BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SCAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE: Po".r les Mois D'AVRIL, MAI et JUIN. M D C C X L. TOME QUINZIEME, PREMIERE PARTIE A LA HATE, . Chez PIERRE DE HONDT, M. DCC. XL. A - TABLE DES ARTICLES. Art. I. TJ Osalinde, P#« Dra- J\ manque de Mr. Jean Lock- man, &c. précédée d'un Difccurs fur V origine & les progrès de /'O- pera & de TOratorio, fur la Poélie Lyrique & fur la Muf:- que. pag. i. 1 1. Ebauche d'un Catalogue Hiftoriquc & Chronologique des Opéras An- glois, (f des autres Pièces An- gloifes qui ont du rapport avec TOpera. 75. III. François Bacon; Kou~ "e Edition de fs Oeuvres , dans laquelle on a in . leurs Piè- ces qui n'ont jamais été impr auparavant; avec une nouvelle Vie de l' Auteur, par Mr. M a l- let. 12S. * 2 Art. TABLE DES ARTICLES. Aar. IV. Mr. de Mis s y ; fa Refiéxiom fur TOndion dans les Sermons , telles qu'elles ont été lues dans une Société de quelques Théologiens i76 V. EJfaiJur l'Utilité de la Littératu- re Orientale. 186 VI. Nouvelles Littéraires. 2ic C '.in' ""^o*" «ri».' 4 BIBLIO- BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE. Pour les Mois d'Avril, Mai et Juin. MDCCXL. ARTICLE PREMIER. R0SAL1NDA : A Mufical Drama, as it is performed at Hickford's Great Room in Breivef 's Street; By Mr. L O CK- MAN. Set to Mujic 'by Mr. John Chrifîopher SMITH. To^chicb js pre* fixed , An Enquiry into îhe RifeandPro- grefs of Opéras and Oratorios , mth fo- 'TomeXr.Part.I. A me 2 Bibliothèque Britannique, me Refle fiions on Lyric Pottry and Mu- fie: Se. Ceft - à - dire : ROSALINDE, Pièce Dramatique de Mr. [Jean] LOCKMAN, mife en Mufique par Mr. Jean - Chriflophle SMITH; telle qu'elle Je repr (fente dans la Salle de Hickford: & précédée d'un DISCOURS fur l'Origine fc? fur les Progrès de /'Opéra &f de /'Ora- torio , fur la PoeTie Lyrique [ow chan- tante'] & fur la Mufique. A Londres , Imprimée pour l'Auteur : &? fe vend chez C. Corbett , vis-à-vis ÏEglifeàe St.Dun- fian dans Fleet- Street &fc. [ Dédiée dans cette deuxième Edition à Madame la Du- cbeffe de Newcaftle. ] MDCCX L. In quarto. Pages XXIV , pour le D if- cours préliminaire: Et pages 15 [ mar* quées 19.] pour la Pièce même. NOUS ne pouvons, ni parler de tou- tes les nouvelles Pièces Dramati- ques qui fe publient en Angleterre , ni nous croire obligez de garder inviola- blement le lilence fur cette partie de la Littérature Angloife. D'ailleurs il y a ici Avril , Mai et Juin. 1740. $ ici quelque chofe de plus qu'une fimple Pièce de Théâtre : & s'il ne nous conve- •noit pas de donner un Article à la Ro- s a l 1 n d e de Mr. L o c k m a n , au moins nous conviendroit-il de faire mention du Discours dont elle eil précédée. On peut diitinguer dans ce Oifcours, outre ce qui concerne en propre le Poè- me de l'Auteur, trois fortes de Remar- ques moins particulières, qui font d'une Préface une DifTertation Hiitorique & Critique, dont les matières ne fçauroient être abfolument indifférentes qu'à un très- petit nombre de Lecteurs , s'il y en a pourtant à qui elles le foient. Il eil vrai que Mr. Lockman ne prétend pas avoir écrit pour les Sçavans ; mais il ne laiiïe pas de dire des chofes dont les Sçavans même ne feront pas fâchez qu'on leur rende compte. J'ai déjà infmué, que les diverfes Re- marques qui compofent fa DifTertation, pouvoient toutes fe ranger fous trois chefs principaux. Celles qui intéreffent le plus directe- ment fon deffein, & pour leiquelles fur- tout il paroit avoir Dris la plume,, apar- tiennent à i'Hiftoire & à la Critique de Y Opéra des Anglais y & de leur Oratorio , qui eft une efpece d'Opéra. Mais celles-là en ont infenfiblement amené d'autres qui regardent VQféra en général* A " Ec 4 Bibliothèque Britannique, Et celles-ci enfin en ont introduit quelques-unes fur la Mufiquc même, fur fon Origine, fur fes Progrès, fur fon Pou- voir, fur fes différentes efpeces. Ces dernières Remarques étant les plus générales, commençons par elles. $.1. [ i. ] Quelque opinion que Ton embraf- fe touchant FOrigine de la Musi- que parmi les Hommes, on ne fçauroit nier que dette Origine ne foit très-ancien- ne. [On eft prefque tenté de conjectu- rer , fur le récit de la Genèfe , qu'Adam même vit naître ce Jubal, qui eft appelle h P:re de ceux qui touchent le Violon & les Orgues, où tels autres Inftrumens. Enco- re ne s'enfuit-il pas de-là que cet Hom- me fi ancien ait été à la lettre le pre- mier Inventeur de la Mufique inftrumen- tale. La vocale au moins doit être cen- fée beaucoup plus ancienne que lui : Et je ne doute pas que tout ce qu'on pour- roit dire là-defïus ne fe trouve dans cer- tains Livres. Je me fouviens même d'en avoir vu un autrefois, imprimé à Halle, û je ne me trompe, qui avoit pour titre, ou dont une partie étoit intitulée, De Muficâ Ante-Diluviariâ. Mais ce n'eft pas de quoi il s'agit. Mr. Lockman n'étoit point obligé de s'engager dans ces détails. Peut-être même ne les a-t-il évitez que par Avril, Mai et Juin. 1740. 5 par un effet de fon bon goût, qui aura craint jufqu'à l'apparence de la pédan- terie. Et quoique la remarque par la- quelle je viens d'indiquer ces détails , foit un peu mieux à fa place dans un Journal Littéraire que dans la Préface d'un Opéra, je la fupprimerois vraifem- blablement, fi elle ne me paroiiïbit pro- pre à faire naître une réflexion plus im- portante: c'elt que lorfqif on veut re- monter à l'origine des chofes , & en parler férieufement , la vraye Philofo- phie & la bonne Critique, indépendam- ment du Chriftianifme , exigeroient que l'on ne négligeât point, comme on le fait tous les jours, le plus ancien & à tous égards le plus refpecfable monument qui nous refle touchant l'Hifloire des pre- miers fécles du monde. On feroit fort fâché de paffer pour mauvais Critique, pour mauvais Philc- fophe, pour mauvais Chrétien : on fera profefîîon de croire, non feulement que le Livre de la Genèfe eft un mon. d'Hiftoire fort curieux & aiTez autent:- que, mais que c'elt l'Ouvrage de Dieu mune, ou d'un Homme au moins dirigé par l'Efprit de Dieu ; Cz cependant, quel ufage en fera-t-on dans l'occaùon ? Pour une perfonne qui s'attachera à régler fes 3 & fes exprefîions fur les éclaircif- femens qu'on peut tirer de Moyfe par rapport à l'origine de la Société , des A 3 Loix, 6 Bibliothèque Britannique , Loix, de la Religion , de la Parole; il s'en trouvera dix qui fembleront n'avoir confulté que leur imagination, ou leur métaphyfique, ou les fictions, peut-être encore mal entendues, de quelques Au- teurs Paycns, qu'on pourroit appeller modernes en comparaison de Moyfe. Ce- la foit dit en partant. Je reviens à Mr. Lockman & à la Muiique. [ 2 ] Si fon deflein l'avoit demandé, il n'auroit pas manqué fans doute de nous donner quelque lumière fur ce que l'Hif- toire nous indique, par exemple, au fu- jet des Progrès de ce bel Art parmi les Egyptiens & parmi les Hébreux, dès le tems que ceux-ci fortirent d'Egypte. Leur Poéfie étoit alfez belle dès ce tems -là pour faire juger que leur Muiique ne de- voit pas être méprifable. Mais Mr. Lock- man ne voulant pas faire une DifTertation dans les formes fur les Progrès de la Mufique dans tous les Siècles & chez tous les Peuples, rien n'empêchoit qu'il ne defeendît par le chemin le plus court aux Grecs & aux Romains * noms toujours agréables, & qui , par une efpece de charme prefque magique, font aifement oublier au commun des Lecieurs les au- tres noms les plus fameux de l'Antiqui- té. Il y a peu de traits auflî glorieux peur la Muiique dans PHiftoire ancien- ne , que ce qu'elle nous apprend du goût & des talens de David pour cet Art, & de Avril, Mai et Juin. 1740. 7 de PétablifTement que fit ce Prince pour entretenir quatre-cens Lévites Muficiens , confacrez aux exercices publics de la Religion. Mais ce triomphe de La Mu- fique n'ell pas aujourd'hui ce qui flate le plus la multitude de fes Admirateurs; & la gloire de ce triomphe femble s'anéan- tir, dès qu'on voit la Mufiqne briller du nouveau luftre qu'elle acquit dans la Grèce, où elle parut effectivement avec un fuccès admirable. ] „ De tous les Peuples qui la cultive- ,, rent, dit Mr. Lockman, il n'y en a au- „ cun qui l'ait honorée autant que firent ,, les Grecs, ou qui Tait portée par ce „ moyen à un aulïi haut degré de per- » fe&ion. Cette fcience étoit parmi eux „ une partie elîentielle de la belle édu- ,, ca ion On eft fot aujourd'hui dans „ une compagnie de beau monde, û l'on „ ne f;ait pas jouer à Quadrille: on l'au- „ roit été autrefois chez les Grecs, fi l'on „ n'avoit pas fçû jouer de quelque Initra- „ ment. Vous allez faire une vilite, & „ l'on vous préfente des cartes. Chez les ,, Grecs on vous eût préfenté£uneLyre. „ Leurs Héros , leurs Philofophes, leurs ,, Légiflateurs, étoient Muficiens ".Leurs Poètes l'étoient. La Poélie étoit regar- dée comme une branche de la Mufique. - étoient encouragées également, & même en commun, par des prix de fon- dation dans les Jeux :olemnels. Point de A 4 Spëc- S Bibliothp:que Britannique, Speclacles, point de Noces, point de Fê- tes, point de Sacrifices , on la Muiique ne tint un rang coniiderable: & fi vous 3a prenez dans ion ufage le plus ancien , rien de plus noble. Deitinée principale- ment au fervice ou à la louange des Dieux, elle etoit grave; fon caractère étoit une fublime ïimplicité. Elle impri- moitun refpeci religieux; calmoit le trou- ble des pariions ; adouciffoit les mœurs; animoit aux belles actions; allumoit dans les armées une ardeur martiale. [ Et fi dans la fuite elle perdit quelque chofe de Peftime des gens fages , ce fut en un fens pour s'être trop perfectionnée. Les rafinemens d'exprefïion dans le Chant commencèrent apparemment le défordre ; ou s'il commença par les Inftrumens, il y a lieu de croire que ce fut par la Flûte. On peurroit en alléguer des preu- ves de droit & des preuves de fait. La Lyre fnivit. Les trous de la Flûte s'étoient multipliez. ] Les cordes de la Lyre fe multiplièrent: elle enfanta des Âccens nouveaux, des Airs [plus variez, moins (impies que les anciens , mais aufli] moins majeflueux, plus délicats, mais dont la délicatefle [ portée à l'excès ou mal em- ployée ] fervit à infpirer des fentimens dangereux, à corrompre l'âme, & à ex- citer les pallions les pius vicieufes. Ce fut pour avoir ainfi perfectionné la Mu- fique, que le fameux Timothée fut banni de Avril , Mai et Juin. 1740. 9 de Sparte. [N'oublions pourtant pas que ce même Timothée eft fameux aufli, pour avoir mérite qu'un Euripide l'exhortât à te- nir bon contre le jugement aveugle du peuple , qui condamnoit les nouveautez de la Mufique * ; & pour avoir excellé dans ces Airs mâles & vigoureux quirendoient le * Veyez Plutarque , dans le Difcours intitulé , félon la Verfion d'Amyot : Si l'Homme d'auge Je doit encore entremettre £f méfier des affaires ques. f. m. 188. H. A quoi l'on peut ajouter ce que dit le même Plutarque dans fon Difcours du Banniffement eu de l'Exil : f. 130. C. Et n'yaHvmne de fi bas cœur &fi peufoucieux d'honneur , qu'il »*«* mât mieux ejlre. . . . Timotbsuj , qui fut contraint d'a- bandonner fon pais, que Ariftopbon fon Accufateur qui le lui fit abandonner. Platon déconfeilloit aux jeunes gens, félon Plutarque, Y Harmonie Lydienne, parce qu'elle abattoit l'ame par la trifteiïe qu'elle excitoit ; & la Phrygienne , parce qu'elle fervoit à infpirer desfentimens trop voluptueux. Il préfé- roit laZJonenwfjComme mieuxféante à desHommes vaillans & modérez. Mais il ne laiiTbit pas de re- connoitre qu'il y avoit dans les deux autres quel- que chofe d'utile à la République. Plut. /?:- firuciien pour ceux qui manient les nffoires d'Etat ; f. 178. F. Et conférez le Traité de la Mufique , attribué à Plutarque : fol. 66g. D. Ces pafîages au relie confirment ceux qu'on pourroit tirer des Livres mêmes de la Republique de Platon, pour prouver que la Mufique n'étoit point bannie delà République de ce Philofophe, comme on le dit quelquefois. Le célèbre Mr. Addifon a fait cet- te faute dans la feuille dix-huit dû Spettatevr. A 5 io Bibliothèque Britannique, le Soldat intrépide , a&if & amoureux de la gloire. On dit même que la Lyre étoit L'Inftniment d'où il fçavoit tirer ces Airs û militaires, û héroïques. Ne les tiroit-il que de la Lyre ancienne , ou bornée à ce nombre de cordes qui étoit autorifé parla févéritéLacedémonienrie? Les cordes nouvelles nepouvoient-elles prêter leur fecours qu'à une Mufique molle & luxurieufe ? L'Harmonie ou Mé- lodie Phrygienne, ou fi l'on veut, le Mode Phrygien, qui fournifïbit les Airs délicats, efFéminez & lubriques, ne fourniflbit-il pas auffi les Airs guerriers? Je me con- tente de propofer ces questions ; car les approfondir & les décider pertinemment , feroit un ouvrage au defïus de mes for- ces, & qui d'ailleurs m'écarteroit trop. Ce qu'il y a de certain , c'eft que félon Mr. Locbnan,] ,, divers Auteurs racon- „ tent le puitfant effet que produifit la „ Lyre de Timotbée fur Alexandre te Grand, !9 lorfqu'à l'ouïe d'un de ces Airs de ?, mefure Phrygienne qui échauffaient le „ courage , & dans lefquels Timothée ex- „ celloit, le Prince, tout- à- coup enfla- „ mé du défir d'exercer fa valeur, cou- „ rut aux armes, comme fi l'Ennemi eût „ été-là, prêt à fondre fur lui a. [ Je ne fçais li Mr. Lockman, enparlant d'un Air de mefure Phrygienne , a eu des raifons particulières de préférer le terme de Me- fure à celui de Mode, car les Anglais parorf- fent Avril , Mai et Juin. 1740. 11 fent employer indifféremment Tan &■• l'autre. Quoi qu'il enibit,il y a d'habi- les gens qui conjecturent , que les diffé- rons Modes des Anciens n'étoient autre chofe que leurs différentes efpeces de Meiure& de Mouvement. Je ne fçais pas non plus, fi le Timotkée de cette Hiitoriet- te palfe conftamment pour le même qui avoit été banni de Sparte , & qui devoit être bien vieux , s'il n'étoit pas mort, quand Al vint au monde. Je ne fçais pas enfin, fi l'Hiitoriette, en cas qu'elle foit véritable dans le fait principal , l'efl auifi dans toutes les circonstances. Freins- bemius , dans le premier Livre de fes 5ap- plémens fur Quhue-Curce , nomme Timothée, fansj fpécifier l'Inftrument dont Timothée fe fervit. Et Plut arque, qui femble- avoir voulu faire le même conte , au lieu de Timothée & de fa Lyre y nomme Antigênidas & fa Flûte *. Mais à cela près, le récit de Plu- tarque s'accorde avec celui des Auteurs de Mr. Lockman: de forte qu'on ne peut gue- res eontefter aux Partifans de l'Antiquité le fonds de cette Hifloire , ni même la pof- feffion ou ils font de la mettre en œuvre , pour nous donner quelque idée des Pro- grès coniiderables de laMufique chez les Anciens; car je ne m'arrête pas à la pro- fane raillerie d'un Moderne , qui, à l'ouïe de * D;ns fon deuxième Traité Se la Fortun-: ni VtrvJ. à' Alexandre : fol.. 3 17. A , B. 12 Bibliothèque Britannique, de cette Hiftqire confacrée,difoit l'autre jour: Alexandre courut aux armes? Je le crois bien ! il avoir , bu & il aimoit à Je bat- tre Glifïbns iàrdeflus. Cette raillerie après tout ne peut que modifier la preu- ve en queftion , & ne porte absolument point contre une foule de preuves d'un autre genre que fourniffent de concert l'ancienne Grèce & l'ancienne Italie. ] Les charmes de la Mufique ne furent certainement ni inconnus, ni négligez à Rrme. Néron poufla la paiïion qu'il avoit pour elle, jufqu'à l'extravagance. Ilchan- toit en plein Théâtre, & empêchoit que perfonne fe retirât tant que cela durait. Et ce n'eft pas au refte la faute de la Mufique, fi un Empereur fou ne l'a pas aimée en homme fage. Les Spectateurs faifoient de leur mieux pour s'échaper. 11 y en avoit qui faifoient femblant d'être morts , afin qu'on les emportât. Ils fuyoïen t & méprifoient leur chantant Monarque. Ils n'en eitimoient & n'en aimoient pas moins la Mufique. Tout le monde fçait que les Ro- mair.s la regardoient comme efientielle dans les Choeurs de leurs Tragédies, & peu de gens doivent ignorer aujourd'hui qu'elles étoient même notées d'un bout à l'autre : que la Déclamation amli ré- glée par des notes , avoit quelque rapport avec le Récitatif moderne [ des Italiens , ] & étoit accompagnée d'une efpece de Baffe - continue : que la Mufique à cet égard étendoit fon empire fur la Co- médie Avril, Mai et Juin. 1740. if médie même : & que les plus fins Con- noiifeurs en étoient extrêmement fatis- faits, quoique nous ayons fouvent beau- coup de peins à le concevoir .... Mais à quelque degré de perfe&ion & de gloire que la Mufique foit parvenue chez les Romains y c'eft aux Grecs qu'elle en a la principale obligation. Elle ne brilla en Italie, que depuis que Fufage fe fût introduit d'aller chercher dans la Grèce une connoiflance fine des beaux Arts. [3.] C'eft aux Grecs auflî que la Mufi- que paroit être redevable de tout ce qu'on a dit de plus fort fur fes merveil- leux effets, ou fur fon Pouvoir. Mr. Lockman eitime fort les Grecs; mais il n'eft pourtant pas d'humeur à croire , que tout ce qu'ils ons débité des miracles de la Mufique, fb. t vrai: ou s'il fauve leur bonne-foi, c'eft en infinuant qu'ils n'ont pas prétendu eux-mêmes qu'on prît tout au pied de la lettre. On a une tentation de crédulité en fa- veur de ces merveilles, lorfqu'on lit les relations ordinaires des Modernes tou- chant les fymptômes caufez par la piquûre de la Tarentule , & la cure de ce mal par la Mv, ique. Mr. Loekm e à ces rela- tions, une Lettre Sua Médecin de Naptes, extraite des Tranfa&ions Phihfopbiques de MDCLXXIII , après laquelle il ne fem- ble orefque pas permis de douter que toutes les cures de cette efpece ne doi- vent être regardées, foit comme un jeu joué,, 14 Bibliothèque Britannique, joué , où les prétendus Patiens n'ont point été piquez d'une Tarentule , & le fçavent bien ; Foit comme la guérifon d'une ef- pece de folie où la Tarentule n'a part que dans l'imagination de la perfonne malade, & dans un préjugé populaire, démenti par les obfervations des gens habiles. Mr. Lockmcn toutefois ne tire point de cette Lettre une confequence formelle contre ceux qui voudroient fai- re valoir la cure en queftion, pour prou- ver l'efficace de la Mufique. Peut-être a- t-il feriti que cette Lettre ne nie pas qu'il n'y ait réellement une folie qui fe guérit au fon des Inflrumens. Cela pour- rait même lui avoir rappelle la Folie de Sûul, & la Harpe de Dc.vid. Ce qu'il rapporte de Timotbêe & d'A- lexandre , lui rappelle un fait de l'An MDLXXXI , dont Bcyle aornéfon Diclio- naire dans l'Article de Claude Goudimel. Et pour ce qui éft du pouvoir de la Mufique fur les Animaux , voici un fait attefté à Mr. Lockman par un témoin ocu- laire ; par ce même Mr. Smith qui a compolé la Mufique de fa Rofalinde. „ Il s'agit d'un Pigeon du Colombier de „ Mr. Lee , dans le Comté de Chejh. Mr. „ Lee avoit une fille ... qui touchoit fort „ joliment le Claveflin. Le Colombier „ n'étoit pas loin de l'apartement où „ le Claveflin fe tenoit. Elle jouoit dif- „ férens Airs , & entre autres celui de 93 Speraft dans l'Opéra iïQthon, mufique » de Avril , Mai et Juin. 1740. 15 ,> de Mr. Handel. C'étoit-là l'Air favori du „ Pigeon. Dès qu'il Fentendoit, il voloit „ du Colombier à la fenêtre. Là il ex- „ primoic à fa manière les émotions les „ plus agréables: & au moment que fon „ Air ne fe jouoitplus, il voloit ailleurs. „ Sa fantaiiie marquée pour le Spera fi „ plut iifort à la jeune Muficienne , qu'el- „ le ne voulut plus appeller cet Air que „ VAir du Pigeon , & le copia fous ce titre „ dans fon Livre de Pièces choifies. [4] Il y a différentes Espèces de Muiique. Il yen aune qu'on pourrait dé- finir Mufique toute pure, qui attache Fa- mé, & qui eft capable de l'émouvoir for- tement, d'y reveiilermême diverfes paf- fions, quoiqu'elle ne foit faite propre- ment que pour le plaiiir des oreilles. [Tel- le étoit par rapport au Pigeon de Mr. Lee la mufique du Spera fi: au moins peut-on affurer que cen'étoitpas des paroles de cet Air, ni de la convenance de l'Air avec les paroles, que le fenfible Animal étoit touché. Quelles n'auroient pas été fes émotions fi,faififlant dans cet Air- là, ou dans un autre , cuelque chofe de plus que l'Air même, il y avoit reconnu tout ce que des Hommes peuvent reçonnpître dans les ouvrages d'un fçavant Muiicien ? ] Il y a une Muiique que nous définirons Mufique à pi. Rivale de la Peinture & de la Poéiie , elle représente, ou elle exprime à fa manière , tout ce qui eft de fon reffort ians la Nature ; je veux dire, tout 16 Bibliothèque Britannique, tout ce qui peut être repréfenté ou ex- primé par des fons. Ainfi elle repréfenté le bruit d'une Tempête : Ainfi elle exprime les foupirsde l'Amour ou de la Douleur, & les accens ou tons de voix qui font propres à chaque paiïion. Mais il y a une troifième efpece de Mu- fique plus touchante encore, plus inté- reffante que les deux autres. Je l'appel- lerai Mufique parlante, parce qu'elle pro- nonce des paroles, & que c'efl-làce qui la diflingue. Si les paroles font dignes d'être chantées , & qu'elle les chante di- gnement, cet accord forme une harmo- nie qui fatisfait à la fois la raifon & les fens. ,, Elle captive toutes les facultez; t, elle fait fentir fon pouvoir à la partie „ inférieure de l'ame : mais elle le fait „ fentir en même tems à la partie fupé- ,, Heure. Elle efl, en comparaifon d'u- „ ne Mufique fans paroles , ce qu efl ui>e ,y belle Femme avec tous les charmes „ d'un efprit accompli, en comparaifon v, d'une belle Femme qui n'a que de la » beauté , fans autres charmes que ceux „ d'une figure aimable ". D'où l'on me permettra de tirer cette conclufion, que û l'idée d'Opéra , c'eft-à-dire d'un Ouvrage où cette dernière efpece de Mu- fique domine fans exclure les deux pre- mières, efl une de ces idées enchante- ^ relies qui nous plaifent toujours, quoi- que rarement bien exécutées, il ne faut pas en être furpris : il ne faut pas l'être par Avril, Ma r et Juin. 1740. 17 par confequent, li tant d'honnêtes gens Font naturellement portez à y prendre aÏÏcz d'intérêt pour s'amufer quelquefois à ce qui concerne non feulement la Cri- tique ou les Règles du Théâtre de l'Opé- ra,, mais même VHifloire de ce Théâtre. $ II. I. [La Tragédie ancienne avec fa Dé- clamation notée , qui devoit approcher du Récitatif Italien de notre liécle ; & avec fes Chœurs, ainfi qu'avec fes Mo- nologues , dont la Muiique répondoit fans doute , foit à nos Airs de mouve- ment , foit à notre Récitatif chantant , au Cantabile ou à YAriofo des Italiens: la Tragédie ancienne, dis- je, a tant de rap- port avec I'Opéra moderne, que l'on ne pourroitgueresfe difpenfer de remon- ter jufqu' à elle, û l'on vouloit marquer d'une façon bien curieufe d'où il a tiré fon Origine proprement ainfi nommée. Mais n'allons pas ii loin ; & pour ren- trer dans les bornes que notre Auteur s'eft préferites à lui-mcme , arrêtons-nous a ce qu'on entend communément par VO r 1 g 1 n e de V Opéra. ] ,, C7eft une opinion allez générale que ., TOpéra fut inventé par Ottavio Rinuc- :, cini de Florence . . . vers l'an MDC *. * "refcimheni, Iûoria deila volgar Pctfia, p. 149, Tome XV. Part. K B i8 Bibliothèque Britannique, >9 II y a des gens néanmoins qui en attri- ,, buent l'invention à Emilio Cavalier e , qui „ en MDXC fit repréfenter à Florence , „ dans le Palais du Grand -Duc, deux ?> Paftorales en Mûfïque; Tune intitulée „ // Sùtiro; & l'autre, La Difperazione de „ Fikno *. On voit même par PEpîtrëdé- „ dicatoire du Vitruve de Jean Sulpitius, „ Italien auffi , que l'Italie avoit eu des „ Repréfentations en Mufique dès Tan „ MCCCCXC, ou environ f. CeSuT- „ pïtïus , homme fçavant & le premier „ Editeur de Vitruve, parle delui-mê- „ me comme de celui qui auroit renou- „ vellé ces Repréfentations. Peut-être „ a-t-il voulu infmuer que les Anciens „ avoient eu fur leur Théâtre quelque „ chofe de fembiabîe ". Cela confirme ce que je difois tout- à -l'heure : mais cela n'empêche pas, fauf meilleur avis, que l'on ne puiffe dire auflî dans un bon iens avec Mr. Lockman , que Sulpitius pcr- ruit avoir été V Inventeur de V Opéra. Mr. Lockman témoigne cependant beaucoup d'égard pour l'autorité de Mr. Riccoboni , qui" prétend que le premier Opéra fut celui dont les Vénitiens régalèrent Henri III. de Erance , à fon retour de Pologne en MDLXXIV y *■ Erythrœus, Pinac. I. p. 62. t Mmrjkier , des Repréfentations enjjlufi- que : p. I55j ï5^« Avril , Mai et Juin. 1740. 19 MDLXXIV *; [fi toutefois on peut fuppofer que Mr. Riccoboni , dans l'Ou- vrage cité par Mr. Lockman , ait voulu déclarer au juite & pofitivement ce qu'il penfc fur la matière en queftion. Quoi- qu'il en foit, ] cet Opéra des Vénitiens fut reprefenté dans le Palais de leur Do- ge. Les Princes d'Italie, de ce tems-là, donnoient des Opéras dans leurs Palais. La première Pièce de ce genre qui ait paru fur un Théâtre public, fut exécu- tée à Venife, fous le titre à1 Andromaque , enMDCXXXVII. [Mais fi, entre ces différentes dates d'un établiiïement qui ne s'eft fait que par degrez , il faut s'ar- rêter par préférence à celle qui indique- ra l'époque la plus brillante ,& fe déter- miner dans ce choix fur les lumières que notre Auteur nous fournit , nous pourrons nous fixer , ce me femble , à l'an MDC] Ce fut dans le cours de cette année , ou de la précédente, que Rinuccini, quiétoit, dit-on, bon Poète , & dont les Opéras furpaiïerent à tous. égards tout ce que l'on connoiiïbit en ce genre, fit jouer à Florence fa Da- en préfence de la Grand -DuchefTe: ce peu de tems après, il fuivit en Fran- ce Marie de Medicis, dont on dit qu'il étoit amoureux. Henri IV, [qui époufa cette Prin- * Riccoboni, Réflexions Hiftoriques & Critiques furies différens Théâtres de l'Europe, p 40. B 2o Bibliothèque Britannique, PrincefFe en MDC, & qui apparemment n'étoit pas jaloux du Poète ,] lui fit bon accueil : & Rinuccini eut même le plaifir de contribuer avec éclat aux divertiffe- mens des Noces. On y repréfenta VEu- ridice, autre Opéra de la façon : [ & voi- là qui rend l'époque de MDC. double- ment remarquable, û le fait eft bien avé- ré. A propos de quoi j'obfei verai que Mr. Riccoboni , qui, dans l'endroit cité ci-delfus, fait mention de YEuridice de Rinuccini com- me d'une Pièce jouée en mil fix-cens, & à l'occafion du mariage de Marie de Medicis avec Henri IV , ne dit point que la Pièce fut donnée à Paris, & dit qu'elle le fut à Florence. Il en parle même com- me du premier Opéra de ce Poète, dont il ne cite point la Daphné , ou la cite fans en nommer l'Auteur, & fans la mettre au nombre des Opéras; à moins que Ton ne veuille les confondre avec les Pièces d'Intermèdes, parmi lefquelles il la range au bas de la page 38 de fes Réflexions. J'indique ces petites diverfitez, mais je mécontenterai de les avoir indiquées, quoiqu'elles intéreflentl'hiftoiredes Pro- grès de l'Opéra , & que fon Introduction en France ne foit certainement pas un de fes moindres progrès. ] , , En MDCXLVII , félon quelques-uns , „ ou en MDCXLV, félon Mr. Riccoboni, » le Cardinal Mazarin ayant envie d'in- n troduire ea France les divertiflemens » de Avril , Mai et Juin. 1740. aï » de Ton Pais, fit venir d'Italie plufieurs „ Muficiens , un Architecte , & tous „ les Artiites ou Ouvriers néceflaires n pour accomplir Ton delTein : Et foie ,, que le premier Opéra, exécuté par ces ,, Italiens, ait été La Fefta teatrale délit n Jim - 1 -': GjuIo Strozzi , comme le » dit Mr. h . ou l'Opéra d'Or ,, 6f Èuridue, comme le dit Mr. Des* ., M dans la H; ./; & fiemnofit... ; pj toujours eft-il vrai que les Spectateur •> furent enchantez du nouveau Specta- „ cle.... La mort du Cardinal en ar~ ,, les progrès. Mais tes François , fènfc- „ bles au fouvenir des charmes qu'ils a- * voient trouvez à la repréfentation „ d'Orphée :o Euridi:c&de quelques autres « Pièces femblables, fouhaiterent forte- 99 ment , & avec raifon , d'avoir des n Opéras en leur propre langue... Et ils „ en vinrent à bout. U Opéra François , fous %9 le nom ÏÏAcadè mu de Slujlque, fut établi ,, a Paris en MDCLXIX , par Lettres „ patentes du Roi, accordées à l'Abbé m Perriu.... Et l'ouverture du Spectacle fe „ fitenMDCLXXI * [Sur quoi j'ob- ferverai encore en paflant , que cetteder- niere année , s'il faut s'en rapporter aux Réflexions de Mr. Rieeobom, p. i;S. n'efr point différente de celle où l'Abbé Per- rin obtint fon privilège : Mais ce qui efl pins digne d'attention que la date pré- cife de cet écabiiiiement , c'eft le fuccès B 3 qu'il 22 Bibliothèque Britannique, qu'il eut en peu de tems ; car dès Tan MDCLXXII, ] „ le Privilège pana entre ,, les mains deLulli; & ce célèbre Mufi- „ cien venant à travailler de concert avec ,, Quinault , les travaux réunis du Muii- „ cien & du Poète portèrent l'Opéra ,* François à un iî haut point de perfection , 99 que les Pièces qu'ils ont ainfi compo- ,, fées font encore aujourd'hui les délices 99 des François.... Tel a été le fruit de Pintroduâdon de TOpéra Italien en France. L'introduc- tion du même Opéra en Angleterre n'y a pas eu tout-à-fait les mêmes fuites. Mais les particularitez fur ce fujet doivent être refervées pour la fin, & nous n'y ferons que dans quelques momens. Nous pouvons referver aufli pour Iç. dernier article , ou même pour un article diftinâ des trois autres, les Remarques de Mr. Lockman fur FOratorto : car quoique ce foit une efpece d'Opéra , qu'on ne défi- niront pas mal fi on le nommoit TOpéra - Spirituel ou l'Opéra Snrré , ce n'eft pour pas tellement un Opéra, qu'il ne mérite d'être enyifagé aùiïï comme faifant un genre à part. Ce qui doit nous occuper dans cet en- droit, ii nous voulons nous y arrêter plus long-tems , ce font diverfes Remarques répandues dans leDifcours de notre Au- teur, lefquellès n'intéreflent l'OpéraStf- cré & rOpéra des Anglais, que parce qu'el- les Avtul , Mai et Juin. 1740. 23 les intcreiïent l'Opéra en général ; mai.; qui diffèrent au relie de celles qu'on vièntde li- re, comme la Critique diffère de PHiftoire,. IL Donnons -en le précis puifque nous y femmes, M!es pourront être inflruc- quelques Lecteurs; & ceux. : qui el liront rras l'agrément a nouveauté , pourront au moins y r une cl. oie dont je rçoisen les rapproch; unes ries autres: c'eft que, comme autant de branchesr-d'une tige commune, & d'une e, elles femblent toutes partir d'un niLine principe , & n'être qu'un . Jappement de cette maxime favorite grands Maîtres du Goût ; que dans les Ouvrages les plus compofez, la Corn- pofiiiqn doit être ramenée à la Simplicité par une certaine Union des parties, conforme- v au mot â'RQr&CQiDèmquej&quodvis :x dumtaxat & muni, je m'expîfque. [j.] Trois chofes conftituent un .Opé- ra, îl eft fait pour le pîaillr des Oreilles y c'en: un grand Concert de Voix &* d'In-' ftrumens. Il eft fait pour le plailir des Teux; de-là les dépenfes en habits & en décorations , les danfes & les machines: c'eft un Spectacle. Il eft fait enfin pour le plailir de YEfprit; c'eft un Drame, & un Drame en vers, La Loi de la Simpli- cité ou de Y Union demande d'abord que ces trois parties marchent , pour ainli dire, d'un pas égal vers leur but com- B 4 rm;n, ©4 Bibliothèque Britannique, mun , qui eft de plaire , & même de ai* îefter. Ce feroit une efpece de monftre qu'un Opéra où on les auroit raffemblées fans les afïbrtir , ou de manière qu'il y eût de la méfalliance dans leur union. C'efl une certaine égalité de mérite , c'eft une certaine convenance, qui fait le bon affortiment, & Y Union agréable dont il s'agit ici. Un Spectacle ridiculement grof- fier n'aiïbrtit point, ou affortit mal une Mu- fique excellente. Une Poéfie excellente eft mal affortie par une mauvaife Mufique : & c'éft encore pis , lorfqu'uneM ufique excel- lente ne fert qu'à accompagner une mau- vaife Poéfie. Le Speâlacîe doit être beau : la Mufique ce la Poéfie doivent être belles. Ou s'il y a quelque différence à cet égard entre les trois parties de l'Opéra, cène peut être qu'à raifon de leur fupérion- té du infériorité naturelle ; qu'à raifon du plus ou moins de dignité qu'elles ont à foutenir, en vertu des ditférens degrez de noblelfe établis entr'elles par la Na- ture. L'alliance d'une Poéfie divine avec une Mufique paffable , laiifera quelque chofe à défirer ; mais au moins n'aura-t- elle rien de choquant : au lieu que l'allian- ce d'une M ufique divine avec une Poé- fie médiocre, fera regardée comme une impertinence. Les vrais ConnoiiYeurs ai- ment mieux voir la Poéfie , forte & fu- blime , foufFrir une Mufique qui ne lui fait point honneur, que de la voir, foi- blc Avril , Mai et Juin. 1740. 25 ble & rampante, fe déshonorer elle-mê- me. Le bon-fens & le bon-goût deman- dent que la Poéfie fur-tout mérite l'hon- neur d'être portée fur le Théâtre: Et c'eft aufTi ce que paroît exiger en plus d'un endroit notre Auteur ,.qui loue beau- coup les François, parce que chez eux, ait- il , une mauvaife Pièce ne réujjit jamais , fût- elle ornée de toutes les grâces de V harmonie. On peut au refte avoir de la févérité fur cet article, fans être relâché fur les' deux autres : & Mr. Lockman ne l'eft point. [2.] Mais fi la loi de la fimplicité ou de l'union veut que le Spe&acle, laMu- ilque & la Poélie concourent à l'envi pour nous plaire, la même loi veut que ce foit, fi j'ofe ainfi dire, fans ambition, ou avec une émulation exempte du dé- fir de prédominer. Toute affociation demande, plus ou moins, une fubordi- nation mutuelle: & pour ajufterles trois Parties de l'Opéra, de manière qu'elles faifent un Tout-enfemble digne de l'ap- probation des ConnohTeurs, il faut que le Poète, le Mujtcien & V Ordonnateur du Speftacle , fe foûmettent réciproquement à certaines règles, qui limitent la liber- té qu'ils auroient û chacun d'eux ne tra- vailloit que pour lui-même , ou dans le feul delfein de faire briller ce qui eft de fon département. Ce qu'il y a de plus frappant dans le Spectacle, ce font les Machines. Y B 5 fotit^ 26 BlBLIOTIÏZQUE .BRITANNIQUE, font- elles bien, ou y font elles de trop? C'eft une quèftion far laquelle d'habiles gens, citez par notre Auteur, femblent n'être pas d'accord : Il ne prend point parti: & en effet, je doute que la quèf- tion foit fufceptible d'une décifion for- melle; car quelques raifons que l'on al- lègue contre lès Machines , je conçois tou- jours qu'il y a des fujets où elles entr :•: naturellement , & dont on ne fçauroit en bonne Critique interdire le choix à ceux qui travaillent pour un Diverti Jlcmcnt zuffijiâHce ou àuiïï artificiel que fefl fO- péra , indépendamment des Machines, Sans condamner donc les François , qui en ont confervé l'ufage jufqu'à ce jour, ni les Angtois qui n'en ont pas banni l'u- fage , & fans prétendre que les Italiens, qui l'ont quitté depuis quelques années, doivent être imitez en cela par les au- tres Nations; Mr. fcockmati fe contente de remarquer, que cet ufage peut facile- ment dégénérer en abus, & qu'il efl vi- cieux toutes les fois que les jeux du Machinifce font de nature à donner le change à l'attention" des Spectateurs, à la rendre languilfante pour le refte, à empêcher qu'elle ne s'mtéreiTe facile- • ment & avec plaifir aux paroles & à l'ac- tion entière de la Partie Dramatique. Mr. Wright , clans le premier Volume de fes Voyages , imprimez à- Londres en MDCCXXX, fait la defeription d'une Macbi- Avril , Mai et Juin. 1740. 27 Machine qu'il avoit vîïë avec admiration dans un Opéra en Italie. L'Empereur Néron , l'un des perfonnages de cet Opé- ra , veut régaler d'un Spectacle Romain Tiridate Roi d* Arménie. L'Empereur & l'Impératrice paroiifent pour cet effet fur une Machine qui représente un Char de triomphe , traîné par un Eléphant. La tête, 1a trompe & les yeux de l'Animal, font des mouvemens où la Nature ell fi bien imitée , que Tiridate n'y ibupçonne aucun artifice; quand tout- à-coup ]e Char (Je triomphe devient un Amphi- théâtre rempli âe Spectateurs, & l'Elé- phant, tombant en pièces , fe trouve comme méramorphofé en une Troupe de Gladiateurs qui fe battent en cadence au fon des Inilrumens. On dira peut- être que cela étoit afTez naturellement amené par le fujet; & l'on pourra dire de plus avec Mr. Loskman, que cela pou- voit ne pas mal convenir en Italie-, où un Opéra dure plufieurs heures , & où les Spectateurs prennent leur chocolat, & caufent à leur àife. Mais il croit , après tout, que ces fortes de Spectacles font plutôt une belle Rareté , une belle Curic- Jfité, qu'une belle partie de l'Opéra: pour- quoi? Parce qu'ils y introduifent en quel- que forte une duplicité d'action, ou une duplicité d'intérêt, contraire à la grande Loi de la Simplicité : Loi qui oblige l'Or- d rtmtiur du Spéciale auili étroitement tout 23 Bibliothèque Britannique, tout au moins que ceux qui font char- gez de la Compofition de la Muftque & de la Poéfie. La même Loi ordonne au Mujîcien de n'oublier jamais qu'il travaille pour faire valoir l'Ouvrage du Poète. Nous avons diftmgué, d'après notre Auteur, trois ef- peces de Mufique : & quoique celle qui a été nommée Mufique Parlante foit propre- ment la feule effentielle à l'Opéra, il faut avouer que fi les deux autres y font ad- mifes avec elle, cela fe fait par de bonnes raifons , qu'il eft a fiez facile d'imaginer. Le Muficien , en un mot, a droit de compo- fer des morceaux de Mufique fi peu de- ftinez au chant des paroles, qu'ils n'apar- tiennent pas même à l'accompagnement du chant. Ce font des Préludes & des In- terludes, qui, fans être abfolument nécef- faires , peuvent néanmoins faire un très- bon effet. Or s'il eft jamais permis au Muficien de fe donner carrière , de fe li- vrer à fon génie, & comme s'exprime Mr. Lockman, de difpofer de fes fons en Maître abfolu, ou qui ne reconnoit d'au- tres règles que celles de fon Art, c'eft aflurément dans ces fortes de Pièces pref- qu'ifolêes. Et cependant la Loi de la Simplicité ou de Y Union , lorfqu'elle eft fcrupuleufement expliquée, nous dicte» que même dans ces fortes de Pièces le Muficien doit fonger aux intérêts du Poè- te; qu'il ne doit pas interrompre ra&ion Dra- Avril, Mai et Juin. 1740. 29 Dramatique aufli long-tems que fa fantaifie pourroit le lui conseiller: que quelque impreflion qu'il fane fur les efprits par fa Mufique, il ne doit pas de gayeté de cœur les tirer brufquement de Tafllète où ils viennent d'être mis par les paroles : & que s'il les en tire , ce doit être au moins pour les y ramener, ou pour les préparera ce qui va fuivre. AuiTi voyons- nous que fi Mr. Locknun femble d'abord accorder au Muficien une liberté fans bor- nes dans tout ce qui n'eft pas Mufique Pdr- lante , ii ne laiffe pas d'infirmer bientôt a- pres , que le Muficien ufera de cette liberté ave: juge ruent. Mais enftn , quelque libre qu'il foit, lorfqu'il ne s'agit que de Mufi- que toute pure , ou de Mufique d'imitation , en- tant que celle-ci eft diftincle &feparée de la Mufique Parlante & des Symphonies qui l'accompagnent ; il eil certain que des qu'il vient à cette dernière efpece de Mufique, & aux Symphonies dont elle peut être accompagnée , il n'eft plus li^ bre , ou l'eft beaucoup moins. Ici il faut un Muficien capable de facrifier fes plus belles penfées, fes plus heureufes faillies y au delfem de bien entrer dans l'inten- tion du Poète; un Muficien qui réilile à la tentation de briller fans ceife par des Vivifions & des Répétition?, fouvent nuiii- bles à la vraye expreiïion d es fentimens. 11 y auroit de bonnes choies à dire fur cefujet, fi l'on voulait l'approfondir. Le but 30 Bibliothèque Britannique, but de Mr. Lackman ne demahdoit appa- remment pas qu'il allât fi loin. 11 ne nous dit point , par exemple, ce qu'il penfe du Récitatif orainctire des François ; Récitatif qui, au gré de bien des ConnoifTeurs , eft en général trop chantant; au lieu que celui des Italiens ne l'efl pas toujours autant qu'il devrait l'être pour l'intérêt des pa- roles. Mais comme celui-ci., tel qu'il eft, parcît encore afléz ridicule à bien des gens, qui fouhaiterbient que certaines choies ne fe chantafîerit point du tout; Mr. Lockman leur oppofe le goût des Anciens , qui étoient charmez d'entendre leurs Tragé- dies, & même leurs Comédies, chantées d'un bout à l'autre : &où il a fans dou- te Voulu nous faire conclure ,. qu'à plus forte raifon auroient-ils été contens d'u- ne Mufique continuelle dans nos Opéras, dont le Récitatif eft fréquemment coupé par des Airs , & qui , tenant beaucoup plus delà fiction que la Comédie ou Tra- gédie ordinaire , fouffre beaucoup mieux que l'on ajoute à la fuppoiïtion d'un Dia- logue ou Dramatique verjïfié , celle d'un Dialogue ou Dramatique chanté.. On chan- te des Maximes, des Réflexions, des Sen- timens, des Imprécations, des Louanges, des Plaintes paiïionnées, des Tranfports de joye: pourquoi ne chanteroit-on pas le ■relie ? Et fi la fiction autorife le chant des Airs, pourquoi n'autoriferoit- elle pas celui du Récitatif ?• La Loi de la Sim- plicité Avril, Mai et Juin. 1740. 3-1 plicité s'a ccommodera - 1 - elle moins d'u-*- ne Fiction uniforme & homogène , fi j'ofe ainfi dire, dans laquelle tout fe chante, que d'une bigarrure de Chant & de Dé- clamation ? Ce qu'il y a de confiant, ce raë femble, c'eft que cette Loi fera fuf- fifammentobfervée, pourvu que le Chant foit plus ou moins mufical , plus ou moins artificiel, plus ou moins au delfus de la Déclamation naturelle, félon la diverfîté des paroi Le . au refte, pour peu qu'il en- tende raifon, ne murmurera point delà néceflité qu'on luiimpofe de confulter le Poète, ou de s'aftraindre au fensde à l'es- prit des paroles. Car outre que c'eft Tu- nique moyen qu'il ait d'exceller dans une efpece de Mufique qu'il doit confiderer tout au moins comme une des plus bel- les branches de fon Art ; la Loi qui pres- crit au Muficiën certains égards pour le Poète, eft une Loi équitable, qui ordon- ne que le Poète de fon côté ait de grands égards pour le Muficiën : que fa Pièce ne foit ni affez longue, ni allez intriguée, pour épuifer elle feule une attention qu'elle doit partager avec la Mufique : qu'il choi- fiffe un fujet fertile en chofes propres à être heureufement exprimées ou imitées par l'Art du Muficiën : qu'il les ména- ge & les difpofe , pour les Airs ou pour le Récitatif, félon qu'elles font plus ou jnoins fufceptîbles des beautez de la Mé* lodie 32 Bibliothèque Britannique, lodie : qu'il donne à fes Vers une Caden- ce muficale : qu'il les conipofe harmo- nieux & coulans, autant que la Raifon le permettra : qu'il en banniffe, autant qu'il lui fera poflible, tous les fons ingrats pour la Mufique .... Mr. Lockman eil entré dans quelque détail là-deiïus, con- formément à fon titre, qui promet des Refiéxicns fur la Poéjïe Lyrique, ou faite pour le Chant. Mais comme il femble n'être prefque entré dans ce détail que relativement à la Vérification Angloife, & qu'il me faudroit peut-être plufieurs feuilles de papier pour rendre Pexpofi- tion de ce même détail véritablement in- téreflante \ paifons à un nouvel Article. $ III. Nous avons vu les Remarques de notre Auteur fur l'Opéra en général. Voyons ce qu'il dit de PO p é r a d e s A n g i/o i s en particulier. ,, L'introduction de VOpéra Italien en „ Angleterre , & les viciflîtudes qu'il y a „ éprouvées , font connues de quantité „ de perfonnes encore pleines de vie. Il „ y parut avec les charmes d'une Syrène. m H enchanta les oreilles au point d'en- „ dormir la Raifon, qu'il rendit aveugle „ fur ce qu'il avoit de propre à la cho- „ quer , foit dans les Poèmes qui fer- „ voient comme de véhicule à fa Mufique , n & qui n'étoient prefque tous qu'un af- n fera- Avril , Mai et Juin. 1740. 33 ,, fémblage d'abfurditez mal coufues en- ,, femble ; foie dans le refte de fon Or- „ donnance , mal entendue à plus d'un ,, égard. Il fe trouva des gens néanmoins „ que leur bon -goût j leurs belles con- ,,'noifTances , & la fupériorité de leur m efprit, révoltèrent contre l'étrange lue- „ ces de ce DivertifTement. Ils réfolu- ,, rent de faire tous leurs eftbrts pour ex- „ tirper en Angleterre VOpéra Italien. Mr. ,, Addifon le tourna agréablement en ri- ,, dicùle dans quelques-unes des premiè- * •> res feuilles du Spectateur ; & cette ten- ,, tative ne fut pas une des moins heu- ,, reufes qui fe firent. Mais fi quelque cho- „ fe fembla rompre le charme , ce fut la „ repréfentation de VOpéra du Gueux û Mr. Riccoboni dit, que dans les Opéras ,, de Hambourg les Récitatifs font en Alle- ,, mand, & les Ariettes le plus fouvent en „ Italien. On avoit vu une bizarrerie fem- „ blable dans les Opéras de Londres. Elle n avoit fuccedé à celle de donner des ,, Pièces entières en langue inconnue, & ,, avoit exciré à fon tour la rifée de tou- „ tes lesperfonnes debon-fens. Ondon- %> na après cela des Traductions Angloi- ,, fes de ces Pièces Italiennes : & le re- „ mede fut pire que le mal. Les défauts „ dont elles étoient remplies n'avoient „ pu choquer que foiblemen: jufqu'alors ,, la multitude des Spectateurs, à qui l'i- ,, gnora*cede la langue Italienne fervoit ,, au moins d'abri contre toutes les for- Tome XV. Part. 1. C ,j tifes 34 Bibliothèque Britannique, ,, tifes qui demeuroient encore renfer- ,j mées pour eux dans les bornes d'une „ langue étrangère: mais, grâces à l'ufage ,3 des Traductions, ils fe fentirent comme „ inondez d'un déluge d'impertinences., ,, & rougirent d'avoir couru & défendu „ avec chaleur un Amufementfi ridicule. „ 11 eftvrai que le ridicule venoiten par- ,, tie de la rare platitude & de la fingu- „ liere lourdife des Traducteurs. Mais il ?, faut avouer aufll, que les Traductions de » ces Meilleurs , 0 elles eûflent été beau- >, coup moins mauvaifes, auroient été des 3, copies fort inliclèles de leurs informes «, originaux ". [La Mufique cependant ne perdoit pas fes droits. Elle conlervoit un afeendant qui pouvoir, indépendamment du mérite de laPoélle, entretenir dans le Public un certain goût pour TOpéra Italien-, & ce goût, tel qu'il étoit encore, pouvoit fe fortifier par l'habitude de fe iatisfaire malgré les murmures de la Rai- fon. ] ,, Quelques-uns de nos plus ingé- ,, aïeux Ecrivains coniidererent, qu'un „ goût trop vif ou trop foutenu pour un ,, Diyertiflement exotique auin mal or- j, donne que celui-là, pouvoit être d'u- » ne confequence fâcheufe pour le Théà- ,, tre en général : & comme ils ne laif- » fcieiit pourtant- pas d'avoir eux-mè- ,, mes beaucoup de goût pour les gran- ,} des beautez de la Mufique Italienne, à », laquelle il ne manquoit que d'être em- ., ployée raifonnablement . . ; ils concu- » rent Avril, Mai et Juin. 1740. 35 „ rent que ce qu'il y avoit de mieux à ,, faire , c'étoit de fournir à notre Théâ- fi tre de bonnes Pièces JJngloifcs, qui , avec ,, le fecours d'un Muficien habile, f 11 fient „ dignes d'une Aiïemblée de gens raifon- „ nablcs dont le goût n'eit pas barbare. ,, Mr. Addifon, Mr. Gny , & quelques au- ,, très, prirent la plume; & cela produi- ts fit des Poèmes, dans lefquels il fut re- »> connu que les Auteurs ne dérogeoient „ en aucune façon à la réputation qu'ils », avoient acquife par d'autres Ouvrages. u Mais,foitquela Mufique & l'exécution „ ne répondîlTentpasàlabonté des Pièces, ,, foit que le préjugé des Spectateurs en n faveur de l'Opéra Italien eût encore „ trop de force , ces Pièces Angloifes n'eu- „ rent pas le fuccès défiré; û Ton ex- „ cepte celle dïAcis & Gaîatée , qui fut „ reçue avec un applaudiffement géné- ,, rai, & qui ne reparoît jamais fans être „ applaudie de nouveau. Le ridicule des 9f Opéras Italiens & des mauvaifes Tra- „ duclions qu'on en avoit, leur attira un ,, mépris qui fembloit réjaillir d'avance ,, fur toutes les Pièces qu'on pourroit „ faire en ce genre. Ceux qui étoient „ capables d'en faire de bonnes , ne fe ,, foucioient pas d'exercer leurs talens ,, dans un genre charge du mépris' pu- », blic. Ils étoient d'ailleurs affez mal en- ,, couragez par les Muficiens, qui s'ar- ,t rogeoient quelquefois un pouvoir trop C 2 „ arb;- 3<5 Bibliothèque Britannique, ?> arbitraire fur ce qu'ils mettoient en 99 Mufique , foit qu'ils ne connurent pas » les beautez naturelles du Drame , ou » qu'ils fûlfent réfolus de lesfacrifier à de 99 beaux fons toutes les fois qu'ils le juge- 99 roientà propos. On ne laiiTa pourtant » pas d'avoir toujours des Opéras An- a glois , & des Opéras même qui n'avoient 99 peut-être pas tout le ridicule des Ita- 99 liens; mais ils en avoient toute la fa- ?> deur: Pièces où l'on ne trouvoit ni >* conduite, ni mœurs, ni fentimens : >, Pièces de/lituées, en un mot, de tout >j ce qui forme un vrai Poème Dramati- 99 que. il y avoit cependant, & dans ces j, Pièces Angloifes, & dans les Traduc- ,9 tionsdes Italiennes, plufieurs Airs dont ,9 les paroles , à la faveur de la Mufique , j, pafloient heureufement du Théâtre à ,9 là Table & dans les Cercles du plus ,i beau monde, qui voyant une fuccef- ,9 fion perpétuelle de ces Riens mélo- ,, dieux, s'imagina aftez naturellement 99 qu'il n'y auroit jamais rien de mieux ,, à attendre de l'Opéra. La Poéfie qui, ,9 comme iœur de la Mufique , devroit ,, au moins marcher à côté d'elle & la ip tenir par la main, fut regardée corn- „ me une petite Suivante, à qui il n'apar- ,i tenoit que de lui porter la queue. On ,9 a fait néanmoins quelques eirbits dans n ces dernières années pour réhabiliter » la Pcéiîe li indignement dégradée. On 99 a Avril, Mai et Juin. 1740. 37 „ a mis en Mufique des Pièces excellen- „ tes en elles-mêmes; on les a portées „ en cet état fur le Théâtre , & elles y „ ont eu le fuccès qu'elles méritoient. „ Tel eft, par exemple, le Fejlin d\4'c- f, xandre\ & tel encore le Cornus ', repré- „ fente en Mutlque au moyen des chan- „ gemensqu'ona eftimeznéceflairespour ,9 cet effet. Je ne parlerai point de di- ,, verfes Pièces mifes en Mufique par „ quelques-uns de nos plus habiles Com- ,, pofiteurs , & qui ont été exécutées ,, moins publiquement. Mais je dirai un ,, mot de la R le de Mr. Addifon. Un ,. homme de mérite, & à qui fes compo? „ fitions de Mufique, ont fait honneur ", [ c'eft Mr. Smith ] ., a jugé que ii cette „ Pièce, malgré toutes les grâces de la „ Poéfie, nç plaifoit pas fur le Théâtre „ autant qu'on auroit pu s'y attendre , „ cela venoit d'une circonftance qui fait „ une beauté dans la Pièce même ; fça- „ voir que Rofemonde eft cenfée morte „ par le poifon dès la fin du deuxième „ A&e, en forte qu'elle ne reparoit plus •s fur le Théâtre " : [C'eft-à-direque fon abfence choquoit les Spedateurs, ou les laifTbit languir, parce qu'elle les privoit du plailir d'entendre une Chanteufe fa- vorite , chargée du rôle de Rofemonde. ] ., Et je viens^fapprendre que Mr. An::, 99 en reduifant la Pièce de Mr. Addifcnk %, un feul Acte " , [ ou plutôt en redui- C 3 fan; 38 Bibliothèque Britannique, ffi-nt les trois Actes de la Pièce à deux, ] i3 a tellement arrangé les chofes , eue ,, Roferrxnde y paraîtra jufqu'au bout. s, Cn dit aufli qu'il y a fait une mui:- „ que "[prefque] » toute nouvelle, & qui ,, n'eft pas moins agréable que celle qu'il a i, cempoieepour une autre Pièce ", [ pour cette Mafcarade ce Cornus, ] >> à laquel- $, le le Public prend actuellement tant >, de plaifir. Je -ferais fort fâché aurefle, }, que L'on me regardât comme un Bar- 99 bare qui n/auroit aucun goût pour les ,9 Opéras Italiens en général. L'Italien a eft une langue muflcale, dont les a- 99 grémens ne me font pas tout-à-faii in- 99 connus : & j'ai affilié avec beaucoup 99 de fatisfarîion à quelques Opéras é- 35 crits dans cette Langue par un galant 99 homme de ma conneifiance, dans lef- 99 quels il me fembloit que les penfées 99 étoient juftes & intéreffantes , la Mu- ., fique judicieufement adaptée aux pa- » rôles, & l'Action gracieufe, comme Té- ,9 toit fur-tout, & de l'aveu de tout le ,, monde, celle du Seneflno .... Ma Criti- » que enfin ne tombe que fur la ridicule ,y Ordonnance de piufieurs des Opéras ,5 Italiens que nous avons vus en Angk- ;> terre 9 & fur ce qu'ils font écrits dans 99 une langue que la majeure partie de i, l'Audience n'entend point du tout » Avant que Ton eût en France des Opé- a ras François, bien des François s'ima- ;, ginoient Avril, Mai et Juin. 1740. 39 „ ginoient que leur langue n'étoit pas „ iufceptible des modulations & des or- „ nemens qui font une belle Mufique. ,, Mais la raifon fut plus forte que lepré- „ jugé ; & lorfque Lulli & Qiiinauli travail- ?, lerent enfemble , l'expérience fit voir „ que les Paroles & la Mufique s'entr'ac- » cordoient d'une façon merveilleufe. 99 Cet exemple mériteroit quelque atten- j, tion de la part de ces Anglois qui font 5, fi prodigieufement amoureux de l'O- 1, péra Italien, qu'ils fe persuadent que ,, la langue Angloife ne convient abfo- „ lument point à la Mufique , ou qu'au „ moins elle ne vaut rien pour une j fu- „ fique d'Opéra. L'Italien, à tout pren „ dre, eft une langue plus douce que „ l'Anglois; on ne fçauroit le nier: mais ,, fi Ton confidere la langue Angloife 99 dans toute fon étendue, &que l'on con- 99 noifle les Ouvrages des meilleurs Poè- 99 tes Anglois , outre que l'on y trouvera ,9 des Vers d'une extrême douceur; on ,, jugera que la langue eft très -capable „ de fe perfectionner de plus en plus à 99 cet égard. Il fuffit, pour s'en convain- „ cre, de comparer les Poéfies de IVaU 9, 1er avec celles de fes Prédecefleurs. ,, D'ailleurs il me femble que l'on peut „ tirer avantage ici de la rudeffe même „ de la langue. L'Opéra n'eft pas borné 99 à ces fentimens tendres qui ne deman- 9) dent que des exprefiiqns douces & C 4 t> moi- 40 Bibliothèque Britannique, s, molles. Il admet ces paflions violentes „ qui aiment à s'exprimer par des ions i9 forts, & plutôt durs que foibles. Sil'lta- ,> lien l'emporte fur l'Anglois pour les „ unes, l'Anglois à fon tour doit l'em- „ porter fur l'Italien pour les autres. „ Mais ce qu'il y a peut-être de plusrai- „ fonnable à dire fur ce fujet , c'eftque j, comme un bon Poète Italien peut fai- „ re des Vers pleins de force , non ob- „ fiant la douceur qui domine dans fa „ langue ; de même un bon Poète An- „ glois , non obftant la rudeffe de la fienne, „ peut faire des Vers pleins d'aifance & „ de délicatefîe Le bonheur del'O- 9, péra en France , c'eft d'avoir eu avec „ un Luîli un Quinault : le Poète étoit „ digne du Mulicien.... On a même vu „ quelque chofe de femblable en Angle- „ terre, lorsque Purcel & Dryden travail- „ loient l'un pour l'autre. C'étoit l'ufage 9, vers ce tems-là , avant la Reftauration ,9 & quelques années après ; les meil- „ leurs Poètes écrivoient pour les meil- ,, leurs- Muficiens. Mais depuis l'intro- 99 duciion de l'Opéra , Divertiflement „ qu'on auroit pu rendre le charme des „ Efprits les plus fublimes, nos Mufi- u ciens n'ont prefque été occupez qu'à 99 dorer, pour ainfi dire , les balayures a du Parnaffe. Ce qu'on vient de lire doit être regardé , à fort peu de chofe près 3 comme une Tra- Avril, Mai et Juin. 1740. 41 Traduction exacte de tout ce qu'on trou- ve de Remarques fur l'Opéra des Anglois dans la Diflertation de Mr. Lockman: 6c quoique cela fafle déjà un afiez long mor- ceau, je penfe que la plupart des Lec- teurs étrangers ne me fçauront pas mau- vais gré d'y joindre quelques obferva- tions dont ils peuvent avoir preffenti la nécefllté ou l'utilité. Mr. Lockman écri- voit pour des gens qui font fur les lieux , qui font au fait, ou à portée de s'y met- tre. J'écris au contraire principalement pour ceux qui n'ont pas le même avan- tage. Cela feul autorife les petits éclair- cifîèmens que je vais leur donner. I. La première chofe qui demande quel- que explication , c'eft que Mr. Lockman , débutant par l'Opéra Italien qui a été in- troduit en Angleterre de nos jours, 6c ne parlant de l'Opéra Anglois que comme d'u- ne fuite de cette introduction, il femble in- fmuer que l'Opéra , quel qu'il foit , a feule- ment été connu dans ce Pais depuis un airez petit nombre d'années, & n'a com- mencé à l'être que par des Pièces Italien- nes. La vérité eft, qu'il l'a été par des Pièces Angloiiès long-tems auparavant; & que lors même qu'il le fut fous le nom 6c fous la forme d'Opéra, îlyavoit déjà long- tems qu'il rétoit en quelque forte fous un autre nom , 6c fous une forme un peu dif- férente. Les Mascarades, quieu- C 5 ' rent 42 Bibliothèque Britannique , rent tant de vogue fous Jaques premier & fous les deux Charles , jufques au milieu du régne de Charles II , font certainement (à bien prendre la chofe) une efpece d'Opéra. Et je ne fçais fi l'on ne pourroit pas en dire autant des Intermèdes, qui , depuis Henri VI II jufques à Jaques I, femblent avoir été plus à la mode que les Mafca- rades. Le détail là-deffus me mene- roit trop loin : je le referve pour un Mor- ceau à part que j'ai ébauché , & que je donnerai peut-être par voye de Sup- plément. Ce fera un Catalogue Hiftori- que & Chronologique des Pièces Angloi- fes parvenues à ma connohTance , qui peuvent être comprifes fous la déno- mination générale d'Opéra. Je me con- tenterai de faire ici deux ou trois remar- ques fur les Opéras formellement ainfi nommez, qui ont précédé en Angleterre Fintrcdu&ion de l'Opéra Italien. [i] J'ai ouï dire à Mr. Lockman lui- même, que Mr. Leveridge, Comédien, Chanteur, Poète & Muficien fort connu depuis long-tems en Angleterre , a dans fon cabinet en manufcrit une Pièce Dra- matique Angloife, toute en Vers, notée d'un bout à l'autre, laquelle eft un vé- ritable Opéra, & qui paroit être du tems de Charles I. Peut-être n'eft-ce dans le fond que quelqu'une de ces Maf- carades dont je parlois tout-à-1'heure; mais Avril , Mai et Juin. 1740. 43 mais alors cela confirmèrent au moins ce que j'ai dit du rapport de ces fortes de Pièces avec l'Opéra : & fi c'eft un Opé- ra à la rigueur de la lettre (comme il y a tout lieu de le croire , vu l'Ordon- nance entière de la Pièce ) cela mérite doublement d'être obfervé. J'avoue que cet exemple eft le feul que je puifle allé- guer de ce tems-là: mais ce que je ne trouve pas fous Charles premier , je le trou- ve fuffifamment fous fes SuccelTeurs. [2] On feroit peut-être furpris, li je difois que l'Opéra fut introduit fous Crom- wel en MDCLVI, pendant que la Co- médie étoit défendue; & que ce fut mê- me la iuppreflion delà Comédie qui don- na lieu à l'introduction de l'Opéra. Cela a tout l'air d'un paradoxe. Cela n'eft pourtant pas fans fondement. On en ju- gera par le Catalogue que j'ai promis. Mais comme , après tout ,je ne fuis pas bien allure û les Repréfentations en mufique introduites alors étoient des Opéras dans les formes , ni li elles remplacèrent la Comédie à titre d'OpÉRA; je me com- tenterai de dire qu'elles furent un ache- minement coniiderable à -l'introduction des Opéras expreifément ainfi nommez. [3] Ce fut fous Charles II , propre- ment , que l'Opéra fut introduit fous le nom d'Opéra ; & cela , fi je ne fuis fort trompé , Tan M D C L X X I V , par la repréfentation d'A r i a d n e, ou 44 Bibliothèque Britannique ou du Mariage de Bac chus , Opéra tra- duit du François. Celui de Psyché pa- rut en MDCLXXV: & je ne fçais s'il n'y en eut pas quelque autre encore dans le cours de ces deux années & de la fuivante. Mais ce qu'il y a de certain, c'eft que cela prit allez bien. La Comé- die du Chevalier George Etherege, intitu- lée The Man of mode , & donnée au pu- blic en MDCLXXVI, fuffiroit pour le prouver. Dorimant , l'un des Perfonna- ges de la Comédie, vers la fin du pre- mier A&e, reçoit un Billet d'une de fes MaitrefTes , dont la conclufion eft : Je vous prie de m^ envoyer une guinée pour aller voirVOvÉRA. Et dans la première Scène de l'Acte fécond , Medley çlit à Emilie : Quoi ! êtes -vous de ces Dames dont les oreilles , dé- fais nos Opéras, font devenues fi déli- cates ? [4] Je renvoyé au Catalogue dont j'ai parlé, ce quejepourrois dire des Opéras mis au Théâtre depuis MD CL XX VII jufques à l'époque de Mr. Lockman. J'a- jouterai feulement, que les Pièces d'Jrfi- noê, de Rofemonde, de Camille, & quelques autres qui furent faites fous la Reine Anne, font des Opéras formellement ainfi nom- mez, des Opéras écrits en Anglois, &des Opéras qui ont été repréfentez ,'comme on le verra tout- à-l'heure, avant ce que no- tre Auteur appelle PJntroduâion de P Opéra Italien, IL Cette Avril, Mai et Juin. 1740. 45 II. Cette Inîroduâion eftle fécond point fur lequel un mot d'éclairciffement ne fera pas inutile. Mr. Lockman n'en indique le tems que d'une manière fort vague . & Mr. Riccoboni, fans le fixer bien préci- fément , le détermine de façon à faire croire, qu'au moins à préfent l'on peut compter , depuis cette Introduction , une quarantaine d'années. Je me trompe peut- être : mais je n'en compte que trente pour le plus. Je me fonde fur ce qu'en dit Mr. Addifon. Il en parle comme d'une choie toute nouvelle dans la feuille dix- huit du Spectateur: & cette feuille eft datée du vingt -&- un de Mars mil fept- cens dix, vieux ftile. Mais ce n'eft pas tout, Il parle , dans la même feuille, de l'O- péra d'A rsinoé. J'ai la Pièce entre les mains, & j'en ai la première Edition, s'il y en a plus d'une. Or il paroît par le titre & par la Préface de cette Pièce, 1. Qu'elle efl de l'an mil fept - cens fept, date de l'impreflion. 2. Que com- me les Paroles font Angloifes , quoique traduites ou imitées de l'Italien, la Mu- fique aufli efl d'un Anglois, fcavoir de Ti:o->:as C/ayion , quoique compofée dans le goût Italien. 3. Que te dejjein de ce Di- vertiffemaà étoit , d'introduire Ici Mufique à . fur le Théâtre Anglois , £f que cela \l jamtûs été tenté auparavant : ce qui ell vrai , bien que fufceptible peut-être de quelque modification. 4. Que les Acteurs ifi Bibliothèque Britannique, Auteurs qui exécutèrent cette Pièce C- toient tous des Anglois. Mr. Addifon parle enfuite de quelques ef- fais ou de quelques tentatives qui fe firent pour donner au Théâtre Anglois d'au- tres Pièces qui fù fient plus propres à di- vertir des gens de goût & des efprits raisonnables. Il ne dit point quelles Piè- ces ont été le fruit de ces tentatives ; mais je fuis perfuadé qu'il avoitenvûë fa Ro- semonde : car elle avoit fuivi de près Ar- finoé, encore que le difeours de Mr. Lock- man femble fuppofer qu'elle parut beau- coup plus tard. L'Edition originale de Rofemonde , ainfi que celle d'Arjlnoé , eft datée de l'an MDCCVII. L'Opéra de Camille, & quelques autres de la même forte, félon l'expofé de Mr. Addifon , font après cela les pre- miers en ordre; poftérieurs à Rofemonde, mais antérieurs aux Pièces Italiennes , lef- qu elles ne s'ihtroduifirent quepardegrez. On dira, fi l'on veut, que le premier degré fenfible de cette Introduction, ce fut la réuffite de l'Opéra d'A rsinoé, annoncé au Public comme une Pièce ori- ginairement Italienne , & mife en mufique dans le goût Italien. Cet Opéra n'eft cer- tainement rien moins qu'un chef-d'œu- vre : mais malgré tous l'es défauts; mal- gré la mauvaife entente du Drame ; mal- gré le trivial, le faux & l'informe des caractères; malgré la foiblelfe de l'ex- prefîion Avril , Mai et Juin. 1740. 47 preflîon & des penfées ; malgré la profaï- que bizarrerie de la vérification , il eut un fuccèsdes plusbrillans. On dit même que la Reine le voulut voir , & le fit repréfen- ter au Palais de St. James , dans un tems que la Cour écoit en deuil : à telles en- feignes que cela donna lieu par accident à une équivoque dont on parle encore dans l'occafion. L'Afteur chargé du rôle qui commence la Pièce , s'imagina qu'il étoit de fon devoir de faluer une Audien- ce fi diftinguée. Il le fit en chantant le premier vers. La Reine eut pour fa part une profonde révérence ; ceux qui étoient avec elle en eurent une pour eux : & le vers , dont une moitié lembloit ainfi s'addrefiér à la Reine , l'autre à fa Cour en deuil, étoit une apoflrophe qui di- foit : Reine des Ténèbres — Noire Nuit ! en Anglois : Queen ofDarknefs — Sable Night ! Tout le monde fent l'équivoque. Cela vaut mieux cependant en Anglois qu'en Fran- çois , parce que le terme de Nuit dans la langue An gloife,fignifiefouvent une Soi- rée , & qu'appliqué à la Comédie , qui fe joue toujours le foir , il fe confond pref- que avec celui d'Affemblée ou d'Audience. Les Comédiens, pour dire qu'ils ont eu un grand concours de Spe&ateurs tel ou tel loir , difent qu'ils ont eu une bonne Nuit : de forte que Noire Nuit , addreffé par un Comédien à une foule de Specla- teufs toute en deuil, étoit à -peu -près auiïï 48 Bibliothèque Britannique, auflt bon que Noire Affemblée. On en rit : mais cela n'empêcha pas qn'Arfmoé ne continuât à produire fon effet, qui étoit de mettre les Anglois en goût pour la Mulique Italienne, & de les difpofer à voir un jour avec plaifir l'Opéra même Italien fur leur Théâtre. Les paroles àArfmoê font attribuées à un nommé Mr. Scot : mais fon nom ne fe trouve ni dans le titre de la Pièce , ni dans la Préface , qui eft du Muficien , & dans laquelle il avoue avec une ingénuité admirable (qui n'étoit pourtant pas tout- à- fait fans ex- emple) qu'il s'eft fait faire à deffein une Pièce d'un ftile aufli médiocre , parce que les exprefllons foibles , triviales & pro- saïques dont elle fourmille, font les plus convenables pour cette mufique à l'Ita- lienne qu'il fe féliciteroit de pouvoir in- troduire fur le Théâtre Anglois. Il y avoit une efpece d'équité , après un pareil aveu , à faire abftra&ion des paroles d'Arfînoé , pour ne l'envifager que comme une nou- veauté en fait de Mufique. Quoi qu'il en fuit, cette nouveauté eut le bonheur de plaire. Et il eft facile de concevoir com- ment ce fuccès peut s'appeller un des degrez par lefquels l'Opéra Italien mon- ta fur le Théâtre Anglois : car qu'importe que les paroles foient Angloifes ou Italien- nes , fi ce n'eft pas pour elles qu'on va au Théâtre , & s'if faut même qu'elles foient mauvaifes afin que la Mulique foit bonne ? Le Avril, Mai et Juin. 1740. 49 Le fécond degré , ce fut le fuccès mé- diocre des tentatives qui fe firent pour donner à ce même Théâtre â:ts Opéras dont la Poéfie ne fût pas méprifabîe. Tout le monde n'étoit pas affez lot pour croire bonnement que celle d'ArJinoé Fût un modèle de ce qu'il y avoit de mieux à faire en ce genre. De -là les tentati- ves dont parle Mr. Addifon, & de -là fa Rose m onde; Pièce infiniment fupé- rieure à Arp.ncé, & qui fut mife en Mu- iique (à ce qu'on m'a die) par le même ■Muùcien , & dans le même goût. Si cette Pièce avoit eu fur le Théâtre un fuccès proportionné à fon mérite > & que ce fuccès ( ainfi que cela fercit naturelle- ment arrivé) eût été fuivi de celui de quelques autres bennes Pièces Angloifes ; il y a toute apparence que les Anglois , charmez d'avoir avec de la Mufique Ita- lienne de bons Opéras dans leur langue > n'auroient pas été affez fous pour en pré- férer de mauvais en langue étrangère, Ils auroientpû, fans en venir-là, fatïsfai- re leur curiofité pour les belles voix d'I- talie. Mais, fait que la Mufique de Rofe- ïe ne valût pas celle d'Arp.noé , & ne fût pas autant dans le goût Italien, com- me on pourroit l'inférer de ce qu'en di- fent quelques Auteurs ; foit que la con- duite de la Pièce ne fût pas réglée de la manière la plus avantageufe pour la re- prefentation , comme en ont jugé Mrs. Tome XV. Part. L D Smitb $o Bibliothèque Britannique , Smith & Ame ; foit qu'il y eût dès lors une efpece de Cabale intéreflte à tra- verfer toute entreprife femblable à celle de Mr. Addifon, comme lui-même l'in- firme dans la feuille citée du Speâateur; foit que la majeure partie de l'Audience fe trouvât dominée par un caprice fatal à Rofemonde, ou par un préjugé contraire à tout ce qui ne ferviroit pas d'achemi- nement à l'Opéra Italien ; foit enfin que ces différentes caufes fûffent réunies: le fuccès de Rofemonde , quoiqu'affez heu- reux, fut fi peu glorieux en comparaifon de celui d'ArJinoé, que bien loin d'être en obftacle à l'introduction de l'Opéra Italien, il contribua plutôt à la faciliter. Une tentative inutile en faveur du bon- goût , tourne toujours plus ou moins à l'avantage du mauvais. On fe familiarifa fie plus en plus avec cette idée, que la Poéfie dans un Opéra ne doit être que le jouet de la Mufique. On alla même, ft nous prenons littéralement ce qu'en dit Mr. Addifon, jufques à admettre comme un Axiome, qu'il ne fe peut faire de bon- ne Mufique à chanter que fur des paroles qui foient fottes ou impertinentes: That nothing is capable ofbeing weîlfet to Mufick. that is not Non-fenfe. Un troifième degré , ce fut le fuccès de Camille & de quelques autres Pièces femblables. Ce font des Opéras originairement Italiens , dont on confer- voit Avril , Mai et Juin. 1740. 51 voit la Mufique, après en avoir fait tra- duire les Paroles dételle manière, que la Traduction pût fe chanter avec les mcmes notes que l'Original. Mr. Add:- Jon relevé fpirituellement les burlefques incongruitez qui en réfultoient. Il ar- rivoit fouvent , par exemple , que le plus bel endroit d'un Air fe rencon- troit avec les paroles les moins eficntiel-s les. Un Donc, un Car, unJDe, à la gloi- re éternelle des Particules Àngloifes,dit Mr. Addifcn, avoient quelquefois en par^ tage les cadences & les divifions les plus brillantes. Mais outre que les inconvé- niens même de ces fortes de Traductions difpofoient l'Audience à préférer un jour les Originaux, on avoit toujours, moyen- nant ces Traductions , & de la Muïique qui étoit Italienne à tous égards , & de la meil- leure qu'il y eût en Italie. Celle de Camille paife pour le chef-d'œuvre du célèbre J3o- tumeini. Elle dut naturellement rendre plus vif & plus général que jamais , le goût que Ton avoit déjà conçu pour l'Opéra Italien. Un quatrième degré fut l'envie d'en- tendre une û belle Mufique, exécutée en- core par de belles Voix Italiennes. On en eut bientôt quelques-unes. Mais com- me les Chanteurs Italiens ne vouloient ou ne pouvoientpas chanter en Anglois, & que l'on vouloit toutefois leur don-: uer des rôles dans les Opéras, on leur D 2 oerr 52 Bibliothèque Britannique, permit de chanter leurs rôles dans leur propre langue, ou tels qu'ils étoient dans te Texte original, dont les Acteurs An- glois continuoient à ne chanter que la Traduction. „ Ordinairement , dit Mr„ Ad- i, difon, le Roi ou le Héros de la Pièce „ parloit en Italien à des Efclaves qui „ lui répondoient en Anglois : & il n'é- „ toitpas rare de voir un Amant qui fai- ,, foit fa cour, & gagnoit le cœur de fa „ Princefie , dans une langue qu'elle n'en- 5> tendoit point. On a peut-être de la pei- » ne à s'imaginer comment leslnterlocu- ,> teurs, dans de pareils Dialogues, pou- ,, voient fe paffer d'un Interprête : mais „ tel étoit alors l'état du Théâtre Anglois \ 9> & cela a duré environ trois ans. 99 Mais à la fin, continue Mr. Addifon, ,, les Spectateurs fe font ennuyez d'en- « tendre la moitié d'un Opéra : & pour » fe débarafTer entièrement de la fatigue 99 de penfer, ils ont tellement réglé les 99 chofesà préfent, que l'Opéra s'exécu- 99 te d'un bout à l'autre en langue in- 99 connue. Voilà ce que difoit Mr. Addifon dans un Difcours daté , comme je l'ai remar- qué, du 21 de Mars MDCCX — XI. On peut juger à-peu-près par-là en quel tems l'Opéra Italien, proprement ainfi nom- mé , fut introduit fur le Théâtre Anglois. J'ai oui dire que la première Pièce toute Ita- Avrtl, Mai et Juin. 1740. 53 Italienne qu'on y mit, fut l'Opéra d'Hy- daspe. Je ne l'ai point vu, & je n'ai pu apprendre d'ailleurs le tems précis où Ton fut régalé de cette nouveauté. Mais Mr. Addifon en parle dans la feuille du quinze de Mars de la fufdite année , comme d'une Pièce qui avoit déjà été exécutée plufieurs fois, & depuis envi-» ron un an, û je L'ai bien compris. Il fait mention de l'Opéra de Renaud et Ar- mide dès la feuille du flx du mên\e mois ; mais il en parle comme d'une Pièce plus nouvelle. Tels font, pour ce qui regarde l'Introdudion de l'Opéra J talien , tous les éclairciflémens que je me trouve actuellement en état de don- ner. III. Il en faudroit quelques-uns, en troifième & dernier lieu , fur les Suites de cette Introduction , ou fur ce que Mr. Lockman appelle les ViciJJltudes de VOpéra Italien en Angleterre. Le Lecteur fe con- tentera des Remarques fuivantes. Première Remarque. Mr. Lockman dit qu'on a vu dans les Opéras de Lon- dres une bigarrure d'Italien & d'Anglois, femblable a celle des Opéras de Ham- bourg,oi\ les Récitatifs font en Allemand r & les Ariettes communément en Italien. Ou je fuis fort trompé, ou Ton ne doit point conclure de -là (quoique la con- clufion femble d'abord fort naturelle ) que Von ait jamais eu à Londres des Opé*- D 3 ras 54 Bibliothèque Britannique, ras dont les Ariettes fe chantaient en Italien & les Récitatifs en Anglois. La Bigarrure dont Mr. Lockman a voulu parler, eil la même dont j'ai parlé d'a- près Mr. Addifon, & qui a fans contredit quelque chofe de beaucoup plus bizar- re que celle des Opéras de Hambourg. Deuxième Remarque. Notre Auteur dit que cette bizarrerie fucceda à celle de donner des Pièces entières en langue inconnue. The Opéras being first performed in an unknoivn Tongne , and afterwards both in Italian and Engfijb &c. Je fuis pref- que affuré qu'il y a là quelque inadver- tence. Au moins paroît~il par l'expofé de Mr. Addifon, que l'on a eu des Opé- ras bigarrez d'Italien & d'Anglois, avant que d'avoir des Opéras tout Italiens. Troifième Remarque. Mr. Lockman dit, qu'on donna enfuite des Traductions des Pièces Italiennes. Cela ne doit point s'entendre des Traductions chantées , comme étoit celle de Camille. Cela re- garde les Traductions imprimées à l'op- pofite du Texte Italien qui fe chantoit, & deflinées uniquement à mettre au fait les Spectateurs qui n'entendoient pas l'I- talien. Traductions, au refle , dont je crois que l'ufage a commencé avec celui des Pièces Italiennes, & fubfifle jufqu'à ce jour. Quatrième Remarque. Mr. Lockman femble parler de Mr. Addison & de Mr. Avril , Mai et Juin. 1740, 5s Mr. Gay , comme fi ces Meilleurs avoienc travaillé tous deux à-peu-près dans le même tems , à compofer quelque bon Opéra Anglois ; ou du moins , comme s'ils y avoient travaillé l'un & l'autre depuis Tintroduclion de l'Opéra Italien. Mr. Gay Ta fait depuis cette époque ; on le verra tout-à-l'heure : mais Mr. Addifon Tavoit fait auparavant, puifque l'Opéra de Rofe- '. , fon unique ouvrage en ce genre, elt, ainfi qu'on l'a vu, de l'an MDCCVli. Cinquième Remarque. Ce que Mr. Lockman nous dit du lùccès diflingué de la Pièce Angloife qui a pour titre Acis et Galatée, peut faire fouhaiter d'en fçavoir quelque chofe de plus. C'eft une Paflorale Héroïque que je trouve citée com- me une Mafcantde , mais dont j'ai une Edition où elle eft qualifiée Opéra Pafto- ral: & je tiens de bon lieu, qu'elle fut compofée originairement pour contribuer aux plaifirs du magnifique Duc de Chaudes dans fa maifon de Canons, où elle fut re- préfentée en MDCCXVI, long- tems a- vant que d'être expofée fur un Théâtre public. Le nom de l'Auteur, je ne fçais comment , a été plufieurs années une énigme qui s'expliquoitdiverfement. Le Poetual Regifler, imprimé en MDCCXXÏII, attribue pofitivement la Pièce à Mr. Le Mot t eux : mais on ne paroit plus douter aujourd'hui qu'elle ne foit de feu Mr. Jean Gay, le bon ami de l'illuflre Mr. Pope, D4 le $6 Bibliothèque Britannique , le même dont il s'agit dans la Remarque précédente, L'un des plus agréables Poè- tes de l'Angleterre,& qui entre antres Poé- fies a écrit quelques Pièces de Théâtre , parmi lefquelles au refte il y a plus d'un Opéra, fans en compter une à laquelle le nom d'Opéra ne doit peut-être pas fe donner férieufement, & cela pour une rai- fon qui va fe découvrir d'elle-même. Sixième Remarque. Mr. Lockman dit , que ii quelque chofe fembla rompre le charme de l'Opéra Italien, ce fut la re- préfentanqn de POpéra du Gueux: en Anglois, The Beggars Opéra, Cet Opé- ra du Gueux , auffi-bien qvxAcis & Gdlàtèe , cft de la façon de Mr. Gay , bien que Meilleurs Pope & Swift (à ce qu'on dit) y ayent fourni quelques traits; mais ce n'eft point un Opéra qui foit proprement ni férieufement ainfi nommé : c'eft plu- tôt une Parodie de l'Opéra, aiïez fem- blable pour la forme aux Opéras Comi* ques de Paris. Les Perfonnages n'en font rien moins que nobles. Ils parlent en pro- ie , & chantent fur des airs de Vaudevil- les. Cette Pièce fut mife fur le Théâtre en MDCCXXVIII, par Mr. Riçb, Maître du Théâtre de Covent-Garden, ou du Commun- Jardin ( s'il faut prononcer comme la plu- part des François: ) & elle y fut telle- ment courue deux ans de fuite , que les avantages qui en revinrent, & à Mr. Ricb & à l'Auteur , firent dire à quelqu'un , en Avril , Mai et Juin. 1740. 57 en jouant fur la fignification grammati- cale de leurs deux noms : Par POpéra du Gueux , Riche eft gay , & Gay ejî riche* Il eft bon d'obferver toutefois , que je n'ai écrit Biche que pour faire fentir en Fran- çois le jeu de mots ; car félon la régie qui veut qu'on n'altère pas les noms propres , il falloit écrire Ricb> fans e à la fin. Septième Remarque. Mr. Lockman ne dit pas en quel tems la Pièce cl'A c 1 s &Ga- latée a commencé à fe jouer publique- ment : & j'ai différé jufqu'ici de le dire, afin d'éviter toute confulion dans le peu de dates que je puis placer de diftance en diftance pour éclairer notre route. Mr. Handcl, qui avoit mis la Pièce en Muf:- que, ne la produifit fur le Théâtre qu'en MDCCXXXII, s'il en faut juger par la date de l'Edition qu'on en a faite pour la Repréfentation. Cette Pièce au refte a été exécutée de plus d'une manière. On avoit vu dans des Opéras précédons , comme je l'ai rapporté, une bigarrure d'Italien & d'Anglois, qui n'étoit "fondée & réglée que fur la néceflïté que Ton s'impofoit de diftribuer les rôles d'une même Pièce à des Acleurs de différente Nation : les uns Italiens , qui ne pou- voient bien chanter que dans leur làn gue : les autres Anglois , à qui il conve- rtit auili de chanter dans la leur. Cet- te néceflïté avoit abouti à faire admettre des paroles Angloifes dans des Opéras D5 Ita- 58 Bibliothèque Britannique, Italiens. Elle forma dans celui d'Acis & Galatce en MDCCXXXVI (à ce que m'ont affttré plusieurs témoins du fait) une bigarrure plus originale encore. El- le fit admettre en Angleterre , dans un Opéra Anglois , des paroles Italiennes , des rôles traduits & jouez en Italien. Huitième Remarque. Après Acis & Ga- tatée Mr. Lockman cite le Festin d'A- lexandre. Qu'on ne s'imagine pour- tant pas que ce foit, ni un Opéra , ni une Pièce nouvelle. C'eft une Ode , ou pour mieux dire une Cantate de Dryden, qu'il avoit faite pour être chantée le jour de Sainte- Cécile. Mais Mr. Handel a compo- fé pour ce morceau de Poefie lyrique une Mufique nouvelle , & au lieu que ces fortes de Pièces s'exécutoient autre- fois folemnellement dans une Eglife, il a fait exécuter celle-ci fur le Théâtre. Et fi ce îfeft pas un ouvrage dramatique > le fuccès qu'il a eu n'en prouve pas moins ce que Mr. Lockman vouloit prouver , qu'u- ne excellente Poéfie n'eft point incompa- tible avec une excellente Mufique. Le Feftin d'Alexandre , fi je ne me trompe, fut mis fur le Théâtre en MDCCXXXVI. Neuvième Remarque. Le Comus, que Mr. Lockman allègue immédiatement a- près le Fefnn d'Alexandre, efl originaire- ment une Mafcarade du célèbre Milton. Elle n'avoit été jouée qu'une feule fois en mil ûx-cens trente -quatre, & cela dans la Avril, Mai et Juin. 1740. 59 la maifon d'un Seigneur. Elle Ta été très- fou vent en public depuis deux ans ou en- viron qu'elle fut portée fur le Théâtre , à la faveur des changemens dont Mr. Lockrnan dit un mot , & qui paroifiènt venir de bonne main. On les attribue à un homme de mérite qu'on appelle Mr. Dation, & qui eft chargé de l'éducation de Mylord Beaucbamp,ws du Comte dé Hertford. L'ancienne Mufique de la Pie- ce étoit de Henri Laws ; la nouvelle e£l de Mr. Ame. Le nouveau Cornus fut don- né au Public, & par la repréfentation & par l'impreflîon , en MDCCXXXVIII. Dixième Remarque. Après avoir parlé en général avec aifez de mépris des O- péras Italiens exécutez à Londres jufqu'àpréfent, Mr. Lockrnan fait une ex- ception en faveur de quelques-uns de la façon d'un galant homme de fa çon- noiftance. Cela regarde certainement Mr. Paul Rolli i Membre de la Société Royale , & le même dont j'ai eu occa- fion de dire un mot dans l'éloge du Pa-. radis Perdu deMilton*. Au moins fçais-je de bonne part, & qu'il efl: des amis de Mr. Lockrnan , & que c'eft Mr. Lockrnan qui a fait la Traduction Angloife de fon Opéra Italien d'O rphée. A propos de quoi il me fera permis de remarquer , que * Biblioth. Brit. T. VIII. p. 183, ôo Bibliothèque Britannique, que fi l'on admet une exception à la cen- fure générale des Opéras Itajiens , on peut en admettre une auiïi à fa cenfure générale des Traductions Angloifes de ces Opéras. La Traduction de Pharnace, par exemple, & celle de Lothaire, non plus que celle d'Orphée, n'ont point été confondues dans la foule. Il s'eft mê- me trouvé des gens qui ont cru recon- naître, à certains traits de laTradudion de Pharnace y le flile d'un Poète célèbre, que je défignerois peut-être trop claire- ment, à fon gré, û je le qualifiois le pre- mier de la première volée. La Traduc- tion de Lotbaire pafife pour être de feu Mr. Samuel Humphreys . Ecrivain eftimé , & le même qui a traduit du François le premier Volume du Speclacle de la Nature de Mr. l'Abbé Peluche. Pharnace a été im- primé & repréfenté en MDCCX'XIII, Lotbaire en M D C C X X I X ; & Orphée en MDCCXXXV. Dernière Remarque. Mr. Lockmandit, qu'il ne parlera point de diverfes Pièces Angloifes mifes en Mufique par d'habiles Compofiteurs , lefquelles ont été exé- cutées moins publiquement que les pré- cédentes. Parlons -en pour lui. Il s'agit de plufieurs Pièces, en différens genres, dont quelques-unes s'exécutent aujour- d'hui dans des lieux publics où l'on entre pour fon argent , mais dont la plupart n'ont été exécutées jufqu'ici ( au moins avec Avril, Mai et Juin. 1740. 61 avec éclat) que dans certaines Societez ou Académies de Mujïque , aux Concerts defquelles on n'eu: admis, ou qu'en qua- lité de Membre , ou qu'à la faveur des billets que les Membres ont droit de don- ner à leurs amis. Je connois deux de ces Societez, & je ne fçais s'il n'y en a pas davantage. L'une eft celle qu'on appelle communément du Crovun - and - Anchor : Elle a pour Dire&eur de fes Concerts le Dodeur Pépujb ; elle eft célèbre : mais je ne voudrois pourtant pas affurer que Mr. Lockman l'ait en vue. Je ne fçais point de quelles Pièces on pourroit dire qu'el- les n'ont été exécutées que dans cette Société. Il y en a une autre qui eft fort connue fous le titre qu'elle a pris de So- ciété d'Apollon: Mr. Lockman en eft. On vient d'imprimer , pour Pufage de celle- ci, un Recueil des Pièces qui ont été mi- tes en Mufique pour les Concerts ; & parmi ces Pièces il y en a deux qui font de la façon de Mr. Lockman. La plus nouvelle eft une Ode pour la Fête de Sainte- Cécile y chantée en grand concert, & im- primée pour la première fois feparement, en MDCCXXXÏX. La Muilque eft de Mr. Boy ce , l'un des Compojiteurs de la Chapelle du Roi. L'autre, mife en Muil- que par le même, & intitulée, Com- plainte d e D a v 1 d fur la Mort de Saiit & de Jonathan , avoit été exécutée & im- primée d'abord en MDCCXXXVL J'au- 62 Bibliothèque Britannique, J'aurai occafion de dire encore un mot de cette Pièce dans l'Article des Orato- rios , auquel il eft teins de venir. $ IV. J'ai déjà obfervé que POratorio eft une efpece d'Opéra qu'on pourroit définir V Opéra Sacré ou l'Opéra Spirituel-, & que ce n'eft pourtant pas tellement un Opéra, qu'il ne puifle être envifagé aufll comme faifant un genre à part. Mais pour mettre les Lecteurs au fait , il faut que je dife à préfent quelque chofe de plus. Premièrement donc il eft à remar- quer, que les Anglois n'ont pas toujours donné à leurs Opéras Sacrez le nom d'O- ratorio. La Pièce que Dryden publia en MDCLXXVIII, intitulée Y Etat cV In- nocence, & une autre qu'Edouard Ecclejlon publia en MD CL XX IX , -ayant pour titre le Déluge de Noé , quoique les fujets foient tirez de l'Hiftoire Sainte , n'ont jamais été appellées que des Opéras. La plus ancienne Pièce connue en Angleter- re fous le nom d'Oratorio, eft celle d'E s- ther, compofée ( à ce qu'on a dit ) par Meilleurs Pope & Arbutbnot, mife en Mu- fique par Mr. Handel, & qui fut exécu- tée vers l'an MDCCXX, dans la Cha- pelle du Duc de Chandos à Canons •> lieu finie à environ dix milles de Londres, & où Avril , Mai et Juin. 1740. 63 où ce Seigneur aune belle maifon, dans laquelle il entretenoit autrefois un nom- bre conliderable d'habiles Muiiciens. Mr. Pepufl?, Docteur en Mufique , & Douleur très-docte, en étoit un. Mr. Handel, après avoir fait ajouter quelques paroles à fou Eflhcr par Mr. Humpbfeys, & les avoir miles en Muiique , porta la Pièce fur le Théâtre : mais ce ne fut qu'en MDCCXXXI , ou XXXII; & le Public n'avoit eu aucun Oratorio , que je fçache, avant ce tems-là. Il en eut d'au- tres bientôt après. Ceux ^Athalie, de Deborah & de Judith, font de MDCCXXXIII. Obfervons , en fécond lieu , que comme Y Oratorio eft particulièrement deftiné à remplacer l'Opéra, & tout Spectacle pro- fane , les Mercredis & Vendredis de Carê- me ; il s'exécute auflî d'une manière qui lui eft propre, &qui dans le fond eft allez ri- dicule ; mais qui ne tenant prefque rien de la pompe ordinaire du Théâtre , ni de l'Ac- tion théâtrale, aura vraifemblablement paru la mieux féante pour des jours ex- traordinaires de dévotion, & la moins in- compatible peut-être avec certains Régie- mens touchant les Spectacles. Quoi qu'il en foit, Y Oratorio n'admet niHabillemens de Théâtre , ni Machines , ni change- mens de Décorations, ri Danfes, ni al- lées & venues de la part des A&eurs. Le Théâtre entier n'eft qu'un grand Orquef- 64 Bibliothèque Britannique, tre rempli par les Muficiens; & les Ac- teurs , ou Muficiens chantans, ne font diftinguez des autres qu'en ce qu'ils oc- cupent le bord du Théâtre. Là ils ont chacun leur place, & chantent chacun à leur tour, félon La diftribution de leurs rôles. Cela eit imité de ce qui fe prati- que dans les Eglifes d'Italie , où l'on re- préfente d'une manière femblable certai- nes Pièces Sacrées, dont il fera parlé plus amplement dans la fuite. Or on juge bien que cette manière d'exécuter des Pièces dramatiques influe , ou doit influer fur la compofition même de ces Pièces ; & que les Opéras François de Jephté , par exemple, & de Sam/on, ne feroient pas fort propres à faire des Oratorios. Auffi peut-on obferver, en troifième lieu, qu'il n'eu; point abfolument nécef- faire qu'un Oratorio foit une Pièce dra- matique, ni même une Pièce en Dialo- gue. La Complainte de David fur la Mort de Saùl tS de Jonathan, porte le nom d'Oratorio fans qu'on y trouve à re- dire ; & elle n'eft cependant ni dramati- que ni dialoguée. C'efl proprement ce que nous appellerions en François une Cantate Spirituelle , avec ces deux dilit- rences feulement , que cela n'eft pas borné, comme femblent l'être nos Can- tates, à trois ou quatre Récitatifs, entre- mêlez dun pareil nombre d'Airs; & que le Poème commence par un Chœur , qui , après Avril , Mai et Juin. 1740. 65 après avoir invité le Poète à chanter, chante avec lui dans les endroits conve- nables. Notez au refte, que quand je dis avec lut , cela doit s'entendre de ce qui paroît à la lecture : car à la repréfen- tation ce n'eft pas la même perfonne qui chante l'Action toute entière. Peut-être feroit-ce trop pour une feule voix : peut-être auill en faut -il plus d'une pour Satisfaire les Auditeurs. Ce qu'il y a de certain, c'eft que cette Pièce (avec une nouvelle Mufique de Mr. Smith) s'exé- cute actuellement par plufieurs voix , dans la falle de Hickford , & que c'eft ainfi qu'elle avoit été exécutée avec la Mufique de Mr. Boyce , foit dans la So- ciété d'Apollon en MD CC XX XVI, foit dans un Concert public qui fe fit à Wïnd- /or en MDCCXXXVII. Il y a quel- que chofe de dramatique dans l'exécu- tion. Mais la Pièce même n'en eft pas plus un ouvrage dramatique : ce qui eft li vrai, que lorfqu'elle fut imprimée pour le Concert de la Société en 1736, ce fut fous le nom de Poème Lyrique. Elle n'a paru fous celui (ÏOratorio que dans les autres Editions ; & il faut avouer au refte , que quelque droit qu'on ait de donner ce nom à des Poèmes qui ne font pas du genre dramatique , il apar- tient à ceux de ce genre par la premiè- re inftitution. Au moins cela eft- il dé- terminé par le titre de la Pièce d'EJJher , Tome XV. Part. I. E la- 66 Bibliothèque Britannique, laquelle je regarde toujours comme la première que "les Anglois ayent eue fous le nom d'Oratorio. Les termes du titre font : E s t h e r : Oratorio , ou Drame Sacré. J'ai cru ces remarques néceffaires pour ceux qui ne fçavent pas d'ailleurs ce que c'eft que l'Oratorio des Anglois. Sçavoir à préfent ce qui leur en a fourni le nom & l'idée, & quelle eft l'origine de la chofe même , ce font deux queftions fur lefquelles je me contenterai prefque de rapporter le précis de ce que je trouve dans le Difcours de Mr. Lockman. I. Tout ce que j'y vois de relatif à la première queftion , eft renfermé dans un allez long pafTage qu'il cite du deuxiè- me volume des" Voyages de Mr. Wright, imprimez, comme je l'ai déjà dit, en MDCCXXX. Traduifons l'eflentiel. 9> Les Italiens [dit Mr. PVrigbt] ont dans „ leurs Eglifes un DivertifTement reli- „ gieux qu'ils appellent I'Oratorio. „ C'efl un Drame en Muftque, à la façon „ des Opéras du Théâtre. Les Airs font a feparez les uns des autres par des Ré- ,9 citatifs. La Pièce entière eft de deux „ Actes. Le fujet eft tiré, ou de l'Hiftoi- „ re Sainte , ou de FHiftoire des Saints, ,, & généralement de celle-ci. Entre „ les deux Aftes il y a Sermon «, Et le tout commence par un Difcours ,* (Difcorfo) déclamé d'une manière un . i peu muficale par quelque petit Garçon. 9> Non* Avril , Mai et Juin. 1740. 6y h Nous entendîmes deux de ces jeunes „ Orateurs. Le premier étoit âgé d'en- 99 viron fix ans. Il parut fur la tribu- „ ne avec la gravité d'un homme fait, „ falua l'Audience , retrouffa fon cha- ,9 peau . . . & prononça un Silentio , ac- 99 compagne d'un mouvement de bras ,9 quiimpofoit filence d'un air important. ,, Le fécond , autant qu'on en pouvoir. ,, juger par fa ftature & par fa pronon- „ dation, bien qu'il fut parvenu à arti- ,, culer diftin&ement fes paroles , rfa- ,, voit gueres que quatre ans. 11 étoit „ habille en Prêtre, & fit des rnerveil- „ les On apprend à ces petits n Orateurs , non feulement à donner le 9, ton aux chofes , mais à y ajufter toute ,> leur action; & ils y réuffiffent extrê- „ mement bien ". [Neferoit-ce pas des Difcours ou Oraifons de ces petits Ora- teurs y que Y Oratorio auroit pris fon nom? On appelle Déclamations en France , dans les Collèges des Jéfuites, certaines peti- tes Pièces dramatiques , qui ne font ap~ pelléesde la forte, que parce qu'elles fonr. faites pour exercer les jeunes gens à la Déclamation. Il ne feroit pas étonnant que celles qui portent le nom d'Oratorio fùflent ainfi nommées par quelque raifon peu différente. Mais l'origine du nom nous intérelfe moins que celle de la cho- ie même.] II. Le fentiment de Mr. Lockman fur E a ce 6$ Bibliothèque Britannique, ce fécond point paroît être , en deu£ mots : Que les Oratorios des Italiens ont la même origine que les Jeux & Myflères des François ; & que ce furent les Pè- lerinages qui introduifirent ces Spe...i- cles de dévotion , comme en a jugé le Père Meneflrier , dans fon Ouvrage Des Repréfentations en Mujlque , pp. 153, 154. „ Ceux qui revenoient de Jerufalem & „ de la Terre Sainte, de Saint- Jaques de „ Compoftelle ... & de quelques au- „ très lieux de pieté , compofoient des „ Cantiques fur leurs voyages , y mê- „ loient le récit de la vie & de la mort „ du Fils de Dieu , ou du Jugement n dernier, d'une manière grofïîere, mais „ que le chant & la fimplicité de ces „ tems-là fembloient rendre pathétique; ,, chantoientles miracles des Saints, leur „ Martyre , & certaines Fables à qui la „ créance du Peuple donnoit le nom de „ Vifions & d'Apparitions. Ces Pèlerins, ,j qui alloient par troupes, & quis'arrê- „ toient dans les rues & dans les Places 5, publiques, où ils chantoient le bour- „ don à la main, le chapeau & le man- „ tel et chargez de coquilles & d'images „ peintes de diverfes couleurs , faifoient „ une efpece de Spedacle qui plut , & m qui excita la pieté de quelques Bour- ,9 geois de Paris à faire un fonds pour ,, acheter un lieu propre à élever un » Théâtre , où l'on repréfenteroit ces „ myf- Avril , Mai et Juin. 1740. 69 „ myftères les jours de fête, autant pour „ rinitru&ion du Peuple, que pour fon ,, divertifiement " [Ceci arriva fur la fin du quatorzième fiécle. ] Le quin- zième & le fuivant virent naître de tou- tes parts en Europe des Spe&acles qui étoient à- peu -près dans le même goût. Je remarquerai toutefois que l'Angleter- re paroit avoir devancé la France mê- me à cet égard, comme l'a fait voir Mr. Riccoboni , p. 154.de fes Réflexions. Finif- fons. Mais que ce ne foit pourtant pas fans dire un mot de la Pièce de Mr. Lock- man, à l'occafion de laquelle nous avons parlé de tant d'autres chofes. $. V. Rosalinde eft une Pièce d'un feui Afte , & ne contient que cent foixante- huit vers. Ce feroit peut-être trop peu pour un Opéra dans les formes. Mais, outre qu'il s'agit ici d'une Pièce qui n'eft annoncée que fous le nom vague de Poè- me dramatique en Mufique, celle dUAcis & Galatée, qui porte le nom à! Opéra > & qui eft de trois A&es, n'a pas deux-cens vers; encore font-ils, à tout prendre, plus petits que ceux de Rofalindc. D'ail- leurs Mr. Lochnan n'a proprement pas écrit pour le Théâtre. Sa Pièce étoit deftinée à la Salle de Hickford. Cette Salle cil publique, à cela près qu'il n'y a que E 3 les 70 Bibliothèque Britannique, les gens d'une certaine façon qui y en- trent : Et avec cela elle eft grande, puif- que fans galeries , & fans compter l'ef- pace deftiné aux Muficiens, elle a des places pour quatre-cens perfonnes. Mais après -tout, ce n'eft point une Salle de Comédie ni d'Opéra. La Pièce de Rofa- Urtde n'y devoit être exécutée qu'à la ma- nière des Oratorio?, moins comme une Pièce de Théâtre que comme une Pièce de Concert. Mr. Lockman enfin a fuivi la régie qu'il propofe dans fa Differtation ; où il eft d'avis, qu'en général les Drames compofez pour la Mufique , doivent être plutôt coarts que longs. Il n'a pas péché non plus contre la règle qui regarde le choix des fujets. Il veut que le Poète prenne un fujet fer- tile en chofes propres à être heureufe- ment exprimées par Part du Muficien ; & il entend principalement par-là un fujet fertile en fentimens tendres & paf- fionnez. Point d'Opéra fans amour. Au moins l'Amour & l'Opéra s'accordent-ils fi bien , qu'ils femblent avoir été faits l'un pour l'autre : c'eft l'opinion com- mune. Et pourquoi Mr. Lockman ne s'y conformeroit-il pas ? On pourroit allez- bien, je penfe, appliquer aux Poètes ce qu'on a dit aux Amans : Ce ri'efl pas r Amour qui vous perd , C'eft ta manière de le faire, JL In Jleep , Redrefs may find, For fleep no Biifs dénies. Wby , Vi fions , do ye gleam Thus y tranfiently , delight ? Happy , could fuch a Dream For years fufpend its fiigbt \ C'eft -à- dire, au moins à -peu -près: Une tendre & fidèle Amante Dont V Amour a trahi les vœux. Triomphe dans un fonge heureux Du fort cruel qui la tourmente. Hélas ! d'une erreur fi charmante J'éprouvois le puiffant fecours ! faut-il , Erreur trop féduifante y Que vous ne duriez pas toujours ? Dans Avril, Mai et Juin. 1740. 73 Dans la féconde Scène paroît un Pa- ge qui eft de la confidence , qui a en- tendu Rofalinde 9 & qui tâche de lui per- fuader, que le fonge qu'elle vient de fai- re eft un heureux préfage. Elle n'ofe accepter l'augure : elle fe croit trop in- fortunée, & déplore en termes naturels &touchans,le fort de celles qui, avec un cœur capable d'aimer, ont le mal- heur d'être nées filles de Roi. Le Page efpere pour elle ; & après l'avoir recom- mandée à la Déeiïe des Bois , il part , impatient d'apprendre des nouvelles qui répondent à les efpérances. Il y a dans cette Scène un Air, où Rofalinde , occu- pée de l'image de Dom ùarcie, l'apof- trophe en prelence du Page en ces mots ; My Gardai To my Lips thun Neâar ftveeter ! JVbcrefoc'er I turn-my Eyes, Tkce I onty vievj , dear Créature > Every other Objefi dies , &C Comme qui diroit : Charmant £f doux Objet , que mes lèvres fcn- fibies Trouvoicnt plus doux cent fois que le Neâar des Dieux ! Tcn image fans ceffe eft préfente à mes yeux f Et pour tout autre objtt mes fens inacceffibles , Ceft toi f eut que je vois , en tout tems , en tous lieux ! E.5 Ou 74 Bibliothèque Britannique, Ou bien en moins de paroles : A mes lèvres plus doux que h Nectar des Dieux , Çber Amant ! c'efî toi f eut que je vois en ces lieux. Ces Lèvres & ce Neâar ne pafferoient peut-être pas en France aufli facilement qu'en Angleterre. Un Critique François ne manqueroit pas de dire que le Pafïïon- né & le Senfuel font deux chofes diffé- rentes Mais j'ai promis que je ne ferois plus de réflexions. Dans la troifième Scène , Dom Garde paroît. Dans la quatrième , les deux Amans le reconnoiffent; &dans la cinquième, le Page de retour, agréablement furpris de les voir enfemble , leur annonce que puifque Dont Garde n'ell pas mort, la Princeffe efl à lui: que le Roi la lui avoit deftinée , avec tous les honneurs nécef- faires pour faire difparoitre préalablement l'inégalité de leurs conditions , &c. Les Amans expriment leur joye,& vont cher- cher aux pieds du Roi la confirmation de leur bonheur. Le Chœur invite les Grâces à aller préparer le lit nuptial , & chante une fentence qui finit ia Pièce ; dont le fujet au refte eft de pure ima- gination , & dont le fucces doit avoir contenté l'Auteur. ARTI- Avril , Mai et Juin. 1740.. 75 ARTICLE II. Ebauche d'un Catalogue Hiflorique & Chro- nologique des Opéras Anglois , fi? des au;- très Pièces Angkifes qui ont du rapport avec l'Opéra. LES PIECES que les Italiens ont nom- mées Mascarades, & dont on a un Recueil publié à Florence par Le Lafca en MDLIX, ont alfez d'analogie avec IOpe- ra, pour entrer en ligne décompte lorf- qu'il s'agit de ce Spectacle ;& les Inter- mèdes , foit (impies ou de pluiieurs Ac- tes, dont parle Mr. R/cco^om aux pages 38 & 39 de fes Réflexions , étoient des Pièces auxquelles il ne manquoit, pour être des Opéras , que d'être repréfentées àpart , ou tout de fuite. J'entrevois même que quel- ques-unes de ces Pièces, ainll repréfentées, ont palTé pour des Opéras. Il mefemble, en un mot, que lesMafcarades,les Inter- mèdes & les Opéras d'Italie , peuvent être regardez comme diverses efpeccs d'un même genre. Or quelle que foit l'origi- ne des Intermèdes & des Mafcarades en Angleterre , & quelque différence qui puiife fe rencontrer entre les Pièces An- gioifes ainfi nommées & les Italiennes que je viens d'indiquer, trois chofes font certaines: La première, que les Anglois ont 76 Bibliothèque Britannique* ont aujourd'hui quelques Intermèdes & diverfes Mafcarades qui fe chantent , en tout ou en partie; la féconde, qu'il y a cent-cinquante à deux-cens ans, fi-non davantage, qu'ils ont commencé à avoir des Pièces dont les noms répondent à ceuxdeMafcarade & d'Intermède, ufitez vers ce tems-là en Italie ; la troifième enfin, que il je puis juger de toutes les Pièces Angloifes ainfi nommées dont je ne connoisque les titres, par celles dont la forme ou la conftruciion m'eft con- nue, elles ont en général, ainfi que les Italiennes , aflez de rapport avec l'Opéra , pour devoir être placées ( aumoins pro- vifionellement ) dans ce Catalogue. Si cela produit quelque erreur, ce ne fera, je penfe , qu'à l'égard des Intermèdes, forte de Pièces dont le nombre ne fera pas fort conïid^mble. Quoi qu'il en foit, je marquerai ici , autant qu'il m'en: ac- tuellement poffible de le faire, les titres & les dates des Intermèdes, aufii-bien que des Mafcarades & des Opéras. ,, Le fept de Mai MDXX, Henri VIII. „ lit préparer une Mascarade , & ordon- „ na qu'on élevât un Théâtre dans fa „ grande Salle de Greemvisb... Le Roi, la „ Reine & les Seigneurs y vinrent à la „ repréfentation d'une bonne Comédie de „ Plante " C'eft un fait rapporté, fur la foi de Kollingshead , Hiilorien Anglois, par Mr. Riccoboni 3 à la page 155. de fes Rtfié- Avril, Mai et Juin. 1740. 77 Réflexions. Or û nous fçavions le détail de ce Divertiiïement, je ne doute pref- que pas que nous n'y trouvaflions , outre la Comédie de Plaute, quelque chofe qui reiïembleroit, ou aux Mafcarades d'Ita- lie qui étoient à la mode & admirées vers ce tems-là, ou aux Mafcarades An- gloifes que nous verrons qui eurent beau- coup de vogue dansla fuite , & qui doivent entrer dansce Catalogue. Mai comme, a- près tout, je n'ai jufqu'ici que des conjectu- res à propofer fur cette Mafcarade de MDXX , j'aime mieux m'arrêter à ce que je viens d'en dire , que de m'engager dans une Diiïertation qui me meneroit trop loin. Le Poëtical Regifler, Ouvrage en deux volumes in o&avo, dont le premier con- tient, ou du moins promet , les Vies des Poètes Dramatiques Angloi s , cite comme un Intermède , dans l'Article de Nicolas Breton, une Pièce de cet Auteur, intitulée La Leçon du Vieillard &c. en Anglois , The Old Marfs Leffon, and Toung Marfs Love. Et dans une Lifte de Pièces anonymes qui fert de fupplément à ce même Volu- me , le Paragraphe dixième de la Lettre I , nous offre ce titre : The Interlude of Toutb ; c'eft-à-dire , L'Intermède de la Jeunejfe. Mais tout ce que le Compilateur nous apprend touchant la date de ces deux Pièces, c'eft qu'elles font fort anciennes. Ou je fuis extrêmement trompé, ou ce- la 78 „ Bibliothèque Britannique, la fignifie au moins qu'elles font du feî- xième Siècle ; & il y en a quelques au- tres dont j'entrevois qu'on en peut dire autant, quoiqu'on n'en fçache pas l'an- née. Je les laifTe à part. Je ne veux mettre dans ce Catalogue que celles dont je pourrai indiquer le tems d'une manière un peu moins vague. Jean Heyzuood , Poète qui vivoit fous les régnes à Edouard VI , & de Marie I, a écrit diverfes Pièces qu'il appelle des In- termèdes, à ce que dit Gérard Langbai- ne dans fon Livre des Poètes Dramati- ques Anglois, imprimé à Oxford en mil iix-cens quatre-vingt-onze ; ou dont la plupart font des Intermèdes , s'il faut fe ré- gler fur ce qu'en dit Mr. G. J. c'eft-à- dire Giles Jacob , Auteur de la Compila- tion dont je parlois tout-à-Pheure , im- primée en mil fept-cens vingt-trois. Mais dans la Lifte qu'il donne de ces Pièces, je n'en vois que deux qui portent en titre le nom d'Intermède. Et pour ce qui eft du tems , je ne le trouve marqué qu'au titre de la dernière , daté de MDXXXIII , (bit dans Giles Jacob , foit dans Charles Gildon, qui pafle conftamment pour le principal Auteur des Vies &f Caractères des Pot- tes Dramatiques Anglois ; . Ouvrage que l'on peut regarder comme un Abré- gé critique ,& en môme tems comme une Continuation de celui de Langbaine-, Ou- vrage au relie qui paroit avoir été pu- blié Avril , Mai et Jum. 1740. 7^ blié en mil fix-cens quatre-vingt-dix-neuf ou environ, quoique l'année de la publi- cation n'y foit point marquée. Edouard Phillips , dans fon Theatrum Poetarum, affez mauvais ouvrage imprimé en mil fix-cens foixante-&-quiîîze, attribue à notre ancien Poète deux Comédies & quatre Intermèdes. Je pourrois commencer mon Catalogue par ces Pièces de 'Jean Heyivood .Mais com- me j'ai quelques raifons de douter fi elles font autre choie dans le fond que des Far" cesy}c ne m'y arrêterai pas. Le nom An- glois d' Interlude, que je rends par celui d1 Intermède, eft équivoque. Je me borne- rai , en fait d'Interludes , à ceux que i£ conçois qui peuvent être des Intermèdes dans le fens dont il s'agit ici : je veux dire dans un fens où la Mufique & la Mujique parlante foient intéreflees ( plus ou moins ) comme elles le font dans les Opéras. Le deflein de ce Catalogue eft pro- prement , de donner une idée générale de ce qu'on pourroit appeller, UHiftoirc de VAjfociation de la Mufique & de la Poé- fièjur le Théâtre Anglois; & je dois aver- tir le Le&eur , que par cette raifon je cotterai , outre les Opéras, Mafarades & Intermèdes , quelques-unes des Tragédies ou Comédies Angloifes qui me paroîtront remarquables par cette aifociation de la Muiique & de laPoélie, ainfi que je l'ex- pliquerai en tems & lieu. L'or- So Bibliothèque Britannique, L'ordre que je fuivrai, fera celui des années dans lefquelles, ou avant lefquel- îes , je croirai pouvoir déterminer que les diverfes Pièces en queflion ont été imprimées ou repréfentées. Toutes les années qui me fourniront la date de l'im- prefïïon ou de la repréfentation de quel- qu'une de ces Pièces , feront marquées félon leur ordre naturel en chiffres Ro- mains : & fous chacune de ces Années , dont les chiffres ferviront de titre aux Articles de ce Catalogue , on trouvera le titre de la Pièce ou des Pièces qui s'y rapportent, accompagné de quelques éclaircillemens hiftoriques, lorfque j'en aurai quelques-uns adonner, & que cela me femblera n'être pas inutile. Je commencerai par l'an MDLVI , & par une Tragédie. Mais j'avertis d'avance , que je ne donnerai que peu de chofe fur le feixième fiécle. Ce que j'en fçais actuel- lement n'eft ni affez certain, ni alTez clair , pour mériter que j'y arrête long-tems le Le&eur. Je n'en dirai qu'autant qu'il en faudra pour ne pas paffer trop brufque- ment des Pièces du feizième fiécle , dont j'ai parlé jufqu'ici , à celles du dix-fep- tième ; lefquelles après tout font notre principal objet dans ce Catalogue , & qui me font auflî un peu mieux connues que celles par où je vais débuter. MDLVI. Avril, Mai et Juin. 1740. 81 MDLVI. Tragédie, intitulée Jocaste: Tradui- te du Grec d'Euripide, & partagée en cinq A&es par George Gafccigne & par François Kinivehr.erfhe , tous deux Membres du Collège des Jurifconfultes connu fous le nom de Gray's Inn: Repréfentée dans ce même Collège, & imprimée in quar- to à Londres en 1556. C'eft-là au moins la date que je trouve dans Langbaine; ôc je m'en rapporte à lui, en attendant que j'apprenne ii Giles Jacob (qui fe pare fou- vent de fes plumes fans en avertir, qui copie jufqu'à fes fautes tout en faifant femblant d'être original , mais qui fçait aufïï fe rencontrer en contradiction avec lui fans dire pourquoi) a eu des raifons, & des raifons valables , pour marquer la date de cette Pièce, comme fi elle étoit de dix ans plus moderne. 11 eft vrai que l'un & l'autre marquent leurs dates en chiffres Arabes ; & ces chiffres font fujets à tant d'inconvéniens, que malgré leur commodité, & en certains cas leur né- ceflité, i'aimerois prefque mieux les voir bannis cle l'Imprimerie que de les y fouf- frir à ce prix. Mais quoi qu'il en foit de la date de Jocaste, ce qui m'engage à parler ici de cette Tragédie, c'eft ce qu'en dit Langbaine : „ Que chaque Adle Tome XV. Part. L F „ de 82 Bibliothèque Britannique, „ de la Pièce eft annoncé par un Jeu 99 de Pantomime (félon la mode des Tra- „ gédies de ce tems-là) & terminé par un ,, Choeur". Bach Aci of this Play is m- troduced by a Dumb Sbew (wbicb in thofe timcs v:as the mode in Tragédies) and conclu- ded by a C h o ru s. Il ne dit point que les paroles du Chœur fe chantafTent ; mais il me femble que cela doit naturel- lement fe fuppofer. M D L X V. Intermède, intitulé Darius, dont le fujet eft tiré du quatrième Cha- pitre d'Efdras. Pièce cottée par Giles Ja- cob, avec la date de cette année, dans fa Lifte des Pièces Anonymes : Lettre D. § i. De quelque nature que foit cette Pièce, je m'imagine qu'on ne fçauroit au moins la regarder comme un de ces Interludes qui peuvent pafTer fous le nom de Farce. MDLXVII. Intermède, dont le titre eft, Mary Magdalen, bar Life and Repmtance : C'eft-à-dire: La Vie & la Converfwn de Marie -Magdelaine. L'Auteur fe nommoit Louis Wager. Langbaine en parle comme d'un fçavant homme. MDiXXMI. Avril , Mai et Juin. 1740. 3$ M D L X X 1 1 1. Intermède, fans nom d'Auteur, intitulé La Nouvelle Mode: En Anglois, A new Custom. Langbaine obferve que cette Pièce, imprimée à Londres in-quar- to cette année, a été écrite en faveur de la Reformation contre le Papifme, qu'el- le a trois A&es , & qu elle eft toute en vers. Voyez Langbatne: Lifte des Pièces écrites par des Auteurs inconnus : Lettre N. Gildon & Jacob , parlant des Actes de cet- te Pièce, difent qu'elle n'en a que trois , comme û ces fortes de Pièces en avoienc ordinairement davantage. Je ne fçais ce qui en eft. MDLXXV. Tragi-Comédie avec des Choeurs entre les A&es , & un Prologue , par George Gafcoigne : Imprimée à Londres in- quarto, intitulée Glass of Govern- ment: ce qui fignitie , je penfe , Mi- roir ou Tableau d'un bon Gouvernement} car Langbaine donne à entendre que la Pièce étoit deftinée à faire l'éloge du gouvernement de la Reine Etifabetb. La Pièce au refte eft en profe : mais il dit que le Prologue & les Chœurs font tout e* vers. F 2 MDLXXX. "84 BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, MDLXXX. Mascarade, intitulée Pleasu- Re ûî Kenehvorth Caftle : C'eft-à-dire , Les Plaifirs au Château de Kenetwortb. Lqngbàitie en parle comme d'une Pièce qu'il trouve attribuée à George Gafcoigne , mais qu'il n'a point vue. Giles Jacob ajou- te au titre, tel qu'on vient de le lire, que c'eft une Pièce jouée devant la Reins pour fin Divertiffement. Mais ni l'un ni l'autre n'en donnent la date. Je ne la pla- ce Tous cette année que provifionelle- ment, & pour dire que je ne crois pas qu'elle ait été écrite plus tard. Cette année marque à -peu -près le milieu du règne dElifabetb: & mes deux Auteurs conviennent en ce qu'ils ne repréfentent George Gafcoigne que comme un Poète qui vivoit au commencement de ce régne. MDLXXXVII. Intermède, portant pour titre: Lire will to lire &c. par Vivien Fulirell: Pièce morale, imprimée à Lon- dres ; toute en vers , & en vers rimez , avec un Prologue en vers alternatifs. alternat e Ver fi. Les Anglois appellent àinfi les vers dont les rimes font mêlées. Ces vers -là font ordinairement de diffé- rente mefure, & font aufïï ceux qu'on employé le plus communément dans la Poéfie Lvrique. Le titre & le fujetde la Pié- Avril , Mai et Juin. 1740. 85 Pièce le trouvent au long dans Langbai- ne , Lettre F. Article de Fulwel. NB. J'avoue que je ne fçaurois décider, ni à regard de cet Intermède, ni à l'égard d'aucun des précèdent; qu'il s'agiffe d'un Diverti (Tement caraftérifé par l'alliance de la Mulique avec la Poélîe. Le Lec- teur, après cet aveu, ne peut me fçavoir mauvais gré de les avoir fait entrer en ligne de compte fur une fimple proba- bilité. C'eft toujours quelque chofe par rapport à VHiloire générale du Théâtre An- glois: & cela donnera peut-être occafion à quelque Ecrivain mieux inilruit, de nous fournir des éclairciffemens qui nous manquent. Quoi qu'il en foit, la Pièce citée de Fulwell eft le dernier Intermède dont je puifTe indiquer la date fous le feixième Siècle , & même fous le régne (ÏElifabeth. Il eft cependant à préjuger, que û l'on cherchoit bien , il ne feroit pas impoiïïble d'en trouver quelques au- tres, & tels qu'il nous lesfaudroit, dans les années fuivantes de ce régne. C'eft vers ce tems-là principalement, fi je ne me trompe, que les Intermèdes en Mufi- que étoient à la mode en Italie. Les Intermèdes font expreflément fpéciïîez dans le Privilège accordé par Jaques Pre- mier à une Troupe de Comédiens Tan MDCIII , qui, félon le nouveau ilile, eft la même année où mourut Elifahcth: Et Mr. Riccoboni, qui cite ce Privilège, en F 3 eoa- $6 Bibliothèque Britannique, conclut, que les Comédiens Anglois em- braffoient dès ce tems-là tous les genres éè Repréfentations théâtrales. Voyez fes Re~ fiéxions, p. 160, & 161. On peut remar- quer toutefois que les Mafcarades n'y font point fpécifiées : mais cela ne forme point une difficulté réelle. Les Mafcara- des (autant que j'en puis juger) n'étoient pas encore alors , & ne furent même que long-téms après , au moins fous le nom de Mafcarades , un Divertiffement pour les Théâtres publics. Ce nom ne s'eft appliqué d'abord qu'à des Pièces qui fe jouoient, ou à la Cour, ou dans les maifons des Seigneurs , pen- dant le Carnaval , & dans certains jours de réjouïffance, lorfqu'on célébroit avec éclat un mariage, ou lorfqu'à quelque autre occafion l'on donnoit une fête. Les Rois , les Princes , les Seigneurs , les Dames de la Cour , étoient Acieurs dans ces fortes de Pièces. Les Mafcarades, en un mot, me- paroiifent avoir été dans les commence- mens , ce que les François auroient ap- pelle des Ballets : Il me femble même que l'on en a repréfenté quelques-unes fous le nom de Ballets à la Cour de France. Et pour ce qui eft des Pièces produites fur des Théâtres publics en Angleterre fous le nom de Mafcarades, je ne vois rien en France à quoi l'on puifre mieux les com- parer qu'aux Ballets de l'Opéra; avec cet- te différence, à la vérité, que les Maf- caradîs Avril , Mai et Juin. 1740. 87 eerades ne font pas néceflairement , m même ordinairement , tout en Mufique : Mais elles ont en cela quelque chofe de commun avec l'Opéra même des An- glois, puifqu'ils ont eu des Opéras qui n'étoient qu'un mélange de Chant & de fimple Déclamation. Je ne prétens point , au refte, définir ici les choies bien préci- sément. Cela feroit un peu difficile. Le Lecteur en jugera parla fuite de ce Cata- logue , & formera des définitions comme il lui plaira, quand il aura parcouru la Lille que je vais lui donner d'un affez grand nombre de Pièces du iiécle palle. J'ajouterai néanmoins, avant que d'en venir -là, que fi j'avois pu découvrir fù- rement les dates des Ouvrages de Sbakef- pear, j'aurois vraifemblablement eu lieu d'en citer plufieurs du fiécle à la lin du- quel nous touchons , & vers la fin du- quel ce fameux Comédien avoit déjà ac- quis beaucoup de réputation. Au moins remarquerai- je, fans defcendre dans au- cun détail , que de quatorze Corr.édies de fa façon qui m'ont pafie par les mains , il n'y en a pas trois où il n'ait fait entrer quelques morceaux de Mufique Vocale; & qu'il en a ufé de mêftie dans quelques- unes de tes Tragédie s. Venons maintenant à la clôture du feixième fiécle, & paf- fons de -là au dix -feptième. F 4 MDC. 88 Bibliothèque Britannique» MDC. Comédie, ou comme l'Auteur, Ben Jobnfon, l'appelle, Satire Comique, inti- tulée, Les Divertijfemens de Diane: C Y N- thia's Revels &c. Jouée pour la première fois cette année par les Enfans de la Chapelle de la Reine &c. Je don- ne ici une place à cette Comédie, en confideration de plufieurs Airs dont elle efl parfemée. M D C I. Comédie, ou Satire Comique , par le même: intitulée te Poètereau; Poetaster &c. Repréfentée pour la première fois cette année par les Enfans de la Chapel- le de la Reine &c. Pièce mêlée , comme la précédente , de plufieurs morceaux qui fe chantent. M D C 1 1 1. Divertissement donné à la Rei- ne, Epoufe de Jaques Premier, à Althrope, chez le Lord Spencer, le Samedi vingt-cinq de Juin de cette année , fur fa route d'Ecof- fe en Angleterre &c. Entertainment in particular of the Queen and Prince &c. NB. Le nom Anglois d'Entertainment , que je traduis par celui de DivertifTement, défigne ici une forte de Pièces qu'on pourroit définir, ce me femble, de pe- tites Mafcarades , où il entre ordinaire- ment Avril , Mai et Juin. 1740. So ment quelques vers à chanter. Je dis ordinairement , parce que j'en ai vu une au moins ou il n'y a rien qui fe chante, la- quelle, parconfequent,n'apartient point à ce Catalogue. Celle dont je viens de rapporter le titre, & deux autres que j'ai vues du même Auteur, qui eft Ben Joknfcn , fe reflemblent en ce qu elles font termi- nées par un Air. Je ne mets point en li- gne de compte un Diverti [Tement de cette même année donné au Roi Jaques dans les rues de Londres, le jour de fon Cou- ronnement. Il ne s'agit ici que de Diver- ti ffem.ens Dramatiques : Il y en a qui ne font pas de ce genre, & celui-ci en particu- lier n'en eft pas. Langbaine cependant, & Giles Jacob après lui , le placent par- mi les ouvrages dramatiques de Ben Joh:~ fon. Mais Langbaine a la précaution d'avertir, qu'il n'en ufe ainfi qu'à l'ex- emple de quelques autres faifeurs de Catalogues , & il donne à entendre qu'en cela ils fe font trompez. Jacob la met au nombre de vingt Pièces qu'il appelle formellement des Pièces Drama- tiques, & fupprime la remarque nécef- faire de Langbaine \ mais en revanche il en fait une autre : il avoue avec une fçavante naïveté , qu'il ne fçait point le tems de l'exécution d'un DivertiiTement donné à Jaques Premier le jour de fon Couronnement. Au moins cet aveu eft- il implicitement renfermé dans l'Aver- F 5 nlfe- ço Bibliothèque Britannique, tiffement général qui fe lit au bas de la page 151. MDCIV. I. Divertissement de Ben John- fort, donné au Roi & à la Reine le ma- tin du premier jour de Mai , dans la maifon du Chevalier Guillaume Çornwal- Hs à High -gâte. Entertainment in privât e ofthe King and Queen &c. Jacob met cette Pièce en mil fbc - cens quator- ze. Je ne fçais pourquoi : mais il y a ap- parence que c'eft encore la faute des chiffres Arabes. I I. Mascarade Royale : en An- glois, Royal Masque at Hampton- Court. C'eft le titre de la Pièce. Elle eft imprimée à Londres in-quarto. Elle fut repréfentée à Hampton- Court le Diman- che au foir, huitième de Janvier de cet- te année, par la Reine & onze Dames d'honneur. Langp. Auteurs inconnus: Let- tre R. M D C V. L Comédie de Ben Johnfon , jouée pour la première fois cette année par les Serviteurs du Roi &c. intitulée Vulpone, ou le Renard : Vulpone, or the Fox: & dans laquelle il y a plufieurs Airs. II. Mascarade de la Reine, par Avril , Mai et Juin. 1740. 91 par le même, intitulée autrement, Mafcara- de de la Noirceur : Queen's Masque of Blacknefs : Repréfentée à la Cour à fiFbite- hall, le foir de la fête des Rois: & impri- mée avec une autre fous le titre com- mun de Mafcaradcs de la Renie. Giles Ja~ cob donne la date de MDCV, à la re- préfentation de l'une & de l'autre. Mais comme il ne dit pas pourquoi , je m'en rapporte , foit à Langbaim & à Gildon qui aflignent à ces deux Pièces deux dates différentes, foit à l'Edition que j'ai entre les mains des Œuvres de Ben John/v-n imprimées de fon vivant , & félon toutes les apparences fous fes yeux , à Londres par Guillaume Stansby , en mil fix-cens feize. Le titre.de la féconde Mafcarade en queftion viendra dans fon rang. MDCVII. I. Mascarade, intitulée , A P a r- liament of Bees : c. à d. Le Pari: des Abeilles. Langbaine en parle Ample- ment -comme d'une Pièce imprimée à Londres in 40. en mil fix-cens quarante, Cv ne dit point que ce foit une Mafcat 0. Mais Jacob, qui paroît avoir fçû des p cularitez ignorées de Le cle de Jean Day , Auteur de cette Pièce, la nomme expreflement une Mafcarade, & la date de l'an MDCVII. Leurs expo- fez diffèrent fans fe contredire. Confé- rez cependant ce que dit Giïdon. II; f$ Bibliothèque Britannique, II. Divertissement de Ben Jobnfon , donné au Roi & à la Reine dans îa maifon du Comte de Salisbv.ry à Théo- balds y le vingt- deux de Mai, jour que la Reine entra dans cette maifon pour en prendre pofTelîion. Entertain- ment of Ring James and Queen Anne at Tbeohaids &c. MDCVIII. I. Mascarade de la Reine, intitulée autrement , Mafcarade de la Beau- té : Que en' s MASQUE-ofBeauty: Repréfen- tée à White-ball\ç. foir du Dimanche après les Rois ; & l'une des deux Pièces qui ont le titre commun de Mafcarades de la Hei- ne. Voyez An. MDCV. Il n'y a dans la première que quatre Airs. Il y en a fept clans la féconde. II. Mascarade de Ben John/on, fous le titre Latin d'H ymenii &c. Outre les Airs de cette Mafcarade, qui font au nombre de cinq, il y a pour con- clullon un long Epithalame qui devoit être chanté tout entier, mais dont F Au- teur dit qu'on ne chanta que le commen- cement. Cette Pièce aureften'a point de date marquée. Mais comme dans l'Edi- tion de Ben Jobnfon 9 citée ci-deflus, & dans laquelle la plupart des Pièces font vifiblement rangées félon l'ordre chro- nologique, cette Mafcarade fe trouve pla- cée. Avril , Mai et Juin. 1740. 93. cée entre deux autres de MDCVIII; j'ai cru pouvoir la ranger de même en la mettant Tous cette année. III. Mascarade du même , repré- fentée à la Cour, le Mardi-gras, à l'oc- caflon du mariage du Lord Vicomte Ha- dington. Tout ce qui fe chante dans cet- te Pièce , mais qui fe chante à diverfes reprifes , feparées par des Danfes, c'efl un long Epithalame. Les Danfes (pour le dire en pafTant) femblent être auiïl effen- tielles pour le moins à la Mafcarade qu'à l'Opéra. Je ne fçais au refte pourquoi Jacob , Copifte prefque perpétuel de Langbaine & de Gildon , a prétendu ignorer la date de cette Mafcarade, à moins que ce ne foit parce que le métier même de Copifte demande une certaine habileté que tout Copifte n'a pas. Masque at tbe Lord Vifcount Hadingtorts marriage at Court , &c. MDCIX. Mascarade des Reines; en Anglois: Masque of Queens:Rç- préfentée à White-hall par la Reine avec fes Dames , le deux de Février. Ben John- fon , Auteur de la Pièce , fut aiîifté du célèbre Architecte Inigo Jones dans ce qui regardoit l'ordonnance du Spectacle. A propos de quoi il ne fera peut-être pas inutile de dire une fois pour toutes, que les 04 Bibliothèque Britannique , les Décorations & les Machines, ainfi que les Danfes & le Chant , femblent entrer néceflairement dans la Compofi- tion d'une Mafcarade parfaite. Le Chant au refte ne domine pas dans celle dont je viens de donner le titre ; mais il y entre toujours pour quelque chofe. Ce font trois Airs qui font la clôture de la Pièce. NB. Il fe trouve parmi les Mafcarades de Ben Johifon , entre cette dernière & celle qui a pour titre Oberon , une Pièce qui par cette feule raifon apparemment a pafTé plus d'une fois fous le nom de Maf- carade. Ce qu'il y a de certain , c'eft que ce nom ne fe lit point dans le titre par- ticulier de la Pièce ; & que , non ob- ftant l'autorité de Jacob, elle n'eft point du genre Dramatique. C'eft la descrip- tion d'une efpece de Carroufel ou d'une Courfe de Barrière , où l'ouvrage du Poè- te fe réduit à des Complimens en vers , que l'on pourroit comparer aux Vers de Ballet des François. Speechesûî Prin- ce "Henry* s Bottiers &c. M D C X. Mascarade de Ben Johnfon , inti-- tuiée Oberon &c. Oberon, tbe Fairy Prince , a Mafque cf Prince Henties &c. Les Airs répandus dans cette Mafcarade font au nombre de huit. ' NK Avril, Mai et Juin. 1740. 95 NB. Elle n'a point de date : mais par le rang qu'elle occupe parmi les autres, on peut conjecturer qu'elle eft de cette année ou environ. Le Prince Henri , pour qui elle fut faite, mourut en mil fix- cens douze. M D C X I. I. Tragédie avec des Choeurs entre les Actes , à la manière des Anciens ; intitulée Philo tas. NB. J'ignore la date précife de cette Pièce : mais elle exiftoit certainement cet- te année, & peut-être plufieurs années auparavant. Au moins Langbaine afïure-t- il qu'elle eft la première de la façon de Sa- muel Daniel : & parmi les autres il en met une dont il paroît avoir vu une Edition de MDCXI. II. Tragédie avec des Choeur s comme la précédente , & par le même, intitulée Cléopatre ; Imprimée à Londres pour la première fois cette an-* née, félon Langbaine , in-octavo; & rein:-» primée depuis avec des changemens con-» fiderables en mil fix-cens vingt -trois, in- quarto, avec les autres Pièces de l'Au- teur. III. Mascarade du même, dont je referve le titre pour Tan MDCXX1II. IV. Tragédie de Ben Jobnfon avec des Choeurs: intitulée Catilina* Ré- $6 Bibliothèque Britannique, Repréfentée cette année pour la premiè- re fois. M D C X 1 1 1. I. Mascarade, dont les deux Col- lèges ou Societez de Turifconfultes , de Middle- Temple & de Lincoln? s -Inn , ré- galèrent la Cour à JVbite-batt le quin- ze de Février de cette année, à la célé- bration des Noces de la Princefle Elifa* beth avec Frédéric Comte Palatin du Rhin. Masque of tbe two bonourable Houfes &c. La Pièce fut imprimée l'année fuivante, ou , félon le nouveau ftilc , la même année , fçavoir en M D C X I V , in 40. à Londres, avec un Hymne à l'Hymen &c. La Poéfie efb de George Chapman, ami de Ben John/on, & Auteur de divers autres ou- vrages dramatiques. Les Décorations & les Machines étoient de l'invention d'Inigo Jones. Langbaine infinue que cette Pièce ne vaut pas grand' chofe. NB. Gildon croit que cette Mafcarade & une autre qu'on trouve dans quelques Catalogues fous le titre de T e m p l e , font une feule & même Pièce. II Mascarade de MeJJleurs du Collè- ge de Grays Inn &de celui d'iN- ner-Temple , écrite par François Beaumont , & repréfentée dans le Palais de Wbite-ball, devant le Roi& la Reine, à la même occafion que la précédente. Je Avril , Mai et Juin. 1740. 97 Je ne vois point au refte laquelle des deux fut la première. Masque of Grays-Inn Gentelmen and àlNNER Temple, &c. Langbaine Art, de Flet- cher & Beaumont: p. 212, 213. III. M a s c a r'a d e des Fleurs : Pièce que je crois de cette année, mais dont je puis renvoyer le titre à l'an MDCXXXI. M D C X I V. NB. Je ne trouve aucune Pièce dont la date foit fûrement de cette année. Mais entre la Mafcarade de Ben Johnfon que j'ai mife en MDCX, & une autre qu'il Sate de M D C X V , j'en trouve quelques- unes fans date , qui vraisemblablement ont été écrites & repréfentées dans cet inter- valle. Les voici. I. Mascarade: U Amour délivré de V Ignorance £f de la Folie &c. Love freed from Ignorance, &c. Cette Pièce finit par une cinquantaine de vers dialoguez , que chantent entre eux le Prêtre des Mufes, les Grâces, & le Chœur. II. Mascarade, mêlée de profe & de vers, Pièce fort courte, dans laquel- le il y a quatre endroits qui fe chantent; intitulée , V Amour Rétabli. L 0 V e r e s- tor'd &c. NB. J'omets ici une Pièce qui a pour titre, Challenge at Tilt ; parce que je la crois faufTement nommée Mafcarade par Lang~ Tome XV. Part. L G haine 98 Bibliothèque Britannique, haine & par fes deux Copiftes. Elle eft tout en proSe, & ne porte point en ti- tre le nom de Mafcarade dans mon Edi- tion de Ben John/on , où ce nom ne pa- roit être donné proprement qu'à des Pièces où il y a des vers , & des vers chantez. III. Mascarade Irlandoisç, représentée à la Cour, &c. Irish Mas- que, &c. ProSe & vers : Deux Airs : Piè- ce très -courte. IV. Mascarade, intitulée, Mer- sure Vengé des Aicbymifies : Mercurie vindicated, &c. Profe & vers , & tous les vers chantez, au nombre de Soi- xante-huit. MDCXV. Mascarade, de Ben John/on : UA- ge dyOr renouvelle ;The golden Age «estor'd &c : Représentée à la Cour par les Seigneurs & Gentilshommes du Roi. MDCXVI. MascaradedeNoel, par le mê- me, représentée à la Cour. Christ- . m a s s his Masque. Langbaine. NB-. Ayant indiqué ci-defTus diverSes Pièces de Sbakefpear, dont quelques-unes apparemment doivent être cenlèes de ce fiécle/ il ne Sera pas mal -à- propos de re- Avril, Mai et Juin. 1740. 99 remarquer qu'elles font toutes antérieu- res à cette année, qui fut celle où il mou- rut à Stratford , lieu de fa naiiîance , le vingt-trois d'Avril , après y avoir même pafTé, dit -on, quelques années depuis qu'il avoit quitté le Théâtre. M D C X V 1 1. I. Mascarade, repréfen tée le vingt- deux de Février de cette année , par di- verfes Perfonnes de qualité, dans la mai- fon du Lord Haye , pour le DivertifTe- mentdeMr. Le Baron delà Tour , Ambafîa- deur Extraordinaire de France. G. Jacob met cette Pièce au nombre de celles dont il ignore la date. Mais il auroit dû voir dans Langbaine , Article de Ben John/on Auteur de la Pièce, qu'elle eft de l'an , du mois & du jour que j'ai dit. Lang- baine paroit en avoir pris le titre d'après une Edition in-folio de l'année même de la repréfentation. II. Mascarade du même, intitulée, Vifion de DéHces .-Vision of Delight: Rcpréfentée à la Cour dans les fêtes de Noël de cette année. Cette Pièce eft une de celles dont 'Jacob dit qu'il ignore la date. J'aurois dû au relie la placer au deiVus de la précédente. MDCXVIII. ioo Bibliothèque Britannique, M D C X V 1 1 1. Intermède, intitulé ,HansBeer- pot, &c. c. à. d. Jean Pot-à-Biere : com- pofé par Daiubridge- Court Beïcbier à U- trecht, & imprimé à Londres cette année. Le titre femble annoncer quelques Airs à boire pour le moins. Quoiqu'il enfoit, comme c'eil le premier Intermède que je rencontre dans ce Siècle, j'ai cru devoir l'indiquer. Langb. Art. de Beïcbier. p. 24. Notez cependant, que je ne trouve cette Pièce fous le nom d Intermède ou d'Interlu- de que dans Jacob. MDCXIX. I. Mascarade, de Thomas Middleton , exécutée le vingt-neuf Octobre de cet- te année , & imprimée à Londres in-quar- to , fous le titre de Triomphes de V Amour & de ï Antiquité : en Anglois , The T r 1 u m p h s ofLove and Antiquity , &c. NB. G. Jacob , d'après d'autres, fait de cette Pièce une Majcarade: mais j'a- voue que c'eft l'unique raifon que j'aye de la mettre ici comme telle. Jl faut, ou qu'il n'ait pas lu ce que dit Langbaine pour prouver que ce n'en eft point une; ou qu'il n'y ait fait nulle attention ; ou qu'il ait eu bien bonne opinion de fon auto- rité , pour s'imaginer qu'il lui fufnToit de négliger la Remarque de Langbaine , fans dire pourquoi. Langbaine étoit un fçavant nom- Avril , Mai et Juin. 1740. ioï homme ; & fon Ouvrage , quelque éloi- gné qu'il foit de la perfection , paroît avoir été compote" avec foin. Il méritoit bien l'honneur d'un mot de critique. Ce Gérard Langbaine ( pour le dire en paf- iant ) étoit fils du Gérard Langbaine qui eft connu par fes Notes fur Longin , & dont Boileau a parlé avec éloge. II. Mascarade, de Ben John/on , re- préfentée à la Cour en préfence du Pvoi Jaques y &c. Le titre lignifie, Le Plaiflr reconcilié avec ta Vertu : Pleasure r e- concil'd ôzc. M D C X X. I. Mascarade, de Thomas Middieion: Repréfcntée plufteurs fois , au contentement de plujteurs nobles Speâateurs , par les Servi- teurs du Prince : Imprimée a Londres, in- quarto, 1620. &c. Le titre, dans Long- haine , eft tel : Worldlos'tatTen- nis: & dans G. 'Jacob , The World toss'd at Tennis: De forte que c'eft, ou Le Momie perdu au jeu de Paume , ou Le Mcnde Ballote. Sçavoir quelle eft la véritable leçon, c'eft ce que j'ignore. II. MascaradecIu même, intitulée, Inner-ïemple M a s q u e , cr M a s- que ofHeroes: c. à. d. Mafcaradc du Collège d'Imicr- Temple, ou Mafcarade de Hé- ros, refr m des Meffteurs du dit an- #/'<*; i Û 1 '» Collège, pour le diverafj 102 Bibliothèque Britannique, de plusieurs Dames de diflinâion: Et cela en mil fix-cens quarante, û Ton en juge par le Livre de Jacob, mais vingt ans plus tôt, fi l'on s'en rapporte à Langbaine, qui ne donne l'an mil fix-cens quarante que pour l'année de l'impreiïion, & qui dit au moins, que la Pièce avoit été écrite vingt ans avant qu laquel- le fait partie de la quatrième Edition des Poéfîes de l'Auteur, donnée au Pu- blic cette même année ou la fuivante. L'Auteur eft Thomas Çarew : L'Architecte , înigo 'Jones, nommé dans le titre com- me l'un des Inventeurs : Le Muficien , Henri Laws, Gentilhomme de la Chapel- le du Roi, & l'un de ceux de laMufique particulière de Charles I. Je crois que cette Pièce eft une des plus remarqua- bles par les Décorations , les Machines & les Danfes. Mais la Muïique Vocale n'y vient que vers la lin , où il fe chan- te environ cent quatre - vingt vers. Le relie eft un mélange de vers dé- clamez & de profe. Momus y parle en profe d'un bout à l'autre. Le fujet de la Fable eft une Reformation du Ciel ou de la Cour de Jupiter , fur le modèle de celle no Bibliothèque Britannique, celle du Rc: d'Angleterre. De-làle titre de ÇJum Britannicum. Il paroit au reile par Oxonienfes de Wood , que cette Halcarade a été attribuée au Chevalier Gu ittaume d? Avenant. Cette Pièce fe trouve auiïï attribuée au Chevalier Guillaume d'Avenant dans le Re- cueil de fes Oeuvres, imprimé après la mort en mil fix-cens foixante-&- treize. Peut-être y avoit-il eu part: Mais cela n'empêche pas qu'elle ne foit de Toomas Careiv. Le Recueil des Oeuvres de d'A- venant n'a pas été fait avec foin. L'Edi- teur lui donne une Pièce qui n'efl pas de lui , & en omet d'autres dont il de- voit lui faire honneur. L'Edition n'eft ni exacte ni complette. VI. Mascarade, de Jaques Shirîey, imprimée à Londres in-quarto cette an- née, fous le titre de Contention for Honour and Riches. NB. Jacob, d'après Gitdon , donne à cette Pièce le nom de Mafcarade. Je dou- te cependant que c'en foit une, vu ce que dit Langbaine p. 478. Art. de Jaques SLnrlcy. MDCXXXIV. I. Mascarade, du célèbre Milton , repréfentée au Château de Ludloiv , le foir de Noël en préfénee du Comte de Bridgivater, &c : Imprimée à Londres in- quar- Avril, Maî et Juin. 1740. 11* quarto en mil fix-cens trente -fept, ôc dédiée au Vicomte de Brakley > fils du Comte de Bridgwater , par l'Editeur Heiv* ri Laivs. C'eit la même Pièce qu'on ap- pelle communément la Mafcarade de Co~ mus, parce que Cornus en eft dans un fens le principal Perfonnage. J'ai eu oc- canon d'en dire un mot ailleurs •: &je la défignai alors fous le titre de M a s- queJi' Cornus, employant le terme de Ma/que au lieu de celui de Mafcarade, que je crois à préfentqui convient mieux, fauf les égards que je dois à l'autorité de l'habile homme qui a traduit en François le Paradis Perdu, que je rencontre avec un titre particu- lier qui en indique le fujet, à la façon des Mafcarades & autres Pièces Dramatiques. Le titre de celle-ci efl, La Bien- venue de r Amour ; en Anglois, Love's W e l- COME. M D C X X X V. Mascarade, par le Chevalier GuiU fouine cf Avenant , intitulée Les Triomphes du Prince d'Amour :TheTriumphs of the Prince d'Amour, &c : Repréfen- tée le vingt -quatre de Février de cette année ; & imprimée in 40. l'année même de la repréfentation : La Mufique Vocale & les Symphonies par Henri Laws & Guil- laume Laws. MDCXXXVI. Mascarade, intitulée DivertiJJement du Roi & de la Reine après leur départ d'Ox- ford , &c. The King and Que en s Entertainment at Richmond . . . in a Masque, &c. Pièce fans date dans Jacob; mais re- préfentée , félon Langbaine & Gildon, le douze de Septembre 1636, & imprimée in-quarto à Londres la même année. Cet- te Mafcarade fut faite principalement pour donner à la Reine le plaifir d'y voir danfer fon fils le Prince Chartes , qui n'avoit gueres alors que fix ans. On ne nom- Avril , Mai et Juin. 1740. 113 nomme point l'Auteur de la Pièce ; mais on nomme Simon Hopper & Charles Hop- par : le premier comme Inventeur des Danfes, le fécond comme Compofiteur de la Mufique. MDCXXXVII. I. Mascarade, du Chevalier G, $ Avenant , fous le titre Latin de B r 1- tannia Triumphans : compofée avec Fafliftance d'Inigo Jones: Repréfen- tée à White-hall le foir des Rois de cette année, qui e/l aufïi celle de l'Edition ori- ginale, à Londres , in 40. Cette Pièce n'eft point dans Langbaine. II. Mascarade, de Thomas Nab~ bes , intitulée , Microcosmus: Re- préfentée avec fuccès fur le Théâtre de Salisbury - Court : & imprimée à Londres in-quarto, cette année. Langb. Art de Nabbes. NÉ. Cette Mafcarade eft la pre- mière, à ce qu'il paroit, qui ait été exé- cutée fur un Théâtre public. Voyez ce- pendant ci-defTous, An. MDCLVII. II I. Mascarade , fans nom d'Au- teur, intitulée, La Féie de la Lumière: Luminalia, or The Feftival of Light : Repréfentée par la Reine avec fes Da- mes , le foir du Mard;-gras de 1637 > fé- lon Langbaine: & imprimée à Londres in- quarto , cette même année. Inigo Jones a eu part à l'invention de cette Pièce. MDCXXXVIIL Tofnt XV. Part. I H ' H4 Bibliothèque Britannique, MDCXXXVIII. J. Mascarade, de Thomas Nabbes : Spring's Glory &c: c. à. d. La Gloire du Printcms, &c. Imprimée à Londres avec d'autres Poéfies de l'Auteur, in 40., cette année. NB. Je trouve les titres de deux autres Pièces du même qui devroient peut-être entrer dans ce Catalogue. Voyez Lang- baine , Gildon & Jacob. La première, join- te à la précédente , & défignée fous le nom d'Intermède dans quelques Catalogues , porte pour titre, A Présentation as intended for Prince Charles 9s Birth-Day : La féconde eft un Divertijfement pour la même occafion, ou pour une occafion femblable : Entertainment on ihs Prince Chartes 9s Birth-Day. Langbaine avoit mis le titre de la première dans le Cata- logue de Pièces de Théâtre, publié avant fon Livre des Poètes Dramatiques Anglois, & il l'a omis enfuite dans ce Livre. Gil- don s'en étonne : Mais peut-être Lang- baine a-t-il cru que les deux Pièces en queflion n'étoient au fond qu'une feule <&même Pièce; & peut-être ne s'eft-il pas trompe. IL Mascarade , du Chevalier G. cP Avenant, intitulée, Le Temple de V Amour: The Temple ofLove: Repréfen- iée par la Reine avec fes Dames , &c , à Avril, Mai et Juin. 1740. 115 Habite -bail: & l'une des plus magnifiques que l'on eût vues en Angleterre. NB. Je ne fuis pas bien afluréfi elle eft de cette année: mais fVbod, qui range les Pièces de d'Avenant félon l'ordre Chronologique, place celle-ci, quoique fans en marquer la date, entre deux au- tres, dont l'une eft de MDCXXXVII, & l'autre de MDCXXXIX. Voyez Wood , Atben. Oxon. Vol. II. col. m. 204. J'ai entre les mains les Oeuvres du Chevalier, imprimées après fa mort, en un volume in-folio, l'an mil fix-cens foi- xante-&- treize. Mais l'Editeur paroît n'avoir pas même fçu qu'il y a des Lec- teurs qui fouhaitent de fçavoîr le tems des Ouvrages qu'ils lifent. Je trouve au refte dans cette Mafcarade environ cent-cin- quante vers à chanter , répandus çà & là : & il n'y en a gueres moins dans les Triomphes du Prince d'Amour , autre Maf- carade du même , citée fous l'an mil fix- cens trente -cinq. MDCXXXIX. I. Mascarade, repréfentée le foir des Rois de cette année , à Brethie en Derby fbire, Sec. Voyez Langbaine , Article du Chevalier Ajlon Cokain , Auteur de cette Pièce. II. Mascarade, intitulée Salma- Cida Spolia: Repréfentée le vingt- H 2 &- n6 Bibliothèque Britannique, &-un de Janvier à White-hall, parle Roi & la Reine : & imprimée la même année k Londres, in 4P. Les Paroles par le Chevalier G. à' Avenant : La Mufi- que par Low/'j Richard, Maître de la Mu- fique de la Reine: L'Invention, les Dé- corations, les Machines, par Inigo Jones. Voyez Langbaine , Gildon & Jacob, qui s'accordent tous trois (je ne fçais pas trop par quelle raifon ) à ne mettre cette Piè- ce que dans leurs Liftes des Auteurs Anonymes ou inconnus. M D C X L. Mascarade, imprimée à Londres in 40. cette année, fous le titre;François de Masquerade du Ciel. Voyez Langbaine & Gildon, Lifte des Auteurs jup- pofez: c'eft- à-dire des Auteurs qui ne font défignez que par des lettres initiales. Celles du nom de l'Auteur de cette Maf- carade font J. S. MDCXLVI. Mascarade, intitulée , Le Triomphe de la Beauté: Triumph of Beauty, &c: Repréfentée en particulier (je ne fçais quand) par quelques jeunes Gentils- hommes : mais imprimée in 8°. cette an- née , à Londres, avec les Poéfies diverfes de l'Auteur, qui eft Jaques Shirlcy. Voyez Langbaine. MDCXLVII. Avril , Mai et Juin. 1740. 117 MDCXLVIL I. I n ter m ede, imprimé in 40, cet- te année , félon Langbaine & les aurres. : Ecrit par quelque Royaliile, qui a pris le nom de Mcrcurius Pragmaticus ; & inti- tulé, The Levellers levelled, or The Indépendants Confpiracy to root ont Mo* y y comme qui cliroit: Les Niveleurs ''Z: ou Conspiration des Inde pendans pour extirper la Monarchie. Le nom de Nive- le donnoit vers le tems dont il s'agit, à ces Indépendans qui vouloient en quel- que forte mettre tout au même niveau dans le Royaume. NB. Langbaine & fes Copifles difent , que cette Pièce eft dédiée à Charles IL Il faut , ou qu'ils ayent dit Charles IL par anticipation , ou qu'ils ayent mal marqué la date de la Pièce. II. Mascarade , fous le titre La- tin de Deorum Dona, par Robert Baron. Langbaine remarque que cette Piè- ce , & une autre du même Auteur , n'ont jamais été données au Public qu'avec un Roman dont elles font partie, imprimé à Londres in 8°. cette année, intitulé, The Cyprian Academy. L'autre Pièce que je viens d'indiquer eft une Pastorale: efpece de Poème où l'on peut affez na- turellement fuppofer quelque alliance de la Mufique avec la Poéfie , & qui par H 3 cette n8 Bibliothèque Britannique, cette raifon devroit peut-être entrer ici en ligne de compte. MDCXLIX. Pastorale, intitulée , Le Paradis des Bergers: The Shepherds Paradi- c e : Imprimée in 8°. cette année : & compofée par Gaultier Mont aigu , ou Montagne. NB. Langbaine dit, que cette Pièce fut jouée en préfence du Roi Charles 7, avant la Guerre Civile : & il ajoute au relie, qu'il ne la critiquera pas, parce que cer- tains vers imprimez à la louange de la Pièce l'ont averti, qu'il fallait l'entendre avant que d'en dire du mal. MDCLÏ. Intermède , ayant pour titre : The Jovial C r e w , or The Devit turn'd Ranter: C'eft-à-dire : La Blinde joyeufe , au le Diable extravagant : Impri- mé in 4°. cette année , félon Gikhn > Lettre J. des Auteurs inconnus. MDCLVI. I. Intermède, d'Acteon & Dia- ne, par Robert Cox: Imprimé pour la Je- eonde fois cette année in 4J. avec d'au- tres petites Pièces du même. Voyez Gil- don: Avril, Mai et Juin. 1740. 119 dott: Car pour Langjbaine, il ne diftingue point cette Pièce des autres : Il les ap- pelle toutes en général des Farces, NB. Les Théâtres furent fupprimez fous Cromwet. Mais Langbaine nous apprend, que cette fainte rigueur n'empêchoit pas qu'on ne fouffrît les Danceurs de cor- de , & qu'on ne leur permit de jouer à la dérobée les Farces dont ils ont coutume de régaler leurs Spe&ateurs. Ce fut à la faveur de cette connivence que Cox , excellent Comédien , trouva le moy^n de s'occuper, & de divertir le Public par les petites Pièces que je viens d'indiquer. Je ne fçais li le Chant entroit pour quel- que chofe dans celle cVAâéon £f Diane: Mais je fuis fort trompé s'il n'y en avoit au moins dans une autre , dont le titre Anglois , Singing Simkin, fignifie , à ce que je crois, Simonct le Chanteur. Je me fouviens au refte d'avoir vu quelque Pièce moderne fous le nom de Farce , qui étoit entrelardée de plufieurs Chan- fons. II. Divertissement du premier jour à r Hôtel de Rutland dans la Cour de- la Chartreufc; confiftant en Déclamations & 'lijlque [tant inftrumentale que vocr- le ] à la manière des Anciens, T hk fi r s t D a y e s Entertainment et Rut- land Houfe in Çbarter- Houfe Tard, by Dc- clanations and Mufic , after the majiner of tbe AntktUs. Les Paroles, foit proie ou H 4 ver$, 120 Bibliothèque Britannique, vers, parle Chevalier G. d'Avenant: La Mufique, par le Docteur Charles Coleman, le Capitaine Henri Cook , le Sr. Henri Laves , & le Sr. George Hudfon. , NB. Il ne fera pas mal- à -propos de traduire ici un pafïage de Wood. Après avoir parlé de ce qui étoit arrivé au Che- valier G. d'Avenant en mil fix-cens cin- quante -& -un, ,, Dans ce tems-là [dit- „ il ] les Tragédies ■& les Comédies étant ,, défendues, le Chevalier trouva moyen 99 d'établir un Opéra Italien , qui s'exécu- „ teroit par un mélange de Déclamations 99 & de Mupque ". Et un peu plus bas : 99 Cet Opéra Italien commença à YHôtel 99 de Rutland, dans la Cour de la Chartreufe , 99 d'où il fut enfuite tranfporté au Coch- 99 pit dans Drury - Lane : Et ce Speclacle , „ qui charmoit les yeux & les oreilles, 9> eut la foule pendant plufieurs années, „ Ainfi d'Avenant, par ce Drame en Mu- „ fique [by this Mufical Drama] jetta les 99 fondemens du Théâtre Anglois : Et „ après la Reftauration il le refTufcita, „ l'embellitpar des Décorations, & établit 99 une nouvelle Troupe d'Adeurs fous la 99 proteciion de Jaques Duc d'Tork ". Voyez Athen. Oxon. Vol. II. col. m. 293. Comme je ne trouve en Angleterre, dans ce tems-là , aucune trace d'un Opéra Italien , à prendre ces termes dans le fens qu'on y attache aujourd'hui, il y a toute apparence 3 félon moi, que cet Opé- ra Avril , Mai et Juin. 1740. 12P ra Italien, compofé de Déclamations & de Mufique, lequel commença à Y Hô- tel de Rutfand dans la Cour de la Cbar- treufe, n'eft autre ehofe au fond qu'u- ne efpece d'Opéra Anglois, lequel com- mença dans ce même Hôtel par ce DivertifTement mêlé de Déclamations & de Mufique dont je viens de don- ner le titre , ce qui n'aura été in- titulé Divertijfemeni du premier jour, que parce qu'il fit l'ouverture du nouveau Spettacle appelle par Wood un Opéra Ita- lien. Sçavoir pourquoi il eft ainfi appelle, c'ert une queftion à part, & qui ne me paroît pas infoluble. Il avoit vraifembla- blement été défigné fous ce nom dès le tems de fon origine. Or tout ce qui pou- voit dans ce tems-là porter le nom d'O- péra, pouvoit bien auflî fe nommer Opé- ra Italien , vu qu'il n'y avoit alors d'au- tre Opéra connu que celui d'Italie. Refte feulement à fçavoir, û le nom d'O- péra pouvoit convenir au nouveau Spec- tacle de d'Avenant. La convenance n'é- toit pas parfaite ; mais elle étoit fufnTan- te. On en jugera par la fuite: fans com- pter que d'Avenant lui-même, quoiqu'il n'ait fait imprimer fous le nom d'Opéra aucune des Pièces repréfentées fur le nou- veau Théâtre dont il s'agit, pouvoit a- voir eu intérêt à les annoncer ou à les faire parfer en général fous ce nom, afin qu'on ne les confondit pas avec celles qui étoient proferites fous celui de Tra- it 5 gé- 122 Bibliothèque Brttanniquf. gédies ou de Comédies. Le Bayle Anglois de MefT". Bernard, Birch, & Lockman, a un Article de G. d'A venant, où il eft parlé du prétendu Opéra Italien, &oùil eft dit qu'il commença le vingt -trois de Mai M D CL VI. Cette date coincide afTez bien avec celle que je trouve indi- re&ement afïignée à l'Opéra Italien de nom, mais réellement Anglais, dont j'ai infmué que l'ouverture fe fit par la Piè- ce intitulée , Divertijjement du premier jour à V Hôtel de Rut l and. Il eft vrai que JVood indique une Edition de ce Divertiifement datée de M D C L V 1 1 : Mais Toit qu'elle ait été ainfi datée par anticipation , ce qui n'eft pas fans exemple, foit que PVood en connût une plus ancienne; il a eu foin d'ajouter, que la Pièce fut publiée en Septembre MDCLVI, nonobflant la déli- catejje de ce tems-là. On conçoit facile- ment, que par refpecl pour cette délica- telîe, &par quelques autres raifons peut- être, d'Avenant pouvoit avoir mis un intervalle de trois mois entre la premiè- re repréfentation vers la fin de Mai, & la publication dans le cours de Septembre. J'avoue au refte, que ce Diverti ffement du premier jour étoit moins un Opéra propre- ment ainfi nommé, qu'une Pièce deftinée à fervir d'introdudion ou de prépara- tion à d'autres Pièces qui dévoient fui- vre, &méritermieux qu'elle d'être com- parées ou confondues avec les Drames Italiens auxquels ce nom eil confacré. On Avril , Mai et Juin. 1740. 123 On peut dire toutefois que ce Divertif- fement, par le mélange de Déclamations & de Mulique dont il eft compofé, avoit au moins beaucoup de rapport avec cette ef- pece d'Opéra que les Italiens appellent Oratorio. Voici en deux mots ce que c'eft. Apres un Prélude fuivi d'un Prologue en vers , mais non en Mufique , le Rideau fe baifle ; & l'Audience eft régalée d'un Concert , jufques à ce que le rideau étant rélevé, on voit fur le Théâtre deux Hommes aiïis dans des Chaires dorées, l'un repréfentant Diogène le Cynique , & l'autre Ariftopkane. Le premier pronon- ce un Difcours en profe contre les Spec- tacles ou contre les Repréfentations Dra- matiques. 11 eftcenfé haranguer le Peuple d'Athènes : Et fon harangue finie , les In- ftrumens jouent de nouveau. Le fécond parle à fon tour, & cela en faveur des mêmes Repréfentations. Là -defTus vient un Perfonnage qui chante des vers, dont il y en a quelques-uns qui font chantez auiïï par le Chœur. C'eft -là comme qui diroit le premier Acte de la Pièce. Elle n'en a que deux, & ils font tous deux fur le même plan. C'eft d'abord un Con- cert d'inftrumens. Le Rideau, qui étoit tombe, fe relevé: L'on apperçoit deux nouveaux Orateurs: L'un repréfente un Parifeen; il étale les avantages de Paris fur Londres: L'autre eft un Anglois , qui établit la prééminence de Londres fur Pa- ris. 124 Bibliothèque Britannique, ris. Entre leurs deux Oraifons ou Dé- clamations (pour me fervir du terme de l'Auteur) il y a, comme entre celles du premier A&e , un intervalle rempli par un Concert de Mufique inftrumentale : Et le dernier Adbe , comme le premier , finit par des Vers qui fe chantent. Après quoi vient un Epilogue qui fe prononce, & pour conclufion une efpece de Fan- fare ou de Marche, ou de Prélude, û l'en peut dire Prélude en parlant d'une conclufion. Les Muficiens en ufent ain- li , & leur exemple fait autorité en ces fortes de chofes. Le terme Angloiseft, A Fiourifli. Quoi qu'il en foit , voilà en gros Fordonnance de ce DivertiJJement du premier jour. J'indiquerai en tems & lieu quelques-unes des Pièces dont ce- DivertiiTement ne femble avoir été qu'u- ne efpece d'annonce & d'échantillon. M D C L V 1 1. Mascarade, repréfentée plufieurs foi? ^bus le règne de Charles premier , au Théâtre du Cock-pit dans Drury-Lane : mais imprimée feulement cette année , & après la mort de l'Auteur ou des Auteurs, s'il en faut croire ce que dit Langbaine dans les Articles de Jean Ford & Thomas Dec- ker ou Deckar, Poètes aifociez dans la compofition de cette Pièce. Elle a pour titre , The Sun's Darling, &c. c'eft- Avril , Mai et Juin. 1740. 125 cfeft-à-dire, fi j'en juge bien, Les A- mours du Soleil, NB. Tout ce que je fuis en état de di- re touchant la date de la repréfentation de cette Mafcarade , ç'eft que j'entrevois qu'elle pourroit bien être auflî ancienne pour le moins que la Mafcarade de Tho- mas Nabbs ou Nabbes, qui fut repréfentée en mil fix- cens trente- fept. Quoi qu'il enfoit, voilà les deux plus anciennes de ma connohTance qui ayent été mifes fur un Théâtre public. M D C L V 1 1 1. Intermède, félon Langbciine , ou Mascarade, félon Giïdon : Pièce im- primée in 8°. cette année, fous le titre de Difpute d'Ajax £f d'Ulyffe pour les Ar- mes d'Achille: The Contention of Ajax and Ulyjfes, &c ; Repréfentée en par- ticulier par quelques jeunes Gentilshom- mes , & compofée par Jaques Shirley. M D C L I X. I. Divertissement, fclon Langbaine* ou Mascarade, félon Gildon: Pièce imprimée, félon l'un & l'autre, in 40. cette année, & félon Jacob , l'année précé- dente: Intitulée, Cupidontkla Mort: Cu- pid and Death: Repréfentée en parti- culier, mais ave: des Décorations & de la Mujt- 126 Bibliothèque Brittannique, Mujique vocale &f inflrumcntale , dit Lang- bainc , dans l'Article de Jaques Sbirley , Auteur de la Pièce. NB. Je trouve dans Jacob (Article de Thomas Betterton) que le Libraire EJpodes , qui avoit eu certaines liaifons avec une Troupe de Comédiens du feu Roi, ob- tint cette année un privilège pour éta- blir au Cock-pit dans Drury-Lane , une nouvelle Troupe, à la tète de laquelle -il mit Betterton, qui étoit, ou avoit été chez lui en apprentiflage , & qui devint bientôt un des plus fameux Comédiens qu'il y ait eu en Angleterre. Jacob a tiré cela , fans en dire mot , de la Vie de Betterton, imprimée à Londres in- oct.a- vo en mil fept- cens dix: Ouvrage attri- bué à ce même Charles Gildon que j'ai ci- té plus d'une fois. Je n'ai pas le Livre : mais je le trouve cité fur le fait en queftion dans le Bayle Anglois: Article Betterton, Note [B]. On a vu fous l'an MDCLVI, ce que dit JVood, que l'Opéra établi d'abord par d'Avenant à T Hôtel de Rutland , fut transféré enfuite au Cock-pit dans Drury-Lane. Il faut, fi cela eil vrai, que la Troupe du Cheva- lier d'Avenant & celle du Libraire Rho- des fe foient afïbciées, avant que le Che- valier obtînt en MDCLXII (comme on le verra dans la fuite) les Patentes en vertu defquelles il établit le Théâtre ée la Maifonde Lincoln' 's -Inn-Fields. Ja- ceb Avril , Mai et Juin. 174c. 127 cob en parle cependant comme û d'Ave- nant n'avoit pris dans fa Troupe les Ac- teurs de celle Rhodes, qu'après avoir ob- tenu ces mêmes Patentes. j'ignore il c'elt Jacob ou Wood qui fe trompe : mais le préjuge n'eii pas en faveur de Jacob. II Avant que de pafler de la dernière année de l'Interrègne à celle de la Reflauration , il feroit à propos de donner les titres de quelques-unes des Pièces annoncées par le Divertijjement du premier jour à VHotel de Rutland : Mais comme je n'ai pu découvrir les dates des Editions originales, & que je ne fuis pas même bien afïuré fi je connois les titres de ces Editions, il me convient mieux de remettre cela aux années fuivantes. J'en parlerai fous les années M D C L X 1 1 , & MDCLXXIII. M D C L X. Mascarade Sacrée, portant pour ti- tre : La Joye des Sujets , ou le RétabhJJement du Roi, ifc. The Subjects Joy, or The King's Reflauration , checrfully made Known masACRED Masque, &c. Imprimée in 40. à Londres , & dédiée au Général Monck. NB. Gildon (Lettre S des Auteurs in- connus) dit que cette Pièce a été omife par Langbaint. Mais je foupçonne fort qu'il 128 Bibliothèque Britannique, qu'il fe trompe; & que cette Pièce eft la même dans le fond que Langbaine a indiquée fous le titre de Divine Mas- que, dans fes auteurs inconnus, Article dernier de la Lettre D. (La Suite une autre fois.) ARTICLE III. The Works of Francis Bacon, Baron of Verulam , Vifcount St. Al- ban , Lord High - Chancellor of En- gland: In four Volumes: with feve- ral additional Pièces never before printcd in any Edition of his Works. To which is prefixed a new Life of theAuthor,byMr.MALLET. C'eft-à- dire: Les Oeuvres de François Ba- con, Baron de Verulam , Vicomte de St. Alban , Grand - Chancelier d'Angle- terre ; en quatre Volumes in Folio : dans Je/quels on a inféré plujieurs Pièces qui ri avaient jamais été imprimées dans au- cune Edition de fes Oeuvres. Le tout précédé d'une nouvelle Vie de ï Auteur > compq/ée par Mr. Mallet. A Lon- dres, chez A. Millar, vis à vis FE- glife de S. Clément. 1740. o N nous apprend dans un court A^ vertifTementqui eft à la tête de cet- te Avril , Mat et Juin. 1740. 123 te Edition , qu'elle contient toutes les Pièces du Chancelier Bacon qui ont déjà paru, mais dont plufieurs n'avoient pas été inférées dans les Editions précéden- tes. On a aufli imprimé dans celle-ci diverfes Lettres qui n'étoient pas dans la dernière Edition , & dont quelques- unes même n'avoient jamais été publiées. Ces Pièces qu'on a ajoutées à cette Edition, & plufieurs des Traitez qui re- gardent le Droit civil , ont été imprimez fur les Manufcrits de F Auteur, que le Comte d'Oxford a eu la bonté de "com- muniquer , & qui ont été collationnez avec foin par le fçavant Mr. T. Birch. Les Traitez de Droit, qui dans toutes les Editions précédentes avoient été im- primez fi peu correctement qu'ils étoient prefque inintelligibles en plufieurs en- droits, ont été revus par un Sçavant de cette profeflion : & les changemens qu'il y a faits font fondez fur l'autorité des Manufcrits , ou tels que le fens ledeman- doit nécefiairement. On a trouve à propos de changer ton- te la difpofition du quatrième Tome, & les Lettres qui en font la clôture , font rangées dans l'ordre Chronologique. Les Ouvrages du Chancelier Bacon é- tant afiez connus, nous nous contente- rons de rendre compte de la nouvelle Vie de ce grand Homme, qu'on a mife à la tète de cette Edition. On nous af- Tome XV. Part. I. I furc ijo Bibliothèque Britannique, fure qu'elle ne contient rien qui ne foie fondé fur de bonnes preuves. François Bacon étoit le fils de Nicole s Bacon, Chevalier , le premier Gar- de des Sceaux qui ait joui' de tous les honneurs & de tout le pouvoir d'un Grand -Chancelier. Il apofledé cet Em- ploi près de vingt ans fous la Reine Elizabeth: il avoit beaucoup de fçavoir> de prudence & de vertu. Il fervit fa Patrie en homme intègre, & durant tout le cours de fa profperité il conferva toujours cette modération & ces maniè- res limples qui font tant d'honneur à ceux qui font élevez aux plus hautes digmtez. Sa féconde Femme, de laquel- le eft né notre François Bacon , étoit fille du Chevalier Antoine Cooke, qui avoit été Pré- cepteur d'Edouard VI. ; les Hiftoriens parlent avec éloge de fon fçavoir. Sa fil- le aufli entendoit le Latin; car le jéfuite Parfons lui reproche comme un crime, d'avoir traduit du Latin en Anglois l'Apo- logie de l'Eglife Anglicane , compofée par VEvêque Jewel. François Bacon naquit à Londres le 22. de Janvier 1561. dans un fiécle où les Arts & les Sciences étoient eftimez & cultivez par les Grands, autant, dit l'Au- teur , qu'ils font maintenant méprifez & négligez ; & il vint au monde avec tou- tes les difpofitions néceflaires pour faire de grands progrès dans les connoiffances uti- Avril, Mai et Juin. Ï740. iji utiles. Il avoit un génie fupérieur, for- mé, non pour recevoir implicitement les penfées & les notions de ceux qui étoient venus avant lui, mais pour préfcrire lui- même des Loix dans l'Empire des Let- tres, tant pour fon fiécle, que pour les âges les plus reculez. Il donna de bon ne -heure des preuves de fon efprit. La Reine EHzabeth fe plai- foit fort à lui faire des queftions, & el- le etoitn fatisfaite dubon-fens quirégnoit dans fes réponfes, qu'elle avoit coutu- me de Tappeller fon jeune Chancelier. Son Père l'envoya étudiera Cambridge fous le Dr. Wbitgift , qui fut enfuite Ar- chevêque de Cantorbery, & il fut imma- triculé au Collège de la Trinité à l'âge de douze ans. Avant l'âge de quinze il avoit déjà fait fon Cours de Philofophie , félon qu'on l'enfeignoit alors ; mais ce qu'il y a de plus-furprenant, c'eft qu'il apperçut dès lors le peu de folidité de cette Philofophie. Il comprit que, pour arriver à quelques connoiûances utiles, il falloit bâtir fur d'autres fondemens, & employer d'autres matériaux que ceux dont on s'était fervi depuis pluiieurs fiécles. Son génie , foutenu d'un difeer- nement exquis, fut fon feul précepteur: car l'autorité d'Ariftote étoit encore re- connue pour infaillible dans les Ecoles en matière de Raifonnement, comme celle du Pape* Tétoit prefque par -tout dans I 2 l'Egli- 132 Bibliothèque Britannique, TEglife en matière de Religion. On peu? à jufte titre nommer Bacon le Réformateur de la Philofcphie. Il avoit à combattre les préjugez, la lecture immenfe & inutile, & même la vanité de gens qui avoient vieilli dans des opinions contraires à cel- les qu'il vouloit établir: cependant' il vé- cut allez pour être témoin d'ure révolu- tion confiderable dans la Philofophie ; & le fiécle fuivant lit entrer les Sçavans de toutes les Nations dans fon parti. Dès l'âge de feize ans fon Père l'en- voya voyager. Mr. Malin fait à cette oc- casion une Refiéxion allez maligne fur le peu de profit que la jeune NoblefîV d'An- gleterre retire de fes voyages, il n'en fut pas de même de Bacon; fcn génie naturellement porté à refléchir & à examiner tout, ne lui permit pas de fe borner à apprendre les Langues & les Modes des pais qu'il vifita. Il s'attacha à étudier les Coutumes & les Mœurs des difFérens Peuples , la conftitution de leurs Gouvernemens , & les caractères des Princes. On a de lui un Recueil d* Ob- servations fur Y Etat général de Y Europe , fai- tes environ à l'âge de dix-neuf ans; car il y dit que Henri III. Roi de France avoit alors trente ans: or ce Prince commença à régner en 1574, à l'âge de 24 ans *: Ba- con * Mezerai ( Abrégé Chronol. Tom. V. p. m. Kjti > dit qu'il avoit 23. ans prefque accomplir * Avril, Mai et Juin.. i74°- *33 ion écrivit doncfes Obfervations en 1580. 6: il étoit né, comme nous avons dit? en 1561. Comme il étoit le cadet, & ne pou- voit pas par confequent hériter des biens immeubles de la Famille, qui, fuivant la coutume d'Angleterre, apartiennent tous à l'aîné, fon Père avoit mis à part une fomme d'argent pour lui acheter une Terre. Mais avant qu'il pût exécuter ce :n, il mourut prefque fubitement d'un froid qu'il prit, s' étant endormi dans fa chambre près d'une fenêtre ou- verte. Le jeune Bason fe voyant donc aflez mal favorifé des biens de la fortu- ne, fongea à choifîr une Profeflion. Il s'attacha par nécefiité, plutôt que par choix, à l'étude du Droit Civil dans la Société de Gray's-Lm, où fes talens fu- périeurs lui acquirent en peu de tems l'ef- time de tous les Membres de cette Socié- té; comme fa politefie & fa douceur lui gagnèrent leur amitié. Il eut bientôt une fi grande réputation , que la Reine EH- b le choifit à l'âge de 28 ans pour fon Avocat extraordinaire. Il étoit impoiïïble qu'un génie comme le lien fe bornai à Tétude des Loix, étu- de environnée de ronces & d'épines, & ante encore par le Gçavant fatras des Commentateurs, gens pour la plupts tigables dans le tra- ie leurs compilations, mais fansge- 1 3 134 Bibliothèque Britannique, nie & fans goût. Aufïi trouve -t- on que Bacon interrompoit fouvent cette étude ennuyeufe. pour fe livrer à fon naturel , qui le portoit à méditer fur l'état des Sciences en général, à en obferver les défauts, '& à imaginer des moyens pour les corriger. C'eft ce qu'il avoit dès- lors tâché de faire dans un Ouvrage, au- quel il avoue lui-même * qu'il avoit don- né un Titre trop pompeux : Il Pavoit in- titulé, Tempohs Partus maxi-nus; La plus grande Production du Terns. Quoique cet Ouvrage foit perdu, il paroit cependant qu'il contenoit les premiers principes & le plan de ce qu'il a exécuté depuis dans fon Traité , intitulé , Injtauratio magna. Son mérite diftingué l'obligea bientôt à paroître- fur le grand Théâtre du mon- de, & le fit entrer dans les affaires d'Etat , & converfer avec les plus grands Perfon- nages de fon fiécle. Afin qu'on fe puif- fe former une plus jufte idée de fa pru- dence & de toute fa conduite, Mr. Mol- let a cru devoir tracer à cette occalion le cara&ère de ceux qui étoient alors à la tête des Affaires. On voit donc ici les portraits de la Reine Elizabetb , de l'ValJJngham , de Bwieigb, de l'infortuné Com- * Dans une Lettre au P. Fulgence de Veni- fe; elle Jï trouve duns le 2. Tome de cette E.iition sk s Oeuvres Ue Bacon, pag. 403. Avril , Mat et Juin. 1740. 135 Comte d'Ejfex , de Jaques I , du Duc de Buckingham , & de quelques autres. Ces Portraits nous paroifTent li bien tracez, que nous fommes fâchez que les bornes d'un Extrait ne permettent pas d'en don- ner ici la Traduction entière; les abréger feroit les gâter , tant le ftile en eft con- cis & ferré. Contentons -nous donc de rapporter les particularitez les plus cu- rieufes de la Vie de Bacon. Le Grand-Tréforier Burleigh avoit époufé fa Tante; & il y a plufieurs Let- tres dans lefquelles Bacon follicite leTré- forier de lui donner quelque Pofle dans lequel il puifTe fervir l'Etat, proteftant cependant qu'il fçait borner fes défirs, & que fa plus grande ambition eft de fe rendre utile aux hommes par fes décou- vertes Philofophiques. Le Lord Burleigh eut beaucoup de peine à lui faire obte- nir la charge de Garde des Regiftres de la Chambre Etoilée, qui rapportoit en- viron 1600 livres Sterling par an; encore ne fut-ce qu'en furvivance , & Bacon fut obligé d'attendre près de vingt ans avant qu'il pût jouir du revenu de cette Charge. Ce fut -là le feul avancement qu'il obtint fous le Régne d'Elizabeth, û l'on en excepte l'emploi d'Avocat extra- ordinaire ; quoique res manières enga- geantes , fon éloquence & fon profond fça- voir l'euiTent rendu l'admiration de tou- te la Cour. Le Comte d'EJJex en par- I 4 ticu- I 136 Bibliothèque Britannique, ticuiier d'eftime pour lui , & s'écoit dé- claré fon Patron. Bacon s'etoit attaché à lui dès fa jeuneife, & fe iiattoit de quel- que avancement par le crédit que ce Sei- gneur avoit auprès de la Reine. Elizabetb elle-même lui donnoit plufieurs marques de fon eftime ; elle s'entretenoit fouvent avec lui, & le confultoit même fur ies Affaires d'Etat; & les Miniftres de cette PrinceUe employoient quelquefois la plume de Bacon pour juftiiier fon gou- vernement. Il y a donc lieu de s'éton- ner qu'il n'ait pas été plus avancé fous une Reine qui fçavoit parfaitement bien difcerner le vrai mérite & le recompen- fer. Notre Auteur explique ce myftère , pour nous bien faire comprendre le génie de ces Miniftres d'Etat, qui prétendant poffeder un grand mérite , font jaloux de celui des autres ; gens qui ont Famé tout enfemble baffe & ambitieufe. La Cour étoit alors divifée en deux fâchons; le Comte Ejjex étoit à la tête de l'une; & les deux Cecils, Père & Fils, à la tètt de l'autre. EJJex étoit alors dans toute la fleur de fa jeuneffe, très- agréable de fa perfonne ; naturellement brave, ambitieux & populaire; & ce qui arrive bien rarement, il étoit en même tems le favori de la Reine 6: du peuple; paflionné pour la gloire militaire, libéral jufques à la profuflon, entièrement dé- voué à fes amis, & ne gardani: aucune mefu- Avril , Mai et Juin. 1740. 137 mefure avec fes ennemis : il avoit quel- que fçavoir, & étoit le Bienfaiteur décla- ré des Sçavans. Une qualité qui le dif- tinguoit éminemment des autres qui, comme lui, font perfonellement aimez des Princes, c'eft que même dans le plus haut degré de la faveur il recevoit avec douceur les avis & les remontrances de fes amis, & écoutoit toujours patiem- ment les véritez qu'on lui difoit. Mais il ignoroit l'art qui fait les Courtifans , & dans lequel feul ils font confifler tout leur mérite ; la circonfpection , le dégui- fement, l'affectation dulécret, une com- plaifance fervile pour les inclinations de les fupérieurs, une attention balTe, mais foigneufe,pour avancer fes propres inté- rêts, fut-ce aux dépens de fes Bienfai- teurs , ou de fa Patrie. Le Comte d\E/- fex etoit d'un génie tout différent; ce qui donna à fes ennemis de grands avan- tages fur lui. Ils ne manquèrent pas de repréfenter fouvent à la Reine, que ce jeune Seigneur, peu content de l'hon- neur d'être fon Favori , vouloit encore être fon Maître, & lui donner la loi fur les affaires de l'Etat, avec un orgueil it à un homme qui etoit fa créa- qu'elle - même avoit élevé fi haut. De pareilles inftnuat :;t en partie véritables, ne pou ;as man- quer de faire de vives impreflions fur Fefpric àEtizabcth, qui ; .aturellc- I jf 138 Bibliothèque Britannique, ment fiere & infiniment jalouie de fou autorité. Quoiqu'elle eût beaucoup d'a- mitié pour le Comte, elle prenoit plaifir de tems en tems à mortifier fon orgueil, en refufant d'avancer ceux de fes amis qu'il lui recommandoit. Quand il fut de retour de ion expédition de Cadix , où il s'étpit conduit avec beaucoup de bra- voure , la Reine fit le Chevalier Robert Cecil , fon ennemi, Secrétaire d'Etat, quoique le Comte l'eût fortement follici- tée de donner ce pofle à un autre. Il lui avoit auflî parlé fouvent en faveur de Bacon, & lui avoit demandé pour lui, avec tout le zèle d'un ardent ami, la place de Solliciteur Générât', mais il avoit toujours été refufé. Cecil , qui haïfToit mor- tellement Ejjex , & qui avoit une jaloufie fecrete contre Bacon à caufe de fes ta- lens iupérieurs, avoit toujours repréfen- té celui-ci à la Reine comme un hom- me de pure fpéculation, uniquement at- taché à l'étude de la Philofophie , & à faire des Recherches, curieufes à la véri- té & amufantes, mais qui n'avoient rien de folide; de forte qu'il étoit capable d'embrouiller les affaires, plutôt que de fervir la Reine utilement & avec juge- ment. Cependant Bacon étoit Coufm- germain de Cecil 5 fon Père , & le Lord Burleigb I ère de Cecil , ayant époufé deux Sœurs. Mais l'Ambition ne connoit point de Parens, Bacon fe voyant fi in- digne- Avril , Mai et Juin. 1740. 139 dignement traité par un homme qui lui apartenoit de fi près, lui reprocha libre- ment fes artifices de Cour , puifqu'il tra- vailloit en fecret à ruiner celui qu'en pu- blic il faifoit profeflionde vouloir fervir. Bacon fut fi affligé de ces traverfes conti- nuelles, qu'il penfa pluiieurs fois à f e re- tirer pour toujours, ?& aller même ca- cher ion chagrin & fon relTentiment dans quelque païs étranger. EJJ'eXy qui fouifroit impatiemment la mortification d'un refus, voyant qu'il lui étoit impoflible de procurer à fon ami un Emploi public, voulut abfolument l'en recompenfer de fon propre bien. 11 lui donna une Terre qui valoit au-delà de dix -huit -cens livres Sterling. Un û beau préfent, accompagné de ces ma- nières obligeantes qui, pour un homme délicat & fenfible, font plus précieufes que le préfent même, devoit allumer dans le cœur de Bjcotl la reconnoiifance la plus vive. Que devons -nous donc penfer, lorfqu'après le malheureux fort de ce Seigneur nous voyons Bacon pu- bliant par toute l'Angleterre une Décla- ration des Actes de Trabifon de Robert Comte d'Effex? Cette conduite lui attira alors les plus cruels reproches, &l'expofa à une haine univerfelle; de forte que fa répu- tation même a été ternie dans les Ecrits des Hifloriens de ce tems-là. Mr. hlaU Ut n'entreprend pas de juftifier Bacon for ce 140 Bibliothèque Britannique , ce fujet; mais il rapporte une particulari- té, qui fait voir que ce grand Homme fut dans cette occafion la dupe de fes enne- mis : Voici ce que c'efl. La mort prématurée du Comte d'£/- fex, qui mourut fur un échafaut à la fleur de fon âge , excita la pitié de tout le monde , & caufa un murmure univer- fel. On fit des Réflexions fi libres & fi injurieufes contre le parti qui dominoit à la Cour, & même contre la Reine, que les Miniftres jugèrent qu'il étoit néceffai- re qu'ils fe juftifiafTent aux yeux du pu- blie; & comme Bacon pafîoit pour une des meilleures plumes d'Angleterre, il fut choifi pour compofer l'Apologie de la ileine & de fes Miniftres. On croit que ce furent fes ennemis qui firent adroi- tement tomber le choix fur lui, afin de détourner le reiTentiment du public de demis eux-mêmes, & le faire tomber fur un homme qu'on fçavoit avoir été l'ami particulier du Comte d'Effex , & qu'on vouloit ruiner de réputation dans l'eiprit du peuple. Si ce fut -là réellement le deflêin des ennemis de Bacon, on peut aiïurer qu'ils n'y réunirent que trop bien. jamais homme n'encourut un reproche plus univerfel & plus durable que Bacon , par fa Déclaration de la Trabifon du Comte aEJcx. Il fût déchiré par -tout comme un homme qui avoir, travaillé à diffa- mer fon Bienfaiteur ; on menaça même de Avril , Mai et Juin. 1740. 141 de le tuer, & il étoit tous les jours en danger d'être alTafïiné. C'eft ce qui l'o- bligea à publier un Ecrit pour fa propre juititication. La Pièce * eft longue & fort travaillée ; » mais , dit notre „ Auteur, elle n'eft peut-être pas aufli „ fatisfaifante qu'on pourroit le fouhai- », ter. Croyons, " ajoute-t-il, fur la pa- role de Bacon, ,, qu'il n'avoit jamais ren- 3, du aucun mauvais office à ce Seigneur „ auprès de la Reine, quoique cette Prin- ,, cefle elle-même ait infmué le contrai- ,, re; croyons que durant le cours de „ leur commerce il lui a toujours donné „ de bons confeils, & des avis fmceres; „ qu'il a defiré la confervation de cet „ illuftre Ami; qu'il a même travaillé à „ le fauver. Après avoir accordé tout „ cela, il demeurera pourtant toujours „ quelque tache fur la réputation de ,, Bacon. », Le Comte d'EjJ'ex méritoit le fort „ qu'il eut, il eft vrai; mais par fa mort ,, il avoit fatisfait à la juflice publique: „ l'Etat n'avoit plus rien à craindre de » fon *• On la trouve dans le IV. Vol. d& cette Edition defes Oeuvres, pag. 429. Elle eft intitulé, The Apology of Sir Francis Bacon in certain Im- putations concerning the latc Earl of Effex, £f addrejjée au Comte de Devonf hire , Vicer oi d'Ir- lande. 142 Bibliothèque Britannique, „ fon Parti. La Déclaration dont on a j, parlé ci-defliis, ne pouvoit donc avoir s, d'autre but que d'aiïbupir les murmures ,, du public; & quoique peut-être elle „ ne contint rien que de vrai, ce n'é- „ toit pas à Bacon à publier ces véritez. „ Il avoit été long-tems l'ami particulier ,, de ce Seigneur; il lui avoit de gran- „ des obligations: & (î ce qu'il écrivit „ contre lui n'eût pas été blâmable dans ,, un autre, on ne fçauroit fexcufer en „ lui. Sous le Régne fuivant, le Cheva- „ lier Henri Telverton aima mieux s'expc^ ,, fer à encourir la difgrace du Roi & „ de fon favori, que de plaider contre i, le Comte de Somerfet , qui l'avoit fait „ Solliciteur Général. Si Bacon eût refufé „ de remplir la tache odieufe qu'on lui „ impofoit, fes ennemis mêmes n'au- „ roient pu que l'en eftimer davantage : ,-, & il ne pouvoit s'en acquitter fans vio* „ 1er les devoirs de l'amitié, delà jufti- „ ce & de la reconnoiffance , qui font „ lespl us facrez parmi les hommes. Après la mort de la Reine Elizabcth $ Bacon s'acquit bientôt l'edime de Jaques I, par la publication de fon Ouvrage fur les Progrès & V Avancement des Sciences. Il ne fut pourtant pourvu d'abord d'aucun Emploi public. Cecil ; Comte de Salisb:u\, qui l'avoit toujours traverfé fous le Ré- gne cVElizaheth, tint la roefne conduite envers lui fous Jaques I, jutques à qu'il fe vit Avril, Mai et Juin. 1740. 145 vit fi bien établi dans la faveur du Roi , qu'il n'a voit plus à craindre aucun Rival. B \con trouva un autre ennemi dans la perfonne d'un homme de fa Profeilion : c'étoit le Chevalier Edouard Coke, qui fut enfuite Chef de Juftice du Banc du Roi. Il avoit de grands talens, mais qui étoient ternis par de grands défauts. La haine qu'il y avoit entre lui & Bacon dura toute leur vie. Coke étoit jaloux de la réputation que Bacon avoit acquile par fon fçavoir univerfel : & Bacon , à fon tour, étoit jaloux du grand nom que Coke s'étoit fait par fa connoitTance pro- fonde des Loix. Celui-ci étoit le plus grand Jurisconsulte de fon tems , mais il n'étoit que cela: Bacon l'auroit fans dou- te été, s'il n'eût pas embraffé toutes les Sciences à la foi. Ce grand homme obtint enfin le pofte auquel il avoit 11 long -tems afpiré ; il fut fait Solliciteur Général en 1607. Ce ne fut pas fans l'avoir demandé fouvent, & même avec importunité, comme il paroit par fes Lettres au Chancelier Egerton, au Comte de Saltsbury & au Roi. Il n'ob- tint même aucun Emploi dans la fuite qu'après de longues & de fortes follici- tations auprès des Miniftres 6z des Fa- voris du Prince. Ce qui ne pouvoit, dit notre Auteur, que mortifier un homme ambitieux qui fe fent doué de grands ta- lens, & luifervir de leçon. 7«- 144 BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, Jaques I. défiroitpafïionnément de réu- nir les deux Royaumes d'Angleterre & d'EcofTe en un fenl. Il ne put pas y réufïïr, parce que le Parlement s'y op- pofa. Il gagna pourtant un point qui étoit effenuel alors, quoiqu'il ne le foit plus maintenant que les deux Royaumes font unis. Ce fut de faire déclarer par les Juges, que les Ecofïbis, nez de- puis qu'il étoit monté fur le Trône , fe- roient cenfez naturalifez, & jouïroient de tous les Privilèges des Anglois. Ba- con, en qualité de Solliciteur Générât, plai- da dans cette occafion pour les Ecofîbis ; & fon Plaidoyer fe trouve dans le IV. Vo- lume * de cette nouvelle Edition de fes Oeuvres. En 1610. il publia fon Traité de 5.?- pientia Veterum. „ On y trouve, dit Mr. -, Malle 't , le même génie original & in- „ ventif que dans fes autres Ouvrages. ,, Ne voulant pas marcher fur les traces „ de ceux qui l'avoient précédé, gens, „ difoit-il, dont le fçavoir ne s'étendoit ,, par- au-delà d'un certain lieu com- ;, mun, il s'ouvrit une nouvelle route; ,, il pénétra dans les recoins les plus ca- „ chez de ce païs inculte & ténébreux ; „ de ferte qu'il trouva moyen de dire ,, quelque chofe de nouveau fur un fujet ,, connu & rebattu. Et quand même on m ne Avril , Mai et Juin. 1740. 145 w ne pourroit convenir avec lui de ce „ fens Phyfique, Politique & Moral qu'il » prétend être caché fous les Fables de „ l'Antiquité , il faut pourtant avouer , 9, qu'il devoit avoir une pénétration peu %9 commune, pour fe tromper avec tant 9y d'apparence de raifon : & s'il eft en- ,, core douteux que les Anciens ayent 99 été auiÏÏ éclairez qu'il entreprit de le 99 prouver , cette entreprife même fait 99 voir au moins la profondeur & l'éten- 99 due de fes connoiiïances. En 1613. il fut fait Procureur Général , en- viron trois mois après la mort du Com- te de Saiisbury , fon parent & fon enne- mi. Ce Pofle lui rapportoit un profit im- menfe pour ce tems-là. Il avoue dans une de fes Lettres au Roi, qu'il en reti- roit 6000 livres Sterling par an; il jouif- foit aufîl alors du revenu d'emploi de Gar- de des Regiflres de la Chambre Ètoiîée , dont il n'avoit eu pendant long-tems que la furvivance; & ce Revenu étoit de 1600 livres Sterling par an , comme nous l'a- vons dit ci-deflus. ,, Par quelle fatalité >, eft-il arrivé, dit Mr. Mallet, qu'un homme „ d'un mérite fi extraordinaire n'ait pas ,, ajoute à fes autres vertus une écono- „ mie raifonnable? S'il l'eût fait, il fe » feroit garanti d'une faute confiderable; „ & les autres qu'il a commifes contre la ,, Morale auroient été éclipfées par les „ aualitez brillantes de fon efprit. Mais tome XV. Pcin. I. K „ il I4<5 Bibliothèque Britannique, „ il étoit fujet à la même foibleiïe qui a „ û fort déshonoré le Roi Jaques I ; c'é- „ toit de fe livrer entièrement à les fa- %9 voris , qui diflîperent fon bien fans au- „ cune mefure & de la manière du mon- „ de la plus honteufe: ce qui, dans la „ famille d'un particulier, produifoit le „ défordre & le befoin, dont la confe- „ quence fut, que le Chef, pour y fup- „ pléer, fe laifla malheureufement cor- „ rompre par des préfens , lorfqu'il „ fut élevé à la première dignité du a Royaume. Lorfque le Roi eut choifi pour fon Fa- vori le jeune Viiliers , connu enfuite fous le nom de Duc de Buckingham, Bacon, qui étoit très -capable de lui donner de bonnes inftruclions, fut un des premiers à lui faire fa cour. Le Favori avoit alors alTez de bon-fens pour fentir qu'il étoit entièrement neuf dans les affaires ; il s'ad- dreflà à Bacon pour lui demander fes avis, qui les lui donna dans une Lettre qui fe trouve parmi fes Œuvres * : elle eft écri- te avec tant de jugement & avec tant de liberté , qu'elle fait honneur égale- ment à Fefprit -6c au cœur de l'Auteur. Quoique Jaques I. fe fût entièrement livré à Viiliers , il afFecfcoit pourtant enco- re de traiter le Comte de Somerfet, fon ancien Favori, avec bonté & avec dif- tinc- * Tom. III. pag> 5<$4. Avril, Mai et Juin. 1740, 147 tinclion, même après qu'on eut décou- vert que ce Seigneur avoit été complice de Pempoifonnement du Chevalier Tho- mas Qverbury: ce qui a fait naitre des foupçons contre le Roi même ; & Mr. Malkt rapporte quelques Fanages des Let- tres de Bacon qui femblent confirmer ces foupçons. Comme ce qu'il dit fur ce fujet eit curieux, & nous a paru nou- veau, nous le traduirons tout entier. ,, Quelques Hiiloriens ont remarqué, ,, dit Mr. Mallet , qu'il y avoir dans la „ conduite du Comte de Somerfet, avant „ qu'on lui fît Ton procès, quelque cho- „ le de particulier & de myùérieux, & „ que le Roi lui-même paroifibit être „ dans une inquiétude d'efprit qui n'étoit „ pas moins furprenante. On prétend ,, que le Comte étant prifonnier à la Tour, „ avoit dit tout haut, que le Roi n'oferoit „ jamais lui faire faire fon procès. D'au- „ très rejettent ce fait comme une pure „ calomnie, inventée dans le feul delTein „ de noircir la réputation de ce Prince ; ,, ou prétendent au moins qu'il n'étoit „ fondé que fur un bruit populaire & u- „ ne conjecture maligne. Mais on peut ,, faire voir par des preuves incontefta- n blés, qu'il y avoit quelque chofe de ,, plus qu'une limple conjecture : ces „ preuves font les Lettres même de Ba- », con, qui étant alors Procureur Général , „ fut employé dans cette atFaire .... Ces K 2 „ Let- Î48 Biëliotheque Britannique , 93 Lettres peuvent répandre quelque jour t9 fur ce fait obfcur, quoique peut-être 93 elles ne fuffifent pas pour expliquer 99 parfaitement la caufe de ce qu'il y a- 99 voit de myftérieux dans la conduite 99 du Roi & dans celle de Somerfet. ,9 Jaques * avoit choill lui-même quel- ,> ques perfonnes pour examiner le Com- „ te avec tout le fecret poflible , & il » leur avoit marqué les articles particu- 99 liers fur lefquels il vouloit qu'ils „ Pinterrogeafient. Ils avoient ordre 99 aufli de travailler à vaincre fon obfti- „ nation par des promeiïes & par des me- 99 naces ; tantôt en lui faifant efpérer „ que le Roi auroit compaffion de lui & „ lui accorderoit fa grâce ; tantôt en ,> l'afTurant qu'il y avoit alTez de preu- „ ves contre lui pour le convaincre, de ,9 forte qu'on n'avoit befoin ni de fa 99 confeffion , ni d'un plus long examen. „ Bacon, qui étoit un de fes Examinateurs, 99 & qui rapporte ceci, ajoute, qu'on 99 obferva dans la conduite du Comte 99 beaucoup plus de modération & de 99 modeftie qu'il n'en avoit témoigné au- 99 paravant. Dans une autre Lettre f il 99 fe fert de ces paroles remarquables : >* Sa Majefté a parfaitement bien jugé , qu'il 9> étoit à propos de glijjer adroitement dans 99 ?o- * Bacon, Tom. IV» Lettre 133. t Lettre 136. Avril, Mai et Juin. 1740. 149 9y PoreUle du Comte quelque promejje de gra~ 9> ce , peu de tenu avant qu'on commence fin 9» procès : je foubait crois feulement que la pro- yy meffe fût un peu plus ample ; car s'il s'agit „ fimphmcnt de lui fauver la vie , fin bu- „ mcur altiere pourra ruiner V effet de la pro- „ meffe. Toute cette affaire de voit femena- n ger avec beaucoup de précaution & de „ fecret. Les Avocats même qui étoient „ nommez pour plaider contre Somerfet , ,9 ignoroient encore de quelle manière 99 le Roi vouloit qu'ils formaient leurs „ plaidoyers. C'eft pourquoi Bacon, afin ,, de leur cacher ce qu'il connoiffoit de „ cette affaire, fouhaitoit qu'on leur mar- „ quàt à chacun les chefs généraux fur ,, lefquels on vouloit qu'ils infiflaffent. „ Il paroit par tout ceci, que Jaques té- „ moignoit une inquiétude extrême fur „ la conduite de Somerfet , & fur le fuc- 99 ces de cette affaire. D'où pouvoitpro- „ céder cette inquiétude? Son affection „ pour le Comte étoit entièrement étein- „ te; fa propre réputation, & la juftice „ qu'il devoit au public , l'obligeoient à „ ne pas fouflraire à la févérité^des Loix „ un homme dont le crime étoit de la „ dernière énormité. Quand même le „ Comte auroit refufé de répondre aux „ interrogations, ou quand même il au- » roit nié qu'il fût coupable, on n'en au- „ roit rien pu conclure contre l'hon- t9 neur du Roi , puifqu il y avoit des K 3 „ preu- 150 Bibliothèque Britannique , 9, preuves évidentes contre ce Seigneur. „ Quel écoit donc le but de toutes ces „ pratiques fecretes ? Tous ces artifices t9 de ceux qui l'examinèrent étoient-ils „ deftinez feulement à l'engager à foufrrir 99 qu'on lui fit fon procès, & à fe tenir „ dans les bornes de la modération pen- „ dant qu'il feroit devant fes Juges? Il j, y a plus : Jaques ordonna * à fon Pro- „ cureur Général, de fonger à tous les „ cas poiîîbles qui pourraient arriver du- „ rant le procès, de les mettre par écrit, « & d'y ajouter fon opinion fur chaque „ cas particulier ; afin de prévenir toute *, furprife , & que toutes chofes ayan: été 99 bien prévues, on pût y remédier fur „ le champ. Bacon dreffa donc un écrit , „ fuivant l'ordre du Roi : on a encore 99 cette Pièce f, accompagnée d'obferva- ,9 tionsà la marge, de la propre main de » Jaques I\ rapportons-en un feul paflage. „ Après avoir marqué quelques cas dans „ lelquelsoïï pouvoit faire kSomerfet quel- „ ques premefies de grâce & de par- „ don,, Bacon ajoute: Ces promeffes de gra- 99 ce & de pardon doivent s'entendre avec cet- ,9 te refiricJion, pourvu qu'il ne s'en rende 99 pas 4e 8 indigne par une conduite 99 infcïcnte & pleine de mépris. La remar- ia que * Lettre 135. t Elle efl addrejjéeau Roi; c'ejl la 135™ Let- tre de Bacon. Avril, Mai et Juin, 1740. 151 0" que du Roi fur ces paroles eft couchée ,, en ces termes: Il efl fort à propos de pré- „ voir se danger ; d'un côté , de peur qiCil ne „ commette quelques fautes impardonnables , & 9, de Poutre, de peur que je ne paroijje le pu- „ nir par un cfprit de vengeance. Somerfet „ ne devoir pas être jugé pour quelque „ offenfe commife contre le Roi, mais m pour le meurtre barbare d'un particu- 9f lier qui étoit Ton ami. Qu'entendoit- 99 on donc par cette conduite infulrante 3, & pleine de mépris qu'on appréhen- „ doit fi fort de fa part? Quelles étoient „ ces fautes impardonnables qu'on crai- 9, gnoit qu'il ne commît ? S'il eût fait quel- „ ques réflexions malignes contre le Roi, „ à qui il avoit de grandes obligations , feu- „ lement parce que ce Prince laifïbit un li- ,, bre cours à la Juftice, & le livroit à un ju- „ gement équitable, jugement que mille „ circonflances rendoient abfolument né- „ ceffaire ; ces réflexions n'auroient fait „ qu'aggraver fon crime dans l'ePprit de „ tout le monde , & auroient fourni" au Roi „ une nouvelle raifon pour permettre qu'il „ fut jugé fuivant toute la rigueur des Loix. „ Après toutes ces Remarques , je „ crois pouvoir me hazarder de faire men- „ tion d'un fait qui eft rapporté par le „ Chevalier Antoine IVeldon *. Il dit, que „ lorfque le Chevalier George More , 99 Lieu- * Court of K. James I. pag. io6\ K4 152 Bibliothèque Britannique , „ Lieutenant de la Tour, fut dire au „ Comte de Somerfet qu'il eût à fe prépa- „ rer pour être jugé le lendemain, il „ refufa absolument de comparoitre, à „ moins qu'on ne le traînât par force à 99 ta Barre, ajoutant, que le Roi n'oferoit „ pas lui faire fon procès. Le Lieute- „ nant de la Tour , furpris au dernier w point à l'ouïe de ces expreflions indif- „ crêtes & dangereufes, alla demander „ audience au Roi, quoiqu'il fût minuit, „ pour l'informer de ce qui venoit de 99 le paffer. Jaques entendant cela, fon- „ dit en larmes, & fupplia More d'em- 99 ployer toute fon adreffe pour adoucir 99 fon prifonnier, & pour lui infpirer la „ modération & la foûmiffion qui étoient 99 fi néceffaires dans cette rencontre. Mo- „ re l'entreprit, & l'exécuta par quel- „ que ftratagême *. Weldcn afrure qu'il „ a appris ce fait de la propre bouche „ du Lieutenant de la Tour; & quoi- „ qu'il foit un Ecrivain partial, qui fe „ livre à fon humeur fatyrique & médi- „ fante, cependant les faits que j'ai rap- M portez ci-deiïus, fondez fur le témoi- 99 gnage autentique de Bacon & de Ja- ,, ques L lui-même, donnent un grand „ air de probabilité à l'Anecdote de 99 Welâon. J'omets les particularitez qui „ font * On ne nous dit point quel étoit ce Stra- tagème, Avril , Mai et Juin. 1740. 153 „ font rapportées par ceux qui ont écrit „ l'Hiftoire de ce Régne. J'ajouterai „ feulement, qu'il y a dans le Recueil inti- ,, tulé Cabala*, une Lettre de Somerfet eu „ Roi Jaques , écrite après fa condamna- „ tion : elle eft d'un tour tout particu- „ lier. Il y demande qu'il puiiïe conti- „ nuer à jouir de tout fon bien ; mais il „ le fait d'un flile qui fent la hauteur & le „ reproche, plutôt que l'humilité & la „ fupplication ; & à travers l'obfcurité 99 affectée de quelques exprefllons, on voit „ aifément qu'il fçavoit un fecret impor- 99 tant, dont le Roi craignoit fort la dé- M couverte. Le fuccès de cette Lettre „ fut, que le Roi lui continua durant ton- ,, te fa vie une penfion de quatre-mille 99 livres Sterling par an. „ Le Prince Henri mourut l'an 1612, 99 regretté de tout le monde. Ses excel- „ lentes qualitez l'avoient rendu l'objet „ de l'amour & des efpérances de toute ,, l'Angleterre. Germanicus n'étoit pas „ plus chéri des Romains. La mort pré- „ maturée de l'un & de l'autre a fait „ croire généralement qu'ils avoient été „ empoifonnez. Il avoit montré dans „ toutes les occafions qu'il haïiTbit lesFa- „ voris ; il avoit même témoigné un grand „ mépris pour Somerfet. Je laiffe à juger ,9 au Lecteur , fi ce qu'il y a eu de mylté- » rieux * Pag. 204. Edit. 1691. k5 154 Bibliothèque Britannique , „ deux & d'inexplicable dans l'affaire 9, du Comte de Somerfet, a quelque rap- ,, port à la mort de cet aimable Prince, „ ou fi cela ne regarde pas plutôt un fait „ tout différent *. Après la difgrace de Somerfet, Villkrs poifeda feul la faveur du Roi : dans le cours d'un petit nombre d'années il fut fait Gentilhomme de la Chambre , Grand- Ecuyer du Roi, Chevalier de la Jarre- tière, Comte, Marquis, & Duc de Buc- kingham, Grand -Maître des Eaux & Fo- rêts, & Grand -Amiral d'Angleterre. Il é . le feul difpenfateur de toutes les charges & de tous les emplois ; les plus grands hommes de l'Etat étoient obligez de lui faire leur cour: Bacon fut de ce nombre. 11 faut qu'il ait fenti d'une ma- nière bien vive le défagrément & la fer- vitude de fa fi tuation , puifqu'afin d'ê- tre bien auprès du Roi, il fut obligé de fe far e Intendant du jeune Favori , de pren- dre foin des Terres que le Roi lui avoit données depuis peu, d'en faire augmen- ter le revenu. 11 eft vrai qu'il trouvoit fon compte dans cette efpece de fervitu- de , puiiqu'elle lui ouvroit le chemin aux em- * Il feroit à fouhaiter que Mr. Mallet nous eût dit quel eft ce Fait. En nous laiflant en fufpens, il donne lieu à des conjectures très -in- jurie ufes à la mémoire de 'Jaques I. Avril , Mat et Juin. 1740. 155 emplois: mais, dit Mr. Maltet, pour un cœur grand & généreux des emplois ob- tenus par des moyens fi bas, font un véritable déshonneur. Le Chancelier Egerton étant vieux & infirme, avoir fouvent prié le Roi de lui permettre de refigner fa charge : Bacon arpiroit fecrettement à lui mcceder. Pour y réufïir, iltravailloitnon feulement à fe rendre agréable au Roi, mais aulîi à s'ailurer la protection de Buckmgbam. Son ambition l'engagea même à employer les artifices qui ne font que trop com- muns à la Cour. Il fit tous fes efforts pour ruiner dans l'efprit du Prince tous ceux qui pouvoient afpirer à la même dignité, & qu'il regardoit à caufe de ce- la comme fes Rivaux. Le Chevalier Edouard Coke lui paroiflbit le Concur le plus redoutable. * Il le repréfenta au Roi comme un homme qui abondoit en fon fens , qui affeftoit d'être populaire, & qui, fui van t les apparences, tâcheroit de fe rendre agréable à la Nation, même aux dépens de la Prérogative Royale. Pour ce qui eft de lui-même, il faifoit con lifter tout fon mérite dans fa foûmif- fion & dans fon obéïlTance, dans le cré- dit qu il avoit parmi le Peuple & dans la Chambre balte ; ce qu'il exaltoit com- me une qualité plus importante dans un Chan- * Lettre 124. 156 Bibliothèque Britannique , Chancelier, que celle de juger avec é- quité les procès des particuliers. Ce n'étoit pas fans raifon qu'il fe van- toit du crédit qu'il avoit dans le Parle- ment. En 1614. la Chambre baffe étant de fort mauvaife humeur contre les Miniftres, donna cependant à Bacon une marque particulière de Ion eftime & de fa confiance. On avoit obje&é contre lui, que la qualité de Membre de la Cham- bre baffe étoit incompatible avec le pof- te de Procureur Général, parce que le Procureur Général eft fouvent obligé d'être dans la Chambre des Seigneurs. Les Communes , par pur égard pour Ba- con , rejetterent l'objection pour cette fois feulement, & lui permirent de prendre féance parmi eux. Si on ajoute à cela, que le Roi le fit Membre du Confeil Pri- vé pendant qu'il n'étoit encore que Pro- cureur Général, on n'aura pas de peine à convenir, qu'il faut qu'il fe foit conduit avec beaucoup d'adreffe pour avoir fçu conferver en même tems la faveur du Prince & celle du Peuple. Le Prince exigeoit de tous ceux qui le fervoient une foûmifTion aveugle & implicite pour toutes fes maximes ; & le Parlement & le Peuple , à caufe de ces maximes mê- mes, étoient jaloux du Prince, & de tous ceux qui étoient en faveur auprès de lui. Les infinuations de Bacon produifirent l'effet Avril , Mat et Juin. 1740. 157 l'effet qu'il défiroit. Le Chancelier Egerton ayant refigné les Sceaux, le Roi les don- na à Bacon le 7. de Mars 1617. avec le titre de Garde des Sceaux *. Ce fut prin- cipalement à la faveur de Buckingbam qu'il fut redevable de cet Emploi, com- me il paroit par la Lettre de remerci- ment qu'il lui écrivit le même jour f . La plus grande affaire qui occupoit dans ce tems-là le Confeil de Jaques I. étoit le mariage du Prince Charles avec l'Infante d'Efpagne. Le Roi Pavoit fort à cœur, quoique ce mariage ne fût point du tout à fon avantage, & que toute la Nation en murmurât : mais il avoit la vanité de vouloir s'allier avec une Tète couronnée, s'imaginant que toute autre Alliance étoit au-deflbus de lui. Bacon, qui connoifïbit tout le danger d'une pa- reille alliance, mais qui manquoit décou- rage pour fe déclarer ouvertement, le contenta d'infmuer | au Roi, qu'il étoit néceflaire que dans cette occafion tous les membres du Confeil fiiffent unanimes dans leurs fuffrages, quelle que fût d'ail- leurs leur opinion particulière fur ce mariage. Au * En Anglois , Lord Keeper. t C'eft la Lettre ic6. Elle eft datée du 7. de Mars 1616. parce qu'en Angleterre l'année ne commence qu'au 25, de Mars. | Lettre 172, 158 Bibliothèque Britannique, Au commencement de l'année 1619. Bacon fut fait Grand-Chancelier ; & peu de tems après le Roi l'éleva à la dignité de Pair d'Angleterre, fous le titre de Ba- ron de Veruiam, & l'année fuivante il fut fait Vicomte de St. Alban. Ni le poids des affaires dont il étoit comme accablé, ni la pompe de la Cour, ne purent l'empê- cher de s'appliquer à l'étude de la Fhi- lofophie : c'étoit fon occupation favori- te , oc prefque le feul divertiiTement qu'il prenoit dans les heures de loiilr. En 1620. il publia fon Traité, intitulé, Novum Or- m , pour fervir de fuite à fon grand Ouvrage fur le Rétabliffement des Scien- ces *. îl avoit employé douze ans à la compofition de ce Traité. Mr. Mallet en fait un grand éloge ; mais comme ce Livre eft aflez connu, nous ne croyons pas qu'il foit neceffaire de traduire ce que notre Auteur en dit: nous nous con- tenterons de citer fur ce fujet un pafia- ge de Mr. de Voltaire. „ Le plus fmgu- „ lier & le meilleur des Ouvrages de „ Bacon, dit -il ] , eft celui qui eft au- „ jourd'hui le moins lu , & le plus uti- „ le; je veux parler de ton Novum Scien- ,, tiarum Organum. C'eft l'échafaut avec ,, lequel on a bâti la nouvelle Philofo- „ phie, & quand cet édifice a été élevé, » au * Intitulé Inflauratio magna. + Lettres fui ks Anglois, Lett. XII. peg. m. 82. Avril, Mai et Juin. 1740. 159 „ au moins en partie, l'éehafaut n'a plus „ été d'aucun ufage. Le Chancelier Ba~ „ con ne connoiilbit pas encore la nature, „ mais il fçavoit & indiquoit tous les „ chemins qui mènent à elle. Il avoit „ méprilé de bonne -heure ce que les U- „ niverfitez appelloient la Philoibphie ; „ & il faifoit tout ce qui dépendoit de „ lui, afm que ces Compagnies infti- „ tuées pour la perfection de la Raifon M humaine, ne continuafTent pas de lagâ- „ ter par leurs quidditez , leurs horreurs „ du vuide, leurs formes fubflancielles , „ & tous ces mots impertinens, que non „ feulement l'ignorance rendoit refpec:a- „ blés, mais qu'un mélange ridicule avec „ la Religion avoit rendu facrez. Il efl „ le Père de la Philofophie expérimen- „ taie .... Nous voici arrivez à l'événement le plus remarquable de la Vie de Bacon ; évé- nement dont la confequence fut le ren- verfement total de fa fortune & de tous fes honneurs. ,, Quels qu'ayent été fes „ crimes, dit M. Mollet, il paraîtra par „ le détail où je vais entrer, qu'il fut fa- „ crifié à la fureré d'un autre qui étoit „ beaucoup plus coupable que lui , & ,, que fa perte fut caufée par un maître „ qui ne fçavoit pas juger droitement , „ & chez qui c'étoit un plus grand mé- „ rite de.ramufer que de le fervir utile- v ment. „De ï6o Bibliothèque Britannique; „ De toutes les foibleffes du Roi JaA „ crues, fa vanité fut la plus pernicieufe „ à fa famille en particulier, & à toute „ la Nation en général. Il faifoit un cas „ infini de quelques avantages frivoles §9 qu'il croyoit poiTeder ; de ce droit in- „ hérant par lequel il prétendoit que la 99 Couronne d'Angleterre luiétoit échue, ,9 de fa profonde connoiiïance des myftè- 99 res les plus lécrets de l'art de régner, 99 & de fon fçavoir extraordinaire. Sa „ maxime favorite étoit , que Qui ne fçait 99 pas dijjimuler , ne fçait pas régner: mais „ il paroit avoir ignoré une autre maxi- u me , fans laquelle la première ne fçau- 99 roic être utile, même pendant fort peu „ de tems ; c'ell que fi l'on dillimule , il 99 faut cacher avec foin l'artifice, & ne 99 tromper que fous les apparences de la ,9 fmcerité & de la bonne - foi. Pour lui , 99 au contraire , il montroit d'abord tout „ fon jeu, tant à fes propres fujets 99 qu'aux étrangers; de forte que, foit ?> dans fes entreprifes fur la liberté du „ Peuple, foit dans fes Négociations avec „ les Minières des autres Princes, ce „ prétendu Salomon étoit toujours la du- j, pe des uns ce des autres. Il avoit cer- ,, tainement beaucoup de fçavoir; mais - un fçavoir qu'un Prince doit ignorer, ,, le vrai rebut des écoles, qui ne fervoit 99 prefque qu'à lui donner une grande r, facilité de parler impertinemment fur ,> toute Avril, Mai et Juin. 1740. io"f '„ toute forte de /ujets; & il fe plaifoic „ à faire montre de ce ridicule fçavoir de „ la manière du monde la plus pédan- ,, tefque. Sur tous ces articles il étoit „ exalté jnfques aux nues par les plus „ dangereux de tous les Flatteurs , je „ veux dire les graves & révérends Ecclé- „ fiafliqucs. Pour recompenfer leur in- „ digne adulation, il leur permit fouvent ,, d'employer fon autorité pour fatisfaire „ leurs paffions, & Tardent défir qu'ils „ avoient de dominer. Eux à leur tour „ lui trouvèrent un Droit antérieur aux „ Loix humaines, & même au-defïus de „ toute loi; un Droit divin d'être mé- „ chant. Toute horrible qu'eft cette Doc- „ trine, ils oferent la fonder fur l'Ecri- „ ture fainte. Si elle s'y trouvoit, ce „ qu'on ne peut foutenir fans blafphême , „ ce feroit le triomphe des incrédules , „ & une demonftration que l'Ecriture n'a ,, point été infpirée de Dieu, maisqu'el- „ le tire fon origine d'un Etre tout op- „ pofé à Dieu, de l'ennemi de toute bon- t> té. Comme cette Doctrine convenoit ,, parfaitement à l'efprit dépravé de Ja- „ ques , il lfembrafTa avec avidité: elle lui ,, fit regarder tous fes fujets comme au- ,, tant d'efclaves, & les Parlcmens com- ,, me les Ufurpateurs d'un pouvoir au- „ quel ils n'avoient aucun droit, ou tout „ au plus un droit très -précaire. Il a- „ voit arfefté durant fept ans de gouver- Tome XV. Part, L L „ ner loi Bibliothèque Britannique, „ ner fans convoquer de Parlement; ï\ 9, avoit diftingué fon intérêt particulier »de celui du peuple; &: pour trouver 99 de l'argent, il avoit employé toute for- »9 te de voyes, excepté celles que les. 99 Loix de l'Etat lui préfcrivoient. Ces m voyes lui étoient fuggerées par les plus 99 dangereux ennemis de la République, « les faifeurs de projets & les Monopo- 9-9 leurs , qui fe couvroient du nom & de 99 l'autorité de Buckingbam , dont ils » pay oient la protection à un prix exorbi- „ tant, aux dépens du peuple qu'ils pil- 99 loient & devoroient entièrement Il falloit des Lettres patentes fcellées du grand Sceau pour autorifer ces Mo- nopoles. Le Chancelier Bacon les avoit toutes fcellées fans héfiter, & prefque implicitement, comme fimple créature de Buckingbam ; ou s'il s'étoit quelquefois hazardé de repréfenter qu'elles étoient contraires aux Loix, il l'avoit fait d'une manière fi foible & li craintive, que fes remontrances ne produifirent aucun ef- fet. La grande tache qui ternit fa répu- tation, c'eft que la Providence l'ayant placé, pour ainli dire, fur les bornes qui feparent la Prérogative du Roi de la Li- berté du peuple, il déferta ce pofte ho- norable, ou ne le défendit que foible- ment ; & s'il n'encouragea pas les entre- prifes que l'on faifoit continuellement fur la liberté du peuple, au moins il y con- niva Avril, Mai et Juin. 1740. 163 niva lâchement. C'étoit pourtant con- tre fon inclination. 11 fçavoit qu'il étoit de l'intérêt du Roi de vivre en bonne in- telligence avec fes fujets : il lui avoit con- feillé plufieurs fois d'afîembler fouvent le Parlement. Ce confeil étoit tout- à- fait oppofé aux inclinations du Roi, qui vouloit gouverner fuivant les maximeg du Defpotifme, &■ qui avoit réfolu de fupprimer pour jamais les Parlemens, fous prétexte que ces Allemblées empié- toient fur fa Prérogative. Cependant on le perfuada de convoquer encore une fois les deux Chambres: L'état de fes affai- res rendoit cette Aflemblée nécelTaire. Il eft vrai que le peuple étoit opprimé & pillé impunément. Mais le Roi n'en avoit pas moins befoin d'argent. Ceux à qui il avoit commis fon autorité, & qui pil- loient en fon nom , gardoient pour eux- mêmes prefque tout le profit de leurs ra- pines, & le Roi n'avoit gueres pour fon partage que la haine du peuple caufée par ces vexations. D'ailleurs la conjonc- ture du tems paroiflbit favorable pour obtenir de grands fubfides des Commu- nes. Toute la Nation avoit témoigné un zèle extraordinaire pour le recouvre- ment du Palatinat; de forte que le Roi a- voit tout lieu d'efperer, qu'en afiurant le Parlement qu'il feroit la guerre avec vi- gueur, cette AfTemblée lui accorderoit des fouîmes conûderables , qu'il pourroit em- L 2 ployer îô4 Bibliothèque Britannique, ^.oyer enfuite comme il le jugeroit a propos. Le Parlement s'affembla donc le 20 de Janvier 162 1. Le Roi ne s'étoit pas trom- pé dans fa conjecture, car les Commu- nes lui accordèrent d'abord deux fubfi- des : mais en même tems elles commen- cèrent à faire des Recherches rigoureu- fes fur ces Taxes arbitraires , qui durant Tefpace de fept ans étoient devenues in* fupportables au peuple. On porta auflî plainte au Parlement de quelques malverfations qui s'étoient com- mifes dans la Chancelerie. Le Roi en fut allarmé pour l'amour de fon Chan- celier, & plus encore pour l'amour de fon Favori, parce qu'on avoit averti Bue- kïngbam, que quelques Membres des Com- munes tenoient des afTemblées fecretes, dans le defTein de faire tomber fur lui le blâme de tout ce qui s'étoit fait contre les Loix. Ses Créatures lui perfuade- rent, que le feul moyen qu'il eût de fe fauver, étoit d'engager fon maître à dif- foudre le Parlement. Jaques , que la peur avoit faifi, alloit faire cette démarche imprudente & dangereufe, s'il n'en eût pas été détourné par les fages remon- trances de Williams Doyen de Weftmin- fter. Ce rufé Courtifan lui confeilla , de révoquer tout d'un coup, par uneProcla- marion, toutes les Lettres patentes qui au- torifoient ces Monopoles, de facrifier Avril, Mai et Juin. 1740. 165 les coupables fubalternes au reiïentimenc du public, & d'adoucir le Parlement, en lui infmuant que le premier confeil de cette reformation lui avoit été donné par fon Favori, dès qu'il fe fut apperçu de l'abus qu'on avoit fait de ces Lettres patentes. Le Roi réfolut de fuivre ce confeil; mais cela ne le delivroit pas de toutes fes craintes. „ Le Chancelier, » qu'il étoit aufïi de fon intérêt de fau- „ ver, étoit accufé publiquement: le Fa- „ vori, que fa tendreife ne lui permettoit „ pas d'abandonner, étoit attaqué fecre- ,, tement, & par cela même plus dange- „ reufement, fi- non comme le premier „ auteur de toutes les injuftices & de „ toutes les vexations, au moins comme ,., celui qui les avoit appuyées. Il étoit „ impofllble dans cette conjonfture de ,, fauver le Favori & le Chancelier. Il „ faloit que le Roi fe réfolût d'abandon- 99 ner, ou l'objet de fon inclination, ou ,, l'oracle de fes confeils. On devine ai- „ tement quel parti un Prince tel que „ Jaques I. pouvôit prendre. Sa paflîon ,, l'emporta fur fa raifon , & le Vicomte „ de St. Alban fut facritié à la fureté de „ Buckingbam. 11 fut m^me obligé de re- ,, noncer entièrement à fa propre juflifi- ,, cation. Comme fon grand fçavoir lui 99 avoit acquis l'eitime de tout le monde, ,, & qu'il s'exprimoit d'ailleurs avec une 99 éloquence qui entramoit tous fes Audi- L 3 „ teurs, ï66 Bibliothèque Britannique, »j teurs , le Roi n'ofa pas hazarder de lui f, laifïér plaider fa caufe devant les Sei- „ gneurs ; de peur que durant le cours „ du procès il ne détournât de defïus lui- „ même la haine du public, en découvrant „ toutes les mauvaifes pratiques du Minif- „ tère, dont il étoit très bien-inftruit, „ & en fpécifiant les Patentes qu'il avoit „ été forcé de fceller, quoiqu'elles fûf- „ fent contre les Loix. Tout cela ne ,> pouvoit manquer de porter coup con- „ tre Buckingham , qui étoit le principal „ objet de la vengeance du peuple. Pour „ ce qui eft des fautes dont on chargeoit „ Bacon lui-même, il auroit pu les" ex- 9> tenuer d'une manière qui lui auroit 99 fait obtenir une fentence moins rigou- „ reufe. C'elt ce qu'il comprenoit très- „ bien: mais le Roi lui défendit abfolu- „ ment d'être préfent à fon procès , lui „ donnant fa parole Royale , qu'il trou- „ veroit moyen de prévenir fa condam- „ nation; ou que, fi cela étoit impoflible, „ il le recompenferoit abondamment. Ba- „ cm obéît, & fut perdu. Le 12. de Mars la Chambre des Com- munes nomma un Commuté pour recher- cher les abus qui s'étoient commis dans les Cours de Jnflice. Quelques jours a- près le Chevalier Robert Philips rapporta a la Chambre, que deux Pcrfonnes avoient porté plainte contre le Chancelier, de ce qu'il s'étoit laiîTé corrompre. Il fit ce rap- ÀVïirL, Mai et Juin. 1740. 167 rapport non feulement fans aucune ai- greur, mais même dans des termes pleins de refpeft & d'égard pour l'Accufé; pro- pofant en même tems que chaque plain- te fût portée en particulier devant les Seigneurs, fans la moindre exagération. Le 19. il y eut une Conférence entre quelques Membres des deux Chambres, dans laquelle les Seigneurs réfolurent d'examiner cette affaire au plutôt. Dès que cela fut répandu dans le public, il s'éleva un foule d'accufateurs contre Tin- fortuné Chancelier; principalement de gens qui lui ayant fait des préfens, n'a- voient pas laifie que de perdre leurs pro- cès; ce qui les animoit contre lui, plu- tôt que l'injuftice des fentences qu'il re- voit prononcées : car il ne paroit pas qu'aucun de fes Décrets ait jamais été caiïe. Pendant que cette affa;re s'examinoit dans le Parlement, le Chancelier étoit retenu dans fa maifon par une indifpof- tion réelle ou prétendue. Dans quelle perplexité ne doit- il pas s'être trouvé? 11 avoit un cœur grand & élevé; fa pro- pre confciencc le condamnoit. Ce] 1 dant il avoit une extrême fenfibilité pour fa réputation; il en avoit jouï long-tems, c\: il le voyoit fur le point de la perdre: il ne pouvoir faire qi «dons ac- cablantes, foit qu'il c le pafTé, foit qu'il jertât la v . . De L 4 quel- i68 Bibliothèque Britannique, quelle honte , de quelle confufion ne de- voit- il pas fe fentir couvert, lorfqu'il fe voyoit maintenant, à l'âge de foixante-&- un an, devenu la victime des extorfions & des violences de fes Domeftiques, auxquelles il avoit connivé, plutôt que d'aucune faute qu'il eût proprement com- mis lui-même ! Le 26. de Mars le Roi fe rendit à la Chambre des Seigneurs, & affe&ant de fe rendre populaire par des expreffions étudiées, il reconnut les abus de fon Gou- vernement. Il déclama contre les Mono- poles dont on fe plaignoit; il abandonna franchement à la rigueur de la Juftice les coupables fubalternes, le tout pour l'a- mour de fon Favori, lequel à la fin de fa Harangue il tâcha de juftifier par les rai- fons les plus pitoyables du monde : aufli étoit-il impoflîble d'en alléguer de bon- nes en faveur de celui qui étoit la caufe de tout le mal, & fans lequel les autres n'auroient pas pu fe rendre criminels. Les Seigneurs ne furent pas les dupes de cette Harangue; cependant, comme ils crurent que c'étoit affez que d'avoir ré- duit leur Souverain à la néceflité de fai- re fon Apologie , ils parurent fatisfaits : ainfi Buckingham échapa cette fois ; & tout le poids de l'indignation des Sei- gneurs tomba fur le Chancelier feul. Ils ne furent pas contens de la Confefiïon générale qu'il leur fit tenir P quoiqu'elle leur Avril, Mai et Juin. 1740. 169 leur fut préfentée par le Prince de Galles lui-même. Dans cette Confefiion le Chancelier renonçoit à toute juftiiica- tionde lui-même, & nedemandoit d'au- tre grâce, fi ce ri* eft que fin humble foâmif- Jtonfut fa fcntence , 6f la perte des Sceaux fa punition. Il fut obligé de répondre en dé- tail fur chaque chef d'accufation ; ce qu'il fit le 21. de Mai 1621, avouant dans les termes les plus exprès toutes les mal- versations dont on le chargeoit en 2S. articles différens, & fe remettant entiè- rement à la clémence de fes Juges. Ils le condamnèrent à payer une amende de quarante- mille livres Sterling, & à être emprifonné dans la Tour de Londres du- rant le bon plaifir du Roi ; outre cela ils le déclarèrent incapable de pofTeder au- cune Charge dans l'Etat, & d'avoir là- mais féance dans le Parlement; & lui dé- fendirent de s'approcher de la Cour. C'eft ainfi qu'il perdit tous les Privilèges de fa qualité de Pair; févérité qui n'étoit pas ordinaire, fi ce n'eft dans les cas de Trahifon. Le dernier chef d'aceufation qu'on porta contre lui eft remarquable : il y eft. dit , qu'il avoit donné lieu à fes Domesti- ques de commettre de grandes exactions. On a cru aflTez généralement, que cette indulgence qu'il avoit pour fes Domciti- ques, & qui etoit certainement exç ve, fut la principale caufe des malver- L 5 fations 170 Bibliothèque Eûïtannïqite, fations qui lui attirèrent fa difgrace. Na- turellement libéral, ou pour mieux dire, prodigue au-delà de ce que peut fe per- mettre un homme qui veut conferver fon intégrité, il fouffroit que fes Domefti- ques & fes Officiers fî fient des dépenfes excefïïves : & comme il y en avoit plu- fieurs parmi eux qui étoient jeunes, & qui aimoient le plaifir, ils s'y livroient fans referve, parce que le maître ne pa- roiffoit pas y faire attention. Soit qu'il ne s'apperçùt de ce défordre que lorf- qu'il n'étoit plus tems d'y remédier, foit qu'un génie fupérieur comme le fien , tout occupé de grands defTeins, ne pût pas s'abaifler pour entrer dans les petits détails qu'exige une bonne économie; il efl certain que pour foutenir les dépen- fes de fa m ai fon, il fe laiifa corrompre lui-même, & conniva aux malverfations de ceux qui étoient fous lui. Après qu'il eut été peu de tems à la Tour, le Roi lui rendit fa liberté, & lui remit l'amende à laquelle le Parlement l'avoit condamné. Quelques années après il préfenta Re- quête à Jaques I. le fuppliant d'annuller en- tièrement fa fentence , afin que cette igno- minie dont il etoit couvert, fût effacée, & que fa réputation pût être transmife fans tache à la poflerité. Le Roi lui accorda fa requête, ce révoqua entièrement fa fentence; en confequence àz ce pardon plein Avril, Mai et Juin. 1740. 171 plein & entier, il fut appelle à prendre féance dans le premier Parlement que Charles ï. convoqua. Et la pofterité, à laquelle il en avoit appelle, en lui ren- dant juftice fur fes grands talens, fem- ble avoir oublié les fautes qu'il a com- mifes. 11 pafTa le refte de fa vie dans la retrai- te, s'attachant uniquement à l'étude. Le premier fruit de fon travail, depuis fa difgrace, fut YHiftoire de Henri VII, qu'il publia en 1622. Il l'écrivit à la follici- tation de Jaques I. Cet Ouvrage a été extrêmement applaudi des uns, & n'a pas été moins cenfuré des autres. Mr. Mallet convient que cette Hiftoire ell écrite avec quelque partialité; il avoue aufli que le ftile en eft plein d'affe&ation & d'une fauife éloquence : mais ajoute- t-il , c'étoit le vice du Siècle, & parti- culièrement de la Cour , qui , à l'exemple du Prince , aimoit le faux brillant & les jeux de mots. Ce jugement s'accorde allez avec celui de Mr de Voltaire * Les EJfais : du Chancelier Ba- con font encore tres-eflimez : il les aug- menta confiderablement & les corrigea vers la fin de fa vie, & les publia de nou- veau non feulement en Anglois, mais auf- li * Voyez fes Lettres fur les Angîois, LettreXll. png. ni. 88. 89. iji Bibliothèque Britannique, û en Latin. „ Ils font faits pour inftruire „ plutôt que pour plaire , dit Mr. de „ Voltaire * ; & n'étant ni la Satyre de la 9, Nature humaine, comme les Maximes „ de Mr. de la Rocbefoucauh , ni l'école du „ Scepticifme, comme Montagne, ils font „ moins lus que ces deux Livres inge- 9> nieux ". Ce jugement, ou, fi l'on veut, cette critique, fait honneur à Bacon, fi nous en croyons Mr. Maïïet: car Bacon, dit -il, étoit un trop grand homme pour rechercher l'applaudiiïement de la multi- tude en nattant la malignité du cœur hu- main, ou en favorifant les doutes de l'Efprit. On a fort parlé de la pauvreté à laquel- le on prétend que Bacon fut réduit dans les dernières années de fa vie. Notre Auteur croit qu'on a exagéré : il convient bien que Bacon n'étoit peut- être pas dans l'abondance ; mais il n'étoit pas non plus dans la nécefïîté. Le Roi lui avoit ac- cordé une penfion de dix -huit -cens li- vres Sterling par an, qu'il conferva juf- qu'à fa mort. Il polTedoit outre cela des Terres qui lui rapportoient encore lix- cens livres Sterling de rente. Il faut pourtant remarquer que fa penfion étoit afTez mal payée , & qu'il étoit d'ailleurs fort endetté; ajoutez à cela qu'il avoit depenfé beaucoup pour faire des expé- rien- * Là- même, pag. S7. 88. Avril, Mai kt Jûtv. 1740. 175 rïences ; de forte qu'on ne doit pas être furpris qu'il fe plaigne de fa mifere , même en des termes qui paroilïent indi- gnes de lui , dans une Lettre qu'il écri- vit au Roi un an & demi après fa dif- grace. Le grand travail auquel il s'étoït appli- qué dans les différens emplois qu'il avoic pofTedez, l'étude continuelle, & le cha- grin caufé par fa difgrace, ruinèrent fa lanté. Cependant, quoiqu'il fut infirme, il continuoit toujours de s'attacher à l'é- tude, & il dut enfin la mort à un excès qu'il fit, mais un excès digne d'un Philo- fophe. Comme il luivoit quelques expé- riences fur la confervation des corps avec plus d'application que fes forces ne le lui permettoient, il fut faifi tout d'un coup d'un mal de tête & d'eftomac, qui fut fuivi d'une fièvre , qui l'emporta au bout de huit jours. 11 mourut chez le Comte d'Arundel * à Higbgate, proche de Londres; le 9. d'Avril 1626. dans la Soixante -fixiè- me année de fon âge. On ne fçait point comment ii fupporta fa dernière mala- die, ni de quelle manière il fe conduifit aux approches de la mort. On auroit pour- * Son mal le prit comme il étoit en che- min entre Londres & Higbgate; ce qui l'obligea (]e fe retirer dans la m.iifon de ce Seigneur, qui écoit abfent. Qetivr. ds Bacon Ktl. IV. Uttr. 297. 174 Bibliothèque Britannique, pourtant fouhaité de fçavoir, comment un homme comme lui, Philofophe & en mê- me tems Courtifan , a envifagé la mort, quelle impreflîon elle a fait fur lui, & quels fentimens il a exprimez. Mais il n'y a aucuns Mémoires là- deifus: nous a- vons feulement une Lettre * qu'il écrivit au Seigneur dans la maifon duquel il mourut: il s'y comparoit à Pline l'ancien, qui perdit la vie en voulant examiner avec une curiofité trop dangereufe les embrafemens du Mont Vefuve. Baconne. fe maria qu'à l'âge de quarante ans paffez : il époufa la fille de Mr. Barn- ham, Alderman ou Echevin de Londres, qui lui apporta en mariage un bien con- fiderabie; mais il n'eut point d'enfans d'elle , & elle lui furvécut plus de vingt ans. Il fut enterré dans l'Eglife de St. Michel proche de St. Alban. On trouve dans fon Teflament ce paffage remarqua- ble: t9 Je laifie le foin de ma réputation „ aux Nations étrangères ; ôz après qu'il „ fe fera paifé quelque tems , à mes pro- „ près compatriotes ". En effet, les étran- gers ont eu d'abord une eluime toute particulière pour lui, & ce n'a été que quelque tems après fa mort que les An- glois ont rendu juflice à fon mérite. Il y avoit dans fon tempérament une fin- * C'efl la 297 , & la dernière qu'il écrivit. Avril , Mai et Juin. 1740. 175 fmgularité dont il n'ell pas facile de ren- dre raifon ; c'eft que toutes les fois qu'il y avoit une Eclipfe de Lune, foit qu'il y prit garde ou non , il tomboit en dé- faillance, & ne revenoit à lui que lors- que l'Eclipie étoit pafle M. Mallct finit cette Vie du Chancelier : en faifant Teloge de fes princi- paux Ouvrages ; & pour en faire mieux comprendre l'utilité, au moins par rap- port au tems où ils ont été compofez, il décrit l'ignorance & la fuperftition dans laquelle le monde avoit croupi: il fait voir par quels degrez & par le fe- cours de quels grands hommes la lumiè- re commence de fe répandre : il rend juftice à ceux qui ont reformé la Philofo- phie avant Bacon; mais il montre en mê- me tems qu'ilymanquoit encore un Plan général qui put embraffer tout ce qui eft l'objet de la Science, & nous guider dans toutes nos Recherches. C'eft ce Plan que Bacon a exécuté dans fes Ou- vrages, dont Mr. Mallet marque ici le deflein & le fujet; comme tout cela eft alTez connu, nous ne croyons pas devoir nous y arrêter. Après cette Vie on trouve une Table des Traitez & des Lettres qui font con- tenues dans les quatre Volumes des Oeu- vres de Bacon: & à la fin de chaque Vo- lume il v a une Table générale des Ma- tières. Il auroit peut-être été plus à pro- X7<5 Bibliothèque Britannique, propos de fondre ces quatre Tables en une feule, parce qu'on eft fouvent obli- gé de les feuilleter toutes quatre avant que de trouver ce qu'on cherche. ARTICLE IV. Réflexions de Mr. De MifTy fur l'O n c- tion dans les Sermons, telles qu'elles ont été lues dans une Société de quelques Théologiens, IL MANQUE de VO NCTION & du mouvement à la plupart de nos Prédica- teurs : Par ces paroles commence le deuxième Chapitre de l'Ouvrage du P. G i s 3 e r t fur V Eloquence de la Chaire : A propos de quoi, je n'ai jamais pu, dit Mr. Lenfant, concevoir une idée bien diflinc- te de ce qu?on appelle Onction dans les Livres de Morale & dans les Sermons. J'ai fouvent entendu , pourfuit-il, des gens qui difiient que POnclion confijloit dans un Dis- cours bien farci de pbrafes de V Ecriture, jy autres la mettent dans un Stile dévot, 6^ qui. tenant de VEnthoufiafme , eft fur le pen- chant prochain du galimatias. Il m' eft quel- quefois arrivé d'entendre dire d'un Sermon qiCil y avoit beaucoup d'Onfiion, fins que je m'en éirc apperçu que par ics grimaces des vieilles Femmes P ou des jeunes Coquettes Avril, Mai et Juin. 1740. 177 & des Bigottes , que cette Onâion rendoit fort laides. Il ne croit pourtant pas que tous ceux qui parlent d'Onâion, attachent à ce ter- me des idées ridicules. Je vois , ajoute- t-il,que le P. Gi bert entend à -peu -près la même chofe par /' Onâion &f le mouvement. Voyez la page 63. [c'ell la 77.] ou il fait conjifler V Onâion , & même l'Onction viclo- rieufe , dans des mouvemens doux, vifs, tendres , infirmons. Mr. Lenfant croit même que le P. G. n'a pas tort. Mais fi r Onâion, re- prend-il, ne confifle qu'à dire touebamment- une chofe touchante, qu'avons -nous befoin du terme J'O nction, qui au fond ne réveil*- le aucune idée difiinâe? De forte que ii Mr. Lenfant a raifon, nous ferons ré- duits à croire, ce femble, ou qu'on n'at- tache à ce terme aucune idée raifonna- ble, ou que le terme lui-même ne vaut t: n pour exprimer une pareille idée. Jl eft vrai qu'il femble aufïi avoir vou- lu prévenir cette imputation : Au moins avoue -t- il que le P. Gisbert a mieux ex- pliqué ce que c'eji que V Onâion dans le fera :ire, lorfqu'il a dit: Chaque Art a fen langage) la Chaire a le fi en: un langage tout compoft de termes , ùVexpreJJton) , de tours, de j , d'images tirées de F Ecriture & des Je ne Jçais quelle grâce, je ne fçais quelle Onction fecrete, inséparable 'de ce divin langage , fait aesimprejponjjurje coeur, TmeXF.Part. I M 178 Bibliothèque Britannique, que tout autre tangage n'y fait pas. Mais ne trouvez-vous pas , Meilleurs , que fur cet- te explication, à -peu -près comme fur la précédente , Mr. Lenfant auroit pu demander, Qi? avons -nous hefoin du terme d'Onu ion pour dêp.gner le langage de l'Ecri- ture? Car en effet, quelle Analogie y a- t-il entre l'idée phyilque de FOn&ion, & celle d'un difcours compofé des ter- mes de ce divin langage? C'ell ce que n'ont marqué ni Mr. Lenfant, ni le P. Gisbert, ni aucun autre Auteur que je fçache. Ed-ce que réellement un ter- me auffi figuré que celui d'Onction, au- roit fi bien fait fortune, feroit devenu û populaire, auroit été fi généralement em- ployé pour defigner une des plus gran- des beautez du Difcours Chrétien , fans avoir aucun rapport avec aucune de ces beautez ? Ou ell-ce fimplement que l'idée de ce rapport fe feroit infenfiblement perdue? Je ne fçais fi j'en juge par prédilection pour un 'terme dont je n'ai cependant aucune raifon d'être jaloux, puifque je ne me fouviens pas de m'en être jamais fervi; mais j'ai peine à nVimaginer que ce foit un terme avanturier, qui doive fa fortune (pour ainfi dire) à un pur ha- zard,& non pas à fon mérite. Je m'ima- gine au Contraire , que fi nous fçavions rhiftoire de fon établifîement, où com- ment Avril, Mai et Juin. 1^40. 179 ment il a été mis en pofTefiion de fign*- fier une des plus touchantes perfections de l'Eloquence Chrétienne, nous le trou- verions très -propre à lignifier une pa- reille perfection : & j'aimerois d'autant mieux à m'éclaircir là-defïus, que ce fe- roit peut-être le moyen de bien connoi- tre une perfection , dont il paroit , par l'embaras de ceux qui en parlent, qu'il ne nous relie qu'une idée obfcure & confu- fe, difficile par confequent à fervir de régie ou à être mife en pratique. Le malheur eft , que je fuis réduit à des conjectures. Mais c'eft quelque chofe , pourvu que les conjectures foient heu- reufes. Vous en jugerez; & je les efti- merai telles, Meilleurs , û elles ont le don de vous plaire. I L Y A ici deux chofes à obferver : La première, que le mot d'Onâian eft em- ployé dans un fens figuré: La féconde, que dans un fens figuré il s'applique aux Prédicateurs ou à leurs Sermons. Si l'u- ne des deux doit nous embarafTer, ce n'ell pas la première. L'ufage des mots tfOnFiion & d'Oindre , dans un fens figu- ré, me paroit trop bien établi, au mo:ns dans l'Ecriture , où Ton peut fuppofer que puifent quelquefois leurs idées & leurs expreflions, ceux qui parlent; de l'Elo- quence de la Chaire. St. Jean dit Onâion, pour dire la corn- M 2 mu- i8o Bibliothèque Britannique, munication du St. Efprit; ou,fi l'on veut, l'efprit du Chriftianifme; peut-être mê- me l'Efprit du Chrift, ou de Y Oint par excellence. Pour vous , dit -il, qui avez reçu /' O N c t ion de la part du Saint , vous fçavez toutes chofes. i Jean II. 20. Com- me /'O n c t 1 o n que vous avez reçue de lui demeure en vous , vous navez pas befoin que perfonne vousenfeigne. lbid. vf. 27. Avec quoi l'on peut conférer. IV. 13. & Jean IV. 26. Et dans le fond, pourquoi la communication du St. Efprit ne s'appel- leroit-elle pas une Onction , puifque Ton conçoit qu'elle fe fait par une efpe- ce d'Effufion ? L'idée d'Ondion n'eft pas moins naturelle ici que celle de Bâtémc: & l'on fçait que l'Ecriture repréfente fous cette dernière idée l'Effufion du St. Efprit. On fçait encore que TOnclion étoit chez les Juifs une Cérémonie fymbo- lique ,pour repréfenter l'autorité que re- Cevoient de Dieu, les Rois, les Sacrifi- cateurs, les Prophètes: Et je trouve que, par une confequence afîez naturelle , cette autorité elle- même, indépendamment de la Cérémonie , fe ciéfigne quelquefois fous l'idée d'Ondion. Je ne fçais pas û Efaïe parloit de fon Ondion dans le fens jphyfique, lorfqu?il difoit: Y Eternel rrUa oint pour évangélifer aux pauvres : mais il eft certain que le fens moral n'étoit pas Avril , Mai et Juin. 1740. 181 pas exclus *. Il eft certain que J. C. qui n'avoit pas reçu l'Onction dans le fens phyfique, ne laiiTe pas de s'appeller VOint . puilque c'eft ce que dit fon nom de Chnft. Il eft certain de même que St. Paul, qui , aullî-bien que fon Maitre , n'avoit point été oint avec de l'huile , n'a pu parler que dans un fens figuré, lorfque ,pour marquer l'autorité des Mi- nières de l'Evangile, il a dit en leur nom : L\j} Dieu qui nous a oints. 2 Cor. I. 20, 2i, 22. De forte que com- me TOnution exprime quelquefois par une ligure la communication du Sr. Efprit, elle paroit pouvoir auflï, par u- ne autre figure, exprimer quelquefois l'autorité du Miniftère Evangélique. Je trouve de plus, que par une Analo- gie très -naturelle avec les Onctions mc- decinales , l'Onction défigne en général la confolation ou un heureux change- ment de mal en bien. Sans parler du rapport que mettoit David entre le plai- fir de voir les Frères s* aimer , & celui de fentir l'odeur embaumante de l'Onction des Sacrificateurs ( penfée qui pourroit e- tre ici de quelque ufage) f ; & me fuffi- roit de citer ces paroles û connues de Jéré- * Voyez EfaïeLXI. 1. & conférez XLV. 1. ou Cyrus eft appelle Y Oint du Seigneur. tPf. CXXXIII. M ; 182 Bibliothèque Britannique, Térémie : N'y a-t-il point de Beaume en tfjalaad? . . Pourquoi donc la playe de la fil- le de mon Peuple n'efi-eile pas conjolidée * ? j'a- jouterai feulement cette phrafe de "i'Apocalypfe : Oins tes. yeux d'un Coliyre : ce qui fignifte manifeftement, Guéri -toi de ton ignorance, ue t-es erreurs , de tes iilufions. Ap. III. 18. CE N'EST pas, encore une fois, Pu- fage du terme ou de Pidee d'Onâion, dans un l'en s figuré , qui peut caufer de l'embaras. Mais comment la figure s'ap- plique-1- elle aux Prédicateurs ou à leurs Di cours ? C'eft ce quiparoit d'abord un peu plus embarafîant 3 mais qui ne laifTe pas d'être aflez facile à concevoir quand on y fait attention. i . Si par Y Onction nous entendons la Communication du St. Efprit , ne pourroit- on pas i pour fignifier que les Difcours d'un Prédicateur fe reiTentent de PEfprit dont il doiLétre animé , dire, affez naturel- lement, qu'ils fe reiTentent de POnction qu'il a reçue, ou qu'il a de POndion dans fes Difcours ? Ce qu'il y a de con- flant, c'eft que l'on trouve de POndion dans un Sermon où l'on reconnoit le lan- gage de l'Ecriture , & que le langage de l'Ecriture peut être regardé comme ce- lui de cet Efprit qui eft repréfente fous l'em- * Voyez Jéréraie VIII. 22. & XLVI. 11. Avril, Mai et Juin. 1740. 18 ? l'emblème d'une huile dont nous fbrnmes oints. Or le langage de l'Ecriture ou du St. Efprit eft au moins Une des chofes qui peuvent faire regarder un Prédicateur comme rempli du St. Efprit. Si le Peu- ple fe trompe, lorfqu'il ne trouve de l'Onction que dans des Difcours , qui pour tout mérite , font farcis de pbrafes de FEéri- ture , ou pleins d'un dcvot galimatias ; cela prouve feulement qu'il a une idée faufie ou très-imparfaite de ce que les gens plus raifonnables ou mieux inftruits appellent le langage ou le ftile de l'Ecriture. 20. Si par SOnâicn nous entendons V autorité du Minifière Evangéïique , ne poup- roit-on pas, fur -tout après avoir pê- préfente un Miniilre comme un homme que le Seigneur a oint pour évangelifer, dire qu'il prêche avec Onction, pour di- re que fes Difcours fe reifentent de la dignité & de la divine autorité de fon Miniitère? Ou je fuis f®rt trompé, ou ceux qui vantent l'Onction dans les Pré- dicateurs, donnent quelquefois cet élo- ge (ou du moins ne le contefleront pas) à un Prédicateur dont on pourroit dire qu'il a fart d'infpiçer un religieux refpeCfc pour fes initrueliens , &, qu'à Te de fon Maître, /'/ enfeigne comme ayi rué *. Lh! pourquoi trouve- 1- on de rOnc- * Voyez Matt. VIL 29. Et conférez r M 4 :m 1 ï84 BfBLIOTHEQtfE BRITANNIQUE , l'On&ion dans les Sermons où Ton re- connoît le langage de l'Ecriture ? Ne fe- roit-ce pas, au moins en partie, parce que parler comme l'Ecriture, & parler avec elle, c'eft donner de la majefté, de la dignité & de l'autorité à fes Ser- mons? 3°. Si par VOnâion enfin nous enten- dons ce qui eft propre à nous guérir ou à nous fortifier, dans le fens moral; quoi de plus naturel que de caraciérifer par le terme d'Onclion,des Difcours qui agif- fent fur notre ame, comme un Beaume excellent fur notre corps? Qiie le Jujle, (dit David, au moins dans le Texte Hé- breu) que le Jufte me reprenne, ce me fera un Beaume excellent. Pf. CXLI. 5. U Huile & le Parfum , dit Salomon ; V Huile & le Parfum réjouijfent le cœur , & telle eft la douceur qui vient du confeil cordial d'un A~ mi. Prov. XXVII. 9. Le P. Gisbert parle quelque part (p. m. 17.) d'une grâ- ce médecinale, qu'il oppofe à la grâce de pure lumière, & qui emporte la délectation. Peut-être que dans fon efprit il rappor- toit ces idées à celle de TOndion. Mais ce qui me paroît plus, décifif, c'elt ce qui iilien Lib. IV. C. I. Plurimiim ad wnnïa momen- ti eft in boc pofitum , fi vir bonus creditur. Sic tnim continget , ut non Jludium Advocùli vident ur afferre , fed penè teftis fidetn. n'y fo me fur Avril, Mai et Juin. 1740. 185 <^tii eft dit de l'Eloquence de Nigrinus dans un endroit de Lucien, ; qu'il fuffira de citer fuivant la Traduction de Mr. d' Ablan- court Tom.I.p.m. 24. Je demeurois attaché à fort difeours ( de Nigrinus ) fans en per- dre une parole, £f ne craignois rien tant que d'en voir la fin. Et {or/qu'il eut achevé , je le regardois comme immobile, fans pouvoir prononcer une parole, je tranfpirois , & étois tout interdit .... Le cœur de l'Homme eft comme un but ou chacun vife, mais peu y don- nent ; & des traits que Von y tire, les uns , pour être trop violens , paffent à travers fans s'y arrêter^ les autres, pour être trop foibles , font point d'impreffon : mais ceux qui font jurez à fa portée, & frottez [ou oints] non pas de venin ou de réjlne . . mais d'un: grâce invisible, comme d'une H u 1- le douce & pénétrante; ceux-là, dis -je, font des hlcjfurcs qui ne fe guériffent jamais , & qui font fi agréables quelles font couler des larmes de joye. La confequence que je puis tirer de ces paroles faune aux yeux. JE VOUDROIS à préfent, Mef- fieurs, en vertu de ces observations, dé- terminer èvr expliquer l'idée de la per- fection qu'on exprime par le terme d'Gr.c- tion. Mais avant que de rien établir fur mes obfervations, je ferai bien -aile de fçavoir û vous les approuvez, ou jufques à quel point vous croyez- qu'elles puif- fent être de quelque uiage. M 5 A R- i86 Bibliothèque Britannique, > ARTICLE V. An Effay on the Ufefulnefs of Orien- tal Learning. Ce s t - a - d i r e : Effai fur l'Utilité de la Littérature Orientait. A Londres, chez C. Riiïington & au- tres, in 8. pp. ôo. fans l'Epître Dé- dicatoire. CEt Èflàî eft dédié au Principal & aux Membres du Collège de Lin- coln dans l'Univerfité à' Oxford, où il pa- roît que l'Auteur, qui ne fe déiigne que par le nom de Pkiloglotte , a autrefois étu- dié. Après avoir remarqué en général, que les Sciences font venues de l'Orient, que les plus habiles Philofophes de l'An- tiquité ont tiré de-là leurs plus belles lumières, & que la Littérature Orienta- le peut être d'un grand ufage à l'Ora- teur, au Critique , à l'Hiftorien, au Poli- tique, & fur-tout au Théologien, il fait voir en détail les diverfes utilitez des Langues Orientales. Il commence par 3'Hebreu, comme de droit. Il fup- pofe , avec bien d'autres Auteurs , que c'eft non feulement la plus ancienne de toutes les Langues , mais encore celle d'où toutes les autres font dérivées. Les noms d'un très -grand nombre de Peu- ples Avril , Mai et Juin. 1740. 187 pies qui font defcendus des Hébreux , le prouvent clairement félon notre Auteur. Les Afffriew tirent leur nom à'AjJur, les Elanutcs (XElam &c. Le Jupiter, ou plutôt J'uns Pater des Latins, & le La des Grecs, viennent de Jebovab; Certs de Obères 9 qui fignifieA? Bled &c. *. Et plu- Ile urs Sçavans ont obferve , qu'il n'y a point de Langue dans laquelle on ne trouve quelques traces de l'Hébreu f. Si la plupart des Commentateurs de Virgile avoient entendu cette Langue, ou y avoient fait attention , ils ne fe leroient pas trompez aufli groffierement qu'ils ont fait au fujet de ce vers : Durumque Cabik Jnarime Jcvis imperiis impojla Typhao. JËmîd. IX. 715. Ils ont cru , les uns , qu1 Inarime efl Ifckia , Ifie voiiine de celle de Procida fur la co- te de Naplesj les autres, que c'eft une Montagne de la Ctluic , ou de la Lidie. Mais * Vid. Shickard. Hor. Ehr&tm p. 141. Lami , Introduction a l'Etude de l'Ecriture Sce. L. 2. C. 5. Ntcbolfon, DiJJert. Pbilolog. de Ùniverju Orbis Lingui- . Aîijcell, 6';rr. t Voyez une Noce du fçavam Mr. Hutcbinfon fur Xenopbon de CVt Inftit. Lib. 7. p. 526. de fon Edition imprimée à Oxford en. 1727. Bâchait, Gecgrapb. Sacr. Fars pofter. t88 Bibliothèque Britannique, Mais l'Auteur prétend, d'après Dickin* fon*, que Virgile, qui a emprunté d'Ho- mère ce qu'il dit ici, a fait un feul mot dVv 'Ap/pto/ç qu'on lit dans ce Poète Grec , c'eft-à-direin Aram , Jlve Syria, caria Sjtrja eft appellée Aram dans le V. Tefta- ment , & les habitans de la Syrie étoient aufli connus parmi les Grecs fous le nom (XArimêcns ou Araméens, comme il pa- roit par Strabon L. 13, & L. 16. Il ajou- te , qu'Homère fait ici allufion à ce que Moïfe rapporte f du Lit monftrueuxd' Qg Roi de Bafçan, qu'il* foutient être le même que le Géant Typbée ; mais c'elt ce^ qu'il aura de la peine à perfuader à fes Lecteurs. L'H ébreu fournit encore, fuivant lui , une beaucoup meilleure explication de l'origine de cette exclamation 'Ehstev le lu, dont on fe fervoit dans la célébration des Ofcbopboria, que celle qu'en donne Plutarque j. Cet Auteur croit que c'étoit un cri d'affliction , occafionné par la mort d'Egée y mais il ne prend pas garde qu'un cri de cette nature étoit incompatible avec la célébration d'une Fête folemnel- le, au lieu que û on le dérive de l'Hé- breu Halkîou-jah , qui y a bien plus de rap~ * Delphi Phœnicizintes C« 2. ap. Creiiii Fofcio. f Deut. III. ir. ; In Tbrfeo. Avril, Mai et Juin. 1740. 1S9 rapport, il convient parfaitement à une pareille folemnité *. Voici un autre exemple tiré du frag- ment de Sanchcmiaton qu'Eafebe nous a con- fervé. On y lit au fujet de la Création du Monde , qu'il y avoit un cabos obfcur £f confus , & du vent ou de l'air pour le faire fermenter ou le mettre en mouve- ment. Ce vent efl appelle 'Avs/xeç Kokniee, c'eft-à-dire , non le vent Colpia , com- me il femble qxCEufebe l'a entendu, mais te vent ou le Jbuffle de la voix de la bouche de V Eternel Suivant l'Hébreu rr-i3-Vip> Col- Pi-W t- Sans la connoûTance de I'Hebre u Ton ne fçauroitgueres avoir de juftes idées des Loix des anciens Sages de la Grèce ; car il eft certain que ces Loix font pour la plupart empruntées des Ecrits de Moï- fe, comme plufieurs Sçavans l'ont fait voir, & comme il eft aifé de s'en con- vaincre en les comparant enfemble L Auf- û rapporte-t-on d'Ariftotc , que l'Hébreu lui parut d'une fi grande utilité pour fes Recherches Philofophiques, qu'il s'y ap- pli- * Dickinfon Delphi Pbaniciz. C. 6. t Mr. Slmckford dans la Préface de fon Li- vre intitulé, Connexion de l'Hiftoire Sacrés & Profane y & traduit depuis peu en François. 4. Voyez l'Hiitoirc Univerfelle , Toiù, 3- P- 531, de l'Anglois, 190 Bibliothèque Britannique, pliqua , & y fit des progrès confidera- bles *. D'ailleurs , la Langue Hébraïque a de grandes beautez, des beautez qu'on ne rencontre point dans les autres Langues; c'eit ce qu'ont reconnu les plus violens ennemis des Juifs & des Chrétiens f, & de fçavans Auteurs ont fait voir, qu'il y a dans les Ecrits du V. Teftament plus de vraye Eloquence, plus de fublime,que dans les Ouvrages de l'Antiquité qu'on admire le plus j. Si l'on dit que nous avons plufieurs Verfions de ce Livre qui difpenient de s'appliquer à l'étude de l'Original; l'Auteur répond, que le grand nombre même de ces Verfions, &les va- rietez qu'il y a entre elles , prouvent la néceflité de le faire ; car comment fçau- ra-t-on quelle eft la meilleure & la plus fidèle , ou comment pourra-t-on feule- ment s'afTurer qu'il y en a aucune de fi- dèle, fi l'on n'entend pas l'Hébreu $? Et puis l'Original l'emportera toujours fur toutes les Verfions pour l'élégance &la fublimité ; les expreiïions en font le plus fou- * Ibid. p. 330. Tribecbovii Verit. Créât. Mun- di p. 255. f Jamblich. de Myfler. § 7. C. 5- 4 Vid. BlackwaU's Sacred OaJJtcks definded Çfc. P. 1. C. 1. $ Vid. Beveridge de Ling. Orient. Prsftant. p. 10. Avktl > Mai et Juin. 1740. 191 fouvent û énergiques, fi laconiques, les tours û finguliers, qu'il eft impofllble de les rendre parfaitement dans quelque Lan- gue que ce foit *. Mais c'eft fur-tout aux Théologiens , aux Eccléfiafliques ou à ceux qui fe deftinent à l'Eglife, que la connoiflance de l'Hébreu eft néceffaire. Toutes les Verfions de la Bible ont été faites par des hommes faillibles , & qui fe font en effet très -fouvent trompez, au lieu que les Auteurs en étoient infpi- rez, & par confequent infaillibles; de forte que c'efl à eux qu'il faut absolu- ment avoir recours , & dans leur pro- pre langue, fi l'on veut connoitre avec certitude la volonté de Dieu, l'enfeigner avec fidélité , & être en état de déci- der par FEcriture Ste. toutes les difpu- tes qui peuvent s'élever en matière de Religion j\ De l'Hébreu de la Bible l'Auteur, paffe à celui des Ecrits des -Rabbins & des Talmudiftes, dont la connoiflance eft aufli fort néceffaire pour une parfaite in- telligence tant du Nouveau que du Vieux Teftament. Le premier eft plein d'Hé- braïfmes & de façons de parler particu- lière? aux Juifs du fiécle dans lequel il a * R"o?ridzey ibid. p. 18. t St. A «g. de Doftr. Chrift. Lib. II. C. 11. B. 16. Hu-ron. Epift. 28. Du Pin Hift.duCan. 4u V. * d* N. Teftament. ïçi Bibliothèque Britannique, a été écrit; de forte que pour les en- tendre , rien n'eft plus utile que de con- sulter les Livres des Rabbins publiez en- viron ce teins- là, où Ton trouve les mènes expreiîions conftamment em- ployées * L'ufage que le fçavant Ligbtfoot a fait de cette eipece d'étude , eft une bon- ne preuve de fa nécelTité. On trouve enco- re dans le Nouveau Teilament de fréquen- tes allufions aux Mœurs , aux Coutumes & aux Cérémonies des Juifs du tems de N. Seigneur & de fes Apôtres , & c'eft ce dont la Gemare donne une defcription très-étendue. Entre les Commentateurs modernes du V. Teilament, ceux qui ont le mieux réiiffi, font ceux qui ont con- fulté avec le plus de foin les Ecrits des Rabbins, ce qui juftitie la remarque de Munfler : Inepte iïhs agere , qui , contemptis He- brœis Script oribus , Libros V. Inflrumenti inter- pretantur f. L'Auteur allègue à cette occafion le paifage des Juges XI. 31. &c. où il eit parlé du Vœu de Jephté, & qui a fi fort embaralfé les Interprêtes. La difficulté n'eft venue que de ce qu'ils ont rendu le Vau par la conjon&ion &: Tout ce qui fortira des portes de ma Mai/on au * Vid.Relandi Prolegom. in Anale&a Rabbin. p. 14. Helvici Traft. de Chald. Paraphr. p. 20. t Vid. Relandi Prolegom. in Analetta Rab- bin. Avril , Mai et Juin. 1740. 193 au devant de moi fera à FE- iernel, e t je F offrirai en bolocaufte , d'où ils ont conclu que Jepbtê facrifia effecti- vement fa fille. Mais Kimcbi , faifant plus d'attention à l'Original, a remarqué que le Vau peut être rendu par ou auffi-bien que par & , comme dans Exode XXI. 15. & par-là il a levé toute la difficulté en traduifant de cette manière : Tout ce qui fortirj fera à V Eternel , ou Paint, confacré à l'Eternel (au cas qu'il ne foit pas propre à lui être offert en facriiiee ) ou (s'il eft propre à cela) je F offrirai en holocaufle *. Le Talmud eft auffi d'une grande utilité, en ce qu'il contient une infinité de chofes qui peu- vent fervir à éclaircir non feulement les Antiquitez du N.Teflament, la Geo- graphie Sacrée , les Paraboles & les fa- çons de parler Proverbiales employées par Jefus-Chrift, mais même les Oracles qui regardent le Melfie f. Si l'argument qu'on a allégué pour prouver l'utilité de la Langue Hébraïque, tiré de ce que les Livres du V. Tefta- ment ont été écrits dans cette Langue, eft bien fonde, il conclut avec une éga- le * Vid. Ockleii Tntrod. ad Ling. Orient. C. VU. p. 8a. Marshami Can. Chron. Suc. IX, p. 173. \ Frxfat in Cclbrii Rabbin ifm. Tome XV. Pan, L N 194 Bibliothèque Britannique, le force en faveur du Chaldaïque ; puifc qu'une grande partie des Livres de Da- niel & dCEfdras font originairement écrits en Chaldaïque. L'ufage qu'on peut fai- re des Targums fournit un nouveau mo- tif à l'étude de cette Langue. Comme les Juifs leur donnent une autorité égale à celle de la Bible Hébraïque même * , tou- tes les preuves qu'on en peut tirer en fa- veur du Chriflianifme , font à leur égard autant d'argumens ad dominera. D'ail- leurs on y trouve bien des chofes qui peuvent fervir au même but , lefquelles l'ont fondées fur une ancienne Tradition, & ont été certainement tranfmifes par les Ecoles des Prophètes f. On en cite ici quelques exemples, & l'on ajoute que les Targums mentent la préférence fur les Verrions Grecques mêmes, non feule- ment à caufe de l'autorité que les Juifs leur attribuent, mais encore parce qu'ils con- tiennent des explications très-orthodoxes de plufieurs palfages qui regardent le Meflie , lefquelles fervent à renverfer les faux fens que quelques Rabbins, & d'au- tres qui les ont fuivis , leur ont donné. On y voit en particulier la divinité du fils de Dieu & le dogme de la Trinité clai- * Vid. Hehici Traït> de QUIL BibL Paraplr. C. 4. t. Id. Ibid. Avril , Mai et Juin. 1740. 195 •clairement fuppofez ou établis ; ce qu'on ne trouve pas avec la même clarté dans les Verfions Grecques, Ces Paraphrafes ont encore cet avantage, qu'elles peuvent fer- vir à fixer la véritable leçon , & par confequcntàconferverlapureté duTexte Hébreu , fur - tout fi l'on confidere que quelques-unes ont été écrites avant^efus- Chrilt, & dans un tems où , de l'aveu de tout le monde, on n'avoit pas le moin- dre foupçon que ce Texte eût été corrom- pu *. Enfin elles font très -propres à nous donner le vrai fens de quelques paifages difficiles de l'Ecriture Ste. qu'u- ne conftruciion ou une façon de parlei particulière , ou de certains mots qui ne Fe rencontrent qu'une feule fois, ou qui ne reviennent que très -rarement dans le Texte , ont rendu extrêmement obf- curs f- L'Arabe a des beautez fmgulieres , Une précifion, une clarté, une élégan- ce , une abondance qu'on ne trouve point dans les autres Langues , & qui fufii- roient * Onkelos & Jonathan - Ben - Vziel , dont les Paraphrafes fubfiltent encore, vivoient environ quarante ans avant Jefus - Chrift. Btveridg. de Lingua Orient. Prœf. p. 2o. t On en peut voir plufieurs exemples dans le Traité d'Heivicus cité ci-deflus. C 10. N 2 zoo" Bibliothèque Britannique , roient feules pour engager les Gens de Lettres à l'étudier. Mais outre cela on a dans cette Langue des Ouvrages très-e - timables & très-eftimez des Cpnnoiffeurs, Tels font ceux &Alj arabe, d'Avicerme & cVAvenpace, les trois plus fçavans hommes qu'il y ait eu parmi les Arabes. Le pre- .mier ne le cède point en matière de Phi- lofophie à Ahjlote même; & cela eft ft vrai qu'Avicenne , après avoir lu plus de quarante fois la Métaphyjique du dernier, fans pouvoir venir à bout de l'entendre, la comprit parfaitement dès qu'il eût jet- té les yeux fur l'explication qu'Àlfarabs en avoit donnée, & en marqua aufli-tôt fa joye par ûe grandes largeffes qu'il fit aux Pauvres. Âvicenne étoit un Médecin de la plus grande réputation, & fon au- torité parmi les Africains & les Afiati- ques furpaife infiniment celle de Galien & â'Hippocrate parmi les Grecs ou les Européens. Il étoit outre cela excellent Poète, habile Grammairien , fameux Ora- teur & grand Philofophe. Avenpase bril- îoit également du côté de la Poéfie & du côté de la Philofophie; & Maimcnide, qui a tâché de lui rendre juflice , en four- nit mille preuves. Mais pour connoître ces grands hommes, il ne faut pas lire leurs Ouvrages dans le: Traductions que nous en avons, & qui, à ce que l'Auteur foutient après bien d'autres Sçavans, les ont Avril, Mai et Juin. 1740^ 197 t>nt extrêmement défigurez. Il faut les lire dans l'Original, & Ton y trouvera des beautez infinies *. Le grand nombre de découvertes uti- les que les Arabes ont faites dans les Arts & les Sciences, fournit un nouveau motif à l'étude de leur Langue. Ils ont e:;ccllé dans la pratique de la Médecine; ce font eux qui y ont introduit la Chy- rnie , & plufieurs Remèdes que les Grecs ne connoifïbient point, comme la Manne, JrSené, la CaiTe, &c. f Ils ont traité de la petite Vérole & d'autres maladies con- tagieufes , dont les Médecins qui les ont précédez ne difent pas un feul mot; Ton s'eft contenté de cette fade étimo- logic, & pour en rendre raifon,on a fup- pplë que le premier homme avoit été formé de terre rouge , au lieu que le mot Ethiopien qui fignifie beau , four- nit une bonne raifon de ce que l'homme a été ainfi appelle, puifque c'eft la plus belle & la plus noble des Créatures vifi- bles j\ Pour rélever Futilité de cette Langue, l'Auteur auroit bien pu alléguer la Verfion Ethiopique , qui eft fort ancien- ne , c'eft - à- dire , félon Ludolph , du qua- trième Siècle, & qui a de plus une gran- de * BtveHdg. Je Ling. Orient. Vrzfk. p. 21. &c. t Ludolf. Hijl. JEtbiop. L. 1, C. 15. Q1 Cm* ipent. p. 207. «0(5 BlÈLÏOTHEQUE BRITANNIQUE, de conformité avec le Manufcrit d'A-» lexandrie *. Si l'on confidere que le Copte efl^ après l'Hébreu, la plus ancienne de tou- tes les Languesf) & celle que parloient les Egyptiens chez lefquels les Sciences ont premièrement fleuri, on comprendra de quelle utilité peut être la connoiflan- ce de cette Langue. Comme une gran- de partie de la Mythologie & de la Théo- logie des Grecs venoit des Egyptiens, aufli leur avoit-elle été transmife'dans les termes & fous les expreffions particuliè- res à ces peuples. Les Ksfycrtà , ou ce qui nous relie de l'ancienne Langue E- gyptienne, dont Retond a' publié un Re- cueil, fur lequel Mr. le Doclr. Wilkins â Fait de longues & fçavantes Remarques § , prouve fuffiiamment l'avantage qu'on peut tirer de cette Langue, pour expliquer ou confirmer les paifages les plus oblcurs & les plus myflérieux de Piutarque, de Ma- crobe 6c d'autres Auteurs Grecs & Latins. On nous apprend ici , que ce même Mr. Wilkins [Auteur de l'Edition des Concilia Magiue Britannica, 6c de quelques autres fçavans Ouvrages] a par devers lui un Traité des AefyeivcL , ou rejîcs de F an- cien * Ibid. MM. Prolegom. t Wilkins Differt. de Ling. Copt. p. 8c, § Ibid. p. 94." £f /*?. Avril, Mai et Juin. 1740. 207 tien Egyptien qui peuvent fervir à expliquer Us Antiquitez Grecques, lequel il feroit à fouhaiter qu'il voulût publier. On y ver- roit d'une manière feniible combien le Copte eft utile à cet égard *. 11 ne Feft gueres moins par rapport à l'Hébreu 6c aux Antiquitez Judaïques \ \ & la Verfit n Coptique du N. Teftament, qui, excepté la Syriaque, ne le cède à aucune aune en antiquité $ , doit encore en rendre l'é- tude plus recommandable. Pour ce qui eft de l'Arménien, l'Auteur remarque d'abord , que fuivant feu Mr. Bernard le Profefleur d'Oxford , YAnglois en dérive en grande partie f. C'eft une Langue fort ancienne {, & il y a dans cette Langue des Monumens hiftoriques très-coniiderables. Tels font en particulier ceux que Moyfes Cborenenfs, Auteur du quatrième fiécle, a raffeinblez dans THiftoire qui porte fon nom **, & qu'il * Vid. LaCrofe Diflert. Pbilolog.dsFar. Ling. p. 135. 136. t Vid. Bonjour Exercit.inMonumenta Ccpt.fr* Egypt. Bibliotb. Vaticanœ. La Croie ubifuprà. $ Wilkins Prolegom. in Nov. Teft. Copt. % Ockleii Introd. ad Ling. Orient. C. 13. 4 Schrocteri Diffcrt. de Antiq. Ling. Armen. C. 1. ** C'eft la même que les deux fils du fameux Mr. Wbifion publièrent il y a environ quatre ans. Voyez 2o8 Bibliothèque Britannique , qu'ii avoit tirez des Archives de la Chai- dée & de la Grèce *; mais fur- tout des Mémoires de Maribas Catina, qui écoit contemporain (TArface-f, & qui obtint de ce Prince la permiflion de confulter les Archives Royales de fon Empire, à la faveur de laquelle il eut le bonheur de découvrir un Volume d'Hiftoire ancien- ne qui avoit été traduit de Chaldaïque en Grec par l'ordre d'Alexandre, & dont il tira une Hifloire particulière des Arméniens, qui eft d'autant plus digne d'attention, qu'elle confirme le récit de Moïfe tou- chant la confufion des Langues. Moyfes Cborenenfis nous a confervé ce morceau en entier dans les termes mêmes de Ma- ribas: il porte , „ qu'il y eut au com- ,, mencement une race de Géans, lef- „ quels formèrent le deffein impie de bâ- „ tir une Tour qui s'élevât jufqu'aux „ Cieux, mais que pendant qu'ils étoient m occupez à exécuter ce deffein, un t, terrible Vent, envoyé par la colore des „ Dieux ? Voyez la I. Part. duTom. VIII. de cette Biblio- thèque-, mais au lieu qu'on appe.le ici l'Auteur Moyfes Cborenenfis , ces Mefrs. le nomment Mo- fes Chorenfis. * Schroderi Dijjett, de A?itiq. &c. Ling. Ar~ men. ubifuprà. t Ce Prince vivoit environ 250. ans avant Je- fus-Chrift. Avril , Mai et Juin. 1740. a^ „ Dieux, renverface fuperbe édifice, & „ communiqua à chacun des Bâtiiïeurs „ un langage nouveau & inconnu, de „ forte que leur entreprife fe termina en „ tumulte & en confufion " * Comme les Arméniens cmbraiTerent de bonne- heure le Chriftianifme, leur Verfion de la Bible efl ancienne & mérite d'être con- lultée f. On peut aulli tirer beaucoup d'avantage de leur Hiftoire Eccléfîafti- que, fur-tout en ce qui regarde les Egli- fes d'Orient, & l'on ne fçauroit même l'i- gnorer fans ignorer, de moins en partie,, l'é- latdecesEglifes, les Conciles qui s'y font tenus & les Héréfies qui s'y font élevées. L'Auteur conclut en remarquant , que le nombre & la diverfité des Langues Orien- tales dont il vient de parler, ne doit dé- courager perfonne de s'y appliquer, par- ( e qu'elles font toutes aiïez faciles à ap- prendre , & qu'il y a entre elles , excepté les deux dernières , une fi grande affini- té, que quiconque en poiTede bien une feule, njaura pas de peine à acquérir la connoiflance des autres. Il ajoute qu'il . pas nécefiaire d'aller dans l'Orient pour trouver de quoi s'exercer utilement dans ce genre de Littérature , que la Bi- bliothèque Bodteterme , entre plufieurs au- tres , renferme un grand nombre de Ma- nu f- /. Sehroder. Ubi fuprà. f là. ibid. C. 4. Tome XV. Part. L O aïo Bibliothèque Britannique , nufcrits Orientaux , & que fi fa DifTerta- tion peut exciter quelqu'un à les tirer de la pouiïiere où ils ont demeuré jufqu'à préfent, il croira fa peine bien recom- penfée. ARTICLE V I. NOUVELLES LITTERAIRES. De Londres. MR. Peck , Maître es Arts , qui publia , il n'y a pas long-tems, une Brochure fur les Démoniaques dont il eft parlé dans l'Evan- gile , vient de nous donner Memoirs of the Life and AEtions of Oliver Cromwell , &c. C'eit - à - di- te: „ Mémoires fur la Vie & les Actions d'Oli- „ vier Cromwell Protecteur d'Angleterre ". Un Vol. in 40. ? Il aufîî fait imprimer à fes dépens de Nouveaux Mémoires de la Vie de JMiltvn in 40. qui fe trouvent chez les Libraires de Londres. Guillaume Parker a réimprimé en fept Volu- mes in 8. tous les Sermons du feu Doctr. Sharp , Archevêque d'York. Un Anonyme a attaqué le Syftème de Mr. Newton, dans une Brochure qui a pour titre : An Examination of the ATewtoniaîi Argument for the Emptinefs of jpaceand oftbe Refijlanct of tbejulriie Fluids. Celt - à - dire : „ Examen des Argu- „ mens de Mr. Newton en faveur du Vuide & „ de laRefiflance delà Matière fubtilc ", Chez T. Cooper. Un Avril, Mai et Juin. 1740. 211 Un autre Anonyme a publié, Tbe Cbrijîian Free - thinker : An Epijîolary Difcourfe concerning Freedom of Tbougbt,8cc. C'eft - à- dire : „LeChré- „ tien qui penfe librement : ou Difcours en for- ,, me d'Epitre fur la Liberté de penfer, con- „ tenant des Remarques fur la Vie &les Ecrits „ d'Epicure , de Lucrèce , de Pétrone, de Cardan, de „ Vanini & de Spinofa ". Chez J. Roberts. 8. Mr. Guillaume AJpin , Maître es Arts & Rec- teur de Bovjsbrop , vient de nous donner une nouvelle Edition augmentée de fon Lirre inti- tulé A l k 1 b l a : A Difquifttion upon IVorsbipping towards tbe Eaft &c. C'eft- à- dire : „ Recher- ,, ches fur la Coutume d'adorer vers l'Orient ". Ce Livre eft divifé en deux Parties; dans la pre- mière on traite de l'Origine, de l'Antiquité & de TUniverfalité de cette Cérémonie religieufe parmi les Payens , & de fa conformité avec la droite Raifon; on fait voir qu'elle fut introdui- te de bonne-heure dans l'Eglife Chrétienne , & comment elle y fut introduite ; & l'on exami- ne les raifons qu'en ont donné les anciens Pè- res. On a ajouté à cette première Partie une Lettre touchant la coutume ufitée dans l'Eglife Anglicane de fe tourner vers l'Autel quand on recite le Symbole. Dans la féconde Partie l'Au- teur donne l'Hiftoire de la pratique de l'Eglife d'adorer vers l'Orient, depuis qu'elle y fut in- troduite jufqu'à aujourd'hui, & examine libre- ment la raifon que les Théologiens modernes allèguent pour la jufti/ier. Il a mis à la tête une Préface fur l'ufage de la raillerie dans le* difputes de Religion. Un Vol. in B°. Chez j . Noon dans Cbeapfide, L'Auteur du Livre qui a pour titre, „ Re- „ Gherches fur la Nature de l'Ame, &c. " & O 2 dont ai2 Bibliothèque Britannique, dont nous avons rendu compte dans la 2. Partie du Tome XII. de cette Bibliothèque , a pubiié tout récemment en 2. Vol. 8. l'Ouvrage fuivant, M a t h o : Or tbe Cofmotbeoria PueriHs , a Dialo- gue , &C Ceit-a-Gire : „ Le SyfU-me du Mon- ,, de, en forme de Dialogue, dans lequel on „ tâche d'accommoder les premiers Principes ,, de la Phyfique & de l'Aitronomie à la portée „ des Jeunes gens ou des peribnnes qui n'ont ,, aucune teinture de ces Sciences. On en dé- „ duit auflî les principes de la Religion Naturei- „ le ». Chez A. Mtllar. On a imprimé depuis peu par voye de Sous- cription, A Culleclion cf Staie Paper s relating io si ff air s in tbe Reign of Kirig Henri VII I. &t. C'efl-à-dire : ,, Recueil de Mémoires d'Ecat „ qui ont rapport aux Affaires arrivées fous „ Henri VIII. Edouard VI. la Reine Marie ôc ,, la Reine Elizabetb, depuis l'an 1542. jufqu'à ,, l'an 1570: Tirez des Manufcrits originaux „ laifTez par Guillaume Cccil, Lord Butgbley, „,, lefquels n'ont jamais été publiez, & fe gardent „ dans la Bibliothèque du préfent Comte de ,, Salisbury [ defeendant de ce fameux Secre- „ taire ] à Hatfield. Par Samuel Haynes , Maître „ es Arts & Miniilre de Hatfield ". Se vend chez 7- JVbifton, à la tête de Boyle un vol. infof. Millar a imprimé & débite Georgii Martini M. D, de Simiiibus jînimalibus, £# Animaunm Calore , Libri duo. SeleEta Poè'mata Italorum qui Latine feripferunt , Cura cujufdam Anonymi anno 1684. congefta. itâ- rum in iucem data>unà cum aliorum Italorum Ope- ribus\ Accurante A. Pope. Impenfis J. & P. Knapton. 2. vol. in 8°. Refissions on île cbara&er of J a p i s in Virgil : or Avril, Mai et Juin. 1740. 213 or tbe cbaraâer of Antonius Mufa , Pbyfician to Augvftus , &c. C'eft- à-dire : „ Réflexions fur ,, le caractère de Japis dans Virgile-, ou le ca- ,, ractjre d'Antonius Mufa , Médecin à'Augufte. ,, Par F. Atterbury Doctr. en Théologie, & „ ci - devant Evèque de Rocbefter ". Petit vol. 8. Ces Reflexions avoient céja été impri- mées , mais avec un grand nombre de fautes , qu'on a corrigées dans cette Edition fur le Ma- nuferit original de l'Auteur. On y a joint une Apcjlille, dans laquelle on fait voir qu'il a eu raifon de lire & d'expliquer le paffage de Virgile différemment de ce qu'on a coutume de faire. On a mis à la tète une Préface où l'on rend compte de cet Ouvrage. Chez T. Trys , dans Holbourn. Mr. le Doiftr. IVaterland continue à écrire fur le Sacrement de la Ste. Cène, tant pour éclaircir toujours mieux cette matière , que pour juflifier ce qu'il avoit d'abord avancé là-defïus contre les attaques de quelques Théo- logiens. Il vient de publier une nouvelle Bro- chure fous ce titre, DijUntHons of Sacrifice fet fortb in a Charge deiiver'd i:i part to tbe Ckr- gy of Midiefex , èfc. ,, Distinctions fur la Natu- ,, re des Sacrifices, développées dans un Dif- ,, cours addrelTé au Clergé de Midiefex, à la Vilï- ,. te de Pâques 1740. ". Petite Brochure in S3. Chez les Innys & Jfanby. Il a auffi publié un Sermon contre les Mcthodifies , intitulé, Régé- nération (iatei and es . . cfc. ,, Explication ,r de la Doctrine de la Régénération conforme- „ ment a l'Ecriture Sainte & à l'Antiquité ". Sermon fur Tit. III. 4 , 5 , & 6. fe trouve chez les mêmes. Mr. Lardner Miniftre Prcfbvrerien a puMié tout nouvellement le quatrième Tome de la fe- O 3 cor.- 214 Bibliothèque Britannique, conde Partie de fon grand Ouvrage qui a pouf titre, The Credibility of tbe Gofpel Hiftory &c. „ Les raifons qu'on a de croire l'Hiitolre de „ l'Evangile , &c. ". Ce Tome contient l'Hi- Jloire des Auteurs Chrétiens , depuis Tan de notre Seigneur 233 jufcju'en 250 , fçavoir de St. Gregorie, de St. Cyprien , de St. Denys tï Alexandrie , comme aulïï de No et , de SabelUus , de Paul de Samofate & d'autres : on y examine auffi au long les raiionnemens de St. Denys fur l'Apocalyple ; on fait voir que l'opinion du Règne de Mille ans eft très -ancienne, & l'on donne la véritable Leçon ù'Aàes XV. 20--29. Chez J. Gray. Si l'Auteur continue fur ce pied- là, il en aura pour long-tems , & peut- être fe- roit - il à fouhaiter qu'il s'en fût tenu à la pre- mière Partie de fon Ouvrage qui a été parfai- tement bien reçue du Public. Tbe Principes and Connexion of Natural and Revealed Religion diftinftly confidered. C'eit-à- dire : „ Traité où Ton examine feparement les „ Principes de la Religion Naturelle & de la „ Religion Révélée , & la liaifon qu'il y a entre ,, eux. Par Arthur Asbley Sykes Do&r. en ,, Théologie, &c. ". Gros Volume in 8°. Chez les Knapton. Dans cet Ouvrage l'Auteur s'atta- che à réfuter en détail les principales objeûions ries Déïfles & des Athées, entre autres celles de Toland dans fon Pantbeifticon. Mr. Stukeley , Dodeur en Médecine & Miniftre de Stamford, nous a donné depuis peu une Dif- fertation fort curieufe fous ce titre, Stone- Xienge, a Temple refîoredto tbe Britisb Druids. „ Stonehen ge, monument qu'on prouve „ être un Temple des anciens Druides ". Chez les Jnnys & Manby. Le Monument dont il s'a- git Avril, Mai et Juin. 1740. 215 git ici ,eft un affèmblage extraordinaire de Pier- res monftrueufes qu'on trouve dans la Plaine de Salisbury , fur lequel les Antiquaires de ce Païs ont beaucoup écrit , mais ne s'accordent point. Nous rendrons compte dans la fuite du fenti* ment de Mr. Smkeley. Roberts a imprimé & débite Lectures on îbe Organs of Rejpiration , &c. „ Difiertations fur >» les Organes de la Refpiration , leur ufage dans * l'Oeconomie animale, & les Maladies auxquel- » les ils font fujets, qui furent lues dans le » Collège Royal de Médecine à Londres en }> 1738. pour la Lefture Gulftonienne. A quoi » l'on a joint des Remarques fur quelques Ex- » périences du Doftr. Houjlon , imprimées dans » les Mémoires de la Société Royale pour l'an- n née 1736. Par Benjamin Hoadley Dofteur en n Médecine , & Membre du Collège des Méde- }i cins & de la Société Royale ". [Il efi: fils du Doclr. Hoadley à préfent Evéque de Win- fbejter.] Un vol. in 40. avec des Planches. On trouve chez Pierre de Hondt, outre un AJJbrtiment de toutes fortes de Livres tant François que Latins : ABregé de Géométrie, à l'Ufage des Pages de la Grande Ecurie du Roi , par le Blond. Paris 1737. 12. fig. Aftronomie Phyfique, ou Principes Généraux de la Nature , appliquez au Méchanifme Agro- nomique , & comparez aux principes de la Phi- lofophie de Mr. Newton , par Mr. de Garaa- ches, Pari» 1740. 4. fig. 0 4 La CATALOGUE. La Confiance des promptes Amours, avec le Jouet de l'Amour, fuivi de fes Rufes & Métamor- phofes, Paiis 1733- 2 vol. 12. Confeils d'un Gouverneur à un jeune Seigneur, Paris 1727. 8. Cahiers de Mathématiques àl'Ufage de Meilleurs les Officiers de l'Ecole Royale d'Artillerie de Strasbourg , Strasbourg 1737. 4. fîg. Elemens de Fortification , dédiez à Ton Alteiïe Monfeigneur le Prince Charles de Lorraine, Grand-Ecuyer de France, par Mr. le Blond, Paris 1739. 12. fig. Etat de la France, dans lequel on voit tout ce qui regarde le Gouvernement Eccléfiaftique, le Militaire, la Juftice, les Finances, le Com- merce, les Manufactures, le Nombre des Ha- bitans , & en général tout ce qui peut faire con- noître à fond cette Monarchie : Extrait des Mémoires drefTez par les Intendans du Royau- me, par ordre du Roi Louis XI V. àlafolli- citation de Monfeigneur le Duc de Bourgo- 1 gne, Père de Louis XV. à préfent régnant, avec des Mémoires Hiftoriques fur l'ancien Gouvernement de cette Moaarçhif jufqu'à Hu- gues Capet. Par Mônfieur le Comte de Boc- - lainvilliers. On y ajoir.cune nouvelle Carte i-e la France, divifée en fes Généralitez , re:-i:i & approuvée par Mefs. de l'Académie Royale des Sciences, 3 vol. 1738. fol. Hiftoire des Anciens Parlemens de France, ou Etats Généraux du Royaume &c. avec l'Hi- ftoire de France depuis le Commencement de . la Monarchie jufqu'à Charles VIII. Accom- pagnée de Réflexions Politiques fur les Chan- gemens arrivez dans le Gouvernement ; à quoi l'on a joint des Mémoires présentez au Duc d'Or- CATALOGUE. d'Orléans, Régent de Fiance , concernant les Affaires de ce Royaume, par le Comce de Bou- lainvilliers, Londres 1737. fol. Hiltoire de Philippe Roi de Macédoine, Père d'Alexandre, pour fervir de Suite aux Hom- mes Illultres de Plutarque, Paris 1740. 12. Mémoires de la Comtefle Linska , Hiit'oire Po- lonoite, par Mr. Miloa de Lavarre, Paris 1759. 2 parties 12. Méthode & Invention Nouvelle de drefler les Chevaux, par le très -noble, haut, & très- puilïant Prince Guillaume Marquis & Comte de Newcaltle, Vicomte de Mansfield , Baron de Bolfover & Ogle, Seigneur de Cavendifh , Bothel ce Hepwel,Paîi d'Angleterre} qui eut: la Charge & l'Honneur d'être Gouverneur du Serenilfime Prince de Galles , en fa jeunefle, maintenant Roi de la Grande- Bretagne -, Lieu- tenant pour le Roi de la Comté de Nottingham , & de la Forcit de Sherwood> Capitaine gé- néral en toutes les Provinces outre la Riviè- re de Trer.; , & autres endroits du Royaume d'Angleterre -, Gentilhomme de la Chambre du lit du Ps.oi ; Coxifeiller d'Etat & Privé ; Che- valier du tr.s-noble Ordre de la Jarretière , &c. Oeuvre auquel on apprend à travailler les Chevaux félon la Nature , & à parfaire la Nature par la Subtilité de l'Art ; traduit de l'Anglois de l'Auteur, par fon commandement, & en- richi de plus de quarante belles Figures en taille douce. Seconde Edition. 1737. fol, le même en grand papier. ■'ythologie & les Fables expliquées, par l'Abbé Banier , Paris 3 vol. 4. le même, S vol. 12. Maiiivre de difeerner les Médailles Antiques de O 5 celle» CATALOGUE. celles qui font contrefaites , par Beauvais , Paris 1739. 4- L'Optique des Couleurs, fondée fur les fim- ples Obfervatïons , & tournée fur -tout à la pratique de la Peinture , de la Teinture & des autres Arts Coloriftes, par le R. P. Cailel, Paris 1740. 12. Recueil Hiftorique, Chronologique & Topogra- phique des Archêvechez , Evêchez , Abbayes & Prieurez de France , tant d'Hommes que de Filles de Nomination & Collation Royale, avec les Noms des Titulaires, la Taxe en Cour de Rome &c. par Dom Beaunier, Paris 1726. 2 vol. 4. flg. Recherches fur la Nature & l'Etendue d'un An- cien Ouvrage des Romains , appelle Commu- nément Briquetage de Mariai, avec un Abre* gé de l'Hiiloire de cette ville &c. par Mr. d'Artezé de la Sauvagere, Paris 1740. 8. Supplément aux Eflais de Montagne, contenant la Vie de Montagne par le Préfident Bouhier , avec le Caractère &la Comparaison d'Epi&ete & de Montagne, par Pafcal, & autres Pièces , Londres 1740.4. Traité de la petite Vérole avec la manière de guérir cette Maladie, fuivant les Principes de Mr. Herman Boerhave &c. par Mr. de laMe- trie, Paris 1740. 12, Traité des Finances & de la faufTe Monnoye des Romains , auquel on a joint une DiiTertation fur la manière de difcerner les Médailles An- tiques d'avec les Contrefaites, Paris 1740. 12. Gallia Chriftiana in Provincias Ecclefiajlicas diitributa , ftudio Diomyfii Sammarthani fol. Parifiis 1716. Ex Typographia Regia , cum tab. Geographicis , 6 vol. Gai- CATALOGUE. Gallia&c.Idem Tomus Sextus à part. HofFmanni Opéra omnia Phyfico-Medica, cum VitaAuÛoris, Genevse 1740. 6 vol. fol. Law and Lawyers laid op in Twelve Vifions To which is added plain Truth in three Dia- logues Between Truman, Skinall, Dryboots, Three attorneys,and Seafon a Bencher, Lon- don 1737. 8. The Flower - Garden difplayed, in above four hundred curious Reprefentations of the moft beautiful Flowers -, regularly difpofed in their refpettive Months of their BloiTom , curioufly engravedonCopper-Plates, from the Defigns of Mr. Furber,and others, and colour'd tothe Life , with the Defcription and Hiftory of each Plant, and the Method of their Culture jwhe- ther in Stoves, Green- Houfes, Hot-Beds, Glais - Cafés , open Borders , or againfl Walls-. Very ufeful , not only for the Curious in Garde- ning , but the Prints likewife for Painters , Car- vers , Japanners > &c. alfo for the Ladies, as Pat- temsforworking, andpainting in Water-Co- lours, or Furniture for the Clofet. The fécond Edition. To which is added , a Flower- Garden for Gentlemen and Ladies -, being the Art or rai- fing Flowers witlout any Trouble to blow in full Perfection in theDepth of Winter; in a Bed- Chamber, Clofet, or Dining-Room. Alfo the Method ofrajfing S :lleting,Cucumbers>Melons> &c.atany Timein the Year, asit isnow praûi- fed by Sir Thomas M Dre, Bart Price 15s. 6d. Natural Hiflory of Sri Jers and other curious In- feûs,iLtoftrated with 53. Copper-Plates engra- v'd and colour'd from the Life, by the beil Hands. Lonocn. Mifcellaneous Works of Mr, Joha Greaves , Pro- fcflbr CATALOGUE. feffor of Aflronomy in theUniverfity of Oxford, many of which are now firft publif hed. i. Pyra- midographia -, oraDefcription of the Pyramids inEgypt. With agréât many Additions and Al- terauons,from à Copy correcled by the Author. 2. A Difcourfeofthe Roman Foot and Denarius, froin whence , as from two Principîes , the Mea- fures and Weightsufed by the Ancientsmay be deduced. 3.Trafts upon various Subjects , Let- ters, Poems , and Obfervations in his Travels in Italy ,Turkey , and Egypt. 4. A Description of the Grand Seignor's Seraglio. To which are ad- ded. 1. Refle&ions on the Pyramidographia , writtenby an anonymous Author, foon after the Publication of that Book. 2. A Difîertation upon the facred Cubit of the jcws , and the Cubits of the feveral Nations ; in which , from the Dimen- fidns of the greateft Egyptian Pyramid , as taken by Mr.Greaves,the ancient Cubit of Memphis is determined. Tranilated from the Latin of Sir Ifaac Newton ,notyetpublifhed. Adorn'd with Sculptures. To thewholeisprefix'd , anHifto- rical and Critical Account of the Life and Wri- tings ofthe Author, in two vol. publif hed by Thomas Birch, M. A. F. R. S. and Member of the Society ofAntiquariesvLondonT757.2vol. 3. The Works of Francis Rabelais , M. D. in five Books, adorned with fiAeen veryneatCopper Plates, 5 vol. 12. Lcnd. 1737. A fhort View of the Nature and Cure of the Small Pox, the ufefulnefsof Spirit of Vitriol , Opiates, Sec. with Renediiors en the coinmen practice of Bleeding in that Diftemper. Errars pojfum , Hereticus ejfe noh , S. Aug. By Richard Holland, M. D. late Cenfor ofthe Collège of Phyficians, and Fellow ofthe Roval Society. F I N. BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE , 0 U HISTOIRE DES OUVRAGES DES SCAFANS DE LA GRANDE-BRETAGNE: Pour les Mois de JUILLET, AOUT et SEPTEMBRE M D C C X L. TOME QUINZIEME, SECONDE PARTIE. A 4 A H A TE, Chez PIERRE DE HONDT. M. DCC. XL. TABLE DES ARTICLES. Art. I. "\ yTR. Milcolumb FlemynG; iVX fa Neuroparhie , ou Poè- me fur les Maladies Hypocbondria-* qites i £? -■ Hyfleriques , avec une Differtation fur le même fujet. pag. 221. II. Suite du Catalogue Hiflorique & Chronologique des Opéras Anglois. 243. III. Mémoires Phihfophiques de la So- ciété Royale de Londres 9 Tome XXXIX. pour les années 1735 &f 1736. Troifième & dernier Ex- trait. 287. IV. Chartres &f Loix qui fe rappor- tent à la Colonie de Penfylvanie en Amérique. 310. * a Art, TABLE DES ARTICLES, Art. V. Hiftoire du Droit Public Ecclé- fiaftique François , où il efl trai- té de fa Nature , de fin EtabliJJe- ment , défis Variations & des eau- fis de fi Décadence ; avec quelques DiJJertations fur les articles les plus import ans & les plus conteflez. 343. VI. Mr. le Dr. F. Atterbury; fa Differtation fur le caraâère d'Antonius Mufa , Médecin d'Au- gufle, repréfinté dans Virgile fous le nom de lapis. 377. VII. Projet d'une Edition complette des Philofophiques de Ciceron , par Mr. Durand. 392. VIII. Nouvelles Littéraires. 416. BIBLIO- BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, O Û HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE. PourlesMoisdeJuille t, A out et Septembre. MDCCXL. ARTICLE PREMIER. N £ u r o P a t H i A : 7?w , de Morbis Hy~ pocbondhacis fi? Hyftericis , Libri ires : Polma M e d i c u m : Cui prœmittitur Dissertatio Epistolaris pro- Jaïca ejufdem argumenti Autore Milcolumbo Flemyng, M. D. Eboraci: Excudebant Céefar ÎVard & Tomt xv. em. il p m 222 Bibliothèque Britannique, Rie ardus Chandler , Swnptïbus Autorls* MDCCXL. Oeil- à- dire: Poème fur les Maladies Hypochondriaques & Hyftériques , précédé d'une Dijfertation en fur me de Lettre , fur le même fujet. In cÊlavo: pp. LXXIV. pour la DifTertation, & pp. 73. pour le Poè- me. Mr. Flemyng, dans un petit Avis au Lecteur, dit que c'eft ici le premier Ouvrage .qu'il donne au Public : primum Autoris in pubïicum prodeuntis ten- tamen: Et il nous avertit de plus, qu'il ne faut pas être furpris de ce qu'en certains endroits il parle de feu Mr. Boerhave comme d'un homme vivant. La Dijfer- i ai ion Epiflolaire & le Poème fur les Mala- dies des Nerfs étoient achevez ; & l'Au- teur avoit même déjà envoyé une par- tie de fon Manufcrit à l'Imprimeur, quand il apprit la mort de ce célèbre Médecin , dont il fait gloire d'avoir été le Difcipîe. Cet AvertiiTement nous ap- prend aufïï, que Mr. Boerhave avoit vu une ébauche du Poème, ce l'avoit ap- prouvée. La Dissertation Epistolaire efl addreifée.à un autre Médecin célèbre, à Mr. Pier- Juillet, Août et Sfptëmb. 1740. 223 Mr. Pierre Shaw. Elle eft datée des Calendes de Juin MDCCXXXVIII. & de Ejngftàn dans le Comté à! York. On peut la regarder comme une Introduc- tion au Poème. Mr. Flcmyng y parle du motif qui le détermine à écrire fur la Maladie hypochondriaque. En ayant éprouvé lui-même quelques fympto- mes des plus fâcheux, il Ta étudiée avec un foin particulier pendant plus de dou- ze ans. Il ne prétend ni furpaiTer, ni égaler ceux qui ont traité fon fujet a- vant lui: mais il juge que. vu l'abondan- ce de la matière, ils peuvent lui avoir laifie de quoi glaner après eux, & il in- finue avec une confiance pleine de mo- deftie, qu'il eft en état de dire certai- nes chofes qui n'ont point été dites par d'autres , & qui méritent néanmoins quelque attention. Il les dira en vers: ce fera de quoi intérefler doublement le goût des Le&eurs pour la nouveauté. L'Auteur allure que perfonne avant lui n'a rien entrepris de femblable : Nibilhu- jufmodi adbuc tentaium. Et Ton convien- dra a fiez facilement , que fi l'entreprife eft bien exécutée, elle doit être utile. Les ufages de la Poélie dida&îque font généralement reconnus. Mais, foit pour prévenir là-deflus les moindres plaintes de la part de ceux qui pourroient n'être pas difpofez à profiter d'un Traité en vers fur un fujet de Médecine, foit pour P 2 de*. 224 Bibliothèque Britannique, développer quelques idées qui ne font qu'expofées en peu de mots dans le Poè- me, quoiqu'elles méritaflent une plus ample explication, vu leur nouveauté, ou leur oppofltion à ce qu'ont penie des Phyficiens pour qui l'Auteur a toute la déférence qu'on peut raifonnablement exiger ; il s'efl fait un devoir de publier un Difcours en profe qui fervît de Com- mentaire & de Supplément à fon Poè- me. C'eft ce Difcours qui eft annoncé dans le titre , fous le nom de DilTertation Epiftolaire. 11 y a dans le Livre même un titre particulier, qui en indique le fujet principal. Epifloîa de Morborum Hypochon- driacorum (3 Hyjtericorum Naturà. Je ne penfe point au refte, que les Livres écrits en Latin foientdu nomjbre de ceux dont on s'attend à trouver des Extraits fuivis & détaillez dans une Bibliothèque Britannique. Je me bornerai prefque à donner le précis de certaines Remarques de Mr. F/emyng, & deux ou trois échan- tillons tant de fa Profe que de fa Poéfie. Notre Auteur , avec Wiîlis , Sydenham , Boerhave, & la foule des Médecins, ad- met Pexiftence des Efprits animaux, que Ton prétend qui produifent, & la fenfa- tion, & le mouvement mufculaire, par leur fiux & reflux dans les cavitez des Nerfs. Ce fentiment fert de bafe à tout fon Syflême. Mais comme ce même fen- timent [déjà attaqué depuis plufieurs an- nées Juillet, Août et Septemb. 1740. 225 nées par quelques habiles Phyficiens] Ta été de nouveau, & allez vivement, par un Médecin Anglois qui a beaucoup d'ef- prit, de fçavoir & de réputation; Mr. Flemyng a cru devoir répondre à ce qu'il y a de plus fort ou de plus propre à é- blouïr dans fes raifonnemens. Il le fait avec tous les égards imaginables : Jl pouffe la politeffe jufqu'à ne point nom- mer Ton Antagoniile. Mais pour peu que l'on foit au Fait, on reconnoît bientôt qu'il s'agit du Docteur George Cheyne, qui, dans plus d'un Ouvrage, & nom- mément dans un Traité Imprimé en MDCCXXXIII. fur la même ma- tière que celui de notre Auteur , s'eil déclaré hautement contre les Efprits ani- maux. Les Lecteurs qui ne connoiOent pas ce Traité , pourront avoir recours aux Extraits qu'on en a donnez dans quel- ques-uns des premiers Volumes de La Bi- bliothèque Britannique , & confulter par- ticulièrement ce qui en a été dit dans le Tome IL Seconde Partie. Art. IX, pp. 447— 449. Sçavoir fi Mr. Fiemyng a bien faifi l'eiTentiel des objections , & s'il y a ré- pandu avec autant de folidité que de politefle, c'eft ce que pourront décider, après avoir lu le Livre, ceux qui con- noiiïent tous les tenans & abouti (ïàns de la queftton, & qui fou: intéreflez à ne la pas laiiier indécife. On ne les pré- viendra ici en faveur de Mr. Fiemyng que P 3 par ti6 Bibliothèque Britannique, par un expofé Hiftorique de fes réponfes à certaines difficultés. L'hypothèfe des Efprits animaux , dit- on , a été imaginée principalement pour expliquer les Maladies nerveufes par l'obf- tru&ion du flux & reflux de ces Efprits dans les çavitez des Nerfs : Or les Nerfs é- tant autant de Cylindres, dont la cavité (s'ils font tabulaires , comme on le fuppofe) doit avoir par-tout le même diamètre, il eit. inconcevable qu'il s'y fafîe aucune obf- trudion, parce eue toute particule qui pourra avoir entrée dans ie prétendu canal à fon origine, pourra par cela mê- me le parcourir d'un bout à l'autre fans obftacle: Donc l'hypothèfe des hfprits animaux n'explique point ce qu'elle de- voit expliquer, ou ne l'explique qu'à la fa- veur d'une autre hypothèfe qui fe ren~ verfe d'elle-même, vu la figure cylin- drique des Nerfs , dans lefquels elle éta- blit des obfcruclions que cette figure rend impoffibles. Voilà une obje&on qui paroit victorieufe. Mais on y fup- pofe un peu légèrement , que les Nerfs font d'une figure parfaitement cylindri- que. Mr. Fleni) ng montre, qu'il eft impof- ïible de le prouver par les obfervations faites à l'aide des Microfcopes. Il mon- tre au contraire, qu'il y a des raifonsde conjecturer, que qui pourroit obferver exactement la figure des Nerfs, les trou- veron autant de Cônes, prefque cylin- dri- Juillet, Août et Septe mb. 174a. 227 driques à la vérité, mais Cônes pour- tant , dont la cavité par cela même fe- roit capable d'obftruction , fur -tout à une grarfde diilance de leur origine , à melure que le diamètre deviendront plus petit: ce qui fcrviroit, pour le di- re en panant, à expliquer, pourquoi la Goutte , qui paroît avoir fon fiége dans les Nerfs, attaque d'abord les plus éloi- gnez du cerveau & de la Moelle fpina- le. D'ailleurs , en fuppofant même dans la cavité des Nerfs un diamètre égal d'un bout à l'autre, on concevra tou- jours, que s'ils ne peuvent point fouffrir d'obftrudion en vertu de leur configura- tion naturelle, ils le peuvent au moins, foit par une comprefiîon de leurs raci- nes dans le cerveau & dans le cervelet, laquelle interrompra le cours libre du Fluide nerveux; foit par des tumeurs formées dans leurs membranes; foit par l'enflure des ganglions; foit enfin par toutes les grofleurs ou autres caufes ex- ternes, qui en preflknt fur les Nerfs, font propres à rétrécir le pafîage des Efprits. Vous prétendez, dit-on encore, pnr Thypothefe des Esprits animaux, expli- quer la Senfation , & expliquer en mê- me tems le mouvement mufculaire, tant celui qui fe fait volontairement j que ce- lui qui eit mac] Mais on ne con- cevra jamais , qu'un Fluide formé dans P 4 nos 228 Bibliothèque Britannique , nos Corps puiiTe être afTez fubtil pour agir avec la promptitude, avec la rapi- dité, que nous remarquons tous les jours dans l'exercice de la Senfation & du mouvement mufculaire. Et encore moins concevra -t -on un Fluide, tel qu'il le faudroit en piufieurs cas , qui pût avoir àlafois, dans les mêmes Nerfs, uncours progreflîf & un cours rétrograde ; l'un pour tranfmettre la Senfation au Cer- veau, l'autre pour tranfmettre le mou- vement dans les mufcles. A tout cela Mr. Flemyng répond , qu'il n'apartient point à l'homme de déterminer jufques a quel degré la Nature peut fubtilifer les Fluides dans les corps des Animaux. Il allègue des exemples inconteftables du pouvoir prodigieux de la Nature à cet égard, contre lefquels on auroit beau crier à rirripolïib.ilité d'en concevoir le pourquoi & ie comment. Il fe prévaut même fur ce fujet d'une fçavante retléxion de Mr. Cbeyne, laquelle femble prefque avoir été faite exprès pour établir la pof- fibiliré de la formation d'un Fluide beau- coup plus fubtil qu'il ne le faut pour être faiu par l'imagination. Il raifonne à- peu-près de même fur la merveilleufe rapidité avec laquelle on doit fuppofer que les Efprits animaux parcourent les petits canaux des Nerfs. Et pour ce qui efl de la prétendue néceiïîté d'attribuer à ces Efprits un flux progrefîlf & rétro* grade Juillet, Août et Septemb. 1740. 229 grade à la fois dans un feul & même" Nerf, il la nie avec d'autant plus d'aflu- rance , qu'il ne voit nul inconvénient à admettre dans fon Syftême deux fortes de Nerfs i les uns deftinez à produire la Senfation , en fcrvant de canal aux Efprits dirigez vers le Cerveau; les autres def- tinez à produire le mouvement fponta- née, en fervant de canal aux Efprits en- voyez du Cerveau vers les Mufcles. Voilà une partie des difrlcultez & des folutions offertes au Le&eur par Mr. Flemyng. Si l'on demande à préfent quel- le eft, félon lui, la nature de ces Efprits animaux dont il maintient l'exiitence, je le rapporterai d'autant plus volontiers, que fon fentiment là-deiTus paroît avoir quelque chofe de nouveau. Mais on me permettra de le rapporter dans fes pro- pres termes. Quum Spiritus animales fim liquida omnium in corpore humano fubtiliffima , debent nervi ab u s Jolis aii zf nutriri; impof- ftbile enim eft canalem aliquem nutriri a liquo- re crajjtore, quàm ut eym ingredi po'Jit. At vero omnes m corpore partes folids ex nervis compact}* *S coagmentatis fabricantur , ut ex obfef Vcuionibus captis de pulli in ovo incubato & humani smbryonis iti:remcnto patet ; &■ quot- annis in prœleciionïbus fuis tbeoreticis confit- ww^Boeruavius. Ergè quicquid foli- iartttn partium compoRùonem ingredifur , fuit an:e in nervorum Hquidis. Qium autem eœ , ut nôrunt Cbymki, consent terra, qius Vihi- P 5 n *3o Bibliothèque Britannique, ti bafis eft-y oleo, & aqua , quœ glutinis loco infervit ; & fale quodam animalibus proprio , blando, neutro, quodque diftillatione per re- tortam alcaîinum 6f volatile redditur, cùm reliquis principes intimé miflo & unito ; utique fequitur, Spiritus animales omnia hœc ,principia cominere : ac proindè ejje velut quint am , ut loquuntur, ejfentiam fanguinis & fuccoruni retiquorum : cujus vebiculum efl aqua , vel lympba purifp,ma, mobiiijjima, fluxu per va- fa , quœ gradatim ex capacioribus angujiijjlma , & ultra amnem imaginât ionem fubtilia deve- nant , admodum atlenuata; calore rarefaâa \ & vaporis potiùs quàm fluidi fenfibilis na- turam réfèrent e ; quœ ftmul imbuitur terra > oleo , c5 foie pnvdiâis ; itidem tenuifjlmis , maxime que élabora tis, & fubaâis, intimèque permijlis'y quœque omnes fenfus fugiunt , ante- quam propriorum canalium nutritions peractd, in fubjiantiam folidam (J confifentem tandem converfa fini. Undè quidcm pat et , nec effe ne- cejfarium, nec errons expers , Spiritus bofce comparare cum particulis luminis , cum Spiri- tibus urinofis, ferment atifv e , vel cum alio qiiovis Hquore ab co di [crêpant e , quem modo defcripfimus. Nec puto quidqua?n9 vel in elcmentis Geometricis évident ius ex datis fe- quiy quàm placitum hocce ex po fit a Spihtuum animalium exiftentia. Après s'être expliqué fur rexiftence & fur la nature des Efprits animaux, notre Auteur obferve qu'il y a une fympathie particulière du Cerveau avec l'Eftomac & Juillet, Août et Septemb. 1740. 231 & les autres organes de la première concodion D'où il s'enfuit, fi cela eft vrai, que lorfque le Cerveau &le Syftê- me nerveux ont une certaine foiblefiè, la première concodion aufïï eft foible,& ne Ce fait qu'imparfaitement: ce qui eft que ici par des principes tirez de rÀnatomie & de l'Economie animale. Ce iujet n'eft pas traité dans toute fon étendue: mais Mr. Fleming y re- viendra apparemment dans un autre Ouvrage plus complet, qu'il femble pro- mettre, fur les Maladies des Nerfs. Il tâche enluite d'établir une Propor- tion qu'il regarde comme la clef de tou- te fa théorie. C'eft que, pofé le cas d'u- ne Perfonne en qui la foiblefle du Cer- veau & du Syftème nerveux produife ■ une concodion imparfaite dans les pre- mières voyes, & par confisquent un dé- faut dans la première façon du Chyle ce du San ^, les liquides qui coulent dans les moindres canaux. (Nerfs ou non) de- viendront trop aqueux, ne feront pas furrllamment imprégnez des princ animaux, feront par cela même trop propres à le diiïiper, & ne pou: plus faire leurs fondions avec la force Cv la régularité requifes. Cet article cil un de ceux ou l'Auteur paroit avoir pris le plus de peine. Mais il faut voir k$ rai- fonnemens dans le Livre . Il fufiît ici d'avoir indiqué les fondemens d qu'il £32 Bibliothèque Britannique , qu'il va nous dire enfin pour nous expli- quer la Nature des Maladies Hypocondriaques & Hyflériques. Je donnerai encore une fois fes propres paroles. Les Le&eurs intérelfez à les entendre , n'ont pas be- foin qu'on les leur traduife, & ne feront pas fâchez de voir un fécond échantil- lon du ftile de Mr. Flemyng. „ AfFeclus hofce, cùm confiantes funt H & diuturni, (namde infultibus tranfi- „ toriis, vel in viris, vel in mulierîbus, „ quorum intervalla ab omni tali labe „ libéra funt, hîc non agitur) inde ori- ,, ri ftatuo, quod cerebri, nervorumque i9 ab eo derivatorum compage laxâ , im- „ becilli, minùfque energeticâ & elafticâ „ exiftente ; nervorumque flmul liquido 9r aqueo nimis , pauperi & effoeto ; ali- ,5 mentorum in viis primis codio men- ,', dofè & iraperfe&è peragatur, propter ., infignem illam fympathiam cerebri „ cum digeftionis organis fuprà expofi- „ tam; qusecumque demùm ejus caufae „ fuerint, five quas nos tanquam vero „ maxime fimiles indicavimus,five alise: 9, Unde Chylus,adeoque Sanguis,& re- „ liqui ab eo derivati humores crudi ,, quodammodo & dégénères confician- „ tur neceffe eft; fed fubtili nonnun- ,, quam adeo vitio, ut vix vel in viis „ primis, vel in vaforum majorum fyi- ,, temate queat perfentiri. Imprimis ve- „ r6 debent ipfi Spiritus indè depravari, „ tum Juillet, Août et Septemb. 1740. 233 „ tum quia , uti nos credimus j ni vapi- „ di & inertes in ventrîculi & inteftino- j, rum cava iiuentes, pepfis imperfe&ae „ autores fuerant, & proindè Chylo & „ Sanguin i, affufi culpabiles cerebro & m nervis denuo reddendi funt ; tum quia , ,> propter generalem fuccorum crudita- ,9 tem, iidem aquei nimis & pauperes, ,9 ut fuprà docuimus , conflantur: Si ,, rejiciatur caufa prior , tamquàm in~ ,> certa nimis & precaria, admittenda 99 mehercule omninô poflerior. Spiritus m igitur dégénères in cerebri cortice ju- » giter feparabuntur , & alimentorum in 99 vus primis co&io imperfedtè jugiter, 99 & mendofè exercebitur : & quo haec „ mendofior & imperfeclior , eô Spiri- „ tus magis dégénères fient ;eôque laxior „ & imbecillior evadet cerebri nervo- „ rumque tonus; quia cerebrum & ner- „ vi ab his folis nutriuntur, iisdemque „ perpétué alluuntur , penetrantur & „ macerantur: Quo verô tum cerebri „ nervorumque tonus , tum Spirituum ,, crafis magis corrumpatur, eô rurfùs M imperfe&iùs alimentorum digefhiopro- ,, cedet. Porrô, quum fupra demonftra- „ tum fuerit, pofità humorum cruditate 19 generali, &nervorum debilitate, par- » ticuJas fuccorum heterogeneas minus „ quàm par cft atténuâtes, minus poli- ,, tas & rotundatas , minùsque ccmpa- » dtas Cs: denfatas , nimis magriâ copia in ,9 m 234 Bibliothèque Britannique, i iis vafculis , quse inter amplifïïma & , exilifilma medice capacitatis fuiit , mo- , rari, utpote tum ad me.tum liuxumque , ineptiores, tum debilius propul as ; , adeoquein vifceribus , quse permeant % , obftrudtionibusconcinnandis viam fter- , nere, eorumque funcliones lsedere ; , quo crudior erit fuccorum indoles , eo , in vifceribus Chylo conficiendo famu- , lantibus, hepate puta, lieue, pancrea- 9 te, glandulis mefentericis , aliifque, y obftrucnones crebriores fient & perti- naciores ; eôque ipfa ineptiora redden- tur quse bono Chylo faciendo debitam , opemferant: &vicifÏÏm, quô crebrio- , res & magis confîrmatse fint hse ob- , ftru&iones, eo crudior fîet Chylus, , utpote eo majori vifcerum memorato- , rum emcacias parte privatus.Pari ratio- , ne, iisdemque de caufis, obitructiones , edam in cerebro fiant necefle eft, quas , quo majores, eô Spirituum bonorum , ibidem feparationi magis obflabunt : & , viciiîim, quo pejores Spirkus in cere- , bro fecernuntur, eo erit vifcus illud , obitrudionibus magis obnoxium, pro- , pter fuccorum cruditatem à llatu mor- , bofo nervorum & Spirituum penden- 9 tem. Hase itaque omnia vitia, vkle- , licet laxa cerebri & nervorum débili- tas; aquea nirnis, pauper , effoeta, 9 nimis mobilis, nimifque fugax & difïï- > pabilis Spirituum animalium indoles ; 9> de- Juillet , Août et Septemb. 1740, 235 „ depravatum co&ionis alimentorum in „ viis primis exercitium; fuccorum cru- ,, ditas ; vifcerum Chylo faciendo infer- ,, vientium, ipfiufque cercbri obftru- „ ftiones, ab inxquabili liquidorum per ,, multipliées canalium feries propuiïio- »ne exorientes; heee, inquam, vitia , quum ,, connexa invicem fint', & concatena- ,, ta, labente tempore quafî per circu- M lum augebuntur: omniaque œgro in „ jus ruent, donec morbus ad Amvvper- „ venerit. Quibus û infuper adjiciatur „ aliqualis fuccorum acrimonia, nata ex „ fpontanea degeneratione propter in- „ gefta imperfectè animali naturas afli- „ milata, & indolem propriam nimis „ retinentia, utique habebuntur princi- ,, pia, quibus omnia morborum hypo- „ chondriacorum & hyflericorum fym- „ ptomata, me judice, commode , & abf- ,, que ulla infleclione aut detorfione , „ quoufque hodie perfpecia eft cecono- ,, mia amimalis , explicari & refolvi „ queant. L'Auteur finit fa DiiTertation Epifto- îaire par quelques Remarques fur certai- nes proprietez des Maladies en queftion. Ces Remarques confirment fa théorie , & lui donnent occafion de faire voir, que fi celle de Mr. Cbeyne n'a pas quel- que chofe de faux, elle eft au moins défe&ueufe. Le Poème A/^Neuropatiiie, eft 23<5 Bibliothèque Britannique, cft divifé en trois Livres. Le premier traite de la Nature & des Caufes du Mal dont il s'agit : le fécond , de fes Signes & de Tes Symptômes: Le troifième, de la Manière de lé guérir. Sans m'engager à faire PAnalyfe de ce Poème, j'en ai promis quelques échan- tillons. En voici les vingt -quatre pre- miers vers. Casta animi Paîlas ; purœ rationis amàtrix ; Incola Sanâorum cordum ; Jovis omnipotent is Progenies ; quce frugiferas mortalibus artes , Dulciaque humants adfers folatia rébus: Quce fida errores delujce infomnia mentis Fucofa verum fpecie referentia peltis : Qtiœque bominumgenusà refti rëgione ,bonique Defleâens , palan/que tuo régis incly ta duclu\ Ac tutum per iter régna ad felicia portas: Hue ades audaci afpirans pulcherrima cœpto / Morbum etenim obfcurum verfu iiîuftrare Latino Aggredior, miferos torquet qui f cèpe Britannos; Anglicus undè etiam affefius perfœpe vocatur ; Qui cerebrum , dice fedem Rationis , 6* ipfos , Inflrumenta voluptatum , feevique do loris , Occupât imprimis exilia fiamina nervos ; Indèomnes animi vires fternenfque domanfque. Qiô magis arride noftris conatibus œqua ! Dum quibus borrendee peflis tribuatur orig& Seminibus : qualis morbi natura profundi : ' Qiiàm varias fallax fpecies ,vultufque minaces Jnduat: £5* quidopis promittant arte medentes Eruere \ & fidis prœceptis trader e nitor : Ex çajlis Sophie pemtralibus omnia promens. Je Juillet, Août et Septemb. 1740. 237 Je devrois citer à préfent quelque paf~ fage par lequel on pût à -peu- près fe figurer comment notre Poète fe tire d'affaire lorfqu'il eft tout -à- fait monte fur le ton didactique. Mais l'équité exi- ge peut-être que je donne préalable- ment la traduction d'un petit Mémoire dont un homme de mérite , qui s'inté- refîe pour Mr. Flemyng, a fouhaité que je fiffe ufage. C'eft un jugement gêne- rai fur l'efprit ou le goût dans lequel ce Poème a été écrit. Voici donc ce juge- ment. „ Il y a deux efpeces de Poèmes didac- M tiques, qui font très-différentes l'une de „ l'autre, quoique les Critiques ne les „ ayent pas encore diilinguées par des ,, noms particuliers. Les Géorgiques ,, de Virgile font le modèle de la pre- „ mière efpece. Le Poème de Lucrèce „ fur la Philofophie d'Epicure, eft le „ modèle de la féconde. Les Géorgi- ,, quesfont manifeftement l'ouvrage d'un Pj homme qui s'étoit rendu maître de fa „ matière, mais qui ne prétendent pas 99 en donner un Syftême complet félon 99 les Loix d'une méthode fcrupuleufe- „ ment exarte. Le Poète faute fou vent „ d'un précepte?, un autre, fans s'embaraf- ,, fer deleurliailbn. 11 met , pour ainfi di- 99 re , toute la Nature à contribution pour ,, des ornemens. Jl ne touche que les AT. Pa>t. IL Q „ par- 238 Bibliothèque Britannique, „ parties de Ton fujet qui font fufcepti- „ blés des beautez de la Poéfie : 6 quœ Defperat t raclât a nitefçtre pqffè , relinquit. ,, li inflmit: mais après tout, on voit „ bien que fon .principal deflein étoit de ,, plaire. Lucrèce d'autre part, aufïï mé- ,, tnodique qu'Euclicle , marche à pas ré- „ glez, & ne faute rien. Envain fes ex- „ pîications ou les raifonnemens lui re- „ fent une matière propre à briller „ dans des vers: Le Poète Philofophe „ va fon train , & fe borne pour plaire ,, a;.:x iecours qu'il peut tirer d'une ,, certaine hardielïe de ftile , fbutenue , j ,r de belles images. Ses fix Livres ,» l'ont un Syitcme de Philofophie Epi-r „ curienne, plus clair & plus complet „ qu'on n'auroitpûle faire en proie dans ;, un Ouvrage une fois plus long. En ,, un mot, bien qu'à fa façon il cherche „ à plaire autant qu'il eit poflîble , en ,, voit que fon deflein principal eit d'inf- „ truire. Mr. Fiemyng a mieux aimé dvre les traces de Lucrèce que de ,, Virgile: & à mon avis il a eu raifon. „ Si ia méthode n'eft pas la plus agréa- ,, ble, elle eft la plus utile: & ft foa „ choix entre les deux méthodes doit ,j jamais être approuvé , c'eft afïuré- „ ment Juillet , Août et Septemb. 1740. ,, ment lorfqu*il s'agit d'un fujet comme „ celui qu'il a entrepris de manier: La „ dernière lin, en fait de Médecine, ,, 'étant pas même amplement d'inftrui- „ re, mais de guérir. puis maintenant transcrire quelques partages, j'en prendrai un ou dettx -ie Livre, & 1 (irai prefque azard. Notre Pc édecin entre en matière par les vers fui vans: pioy liquida u medullà :'. juriâo t 'am'y Sic f abri catam effe & * ftruôafn n 1 .e, ut Vitalis quce pars rwi na longé Mobiliorquefluit , reliquo & mage pur a liq: Vi cordis projecla , 6J molli apprejja cerebro , Mille per anfranftus , invifibilefque mcatus In cava nervorum tandem cotata feratur. fluensintrà tubulos refluenfque minutas i Icîibus atque omis proprios perfepe Senfum omnem motumque i: •um . t animiaffeûus idi r rerum f. rum , Hin ; Qui quoniam longé Q z £40 Bibliothèque Britannique, Secernunt , removcntque procul genus omne anï~ mamum ; Spirims hinc doâis animales rite vocatur. Hoc pîacitum nuper nonnuili infurgere contra Ce- père; & f al fi s fret i ratienibus ipfos Haudbenè contenâunt dici cava corpora nervos; A cerebroque per bos nullum tranfire liquorem. Nimirinn quia non oculis ea cerner e pojjv.nt , Qi'œ, fi certo effent, vifum tamen efiugere t- pfum Debercnt , aciemque hum anam f aller e longe , inventis utcumque fit bac muni ta dioptris. Hi ebordarum inflar nervos céleri undiquè matu Corporibus pulfos flatuiint , tremuloque cieri; F 't r ci' 'Jjï:n: que ipfis pariter trepidare cerebrum. Bine Jentire volant heminem; quin & ratione Po/lere; atque artus varws hinc indè movere 9 Nefcio qv.o traâis vibratifive impete fibris : Songvinis aut crafifi loca per diverfa cerebri Jmpulju fiuxuque , &f multipliées maeandros: Abfquè ope laudati fluidi, tenuifve liquoris. At malè: nam quo vibrari queat impete pu fus Humidus & molli laxus compagine nervus ? Pnetsreà tenui fpolietur parte necejje efi Per gcccos cerebri trufa, exile/que meatus Tortilibus textos vafis, vitale fiuentum. Hanc au: cm trahere in fie , £f transmittere ner~ vos Omninè vero fimile , atque probabile confiât. Pars etenim cerebri exterior, cinerifique colorcm Subfufci referais, £f cortex nomine diclus, In dura & nivea finitur ubiqv.è medulla ; Exfuccis mage quœ firuitur , fibrifiqae coaclis: At Juillet, Août et Septemb. 1740. 24T „ U nervi cxoriuntur ab bac, fiuntque medulîa \ ht fie compofiti corpus diduntur in omne. G* icre boe pieno fermons quotamtit Eloquéo pariter fulgens , & Apottinis arte, fuavi flabilit Boerhavius ors : Duice decus medkique Cbori, gentifque Bcitavœ: Carminé qtue pojjunt vix tnarraier apte; 1 propter vocum & rerum novitatem. igifle , U perftrinxijfe fat is fit. Voici quelques vers du Livre II. .7 autem Morbi cerebrum peter e incipientis Signa feré mentis motus vetoâor & dédiée à Charles II. Je tire cela de Langbaine, donc il fera peut-être à propos de tranferire les propres tenues. Voici ce qu'il dit de cette Pièce dans fon Article des Auteurs fez. Monfeur P. P. The Author of an Opéra, callcd Ariad- *je , or The "Marriage of Bacchus: R 2 be'mg 256 Bibliothèque Britannique, being a Vocal Reprefentation , transjlated oui o/French, and put into Mufick by Mr. Grabut, MafteroJHis Majeflfs Mufick; and acledby tbe Royal Academy of Mufick, at tbe Théâtre P.oyal in Covent - Garden y prin- tedq3. Lonci. 1674. and dedicated to King Charles tbe Second. Ce Mr. Grabat , Compofïteur de la Muïique de cette Pièce, étoit un Fran- çois. Dry dm parle de lui dans la Pré- face de fa Pièce intitulée Albion & Alba- nais , & lui donne avec une efpece de tranfport les plus grands éloges: ce qu'il fait, dit -il, non pas pour le flater, mais pour lui rendre jujiiee ; parce que parmi cer- tains Muficiens Anglois , & parmi leurs Eco- liers y qui ne manquent pas de juger à leur imitation, il fuffit qu'un homme foit aceufé d'être un François , pour foui ever un Parti qui travaille malicieufement à le décrier. Comme c'eftici la première Pièce, de ma connoifiance , qui ait été mile au Théâ- tre Anglois fous le nom d'OpÉRA, j'ai fait ce qui dépendoit de moi pour me mettre en état d'en donner une idée plus nette que celle qu'on peut s'en former fur la fimple le&ure du titre que j'ai tranferit. Il auroit falu pour cet effet que je la vilfe: mais malgré tous mes foins, il m'a été impoffible de la dé- terrer. MDCLXXV. Juillet, Août et Septemb. 1740. 257 M D C L X X V. I. Mascarade, intitulée Catijlo, ou fa Nymphe Vertueufe : Calïsto, or, The Chast Nymph: Repréfentée plu- fieurs fois à la Cour par des Perfonnes de qualité, avec un Prologue, & des Chants entre les A&es: Imprimée à Londres in- quarto cette année. Voyez Langbaine, Article de Jean Crown, Auteur de la Pièce. II. Opéra, par Thomas Sbadwelt , fous le titre de Psyché: Exécuté fur le Théâtre du Duc d'Tork, & imprimé in quarto à Londres cette année. Lang- baine, Art. de SbadwefL III. OpéraBurlesque, par Tho- mas Duffet , imprimé à Londres in-quar- to cette année. Je crois pouvoir indi- quer fous le nom d'Opéra Burlefque la Pièce de cet Auteur, qui eft intitulée La Tempête pour rire, ou le Château Enchanté: TheMockTempest, or, The En- chantée Caflïc. C'eft une Parodie de la Tempête de Dryden, dont j'ai parlé fous Fan mil fix-cens foixante-fept, & qui étoit fort courue au Théâtre du Duc cPTork. La Parodie fut faite pour fervir la jalou- fie que ce fuccès donnoit aux Comédiens du Théâtre Royal, fur lequel elle fut exécu- tée, mais avec un fuccès dont il ne pa- R 3 roic 25S Bibliothèque Britannique, 'c pas que l'Auteur ait eu lieu de fe fê- ter. Voyez Langbaine: Art. de Duffct. M D C L X X V I. ro licitér Mascarade, du même , intitulée Le Triomphe de la Beauté: Repréfentée par les Penfionaires d'une Ecole de Cbelfey: & imprimée à Londres in 40. cette an- née. B EAUT Y'S ÎRIUMPH &C. NB. Cette Pièce fe trouve dans Gil- don, qui obferve qu'elle a été omife par Langbaine. Peut-être celui-ci aura-t- il cru que ce n'étoit qu'une nouvelle Edi- tion, donnée par Dujfet, du Triomphe de la Beauté de Jaques Shirley , publiée dès Fan mil fix-cens quarante -ûx. MDCLXXVIL I. Opéra, félon Gildon; ou Opéra Dramatique, félon Jacoh ; ou bien enfin , félon Langbaine ,ïragédie, qui , par les Décorations (f les Machines , peut mériter iPêtre mife au nombre des Opéras : Pièce in- titulée Circé: Ecrite par Charles d'A- venant , Docteur en Droit, & fils du Chevalier Guillaume & 'Avenant : Exécutée fur le Théâtre du Duc â'Tork : & impri- mée à Londres in-quarto en mil ûx- cens ioixante - & - dix - fept. NB. Te me fouviens d'en avoir vu une Edi- Juillet, Août et Septeme. 1740. 259 Edition qui véritablement ne portoit pas en titre le nom d'Opéra , mais qui, à cela près, ctoit Opéra autant que plufieurs autres Pièces qui portent ce nom. Ou- tre les Décorations 6c les Machines , Lang- baine devoir y avoir obfervé un nombre conildcrable de Vers chantez. JJ. Tragédie, de Dr/den, intitu- lée L 'Amour Tyrannique &o. Tyrannick Love, or The Royal Martyr : Repréfentée au Théâtre Royal, & imprimée in 40. a Londres cette année, félon Langbaine. KB. Gildon & Jacob la datent de mil fix-cens faisante- & -dix -neuf , mais c'eft en chiffres Arabes, ce ils ne difent point que Langbaine fe foie trompé. — [1 y a dans cette Tragédie une Danfe , quelques Chanfons, ce un Dialogue chan- té entre deux Perfonnages qui paroiffent portez fur des Nuées. M D C L X X V 1 1 1. I. & ï I. Deux Pièce s de Dryden, fous le titre d'Ahnanzor 6c Almabide, ou la Conquête de Gr gno/j , 01 Parties : Almanzor and A l- ?.t a h ide, or y The Conque}} of Granada by tte Spar.iards, In tzuo Parts: Repréfen- tée au Théâtre Royal, & imprimée in 4°. cette année, félon L auffi- bien que félon Gildon 6c Jao b ; mais avec cette différence, que L a la pré- R 4 eau- 2ôo Bibliothèque Britannique, caution d'avertir fes Lefteurs, qu'il ne cite qu'une troifième Edition. — Il y a dans la première Pièce uneDanfe, & en deux endroits plusieurs Strophes ou couplets de Vers à chanter. 11 y a dans la féconde un Dialogue qui fe chante. III. Comédie du même, indtulée Le Chevalier Martin Mer- ail , ov la Feinte Innocence : Sir Martin Mar-all, cr, The feigrfd Innocence : Repréfentée au Théâtre, & imprimée in 40. cette année, IV. Comédie du même, intitulée, L'Amour dans un Couvent de Filles : The Assignation, Or Love in a Nunne-' ry: 40. Lond. 1678. NB. La Mufique vocale n'efl pas û confiderabie dans ces deux dernières Piè- ces, que je n'eulTe fort bien pu les paffer fous filence, comme quantité d'autres que j'omets à deuein, pour ne pas trop gromr ce Catalogue. Mais j'ai cru de~ voir en citer au moins quelques-unes de cette efpece, à l'occafion defquelles je pûlfe obferver qu'il feroit trop long de les citer toutes : Et je me. fuis déter- miné en faveur de celles de Dryden, foit parce que ce font prefque les feules que j'aye actuellement dans mon Cabinet, foit parce qu'il m'a femblé qu'elles ac- compagnoient alfez naturellement quel- ques autres du même Auteur; telles, par exemple, que fa Tempête, dont les fifres entroient' prefque necejfairement dans Juillet, Août et Septemb. 1740. 261 dans le plan de ce Catalogue. Mon but , en parlant de ces Pièces, eft de faire fentir au Ledeur , que le goût des Anglois poiii la Muûque vocale eft un goût do- minant fur Leur Théâtre. V. Opéra de Dry dm, intitulée L'£- tat c' y, (f la Chute de VHom Imprimé in 40. cette année, félon Long- The State oe Innocence &c. NB. Il paroi t par la Préface de cette Pièce, qu'elle n'avoit point été roife fur le Théâtre, & parla Pièce même, qu'elle n'avoit point été compofée pour ctre mife en jVîufique d'un bout à l'autre. Elle porte néanmoins dans fon titre le nom d'Opéra purement & Amplement. VI. Interm e d e , intitulé Le Di- vcrtijjement de fiuntington &c, Hun- t 1 n g t o n's Divertissement, or, An Interlude fur tbe gênerai Entertain- ment of tbe County Feaft held et Mercbant Taylors-Halt, Ecrit par W. N. Et im- primé in 40. cette année. Voyez G Auteurs Suppofez: p. 151. ou bien 7 Lettre H. des Anonymes. VII. Intermède Moral, intitu- lé Le Traître à lui-même, ou Le Cœur de T Homme fon plus grand Ennemi, The T R A Y T O R T O H I M S E L F , Or , M Heart bifgreateft Enemy &c. Repréfenté dans un Collège, ou Ecçïe publique, par les Ecoliers, & imprimé à Oxford cette R 5 année, 262 Bibliothèque Britannique, année. Langbaine, Auteurs Inconnus , Let- tre T. Nfi. Le titre de cette Pièce, tel que Langbaine le donne , porte qu'elle eft écrite en vers Héroïques, c'eft-à-dire en vers de dix Syllabes à rimes plates. Cela n'annonce point de Chant. Mais outre çfu'il y a d'autres Pièces en vers Héroïques qui ne laiffent pas d'admettre quelque mélange de vers à chanter, le titre de celle-ci eit remarquable, en ce Êfu'il promet des Entre -Actes difignez par un nom qui annonce probablement quelque chofe dans le goût des Mafcara- cles: Pièces où je crois qu'il entre con- flamment de la Mufique. Voici les ter- mes Anglois que je trouve dans Lang- baine: Trâytor to himfclf A moral ln- 7t , in Heroïck ver je With Inter- masques at tbe Clofe of each feveral A3. VIII. Opéra Burlesque, de Thomas Duffet, intitulé Pj'ycbé Débauchée : Psyché Decauch'd : Exécuté au Théâtre Royal: e; imprimé à Londres in-o&avo cette année. NB. Il paroit par le titre de cette Piè- ce dans Langbaine, qu'elle porte le nom de Comédie. Mais immédiatement après le titre il la nomme Opéra Burtefque: Mock Pp ra. C'eft une Parodie de la Pfycbéâe SbadweU. Elle fut faite & mife au Théâ- tre Royal par le même motif que La 2V>> Juillet, Août et Septemb. 1740. 263 Tempête pour rire. Voyez ci-deflus, les Numéros II. & III. de l'An mil fix-cens foixantc - &- quinze. IX. Opéra , intitulé Brunis d'Albc : Brutus of Alba, or the Enchanted Levers : Rcpréfenté fur le Théâtre du Duc cVTork: & imprimé in-quarto cet- te année. N13. Langbaine, Gildon & Jvcob s'accor- dent à mettre cette Pièce au nombre de celles de Tate. Mais, félon le pre- mier, le nom de bâtêîrie du Poète efl: Nathanael , & félon les deux autres c'efb Nahuin. Langbaire donne à la Pièce mê- me le nom de Tragédie: les autres la nomment un Opéra, &il y a quelque ap- parence qu'ils ont raifon. J'aurai occa- fion, fous l'An MDCXCVI.de dire un mot à ce fujet. M D C L X X I X. I. Opéra, d'un nommé Edouard Ec~ clefton, intitulé le Déluge de Noé ,o\\ la Des- truction du Monde : N o a h's F l o o d occ. Imprimé in 4e. cette année: Reproduit quelques années apr.s fous un titre un peu différent, & reproduit encore dans la fuite fous fon premier titre. NC. Langbaine, de qui j'emprunte cet Article, ne dit point que la Pièce ait jamais été repréfemv-'. Il en parie com- me 20*4 Bibliothèque Britannique, me d'un Ouvrage qui eft de la même na- ture que VEtat d'Innocence de Dryden , mais fort inférieur à fon modèle. II. Tragi-Comédie, de Dryden, repréfentée fur le Théâtre Royal : & in- titulée la Pajpon Secrète, ou la Reine-Fille: Secret Love, or Maiden Queen : A Londres in 4°. NB. Cette Pièce n'a place dans ce Ca- talogue , que comme quelques au- tres de Dryden dont j'ai parlé fous l'An MDCLXXVIIL N°. IV. III. Tragédie, écrite par Dryden & Lee, intitulée CEdipe: Repréfentée au Théâtre du Duc d'Tork , & impri- mée in 4e. à Londres cette année. Je trouve dans cette Pièce une efpece d'Hymne à Apollon qui fe chante ; & des Vers pour une Evocation quife chan- tent avec un Chœur. IV. Tragédie du même, repré- fentée fur le même Théâtre , & impri- mée la même année, fous le titre du Troïlus & Crejp.de, ou la Vérité trop tard connue. Troïlus and Cressi- d a , or Truth too îate found eut. Il n'y a dans cette Pièce qu'un morceau qui fe chante. NB. J'en ai une Edition de mil lîx- cens quatre-vingt-quinze, qu'on feroit tenté de prendre pour la première. Mais fi elle l'était effectivement , Langbai- m Juillet, Août et Septemb. 1740. 265 ne n'auroit pas pu la citer, & cependant il la cite. Son Livre parut en quatre- vingt-onze. M D C L X X X. Comédie du même , & fur le mê- "meThéàtre,intituléeTHE Kind Kee- per &c. c'eft-à-dire, en paraphrafant un peu, Le Galand Dupe de la MaîtreJJe . nue : Pièce mclée de quelques Chan- fons. M D C L X X X I. Tragi-Comédie du même, au même Théâtre, imprimée à Londres in- quarto cette année , & ayant pour titre : Le Religieux Efpagnol ,ou La Double Décou- verte : The Spanish Fryar &c. Pièce où il entre , comme dans la pré- cédente, quelques morceaux à chanter. MD CL XXXIII. Tragédie, compofée par Dryden & Lee : Intitulée Le D^: de Guife :The Du- ke of Guise: imprimée in 4:. à Lon- dres cette année: & repréfentée par les Serviteurs de Leurs Majeftez. Il y a dans cette Picce une Chanïbn, & un Dialo- gue Paftoral qui fe chante. Ni3. Langbaine date cette Tragédie de mil 266 Bibliothèque Britannique , mil fix - cens quatre - vingt - trois en chif- fres Arabes, & Jacob ,-auffi-bien que G/7- don, marque la même année. Mais je foup- çonneque Langbaine, ou fon Imprimeur, aura mis par mégarde un trois au lieu d'un cinq. Le titre de Serviteurs de Leurs Majeftez, donné aux Acteurs, me fem- ble indiquer le Régne de Jaques 1 1. qui* monta fur le trône, comme on fçait, en quatre- vingt -cinq. M D C L X X X I V. Mascarade, par Richard Flecknoe , ayant pour titre Le Mariage de l'Océan & de la Grande-Bretagne :The Marriage OF OCEANUS AND BRITANNIA. NB. J'ignore fi cette Pièce a jamais été repréfentée, & je ne fçais pas non plus en quelle année elle fut donnée au pu- blic par rimpreffion. Mais, autant que j'en puis juger par le tems où l'Auteur a vécu & publié fes autres Ouvrages, elle doit avoir été faite avant la fin du Règne de Charles IL Et nous touchons mamienant à la dernière année de ce Régne. MDCLXXXV. I. F a r c e , de Nabym Tate , dans laquel- le il y a phtfteurs Cbanfons rnij'cs en Mujï- quc cive: la Baffe - Continue pur le Tbéorbe ou Juillet, Août et Septfmb. 1740. 267 ou pour la Viole : Repréfentée par les Ser- viteurs de- Leurs Majejîez: Imprimée in- quarto cette année: & ayant pour titre,  Duke and no Duke. NB. J'ai dit ci-deflus, à Poccafion de la première Pièce de MDCLVJ., que j'avois quelque idée d'avoir vu des Farces entrelardées de phifieurs Chanfons. En voilà une dont je connois. au moins le titre par Langbaine, ou par Gildon: & je me fouviens diftinctement d'en avoir vu une autre dont je parierai dans la fuite, fi je donne jamais une Continua- tion de ce Catalogue pour les Pièces du fiécle courant. II. Opéra de Dryden, intitulé Al- bion et Albanius: mis en Mufi- que par ce même Grabut dont j'ai par- lé fous Pan mil fix-cens LXXI V, Exé- cuté au Théâtre de la Reine dans Dvr- fet-Garden : & imprimé à Londres in-fo- lio cette année : Pièce en trois Actes , toute en vers, & mife en Mufique de- puis le commencement jufqu'a la fin. Nfl. 11 paroit par PApoïtiJle de la Pré- face de cet Opéra , que li Pon excepte quelques vers ajourez après coup, il a- voit été compofé avant la mort de Char- hs II. & même exécuté en fa préfence, mais non pas publiquement * fi j'ai bien compris la chofe : ce qui n'eft pas fort important. Il m'irnporteroit un peu plus de bien comprendre ce que P Auteur dit vers 268 Bibliothèque Britannique , vers la fin de la Préface même, tou- chant la nouveauté de fon entreprife. Traduifons fes paroles. „ Quoique „ les ennemis de celui qui a fait la Mu- „ fique de cet Opéra, ne foiçht pas en „ petit nombre , & qu'il y ait un parti „ formé contre lui parmi les gens de fa „ profeflicn ; je ne doute prefque pas „ que ce jugement précipité qui le con- „ damneme tourne finalement à fon avan- „ tage. La majeure partie d'une Audien- „ ce eft rarement fortfçavante en fait de f> Mufique; mais elle eft toujours im- „ partiale : & fi la Mufique , bien com- „ pofée & bien exécutée , peut une fois „ plaire, ceux à qui elle plaît auront bien „ affez d'efprit pour n'être pas la dupe „ de ceux qui voudraient leur perfua- „ der de fe défaire duplaifir qu'elle leur „ donne. La nouveauté de Pentreprife eft ici „ tout ce qu'il y a de hazardeux. Quand 99 les Opéras furent introduits en France, ,> ils ne furent pas courus d'abord avec „ tropd'empreifement. On les vitcepen- „ dant gagner faveur de jour en jour: & ♦, ce fut ainfi qu'ils parvinrent par degrez „ à cette haute eirime dont on fçait qu'ils „ font aujourd'hui en pbfleffion. Les An- „ glois , je l'avoue, n'ont pas en gé^- „ néral, autant que les .François, tin „ certain goût pour la Mufique; mais „ ils n'ont pourtant pas lahTé de rece- „ voir déjà favorablement la Tempête, & „ quel- Juillet, Août et Sëptemb. 1740. 269 f, quelques autres Pièces dont celle-là „ a étéfuivie, encore qu'elles ne fûiïent „ ni beaucoup mieux écrites , ni ii bien „ mifes en Mufîque, que celle dont il », s'agit à préfent ". Qui ne s'imagine- roit, en lifant ces paroles, que l'Opéra <¥ Albion & Aibanius eft la première Pièce qui ait été faite en Angleterre pour être chantée d'un bout à l'autre ? Et que de- viendra, à ce compte, ce que nous avons vu que Drydcn lui-même avoit dit en mil fix-cens LXXVIII. de certaines Pièces de d'Avenant, mifes & exécutées en Mufîque Récitative dès le tems de l'In- terrègne; fur -tout fi l'on joint à cela ce que j'ai obfervé, à la fin de mes remar- ques fur l'an mil fix-cens foixante-&-trei- ze touchant le mélange des Airs avec le Récitatif dans ces mêmes Pièces ? Peut- être n'a- 1- il envifagé la Pièce en quef- tion comme une nouveauté , que par rap- port au goût de la Mufîque : les compo- rtions d'un Muficien François, tel que Grabut , n'étoient apparemment pas dans le goût Italien. Mais outre que la diffé- rence des deux goûts ne paroît pas ici être alfez importante, & que Dry den lui- même n'en dit rien, n'étoit-ce pas Gra- but aufli qui avoit fait la Mufîque de YOpéra d'Ariadne en mil fix-cens foixan- te-&-quatorze ? Tout ce que je puis di- re là-deffus en faveur de Drydcn, c'eft que comme je n'ai pas vu cet Opéra, Tome XV. Part. IL S ni 270 Bibliothèque Britannique, ni quelques autres qui le fuivirent, je dois peut-être fufpendre mon juge- ment. Obfervons au-r elle , avant que de paiTer à un nouvel Article , que pour ce qui regarde l'invention, la di- rection, & la deicription des Décora- tions de TOpéra &A/bion & Albanius , le Poète en fait honneur à Thomas Bctterton. Cet habile Comédien , qui naturellement avoït du talent pour ces fortes de cho- fes, avoit été envoyé à Paris par Chartes IL pour y perfectionner fes idées par la connoiflance de l'Opéra François. Voyez le Bayle Anglois, Article de Bette r- ton, note F. Cet Article, pour le di- re en panant, a été drefie par Mr. Loch- man, èc renferme quelques particulari- tez qu'il tendit de bonne main. III. Opéra Dramatique de Dryden, compofé dans le même tems, ou à -peu -près, que le précèdent ; mais dont le titre fera mieux à fa place fous l'an milfix-cens quatre-vingt-onze. MDCLXXXVIIL C o m É d i e , de Thomas Durfey, avec des Chanfons mifes en Mufique par Henri Pirrccll, imprimée in 4". cette année, & dont le titre fignine, fi je ne me trompe, Le Sot parvenu : A Fool's Prefer- m e n t , or , The three Dukes of Dunfra- hie : with feverai Songs Jet by Henri Furce/l : Re- Juillet , Août et Septemb. 1740. 271 Repréfentée au Théâtre de la Reine dans Dorfet-Garden, par tes Serviteurs de Leurs Majcflcz. Voyez Langbaine. M D C X C. I. Opéra, imprimé in 40. à Londres cette année , ayant pour titre , La Prophè- te ffe y ou Hijloirc de Dioctétien. The Pro- phète s s E , or , Ti:e Hiflory cf Diocle- fian, an Opéra. Voyez Gi(don,oc confé- rez Langbaine, Article de Fletcker & BeoU- mont , qui font originairement les Au- teurs de cette Pièce, à laquelle on don- na enfuite la forme & le nom d'Opéra : ce qui fut fait par Dryden, û l'on s'en rapporte à Langbaine, qui fe trompe, li l'on en croit Giîdon. Celui-ci afTure qu'au lieu de Dryden , c'étoit Betterton qu'il falloit nommer. IL Opéra, intitulé Brunis d'Albe , ou le Triomphe d'Augufla, & non d'Augufts. comme difent Gifdon & Jacob : Pièce qui , félon ces deux Auteurs , eft de cette année, mais que je crois pouvoir ren- voyer lix-ans plus bas , à l'an i6oô> Brutus of Alba , or Auguffas Tnumph : A new Opéra. MDCXCÎ, I. Comédie, de Dryden , intitulée . Ambhytrion; Repréfentée au Théâ- S 2 tr> 272 Bibliothèque Britannique, tre Royal : & imprimée in 40. à Londres 1691. félon Langbaine, qui n'eft point contredit là-deffus par les autres. Il y a dans cette Comédie quelques Danfes, deux Chanfons , & un Dialogue Pafto- ral qui fe chante. La Mufique eft de Henri Parcel t. NB. Je fuppofe que Langbaine ne s'eft point trompé, & qu'il a réellement trou- vé 1691. dans le titre de l'Edition ori- ginale. Mais il y a apparence que 1691. n'y aura été mis que par anticipation. Au moins vois -je dans mon Edition, que l'Epitre dédicatoire eft datée du 24. d'Octobre 1690. Si les Epîtres étoient toutes ainfi datées, peut-être y auroit-ilde pareilles obfervations à fai- re fur la vraye date de plufieurs autres Pièces. La Pièce parut pendant que le Livre de Langbaine s'imprimoit. 11 n'en donne le titre que dans un Appendix , & en parle comme d'une Pièce toute nouvelle. Le titre de fon Livre eft da- té de la même année 1691. II. Opéra Dr a m ati que, du mê- me , intitulé Le Roi Arthur &c. , K 1 n g Arthur, jor The Britifb Worthy &c. Exécuté au Théâtre de la Reine, par les Serviteurs de Leurs Ma jeflez: & impri- mé cette année , félon Gi/don & Jacob. NB. Cette Pièce avoit été faite dès l'année de la mort de Charles II. L'Au- teur l'annonça pour le Théâtre , & la pu- blia Juillet, Août etSeptemb. 1740. 273 blia fcpt ans après , mais différente de ce qu'elle étoit d'abord. L'Optra $Al- bion &f Aibanius n'étoit originairement qu'an Prologue pour celui du Roi Arthur. Les deux Pièces ainfi n'en faifoient qu'u- ne , & dévoient être reprefentées enîem- ble, lorfque l'Auteur détacha le Prolo- gue de la Pièce, l'allongea, & en fit une Pièce à part, qui parut en MDCLXXXV , avec une Préface où il eft parlé de fa première deftination,&de la Pièce pour laquelle ce Prologue avoit été fait. El- le eft définie, dans cette même Préface, un mélange de Tragédie & d'Opéra: A Tragcdy mixt ivitb Opéra. C'eft une Fable Dramatique en cinq Acles, écrite principalement en vers de dix fyllabes non -rimez, comme la plupart des Tra- gédies; mais remarquable par un mélan- ge continuel des chofes qui font propre- ment du rtffort de l'Opéra: Perfonnages furnaturels, Opérations magiques, Dé- corations & Machines a l'avenant, va- riété de Danfes , Mufique enfin, tant Inftrumentale que Vocale. Il s'y chan- te trois - cens cinquante vers, ou environ. C'étoit Purceîl qui avoit fait la Mufique. Voyez l'Epitre dédicatoire. Gildon nom- me cette Pièce une Tragédie, Ample- ment: mais il parle de la Mufique & des Machines comme de ce qui en fait le principal mérite. Langbaine n'en dit rien S 3 du 274 Bibliothèque Britannique, du tout. Elle ne parut apparemment qu'a- près, la publication de fon Livre. MDGXCII. I. Tragédie, de Dryden , intitulée Çléomene, ou Le Héros Spartiate: Cleo- menes, or The Spart an Heroe: Repré- sentée au Théâtre Royal , & imprimée in 40. cette année, félon Gildon. Cette Pièce efl une de celles qui participent de la nature de l'Opéra, mais pas alTez pour en porter le nom. MB. Cette Pièce fe trouve placée en- tre les deux précédentes dans l'Edition que j'ai des GEuvres de Dryden; 6c j'en- trevois même qu'il n'eft pas improbable que ce foit-là fa véritable place, eu égard au tems de la première repréfen- tation. Mais du reiïe je ne crois pas que pour Tordre Chronologique des Pièces il y ait aucun fond à faire fur cette Edition. Elle eft dédiée au Duc de Keiïcajlk par le célèbre Guillaume Congrève: Elle efl affez communément appellée Y Edition de Congrève: cela en jmpofe. On peut être excellent Poète , excellent Auteur, & très -médiocre Edi- teur. Un Poète de confequenee doit même affe&er de faire fentir au public, s'il lui donne une Edition, qu'il fe croit fort au défias du petit foin 6c de la pe- tite Juillet, Août et Septemb. 1740. 275 tite gloire d'être exad , judicieux , uti- le, attentif 6c prévenant far les choies que le Public peut fouhaiter de la part d'un Editeur. IL Opéra, fans nom d'Auteur, inti- tule La Reine des Féej : The Fairy- Qu e e n : an Opéra : Repréfenté au Théâ- tre de la Reine par les Serviteurs de L Majcftez : & imprimé in 4^. à Londres 1692 . NB. 11 entre de la Profe dans cet Opé- ra , & je ne crois pas même que la plus grande partie des vers ai: été mife en ÏMulique. 11 me femble cependant y en- trevoir, outre les morceaux marquez pour le chant, & qui doivent être regar- dez comme des Airs, quelques pafl qui fe chantoient au moins en tUdt A tous les autres égards, c'eft un Opé- ra dans les formes. Gildcn remarque que le fonds de la Pièce eil emprunte d'une Comédie de Sbakefpear. Mais je ne trou- ve nulle part qui a* don né à cette Comé- die la forme d'Opéra. J'ai quelques rai- fons de foupçonner que c'eil Betterton, affilié peut-être de quelqu'un de les Con- frères. La Préface de la Pièce paraît avoir été écrite au nom des Comédiens, ou des Directeurs du Théâtre, ils infi- nuent qu'ils youdroient bien mettre l'O- péra à Londres fur le I qu'il eft à Paris, & ils ::v. 2 Public à les féconder. L La Préface parle cependant aufïi en fon propre nom. 1! S 4 i-jô Bibliothèque Britannique, parle du féjour qu'il a fait en France % où il dit avoir appris que le Cardinal de Richelieu fut le premier qui introduifit les Opéras dans ce Royaume. 11 vou- îoit dire apparemment le Cardinal Maza- rin. Il distingue au refte entre Opéra parfait & imparfait. Il cite comme Opé- ras imparfaits V Andromède & la Toi/on d'Or de Corneille, qui font (dit -il) les pre- miers Opéras que les François ayent eus fur leurs Théâtres publics. 11 cite com- me un Opéra parfait , & en même tems comme le premier qu'on ait eu en An- gleterre, le Siège de Rhodes du Chevalier d'Avenant: Pièce néanmoins à laquelle il avoue que deux chofes manquoient, les Machines & les Danfes. Mais fçavoir s'il donnoit la Reine des Fées pour un O- péra parfait ou imparfait, c'eft ce qu'il ne détermine pas. M D C X C I V. Tragi-Comédie, de Dryden, in- titulée V Amour Victorieux &V. Love triumphant, or Nature will prevail , Repréfentée par les Serviteurs de Leurs Ma- jeftez: & imprimée in 40. cette année, fé- lon Gildon : Pièce où il y a une Danfe & trois morceaux de Mufique Vocale. MDCXCVI. I. Tragédie, avec un Diversement de Juillet, Août et Septemb. 1740. 277 de Mufique vocale 6f inflrumcntale : intitu- lée Bonduca : Repréfentée au Théâtre de Dorfet- Garde n: ce imprimée in 40. cette année. Bonduca: A Tragcdy , witb an Entertainment of Mujtck , vocal and in* ftrumental &c. Voyez Gitdon 6c Jacob, Lettre B. des Auteurs Inconnus ou Anony- mes. Gitdon obferve que cette Tragédie , qui n'eft autre chofe que la Bonduca de F/etcter avec certains changemens , ne réniTit pas aufîl-bien qu'elle leméritoit, quoique les deux Univerlitez (dit- il) fe fuirent réunies pour lui donner fa nou- velle forme. II. Comédie en Musique, de Pierre le Mot t eux , intitulée Les Amours de Mars & de Venus: Repréfentée au nou^ veau Théâtre du petit Lincoln' s-Lm-Ficlds , par les Serviteurs du Roi; 6c imprimée in- quarto cette année. Voyez Giidon. Il y a dans cette Pièce une Danfe de Cy~ dopes, que l'Auteur reconnoit avoir em- pruntée de la Pfyché de Sbadwell. III. Opéra, dont on peut voir le ti- tre ci-deflus, dans le deuxième article de MDCXC. Il n'eft nullement pro- bable que cette Pièce foit de l'année ou Giidon 6c Jacob la rapportent. Car ou- tre que Langbaine à leur compte auroit dû la^connoitre, 6c ne Ta pourtant pas connue, je vois dans le titre qu'elle s'exé- cutoit par les Serviteurs du Roi. 11 y auroit eu par les Serviteurs de Leurs Majejlcz , i\ S 5 elle 278 Bibliothèque Britannique, elle eût été mife fur le Théâtre en MDCXC. pendant que la Reine Marie vivoit & partageoit le Trône avec Guil- laume III. A quoi je pourrois ajouter une confideration tirée du fujet & de l'oo caiion de la Pièce. Mais abrégeons. J'en ai une Edition que je crois la première, s'il y en a plus d'une, & dont le titre porte MDCXCVII. par une petite anticipation. L'Epître dédicatoire, qui paroît annoncer indirectement au Pu- blic la première repréfentation de la Pièce, & en indiquer d'avance le jour, eft datée du feize d'Octobre MDCXCVI. C'eft-là, félon moi, la véritable date ; & c'efl ce qui me détermine à mettre fous cette année une partie de ce que j'avois à dire du nouvel Opéra de Bru- tus d'Albe. Je dis le nouvel Opéra, relativement au Brutus d'Albe (Opéra aufïi) donné par Nahum Tate dès l'an mil fix - cens foixante - & - dix - huit. D'ailleurs je trouve Nouvel Opéra dans le titre. On peut au refte avoir obfer- vé que les deux titres diffèrent dans les paroles ajoutées à ce qu'ils ont de com- mun. Gildon place le nouveau Brutus d'Albe parmi les ouvrages du Comédien George Powell , & dit que la Pièce eft dédiée par le Libraire qui i'avoit impri- à ce même George Powett , qui, fe- Lui, en eft l'Auteur, & à Jean Ver- en. Gildon le dit, & Jacob ne man- que Juillet, Août et Septemb. 1740. 279 que pas de le copier. La vérité eft , que la Pièce eft dédiée au Libraire par ceux-là même à qui,felon Gildon, le Librai- re la dédie ; & qui prennent tous deux la qualité d'Auteur. Povsell eft peut-être le Poète , & Verbruggen le Muiicien. Quoi qu'il en foit , c'eft un Opéra qui , par rapport à la manière dont il eft conf- truit, peut Te ranger dans la meme claf- fe que celui de la Reine des Fées. Voyez ci -défais, Tan mil fix-cens quatre-vingt- douze. M D C X C V 1 1. I. Intermède en Mujique , intitulé La Joye de V Europe à Poccafion de la Paix , 6? de î heureux retour du Roi: Europe's Revels &c. Imprimé in 40. cette an- née, & exécuté par les Serviteurs du Roi au Théâtre du petit Lincoln s-Inn-Fields. Les Paroles, par Pierre le Mot t eux: & la Mufique, par Ecsies. Voyez Gildon. II. M a s c a r a d e, de Pierre le Motteux, fous le titre d'H e r eu le. NB. Cette Pièce fait partie d'une au- tre, qui eft une efpece de Rhapfodie, à l'imitation du Théâtre à lq ter du Cheva- lier d'Avenant, & qui fut donnée au Pu- blic cette année, félon Gildon, fous le nom de Mr. le Motteux , quoique les Piè- ces qui la compofent ne fu lient pas tou- tes de lui. Elle eft intitulée L : J\ . :\ - 28o Bibliothèque Britannique, té : Chaque Aâe efl une Pièce :TheNovel- ty, Every Afi a Play &c. C'efl une Paitorale , une Comédie , une Mafcara- de , une Tragédie & une Farce. La Pastorale, intitulée Thyrsis, auroit peut-être une place à part dans ce Catalogue , fi je l'avois vue. Elle efl de Jean Oldmixon. J'ignore au refle û La Nouveauté parut avant ou après La Joye de V Europe. III. Opéra, de Thomas Durfey , inti- tulé Diane 6f Endymion : Cinthia and Endimion &c. A nev: Opéra : Pièce qui avoit été faite pour être exécutée à la Cour en préfence de la Reine Marie , & qui le fut fur le Théâtre Royal par les Serviteurs du Roi en 1697, félon Gildon , qui en cite une Edition m 40. de la mê- me année. MDCXCVIII. I. Opéra Comique, par Eikanah Seu- le , repréfenté & imprimé in 40. cette année , fous ce titre : The World in The M o 0 n : c'efl - à- dire , Le Monde dans la Lune. Gildon. II. Pastorale, par Jean Oldmixon, avec des Choeurs entre les Actes. Amyn- tas en efl le titre. C'efl une traduc- tion de VAminte du TaJJc. Elle efl im- primée à Londres in 40. cette année. NB. Je i'uppofe que les Chœurs ont été Juillet, Août et Septemb. 1740. 2$x été chantez. J'avoue cependant que je n'en fuis pas bien convaincu. L'Auteur au relie rcconnoit dans fa Préface , que cette Pièce n'a point eu de fuccès. Mais il en rejette la faute principalement fur le goût corrompu du Public. » Notre „ Siècle, dit -il, n'eil pas encore difpo- „ fé à le lailîer donner du plaifir par „ quelque chofe de fimple, d'aifé ce d'in- ., noce at. j'aurois peut-être mieux réuflî , „ dit -il quelques lignes plus haut,, fij'a- „ vois mis dans cette Pièce , de l'Intrigue, „ du Remu- ménage, & quelque autre „ chofe encore ". 11 veut dire une galan- terie grofîlere & des obfcenitez. M D C X C I X. I. Opéra, par Pierre le Mou eux , in- titulé , La PtïnceJJe cPIJlande &c. The I s- land PrincesS; or The gênerons Por- tugv.cfe, made into an Opéra Sec. Repré- fente & imprimé in 40. à Londres , cette année. Cette Pièce reffemble, pour fa conltruftion , à celle de Brunis d'Albe & à La Reine des Fées. Le fonds de l'Ac- tion eft emprunté de la Prmcejfe d'IJlandc, Tragi- Comédie de Fletehcr, comme l'Au- teur lui-même le déclare. La Mufique eft de Richard Leveridge , célèbre Auteur qui vit encore, & de Daniel Purecil , frère de Henri. II. Intermède, tout en Mufique, intitulé Les quatre Soijpnj &c. The four Sba- sS2 Bibliothèque Britannique, Seasons, or Love in every âge. Les Paro- les, par Pierre le Mot t eux : La Mufique , par Jéremie Clarke. NB. Cet Intermède fut exécuté à la fuite du cinquième A&e de l'Opéra précèdent, avec lequel aufli il fut im- primé. Mais je dois d'autant plus le re- garder comme une Pièce à part , que l'Auteur nous avertit qu'il l'avoit fait pour M D C C. I. Opéra, de Jean Oidmixon , ayant pour titre, Le Bocage, ou le Paradis de VA- mour: The Grove, or Love'' s Paradice: an Opéra &c. Imprimé à Londres in 4^. cette année, avec une Préface qui fup- pofe que la Pièce avoit déjà été donnée au Public par la repréfentation , & qui apprend au Lerteur que la Mufique eft de Purcell , fans dire fi c'eft Daniel ou Henri. La conftruction de cet Opéra pa- roît être à- peu -près la même que celle des Opéras indiquez fous l'année pré- cédente. II. & 1 1 1. Mascarade de Dryden , intitulée Mafcarade Séculaire : The S e- c u l a r Masque: Petite Pièce toute en Mufique, fuivie d'un Dialogue entre un Ecolier &f fa Maîtrejfe dans P Hôpi- tal des Fous y tout en Mufique auflî. NB. Ces deux petites Pièces furent exécu- Juillet, Août et Septemb, 1740. 283 exécutées avec une Comédie d'un au- tre Auteur , intitulée Le Pèlerin : The P 1 l g r 1 m. Mais je ne les ai vues qu'in- dépendamment de cette Comédie, dans le Recueil des Oeuvres de Drydcn, dont elles font la clôture. Le titre de Mas- carade Séculaire, les noms des Perfonna- ges, & les Paroles qu'ils chantent, font reconnoître une Pièce qui doit avoir été portée fur le Théâtre au commencement de la première année du Siècle , c'eft-à- dire après le vingt- cinq de Mars MDCCI, félon le nouveau ftile , en cas que les Comédiens ayent fuivi le vieux. Us fui- virent vraifemblablement le nouveau, & prirent pour la Malcarade Séculaire le mois de Janvier MDCCI, qui eft Jan- vier MDCC. par rapport à ce Catalo- gue , où j'ai été obligé de fuivre conftam- ment le vieux flile, pour éviter la con- fufion. Ajoutez que Jean Dryden, Au- teur de cette Mafcarade, mourut en MDCC. Gildcn au refle ne la cite pas , non plus que les trois Pièces précéden- tes : ce qui me fait croire que fon Livre, dont le titre ne marque point l'année, fut publié dans le cours de MDCXCIX. Après l'imprefîïon de la première Par- tie de ce Catalogue , j'ai encore trouvé Jes Articles fuivans qui auroient du y entrer, & que j'ajoute ici, pour que le Lecteur puifle les rapporter à leur place naturelle, MDCLIV. 284 Bibliothèque Britannique, MDCLIV. L Comédie Pastorale, impri- mée in 4°. cette année, ayant pour ti- tre, Le Berger Extravagant : The extra- vagant Shepherd &c II. „ Mascarade et Comédie, por- „ tant pour titre Les Noces de Pelée êf de „ Thétis : Imprimée in 40. cette année , fe- 9> Ion Gildon : Repréfentée à Paris, par „ le Roi François [c. à. d. par le Roi de ,, France] le Duc d'Tork, le Duc d'An- >, jou, la Princeffe Royale Henriette Marie, 9, la Princeffe de Conti &c ". Comme je n'ai aucun éclairciffement à donner fur cette Pièce , dont la fingularité doit ce- pendant piquer la curiofité des Le&eurs, je leur en offrirai au moins le titre en An- glois tel que je le trouve dans Jacob , & peu différent de ce qu'il eft dans Gildon, Article Jaques Hovcel , Auteur de la Piè- ce. The Nuptials of Peleus and Thetis ; a Ma/que and Comedy , aâed at Paris, 1654. h' thc Frencb King , tke Duke of Tork , Duke of Anjou , Henrietta Maria ibe Princefs Royal, ihe Prince/s of Conti &C M, D C L V. Pastorale, par J. S. imprimée in 4°. cette année, félon Gildon, dans fa Lille des Auteurs Suvpofez. La Pièce eft intitu- Juillet, Août et Septemb. 1740, 285 intitulée Phillis of Scyros. C'eft une Traduction de l'Italien. JE TERMINE ici mon Catalogue. Je ne renonce pas à en donner quelque jour la continuation pour les Pièces du Siècle courant : mais je crains de la pro- mettre. Les difficultez perpétuelles que j'ai rencontrées dans ce qui eft fait, m'ont mis en état de prévoir celles qui fe pré- fenteroient dans ce qui relie à faire: Et l'Ouvrage d'ailleurs eft peut -être déna- ture à n'intérefler que bien médiocre- ment le grand nombre des Lecteurs. Je me flate cependant que cette partie du Public qui a des vues publiques, qui eft par- là la plus refpeclable, & qui eft mê- me plus nombreufe que certaines gens ne j s'imaginent, ne me fçaura pas plus mauvais gré de cet EJJlu, qu'à Mr. Ric- codoni de fon Catalogue dey Pièces du Théâtre Italien. Le champ eft fertile: il deviendroit utile & agréable s'il étoit bien cultivé. J'ai commence à le défri- cher, & je l'ai fait avec foin; on me permettra de compter cela pour quelque chofe. Je n'ai été devancé par perfon- ne. J'ai travaillé pour les Anglois autant que pour les Lecteurs de-delà la Mer. Ce que j'ai fait, fervira peut-être de Canevas à quelque habile homme pour nous donner fur le fujet en queftion un Tome XV. Pars. IL T Ou* 2à6 Bibliothèque Britannique, Ouvrage tel qu'on peut le fouhaiter. Les imperfections que je fuis obligé de laif- fer dans le mien, pourront faire naître des Critiques inftruclives. Il y a plus. Les Livres de Langbaine, de Gildon & de Jacob, en attendait que nous ayons quel- que chofe de meilleur , font des Ouvra- ges importans, dont ne peuvent prefque pas fe paner ceux qui s'intëreflentàl'Hif- toirè de la Vie & des Ouvrages des Poe- tes Dramatiques d'Angleterre. Il ne doit point du tout leur erre indifférent de connoître ces Livres, ieurs différens ufa- ges , leurs différens degrez de mérite. Or que ce Catalogue contribue à les fai- re connoître, c'en; de quoijeprens pour garans tous les Lecteurs qui auront eu la patience de le parcourir. Je ne dis rien de quelques Remarques générales que y y ai jettées çà & là : non qu'elles me paroiiîènt tout- à -fait à meprifer, mais parce qu'elles n'y font peur -être pas en aiTez grand nombre pour faire un objet. La crainte de donner dans une longueur exceflïve , m'a fouvent fait fup- primer mes Réflexions ; & c'eft cette crainte encore qui m'a empêché de fa- tisfaire la curiofité de ceux qui auroient fouhaité (comme cela étoit fort naturel) que je leur offrifïe des plans détaillez de quelques-unes des différentes fortes de Pièces dont je n'ai tracé l'idée qu'en ter- mes Juillet, Août et Septemb. 1740. 287 mes vagues & généraux. Mais û on l'exi- ge^ que j'en aye le loifir, je pourrai îatisfaire cette curiofité une autre fois, Je n'ai plus à préfent qu'un mot à dire. Oeil que je viens de découvrir la vé- ritable année d'une des trois Pièces de d'Avenant, dont j'ai parlé fous Tan M D C L X X II I , & qui a pour titre , La C nui des Efpag Pérou. Elle elt datée de M D C L V II I. En voici le ti- tre original, tel que je le trouve, bien loin de fa place naturelle, dans j: Lettre C. des Pièces écrites par des Au? s: The Cru^lty of The SpANïARDS in Peru ; exprejl / mental and Vocal Mufick, end by Art of Per- fpeclive in Scènes, oc. Reprefented d.iily at tbe Cockpit in Drury-Lane at tbrée Âfter- noon punâually. 1658. ARTICLE III. Philofophical Tran factions, &c. Oeft- à -dire: Mémoires tbilofopbiques de la Société Royale de Londres. Tome XXXIX. pour les Années 1735, 1736, Troifième & dernier Extrait. {On peut voir le premier dans /^ XIII* Tome de cette Bibliothèque, pag. 32 j. , T 2 & 288 Bibliothèque Britannique , & fuiv. Êf le fécond dans le XI Ve To- me pag. 223.) DAns le Cahier 443. pour le mois d'Octobre 1736. on trouve les Arti- cles fuivans. Art. I. Defcription d'un Infiniment qui fert à mefurer les degrez de dilata- tion que les Métaux fouffrent par la Cha- leur, avec la manière de fe fervir de cet Infiniment. Par Mr. Jean Ellicott. Comme on ne fçauroit faire compren- dre la Defcription de l'Inltrument dont il s'agit dans cet Article, fans en donner en même tems la figure, nous fommes obligez de renvoyer les Curieux à l'Ori- ginal ; & c'eft ce que nous faifons à l'é- gard de tous les Articles de ces Mémoi- res dont on ne fçauroit donner d'idée aux Lecteurs , fans leur mettre des figures fous les yeux. Cet avis foit donné une fois pour toutes. Art. i 1. Suite * de la Relation fur les Os des Animaux qui font devenus rou- ges par les Alimens feuls.* Ecrite par Mr. Jean Belchier, Chirurgien & Mem- bre de la S. R. On fcait que le Sang eft porté dans les Os * Nous avons indiqué cette Relation dans le XIV. Tome de cette Biblioth. pag. 242, Juillet, Août et Septemb. 1740. 289 Os par la circulation : mais on a doute qu'il palîat par la fubftance la plus foli- de & la plus compacte des Os: les Ob- fer va tiens de Mr. Bekbier ferviront à dé- cider cette queition. Il a trouvé que les Os de plufieurs Cochons ont pris la cou- leur d'un rouge fonce , & cela par les Ali- mens feuls : & ce qu'il y a de plus furpre- nant, c'eft que ni la Chair, ni les parties cartilagineuses n'ont point changé de couleur ni de goût. Ces Cochons fe nourriflbient de fon qui avoit été bouil- li dans une chaudière avec des toiles de cotton nouvellement peintes; on les £ait bouillir avec du fon, afin de leur ôter un certain rouge faie^ caufé par une infu- fion de racine de (Carence , dont on fe fert pour rendre les couleurs plus durables. Mr. Bekbier a remarqué, que les parties les plus folides des Os font celles qui prennent le plus de teinture. Il a em- ployé aufll plufieurs moyens pour faire perdre à ces Os leur couleur rouge, fans avoir pu en venir à bout ; les liqueurs mêmes dans lesquelles il les a mis pour tâcher de les déteindre, n'ont pas pris le moindre degré de teinture. Il s'agit de fçavoir, û cette couleur que les Os prennent eft caufee par la Garçnce feule, ou en général par tous les ingrédiens qui entrent dans la teinture des toiles de cotton. T 3 Pour 290 Bibliothèque Britannique, Pour s'éclaircir fur cette queftion ,Mr. Befcbier a fait quelques Expériences , dont il ne rapporte que celle-ci. Il mêla un peu de racine de Garence dans le man- ger d'un Coq ; l'animal mourut au bout de feize jours. Mr. Beld er ne s'attendit pas que la Garence eut produit aucun effet considérable fur les os de ce Coq en fi peu tems. Cependant il le diffe- qua , & fut fort furpris de voir que tous fes os étoient devenus rouges. Il con- clut de -là, que c'eft la Garence feule qui caufe ce changement de couleur dans les Os. Mais d'oU vient qu'elle ne produit cet effet que fur les Os? C'eft ce qu'on promet d'examiner par de nouvelles Ex- périences. Art. III. Catalogue des Immerfions & Emerfions des quatre Satellites de Jupi- ter, calculées pour l'Année 1738, pour ïe Méridien de l'ObférvatQire Royal de Greenwhich, par Mr. Jaques Houcson , M.mbrede la Société Royale, ce Prin- cipal du Collège de Mathématiques dans l'Hôpital de Chrift à Londres. Art. IV. Table où l'on marque le tems apparent des Immerfions & Emerfions des Satellites de Jupiter, vifibles à Lon- dres en l'année 1738 ; par le même. ÀrtM V. Extrait d'une Lettre de Mr. Guillaume B u R t o n , Docleur en Méde- cine , écrite de Windfor le 24. de Mai 1734. Juillet, Août et Sbptemb. 1740. 291 1734. à Mr. C. Morhmer , Secrétaire de la Société Royale, touchant la Monure des Vipères , & le Remède qui la guérir. t. VI. Relation de quelques Expé- riences faites le premier de juin 1734, de- vant plufieurs Membres de la Société Royale, fur un Homme qui fe laiiïa mordre par une Vipère, &fur quelques Animaux mordus au m par des Vipères : avec quel- ques Remarques fur la cure de ceux qui ont été mordus par des Chiens enr;. Par Mr. C. Mortimer, Docieu r en Médecine , & Secrétaire de la Société Royale. Si on s'en tient aux Expériences qui font rapportées dans ces deux Articles , on jugera que l'Huile d'Olives eft un re- mède ibuverain contre la morfufe des bres. On la donne à boire à ceux qui ont été mordus, & on en frotte la par- tie qui a été blefiëe, en la tenant au defllis d'un rechaud où il y a du charbon allumé. Mais afin qu'on fe forme une idée plus juile de la manière de fe fervir de ce remède, nous traduirons ici la Re- lation d'un cas que Mr. Mortimer rap- porte. Un Païfan noir: .; OHvcr, qui gagnoit fa vie à attraper des Vipères qu'il vendoit aux Apothicaires, s'étoit vanté d'avoir un remède infaillible con- tre la morfure de ces animaux: il en avoit même fait l'expérience à la cam- T 4 pagne 292 Bibliothèque Britannique, pagne en préfence de quelques perfon- nes , à qui il déclara quel étoit ce remè- de , mais fous le fceau du fecret , parce qu'il efpéroit d'en tirer quelque avanta- ge en le publiant. Mais ayant perdu toute efpérance d'un profit confiderable, il fe détermina à le publier ; & pour en prouver la bonté , il voulut bien qu'on en fit l'expérience fur lui-même. Le premier de Juin 1734. il felaifTa mor- dre au poignet & à la jointure du pouce de la main droite par une vieille Vipère, en préfence d'un grand nombre de per- fonnes. Les bleîïures furent fi profon- des, qu'il en fortit des goûtes de fang. Il fentit fur le champ une violente dou- leur & des élancemens, depuis les en- droits où, il étoit blefle jufques à l'extré- mité du pouce, & le long du bras, mê- me avant que la Vipère l'eût quitté : peu de tems après il fentit une douleur com- me celle que caufe la brûlure, qui lui montoit le long du bras: au bout de quelques minutes fes yeux devinrent rou- ges & enflammez, & pleurèrent beaucoup. En moins d'une demi -heure il appcrçut que le venin lui faifiiïbit le cœur ; il fen- tit un picottement, accompagné d'une opprefiion & d'un grand abattement; il tomba dans une fueur froide ; peu de momens après fon ventre commença à enfler; il eut de violentes tranchées, & une douleur dans les reins, accompagnée d'une Juillet, Août et Septemb. 1740. 29.3 d'une grande évacuation pur haut & par bas. Durant ces fymptomes il fut deux fois pendant quelques minutes fans y voir. 11 dit que dans les autres occafions où il avoit fait l'eilai de fon remède , il n'avoit jamais tardé plus long-tems à le prendre, que jufques à ce qu'il fentit que le venin lui faifiiïbit le cœur. Mais dans cette occafion-ci, comme il avoit deffein de convaincre pleinement les afllltans , & qu'il étoit perfuadé du prompt effet de fon remède , pourvu qu'on le prenne à tems, il ne voulut s'en fervir que lorfqu'il fe trouva extrê- mement mal, & qu'il eut la tête fort embaraifée. Environ une heure & un quart après qu'il eût été mordu , on apporta un re- chaud plein de charbon allume, & on lui tint le bras tout nud auiïl proche du feu qu'il pouvoit le fupporter ; en même tems fa femme lui frotta le bras avec de l'Huile d'Olives *, le tournant en tout fens, comme Ci elle avoit voulu le rôtir fur le charbon. Le malade dit que la douleur a- voit d'abord diminué, mais l'enflure ne pa- fa pas , & il eut encore de grandes évacua- tions par haut & par bas. Son pouls de- vint * Mr. Mortitner nous dit, que pour prévenir toute fraude,il avoit apporté lui-même cette Huile, de peur qu'on n'v mêlât quelque chofe en cache tte. T5 294 Bibliothèque Britannique, vint û foible & fi intermittant , que les Médecins qui étoient- là jugèrent à pro- pos de lui faire prendre quelques Cor- diaux de quart d'heure en quart d'heure: ces Cordiaux ne le foulagerent pas beau- coup ; mais il fe fentit un peu mieux, après avoir bû un verre ou deux d'Hui- le d'Olives. Comme il étoit toujours extrêmement mal , on le mit au lit , & on continua à lui bafliner le bras avec de l'Huile. Cepen- dant il fe plaignoit d'un grand mal dans les reins & dans le ventre; ce qui obli- gea Mr. Mortimer à ordonner à la fem- me du patient de lui frotter aufli le dos & les reins avec de l'Huile chaude : il fentit fur le champ un grand foulage- ment, & n'eut plus depuis que deux ou trois naufées & autant de felles; fon urine avoit auffi repris fa couleur natu- relle, il s'endormit bientôt profondément, & ne s'éveilla point depuis minuit juf- ques à cinq ou fix heures du matin , qu'il le trouva parfaitement bien. Mais s'é- tant prefque enyvré Taprès-midi en bu- vant de l'eau dé vie & de la bierre for- te, l'enflure révint , accompagnée d'une grande douleur & d'une fueur froide: mais tout celafe pafla bientôt en bafïïnant encore le bras, comme on avoit fait la veille , & en l'enveloppant de papier trempé dans l'Huile, Il paroît par les Expériences qu'on a fai- Juillet , Août et Septemb. 1740. 295 faites fur des Chiens & fur des Pigeons, que lorl'qu'on applique de l'Huile fur la playe immédiatement après la morfure,, cette mor ure ne produit aucun mau- vais effet. AuiTï le Païfan , qui a décou- vert ceremede par hazard,afTura-t-il les Aiïiitans , que lorfqu'il va à la chatte des Vipères, il por^e toujours avec lui une phiole pleine d'Huile d'Olives ,& que dès qu'il a été mordu par une Vipère , fi c'eit à la jambe ou au talon, il imbibe auiîï-tôt fon bas d'huile; & 11 c'en: à la main ou au doigt, il en verfe dans fon gand, qu'il remet à l'inflant, & il ne fent plus aucun mal de la morfure. Voilà ce qu'on nous apprend dans le Mémoire dont nous avons donné le ti- tre ; mais dans un autre Mémoire qui fe trouve dans le Cahier fuivant pour les mois de Novembre & pèùernbre 1736. Mr. Jofepb Atwell rapporte quelques Ex- périences qui ne paroifTent par s'ac- corder tout -à- fait avec celles de Mr. Mortimer. Ces Expériences furent faites au Collège d'Exceter à Oxford. Le même Païfan dont nous avons déjà parlé, fe lailfa mordre par une Vipère en deux endroits du poignet, un peu au - deflus du pouce. Le fang en fbrtit aufïi-tôt, ce il y avoit fur les orifices des blefîures plus de venin qu'elles n'en pouvaient abforber. Au bout d'une demi -heure THorn- 2 point encore habitée ni cultivée; & 99 Nous a aufliprié de lui donner, accorder „ & confirmer tout ledit Païs, avec cer- „ tains Privilèges & Réglemens nécefiai- „ res pour le bien & fureté dudit Pais : 19 Sçavoir faifons, que voulant favorifer » le- Juillet, Août et Septe mb. 1740. 313 „ ledit Suppliant , & ayant égard au „ mérite de fon défunt Père, lequel fe „ diitingua d'une façon toute particulière 9, dans la victoire que remporta notre très- „ cher frère le Ûuc d'2bri en 1665. fur „ la fiote Hollandoift , commandée par „ le Sieur d'Obdam ; Nous lui avons don- „ né èv accordé , & par la préfente ,, Chartre lui donnons & accordons „ à lui , à fes Héritiers & à fes Exé- „ cuteurs, tout le terrein fitué en Ame- . ntre le 40e. 6; le 47. degrez de „ latitude fept^ntrionale, & pour la lon- „ gitude entre la rivière DetaivarekVEft, „& cinq degrez au-delà à l'Oueft: „ Nous donnons & accordons de plus „ audit Guillaume Penn, à fes Héritiers ,, & Exécuteurs, l'ufage libre & perp-- „ tuel, l'entrée & la l'ortie de tous les „ Ports, Havres, Bayes, Eaux, Rivières ,, & Iiles apartenant audi: Pais, & tous ,, les Champs, Prez, Bois, Montagnes, „ Lacs, Marais, Ides, Eaux & Rivières „ renfermes dans les bornes fufdites , „ comme aufli le droit de pccher toute ,, forte de poifibns dans ladite étendue, „ tels que Baleine, Eturgeon &c. Nous ,, lui accordons en outre toutes mines „ ce carrières découvertes ou à decou- „ vrir, tant d'Or que d'Argent, & de 99 Pierres précieufes quelconques; & par 99 notre préfente Chartre Royale, nous le ,, nom- 314 Bibliothèque Britannique, „ nommons, créons & conftituons, lui „ Guillaume Penn , fes Hérities & Exécu- „ teurs, les feuls & vrais Proprietai- „ res du fufdit Pais & de tout ce qui y „ eft contenu : Nous réfervant toujours „ pour Nous , nos Héritiers & Suceef- „ leurs , la Foi & Loyauté dudit Gui/lau- „ me Penn , de fes SuccefTeurs & de ,* tous les autres Propriétaires, Ténan- 99 ciers & Habitans qui font , ou feront „ dans le fufdit Territoire : Nous refer- „ vant aufli pour Nous , nos Héritiers „ & SuccefTeurs, la Souveraineté du fuf- „ dit Païs : Voulons que ledit Guillaume ,9 Penn, fes Héritiers & Exécuteurs tien- „ nent ledit Païs comme un fief rele- „ vant de notre Château de Windfor dans ,, le Comté de Berks3&c qu'ils nousdon- „ nent pour redevance deux Peaux de î, Caftor par an; comme aufïï la cinquiè- „ me partie de tout For & l'argent qu'on „ trouvera dans l'enceinte ci - deflus „ nommée. Erigeons le fufdit Païs en j, Province & Seigneurie, & lui don- „ nons le nom de Pennsylvanie , „ ordonnant qu'il ioit toujours ainfi nom- „ mé pour l'avenir. Et d'autant que ,> Nous avens établi & nommé le fufdit 9, Guillaume Penn , fes Héritiers & Exé- 99 cuteurs pour feuls & vrais Proprietai- 99 res du fufdit Païs, fçavoir faifons aufïï, 99 que nous repofant fur la fageffe, juf- ?i tice , Juillet , Août et Seî>temb. 1740. 315 n tice & prudence dudit Guillaume „ Penn, fes Héritiers & Succefleurs, „ Nous leur avons accordé & accordons „ par les préfentes, le pouvoir & aut#- ,, rite de faire & publier fous leur Sceau „ toutes Loix néceflaires, comme pour ,, lever de l'argent à l'ufage de la Pro- „ vince, & pour toute autre fin ten- „ dant au bien public ou à l'avantage „ des particuliers, & cela par l'avis & „ avec l'approbation de tous les nom- „ mes libres dudit Pais , ou du plus „ grand nombre d'entr'eux, ou de leurs „ Députez ; lefquels ledit Guillaume „ Penn & fes Succefleurs auront le pou- „ voir d'affembler aufli fouvent & de la „ manière qu'ils jugeront la plus con- „ venable, afin quelles Loix en foient 99 d'autant mieux connues & obfervées „ par tous les habitans de la Province. ,, Accordons de plus audit Guillaume Penn „ & à fes Héritiers le pouvoir & l'autori- ,, té de nommer & d'établir tous Juges „ & Magiftrats néceflaires, tant pour le ,, Civil, que pour le Criminel ; comme ,, aufli le pouvoir de remettre & par- „ donner toute offenfe, ou crime corn- „ mis dans ledit Pais ; excepté feule- „ ment les crimes de trahifon & de „ meurtre volontaire; & en ces cas leur ,, permettons d'accorder un répit juf- ,j qu'à ce que notre volonté foit connue : „ Leur >> >> . 316 Bibliothèque Britannique, Leur donnons pouvoir d'établir tout ce qu'ils jugeront néceifaire par rapport aux Tribunaux 6c aux Cours de Jufti- ,Hce, afin que chacun puiiïe plaider fes „ Caufes, & obienir bonne & due jufti- „ ce; ordonnant à tous nos fujets de „ s'en tenir aux déterminations defdits „ Tribunaux, & de les regarder comme „ légales : Pourvu néanmoins que les Ré- „ glemens &Loix qu'ils établiront foient „ conformes à la raifon, 6c ne foient » point contraires aux Loix & Statuts „ de notre Royaume d'Angleterre; Nous „ refervant pour nous 6c nos SuccefTeurs „ le droit d'Appel. Et d'autant que dans j, une auiïi grande étendue de pais il „ peut arriver divers accidens, auxquels „ il feroit néceifaire d'apporter de 9, prompts remèdes, de forte qu'il feroit i3 dangereux 6c incommode de ne rien „ faire que par l'avis 6c le confentement ,, de tous les hommes libres de la Pro- „ vince; Nous permettons audit Guiliau- „ me Pcnn 6c à fes Héritiers, aux Juges 99 6c Magiflrats par eux nommez, de fai- j> re de tems en tems les Ordonnances 9> qu'ils jugeront convenables, & de les „ notifier aux perfonnes à qui il apar- 99 tiendra, lefquelles Ordonnances vou- „ Ions être fuivies 6c obfervées dans ia- 99 dite Province, fous les peines qui y 99 feront mentionnées , pourvu que lef- » dites Juillet, Août et Septemb. 1740. 317 „ dires Ordonnances foient conformes „ a la raifon, & qu'elles ne foient ni „ contraires ni oppofées, mais qu'elles „ fe rapportent, autant que faire fe peut, „ aux Loix & Coutumes de notre Royau- „ me d'Angleterre , & pourvu que lefdi- „ tes Ordonnances ne touchent en au- „ cune manière les privilèges des parti- „ culiers par rapport à leur vie, mera- „ bres, terres, meubles & biens quel- „ conques. Voulons en outre qu'on ob- „ ferve dans ladite Province les Loix „ qu'on obferve en Angleterre, par rap- „ port à l'héritage des meubles & im- „ meubles , à moins que ces Loix ne „ viennent à être changées dans la fui- „ te par ledit Guillaume Penn ou fes Hé- „ ritiers , du confentement de tous les „ hommes libres de la Province. Mais ,, afin que ledit Guillaume Penn, fes Hé- „ ritiers, SucceiTeurs , ou autres habi- „ tans de la Province, ne viennent, fous „ quelque prétexte, à négliger la Fidéli- „ té & Loyauté qui nous eft due à Nous „ & à nos Succefleurs; Nous ordonnons „ qu'on nous envoyera un double de „ toutes les Loix qui fe feront dans la- „ dite Province, & que ledit double „ fera remis à notre Confeil Privé en „ Angleterre, dans l'efpace de cinq ans, „ après que la Loi aura été faite : Et que ,, fiNous, ou nos SuccefTeurs, déclarons „ par notre Confeil Privé, dans l'efpa- Tmc XV. Part. IL X „ ce ïiS Bibliothèque Britannique, „ ce de fix mois, après que Nous aurons „ reçu lefdites Loix, que Nous les ju- „ geons contraires à nos Prérogatives „ Royales , & à la Foi & Loyauté qui ,, nous eft due" par nos fujets, lefdites „ Loix feront cenfées nulles; que fi non, „ elles continueront en force félon leur „ forme & teneur. Et afin que ladite „ Colonie devienne d'autant plus florif- „ fante,& s'accroiffe en nombre d'hom- „ mes , Nous donnons & accordons par ,, les préfentes à tous nos fujets, tant „ préfens qu'à venir, (excepté pour- „ tant ceux à qui Nous pourrions don- ,, ner des ordres à ce contraires,) le ,, pouvoir & la liberté de fe tranfporter ,, eux & leurs familles dans ledit Pais, ,, en cbfervant les Loix de la Naviga- „ tion, & payant les Droits de la Doua- M nej & là s'établir & défricher les ter- „ resr tant pour le bien du public que „ pour leur avantage particulier. Per- „ mettons audit Guillaume Perm & à fes ,, Héritiers, & à tous autres qui fe tranf- „ porteront dans ladite Colonie pour „ y habiter & faire le Commerce avec „ les habitans du Pais, de charger & „ fréter des vaiiïeaux dans tous nos Ports , „ & d'y tranfporter tous leurs effets & „ marchandifes, nommément toute for- „ te de grains, & tout ce qui efl nécef- ,9 faire pour fe nourrir & fe vêtir; & „ cela l'ans qu'aucun de nos Officiers „ puifle Juillet, Août et Septemb. 1740. 319 » puifle les molefler en aucune façon, ,, Nous rélérvant .toujours les droits de „ Péage accoutumez. Accordons de plus „ audit Guillaume Penn & à fes Succeffeurs, „ le pouvoir de partager ledit Pais en ,, certains diilricts, & en iceux bâtir des „ Bourgs , Villes & Citez ; d'y établir „ des Marchez & des Foires, & de leur ,, donner des privilèges & immunitez, „ comme il le jugera convenable. Per- ,, mettons audit Guillaume Perm & à fes „ Héritiers, comme auiTi à tous les ha- „ bitans de ladite Province, tant préfens „ qu'à venir, de tranfporter tous effets „ & marchandiies qui feront du produit „ de la Province , tant dans notre Royau- ,, me d'Angleterre y que dans quelque au- „ tre pais, pourvu toujours qu'ils payent ff les droits & péages établis par les », Loix. Donnons audit Guillaume Penn ,9 & à fes Héritiers le pouvoir d'ériger „ en Ports , ou Havres, pour charger „ & décharger les marchandifes , les ,, lieux qu'il jugera les plus convenables ,, dans ladite Province, & de leur ac- ,, corder tous privilèges & immunitez „ que bon luifemblera; ordonnons qu'on ,, ne pourra déformais charger ou déchar- >, ger aucun vaiiïeau que dans les lieux ,, ainfi érigez en Ports ou Havres par le- „ dit Guillaume Penn & fes Succefléurs; ,, pourvu que ledit Guillaume Penn & fes i> Succeifeurs reçoivent dans lefdits X 2 >, Torn 320 Bibliothèque Britannique, „ Ports & Havres tous les Officiers qui a feront nommez de tems à autre par „ les Fermiers , ou par les CommifTaires „ de nos Douanes. Accordons audit „ Guillaume Penn & à fes SuccefTeurs à „ jamais la jouïfTance des Droits & Péa- „ ges fur toutes les marchandifes qu'on „ embarquera ou débarquera dans lef- « dits Ports ou Havres, lefquels Droits r> & Péages feront réglez & fixez par „ VAJJemblée Générale de la Province ; ,9 réfervant feulement pour Nous & nos m SuccefTeurs les Droits & Péages qui 99 font déjà établis par Aéle de Parle- „ ment. Voulons que ledit Guillaume 99 Penn & fes SuccefTeurs ayent un Pro- 99 cureur ou Agent, qui réfide dans notre 99 ville de Londres , ou dans le voifmage 99 d'iceile , lequel notifie le lieu de fon do- 99 micileàun des Clercs de notre Confeiî 99 Privé, &foit prêt à comparoitre devant 99 nos Cours à Weflminfier , pour répondre 99 à toutes les accufations que l'on pourroit j> intenter contre ledit Guillaume Penn & >, fes SuccefTeurs j, par rapport à nos Loix „ de Commerce & de Navigation. Et „ s'il arrive que ledit Guillaume Penn & „ fes SuccefTeurs Nous ayent fait quelque „ tort ou dommage , ledit Procureur 99 ou Agent fera tenu de Nous rembour- 99 fer ledit tort ou dommage , dans î? l'efpace d'une année, après que la no- >5 tification lui en aura été faite: ou au » cas Juillet, Août et Septemb. 1740. 321 „ cas qu'il n'y eût point de tel Procu- „ reur, ou qu'il négligeât de Nous payer „ dans l'efpace ci-defïus mentionné; 99 alors Nous & nos Succeiïeurs aurons „ droit de reprendre le Gouvernement 99 de ladite Province, & d'en jouir jufqifà „ ce que Nous foyons rembourfez ; bien „ entendu néanmoins que cette refum- n ption ne regardera en aucune manière „ les particuliers qui poffedent des terres „ ou autres effets dans ladite Province, „ dont ils jouiront comme auparavant; ,, pourvu toutefois que ledit Guillaume „ /VwïjfesSuccefieurs, ni aucun des ha- „ bitans de la Province, n'entretiennent „ aucune correfpondance avec les Prin- „ ces ou Etats contre qui Nous pourrions ,i être en guerre \ & que ledit Guillaume ,, Pcmi, les Succeiïeurs, & aucun dès ha- „ bitans de la Province , ne faffent la guer- „ re aux Princes & Etats qui font nos amis „ & nos alliez, ou qui pourroient le de- „ venir. Et comme il ell à craindre que „ dans un Pais fi éloigné & environné „ de plufieurs Nations barbares, les ha- „ bitans ne foient expofez à des incur- „ fions & voleries, tant par terre que „ par mer, Nous avons donné & don- „ nons au fufdit Guillaume Penn & à fes ,, Héritiers, le pouvoir de lever des trou- ,, pes de terre & de mer, & de faire la ,, guerre & pourfuivre leurs ennemis, „ non feulement jufqu'aux frontières de X 3 » la 322 Bibliothèque Britannique, m la Province, mais encore au-delà; m de les mettre à mort, ou de leur con- m ferver la vie; en un mot, de jouir de a tous les privilèges & prérogatives a- „ partenanc à la Charge de Capitaine m Général. Accordons outre cela audit ,, Guillaume Penn & à fes Héritiers la per- ,5 million d'aliéner , fuivant leur bon „ plaifir , telle portion de terre de la- 9, dite Province que bon leur lemblera; ,> & cela, foit pendant un nombre d'an- 99 nées, foit pendant la vie de quelques 9f personnes , ioit à perpétuité, ces ter- 99 res rélevant toujours de Guillaume Penn 99 ou de fes Héritiers , comme faifant ,j partie de la Seigneurie ci-devant men- tionnée: Permettons aux perfonnes 99 qui achèteront quelque portion defdi- 99 tes terres , d'en jouir elles & leurs 99 Héritiers de la manière dont elles en i9 conviendront avec ledit Guillaume 99 Penn, nonobftant FAcle de Parlement 99 fait du tems d 'Edouard VI. à ce con- » traire. Déclarons & promettons au- 99 dit Guillaume Penn & à fes Héritiers, 9> pour Nous & nos Succefieurs, que „ Nous ne mettrons jamais aucun impôt ,, ni taxe fur les habitans de ladite „ Province , fur leurs terres & meu- . ;? blés, ni fur aucune marchandife qu'on ■„ chargera ou déchargera dans les Ports „ du Pais ; à moins que ce ne foit du %y contentement du Seigneur Proprietai- » re Juillet, Août et Septemb. 1740. 323 n re & de PAfiTemblée de la Province, » ou par Ade du Parlement d'Angleterre: ,, Ordonnons que la préfente Deciara- „ tion fera cenfee valide dans toutes „ nos Cours de Juftice ; défendons à tous „ nos Officiers 6c Minillres de jamais „ rien entreprendre à ce contraire, leur „ commandant d'aider & affilier ledit ., Guillaume Penn 6c fes Héritiers, afin ,, qu'ils puiflent jouïr en plein de tous „ les avantages de cette Chartre. Re- „ querons en outre, que fi quelques-uns „ des habitans de cette Province (au „ nombre de vingt au moins) fouhaitent „ d'avoir un Miniftre de l'Eglife Angli- „ cane pour les instruire , & qu'ils faf- „ fent connoitre leur défir à PEvêque de ,, Londres , qu'il foit permis à un tel Mi- „ niflre , après qu'il aura été approuvé „ par ledit Evêque, de demeurer & ré- ,, iider dans ladite Province , fans le moin- ,, dre empêchement ou moleftation : Que ,, s'il arrivoit jamais quelque difpute fur ,, le fens des termes de notre préfente ,, Chartre, voulons qu'elle foit inter- f, prêtée en toutes nos Cours dans le fens ,, le plus favorable 6c le plus plus avanta- ,, geux audit Guillaume Penn , fes Héri- ,, tiers & Exécuteurs; pourvu toujours ,, qu'on n'admette jamais aucun fens „ contraire a la Loyauté due à Nous 6c ,, à nos Succefleurs. En foi de quoi a- „ vons fait expédie: les préfentes Lettres » pa- 324 Bibliothèque Britannique, „ patentes, à Weftminfler le quatrième „ Mars, l'an trente -troifième de notre „ Régne. Forme du Gouvernement de la Province ^Pennsylvanie en Amérique : EnfembU les Loix dont con- vinrent en Angleterre le Gouverneur & plufteurs des Propriétaires de ladite Pro- vince, le/quelles dévoient être expliquées & confirmées dans la première AfTemblée Générale qui Je tiendroit dans le Pats. PREFACE. „ Après que Dieu eût créé le monde „ & tout ce qu'il contient, il lui plût „ d'établir l'Homme comme fon Vice- „ gèrent pour le gouverner ; & afin qu'il „ s'acquittât bien de fon emploi, il lui „ donna non feulement de PadreiTe & „ de la force, mais aufii de la juftiee & „ de l'équité. Cette vertu innée faifoit „ fa grandeur & fa félicité, & tant qu'il „ la conferva, il demeura dans l'ordre, „ & on n'eût befoin d'aucunes Loix pour „ le retenir, le principe de l'amour di- „ vin & de la vérité qui étoient dans fon „ cœur , lui fervoient de guide, & le „ contenoient dans l'innocence ; mais „ dès que la convoitife l'eût emporté „ fur le devoir, alors la Loi devint né- „ ceffaire pour retenir l'Homme & fa „ pofte- Juillet, Août et Septemb. 1740. 325 „ pofterité pecherefîe dans de juftes ,9 bornes. ,, C'eft ce que l'Apôtre nous enfeigne ,> dans plufieurs de fesEpitres: La Loi, ,, dit- il, a été donnée à caufe de la trans- „ grefliofi ; & dans un autre endroit : Sça- 99 chant cela que la Loi n'eft point mi Je pour m le Juftc , mais pour les iniques ,& ceux qui „ ne Je peu-vent ranger; pour ceux qui font fans ,, pieté, &f les mal-vivans ; pour les gens fans t9 Religion, & profanes-, pour les meurtriers de ,9 père 6f de mere,d homicides ;pour les paillards, „ & ceux qui habitent avec les mâles, les lar- „ rons d'hommes, les menteurs, les parjures , 99 & s'il y a quelque autre chofe quifoit contrai- ,9 re à la faine doclrine. De plus, le même „ Apôtre nous découvre l'établiiTement „ de tout Gouvernement , lorfqu'il nous „ dit : Qiœ toute perfcnnefcitfujette aux Puif- 99 fanec s fupérieure s , car il n'y a point de Puif- 9, fanée, Jinon de par Dieu; & les Puiffances ,, qui fuhfi fient font ordonnées de Dieu; c'eft ,, pourquoi celui qui réftfte à la Ptùffance, ré- 99 fifte à P Ordonnance de Dieu; & ceux qui 99 y réftftent feront venir condamnation fur 99 eux-méfnes. Car les Princes ne font point ,, à craindre pour de bonnes œuvres, mais „ pour de mauvaifes. Or veux - tu ne crain- „ dre point la Puijfance? Fai bien, & tu re- „ cevras d'elle la louange. Car le Prince eft „ ferviteur de Dieu pour ton bien : mais „ fi tu fais mal , crain; d'autant qu'il m ,9 porte point Vépie fans caufe : car il eft fer- X 5 99 vitcur 326 Bibliothèque Britannique, „ viteur de Dieu , ordonné pour faire jujlice ,9 en ire , de celui qui fait mal : Et partant „ il faut être fu jets non feulement pour l'ire, „ niais aufft pour la confeience. „ Ces paflages mettent le Droit divin s, du Gouvernement au deffus de toute „ difpute. Or le Gouvernement a été ,9 établi pour deux lins; la première, 99 pour tenir en bride les méchans; & „ la féconde , pour protéger les gens de „ bien: ce qui rend le Gouvernement „ néceffaire jufqu'à la fin du monde. Le „ Gouvernement me paroit en lui-mê- 5, me faire partie de la Religion, & être ?, une chofe facrée dans fon établifle- 99 ment & dans fes fins; car il arrête les ,, fuites du mal, & comme tel, il eft une f, émanation du Pouvoir divin, & fait ,, partie de la Religion. Ceux-là fe ,, trompent qui croyent que le feul but „ du Gouvernement, eft de retenir les „ médians. Un Gouvernement bien en- „ tendu comprend auiïï divers actes de 99 bonté, d'humanité & de charité, qui ,, auroient toujours été néceffaires, quand „ même le premier Adam n'auroit jamais ,, péché, & qui le feront encore fur cet- ,, te terre à quelque perfection que les 99 hommes puifTent atteindre par la ve-. ,, nue du fécond Adam» Notre-Seigneur „ Jésus. Mais ceci peut fufnre par ?, rapport au Gouvernement en général, » fon érabliilement & fes fins. „ Pour Juillet, Août et Septemb. 1740. 327 ,, Pour les différentes formes de Gou- 5, vernement, il ne me convient pas j? d'en parler beaucoup, ou plutôt il me }, liera mieux de n'en rien dire du tout, j> & cela pour les raifons fuivantes. ,, Premièrement , parce que le fiécle où 55 nous vivons eft extrêmement délicat >> ce difficile, & qu'il n'y aprefquepoint 3} de fujet fur lequel on foit plus parta- }> gé que fur celui-ci. Il eft vrai que m tout le monde convient fur la fin prin- jî cipale qui eft te Bonheur : mais on dif- n fere par rapport aux moyens d'y par- ,, venir, comme on fait fur les moyens ,, de parvenir à la Félicité célefte ; & ,, la caufe de cette différence eft à-peu- „ près la même. Ce n'eft pas toujours ,, manque de lumières & de connoiffan- „ ces, mais c'eft faute d'en faire un ,, bon ufage. Les Hommes écoutent leurs ,, pallions plutôt que leur raifon; & leurs ,, intérêts particuliers l'emportent dans „ leur efprit fur le bien du public. ,, £n fécond lieu, je ne vois point qu'il ,, y ait jamais eu dans le monde de for? „ me particulière de Gouvernement ,, qu'on n'ait été obligé d'altérer & de ,, changer fuivant les circonftances par- ,, ticulieres des tems & des lieux; & il ,, feiroit peut-être impoflible de trou „ une forme qui n'eût jamais befoin de ,, changement. .„ En troïjiême lieu, je fçais ce que di- » fent 328 Bibliothèque Britannique, , fent les défenfeurs de la Monarchie, , de rAriftocratie & de la Democra- , tie, qui font les trois formes de Gou- , vernemenc fur lefquelles on difpute. , Je dirai feulement, que tout Gouver- , nement où Je peuple intervient pour 9 faire les Loi::, & ou lefdites Loix , fervent de régie, eft un Gouverne- , ment heureux, quelque nom qu'on lui , donne; & que tour autre Gouverne- , ment eft une Tyrannie, ou une A- , narchie. ,, Enfin , il n'eil peur- erre point de , forme de Gouvernement quelque mau- , vaife qu'elle fo:: en elle-même, qui , ne fe trouve affëè bonne, quand elle , tombe en boni is: & l'Huloire , nous apprend, que les meilleures for- , mes ne fervent de rien lorfqu'elles , font conduises par de méchans hom- , mes ; témoin la fin des Républiques de , de la Grèce ec Ûelâ République Rbffi - , ne. Que les hommes foient bons & , vertueux , aucun Gouvernement ne , fera mauvais , eu s'il l'étoit en lui-mc- , me, ces hommes le rendront bon. Mais , fi les hommes font méchans, quelque , bon que foi: le Gouvernement fous le- , quel ils vivent , ils trouveront toujours , moyen de le renverfer&de le détruire. ., Je fçais qu'on di: communément, , Dormez-nous ' Loix , ÊÉ // y- ■ > > porte entre les moins de qui en en cwfiè „ Vexé- Juillet , Août et Septemb. 1740. 329 „ l'exécution ; mais je vous prie de confi- „ derer, que quoique de bonnes Loix „ foient utiles, cependant des hommes „ vertueux le feront encore plus : les „ meilleures Loix peuvent être éludées „ par des hommes vicieux; mais des 9, nommes vertueux ne manqueront ja- „ mais d'avoir de bonnes Loix , & ils „ n'en fçauroient fouifrir de mauvaifes. „ Il eft vrai que de bonnes Loix peuvent „ tenir en bride de mauvais Minières, „ mais ce n'efl que lorsqu'il n'eil pas en „ leur pouvoir de les éluder ou de les ,, abolir; ou que lorfque la plus grande „ partie du peuple eit fage & vertueu- „ fe ; mais un peuple dépravé & cor- „ rompu (ce qui eit le cas en queftion) „ aimera des Loix éc un Gouvernement „ qui lui reffemblent: ce qui forme donc „ un bon Gouvernement , efl auiil ce „ qui le foutient, c'ell-à-dire, la Sa- „ gefle & la Vertu de ceux qui le com- „ pofent. Et comme ces qualitez ne fe „ tranfmettent pas de père en fils com- „ me leurs terres , il faut avoir foin de „ les entretenir & de les cultiver en „ donnant une bonne éducation à la Jeu- ,, neffe; ce qui eit une chofe d*une con- „ fequence infinie. ,, Toutes ces conflagrations fur la na- ,, ture du Gouvernement , & fur la déli- „ catefle & les différentes opinions de ?j nocre fiécle, font que je ne publie qu'a- » vec 330 Bibliothèque Britannique, 3> vec peine la forme & les Loix fuivan- 9$ tes, prévoyant bien la critique à la- ,, quelle je ferai expofé, & les cenfures „ que cela m'attirera. ,, Mais ce qui me raffure, c'efl que j'ai ,, agi en confidence devant Dieu & Se- rvant les hommes, & que le feul but „ que je me fuis propofé en donnant les 3, Loix fuivantes, a été (ce qui doit 99 être la fin 6c le but de tout Gouver- ,, nement) de faire refpe&er l'Autorité ,9 des Magiflrats fur le peuple, & d'em- 99 pêcher en même tems que les Magif- „ trats n'abufent de ladite Autorité; a- ,, fin que les peuples puiffent être heu- „ reux par une obéïiTance juite, & que „ les Magiilrats foient honorez pour 99 leur jufte adminiftration: car la Liber- „ té fans ObéïiTance dégénère en Liber- „ tinage & en Confullon , 6c l'Obéïffan- „ ce fans Liberté eft un Efclavage. Pour „ conferver donc l'un 6c l'autre, il faut „ un établiflement équitable & de bons ,, Magiflrats; car fi l'un des deux man- „ que , le Gouvernement fera expofé à „ de grandes convulfions; 6c s'ils man- „ quent tous deux, le Gouvernement „ fera entièrement détruit: mais û tous „ deux fe rencontrent , il y a apparen- ,, ce que le Gouvernement fubfiftera; 6c „ je prie Dieu inftamment que ce foit- „ là le fort de la Pennfylvanie. Amen. Guillaume Penn. Etat Juillet, Août et Septemb. 1740. 331 Etat du Gouvernement de la Province de Pennsylvanie en Amérique. ,, A tous ceux qui les préfentes ver- „ ront , Salut. D'autant que le Roi „ Charles Second, par fes Lettres ,, patentes fous le grand Sceau d'Angle» ,, terre, m'a accordé , à moi Guillau- „ me Penn, fils & Héritier du Che- „ valier Guillaume Penn défunt, & à mes „ Héritiers à jamais, toute l'étendue de *, terre appellée Penfylvanie en Amérique, „ avec diverfes prérogatives, jurifdic- ,9 tions & privilèges neceflaires pour le „ bon & heureux Gouvernement d'icel- 99 le; Sçavoir fais, que, pour la fin ci- 99 defius marquée, & pour encourager „ tous les hommes libres , & qui peuvent „ être intéreiTez aux Plantations & Co- „ lonies, moi ledit Guillaume Penn, „ ai accordé & octroyé , & par les pré- „ fentes accorde & o&roye, pour moi ,, & mes Succefieurs, à tous les hommes „ libres & Propriétaires des Plantations „ de ladite Province , les libertez & ,, franchifes fuivantes , afin qu'ils en „ jouïlfent eux & leur pofterité à jamais. „ Premièrement , le Gouvernement de ,9 la Province coniiflera , comme il eft „ dit dans la Patente, en un Gouverneur ,, & les hommes libres de ladite Pro- :i vinec convoquez dans une AffembUt 99 géné^ 332 Bibliothèque Britannique , „ générale, laquelle aura le pouvoir de „ faire toutes les Loix néceflaires, choi- „ ûra les Officiers, & dirigera toutes les „ affaires , comme on le verra plus am- „ plement ci -après. ,, I L Les hommes libres de ladite „ Province s'affembleront le vingtième „ jour du douzième mois de cette pré- „ fente année 1682, dans un lieu qui leur ,, fera notifié d'avance par le Gouver- „ neur ; & là ils choifiront d'entr'eux „ foi x an; c-^S- douze Hommes remarquables ,, par leur fagefîe, par leur vertu &par „ leur habileté dans les .affaires, lef- ,, quels s'aiiembleront le dixième jour du •j, premier mois fuivant, & composeront ï, ainfi ce qu'on appellera le Confeil Pro- „ vincial de la Pennfyivanie. » III. Que dans le premier choix de » ce Confeil Provincial, une troifième „ partie dudit Confeil fera choifie pour „ fervir pendant la première année qui „ fuivra, un tiers pendant la féconde „ année fuivante, & l'autre tiers enfin „ pendant la troifième année feulement, „ & non plus long-tems; & qu'au bout „ de cette année ce troifième fortira ef- „ fe&ivement de Charge; & que le vin- ,, gtièmejour du douzième mois de cha- ,, que année à l'avenir, les hommes li- ,, bres de ladite Province s'aifemble- „ ront de la manière marquée ci-deifus, ,,& chcifiront alors vingt -quatre Hom- „ mes Juillet, Août et Septemb. 1740, 33$ ,, mes d'entr'eux, ce qui fait la troifiè- „ me partie du fufdit nombre, pour fer- ,, vir dans le Confeil Provincial pendant ,, trois ans : l'intention étant, qu'une „ troiilème partie de tout le Confeil m Provincial, (lequel confiftera toujours ,, en foixante-ty -douze Perfonnes, comme f, ci-deffus,) que cette troifième par- j> tie, dis -je, fortant de charge chaque ?> année, elle foit remplacée l'année fui- „ vante par une nouvelle Ele&ion ; de »* forte que perfonne ne pourra iiéger m dans ledit Confeil plus de trois ans de „ fuite. Et en cas que quelqu'un des ?» Membres vienne à mourir avant fon ,, terme fini, alors, dans l'Ele&ion après „ fon décès, on choifira une perfonne m pour remplir fa place pendant le tems ♦> qu'il lui reftoit à fervir , & non au - delà. „ IV. Qu'après les fept premières an- ,, nées, chacun des tiers quifortiront de „ charge chaque année, fera par -là in- ,, capable d'être choifi de nouveau pen- », dant toute l'année fuivante; de forte „ que de cette manière chacun aura part ,, au Gouvernement, & en connoîtra le ,, poids 6c les foins. ,, V. Dans tous les cas 6c affaires d'im- ,, çortance, comme lorfqu'il s'agira de ,, taire de nouvelles Loix, d'ériger des ,, Cours de Juftice , de juger des Cri- ,, minels . ou de choilir des Officiers ; Tome XV. Pan. //, Y ,, en $34 Bibliothèque Britannique , „ en ces cas & autres femblables, il fe- „ ra néceflaire d'avoir les deux tiers de „ tout le Confeil Provincial pour former „ une Aflemblée ; & le confentement „ des deux tiers de ladite Aflemblée fe- „ ra requis dans ces cas ou affaires de m confequence : mais dans les affaires de „ moindre importance, il fuffira d'avoir „ vingt - quatre Membres dudit Confeil ., pour former une Aflemblée , & la plu- j? ralité des vingt - quatre déterminera „ ces cas de moindre importance. „ VI. Le Gouverneur , ou fon Député, ,5 préfidera toujours à ce Confeil Pro- ,9 vincial, & y aura trois voix; & ledit „ Confeil Provincial continuera ou finira ,, fes féances fuivant fes ordres. ,, VII. Le Gouverneur & le Confeil 99 Provincial propoferont à l' Aflemblée }> Générale, dont on parlera ci- après, >, tous les Bills qu'ils auront deffein de „ faire paffer en Loix .dans ladite Pro- „ vince, lefquels Bills feront publiez & 9, affichez dans les lieux les plus remar- ,9 quables & les plus habitez , trente jî jours avant la tenue de F Aflemblée ,9 Générale, afin que ladite Aflemblée 5> puiffe les approuver, ou les rejetter, 99 fuivant qu'elle le jugera convenable. • ,, VIII. Le Gouverneur & le Confeil „ Provincial auront foin que tous les ,9 Statuts, Loix, & Ordonnances quiau- „ ront Juillet , Août et Septemb. 1740. 335 ,, ront été faits dans ladite Province , ,j y foient dûëment & exactement ob- „ fervés. » IX. Le Gouverneur & le Confeil „ Provincial auront foin de conferver en ,, tout tems, & autant qu'en eux eft, 3, la paix & la tranquillité dans la Pro- „ vince, & prendront garde à ce queper- ?, fonne n'entreprenne rien qui puiffedé- ., truire le Gouvernement. ,, X. Le Gouverneur & le Confeil „ Provincial fixeront la fituation de tou- h tes les Cités , Ports & Villes de cha- „ que Comté, dirigeront tous les bâti- „ mens publics , les rues & marchez 5 „ & marqueront aufll les chemins dans „ toute la Province. „ XI. Le Gouverneur & le Confeil 9, Provincial veilleront fur le Tréfor pu- ?, blic, & puniront févèrement tous ceux „ qui pourroient en convertir quelque „ partie que ce foit à d'autres ufages „ que ceux dont feront convenus le ,, Gouverneur & le Confeil Provincial^ „ ou TAifemblée Générale. ,, XII. Le Gouverneur & le Confeil ,, Provincial auront foin d'ériger des Eco- ,, les publiques dans la Province, & d'en- ,, courager&recompenfertous ceux qui ,, enfeigneron: des Arts ou des Sciences ,, utiles. „ XIII. Afin que les affaires ci-def- ., fus mentionnées fe traitent plus aiie- Y 2 h ment. $26 Bibliothèque Britannique,, „ ment , le Confeil Provincial fe parta- „ géra de tems en tems en quatre Cham- „ Eres ou Commitez, de dix-îmit chacune, „ parmi lefquels il y en aurayb: de cha- 9, que Election annuelle ; & leurs dépar- „ temens feront réglez de la manière qui „ fuit : Premièrement, il y aura une Cbam- 9, bre de Plantations , pour marquer & fixer „ les lieux & lafituationdes Citez, Ports, „ Villes & grands Chemins, &pour en- & tendre, & terminer tous procès & „ difputes qm y auront rapport. Secon- „ dément, il y aura une Chambre de Juf- „ ticeou de Sûreté, pour maintenir la paix „ & la tranquillité dans la Province, & 5, pour punir tous ceux qui voudroient ,, pervertir la Juflice, au préjudice du „ bien public ou particulier. Troifiè- „ mement,il y aura une Chambre de Com- 9, mer ce, laquelle réglera, fuivant les Loix , „ tout ce qui a du rapport au Négoce , „ Manufactures, & le produit des ter- ,, res. Quatrièmement , il y aura un* „ Chambre pour les bonnes Mœurs £f VEduca- „ tion de la Jeuncjfe , laquelle tâchera 3, d'empêcher qu'aucun des habitans de » la Province ne mené une vie débor- ,, dée & fcandaleufe, & aura foin que ?> les jeunes gens foient élevez dans la 9i vertu & le travail. Six Membres de cha- „ cun defdits Commitez pourront for- „ mer une Chambre, c'eft-à-dire, deux ?> de chacun des trois Ordres qui feront 9> choi- Juillet, Août et Septemb. 1740. 337 „ choifis dans les trois Elections ci-def- ,, fus mentionnées; ce qui formera en r> tout un Confeil fl&ble de vingt- ,, quatre Membres, lequel jouira du mê- „ me pouvoir que le Confeil Provincial, „ dans tous les cas qui ne font pas ex- j> ceptez au cinquième Article. Le Gou- ,, verneur de la Province, ou fon Dépu- ,> té, auront droit de préfider dans ledit jî Confeil & dans chaque Commité; ce ,y en leur abfence , s'ils n'ont point nom- j5 mé de Préfident, on en choifira un 9, pour préfider cette fois -là feulement. j> Tout ce qui aura été refolu dans cha- 99 cun de ces Commitez fera rapporté au n Confeil Provincial, & fera par lui con- ?j firme avant qu'on puiffe le mettre en A exécution : Les Chambres ou Commi- 99 tez fufdits ne pourront pas fiéger en jî même tems, excepté en cas d'une né- » ceflité abfoluë. „ XIV. Afin que toutes les Loix qui 5> feront propofées parle Gouverneur & 99 le Confeil Provincial puiffent outre ce- ,, la recevoir le Confentement & l'Ap- ,-, probation de tous les hommes libres ,j de la Province; nous déclarons & „ permettons, que chaque année, lorf- ,, qu'on choifira des Membres pour fer- ,, vir dans le Confeil Provincial, on cho;- ,, lira aufli d'autres Membres, jufqu'au ,, nombre de deux -sens pDur fervir », Repréfentans du peuv/e da:is une Aflem- V 3 « bUe 338 Bibliothèque Britannique, ,,-blée Générale, laquelle fe tiendra une „ fois tous les ans , le vingtième du fe- „ cond mois, & commencera l'année „ prochaine 1683 9 dans la Capitale de „ ladite Province; & là, pendant huit „ jours lefdits Membres pourront confé- „ rer librement entr'eux : Et s'ils le ju- „ gent convenable, ils pourront aufïi a- „ voir des conférences avec un Commi- ,, té du Confeil Provincial, qu'on nom- „ mera exprès pour cela ; ledit Commi- 5, té confiilera en trois Membres de cha- 3, cun des quatre Çommitez ci-deflus 5, nommez, ce* qui fera douze en tout, „ lefquels recevront toutes les propofi- „ tions que ladite Aiïemblée Générale ,, pourroit faire pour le changement des „ Bills auparavant propofez. Mais le neu- 5, vieme jour ladite Aiïemblée Générale, 5, après avoir oui la lecture des BUls ,, propofez, laquelle fera faite par le Se- ,, crctaire du Confeil Provincial, & les 9, raifons que le Gouverneur ou fon Dé~ *, puté donneront pour lefdits Bills , ,, ladite Affembîée Générale fera tenue „ de donner fon Confentement ou fa ,, Céfapprobation aux Bills, comme el- „ le le jugera convenable: feulement il ,, fera requis que les deux tiers des voix 3, de ladite Aiïemblée concourent pour 99 faire des Loix, ou pour choifir les Of- 5, nciers civils auront droit d'élire. y XV» Les Loix ayant; été ainfi pro- r;PO- Juillet, Août et Septemb. 1740. 539 , pofces , 6c ayant reçu le Confentement , de FAlfemblée Générale, feront enrér , giitrees, comme Loix de la Province, , avec le formulaire fuivant: De la part: y du Gouverneur , & du Gonfcntment ;S Ap- , probation du Confeil Provincial tS de VAf- y /emblée Générale. „ XVI. Afin de mieux établir le Gou- , vernement & les Loix de la Provin- , ce , & pour donner une fatisfadion , univerfelle, en jettant les fondemens, , l'Aflemblée Générale fera compofée , la première année de tous les hommes , libres de ladite Province, & cela fans , aucune exception ; feulement dans la , fuite on en choifira les Membres an- , nuellement, comme il eft préferit ci- , deflus. On pourra après cela augmen- , ter le nombre de deux - cens , à mefure , que le Pais fe peuplera; mais ce nom- , bre n'ira jamais au-delà do cinq - cens : y Le Confeil Provincial & PAiTemblée , Générale auront foin dans la fuite de , proportionner le nombre de Membres , fuivant les Comtez & les autres repar- , titions de la Province, ,, XVÏI. Le Gouverneur & le Confeil , Provincial érigeront de tems en tems , de nouvelles Cours, de Jufuce, fuivant , l'exigence des cas. Le trentième jour , du premier mois de chaque année, le , Confeil Provincial préfentera au Gou- i verneur ou à fon Député une Lifte , Y 4 „ coi>- 340 Bibliothèque Britannique , „ contenant les noms du double des per- ,, fonnes qui feront néceiïaires pour fer- ,, vir de Juges, Tréforiers & Maîtres „ des Rôles, pour l'année fuivante. Et ,i le vingt-troifième jour du fécond mois „ de chaque année , les hommes libres „ de la Province préfenteront au Gou- „ verneur ou à fon Député une Lille , „ contenant les noms du double des per- „ fonnes qui feront néceflaires pour fer- „ vir de Shérifs , de Juges de paix , 6c ,, de Commifïaires pour l'année fuivan- „ te. De ces Liftes le Gouverneur , ou fon 5, Député, nommera le nombre d'hommes „ fuffifant pour lefdits Offices , & cela le ,, troisième jour après qu'on leur aura » préfenté les Liftes; que s'ils ne nom- ,, ment perfonne, les premiers marquez » dans lefdites Liftes jouiront de TOffi- „ ce pendant l'année fuivante. ,, XVIII. Mais d'autant que l'état pré- ,, fentde la Province requiert un prompt ,, établissement, & ne fçauroit encore „ admettre une telle nomination d'Offi- „ ciers & de Magiftrats. Je G u i l l a u- „ me P e n n juge à propos de nommer „ pour Juges , Tréforiers , Maîtres des „ Rôles, Shérifs, Juges de paix& Com- „ miflaires, les perfonnes que je crois les ,, plus propres pour lefdits emplois , aux- ,, quels je donnerai des Patentes ou » Commiffions, qui demeureront en for- >* ce tant que lefdites perfonnes fe com- „ porte- Juillet, Août et Septemb. 1740. 341 „ porteront bien ; & à la mort ou dé- ,, miflion ciefdits Officiers ou Magiftrats , „ on leur choifira des SuccefTeurs de la ,, manière fufdite. ,, XIX. L'Affemblée fiégera aufli long- ,, tems qu'il fera néceflaire pour pour- ,, fuivre les Criminels qui feront de leur ?, reiïbrt , pour donner leur confente- „ ment aux Bills qu'on leur propofera, 99 & jufqu'à ce que le Gouverneur & le ,, Confeil Provincial leur déclarent qu'ils î, n'ont plus d'affaires à leur communi- ,, quer, laquelle déclaration mettra fin » à leur féance pour cette fois. Ladite „ AfTemblée Générale pourra cependant ,, fe raffembler encore dans l'année, fi ,, elle reçoit des ordres à cet effet du „ Confeil Provincial. 99 XX. Toutes les Elevions de Mem- m bres ou Repréfentans du peuple, pour 99 fervir, foit dans le Confeil Provincial , ,, foit dans FAflemblée Générale; & tout „ ce qui aura du rapport à aucun Bill ,, qu'on pourroit propofer; tout ce qui ,, regardera le choix des Officiers, la ,, pourfuite des Criminels, & toute au- ,, tre affaire importante, fera determi- „ née par Balotte : Et excepté dans le? ,, cas tout- à- fait extraordinaires, on ne „ finira jamais aucune affaire dans leCon- ,, feil Provincial, le même jour que la „ chofe aura été propofée. „ XXI. Que s'il arrivoi: que le G011- V 5 » ^er- 342 Bibliothèque Britannique, t> vcrneur de la Province^ fut mineur , p, & que fon père ne lui eût point laiffe ,, de Tuteurs ou Curateurs, en ce cas ,, e Confeil Provincial nommera de 9, .ems en tems des Commiiïaires, au ,, -nombre de trois , dont l'un préfidera ,, comme Tuteur en Chef pendant la ,, minorité, & jouira, avec le confente- „ ment des deux autres , de tout le pou- „ voir du Gouverneur, dans toutes les ., affaires publiques de la Province. ,, XXII. Que û quelqu'un des jours „ marquez dans la préfente Chartre tom- „ boit fur le premier jour de la femai- 99 ne, communément nommé le Diman- n che, en ce cas -là l'affaire du jour fe- M ra renvoyée au jour fuivant : excepté „ toutefois les affaires d'une nécefllté „ abfoluë. „ XXIII. Le Gouverneur de la Pro- ,, vince, ni fes Héritiers Ce Exécuteurs, „ ni les Habitans aiTemblez en. Confeil ,, Provincial ou dans l'Affémblée Gêné- „ raie, ne feront jamais aucun Acte, 3, Loi , ou Ordonnance , qui tende à «, changer oa diminuer la forme ou » teneur de la préfente Chartre , en „ ioat, ou en partie, ou qui foit con- ;, traire à l'intention (ficelle ; on ne 99 pourra, dis -je, jamais faire le moin- ,, are changement de cette nature fans ,, le confentement du Gouverneur ou de 99 fes Héritiers., conjointement avec fnç ?> fep- Juillet, Août et Septemb. 1740. 343 ,, feptièmes defdits hommes libres du ,, Confeil Provincial & de TAflemblée ,, Générale. ,, XXIV. Enfin, je Guillaume Penn, „ pour Moi , mes Héritiers & Exécu- ,, teurs déclare folemnellement , que ,, nous n'entreprendrons jamais rien qui „ puifle être contraire aux libertez & „ privilèges que nous accordons par la „ préfente Chartre : Et fi perfonneqrrel- ,* conque entreprenoit jamais quelque ,, choie de femblable, il fera de nul effet. û En foi de quoi j'ai appofé mon grand ,, Sceau, & ligné de ma main la préfente „ Chartre , le vingt-cinquième jour du -, fécond mois , appelle communément ,> le mois d'Avril , en l'an de Notre- „ Seigneur mille fix -cens quatre -vingt- 5> deux. (L. S.) Guillaume Penn. [Le refte une autre fois.] ARTICLE V. Hijhire du Droit Public Ecclèfiafiique Fran- çois , ok Von traite de fa Nature , de fon Etabliffement , de Jes Variations £f des Càujés de fh Décadence: On y a joint quel- ques DiJJertations fur les articles Jes plus importans £f les plus conteflez. Par Monfieur D. B. A Londres, chez Sa- muel Harding, 1737. 2. vol. in 8°. pp. 472* 244 Bibliothèque Britannique, 472. pour le premier Tome, & 340, pour le fécond; fans compter les Vies des Papes Alexandre VI. & Léon X, qu'on y a ajoutées, & qui en contien- nent 138. [Second Extrait. Voyez le premier dans la 2. Part, du Tom, XIII. de cette Bibliothèque.'] NOus avons rendu compte des qua- tre premières Differtations inférées dans cette Hiftoire. La Cinquième roule fur Y Etat Religieux & fes Privilèges. L'Auteur n'examine pas ici fi cet Etat eft bon en lui-même, il s'y croit d'au- tant moins obligé que, félon lui, cette queftion n?intéreffe point le fond de la Religion ; fon but eft feulement de faire voir les abus dans lefquels on eft tombé à cet égard. Il ne croit pas que perfonne le contre- dire, s'il foutient qu'il y a trop de Re- ligieux & de Religieufess qu'on auroit dû empêcher que ces établiffemens ne fe multipliaient fi fort, du moins qu'on auroit dû fixer le nombre que chaque Maifon, ou fi l'on veut, que chaque Pro- vince, en auroit dû recevoir. Le nom- bre des foldats de chaque Régiment eft fixé; pourquoi celui de chaque efpece de Religieux & de Relîgieufes ne le feroit- il pas? Il remarque enfujtc , que les Légiflateurs les Juillet , Août et Septemb. 1740. 345 les plus fages ont rendu par leurs Loix le Mariage refpettable; mais il ne dit rien , ni de l'inAitution primitive du fou- verain Légiflateur , ni de ce que l'Evangile enfeigne il formellement là -deflus, quoi- qu'il fût naturel & néceflaire même pour fon but de l'alléguer. La barbare cou- tume, introduite par la mollefle & par une jaloufie exceiïive, n'a eu que fort peu d'approbateurs; nous blâmons générale- ment les peuples de l'Orient de l'avoir pratiquée. Qu'importe que ce foit le fer ou une pieté mal entendue qui em- pêche qu'une Nation ne foit auflî nom- breufe qu'elle pourroit naturellement l'ê- tre ? », A la bonne heure , continue l'Au- ,, teur, que ceux qui font chargez de ,, l'inftru&ion des Peuples & des fonc- „ tions du Sacerdoce mènent un genre „ de vie particulier, & fe contentent de „ former des Enfans fpirituels à Jefus- ,, Chrifl & à fon Eglife ;ilestdesRai- ,, SONS QUI PROU VENT QUE CET „ usage est convenable: mais „ plus on en eft perfuadé,plus on doit s'op- ,, pofer à ce que le nombre de ces Mem- „ bres ftériles fe multiplie au-delà du né- ,9 ceflaire. Faut -il donc tant de Prêtres ,, pour instruire les Peuples ? Et fi ce n'eft ,, qu'aux Prêtres que le Mariage doit être „ interdit,pourquoi fouffrir cette multitu- „ de de Frères Lays ou Convers?Pourquoi „ fouffrir à Paris ces Communautez d'Ar- ,, tifans 34<5 Bibliothèque Britannique, tifans qui fe font un faux honneur dé 99 „ renoncer au Mariage? Nous fouhaiterions que l'Auteur eût bien voulu nous donner ces raifons qui prou- vent que le Célibat des Prêtres eft convenable. Car, à la referve de celle qu'on peut tirer des foins d^un domeftique & de l'éducation d'une famille à quoi un Prêtre marié peut être expofé, & qui l'empêcheront de donner tout fon tems à l'étude & aux devoirs particuliers de fa Vocation, nous n'en connoiffons aucune. Encore cette raifon,qui n'a pas toujours lieu, & qui pourroit ne l'avoir jamais fi on donnoit aux Prêtres, comme cela fe devroit, de quoi vivre honorablement eux & leurs familles , eft-elle bien contrebalancée par un grand nombre d'autres qui font voir que le Mariage efl en tout fens & pour tout ordre de perfonnes préférable au Célibat. D'ailleurs, fi comme V Anonyme le prétend , le Célibat eft convenable aux Prêtres y d'où vient que l'Evangile ne le leur recommande nulle part? D'où vient que loin de le leur recommander il fup- pofe, dans les endroits même où il dé- crit au long leurs qualitez & leurs de- voirs, qu'ils peuvent être légitimement mariez, puifqu'il ne leur défend autre chofe à cet égard que d'avoir plus d'une femme*? D'où vient que quelques-uns des * Voyez I Tim. III. Juillet , Août et Septeme. 1740. .347 des Apôtres, plufieurs de leurs Difcipfcs immédiats, & des Pères les plus illuftres de l'Eglife ont été mariez? Quand l'Au- teur aura fatisfait à ces difficultez, nous avouerons que ces raifons de convenance font bien fondées ; mais jufques-là qu'il nous permette de les envifager comme un reite de fes préjugez, ou plutôt com- me un effet de fa prudence. „ Le Célibat, continue- t-il, eftper- ,, mis; c'eft même un état plus parfait, „ pourvu, comme dit St. Paul, que celui ,, qui le garde dorme à Dieu toutes les affec- „ tions de fin cœur que le Mariage partage- „ roit néceffairement ". St. Paul ne dit rien de femblable^il parle, non des affec- tions du cœur, mais du foin des chofes de ce monde que le Mariage entraîne après foi, \k qui empêche qu'on ne puiffe donner autant de tems au fervice de Dieu que le peuvent ceux , qui n'étant pas mariez , n'ont pas les mêmes foins. Si cet Apô- tre recommande le Célibat comme un état plus parfait, ce n'eft que relative- ment aux circonflances qu'il avoit en vue ; fçavoir les perfécutions auxquelles l'Eglife alloit être expofée, & la fin du monde qu'il croyoit fort proche *. D'ail- leurs, il n'eft pas vrai que le Mariage par- tage néceffairement les affections du cœur que Ptn doit donner à Dieu. Cela ne peut être qu'en * 1 Cor, VIL 348 Bibliothèque Britannique, qu'en fuppofant que les devoirs du Ma- riage font incompatibles avec l'amour de Dieu ; mais Y amour de Dieu confifte à garder (es Commandement *., & un defes Comman- demens formels efh celui - d: Maris* aimez vos Femmes comme 'Jejus - Cbrijî a aimé VE- glife ; Femmes ,foyezJbûmifes à vos Maris com- ?ne au Seigneur j\ Plus l'on s'acquitte com- me il faut de ces devoirs , & plus l'on aime Dieu: il n'y a donc point ici de partage, & moins encore de partage né- cejfaire, comme l'Auteur voudroit le per- fuader. „ S'il eft vrai, ajoute- 1- il, qu'on „ a outré les chofes en blâmant la pro- ,, fefllon de chafteté, il eft encore plus „ vrai qu'on l'a trop exaltée & qu'on „ l'a rendue trop commune. Mais cha- „ cun n'efl-il pas libre d'embrafler le ,> genre de vie qui lui convient davan- s, tage? Oui, pourvu qu'il ne nuife point >, à la Société dont il eft membre: or „ cette quantité fuperflue qui fe confa- „ cre aux Autels eft dommageable à la „ Société , elle l'affoiblit ; on a donc „ droit de la diminuer, & on devroit „ fe fervir de ce droit. On le devroit f, d'autant plus que cette multitude de „ Moines eft abfolument inutile à l'Etat >* & à l'Eglife. A quoi fervent dans le ,, monde la plupart des Bé?iédiâins, des „ Céleftins, des Bernardins , des Prémontrez , a de * i Jean V. 3. | Ephef. V. 22. 2^ Juillet , Août et Septemb. 1740. 349 „ de Fontevraulx? Quel fervice rendent- „ ils au Public ? Une Me (Te dite avec 9$ précipitation, un Office chanté fans „ attention, fans réflexion; c'eft à quoi „ fe réduit ce qu'ils font pour l'Eglife. 99 Le refte du tems ils Femployent com- 5? me ils peuvent , au jeu , à la chafie , à la 99 promenade [ & peut-être plus mal en- 99 core] à cultiver un jardin; car pour 99 l'étude, le grand nombre ne fçait ce que » c'eft. La Bibliothèque, s'ils en ont, eft ,j ordinairement Fendroit le moins fre- ,, quenté de leur maifon. On peut af- „ furer la même choie des Chanoines, „ ces riches Bénéficiers dont l'indolence „ & l'embonpoint font paffez en Prover- ,, be; quelle inftru&ion, quel exemple ,9 les Peuples en tirent- ils? C'eft la multitude des Collèges , la fa- cilité qu'elle donne au petit peuple de mettre leurs Enfans en état d'entrer dans FEglife , qui produit , félon l'Auteur , cet- te foule inutile de Moines. Aufli les Jé- fuites fe vantent d'être, pour ainfi dire les Pères des autres Religieux, parce qu'ils font pour la plupart fortis de leurs Ecoles , pen- Juillet, Août et Septemb. 1740. 353 „ pendance inquiétoient fort ces Com- „ munautez. Les Papes étendoient alors „ leur autorité le plus qu'ils pouvoient, „ & multiplioient leurs prétentions ; on ,, implora leur protection, &: on fe dé- „ voua particulièrement à eux. Ils corn- ,, prirent de quelle utilité il leur feroit m d'avoir à eux dans tous les Etats, des „ gens puillans & eilimcz qui foutînflent „ leurs intérêts & fnTent valoir leurs pré- ,, tentions. Ils commencèrent donc à » leur accorder quelques Exemptions de ,j la Jurifdirïion ordinaire, & à s'atta- „ cher particulièrement & immédiate- ,, ment ces parties diftinguées des Trou- „ peaux de leurs Confrères. Le Monaf- ,, tere de St. Denis fut un des premiers „ qui demanda & obtint ce Privilège abu- ,, lif ; d'autres l'obtinrent enfuite, & „ bientôt il devint d'un ufage général. ,, Ces fouftraclions de la Juriïdiction ,, ordinaire furent fatales à la Pieté & à ,, la Régularité. A peine les Inilituteurs ,, étoient-ils morts, que le luxe, la dé- „ bauche même pénétrèrent dans ces Re- „ traites confacrées d'abord à l'humilité „ & à la pénitence. La richefle de ces ,, maifons y attira laNoblefle, par l'efpé- ,, rance d'en devenir les Abbez; on les „ regarda comme un lieu de repos , com- „ me un azile afluré contre la pauvreté, „ comme un état honorable & commo » de. Les Evèques ne manquèrent pas Z 3 „ de 354 Bibliothèque Britannique, „ de zèle pour arrêter les défordres , ,, mais ils manquèrent de pouvoir : à „ chaque pas qu'ils faifoient, ils letrou- ,, voient arrêtez par l'autorité du Pape, „ toujours prêt a confirmer ces Com- 99 munautez , & à les déclarer exemptes ,9 de la Jurifdittiorï Epifcopale. Après cet Expofé, qui eft très-jufte, l'Auteur décrit en détail les Abus qui ont accompagné ces étabiiflemens fi mul- tipliez. Premièrement, ils ont ôté au Clergé Séculier le moyen d'avoir de bons fujets. La nouveauté de ces divers Infti- tuts, la faveur qu'on leur portoit, leur fingularité,leur attirèrent la Jeuneffe en foule ; de manière que pour remplir les Cures, les Evêques furent obligez d'en céder un grand nombre aux Communau- tez , & de fe décharger fur elles du foin d'y pourvoir. C'efl ainfi que les Prémun- irez & d'autres Chanoines Réguliers ont été mis & font encore aujourd'hui en poiîeffiôn de quantité de Cures. En fé- cond lieu: ces nouveaux Venus 6'em- parèrent bientôt de l'efprît & de la dé- votion des Peuples, qui par -là aban- donnèrent leurs Pafleurs légitimes & leurs EglifesParoifïiales. Les Curez n'eu- rent plus que le titre de Pafleurs , fans en faire ^ prefque aucune fonction; leurs avertiflemens , leurs remontrances furent méprifez ; la facilité de Pabfolution que procuroit la multitude des ConfefTeurs , leur Juillet , Août et Septemb. 1740. 255 leur ôta toute autorité, & les Indulgen- ces, dont les Moines fembloient difpofer à leur gré , énerva abfolument la Difci- pline: ce qui alla fi loin, qu'on fut en- fin obligé d'y mettre des. bornes, en or- donnant qu'au moins à Pâques on fe confefleroit à fon propre Curé, qu'on entendroit les Dimanches la Me(Te Pa- roifliale, & qu'aucun Régulier ne pour- roit faire aucune fonction dans une Pa- roiffe fans le confentement du Curé. Un troijième Abus, c'eft que tous ces différens Corps de Religieux dépendent immédiatement du Pape: ce font, pour ainfi dire fes troupes & fes foldats, & c'eft. par leur moyen qu'il a étendu & qu'il lbutient encore aujourd'hui fon \\\- jufte autorité. Pour fe former cette Mi- lice , & pour l'attacher inviolablement à fes intérêts, il leur a prodigué des Privi- lèges & des Exemptions qui les élèvent au - deflus du Clergé Séculier , & les ren- dent indépendans de leurs Supérieurs na- turels. Par- là ont été enlevez à la Ju- rifdiction légitime des .Eveques & à cel- le-là même des Souverains, une multitu- de innombrable de fujets, qui dans pref- que toutes les occafions qui fe font pré- sentées ont pris parti contre eux en fa- veur de la Cour de Rome. L'Allemagne, la. France, ['Angleterre l'ont éprouvé, fans parler des autres Etats. La fameufe Li- gttt en France, qui avoit pour but de pri- Z 4 ver 35<5 Bibliothèque Britannique, ver Henri IV. de la Couronne, dut fes grands fuccès aux intrigues des Religieux en général, & en particulier à celles des Jéfuiies ; en quoi ils ne faifoient que féconder les intentions du Pape , & exé- cuter peut-être fes ordres pofitifs. Si ce n'eft pas le dévouement des Moines au Siège de Rome qui a donné naiffance à l'opinion de fon Infaillibilité & de fon Pouvoir fans bornes, c'eft du moins à ce dévouement qu'on doit attribuer la faveur qu'ont pris ces opinions jufqu'à être érigées en dogmes. Quatrièmement, ces Ordres Religieux font infiniment à charge au Public. On peut regarder une Communauté de Moines comme une Société de gens difpofez à prendre par-tout où ils peuvent. Solli- citations, intrigues, fedu&ions, rien ne leur coûte pour fe procurer de nouveaux avantages , ou pour augmenter ceux qu'ils pofledent. Combien de familles aujourd'hui ruinées par les libéralitez de leurs ancêtres! Rabelais dit plaifamment, mais avec vérité, „ que plufieurs Sei- ,, gneurs fe font réduits à ne vivre que „ de Lard, pour mettre les Oifeaux fa- „ crez de Pille Sonnante en état de ne „ fe nourrir que de Chapons , de Per- ,> drix, de Faifans & de Gelinotes ". Qui pourroit exprimer ce que les Reli- gieux, qui travaillent, difent-ils, au fa- iut des âmes, tirent de leurs Pénitens, fur- Juillet, Août et Septemb. 1740. 357 fur -tout de leurs Pénitentes, & pour eux en particulier & pour leurs mai- fons? C'eil leur adrelfe à attirer des do- nations qui ell la mefure de l'eftime & de la coniideration que leurs Confrères ont pour eux. Un Couvent de Capucins, par exemple , n'établit - il pas des con- tributions à dix ou douze lieues à la ron- de? Ils partagent entre eux une Provin- ce ; & iouvent il a fallu que l'autorité Séculière fe foit mêlée de ces partages, pour arrêter les querelles qui dégéné- roient quelquefois en combats fcanda- leux. On nous dit ici, que les trois Cou- vens de Capucins qui font à Paris, y re- cueillent tous les ans plus de cinquaiuc- mille écus ; du moins nous aflure - ton , comme le tenant de la propre bouche du Quêteur de leur grande maifon de St. Honoré y que fa Beface lui vaut an- nées communes foi x an: e- vaille livres de rente. Les EtablifTemens des Jéjuues dans prefque toutes les villes de Flandre, ont été faits au moyen de certaines im- pofitions extraordinaires, dont la plupart fubfi tient encore aujourd'hui. Voici un cinquième Abus qui n'eil pas des moins crians. Les Papes, pour que ces Corps qui leur font immédiatement attachez, ne manquaient pas de fujets, ont réglé qu'on pourroit y entrer dès l'enfance, que les Engagemens contrac- tez à feize ars auraient toute leur fore, Z 5 & 358 Bibliothèque Britannique, & feroient inviolables, & que le confen- tement des Parens & des Tuteurs n'y étoit point néceflaire. Dans un âge û tendre où les pallions font à peine naif- fantes , eft-on capable de prendre fonde- ment un parti? S'obliger alors par un vœu folemnel à une chafteté perpétuel- le, n'eft-ce pas fe charger d'un joug dont on ignore abfolument la pefanteur , faire un facrilice dont on ne connoit point l'étendue ; en un mot, promettre plus qu'on ne peut tenir par rapport à fon caractère & à fon tempérament ? Et fi les Loix ont fagement établi que les Mineurs ne pourroient fe marier fahs le confentement de leurs Parens -ou de leurs Tuteurs, n'y a-t-il pas de Pin- juftice à les autorifer par un Règlement Eccléfiaftique à difpofer d'eux - mêmes pour toujours, au hazard des fuites fu- neftes que ces Engagemens, pris fans les connaître, peuvent avoir ? L'expérience juftifie de relie cette der- nière reiléxion; ; de Juillet, Août et Septemb. 1740. 359 „ de mille défirs & de mille regrets; on „ fent alors la péfanteur des chaînes dont „ on s'eft chargé, parce qu'on ne les „ connoifîbit pas, & la feule impofllbili- „ té de les rompre fait qu'on continue „ de les porter. Il n'en eft que trop qui „ n'ont pas alfez de raifon pour fuppor- 99 ter patiemment leur efclavage , & qui » donnent au monde des fcenes fcanda- „ leufes; d'autres cherchent à fe dédom- „ mager fars bruit des plaiilrs à quoi ils „ ont renoncé fans les connoître. C'é- ,, toit autrefois un Proverbe, que ? ombre 9, des dockers des Mcnaflères étoit féconde -, & ,, je puis dire fans malignité, que qui 9, connoîtroit ce qui fe paiTe dans ces ,, prétendus aziles de la Virginité, avoue- „ roit fans peine , que les peintures „ qu'on en a faites fous le titre de VA- 99 mour Voilé, ne font que trop vraies, ,, & que pour un coupable que le hazard „ ou fon imprudence découvre, il en „ eft fans nombre .qu'on ne connoit 93 pas. Mais en feptièmc lieu , ,, û ces vices- ., honteux ne font pas communs dans ,, les Communautez Religieufes, il en ,, eft de plus délicats qui y régnent or- „ dinairement , & qui en banniflent la ,, vraie Pieté; l'envie, la haine, la ja- ,, loufie, la médilance, la calomnie y ., font des ravages étranges. Ce n'elt m que délations 8c accufacions j ce n'eft » que 3<5o Bibliothèque Britannique, u que cabales , qu'intrigues pour s'avan- „ cer, pour fupplanter fes concurrens. „ Il faut renoncer à tout, & fe lahTer ,> fouler aux pieds pour y vivre tran- „ quille; encore fouvent ne peut -on y „ réiilïïr. Quand on a défini l'Etat Re- „ ligieux une Société de gens qui s* affemblcnt „ fans fe connaître, qui vivent enfemble fans „ s'aimer , qui meurent fans fe regretter, on lui „ a fait grâce , & on en a fait un portrait „ flatteur. En huitième Heu , ces Communautez exemptes de la Jurifdi&ion Ecclclîafti- que & Séculière, ont été obligées d'en éta- blir une fecrete & intérieure pour la confervation de TOrdre & la punition des coupables. Mais s'il y en a où les Procès fe fafTent dans les formes & fé- lon les régies de la Juftice , il en eft un plus grand nombre où l'on n'obferve rien de femblable; l'Accufateur & les Té- moins demeurent inconnus, l'Accufé n'eft point entendu , fouvent même il ignore qu'on procède contre lui; le Su- périeur feul examine, juge, prononce la fentence , dont il n'y a point d'appel , &; la fait exécuter fans que les autres^Re- ligieux en ayent aucune connoiflance, ou du moins en fçachent le fujet & les motifs. L'Auteur cite à cette occafion deux faits; l'un tout récent, & l'autre du fiécle paffé, qui font bien voir jufqu'où va la tyrannie & la cruanté de ces Tri- bu- Juillet, Août et Septemb. 1740. 361 bunaux Monaftiques : nous rapporterons le fécond qui eft le plus remarquable. Le Cardinal de Coiflin , Evèque d'Orléans, entendit un jour par hazard chez les Capucins y les gémiflemens d'un de leurs Prifonniers. Il fe fervit de toute fon au- torité pour faire tirer en fa préfence ce malheureux de fa prifon : c'étoit une efpece de Citerne ou de Puits, dont l'ouverture étoit fermée par une grofTe pierre. Jamais fpeclacle ne fut plus tou- chant ; cet Infortuné étoit tout nud , fes habits étant tombez de pourriture, fa barbe & fes cheveux étoient chargea d'un verd femblable à celui qui fe for- me fur les murailles humides. Cepen- dant tout fon crime étoit d'avoir , dans un mouvement de colère , pris fon Gar- dien par la barbe. N'ell-il pas naturel de penfer^que de pareilles cruautez, quifouvent ne fe ter- minent qu'avec la vie de ceux qui en font les objets, doivent les jetter dans le défcfpoir , ëz les porter à fe donner la mort pour abréger leur mifere. „ L'obf- „ curité du Cloître, dit l'Auteur, dérobe ,, au Public ces fcenes tragiques , mais „ elles n'en font pas moins réelles. Je ,, fçais furement, que dans une Commu- „ nauté de , peu diflante de Paris, „ un Religieux prifonnier ayant obtenu „ d'être faigné , rouvrit fa veine , & laif- „ fa couler tout fon fang; & je fçais auflï »? qu'oq 3#2 Bibliothèque Britannique ; „ qu'on ne l'avoit enfermé que pour le „ contraindre à faire certaine démarche „ qu'il avoit raifon de refufer. . Ces in- „ humanitez , ces injuftices, font le fruit „ des Exemptions de la Jurisdiction or- „ dinaire. Ne falloit-il pas du moins „ régler que ces Tribunaux fecrets ne „ pûiïent prononcer fans que l'Evêque „ ou le Juge Royal prîfTent connoiflance „ de la qualité du crime , de fes preuves „ & des défenfes du criminel ? Ces „ Exemptions qui livrent fouvent un Re- „ ligieux à la vengeance de fes Parties, „ ne font -elles pas manifeftement in- „ juftes ? Ceifent-ils d'être fujets , & „ n'ont -ils pas droit à la Protection du „ Souverain? Pourquoi donc les aban- „ donner de la forte, & leur ôter tous „ les moyens de faire connoître leur in- „ nocence, & de modérer leur châtiment ? ,, Convient -il même à la Puiffance fou- „ veraine, que la Juftice s'exerce clan- o deilinement & fans fa participation ? „ La ProfefÏÏon Religieufe anéantit -elle ,y tous les droits de l'humanité & de la „ Société? Enfin ces Etabliffemens peuvent être pernicieux à l'Etat par les troubles & les divifions qu'ils y caufent fouvent. Cha- cun de ces Corps fe regarde comme fai- fant un peuple à part: il régne entre eux une jaloufie & une inimitié fans bornes 5 la gloire de l'un, fes progrès, ftm Juillet , Août et Septkmb. 1740. 363 ion agrandhTement, font l'humiliation des autres ; ils en frémiflent , & mettent tout en œuvre pour s'y oppofer> Des deux cotez on cherche de l'appui & des ap- probateurs; les peuples fe partagent, la divifion devient générale & l'objet le plus important de l'attention du Souve- rain. Ceft ce que l'Auteur veut jufli- fier par deux exemples, qui, à notre avis font très -mal alléguez. „ L'oppofi- » tion des Dominicains & des Auguflins ,> n'a- 1- elle pas, dit -il, occafionné la „ Reforme de Luther? Que de fang n'a- ,, t-elle pas coûté à Y Allemagne "? Ce n'eft pas la jaloufie entre ces deux Or- dres qui a caufé la Reformation, mais l'abus des Indulgences qui révolta Luther, & l'engagea à examiner cette matière, & par une confequence natu- relle, toutes les autres qui nous divifent d'avec l'Eglife Romaine. La réflexion de l'Auteur n'eft fondée que fur le pré- jugé, ou tout au plus fur un fait rappor- te par Fra-Paoto; car de ce qu'il avan- ce que c'étoit alors la coutume de don- ner aux Hermiies de St. Auguftinla. commif- fion de diftribuer les Indulgences, l'on a conclu que ces Religieux furent irritez de ce qu'on l'avoit donnée dans cette rencontre aux Dominicains , & que c'eft ce qui porta Luther à prêcher contre* ces Indulgences; quoique l'Hiftorien ne dife r*ien de femblable, D'ailleurs, le Cardi- nal 364 Bibliothèque Britannique, nal Pallavicin, qui doit en être cru dans cette occafion plus que perfonne, fou- tient que Fra-Paolos'eft. trompé, & que cette Commifïion n'étoit affe&ée à au- cun Ordre particulier; d'où il fuit, que les Auguflins ne pouvoient pas fe plaindre ni être jaloux de ce qu'on l'avoit don- née aux Dominicains * L'autre exemple que l'Auteur allègue, eft conçu en ces termes. ,, La divifion qui agite aujour- „ d'hui la France, & qui, félon toutes les „ apparences, la défolera, a- 1- elle une » autre foùrcë que l'oppofition du Cler- » gé & des Religieux contre les /féfuites, „ que le grand nombre d'ennemis que le ?, crédit de cette Société & l'abus qu'el- ,, le en a fait leur a fufcitez "? Cette divifion eft due, non à la haine du Cler- gé Séculier & Régulier contre les Jêfui- tes, mais à la Conftitution Unigenitus, dont on exige de force l'acceptation pu- re & fimple, quoiqu' aucun Chrétien ne puiffe y fouTcrire en confcience. Si les Jéfuitcs y entrent pour quelque cho- fe , ce n'eft pas entant qu'ils forment une Société puiffante & accréditée, mais parce que la Cciynturion eft en quelque forte leur ouvrage, & qu'ils font venus à bout d'obliger les autres à la recevoir. 6 La * Voyez l'Hiftoire de Fra-Paolo & la Note «lu P. Le Courayers T. L p. 12 , de f Ed. de Londres. Juillet, Août et Septemb. 1740, 365 La Si' Dissertation par ou commence le troisième Livre, traite du Scbifme & des appels au futur Comité. Suivant F Auteur, h Scbifme en général ejl une Réparation mjufiê à }avec les Mem- . que foi t finjujike; de manié- re pourtant que ce nom , pris à la rigueur , avez qui y eft attaché, ne convienne qiCà celui du côté duquel finjufticefe trouve. Cet- te définition pèche dans le point eflen- tiel ; car ce n'en: pas dans une réparation injufte du Chef d'avec les Membres que confifte le Schifme, mais dans une répa- ration mal fondée d'un ou de plulieurs Particuliers d'avec le. Corps de l'Eglife univerfelle, ou de quelque Eglife particu- lière que ce foit. Les Chrétiens des pre- miers fiécles n'en ont point eu d'autre idée ; & celle que s'en fait l'Auteur, n'eu; fondée que fur la faufle fuppofition, qu'il y a dans l'Eglife un Chef vifible & per- manent, qui eft le Pape, dont tous les Fidèles doivent reconnoitre l'autorité , & au fiége duquel ils doivent demeurer inviolablement attachez. Auflî a-t-il foin d'avertir dans la fuite , que c'eft aux Cattofiques qu'il parle félon leurs propres Principes, tS qu'il ne ; int entrer en difpute avec ceux qui ont cm devoir rejetter VEpifcopat, & réduire tout le Miniflère Ec- cléfîaflique à la fimpte Inftruâion. Mais i- gnoroit - il qu'il y a des gens qui n'ont pas rejette TEpifcopat, Se à qui ces idées de Tome XV. Part. IL A a • la 366 Bibliothèque Britannique, la Suprématie du Pape paroiflent aufîî chimériques qu'à ceux qui l'ont rejettée? N'eft-il pas furprenant qu'il veuille lui- même s'en fervir dans un point fi eiïen- tiel , après avoir auparavant prouvé que tous les Evêques font égaux en pouvoir & en dignité, & que celui de Rome n'a fur eux d'autre droit que celui d'Infpec- tion & de Vigilance ; de forte quïl n'eu% à proprement parler , que Primus inter pa- res? Car s'il n'eu: rien davantage, peut- on le regarder comme le Chef vilible & permanent de l'Eglife, à Pautorité du- quel tous les Chrétiens font obligez de fe foûmettre ? L'autorité d'un Surveillant* d'un Préfident ou d'un Modérateur d'Af- femblée , s'étend -elle jufqu'à faire des Loix, à commander en Maître, & à pu- nir les Refra. Maires ? Mais ce font -là de ces contradictions où ne peuvent man- quer de tomber lesDéfenfeurs des Liber- tez Gallicanes , lorfqu'au lieu de fuivre jufqu'au bout les principes fur lefquels elles font établies, ils les abandonnent pour garder des menagemens avec la cour de Rome, & ne pas paiïer pour Hé- rétiques. Il y a bien de l'apparence que F Au- teur lui-même a fend cette contradic- tion; car pour la lever en quelque ma- nière, il attribue dans la fuite au Pape,., outre l'autorité de Vigilance & d'In- fpe&ion , une autorité deReflbrtj & voi- ci Juillet, Août et Septemb. 1740. 367 ci comment il l'explique. „ La multitu- ,, de des Fidèles, dit -il, & le partage „ qu'il en fallut faire pour leur donner 3 Pafteurs fiables & qui pûffent les „ gouverner, obligea bientôt à joindre i . I ('autorité d'Infpeclion & de Vigilance ,, celle de Reifort ; cefl-à-dire qu'on „ établit qu'il y auroit différens Tribu- „ naux, fupérieurs les uns aux autres, „ à qui on pourroit s'addrefTer en cas „ qu'on ne fut pas content de fon Juge „ immédiat. Il elt Confiant par toutes „ les Hiiloires , que dans l'Eglife d'Oc- „ cident le dernier, ou plutôt le pre- „ mier de ces Tribunaux , fi\z l'Eglife de ,, Rorfte, dont l'Eveque étoit Succeffeur „ du premier des Apôtres & de fes ti- }s très, & de fes droits, en confequence ,> defqueîs il étoit Chef de l'Eglife, & a- y, r.voit l'autorité d,Infpeclion~& de Vi- lance, bien plus dfréftément fur les ,, Paileurs que fur les Troupeaux ". Mais qu'il nous foit permis de remar- quer , que fuivant l'Auteur , cette au- torité de ReiTort ne fut établie qu'à la longue, & pour le bon ordre; de ma- nière que c'efl une affaire de pure poli- îice,&quipar elle -même n'oblige point la confcience: d'où il fuit que cette au- torité n'efl point inhérente dans les Pa- pes en qualité de Succèffetfrj dt St. Pierre , comme on voudroit pourtant l'infmuer ici par un tour de phrafe qui n'efl ame-* A a 2 né 368 Bibliothèque Britannique, né que pour jetter de la poudre aux yeux des Lecteurs Catholiques. Le Schifme ne fçauroit donc confîfter à ne pas s'y foûmettre, & à fe féparer en confequence de ces prétendus Chefs vifi- bles de l'Eglife? La féconde partie de la définition de l'Auteur , qui porte que le crime , l'odieux du Schifme, font tou- jours du côté où fe trouve Pinjuftice, eft plus vraie; feulement au lieu d'en faire une application générale, il la ref- traint à ce qu'il venoit d'expofer. „ Cet- 9> te injuftice par rapport au Chef, dit- „ Û-, confifte en ce qu'il s'attribue des „ droits qu'il n'a point ; & par rapport „ aux Membres , en ce qu'ils lui con- „ teftent des droits qu'il a. Si ces con- 9i teftations ne vont point jufqu'à la fé- 9, paration, c'eft - à - dire jufqu'à ceffer „ de fe reconnoitre mutuellement pour „ Chef & pour Membres, elles ne pro- „ duifent qu'une fimple divifion; fi elles „ vont jufqu'à faire ceffer cette recon- 9y noiifance mutuelle , elles produifent le „ Schifme. Te ne fuis donc point Schif- „ matique, fi je reconnois dans le Pape „ l'autorité de Vigilance, d'Infpeciion , „ de Relfort qu'il a réellement ; quoi- „ qu'il ceffe de me regarder comme n'a- „ partenant plus à la Société dont il eft „ le Chef, parce que je lui difpute la m Souveraineté qu'il prétend avoir, quoi- „ qu'il ne l'ait pas. Au contraire , je à fuis Juillet , Août et Septemb. 1740. 309 „ fuis Schifmatique fi, en confequence „ de quelque conteftation bien ou mal ,, fondée Je cefledele reconnoitre pour „ mon Chef, & d'avoir pour lui en tout M le refte la foûmiiïîon & le refpedt que „ je lui dois, &c w. C'eft-là-dire bien clairement, que quand même le Pape ex- communieroit contre toute juftice,&per- fécuteroit à outrance des Membres de l'E- glife, ces Membres feroient néanmoins obligez de le reconnoitre pour leur Chef, & de fe foûmettre humblement à fon auto- rité. Mais fe peut -il rien de plus abfurde? Et n'eft-ilpas vifible que cette réflexion n'eft-làamenée que pour pouvoir condam- ner les Proteftans, qui , après avoir été cnaf- fez injuftement du fein de PEglife, pour- fuivis même par le fer & par le feu com- me des fcelérats du premier ordre, fe font crus autorifez à n'avoir plus aucune communion avec des gens qui n'en voû- taient point avoir avec eux? Et fans - doute qu'ils l'étoient, à moins qu'on ne puifle prouver que les Papes font de droit divin les Chefs vifibles & perma- nens de l'Eglife; chimère qu'on a c fois refutée d'une manière invinci Comme les Papes ont déclaré nul ce fchifmatique 'tout Appel qu'on i teroit de leur fentence à quelque Tribu- nal que ce : me à un Concile _ral, l'Auteur examine fort au I cette matière. Après avoir remar A a 3 en 570 Bibliothèque Britannique, en deux mots , que ces fortes d' Appels font juftes de leur nature & d'un ufage confiant, il expofe les conditions qu'ils doivent avoir pour être légitimes. i°. Il faut que le Tribunal auquel on a fon dernier recours , foit fouverain , & qu'il puifïê juger définitivement. 2°. Il faut que ce Tribunal exifle, du moins qu'il puiffe exifter. [ Il y a ici un défaut d'ordre : la fé- conde condition auroit dû erre naturel- lement la première; ou peut-être au- roit-on mieux fait de l'omettre, car elle fe fuppofe d'elle-même. ] 3°. L'affaire de laquelle on appelle doit être grave & importante , fans quoi les Tribunaux fubalternes feroient inutiles ; le Tribunal fupérieur feroit accablé. 40, La notoriété du crime & de l'injuflice exclut la voye d'Appel; c'eft-à-dire qu'il eiï des cas fi clairs & fi bien décidez., qu'on ne fçauroit légitimement avoir recours à cette voye. Un homme, par exemple , nie la Divinité de Jcfus-d. rift9 ou la vérité de fes Miracles ; û un Evê- que prôfcrit ces erreurs capitales, cet homme a-t-il droit d'en appeller à un Concile général? 50. Comme perfonne ne peut être juge en fa propre caufe, il faut que l'Appel qu'on interjette foit approuvé & autorifé. [ Mais l'Auteur ne dit point par qui; ce qu'il eft pourtant néceifaire de fça- voir. ]uillet,AoutetSeptemb.I740- 37* voir. Dans la fuite il fuppofe, que le Pa- pe a le droit d'alTembler les Conciles, qu'il regarde comme le Tribunal fuprê- me, & par confequent il doit avoir ce- lui d'approuver & d'autorifer les Appels qu'on y fait. Cependant, comme l'ex- périence n'a que trop prouvé que fi les Papes en étoient crus, il n'y auroit ja- mais de Concile général, on ne doit pas s'attendre qu'ils approuvent les Ap- pels qu'on y interjettera; ce qui rend cette cinquième condition absolument inutile, parce qu'elle eft impraticable. L'Auteur l'a fenti, & c'eft peur cela qu'il remarque plus bas , que li ceux qui font chargez du foin de convoquer les Con- ciles , ne veulent pas le faire lorfque les Appels font légitimes, les Souverains doivent les y contraindre. Mais le re- mède n'eft-il pas en quelque façon pire que le mal? Eft-ce une chofe facile que tous les Souverains Chrétiens s'accor- dent là-deflus? Et quand ils s'accorde- roient, comment obligeront -ils le Pa- pe à faire ce Qu'ils fouhaiitejït ? Sera-ce parla force? Mais , outre le feandaie que cela ne manqueroit pas de caufer, les confequences n'éji pourroient être que funeftes pour le fiége de Rome , & mê- me en général pour la Société ; & c'eil fans doute ce que l'Auteur ne voudroit pas. Sera-ce par la voye de la repré- fentation? Mais quel fruit peut -on en A a 4 372 Bibliothèque Britannique, attendre quand on connoît la Cour de Rome, & qu'on fe rappelle le paiïe? Le Concile de Trente ne fut aflemblé qu'a- près environ trente ans de ibliicitations pour fa tenue de la part des plus grands Potentats de V Europe-, & lorfqu'il le fat, les Papes ne trouverent-ilspas le fecret de le traîner en longueur près de vingt ans, & d'y diriger tout à leur plaifir?] Enfin l'Appel doit laiiTer les Parties dans la po/Teflîon où elles étoient avant la fentence du Juge dont on a appelle ; c'eft-à-dire , qu'il eft également injufte & indécent de fe conduire à l'abri d'un Appel , comme fi on avoit déjà ga- gné fon procès. ,, Si l'Appel de Luther , ,, dit l'Auteur, avoit eu ces caractères, „ on n'auroit pas fujet de le regarder „ comme illufoire, comme n'ayant été 99 fait que pour gagner du tems & pour „ fe mettre en état de refifler au' Juge .„ qu'on [reclamoit. Si l'Appel des Qut- ,> nclliflcs en France les avoit, on ne pour- „ roit trop tôt affembler 1^ Concile „ qu'ils demandent ; mais il eft aifé de 9, voir à leurs difcours & à leur ccndia- „ te, qu'ils ne s'y foûmettroient pas, & „ que, comme Luther, ils trouveroient ,9 mille raifons de lui contefter fon au- „ torité, & qu'ils regarderoient comme ,, leurs Parties les Evêques qui le com- „ poferoient ". je laiffe aux Anti-Con- flitutionnaires le foin de fe jufrifier d'une pa-' Juillet , Août et Seî-temb. 1740. 373 pareille accufation; mais je ne fçaurois palier fous filence ce que l'Auteur dit au lu jet de Luther. Comment fçait-il que fon Appel au Concile étoit illufoire, & qiCil ne le fi: que pour gagner du tems, & fe Juge qu'il < nunt* Il paroit clairement par PHiftoire, que ce Reformateur fuivit les formalitez requifes en pareil cas. Il appella d'abord au Pape, comme à fon Juge légitime, & même du Pape mal informé , au Pape mieux informé , proteflant qu'il fe foûmet- troit à fon jugement. S'il ne fe rendit pas à Rome, conformément à la citation du Pape, c'efl que celui-ci, fans atten- dre que le tems qu'il lui avoit marqué pour s'y rendre fût écoulé, le condam- na & î'anathématifa publiquement par une Bulle ; c'efl que fa citation étoit ac- compagnée d'un Bref au Duc de Saxe, où il exhortoit ce Prince de refufer à Luther fa protection; c'efl que Luther vit bien, par les Lettres que le Cardinal Ca- jetan écrivit à ce fujet à Frédéric, qu'il n'avoit rien à attendre de Rome que fa condamnation, & qu'il fçut que ce Car- dinal avoit même ordre de le faire en- lever & conduire à Rome. Ce ne fut qu'alors qu'il appella du Pape au C général ; & s'il y mit pour condition que ce Concile feroit libre; c'efl -à -dire, qu'il s'alTembleroit dans un lieu qui ne A a 5 dé- 374 Bibliothèque Britannique, dépendroit ni directement ni indirecte- ment du Pape ; que ce Pontife n'y préfi- deroit, ni par lui-même, ni par les Lé- gats; que les.Evéques qui y aflifteroient , Feroient déliez du ferment de fidélité qu'ils lui avoient prêté ; que les Protcf- tans y feroient admis comme les Catholi- ques \ & enfin qu'on y décideroit des ma- tières de Foi par la feule parole de Dieu; il ne fit rien que de légitime , le Pape étant fon ennemi déclaré & fa Partie: & il pouvoit même alléguer en fa faveur la pratique des premiers Conciles géné- raux. Le Concile de Trente n'eut aucune de ces conditions ; ainfi Luther fut en droit de le recufer pour juge *. Peut- on dire après cela que fon Appel étoit illufoire , & qu'il ne cherchok qu'à ga- gner du tems ? La Septième Dissertation roule fur VInquiftion & fur les Appels comms d'Abus. Suivant l'Auteur, Plnquiûtion e{t un E« tcblifTement injufte, cruel, inhumain, qu'on ne devroit fouffrir nulle part. Tout au moins, dit -il, faudroit-il reformer les procédures de ce Tribunal , que les Témoins & les Accufateurs fafient con- nus & confrontez avecl'Accufé , qu'il ne pût faire faifir perfonne fur de fimples foup- * Voyez Fra~Paolo: Slsidaîi, & autres» Juillet, Août et Septemb. 1740. 375 foupçons, & que fes fentencesfûfTentfu- jettes à reviiion par un Tribunal Séculier. Il fcutient que les Souverains ont droit d'établir une femblable reviiion. Il fe déclare hautement pour la tolérance, ou, comme il l'appelle, le Tolérant ifirie; & il remarque en particulier, H que le Gou- „ vernement des Provin; eft une „ preuve fubiiflante , qu'il eft poluble, » qu'il eft même facile que la diverfité „ de fentimens en matière de Religion „ ne produife aucun trouble, & n'em- „ pèche point un Etat d'être floriflanc ". Les Appels comme d'Abus font ceux qu'on interjette au Souverain contre les fentences ou ordres injuftes des Evèques & des Papes. Ils font en ufage en pran- ce; &c'eft, di: F Auteur, un des appuis les plus folides des Litertcz G & une chofe de fa nature juile & icgi- time, comme il s'attache à le prouver au long. La Huitième Dissertation traite de la manière de procéder en cas de pluralité de Papes, à Foccaiion du grand Schifme du quatorzième fiécie , dont on donne ici l'Hiftoire. Mais comme il d y a gue- res d'apparence que pareille chofe arri- ve jamais, cette Diflertation eft trop peu intéreffante pour que nous nous y arrê- tions. Nous ne dirons rien non plus de la Neuvième, qui a pour titre, Des A- van-^ 37<5 Bibliothèque Britannique , vantages & des Défavan'ages du Concordat , de fa Légitimité, Û des Droits de ceux qui le firent. Cela nous engagèrent dans un détail dont cet Extrait n'eft pas fufeep- tible. La Dixième & dernière a pour objet 1a Matière des Indulgences , que l'Auteur re- garde avec tous les bons Catholiques comme une relaxation des peines du Purgatoire. Cependant il déclare qu'il ne fait qu'expofer fur ce fujet la Doctri- ne de l'Eglife Romaine, fans s'engager à la prouver ou à la défendre. Il lui échape même de dire dans un endroit, que „ cette Doctrine ne paroit gueres „ fondée > ni fur l'Ecriture, ni fur la Tra- „ dition , & qu'il efl probable qu'elle n'a 99 point d'autre fource que l'idée outrée „ qu'on s'efl faite de la puifTance des 99 Papes *. Les Vies des Papes Alexandre VI, & Léon X. qu'on a raifes à la fin de ce Vo- lume, font trop connues pour que nous en parlions. On infirme dans un mot d'AvertilTement qui eft à la tête , qu'el- les font de la façon de l'Auteur de VHif- toire des Papes , qui a bien l'air de l'être auiîi de tout cet Ouvrage. * P. 294. du 2 Vol. AR- Juillet, Août et Septemb. 1740. 377 ARTICLE VI. Antonius Musas Chareéter , Re- prefented by Virgil in the Pcrfon of J a p 1 s A DifTertation by F, Atter- buky late, Biiliop of RocheftenC'efl- à-dire, Le Caractère d' Antonius Mu- sa, repré fente dans Virgile Jous le nom de Japis ; ou Dîjfertaîion de F. Àtter- bury, ci- devant Evêqve de Rochefttr. A Londres, chez C. Corbet, vis-à-vis de l'Eglife de S. Dunftan dans Fleet- Street. 1740. in 8°. pag. L'Editeur de cette Brochure dans fa Préface fait un grand éloge du feu Dr. Atterbuty, de fon profond fçavoir, de fa pénétration en fait de Critique, de l'é- légance ce de la politefle de fon ftile. Il nous apprend que ce Dr. lifoit Virgile plus qu'aucun autre Poète Latin, tant pour en découvrir les délicatefies que pour former fon ftile fur un û excellent modèle. Il remarque , qu'au lieu que les Critiques modernes s'attachent à col- lationnerlesMSS. & les Editions ancien- nes, à faire des recueils de paflages tirez de divers Auteurs , & à confulter des Diclionaires volumineux, afin de remar- quer 3/8 Bibliothèque Britannique, quer les différentes leçons, & de farcir leurs Commentr.ires de citations, qui , loin de répandre quelque lumière fur les paf- s qu'ils veulent expliquer , les rendent plus obfcurs ; Mr. Atterbury s'eft appliqué à découvrir les vues particulières du Poè- te dans chaque paflage , & que par -là il s'eft mis en état non feulement de l'en- tendre, mais encore de l'imiter: Voici ce qu'il dit de l'Ouvrage même. „ Il m'a 9, été communiqué depuis peu par un „ Gentilhomme fçavant , qui d'une „ manière fort obligeante m'en a donné „ une copie. Je l'ai lu plus d'une fois „ avec beaucoup d'attention, &j'aitrou- „ vé qu'il furpafïbit de beaucoup mon „ attente. Plus je l'ai lu, plus il m'a plu; 99 & je fuis perfuadé que quiconque vou- 99 dralelire avec foin, le regardera com- 99 me un chef- d'œuvre en fait de Çriti- ,, que, & comme un des ouvrages les „ plus ingénieux & les plus polis qui 99 ayent paru dans notre Langue. Venons au caractère de Mufa. Mr. At- terbury pofe pour principe, que comme les Peintres en Hlftoire tirent fouvent d'après nature les Portraits qu'ils font entrer dans leurs tableaux, Virgile de même dans fon ErJïde a copié des Ori- ginaux vivans dont il nous donne les caractères fous des noms feints , & que, quelques charmans qua foient les Por- traits Juillet, Août et Septems.t74o. 379 traits qu'il fait , nous ne découvrons pas la moitié de leurs beautez, parce que nous ignorons d'après qui il les a tiré. 11 paroît que Vigile étoit fort fenfible aux charmes de l'Amitié ; dans deux Epi- fodes de V Enéide il fait une longue des- cription du Caractère, des Exploits & de la mort d'Euryalus & de Ni fus , & fur- tout de leur Amitié confiante. Quelques Critiques ont remarqué, qu'Homère, per- dant fouvent de vue fes principaux perfon- nages , noyé dans la longueur & dans le nombre de fes Epifodes, fon action principale ; & ils ont loué à cet égard la régularité de Virgile. Mais ce Poète fi judicieux & fi exact, dont tous les au- tres Epifodes fonc-fi proportionnez au fii- jet, femble avoir oublié les régies de font art, quand il parle d'Eurycihis & de Nifus ; les principaux perfonnages difpa- roiiïent ; l'Hifloire de ces deux amis fait le fujet de deux longs Epifodes. On ne fçauroit exeufer cette irrégularité, qu'eu difant que Virgile avoit en vue deux Romains de fes intimes amis dont il vouloit immortalifer la mémoire par fon Poème: on s'en perfuadera facilement, fi l'on fait attention à ces 4. Vers du Li- vre 9e. de VEnéïde. Fortunati anibo! fi quidmea carmina 1 pnfjlmt , Nulla aies unquam memori vos eximet aevo , Dun: 38e Bibliothèque Britannique 9 Dum domus JKncœ capitoli immobile Saxum Accolet , Imperiumque Pater Romamis habebit. Et fur- tout à ce retour fur lui-même \fi quid mea Carmina pojjunt) retour qui n'eit permis dans un Poëme Epique, & dont Virgile ne fe fert, que lorfqu'il in- voque les Mufes, pour l'affilier dans quel- que occafion extraordinaire. On convient aiTez que l'Empereur Au- gitfle eft le Héros de YEnéïde. Notre Au- teur le prouve par le témoignage à' Hora- ce &de Virgile lui-même. Le premier, dans fon Epître à Augufîe Liv. 2. remar- que qu'Alexandre le Grand ne voulut être peint que par Apelle, ni repréfenté en figure de bronze que par Lyjtppe; mais qti Augufîe a eu un bonheur plus grand, en ce que les Poètes Varius & Virgile ont écrit l'Hiftoire de fa Vie ; & que la Poè- fie a cet avantage fur la Sculpture , qu'au lieu que la première ne repréfenté que les traits dû corps, l'autre nous trace les mœurs & Pefprit. Voici de quelle ma- nière il s'exprime: At neque dcdecorant tua de fe judicia, atque Mimera quœ multâ dantis cùm lande tulerum Dileâi tibi Virgilius , Variufque Voëîœ. Nec magis exprejjl vultus per aeneafîgna, Quàm Juillet , Août et Septemb. 1740. 381 Quàm per Vatis cpiu , mores, onimique Virorum Clarorutn apparent. On fçait que Varius a compofé un Pa- négyrique d' Augufte , qui efl perdu , & Virgile nous a donné l'Hiftoire de la Vie ât des Actions de cet Empereur dans V Enéide. Il nous apprend lui-même qu'il en a formé le plan , & qu'il va l'exécu- ter. C'eft dans fon Introduction au 3. Livre des Géorgiques , où il s'exprime ainfi ; Mox tamen ardentes accingar dicere pugv.as Çœfaris,& nomen fama tôt ferre per o.nnos Titkoni], prima quot abejî ab origine Ctefar. Si Augufte eft dans le fond le Héros de l'Enéide , Virgile fans doute a peint d'a- près nature, fous des noms feints, plu- sieurs perfonnes de la Cour d' Augufte : parmi ces perfonnes étoit Antomus Mu- fa, Médecin de l'Empereur. Comme notre Auteur n'a pas juge à propos de nous donner la Vie de ce Médecin , nous croyons qui il eit néceiTaire d'en donner ici une Abrégé; enfuite nous examine- rons Ils r.rgumens que le Dr. Atterbury allègue pour prouver que Virgile l'a dé- tigné par le nom de J-ipis. < Antonius Mu/a écoit Grec de Narion ; Tome XF. Part. ÏL Bb le 382 Bibliothèque Britannique, le nom de fon Père étoit Jafis : & Pline dans fon Hiftoire Naturelle Liv. 25. Chap. 7. nous apprend qu'il avoit un frère nom- mé Euphorbe y Médecin de Juba Roi de Mauritanie, qui étoit fi fort eftimé de ce Prince, que pour lui faire honneur il don- na le nom d'Euphorbe à une plante dont il avoit découvert les vertus. Jafis avoit donné à les enfans une très -bonne édu- cation , & Mufa en profita fi bien , qu'il excelloît dans tous les Arts Libéraux, Pour fe mettre en étatdefoulager fon Pè- re qui foufFroit beaucoup des infirmitez de fon âge, il s'apliqua à l'étude de la Médecine. Il y fit de grands progrès, & fa réputation s'établit fi bien , qu'Au- gufle le nomma fon Médecin. Cet Empe- reur étoit fujet à des maladies fréquen- tes & dangereufes: Graves & periculo- fas vakiuâines per omnem vitam expertus efi, dit Suétone. Mufa lui preferivit de3 Laitues dont auparavant on fe faifoit fcrupule de manger: il lui ordonna aufïï les Bains froids. Ses preferiptions réuf- firent; Augufle fe rétablit. 11 fit à Mufa des préfens confiderables, & lui donna le privilège de porter un Anneau d'or, comme les Chevaliers. Il accorda aufiî à fa confideration beaucoup de privilè- ges aux Médecins de Rome : le Peuple Romain lui témoigna de même fa recon- noifiance en lui faifant ériger une Sta- tue auprès de celle d'EfcuJape. Il paroit par Juillet, Août et Septemb. 1740. 38.; par la fin du Liv. 29. de Pline, qu'il a laifle par écrit quelques Mémoires : car ce Naturalise allure que Mufa & Viclon ont laiiTé par écrit, qu'en broyant les Cloportes , appellées des Grecs Mylecos , après leur avoir ôté la tête, elles gué- rilTent la Lèpre. Quelque grande que fut la réputation de Mufa, irfemble qu'il ait manque de jugement en prefcrivant les Bains froids pour toutes fortes de ma- ladies. Nous venons d'apprendre de Pline & de Suétone, qu'il les confeilla à Au- gufte: il les prefcrivit enfuite à Horace, qui nous dit dans le premier Livre de fes Épitres ; Nam mûri Baïas Mufa fupervacuas Antonius : & tatnen Mis Me facit invifum , gelidâ cùm perfuorundâ Ver médium frigus. Il ne rapporte pas quel fut le fuccès de ce remède , & s'il fut guéri de fon Ophtalmie: mais ce qu'il y a de certain, c'eft que ces Bains froids qui avoient fauve Augufte, abrégèrent les jours du jeune Marcetlus , & decréditerent Mufa , qui les luiavoit ordonnez. PafTons à l'exa- men des preuves que Mr. Atterbury allè- gue pour faire voir que Virgile a vou- lu donner le Caractère de Mufa fous le nom de Japis. La première preuve eft tirée de THiftoire. Bb 2 Hortfî 384 Bibliothèque Britannique, Horace, dit -il, & Virgile étoient tous deux d'une conftitution fort foible; tous deux avoient Mufa pour Médecin ; tous deux, pour lui témoigner leur recon- noiiTance, voulurent immortalifer fa mé- moire. Horace le fit dans la 15. Epître de fin premier Livre. Il faut donc que Virgile l'ait fait dans Y Enéide fous le nom de Jo.pis. Cet argument ne nous paroîtpas concluant : car fans repéter ce que nous avons déjà remarqué qu'Horace ne nous apprend pas le fuccès des prefcriptions de Mufa , ce n'eft pas raifonner folide- ment "que dé dire: Horace étoit d'une conftitution foible; il avoit Mufa pour Médecin ; il a parlé de lui dans fes Epi- tres: il faut donc que Virgile, qui étoit auiii d'une conftitution foible , ait eu aufli Mifa pour Médecin ; qu'il ait auilî parlé de lui, quoiqu'il ne le nomme pas, & qu'il Tait défigné par le nom de Japis. Le Br. Atterbury allègue pour deuxiè- me preuve l'endroit de l'Enéide où l'Epifo- de de Japis eft placé. Ce Poème étoit prefque fini ; les armées d'Enée & de Turnus fe battoient avec fureur pour la dernière fois; les deux Princes alloient fe livrer un combat fmgulier : mais tout d'un coup l'action eft fufpendue, la chaleur des combattant fe rallentit, pen- dant que jfi'pis traite Enée de fes bleflu- rcs. Or. ne fçauroit alléguer de meilleu- re raifo-n ûq cet incident que lé deiTein de Juillet, Août et Septemb. 1740. 385 de Virgile d'immortalifer le nom de Mu- fa, en faifant blefler le Prince pour in- troduire le Médecin. Cette conjecture n'eft pas des plus heureufes. Mufa avoit perdu la grande réputation qu'il s'éroir acquife en guériiTantAugufte, parla ma- nière dont il avoit traité Marcellus. Tout le monde croyoit qu'il avoit avan- cé les jours de ce jeune Prince, dont la mort & les funérailles font rapportée? dans le 6. Livre d fed ipfd in morte meorum Quos coîui, Patriœque memor, rue deneger ufquam. ARTICLE VIL [ On nous a prié d'imprimer ce Projet, j Projet d'une Edition complette des Phi- lofophiques de Ciceron, par Mr. Du- rand. I. /r^\N donne avis au Public , que les \J Académiques de Ciceron, qui n'avoierit point encore paru , que l'on {cache, ni en François , ni en An- glois , font achevées d'imprimer & fur le point d'être publiées fous ce titre : Académiques de Ciceron , avec le texte Latin de P£d. de Cambridge & des Re- mar- Juillet , Août et Seî>tfmb. 1740. 393 marques nouvelles, outre les Conjectures de Davifius & de Monfîeur Bentley , &f le Corn- mentaire Pbilofopbique de Pierre de Valentia , Jurifc. Efpagml : dédiées à la S. R. par Mr. Durand, de îa même Société ; en deux volumes, 8°. L'un pour le François, & l'autre pour le Latin. On peut voir chez Mr. Paul Vaillant , Libr. dans le Strand, de quelle manière on a exécuté cette Edition, qui efl jolie & des plus correctes. II. On avertit en même tems, qu'on a aufli achevé de traduire le refte des Ouvrages Pbilofop'.nqua de Ciceron , qui ne l'avoient pas encore été; comme en- tr'autres celui de Fato, du Deftin, qui, au rapport de l'Auteur même , n'eft qu une fuite de la Divinatftn & de la Nature des Dieux : & comme ce Traité eft affez obfcur, & outre cela mutilé pref- que par -tout, on a tâché, pour en ren- dre la lecture plus agréable , de fuppléer par conjecture à ce qui manque, d'après Tordre & la fuite même de ce qui nous refte; & fur -tout d'après le Traité de Plutarque fur le meme fujet, où fe re- trouvent effectivement les raifons bon- nes ou mauvaifes que Ciceron refucc dans le fien. III. La traduction de ces P;éces étant finie, rien ne doit plus retarder, ce fem- ble, une Edition complette de ces Phi- lofophiques en notre langue, fur -tout en 394 Bibliothèque Britannique, en faveur de ceux qui n'entendent pas le Latin , & qui font pourtant bien aifes déjuger par eux-mêmes des raifonne- mens de cet illuflre Auteur. Elle aura pour eux divers avantages. i. Premièrement, elle fera com- plctte, & leur procurera à peu de fraix tout ce qui nous reite de ce grand Homme en fait de Pbilofophie & de Morale : fçavoir. Les Académiques, en deux Li- vres , précédez d'un Extrait du Commen- taire Philofophique de Valentia, qui en donne la clef. On verra ci-defTous le jugement qu'en a porté Mr. VAbbé (TOlivet. Les Entretiens de Finibus, ou des vrais Biens & des vrais Maux , en 5. Livres , de la traduction de Mr. VAbbé Régnier, de l'Acad. Françoife. On y ajoutera, par rapport au 3e. Livre, une Idée générale de la Doclrine des Stoïciens. Les Tus cul ânes, en 5. Livres, de la trad. de Mrs. Boubier & d'OHvet, de la même Académie, avec leurs Préfaces. Les Entretiens fur la Nature des Dieux, en 3. Livres, de la trad. de Mr. VAbbé tfOHvet, avec fes EclaircifTemens fur la Théologie des anciens Pbilofopbes , & des Remarques nouvelles de l'Editeur. La Divination, en 2. Livres , de la trad. de Mr. VAbbé Régnier, avec fa Pré- face & fes Notes. Le Traité de Fato, ou du Deflin, avec Juillet , Août et Septemb. 1740. 395 avec les Supplémens dont on a parlée de la trad. de l'Editeur. Les Entretiens de Legibus y ou desLoix, en 3. Livres, de la trad.de Mr. Morabin , avec fa Préface & fes Notes. Les Offices, en 3. Livres , de la trad. de Mr. Du Bois , de l'Acad. Fran- çoife : avec fa Préface fes Notes , & les Correâifs nécelTaires. C a t o n l'Ancien , ou de la Vieillejfe , de la trad. du même, &c. Lelius, ou de V Amitié, de la trad. du même, avec quelques Supplémens de Mr. le Clerc. Les Paradoxes, de la trad. du mê- me , comparée avec celle de Mr. Geoffroi, dans les endroits où elles différent. La Lettre de Q.Ciceron afin Frère, fur la Demande du Confulat: de la trad. de l'Editeur. La Lettre de Ciceron à Quintus fin Frère , fur les Qualitez nécejf aires à un bon Gouverneur de Province: de la trad. de Mr. Gcoffroi. Le Songe deScipion, ou Fragment du 6e. Livre de la Re publique, de la trad. de Mr. l'Abbé cTOlivet. Enfin d'autres FragmenscIu même Ouvrage & des précedens, entre lefquels on en trouvera un des plus fmguliers , puifqu'il contient en peu de mots les pre- mier s Linéamens de la Conflitution d'Angleterre. Si de ces Traitez on excepte ceux qui font 39<5 Bibliothèque Britannique, font comme échus à l'Editeur, tous les autres font traduits par d'habiles gens , dont le nom & le mérite font connus. Ce n'eft point à nous à nous ériger ici en maître des cérémonies, pour aflîgner à chacun d'eux le rang qui lui efl dû dans la République des Lettres: c'eft au Public à le faire. Toute la liberté qu'on fe don- nera, en qualité d'Editeur, fera d'indi- quer au bas des pages , le plus honnête- ment qu'il fera poflible, les endroits où il nous paroîtra que le fens ou l'efprit du paifage a été manqué. Apporter ici des airs de mépris , ou de fuffifance pe- dantefque, ne feroit-ce pas convaincre le Public , ou qu'on a peu lu Ciceron , ou du moins peu profité de ces mêmes Philofophiques , que l'on fe propofe d'éclair- cir, & où Ton trouve à chaque page des traits de modeftie & d'urbanité qui ra- vifïent ? 2. Quoique cette Edition ne foit pas deflinée aux Sçavans qui entendent les Originaux, j'ofe pourtant les afïurer qu'elle ne leur fera pas inutile; & en voici la raifon. Si je lis Makbmnche, par exemple, fur la Recherche delà Vérité, moi qui fuis né François, mon attention n'a qu'un objet; c'eft celui des Chofes : mais û je lis les Académiques , ou tel autre Li- vre Philofophique que ce foit, dans une langue morte; alors mon attention doit fe prêter à deux objets différens , à la difiion , Juillet, Août et Septemb. 1740. 397 diction , fouvent obfcure pour les plus ha- biles, & aux ckofes mêmes, qui le font encore davantage. Non que je veuille ici flatter la parefle de nos jeunes gens, & leur interdire les fources, pour les faire courir après les ruiifeaux : mon in- tention eit tout le contraire, c'eil de les inviter par cette efpece de Parapbrafe à une étude plus profonde de l'Original , û leur vocation les y appelle. Les au- tres peuvent fe contenter de la traduction. 3. Un autre avantage de cette Edition, c'eft qu'ayant déformais tous ces Traitez dans un même volume, on fe trouvera plus à portée de comparer enfemble les divers endroits qui s'entre-répondent, & qui fe prêtent par confequent une lumiè- re réciproque : car Ciceron fe répète de tems en tems, mais toujours avec des grâces nouvelles, & fouvent avec de nouvelles clartez. 4. Enfin un dernier avantage, c'eft qu'elle fera précédée d'une Préface géné- rale, qui pourra fervir d'Introduction à tout le Corps de cette admirable Philo- fophie. Car quoique Ciceron foit Aca- démicien, c'eft -à- dire , difpofé à combat- tre tous les fyflêmes, il admet pourtant en gros des chofes vrayes, & en parti- culier beaucoup de chofes probables, qu'il indique en plulieurs endroits, tant fur la Phyfique que fur la Morale , où il excel- TomgXV.Part.il, Ce le> jgg Bibliothèque Britannique, le; d'où on peut inférer quelle a été fa penfée fur la plupart des objets de nos connoiiTances. Outre cette Préface gé- nérale, on ajoutera à la tète de chaque Livre des Sommaires précis , qui en facili- teront l'intelligence à tout le monde, & fur -tout à ceux qui commencent, & qui font bien aifes qu'on leur décrive le pais où ils vont, & les fentiers épi- neux ou agréables, où ils auront à paf- fer. Tous les jours on nous donne de nouveaux éclaircifTemens fur les Odes d? Horace, par exemple, pour en fixer la date, Poccaf.on & lefujet, & en dévelop- per Pœecnomie; ce qui eft d'un fecours merveilleux pour en découvrir le fens, & en faire fentir les beautez : & l'on re- fuferoit à Ciceron de pareils éclaircifTe- mens? Nous tacherons donc, à l'aide des meilleurs Critiques, de mettre nos Lecteurs au fait de la Philofophie dont il s'agit. On en jugera par Peffai qu'on trouvera ci-deflbus fur les Académiques. 5. Mais comme on eft bien aife de connoître celui qui nous inftruit, le tout fera précédé d'un Vie de Ciceron: & à cet égard on s'eft déterminé pour cel- le que Piutarque nous en a laiiïee, &que nous donnerons d'après Mr. Dacier, quoiqu'avec de petits corre&tfs au bas clw3 pages. CON+ Juillet, Août et Septemb. 1740. 399 CONDITIONS. 1. L'Edition fera in 40. belle &exaé1:e, du papier, du format & du caractère de la Préface, page 1. *: & à côté du titre on trouvera la Tête de C 1 c e r o Nf d'après Carani. 2. Elle pourra contenir autour de 120. feuilles, plus ou moins. 3. Le prix fera de 25. fhellings, donc on payera une guinée d'avance, & en fouferivant on recevra un Exemplaire coufu des Académiques, avec le Latin & le Commentaire de J^alentia, en recon- noiflance de la foufeription. 4. Ceux qui fouferiront pour 6. Exem- plaires, en auront un 7e. gratis, y com- pris les Académiques. 5. On en tirera, pour les Curieux, 50. Exemplaires en grand papier, dont le prix fera de deux guinées: auquel cas on payera une guinée & demi d'a- vance , y compris les Académiques qui ferviront de Reçu. Les fouferiptions feront reçues chez Mr. Vaillant, Libr. dans le Strand: & chez I'Editeur, en Threadneedle- ftreet , Hatton -court. PRE- * Ce Caractère eft un beau Médian , tout neuf, & même un peu p-lus grand que le }\? - ciian ordinaire, tacle en Angleterre. 120. Pièces dont il eïï Auteur. 244. 252. Sa mort. 252. Avenpace, célèbre Poste & Philofophe Arabe. 196. Augures (Mafcarade des) 102. Augufle (L'Empereur) valétudinaire. 3S2. Avicenne, fameux Médecin Arabe. 196, B B. Acon (François) fa naiffance. 130. Ses Etudes. 131. Ses Voyages. 132. Après la mort de Ton père il embrafle le Droit Civil , & eft nommé Avocat extraordinaire de la Rei- ne Eïijnbeib. 133. Il entre dans les affaires d'Etat. 134. Obtient la furvivance de Garde desRegîtres de la Chambre étoilée. 135. Ob- ïlacles à fon avancement. 136. Son méconten- tement contre Cecil. 139. Son ingratitude en- vers MATIERES. vers le Comte à'EJJex. ibid. Fait l'Apologie de la Reine & du Miniftère -, ce qui le rend odieux à la Nation. 140. Publie fa propre jufticcation. 141. Gagne l'eftime de Jaques 1. 142. Fait Solliciteur général. 143. Ses grand? revenus, ibid. Sa foiblefle pour fes Favoris. 146. Donne de bons avis au jeune Viiliers. ibid. Sa conduite dans l'affaire du Comte de SomerJ'et. 148. Se fait Intendant du Duc de Buckingbam pour avoir fa faveur. 154. Brigue la charge de Chancelier. 155. Fort accrédité dans le Parlement. 156. Nommé Garde des Sceaux. 157. Sa timidité dans l'affaire du Ma- riage du Prince Charles, ibid. Devient Grand- Chanctlier & Pair du Royaume. 158. Publie lbn Novum Scicntiirum Organum. ibid. Ce qui a le plus terni fa réputation. 162. Sacrifié par le Roi à la fureté ce Buckingbam. 165. Accufé de s'être laifle corrompre. 166. Fait remettre au Parlement fa Confeffion; générale. i5S. Rigueur de fa fentence. 169. Sa prodi- galité & fon indulgence pour fes domeitiques cauferent fa perte. 170. Sollicite & obtient la revocation de fa fentence. ibid. Introduit de nouveau dans le Parlement fous Charles I. 171. Se retire & publie fon Hiftoire de lien. ri VII. & les Ejjais de Morale, ibid. Médio- crité de fa fortune dans les dernières années de fa vie. 172. Sa mort. 173. Son mariage. 174. Paflage remarquable ce fon Teilament. ibid. Singularité de l'on tempérament. 175. Bande ( La ) joy ufe , ou le Diable extravagant » Intermède. 11S. Baron (Robert; 117. Bayley (Mr. Edouard) fa relation d'un Tremble- ment de terre. 303. Bcaiif TABLE DES ■Seaumont (François) $6. 3<5i. Beauté (Mafcarade delà) 92. BeUbier ( Dawbridge- Court) 100. Belchier (Mr. Jean) fa relation fur les Os des Animaux devenus rouges par lesalimens. 288. Esrgere ( La) fidelle , Paftorale. 108. Berger {Le) extravagant, Comédie paflorale. 284. Betterton (Thomas) fameux Comédien. 126. 270. 275. Bienvenue ( La) de V Amour , Divertiflement. 112. Bocage (Le) ou le Baradis de V Amour y Drame. 282. Boerhive (Mr. Herman) fes expériences fur le Mercure. $02. 306. Bonduca , Tragédie. 277. Boy ce ( Mr. ) 6i. Britannia triumpbans , Mafcarade. 113. Brutus d'Albe, Opéra. 26s. Autre du même nom. 271. Buckingbâm (Duc de) autorife les monopoles. 162. Burleigh (Le Lord) follicite de l'emploi pour Bacon. 135- Bunon ( Mr. Guillaume ) fa Lettre fur la Morfu- re des Vipères. 290. Ca l 1 s t 0 , ou la Nymphe vertueufe , Mafca- rade. 257. Camille Opéra Anglois. 50. Carew 'Thomas) 109. Catalogue des Opéras Anglois &c. 75 - 128. Def- feia de ce Catalogue. 79. Ordre qui y eft ob- fervé. MATIERES, fervé. 80. Sa continuation. 244-2S7. Son utilité. 236. Catilina, Tragédie. 95. Cavalière (Emilio) cenfé d'avoir inventé l'O- péra. 18. Célibat nuifible à l'Etat. 345. Cerès ; origine de ce nom. 1S7, Cerveau ( Le ) fympathife avec l'eftomac. 230. Cbaldaïque ; utilité de cette langue. 194. Chant (Le) a préjudicié à l'eftime pour la Mu- fique. 8. Celui de l'Opéra défendu. 30. Cbapman ( George ) 96* Charles II -, Chartre qu'il accorda à la Colonie de Penjylvanie. 312. Château enchanté-, Voyez Tempête &c. Chevalier (Le) Marin Mar-all> ou la Feinte- Innocence , Comédie. 260. Chiffres arabes -, leurs inconveniens. 81. Chronologie cultivée par les Perfes. 200. Ciceron -, Projet d'une Edition complette de le» Fbilofophiques. 392. Ciel ( Mafcarade du ) 116, Ctrcéy Opéra. 258. Clarke (Jeremie). 2S2. CUomenc, ou le Héros Spartiate, Tragédie. 274. Cleopatre , Tragédie. 95. Cloportes-, leur ufage contre la lèpre. 38^. Cloridies ( Les ) ou Ccrtmonies &c. Mafcarade. I05. Cœlum Britannicum , Mafcarade. 109, Cœur (Le) de l'Homme fon plus grand ennemi -, \ oyez Traître &c. Cokain (Le Chevalier dfton) 115. Coke (Le Chevalier Edouard) ennemi de 1 143. DefTervi auprès du Roi par celui - ci. 155. Coleman (Le Dr. Charles) TABLE DES Communautez reîigieufes -, leur établiflement , mul- tiplication «Src. 351. Abus qui ont accompa- gné ces fonuations. 354. Peuvent devenir pernicieufes à l'Etat. 362. Cornus-, excellente Mafcarade Angloife. 37. 58. Concordat ; Difîertation fur fes avantages de dés- avantages &c. 376. Conquête de Grenade par les Efpagnols y Voyez Almanzor &c. Contention for Honour and Riches, Mafcarade. iio. Cook (Henri) 120. Copte-, utilité de cette langue. 206. Cox (Robert) 118. Crown ( Jean ) 257. Cruauté des Ejpagnols au Pérou , Pièce dramati- que. 254. 287. Cupidon fef la Mort, DivertifTement. 125. D. DAle (Mr. Samuel) h Lettre fur quelques Animaux de l'Amérique. 306. Valton (Mr.) 59. Daniel (Samuel) 95. 105. Danfeurs de corde foufferts fous Cromwell. 119. Dapbné , Opéra de Rinuccini. 19. Darius, Intermède. 82. Day (Jean) 91. DéeJJes {Les douze) Mafcarade. 103. Déluge de Noé, ou la Deftruftion du Monde, Opéra. 263. Deorumdona, Mafcarade. 117. Defaguliers ( Mr. ) fes expériences fur la diver- sité apparente de la grandeur de la Lune. 307. Diable extravagant-, Voyez Bande &c. Diane MATIERES. Diane &? Endymion, Opéra. 23<*. Difpute d'Ajax & d'UlyJfe pour les armes i'Acbil- . le y Pièce dramatique. 125. Divertijfemens de Diane, Comédie. 88, Double ( La ) découverte -, Voyez Religieux &c. Droit public Ecclefiaftique François. 343, Dryden (Jean) ce qu'il dit du Siège de Rhodes du Chevalier d'Avenant. 247. Pièces de fa façon. 248. 249. 251. 252. 259. 260. 261. 264. 265. 267. 271. 274. 276. 2S2. Sa mort. • 283. Duc de Guife , Tragédie. 265, Duffet (Thomas) 257. 258. 262. Duke and no Duke, Farce. 267. Durand ( Mr. ) nouvelle Edition des Pbilojopbi- ques de Ciceron qu'il prépare. 392. Durfey (Thomas) 370. 280. & / FCclészastiques ( Les ) flattent indigne- ment la vanité de Jaques I, 161. Ecclefton (Edouard) 263. Egyptiennes (Les) métamorphoses , Mafcarade. 102, 'EMxi'j 'le 'l*; origine de cette exclamation. 188. Elifabetb (La Reine) fon eftimepour Bacon. 131. 133. 136. Ellicott ( Mr. Jean ) fon infiniment pour mefu- rer la dilatation des métaux. 288. Empereur ( L' ) des Indes, Comédie héroïque. 248. Epingle incruAée de pierre , trouvée dans le Cœcum. 302. Epoques i'JJlvg«Beigt 200. Egui- TABLE DES Equivoque plaifante d'un Acteur à la Reine An- ne. 47* Efprits animaux -, leur nature. 229. Ejjais de Morale de Bacon. 171. Ejjex ( Comte d') fon caractère. 136. Defier- vi auprès de la Reine. 137. Mortifications qu'elle lui fit. 138. Sa générofité pour Bacon. 139. Sa mort tragique. 140. Efiber, le plus ancien Oratorio Anglois. 62. Etat ( V ) d'Innocence , & la Chute de l 'Homme , Opéra. 261. Etat Religieux & fes privilèges. 344. Etberege (Le Chevalier George) 44. Etbiopique ; utilité de cette langue. 205. Eucbarifliques (Symboles) hiftoire de leur bé- nédiction ou confecration dans la primitive Eglife, 418. Euphorbe-, d'où cette plante a pris fon nom. 382. Euridice , premier Opéra joué à Paris, 20. f Ein'te Innocence-, Voyez Chevalier &c. Feflin {Le) d'Alexandre , Cantate Angloife. 37. 58. Fête de la Lumière, Mafcarade. 113. Fête des Bergers -, Voyez Anniverjaire &c. Elecknoe (Richard) 266. nyng (Mr. Alilcolumb) fon Poëme fur les Maladies hypochondriaques & hyfleriques. 222. F.ctcher ( Jean ) 108.271. Fleurs (Mafcarade des) 97. Autre du même nom. 105. Ford ( Jean ) 124. Fran- MATIERES. François (Les) ont confervé les Machines dans leurs Opéras. 26. Fulwell (Ulpien) 84. G. GAland (Le) dupe de la MaîtreJJe entrete- nue , Comédie. 265. Galien -, fes Oeuvres complettes à Fetz. 200. G if co igné (George) 81. 83. 84. Gay ( Mr. Jean ) Auteur d'un des premiers Ope- ras Anglois. 35- 55- 56". Géographie cultivée par les Perfes. 2co. 202. Géométrie (La) eft fort redevable aux Perfes. 201. Gisbert (Le Père) ce qu'il dit de l'On&ion dans les Sermons. 177. Gloire (La) du Printems , Mafcarade. 114. Grabut, habile Muficien. 256. 26y. 269. Grecs-, leur goût & leur eftime pour la Mufi- que. 7. Grty (Mr. Etienne) fes expériences fur l'Elec- tricité. 309. Sa mort. ibid. note. Gueux ( Opéra du ) 56, H. HAmbourG) bigarrure de fes Opéras. 53- Handel (Mr.) 57- 58. 62. Harmonie Dorienne , Lydienne & Phrygienne. 9. 10. Haynes (Mr. Samuel) fon Recueil de Mémoires d'Etat. 212. Hébreu; ancienneté de cette langue. 1S6. Son Ton. XV. Pan. II. E e utili- TABLE DES utilité pour l'explication de plufieurs points .de l'Antiquité. 187. Et- pour l'intelligence des Loix des anciens Sages de la Grèce. 189, Si beauté. 190» Hébreux-, leur Mufique.- 6. Hrcule, Mafcarade. 279. HCros (Mcfcarade de) loi. Héros Spartiate ; Voyez Cléomene &c. Heyivood ( Jean ) 78. Hiboux (Mafcarade de) 104. Hippocrate -, fes Oeuvres complettes à Fetz. 200. Hijloire de Dioctétien -, Voyez PropbeteJJe. Hijloire de Henri VII. par Bacon. iji. Hijloire du Chevalier François Drake , Pièce dra- matique. 254 Hijloire du Droit Public Eccléjiafîique François. 343-376- Hoadley (Mr. Benjamin) fes DifTertations fur les organes de la refpiration. 215. Hodgfon (Mr. Jaques) fon Catalogue & fa Ta- ble touchant les immerfions & émerfions des Satellites de Jupiter. 290, Holmes (Mr.) 420, Hoppsr ( Simon & Charles) 113. Howard (Le Chevalier Robert) 248. .Howcll (Jaques) 284. Hudjon ( George ) 12 o. Huile d'Olives , remède fouverain contre la mor- fure des Vipères. 291. 300, Hîunpbreys (Mr. Samuel) 60. Hymenœi &c. Mafcarade.J 92. MATIERES. I. JAcob (Gilles) critiqué. 81. 93. 99. 100. 105. 106. lapis-, réflexions fur fon cara&ère. 213. 377. Jaques I. Foiblefle de ce Prince. 146. Ses rae- nagemens pour le Comte de Somerfet le char- gent d'un foupçon odieux. 147. 153. Sa va- nité & fa pédanterie. 160. 161. Moyens qu'il employa pour trouver de l'argent. 162. Haine que ce procédé lui attira. 163. Con- voque le Parlement. 164. Révoque les Mo- nopoles, &facrifre Bacon. 165. Lui défend de fe jullifier. 166. Harangue le Parlement en faveur de Bu<. 168. Jean Pot-à- Bicrey Intermède. 100. jepbté , folution d'une grande difficulté au fu- jet du vœu qu'il fit. 192. Jeunejje ( La ) Intermède. 77. Jeux S? Myftères des François. 68. \i; divers fentimens fur ce mot de Vir- gile. 187. -jnces-, DifTertation fur cette matière. 376. Inquifition ; injuflice & cruauté de ce Tribunal. 374- Injlauratio magna, Ouvrage de Bacon. 134. Interludes. 28. Intermèdes en vogue en Angleterre. 42. 76. 85. Intef-ins ; leurs bleflures ne font point incura- bles. 302. Job -, fon Livre plein d'Arabifmes. 199. Jocajle , Tragédie. 8r. Jobnfon (Ben) 88. 89. 90. ç2. 93. 94. 95. 97. 98. gg, loi. 102. 103. 104. 107. ht. Ee 2 Jobn- TABLE DES Jobnfon (Mr.) fon Hiftoire d'Adam & d'Eve. 418. Jones (Inigo) célèbre Archite&e & Machiniite. 93. 96. 106. 107. 108. 109. 113. 116. Joye (La) de l'Europe &c. Intermède. 279. Joye (La) des Jujets &c. Mafcarade. 127. Jjles ( Les ) fortunées , Mafcarade. 104. Italiens (Les) ont banni les Machines de leur Opéra. 26. Jves ( Simon) 10S. Jupiter-, origine de ce nom. 187. Catalogue des immerfions & érnerlîons de fes Satellites. 290. k.» K. nwelmershe (François) 81. L. JLAngbaïne (Gérard) loi. Lardner (Mr.) fes raifons qu'on a de croire l'hiftoire de l'Evangile. 214. Laïus (Henri) 109. 112. 120. Laws (Guillaume) 108. 112. Leçon (La) du Vieillard , Intermède. 77. Leland ( Mr. le Dr. ) fa réponfe au Pbilofopbe Honnête -Homme. 416. Lenfant (Mr.) ce qu'il dit de l'On&ion dans dans les Sermons. 177. Lever idge (Mr.) 42. Liberté de penfer -, Difcours fur cette matière. 211. Like rJjill to like &c. Intermède. 84. Littérature Orientale ; Eflai fur fon utilité. 186. Lockman (Mr. Jean) Auteur de la Rofalinde. 2. Logan MATIERES. Logan ( Mr. Jaques ) fes cbfervations fur la di- versité apparente de la grandeur du Soleil & de la Lune. 309. Lotbaire, Opéra Angîois. 6 3. Lulli perfectionne la Muiique de l'Opéra Fran- çois. 22. Lutùsr ; juftification de fon Appel au Concile. 373- Lyre-, fon effet fur Alexandre le Grand. 10. M. "\ {Ac-fiNES; fi leur ufage efl néeefTaire 1_Y_1 ou non dans l'Opéra. 26. Machine ad- mirable d'un Opéra Italien. 27. dies hypochundriaques & hyfleriques ; Dif- fercation & Poërae là-deffus. 222. Leur na- ture. 232. Mallet (Mr.) fa nouvelle Vie de Bacon. 12S. Mariage {Le) à la incde , Comédie. 252. Mariage ( Le) de l'Océan Ê? de la Grande- Bre- \e, Mifcarade. 266. Ma^ 82. Martin (Mr. George) fon Traité fur les An i- X. 2T2. Merlin* ( Mr. ) fes Eflâis de Médecine & de Phi- lofophie fur plufieurs fujets. 417. rade je eu. 2S2. ; en Angleterre long - tems avant l'Opéra. 41. 76. La plus ancienne dont on ait con: \ quelles Pièces on don- 86. matiques (Les) doivent beaucoup aux Arabes. 197. Ee 3 M* TABLE DES Mazarin (Cardinal) introduit l'Opéra en Fran- ce. 20. Médecine (La) fort redevable aux Arabes. 197. Mémoires de la S. R. de Londres. 2S7--310. Mercure vengé des Jlcbymijîes , Comédie. 98. Métaux } initrument pour mefurer leur dilata- tion. 288. Mifcrocofmus , Mafcarade. 113. Middkton (Thomas) 100. 101. Miltow, Auteur de la Mafcarade de Cornus. 110. m. Miroir ou Tableau d'un bon Gouvernement , Tra- gi- Comédie. 83. Miffy (Mr. de) fes réflexions fur l'Onction dans les Sermons. 176--1S5. Moines (Les) font inutiles à la Société. 348. Monde ( Le ) dans la Lune , Opéra comique. 28c. Monde {Le) perdu au Jeu de Paume, ou le Monde balotté , Mafcarade. 101. Monopoles autorifez par le Duc de Buckingbam. 162. Haine qui en rejaillit fur le Roi. 163. Révoquez. * 165. Montaigu (Gaultier) 118. Morgan ( Mr. ) Auteur du Pbilofopbe Honnête- Homme -, fa nouvelle défenfe. 417. Mortimer ( Mr. C. ) relation cîe fes expériences touchant la mcrfure des Vipères, & le remè- de qui la guérit. 291. Motteux (Pierre le) 277. 279. 281. 282. Mvfa, Médecin d'Augufte; réflexions fur fon cara&ère. 213. 377. Abrégé de fa vie. 381. iétt'j régies qu'il doit obferver dans la Compofition d'un Opéra. 2 S. Voyez Poëùex Mufique-, fon origine. 4. Ses progrès. 6. Prof- crue MATIERES. crite à Sparte. S. 9. Et en partie par Platon. 9. Son pouvoir. 13. Ses différentes efpeces. 15. Quelle efl la plus efTentielle à l'Opéra. 23. cz Jeux. N. XNAbiîes (Thomas) 113. 114» NaJJlr - E. , e & favorife les Sciences en Perfe. 201. N i ; leur conformation. 226. • -, fa paffion pour la Mufique. 12. », Poème Latin. 221. Echantillons ce ce Pocme. 236. 259. 241. 242. m j lbn Syftême du Vuide attaqué par un Anon;. 210. Les ) nivelez , ou Confpiration des In' dépendans contre la Monarchie , Intermède. 117. (Les) de Pelée £? de Théiis , Mafcarade. 284. Noirceur (Mafcarade de la) 91. Nouveauté (La) , rhapfodie dramatique. 279. Nouvelle (La) Mode, Intermède. 83. Nouvelle ( Li ) vallée de Tempe , Mafcarade. io<5. utiles du nouveau Monde découvert dans la Lune , Mafcarade. 102. Nouvelles Littéraires. 2lo. 416. Novum Scientiarum Organum , Ouvrcge de Bacon. 153. Nymphe wrtueufe-, Voyez Calijîo. o G. B e r 0 n , Mafcarade, 95* Qedipe, TABLE DES Ofdipe, Tragédie. 264. Oldmixon (Jean) 280. 282. On&ion dans les Sermons 3 réflexions là-deiïus. 176-185. Opéra-, fon origine. 17. Le premier qui fut re- présenté à Venije. 18. A Florence. 19. A Pa- ris. 20. Etablissement d'un Opéra François. 21. Opéra Sacré ou Spirituel. 22. 62. Ce qui conftitue un bon Opéra. 23. Son fort en An- gleterre. 32. Epoque de fon introduction. 43. 45. Oratorio; ce que c'eft. 22. 62. Le plus ancien qu'on ait en Angleterre. 62. 65. Comment il s'exécute. 63. Ce qui en a fourni le nom & l'idée. 66. Leur origine. 68. Ordonnateur du SpiStacle de l'Opéra -, régies qu'il doit obferver. 26. Voyez Poète. Orphée , Opéra Arglois. 60. Os ; fi le fang patte par leur partie la plus foli- de & la plus compacte. 289. P. PApes; manière de procéder en cas qu'il y en ait plus d'un. 375. Pappus d'Alexandrie ; fes Oeuvres complettes à Fetz. 199. Paradis de V Amour ; Voyez Bocage &c. Paradis (Le) des Bergers, Paftorale. 118. Parlement (Le) ordonne des recherches contre les Monopoles. 164. Ses procédures contre Bacon. 167. Parlement {Le) des Abeilles , Mafcarade. 91. PaJJlon (La) fecrete , ou la Reine fille, Tragi- Comédie. 264. Peck MATIERES. JPeck ( Mr. ) fes Mémoires fur la Vie de Crom- ivelL 210. Sur celle de Milton. ibici, Peines &f Récompenses d'une autre Vie crues par les anciens Philofophes. 419. Penfylvanie ; Chartres & Loix concernant fon • établiflement. 310. Forme de fon Gouverne- ment. 33T. Pentateuque Samaritain ; fon ancienneté. 203. Pepufb (Le Dr.) Directeur d'une Académie de Mufique à Londres. 61. 63. Perrin (L'Abbé) Directeur de l'Académie de Mufique à Paris. 21. Perjan -, utilité de cette J .angue. 200. Pbarnace, Opéra Anglois. 60. Pbillis of Scyros , Paftorale. 285. Pbilotas , Tragédie. 95. Pigeon -y fantaifie marquée d'un oifeau de cette efpece pour un Air d'Opéra. 14. Plaifir ( Le ) reconsilié avec la Vertu , Mafearade. loi, Plaifir s (Les) au château de Kenehvortb, Maf- earade. 84. Platon ne rejette pas abfolument la Mufique. 9. Pcè'me fur les Maladies hypochondriaques & hy- fteriques. 222. Efprit & goût de ce Poé'me. 237. Po'tte (Le) doit s'entendre avec le Mufiden & l'Ordonnateur du Spectacle dans la cWipoll- tion d'un Opéra. 25. 31. Poëtereau (Le), Satire comique. 88. Pope (Mr.) Ouvrages auxquels il a contribué. 56. 62. fon Recueil des meilleures Poélles Latines d'Auteurs Italiens. 212. Poivell ( George ) 27S. Préludes. 28. Tome XV Pan TT. tî Vrin> TABLE DES Princeffe (La) d'Iflande, Opéra. ' 28ï, PropbeîeJJe ( La ) ou Hijleire de Diocîetien , Opé- ra. 271, Pfycbé, Opéra Anglois. 257. Pfycbé débauchée , Opéra burlefque. 262. Purcell (Henri) 272.273.283. Q. V/Uatre (Les) Saifons, Intermède. 281. Quinaula contribue à perfectionner l'Opéra . François. 22. R. REcitatif des François & des Italiens* 30. Reine ( La ) des Fées , Opéra. • 275. Reine ( La ) des Indes , Tragédie. 248. Reine ( La ) fille -, Voyez PaJJlon &c. Reines (Mafcarade des) 93. Religieux ( Le ) Efpagnol , ou la double Découver- te , Tragi- Comédie. 265. Religieux -, fardeau inutile de la terre. 348. Renard (Le) -y Voyez Vulpone. Ricb (Mr.) 56. Ricbanl (Louis) Il6. Rinucmni ( Ottavio ) Inventeur de l'Opéra. 17. Amoureux de Marie de Medicis. 19. Roi (Le) Arthur y Opéra dramatique. 272. Rolli ( Mr. Paul) 5g. Romains, leur goût pour la Mufique. 12. Rofalinde, Pièce dramatique. ^9-74. Rofemojide, Opéra de Mr. Addijon. 37. 49. S. MATIERES. S. Ç » 7 Al mac ida fpolia, Mafcarade. iT5* Samautain ; utilité de cette langue pour l'intel- ligence de l'Ecriture. 203. Sipientia veterum-, Ouvrage de Bacon. 144. Saunderfon (Mr.) fon Traité de l'Algèbre. 420. Scbifrr.e-, ce que c'efl. 3^5» Sciences-, Ouvrage de Bacon fur leurs progrès. 142. Seule (Elkanah) 280. Sbadwell (Thomas) 257- Sbakej'pear j époque de fa mort. 99* Sbirley (Jaques) 10S. 110. 116. 125. 126. Siège de Rbodes, Pièce dramatique. 244. Simplicité ; Voyez Union. Smitb (Mr. ) 2. Son jugement fur la Rofemonde de Mr. Addifon. 37- 49- 5^- Somerfet (Comte de) empoifonne le Chevalier Tbomas Overbury. 147. Singularité de fa con- duite. 152. Lettre hautaine qu'il écrit au Roi. 153- Sot ( Le ) parvenu , Comédie. 270. Stukeley (Mr.) fa Diflertation fur un ancien mo- nument des Druides. 214. Sulpitius (Jean) cenfé d'avoir inventé l'Opéra. 18. Swift (Mr. ) a part à l'Opéra du Gueux. 56. Sykes (Mr. le Dr. Artbur Asbley) fon Traité fur la Religion. 214. Syriaque -, utilité de cette langue pour l'intelli- gence du N. Teftament. 2c2. Syjîûme (Le ) du Monde en forme de Dialogue. "12- F f 2 ' i T TABLE DES T. "Ableau; Voyez Miroir. Talmudi utilité de l'étudier. 193, Targums-, ufage qu'on en peut faire.). #94. Tate (Nahum) £.66. Tçmpêtâ (La) , Comédie. 249. Tempête (La) pour rire, ou le Château enchanté y Opéra burlefque. 257. Temple (Le) de l'Amour, Mafcarade. 114. Tempuris Partus maximus-, Ouvrage de : Bacon qui s'eft perdu. 134. Théâtre à louer. Pièce dramatique. 252. TbédtféJ (Les) fuporimez fous Cromwell. 119. Tbftfis, Paftorale. , 280. Tv>r>e vindicaud to biinfelf Sec. Mafcarade. 103. Timotbée excellent Mulicien banni de Sparte. 8. 10. Tite- Live-, fes Oeuvres complettesà Fetz. 199. Townfend (Aurelien) 107. Traître ( Le) à lui - même , ou le Cœur de V Hom- me f on plus grand Ennemi, Intermède moral. 261. Tribunaux monaftique s , exemple de leur cruau* té. 361. Triewâîd (Mr. Martin) fa Lettre fur le moyen de perfectionner la Cloche des Plongeurs. 306. Triomphe d'Albion, Mafcarade. 106. Triomphe t Augura, Opéra. 271. Triomphe de la Beauté, Mafcarade. 116. Autrt du même nom. 25S. Triomphe Us l'Amour à Caliipolis , Mafcarade. 104. Trie m- MATIERES. Triomphe de la Paix, Mafcarade. 10S. Triomphe de Neptune au fujet du retour d*AHtion% 107. Triomphes (Les) de l'Amour & de l'Antiquité, Mafcarade. I - ~. Triomphes ( Les ) du Prince d'Amour , Mafcara- de. 112. Troilus ty CreJJiiU, ou la Vérité trop tard reconr . nue, Ttagédie. I j 264. Tumbull ( Mr. ) fa Philofophie Chrétienne. .Tiy. \ V. 7 Bl|RDGGEN (j^80) Z~$. Vèrita trop tard reconnue ; Voyez Trzilus. Villicrs, devient favori de 'J-^uis I- I4/>- ^"_ mande des avis à Bacon, iînd. Rapidité de fa fortune. 154. Voyez au refte B&kin$anL Vipères-, expériences fur lear morfure & Je re- mède qui la guérit. 291. Vifion (La) de Délices, Mafcarade. 99. Ulug-Bsig; utilité de fes Epoques. 200. Union (Loi de V) ou de h Simplicité; ce qu'el- le exige dans l'Opéra. 23. Veltaire (Mr. de) ce qu'il dit du Nevum Qrga- num de Bacon 15S. Son fentiment fur les Efjais de Morale du mine- 172. Vu.pone, ouïe Renard, Comédie. jjp, W. W Age* (Louis) Sj. s (Mr.) fa relation d'un tremblement de terre. 303. Jiraterl:rd (Mr, le Dr. ) fon difrours fur la na- Ffi ttfK TABLE DES MATIERES. ture des Sacrifices. 213. Son Sermon contre les MéthodiUes. xbid. Weidkr (Mr. Jean- Frédéric) fa relation d'une éclipfe de la Lune. 302. Weldon (Le Chevalier Antoine) 151. Elverton (Lç Chevalier Henri ) , fa fer- meté. 142. Fin de la Table des Matières. On On trouve chez Pierre de Hondt, Libraire à la Haye, un bel Ajforîiment de Livres Anglois , enîr 'autres. ANderfon, Royal Genealogy, or the Genealogical Tables of Emperors , Kings and Princes , from Adam to thefe Times, in two parts. Lond. 1736. fol. le même Grand papier. Armftrong , a Synopfis of the Hiitory and Cure of Venereal Difeafes, Lond. 1737. S. Bunyan the Works of that eminent fervant of Chrift, being Difcourfes upon various Divine fubjecls , revifed by the Rev. Mr. Samuel Wilfon , Lond. 1737. 2 vol. fol. The Baronettage of England , being an Hiflorical and Genealogical Account of Baronet, from their nrft Inilitution in the Reign of King James I. Lond. 1720. 2 vol. 8. Bradley Diclionarium Botanicum, or a Botanical Didionary for the ufe of the curious in Husbandry and Gardening, Lond. 1728. 2 vol.. 8. British Librarian exhibiting a compen- (Uous Review or abitract of our mofl: Ff } lcar- CATALOGUE. fcarce ufeful, and valuable Books in ail Sciences as well in manufcript as in print, Lond. 1737. 8. Blair, our Saviours Divine Sermon on the Mount, contained in the Vth., VIlh. and VII*. Chapters of St. Mat- thew Gofpel;Explained, and the Prac- tice of it recommended in divers Ser- i mons and Difcourfes , with a recom- mendatory Préface by the Rev. Dr. Waterland, Lond. 1740. 4 vol. ïïi Cole, Hiflorical and Political Memoirs, containing Lettres written by Sove- .• reign Princes , State- Mi nifters, Admi- rais, and General -Officers, &c; from almoft ail the Courts in Europe, be~ ginning with 1697. tho the end of 1708. Lond 1735. fol. — le même grand papier. Chawfurd, the Lives and Charatters of the Officers of the Crown and State in Scotland, Lond. 1736. fol. Collier, an Ecclefiaftical Hiflory of Great Bntain chiefly of England , Lond. 1714. 2 vol. fol. Crowden, a Complète Concordance to the Holy fcriptures of trie Old and • New Teftament, in two parts, Lond. 1738. 4- Collins , the Life and glonous. Actions of Edward, Prince of Walles, eldefl Son of King Edward the Third, alfo the Hifto- CATALOGUE, Hiflory of his Royal Brother John, à? Gaunt , &c. Lond. 1740. 8. Evelyn Numifmata, a Difcourfe of Me- dals ancient and modem , together « -with fome Account of Heads and Effi- gies of illuitrious and famous perfons in Sculps and Taille - douce , Lond. 1697. fol. Enquiry into the Life and Writings of Homer, Lond. 1736. 8. fig. Erskine , a Collection of Sermons on feveral fubjeds, with a Préface by the Rev. Bradbury, Lond. 1738. 8. Faith and Pradtice , reprefented in fifey- four Sermons on the principal Heads of the Chriflian Religion by Watts , Neal , Guyfe, Price, Jennings, Hub- bard, Lond. 1739. 2 vol. 8. Gentleman, the Hiftory of Popery* Lond. 1735. 2 vol. 4. Gratian, the Compleat Gentleman, or a Defcription of the feveral Qualifi- cations both natural and enquired that are necefiTary to form a great Man, Lond. 1730. 8. Hiftory of the Ottoman Empire , illuftra- ted with ufeful Notes of Mr. Sandys, Mr. Addifon , &c. adorn'd with copper plates. Lond. 1740. fol. HolderaTreatife of the natural GroundS and Principles of Harmony , Lond. 1731. 8. John- CATALOGUE. Johnfon , the Hiftory of Adam and Eve , or an Hiftorical and Critical Account. ■ of the Origfeiatibn and Fall of Man, Lond. 1740. fol. fig« King , British Merchant or Commerce preferv'd, Lond. 1721. 3 vol. 8. Lediard, the Naval Hiftory ofEngland in ail its Branches , from the Norman . Conqueft in the year 1066. to the con- clufion of 1734, Lond. 1735. Lambarde , Dictionarium Angliae Topo- graphicum & Hiftoricum , an Alphabe- tîcal Defcription of the chief Places in England and Wales , Lond. 1730. 4. Maitland, the Hiftory of London from its foundation by the Romans to the prefent Time, Lond. 1739. f°l- Montrofe, the Hiftory of the Troubles of Great Britain , Lond. 1738. fol. Mafcow, the Hiftory ofthe ancientGer- mans, including that of the Cimbri, Suevi, Allemanni, Franks, Saxons* Goths, Vandals and other, ancient Northern Nations &c. Lond. 1738. 2 vol. 4. The Mufical Mifcellany , being a Collec- tion of choice Songs , and Lirick Poëms, Lond. 1731. 6 vol. 8. Millar, the Hiftory ofthe propagation of Chriftianity, and the overtrow of Paganifm, Lond. 1731. 2 vol. 8. Martinii de Similibus Animalib.us & Ani- malium Calore, Lond. 1740. 8. • Mal- C A T A L O GUE. •Mallêt, the Life of Francis Bacon Lord ! Cancellor of England, Lond. 1740. 8. Mariine Eflays Médical and Philofophi- cal , Lond. 1740. 8. T. Pyle , a Paraphrafe with fhort and ufeful Notes on the books of the Old Teftament after the manner of Dr. Ciarke en theEvangeliits, Lond. 1738. 4 vol. 8. Patoun , a complète Treatife of pracli- cal Navigation, demonftrated frem it's firfl Principles ; together with ail the neceffary Tables, Lond. 1739. 8. The Quaker and Methodill compared , in an abflrad: of George Fox's Journal , with a Copy of lus lait Wïlland Tef- tament and of the Rev. Mr. George Whitefield's Journals, Lond. 1740. 8. Strype, the Lives and A&s ofMatthew Parker, the firfl Archbishop of Canter- bury in the Reign of Queen Elizabeth, Lond. 1711. fol. Taylor alias Domville, the Hiftory and Antiquities of Harwich and Dover- court, Topographical, Dynaftical and Political, illiiîtrated with many cop- per Plates and Obfervations , by Samuel Dale, Lond. 1730. 4. Thomfon , the Seafons , Lond 1730. 4- fig- the Works, Lond. 173S. 2 vol. 8. Wood, Athenae Oxonicnfcs , an exact Hifto- CATALOGUÉ. Hiftory of aile the Writers and Bif- hops , who hâve had their Education in the raoft ancient and famous Uni- verfity of Oxford , Lond. 1721. 2 vol. fol. Wright, fome Obfervations made in Travelling through France , Italy , &c. ' in the Years 1720, 1721, and 1722., Lond. 1730. 2 vol. 4. fig. The Works of John Sheffield Earl of Mulgrave , Marquis of Normandy and Duke " of Buckingham , Lond. 1740. 2 vol. 8. 3C5&A&©? qc>