutb , &c. C'eft-àdire, ,, La Caufe de Dieu & „ de la vérité maintenue: Ou Défenfe des princi- ,, paux PafTages de l'Ecriture Ste. , & de l'argument 5, qu'on en tire en faveur des doctrines de l'Elec- „ tion éternelle, de l'Efficace de la grâce de Dieu 3, de l'Impuiflance de l'homme pour fe convertir, ,, & de la Perféverance finale des Saints, Contre 3, les Objections des Arminiens, & en particulier ,, du Doâr. Wbitby dans fon Difcours far les cinq „ Articles. Par Jean GUI. " Chez Aaron Ward. 2 vol. in 8°. Mr. GUI eft un Miniftre Indépendant, qui (m) Tindal. (b) Mylord Shafts-bury. Juillet, Août et Septemb. 1736. 457 \m a publié quelques autres Ouvrages à peu près dans le même goût. On a imprimé depuis peu de jours , Hiftoria Placitorum Coronœ: Or tbe Hiftory of tbe Pleas of tbe Crown 9 &c. C'eft-à-dire, ,, l'Hiftoiredes Plaids ,, de la Couronne. Par Matthieu Haie , Chevalier, -j & premier juge du Banc du Roi. Publiée pour ,j la première fois d'après le propre Manufcrit de 55 ce Grand homme , qu'on a eu foin de vérifier 5J fur les Monumens les plus autentiques confer- 5, vés à la Tour & ailleurs,' Avec d'amples Notes. 3, Par Sollom Emlyn Ecuier & Avocat du Collège de „ Lincoln. Chez F. Gyles, T. Woodward & C. Da- „ vis. z vol. in folio. Voici des Lettres dans le même goût que les Let- tres Perfannes, quoique fous un autre titre, Let- ters from a Moor att London to bis Friend att Tunis , &c. C'eft-à-dire, „ Lettres d'un Maure à Londres „ à fon Ami à Tunis : Contenant une Relation de „ fon Voiage par toute V Angleterre j avec fes Ob- „ fervations fur les Loix , les Coutumes , la Reli- „ gion & les Mœurs des Anglois\ comme aufli des „ Remarques furies Charités publiques, de curieux „ Mémoires touchant la Vie de Mr. Sutton fonda- „ teur du Collège de la Cbartreufe, une Defcrip- „ tion de l'Hôpital de Bedlam, " & de ferieufes Reflections fur l'Amour, fur la Folie & fur le Meurtre de foi même. Le tout entremêlé de Remarques hiftoriques & d'Obfervations utiles. Chez Jet: Batley, Jean Wooi & R. JVellifigton. i vol. in 8^. Mr. Colfon , Maître es Arts , & Membre de la Société Roiale, vientdc donner au Public Tbe Me- tbod of Fluxions and Infinité feries , &c. La Mé- thode des Fluxions & des Séries infinies, avec une Appli- 458 Bibliothèque Britannique, &c. Application de celte Méthode à la Géométrie des Courbes. Par Mr. le Chevalier Newton qui en eft l'inventeur. Ouvrage traduit fur le Manufcrit latin de l'Auteur, qui na point encore été pu- blié ,- & accompagné d'un Commentaire perpétuel pour en faciliter l'intelligence. Chez *Jean Nour- fe, à l'Enfeigne de l'Agneau, proche Temple- barr. in 40. TABLE SKBeHmEHgBœfSmBKI TABLE DES MATIERES DU TOME SEPTIEME. V Ccoucbement d'une femme par l'anus. Pag. 20^ \yîij#; s'il a connu le dogme d'une éternité heureufe ou malheureufe après la mort. 332 gtber mot Saxon, fa lignification. 13a ïguille aimantée , Relation d'un mouvement ex- traordinaire qu'elle eut au retour d'un voyage de Maryland. 245 mhoim [Yljle tf) ce que c'eft que la Confpiration d'Amboine & comment les Anglois y perdirent leurs Etablifiemens. 174. 'fapb auteur d'une partie des Pfeaumes. 11* en a compofé douze. 11 + Tome Vil. Pari. II. G g B, TABLE. BArbade (la) plus occidentale de deux degrez & demi qu'on ne la fait ordinairement. 236* Bar jucbné Oifeau d'une grofleur monftrueufe. Sa defcription félon les Talmudiftes. 408 Beauté y les fentimens font partagez fur ce qui fait la beauté de l'homme. ip4 Blon (Mr. Le) fes Principes pour imprimer en imi- tation de la Peinture & pour tirer des Tapif- feries de la même manière que des Brocards. Le Bouc Mann , poiffon d'une grandeur énorme félon les Talmudiftes. 410 Bronchoîomie (la) fucces de cette opération. 238 Burrougbs (Mr. Jofeph) fon examen du Papifme. 220 CAtcott ( Mr. ) fon Sermon ou plutôt fa dijjèrta- tion fur les Elahim ou les dieux. Idée de cet ouvrage. 304. Sa dùîertation fur les Chérubins» 3*7 Catholiques Romains (les) accufez d'avoir altéré les Ecrits des Pères. 3C0. Et l'Ecriture Sainte 360» & 367. Leurs feniimens de mépris pour L'Ecri- ture. 363. & fuiv. Cave \feu Mr.) on propofe une féconde Edition de fin H'ftoire Littéraire des Ecrivains Ecclefiaf- tiques avec des additions & corrections. 200 Chérubins (les) s'ils étoient des Efprits créez. 3 17 C/c- DES MATIERES. Clovefio (le concile de) Le Roi, (es Princes, & fe* Ducs s'y trouvèrent avec le Clergé & donnèrent leurs fuffrages. 131 Le Cocceijnifme peu connu en Angleterre. 305* Coté {/es En/ans de) ont compofé onze Pfeaumes. 114. Courayer (Le P. le) fon Hiftoire du Concile de Trente traduite de Fra Paolo. 211. Hiftoire & Eloge de l'Ouvrage de Fra Paolo. 38)". Les Critiques qu'on en a faites. 388. Secours qu'a eus le tra- ducteur. 391. Sentiment du P. le Courayer fur le Concile de Trente. 395-, & fuiv. Cranmer (Thomas) fa rétractation. 16$. Raifons de croire que la copie qu'on en a publiée n'eft par de lui. 166. & fuiv. Creeks (/es) nation de l'Amérique, leur Harangue. à Mr. Oglethorp. 187 D. DAoii auteur de 73. Pfeaumes. 1 1 j Defilbouette fon jugement peu avantageux de L'Hiftoire de Mr. de Rapin. 218 Diacres, (les) Leurs femmes doivent être publiques dit la verfion de la Bible faite à Bourdeaux pour dire Pudiques* 379 EBenezer, ville nouvellement bâtie dans la Ge'or- gie pour les Réfugiez de Saltzbourg. J90 V Ecbarde en la chair de St. Paul étoit félon quel- Gg z quel- TABLE ques-uns la migraine à laquelle il e'toit fujet. 20ï Empereurs (les) feuls donnoient force de loi aux ^décrets des Semblées Ecclefîaftiques. izo Etban auteur du 8p. Pfeaume. 114. F. F Leurs à oignons viennent plutôt lorfque leurs ra- cines plongent dans l'eau que quand il y a de la terre mêlée. 246 Forbes (Le Docteur) Tes Tran factions publiques du Règne d'Elizabeth. 213 G. GÈorgie (la) colonie Angloife en Amérique fa fituation. 185-. Son établiflement. 186 Cibfon (Mr. Edmond) Code du Droit Ecclefiaftique d'Angleterre. 117 Gijfard ( Mr. Guillaume) fes obfervations fur la groflefle & fur l'accouchement des femmes. Eloge de cet auteur. 295" GUdena, poiffon d'une grandeur incroyable félon les Talmudiftes. 410 H. tTAre ( Mr. ) fa nouvelle Edition des Pfeaumes. 1 en vers hébreux.