BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SCAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE: Pour les Mois D'AVRIL, MAI et JUIN. M D C C X L I. TOME DIX-SEPTIEME, PREMIERE PARTIE, A L A HATE Chez PIERRE DE HONDT. M DCC %LU TABLE DES ARTICLES. Art. I. T^yT R. Pope , les Tomes V. & JLVJl VI. de fes Oeuvres , conte- nant/es Lettres , & des Lettres de fes Amis. pag. i II. Pamela, ou la Vertu recompen- fée ; Hifloire dejlinée à cultiver les principes de Religion d9 de Vertu dans le cœur de la Jeunejfe. 28 III. Mr. Jean Ward; Les Vies des Profejfeurs du Collège de Grefham à Londres, avec la Vie du Fonda- tear & un Appendix fnflru&if. 60 IV. Lettre à un Jeune-homme pour le dijpuader de prendre les Ordres fa- crez. 86 V. Ciceron ; fes Académiques, ex- cellente Edition par un des Mem- bres de la Société Royale. 102 VI. Mr. Conyers Middleton ; fin Hifloire de la Vie de Cice- ron, 118 * 2 VII. TABLE DES ARTICLES. VII. Hifloire & Procédures de la Cham- bre des Communes de la Gran- de-Bretagne, avec les Difcoars qu'on a faits dans cette Chambre , & les Débats qiCil y a eu, depuis la mort de îa Reine Anne. 150 VIII. Mr. Mallet ; Projet pour im- primer par Souscription fon Hiftoi- re du Bill cVExclufton contre Ja- ques Duc J'Yorck. 217 IX. Nouvelles Littéraires. 220 BIBLIO- BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OU TR AGES DES SAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE- Pour les Mois d'A vril, Mai et Juin. MDCCXLI. ARTICLE PREMIER. The Works of , Alexander Pope , Efq ; Vol. V. conlilting of Letters &c. VuL FI. containing the Remain- der of his Letcers &c. Tome XVII. Part, L A C'efl- 2 Bibliothèque Britannique, Ceft-à-dire : Les Oeuvres de Mr. POPE, Tomes V. & VI. contenant [es Lettres , &? des Lettres de fa Amis. A Londres , chez 7- Roberts dans ïfrai\vick - lane. MDCCXXXVIL In Ocla-jo. Piges 159. p nir le premier de ces deux Ternes , fans compter un Avert[(fement . une Table des Lettres £f une Préface. Pages 308. pour le fécond , fans compter un Catalogue des Editions fubreptices , &f la Préface de l'Edition fubreptice de mil fept - cens trente cinq. IL Y A plus de treize ans que les Lettres de Mr. POPE font du bruit en Anglererre, s'impriment fans fon aveu, lui donnent du chagrin, & lui font hon- neur. Un Extrait détaillé de ces Let- tres feroit fans doute beaucoup de plai- firàtous ceux qui aiment les belles cho- fes, qui connoiifent d'ailleurs Mr. Pope, & qui ont quelque idée de la Littéra- ture Angloife. Mais leur curiofité ayant déjà été fatisfaite , au moins en partie , dans les Tomes VI & X de la Biblio- thèque Britannique , enforte que nous pouvons aflez bien abandonner le projet d'un Extrait détaillé, ou du moins en fuf- pen- Avril , Mai et Juin. 174L 3 pendre l'exécution ; nous nous conten- terons dans cet Article , d'ébaucher PHiftoire des diverfes Editions que l'on a données au Public jufqu'à préfent des Lettres dont il s'agit. |v t LAPREMTERE Edition parut en MDCCXXVI1 , en un petit volume in* douze, imprimé pour le Sieur Edmont Curll , le même qui eft tympanifé dans l'efpece de Tragi-farce dont nous avons parlé en faifant l'Extrait du Mélange de Metteurs Pope & Swift. B. Br. T. IL P 2. Art. V. pp. 356-360. Cette première Edition ne contient que les Lettres addreflees à Monfieur Cromwell; & elle a pour titre, félon le Catalogue imprimé dans celle que nous venons d'annoncer , Lettres familières à Henri Cromivell , Ecuyer , par Mr. Pope \ en Anglois : Familiar Letters to Henry Cromzuell , Efq; by Mr. Pope. Ce titre eft bien fimple. Cependant Mr. Cromwell ( dans une Lettre du fix de Juillet mil fept-cens vingt -fept, qui fait partie dç la Préface de l'Edition fubreptice de trente- cinq ) dit à Monfieur Pope, que lorfque fes Lettres devinrent publiques, il ne put s'empêcher de rire du titre pompeux fous le- quel elles paroiflbient. Peut-être le Ca- talogue n'en donne-t-il le titre qu'en abre- A 2 gé; 4 Bibliothèque Britannique, gé; défaut très- ordinaire dans les Cata- logues des Libraires Anglois. Peut-être auffi qu'elles ont été débitées fous deux titres différens : cette petite fourberie n'eft pas fans exemple. Peut-être enfin que Monfieur Cromwell jugeoit alors du vrai titre par quelque annonce charla- tane, telle qu'on en trouve quelquefois dans les Avertiflemens des Gazettes : au moins infmue-t-il qu'il n'avoitpas encore vu le Livre même. Quoiqu'il en foit,le Libraire Editeurdes Lettres de Monfieur Pope à Monfieur Crom- well les tenoit d'une Dame , à qui Monfieur Cromwell 'les avoit données, douze ans aupa- ravant , pour en faire ( difoit-elle) ce qu'il lui plairoit : ce font fes propres paroles dans une Lettre qu'elle lui écrivit à lui-même le vingt -feptième de Juin MDCCXXVII , & à laquelle il ne jugea pas à propos de repondre. Il fe conten- ta d'écrire là -deffus à Monfieur Pope, & ne lui nia pas abfolument la vérité de ce qu'elle avançoit. Il lui allégua feulement pour fa juftificatlon , qu'il n'avoit pas prévu que cette Précieufe ( comme il l'ap- pelle ) s'aviferoit jamais de faire impri- mer les Lettres en queftion. Sa grande efiime , dit-il , pour tout ce que vous écrivez , 0° fa paffion pour avoir vos Lettres , fu- rent ( je penfe ) ce qui me détermina à les lui laiffer . . . J^efpère que confiderant de fens froid combien de milliom de fois les Fils cPA- Avril, Mai et Juin. 174t. 5 d'Adam , à V exempte de leur Père, ont été trompez par des Femelles , vous jugerez avec indulgence de la faute involontaire de celui qui eft votre fidèle Ami & votre très -humble ferviteur , Henri Cromwell. Mr. Pope y dans une de fes Notes fur fa Dunciade , ( Liv. II. f. 66. ) parlant des Lettres dont il s'agit, dit qu'il eut honte de les voir entre les mains du Public , parce qu'elles étoient , pleines , non feulement de bagatelles , mais de faux jugemens .... qui ne pouvoicnt s" ex eu fer que par la jeuneffe & par l'inexpérience de l'Auteur. Et s'il faut en croire le Catalogue des Editions fubrep- tices , il y avoit quelque chofe de plus : car le Catalogue porte , que cette [premiè- re ] Edition renferme des verszïe. attribuez a Mr. Pope , qui ne font point de lui. Les Editions poftérieures (excepté une dont il fera parlé dans fon rang) ont confer- vé dans une des Lettres de Mr. Pope à Mr. Cromwell, une tfp cce de Rondeau que Mr. Pcpe donne pour le premier Rondeau qu'il fçache avoir été fait en Anglois ; ce c'eft une petite Pièce qui dans fon genre eft aiTez jolie. Mais comme elle eft un peu gaillarde , on peut préfumer qu'elle eft du nombre de ces bagatelles dont la publication fut une des railbns du mé- contentement de l'Auteur. Il eft à remarquer au refte, que dans la Lettre où le Rondeau fe trouve, Mon- iieur Cromwell eft prie de faire part de A ^ cette 6 Bibliothèque Britannique , cette nouveauté à Sapho j & que Sa- pho eft ici la même que cette Précieufe dont il a été parlé ci-defïus, la même à qui le Public eft redevable des premières Lettres de Monfieur Pope qui ayent vu le jour. Son véritable nom étoit Ellfabetb Thomas, C'eft le nom qu'elle avoit reçu de fon Père , & le feul nom véritable fous lequel elle ait été connue. Mais outre le nom poétique de Sapho, elle a porté celui de la célèbre Emule de Pindare \ & c'eft fous ce nom qu'elle eft l'Héroïne des Mémoires intitulez Pylades and Co- rinna , à la tête defquels on lit fa Vie , écrite par elle- même, s'il en faut croire le titre , & telle qu'on l'a trouvée par- mi fes papiers après fa mort; le tout fai- fant deux volumes in-o&avo d'une médio- cre grofleur , imprimez en MDCCXXXI, fi je m'en fouviens bien , pour le même Libraire à qui elle avoit fourni les ma- tériaux de la première Edition des Let- tres de Mr. Pope, auxquelles je reviens. MI. LE CATALOGUE que j'ai déjà cité ne dit rien de celles qui furent publiées in-oftavo en MDCCXXIX. Mais il en eft fait mention dans un autre endroit par Monfieur Pope lui-même : Et comme ce qu'il en dit femble avoir quelque lisi- fon avec ce qu'il raconte immédiatement au- Avril, Mai et Juin. 1741. 7 auparavant au fuj et des précédentes, on ne fera pas fâché de voir ici en entier le partage où il parle des unes & des autres. ,, J'avois été traité d'une manière fort ,, défagréable [ dit-il ] par la publication „ de quelques Lettres écrires dans ma ,, jeunefle , lefquelles étoient tombées „ entre les mains d'une Femme qui „ les fit imprimer en 1727, fans mon » confentement & fans celui de l'Ami à „ qui elles avoienteté écrites. Ce tour „ qu'on venoit de me jouer , & l'ap- ,, préhenfion où j'étois qu'on ne m'en „ jouât plufieurs de la même efpece , ,, m'obligèrent de retirer mes Lettres , ,, autant" qu'il me fut poflible , d'entre ,, les mains des Perfonnes que je foup- „ çonnois d'en avoir garde quelques unes. ,, Je fus fâché de voir combien il y en m avoit ; mais pour en diminuer le nom- f, bre, j'enjettai d'abord au feu les trois ,, quarts : Etfi j'épargnai celles qui ref- „ tent , ce n'eft point que je les prefé- „ rafle comme mieux écrites, mais uni- „ quement parce qu'elles étoient propres, u foit à conlerver la mémoire de quelques M amitiez qui me feront toujours chères, m foit à mettre dans leur vrai jour cer- ,, tains faits où les Barbouilleurs dutems „ croyoierit avoir trouvé de quoi ternir „ la réputation de mes Amis oulamien- ,, ne. Je mis donc à part les originaux A 4 „ dz 8 Bibliothèque Britannique , „ de ces Let res avec celles de mes Cor- „ refpondans, & j'en fis tirer une copie „ pour la dépofer dans la Bibliothèque „ d'un Seigneur de mes Amis [ of a Noble „ Friend ] ; afin qu'on pût en faire tel „ ufage qu'il conviendrait , foit de mon m vivant ou après ma mort, en cas que ,, certaines médisances vînflent à fe re- 9, nouveller , eu que quelques - unes de „ mes Lettres fû lient encore publiées „ fubrepticement. Les Oeuvres pofthu- „ mes de Mv.Wycberley [ continue Mr. Po- „ pe ] furent imprimées l'année fuivante n d'une manière qui fit allez peu d'hon- „ neur à fa mémoire f- On crut , en „ bonne juilice , devoir montrer aumon* „ de qu'il avoit trop de bon -fens pour 9> vouloir qu'elles tuflent publiées , & m que fa dernière réfolution étoitdeles n fupprimer. Et comme quelques- unes ,, des Lettres que nous nous étions écrit, „ pouvoient éclaircir ce point, elles fu- 93 rent rendues publiques en 1729, avec 9, un petit nombre de notes marginales 9> ajoutées par un Ami. Ce qu'on vient de lire en: extrair d'une Fiece dont il y a deux Editions , qui dif- fèrent en ce que Mr. Pope paile de lui comme d'un tiers dans la première , au lieu que dans la féconde il parle enfon pro- | J'âf^ailé sillcurs des Oeuvres Pcfi humes de WycbtrUy. Voyez Bibl, Br. T. V. i.& IX. a. Avril, Mai et Juin. 1741. 9 propre nom. Mais ces derniers mots , ajoutées par un Ami, ne fe lifent que dans la première , quoique du refte j'ayefuivj la féconde, ou ces mots ont été fuppri-i mez , & fupprimez apparemment a def- fein , comme pour iniinuer queMr. Pope ne fe diftingue point de i'Auteur des no- tes marginales ajoutées aux Lettres de Wycherley , ni par conséquent de l'Edi- teur de ces Lettres , qui le confond na- turellement avec P Auteur des notes. I es Lettres de Wycberhy ont é»é imprimée» avec celles de Mr. Pope. Si Air. Pope y a confenti,on aura peine à croire qu'il ait abandonne à d'antres le foin de l'Edi- tion ; & s'il n'y a pas confenti, on con- cevra Gifiiciiement qu'il aie pu en parler fans le plaindre. Ce qu'il y a decertain , c'eft que cette Edition, comme on l'a dit, n'a point placée dans le Catalogue des Editions fubreptices. Ainfi elle doit faire une petite exception , ce femble , à ce que nous avons dit en termes gé- néraux , du chagrin qu'a donné à Mr. Pope , depuis treize ou quatorze ans , la publication de fes Lettres ; & à ce qu'il dit lui- même immédiatement avant le pafiage cité tout- a- l'heure ; ,, quefi „ les Lettres plaifent à lés Lecleurs, ils ,, en ont toute Pobligation à la bonté de ,, fes Amis qui les ont confervées , & à ,, la malice de fes ennemis, fans qui elles f, n'auraient point vu le jour. . . ". : A 5 fpit io Bibliothèque Britannique, fcrt qu'ilait publié lui-mcme volontaire- ment fes Lettres à IVycberley , ou que , par des raifons qu'on ignore , elles ayent été rendues publiques contre fon gré ; il y a beaucoup d'apparence que la publica- tion de ces Lettres , lefquelles il étoit naturel de réimprimer quelque jour avec celles qui avoient déjà paru en 1727, fit naître l'idée d'en recueillir un nombre plus confiderable , & fut caufe par -là de tout ce qui a le plus chagriné Mon- fieur Pope. §. III. SES GRANDS GRIEFS ont pour objet un manège de Curli, qui commença à éclater en MDCCXXXV, par la publi- cation d'un nouveau Recueil de Lettres, dont celles qui apartiennent à la cor- respondance de Mr. Pope avec Meilleurs JVycherley & Cromzvell ne font gueres qu'une quatrième part. Le titre ell : . . Mr. Pope's Literary Correfpondense for tbirty Tears , from 1-04 to 1734. Being a Co/leâion of Leiters which paf]edbetv:eenhim and Jeveml Ewinent Perfons , Volume tbe Firft, London. Prin'edfor E. Curtt, in Rofe^- ftreet, Covent-Garden. M. DCÇ. XXXV. C'e(l-à-dire : Commerce Epijîoîaire de Mr. Pope avec diverfes Avril , Mai et Juin. 1741. 11 diverfes Perfonnes considérables : ou Recueil de Lettres qu'il leur décrites , C qu'il en a reçues pendant Pefpace de trente ans , depuis 1704. juj qu'en 1734 , Tome Premier. A Londres. Chez Edmond Curll , dans Rofe-flreet , proche de Covent^Garden. 1735. C'eft à la tête de ce Volume que fe trouve la Préface que nous avons cirée fous le titre de Préface de P Edition fubreptice de 1735. On nous allure , dans le Catalogue des Editiors fubreprices, que ce Volume contient diverfes lettres qui ne font pas géminés. Mais fûlTent- elles toutes d'une génuinùé inccnteftable , où eft-ce que l'Edi- teur en a pris un fi grand nombre qui n'avoient jamais paru ? Qui eft-ce qui les lui a vendues ? Qui eft-ce qui les a déro- bées , fbit du cabinet de Mr. Pope ou de les Amis , foi: de la Bibliothèque où il avoit dépofé une copie de plufieurs de leurs Lettres & das ilennes ? Qui eft-ce qui peut avoir prêté la main fecretement à un manège, contre leqiel on devoit prévoir qu'il fe révolter it encore plus que contre la publication de fes Lettres à Moniîeur Cromivett en 1727 ? C'eft un myftère qu'il nous feroit peut-être impofiible de bien expliquer, & dont l'explication (Virement nous mè- nerait trop loin. Bornons-nous à en dire le refultat en deux mots. Mr. Pope s'eft plaint hautement de fon avanture : Le Libraire 12 Bibliothèque Britannique , Libraire s'en efl iroqué avec impuden- ce : Et le Public en a profité avec em- prefîement. Si bien que la même année , MDCCXXXV , a vu paroître chez le même Libraire trois Editions du même Recueil de Lettres : la féconde Edition , comme la première, in-ofiavo ,& la troi- sième in-douze. Trois Editions dans un an , c'eft beaucoup : Mais il y a plus. §. IV. CES trois Editions ne font que celles de Curll; & le Catalogue cité en indi- que quatre autres publiées la même an- née. La première in-oftavo en deux volu- mes , pour le compte des Libraires de Londres & de Weftminiler : Printed and foîd by tbe Bockfellers of London and W~efl~ rninfler; ce qui, dans le ftile des titres de Livres Anglois, lignifie à-peu-près la mê- me chofe, que lorfqu'il y a dans le titre d'un Livre François, A Cologne , chez Pierre Marteau. La féconde , pour le compte des mê- mes Libraires, en deux volumes in- douze; avec un Fattum narratif &c. La troifième in - douze auflî , & pour le compte des mêmes Libraires encore ; avec un Titre qui allure, qu'elle contient plus de Lettres qu'aucune autre, quoique toutes les augmentations qui la diftmeuenc fe Avril, Mai et Juin. 1741. 13 fe reduifent ( dit le Catalogue ) à deux Lettres prétendues de l'Evèque de Ro- cbefler , déjà publiées par Curll lorfque cette Edition parut. La quatrième , en deux volumes in- douze , pourT.Cooper , àVenfcigneduGlobe dans Pater-nofter - Row: dans laquelle on a inféré ( dit le Catalogue ) la Lettre for- gée de VEvêque de Rocbefter , & quelques autres cbofes inconnues à Mr. Pope. Voilà fept Editions dans un an, & en- core n'eft-ce pas tout. $. V. Curll publia , dans le cours de la même année 1735. deux Editions ( Tu- ne in-Oftavc, l'autre in- douze) de deux nouveaux Volumes, dontles titres annon- cent un Tome fécond & un Tome troi- fième du Commerce Epiflotaire de Mr. Pope, & qui contiennent effectivement des chofes relatives à ce Commerce. Telles font, en premier lieu, certaines Pièces, foit'en vers, foit en profe, occa- fionnées directement ou indirectement par la publication du premier Tome , & par les plaintes de Mr. Pope à ce fujet. Telles font, en fécond lieu, quelques Lettres de Mr. Pope à Mr. Cromwtll, lef- quelles avoient déjà paru dans l'Edition de 1727 , mais qui avoient été iupprimées dans 14 Bibliothèque Britannique, dans les Editions postérieures , conformé- ment "ans doute ou au Manufcrit que l'Auteur avoit dépofe dans la Bibliothè- que du Comte â* Oxford , ou à la copie furrive de ce Manufcrit fur laquelle l'E- diteur fe régla dans fa première Edition de 1-35. Telles font, en troifième lieu , fix nou- velles Lettres fous le nom de Mr. Pope: Une à Mr. Dairds, en date du 3 de Mai MDCCXXI , par laquelle on voit ( ii elle efl autennque ) que ces deux Mef- lieurs terminèrent alors à l'amiable leurs démêlez littéraires : Une à Madame la Ducbeffe de Buckingbam : Et quatre à Ma- demoiselle 5/0-.?:?. Telles font, en quatrième lieu, uneLet- tredu Chevalier Richard Stcele à Mr. Den- nis , fur un fujer qui a quelque rapport avec celle de Mr. Pope au même Mr. Dennis ; & deux Lettres fous le nom du célèbre Docteur Jtterbury , Evëque de Rochefler, add reliées à Mr. Pape. Telles font , en cinquième lieu , ou telles au moins peuvent être cenfées, trois Let- tres de l'Abbé C n, fuivies d'un petit Avertiflement, où l'Editeur nous affure, que Y Abbé C n elt Mr. Pope lui - même , qui a eu fes raifons pour fe déguifer. Telles font enfin , fi Ton veut , quel- ques Pièces en vers , ou indiquées dans les Lettres de Mr. Pope, ou qui au moins paroifient ici fous fon nom, & qui avec cela Avrtl , Mai et Juin. 1741. 15 cela paroiflant comme anecdotes , n'a- voient befoin que du prétexte le plus lé- ger pour accompagner fes Lettres. Mais ourre que toutes ces Pièces mifes enfemble ne feroient pas le demi-quart des deux Volumes où elles fe trouvent confondues avec d'autres Pièces abfolu- ment étrangères au Commerce Epiftulai- re de Mr. Pope ; il y a ici plus d'une imper- tinence à obferver à l'égard même des Pièces qui ont quelque rapport avec le titre , & particulièrement dans celles de la première Gaffe que j'ai indiquée. Monfieur Curll eft plus que Libraire. Il eft un de ces Libraires diltinguez qui s'élèvent au defTus de leur condition : Correcteur, Editeur, Compilateur, Au- teur, Profateur, Verfificareur , & avec cela Brocanteur intriguant & hardi de curiofitez littéraires, une efpece de Pa- nurge , moins plaifantpeut-être que celui de Rabelais , mais en revanche aulli un peu plus impudent. Citons-en deux ou trois exemples , tirez des deux volumes dont je viens de parler. A la tète du premier de ces deux volumes eft un Avis au Lecteur , figné Pbilaletbes , où Mr. Pope eft appelle ce petit pétulant Mon- fieur ; en Anglois: tbis pétulant UttleG:nt- leman. Cet Avis eft iuivi d'une Lettre à Mr. Pope y fignée Curll, dans laquelle, après l'avoir raillé fur fa taille & lui avoir chanté pouille , en lui annonce que l'on a des iô Bibliothèque Britannique , a des matériaux pour un nouveau volu- me^ on l'invite à en fournir lui-même. Le volume où cette invitation lui eft addreflee , finit par une Satire en vers contre lui. Et foie dans le même volume ou dans quelque autre ( car je ne puis pas actuellement retrouver l'endroit ) le Libraire, parlant de fon Enfeigne où il a fait peindre Mr. Pope depuis qu'ils font brouillez , fe vante de l'avoir ainfi fait pendre en effigie. Il y auroit peut-être fur tout cela quelques réflexions à fai- re; mais elles nousmeneroient trop loin. Nous fupprimons pour la même raifon, ou renvoyons à une autre fois, le détail où nous pourrions entrer au fujet des diverfes Pièces contenues dans les deux volumes en queftion & dans les autres publiez par le même Libraire. Ne finirions pourtant pas fur ces deux volumes fans remarquer, d'après le Ca- talogue des Editions fubreptices, i°. Qu'il n'y a dans le premier de ces volumes que deux Lettres addreffées à Mr. Pope \ l'une attribuée au Docteur Atterbury , Evêque de Rochefter; & une autre fous le nom du même , mais laquelle on foutient formellement contre Curll n'être point de ce Prélat. 2°. Qu'une ou deux Lettres du même volume, fous le nom de l'Abbé C n, mifes fur le compte de Mr. Pope par le Libraire, ne font point de Mr. Pope. 3°. Avril, Mat et Juin. 1741. 17 3°. Que dans le deuxième de ces vo- lumes , il n'y a qu'une feule Lettre de Mr. Pope à la DuchelTe de Buckingbam , imprimée contre les ordres de cette Da- me ; & que les quatre prétendues Lettres de Mr. Pope à Mademoifelle Blount , font prifes mot-à-mot d'une vieille traduction des Lettres de Voiture. VI. Es MDCCXXXVI , Curfl publia un quatrième volume du Commerce Epifto- laire de Mr. Pope, in-oâavo encore & in- douze. Ce quatrième volume cependant ne contientpas une feule Lettrede Mr. Pope. VII. Vers la fin de la même année, ou au commencement de MDCCXXXVII , Mr. Pope publia lui-même fes Lettres en un volume in-quarto, avec une Préface que l'on fent bien qui eft de lui, encore qu'elle parle de lui , comme fi elle étoit de quel- que autre. Peu de tems après parut chez Curtl un cinquième volume du Commerce Epiftolaire. Une efpece d'Epître dédi- catoire qui fe lit à la tête de ce vo- lume , annonce qu'on y trouvera tou- tes les Lettres nouvelles de l'Edition in- qiurto , laquelle on fcavoit alors être Tome XVII. Part, L B aftuel- £8 Bibliothèque Britannique , actuellement fous prefTe. Cette Epitre eft datée du 5 de Novembre MDCCXXXVi ; & un Avertiflement , qui fait la clôtu- re du volume , eft daté du 8 de Juin MDCCXXXVIJ. CetAvertiflementm- dique plufieurs Lettres omifes dans 'l'E- dition in-quarto , & nous affaire de plus , que dans les Lettres qui y ont été con- fervées , on pourra remarquer la fup- preflion de divers traits confiderables , & quelques interpolations. A-peu-près dansle même tems parurent les deux volumes dont nous avons donné le titre à la tète de cet Article. On y trouve la Préface de l'Edition in^°. avec cette différence, que Mr. Pope y parle de lui à la première Perfonne. Cette Préface eft la Pièce dont nous avons fait mention, & dont nous avons traduit un morceau ci-deffus, §. II. Elle eft accompagnée d'un Avis des Libraires *. „ Mr. Pope ( difent-ils ) ayant été obli- „ gé de publier une Edition autentique „ de fes Lettres , afin d'en rejetter plu- „ fieurs qui n'étoient pas de lui , &ponr ,, mon- * Il n'y a qu'un Libraire ce nommé dans le titre ; fçavoir y. Roberts. Mais un titre qui por- te jour J. Roiens , & un titre qui porte ( com- me ci - rieflus §. IV. ) Chez les Libraires de Londres £? de Wtftminfter , c'eft aujourd'hui la mêmechofe , au moins en bien ces cas, pour ceux qui connoiiïent l'état de la Librairie Angloife. Avril , Mai et Juin. 1741, 19 i9 moncrer qu'il défapprouvoit lapublica- „ tion de quelques autres , écrites dans fa t, jeuneffe 6z imprimées à fon infçû ; il ,, a iemblé vouloir en fupprimer autant „ qu'il lui étoit poliible. Cependant , „ comme les mêmes perfonnes qui avoienc ,, commencé à les publier malgré lui, i, continuant à lui faire cette efpece de „ violence, ont averti le Public qu'ils al- „ loient donner une Edition nouvelle, *, où l'on retrouveroit toutes les Lettres ,, omifes dans VEdr. on in-quarto , & » ont même actuellement publié lespre- „ mières feuilles de cecte nouvelle Edi- m tion ; nous avons pris la liberté de les 5, prévenir , mais d'une manière plus ,, conforme que la leur auxloixde Fex- ,, attitude & à celle de l'honnêteté. „ Nous avons rendu à F Auteur la jufti- „ ce de n'inférer ici que des Lettres gé- „ nuines, & de distinguer par un Afté- „ rifque , dans la Table des Lettres , „ celles qui ont été imprimées fans fon ,, confentement , & qui ne font point dans „ fon Edition. Celles qui ont un dou- ,, ble Aftérifque paroiffent ici pour la ,, première fois : .mais c'elt que nous fça- „ vions qu'elles avoientdejaeu le fort de „ tomber entre des mains où elles étoient „ dans un danger imminent d'être im- „ primées , &c. Je n'ai pas le loifir de rechercher , fi cela regarde Curll , ou un autre Librai- B 2 rs 20 BIBLIOTHEQUE BRI* ANNIQUE , re nommé Jobnfon , ou tous les deuxen- femble, & quelques autres peut-être avec eux. Quoi qu'il en foit , il n'y avoit pas long-tems que cette Edition fe débitoit, lorfqu'il en parut une nouvelle in-oftavo , chez T. Jonbfon , fous un titre qui promet, outre les Lettres de l'Edi- tion autentique , & toutes les Lettres génuines des Editions précédentes, quel- ques Lettres qui n'avoient pas encore vu le jour : The Works of Alexander Pope Efqr. Vol. V. & VI. Confifling ofLetters: Wberein to tbcfe of tbe Autbor's own Edi- tion are added ail that are genuine from tbe former ImpreJJwns : Witb fome ncver before printed. London. For T. Jobnfon— — i"*37. Pages 351 pour les deux volumes. Com- me je n'ai vu cette Edition qu'en pafîant, je n'en dirai pas davantage. J'ajouterai feulement , qu'elle coûte moins que celle dont j'ai mis le titre à la tête de cet Article , mais qu'elle eft aufïï beaucoup moins jolie ; & qu'on m'en a parlé, quant au refte , comme d'une fimple contre- façon de la précédente. VIII. Cellïï-ci m'a paru conforme à celle de Mr. Pope dans les endroits où j'ai con- fronté l'une avec l'autre : c'eft-à-dire que les Lettres que Mr. Pope a confer- vées dans fon Edition, fe trouvent réel- Avril, Mai et Juin. 1741. 2t lement , autant que j'en puis juger , im- primées ici un peu différemment de ce qu'elles font dans les Editions de Curll, où l'on prétend qu'elles font précifément telles qu'il les avoit d'abord écrites. Ce qu'il y a de certain, c'eft que Mr. Pope lui-même déclare dans fa Préface , que quoiqu'il n'ait pas entrepris de refondre fes Lettres , il y a fait néanmoins un petit nombre de changemens. Nous nous contenterons d'en marquer un, que nous choififlbns d'autant plus volontiers , qu'on y verra un exemple de la candeur & de la bonne -foi de l'Aureur. Il s'agit d'une Lettre écrite enMDCCXVI, après l'affaire de Prefton. Cette Lettre eft une de celles qui ont été traduites dans le fixième Tome de la Bibliothèque Bri- tannique, d'après une Edition de Curll, félon laquelle Mr. Pope, dans le paffage en queftion , s'exprime en ces termes : „ Si tous les devoirs de la Religion font 1» renfermez dans ces deux points, la „ Réiignation à la volon tédu Créateur , ,, & la Charité pour nos femblables , il ,» y a des gens aujourd'hui qui nous four- M niflent l'occafion de donner un exem- ,, pie auffi brillant de la pratique du ,, premier de ces devoirs, qu'ils en ont ,, donné un infâme de la violation du ,, fécond". Dans l'Edition in-quarto & dans celle de Robert s , cela eft tourné un peu autrement , & le mot dinfa- B 3 me lt Bibliothèque Britannique , me eft fùpprimé. If tbe wbok religions bujinefs of Mankind he inchided inRefîgnation to our Maker , and Charity to our ftthiv- Creaturcs ; tbere are ncfw fome People v:bo give us tbe opportun; ry of affording as brigbt an example of praftifing tbe cne, as themfelves bave givcn an infamousïnflance ofthe violation of tbe other. Voilà ce qui fe lit dans les premières Editions : Et voici le même paf- fage , tel qu'il Te trouve dans les dernières : If tbe v:bole religions bufïnefs of Mankinâ be includedin Refignation to our Maker , and Cha- rity to our feiloiv - Créatures ; tbere are novj fome People ivbo give us as goodan opportunity of praéifing tbe one , as themfelves bave given an infiance of tbe violation ofthe other, IX. Nous finirons cetx\rticîe par la traduc- tion d'une Lettre qui nou? paroît propre à entrer ici , non feulement parce qu'el- le eft écrite d'un flile dont la fingolarité a quelque chofe de remarquable 5 qui qui plaira peut-être beaucoup à certains Lecteurs, & déplaira peut-être à (■;.:,.- très; mais parce qa?ôn peut la regarder en même tems comme un morceau qui apartient à l'hiftoire du Recueil des Let- tres de Mr. Pope. Remarquons cepen- dant encore, avant que d'en donner la. traduction, ce que Mr. Pope dit de fes Lettres dans fa Préface. Si dans ces Let- tres Avril, Mai et Juin. 1741. 33 très y dit-il, & dans celles qui ont H ruées fans mon cofifcntement , il partit trop de cette ambition qu'ont les jeunes gens de met- tre de Pefprtt dans ce qu'ils écrivent , ou fi Von y remarque une certaine ajTeciation de belle humeur ; fcfpère que Ton confiderera avec qui, & à quel âge, fat été coupable de cette efpece de folie , &f combien peu elle a duré. Je ne vois point le nom de celui à qui la Lettre en quellion eft addreflee : Mais la date y eft. Elle eft du cinq de Décembre MDÇCXIL Et c'eft au refte , dans l'Edition de Robert s , lafeptième des Lettres écrites à diverfes PerfimrmXa. voici. ire de Mr. Pope à ,, VOUS m'avez accordé enfin la gra- 5 que je vous avois G fouvent de- ,, mandée , de me montrer mes fautes : „ car j'avoue que vous m'en avez fait „ voir plufieurs , en me faifant voir mes „ Lettres ; & que j'y trouve , quand je „ les relis, bien des traits qui me feroient ,, rougir, fijen'étois moins jaloux après ,, tout de la réputation d'homme pru- M dent que de celle d'homme franc & „ naïf. Ce font je ne fçais combien de ., Choies qui, comme de plénitude, on: ï fans façon fur le papier ; ., d. c. nrollxitez d'une amitié qui s'épa::- ,, che fans retenue; des penfées quifov- tJ tent toutes chaudes du cerveau ; la }9 24 Bibliothèque Britannique , ,, Nature toute brute ou toute nue ; un „ vrai deshabillé de i'efprit. Il faut que „ vous ayez plus de bonté pour les avor- „ tonsd'autrui , que la plus tendre mcre „ n'en a pour les iiens propres ; fans cela ,, vous n'auriez pas ainfi confervé juf- „ qu'aux moindres fruits de mes fauffes ,, couches. Cela m'apprendra, dans un „ fens, à craindre plus que jamais de „ vous écrire fi négligemment , car je „ vois que, fi je n'y prenois garde , mes „ mauvaifes œuvres pourroient bien en- „ core s'élever en jugement contre moi. >, Mais dans un autre fens aufii cela me ,, donnera du courage, vu la forte preu- M ve que cela me fournit de votre ex- „ trême indulgence pour mes productions „ même les plus négligées. La revue » de ces Lettres a été pour moi une cf- „ pece d'examen de maconfeience, dans 99 lequel elles m'ont fervi comme d'un ,, mémoire où j'aurois pris à tâche „ de coucher par écrit de tems en tems „ le véritable état de mon ame : tant il ,, nrafemble y reconnoitre une expref- 9, fion fidèle & naïve de ce que j'etois „ à mefure que je lesécrivois. Jetrou- „ ve feulement que dans celles où il s'a- 9, gifoit de donner quelque idée démon ï, amitié , elle eft repréfentée aoiîi im- «, parfaitement que l'eit une belle Cam- ,, pagne dans les petits Païfages de nos ,, Eftampes: ils n'en repréfentent qu'une >> très- Avril , Mai et Juin. 1741. 25 „ très-petite partie , & la rcprefentent „ comme morte , comme privée de cette „ fraîcheur vive 6c éclatante qu'elle a „ dans la Nature. Je m'apperçois que, „ plus je tàchois de vous montrer dans „ un jour bien clair les fentimens d'a- „ mitié & d'eilimc que j'ai toujours eu „ pour vous , & plus je faifois de tort „ à ces mêmes fentimens, par des images ,, qui répondoient de moins en moins à „ ce que j'aurois voulu qu'elles repré- „ fentalfent dans toute fon étendue na- „ turelle. C'eit amii que les Verres , def- ,, tinez à faire voir les objets bien claî- j, remeaCj les font prefque toujours voir ,, plus petits. Cependant, comme ^es ,, moindres traces d'un objet ont quel- ,, quefois leur mente , parce qu'elles ,, iuriii'en: pour eu rafraîchir la mémoire ,, a ceux qui, par eux-mêmes, en avoient ., auparavant une connoiilance parfaite, ,, je me datte de pouvoir expliquer votre ,i goût pour mes Lettres, pafùpréfeience ,, que vous aviez des fentimens â'eiri- „ me que je vouiois vous y expliquer. ,, Elles ne me feront pas d'un grand ,, ufage , à ce que je vois , par rapport ,, audeflein que je vous ai communiqué , » a vous & à Mr. Satie. * Je crois que „je * Notez que Mr. Pope avoic eu envie d'ex- traire de fes Lettres de quoi Taire un Recueil b5 2t5 Bibliothèque Britannique , f9 je trouverois mieux mon compte à „ voler quelqu'un qui fût plus riche que „ moi , & piller vos Lettres à vous : „ car je les ai gardées avec autant de „ foin que j'aurois fait des Lettres pa- „ tentes , attendu qu'elles m'affurent un „ titre que je préfère à des titres de „ noblefle : Et en cas que j'ofafTe vous „ piller, vous ne devriez pas en être fur- „ pris , s'il eit vrai au moins , comme „ quelques-uns le difent , que je fois un „ grand Plagiaire. J'ai ce bonheur ton* ,, tefois , que perfonne ne m'a encore M intenté procès pour revendiquer fon „ propre bien , & que ceux qui me re- „ prêchent mes voleries, font les gens du f, monde qui ont le moins de fujet de ,, crier contre les voleurs : dos gens à s, qui perfonne n'a jamais rien voie , & „ à qui tout le monde accorde que leurs „ Ouvrages ne font que trop un bien „ qui rfapar tient qu'à eux. Jl y en a „ un , à qui il a plû de déclarer, que mes „ vers étoient retouchez par d'autres „ mains que les miennes. Je crois en „ vérité que les leurs n'ont jamais été „ retouchez par qui que ce foit. Mais „ û les miens ne l'ont pas été , j'avoue „ que ce n'eii pas ma faute : j'ai fait m tout de Msximesou de Réflexions. C'eft à quoi il femhle faire slluilon ici, & qu'on entrevoit plus clairement dans quelques autres de fes Leccr^s. Avril, Mai et Juin. 1741. 27 „ tout mon potable pour qu'i.s le fûf- „ fent . . . Mais ces chufes ne Ce difent „ encore qu'à l'oreille , & je ne veux point „ empiéter fur la junfdiuion de Bayj * , „ ni iur celle de certaines gens qui font ,, en pofleiîion de dire des lecrecs à l'o- „ reille par écrie. Ainïi je me hâte de ,> finir , & luis occ. ARTICLE IL Pâme la , or Virtue rewarded. In a fenes of familiar Letters frum a beau* tiful young Damfel to her Parents, New firft pubiifhed in order to cul- tivate the Principes of Virtue and Religion in the Minds of the Youth of both Sexe. A Narrative which bas its Foundation in truth and na- ture; and at the lame cime that iç agreably entertains . byavariety of curious and afje£ting incidents , is entirely diveited of ail thofe Images, which intoo many Pièces calculated for amufement onîy, tend to inflame the Mind they fnould inftrucî. in tv, o * Perfonnage ridicule , repréfentant un Au- teur dans U fameufe Corné 'ie du Duc de Bue- m) , intitulée The Rçbearfal, 28 Bibliothèque Britannique , two Volumes. The fécond Edition: to which are préfixée! Extracls from feveral curious Letters , written to the Editor on the fubject. Ceft-à-dire : P a m F l a , ru la Vertu recompenfêt. Contenant une fuite de Lettres fami- lières a' une jeune & belle Fiiie a fon Père {$ à fa Mère , publiées dans le dejfein de cultiver les Principes de la Vertu 13 de la Religion dans le cœur des jeunes gens de Cun (f> de l'autre Sexe. Hiftoire fondée dans la vérité £5? dans la Nature , & qui, au même tems quelle divertit agréablement par la variété des incidens remarquables & touçbans qu'elle te 'ftrme , ne contient aucune de ces Images quon ne rencontre que trop ftittvcnt dans des Livres definez unique- ment à amufer , {5 qui , au lieu d^ in fit ta- re, ne font querflamer le Cœur. Seconde Edition , à la tête de laquelle on a imprimé des Extraits de diverfes Let- tres écrites à l'Editeur au iujet de ce Livre. A Londres , chez C. Rivington , dans le Cimetière de S. Pau! , & J. Of- born dans Pater-nofter-Row. 1741, deux Avril, Mai et Juin. 1741. 29 deux Volumes iu i2mo. pag. 296. pour le premier , & 396. pour le fécond, petit caractère. IL y a trois ou quatre mois * que ce Livre a paru pour la première fois. L'Edition en a été fi-tôt débitée, qu'il a falu en faire une féconde , qui, fuivant les apparences, ne fera pas la dernière. Je ne fçais fi on peut tirer de-làune con- séquence en faveur de l'Ouvrage. Ce qu'il y a de certain, c'eft que tous ceux qui font lu, en parlent avec éloge, & c'eft ce qui nous a engagé à en rendre compte dans cette Bibliothèque. On voit dans le titre quel efl le but de ce Roman , ou fi l'on veut , de cette Hiftqire , & l'Editeur l'explique encore plus au long dans fa Préface ; elle efl ii courte , que nous fommes tentez de la traduire ici. „ Si divertir & plaire , & en même „ rems cultiver & former l'efprit de la ., JeunefTe de l'un de l'autre Sexe : „ Si inculquer les Principes de la Re- ,,. ligion & de la Morale d'une manière „ fi agréable & fi aifée , qu'au même tems ,, qu'elle divertit & inftruit les jeunes ., gens, elle puiffe mériter l'attention des ,, perfonnes d'un âge plus avancé & „ d'un efprit plus mûr : „Si * On écrit ceci en Fevriex 174t. 30 Bibliothèque Britannique , „ Si mètre dans un beau jour les „ devoirs des Pères , des Enfans , des „ Membres de la Soc été en général, „ depuis les plus petits jufques aux plus „ grands : ,, Si peindre le Vice des couleurs qui ,, lui conviennent , artn de le rendre ,, odieux, & faire un portait agréable de » la Vertu , afin de la faire aimer : ,, Si tracer des caractères juiles & if toujours également foutenus : ,, Si faire naître des accidens fâcheux „ de caufes naturelles , & exciter la „ compailion par des motifs convena- „ blés: ,, Si enfeigner à l'homme riche à faire ,, un bon ufage de fes richeffes ; à celui ,, que fes Paffions entraînent , à lesvain- „ cre ; à l'Homme d'intrigue, à fe refor- ,, mer de bonne grâce & d'une manière i} qui lui fa (Te honneur : „ Si donner des Exemples qui méri- „ tent d'être fuivis dans les circonftan- ,, ces les plus critiques & les plus déli- „ cates , par des Vierges modifies , des „ Fiancées chattes , & desEpoufes com- ii plaifantes : ,, Si arriver à toutes ces fins d'une „ manière fi vraifemblable, fi naturelle, ,, & fi vive, qu'elle touche tout Lecteur ,, qui a du fentiment , & l'intéreiïe puif- „ famment à l'Hiftcire inftru&ive qu'on „ lui préfente : Avril , Mai et Juin. 1741. 3* ,, Et cela fans exciter une feule idée „ qui puifle choquer le moins*du monde „ la Modeilie laplusfévère, même dans „ cesoccafionschatouilleufes, où la plus „ févère Modeltie paroit avoir le plus „ à appréhender; ,, Si tout cela , dis -je ( orné encore „ d'une grande variété d'incidens amu- „ fans ) ii tout cela , dis-je, e(l digne de ,, louange , & propre à rendre un Ou- „ vrage recommandable ; l'Editeur de „ ces Lettres , qui ont leur fondement ,, dans la Vérité & dans la Nature , ofe „ afiurer que tout cela fe trouve dans ce „ Livre: & comme il eft perfuadé qu'on ,, lui fera l'accueil favorable qu'il de- „ mande hardiment , il croit qu'une plus „ longue Préface , ou une Apologie fe- „ roit parfaitement inutile. D'autant 5, plus qu'il peut en appeller de fes pro- „ près Paflions , qui ont été extrêmement „ émues par la lecture des fcènes touchan- „ tes que cet Ouvrage renferme , aux ,, PaiTions de tout Lecteur qui le lira „ avec quelque attention. D'ailleurs on ,, doit naturellement fuppofer, qu'un Edi- „ teur juge avec une impartialité, qu'un „ Auteur a rarement pour fes propre* ,, Ouvrages. Cette petite Préface , qui marque fi bien la nature & le but de cette Hifto;- r,e, eft fuivie de deux Lettres à l'Edi- teur , 22 Bibliothèque Britannique, reur , qui font aufïi deftinées à faire l'é- loge du Livre. On trouve enfuite une Introduction à cette féconde Edition. Elle contient les Extraits de diverfes Lettres , dont les unes renferment une efpece de Criti- que de cette Hiftoire, & les autres la réponfe à cette Critique. Les défauts qu'on relevé nous paroi (Tent peu confide- rables, & roulent la plupart fur les ex- prefiîons ou le ftile ; c'eft pourquoi nous ne nous y arrêterons pas. Venons à l'Hif- toiremême. Il s'agit d'une jeune Fille d'un peu plus de quinze ans, née de Parens honnêtes , mais réduits à la pauvreté par les folles dépenfes de deux Fils, qui les avoient ruinez ; de forte qu'ils étoient obligez de gagner leur vie à la fueurdeleur vifage. Leur Fille, qu'on nomme Pamela , avoit été mife à l'âge de douze ans chez une Dame de diftinCtion , qui la prit en ami- tié. Elle lui donna une bonne éducation. Elle lui fit apprendre non feulement tout ce qui convenoitàuneFille de chambre, mais encore à lire , à écrire à chiffrer , & même à chanter , à danfer &à jouer du Claveflîn : elle avoit tant d'affection pour elle , qu'elle la traitoit prefque comme fi elle eût été fa fille. Malheu- reufement pour la pauvre Pamela, fa bonne Maîtrefle mourut au bout de deux ans. Avril, Mai et Juin. 1741. 3$ ans. En mourant elle la recommanda à fon Fils, & le pria d'en avoir foin. Ce jeune Gentilhomme obéit trop bien, ou plutôt trop mal , à l'exhortation de fô Mère. Dès qu'elle fut morte, il commença à donner à la jeune Pamela des marques d'une amitié qui auroit dû lui être fuf- pefte : il lui fit préfent de quatre Gui- nées , & de quelques pièces d'argent qui te trouvèrent dans la bourfe de fa Mère lorfqu'elle mourut : il ordonna qu'on mît Pamela en deuil; & l'ayant furprife comme elle écrivait à fon Père & à fa Mère tout ce qui venoit de lui arriver , il lut fa Lettre , & en prit oc- cafion de lui donner de grandes louan- ges , & de lui dire bien des djuceurs. Pamela , charmée des manières de fon jeune Maître , & qui ne fe douroit de rien , ajoute un Apoitille à fa Lettre , pour témoigner à fes- parens la joye qu'elle ref- fentoit. Elle leur avoit déjà donné dans la Lettre même des marques de fon bon cœur ; puifqu'elle leur dit , qu'elle leur envoyé les quatre guinées que fon Maî- tre lui avoit données; & que s'il lui en donnoit davantage , elle ne manquerait pas de leur en faire part, connoiQant la neceffité où ils étoient réduits. Ces bonnes gens, quiavoient plus de connouTance du monde que l'innocente Pamela , & qui par confequent étoient pl'is foupçonneux qu'elle , n'augurèrent Tome XVJt Part. L C rien 34 Bibliothèque Britannique , rien de bon des manières & des préfens du Gentilhomme : ils écrivirent à leur Fille , & lui communiquèrent les fujets de crainte qu'ils avoient ; ils l'exhortent à être fur fes gardes , & ils lui difent, qu'ils ne veulent point faire ufage des quatre Guinées qu'elle leur a envoyées, jufques à ce qu'ils {cachent que les in- tentions de fon Maître font pures , de peur de partager avec leur chère Fille, le prix de fa chafteté. Il lui ordonnent , que dès qu'elle s'appercevra que fon Maî- tre voudra prendre des libertez avec elle, elle quitte tout & les vienne trouver: ils aiment mieux la voir couverte de haillons , & conduire même fon corps au tombeau , que de lui voir perdre fon innocence. Cette Lettre fit imprefïïon fur Pamela. Cependant comme fon Maître ne s'éman- cipoit point avec elle , elle fe raflura : ce qui contribua encore à la tranquillifer , c'eft que Mylady Davers , Sœur de fon Maître , l'ayant prié de lui permettre de la prendre chez elle, il avoit paru y confentir. „ N'étes-vous pas ravis , dit- ,, elle à fon Père & à fa Mère, devoir ,, que mon Maître eft fi content de fe „ féparer de moi ? Cela fait voir qu'il „ n'a aucun mauvais deiïein. Cependant fon Maître continuoit tou- jours à lui témoigner beaucoup de bon- té : il lui fit préfenc de quelques habits & Avril, Mai et Juin. 1741. 35 & de quelque linge de fa Mere , donc Pamela auroit volontiers fait de Pargenc pour aflifter fon Père & fa Mere, fi elle n'eut pas craint que ce ne fût faire un affront à fon Maître, que de vendre les hardes qu'il lui avoit données. Il accom- pagna ce préfent de louanges fur la fa- gefle & la prudence de Pamela-, & com- me tout cela fe pafTbit en préfence de la Ménagère, nommée Mad.Jervis, femme d'une grande probité & d'une vertu diftinguée , la jeune Fille fe crut en fureté, d'autant plus qu'il faifoit en même tems des préfens fembkbles à la Ménagère. Pamela étokfi ravie des manières de fon Maître , qu'elle s'écrie avec tranfport: Qb ! que c'efl une ckofe aimable que de faire du bien ! c'efl tout ce que j'envie aux Grands. Mon Maître, ajoute-t-elle, nous faifoit ces préfens d'un air fi gracieux , qu'il me paroif- foit un Ange. Elle s'étoit flattée que fon Maître, qu'on nomme Mr. B * * * , la laifleroit aller chez Mylady Davers : mais il s'en ex- eufa fous un prétexte affez frivole. Il dit à fa Sœur, qu'elle avoit chez elle un Neveu de fon Mari , qui pourroit s'a- mouracher de Pamela ,&z devenir la caufe de fa perte ; &que , puifque fa Mere lui avoit recommandé de prendre foin de cette jeune Fille, ilvouloit la garder chez lui, & que Mad. Jcrvis lui ferviroit de Mere. Sur quoi Mylady Davers ne tic C 2 que +6 BlB-LIOTHEQUE BRITANNIQUE , que fecouer la tète , en s'écriant : Afri mon Frère ! Mad. Jervis , qui étoiz préfen- te à cette converfatioii , la rapporta à Pamela, & lui témoigna quelque inquié- tude fur fon fujet : la fuite fit voir bien- tôt , que cette inquiétude n'était pas mal fondée. Mr. B * * * ayant un jour trouvé Pa- mela feule dans un Cabinet au bout du jardin ( Mad. Jervis ne faifant que d'en fortir) il commença par lui dire des dou- ceurs , & prit quelques libertez avec elle. Elle fe défendit du mieux qu'elle pût , & vouloit fortir du Cabinet , mais il en ferma la porte. Elle fui parla avec tant de fermeté, & parut fi réfolue , qu'elle lui fit changer de ton. Il prétendit n'a- voir point eu de mauvais defTein; il vou- loit feulement l'éprouver , difoit-il; & il lui mit quelques pièces d'or dans la main , pour la dédommager de la frayeur qu'il lui avoit caufee : Elle ne voulut point de fon or : Qiioique pauvre , lui dit-elle , 7*01 de la vertu ; & voyant qu'il étoit couvert de confufion , elle faifit cette occafion pour s'enfuir du Cabinet. Elle n'avoit perfonne à qui elle pût de- mander confeil , fi ce n'eilMad. Jervis, qui lui témoignoit beaucoup d'amitié. Elle lui conta ce qui lui étoit arrivé, Cette bonne Dame en verfa des larmes ; cependant comme Pamela s'étoit fi bien défendue , & avoit fait voir tant de ver- tu, Avril , Mai et Juin. 1741. 37 tu, Mad. Jervis feperfuadaque fon Maî- tre n'oferoit plus rien entreprendre con- tre elle , & lui confeiîla de ne point quit* ter fon fervice , comme elle en avoit formé le defTein. Cependant fon Maître ne paroiflbit plus la regarder qu'avec froideur , & même d'un air refrogné ; il paroiflbit mécontent de tout ce qu'elle faifoit. D'un côté, fa difgrace, qu'elle ne s'étoit attirée que par fa vertu ; & de l'autre , la crainte de quelque nouvel attentat, la rendoient véritablement malheureufe. ,, Oh ! s'écrie-t-elle , que n'ai-je toû- „ jours gardé mes haillons & ma pau- „ vreté : . . . que j'étois heureufe il y „ a quelque tems I & que les chofesont „ changé ! Ayez pitié de moi , dit-elle „ à fon Père &àfa Mère, & priez Dieu „ pour votre pauvre Pamela. Tout ceci fe pafïbit dans la Comté de Bedford , où Mr. B * * * avoit un bien confiderable. Il laifla Pamefo en paix pendant quinze jours ; parce qu'il étoit allé à une Terre qu'il avoit dans la Province de Lincoln : on verra bientôt quel noir projet il y avoit formé , & comment il l'exécuta. Il n'eut pas été long-tems de retour, qu'il eflaya de nou- veau de fatisfaire fa paillon, il avoit eu une converfation avec Mad. Jervis , qui lui avoit infinué, que lavertueufe Pamela lui avoit fait confidence de ce qui lui C 3 ptoit $8 Bibliothèque Britannique, étoit arrivé , & lui avoit demandé con- feil : il avoit aufïi furpris une Lettre qu'elle avoir écrite à (es Parens , où elle leur faifoit un détail de ce que fon Maî- tre avoit entrepris contre fa vertu. Il prétendit être fort offenfé de fon indis- crétion, comme il l'appelloit, parce qu'il lui avoit commandé de garder le Secret. Un jour donc qu'elle étoit feule à tra- vailler dans fa chambre, il y entra: dès qu'elle le vit, elle voulut s'enfuir; mais il lui ordonna de refter. 11 commença par lui reprocher fa prétendue indifcré- tion , par laquelle elle avoit été caufe , diSoit-il , que chacun parloit de ce qui étoit arrivé. ,, Moiî s'ecria-t-elle, avoir 9> été caufe que chacun en parle! Helas ! „ je n'ai prefque perfonne avec qui m'en- t, tretenir. Prefque perfonne , dit- il en ,, l'interrompant, vous fçavez donc ufer ,, d'équivoques ? Qu'entendez-vous par 9> ce prefque ? N'en avez-vous pas parlé „ à Mad. jfervis " ? Pamcla voulut lé re- tirer, pour éviter un entretien qui lui pefoit infiniment. Mais il la retint , & lui commanda de répondre positive- ment. ,, Permettez, dis -je, * que je „ vous faife une queilion à mon tour. „ Pourquoi feriez-vousfi fâché que j'eufle M dit la chofe à Mad. Jervis , ouàquel- » que * Ceil Pamela elle-même qui écrit ceci à Son Fere & à fa Mère. Avril, Mai et Juin. 1741. 39 „ que autre, û vous n'aviez aucun mau- „ vais deflfein ? Cela efl très -bien dit , „ repliqua-t-il , petite innocente fans ,» artifice, comme Mad. Jervis vous ap- ,, pelle. En: -ce donc ainfi , infolente, ,, que vous olez me railler, & me faire ,, des reproches ! Mais je veux que vous ,, répondiez directement à ma queflion. ,, Eh bien , Monlleur , lui dis- je , je ne ,, voudrois pas mentir pour tous les biens ,, du monde. Je l'ai dit à Mad. Jervis , ,, car mon cœur étoit prêt à fe fendre ; ,, mais je n'en ai pas ouvert la bouche „ à perfonne excepté elle. Fort bien , „ impudente, dit-il; nouvelle équivoque: ,, vous n'en avez pas ouvert la bouche, ,, mais n'en avez vous pas écrit à quel- >, qu'autre ? Monfieur , répondis-je, car „ j'étois dans ce moment pteine decou- „ rage , vous ne pourriez pas me faire „ cette queflion , fi vous ne m'aviez m pas pris une Lettre que j'écrivois à ,, mes Parens , auxquels j'avoue que je „ difois naturellement mapenfée, je leur ,, ouvroismon cœur , je leur découvrons ,, mon chagrin , & je leur demandois „ confeil. ,, Et faut-il donc , dit-il , que je fois ,, ainft flétri dans mamaifon , & hors de ,, ma maifon , devant tout le monde , „ & cela par une impudente comme ,, vous ! Non , Monfieur, lui dis-je , je M me flatte que vous ne ferez pas fâché C 4 ,, con- 40 Bibliothèque Britannique , 9, contre moi ; ce n'eft pas moi qui vous ,, flétris, je ne dis que la vérité. Vous S9 ofez encore me railler, arrogante que „ vous êtes? s'écria- t-il. Je ne veux pas 99 fouffrir qu'on me parle ainfi. ,, Je vous prie , Monfieur, repliquai- „ je, à qui une pauvre Fille doit-elle de- 99 mander confeil , fi ce n'eit à fon Père „ & à fa Mère , & à une honnête Dame „ comme Mad. Jervis , qui , pour l'amour » de fon fexe , doit donner confeil lorf- „ qu'on le lui demande. Infolente, dit- „ il, en frappant du pied, faut-il que je „ foutire les queftions d'une Fille comme „ vous ! Mais je me jettai à genoux , „ & lui dis, pou*r l'amour de Dieu, ayez „ pitié d'une pauvre Créature , qui ne „ connoit aucun de fes devoirs , û ce „ n'eft celui d'aimer la vertu & fa re- „ putation. C'eft tout ce fur quoi je puis „ compter , pauvre & deftituée d'amis „ comme je fuis ici : j'ai toujours appris à „ eftimeria Vertu plus que la vie même. „ Tu fais bien du bruit , me dit-ii , de ta „ vertu , folle que tu es : la Vertu n'exige- „ t-ellepas que tu fois obéiiïante à ton „ Maître , & que tu ayes de la reconnoif- „ fance pour lui ? En vérité, Monfieur, „ répondis -je , il eft impoiïible que je 99 fois ingrate ou défobéilfante envers p vous, ou que je mérite les noms d'ar- 99 rogante & d'mioîente que vous me f> donnez , fi ce n'eft iorfque vos corn- „ man- Avril, Mai et Juin. 1741. 41 }> mandemens font contraires à ce pre- „ mier devoir , qui fera Toujours leprin- „ cipe de ma conduite. ,, 11 parut touche, il le leva & fit quel- ,, ques' tours dans la chambre voifine, „ me laiirant à genoux. Je mis mon ta- „ blier fur mon vifage , & repofai ma 5, tête fur une chai fe , n'ayant pas la force „ demefoutenir , & pleurant à chaudes ,, larmes. „ A la fin il rentra , mais helas ! le cri- „ me dans le coeur. i eve-toi , Paméfa , „ dit-il en me prenant par la main , u „ es ta propre ennemie : ta folié .. il ,, entendue fera ta ruine. Je te le dis; » j'ai été fort en colère des libertés que „ tu t'es données en pariant de moi à ma „ Ménagère & à tes Parens : Autant „ vaut- il que tu ayes une caufe réelle „ de prendre ces libtrtez avec moi, que ,, d'expofer ma réputation pour des cau- „ fes imaginaires. En difant cela , il ta- ,, cha de me prendre par force fur fes „ genoux. Oh ! que je fus effrayée! Je „ m'écriai, comme j'avois lu dans un „ Livre il y avoit quelques jours : Anges, „ Suints, & toute V Armée des deux défen- „ dez-moi. Que je ne furvive pas un „ infiant au moment fatal où je perdrai „ mon innocence. Jolie petite folie, dit- „ il , comment peux-tu perdre ton in- „ nocence, li tu es obligée de céder à M une force à laquelle ta" ne feaurois re<- C 5 t> fifter 3 42 Bibliothèque Britannique, „ fifter ? Sois tranquille , ajouta-t-il ; car „ quoi qu'il arrive , tu en auras le méri- „ te, & moi le. blâme : ce fera un bon „ fujet de Lettres pour ton Père & ta „ Mère, & par defius le marché , unjoli „ conte à faire à Mad. Jcrvis. „ Il me bai fa de force au cou & à la „ bouche, & dit, Qui eft-ce qui a jamais v blâmé Lucrèce ? Ce n'eftque celui qui „ l'a forcée qu'on a condamné. Je veux „ bien prendre tout le blâme fur moi ; „ comme j'en ai déjà eu unebonnepar- „ tie peur ce aue j'ai mérité. PuifTé-je, „ m'écriai-je,mejufl'ifier, comme Lucré- „ ce, par ma mort, fi je fuis traitée aufli 99 cruellement qu'elle le fut ! Ah , ma che- S9 re Enfant, dit-il en ^aillant, je vois que „ tu as bien lu. J'efpére qu'avant que „ nous ayons fini enfemble , nous four- n nirons tous deux unjoli fujet de Roman. ,, llmitfamaindansmonfein:rindigna- ,, Lion que cette adion me caufa redoubla „ mes forces , je me donnai tout d'un „ coup un mouvement violent, par lequel „ je m'arrachai d'entre fes bras: Je m'en- „ fuis dans la chambre voifme , je jettai la „ porce après moi , <5c la clef étant en 99 dedans , je fermai la porte à la clef. ,, Voilà tout ce dont je me fouviens : m j'appris le refte dans la fuite. Car la „ "frayeur & les allarmesdontj'etoisfàifie „ me firent tomber enfoiblefte. Je m'i- 99 maginai qu'en regardant par le trou » de Avril , Mai et Juin. 1741. 43 „ de la ferrure , il me vit étendue tout de „ mon long par terre : il appella Mad. ,, Jervis, qui avec Ton fecours força la por- „ te. Lorfqu'il me vit un peu reve- „ nir , il fe retira , ordonnant à Mad, „ Jervis , que li elle etoit fage , elle eut ti à ne rien dire de cette atfaire ". La pauvre Pamek étoiç à peine reve- nue de ion évanouïflément , que Ion VtkU tre lui fit dire qu'il vouloit lui parler le lendemain; mais qu'elle ne craignit rien, parce que ce feroit en préfence de Mad. Jervis. Le lendemain donc JUr. B * * * l'envoya chercher ; & après plusieurs reproches allez mal fondez , il lui don- noit la liberté de retourner dans la mi- i'ere & dans la pauvreté d'où elte avoir, été tirée. Ces paroles remirent la férénité dans le cœur de Pamela. Elle fe jetta à fes pieds, & lui dit:,, Soy ezbéni àjainais pour „ cette réfolunon que vous avez prife, „ maintenant je ferai heureufe. Permet- „ tez-moidevous remercier àgenoux de „ tous les bienfaits & de toutes les faveurs „ dont vous m'avez comblée. ... Je vous „ promets de ne jamais prononcer vo- „ tre nom qu'avec refpect &avecrecon- ,, noilîance. Le Dieu Tout-puiiiant vous „ béniilé auxfiéclesdes fiécles , Amen". Pamela fe rejouïflbit dans l'efpérance de fe voir bientôt délivrée de toutes fês craintes , & de rejoindre l'on Père 6c fa Mère, Mais elle n'étoit pas encore à la fia 44 Bibliothèque Britannique , fifi de fcs maux. Son Maître retarda fofl départ pendant plufieurs femaines fous divers prétextes ; & durant ce tems-là il entreprit encore de fatisfaire fa pafïïon brutale par la violence. Voyant que cet- te voye ne lui réuflîflbit pas, cet Ange de ténèbres fe transforma en Ange de lumière. Il tacha de gagner l'objet de fes vœux par la douceur, & par les of- fres les plus magnifiques. Pameîa ne céda point: & craignant encore plus les ten- dres foins de foc Maître, qu'elle n'avoit appréhendé fa violence , & fe défiant d'elle-même , elle perfifta dans la réfo- lution de fe retirer chez fon Père. Mr. B * * * y confentit enfin; il voulut mê- me qu'elle y fut conduite dans fon pro- pre carofîe , parce que le Village où demeuroientlePere & la Mère de Pameîa étoitfort éloigné ; mais il choifit, pour l'y faire conduire , un de fes Cochers qu'il avait fait venir delà Province de Lincoln II envoya cinq Guinées à Pameîa avant qu'elle partit. Elle en avoitrefufé cinquante qu'il lui avoit voulu donner auparavant. Mais comme il lui fit tenir les cinq par Mad. [jervis , elle crut pou- voir les accepter fans fcrupule. Pameîa partit, le cœur pénétré de joye de fe voirdelivrée de toutes fes craintes ; elle avoit pourtant quelque efpece de re- gret de quitter la maifon de fon Maître , fans pouvoir bien démêler elle-même fes pro- Avril , Mai et Juin. 1741. 45 propres fcntimens. Il n'y avoit que 20 milles de -là au Village où demeuroitfon Père : elle étoit partie à huit heures du matin , le carotte alloit à toute bride : & à dtux heures après midi, en paffant par un Village , elle fut toute étonnée de ne point reconnoître le lieu où elle étoit. Le Cocher lui fit accroire qu'il s'étoit éga- ré, mais qu'il rentrerait bientôt dans le bon chemin. Comme il étoit étranger, ce qu'il difoit n'étoit pas hors d'apparen- ce. Pamela fe tranquillifa donc ; elle s'abandonna à fespenfées, rappellantdans fon efprit les dangers qu'elle avoit cou- rus , & ce qu'elle avoit à raconter à fon Père. Mais le Soleil qui commençoit à fe coucher, la tira de fa rêverie , pour la plonger dans les plus cruelles allarmes0 Elle fut bientôt éclaireie de fon fort ; car le Carofle s'étant arrêté chez un Fer- mier , où elle fut obligée de paifer la nuit , leCocher lui donna une Lettre: elle re- connut d'abord à l'écriture & au cachet, que c'étoit une Lettre de fon Maître : il lui difoit, que la paflion qu'il avoit pour elle , & fa refiftance obftinée , l'avoient obligé à en agir d'une manière qui ne pouvoit que lui caufer à elle beaucoup de fatigue & de chagrin. Il lui en demande pardon, lui promettant par tout ce qu'il y a de facré au monde , de la traiter avec honneur. Il lui apprend que la mai- fon où on doit la conduire lui apartient; mais 46 Bibliothèque Britannique, mais qu'elle y commandera fi abfolumenr. > qu'il n'en approchera pas lui-même fans fa permifîîon. Pamela au défefpoir, & ne fçachant com- ment prévenir les dangers qu'elle pré- voyoir, tacha de gagner le Fermier chez qui elle étoit. Mais ce Fermier, qui a- partenoit à Mr. B. * * *, avoit été pré- venu , fis Membres de ce nouveau Corps, &ce Collège fut pendant long-tems le lieu de leurs AfTemblées. Après la Préface on trouve la Vie du Chevalier Thomas Grejbam. Quoiqu'il n'ait été qu'un Négociant , fon Hiftoire eft afTez curieufe pour fournir la matière du refle de cet Article. Thomas Grejbam étoit defcendu d'une ancienne famille du Comté de Norfolk : Mr. IVard nous donne fa Généalogie de- puis Le régne d'Edouard III. jufques à préfent ; & il paroît que cette famille a produit plufieurs personnes qui, quoi- que engagées dans le Commerce , fe font diftinguées par un mérite peu commun. Richard y le Père de notre Thomas Grejbam , étoit Marchand , & réuflît fi bien dans fon Commerce , qu'il fut en état d'achetter des Terres confiderables dans plufieurs Comtez d'Angleterre. Son mérite ne fe bornoit pasàfçavoir gagner de l'argent; il entendoit aufÏÏ l'Art de négocier avec les Minières étrangers. Henri VIII. & Edouard VI. l'employèrent avec fucoès dans plufieurs affaires importantes. Il fut fait Chevalier l'an 1531. pendant qu'il étoit Cherif de Londres : Ce fut cette même année que, voyant avec chagrin que les Marchands étoient obligez de s'aifembler en pleine rue pour traiter de leurs affai- res, & d'être ainfi expofez à toutes les injures de Pair, il voulut engager le Roi à faire Avril , Mai et Juin. 1741. 07 à faire acheter un certain nombre de vieilles maifons pour les abattre, & bâ- tir à leur place un lieu commode qui pûtfervirde Bourfe aux Marchands. Mais ce deiïein ne réunit pas : l'honneur de bâtir la Bourfe de Londres étoit refervé à fon Fils. Richard ût une chofe fort utile au Commerce. La liberté de faire la Banque n'étoit accordée qu'à quelques Particuliers par des Lettres patentes du Roi : ce qui faifoit un grand tort au Né- goce, & étoit caufe qu'on étoit obligé d'envoyer beaucoup d'or hors du Royau- me. Richard Greftam repréfenta à la Cour, qu'il étoit abfolument néceiïaire de per- mettre à tous les Marchands, tant natu- rels du Pais qu'étrangers , de tirer & de remettre des Lettres de Change : ce qui leur fut accordé. Richard mourut à Bethnal , proche de Londres, le 20. de Février 1548 *. Thomas Grejham, fécond fils de Richard , naquit à Londres l'an 1519. Son Père le fit étudier , & l'envoya au Collège de Gonville à Cambridge; où il paroit par un paiïage du Docteur Caius f, qu'il de- meura un tems aftez confiderable. Ce- pendant comme le Négoce produifoit alors * C'eft 1549. à commencer l'Année le 1. de Janvier. | Jmëet de Goui-illc e? Caius, E 2 6$ Bibliothèque Britannique, alors de grands profits, il quitta TUnî- verfité pour fe faire Marchand, fonPere ayant eu la prévoyance de le mettre en apprentiffage chez un de Tes Oncles, avant que de l'envoyer au Collège ; & Tan 1543. il fut reçu Membre du Corps des Merciers. Après la mort de fon Père, le Cheva- lier Guillaume Danfell lui avoitfuccedé en qualité d'Agent du Roi Edouard, pour em- prunter de l'argent des Marchands d'An- vers : mais Danfell ayant été privé de cet emploi , Thomas Grejbam en fut pour- vu. Il s'apperçut bientôt , que la manière dont ces levées d'argent fe faifoient , et oit fujette à de grands inconveniens , & fort préjudiciable au Roi. Car outre que les Marchands d'Anvers prenoien: de très -gros intérêts pour les fommes qu'ils prêtoient , dès qu'elles n'étoient pas payées au terme marqué dans le Contrat d'emprunt, les Marchands obli- geoient le Roi à prendre des Joyaux ou d'autres Marchandifes pour des fommes confiderables, fans quoi ils ne vouloient pas lui faire crédit plus long-tems. Ils trouvoient doublement leur compte à cela : premièrement ils fe defaifoient de leurs marchandifes à un haut prix ; & en fécond lieu , ils trouvoient moyen par- là de tirer de l'or d'Angleterre, la balance du commerce leur étant ainfi toujours favorable. Mr. Grejbam s'appli- qua Avril , Mai et Juin. 1741. 69 qua à remédier à ces inconveniens. Il imagina un Plan par lequel il Te propo- foit de payer les dettes du Roi en deux ans. Premièrement-, étant à Anvers, il pro- pofa d'empêcher le Charge de tomber, en remettant continuellement de l'argent en Angleterre. En fécond lieu il vou- loit que le Roi fe rendit maître de tout le Plomb d'Angleterre , ou qu'on le mit dans des Magaiins publics, & qu'on en défendit la fortie pendant cinq ans : que de cette manière on enfithaufïerleprix, n'en envoyant aux Marchands d'Anvers que de tems en tems , à mefure qu'ils en auroient un grand befoin. Par ce moyen le Roi garderoit l'argent en Angleterre, & payeroit en peu^de tems les dettes que fon Père & le feu Duc de Sommer/a avoient contractées. Ce Projet réufîît, au moins par rap- port au premier article. Car au lieu que, quand Mr. Grejbam partit pour An- vers , la Livre Sterling ne revenoit en Flandre par le Change qu'à feize Che- lins, il la fit monter à" vingt, & à vingt- deux ; & il trouva moyen de payer tout ce que le Roi devoit aux Marchands d'Anvers , ce qui fe montoit à la fomme de deux-cens foixante mille Livres Ster- ling , fans compter les intérêts , qui, avec la perte fur le Change , alloien: à plus de quarante mille Livres Sterling par an. E 3 Ce- 7o Bibliothèque Eritannique , Cependant après la mort d'Edouard VI. la Reine Marie priva Mr. Grejbam de fon emploi. Sur quoi il préfenta un Mé- moire à la Cour , dans lequel il expofe les fervices qu'il avoit rendus à l'Etat , en trouvant moyen de payer les dettes du Roi. On comprit ii bien les grands avan- tages qui revenoient à tout le Royaume de la haufîe du Change qu'il avoit pro- curée, qu'on lui rendit fon emploi. La Reine Eiifabetb ayant fuccedéàAfa- r*> l'an 1558. elle donna à Mr. Grejbam la commiffion d'acheter des Armes : l'an- née fuivante elle le créa Chevalier , &le nomma fon Agent dans les Pais étran- gers. Grcfoam fe voyant déformais en grand crédit, & fort eflimé de tout le monde, crut devoir fe loger d'une ma- nière plus commode pour fon commer- ce & plus digne de fon emploi. 11 fit bâtir une grande & belle Maifon, quieft celle qu'il légua enfuite pour en faire un Collège. Il n'y a point de bonheur fans mélange en ce monde. Le Chevalier Grejbam aimé , chéri, eflimé par -tout, & qui rendit dans tous les projets qu'il forma , foit pour le bien de l'Etat , foit pour l'avantage de fa famille, eut le mal- heur de perdre fon fils unique, qui mou- rut l'an 1564. Nous avons déjà dit , que l'honneur de bâtir laEourfe de Londres étoit refervé au Chevalier Tkaras Grejbam. Il pro- pofa Avril , Mai et Juin. 1741. 71 pofa aux Bourgeois de cette Ville, que s'ils vouloient lui fournir un terrein bien fi- nie , & affez grand, il y bâtiroit à Tes propres fraix une Bourfe entourée d'ar- cades, où les Marchands pourroients'af- fembler pour y traiter des affaires de leur Commerce , fans être expofez aux injures de l'air. Cette offre généreufe fut acceptée. En 1566. la Ville de Lon- dres achetta des maifons dans la rue ap- pellée Cornbill , pour la fomme de trois mille cinq-cens trente-deux Livres Ster- ling: on fit abattre ces maifons , & on en céda le terrein à Mr. le Chevalier Grcfliam, qui , le feptième de Juin 1566. pofa la première pierre de la Bourfe ; elle fut achevée vers la fin de 1567 , ou au commencement de 1568. Elle étoit quar- rée, ayant tout autour en dedans* des arcades , portant fur des piliers de mar- bre. Au deffus des arcades il y avoic des Boutiques , où l'on vendoit toute forte de marchandifes. Cet Edifice , dans lequel on avoit placé les Statues des Rois d'Angleterre , avec celle du Fondateur Thomas Grejbam , fubfifta jufqu'à l'an 1666. qu'il périt dans le terrible incendie qui confuma la plus grande partie de la Ville de Londres : & ce qu'il y a de remarqua- ble , c'eft que cet incendie, qui détruific les Statues de tous les Rois , épargna celle du Chevalier Grefliam , qui demeura feule debout dans fa aiche. C'eft à quoi il E 4 cil 72 Bibliothèque Britannique , eft fait allufion dans unPoëme Latin , in- titulé V Incendie de Londres ; on y trouve ces Vers : Scptem hahuitfupra bis denos , ncbilisordo, Sceptrigeros ,flammœ prœdam : dum liegibus Unicus à grato flot conditor igné fupcrfles. La Eourfe fut rebâtie peu de tems après , avec plus de magnificence encore , par les Bourgeois de Londres & le Corps des Merciers. A peine avoit-on commencé d'exé- cuter le Projet du Chevalier Grepyam , que la Reine eut befoin de fon miniftère. Elle l'envoya cette même année 1566. à Anvers pour y lever de l'argent. Il y emprunta pour elle la fomme de qua- torze mille fix-cens foixan te- fix Livres, fix chelins & huit fols, payables le 20. de Février fuivant : il y avoit une autre dette de trente-quatre mille trois-cens quatre-vingt-cinq Livres, treize chelins & quatre lois , qui auroit dû être payée le 20. d'Août 1566 , mais dont le terme fut aufii prolongé jufqu'au 20. de Février fuivant. La Reine devoit outre cela aux mêmes Marchands d'Anvers huit mille cinq-cens trente-deux Livres. Tous ces emprunts ne pouvoient qu'être très-pre- judiciables à la Reine . par les raifons qu'on a vtîè's ci-delais : c'eft pourquoi le Che- valier Avril , Mai et Juin. 1741. 73 valier Grejbam lui confeilla d'emprunter déformais de les propres Sujets l'argent dont elle avoit befoin. Il renouvella ce confeil torique la Guerre avec l'Efpagne eut interrompu le Commerce avec les Pais-bas. Il lit plus : Ayant appris qu'il y avoit en dépôt à la Tour de Londres vingt ou trente mille Ducats, apartenar.t à un Marchand de Gènes , & d'autres fommes entre les mains de plufîeurs Mar- chands de Londres , ii confeilla à la Reine d'en faire frapper de la Monnoye Angloi- le, difantque les propriétaires de ces fom- mes feroient bien-aife de les prêter à la Reine pour un an ou deux à un inté- rêt raifonnable; ou que, fi cela ne leur paifoit pas , on rrouveroit moyen de leur remettre le montant à Gènes. 11 donna lui-même toutle premier l'exem- ple de ce qu'il propofoit : car il envoya à la Monnoye cinq lacs de nouvelles Rea- ies d'Efpagne, pour en faire frapper de l'argent courant d'Angleterre à i'u de ia Reine. Chaque lac pefok neuf- cens foixante - douze Livres & onze on- ces , à quatre chelins dix fols & un quart l'once ; ce qui fe montoit en tout à dix-huit mille huit-cens quatre- vingt- Livres, fix chelins, onze fols 6z trois quarts- femme bien confiderable pour un firnple particulier. Lorfque le Chevalier Thomas Grejbam propofa aux Marchands de Londres de E 5 prê- 74 Bibliothèque Britannique , prêter de l'argent à la Reine , il trouva d'abord de grandes oppofitions de la part d'un grand nombre d'entre eux. La pro- portion ayant même été faite dans 1 Af- femblée des Bourgeois, elle fut abfolu- ment rejettée. Ce refus , principalement dans un tems où la Reine avoit un û grand befoin d'argent, fut très-mal pris à la Cour. Le Secrétaire d'Etat écrivit une Lettre à la Ville de Londres , où il repréfentoit, que l'emprunt qu'on avoit propoféétoit une faveur qu'on faifoit aux Bourgeois , plutôt qu'une grâce qu'on leur demandoit; on remarquoit encore, que d'avoir agité cette queftion dans une Af- femblée générale des Bourgeois , étoit une efpece d'affront qu'on avoit fait publique- ment à la Reine ; c'eft pourquoi on s'at- tendoit que la Ville de Londres allegue- roit fes raifons pour juflifier une pareiL- le conduite. Cette Lettre avoit un peu l'air d'une menace. Cependant l'affaire ne fut paspoufTée plus loin , & aux mois de Novembre & Décembre fuivans , plu- ileurs Marchands de Londres, & même quelques Echevins de cette Ville , prê- tèrent à la Reine diverfes fommes , qui fe montoientà feize mille Livres Sterling, pour llx mois feulement, & à fix pour cent d'intérêt pour ce tems-là. Ce terme étant expiré , on le prolongea defix mois encore , * Alderman. Avril , Mai et Juin. 174Ï. 75 encore, au même intérêt, outre le Cour- tage que la Reine fut obligée de payer. Cette méthode d'emprunter de l'ar- gent des habitans mêmes du Pais ayant été trouvée plus commode , & plus utile tant au Prince qu'au fujet , fut fouvent employée dans la fuite ; & c'eft au Chevalier Grejbam qu'on en a l'obliga- tion. La Reine Elifàbetb avoit tant d'eftime pour lui, qu'elle lui fit l'honneur d'aller un jour dîner chez lui. On rapporte à cette occafion un conte auquel Mr. Ward n'ajoute pas beaucoup de foi. Le Che- valier Grejbam avoit acheté d'un étran- ger une Perle magnifique , & d'un fi grand prix, que pluiieurs perfonnes de la première qualité n'avoient pas voulu l'acheter : on dit que le Chevalier fit réduire cette Perle en poudre, & la but dans un verre de vin à la fanté de la Reine. Mr. Ward remarque là-defïus , que ce con- te ne s'accorde gueres avec l'humeur de Grejbam , qui fçavoit trop comment em- ployer fon bien d'une manière plus pro- fitable. Le Commerce de Flandre , & parti- culièrement celui d'Anvers , étant fufpen- du par la Guerre , la Charge d'Agent , dont Grejham étoit revêtu, fut par cela même fupprimée. Mais la Reine lui don- na bientôt une nouvelle marque de la confideration qu'elle avoit pour lui : car elle 7<5 BlB-LIOTftEQUE BRITANNIQUE, elle lui donna, conjointement avec l'Ar- chevêque de Cantorberi , l'Evêque de Londres, le Maire, la Cour des Eche- vins , & plufieurs autres perfonnes de diftinéfcion , la commifllon d'entretenir la paix & la tranquillité dans la Ville de Londres, pendant qu'elle iroit vifiter les Provinces d'Angleterre. Le Chevalier Grejbam ayant acquis beaucoup de bien, & n'ayant point d'en- fans , excepté une fille naturelle, qui avoit épouîé Nathanaël Bacon, fécond fils du Che- valier Nicolas Bacon Garde des Sceaux, & frère de François Bacon * , qui fut en- fuite Chancelier , il fongea à employer une partie de fon bien d'une maniè- re qui fût utile au Public , & qui pût tranfmettre fa mémoire à la postéri- té. On a vu qu'il étoit non feulement Négociant , mais aufli homme de Let- tres. Il avoit déjà témoigné fon zèle pour le Commerce par la magnifique Bourfe qu'il avoit bâtie ; il voulut aufli montrer fon amour pour les Sciences, en fondant un Collège où on pût lesen- feigner. Ce deifein étant connu , l'U- niverfité de Cambridge , dont il étoit un Elevé, le follicita d'établir ce Collège chez elle: * Voyez un abrégé de fa Vie , dans U X\7e. Tome dt rttte Bibliothèque -, Part. I. pag.123, 6? jw. Avril, Mai et Juin» 1741. 77 çlle : mais ces follicitatione n'eurent aucun effet; il perfifta dans le deflein qu'il avoir: formé, de faire un Collège de la Maifon même où il demeuroit à Londres, & qu'il avoitfait bâtir. En bâtifiant la Bourfe , il s'étoic refervé pour lui & pour fes Héritiers, le produit du louage des Bou- tiques qu'il y avoit tout autour, &des Caves qu'il y avoit delîbus. Il ordonna. par fon Teitament , que ce produit fat employé àl'entretien de fept Profeffeurs, fçavoir un de Théologie , un d'Aftronc- mie , un de Géométrie, un de Mufique , un de Droit , un de Médecine, & un du Rhétorique; qu'on leur payât à cha- cun unfalaire de cinquante Livres Ster- ling par an , & qu'ils eûflent tous un aparcement dans le Collège ; avec condition néanmoins, qu'ils ne feroient point mariez ; desquels fe marieroient, ils feroient obligez de quitter leur emploi. Les gages de ces ProfefTeurs fe mon- toient donc tous enfemble à trois -cens cinquante Livres Sterling par an ; & les Rentes des Boutiques de la Bourfe en produifoient fept -cens quarante , outre une efpece de Relief que chaque Lo- cataire eft obligé de payer toutes les fois qu'il renouvelle fon Bail. Le Chevalier Grejbam fit donc encore des fondations de Charité. Il ordonna dans fon Tefta* ment, qu'on payât dix Livres Sterling à chaque Hôpital & à chaque Prifon de la 78 Bibliothèque Britannique , la Ville de Londres , ou qu'on donnât la valeur en denrées , pour le foulagement des Pauvres & des Prifonniers. Il laifle aufïï huit petites Maifons de Charité , dans chacune defquelles il veut qu'on entre- tienne un pauvre, & qu'on lui paye fix Livres, treize chelins & quatre fols par an. Toutesces Rentes annuelles fe mon- toient à fix-cens trois Livres, fix chelins & huit fols ; de forte qu'il reftoit plus de cent Livres Sterling par an aux Admi- nistrateurs pour les faux fraix auxquels ils pourroient être expofez dans l'exécu- tion du Teflament. Il n'yavoit pas long-tems que Mr. le Chevalier Grejbam avoit fait fon Tefla- ment lorfque la mort l'enleva : il fut pris d'une attaque d'apoplexie en reve- nant de la Bourfe , le 21. de Novembre 1579, & mourut lemême jour. Il fut en- terré dans FEglife de fa Paroifle 9 qui eft celle de Ste. Hélène à Londres. Mr. Ward ne manque pas de faire l'E- loge du Chevalier. Il avoit , dit-il, une grandeur d'ame proportionnée à fa haute fortune. Il étoît généreux , toujours prêt à faire de belles actions , & à en- courager les autres à en faire. Il étoit l'ami & le Protecteur des Sçavans. Ou- tre le Grec & le Latin , il entêndoit encore plufieurs Langues modernes. Il avoit une connoiffance fort étendue de tout ce qui regardoit le Commerce en géné- ral. Avril , Mai et Juin 1741. 79 Tal. Il avoit beaucoup de crédit à la Cour de la Reine Elifabetb ; c'etoit lui qui , pendant plufieurs années, étoit feuî char- gé de traiter toutes les affaires qui avoient du rapport au Commerce , foit en Angle- terre , foit dans les Pais étrangers , & de négocier l'argent dont la Reine avoit befoin, de forte qu'on lui donna le titre de Marchand Royal. Mr. Meredith , homme fçavant & de probité -, qui a été Profef- feur en Droit dans le Collège de Gref- ham, rapporte * une particularité qui fait beaucoup d'honneur au Fondateur de ce Collège ; voici ce que c'eft. Les Habitans des Païs-bas étant extrêmement preffez par les Efpagnols , la Reine Elifa- betb refolut de les fecourir , ce qui de- mandoit une fomme confiderable d'ar- gent. Le Chevalier Grefbam trouva un moyen de les fecourir faris qu'il en coû- tât beaucoup. Il emprunta en fon pro- pre nom tout l'argent qu'il y avoit à la Banque d'Anvers. Par ce moyen il mit les Efpagnols hors d'état d'agir vigou- reufement cette année-là, & donna aux Flamans le tems de refpirer. On fera peut-être bien-aife de voir comment Mr. Men- * C'eft dans la Harangue qu'il prononça en entrant en charge. Elle eft en Latin , & Mr. IVard l'a inférée dans VJppendix, Nomb. Xfll. Elle fut prononcée au commencement de J'^s 1673. So Bibliothèque Britannique , Mcredith a exprimé cette particularité en Latin : Cum ab Hifpanis quodam anno gfaviter periçfitantibus ( Belgis ) opitulari Regina veilet, grandi que pecuniâ ad eam rem opus effet, rctionem excogiicviî Grefhamus , quâ Uvi difpendio negotium conficeret : omncm nempe argentariam Menfarh, qiue Antverpiœ eratjfuo rumine mumatus , Hifpanorum nervos in eum annum fuccidit \ Belgis verà refpirancU tempus , bqflemque Jimul debiîitandi prœftitit. Mr. Ward remarque là-deffus, qu'il feroit à fouhaiterqueMr. Meredith eût marqué en quelle année ce fait arriva, & furquelle autorité il eft fondé, car les Hiitoriens n'en parlent pas. C'eft peut-être ce fait, ajoute notre Auteur, qui aétécaufe qu'on a attribue au Chevalier Grejîmm d'avoir fait protefter à Gènes en 1587. toutes les Lettres de change d'Efpagne , ce qui empêcha que la Flote Efpagno- 3e ne put mettre à la voile cette an- née-là. Le Docleur Welwood * & l'E- vêque Eurnet f rapportent ce fait, en l'attribuant à un Marchand Anglois qu'ils ne nomment point. Mais ce ne fçauroit être le Chevalier Grejbam, qui étoit mort plufieurs années avant ce tems-là. Par fon Teftament il avoir laide à fa Veuve la jouïflanccde tous fes biens du- rant * Memoirs, png. to. t Hift. de fon T«ms , Vol. 1. pag. 313. de V Original* Avril , Mai et Juin. 1741. 81 rant fa vie: elle lui furvécut pendant plufieurs années * & ce ne fut qu'après fa mort que les Exécuteurs Teftamen- taires du Chevalier Grejbam entrèrent en pofTeflion des fonds qu'il avoit léguez pour l'entretien du Collège & des Pau- vres. Son Teftament fut confirmé par un Adle de Parlement , pafle la troifième année du régne à'EHjobetb. Il n'avoit légué ces fonds que pour cinquante ans, à caufe des Statuts de Main-morte , par lefquels il eft défendu d'aliéner pour jamais des Biens fonds à quelque Corpo- ration , Corps ou Société que ce foit, fans la permifllon du Prince. C'eft pourquoi le Chevalier Grejbam avoit fortement recommandé à fes Exécuteurs , de préfen- ter Requête au Souverain pour obtenir cette permifllon , fans laquelle le bien devoit retourner à fes Héritiers naturels après l'expiration des cinquante ans. Ils ne négligèrent pas cette précaution ; 6c obtinrent de Jaques I des Lettres Paten- tes datées du 3 de Février 1614; par lef- quelles la Donation du Teftateur leur fut confirmée pour jamais , aux conditions exprimées dans le Teftament. La Ville de Londres 6c le Corps des Merciers , que le Chevalier Grejbam avoit nommez fes Administrateurs par rapport à cette partie de fon Teftament qui * Elle mourut le 23. de Novembre 1596. Tome XVII. Pan. I. F 82 Bibliothèque Britannique > qui regardent le Collège , entrèrent en poffeflion des fonds qui leur étoient léguez au mois de Décembre 1596. Ils longè- rent bientôt à exécuter la volonté du Teftateur ; ils s'addreflTerent pour cet effet aux Univerfitez d'Oxford & de Cambrid- ge , les priant de leur nommer deux hommes fçavans dans chaque Faculté , afin qu'ils en pûflent choifirun dans chacune. Cette méthode de s'addrefiér aux Uni- verlitez n'a pas été fuivie dans la fuite; car dès qu'il y a eu quelque vacance , il s'eft préfenté affez de Poilulans pour qu'on ait pu choifir celui qu'on croyoit le plus capable de la remplir. Comme le Chevalier Gnjham n'avoit point déclaré dans fon Teftament en quel- le Langue il vouloit que les Profefieurs fifTent leurs Leçons publiques , il y eut d'abord quelques Difputes fur ce fujet parmi fes Exécuteurs. Les unsvouloient qu'il les fiiTent en Anglois , au moins les Leçons de Théologie. Enfin on convint que les Leçons fe feroient partie en Latin & partie en Anglois, afin que les Etran- gers pûflent en profiter aufli-bien que les Naturels du pais. On ordonna aufîi , que les Profefieurs ne feroient leurs Leçons publiques que pen- dant ce qu'on appelle les Quatre Terme s *-de l'An- * Ces quatre Termes font 1. Le Terme de S. Avril , Mai et Juin. 1741. 83 l'Année ; c'eft- à- dire pendant le tems que les Juges tiennent leurs Séances or- dinaires dans la Cour de Weitminiter ; & que chaque Profelïeur ne feroit que deux Leçons par le main e durant cetems- là : ce qui fait voir qu'ils n'étoient pas furchargez d'occupations. En 1706 , quelques jeunes gens de Lon- dres , qui ignoroien: les Conititutions du Collège de Grejbam , &qui s'imaginoient qu'on y faifoit des Leçons publiques tous les jours de l'année , y allèrent dans le tems des Vacances. Se trouvant trom- pez dans leur attente, ils furent conful- ter le Teftament du Fondateur : & voyant qu'il y eft dit, que chaque Profetfeur y doit faire, journellement des Leçons , ils en conclurent , qu'ils avoient droit d'exi- ger qu'on y fit au moins une L,eçon par jour durant toute l'année. Ils préfen- terent là - deflus une requête aux Commif- faires établis pour avoir foin des affai- res S. Hiiairg, qui commencée 23-de Janvier , & finit le 12. de Février. 2. Le Terme de Pâques , qui commence le fécond Mercredi après le jour de Pâques , & finit le Lundi après le jour de Y Af- cenfion. 3. Le Terme de la Trinité, qui com- mence le Vendredi après le Dimanche de la Trinité, & finit le troifième Mercredi après ce Dimanche. 4. Le Terme de la 5. Michel, qui commence le 23. d'Octobre , & finit le -: Novembre, F si 84 Bibliothèque Britannique, res du Collège, demandant que lesPro- feifeurs fiflent des Leçons tous les jours ; ils fe plaignirent qu'il n'y avoit point de Leçons les jours de fête, ni durant les premières ni les dernières femaines de chaque Terme , lorfque le Terme commen- coit oufinifïbit au milieu d'une femaine. fis fe plaignirent encore, qu'il n'y avoit point d'heures réglées pour les Leçons. Les Profeifeurs repondirent par rapport aux deux premiers chefs , qu'ils ne fai- foientque fuivre la pratique de leurs pré- deceffeurs, établie dès le tems même que le Collège fut fondé. Us ajoutèrent en particulier fur le fécond chef, que c'étoit ïa coutume dans les Univerfitez, de ne point faire de Leçons aux jours de fête. Pour ce qui étoit des heures réglées pour les Leçons, ils dirent que c'étoit une chofe qui leur étoit parfaitement indifférente. Les Commiflàires, après avoir enten- du les raifons de part & d'autre, firent un Règlement, par lequel il étoit ordon- né que les Leçons publiques fe feroient deux fois par femaine fur chaque Science durant quatre Termes de l'année, dont le premier commenceroit le Lundi avant le Terme de la S. Michel, & finiroit avec ce Terme. Le fécond commenceroit le Lundi avant le Terme de S. Hilaire , & finiroit aufli avec ce Terme. Le troifiè- me commenceroit le Lundi après la fe- maine de Pâques , & finiroit avec le Terme Avril , Mai et Juin. 1741. 85 Terme de Pâques. Le quatrième com- mencèrent le Lundi avant le Tenue de la Trinité, & dureroit 28. jours entiers. Il fut aufll ordonné par le même Règlement, que les Profefleurs commenceroient leurs Leçons précifement à neuf heures du matin , & à trois heures après midi. Les Profefleurs fe fournirent en par- tie à ce Règlement; c'efl - à - dire qu'ils confentirent à faire leurs Leçons publi- ques durant tout le cours des quatre Termes, quelque jour de la femaine que chaque 7>rme'commençât ou finît. Mais comme ce Règlement les mettoit dans l'obligation de commencer leurs Le- çons avant le commencement de cha- que Terme, & de les continuer plufieurs jours après l'échéance, ils confulterentdes Avocats , qui leur confeillerent de ne point fe charger eux-mêmes ni leurs fuc- cefTeurs d'un furcroît de travail. Us drefferent un Mémoire , qui contenoit les raifons pour lefquelles ils refufoient de fe foûmettre à cette partie du nou- veau Règlement ; ils préfenterent leur Mémoire au Maire de Londres ; & ap- paremment que leurs raifons furent trou- vées bonnes; car l'affaire endemeura-là. Pendant que la Société Royale tenoit fes AfTemblées au Collège de Gre/barn, elle y avoit aufli fa Bibliothèque , dont les Profefleurs du Collège avoient la li- berté de faire ufage. Mais lorfque la F 3 Socie- S<5 Bibliothèque Britannique, Société eut acheté une Maifon * , elle y fit tranfporter fa Bibliothèque, & tous fes Inftrumens d'Aftronomie, de Mathé- matique , CvC Cependant Mr. Word nous apprend, qu'il y a une fomme d'argent à la Banque , qui, par un Décret de la Chancelerie , rendu le 25. de Juillet 1734 , eft deflinée à achetter des Livres pour former une Bibliothèque à Fufage des Pro- feiïeurs du Collège de Grcfbam. Le choix dts Livres eft lailfé à la difcretion des Profeiïeurs , ou de la pluralité d'entre eux. ARTICLE IV. A DifTuafîve from entering into Ho!y Orders , in a Letter to a young Gentleman, &c. C'eft-àdire : Let- tre à un Jeune -homme , pour le dif- fuader de pendre les Ordres Sacrez, A Londres , chez H. Cook , dans Fleet-ftreet,i732. t^pp. 57. OUoiqu'il y ait plufieurs années que ^ cette Brochure a paru , il n'y a, pourtant que peu de jours qu'elle oons eft tombée entre les mains : elle nous a paru mériter que nous en rendions compte , à caufe des traits finguliçrs & hardis * Ce fut l'an 1710. Avril , Mai et Juin. 1741, 87 hardis dont elle eft remplie. Il eft vrai que tout cela regarde principalement le Clergé Anglican : cependant les Ecclé- fiafliques de tous les Pais pourront y trouver matière à des réflexions utiles. Comme fuivant toutes les apparences cet Ecrit ne fera jamais traduit en Fran- çois , nous en donnerons une bonne par- tie ; fans prétendre néanmoins approu- ver ni adopter toutes les réflexions de l'Auteur. 11 écrit à un Jeune -homme qui avoit ceiTein de fe faire Miniftre , & il em- ployé plufieurs raifons pour l'en difïua- der. I. ,, En premier lieu, dit-il, je nevois }> pas que la charge de Miniflre foit d'une ,., néceifité abfolue , au moins par rap- „ port à la fon&ion de prêcher. La ,, Prédication de l'Evangile ne conflit e h pas à faire des Sermons , ou à expli- 11 quer des Textes. 11 eft vrai qu'au- „ jourd'hui c'eft-là la principale branche ,, du Pviiniftère , comme aufli la plus pro- „ pre à faire fortune. Lorfqu'un hom- ,, me a un bel extérieur , & qu'il pro- „ nonce bien un Difcours , il peut s'af- ,, furer d'être avancé dans l'Eglife. Mais », il me femble que l'office de prêcher ,, eft devenu inutile depuis la publica- M tioa des Evangiles & des Epkres. . . . ,, Prêcher l'Evangile dans le feus de l'E- n criture, c'eft apprendre aux hommes F 4 „ . 88 Bibliothèque Britannique, „ que le Meflîe ou le Chrifl eft venu , ,, & les inilruire. des raifons de fa ve- t> nue. Cela ne demande pas de longs ,, difcours ; les Auteurs du Nouveau n Teftament l'ont expliqué d'une ma- fS nière (i claire , que les plus fimples „ peuvent le comprendre; & c'eil tout „ ce qu'il leur importe de fçavoir. Nous ,, n'avons que faire d'un fi grand nom- „ bre de Prédicateurs pour" expliquer 99 les Livres facrez : car , ou ils font » clairs, ou ils ne le font pas: s'ils ne h „ font pas , dans quel deflein ont - ils ,9 été compofez ? Et s'ils le font , de 9, quoi fert cette multitude d'Interpré- 99 tes publics ? Nous n'avons que faire » de vous. Nous n'avons déjaque trop m de gens dont remploi confifte à nous „ repeter perpétuellement la même cho- ,, fe; & il vaudroit mieux qu'on ne le fit ,9 pas avec tant d'incertitude & tant de 99 variations. . . . 11. is Maisfuppofé,en fécond lieu, que „ cette Charge put être de quelque uti- „ lité au Genre humain, principalement 99 auxignorans, & à ceux qui ne fçavent „ pas lire ; cependant , vu la manière 99 Superficielle dont on examine ceux qui 99 fe prefentent pour être ordonnez , & ,i le peu de foin qu'on a de s'informer „ s'ils ont les qualitez requifes , je ,, crains fort que leur Charge ne foit » plusdangereufe qu'utile. Combien de » fa- Avril, Mai et Juin. 1741. 89 ,, fadaifes & d'impertinences n'ai-je pas „ ouï dire en Chaire ? Combien d'ex- „ prelîions abfurdes ? Combien de mé- „ taphores forcées ? Combien de pafla- ,,'gesde l'Ecriture citez à contre-iens, „ & tirez par les cheveux ? ,9 Ce n'eft pas 'out: ce n'eft pas même „ ce qu'il y a de plus dangereux. J'ai „ oui Couvent avec furpnfe ce avec in- „ dignation 9 que l'on preféroit les Pré- » ceptes pofitifs , aux Devoirs moraux , » dont l'obligation eft éternelle & in- „ variable : J'ai oui preffer des pratiques „ inutiles , comme des conditions né- ,, ceflaires du Salut : J'ai ouï infitterfur ,, des doctrines purement humaines , avec „ plus de force que fur les Commande- „ mens de Dieu. ,, 11 fuit de-là , que le Peuple , dont „ le foin eft commis à de pareils Doc- ,, teurs, ne peut qu'être confirmé dans „ l'ignorance, dans la bigoterie & dans „ la fuperftition. Le malheur eft ,que ces „ Prédicateurs dont je parle ne font pas „ le plus petit nombre ; & ce font eux ,, qui pour l'ordinaire font les plusrem- » plis d'eux-mêmes , & les plus hardis , „ qui font le plus de bruit , qui crient „ le plus haut en chaire , qui par- » lent avec le plus de confiance : au „ lieu que ceux qui font véritablement „ fçayans font toujours modeftes , & fe » défient d'eux-mêmes. Le verbiage de F 5 „ ceux- 90 Bibliothèque Britannique , „ ceux-là, & le bruit qu'ils font, neman- „ que gueres de faire imprefïîon fur le „ peuple : au lieu que le bon-fens de f, ceux-ci n'efl apperçu & applaudi que ,> par ceux qui ont du bon - fens eux- „ mêmes. „ De l'ignorance & de la bigoterie du „ Clergé nait ce qu'on appelle Héréjie, „ mot qui après tout ne fignifie que la „ Vérité. Car comme' l'ignorance les „ rend bigots, la bigoterie à fon tour les „ attache à leur ignorance. Et lorfqu'un „ homme de bon-fens, foit de leur Or- „ dre, foit du nombre des Laïques, ofe „ parler ou écrire en faveur de la Vérité „ & de la faine Religion , ils ne man- „ quent pas de l'honorer du titre d'Hé- ,, rétique. Ils iroient bien plus loin s'ils „ n'avoient pas les mains liées. . . . ,, Je vous confeille donc de ne point 3, fonger à prendre les Ordres; je con- „ nois votre Efprit , votre bon-fens , votre „ fçavoir : vous courez rifque dedécou- „ vrir la Vérité , & cela eft trop dan- „ gereux , vu le peu de bien que vous fJ avez. Notre Auteur, qui ne veut pas qu'on Faccufe de fmgularité, cite ici quelques paffages d'un Livre de PEvêque Bumet , qui confirment ce qu'il a dit de l'igno- rance & de la Bigoterie du Cierge. III. Il allègue enfuite une troifième raifon pour détourner fon Ami du deflein de Avril , Mai et Juin. 1741. 91 de prendre les Ordres: Elle eft tirée de la Liturgie Anglicane. „ Je crains fort , „ dit-il , que ii on veut l'examiner avec „ foin , on ne trouve qu'on y a ajouté „ bien des chofes , qui font juger aux ,-, perfonnes judicieufes , que ce qu'on ,, fait dire au peuple eft ou vuide de fens , „ ou même criminel. ,, Quelques-uns ne craignent pas de ,, dire , que c'eft un étrange compofé » de Prières & de Symboles. La Li- ,* turgie leur femble deitinée à établir „ les imaginations & les fantaifies par- s, ticulieres de quelques Théologiens , „ plutôt qu'à nous rendre véritablement „ humbles & dévots. Car à quoi pour- t, roient être deftinez les trois Symbo- „ les : celui é'Athanafe , qu'on eft obligé de „ croire fous peine de damnation : celui „ deNicée, qui acaufétant de troubles , „ tant de querelles, tant de fchifmes , „ tant de perfecutions , & qui a tant „ fait répandre de fang ? Et nonobftant „ cela nos Eccléfiaftiques l'ont reçu „ comme un précieux joyau , & l'ont i, placé dans la partie la plus folemnelld ,, de l'Office : comme ne voulant per- „ mettre à qui que ce foit de recevoir ,, la fainte Cène , que premièrement il „ n'eut avalé cette pillule amere. Pour „ ce qui eft du Symbole des Apôtres , les .., Chrétiens, de quelque parti qu'ils foi à le recevoir. (1 „ corn- Ç2 Bibliothèque Britankique, „ compofé d'une manière modefte, &e*n „ termes aflez généraux ; de forte que , „ même en le recevant, chacun a la li- „ berté de fuivre fes propres fentimens, „ fans être obligé de croire des contes „ de Vieille , & les ridicules imagina- „ tions des Moines. m On va plus loin : on dit nettement, „ qu'on ne conçoit pas de quelle nécef- „ fité des ConfefFionsde foi peuvent être „ dans le Culte public. Pourquoi tous les „ Chrétiens ne pourroient-ilspas fe join- „ dre dans la Prière, malgré ladiverfité «, de leurs opinions en matière de Foi? ,, Lorfque les Difciples demandèrent à „ Notre-Seigneur qu'il leur enfeignât à „ prier , il ne leur commanda point de „ réciter un Symbole; il fe contenta de ,, leur donner un formulaire de Prière , „ clair, fimple, exprimé en termes con- „ venables, & proportionné auxbefoins i> des hommes ,, Mais les Eccléfiaftiques ont toujours „ profité des moindres occafions qui fe „ préfenterent pour faire naître des di- „ vifions parmi les Chrétiens. Par ce „ moyen ils font afTurez de trouver des „ Dévots qui fe déclarent pour eux avec „ zèle : le parti le plus fort l'emporte , „ fe faifit de tous les bénéfices , impri- „ me une marque d'infamie au parti op- „ pofé , augmente la divifion , & rend „ tout accommodement impoflible. i> Je Avril, Mai et Juin. 1741. 93 ,, Je dis donc qu'il ne faudroit jamais „ inférer dans les Liturgies publiques , ,, des Symboles ou des Articles de „ Foi; . . . tout cela ne peut que nour- ,, rir le faux zèle , la haine , les divi- „ fions , & caufer des fartions & d^s „ troubles dans l'Eglife , au lieu d'en- „ tretenir la pieté ,"la douceur, l'union „ & la paix. . . . ,, 11 y a un bon nombre d'Eccléfiafti- „ ques qui penfent comme nous ; & ce „ ne font pas les moins éclairez. Ils ,, fouhaiteroient fort qu'on reformât ces „ abus Je me fouviens à cette ,, occafion de ce que fit un jour un „ jeune Eccléfiaftique .-Ayant à lire l'Offr- ir ce du Bâtême , qui commence par ,, ces paroles : Chers & bien-aimez , corn- „ me tous les hommes fons conçus & nez en „ péché ; & croyant fans doute que cela „ eft faux & abfurde , 11 le lut ainfi : „ Comme tous les hommes font conçus * être „ nez en péché. C'étoit une aifez bonne ,, correction. Mais il faut avouer auffî, „ que c'étoit un bon moyen d'engager ,, les hommes à fe faire bâtifer , que ,, de leur faire croire qu'ils avoienteon- ,, tratté une fouillure ( le péché ori- ,, ginel ) dont ils ne pouvoientètre lavez „ que par le Bâtême. IV. Une quatrième raifon qu'on allè- gue * C'eft«à-direcff?j/ès. 94 Bibliothèque Britannique g gue ici , c'eft la néceflité où font tous les EccléfiafUques de figner la Confef- fion de Foi de PEglife Anglicane. On y foufcrit en ces termes : Je, N. N. fou/cris de mon bon gré , &f de tout mon cœur ( ex animo ) que tous 6f Chacun des trente- neuf Articles , outre la Ratification , font con- formes à la parole de Dieu. ,, Je me per- „ fuade, dit là-deffus notre Auteur à fon „ Ami , que fincere & d'aufïi bonne-foi ,, comme vous êtes, vous ne voudriez ,, pas ligner cette Déclaration , à moins. „ que vous ne fumez pleinement con~ „ vaincu , que tous ces Articles s'ac- *, cordent avec l'Ecriture Sainte, &que ,, n vous aviez le moindre foupçon qu'un ,, feul de ces Articles y eft contraire, „ vous n'y foufcririezpas. Vous nepen- >, feriez qu'avec horreur, que le premier >, pas que vous feriez pour entrer dans ,, le fàint Miniftère, feroit de proftituer i, votre confcience , en reconnoiffant i, folemnellement pour vrai, ce que vous „ croiriez faux. . . . , Voyons donc û „ vous pouvez admettre de bonne -foi „ tous les Articles qu'il faut figner. ,, Penfez-vous que tous les gens fça- ., vans & de bon-fens qu'il y a parmi i? le Clergé foient Athanafiens ? Il faut jj pourtant qu'ils le foient , s'ils ontfigné ,3 hncerement les Articles I, II, V\ & >, VIII. delà Confelïïon de Foi. Etcom- f3 bien peu d'Ecciéfiaftiques y a-t-il qui f9 croyent Avril, Mai et Juin. 174Î. 95 *5 croyenr, que cette Propofition eft wé* p ritable : * Le Péché originel efl la Faute „ & la Corruption de la nature de chaque „ homme qui eft naturellement engendré de „ la four ce d'Adam , par où V homme eft fort „ éloigné de la Jufticc originelle, & eft de fa ,, nature enclin au mal . . . . & à caufe de t, cela tout homme qui vient au monde me» „ rite la colère de Dieu , £f la damnation ? „ Cependant ils fignent tous cette Pro- \i pofition comme Vils la croyoient fer^ „ mement. Combien peu y en a-t-ilqui ,, croyent que f La condition de V homme 9 „ après la chute d'Adam , eft telle , qu'il ne 99 peut ni fe convertir, ni fe préparer foi-même M par fes propres forces naturelles à? par ,,fes bonnes œuvres , à la Foi & à Vinvc* „ cation de Dieu ? Combien peu , enfin , „ qui foient perfuadez que § Les Oeuvres „ faites avant la grâce d* Jefus-Chrift , 6? „ avant Vinfpiration de fon Efprit , ne font „ point agréables à Dieu, .... mais qu'elles „ ont la nature du péché ? Les Eccléfiafti- „ ques font -ils aujourd'hui dans le» „ principes de Calvin , fuivant le fens „ naturel du dix-feptième Article de la „ ConfeflîondeFoi? Cependant ils fouf- „ crivent à tout cela comme à autant d& 99 Véritez * Art. IX. de la ConfefT. de Foi de l'Eglift ■Anglicane. t Art. X. * Arc. XIII> Ç6 BlBIrïOTHEQUE BRITANNIQUE , „ Vcritez dont ils font perfuadez. Que „ peuvent penfer les Laïques, lorfqu'ils „ les voyent déclarer folemnellement „ qu'ils croyent véritables des Propofi- „ tions, delafaufleté defquelles ils font „ perfuadez; & cela feulement dans le „ deffein d'obtenir quelque bénéfice ? ,, Ne peut -on pas conclure de -là, que „ pour l'amour d'un plus grand gain , „ ils foufcriroient de même à quelques 9, autres Articles que ce fût ? „ Si vous pouvez donc , Monlieur , ,, foufcrire à ces Articles en bonne con- „ fcience, faites-le. Si vous les croyez ,, véritables dans le fens propre & natu- „ rel, fans les forcer & leur donner la ,» torture pour y trouver votre ienti- „ ment particulier , vous pouvez les figner „ fans crime. „ Mais fi vous êtes dans la nécefïïté „ de vous fervir d'artifices, de détours, „ de palliations, pour y donner un fens „ qui vous paroifle raifonnable, au nom „ de Dieu ne les fignez point , ne par- „ ticipez point au crime des autres. m Penfez que c'elt être de mauvaife foi, „ que de chercher d'autres raifons pour „ foufcrire ces Articles , fi ce n'eft la s, vérité même de cqs Articles. Car il „ efl certain que celui qui commence „ par un menfonge , peut être envoyé „ par le Père du menfonge ; mais il eft t, impoflible qu'il entre par la porte, puif- ,, qu'il Avril , Maî et Juin. 1741. 97 i5 qu'il fe déclare prévaricateur dès le „ premier pas qu'il fait. V, ,9 Cinquième raifcn : Quand même „ vous feriez maintenant perfuadé de la „ vérité de tous les trente-neuf Articles ,• y, penfez-vous que des réflexions plus „ mûres , & une étude plus longue „ & plus férieufe , ne pourront pas a vous faire changer de fentiment fur „ quelques - uns ? Et û cela arrive , pour- i> rez-vous vous réfoudre à renouveller ,, vos fignatures? Vous y ferez pourtant „ obligé toutes les fois que vous fe- „ rez nommé à quelque nouveau Béné- » fice. ,, Mais puifque je viens de parler de >, Bénéfice, je me rappelle que vous ne ,, connoifTez aucun de ceux qui en ont „ à leur nomination. Vous n'avez point „ d'amis, ni chez le Chancelier, ni chez ,, les Evêques , ni à la Cour. Tout ce ,, que vous pouvez donc vous propofer -, „ c'ell de fervir d'abord en qualité de t, Vicaire , jufques à ce que votre méri- », te foit connu & vous procure quelque ,, avancement, ,, Mais, mon cher Ami, vous necon- ,, noilTez gueres quelle faible recomman- „ dation c'eft que le mérite feul, dans M le Siècle ou nousfommes. Vous pour- , nez avec plus de raifon fonder vos 99 efpérances fur d'autres quaiitez^ Si ,, vous aviez une grande volubilité de Ténu XVlh Port, L G „ Iaa« oS Bibliothèque Britannique , ,, langue, un air hardi, & même effron- 99 té , à ne vous pas laiiTer déconcerter î, aifément : Si vous étiez attaché à un ,, certain parti , & difpofé à le défendre „ avec zèle en tous lieux , en public & „ en particulier , dans les Caffez & „ dans les Cabarets , à propos ou hors 9, de propos , n'importe : Si vous pou- „ viez monter en Chaire fans vous fou- „ cier de votre Auditoire, & prononcer ,, d'une voix de tonnerre un Difcours o orthodoxe , qu'il y eût du bon-fens ou „ non , ce n'eft pas dequoi il eft queflion : f9 Si vous pouviez déclamer fortement 9, contre quelque Théologien d'un mérite ,9 diftingué , à qui il eft échapé par mal- „ heur quelque vérité importune , vous „ vous feriez bientôt de puiflans amis, „ vous auriez en peu de tems un bon 99 Bénéfice. ,, Mais de n'avoir que le mérite feul , le ,, timide mérite pour Patron , c'eft le plus „ mauvais ami que vous puiffiez avoir au 99 monde. Combien de tems ne ferez-vous „ pas obligé à faire des Bâtêmes&desEn- >• terremens pour un falaire très-modique> „ avant que perfonnê s'apperçoive que „ vous méritez un Emploi plus confide- „ rabîe ? Et puis , en qualité de fimple ,, Vicaire , vous vous verrez dans la né- ,., ceflité de faire mille chofes qui ne „ vous plairont pas beaucoup. Dès que la 99 moindre vieille Femme aura mal aux „ dent?. Avril, Mai et Juin. 1741. 99 „ dents , & ne pourra pas dormir la nuit * „ on vous envoyera chercher en hâte ,, pour lui faire la prière , comme fi elle ,, alloit mourir. Dès qu'un Enfant fera „ un peu incommodé, on vous appellera „ à minuit pour le bâtifer, de peur qu'il „ ne s'en aille dans l'autre monde fans „ avoir de nom. „ Par-tout où il y aura quelque chofeà ,, gagner, foyezperfuadé que votre Maî- ,, tre le Curé en chef fera l'Office lui- „ même ; mais il vous donnera la liberté „ d'aller par- tout ou vous n'aurez que „ votre peine pour toute recompenfe. On employé encore plufieurs pages à décrire la trille condition d'un pauvre Vicaire , & la dépendance extrême dans laquelle il eft par rapport à celui qui l'employé. Mais comme tout ce qu'on dit fur ce fujet eft particulier à l'An- gleterre , & peut-être un peu trop faty- rique & trop outré , nous ne croyons pas qu'il foit à propos de nous y ar- rêter. Notre Auteur fuppofe enfuite que fon Ami aura eu plus de bonheur. ,, Un E- ,> vêque, lui dit-il, aura découvert votre ,, mérite, & l'aura recompenfe d'un bon ,, Bénéfice. Je vous en félicite ; vous ,, voilà déformais votre propre maître. If Mais quelle fera, croyez-vous, lapre- ,, mière penfée qui vous viendra alois „ dans refprit ? C'eft que vous aurez G 2 „ be- îôo Bibliothèque Britannique, „ befoin d'un Vicaire ; vous ne fçauries „ faire feul tout l'ouvrage ; votre fanté „ eft trop foibîe; ou bien cela interrompt i, trop vos études ; ou quelque excufe ,9 que ce foit , elle fera bonne. Tous les ,, Curez des environs font la même cho- i% fe , à moins que leurs Bénéfices ne „ rapportent fi peu , qu'ils foient obli- 99 gez d'y officier eux-mêmes ; ce qui 99 les fâche extrêmement. 99 A quoi fongerez-vous enfuite ? A 99 obtenir un fécond Bénéfice ; car vous 99 voudrez fans doute faire comme vos „ Confrères : Et quel eft PEccléfiaftique „ quife contente d'un feul Bénéfice? On î5 vous regardera comme un homme A* 99 poflolique fi vous vous contentez de » deux .... mais vos Confrères vous 99 en eftimeront moins , & croiront que 99 par votre conduite vous voulez cen- j> furer indirectement la leur. Ici notre Auteur fait une violente Satyre de l'avarice & de l'infatiabilité des Eccléfiaftiques , qui, outre deux ou trois bons Bénéfices à cure d'ame , ont encore des Prébendes , des Canonicats , &c. Il cite à cette occafion un paftage de l'Evêque Burmt , qui rapporte , que plufieurs Incrédules lui ont avoué , que rien ne les a porté davantage à douter de la Religion , que la mauvaife opinion qu'ils avoient conçue des EccléHaftiques de tous les Partis. » On n'apperçoit „ point Avril , Mai et Juin. 1741. 101 „ point en eux, difoient-ils, ces mœurs „ févères, ce mépris du monde , ce zèle, „ cette douceur , cette humilité , cette „ charité , que les grandes véritez de „ la Religion Chrétienne devroientpro- „ duire en eux , s'ils en étoient réel- „ lementperfuadez. Ils concluoient de- „ là , que puifque ceux-là même , qui, „ par le devoir de leur Charge étoient „ obligez de s'inftruire des preuves de „ la Religion , en paroiiïbient par leur „ conduite ii peu perfuadez , il faloit ,, que la Religion ne fût pas aufli certai- „ ne qu'ils le pretendoient ". L'Auteur lance après cela quelques traits contre les Evèques mêmes ; puis il conclut de cette manière. „ Si vous ,1 croyez que haranguer en Chaire foit ,1 prêcher Chrift ; fi vous approuvez en „ tout l'ufage de la Liturgie -, fi vous „ pouvez ibuferire aux trente-neuf Ar- „ ticles, dans le fens qui fe préfente na- „ turellement à l'efprit ; fi vous pou- 11 vez vous réfoudre à faire tout le fer- ,1 vice d'une Paroiffe , & à fouffrir les 11 duretez d'un Curé en chef , c'efl-à- „ dire , fi vous pouvez prier Dieu , & „ mourir de faim en même tems ; fivous %y pouvez enfuite vous en venger fur „ d'autres; fi vous pouvez avec contera „ tement & avec patience jouir d'un „ revenu qui fuftiroit pour douze, en jouif- q fant du fruit d'un travail que d'autres G 3 ,1 feront 102 Bibliothèque Britannique, „ feront pour vous , en un mot , fi vous „ pouvez être un véritable Prêtre à la „ moderne , foyez-le. Mais fi vous croyez „ que cela vous caufera des fcrupules; „ fi votre confcience y répugne ; fi vous „ fouhaitez de vous conformer à la pra- a tique de l'Eglife primitive, quieftmain- „ tenant hors de mode, ne penfez pas „ à prendre les Ordres; vous feriez en „ fcandale à vos Confrères, & les dés- « honoreriez par votre conduite. ARTICLE V. Académiques de Ciceron , avec le Texte Latin de l'Edition de Cambridge £f des Remarques nouvelles , outre les conjectures de Davies fc? de Mr. Bentley , S* le Commentaire Pbiîofophique de Valentia, Par un des Membres de la Société R. à Londres, 1740. Oclavo de 32. feuil- les pour le tout. ON a vu dans un de nos Journaux précedens une bonne partie de la Préface de cet Ouvrage ; mais il ne fera pas inutile d'en tranferire le refte en faveur de ceux qui ont quelque curioii- té pour ces fortes de matières : „ Un Le&eur éclairé comprendra fans ,> peine , que n'ayant plus aujourd'hui que ;> ces Avril, Mai et Juin. 1741. 103 „ ces deux Fragmens , & fur un fujet fi „ épineux , il doit y avoir pour nous, „ dans l'un &dans Pautre, bien des cho- „ fes obfcures , qui ne le feroient pas , „ ou le feroient infiniment moins , fi „ nous avions encore l'un ou l'autre ou- „ vrage en entier. Ajoutez , par rapport „ à ce qui nous refte , la négligence , „ ou l'ignorance même des Copiftes, fans „ parler ici de leur audace & de leurs ia- ,, terpolations perpétuelles; car il y en a ,, d'inconteftables dans ces fragmens. En- „ vain les MSS.de Rome, de Florence, ,, de Milan , de Paris & d'Angleterre ,, font appeliez au fecours : il paroîtpar „ les Variantes de Viftorius , de Caméra- >, rius, de Lambin, de Gmter & enfin de „ Davifius , que le mal efl trop ancien „ & trop invétéré , pour fe flatter de beau- „ coup de fuccèsavec un pareil remède : ,, quelques petits adouciffemens par- ci „ par -là , c'eft tout ce qu'on en peut „ tirer. Relie la reflburcedes conjeciu- „ res , qui véritablement ne font pas à ,, méprifer , lorfqu'à l'aide de quelques ,, lettres ou de quelques fyllabes de plus n ou de moins , ou de quelques témoigna- ,, ges étrangers, on peut arriver à un fens „ raifonnable , digne du fujet , du lieu ,, & de l'Auteur : & à cet égard nous ,, en avons, ce mefemble, de JSiâorius. „ qui font heureufes ; de Lambin , qui font „ excellentes; de Guy et , qui font fubti- G 4 J3 les ; io4 Bibliothèque Britannique , „ les ; de Davijlus & de Mr. Walker , qui „ font ingeni.eufes ; & enfin de l'illuftre „ Monfr. Bentley y le Prince , à mon avis, „ des Critiques de ce Siècle , qui font „ furprenantes. J'ai fait ufage dans ma „ Traduction de toutes celles qui m'ont „ paru bien fondées , & dans le Texte „ Latin je les ai indiquées au bas des 99 pages , mais en peu de mots , ren- „ voyant pour les détails à l'Edition de 93 Cambridge , fi belle , fi corre&e , li com- „ plette , fi inflruttive pour les notes , 99 & d'ailleurs fi bien reçue du Public , 99 qu'il a falula réitérer immédiatement f, après la mort de l'Auteur. A toutes ,9 ces corrections j'en ai ajouté quelques- i9 unes ; mais, en vérité , je ne les crois 99 pas d'une afiez grande importance ,. pour en faire un article dans cette 99 Préface. „ Après tout , la plus grande obfcuri- 99 té de ce Livre n'eft pas dans les ter- ,, mes , quoiqu'ils y ayent bonne part; 99 elle eft dans les choies , dans lesprinr „ cipes des anciens Philofophes, qui ne 99 font pas toujours fort évidens ; dans 99 les corredfcifs de Zenon, tantôt bizares » & tantôt fublimes ; dans les dogmes 99 d'Epicure, toujours fi malentendus, ou 99 fi infidèlement dégttifez; dans les idées 99 ce Platon, fouvent inconcevables; dans t9 celles de Y Académie, qui reconnoit en ï? générai des véritez par milliers, mais 99 qm Avril, Mai et Juin. 1741. 105 >9 qui n'eft aflurée d'aucune. Joignez à „ cela, que chaque Philofophe pris à part „ dans cette nouvelle Sede , ayant vou- „ lu fe diitinguer par quelque idée fin- ,, guliere, cette idée fe trouve queique- „ fois fi fubtile qu'elle nous echape. ,, Arceftîas , par exemple , fe difoit Aca- „ démicien , mais dans le fond il tom- „ boit dans le Pyrrhonifme : Carnéade , „ au contraire , fe fiant fur fon efprit , „ donnoit prife aux Dogmatiques , en „ leur accordant que le Sage pouvoit „ opiner. Pbilon , autre Académicien , „ n'admettoit que la moitié de la définir „ tion du Vrai , ce qui l'expofoit à des fi contradictions manifeftes. Antiocbus , „ fon difciple , pour s'en éloigner , fe „ jettoit dans les épines des Stoïciens. „ Enfin la plupart de ceux-ci n'étoient ,, pas toujours fidèles au Portique. On „ en trouve des preuves à chaque page „ dans cesFragmens & dans tout le relie „ des Philofopbiques de Ciceron. ,, C'eûce quime faifoit fouhaiter avec „ ardeur de voir le Livre de Valent ta , ,, où j'ai trouvé en effet la plupart des „ éclaircifTemens dont j'avois befoin. I). t, porte le titre d'Académiques de Pierre as ,, Vaîentia , qui fe dit Zafrenfis in cxtrc~ f, ma Bœtica , c'eft-à- dire de Zafra, a >, Pexiremité âeVAndalouzie, quoique l'An*- ,, teur du projet le fa (Te de Cordouë , v nos Di&iocaires Hiftoriques n'en part G s lens io6 Bibliothèque Britannique , „ lent point. Dans fa Dédicace il fe „ donne pour Jurifconfulte , & à la fin „ de fon Commentaire , pour un homme „ occupé , & qui ne néglige pas fa pro- „ fefîion. Il promet quelque part un „ Traité exprès fur la Morale des Stoïciens: „ c'eil dommage qu'on n'en ait point „ ouï parler depuis, au moins que nous „ fçachions; car avec fa profondeur & fa „ netteté il nous eut développé bien des „ chofes tout autrement utiles que les „ conteitations des deux Académies, fur- ,, tout pour les Entretiens de Finibus , en- „ core aujourd'hui fiobfcurs. Mais quoi „ qu'il en foit, ce que nous en avons eft M excellent en lui-même , néceffaire pour 9, bien comprendre Ciceron , & particu- „ lierement ces deux Fragmens. Il pa- „ roît un peu pencher lui-même du côté „ du doute, quoiqu'il fafle profeflion de „ tenir la balance égale. On y voit d'a- » bord une origine fmguliere de la Phi- „ lofophie, qu'il regarde comme la fille „ de l'Oifiveté & de la Paix : enfuite i, un grand éloge de celle de Socrate : de- „ là il pafTe aux principes de Platon & „ au jugement du Vrai , qu'il aflîgnoit „ proprement à PEfprit , fans exclure „ l'aide des fens. Enfin il vient au grand „ fajet de la difpute entre Zenon & Ar- „ cefilas , & examine d'après Ciceron , mais „ dans une plus grande étendue , les ar- 9y mes de l'un & de l'autre. Les fubtilitez m du Avril , Mai et Juin. 1741. 107 ,, du Port igue l'occupent affez de tems, & „ ce n'eft pas l'endroit le moins travaillé „ de fon Livre. De-là il parte à Pyrrbon , à „ Antiochus, à Cbryftppe , à Carnéade, à Phi Ion „ fi peu connu , mais qu'il caraclérife , „ comme les autres , par des traits qui „ lui conviennent. Jl finit par Epicure , „ dont il développe avec la même habi- „ leté le véritable fyftême fur le té- „ moignage des fens , tout autrement „ plaufible que Ciseron ne Ta repréfenté. „ Voilà en gros le contenu du Livre de „ Vaîentia , qui ne m'a pas peu fervi , „ comme on peut croire , pour donner „ à ma Traduction & à mes Scholies un „ certain degré de lumière qui peut- ,, être les garantira de l'oubli. En recon- „ noifiance de ces fecours, & pourobli- „ ger les Curieux, j'ai fait réimprimerie ,, Livre même avec une exactitude rare „ & digne du fujet, me fouvenant toû- >, jours du précepte de mon Pline : Qu'il y y n'y a rien de plus beau , ni de plus digne ,t delamodeflie d'un honnête homme, que d'a- » vouer ingénument à qui on eft redevable 99 de fes progrès; quoiqu'il y ait bien des ,> Auteurs qui en agiilént différemment. m Du refte , il ne faut pas que les >> objections de Ciceron , quelquefois af- m fez libres , & fou vent , à mon avis , allez 99 mal fondées, faflent quelque peine aux m perfonnesjudicieufes: fouvenons-nous y» que c'eft un Payen qui parle, qui a „ vécu îoS Bibliothèque Britannique , ,, vécu & qui elt mort avant le lever de „ cette Lumière fupérieure qui auroit „ diflipé tous fes doutes ; un homme qui S9 n'avoit , ou du moins qui ne paroit „ avoir eu aucune connoiffance des Ecrits „ de Moïfe & des Prophètes ; enfin un „ Académicien , c'eft tout dire, pafilon- ,, né pour la gloire de Carnéade , fon ,, idole ; prêt à renverfer , comme lui , „ tout ce qu'on établiffoit, ou à rélever „ toutcequondémoliflbit. Cependant, „ comme fes objections font fpécieufes, „ j'avois defTein de leur oppofer un An- „ )i-Acadén:iquc , annoncé dans mes no- „ tes : mais cette réponfe, qui auroit ,, grofli ce volume , trouvera mieux fa 9> place dans l'Editicn projettée, dont „ le Public a déjà vu le plan. Après cette expofition que l'Auteur vient de faire de fon propre travail , & que nous avons jugé à propos de rappor- ter en entier , difons quelque chofe de l'exécution, & commençons par le Texte original , qui fe trouve immédiatement après le François. Il faut rendre cette juflice à l'Editeur ; il n'a rien épargné pour foire une Edition belle & correcte, & quoique les deux Editions de Cam- bridge foient exacles , fur -tout la pre- mière , celle-ci l'efl encore davantage. A l'égard des Notes, elles font courtes, on pourrait dire même Laconiques , & telles qu'il les avoit couchees à la mar- ge Avril , Mai et Juin. 1741. ico ge de fon Exemplaire : donnons-en quel- ques exemples, & bornons-nous à celles qui font proprement de lui. On met ordinairement à la tête de ces Académiques une Lettre de Ciceron à Var- ron, qui eft la S', du IX. Livre des Fa- miliares , comme fi c'etoit une efpece de Dédicace de l'Auteur. M. Durands'eLl con- formé à cet ufage , 6c il convient que cette Lettre eft relative à la 2^. Edition des Académiques : mais une preuve que ce n'eft point une Dédicace, c'eft que dans les vieilles Editions, & probablement dans les MSS. , elle ne fe trouve point-là , mais à fa place dans le Recueil des Lettres, & qu'à la fin on lit ces mots : Migratic- nem &f emptionem féliciter evenire voîo : Je fouhaite que vous ayez , fujet d'être con- tent , & de votre changement de demeu- re, & de votre nouvelle acquifition ; tuiim- que in ea re conftlium probo , & j'approuve en tout cela votre deiïein. Ces petrs incidens ne font point d'une Dédicace* Dans la même Lettre, Ciceron , en par- lant à fon Ami de ces 4. Livres qui com- pofoient fon Ouvrage , s'exprime ainfi : Mifî autem ad te quatuor admonitores non nimis verecundos : nofli enim profecld os ado- Icfcentioris hujus Academice. Vous connoilTez le font de cette nouvelle Académie. On a laifle hujus dans le Recueil des Let- tres, & on l'a ôte dans les Editions des A- cadémiques. Ici on l'a remis à fa piace- com- no Bibliothèque Britannique, comme de raifon : Hujus , inquic , Académies, quam in bis libris defendo, dit l'Annotateur. Le paflage fuivant , dans la même Let- tre, n'eft pas fi clair. Ciceron, quife flat- toit toujours , fous la Di&ature même de Céfar , de voir des tems plus heureux j Serofortaffe , dit-il , fed fuperiorum temporum fortuna Reipublicœ caufam fuftineat : bac ipfi prœftare debemus. Jean Fréd. Gronovius , grand Critique , lifoit banc , qu'il rappor- toit ad caufam. Mais Davifius eft pour îa leçon ordinaire, qu'il paraphrafe ainfi: Hœc tempora nobis funt imputanda ; nec fi aliter quam par eft , ea collocemus , in aîios cuîpa transferri , fed in nofmet ipfos recipi débet. J'avoue que le Texte me paroît plus clair que ce Commentaire : C'eft à la fortune de la République , veut-il dire , à répondre de ces revers , & à nous à confa- creràcette même République les monumens de notre loifir. C'eft ce qu'il infmue par-tout dans fes Livres Philofophiques ; il ne les a entrepris que pour la gloire & l'inf- trudion de fes concitoyens : Primùmipfius Reipublicœ caufâ , dit -il ailleurs, Philofo- pbiam noftris bominibus explicandam putavi , magnum exiftimans intereffe , & ad decus & ad laudem Civitatis , res tam graves tamque prœclaras Latinis etiam literis contineri. De Nat. Deor. 1. i. c. 4. Suivant ce Commentaire , bœc doit fe rapporter aux Oeuvres Philofophiques de Ciceron , & ipfi à la République. Pour la Fortune , c'eft Avril , Mai et Juin. 1741. ni c'eft à elle à fe charger du temporel. Dès le commencement de la ie. Acadé- mique , on eft furpris de voir Ciceron & Atticus , qui allant trouver Varron , le rencontrent à deux pas de fa terre, & cependant le ramènent chez lui fa tis longo intervallo. Alléguons tout le paiïage : Laque confeflim ad eum ire perreximus ; pau- îumque cum ejus villa abejjemus , ipfum ad nos ventent em vidimus : atque iîlum compte- xi , ut mos amicorum eft, fatis eum longo intervallo ad fuam villamreduximus. Tout le monde a remarqué que cette paren- thèfe, ut mos amicorum eft, n'eftpas digne de Ciceron ; mais ce n'eft pas de quoi il s'agit. Comment l'intervalle pouvoit-il être long, puifqu'ils étoient fi peu éloignez de chez lui ? Turnebe l'explique d'un intervalle de tems , tel qu'il arrive fou- vent entre amis , lorfqu'on s'arrête in- différemment où l'on veut , fans autre delfein que de s'entretenir en fe prome- nant. Mr. Davies, qui ne rejette pas tout- à-fait cette explication , en imagine une autre qui lui femble plus naturelle , & pour cet effet voici comme il corrige le Texte, & pourfauverla parenthèfe, & pour lever la contradiction apparente : Atque illum complexi, ut mos amicorum eft fe vi/entium longo intervallo ; comme il arri- ve entre amis qui ne fe font vus de long- tems : façon de parler qu'il appuyé de divers paffages. M. Durand refléchifïbit là- deflbs, ïi2 Bibliothèque Britannique y deflus , lorfqu'en confultant l'Edition dé Venife de 1494. il y trouva cette leçon , paulumque cum abijfemusvia;ce qui veut dire fans doute , paulumque cum abeff'emusavilla * fçavoir fa propre maifon de campagne , (Si- non pas celle de Varron : ce qui fait un très-beau fens , fenfu benignijjimo. Depuis il a confultéla 1*. de toutes les Editions, qui eft celle de Rome de l'an 1471, & il y a trouvé précifement la même leçon. Or ces deux Editions ont été faites fur difierens MSS. , comme il peut le prouver par leurs différences, qu'il a notées avec foin. Relie aux Critiques à décider, û ayant parlé d'abord de l'intervalle des lieux, Ciceron, aufujetde la même cam- pagne , ad viîlam fuam reduximus , a pu entendre, fans préjudice de fa clarté or- dinaire, un intervalle de tems? Les fenti- mens font partagez. Dans le même Chapitre , Ciceron s'é- tonnant que fon Ami , qui travaillent fur tant de fujets , n'eût rien donné fur la Philofophie , s'énonce ainfi : Cur , cum multa feribas , genus boc prœtermittas , prœ- fertim cumin eo excellas, & idftudium, to- taque eares, longé cet cri s & fludiis & artibus anteceâat. Au lieu d' artibus , Mr. Bentley corrige rébus , ut membra periodi fibi in- vicem refpondeant. Mr. Durand s'y oppofe- dans fa note : Sed pace tanti viri , dit-il, ttibil mutemus : de artibus enimferè omnibus , n/que liber alioribus , j'eripferat Varro : unde multa .Avril, Mai et Juin. 1741. 113 multa Piinius & egregia. Il faut ajouter ici , que L'Edition primitive porte, comme les autres , totaque ea rcs, mais qu'un habile homme du même fiécle qui l'a recenfee , fubflitue ors. Dans le Chap. 3. Simt , inquam ijla, Varro: nom nos -.■ egrinantes errantefqu* , tanquam hofpitcs , tut libri'quafi vm deduxerunt , ut poffemus aliquando , qui & ubi ejjemus , agnofeeré. Il eft certain que cette façon de lire ell très -bonne: cependant tout le monde fçait que S, Augufiin, qui a allégué le palTage dans fa C u de Dieu Liv. VI. cb. 2. a lu reduxe- r.'.nt. Ici on fe détermine pour cette le- çon , non feulement fur l'autorité de ce Père , qui fçavoit fi bien fon Ctieron, & qui vivoit dans un tems où les meilleurs MSS. fubfiltoient encore ; mais fur la cho- fe même : Errantes & per egrinantes redu- xerunt ; ut pojjïmus aliquando ,& qui & ubi fimus agnofeere. Deducimus enim honoris caufd ; fed errantes & per egrinantes , tan- quam bofpites , reducimus , bwnanitatis. C'eft la note de Mr. Durand. Dans le Chap. 4, Imo vero 6* ijlarn , & to- tam veterem Academiam, aqud abfumptam diu , renovarià te , nifi moleflum efl , velim. Cet a- quâ abfumptam eft. une abfurdité reconnue. Dès l'an 1515. Aide avoit rétabli la vraye leçon , à quaabfum tam diu. Mr. Durand l'adopte dans le Texte même après Aide, & l'explique par deux paifages de Finibus. Te ne XVII. Part. I. H Le H4 Bibliothèque Britannique, Le premier eftau Chap. 19. du premier li- vre: Ab iifque vitiis , quœpaulo antecollegi, abes plurimùm \ & l'autre dansle 3. livre :Sed ab eo plurimùm abfum ( ab ea mente feilicet). Dans le Chap. 8. Nonnunquam quidem tandem Fortunam , quod efficiat multainpro- vija ujec née opinata nobis propter obfcuritatcm ignorationemque caujarum. On ne voit pas bien à quoi il faut rapporter ce bac. Dans l'Edition de Venifeon trouve bk9 qu'on a préféré ; & voici la note : Sic edidimus ex Veneta : hic ftffket , inter hommes , non apud Deos 9 qui neque res neque caufas rerum ignorant. Ce qu'on peut appuyer par ce beau pafTage d'Homère dans le 2. liv. de l'Iliade , où le Poète s'addreiïe aux Mufes qui habitent kbaui Olympe , qui font Déejfes & qui fçavent tout, au lieu que les hommes ne fçavent rien que par ouï dire , ou pour mieux dire, ne fçavent rien. Dans le Chap. 13. & dernier, Ciceron, pour jufciner Arcefilas fur le chapitre de l'incertitude , l'anode à cet égard non feulement avec Socrate , mais même avec les plus anciens Philofophes : Cum Zenc- ne, inquam, ut accepimus , non pertinacid, aut ftudio vincendi, ut mihi quidem videtur, fed earum rerum obfcuritate , quœ ad confef- Jlonem ignorationis adduxerant Socratem , & veluti amantes Socratem , Democritum , Ana- xagoram, Empedoctem, omnes pœnè veteres. Cet amantes Socratem a fait de la peine à tous les Critiques. Comment ces anciens Philo- Avril , Mai et Juin. 1741. 115 Philofophes , antérieurs à Sucrate y pou- voient-ils l'aimer? C'elt comme fi nous diûons aujourd'hui, que Bacon ôi Copernic ont . n , fous ombre qu'ils ont allez clairement enfeigne cette attraclicn •:l(e des corps , que le dernier a démontrée. Mr. Dur«*«/croyc4t d'abord qu'on pou voit lire & veiuli nanti jnt es So- rti ; mais après y avoir bien penfe , il a cru trouver la vraye leçon en ajou- tant une feule lettre , & vsluti arman- tes Socratem , en fourmiTant des raifons à Socrate: ce qui eft évident par la fuite; & fur -tout par le Lucullus , ou Ciceron étale les raifons de ces anciens. Pour l'expreiïion , elle eft de Ciceron même. C'eftdansce fens qu'il dit au Livre fui- vant , Chap. 27. Que les Stoïciens même feplaignoient, que leur Cbry/ippe , enra- maiTant tant d'objections contre les fens & contre l'évidence , avoit fourni des armes kCarnéade: Itaque ab co arinatum effe Car- neadem. S. Auguftin employé la même expreflion contre les Académiciens, liv, 2, ch. 10. Eiiam contra cos ipfos non invita; amiahor. Dans le même endroit Ciceron continue ainfi : Qiimbil cognofci, nibil percipi, nibti f:iri pojfe dixemnt ; angujlos f en fus , inbecil- los animos , brevia curricula vitœ , & , ut- Demochtus , in profundo veritatem ejje derner- injli'utis omnia teneri ; ni- hil veritati relinqui. Tout cela eft fort H 2 clair; ïi6 Bibliothèque Britannique, clair -, mais la le. Edition de Rome & celle de Venife font encore plus fortes; opinio- nibus ç<5 inftitutis omnia tencri , nihiltene- ri, nihil vert tati relinqui. En effet tcnere, dans un fens philosophique , fignifie être fur d'une chofe. Dans le LuculhuChzp. 39. Tenemufne quid animus fit ? Sçavons-nous bien ce que c'eft que Pâme ? Et dans le 1. liv. dcFinibus : Siflabiîem feientiam rerum tenebimus. Mr. Durand ne doute pas que la leçon de Rome ne foit la vraye. Le premier Livre finit par une note conilderable. On en a parlé dans la Pré- face. C'efl au fujet de Carnéadc, le Hé- ros de Ciceron , qu'il élevé par-tout jus- qu'aux nues. L'Editeur remarque à ce fujet , que cette affectation a été fatale à divers Ouvrages de l'Orateur Romain ; parce que les premiers Chrétiens étoient "fort outrez contre une fecte qui fappoit en quelque forte les premiers principes de leur Religion : ce qui paroît non feu- lement par l'Ouvrage de S. Auguftin qui nous refte encore contra Academicos, mais aufïï par divers paflages de Tertuilien , dont on rapporte ici leplusconfiderable , tiré du Chap. 17.de fon Traité de Anima. Nous n'en alléguerons que les dernières paroles : Non iicet nobis in dubium fenfus iftos revocare , ne & in Cbrifto de fi de eorum de- Hberetur : ne forte dicatur , quod faîfo Sata- fiàrh profpeclavit de Cœlo prœcipitatum ; mit faîfo vocem Patris audierit de ipfo tefiifica- tam ^ Avril , Mai et Juin. 1741. 117 tam \ mit dcceptus fit cùm Pétri focrum teti- git , aut alium poftea v.ngucnti fcnfcrit fpiri- tum, alium pojlea vint faporcm , quod in SANGUINIS SUI MEMORIAM CONSECRA- vit. Si enim & Marcion pbantajma eu m maluit credere , totius corporis in illo dedigna- tus veritatem . . . Fidelis fuit J vifus & auàitutin monte; fidelis & guftus vint itliuj, licet aquœ antc , in nuptiis Galilœœ ; fidelis & taclus, fy inde creduli Tbomce. Recita Joan- nis tejhmonèum, Quod vidimus&c. Fa/fa ntique teflatio , fi ■ : , (faurium , gf ma- . natura mentitur. Jufqu'ici Ter- tullicv. Mr. Durand remarque, que Vakn- tia n'a point ignoré ces paroles, puifqu'il cite l'endroit fans l'approuver. Qjuc mi- nime ignoravit y dit-il , Petrus Valent ta , fed proferre noluit , quoniam non probabat , & re- fellere non audebat; nos verofolutiores ô9 can- di dior es referimus & ample âimur. Les Lee-. teurs d'élite comprendront bien ce que cela veut dire. Nous ajouterons ici feu- lement, que le célèbre Mr. C Ln<. de, dans fa Réponfe à ta Perpétuité £fo n'oublia point ce paiïage. En effet , il eft d'une telle force contre Terjutlien, que je ne vois pas ce qu'il àuroit pu répliquer à un Académi- cien qui lui auroit dit fans s'émouvoir; Eh! mon bon bourre, vous n'y penfez pas ; : et Mémorial du Sang de votre Maî- tre , dont vous parlez, vous y verrez ce qui : point y & vous ne verrez peint ce qui y eft. Preuve, contre vous de l'infidélité de 1 1 ] nos ti8 Bibliothèque Britanniqtte , nos fens , & probabilité nouvelle pour notre opinion. Cela fuffit pour donner quelque idée des notes du Commentateur : dans le Journal prochain nous parlerons de fa Traduction, & s'il le faut, du Livre de Vatmtia. ARTICLE VI. Tbs Hiftoryofthe Lifs of M. 7". Cicero, in ttvo Volumes, by Cûnyers Midd- tETDN 5 D. D Principal Library - kee- pet of the Univerfity of Cambridge. London , printed for the Aulbor , 174 1 . * C'eft-à-dire : Hiftoire de la Vie de Ciceron, en deux Volumes, par ConyersMiddleton, Dr. en Théol. & Bibliothécaire en chef de l'Univerfué de Cambridge. Imprimé pour l'Auteur, 1741. m 40. gros carafth'9. Pagg. 564. pour le 1. Vol fi? 591. pour le 2. Foi 40. pour la Dédicace & la Préface, u. pour la Lifte des Soufcripteurs , & à-peu-p*ès autant pour lis Tables. JE * Cet Extrait mus tt été tmmumaùk Avril, Mai et Juin. 1741. 119 JE ne fçais fi on ne pourroit pas fou- tenir , que depuis la renaiïTance des belles -Lettres il ne s'eft point palTé cf année qu'on n'ait publié quelque chofe de Ciceron , ou fur Ciceron. Sans re- monter plus haut que Tannée dernière, il a paru 4. Editions de fes Académiques en aiTtz peu de tems , une de fes Tuf- cuhines , & une Traduction Angloife de la Nature des Dieux : 6c dans celle-ci on peut ajouter, que Londres & Paris fe font difputé l'honneur de rendre hommage à fa mémoire : Paris, par une Edition com- plétée & magnifique de fe6 Oeuvres , de laquelle en voit déjà paroitre les 3. pre- miers tomes ; & Londres , par l'excel- lent Ouvrage dont on vient délire le ti- tre. Une admiration fi confiante & qui fe perpétue de fiécle en fiécle fans di- minution , fuppofe dans celui qui en eft l'objet, un mérite bien original. Cette VIE eft due en quelque forte aux foins & aux encouragemens d'un Seigneur Anglois , non moins rcfpecla- ble par l'amour qu'il a pour les Lettres, que par le haut porte qu'il occupe. En effet, c'eft Myiord Hervey * , qui en ayant conçu le projet, engagea l'Auteur à l'exécuter -, & non content d'en avoir été le promoteur, il trouva à propos de FI 4 j«ge* * Garde du Petit ■ Stté* ptrur S. M. B. 120 Bibliothèque Britannique , juger par lui-même de l'exécution, revit le Mariufcrit , y fit fes corrections , & après l'avoir approuvé , en encouragea la publication de la meilleure manière dont il lui étoit pofîîble de le faire chez une Nation aufii éclairée & auflî opu- lente que ,1a Tienne. C'elt l'Auteur même qui nous apprend ces pârticula- ritez dans fa Dédicace , & ce n'eft pas fans doute un petit préjugé en faveur de fon Livre, que d'avoir reçu fes dernières touches d'une main fi noble. La Préface n'eft pas moins travaillée. On y voit un homme qui a coniideré fon plan dans toute fon étendue, & qui en a fenti toutes les difficultés. 11 re- marque, que de tous lesmonumenshifio- riques, il n'y en a peut-être point de plus utiles , ni de plus agréables que ces fortes de Vies, qui , outre la connoiffance par- ticulière qu'elles nous donnent des Hom- mes illuflres , nous fournirent encore la clef, ou de l'Hiftoire générale de leur tems, ou de celle du Païs où ils ont eu occafion d'agir & de briller : mais il ajoute que , le plus fouvent, elles font mal entendues , ou fuperficielles , ou dégénèrent en Panégyriques outrez , pour ne pas dire faftidieux, & qu'au lieu d'une refîemblance jufte qu'elles promettent , elles ne nous offrent que des portraits de Roman , toujours démentis par les faits. Outre cet' écueil qu'on doit éviter, il y a Avril, Mai et Juin. 1741. 121 y a des préjugez vulgaires quil faut combattre, & dont il n'eft pas facile de faire revenir des Efprits déjà prévenus des l'enfance. Par exemple , dans une Vie comme celle -ci , il faut nécessaire- ment amener far la fcène d'illuitres contemporains , un Sylla , un Pompée , un Céiar , un Caton , nn Brutus ; tocs perfonnages bien ou mal connus , &dont les caractères font déjà tous gravez dans notre efprit, d'après L'idée qu'on nous en a donné dans les Ecoles. On eft étour- di des conquêtes & des triomphes d'un Pompée, de la fupériorite & de L'ac- tivité d'un Céiar , de la i\ C Lton 6: de la probité d'un Brutus pour ce qui eji de Ciceron , p qu'il ne s'eit pas fait un grand nom dans les arm2s , ou parce qu'on a gémi en traduiiant fes Lettres ou fes Oraifons fous la férule du Collège, on le borne à L'enr vifager comme un bel-efprit , un excellent Ecrivain , tout au plus comme un Phi- lofophe qui fe délecte ou le confoledans la méditation des idées Platoniques ; 6c onperdde vue l'Homme d'Etat , le bon Patriote , L'Ami généreux & indulgent , le Gouverneur intègre, &même le Général •habile & vigilant , [ tant ileftvrai, qu'en fait d'Hiftoire, comme de Philofophie , nous formons nos idées & nos jugemens , lorfque nous ne fommes ni en âge, ni en capacité de juger , &que, quand notre H 5 raifon 122 Bibliothèque Britannique, raifon eft à-peu-près venue, nous avons honte de retourner fur nos pas. ] Pour éviter ces défauts , l'Auteur s'eîi défié de lui-même, & quoiqu'aifez prévenu pour Ciceron lorfqu'il a com- mencé à faire des recherches fur fa Vie, il s'eft toujours tenu en garde contre les méprifes, & n'aadmis dans fes portraits, où il s'agit principalement d'attirer les peu- ples , il étoit naturel de les y inviter par les encouragemens les plus propres à cet effet : & quel autre plus efficace que l'aflurance de leur liberté , le droit de drefler leurs propres réglemens, de choifir leurs directeurs & de redrefTerles torts qui pourroient leur être faits ? Les Rois furent les premiers , félon lui , qui empiétèrent fur la liberté du Peuple, & qui pouffèrent la violence fi loin , qu'enfin le Peuple fe crut en droit d'en venir à un foulevement général , qui aboutit à l'expulfion de toute" la famille Royale , & à l'abolition de la Royauté. Cependant , quelaue grande que fut cette Révolution , fi le nom de Roi fut fnpprimé & rendu odieux, ils en retin- rent la puiffance, les fondions & les pré- rogatives ; & du refte la forme de gou- vernement refla à -peu -près la même. Au lieu d'un Roi, on créa deux Consuls. Ils avoient , comme lui , les enfeignes de la fuprême puîffance , ils préfidoient dans toutes les affaires d'Etat ; ils dévoient maintenir les Loix , en faire de nouvel- les, s'il étoit néc'effaire , mais avec l'ap- probation du Peuple ; il pourvoyoient aux befoins de la guerre, levoient des troupes & fe mettaient à la tète des ar- mées, & pour faire comprendre au Peu- ple Avril , Mai et Juin. 1741. 141 pie que fes droits étoient toujours fa- crez , P. Valerius Publicola confirma par une nouvelle loi leurs anciennes préro- gatives, fçavoir le droit des Appels en toutes fortes de cas , & la création de toute efpece de Magiftrature ; juiques-là qu'en reconnoiffânce de cette fouverai- neté , ce même Conful ne paroiiToit ja- mais dans aucune aiïémblée du Peuple, qu'il ne baiffàt, pour ainfi parler , le pa- villon, c'eft- à-dire Tes faifceaux devant eux ; ce qui fut depuis la pratique con- fiante de tous fes fucceffeurs. Ainfi la République conferva, avec tout le relie, le bénéfice de la puiilance Royale, fans en courir le danger ordinaire , parce que le pouvoir des Confuls n'étant que pour un an , & comptable au bout du terme, il ne pouvoit gueres dégénérer en tyrannie. Dans cette fituation des affaires, l'Etat fe divifa peu-à-peu. Il fe forma deux par- tis, qui empiétèrent fucceiTivement l'un fur l'autre : Le parti Ariflocratique , fça- voir celui du Sénat , & le parti Popu- laire ; toujours jaloux l'un & l'autre de leurs droits refpe&ifs , [ & n'ayant plus de fupérieur pour modérer leurs mou- vcmens ou leurs prétentions. ] D'abord le parti du Sénat, ayant pour lui les Con- fuls , fe trouva le plus fort , & en peu d'années devint fi infolent & il inhumain, qu'enfin les Plébéiens, las de tant d'op- pref- 142 BUBLIOTHEQUfc BRITANNIQUE , prenions, fe retirèrent fur le Mont facré, fans fe mettre en peine de la défenfe de l'Etat, d'où ils. refuferent de revenir, jufqu'à ce qu'ils eurent obtenu des Pères Je droit de créer , d'entre leur propre Corps, une nouvelle efpece de Magiitrats, qu'ils nommèrent Tribuns , dont la perfon- ne fût inviolable, & l'autorité fuffifante pour les protéger , pour foutenir leurs droits contre la Noblefle & veiller fur leurs libertez. De. cette manière ils gagnèrent un Chef, ou pour mieux dire plufieurs ; car les Tribuns , après avoir été jufqu'au nombre de cinq , parvinrent dans la fuite jufques à dix, qui fe donnèrent tant de mouvemens , qu'enfin ils ouvrirent aux familles Plébéiennes la porte à toutes les Magiftratures. Jufques -là on foutient qu'ils étoient dansle droit, & onlouë leur perféveran- ce & leurs débats , comme un coup de partie qui porta le Gouvernement de Rome à fonétat de perfection. En effet, il étoit bien jufte que ces honneurs & <:es emplois parvinffent également à tous ceux d'entre les Citoyens qui s'en ren- voient dignes par leur vertu. Heureux & fages s'ils s'en fûiTent tenus-là ! Cette efpece de balance entre les deux partis auroit fait la baze & l'appui de l'Etat. Le Sénat auroit toujours farvi de con- feil, & le Peuple y auroit ajouté, la fanc- tion & la force de' loi. Mais.au lieu d'ê- tre Avril, Mai et Juin. 1741. 143 tre contens de cette égalité , ils vou- lurent dominer à leur tour , & énerver l'autorité du Sénat \ & parce qu'ils n'en pouvoient pas venir à bout par leurs ha- rangues , les Tribuns eurent recours à la populace, qu'il leur étoit aifé d'animer, pour introduire des loix toutes factieufes , comme entr'autres de partager les terres publiques entre les pauvres Citoyens, de kitr diflribuer du bled , d'abolir toutes les det- tes. Rien de plus populaire, ni de plus humain en apparence que ces fortes de loix , mais en effet rien de plus perni- cieux pour le repos, pour la difcipline, & pour le crédit même de la Société générale. Cet abus de lapuifiance Tribunicienne futpouiré à l'extrême par les deux Grac- quesy qui fucceiïivement ne laifTerent pafler aucune occafion de mortifier le Sénat, en gratifiant le Peuple, jufqu'à ce qu'enfin, par leur obflination pour les loix Agrai- res, fort goûtées de la populace & dé- teftéesparun Sénat qui en penétroit tou- tes les fuites, ils renverferent cet équi- libre, qui auroit pu & qui auroit dû fai- re , comme onl'adit, toute leur fureté. La mort violente des deux frères & de leurs principaux adhérens mit fin à la fédition , & ce fut le premier fang citoyen répandu dans les rues de Rome au fujet de leurs dilfenfions publiques , qui jufqu alors avaient été compofées à l'a- 144 Bibliothèque Britannique, l'amiable, ou par des concevions mutuel- les. Il paroît bien étrange à Mr. Mîddle- ton , que ces deux illurtres frères , l'a- me du Peuple & fes Dieux tutelaires, ayent été ainfi mafîacrez à la vue du Pu- blic , & abandonnez de la multitude au plus fort de leur faveur: ce qui fait bien voir, dit-il en paflant, le peu de fonds qu'il y a à faire fur l'afliflance d'une po- pulace fans armes, & que les fedicions, quelques propres qu'elles foient à fecouer un Etat libre , ne fçauroient pourtant le renverfer, tant qu'une force régulière ne s'en mêle point. Mais cette condui- te vigoureufe du Sénat, ajoute-t-il, né- cefîaire peut-être alors, lui devint fatale clans la fuite, parce que les Efprits am- bitieux , s'apnercevant que la fédition •n'étoit pas funifante pour foutenir leurs attentats, eurent recours à la force des armes. Dans le fond la popularité des Grac- ques étoit fondée fur une affecnon réelle de la part du Peuple , acquife par des bienfaits & des concédions extraordinai- res : mais quand la force fut jugée né- ceiïaire pour contrôler l'autorité du Sé- nat & foutenir le parti faufîement nom- mé populaire, au lieu de gagner la mul- titude par des vertus & par des fervi- ces réels , on trouva plus abrégée la voye de la corruption par argent; mé- thode inconnue du tems des Gracques, mais Avril , Mai et Juîn, 1741. 145 mais à la faveur de laquelle les pluspuif- fans dans la fuite eurent toujours à leur dévotion un certain nombre de merce- naires, tout prêts à remplir le Forum à la première femonce, & à emporter de hau- te lutte , par leurs clameurs & leur vio- lence, tout ce qu'ils vouloient dans les aficmblées publiques. La faclion & la brigue commençoient, & enfuite la force faifoit exécuter les réfolutions achetées. Après la mort des Gracques , le Sénat fut perpétuellement occupé , ou à fup- primer, ou à modifier certaines Loix qu'ils avoient introduites à fon préjudi- ce. Une entr'autres lui tenoit fort à cœur : c'étoit celle qui avoit ôté aux Sénateurs le droit de Judicature , qu'ils avoient eu depuis la fondation de Rome, pour le transférer aux Chevaliers. Ce- pendant cette loi étoit équitable : car comme les Sénateurs avec leurs familles étoient en poirelTion des charges & du gouvernement , il leur étoit facile d'en abufer , en fe fupportant & s'abfolvant les uns les autres, au grand fcandale non feulement des fujets de l'Etat, mais mê- me de leurs Alliez ; ce qui avoit fourni aux Gracques le prétexte de la nouvelle loi. D'autre coté, le Sénat avoit de la peine , à fe foûmettre à un ordre inférieur, toujours jaloux de la puiiïance de la No- bleiTe & difpofé à reprimer vigoureufe- munt toutes fes violences. Si bien qu'a- To;ne XVII. Pan. I. K près 146 Bibliothèque Britannique, près diverfes tentatives infrudhieufes pour la révocation d'une loi fi gênante , Q.Ser~ vilius Cépio , qui fut Conful environ vingt- cinq ans après, en obtint enfin une ei- pece d'adouciffement , qui fut , de joindre dans les Tribunaux de Judicature un certain nombre de Sénateurs aux trois Centuries des Chevaliers , nommez com- munément Eleâi ou Judices : expédient contient les Débats du Parlement depuis la Reftauration , en .1668 , jufques à l'année 173 1 inclusive- ment. L'Auteur de cette Collection nous dit dans une courte Préface, que ce qu'on avoit vu des Débats du Paie- ment , excepté depuis un petit nombre d'an- Avril , Mai et Juin. 1741. 153 d'années, ne rouloit guère? que fur quel- que fujec particulier , ou ne contenoit que des Difcours particuliers , oun'étoic que l'Hiltoire d'une ou de plufieurs Séan- c s , & renfermoit plutôt un Journal de ce qui s'y étoitpaiTé, qu'an Recueil des Difcours qui y avoient été prononcez: qu que fi on y trouvoit quelques-uns de ces Difcours, ils y étoienr. extrêmement abrégez. Telles font , nous dit-on , les Collections du Chevalier Simon cPEwes, cvde Tu , qui renferment PHiftoi- re des ï'arlemens qui fe font tenus fous la Reine Elifabetb. Les Collections de Rufhwortb, ajoute- t-on , font d'une tonte autre nature. ]1 s'étoit formé un Plan beaucoup plus vafte , & le récit de ce qui s'étoit paiTé dans le Parlement foifoit partie de fon Recueil. On auroit pu en profiter pour groiîir celui-ci : mais par-là on auroit obligé ceux qui ont la Collection de Rufbwortb à acheter deux fois la même chofe. C'eft pourquoiPEditeur fe propo- fe d'imprimer à part, parvoyede Supplé- ment, les Difcours qui fe trouvent dans Rufbwortb, & d'y ajouter toutes les Piè- ces importantes qu'on peut avoir omifes dans ce Recueil-ci. On aQure encore dans la Préface, qu'on n'a ni inféré ni omis rien dans ce Recueil pir efprit de parti ; & que le defiein quon a eu él aux K 5 Lee- 154 Bibliothèque Britannique, Le&eurs quelque idée de PHiiloire&de la Conftitution d'Angleterre , ou quel- ques importantes leçons de Politique, en leur mettant devant les yeux les dan- gers auxquels la liberté eft expofée, foit de la part de la Cour , par les efforts qu'elle a faits pour renverfer la Confti- tuùon de l'Etat, foit de la part de cer- tains Efprits faftieux , qui, fous le beau P'étexte ''amour pourla Patrie, ont ta- ché de mettre tout en confufion , dans le f( '1 deifein de fatisfaire leurs Paflions uïieres. Cette Collection renferme non feule- ment les Débats & les Difcours de la Chambre Baffe, mais auffi ceux de la Chambre Haute, &c'eft pourquoi le Li- braire Torbuck , qui les a publiez , a été mis en prifon par ordre des Seigneurs. On trouve outre cela ici les Difcours du Roi à l'ouverture & à la clôture de chaque Séan- ce , les Addreffes des deux Chambres , les Meïïages du Roi, & la Copie de quelques Eits confiderables qui ont été rejettez. Au refle , on nous a afluré que l'on con- tinuera cette Collection jufques au tems préfent. Le Titre de la féconde Collection étant fort détaillé , ne nous laiiTe pas grand' chofe à dire. Nous remarquerons feule- ment qu'elle eftinférieure à l'autre, en ce qu'elle ne renferme pas les Débats de la Chambre Haute. Mais d'un autre coté elle Avril, Mai et Juin. 1741. 155 elle a cet avantage, qu'on y voit au bas des pages de pentes Notes , qui fontcon- noitre les Membres de Parlement dont on rapporte les Difcours, qui marquent les dirîérens Emplois qu'ils ont eus, & en quel tems ils en ont été pourvus; ce qui ne laide pas que de faire plahir au Lecteur. Cette Collection s'étendjufques à l'an- née i733.incluflvement. Elle eit dédiée à Son AltefTe Royale le Prince de Gal- les. Le Libraire qui l'a publiée * promet de donner dans peu une Collection fem- blable en deux Volumes in 8^ , qui con- tiendra les Débats de la Chambre Bafle depuis la Reftauration jufques a la mort de la Reine Anne, où celle-ci commence; de torte qu'on aura alors deux Collections complettes, au moins des Difcours pro- noncez dans la Chambre des Com- munes. Si on nous demande laquelle de ces deux Collections eft préférable à l'autre, nous répondrons, qu'on a vu qu'elles ont chacune leurs avantages particuliers, & qu'on feroit bien de les avoir toutes deux, S'il faut abfolument choiftr, ilnousfem- ble qu'on doit fe déterminer pour ceile qui , outre les Difcours prononcez dans la * F. Cba-ndler , qui ne fe nomme pourtant. p.is le Titre. 156 Bibliothèque Britannique, la Chambre Baffe, renferme encore les Débats , & fur-tout les diverfes Protefta- tions des Seigneurs; parce quecesPro- teflations renferment toujours les Raifons de ceux qui fe font oppofez à ce qui a été réfoju à la pluralité des voix. Ces Collections renferment des cho- fes trop importantes & trop curieufes pour n'en pas donner des Extraits étendus. Nous nous propofons donc d'en tradui- re les Difcours les plus intérefTans qui ont été prononcez pour & contre fur les Affaires les plus confiderables ; ce qui nous fournira de la matière pour plufieurs Articles. En rapportant ces Difcours , nous aurons foin de faire remarquer les différences que nous avons obfervées dans ces deux Col- lections ; & lorfque nous n'en relève- rons aucune , il faudra en conclure, qu'il n'y en a point qui foit effentielk. On fe fouviendrafeulement , que tout ce qu'on dira ici des Débats des Seigneurs, eft tiré d'e la Collection en neuf Volumes. Comme la féconde de ces Collections commence à la mort de la Reine Anne, & à l'avènement du Roi George I i la Couronne, c'eft aufl] à cette Epoque que nous commencerons nos Extraits , tant parce que l'Hiftoire étant plus moderne, elle en eft par cela même plus intéref- fente,que parce que nouspourrons alors com- Avril , Mai bt Juin. 1741. 157 comparer toujours les deux Collerions enfemble. On fçait que la Reine Anne mourut le Dimanche matin 1 d'Août 1714 , V. S. Le Parlement s'aiïembla le même jour, mais l'Orateur de la Chambre Baffe étant abfent, Mr, Bromley, Député de l'Univer- fité d'Oxford & Secrétaire d'Etat , pro- pôfa à la Chambre de s'ajourner jufques au Mercredi fuivant. Cette propofition fut appuyée par plufieurs Membres; mais Mr. le Chevalier ito/wrd Onflow, Dépu- té de la Comté de Surrey , s'y oppofa , repréfentant que dans la conjoncture dé- licate où l'on fe trouvoit , il étoit dan- gereux de s'ajourner pour fi longtems : il propofa donc de ne s'ajourner que juf- ques au lendemain; ce qui pafla à la plu- ralité des voix. Cette particularité ne fe trouve point dans la Collection en neuf Volumes : elle eft pourtant de quelque importance ; puifqu'on en peut conclure, que le parti du dernier Miniitère de la Reine Anne , déconcerté par ia mort imprévue de cette Princeffe , cher- chait à gagner du tems. Mais voyant qu'un grand nombre de Toris fe decla- roient en faveur de la Maifon de Han- novre , ils fuivirent le torrent : de forte que tout fe pafla dans ce Parlement avec allez d'unanimité, & il n'y eut pas de grands Débats. Les chofes ne fe pafTerent pas tour-à- fait ï58 Bibliothèque Britannique, fait fi tranquillement dans le premier Par- lement convoqué par le Roi George L qui s'aflembla le 17 Mars 1714— 15. V. S. Il y eut d'abord d'afTez grands Débats dans la Chambre des Seigneurs au fujet de F AddrelTe qu'ils avoient defTein de préfenter au Roi. Onyavoit inféré ces paroles : » Nous nous alïurons que'Vo- „ tre Majellé . . . fera en état de pren- „ dre ... les mefures néceflTaires . . . „ pour rétablir parmi les Etrangers la „ réputation de ce Royaume ; & nous „ efpérons de convaincre toute la Terre „ par nos actions , que la perte de cette „ réputation ne doit pas être imputée „ à la Nation en général ". Mylord Trevor , le Vicomte de Boling- broke , le Comte de Straffbrd, le Duc de Buckingham , le~Duc de Sbreivsbury , le Comte d'Angtefey , l'Archevêque d'Jbrfc, les Evêques de Londres & de Briflol , & quelques autres Seigneurs , s'oppoferent à cette claufe , & Soutinrent qu'elle étoit injurieufe à la mémoire de la Reine , & con- tredijoit même cet endroit de la Harangue du Roi, où il exhortoit les deux Chambres à évi- ter avec foin tout ce qui fini oit Vejprit de Parti. Mylord Bolingbroke en particulier fit un long Difcours , dans lequel il té- moigna beaucoup de zèle pour la mé- moire delà Reine, qx? il étoit , difoit-il, réfolu de défendre de tout fin pouvoir. J'ai eu FhQnnetir de la fervir, ajouta-t-il, & fî pai Avril , Mai et Juin. 1741. 159 j'ai manqué à mon devoir , &* commis quelque faute, je fuis content de fubir ta punition qu'en voudra m' infliger ; mais il me p \\ oît bien dur (Pitre cenfuré c5 condamné fans être entendu. Il profita de cette occalion pour s'éten- dre fur les louanges du Roi. Sa Majeflê , dit-il, a (auvent témoigné beaucoup de rej- peâ & de tendreffe pour la mémoire de la Reine. C'ejl un Prince d'une Sageffe , d'une Juflice 6f d'une Equité fi distinguées , que je fuis perfuadé qu'il ne voudroit pas condam- ner un homme , fans avoir entendu première- ment ce qu'il peut dire pour fa jujlification ; & une Aff emblée aujji au gufle que celle-ci , dc- vroit imiter un fi grand mode le. Là-defïus ce Seigneur propofa , qu'on adoucît les mots de rétablir &c. en mettant confer- ver la réputation de ce Royaume , & en omet- tant tout le refle de la période. Le Comte de Strafford fit aufïï des ob- jections contre la même claufe. Il dit entre autres chofes, qu'une pareille clau- fe ne pourroit que flétrir l'honneur de la Na- tion , lequel n'avoit , difoit-il , reçu aucune tâche durant fes Négociations. Le Duc de Sbrewsbury dit, que h Cham- bre devoit dans toutes les occafiojis témoigner beaucoup d'égards pour l'honneur & la dignité de la Couronne , de laquelle elle tiroit elle- ie tout font éclat & tout fon hiflre. ,, C'elt pourquoi, ajouta-t-il, lorfque la m Chambre des Communes eut inféré fi une pareille claufe dans fon Addrefle » à la i6o Bibliothèque Britannique , „ à la Reine , après la mort du Roi Guit- „ laume, je témoignai à pluileurs Mem- „ bres de cette Chambre , combien je „ défapprouvois cette claufe , parce „ qu'elle étoit injurieufe à la mémoire „ de ce Prince ; & pour îa même raifoïi je „ fais contre cette claufe à préfent; Ces raifonnemens furent réfutez par plufieurs Seigneurs, qui, en témoignant beaucoup de refpeâ pour la feue Reine, fçurent très-bien la diftinguerde fes Mi- n'ifti es, & foutinrent la nécefn ré de la clau- fe en queftion par la mauvaife conduite de ceux-ci , à laquelle le Roi lui-même avoit fait alîufjcn dans fa Harangue. Le Chancelier en particulier répondit au Difcours de Mylord Boiingbroke , & dit, qu',, on ne prétendoit condamner „ perfonne en particulier , mais feuîe- „ ment la Paix en général, parce qu'on „ enéprouvoit actuellement les mauvai- „ fes confequences : Qu'à la vérité ceux ,> qui avoient confeilîé une pareille paix, ,, méritoient d'ètrecenfurez ; mais que , „ comme les exprefTions de l'Addrefîeé- „ toient générales , elles ne regardoient ,, perfonne en particulier ; & que le chan- „ gement du mot de rétablir en celui „ de confirmer , ne ferviroit de rien pour „ la juftification des coupables , non „ plus que le mot de rétablirne pouvoit „ pas être tiré en çonfequence pour la „ condamnation des innocens ". La cho- fe Avril , Mai et Juin. 1741, itfi fe ayant été mife aux voix , il fut réfolu à la pluralité de foixante-fix voix contre tren- te-trois 1 que la claufeferoitconfervée. L'Addrefle que la Chambre Baffe devoit préfenter caufa auffi de grands Débats. On y condamnoit affez ouvertement la conduite du dernier Miniftère de la Rei- ne Anne, &on infinuoit, qu'on étoit ré- folu de les pourfuivre vigoureufement. Cela allarma les Toris; ils prétendirent fe juftifier en jettant tout le blâme fur la Reine, & enfoutenant, que condamner la dernière Paix , c'étoit condamner la Reine elle-même, & ternir fa mémoire. L'illuftre Mr. Robert Waîpoh * répondit : ,, Qu'on n'avoit pas le moindre deflein „ de noircir la réputation de la Reine; „ qu'au contraire, on vouloit défendre „ fa mémoire en pourfuivant & punif* „ fant ces mauvais Confeillers qui lui „ en avoient impofé , & qui lui avoient „ fait prendre des mefures pernicieu- „ fes ; au lieu que le Parti oppofé tâ- „ choit de mettre à couvert & de julti- „ fier ces mauvais Confeillers, en jettant 99 tout le blâme de leurs confeils perni- )> cieux fur cette bonne & pieufe Prin- ,9 celfe , qui n'avoit que de bons deffeins ", LorfquUl en fera tems , ajôuta-t-il, on fera ire compte de leur conduite à ceux qui ont con~ * Maintenant Chevalier de la Jarretière , Chan- celier de l'Echiquier, &c. &c« me XVIL Pan. L L i6i Bibliothèque Britannique-, confeillè la paix : mais à Dieu ne plaife qu'on Us condamne fans les entendre, Mr. le Gé- néral Stanhope * dit à cette occaûon: 99 Qu'on avoit pris à tâche de répandre „ dans le Public, que les Miniftres du Roi l'y n'avoient jamais eu defTein de re- yy chercher les Auteurs de la Paix, mais „ feulement de les cenfurer d'une ma- „ nière générale. Mais qu'il pouvoit af- „ furer la Chambre , que nonobftant les „ foins qu'on s'étoit donnez pour empê- „ cher la découverte des mauvaifespra- ,, tiques du dernier Miniftère, en détour- ,, nantplufieurs papiers de l'Office de la ,, Secretairerie , le Gouvernement avoit „ fuffifamment de quoi prouver que les „ derniers Miniftres étoient les gens les „ plus corrompus qu'il y eut jamais eu » à la tête des Affaires. Que dans peu ,3 de tems on propoferoit ces preuves à ,y la Chambre, & qu'il paroîtroit par-là, „ qu'un certain Générai Anglois f avoit „ agi de concert avec le Maréchal de ,, Viilars , s'il n'avoit pas même reçu ,, fes ordres de lui ". Le Chevalier Guillaume Windbam en- treprit de prouver, que la Paix avoit été très- * Fait Secrétaire d'Etat le 23 Janvier 1716, Chancelier de l'Echiquier le 13 d'Avril 1717 , & créé Comte dans la fuite. Cette Note ejl tirée du Recueil en trois Volumes. t On veut parler du Duc d'Ormo?id. Avril, Mai et Juin. 174T. 163 très-avant£geufe au Royaume ; & il offrit à la Chambre de lui montrer une Lifte de Marchandifes, par laquelle il paroif- foit que le Revenu de la Douane étoit augmenté de cent mille Livres Sterling par an depuis la Paix. Mais le Cheva- lier Gilbert Hcarhcote lui répondit fur le champ ; qu'à la véritfé il pourroit pro- duire une Lifte de Marchandifes venues de France, mais qu'il le défioit de prou- ver que le tranfport des Marchandifes, 6c fur-tout de Marchandifes de laine , eût augmenté depuis la Paix. Il ajouta, que tout ce qu'on fait venir des Pais étran- gers étant confumé en Angleterre, prou- ve la perte des Anglois , plutôt que leur gain: & que la Nation ne peut gagner que par le tranfport des Marchandifes hors du Pais , ce qui foutient les Manufac- tures, fournit de l'emploi aux pauvres, & fait entrer de l'argent dans le Pais. Mr Wmâbam n'eut rien à répondre à cela. Le 5 d'Avril de la même année on propofa à la Chambre d'examiner la Proclamation du Roi , par laquelle il avoit convoqué ce nouveau Parlement. La Proclamation ayant donc été lue , le Chevalier Guillaume Whitlocke y trouva certaines chofes à reprendre , & dit, qu'elle étoit fans exemple & contre le« Loix. Voici Tendroit qui l'avoit cho- que. C'eft le Roi qui- parle : „ Dans L 2 „ cotte ï64 Bibliothèque Britannique, o cette occafion , où Nous convoquons „ pour la première fois le Parlement de 9> la Grande-Bretagne, Nousnefçaurions „ Nous empêcher, vûlajufticequeNous „ Nous devons à Nous-mêmes, & afin „ qu'on ne Nous impute pas les fautes & „ la mauvaife conduite des autres , dans „ un tems où de faufTesimpreiïîonspeu- ,, vent faire le mal le plus terrible & le „ plus irréparable , avant qu'on ait eu ,, le tems de les éclaircir, Nous ne fçau- „ rions Nous empêcher de dire, que Nous m avons été extrêmement touchez à no- „ tre avènement à la Couronne, devoir „ que les Affaires de l'Etat font dans la m plus grande confufion du monde, tant %> par rapport au Commerce &àl'inter- » ruption de la Navigation , que par „ rapport aux Dettes de la Nation, ayant 9i été furpris de trouver qu'elles étoient „ confiderablement augmentées depuis la „ Paix. C'eft pourquoi Nous ne doutons „ point , que û les Eledions prochaines ^ fe font par nos bons fujets avec toute la w fureté & la liberté qui leur apartien- „ nent félon les Loix, & que Nous leur „ conferverons toujours , ils ne choififfent „ pour Membres de Parlement les per- „ fonnes les plus propres à reformer les „ défordres préfens, à pourvoir à la tran- ,> quillité & au bonheur de nos Royaumes, „ & au foulagement de notre Peuple , & „ que dans leur choix ils n'ayent un égard „ par- Avril , Mai et Juin. 1741. 105 99 particulier pour ceux qui ont témoigné „ un attachement fincere pour la fuccef- „ fion Proteftante, lorfqu'elle étoit dans „ le danger le plus imminent". Quelques Membres ayant fommé Mr. M^bitiocke de s'expliquer, il ne jugea pas à propos de le faire; mais il fit quelques excufes fur ce qu'il avoit dit. La chofe en feroit demeurée -là, û le Chevalier Windham ne fut pas entré en lice , & n'eut pas même pouffé l'affaire plus loin ; il avança, que la Proclamation étoit non feulement fans exemple & contre les Loix , mais aufli d'une dangereufe con- fequence pour les Parlemens, qui ne fe- roient plus ce qu'ils doivent être. Les Amis de la Cour ne manquèrent pas de relever une propofition qui paroiffoit at- taquer directement le Roi. Ilsfommerent Mr. Windbam de prouver ce qu'il venoit d'avancer. Mais lui , qui voyoit bien qu'il lui feroit impofïible d'entrer dans quelque détail fans choquer encore plus le Parti de la Cour , s'exeufa de le faire. Il foutint cependant avec beaucoup de fermeté ce qu'il avoit dit, ajoutant : ,» Que ,, puifqu'il étoit perfuadé qu'il y avoit ,, dans la Proclamation quelques expref- „ fions qui étoient d'une confequence ,, dangereufe, il fe fiattoit aufli que chaque „ Membre avoit la liberté de dire ce qu'il „ penfoit". On lui répondit, qu'en ef- L 3 fet ï66 Bibliothèque Britannique, fet chaque Membre avoit cette liberté» qui eft un des plus grands privilèges de la Chambre ; mais que, d'un autre côté, la Chambre avoit aufïi la liberté & le pou- voir de cenfurer & de punir, ceux qui paflbient les bornes de la bienféance, qui manquoient au refpeft qui eft dû à la Couronné , & qui abufoient des privi- lèges de la Chambre, de manière à la rendre méprifable au dehors. Là-defïus on le fomma encore de s'expliquer; & comme il refufoit toujours de le faire , quelques Membres s'écrièrent : à la Tour,, à la Tour ! Mais Mr. Robert Walpoîe dé- tourna le coup. „ Mr, l'Orateur, * dit- „ il , je ne fuis point du tout d'avis que 99 l'on fatisfafle le defir que ce Membre , „ qui caufe tout ce grand Débat, té- 99 moigne d'être envoyé à la Tour : ce 99 feroit le rendre trop çonfiderable. Mais „ comme c'eft un jeune-homme qui a de 99 bonnes qualitez , qui fe déclare zélé ,9 partifan du dernier Miniftère , & qui ,* a été de tous leurs fecrets , je fouhai- „ te qu'il foit préfent lorfque nous exa- 99 minerons la conduite de fes amis, tant 99 afin * Il n'efl peut-être pas nécefîaire d'avertir, que dans la Chambre des Communes les Mem- bres font obligez de s'addrefler toujours à YQuv teur. Avril, Mai et Juin» 1741. 167 „ afin qu'il puiflfe avoir occafion de les „ défendre, qu'afin qu'il foit te'moindela „ candeur avec laquelle nous procède- ,, rons, & qu'on ne puifTe pas dire que ,, nous profitons du moindre avanta- „ ge que nous pouvons prendre contre „ eux". Le Débat dura encore quelque tems ; à la fin on propofa de s'ajourner , ce qui aurcit fait tomber l'affaire; de forte que la propolitionfutrejeit.ee à la plura- lité de 212 Voix contre 134. On pro- posa enfuite cette queilion : que le Ci: - valier Guillaume Windham ayant fait des ■ injurieufej flirta Prt n de Sa Majeflé .... fétoit par- là rendu coupa- ble (Tune infuîte manifefle contre la Performe de Sa M : avait violé les privilèges de la Chambre. Cette queilion occaiion- na encore de longs Débats, les Partifans de la Cour demandant , que Mr. Windham eût à prouver ce qu'il avoit avancé, & lui refufant toujours réfolument de le faire : il dit enfin, qu'il fe foûmettoit à tout ce que la Chambre jugeroit à pro- pos à la pluralité des fuffrages. Sur quoi on propofa qu'il eut à fe retirer; ce qui ayant paflë à la pluralité de 208 Voix con- tre 129, ilfe retira , & les 129 Membres qui s'étoient déclarez pour lui , le fui- virent tous. Leurs Antagoniftes ayant alors le champ libre, il fut réfolu unanimement, que Mr. le L 4 Che- itfS Bibliothèque Britannique , Chevalier Winâham * . . . . étoit coupa* bte , . , . & que pour cette offenfe il feroit réprimandé par V Orateur de la Chambre. Le lendemain Mr. Windham s'étant rendu dans la Chambre , l'Orateur lui addreffa ces paroles : „ Moniieur ; atta- „ quer la Proclamation que le Roi a pu- „ bliée pour la tenue du préfent Parle- „ ment, & refufer d'alléguer aucune rai- « fon qui fafle voir en quoi cette Pro- „ clamation eft condamnable, paroît à „ cette Chambre un fi grand affront fait 9, à Sa Majeité, & unufage ïi peu jufti- „ fiable de cette liberté déparier, qui eft „ le privilège inconteftable du Parlement, „ qu'elle n'a pas cru devoir laifTer paffer 9, une telle conduite fans la cenfmer. „ Mais voulant faire paroître fa modéra- it tion , quoiqu'on n'ait que trop méprifé 99 fa douceur, elle vous a infligé la peine la 9, plus douce qu'elle a pu, vu la faute que 99 vous avez commife. Elle m'a comman- 9, dé de vous réprimander ici ; & pour 99 obéir àfes ordres , je vous réprimande ", Voici ce que Mr. Windham répondit: ,, Mcnjteur rOratcur. Je vous remer- s* cie de tout mon cœur de ce que vous 99 vous êtes acquitté d'une manière fifraii-» 99 che & fi honnête du devoir que votre » Charge exigeoit de vous. Comme „ Mem* * Ceft la même proportion qu'on vient de rapporter ci-deflus en Italiques. Avril, Mai et Juin. 1741. 169 » Membre de cette Chambre, je fçais que „ iedoismefoûmettre à ce qu'elle a réfo- ,, lu. Mais comme je ne me fens point cou- „ pable d'aucun affront contre Sa Majefté, M ni d'avoir violé les privilèges de cette ,, Chambre , je ne fçaurois remercier ces „ Meilleurs , qui , fous prétexte de dou- „ ceur, m'ont attiré cette réprimande". Si l'on veut prendre la peine de com- parer cette Traduction de la Réponfe de Mr. Windbam , avec celle qu'en a donné le Continuateur de Rapin *, on y verra des différences confiderables , & nous ofons affurer, ou que le Continua- teur s'eft fervi de quelque mauvaife Tra- duction , ou qu'il n'entend pas PAnglois. On trouve enfuite les Procédures du Parlement contre quelques-uns des Mi- niftres de la Reine Anne. Nous ne nous y arrêterons pas , parce que ce qu'il y a d'eflentiel dans ces Procédures fe trou- ve dans les Procès du Comte d'Oxford & de Mylord Stmfford, qui ont été pu- bliez , & auxquels même on nous ren- voyé ici. Nous remarquerons feulement , que Mylord Anglefey dit à cette occafion dans la Chambre des Seigneurs : „ Qu'il ,, étoit à craindre quelesmefuresviolen- „ tes qu'on prenait , n'ebranlaffent te S:ep- ,, tre dans la main du Roi „ . La plupart des Membres furent extrêmement fcandali- fez * Hift. d'Anglet. 7cm. XIII, pag. 42, 43. L 5 iyO BlBCïOTHEQUE BRITANNIQUE, fez de ces expreflions; quelques-uns mê- mes s'écrièrent; à la Tour, à la Tour ! Le Comte de Sutherland, un des feize Pairs d'Ecofie , & qui dans les tems les plus dangereux avoit donné des preuves figna- lées de fon zèle & de fon attachement pour la Maifon de Hanovre , fe leva, & dit : m Qu'il étoit rempli d'indignation „ d'entendre prononcer de pareilles pa- ,, rôles dans cette augufle Affemblée : „ que fi on les avoit prononcées par-tout ., ailleurs , il en auroit demandé rai fon ,i à celui à qui elles feroient échapées; „ mais que tout ce qu'il pouvoit faire , „ c'étoit de prier le Seigneur qui les avoit „ dites , de vouloir bien s'expliquer". Mylord Sutherland fut fécondé par le Duc de Roxburgh, autre Paird'EcofTetrès-zèlé pour la Succeflion Proteftante. Il dit entre autres chofes , que le Sceptre étoit fi bien affermi dans ta main du Roi, que loin de pouvoir être ébranlé , il écrafercit tous les ennemis de Sa Majefté. Mylord Berkeley , & quelques autres Seigneurs ayant fou- tenu Mylord Sutherland, le Comte &An- g/ç/êy fe leva , & dit: , y Qu'il n'étoitque „ trop manifefte , par les tumultes qui „ s'élevoient dans plufieurs endroits du ,, Royaume , que la Nation en général „ fedeclaroit contre ces pourfuites. Que ,> pour lui , il étoit û éloigné d'approuver 93 ces défordrés & ces affemblées tumul- „ tueufes, qu'il fouhaitoit au contraire „ qu'on Avril , Mai et Juin. 1741. 171 ,, qu'on pût les faire cefler au plutôt par „ des punitions exemplaires. Qu'il avoir. ,, dans plufieursoccaiions donné des preu- „ ves fuffifantes de fonzèle & de ion at- ,, tachement pour la Révolution , 6c pour ,, la Succelnon Proteftante : que ce qu'il ,, avoit dit procedoit du mêmezclepour „ la paix ce la profperité du Régne de „ Sa Majeité. Que fi pourtant il avoit „ eu le malheur de choquer cette au- ,, gufte Affemblée par quelques expref- ,, lions imprudentes ou paifionnées, il en f, étoit véritablement fâché". Malgré cette Apologie , ilyeut encore quelques Seigneurs quiparurent difpofez à envoyer Mylord Angfefey à la Tour. Mais com- me on n'avoit pas mis par écrit les propres termes dont il s'étoit fervi, la Chambre fe contenta de l'explication qu'il venoitde donner, & la chofe n'alla pas plus loin. Ce Parlement fut prorogé le 21 de Septembre 1715, & fe ratTembla le 9 de Janvier fuivant. Une des Affaires les plus importantes qui y fut traitée , eft l'Adte par lequel celui qui rendoit les Parlemcns triennaux fut révoqué , & il fut ordonné qu'ils dureroient déformais fept ans. Comme cette Affaire fait en- core actuellement beaucoup de bruit , Os: que ceux qui prennent le titre de Pnrtifansdela Patrie, par oppofition aux ifans de la Cour , témoignent fou- r ardemment qu'on rétabBfle l'Acte qui 172 Bibliothèque Britannique, quirendoitles Parlemens triennaux, nous croyons qu'on fera bien-aife de voir ici en détail ce qui fut dit pour & contre fur ce fujet dans les deux Chambres. Le 10. d'Avril 1716, vieux ftile, le Duc de Devonjînre fit un difeours dans la Chambre Haute, & repréfenta les in- conveniens qui accompagnent les élec- tions triennales des Membres de Parle- ment. „ Elles ne fervent, dit-il, qu'à „ entretenir les divifions & les partis; „ elles font naître & fomentent des hai- „ nés & ces anirnofitez dans les famil- „ tes : Elles caufent d'ailleurs des dépen- „ fes ruineufes , & donnent lieu aux „ cabales & aux intrigues des Princes „ étrangers. Il eft donc de la fageiïe de „ cette augufle Affemblée, d'appliquer „ un remède convenable à un mai qui „ pourroit être fuivi des confequences ,, les plus dangereufes , principalement „ vu l'humeur préfente des peuples. Car „ quoique la Rébellion * foit heureufe- „ ment étouffée , l'efprit de Rébellion „ n'efl pas encore fournis , & paroît „ n'attendre qu'une occafion favorable ,, pour éclater avec plus de violence „ que jamais. Et comme l'élection d'un „ nouveau Parlement , qui par l'Acte „ trien- * Cet Afte fut propofé peu de tems après la Bataille de Prcfton , qui mit fin à la Rébel- lion. Avril , Mai et Juin. 1741. 175 „ triennal doit fe faire dans peu, eft la „ conjon&ure la plus favorable que les ,, mécontens & les mal-intentionnez puif- „ fent efpérer, je crois qu'il eft abfolu- „ ment néceiraire de leur ôter cette M occafion de remuer. C'eft dans cette „ vue' que j'ai un Bill à propofer à la „ Chambre pour prolonger la Séance des „ Parlemens , & je prie qu'il foit lu". Le Duc de Devonjbire fut fécondé par le Comte de Rockingham , le Duc d'Ar- gile , le Comte de Dorfet , Mylord Townjbend & d'autres. Le Duc de Buc- kingbam , Mylord Trevor , les Comtes de Nottingbam & iïAyksforâ, & plufieurs autres Seigneurs , quoiqu'ils ne s'oppe- fàfTent pas directement à ce Bill , firent cependant de longs difeours pour enga- ger la Chambre à en remettre la ledure a une autre fois. Il ne nièrent pas que chaque Membre de la Chambre n'eût le privilège de propofer tel Bill qu'il jugeoit à propos ; mais ils remarquèrent aufll , que la Chambre avoitla liberté de lé lire ou de ne le pas lire ; que celui que le Duc de Devonjbire venoit de propofer étoit d'une fi grande confequence , qu'il méritoit d'être examiné & pefé avec tout le foin poflible , avant qu'on entrât dans aucune délibération fur ce fujet : c'eft pourquoi ils propotoient que le Bill fût laide" quelques jours fur la Table , avant que d'être lu pour la première fois. Les Sei- 174 Bibliothèque Britannique , Seigneurs qui étoient d'avis qu'on le lût furie champ, répondirent, qu'ils étoient fort éloignez de vouloir faire paiTer quel- que Bill que ce fut par furprile : que leur méthode ordinaire de procéder don- noit à chaque Membre tout le tems re- quis pour examiner & pefer avec foin les Bils qu'on leur préferitbit. Le Com- te de Dorfet propofa , qu'après que le Bill auroit été lu une fois , on en remit la féconde leclure a*u Samedi fuivant , 14. du mois , à quoi toute la Chambre ayant confenti , on lut le Bill. Il éft li court que nous croyons devoir en donner ici la traduction. M Comme, par un Acle de Parlement „ paifé la fixième année du Régne de „ feu Leurs Majeftez le Roi Guillaume & ,, la Reine Marie, de bien-heureufe mé- „ moire, intitulé , Acte pour convoquer 6? af- ,, fembler fréquemment les Partemms, il était „ ordonné entre autres chofes : Qu'aucun „ Parlement qui /croit convoqué , ou affem- ,, blé 9 ou tenu dans la fuite, ne pourroit être ,, continué au-delà de trois ans tout au plus , „ à compter du jour auquel le dit Parlement f, devoit s'affembler pour la première fois , „ fuivant les ordres ou Lettres Circulaires ex- 4, pediées pour les élections ; & comme on „ a trouvé par expérience que cette „ claufe efl fort onereufe & préjudicia- „ ble à la Nation , par les grandes & „ fréquentes dépenfes qu'elle a caufées „ dans Avril, Mai et Juin. 1741. 175 „ dans les élevions des Membres de „ Parlement, & par les arûmofitez & les „ aigreurs qu'elle a fait naître parmi les ,, fujets de ce Royaume, au-delà de ce „ qui s'étoit jamais vu auparavant ; ôz „ comme il eft à craindre , vu la con- ,, joiicture préfente , où une Fa&ion tur- „ bulente & Papille a defTein & s'effor- ,, ce de reuouvcUer la Révolte au de- ,> dans , & de caufer de nouvelles inva- „ fions au dehors , que cette claufe ne ten- „ de à la ruine de la paix & de la fureté „ du Gouvernement , qu'il J oit arrêté par „ la Sacrée Majefté du Roi , par l'avis ,, & du confentement des Seigneurs „ Spirituels & Temporels , & * „ affemblez en Parlement , & par leur „ autorité , que le Parlement préfenc , „ & tous les autres Parlemens qui feront „ convoquez , • affemblez , ou tenus déf- „ ormais , feront continuez chacun ref- ,, pe&ivement durant l'efpace de f „ ans , & pas plus longtems ; à compter „ du jour auquel, félonies Lettres Cir- „ culaires pour les élevions, ce Parle- „ ment * On hifloit ici un efpace vuide , qui devoii être rempli par ces mots des Communes, lorfque l'Acte auroit'palîé à la Chambre Baffe. t Le Nombre d'années dévoie être rempli dans la fuite comme la Chambre le jugeroi: à propos : & on convint du nombre ûefep:, 176 Bibliothèque Britannique , „ ment devoit s'afTembler , & les autres „ devront s'afTembler dans la fuite -, à „ moins que ce préfent Parlement, ou „ quelque autre Parlement futur, ne foit „ diflbût plutôt par SaMajefté, fes Héri- ,> tiers, ou SuccefTeurs ". Ce Bill ayant été lu la féconde fois le 14 d'Avril, le Chancelier propofa de le mettre en Grand Cornmitté ; ce qui don- na lieu à un nouveau Débat , qui dura depuis deux heures après midi jufques à fept. Le Comte iïAbingdon fut le pre- mier qui parla contre ce Bill. Il repré- fenta ,, que c'étoit un Bill d'une nature „ tout- à- fait extraordinaire, puifqu'ilre- „ voquoit un Acte que le Peuple regar- „ doit avec raiibn comme le plus pro- „ pre à affurer fes Droits & fes Liber- „ rez: que fi ce S/7/paflbit dans la Cham- „ bre Haute, & étoit aprouvé par les „ Membres de la Chambre Baffe, ce fe- „ roit de la part de ceux-ci un abus „ manifefle du pouvoir qui leur avoit „ été confié". Le Duc de Kingflon ré- pondit à cela , que le Parlement avoit droit de reformer les anciennes Loix, aufïï-bien que d'en faire de nouvelles. Le Comte de Vowlet, en fe déclarant contre le Bill , repréfenta : ,„ Qu'avant „ que d'aller plus loin dans une Affaire „ fi importante , il étoit à propos de ,, chercher quelque moyen par lequel on » pût découvrir les fentimens de la Na- „ tion ■Avril, Mai et Juin. 1741. 177 » tion fur ce fujet. Il foutint que ce „ Bill donnoit à connoître qu'on doutoit ,, de l'affedion du Peuple, fans laquelle „ un Roi ne peut jamais être ni tran- „ quille , ni en fureté. Que le Roi Ôuit* „ hume avoit gagné les cœurs de tous ,, fes fujets par VJâe Triennal * ; & qu'il ,, paroitroit un peu étrange que l'Afte „ le plus populaire fût révoqué précife- ,, ment un an après que la fuccefllon ,, Proteftante avoit eu lieu ". Ce Sei- gneur tacha enfuite de répondre à ce qu'on al leguoit en faveur du Bill: fçavoir, 1 . Queles Elections fréquentes caufent des dépenfesruineufes: 2. Qu'elles font naître des animofitez & des aigreurs,qui font d'u- ne confequence très -dangereufe après la dernière Rébellion: 3. Qu'elles empêchent les Puiiïances étrangères de s'allier avec nous. Il dit ,, fur le premier Article , „ qu'il ne méritoit pas qu'on y fit atten- „ tion , puifque toutes ces dépenfesfont „ volontaires : far le fécond, qu'il étoit „ fâché qu'il y eût eu une Rébellion , „ mais qu'elle étoit déformais heureufe- ,, ment appaifée : fur le troifième, qu'il „ ne lui paroiiïbit d'aucun poids ; & que „ dans une Affaire qui touchoitde fiprès ,, la Conftitution de l'Etat, il étoit d'a- „ vis qulil falloit avoir plus d'égard p'our » la * C'eft ainfi qu'on appelle l'Atte qui lendoic les Parlemens triennaux. Tomt XVII. Pan. h M 178 Bibliothèque Britannique, ., la Nation que pour les étrangers. Tou- ,, tes ces confiderations Pengageoientàfe ,, déclarer contre la proponnon quiavoit ,, été faite de mettre le Bill en grand ,, Committé". Le Comte de Dorfet parla enfuite , & ,, s'exprima de cette manière : », Ceux ,, qui le déclarent maintenant contre le ,, Bill 9 fe declareroient en fa faveur s'ils ,, y trouvoient leur compte. L'Acte „ Triennal eft une nouvelle Loi, & a „ produit un changement dans Pancieh- „ ne Conftitution de l'Etat. Et une ex- ,, perience de vingt ans ayant fait voir „ que cette Loi eft accompagnée de mille 9% inconveniens, il faut y remédier. Cet- ,, te Loi a jette les femences de Pefprit „ mercenaire & de la corruption : car ,, il eft évident & de fait, qu'il y a un „ grand nombre de gens qui n'ont point ,, d'autre métier pour vivre , que Pem* „ ploi de gagner des Communautez, & ,, de les engager, à force de préfens, à ,, choifir pour Membres de Parlement 99 les perfonnes qu'on leur nomme. Nous ,, en avons fait depuis peu une trifte „ expérience ; puifque ce fut par de i, pareils moyens que les derniers Mini- >, ftres firent choifir un Parlement oui ., autorifa& approuva toutes leurs mefu- ,, res, quelques pernicieufes qu'elles fûf- „ fent , ôc qui faillit à facrifier entiere- .; ment le Commerce & La Liberté de m la AvttiL, Mai et Juin. 174T. 179 t% la Nation. Les Elections triennales „ detruifent tout le crédit que les Fa- n milles les plus confiderabies doivent a avoir dans leurs Provinces, & foûmet- „ tent l'excellente Conftitution de cet „ Etat au caprice de la multitude : en „ un mot , par ces Elections triennales ,, nous n'avons qu'un Gouvernement ,, triennal; ce qui eft prefque n'avoir du ,, tout point de Gouvernement. Toutes ,, ces raifons me déterminent en faveur „ du Bill". Un autre Seigneur s'exprima à-peu- près en ces termes : * Je n'ai aucun „ préjugé contre le B/7/enqueftion ; bien „ loin de-là , j'honore & je refpe&e le „ Noble Pair qui Ta prélenté à la Cham- ,, bre ; perfuadé qu'il le croit avanta- ,, geux au Roi & à la Patrie. Pour moi , „ ie feul but que je me propofe , c'eft „ de conferver notre excellente Confti- ,, tution , & que le Roi puiiïe porter la ,, Couronne avec tranquillité, & la tranf- „ mettre fûrement à fa Famille Royale, „ pour laquelle j'ai un attachement très- ,, fmeere. La queftion que nous avons „ à examiner , eft de fçavoir, fi la non- „ velle Loi qu'on propofe eft avantageu- ,, fe ou préjudiciable à la Conftitution j, de l'Etat. Pour moi, je regarde l'Acte f, triennal comme une partie eflentiel- ,, le de notre ancienne Conftitution , ♦* fuivant laquelle il faut que nous ayons M 2 „ de* ï8o Bibliothèque Britannique, 5, des Parlemens fréquens , & même an- „ nuels. Il feroit aifé de prouver que de „ longs Parlemens ont toujours été per- „ nicieux. Lorfque Charles I. céda en „ 1640.1a prérogative qu'il avoit de dif- „ foudre les Parlemens , il fe livra par „ cela même entre les mains de traîtres , „ de qui il ne pouvoit attendre que fon „ entière ruine. Après la Reftauration ,., de Charles IL , ce bon Prince éprouva „ bientôt les inconveniens drun long ,, Parlement : & dès que la Révolution s, eût fourni aux peuples une occafion „ d'établir fûrement leurs libertez & „ leurs droits , on demanda avec inftan- „ ce l'A&e Triennal, & on l'obtint enfin , „ malgré de fortes oppofitions. Aufïi y „ avoit -il de très- bonnes raifons pour „ faire une pareille Loi : il falloit fou- „ tenir & préferver la Conftitution de „ l'Etat ; prévenir les ufurpations & les „ entreprifes , foit du Parlement fur la „ Couronne, foit de la Couronne furies „ libertez & les droits du Peuple ; & „ corriger les excès & les abus que les „ Miniftres du Prince pouvoient com- „ mettre par ambition ou par avarice. „ Je ne prétens point faire de réflexion „ contre le préfent Miniflère ; mais à „ mon avis , les Sujets ont un droitincon- „ teflable défaire de fréquentes Elections, „ afin de pouvoir par -là remédier aux „ abus. Pour moi , je me fuis toujours m de- Avril, Mai et Juin. 1741. 181 sj déclaré contre le Bill par lequel on „ vouloir limiter à un certain nombre, „ dans la Chambre des Communes, les ,, Membres qui tiennent des Emplois de „ la Cour. Mais fi on cafTe l'A&e Trien- „ nal, ce Bill deviendra très-néce fi a ire, „ parce que la longueur du tems pen- M dant lequel le m^me Parlement fiegera, „ fournira à la Cour l'occafion , & mê- ,, me la tentation, d'y multiplier le nom- ?, bre de fes Créatures. On a fait quel- „ ques réflexions un peu injurieufes au ,, dernier Parlement; mais il me femble „ que ce Parlement fut choifi de la mê- „ me manière que le préfent , c'eft- ,y à-dire par de grandes d^penfes. J'a- ,, voue que c'eft-là un très-grand abus ; u mais on pourroit faire des Loix pour „ le corriger. Si le Bill pa(Te, comment M un feul Membre de la Chambre des », Communes pourra-t-ilfe flatter de con- „ ferver fon crédit auprès de ceux qui „ l'ont choifi ? Car ils regarderont fû- „ rement ce Bill comme une violation „ de leurs droits, & un ufage infidèle du ,, pouvoir qu'ils avoient confié à leurs ,, Repréfentans. Si cette Chambre des ,, Communes fe continue elle-même au- ,, delà du tems pour lequel elle a été choi- ,, fie, elle ne repréfentera plus le Peu- „ pie, maisfe fera érigée elle-même en „ Chambre de Parlement. Je fuis fâché u qu'il y ait du mécontentement parm; M 3 n le i$2 Bibliothèque Britannique , „ le Peuple ; mais je crains bien que ce Bill ,, ne contribue à l'augmenter, plutôt qu'à „ le diminuer. Je conviens que la plu- „ part des Membres de la Chambre Baffe „ l'ont de très -honnêtes gens , qui ont „ fortement à cœur l'intérêt du Roi & „ de la Patrie. Mais il me femble que „ ceux qui les ont précédé , ne leur ce- „ dentgueresen refpe£& affection pour ,, Sa Majefté; carc'eft eux qui l'ont éle- „ vée fbr le Trône , & qui lui ont fixé ,, un Revenu avec tout l'empreflement „ imaginable. Tout ce que j'ai dit ne ,, vient que de la crainte que j'ai des „ mauvaises confequences que ce Bill „ peut entraîner après lui ; confequen- ,, ces qui pourront peut-être monter à ,, un tel point, que Sa Majefté ne fera ,, pas tranquille fur le Trône. J'ai tant „ d'obligation à la fucceffion Proteftan- ,, te , que û je croyois que ce Bill pût „ être ae quelque utilité pour le Roi „ ou pour fa Famille, j'y donnerois ma „ voix de tout mon cœur. Mais comme „ jepenfe tout autrement; je ne voudrois „ pas qu'un Acte , obtenu fous le meil- „ leur de tout les Régnes, fût aboli dès ,, la première année de ce Régne Pro- „ teftant. C'eft pourquoi je fuis contre „ la proportion de mettre le Bill en grand „ Committé". Celui qui parla enfuite, avoua qu'il efl néceflaire que le Parlement s'afîemble fou- Avril, Mai et Juin. 1741. 183 fouvent , afin d'affurer la Liberté & les Droits du Peuple , mais il ajouta, „ que „ le Bill en queilion n'était pas deftiné „ à empêcher les fréquentes afTemblées „ du Parlement, mais feulement les fré- „ quentes Elevions. Qu'il faloit bien „ pefer ce qui étoit avancé dans le pré- „ ambule de ce Bill; fçavoir, qu'il y a en- „ core une Faction Papifte & turbu- „ lente , qui a deflein & s'efforce de rc- „ nouveller la Rébellion dans le Royau- „ me. Sur quoi ce Seigneur remarqua , ,, que de toutes les Rebellions qu'il „ y avoit eu , la dernière étoit la plus „ monftrneufe ; parce que toutes" ici „ autres avoient eu pour prétexte la Li- ,, berté , au lieu que celle-ci avoit pour „ but l'Efclavage. Et par rapport aux „ Alliez, il dit, que quoiqu'il ne pût pas „ aflurer qu'ils s'attendiffent à ce Bill , „ il y avoit pourtant lieu de croire, qu'ils „ feroient bien-aife qu'il paiïat en Loi; „ parce qu'ils avoient appris par une „ trifte expérience, que les mefures les „ mieux concertées pouvoient être ren- „ verfées par des Parlemens différens, „ conduits par de nouveaux Miniftres; „ de forte que s'ils n'avoient pas quelque ,, fureté par rapport à l'exécution des „ Traitez que Sa Majeilé faifoit avec „ eux , il pourroit arriver par une nou- ,, velle Election , une révolution d.ins les „ Efprits qui renverferoit tout. En un M 4 u mot* 184 Bibliothèque Britannique , „ mot , que ce Bill fixeroit l'établiffe- „ ment préfent fur un fondement ferme „ & durable". Le Duc de Buckingbam fe déclara con- tre le Bill. Il avoua que l'Acle Trien- nal pouvoit être fujet à quelques in- conveniens ; mais les meilleures chofes n'en font pas exemptes. 99 II faudroit, „ dit-il, chercher quelques moyens pour remédier à ces inconveniens ; mais „ au lieu de cela , on veut caiTer une iy bonne Loi, & changer la Conflitution „ de l'Etat. Confiderez bien, Mylords, « ce que vous faites. Pour empêcher 9y qu'on ne foit volé fur les grands che- 9y mins , vous défendez de voyager. Si 99 un homme fe caiïe la jambe, le Chi- 99 rurgien lui ordonnera-t-il le Mercure , 99 afin de changer entièrement fon tem- s, pérament ? Je conviens qu'il y a une 99 grande fermentation dans le Royaume : 99 mais il me femble que le Bill qu'on 99 propofe n'efl gueres 'propre à la faire 99 cefïer. Je me fouviens que quelqu'un a 99 dit dans cette Chambre que l'Angle- „ terre ne feroit jamais heureufe, jufques „ à ce qu'elle eût des Parlemens annuels. „ Le Roi Guillaume , qui étoitun fage Prin- „ ce, tranquillifa l'efprit de fon Peuple „ par l'Acte Triennal, &afTurafon pro- ,9 pre repos. Mais je crains bien que le „ BUlen queflion n'ait un efFettout con- V traire -, c'eft pourquoi je fuis mainte- „ nant Avril , Mai et Juin. 1741. 185 „ nant contre le Bill , quel que put être „ mon jugement dans une autre conjonc- „ ture. Et il mefemble que la dernière ,, Rébellion n'eft pas une raifon fuffi- „ fante pour cafîèr TAde Triennal. Les „ Rebelles font des imprudens & des te- „ méraires , qui ont payé, ou qui paye- „ ront chèrement leur témérité & leur „ folie : mais ni eux , ni leurs partifans „ ne font confiderables. Peut- erre té- „ moigneront-ils leur mécontentement „ dans quelque coin , & en cachette; mais „ il n'eil point, &j'efpére qu'il ne fera ja- ,, mais, en leur pouvroirde faire du mal". Le Comte de Cholmondley , qui parla enfuite, repréfenta , „ que le Parlement „ a inconceftablement le Droit de re- „ medier aux inconveniens de quelque „ Loi que ce foit . . . . & que , puifque „ c'étoit-là le cas de i'A&e Triennal, „ il falloit y pourvoir. Que ce qu'on „ avoit dit du long Parlement qui fetint „ fous Charles IL , étoit , félon lui , un „ argument pour , plutôt que contre le „ Bill. Car quoiqu'il y eut dans ce Par- ,, lement un grand nombre de Penfio- „ naires du Roi , qui lui accordèrent ,, beaucoup d'argent dans les commen- „ cemens , il eft pourtant certain que , ,, lorfque l'Etat fut en danger, ils vote- „ rent pour la guerre contre la France , „ & pourfuivirent vigoureufement ceux ,, qui avoient trempe dans la conjura- M 5 M tion i86 Bibliothèque Britannique , „ tion des Papilles. On a vu depuis peu ,, de quoi un Parlement mercenaire eft „ capable , & par quels moyens on peut „ en faire choifir un qui foit tel ; & il ,, eft aifé de deviner comment il eft ar- „ rivé que la Lifte Civile * a été en ar- „ riere de cinq-cens mille Livres Sterling. „ Ilmefemble, ajouta-t-il, que le meil- „ leur moyen d'empêcher que les gens fe „ laiilènt corrompre, c'eft de fupprimer „ les fréquentes Elections , qui d'ailleurs „ font * En Angloîs , The Civil Lifi. C'eft ainfi qu'on appelle le produit de diverfes Taxes & Impots. Ce produit le monte par an à fept-cens quatre- vingt-treize mille Livres Sterling, félon les uns, ou a huit-cens trente mille Livres, félon les au- tres. C'eft fur ce produit que fe pre'nd lafom- me annuelle que le Parlement accorde au Roi pour fa vie. On avoit accordé fept-cens mille Livres au P.oi Guillaume , cinq-cens cinquante mille à la Reine Anne , fept-cens mille au Roi Gdorge I; & l'on a accordé à fon Succefleur tout ie produit de la Lifte Civile. Lorfqu'on dit que la Lfte Civile eft en arrière , ou qu'il y a une dette fur la Lifte Civile , on entend par- là que les dépenfes ont excédé la fomme qu'on avoit accordée au Roi. Au refte onfçaura,que ce Revenu n'eft defriné qu'à l'entretien du Roi, de la Famille Royale , & âes Officiers de la Couronne , & aux autres dépenfes du Gouver- nement de l'Etat : mais que le Parlement four- nit d'autres fon :s pour entretenir les Armées , les jf'lotes & les Garnilor.s. Avrtl, Mai et Juin. 1741. 187 „ font naître des haines & des animofitez „ dans les familles. Le Bill en queftion ,, me paroît d'autant plus néceflaire r ,, qu'ilferviraàaifurer nos Alliez, qu'on. „ ne les abandonnera plusdans lebefoin". Un Seigneur qui répondit à ce Difcours, s'attacha particulièrement à faire voir,que les différentes parties du Gouvernement fervent de bride l'une à l'autre, & em- pêchent l'établiflement du Defpotifme. Il donna à entendre , que le Parlement penfionaire de Charles II. caufa de la peine à ce Prince , parce qu'il lui fit négliger de travailler à gagner l'affection de fes Sujets ; & il conclut en difant , qu'il craignoitque la revocation de l'Acte Triennal n'eût le même effet. Le Débat dura encore long-tems: les mêmes raifons pour & contre le Bill fu- rent preiïees vivement par plufieurs Sei- gneurs , & il y eut quelques nouvelles raifons alléguées de part & d'autre. Mylord Ilay , frère du Duc d'Argyle , re- marqua en particulier , „ que dans la ,, fuite des tems il étoit arrivé un chan- „ gement confiderable dans les qualitez „ requifes pour avoir droit de fuffrage „ dans les Elections; & cela par la gran- ,, de abondance d'or & d'argent qu'il y ,, a préfentement en Europe; tout hom- „ me qui a quarante Chelings de rente „ en fonds de terre, a droitf de donner „ fa voix pour l'Election d'un Membre du „ Par- xSS Bibliothèque Britannique , „ Parlement pour fa Comté : mais cette ,, fomme valut autrefois autant que qua- 9, rante Livres Sterling valent à préfent : ,> de forte que les Electeurs étoient alors i, des Gentilshommes, ou du moins des „ gens à leur aife ; au lieu que ce font ,, maintenant des gens du plus bas M peuple , fujets par confequent à fe laiffer >, corrompre. D'où il fuit , que de fré- 9, cuentes Elections font dépendre le M Gouvernement du caprice de la mul- ,, titude , & le rendent très-précaire". Ce même Seigneur dit encore „ que û „ les animofitez du Peuple étoient de- „ venues plus grandes depuis l'avènement j, du Roi à la Couronne, cela étokcaufé ,3 principalement par quelques perfonnes „ qui, ayant une très- grande opinion „ de leur mérite, étoient fâchées qu'on „ ne les employât pas. ,, Ceci lui donna occafion de juflifier le Roi par rapport à la diftribution de fes grâces, & de ce qu'il recompenfoit ceux qui dans lestems les plus difficiles avoient fait éclater leur zèle pour la Succeflion Proteftante , & qui avoient hazardé leur vie durant la dernière Rébellion. Le Comte de Peterborougb parla en fui- te , &■ dit entre autres chofes , que fi le Parlement préfent fe continuoit lui-mê- me au-deiàdutemspour lequel les Mem- bres avoient été choifis , il ne fçavoit com- ment exprimer la manière defon exiften- ce , Avril , Mai et Juin. 1741. 189 ce, » à moins, dit-il en fe tournant du „ côté des Evèques , j'en demande par- „ don à ces Révérends Prélats , à moins ,, qu'on n'ait recours à la diftinclion qui „ fe lit dans le Symbole d'Athanafe ; car „ ce Parlement ne fera ni créé, ni fait, ,, mais procédant". Enfin , après que le Débat eut duré cinq heures , la propofition de le mettre en grand Committé pafla à la pluralité de 96. voix contre 61. : mais il y eut 30 Seigneurs qui protefterent. On trouve ici leur Proteftation ; elle renferme à-peu- près les mêmes raifons qui avoient été alléguées contre le Bill durant le Débat. Le 16. d'Avril la Chambredes Seigneurs examina de nouveau le Bill en grand Committé. Il y eut encore des Débats, mais le Bill ne laifla pas de pafler à la pluralité de 69. voix contre 36. , & il y eut 24. Seigneurs qui proteflerent. Le Bill ayant été porté à la Chambre Bafle le 19 d'Avril , il y eut quelqu'un qui propofa d'abord de le rejetter fans le lire. Mais comme ce procédé auroit été fans exemple , la Chambre ne voulut pas y confentir, & lut le Bill pour la première fois: on propofa de le lire une féconde, ce qui fit naître de grands Débats, qui durèrent deux heures. La principale objeclion qu'on fit alors contre le Bill , c'eft m que c'étoit une entreprife des ,, Seigneurs fur la liberté de la Cham- » bre 190 Bibliothèque Britannique, „ bre Baffe ; les Seigneurs voulant par- „ là lui préfcrire la conduite qu'elle de- ,, voit tenir dans une Affaire qui la regar- „ doit uniquement comme Protectrice „ des Droits & de la Liberté du Peu- ple". On répondit à cela, que même PAfte Triennal avoit été paifé premièrement dans la Chambre des Seigneurs , lefquels faifant partie du Gouvernement, ne font pas moins les Protecteurs de la Liberté des Sujets que les Communes. Il fut donc réfolu à la pluralité de 276 voix contre 156. , que le Bill feroit lu une féconde fois le Jeudi fuivant 24. d'Avril. Ce jour-là on préfenta à la Chambre fix Requêtes de la part d'autant de Villes contre le Bill , lefquelles on ordonna de laiffer fur la Table *. On lut enfuite le Bill , & fur la propofition qui fut faite de le mettre en grand Committé , il s'éleva un grand débat, qui dura de- puis deux heures après midi jufques à onze heures du foir. Mr. Lyddaly Député de Leftwithiel en Corncuaille, ouvrit le Débat par leDif- cours fuivant : t. Mon» * C'eft une manière honnête de rejetter une Requête , lorfqu'on ne veut pas faire à ceux qui l'ont préfentée , l'affront de la rejetter directe- ment, ou lorfqu'on a des raifons pour Jes n:.> sager. Avril, Mai et Juin. 1741. 191 „ Monjteur t* Orateur. 9, Nous avons aujourd'hui à délibères m fur un des fujets les plus importans & ,, les plus confiderables qui ayent jamais 9$ été propofez au Parlement: car il eit „ certain que lorfqu'il s'agit des Droits & „ de la Liberté des fujets, on doit pro- ,, céder avec toute la prudence & tou- ,, te la précaution poflible. L'Acre Trien- „ nal étoit fans doute deitiné à fervir de ,, barrière & de défenfe à cette Liberté „ & à ces Droits, contre les ufurpa- ,, tions tyranniques ou arbitraires de la „ Cour. Et quoique nous fOyons main- „ tenant fi heureux , que de voir fur le „ Trône un bon Prince , qui , fuivant „ les apparences , aura un SucceiTeur „ qui ne fera pas moins bon; c'eil-là ,, cependant une bénédiction qui n'eil „ point afiurée aux Peuples pour toujours. „ Perfonne ne fçauroit être plus difpofé ., que je le fuisàfoutenir lajufte préroga- ,, tive du Roi , parce que c'eft , félon moi , ,, le pouvoir de faire du bien. Cepen- „ dant fi, après l'examen le plus exact, ,, je trouvois que ce qu'on propoie au- „ jourd'hui tendoit à faire trop pencher „ la balance du côté de la Cour , je croi- „ rois que ce Bill feroit non feulement „ préjudiciable & dangereux an Public, „ mais même fatal à la Con{U:ution de. 192 Bibliothèque Britannique, „ l'Etat, & propre à la renverfer. Mais „ afin d'examiner ce fujet plus exa&e- „ ment, il eftnéceflairede remonter plus „ haut, & de confiderer d'où un Bill de „ cette nature a tiré fa première origi- „ ne. L'an 1640. on pafta un Bill pour „ rendre les Parlemens triennaux , ou „ du moins quelque chofe qui en appro- ,> choit fort: mais on y infera une clau- ,, fe fort onereufe & compulfoire * , qui ,, diminuoit confiderablement le pouvoir ,, de la Couronne , & quiétokcertaine- ,, ment déraifonnable en elle-même. ,, Cet Acle fut d'ailleurs accompagné de ,, plufieurs circonflances défagreables. „ On ne fçait que trop quelles furent ,, les triftes confequences de la malheu- „ reufe divifion qu'il y eut entre le Roi „ & le Peuple. Après la Reftauration, „ la i6\ année de Charles II., cet A&e, „«qui avoit été fui vi d'une longue &fan- „ glante Guerre Civile , fut cafTé. Les „ chofes en demeurerent-là jufques à la „ Révolution. Quelques années après „ que le Roi Guillaume eut été fur le „ Trône , on lui perfuada de pafTer cet „ Adte, qui, comme jel'efpère, va expi- ,, rer bientôt. Je vous afïïire que rien „ ne m'engageroit à donner plus d'éten- „ due à cet Acle , ou à le changer , û , après „ avoir * C'efl que le Parlement ne feroit point diffout fans Ion propre confentement. Avril Mai et Juin. 1741. 193 n avoir pefé mûrement les raifons de „ part & d'autre , je rTétois pas perfuadé, „ qu'il y a p!us d'inconveniens & de „ danger à le laitier tel qu'il eft , qu'à ,, y faire des changement Si vous y ,, en faites, vous fortifierez par-là efli- „ cacemenu l'Autorité du Roi ; vous éta- „ blirez fûremenc la Succefïîon Pro- ,> teftanre , en renverfant pour jamais „ toutes les vaines efpcrances de fes en- f> nemis , tant dans ce pais que de-delà „ la mer ; vous encouragerez vos Al- ,, liez à fe joindre avec vous; vous ferez ,5 plus; vous les mettrez en étatdepou- „ voir compter , que déformais tout ce ,, qu'on aura flipulé & concerté avec „ eux, fera ponctuellement & fidèlement „ exécuté. Cet eflai fera peut-être d'a- „ bord quelque peine au Peuple , prin- „ cipalement s'il eft irrité par les mali- „ gnesinfinuations degensmal-intention- „ nez pour le Gouvernement préfent. m Cependant il ne faudra que peu de „ tems, pour connoitre par expérience „ que le Bill qu'on propofe banira du 99 milieu de nous toute divifion & tout ,> efprit de Parti, &fervira ainfi de fon- ,? dément folide & durable à la tran- » quillité&au bonheur de ces Royaumes f, pour l'avenir. » D'ailleurs , fi nous lahTons perdre cet- ,, teoccafion, peut-être n'en trouverons- „ nous point d'autre qui foit auifi favo- Torne XVIL Part. L N „ ra- îq4 Bibliothèque Britannique, „ rable que celle-ci , non feulement pour „ vaincre , mais même pour déraciner ,., cet efprit de Jacobitifme qui a fi long- ,, tems régné parmi nous, & qui a plus „ d'une fois mis la Nation entière à deux „ doigts de la perte. Puifque nous avons „ donc enfin, avec beaucoup de péril & ,, de peine, afiuré notre Religion, nos „ Loix & nos Libertez, quiétoient dans 5> le plus grand danger du monde par la „ perfidie du dernier Miniftère , & par ,y l'étrange procédé du dernier Parle- „ ment triennal,pourquoi voudrions-nous „ fi-tôt courir le rifque d'en avoir un „ nouveau , choili premièrement par des „ gens que l'argent de France aura cor- „ rompus , & votant enîuite fuivantles „ directions de la France ? Puifque le ,, Roi & le Parlement exercent de con- „ cert leur pouvoir pour le bien public, „ & pour rétablir l'honneur de la Na- „ tion , pourquoi ne continucroient-ils ,, pas à demeurer enfemble , afin de fi- „ nir ce qu'ils ont û unanimement & û „ heureufement, commencé? „ Enunmot,Monfieur, on fçaitquede- „ puis plufieurs années , ceux qui ontdroit „ de fuffrage dans les Elections des Mem- „ bres de Parlement , & le peuple de „ tous les Bourgs d'Angleterre , ont été „ engagez dans le Parti du Prétendant , „ & qu'on leur a infpiré de l'averfion „ pour la Succeiïion Proteftante par l'ar- ia gent Avril, Mai et Juin, 1741. 195 „ gent qu'on a répandu parmi eux , & ,, par les principes féditieux qu'on leur „ a prêchez en chaire : de force que „ c'eilpar néceilké, plutôt que par choix, ,, qu'il faut appliquer un remède extra- „ ordinaire à une maladie extraordinai- re. Je ne vous retiendrai pas plus ,, longtems , & je finis ce difcours en „ propofant que le Bill foit mis en grand ,, Commuté". Mr. Shippen , Député de Newton dans la Comté de Lancaftre, fe déclara contre le Bill par le Difcours fuivant : M Je connois trop le refpedl que je dois ,, à cette Chambre , & quelles font les „ confequences des expreiïions impru- ,, dentés qui peuvent échaper,pour dire „ que par quelques-uns des Aftes que ,, nous avons déjà paffez, nous ayons fait „ une û grande brèche à la Conflitution „ de l'Etat , que la force des Loix en ,, foit en quelque forte détruite; ou pour ,, avancer , que par quelqu'une de nos „ Réfolutions nous ayons ouvert la por- „ te à un Gouvernement defpotique ÔC ,, militaire , ce qui feroit la plus grande „ calamité qui pût arriver à un Peuple »? né libre. De pareilles réflexions peu- ,> vent venir de ceux qui n'ont point „ féance dans cette Chambre , & qui , „ quoiqu'ils ayent droit de fe plaindre ,, lorfqu'on viole leurs privilèges , ne ;, fçauroient toujours pénétrer la profon- N a ,) deur iç6 Bibliothèque Britannique, „ deur & la Sageffe de nos Confeils, & „ ne font que trop difpofez à cenfurer „ ce qu'ils ne comprennent' point. Au- „ cun Membre ne peut, fuivant les ré- „ gles, condamner un Bill durant la mê- „ me Seflion dans laquelle il a reçu force „ de Loi. Mais le.B/7/enqueftion, quoi- „ qu'il ait déjà pafTé à la Chambre hau- „ te, & qu'il ait toute apparence que „ ce fera la première Loi que nous fe- „ rons , n'eft point encore paffé; il eft 5, encore fournis à notre examen, & nous „ fommes en droit de l'examiner avec „ liberté. Je me flate, que non feule- „ ment on nous accorde la liberté depar- 39 1er, mais* que c'eft aufÏÏ ce qu'on at- „ tend de chacun de nous. J'efpèredonc i, que , comme l'Affaire qui eft fur le ,j tapis a reveillé l'attention de tout le 3, Royaume , ceux qui font plus capables ,, de "parler que moi ( perfonne n'en a „ plus d'inclination ) le feront avec cou- .> rage, avec fermeté , dans cette occa- „ fion , qui fera peut-être la dernière où 3, nous puiiTions défendre la Liberté de „ ceux que nous repréfentons. „ Il me femble que toutes les rai- „ fous qu'on a alléguées en faveur du „ Bill y ne- font fondées que fur de fim- „ pies foupçons , & fur de pures imagi- j, nations ; ces raifonsfont, ou frivoles „ en elles-mêmes, ou de dangereufecon- ?> fequence. „La Avril , Mai et Juin. 1741. iff „ La principale raifon que Ton preffe , „ & dans le Préambule du Bill , & dans „ le Difcours de ceux qui fe déclarent „ pour ce Bill , eft que le Peuple eft fi ,9 mal -intentionné , & que les ennemis „ du Gouvernement, tant au dedans du 99 pais qu'au dehors, font û alertes , que 99 de nouvelles Elections cauferont de „ nouveaux tumultes , rallumeront la 99 Rébellion , & feront dangereufes pour „ la paix & la fureté de l'Etat ; incon- ,9 veniens que l'on préviendra en conti- „ nuant ce bon Parlement, & en rendant 99 incertain le tems de fa diflblution. „ Si l'on applique cet argument au 99 Miniilère , je répons iimplement, que ,, cela ne nous regarde point. Que nous ,, importe quelesMiniftres fe foientren- „ dus odieux au Peuple ou non ? Ils doi- „ vent être les objets de notre défiance, ,, plutôt que de nos foins. Ils peuvent ,9 être abîmez fans que le Gouvernement 99 en fouftre. Mais û l'on applique cet » argument au Roi, comme on le doit 99 faire fi l'on veut que ce foit une rai- ,, fon qui nous détermine à paÏÏer le Bill, 99 j'ofe dire qu'aucun de ceux qu'on ap- »j pelle ennemis du Gouvernement , & „ fauteurs de la Rébellion , n'auroit pu » alléguer un argument plus injurieux „ à fa Majefté. Car de quel front aucun ,, bon fujet oferoit-il feulement infirmer m que le Ror, dès le commencement de N 3 ,, fon ïpS Bibliothèque Britannique , f> fon Régne , fe foit conduit d'une ma- 9, nière qui lui ait fait perdre l'affection ,, & l'amour d'un Peuple qui l'a reçu , » il n'y a que très -peu de tems, avec 99 les plus grandes acclamations de joye? „ Quelle idée cela donne-t-il de fon Gou- m vernement , le plus doux fous lequel 99 on ait jamais vécu ? Cette aflertion eft 9, d'autant plus injurieufe qu'elle eft fauf- 99 fe. Car lors même que ces prétendus 99 mécontentemens étoient à leur plus „ haut période , il a paru combien ils 99 étoient impuifïans, combien ils'enfal- 99 loit qu'ils ne fMent univerfels, par la » facilité & la promptitude avec laquelle 99 on a éteint le feu de la Rébellion ; ce qui 99 a fait voir en même tems , que le Roi 9, régne abfolument dans le cœur de fes 9, Sujets. Maintenant que la Révolte ,9 eft appaifée , s'il y a encore quelque « refte de mécontens , le fort de leurs „ amis les empêchera de faire quelque j> nouvelle entreprife , pendant que leur ,9 terreur eft encore toute nouvelle.D'ail- ,9 leurs on a fortifié l'Autorité du Roi : ,9 L'Aéle de Habeas corpus eft a&uelle- „ ment fufpendu , & pourra l'être en- „ core dans la fuite. Vous avez uneAr- », mée nombreufe & bien difciplinée , „ qui eft difperfée par tout le Royau- 5, rne , & capable de brider & de te- 99 nir en crainte les Efprits turbulens. n Mais fuppofé que le Peuple foit auiîi t9 mal- Avril , Mai et Juin. 174T. ipp ., mal-intentionné qu'on le prétend, & „ que la faction dont il efl parlé dans „ le Préambule du Bill , foit auflî turbu- ,, lente & aufli entreprenante qu'on le „ fontient, eft-ce-là le moyen d'étouffer -, les animofitez , de réunir les efprits i, divifez, & de réconcilier les Partis ? -, Non, Monfieur, cejB/7/fera naître plu- ., tôt de nouveaux roéconteritemens, là M où il n'y en a point encore : 11 four- ,, r.ira aux mal-intentionnez un prétexte ,, pour déclamer contre votre conduite, n pour cire que vos aclions ont été tel- „ les que vous n'ofez pas rifquer une „ nouvelle Election; & qui fçait ce que m de pareilles infmuations pourront pro- „ duire ! Peut-être que, lorfqueles trois j> ans pourlefquels nous avons été choi- „ fis, feront expirez, le Peuple dira qu'il „ n'eft point repréfenté en Parlement; »j & cela fournira à la Faction un pré- » texte plus plaufible de remuer, qu'elle u n'en pourroit trouver dans le tems 9y d'une Election régulière. Or ii, en y, voulant prolonger ce Parlement , on » ne fe propofe d'autre but que de cal- » mer Fefprit du Peuple , & û Ton efpè- » re que l'orage s'appaifera peu- à-peu , >> je vous prie de confiderer que ce Par- » lement n'a gueresduré qu'unan, quoî- m que nous ayons déjà fait tant & de 99 û glorieufes actions ; & fuivant les » Loix, il ne Lra pas néccfTaire de dif- N 4 „ fou- 5oo Bibliothèque Britannique , „ foudre ce Parlement d'un an & demi; „ & perfonne ne peut s'imaginer que le '„ mécontentement durera fi longtems, j, fous une Adminiftrationfifage, fipru- „ dente , û pacifique que celle fous la- „ quelle nous vivons. if Une autre raifon qu'on allègue , c'eft „ que comme la continuation du préfent ,, Parlement pourra prévenir les revol- ,, tes au dedans du pais, elle empêchera „ auffi les invafions du dehors , en er- ,, gageant nos anciens Alliez à faire de „ nouveaux Traitez avec nous, ce qu'ils „ ne feroient pas fans cela. ,? C'eft-ià un fecret qui, fuivant mon „ opinion , n'auroit pas dû être révélé : „ C'eft une raifon qu'il ne convenoit en ,, aucune manière d'alléguer dans un Par- „ lementdc laGrande-Èretagne : car cela „ fuppofe que nos Alliez donnent la Loi „ dans nos Confeils , & qu'ils s'attendent „ que nous changions la Conftitution de „ l'Etat , avant qu'ils daignent nous fa- „ vorifer de leur amitié ; ce qui^eft une „ penfée qu'on ne fçauroit fouftrir dans „ cette Chambre , où l'on a levé tant „ de Millions pour leur fervice , & qui ,, doit remplir d'indignation tout vérita- „ bîe Angiois, principalement û cela vient „ d'un Etat qui ne s'en: établi & qui „ n'a fubfiihé que par la protection de „ l'Angleterre. J'efpère que je ne ver- „ rai jamais cette Nation réduite à un „ état Avril, Mai et Juin. 1741. 201 » état û méprifable, que le Roifoit obli- „ gé de garder ou d'éloigner fes Miniftres , ,, de diiîbudre ou de continuer le Par- „ lement , fuivant les ordres de quelque „ Prince écranger ; ainfi qu'on l'avoit ,, entrepris une fois. Sa Majefté , en „ qualité de Roi delà Grande-Bretagne , „ eft l'Arbitre de l'Europe, & peut don- „ ner la Loi aux autres Nations : elles „ rechercheront fon amitié pour leur ,, propre avantage , car elles ont toû- „ jours trouvé leur compte à s'allier avec ,, la Couronne d'Angleterre. Les Tré- ,, fors de la Grande-Bretagne, & les „ Armées de la Grande-Bretagne les ont „ fait triompher de leurs ennemis, &ont ,, é abli la balance qu'ils défiroient. „ On dit encore, que parce Bill vous „ rendrez à la Prérogative Royale une „ partie de fon pouvoir, qui eii reiïér- „ ré par l'Acte Triennal. Si on prétend „ que ce Bill fe rapporte aux Alliances „ avec les Princes étrangers , il affaiblie ,, plutôt qu'il ne fortifie la Prérogative: „ puifque c'eft infmuer que le Peuple a ,, quelque droit de le mêler des Trai- ,, tez; ce qui doit être conftamrrrent nié ,, par les amis de la Couronne; car par „ laConftitutiondel'Etat/ce droit apar- „ tient uniquement au Roi. D'ailleurs ,, cet argument , quand même il feroit ,, de quelque poids ici, ne fait pas beau- ., coup d'honneur aux Miniftres qui cor- N 5 fi feil- 202 Bibliothèque Britannique, ,, feillent Sa Majeflé fur les Alliances „ qu'il efl à propos de faire : car il fem- 93 ble donner à entendre , qu'ils appré- „ hendent un nouveau Parlement , ou „ que le fentiment qu'ils ont de leur mau- ,, vaife conduite leur fait craindre que , ,, fans le fecours de ce Bill 9 ils ne fe- „ ront pas aflez longtems en place pour „ foutenir les Alliances dans lefquelles „ ils ont engagé Sa Majeflé. Il eil vrai „ que depuis quelque tems nous avons „ eu pour ainfi dire un Miniflère trien- ,, nal, aufïï-bien qu'un Parlement trien- „ nal ; mais il faut efpérer que les Mi- „ niflres que nous avons a&uellement, & „ qui furpafïent û fort tous leurs Pré- „ deceiïeurs en fagefle & en vertu , fe „ conduiront û bien , qu'ils mériteront „ que Sa Majeflé leur continue fes bon- „ nés grâces , & le Peuple fon appro- „ bation. Leurs amis devroient donc „ renoncer à cet argument , plutôt que „ de le preffer , puifqu'il leur efl inju- „ rieux , & que d'ailleurs il n'efl point ,, fondé. „ On allègue une autre raifon , tirée „ des grandes dépenfes auxquelles les fré- „ quentes Elections engagent: mais cette „ raifon eft fi foible , qu'elle mérite àpei- „ ne qu'on y réponde. Chacun doit „ juger pour foi-même , s'il efl en état „ de foutenir les dépenfes nécefTaires }, dans une Election ; Car il ne faut pas » fup Avril , Mai et Juin. 1741. 2o£ ,5 fuppofer qu'on fafle de la dépen fe dans „ ledefTein de corrompre quelqu'un; au ,, moins ne doit-on pas le fuppofer dans ,, cette Chambre, puifque toute la terre „ fçair , que les Membres de ce Parlement ,, ont été choiiis fans que perfonne ait „ été gagne par argent, fans la moin- „ dre violence , & fans qu'on ait em- „ ployé aucune voye oblique. ,, Ce qu'on dit encore", que les fré- „ quentes Elections empêchent l'admi- „ niftration de la juftice, & font caufe „ que les Candidats ne l'exercent pas „ avec impartialité, n'efl pas moins fri- „ vole que la dernière raifon que je viens ,, de réfuter; ou fi cet argument prouve „ quelque chofe , c'eft qu'il faudroit que „ le Parlement fût perpétuel. Car ce- ,, lui qui fe laiiïera gagner par l'efpé- „ rance de s'afTurer une place au Parle- „ ment pour trois ans , ne fera pas moins „ fenfible à l'efpoir d'y avoir place „ pendant fept ans : & ni dans l'un ,, ni dans l'autre cas il ne devroit pas ,, être admis dans la Chambre. Car rien ,, ne fçauroit changer une pareille difpo- „ fition d'efprit; celui en qui elle fe trou- » ve , ne fera jamais en état de refifter ,, à de plus grandes tentations , ni de „ refufer des Emplois à la Cour. ,, Voilà quels font les principaux ar- ,, gumens qu'on allègue en faveur du ,, Bill. Je me flate qu'on eft maintenant „ con- 204 Bibliothèque Britannique, „ convaincu qu'ils ne font pas d'un grand „ poids : Mais il me paroît que les rai- „ ions qui doivent nous engager à ne „ faire aucun changement à la Loi font „ fans réplique. „ Premièrement , quand il n'y auroit „ pas un grand nombre d'autres argu- „ mens contre ce Bill, la manière dont „ il vient ici , eft une raifon fufnfante „ pour le rejetter. Il nous eft envoyé „ par les Seigneurs ,& comme c'eflnous „ qu'il regarde principalement , il me „ femble qu'il eïl de notre honneur de „ ne pas le recevoir. Nous devons imi- „ ter le courage que nos Prédec efieurs „ ont témoigné, en renflant à toute en- „ treprife de ce genre, & à toute appa- 9, rence d'innovation de la part des Sei- 9y gneurs. Nos PrédecefFeurs étoient fi „ jaloux de leurs privilèges, qu'ils n'ont „ jamais manqué de les foutenir même „ dans les occafions les moins, confide- 93 râbles. Serons -nous donc , nous qui „ compofons cette glorieufe Chambre • „ des Communes, û éloignez de lesimi- „ ter , qu'au contraire nous recevrons „ humblement de la part des Seigneurs „ une nouvelle forme de Gouverne- » ment ? Nous ne ferons pas fans doute „ fi traitables que d'acquiefcer indigne- „ ment, tandis qu'on juge à propos de „ faper les fondemens même de cette „ Chambre. „ Mais Avril, Mai et Juin. 1741. 205 ,, Mais quand même quelqu'un d'entre „ nous feroitdifpofé à recevoir les Or- „ dres des Seigneurs , ou pour parler „ ouvertement,' les Ordres des Miniflres, „ qu'il me foie permis de le dire; il me „ paroit qu'il n'eitpas en notre pouvoir „ de conftntir à ce Bill : car je ne fçau- „ rois concevoir par quelle maxime du „ bon-fens, ou par quelle Loi, nous „ qui nefommes que des Repréfentans , „ pouvons étendre , pour notre propre „ avantage , l'autorité qui nous a été con- „ liée; jenecomprens pas comment, en „ vertu de cette autorité, nous pouvons „ détruire les Droits fondamentaux de „ ceux qui nous ont choifis pour les „ repréfenter. Jefçais, il eft vrai, que „ la dodxine du pouvoir inhérant du „ Peuple a .été pouflee fi loin, qu'on en „ a fait une doctrine extravagante & „ abfurde. Je ferois bien fâché qu'on „ me crût capable de la foutenir dans „ ce degré d'abfurdité. Mais il eft évi- „ dent que ce pouvoir, par rapport à la „ part que nous avons dans la Légifla- „ ture , * refide abfolument & unique- „ ment * Qu'il nous foit permis d'employer ce ter- me , puifque nous n'en avons point dans no- tre langue qui exprime précifement ce que les Anglois entendent par-là, je veux dire le Corps réuni de tous ceux en qui refide le pouvoir 2o6 Bibliothèque Britannique, ,j ment dans les Electeurs : Vous n'avez \y aucun pouvoir en qualité de Légifla- „ teurs , que celui que vous recevez f> d'eux. Vous avez été choifis en ver- ,, tu de TA&e Triennal, & ne pouviez ,, par confequent être choifis que pour „ trois ans ; à moins que les Ele&eurs ?, n'ayent pu vous donner plus qu'ils n'a- „ voient eux-mêmes ; à moins qu'ils „ n'ayent pu vous donner le droit de les >% repréfenter pendant un tems plus long 9> que celui durant lequel ils avoient „ droit eux-mêmes d'être repréfentez. „ L'autorité qu'on nous a confiée n'efl ,, qu'une autorité triennale ; ôz û nous ,i entreprenons de l'étendre au-delà de „ fa durée légale, dès ce moment nous „ ne fommes plus les Députez du Peuple, „ nous nous choififïbns nous-mêmes ; dès „ ce moment nous agiiïbns par un pou- „ voir ufurpé , y ons diiïbudre ou changer une partie du ., Gouvernement, pourquoi ne pourrions- „ nous pas diiïbudre ou changer le tout ? „ C'eft pourtant- là une dortrine qui, „ je crois , ne fera pas foutenue dans „ cette Chambre ; j'ofe dire au moins , „ qu'elle ne feroit pas reçue ailleurs. „ Mais de faire des Loix : fçavoir, Le Roi , les Seigneurs? & le Peuple , reprèïejué par fej Députe^, Avril , Mai et Juin. 1741. 207 „ Mais je fçais que c'eft parler d^unema- „ nière peu agréable, que dedifputer le „ pouvoir de ceux à qui l'on parle;& peut- „ être qu'on me croira trop hardi, fij'o- ,, fe Contenir dans ce Parlement - ci , qui „ a donné tant de preuves de fa toute- „ puiliance, que même la Légiflature en- „ tiefe n'a pas le pouvoir de faire tout, „ Car quoique ce foit une maxime du „ Droit Civil , que l'Autorité du Ma- „ giflrat fouverain n'a point de bornes, „ cela doit cependant s'entendre avec „ cette reflriction , fçavoir, que le Ma- „ giflrat fouverain n'a pas le droit de ,, renverfer le fondement: même fur le- „ quel fon pouvoir efl établi, ëz qu'il ne ,, doit pas , fous quelque prétexte que „ ce foit , changer ou abolir ces Loix „ qui ont une liaifon û étroite avec la „ Conftitution de l'Etat, qu'elles en font „ une partie effentielle. ,, Une autre raiibn qurme détermiue à „ rejetterle Bill en queflion, c'eft qu'on „ ne fçauroit le faire paiïer en Loi fans „ enfreindre YAâe d'Union, qu'on repré- ,, fente prefque tous les jours dans cette ,, Chambre comme une Loi fondamen- ,, taie & irrévocable. Mais puifque les ,, Repréfentans de l'Ecolfe ne font ai> ,, cune difficulté fur ce fujet, il ne me „ convient point d'y infifler. ,, Mais quand même il n'y auroit point „ d'obje&ioas contre ce Bill, quand il „ feroi: 2c8 Bibliothèque Britannique , „ feroit encore plus en votre pouvoir de 9) le pafler , je crois cependant que vous ,, ne devez point cafter l'Acte Triennal, „ qu'à la dernière extrémité, & à moins „ que l'Etat ne foit dans un danger émi- „ nent. Cette Loi eft un des fruits que „ la Révolution a produits : cette Loi „ rétablit la Liberté & la fréquente te- „ nue des Parlemens , autant que cela „ pouvoit s'accorder avec les circonftan- „ ces du tems, où l'on étoit engagé dans „ la Guerre , & où l'on avoit befoin de ,, taxes continuelles & onereufes : cette „ Loi fut accordée au Peuple par le Roi „ Guillaume au milieu desdifficultez dont „ il étoit environné : & j'avoue que la „ Politique de ces Miniftres qui confeil- „ leront à Sa Majefté de confentir à l'a- „ bolition de cette Loi , eft fi rafinée & „ fi fubtile , que je ne fçaurois la com- „ prendre. Car puifque Sa Majefté a bien „ voulu fe propofer pour modèle le Roi „ Guillaume , & qu'elle marche û glo- „ rieufement fur les traces de ce grand „ Prince, il paroîtrafort étonnant à tous „ ceux qui ne font pas dans le fecret des „ Affaires , que fous le régne du Roi „ Guillaume on ait fait tout ce qui étoit „ néceffaire pour affurer la Liberté du „ Peuple , & pour empêcher que fes ,, SuccefTeurs ne puiffent tomber dans „ les mêmes fautes & dans les mêmes „ abus que leurs PrédecefTeurs 5 & que » fous Avril, Mai et Juin'. 174*3 209 i9 fous le régne d'un autre Prince on ,, fa (Te des chofes qui femblcnt deftinées ,, à étendre la Prérogative Royale, & ,, a violer ou ébranler les Droits & les m Privilèges des Sujets ; & qui cepen- „ dant fous l'on & Vautre régne on aie .émes principes de Liberté, m &: les m. mes maximes de Politique. ,, L nnal eft fondé fur l'an- en ufage , & fur la constitution mé- :- des Parlemens , entant qu'il en: s à obliger la Couronne à les .mbler fréci. t. Car que les >> Pai été tenus fréquem- . tous les fîx mois, ou du moins » rous le! • c'eft ce qui paroit non .lement par les meilleures Hiftoires „ que nous ayons de leur première inft:- irion, & par deux Actes paiïez fous ,, Edouard III. , mais aulli p?r les ordres „ ou Lettres Circulaires pour élire les M Dépurez , qui fubfifteni encore , & r plufieurs autres Actes & Monumens ,, authentique:. Quelque agréable que ,, pût être dans une antre occafion undé- ,, tail hiilorique des anciens Parlemens, 99 je fçais qu'il feroit ennuyeux ici ; c'eft ,, pourquoi je me contenterai de citer ,, deux anciens Monumens. Le premier ,, eft la fameufe Déclaration d'Edouard L ,, touchant le Cen/iu annuus, ou Tribut I , que le Pape prétendoit lui être de la part de la Couronne d'An- XriL P-irr. I, O „ gle- 210 Bibliothèque Britannique, „ gleterre : le Roi y fait mention dequel- „ ques arrérages qu'on avoit laifiTé cour- ,, rir , & qui n'avoient pas encore été „ levez, comme ils auroient dû l'être, „ in Parkamcnto , quod circa Ofiavas Refur- „ reftienis Dominiez cekbrari in Anglia con- „ fuevit. Mais il promet qu'il en recom- „ Mandera le payement in alio Parliamenio „ nofiro , quod ad fimm fanai Micbàelis pro* ,9 ximè futuri intmdimus , dame Domino , re. L'autre Monument eft une „ Remontrance du Parlement à Richard 99 IL y dont voici quelques paflages — „ Qiiod ex antiquo flatuto habenî , & con- „ fuetudine laudabiii & approbata , cujus con- „ trarietati dici non voîebit. Que le Roi „ doit affembler Dominos & Proceres Regni , ,, atque Communes , femeî inanno ad Par lia- ,, mentum fimm , tanquam ad fummcim Cu- ,, riam totius Regni. Que û le Roi .... „ à Parïiamento fuo fe alienaverit fud fpon- „ te , non cliqua iniïrmitate aut aliqua aîia ,, de caufa neceffitatis , fedper immoderatam ,9 vohmtatem protervè fe fubtraxerit per ab- ,9 fentiam temporis quadraginta dierum, tan- ,9 quam de vexatione populi fui £f gravibus „ expcnfis eorum non curons , ex tune licitum 99 omnibus & Jïngulis eorum , abfque domigenio 9, Régis redire ad propria, & uni cui que eorum ,9 in patriam fuam remeare. ,, Il paraît par le premier de ces Mo- ,, numens , qu'Edouard I. , qui a été un „ de nos meilleurs Princes, & un û zélé ,9 dé- f> Avril, Mai et Juin. 1741. 211 défenfeur des Loix de fon Royaume, que les Hiftoriens Pont appelle avec raifon le Juflinien Angîois , aima mieux diiïbudre un Parlement avant qu'il eût fini toutes les affaires qui étoient de- vant lui , & en affembler un nouveau au bout de quelques mois, plutôt que „ d'en prolonger les Séances au-delà du „ tems accoutumé. ,, L'autre Monument nous apprend „ une particularité très- remarquable ; ,, c'efl que Richard IL, qui pafle pour un „ des plus mauvais Princes qui ayent ja- „ mais été affis fur le Trône d'Angleter- ,, re , avoit coutume de s'abfenter du M Parlement , & d'en prolonger ainfi les „ Séances au-delà du terme convenable „ & accoutumé ; ce qui lui attira une ., vive Remontrance de la part des deux „ Chambres; & ce fut, entre autres rai- „ fons , pour de pareilles pratiques qu'il „ fut enfin dépofé. „ Plufieurs régnes après , Henri VIII. „ accomplit ce que Richard IL n'avoir, fait ,, qu'efiayer ; il continua fon dernier „ Parlement ad libitum, fans que perfon- ,, ne s'y oppofàt. Mais on ne fçait que ,, trop , de quel exorbitant pouvoir ce „ Parlement l'avoit revêtu, & à Dieu ne ,, plaife qu'il y ait la moindre reffemblan- „ ce entre le Siècle de ce Prince & le ,, nôtre ! car le Parlement agit en Ef- „ clave , & le Roife conduifit en Tyran. O 2 „ Mais 212 Bibliothèque Britannique , x9 Mais quand même F Atte Triennal ne „ feroit pas fondé fur l'ancienne coûtu- „ me du Parlement , c'étoit au moins „ une indulgence très-raifonnable de la „ Couronne , en faveur d'un peuple qui „ avoit fait tant d'effort pour caufer la „ Révolution , à caufe des abus des Par- „ lemens, & des entreprifes qu'on avoit „ faites pour les rendre inutiles. Il eft „ vrai que le Roi Guillaume refufa une „ fois de donner fon confentement à cet „ Acle. Mais il confidera dans la fuite, „ que ce ne feroit point porter atteinte 99 à fa Prérogative Royale , ni diminuer „ en aucune manière fon pouvoir, que „ de rétablir Fhonneur & la dignité des „ Parlemens, puifqu'ils étoient^fon plus }> ferme appui , & qu'ils faifpient partie de „ cette Coniritution qu'il étoitvenu fau- „ ver. Et il comprit qu'il étoit impofîible „ defoutenir lafplendeurdes Parlemens, „ û ce n'efl en les affembîant fouvent. „ D'ailleurs, cet Acte étoit non feulc- „ ment une indulgence raifonnable en fa- „ veurdu Peuple, en ce qu'il fourniffoit ,, aux fujets de fréquentes occafions de „ changer leurs Députez lorfqu'ils n'ap- „ prouvoient pas leur conduite , & en „ ce qu'il obligeoit les Membres du Parle- „ ment à fe conduire avec prudence & „ aveccirconfpeclion ; mais il étoit aufl! „ très-avantageux à la Couronne. Car „ cen'eft que par defréquens Parlemens » que Avril, Mai et Juin. 174T. 213 „ que le Prince peut découvrir les vé- „ ritables fentimens de la Nation, qu'il ,, doit abfolument connoitre dans toutes „ les occaiions qui fe prefentent. Quel- „ que incommode que cette Loi puiile „ maintenant paroître à la Couronne; ou „ quelque oppofée qu'elle foit aux plans „ & aux projets qu'un Miniftère entrepre- „ nant peut avoir formez , j'en appelle à „ tous les Membres qui ont de l'expérien- „ ce, & je leur demande , s'ils croyent, ou „ s'ils peuvent feulement s'imaginer, que „ la Couronne auroit pu obtenir la moi- „ tié de ces grandes fommes qui lui ont „ été accordées depuis la Révolution , s'il „ n'y avoit pas eu fréquemment de nou- „ velles Eleûions?On n'auroit jamais fouf- ,, fert tranquillement ces Taxes onereu- „ fes&perpetuellesdela part d'un vieux „ Parlement continué pendant longtems. „ La Couronne ne fouffre donc, min- „juilice, ni déshonneur, lorfque par la „ Loi elle eftobligee défaire , ce que hn. „ propre intérêt , & ce qu'elle doit au ,, Peuple , l'obligeroit de faire , quand mè- „ me il n'y auroit aucune Loi. ,, Mais quand vous auriez le pouvoir „ d'abolir cette Loi, fi vous le faites, la „ condition du Peuple fera beaucoup ,, plus trille que fi cette Loi ne lui eût „ jamais été accordée. Car fes liens fe- ,, ront formez par l'autorité même de „ fcs Parlemens ,qui eit la feule manière O 3 „ donc 214 Bibliothèque Britannique, y, dont il puifle perdre fans reffource fes „ Libertez & fes Droits. Il condamne- „ ra par nous , qui fommes fes Repré- ,, fentans, de courts & fréquens Parle- „ mens, & il en établira de longs , qui ,, feront penfionaires de la Cour. Ce „ quieflune do&rine nouvelle, qui n'a- 9> voit jamais été avancée par les Com- „ munesde la Grande-Bretagne. „ Il faut fans doute qu'il y ait quel- „ que motif fecret , quelque raifon ca- „ chée, qui oblige à faire pafîer ce Bill „ d'une manière fi précipitée. Je crois „ qu'on ne nous dit point la véritable „ raifon. Pour moi, je nefçaurois m'em- ,, pêcher de foupçonner, que les Mini- „ lires ont quelque defiein , qu'ils crai- „ gnent qui ne foit pas agréable à un „ nouveau Parlement , ni approuvé par le „ Corps de laNation.Je dis qu'il faut qu'ils „ fepropofent quelque choie à faire dans „ la fuite : cai je fuis perfuade qu'ils ne „ condamnent pas eux-mêmes ce qu'ils „ ont déjà fait. Ils n'ont aucun remords „ de confcience d'avoir fait faifir un nom- „ bre fi prodigieux de Gentilshommes , „ & de le? avoir tenus en prifon du- „ rant tant de mois, fans leur faire fubir „ aucun examen. Car non feulement „ ces emprifonnemens étoient néceiïai- „ res pour étouffer la Rébellion , mais ,, on nous a dit aufïï , que c'étoit une „ grâce , une faveur que Ton faifoit » à Avril, Mai et Juin. 1741. 215 „ à ceux que Ton tenoit ainfi en pri- „ fon. Il faut donc qu'ils ayent quel- ,, que nouveau deffein. Jeneprétenspas „ dire quel eflce deiTein : mais j'ofe dire „ ce qu'il n'eit pas, ce qu'il ne fçauroit „ être. Ce deffein ne fçauroit être d'à- ,, bolir la Claufc de Y Acte de SucceJJïon * „ qui regarde les Etrangers , parce que ,, ce feroit une infraction manifefle de „ notre nouvelle Grande-Cbartre , & une ,, violation de notre Contrat original , vu ,, le pied fur lequel le Gouvernement „ eft établi maintenant. ,, Je crains d'avoir abufé de votre pa- „ tience : mais l'importance de la ma- „ tière doit en quelque forte me fervir ,, d'exeufe. Je n'ai plus que peu de „ mots à ajouter. J'efpère qu'au lien de „ mettre ce Bill en grand Committé , ,, vous le rejetterez. Car il eft certain ,, que ce vous feroit un déshonneur de „ le palfer, &que cela vous feroit même „ préjudiciable , fi nous pouvons juger ,, de ce qui arrivera par ce qui eft déjà „ arrivé. Car de longs Parlemens de- „ viendront naturellement, ou formida- », blés au Peuple , ou méprifables. ,, Nous * Par l'Aftc qui établit la Succeflîon à la Couronne d'Angleterre dans la Branche Pro- cédante , il eft ordonné qu'aucun Etranger , quand même il feroit naturalisé* ne pourra poCTe- àucun Emploi, ni civil , ni militaire. 216 Bibliothèque Britannique , „ Nous avons un exemple d'un Parle- „ ment formidable dans le long Parlement „ de Charles!. ; ce Parlement s'eft rendu in- „ famé , en renverfant la meilleure Confti- „ tutionqu'ily eut au monde , l'Eglife ce „ la Monarchie de cette Nation. „ Le long Parlement de Charles IL „ nous fournit un exemple d'un Parle- „ ment méprifable. Si parmi ceux qui „ m'écoutent il y a quelqu'un qui ait été » Membre de ce Parlement , je lui de- „ mande pardon de ce que je dis; je ne „ fais que repéter ce que d'autres on n dit avant moi. Je me fouviens d'une ,, célèbre comparaifon de Julien JohnJ en , ,, ôz je la rapporterai d'autant pins vo- „ lontiers , qu'elle a été fort applaudie „ par les partifans de la Liberté, & les „ amis des Parlemens , & que cet Au- ,, teur eft eftimé fort au-delà de ce qu'il „ mérite, par quelques -uns de ceux qui „ plaident maintenant en faveur de longs „ Parlemens. il dit qu'im long Parlement ,, efi femblahie à une eau dormante, qui crou- „ pit toujours, & qui Je couvre de méchantes „ herbes. „ Je ne prétens point faire d'appli- „ cation : & perfonne ne peut avoir la „ moindre apparence de raifon pour ap- ,, pliquer cette comparaifon au Parle- „ ment préfent , qui , bien loin d'être ,3 femblable à une eau dormante, pour- „ roit plutôt être comparé à un ileuve » rapi- Avril, Mai et Juin. 1741. 217 3, rapide , ou à un torrent irrefiftible , „ qui, s'il continue , emportera tout ce „ qu'il rencontrera dans fon chemin". Voilà comment Mr. Sbippen finit fon Diicours. Il faudroit maintenant rap- porter ce qui lui fut répondu , & don- ner la fuite de ce Débat. Mais cet Ar- ticle eft déjà fi long , que nous fommes obligez de renvoyer à une autre fois ce qu'il nous relie à dire fur cet importai:: fujet. ARTICLE VIII. A PropofalforpublishingbySubfcription the Hiftory of the Exclufion- Bill againft James Duke of Yorck. By Mr. Mallet. C'eft-à-dire : Projet pour imprimer par SoufcripîionVHi- jioire du Bill d' 'Exclufion contre Jaques Duc d'YoRCK. Par Mr. Mallet. MR. Mallet s'eft acquis beaucoup de réputation , non feulement en qualité de Poète, par les Tragédies 6c quelques autres Poèmes qu'il a "publiez ; mais aufTi en qualité d'Hiflorien, par la : XVII. Part, 1 P £ï8 Bibliothèque Britannique, Vie du Chancelier Bacon, dont nous avons rendu compte dans cette Bibliothèque *. L'Hiftoire qu'il fe propofe de publier maintenant, eft très-curieufe : & voici ce qu'il nous apprend lui-même de fon defTein. „ L'entreprife d'exclure le Duc d'Torck 99 de la fuccefllon à la Couronne de ces „ Royaumes, a été l'événement le plus „ confiderable du Régne de Charles IL , 9, & eft encore aujourd'hui un point „ d'Hifloire très-intérefTant.'- L'Ouvra- 9, ge qu'on fe propofe de publier, contient 99 une Relation complette & exafte de „ cet événement mémorable , de fon 99 origine, de fes progrès, & de fes fui- 99 tes : & afin de mettre dans tout leur „ jour les mefures que l'on prit pour „ exclure le Frère du R.oi de la Suc- 99 ceffion au Trône , on donne dans cet v Ouvrage une idée générale des Affai- 99 res publiques depuis la Reftauration „ jufques à la mort de Charles II. „ Durant le période dont on donneprin- „ cipalement l'Hiftoire , le Royaume étoit „ dans une très -grande fermentation. 99 C'eft pourquoi l'Auteur a cru devoir „ s'attacher fur-tout, à bien développer 99 les reiïbrts fecrets qui faifoient agir les 99 deux partis, & à tracer par occafion, ,, mais * Tom. XV. IPart. pag. 130. Çf fuiv. Avril, Mai et Juin. 1741. 219 ,, mais d'une manière impartiale & déf- „ intérefîee , les Portraits des princi- „ paux Perfonnages qui fe déclarèrent „ pour ou contre YExcluftoru 9, Le tout efl fondé fur les témoigna- *> ges les plus authentiques, tant impri- 1, mez que manufcrits. n L'Ouvrage fera compris en un gros » Volume in Quarto ; il fera très-bien îm- ff primé, ce accompagne des ornemens m convenables. „ On donnera pour chaque Exemplai- 99 re en petit papier une Guinée, que l'on » payera en fouferivant. „ Et pour chaque Exemplaire en grand >> papier une Guinée & demi , don: on 99 payera une Guinée en fouferivant , 6c » le refte en recevant un Exemplaire » complet. L'Ouvrage fera imprimé le » premier de Mars 1742., ou même plu- m tôt. On y ajoutera la Lille des Sou- » feripteurs. On peut fouferire à Londres chez A. Mil/ar; vis-à-vis PEgKfe de S. Clément; R. Manby , fur Ludgate-Hill , R. Dodfley, dans Pall-Mall ; 6c J. Stagg , dans la Halle de Wefiminfter : chez ;J. Leak & J. Frederick à Eath ; A. Kincaid , G. Ha- milton, & J. Rai four 9 à Edimbourg; 6c chez J. Smith à Dublin. P 2 A R- 220 Bibliothèque Britannique, ARTICLE IX. NOUVELLES LITTERAIRES. De L g n d r e s. MR. le Dofteur Grey , dont nous avons déjà eu plus d'une fois occalion de parler dans ce Journai, vient de publier un Projet de Sou- scription pour imprimer le Livre fuivant , Liber jobi in lerficu'.os metricè divifus, cum Verfione Latina Alberd Schultens, notisque exe jus Com- menter io eic-.rptis > quotquot ad divinum plané Poema illuftrandum ( quoadvel argumenti m citer iam & filum y vel fenfuum pathos & fub limitât em , veljtyii copiant & eiegantiam ) ntcejjariœ videban- tur. Edidit , atque Annctationes fuas , ad Me- trum prœcipuè Jpttlantes , adjecit Ricardus Grey. S. T. P. Accediz in gratiam Tiranum , Procu?n difficiliorum Index Analyticus. L'Auteur , en dif- poiant métriquement le Livre ce Job, s'eflpro- pofé de rendre l'Ouvrage de Mr. Schultens , au- quel il donne de juftes louanges, plus commun & plus à la portée de la plupart ces Lecteurs, fur-tout des Etudians en Théologie. Pour cet effet il a extrait de ce Tréfor de Littérature Orientale , comme il l'appelle , les Remarques les plus propres à donner l'intelligence , & à faire fentir les beaurez de ce Poème. Il y a ajouté quelques notes ce fa façon , qui regardent prin- cipalement le Métré ce ce Livre, de la maniè- re qu'il l'a difpofé -, & il le flatte que cette dif- pofition , cent il ne i arc ît ras que Mr. Si l ait Avril , Mai et Juin. 1741. 221 ait eu aucune idée , & les régies de Critique qu'il a fuivies dans ces Notes , & contre lefqueiles Mr. Scbultens s'eft , dit -il, injuflement pré- venu, ferviront à donner, ou à mettre dans un plus grand jour quelques patîages difficiles que cet habile homme n'a pas fuffifammenc éclair- cis. Cet Ouvrage fera un Volume in 8° ; fur quatre colomnes , dont la première contiendra le Texte Hébreu fans points , la féconde , vis-à-vis , le mê;ne Texte en caractères Romains, comme on le doit prononcer fuivant l'Auteur , latroi- fième 1a Verlion Latine de Mr. Scbultens , &la quatrième une efpece de Paraphrafe du Livre. Au deffous feront les Remarques choifies de Mr. Scbultens , & plus bas les Annotations de Mr. Grey. La Soufcription eft de cinq Gbs- lifis , & l'on foulcrit chez l'Auteur. On imprime aufîi par Soufcription un Re- cueil de Pcëfies Italiennes qui n'ont point en- core paru , entre lefquelles il y a foixante Son- nets choifis pzrSignor Gievan Francefco Nenci* de Florence , déjà connu par fa Traduction Italienne du 1. Livre de la Henriade , en par- ticulier fur la Mort de Louis XIV., fur Louis XV. & la Reine fon Epoufe , fur la mort de l'Empereur, fur Mr. le Cardinal de Fleury , Mr. le Duc de Richemond, Madame la Dik - Richemond. Mr. le Comte de St. Flore : cretaire d'Etat, Madame la Dochefle çle Bncking- ham , Mr. Pope , l'Amiral Vernon , & fur la Beauté des Angloifes. L'Ouvrage fera magnifi- quement imprimé en un vslume in 40. Le prix de la Soufcription efl de cinq Cbelins -, la moi- tié en fouferivant , & l'autre moitié en recevant le Livre. Quoique VHiftoirt de Pamela, dont on 1 P 2 compte 222 Bibliothèque Britannique, compte dans ce Journal , ait été fi bien reçue du Public , qu'il s'en efb fait en moins defixmois quatre Editions , & qu'on en imprime actuelle- ment ici une Traduction Françoifequi paroitra dans peu de jours, elle n'a pas laiiïe de trouver des Critiques qui l'ont vivement critiquée. En- tre les Brochures qui ont paru fur ce fujet, voi- ci celle qui mérite le plus d'attention. Pami- la cenjured -, in a Letter îo the Editer, Sbe-wing efc.c'eft à dire , „ Cenfure àePameîa, enfoime » de Lettfe adrcffée à l'Editeur de ce Livre : 3> Ôù l'on fait voir que , fous le fpécieux prétexte 99 de cultiver dans l'efprit des jeunes gens ce 9, l'un & de l'autre fexe les principes ce la 9> Vertu , on leur infpire les idées amoureufes „ les plus féduifantes) & que les Lettres de Pa- 9, mêla , loin d'être dépouillées de toute» les ,3 images propres à enflammer le cœur, font 9x remplies d'incidens , qui ne peuvent man- 9i quer d'exciter chez les jeunes gens qji les 9> lifent, des fentimens bien difFcrens rie ceux d la Vertu. Le tout entremêlé de Remarques 9, critiques d'un autre genre ". Juillet hoc , inquam , Venus ipfa ; rident Simplices Nymphœ -, férus & Cupido , Semper ardentes acuens Jagittas , Cote cruentd. Horat. Chez J. Roherts , aux Armes d'Oxford. Le fuccès qu'a eu Pamela, a fait que quelques Libraires fe font avifez d'en promettre une Con- tinuation , fous le Titre de Paviela inlligb-I ifey Paw.ela dans la Grandeur. Ceci a engagé Mr. .Ridardfon à continuer lui«mêan£ cette Hifro- riette, Avril, Mai ïït Juin. 1741. 223 riette, fur des Mémoires qu'il a, dit-il , entre les mains; mais qu'il n'auroit peut - être jamais publiez , H on ne l'y avoit pas forcé en promet- tant au Public une Continuation , qui ne peut être que le fruit de l'imagination de celui qui y travaille , au lieu que la Tienne contiendra des Faits réels. Le Public ne fera peut-être pas fâché de fçavoir, que l'Editeur de Pamela eft un fameux Imprimeur de cotte ville, & que La Critique dont nous venons de parler , e]l dédiée en forme à Mr. le Doîleur Slocock , Miniilre de Si, Sauveur dans Southwark , qui, à ce que l'on dit , avoit recommandé publi- quement en Chaire la lefture de Pamela. Les Innys & Mùnby viennent de publier par Sr>ufcription les Sermons pofthumes de Mr. Thomas Bisse , Docteur en Théologie , fur l'O- raifon Dominicale. C'étoit en fon tems un Prédicateur diltingué , dont nous avons déjà un Volume de Sermons fort eilimez fur la Liturgie de l'Eglife Anglicane contre les objections des Non-Conformiftes. G. I?mys & J. Nùurf; ont imprimé & débi- tent A Critical Differtitwi upon i Tim. Ilh 16. &c. Ceft-à«dire : » Differtation Critique fur j» 1 Tim» III. 16. Sans contredit le Myftèreds la „ pieté eft grand , Dieu a été manifejié en chair , >> Çfc Ou l'on pofe des régies pour s'aUurer » de la véritable leçon de ce paflfage. On rend y» compte de plus de cent Manufcrits Grecs des t» Epures de St. Paul , dont plufieurs n'ont » point été jufqu'ici collationnez; on examine „ les Ecrits des Pères Grecs & Latins , & les „ anciennes Verfions du Nouveau TeJlamentj 6c v l'on prouve que la leçon ordinaire de ce n Texte, Dieu mÊnifefiè en chtir, efl la vérita- P 4 » blef 224 Bibliothèque Britannique, ?> ble. Ce qui efi; la fubftance de huit Sermons :> prêchez dans les années 1737. & 1738., pour » la Le&ure fondée par Madame Moyer dans la » Cathédrale de St. Paul à Londres. Par Jean ^ Berriman, Maître es Arts & Vicaire des „ Eglifes de St. Swizhin & Ste. Marie Aider- 3> mans". Mr. Arthur Bedford , Maître es Arts & Cha- pelain de Son A. R. le Prince de Galles, a auffi publié les Sermons qu'il a prêchez pour la même Fondation dans les années 1730. & 174°. > fous ce titre , A Defence of tbe Doctrine of tbe Holy Trinity , £f c. C'eft-à-cire : » Défenfe du » Dogme de la Ste. Trinité , & de celui de l'Incar- » nation du Fils de Dieu ; l'un eft l'autre prouvez 99 par le témoignage des plus anciens Juifs : 99 En huit Sermons, prononcez dans la Cathédra- „ le de St. Paul , à la Lecture fondée par Ma- „ aime Moyer, &puis confiderablementaugmen- y> tez,& accompagnez de Notes". Gros Vo- lume in 8°, chez Rivington & Longman , pro- che de St. Paul. Cet Ouvrage eft dédié à ceux qui fe deftinent pourl'Eglife, dans l'efpé- rance , dit l'Auteur, qu'il pourra les exciter à «'appliquer à l'étude de l'Hébreu & des Anciens Auteurs Juifs. Mr. le Do&eur Léonard Twells a fait impri- mer A Dijfertation on tbe Cbronolvgy of tbe Sep- zuagint , witb an Appendix , &c. C'eft-à - dire : & DifTertation fur la Chronologie des Septante \ s? avec un Appendix , où l'on fait voir que l*anti- Tt quité dont fe vantoient les Chaldéens & les » Égyptiens, & qu'on a regardé jufqu'ici comme » fabuleufe, s'accorde parfaitement avec les cal- 99 culs de cette très-ancienne Verfion de l'Ecri- v ture. Par l'Auteur de la Défenfe des Septan- » te, Avril, Mai et Juin. 1741. 225 » te , & de V Examen Critique des Evangiles de ai St. Matthieu &f rfe St. Luc. Magna est :> VERITAS ET PRJEVALEBIT ". CheZ T. Wood- ivard , proche du Temple. Mr. Morgan , après avoir mis tout en œuvre dans fon Pbilojofbe honnête- homme &c. pour fa- per la Révélation parfes fondemens, en tâchant ce réduire tout à la Religion naturelle , nous a donné depuis peu un Syftème complet , félon lui, de cette Religion, dans un Ouvrage quia pour titre: JPlyfico-Tbeology, Or a JPbilofopbko- Morai Difquifition concerning humane Nature , Free Agency , Moral Government and Divine Providence. C'efl-à-dire : „ Théologie Phyfique ; n ou Recherches Philosophiques & Morales fur „ la Nature humaine, la liberté des Avions hu- n maines, le Gouvernement moral & la Provi- „ dence". Cet Ouvrage eil divifé en fept Chapitres : Dans le premier , l'Auteur traite de la Matière en général , des proprietezefîentielles & des forces méchaniques des corps. Dans le fécond, il parle de la nature , desproprietezée des qualitez de la Lumière. Le troifièmc roule fui la nature humaine & fur les loix générales de la Senfation & de l'Intelligence. Le quatrième , fur le pouvoir d'agir qui eil en l'homme & fur la liberté de fes Actions. Le cinquième, furie gouvernement de foi-même ou de fes pafîions &- te fon entendement , où l'on examine & l'on eifeute plus en détail laqueflion de la Liberté humaine. Le fixième , fur la nature & les de- gré* du Jufte & de l'Jnjufte , & fur les caufes ce V Erreur morale. Le fepticme fur la Providen- ce Divine, ou le foin que Dieu prend de con- er le Monde. Je ne fçais û , en lifant cet Ouvrage, on trouvera que Mr. Mcrgan cft meil- leur 226 Bibliothèque Britannique , leur Philofophe que Théologien ; mais il y ré- gne , aufli-bien que dans fon tbilofopbe bonnêtt- homme , beaucoup de confufion, & de fmgularité. On vient de publier en deux Volumes in fol. avec Privilège du Roi , une quatrième Edition corrigée & considérablement augmentée de la Cyclopcdie , ou du Dictionaire des Arts & des Sciences dé feu Mr. Cbambers , Membre de la Société Royale. Quoiqu'il y ait beaucoup de fautes dans ce Didliionaire , c'eit cependant le meilleur &le plus étendu que les Anglois ayent en ce genre. OJwall a imprimé en Un gros Volume in 8°. Tbe Odes , Epodes and Carmen feculare of Horace , trar.fl.ited into Englisb Proje , &c. C'eil-à-dire : „ Traduction en Profe Angloife des Odes , Epo- y> des , & du Carmen feculare d'Horace , auffi » littérale que les deux Langues peuvent le. i, permettre ; avec le Latin à côté , tiré des „ meilleures Editions : Au defîbus l'on a rangé & tous les mots Latins dans leur ordre Gram- 3, matical ; on y a joint les Notes des meilleurs a Commentateurs, tant anciens que modernes , « & de nouvelles Notes Hiftoriques & Géogra- „ phiques , où Ton donne la clef de chaque „ Poème : On amis à la tête la Vie d'Horace, » & le Catalogue raifonné des différentes Edi- 3t tions de fon Livre , au nombre de 450 , tel 3, que l'a publié le Docleur Douglas -, & à la fin y, une ample Table des Matières. Par David „ Watson , Maître es Arts du Collège de St. y, Léonard ; dans l'Univerfité de St. André'*. Le même Auteur fe propofe de publier bien- tôt dans le même goût , les Satires, les Epitres & l'Art poétique d'Horrxe. Mr. Turnbull, Docteur en Droit, dont nous avons Avril , Mai et Juin. 1741. 227 avons déjà parlé plufieurs fois dans ce Journal, nous a donné un nouvel Ouvrage de fa façon fous ce titre : The rrinciples of Moral and Cbriflim Pbd >fopby &c .C'eft-à-dire : „ Principes » de la Philofophie Morale & Chrétienne : En f» deux Volumes in 8°. dont le premier contient „ des Recherches fur le Gouvernement bon & „ fage du Monde Moral ; & le fécond tend à }> prouver, que la Do&rine du Chriftianifme „ fur la Nature de Dieu, fur la Providence, la ?, Vertu , & une Vie à venir, eft conforme à la * véritable Philofophie ". Chez J. Noon dans Cbeapfide. Mr. Turkbuxl a auflî depuis peu traduit en Anplois, l'Ouvrage Latin du célèbre Heineccius „ fur le Droit de la Nature & des Gens , &l'a „ accompagné de Notes & d'Additions confi- 3, derables. On On trouve à la Haye chez P. de Hondt. Supplément de la Méthode pour étudier l'Hiitoi- re , avec un Supplément au Catalogue des Hiftoriens, & des Remarques fur la bonté & le choix de leurs Edition» , par Mr. L'Abbé Lenglet du Frefnoy. Paris 1740. 3 vol. 12. . idem. 2 vol. 40. ■ ■ idem. 2 vol 40. grand Papier. Hiftoire des Rois des deux Siciles , contenant ce qu'il y a de plus intérefTant dans l'Hifloi- re de Naples, depuis la fondation de la Mo- narchie juiqu'à préfent. Paris. 1741. 4 vol. avec des Cartes Géographiques 12. Eflai fur la Critique & fur l'Homme, par Pope. Lond. 1741. 4. Maittaire Index in Annales Typographicos. Lond. 1741. 2 vol. 40. ' idem Liber. Ch. maj. Plutarchi Apophtegmata & Laconica. Gr. Lat. Studio Maittaire. Lond. 1741. 4. Gemmae Antiquae cœlatae , or , a Colle&ion of Geins, by George Ogle. Lond. 1741, 4°. avec 50 figures. Battles of the late Prince Eugène and of the late John Duke of Marlborough &c. the wole illuftrated with variety of Copper Plates of Battles, Sièges, Plans, &c. Lon- don 1736. 2 vol. Jo: Harduinî Commentarias in Novum Tefta- mentum-, accedit ejufdem AutorisLucubra- tîo, in cujus prima Parte oftenditur,Cepham, àPaulo reprchenlum, Petrum non efl*e; in altéra parte, JoannisApoiïoli de Sanctifîima Trinitatelocusexp'ajiatur , & eidem Autori iuo vindicatur. Hagx Com. 1741. fol. BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, O U HISTOIRE DES OUVRAGES DES SÇAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE: Pour les Mois De JUILLET, AOUT et SEPTEMBRE, M D C C X L I. TOME DIX-SEPTIEME, SECONDE PARTIE. m A LA HATE, Chez PIERRE DE HONDT M D C C X L I. ^ÎHBHWhHh|hMè TABLE DES ARTICLES. I. \/fr. Jean Ward; Ses JV.I Vies a es Profejfeurs du Collégg de Grcsham à Lon- dres. Second Extrait, pag. 229. Art. II. Mr. de Voltaire; Ses Lettres fur les Anglois ; féconde Edition , conftderablement aug- mentée. 251. III. Lettre (J'wî Quaker à François de Voltai- re, ûu fujet de ce qu'il dit des Quakers dans fes Lettres fur les Anglois. 260. IV. Hifloire & Procédures de la Chambre des Communes delà Grande-Bretagne, avec les Difcours qu'on a faits dans cette Chambre , 6f les Débats qu'il y a eu, depuis la mort de Tome XVII. Part. II. * la TABLE des ARTICLES. la Reine Anne. Second Ex- trait. 270. V. Académiques de Ciceron, avec le Texte Latin de l'Edi- tion de Cambridge. Second Extrait. 320. VI. Mr. Guillaume W a r- burton ;fon Traité de la Di- vinité de la Miffion de Moïfe , démontrée Juivant les Principes d'un Déiite religieux , par la considération que, fous V Econo- mie Mofaïque , il rfeft point fait mention, des Recompenfes & des Peines d'une Vie à venir. Tome Second. 370. VII, Remarques de Pierre le Mot* teux/wr Rabelais, traduites H- brement de l'Anglois par Mr. deMissy, & accompagnées de diverfes Observations du Tra- duâeur; Edition revue , corrigée & augmentée. 410. VIII. Nouvelles Littéraires. 428. BIBLIG- BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUFRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE, Pour lesMois de Juillet, Août et Septemb. MDCCXLI. ^^^^^'■'^^''^^^^^'■^%%>^^'^'^'-^'-^^%^^ ARTICLE PREMIER. The Lives of îhe ProfeJJors of Gresbam Collège, &c. C'efl-à-dire : Les Vies des ProfefTeurs du Collège de Grefham , &c. par Mr. JeanWakd, Second Extrait. [ /^oyez le Titre entier Tome XVIL Part. IL Q, iS 230 Bibliothèque Britannique , &? le premier Extrait dans la première Partie de ce Volume ; pag. 60. & fuiv.~] NOUS avons rendu compte de l'Eta- bliiïement de ce Collège , & de la Vie du Fondateur. Il nous relie à par- ler maintenant des ProfefTeurs qui y ont enfeigné. Mais comme il feroit trop long de rapporter l'Hiftoire de tous, nous nous contenterons de faire connoître ceux qui fe font acquis le plus de réputation, & nous donnerons la Vie d'un Profeffeur en chaque Faculté. Le premier & peut-être le plus célè- bre de ceux qui ont rempli la chaire de Théologie au Collège de Grejham, eft Antoine Wo t t o n. Il étoit né à Lon- dres, & fit fes humanitez au Collège d'Ea- ton près de Windfor. De-là il fut en- voyé à FUniverfité de Cambridge, où il fut immatriculé le 1. d'Octobre 1579. Il y prit le degré de Bachelier es Arts l'an 1583, celui de Maitre es Arts l'an 1587, & celui de Bachelier en Théologie l'an 1594. Il fut quelque tems Membre du Collège du Roi, & Chapelain du Comte d'Effex. La Chaire de Profeffeur Royal en Théologie étant devenue vacante Tan 1596, par la mort du Docteur Whitaker , IVotton la difputa avec le Dodteur Jean Overalf: celui-ci l'emporta, parce qu'il avoit plus d'amis que fon Compétiteur , s fVbtton fe tira fi bien de cette dif- pute, Juillet, Août et Sept. 1741. 231 pute, qu'il fut généralement applaudi. Vers le commencement de Mars 159(5 il fut fait ProfeflTeur en Théologie au Collège de Grejbam ; mais il ne commen- ça d'y faire des Leçons qu'au mois d'Odlobre 1598, le Collège n'ayant pas été ouvert avant ce tems-ià. Wbtton s'éram: marié bien-tôt après, il fut obli- gé de quitter fon Profeiibrat, fuivant les Réglemens du Fondateur. 11 fut choifi enfuite Prédicateur de l'Après-dinée dans l'Eglife de Aihoîlovus Batkmg à Londres. Mais l'an 1634. Ban- croft , Evêque de Londres, lui défendit de prêcher, parce qu'on l'accufa entre au- tres chofes d'avoir dit en Chaire : Dieu les yeux du Roi, afin qiCil puijje :/r conflamment la vérité, fans aucun égard pour V Antiquité. On prétendit que le Prédicateur avoit voulu infinuer par-là, que le Roi étoit aveugle, qiCil étoit cban:e- lant dans la Foi , if qiCil favori/cil le Papifme. Cn ne fçair point combien de tems ïVot- ton fut fufpendu. Mais il paroit , dit Mr. JKard, que fa fufpenfion fut levée, puifqu'en 1609. il publia un Volume de Sermons fur une partie du I. Chap. de l'Evangile félon S. Jean , où il prend le titre de Miniftre d'AIboHoivs Barhing. Mais il fe pourroit auifi que ces Sermons euffent été prêchez avant qu'il fut fuf- pendu: & malgré fa fufpenfion il pouvoit re Miniftre de cette Eglife, puitqu'il Q 2 cro- 232 Bibliothèque Britannique, croyoit fans doute que la défenfe qu'on lui avoit fait de prêcher, étoit injufte. Il s'attira aufii , quelque tems après , l'in- dignation de plufieurs Eccléfiaitiques de Londres, à caufe de fes fentimens fur la Justification. Il foutenoit qu'elle ne con- fifte que dans le pardon des péchez. Son principal Antagonifte fut George Walker, Miniftre de S. Jean FEvangélifte à Lon- dres. Il témoigna pendant quelque tems beaucoup de zèle contre lui, comme contre un fectateur de Socin, l'accufant d'Héréfie & de Blafphème : enfin le 2. de Mai 1614. il lui écrivit une Lettre, le priant de confentir à une Conférence de huitMiniftres, dont ils en choifiroient quatre chacun de fon côté. JVotton y donna les mains, & il amena avec lui Balmeford, Ronder , Gataker & Hiks: & Walker choifit Storke , Downbam , IVefl- field & Gouge. Gataker propofa, que Wal- ker eut à drefler un Ecrit en deux colom- nes,dont l'une contiendroit les Erreurs & les Sentimens hérétiques & blasphé- matoires de Socin, & l'autre les Opi- nions de Wotton qu'il prétendoit qui étoient conformes à celles de Socin, afin qu'en les comparant les unes aux autres, on pût juger fi l'accufation étoit bien fondée. Walker y confentit , & Wotton demanda feulement qu'on lui com- muniquât fon Ecrit deux ou trois jours avant leur prochaine Aflemblée , afin qu'il Juillet, Août et Sept. 1741. 233 qu'il y préparât une réponfe. Cette demande étoit fi raifonnable qu'on ne put pas la refufer. L'Accufation & la Dé- fenfe ayant donc été produites & lues, on convint unanimement , après quel- ques difputes, qu'il ne paroifibic pas qu'il y eût aucune Héréfie, ni aucun Bl^fphè- ine dans ce que hVotton avoit avancé & foutenu. Il fouhaita là-deffus, que les Théologiens qui avoient aflîfté à cette Conférence lui donnaient un -Témoi- gnage par écrie, figné de leurs propres mains , de ce qu'ils venoien-t de décider. Surquoi ils lui donnèrent un Certificat en ces termes: „ Nous fous-fignez ne ,, fommes pas tout-à-fait d'accord avec 5, Mr. JVotton fur quelques points de la ,, Doctrine de la Juflification , tels qu'il ,, les a expliquez dans fon Ecrit; ce- ,, pendant nous ne croyons pas que la ,, différence qu'il y a entré fesfentimens & ,, les nôtres foit affez grande , ni affez con- M fiderable , pour qu'on puiffeavecjuftice i, Faccufer d'Héréfieou de Blafphème ". A^rès cela les chofes furent affez tranquilles pendant quelques années; & ïVotton, qui avoit promis de s'expliquer plus clairement fur le fujet dont il s'a- giflbit, publia en 1624. un Traité De ReconciUatione Peceatoris. Il l'écrivit en Latin, croyant avec raifon , qu'il n'éroit pas à propos de difputer en langue vul- gaire fur un fujet abftrak, qui ne pou- Q 3 voit 234 Bibliothèque Britannique, voit que faire naître des doutes & des fcrupules dans l'efprit du commun des Chrétiens. Il déclare dans ce Traité, qu'il eil d'accord avec l'Eglife Anglica- ne , avec la plupart des premiers Re- formateurs, & particulièrement avec Cal- vin , & qu'il n'avoit delTein que de com- battre , d'un côté l'opinion de Flaccus I lly- ricus, de Hemmingius, &de quelques au- tres Théologiens Reformez qui ont adopté leur fentiment, & de l'autre côté, l'opi- nion de l'Eglife Romaine, ainfi qu'elle a été expliquée dans le Concile de Trente. W.alkcr ne fut pas content de cet Ou- vrage ; & il renouvella l'accufation d'Heréfie contre IVottcn, dans un Livre qu'il ne publia que plufieurs années après la mort de ce Théologien ; ce qui enga- gea Gataker à écrire un Narré de la Con- férence dont nous avons parlé; il y rend compte de l'Accufation de JVoîker, & de la Défenfe de Wotton. Ce Théologien, qui étoit fort zélé pour la Reformation, publia plufieurs Ouvrages pour la dé- fendre, ce qui l'expofa au reffentiment de ceux qui favorifoient le Papifme. Un de cqv,x qui écrivirent contre lui, fut Ri* dard Mountagu , enfuite Evêque de Chi- chefter, qui avoit une grande connoif- fance des Feres & de l'Hiftoire Ecclé- fiaftique. Quoiqu'il eût écrit fortement contre les Catholiques-Romains dans fa Réfutation d'un Livre intitulé A Gag for tks Juillet, Août et Sbpt. 1741. 235 tbe ntty Gofpel * ; c'eft-à-dire te nouvel on ne laifla pas de l'accufer, d'avoir abandonné la caufe Pro- teftante au lieu de la re, en avan- çant certaines chofes qui favorifoient le Papifme: ce qui engagea agu à pu- blier pour fa juftification un autre Ou- vrage, intitule Jfpcltu ad G appelle a Mais bien loin de s'y juilifier, il y avança des propoli: qui tendoient fi dire. a ré:ablir le Papifme, que le Parlement l'auroit pour- fuivi, li le Roi Charles I. ne l'en eût em- pêché. Cependant fon Ouvrage fut ré- futé l'année fuivante par le Dodeur S: ;- Doyen d'Exceter, h ion, sois Roivfe Laïque , Tafes Miniltre de Norfolk, le Docteur Carieton Evêquç de Chicheiter , & IVofton. „ Sursliffe, ,y dit -on f, cenfura vivement; R „ avoit de bonnes intentions ; B:. „ écrivit avec clarté, rEvecue „ avec pieté, Tates fçavamment, & /. b • : avec beaucoup de folidiré ". No- tre Auteur nous renvoyé ici au Diâio- naire Général Hijhrique & Critique 4-, où * Imprimé ï Londres l'an 1624; in 40. t Fuller , Church Hiù. of Britain . B. ix , 119 1 & Jeq. I Qui contient: la Traduûion ce celui de , avec un grand noml: yeaux. Q4 £36 Bibliothèque Britannique , Ton trouve, fous l'Article de M o n t a g u ou M o u n t a g u , un curieux détail de toute cette difpute. Quoique le mérite & le fçavoir de Wotton fûlTent généralement reconnus, il ne paroît pas qu'il ait eu d'autre Bé- néfice que la Charge de Prédicateur de l'après-midi dans P'Eglife de Alhollovcs. Il mourut le n de Décembre 1626, & fut enterré dans fon Eglife. Voici la Lille de fes Ouvrages. An Anfiver to a Popiflo Pamphlet of late nevsîy furbiflied , and tke fécond tinte printed, intitlcd, Certain Articles , or forcible Rea- fons, difcovering the palpable abfurdi- ties, and moft notorious errors of the Proteftant Religion. C'eft-à-dire : „ Ré- 5> ponfe à une Brochure Papille réimpri- ,, mée depuis peu, & intitulée, Raifons ,, qui font voir les abfurditez palpables, & ,, les erreurs manifefles de la Religion Pro- „ teflante «. A Londres , 1605. A Defenfe of Mr. Perkins Booke , callcdA reformed Catholick, againfi the cavils of a Popifl? Writer , one D. B. P. or W. B. in his deformed Reformation. „ Défenfe du „ Livre de Mr. Perkins, intitulé Le Ca- „ tholique Reformé, contre les chicanes „ d'un Auteur Papille, dans fa Refonr.a- 99 tion difforme". A Londres 1606. Ce W. B. étoit William ou Guillaume Biflocp \ Prêtre Papille , qui fut fait cnfuite Evé- que titulaire de Calcédoine. m Juillet, Août et Sept. 1741. 237 The Tryal of tbc Roman Clergy's tille to îhe Chwcb. ,, Examen du Droit que le Cler- „ ge Catholique- Romain prétend avoir „ de fe nommer l'Eglife". A Londres i6o(S. Sermons en part ofCbapter I. of S. Jobrfs Gofpel. ,, Sermons fur une partie du Cha- ,, pitre I. de l'Evangile félon S. Jean ". A Londres , iôco. Runfrom Rome-, or, the NeceJJlty offepa- rating from that Cburch. „ La Néceflké de „ fe feparer de l'Eglife de Rome f*. A Londres, 1624. Antonii Wottoni , Londinatis, Angli, de Reconaliatione peccatoris) ad Regium Colle- gium Cantabrigienfe : J^ibri IV. In quibus Doârina Ecclejtœ Anglican? de Juflificaîkne impii explicatur à? defendinir. Bafileœ, 1624. Walker f nous apprend, que les ProfefTeurs de Leide ne voulurent pas permettre qu'on y imprimât cet Ouvra- ge , & qu'ils empêchèrent aufli qu'il ne fût publie à Amflerdam. Ce fut apparem? ment, ajoute Mr. Ward , pour prévenir de nouvelles difputes , fi-tôt après la tenue du Synode de Dort. An Anfwer to a Book, intitlcd , Appeilo ad Csefarem , written by Mr. Richard Moun- tagu. * Dans Ion Hiftoire de la difpute de lVott°n & de lui. Elle cfl intitulée, A true Relation of tbe cbiefe Vaijnge- beîween Mr. Antony IVotWi and George IFalker , &c. pag. 25. Q5 238 Bibliothèque Britannique, . ,, Reponfe au Livre de Mr. Richard „ Mountagu , intitulé , J'en appelle à „ Çèfar ". A Londres, 1626. Tous ces Livres font in 40. Wotton mit auifi une Dédicace à la tête d'une Traduction Angloife que Samuel IVotton, un de fes fils , a voit faite de la Lo- gique de Ramus : Il Paddrefla à Jaques Vi- comte de Doncafter , fils d'Edouard Lord Denny & Baron de Waltham, à qui il avoit auiïi dédié quelques-uns de fes propres Ouvrages, & qui paroît avoir été fon ami particulier, & fon protecteur. Parmi les ProfefTeurs en Aflronomie qui fe font acquis le plus de réputation on trouve Cmristophle Wren. Il étoit d'une ancienne Famille, originaire de Binchefter dans la Comté Palatine de Durham: il naquit le 20. d'O&obre 1632. àEaft-Knoyle dans la Comté de Wilts, où ion Père étoit Miniftre. Il étoit en- core fort jeune lorfqu'il fit paroître un génie propre aux Sciences, & principa- lement aux Mathématiques. Il n'avoit qu'environ quatorze ans quand on l'en- voya étudier au Collège de Wadham à Oxford. Avant l'âge de feize ans il avoit déjà fait des découvertes dans P Agro- nomie, dans la Gnomonique, dans la Statique & dans les Méchaniques. Voici ce que dit de lui le célèbre Mr. Ougbtred: Dn. Cbriftopborus IVren, Collegii Wadhamen- fis commcnfalis gœerofus , admirando prorfùs inge- Juillet, Août et Sept. 1741. 239 :o juvtnis , qui nondum fexdecim annos , JjJronomiam , Gnoir.omcam , Staticam , :s inVEntù auxii , ûfr eo'e pergit. Et rê- vera is cjl , à quo magna pojfum , neque fru- ftra , propediem 'expeftare *. Cbriftopkle IVren prit le degré de Bachelier es Arts le 18. de Mars 1650, érant alors dans fa dix-hui- tième année : Au commencement de No- vembre 1653. il fut choifi Membre du Col- lège d'Ail- So: ils (toutes les Ames) & il fut fait Maitre es Arts le 11. de Décembre fuivant. Quelque tems après il fut admis dans cette fçavante Alfemblée qui donna nailfance à ia Société Royale f- Mr. Rooke, Profefleur en Agronomie au Collège de Grejbatn , ayant été choifi pour remplir la Chaire de Géométrie dans le même Collège , Mr. Wren fut élu pour occuper celle qu'il laiifoit vacante: ce fut le 7. d'Août 1657. i'1 n'avoit pas encore 25. ans accomplis. Dans la Harangue inau- gurale qu'il prononça à -cette occafion, il propofa quelques méthodes pour ex- pliquer par les loix de la Nature la Rétro- gradation { de l'ombre au Cadran d'Achaz. Voi- * Prœf. ad Clav. Mathem. On trouve la Vie de Mr. Oughtred dans le Diction. Génér. Hiic. & Crit. f Nous en avons parlé dans notre premier Extrait. 4- 2 Rois XX, 11. 243 Bibliothèque Britannique , Voici celle qui nousparoît la plus fimple & la plus vraifemblable. Suppofé qu'il ait paru tout d'un coup une Couronne & un Parélie dans le ciel. On fcait que le demi diamètre des plus grandes Couron- nes eft à-peu-près de 22. degrez : mais il y a aufîl des Couronnes dont le demi dia- mètre n'eft que de dix à onze degrez. Le Parélie paroit à l'extrémité de la Cou- ronne : en ce cas le Parélie eft éloigné du foleil de dix degrez. Suppofé donc que le Parélie ait paru immédiatement après le coucher du foleil , il faut néceflaire- ment que l'ombre que le Parélie aura produite fur le Cadran , ait paru élevée de dix degrez au-deffus de FHorilbn , & il aura femblé aux Spectateurs que c'étoit l'ombre du foleil qui avoir, rétrogradé. Cela n'empêche pas que ce phénomène n'ait pu être un figne pour Ezechias , com- me F Arc-en-ciel , autre phénomène na- turel, fut un figne pour Noé & pour fa famille. Voici ies propres paroles de Mr. Wren; $ Qufdfi Pareliumfubito apparuijje dice- rem*. Pareiu/anè in kalonum peripberiisfemper apparent. Sunt haîones majores ,femidiametrum obtinentes 22. circitergraduum, coronœ albican- tes , & coloribus languentibus pi✠: Sunt & haîones interiores , 10 aut 11, circitergraduum, ma- % Dans fa Harangue , que Mr. Ward a inférés dans l'Appendix , l\\ VIII. pag. 29. fcf /??. Juillet, Août et Sept. 1741. 241 ynagis faturis coloribus variegatœ, in quarum rircumferensia .... lucet Parelius .... Cum ergo abfit 10 gradibus à foie Parelius, pona- mus verum fotem ?iuperrimè occidijje ; tgitur Parelius fubito enafcens potuit vicariam um- bram decem gradibus horizontealtiorem proj i:ere9 &f pro file vero retrogreffo reputari .... Ne- que fie miraculis parùm piè detraho. Hebrœo- rum enim Régi bœc umbrœ infilita retroceffio infignum erat : erat & Iris diluvianis patri- bus fignum , quœ fi nunquam poflea affulfiffit, quis Iridem , verè Tbaumcntiam , pro mira- culo non haberet ? Mr. JVren ne fut pas longtems Profef- feur kGrefiam: carie 5. de Février 1661. il fut choiii pour remplir la Chaire de Pro- fefleur en Aftronomie à Oxford, fondée par le Chevalier Henri Savil en 1619. ♦, & il y commença fes fondions le 15. de Mai de la même année ,& le 12.de Septembre il fut fait Docleur en Droit Civil. On peut voir combien il répondit à l'attente de Mr, Ougbtred, par le témoignage que lui rend un Juge compétent: c'eftle célèbre Ifaac Barrow , dans la Harangue qu'il prononça Tannée fuivante au Collège de Grejbam. Voici fes paroles: CertiJJïmè confiât ut prœ- cociores neminem unquam prœtulijfe fpes , ita nec * II fonda auffi la même année une Chaire de Profelfeur en Géométrie. Ward, Lives &c. pag. 124. 242 Bibliothèque Britannique, nec mamriores quemquam frufius protulijje- prodigium ohm pueri, nunc miraculum viri, imo dœmorimm hominis ; atque , ne mentirivi- dear , fufrecerit nominajje ingcniojijlmum & optimum Cbrijlophorum Wrennum. Le 20. de Mai 1663. il fat choifi Mem- bre de la Société Royale , étant un de ceux quiavoient été nommez par le Con- feil de cette Société dès qu'elle eut obtenu la Chartre du Roi. Il contribua beaucoup à remplir le but de cette Société, parles belles découvertes qu'il fit en Agrono- mie , en Phyfique , & dans les autres par- ties de la Philofophie. On en peut voir un curieux détail dans l'Hifloire de la Socié- té Royale de l'Evêque Sprat, donc notre Auteur rapporte ici un long paiïage. Comme il étoit grand Archite&e , il voulut faire un Voyage en France , pour y examiner les Edifices les plus fameux. Il mit fes Obfervations par écrit, & les envoya à un de fes amis. Mr. JVard nous dit, que le Manufcrit s'en conferve en- core , mais il n'a pas jugé à propos de nous donner les Obfervations de Mr. IVren. Une grande partie de la Ville de Lon- dres ayant été détruite par un Incendie qui commença le 2. de Septembre 1666 , Mr. JVrcn traça le Plan d'une nouvelle Ville; & voici ce qu'en dit Mr. Oldenburgb, dans une Lettre au célèbre Mr. Boyle, datée du 18. du même mois: ,, Mr. Jvrmikùdt „ un Pian pour une nouvelle Ville, &il Juillet, Août et Sept. 1741. 243 „ l'a préfenté au Roi, qui Ta lui-même „ communiqué au Confeil , en témoi- „ gnant l'approuver beaucoup. Je fus „ hier matin chez Mr. Wrcn , où je vis fon ,, Plan , qui me paroît pourvoir û bien à „ la fureté, à la commodité & à la beau- „ té de la Ville , que je ne crois pas „ qu'il y ait rien à défirer par rapport à „ ces trois articles eflfentiels. Mais de „ fçavoir s'il a bien confideré le nombre ,> prodigieux d'habitans qu'il y a à Lon- „ dres, ou fila Politique permet qu'on y „ ait égard, c'eft ce qui me paroit dou- ,9 teux. Je dis à Mr. Wren , que fi j'avois m eu occafion de lui parler plus tôt, je 99 lui aurois propofé de faire examiner 99 & approuver fon Plan par la Société 99 Royale, avant que de le montrer au Roi ; 99 ce qui auroit fait honneur à la Société, 93 & auroit contribué beaucoup à fermer 99 la bouche à ceux qui demandent per- „ petuellement : Qw' ont-Us fait ? Il me ré- 3> pondit , qu'il avoit été û preffé de finir ,> fon Plan avant qu'on en propofàtquel- 99 que autre, qu'il n'avoir, pas eu le tems 99 de confulter la Société Royale. C'eft 99 pourtantun honneur pour cette Société » que ce Plan ait été dreflepar un de fes „ Membres; puifqu'autant que j'en puis „ juger, il eft impoflible qu'aucun autre „ Plan en approche. Et je me flatte que „ lorfqu'on le préfentera au Parlement-, » on nommera l'Auteur, & on ne man- ?) quera 244 Bibliothèque Britannique, „ quera pas de marquer qu'il efl Membre „ de la Société Royale. Ce Plan fut en effet prefenté au Par- lement peudetems après. Il y eutlà-def- fus trois opinions ditfére.ntes dans la Chambre. Les uns vouloient, qu'on bâtît une Ville toute nouvelle fuivant le Plan de Mr. JVren: d'autres, qu'on fui- vît l'ancien Plan , mais qu'on rebâtît la Ville de briques, au lieu qu'auparavant la plupart des maifons n'étoient que de' bois : d'autres enfin prenoient un certain milieu -, ils fouhaitoient qu'on fît un Quai le long de la rivière , & qu'on élargît certaines rues, mais du refte ils vouloient que l'on confervât, autant qu'il feroit poffible , les anciens fondemens , & les voûtes qui n'étoient pas ruinées: &c'eft à-peu-près ce qui fut exécuté , à l'excep- tion du Quai. Si l'on avoit fuivi le Plan de Mr. JVren , Londres auroit été une Ville fuperbe. Les Rues en auroient été larges & tirées au cordeau, & feferoient croifées à angles droits : les Eglifes , les Marchez, & les Edifices publics auroient été fituez de manière à ne point emba- rafler les rues : & il y auroit eu en dif- férens endroits quatre Portiques , aux- quels les principales rues auroient abouti. Ce Plan a été gravé en 1724. par Mr. H. Hulsbergh, fur l'Original de l'Auteur, aux fraix de fon fils Mr. Chriftophle Wnn y mais il n'a jamais été publié. Juillet, Août et Sept. 1741. 245 Le Chevalier Jean Denbam étant mort au mois de Mars 1668., Mr Wren lui fuc- ceda en qualité d'Architecte du Roi. De- puis ce teins -là il eut la direction d'un grand nombre d'Edifices publics, qui lui ont acquis une réputation immortelle. Mr. Word en nomme plufieurs, & entre autres l'Eglife de S.Etienne dans Walbrookc à Londres, qui, au jugement des Connoif- feurs,eft un chef-d'œuvre. Malheureu- fement cette Eglife eft fi environnée de maifons, qu'on ne la voit prefquepas: elle fera bien plus cachée encore défor- mais par l'Hôtel qu'on bâtit actuellement pour la demeure des Lords Maires de Londres. Vers l'an 1673. Mr. Wren époufa Foy , fille du Chevalier Thomas Coghill de Bleckington dans la Comté d'Oxford , de laquelle il eut un fils , qu'il nomma Chriflo- phle comme lui. Etant devenu veuf peu de tems après, il époufa en fécondes noces Jane, fille de Mylord Fitz- Williams, Baron de LirTbrd en Irlande. Il eut d'elle un fils & une fille qui font morts. L'an 1680. il fut choifi Préfident de la Société Royale. Il a été Architecte & un des Commif- faires de l'Hôpital des Invalides à Chel- fea , & en 1684. ^ ^ut fait Contrôleur du Château de Windfor. Il a été député deux fois au Parlement, fçavoiren 1685. & ea 1700. En I7i8. on lui ôta la charge d'Ar- Tor.e XVII. Part. IL R oh!- 246 Bibliothèque Britannique, chite&e du Roi: mais il conferva celle d'Architecte de l'Abbaye de Weftmin- fter depuis l'an 1698, juiques à fa mort, qui arriva le 25 de Février 1723 ; il étok alors clans fa 91. année. Il n'a jamais rien fait imprimer : mais plufieurs de fes Ouvrages ont été publiez par d'autres, 6c quelques-uns même fur de fimples brouillons qui n'étoient point achevez, & qu'il ne deltinoit pas au Pu- blic. Ils n'ont pas laifle d'être tous bien reçus ; en voici le Catalogue. Horologiograpbia Geometrica. C'eft un Ou- vrage que Mr. Ougbtred avoit compofé en Anglois, 6c que Mr. Wren traduiiit en La- tin pendant qu'il étudioit au Collège de Wadham à Oxford. Mr. Ougbtred publia enfuite cette Traduction à la fin de fa Clavis Matbcmatica. Trafîatulus adperiedum Julianam /pétions , Chronologies /ummè utilis. Ce petit Traité, qui contient une méthode pour trouver telle année que l'on voudra de la Période Julienne, les Cycles étant donnez, fut inféré dans les Prolégomènes du Tbeatrum Hifloricum 6cChronologkum de Helvicus, im- primé à Oxford en 1651,, 6c a été mis dans toutes les Editions qui s'en font faites depuis. L'Auteur n'y eft pas nom- mé; mais il eft fur que c'eft Mr. Wren\ puifque dans le titre d'un Exemplaire qui a apartenu à fon père , 6c qui eft ac- tuellement dans laBibliothèquede ion fils , oa Juillet, Août et Sept. 174T. 247 on trouve ces jparoles écrites de la propre main du pere'de notre Mr. IVren : Demque filu meo modefttùs renitenti focentivumadbiSui, ut Traftatulum illum Algebraicum , Ju- lianaE periodo (èCyclisinHifloria datis) expifcandse accomodatiflimum , fudante ) prœlo Oxonicnfi , prœfigi fineret. Jl paroît par le tems auquel ce Traité fut imprimé, que TAuteur n'avoit gueres que dix-neuf ans lorfqu'il le compofa. Ora iraii s habita Londini in Colle- gio Grejbamm/i 9per Cbriftophorum Wren>A. M. Aftronomiœ ProfeJJbrem eleclum , anno . cetaùsfuœ 25. Cette Harangue paroît pour la première fois dans l'Appendix que Mr. Ward a ajouté à ia fin de ces Vies des Profcifeurs de Grejham. Le Ma- nufcrit lui en a été communiqué par le Docteur Mead, qui le tenoit du fils de l'Auteur. De refia tangente Cycloidem primariam, ' E'/iucvg; curva lineœ Cycloidis primariœ fecun~ dam methodum Antiquorum demonflratus. De dimenjlone Çycloidum protraclarum & con- traâtarum. De Problemate Kepler iano per Cy- cloidem folvcndo. Mr. Wren ayant communi- qué ces quatre Traitez au Docteur Wallis au commencement de Juillet 1658. , celui- ci les publia par voye d'Appendix à larlrt de fon Traité de Cycloide. tio Problematis Matbematfà.Une feuille .Ils5 d'un Problème qui avoit Tan 165S. par un Mathéma- R 2 ticiea 248 Bibliothèque Britannique, ticien de France en ces termes : Specla- tijjîmos viros Matbefeos Profejfores , &f alios prœclaros in Anglia Mathematicos , ut boc problema folvere dignentur , Jean de Mont- fert maxime deflderat. Extremis Ellypfeos diametris, d:flmtia centri ab atiquo punfioin axi tranfverfo , ubi linea eundem fecet fub angulo datOy innumeris datis\ fegmerùa e]uf- dem lineœ , (fi opus efl ) produ✠, £f intra tranfverfum axem & Ellypfîn terminâtes , m numeris invenin. Mr. Wren ayant réfolu ce Problême , en propofa dans la même feuille un autre aux Mathématiciens de France : c'étoit un Problème qui avok déjà été propofé par Kepler, & que Mr. Wren avoit réfolu géométriquement. Le voici. Aream datam femi-circuli dati, vtl Ellypfeos data, ex quoeunque puntlo diame- tri cujufcunque , etiamft libet produ✠,in data ratione Jecare . . .Rogo igitur prœflantiffimos in Gallia Mathematicos , ut problema Keple- ■rianum folvere dignentur, numericè quidem, ftfieri poffit , faltem geometricè. Méthode pour la Conflruâion desEclipfes du Soleil -, en Anglois ; Mr. Wren avoit trouvé cette Méthode dès l'an 1660. -, & elle fut enfuite publiée par Mr. Flamftead, dans fa Doârinede la Sphère. C'efl , dit Mr. Ward, la Méthode qu'on a généralement fuivie depuis, comme la plus courte & la plus aifée. Cerebri & Calvariœ figura eruditijjlmè de- lineatœ. Il traça ces figures à la prière du Doc- Juillet;., Août et Sept. 1741. 249 Do&eur Wallis , pour erre inférées dans le Traite de ce Sçavant, inticulé, Cerebri anatome, qui fut publié l'an 1664. Defcription de VEgHfe Cathédrale de Silif- bury, en Anglois. On conferve dans les Regîtres du Chapitre de cette Eglife, le Manufcrit de l'Auteur, écrit de la propre main , & daté de l'an 1668. ; & on l'a im- primé dans l'Ouvrage intitulé, The Hi- jfory and Anti quittes &c. c. à d. ,, Hifloire & „ Antiquitez de l'Eglife Cathédrale de „ Salisbury, & de FEglife Abbatiale d* ,, Bath"; à Londres, 1723, 8 . On y dit que cette defcription etl une excellente pièce , compofée par un homme d'un mérite diflmgué , que le Dr. Ward , Evéque de Salisbury , avoit prié de fe rendre dans cette Ville en 1669.*, pour y examiner la Cathédrale. Outre ces Ouvrages de Mr. IVren/iX y aplufieurs pièces de lui, inférées dans les Mémoires de la Société Royale , & un Ecrit intitulé , An Hypottefit, c5V. Hypotbèfe (S Problème touchant les Comètes qui parurent en 1664. & i6<55> Que Mr. Hooke a publié dans fon livre intitule Cometa, imprimé en 1670. Il y a encore plufieurs pièces de lui , que l'on conferve dans les Regîtres de la So- ciété Royale, mais qui n'ont jamais été imprimées, & trois ou quatre autres Ma- nuferits * Il filloit dire 1670. fuivnnt notre Autour. R 3 250 Bibliothèque Britannique , nufcrits qui font entre les mains de quel- ques Particuliers. N'oublions pas de remarquer, que Mr, Wren fut un des Commiffaires nommez par Charles IL pour chercher un lieu pro- pre à bâtir un Obfervatoire. Il choifit l'endroit le plus élevé du Parc de Green- which, & il aiïifla de fes confeilsle Che- valier Jonas Moore , qui avoit la direction du Bâtiment. Mr. le Chevalier Cbrijlopble Wren , fils de celui dont nous venons déparier, & qui eft encore plein de vie , publia en 1708. un Ouvrage intitulé , Numifmatum anti- quorum fyl 'loge, popnlisGrœcis, Municipiis , & Colonii s Romanis cuforum \ ex Cimctiarcho Edi- toris. Londini in 4*. Cet Ouvrage , qui eft dédié à la Société Royale, contient les in- fcriptions de plufieurs Médaillons Grecs , gravées fur quatreTables, avec deux autres Tables d'anciennes Infcriptions. Cela eft fuivi des Légendes des Monnoyes des Empereurs grandes & moyennes , depuis Jules Céfar , jufques à Aurelien , avec l'ex- plication de ces Légendes : & Ton trouve à la fin un Appendix, contenant des Mé- dailles des Rois de Syrie & d'Egypte , & de plufieurs Villes. Tout cela n'eft qu'un échantillon d'un grand Cabinet de Mé- dailles Grecques & Romaines, & d'autres Antiquîtez dont Mr. Wren a fait une col- lection. Comme il ne mit point fon nom à cet Ouvrage, on l'attribua à fon père; mais Juillet, Août et Sept. 1741. 251 mais Mr. Word nous allure qu'il efl du fils. Nous parlerons des autres ProfeJJeurj dam le Journal fuivant. ARTICLE II. Letters concerning îhe Englisb Nation , by Mr. De Voltaire. The Second Edition , witb large additions : &c. Cefl-à-dire: Lettres de Mr. De Voltaire fur les A .dois : Seconde Edition, confidera- pitnt augmentée, /i Londres. Pour C. Davis dans Pater - no fier - Rom. MDCCXLL Petit in-Oclavo. Pages 255'Jans compter la Préface. la Table des Lettres & celle des Matières. T Es Ouvrages de Mr. de Voltaire feront \ ' À toujours recherchez. Les Lecteurs qui n'entendent que L'Anglois, font bien-ai.e d'en aveir des Traductions , & de lire même par ce moyen ce qu'il a écrit fur l'Angleterre. La première Edition de la Traduction de fes Lettres .fur les Anglais s'eft débitée. En voilà une féconde , qui fe débitera d'autant mieux, qu'on y a ajouré une Pièce qui R4 n'avoir 252 Bibliothèque Britannique , n'avoit encore paru que dans des Edi- tions Françoifes , & qui véritablement n'apartient pas au fujet principal de l'Ouvrage, mais qui ne laiifera pas de faire préférer cette féconde Edition à la première : C'eft la longue Lettre qui contient les Remarques de Mr. de Voltaire fur les Penfées de Pafcal. Cette Lettre , ainfi que les autres, a été mife en An- glois par un Traducteur habile & dont la réputation eft bien établie. C'eft Mr. Lcckman : & on le fçait aiïez en Angleter- re , quoique fon nom ne fe life pas au titre de l'Ouvrage. On a une Traduction Angloife des Penfées de Pafcal , de la façon de Mr. Bafiîe Kennet , Docteur en Théologie , imprimée à Londres pour T.Pemberton, in Oclavo enMDCCXXXI. Mais Mr. Lockmon ne paroît pas s'y être attaché. Il a traduit lui-même les morceaux citez par Mr. de Voltaire. Il a mis au bas des pages quelques Re- marques, moyennant lesquelles on peut comparer fa Traduction avec celle du Dr. Kennet lorfque cela eft de quelque ufage. Pafcal dit dans un endroit : Les défunts de Montagne font grands ; il eft plein de mots foies & desbonnétes : Cela ne vaut rien 'La Traduction du Docteur porte com- me s'il y avoit : Les défauts de Mon font grands, il efl plein de mots fa! es £> def- . bonnéto s : Juillet, Août et Sf.pt. 1741. 253 honnêtes : Pafj'e pour cela: EnAnglois: Lct this pafsfor noîbing. Les Remarques de Mr. Lockman regar- dent aulli quelquefois celles de Mr. de 1 :.- . Mr. de Voltaire dit, fous le Nu- méro \ "• S 1 II. que de tous les Animaux F hom- me eft h plus parfait , le plus heureux S celui qui vit h plus longtms. „ Il faut fuppofcr „ que cela eft dit en termes généraux „ . . . Les Naturaliftes les plus dignes ,, cfe foi nous apprennent, qu'il y a quel- ,, ques Animaux qui vivent plus long- „ tems que l'homme". C'eit la Remarque du Traducteur. Palcal trouve que les fentimens de Mon- tagne fur Pbomiciae volontaire &Jur la mon font horribles : Au fujet de quoi voici la réflexion de Mr. de Voltaire. ,, Monta- e parle enPhilofophe, non enChré- „ tien ; il dit le pour & le contre de ,, l'homicide volontaire. Philofophiquc- ,, ment parlant, quel mal fait à la Société „ un homme qui la quitte, quand il ne „ peut plus la fervir ? Un vieillard a la h pierre , & fouffre des douleurs infup- ,, portables ; on lui dit, fi vous ne vous m faites tailler, vous allezmourir; fi l'on m vous taille , vous pourrez encore ra- ,, doter, baver & tramer pendant ir ,, à charge à vous-même Cz aux vôtres. ,, Je fuppofe que le bon-homme prenne ,, alors le parti de n'être plus à charge „ à perfonne : Voilà à-peu-près le cas R 5 n que 254 Bibliothèque Britannique, „ que Montagne expofe". Mr. Lockman fait-là-deflus une remarque. ,, Quelque „ jufle [ dit -il] que puiiïe être la re- „ flexion de Mr. de Voltaire , philofo- 99 phiquement parlant ; & quoi qu'il en „ foit de plufieurs fortes raifons par les- „ quelles on peut la combattre ; je ne „ crois pas qu'il foit à propos en aucune „ façon d'encourager le Suicide en An- „ gleterre. La température de notre Cli- ,, mat difpofe tant de perfonnes à la mé- „ lancolie, qu'au lieu de leur chercher „ des raifons en faveur du Suicide, il „ faudroit chercher tous les moyens pof- „ fbles de les en détourner. Des gens „ grièvement tourmentez de leurs va- „ peurs , & qui prennent entin la trifte „ réfolution de fe détruire, ne confide- „ rent pas , félon toutes les apparences ,, . . . s'ils font dans le cas pofé par Mr. ,, de Voltaire ... Et peut-être trouvent- „ ils une fatisfaclion confufe à voir, qu'un „ homme qui fait figure dans le Monde »> lettré, leur donne quelques ouvertu- ,, res favorables à leur deMein. Je me 99 fouviens qu'il y a quelques années, que 99 dans un de nos Collèges de Jurifcon- „ fuites, chez un homme qui venoitde fe ,, tuer , on trouva fur la table de ce ,, même homme, un Livre François dont ,, l'Auteurecnt en faveur du Suicide, & „ que le Livre étoit ouvert à Pendrpit n où le Suicide eft encouragé avec le plus » de- Juillet, Août et Sept. 1741. 255 ,, de force [Mr. Lockman laiiîe ici en blanc le titre du Livre , & finit par cette confédération : ] ,, Quand „ une pareille action ne feroitque de la ,, plus légère confequence pour la per- ,, fonne même qui fe ditruit, il faut „ confiderer au moins combien peuvent „ en fouffrir fa patrie, fa famille, fes „ amis -y fur-tout fi c'eft un homme d'un w rang diftingué & d'un caractère re- „ fpectable. " Ces petites Obfervations de Mr. Lock- man , que nous fçavons qui eii un des plus finceres parti fans de Mr. de Voltaire^ prouvent (pour le dire en palTant) qu'il eft très-pollible de faire quelquefois des réflexions critiques fur fes Ouvrages , fans être du nombre de fes ennemis, & fans garder même une neutralité d'in- différence dans l'efpece de guerre qu'oa lui fait depuis quelques années. Le titre de cette nouvelle Edition ne dit point qu'elle ait été corrigée : Et l'on cft porté à croire qu'elle ne l'a point été, lorfqu'on jette les yeux fur Y Errata, qui eft exactement fembiable à celui de la première Edition : Il indique même certaines fautes qui réellement fe retrou- vent dans la féconde. Un Critique qui iraimeroit pas Mr. de Voltaire , & qui fe- roit fâché de s'enrendre annote er une féconde Edition Angloife de fesLer: ne manqueroit pas de faifir ces indices dr 256 Bibliothèque Britannique, de fuppofition , & d'en conclure, que ce n'èft ici qu'une prétendue Edition nouvelle, revêtue d'un titre menteur; ou que ce n'eft que la première , qui ne pouvant fe débiter, fe reproduit fous le titre de féconde, pour attirer les Ache- teurs, qui pourront être dupez par cette apparence de fuccès. Nous pouvons af- furer cependant comme une chofe de fait , & comme un fait même dont l'ex- plication ne feroit pas fort difficile s'il falloir s'y engager, que c'eftbien réelle- ment ure féconde Edition : que fi l'Er- rata indique des fautes qui ne font pas corrigées dans le Livre , il en indique d'autres qui le font : & qu'outre celles- là il y en a dans la première Edition, les- quelles n'étoient point marquées dans l'Errata , & qui ont été corrigées dans la féconde, différente au furplus par le papier, par le cara&ère, par le nombre des pages &ç. En donnant l'Extrait de cet Ouvrage lors de la première Edition, on obferva que, dans la Lettre fur les Anti-Trinita ires , certains Lecleurs étoient choquez d'une epithète donnée à Luther, à Calvin, & à Zwingle : mais qu'il falloit rendre ju- ftice à Mr. de Voltaire : & que cette epithète, qui s'étoit glifiee, l'on ne fça- voit comment, clans la Traduction, n'é- tait point dans l'Original, dont on avoit quelque Juillet, Août et Sept. 1741. 257 quelque connoiflance , quoiqu'il ne fût pas encore imprimé dans ce tems-là, & dans lequel un homme qui le connoif- foit très-bien , avoic afluré qu'il y avoit fimplement : Luther, Calvin, Zivingie, tous Auteurs qu'on ne lit plus. Au lieu de ces dernières paroles il y avoic dans i'An- glois: Tous mi fer abl es Auteurs: All of'em wretched Authors. Cela eft changé dans cette féconde Edition, ou on lit : ivhofe writings no body in this ogc reads. Je vois cependant qu'il y a quelque chofe d'un peu plus fort dans l'Edition de Rouen, MDCCXXX1V, qui eft la feule Edition Françoife que je puifle actuel- lement confulter , & où je trouve : Tous Ecrivains qu'on ne peut lire. Quoi qu'il en foit de cette petite diverfité , voilà tou- jours un exemple descorredions que le Traducteur a faites dans fa nouvelle Edition. Il me permettra à préfent de lui en indiquer une que je crois qu'il auroit dû faire. Il fait dire à fon Auteur, dans la Lettre fur VAttraâion: La chute des Ccrps accélérez fur la terre: The falling ofac- celerated Bodies on the Earth. Il paroît par l'Original (lequel on n'étoit pas à portée de confulter lorfque l'on faifoit l'Extrait des Lettres qui regar- dent les découvertes de Newton ) que Mr. de Voltaire s'eil exprimé avec plus de juïtefle. 11 y a dans le François: La chute 258 Bibliothèque Britannique, chute accélérée des Corps tombant fur la terre. Je me fouvîens d'avoir rélevé, dans l'Extrait de la Lettre fur le Gouvernement , une erreur de fait. 11 eft dit dans cette Lettre , que le Dénier de St. Pierre étoit environ un Ecu de -notre monnoye : & j'ai avancé dans mon Extrait, que ce n'étoit qu'un IXmcr frerling , ou autrement un Sol courant & Angleterre, je vois cependant que Y Ecu revient & dans la nouvelle Edi- tion Angloife , & dans la Françoife de même, au moins dans celle que j'ai en- tre les mains. Cela m'a fait fbupçonner que je pouvois m'étre trompé: J'ai vou- lu examiner le fait , & voir d'abord fi Rapin, fur la foi de qui j'avois parlé , avoit des garans bien fûrs de ce qu'il dit. J'ai été à la fource où il paroît avoir puifé : j'ai confulté le Difcours hiftori- que & politique de Nathanael Bacon , ou plutôt de Jean Selden : (car Bacon, cité par Rapin comme Auteur de cet Ouvra- ge , n'en eft gueres que l'Editeur , ainû que quelqu'un l'a déjà obfervé dans un autre endroit: ) &fi je n'y ai pas trouvé une Differtation parfaitement fatisfaifante fur la matière en queftion , j'y ai du moins trouvé cette matière traitée aiïez foigneu- fement, pour me perfuader qu'on peut faire fonds fur ce que l'Auteur en a dit. Or on pourroit prouver clairement, par certains détails ou il entre , que bien loin qu'il Juillet, Août et Sept. 1741. 259 qu'il s'agiffed'un Ecu ou environ de notre monnoye, comme l'a cru Mr. de Voltaire fur quelque autorité qui m'eft inconnue ; il ne s'agit pas même d'un Cfo/m,comme fem- ble l'avoir cru par une méprife l'Ecrivain que je cite au bas de Ja page * ; il ne s'agit enfin que d'un Sol d'Angleterre , lequel on ne peut nommer intelligible- ment un Dénier , comme on le fait en François , qu'en le qualifiant Dénier Ster- ling, parce qu'en fait de Monnoye An- gloife le terme de Dénier n'eil connu aujourd'hui que pour défigner le Sol cou- rant ou la douzième partie du Chelin , lequel efl le Sol Sterling. Jufques-là donc Rapin paroît avoir accufé julte : Mais pour être exad il auroit dû ajouter , ou j'aurois dû le faire à fon défaut, que le Sol ou Dénier de St. Pierre, lors de l'in- ftitution de ce tribut, valoit environ au- tant * C'efl: l'Auteur anonyme de l'Hiftoine d'An- gleterre par demandes & par réponfes , en An- glois & en François : p. 21. de la cinquième Edition. La méprife confine apparemment , en ce que l'Auteur a pris le Sonia St. Pierre ''com- me l'appellent lesAnglois) pour un Sol flerling , qui fe défigne communément par le nom de Cbc- tin. Ce petit ouvrage , au relie, qui a eu beaucoup de fuccès , & qui peut très-bien le mériter, mal- gré l'inexactitude que j'y rélere , ett de la façon de Mr. Lnkman. tôo Bibliothèque Britannique , tant que trois Sols & demi, argent cou- rant d'aujourd'hui. C'eft-là du moins ce qu'on peut inférer d'une évaluation pro- bable que Selden a faite : fuivant laquelle il compte, que deux- cens Livres de ce tems-là valoient environ fept-cens Li- vres de notre tems. Notez au refte, que quand je parle de l'inflitution du Dénier de St. Pierre comme de l'inflitution d'un Tribut , c'efl fans confequence. Selden fait voir que ce prétendu Tribut n'éroit originairement qu'un don gratuit du Roi, & un don même que le Roi ne faifoit pas aux dépens de tous les fujets domici- liez de fon Royaume, mais feulement aux dépens de ceux de fes Fermiers qui a- voient une Maifon d'un certain rapport. ARTICLE III. A Letîer firom one of the Peopk calfd Quakers, îo Francis de Voltaire, oc- cafioncd by bis Remarks on thaï Peopk in bis Letters conceming the Engluh Natton: &c. C'eft - à - dire : Lettre d'un Quaker à François de Voltaire , au fujet de ce qu'il dit des Quakers dans les Lettres fur les Anglois. A Lon- Juillet , Août et Sept. 1741, 261 Londres. Chez T. Souole Raylton &? Luc Hinde , à la Bible , dans George - Yard , Lombard Street : &? Chez P Paillant dans le Strand : & chez J Robert s dans ÏVar- wick-lane. MDCCXLI. In Oftavo. Pages 48. fans compter huit pages pour la Préface. . I. PEtte Lettre efl fignée Jofias Mar- ^ tin, & en date du vingt -cinq de Septembre MDCCXXX1II. La Préface nous apprend, qu'elle a été envoyée dans fon tems à Mr. de Voltaire , & qu'on ne la rend publique que parce qu'on voit qu'il n'en a pas fait ufage dans les Editions Françoifes de fes Lettres, pour y corri- ger les fautes qu'on lui avoit indiquées. La douceur de fon flile , dit-on , & la déli- cateffe de fon exprejfioii, ont quelque chofe de fort agréable & de fort amufant : Mais des erreurs de fait , quand elles font ainjt ornées, en deviennent d'autant plus dangereufes Où a-t-il lu que lorfque George Fox fut envoyé par un Juge de paix aux petites Mai-* fins de Derby, ce fut pour y être fouetté , que l'on ne manqua pas d'exécuter ... la sentence du Juge ; qu* enfuit é il étoit encore fouetté de tems en tems ; fcf qu'un jour il fut mis au Pilori ? Ou c-t-il trouvé que Fox se mit à trem- bler , À faire des contorsions et des grimaces , À retenir son ha- Tome XVII. Part. IL S leine , z6i Bibliothèque Britannique, LEINE , A LA POUSSER AVEC VIOLENCE? Ce font- là des cbofes qu'ignorent les gens les plus fçavans dans l'Hilioire des Quakers. .... Il dit qu'ils furent quelquefois perfécu- tezfous Charles II , non pour leur Religion, mais pour ne vouloir pas payer les Dîmes au Clergé , pour tutoyer les Magiflrats , & réfu- ter de prêter les fermens préferits par la Loi. Il auroit dû confiderer que toutes ces cbofes font des points de Religion pour les Qua- kers. Mais il a omis la caufe principale de la Perfécution qu'ils fouffrirent dans ce tems- là : c'étoient les Affemblées publiques qu'ils faifoient pour fervir Dieu .... Cejl-là au moins de la Religion. Il cite PEpjtre dé- dicatoire de Barklay à Charles 1 1. &f dit , que ce qui efl plus étonnant, c'efl que cette Lettre écrite au Roi par un Particulier obfcur, eut fon effet t et la Persécution cessa. C'ejl une méprife. La Perfécution dura encore plufieurs années , & ne ceffa qiC après la mort de Charles II. Jlavan'edansfa quatrième Let- tre, que Penn ( qui étoit allé en Allemagne) repajja bien-tôt en Angleterre fur la nouvelle de la maladie de fon Pcrc, & qu'il vint re- cueillir ses derniers soupirs. C'efl une erreur encore : car il efl certain que le Pii-c étoit mort avant que le Fils allât en Allemagne. II. La Préface nous donne ces Remar- ques comme un fupplement à la Lettre donc il s*agit à préfent. En voici un A- bregé , dans le quel nous laifïbns parler le Quaker lui- m è me > *? Ami Juillet, Août et Supt. 1741. 263 „ . I -■:: Voltaire, ,, Ayant lu tes Lettres fur les Angîok , rat remarqué plufiéurs chofes qui „ demandent correuncn dans celles qui „ regardent les , j'ai voulu t'en- ,, voyi r mes Observations, pour préve- ,, venir, s'il étqit poflible , le progrès de ,, certaines erreurs: Et ie le fais avec ,, d'autant plus de confiance , que dans 3, ta Lettre fur ^Incendie â> Ait cria , tu fais ,1 profelïion de préférer la vérité à tout. I. „ Tu dis dans ta première Lettre, ,j que ton Quaker te parla d'un ton d'In- 99fpiré, pour te prouver que tous les Sacre- f, mens étaient d'invention humaine, 6J que le fy mot de Sacrefneht ne fe trouvait pas une 9, fiilc fois dans l'Evangile. Je doute que „ dans cet endroit tu ayes été fort feru- „ puleux fur le choix de tes expreiïïons. „ Car fi par les Sacrcmens tu entens le „ Bâtème d'eau & cette Cène du Sei- „ gneur qui fe fait avec du pain & du „ vin, je puis t'aflurer que les Quakers, „ encore qu'ils y reconnoiiTent bien des „ chofes ajoutées parles hommes, font „ néanmoins fi éloignez de regarder ces „ pratiques mêmes comme d'invention „ humaine, qu'ils les regardent au con- ,, traire , comme des Ordonnances de M Dieu, dont Tune (qui n'eft au fond Sa „ que 264 Bibliothèque Britannique, „ que la Pâque des Juifs ) apartient à „ l'économie de Moïfe ; & l'autre à „ celle de Jean. II. ,, Dans ta deuxième Lettre, après „ avoir donné une idée burlefque des „ Difcours qui fe prononcent dans nos „ AiTemblées , & avoir demandé à ton „ guide, pourquoi les plus fages d'entre „ nous fouffroient de pareilles fottifes , ., tu lui fais répondre: Nous fournies obli- ,, gez de les tolérer, parce que nous nt pou- ,, vons pas fçavoir fi un homme qui fe levé ,, pour parler , fera infpiré par P Efprit ou ,, par la Folie : Dans ce doute nous écoutons „ tout patiemment , nous permettons mê- „ me aux Femmes de parler. Cette réponfc ,, a plus l'air d'être de toi que de ton „ guide. Un Quaker auroit dit : Jefus- „ Cbrift promet, que là où deux ou trois fe- „ ront affemblez en fin nom il fera au milieu ,, d'eux : Nous nous affemblons pour éprou- ,, ver la vérité de fa promeffe : Nous atten- ,, dons en filence que VEfprit de Dieu agiffe ; t, & Ji nous permettons à chacun de parler , „ c'efl parce que nous ignorons qui y fera dé* „ terminé par un Efprit qui fouffle où il ,, lui plaît : Jean 1 1 1 ; Cefï que cet ufage „ eft convenable à notre édification £f confo- ,, lation mutuelle : Cefï qu'il efl conforme à ,9 la pratique des premiers Chrétiens : Cefl î, que Dieu a promis que dans les derniers tems i} il répandroit fon Efprit fut toute Chair, Juillet, Août ee Sept. 1741. 265 m & que fes Fils & fes Filles prophétife- 93 r oient : &c. * III. „ Tu fais dire encore à ton Q^- 11 ker , que deux ou trois de nos Dévotes fe „ trouvent fouvcnt infpirées à la fois , £f que „ cyeft alors qu'il fe fait un beau bruit dans „ la Maifon du Seigneur. Je ne crois pas 99 que cela foie jamais arrivé. Quand deux 99 ou trois perfonnes fe trouvent infpi- » rées à la fois , nous nous entendons : m Les Efprits des Prophètes font fournis aux 99 Prophètes : 1 Cor. XIV. 32. & nous 99 nous re'glons fcrupuleufement fur la „ direction de l'Apôtre, qui a dit: Si un ,9 autre qui efl affxs a quelque révélation, que ,9 le premier fe taife : Car vous pouvez tous 99 prophetifer l'un après ? autre &Cv Ibid. * Le Quaker cite au bas de la page, la Pu- rapbrafe & les Notes du célèbre Jean Locke fur 1. Cor- XI. où il remarque que les premiers Chrétiens, foit hommes ou femmes, quiéprou- voient en eux raccomplifTement de l'Oracle de Joël, ne pouvoient prononcer leurs prophéties nulle part plus convenablement que dans leurs AlTemblées Religieufes : A quoi le Quaker ajou- te ces paroles de Fènelon : Ce fi l'Efprit con- folateur qui fait par lui-même tout ce qu'il lui plaît. Rien de tout ce qu'il ne fait pas dire n'ejl parole de vie: Ce qu'il fait dire, par quelque bouche que ce soit , fe fait fentir & opère jufqu'au, fond de l'ame &c, Oeuvres fpirituelles : Lettre LX. S3 ièô Bibliothèque Britannique, „ -f*: 30,31. Quant aux Femmes, je fçais „ qu'on fe prévaut d'un paiTage ou deux „ du même Apôtre, pour leur' défendre „ de parler dans PEglife : de parler au ,, moins pour prêcher: car on leur per- „ met de le faire pour prononcer des „ Pfeaumes, des Répons, des ConfelFions. „ Mais je fçais auflî qu'il eii inconcevable „ que l'Apôtre donne des avis , comme „ il le fait, fur la manière dont Izs Fem- „ mw,auffi-bien que les Hommes; doi- „ vent prier & fropbetifer en public. „ [1 Cor. XI. 2, 3.] ce qu'il veuille en me- ,, me tems interdire aux Femmes de pro- *9 pbêtijer , ce qui n'elt autre chofe, félon „ fa propre définition, que parler pour „ l'édification , exhorter & confoler : 1 „ Lor. XIV. 3. Les Quakers concluent „ de-là avecraifon, que la défenfe de St. „ Paul ne porte que contre des difeours ,, arbitraires, ou des queftions plus pro- „ près à être propofées par les Femmes „ à leurs Maris caus une converfation 9, domefeique, que dans uneAiTembleere- „ ligieufe. Tu as beaucoup loué le juge- „ ment de Jean Locke : C'eft-là ion fen- „ timent, & c'eft par-là qu'il concilie les 99 contradictions apparentes de F Apôtre, „ dans les Notes iur 1 Cor. XI. IV. „ Dans ta troifième Lettre tu dis , ,5 qu'un Sergent ayant donné à George Fox „ un grand fcirfriet, Fox tendit Vautre finie . a 6J prfa te Sergept de lui donner un l » J Juillet, Août et Sept. 1741. 267 „ foufflet pour V amour de Dieu : &qu'enfui- „ te ceux qui lui infli 1 pénitence du ,, fouet , furent bien furpris . / les pria „ de lui appi coups de „ verges pour le bien de fin ame. Ce périt „ con:e eit tout ce que ta pouvais rap- „ porter de moins vraifemblable fur ion „ lujet , comme en jugeront tous ceux „ quiconnohTentfes principes & fa façon ,, de penfer. Pour te faire une jufte idée „ de cet Homme, il t'auroit fa lu lire Le „ Ji -: .^primé environ trois „ ans après fa mort * ; & un petit Ouvrage „ de la façon de notre Ami Guillaume „ Penn, imprimé pour la première fois ,, avec le Journal de Fox, auquel il fer- ,, voit d'Introduction ; & réimprimé bien- ,, tôt après leparément , fous 'le titre „ d'Expofc fuccint de F origine if du progrès des ,, Quakers, de leurs Principes fondamentaux, w de leurs Sentimens, de leur Culte Çfc: f Je „ m'af- * Le titre du Livre enAnglois eft; A Jour* r.al or FUftorical dccoimt of tbe Life , Traveis , and S of ibat tminèni and faitbful Ser- of ' Jejus-Cbrijl , George Fox. Une féconde ioa ce cet Ouvrage, en deux volumes in Oâavo , fis vend chez Raylton Ë? Hindi à k . dans George- Tard. t Eu Anglois : A brief Accnunt of tbe Rife : tbe Pt ■ : , in . v de- S 4 z6S Bibliothèque Britannique , j, m'aflfure, Ami Voltaire, que fi tu avoiç „ vu le portrait de George Fox dans cet „ Ouvrage de Guillaume Penn, ton refpecl „ pour la mémoire de celui-ci ne t'au^ „ roit pas permis de dire de celui-là , 99 qu'il étoit faintement fou. Ceft à toi à 99 préfent de prévenir l'abus que pour- „ ront faire de tes Lettres les Compila- 99 teurs de ta Nation , lorfqu'ils travail- 99 leront à des Diâionaires Hiftoriques, & „ compoferont des Mémoires. V. „ Ce que tu dis de l'Infpiration de 99 Fox y & de la raifon pour laquelle fes 99 Secïateurs font appeliez Quakers ou 9, Trembleurs, ne mérite ici mon attention, 99 que parce que tu t'exprimes , ce femble, 99 comme û tu croyois qu'ils affectent des iy mouvêmens convulfifs. Tu peux avoir 99 ouï dire cela; nos ennemis l'ont dit, » & il eft vrai que nous n'avons pas re- ,} fufé le nom de Trembleurs , quoiqu'on » nous l'ait donné d'abord par dérifion. ,, Il eft donc à propos que tu lçaches, que 99 fi nous tremblons , c'eft comme Moïfe: -, Heb. XII. 21. c'eft comme Jérémie : v XXIII. o. c'eft comme Daniel-. X,n. %9 c'eft comme l'homme contrit & trem-% ,, biant, à qui Dieu promet des regards fa- s, vorabies par Efaïe : LXVI. 2. c'eft „ com- çlared, to prevent the Miflakes and Perverfions thaï Ignorance a?id Préjudice may make to abufi ttf creduhus. Juillet , Août et Sept. 1741. 269 „ comme des gens frappez de cette parole » d'un Apôtre : Travaillez à votre falut t9 avec crainte &f tremblement : Phil. 1 1. 12, „ c'eft comme cet Apôtre lui-même: 99 1 Cor. II. 3: c'eft comme Fénelon , „ Archevêque de Cambrai. Lis , mon m Ami , la conclufion de la première 99 Partie de fon excellent Traité de l'Exif- „ tence de Dieu ; & tu verras que ce t, grand Homme, ainfi que le grand Apô- 9> tre des Gentils , & ainfi que George Fox, t) étoit un Trembleur , un Qiiaker. VI. „ Ta quatrième Lettre femble „ être principalement confacrée à la „ louange de Guillaume Penn. La narration 9, y eft vive, & en bonne partie elle eft 9% vraye , quoiqu'un peu trop poétique. „ Mais un endroit qui a befoin d'être „ reclifié , c'eft celui où tu dis de Penn, ,9 que de retour chez le Vice- Amiral fon Perc, ,9 au fortir du Collège ... il V aborda h f, chapeau fur ta tête , & lui dit : Je fuis f, fort aife, VAmi, de te voir en bonne famé. „ Cela n'eft point probable. Le ftile d'un ,, Qiiakereft,, de dire mon Père à fon Père, „ mon Oncle à fon Oncle &c. Il ne refufe m aux hommes d'autres titres que ceux 99 que l'Ecriture fainte n'autorife pas, ou 99 qui ne font pas conformes à la véri- „ té: &c. . " Nous ne poufTerons pas plus loin cet Abrégé. Ce qui fuit, jufqu'à la fin de la lettre , ne regarde pas proprement l'Ou- S 5 vrage 270 Bibliothèque Britannique, vrage de Mr. de Voltaire. Ce font quel- ques réflexions favorables au Quakérif- me , dans lefquelles on voit que l'Auteur a de la Littérature , tant ancienne que moderne, & qu'il ne tiendroit pas à lui que Mr. de Voltaire ne devînt bientôt un bon Quaker, A R T I C L E IV. A Collection of Parliamentary Deba- tes , &c. Hifioire & Procédures du Parlement de la Grande-Bretagne &'c. Second Extrait. [Voyez le premier, avec les Titres entiers , dans la pre- mière Partie de ce Tome XVil,pag. ON a vu dans notre premier Extrait les Débats qu'il y eut dans la Chambre des Seigneurs au fujçt du Bill defliné à révoquer l'Acle Triennal, & à continuer chaque Parlement pendant fept ans. Ce Bill ayant pâlie dans la Cham- bre haute , trouva aufli de grandes op- pofitions dans celle des Communes. Nous avons rapporté le Difcours que Mr. Lyd- dal fit en faveur du Bill *, 6c celui de Mr. * Bibl. Britan. Tom. XVII, lPm.pag.ipi-. &Juiv. Juillet, Août et Sfpt. 1741. 271 Mr. Shippcn contre ce Bill * Mr. Hamp- & le Chevalier Richard S f ce le lui ré- pondirent. Voici leDiîcours du premier. „ Mr. l'Orateur. ,, Cette Chambre eft maintenant fur „ le point d'exercer un pouvoir qui lui ,/apartient de droit, & qui eft con- „ ton '. Conilitution de l'Etat: je ,, v s dire le pouvoir qu'elle a, çpm- „ m , d'abolir les „ Loix, de les étendre', oucielesreftrain- „ dre,dc la manière qu; lui paro.'c la plus „ utile pour le bien public. Quoique ce ,, droit de changer les Loix apartienne m iric , on „ ne doi: cependant l'exercer qu'avec „ beaucoup de précaution : car ce n'eft „ pas moins un crime d'énerver dès Loix, ,, qui par l'expérience fe trouvent être le ,, foutien de la Conilitution, que de ne „ pas abolir celles qui n'ont pas répon- „ du au but pour lequel elles avoient ,, été faites, ou, ce qui eft pis encore, ,, qui fe font trouvées préjudiciables à „ l'Etat. ,, On ne fçauroit que louer le zèle de „ ceux qui, durant ce débat, témoignent „ un grand attachement pour la Confti- „ tution préfente de l'Etat, & qui pa- ,, routent craindre les confequences.de la „ moindre innovation qu'on y voudroit ,, faire : * / ejj fuiv. 272 Bibliothèque Britannique, „ faire : Je ne fuis point furpris de voir M qu'on objede, d'une manière fi popu- „ laire , que fi l'on pafTe le Bill pour la f> fufpenfion des Eledions triennales, on „ fapera par -là les fondemens des Li- „ bertez Angloifes. ,, Mais fi, après un examen impartial, „ il fe trouve que YAfte triennal, qui avoit „ été fait pour le Bien de la Nation, n'a „ en aucune manière répondu à ce but , „ je me flatte qu'on m'accordera, que le „ danger qu'il y a à le fufpendre, eft „ plus imaginaire que réel Un „ des principaux argumens qu'on allé- » gue pour continuer VAfte triennal, c'eft „ qu'il eft conforme aux anciennes Loix ,, de ce Royaume , fuivant lefquelles il î, faut qu'il y ait de fréquens Parlemens. ,, Je trouve, il eft vrai, par les Loix „ que j'ai examinées , qu'il faut que le „ Parlement s'affemble fréquemment; „ mais je ne trouve nulle part que ce 9, foit une Maxime fondamentale de cet ,9 Etat, qu'il y ait de fréquentes Ele&ions. „ Si l'on veut remonter jufques au com- „ mencement des Parlemens , on trou- ., vera dans les Actes des années, 4. 5. „ & 36. d'Edouard III., que pour reformer „ divers abus & redreJTer les griefs , il faut ,, que le Parlement s'affemble tous les ans, „ y même plus fouvent s'il eft befoin. Mais „ que l'on examine de quelle manière > ces Parlemens fe tenoient. Lorfque «le Juillet, Août et Sept. 1741. 273 » le Roi avoic afTemblé un Parlement » „ il continuoit fes féances pendant dix „ ou vingt jours , après lefquels il étoit „ prorogé ou diflbut : & il y avoit de „ longs intervalles entre les Parlemens, „ qui fouvent n'etoient point convoquez „ durant plufieurs années . . . C'eft ce que Mr. Hampden prouve par plufieurs exemples depuis le Régne d'Edouard III. jufques à celui de Guillaume III. fous lequel YAcle triennal fut pafle. Il examine enfuite les avantages & les defavantages de cet A&e. „ On prétend , dit il , que par les „ Élections triennales le peuple a fouvent „ l'occafion d'exclure du Parlement ceux „ dont la conduite lui déplaît, ou qui „ lui paroilfent trop dévouez à la Cour: „ mais je voudrois que l'on confiderât, ,, combien peu de Membres il y a, qui „ ayant accepté quelque Emploi, n'ont „ pas été choifis de nouveau*; La raifon „ en eft claire; c'eft que le peuple, qui „ aime la dépenfe, juge qu'an homme „ qui a un Emploi à la Cour eft mieux „ en état d'en faire, que celui qui n'en „ a point. Mais fuppofé qu'un homme „ foit affez méchant pour facrifier fes „ propres fentimens aux profits de fon ,, Emploi, ne fera-t-il pas beaucoup plus 9, ex- * Voyez la Note qui eft à la page 151. de Il première Partie de ce Tome XVII, 274 Bibliothèque Britannique, „ expofé à la tentation, lorfqu'il vien- „ dra au Parlement après avoir dép „ cinq-ou fix- cens Livres Ster: in. „ tre par-là incommodé dans Tes affaires , ,, que s'il avoit poiTedé fa place dans le s» Parlement pendant plufieurs „ fans avoir été expofé à la -fatigue Q£ aux „ dépenfes des fréquentes Elections? J'en if appelle à tous les Membres , Ôc je leur „ demande, files dépenfes des Elections ,, n'ont pas augmenté depuis que VAfte „ triennai eft en force ? it pqfé que Ton put „ citer quelques exemples ou elles ont „ diminué, on en pourra citer un beau- „ coup plus grand nombre où elles ont „ augmenté: de forte qu'au moins à cet „ égard le but del'Aâe triennal n'a point „ eue rempli. n Ces dépenfes, dit-on, font volon- ,> taires: fi ceux qui les font en font in- ,, commodez , ils ne doivent s'en prendre „ qu'à eux-mêmes. Mais lorfqu'on voit », que la contagion de dépenfer fe répand ,> généralement par tout le Royaume au ,, teins des Elections, & qu'elle eft ac- „ compagnée d'une grande diffolution „ dans les moeurs, il eft tems que la Lé- „ giflai une en prenne connoidance, & ,, prévienne les dangereufes fuites d'un „ fi grand mal. Confidere-t-on bien les ,, diviiions que caufent les Elections, M oc l'impofîibiiiré où l'on eft, vu le petit „ intervalle qu'il y a d'une Ele&ion à „ l'au- Juillet, Août et Sept. 1741. 275 ître, de réparer le mal produit par „ fanimoficé des partis? De forte, que ,, l'état ou nous fommes n'eft prefque . un état de guerre perpétuelle : L ,, î.-i une 1 cnce aufli fatale qu'elle me confequence dis- „ je , même Acle, qui étoit deHi- „ r<. des Sujets. ,, (. icore, que la raifon pour „ laquelle on veut révoquer cet Acte, „ c'eft que le plus grand nombre des h Membres de ce Parlement -ci font des : Et quoiqu'on accorde que ce „ Parlement a fait beaucoup de choies „ pour le fervice de Sa Majefté 6c de la atioH, on prétend cependant que le rnier Parlement n'a pas moins mérité ,, l'approbation du Roi & du peuple. „ On infiile fort fur ce que ce font les „ Torts qui ont donné la Lifte civile, ai s s'ils ne l'avoient pas accordée, je „ rrois que le Roi n'en auroit pas été „ longtems privé. On dit que le Roi „ fut reçu ici avec des acclamations „ de joye de la part de tout le peuple. ,, Pourquoi donc cette joye a-t-elle „ ceffe fi tôt? L< -t-il fait quelque hofe qui puifTe lui avoir aliéné le cœur ,, d'un fi grand nombre de fes fujets? Ou ,, fes Miniftres l'ont-ils engagé à prendre ,, des mefures qui lui ont fait perdre „ Taffection du peuple? Si les Miniftres ,> font coupables , d'où vient que Ton 3 «Ci zjô Bibliothèque Britannique, „ fi fort manqué à l'amour que Ton doit „ à la Patrie , jufqu'à négliger de repré- „ fenter au Roi , ou à cette Chambre , les „ crimes de ceux que Sa Majefté em- „ ployé ? Mais fi, ni le Roi , ni fes Miniftres, „ n'ont donné aucun lieu à ces mécon- „ tentemens, il faut que ceux qui à l'ar- „ rivée du Roi ont témoigné tant de „ zèle pour fon fervice, ayent été de „ vrais hypocrites , qui ne penfoient rien ,, moins que ce qu'ils faifoient paroître. „ Que l'on refléchifïe fur la difpofition „ où les efprits font encore actuellement ; „ combien n'y a-t-il pas de gens qui font „ cruellement irritez des pourfuites que „ l'on a été obligé de faire contre ceux „ qui avoient projette la ruine de la Pa- „ trie? A quel degré de fureur cet efprit „ de révolte ne les a-t-il pas porté du- „ rant la dernière Rébellion ? Et avec „ quels foins , quels artifices n'a-t-on „ pas répandu parmi le Peuple un zèle „ faux & mal-entendu pour la caufe de „ l'Eglife , comme fi elle eût été en „ danger. „ Il paroît par toutes ces confidera- „ tions, & par plufieurs autres marques „ de la mauvaife volonté du Peuple, que „ les efprits , loin d'être bien difpofez „ pour une nouvelle Election ;^font plu- „ tôt enclins à rétablir celui qu'on a „ eu foin de leur repréfenter comme „ le feul qui aie droit à la Couronne, Juillet, Août et Sept. 1741. 27? „ & qui doit venir vous délivrer tou* „ de l'opprefllon fous laquelle vous gé" „ miiïez „ Ce ne font pas- là les feules raifons ,, qui me déterminent en faveur du Bill »> qu'on propofe. Je le crois néceflaire „ pour difpofer les fujets à s'attacher » chacun à fa vocation , en leur ôtant m pour quelque tems i'occafion de fe di- ,9 vifer par rapport aux Elections; Pour 99 ôter à ceux qui auroient la volonté de „ troubler l'Etat, le pouvoir de le faire: „ Pour prévenir une nouvelle Rébellion ; 99 car il y a autant de raifon d'en crain- *9 dre une cette année , qu'il y avoit ,, l'année pafiee: Pour dompter l'efprit t9 turbulent de ceux qui ont prêté fer- „ ment au Roi, & ont pris cependant „ les armes contre lui , ou ont affilié „ les Rebelles: Pour reprimer cette mal- ts heureufe difpofition du Peuple, qui lui „ a fait approuver une paix honteufe, „ après une Guerre dont les fuccès „ avoient été fi heureux; Pour décon- „ certer les Projets que le Régent de » France , ou quelque autre Prince ,, étranger pourroit former, de troubler ,, l'Etat dans un tems où les Eledions, ,, ou l'approche des Elections, auroit ex- ,, cité une grande fermentation dans les „ efprits; Enfin , pour donner aux Ecclé- ,, fiaftiques un intervalle de tems, dn- 11 rant lequel ils puifient renoncer à ta Tome XVII. Part. IL T „ Pc- 2^8 Bibliothèque Britannique , „ Politique * , & prendre foin de leurs a Troupeaux, de la manière que l'E- „ criture le leur préfcrit. Mr. le Chevalier Richard Steele fe dé- clara auflî en faveur du Bill; voici fon Difcours, quin'eftpas long: ,, Il eftévi- „ dent , dit-il , que ce n'a jamais été la „ Coutume ni le Droit de ce Royaume, „ de choifir tous les ans un nouveau Par- „ lement: Et puifqu'il y a maintenant „ une loi , par laquelle le Parlement m s'affemble tous les ans dans un certain „ tems, ilrefte à examiner, ii le période „ de trois ans répond au but qu'on s'é- „ toit propofé en rendant les Parlemens „ triennaux. Dans le Préambule de VAâe f> triennal il efl dit , qu'il a été fait pour „ établir une plus grande union , & une „ meilleure intelligence entre le Roi & le Peu- „ pie. Mais il a produit un effet tout „ contraire \ & l'expérience a juftifié ce „ qu'un grand Homme f dit de cet A&e „ lorfqu'on l'eut pafle ; qu'il rendoit le 9, Roi triennal , le Miniflère triennal , £f les i, Alliances triennales. Nous expérimentons » cela dans toutes les Affaires de l'Etat; „ & les Etrangers, qui obfervent ce quife „ pafïe chez nous, remarquent très-bien „ les difputes dans lefquelles nous fom- 99 mes * Ceft que les Eccléfiaftiques fe mêlent beau- coup des Elections dans leurs Paroifles» t Feu le Comte de Sunderlaid. Juillet, Août et Sept. 174T. 279 „ mes néceflaircment engagez de tems à ;, autre par cette loi. Depuis qu'elle ,, a été faite, la Nation a été dans une „ fermentation continuelle. La première „ année d'un Parlement triennal fe paffe „ dans des animofitez & dans des déci- „ (ions pleines de refiTentiment au fujet „ des Elections *. Dans la féconde Seffion „ on commence à parler d'affaire, mais „ dans le deffein de cenfurer ce que la „ pluralité a fait dans les Parlemens pré- „ cedens, plutôt que par un zèle défin- » téreiTé pour le bien public. Dans la 99 dernière Seffion on continue , mais avec » longueur, le peu de bien qu'on avoit „ commencé dans la féconde. L'approche ,> des Elections oblige les Membres à vo- n ter en efclaves , conformément à lavo- „ lonté de ceux de qui ils dépendent f« „ C'eft ainfi que l'Etat a été pendant „ long-tems comme un VaifTeau agité par 9i la tempête. Le pilote & les Mariniers „ n'ont été occupez qu'à empêcher le n VaifTeau de périr : l'Art de la Naviga- „ tion leur a été inutile, & ils n'ont ja- » mais ofé faire voile. On objecte, que »<û * C'eft qu'on préfente toujours des Requê- tes au Parlement, au fujet des Elections illé- gales, ou dcsEleRions doubles. Voyez la Note de la pag. 150. delà i. Part, de ce Tome. XVII. t C'eft de peur de n'être pai choifis pour 1^ Parlement fui vaut. T 2 280 Bibliothèque Britannique; „ fi nous faifons le changement dont il „ s'agit, nous abuferons du pouvoir qui ,> nous a été confié. Mais ce pouvoir „ c'eft celui de travailler au bien pu- „ blic. Le Roi , les Seigneurs & les „ Communes font ceux en qui refide ce „ pouvoir , & lorfqu'ils ne l'exercent que „ pour l'avantage de l'Etat, ils s'acquittent „ de leur devoir, auiïi-bien en chan- „ géant ou en aboliiïant des Loix, qu'en „ les confirmant, ou en enfaifant de nou- 9i velles. Le période de tems, dans le „ cas dont il s'agit, n'efl qu'une confide- ,., ration fubordonnée ; & ceux qui font „ contre le changement qu'on propofe, „ parlent d'une manière trop outrée, ,, lorfqu'ils difent que nous allons don- ,, ner'atteinte à la Conflitution de l'Etat. ,> On objede encore , que nous ne ferons ,, que donner un plus grand pouvoir aux „ Miniftres, qui pourront en ufer d'une ,, manière arbitraire. Il eft vrai que ,, les Miniftres font des hommes comme „ les autres; fujets auxinfirmitez humai- „ nés, ils peuvent devenir plus méchans „ encore par le pouvoir & l'autorité dont „ ils jouifTent: Mais l'Afte qu'on propo- „ fe n'augmente point leur autorité, ,, quoiqu'il puiiïe la leur faire exercer „ plus iong-tems. Cependant ils font ref- „ poniàbies au Parlement de toutes leurs ,, actions, & ils jouiront de leur Em- f3 ploi précifement aux mêmes condi- » tions, Juillet, Août et Sept. 1741. 281 „ tions , foie que l'Afte pafle , ou qu'il „ ne paire pas. Puis donc qu'une expe- 9y rience fûre a fait voir qu'il n'a pu „ refulter aucun bien de ce période de „ trois ans que le Parlement duroit, à 39 quoi nous en tiendrons-nous? Le mal „ qu'on peut faire à des individus, ou à f, des focietez entières , fe fait d'ordi- „ naire par furprife ; mais le bien ne peut „ fe procurer que peu-à-peu , & fuivant „ que les occafions s'en préfentent. Un ,, feul coup frappé dans certains momens „ peut détruire l'Etat; mais la Refor- is mation d'un Etat ne peut fe faire qu'à „ loifir & par degrez. Tous les maux » qu'on peut faire à la Nation fous un ,9 Parlement feptennal, peuvent être faits ,, fous un Parlement triennal ; mais on „ ne fçauroitefpérerde celui-ci, ce qu'on f> peut attendre de l'autre. Nous pou- m vons craindre que les Miniftres ne nous 99 faflent du mal; mais ce n'efl pas -là 99 une raifon pour les mettre hors d'état ,9 de nous faire du bien. Toutes ces con- „ fiderations me déterminent en faveur 99 du Bill, qu'on propofe. Il fe fit enfuite encore quelques Difcours contre le Bill: mais comme on ne fa|- foit gueres qu'y expliquer & étendre ce qui avoit déjà été dit par d'autres, nous ne les rapporterons pas. Cependant nous ne fçaunons nous empêcher de faire men- tion de deux particularitez , qui méritent T 3 quel- 2%1 BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE , quelque attention. La première regarde un mot qui échapa à Mr. Snell, Député de la Ville de Glocefter. En fe déclarant contre le Bill, en faveur duquel la plu- part des Membres d'EcofTe s'étoient déclarez, il dit, qu'il ne s'étonnoit pas de voir que des gens, qui avaient facrifié la Con- ftitution de leur propre Parie * , foutinjjent qu'il étoit nêceffaire de changer celle du Parlement. Mr. Thcnas Smith , Député de Glafcow f, réleva ces exprelTions, comme fi on avoit voulu attaquer par là Mr. Haiâam ,un des Députez d'EcofTe , qui avoit voté pour le Bill ; & il dit, que Mr. Sneîl n'auroit pas l'audace de parler ainfi par-tout ailleurs. M*\ Smith fat fou tenu parMylord Conings- by, & comme il y avoit lieu de craindre que 1 i difpuce ne s'échauffât , l'Orateur de la Chambre dit , que comme tous les Membres avoient fe privilège de s'expli- quer,Mr. Snell devoit jouir de la même liberté: ce qu'il fi: en difant, qu'il n'a* voit point prétendu attaquer perfonne en particulier , & qu'il n'avoit parlé que de la Nation EcofToife en général. Le * Jl vouîoit parler des EcofTois, qui avoient confenti à l'acte d'Union. Voyez îà-deiTus la Bibliothèque Angloije de Mr. A. de la Chapelle, Tom. VI , 2. Partie pa%. 2 Si . &Juiv. & fur-ton t le Difcours du Duc d'Hamilton, là-même pag.321. f Et un des Commiffaires nommez pour régler ce oui étoit dû à l'Armée. Juillet, Août et Sept. 1741. £83 Le Chevalier David Dalrymple, autre Dé- puté d'Ecofle , répondit à cela, que cette explication aggravoit l'injure, bien loin de la diminuer, & qu'il demandoit fatis- fa&ion. Quelques autres Membres s'étant aulTi écriez à la Barre , à la Barre , Mr. Sncfl demanda pardon des expreflions im- prudentes qui pourroient lui être écha- pées : furquoi on laiffa tomber l'affaire, & il pourfuivit fon Difcours. Cette par- ticularité ne fe trouve point dans l'Edi- tion en neuf Volumes: Elle n'eft pour- tant pas inutile, puifqu'elle fait voir, que même parmi les Ang^ois il y a encore des gens, qui regardent comme une lâcheté le confentement que lesEcofïbis ont don- né à TAcle d'Union. Voici l'autre particularité * que nous avons promife. Mr. Lecbmere propofa d'a- jouter au Bill une claufe , par laquelle il fût défendu à ceux qui recevoknt quelque penfiondu Roi, d'avoir féance dans l'une ou dans l'autre Chambre. Mais le Géné- ral Stanhope repréfenta, qu'il étoit à crain- dre qu'une pareille claufe ne fit échouer le Bill ; puifque ce qui regardoit la Cham- bre Haute étoit contraire aux Privilèges des Seigneurs. Il ajouta, que fi on fe d.éiioit des Membres des Communes qui rece- voient quelques Penfions de la Cour , on pour- * Cette particularité ne fe trouve pas non plus dans i'Èaition en neuf Volumes. t4 &S4 Bibliothèque Britannique, poUrroit faire unA&e particulier pour les exclure du Parlement. La claufe propo- fée par Mr. ^Leckmere fut donc rejettée. Mais il ne paroît pas que l'on ait mis fur le tapis le Bill contre les Penfionaires de la Cour, que plufieurs années après; car la première fois qu'il en eft fait mention dans la fuire , c'eft fous le Régne de George II , le i. de Février 1730-31. Le Bill fut paffé dans la Chambre des Communes , mais les Seigneurs le rejetterent. Remar- quons que Mr. Lecbmcre , qui propofa la claufe dont nous venons de parler, étoit un zélé Whig. Sous le Régne de la Reine Anne il fut un des Commiffaires que la Chambre des Communes nomma pour pourfuivre le fameux Dr. Sacheverel: il fut du Committé fecret établi par la Cham- bre la première année du Régne de George I. pour examiner la conduite du dernier Miniftère de la Reine Anne. Il étoit alors Solliciteur général ; il fut fait Procureur général le 14.de Mars 1717-185 Chan- cellier du Duché de Lancailer le 12. de Juin 1717. & le Roi le créa Baron du Royaume le 15. d'Août 1721. Cependant ce même Mr. Lechmere voudroit que le Par- lement ne fut pas dans la dépendance de îaCour, & il propofe pour cet effet une claufe pour éloigner de la Chambre tous ceux qui reçoivent quelque penfion du Roi. Il ne faut donc pas s'imaginer, que tous ceuz qui fe déclarent pour l'indé- pen» Juillet, Août et Sept. 1741. 285 pendence du Parlement , foient des Toris, ou des Jacobites. Le Parlement ayant été prorogé , fe raflembla le 20. de Février 17 16- 17. Une des principales Affaires qui y furent trai- tées regardoit la Guerre contre ta Suéde. Le Roi avoit promis dans fa Harangue , qu'il feroit communiquer au Parlement les Lettres des Miniftres de Suéde, par les- quelles il paroiffbit évidemment, que les Suédois avoient deflein d'exciter une nou- velle Rébellion en Angleterre , & d'y faire une defcente pour placer le Préten- dant fur le Trône. Le21.de Février les Communes ordon- nèrent qu'on dreflat un Bill, qui autori- fàt Sa Majefté à défendre le Gommerce avec La Suéde , pour autant de tems qu'el- le le jugeroit néceiïàire à la fûretè & à la paix du Royaume. Quelqu'un propofa de déclarer la Guerre à la Suéde; mais le Général Stanhope * répondit, qu'il fe- roit afiez tems de le faire, lorfque le Roi de Suéde auroit refufé de defavouer les pratiques de fes Miniftres. Le 3. d'Avril fuivant, le Roi envoya à la Chambre un Mefiage , par lequel il lui apprenoit, que pour prévenir les de/Teins du Roi de Suéde , il croyoit qu'il étoit mceiïajre de prendre des mefures avec quelques Princes étrangers; & que, com- me * Alors Secrétaire d'Etat. T5 286 Bibliothèque Britannique , me cela ne pouvoir fe faire fans quelques dépenfes, il efpéroit que la Chambre des Communes lui accorderoit les fecours dont il auroit befoin pour s'acquitter des engsgemens dans lefquels il feroit obligé d'entrer pour la fureté &le bien de l'Etat. La confideration de ce Meffage fut ren- voyée au lendemain, auquel jour le Gé- néral Stonbopc prcpofa d'accorder un Sub- side au Roi. Il prefïa fort les avantages quireviendroientàlaNation,& la fureté où elle fe trouveroit,fion mettoit Sa Ma- jeflc en état de réduire le Roi de Suéde; & il s'étendit fort à montrer, combien on avoitde raiforts de fe confier en l'honneur éz enlaJagefle du Roi, puifqu'on devoir. être perfuadé, que les fommes que l'on jugeroit nécelTairespour le deiîein dont il s'agifïbit, feroient ménagées avec toute l'économie poifible. Mr. Sbrppen répondit là-defîus à-peu-près en ces termes : ,, C'en: un grand malheur „ qu'un Prince auffi iage & aufil éclairé „ que l'elt Sa Majeité , connonie aufii peu „ les ufages du Parlement & la manière „ de procéder dans cette Chambre, qu'il „ connoît la langue du Fais. S'il en eût été „ inftruit, il ne nous auroit pas envoyé un „ pareil Meffage, qui, j'oie le dire, eft „ fans exemple, ce contre les formes Par- „ lementaires : ce qui me fait croire qu'il a „ été d'abord dreiîé par quelque Miniftre „ étranger, & traduit eniuite en Anglois. „ De- Juillet, Août et Sept. T741. 287 „ Depuis que le Roi eft monté fur le Trô- ,, ne, on a fait dans cette Chambre bien ,, des reiléxions malignes contre le der- „ nier Miniltère, comme s'ils avoient fa- „ crifié Tintérêt de la Patrie : d'un autre „ côté , on nous a dit fouvent , que Sa Ma- 9, jeftéavoit rétabli la réputation &Phon- „ neur de la Nation, dont on a déjà vu „ les heureux effets dans l'état ôoriflant „ de notre Commerce. Après tout cela, „ je ne fçaurois qu'être extrêmement fur- ,9 pris, de voir qu'on demande un Subllde 99 pour mettre SaMajeftéen étatdepren- ,9 dre de nouvelles mefures, afin d'a!:u- „ rer ce Royaume contre ce qu'on pour- „ roit avoir à craindre dans la fuite de „ la part des Suédois, La nécellité de ce 99 Subi;de que Ton preffe aujourd'hui, me „ paroît incompatible avec les glorieux ,> avantages que Ton prétend que Sa Ma- 99 jefté nous a obtenus. Si les nouvelles ,9 Alliances que l'on veut faire, & les „ nouvelles mefures qu'on a deifein de 9, prendre , ne peuvent s'obtenir qu'à ,3 force d'argent , je ne fçaurois m'empê- 99 cher de croire, que de pareils Confeils 99 ne produiront jamais le bonheur ni la 99 fureté dz l'Etat. Car dès que lesEtran- 99 gers viendront à goûter la douceur de 9> notre argent, nous pourrons nous af- ,, furer qu'ils ne s'attacheront à nos in- 99 térèts , qu'autant que nous continue- „ rons à pourvoir à leurs néceîficez ". Mr. 288 Bibliothèque Britannique , Mr. Hungerford, qui féconda Mr. Sbippen , dit , qu'il ne comprenoit pas quel befoin on avoit de nouvelles Alliances , moins en*- core qu'il fût néceiïaire de les achetter à force d'argent. Que toute la Terre devoit être fort furprife , de voir qu'une Nation, qui étoit , il n'y avoit pas long-tems , la ter- reur de la France & de l'Efpagne, pa- rût craindre à préfent un Ennemi aufïi peu redoutable que le Roi de Suéde ; principalement pendant qu'on avoit une il bonne Flotte en mer, & une fi grande Armée fur terre. Le Générai Stanbope dit là-defïus, qu'il é- toit furpris que l'on fe paiïionnât li fort fur un fujet de cette nature; que le Roi étoit un Prince de tant de probité & de tant d'honneur, & qui avoit déjà donné des preuves li convainquantes du tendre foin qu'il prenoit de l'intérêt de la Nation , qu'on pouvoit s'en remettre entièrement à fa fageffe dans l'affaire dont il s'agif- foit. ,> C'eft pourquoi, ajouta-t-il, je „ fuis d'opinion, que ceux-là feuls peu- ,, vent refufer ce qu'on demande, qui ne „ font pas amis du Rni, ou qui fe défient „ de la probité de fes Miniftres. Ces dernières paroles choquèrent plu- sieurs Membres: & Mr. Laivfon, Députe de 3a Comté de Cumberland, dit là-delfus, „ Qu'il étoit fort furpris des exprefllons „ imprudentes qui venoient d'échaper s, à ce digne & honorable Membre, pour „ lequel Juillet, Août et Sept. 1741. 289 „ lequel toute la Chambre avoit beaucoup „ de refpeft. Mais puifqu'il a jugé à pro- „ pos de parler fi ouvertement, je me „ flatte , pourfuivit Mr. Laivfon , que „ j'ai droit de dire , que s'il faut que „ chaque Membre de cette Chambre qui m parle avec liberté fur les fujets que „ l'on débat, foit accufé d'être ennemi „ du Roi, toutes les fois qu'il n'approuve „ pas les mefures des Miniftres, je ne „ vois pas quel fervice nous pourrons „ rendre ici à notre Patrie : c'eft pour- „ quoi je fuis d'opinion que nous n'a- „ vons rien à faire, fi ce n'efl de nous „ retirer chez nous, & de laifTer au Roi » & à fes Miniftres la liberté de prendre „ tout ce qu'ils voudront. Malgré ces oppofitions , la Chambre réfolut à la pluralité des voix, d'exami- ner en grand Committé la proposition du Général Stanhope. En confequence de cette réfolution la Chambre fe changea en grand Committé le 8. d'Avril fuivant, & il y eut encore alors de grands débats. „ Ceux qui étoient contre la propofi- „ tion, repréfenterent, qu'il étoit contre ,, les formes Parlementaires d'accorder 9i un Subfide avant qu'on fçût à quoi il „ étoit deftiné, & avant qu'on eût mis ,, devant la Chambre une eftimation de „ la dépenfe : Que le MefTage du Roi „ étoit tellement fans exemples, que fes ♦> Miniftres mêmes paroiffoient divifez » fur tço Bibliothèque Britannique, s, fur ce fujet *: Que c'étoit un grand -«* malheur qu'il y eût de pareilles divi- „ lions entre eux, parce que cela em- „ pêchoit que le Parlement fût bien in- „ formé de l'état des chofes : Qu'on ne „ comprenoit pas bien quelle néceiîîté „ il y avoit de faire de nouvelles Allian- „ ces , puifqu'on avoit des Troupes ré- „ glées en Angleterre , & une Flotte „ confiderable en mer , qui fumToient „ pour défendre les Royaumes de Sa ,j Majefté contre tout ce qu'on pouvoit „ appréhender de la part de la Suéde : „ Si on avoit defTèin de faire une guerre „ offenfive contre cette Couronne, pour- quoi n'avoit-on pas embarqué une „ partie de nos Troupes fur la Flotte ? „ Principalement puifque nous fommes „ maintenant en fureté chez nous, par „ la fuppreflîon entière delà Rébellion, „ & par la conclufion de la triple Al- „ liance, que le Régent de France a „ déjà commencé d'exécuter fidèlement, „ en obligeant le Prétendant à paffer les „ Alpes. Cependant û la Cour infifte „ fur la nécelfité d'entrer dans de nou- „ veaux engagemens contre la Suéde, „ il eft à propos de préfenter une „ AddrefTe à Sa Majefté, pour la prier „ de communiquer à la Chambre la na- „ ture * En effet , plufeurs des Miniftres avoient voté contre la propofition du Général Stanbope. Juillet, Août et Sept. 1741. igi „ ture de ces engagemens, & la fomme » dont on aura befoin pour les remplir ". Le Général Stanbope répondit à cela-' ,, Que la découverte de la confpiration 9, que les Miniitres de Suéde avoient tra- „ rnée conjointement avec les Mécon- „ tens d'Angleterre , prou voit fuffifam- „ ment la nécefllté où l'on étoit de con- » ferver un Corps de Troupes réglées n dans la Grande-Bretagne. Que le Traire „ de la triple Alliance paroiffoit à îa „ vérité nous garantir de tout danger du „ côté de la France : mais qu'il falloit „ remarquer, que ce Traité y avoit fouf- 99 fert de grandes oppositions, & qu'il t> auroit infailliblement échoué, fi le Ré- m gent ne l'avoit fortement appuyé ; & „ que, quoique jufques alors on eût tou- ,9 tes les raifons pofîibles de fe louer de „ la bonne -foi & de la candeur de ce „ Prince , la bonne Politique exigeoit „ cependant, que l'on ne comptât fur ce „ Traité qu'aufli long-tems qu'il feroit de 99 l'intérêt de la France de l'obferver. Pour ce qui eft de TAddrefie qu'on pro- pofoit de préfenter au Roi , il dit : „ Qu'eî- 99 le feroit injurieufe à la Prérogative ,, Royale, Sa Majefté ayant le droit de „ faire les Alliances qu'elle juge à pro- ,, pos pour le bien de l'Etat, ians être „ obligée de les communiquer au Parle- ,, ment: Prérogative qui eft fondée fur 99 de très-bonnes raifons : car û le Roi 9> étoit 292 Bibliothèque Britannique * „ éroit obligé de découvrir le fecret ,> des Affaires à un fi grand nombre de „ Perfonnes, cela feroit néceffairement „ échouer les Négociations les plus im- „ portantes. Mr. le Chevalier Gilbert Heatbcote, AU derman de Londres, repréfenta les pertes que les fujets de la Grande-Bretagne avoient fourfertes de la part des Suédois, qui avoient pris & confifqué un grand nombre de leurs VaiiTeaux : il ajouta, que le Roi de Suéde ayant refïïfé d'en donner iatisfa&ion, ayant même taché d'exciter une nouvelle Rébellion dans les Etats de Sa Majefté, il y avoit des raifons fuffifantes pour lui déclarer la Guerre. A cela Mr. Gould, Député de Shore- ham, répliqua: Que les Hollandois a^ant autant fouffert de la part des Suédois que les Anglcis, ils avoient le même intérêt qu'eux à leur déclarer la Guerre ; de forre qu'avant que le Parlement fû: plus loin, il feroit à propos d'engager la Hol- lande à défendre tout Commerce avec la Suéde , comme l'Angleterre avoir fait. Le Général Stanhope répondit à cela: Qu'il ne doutoir. nullement que les Etats Généraux n'entraflènt volontiers dans toutes les meiures qu'on jugeroit nécef- faires pour le bien & l'intérêt des deux Nations, & en particulier pour obtenir fatisfa&ion de la part des Suédois : Que leurs Juillet, Août et Sept. 1741. 203 Leurs Hautes PuifTances avoient donné depuis peu une preuve fignalée de leur ferme attachement à la Couronne de la Grande-Bretagne, en faisant faifir fur leurs terres les Minillres de Suéde à la requifition de Sa Majefté . mais que la for- me de leur Gouvernement, & le bien de leurs fujets , qui ne fubfiftent prefque que par le Commerce, ne leur permettoient pas de prendre des refolutions auflî vi- goureufes ce auiïi promptes qu'on pou- voit le fouhaiter; de forte qu'il ne feroit pas jufle de l'exiger d'eux. Mr. Craiggs * prouva la néceiïlté de faire de nouvelles Alliances contre la Suéde, en faifant remarquer, combien on devoit fe défier du Czar de Mofcovie, qui par fon inactivité contre les Suédois, & parle pofle qu'une partie de fes Trou- pes avoir occupé, donnoit beaucoup d'ombrage à l'Empire. Le Chevalier Guillaume Tbompf on j* dit ; •» Que penfera- „ t-on dans le monde de ce Parlement, „ û nous refufons un fubfide au Roi dans „ cette prefTante néceiïlté? D'un autre côté Mr. Compton j, l'Ora- teur * Secrétaire de Guerre , & enfuice Secrétaire d'Etat. * Procureur général. 4- Ha été fait depuis Comte de Wilmington > & il eft actuellement Préfident du ConfeiL Tome XVII. Part, IL V 2£4 ^IB LIOTHEQUE BRITANNIQUE , teur de la Chambre, & Mr. Smitb*, di- rent qu'ils n'étoient point contre le fub- fide , mais contre la manière de le de- mander & de l'accorder, qui étoit oppo- fée aux régies du Parlement : l'Orateur propofa qu'on licentiât une partie des Troupes , & que l'argent qu'on épargne- roit par-là fût employé à l'exécution des nouveaux engagemens dans lefquels on croiroit qu'il feroit à propos d'entrer. Le Général Mordaunt & quelques autres rspréfenterent, qu'il feroit dangereux & contre la bonne politique , de licentier une partie des Troupes dans les circon- flances où l'on fe trouvoit. Mr. Geor- ge Cafnvatt f dit , qu'il aimoit mieux pa- yer des gens pour fe battre à fa place , que de fe battre lui-même: Qu'il étoit plus avantageux aux Anglois de faire la Guerre hors du pais, & de jouir de la paix chez eux pour augmenter leur Com- merce , & diminuer les dettes de l'Etat ; & que, comme il en coûteroit beaucoup moins d'employer des Etrangers contre les Suédois, que non pas des Troupes Angloifes , il étoit d'avis que l'on confen- tît à la demande du Roi. Enfin vers les cinq heures du foir la propofition du Gé- néral Stanbope fut approuvée par le Grand Corn- * Un des Receveurs de l'Echiquier. t Ii fut fait Chevalier durant cette SeiEon» Juillet , Août et Sept. 1741. 295 Committé à la pluralité de 16-j.voix contre 149. Le lendemain 9. d'Avril, Mr. F en lit le Rapport à la Chambre , 6t il y eut alors un nouveau Débat *: oninfifta encore fur l'irrégularité de la demande, quiétoit. difoit-on,fans exemple. Sur quoi Mr. Rhbi n f dit ; Qu'il fe fbu- venoit qu'un grand homme alors préfent dans la Chambre \ (il vouloit parler dé Mr. C M '. , l'Orateur) avoit propofé, il y avoit dix ou onze ans, de payer une fomme de neuf-cens mille Livres Sterling, que le Gouvernement avoit ^dépenfée, fans qu'on en rendit compte à la Cham- bre. Mr. Cofnpttm répondit à cela, qu'il s'etonnoit qu'on voulut faire tirer à con- fequence une affaire qui s'étoit paflee il y avoit fi long-tems, éz qui n'avoit rien de commun avec celle dont il s'agi'ffoit. La réfolution d'accorder un fubfide au Roi, pour le mettre en état de prendre des * Nous n'expliquons pas ici la manière de procéder dans la Chambre-Baffe ; nous fuppofor.s qu'on la fçaic : ceux qui l'ignorent, pourront s'en inftruire dans l'Etat Préfent d'Angleterre de M/. Micge, Part. i. Cbap. XXXV. t Petit-fils du célèbre Patriote Jean Hamp- df.n-. V. Rapin , Hifl. d'Angl. à la Table des Matières, au mot Hambden. | 11 venoit d'être fait premier Commiffaire de la Tréforerie, & Chancelier de l'Ech: . IU 'F.: ' ; rlpole. V 2 2ç6 Bibliothèque Britannique , des mefures contre la Suéde avec les Princes étrangers, fut enfin approuvée, mais feulement à la pluralité de 153. con- tre 149. On jugea que fi la Cour l'avoit emporté de fi peu, cela venoit de ce qu'il y avoit dans la Chambre-Baffe un parti contre le Miniftère, & qui étoit dirigé par Mylord Townjbend. Là-demis , dès le îbir même, le Roi ôta à ce Seigneur la Charge de Viceroi d'Irlande ; & le len- demain matin Mr. Robert JValpole, Mr. Metbuen & Mr. Guillaume Putteney refigne- rent leurs Emplois. Le 12. d'Avril la Chambre étant en grand Committé, le Général Stanhope propofa d'accorder deux-cens cinquante mille Livres Sterling pour le fubfide dont on étoit convenu. Là-defTus il y eut pendant quelques minutes un grand fi- lence dans la Chambre. Mr. Putteney le rompit le premier, en témoignant com- bien il en étoit furpris. Il ajouta, que pour lui , il n'avoit encore rien dit fur le fujet en queftion, parce qu'il croyoit qu'il auroit été indécent de s'oppofer à une propofition qui venoit de la Cour, pen- dant qu'il avoit l'honneur d'y poffeder quelque Emploi : mais qu'ayant refigné fon pofte , afin de pouvoir agir avec tou- te la liberté qui convient à un Anglois, il ne pouvoit pas s'empêcher de fe dé- clarer contre le fubfide, vu qu'on le de- mandoit d'une manière qui étoit fans exem- Juillet, Août et Sept. 1741. 297 exemple, & contre les régies du Parle- ment; qu'il ne pouvoit pas fe perfuader qu'aucun Anglois eut confeillé au Roi d'en- voyer un pareil mefiage ; mais qu'il ne dou- toit pas que les réfolutions d'un Parle- ment Britannique ne fiffent trembler un Miniftère Allemand. Mr. Pùheney fut foutenu par Mylord Finch *, qui cenfura même quelques dé- marches qu'on avoit faites par rapport à l'Alliance du Nord. ,, 11 paroit, dit-il j „ par le Mémoire que le Miniftre de Ruf- „ lie a préfenté , & par la réponfe qu'on ,, y a faite, que les mefures qu'on avoit „ prifes tendoient à nous brouiller avec » le Czar ". Le Général Stanbope entre- prit là-deflus de juftifier le Roi & fes Mi- nières, tant par rapport au Czar, que par rapport au Roi de Suéde. Il dit par rapport au premier, „ Que la froideur „ qu'il paroifibit y avoir depuis peu en- ,, tre le Roi & le Czar, venoit de ce que „ Sa Majefté refufoit d'être garant des ,, Conquêtes du Czar, & de ce qu'elle b l'avoit follicité à retirer fes Troupes „ du Duché de Mecklenbourg. A l'é- „ gard du premier Article, ajouta-t-il , „ la conduite de Sa Majefté mérite des ,, applaudiflemens , & devroit lui attirer „ les remercîmens d'un Parlement Bri- „ tan- * Préfentemcnt Comte de Winchelfen. v3 3^5 Bibliothèque Britannique, ?, tannique, puisqu'il paroît par-là, que Sa „ Majefte prejioit grand foin de ne pas „ engager la Nation dans des querelles f, étrangères : c'eit à quoi le Roi s'étoit „ principalement attaché depuis fon heu- „ reux avènement à la Couronne ; & je „ puis vous a durer que la Grande-Bre- „ tagne eft libre de tout engagement, & ?, qu'elle peut prendre les mefures qui „ s accorderont le mieux avec fes inte- 9> rets. Pour ce qui eft des inftances „ que Sa Majefté a fait faire auprès du „ Czar , & des mefures qu'elle peut „ avoir concertées pour faire fortir les «, Troupes Rufliennes du Duché deMeck- ,, lenbourg, Sa Majefté l'a fait en quali- „ té d'Electeur & de Prince de l'Empire. 3, Je fuis perfuadé que tous les Membres ,, de cette Chambre m'accorderont,qu'on ,, n'a jamais entendu que la Dignité de v Roi de la Grande-Bretagne dût lier les „ mains du Roi par rapport à fes inté- „ rets en Allemagne, & en qualité de „ Prince de l'Empire. Je prie encore ces „ Meilleurs de confiderer, que long-tems ,, avant que Sa Majefté montai fur le ,, Trône, la Grande-Bretagne étoit dans ,, une union très-étroite avec i'Empereur „ & l'Empiré; de forte que fi, en vertu ,, des anciennes Alliances , l'Empereur ,, demandent à la Grande-Bretagne d'em- ,, ployer auprès du Czar les infiances „ que Sa Majefté y a employées en qua- « lité Juillet, Août et Sept. 1741. 209 „ litc d'Ele&eur, on ne pourroit pas fe „ difpenfcr d'accorder une demande fl „ jufte. „ Par rapport à la Suéde, la conduite „ du Roi eft non feulement irréprochable, „ mais digne des plus grandes louanges. „ Sous le Régne de la feue Reine on tra- „ vailla à procurer une Neutralité dans m le Nord , par laquelleUe Roi de Suéde „ auroit pu conferver ce qu'il pofledoit „ en Allemagne. La Régence de Stock- „ holm goûta cette ouverture , mais le ,, Roi la rejetta avec hauteur & avec un „ fouverain mépris, déclarant qu'il regar- „ deroit comme fes ennemis, tous ceux „ qui voudroient exiger de lui une pa- „ reille neutralité. Durant le cours „ de cette Négociation le Roi , alors „ Electeur de Hannovre, employa tous „ fes bons offices en faveur de la Suéde. „ Tout cela ayant été fans effet par l'ob- M ftination du Roi de Suéde , & le Roi u de Danemarc ayant reconquis les Du- „ chez de Bremen &de Verden, SaMa- „ jefté, en qualité d'Ele&eur de Hanno- ,, vre, les achettade fon propre argent: „ & quoiqu'elle n'ait jamais penfé à „ engager l'Angleterre dans aucune guer- „ re pour foutenir cette acquifition ; ce- „ pendant, fi l'on veut fe donner la pei- „ ne de jetter les yeux fur la Carte pour „ voir où Bremen & Verden font fituez, r> je me flatte qu'on ne fera pas indiffé- V 4 „ rent 300 Bibliothèque Britannique , „ rent par rapport au pofTefleur de ces „ Duchez , & qu'on m'accordera, qu'il ,9 vaut infiniment mieux , pour l'intérêt u de la Grande-Bretagne , qu'ils foient i9 entre les mains du Roi, que s'ils étoient » entre les mains du Czar, qui -ne donne „ déjà que trop dejaloufie à l'Empire; ou a du Roi de Suéde, qui a voulu exciter a une nouvelle Révolte dans ce pais, & y, qui donne retraite dans fes Etats à nos 99 Rebelles fugitifs. Mr. Jean Smith * répondit au Général Stanhope, mais fans vouloir examiner en détail la conduite des Miniftres par rap^ port aux Affaires étrangères, il fe con- tenta de la cenfurer par rapport aux Affaires domeftiques. ,, N'éroit-ce pas 99 une faute, dit -il, de n'avoir pas fçû 99 conferver la paix au dedans du pais, 99 après que Sa Majefté fut montée fur le 99 Trône avec des acclamations de joye 99 univerfelles, & avec l'applaudiffemenc 99 de tous fes fujets ? Lorfque la Rebel-? 99 lion commença, n'étoit-ce pas une „ faute de n'avoir pas publié une Pro- „ clamation, pour offrir le pardon à tous „ ceux qui s'en retourneroient tranquille- s> ment chez eux, comme cela avoit été „ prati- * Un des Receveurs de l'Echiquier II avo>t été Orateur de la Chambre- Baffe dans le Parle* çient qui fut choifi en 1707. Juillet, Août et Sept. 1741. 301 „ pratiqué dans d'autres occafions ? N'é- „ toit -ce pas une faute, après que la i, Révolte fut appaifee, 6c que les prin- „ cipaux Auteurs en eurent été pour- „ fuivisôc punis, d'entretenir les animo- „ fitez, 6c de poulfer les gens au defef- „ poir , en ne paflant pas un Acte de ,, Grâce & de pardon général, en tenanc „ tant de gens dans une ennuyeufe& dure ,, prifon, & en pardonnant à quelques- „ uns, fans leur tailler les moyens de vi- „ vre? NVft-ce pas une faute, de ne ,, pas fe fier à une Vote ou Réfolution ,, du Parlement d'exécuter tous les en- ,, gagemens dans lefqueîs le Roi jugera ,, a propos d'entrer; & au lieu de cela, ,, d'infifter qu'on accorde un fubfide d'une ,, manière i\ oppofee aux formes Parle- „ mentaires? N'eil-ce pas une faute de ,, fe faifir de cette occafion pour exci- „ ter des divifions, & pour rendre iuf- ,, pe&s plufieurs des plus zèlez parti- ,, fans du Roi? En un mot, n'eft-ce pas ,, une faute de former des partis & des M cabales, ann de faire propofer 6c paf- ,, fer un Bill pour caiTer l'Acle contre la ,, Conformité occafionelle *? Le * On fçavok que c'étoit-là le deffein de la Cour. Ec le Dr. Hoadley , Evêque de Banpor, avoir fait devant le Roi un Sermon fur ce Tex- Mon Régne n'ejl pas de ce monde; afin de V 5 mon- 302 Bibliothèque Britannique, Le Général Stanhope répliqua , qu'il avoit eu l'honneur de fervir le Roi depuis fon heureux avènement à la Couronne; mais que, comme il y avoit d'autres gens, dont les uns avoient des Emplois & les au- tres les avoient refignez , qui avoient eu plus de part que lui dans F Adminift ra- tion des Affaires, il leur laiflbit le foin de fe juftiiier eux-mêmes; qu'il vouloit cependant répondre à un article effentiel, en affûrant le Committé, qu'il y avoit déjà quelque tems que le Roi lui avoit commandé de dreifer un Afte d'Amniftie. Mr. Barrington Sbute, Député de Ber- wick, parla de cette manière: „ Il efl „ vrai que le Roi monta fur le Trône „ avec des acclamations de joye de „ prefque tous fes fujets : mais le mécon- „ tentement qui parut peu de tems après, 5> nefutpascaufepar la mauvaife condui- „ te des Miniftres, mais par le reffentiment », de quelques perfonnes à qui on avoit „ ôté de grands Emplois : Cependant Sa „Majefté, dans les changemens qu'elle „ lit alors , fuivit les régies de la Pru- „ dence,de la Juftice & de la Reconnoif- „ fance -, puifqu'elle avança ceux qui , „ dans montrer que le Souverain n'a aucun Droit fur la Confcience des hommes, & que les erreurs dans lefquelles ils ient, ne doivent point les priver des avantages auxquels la NaifTance leur donne droit, en qualité de Citoyens de l'Etat. Juillet, Août et Sept. 1741. 303 „ dans les tems les plus difficiles, avoient „ donné des preuves inconteftables de ,, leur attachement & de leur aèlepoitf ,, la Maifon de Hannovre ; à la place de „ ceux qui, fous le Régne précèdent, a- „ voient er-j Jevezaux Emplois, comme „ les Inftrumens les plus propres à ren- „ verfer la Succciïïon Pro teflante,^ qui fe „ font depuis révoltez ouvertement con- „ tre le Roi. Les autres fautes dont on ,, accule Ils Miniftres peuvent fe réduire „ à deux: i.De n'avoir pas fait paiTer un ,, Acte d'Amniftie ; 2. De vouloir calfer ,, l'Acte de la Conformité o::jJlo}ie!le. A. „ Tegard du premier point, il y a eu des „ fentimens diiîerens là-deifus : & vu l'ef- m prit inquiet & remuant du parti me- M content, il eft difficile de décider, fi „ une Amniflie feroit un moyen propre ,, à les ramener ; puifqu'il eft manifefte „ qu'on s'eit moqué des exemples réitérez „ de clémence que Sa Majefté a donnez „ depuis fon avènement à la Couronne , ,, & qu'on en a m^rae abufé. Pour ce „ qui eft de l'Abolition de l'Acte contre „ les Ken- Conformités y rien, à mon avis , „ n'eft plus jufte ni plus raifonnable: ce M je ne fçaurois allez m'étonner , qu'un „ Gentilhomme * , a qui on avoit oté M fen Emploi fous le dernier Régne, & ;, à qui on l'a rendu fous celui-ci, puifTe re- » gar- * Il veut parier de Mr. Jean Smitbi 304 Bibliothèque Britannique, „ garder comme des fautes, d'un côté, „ de n'avoir pas accordé une Amniftie „ aux Ennemis déclarez du Roi , & de „ l'autre, de vouloir contenter fes véri- „ tables amis. Mr. Smith répondit, qu'il avoit toujours été d'avis qu'il falloit accorder la liberté de Confcience aux Non-Conformiftes ; qu'il avoit même voté contre le Bill de la Conformité Occafwnelle; mais que cet Ade ayant paffé en Loi; il ne croyoit pas qu'on pût le cafter, fans caufer de grands troubles dans l'Etat. Mr. Tonge* dit, que quelques jours au- paravant il s'étoit déclaré contre la Pro- portion d'accorder un fubfide fuivant le MefTage du Roi, parce qu'il croyoit que cela etoit contre les formes Parlemen- taires: qu'il étoit alors d'avis, qu'il falloit préfenterune AddrefleàSaMajeflé, pour la prier d'entrer dans les Engagemens qu'elle jugeroit à propos, & l'affurer que les Communes la foutiendroient : mais que , puifque les Membres étoient conve- nus à la pluralité des voix d'accorder un Subfide , ils s'étoient mis par-là dans la nécefïïté , ou d'accorder la fomme que l'on demandoit pour l'affaire en queftion, ou de dire au Roi qu'il faloit abandon- ner * Un des Commiflaires nommez pour régler ce qui étoit dû à l'Armée. Juillet, Août et Sept. 1741. 305 ner cette affaire , quoiqu'en accordant le Subfideon l'eût en quelque forte jugeé néceffaire. Mr. Gould, & même Mt.IVal- pôle s'étant déclarez pour la fomme de 250000. Livres qu'on demandoit , elle fut accordée fans que la Chambre fe divifat. Il y eut encore dans cette Seffion un affez grand Débat fur un fujet bien particulier. Le 12. de Mai, Mr. le Che- valier Guillaume Windbam propofa de prier le Dr. Snape de prêcher devant la Chambre dans l'Eglife de Ste. Marguerite le 29. du même mois, jour de la Reftau- ration de Charles IL 11 fut fécondé par Mr. Sbippen, & par tous les Membres qui avoient depuis peu refigné leurs Emplois. Mr. Horace Walpole dit , que ce n'étoic pas la coutume de refufer un homme, qu'un Membre de la Chambre avoit jugé à propos de nommer ; & que Mr. Snape étoit non feulement un homme de méri- te èv d'un grand fçavoir, mais qu'il avoit auffi l'honneur d'être un des Chapelains du Roi. Mr. Robert Walpole ajouta, qu'il fçavoit que le Dr. Snape étoit fçavant & honnête homme; qu'il lui avoit non feu- lement confié l'éducation de fes propres Enfans , mais qu'il l'avoit auffi recom- mandé au Duc de Devonshire & àMylord Tonnjliend , qui lui avoient confié leurs Fils. Mr. Lecbmere ditlà-deffus , qu'il nepou- voit que s'étonner de voir, qu'un Mem- bre 3C<5 Bibliothèque Britannique, bre qui avoit été un des CommiïTaircs nommez pour pourfuivre le Do&eur Sache» verel , pariât maintenant en faveur d'un Théologien qui avoit foutenu le même fyf- tême d'obêijjance paJJtVé & de non-refiftancc, pour lequel l'autre avoit été pourfuivi , & qui avoit attaqué depuis peu un zélé défenfeur de la Révolution & de la Suc- cefîlon Proteflante. Mr. Aiflabie répondit à cela, qu'il avoit donné fa voix au Dr. Snape , parce qu'il le croyoit fçavant& honnête homme. ,, Pour ce qui eft d'avoir „ écrit contre le Sermon de l'Evêque de ,, Bangor, ajouta-t-il, je ne crofepasque „ ce foit-là une raifon fuffifante pour lui „ refufer de prêcher devant la Chambre : „ ce feroit juger d'avance une Difpute , ,> dont la connoiiiance ne nous apar- s, tient pas proprement ". Mr. Hiingerford parla aufii en faveur de Mr. Snape ; & il dit, que fi la Cour ne s'en étoit pas mêlée, le Dofteur auroit fait voir bien du pais à l'Evêque : mais que le Roi ayant ordon- né à fes Miniftres de licentier une partie de l'Armée , ils avoient par méprife li- centié la Convocation. 11 fut donc ré- folu à la pluralité de 141. voix contre 131. que l'on prieroit Mr. Snape de prêcher devant la Chambre. Le Parlement ayant été prorogé, fe raf- fembîa le 21. de Novembre 1717. & le 4. de Décembre on propofa d'accorder un Subiide pour l'entretien de l'Armée. Mr. Sbip* Juillet, Août ee Sept. 1741. 307 Shippen fut un de ceux qui fe déclarèrent le plus fortement contre cette Propofi- tion; le difcours qu'il fit à cette occafion mérite qu'on le rapporte prefque tout entier. Voici à -peu -près comment il s'exprima. „ Ce qui a été avancé en faveur de la „ Propofition qu'on vient de faire, peut „ fe réduire à ces deux articles: 1. Que „ le feul danger qu'il y a à continuer „ l'Armée , c'eft la dépenfe qu'il en coûte „ à l'Etat. 2. Que nous devons confentir „ au nombre des Troupes que l'on pro- „ pofe , parce que c'eft le Roi qui les „ demande, & qu'il eft le meilleur juge „ de ce qui eft neceflaire pour le bien de „ l'Etat. „ Je n'obje&erai point contre le pre- „ mier Article, qu'il eft équivoque, & „ qu'il eft difficile de comprendre ce „ qu'on veut dire par le danger de la dé- „ penfe. Car quoique la dépenfe foitun „ fujet qui mérite certainement toute „ l'attention de cette Chambre, qui eft ,, obligée de difpofer de l'argent du pu- „ blic avec toute la frugalité pofïïble ; „ cependant ce n'eft-là ni le feul , ni le „ principal argument qu'on puifle alléguer „ contre des Troupes réglées , entrete- „ nues en tems de paix. Le principal „ argument, s'il m'eft permis de le dire, „ c'eft que le pouvoir Civil , & le pou- a voir Militaire ne fçauroient fubfifter- » long- 308 Bibliothèque Britannique * „ long-tems enfemble; & que des Trou- „ pes réglées , entretenues en tems de ,, paix, empêcheront nécefTairem^nt l'ex- „ écution des Loix de l'Etat. Il me pa- „ roît donc fort étrange que la dépcnfe „ de l'Armée foit regardée comme le feul „ inconvénient, & cela par un homme * „ que fa proFefTion,& le pofle qu'il occu- „ pe, obligent à prendre la défenfe des „ Loix ; & que l'on preife une pareille „ raifon dans un lieu comme celui-ci , où „ l'on a accordé de fi bonne grâce tant „ de Millions pour maintenir les Loix. „ La féconde raifon n'eft pas plus con- „ cluante que la première, comme je me ,, flatte de le montrer dans la fuite de „ ce Difcours „ Ce que nous avons à examiner mairî- „ tenant , c'eft , s'ily a quelques raifons, 9> qui, vu les circonftances où nous nous ,, trouvons, doivent nous déterminer au- „ delà de feize-mille hommes , avec des „ Officiers pour prefque le double de ce „ nombre: & fi, pofé que nous les en- ,, tretenions, nous agirions (ainfiqueSa „ Majeflé fouhaite que nous le faflïons) „ conformément à la Conftitution de cet „ Etat , & par confequent fuivant les prin- „ cipes fur lefquels le Gouvernement diï „ Roi eft fondé. m Or, * Mr. le Chevalier Jcfepb Jekyl , alors Chef de Juflice de Chefler , &'enfuite Maître des Rolles, Juillet, Août et Sept. 1741. 309 „ Or, fuivant cette liberté de parler, ,,à laquelle nous avons tous droit, je „ demande qu'il me foit permis de dire „ ce que je penfe. 11 me femble qu'il eft „ fi peu néceffairepour notre prorcdion „ d'entretenir le nombre de Troupes q«e „ l'on propre, qu'au contraire cela fera „ incompatible avec notre fureté , & „ un fardeau exceiîif, que les bons fujets M de Sa Majefté ne pourront pas porter. 99 Et je ne crois pas qu1?! foit pofïïbie d'aï- „ léguer aucun argument , au moins fuis- „ je allure qu'on n'en a point allégué , „ "qui puiiïe engager une Chambre des ,, Communes, dans un tems où, à l'ex- „ ception de quelques animofitez domefti- ,, ques , nous jouiifons d'une profonde ,, paix, à fe foûmettre à une chofe , que ,, chaque Membre, chaque amateur de ,, la Liberté, ne peut regarder que comme „ un grief, & un grief auquel on ne ,, doit jamais fe foûmettre que dans les ,, circonftances les plus déplorables & ,, les plus defefperées, où on ne le choi- 99 fit encore que comme un moindre mal. ,, Je fçais que ces affermons contredi- 99 fent ce qui eft avancé dans le fécond ,, paragraphe de la Harangue de Sa Ma- 99 jefté * 5 mais nous devons regarder „ cette * Le Roi y difcit, qu'il avoit réduit fes Trou- pes à un nombre qui ne pouvoit point être à charge à fes Sujets. - Tome XVII. Part. IL X 3io Bibliothèque Britannique, „ cette Harangue comme un Ouvrage „ des Miniftres ; de forte qu'il nous eft „ permis d'en examiner toutes les Pro- „ pofitions, principalement celles qui pa- 99 roijjent ajufiées au Méridien de l'Allemagne, I» plutôt qu'à celui de la Grande-Bretagne, „ Le feul malheur du Régne de Sa Majeflê, 99 c'eft qu'elle rfejl inflruite , ni de notre langue, „ ni de notre Conftitution : C'efi pourquoi „ il eft du devoir des Miniftres Anglois „ de l'informer , que notre Gouverne- „ ment n'eft point établi fur les mêmes n fondemens que celui des Etats qu'elle 99 poflede en Allemagne, où, par leur m iltuation , & par la forme du Gouver- „ nement , on eft obligé de tenir -des „ Troupes réglées en tems de paix. Et l'on ,9 ne doit point du tout s'étonner, que le u Roi, qui a palTé la plus grande partie ,y de fa vie en Allemagne, croye que feize- ,> mille, ou même trente-deux mille hom- „ mes puiiïent être -entretenus par une 99 Nation aufli riche & aufll puifTante que 99 celle-ci , fans que le peuple en foit foulé. 99 Mais lorfqu'il viendra à comprendre , 99 que même le plus petit nombre de 99 Troupes réglées tenues fur pied en tems „ de paix, Tuineroit la tranquillité & la 99 fureté de fon peuple, pour lequel il 9, témoigne de fi tendres égards, il fera 99 fans doute convaincu que ceux-là agif- 99 fent le plus conformément à leur de- 99 voir& à fes intérêts, qui, comme de « vi- Juillet, Août et Sept. 1741. 31 * n véritables fujets de la Grarrle-Breragne ,, fe déclarent contre l'entretien d'un „ plus grand nombre d'2-nxvupes , que ce „ qui a été jugé & Trouvé fuffifant dans >, les mêmes circonftances, pour foute- „ nir la Couronne, & maintenir la fu- » reté de l'Etat. „ Je ne comprens donc pas comment „ on peut fe perfuader , que ce feroit ren- » dre fervice au Roi que d'accorder une „ demande fi extraordinaire ; car cela 99 fuppofenon feulement de la méfiance, „ mais même de la foibleffe dans le Gou- » vernement ; comme fi on ne pouvoit 99 compter ni fur l'affedion du peuple 99 au dedans, ni fur nos Alliez au dehors; 99 ce qui eft une penfée fi injurieufe au „ Roi, & fi contraire à ce qu'il a folem- „ nellement déclaré de defïus fon Trône, „ que] perfonne n'oferoit avancer rien 99 de femblable ouvertement dans cette 99 Chambre, ni ailleurs -, cependant, fi 99 j'ofe le dire , tout cela eft renfermé „ dans la Propofition qu'on a faite. Il „ eft vrai que rien ne fçauroit aliéner du » Roi les cœurs de fes fujets : mais de » femblables entreprifes fe font autrefois ,9 trouvées fatales à des Princes d'une 9$ ^^Ç[t & d'une vertu moins confom- *j mées. Et il ne faut pas s'imaginer que ,, le même grief ne foit pas également „ dangereux fous un bon Prince que fouâ „ un mauvais : Il l'eft quelquefois da- X 2 ,, van* 312 Bibliothèque Britannique, „ vantage, parce qu'on s'y attend moins, „ & qu'on eft moins fur les gardes. „ Sa Majefté a eu labonté de dire, que „ ce Parlement, dans les Seflions préce- „ dentés , s' eft diftingué par un grand „ zèle pour le bien public; fans doute „ qu'elle n'aura pas lieu de penfer que ",, ce zèle foit diminué maintenant, fi dans „ cette occafion le fort de quelques au- ., très Nations nousfert d'avertiiïement ; ,, ii nous croyons que d'entretenir plus „ de Troupes réglées qu'il n'eft abfolu- „ ment néceflaire , foit une expérience „ trop dangereuie . pour être fouvent „ réitérée. „ Que l'on parcoure toute l'Europe , » & l'on trouvera que c'eft par cette mé- •„ thode même que quelques-uns des Peu- „ pies les plus braves & les plus libres „ ont perdu leur Liberté. On verra que „ les Magiftrats Civils ont detems à autre „ été periuadez par de prétendues nécef- „ fitez à accorder & à entretenir des ,, Troupes réglées en tems de paix : ils „ croyoient d'abord, ou on leur faifoit „ accroire , que ces Troupes n'étoient „ deftinées qu'à fortifier leur autorité, à „ leur alïurer la jouïffance de tous leurs ,-, Droits religieux & civils ; à obferver „ les delTeins ambitieux des Nations voi- „ fines, ùz àpréfervér la Balance de l'au- ,, torité. Intentions glorieufes, fi elles y> avoient été- bien réelles ! Mais quoique » les Juillet, Août et Sept. 1741. 313 „ les Magiftrats Civils euflTeht employé „ toutes les précautions pofïibles, quoi- ,, qu'en établiffant ces Troupes ilseuiTent- ,, itipulé expreiïement, qu'elles feroient ,j licentiées dès que l'occafion pour la- ,, quelle on les avoir levées n'auroit „ plus lieu; ils s'apperçurerrt cependant 99 trop tard, que cette condition n'étoit „ point obligatoire; qu'ils avoient érigé „ un pouvoir fupérieur à eux-mêmes ; „ que la Soldatefque ayant goûté une fois „ les douceurs de l'autorité, ne veut plus „ s'en deflaifir; & que leurs Princes mê- ,, mes , après qu'on leur avoit fait ces ., concevons pour un tems feulement, ,, commençoient à penfer qu'il étoit plus „ aifé & plus commode- de gouverner „ par le moyen d'une Armée, que d'être „ lié & gêné par les Loix du pais. Main- „ tenant ces peuples portent la chaîne „ qu'ils fe font eux-mêmes mife autour du n col; ils déplorent la perte de cette Li- „ berté qu'ils ont malheureufement con- „ fenti à miner, & qui n'auroit jamais 99 pu être minée fans leur conferrtement; ' „ Mais qu'efl-il befoin d'aller' cher- „ cher fur ce fujet des raifons chez les „ Nations voifines? La nôtre propre con- „ noit trop bien ce que peuvent produire ,, des Troupes réglées en tems de paix," „ pour n'en pas appréhender tout, quel- „ que fpéciêux prétexte qu'on allègue „ pour les entretenir. Ce feroit abufer X 3 ,9 de 314 Bibliothèque Britannique, „ de votre patience, que d'entrer ici dans „ le détail des malheurs que la Nation ,, a fouffert par-là : je ne veux donc point f, remonter jufques aux Régnes pafTez; ,9 mais je ne fçaurois m'empêcher de re- „ marquer .... que ce fut-là le grand „ grief dont on s'étoit plaint dans la 9, Déclaration des Droits du Peuple * , & m dont la Révolution devoit nous deli- « vrer. Le Roi Guillaume lui-même ne „ put obtenir après la. paix de Ryfwik 99 que dix-mille hommes, quoiqu'il eût 99 en tête un Prince plus entreprenant & 99 plus puifTant qu'aucun qu'il y ait main- 9> tenant en Europe. . . . D'ailleurs on 99 déclare tous les ans dans l'Acte qui tf régie la Difcipline de l'Armée , qu'il eft 99 contre lesLoix de conferver des Trou- 99 pcs réglées en tems de paix; & com- s> me une des fins de la Révolution étoit 99 de nous en délivrerai eft certain auffi, 99 qu'entre les glorieux avantages qu'on 99 s'eft propofé par l'A&e de Succeflion , » celui d'être préfervé pour jamais de 99 toute entreprife pareille , eft un des plus 99 considérables, „ On a avancé que le confentement i> du Parlement concilie tout; .... & ?> je fçais que dans la Déclaration des „ Droits, * En Anglois, tbe Bill of Rigbts. Voyez-la ûôns Rapin, Tome X. pog, 192, & fuiv. Juillet, Août et Sbpt. 174t. 315 „ Droits, & dans l'A&e touchant FAr- „ mée il eft dit, qu'entretenir des Trou- „ pes réglées en tems de paix n'eft ron- ,, tre les Loix, que Iorfque cela le fait „ fans le confentemenr du Parlement. „ Mais cela n'affoiblit point mon raifon- „ nement par rapport aux inconveniens » & à l'oppreflion dont j'ai parlé; Car 99 quoique dans ces Actes declaratoires „ le Parlement ne femble établir fes ,> Droits que contre les ufurpations de „ la Couronne, de la part de laquelle de ,, pareilles opprefiions paroiifent plus à „ craindre que de la part des Repré- ,, fentans du Peuple, cependant le con- „ fentement du Parlement ne change ,, point la nature des chofes, & ne fçau- „ roit empêcher que les mêmes caufes ne „ produifent les mêmes effets. Une Ar- „ mée, quoiqu'entretenue du confente- „ ment du Parlement, connoîtra bientôt, „ comme toute autre Armée , fes pro- „ près forces : elle mettra en ufage ce 99 que le fentiment de fa propre confer- 99 vation lui fuggerera , elle fe refondra « à détruire cette autorité qui eft in- 99 compatible avec la fienne , plutôt que >j de fouffrir tranquillement qu'on la con- n gedie. Une Armée, quoiqu'entretenue „ avec le confentement du Parlement , ,, fera aifement difpofée à commettre des „ outrages & des defordres dans le pais, „ lorfqu'elle n'aura point d'ennemis étran- X 4 „ gers 3i<5 Bibliothèque Britannique, „ gers à combattre. Je fouhai.te qu'on „ n'ait pas fait quelque chofe de femblaT. 9> ble l'année paffée; je fouhaite qu'il, ne 9y nous vienne point de plaintes de la. » part de quelques-unes de nos Corpor ,9 rations les plus confiderables qui dé- 99 putent au Parlement ; je fouhaite, dis- 99 je, qu'on ne fe plaigne pas que les 99 Soldats ont prétendu vivre à difcre- 99 tion, & qu'ils ont infulté les princi- ,9 paux Magiftrats, pour avoir voulu 99 exercer l'autorité que nous leur avons 99 confiée, & redreffer les griefs des 99 pauvres Cabaretiers, & des autres ha- 99 bitans. Bien plus; tant s'en faut que 99 le confentement du Parlement change „ le génie & l'inclination d'une Armée, 99 qu'une Armée Parlementaire , com- „ pofée à-peu-près du même nombre de 99 Soldats que Ton demande à préfent, „ commit de plus grands maux, & porta 99 de plus terribles coups à la Conititu- „ tion de l'Etat, qu'aucune Armée Roya- 99 le ait jamais fait; & cette Armée étoit „ la créature d'un Parlement qui s'étoit „ établi lui-même. Mais quand même on ,5 accorderoit, que le confentement du „ Parlement peut rendre une Armée plus. „ traitable & plus docile qu'elle ne le „ feroitfans cela, je ne crois pas cepen- „dant qu'il foit à propos qu'un Pari e- „ ment , qui veut agir d'une manière rai- 99 fonnable, & conformément aux princi- 99 pes Juillet, Août et Sept. 174L 317 „ pes fur lefquels fon propre pouvoir & „ le Gouvernement du Roi font établis, „ familiarife cette Nation avec une force „ militaire. Car le nom feul d'une Armée, ;, & îa terreur qu'il infpire, fuffiroit ,fans „ autre opprellion, pour abbattre le cou- „ rage du peuple, pour éteindre l'amour : la Liberté , & pour porter les hom- ♦, mes à ace; idement 6c indigne- >, ment à l'efclavage. ,, Nous avons déjà fufpendu quelques „ Loix , nous en avons Lboli d'autres „ par complaifance pour les befoins des „ Miriifti 3 , je vous conjure , n'al- „ Ions pas plus loin, ne continuons pas 4 ,, enrretenir l'Armée , ou la plus grande ,, partie de l'Armée : car auiîi long-tems „ qt/ ra fur pied, la Conftitution ,, de l'Etat fera fufpendue, ou du moins „ à la merci cU ceux que nous armerons „ con:re elle. Plufleurs Membres de la Chambre fu- rent choquez de quelques exprefîions de Mr. Sbippen \ ce font celles que nous avons marquées ci-deiïus en Italiques. Mr. :ere en particulier, qui les avoit mi- fes par écrit pendant que Mr. Sbippen les prononçoit, dit, que c'étoit une In- vective fcandiîeufe contre le Roi& con- tre fon Gouvernement, 'ce que la Cham- bre ne devoit pas les lailfer palier fans en témoigner la plus grande indignation ; c'eft pourquoi il propofa, que celui qui X"5 ' avoit 318 Bibliothèque Britannique, avoit prononcé ces paroles fût envoyé à la Tour. Mr. Lechmere fut fécondé par Mr. Spencer Ccoper *, le Chevalier Jofepb Jekyll, & quelques autres. Surquoi Mr. Waîpoîe dit, que û les paroles en queftion avoient été véritablement prononcées par le Membre qu'on en accufoit, la Tour feroit une punition trop légère pourfon imprudence: mais que, comme ce qu'il avoit dit dans la chaleur du Difcours pouvoit avoir été mal-entendu, il étoit d'avis qu'on lui laiflàt la liberté de s'ex- pliquer. Quelques autres Membres par- lèrent auffi en faveur de Mr. Shippcn, afin de lui donner occafion de fe retrader, ou d'excufer ce qu'il avoit dit. Mais comme il ne jugea pas à propos de le faire, il s'éleva un ûebat,pour fçavoir û les paroles mifes par écrit étoient préci- fement celles qu'il avoit prononcées: Quelqu'un infinua, qu'il n'y avoit point d'exemple qu'on eût cenfuré un Mem- bre pour des paroles prononcées en grand Committé : mais le Chevalier Charles Hot~ ham f en produifit : enfin Mr. Sbippen ayant foute nu ce qu'il avoit dit , la Cham- bre décida à la pluralité des voix, qu'il avoit * Il avoit été fait Chef de Juftice de Cheiier le 30. de Mai 1717. à la place du Chevalier Jo* fepb Jekyli , qui avoit écé fait Maître des Rolles le 27 du même moi*. t Fait Çolçnel de Dragons le 18. Juillet, 17 17. Juillet, Août et Sept. 1741. 319 avoit prononcé les paroles qu'on avoit mifes par écrit ; qu'elles étoient injurieufes au Roi, &attaquoient injustement faPer- fonne & fon Gouvernement, & que pour cette offence Mr. Sbippen fût envoyé pri- fonnier à la Tour de Londres. Il y eut le lendemain encore quelque Débat au fujet de l'Armée; mais la Cour ne laiffa pas de l'emporter. Nous continuerons dans les Journaux fuivans à rendre compte de ces Débats. Nous ajouterons feulement ici, que la Colledion en neuf Volumes fe trouve maintenant augmentée de cinq, qui con- tiennent les Débats des deux Chambres jufques à l'an 1737. inclufivement. Mais qu'il nous foit permis de rélever une faute quieft echapée auxfçavans Auteurs de la Bibliothèque Raifonnée , ou plutôt au Correfpondant qui leur fournit les Nou- velles Littéraires de ce pais. Il dit *, que »> la Chambre des Communes en a defap- „ prouvé l'Impreflion (des Débats) & a „ fait mettre le Libraire en prifon , pour ,, le punir d'avoir oie publier des Extraits f.} de fes Journaux '*. Premièrement, ce n'eft pas la Cham- bre des Communes, mais celle des Sei- gneurs qui a fait mettre le Libraire Tor- buck en prifon. En * Biblioth. Raiionn. Tom. XXVI, 2. Partit, PaS- 47°- 320 Bibliothèque Britankique , En fécond lieu, les Débats ne contien- nent pas des Extraits des Journaux du Parlement; car les Difcours qui fe font dans Tune ou l'autre Chambre pour ou contre les fujets qui y font propofez, ne font point couchez fur les Journaux. ARTICLE V. académiques de Ciceron, avec le Texte Latin de V Edition de Cambridge , &f*r. Second Extraie. 'TXAns le premier Exrait de cet Ouvrage *** on n'a indiqué qu'un petit nombre de remarques fur le premier Livre, qui eil fort court; ainfi,pour garder les proportions, étendons-nous un peu davantage fur le fécond: nous y trouverons afiez de ma- tière pour amufer pendant quelques mo- mens ceux qui aiment la Littérature. Mais commençons par examiner un Article de VHuetiana qui traite de la Critique , 6f de Vabus qu'on en a fait : c'eit à la page 295. de l'Edition de Hollande. Mr. Huet convient que la Critique eft un Art; il en fait même l'hiftoire : il dit qu'il a été en ufage chez les Grecs & chez les Romains ; que Ciceron & Ariflote ne l'ont pas dédaigné : celui-ci à l'égard d'Homère y & l'autre par rapport au Poè- me de Lucrèce. Il avoué même que cet Art Juillet, Août et Sept. 1741. 321 Art redevint néceflaire dès la renaiflance des belles-Lettres : & il a raifon afluré- mcnt ; car il n'y avoit pas moyen de s'en fier ni aux MSS. d'alors, ni aux premiè- res Editions. Il ajoute, que ce fut en les corrigeant que les Potitiens, les Scaîigers , les Muras, \qs Gruterfilcs Saumaifes,&; après eux les VbJJtus & les Heinfius , devinrent de leurs jours les Princes des belles- Lettres. Il donne encore pour modèle d'un fage Critique , Jean-Fréderic Gronovius , dont il vante la fageiïe & la modeflie , autant que la pénétration & la fagacité. Tout cela eft fort bien jufques-là. „ Mais „ ce travail , continue-t-il , quoique né- „ ceilaire dansFufage des Lettres ancien- ,, nés, m'a toujours paru bas & peu digne „ de l'eftime qu'il s'eil attiré & de l'ap- „ plication d'un Efprit noble & élevé Je „ n'ai jamais fait grand cas de cette étude, „ qui fait confifter le fouverain degré de „ l'érudition dans des conjectures bazar- „ dées fur quelques mots mal entendus , „ ou dans le changement de quelques „ lettres mal arrangées. J'appelle ces „ Critiques les Sarcleurs du champ de la „ Littérature . Que û je me trouve quel- ,, quefois obligé d'être Sarcleur de mon ,, propre fonds , je veux que la culture „ que j'y donne m'en fafle manger les „ fruits. Si cet Art étoit néceflaire dans Pufage des Lettres anciennes , s'ill'étoit encore pen- 322 Bibliothèque Britannique , pendant l'enfance de l'Imprimerie, pour- quoi feroit-il devenu bas aujourd'hui? Tout au plusilferoit devenu inutile. En- core faudroit-il pour cela que tout fût fait , & qu'il n'y eût plus rien à glaner dans le vafte champ de la Critique. Pour ne rien dire ici du Vieux Teftament, les MSS. du Nouveau font-ils donc fi unani- mes , ou fi épurez, qu'il n'y ait plus de doutes fur les vrayes leçons ? Cette va- riété des différens Copiftes prouve-t-elle leur infpiration ? Et l'autorité des Etiennes, qui ont comme fixé le Texte Grec, eft- elle fuffifante pour nous affurer de la bonté de leur choix ? . . . On aura re- cours à la Vulgate : je le veux : mais le Concile de Trente qui l'a autorifée dans l'ufage de l'Eglife , ne l'a pas canonifée : D'ailleurs, comment l'accorderons-nous avec le Grec dans les pafTages de la der- nière importance? Car il n'en eft pas de la Théologie révélée comme de la Théologie Naturelle : Celle-ci ne doit être qu'une déduction de certains principes généraux, qui paroiflent évidens à notre efprit : mais à l'égard de l'autre, il faut quelque chofe de plus. Comment déciderons-nous, par exemple , du fameux paffage de la i. Ep. à Tim. Ch. III. f. 16. La Vulgate porte , qiiod manifejîatum efl in carne : & le MS. d'Alexandrie t l'un des plus anciens, 0E ftftevfpùWvj ëvcxp/J, Dieu a étémanifeflé en chair ; le caradtère , l'encre s'y rap- port Juillet, Aotfr et Sept. 1741. 323 portent : on y lit en lettres quarrées , comme tout le refte 0£ , avec la petite ligne au milieu du 0 : il eft vrai qu'elle clt d'une encre plus noire & vifiblement moderne: mais apparemment c'eft quel- que main étourdie, qui ayant voulu mar- quer plus fortement ce qui étoit déjà comme effacé, Ta rendu îufpecï:. Mais fans nous arrêter davantage à ces fortes de varietez, que ferons-nous de certains autres paflages qui, quoique moins impor- tans, ne laiiïent pas d'avoir befoin de Criti- que ? De celui de l'Evangile félon S. Jean , Ch. I. ijr. 16. De la plénitude duquel nous avons tous reçu grâce pour grâce: x4p*v àvrs xppvroç* De celui de PEp. aux Gai. Ch. IV. *f. 25. où il eft dit , qu' Agarfe rapporte à Sina , montagne en Arabie ; ce qui ne fait rien , au moins en apparence, au raifonnement de S.Paul? De celui de l'Epître à Philemon , f-. ç. J'aime mieux , dit- il, vous prier par charité, étant tel que je fuis , Paul avancé en âge, & de plus à préfent prifonnier pour la caufe de J. C? On convient, & S. Luc le dit, que S. Paul n'étoit qu'un jeune* homme lorfque S. Etienne fouffrit le mar- tyre. Donnons-lui, quand il fut prifonnier à Rome, trente ans de plus. De bonne- foi, eft-ce une raifon à alléguer, dans le tems qu'il en a tant d'autres & d'un poids bien fupéneur ? Le Grec porte, ùç UuvMq %peff$irrv,t , après avoir dit rcicvroç m , étant tel. Ne croiroit-on pas qu'il étoit pour 324 Bibliothèque Britannique, pour le moins feptuagenaire? Cependant l'opinion commune lui donne vingt ans de moins. Si on lifoit en ajoutant une feule lettre , :; Vavho: Tpeo-fisvTv.ç , &c. Paul Ambajjadeur de J. C. & à préjcnt dams les liens: alabonne-heure,c'eft fon ftile, & ce ftile eft très -conforme à la dignité de l'Apoftolat. Mr. Huet auroit-il regar- dé cette Critique, qui eft d'un excel- lent homme, comme la production d'un Efprit bas? J'en doute fort: il fçavoit trop bien qu'Erafme, beau génie & l'un de fes Héros , étoit d'avis qu'on exami- nât les MSS. du N.T. fur le même pied que les autres, puifqu'ils avoient paflé à- peu-près par les mêmes mains. Si nous venons aux Auteurs profanes, où l'on peut fe donner plus de carrière, Mr.Huet croyoit-il qu'il n'y eut plus rien à faire, lui qui a corrigé divers endroits de Virgile très-heureufement, plufieurs de Y Anthologie , plufieurs de Manilius & de quantité d'autres. L'Art en eft-il plus ignoble aujourd'hui, fous ombre que les méprifes les plus groflieres des Copiftes ont été indiquées , & qu'il n'en refte que quelques-unes qui ont échapé aux plus clairvoyans? 11 me femble au con- traire , que l'Art eft devenu plus fubtil , & par confequent plus honorable ; à moins qu'on ne confonde le métier de Correcteur avec l'emploi d'un véritable Critique. Il donne Grcmvius le Père pour un Juillet , Août et Sept. 1741. 325 un grand maître dans cet art:& il a rai- fon fans doute. Tous Jes fuffrages font unanimes là-deflus : mais cela n'a pas empêché que fon Petit -fils ne nous ait redonné VAbbréviateur de Trogue Pompée , repurgé de diverfes fautes qui y reftoient encore, malgré tous les foi ns de VoJJlus & de Grevais. Après cela, Mr. Huet a bonne grâce de fe jetter fur la témérité de certains Critiques & fur leurs conjec- tures bazardées : tout cela eft très-con- damnable. Mais alors il ne s'agit plus du bas , il s'agit du faux y qui ne fçauroit s'ajufteràvec les régies de VArt.jf appelle, dit-il, ces Critiques les Sarclettrs du champ de la Littérature. Hé bien, û le champ elt bien fardé , il produira plus de fruit , & ce fut par-là qu'un habile Romain fe juflifia de fortilége contre des voi- fins fainéans & envieux, qui l'accu- foient de fafciner leurs terres au profit de la fienne, quand il fit décharger dans le Forum tous ces inftrumens d'agricul- ture qui l'avoient enrichi: Voilà , dit-il ? tous mes enchantemens & toutes mes for celle- ries ! . . Que fi je me trouve quelquefois obligé de farder mon propre fonds , je veux que ma culture m'en faffe manger les fruits. Ainfv la noblelTe & les fruits de i'Art ne fonc pas pour tout le monde. Je croyois pourtant que l'Agriculture Littéraire é- toit un bien commun , & que tout hom- me qui a quelque efprit & quelque fça- Tome XVII. Part. IL Y voir , 326 Bibliothèque Britannique, voir, pouvoit, à force d'étudier un Au- teur & de l'éplucher, en pénétrer le fin & l'économie, en distinguer le fort &le foible , & en garder le meilleur pour fon ufage. Ainfi la véritable Critique n'eft point eiTentiellement différente d'u- ne étude appliquée : Sarcler un Auteur, c'eft en cueillir, c'en: en manger actuel- lement le fruit. Mais il elt tems de venir aux Académiques. Chap. I. Ci'crcn commence ce deu- xième Livre par l'éloge de Luculhu: Quibus temporibus fiorere in foro maxumè potuit , caruit omninô rébus urbanis: c'eft- à -dire, que dans le tems qu'il auroit pu fleurir dans le barreau , il fe vit obligé de re- noncer au féjour & aux affaires de la Capitale. Le fens eft clair, & l'Orateur s'explique lui* même dans la fuite, tota ftorens œtas peregrinaîa abfuit ab oculis fort £> curiœ. Cependant Gruter nous don- ne, comme une trouvaille, une leçon empruntée d'un vieux MS. Caruit omnino rébus humanis:^ enim urbanus ad- modum adolefce-is & la fuite. Mais en adop- tant cette leçon , il auroit dû l'expliquer; car où eft celui qui comprend ce caruit rebus humants? Voici apparemment ce que c'eft. La première Edition de Rome, qui eft de 1471, porte en autant de lettres, caruit amnmè rebus bumanis: ut enim urba- nis admedum adolefcens: & c'eft ainfi , je crois,que Gruter aura trouvé dans fonMS. Cet Juillet, Août et Sept. 1741. 327 Cet urbanis vraifemblablement avoit été mis en marge comme une correction , a la place émanants , & un Copifle pof- terieur Tayaut trouvé-là, l'a remis dans le texte comme il a pu. fycupu cum tumm iter & navigationem confumpjljjct ,partim in percunâando à pcritij, partim in rébus gejlis Icgcndis , in Afiam fadtus Imperator venit , cum effet Româ profefius rei vulitaris ntdis: c'eit-à-dire , qu'étant parti de Rome allez novice dans le métier de la guerre, il prit fi bien fes mefures le long de fa route, pour acquérir les con- noiïrances qui lui étoient néceffaires, qu'en arrivant en Afîe il fe trouva Général. C'eft une façon de parler familière à toutes les langues , pour marquer les progrès rapides d'un bon efprit , lorf- qu'iï n'eft point déplacé. Cependant Mr. Walker, au lieu dt faclus , voudroit qu'on lût perfechis: qui a plus de rapport à la capacité dont il s'agit. Cui non ac- cedo , dit le Commentateur, nam fatis fu- perque cft, eum naturâ , ingénia, ftudiôque faâum Imper at or em antequam imper ar et < La perfe&ion eft une idée gênante, di- foit S. Evremondy ii ce n'eft pas une bel- le chimère. Chap. II. Il y avoit des gens à Rome, qui objeftoient à Ciceron fon amour pour les Livres Grecs ; voici de quelle ma- nière il reçoit ce reproche: Ego autem, cum Grœcas lit feras M. Çatonem in ftne- Y 2 ftute 328 Bibliothèque Britannique, âute didiciffe acceperim \ P. autem Africani biftortie loquantur , in legatione Ma nobili , quam ante cenfuram obiit, Panœtium unum omnino comitemfuijje ; nec îitterarum Grœ&a- rum , nec Pbilofophiœ jam ullum auâorem requiro. Pour moi , dit-il , depuis que j'ai fçu que Caton l'ancien commença à apprendre le Grec dans fa vieillelTe, & que le fécond des Africains, dans cette Ambaffade fameufe qui précéda fa Cen- fure , ne prit avec lui , au rapport de nos Annales , que le Philofophe Pané- tins, je n'ai plus befoin d'approbateur pour juftifier mon attachement à l'éru- dition Grecque & Philosophique... Il n'y a que cet auâorem qui peut faire quel- que peine. Voici la note : Hoc eft , fau- torem , commendatorem , non fcriptorem, ut nuper non nemo de Scipione eodem verba Pater cuti interpretatus eft. Ces paroles font, omnijque doclrince & auâor & admi- rator. En effet, l'Auteur des Révolutions Romaines cite dans fa Dédicace le paf- fage de Paterculus, & paroit l'entendre comme fi ie fécond des Africains eût lailfé quelques Ouvrages de fa façon. Pour excufer en quelque forte l'Ecrivain François, on ne difïïmule point ici que le fçavant Bentley, dans cet endroit de Ciceron , & confequemment dans celui de Paterculus , voudroit qu'on lût fauto- rem. Qiwd fi cum fungi munere debeamus , non Juillet, Août et Sept. 1741. 329 non modo operam noflram nunquam à popu- lari cœtu removemus , fed ne litteram quidem facimus, niji •forenfem ; quis reprehendet no- firum otium tqui in eo non mode no/met ipfos hebefcere & Ianguere nolumus, fed etiam ut plurimisproftmus enitimurJ Si dans le tems, veut-il dire, que nous étions en charge, nous n'avons jamais fouftrait à nos con- citoyens, ni le fecours de nosconfeils, ni celui de nos bons offices, ni même fait un trait de plume (une panfe d'à ) qui n'eût du rapport à nos emplois , qui condamnera à préfent notre loifir (c'eft- à-dire fon féjour à la Campagne) où loin de nous laifler aller à une langueur ftu- pide & hébétée , nous faifons tous nos efforts pour nous rendre utiles à plus de monde ? On voit dans cette Tradu&ion une oppoiition plus marquée des tems qu'elle ne le paroît dans l'Original; & voici les raifons que l'Editeur a eues pour la faire fentir: i.La vérité de l'Hiftoire, qui eft alTez connue. 2. Les Editions de Venife, qui portent debebamus. 3. L'autori- té d'un MS. de Davifius , qui confirme cette leçon. 4. Et enfin un pafîage pa- rallèle de la 1. Tufcul. ch. 3. Ut fi oc- cupât i profuimus civibus nofiris , p r o- 6 1 m u s etiam, fi pojjïmus , otiofi. Ce tout cela on conclut, qu'on pourroit lire tout le partage de cette manière : Qiiodfi , cum fungi munere debebamus, non nicdô operam noflram nunquam à populari tœta Y 3 RE- 330 Bibliothèque Britannique, removimus, Jed ne lineram qmdem feçimus nifî forenfem; quis reprehendct nofmim otium , & le relie , comme il eft plus haut. La même oppofition eft en- core plus marquée dans î'exorde du fé- cond Livre des Offices. Chap. III. Quoique les Académiciens ne reconnu fient ni évidence , ni certitu- de, à parler à la rigueur, ils ne defefpé- roient pourtant pas de la trouver, puif- qu'ils faiioient profeiïion de la chercher avec toute l'ardeur imaginable. Qiiam- quam nojlra ou idem cauja facilior eft , qui verum invenire fine vMa contenticne vohir mus, idque fummu cura fwdiôque conq-drimus. Ce paiïage n'a pas befcin de commentai- re: feulement on peut avertir, que l'E- dition de Rome, au lieu de contentions, por- te contatione, apparemment pour cuntla- ticne , c'ell - à - dire fans délai , fans ter- giverfation , fans mauvaife honte , ou , comme il s'exprime ailleurs , fine ulla dubitatione, De Nat. Deor. Lib. I. i. On ne décide pas; mais cette petite varian- te auroit dû être confervée. Chap. IV. Les remarques de Mr. Du- rand ne font pas toutes de pure critique : Dicam enim non mea , dit le modefte Lu- cullus , nec ea in quitus, Jï ver a non fuerint , Vinci me maîim , quàm vincere. Première-* ment, il renonce à la gloire de l'inven- tion, & en fécond lieu, à celle de la victoire , fuppofé que fes raifons ne foient Juillet, Août et Sept. 1741. 331 foicnc pas juftes. En un mot, il aime mieux être battu, que de triompher dans une mauvaife caufe. Sur quoi le Commentateur fait cette remarque , Que fi l'honneur du combat eit pour le Vainqueur qui démontre la vérité, le profit eit pour le vaincu, qui la trouve dans fa propre défaite. Egregiè , dit-il, is enini,qui verum dédit ,quod habebat , nihil ouidem perdidit , fed nihil fibi lucratus efl : qui ciutem -verum, quod quœrebat , invenit, is o lucrum fait & vicit. Dans la remarque fuivante, la Critique conduit à la Morale. Luculle , ayant fait Péloge d\4ntiochus, & d'Hcraclyte de Tyr , qui étoit Académicien, rapporte quelque chofe de leurs conférences : Cum quo , dit-il , Anticchumfcepe difputantem aud:ebam , fed utrumque /éviter. C'en: la leçon ordi- naire , qui n'en; pas mauvaife; mais Mr. fVcdkcr préfère le ni ter : & il a raifon fans doute , comme on le voit par le carac- tère qu'on nous donne ici d'Antiochus , dont la douceur étoit admirable : d'ail- leurs, les Editions de Rome & de Venife y font exprefles , & outre cela un MS. de la Bibliothèque du Roi. Voici Pex- pofition de ce Imiter : Hoc efl, non ani- mofè, aut invidiofè , ut foîent difputatores, & ipfi pterumque pbitofopbi ; fed animo feda- to ,€? ad verum exquirendum compofito. Plus bas LucuIIus ajoute, que ce même Antio:hus , tout fage & modéré qu'il é- Y 4 toit, 332 Bibliothèque Britannique, toit , publia un livre contre Pbilon , qui avoit prétendu concilier les deux Aca- démies : Nec fe tenuit, quin contra fuum doâorem librum etiam ederet, qui SOSUS infcribitur. Ici , ni les Editions ni les MSS. ne fournirent aucune lumière. Seulement il y a des parchemins qui portent Solus ; mais le plus grand nom- bre eft pour Sofus. Mr. Davies avoue, qu'il ne peut rien faire ni de l'un ni de l'autre. Mr. Durand a été plus heureux. En parcourant un des volumes de la Bibliothèque Grecque de Fabricius , (c'eft ce- lui où il traite des Philofophes Stoïciens) il a trouvé un Sofus , compatriote & fans doute contemporain d'Antiocbus. E- tienne de By fonce nous en inflruit. Dans l'article d'Afcalon il obferve , que cette ville a donné la naiflance à plufieurs hommes célèbres, & entr' autres aux Philofophes fuivans : Antiochus furnom- mé le Cygne, Sofus , Antibius & Eubius, tous Stoïciens ilh'.flres. D'où il eft aifé de conjeclurer, que ce fut au Phiïofophe Sofus , fon compatriote & bon Stoïcien, comme lui, qu' Antiochus addrelfa fa com- plainte : rien n'étant plus ordinaire en ce tems-là, que d'intituler fes compo- sitions du nom de celui à qui on les dédioit. Mr. d'Olivet a indiqué , après Mr. Durand , le même pafîage de Fabri- cius. ÇîiAPo VI. Pour faire yoir que les don- Juillet, Août et Sept. 1741. 333 doutes des anciens Philofophes ne con- cluoient pas contre les Dogmatiques, Lucullus remarque trois chofes. 1. Qu'à l'égard de Socrate , s'il faifoit profelTion de ne rien fçavoir , il ne parloit ainfi que par modeïtie , ou plutôt par ironie con- tre lesSophifles ;ce qu'on appuyé ici du témoignage de Vofflus le Père. 2. Que par rapport à Platon, bien loin d'avoir fa- pé les principes de la feience , il les a évidemment fuppofez. 3. Et qu'enfin à l'égard de leurs prédecefleurs , fi dans cette enfance de la Philofophie Us ont connu peu de chofes, leur ignorance ne porte aucun préjudice aux fçavantes de- couvertes qu'on a faites depuis : Sed fue- rint illa vêlera , fi vultîs incognito , nihilne efl tgitur aâum , quèd inveftigata funt , pc- fieaquam Arcefilas Zenoni , ut putatur , ob- trcâans. . . . conatus efl cîarijfimis rébus tene- bras cbducerc. Ce palîage ainfi couché n'c^t point intelligible : mais Mr. Bentley. avec fa pénétration ordinaire, a d'abord trouvé la vraye leçon :Sed fuerint UlaYt- teribus, fi vultis , mcognita; nihilne efl igi- tur aâum ? Quôt invefligata funt , poflea- quam & le refle. Mr. Durand félicite d'a- bord leProfefleur de Cambridge fur cet- te efpece de divination ; Quid efl divinare, fi hoc non efl? En effet, elle fe trouve, ce^te leçon, en autant de lettres dans l'E- dition de Vcnife de 1494., dans celle $ Ai- de de 1515. , & dans quelques autres, Y 5 D'ail^ 334 Bibliothèque Britannique, D'ailleurs Veteribus fe trouve aufii dans un MS. & dans une conjecture de Mr. JValker. Lucutlus, dans le même endroit, nous apprend deux chofes très - notables : la première, qu'il y avoit des Phiîofophes qui regardoient VEvidence comme quel- que chofe de fi clair, qu'elle étoic au deiTus de toutes les définitions ; & la féconde, qu'il y avoit des idées fi iim- ples & Ù claires , qu'elles n'avoient pas befoin d'être définies. Scd tamen oratio- nem nuiiam puiabant ïlluflriorem ipfd evi- dcntiâ reperiri poffe \ncc ea, quœ tam clara effent , definienda cenfebant. Cela fait voir que l'opinion de De/cartes fur PËvidence eft fort ancienne , & que celle de Mr. Locke fur les Idées fimples n'a pas été i- gnorée.Mais puifquenous en fommes fur ce fujet, qu'on nous permette d'égayer un peu cette critique par un fait allez curieux, & qui a du rapport à ce paf- fage de Ciceron. Vers la fin du fiécle paifé , Mr. Jaques Saurin , celui - là même qui a tant brillé depuis à Londres & à la Haye, & qu'on y a regardé comme le Cbryfoftome des Proteftans, étudioit en Philofophic à Genève fous Mr. Léger, & s'eferimoit à fon tour , comme les autres , fous la préfidence de cet habile homme. Un Samedi donc, jour deftiné à ces fortes de difputes , le Répondant avoit mis* à la tête de fes Corollaires le prin- Juillet, Août et Sept. 1741. 335 principe de LucuHus: Evidcntia efl Crité- rium Veritatis. Sur quoi le jeune Saurin s'avance bien armé , indique d'abord , félon la coutume, le Corollaire qu'il va attaquer, & débute eniuite à la manière ordinaire : Evidentia non efl critérium veritatis > Ergo faifun Coroîiarium. Le Défendant ayant réfumé,fe difpo- foit à nier la majeure: Non, lui fou doucement le Profefîèur , niez la ; quense: & confequence niée en confor- mité. L'Aggreileur, qui ne s'attendoit pas à ce trie , pour parler à l'Angloife , fe récria auili-tôt , ConJ'jquentia nmfoteft ne* gèri Sed unde patet, lui dit le Pré- sident , ifla confequentia ?.. .Unde patet ? répliqua le jeune -homme, ex evidentia rei . ... Ergo, reprit le Modérateur , Evidentia efl critérium veritatis. Tant il eft vrai que ceux-là même qui attaquent l'Evidence, la fuppofent, bon gré mal- gré, dans tous leurs raifonnemens. Feu Mr. Bernard, dans un de les Journaux, avoit indiqué le fait; mais on le rapporte ici avec toute la précifion hiftorique. Chap. VIII. LucuHus ajoute: Quidt quoi fi ifla ver a funt , RATIO ov.nis tollitur ( à vobis feil.) quafi qruedam /ux lumenqut vitœ. On voit bien que lux & himen ne vont pas bien enfemble. Ici Mr. Bcnt!c\y d'un 33<5 Bibliothèque Britannique, d'un petit trait de plume , remédie à tout, il corrige aux lumenque vitœ , ce qui eft prefque indubitable: ajoutez-y, pour l'appuyer, ce petit mot d'un Poète Philofophe ," aufll pur dans fa Latinité que fufpeer. dans fa Morale, Lib. II. de Nat.Rer. f. 171. Dux vitœ dia vohiptas. Du refte,Ja conjecture eft d'autant plus vraifemblable , que dans les MSS. les plus anciens que nous ayons , le d eft ordinairement formé de deux lettres, fçavoir du c & de /,qui ne font prefque point liées. On en pourroit donner di- vers exemples , tous tirez des plus vieux parchemins de la Bibliothèque du Roi: mais cela n'eft pas néceffaire depuis que divers lambeaux en ont été gravez, & que le P. Montfaucon , dans fonDiarium ItcMcum , nous a donné un Fragment ori- ginal d'une lettre de S. Auguflin , enco- re exftant dans la Bibliothèque Ambro- ilenne. Si l'on y prend garde , tous les d y font formez comme je l'ai dit. Or il eft très -probable que le c f è trouvant dans Ci:ero7ï ou trop écarté, ou elfacé , le Copifte n'a confervé que /,qui a fait lux & que de-là s'eft introduite Terreur. Les exemples de cette efpece de mépri- fe jûurmillent dans l'Edition de Rome de 1471. Chap. X. Juillet, Août et Sept, 1741* 337 Chap. X. Cette même Edition noua fournit une variante qui n'eft pas à méprifer. C'eft au fujet de la mémoire * que Lucullus faifojt tant valoir contre les Académiciens. Itaquè alia vifajicad- ripit (mens) ut his flatim utatur;alia re- condit; e quitus MEMORIA oritur. Cetera autem fimilitudinibus conjlituit. Tout cela eïl affez clair: cependant l'Edition de Rome porte conftruit , au lieu de conftituit: & il paroît que Viftorius a fait ufage de cette leçon. En effet , la plupart des idées complexes que nous nous formons, ou par addition , ou par foujiraâion , ou par compofttion , ou par ampli ation , ou par a- nalogie , font toutes en quelque forte de la conftru&ion de notre efprit. Il fem- ble même qu'Horace y ait fait allufion dans la première de fes Epîtres: Quid verum atque decens euro, £f rogo, £f omnis in hoc fum : Condo & compono», qu ne Juillet, Août et Sept. 1741. 343 '■>, ne fçavons rien ; que nous (cachions „ mcme ce que c'efl que de fçavoir,ou ,, de ne fçavoir pas ; ni abfolument s'il ex— „ iite quelque chofe , ou s'il n'exifte ,, rien". Ce font proprement ces der- nières paroles qui furprennent , pour ne pas dire qui révoltent. On a fcien vu des Philofophus, même parmi les Chré- tiens, qui ont avancé, qu'il n'étoit pas poffible de prouver l'exiftence des corps, à moins qu'on ne fuppofe celle d'un Dieu qui ne peut nous tromper. On a vu des Impies qui ont ofé nier l'cxiflen- ce particulière ou individuelle de nos âmes, rapportant le tout à l'ame^ du monde, & fi Ton y prend garde , c'étoit l'opinion de Spinofa: mais en n'apprend pas que jamais perfonne fe foit avi- le de fuppofer, comme une chofe pof- fibie, un néant univerfel & exclufïf à tout Etre quelconque. Quel début pour un Phiiofophe qui va traiter de la Na- ture, imtio îlbri qui efl de Natiira , dit G- aron ! Mr. Durand croiroit volontiers, que Metrodore a voulu dire ,que nous n'étions pas fiïrs qu'il y eût quelque chofe hors de nous. Eo enim fitroris procejjijfe illos , re- marque-t-il , ut fe ejfe negarent , vix tnibi perfuadeo. Ses raifons font, que nous n'a- i pas l'Ouvrage de cet Ancien ; que le titre de Natura^femble annoncer toute autre chofe ;&. qu'enfin ce ne feroit pas la première fois que Ciceron auroit mal Z 2 pris 344 Bibliothèque Britannique, pris la penfée de ceux qu'il allègue: témoin Epicure & fon fyftême. Si vous ne confultez que l'Orateur Romain, vous vous en ferez une étrange idée ; mais jettez les yeux enfuite fur l'expofé de Diogene ou de Gajfendi , & vous trou- verez que c'eft tout autre chofe. Ciceron étoit Orateur, mais il n'étoit pas tou- jours Philofophe. Autre adouciflement qui confirme la remarque précédente. Ciceron reproche à l'Epicurien Timagore , de nier une vé- rité qui eft reconnue de tout le monde , fçavoir qu'en prefîant le coin de l'œil , on voit double la lumière d'une lampe : I- iaque Timagoras Epicureus negat Jïbi unquam, cùm ocuhtm torftjjet , duas ex lucerna flam~ mutas ejfe vifas. Pour excufer, ou plu- tôt pour éclaircir l'opinion de Timagore, on remarque ici fur ce flammulas duas , que Tune , qui eft la véritable , a bien plus de vivacité que l'autre : Alteram ta- rnen , eamque veram , 6f acriorem & diluci- diorem ejje, quis expertus neget* & hoc vo- JuiJJe Tïmagoram facile crediderim. Dans la page fuivante on réfute en- core Ciceron. Lucullus lui avoit demandé, S'il n'étoit pas content des iéns que Dieu lui avoit donnez, & ce qu'il auroit à ré- pondre û ce même Dieu lui en faifoit la queftion ?.. Ah ! je voudrois qu'il me la fit , réplique l'Orateur , & vous en- tendriez beau jeu. . , , Notre vue ne s'é- tend Juillet, Août et Sept. 1741. 345 tend pas fort loin. ... Je vois d'ici ma Cumane , mais je ne vois point ma Pom- peiane. . . Je vois Pouzoles , mais je ne vois pas mon Ami Alvianus,qui fe pro- mené peut-être fur le port Les Hif- toires nous parlent d'un je ne fçais qui, dont la vue' s'étendoit diftinttement juf- qu'à cent trente-cinq mille pas de dif- tance. ... Il y a des Oifeaux qui voyent encore plus loin... Après toute cette rhétorique il ajoute : Refponderem igitur audaâcr ijli veflro Dco , me plané bis oculis non ejje contentum : Je répondrois donc hardiment à votre Dieu , que je ne fuis point content des yeux qu'il m'a donnez. Outre Vimpieté que cette réponfe décou- vre ,pour ne rien dire ici de l'ingratitude-, il y a un faux qui faute aux yeux : car elle fuppofe que les bienfaits du Créa- teur ne doivent admettre ni variété , ni limitation. D'ailleurs, ceux qui ont la vue û perçante, dont le nombre eft fort petit, en* font eux-mêmes quelquefois incommodez. Audaâer plane , dit le Corn-* mentateur ; qui enim tam acriter cernant, vividd rerum varietate & multitudine acrius perflringuntur. Le relie dans l'Anti-Aca- démique. C h a p. XXVI. Voici un paffage qui a bien embarafle les Critiques, & fur lequel pourtant on nous donne une conjecture plaufible. Sed ut minuam controverfiam , dit Çiceron, vidcte, quœfo, quàm in farvo* 1 3 Us 346 Bibliothèque Britannique; Us fi fis. On ne comprend pas ce qu'il veut dire avec fon parvulus. Parvi- ou parvuli, dans le Traité de Ftnibus , ne li- gnifient que des cnfo.ns ;qui ne viennent point ici. Lambin, qui avoit tan: de fça- voir & de pénétration, corrige, videte quœfo quàm h ■ c'eil-à-dire ; & en effet elle ne roule , cette controverse ... que fur quatre uro- pofkions, que Cicerqn articule immédiate- ment après , ce fur lefquelles il fait voir que les deux paras s'accordent , à l'ex- ception d'une feule. Ainfi le fens eil clair , mais Pexpreffion ne l'eft pas : D'autres ont fubllitué pauculis, qui vaut beaucoup mieux. Mr. Bi voit con- jecturé, Videte, quœfo, quàm impares nabis fuis; voyez l'avantage que nous avons fur vous. Mr. D partage c • - lis & en fait deux mots , pour déterminer la vraye manière de lire : Via : in parvo lis fi ta fit. Voyez , je vous prie, à combien peu de chofe le ré toute notre diipute : de quatre nous ne difputons que fur un fe '. . ': le ftile de l'Orateur dans fes gués; In parvo eon i Pour diltinguer les objets & fo~ l'Evidence , Lucv it établi la maxi- me des Stoïciens: Qu'à - : iics chofes fe re fi :; dans laNatx ceper. i V: parfai autre çbofe, C'eft le grand principe de Mr, Juillet, Août ek Sf.pt. 1741. $47 Mr. Lcnvvtz, dans cette belle controver- fe Epiitilaire entre lui 6c le Dr. Clarke, que nous devons à ia feue' Reine Cû ne y & dont les pièces font devant le Pu- blic depuis long-tems. Ciceron a beau fe récrier : Hoc Stoïcum efî, nec admodùm cré- ditât. .... Lmmo verà, répond le Com- mentateur, certifflmum Leibnitzio , & aliis: r.-am neque inter folia , neque poma , neque grana yiilîa fimilitudo pcrfcâa & adctquata. Mais fi dans la Nature l'égalité par- faite ne fe trouve pas, que direz -vous Lucullus, des ouvrages de l'Art? C'eft une infiance de la part de Ciceron: Sed Ci bominum fimiktudo îanta ejfe non potefl , ne fignorum quidem?... Die mibi\ Lyjippus eodem arc , eadem temperaturd , eodem cœlo , , ecteris omnibus, centum Ahxandros ejufdemmodi faccre non pojjet ? Quâ igitur ne difcernercsJ Sur quoi on fait quel- ques remarques: 1. Qu'il n'efl pas équi- table d'amener ici, par rapport à la re- cherche de la venté , les ouvrages de l'Art, qui, après tout , ne font jamais portez a une égalité parfaite , ni pour la matière, ni pour la forme; ce qui pa- roitdans les chef-d'œuvres des meilleurs Artifans. 2. Sur cet Ahxandros ejufmodi, ou ejufdemmodi , on foupçonne qu'il y avoit un Alexandre de Lyfippe dans cette avant-cour où ils étoient aliis: ce qui eft itant plus probable, que perfonne n'ignore cor. njjus étpit magnifia Z 4 que 348 Bibliothèque Britannique, que en ces fortes de chofes ; & que Ci- ceron, pour égayer une matière féche d'elle-même, fait entrer dans fa réponfe tout ce qu'ils voy oient : ici un Alexandre, dont il parlera encore à la fin du livre ; tout à l'heure fon Cachet qu'il avoit dans la main, hoc annulo; bientôt la Mer , fur le bord de laquelle ils étoient afïis; un Vcijjeau qui paffe , vidcsne navem iilam? les Poijfons qui nagent à leurs pieds, pifciculos ilîos ; fa propre Campagne, Cu- manum è régions, video , Pcmpeiamim non cer- ■no ; le Soleil même , qui vers fon Cou- chant lui donnoit dans le vifage, ipfe cnim hl: radiants me intueri videtur ■; & enfin le Batelier, qui lui fait figne de terminer la difpute. 3. Refle cet aqua , qui embarafle les Interprêtes : mais peut-être n'efl-ce qu'une faute deCopiite pour atque ;at- que ccteris omnibus , ces fortes de mots dans les MSS.s'écrivant prefque toujours par abbréviation. Chap. XXVIII. Sur la Dialectique, G- ceron fait des dinicultez peu dignes de lui: Rerum natura , dit -il, nul/am nobis : coTûitionem finiufn, ut ulla in re fla- tuere pojjlmus quatenus. La fource de fon préjuge eft , qu'il n'a pas voulu faire at- tention à cette maxime générale, qu'An- flote même, fon héros, n'a pas oubliée: que Us grandeurs font relatives. On re- marque ici qu'Horace, tout Académicien qu'irétoit,a pofé un principe tout con- traire Juillet, Août et Sept. 1741. 349 traire au fien :Eft modus in rébus, [un certi àenique fines &c. Chap. XXXVI. Quoique les Stoï- ciens admîflent l'Evidence , & par con- fequent Vaffention dans les chofes claires , ils exigeoient pourtant la fafpenfîon dans les chofes incertaines. Ciceron fait ufage de cette batterie contre Lucullus: Illud ferre non pojfum : Tu , ciim me incognito ad- fentiri vetas , idque turpifjlmum effe dicas & pleniffimum temeritatis ; tantiim tibi adroges, ut exponas difcipîinam fapientiœ ; naturam rerum omnium cvolvas ; mores fingas ; fincm honorum mahrumque conjlituas ; officia deferi- bas ; quam vitam ingrediar definias ; atque etiam difputandi & intelîigcndi judicium dicas te 6f artificium traditurum; perfides ut ego ifla innumerabilia compîeclens ,nufquam Iabar, nihil opiner? Tout cela coule; il n'y a que ce vitam, qui ne revient pas au nou- vel Editeur, dont voici la note : Lege omninb viam : nam de vita quidem,jam mo- res finxit , fines bonorum conflituit , officia dcfcripfit :quid fupereft , ni fi via quoque , quâ is progredi debeat , definiatur? C'eft le ftile de Ciccrcn : ici même ,fequor igitur cas vi as quas didici ab Antiocbo , chap. XXX. & dans Herenn. Lib. IV. ch. 56. Aut fi nc- fciunt quam viam fequi debeant : & enfin dans le Liv. V. de Finib. chap. 6. In- venta vitee via ç/7:fans parler ici de Lu- créée , Liv. I. Viam endogredi f céleris : & ainfi prefque par- tout. Z 5 C'eft 35° Bibliothèque Britannique, C'eft un grand principe d'équité, que de diftinguer toujours le caratière perfonnei de ceux qui errent, des conséquences qu'on ■pourrait tirer de leurs principes. Ciceron ne l'a pas ignoré. En tems & hors tems, il attaque de toutes les manières les opi- nions des Epicuréens, mais il refpecle toujours le mérite perfonnei. Il donne de grands éloges à Phèdre & à Zenon, à Scyron & à Polydeme; & voici un trait bien délicat pour Atticus , dont perfonne n'ignore quels étoienr les vrais fentirnens: Sûftinuero Epicureos , dit-il , tôt meos fami- HareSytam bonos,tam inter fe amantes viros ! On voit bien pour qui eil cette admira- tion. Ut Atticus Hic Cicerom s,, dit la re- marque, utilis amicis , gratus omnibus, nc- rnini gravis, fuorum verè delicice (j amor perpemus. Ainfi Erafme écrivoit des dou- ceurs à Luther & à Meianchton ; Grotius •recherchoit l'amitié de Cretiius qui l'a- voir refuté ; & le P. Moyenne , tout Mi- nime qu'il éroit, avoit commerce de lettres avec Ruarus 9 grand Unitaire. Chap. XXXV11I. Cette remarque ne tombe point fur le texte , mais en voici une qui attaque une leçon très- plaufible. Ciceron introduit ici le Siraton de Mr. Boy le , qui fe moque du fyftème de Démocrite. Somma cenfet hœc effe De- mocriti, non docentis , fed opterais. Tous les MSS.& toutes les Editions font una- pimes: ce qui eft un préjugé favorable pour Juillet, Août et Sfpt. 1741. 351 pour la leçon commune. Ci pendant Guyei, qui ne goùroir point cet optantis , foupçon- noit qu'on devoit lu c f/.Cela ieroit bon s'il s'agiflbit d'un Philosophe volup- tueux, quafipotau fuerit , dit la remarque. D vift etîent op- tantis,& prétend le démontrer par ce paf- fage de la 2. Tufeul. ch. XII. Optare hoc quidem efi , non docere. Air Durand ne fe rend point, à conjecture 0 quia du rap- port kfomnia9&(\uï d'ailleurs eft appuyé par un paflage formel de la Watur Dieux : Qua oscitans Epicurus hallu- cinants e :.Mais que fera- t-il du paflage des Tufculanes? Voici fa ré- ponfe : il diihngue les occalionsek ksfyf- temes. Ici il s'agit du fyltOme des Atomes, n'y vient pas : N~am quid amabo optabik eft, dit-il, in Mo atomorum concur- Ju, out in ea Deorurn natura umbratiji? Mais dans les Tufculanes il s'agit de la Morale & du principe le plus fublimc des Stoïciens: Ai çum dicit Tufculanâ Je» , optare id efle, non docere, rem 1 cum Zenone, non de fomniis dut lana caprina , fed âe fumma rerum3 de virtute feilicet. Zenonis enim e fatum erat , Nihil bonum nifi quod honeftumj nihil malum nifi quod turpe. C efpondet Cicero, optare id quidem eft, non docere. Ergo rentur E ;r*7M.f,fomnia- optet Zeno,fed Si la remarque du Com^ 352 Bibliothèque Britannique , Commentateur n'eft pas déciiive , elle jet- te pourtant quelque lumière fur ces di- vers paflages. Mais voici un endroit des plus curieux de ces Académiques. On fçaitque le bon La fiance s'eft moqué des Antipodes , & s'eft amufé même à les réfuter. Ciceron étoit plus traitable : „ Ne dites-vous pas en- 9, core, dit-il aux Stoïciens, qu'il y a vis- „ à-visde nous, de l'autre côté de laTer- s> re, des peuples que vous nommez An- 9, tipodes , parce qu'ils doivent avoir les 99 pieds oppofez aux nôtres? Pourquoi „ donc vous fâchez -vous contre moi, 99 qui ne méprife point ces idées, plus „ que contre certaines gens qui, dès qu'ils „ vous entendent fur ce chapitre , com- „ mencent à haufTer les épaules, com- 9> me û vous extravaguiez ? De la do&rine des Antipodes au fyftê- me de Pythagore il n'y a pas infiniment loin. Ainfi Ciceron continue : » Hice- „ tas de Syracufe croyoit,au rapport „ de Théophrafle, que non feulement le „ Ciel, mais le Soleil même, la Lune, „ les Autres , enfin tout ce qui eft au „ defîus de nos tètes, étoit en repos, tan- „ dis que la Terre feule étoit en mouve- „ ment dans cet Univers; qu'en tournant „ & le roulant, pour ainfi dire , avec „ une extrême vîtefTe autour de fon axe, „ il en réfultoit pour nous dans le Ciel „ les mêmes apparences > que û , elle de- t} meu- Juillet, Août et Sept. 1741. 353 „ meurant immobile , le Ciel tournât „ tout autour. Il y en a même qui pré- „ tendent , que Platon a coulé la même „ doclrine dans fon Timêe , mais non pas „ û clairement. Et vous, Epicure , quel „ eft votre fyftême ? Parlez ; croyez-vous „ que le Soleil foit aufli petit qu'il le „ paroît ? Moi ! dit-il ; peut-être plus petit. . . „ Vous riez, Lucullus; mais fçachez qu'il „ fe moque aufli de vous , comme vous „ vous moquez de lui. . . Mais Socrate „ eft à l'abri de toutes ces rifées ; mais j, Ariflon de Chio en eft à couvert, lui „ qui prétend, comme l'autre, qu'on ne „ peut rien fçavoir de tout cela. Ceftla traduction de Mr. Durand; dont il eft jufte que nous rapportions auiîi quelques lambeaux. Il remarque fur l'ar- ticle d'Hicétas, que ce fut ce même paf- fage,& un autre de Plutarque, qui firent penfer à Copernic qu'il pouvoit y avoir un meilleur fyftême que celui qui avoit la vogue de fontems. C'eft ce qu'il nous apprend lui-même dans la Préface de fon livre des Révolutions des Corps céhfles, Ainfi nous devons en quelque forte à O- ceron les exploits de Copernic. Voici le partage de Ciceron. HÏCETAS Syracofius , ut ait Tbeophraflus, cœlum y folem , lunam, jiellas , fupera déni- que omnia flore cenfet ; neque prêter ter ulktm m rnundo mvoeri: quœ cùm cir- oxcvi fi .ver tôt # for- 354 Bibliothèque Britannique, torqueat , eadem effici omnia , quce fi fiante ferra cœlum moveretur. Voici la note du nouvel Editeur copiée, mais fort abrégée dans la nouvelle Edi- tion de Paris : „ Hic eiî celeberrimus ille » Ciceronis locus, qui Nie. Gopernico ani- „ mum dédit, ut aliam quàm quk fuis tem- 9, poribus probabarur, cœieitiura corpo- „ rum rationem excogitaret. Sedipfum „ in fua Prœfatione ad Paulum III. Pon- ,, tificem Romanum audiamus. Quare banc mibi operam fumfi , ut omnium Phihfophorum, qv.es habere pqffem , libros relegerem ; inda- gaturus , anne ullus unquam opinants effet, alios effe motus Sphœrarum Mundi, quàm quos Hit ponerent , qui in Scholis Mathcmata profaerentur. Àc repperi quidem apud Ci:e- ronem primum Nicetam (Hicetam) fcnfijje terram moveri. Pofleà & apud Plutarchum. . . Inde igitur occafionem naâus , cœpi & ego de Terrœ mobilitate cogitare, &c. „ Vide & „ Ariltotelem de Cœlo Lib. II. c. 13. ubi „ fufiùs ifta traftantur." En effet, non content d'y expofer le fyftème des Phi- lofophes Italiques, comme il les nomme, c'eft-à-dire Pythagoriciens, Arifiote leur fait des difïicultez qui ne font pas peti- tes , & qui ne peuvent être levées qu'en fuppofant les principes de YAttraâion, tels que Mr. Newton les a expliquez. Mais à propos de V Attraction > nous fe- ra-t-il permis de remarquer ici par oc- cafion, que le même Copernic , que nous venons Juillet, Août et Sept. 1741. 255 venons d'entendre , Ta foupçonnée com- me un pur eiFet de la fageiïe & de la puiilance du Créateur, pour l'unité* confervation du tout enfemble? Voici comme il exprime fa penfée au chap. 9, des mêmes Révof. Liv. I» Equ mo , Gravitatem non effe aliud , quàm Ap- petentiam quandam naturalem partibus indiiam à divina provident ta Opificis uni- ver forum , ut in unitatem integriiatcmque fua.m fefe conférant , in formata globi coeunt es. Qiiam affeâionem {reiïbiîe efi ctiam Joli , lunœ , ce- terifquc errent ium fulgoribus ineffe , ut ejui eJjlcùCid in ea , quâ Je repref entant rotundita- te, permaneant. Ainfi il a entrevu le prin- cipe, & le Chancelier Bacon après lui: mais la gloire de le pouffer , de l'éten- dre & le démontrer, étoit réfervée à l'in- comparable Newton. Pour revenir à Hicetas , on voit bien que l'Orateur Romain n'expofeque très- imparfaitement fon fyftême. Ga eft furpris qu'il mette la Lune au nom- bre des Corps non-mobiles; Mirari au- temfubit Ciceronem&c* mais il ne confi- dere pas, qu'il ne s'agit ici proprement que de la Terre , & de fon moui\ diurne autour du Soleil, fon difeours étant trop rapide & trop abrégé pour s'arrê- ter à la théorie des autres planètes. Ce n'eft pas qu'on prétende que Ciceron fût Aftronome ou Mathématicien; il ne donne point ici une grande idée de fa capa- 356 Bibliothèque Britannique, capacité en Géométrie. Il chicane les définitions du Point , de la Ligne , de la Surface ; mais il ne dit rien des Axiomes: c'étoit pourtant-là où il en faloit venir; car tout le monde conçoit que le tout efl plus grand que fa partie, que deux chofes égales aune troifîème font égales entr'elles&c. Il nous auroit divertis, s'il avoit bien voulu nous apprendre ce que Caméade pouvoit oppofer à des perceptions de cette évidence. Sextus Empiricus les a combattues, mais il n'a convaincu per- fonne. Mais après avoir donné quelque idée des Remarques & de la Traduction du Commentateur, il eit jufte de dire aufïl notre fentiment fur l'Ouvrage même. Ce n'eft pas certainement une des moin- dres pièces de l'Orateur, ni du côté de l'économie, ni du côté de l'efprit, ni du côté de la di&ion. Les objections de Lucullus font fortes. Ciceron en convient dans une Lettre à Atticus : Antiochea illa funt valdè Kfàuvu; mais elles ont ce dé- faut, qu'elles ont paiTé parla plume d'un homme prévenu pour le fentiment con- traire. C'efl le fort de toutes ces com- pofitions, anciennes ou modernes, où le même Auteur eft Avocat pour & con- tre. Dans ce cas-là, il ne fe peut gueres que le parti du cœur ne l'emporte : or il n'y a point de doute que ce parti, chez Ciceron, ne fût celui de la Nouvelle Aca- Juillet, Août it Sept. 1741. 357 Académie. 11 l'avoue ici dès l'entrée, avant que de faire parler Lucullus ; il Fa- voue encore dans î'exorde de fa répli- que, & il eft prêt d'en faire ferment : Il l'avoué dans le fécond Livre de la Divi- nation. Il repète le même aveu à fon propre fils , dans fes Offices , lorfqu'il va lui donner les leçons les plus graves du Portique. Dès l'entrée de fon premier Livre fur la Nature des Dieux, il fait l'élo- ge de la prudence des Académiciens au fu- jet de leur fufpenfwn, qui étoit univerfelle quant au dogme , û elle ne l'étoit pas quant à la nécefïïté d'agir: & cependant, qui le croiroit? c'eft dans le même en- droit où de fçavans Interprêtes ont trou- vé Ciceron auffi dogmatique qu'on le puif- feétre, fous ombre que nos Exemplaires portent, caufam principiumque Pbilofophia effiefeientiam -, fans confiderer que les Moi- nes ont fi peu refpe&é ces Livres , qu'ils en ont fupprimé plufieurs , tronqué une grande partie, & falfifié plufieurs pafla- ges. Enfin, dans le premier Livre de Le- gibus , après avoir fuppofé les principes les plus orthodoxes , il conjure les Aca- démiciens de ne point venir déranger ce fyftême : Pour l'Académie, dit-il , je fuis d'avis de Vappaifer ; car fi nous la laijjont faire 6V. Tant il eft vrai qu'elle lui te- noit encore fort à cœur, lors même qu'il étoit fur le point de voir terminer fes doutes au port de l'immortalité. Or je Tome XViL Part. IL A a de- ,58 Bibliothèque Britannique, demande, fiun homme comme lui, grand Orateur , il eft vrai , mais grand Acadé- micien , difciple de Pbilon & adorateur de Carnéade, étoit bien propre à faire valoir les raifons d'Antiochus, en faveur d'une évidence qu'il ne croyoit point. Ceft comme û on donnoit à un Claude, ou à un TUIotfon , la tâche laborieufe de défendre la préfence réelle : Ainfi l'attaque eftfoible, en comparaifon de la réponfe. Mais la réponfe même , toute oratoire & véhémente qu'elle eft, ne paroitra pas convaincante à tout le monde. Ce qu'il dit contre les fens, & principalement contre la vue, qu'il repréfente comme toujours trompeufe & infidèle, eft inju- rieux à la Divinité , & même contradic- toire \ puifqu'il eft de fait, que les fens, d'accord avec notre intelligence, nous procurent toutes les utilkez réelles dont nous jquïiïbns. Le ridicule qu'il prétend jetterfur les idées d'Epicure, par rapport au même fujet, retombe fur lui, de l'aveu même de Valcntia, fans parler ici des rai- fons de Diogcne La'èrce & de Gaffendi. Le grand nombre de véritez qu'il recon- noit d'ailleurs , mais dont il prétend que nous ne fommes pas fûrs, forment con- tre lui un puiffant préjugé. Car il fuivroit de- là que Dieu, ou la Nature, auroit of- fert à rjptre ufage une multitude innom- brable d'idées & de fenfations ,vrayes, qui, prifes feparément, peuvent n'être que Juillet, Août et Sept. 1741. 359 que des impofturcs: egiegiam vero /au- ne vaut pas mieux: . Ton admirateur , en convient de bonne-foi. Sa grande raifon , ou plu- tôt Ton cheval de bataille contre l'évi- dence, eft l'oppolïtion perpétuelle qu'il trouve entre tous les Ph'ilofophes : d'où il femble vouloir conclure qu'il n'y a rien de certain; mais malheureufement pour lui, il lui eft échapé une réflexion qui le bat en ruine: Etenim, dit-il au ch. XXIf. de ceteris funt m ter iîlos (Philofophos feil. ) nonnulla communia: hœc Academicorum eft unci fentehtia ,quam reli quorum Pkilcfophorum nenw protêt. C'eft- à-dire, que tous les Philofophes, à l'exception des Académi- ciens, ont entr'eux quelques principes corn- muhs. Je n'en demande pas davantage. Ajoutez à cela, que ce que les autres nomment certain , les Académiciens le nomment probable. Or félon eux , & fé- lon Ciccrcn, le probable peut être vrai, quoique nous n'en foyons pas fûrs. Qu'il me foit permis de lui dire à cette occa- fion : Vide , quœfo , Marce Tuli; , quàm in parvo pofita fit controverfia ! On peut en- core lui oppofer les premiers principes des Mathématiques , qui comprennent ceux de l'Arithmétique & de l'Algèbre, reçus & employez unanimement & avec fuccès par tous les particuliers, &même par toutes les Nations, non feulement dan» la théorie, mais même dans la pratique, A a 2 JLw- 360 Bibliothèque Britannique , 'LucuUus le pince fur le ferment qu'il fit, d'avoir bien compris la conjuration ; mais il auroit pu le pouffer encore plus vi- vement. 11 auroit pu lui dire : ,$ Vous „ avez découvert , vous avez confondu „ les confpirateurs, vous les avez mis ,, dans les fers après une dûë conviction, „ vous avez procédé contre eux capita- „ lement: fur ce pied-là, ayant recueil- „ li les voix du Sénat, les uns écoient „ pour latranfportation, mais vous &Gj- „ ton , vous avez prononcé pour le dernier „ fupplice,& moi avec vous. Pour Catcn & „ moi, nous devions être fort tranquilles; „ parce que nous étions convaincus & du „ fait & du droit; mais vous, vous ne pou- „ viez l'être ni de l'un ni de l'autre , Aca- „ démiquement parlant, & on vous de- „ mandera toujours, comment, fur de fim- „ pies probabilitez, vous avez opiné à la „ mort de plufieurs Concitoyens? Par vos „ propres principes , il fe pouvoit qu'ils ne „ luflcnt pas fi criminels, il fe pouvoit „ même qu'ils fû fient innocens. " Le refte dans Y Anti- Académique. Avec tout cela, il faut convenir que Ciceron plaide fa caufeavec efprit , avec adreife, & même avec une efpece d'en- thcufiafme : ce n'eft pas une lefture,c'eit un ipeélacle, dit S. Auguflin: Ita perœquè propè de omnibus feclis copiojtjjimè Cicero ju- 'cundiffnnum hgeniibus quàji fpeftaculum prœ- bet. Cont.Academ Lib. III. cap. 7. L'iro- nie, Juillet, Août et Sept. 1741. 30*1 nie, la raillerie, la licence même s'en mêle quelquefois : on en jugera par ce trait contre les Stoïciens; „ Sans doute que votre Sage " (leur dit-il, après avoir indiqué en peu de mots \qs opinions diverfes des anciens Philofophes fur les premiers principes de la Phyfique) „ fans doute que votre Sa- ,, ge, ayant écouté tous ces Philofophes, „ en choifira un, auquel il s'attachera ,, preférablement. Ainfi il faudra que „ tous les autres, perfonnages de tant „ de mérite & en fi grand nombre, re- mettez & condamnez par lui, fe reti- „ rent triftement chez eux. Et du relie , ,, quelque fyftème qu'il embraffe, il fe le ,, mettra tellement dans la tête, & l'y ,, tiendra aufli ferme & aufÏÏ bien com- ,, pris , que tout ce qu'il aura faiû par m lesfens; & parce qu'il s'eft déclaré Stoï- ,, cien, il ne fera pas plus perfuadé qu'il „ fait jour à préfent, qu'il le fera que ,, ce Monde, par exemple, eft un Etre ,, fage; qu'il efl doué d'efprit & d'intel- 11 ligence, que c'eft à cette Intelligence, „ que lui , Stoïcien , doit fon être & fa ii formation , comme ce Monde lui doit .., la fienne; que la même Intelligence, ,, ou Ame du Monde , modère tout, ,, meut tout, gouverne tout: il faudra ,, encore qu'il fe fourre dans Pefprit, que M le Soleil , la Lune , les Aftres, chaque s, Etoile même, la Terre, la Mer, font A a 3 „ autant 362 Bibliothèque Britannique , „ autant de Divinitez -, parce qu'une cer- „ taine Intelligence animée s'infinuè' dans s, tous cesEtres,& les pénètre en tout fens, „ fans préjudice néanmoins delà cataftro- „ phe épouvantable qui doit furvenir un „ jour, lorique ce Monde, comme vous „ l'annoncez , fera livré en proye aux „ flammes. Que toutes ces choies ibient „ vrayes, ( vous voyez que je ne fuis „ pas bien loin de convenir avec vous ,, de quelque vérité ) j'y cpnfens ; mais „ ne venez pas me dire, que notre efprit „ les conçoive & les comprenne: car en „ ce cas-là je me jetterai fur la négative". Peut-on attaquer un fyftême avec plus d'efprit & d'urbanité , fans s'écarter du fien propre ? Ce qu'il ajoute elt encore plus fort, mais non pas il poli. ,, Aufli-bien, dès que votre Sage, votre „ Stoïcien, vous aura articulé toutes ces a, belles chofes fylîabe après fyllabe , „ Aristote furviendra à l'improvifce , „ & avec ce fleuve d'éloquence pure & „ majeftueufe que nous lui connoifïbns , „ il le tournera en ridicule, comme un „ homme qui extra vague : & à l'égard a, de vos deux grands principes , la for- ,3 mation & la diflblution du Monde , il 33 vous dira fur le premier , qu'il faudroit 3, fuppoferun projet bien nouveau j pour „ donner un commencement à un ou- ,, vrage f: admirable; & fur le fécond, que ?, ce Monde eit û bien lié & il bien âffer- „ mi Juillet, Août et Sept. 1741. 565 ., mi de tous cotez, qu'il n'y a aucune „ force étrangère en état d'entreprendre „ de fi grands changemens, comme il n'y ,, a ni vieille/Te , ni durée f qui puifTe ,, altérer l'éclat ou la confiltence dont il „ jouit. Ainfi , en vertu de vos engage- 9, mens , vous ferez obligé de rejetter >3 ceci, & de foutenir tout le relie avec „ autant d'àpreté , que s'il s'agiiTbit de m votre tête, ou de votre réputation : & 9> à moi , on ne me laiffera pas la per- „ milfion de douter ! . . . . Les Stoïciens enfeignoient , que Dieu avoit fait toutes ebofes pour Pbomme ; préjugé quia trouvé tant d'oppofition en ces der- niers tems. Cicèron en a bien connu le foible. „ Pourquoi ce Dieu, leur dit-il , ,, puifqu'i! faifoit tout pour l'homme (car >, c'efl ce que vous prétendez) a- t-il créé ,, tant de fortes de ferpens & de vipères? m Quelle raifon avoit-il de répandre fur 99 mer & fur terre tant de poifons & „ de venins ? Vous foutenez qu'il rt'eft „ pas poffibîe que toutes ces créatu- n res ayent été formées avec tant d'art & „ de délicateffe, fans le concours d'une „ main ou d'une providerce divine : & 99 vous ne craignez point de ravaler une jj majeilé fi grande , jufqu'à l'occuper à ,, finir des abeilles ou des fourmis ; en- -, forte qu'ayons entendre, on diroit qu'il ;, s'eft trouvé aufiî parmi vos Dieux un A a d ixjR- 364 Bibliothèque Britannique, :3> Myrmecide , quia voulu fe diftinguer „ par ces fortes de petits ouvrages. On voit bien que toutes ces libertez, ■& quantité d'autres que nous ne rappor- tons pas, ont befoin de correctifs , qui paroîtront fans doute dans l'Edition in 4. qu'on nous fait efpérer des Pbilofophiques. En attendant, remarquons ici , que ce Myrmecide a bien la mine de nous avoir procuré les Natures Plajliques de Mr. Cudvcorth & de Mr. Greiv , qui ont donné lieu à une difpute aîfez vive entre deux combattans fameux qui ne font plus. Notre intention n'eft pas de la renouvel- ler : ajoutons feulement pour la gloire de la vérité , que Mr. Bayie etoit û peu éloigné d'admettre des Natures Plaftiques, que fi Mr. Le Clerc avoit bien voulu lear accorder quelque idée, ou quelque con- noiffance de leurs propres ouvrages, ja- mais il ne fe feroit avifé de lui faire la moindre difficulté fur ce fujet: c'eft ce que nous avons fçu de fa propre bou- che, durant le fort delà conteftation. Il étoitmême perfuadé que les animaux de tous les ordres & de toutes les efpeces, & les infectes mêmes, avoient une por- tion d'intelligence , telle quelle, qui les dirigeoitdans tous leurs befoins. FinifTons par un beau pafiage fur la Morale des Anciens: », Cbryjippe foutient f, en plufieurs endroits , qu'il n'y a pro- » pre- Juillet, Août et Sept. 1741. 365 ,, prennent fur les vrais biens que trois „ ientimens foutenables. Par -là il re- „ tranche & il écarte la multitude inuti- ,, le des objets. Il prétend donc que le „ vrai bien confifle, ou dans Y Honnête, ,, eu dans Y Agréable, ou dans Tun&l'au- „ tre conjointement. Car pour ceux ,, qui le placent dans une certaine exemp- „ tion de toute peine, ils évitent bien le „ nom odieux de volupté, mais ils relient „ toujours dans le voifinage de recueil ; ,, ce qu'on peut dire aufîi de ceux qui „ zfîocicntY Honnête avec Y Agréable , c'eft- „ à- dire avec la Volupté : d'où ne s'é- „ loignent puercs non plus ceux quiajou- ,, tent à Y Honnête ces premiers avantages „ de la nature dont nous parlions. Ainfi „ ce Philofophe lailfe en entier ces trois „ fentimens, qu'il croit qu'on peut fou- „ tenir probablement. A la bonne-heu- ,, re; quoique pour moi , je ne me laifle „ gueres ébranler du point fixe des vrais 99 biens , tel qu'il a été propofé par Polémon 99 & les Peripatéticiens , & même par ,, Antiochus. Avec tout cela , je ne fens „ que trop avec quelle douceur enebar- m tereflela Volupté flatte nos fens / quel- „ quefois même je me laifTe aller jufqu'à m donner les mains aux idées d'Epicure 99 ou d'AriJHppc. . . La Vertu me rsp- » pelle, ou plutôt elle me retire par la „ main : elle me dit que ces mouveine^s A a 5 „ font «65 Bibliothèque Britannique, „ font de la brute; que l'homme eft uni 99 avec la Divinité. . . Je pourrois me ,, mettre entre deux, & tenir la balance „ égale, & parce qvfjiriftippe, comme fi „ nous n'avions point d'ame , donnoit tous ,> fes foins au corps , & que Zenon, com- „ me fi nous n'avions point de corps, „ donnoit tous fes foins à l'ame , m'en „ tenir à Caîtipbon " ( qui joignait la Vertu avec le Pîaiflr ; il en a parlé plus bout : ) ,, dont „ Carnêa'de defendoic les idées avec tant „ d'ardeur, qu'on eut dit qu'il les approu- „ voit. . . Mais fuppofé que je penche à „ fuivre ce dernier, la Vérité elle-même, 9> la Raifon droite &févère, ne viendra- „ t-elle pas s'y oppofer & me prendre à „ partie ? Toi , me dira-t-elle , qui né „ fçaurois ignorer que V Honnête confifte à „ méprifer la Volupté , voudrois-tu les „ alîbcier, & joindre en quelque façon „ YHomrrie avec la Bête? Nous ne faifons point d'exeufe à nos Lecteurs fur la longueur de ce paflage : nous remarquons feulement qu'un grand Poète , qui, pour des raifons que chacun fçait , c'eft- à-dire enbonCourtifan, n'a jamais fait l'honneur à Ciceron de lé lôùef*, l'a pourtant imité en divers endroits, & entr'autres dans cettebellz Epitre à Mécé- nat , où il dépeint û bien la foiblefle hu- maine , & en particulier la ûenne propre : Nunc agiiis fio Çfjiïergor civilibus unctis , VÎT- Juillet , Août et Sept. 1741. 367 Virtutis vera cuftos, rigidufque fatelles: Aristi ppi furùmpra cepta rclabor, Et tniÇi res , treconor. Voilà l'imitation,& voici l'Original dans le paflage altegué : Sil Jarit ftutm à pQÎethonis -J? Peripatéi smnfçi" çilè àivellor. V&rumiamen quùm video quàm enpbus nojîris blcndiatur x eu, lit adjlntiar Epi euro crut . La différence qu'ilyaencr'eux, c'cil que le Poète fe laifle aller; au lieu que l'O- rateur Philofophe tend les mains à la Vertu, ou plutôfvers le Ciel. . . . Le combat n'eft pas encore fini, on a feulement écarte le de la focieté qu'il vouloit avoir avec .-'te : ,, Il „ ne relie donc plus fur l'arène que deux ,, combattans^fçavoir fHqnnêu & la Vohtp- „ séyquï doivent entr'enx terminer lecom- „ bat; fui* lelbrt duquel je nevoispour- „ tant pas que Cbryfippe s'inquiète beau- ,> coup. Cependant îi vous i'uivez l'une, „ je veux dire la Volupté , voilà bien des M choies qui tombent , ce fur-tout la fo- „ çieté parmi les hommes , cela tendref- „ fe du fang, & i'ainitié , ce la juftice , ce ,, toutes les autres vertus, dont aucune ,, ne peut conferver fon être , û elle ,, i: uite : car pour celle qui n'eft ,, portée à ien devoi ë du plai- „ fir, comme d'une 'erecompen- „ fe, ce n'eft point 1 , ce n'eft M qu'une 368 Bibliothèque Britannique, „ qu'une imitation faufTe & hypocrite de ,, la Vertu". Nos Fendons , nos Saurins, dans leurs Traitez de l'Amour pur, ont- ils porté la morale à une précifion plus fublime ? ,, Mais d'autre côté, continue-t-il, fi „ vous prêtez l'oreille aux railons de ,, Y Honnête, que n'entendrez-vous point „ de la part des autres ? Ils vous diront ,, naïvement, qu'ils ne comprennent pas „ même ce que vous voulez dire avec 99 votre Honnête , à moins que vous ne „ qualifiiez ainfice qui nous donne quel- „ que relief ou quelque vent parmi le „ peuple : ils vous Contiendront , que la ,9 îburce de tous les biens eft dans le 99 corps; que c'eft-là la régie , la mefu- 99 re , la préfcription de la nature mê- 99 me, de laquelle quiconques'écartera, ne 99 fçaura jamais quel parti prendre dans la 99 vie. . .. Vous croyez donc que quand „ j'entens dépareilles chofes, & unein- 99 finité d'autres fur le même ton, je n'en „ fuis point émû. ... ? Je le fuis au- „ tant que vous, Lucullus , & ne vous ,9 imaginez-pas que je fois moins homme ,9 que vous : la feule différence qu'il y a „ entre nous , c'eft que vous , dès que „ vous êtes émû, vous acquiefcez, vous „ confentez, vous approuvez, vousvou- ,9 lez que ce que vous avez admis foit 99 vrai, certain, bien conçu & bien com- f/ pris &c : & que moi , je ne crois pas „ qu'il Juillet, Août et Sept. 1741. 309 ,, qu'il y ait rien à quoi je puiffe confen- ,, tir, que je ne rifque en même tems de ,, donner mon acquiefcement à unecho- „ fefauffe"-, . . . Ainfi le voilà retom- bé dans fon Académifme. Il eft ortho- doxe dans le cœur ; il l'eft quand il faut agir, quand il faut défendre l'Etat, quand il faut donner des leçons à fon fils, à fes parens, à fes concitoyens : mais faut-il raifonner , faut-il difputer dans les formes & pied-à-pied contre un adverfaire; la fécondité de fon génie lu i fournit mille difficultez , qui l'embarafTent tout le premier. Ce caractère n'eft pas fans exemple , même parmi les Chré- tiens. Dans le Journal prochain nous parle- rons du Livre de Valentia , & même de fa perfonne & de fes autres Ou- vrages, far quoi nous avons tout prêt un Mémoire des plusinftructifs. ARTICLE VI. The Divine Légation of Mofes , &c. * La Divinité de la MïJJlon de Muife , démontrée fuivant les principes d'un Dèiflei religieux , par cette confidera- tion, * Voyez tout le Titre Anglois dans le Tome XI, de cette Biblioth. Part. 1. 370 Bibliothèque Britannique, tion , que fous ï Economie Judaïque il rCcfl peint fait mention du Dogme des . Rccompenfes &? des Peines d'une vie à venir. Par Mr. Guillaume W a r b u r t o m ; Maître es Arts , & Chapelain de Son AlteiTe Royale le Prince de Galles, Tome IL Di- vilé en deux Parties , contenant en- semble 678. pages; outre un Appen- dix qui en contient 72. A Londres, chez Fletcher Gyles , vis-à-vis de Gray's-Inn, dans Holbourn, 1741 , 80. VOici enfin la continuation d'un Ouvrage, dont nous avons com- mencé à rendre compte il y a plus de trois ans *: L'Auteur en prépare un troifièmeTome, dans lequel il achèvera la tâche qu'il s'eil propofée. ' Le premier Volume étoitdédié aux In- crédules, 6z celui-ci i'eft aux Juifs. Comme l'Auteur expole fort clairement fon fujet dans fa Dédicace , nous ne croyons pas pouvoir mieux faire que d'en donner ici le précis, afin de faire connoître aux Lec- teurs , ce qu'ils doivent s'attendre à trou- ver dans ce nouveau Volume. Mr. * Bibiioth. Britann. Tom. XI. Part. 1. pag. 75. Part. 2. pag.. 26S, Tom, XII. P. I. pag. 1. jP.2 pag. 215. Juillet, Août et Sept. 1741. 371 Mr. Warburton dit aux Juifs , qu'il croit qu'il y a deux raifons principales qui les retiennent dans leur aveuglement. La pre- mière , c'eft qu'ils s'imaginent que la Religion de Moïfe eft tellement parfaite dans toutes fes parties, qu'elle fuffîtpour remplir abondamment tous les befoins du genre humain; pour rendre l'hom- me capable dégoûter le fouverainbien, pour le luipropofer& pour lui en procu- rer la pofïeffion. De -là les Juifs con- cluent , que la Loi a été établie dans le deiTein qu'elle fût obfervée durant tous les Siècles, La fécondé, c'eft l'opinion où ils font que les Prophéties, que nous difons qui fe rapportent à Jésus, ne fe rappor- tent à lui que dans un fens fubordonné, ou d'accommodation; ce qui eft, félon eux, une manière d'expliquer l'Ecriture tout- à-fait fanatique & vifionaire , in- ventée uniquement pour foutenir une mauvaife caufe. Notre Auteur dit donc, qu'il s'efl at- taché, à faire voir, qu'en effet la Reli- gion Judaïque a toute la perfecluon, qu'une Religion qui .vient de Dieu ne fçauroit manquer d'avoir ; c'eft- à- dire, qu'elle eft propre à remplir le but pour lequel elle a été inftituée, & qui étdit, de feparer la Race d'Abraham des Peu- ples idolâtres : mais qu'elle n'en: parfaite quir 372 Bibliothèque Britannique, que dans ce fens reftreint & relatif, & non pas dans un fens abfolu. Il dit que cette perfeâion ne confiftoit pas à perfectionner la Nature humaine, pour la rendre capable de goûter le fou- verain bien : & que c'eft ce qu'il prou- ve par le génie même de tout le Culte religieux des anciens Juifs, & par les Loix établies contre les diverfes efpeces d'Idolâtrie qui étoient en ufage dans ces premiers tems. Mr. IVarbunon fe for- tifie ici de l'autorité du célèbre Maimo- iiides, qui, en prouvant la même thèfe d'une manière invincible , ne fongeoit gue- resquil ouvroit par-là aux gens fenfezde fa Nation l'entrée dans le Chriftianifme. Des Auteurs Juifs plus modernes ont bien apperçu cette confequence: C'eft pourquoi Orobio , dans fa difpute avec Lim- burg , employé un Chapitre * entier à réfuter, ou plutôt à nier le fait. Mais s'il eft vrai que le Culte religieux des Juifs ne confifte que dans un nombre de Cérémonies onéreufes, & relatives aux fuperftitions des premiers tems, il faut avouer que ce Culte ne fçauroit perfec- tionner la Nature humaine ', ainfi que fêle doit * Ce Chapitre eft intitulé , Quod Rhualia non erant prœcifé ut Ijraè'i ab aliis populis feparerç- tur ; neque Lex , neque Populus propter MeJJlam : Jed hic propter Popuiwny ut ti inferviret. Pag. &6. Edit. Saud. Juillet, Août ft Sept. 1741. 373 doit propofer un Dieu tout bon, dans une Révélation deftinée pour tous les hommes, & qui doit durer à perpétuité. La Religion Judaïque n'a pas non plus cette perfection qui coniifte à propofer à l'homme le fouverain bien, & à lui en procurer la poiTeifion. C'eft ce qu'on fait voir en prouvant, non feulement que la Loi de MoiTe n'a point révélé les Pei- nes &les Recompenfes d'une autre Vie, niais qu'elle a même évité foigneufement de faire mention d'aucun Dogme qui pût conduire à celui- là; qu'aucune Tra- dition Mofaïque n'afuppléé àcetteomif- fion ; mais que ce Dogme d'une Vie ave- nir ne devint un Dogme national que dans les derniers tems delà République des Juifs. ... Or il eft certain qu'une Re- ligion à laquelle il manque un Dogme fi eflTentiel, nefçauroit avoir une perfec- tion abfolue. On montre enfuite par voye de con- fequence , que la punition des enfans pour les crimes des pères, ne fçauroit fe juflifier qu'en fuppofant que la Loi ne parle point des Peines &des Recompen- fes d'une autre Vie. Par la même fup- pofition on concilie les déclarations op- pofées de Moïfe & des Prophètes, par rapport à cette efpece de punition, & l'on fait voir qu'il y a une parfaite har- monie entre eux. La féconde raifon qui retient les Juifs , Tome XVÎL Pan. IL Bb dans 374 Bibliothèque Britannique, dans leur incrédulité n'eft pas mieux fon- dée. Pour le prouver , on remonte jufqu'à la première origine du Langage & de l'E- criture, & l'on fait voir par-là, que le dou- ble fens que l'on donne aux Prophéties eft naturel, raifonnable & conforme aux régies de la Logique. On montre auiïi , que cette méthode d'inftruire étoitfi bien accommodée à l'état des hommes, qu'il auroit été dangereux de les inftruire d'une autre manière fur la venue du Meffie. De-là on prouve par voy e de confequen- ce , que l'hiftoire de la conduite de Dieu envers les Juifs, même avant la Loi, ne fçauroit être bien entendue , ni juftiûée contre les objections des Incrédules, û ce n'eft en fuppofant la vérité de la Rédemp- tion du genre humain par les fouffrances & par la mort de Jefus-Chrift. On en don- ne une preuve convaincante dansl'hiftoire du commandement donné à Abraham de facrifier fon fils. On montre que c'étoit- là une révélation de cette Rédemption , mais une révélation dans laquelle, au lieu de paroles , Dieu employé une a&ion. Voilà l'expofition que Mr. Warburton lui-même nous donne de fon Sujet, mais nous pouvons aiïurernos Le&eurs, qu'il fait beaucoup plus qu'il ne pro- met. 11 examine par occafion plufieurs Sujets, qui d'abord ne parohTent avoir aucun rapport avec fon but principal, maisdonul fçait cependant tirer des con- te- Juillet, Août et Sept. 1741. 375 fequençes qui éclairciflent & confirment les propofitions qu'il avance. Tout ce- la eu accompagné, j'ai penfedire orné, d'une belle érudition, & il Mr. Warbur* ton ne perfuade pas toujours fes Lec- teurs, au moins y en a-t-il peu à qui il n'apprenne quelque cnofe de nouveau. Cet Ouvrage eft trop curieux & trop intereffant pour nous borner à l'idée gé- nérale que l'Auteur en donne dans fa Dédicace aux Juifs. Il n'y a qu'un Ex- trait bien détaillé qui puiiTe faire con- Doitre ce qu'il contient. On a vu dans le Titre, que ce Volume eft divifé en deux parties , qui renferment les Livres IV. V. lvVI. de tout l'Ouvra- ge. Le IV. Livre, qui eft le premier de ce Volume, en occupe plus de la moitié. On y prouve la grande Anti- quité de l'Empire d'Egypte; on fait voir que les Arts y fleuriiïbient avant le tems de Moïfe : & Ton montre que cette grande Antiquité éclaircit & confirme la vérité de la Religion Mofaïque. . Ce Livre eft partagé en fix Serions, Dans la pi emière on fait voir , que tous les peuples ayant prétendu que leur Religion étoit révélée, il fuit de-là, qu'il faut qu'il y a:.teu quelque Révélation véritable , & qu'en particulier celle des Juifs l'étoit. Pour établir cette thèfe, on remarque, qu'il ne peuty avoir eu que deux raifons qui ayent engagé le genre humain à admet- Bb 2 tre 376 Bibliothèque Britannique , tre les Révélations qu'on lui propofoit La première, c'eit le fentiment intérieur qu'avoient les hommes du befoin où ils étoient d'une Révélation divine qui fût la régie de leurs a&ions. La féconde, une ancienne Tradition que Dieu s'étoit réellement révélé à leurs Ancêtres. L'u- ne ou l'autre de ces deux raifons doit avoir eu lieu; & il efc impoflîble qu'il y en ait eu une troifième. Car un effet univerfel doit être produit par une cau- fe aufli univerfelle: & dans le cas dont il s'agit, la caufe ne peut être que la Nature même de l'homme , ou une Tradition quis'eft coniervée d'âge en âge. Il elt vrai que les Princes ou les Prê- tres pouvoient, par politique & pour des vues particulières , prétendre à une Ré- vélation divine ; mais il faut qu'une rai- fon connue à tous les hommes les ait dif- pofez tous à admettre une Révélation. Mr. Wavburton croit, que ces raifons ont contribué toutes deux à difpofer les hommes à recevoir une Révélation quel- le qu'elle fût. Ils ont fenti la foiblefle & la corruption de la Nature humaine. Ils ont compris qu'ils avoient befoin de guides; cela joint à la Tradition obfcu- re qui s'étoit confervée parmi eux, que la Divinité s'étoit réellement révélée aux hommes, les a difpofez à recevoir facilement toutes les faulTes Revélato ns qu'on leur propofoit, Mais, Juillet , Août et Sept. 1741. 377 Mais, difent les Incrédules, cet aveu- glement Ck cetce corruption de l'homme ne viennent que de fa propre faute, parce qu'au lieu de cultiver fa Raifon, & d'en fuivre les principes, il fe laiffe mener en aveugle où l'on veut le con- duire. Mr. WarburUm répond à cela; Que cet aveuglement & cette corruption , qui avoient eu lieu dès le commence- ment du monde jufqu'à Jefus - Chrifl , auroient, fuivant les apparences, conti-' nué jufques à la fin des fiécles : car ce n'étoit point des égaremens produits par quelque caufe particulière , comme le climat, la nature du Gouvernement, ou le fiécle dans lequel on vivoit; c'étoit le fatal effet de la foibleffe humaine. Foi- bleffe caufee , il eft vrai , par la faute même de l'homme, mais à laquelle l'hom- me n'a jamais pu remédier, comme l'ex- périence Ta fait voir; c'en: pourquoi il s'addreffe au Ciel , & il femble qu'il ait raifon de n'attendre du fecoursquede-là. L'Incrédule infifte encore; il accorde- ra peut-être que la condition de l'hom- me a befoin de remède ; mais il préten- dra que la Révélation n' eft pas un remè- de fuffifant: ce qu'il prouvera par l'état corrompu des Chrétiens , qui femble :r une nouvelle Révélation, pour rétablir l'efficace de Pancienne, Notre Auteur remarque la -defTus, qu'il L b 2 v 378 Bibliothèque Britannique, y a une extrême différence entre la cor- ruption du monde Payen & celle du monde Chrétien. Les fauffes Révélations avoient donné aux Payens de faufles i- dées des Attributs de la Divinité ; de forte qu'en vivant dans la corruption , ils agiftbient conféquemment, & ne fai- foie-nt que fuivre leurs principes ; leur aveuglement étoitdonc digne que la bon- té de Dieu y apportât du remède. JVÏais parmi les Chrétiens ; les vicieux agilfent directement contre leurs principes; ce qui eft un degré de méchanceté qui ne peut que provoquer la juftice de Dieu. Ce qu'on vient de dire eft une forte préfomption , que Dieu a véritablement découvert fa volonté au genre humain par le moyen d'une Révélation. Et cet- te Révélation doit avoir quelque mar- que cara&ériftique qui la diftingue de toutes celles qui font fauffes. Si- l'on veut faire paffer en revue les nombreufes Religions des Payens, on trouvera que , quoiqu'elles prétendirent toutes être divines, & qu'elles fûflent toutes indépendantes les unes des au- tres, il y avoit cependant une fi parfai- te harmonie entre elles, & une û gran- de conformité dans leur Culte , qu'il faut nécelTairement en conclure, qu'elles é- toient ou toutes fauffes , ou toutes véri- tables. Il eft impoflible qu'elles ayent été toutes véritables , puifqu'elks étaient con- Juillet, Août et Sept. 1741. 379 contraires les unes aux autres dans plu- lleurs chofes, tant de fpeculation que de pratique, & que l'on pretendoit cepen- dant avoir été toutes révélées. Mais parmi ce nombre prodigieux de Révélations prétendues, on en trouva une dans un coin obfcur de la terre, ha- bité par une feule famifle , qui efl û dia- métralement oppofee à toutes les autres Religions, qu'on eft tenté d'en conclure, qu'on a enfin trouvé ce que l'on cherchoit. La grande marque qui diftingue le Judaïf- me de toutes les autres Religions , c'eft que le Judaïfme prétend venir de la première Cau- Je de toutes chofes , Ô5 condamne toutes les autres Religions comme autant d'impoflures. Parmi les nombreufes Révélations que les Payens ont prétendu qu'ils avoient reçu , il n'y en a pas une feule qu'on ait attribuée à la première Caufe, ni qui établiffe le Culte d'un feul Dieu dans le Service public. Tant efl fondée la remarque d'Eufebe * , qui dit , que l'hon- neur d'être initié dans la connoiffance du Dieu Créateur de V Univers, & d'être inflruit dans la pratique de la vroye pieté envers lui, et oit refirvè au feul Peuple Juif. On parle ici du Service public ; parce qu'on a fait voir dans le premier Volume, que le Dogme d'un feul Dieu étoit en feigne dans les Ivîvftères à un petit nombre de gens, & il * Prep. Evang. Lib. T. Cap. 9, pag. 20. Bb 4 3&o Bibliothèque Britannique, il eft clair qu'Bufebe y fait ail ufion , pui fqu'il oppofe les Hébreux aux Payens, parmi lef- quels il n'y -voit que peu de perfonnes choifies qui fûllent initiées dans la connoif- iance du Créateur, & puif qu'il employé les termes mêmes qui étoient confacrez dans les grands Myflères ; comme font ceux tfiL'K^eiCL , rlnfpeâtion du fecret; Qeupîa, la Contemplation; & ^^apyèç , le Créateur , qui en étoient le fujet. Comme les Juifs étoient diftinguez des autres peuples parle Cuire public du feul vrai Dieu , ils ne l'étoient pas moins par- ce qu'ils condamnoient comme fauiïes toutes les autres Religions , ainfi que Mr. Warburton l'a montré dans fon premier Volume *. Dans toute l'Antiquité Payenne il n'y a rien de plus furprenant , que de voir que parmi tant de Révélations continuel- les , il n'y en ait pas une qui prétende ve- nir de la première Caufe, ni qui condam- ne les autres comme faunes. Cependant il n'y a rien à quoi les Auteurs mo- dernes faflent moins d'attention. Mais les anciens Pères, mieux inftruits que nous de l'état du Paganifme, ont été frappez d'une particularité û fmguliere : & c'elt peut-être parce qu'ils n'ont pas pu l'expliquer, qu'ils ont eu recours à l'opération du Démon. Voici comment notre * Voyez notre fécond Extn-it , Bibl, Brit, Ton. XL Part. 2. pag. 299-302. Juillet, Août et Sept. 1741. 381 notre Auteur croit qu'ils ont pu rai- former. Si ces impoftures n'avoient été que des Inventions purement humaines, on ne conçoit pas qu'aucun faux Prophète, ni aucun Philofophe Cpéculatif, parmi tous ceux qui ont policé des Etats , qui étoient inftruits d'une Caufe première , & qui affeftoient la fingularité , ayent jamais prétendu qu'ils avoient reçu leurs Révélations du feul vrai Dieu; ou qu'ils n'ayent jamais condamné les autres Ré- vélations comme fautes, n'eût -ce été que pour élever la leur au defius des au- tres. Mais bien loin de -là, ils ont été fi éloignez d'avancer rien de pareil , qu'au contraire ceux qui fe vantoient d'être infpirez par Jupiter, ne l'ont ja- mais repréfenté comme le Créateur de toutes chofes, mais feulement comme une Divinité locale & tutélaire; comme Je Jupiter de Crète , par exemple , ou Je Jupiter de Libye. De plus, ceux qui ont prétendu établir le meilleur fyftême de Religion, n'ont pas entendu par- là le meilleur en lui-même, mais feulement le meilleur par rapport à la Société par- ticulière pour laquelle ils vouloient l'é- tablir. Tout cela paroît inexplicable, fi on ne fuppofe pas qu'il y avoit - là quelque chofe de furnaturel. Mais dès qu'on admet que le Démon y a eu part , tout devient intelligible. Car Bb 5 on 382 Bibliothèque Britannique, on conçoit aifément , que s'il avoit per- mis à fes Suppôts de prétendre qu'ils étoient infpirez par la Caufe premiè- re, l'Idolâtrie en auroit fouffert beau- coup : & s'il leur eut permis de con- damner toutes les autres Religions comme faufTes , cela auroit oblige les hommes à faire des recherches , & à examiner toutes les Religions : ce qui n'auroit pu que mettre fin bientôt aux progrès de l'Idolâtrie. C'eft ainfi que les Pères ont pu raifonner; & notre Auteur délie les Incrédules, avec toute leur Logique, de montrer que ç'auroic été raifonner mal. Mais fans avoir ici recours au Démon , notre Auteur croit pouvoir alléguer des raifons naturelles d'un phénomène û fur- prenant. Premièrement donc, ceux qui en ont impofé aux peuples , agiïïbient tout à la fois en qualité de Prophètes & en qualité de Politiques. En qualité de Pro- phètes, ils trouvoient qu'il étoit nécefiai- re de prétendre qu'ils étoient infpirez du Dieu pour lequel le peuple avoit le plus de vénération -, & ce Dieu étoit pour l'ordinaire quelqu'un de leurs Ancêtres * ou quelque Citoyen, à qui les fervices qu'il avoit rendus à l'Etat avoient procuré les honneurs divins , & qui étoit devenu par-là un Dieu tutélaire& local. En qua- lité de Politiques ; ils jugeoient qu'il étoit très- utile, que le Fondateur même de la Socie- Juillet, Août et Sept. 1741. 383 Société, ou le Père de la Tribu , rut l'ob- jet du Culte national; parce qu'un peu- ple groiïîer s'accommodoit beaucoup mieux d'un Dieu à qui il apartenoit en particulier, que d'une Divinité dont les foins étoient plus répandus. Cette pra- tique adonné lieu à deux opinions, qui en étoient des confequences inévitables, & qui empêchoL-nt en même tems qu'on ne prétendît avoir reçu quelque Révé- lation de'la part d'un feul Dieu , Créateur de l'Univers. La première opinion, qui étoit celle des Théologiens, étoit, que la Caufe première ne fe mêle. pas immé- diatement du Gouvernement du Monde, mais qu'elle l'abandonne à des Divinitez locales & tutélaires, qui font les Subitituts. La féconde, qui étoit l'opinion des Légif- lateurs , étoit , qu'il feroit d'une confe- quence fatale à la Société , de découvrir au peuple laCaufe première de toutes choies. En fécond lieu, on croiroit <5ue puif- qu'on enfeignoit dans les M y itères l'exif- tence d'un Dieu, Créateur de l'Univers/ & que les Légiflateurs , & ceux quipré- tendoient à l'Infpiration, étoient tous ini- tiez, il femble que ce Dogme auroit dû fe glhTer dans quelque Religion Payen- ne. Mais cela même, qu'il é:oit enfeigné dans les Myftères , étoit un obftacle à fa publication; puifqu'on ne le revéloitaux Initiez que fous le fceau du fecret. Puis donc que dans le Cuite public, la prç- 384 Bibliothèque Britannique , première Caufe éroic ou inconnue ou rejettée , & qu'on n'y adoroit que des Divinitez Locales &tutélaires, donc cha- cune avoir Ion diitrict particulier, & ne s'embarafïbit gueres de celui des autres, il fuit de-là, qu'aucune Religion ne pou- voit acculer les autres de fauûeté, parce qu'elles étoient toutes appuyées fur le même fondement. Voilà donc une différence eiTentieîle en- tre la Religion des juifs , & toutes les au- tres Religions du monde; * & voilà une marque caractéridique qui diftingue la véritable Religion de celles qui font faillies. - Tout ce qu'on vient de voir, ne fert pourainfi dire que d'Introduftion. Dans la féconde Section l'Auteur divife fa ma- tière. Ii faut Te fouvenir ici des trois Proportions qu'il avoit entrepris de prou- ver : fçavoir i. Qu'/7 eft néceffàire pour le bien-Cire d'une Société civile, qu* on preffè le Dog- me des Recompenfes & des Peines d'une autre Vie. 2. Que tout le genre humain, 6' particuliè- rement les Nations les plus Jages o les plus é- dairées de V Antiquité , ont cru & enjeigné una- nimement la nécejjité de ce Dogme. 3. Que le Dogme des Recompcnfes & des Peines d'une autre Vie ne Je trouve point dans la * Avant Jefus-Cbrift, s'entend. Juillet, Août et Sept. 1741. 38^ la Difpenfation Mofaïque , &f n'en fit jamais partie. On a vu dans nos Extraits précedens, comment l'Auteur a prouvé les deux pre- mières Proportions. Il avoit alors à com- battre les Incrédules & les Libertins. Pour établir la troisième, il a à difpnter contre les Amis mêmes de la ttëvélation, qui ayant mal compris la nature de l'E- conomie Judaïque & celle de l'Economie Chrétienne , fe font un fcrupule d'avouer la vérité qu'on entreprend de prouver ici, C'eft ce qui oblige Mr. ÏVarburton à pren- dre un grand détour , avant que d'en venir à la preuve de fa thèfe. Il a donc jugé à propos , d'expliquer premièrement la Politique de Moï'fe. Mais pour s'en former une jufte idée , il faut connoitrele génie & les mœurs des Hébreux , & le caractère & l'habileté de leur grand Lé- giflateur. Mais comme ce peuple & fon Con- ducteur , iorfqu'ils reçurent laLoi,nefai- foient que de fortir d'Egypte , où le peu- ple avoit été dans l'efclavage & dans î'oppreflîon , & où leur Chef avoit été élevé à la Cour du Prince, 6z inftruit dans toutes les Sciences des Egyptiens ; il efl impoiïibleque le génie & l'es moeurs des Ifraëlites n'ayent reçu quelque teinture de ceux chez qui ils avoientfait un fi long féjour. Auill l'Ecriture nous aflure-t-clle, que Moi fe fut inftruit dans toute la fageffedes Egyptiens 3Su Bibliothèque Britannique, Egyptiens, & que le peuple étoit fort af* taché à leurs fuperftitions & à leurs Ido- lâtries. Il eft donc néceflaire d'examiner , en quel état étoient la fuperltirion & le fçavoir des Egyptiens dans ces tems recu- lez. C'eft pourquoi l'Auteur entreprend de prouver ces quatre Proportions. I. ,, Que le fçavoir des Egyptiens, du- ,, quel il eft parié dans l'Ecriture , & leurs „ fuperftitions , qui y font condamnées, ,, font précifement le même fçavoir & les „ mêmes fuperilitions que les Ecrivains ,, Grecs leur attribuent, celui-là com- „ me la gloire, & celles-ci comme l'op- „ probre de l'Egypte . II. m Que le peuple Juif étoit extrème- „ ment attaché aux mœurs de l'Egypte, „ & tomba très fouvent dans des fuperfti- ,, rions Egyptiennes: & que plufieursdes „ Loix qui leur furent données par le mi- „ niftère de Moïfe , furent établies en „ partie par complaifance pour leurs pré- . ,, jugez, &en partie en oppofitionàces „ fuperftitions. III. 93 Que le fçavoir que Moïfe avoit „ acquis en Egypte, & les Loix qu'il éta- „ blit,foit par complaifance pour les pré- „ jugez du peuple , foit en oppofition „ aux fuperftitions Egyptiennes, ne fçau- „ roient fournir une objedion raifon- „ nable contre la divinité de fa Million. IV. „ Qu'au contraire tout cela en con- „ firme fortement la divinité, Mr. Juillet, Août et Sept. 1741. 387 Mr. Warhuton explique ici par occafion une expreilîon du Titre de fon Ouvra- ge, que quelques perfonnes ont mal en- tendue. Il y promet de démontrer la divinité de la Million de Mo'ïfe fuivant Us principes d'un Déifle religieux. Que faut-il entendre par-là? C'eflqu'ily a des princi- pes véritables, mais qui font généralement admis par les Ennemis de la Religion, & prelque aufll généralement rejettez par les Défenfeurs ; on les appelle à caufe de cela , des principes de Déifies ( Deiflicalprin- ciples). Telle eft, par exemple, la grande Antiquité du fç avoir des Egyptiens , que l'Au- teur entreprend de prouver ; telle eft en- core cette autre thèfe pour laquelle il établit celle-là; qu'/7 rCefl point parlé du Dogme d'une Vie avenir dans V Economie Mo- saïque. C'eit par ces principes DéiJJiques que l'Auteur entreprend de renverfer tout le fyflème des Déifies. Dans la troifiéme Se&ion il commen- ce à établir la première des quatre Pro- portions que nous venons d'indiquer. On convient, dit-il, que tous les Auteurs Grecs s'accordent à repréfenter l'Egypte comme la Monarchie la plus ancienne & la plus puiiTante qu'il y eut au monde. Pour prouver ce qu'ils avancent , ils don- nent une Hiiloire détaillée des Coutumes & des Inftitutions civiles & religieufes qui ont été en ufage en Egypte depuis ks tems les plus reculez, & qui font voir que 388 Bibliothèque Britannique , que les Egyptiens dévoient être un peuple poli & piaffant. On peut répondre à cela , que les Grecs font à tous égards des témoins peu dignes de foi; ils étoient fort ignorans, &fort remplis de préjugez. Ils ont vécu long- tems après l'époque dont il s'agit ; & quoi- qu'ils ayent appris des Egyptiens ce qu'ils rapportent , ils ne l'ont appris pourtant qu'après la définition de cet Empire, lorfqn'il éroir déjà devenu la conquête des Asiatiques ou des Européens; lorf- que tous les anciens Ecrits étoient détruits ou perdus, &que les Egyptiens s'écoient déjà conformez aux mœurs de leurs nou- veaux Maîtres , qui étoient les Grecs eux- mêmes. Il n'eft pas moins certain , que les Grecs étoient extrêmement remplis de préjugez. Ils fe croyoient les premiers habitans de la Terre, & prétendoient n'être redeva- bles à perfonne des avantages dont ils jouïffoient. Mais lorfque le commerce qu'ils eurent avec les autres Nations les eut convaincu , que bien loin de ne de- voir rien à perfonne, ils dévoient prefque tout aux Egyptiens; il donnèrent, ileft vrai , le premier rang à ceux-ci , mais par un principe de vanité, ils leur donnèrent auifi une antiquité des plus extravagan- tes. D'un autre côté les Egyptiens firent par un principe d'intérêt , ce que les Grecs avoient fait par vaine gloire. L'Egypte étoit Juillet, Août et Sept. 1741. 389 étoit le pais où l'on fe rendoitde l'Orient & de l'Occident pour y puifer des con- noiflTances ; & comme rien ne rend les Sciences plus recommandables que l'An- tiquité, les Egyptiens, pour fe donner du crédit, forgèrent des Monumens qui re- Culoient les commencemens de leur Mo- narchie jufques dans les tems inconnus. Les Anciens nous ont confervé quel- ques-uns de ces prétendus monumens, & les Modernes les ont réfutez. Voilà l'objection que l'on fait contre le témoignage des Grecs. Quoique Mr. Warburton ne foit point intéreffé à décir der la queftion, parce qu'elle ne ren- verfe point l'ufage qu'il fait de l'autorité des Grecs, il avoue pourtant que s'il n'y avoit point d'Ecrits plus anciens que les leurs , & qui confirmaffent leur témoigna- ge , il ne pourroit qu'être très-fufpeft. Et que, s'il y a des Ecrits beaucoup plus an- ciens qui contredifent leur témoignage , il doit être entièrement rejette. Mr. IVarburton nous afîurc donc , qu'il ne fera aucun ufage de ce que les Grecs difent fur la grande Antiquité de l'Egypte, lorf- quecela ne fe trouvera pas confirmé par l'Ecriture Sainte : & qu'il rejettera en- tièrement ce témoignage des Grecs lorf- qu'il fera contredit par l'Ecriture, foit que ce témoignage foit favorable ou non à l'opinion qu'il foutient. On convient donc que les Grecs s'ac- Tome XV1L Part, IL C e cor* 390 Bibliothèque Britannique, cordent à repréfenter l'Egypte comme l'Empire le plus ancien & le mieux po- licé qu'il y eût au monde. Voyons com- ment cela eft confirmé par l'Ecriture Sainte. Dès le tems d'Abraham on trouve un Roi d'Egypte qui porte le nom commun de Pharaon \ d'où il femble qu'on puifle conclure, que laPoîice civile étoità-peu- près la même alors, qu'elle fut du tems de Jofeph&de MoïTe. L'Egypte abon- dent fi fort en blé, qu'elle pouvoit four- nir ceux qui en manquoient en tems de famine. Les préfens que Pharaon fit à Abraham paroifTent dignes d'un grand Roi : Et fi l'on veut comparer la con- duite de Pharaon avec celle d'Abimelec Roi des Philiftins, dans une circonilance femblable, on fera porté à en inférer, que le premier doit avoir été tout autre- ment puifiant que le fécond. Lorfque Jofeph fut conduit en Egypte , les Ifraëlites y portoient vendre des Epi- ceries, duBeaume&de laMyrrhe, dont leurs Chameaux étoient chargez : ils y trafiquèrent aufu* de jeunes Efclaves : tout cela fait voir , fuivant notre Auteur, que les Egyptiens étoient un peuple ri- che , luxurieux , & que leur puifTance ctoit grande & bien affermie. Lors de la fortie des Ifraëlites , il faut que le Luxe & le pouvoir des Egyptiens ayent été extrêmes ; ce qui paroît par les Villes Juillet , Août et Sept. 1741. 391 Villes de Munition qu'ils faifoienc bâtir, & fur-tout par le nombre prodigieux de gens qu'ils employoient à préparer feule- ment les matériaux dont on avoit befoin pour les Edifices publics. Les Egyptiens avoient auffi alors une Milice réglée Se difeiplinée; & ce qui eft plus extraordi- naire encore, ils avoient de la Cava- lerie, dont les Grecs ont ignoré l'ufage même long-tems après la guerre de Troye. Remarquons encore, que durant tout le tems que nous venons démarquer, c'eft- à-dire depuis Abraham jufques à Moïfe , l'Ecriture repréfente conftamment l'E- gypte comme une Monarchie unique, gouvernée par unfeul Roi ; marque cer- taine de fa puiflance \ & des grands pro- grès qu'elle avoit fait dans la Politique. Au lieu que tous les peuples , au fortir de la barbarie , font divifez en petits Etats , qui fe réuniiïent peu-à-peu , à mefure que les Arts fe perfectionnent. A ces preuves générales de l'Antiqui- té des Egyptiens. l'Auteur en ajoute de particulieres,tirées de leurs EtablhTemens religieux & civils. Voici ce que Diodore de Sicile dit de leurs Etabliiïemens reli- gieux. * ,, Toute l'Egypte étoit divi- „ fée en trois portions. La première „ apartenoit au Collège des Prêtres , „ qui * Je me fers de la Traduction de Mr. l'Abbé Terraflon. Tom. I-pag. is6. Ce 2 392 Bibliothèque Britannique, „ qui étoient dans une vénération fïn- „ guliere , foit par le refpedt que Ton „ portoit aux Dieux dont ils étoient les „ miniftres , foit par la fageffe & par les „ lumières qu'ils avoient puifées dans „ une éducation très - diftinguée. Leur „ revenu étoit employé aux fraix de „ tous les Sacrifices qui fe font dans FE- „ gypte , à l'entretien des Officiers fub- „ alternes dont Hs ont befoin , & à la „ fubfiftence de feurs propres familles, „ Les Egyptiens croy oient que les Dieux „ dévoient être fervis par des perfonnes „ confacrées à eux , & qu'il ne falloit ,3 jamais changer leur Culte \ & ils ne „ vouloient pas, d'un autre côté, que ceux ?, dont les confeils étoientutilesà tout le 39 monde , manquaffent de rien pour eux- 9> mêmes. En effet , les Prêtres étoient „ toujours attachez à la perfonne du Roi , „ pour l'aider de leurs inflrudlions &de a leurs avis, fouvent même de leurs foins 99 & de leurs perfonnes, dans les affaires 99 importantes Ainfi ce n'eft pas , 99 comme chez les Grecs, ou un feulhom- 99 me, ou une feule femme qui eil revêtu 99 du facerdoce; mais c'eft une Société de 99 plufieurs perfonnes , qui tranfmettent 99 à leurs defcendans la fcience & la pra- 99 tique du Culte des Dieux. D'ailleurs 99 ils font exempts de toute charge, &îls 99 font, par leur rang & par leur crédit, t3 les premiers du Royaume après le Roi.**" Juillet, Août it Sept. 1741. 393 Roi*'\ Herodotenous apprend f > que de tous les Collèges des Prêtres celui d'Hé- liopolis écoit le plus fameux pour la fageiïe &.le fçavoir. Et Strabon\ nous dit, qu'il y avoit encore de fon teins de très-fpacieux Edifices, qui, félon la Tradition , avoient été autrefois la demeure des Prêtres qui s'attachoient à l'étude de la Philofophie & de l'Aftronomie. Le récit de ces trois célèbres Hifto- rienseft parfaitement d'accord avec celui de Moïfe, qui nous apprend que les Prê- tres d'Egypte étoient un Ordre diftind dans l'Etat, & qu'ils avoient des Terres dont le revenu leur étoit approprié; que lorfqu'il y eut dans le pais une fi cruelle famine , que le peuple fut obligé de vendre fes Terres à la Couronne pour avoir du pain, celles des Riches ne furent point aliénées,-mais qu'ils furent entretenus gra- tuitement $. Moïfe, en parlant du Prêtre (ÏOn , confirme encore le récit de Diudore fur l'accès que les Prêtres avoient auprès du Roi. Carie terme de l'Original Cohen, û- gnifie un Ami ,un Confeiller Privé du Roi, auffi-bien qu'un Prêtre , comme Cocceius le fait voir dans fon Didionaire. Enfin Moïfe confirme encore le récit ày Hérodote & de Strabon t * Diod. Sic. Bib. Hift. p. 46. S'. Ed. t Lib. Il, Cap. 3. * Geogr. Lib. XVII. $ Gen. XLVII. 22. Ce 3 394 BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, Strabon, en nous apprenant que Pharaon > ayant donné à jofeph remploi de premier Miniftre, lui fît époufer la fille du Prêtre d'Orc ; ce que les Septante & la Vutgate ont très-bien traduit par Héliopolis. Il pa- roîtpar toutes les circonftances de cette Hiftoire , que le Roi avoit deffein de faire à Jofeph le plus grand honneur poffible: & ce que nous apprennent les Hiftoriens Grecs , fait voir que dans ce mariage Pha- raon avoit principalement en vue l'éta- blinement de l'on Favori. L'adminiftration des Affaires publiques étoit entre les mains des Prêtres , qui n'auroient pas fouffert volontiers qu'un Etranger eût été à la tête des Affaires. Le meilleur moyen donc de prévenir leur envie, c'étoit de faire entrer Jofeph dans leur famille & dans leur Ordre ; &c'eftceque Pharaon exé- cuta, en faifant époufer à Jofeph la fille d'un Prêtre de l'Ordre le plus célèbre & le plus diflingué. Un autre Article remarquable fur le- quel les Hiftoriens Grecs s'accordent avec Moïfe , regarde les Cérémonies re- ligieufes des Egyptiens. Hérodote dit ex- preîfement, qui/s regardoient comme une pro- fanation le Sacrifice de toute efpece de Bejtiaux, excepté celui des Cochons , des Taureaux , des Veaux nets £f des Qyes *; & ailleurs , que les Gcnijfes , les Béliers & les Boucs étoient eflimez * Herodot. Lïb% II. Cap. 45. Juillet, Août et Sept. 1741. 395 iflimez facrez *. Ce n'eit pas que les Egyptiens ado r a fient des Animaux vivans du tems de Moïfe : On prouve dans la fuite, qu'ils ne rendoient encore alors un fervice religieux qu'aux Images des Ani- maux. Cela même pourtant ne pouvoir que rendre les Animaux facrez , & em- pêcher qu'on ne les offrît en facrifice. Ici encore l'Ecriture nous apprend, quelorf- que Pharaon voulut engager Moïfe à fa- crifier à Dieu dans le pais, fuivant les cérémonies de fa famille , le Prophète répondit ; 77 n'eflpas à propos défaire ainfi; car nous facrifierions à r Eternel notre Dieu l'abo- mination des Egyptiens. Voici fi nous facrifiions V abomination des Egyptiens devant leurs yeux , ne nous lapider oient-Us pas f ? Si donc Hé- rodote ne s'eft pas éloigné de la vérité dans ce qu'il dit des anciennes fuperftitions des Egyptiens, il eft clair que \as Ifraëli- tes ne pouvoient pas éviter de facrifier l'abomination des Egyptiens. Et Hérodote lui-même nous apprend § , avec quelle ani- mofité & quel eiprit de vengeance ils pourfuivoient ceux qui fe rendoient cou- pables de cette impieté imaginaire. L'Antiquité de l'Egypte ne paroît pas moins par le progrès qu'on y avoit fait dans les Ans utiles à la focieté. Voici., par * Ihii. Cap. 41. t Ecod. VIII. 16. $ Lib. II. Cap, 65. CC4 2ç6 Bibliothèque Britannique, par exemple, ce qu' Hérodote nous apprend de l'état où étoit la Médecine. „ Cha- „ que maladie a fon Médecin particulier, ,, qui ne s'attache qu'à en étudier la natu* „ re,&à la guérir, fans fe mêler des au- ,, très maladies. De forte que tout le pais „ fourmille de Médecins : car les uns ont i} foin des Yeux , les autres de la Tèce , les „ autres des Dents , les autres du Ventre , ,> les autres des Maladies cachées " *. On ne doit pas être furpris après cela de trou- ver plufieurs Médecins parmi les Dome- iliques de Jofeph. Jofepb commanda à ceux de fis Serviteurs qui et oient Médecins, d'embau- mer fon Père : & tes Médecins embaumèrent (fraèif. Un nombre de pareils Domeltiques paroîtroit aujourd'hui une affectation ri- dicule de magnificence , même dans un premier Miniftre. Mais il n'en étoit pas ainfi chez les anciens Egyptiens ; car puifqu'il y avoit un Médecin pour chaque maladie , il falloit néceffairement qu'il y eut plufieurs Médecins dans chaque fa- mille un peu diftinguée; ce qui eft une preuve bien forte de la grandeur, du luxe & de la politeffe d'un peuple. Auiïi eft-cepar la connoiflance de la Médecine que les Egyptiens fe font particulière- ment diftinguez, comme il paroît, non feu- * Herodot. Lib. IL Cap. 84. 1 Gen. L. 2, Juillet, Août et Sept. 1741. 397 feulement par les plus anciens Auteurs Grecs , mais aufïï par les Ecrits des Pro- phètes. 11 y a un paflage remarquable dans Jerémie. En prédi&nt la deilruâion de l'Armée d'Egypte , qui devoir être ruinée près de l'Euphrate, il caraâérife les Egyptiens par leur habileté dans la Médecine. Monte en Galaad , Ù? prends du heaume, Vierge fille d'Egypte. Envahi em- ployés-tu remède fur remède} ear il ny a çoint de guîrifon pour toi *. Le Prophète fc plaît dans cette efpece de figure , qui con- fille à défigner un peuple par quelque circonftance cara&eriihque. Ainfi dans le même Chapitre il s'exprime de cette manière: UEgypte efl comme une très- belle Génisse : mais la defirufiion vient, elle vient de Aquilon, Même les gens de guerre* qiCelle entretient chez foi à fes gages , font comme des Veaux engraissez, car ils ont tourné le dos. On fçait que le Culte d'Ifis & d'Onris, fous la figure d'une Ge- nifleou d'un Taureau, étoit ce qu'il y a- voit de plus célèbre & de plus facré dans la Religion des Egyptiens. Un içavant Auteur f , craignant que l'Antiquité de l'Egypte ne fut préjudicia- ble * Jer. XLVI. il. I Mr. Schuckford , dans [on Livre intitulé* The facred and Prophane Hiftory ofthe World çoane&ed, &c. Tom. I. pag. 359-367. Ce 5 39$ Bibliothèque Britannique, ble à la Religion , a taché de réfuter le témoignage d'Hérodote , & celui de Dio- djre de Sicile.W remarque que les Méde- cins de Jofeph n'étôient pas employez à guérir les Malades, mais limplement à embaumer les Morts: & il prétend que ce qui a trompé les Hifloriens Grecs, c'eft qu'ils ont pris pour l'Art de la Mé- decine, ce qui n'etoit qu'une cérémonie purement religieufe. Mr. Warburton ré- pond à toutes les raifons de ce Sçavant, & prouve en même tems fort au long l'Antiquité de la Médecine. Une autre preuve de la grande Anti- quité de l'Egypte eft tirée de leurs Céré- monies Funè enfuite le corps pen- „ dant plus de trente jours avec „ de la Gomme de Cèdre, de la Myrrhe, „ du Cinnamome & d'autres Parfums , „ qui non feulement contribuent à la „ conferver dans fon entier pendant très- „ long-tems, mais qui lui font encore ré- „ pandre une odeur tres-fuave. Ils ren- „ dent alors aux Parens le corps &c. L9\ L'Ecriture non feulement explique & confirme ce que cesHiftoriens difent fur les foins onéreux qu'on prenoit d'em- baumer les corps, mais elle concilie auiïï la contradiction apparente qu'il y a au fujet du nombre des jours pendant les- quels * Herodot. Lib. II. Cap. 85. 8(5. t Je me fers de la Trad. ce Mr. L'Abbé Ter- raflon Ton. I. pag. 195. 4 Diol Sic. Lib. I. fàg. 58. 400 Bibliothèque Britannique, quels le Cadavre reftoit chez les Embau- meurs. Les Médecins , dit Moïfe, embau- mèrent Ifraè'l : 6f on employa quarante jours à V embaumer ( car c' étoit ta coutu- me d'embaumer les corps pendant quarante jours)& les Egyptiens le pleurèrent S o ixan- te-dix jours *. Or les deux Hi- itoriens Grecs que nous venons de citer nous apprennent, que le deuil duroit auiïï long-tems que le corps etoit diez les Embaumeurs; & fuivant Hérodote , il y demeuroit foixante-dix jours. Cela ex- plique pourquoi les Egyptiens pleurèrent Ifraè'l foixante-dix jours. Pendant ce tems- îa le corps étoit dans le Nitre , dont l'ufage étoit,de fécher toute l'humidité nuifîble qui y reftoit; ce qui pouvoit fe faire au bout de trente jours ; les qua- rante qui refloient (les è(p v^épeeç xhéis; tZv rptâHwra de Diodore , plus de tren- te jours ) étoicnt employez à oindre le corps avec de la Gomme & des Aroma- tes, pour le conferver , ce qui étoit pro- prement Y embaumer. Cela explique ce que dit Moïfe , on employa quarante jours à V embaumer, car ? étoit la coutume d'em- baumer les corps pendant quarante jours. Voilà donc les deux Hiftoriens Grecs d'accord entre eux: & voilà comment eux & l'Ecriture Sainte s'expliquent & fe confirment réciproquement. m * Ge?i. L. 2. 3. Juillet, Août et Sept. 1741. ^ot Si l'on dit que , quoique Moïfe parle ici d'embaumer, cette pratique n'étoit pourtant pas aufli commune que les Hi- lloriens Grecs le prétendent, & qu'elle ne l'eft devenu que plufieurs fiécles a- près ; Mr. Warburton répond, qu'il paroit que cette pratique étoit univerfelle enE-* gypte du tems de Jofeph , puifqu' une troupe de Marchands Ifma'élites avoient des rhameaux chargez d'Epiceries , de Beaume , £5* de \fyrrbef qu'ils alloient vendre en Egypte*. Mais la grande Antiquité de l'Egypte ne fe prouve pas feulement par les cir- confiances dans lefquelles les Hiftoriens profanes s'accordent avec l'Ecriture Sain- te, mais aufli par celles ou ils femblenc la contredire. En voici un exemple. Diodore de Sicile dit f expreffement , que les Terres de l'Egypte étaient partagées entre le Roi, les Prêtres & tes Soldats ; & Moïfe ne dit pas moins exprelfement , quelles étoient partagées entre le Roi , les Prêtres, £f le Peuple 4- Quelqu'incompatibles que paroiflent ces deux récits, on trouvera, en examinant le fait, que Diodore confir- me très- fortement ce que Moïfe nous dit touchant la famine qu'il y eut en E- Sypte, & fes effets. Moïfe dit donc, qu'a- * Gen. XXXVII. 25, f lAb. I. Biblintb. J. Gen. XLVII. 402 Bibliothèque Britannique, qu'avant la famine toutes les Terres é- toient entre les mains du Roi, des Prê- tres & du Peuple : mais la famine produi- fitun très-grand changement dans la pof- feiTion des Terres, puifque toutes celles du Peuple furent acquifes au Roi: ce qui doit avoir augmenté prodigieufement fon pouvoir. Jofeph qui, quoique pre- mier Miniftre,n'en étoit pas moins zélé pour le bien public , prévint pendant quelque tems les mauvais effets qu'auroit pu produire le trop grand pouvoir du Roi; il les prévint, dis-je, en donnant ces Terres à ferme aux anciens Proprié- taires fous des conditions très-aifées. Il y a beaucoup d'apparence que cette fage Politique fut fuivie juiques à ce qu'il le fût élevé un nouveau Roi , qui m connoiffoit pas Jofcpb, c'eft-à-dire, fuivant Mr. VVar- burton, qui voulut abolir fa mémoire, parce qu'il defapprouvoit fa Politique. L'Ecriture représente ce nouveau Roi comme un Prince fort enclin au Defpo- tifme. Notre Auteur croit donc , que pour régner d'une manière plus arbitraire, il établit une Milice réglée ,& qu'il lui ac- corda les Terres qui avoient apartenu au Peuple , qui devint par-là Vaffal des Soldats. Ceux-ci, avec les Prêtres, com- pofoient les deux Ordres de la Nobleffe dans ce puiftant Empire , & ils étoient tous deux û confiderables,que l'on choi- fuToit les Rois indifféremment dans l'un ou Juillet, Août it Sept. 1741. 403 ou dans l'autre. C'eft ainii que les Ter- res de l'Egypte furenc enfin partagées de la manière que Diodore de Sicile rapporte. Et il efl à remarquer, que ce n'eft que depuis la famine que l'Ecriture fait men- tion de Troupes réglées, des fi x -cens Cha- riots d'élite, &e. en Egypte *. Nous fommes obligez , faute de place , de renvoyer la fuite de cet Extrait au Volume fuivant. Cependant , pour faire connoître aux Lecteurs ce qu'ils doivent s'attendre à trouver dans la partie de cet Ouvrage dont il nous refte à ren- dre compte , nous rapporterons ici ce que contiennent les autres Séchions. Dans laIVme Section du IVme Livre on prouve l'Antiquité de l'Egypte par les Hiéroglyphes, dont on explique la na- ture, l'origine, & les différentes efpe- ces. On fait voir qu'ils ont donné naii- fance à l'Art d'interpréter les Songes, & au Culte des Animaux. On donne l'hiftoiredes différentes manières de faire connoître fes penfées par la parole & par l'écriture ; & l'on explique les di- verfes efpcees de l'ancienne Idolâtrie, fuivant l'ordre dans lequel elles font nées les unes des; autres. Dans cette Sedlion Mr. JVarburton fait par occafion une DifTertation fur la Métamorpbofe d'A- pulée, * Exod. XIV. 7, gV, 404 Bibliothèque Britannique, putée, il la croit uniquement deflinée à recommander les fameux Myftères de l'Antiquité. Comme cette Diiïertation nous paroît fort curieufe,nousla donne- rons toute entière dans un autre Volu- me; nous fommes perfuadez qu'elle ne plaira pas moins que celle de notre Au- teur fur le VI. Livre de l'Enéide, que nous avons donnée au commencement du XII. Tome de cette Bibliothèque. La Vme. Se&ion efl deflinée à réfuter le fyftême du Chevalier Newton fur la Chronologie des anciens Egyptiens. On y montre que ce fyftême eft contraire à toute l'Antiquité facrée & profane, & même à la nature des chofes; on y re^ cherche auffi &l'on y explique les caufes de l'extrême corfufion qu'il y a dans l'ancienne Hifloire & Mythologie des Grecs. Dans là VÏme, & dernière Section du lVme. Livre, on fait voir que Moïfe étoit inftruit dans toutes les Sciences des E- gyptiens, & que les Ifraëlites étoient prodigieufement enclins à toutes leurs SuperfHtions: Que la Loi cérémonielle a été inflituée en partie pour s'oppofer à ces Superilitions>& en partie par com- piaifance pour les préjugez du peuple. Que ni ces Loix cérémonielles , ni le fçavoir de Moïfe ne forment une ob- jection légitime contre la Divinité de fa Juillet, Août et Sept. 174t. 405 fa Million, mais qu'au contraire elles fer- vent à la confirmer. Le Vm«. Livre efl employé à expli- quer la Théocratie des Juifs, & à prouver que le Dogme d'une Vie à venir ne fe trouve point dans la Difpenfation Mofaï- que, & n'en fait point partie. Ce Livre efl: divifé en fix Sections. Dans la première on montre, que ni les fyftèmes des Auteurs Chrétiens , ni les objections des Déifies, ni lesRabins, ni les Cabalifles ne fçauroient fournir de grandes lumières touchant la nature de la République Judaïque : & l'on fait voir que le Peuple Hébreu a été feparé des autres , non pas comme étant le Peuple favori de Dieu, mais pour conferver dans un monde Idolâtre la connoiflance du feul vrai Dieu. Dans la II. on prouve, que le Gou- v rnement des Juifs étoit une Théocra- f.e; que cette forme de Gouvernement ,'toit néceiïaire , parce qu'il n'y en a point d'autre fous laquelle les Loix civi- les puiffent juftement punir les hommes caufe de leurs opinions en matière e Religion ; & que, fans de pareilles Loix contre ridolàtrie,la Religion Mo- faïque n'auroit pas pii fe foutenir. On relevé en paflant Mr. Bayfe. On fait voir aufïï que la Théocratie a pu s'éta- blir aifement, étant fondée fur l'idée que l'on avoit par-tout de Dieux Tutélairts. On Tome XVII. Part. IL D d mon- 406 Bibliothèque Britannique, montre que la facilité avec laquelle la Théocratie s'établit, fut caufe qu'on en viola aufli facilement les Loix. Enfin on explique la nature de l'Idolâtrie des Juifs. La IIIme. Se&ion traite de la durée de la Théocratie : on y montre qu'elle a fubfiflé jufques à Jefus- Chrifl , & on ré- fute les preuves que Spencer & Mr. U Clerc ont allégué du contraire. Dans la IVme. Seclion on examine les confequences qui naifTent d'un Gouver- nement Théocratique. On montre qu'il ne peut être adminiilré que par une Pro- vidence extraordinaire, qui difpenfe a- vec égalité les Recompenfes & les Pei- nes temporelles, tant à la République en général, qu'aux particuliers; que c'eft- là l'idée que l'Ecriture nous donne du Gouvernement de Dieu; & que l'on trouve dans le génie & le cara&ère du peuple Juif, de quoi convaincre toute perfonne impartiale que cette idée eft vraye. On juftifie par occafion le ca- ractère de l'Hiftorien jfofephe. On montre dans la V"*. Section, que comme la Loi des Juifs établiiïbit des Recompenfes & des Peines temporelles, aulfi ne faifoit-elîe mention d'aucune au- tre; Moïfe ayant entièrement omis le Dogme d'une Vie à venir. Que cette omiiTion n'étoit point accidentelle, mais faite à deifein ; Moïfe n'ignorant pas de Juillet, Août et Sept. 1741. 407 de quelle importance eft le Dogme d'u- ne Vie à venir par rapport à la focieté. Oeil ce qu'on prouve par plufieurs en-* droits du Livre de la Genéfe , & par la Loi qui punifîbit les crimes des pères fur leur pofterité. Loi deflinée à fuppléer au Dogme d'une Vie avenir. Onjuftifie l'équité de cette Loi contre les Incrédu- les. On montre enfuite , que Moïfe n'a- yant point enfeigné le Dogme des Re- compenfes & des Peines d'une autre Vie, les anciens Juifs n'en ont eu aucune connoiflance ; ce qu'on prouve par les Livres du Vieux Teftament. Dans laVIme. Se&ion on établit la mê- me thèfe par les Livres du Nouveau; & l'on explique quelle idée les anciens Juifs avoient de l'Ame. Le VW. Livre contient l'examen de tous les paiïages du Vieux & du Nou- veau Teflâment qu'on allègue pour prou- ver, que le Dogme des Récompenses & des Peines d'une autre Vie faifoit partie de l'Economie Mofaïque. Ce Livre, qui eft le dernier du fécond Volume, eft aulîi partagé en fix Sections. Dans la Irc. l'Auteur établit l'état de la queftion : il fait voir que ceux qui ont attaqué fon Ouvrage ne l'ont pas bien compris, & que, pour répondre à toutes leurs objections , il fuffit de montrer de quoi il s'agit. Dans la IlJe.on commence à examiner D d 2 les ^oS Bibliothèque Britannique^ les paffages de l'Ancien Teftament. On y traite premièrement du Livre de Job en général ; on prouve que c'eft un Poè- me allégorique , compofé au retour de la Captivité, & deftiné à repréfenter les circonftances ou fe trouvoit alors le peuple Juif. On y fait voir en parti- culier , que ces célèbres paroles , Je fçais que mon Rédempteur efl vivant , &c. ne li- gnifient dans le fens littéral , que l'efpé- rance d'une Délivrance temporelle. La IIIme.Sediontcontient l'examen des autres paiïages de l'Ancien Teftament qu'on allègue contre la thèfe de l'Au- teur. Mr. IVarburton examine dans lalV1^ Sedion les paiïages du Nouveau Tefta- ment qu'on lui objede -,- & il explique & éclaircit la nature des raifonnemens que les Apôtres ont prefle contre les erreurs des Juifs convertis. La Vme. Sedion eft employée à faire voir, que cette Propofition, Il riefl peint fait mention d'une Vie à venir &c. s'ac- corde avec le VIT. Article de la Con~ fefïïon de foi de i'Eglife Anglicane: on montre aulli,par l'exemple d'Abraham y que les Patriarches rient attendu que des pre- mejfcs pajjageres. On fait voir de plus, que le commandement de facrifier Ifaac, n'étoit qu'une révélation de la Rédemp- tion du Genre humain par le grand Sa- crifice de JefusChriftj mais une révé- la- Juillet, Août ee Sept. 1741. 409 lation communiquée par une action re- préfentative, au lieu de paroles. Et l'on montre que cette explication renverfe toutes les objections des Incrédules con- tre cette partie de l'Hiitoire d'Abra- ham. Dans la VIme. & dernière Section on re- cherche l'origine , la nature & l'ufage des Cérémonies typiques , & d'un double fens dans les Prophéties. Dans le cours de cette recherche on examine & on refufe les principes que Mr. Collins a avancez dans fon Livre intitulé les Fon- démens o tes Raifons de h Religion Cbré- tienne *. On y réfute auiîî les raifonne- mens du Docteur Sykes , qui dans fon Traité, où il examine les principes de la Religion naturelle & de la Religion révélée , & la liaifon qu'il y a entre ces principes f> a foutenu que les Pro- pheties ne fçauroient recevoir un dou- ble fens. On montre enfin l'importance & l'ufage du fujet dont il s'agit, par rapport à la divinité de la Million de Moïfe. On voit par cet expofé , que ce fécond Vo- * The Grounds andReafons of Chriflian Re- ligion. t Voici le Titre Anglois : The PrincipJes and Connection of Natural and Revealed Religion diftinftly confidered. Nous l'avons annonce dans tettê Bibiictb. Tom. XV. Part. I. pag. 214. Dd 3 410 Bibliothèque Britannique , Volume de l'Ouvrage de Mr. Warhurtor. nous fournira de la matière pour plus d'un Article curieux & intéréflknt. ARTICLE VIL Remarques de Pierre le Moîîeux fur Ra- belais : Traduites librement de V Anglais , Par C**** D* M***** : Et accompa- gnées de diverfés Obfervations du Traduc- teur. Edition rexmë\ corrigée & aug- mentée. A Londres ; \L D C C. X L. Sans nom d'imprimeur ni de Librai- re; In quarto: pages 150. CEt Ouvrage efb le même dans le fond que'celui qui a été inféré dans le troillème Volume de l'Edition in quarto des Oeuvres de Rabelais, publiée à Am- iterdam vers la fin de l'année dernière par J. F. Bernard , & dans laquelle il efl intitulé : Remarques fur les Oeuvres de Maître François Rabelais, publiés en Anglois put Mr. le Mot t eux , (j traduites en François par C. D. M. Avec de nouvelles Rerqarques de la façon du Traducteur. Mais comme, ni le Titre, ni certains endroits de l'Ou- vrage même n'ont été imprimez dans cette Edition d'une manière tout- à- fait conforme au Manufcrit ou aux intentions de i*Àutcur, il a voulu , pour fa propre fa- Juillet, Août et Sept. 1741. 411 fatisfa&ion, remédier à cela, en donnant à fes Amis ce que nous annonçons, fous le titre copié à la tête de cet Article, comme une Edition revue, corrigée & augmentée. Il n'a nulle envie, ni d'en impofer au Public par ce nouveau titre, ni de faire tort à l'Edition d'Amiterdam. L'Edition nouvelle (11 l'on peut l'appeller ainfi) n'eft point à vendre: & loin de craindre que tout le monde fçache au jufte ce qu'elle eft , il fouhaite que ceux à qui il l'a dit, le publient. Il avoit reçu quelques Exemplaires de fon Ouvragé, tel qu'il a été imprimé en Hollande, ti- rez à part pour lui: 11 y a corrigé, à la plume , diverfes fautes d'imprefllon, par- mi lefquelles il y en a d'aiïez importan- tes, & il a fait imprimer des Cartons pour les endroits qui en avoient befoin : voilà tout le myftère de fa nouvelle Edi- tion. D'autres Journaliftes feront connoitre, s'ils le jugent à propos, fa Tra du c~ii on, fes Obfervations , fa Préface: Il s'agit moins, après tout , d'un Ouvrage imprimé en An- gleterre qu'en Hollande : Mais nous cro- yons devoir marquer les principales dif- férences des deux Editions, en faveur de ceux qui n'ont que celle d'Amfcerdam. Et comme de. toutes ces différences, les plus confiderables font celles qui regar- dent les Obfervations relatives aux 'Re- marques de Mr. le Motteux fur le Cha- D d 4 pkre 412 Bibliothèque Britannique, pitre III, du Livre V , de Rabelais, nous donnerons ici ces Obfervations , telles que ;ious les trouvons dans l'Edition revûë, corrigée & augmentée. Ce ne fera toutefois qu'après avoir donné préa- lablement les Remarques même de Mr. le Motteux auxquelles ces Obfervations fe rapportent; afin que le Lecteur qui n'aura pas l'Edition de Hollande fous les yeux , puiiTe voir de quoi il s'agir. Les Lettres (t) (u) & (je), dans les Remar- ques de Mr. le Motteux , font les marques de renvoi aux Obfervations de Mr. de Mijy. Remarques de Mr. le Motteux Sur le Chap III. du Livre V. de Rabelais. „Le Papegaut, unique en fon „ efpece , comme le Phénix d'Arabie , eft „ inconteftablement le Pape. — zVray „ eft, dit Rabelais, qu'il y ba environ deux 9> mille fept-cens foixante Lunes, que f eurent 9, en nature deux Papegaux produites , mais ,> ce feut la plus grande calamité qu'on veit » oneques en cefte IJle. C'eft ce qui étoit $s effectivement arrivé , environ dix-fept „ cens foixante Lunes , c'eft-à-dire en- „ viron cent quarante ans, avant que ,i notre Auteur écrivît (t): Et ce fera „ pour déguifer la chofe qu'il aura mis M deux mille Lunes , au lieu d'en mettre si Amplement mille > avec les autres fept- „ cens Juillet, Août et Sept. 1741. 413 „ cens fixante. Peut-être aufli qu'il y a „ deux mille pour mille , par une pure „ faute cTimprefTion. Quoi qu'il en foit, ,, je crois qu'il s'agit ici du Schisme „ d'A v 1 G N o N , qui dura quarante ans , „ & pendant lequel on vit jufqu'à trois „ Papes à la fois , fçavoir Benoit neuf, 9> Grégoire douze ,&Alexandre ,, cinq(t). Ce Schifme fut terminé parle „ Concile de Confiance, qui commença en „ MCCCCXIV, & finit en MCCCCXIX, Obfervations de Mr. de Miffy Sur tes Remarques précédentes de Mr. le Mot- teux. (t) „ Si Mr. le Motteux a compté ,, d:uze Lunes pour l'année, c'eftCXL VI. „ ans, VIII. lunes: Et s'il a compté à „ treize, ce ne fera que CXXXV. ans. ,, V. lunes. On verra tout-à-l'heure l'u- » fage de cette petite Obfervation. (v) „ Ce que Mr. le Motteux a dit ,, du tems où Rabelais écrivoit,ne nous „ fixe pas tellement à l'an MDL, que ,9 nous ne puiflions , en cas de befoin, „ y joindre au moins une partie de l'an „MDXLIX. Or fi de mil cinq -cens ,, quarante-neuf ans nous en ôtons , com- ,, me il le veut , cent quarante pour les ,, Lunes myftérieufes de Rabelais , le n nombre des années qui nous refieront, D d 5 ,, fera 414 Bibliothèque Britannique, „ fera mil quatre-cens neuf: Et c'eft effec- „ tivement en MCCCCIX, que fat élu „ Alexandre cinq, qui mourut au „ commencement de l'année fuivante, „ comme on le peut voir dans Tbéodoric „ de Niem: De Schifmate Lib. III. Cap. „ LI-LIII. Il eft vrai auffi qu'il y avoit „ alors deux autres Papes ou Anti-Papes, „ & que l'un des deux étoit Grégoire „ douze : Mais Mr. le Motteux fe trom- „ pe lorfqu'il déligne l'autre fous le nom „ de Benoit neuf. Celui dont il vou- „ loit parler eft inconteftablement Pierre „ de Lima, appelle par quelques-uns Be- „ noit XI, par d'autres Benoît XII, „ par d'autres encore Benoît XIJL mais „ par perfonne,que je fçache Benoît IX. s, (m) Le Schifmed1 Avignon avoit com- „ mencé en mil trois-censLXXVIII, ou „ LXXIX, c*eft-à-dire environ CLXX. „ ans avant le tems où Rabelais eft cen- „ fé écrire , & non pas CXL, comme „ Mr. 4e Motteux femble l'avoir fuppofé. „ Maisc'ell qu'il ne confideroit point le „ Schifme dans fon origine, quoique les & expreffions de Rabelais femblaûent „ l'exiger ; Il y ha environ deux mille fept- „ cens foixante Lunes que f eurent en nature „ deux Papegaux produicts Mr. „ le Motteux ne peut pas non plus avoir „ confideré le Schifme par rapport au „ tems où il fut terminé : Car il le fut „ proprement [fitant eft qu'il le fut] en „ MCCCCXVI, ou en MCCCCXVII , „ Vid: Juillet, Août et Sept. 1741. 415 „ Vid: J. Marti Beîga de Scbifmat.& Con- a, cil. Pars tertia : Cap. XIII. & confer* 9 y II. Spond. 141 7. Or de 772// quatre-cens ,, fcize à mit cinq- cens quarante-neuf, où M Rabelais eft cenfé écrire, il n'y a que n CXXXIII ans : ce qui ne peut cer- „ tainement pas s'appeller environ cent „ quarante. Pendant le double Ponti- „ iicat de Benoît XIII. & de Grégoire XII, y y l'élection d'Alexandre V. fe lit en „ MCCCCIX:& il femble que ce foit- ,y là le point fixe de Mr. le Motteux : „ Car, d'un cote, il nomme Alexandre „ V, au i ontificat duquel on ne peut ,.. gueres afîlgner d'autre année que ceile- „ là, puisqu'il mourut au commence- „ ment de la fuivante:& d'un autre côté, „ fi vous comptez depuis MCCCCiX. „ jufqu'à celle où Rabelais écrivoit, vous „ trouverez juitement les cent quarante „ ans de Mr, le Motteux. Mais quelle „ apparence que Rabelais, qui ne parle „ conftamment que de deux Papes, ait „ voulu déiigner letems de leurSehifme „ par l'éledlion d'un troifième , dont il 9y ne dit mot , & qui ne commença ni „ ne finit le Schifme ? Quelle apparence ,, même que Mr. le Motteux l'ait cru? „ Voici, félon moi, en quoi conuite 9y ion erreur, qui eftafTez plaifante dans „ un homme qui de voit fçavoir chiffrer. ,, Suppofant toujours qu'il s'agiflbit du ., Schiime d'Avignon ,& cherchant dans „ l'Hîfr 416 Bibliothèque Britannique, 5, l'Hiftoire de ce Schifme quelque date v remarquable que Rabelais eût pu avoir ,, en vue , il aura confideré entr'autres 99 dates, celle du tems où s'affembla le „ Concile qui termina le Schifme : & „ là-defius il aura exercé fon Arithméti- „ que. Le Concile de Confiance s'arTem- „bla en MCCCCXIV. Or de -là à „ MDXLÎX, ou fon Auteur écrivoit, il ., y a juftement les mille fept-cens foixantz „ Lunes auxquelles il a cru devoir fe „ borner, comme on Ta vu: Et ce nom- „ bre de Lunes combien fait-il? Je l'ai „ dit : c'eft CXXXV ans, & cinq mois „ ou Lunes, qui peuvent erre là pour ,i Venvircn du Texte énigmatique. Cela » eft juile. Mais comme il arrive quel- „ quefois à ceux qui chiffrent mal, ou „ qui font diftrairs , d'ajouter les fols „ reflans-, d'une divifion aux livres du t, Quotient, il aura par mégarde ajouté ,, fes cinq Lunes reliantes au Quotient de ,, cent trente-cinq , comme li elles étoient „ des années: Et voilà, à ce compte, „ cent quarante ans bien comptez , qui „ déduits de MDXLIX , laifîent „ MCCCCIX.Ce n'eft plus la date de l'af- „ femblée du Concile : Mais voyons , aura- „ t-ildit; l'an MCCCCJX. nous fourni- „ ra peut-être quelque autre chofe. Il aura „ feuilleté là-deiïus fes Annales de Spon- „ de :& il aura trouvé que cette année », eft remarquable par l'élection tfAle- „ xandre Juillet, Août et Sept. 1741. 417 „ xandre cinq. Voilà trois Papes à la „ fois ! Cette idée lui aura plû. Elle „ renchérilïbit fur celle de Rabelais. Il „ aura mis au plus vite les trois Pape- „ gauxfur le papier, & n'aura plus fon- „ gé à refaire fa divifion , pour voir s'il „ n'y avoit pas erreur dans le calcul — „ Que Rabelais , au-rettc , ait été choifir „ l'année où s'afTtmbla le Concile de Con- „ fiance ;& que, pour fe cacher encore „ davantage, il ait mis fans néceffitédeux „ mille au lieu de mille 760; ou que le deux ,, ait été ajouté à mille par une faute „ d'impreiïion, comme le conjecture Mr. „ le Motteux ; c'eft ce qui me paroît ,, d'autant moins vraifemblable, qu'il ne „ feroit peut-être pas impoflible d'expli- „ quer ce pafîage de Rabelais plus natu- „ rellemènr. A douze Lunes par an, les „ deux mille 760. Lunes font exactement „ deux-cens trente ans : Et à compter pour „ un an treize Lunes , elles font deux-cens „ douze ans & quatre Lunes , qui ne doi- „ vent point ici entrer en ligne de compte, ,, Or en rétrogradant [de l'année où Ra- „ bêlais écrivoit] félonie premier calcul, m on s'arrêtera à l'an mil trois-cens dix- „ neuf; & félon le fécond calcul, à l'an „ mil trois-cens trente-fept: ce qui fait une ,, différence de dix- huit ans. Tout le „ myftère, à mon avis, confifte à ad- ,, mettre les deux calculs, & à partager „ la différence. Retranchez neuf ans de „ M. 4i8 Bibliothèque Britannique, M MCCCXXXVII : Ajoutez neuf ans „àMCCCXIX: Et vous tomberez „ juftement fur Fan mil trois-cens vingt" „ huit, où Pierre de Corbière „ fut folemnellement déclaré & recon- ,, nu Pape, fous le nom de N i col a s V, ,, comme fi Jean XXII. eût été mort, ,, Voilà deux tapes à la fois. Voi- „ là comment , 2760 Lunes avant que „ Rabelais écrivit , furent deux Pape? eux „ en nature produiâs. Obfervez encore „ que , fuivant Rabelais lui-même, le „ Schifme dont il parle ne fut terminé „ que par la mort de l'un des Papegaux : „ ce qui difficilement s'expliqueroit par „ le Schifme d'Avignon, mais qui s'expli- „ que fort bien par celui de Nicolas V. s, & de Jean XXII. Car quoique l'Anti- „Pape Nicolas, en MCCCXXX. eût „ renoncé à fon Pontificat, & eût été „ reçu à pénitence par le Pape Jean, ce „ dernier ne laiiîa pas de le tenir , jufqu'à „ ce qu'il y mourût , dans une bonne „ prifon, où on le traitoit en ami , mais „ où on le gardoit cependant comme un ,, ennemi. Voyez Henri de Sponde , fous „ l'an MCCCXXX. §. VII. Mr. ,, le Duchat, dans fa Remarque fur les „ Lunes de Rabelais , a fait une faute „ aufli plaifante que celle de Mr. le Mot- ,, teux. Voulant, par une régie de fouf- 5, traction, déduire 230. ans de 1550. il „ a trouvé qu'il lui reftoit 1380. C'eft- Juillet, Août et Sept. 1741. 419 „ à-dire qu'au lieu de foultraire trois de „ cinq, il a ajouté cinq à trois, &a dit; „ Qui de cinq ôte trois, refle huit. Il y a „ quelques autres petites fautes dans fa ,> Remarque : mais je les ai déjà rélevées „ indirectement. Je n'ai au relie que fon „ Edition de MDCCXI. Je ne fçais 1, s'il fe fera apperçu après-coup de fa „ méprife (*). Mais quand il ne s'en fe- „ roit pas apperçu , y auroit-il là dequoi ,, s'étonner? Mr. Ozell , dansfon Edition „ Angloife du Rabelais , a fait ufage des „ Remarques de Mr. le Duchat: 11 a tra- „ duit entr'autres la Remarque dont il „ s'agit : Et qui ne croiroit qu'il l'a exa- „ minée au moins en la traduifant ? Il faut „ bien cependant qu'il l'ait traduite fans „ y faire attention: Car il y conferve fidè- „ lement la méprife de fon Auteur, & „ ne dit pas le moindre mot pour la ré- „ lever, quoique fa Traduction des Re- „ marques de Mr. le Duchat foit en géné- „ rai fort libre , & qu'il y mette fouvent ,, du fien. Telles font les négligences „ ou les diffractions dont les Ecrivains „ font capables , & dont je fournis peut- 99 être moi-même quelque exemple fans »y ( * ) Tout ceci a été écrit avant que la derniè- re Edition du Rabelais fût publiée. On l'a vue depuis, & la méprife de Mr, le Duchat s'y re- trouve. 4*0 Bibliothèque Britannique, „ y penfer. - - Pour prévenir ce re- „ proche autant qu'il dépend de moi, j'ai „ voulu ne pas finir cet Article , fans exa- „ miner ce que produiroient les Mu- „leou Deux-mille fept-censfoixan- „ te Lunes en queftion , non-pas en fup- „ poiant [ comme je l'ai fait jufqu'ici „ d'après Mrs. le Motteux & le Duchat] „ que Rabelais entendoit par fes Lunes, „ groffo modo , des mois de douze ou de „ treize à l'année ; mais en fuppofant , ce „ qui eil au fond plus naturel [vu les „ connoiflances Aftronomiques de Rabe- „ lais] qu'il entendoit par fes Lunes des „ Lunaifons, ou Révolutions de la Lune; „ foit Périodiques, lefquelles font „ de vingt -fept jours & quelques heures; „ foit Synodiqùes, lefquelles font , „ l'un portant l'autre, de vingt -neuf „ jours & demi. — — Remarquons donc, „ î. touchant les Révolutions péricdi- „ ques9 que quand on les feroit de vingt- „ fept jours & douze heures , dix-fept cens „ foixante de ces Révolutions ne pro- „ duiroient que quarante-huit mille qua- „ tre-cens jours, lefquels divifez par trois- „ cens foixante-cinq [& fans égard à ce m qu'il faut déduire pour les années bif- ,, fextiles] ne feroient que cent trente- „ deux ans & deux-cens vingt jours: ce ,, qui feroit bien loin encore des cent „ quarante ans que Mr. le Motteux croyoit JtJILtET, AOUT ET SEPT. I74T. ^2t 5> croyoit avoir trouvez. — Remarquons „ II. par rapport aux Révolutions Syno- „ diques , ou de vingt-neuf jours & demi, „ quedix-fept-cens foixantede cesRévo- „ lutions font cent quarante-deux ans, & „ quatre-vingt-dix jours: ce qui efl deux ,, ans & plusieurs jours de plus qu'il ne „ faudroit pour le compte de Mr. le ,9 Motteux, à rabattre même les jours „ intercalaires. — Remarquons III. que „ deux ml!: fept-cens foixante Révolù- ,9 tions : s ne feroient pas mieux ,, mon compte que le fîén ,& ne feroient „ pas non plus celui de Mr. le Duchat; „ comme pourront alternent s'en convain- ii cre ceux qui voudront y donner un ,9 moment d'attention, ■ ■ Mais remar- i9 quons aufù IV. que 11 nous prenons le ,, même nombre de Révolutions Synodi- *, mon compte s'y trouvera, il fera n le feul qui s'y trouve , & je l'y trou- 99 verai encore mieux peut-être que dans » ma première fuppoiition. Car deux ,, mille fept-cens foixante Lunes de vingt- H neuf jours & demi, renferment en tout » quatre-vingt-un mille quatre-cens vingt >> jours, qui divifez partrois-cens-foixan- ty te-cinq, font deux-cens vingt-trois eus & >> vingt -cinq jours: dont il faut ôter rm- •ite-quatre jours intercalaires pourles h 54. années biiïextiles qui doivent fe „ rencontrer dans le nombre de dem- 99 cens virçt-trois : deforte que ces 223 Tome XVII. Part. IL Ee „ an* 422 Bibliothèque Britannique , „ ans & 25 jours fe réduiront à DeuX" „ Cens Vingt-Deux ans,& Trois- „ Cens Trente-six jours. Or ap- „ pliquonscela àl'Hiftoire de l' Anti-Pape „ Nicolas V. Ce fut le douze de Mai „ rvICCCXXVIII. qu'il fut publique- ,i ment reconnu Pape à Rome. Ajoutez 9, donc au douze de Mai de cette année „ 1328. mes deux-cens vingt-deux ans 99 222. Nous voilà au 12. de Mai de Tan 99 1550. Mil cinq-cens cinquante , qui eft „ l'année où Rabelais lui-même dit qu'il „ écrivoit. Et les trois-cens trente -fix „ jours furnuméraires, ajoutez à ceux de „ cette même année qui s'étoient écou- „ lez avant le douze de Mai, ne doivent „ point ici nous embaraïïer, û nouscon- „ fidérons que quatre ou cinq Lunaifons „ de plus on de moins , en cas de nécef- „ fité, paflferoient aiiement pour Yenvi- „ ton de Rabelais. Encore n'eft-il pas „ bei'bin , rigoureufement parlant , d'en ,3 rabattre plus d'une ou de deux pour „ cet environ, qui après tout doit figni- „ fier quelque chofe. On fçait que l'an- „ née Françoife, du tems de Rabelais, „ ne commençoit qu'à Pâques : ce qui „ doit s'entendre du lendemain de cette „ fête, au moins félon Bord-, au revers „ de la page 611. de lés -Recherches : tel- „ lement que celavarioit entre levingt- „ trois de Mars , & le vingt-fix d'Avril : n Et l'on peut fçavoir d'ailleurs, que fui- 99 vant Juillet, Août et Sept. 1741. 423 n vant cette régie , c'eft par le fept d'A- >, vril qu'a dû commencer l'an MDL. ,, De-là au douze de Mai, il n'y a que „ trente-Jix jours, qui , avec les trois-cens „ trmte-fix autres jours en queflion, en „ font trois-cens foixantc-douze . Cela ne va „ qu'au XVI. jour de Tan MDLL, qui „ doit avoir eu Pâques le vingt -neuf de „ Mars. Rétrogradons d'une feule Lunai- „ fon, [c'eft-à-dire ici de vingt-neuf jours „ & demi,] puifqu'une Lunaifon ett le „ moins que nous paillions rabattre pour ,9 Y environ de Rabelais : Nous nous trou- 9> verons par-là au quinze de Mars, jour „ apartenant , félon le ftile d'alors, à „ l'an MDL. où Rabelais écrivoit. Ré- „ trogradons à préfent d'une Lunaifon a de plus : Nous ferons au quatorze de ,, Février de cette même année MDL. „ De-là au douze de Mai MCCC „ XXVIII. il n'y a plus [je l'avoue] la „ valeur de 2760. Lunes: il n'y en a que ,, 275s*. Mais auffi Rabelais ne dit-il pas „ qu'il y en ait précifément 2760: il dit „ feulement qu'il y en a environ ce nom- ,9 bre. Un Aftronome,aurefte,auroit ,, peut-être traité tout cela plus fçavam- ,, ment, & feroit entré dans un détail 99 plus précis : Mais ce que j'ai dit eft aufli ,, exad que le fujet le demande. Notez „ cependant que les trois-cens trentc-fix ,, jours qui refient, nous conduifantvers » le commencement de l'an MDXLI, E e 2 ., il 424 Btfil/IOTHEQUE BRITANNIQUE , „ il ne nous eft plus permis , fuivant ce 99 calcul, de faire remonter jufqu'en MD „ XLIX. le tems où Rabelais eft cenfé écrire. 11 faut s'en tenir ici à l'an 1550, marqué par Rabelais lui même dans le „ Prologue : Et ce n'elt que mieux pour „ l'exactitude , quoique dans mon pre- „ mier calcul , ainfi que dans la révilion „ de celui de Mr. le Motteux,j'aye pu-, „ fans abfurdité, reculer la date de l'Ou- „ vrage jufqu'à l'an 1549. LeLecleur 99 choifira entre les deux calculs. Je pre- „ fère le dernier , fi tant eft qu'il faille „ opter :.Mais ils nous mènent l'un & l'au- 99 tre à la même conclufion , fçavoir que 99 les deux Papes indiquez par Rabelais 99 font Nicolas V. & Jean XXII. Rabe- 99 lais pourroit fort bien avoir calculé 99 lui-même de l'une & l'autre façon : Et „ fi,au contraire, il n'y a que l'un des 99 deux calculs qui ait été réellement le „ fien; û , par coniéquent, il y en a un 99 des deux auquel il n'ait point penfé; ,, on aura ici un exemple de la vérité 99 de cette thèfe : Que par un moyen 99 qui eft faux , on peut arriver à une ,9 conclufion qui eft vraye. " Telles font les Obfervations relatives aux Remarques fur le troifième Chapitre du Livre cinq. Pour abréger, nous nous contenterons de mettre ici en forme d'Errata ? ce que nous pourrions dire des autres différences que nous avons indi- quées , Juillet , Août et Sept. 1741. 425 quces, ce nous nous bornerons aux plus confiderables. Page 4. ligne 3. dans l'Edition de MDCCXXVLT, Lifez, dans P 'Edition de MD CC XXX VIL Page 15. ligne 9. avec plaifir , du moins Lifez, avec plaifir , ou du moins, Page 17. ligne 31. Le Motteux était & avait été élevé Lifez , Le Motteux était né & avoit été élevé. Page 18. ligne 13. Jacobs y Lifez, Ja* tob. lbid. lignes 19 & 20. fe trouvent réduits fur le fujet de mon, Auteur à m* indiquer les four: ■ - nies où j'ai puifé tout Lifez, jjmt r r le fujet de mon Auteur , à m' in- diquer les faitr.es publiques ou fat puifé pref que tout. Page 22. première colomne, ligne der- nière, Remarques, Lifez, Remarques géné- Page 26. deuxième colomne, ligne 2. fur le commencement de MDLXXVII. Lifez , fur le commencement de MD LXXVIII. Page 31. première colomne, ligne 8. les paroles, ajoutant néanmoins qu'il , ne faifant point partie de la citation , ne de- vraient point être imprimées en lettres I- taliques. Pllèe 37- première colomne, lignes 20—2:. & à une Reine qui non-feulement avoit toujours eu beaucoup d'enjoùment, mais Ee 3 qui 426 Bibliothèque Britannique , qui donnoit même dans la dévotion , & dont la dévotion prenoit un vol aflez haut. Lifez, & à une Reine qui, à la vérité, avoit toujours eu beaucoup d'en- joûment, mais qui donnoit dans la dé- votion, & dont la dévotion prenoit mê- me un vol aflez haut. Page 38. première colomne , ligne 1. De-là le nom Lifez, De-là le nom de. Page 41. ligne 1. Rabelais ait Lifez, Ra- belais eût. Page 43. ligne 22. un merveilleux outré incroyable Lifez, un merveilleux outré & incroyable. Page 55' %"* 22« 1£S caractères Lifez , le caractère. Page 61. colomne 1. //'gne antépénultième. MDXLV, Lifez, MDXLVI. Page 64. ligne 1. de faire valoir ajoutez, contre lui. Ibid. ligne 18. le vrai de toute affaire: Lifez, le vrai de toute l'affaire. Ibid. ligne 19. la plus heureufe Ajoutez, Anagramme. Page 72. ligne antépénultième du Texte. tems que Rabelais écrivoit. Mettez après ces paroles un renvoi à PObfervaticn (d). Page 75/ lignes *4 & 15. une Explica- tion particulière de Panurge vers la fin du Chapitre XXIII. Lifez, une expli- cation particulière de ce que dit Panurge Vers la fin- du Chapitre XXII: Paît Juillet, Août et Sept. 1741. 427 Page 77. première colomne , ligne der- nière. Etommer Lifez , Entommer. Poty 95- Hgug pénultième du Texte, le premier Lifez, le premier jour. Ibid. colomne 1. ligne 5. les Editions . Mr. Lifez, les Editions; & Mr. Page 98. lignes 3. & 4. ce feront-là les Allemands : Ces paroles ont été impri- mées mal à propos en lettres Italiques. Page 106. ligne 14. Ifle de chien. ... touts Lifez, Ifle de chien.. . . font touts. Pag. 110. col. 1. /. 15-18. Rabelais &c. Lifez , Rabelais pouvoit prendre l'un pour l'autre par inadvertence , fuppofé qu'il eût ouï dire que la ehofe étoit arrivée en MCCCCLXXX1II. Page 138. ligne 2. Benètier. Lifez, Béni- tier. Ibid. ligne 13. Ajoutez, Je dirai à mon tour des Moines , ce que Plaute a dit des Souris. Ibid. ligne 32. leur Ciel fur la Terre, féjour Lifez, leur Ciel fur la Terre, le féjour. Page 144. ligne 22. de dire deux mots qui donnent Lifez, de dire deux mots qui donneront. E e 4 A R- 4*8 Bibliothèque Britannique, ARTICLE VIII. NOUVELLES LITTERAIRES, De Londres. UNe Société de Gens de Lettres publie pat Broc ures , qui paroiffent tous les quinze jours , un Supplément au Diclionaire des Arts & des Sciences du feu Do£tr. Harris , qui eft en 2. vol. fol. Chaque Brochure contient fept feuilles, & il y en aura trente en tout. Sans doute la dernière Edition de celui de Mr. Charn- iers , qui a eu un fi prompt débit qu'on le réimprime actuellement par Brochures , a fait naître aux Libraires intéreïTez la penfée de ce Supplément : Car quelque eflimable que foit le Diclionaire de Mr. Hûiris, & quoiqu'en bien des Articles il foit plus exact, que celui de Mr. Çbambcrs y il n'eft pas à beaucoup près fi com- plet. Les Tiniys & Manfjy viennent de publier en trois Volumes in S. une féconde Edition de la Vie de Ciceron par Mr. le Doûr. Midleton, Elle eft fort belle & fort correcte. Corbet,k la tête tiAàdiJon dans Flieî-Street , a imprimé & débite deux Volumes de Sermons pofthumes de Mr. Smith , Auteur de l'Ouvrage intitulé , The Cure cf Dei^m &c. » Préfervarif g» contre- leDéifine &c. " dont nous avons parlé dans cette B:blictl^ue, & dont on a déjà fait treiç Juillet, Août et Sept. 1-41. 429 trois Editj . rmons veulent pr\ tous fur la Morale, & l'ont dédiez à lEveque de Londres. Une Compagnie de Libraires a publié de- puis peu une féconde Edition du Livre fuivant, Tbe Britijb Empire in America -, Cêntaining tbe Eiftory vf tbe Dijcovery , &c. CVil-a-dire : & Les Domaines de la Grande-Bretagne en A- 30 mérique ; ou Hiftoire de la Découverte, de 3y l'Etablifiement ,des Progrès & de l'Etat des » Colonies Angloifes dans le continent & dans ,> les lues de l'Amérique ; Avec une ceferip- „ tion du Pais , du terroir , du climat , des pro- „ duclions & du commerce de la Terre neuve % „ de la Nouvelle Angleterre , de la Nouvelle 2> >, cojje , de la Nouvelle Tork , ce la Nouvelle » Jerifyi ce ^a Tenfylvanie , de Maryland , de „ ia Virginie, de la Caroline, de la Géorgie ,de „ la Baye d'Jfudfon, des Barbodet, ÛeSte. Lucie, „ à'Antigue, de Mont] errât , de 5t. C*ri/Î „ de St. Vincent , des Bermudes , de la Jamaï- „ que, ï*jc. On y a joint une Continuation de jp cette Hiftoire , comprenant les changem-ns „ ce l'Ltat & du Commerce de ces Colonies, s> depefis l'an iyio.jufqu'à préfent, avec des Re- „ marques fur les moyens les plus propres à „ les faire fleurir & à pourvoir a leur fureté'*', 2. vcl. 8. enrichis des Cartes de ces divers Païs par Mr. Moll. Un Anonyme vient de nous donner une Tra- duction Angloife , magnifiquement imprimée, des Harangues de Ciceron-, avec des Notes Hiûori- ques & Critiques , en deux Tomes S. On dit beaucoup de bien de cette Traduction. L teur avertit , qu'il publiera auffi dans peu , & Ee 5 430 Bibliothèque Britannique, dans le même goût, les Lettres de Ciceron àAt- ticus, précédées de deux Eiïais de la façon, l'un fur le caractère & l'Hiftoire d'Atticus & des autres Amis de Ciceron, & l'autre fur les cau- fes du banifïement de Ciceron & de fon rap- pel à Rome. A. Millar , Libraire dans le Strand , imprime actuellement & publiera dans peu un nouveau Recueil de toutes les Oeuvres de feu Mr. Boyle , a- vec des corrections & des additions confi dera- bles, tirées des propres Manufcrits de l'Auteur; comme aufîî plufieurs Lettres , foit de lui-même ou de fss Amis , & quelques Traitez qui n'a- voient point encore paru. A la tête de ce Re- cueil on trouvera une nouvelle Vie de cet il- luftre Fhilofophe, compofée en grande partie fur des Mémoires qu'il avoit laine parmi fes Papiers. L'Editeur, qu'on ne nomme point, prie tous ceux qui ont quelques Mémoires , Let- tres 5&c. qui pourroient contribuer à rendre ce Recueil plus complet , de vouloir bien les lui communiquer, en les addreïTan tau Libraire, fous promeiTe qu'il fait de le reconnoitre publique- ment dans une Préface. ' Les Méthêdiftes continuant i faire beaucoup de bruit, & le véritable efprit de leur Se&e fe découvrant de plus en plus, un Anony- me a publié contre eux une Brochure, où il ne les épargne point, fous ce titre, A fhort Hif- îory of the Donatifts ffc. C'eft-à-dire : „ Hïf- „ toire abrégée des Donatifies , dans laquelle on & compare ces orgueilleux & hypocrites Pha- a, rifiens & Sectaires avec' Mr. Whitefield „ & les Méthodistes. Illi filii Mali , qui x> non edio iniquitatum alienarum , Jed ftudio con- s, tentionum fuarum , infirmas plèbes ja&anti* fui m nominis Juillet, Août et Sept. 1741. 431 „ nminis irretitas , vel totas tfabere , vel cette „ diiidere affectant , fuperbiâ tutnidi , pervieaciA „ vefanij calumîiiis injtdioji, fediti lentii „ ne luce veritatis carere oflendantur , umbram ri' „ gidœ feveritatis obtendunt , £r quœ in Serti „ ris Sanftis , falvd dileQionis Jinceritate & «*- » Jloditd pacis unitate , ad cortigenda fraternavi* „ tia , modération curatione fisri pracepta, aà }, crilegium Sebifmatis , £f ^ occafionem pràci c- ,j, 721J ufurpant. St. duguftin". On vient de réimprimer eo trois Volumes m 8°. le Di&ion^ire du Jardinage de Mr. Miller , Membre de la Société Royale , qui efl: chargé du foin du Jardin Botanique des Apoticaires à Chel- Jea. C'en; un Abrégé de fon grand Ouvrage en deux Tomes in folio, qui eil fort eftimé des Cu- rieux. Se trouve chez Rivington , à la Bible cou- ronnée , dans le Cimetière de St. Paul. Un Non- Conformifte , qui ne fe nomme point, a publié depuis peu A Cbriflian Liturgy ; or a Di-vout and Rational Farm of Divine IVcrfbip, &c. C'eft-à-dire : „ Liturgie Chrétienne ; ou jp Nouveau Formulaire railonnable de Service „ divin, tiré principalement de l'Ecriture Sainte y, & des plus anciennes Liturgies de l'Eglife „ Chrétienne, fur-tout de celles qu'on trouve }, dans les Cnnjlitutions Apojlnliques. On a „ mis à la tête quelques Obfervations fur la y) Liturgie de l'Eglife Anglicane, & fur le Ser- ai vice public de l'Eglife d'Ecolte & de tous les >, Non - Conformiftes Proteflans ; où l'on recom- „ mande fortement aux derniers l'ufage desFor- „ mulaires". Au relie ce Formulaire efl dans le fyftême Arrien , chez R. Heit. à la Bible cou» ronnée dans le Poultry. Mr. le Do&r. MidJleton vient de nous donner une 432 Bibliothèque Britannique, une quatrième Edition de fa Lettre fur la con- formité du Papifme avec l'ancien Psganifme , dont nous avons rendu compte en fon tems. Il y a ajouté une longue Préface , pour fervir de Réponlé à toutes les objections de l'Auteur d'un Ecrit Popifte, intitulé , Tbe CatbùJick Cbrif* tian brfirufted , &c. C'eil-à-dire : Inft.ru cli on d'un Chrétien Catholique &c. „ comme auffi pour connrmer ce qu'il avoit avancé dans cette i ét- ire, par un grand nombre de faits & de témoi- gnages nouveaux : Et il a mis à la fin une Apo- flille.dans laquelle il examine & réfute l'opinion de Mr. IVarburtcn fur le Paganifme de Rome; Se trouve chez R. Manby , aux Armes du Prin- ce, dans Ludgaie-bill. Voici une Réponfe de Mr. Morgan à Mr. Chandler , dont le titre feul fait allez voir qu'il eft pouffe à bout. A Findication of tbe Moral Pbilofopber againji y falfe Accujations , In fuit s and per/onal Abufes of Samuel Cbandler , iate Book- feller , and now Minifier of y'Gofpel. C'eft-i-dire": >, Défenfe du Livre qui a pour titre le Fbilofo- ,, pbe Honnête -bomme , contre les faufïes aceufa- „ tions , les infultes & les réflexions perfo- ,, nelles de Samuel Cbandler , ci-devant Libraire, „ & à préfent Miniftre de l'Evangile". Par Thomas Morgan , D c&eur en Médecine. Impri- pé pour le compte de l'Auteur, & fe vend chez T. Coxy à l'Enfeigne de l'Agneau à là Bourfe. Il eït vrai que Mr. Cbandler a été autrefois Li- braire, ou plutôt Affbcié de fon frère, qui étoit Libraire, fans fe mêler de la vente des Livres } mais Mr. Morgan , • qui lui-même a changé plus d'une fois de profeffion , a fort mauvaife grâce de relever une chofe de cette nature, qui, après tous , ne fait rien, au fait. Nourfê , Juillet, Août et Sept. 174T. 433 Nourjs , Vaillant & Beecroft débitent l'Ouvrage fuivant, qui ne fait que paroitre: Calimacbi Him* ni £f Epigrammata , quibus accejjerunt Tbeognidis Car mina ; nez non Epigrammata plus quàm trecenta ex Antbilogia Grœca , quorum magna pars non ante Jjparatim exeufa eft : His aJjunEta eft Galeni Sua- Jori.i ad Anes. Notas addidit, atque omnia emen~ daté imprimettda curavit Editor. In JPrœfa- tione differitur de Linguce Grœcœ pronuntiatione , f.cundwr.nè quantitatem an accentum melius pro- cédât. Impinjis Gui. Tburlboum , Bibliopilœ Carc- tabrigienju. in 4°. Un homme de Lettres parmi les Presbyte- riens , nommé Mr. Stott , vient de publier A New Verfion of St. Mattbeios Gofpel, tfc. C'eft- à-dire: " Nouvelle Verfion de l'Evangile félon ,, St. Matthieu; Avec des notes choifies , où l'on ,, juftifie la Verfion , l'on établit lefens & Ton ,, montre la pureté de plafieurs termes ou ex- „ prenions de l'Original Grec , ce que l'on „ confirme par des paffages tirez des Auteurs ,, Grecs les plus célèbres : On y a joint une ,, Critique des Notes du Doâr. MM fur cet „ Evangile ". Chez J. Noon , au Cerf blanc , dans Cbeapjide , in 40. Mr. le Do£tr. Watts, Miniftre Presbytérien, a publié un Supplément à fa Logique Anjloi- fe , qui eft fi eftimée , qu'on s'en fert preférable- ment à toute autre dans les deux Univerfitez. Ce Supplément, qui eft en un Volume 8°. con- tient des Réflexions & des Régies pour acquérir ou pour communiquer aux autres les connoif- fances les plus utiles , tant en matière de Religion que dans les Sciences humaines, & par rap- port à la Vie civile. Chez Hett , dans le Foui- 434 Bibliothèque Britannique, try , où l'on trouve cous fes autres Ouvra' ges. Le fécond Tome de l'Expofition familière du Nouveau Teïtament par le Do£teur. Dod- drige.zuiïi Miniftre Presbytérien , paroît depuis peu. 11 finit les Evangiles. L'Auteur die, que, le Livre des Actes eit prêt à être mis fous la prefïe, & promet de donner la fuite avec toute la diligence pofïïble. C'eft un fort bon Ouvra- ge, qui fe trouve chez le mime Libraire que le précèdent. AVIS AU PUBLIC. XE célèbre Jean George Gr;evius, j dont ;e Nom & la folide Erudition font fi connus dans !e Monde fçavant , après avoir mis su jour le Trtfor des Av.tiquitez Romaines en XII. Volumes in folio, avoir réfolu d'y ajouter une autre Collection , qui n'auroit été , ni moins belle , ni moins excellente en fon genre, que la première , fçavoir celle âes AvM\uiuz & des Hiftoïres d' Italie , afin de réunir, pour ainfi cire, par ce moyen , le relie du Corps au Chef, c'eil- à-dire les autres Villes d'Italie à celle de Rome leur capitale ; à peu-pres de h même manière qu'on voit cette MaîtreiTe du Monde, & la fer- tile Italie, jointes enfembîe dans les Deniers de Mucius Cor jus & de Fufius. Caîenus , qui fu- rent frapez après que la Guerre de la Ligue I- talique eut été terminée à l'avantage des Ro- mains. Car ce grand Homme avoit bien com- pris, que les Affaires de Rome & celles de l'I- talie, foit pour là Paix, foit pour la Guerre, de même que leurs Ufages.& Cérémonies , tant facrées Juillet, Août et Sept. 1741.435 facrées que profanes , étoient fi étroitement liées enfemble, que la connoilfance des unes dépen- doit nécefTiirement de celle des autres. 11 ju- geoit encore avec beaucoup de raifon , qu'on ne liroit pas avec moins de Plaifir & d'Utilité les chofes qui s'étcient payées dans ces Païs-là fur le déclin de l'Empire Romain , que celles qui y étoient arrivées lorfque cet Empire é- toit dans fon plus grand luilre. En effet, l'Italie a toujours été expoiée à de grandes Guerres, & iujette en tout tems à de fréquen- tes Révolutions. Ainfi , l'on n'a pu ni dû i- gnorer les Faits ou les Changemens un peu confiderables qui ont intérefle , dans chaque Siècle, les Contrées ou les Villes qui compo- foient cette belle Province , qui a commandé pendant fi long-tems au relie de l'Univers. Ces raifuns engagèrent l'illuftre Gr & vius, tou-t âgé qu'il étoit, à entreprendre ce bel & ma- gnifique Ouvrage , qui devoit s'imprimer aux dépens de Pierre van der Aa , Libraire à Ley- de, auquel la République des Lettres fera per- pétuellement redevable de quantité de belles & excellentes Collections qu'il a données au Pu- blic, & qui ne demtndoient pas moins de con- fiance dans l'exécution , que de courage dans l'entreprife. Apres avoir donc fait venir de toutes parts, avec beaucoup de foins & de dépenfes, les Li- vres rares & curieux, nécefiaires pour une fi utile Entreprife, on publia d'abord les VI. pre- miers Volumes de ce Tréfor : mais , avant leur Publication, le dcfte Grivius, confumé d'Années & de Travaux , ayant glorieufement fini fi carrière, ne put jouïr du fruit de Ion Travail. Aiafi , l'illuftre J : Pertzo- . M I U » 43^ Bibliothèque Britannique, n i u s remplit avec plaifir fa place : & confa- cra, par une tres-fcavaate Préface , ces VI. pre- miers Volâmes à l'Immortalité & à l'ufage des Gens de Lettres. Mais ce fçavant Homme ayant pareillement é:é enlevé du Monde af- fez peu de tems après, au grand regret de tous les honnêtes gens , un troifieme Sçavant voulue bien entrer dans la même carrière, & fe charger ce h continuation de l'Ouvrage commencé. C'cft Pierre Burman dont je veux parler. Son Efprit vif vx pénétrant , fa Diligence infatiga- bie, fa profonde Erudition , acquiie par un Tra- vail affidu de plufieurs années , font trop con- nus de tout le monde pour avoir befoin de nos Eloges. Ce fut donc lui qui mit au jour tous les Volumes fuivans de cet ample Trefor d' An- tiquitez d'Italie , & qui acheva enfin htfureufement cet Ouvrage immenfe, qu'il eut foin d'orner des Préfaces néceiTaires. On prétend que la Sicile fut autrefois fepa- rée du continent de l'Italie par la violence ces ondes; mais les Sçavans ont toujours jugé, qu'on ne pouvoit feparer les Hifloires & les Antiquitez qui concernent cette Ifle , de celles qui regardent l'Italie. La Sicile a toujours été très -fertile en Evenemens remarquables, à compter même depuis les Siècles fabuleux juf- qu'au nôtre, & fes Antiquitez ont tant de rap- port à celles de Rome & de toute l'Italie, qu'on ne peut les en feparer , fans faire un grand tort à l'Hiiïoire & au progrès des Belles- Lettres. C'efl pourquoi, après qu'on eut ral- femblé avec foin les meilleurs Livres , & les Ouvrages les plus rares des Auteurs qui ont écrit avec autant de feience que de jugement fur les Affaires & les Antiquitez de cette Ifle , en Juillet, Août et Sept. 1741. 4J7 on ajouta un nouv r des Antiquitez dé Sicile à celui des A | d' Italie, & Pier- re Burman l'enrichit de ton belles Pré/aces de fa façon . Sigebeft Havercamp, con- nu d'ailleurs p^r les fçavans Oi 'il a donnez au Public, n'a pas peu contribué de fa part a perfectionner le Trifer dont il s'agit; Car nous fomrnes bi>-n Informez , que Pierre van iir Aa a profité de fes Avis , & même qu'il s'eft fervi de fon Travail, partie iliere- ment pour ce dernier Ouvrage. D'ailleurs, c'eft ce que prouvent afTez un grand nombre cr'O uiicules , tr duits en Latin & enrichis de fes Notes t inferez pour la plupart dans ce Trtjor, & quelques-uns dans celui des Antiquité? d'Italie. Tels font, p^r exemple , les Defcriptions de l'ancienne Syracufe , & des Médailles de cette Ville, faites par Mirabelle & par B-manni , & principalement la Sicilia 2Vfc- mijmatua de Philippe Paruta, à laque-Ile ce fça- vant Profefleur a joint un Commentaire rempli d'Erudition Mais nous ne citerons pas un plus grand nombre d'Auteurs fur ce fujetj car nous ne voulons pas donner ici une Lifte des Ecri- vains dont les Ouvrages font contenus dans ces Trefors; vu qu'on en a publié des Catalogues particuliers, & que cet Ouvrage, qui efb impri- mé depuis quelques années , fe trouve à prêtent dan* plufieurs Bibliothèques publiques, & mê* me dans celles de quelques Particuliers. Nous ajoutons ici avec ràifon ces p, rôles, &f même dans celles de quelques Particuliers-, car Pierte van der Aa ayant écé contraint de mettre ces rs à un Prix fort huit , à caufe des t-a- vaux & des fraix confiderables qu'avoit coù é un Ouvrage G immenfe , bien des gens fc trou* Tome XVIL Part. II. F f vc- 438 Bibliothèque Britannique, verent obligez malgré eux , de fe paiTer de ces Tréfors , pour ne pas trop épuifer leurs bour- fes. Il nous a donc paru que nous rendrions un grand fervice au Public, fi nous facilitions aux Sçavans, & fur-tout à ceux dont les Revenus font modiques , le moyen de fe pourvoir de ces excellens Tréfors des Antiquités d'Italie £? de Sicile, dont nous pofîedons aujourd'hui les Ex- emplaires. Comme nous n'avons pas trouvé de meilleur expédient pour arriver à ce but , que de bailler confiderablement le Prix de ce grand Ouvrage, & de le diminuer même pref- que de la moitié ; nous avons pris la réfolution de délivrer, pendant un certain tems , les Ex- emplaires du dit Ouvrage pour une Somme très-modique. Ce Tréfor entier , tant d'Italie que de Sicile, eft compris en quarante-cinq Volumes; dont le prix a été fixé par P. van der Aa de la maniè- re qui fuit: LesXLV. Volumes ont été vendus en petit papier. . 440 fl. en grand papier. 580 fl. Mais pour les raifons ci-defTus énoncées, nous en diminuons confiderablement le Pfix,& le reduifons prefque à la moitié: de forte que, depuis ce jour jufqu'au 2. d'Avril de l'Année prochaine 1742. & non pour un plus long ter- me , nous délivrerons les Exemplaires pour le Prix qu'on va marquer : Les XLY, Volumes en petit papier, pour 250. fl. ..--- en Juillet, Août et Sept. 1741. 439 en grand papier, pour 35o fl. Par rapport à ceux qui font déjà pourvus des îîx premiers Volumes qui ont été imprimez après la mort de Mr. G r je v i u s avec la Pr é- face de Mr. Perizonius, ils pourront ac- quérir les X X X I X. Volumes qui fnivent , en petit papier, pour 21 0 fl. en grand papier, pour 310 fl. Mais après le Terme indiqué, c'eft -à-dire après le 1. d'Avril de l'x\nnée 1742, cetOjvra- ge fera vendu, Les XLV. Volumes , en petit papier 400 fl. en grand papier 540 fl; Les XXXIX. Volumes, en petit papier 350 A. en grand papier 480 fl. Ainfi , jufqu'au 1. d'Avril de l'Année pro- chaine 1742, on pourra le pourvoir des Volu- mes de ces Trefors pour le Prix marqué ci -def- fus : Ils fe trouvent : A Amsterdam, chez François l'Honoré Se Fils , Waesbergen , Wetftein & Smith , Schou- ten , Wor & Onier de Linden. A Leydek, chez Luchtmans & Van derAa* A Utrecht, chez Broedelet- A Harlingex, chez vin der P!aa:s. A Leeuwaarden, chez Van DelTel, A la Haye, chez de Hondt. F f i P, 44° Bibliothèque Britannique, P. de HONDT Libraire à la Haye, a imprimé: Jo. Harduini Commentaxius in Novum Teftamentum ; acceGit ejufdem Autoris Lu- cubratio , in cujus prima parte oflenditur , Cepham, à Paulo reprehenfum , Petrum non elle : in altéra parte , Joan-nis Apoftoli de Sanftiffima Trinitate locus explanatur , & eidem Autori fuo vinaicatur. Hagae • Comi- tum 1740.- Fol. Idem , Charta majori. A nt. MATTHiEi Veteris Mvi Analetta , feu Vetera Monumenta haftenus nondum vifa, quibus continentur Scriptores varii, qui prs- cipuè Hiftoriam Univerfalem , Expeditiones in Terram San&am , Res Germanie, Gdriac, Hollandiz,Ultrajecti, Frifiae tam Occidenta- lis quam Orientalis & Groningae,ut & Gefta Equeflris OrJinis Teutonici , Dominorum de Brederode , de Culemburch , & de Arc- kel , mémorise prodiderunt. Prseterea; Itine- raria , T>/tamenta Vetera, & Doftorum Viro- rum Eoiftolae. Hagse- Comitum 1738. 5 vol. 4. — Idem , Charta majori. De l'Attaque & de la Défenfe des Places par Mr. de VaubanTome IL 4. fig. Le même Libraire a fous Prejfe, Nummophylacium Reginae Chriftinae , quod comprehendit Numifmata jErea Irnperatorum KomsJiorum Latina, Grîeca , atquc in Colo- 0a Juillet, Août et Sept. 1741. 441 niîs cufa.; quondam à Petro Santi-Bartolo fummo artihcio lummâque fide acri incifa ; nunc primùm prodeunt , cum Commentario Si- giberti Havercampi, in Univeriitate Lugduno- Batava ProfefTbris. Latine & Gallicè. Hagae- Comitum 1742. Fol. cum LXIII. Tabulis Numifmatum. I'em, Charta majori. Remarques Critiques & Philologiques fur le Nou- veau Testament, par feu Monlieur de Beau* sobre. Haye 1742. 2 vol. 4. Le même Libraire avertit , qu'on trouve aujjî chez lui les trois Ouvrages fuivans , qui font de la dernière importance , & dignes de la Bibliothèque d'un Roi ifçavoir. I. La Sainte Bible Représentée en Estampes, par les plus fameux Maîtres de l'Europe, tant Anciens que Modernes, au nombre de 15000 Pièces, & en 175 Volumes in Folio de forme Atlantique, Reliez en Car- ton. Ouvrage qu'à très- jufte titre on peut dire l'Unique dans toute l'Europe, & même dans le Monde entier ; recueilli depuis lon- gues Années avec de très-grands foins, & des fraix pjrefqu'incroyables. Pour rendre cette Collection d'autant plus brillante & plus ri- che, on y a proportionné la quantité des Fi- gures à la Nature des fujets qu'elles représen- tent, & l'on y en a mis un plus grand nom- bre fur les plus notables & les plus intéref- fans , que fur ceux qui le font, moins ; en un mot , on n'a rien négligé de ce qui a pu contribuer à rendre ce Recueil de la der- F î niere 442 Bibliothèque Britannique, niere beauté & d'une magnificence incompa= rable. II. Ouvrage digne d'un Roi; Confi- llant en un Recueil de près de 2550 Pièces du fameux Sebastien le Clerc, Dej- Jlnateur & Graveur de Louis XIK. & de V A- tadtmie Royale de Peinture, Gravure & Sculp- ture ; concitionné ainfi qu'il s'enfuit , & en 4 Volumes reliez en Maroquin rouge. L'Oeuvre de Sebastien le Clerc, que Ton voit ici, efl l'Ouvrage de plufieurs Années. I! efl ccmpofé de près de 2550 Pièces ; & c'cil un des plus complets qui le voye. De tous les Maîtres, le Clerc efl le plus difficile à recueillir, tant par le grand nombre de Pièces qu'il a faites, que parce qu'il n'a pref- que travaillé que pour l'Ornement des Livres; ce qui rend les premières de fes Epreuves d'une Recherche très-difficile. Le Commerce que l'on a eu avec cet habile Homme, a beaucoup facilité ce grand Amas, & le moyen d'avoir des premières Epreuves. L'on n'y a épargné , ni Soins , ni Dépenfes. Plufieurs Vignettes coûtent deux Piitoles la Pièce : d'autres une Piftole , & quantité une demi - Piftole. L'on a eu la délicatefTe ce vouloir avoir tou- tes les Vignettes fans Imprelîlcn derrière , c'eft- ^-Jire tirées en blanc, avant l'Impreffion des Livres pour lefqvels elles ont été faites; feul moyen d'avoir de belles Epreuves. Les Fleurons, Çuls-de-Lampe , Lettres grifes, ne font pas d'une moindre Recherche, fui-tcut les Lettres grifes , Juillet, Août ek Sept. 1741. 443 grifes, qui ont donné le plus de peine. Le Choix des Epreuves eft ce qu'on a eu le plus en vue, y en ayant qu'on a changé jufqu'à qua- tre & cinq fois , pour parvenir à la perfection où on les voit dans cet admirable & magnifique Oeuvre. Il n'y a aucune Pièce retouchée , comme la plupart le font préfentement. Telles font celles ce la Géométrie , de VHiftoire Sacrée , les Pair' d'Heures & le Vitruve. Les Batai.les d'Alexan- dre ,'h Pajion de Notre-Scigneur,& les Livres à- Dejjlner ont été choifis des premières Epreuves , avant que S. le Clerc les eût retouchez lui- même dans les Endroits ufez. Les Pièces où l'on verra de lTmpreflion der- rière , qui font en très petit Nombre, ne peu- vent être autrement pour être bonnes. Elles ont été tirées des Livres reliez , qu'on a fa- crifiez, quoique rares & chers. Tels font YHi~ Jloire des Turcs, le Vitruve, le Des Godets, & les Metamorpbofes d'Ovide, qui font le choix de dix Exemplaires. Le papier a été choifi un peu bis exprès, pour mieux rélever la Blancheur de celui des Eftampes. En un mot , on ne fçau- roit former un plus bel & plus magnifique Ex- emplaire. III. Un Manuscrit très - curieux , très- intérefTant & qui eft delà dernière confequen- ce : fç ivoir ,1e Journal Anglois de tout ce qui s'efl pafle dans la Chambre Haute p'Angleterre , depuis le Tems du Roi Henri VIII. jufques à la mort du Roi George I. en 93 gros Volumes in Folio. F f 4 A \~ 444 BlBLroTHEQUB BRITANNIQUE, AVIS D E JEAN NEAULME, En publiant le Sixième Tome de fin Edi- fiai des Actes Publics d'A n- G L E T E R R E par Mr. R Y M E R. TTOici le Tome Six de mon Edition, qui va V jufques au Quinzième Volume inclulivement de l'Edition de Londres. Le TomePremier contient 231 feuilles. Le Tome Second — - — 215 Le TomeTroifième 220 Le Tame Quatrième 21 o\ Le Tome Cinquième 222 Le Tome Sixième - 22 1£ enfemble 1320 feuilles Ce qui fait , fui van t les Conditions du projet île SoufcriptioB , à 9. dutces la feuille, la Tom- me de 74. florins 5. Tels, fur laquelle j'ai déjà reçu, en y comprenant l'avance du premier Four- nijjcment, & le payement du Sixième Volume, la fomme de 70. florins ; ainfi l'on voit eue j'ai fourni au-delà de ce que j'ai reçu. Le Septième Volume , par où commence ac- tuellement la Traduction des Pièces Françoifes, r^ comprendra point en entier les Tomes Seize £f Dix-Jeptisme de l'Euicion de Londres , parce que Juillet, Août et Sept. 1741. 445 que ces Traductions font trop fortes pour ce- la. Le Prix des Volumes fuivans augmente à prélent d'un demi jol par feuille, qui félon le Projet ne cevroit fe payer qu'à la fin eu der* nier, mais qui, crainte de faire paroitre ce der- nier payement trop gros, me détermine (avec la permiffion du Public )de prendre pour la fui- te quinze florins par Volume, au lieu Ce dix , & ce réfervei le foie, qui fera peu de chofe alors, pour la fin de to ge , qui n'au- ra malgré des augmentât^ : *-\:-confiderab4es, que dix Volumes , à la vérité de deux-cens vingt feu-lies chacun, au Heu t-ccns eue pro- met le Projet; ce cui fait toute la différence. Ceux qui n'ont p";' t 1 ncore fouferit . payent actuellement qui %t fl fins d'augmentation , & ce .x qui tt . p Dg-temg, feront o* bli-; z à davantage, ne pouvant le faire autre- ment .parce que , pour favorifer la Soufcriptlon , je i'ai proposée à grand marché, que je l'ai bien fait exécuter, & que j'ai tenu parole de n'en imprimer que cinq -cens Exemplaires, & cin- quante en grand papier. Je laiffe donc à juger 11 l'Ouvrage complet augmentera de Prix. F f S T A' fiSâSSSS929Sfifia3999aS 288999 SQ8>e§ 88 BÔ68SS0SSBSS65ôëÉ)3e5ôSôô 6S 83 GSÔ3S5 TABLE DES MATIERE S. ABingdon ( Co7«tff pourquoi ils attrib'joieat aux Egyptiens une fi grande ancienneté & puiflance. 388. Gresbam (Collège de) à Londres-, Vies desPro- fcir^ursqui y ont enfeigné. 60 -S6. 229-251. A donné naiiTance à la Société Royale. 62. Hiiloire de :. .::. 77 C 21- TABLE DES jamais. 8l. Difpute fur la langue dans laquel- le dévoient fe faire les leçons, ibid. & Juiv. Plaintes contre les Profeffeurs. 83. Leur ré- ponfe. 84. Décifion de ce différend , ^-ui régie le tems des leçons, ibid. Fonds deftinépoury former une Bibliothèque. 88. Gresbam ( Le Chev. Thomas) h famille. 66. Sa naififance 67. Ses études, ibid. EmbrafTe le Commerce. 68. Nommé Agent de la Cour pour les Emprunts, ibid. Remédie à divers abus à l'avantage du Roi & du Royaume. ihid. £? fuiv. Privé de fon Emnloi par la Reine Marie. 70 Rétabli, ibid. Fait Cheva- lier par la Reine Elijabetb , & fou Agent dans les Païs étrangers, ibid. Bâtit une belle Mai- fon. ihid. Perd fon fils unique- ibid. Bâtit la Bourfe de Londres. 71. Chargé d'une négo- ciation d'argent à Anvers 72. Confeils falu- taires qu'il donne à la Reine fur les Emprunts & le reareflement des Finances. 73. Hon-^ ceur que la Reine lui fait. 75. Conte à ce fujet. ibid. Marque d'eflime & de confiance qu'il reçoit de la Reine. 76. Mariage de fa fille naturelle ibid Son amour pour les Scien- ces, ibid. Fonde le Collège de Gresbam à Londres. 77. Fait piufieurs Legs de charité. ibid. Sa mort. 78. Son éloge, ibid. Fut fur- nommé le Marchand Royal. 79. Particularité honorable de fa Vie. ibid. SonTeïtament con- firmé par un Atte du Parlement. 81. Gresbam ( Richard ) fon grand mérite. 66. A- vantage qu'il procura au Commerce. 67. Grey (Mr. le Dr. Richard) fon Edition du Lp vre de Job métriquement arrangé. 220. Gronovius (Jean Frédéric) prepofé pour modèle d'un fage Critiqueé 321. Guyet MATIERES. Guyet (Mr.) a fait des conje&ures lubttlespour rétablir le Texte de Ciceron. io^. H. HAmpden (Mr. Riclmrd) fon difcojrs pour l'abolition de l'Atie triennal. 271. & juiv. Reproche qu'il tait a Mr. Cêtnpton. 295.' Hank (Mr. Théodore) Auteur des Aflemblees qui ont donné occalion à la fondation de la Société Royale. 63. Harris (Mr. te Dr.) Supplément à fon Diiïio- naire des Arts cjf des Sciences. 428. lleatbcote ( Le Cbev. Gilbert ) ferme la bouche au Chevalier Windbam. 163. Vreut qtt'on dé- clare la guerre à la Suéde. 292. Hervey (Mylord) on lui ell principalement re- devable de la belle Fie de Ciceron publiée par Mr. Middieton. 119. Hiftoire de la Vie de Cicfron. 118--14S. Grande part qu'y a Mylord Hervey. 119. Huet (Mr.) ce qu'il dit de la CrHque moder- ne. 321. Réfutation de ion fentiment. ibi'i.& ju v. Hungerford (Mr.) s'oppofe au S ubfide demandé contre la Suéde. 2bS. I. TAques î (Le Roi) confirme à jamais les do- nations faites au Col lé je de Grefbav.. Sr. complexes, font en quelque forte de 1a fa- çon de l'efprit humain. H 3s fimples \ ancienneté de cet:e opinion Tom XVII, Part. II. G g TABLE DES J[lay (Mylord) parle contre les fréquentes E- lecticns d'un nouveau Parlement. 187. Tnct édules -, leurs objections contre la Révélation. 337- Jofepb ; pourquoi Pharaon lui fit époufer la fille du Prêtre à'On. 394. D'où vient que parmi fes Domefliques il y avoit plufieurs Médecins. 396- Judaïfme-, marque qui le diftinguoit de toutes les autres Religions du monde. 379, & fuiv. Judicature ; pourquoi ôtée par le Peuple au Sé- nat de Rome & conférée aux Chevaliers. 145- Juifs-, deux raifons principales qui les retien- nent dans l'aveuglement. 371- K. KIkgston (Duc de) fe déclare contre l'A&e triennal. 176. L. LAmbin ; éloge de fes conjectures pour réta- blir le Texte de Ciceron. 103. Lawfon (Mr.) relevé quelques expreiïîons du Général Stanhope. 288. Lechmere ( Mr. ) claufe qu'il propofe d'ajouter au Bill pour prolonger le Parlement. 283. Particularitez fur fon fujet. 2S4. Légijliteurs Payens -, Us avoient intérêt de le prétendre infpirez. 382. Leibnitz (Mr.) fon grand principe dans la con- troverfe avec le Dr. Clarke. 346. 347. Lettre à un Jeune -homme, pour le dijjuader de prendre Us Ordres Jacrez, 88-102. Première rai- MATIERES. raifon , tirée de la prétendue inutilité de la charge de Miniftre. 87. Seconde raifon, fon- dée fur le danger qu'on fuppofe y avoir pour le Troupeau. 88. Troifième raifon , puifée dans la Liturgie Anglicane. 90. Quatrième raifon , appuyée fur la néceffité de figner la Confeffion de foi. 93. Cinquième raifon. 97. Lettres à Atticus ; éloge de leur Traduction en François. 13 5» Libraires Anglois ; défaut ordinaire de leurs Ca- talogues. 3« 4« Lifte civile ; ce que c'efl , & à quoi elle fert. 186. n. Liturgie Chrétienne, dans le Syftême Arrienm 43 r. Loi Mofaïque-, en quoi confiftoit fa perfection. 371. &fuiv. Londres (Fille de) refufe de prêter de l'argent à la Reine Elifabeth. 74. Lettre menaçante qu'elle s'attire par-là du Secrétaire d'Etat, ihid. Lyddal ( Mr. ) fon difcours pour l'abrogation de l'Afte triennal. 191. (ffuiv. M. MAimonides ; fon fentiment fur la perfec- tion de la Loi conduit au Chriftianifme. 372. Mallet (Mr.) Projet de foufcription pour fon Hidoire du Bill d'Exclufion contre Jaques Duc d'Torck. m 217. Médecins -, grand nombre qu'il y en avoit an- ciennement en Egypte. 39^- G g 2 Mer*- TABLE DES ffereditb ( Mr. ) particularité qu'il rapporte a« fujec du Chevalier Grej bam. 79, go. Mérite perjonnel; doit être toujours refpe&é. 350. Métbcdijtes , comparez dans une Brochure avec les Douât iftes. p 430. Metbuen [Mr.) mécontent de la Cour, reilgne fes Emplois. 296. Métro dore de Cbio ; fon fcepticifme outré. 342. Middieton (Mr. le Dr. Conyers) Auteur d'une nouvelle Hiilcîre de la Vie de Ciceron. 118. Méthode qu'il a fuivie pour la rendre exacte & complette 122. Régies qu'il s'eft préfcri- tes pour la composition. 123. Sources où il a puifé. 124. &f juiv. Méthode de fes tra- ductions. 126. Son jugement fur les Hiflo- riens Grecs qui ont parlé de Ciceron. 127. CT fmv. Et fur les Hifloires modernes du même. 131. Nouvelle Eaition de fa Fie de Ciceron. 428. Quatrième Edition de fa Letîie fur la Conformité du Papijme avec l'ancien Pa- gav 432. Miller (Mr.) réimpreiîîon de fon Diftionaire du Jardinage. 431. Mijfy (Mr. de) fa Traduction libre des Remar- ques de Mr. le Motteux fur Rabelais. 410-427. Mcïfe-, la divinité de fa Million prouvée. 369- 410. Confirme le témoignage des Auteurs profanes concernant les Egyptiens. 393. (Mr) féconde Edition de fon Traité des Domaines de la Grande - Bretagne en Amérique. 429. :an (Mr. Thomas) fon fyftême de la Reli- gion naturelle. 225. Sa répoafe indécente au Livre de Mr. Cbam 412. N MATIERES. N. NAtures plafliques -, ce que Mr. Bayle en penfoit. 364. Nenci (Giovanni Francejco) fon Recueil de Poë~ fies Italiennes. 221. Nouvelles Littéraires. 220-428. ORobio , réfute le fentiment de Maimonides fur la perfe&ion de la Loi. 372. Ouvrages de l'Art , ne font jamais parfaitement reffemblans l'un à l'autre. 347, P. P Amila, ou la Vertu recompe^jee , beau Ro- man Anglois. 27-60. Prompc débit de cet Ouvrage. 29. 222. But que l'Auteur s'y pro- pofe. 29. & Juiv. Mérite de cette Hiftoire. 59. Critiquée. 222. Sa continuation. ibid. Parlement de la Grande- Bretagne y confirme le Teftament du Chevalier Thom. Grefbam. 79. 80. Recueil des Débats qu'il y a eu depuis la Reftauration. 14S. & juiv, Peterborougb (Comte de) ce qu'il dit en faveur de l'Afte triennal. iSS. Peuple Romain-, fes grandes prérogatives. 138. Plntarque critiqué. 127. Alexandre) Recueil de fes Lettres &? de celles de jes Amis, 1-27. Publié iâiw ton aveu. 2. Hiiloire de la première Edition. 3. £f fuiv. Jugement qu'en porte Mr. Cromwell. y . Ses plaintes au fujet des Eaitions fubr?p- Gg 3 tices TABLE DES tices de fes Lettres. 7. Edition qu'il en don- ne lui-même. 8. 17. Autres Editions fubrep- tices augmentées. 10. 12. 13. 17. 20. Mal- traité par un Libraire. 12. 15. 16. Traduc- tion d'une de fes Lettres. 23. Powlet ( Comte de ) infifte pour l'A&e triennal. 176. & fuiv. -Prêtres Egyptiens avoient l'adminiflration des affaires publiques. 394. Principes de Déifies employez par Mr. Warbur- ton pour renverfer leur Syftême. 387. nfcÀ«4â;ç ; ce que c'eft. 338. Pulteney (Mr. Guillaume) religne fes Emplois. 296. Se déclare contre la Cour. ibid. QUaker ; fa Lettre à Mr. de Voltaire fur ce qu'il a écrit touchant cette Se&e. 260. & Juiv. Sentimens des Quakers fur' les Sa- cremens. 263. Pourquoi ils permettent à tout le monde de parler dans leurs Afiem- blées. 264. Leurs raifons pour accorder la même liberté aux Femmes. 266. Raifon de leur tremblement. 261. Titres qu'ils ne donnent jamais à perfonne. 269. R. REligioks des Payens ; nécessairement ou toutes fauflfes ou toutes véritables. 378. Pourquoi aucun de ces fyflêmes n'a été rap- porté à la Caufe première.. 382. Requêtes; manière honnête de rejetter celles au'on préfente au Parlement» 190. n. Ré- MATIERES. Révélation j preuve qu'il y en a une véritable. 375- fcf fuiv. Rois-, devoirs de ceux de l'ancienne Rome. 138. Se font chafler en empiétant fur les Droits du Peuple. 140. Rome-, excellence de la forme de fon premier Gouvernement. 13 S. Partis qui s'y formè- rent après l'expulûon des Rois. 141. Qui dégénèrent en violences après la mort des Gracques. 144. Rondeau -, le premier qui a été fait en Anglais. 5. Rouillé (Le Père) s'efl fouvent trompé fur l'article de Ciceron & des Hiiloires de fon tems. 135» Roxborougb (Duc de) fon zèle pour la Succef- fion Proteflante. 170. S. SAcremens ; ce que les Quakers en penfent. 263. Saurin (Mr. Jaques) avanture plaifante qui lui arriva à Genève en difputant. 334. 335. Scott (Mr.) fa nouvelle Verfion de l'Evangile fé- lon St. Matthieu. 433. Sénat de Rome-, tes devoirs dans fa première in- flitution. 138. La mort des Gracques lui de- vient fatale. 144. Sa jaloufie contre les Che- valiers. 145. Servilius Cepio , furnommé le Patron du Sénat. 146. Sbippen (Mr.) fe déclare contre l'abolition de l'Acte triennal. 193. &f fuiv. Son difcours contre un MefTage du Roi pour demander un Subûde extraordinaire. 288. & fuiv. Contre G g 4 le TABLE DES le Subfide pour l'Armée. 307. & fuiv. Eft envoyé à la Tour. 31p. Sbrewsbury ( Duc de ) fon oppofition à une AddreïTe à préfenter au Roi. 159. Smiib ( Mr. Jean ) cenfure le Miniftère par rapport à des affaires domeftiques du Royau- me. 300. Smitb (Mr.) fes Sermon; poflbumes. 428. Snell (Mr.) expreffions imprudentes qui lui échaperenten Parlement. 282. ÛDligé d'en de- mander pardon à la Chambre. 283. Société Royale de Londres ; fon origine. 63. éf fuiv. Socrate -, pourquoi il faifoit profeffion de ne rien fçavoir. 333. Souveraineté , refidoit dans le Peuple de Rome. 138. Spinofa-, fon opinion par rapport à l'ame hu- maine. 343. Stanbope ( Le Général) fon difcours contre le Miniftère de la Reine Amie. 162. Infifte fur un Subiide contre la Suéde. 286. 288. 291. Juitifie la conduite de la Cour. 297. Steele (Le Cbev. Richard) parle contre l'A&e triennal. 278. £p fuiv. Stoïciens-, leur maxime qui peut fervir à fonder l'évidence. 346. Us exigeoient la fufpenfion dans les choies incertaines. 349. Leur prin- cipe le plus fublime. 351. Strofford ( Comte de ) s'oppofe à une claufe d'u- ne Addrefle à -préfenter au Roi. 159. Subfide demandé par le Roi pour faire des Al- liances. 285. Débats fur ce fojet. 288-305. Suicide-, réflexion cavalière de Mr. de Voltaire fur MATIERES. fur ce fujet. 253. Remarque de Mr. LockmaQ U-deflus. 254* Sutberland ( Comte de ) fignale fon zèle pour la Maifon à'Hanover. 170, T. THomas (Mlle. Elifaèetb) fçavante Angloi- fe. 6, Townsbend ( Mylord) privé de la charge de Vi- ceroi d'Irlande. 2o5. Trevor ( Mylord ) fon attachement pour le Mi- niftère de la Reine Anne. 158. Tribuns du Peuple ; leur établiflement & leur autorité. 142. Font admettre lesPlebéïens aux Magiftratures. ibid. Abufent de leur puiffac- ce. 143. Troupes réglées-, il y en avoic anciennement es. Egypte. 402. Turnbull (Mr.) fes Principes de h Pbilojopbie Morale & Chrétienne. 22J. Sa traduction d'un Ouvrage a'Heineccius. ibid. Twtlls ( Mr. le Dr. Léonard) fa DiJJertation fur la Cbronologij des Septante. 224. V. \7At/entia (Pierre de) difcuflîon hiflorique fur fon fujet. ioj. RéimpreŒon de fon excellent Ouvrage fur les Académiques de Ci- ceron. Victnrius ; a rétabli heureufement quelques en- droits de Ciceron. io"1. Vie à venir; le filence de Moïfe là-deffus prou- ve l'imperfection de la Loi. 573- G g 5 Vie: TABLE DES Vies des Profeffeurs du Collège de Grefbam. 60-8 tf, 229--251. Utilité & agrément de celles des grands Hommes. 120. Ecueils qu'on y doit éviter, ibid. & Juiv. Défaut de la plupart des Vies de Ciceron. 131. Voltaire (Mr. de) nouvelle Edition de Tes Let- tres fur les Anglois. 251. & Juiv R-fléxion cavalière qu'il fait fur le Suicide. 253. Let- tre qu'un Quaker lui addrefle touchant ce qu'il a écrit de fa Se£e. 260 & Juiv. Vue perçante efl fouvent incommode. 345. W. WAlkeu (Mr.) ingénieux à rétablir le Tex- te de Ciceron. 104. Wallis ( Le Dr ) fa relation concernant l'origi- ne de la Sociecé Royale de Londres. 63. Walpole (Mr. Robert) fon difeours contre le Miniflère de la Reine Anne. 161. Empêche le Chevalier Windham d'être envoyé à la Tour. 166. Refigne fes Emplois à la Cour. 296. Warburton ( Mr. Guillaume ) fécond Tome de fon Traité de la Divi?iité de la MïJJion de Moïfe. 369--410. Comment il prouve la néceflSté & la vérité d'une Révélation. 375. & fuiv. Ward (Mr. Jeun) fes Vies des ProfeJJeurs du Collège de Grejbam. 60-86. 229-251. Ordre qu'il a fuivi dans cet Ouvrage. Cl. Watfon (Mr. David) fa TraduÙion de quelques Oeuvres d'Jiorare. 226. Watts (Mr. le Dr.) Supplément de fon excel- lente Logique Angloife. 433. JVhitlocke (Le Cbev. Guillaume) critique une Pr© MATIERES. Proclamation du Roi pour convoquer le Parlement. 163. Raifon pourquoi, ibid. &f Juiv. liïndbam (Le Cbev. Guillaume) défend le Mi- niitere de la Reine Aime. 162. S'élève con- tre une Proclamation du Roi. 165. Obligé de fe retirer. 167. Apoitrophé par l'Orateur. 168. Sa réponie. ibid. Wotion {Mr. Antoine) abrégé de fa vie. 250. & Juiv. Lifte de tous fes Ouvrages. 256. & Juiv. JVren (Mr. Cbrifînpble) abrégé de fa vie. 238. £f Juiv. Catalogue de fcs Ouvrages. 246. & juiv, Fin de h Table des Matières. 0K