o ee era! à Ho) } te 14, 10,73 1266 ( LR a t 14 " HIR PT pére Au NE BIBLIOTHEQUE UNIVERSELLE SCIENCES ; BELLES-LETTRES , ET ARTS, MARNE NE A LA BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE. Rédigée à Genève PAR LES AUTEURS DE CE DERNIER RECUEIL. D nt nd ee de TOME ONZIÈME. Quatrième annee. —. SCIENCES ET ARTS. ACT 2 à Mer) RC LR FER de | JE Kite} di 7 1 n % LE ! = LC Aù WEST A GENÈVE, de l'Imprim. de la Biscrorméque Univensezrr, 1810. » L a | 4 à, 4 D + FT ; A! » , y A, ŒUR © x TE X : : LL y 4 rl L Œ: À | i * . # è n ne: to hr hr Po ‘ nl , ( 3) GÉODÉSLIE. Mémoire sur LA Mesure DE LA Base DE Danmsranr, exécutée en octobre 1808, par MM. Eckanot, Ingé- nieur en chef du cadastre du grand Duché de Hesse Darmstadt, et Scnreyermacner , Professeur de mathé- matiques et de physique au Musée de Darmstadt, Dressé sur les notes et les manuscrits originaux communiqués par les auteurs de cette mesure. Par Dgrcross , Capitaine au corps royal des Ingénieurs géographes Français , membre de plusieurs sociétés savantes. Communiqué au Prof, Pieter, l'un des Ré- dacteurs de ce Recueil. ÎInxTroDUCTIrOoN\. M. le colonel Henry, Directeur des grands travaux géodésiques exécutés en Helvétie et dans l'Est de la France, m’ayant chargé de conduire une chaîne de triangles pri- maires, depuis Strasbourg et la base d'Ensisheim jus- qu'au Mont Tonnerre , à l'effet d'y opérer la liaison de cette base avec le canevas trigonométrique qui couvre les Départemens réunis de la rive gauche du Rhin, et par suite, de projeter vers l'Est une série de triangles qui devoit atteindre le célèbre observatoire de Gotha, cette mission m'offrit l'occasion intéressante d'enchainer l'ob- seryatoire de Manheim , de prolonger au nord la méri- dienne de l'observatoire de Genève, qui s'étend actuel- lement jusqu'au Luisberg, et de vérifier la mesure de la base de Darmstadt. à S. À R. le grand Duc de Hesse, qui saisit d’une ma- nière si empressée et si libérale toutes les occasions d'encourager et de favoriser les recherches utiles aux À 2 É, 4 GÉoDEÉsirez. sciences, ét principalement les travaux géographiques , qu'il daigne protéger avec le zèle le plus éclairé, vou- lant établir au centre de ses Etats les bases d'un grand travail géodésique , chargea MM. Eckhardt et Schleyer- macher , de mesurer auprès de Darmstadt, une base destinée à être le fondement des travaux projetés. Cette ligne, mesurée avec toute la précision que l’état actuel de la géodésie prescrit d’exiger, devoit servir de base à un rézeau trigonométrique primaire, qui, après avoir couvert tout le Duché de Darmstadt, devoit s’é- tendre jusqu'aux limites du grand Duché de Westphalie, où une base de vérification devoit être mesurée pour assurer l'exactitude de tout ce vaste canevas. Un rézeau de triangles secondaires devoit ensuite sub- diviser les triangles primaires et fournir des bases exactes à la topographie et au cadastre, Cette idée d’assujettir la géographie de détail et le cadastre à la même direction , aux mêmes Ingénieurs, au même ensemble géodésique, malheureusement com- battue en France par des hommes intéressés à leurs vieilles routines, ou qui n'en concoivent pas l'importance, éprouva aussi de fortes contradictions à Darmstadt, où, sans le caractère et les lumières du grand Duc, elle au- roit peut-être échoué, comme il est à craindre qu’elle échoue ailleurs. : Le choix que S. A. R. fit de MM. Eckhardt et Sch- leyermacher pour l'exécution de ces travaux importans prouve assez qu’ils étoient capables de les diriger de la manière la plus distinguée. Mes relations avec ces Ingénieurs m'ont laissé l'idée la plus avantageuse de leurs moyens, et de leurs lumières, aussi étendues que modestes. Je me plais à rendre cette justice à ces deux jeunes savans et à louer le zèle, l’obligeance, et la noble sincérité avec lesquels ils m'ont communiqué les résultats de leurs premiefs travaux , qui font le sujet de ce Mémoire. S. AR, le grand Duc de Hesse, dès mon arrivée à Lo Mesore De La Base DE Darmsrapr. 5 Darmstadt, daigna donner à MM. Eckhardt et Schleyer- macher, les ordres les plus favorables au but de ma mission. Le premier fut charge de m'accompagner et de me seconder dans toutes mes recherches ; et le second reçut l'invitation de me communiquer tous les résultats obtenus. C'est dans le travail manuscrit de ces Ingénieurs que j'ai puisé tous les élémens de ce Mémoire. C'est sur les instru- mens même,qu’ont été construites les projections ci-jointes. Il est essentiel d'observer, que toutes ces communi- cations m'ont été faites dans les premiers jours d'octobre 1809. C'est-à-dire, avant que les résultats de ma liaison trigonométrique me fussent connus, et que je ne me suis pas permis le plus léger changement , soit dans les cal- culs, soit dans les résultats du travail de ces Messieurs. L'ensemble et les détails des calculs ont été revus plusieurs fois. Il est à présumer, d'après le soin qu’on y a apporté , que ma version est sans erreur. S. 1, DESCRIPTION GÉNÉRALE DE LA Base DE DARMSTADT, On a choisi pour cette mesure la grande allée qui conduit de Darmstadt à Griesheim, parfaitement droite, et qui, après avoir traversé une grande forêt, aboutit à la plaine horizontale et découverte, de Griesheim, qui a permis de prolonger l'alignement jusqu'aux premières maisons de ce village. Dans tout cet espace, il ne s’est rencontré d'autre irrégu« larité de terrain que vers M, (fig. 1), où il existe une petite dune de sable , qu'on a franchie aisément et sans aucun inconvénient pour l'exactitude du tracé et de la mesure, La base mesurée A E n’a pu, par la disposition du sol, être tracée sur l'alignement des deux clochers K et I de Darmstadt et de Griesheim, dont on vouloit mesurer la distance. Il a fallu se borner à la mesure de la ligne AE donnée par le prolongement de la grande avenue, et au moyen des bases partielles BCG,EG, EF, et des angles 6 Gronésirer. observés en B,C,A,K,E,G,EF,I, conclure, par Île calcul, la Mecstté KI "A dé: ue dorées ( des centres ) qui surmontent les deux flèches des clochers K.et I de Darmstadt et de Griesheim. Pour tracer l'alignement de la base AE, on a générale- ment suivi la méthode employée aux bases de la méridienne de France , mesurée par notre célèbre Delambre. Mais au lieu d'employer un cercle répétiteur dans sa position ver- ticale , l'on s'est servi d’un théodolite répétiteur d'un pied de diamètre, d’une très-belle et très-exacte construction. Afin de conserver les extrémités de la base AE ,soit pour être remesurée par la suite, soit pour y rapporter immé- diatement une autre distance, on a fixé les deux points À et E par un massif ( fig. 5 \ construit en maçonnerie et enfoncé au-dessous de la surface du sol. Cette masse reçoit un prisme ou borne s d’une seule pierre, d’un pied carré de base, au milieu duquel est scellé ( avec plomb) un cylindre @ en cuivre et dont le centre corres- pond aux extrémités de la ligne mesurée. Après l'opé- ration le tout a été recouvert de terre. Ces places ont été désignées par des signes extérieurs pour les retrouver au besoin. $. 2. DESCRIPTION DE L'APPAREIL A MESURER. Des perches. Les perches qui ont servi à la mesure de la base, fig. 2 et 3, sont en bois de sapin et ont chacune quatre toises de longueur. L'assemblage arc-bouté n'ayant pas paru d’une cons- truction ni assez légère, ni assez exacte, on a adopté un appareil analogue à celui en fer employé par Mr. le baron de Zach dans*sa mesure de la base du Seeberz. La perche est composée de deux fortes règles en bois de sapin, dressées à plusieurs fois; sans forcer la position naturelle des fibres, Pour obtenir cet équilibre d'une Mesure DE La Base pe Darmsrapr. 7 manière sûre, on a laissé pendant plus d’un an, les règles dressées provisoirement , sécher et prendre un état constant, dans un lieu chauffé pendant l'hiver ; en- suite ces règles, dressées de nouveau , ont été assemblées très-solidement à vis et écrous, et recouvertes de plusieurs couches de vernis gras pour les rendre insensibles aux influences hygrométriques, C'est cet assemblage qu'on voit en À A fig. 2 et KK fig. 3 , ce sont les projections, verticale et horizontale , des perches. Une toile cirée couvre les perches dans toute leur longueur, et on y a pratiqué des ouvertures servant au transport de l'appareil. On a attaché par des vis aux extrémités AA des per- ches , des plaques, en acier, dont l’une, antérieure, fait office de talon, et l’autre postérieure , porte une languette qui glisse à frottement dans une coulisse en- taillée dans son épaisseur. Les languettes sont divisées en dixièmes de ligne par le Vernier que porte la plaque fixe; et l'on estime les centièmes de lignes au moyen d’une loupe. Ces divisions ont été exécutées sur une machine à diviser les lignes , construite par l'habile mécanicien Roesler ; élève de Baumann, sous la direction de MM. Eckhardt et Schleyermacher. Cette machine porte un curseur, à micromètre, parfaitement construit. C'est cet appareil à diviser qui a servi pour tracer toutes les me- sures qui ont été employées au travail de la base. L'usage de ces languettes est absolument semblable à celui de celles adaptées par Borda aux perches en platine qui ont servi à la mesure des bases de la méri- dienne de France. La méthode des coincidences exigeant des mouvemens longs et délicats gimpossibles à opérer avec de grandes machines; celle des contacts sans lan- guettes produisant des chocs qui accumulent les erreurs, outre qu'ils sont défectueux par eux-mêmes , on a cru 8 GÉODÉSIE. que l'imitation de l'appareil ingénieux de Borda étoit tout ce que l’on pouvoit faire de mieux. Pour n'être point gêné dans la lecture des Verniers des languettes, on a coupé en biseau QQ les extrémités de la règle verticale. Afin de ïjaire coincider le plan vertical passant par l'axe des perches avec l'alignement de la base, on a fixé à chacune de leurs extrémités de forts chassis AA fig. 2, portant des pinnules composées de lames de cuivre per- cées de trous à leurs intersections. Au milieu de chaque perche on a adapté une troisième pinnule A'semblable aux précédentes A A, afin de pou- voir s'assurer si les perches contractoient des flexions ho- , rizontales ou verticales. En effet, les lames des pinnules ayant été réglées primitivement, doivent continuer à se couvrir mutuellement si l'axe des perches n’éprouve point ‘de flexion ; et la signaler dans le cas contraire. En général , pendant toute la durée de la mesure et des comparaisons , l’observation la plus suivie a prouvé, que la flexion horizontale a toujours été insensible, et que celle dans le sens vertical ne passoit jamais deux lignes. Or, les perches ayant été comparées chaque jour de la mesure , avec les toises en fer, par les moyens que je décrirai ci-après , cette flexion de deux lignes n'a pu produire aucune erreur sensible , et l'on n’y a pas eu égard. Le seul effet qui pouvoit en résulter, auroit affecté l'inclinaison de l'axe de la perche donnée par le niveau, porté par les deux boutons kKk. Je rapporterai bientôt les moyens employés pour tenir compte de cette influence. DESCRIPTION DES TRÉPIEDS PORTANT LES PERCHES. ES Les perches sont portées par des trépieds, fig. 2 et 4, susceptibles de tous les mouvemens nécessaires. Ils sont composés principalement de deux pièces triangulaires Mesure px LA Basx pre DarmsrAnr. 9 D et F, fig. #4,-liées par des pièces inclinées et verti- cales. Trois parallélipipèdes creux HHH en reçoivent trois autres, qui se meuvent au moyen des vis vv, et permettent de donner au plan DD la position conve- nable , sans déranger les points d'appui, qui se prêtent par-là aux irrégularités du terrain. Le parallélipipède creux G recoit la partie inférieure de la vis Z qui se meut au moyen de la pièce f. Cette partie inférieure I de la vis / est un prisme à base carrée qui s'emboîte dans G, et se fixe au moyen d'une vis de pression. En tournant l'écrou f, on donne à la vis / un mou- vement dans le sens de son axe sans lui imprimer aucun mouvement de rotation, au moyen du prisme carré Ê qui ne peut tourner; et quand la vis / est à la hauteur désirée on l’arrête par la vis de pression qui agit dans la direction de la diagonale dans un cadre de fer qui embrasse les pans du prisme; ce qui donne à l’ensemble une grande solidité. La partie supérieure de la vis / porte une pièce hori- zontale BB destinée à recevoir les perches. Sur BB s'élèvent deux montans qui recoivent les axes des rouleaux sur lesquels portent les perches, ce qui permet de faire mouvoir ces dernières dans le sens de leur longueur. Pour amener l'axe des perches dans l'alignement de la base, on a adapté aux montans deux vis latérales qui font mouvoir deux pièces qui glissent sur les rou- leaux qu'elles embrassent, et qui par ce moyen ne peuvent contracter aucun mouvement de rotation. Lorsque la perche est alignée, on la fixe très-solide- ment en tournant en sens inverses les deux vis latérales qui la contiennent. l DescrirtION DU NIVEAU DONNANT L'INCLINAISON DES PERCHES. La méthode de mesurer par portées horizontales offre 10 GroDésivr. des sources continuelles d'erreurs, des difficultés mé- caniques et physiques qui demandent des soins longs et pénibles. Cette manœuvre est très-difficiie, elle em- porte un temps précieux et peut exposer à de graves accidens. D'ailleurs elle n'étoit point applicable exacte- ment à l'usage des languettes mobiles. On a donc adopté le moyen imaginé en France par Borda et employé aux mesures des bases de Melun, de Perpignan et d’Ensisheim. C'est-à-dire, l’on a mesuré l'inclinaison de l’axe de chaque perche, et calculé sa projection à l'horizon. A cet effet l’on a fixé à une des extrémités des per- ches deux pièces ou boutons en métal destinés à porter le niveau à bulle MM fig. 2; la surface supérieure de ces boutons K,K’ a été réglée dans un plan parallèle à l'axe des perches. Le niveau destiné à mesurer l’inclinaison de l'axe des perches qu'on voit projetté, figure”2 , est une imitation libre de celui de Borda. On a seulement inversé la po- sition de l'arc N N. Le rappel z a pris, par ce changement, une position plus commode, etle mécanisme en est devenu plus simple. Le corps de ce niveau est construit en fortes pièces de chène, très-sec et verni, L'arc en cuivre NN portant la division est fixé par des vis à bois. Cet arc est divisé en demi degrés et subdivisé par un vernier que porte l'alidade L, en minutes nonagésimales, Afin d'éviter toute excentricité, on a décrit l'are NN avec une pointe d'acier adaptée à l'alidade L, en la faisant tourner autour de son eentre g. L’axe de ce centre est conique et en cuivre. , A la partie supérieure de l'alidade L est attaché le niveau à bulle d'a 4 On fixe l’alidade au moyen d'une vis de pression, et la vis de rappel z lui imprime un mouvement lent. On a toujdurs fait deux observations , en retournant Mesure DE a Base px Danmsrapr. 17 le-niveau bout à bout, ce qui a donné la vérification _de chaque inclinaison. Pour empècher que le poids du niveau ne donnät une flexion aux perches, on a évité de le faire porter sur leur milieu, et on le place sur un des trépieds, Dans cette position il se trouve équilibré. Cependant s'il existe, comme je l'ai dit, une flexion verticale d'environ deux lignes , la ligne passant par les surfaces des boutons K K' ne donne plus sensiblement la vraie inclinaison de l'axe des perches ; le bouton K' est un peu plus bas que K. On a déterminé la correction qui en résulte par la méthode suivante. La perche à éprouver étant placée sur ses deux supports; après avoir mis deux pinnules parfaitement égales sur les pièces en acier P et Q qui terminent les perches, on a pointé un objet éloigné au moyen du rappel dk trépier R', et le niveau MM a été observé. Cette obser- vation a ensuite été inversée, c'est-à-dire, que la perche a été retournée , de nouveau pointée sur le même objet, et le niveau observé. Or il est évident, que dans ces deux positions de la perche , son axe ayant la même inclinaison, les deux observations du niveau devroient coïncider si la ligne K K’ étoit parallèle à cet axe; et si cela n’a pas lieu, la différence des deux observations donnera la double correction des boutons K K'. C’est par ce moyen que la correction des inclinaisons signalées par le niveau a été déterminée avant et après la mesure de la base. La différence de ces résultats n'ayant été que d'environ trois minutes, on a interpolé entre ces limites une série de corrections pour tous les jours de la mesure; ce qui étoit plus que suffisant. D'après ce qui précède, et à l’aide des figures 2 et 3 qui donnent les projections vert et horizontale de l'ensemble de: l'appareil, il sera facile de se former une idée complète et exacte de la méthode de mesure adoptée. Elle est aussi parfaite que les moyens fournis aux obser- 12 GÉODESI:Ir=r. vateurs pouvoient le comporter. Ils ont sû éviter , avec béaucoup de sagacité, tous les inconvéniens que les expériences précédentes ont fait connoître , sans chercher à se faire illusion sur l'emploi des moyens systématiques, ils ont très-sagement imité Fingénieux et savant physicien à qui notre haute mécanique doit toute sa gloire par l'invention du cercle répétiteur ; instrument précieux, qui a porté dans nos déterminations géodésiques et astrono- miques une précision qui a éclipsé tous les travaux an- térieurs. Il seroit à désirer que la méthode adaptée aux perches en bois par MM. Eckhardt et Schleyermacher servit de modèle à tous ceux qui seront chargés de me- surer des bases et qui n’auront pas à leur disposition des appareils en platine. Après cette esquisse de l'ensemble des perches je vais décrire les moyens et les instrumens employés pour les rapporter à la toise dite du Pérou, COMPARAISON DES PERCHES AVEG LA TOISE DU PÉROU où DE L ACADÉMIE. J'arrive à la partie la plus difficile de la mesure d'une base , à celle qui demande et la sagacité du physicien et l'esprit d'exactitude du géomètre. La plus petite négli- gence peut ici avoir les résultats les plus importans ; car toutes les erreurs d’une même espèce s'accumulent in- définiment avec la longueur de la base. Les observateurs n'avoient point à leur disposition le métal précieux de l'appareil de Borda. Ce n'a été qu'a force de soins mi- nutieux, de patience, d'observations journalières et bien : dirigées, qu'ils ont pù arriver au degré d'exactitude que Mr. Schleyermacher avoit prévu et analysé d'avance avec un rare discernement# Le musée de Darmstadt renferme une suite d’instru- mens de physique d’un choix supérieur. Le Grand-Duc, qui s'intéresse à toutes les recherches scientifiques et qui Mesure pe La Base DE Darmsrapr. 13 y consacre les loisirs que lui laisse le soin de son gou- vernement, y a fait réunir les appareiïls les plus uules et les plus exacts. Au nombre de ces instrumens précieux se trouve une toise en fer, construite par Lenoir, et soigneusement comparée à celle dite du Pérou ou de l'Académie , par Mr. Bouvard. C'est cette toise qui a servi d'étalon fondamental, et à laquelle. la mesure de la base a été rapportée par les moyens que je vais successive- ment décrire (1). DescrIPTION DES TOISES EN FER SERVANT D ÉTALONS. La marche du comparateur déterminée, il falloit l'ap- pliquer à la comparaison des perches avec la toise, étalon dont j'ai parlé. A cet effet, l'on a fait construire par le mécanicien Ruesler, des toises en fer parfaitement semblables à la toise étalon et qui lui ont été comparées au moyen du (1) Nous supprimons la description de l'appareil compara- teur construit dans les principes de celui de Lenoir, qu'on trouvera décrit par Mr. De Prony (avec fig. ) T. XIX. p. 30# de la Biblioth. Britannique. Nous rappellerons seulement , que le principe de cet appareil est absolument différent de celui des comparateurs à microscopes , appliqués en. Angleterre aux étalons dont la longueur est déterminée par des lignes tracées sur leur surface. Le comparateur de Lenoir agit par l'effet d’un contact procuré entre lextrémité , terminée , de l'étalon , et le bras court d’un levier coudé , dont le bras long parcourt un arc d'autant plns grand que ce bras est plus long relati- yement à celui contré lequel le bout de l’étalon s’appuye , et au- quel il procure un petit mouvement angulaire , qu'on réduit par le calcul en fonction de la toise; la longueur totale de appareil appliqué aux comparaisons dont il est question, étoit d'environ quatre toises ; et il mesuroit jusqu’à la précision des millièmes de ligne. (R) 14 GÉoDbésrez. + comparateur par un grand nombre d'observations très- scrupuleuses, Afin d'éviter l'inconvénient qui peut résulter de l'ap- plication des toises bout à bout ,on a ajouté à leurs ex- trémités des petites équerres en cuivre, qui s'y fixent par des vis, dont les têtes passent par des trous allongés qui permettent de presser les surfaces, de manière à produire entre Îles extrémités des toises et les équerres un contact parfait. Au moyen de cette addition, dont Jai moi-même examiné l'effet, les extrémités des toises paroissent comme des lignes de division très-déliées et Jon peut les mettre en coïncidence parfaite, à l'aide d'une forte loupe. COMPARAISON DES PERCHES AVEC LES TOISES EN FER, Lorsqu'on veut comparer les perches avec les toises en fer, on place à côté du comparateur et dans une situation renversée une des perches KK , supportée par trois trépieds IV, V et VI, sur lesquels elle porte par ses trois pinnules. Au moyen des divers mou- vemens dont les trépieds sont susceptibles, on amène la perche dans un contact parfait avec le parallélipipède du comparateur, de manière que leurs surfaces supérieures se confondent dans un même plan. Cela fait, l'on fixe la perche au comparateur avec les vis 3 3, et l’on arrête les supports de manière que le tout soit inébranlable. Douze petites pièces de bois très-minces sont fixées à la surface de la perche, et réglées afin qu'en y plaçant les toises en fer , les surfaces de ces dernières se trouvent dans un même plan. Cela fait, on applique successivement les toises comme on le voit fig. 3, de manière que la première 1, dénuée de son équerre sy applique contre la pièce d'acier z, heurtoir fixe du comparateur, On met ensuite les extrémités des autres toises en coïncidence, ‘ Mesvke DE La Base De Darmsranr. 15 Contre la dernière toise n.° 4 vient s'appuyer le heur- toir mobile qui entraîne le levier angulaire du compa- rateur. On observe alors ce que marque l'alidade, et la température des toises par des thermomètres à mercure exactement appliqués sur leurs surfaces, Dans cette po- sition de l'alidade, la distance totale des extrémités est exactement de quatre toises en fer dans les circonstances de l'observation. On enlève ensuite les toises et la perche renversée, en desserrant les vis 3 3 ; et après avoir Ôté les trépieds IV, Vet VI, onen place deux en % et à dans la position qu’ils doivent avoir pour supporter les perches lors de la mesure de la base ; les perches sont de suite et succes- sivement placées sur ces supports, et comparées. Mais dans cette position les vis d'ajustement, fig. 6, étant gènées par le parallélipipède du comparateur , on a ajouté à la _ planchette BB, fig. 6, des prismes en bois qui élèvent les perches à la hauteur des heurtoirs du comparateur. La perche à comparer étant placée, on amène la languette en contact avec le heurtoir fixe z, après avoir mis son vernier sur une division entière, et l’on ap- plique le talon de l'autre extrémité à la pièce mobile e. Observant alors ce que donne l’alidade y et le thermo- mètre attaché à la perche, on a la différence entre chaque perche et uue longueur de quatre toises dans les cir- constances de la comparaison, ou la correction corres- pondante des languettes. DÉTERMINATION DU COEFFICIENT DE LA DILATATION DES PERCHES, Une suite d'observations faites à diverses températures a servi‘à cette détermination. Les expériences de com- paraison ne peuvent donner la dilatation absolue des perches, il à fallu la déduire de son rapport avec celle 16 GÉODÉS:E. du fer, déjà connue par un grand nombre d'expériences très-exactes. | Parmi les divers coëfficients de dilatation du fer donnés par différens auteurs, une discussion impartiale a en- . gagé les observateurs à adopter celui égal à la 0,00001445° partie de la longueur totale, pour un degré du thermomètre ‘à mercure; échelle octogésimale , dite de Réaumur. D'après ce coëfficient, on a trouvé, par un grand pombre de comparaisons, que celui de la dilatation des perches étoit égal à la o ,0000095 5° partie de leur longueur pour un AA de Réaumur; c'est-à-dire, qu'une perché se dilate de 0,033 lig. pour un degré ME La dilatation des perches ainsi établie, on a pu en duire toutes les comparaisons des perches aux toises en fer, à la température de 7,9 (R.) , terme moyen de toutes celles observées lors de ces comparaisons. Les résultats de ce travail ont donné la table suivante pour la cor- rection des languettes. Ces comparaisons ont été répétées chaque jour de la mesure, c’est-à-dire, que chaque jour on a observé immédiatement les toises en fer, et les perches, au comparateur. La table suivante offre les résultats de ces comparaisons journalières , excepté pour le sixième jour qu'on a déduit de la moyenne entre le cinquième et le septième jour, l'expérience du sixième ayant manqué. Tasrx Mesure DE LA Base DE DARMsTApDT. "ag TABLE lIre Corrections des languettes, observées chaque jour de la mesure de la base, et ramences à la température moyenne de + 7°,9 de Réaumur. ÉPOQUES| CORRECTIONS DES LANGUETTES. des — GOMPARAISONS.| Perche N.0 1.| Perche N.° 2.| Perche N.0 3. MR rio T0 Ti. 1 RAT | Ve 5 — 0,874 |— 0,828 — 1,149 ( 6 0,806 0.773 1,0ÿ2 | 7 0,738 0,718 1,034 9 0,647 0,670 0,984 10 0,661 0.670 0,963 $ II 0,660 0,639 0,948 2 13 0.526 0,460 o,S21 = 14 6,)15 0,489 0,828 ts so. …' 0,754 0,685 1,08 1 16 0,657 0,600 0,957 © 20 0,494 0,444 0,802 s | 21 0,455 0,380 0,772 22 0,485 0,404 0,746 24 0,553 0,421 0,812 35 0.603 0,456 0,869 27 0,597 0,461 0,845 28 0,633 0,510 O911 29 0,525 0,476 0,377 Ces déterminations établies, on a procédé à la mesure de la base, ainsi que je vais le décrire. ( La fin au Cahier prochain. }* Ce moontnd Sc. at arts, Nous. serie. Vol. 11, N°, 1. Maïrx819. B PHYSIQUE. ON THE VARIATION OF THE compAss, etc. Sur la déclinaison de la boussole, et la déviation de l'aiguille aimantée , telles qu'elles résultent des expériences et des faits recueillis à bord des vaisseaux de S. M..B. r'Isarezxe et L'ALExANDRE dans un voyage de découvertes aux régions arctiques; et règles pour tenir compte de la déviation dans les observations nautiques. Par J, Ross, Capitaine dans la Marine Royale. (Extrait. } > Ÿ ———— Le titre qu'on vient delire est celui du premier Appendix appartenant à la relation officielle de l’une des deux ex- péditions arctiques qui ont excité tant d'intérêt l’année dernière. C’est celle du Capitaine Ross, commandant deux navires , l’Isabelle et] ’Alexandre, et core par l’amirauté anglaise de reconnoître la baye de Baffin et la proba- bilité d'un passage par le nord-ouest dans la Mer Paci- fique. Cette relation vient de paroître à Londres en un volume in-4.° de 250 pages, suivies d'un Appendix de 150, et accompagnée de vingt-six planches d'une très- belle exécution et dont plusieurs sont coloriées: ce vo- jume renferme beaucoup de détails curieux pour diverses classes de lecteurs , et dont nous les entretiendrons dans les deux divisions de notre Recueil; nous choisissons aujourd'hui une recherche particulière sur un phénomène de l'aiguille aimantée, aussi remarquable ponr les physi- ciens qu'il est important à étudier pour les marins, que l'ignorance de ce fait peut copduire dans de fausses 2 Sur LA DÉVIATION DE LA Boussoze, 19 routes lorsqu'un ciel brumeux ne leur laisse à consulter que la boussole. Dans une Introduction courte et claire l'auteur fait l'histoire abrégée de cette invention , à laquelle l'ancien monde dut la découverte du nouveau. On crut pendant assez long-temps que l'aiguille aimantée se dirigeoit exactement dans la ligne méridienne, Ce ne fut guères que vers le milieu du seizième siècle qu'on découvrit qu'elle déclinoit de quelques degrés du nord vers l'est ; elle se raprocha peu à peu du nord, jusques vers l’année 1560 ou 1568, époque à laquelle elle se dirigeoit exacte- ment dans la méridienne ; et dès lors elle n'a point cessé, en Europe, de décliner plus ou moins du nord vers l'ouest, selon les temps et les lieux. Toutefois depuis quelques années, elle paroît à peu près stationnaire, sauf ses oscillations diurnes et horaires. Ce phénomène de la déclinaison oblige les marins et tous ceux qui consultent la boussole, à en déterminer fréquemment la quantité angulaire par quelque procédé astronomique, et en particulier par l'observation de l’azymuth magnétique du soleil levant ou couchant, comparé à son azymuth réel; le résultat, ainsi obtenu dans les observations faites à la mer, avoit été présumé correct, jusqu'à l'époque où Mr. Wales, l’astronome qui accompagna le Capitaine Cook dans son troisième voyage, trouva que , selon la direction du navire au mo- ment de l’observation, et selon d'autres circonstances, on trouvoit des différences de 3°, jusqu'à 6°, et même jusqu'à 10° entre les déclinaisons de la boussole observées par les procédés connus. Le Capitaine Flinders fut le premier à mettre au jour la cause probable de cette aberration, et il donna des règles pour en établir la quantité absolue selon les di- verses Situations du navire; mais le principe d'où il dé- duisoit ces règles ne s'est pas trouvé applicable à toutes les circonstances et à toutes les situations ; et sur-tout B°2 CSS 20 Paysieques. dans le lieu où la connoïissance de ces variations étoit de la plus grande importance, c'est-à-dire, dans la baye de Baffin. L'opinion du Capitaine Flinders étoit que l'erreur dans la déclinaison, selon les diverses directions de la quille du navire, provenoit de l’effet combiné du magnétisme terrestre et de celui du vaisseau, ce dernier étant dà à la distribution des masses ferrugineuses dans son ntérieur. à Les Commissaires de l’'amirauté firent faire, en 1812, des expériences sur plusieurs navires dans divers ports d'Angleterre pour. obtenir sil étoit possible avec plus de précision les causes de ces anomalies, très-nuisibles au perfectionnement de la navigation. On établit le fait, et l'opinion du Capitaine Flinders fut justifiée; mais on ne réussit pas à trouver une règle générale d'après laquelle on pût toujours corriger une erreur qui pou- voit devenir très-nuisible dans beaucoup de cas. On pourroit à la rigueur se passer aujourd'hui de la boussole. «Un marin habile (dit l'auteur) bien au fait de l'astronomie nautique, pourroit, vû le haut degré de perfection auquel la navigation est parvenue, con- duire avec sûreté un bâtiment à une destination quel- conque, sans consulter l'aiman; mais, dans un mauvais 4emps et sous un ciel brumeux, ou dans une mer ren- fermée , la boussole lui sera toujours d'un grand secours ; il importe donc de chercher à lui procurer toute la sûreté désirable comme guide; on ne peut y parvenir qu'en trouvant quelque procédé général et invariable au moyen duquel on puisse obtenir la vraie déclinaison de {a boussole , dans tous les temps et toutes les cir- constances. » D'après ces expressions on peut croire que l'auteur n’a rien négligé pendant le cours de son expédition pour conduire cette recherche de la manière qui lui a paru la plus propre à la faire réussir, Sa persévérance a été couronnée de succès, SUR LA DÉVIATION DE LA Boussore. 21 Et d’abord il faut se faire une idée nette de la na- ture du phénomène et de sou étendue. S'il n'y avoit aucune influence magnétique particulière et spéciale dans la masse du navire , la déclinaison de la boussole seroit tout-à-fait indépendante de la situation du bâti- ment relativement aux points cardinaux; elle devroit être la même lorsqu'il seroit dirigé au nord, au sud, à l'est et à l’ouest; or, voici l’un des premiers faits observés à cet égard. Le 4 juin. Lat. 65°. 44 N. et long. 54. 46. 30 O. on observe la déclinaison comme suit, le navire étant dirigé successivement à peu près sur les quatre points cardinaux Deéclin. observée. Le navire dirigé au N. . . 60. 50 Ouest. Anne ce. Da,12h474 à l'E.S.E. . 48. 10 Alu. :.)77. 88 a Déclinaison moyenne. . . . 59. 45 On voit que cette déclinaison qui, s'il n’y avoit pas d'influence de la part du navire auroit dû être identique dans les quatre observations , diffère d’elle-même de pres de trente degres, c'est-à-dire , de plus de la moitié de la quantité moyenne , selon que le navire est placé dans telle ou telle direction, relativement à la méridienne. Le 9 juin on profita (ainsi qu’on l’a fait très-souvent dans le cours de l'expédition) du voisinage d'un ceberg, ou montagne de glace, pour s'y établir avec quelques instrumens , et entr'autres avec une boussole d’azymuth, au moyen de laquelle on observe la vraie déclinaison, qu'on trouve de 67° 10' ouest. En même temps, à bord de l'Isabelle , dirigée alors à l'ouest , elle est de 72°. 10’; c’est-à-dire plus considérable de 5°; et lorsqu'on l'ob- serve de nouveau, le navire dirigé au N. 14°£. On trouve 67° 3’, C'est-à-dire, à deux minutes près, la dé- 22 Pryéraour. clinaison observée sur la glace, hors de toute influence étrangére au magnétisme terrestre. Le 79 juin, dans un observatoire établi sur une île de glace non flottante, on trouve la déclinaison 32° 43’; et à bord , le vaisseau étant dirigé au NNO, elle est de 83° o’. Voilà encore une différence de 10° 17' résul- tant d'une influence magnétique particulière au navire. Pe ces observations, et d’un nombre d'autres du même genre, l’auteur tire les conclusions suivantes. 1.° Qu'il y a, dans chaque navire, un point de chan- gement dans la déviation de la déclinaison de la boussole occasionnée par une attraction spéciale qui s'exerce dans Je vaisseau, 2.° Que sur l'/sabelle, ce point de changement n'est pas précisément le nord magnétique, mais quil n'en est pas éloigné. 3.° Que ce point varie selon le navire, et qu'il est af- fecté par les changemens qui ont lieu dans la déclinaison absolue ; par le voisinage de la terre, et même par celui d'un autre bâtiment. 4.° Qu'on peut trouver ce point de changement par les observations de lazimuth d'un astre , ou par le re- Jèvement pris d'un objet éloigné, choisi vers le nord magnétique, ou dans toute autre direction. Voici la règle que l'auteur prescrit à cet égard. « Observez un azimuth, ou relevez à la bonssole un ohjet très-éloigné, en dirigeant successivement le vais- seau sur divers points de part et d'autre du nord, jus- qu'à-ce qu'on ait trouvé les points de plus grande et de moindre déviation; le milieu entre ces extrêmes sera, à.pen près, le point de changement » Ge n'est pas tout : celles des observations qui précé- dent, dont le navire avoit été le siège , avoient été faites, ou dans la cabine ordinaire de la boussole, où sur le pont, vers le milieu de l'intervalle entre le mât de misène et le cabestan ; mais, si l'on place la boussole SUR LA DÉVIATION DE LA DBoussorr. 23 ailleurs que dans l’un ou l'autre de ces deux points, et sur-tout si on la met d’un côté ou de l'autre du bà- timent , on a des résultats différens : enfin, l'angle de déviation est sensiblement affecté par les différences de température, comme aussi par celles de l'humidité et de la densité de l'atmosphère ; c’est-à-dire par des circons- tances purement météorologiques. En conséquence, on établit dans l'endroit indiqué sur le pont une cabine temporaire , et on prit des précautions pour y maintenir la température aussi uniforme qu'il seroit possible. Elle avoit été au-dessus du terme de la glace dans toutes les observations qui ont précédé. Arrivé aux Trois Îles, c'est-à-dire au-delà du milieu de la longue baye de Baffin (Lat. 74° 1.) L'auteur y répète ses observations avec quatre boussoles différentes, placées de manière à ne pas s'influencer réciproquement, et il trouve des variations très-considérables dans la dé- clinaison apparente, selon que le vaisseau pointe au N. ou au NE; et pour savoir si la quantité de fer à bord de l’Isabelle en étoit la cause, il profite de la rencontre de quelques navires baleiniers de Hull, pour transporter deux de ses boussoles sur un des bâtimens pêcheurs nommé l'Harmonie ; elles sont d'accord avec celles de ce bâtiment ; l’auteur y répète ses observations, et ellés donnent au moins deux points (de 11° = chacun) de part et d'autre, c'est-à-dire 45° de différence entre les relèvemens pris, le navire pointant successivement à l'O. par N, et à l'E. NE., directions qui donnèrent les ex- trêmes de la déclinaison. Mr. M'Bride, maître du bâti ment, dit au Capitaine Ross que, dans vingt voyages qu'il avoit faits dans ces régions arctiques, le vent lui avoit paru fréquemment changer , lorsque c'étoit la bous- sole elle-même qui changeoit, et qu'il avoit souvent et mal à propos, attribué à l'effet des courans , des fausses routes faites sous un vent donné, tandis que la faute en étoit à Ja boussoie. Aussi les baleiniers ne la con- 24 P'atr stone sulteht-ils guères dans le détroit de Davis;ils se diri- gent par la vue de la côte , et selon les passages que les intervalles des glaces peuvent leur offrir. Entre les latitudes de 71° à 96° N, des observations du genre de celles qui précèdent ayant été fréquemment répétées, on ne remarqua pas de changement sensible dans la déviation observée sur l'Isabelle, quoique la dé- clinaison eût augmenté dans cet intervalle, de 75 jus- qu'à 110° O. Mais on trouva que l'humidité l’affectoit sensiblement. Le 1 sept. (lat. 50° 35' long. 76° 55'o ) la déclinaison étant de 75° O , et l'inclinaison de 84° 39', la déviation n'avoit pas notablement changé sur l'Isabelle, et elle ne commença à éprouver une diminution sensible qu'après quon eut, au retour, passé le 66° de latitude, sanf les modifications particulières qui paroiïssoient dépendre de celles de l'atmosphère. La déviation fut permanente sur ce bâtiment pewdant cinq mois, quoique la déclinaison y eût varié depuis 27° à 115° 0. Les observations faites sur l'Alexandre donnèrent des résultats analogues , mais moins nombreux , parce que les observations y furent moins suivies. Il y en ext une intéressante le 16 août , peu après que ce navire eut forcé la dernière barrière de glace; le vaisseau marchant alors très-mal, il fallut changer son arrimage et placer ailleurs que sur le pont, à l'arrière , des barrils pleins de fer qui avoient jusqu'alors occupé cette place ; en conséquence , les points de changement précédemment déterminés, comme aussi la désiotiié totale, ne furent plus les mêmes. — Revenons à l’Isabelle, Au-delà du lieu où la déclinaison fut de 90° O, la déviation ne parut pas s'accroître sensiblement avec la latitude, mais beaucoup selon l'humidité de Vair. La déviation diminua rapidement lorsque la déclinaison se trouva au-dessous de 60°. Voici les conséquences que l'habile navigateur tire de e Sur LA DÉVIATION DE LA Boussorx. 25 toutes ses expériences sur cet objet important. «1° Qu'il y a dans chaque vaisseau une attraction magnétique spéciale qui affecte toutes les boussoles de ce navire; qu'on peut déterminer exactement l'effet de cette influence, mais qu'il faut y apporter beaucoup de soins ét d'attention pour obtenir des résultats bien sûrs.» » 2.° Que l'effet de cette attraction n'étant pas le même dans des navires différens, et sa marche n'étant pas toujours régulière , on ne peut pas donner de règle générale et applicable à tous les vaisseaux , pour s'y sous- traire ; sur-tout dans les régions arctiques, où cet effet est bien plus considérable qu'ailleurs. » » 3.° Puisque six boussoles comparées entr'elles à bord de l'Isabelle se sont trouvées d'accord lorsqu'on les a observées successivement dans le même endroit sur le bâtiment, et différer , au contraire , lorsqu'on les a pla- cées dans des situations différentes, de l'avant à l'arrière, il est évident que cette situation dans le vaisseau à une influence décisive sur la déviation; que fes résultats ne peuvent être régulièrement comparables que lorsque les observations ont été faites dans le même point du bà- timent, et qu’ils ne valent que pour cet endroit. » » 4.° La déviation n'est pas la même dans des circons- tances en apparence semblables ; et en particulier elle varie selon Ja direction Lode iets du vaisseau au mo- ment où on l’observe. » »5.° La déviation est AREA modifiée par les différences de température , d'humidité et de densité de l'atmosphère. » » 6.° La direction du vent paroît avoir un effet irré- gulier sur la déviation. » »7.° Il en est de même de l'inclinaison magnétique; et son influence est irrégulière. » 8.” Quoiqu'en général la déviation magnétique ob- servée dans un point du vaisseau demeure constante si on ne change pas l'arrimage des fers qu’il porte , cepen- 26 Paysraquer. dant, la quantité absolue de cette déviation, selon la direction de la .quille du navire dans un moment donné, est en rapport { mais non régulier) avec l'accroissement, ou la diminution, de la déclinaison, et de l'inclinaison de l'aiguille aimantée. Cette influence s'exerce sur la quantité relative de la déviation, mais non sur les points de changement , soit sur la direction de la ligne neutre formant la limite entre les deux attractions qui ont des signes contraires; cette ligne est déterminée par le magnétisme propre du vaisseau ; elle n’est pas parallèle’ à elle-même sur des points différens du navire, ni sur des bâtimens différens. » L'auteur termine cette intéressante discussion par don- ner des règles de pratique, 1.° pour montrer comment on peut obtenir la déviation, lorsqu'on a observé la dé- clinaison hors de l'influence du navire; 2.° pour trouver à bord la véritable déclinaison lorsqu'elle est inconnue, Voici comment on trouve /a lisne neutre, dans une position donnée de la boussole sur le vaisseau. Suppo- sons deux objets distans, dont l'azymuth de l'un, ou celui de la droite sur laquelle ils se trouvent sont don- nés: à partir du vaisseau situé sur le prolongement de cette ligne , on observe cet azymuth dans diverses di- rections de la quille. S'il se trouve le même , la dévia- tion est nulle; s’il y a des différences, celui qui se trouve d'accord avec l'azymuth donné, est le point de change- ment, ou la ligne neutre. Pour trouver la déviation rapportée au point vers lequel le vaisseau fait route, il faut relever le même objet, la quille étant dirigée sur le rhumb qu'on suit, et ajouter ou retrancher la différence selon qu’elle.doit augmenter ou diminuer la déclinaison. Pour trouver, à la mer, la déviation lorsqu'on a en vue un objet éloigné dont la vraie direction magnétique est inconnue , il faut envoyer une chaloupe hors de la sphère d'attraction magnétique du navire, faire observer, SUR LA DÉVIATION DE LA Boussore. 27 du bateau, l'azymuth de l'objet ; et répéter la mème ob- servation sur le bâtiment; la différence est la déviation cherchée. Mais, lors même que l'horizon n’offriroit au- cun objet visible, on pourroit trouver, en temps calme, la déviation par le procédé suivant, On met à la mer, de l'arrière, un bateau (à clous de cuivre } muni d'une boussole. On gouverne successivement le vaisseau sur des rhumbs différens, et le bateau se maintient sur le prolongement de la quille, de manière à voir toujours les trois mâts en un seul, jusqu’a-ce que les boussoles du vaisseau et du bateau soient d'accord. Si elles le sont sur tous les rhumbs, dans ce cas le navire n’a pas de déviation ; si l'on trouve une différence sur un rhumb donné, cette différence est la déviation du bâtiment sur ce rhumb, et il faut, selon sa direction, l'ajouter, ou la soustraire à celle observée dans le bateau , qui est la vraie; et on applique ensuite à chaque rhumb la dé- viation que l'expérience montre lui appartenir. Sur quel- que rhumb que les déclinaisons observées sur le navire et dans le bzteau s'accordent lorsque celui-ei est dans le prolongement de la quille, c'est sur ce rhumb que se trouve la ligne neutre, ou le point de changement dans le vaisseau ; le résultat d'observations faites , la quille étant sur ce rhumb, donne la vraie déclinaison ; mais sur tous les autres il y aura une erreur, celle qu'on aura déterminée , ainsi qu’on l'a dit, en obser- vant les différences entre les observations faites sur le navire et sur le bateau; et on en tiendra compte en + ou en — selon qu'elle aura été déterminée. Il y auroit, dit l'auteur, beaucoup d'avantage pour la navigation , à établir correctement les directions ou situa- tions relatives des caps, des montagnes , en un mot de tous les objets remarquables d'une côte , et de les désigner dans des cartes publiées, de manière que les bâtimens qui, naviguant dans ces parages , se trouveroient sur le pro- longement de tels ou de tels alignemens déterminés 28 : NE HIS LOUE, pussent, en observant le rhumb apparent sur lequel ils se trouvent , découvrir par la différence entre cette direction et celle indiquée sur la carte la déviation de la boussole dans ce bâtiment, sur ce rhumb. Il voudroit aussi que les vaisseaux de guerre, et tous les bätimens appelés à des voyages de long cours, ne perdissent au- cune occasion d’éprouver la déviation , et d'établir la ligne neutre ; cette ligne une fois déterminée, il fau- droit se garder de changer la disposition relative des masses ferrugineuses distribuées sur le navire. A la suite de la recherche importante dont nous venons de donner l'extrait ,on ne peut, même sans être marin, assez s'étonner qu'elle n'ait pas été entreprise et approfondie long-temps avant l'expédition arctique et le voyage de Flinders. Il étoit, ce semble, naturel de présumer que la boussole établie sur un bâtiment plus ou moins chargé de fer, doit être exposée à une influence quelconque , qu'il faudroit apprécier, et déduire de tous les rhumbs apparens, pour avoir les véritables. Ces masses de fer, les ancres , les canons ou caronades , etc. diversement distribués sur le navire, doivent former autant de centres moyens d'attraction qui modifient la force directrice de la boussole, c'est-à-dire, le magnétisme terrestre, et qui doivent produire un nombre indéfini de combinaisons, assez analogues à celles que font naître dans l’espace les attractions planétaires. Il doit ainsi se créer, en petit, sur le bâtiment, comme un problème des trois corps, qui seroit peut-être soluble à& priori lorsqu'on auroit déterminé les centres moyens d'attraction, puisque la loi des forces magnétiques est aussi l'inverse du carré des distances, On pourroit comparer ensuite ces solutions avec celles que fournit la méthode ingénieuse , mais empyrique , de l'auteur. On a pu remarquer qu'il affirme dans plus d'une oc- casion que la déviation de la boussole éprouve une in- fluence météorologique ; nous espérions trouver quelque MacNÉéTisme DU RAYON VIOLET. 29 détail à cet égard dans le cours de ses observations, mais cette espérance a été vaine. L'auteur n'indique pas même quel genre d'influence la température , l'humidité , et la densité de l'air exercent sur le phénomène de la déviation; cette omission est d'autant plus singulière , que le fait de cette influence est énoncé plus d'une fois dans le cours du Mémoire , et qu'il a dû ètre le résultat d'ob- servations de détail, dont aucune n'est rapportée. —_ TT Cr —— ExPÉRIENCES suR LE Macnérisme pu RAYON viorer, par L. A. »'Homsres Frrmas, Chevalier de la Légion d'honneur , etc. Communiquées au Prof. Picter, par l'auteur. Les effets du magnétisme semblent tenir du merveil- leux ; et quoiqu'on puisse les expliquer par une savante théorie , on est en général curieux de voir les phéno- mènes de l'aimant avant d'en calculer les causes. Dès que j'eus connoissance de la découverte de Mr. Moricchini, je désirai juger par mes yeux de la force magnétisante quil attribue aux rayons solaires. Dans l'étude de la nature il faut observer soi-même pour bien voir ; j'ai toujours reconnu pour mon compte que je comprenois bien mieux ce que j'avois éprouvé; la confir- mation d'une expérience est d'ailleurs utile , quelque confiance qu'inspire son auteur , en ce que l'on peut quelquefois l'envisager sous une autre face et en déduire de nouveaux résultats, Un physicien avoit annoncé que des aiguilles de Bous- sole laissées longtemps à une température uniforme dans la direction du Méridien magnétique , mais dans une boîte bien fermée , n'avoient acquis aucune vertu , : 30 Pa visrQur tandis que d’autres exposées au soleil étoient aimantées et dans moins de temps; il coufirma qu'elles s'aimantoient plutôt et plus fortement au bord du rayon violet , com- me Mr. Moricchini l’avoit fait voir le premier. Je supposai que l’action du soleil pouvoit, comme la percussion , faciliter le mouvement du fluide magnétique vers les extrémités d'une barre de fer convenablement disposée ; je m'assurai d'abord que les rayons solaires réunis au foyer d’un miroir ardent dans lequel je passai nne aiguille de boussole , ne l’aimantoient point, Je décomposai la lumière , j'exposai des aiguilles ou des fils d’acier dans chaque rayon, ils n'agirent pas plus par leur couleur que la lumière blanche par l'intensité de la chaleur qui l'accompagnoit. Quelque temps après, les journaux savans donnèrent des détails sur les procédés suivis en Italie. Je répétai l'expérience telles que MM. Playfair l'avoient vu faire à Rome , et je l'avoue, je ne fus pas plus heureux que la première fois. J'avois d'abord introduit le soleil dans mon cabinet au moyen d'un miroir que je faisois mouvoir de l'intérieur, afin de conserver au rayon à-peu-près la même direction. Dans l'idée que sa réflexion pouvoit nuire à sa force ma- gnétique, je fis passer un rayon direct par une ouver- ture de #5 millim. faite au volet , derrière lequel étoient disposés un prisme de flint-glass et un carton percé qui, recevant le spectre solaire , ne laissoit passer que le rayon violet. Je fixai ma lentille à ce carton , et au-lieu de pro- mener le foyer sur l'aiguille, je la faisois passer dans ce foyer lentement et toujours dans le mème sens; elle n'ac- quit aucune vertu magnétique. J'ai fait varier la distance du prisme à la lentille et j'ai employé des lentilles de dif- férens foyers, sans obtenir aucun effet. Le Dr. Carpi a dit que la clarté et la sécheresse de l'aire loient essentielles, mais que la température étoit indif- férente. Lors de ma dernière expérience faite am milieu MaAcnéTismME Du RAYON vIioLer. 3r du mois d'octobre ( 1817) le ciel étoit très-clair, le vent au nord , le thermomètre extérieur vers 14° , il marquoit 15° et 15°,2 dans mou cabinet, et l'hygromètre De Saus- sure 41 degrés. Mr. Cosimo Ridolfi magnétisoit ses aiguilles dans trente à quarante-cinq minutes. MM. Playfair disent qu'après demi heure l'aiguille qu’ils ont vue aimantée n'avoit ac- quis ni polarité ni force d'attraction , et qu'en continuant vingt-cinq minutes de plus elle agit énergiquement sur Ja boussole et souleva une frange de limaille d'acier. J'ai eu la constance de continuer cette opération pen- dant plus d’une heure sans obtenir le moindre succès. Les physiciens italiens exposoient leurs aiguilles sur les bords du rayon violet, Mr. Cosimo Ridolfi paroît mé- me croire que les rayons chimiques contribuent à la réussite de l'expérience ; je l'ai essayée inutilement 1° dans le rayon violet seul, 2.° en recevant sur la lentille le pin- ceau violet et les rayons chimiques , et 3.° dans ces der- niers seuls à côté du spectre solaire, Une solution de mu- riate d'argent que j'y exposai , noircit en peu de temps, mais le fil d'acier passé et repassé à leur foyer n’éprouva aucun effet. À la vérité j'étois découragé et je n'ai peut- être pas assez prolongé cette dernière expérience. Je dois dire que la fenêtre par laquelle j'introduis le soleil dans mon cabinet lorsque je m'occupe d'expériences d'optique , est au couchant ; par conséquent mon aiguille étoit à-peu-près dans le sens du méridien pendant qu'elle passoit dans le rayon violet , tandis que chez Mr. Moric- chini elle étoit perpendiculaire à cette direction. La situation de cette fenêtre ne m'a permis de faire mes ex- périences qu'après midi ; j'ai employé dans plusieurs es- sais des fils ronds d’acier bien trempé , au lieu de me servir d'aiguilles plates. — Je ne peux pas attribuer à ces différences peu importantes la non réussite de mes ex- périences. 11 n'est peut-être pas de physicien qui n'aît éprouvé 32 Paxsraus. que ce qui paroît le plus simple au premier abord né- cessite souvent bien des tâtonnemens ; que le procédé qui semble le plus facile à suivre, exige quelquefois des soins minutieux , une attention soutenue, beaucoup de dextérité et sur-tont beaucoup de patience ; mais j’avois réussi dans d'autres expériences fort délicates, ou du moins j'approchois du but; un commencement de succès m'encourageoit à poursuivre. Dans celle-ci je n'ai éprouvé absolument aucun des effets annoncés. — Quoiqu'il soit bien facile d'être induit gn erreur dans des recherches pareilles, je n’ai garde cependant de douter des faits ob- servés par des savans recommandables : en publiant mes essais infructueux , en convenant de bonne foi que j'ai échoué , je desire engager quelqu'un de plus habile à ré- péter ,à varier ces expériences intéressantes et à nous donner de nouveaux renseignemens sur la manière de les faire, Crimts. . Css “CHIMIE. User pas Kwarzeascegrase , etc. Sur le chalumeau à gaz explosif; par le Prof. Prarr à Kiel. ( Journal de Schuveigger, 22°, vol, 4°. cahier 1818 ). ( Dernier extrait. Voy. p. 250 du vol. préc.) Comparaison entre les degrés de chaleur que donnent, æ condensation égale, les mélanges de gaz hydrogène et oxisène, de gaz oléfiant et d'oxigène, de gaz de houille et d'oxigene. Autres circonstances qui déterminent l'in- tensité de la chaleur du chalumeau à gaz explosif. O: devroit croire, au premier aperçu , que le gaz ex- plosif ordinaire ( hydrogène et: oxigène ) devroit pro- duire par sa combustion plus de chaleur que les autres mélanges de gaz combustibles : si on consulte la table de’ Dalton (1) sur les quantités de chaleur produites par la combustion de divers gaz, on verra que l'hydrogène y tient, de beaucoup le premier rang; puisqu'une livre de ce gaz fait fondre par sa combustion trois cent vingt livres de glace; tandis qu'une livre de gaz hydrogène car- buré ne liquéfie que quatre-vingt-cinq livres; et une livre de gaz oléfiant, quatre-vingt-huit livres de glace. La cha- leur seroit donc entre le premier et le dernier de ces gaz , dans le rapport de 3,6 à r. Mais ce calcul prend ‘une toute autre forme si l'on considère que les gaz sont (1) Nouveau systéme de la partie Chimique des sciences nar turelles , T. I. p. 9. Sc. et arts. Nouv. série, Vol. x1,/N°, 1. Maï 1819. C 34 Cnimis. : brûlés ici dans leur état élastique. Or, si on prend pour unité le poids spécifique de l'air atmosphérique , celui de l'oxigène est — 1,103 ; celui du gaz oléfant — 0,952 ; et celui de l'hydrogène — 0,073. Les pesan- teurs spécifiques des mélanges de deux parties oxigène et. une partie gaz oléfiant, et d'une partie de gaz oxi- gène et de deux parties gaz hydrogène, sont récipro- quement comme 1,05 à 0,41. Si nous supposons un mo- ment que, à condensation égale , les deux mélanges de gaz sortent en même volume , en temps égaux et par des ouvertures de mème diamètre; il sortira du premier mélange, dans le même temps , deux livres et demie ;et du second , une livre seulement; à quoi il faut ajouter que, dans le dernier mélange, la matière combustible ne fait pas même un huitième du tout; et dans le premier, presque un tiers. Ainsi, le gaz oléfiant gagne, sous ces deux rapports , l'avantage sur l'hydrogène ; et la quan- tité relative de chacun , brûlant à l’orifice dans le même intervalle de temps, est comme 8 X 2+à 3 X1; ou comme 20 à 3:51 nous prenons en nombres ronds le rapport de7à:, le gaz oléfiant se trouvera avoir une grande prépondérance , pour la production de la cha- leur, puisqu'il feroit fondre 7 X 88, ou 616 livres de glace, au lieu de 320 ; c'est-à-dire, qu'il produiroit presque une fois autant de chaleur que le gaz hydro- gène. Le calcul ne donne pas antant d'avantage au gaz .de la houille, composé d'un mélange de gaz oléfiant et de gaz hydrogène carburé léger; cependant la chaleur qu'il produit peut être estimée environ une moitié en sus de celle que donne l'hydrogène. Tout ce calcul repose sur la supposition que les gaz mélangés, sortent avec- une même vitesse, par des petites ouvertures , et avec une force expansive produite par une pression égale ; c’est-à-dire, que des volumes égaux sortent dans le même temps. Cependant, les essais de Mr, Faraday semblent NS a SE | | SUR LE CHALUMEAU A GAZ EXPLOSIF. 35 contredire cette supposition ; l'hydrogène , pressé par quatre atmosphères , sortoit beaucoup plus vite par de petits orifices que d'autres gaz plus denses, sous même pression, et nominément le gaz oléfiant, qui sortoit plus lentement dans le rapport de 135,5 à 57; temps respectifs de l'écoulement de volumes égaux des deux gaz, également comprimés (1). Cependant, ce chimiste observe que cette proportion entre la pesanteur spécifique et la rapidité de l'issue des gaz, n'a plus lieu sous une pression moindre; et que dans ce cas le gaz oléfiant sort tout aussi vite que l'hydrogène ; et quant au gaz de la houille, il a trouvé que , sous une pression de quatre atmosphères, le rapport de sa vitesse de sortie comparée à celle du .gaz hydrogène, étoit celui des nombres 100 et 57. L'ape pareil de Newmañ paroiît calculé exprès pour éclaircir ce point intéressant de physique ; car, lorsqu'on connoît la confance de la boîte de cuivre, et qu’on mesure chaque fois le volume de l'espèce de gaz qu'on y con- dense, on connoît aussi la pression initiale sous laquelle chacun d’eux sort par l'orifice. Quoique ma boîte eût extérieurement, comme celle de Clarke, six pouces de long sur trois de largeur et autant de haut, elle ne gontenoit cependant pas à beaucoup près cinquante-quatre pouces cubes, parce qu'il falloit déduire l'épaisseur des parois, et l'espace occupé par l'auge de sureté, et paf l'eau qui la remplit en partie. Lorsqu'après avoir extrai£ soigneusement par la pompe aspirante l'air de la boîte, on y laissoit entrer le gaz de la vessie en ouvrant les ro- binets, il n'y entroit qu'un volume de vingt-deux pouces ‘cubes ( mesure de Paris ) portons-le à vingt-quatre poucea cubes, on pourra déterminer, dans chaque expérience, le degré de condensation: l’auteur faisoit ordinairement ses essais de combustion avec un air de densité triple, (1) Journ. de l'Institution Roy. T. VI p. 357. Journ. de phy£s T.LXXXI. p. 58-59. Ca 36 | CHIuv:r. en introduisant quarante-huit pouces cubes dans l'espace qui en contenoit déjà vingt-quatre. Dans quelques cas il augmentoit la densité jusques dans le rapport de 2=, en faisant entrer soixante pouces cubes de gaz explosif. Alors, il trouvoit des différences notables dans les vitesses de sortie des divers gaz. L'air commun condensé trois fois, employoit 38" à sortir, et le gaz hydrogène condensé au même degré, seulement 34”. On voit cependant que cette différence ne change pas essentiellement les résultats du calcul indiqué plus haut. 142 Ces essais présentoient cependant quelques difficultés qui devoient produire de l'incertitude dans les résultats. 1.° L'époque de la cessation de l'issue du gaz devoit être déterminée par la sensation du souffle sur la main; mais vers la fin, le courant'est si foible , qu'il est difficile d'en assigner le terme. Il se peut aussi que de légères variations dans le degré d'ouverture du robinet produisent des différences notables dans la facilité , et par consé- quent dans la durée de l'émission du gaz. L'auteur trouve encore, par la suite de ses essais, que dans les condensa- tions telles que celles citées, le gaz se faisoit jour vers le bas du robinet de sortie, inconvénient auquel on ne put pas remédier tout de suite, et qui lui a fait sus- pendre pendant quelque temps ses expériences ; mais elles n’en prouvent pas moins, ainsi que celles de Mr. Faraday, que sous le rapport de la chaleur produite, de gaz de la houille a de l'avantage sur le gaz hydro- gène. > Toutefois , pour éclaircir ce point d’une manière plus directe , il sufbsoit de comparer les effets calorifiques des divers gaz mélangés , à condensation égale, A cet effet, J'auteur a empioyé des fils de platine de grosseurs dif- férentes , qui pouvoient servir comme d’échelles ther- moscopiques pour ces énormes degrés de chaleur, tant par la promptitude de la fusion que par la grosseur relative des fils fondus. Malheureusement l'auteur ne possédoit un SUR LE CHALUMEAU À GAZ EXPLOSIF. 37 pas une grande variété de cés fils. Clarke observe que, si les essais réussissent à d'autres comme à lui, la cha- leur doit suffire pour fondre un fil de platine de = de . pouce, et le faire brûler avec scintillation presque comme le fil de fer. Le fil de platine le plus épais dont l'auteur pouvoit disposer, n’avoit pas tout-à-fait une ligne de diamètre ; il se fondit à la flamme de chacun des trois gaz produits par la condensation de cinquante pouces cubes ajoutés au contenu de la boîte sous la pression atmosphérique simple; cependart il parut qu’un mé- lange d'une partie de gaz oléfiant et deux et demi d'oxi- gène produisit Ja fusion et l'incandescence étincelante du platine plus promptement et plus énergiquement que les autres; et en général ce gaz s'est montré le plus efficace dans tous les essais, De même encore , le mélange d'une partie de gaz de la houille et de deux parties d'oxigène parüt faire plus d'effet que le gaz explosif ordinaire com- posé de deux parties d'hydrogène et d'une d'oxigène. On trouve dans le N.° IV du Journal de l’Institution Royale de Londres la citation d’une expérience® dans laquelle on donne pour signe d’une extrême intensité de la chaleur produite par l'appareil, que la mine d'é- tain y fut sublimée, mais non réduite, et que les angles furent arrondis, non pas tant par fusion que par subli- mation immédiate de la substance solide de la mine. A en juger par cette mesure, la chaleur de l'appareil de l’auteur, lorsqu'il employoit le gaz de la houille, de- voit être certainement plus intense, puisque des éclats de mine d'étain , de Zinnwalde , furent très-rapidement réduits à un grain de métal très-brillant, et en même temps sublimés en partie à l'état d’oxide d’étain blanc. Selon l'observation de Davy, un mélange des gaz oxigène et hydrogène , avec un léger excédentede la proportion du deräier, reconnue pour composer l'eau, doit produire la plus grande chaleur; et Clarke indique comme la meilleure proportion , sept parties de gaz hy- 4 35 CniImirs. drogène sur trois d'oxigène ; mais l'auteur a trouvé que le gaz de la houille mêlé d'oxigène étoit encore un peu plus efficace, et que le gaz oléfant l’emportoit sur l’un et l'autre. Il changea les proportions du dernier jusqn'à mêler deux et demi d'oxigèue sur une partie de gaz oléfiant , et une autre fois trois parties d'oxigène sur une partie de ce gaz combustible, Dans la première proportion il y avoit un excédent de la substance com- bustible, et dans ce cas , faute d'un theérmoscope sûr il ne put pas remarquer une différence sensible. Clarke dit avoir trouvé qu'en mettant dans le cylindre de sûreté de Tlhuile au lieu d'eau, on augmentoit la chaleur ; l'eau s’est montrée particulièrement nuisible quand il a été question de réduire à l'état métallique la baryte et la strontiane ; et dans tous les cas, le gaz traversant l'huile en sort bien plus sec que celui qui traverse l'eau ; et sa chaleur est bien mots diminuée par l'huile que par l'eau (r). L Clarke lui-mème a cependant observé plus tard (2) qu'il n'obtenoit pas la chaleur complète en employant l'huile; et il a découvert qu'un peu d'huile qui s'étois atrassée dans la partie supérieure du cylindre de sûreté étoit devenue noire. Selon les essais de l’auteur l'emploi de l'huile est peu avantageux et pourroit, au contraire, p'oduire facilement un inconvénient; l'huile étant un fluide visqueux, écume presque comme du savon lors- que les bulles d'air la traversent , et il est difficile d'em- pêcher (quoiqu’on ne mette qu'un demi pouce d'huile dans le cylindre de sûreté) qu'une partie de ce liquide nè soit conduite à travers les gazes métalliques jusqu'au tube de sortie. L'auteur observe que le passage des gaz (1) À Further continuation of the observations , etc. by Edné D. Clarke. Thomsons. Ann. T. IX. (2) Annals. T. X. p. 133. SSI cr SUR LE CHALUMEAU A GAZ EXPLOSIF. 39 à travers l'eau ne peut pas être aussi nuisible que l'ima- gine Mr. Clarke, puisque ces mêmes gaz sont recueillis sur l'eau, dans des circonstances qui leur procurent le maximum d'humidité. Aussi voit-on se dégager une va- peur aqueuse, dans la combustion des divers gaz. Il est évident que le degré de condensation des divers gaz exerce la plus grande influence sur l'intensité de la chaleur; et il paroît, d'après plusieurs faits, que l'aug- mentation de chaleur a lieu dans une proportion plus rapide que la marche simple de ‘la condensation ; mais la détermination exacte de ces quantités de chaleur est soumise à de trop grandes difficultés pour que l’au- teur aît voulu y attacher beaucoup d'importance. Usages de l'appareil , et effets de la grande chaleur qu'on produit par son moyen. ‘ Dans tous les essais que l'auteur a faits avec son ap- pareil , il commencoït par vider la boîte par cent coups de piston de la pompe aspirante , placée horizontalement, et communiquant avec le réservoir par deux robinets, Il la rendoit ensuite verticale, après avoir fermé le ro- binet inférieur, contigu à la boîte; puis il adaptoit la vessie aux deux robinets conjugués, et mettoit de l'eau ou de l'huile dans le réservoir de sûreté, à la quantité d'environ un gros. Après avoir fermé le robinet du jet dès le commencement de l'opération , on aspiroit de la vessie , et on fouloit dans la boite cinquante à soixante pouces cubes du gaz explosif,.et on fermoit le robi- net inférieur. En commençant ensuite l'expérience de lissue du gaz, on avoit soin de n’ouvrir que lente- ment et partiellement le robinet de sortie , afin que le gaz , en traversant l'eau ou l'huile du réservoir , ne les soulevät pas trop brusquement et ne les chassàt pas dans le tube du chalumeau. Au commencement on-aperçoit de petites détonations à l’orifice, jusqu'à-ce que le gaz 40 CHIMIr. continue à y brûler tranquillement lorsque le robinet demeure ouvert, En employant le gaz de houille, on le gazoléfiant, on voit une flamme très-dense, entourée d'une flimme bleue très-mince. Quand le robinet est entièrement ouvert, et le gaz condensé sous une pression de trois atmosphères, la flamme atteint quelquefois la longueur äe deux à trois pouces. Cependant on peut la rendre raoindre en férmant un peu le robinet. Comme J’intensité du jet diminue sur a fin avec la pression, J'auteus suspend l'opération pour ne pas perdre inutile- ment lu gez, dont il aura besoin par. la suite; et il ajoute de nouveau gaz à ce résidu. Quand l'appareil est une fois rempli du mélange explosif, il n'est plus besoin de le vider pour les essais subséquens, à moins qu'on ne veuille employer quelque autre gaz. Avec le gaz de la houille, et des tubes de — de pouce de diamètre, longs d’un pouce seulement, on n'a pas besoin d’autres précautions; mais, avec le gaz hydro- gène ordinaire et des tubes d’un diamètre plus grand ou égal à celui qu'on vient d'indiquer, il faut écouter si l'eau est bien à sa place dans le cylindre de sûreté; ce qu'on remarque aisément par l'espèce de gazouille- ment que produisent les bulles de gaz en la traversant. Clarke a décrit dans plusieurs Mémoires très-instructifs (1) les effets curieux qu'on peut produire par l'intensité de Ja flamme du gaz, chaleur qui dépasse de beaucoup celle qu'on obtient des miroirs ardens , ou d'un chalumeau à gaz oxigène. Il n'existe , pour ainsi dire, aucun corps dans la nature qu’on ne.puisse fondre ou volatiser par ce procédé. La grande efficacité de l'appareil se montre sur - tout lorsqu'on l’applique à la fusion et à la combustion des fils de fer et d'acier. Clarke observe que la combustion (x) Thomson’s Annals T. VIIL. p. 313 et 357. T. IX. p. 89 et 04%. T. X. 133 et 373. Sur LE CHALUMEAU À GAZ EXPLOSIF. 41 du fer offre un spectacle plus brillant qu'aucune autre expérience chimique ; et que lorsqu'on fondoit ensemble du platine et du fer dans un creuset, par l’action de la flamme, leur combustion simultanée produisoit un effet admirable. Les essais de l'auteur confirment tous les résultats de Clarke. La combustion du ressort d'acier dans l'oxigène n'est pas à comparer pour la beauté au spectacle que présente la combustion par le gaz explosif, Clarke n'in- dique pas l'épaisseur des fils de fer qu'il a ainsi brûlés, mais l'auteur a réussi mon-seulement à fondre , mais à brûler , avec une scintillation dont on peut difficilement se former une idée , des fils d'acier ou plutôt des bar- reaux de 12, 2 et’ jusqu'à 3 lignes de diamètre. On voyoit, dit-il, sortir du milieu du barreau d'acier en fusion une gerbe d'étincelles semblable à la grande ai- grette électrique de la machine du musée de Teyler ; et les petites parcelles d'acier, lancées comme autant de rayons du soleil, se divisoient en étoiles qui formoient le plus brillant feu d'artifice qu'on puisse imaginer. De mème, les fils de platine jettent pendant leur fusion, des étincelles de tous côtés. Il n'existe point de minéral qui ne se réduise promptement en son régule, et qui ne s'oxide de nouveau en partie; l'oxide se répand, avec la couleur qui lui est propre, sur la base de charbon ou de plombagine sur laquelle on opère. La plombagine, que l'on a considérée jasqu'à présent, ét avec raison, comme infusible, brûle en partie en seintillant, et elle se fond en partie en petits globules noirs. } Le Wolfram se fond presqu'à l'instant; il entre en ébullition et brûle en partie avec une belle scintillation : il reste un bouton métallique pur, creux au milieu et qui offre à sa surface une cristallisation de forme octaëdre. La pierre d'étain (Zinnstein } se réduit très-vite sur le 42 Crnivmirt. charbon, ou sur la plombagine, en un bouton très- brillant entouré d’oxide blanc. Le Manganèse gris cristallise , après qu'on l'a fait rougir pour l'empêcher de décrépiter , se fond très-vite en un bouton métallique briilant. La Mine d'etain de Cornouailles, dite étain de bots, résiste plus long-temps, mais elle forme aussi un bouton métallique de couleur plus foncée que lé précédent, ce qui provient peut-être de l'oxide de fer mêlé de man- ganèse quil contient. Le Cerium se fond très-vite , d'abord en scorie, qui se réduit ensuite en bouton métallique. Le Molybdène se cunvertit, dans l'un des essais, en un verre blanc brillant et transparent; dans l'autre il donna un bouton métallique, en déposant tout auprès , un acide jaune , et plus loin, un oxide bleu. Le Rutil de Norvège se fondit très-rapidement , d'abord en scorie , ensuite en un bouton métallique gris de plomb. De tous les corps soumis par l’auteur à Ja flamme du gaz combustible, le spath d'Islande à double réfraction, ét la craie commune , parurent être les plus infusibles. Un morceau de craie fut taillé en cône très-pointu, et on dirigea la flamme sur sa pointe. Il diminua dans sa circonférence, à vue d'œil; et quand on l'examina après l'essai, la pointe parut transformée en un émail blanc brillant et transparent ; et le cône lui-même avoit pris J'apparence d'une grappe en petits grains. Pendant l'essai on voyoit une flamme bleue rougeûtre flotter sur le cône. Clarke observe aussi que le spath d'Islande éprouve une fusion qui le change en un verre très-transparent et brillant; cependant avec beaucoup plus de difficulté qu'aucun autre minéral, excepté l'hydrate de magnésie. Quant à la flamme, couleur d'améthyste foncé, que ce chimiste voyoit autour du minéral en fusion, il ob- serve qu'elle avoit la même apparence que celle qu’on SUR LE CHALUMEAU: À GAZ EXPLOSIF. 45 voit sur la strontiäne en fusion, et qu’elle indiquüoit la combustion d'une portion quelconque du minéral, À beaucoup d'égards la manière dont le carbonate de strontiane brûloit, ressembloit à celle du spath d'Islande, seulement, Ja flamme flottante étoit plus rouge, et la disparition graduelle des petits fragmens provenoit. évi- demment de la volatilisation d'un oxide qui se formoit peut-être de nouveau après la réduction préalable ; et qui se déposoit autour de la pince de fer avec laquelle, on retenoit les morceaux. Le carbonate de baryte na- turel, ou witherite, se fondit presque à l'instant en perles vitreuses , comme s'il se dissolvoit dans son eau de cristallisation. Cette pierre ne souffrit plus d'autre changement, et son apparence la rapprochoit de celle de Ja porcelaine. Les réductions des nitrates de baryte et de strontiane, ainsi que celles de la baryte pure anhydre, n'ont pas mieux réussi jusqu'à présent, à l’auteur qu'a Mr, Clarke. Coup-d'œil en arriere et résultats des expériences qui précèdent. Si nous considérons ce qui vient d'être exposé, on de- vra reconnoître que la chimie a gagné une addition no- table à ses moyens, par le chalumeau à gaz explosif con- densé ; et que cet appareil deviendra très-utile aux chi- mistes. L'auteur croit que tous les dangers dont l’imagi- nation a pû entourer ce chalumeau volcanique ; tous les fantômes d'explosions déstructives, sont heureusement écartés par les recherches et les expériences qu'on a faites pour déterminer les conditions d'où dépend la sûreté, Les branchés , tant de la chimie pure, que de celle ap- pliquée aux erts, dans lesquelles cet appareil peut se montrer éminemment utile sont ; la chimie analytique , la docimasie, la fusion des métaux en petit, et par la suite,;même en grand. Un nombre d'opérations de chimie 44 IC: nf x analytique seront abrégées à l'aide de cet appareil; et dans des substances nouvelles , les premiers essais qu'on fera avec le chalumeau chimique, conduiront immédia- . tement à la composition intime de ces substances. Comme on peut, au moyen des divers degrés-de con- densation du gaz, varier à volonté l’action de la flamme, on aura un moyen facile de déterminer si tel oxide nou- vellement découvert appartient plutôt à la classe des terres qu'à celle des oxides métalliques; on obtiendra sur-tout, par le moyen de cet appareil, des résultats très-prompts dans l'essai desminérais. Les boutons d’ar- gent pur paroïtront presque à l'instant délivrés des mé- taux qui l'oxident rapidement , et s’échappent en fumée. Cet appareil doit être particulièrement applicable à la découverte des qualités des divers alliages ; parce qu’on peut avec très-peu de difficulté fondre ænsemble dans toutes proportions, les métaux les plus différens. Clarke a déjà publié une série de résultats importans sur Îles qualités d'un nombre de ces alliages. Le chalumeau chimique sera d'un usage varié et ina- préciable pour les artistes qui travaillent sur des petites masses, par exemple, pour l'orfèvre , le bijoutier, le mécanicien , etc, pour opérer leurs fusions et leurs al- liages. Il ne faut pas renoncer à l'espoir que la chaleur prodigieuse que la combustion du gaz explosif condensé produit, pourra être employée, et que l'industrie et le génie pourront agrandir ces petits appareils, à peu près, comme on a passé des bulles de savon aux grands aëros- tats qui portent les voyageurs; et des petits jeux faits avec les gaz combustibles, aux thermolampes qui éclai- rent maintenant des villes entières, | Quant aux résultats particuliers obtenus par les au- teurs pour établir les circonstances qui, dans la com- bustion des différentes espèces de gaz déterminent le degré de chaleur produit, et dont leur détonation dé- pend en particulier , on peut les résumer de la manière suivante, l SUR LE CHALUMEAU A GAZ EXPLOSIF. 45 ° Les circonstances qui déterminent la propagation rétrograde de la flamme des gaz explosifs sont : la plus grande ou la moindre inflammabilité de ces divers gaz; la longueur des tubes par lesquels on les fait passer ; les diamètres différens de ces tubes; et enfin les pres- sions différentes sous lesquelles ces espèces de gaz sortent. ® La propagation rétrograde est diminuée, -et finale- ment, supprimée , selon la proportion des tubes , la di- minution de leurs diamètres, et l'augmentation de la pres- sion ; celle-ci est dans le rapport direct de l’inflammabilité. 3.° Si la propagation rétrograde tendoit à s'effectuer par l’une de ces circonstances, on pourroit l'empêcher en augmentant convenablement une des conditions qui ont un effet opposé. 42 Si, par exemple, on élargit le diamètre des tubes pour produire une plus grosse flamme , il faudra pour empêcher la propagation rétrograde , ou augmenter la longueur des tubes, ou la pression ; ou se servir d’un gaz moins inflammable. 5.° La flamme d'un mélange de gaz ere et de gaz oxigène, rétrograde dans des tubes d'une longueur et d'un diamètre où la flamme d'un mélange de gaz olé- fiant et oxigène ne rétrograderoit pas ; et un diamètre et une longueur de tube qui feroit rétrograder un mé- lange de gaz oxigène et oléfiant, ne causeroit pas l'ins flammation rétrograde d'un mélange de gaz de houille et d’oxigène. 6.° Les mélanges de gaz oléfiant et d'oxigène, ainsi que ceux de gaz de houille et d'oxigène, dans ue p portion convenable pour brûler en totalité, dongent de Pa degrés de chaleur au moins aussi intenses que le gaz ex- “Das ordinaire. 7. En employant le gaz de ni houille , l'application du chalumeau chimique, pr sa construction actuelle , est non-seulement à l’abri de tout danger ; mais on peut mème se passer, dans l'appareil, du soi-disant cylindre de sûreté, — (AE i HISTOIRE NATURELLE. Memonre soera 11 LaGo NartraA, etc. Mémoire sur le lac des Palici, où Nafiix, dans la partie méridionale de la Sicile ; — sur l'ambre jaune qu’on trouve dans cette île ; sur le miel du Mont Hybla, et la ville de Mégare , etc. par l'abbé F. Ferrara, D. M., premier Prof. de physique dans l'Université Royale de Sicile , à Catane, Membre de plusieurs académies. r vol. iu-8.° Palerme 1805. Pi LA Cawpr Frecrer perxA Srcrrra, etc. Les champs phlé- gréens de la Sicile et des îles voisines ; ou descrip- tion physique et minéralogique de ces îles. Par le même. 1 vol. in-4.° avec une carte minéralogique de la Sicile. Messine 1810. De l'Imprimerie de l'armée Bri- tannique. SrorIA NATURELE DELLA SiciziA, etc. Histoire naturelle de la Sicile, en y comprenant sa minéralogie; avec un discours sur l'étude des sciences naturelles cultivées à diverses époques dans cette île. Par le même. 1 vol, in-4.° Catane 1813. De l’Imprimerie de l'Universite. Dsscrizione per Erxa, etc. Description de l'Etna ; his- toire des éruptions de ce volcan, et catalogue de ses produits. Par le même, x vol. in-8.° avec cinq planches gravées, Palerme 1818. % PA (Extrait). EE ET TT LL Sicile, cette île classique pour l'histoire des peu- ples ne l'est pas moins pour celle de la nature. Son sol, qu'on découvre tout entier du haut de l'Etna, offre tous les produits des vicissitudes, ignées et aqueuses, qui Hisrore NATURELLE DE LA Srcize. 47 se sont succédées dans la série des temps : roches primi- tives , secondaires, de transition ; belles crisgallisations de toutes les matières pierreuses ; pétrifications, com bustibles fossiles, soufre , bitumes , ambre jaune, mé- taux ;/ enfin, une variation indéfinie de produits volea- niques, depuis la légère pierre ponce jusqu'au dense basalte. On pourroit considérer l'ile entière comme un vaste cabinet d’étude, où on diroit, qu'à côté des mo- pumens humains , mais pour la plupart antérieurs aux temps historiques , la nature a voulu rassembler des mo- numens géologiques de dates bien plus anciennes , et montrer aussi les plus beaux échantillons dont les col- lections minéralogiques puissent s'enrichir. Long-temps il a manqué à cette île, si célèbre sous d'autres rapports, un historien qui mit en œuvre au profit d'une science qui, depuis Diodere, a fait d'im- -menses progrès, la riche collection de matériaux dont elle est le magasin inépuisable. Les Alpes ont eu leur De Saussure, l'Etna réclamoit le sien. Il n’en est pas de ces grandes monographies dans le règne minéral comma de celles d'une famille dans les animaux ou les plantes pour bien décrire une vaste contrée, il faut y avoir résidé beaucoup d'années; il faut être robuste, actif, instruit ; il faut être observateur, aimer de passion la : science, et être persévérant, caractère qui n'appartient pas toujours aux affections vives. Or, l’auteur des quatre “ouvrages dont nous venons de donner l'index et que nous avons sous les yeux, l'abbé Ferrara, nous semble être tout cela. Ce n'est pas d'hier qu’il étudie son île ; dès l’année 1788 il se voua aux études naturelles; né sur VEtna , ilen publia en 1795 une Histoire générale ; 1 fut correspondant de notre savant Senebier, et il a été le disciple et l'ami de Spallanzani ; enfin , ses titres, égale- ment certains et honorables nous semblent être dans les volumes dont nous commencons l'analyse ; le lecteur les apréciera. 8 : HiIsTOrREe NATURELLE Les phénomènes que présente le lac, dit jadis des Palici, aujourd'hui Nafiia , avoient paru si merveilleux aux anciens, que les prêtres payens , toujours prêts à se prévaloir de ce qui frappoit l'imagination du vulgaire, pour en tirer des moyens d'influence , avoient établi dans ce lieu une divinité, qui bientôt après, rendit des oracles, que l'on consultoit dans les circonstances dif- ficiles, ou importantes , et à qui on finit par immoler des victimes humaines. Ce lac est situé vers le centre de la pari méridionale { dite Val di Noto) du grand triangle que présente la Sicile. Son étendue varie selon que la saison est plus ou moins pluvieuse; ce n'est guères qu’un fort petit étang, d'environ cinq cents pieds de tour, et de qua- torze de profondeur au milieu, où l'on voit l'eau s'éle- ver en deux jets de plus de deux pieds au-dessus de son niveau; il en paroît un troisième plus près du bord, il est moindre, et intermittent. On entend d'assez loin le murmure que produit cette sorie d'ébullition qui se montre encore en quelques autres endroits de ce même réservoir, mais avec moins d'intensité. L'eau de l'étang est de couleur verdâtre, et elle exhale une odeur hi- tumineuse , qu'on sent a plus d'un mille lorsqu'on est sous le vent. La saveur de cette eau est désagréable, mais acidule , parce qu'elle est imprégnée de l'acide car- bonique. Quand l'étang est à sec,on voit sortir du miliéu un jet d'air très-violent, et froid. L'auteur a trouvé que ce gaz étoit, pour la plus grande partie, de l'acide car- bonique, mêlé de gaz hydrogène. La présence de ces gaz délétères paroît rendre ce lac redoutable aux oiseaux aquatiques et même aux qua- drupèdes , qui ne s'en approchent guères. L'auteur y a répété l'expérience de la Grotte du chien, qu’on fait près de Pouzzol , et avec le même résultat. La couche d'air décidément méphitique ne s'élève pas jusqu'à la hauteur où l'homme debout respire, L'émission D'Eu LAS LALLE. 49 L'émission de ces fluides élastiques est régulière, et paroît être sans rapport avec les tremblemens de terre. L'auteur croit que leur cause est purement locale ; qu'elle est l'effet d'un ancien feu souterrain à demi éleint et analogue à ceux qui maintiennent encore en action la Solfatare et quelques phénomènes du même genre , dans les Isles Eoliennes. L'acide carbonique ne se dégage pas par l'intermède de l'acide sulfurique, dont l'auteur n'a reconnu aucune trace; mais par l'action de la chaleur souterraine, dont le foyer est assez profond pour que le gaz ait le temps de se rekpidir avant son arrivée à la surface. . Le sol des environs est un mélange de scories et de laves ; et toute la contrée est couverte de collines vol- canico-marines, souvent stratifiées. Le calcaire y est plus ou moins imprégné de bitume. L'auteur entre dans quelques détails sur les fables dont ce lac fut l'origine chez les anciens ; sur le temple que les Grecs avoient élevé dans son voisinage, et sur une ville bâtie tout auprès sous le nom de Palica , et dont il ne reste pas plus de vestiges que du temple. Il cite, avec beaucoup d'érudition, tous les passages des auteurs anciens qui , en assez grand nombre, ont parlé de ce lac, toujours avec plus ou moins d'exagération et en y mêlant du fabuleux, selon l'usage. Dans un Appéndix, l’auteur cite un opuscule de Bot- tone , dit Lentini , médecin célèbre qui, racontant l'ef- froyable tremblement de terre de 1693, parle d’un lac qui parut tout-à-coup dans le voisinage de celui des Palici, et dans lequel on voyoit aussi l'eau en ébullition apparente, et froide. Il dit aussi, qu’un quart d'heure avant la secousse, on vit paroître, à la hauteur de trois cannes au-dessus de l'eau du lac , une flamme irisée, qui ne dura que peu de temps. Sans ajouter foi entière au récit du médecin , l'auteur croit qu’on pourroit ex- | pliquer le fait, par le dégagement d'une certaine quan- Sc. et arts, Nouv, série. Vol. 11, N°, 1, Mai1819. D Er) HisToiREe NATURELLE tité de gaz hydrouène, allumé comme celui qui brûle à la fontaine de S. Y’ennera , ou comme celui de Petra æala dans les Apennins. Dans son Mémoire sur l’ambre de Sicile , l’auteur en indique d'abord le gisement , sous des amas argileux, déposés en stratification par l'ancienne mer sur la base ei sur le prolongement des chaines primitives qui, vers l’angle septentrional de l'ile, forment le pied de l’A- pennin coupé par le canal de Messine ; ces amas occu- pent à-peu-près le milieu de l'île. Les fortes pluies les délaient, les entraînent, et laissent à découvert cà et là les morceaux de succin ; on en trouve aussi sur les bords de la mer près des embouchures des rivières qui les y ont amenées. Les anciens auteurs ont ignoré l'exis- tence de l’ambre dans cette île; Diodore, né à Argiro, c'est-à-dire, dans la contrée même où on le trouve le plus. fréquemment . affirme que le succin ne se recueille que sur la plage de l'ile Basileia dans la Baltique. Dans une digression archéologique, l’auteur remonte jusqu'à Homère pour montrer que les anciens Grecs travailloient l’ambre jaune comme ornement; il cite un des prétendans de Pénélope, qui ne trouve rien de plus beau à lui offrir qu'un collier d'or, et d’ambre qui res- plendissoit comme le soleil. Quoiqu'il en soit, l'ambre de Sicile est d'un bien plus facile accès que celui de Prusse, qu'on va chercher jusqu'à près de cent pieds de profondeur en terre; mais il n’est point assez abon- dant pour fournir seul, comme matière première, à l'in- dusirie des ouvriers Siciliens qui le faconnent de mille manières comme ornement , et achètent de l'étranger une parte de celui qu'ils travaillent, soit au tour, soit au burin, avec lequel les artistes de Trapani, plus ha- biles que ceux de Catane, gravent des figures et des poysages sur des lames très-minces qu'on incruste dans divers meubles. Les résidus du tour entrent dans plu- sieurs composiüons pharmaceutiques , et dans celle des gernis à la copale, D,» .u A: Sax cf 2. 5t Presque tons les morceanx d'ambre de Sicile sont na- turellement recouverts d'une croûte noire ou noir rou- geâtre, au travers de laquelle on aperçoit quelquefois les corps étrangers qu'ils renferment dans leur intérieur transparent. Cette écorce nest que le suecin lui-même modifié par le contact de la matière environnante. On dit que le secret de ramollir l'ambre assez pour pouvoir introduire et enfermer des corps étrangers dans son in- térieur, à existé. Sans nier la possibilité du fait, l'au- teur ne paroit pas y croire, et il affirme qu'aucun des morceaux de sa collection assez compiéie, ne peut être soupconné d’artifice. Ces échantillons sont au nombre de quatre-vingt-deux , de chacun desquels l'auteur donne une courte description , quelquefois yccompagnée de remarques. On voit des morceaux d'ambre de toutes les couleurs qui caractérisent chacune des pierres précieuses; mais les plus intéressans sont ceux où l’on découvre deg corps étrangers qui ont appartenu au règne ‘végétal, ou animal. Ainsi, le n.° 64 renferme une huis uise ( musca domestica Linn. ) bier conservée; la membrane de ses aîles est dans la plus parfaite intégrité, et tendue. Le n.° 66 renferme ure araignée , de l'espèce /abyrin- éhica Linn. Ses pieds sont velus , et déployés. comme dans l'état naturel. Le n.° 50 est ( dit l'auteur) comme un cimetière d'insectes, parsemé de moucherons, de fourmis , ete. de toute dimension ; la conservation des parties les plus délicates, telles que les pieds et les îles, est admirable. Le n.° 72 contient une mouche cantharide ; dans le n°74 sont des phalènes , sur les aîles desquelles on voit le velouté dù aux très-petit.s écailles ou plumes dont elles sont revètues. Le n.° 82 est peut-être le plus curieux de tous; on y voit une petite coque que la nymphe a ouverte ; elle étoit dans l'acte d'en sortir pour prendre son vol lorsqu'elle a été saisie par la matière transparente et liquide qui l'a cemme embaumée , et s'est durcie ensuite, D 2 5a HixsTOIRE NATURELLE On a avancé que ces animaux renfermés dans l'ambre jaune appartenoient à d'autres climats que ceux dans lesquels on les tronve actuellement; l'auteur affirme qu'a- près en avoir examiné un très-grand nombre dans l'ambre de Sicile, il les a trouvés sans exception, non-seulement indigènes , mais de l'espèce la plus commune dans le pays. Passant à l'analyse chimique du succin, l’auteur trouve d’abord que celui de Sicile ressemble en tous points à celui des autres contrées de l'Europe. Sa pesanteur spé- cifique est de 1,078 à 1,085. Il cède facilement à la lime et prend un beau poli lorsqu'il est frotté par une pous- sière fine siliceuse ; il est insipide, et insoluble dans l'eau; mais froué entre les doigts il exhale une odeur très- agréable , et prend l’état électrique résineux , ou négatif. Mis sur les charbons ardens, il se volatilise en fomée blanchätre. Au chalumeau , il devient d’abord rouge de feu, puis blanchâtre ; puis il se fond , se boursouffle, et noircit à sa surface. Il répand alors une ‘odeur suave ; enfin, si on l’allume, il donne une fumée blanche, une flamme tirant sur le bleu; et il laisse un résidu en scorie, d'autant moins abondant que l'ambre est plus pur. A la cornue, et sur un feu modéré , on obtient d'a bord un phleome acide; puis un sel volatil qui s'attache au col de la retorte , sous forme concrète ; ensuite , une huile qui devient de plus en plus épaisse. Il reste une matière terreuse et carbonacée. L'huile, qui cons- titue la plus grande partie de la masse, est du pétrole; éa proportion s'élève jusquà 0,73. Le sel, purifié par dissolution et filtration, se cristallise en belles aiguilles | rayonnantes. On sait que cet acide , long-temps consi- déré comme un alkali, fut déclaré acide par Barchusen et Boulduc le père; Hoffman prétendit que c’étoit l'a- cide sulfurique , Bourdelin ( en 1742) dit que c’étoit Vacide muriatique ; enfin, dans la chimie moderne, il * AN DE LA Sicizs. 53 est acide sui generis sous le nom d'acide succinique, et il a pris rang parmi les réactifs usuels. Après avoir briévement rapporté les opinions des an- ciens, poétiques pour la plupart, sur l'origine de l'am- bre jaune , l'auteur avoue , à la honte des naturalistes actuels , qu’on est encore loin de connoître d'une ma- nière certaine la formation de cette substance. Les corps ‘étrangers qu'elle renferme souvent, montrent jusqu à l'é- vidence que cette matière a existé dans un état de liquidité presque aqueuse ; car les parties les plus dé- licates des insectes n'y éprouvent aucune déformation. Cette liquidité ne pouvoit être l'effet d'un degré de cha- leur, qui auroit détruit ces corps organiques. Dirigé par l'analyse, l'auteur croit que l’ambre jaune pourroit bien être le pétrole ou le naphte combiné avec l'acide succinique , et solidifié par l'évaporation lente , et même par une sorte de cristallisation , dont quelques-uns de ses échantillons offrent des exemples. Le pétrole est très- commun en Sicile, et déjà du temps de Pline , et de Dioscoride, les habitans d'Agrigente s'en servoient comme d'huile pour leurs lampes; et remontant à son origine, l'auteur l'attribue à des matières organiques animales et végétales, ensevelies par les grandes catastrophes, et modifiées par le temps et les agens naturels, parmi les- quels l'oxigène joue un grand rôle. L'hydrogène et le carbone s'y trouvent; l'acide succinique a pu s'y former, agir ensuite sur la partie huileuse , et la convertir en ambre jaune , d'abord liquide, et à une époque où les insectes de notre temps existoient déjà; et ensuite solide par l'effet du temps. Deux substances naturelles ressemblent à l’ambre à quelques égards, mais en diffèrent par leur origine, leurs propriétés physiques, et leur nature chimique. Ce ‘sont la gomme ou résine copale, et la mélilite. Quoi- qu'on travaille au tour la copale à Catane, elle n'a pas la ténacité de l’ambre ; son origine végétale est bien 54 HiSTOIRÉ NATURELLE = 3 pdt connue, son analyse donne des produits différens de ceux de l'ambre , et elle n’est point aussi électrique. La mélilite est un sel à base d'alumine, formé par un acide végétal uni à la chaux et au bitume. La lumière éprouve une réfraction double au travers de cette subs- tance, et simple dans le succin. 1 A l'époque de la formation de l’ambre, dit l'auteur, la portion centrale seule de la Sicile paroissoit au-dessus des eaux et renfermoit les élémens de cette substance. Une fois consolidée et après la retraite de ces eaux, les inondations pluviales en détachèrent les fragmens et les entrainèrent dans les plaines pêle-mêle avec les matières d'allnvion. Qui sait aussi pour combien l'influence vol- canique par laquelle la Sicile entière a été jadis et si Jong-temps travaillée , a pu entrer comme agent dans le vaste laboratoire où ces compositions et décomposi- tions se sont opérées ? L'auteur nous apprend que son Mémoire sur le miel du mont Hybla fut rédigé à la demande de Spallanzani; et il parle de ce savant naturaliste de manière à mon- i trer à combien de titres son souvenir lui est cher (1). ——————————————————————— Ÿ (1)..... «C'est en 1758, dit-il, que je le vis pour la pre- wière fois à Catane ; je n’avois pas vingi ans; et jamais homme de cette trempe ne s’étoit offert à moi. Je ne puis exprimer l'admiration et le respect qu'il m'inspira au premier abord ; je dois à sa conversation l’ardeur que je sentis naïlre chez moi pour l'étude ; j'avois Iù , mais point encore observé ; À il ouvrit mes yeux et m'apprit à voir ; la chaleur de ses ex- pressions , qui pénétroit mon ame, la clarté de ses idées , la richesse et la profondeur de ses aperçus , et cette aménité de caractère , qui relevoit tant de supériorité ; tous ces talens ét ces moyens réunis ont laissé dans mon ame des impres- sions qui ne s'effaceront jamais ; depuis notre première entre- vue jusqu'à sa mort, hélas, prématurée ! nos relations n’ont pas cessé un instant, nous nous rendions compte réciproque= D nn 0 on RES 7 ment de nos objets d'étude , de nos recherches , de nos déeow- vertes , etc. ( p.164, note.) DE LA SICILE. 55 Cette dissertation est pourtant plus d’un littérateur que d'un naturaliste. Nous en extrairons le procédé des Si- ciliens pour la multiplication de leurs abeilles dont le produit est un objet de revenu, sur-tout dans la région du mont Hybla. La population moyenne d'une ruche, dit-il, est d'en- viron 34000 abeilles; la ruche est construite avec des tiges de la férule commune , très-abondante en Sicile. Elle à la forme d’un parallépipède dont la longueur est d'un peu plus de trente-six pouces, sur douze de haut. Les parois sont enduites en dehors et en dedans, d'un mélange de glaise et de fiente de bœuf: Au commence- ment d'avril on prend un certain nombre de gâteaux peuplés de neutres, qu’on reconnoît aux cellules plus petites ; on y joint quatre cellules de reines, et on met le tout au fond d’une ruche sur deux roseaux à angles droits, pour séparer les gâteaux et permettre un libre passage de l'un des côtés à l'autre. On introduit ensuite quelques abeilles de la vieille ruche dans cette nouvelle demeure, à laquelle on applique la porte de l’ancienne, qu'on en a détaché à cet effet ; et on substitue la nou- velle ruche à l'ancienne. On fait cette opération le matin, de bonne heure, afin que les abeilles qui sont sorties pour aller à la récolte du miel , trouvant à leur retour , leur porte ordinaire, la ruche à la même place, et quelques-unes de leurs compagnes sur le devant, entrent sans hésiter, et commencent ainsi le nouvel établisse- ment, pour ainsi dire sans s'en douter. Peu de jours après, les cellules couvertes de tumeurs annoncent la prochaine transformation des nymphes ; on conserve deux ou trois reines, on enlève les autres avec la lame d'un canif, et on remet le tout en place, On reconnoit que la colonie à pris racine, à l'apparition d’un cercle de cire autour des parois de sa nouvelle demeure, et au travail des cellules dont on découvre les premières bases. : (La suite a ur Cahier prochain ). (256) PATHOLOGIE ANIMALE. Lirorocia umana, etc. Lithologie humaine , ou: recherches chimiques et médicales sur les substances pierreuses qui se forment dans diverses parties du corps humain , et sur-tout dans la vessie. Ouvrage posthume de L. V. BruGwaATEezrt, Prof. dans l'Université de Pavie, Membre de linstitut royal d'Italie et de plusieurs Académies ; publié par le Dr. G. Bruenareuux son fils. 1 vol. in-folio; Payie 1819, avec trois planches, format atlas, coloriées, ( Extrait ). RS j Pres a visitant, il n'y a pas encore deux ans, l'Univer- sité de Pavie, nous y fumes cordialement accueillis par le savant auteur de l’ouvrage dont son fils est aujourd’hui l'éditeur, nous étions loin de prévoir que la mort le surprendroit avant que cet ouvrage, que nous vimes fort avancé , fut terminé. Heureusement, les dessins origi- paux, qui en font une partie essentielle , étoient achevés, et son fils, qui l’avoit aidé dans plusieurs recherches , a pu facilement remplir la plupart des lacunes du texte; l’ouvrage, tel qu’il sort des mains de ce dernier , mérite l'attention, non - seulement des hommes de l'art, mais celle des simples curieux , par la belle exécution et l’effrayante vérité des dessins faits d'après la riche collec- tion des calculs que l’auteur a recueillis dans le cours d'une longue pratique, ou qu'il a recus en don de toutes les personnes qui en possédoient, et qui savoient quil en avoit fait l'objet d'une étude particulière, LiTHOLOGIE HUMAINF. - bg . C'est en toute modestie, et en exprimant quelques re- grets, que ce digne fils présente au public l'œuvre de son père, dans un état d'imperfection qu'il s'exagère et dont peu de lecteurs se seroient aperçus s’il ne s'en étoit pas loyalement imposé l'aveu. Tel qu'il paroît aujour- d'hui , cet ouvrage est le fruit de beaucoup de recherches et de persévérance dans un travail ingrat par sa nature et dans lequel l’amour seul de la science a pu soutenir l'auteur pendant près de vingt années. Le titre singulier de Lithologie humaine donné à cet ouvrage est un indice de la prodigieuse variété que pré- sentent les calculs trouvés dans la vessie ou ailleurs, tant dans leurs formes, que dans leur volume, dans leur mode d'aggrégation physique, leur composition chimi- que; enfin dans les accidens divers qu'ils présentent, parmi lesquels on peut mettre en première ligne celui d’avoir pour noyaux des corps étrangers, et quelquefois métalliques. Nous avons retrouvé dans les dessins qui accompagnent le texte la représentation la plus fidèle des originaux que nous avions vus, (et quelques-uns avec ensttss MEME) dans le cabinet du savant Professeur; tous sont peints de grandeur naturelle ; on voit la section de plusieurs ; et on peut étudier leur formation, ou confuse , ou par couches concentriques ; et quelquefois leur cristallisation, au simple aspect des figures. On en voit qui ont pour noyau une épingle; un autre, un épi de blé : quelques- uns le disputent en beauté et en poli, aux agates et aux onyx, il y en a de plus gros qu’un œuf d'oye ; si on pouvoit oublier , à la vue de cette collection, la masse de douleurs quelle présente à l'esprit, on en jouiroit plus tranquillement et comme d'un objet curieux; mais l'habitude seule peut vaincre une impression, iné- vitable pour ceux que leur état n'appelle pas à devenir, sinon indifférens, du moins calmes, à côté des souf- frances dont ils sont témoins forcés, 58 ? PATHOLOGIE ANIMALE. On n’a que peu de notions (et c'est un chimiste cé- lèbre qui parle) sur la constitution chimique de l'urine des malades, quelque parti que les charlatans aient pré- tendu tirer de l'inspection de ce liquide comme signe diagnostique; cependant le vrai médecin peut trouver dans ses diverses apparences, en les combinant avec un nombre d’autres symptômes , de quoi s'aider dans la connoissance d'une maladie et de ses crises; et l’auteur en indique plusieurs exemples. Il regrette que parmi les chimistes modernes , qu'il cite au nombre de qua- torze , et dont l'énumération présente tous les grands noms de notre temps, aucun n'ait cherché à analyser Vurine des individus sujets au calcul ; il croit que cette recherche auroit pu fournir des lumières sur les causes et les remèdes de cette douloureuse maladie, Pour étudier la structure interne des calculs il falloit les diviser ; et le procédé à suivre n'étoit pas indifférent. Pendant long-temps l'auteur les a partagés en deux avec une scie très-fine; ensuite il a trouvé qu'il valoit mieux les attaquer avec un tranchant d’acier sur lequel on frappe avec un marteau ; en se divisant ainsi naturelle- ment, la pierre laisse bien mieux apercevoir les acci- dens de sa stratification , et les différences de ses couches, de la surface au centre. Leur forme la plus commune est ovoide ; mais on en voit de polyhèdres, pyramidaux , sphériques , en facon de cubes; des rhomboïdaux, et d'autres, d'une iufinité de formes plus ou moins irrégulières ou bizarres. Leur tissu est indéfiniment varié; souvent à couches concentriques ; quelquefois ces couches sont alternativé- ment cristallisées et amorphes; tantôt ils sont compactes, tantôt spongieux ; d'autrefois formés de grains juxtaposés. Leur volume varie, depuis la grosseur d'un grain de sable jusqu’à celle de la vessie toute entière. On en con- serve deux de ces derniers dans le cabinet de l'Uni- versité, VOB LiTHOLOGIE HUMAINE. 59 Leur surface est quelquefois hérissée d'aspérités ; d’au- trefois polie commæe de l'ivoire. On a vu de petits calculs très- blancs de phosphate de magnésie, renfermés dans de plus grands, de cou- leur brune , et composés d'oxalate de chaux. Quelquefois le noyau est détaché et mobile comme dans certaines géodes , etc. L'auteur a trouvé, par beaucoup d'observations, que le noyau des calculs qui en ont un.est le plus ordinai- rement formé ou de matière rosée , où d'acide urique, ou séparés, où combinés avec l’aimmoniaque. Qui imagineroit que la fraude se glisse jasques dans ce genre de collections ? L'auteur en cite plusieurs exemples. On ignore encore (à la confusion de l'anatomie) par quelles voyes les substances alimentaires liquides où so- lides , arrivent à la vessie avec une promptitude fort extraordinaire; et parmi ces substances, le fer est une des plus surprenantes, L'auteur l'a trouvé en propor- tion considérable dans quelques-uns des calculs qu'il à analysés. Lister dit avoir retiré d’un calcul humain calciné en présence de la Société Royale de Londres, des par- celles de fer attirables à l'aiman. ‘ Le principe chimique le plus commun et le plus abon- dant dans les calculs, comme aussi dans l'urine, est l’a- cide urique; il se dépose par le refroidissement sous l'apparence de particules jaunâtres brillantes. D’autrefois on voit se déposer des molécules couleur de rose, qu'on a aussi considérées comme un acide particulier, qu'on a appelé rosacique. L'auteur , travaillant en commun avec le Dr. G. Brugna- telli son fils , a découvert un acide particulier qui se forme dans l’action réciproque de l'acide urique et de Yacide nitrique; ils l'ont nommé oxéerttrique. Is indi- quent le procédé de formation , qui est très-simple; cet acide cristallise sous forme rhomboïdale ; les cristaux 60 Parnococie ANIMALE. sont déliquescens , et rougissent par l'action de la lu- mière ou celle de la chaleur ; leur solution donne à l'eau une. saveur sucrée; cette eau teint en rouge Îles corps qu’elle a mouillés ; les cristaux se reforment, sans altération , dans la solution lentement évaporée. Cet acide passe au rouge lorsqu'on plonge dans sa solution aqueuse des cloux de fer rougis au feu, ou quand on l'expose à l’action du pôle négatif de la pile; il perd sa couleur à l’autre pôle. L'eau de chaux est un réactif très-sensi- ble pour la faire reconnoître, mais la chaux se redissout quand lacide est en excès. Déjà en 1800 l'auteur avoit converti l'acide urique en oxierétrique par l'action du chlore ( alors acide mu- riatique oxigéné ); il crut avoir produit ainsi de l'acide oxalique , et Fourcroy qui répéta avec succès l'expé- rience, le crut aussi. (Ann. chim. Tome 32, page 185). Mais l’auteur reconnoiît à présent que ce nouveau pro- duit étoit l'acide en question. Il teint la peau et d’autres corps en très-beau rouge ponceau, couleur de sang artériel. On trouve dans le Journal de physique et de chimie de Pavie , premier bimestre 1818, un travail intéressant du Dr. G. Brugnatelli sur cet acide. L'auteur examine ensuite l’urée, base de l’acide uri- que , et découverte dans le beau travail de MM. Fourcroy et Vauquelin; il passe de là à la matière rose, à laquelle Proust a donné le nom d’acide rosacique; il ne peut parvenir à l'obtenir libre de toute combinaison, pour l’étudier à part. L'analyse de divers calculs lui fait reconnoître en outre , des phosphates de chaux , de magnésie, tant neutres, qu'acidules; des phosphates à bases d'ammo- niaque et de magnésie; des urates terreux, des carbo- nates et des oxalates de chaux; et jusques à la silice, Nous ne suivrons pas l'auteur dans la description dé- taillée de quarante-neuf calculs choisis comme les plus remarquables dans sa collection. On y wouve pourtant € LiTRoLOGIE HUMAINE. Gr des faits curieux, mais le défaut d'espace nous oblige à les omettre. Ses recherches d'analyse avoient un aiguillon puissant dans l'espérance d'être mis sur la voye de découvrir quelque moyen préservatif ou curatif de la maladie qui produit ces concrétions accidentelles. Dans le dernier chapitre de son ouvrage, qui n'est pas le moins intéres- sant , il expose avec candeur les résultats qu'il a obtenus. Il repousse , et à ce qu'il paroît par de bonnes raisons À tous les procédés par lesquels on a essayé en divers temps de détruire les calculs en les attaquant directement par des dissolvans acides ou alkalins ; injectés dans la ves- sie (1), il n'admet pas plus volontiers le procédé mé- canique si singulier que nous avons rapporté ( Bibl. Univ. dec. 1817 ) du colonel Martin, qui eut la patience et l’adresse de scier lui-même en fragmens un calcul , sur place. Mais , d'usage des dissolvans en boisson lui paroïît utile et praticable dans tous les cas où les calculs ne sont encore qu’un gravier occasionné par la présence en ex- cès , de l'acide urique ; le breuvage qu'il conseille de préférence est le carbonate de chaux tenu en dissolu- tion par un excès d'acide carbonique. Ce spécifique peut agir aussi avec efficacité sur le gravier provenant de la combinaison de l'acide uriqne avec l’ammoniaque. « Je serois trop-long, dit-il, si j'entreprenois de citer les cas nombreux dans lesquels mon sel acidule a plei- nement réussi ; et ce sel se rencontre abondamment - dans certaines eaux minérales naturelies qui ont acquis (1) Sono in oggi à pi abili pratici dall’esperienza convintr che non ë cosa conveniente l'interna prescrisione di similà Jarmaci in coloro nè quali siasi scoperto un calcolo dé certa mole esistente nella vesica ordinaria ; e che in sémilé circos- tanze ; l'unico sicuro presidio sia l'estrazione mediante il ferro, éseguila de esperto Operatore, (p. 62.) 62 PATHOLOGIE ANIMALE. de la réputation contre ce genre d'incommodité. La bois. son artificielle dite eau de Falconer , qui n'est autre chose qu'une solution du carbonate neutre de potasse, produit à-peu-près le même effet que la solution aci- dule du carbonate de chaux; mais cette dernière est bien plus facile à préparer , et d’une saveur bien moins désagréable. Dans les cas où on a lieu de soupconner une sécré- tion surabondante de l'acide urique , il faut mettre le malade à la diète végétale. Si les graviers sont formés 5 de phosphates , les acides végétaux tels que la limonade ordinaire , en sont les dissolvans les plus naturels et les plus agréables à employer ; on peut aussi faire la limonade avec l'acide muriatique ; la diète doit être as- sortie à ce régime liquide. L'auteur termine son ouvrage par une prédiction, qu'on voudroit voir bientôt accomplie. « Déja, dit-il, on peut conclure des ouvrages qui se publient dans diverses contrées de l’Europe, que , sous le point de vue médical et chimique , les moyens de guérir les person- nes attaquées de la gravelle ont fait de grands progrès ; ainsi , l'humanité a dequoi se cornisoler en prévoyant que la réunion des lumières fournies par les nouvelles découvertes , fera faire à cette branche de l'art, des progrès prochains et rapides. » Dans un appendix de sept pages, l'auteur signale les cas rares, dans lesquels on à trouvé des calculs ailleurs que daus la vessie; par exemple dans le poumon , dans la vésicule du fel, dans les intestins, etc. Ces cas étran- ges figurent comme tels dans les annales de la science ; l’érudition les cherche dans ces dépôts, mais la pratique les y laisse dormir. ( 6 ) MÉCANIQUE. OBSERVATIONS ON THE AUTOMATON, ete. Observations sur l'automate joueur d'échecs qu'on montre actuellement à Londres, N.° 4 Spring -gardens. Par un Gradué de l'Université d'Oxford. ( Repertory of arts and manuf. Avril 1819). ( Traduction libre ). L> chef-d'œuvre de mécanique connu sous le nom dwœ joueur d'échecs, fut inventé par Wolffsang de Kempelen, noble hongrois, Conseiller aulique de la Chambre Royale des Domaines, de l'Empereur d'Autriche en Hongrie, Ïl montra dès sa première jeunesse un goûteet un talenë marqué pour les mécaniques, et il se fit bientôt con- noître avantageusement par plusieurs inventions curieuses et utiles. Il se trouvoit à Vienne en 1769 : l'Impératrice Marie Thérèse le fit inviter à assister à des expériences magné- tiques qu'un Francais, du nom de Pelletier, devoit faire à la Cour. Pendant la séance Mr. de Kempelen laissa en- tendre à l'Impératrice qu'il se croyoit capable de cons- truire une machine qui produiroit des effets bien plus surprenans et inexplicables que ceux dont elle étoit témoin; elle exprima un vif désir qu'il mit la main à l'œuvre , et le lui fit promettre; il tint parole; et au bout de six mois il lui présenta son automate joueur d'échecs. 2 A Vienne, où on le montra d’abord, il étonna au plus haut degré l'Impératrice , sa Cour, et un nombre considérable de savans et de curieux qui le visitèrent; 64 MÉécANIQUE. les papiers du temps furent remplis des témoignages d'une admiration générale. Toutefois l'inventeur , avec cette indifférence pour la faveur non raisonnée, indif- férence qui caractèrise ordinairement le véritable génie, non-seulement ne voulut point en faire l'objet d'un spectacle, ni céder cette pièce mécanique pour aucun des prix considérables qui lui en furent offerts; mais, occupé d’une autre recherche, il laissa là son automate, et même il le démonta en partie. Long-temps après, et à l'occasion d'une visite que faisoit à Vienne le Grand-Duc de Russie, Paul, l'Em- pereur Joseph IT se rappelant l'automate, invita Mr. de Kempelen à le remettre en état d’être montré au Grand- Duc et à la Princesse sa femme. En cinq semaines tout fut rétabli, et le joueur parut aussi surprenant que ja- mais. On pressa l'inventeur de satisfaire la curiosité pu- blique en faisant voyager ce chef-d'œuvre en Allemagne et ailleurs : il céda à ce vœu, et ayant obtenu deS. M. un congé de deux ans, il partit avec son automate; il vint à Paris, et en 1785 en Angleterre ; à sa mort (en 1803) son fils vendit cette machine à son proprié- taire actuel, mécanicien très-habile , et peut-être infé- rieur à Mr. de Kempelen seul , dans ce genre d'ouvrage. Le sallon dans lequel on montre actuellement cet au- tomate renferme une pièce intérieure dans laquelle on voit la figure d’un Turc, grand comme nature , et vêtu à l’asiatique. Il est assis derrière un espèce de coffre de trois pieds et demi de long, deux de large , et deux et demi de haut; il est attaché à ce coffre par le siège de bois sur lequel il est assis. Le tout repose sur quatre pieds à roulettes ; et on peut le transporter à volonté dans toutes les parties du sallon. Le dessus du coffre est une sorte de table sur le milieu de laquelle paroît un échiquier assez grand, qui fait quelque saillie, et sur lequel la figure semble avoir les yeux fixés. Son bras droit et sa main sont étendus sur la table, et son bras gauche Sur L’AUTOMATE JOUEUR D'ÉCHECS. 65 gauche un peu élevé et comme tenant une pipe, emploi qu'on lui avoit donné dans l'origine, mais qu'il n’a plus. La personne qui montre l’automate commence par l'amener sur ses roulettes jusqu'à l'entrée du salon, et ‘en face des spectateurs. Là il ouvre certaines portes du coffre, deux sur le devant et deux derrière ; il tire ensuite en dehors un long tiroir peu profond, qui contient les diverses pièces du jeu, un coussin à mettre sous le coude de l’automäte, et quelques jetons. On ouvre aussi deux portes plus petites, et on écarte un écran d’étoffe verte, qui cachoit des ouvertures pratiquées dans le tronc et les parties inférieures de la figure, et on soulève la portion du vêtement qui déroboit ces ouvertures. Dans ‘cet état on promène la machine autour du salon, afin que les spectateurs les plus disposés au soupcon puissent se convaincre qu'il n’y a rien de véritablement vivant dans l’ensemble de la machine, dont l'examen intérieur est encore facilité par la présence d'une bougie allumée qui rend toute la mécanique comme transparente. Si quelqu'un demande que cet examen soit répété à la fin de la partie jouée, on l'accorde sans diffculté. Le tronc de l'automate est divisé par une paroi en deux cavités inégales. Celle qui répond à la droite est la plus étroite, elle occupe à peine un tiers du volume total; on y voit un nombre de petites roues , de ‘leviers , de cylindres, etc. comme dans une horloge com- pliquée. La cavité gauche renferme quelques roues, des petits barillets avec des ressorts, et deux quarts de cercle dont les plans sont situés horizontalement. On voit dans le tronc et les parties inférieures quelques tubes qui paroissent distribuer le principe d'action sur les divers points à mouvoir. Lorsqu'on peut juger que tous les spectateurs ont sa- tisfait leur curiosité et éclairei leurs doutes à l'égard dés dispositions intérieures , tant du coffre que de l’au- Sc. et Arts. Nouv. série, Vol. 11. N°, 1. Mai 1819. E 66 MÉécanwrQues, tomate , on referme les portes, et le tiroir; on fait quel- ques arrangemens au corps de la figure; on remonte toute la mécanique au moyen d’une clef insérée dans un petit trou pratiqué dans la partie latérale du coffre; on place un coussin sous le bras gauche de l'automate, et on invite tel joueur d’échecs qui se trouve présent, à jouer une partie contre lui. À une, et à trois heures après midi , l’automate ter- mine des parties déjà avancées, en jouant contre le pre- mier venu. Dans ces occasions les pièces sont placées d'avance sur l'échiquier dans une position déterminée, et dans ce cas l'automate ne manque jamais de gagner la partie. Mais, tous les jours à huit heures, il joue la partie ordinaire, et entière, contre tout joueur ; et il gagne assez ordinairement, quoique l'inventeur n'ait pas eu en vue ce résultat particulier. En commencant la partie, l’automate fait choix des pièces blanches, et il entame le jeu; ce sont là de foi- bles avantages, qu'on lui accorde volontiers. Il joue de la main gauche, et laisse son bras droit étendu et posé. sur la table. Ce fut là une distraction de la part de l'in- venteur, et il s'en apercut trop tard pour être à temps de rendre à la main druite son privilège ordinaire. En se mettant au jeu, l’automate remue la tête comme s’il vouloir bien examiner l'échiquier, et il répète ce mou- vement quand la partie est terminée. Pour jouer une pièce il soulève lentement son bras gauche et il porte sa main sur la case où se trouve cette pièce ; la main s'ouvre, et ses doigts s'écartent pour la saisir , et la porter à la case où il veut la placer; le bras retourne ensuite , par un mouvement très-naturel , se reposer sur le coussin. Lors qu'il prend une pièce qui se trouve en prise, ül fait les mêmes mouvemens du bras et de la main qu'on vient de décrire, mais il pose cette pièce hors de l’é- chiquier; ensuite retournant à la sienne propre il la prend et la place dans telle case libre qui paroïit lui : 4 SUR L'AUTOMATE JSOUEUR D ÉCHECS. 67 convenir. Tous ces mouvemens s'opèrent avec une pré- cision parfaite, et la dextérité avec laquelle le bras agit, dans ceux qui sont les plus délicats et les plus compli- pliqués, produit une illusion telle qu'on prendroit ces mouvemens pour autant d'effets d’une intention raison- née, et de précautions soigneusement prises par l'auto- male pour ne déranger en jouant, aucune des pièces de l’échiquier, sauf celle qu'il doit saisir et transporter ; et pour ne jamais faire de mouvement faux ou inutile. Lorsque son antagoniste a placé une pièce, l’auto- mate demeure quelques instans tranquille , comme sil méditoit son jeu, mais il ne tarde pas à se mettre en action, Lorsqu'il donne échec au Roi, il remue la tête comme pour en avertir son joueur, Lorsque celui -ci place une pièce contre les règles du jeu, ce qu'on fait souvent pour éprouver comment il agira dans cette cir- Constance; par exemple, si on donne au cavalier la marche de la tour, l’automate frappe de la main droite sur la table, en signe d'impatience; il replace le cavalier dans sa précédente case , et ne permettant pas à son an- tagoniste de reprendre son tour, il joue de suite une de ses propres pièces, comme pour le punir de son inat- tention. Le petit avantage qu’il gagne ainsi paroît avoir été calculé par le mécanicien pour contribuer à égaliser les forces entre l’automate et le joueur vivant. Il est important que celui-ci, lorsqu'il met une de ses pièces en place, la pose juste au milieu de sa case ; y - sinon, lorsque l'automate avancera la main pour la prendre "1 LL) » f il seroit exposé à la manquer, ce qui non-seulement troubleroit la partie, mais pourroit déranger un peu le mécanisme délicat des doigts. Lorsqu'on a placé une pièce , on ne peut rien y changer; et si on en a touché une, il faut la jouer. Cette règle est stricte. Si l’antago- niste hésite long-1emps à faire un mouvement , l’auto- mate frappe un coup assez fort sur la table , avec sa main droite, comme pour hâter la décision, E a ‘68 ts MÉcaAnNiIQUuE. Pendant qu'il exécute un de ses mouvemens on entend dans l'intérieur un bruit sourd de rouages en action ; ce bruit cesse dès que le bras est reposé sur son coussin, “et c’ést alors que le joueur peut agir à son tour. La per- sonne qui montre l'automate remonte de temps en temps la machine ( après dix à douze mouvemens de pièces) et dans l'intervalle elle se promène dans la chambre , en ‘s'approchant de temps en temps de l'automate, sur-tout vers son côté droit. ; Lorsque le spectacle est terminé, et qu'on enlève les pièces de l’échiquier , on invite un des spectateurs à placer un cavalier sur l’une des cases, à son choix. L’automate s'en saisit aussitôt, et la promène , en suivant la marche propre à cette pièce, de manière à toucher successivement chacune des soixante-trois cases de l'échi- quier , sans jamaisen manquer une, ni revenir à la même. On met un jeton blanc sur celle d’où il est parti, et des ‘rouges à mesure, dans toutes celles sur lesquelles il arrive; et quand la promenade est achevée , toutes les cases, sauf celle du départ, ont leur jeton rouge. La description qui précède , et le genre d'action de cet automate, suggèrent bien naturellement le désir de savoir quel est le principe qui produit une suite aussi merveilleuse de mouvemens, coordonnés avec des cir- constances indéfiniment variées et imprévues ? On n'a encore rien répondu de satisfaisant à cette question. Le champ est donc ouvert aux conjectures, nous allons en essayer, dit l'auteur. Il y a deux causes distinctes à chercher; 1.° Une force qui donne au bras et à la main gauche les mouvemens dont ces organes sont susceptibles dans l'être vivant; 2.° Une force direc- irice qui, perdant l'action, les conduit ici ou là se- lon des circonstances qui, pour la plupart, ne peuvent pas être prévues , et dont chacune exige une méditation ù Sur L'AUTOMATE SOUEUR D'ÉCHECS. 69 préalable, et quelquefois des combinaisons profondes. C'est l'affaire d'un mécanicien habile , et il n'y sera pas embarrassé , de trouver le principe de mouvement qui donne au bras artificiel toutes les inflexions exigées pour le genre d'action auquel il est appelé , lequel se réduit toujours à trois coordonnées , qui se coupent sous des angles prévus et déterminés. Ensuite, la mise en action. de cette force quelques momens après que l'antagoniste a joué, paroit dépendre du concours momentané du dé- monstrateur de cette machine, car quoiqu'ayant l'air de se promener indifféremment dans le salon , il s'approche de la caisse lorsque l'automate prépare un mouvement: et il paroît toucher quelque ressort voisin du bras de la figure, du côté droit; ressort qui peut mettre en jeu le système mécanique qui produit tous les mouve- mens, du bras et de la main nécessaires aux fonctions décrites. Une manière particuliére de toucher ce ressort peut faire répéter de suite ces mouvemens ( avec une légère variation dans le retour du bras ) dans les eas où l’automate a une pièce à prendre, ou une fausse marche de son antagoniste à réparer; mais le mystère profond , et qui n’est pas moins difficile à deviner par le mécanicien consommé, que par le simple curieux, c'est la nature et le mo le d'action de cette force dirigeante, qui conduit la force motrice avec une précision et un Jugement qui confond les plus habiles joueurs d'échecs. On a fait force conjectures. On a supposé que cette force étoit celle d'un aiman caché quelque part dans l'appareil ; mais l'inventeur a prouvé que laiman n'en- troit pour rien dans cette machine , en laissant mettre sur la table à côté de la figure pendant la partie , l'ai- man le plus fort qu'on a pu se procurer, sans que cette circonstance aît rien changé aux résultats. L'explication qui se présente la première est celle par laquelle on attribueroit la force directrice à la présence d'un individu vivant renfermé quelque part dans la caisse, 70 Mécanique. et qui guideroit le bras et la main de l’automate dans la direction exigée par les combinaisons du jeu, qui varient continuellement, mais qu'on pourroit apercevoir par transparence ; or , cette supposition ne peut subsister après l'examen que chacun des curieux peut faire de intérieur de la caisse; et la certitude qu'on acquiert après l’avoir fait, qu'il n'y a pas de quoi loger le plus petit enfant. On a conjecturé, avec un peu moins d'invraisemblance, qu'il pouvoit exister quelque communication entre le bras gauche et la main de l'automate, et une personne cachée dans la chambre voisine, et à portée de voir l'échiquier. Cette conjecture, plausible à quelques égards, devient vaine si l'on considère que Mr. de Kempelen montra dans deux occasions, son automate dans le pa- Jais impérial à Vienne, où on ne peut pas imaginer qu'on eût pratiqué les dispositions localés assez compliquées, qu'exigeroit la supposition. Quant à la nature de la force directrice, on ne peut avoir qu’une opinion, c’est-à-dire, qu'elle est le résultat de l’action immédiate d’un être vivant et raisonnant. Et puisqu'il n'existe pas de possibilité de dissimuler un pareil agent, ou dans la caisse de l'appareil, ou dans une chambre voisine, il faut que cet agent humain soit le Gdémonstrateur lui-même. Mais il reste à expliquer, et cest encore un pro- blème bien difficile, comment cet homme peut diriger J'action de l'automate , action si détaillée et en même temps si précise ? Mr. de Kempelen a dit une fois que le principal mérite de son invention , étoit la manière dont il étoit parvenu à tromper les spectateurs. Gette demi confidence qui lui échappa, sembleroit indiquer, pon-seulement que le démonstrateur joue un rôle essen- tiel comme dirigeant , d'une manière inaperçue , le jeu de l’automate selon les circonstances variabtes de la partie, mais que la manière dont il intervient est très- DE SUR L'AUTOMATE JOUEUR D ÉCHECS. 71 simple. Dans le fait, quand le bras et la main sont mécaniquement en action, par l'effet de la force mou- vante , un fil de fer ou une corde à boyau, de la grosseur d'un cheveu , ou à-peu-près , suffiroit à les guider dans une direction donnée ; et ce mode d'in- fluence seroit de nature à n'être point aperçu par les spectateurs. Peut-être ne connoitra-t-on jamais, ni le moment pré- cis, ni le mode de communication , circonstances sur lesquelles le propriétaire garde un secret absolu ; mais, l'invention en elle-même est un rare trait de génie. Il y auroit déjà de quéêi faire la réputation d’un artiste mécanicien s'il fabriquoit un bras et une main capables d'exécuter les fonctions ordinaires de ces organes ; mais parvenir à diriger ces mouvemens comme ils auroient lieu si l'automate étoit un être vivant et calculant, sans que personne puisse découvrir comment s'exerce cette influence, c’est là sans doute , le chef-d'œuvre d’inven- tion le plus original et le plus hardi qui soit sorti de la tête d’un mécanicien. On ne peut guères douter que l'action particulière en vertu de laquelle l’automate parcourt toutes les cases de l'échiquier sans revenir à la même , ne soit un tour de force purement mécanique, auquel le démonstrateur n'a d'autre part que l’action de remonter les ressorts. Il en est de même des mouvemens de la tête, et de ceux par lesquels l'automate frappe quelquefois la table, de son bras droit, en signe d'impatience. CYR) MÉLANGES. Norrce pes SÉANCES DE L’Acap. Roy. DES SCIENCES DE PARIS pendant le mois de Décembre. Late bestioles 7 déc. Mx. Prawrans annonce la découverte d'une nou- velle comète le 26 novembre à six heures et demie du soir par Mr. Pons à l'observatoire de Marseille. Elle n'est pas visible à l'œil nud ; dans la lunette elle égale une étoile de septième grandeur. Le 28 sa déclinaison étoit de 67° 48 bor. et son ascension droite, de 62° 2’. Mr. Cuvier fait part d'une lettre recue de Calcutta, qui renferme un dessin d'un tapir de l'ancien continent qui existe vivant dans la ménagerie de cette ville. Mr. Cuvier lit le programme d'un prix de physiologie expérimentale fondé par un anonyme , à attribuer au meilleur ouvrage imprimé ou manuscrit qui sera adressé à l’Académie avant le 1er. décembre 1819, sur cet objet. Le prix est une médaille d'or de la valeur de 440 francs. L'Académie fera connoître sa décision dans la séance publique du printems de 1820. On élit un candidat pour la place vacante de Prof. adjoint de botanique à l'école de pharmacie. Mr. Clarion obtient la majorité des suffrages. Mr. Hallé lit un Rapport sur le Mémoire du Dr. Gonderet sur l’emploi du vide en médecine. Cet usage nest autre chose que les ventouses , procédé qui consiste à raréfier l'air sur une portion donnée de la surface de la peau; effet qu’on peut obtenir, ou de la pompe pneu- matique, ou d'une flamme légère allumée dans un vase en facon de gobelet, cette flamme chasse l’air, et on Norice pes Séaxcrs pe L'Ac. R. Des Screxc. pe Paris. 73 applique incontinent le gobelet sur la peau ; l'air sous la peau étant ainsi partiellement soustrait à la pression atmosphérique , soulève par son élasticité, tant cette même peau que les enveloppes des vaisseaux sanguins et autres, dans lesquels le sang et la lymphe affluent des parties voisines (1). L'auteur ajoute plusieurs obser- vations à celles déjà consignées dans son Mémoire. Cette application a sur-tout réussi dans les congestions locales avec inflammation et douleur fixe ; dans plusieurs cas d'inflammation devenue chronique ; dans les violentes céphalalgies , en appliquant les ventouses à la nuque; dans deux cas de dentition difficile; même dans un cas d’anévrisme ; et Mr. Hallé rapporte un cas analogue, tiré de sa pratique, et où les ventouses avoient été appliquées entre les épaules, etc. . Les Commissaires jugent que le travail de Mr. Gonderet mérite toute l'attention des personnes vouées à l’art de guérir, et qu’il est digne de l'approbation de l'Acadé- mie. Ce Rapport est adopté. Mr. Nicolet lit un Mémoire sur /a libration de la lune. Il est renvoyé à l'examen d'une Commission. MM. Pelletier et Caventou lisent un Mémoire sur un alkali végétal nouveau qu'ils ont trouvé dans la féve de St. Ignace, et dans la noix vomique. Ils lui ont donné le nom de Vauqueline. Cet alkali se cristallise_en cris- taux microscopiques d'une saveur très-amère : il est ino- dore ; fixe ; l’air n’a sur lui aucune influence ; sur les charbons ardens il se boursouffle , il noircit , et laisse pour résidu un charbon bitumineux, après avoir dégagé de l'acide carbonique et du gaz hydrogène carburé. Il peut former un assez grand nombre de sels neutres, (x) En Allemagne où ce procédé est fort usité on l'accom- pagne toujours, ou plutôt on le fait précéder, de scarifications à l'endroit où la ventouse va être appliquée ; l'effet alors ressem- ble , à plusieurs égards, à l'application des sangsues. (R) 74 \. MEÉZLANGESs. dont l'auteur examine plusieurs, comme aussi l'action de cet alkali sur les oxides métalliques et sur les corps simples. — La suite du Mémoire est remise à la séance suivante. 14 déc. Mr. Plantain annonce dans une lettre la dé- . vannes d'hirondelles passer de Suisse en Italie. de Le —— —— À Nx 3 : 2h Soleil nua, , id. : Ê 4 9-7 3- : À Songe met ee), re TALETEE Le 11 on à trouvé les plantes suivantes en 9,7 — 8. SENS 71 2 — EE IRNE NE £ so Dee a. Ç AE : > » ER] PRADA LA DES 2e 63 NE lbne. fer, s0lbiloual fleur au St. Bernard : Arabis alpina , Anemone ; S701-va talus. à gi 3 ——| so | so soleil , sol. nua.l vernalis , viola calcarata , et le chrisanthemum 8 9,5 À— 2. o|+ 4.6} 100 66 2, 0. 1——1 so | so fbrou., cou. alpinum. On à aussi trouvé des papillons et 9 DTAUT 13051184: 0 87 57 — |—| xe | x |bro., HE UE des chenilles. QE Re RCA. serein , 1d. . : re , ( 9: 4 BR Ro 0 Du SO 12 GLSnE ie Le 16 au matin deux ‘voyageurs s'étoient éga- I 7.6 | 2. 8 + 3.3 13 69 — — |" 50 so Ësol. nua. : id. ; | f 5 1 1.” ; oo | 5 el= 3.3 97 93 Es so | so 3k brouil. , id. rés sur la montagne , et furent dans un Br ; el Sas lle. 9l 100 98 3 —| s03| so 3} brouil. , id. danger de périr. Le domestique de l'Hospice 8,3 Î-— 4. 0l]- 2. 8) 100 85 1e ——} s02| so 3! brou., id. fut surpris de voir le chien se détourner beau- 4 3 : I m|— = n » . . . a . 5 Cor) |op: rc] Er RENE EE) 7 4 en °0n) 508) Done ? dE coup de sa route ordinaire , et il fut conduit GENS ENIE 06 () 88 è —| s \ brou. , id. . : ARE >» par CR Lo Le 941.50 /4] 22e par lui auprès des voyageurs égarés, qu'il ra- 8,8 D- 3. 71+ 1.6 95 66 6. ——| so 3| so 3$ brou, , id. jS han PIS 18 lo à 10,4 Η 4. : + 4.18 94 63 so 2| so Fbrouil., cou. mena au bon chemin. Flus loin le chien quitta 10,6 D— 2. 3l+ 7.5 95 SI — ——! 50 so À bro., sol. nua.f de nouveau le domestique et se rendit dans 10,6 Η 2. S|f ».2 87 70 = ——] NE | ne sol. nua., id. l'écurie d’un chalet où s’étoient réfugiés une 10,0 f—,2. À 6.7 83 59 OMC ec) MCE NET) Fat ; eu pauvre femme avec un jeune enfant; le chien 9 leo . ( 1 —— ——] so | brouil. , id. pee : ; : 4 de Z ® ce indiqua au domestique qu'il y avoit quelqu'un 8,3 |— 1. 2/H6.0 91 69 - | —1 so so Écou., id. ni j 11 A2 7,2 |— o. 2|t2.4 95 3 13. so | ne | bro., id. daus te réduit, alors il le suivit et emmena 7:2 = 8.-9|+ 2.6 76 73 —— ——| xE | ne À serein, sol. nua.i cette femme jusqu'à moitié chemin de l'Hospice, 752 4: 1lf 2.4 85 2 TT UE ! xe À brou., sol. nu.!où il transpôrta l'enfant ; et les Religieux se LA) EME al— € 6 Û EU Q 2 6%,3 175 80 a NE NE À sol. nua., cou. | jAtérent d'aller au secours de cette malheureuse , 7.9 Ê— 7. 1[—-9.9 84 6 _—_—_— — ke E brouil.. id. « : : : . STE Re 4 A PE PSE pe qu'ils apportèrent à l'Hospice. Ces deux person- 734 = 828801. 6 84 76 I, |) NE | NE | serein, sol. nu. nt infaillib Le t défi 7:2 = 6, 71H. s 90 69 2. rx | 0 so fnuag., id. nes faroiens Iniatinblement perl, ayan par passé une nuit dans ce chalet, presque enseveli as x EU te — | — | — | Gans la neige , si le chien ne les avoit découverts 20. 71 20: 8,90 À — 57 2,7 = ë 3 1 2, ? 1h OR ITEPNST;2 | Le 15) LRO IE et signalés au domestique, LU = - ee ——— s L d î GR TEE RRQ TE TE Faites aa JARDIN BOTANIQU 167 14e TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Longitude D EE p de GENÈVE: 395,6 mètres (203 toises) au-dessus du niveau de la Mer: 14”. (de Tems) à l'Orient de l'Observatoire de PaRrs. OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. Jours du Mois, Phases de la Lune. v {| = Somsanses = | 12 CN © NN | U2 U2 b WW nm —__— ———_—— Moyennes, Lev. du Sol. BAROMÈTRE réduit à la température de 109 KR. Pouc.lig. seiz, me” 26,10. 7,58/26.10.6,90 Ê+ 7.09|+14, 98Ïor, 19167,61 T0 n3 TO 9, 8 8.11 (FT) 10, 11 HE en io RON 11. 10 O4 0.119 17 6 1NNTIO 10, 15 11 o LES 16 ON 2 CNE) 9: 35 CE) 9+ 16 10. 7 10205 10. 1 9: 8 SR 8. 14 8. 13 8. 13 10. 15 à =: heures. pouc.lig. seiz. ( 26. 10: 3 — 8, 15 — 8. 11 — 7% M DNINS ee tilrien” 27: O 9 2GAT 7 0) (CE | 5 HONTE) — 11, 1] A (ne) "I. A ur 07 == 81} — 10. 1 MT ee 7 a DL IS En Lo — 9 o m0 (o)5en (0) MIO AN O Ê= 10. © TT, PLUIE LOU 105 RS 7 Hz 8. 9 AM la ES ET ko SE , Tara. à l'om- bre à 4 pieds de terre, divisé $ en 80 parties, L.du S. |à = h. Dix. d | Dix. d. —— | — 2, 0|F13- 0 3. o| 15. 0 6. o|. 16. 7 700) |NTS MO 6. 3| 12. 31 8. o| 12: S | 4. 5| 14.5 7: O0] 10. of $: S| 14 o 4. o| 14. of 5. ©] 13: S$ 3. S| 15. o! $. o| 17. o 7 OIMAG NS 4. 5| 15. oÀ 4e ©] 165. ON 6 o| 18. 7| 9. o| 19. 84 el ALICE MEN 8. o| 19. où 10. O| 17. ol 8. S| 17: o À 9. O| 19 ok 11, O| 18: 5 À lo sl 15. s| 11, o| 11. oO 10. O| 12. of 8. o| 15. oi 10. ©o| 12: oÀ 10, ol 10. où 8 $| 12. sk d HyYGROMÈTRE Pluie ou É a cheveu. neige en fS > 24 heures.fT 2 [L. dus. à0 h. [5 3 mme | Deg. | Degr. Lig. douz. um D nr md — DS 1 3 — Êr. 93 71 —— fr. 94 64 —— R. 89 67 R 92 65 2.10 8 67 0. 6 1—— 75 69 ir. | 94 85 —— 95 56 —— 2 S7 = R. 83 62 —_— 95 61 Le 8. 94 $s4 — ‘| 94 S7 —— | R. 99 56 = jus | 95 60 SEX à ë 85 60 2 D réfee) 2 60 0e JE (haR Ë 92? S7 mers EX 90 53 de D 84 66 138 95 61 UE _. 20 D: —— nr 94 S6 A 98 76 ë, tot) 2 7 1 10. 16 || 96 86 Ze 97 90 dE GIE 27 Lie 96 2S 4. 0 —— 86 64 2% lo Enr 49. o JE il CERN nu, , Cou. nu. , id. Latitug 17010, OBSERVATIONS DIVERSES. ÿ En À 1 Le temps sec et beau a avancé |d à vignes : elles promettent beaucoup. Le Mo ; DES sors très-beaux , et pu comment! Je Re [a épier ie le 0 du Ro Les pré brou. , cl. sont moins beaux qu'ils ne s'annon el. ,id. | coient, et ne sont pas plus avancés qui el. 10; F dans les années ordinaires. Les pluie Cle des derniers jours du mois augmente de pc: iront le foin des prés tardifs. Es vel cl. , id TU, JCL: hu, 14; el. , id, N.B. On à substitué à l’ancienne à dl. , id. suille une aiguille nouvélle , de mén cou. , cl. { longueur ( 9 pouc. 3 lig.) et munie du { Vernier qui donne 2° , et par estime | 1" de degré ; elle est très-librement sus fi pendue par un pivot d'acier sur un cou. , nua. clair, nua, Cl. | uua. a le chappe de verre. nu. , 1d. cames cou. , pl À LL. L EN nua. , id. E Déclinaison de l'aiguille aimantée, nua. , id. l'Observatoire de Genève, le 31 Ma plu. , id. cou. , pl. EL 200, 12/. | Température d'un Puits de 34 pieds TT le 3r Mai + 10. 0. GÉODÉSIE. Mémoire SUR LA MESURE DE LA BASE DE Darmsranr, exécutée en octobre 1818, par MM. Ecxmarpr, Ingé- nieur en chef du cadastre du Grand-Duché de Hesse Darmstadt, et Scnceyenmacner, Professeur de mathé- matiques et de physique au Musée de Darmstadt. Dressé sur les notes et les manuscrits originaux communiqués par les auteurs de cette mesure. Par Dezcross, Capitaine au Corps Royal des Ingénieurs géographes Français, Membre de plusieurs Sociétés savantes. Communiqué au Prof. Picrer, l’un des Ré- dacteurs de ce Recueil. ( Dernier extrait. Voy. p. 3 de ce vol, ) MESURE DE LA BASE. La méthode suivie pour cette mesure est, à très-peu de chose près, celle adoptée par Delämbre , pour les bases de Melun et de Perpignan. L'ordre suivi ici, est le même. On ne pouvoit choisir un meilleur modèle, J'ai déjà fait connoître dans la description générale “de la base, sa situation, les moyens employés pour con- server ses extrémités, et ceux dont on s'est servi pour _ tracer son alignement. Les figures 2 et 3 offrent les projections verticale et horizuntale d'une portée, ou de trois perches en contact, avec la disposition de leurs supports R, et du niveau à bulle d'air MM (1). : (r) Voyez les figures PI. r , au cahier précédent. (R) Sc. et arts, Nouv, série, Vol, xx. N°0, 2, Juin 1819. F 82 s GÉODÉSIE. D'après tout ce que j'ai dit sur la composition des diverses parties de cet ensemble, les projections des figures 2 et 3 suffiront à la parfaite intelligence de leur application à la mesure de la base. ‘On observera cependant ‘que les desseins ne montrent point de microscopes attachés aux verniers des languettes, ‘parce qu'on a préféré se servir de fortes loupes tenues -à la main, afin d'éviter les mouvemens que peuvent oc- casionner les microscopes fixés sur l'appareil. J'ai puisé dans les registres originaux les résultats journaliers donnés dans É table suivante pour les cinq “bases partielles. . Je supposerai qu'on est instruit de l'ordre suivi dans ‘les mesures exécutées en France par Mr. Delambre. Je me donnerai que le titre des colonnes de la table, me dispensant d'entrer dans des détails qui ne seroient que la répétition de ceux décrits dans les Mémoires de Borda et de Mr. Delambre. La première colonne donne le jour de la mesure. La seconde contient le nombre de perches. La troisième donne la somme des languettes exprimées en lignes. La quatrième colonne offre la correction des languettes fournie par la table (Lre) La cinquième renferme la somme des sin. ver. de l'in- clinaison de l’axe des perches.en faisant le rayon —1000000. La sixième donne enfin la somme des thermomètres des -perches. Masvre De ca Base De Darusrabrt. 83 TABLE Ire Résultats journaliers de la mesure des cing bases partielles BC, BA, BE, EF , GE, figure IL.e ns Somme | Correct. Somme Somme Nombr. , des des des sin. ver:l. des Date.| des |languettes|languettes|des inclinais.| thermomitr. h en en le rayon en degrés tr ci lignes. lignes: | = 1000000:| Réaumur, BC. 5 54 242,65 | 51,318 6192 7550,6 6 5 36,53 4,250 1440 630,4 som.| 69 | 270,18 | 55,568 5632 | 819°,0 BA. 61 306 1 399,37 1 6,239 1 6650 1 go80,> BE. 7 7à 470,41 59,760 3880 864°,7 9 75 438,04 57,525 5986 4879,5 10 69 413,52 | 52,762 5032 6130,5 II 7à 436,84 | 53,928 5980 6709,9 13 bi 310,55 | 30,889 4587 3249,2 14 72 428,54 | 43,968 3384 444,0 15 69 446,49 | 57,43x 3871 5go°,8 16 br 312,40 | 37,638 i1138 3690,4 20 60 408,87 34,800 7605 3720,1 21 45 294,30 | 24,105 39949 2640,5 22 br 352,04 | 27,795 8509 4199,5 24 54 350,09 | 32,148 6205 360,0 25 | 53 | 344,14 | 36,632 3632 5590,4 27 43 296,69 |! 27,239 6069 4449,6 som.| 84r |5322,92 pre 115821 | 65830,x EF. 281 64 Llhri,31 1 43,767 1 5848 1 60c0,5 GE. 29 1 66 1465,40 1 41,96 1 2588 1 5580,r Cette première valeur des cinq bases partielles obtenue F 2 84 GÉODÉSI1IE=. il faut les ramener à une expression uniforme et com- parable avant de les employer au calcul de la base fi- nale KI figure 1, distance des centres des deux boules dorées des clochers de Darmstadt et de Griesheim. Pour arriver à ce résultat, on a appliqué successive- ment, à ces cinq bases , les corrections suivantes. ‘Correction des cing bases partielles pour les ramener à une expression commune, Cette correction se compose des cinq élémens qui suivent : | (a) Réduction de l'axe des perches à l'horizon. (2) Correction du contact imparfait des talons et des languettes, à cause de l’épaisseur de ces dernières. (c) Réduction à la température moyenne générale 7°,9 dits de Réaumur. {d) Partie à ajouter à la fin de chaque mesure, (e) Epaisseur des perpendicules. (a) Correction de l'inclinaison de l'axe des perches et des languettes. Dans ce calcul, les perches peuvent être considérées comme égales à 4 toises — 3456 lignes. La correction d'inclinaison, ou leur réduction à l'horizon, sera éxpri- mée en lignes par la formule. Somme cor. inclinaisons —— 3456 lig. X S. sinus ver, inclinaisons. Les languettes sont aussi inclinées ; leur correction sera , avec assez de précision. S. correct. inclin. languet. —— S.lang.—S. corr.lang. nombre de perches ) S, sinus ver. inclinaisons. On peut réunir ces deux corrections ; et l'on aura pour la correction totale l'expression suivante : 85 Mesure DE LA Pase pe Darmsranr. ©3116 — — ggcroo'o [ (2) + suogve | — = {9 9P ‘910 68116 — —= gÿygcoo‘o LG) + 81] ocpe | — = JA °P 1991107) 6" 00ÿ— — 1egç11‘o [GS) +Suospe | — = AY op 0107 O“SI[ET — — 0699000 [( 5) +Brope | — = y op 1021109 ç, — . 6 St ge — — &gg£00'o de : Se) + Snocpe | — =") 4 2p ‘1091107) : sapponaed soseq buro sp suon2an09 $9[ Anod jueains neo]qui 9j eine uo ‘JJ 9[qu1 e] op ssouuop xne ojnuuoy oye0 quenbrddy, [C pe pei 8 Z="on8 d' 1 ‘1991109 * PE : “SULL ‘1094100 *S — “Fuel 'S HS 9GÿE | —— "ensure 39 soyood *urçout 19 S 86 GÉODÉSIE. (2) Correction dépendante du contact imparfait des perches. Si le contact des grandes surfaces est très-inexact et très-vicieux , on n'a pu se flatter d'avoir entièrement, éludé cette cause d'erreur en diminuant les surfaces des talons et des languettes, autant que pouvoit le com- porter leur solidité. C'est pour tenir compte de cet effet qu'on a aualysé et calculé l'erreur qui en résulte par la méthode suivante , assez approchée pour cet objet. (Nous supprimons encore les détails de cette correc- tion ; ils exigeroient une figure particulière ; et d'ailleurs sa quantité absolue est très-peu considérable; elle se ré- duit, en dernière analyse, à 1,5 lig. X sin. 23 — 0,01 lig.; c'est-à-dire, à une centième de ligne par perche ). Cette quantité doit, dit l'auteur, être multipliée par le nom- bre de perches contenues dans chaque base pour avoir la correction correspondante à ces lignes. Ces valeurs sont rapportées dans le tableau général de toutes les corrections. (c) Réduction à la température moyenne +-7°,9 Reaumur. La température 7°,9 a été, comme je l'ai déjà dit, la moyenne entre toutes les températures observées lors des comparaisons des perches aux toises en fer, éta= lons. Il faut amener les cinq bases mesurées à cette température normale pour les rendre comparables en- tr'elles. Soit donc H la somme dés thermomètres , et z le nombre des perches mesurées, La dilatation des perches ayant été trouvée de 0,033 lig. par degré de Réaumur, il s’en suit que pour ramener les bases à la température moyenne + 7°,9 , il faut les corriger de la quantité sui- vante : Correction temp. moyenne — (H— 7 7°,9 ) 0,033 lig, Mesure DE LA Base De Danmsranr. 87 Appliquant cette formule aux cinq bases mesurées , on aura les corrections dont le tableau suit: P. Lig. Lig- Corr. de BC—( 819°,0— 59,Xx 7°.9) 0,033 — + 11.60 Corr. de BA—( 908°,2— 90,X7°,9) 0.033—+ 11.70 Corr. de BE—(6383°,1—841,x7°.9) 0033—+ 4,60 Corr. de EF—( 699°,5— 64,X7°.9) 0:033—+ 6,40 Corr. de GE—( 558°,;1— 66,x7°,9) 0,033—+ 1,20 | (d) Complément à ajouter à la fin de chaque mesure. Arrivés au terme de chaque base il restoit toujours une partie à mesurer séparément et additive, Cette par- tie complémentaire a été trouvée, Toise, Pied. Pou. Lig. Toise. Pour BC = : 4 6 6,80 — 1,95787 Pour BA — 1: o 6 3,50 — 1,08740 Pour BE — 2 o o 4,70 — 2,00540 Pour EF — 3 3 () 0,60 — 3,50070 Pour GE = 1 2 6 2,80 — 1,42000 (e) Correction relative à l'épaisseur des perpendicules. Cette correction toujours additive aux trois bases qui en sont affectées , est: Pour BC — 0,90 lig. Pour BA — o,30 Pour BE — 2,30 En réunissant toutes ces corrections, on aura le ta- bleau général suivant, pour les cinq bases mesurées, 88 9106°c9c “L ET ÿo1o‘o 98700 00000 oocÿ'‘I + Looo‘o + £100‘0 + 98€5'0 + 0000‘ÿ9c ‘Sasi0 L, es mnt cmmmmttenems | mins 4H) GG 6cc6-6 Ex à yiioto — | oÿop'o — Loco‘o — |Yy£o9to — 0000‘0 Lcoo‘o + Looc‘e + | ÿcoo'c + Looo‘ô + | £6oo‘o + 94000 + | ÇGoo‘o + o9£ÿ'o + | 80919 + 0000‘9cc | 0000‘ÿ9çc *SaSIO L *saSio I, CRI a gego‘r£çe | Lçop‘rgc ue es 99c0‘0 ocLo:‘o £ooo‘o ÿlgotr S000'‘0 GÇ10‘o £c9ÿ'o 0000‘007 ‘SaSIOL +++++] | PE, LLC Va 6 Me satret nie p L i LECRRUEE sa1Inpal sasrq no sautuoç L 90ço‘o =— | ‘sanan$sue]sap 19 sayaiod sap uosteurpou £ÿgo‘o — | + * * : + ‘sonenSue sap suonaio") 01000 + |: * ‘samnaipuodaod sap anossiedo 1wa(] GLoL'r + | + * oausowu ef op ur vj e suowa[dwor Loooo + |* * * * “soyouod sop uvejaeduir jowuor) Ycro‘o + | + * 6°, + aumeroduar ej 8e uononpoy 1Çcçto + |* * + * + * + sanonSur] sap soumoç 00009ç& | * * * * sapinsau Sas10) 9P S91QUON “SSII, 94 SAISVA “sogunsou Sospq Duo sop suonoauoo sop 04ou08 NFATAPL - Mesure pr LA Base Dr Danrwsranr. 89 Détermination de la distance KI, base définitive ; fig. x. J'ai déjà dit que la direction de la grande avenue de Darmstadt, les maisons de cette ville et celles de Gries- heim , n’avoient pas permis de mesurer immédiatement la distance KI des centres des boules dorées qui ter- minent les deux clochers de ces lieux ; il a donc fallu réduire la distance mesurée BE, à KI. A cet effet, on a formé en Beten E quatre trian- gles BKC, BAK et GEI, EIF qui ont donné les lignes KB et TE de deux manières diverses. Cette vé-: rification étoit essentielle dans des déterminations aussi délicates et d'où dépendoit l’exactitude de la base finale. Tous les angles en B, A, K,C,eten E,F,G,I, ont été observés très-soigneusement avec un théodolite répétiteur de douze pouces de diamètre, construit par Roesler et divisé par Baumann de Stutgardt. On a observé plusieurs séries de chaque angle, et l’on a employé les résultats moyens dans la formation des triangles. Le tableau suivant donne la série de ces triangles tels qu'ils mont été communiqués par Mr. Schleyermacher. Les angles y sont corrigés de l’erreur de l'observation d'après une discussion particulière dont les observateurs seuls peuvent apprécier l'exactitude. La connoissance que j'ai acquise du caractère franc et communicatif de ces Messieurs , m'impose l'obligation de leur rendre ici la justice qui leur est due , en admettant leurs angles corrigés , avec une parfaite confiance. nés. Eu n é 16çç‘+oe — ‘'uoÂou ‘IH 86/8 ‘çoc —"ualow "y Largo 10/8: C9 ? — = octc'roc è 14 anoq 9698 :1€9€ Ma an d : AUUOP SNSS9P-19 SAJSULII SOP [N9[P9 9'T © 081 M flççepoz | Ggercepe |,cr 6ç,cc 10L8‘€0€ | FoGogc'e CAT RAT Ycocgoc‘c 10Ÿ ,6G0G2 o1gc'cLe 1/860Lc't 4 LE Lypgyite |,g GI prongee |” S6/cgÉCT. ES 1PCLE ; 59 40 0081 un poste oc | végrccyic n Fo68g‘c9c FO 1 0rS ogpo‘giÿ | ceccrcoc Œ foycé‘yçs 19. 1011 010696 | Gbrlÿcpe |,cy ,g 68€ I ogop'18c u9Ÿ 1810€Ÿ ‘Sa$ioL ‘SaSI0ZL Rs 5107) sop *S9811109 39 RER Fr “HALO 79 - : SINP9L | SLHNHOS à Ù 2 SUNPYL |'SLHMNOS . SXLO9I | SHNHLIAVOOT | SHTONV S{HLO9 | SHNHLIIVIOT | SITONV FA "1H 22 MY S224P/s1p Sop Uoyvuruuoop D} D 10495 u0 1nb sojSuvi S0p DPF TJTIIF LE Mesure De LA Base pe Darmsranr. 92. Les différences ot, o195 et ot, 0069 qui existent entre les deux déterminations de BK et de EI ne paroîtront point extraordinaires, si l'on considère la difficulté qu'on à éprouvée de pointer, à cela près, les centres des boules qui surmontent les clochers, et celle, bien plus grande que les observateurs ont eue, à réduire les angles observés en K et en I, à la verticale passant par les centres des boules. En adoptant, comme on l'a fait, une valeur moyenne entre celles trouvées pour BK et EL, on a dû s'éloi- gner très-peu de la vérité. I} est probable que la me- sure directe n’auroit pas donné de meilleurs résultats. Les deux lignes BK et EE étant ainsi connues il est fa- cile d'en déduire la valeur de KE et ensuite la base dé- finitive KI. La formule suivante donnera d'abord la valeur de KE; KE’ —(KB+HBE) —4.KB x BE. Cos.’ : KBE d’où l'on tire, KEÆ+ (KB+4BE) — (KB+4BE) x (ix+ 1212 +2 M + LH etc...) ü 4. KB x BE. Cos.’ : KPBE (KB+BE ) (Delambre. Bases Syst. môtr. } Les données de la mesure et de l'observation étant T T KB — 363,880, BE—3371,053, et l'angle KBE — 160° 49' 54". Le calcul de la série sera : æ étant —= 92 10000000(0 — c60000000 — Loc6o000‘o — Lcocl60o‘o — gg019c6'1 9180/96"€ yygogl6c cLco6g6°L o6ogcyÿ's 0090090 cycycog c Logllcce &gc609çc — ,x ‘80T 0,2) ‘00 = DAT NE © *80T ——— — — IF {l ceocigr — = ÇoÿErgur — — 109 ‘2077 “uIS0r) ‘BOT © * . ÿ sop nl *80T ‘807 c ‘jduo) * *20"T L1 L2 So" ‘ se pe: (16 Lg Pc 008 gcgcelgte = ‘HA #0 ceg06g9'2 = ‘90 çcLggyoo‘o — æ' + xi+x* rt qe rt tt rt € — 8+ 90000000 0 —=,X—— ç a 8 $g8110000 0 —=,2 + Gcglgyoo‘o = x q à = "IAN * + cç6pele—= HAN ee * cgo‘rLçe—= 4 * ‘ 088'C9E — 4 JL “soud sop8rSou sopemniop xne ‘ieinsor omout oj buuop vu 91QUUEIO( “af 2P 9[MUNOZ E] 9P [uo[eS 97 6Lg'g1lg — rgçrolce — “y "SoT + co1ÇOÿIE — “So * + * + * goLçigcr — ,FY LP Ércoex — = ecL6pGer — (ag+ax) A "L109€1 —oiquon * * * + GeGceçr'o — (gg y © 50) {a X 4 ‘Ÿ) ‘80 * [M9189 UOS 19104 ‘ayouxo ojnunuoy e] 24ojdwo 11048 aoqoeur£o1qos ‘a | "JJNS 1U0 Sora sJatur -21d xnop sa[ 12 ‘oquoB1oau0 359 o19s e] 0081 9p PuSIO[D Zosse st9 90 suvp 108 GYY 2[8ue] onbront) SÉL9grLE — geçrgr — (ce6pele)— ceçcigr —(qa+aN) = 4 ‘HN ®P ano[ea ef anod ouop e uQ Mesure DE LA Base DE Danmsrapr, O0QDA0r RS" A per TO00 O0 = * * *"C TQI — —= ow CGT 18 auuwuos YYYo: o : RE A 6gOz gr — our) x 1 ‘aAnon of ‘orr9s ej ap 1U9WSS10109p np 198n{ xnorw anod iuawagedos sous SOL AUE[NOIEO RE colra9L6ç = 6LipghY— 8104186 — GL1pc4y — (AH FI) = TA ‘no, GLiveuy — = ggcelggo——* * * * ‘109 OT a cy6666gç — 8104186ç = (MA + IH) OT YogeLco‘L "#07 * * 980ÿ1100"0 — TA TE + #+ “aqisuasut — ,X — _—————— 100000000 — gçpoÿLo'r = ,X “ASUaSUt = Xe 1#07G00000(0 — c6tog1L'Y = ,x C90000000 — ,X + æyogccooo = gyiogçç'l = x ‘807 IGOŸ11000 —= + 0979€96£ = ‘uisop'#o['e * ? 67 6 ,V8 — JAN + 9110008 — "#0] & dwop * * © gro196ç—4 +14 soçiobe tp =, * AO ER". à 6Lo: g1/ç— 44 groicche = * * op * + 66ç4ÿ9s = IN 00906090 —=.ÿ 2p "#07 «(sapnuroz sawepi ) ‘TA 2AMUDPP 9SE4 ÊT IaU 1U1191 -2p anod queams ]N2]09 of & UO Cp ue] 40 Ja onb 1sure ‘quopoogad qnouo 97 ed Q 1UUSSIOUUOE) Géonpésirk 94 95 LS Mesure pe La Base pe Danmsranr. ‘sonred xnop ap osodmos 95 mb t uosteedæuos EL 9P UOnN)auoT 'C “ouuslowu tour ef ap neoatu ne uononpay S'& "4 ,€1 + ep 01100 & 60 oinuodwar e op uononpoy 2 "SAUEAINS SU01991109 Sa] J'y 8 sonbridde ouop ane} jy suostesedwo SaT suep ‘jueuoid uo more 91989] oun sanowuwoo qp E UO pue *AIOUOT 2p 2129 € sa[e$9 quowrosnoanoBix soinoy sed juos ou suoje9 sostoy so] ‘ouno ug ‘row [ 2P NE9AIU np SnSSap-ne 99A9[3 20vjans oun ans "46,0 + ojeuriou ounjesodiue) ej e 197 us as1o3 sun 994€ 2P1nS9U UWO9 9919 PISUOO 8119 109d J Y 5Eq wT Vp'i 270101 9504 7] 9pP S9/D19U98 SU01/994107) "eus e| ad guuop mJ99 994e enbrnuopr 1UJNS9 92V:9L6€ = JY oseq. uyuo 14 pe6r66ce — | 69668614 — ‘Bog * * “gpçgriger — I ID = ES hi Locgpgci = (y + 1x) ——— ‘IFI9S — 21QUON * * * oçoogcch — (‘JAY + .‘uison ‘ANA X IA ‘Ÿ) ‘So ‘auuOP 910UX9 2JUUHO} E] op qnopeo 97 96 GÉODÉSsIS=s. 1° Reduction à la température + 13.° Reaumur. Les perches employées à la mesure ont été compas rées aux toises en fer étalons, à la température moyenne + 7°,9 R. La base KT que l'on vient de déterminer est done exprimée en toises de fer à la température 7°,9. Pour la rendre comparable à celles mesurées en France, il faut la rapporter, comme ces dernières, à la toise en fer de l'Académie lorsqu'elle a une température égale à +- 13.° de l'échelle de Réaumur. Le coëfficient de dilatation du fer déterminé en France partie 5 ! ; et employé étant — 0 ,60001445 des dimensions, pour 1.° Réaumur, la réduction qu'il faut appliquer à KI est exprimée par la formule Toises. F. — 396,476. ( 13°,0— 7°,9) 0,00001445 — — 0,293. 2.° Reduction de KI à la surface de la mer moyenne. On a déduit la hauteur de la base de Darmstadt sur la mer moyenne, des moyennes barométriques observées dans cette ville et au bord de la mer. Mais le baro- mètre à Siphon employé à Darmstadt n’étoit peut-être pas comparable à celui qui a donné la moyenne au bord de la mer; et dans ce cas cette hauteur de Darmstadt ne seroit pas bien sûre. Son influence sur la longueur de la base est de oT,0016 pour chaque dixième de ligne d'erreur sur le rapport des colonnes mercurielles. D’après un grand nombre d'observations , on a adopté les résultats suivants : mètre: Darmstadt. , . o,7519 * CO rcuriel. à Hauteur colonne mercurie Lau bord de la mer—0,7659 D'où on a conclu la hauteur de la base sur la surface de la mer — 67T, environ ; or, soit r — rayon de Ja terre , à r la hauteur de la base sur la mer , on aura; K19r tn — 0,082. Je Réduction au niveau de la mer = — near s A . LA - Mesure ne La Base De Darwsrapr. 97 Je donne ce calcul tel qu'il m'a été _communiqué paë les auteurs de la mesure, sans m'être permis le plus léger changement. 3.° Correction relative aux comparaisons des perches. Cette dernière correction se compose de deux parties, (a) Les toises en fer exécutées à Darmstadt ont été comparées très-soigneusement , par un grand nombre d'expériences faites sur le comparateur , avec la toise en fer de Lenoir , exactement égale à celle de l’Académie: On a trouvé par une moyenne entre toutes ces obser: vations : ligne. Toise N° r — Toise académie — 0,0030 Toise N.° 2 — Toise académie — 0,0045 | ligne. (N° 14+ N° 2 )}—2 Toises acbléhite 5: 0075 et Ilgne x.Perche—2(N.° 1 + N,° 2)— 2. (2. Toises acad.—0,0075Ÿ Perche —Toise moy.—Toise acad,—0.0075 4 2 D'où enfin , Toise moyenne employée à la mesure de la base — Toise académie — oli8:,00375. Cette toise moyenne étant trop courte de olis:,00375 , il en résulte que la base est trop grande de la quan- Toises lg. 0.063758 tité, 3976,5 X =. (ë) Lors des comparaisons des toisés en fer avec les perches on a pris la distance des deux heurtoirs ; au - lieu de la ligne oblique que mesurent les quatre toises, “ mises bout-à-bout en coincidence; il reste à corriger la base , de l'influence de cet effet. { Nous supprimons également ici les détails de cette Sc. et arts. Nouv. ‘série. Vol. 11, N.° 2. Juin 1619. G PERS REA CSP 98 GÉODÉSIE. correction , dont la quantité totale ne s'élève qu'à o ,015 ( quinze millièmes de toise ) sur la longueur totale de la base, qui est de près de deux lieues de poste ). Toutes ces corrections diverses donnent enfin le ré- sultat suivant, pour la valeur de la base totale KI. Toises Base KE noû réduite 1. 0. |... =93976, 476 1.2 Rédaction de la température+-7°,9 à celle de + 130,0 Réaumur. + . . . . —-—0,299 2.° Réduction au niveau de la mer moyenne — 0, 082 3° Somme des deux corrections de la com- ParAisON. Ve ee «1: ——0,01 Donc enfin . base KI, distance des deux boules dorées des clochers de Darmstadt Toises et de Griesheim , exprimée en toises du } — 3976 , o86 Pérou, ou en toises en fer de l'académie à + 29 de Réaumie—...5 10e Liaison de la base de Darmstadt avec celle d'Ensisheim. La base d'Ensisheim, mesurée par Mr. le colonel Henry, avec les perches en platine du Bureau des longitudes de France, peut être considérée comme une des plus ‘étendues , des mieux situées et des plus exactes qui aient été déterminées. Les soins éclairés que Mr. Henry a apportés à cet important travail, doivent inspirer le plus de confiance. On a lié cette base à celle de Darmstadt par une chaine de dix-huit triangles primordiaux, Les angles de cette chaine ont été mesurés avec toute la précision que l'état actuel de la géodésie et de la mé- canique peuvent comporter. Tous ces angles ont été déterminés avec un cercle répéuteur de Lenoir, de seize pouces de diamètre, et ces mesures répétées de quarante à cent fois; quelque- fois davantage. à ne w” Ÿ Mesure De La Dise de Danmsrabr. 0ÿ Les angles au Mont-Tonnerré ont été observés par MM. les colonels Henry et Tranchot. Mr. Eckhardt n’a secondé dans l'observation des angles aux stations Mélibocus, Darmstadt, Calmet , Griesheim et Nierstein. Le canevas ci-joint(1) montre l’éenchaînement des deux bases qui est parfait, car le passage de la petite base de Darmstadt aux grands côtés de mes derniers trian- gles s'opère graduellement, et de manière à n'employer que des angles peu influens. Les résultats des diverses séries des mêmes angles ont tous été employés sans distinction, ni choix quelconque; dans la formation des triangles. Il n'y a pas un angle conclu dans toute celte chaîne, Les erreurs des trian- gles , toutes assez foibles et comprises en général dans les limites ordinaires, ont été réparties par tiers sur les trois angles des triangles, En un mot, l’arbitraire n’a été admis nulle part. Partant de la base d’Ensisheim, le calcul de la chaîne a donné pour la valeur de la base de Darms- D =: au 1e OO DO A0iseés Or, la mesure directe de MM. Ec- khard et Schleyermachér a fourni. 3676,086 Différence des deux déterminations. 0,116 toises, - Cet accord est parfait. Il fait l'éloge des deux mesures; “en même temps quil prouve toute l'exactitude qu'on 2 lieu d'attendre de la géodésie actuelle: Le célèbre as- “tronome à qui nous devons en grande partie la perfec- \ tion de cette science et les trayaux qui l'ont illustrée, “Mr. Delambre, nous a si bien tracé la route, que la car- rière est facile à parcourir pour tout homme doué de ce génie d'exactitude , de cet amour de la vérité, que la nature donne, mais qu'on n’acquiert point par l’ha- bitude , comme les routiniers voudroient le persuader. (x) Voyez la Fig. I G 2 / 100 GÉODÉSIE, Cette harmonie entre des travaux également impor- tans , exécutés par des observateurs également recom- mandables , est la plus douce récompense des peines , des fatigues et des privations qu'ils leur ont coûté. Au- cun prix ne sauroit égaler cette sentence impartiale de la rigoureuse géométrie. Je m'intéressois aux deux mesures, parce que j'en esti- mois les savans auteurs. J'étois persuadé d'avance de leur exactitude, mais je me défiois de moi-même. Rien ne pouvoït m'être plus agréable que le parfait accord que El trouvé. J'ai eu ma part de la satisfaction qu'il a dû causer à MM. Henry, Eckhardt et Schleyermacher. Puisse cet hommage de ma vive reconnoissance et de mon estime faire rentrer en eux-mêmes ces critiques moroses qui se complaisent à jeter le bläme et la défaveur sur des dé- terminations qui ne seront pas sans gloire pour notre époque et pour ma patrie, Que si l'on me soupconnoit de quelque complaisance , on sache enfin que, tant de ravaux supérieurs , où j'ai eu tant de part, sont restés pour moi seul sans aucune espèce de récompense. Il y a plus; des hommes étrangers à ces travaux ont hasardé des observations critiques sur les triangles les plus sûrs de cette chaîne qui lie les deux bases d'En- sisheim et de Darmstadt, et même sur la mesure de cette dernière. Je ne me permettrai aucune réflexion sur des procédés de cette nature ; je me contenterai d'engager ces critiques si difficiles et si scrupuleux, à analyser sérieusement les influences des foibles discor- dances qu'ils nous reprochent ; et si cette discussion laisse quelques traces de doute dans leur esprit, je les engage , dis-je, à se munir de meiïlleurs instrumens et à recommencer nos travaux. Les limites des deux bases sont là et n’attendent pour être de nouveau liées, que des mains plus habiles et des yeux plus exercés que les nôtres. = Decross. . D'AGET) PHYSIQUE. Ecemenrr Dr risica , etc. Elémens de physique , par _ Ranrerr Gensr, Prof. de physique dans l'Université I. et R. de Pise. 2 vol. petit 8.° de 500 pp. l'un, avec fig. pour la partie physico-mathématique. Pise, Impr. de l'Univ. 1818. ( Extrait ). ee D — Les ouvrages destinés à l'enseignement de quelqu'une des branches des sciences naturelles peuvent se ranger sous deux grandes divisions. Les uns attaquent la science à la fois en surface et en profondeur: les autres s'atta- chent sur-tout à la première de ces dimensions ; il est juste de n’exiger de ceux qui appartiennent à l'une ou à l’autre de ‘ces deux classes, que ce que leurs auteurs ont promis ; et le plus réservé dans ses prétentions n’est pas toujours le moins utile et le moins agréable à la majo- rité des lecteurs ; celle-ci sera toujours satisfaite quand on lui présentera un ouvrage régulièrement ordonné; où il n'y aura pas de profondeurs qui ne soient acces- sibles à la sonde commune; où, s'il est question d'une de ces sciences qui marchent presqu'aussi rapidement que la plume de leur historien, celui-ci aura pris un soin particulier de se mettre à jour de toutes les dé- couvertes récentes ; où il les aura exposées clairement; où l'auteur n'aura épousé sans appel aucun système; enfin, l'ouvrage d'un écrivain, dont la loyauté, à l'épreuve de toutes les séductions de l'amour-propre national, distri- buera à tous ses contemporains, à quelque nation qu'ils #ppartiennent, leur part de mérite ou de gloire; car 702 Paxsraurs. dans la république des lettres et des sciences il n’y a pas d'étrangers. = Nous avions dans l'esprit et sous les yeux les Elermens de physique du Prof. de Pise en traçant le signalement qui précède. Il s'excuse modestement dans sa Préface de les avoir mis au jour. Il dit, (ce qui est de toute vérité) que les élèves ne recoivent que peu ou point de profit des lecons qu'ils suivent s'ils n’en font des extraits ou sils n'ont, à portée, des extraits de ces mêmes lecons , rédigés par le Professeur lui-même, Il n’y a pas de chaire de mathématiques appliquées dans l'université de Pise, et un usage ancien impose aux Professeurs de physique théorique l'obligation de consa- crer la première année de leurs cours à la physique gé- nérale et à la mécanique , et de réserver pour la sui- vante les objets plus particuliers. On laisse au Professeur de physique expérimentale la charge de confirmer les théories par l'expérience. Or, de tous les cours de phy- sique publiés en Italie, l'auteur n’en connoît point de rédigé sur ce plan; il a done fallu quil y pourvût lui- même. É . L'ouvrage est divisé en deux parties, qui forment chacune un volume. La première contient sur-tout les principes de la physique mathématique; le second est destiné à ce que l'auteur appelle la physique historique, c'est-à-dire , l'exposé de toutes les découvertes impor- tanies et plus ou moins récentes, qui appartiennent à cette branche des sciences naturelles. L'ordonnance du premier volume est en rapport avec la constitution et les usages de l'université. Trois sortes d'étudians suivent des lecons du Professeur de physique ; les uns ont terminé leur cours complet de mathémati- ques; d’autres n'en ont encore parcouru que la moitié, et n'ont pas entamé les calculs supérieurs ; enfin une troisième classe d’élèves ne connoît des mathématis ques que ce que le réglement en prescrit aux étudiang és ti ELÉMENS DE PHYSIQUE. 103 en médecine, c'est-à-dire l'arithmétique, et les premiers élémens de la géométrie et de l'algèbre. L'auteur a dé- siré que son ouvrage püût servir à tous; en conséquence, il a disposé les matières dans son premier volume , de manière que chacun pût y trouver un système de doc- trine à son propre usage ; et, selon la capacité diverse des élèves , l’auteur détermine chaque année la partie qu'il se propuse d'expliquer. Le caractère typographiqwe de l'ouvrage a été adapté à cette division ; ce qui est en cicero est intelligible à la totalité ; les élèves d'une année peuvent déjà comprendre ce qui est en carac- tère de notes. L'ouvrage entier est de nature à être entendu dans sa totalité par la première classe, Le second volume, destiné à la physique particulière, est presque tout historique. « Dans l'immense collection de faits, d'opinions, d'hypothèses contradictoires, qui se succèdens en physique ( dit l’auteur } comme autant de tourbillons, il a extrait ce qui est positif et réel, sans remonter trop haut dans les annales de la science. » Dans chaque cas particulier, il a recherché les faits les mieux établis ; il expose les opinions des physiciens les plus célèbres qui ont tenté de les expliquer; et il les examine sous le point de vue critique. Rien ne pourra donner une idée plus complète et plus juste de la nature de l'ouvrage et de son utilité pour les Professeurs comme pour les élèves, que de trans- crire l'index. C'est ce que nous allons faire. 1.er vozume. Notions préliminaires. — Propriétés générales des corps. — Attraction. — Répulsion. — Gravitation et ses lois. Du mouvement et de ses lois. — uniforme — varié, — unifor- mément accéléré. Compositiun et résolution des forces appliquées à un point — à un corps — parallèle. Momens , rapportés à un axe — à un plan -— à un point. Centre d'équilibre. — Conditions de l'équilibre pour un systéme Ds 104 Prysiques. de forces appliquées à un point — pour un système de forces parallèles — pour un système quelconque. Vitesses virtuelles. — Principe et équation générale.— Equations d'équilibre pour un nombre quelconque de forces, appliquées d’une manière quelconque à un système de forme invariable. Principe dynamique de d’Alembert—application.—Centre de gra- vité — d’un corps — d’un système — méthode centrobarique. STABILITÉ DES CORPS. Mouvement des graves dans la verticale. —Ses lois tirées de l’ex- périence — par les plans inclinés. — Les pendules. — La cour- be brachistochrone — tautochrone. — Pendule composé — centre d’oscillation — mouvement des pendules — centre de percussion. Mouvement par les trajectoires ; — composition et résolution des mouvemens — mouvement curviligue. — Formule et théoré- mes généraux. — Problèmes des forces centrales. — Mouve- ment dans l’éllipse — dans le cercle — dans la parabole — dans une courbe matérielle donnée. Communication du mouvement entre les corps élastiques, et les corps mols. — Choc direct et central — choc excentrique. — Mouvement de rotation. — Centre spontanée de rotation. — Moment d'inertie. — Axes principaux de rotation. — Choc oblique. — Mouvement réfléchi. — Effets physiques de la durée du temps employé dans la communication du mouve- ment. Mouvement d'un système de corps. — Principe de la conserva- tion du mouvement du centre de gravité — de la conserva- ton des aires — de la conservation des forces vives — de la moindre action. MOUVEMENT REFRACTÉ. Gravitation universelle. — Faits qui la démontrent. — Loi géné- rale. — Attraction d’une surface sphérique par un corps dans l'intérieur — au dehors. — Attraction d’une sphère par un corps à distance — par un corps dans son intérieur — au contact — mesure et variations de la gravitation. — Force per- turbatrice dans notre système planétaire, — Perturbatiôns des ELÉMENS DE PHYsi1QuEr, 105 satellites, — Mouvement des nœuds de la lune. — Précession des équinoxes. — Flux et reflux de la mer. ) ‘Des machines en général. — Levier. — Palance. — Pressions sur les points d'appui. — Résistance des corps à la rupture. — La poulie — le tour — le plan incliné — applications — la machine funiculaire. — Chainette. — Le frottement. — Des machines en mouvement. | SECONDE SECTION. Hydrodynamique. — Hydrostatique. — Egalité de pression des fluides, — Equations d'équilibre. .— Pression des fluides homogènes incompressibles contre les parois des vases. — Pression contre les solides plongés. — contreles corps qui surnagent. — Hydromètre. — Stabilité des corps flottans. Machines hydrostatiques — le baromètre — les pompes. Hydraulique. — Sortie des fluides par de très-petits et par de grands orifices. — Mouvement de l'eau dans les coursiers et les conduits. — Choc et résistance des fluides contre les so- _lides, — Théorie des fleuves. — Machines hydrauliques. Vozuxe II. Introduction, Principe de la philosophie chimique. Car. I. Du calorique. — Ses propriétés principales. Propriété expansive. — Thermomètres. — Lois et effets de la dilatabilité des solides » des liquides, et des fluides élastiques, — Causes des divers états sous lesquels se présentent les corps. Propriété calorifique — cause qui font varier la température des corps. — Du chaud et du froid. Propriété diffusive. — Lois du réchauffement et du refroidisse- ment des corps. — Substances plus on moins conductrices de: la chaleur. — Calorique latent, — calorique rayonnant, — Chaleur animale — chaleur spécifique. Combustibilité. — Conditions et effets de la combustion. — Rapports qui existent entre la combustion, et la respiration des animaux. Nature du calorique — est-il ou non une substance? — est-il pesant ? Système des physiciens sur le calorique. — Théorie de Stahl — _de Crawford. — Pneumatique — examen des théories. Crar, IL. De l'électricité — manière de l'exciter. — Division des Corps sous le rapport des facultés électriques. — Machine élec- 106 Paysirques. rique. — Diverses espèces d'électricité. — Phénomènes élec- triques. ; À Attractions et répulsions. — Balance de torsion. — Electromètres — Lois — effets de l'attraction électrique. Apparences lumineuses — étincelles et leurs effets — bouteille de Leyde — batterie électrique — quarré magique. ‘Atmosphères électriques — expériences — théorème fondamental de la doctrine des atmosphères — condensateur — doubleur d'élec'ricité — phénomènes de la bouteille, et de l'électricité en retour, expliqués par la doctrine des atmosphères. — Electrophore. Hypothèses sur la nature et le mode d'action de l'électricité. — Système de Franklin — de Symmer — comparaison. L Electricité naturelle — poissons électriques. — Electricité atmos- phérique. — Appareils pour en observer les phénomènes. — Résultats des observations. — Explications des phénomènes. Cuar. IL. Du galvanisme. — Expériences sur les grenouilles — sur les autres animaux, — Hypothèse de Galvani — de Volta. Découverte, description, effets , et théorie de la pile voltaique. — Explication de ses effets chimiques. — Pile sèche — pile secondaire de Ritter. — Hypothèse sur le mode d'action et sur le développement de l'électricité par contact. Cnar. IV. Des fluides élastiques , et particulièrement de l'air. — Origine de la chimie pneumatique. — Nature des gaz en gé- néral. — Gaz oxigène, — Gaz azote. — Gaz hydrogène — variété fournie par la nature. — Phénomènes de la combustion du gaz hydrogène. — Lampe de sûreté. — Gaz nitreux. — Gaz acide carbonique. — Gaz oxide de carbone. — Gaz am- moniaque. — Gaz acide muriatique. — Gaz chlore. — Gaz acide sulfureux. — Gaz acide fluorique. Mélange des gaz. — Analyse de l'air. Pesanteur de l'air. — Baromètre — sa théorie — du syphon. Elasticité de l’air — sa loi — ses effets. L'air a-1-il de la saveur , de l'odeur , de la couleur ? Formation des vapeurs — leur force élastique. — Humidité de l'air. — Hygromètre. — Effets de l'air sur la machine animale. — Eudiomètres. — Comment les animaux respirans vicient l'air. — Moyens de le purifier. ELÉMENS DE PHYSIQUE. 107 : AT Nous avons eu deux motifs en publiant textuellement l'index qui précède; le premier, de donner l'idée exacte de l'étendue du champ qu'a embrassé noire auteur; le second, de faire par occasion quelques réflexions sur l'importance de l’ordre dans les ouvrages didactiques. Il est évident, à la lecture de l'index qui précède, qu'un ouvrage qui renferme autant d'objets dans deux volumes d’un assez petit format ne peut guères être antre chose qu'un index raisonné, un sy//abus , fait pour être expliqué, développé par le Professeur. Le talent du Rédacteur se montrera s'il a su recueillir tout ce qui est essentiel à la science , l’amener a jour et parler de chaque objet avec clarté et avec tout le détail que peut comporter le cadre étroit dans lequel il a voulu se ren- fermer. Nous nous plaisons à reconnoïtre dans l'auteur ces deux genres de mérite ; mais celui de l'ordre , mé- rite éminent , et pour ainsi dire de rigueur dans un ouvrage du genre du sien, ne nous semble pas lui ap- partenir au même degré; les deux volumes offrent des exemples qui justifieront peut-être ce que nous avan- cons à cet égard, Dans le premier, dès la page 25 il est question de Ja gravitation et de ses lois ; mais l'auteur passe de là aux lois du mouvement et à tous les principes dyna- miques et à leurs conséquences , pour ne revenir à la pesanteur et au mouvement des graves qu à la page 160. Il abandonne ce sujet à la page 197 sans l'avoir épuisé, car il y revient à la page 309, après avoir introduit dans l'intervalle, des objets tout-à-fait étrangers à la pesan- teur, tels que les lois du choc des corps, etc. Dans le même volume, on trouve le baromètre parmi les machines hydrostatiques ; on le retrouve ensuite dans le second volume ; mais encore là n'est-il pas à sa place, pon plus que le chapitre entier sur l'air, qu'on ne ren- 108 PHrsirquez# #4 contre que vers la fin du livre! et qui auroit dû être l'un des premiers, car on sait combien la pression at- mosphérique , et toutes ses conséquences influent sur presque tous les phénomènes physiques, sur le jeu de tous les appareils physico-chimiques, etc. Nous remar- quons en passant que, dans la classification des pompes, l'auteur a omis la pompe soulevante dans laquelle la pres- sion atmosphérique n’entre pour rien, et qui est fré- quemment employée dans les grandes machines hydrau- Jiques. Non-seulement l’ordre des chapitres ou des divisions générales nous semble interverti, mais dans ces chapitres même, ce défaut se remarque; ainsi , dans celui de l'é- léctricité, la théorie des atmosphères électriques , théorie fondamentale et sans laquelle on est dans l'obscurité dès les premières expériences d'attraction et de répulsion, cette théorie, disons-nous, n'arrive qne cinquante pages après qu’on est entré dans le sujet. Ainsi encore, on trouve à la page ror du second volume, la chaleur animale ; les rapports entre la combustion et la respira- tion à la page 136; et à la page 424, comment les ani- maux vicient l'air dans lequel ils respirent. Ce défaut n'empêche pas, dans notre opinion, que le livre du Prof. de Pise ne soit bon et utile, soit pour enseigner, soit pour apprendre; et si, comme on peut le présumer, le besoin d'une seconde édition ne tarde pas à se faire sentir, nous l'invitons à dorner une atten- ton plus particulière qu'il ne l’a fait aux déplacemens que nous venons d'indiquer, et à quelques autres qui ne lui échapperont pas lorsqu'il reverra son ouvrage dans le bat particulier dont nous parlons. Nous croyons qu'a- lors , les critiques les plus sévères n'y trouveront pas a glaner. Nous remarquions avec regret, que beaucoup de sec- tions importantes étoient entièrement omises , telles que l'optique, l'acoustique, le magnétisme , etc, lorsque nous SUR LES PROPORTIONS DÉTERMINÉES. 109 avons été rassurés par l'expression finale Fin pu Towe II. Elle fait espérer une suite ; et nous partageons l’impa- tience des amateurs qui l'attendent. GE De. CR EE CE UE LD CRIE RE © NEED MIE ASIA SCIE DAMES VOICE CHIMIE. Ugser Dre Vernzrnisse, etc. Des proportions et des lois d'après lesquelles se combinent les élémens des corps, par S. L. Farcrner, Docteur en Philosophie et en Médecine et Membre de la Société Helvétique des Sciences naturelles. Bâle 1819. ( Extrait). A AR RTS Ox sait que les auteurs aliemands qui écrivent sur les sciences, ont une disposition particulière et un talent heureux, pour recueillir, à mesure que celles-ci font des progrès, les matériaux qui s'entassent naturellement sans ordre ; pour les classer, les coordonner , de ma- nière à former dans chaque branche un ensemble plus æu moins régulier qui facilite l’étude , et épargne beau- coup de temps et de peine au lecteur qui désire être à la suite des découvertes principales. Ce service n'est point assez aprécié hors de l'Allemagne. Nous avons eu plus d’une occasion de le mettre en évidence : le besoin de ce genre de travail se faisoit sentir dans cette branche arithmétique de la chimie qui acquiert des développe- mens rapides et journaliers , et qui deviendra proba- blement un grand arbre. C'est pour la seconde fois que nous y revenons dans ce Recueil , et ce n'est pas trop si l'on considère l'importance radicale de la théorie des proportions déterminées dans les composés chimiques de différens ordres, 110 CRIME. Après une courte préface, l’auteur entre én matière; en rappelant à ses lecteurs , les lois qui serviront de base à son travail. Il exprime la première, due aux re- cherches du savant Gay-Lussac , en ces termes : « Les corps gazeux susceptibles de se combiner chimiquement, s'unissent en proportions simples de leurs volumes res- pectifs, et dans les cas où il y a condensation, le vo- lume condensé est également en rapport simple avec le volume primitif.» Ainsi, cent mesures d'ammoniaque contiennent cent cinquante mesures d'hydrogène, et cin- quante mesures d'azote; c'est-à-dire que les volumes res: pectifs des composans sont entr'eux :: 3 : r et que le volume condensé de l'ammoniaque est à celui des deux gaz qui le composent :: 1 : > La seconde loi appar- tient à Berzélius, qui a prouvé, que tous les corps oxigénés, susceptibles de s'unir entr’eux, entrent dans ces combinaisons en proportions telles, que les quantités d’oxigène qu'ils contiennent se trouvent en rapport sim- ple. Ainsi, par exemple , dans tous les sels neutres, l'oxi- gène de l’acide est en proportion simple avec celui de la base; et dans les acides composés de deux élémens et d'oxigène , ce dernier gaz se partage de même en proportion simple, entre les deux corps élémentaires. L'auteur désigne par la suite ces lois par les noms de loi de Gay-Lussac et loi de Berzélius. PREMIÈRE PARTIE. Le premier paragraphe est consacré à la recherche de la composition de l’eau. Ce corps contient, en volume, zoo mesures d'oxigène et 200 mesures d'hydrogène, ce qui, d’après les pesanteurs spécifiques de ces deux gaz, donneroit en poids 110359 d'oxigène, et 14642 d'hydro- gène, Cette proportion n'ayant point la simplicité con- venable , l’auteur en cherche une autre dans la série fracuionuaire +, +, —, etc. qui converge vers 4%. Il SUR LES PROPORTIONS DÉTERMINSES, SIt s'arrête à celle de , et établit que l’eau contient en poids sur dix-sept parties, quinze d'oxigène et deux ’ à d'hydrogène. 61,2 De la composition de l'acide nitrique, de l'azote, de l'am moniaque et de l'air atmosphérique. L’acide nitrique est composé de 300 mesures d’oxi- gène et de {oo mesures de gaz nitreux ; mais comme ce dernier contient exactement sut 400 mesures 200 me- sures d’oxigène et 200 d'azote , il en résulte que l'acide nitrique est réellement composé de 5oo mesures d’oxi- gène et de 200 d'azote. La pesanteur spécifique de l'a- zote est à celle de l’oxigène :: 96913 :110359, c'est-à- dire, plus grande que les trois quarts, Il s'en suit que dans l’acide nitrique, cinq parties, en poids, d’oxigène doivent être unies, à moins de deux parties et plus d'une et demie, en poids, d’azote; c'est-à-dire , que sur 100 parties d’acide nitrique , il y en a plus de 91 et moins de 77, d'oxigène. Nous savons de plus, que 100 parties d'acide nitrique neutralisent une quantité de base, dont l'oxigène est à-peu-près 14,8, et comme par la loi de Berzélius , l'oxigène de l'acide doit être en rapport simple avec celui de la base, ce rapport, d'après nos limites précédentes, ne peut être que de 5:r, ce qui donneroit 5 X 14,8 —74 d'oxigène , contre 26 d’azote, pour 100 d'acide nitrique, De plus, l’analogie de l’ammoniaque avec les autres bases salifiables étant telle qu'on ne peut s'empêcher d'y admettre une certaine quantité d'oxigène , ne pourroit- on pas penser que ce principe est contenu dans l'azote lui-même , et considérer ce gaz comme une combinaison d'oxigène et d’un radical inconnu ? En effet, les consi- dérations suivantes sur le nitrate neutre d'ammoniaque, semblent montrer que ce n’est point dans l'hydrogène 112 CHImIrE. que l'oxigène de l’ammoniaque pourroit être renfermé. Ce sel exposé à la chaleur se convertit entièrement en eau et en gaz oxidule d'azote : or, si l'acide nitrique contient à-peu-près sur 100 parties , 74 d'oxigène et 26 d'azote, l'oxidule d’azote doit contenir un cinquième de cette quantité d'oxigène, puisque dans l’acide ni- trique, 100 mesures d'azote sont unies à 250 mesures d'oxigène ; et dans l'oxidule la même quantité d'azote n'est combinée qu’à 50 mesures de ce gaz. Il en résulte que pour 100 parlies de l'acide du sel, l'azote retient pour se convertir en oxidule 7 parties d'oxigène., et quil n'en reste pour la déco tion de l'a RÈRE que 74 — {— 59,2. La quantité d'ammoniaque neutra- lisée par 100 parties d'acide nitrique contient à-peu-près 26 d'azote et un peu moins de 6 d'hydrogène. Ces 26 d'azote exigent de nouveau 7 — 14,8 parties d’oxigène pour se convertir en oxidule, et il ne reste, pour ré- duire en eau 6 parties d'hydrogène, que 59,2 — 14,8 — 44,4 d’oxigène ; ce qui, comme l'on voit, est. très- rapproché des proportions indiquées ci-dessus , comme étant celles des élémens de l’eau. D’après notre sup- position , ces 32 parties d'ammoniaque doivent conte- nir 14.8 d'oxigène , comme toute autre base capable de saturer 109 parties d'acide nitrique. Or, de ces 14,8 parties, 6 tout au plus peuvent se trouver dans l'hydro- gène , qui ne pourroit pas contenir plus que son poids d’oxigène , et 8.8 zout au moins doivent exister dans l'azote. Comme dans le nitrate d'ammoniaque, la base contient à très-peu-près autant d'azote que l'acide, nous voyons que sur 100 parties d'acide nitrique , outre les 74 parties d'oxigène déjà connues, nous en devons comp- ter au moins encore 8,8 contenues dans l'azote, c'est- à-dire 82.8, et tout ce que l'hydrogène en contiendra de plus que son propre poids. En cherchant maintenant un nombre en rapport simple avec 14,8, qui ne soit vai plus petit que 82.8, nous trouverons 88,8 comme représenter Ld SUR LES PROPORTIONS DÉTERMINÉES. 113 représentant très-probablement le poids de l'oxigène de 100 parties d'acide nitrique. Les 26 parties d'azote de cet acide contiendroient donc 14,8 d'oxigène, de même que les 26 parties d’azote de l’ammoniaque; et par con- séquent il n'y auroit point d'oxigène dans l'hydrogène de ce dernier, D'après tout ce qui précède, l'acide ni- trique contiendroit , sur 100 parties, 88,8 d’oxigène et 11,2 du radical de l’azote ; ou mieux en proportion simple 8 d’oxigène et 1 de ce radical, que l’on peut nommer zitricum, d'après Berzélius. L'azote lui-même seroit composé de trois parties de nitricum et de quatre parties d'oxigène , quantité qui est, à celle nécessaire pour convertir le nitricum en acide nitrique :: 1:6. D'après la composition admise ci-dessus pour l'acide mitrique , les pesanteurs spécifiques de l'azote, de l'oxi- gène , et de l'hydrogène sont entr'elles :: 13::15:r, De là , l'ammoniaque est composé de 8 d'hydrogène et de 35 d'azote; ou bien, de 8 d'hydrogène, de 15 de nitri- cum, et de 20 d'oxigène. La combinaison des deux pre- miers corps constitue la base de l'ammoniaque , que Von peut nommer ammonium ; pour la distinguer de l'alkali lui-même. L'air atmosphérique seroit composé de 80 mesures. d'azote et de 20 mesures d’oxigène, formant r00 mesures et son poids spécifique seroit 13 =, l'hydrogène étant 1. En prenant pour unité l'air atmosphérique , on aura la table-suivante de pesanteurs spécifiques. Hydrogène æ— 0,074074 Gaz ammoniaque 0,597222 a La vapeur d'eau — 0,62962y L'azote — 0,972222 L'oxigène DR RUE OU Les estimations données plus haut satisfont aux lois = de Gay-Lussac, puisque l'oxigène contenu dans 100 me. Sc. et arts. Nouv. série, Vo], 10. N° à. Juin 1819. H a14 CHIM:ez. sures d'azote donnerait, s'il étoit libre, 5o mesures, et qu'il est clair que si le volume inconnu du nitricum, représenté par æ, donne , avec 5o mesures d'oxigène, une proportion simple , la somme des volumes primi- üfs x + bo doit être aussi en rapport simple avec 100, volume de la combinaison. De même dans l’ammo- niaque , l'on trouve que l'hydrogène et l'oxigène sont entr'eux en volume :: 6:1. Les calculs de d'auto se vérifient de mème par la loi de Berzélius. En effet , si nous prenons 534 parties de nitrate neutre d’'ammoniaque , cette quantité de sel contiendra 40 parties d'acide et 129 parties d’alkali.L” acide sera composé de 45 nitricum + 360 oxigène ; et l'al- kali, de 60 oxigène, + 45 nitricum , + 24 hydrogène; et, par conséquent, l’oxigène de l'acide sera à celui de la base :: 1:6. En décomposant de la même manière Ja combinaison formée par l'acide pernitreux et l'ammo- niaque , remarquable par sa réduction totale en eau et en azote par l'action de la chaleur, l'on trouve la pro- portion de l'oxigène de l'acide et de la base :: 1:4. On trouve, dans le troisième paragraphe, le tableau suivant des oxides de nitricum connus jusqu'ici. L'azote est formé de 3 p. nitricum +- 4 p. oxigène. L'air atmosphérique, 3 . . , . . + 6. . 7.4 Aroxidule: d'azote 9" uv on) NS Le gaz nitreux 31.0 ol ht LINE L'acide pernitreux 3 . . . . . H+16.:.:4 1 4 L'acide nitreux D ST Ida OL, RATE L'acide nitrique LU ae AE AE EST Re L'on voit dans cette table, que la quantité de nitricum restant la même, les proportions d'oxigène qui s'y unissent sont comme la série des nombres 4, 6, 8, 12, etc. qui sont tous multiples de 2, L'on est par-là naturellement. porté à croire que ceux des multiples de 2 qui man- quent dans ‘cette table , ont aussi probablement une SUR LES PROPORTIONS DÉTERMINÉES. 115 existence indépendante , soit quelque fixité caractéris- tique dans leur union avec d'autres corps. * La substance couleur d'olive, qui se forme lorsqu'on chauffe du potassinm bien sec dans du gaz ammoniaque desséché , paroît devoir remplir un des vides que laisse- roit la table. En effet, d'après les recherches de MM. Thénard et Gay-Lussac, d'une part, et de Mr. Davy, de l’autre, le potassium dégage par son action sur l'ame moniaque, une quantité d'hydrogène égale à celle que la même quantité de métal en développeroit en agissant sur l'eau : cette portion d'hydrogène est en même temps égale, d'après Davy, au tiers de la somme totale de ce gaz contenu dans d'ammoniaque décomposé , tandis que le reste de l'hydrogène, et tout l'azote, entrent en com- binaison avec le potassium. En calculant, d'après ces données , on trouvera que la substance olive est un composé de potassium , de nitricum et d'ammonium oxidulés , dans lequel trois parties de nitricum sont unies à deux parties seulement d'oxigène. Dans le $ 4. l'auteur s'occupe de la composition des acides muriatique , et muriatique oxigéné. Après s’être appuyé de l'autorité de Berzélius pour rejeter l’hypo- thèse qui considère l'acide muriatique oxigéné, commé un élément , l'auteur admet dans le gaz muriatique sim- ple, le quart de son poids d'eau, en se fondant sur ce que ce gaz est formé de parties égales en volume d'hy- drogène et d'acide muriatique oxigéné, En retranchant de deux cents mesures de gaz muriatique ordinaire, le poids des cent mesures d'hydrogène qu'il contient, on obtient le poids spécifique de l'acide muriatique oxigéné = 2,444; et comme, dans cent mesures de ce dernier sont contenues cinquante mesures d'oxigène en excès Von obtient, pour proportion en poids de l'acide sec à l’oxigène en excès, 17,9. D'après l'analogie on doit, selon lui, admettre que Lacide muriatique est composé d'un radical inconnu et X 2 116 Cr e arir Vs d'oxigène , de manière que ce dernier soit en rapport simple avec celui de la base que l'acide peut saturer, Mr. Berzélius a cru devoir regarder cet oxigène comme double de celui de la base ; l’auteur, en adtnettant cette conclusion, considère l'acide muriatique comme composé de sept parties du radical inconnu et de dix parties d’oxigène ; et l'acide muriatique oxigéné, de sept parties du radical, et de quinze parties d'oxigène. Cette com- position satisfait à la loi de Berzélius ; car dans le mu- riate d’ammoniaque, l'oxigène de l'acide et à celui de la base :: 2:17. Le chlorine, qui se décompose par l’action de la cha- leur, de manière que cent mesures donnent quatre-vingts mesures de gaz muriatique oxigéné et quarante mesures d'oxigène , seroit composé , d'après ce qui précède, de sept parties de radical muriatique et de vingt parties d'oxigène, L'acide chlorique de Gay-Lussac ou l'acide muriatique sur-oxigéné, contient six fois autant d'oxigène que l'acide muriatique oxigéné , et sera composé de sept parties du radical muriatique et de quarante parties d'oxigène. En réduisant en table les oxides de ce radical, nous aurons : -. . Q e CL] e e e . 7 part. radic. mur, +15 p. oxig. Acide muriatique sec 97 . 4 : ,.. . . HIO ON © Acide muriat, oxigéné 7 . . . « « . . 10 . . Œuchlorme: 4.) 2" d'en. à 2 0 CF IOTE ES PTT 4 ae D AAA à OMS TE D 006$ ae de MOD «Pi ec CE Ne 4 PREORP IESR EREGE T R te à he L L L L L . L e 2e L2 * » . . e - . Le . . . . e L Acide chlorique . . On voit que, pour des quantités égales de radical, les quantités d'oxigène suivent une progression, dont tous les nombres sont multiples de cinq. On a donné à l'échelle plus d'extension que ne comportent les oxides déjà connus , sans affixmer cependant que iaus les vides . SUR LES PROPORTIONS DÉTERMINÉES. 117 doivent être remplis par des combinaisons réellement existantes dans la: nature. Probablement, pourtant, la sixième place est occupée par l'acide contenu dans le sel blanc, qui se forme lorsqu'on dégage le gaz muria- tique oxigéné dans une solution alkaline foible, Cet acide paroît, au reste, semblable à la vapeur blanche que Mr. Davy a séparée par l'acide nitrique, du muriate sur- oxigéné de potasse, et Mr. Chenevix, du même sel, au moyen de l'acide sulfurique étendu. Les $ Get 7 sont consacrés aux combinaisons du soufre, Le gaz hydrogène sulfuré contient une quantité de soufre dont le poids est précisément double de celni de l’oxigène nécessaire pour convertir son hydrogène en eau; ce qui donne pour sa composition quinze parties de soufre et une d'hydrogène. D'après la loi de Gay- Lussac le volume des quinze parties de soufre, sup- posées réduites à l'état de gaz , devroit être en rapport simple avec le volume d'une partie d'hydrogène, que nous regardons comme égal à x. L'acide sulfureux gazeux contient autant de soufre que d'oxigène, en poids. En prenant un poids de quinze d'oxigène, son volume sera égal à celui d'un d'hydro* gène; et par conséquent le volume de quinze d'oxigène est aussi en proportion simple avec le volume des quinze parties de soufre, réduites par hypothèse à l’état gazeux. Aussi , la pesanteur spécifique de l'acide sulfureux est- elle double de celle de l’oxigène; et ce gaz occupe Île même volume que l'acide sulfureux. En combinant l'acide sulfureux à lammoniaque , on trouve le rapport de l'oxigène de la base à celui de l'acide :: 1: 2;ce qui satisfait entièrement à la loi de Berzélius. | L'acide sulfurique étant formé de cent mesures d'a- cide sulfureux et de cinquante mesures d’oxigène, la composition en poids doit être évaluée à deux de soufre et trois d'oxigène: 118 CHirmis. Dans le liquide sulfureux du Dr. Thomson quon obtient, soit en traitant l’acide muriatique oxigéné par le soufre, soit en distillant du soufre avec du sublimé, . on trouve dix-sept parties d'acide muriatique et quinze parties d'un oxide de soufre où deux parties de ce corps sont unies avec une d’oxigène. L'union de l'acide muriatique oxigéné avec le double plus de soufre que dans le liquide de Thomson, donne l'exemple d'un oxidule de soufre contenant quatre par- tes de ce corps pour une d'oxigène. Ainsi donc, la table des oxides du soufre sera : Oxidule de soufre 4. Soufre + 1 Oxigène. Oxide de soufre #42 50... “E à 4 4. Acide sulfureux 4. . . . + 4 Acide sulfurique 4. . . . + 6 . 0 CA. Dans le $ 8 consacré à l’examen de l'iode et de son acide , l'auteur regarde comme très-probablement fautive la pesanteur spécifique admise pour l'acide iodique ga- zeux — 4,443;.et par une suite de raisonnemens, il croit devoir la porter à 4,481481. Cette grande diffé: rence pourroit s'expliquer, suivant Jui, par la difficulté de séparer entièrement de ce gaz , l'eau hygrométrique, qui doit tendre à diminuer le poids spécifique. L'iode seroit composé sur deux cent quarante parties de deux cent vingt-cinq parties d'acide sec et de quinze parties d'oxigène, et par l'addition de deux parties d'hydrogène, donneroit le gaz acide iodique ordinaire. Par une telle composition , l'iode auroit l'analogie remarquable avec l'hydrogène sulfuré, d'être formé d’acide iodique sec et d’oxigène, dans la même proportion que ce dernier gaz, de soufre et d'hydrogène. Les $ 9 et 10 traitent des combinaisons du carbone. Cent mesures d'acide carbonique contiennent précisé- ment cent mesures doxigène. Le gaz oxide de carbone contient, sur cent mesures, cinquante mesures d'oxigène SUR LES PROPORTIONS DÉTERMINÉES. 119 et par l'addition de cinquante autres mesures il est ré- duit à cent mesures d'acide carbonique, d’où l'on voit que ce dernier acide contient pour la même quantité de charbon précisément le double autant d'oxigène que l’oxide de carbone. En employant la méthode des séries fractionnaires, mentionnées plus haut, l'auteur arrive à regarder l'acide carbonique comme composé de dix parties de carbone et de vingt-sept d'oxigène, et l'oxide de carbone de dix de carbone et de vingt-sept d'oxigène. Cent mesures de gaz hydrogène carboné exigent deux cents mesures d’oxigène pour leur combustion et l'on obtient cent mesures d'acide carbonique. La moitié de loxigène étant donc employé à former de l'eau 1l doit y avoir deux cents mesures d'hydrogène dans les cent mesures mises en expérience; et en réduisant les volu: mes en poids, on trouve l'hydrogène carboné composé de neuf d'hydrogène et de vingt-cinq de charbon. Cent mesures de gaz oléfiant ( gaz hydrogène percar- boné } exigent 300 mesures d'oxigène pour leur com- bustion, et il se produit 200 mesures d'acide carbonique, ce qui donne pour la proportion des élémeus 9 hydro- gène et 5o charbon. En comparant les combinaisons du carbone avec l'oxigène et l'hydrogène , on trouve que pour des poids égaux de charbon, l’acide carboni- que et le gaz hydrogène carboné contiennent l'oxigène et l'hydrogène dans les proportions convenables pour former de l'eau ; et qu'il en est de même pour l'oxide de carbone et le gaz oléfiant. Il en est ainsi des au- tres substances, car l’oxide de soufre du liquide. de Thomson répond à l'hydrogène sulfuré ; l'acide per- nitreux à l'ammoniaque etc. Peut-être même cette loi s'étend-elle aux combinaisons des corps de nature dif- férente , et par exemple, le second des oxides du soufre est dans ce cas avec l'hydrogèrre carboné; et le troisième avec le gaz oléfiant, Cela engageroit à admettre plu: sieurs combinaisons différentes de soufre et de carbone, 120 Cn1imirs. dont l'auteur offre le tableau , en même temps qu'il découvre l'une d'elles, dans l'alcohol de soufre ( carbure de soufre ) analysée par MM. Berzélius et Marcet. En revenant à l'acide carbonique , l'on trouve qu'il se réunit à l’'ammoniaque de manière à ce que l'oxigène de l'acide est à celui de la base :: 2 : 1, ce qui con- firme la composition donnée ci-dessus. Dans l'acide double, formé en exposant aux rayons so- laires 100 mesures d'oxide de carbone et 100 mesures de gaz muriatique oxigéné, le poids des principes cons tituans est sur 829 parties, 100 de charbon + 270 d'o- xigène +- 189 de radical muriatique. Cet acide saturé d'ammoniaque donne, pour la proportion des quantités d'oxigène 2 : 1. L'auteur termine la première partie de son ouvrage par quelques considérations générales sur la méthode qu'il a suivie. Il fait remarquer qu'il n’a employé pour base de ses calculs, que les observations de pesanteur spécifique, dues pour la plupart à Mr. Biot; et que les corrections qu'il a cru quelquefois pouvoir y faire , ne tombent que sur les seconde et troisième décimales , auxquelles commencent Îles chances d'erreur dans l’ob- servation directe. Il propose aussi de suivre la marche inverse de celle qu'il a tracée et de: commencer par re- chercher la composition approchée ; par exemple, du nitrate neutre d'ammoniaque; et en remontant ainsi on s'assurera qu'aucune autre proportion que celle qu'il a fixée ,ne pourroii satisfaire aux lois. Il finit en remar- quant que les décimales qui expriment les pesanteurs spécifiques des gaz , s'étendent à l'infini et deviennent bientôt périodiques ; on distingue en particulier les gaz carbonés, dont la période n’a pas moins de vingt- sept chiffres , formés d'une manière si simple, que l’on peut le regarder comme une curiosité de l'arithmétique , s’il n'y à pas dans ce type uniforme pour tuus ces gaz, quelque chose de plus qu'une simple curiosité, ( La suite dans un prochain cahier. ) (* tar -) HISTOIRE NATURELLE. Dsscrrzioxe petr Era. Description de l'Etna; histoire de ses éruptions, et catalogne de ses produits. Par l'abbé F. Ferrara, Prof. de physique dans l'Université de Catane, Intendant royal des antiquités de Sicile , Dr. de philosophie et de médecine , membre de plu- sieurs académies. { Palerme 1818. Un vol. in-8, avec fig.) ( Extrait ). L'asonnancs des matériaux qui s'accumulent sous nos mains ne nous laissant pas espérer de reprendre aussi promptement que nous le désirerions , l’analyse des di- vers ouvrages du savant naturaliste Sicilien annoncés dans le cahier précédent de ce Recueil , nous occupe- rons aujourd'hui nos lecteurs du plus récent de ces écrits; il joint à ses autres mérites celui de la nou- veauté, qu'il perdroit, si nous le laissions attendre son tour. L'auteur l'a divisé en quatre parties. La première est purement descriptive; dans la seconde, on trouve l'his- toire ancienne et moderne de l’Etna; la troisième est toute minéralogique ; enfin, la dernière renferme les hy- pothèses ou les conjectures qu'on peut former sur l'ori- gine des phénomènes que présente cette montagne, On ne peut la signaler avec plus de justesse et en moins de mots que ne le fait l’auteur, dès l'entrée.« L'Etna, dit-il, ce volcan fameux, brûle non loin des bords de Ja mer vers le milieu de ce côté de la Sicile qui fait face au levant. Les matières solides qu'il a vomies pen- : dant des siècles ont formé autour de son cratère une mon 122 HisTOIRE NATURELLE. tagne immense , de forme conique, qui partant d'une base presque circuhaire, de cent vingt milles de tour, s'élève, en diminuant toujours de diamètre, et parfaitement iso- lée, porte sa cime orgueilleuse dans les hautes régions de l'atmosphère où, tantôt elle se perd dans les nues, tantôt elle s’en dégage pour les dominer et lancer vers la voûte azurée des masses énormes de matières solides incandescentes , des tourbillons de flimme et de noire fumée , etc, » Les pentes du cône irrégulier que présente la mon- tagne sont sillonnées de vallées larges et profondes , dont les flancs déchirés peuvent aider l’observateur à étudier Thistoire des éruptions. Tout est là matière brülée ; les courans de laves qu'on distingue facilement sont tous inclinés à l'horizon, et indiquent, par leur parallélisme sur les deux côtés de la vallée, que celle-ci est une solution de leur continuité ; on en trouve même des restes , en masses énormes , au fond de chaque vallée, où elles résistent à l'érosion des torrens; et tandis que ceux-ci emmènent à la mer les débris des éruptions an- ciennes , le cratère vomit de nouvelles laves, que la série des siècles verra déchirées et ‘entrainées à leur tour. Après avoir rapporté quelques-unes des hauteurs âttri- buées à l'Etna par différens voyageurs, résultats qui, pour l'honneur de ces voyageurs, ou pour celui du baromètre, nous semblent différer un peu trop les uns des autres, auteur s'arrête à 10198 pieds de France. L'observation de De Saussure , en 1773, calculée d'après notre formule. { Bibl. Brit. T. 44 p. 36 ) donneroit 98 pieds de moins. Cette élévation, combinée avec la latitude de la mon- tagne ( 37° 51°) produit sur ses flancs, de la base au sommet, une singulière variété de températures moyen- nes, et comme autant de climats très-prononcés. La ré- gion inférieure ( dite première région ) forme ; sans au- cun doute, l'un des plus beaux pays de la terre. « Les Descriprion DE L'ETwaA. 123 hivers n'y sont ( dit l'auteur ) que de légers et courts sommeils de la nature, le printems reprend bien vite ses droits et les fleurs reparoissent dans cette riche contrée. Ce printems se conserve sous l'ombrage. des bois qui couvrent la seconde région , tandis que le so- leil d'été dessèche la première. Dans la troisième, les nuits d'été sont aussi froides que celles de l'hiver dans la région inférieure. Il n'est pas rare de voir en hiver l'Etna couvert de neige, du sommet jusqu'à la base; mais à des épaisseurs, et avec une durée très-différente. Il en tombe jusqu'à dix pieds au sommet, et quelques pouces vers le pied ; celle-ci disparoît bientôt, mais à la cîme et dans les cavernes naturelles des vallées profondes. elle est per- pétuelle (1). Les anciens ont souvent célébré ce prodige des neiges et des glaces éternelles qui ceignent un som- ‘ mêt enflammé. La région froide est exposée à des changemens très- brusques dans la température et à des bourrasques vio- lentes. L'air y est d'une transparence extraordinaire ; les rayons solaires ne le réchauffent que peu; mais en re- vanche le sol noirâtre acquiert beaucoup de chaleur par cette même cause; il la communique à l'air contigu, qui se dilate et s'élève; l’air plus froid prend sa place, et il s'établit ainsi une circulation, plus ou moins mo- difiée par les accidens de forme et de couleur du sol, (x) Les habitans de la plaine, qui en font grand usage en été pour rafraichir leur boissons, la conservent dans des grottes ou galeries souterraines situées vers le milieu de la montagne. — Ils l’entassent en dos d'âne, et la recouvrent d’une couche de « sable sec, sur laquelle ils mettent des feuilles sèches. On con- serve ainsi la neige et la glace pendant tout l'été dans une région de moyenne température; el ces moyens de se rafraichir sont fournis par la même montagne qui vomit l'incendie par intervalles. (A) 194 HISTOIRE NATURELLE La première évaporation de la rosée du matin, facilitée par la plus grande rareté et la moindre pression de l'air dans les régions élevées de l’Etna, y produit vers le lever du soleil un froid piquant qui affecte sur-tout les jambes et les pieds des voyageurs. Nous trouvons ici une observation qui semble appuyer la conjeciure que nous avons énoncée dans notre der- nier résumé des observations météorologiques faites au St. Bernard; c'est que les grandes secousses atmosphé- riques commencent dans les couches supérieures, et se propagent de haut en bas. Nous citerons à cet égard les expressions mêmes de l’auteur (1). Supposant le voyageur arrivé à la cîme , il décrit avec détail et d'une manière très-animée et élégante le spectacle imposant que présente un Panorama dont la circonférence a environ huit cent soixante milles d'Italie, Un phénomène optique particulier , dû à ce que les rayons de lumière qui viennent des objets inférieurs à l'observateur, passent d'un milieu plus dense dans un plus rare, modifie singuïièrement leurs apparences et les rapprochent de ce qu'on appelle rirage ; cet effet con- tribue à rendre le spectacle plus imposant. Nous regrettons que lespace ne nous permette pas de traduire la description, pleine de verve, que fait J'auteur , de l'arrivée du jour , du lever du soleil sur J'Etna , et des chargemens de scène qui accompagnent chaque heure de la journée : mais nous ne résistons pas au désir de transcrire au moins la fin de son exposé. « Parmi les circonstances , dit-il, qui contribuent aux impressions qu’on éprouve dans cette journée, on doit (4) « Cominciata la borrasca nell'alto, la corrente aëreæ scende pot nella regione piu bassa e pi riscaldata , conder- sando à vapori, conducendo tutto seco, accompagnata da tuoni , e da venti, e andandosi disciogliendo progressiva- mente in nembé spaventevoli.» (p. 15.) DescriPTiON DE L'ErNA. 19 compter le passage brusque de la température de l’été, au départ, à celle de l'hiver, à l'arrivée au sommet. L'impression qu'en ressent le corps semble disposer l'ame à une contemplation coñcentrée et silencieuse ; l'air moins dense , et d’une pureté extrême, rend la respira- tion facile et développée, et toutes les impressions s'en ressentent ; on n’est plus accessible qu'aux beautés subli- meset à l'immensité de la nature. Cette capacité nouvelle et jusqu'alors inconnue, produit je ne sais quelle exalta- tion dans le sentiment de la dignité de l'homme, qui fait mieux aprécier le bonheur de l'existence, et rend plus chère la faculté de penser. » (1) L'Etna est assis sur une base calcaire recouverte d'un nombre indéfini d'anciennes laves qui avoient précédé toutes les éruptions historiques. Leurs caractères annon- cent la plus haute antiquité, et elles sont faciles à dis- tinguer des laves modernes. On les découvre dans les régions inférieures dans toutes les parties qui n'ont pas ‘été encore atteintes par les laves plus récentes, ou bien là où les érosions des eaux dans la matière calcaire tendre et crayeuse sous laquelle ces vieilles laves étoient ensevelies, les ont mises au jour. Plus près du volcan, la masse énorme des éjections comparativement plus récentes, et dont le cône proprement dit est formé, ne laisse plus rien apercevoir des anciennes bases. Quel- ques-unes de ces coulées sont descendues par la face orien- tale jusqu’à la mer, et ont formé des promontoires que les vagues ont déjà battus pendant des siècles sans en rien détacher. Les eaux pluviales en descendant quelque- fois par torrens, balayent à leur tour tout ce qui est mobile sur ces flancs rapides , et entassent pêle et mêle (x) Ce n’est pas l'Etna seul qui produit cet effet; nous l'avons éprouvé dans sa plénitude sur toutes les sommités des Alpes et des Pyrénées où le déir d'observer nous a conduits. (M, 126 HisTOIRE NATURELLE, ces fragments, ces cendres , etc. en couches superposées dans l'intervalle qui sépare le volcan de la mer. Le sommet du cône principal présente une plaine , qui a près de huit milles de tour et est à-peu-près horizontale; vers son milieu est une dépression où se trouve le cratère proprement dit. Les coulées de lave qui prennent leur origine sur les bords de la tronca- ture du cône semblent indiquer qu'il y a eu une époque où ces bords étoient ceux même du cratère, lequel se seroit successivement comblé jusques à sa dimension ac: tuelle, par l'accumulation des matières lancées du fond du volcan. Tout cet intérieur du cône change de forme et d'apparence à chaque éruption. Actuellement on y voit une pétite montagne, dite le cône du cratère, et qui présente une image de la montagne. en miniature, Sa troncature est la base du cône renversé , ou de l’en- tonnoir que forme le cratère du moment. La base de ce monticule a environ deux milles de tour, et sa hauteur est de 1320 pieds. Sa section supérieure est irrégulière et présente comme deux cornes dont l’une est plus élevée de quarante-sept pieds que l'autre. Le vide de l’entonnoir offre une excavation, de forme pres- que circulaire, de 2800 pieds de diamètre, et de 650 pieds de profondeur. La bouche flammifère n'en occupe pas précisément le milieu, elle est un peu plus orien- tale ; son diamètre est d'environ soixante et dix pieds, Quand le temps est calme, et lorsqu'il sort peu de fu- mée , il n’est point difficile ni dangereux de descendre dans le grand entonnoir. Ce n'est pas toujours par le cratère que les coulées de lave ont lieu dans les grandes éruptions ; elles se font jour , le plus souvent par les flancs du cône , et quand l'éruption est terminée ces ouvertures se referment, Les cendres et autres matières légères qu'elles ont vomies forment autant de monticules distincts, dont on peut compter plus de cent autour de la montagne; quel DescriPtziON DE LETNA. 127 quefois ils sont groupés ensemble de la manière la plus p'ttoresque. Dans les temps ordinaires il ne sort du grand cratère que de la fumée , et il est le seul évent du feu sou- terrain. Lorsqu'une éruption se prépare, elle s'annonce par des mugissemens effayans qu'on entend de toutes les parties de l'ile; et la fumée s'élève en colonnes im- menses qui troublent l’air,et obscurcissent finalement la lumière du jour. A deux milles du cratère, au midi, on trouve des restes d’un ancien édifice qui porte le nom de Tour du philosophe ; Vauteur , qui le décrit avec détail , le croit Romain , d'après le style, et combat la conjec- ture vulgaire qui l'attribue à Ewpedocle. Les eaux soit pluviales, sois produites par la fonte des neiges, simprégnent dans les couches qu’elles pénètrent en descendant, de divers principes solubles, qui don- nent à ces eaux des caractères particuliers, Quelques- unes ont la saveur piquante que leur procure l'acide car- _bonique , lequel sort en nature dans quelques endroits, et produit des phénomènes analogues à ceux de la grotte du chien; ailleurs, les eaux sont chargées de gaz hy- drogène sulfuré; ailleurs, le gaz hydrogène se dégage, et on peut l'allumer , comme à Pietra Mala dans les Appennins. Ailleurs enfin, ces eaux sont d’une grande. pureté, et arrivent telles, et en abondance jusqu’à la mer, L'un de ces courans, voisin de la ville d’Aci, est pro- bablement le reste du fleuve Acis jadis célébré par les poëtes. La plus belle végétation couvre les bases de l'Etna jusques à la hauteur de près de huit mille pieds au- dessus de la mer; plus haut on ne voit que cendres et, scories, Les bois qui jadis occupoient toute la basse région ont disparu en grande partie, les uns brûlés par les laves, les autres sous la hache de l’homme; mais la Mégétation sur ce sol est tellement active que l'à où 198 HisTorRE NATURELLE. rien ne la contrarie, les bois renaissent promptement, On compte cent quatre - vingt mille habitans distribués dans dés villes et des villages autour du volcan. Catane, Aci, Mascali, Castigliano, Randazzo , Bronte, etc. sont les principales. Toute cette population trouve tant d’aitrait et de ressources dans la beauté du climat et la fertilité du sol, qu'elle oublie facilement les dangers de sa situa- tion, et dort tranquille sur des abimes dont les voûtes sont souvent ébranlées par les tremblemens de terre. L'auteur décrit avec enthousiasme joutes les richesses de végétation par lesquelles la nature semble avoir voulu compenser le fléau qui rend leur jouissance précaire; et pour que sa qualité de Sicilien ne le rende pas sus- pect d'exagération, il cite sur le même sujet l'un des plus célèbres naturalistes français, Dolomieu (1). Il décrit avec pompe le spectacle qu’on découvre du sommet de l’Etna ; nous recommandons aux peintres et aux poëtes ces pages éloquentes , et nous revenons au domaine de la science. Les laves anciennes de la Sicile, celles des environs de l'Etna, et les profondes de la montagne même, pa- roissent contemporaines, et de même nature; elles pro< viennent toutes de la fusion de la pierre dont le nom générique (1) «La fraicheur de l'atmosphère, les positions charmantes de toutes les maisons, les arbres qui les éntourént , une cam- pagne d’une fertilité prodigieuse , la vue de la mer et de Ca- tane , le soleil levant qui, en frappant de ses rayons tetle partie de & montagne, ÿ répandoit la vie et l’action; tout, en un mot, se réunissoit pour nous offrir un spectacle des plus ravissans. Chaque nouvelle position me paroissoit préfé= rable aux autres ; je ne quittois pas un groupe mélé d'arbres et d'habitations que je ne me promisse d'y revenir passer quel- que temps ; il me fallut un effort pour m'arracher à tout ce que je voyois.» (Doroxeu, Foyage à l'Eina.) à dit nes à 1 nu Descriprion pe L'ErnÀ. 159 génériqué est pierre de corne, mais qui présente mille _ variétés, à raison des proportions diverses des principes qui la constituent, et des différences dans leur aggréga- tion. Les laves anciennes sont-seulement un peu moins composées que les modernes. La plupart offrent dans leur cassure une pâte uniforme et simple; d'autres pré- sentent des écailles, et des petits cristaux de feldspath, de couleur un peu moins foncée que celle de la pâte; on voit dans quelques-unes des grains jaunes de cryso- lite, souvent très-abondans, mais toujours petits; et quel- ques cristaux de pyroxène noir. Toutes ces pierres ont pour base une 'terre argilo-ferrugineuse ; elles sont dures jusqu’à faire feu sous le briquet ; elles exhalent , lors- qu'on les humecte du souffle, une odeur terreuse, et elles agissent plus ou moins sur l'aiguille aimantée. Les deux circonstances qui font distinguer avec cer- titude les Javes antiques, sont, de former des groupes de colonnes prismatiques , et de contenir dans leurs pores; ou cavités, des cristaux de chaux carbonatée; les laves modernes , au contraire, ne présentent jamais rien de régulier dans leur aggrégation ; et leurs pores, ou ca: vités , sont toujours vides.. Dans la revue détaillée des bases de la montagne qué fait ici l'auteur, nous ne pouvons le suivre pied à pied ; mais nous distinguerons certains faits plus intéressans que d’autres par leurs conséquences géologiques. Par exemple , dans une portion des anciennes lives ; «on voit { dit l'auteur) un superbe faisceau de colonnes | prismatiques exagones, de deux pieds de diamètré , les unes formées d’un seul jet , les autres, articulées. Elles ont au moins trente pieds de haut, et là elles se flé- » chissent. et convergent comme pour se diriger vers un centre qui se trouveroit dans la masse de la colline. » Ces prismes sont de la même matière que la lave con- ë tigue et qui compose tout l'amas en masse informe ; les Sc. et Arts. Nouv. série. Vol. 11. N°. 2. Juin 1819. I J 130 HisTorRE NATURELLE. laves poreuses et les scories qui composent la partie supérieure sont encore de nature identique avec les co- lonnes. Les habitans se rappellent qu'au pied de l’une de ces colonnes , dans une crevasse , aujourd’hui rem plie, on éprouvoit, en y portant la main, une sensation de chaleur accompagnée d'une odeur sulfureuse , et d'une vapeur visible dans les temps humides. » On retrouve les laves prismatiques au couchant de la montagne près de Licodia, on y bâtit même avec ces prismes des murailles qui ont. une apparence réticulaire curieuse, Cette région basaltique plonge ensuite sous des couches de calcaire coquiller qui la recouvrent. Cette observation, qui montre avec évidence le retour prolongé de la mer sur les produits d'un des anciens paroxysmes basaltiques nous semble importante. Toutes ces laves , ou prismatiques , ou amorphes sont de même, nature chimique , elles sont homogènes , leur couleur. est un gris noirâtre, ou bleu obscur; elles prennent dans leur décomposition une teinte ferrugineuse. Leur base commune est la pierre de corne. Les mêmes phé- mènes de superposition du sol calcaire crayeux ou co- quiller, se retrouvent au nord de la montagne; mais la limite de l'influence ignée n'arrive pas jusquà la chaîne calcaire de Taormina, C'est sur-tout dans la région orientale des bases de V'Etna , et jusqu'a Ja mer qui les baigne, que les cou- lées de laves se sont succédées, de manière à recouvrir Ja presque totalité du sol primitif, qui est calcaire crayeux; et même, dans quelques endroits, encore rempli des coquillages , et imprégné de la salure de l'ancienne mer. On voit au-dessous de la ville d’Aci, une de ces énormes barrières de lave qui s’élève perpendiculairement à la hau- teur d’environ neuf cents pieds, et contre le flanc de laquelle on peut compter, dans un endroit sept, et dans un autre, jusqu à neuf coulées de laves anciennes super- posées, et qui, dans l'endroit appelé Timpe del Tocco, Drsenrption DE L'ÉTwA. 135 ünt été éncore recouvertes par lés coulées modernes. Au S.E. du volcan, la région se montré tout-à-fait basaltique. L'ile et les fameux écueils des Cyclopes se trouvent là, fort près de la Côte, qui est elle - mêmé toute semée d'amas de laves prismatiques groupées de mille manières. Vissàä-vis du village de la Trezza , qui est au bord de la mer, on voit un long mur naturel qui se prolonge assez avant dans l'eau , et qui est com- posé de faisceaux de prismes, pour la plupart articulés, qui convergent vers un point, et diminuent en diamètre à mesure quils sont plus rapprochés de ce point vers lequel ils paroissent se diriger. Entre la Trezza et le château d'Aci, où sé termine 4âu midi de cette contréé singulière, la plage, et les espaces compris entre les collines craÿeuses et les volcaniques, sont couverts dé masses de laves tantôt informes, tantôt prismatiques ; quelques faisceaux de celles-ci sotit devenus presque horizontaux pat l'affaissement partiel de leur base. Beau- coup de ces prismes ne se séparent que difficilement les uns des autres et sous les coups redoublés du mar- teau ; d’autres ont seulement leurs contours indiqfés sur .la masse informe dont ils font partie. Il faut remar- quer que les fragmens des gros prismes sont aussi pris: matiques. _ On trouve ici ces laves globuleuses où sphéroïdales ; à couches concentriques, qu'on voit dans d'autres con< . trées bäsaltiques. Celles:ci ont de huit à dix pouces dé diamètre ; elles sont ordinairement renfermées dans une couche de verre volcanique bleuâtre , dans les cavités duquel on trouve une argile rougeâtre, à l'état de terre « cuite. — L'ile des Cyclopes n'est qu'à environ cent cinquante moises en mer; elle est de forme ovale, et élle a , au plus ; huit cent pieds de tour; elle est comme fendue en deux, et la mer, quand elle est agitée, bat avec “ne violence extrème entre les deux moïtiés. Deux écueils, I à 132 HISTOIRE NATURELLE, de même matière basaltique , se montrent dans son voisi- nage ; l'un, vu à quelque distance ressemble, dit l’au- teur, à un grand orgue vu par derrière, et dont on découvriroit ainsi les tuyaux de longueur inégale. On y voit des prismes articulés, d'autres, d'un seul jet; les articulations, qui sont à environ deux pieds de distance les unes des autres, ne sont pas réelles, mais seulement indiquées par une légère dépression. L'autre écueil, de, moindre volume que le précédent, est aussi composé de basaltes , mais en faisceaux convergens, qui lui don- nent la forme pyramidale. A deux milles au midi de l'ile des Cyclopes la région basaltique se termine par un promontoire appelé la roche du château d'Aci; il a deux cent cinquante pieds de haut , sur autant de base. Sa masse est composée d'un tuf très- dur, agglutiné par un ciment calcaire et une cendre volcanique ferrugineuse. Vers son pied , où la mer l’a rongé, on voit cà et la des laves globuleuses qui s’en sont détachées, et dont un grand nombre of: frent un phénomène très-curieux. Elles se rompent sous leçomarteau en fragmens presque égaux entr'eux, de forme pyramidale très-régulière, qui ont pour base une por- tion de la surface sphéroïdale , convexe , et terminée pär un triangle sphérique ; et toutes ces pyramides ont pour sommet commun le centre de figure du sphéroïde. Cette structure a quelque ressemblance avec celle de certaines masses de sulfure de fer, Quelques-uns de ces sphéroïdes sont de forme comprimée. Les intervalles | entre les pyramides sont enduits d'une couche de chaux carbonatée qui s’est introduite dans les fissures occasion- nées par la retraite de la matière solide. Ces sphéroïdes à intérieur rayonnant sont toujours plus gros que ceux à couches concentriques ; ils se perdent sous les laves: ‘récentes , qui paroissent en avoir ensevel: un grand nombre. « Toutes les laves de cette intéressante contrée, dit DESCRIPTION DE LETNA, 133 l'auteur, sont de la même pâte ; toutes ont pour base l'argile ferrugineuse qui constitue toutes les variétés de pierre de corne. Les scories et les laves poreuses sont de même nature que les compactes ; il n’y a de diffé- rences que la présence ou l’absence des pores ; tout ‘comme les prismatiques ne diffèrent que par la forme, des masses compactes et amorphes qui leur sont conti- gues ; toutes proviennent de la pierre de corne. » Les cavités de ces anciennes laves présentent les plus belles cristallisations de substances étrangères à leur na- ture; c’est-à-dire, de chaux carbonatée, et de zéolite. Plus la masse basaltique est dure et compacte, plus ‘elle renferme de cristallisations calcaires dans ses cavités. Ces cristaux se présentent sous diverses apparences. Quand la cavité en est entièrement remplie , ils forment une masse blanchâtre globuleuse, à ‘cassure rayonnante ; et quand la lave se décompose, ces globules calcaires s'en détachent. Mais quand la cavité est grande, la ma- tière calcaire s'y présente cristallisée em groupes formés de pyramides à six faces, réunies en un centre. On voit dans la collection du Prince de Biscaris, de superbes . ‘échantillons dé ce genre, dont les rayons, transparens, Se déploient en éventail et traversent sur une longueur de deux pouces, la cavité toute entière. D'autres fois la matière cristallisée rayonnne de divers centres dans une même cavité ; et les rayons s'entrecroisent sans se déranger réciproquement. On voit dans une même lave à grands pores, quelques cavités ainsi remplies; d'autres absolument vides. Quelques - uns sont traversés de part en part par des prismes blancs presque capillaires. La zéolite se montre plus particulièrement dans Îles cavités des basaltes qui composent les écueils des Cyclopes.. Elle est blanche, opaque, soyeuse ; elle se fond au cha- lumeau avec effervescence, et se distingue de la chaux carbonatée par la gelée qu'elle forme avec les acides. Elle se présente aussi en cristallisations rayonnantes comme: 334 HisTOIRE NATURELLE, celles de la chaux carbonatée décrites tout à l'heure. D'après la dureté de cette substance et la forme qu’elle affecte, on l'avoit nommée zéolite cubique. Le savant Haüy en a formé plusieurs espèces. Il a appelé analcime celle dont parle l'auteur; celui-ci propose le nom de cyclopite »qui caractérise et ra ppelle l’un des endroits re- marquables où on la trouve. Ses cristaux sont ordinai- rement solitaires; quelquefois ils adhèrent par une face à l'intérieur de la cavité; d'autrefois ils sont en groupes, et depuis une ligne jusqu'à un pouce de diamètre. Ils sont transparens comme le cristal de roche, ou l'eau la plus pure; maïs le contact de l'air les rend bientôt lai- teux. Quelquefois ils sont teints en jaune par l'oxide de fer, qui colore sur-tout les parties contigues à la lave; celle teinte les pénètre quelquefois et produit des cou- leurs irisées de la plus grande beauté. Cette variété de zéolite est la plus dure de toutes, et elle attaque légé- rement le verre; sa cassure est vitreuse , et on n’y a pas observé de double réfraction. A la flamme de la bougie elle devient subitement d'un blanc laiteux ; et au chalu- meau elle ne se gonfle point, mais elle se fond en verre blanc , demi transparent, Les fragmens entiers ne se convertissent pas en gelée par l'action des acides; mais cet effet a lieu si on les pulvérise, L'analyse de Vauquelin donne dans leur composition, 58 de silice, 18 d'alumine, 2 de chaux, 10 de soude, 8,5 de chaux ; perte 3,5 (Journ. de phys. 1807). La forme de leurs molécules intégrantes est aussi le cube, ainsi que l'a trèsbien observé Haüy. Les angles solides du cube ont communément chacun une pointe obtuse à trois facettes correspondantes aux trois faces du cube autour de l'angle solide; ce qui donne vingt-quatre faces grandes ou petites, au cristal entier. Cette matière zéolitique se trouve non-seulement cris- tallisée dans les cavités de la matière basaltique, mais dans la masse même de la marne argileuse qui la re- DescriPprionN DE L'Erxa. 139 gouvre, sous la forme de petits cristaux brillans et trans- parens , à vingt-quatre facettes. « Il faut se rendre, dit l'auteur, vers la pointe du jour sur cette plage si intéressante pour l'histoire natu- relle, et par les souvenirs poétiques quelle rappelle ; et l'étudier d'abord de quelqu’une des hauteurs voisines. Alors, l'ile des Cyclopes et les écueils qui l'entourent et brillent au-dessus des eaux à mesure que ces objets recoivent la lumière du jour naissant, embellissent d'une manière magique , la scène par leurs formes aigues et capricieuses. L'imagination, frappée de ce spectacle, se représente ces Cyclopes, antiques et fabuleux habitans de la contrée; on croit voir Polyphème, Ulisse; on voit aussi Enée, Galatée, Acis; ces souvenirs se mêlent à tout ce qui frappe les yeux , et lui donnent les cou- Jeurs les plus vives et les plus gracieuses. » Dans l’espace d'environ cinq milles, compris entre le château d’Aci et Catane, on ne voit que coulées im- menses de laves, descendues en divers temps de l'Etna, et qui, atteignant la mer, ont formé çà et la des pro- montoires noirs , et de l'aspect le plus sauvage. La grande profondeur de la mer tout auprès, montre que la plage primitive à été recouverte à une épaisseur très- consi- dérable par ces coulées successives. L'auteur termine sa première partie (qui a rempli à elle seule tout l'espace que nous destinions dans ce ca- hier à l'ouvrage entier) par une observation qui nous semble de grande importance , dans l'histoire encore bien obscure, des basaltes, « Lorsqu'on visite en bateau cette côte (dit-il) tout auprès des laves dont elle est formée, et qu'on les examine avec attention, on les trouve, du haut en bas, divisées en masses irrégulières, par des crevasses qui n’affectent ni parallélisme ni aucune direction particu- Jière. Ces matières se sont réfroidies, condensées, et divisées par leur retraite précisément de la même ma- 136 HiSsTOrRE NATURELLE. nière dans la partie contigue à l'eau que dans celle qui n'a jamais touché que l'air, tout autour des bases de la montagne ; l'œil ne découvre jamais la moindre appa- rence de régularité et de forme déterminée dans ces sections verticales, et on ne peut se refuser à recon- noître que le froid , ou telle autre prétendue influence ‘de l'eau, n’ont jamais produit un effet apréciable sur les laves qui s’y sont refroidies. » Comment est-il arrivé que Dolomieu, qui a fait en bateau le même examen, a vu des formes prismatiques ‘ dans les bases de ces laves baignées par la mer, tandis qu'il n’en découvroit aucune apparence dans les cou- ches supérieures qui n’avoient pas touché l'eau? Hélas , c'est que l'observateur le plus clair-voyant et de la meil- leure foi peut devenir, s'il n'y prend bien garde, dupe et victime de son imagination échauffée par un système favori. Spallanzani a éprouvé la même influence ; l'un et l’autre n’ont observé ces faits qu'en passant, ils en conviennent ; l’auteur habite la contrée depuis son en- fance et n'a formé aucune hypothèse: voici sa remarque modeste sur l'objet. « Cela prouve, à mon avis, dit-il, le danger des premières impressions dans les recherches naturelles; ces deux célèbres naturalistes, remplis de sagacité et de science , auroient reconnu sans aucun doute la vérité des faits s'ils fussent revenus visiter ces mêmes lieux. » I faut donc reconnoître que la cause de la forme pris- matique si régulière, si singulière, qu'affectent certaines matières basaltiques n'est pas le prétendu refroidisse- ment brusque qu'elles auroient éprouvé au fond de l'ancienne mer ; mais que cette cause est encore un de ces secrets que la nature s'est réservée. Si la composition chimique et l’aggrégation physique des laves modernes , et des masses basaltiques qu’on voit dans divers lieux qui n’ont d’ailleurs aucune apparence volcanique se res= semblent, il ne sen suit point que l'origine soit sem- TABLEAU DES INVENTIONS LES PLUS IMPORTANTES, €tC. 13% blable , ni que les basaltes aient coulé à la facon des éruptions qui ont lieu sous nos yeux. Il ya eu, dans les formations des basaltes prismatiques, une circonstance fficiente et décisive que nous nous obstinons vainement ‘à chercher dans l'analogie avec des phénomènes qui nous sont connus; elle appartient probablement à une classe de faits hors du cours des événemens sublunaires actuels, et dont nous ne pouvons pas mieux nous faire une idée qu'un aveugle ne peut s'en former des couleurs. Qui- conque aura vu la chaussée des Géans, et voudra l'expli- ‘quer par une coulée volcanique quelconque , éprouvera, nous le croyons , ce même sentiment d'impuissance qui non-seulement nous ferme la bouche mais nous dé- fend de conjecturer. à . RSI DEP ESP ONE EEE TL FONCIER EE EEE "TEEN LINE CRIER ER INT TOUT NP ER SRE SEP ARRETE Dre wicHriGsTEN ERFINDUNGEN UND ENTDECKUNGEN , etc. Tableau des inventions et découvertes les plus impor- tantes faites dans les derniers temps. ( Morgenblatt 1819.) (1) ( Traduction ). ! I A I ss inventions et les découvertes faites dans les der- nières années ont été très-importantes, celles sur - tout dues aux principes raisonnés de la physique, de la chimie (1) Nous avons eu l’occasion de remarquer , dans ce cahier mème , combien les auteurs allemands étoient en général dis- posés et habiles à recueillir et classer les objets qui compo- sent le grand magasin de la science à mesure que les travaux des contemporains les produisent. C'est ici un service du même genre, rendu aux arts par un saçant de Tubingue. (R} 138 ARTS. ; et de la mécanique, ont perfectionné les arts économi- ques dans un degré éminent, Presque toutes les inven- tions anciennes ont dù leur existence au hasard; au- jourd'hui les découvertes sont plutôt le fruit de la ré- flexion, et des efforts multipliés des savans pour appli- quer leurs connoissances aux objets utiles, Nous allons passer en revue les principaux résultats de cette direc- tion donnée à leurs travaux. L'emploi du g«2 combustible pour l'éclairage fait des progrès rapides en Angleterre; on continue toujours à perfectionner de plus en plus les appareils. On n'a pas encore pü donner en Allemagne à cette belle décou- verte les mêmes développemens qu'on lui a procurés ail- leurs. On ne l’applique jusqu'à présent qu'en petit et pour l'éclairage des appartemens, des vestibules , des cours, etc. Cependant ces essais, quoique faits sur une moindre échelle, ont donné lieu à plusieurs amélio- rations ingénieuses. L’éclairage des bâtimens de l’Institut polytechnique à Vienne, par le moyen du gaz tiré de la houille, exécuté sous la direction de Mr. Precht , et qui est peut-être le plus grand établissement de cette espèce qui existe en Allemagne, prouve. au moins que les artistes allemands peuvent exécuter plusieurs choses encore mieux que les Anglais lorsqu'ils ont à leur portée les moyens nécessaires. L'éclairage par le gaz prendroit un tout autre essor, si la découverte de Taylor se confirmoit d'une manière bien complète. D’après cette découverte, on se procure le gaz combustible en faisant tomber goutte à goutte de huile dans un tube rougi au feu, et qu'on maintient dans cet état. Le gaz passe immédiatement du tube à la lampe, et y procure une belle flamme, sans odeur quoique le gaz n'ait éprouvé aucun lavage. Combien de tubes de conduite et d'autres appareils couteux seroient épargnés par cette invention ! Si l'expérience la confirme, l'emploi du gaz combustible pour l'éclairage deviendra bientôt plus général et plus utile. TABLEAU DES INVENTIONS LES PLUS IMPORTANTES, etC, 13% Dayy a augmenté sa célébrité comme chimiste par linvertion de sa lampe de sûreté qui met les mineurs à l'abri de provoquer des explosions, si dangereuses dans les souterrains. Lorsqu'on entoure les lamses des ou- . vriers d’une gaze métallique très-fine , l'air seul perce et non la flamme. Ce genre de précaution pourroit peut-être être appliqué aux lanternes d’usage dans les écuries, les fenières , les poudrières , etc. (1) La même invention a suggéré au mécanicien Newman son chalumeau à mélange de gaz oxigène et hydrogène, ou chalumeau à gaz explosif. Cet appareil a beaucoup plus d'effet pour la fusion des corps plus ou moins ré- fractaires que le chalumeau à gaz oxigène simple, qu’on avoit employé jusqu'à présent pour produire les plus grands degrés de chaleur. Non-seulement les métaux les plus difficiles à fondre, mais les diamans et d'autres . corps réputés infusibles jusqu’à présent, se fondent par un jet très-atténué de gaz explosif. Davy a aussi découvert l’année dernière un procédé pour se procurer de la lumière permanente sans flamme, Il nous a appris que, du fil de platine suffisam- ment fin, de la longueur d'un pouce, ou un pouce et demi, qu’on à fait rougir, peut être conservé long- temps dans cet état, au-dessus d'un vase dans lequel il y a de l'éther sulfurique ou de l'alcool en évaporation. Ainsi on peut employer ce fil incandescent en guise de lampe de nuit peu couteuse, ou comme briquet pour allumer de l’amadou. _ Les soi-disans briquets chimiques, qui furent rapi- dement fort en vogue, s'étoient joints, il y a déjà quel- ques années, à la série des briquets électriques , galva- niques, pneumatiques et phosphoriques. Ces briquets Dans tous lés cas nous croyons qu’il vaut mieux ne jamais hd q J ga d'une poudrière avec du feu, sous quels forme qu'on le dissimule, (R) / 140 AnRnrTs. chimiques étoient fondés sur l'expérience que le mu-* riate de soude hyper-oxidé, mis en contact avec un corps combustible (par exemple du bois) et plongé dans l'acide sulfurique, allume ce combustible. Dans les der- niers temps ces briquets très-répandus én Allemagne ont été rendus plus commodes et moins dangereux, en ce qu'on ne met plus de l'acide sulfurique liquide dans le petit flacon, mais du sable très-fin , de l’asbeste , du gypse ou un autre corps quelconque que cet acide n'at- taque pas et qu'on humecte avec ce même acide. Plu- sieurs milliers d’allumettes peuvent être allumées de cette manière avant qu'on aît besoin de renouveller cette espèce d'éponge insoluble qui doit produire l'inflammation. On employoit depuis long-temps le platine à divers usages ; et comme il n'éprouve que peu d’action de la part des substances qui peuvent exercer sur lui quelque influence ; comme il n’est point fragile ; comme il supporte une très-grande chaleur sans se fondre, enfin comme il est très-dense , etc. on l'avoit employé pour différens vases, dés creusets, pour quelques ouvrages d'arts mé- caniques , pour des bijouteries, etc. mais, plus récem- ment, on a inventé en France , comme en Allemagne des procédés nouveaux et plus parfaits, pour fondre ce métal avec plus de facilité , pour le nettoyer et le rendre plus propre à être travaillé. On est allé jusqu’à platiner des vases, des porcelaines, etc. de la même manière qu'on les dore et qu'on les argente. Jannetty à Paris , Frick à Berlin et Leithner à Vienne genre. L’emploi du platine pour doubler les bassinets et former les lumières des armes à feu est très-utile; l'arme ne peut plus être attaquée par les acides et elle gagne beaucoup pour la sûreté et pour la durée. La manière de travailler le zinc a été beaucoup per- fectionnée dans les années qui viennent de s'écouler ; et l'emploi de ce métal pour doubler les vaisseaux, pour ont fait de très-heureux essais dans ce TABLEAU DES INVENTIONS LES PLUS IMPORTANTES, elC. 141 couvrir les maisons, pour fabriquer des chandeliers .communs, pour des tuyaux d'orgues, etc. paroît peu à peu devenir plus général. La fabrication du blanc de zinc au lieu de blanc de céruse peut encore avoir un heureux succès. On trouvera peut-être aussi un emploi utile au nouveau métal très-dilatable nommé cadmium, découvert par le Prof. Stromeyer, de Gottingue, dans la blende (sulfure) de zinc. L'artiste Gerlach à Vienne a fabriqué deux espèces d'acier fondu d'une bonté remarquable , dont l'un est susceptible d'être soudé au fer. Mr. Fischer de Schaffhouse a également obtenu dans sa fabrique des variétés d'acier très-précieuses par leurs qualités diverses. La fonte de fer anglaise est si douce qu'on en fait des cloux non forgés ; un Allemand , Mr. Schafzahl, de Grätz, est même parvenu à fabriquer des cloux de fer sans em- ployer le feu dans aucune des périodes de la manipu- lation, depuis le fer en barres jusqu’au plus petit clou. Tout se fait par Vaction des machines. Vingt de ces machines fabriquent annuellement vingt millions de cloux de la plus grande perfection. Mr. Dufand, Francais, est le premier qui a trouvé que du fer de fonte ré- chauffé peut se scier aussi facilement et dans le même temps que le bois de fayard sec, de même volume. Les souliers à cloux ou souliers sans couture, inven- tés il y a quelques années en Amérique et-imités en Angleterre , dans la fabrication desquels une machine simple pour couper, presser , et clouer le cuir, met un ouvrier en état d’en faire plusieurs paires par jour, ces souliers, disons-nous , se fabriquent maintenant aussi dans quelques contrées de l'Allemagne, nommément. en Bavière et en Thuringe (1). (1) L'ingénieux Mr. Brunel , qui a inventé la machine à faire des souliers, nous dit l’année dernière à Londres , qu'il avoit renoncé à la faire travailler depuis que la paix avoit diminué la demande des souliers pour le militaire. (R) 142 Arts On a construit depuis peu en Angleterre ét en Amés rique des ponts de fer très-légers, commodes et à bon- marché , qui ont jusqu'à quatre cents pieds de long, en Si de fer. Plusiéurs habiles mécaniciens se sont occupés de la recherche du mouvement perpétuel ; et toujours ceux qui se croyoient prêts à atteindre le but ont vu leurs espérances trompées. L’horloge de Geiser, travaillée dans une grande perfection, parut avoir vraiment résolu ce grand et difficile problème d’une manière ingénieuse et simple ; mais il ne trompa que pendant quelque temps non-seulement l'auteur de cette notice, mais encore un grand nombre d'excellens physiciens et mathématiciens ; on découvrit enfin, que le moteur étoit un ressort, caché avec un art infini, mais qu’on remontoit pour aider à la force motrice apparente. L'auteur de cette notice dé- couvrit cette supercherie il y a plus d'une année, con: jointement avec quelques amateurs des arts, qui s'étoient réunis à lui pour examiner la machine , et il publia de suite sa découverte (1). La colonne de Zamboni et l’horloge construite d’a- près son principe et qui chemine déjà sans interruption pi quatre ans, comme celle de Romis à Munich { la soi-disante pendule électrique } sont probablement (és présent les meilleurs mouvemens donnés pour perpétuels. Îl va sans dire qu'on doit désigner sous ce nom toute machine qui peut renouveler la cause de (x) Mr. Maillardet, de Neuchatel , avoit construit un horloge qu'il donnoit et donne peut-être encore, pour un mouvement perpétuel ; un de'ses compatriotes 4 montré à Genève, il y a peu d'années une imitation de cette pièce. Il ne cachoïit point qu'il falloit la remonter, mais il donnoit à deviner aux hor- logers les plus habiles où'étoit placée la force motrice; et ils ÿ echouèrent tous, Il ne dit son secret qu'au rédacteur de cetté note. (R) ù TABLEAU DES INVENTIONS LES PLUS IMPORTANTES, etc. 143 son mouvement par son propre mécanisme, et dont le principe moteur conserve son action sans interruption et sans une nouvelle impulsion extérieure , à moins qu'il ne se trouve arrêté , ou parce que la machine est usée, ou par quelque accident. La construction d'un appareil qui possède cette propriété est à la vérité très- difficile, mais cependant possible, ainsi que Kaitner, Langsdorf et d'autres grands mathématiciens croient l'a voir prouvé. La presse de Réal, ou presse hydrostatique, destinée particulièrement à préparer des extraits de fruits on de plantes, ainsi que la presse hydromécanique de Bramah et de William, pour presser les draps et toutes les mar- chandises, pour extraire les huiles, la drèche , etc. pro- curent des avantages réels. Ces presses ont été introduites en Allemagne avec plusieurs améliorations essentielles, sur-tout dans la fabrique de Mr. Nathusius à Neu-Hal- . densleben dans le pays de Magedbourg, où l'on s'en est même servi pour arracher des arbres. Le mécanicien Hoffmann, de Leipzic, a inventé une presse aërostatique dans laquelle la pression et la filtra- tion ne sont pas effectuées comme dans celle de Réal par l’action d'une colonne d'eau, mais par l'air que l'on condense par le moyen d’une pompe de compression. Une presse aérostatique , encore plus ingénieuse, a été inventée par le Dr. Rommershausen à Acken sur l'Elbe. L'effet de cette machine est une conséquence de la pres- sion considérable que l'atmosphère exerce sur les parois d’un vase vidé d'air. Un récipient qu'on peut soumettre à l'acuon de la pompe pneumatique, est muni d'un dia phragme sur lequel est placé un filtre ; et sous celui-ci un vase propre, à recevoir le liqutde, qu’on a disposé au-dessus du filtre. Lorsqu'on fait le vide la pression de l'atmosphère force le liquide au travers du filtre et contribue à l'extraction plus complète des parties so- lubles, 144" ARTS. Les nouveaux appareils de brasserie de l'Anglais Nordham sont fort employés ‘en Allemagne, à raison de leur simplicité et de l'économie dé temps, d'ouvriers et de combustibles qu'ils procurent, et de la bonne bière qu'ils fournissent, Les appareils de vaporisation et de distillation des esprits ardens ont été très-perfectionnés depuis peu. On obtient très-promptement et en épar- gnant beaucoup de temps et de combustibles, dans une seule distillation de la drèche , une très-bonne eau-de: * vie; et de cette eau-de-vie , de l'esprit-de-vin très-rectifié, sans courir le risque du feu, ni que le chapiteau ‘soit soulevé. Les vapeurs dégagées peuvent se répändre dans des réservoirs buis et déposer leurs parties aqueu: ses, de manière que les plus volatiles seules se conden- sent dans le serpentin , et de à coulent en liquide dans : le récipient. Tutte, à Berlin, a montré le premier avec: quel succès on peut employer l'air raréfié , ‘pour la dis- tillation ; ses appareils construits sur ce principe ont eu un résultat très-heurenx. Ainsi cette branche de l'induss trie manufacturière est actuellement arrivée à un degré de perfection remarquable. Le procédé par lequel on sépare les plaques d'ardoise par la congélation de l’éau dans les carrières est fort curieux. On dirise l’eau de la pluie dans les intervalles desscouches ; et quand cette eau se congèle , l'augmen- tation de son volume sépare tout-à-fait ces mêmes cou ches d'ardoise. | La découverte faite par un Allemand, Mr. Varnhagen à Rio Janeiro, est bien plus importante encore. Il a trouvé, que de la seiure de bois , sur-tout d’un bois tendre, mêlée à la poudre à: canon triple sa force explosive. L'applhi-: cation de cette découverte à l'exploitation des roches avec la poudre, est encore plus intéressante. En mêlant de la sciure de bois avec la poudre dont on charge la mine ,et recouvrant le tout de sable sec au travers du- quel on ménage une amorce PC tuyau de paille plein TABLEAU DES INVENTIONS LES PLUS IMPORTANTES, etC. 143 plein de poulverin , on réunit l'économie à la sureté de l'effet (1). L'emploi de la vapeur pour cuire les comestibles, pour chauffer, et pour sécher, non-seulement se soutient mais se répand de plus en plus. Les bateaux à vapeur, établis aussi en Allemagne , par exemple sur l’'Elbe, se maintiennent toujours en activité ; tandis qu'il paroît que les chars à vapeur ne se soutiennent qu'en Angle- terre. Le nombre d'inventions nouvelles pour les détails de construction des machines à vapeur ont amené ces appareils à un degré de simplicité et de perfection tels qu'elles ne ressemblent presque plus aux anciennes ma- ‘chines de cette espèce , qui étoient fort compliquées. IL seroit à désirer qu'on en fit dans notre patrie ( c'est un Allemand qui parle } un emploi plus général, soit pour ‘la mouture des grains, soit pour tout autre usage éco= nomique. On a beaucoup perfectionné les véhicules à roues dans tous leurs détails : aux nouveaux ressorts de Mr. Edgeworth d'Irlande et de Mr. Reichembach de Munich; aux jantes courbées d'une pièce, du capitaine Prussien Néander; au sabot de sureté de Busch ; à l'appareil de Bruggemaan de Hambourg, qui met à l'abri de tout danger quand les chevaux prennent le mords aux dents; aux aissieux mobiles de Lankensperger de Munich, on “peut ajouter l’appareil pour enrayer, de Mr. Yelin de "Munich, et celui qui empêche que les roues ne quittent Vaissieu , de Padbury. Les Draisiennes , ou vélocipèdes ‘si connus , inventés par Mr. de Drais, de Mannheim, véhicules qu'on a trop prônés, et trop blâämés, ont été améliorés par plusieurs artistes distingués. Les voitures (1) C'est ( à l'addition près de la sciure } la méthode de _Jessop, que nous avons fait connoître il y a bien long-temps. _Woyez Bibl. Brit. Tome XXVIII, (R) Sc. et Arts. Nouv. série. Vel. 11. N°, 2. Juin 1819. K 146 ART& qui se meuvent d'elles-mêmes , dont quelques-unes ont paru dans les derniers temps, ont en jusqu’à présent aussi peu de succès que les appareils imaginés pour “voler; et il est à craindre que le génie inventeur de beaucoup d’artistes n’échoue encore à la résolution de ce problème. Lee , Bralle, Christian, et plusieurs autres ont inventé de nouvelles méthodes pour rouir et travailler le lin et e chanvre, procédés qui accélèrent et facilitent la pré- paration de ces matières premières, et remédient à plu- sieurs inconvéniens , et en particulier mettent à l'abri des exhalaïsons nuisibles causées par le rouïssage dans d'ean. On devroit tâcher de procurer un emploi plus général à ces méthodes nouvelles. L'utilité du sel de Glauber dans la fabrication du verre est reconnue, et l'usage en est déjà très-répandu, Dans une époque où le sucre de betteraves com- mencçoit à tomber, un procédé qui procure ce sucre raffiné au dernier degré , et de la manière la plus avan- tageuse tant en grand qu'en petit, a encore été porté par Mr. Nathusius , de New-Haldensleben à un fers de perfection qui ne laisse rien à désirer. Mr. Darcet, chimiste Français, a imagine de retirer la gélatine des os, tant comme matière nutritive que pour la colle forte, par le moyen de l’acide muriatique et sans employer la chaleur pour cuire les os. Quelqu'in- téressante que soit cette invention , elle n'a cependant des avantages réels que là où l'on peut se procurer l'a- cide muriatique à grand marché, comme par exemple dans les fabriques de soude; car, là où l'acide est cher, la gélatine extraite par la chaudière à vapeur est moins couteuse , et, à tout prendre, meilleure. Mr. Steiber, à Eisenach, continue à perfectionner som écarlate-persio et la manière de teindre avec cette ma- tière colorante. Turnbull a produit aux Indes orientales des lacques nouvelles, beaucoup plus pures qu'on ne les matins TABLEAU DES INVENTIONS LES PLUS IMPORTANTES, etc, 149 avoit obtenues jusqu'à présent, Bancroft a trouvé que l'acide sulfurique étendu , dissout la matière colorante du stoklake sans avoir beaucoup d'effet sur la résine. fl a obtenu, en neutralisant la solution acide par le moyen de la soude, et en associant l'alumine à la matière co- lorante, une fort belle lacque avec laquelle on peut teindre quatre ou cinq fois moins chérement qu'avec la cochenille, en très-beau rouge de différentes nuances. Les frères Ofenheimer , de Vienne, préparent une lacque semblable, sous le nom de rouge d'Ofenheimer. On a fait, dans les derniers temps, plusieurs essais pour conserver une température uniforme dans , des usines, des brasseries , distilleries , etc. en contenant la chaleur par des substances qui la laissent passer dife ficilement. Le ciment inventé dans ce but par l'archi- tecte Kurten, de Wiesbaden, a été beaucoup vanté, Sa propriété est de concentrer dans des foyers, et sur- tout dans des foyers économiques , presque toute la cha- leur, de manière qu'elle n'est dépensée que pour les choses qu'on veut réchauffer, et jamais inutilement. La Société polytechnique à Munich, qui a dernièrement analysé ce ciment , l'a trouvé réellement utile, mais ce- pendant pas aussi ayantageux que l'inventeur l’avoit crû. D'après l'analyse de cette Société ce ciment est composé de marne aroileuse , de sable, et d'ocre ferrugineux. L'espèce de couche huileuse qui se forme par la coction répétée, à la surface intérieure des vases faits de terre, et qui est substituée au vernis ordinaire des poteries communes, ne laisse plus lieu aux inquiétudes qu'’a- voient fait naître les analyses d’Ebell sur le danger des vernis tirés du plomb. Cette nouvelle invention est due à Kirchhoff, à St. Pétersbourg. Les vases recouverts de gette couche servent non-seulement à cuire , mais aussi pour conserver toute espèce de mets acides, salés ou » gras. Il faut encore mettre au nombre des découvertes in- k 2 143 ARTS. téressantes celle de Mr. Osiander, de Gottingue, savoir # que le charbon de bois, pur, est un moyen de sûreté parfaite contre la rouille du fer et de l’acier, et contre J'oxidation d’autres métaux , comme contre la décom- position d’autres substances. Il faut attendre encore les résultats de l’expérience pour prononcer sur l'invention de Kaller, en Angleterre, de fabriquer du vert de gris sans raisin, par le moyen d’éponges imbibées de vinai- gre; ainsi que sur la nouvelle manière de raffiner le sucre, de Banshein ; sur le nouveau procédé pour tanner, d’Auchmore; la nouvelle manière de fabriquer les pots, les tuyaux , et d'autres ustensiles de terre cuite, au moyen d'une presse. Enfin, jamais aucune invention na fait autant de bruit dans toutes les classes de la société que le kaleidoscope que Brewster a mis au jour l'année dernière. Si nous ajoutons à ces inventions et découvertes, un nombre d’autres, les unes ingénieuses, d'autres utiles, d'autres enfin qui réunissent les deux genres de mérite, telles que le compas à micromètre de Ranson ; l'appareil pour mesurer les vitesses, de Uhlhorn ; le lactomètre, de Mauder; l'instrument de Douglas pour tirer le canon sans mêche; le reverbère de Repsold pour les fanaux; la nouvelle machine à battre le beurre, de Bowler; le papier teint en lacque pour la lithographie, etc. on devra reconnoître qu'aucun des siècles précédens n’a égalé pour le nombre et la richesse des inventions les premières années du dix-neuvième. Porpres. MÉLANGES. Norice SUR UNE ASCENSION RÉCENTE DU VÉSUVEr, par d'illustres voyageurs ; et sur l'utilité médicale des vapeurs de la Solfatara; communiquée aux Rédacteurs de ce Recueil. PI A PTE AT AT AT A Lruns Maresrés l'Empereur et l'Impératrice d'Au- triche, accompagnés du Prince de Salerne et de la Princesse: Amélie de Saxe, sont montés au Vésuve le 20 de ce mois, à onze heures du soir. Ces augustes per- sonnages ont demeuré, à peu de distance du cratère, jusqu’à cinq heures du matin, pour observer pendant la nuit le brillant et terrible spectable des éruptions vol- caniques , et pour jouir en même temps du magnifique tableau qu'offre le golfe de Naples au lever du soleil. Mr. le duc de la Torre, savant observateur du Vésuvé et Mr. le chevalier de Gimbernat, conseiller de légation de S. M. le Roi de Bavière, qui vient de faire tout ré- cemment de nouvelles recherches sur ce volcan , ont eu l'honneur de guider LL. MM. dans ce petit voyage. L'Empereur a observé, avec la plus grande attention, tout ce que les phénomènes volcaniques présentent de remarquable , et a montré autant de sagacité que de justesse dans ses réflexions à ce sujet. S. M. l'Impéra- trice a également prouvé, par son courage à braver la fatigue ; et par l'intérêt de ses remarques, son goût pour l'étude de la nature. ; LL, MM. IL. désiroient voir une fontaine que Mr. le chevalier de Gimbernat a établie sur le cratère même du Vésuve, au moyen d'un appareil dans lequel les va- “ 350 MÉzANeEzrSs. peurs sont condensées et réduites en eau potable et claire comme du cristal; mais des pierres incandescentes jetées violemment hors du cratère , et qui retomboient autour de cette fontaine , en rendoient l'approche trop dangereuse. Cependant, poursatisfaire en partie la curio- sité de LL. MM., un homme déterminé est allé chercher de l'eau dans la region du feu, et en a apporté une cruche pleine. L'Empereur en a bu et a parfaitement remarqué qu'elle avoit le goût du bouillon. El n'est peut- être pas hors de propos de faire observer ici, que cette eau ne contient ni sels, ni soufre, ni aucun autre prin-= cipe minéral, Pendant les deux heures consécutives que LE. MM. IE: ont passées sur le sommet de la montagne en face du cratère, le Vésuve a déployé, comme. à l'envi, toute sa magnificence. Des jets immenses de flammes et: de pierres embrasées , lancés à une hauteur prodigieuse., accompagnés de. violentes explosions, se répétoient de dix minutes en dix minutes, avec un éclat dont les plus beaux bouquets d'artifice ; ne sauroient même donner une idée... Ce merveilleux spectacle a, en quelque sorte, indem- nisé les augustes voyageurs de ce qu'ils n'ont point vu le courant de lave qui a. duré un mois entier, et qui n'a cessé que. depuis deux jours. De nouvelles recherches faites par Mr. de Gimbernat à la Solfatara de Pouzolo ont fait connoître que les vapeurs qui se dégagent en grande ‘abondance de ce fameux cratère ne sont peint, comme on l'a supposé , entièrement du gaz hydrogène sulfuré ; ni de l'acide sulfureux, mais bien en très-grande partie de l'eau va- porisée, et mêlée d'une substance analogue à la matière animale que le célèbre Vauquelin découvrit le premier qux eaux de Plombières, et que Mr. de Gimbernat a yeconnu dans les eaux thermales de Baden près de Le. le Norice SUR UNE ASCENSION RÉCENTE DU VÉSUVE. 157 Rastadt en 1815 , et dans celles d'Ischia en 1818. Il résulte de ces nouvelles expériences, que les va- peurs de la Solfatara diffèrent de celles du Vésuve, en ce qu’elles ne sont point du tout acides, et que le sou- fre s’y trouve simplement volatilisé par le calorique , sans avoir été brûlé, C’est d’après ces principes que Mr. de Gimbernat a cru que Îles vapeurs de la Solfatara étoient très-propres à guérir plusieurs maladies, et bien préférables à ces vapeurs artificielles qu'on administre aux malades, en dégageant , soit du gaz hydrogène sulfuré , soit du gaz acide sulfureux , lesquelles peuvent dans plusieurs cas avoir de ficheux inconvéniens , que n'auront pas les vapeurs sulfureuses naturelles. Dans le but de faire un essai sur un objet aussi im- portant, Mr. de Gimbernat a établi au commencement du mois de mai un appareil provisoire pour le bain de va- peurs, au milieu même de ce cratère que Strabon nomme Forum Vulcani. Il en a fait l'épreuve le premier, et en : a ressenti des effets incomparablement supérieurs à ceux des vapeurs sulfurenses artificielles, par rapport aux forces vitales , et aux affections. rhumatismales. Cette expérience a fait sentir l'importance de profiter d'un bienfait que la nature offre à la Solfatara mieux : que partout ailleurs, à l'humanité souffrante ; et à1l est déjà question d'y former un établissement de bains de vapeurs. Un événement très-propice contribuera peut-être à hâter l'exécution de ce bienfaifant projet. S. M. TEmpe- reur d'Autriche, accompagné de S.A.R. le Prince de Salerne, ayant visité la Solfatara ,: Mr, de Gimbernat à eu l’honneur d'énoncer devaut l'Empereur ses idées sur l'utiité d’un tel établissement. Il ose espérer que bien- tôt, ses vœux sur cet objet en faveur de l'humanité souf. fränte seront accomplis dans cet endroit , comme l'ont été 192 NE L'aN e ris: à Baden, où il a donné le premier en 1815 l'idée des bains à vapeurs, qui à la suite de ses observations y furent établis en 1819. a ———— 2 © mm "0 Norice DES SÉANCES DE L'Acan. Roy. DES SCIENCES DE Paris pendant le mois de Janvier. s Janulden nine reçoit un Mémoire pour le prix fondé par Mr. Dalembert, sur l'anatomie de l'ascaris lumbricoides ; et de l'echinolentus gisas. Elle reçoit sept Mémoires pour le concours ouvert sur la question des changemens chimiques des fruits pendänt la maturation.— Plus, quinze tableaux pour con- courir au prix de statistique. Mr. Dupin fait hommage ‘à l'Académie d'un ouvrage intitulé : Essai sur la vie de Monge. On élit un Vice-président, dans la section de mathé- matiques. Au second tour de scrutin Mr. Sané est nom- mé à une majorité de 38 suffrages , sur 56 votans. On nomme une Commission pour l'examen des Mé- moires présentés sur la question relative à la maturation des fruits. Elle est composée de MM. Berthollet, Gay- Lussac , Chaptal , Thénard et Bosc. On en nomme une seconde pour l’examen des Mé- moires sur la question d’anatomie. Elle est composée de MM. Cuvier, Dumeril, Bosc, Latreille, et Lamark. 11 Janv. Le Journal des mouvemens de la Seine en 1819 est communiqué à l'Académie par Mr. le Préfet de police. — Les plus hautes eaux ont eu lieu le 15 mars , et les plus basses le 7 et 8 septembre. Mr. Biot conmnunique une lettre de Mr. Prevost Prof. Nonce pes Séances ne L’'Ac.l.nxs Screxc. pr Panrs. 143 à Genève sur un phénomène de réfraction latérale de l'air atmosphérique dont il donne l'explication. Ce phé- nomène a été observé par Mr. le Dr. Jurine. Mr. Labillardière lit un Mémoire sur les moyens em- ployés par les rainettes pour monter le long des corps les plus lisses. Non-seulement les pelottes que l'on remarque sous léurs pattes sont revêtues d'un enduit visqueux ; mais elles sont formées d'un cartilage enveloppé d'une mem- brane, qui excluant l'air sous le contact, fait agir la pression atmosphérique , et procure ainsi une forte adhésion. On voit de fréqueus exemples de ce mode d'adhésion dans les pattes des insectes. Il seroit curieux d'examiner s'il y a analogie de structure sous ce rapport dans deux classes d'ailleurs bien différentes. Mr. Girard lit quelques remarques sur la topographie et le relief de sol de Paris, Mr. Dupin Bt un Rapport sur le (Mémoire de Mr. Navier sur les machines à élever l'eau. I] conclut à l’en- tière approbation de l’Académie et à l'insertion dans le Recueil des savans étrangers, — Adopté. Mr. Yvart lit un Mémoire intitulé, Excursion agrono- mique au Puy-de-Dôme ‘et dans ses environs. 18 Janv. (S.A.S, le Duc de Gloucester est présent à la séance ). ‘Mr. Thénard lit une notice sur l’eaw oxigénée. Il a en ce moment de l’eau qui a déjà absorbé cent vingt fois son volume d'oxigène , et qui continue d'absorber comme au commencement de l'expérience. Lorsqu'on la met sous le récipient, de la machine pneurwatique l'oxi- gène sen dégage en abondance sous la forme de gaz. Élle est insipide, inodore ; elle n’a aucune action sur la teinture de tournesol. Exposée à l'ébullition, elle dé- gage une quantité de gaz oxigène, Au contact avec l'oxide d'argent, il se produit une vive effervescence 194 MÉLANGcESs et il y a un développement très-sensible de chaleur; fait bien remarquable, et jusqu'à présent unique, d'un corps qui dégage de la chaleur en passant de l'état liquide à état gazeux. Le même phénomène se fait remarquer si on la met en contact avec le péroxide de manganèse, et avec du platine métallique. Cette chaleur se développe peut-être sous l'influence de l'électricité. On pourroit. tenter d'expliquer par-là les phénomènes que présentent l'argent fulminant, le chlorure d'azote et quelques au: tres composés «détonans. Mr. Dupin lit un Mémoire intitulé « Quelques. sat? dérations sur Les monumens de la capitale, de l'Ecosse. L'université, fondée sous Jaques:£, est moins ancienne que celles d'Oxford et Cambridgé, mais ses basés, sont plus assorties au progrès des lumières. Il n'y a pas. de distinction de rangs parmi les élèves. Ceux-ci paient une rétribution fixe aux Professeurs, qui ont ainsi un intérêt direct à donner de bonnes lecons.afin de penpler leurs classes. L'université a une Bibliothéque, qui recoit un exemplaire de tous les ouvrages, qui paroissent. On y a institué récemment une chaire de. minéralogie, que rem- plit le Prof, Jameson. On y a adopté en géologie le sys- ième Plutonique , mis en avant par feu Hutton, et dé- fendu avec beaucoup d'esprit, par Playfair. La Société Royale d'Edimbonrg est la plus célèbre dans Îles trois royaumes après celle de Londres. Les Sociétés d'histoire naturelle et de médeciné, jouissent aussi d'une répu- tation méritée. Le corps des avocats possède une belle Biblrothéque ; et dans le même bâtiment on en trouve une qui appartient aux procureurs et aux no- taires, On ne comptoit que trois imprimeries. à Edim- bourg en 1763; en 1805 il y en avoit plus de quarante- irois (1). Les beaux-arts n'ont pas fait en Ecosse les mê- (1) L'un des imprimeurs actuels Mr. Ruthwen, qui est en même temps bon mécanicien, a beaucoup simplifié et perfee- La Norrce pes Séances pe L’Ac.R.prsScrenc. pe Paris. 155 mes progrès que les arts mécaniques. En 1687, Edim- bourg ne renfermoit que vingt mille ames; on en compte actuellement plus de cent mille. La ville est bâtie sur trois collines parallèles, séparées par deux vallons. L'an- cienne ville , fort laide, occupe principalement la col- line du milieu, à l'une des extrémités de laquelle est le château , dans lequel on a renfermé long-temps les pri- sonniers de guerre ; et à l’autre extrémité est le palais des anciens Rois, dont l'architecture est grecque, entre- mêlée de tours à donjon. On y remarque aussi l'hôtel de Ja monnoie , dans lequel on n'en frappe plus, mais on y sonne régulièrement la cloche, aux heures où on en frappoit jadis. On voit dans l'église principale le tom- beau de Neper ( l'immortel inventeur des logarithmes). La nouvelle ville, qui occupe ioute la colline septen- trionale est très-régulièrement bâtie , et ornée de: tem- ples , dont l'architecture est d'une belle simplicité. Cette partie de la ville est terminée à l’est par une colline appelée Calton-hill, sur laquelle on a élevé à Nelson un monument en forme de tour très-haute. Au pied de la colline et à côté de la nouvelle route de Londres est une vaste maison de détention, Sur cette même col- line on bâtit un observatoire dont la situatiou sera très- favorable. Mr. de Jussieu fait un Rapport sur un ouvrage de Mr. Loiseleur de Longchamp, intitulé: Manuel des plantes usuelles indigènes, classées d'après quelques modifications tionné en même temps la presse d'imprimerie, Il a supprimé Ja vis; et la pression s'opère par une combinaison de leviers qui la rend à-la-fois très-prompte, très-énergique et peu fa- tigante pour l’ouvrier; enfin cette nouvelle presse coûte bien bien moins que l’ancienne. Nous avons rapporté d'Edimbourg un modele fonctionnant qui met en évidence les avantages de gelte presse. (R) 196 MÉLANGE Ss. faites à la méthode naturelle. L'auteur se propose de tirer des propriétés de ces plantes les caractères des fa- milles dans lesquelles il les distribuera. Mr. De Candolle avoit employé cette méthode en 1816 dans son ouvrage sur les propriétés médicales des plantes. Cet ouvrage est plus particulièrement destiné aux médecins qu'aux bo- tanistes. L’auteur s’est attaché à montrer qu’on pouvoit remplacer par des plantes indigènes les exotiques qui fournissent les médicamens les plus héroïques, tels que l'ipécacuanha, le séné , le jalap, et l'opium. Il désigne ces plantes, en assez grand nombre.— Le travail de Mr. de Longchamp mérite l'approbation et les encouragemens de l'Académie. Mr. Serres lit un Mémoire sur es lois qui président a la formation des cavités articulaires en particulier. Les anciens expliquoient cette forme par la pression des têtes des os quelles doivent contenir; on rejeta cette hypo- thèse ; mais personne, pas même Bichat, ne mit rien à sa place. L'auteur a remarqué que toutes ces cavités osseuses observées dans le fœtus sont toujours formées de trois pièces qui se soudent en une, avec l'âge. Les alvéoles de la mâchoire , sont composées de quatre pièces, qui forment un canal, dans-lequel sont dépo- sés les germes des dents. Le sternum est composé de neuf pièces, dont chacune forme la moitié inférieure . de la cavité qui est au-dessus , et la moitié supérieure de celle qui est au-dessous. — MM. Cuvier, Pelletan et Dumeril sont nommés Commissaires. Mr. Fourier lit un Mémoire sur la Théorie analytique des assurances mutuelles. Nr. Yvart fait un rapport verbal sur un ouvrage an- glais présenté à l’Académié, intitulé » Coup-d'œil general sur l'agriculture du Derbyshire et sur les moyens de l'a- méliorer ( 3 vol. 8° ). Cet ouvrage fait partie du grand travail de statistique agricole entrepris par le Gouverne- Norice pes Séances DE L'Ac. R. nes Screnc. pe Paris, 157 ment sur les divers comtés de l'Angleterre. L'auteur entre dans de grands détails sur la propriété rurale en général. Îl examine ensuite les bois, et indique les moyens de remédier à la rareté croissante de ceux de construction. — Les baux de vingt-un ans sont les plus fréquens. On remarque parmi les clauses , celle de ne pas semer des céréales deux années de suite, — On em- ploie le semoir pour les graines de navet seulement ; ou s'occupe trop peu de la destruction des plantes nui- sibles. Les pâturages sont mal tenus; on est encore atta- ché au système des jachères. Quelques propriétaires cul- tivent l'orge dit céleste, qui rend 18 pour 1; le Chev. Banks cultive, de préférence l'orge noir, qui résiste mieux au froid, et qui coupé vert est une excellente nourri- ture pour les bestiaux. L'auteur parle d’une machine, qu'il ne décrit pas, et qui atelée d'un cheval remplace quinze hommes, pour faner le foin. On est dans l'usage de fumer les terres avec des os, qu'on fait venir de Londres et qu'on broie avec des machines. Le troi- sième volume traite des améliorations possibles, et des obstacles qui sy opposent. 25 Janv. On recoit un Mémoire de Mr. Gass sur la vie, et sur le système des molécules organiques. MM. Ampère et Hallé sont nommés Commissaires. Mr. Girard lit un Rapport sur une carte de la partie méridionale de la Suède, communiquée par Mr. Ber- zelius, et dressée en vue d’un canal qui doit faire com- muüniquer la Baltique avec la mer du Nord. Ce travail est dirigé par le Comte de Platen. Mr. Blafin lit le programme d'un ouvrage qu'il va publier sur les maladies des plantes et leurs remèdes. MM. Bosc, Dumeril et Thouin sont nommés Commis- saires. Mr. Yvart lit un Mémoire intitulé : Examen de quel- ques moyens d'améliorer les plantations des pays mon- tueux, et plats, 158 MétANGES RAR ARR LAS Norrce pes Séances DE La Soctéré Rovaze b£ Lowbreé pendant le mois de Janvier. 14 Janv. Ox lit un Mémoire de Sir E. Home sur les corpora lutea qu'on trouve dans la substance de l'ovaire; Dans la vache, ces corps forment une masse organisée un peu comme celle du cerveau. Les œufs sont ren- fermés dans les corpora lutea, et lorsque les premiers se développent les derniers disparoissent par absorption soit qu'il y aît eu impregnation , ou non. Sir E. H, croit que l’imprégnation est un préalable nécessaire à l'expulsion de l'œuf; et il affirme que la cavité du corpus luteum est remplie de sang extravasé lorsque l'œuf en est sorti. L'auteur est persuadé que l’imprégna- tion a lieu dans l'ovaire même. Le Mémoire est accom- pagné de figures admirablement dessinées par Mr. Bauer qui a aidé Sir E. Home dans cette recherche. 21 Janv. On lit un Mémoire du Dr. Young intitulé : « Remarques sur l'avantage de multiplier les observations , dans les sciences physiques; et sur la densité de la terre. Après quelques observations sur l'applicatiou de la doctrine des probabilités aux sciences physiques, l'au- teur montre que la combinaison de causes nombreuses d'erreur susceptibles, chacune, de variations, a une ten- dance à diminuer la chance moyenne d'erreur. Il con clut ensuite du calcul. que les conditions primitives de la probabilité de différentes erreurs ne, changent pas beaucoup la probabilité de l’exactitude du résultat moyen, parce que leur effet est compris dans l'erreur moyenne d'où ces conclusions sont déduites. Il montre aussi. que l'erreur de la moyenne qui provient de cette limitation, n'a pas la probabilité de surpasser les £ de la moyenne de toutes les erreurs , divisée par la racine quarrée du sombre des observations. Norice prs Séances DE LA Soc.R. pr Lonwnres. 159 L'auteur applique ensuite la doctrine des probabilités aux sujets littéraires, et à l'histoire, et particulièrement sous le rapport de l'origine des langues et des nations. A propos de la densité de la terre, le Dr. Young es- saye de montrer que la loi générale de compression par la pesanteur suffit pour expliquer l'accroissement de densité de haut en bas; mais que cette loi, très-régu- lière lorsqu'on l’applique aux fluides élastiques, doit être modifiée lorsqu'il s'agit de liquides et de solides , dans lesquels la résistance croit plus rapidement que la densité. Le Mémoire est terminé par quelques remar- ques sur la formule d'Euler pour le pendule roulant, qui confirment la parfaite justesse de la théorie de La Place pour trouver la longueur du pendule oscillant sur un axe sensiblement cylindrique qui roule sur un plan. 28 Janv. On lit un écrit du Capit. W. JT. Webbe, in- titulé : « Memoire sur un levé topographique de la province de Keemaon (dans l'Inde). L'auteur , trouvant de grandes difficultés dans la mesure géodésique d'une base, à raison des localités, a recherché, jusqu’à quel degré de précision on pourroit substituer la détermination astro- nomique des deux termes d’une base, à sa mesure géo- désique. Il a employé à l'observation de la latitude de chacun de ces deux termes un bon cercle de réflexion, et il a obtenu des résultats qui s'accordoient à 2" ou 3” près dans divers jours d'observation. Le Mémoire est terminé par l'indication des hauteurs de plusieurs des points les plus élevés de la chaîne d'où descendent, du côté de l'Europe, le Dnieper , le Don, et le Volga; et le Gange et l’Indus, du côté de l'Asie. Ou.lit un Mémoire du Prof. Aldini, intitulé: « Àe- cherches expérimentale sur la lumière qu'on tire du gaz, sur lé Continent, avec quelques observations sur le mode d'éclairage de Londres par le. gaz dans le moment actuel. L'auteur croit qu'on pourroit substituer la tourbe à la bouille , et employer même à la production de la flammr, 160 NécRoOoLOG:rE=E. le vieux tan desséché , la poix , le soudron, le pétrole ; et même l'huile, ainsi que l'ont essayé avec succès MM. Faylor. Il croit aussi qu'on pourroit augmenter le vo- lume du gaz ffammifère en lui ajoutant de l'hydrogène retiré de la décomposition de l'eau. SZ CR 7 EP 2 EE RES CRE A CNRC CR DCS LPSC RC SEEN NÉCROLOGIE. Lerrre Aux RÉDACTEURS ANNONCANT LA MORT DE Mr. BÉNÉDICT PREvosr. Genève , ce 29 Juin 1819. MM. J & recois la nouvelle de la mort d'un parent que vous regret- terez comme moi. — J, Bénédict Prevost, né à Genève le 7 août 1555, est mort à Montauban le 18 juin 1819. — Dès sa+ pre- miere jeunesse , il montra un goût décidé pour létude, Ce goût fut contrarié par les circonstances et ne put bien se dé- xelopper qu’à l'époque où il se fixa à Montauban. Chargé de l'éducation des fils de Mr. Delmas, négociant de cette ville, il résolut d’achever la sienne. Il se livra aux sciences avec ar- deur et réussit à se faire des amis de ses élèves, ou plutôt de véritables frères ; tellement qu'après avoir vécu avec eux une quarantaine d'années, il vient de mourir entre leurs bras.— Il étoit professeur de philosophie à la faculté de théologie protes- tante de Montauban, membre de plusieurs Sociétés savantes , et connu par plusieurs Mémoires de physique et d'histoire natu- relle ; sur la carie des blés, sur la rosée, ete. etc. — Je n'ai ni je temps ni la place de rendre compte de tous ses travaux ; encore moins de peindre son aimable caractère et de parler de ses vertus. Il faut réserver à une autre époque ces détails précieux à recueillir. Je me bornerai à dire ici, que Mr. Bén. Prevost , heureux dans la famille qui l'avoit adopté, chéri de celle que lui avoit donnée la nature, he chercha point à former de nouveaux liens. Il laisse sés amis dans le deuil, et je me félicite d’être le premier à payer à sa mémoire ce léger tribut d’affection et de douleur. | Agréez , MM., etc. P.PREvosT: , Lite TABLEAU DS OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites au Couovenr pu” Sr. Berwarp , élevde 1246 toises au-dessus de la Mer ; aux mêmes heures que celles qu'on fait au JanDin Boranique à Genève. OBSERVATION{ATMOSPHÉRIQUES. JUIN 18:09. ER CRU RS F BAROMETRE. THERMOMÈTRE } S j VENTs. Qz RE a l'ombre. ? Hycr@Treÿ Pluie ou PS 2 JLes chiffres- 4-21 réduit à o de Deluc. RES 5 Î L - = $ findiq. les de E c , parties.{ acheu. À neigeen [© à léés relatifs TaT Du Crer. LE = 100. R. l 24 leures.[2 & [de force. OBSERVATIONS DIVERSES. M À Lev. du Sol. | à 2 heures: ÊL du S.| à2 h|L. du S. 2h. (de) L.S.àzh. E— = j en ——— RE Pouc.lig. dix.|Pouc. lig.dix. À D. dix.| D. dix. | Deg. Der. Bouche. M 120.. Lion) SO 3: 4]+ 4,4 3 [66 — |5ss NE | serein , id, JAI 0700 08 do 2958 96 |78 G.B so |ser,, sol. nua. 21h (ee 0,6 ° 0,7 Z. O|] 12,0 66 luie o. 6 so À bro., sol. nua. £ F ; gl: 1,0 EPTRrAT 2. 2180) 2 69 5 Br 0 Frein on AN. Ce mois a été CÉSAR défavorable , les S | CHE PEN Et 2. 61 10:3 76 |74 — sa serein, sol, nua À blés ont souffert , dans les vallées , de la neige. DR 20 nn: 220 TS 3: 2| 9,6 84 —— NE Ï sol. nua., bro. r ke 7 |: 10,9 + 10,8 z- 4] 10.6 85 a : — so |ser., AR Le 29, deux persounes habillées NE Dir 905, les 952 3. 0] 4,0 88 |71 5. 8] — so |brou. , id. rement pour passer la montagne , on 9 À CHERE 0. 2|- 2,5 3 80 În.:130 so | ne | brouil., id. principe de gel aux mains. doi 83 |: 99 Es. oftaol 92187) —— #e3| ne | brouil., id. CS RO ET 9e SIRET 99 |7s — 8] ne | NE | brou., sol.nua. 4 CRC A Le 61 75 89 :zo —— Us |cal.l ne |ser., sol. nua. D PENSE 0. 0! 1.6 87 79 — Î|——| ve | vE34 brou. , cou. Dep Joue 10,6 1. 8) 6,8 89 73 — |——{| we |so.Nel ser ,sol nua. OCR TE 2191062 85 76 | gré.pl.4.0]——Hxr.so| so À soleil nua., id. k à Ne Ç cs ES] Bt 100 | 97 Enaugpl3s}——|] so | ne2 brou. , id. nl. 8 à un 4 $] 0.6 98 | 93 În.14.4 —| ve3l ne2 bro. , id. 11 a : ue 1. [+ 916 97 73 [n. 8.0 = Ne] NE brou., id. 20 À + 10,9 E Es I. 4! 10,8 78 | 74 eme O1 (Ge ame Lo ser., soleil nua. CE 50) er 1 1. 6) 8,8 75 | 82 — Η—} x | x | cou. , sol. nua. panagr nai 22: D. ne N ie D PL 08r3 93 | 74 — J——Jx | x |sol. He sol. nu. 23 Lo te : — 2: : 735 89 | 73 —— ——| ne | ne | sol. nua., nua. 24 À + ir : an HR de 90 | 63 — }——Jxe | ne | ser., sol. nua. 25 d, 52,8 le 4 ; 7:3 89 | 73 — Ù——| xe | x sol. nua., id. 26 Dai. 0,2 ë A SE æ g 10,8 72 | 58 — Ù——]| ve | x f sol. nu. , id. 27 io 1e 20. a ' 8,3 À 100 | 81 fpluie 2 Η—Ù so | so |brou., nua. 28 Ÿ + 10,1 È # 51 93 85 | 80 Egrél.pl.2.6]——Ù so | so Jcou., sol. nu. 108 ROBES LC FE 3. Ki he 79 | 74 Épluie 1.4]——Ù so | NE [nua., brou. 30 Le 10,9 + 11,6 ie 86 | 80 fn. 3.6 ne2l ne Dnua., brou. à 1 814 4,0 8$ | 80 a NE | NE nua., sol. nua. ns S 4 Lu 17 a nn ER RE DR RS, 4 OY.i 20. 10,6 Î|20. 10,58 | 0:73 [+ 6,33 88 | 75 Hp Ar Es grêle 3 fois. TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROOGIQUES Faites au JARDIN BOTANIQUE de GENÈVE : 395,6 mètres (203 toises) u-dessus du niveau de ja Mer : Lari titude , 46°. 12. Longitude 15°. 14". ( de Tems ) à l'Orient de l'(bservatoire de Paris. OBSERVATIONS ATMOSPHEÉRIQUES. JUILLET 97: 9. THénm. à l'om-À ÿ fo ON CR A gs ÿ me BAROMÈTRE bre à 4 pieds (HYCROMÈTRE à Pluie ou EE ! GE L réduit à la température $ de terre, divisé] à cheveu. À neise ef L ÿ Vanrs. TAT DU C1EL ë = & # de 100 R. en So parties. f F 24 heures. 16 S = & Lev. du . à & heures. NL.duS. |à 2 h. EL. dus.| à 2 h.$ E 3 £.duS.! à sh | OBSERVATIONS DIVERSES. re À mme ———— Sas Re 4 hornet ns meteo Pouc.lig.seiz./POuc.lig. seiz. Dix. d.} Dix. d. À Deg. | Degr. À Lig. douz.. \ ne ne mn en _—— nn nn À nn nn died ——, 1 26. 11. 13/26. 13. 10 Éf12. Stas. où 93 So # 1. 6 ———| 50 so P1, pl: 2 on el 0 19 NU. 00)r6 si No 6 TÉ 2) cal. so C1. ,n Ë 4 9 ; nua 3 271010.:.4|27 0, I 8. o| 18. of 98 62 —— sû o ©, id. 4 LOS 4 " 11. 4 7 : 23: : 7 6o — R a 50 €, nu. Le beau temps a favorisé la moisson. — O. 27000: ‘4 22: Un 9 EE ——— i j ; ; RE A RE . 7 5 #3 s0 2 pe Elle est forte en gerbes, et les blés ne — . so : Ê 22. OR Gti —— 5 : so ©, id. HR ù ; 2 AS) Mere toner Se r4. 0] 23. 0) 90 66 Asa à, sont pont rouillés, mais on se plaint 8 e où til 1: Of 16: 0 26. o 93 60 — —| ca 50 à nüa, de la carié , AE pour les blés se- 9 ° 2. gle 1. 122 M 13. O0] 19. ON 70 66 | NE NE à, cl. més tard. Les graines de printems sont < © 2 Le Qu 10 216 4 à A ci 4 68 —— nr | ne dl id. également belles ; les regains s’annon- 12 . ne alle . sa o 7. | Je . up ES se dr re cent abondans, et la vigne promet : . 3 . SÀ 5 a RE NE à isi 15 oo om TO O1 Non ne al 2 à beaucoup : on a déjà và des raisins : ; TI =, Lil cal: NE “| nua: UE : : é ue TA NC 26 ne 07 9. 0] 18. o 96 56 rs re NE A EAU changés. Les blés noirs ayant été sémés 2 26. 10. 10] + Jo. 4f 8. S| 17.5 99 6s LR: NE NE EE de bonne heure après les blés et ayant # ; da : OS CRE ZA MELENE : I5:ue à 75 — Jr fu no pl, cou: promptement levé, paroissent d'une réus- Se Le _ 7 ; 12. à Fa à : 69 — {| NE NO nt, id. site assurée , et contribueront à assurer 20: . : 9. . J 58 te No l id. terre don- 19 26. 11. 11e 9.15 9. o| 22, oË 03 6e Hs cal +0 A Lu l'abondance. Les pommes de terre don 20 . 7. 12|° 5j} 12. 0l"13. 0 84 97 so € 0 50 nt, pl nent auss beaucoup. “à . : OS 70080) PAG SIT RGUES 7 LA | EYnigar —| so so pl " édu: 2x a 1 ; “A 7% 9: : 13. 08 98 86 2. 9 ——| so cal. Eco , id. d: Le 10. 14. ST 96 82 1: 9 $o no br. , cou. 27° © 0O|27* bo. 2] r2. ©] 17. oÙ go # R w sl 25 26. 11. 7126. 11. où 12. ©! 17. 5Ù 06 be a R de Ml dr om SR | Es ; E È 26 ir 5) tr. où 12.018. D 266 ya Es Ne de nie . 2 « . e rs - RES , . A à ie Le : 11. 10 12, ; 17. 0Ù 92 71 a: | cal cal: fai id Déclinaison de l'aiguille en à Pr | , ; OST ; à s ulet 29 ° 11. 10Ï+ 11 : ri (o 4 è 97 66 — R. | cal. | no Îcl. nua. l'Observatoire de Genève; le 31 | 30 ® 11e 4]+. 114 2) re. 0 2 $ = R, NE NE cl. nua. 20°, 18’. | 91 DONS TEL) PNR | Te re 9 8 — k: NE so co, pl- L de pieds | a Re HU 97 64 32 3 TI NE no nu, id. Température d'un Puits de > Moyennes. À 26, 11.9,00|26.11. 6,65 l+ san Gin € nr RER || uillet + 10. 3. | 9 165 i1,26/+18,16 l 93,65| :0,00Ù 30, 3 le 319 } 5 = Œ—— =" GÉODÉSIE. NoôTicE SUR LA NOUVELLE CARTE DE FRANCÉ COMMENCER EN 1818. La nouvelle carte de France, commencée en avril 1818, se ‘poursuit avec activité pendant la campagne de 1819. Déjà MM. les colonels Bonne et Henry ont reconnu et observé les premiers triangles qui, partant de Paris doivent mesurer la grande perpendiculaire de Strasbourg à Brest. Mr. Bonne mesure la ‘partie occidentale, et Mr. Henry la partie orientale. Ils employent de grands cercles perfectionnés, et leurs observations se font la nuit au moyen dé reverbères à miroirs paraboliques. Ils ont obtenu des résultats très-curieux sur le jeu des ré- fractions pendant la nuit. Ces résultats prouvent éntr'aus tres que les réfractions qui affectent les apozéniths réci- proques instantanés ne sont pas égales; qu’elles ont leurs marches horaires quelquefois inverses êt par conséquent ne sauroient donner éxactement les différences de ni- veau. Avant cétte expérience la théorie faisoit fortement présumer que la trajéctoire est irrégulière, non symé: triqué et quelquefois Sérpentante. D’après cela, quel sera le moyen géométrique à employér pour les grands ni- vellemens ? ONPP PE Afin de rectifier le rézeau trigonométrique primaire qui doit couvrir là France et servir de base à la trian- gulatibn secondaire, il a été arrêté quon mesureroit dés méridiennes et des perpéndiculaires distantes entr'elles de deux cent mille mètres. En conséquence Mr, le co- Sc. et arts. Nouv, série. Vol. 11. N° 3. Juillet1819. L 102 GÉODÉSIE. lonel Broussaud a été chargé de la mesure de la per- pendiculaire de Lyon, et MM. les chefs d’Escadron Corabau, Delahaye et Delcros respectivement, de celle de la perpendiculaire de Bourges à l'Océan; de celle de la méridienne de Saintes à Chollet; et de celle de la méridienne de Chollet à la mer près Bayeux. Tous ces travaux ont été poursuivis avec activité pendant la cam- pagne dernière et seront probablement achevés pendant la campagne actuelle. L’on commencera en outre la mesure de la perpendiculaire de Sédan à Dieppe dons Mr. Delahaye est chargé. En 1819 on aura donc achevé la mesure du grand quadrilatère compris entre Paris, Clermond-Ferrand , Saintes et Bayeux , et subdivisé cet espace par la per- pendiculaire de Bourges à la mer. Ces deux quadrilatères primordiaux doivent servir de bases à la triangulation primo-secondaire qui doit en couvrir toute la surface. L'on n’a encore pu mettre, à ce travail que deux des capitaines du génie qui, en 1819, auront presque terminé le quadrilatère Paris, “Bourges, Angers et Mortain. n Ce rézeau primo-secondaire enchaîné et vérifié par les grandes lignes géodésiques , cadres des quadrilatères dpt het sera lui-même subdivisé par une triangu- lation secondaire à laquelle il servira de base et + cadre. L'on n’a pu faire commencer cet ordre de trian- gulation en 1818. Mais il prend en 18r9. une grande activité. Une dixaine d'ingénieurs en sont occupés. Munis de cercles répétiteurs de dix pouces etde. théodolites doublement répétiteurs de huit pouces, ils se sont mis en campagne au. 1. avril. En 1820 de nouveaux sujets formés, comme ceux-là, à lécole des opérations pri- mordiales seront répartis dans les quadrilatères secon- daires; et la triangulation de la France prendra une marche aussi rapide que complète, Les détails suivans pourront donner une idée de l'exac- Sur LA NOUVELLE CARTE DE FRANCE." 163 titude exigée et des méthodes prescrites dans les ins- tructions. Lés chaînes primordiales doivent être formées par des triangles bien conditionnés, dont les côtés soyent com- pris entre les limites de vingt mille et soixante mille mètres. Tous les angles seront mesurés avec des cercles répétiteurs de Borda de treize pouces de diamètre. Chaque angle sera observé de soixante à cént fois, dans des circonstances diverses, ce qui donnerà trois séries au moins de dix duplicatiôns, concordantes. Les apo- zéniths qui doivent fournir le système différentiel stational seront déterminées par trois séries au moins, concordantes, de cinq duplications chacune. Les bases de départ seront fournies par la méridienne de France, par la base d’En- sisheïm :et par celle qui sera mesurée près de Brest. La mesure de la grande perpendiculaire de Brest à Strasbourg sera exécutée, avec des cercles répétiteurs de seize pouces de diamètre, et ka nuit , au moyen de signaux reverbères. Les triangles séront dé la plus grande dimension possible. Toutes les chaînes primordiales auront leurs triangles terminés à des signaux en pierres ciméniées, ou en charpente , ou bien à des tours où clochers d'une formé régulière, exactement vérifiée et rectifiée par des signaux; si cela est nécessaire, Tous lés sominets déterminés pa des signaux seront conservés àu moyen dé bornes ën pierre, noyéés dans un massif de maconnerie. Ces bornes porteront sür uné de leur faces (nord) uñe ins- cription donnant le millésime dé l'opération et une ligne , répère de niveau , avec sa häuieur sur la mer. Quant aux observations astronomiques, elles seront faites à des points fixes, convenablement situés sur toutes les chaînes primordialés , cadre dés grands quadrilatères, On ne fera ces observations qu’en 1820, époque à la quelle les deux premiers quadrilatères seront terminés. Voici les principes du levé ropographique de la carte. L à - 164 GÉODÉSIE. Les triangles secondaires devront être subdivisés par une triangulation du troisième ordre, dont les géomètres du cadastre devoient être chargés d'après le projet pri- mitif, mais il paroît que le cadastre n’est point encore organisé de manière à répondre à cette décision for- melle de la Commission de la grande carte. La triangulation tertiaire sera là triangulation primor- diale destinée à baser et à rectifier les travaux de détail du cadastre en même temps qu'elle encadrera la topo- graphie. Pour arriver à ce but cette triangulation sera encore subdivisée en triangles du quatrième ordre. Mais ces triangles , dernier ordre de ramifications géodési- ques, seront établis graphiquemeut à la planchette. C'est enfin sur ces bases quaternaires que se fonde- ront les levés topographiques. Le cadastre fournira ses ensembles planimétriques réduits à l'échelle d’un dix millième , adoptée pour les levés de la carte de France. Les ingénieurs, munis de planchettes, de boussoles , de chaîne et d'un niveau clitomètre ajouteront le figuré complet du sol et le système des courbes de niveau, équidistantes de dix en dix mètres en hauteur, à l’aride planimétrie du cadastre. 30) La carte de France sera levée au dix millième, et gravée au cinquante millième, ce qui donnera environ quinze mille feuilles de levé et six cent dix feuilles de gravure, de 0,8 sur 0",5 (de dimensions). . Déjà les environs de Paris sont en partie terminés , on les étend en 1819. Mais on ne peut se dissimuler que le corps des Ingénieurs-géographes n'est pas assez nombreux pour suffire, à d'aussi immenses travaux. Ce seroit uve belle occasion d'exercer l’état-major général de l'armée , ainsi que cela est usité en Allemagne et en Autriche. Ce beau monument sera unique en géo- graphie. Il sera un titre de gloire nationale pour la France , digne d'être imité, mais qu'il sera difficile de surpasser, car il atteindra, il faut l'espérer, la limite HAUTEUR BAROMÉTRIQUE DU MONT VEwroux. 169 de la précision géodésique et celle de l'expression des formes du terrain. Puissent le Souverain, les Ministres, les Délégués de la Nation française seconder de leur pro- tection constante, des travaux destinés à perfectionner l'administration et à répandre sur tous un genre de gloire que ne peuvent ternir, ni le souffle des passions, ni le sort des batailles, ni les rivalités nationales ! D ACT D I CE, CIE I CIE CN 7 NN CR IE A CRUE ÉHIY SIQ'U E. COMPARAISON ENTRE LA MESURE BAROMÉTRIQUE pu Monr Ventoux , et la mesure géométrique de la hauteur de cette même montagne , exécutée par feu l'abbé De La Carre, communiquée au Prof. Picrer par Mr. Dezcros, chef-d'escadron au Corps Royal des Ingénieurs- géographes. LA SARA RE ARR Avinr trouvé dans le troisième volume des Bases du systéme métrique de Delambre , page 536 et 537, une détermination de la hauteur du Mont Ventoux par De La Caille, j'ai eu la curiosité de la comparer à mesure barométrique que j'ai faite de cette montagne in- téressante, travail qui a été inséré dans la Bibl. Unw. Cette comparaison m'a fait découvrir une erreur de calcul dans mon résultat barométrique. Je m'empresse de Île rec- tifier ainsi qu'il suit. Par une moyenne entre cinq observations baromé- triques correspondantes , faites avec deux baromètres de Ramsden, construction de Fortin et soigneusemen com= parés, j'ai trouvé : “CGOOT JoUU E[ ANS XNOTU9A NP ANAINEU E] amod ouuop ‘orquejo ap anwroy vj op ualow ne no19q np sasto1 1/99c — sauoJy-san$ry xnoiuo À AUOIY 9OuuISIp e| 9048 oouiquoo ‘imb opuuop ‘sajetuisoSeuou ,G1 ,ÿÇ 9P PA2[2 1019 XNOJU9 À IUOIX ©] onb vanon jt ‘ sa1ioqg-sansry e ojjie9 7 aed solex sauoavdde sanagney sop suoneauasqo soj soide, RE b CAE CS + . 00‘€ + . a 6Ycc61 * : ba + & Li NE Fù £G'OIr +” 16 —: 8e‘gcgr ————— gg'£ipy * + + cL'L YlaYco * * * gg'Te ET 366 a "[L87D ET 9P UONEUIUHAIPP LI E IMNS94 99 suosvdwor) APUEHOJIPIII CI ANS XNOJUS À 1OUUOS An9INEY ‘uHUY NO ( “Jour .ej ans (uoimboy rourqen) uouBray ‘avg ‘XnOIU9 À 91J9WIOIE ANS XNO]U9 À F9WUOG Me 20 — S9J9lUOIEZ SP NE9AIN “I9JJI(E * * + “apninet ‘11079 * * * ae ‘duo ‘07 “oinoiou ‘dwa) 109 * * (‘pnoeo op anei | 10 nb w1 1597) + AUU0SICHPIAUTL: JAMON AUOT "où'£ + * + gyç'119 * * * xnojuaÀ 1uoj ny ‘yrgt Goo + 8° * opg'ggl * * * + + + uouStay y $ oxquoides 1T 97 “ru S HAUTEUR BAROMÉTRIQUE DU MONT VENTOUx, 107 A Ste. Victoire dont la distance au Ventoux est de 38725 toises, la hauteur angulaire du Ventoux fut trouvée de 26' 20". Ces quantités calculées par la formule de Delambre et combinées avec les deux résultats obtenus pour la hauteur de Ste. Victoire sur la mer, ont donné pour la hauteur du Mont Ventoux sur la mer 1002!,4. D'où je conclus d'après les observations de La Caille. Hauteur Ventoux sur mer par Aigues-Mortes — 1005!,5 Hauteur id. . .......parSte. Victoire. . — 1002 ,4 La moyenne est. . . . . . 1003t,95 Quantité qui réduite en mètres donne. . . . 1956.74 Or je trouve par mes observ. barométriques. . 1957",24 ee —— . Différ. des deux résultats —. . . . 0,50 Je laisse aux détracteurs de la méthode barométrique, le plaisir de critiquer cet accord; et je me réfère à ces mots du premier géomètre de l'Europe « qu'il n'est nul- lement prouvé que les nivellemens barométriques soient inférieurs à ceux obtenus par les apozéniths.» Je prou- verai bientôt par l'expérience, que les résultats des deux méthodes sont identiques lorsqu'elles sont maniées par des mains exercées. Et si les améliorations que j'ai pro: posées pour les deux méthodes étoient adoptées, nul doute, qu'en les faisant concourir et s'entr’aider, elles ne devinssent dans les mains des géographes la source la plus abondante des nivellemens géographiques, géo- logiques et topographiques, indispensables aujourd'hui à toute carte spéciale. Je demahde à tous les savans qui ne partagent pas ces idées, de les attaquer ouverte- ment et franchement. Je suis prêt à leur répondre avec la sincérité que m'inspire l'amour de la vérité, Je les prie même d'éclairer mes erreurs. Disposé comme je le shis à me rendre à la raison; mais je les prie de ne. point me blämer sans une discussion préalable très approfondie. Je suis, etc. Dsicaos, (r #68) OCR REP PRE RSR TRE LEE CECET PT TR EL ARR CTP SEE RTS ER EEE MÉTÉOROLOGIE. ConsIDÉRATIONS SUR LES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES adressées au Prof. Prcrer par Mr. Casrercanr, Major et Inspecteur des ponts et chaussées à Turin. T, partie de la météorologie, qui a des rapports di- rects avec la science hydraulique, me porta à me pour- voir de quelques instrumens et à établir chez moi un petit cabinet météorologique. La direction du cours des eaux , regardée sous ses vrais rapports avec la Société, se trouvant étroitement liée, non-seulement aux observations ombrométriques (1), mais aussi avec l’état de la température et des vents, qui paroissent dépendre en grande partie de l'état de la sur- face terrestre (2) me conduisit à donner une plus ample étendue à mes recherches. Ces circonstances durent me faire étudier le système généralement adopté dans ces observations , qui datent de près d'un siècle et demi. Le résultat de cet examen me persuada que la route suivie ne permet pas de resserrer ces observations dans des limites assez exactes pour qu’on puisse parvenir à comparer, avec une précision suffisante , les différen- ces des météores qui peuvent régner dans la suite des années. Les seules recherches qui semblent présenter des don- (1) Le mot ombromètre et ses dérivés viennent du grec , emBpes pluie, et mereey mesure. (R) (2) Dell’ aumento delle pioggie, e del raffreddamento de clima. Torino 1818. CONSIDÉRATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 169 nées sûres et positives sont les observations ombromé- triques; et quoiqu'#lles soient variables à raison des diffé- rentes localités , cependant les résultats obtenus pendant une suite d'années, font ressortir avec assez de précision les différences qui ont lieu dans les météores aqueux. , A l'égard de la température , il me semble que plu- sieurs circonstances s'opposent à ce qu'on obtienne des résultats satisfaisans, et quoiqu'en général il paroisse que la température s'abaisse progressivement, toutefois on manque. de cette correspondance et uniformité dans les instrumens et dans les observations qui seules peuvent établir ce fait, et le démontrer rigoureusement. Le premier défaut est la différente graduation des thermomètres ; elle éloigne bien des observateurs d’en comparer les résultats, à cause des opérations matérielles des réductions , toujours fatigantes et ennuyeuses. La graduation dite de Réaumur donne des degrés trop grands , et celle de Fahrenheit les donne trop petits ; la division centigrade qui se trouve entre ces extièmes paroît plus commode et plus convenable. Cependant le principal défaut me semble se trouver dans la méthode de recueiilir les observations à des heures déterminées ; car, comme le résultat qu'on doit chercher est la température moyennne de chaque journée, il me paroiït impossible de l'obtenir par ce moyen. Cette difficulté m'a fait chercher, depuis 1817, époque à laquelle j'ai commencé mes observations, un À ab sue qui pût faire connoître exactement cette moyenne. J'ai eu. le bonheur de trouver chez les frères Conti, fabricans d'ins- trumens de météorologie de l'Académie des sciences, le thermographe que Mr. le chanoine Bellani de Monza avoit envoyé à Turin, et qui paroît être le même que Six avoit inventé en 1780. Depuis lors je me suis toujours servi de çet instrument, et j'en ai fait même construire 170 © Méréotoroctr. un en mercure pour l'exposer au soleil (1). ” Il me parut également que les moyennes de la tem- pérature lorsqu'on les calcule par mois, donnent des différences trop fortes; je les ai recueillies par décades, c'est-à-dire, trois par mois. La muiltiplicité des observa- üons journalières qu'on présente dans les tableaux mé- téorologiques des différens Journaux scientifiques, sem- blent devoir décourager ceux qui auroient envie de les examiner; ce sont plutôt leurs résultats qui doivent don- ner lieu aux recherches et aux combinaisons; mais on ne le recueille pas, ou faute de temps, ou de l’habi- tude qui facilite cette espèce de réductions et de com- paraisons. L'année météorologique commencée à l’équinoxe du printems et divisée en quatre saisons séparées par les exquinoxes et les solstices , paroît plus raisonnable, et plus régulière que celle qui est communément adoptée; de cette manière on sépare et on réunit facilement les six mois chauds et les six mois froids. Quoique la température moyenne , calculée par dé- cade puisse donner la moyenne annuelle , elle est tou- jours insuffisante pour nous faire connoître les anoma- lies qui peuvent avoir lieu dans la température succes. sive des saisons. . Pour chercher à atteindre ce but, j'ai jugé indispen- sable de diviser les journées en trois classes; savoir, en froides , tempérées et chaudes. J'ai pris pour maxima de comparaison la moyenne des maxima de la troisième décade après les solstices ; de celles-ci j'ai soustrait la moitié de la différence en- tre les maxima et les minima, et j'ai établi ce reste pour minima. La différence des maxima de l'été et de (1) Je regarde cet instrument comme le plus sûr et le plus utile qu’on aît en météorologie. + (Puiot., Univ. Sc. et Arts, Lome XI, page 171}, QE PE APE PEL BEEN EI BETETE DE A METTRE RE ESP D CLR ET qu JSERN\ 239,56 MÈTRES SUR LA MER. ne TEMPS NOCTURNE. Print. 905,40 Auto. 1261,02 F Eté. . 908,44 Hiver. 1245,30 OMBROMÈTRE. — — Total. 1814,24 2506,32 re © (1) Nous ne comprenons pas bien la cificulté que l'auteur signale ici. (R) - 2 , | (Bibl. Univ. Se. et Arts, Tome XI » page 171}, Max. Mini NIMA. s s RÉSUMÉ D'OBSE : re ! Baromètre. + 74,9 23 Mars Era RER ON FAITES A TURIN EN L’ . Thermomètre. 32,5 See 72,6 18 Mars. eu L'ANV1818. D rocan ss AueYé DE 90 6 nr = 32,5 16 Juin. 25: +4 Avril. Trans 9,56 MÈTRES SUR LA Men. Baromèir ER CAT TEMPÉRATURE 3 bre. 764$ NE: 5 = 749 14 S r c METBOGR E, , A Thermomètre 346 27 eptembre. 72,95 ro Septembre. > relative ANEMOSCOPE. ÉTAT DE L'ATMOSPHÈRE. . TEMPS NOCTUR | il UE # Ji. 5,25 19 Septembre PHE, DES JOURNÉES. 0 Print. 905,40 Auto. 126,02 90,° u Soleil { : Été 8. F à tte De oleil. EE = ——_—_—_— _—__—_—— -. 908,44 Hiver. 1245,3 3 > + 75535 29 Noyem 7 4 a —, PARA IPÉ Q 150 OMBROMÈ LES À $ ptembre. 5,33 3 Décembre. 7 m À mg > #4 £ | ST al. 181/,24 2506,32 DE u Soleil. : T Et LT . Lc ©, Baromètre. + 75,4 13 Janvier. 6 dE Févri one 5 s £ OENIRO SN PENSE Dr 5 r DRE gver. + + * \ Thermomètre. 14 è ; 72,6 25 Février. Êu D 5 à = n° lee | AlUE É 2% £ & ; 8 8 di S $ u \ HO NREE 75 a7 Décembre. | &£S | © CNE ERA AC RNRS © PEER SE 5 = ä 3 ; à 8 & Ë : : ÉOEONIS cel 3 42,0 Au Soleil. ô 2 À ë Ë CIN No OO MS, OMS SE Œ ë 8 5 2 F 5 w © PT 4 # àS |AR class ë 2 È S | 6 sil |eRles | S£s ë Ë ) LE 5 È 2 8e | #3 È ë 2ÉISHESSE) « | £? 4 | 55 | SH SE 8 À FA Fe 8 © > È Fes ED 2 3 EC EE GC] sv d8 | SE | Sg| SE | & £ a ë 5 cs CI MERE Te E Ë os. |$S 2 2 : ÉC = e SP = Po 2 CRE S ER Depuis le 21 jusqu'au 31. + + + | Mars Décades. |. Centier. Ne | No N° N.o NN. No Hors: 7 me loc —— ä 8 |4 QE : Et Depuis le 31 Mars jusqu'au 10 : 2 À 20 3 g 2 12,23! eures. | Heures. | Heures. | Heures. | Heures. | Heures. | Heures. Mraren|trenen|Naarer|Piren ei = ps | S2 £ Hi 4 Ë s, "ure. re) — = Ex Depnelertiosanso | AO z o o 10 2 2 2 Rs 86,4 0,0 37,05 0,0 0,0 050 es re ee es. eures. | Heures. \leures | Heures | Heures | Décorer ie Depuis le 19 jusqu'au 30 + » + « | Avril 5 14,2 2 o 8 a 2 3 AR 17:29 0,0 49,32 36,05 13,23 0,0 ce FA ce 0,0 123,46 G 2 so ce : | Décimét, 4 L fs : RTE : ; A A pintems + «+ + « + + { Depuis le 30 Avril jusqu'au 10. : | Mai E 1 jo 1 2 7 3 © é 13,56 40,18 0,0 13,26 23,26 5,26 0,0 Fe AT Eee Le no 0,0 6,0 vo Depuis le ro jusqu'au 20 + + » - | Mai 6 1 722 1 3 6 1 2 3 10 pe ue ‘a 90,0) 0,0 0,0 0,0 no he A FA 134,22 25,0 11,15 | 36,15 Depuis le 20 jusqu’au 30 + « + « | Mai = = FE) = G 2 3 ï 1 14,48 2e je ue pRre 0,0 0,0 0,0 0,0 Par AS 139 22 1149320)| 00 59,20 Le 16, ! 5 ; ,0 20, 14, n : » k Ÿ Depuis le 30 Mai jusqu'au g. « + | Juin 8 me 5 ë f À 5 1 3 15,09 25,09 as ms is 34 ne Te HO (030 6,0 4,0 9,0 GA ee ne 40,0 8,0 | 48,0 Depuis le 9 jusqu'au : D ) 2 2 505 ? © se A2 40, 0,0 °,0 1,3 47:58 | 19,0 10,0 | 2 22 + + + | Juin 9 22 à o 15,25 29,15 do Antoh 26 2 à 0 30 0,0 30,0 Do £ 1 ; 9,0 2 2 3 8 2 1 5 F ) ; 04 36,50 18,10 0,0 ©. Hd ; 151,30 | 31,3 L F = 15,34 03:24 2 ; 0 0,0 2,30 35 ,30 | 14,0 | 45,30 Moyenne et sommes du Printems + + + + + + + + « Ton 53 à = É CEE 238) de 31,0 25,02 0,0 0.0 FS 5,0 es 0,0 154,14 | 38,15 | 22,25 Go/fd : Gn 0 5 + 17,08 17 ve 55 me ? ; 0,0 202,26 3 12 20 14 h ; — ; 23,0 5,0 | 28,0 ——— 44,28 À 105,48 | 274,11 | 316 == — 2 Depui NS ; ‘ __— ER 0 9:07 18,4 0,0 n,3 2 a — - Depuis re Hot oo. Fa : ne Fe = : : : : : : »19 ; 7,30 11,30 | 205,05 00 Î1326,20 [226,05 | 80,40 306,45 puisle 2 jusqu'au 12 + « : | Juillet 2 A 19,3 15,34 15,0 10,18 2 — = ce 1e ; : : À 1 8 £ » ñ 1 6,30 a ñ Depuis le 12 jusqu'au 22. + + + Juillet 3 24,6 5 5 2 2 À 5 a 15,28 0,0 15,36 77529 ne Fe a 930 se. go 0,0 155,46 1 Depuis le 22 Juillet au 1.€r, + + Août 4 25,9 " 3 F4 2 1 mn 3 15,13 0,0 8,0 76,0 FE 50 20) 0,0 1,30 3,0 0,0 154,4 Ne 40 se DSC oO S ; E , s x ñ 5 ; ; 0,0 4,46 | 4,30 5,0 f Eté £e.; Depuis le 1.87 jusqu'au 17 + + * Août 5 2716 = ; à À à 2 6 14,53 0,0 27,30 59,30 1010 Go Fe ce 0,0 den 0,0 152,10 | 13,30 DA A 2 Depuis le 11 jusqu'au 21. + + Août 6 22,8 ñ 5 : ñ 2 14,23 0,0 22,0 57,32 7:38 à Ge ; 0,0 5,30 0.0 14850 | 5,30 30 83 Depuis le 21 jusqu'au 31. + + + | Août 7 18,8 o 6 n Ë 2 2 4 02 8,17 10,0 45,25 14,0 _e ne Le co Din 0,0 144.42 5 045 pe Depuis le 31 Août jusqu'au 10. + Septemb. 8 18,6 a 3 ; à : à 13,32 29,15 3,13 40,30 4,0 de ee ce 1,0 16,30 0,0 or ne SA ue : : è = 2, 9 ; ,0 0. 7: , 35, Depuis le 10 jusqu'au 23+ + + - Septemb. nr] 16,5 ï 6 6 ñ x 6 - Se 2 11,0 52,0 27,0 5,18 a re ee 0,0 0,0 135,28 | o,o 3,0 36 —— —. ; 25,0 22,0 3,19 12,30 24,15 . ; 70 0,0 130,18| 7 ne 2 te =: Dee g ; 0. 70 2 Moyenne et sommes de l'Été + + + o + + + + +» Jours : 93 22,9 13 3 2 | Er = cs ro ce SI 0530 0,0 161,04 0,30 nes se Moyenne et sommes du Printems + + + + + + + + + + ++ + 93 An | Re 29 9 37 27 78,06 136,19 | 421,59 | 115,02 | 53,33 = RE lee || LU on 7» 7 55 21 12 Lo 20 144,28 | 105,48 agh1x | 319,01 18,49 Ha cn 2,30 46,0 oo r323,16 | 48,30 | 55,25 | 103,55 Moyennes et sommes Printems etÉté + + + + + + + + + 19:99 },, 6o 96 FF en a y an SE RS x 7,30 11,30 | 207,05 076 11122630 1220705 tofs ne 9€ 21 n === a EE > rl à 17 222,34 À 240,07 | 696,10 | 434,03 | 72,22 Ba PE 7 = == =—— | — ‘Depuis le 23 Septembre jusqu'au 3| Octobre 1 18,2 1 2 5 E à 3 — — LES PL 12 253,05 0,0 649,36 [274,35 136,05 |410,40 Depuis le 3 jusqu' au 13. + + - | Octobre 16,0 1 3 6 3 à - 4 11,48 0,0 22,26 52,0 16:30 = — es E HAE , Depuis le 13 jusqu'au 23. » + - A 3 718 5 É : k 1 11,18 0,0 6 33,36 330 se 2 0,0 0,0 10,45 0,0 118,06 | 14,45 | 21,0 | 35,45 Depuis le 23 Octobre jusqu’au 2 | Novemb. A 10,5 9 £ 9 : 9 x 4 10,49 0,0 0,0 0,0 10,42 ES ps 230 O0. 6,45 0,0 113,06 | 6,45] 20,0 26,05 Automne « = + + » Depuis le 2 jusqu au 12. + + - | Novemb. 5 9:9 : 6 3 o 2 à 10,17 10,17 0,0 Se A A ,0 0,0 0,0 0,0 0,0 108,06 da FA a Depuis le 12 jusqu'au 22. + + : Novemb. 6 459 ” 2 = à o 3 ù 9,48 9,0 3,53 10,0 28,30 RAA ne De GI Co 9,0 102,46| 0,0 se 56 =. e G k ; ; ss 3 } Depuis le 22 Novembre jusqu'au 2 Décemb. 7 75 a 5 5 s z z x 9:24 0,0 0.0 9:25 ALES 615 Fe = 930 co 25,30 0,0 98,06 | 25,30 | 34,30 60,0 Depuis le 2 jusqu'au 12. + - * Décemb. 8 3,05 5 3 A È 9 x 3 gi 0,0 0,0 20,30 RAA ae ae 90 CN 2840 9,0 94,0 12,0 5,0 156 | Depuis le 12 jusqu'au 22. + + + Décemb. 9 2, 6 A s 6 = Ë a 5,0 0,0 18,0 360 Eee Fe 9: cf 14,0 0,0 90,30 | 14,0 1,30 15,30 === ; E 9,0 0,0 25,24 14,0 AS 60 go 0 CD 8,0 87,54 8,0 7,0 15,0 Mloyenne-et sommes d'Automne + + + * # * * * * * © Jours - o 1? 2e b = = à ’ 9,0 0,0 15,0 20,0 8627 1035047 , ù 9 9:74 À 22 25 43 29 6 29 26 311,55 e — ER | Û 10 7,0 | 82,0 — 11,99 13,17 2,19 168,55 7 AE ES | 1 —-" 92, 2 197,55 24,3 32,0 TRE Depuis le 22 Décemb. jusqu'au 1.€r| Janvier I — 0,63 3 6 : 9 a E === 97 197 2 ca CH 88,0 28,0 898,58 | 216,0 [136,0 | 252,0 Depuis le 1.f jusqu au 117 + + | Janvier 2 —0‘75 3 5 54,47 8,39 5 lee == : . 6 se 7 »59 0,0 5,42 0,0 0,0 17,18 5,26 = Depuis le 11 jusqu'au 21. * * - Janvier 3 2,15 o 1 9 o es À Q 52,48 3,0 0,0 5,45 30 EVA 0325 Ci 0:0 9,0 0,0 86,26 | o,o 0,0 0,0 ë 9 2e î ñ ñ Depuis le 21 jusqu'au 31. + + + Tres ñ SE A 6 , L 5 ; 2 36,20 21,12 0,0 Bo a es er Re 0,0 0,0 0,0 87,58] o,o 9,0 0,0 Hiver 1819 « = » + { Depuis le 31 Janvier jusqu'au 10 Février 5 1,5 o 7 2 7 T k z 15,48 18,58 0,0 18,58 AE ar ge En cn Fe 930! 90,40 | 0,0 0,0 0,0 Depuis le 10 jusqu'au 20. + * * Février 6 2,25 o 10 So 7 , 8 10,48 63,36 0,0 6,0 _ ES nes ce oo oe 142 94,24 | 37,40 | 55,24 | 93,04 ; ; à E Depuis le 20 Février jusqu'au 2 : Mars 7 2,85 k 6 0 3 n 6 g:0 72,18 0,0 10,20 20,40 A A ue GE 134 xp A0 98,34 | 18,10 | 15,40 | 33,50 } , Aer Depuisle 2jusqu'au12. + + : Mars 8 1,9 6 n “ 6 : n À 0,0 21,40 0,0 1320000 Go FAR re se CE Re 109,20) 00 SOC É ; ; , à 5 Depuis le 12 jusqu'au 21. + * : Mars 8,4 o P 5 : e 9 34,38 0,0 3 L Ù 90 00 5,56 À 108,30] 5,50 | 2,10| 8,0 9 4 4 5 6 o 2 0 0,0 712 0,0 0,0 0,0 0. 28 ! à FE , . e ï 0,0 77:38 GO RONA Fe os ’ ; »0 ,0 14,0 113.50 | 42,0 14,0 | 56,0 =, —— , D 0,0 0,0 h Moyenne et sommes deFHiver ».e «eo + ee) 1e ee Le Jours - 89 2,42 16 45 28 Fa 2 k RAS A Û ) , 0,0 0,0 0,0 106,50 | 0,0 0,0 0,0 Moyenne et sommes de l'Automne. + + + + * + * * * © OO © o 54 5 7 173,31 | 321,3 0,0 b _ = nn . 90 9:74 22 2 43 29 6 29 26 311,55 15 5 2 16 ie De 13 2 2e ae He SC PER RA nuSe FE LE = a 2 4 7 92:19) 20,99 197 24,37 2,0 0,0 2 à + Moyennes et sommes d'Automne et Hiver. « + + + + + + | ee + - | 179 6,08 38 TS TE 88 5 à z & 97 , , * 0,0 88,0 8,0 116,0 259,0 Mo 96 : É 1 Ù ù 485,26 | 336,56 29 PTE È : Er) = = Moyennes et sommes du Printems et HP he ec one)|-leeellELEG 19,09 À 30 60 96 ñ 21 77 47 DATE | 5 ne 19 | 294,26 | 285,27 24,37 | 110,37 0,0 0,0 141,22 78,18 219,40 462,54 ——|— 7994 222,54 240,07 606. 134 1 ONE à CE 4 » M ans FE a i : = = 2 AS 596,10 | 134,03 72522 0,0 7:30 14,0 253,05 0,0 74,35 [136,05 | 10,40 enne et sommes de l'année 365 13,04 130 167 129 28 128 80 b EF Ê 119,11 59,30 x E 5 = | Ù ; 110,37 m30 | so | 39427 | 78:18 ji 39,0% [494,15 [359,10 |853,34 CensIDÉRATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 171 l'hiver, divisée par 18, nombre des décades de six mois, m'a donné la constante à additionner, ou à sous- traire dans les décades successives. Les jours dans lesquels le maximum de la température est au-dessous du minimum de comparaison , je les quali- fie froids ; j'appelle tempérés ceux qui se trouvent entre les minima et les maxima , enfin chauds ceux qui sont au-dessus du maximum. Je ne préteuds pas donner les résultats portés dans la troisième, quatrième . et cinquième colonne du tableau ci-joint, comme absolument exacts, car mon habitation ne se trouve point dans les circonstances que je dési- rérois pour obtenir des observations très-concluantes ; mon but n’est que de proposer un moyen de reconnoître et de mesurer avec la plus grande précision les anomalies de la température. D'ailleurs il seroit plus sûr de con- clure ces termes de comparaison d'une décade d'années. L'état de l'atmosphère est sans doute une des obser- vations les plus importantes pour déterminer et mésurer les différences qui peuvent progressivement avoir lieu dans les années successives ; mais la méthode adoptée pour les indiquer, et les comparer, paroïît absolument insuffisante pour en fournir les moyens. Jai tâché plusieurs fois d'établir cette comparaison à l’aide des observations insérées dans les différens Jour- naux scientifiques; mais , trouvant toujours dans les mois et daus les années, un nombre de jours bien au-delà de ce qu'on doit obtenir, à cause des duplications qui ont nécessairement lieu (1) il me fut constamment im- possible de ramener les résultats à une précision satisfai- sante ; j'ai observé, qu'indépendamment du travail fatigant et rebutant qu'exige cette comparaison, il étoit impos- sible de resserrer les observations dans des limites assez (1) Nous ne comprenons pas bicn la dificulté que l'auteur signale ici. (R) " 72 -MéTéorRoLoGreE. exactes pour établir avec précision les différences annuelles. Tous ceux qui cultivent la météorologie (1) reconnois- sent le défaut et l'insuffisance de cette méthode, et en réclament une plus raisonnable et plus satisfaisante; cette vérité m'a fait diriger mes recherches vers cet objet im- portant; et, après bien des essais et des combinaisons, j'ai reconnu qu'il étoit indispensable de rapporter l'état de l’atmosphère à certaines divisions du temps. J'ai divisé la portion diurne de la journée en quatre périodes, dont je connois la durée moyenne pour les jours de chaque décade ; et j'ai divisé l'état de l’atmos- phère en deux apparences générales, savoir, débarrassée, et occupce, par des nuages; je subdivise la première en deux colonnes , et la seconde en onze, ainsi qu’on le voit dans le tableau. A la fin de chaque décude je fais le résumé des observations journalières, que je rapporte au bas de mon registre et que je recueille ensuite pour l'insérer dans le tableau annuel. Quoique cette méthode puisse paroître longue et fatigante , l’expérience m'a appris qu'elle ne requiert pas plus de temps que le résumé des observations, rédigé d'après la méthode ac- tuelle. Le tableau me paroît assez simple et clair pour four- nir des résultats précis, puisqu'avec quarante-six lignes et vingt-cinq à trente colonnes, l'on a le moyen de comparer les principales différences météorologiques an- nuelles avec la plus grande précision. Telles sont les vues que Ÿe me suis proposé de com- muniquer aux amateurs de la météorologie. On ne peut se dissimuler que cette science n’a pas encore fait les progrès que la physique paroissoit devoir lui procurer, et je suis persuadé qu'avec la méthode proposée , que jai plus amplement développée dans un ouvrage d'hy- (1) Journal de Physique de Paris, janvier 1819. # 2. "2 > Ge 12 CONsIDÉRATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 173 draulique qui est sous presse (1), on parviendra à dé- terminer avec toute la précision désirable et d'une ma- nière satisfaisante , les plus petites différences à quel- ques heures près, qui peuvent avoir successivement lieu dans les météores, et on pourra connoître la marche progressive de la température moyenne annuelle, en déterminant exactement si elle s'abaisse ou si elle s'é- lève. C'est aux météorologues à décider si mes vues peuvent mériter leurs suffrages (2). CASTELLANI. (1) Dell’ influenza delle selve sul corro delle acque parte ete. (A) (2) Les amateurs de météorologie qui liront ce Mémoire et étudieront le tableau qui l'accompagne , regretteront proba- blement l'émission absolue des observations du baromètre et de lhygromètre dans un travail que l’auteur a desiré rendre complet. Les rapports des modifications de pression et d’hu- midité de l'air avec les résultats ombrométriques auxquels l'anteur a attaché une importance presque exclusive, auroient offert beaucoup d'intérêt par les prognostics que ces rapports aurvient pu suggérer relativement à l'apparition plus ou moins: sûre ou prochaine, de la pluie, ou du beau temps, à la suite, des mouvemens du baromètre et de l’hygromètre , prédictions utiles ou agréables à toutes les classes de la Société et parti- lièrement aux agriculteurs. (R) «3e ( 174 ) PHYSICO-CHIMIE. ON THE APHLOGISTIC PHENOMENA , etc. Sur les phéno- mènes aphlogistiques et le magnétisme des rayons violets du spectre solaire, par Mr. J. Muxray (Phil, _ Mag. avril 1819 ). ( Traduction ). D, ns mes Elémens dé chimie ( seconde édition ) j'ai, avec d’autres chimistes, considéré les phénomènes aphlo- gistiques (1) découverts par Sir H. Davy, comme appari tenant exclusivement au platine et au palladium ; et j'az vois considéré les rapports de ces métaux avec le calo: rique comme la cause de ces phénomènes, quoique j'éussé antérieurement observé et signalé la petite flamme phos: phorescente qui entoure les autres métaux, le charbon, le verre , etc. lorsqu'on les plonge chauds dans des gaz inflammables et en contact avec l'air commun. Je reviens actuellement de cette opinion. | Pendant mon séjour à Naples, le Prof. Sementini m'ap- prit que l'argent et le cuivre montroient les mêmes phé: nomènes , et il eut la bonté de répéter sous mes yeux les expériencés qui pouvoient me convaincre à cet égard: La lumière que donne le cuivre est moins brillante que celle du platine, mais l'argent produit une Zumière vive à l’aide de laquelle on peut lire. Le diamètre des fils de métal est d'environ — et celui de la spirale qu'on en forme , d'environ + de pouce. On déploie et on aplatit la mèche de la lampe à esprit-de-vin , et on maintient (1) De la lampe sans flammie. (R) CPE TT MAGNÉTISME DES RAYONS VIiOLETS. 275 la spirale, qui peut avoir une douzaine de tours , droite, au moyen d'une épingle. On allume alors la lampe, puis on l’éteint, en appliquant un instant le couvercle sus Ta flamme. La lumière de l'argent est plus belle que celle du platine , et l'expérience plus facile à faire, parce qu'on se procure plus aisément du fil d'argent que de platine (r). J'ai réussi à produire les phénomènes aphlogistiques, en employant le fil d'argent et le camphre. J'emploie une tranche de camphre un peu plus large que le dia- mètre du cylindre que forme le fil roulé en spirale. Je fixe ce cylirdre sur un morceau de liège, par une épin- gle qui traverse le petit disque de campbre, de manière ‘que l'épingle ne tombe pas lorsque le camphre se fond. Je pouvois aisément lire une lettre à cette lumière. po 1 faut toujours , dans ces expériences, n'éteindre la flamme qu'après qu'elle a fait rougir le fil, ce qui, à raison de la forme creuse de cette flamme ( que j'ai re- marquée dans un de mes précédens Mémoires ) ne peut avoir lieu que lorsque les fils métalliques sont en contact avec le bord extérieur du cône de flamme. J'avois aussi manifesté un étonnement qui approchoit du doute, sur une découverte de la certitude de laquelle je suis maintenant convaincu. Je veux parler de celle due au Dr. Morrichini, de Rome, sur la propriété des rayons violets du prisme, d’aimanter lès aiguilles de boussolé, (1) Notre savant correspondant , lé Prof. Sementini , avoit eu la bonté de nous communiquér sa découverte l’année der- nière , et il nous avoit envoyé en même temps un échantil- lon du fil d'argent avec lequel il fait l'expérience ; maïs chaque fois que nous avons voulu la tenter ; le fil s’est à l'instant déformé et fondu. Nous ignorons d'où provient la différence de chaleur de la flamme dans ses expériences et dans la nôtre; peut-être de l2 qualité de l'alcool plus ou :d pur. (R) | 176 Paysico-cnimie. A mon retour de Naples , j'eus le plaisir de visiter ce Professeur. Il a réussi à rendre magnétiques jusqu’à soixante et quatorze barreaux d'acier, de l’un desquels il a bien voulu me faire cadeau. Ce barreau attire la limaille de fer, et possède une polarité très-énergique. Voici ce qui est écrit sur l'enveloppe et rappelle les cir- constances de l'expérience qui lui a donné sa propriété: « Le rer. septembre 1812, n.°3, le lemps étant nuageux et humide, l'expérience n’a pas réussi ; même Fo a perdu le peu de vertu magnétique qu’elle avoit acquise le jour précédent : mais en la traitant le jour suivant par le procédé ordinaire { du rayon violet ) elle s'est bien aimantée.» Il n’est point nécessaire (comme l'indique le Prof. Playfair) que l'aiguille soit placée dans le plan du mé- ridien magnétique ; car le Prof. M. m'a affirmé avoit réussi à aimanter dans toutes les positions de l'aiguille ‘indifféremment, et jusques dans la verticale. On reçoit sur le prisme, par une ouverture convenable un rayon du soleil dans un jour pur. On fait tourner le prisme sur son axe jusqu'à isoler le rayon violet, et on pro: jette, au moÿen d'une lentille très-convexe et d’environ trois pouces de diamètre le faisceau violet concentré sur l'aiguille. Pour le reste, je l'extrais du Mémoire inédit du Prof. M. intitulé : « Secondo Memoria sopra la forsa magnetizante del lembo estremo del raggio violette. Ni le rayon rouge du spectre, ni la lurnière des com: bustibles enflammés, n'ont la propriété d'aimanter.— La lumière violette des rayons de la lune a donné en.douze heures, des propriétés magnétiques plus décisives. que le rayon rouge (1) solaire dans sept heures et demie. La durée des expériences en décembre 1812, et en fe vrief (1) Nous soupconnons ici une faute typographique, car l’auteur vient de dire que le rayon rouge n’aimantoit point, (R) MAGNÉTISME DES RAYONS VIOLETS, 197 vrier, mars, et avril 1813 avec la lumière violette varia, de 23 à 120 minutes, et ne parut avoir aucun rapport avec les mouvemens du baromètre, du thermomètre , et de l’hygromètre ; car, le r.* mars 1813, la Fe. de l'opération n'ayant été que de 23’, le thermomètre de R, étoit à 7,25 ; le baromètre à 28. 2,20 , et Thyg ro- mètre de Retz, à He 65; et le 4 avril 1813, jour où il fallut 120' pour produire l'effet magnétique, le ther- momètre étoit à 11,70; le baromètre à 28, o, o , et l’ hy- gromètre de Retz à 28,90 ; mais il est vrai que Île ciel n'étoit. pas serein. Enfin, le 23 mars, le thermomètre étañt à 10, 15; le baromètre à 28. 2,15, l’hygromètre à 31,25, l'expérience dura 3o', et le magnétisme obtenu fut très- -énergique. Le temps avoit été très-variable leg trois jours précédens. — Le 15 avril, temps nuageux, hygromètre 32,25 , on eut de foibles signés magnétiques au bout de 30’; lé 16, temps nuageux, hyer. 28,85 le ‘hagnétisme fut intense en 70’; etle 18, hygr. 29,10, on eut le même résultat en 60’. — Le 257, 28 et 29 mars, et le 1.er avril 1813 on fit des expériences avec les rayons rouges du spectre , mais on n’obtint pas de signes magné- tiques. — Le 2 avril on eut une répulsion foible et équi- voque. On n’obtint rien de deux essais sur la lumièro verte, sauf de très-légers signes, dans l’un des deux. Le 14 avril, avec le faisceau solaire entier on procura un peu de magnétisme en 120'.— Dans la première ex- périénce avec le rayon lunaire violet on ne produisit aucun effet sensible; dans la seconde, l'aiguille parut avoir acquis une légère tendance au méridien magné- tique; on eut le même résultat dans la troisième, qua- trième et cinquième expériences faites de suite; mais dans les deux dernières on obtint une polarité décidée. — Les 15, 16 et 19 avril on ne produisit aucun etfe avec le rayon rouge en 60’; mais avec ce même rayob, le 21 avril, et le 16 et 20 de mai, dans des expérien- Se, et arts, Now, série, Vol. 11, N°, 3, Juillet 1819, M 178 PuHysico-CHIMIE. ces qui durèrent respectivement 90, 30 et 90’, on ob- tint uné tendance indécise vers le méridien magnétique. — On fit, le 10, 11 et 12 mai, des expériences avec le rayon violet provenant de la flamme de l'huile d'o- live ; on n'obtint aucun signe magnétique en 240, 120 et 120 minutes. Le Dr. M. me dit n’avoir pas emploÿé de miroir pour réfléchir la lumière dans ces expé- riences. Voici comment le Prof. M. s'exprime päge 3r de son second Mémoire. «Les nouvelles expériences que j'ai eu l'honneur de vous exposer confirment de plus en plus l'existence d'un pouvoir magnétisant, qui ap- partient à la lumière sur-tout vers le bord extrême du rayon violet.» — Il le termine en disant : «les rayons chimiques, et les rayons violets ne sont jamais sépa- rés; et l'intensité de couleur des premiers annonce pro- portionnellement l'action désoxidante des rayons chi- miques. Les corps terrestres peuvent soutirer des rayons solaires le fluide magnétique tout comme ils absorbent la lumière et le calorique, fluides qui entrent dans la composition et la décomposition de ces mêmes corps. Ainsi, le fer pourroit être, relativement au fluide magné- tique, ce que le pyrophore est à l'égard du calorique, et les phosphores naturels, à la lumière. » On peut dire que cette belle découverte jette, pour ainsi dire, ur nouveau jour sur la lumière. Je regrette d'avoir été obligé de quitter Rome avant de pouvoir être témoin de la répétition de ces expériences, aux- quelles le Prof. M. m'avoit invité d'assister et pour les- quelles on n'attendoit qu'un jour suffisamment clair, Cette circonstance n’a point eu lieu avant mon départ. Le Dr. m'apprit qu'il avoit trouvé des rapports entre les effets électriques et la présence de certaines couleurs du prisme; que le rayon violet produisoit les signes de l'électricité positive, et le rayon rouge l'électricité coutraire. noott TE LL Erémens DE CHIMIE ExPÉRIMENTALE. - 199 D'après une suite d'expériences dont le Professeur de Botanique est actuellement occupé à Rome, il paroîtroit * que la lumière violette a une influence considérable sur “la végétation. Je suis , etc, J. Munnar. EE CHIMIE. _Tus scémenrs, etc. Elémens de Chimie expérimentale MR par W.Henary. LA D) mme (he ouvrage qui présente un abrégé complet de l'état actuel de la chimie écrit avec une grande simplicité “et à la portée des nombreux amateurs de cette science, a eu un succès prodigieux. Huit éditions se sont suc- cédées les unes aux autres , il a été traduit en plu- sieurs langues, et est devenu pour les commencçans un des meilleurs ouvrages à étudier et à consulter. La raison de ce succès est aisée à comprendre. De toutes les sciences naturelles c'est la chimie qui a fait les progrè® les plus rapides et les plus brillans, les découvertes se sont succédées les unes aux autres, ces découvertes ont amené des théories nouvelles; des systèmes qui parois soient établis sur des bases inébranlables ont été con= testés, des noms nouyeaux ont été introduits , et l’homme instruit , l'artiste, le manufacturier, qui étu- dioit il y a vingt ans, auroit bien de la peine à com- prendre actuellement le plus simple Mémoire de chimie, si par ses lectures et ses études, il ne s’étoit tenu au niveau de l'état actuel de la science, Les hommes qui font leur occupation principale de l'étude des sciences, M à 180 BA CHrmie. qui lisent les journaux scientifiques , ceux que leur goût entraîne à l'étude de la chimie et qui, soit par le temps qu'ils peuvent consacrer à cette étude, soit par la masse des connoïssances déjà acquises sont en état de lire les ouvrages de Thénard , de Thomson, etc, ceux-là, dis-ie, pourroient aisément se passer des traités élémentaires du genre, de celui que nous annoncons. ‘Mais il est une foule de gens instruits, d’artistes, de pharmaciens, de manufacturiers, qui en raison de leurs nombreuses occupations, ne peuvent consacrer qu'un %emps fort limité à l'étude; c’est pour eux que des ‘ouvrages élémentaires simples , donnant un apercu juste et exact de l'état de la science, sont de la plus grande utilité. Il est à regretter que les savans Français qui possèdent au plus haut degré l’art d’écrire claire- ment et méthodiquement , n’offrent pas de temps à “autre à cette classe nombreuse et intéressante, un moyen d'utiliser leurs connoissances déjà acquises , de s'en procurer des nouvelles, et de pouvoir ainsi profiter et jouir des découvertes qui se font tous les jours. Un ouvrage composé dans ce but, dans lequel autant que possible, on sépareroit les faits d'avec les méthodes de les coordonner ; ou en d’autres termes, dans lequel l’on sépareroit les faits d’avec les théories, et auquel il se- roit en conséquence possible de faire de temps à autre des suppléfnens, qui donneroient, d'un côté les nou- veaux faits découverts, et de l’autre les modifications que les théories doivent nécessairement subir, un tel ouvrage, dis-je, seroit précieux pour tous les amateurs de la science : C’est ainsi que l’on auroit vu il ya quelquesan- nées, que les nombreuses expériences sur l'acide mu- riatique oxigéné, conduisirent MM. Ampère, Gay-Lussac et Thénard , à douter les premiers de la présence de l'oxigène dans cette substance, ou du moins à examiner si cette présence étoit prouvée. Ayant vu qu'aucun fait, aucune expérience , ne démontroient l'existence de ErEémens DE CHIMIE EXPFRIMENTALE. 18r l'oxigène dans ce corps, ils en conclurent qu'il étoit plus logique de le regarder comme un être simple. Davy eut la même idée, ses expériences la confir- mèrent, de là naquit une nouvelle explication des faits, une nouvelle théorie, dans laquelle l'acide mu- riatique oxigéné, nommé chlore, fut considéré comme un être simple, comme un élément. Cette théorie est maintenant admise assez généralement en Europe, mais est-elle immuable , ne changera-t-elle point? Il est bien probable au contraire qu’elle subira de nouvelles mo- difications ; les chlorures, qui suivart ceite nouvelle théorie doivent, en se dissolvant dans l'eau , décomposer complétement ce liquide pour se transformer en hydro- chlorates , présenteut un phénomène mal expliqué. Car ces mêmes hydro-chlorates, par une simple dessication . ou par la cristillisation , doivent revenir à l'état de chlorure, et l’eau qui avoit été décomposée en oxigène et hydrogène, doit se recomposer de nouveau, et cela en conséquence d'une action qui n'a rien d'analogue à ce que nous connoissons déjà. Il est donc probable, que quoique cette manière d'expliquer les faits, soit peut-être la meilleure aujourd’hui, et que par consé- quent il soit nécessaire de la connoître , dans quelques années, nous en aurons une nouvelle avec laquelle il faudra nous familiariser. . Les faits généraux sur les lois de la composition chimique, sur ces lois que suivent les corps en se combinant ensemble, ont donné un nouvel essor à la science, et nous conduiront incessamment à des résultats généraux du plus grand intérêt. IL est. né- cessaire de connoître ces lois si l'on veut lire les ou- vrages de chimie qui se publient actuellement ; l’ou- vrage de Thomson , par exemple, suppose ces con- noissances préalables. Cette marche rapide de la chi- mie, soit dans la partie purement expérimentale ow la science des faits, soit dans la partie théorétique, 162 CHIMIs. exigeroit done que l'ouvrage que nous demandons, fûs susceptible de recevoir des supplémens successifs. Le traité élémentaire que nous avons sous les yeux, a été écrit dans un But tout à fait semblable. Mais cet ou- vrage est réellement un traité élémentaire de chimie, et en conséquence il est fort long et fort volumineux. L'ordre d’ailleurs que l'auteur a adopté, n’admettroit que : difficilement des supplémens , à l'ouvrage même; con: dition absolument nécessaire pour rendre un ouvrage dans ce genre généralement et long-temps utile. Nous ne chercherons point à donner à nos lecteurs un extrait complet des élémens de Mr. Henry. Nous nous contenterons d'indiquer en abrégé quelques-uns des chapitres nouveaux de cette édition, espérant qu'une | nouvelle traduction viendra bientôt le mettre à la portée des amateurs de chimie du continent. © La section troisième du second chapitre sur l’affinité chimique, traite des proportions suivant lesquelles les corps se combinent , et de la théorie atomistique de: Dalton. Un apercu comparatif et abrégé des idées que les différens chimistes ont émises à cet égard, apercu. qui se trouve dans ce chapitre, pourra peut-être inté-. resser quelques amateurs. L'auteur commence par établir la base de la théorie de Dalton , savoir : que quelques corps s'unissent en toute proportion comme l'eau et l'acide sulfurique, que d'autres s'unissent en toute proportion aussi, mais seu lement jusqu'à un certain point, comme l'eau et le sel ordinaire; au delà du point de saturation, l’eau ne prenant plus de sel. Dans tous ces cas l'union est foi- ble et peut se détruire aisément. La force de combinaison est plus énergique lorsque les corps s'unissent en une seule proportion, comme l'oxigène et l'hydrogène : elle l'est aussi lorsqu'ils s'u- ELÉMENS DE GWIMIK EXPÉRIMENTALE, 183 nissent en plusieurs proportions. Dans ce dernier cas, ces, proportions sont définies, il n'y a point de combi- maisons dans les proportions intermédiaires. Ainsi cent parties de manganèse se combinent seulement avec 14, ou 28, ou 42, ou 56 parties d'oxigène. Maintenant ce qu'il ya de remarquable, c'est que lorsqu'un corps entre en combinaison avec un autre en différentes pro- portions, les nombres qui indiquent ces plus grandes proportions, sont des multiples exacts de ceux qui in- diquent les plus petites. Ainsi nous voyons dans l'exem- ple précité, que pour cent parties de manganèse nous avons quatorze d'oxigène pour la plus petite portion de ce corps qui se combine avec le manganèse , puis AX14, 3X14,.4X 14. C'est sur une vaste réunion de faits de cette espèce, que Mr. Dalton a fondé la théorie atomistique. Car quoique lorsque nous combinons chimiquement les corps les uns avec les autres, nous paroissions opèrer sur des masses , il est cependant naturel de croire, que c’est seulement entre les dernières particules de ces corps, ou entre les atômes, que la combinaison a lieu. Par le mot atômes on entend seulement les plus petites parti- cules dont les corps sont composés; un atôme est donc mécaniquement indivisible. Une fraction d’atôme ne peut pas exister. Nous ne dirons rien de la grandeur ni de la forme de ces atômes. Admettant donc comme un fait, que la ‘combinaison a lieu entre les atômes des corps seulement, Dalton , d'après les poids relatifs des corps lorsqu'ils se combi- nent, en déduit les poids relatifs de leurs atômes. S'il n'y a qu'une seule combinaison entre deux corps élé- mentaires, il admet que ces corps s'unissent atôme à atôme, ce sont alors des combinaisons binaires. S'il y a plusieurs combinaisons entre ces deux corps; il sup- pose qu'ils se combinent en proportions qui peuvent être exprimées , par un multiple simple du nombre des 184 CHIM1r. atômes ; ainsi un atôme de A peut se combiner avec deux atômes de B, et deux de A avec un de B. Ces combinaisons se nomment fernaires, etc. Berzélius a proposé une différente classification des atômes, il les sépare en atômes élémentaires et en atômes composés. Il divise de nouveau les atômes composés en trois différentes espèces, r.° les atômes formés seulement de l'union de deux substances élé- mentaires, où atômes composés du premier ordre , 2.° les atômes composés de plus de deux substances. élémen- taires, et comme ces alômes ne se trouvent que dans les corps organiques ou dans les substances que l'on obtient par la destruction de ces corps, il les nomme atômes organiques, 3.° les atômes formés par l'union de deux ou de plus de deux atômes composés, tels sont ceux des sels : il nomme ceux-ci atômes composés du second ordre. Il adopte encore l'égalité de grandeur et la forme sphérique pour tous les atômes des différentes espèces, ensorte que le plus grand nombre des atômes de A, qui peuvent se combiner avec B, seroit de douze ; car douze est le plus grand nombre de corps sphériques que l'on peut mettre en contact avec une sphère de même diamètre. | Berzélius a aussi démontré par une multitude d’expé- riences , que lorsque deux corps peuvent se combiner en plusieurs proportions, ces proportions sont toujours le produit de la multiplication par1,12,2,3,4, etc. de la plus petite quantité d'un de ces corps, l'autre restant la même. Il ne faut pas en conclure cependant, que quand il ne se forme que quelques-unes de ces combinaisons , celles qui ont lieu se succèdent toujoors dans l’ordre que nous venons d'indiquer. Voyons maintenant comment Dalton détermine le poids des atômes des corps: supposons deux substances élémentaires À et B formant un composé binaire , et ‘ ELEMENS DE CHIMIE EXPFEÉRIMENTALE. 185 supposons que par expérience on aît trouvé que ces deux substances s'unissent en telle proportion, que cinq de la première se combinent avec quatre de la dernière. Par hypothèse, ôn suppose que ces deux substances s’u- nissent d'atôme à atôme, en conséquence les nombres 5 et 4 exprimeront les poids relatifs des atômes de ces substances. Mais un atôme de À peut se combiner avec un, ou avec deux, ou avec trois atômes, etc. de B, et un atôme de B peut se combiner avec un, deux, trois atÔ- mes , etc. de A. Dans ce cas, l’analyse doit prouver que 5 de A se combinent avec 4 de B; ou 5 de A avec 4 + 4 de B; ou 5 de À avec 4 +- 4 + 4 de B,etc.; ou bien 4 de B avec 5 de A; ou 4 de B avec 5 + 5 de À, ou 4 de B avec 5 + 5 + 5 de À, etc. Il ne doit point y avoir de composés intermédiaires comme seroit 5 de À avec 6 de B. - Veut-on vérifier les nombres trouvés, on cherche à combiner À: et B avec une troisième substance C: suppo- sons que À et C forment un composé binaire dans lequel l'analyse découvre 5 parties de A et 3 de C; alors, si B et C sont susceptibles de s'unir, les proportions relatives de leurs élémens , doivent être 4 de B et 3 deC; ces poids désignant les poids relatifs de leurs atômes. Telle est la méthode dont s’est servi Dalton pour trouver les poids relatifs, de l'oxigène , de l'hydrogène et de l’azote ; les deux premiers d’après la composition -de l’eau , les deux autres d'après celle de l'ammoniaque. Dans quelques cas on peut avoir une preuve de plus de l'exactitude des poids trouvés pour un élément, en obtenant le même nombre dans l'examen de plusieurs de ses composés. Par exemple : 1.° Dans l’eau, l'hydrogène est à l'oxigène :: 1 :7,5.. 2.2 Dans le gaz oléfiant , l'hydrogène est au carbone 5,60: 3.” Dans l'oxide de carbone, l'oxigène est au carbone x: 71919,60. 186 Cnruis. Soit donc que nous déterminions le poids d'un atôme, - de carbone, d'après la proportion dans laquelle il se com- bine avec l'oxigène , soit avec l'hydrogène , nous trou- verons le mème nombre; circonstance qui ne peut être accidentelle et que l'on rencontre dans plusieurs exem- ples. Le nombre 75, représentant le poids relatif de l'atôme d'oxigène , se déduit aussi, soit de sa combi- naison avec l'hydrogène , soit avec le carbone, Voyons maintenant quel est le corps qu'on a choisi pour l'unité; Dalton a pris l'hydrogène, parce que c'est la substance qui s'unit avec les autres dans la plus pe- tite proportion : ainsi dans l’eau nous avons 1 hydro-, gène et 7,5 oxigène , dans l’'ammoniaque 1 hydrogène et 5 azote, dans l'hydrogène carburé, : hydrogène et 5,65 carbone , dans l'hydrogène sulfuré , 1 hydrogène et 15 - soufre. Supposons toutes ces combinaisons binaires, nous aurons 1—7,5—5—5,65—15 pour les poids relatifs des atômes de l'hydrogène , de l'oxigène , de l'azote, du carbone et du soufre. ‘Wollaston , Thomson et Berzélius de leur côté, ont pris l'oxigène pour l'unité décimale, dans le but de fa- ciliter l'estimation des composés nombreux de ce.corps avec d’autres. Cette circonstance est fâcheuse pour la seience, il auroit été à souhaiter que les savans qui s'occupent de chimie, eussent pris un même point de comparaison pour les poids relatifs des atômes des corps. Il :est cependant facile de réduire les nombres de Wollaston, Thomson et Berzélius, à ceux de Dalton par une sim- ple règle de trois; car 10, nombre que Wollaston et Thomson prennent pour l'oxigène, est à 1,32, nombre qui dans ce système représente l'hydrogène , comme 7,5, nombre qui suivant Dalton représente l'oxigène, est à 1 qui représente l'hydrogène. Davy a pris, avec Mr. Dalton, l'atôme d’hydrogène pour l'unité ; mais il a modifié sa théorie, en sup- EÉLÉMENS DE CHIMIE EXPÉRIMENTALE. 187 posant que l'eau est un composé d'un atôme d'oxi- gène et de deux atômes d'hydrogène, et cela parce qu'ik est nécessaire d’unir deux volumes de gaz hydrogène : avec un volume de gaz oxigène, pour former de l'eau, et dans la supposition que des mesures égales de diffé- rens gaz contiennent des nombres égaux d’atômes ; or, comme dans l'eau l'hydrogène est à l'oxigène en poids” ::1:7.5, deux volumes ou deux atômes d'hydrogène doi- vent peser r, et un volume, soit un atôme d'oxigène, 7,9; par conséquent, si l'on désigne.par 1 l'atôme d'hydrogène, celui d'oxigène doit se désigner par 9,5 + 7.5 = 15. Re- marquons cependant que cette modification de la théorie atomistique , est en contradiction avec la proposition fondamentale de Mr. Dalton ; savoir, que lorsqu'on n'a qu'une seule combinaison de deux élémens, il est à pré- sumer, à moins qu’on ne prouve le contraire, que cette combinaison est binaire : plusieurs raisons qu’il seroit trop long d’énumérer, militent en faveur de cette pro- position, -Nous venons de voir qu'il est aisé de déterminer les poids relatifs des atômes de deux corps élémentaires qui s'unissent en une seule proportion; mais quand un corps se combine en plusieurs proportions avec un autre, il est nécessaire , pour fixer le poids de son atôme , de connoître la plus petite proportion dans laquelle le pre- mier se combine avec le second. Ainsi, si nous avons un corps À dont 100 parties se combinent avec 30 d'o- xigène et pas moins, le poids relatif de son atôme, sera a celui de l'oxigène :: 100 :30, ou :: 25 : 7,5. Car 7,5 est le: poids relatif déjà trouvé pour l'oxigène , l'hydrogène étant 1: Si donc nous ne trouvons pas de combinaison plis simple du corps À avec l’oxigène, nous fixerons à 25 le poids relatif de son atôme. Mais si par des expé- riences subséquentes , on venoit à découvrir, que 100 . parties de À peuvent s’unir avec 15 d'oxigène, alors il faudroit doubler le poids relatif de l'atôme de A, vu 188 ”Cn. /2 que dans ce cas 100 : 15 :: 50 : 7,5. Cet exemple expli- : que les changemens qui ont souvent lieu dans la fixation du poids relatif des atômes de quelques corps; change- mens qui consistent toujours dans la multiplication ou la division du poids déjà trouvé par un nombre simple. Nous n'entrerons pas dans le détail des réponses de notre auteur aux objections que l'on a faites à la théorie atomistique , nous citerons une seule de ces objections qui a été exposée dans le Mémoire du Dr. Wollaston sur les équivalens chimiques ; savoir, que lorsqu'un corps forme avec un autre , deux combinaisons , on ne sait laquelle de ces deux combinaisons on doit prendre pour binaire, laquelle pour ternaire. Ainsi nous connois- sons deux combinaisons de l’oxigène avec le carbone, l'oxide de carbone et l'acide carbonique. Dans la pre- mière, une quantité donnée de carbone est unie avec une quantité d'oxigène ; dans la seconde, la même quan- tité de carbone est unie avec le double d’oxigène ; si c'est la première de ces combinaisons que nous prenons pour binaire, alors un atôme de carbone avec un atôme d’oxigène constituent l'oxide de carbone, et dans ce cas l'acide carbonique sera composé d'un atôme de car- bone et de deux atômes d’oxigène. Si c'est l'acide car- bonique que nous prenons pour combinaison binaire , cet acide sera composé d’un atôme de carbone et d'un atôme d'oxigène, et l'oxide de carbone, d'un atôme d'oxi- gène et de deux atômes de carbone ; il est difficile , dit-on , de se décider entre ces deux suppositions. Mr. Henry répond, que plus un corps est composé plus sa pesanteur spécifique est grande , que par conséquent l'acide carbonique étant plus pesant que l’oxide de car- bone, doit être plus composé que ce dernier. En outre, il est généralement reconnu que plus un corps est sim- ple, plus il est difficilement décomposé ; or, l'acide car- bonique étant plus aisément décomposé que l’oxide .de carbone, il est naturel de supposer que c'est ce dernier ELÉMENS DE CHIMIE EXPÉRIMENSALE, 189 qui est le composé le plus simple, ou le résultat de la combinaison binaire ; tandis que l'acide carbonique est le résultat de la combinaison ternaire. Une modification importante à la loi des proportions définies , et relative aux composés aériformes, a été dé- couverte par Mr. Gay-Lussac ; lorsqu'on prend les corps à l'état gazeux, et qu’au lieu d'estimer en poids la quantité des corps qui se combinent, on les mesure en volume , on obtiént des rapports simples, non seu- lement entre les divers volumes des mêmes corps et qui se combinent avec une même quantité du corps B., mais encore entre les volumes respectifs de A. et de ‘B. Cette observation , une des plus belles qu'on eût fait en physique , peut être ainsi généralisée, « En telles proportions que les corps gazeux s’unissént. » ils donnent toujours lieu à des composés dont les élé- » mens eu volume sont les multiples les uns des autres ; » et quand les gaz éprouvent une contraction de volume » par la combinaison , cette contraction a un rapport sim- » ple avec les volumes des gaz , ou plutôt avec celui de ‘» J’un d'eux. » Nous terminerons cet extrait par un principe général qui , quoique lié intimément avec la théorie atomisti- que , est cependant déduit de l'expérience ; savoir, que si l'on fixe la proportion dans laquelle deux ou plusieurs corps À. B. C. etc. d’une classe neutralisent un autre corps X d'une classe différente, on trouvera que les mé- mes proportions de À. B. C. etc. seront nécessaires pour neutraliser quelqu’autre corps de la même classe qu'est X. Ainsi puisque cent parties d'acide sulfurique et 68 d'acide muriatique neutralisent 118 de potasse , et puis- que d'un autre côté 100 parties d’acide sulfurique neu- tralisent 71 de chaux , nous en conclurons que 68 d'a- cide muriatique sédsertif la même quantité (71) de chaux. L'importance de cette loi s'aperçoit aisément, puisqu'elle nous permet non-sculement d'anticiper, mais H90 Cnivmres, ‘aussi de corriger le résultat des analyses. 11 suit dé là que si les quantités de deux corps A. et B. qui sont nécessaires pour saturer un poids donné d'un troisième corps X , sont représentées par Q et par R , ces quan- tités peuvent être appelées équivalentes. Ainsi dans l’e- xemple précité, 100 parties d'acide sulfurique et 68 d'acide muriatique sont des quantités équivalentes l’une de l’autre. Le Dr. Wollaston a construit une Æchelle Zogométrique des équivalens chimiques , par laquelle on peut résoudre avec facilité un grand nombre de pro- blèmes intéressans , soit pour la pratique , soit pour la théorie. Nous renvoyons au savant Mémoire qui précède la description de cette Echelle du Dr. Wollaston (1), ainsi qu'à l’article Attraction moléculaire, par Mr. Che- vreul dans le supplément au Dictionnaire des sciences naturelles Tome III, ceux de nos lecteurs qui désire- roient connoître à fond cette partie intéressante de la chimie. D. L. R. Prof. (x) Voyez Bibl. Brit, (La suite à un prochain Cahier ), HISTOIRE NATURELLE. NoricE SUR UNE ÉRUPTION RÉCENTE DE L'ETNA, ADRESSÉE par Mr. Srepmano Moricanr à Mr. le Prof. Jurine, Présid. de la Société des Naturalistes de Genève, et communiquée aux Rédacteurs de ce Recueil. Messine , 12 Juin 1819. Je suis persuadé, Mr. , que vous prenez assez d'intérêt à mon voyage en Sicile pour quil ne vous soit pas indifférent d'apprendre que j'ai eu le plaisir de voir une éruption de l'Etna; c'est être assez heureux que de se trouver là à point nommé pour jouir d'un spectacle rare et qui étoit d'autant plus intéressant pour moi que javois, comme vous le savez, observé plusieurs érup- tions du Vésuve; quoique ce soit toujours au fond les mêmes phénomènes, la masse énorme du volcan de Sicile leur donne une apparence plus imposante. L'Etna depuis sa dernière éruption du mois d'octobre 1811, étoit demeuré dans un calme parfait, la bouche qui souvrit alors étoit tout-à-fait éteinte, il s'en élevoit seulement un peu de fumée , comme du grand cratère ; et, pour le dire en passant, cette fumée du cratère supérieur est le baromètre des habitans de la montagne ; ils prédisent chaque jour avec certitude, à ce qu'ils prétendent, d'après son apparence le temps qu’il doit faire le lendemain ; il est bien possible en effet que d’après l’état de l'atmosphère cette fumée s’élève plus ou moins, et se montre plus ou moins condensée, mais a elle leur annonce la pluie elle ne leur pronostique ho Histoire NATURELLE, pas les éruptions; car, le jour même de celle dont je vais vous parler, plusieurs personnes étoient allées au sommet, entr'autres Mr. Lucas (de Paris), et aucune n’avoit re- marqué le moindre signe qui pût faire soupconner la scène qui se préparoit; il n’y avoit pas même de la fumée au cratère. Le ciel avoit été pendant le mois de mai tantôt serein, tantôt couvert, mais sans pluie; du 18 au 22 serein, du 23 au 24 à moitié couvert; le 25, couvert; le 26 petite pluie; le 27, clair le matin, dans la journée nuages et pluie par un vent violent d'ouest. Dans la nuit du 27 au 28 avant minuit, l'on ressentit à Niccolosi quel: ques légères secousses qui ébranloient les portes et les fénêtres; à minuit, l'on apercut sur la montagne un peu de lumière; à une heure il se fit une grande ex- plosion, et l'éruption éclata; trois bouches s'ouvrirent en même temps à environ cent cinquante toises au- dessous du sommet, sur le revers du plan sablonneux maintenant couvert de neige qui s'étend au-dessous du grand cratère; elles lancoient sans interruption et avec de violentes détonations des pierres ardentes qui for- moient comme trois colonnes de feu, et un énorme nuage composé de scories noires, légères, vitrifiées , brisées et comme triturées, que le vent chassa du côté de l'est, elles retombèrent en pluie autour du volcan. J'ai commencé à les observer du côté d'Aci et j’en ai ramassé beaucoup sur l'ile des Cyclopés; j'ai trouvé les routes couvertes de ces scories, sur toute la base du volcan jusqu'à Mascali, et le long de la mer jusqu'à uné lieue plus loin que Taormina, derrière les premières montagnes calcaires, à une distance d'environ dix lieues du centre de l'éruption. La mème nuit il s’est ouvert une autre bouche dans la partie supérieure de la vallée du Trifoglietto ou del Bue, car ces deux vallées se con- fondent; et il en a coulé un ruisseau de lave qui, dans les premières quarante-huit heures, a parcouru l’espace de EruPTION Dr LETNA. 193 de’ quatre milles; ensuite son mouvement s'est rallenti, et pendant les six jours suivans Ja lave n'avoit avancé que d'un tiers de mille, mais elle s’étendoit sur un front de douze cents pieds ; elle couloit dans la direc- tion du village de Zafferana dont elle n'est éloignée que de quatre milles. Les explosions des bouches ont conti- nué pendant trois ou quatre jours avec la même activité; elles se sont affoiblies ensuite; la lave paroissoit sta- tionnaire , mais elles-ont repris de la force le sixième et le septième jour où je partis de Catania pour Niccolosi; le sommet de l'Etna étoit couvert de nuages qui se con- fondoient avec la fumée; les détonations étoient rares et peu sensibles..Après avoir visité les Montirossi pro- duits par l’éruption de 1669 et quelques coulées de lave , je me mis eri route à dix heures et demie du soir pour atteindre avant jour les boucheg ignivomes : le temps étoit clair, et le sommet de la montagne débar- rassé de nuages n'étoit couvert que par la fumée teinte en rouge par la reverbération de la lave. Quand j'eus atteint la région des bois une pluie de cendres que l'obscurité ne me permettoit pas de distinguer , mais qui en entrant dans les yeux et dans la bouche se “rendoit fort incommode , et les détonations qui deve- noient plus fortes et: plus fréquentes à mesure que j'avançois , m'annonçoient un retour d'activité dans le volcan. Accoutumé depuis long-temps à voir de près des éruptions, familiarisé avec ces phénomènes que j'ai observés si souvent au Vésuve, dont je parcourois le cratère au milieu des fumées qui mont plusieurs fois | enveloppé et des pierres qni tomboient autour de moi, je ne pouvois cependant me défendre d'une certaine émotion en abordant ce formidable Etna; son élévation, Ja difficulté des chemins, le pen d'expérience que je découvrois dans mes guides m'inspiroient de la défiance. : En arrivant à la région des neiges, je trouvai celle-ci Sc. et arts. Nouv. série. Vol. 11. N°. 3.Juillet1819. N : 194 HisTOIRE NATURELLE. fort dure et couverte de petits fragmens de scories qui reudoient la marche sûre et facile; j'avois laissé mes mulets plus bas ; ces pauvres animaux n'étoient point accoutumés à l'air rare de ces régions élevées, ils res- piroient avec difficulté et s’arrêtoient à chaque vingt ou trente pas, non de fatigue, mais pour reprendre haleine, ils souffroient (1) ; pour moi je n'en ai éprouvé aucune incommodité, je me sentois au contraire plus léger, j'avois retrouvé l'air de nos Alpes. Avant d'ar- river à la bouche d'où sortoit la lave, j'en observai une autre qui appartient, je crois, à l'éruption de 1780 , elle donnoit de la fumée. A trois heures du matin j'eus enfin la satisfaction de me trouver à quelques pas de la lave; la bouche d'où elle sort s'est ouverte dans la paroi, presque verticale d'un précipice , elie lançoit horizon- talement, maisen petits jets, des scories incandescentes et sans détonations; c'étoit un murmure continuel, un frémissement assez semblable à celui d’un fer rouge en contact avec l’eau; la lave couloit comme un ruisseau de fer fondu , exactement semblable à celui qui s'échappe d'un haut fourneau lorsqu'on coule la fonte, Sa largeur n’é- toit que de trois ou quatre pieds au plus; son mouve- ment, favorisé par l’inclinaison du sol, étoit rapide; quoique pendant long-temps je n’aie pas pu le recon- noître à cause de sa couleur vive et uniforme; la lave serpentoit avec une largeur à-peu-près égale sur l'éten- due d’un mille, à ce que j'ai pu juger; les saillies des rochers et la fumée ne me permettoient pas de la suivre plus loin. Je ne sentis aucune odeur particulière, il est vrai que j'étois au-dessus du vent. Il n'étoit pas possible, à cause de la forme du terrain, de s'approcher de la lave dans cet endroit où elle avoit toute sa fluidité; : (1) Feu De Saussure avoit déja observé que les mulets étoient affectés comme le sont la plupart des hommes par la rareté de l'air, lorsqu'ils atteignent les hautes sommités. (R) Envprion 8 LETNA. 290 mais Mr, Gemmellaro , de Niccolosi, de qui'je tiens une partie des premiers détails que je vous ai donnés plus haut, ayant tenté plusieurs fois de saisir des mor- ceaux de lave ardente, il na jamais pà y imprimer au- cune gravure comme on le fait au, Vésuve, ce n'étoit qu'avec la plas grande difficulté qu'il pouvoit ÿ enfoncer l'extrémité d'une longue tenaille de fer, et il ne retiroit que des monceaux informes . au lien de ces plaques bien imprimées que yous connoissez et que l'or a prises de cette manière au Vésuve; on pourroit en conclure que les laves de ce dernier volcan, en état de fluidité, s'ap- prochent plus dé l» liquidité, sont moins tenaces, moins dures que celles de l'Etna. Des pierres qu'on lancoit avec force sur celles-ci rebondissoient sans y faire la moindre impression. Pendant que jexaminois la lave, la grande bouche qui est située environ un quart de liene plus haut lancoit continuellement, des pierres; c'étoient des gerbes qui se succédoient sans interruption , accompagnées de détona- tions sèches, comme des coups de canon du plus gros calibre, mais qui cependant paroissoient moins fortes que lorsqu' on les entendoit depuis le.bas de la montagne ; effet probable de la raréfaction, de l'air à -cette hauteur, qui est de neuf à dix mille ‘pieds : je m'en approchui autant que la prudence le, permettoit, c'est-à-dire, hors de la portée des pierres, dont quelques-unes cependant tombèrent assez près de «moi ; une fort grosse sur-tout qui conserva Jlong-temps, sa lumière, Le spectacle étoit magnifique, cétoit le plus beau feu d'artifice que l'on pt imaginer; du reste absolument semblable à ce que javois vù au Vésuve; les plus grosses pierres s'élevoïent peu au-dessus. de la Ldtiles ; dans laquelle elles retom- boient de suite; d'autres étoient lancées un peu oblis quement, quelques: ines sélevoient à une hauteur con- sidérable ; il y en ayait qui changeoient de forme, et qui même se divisotent en d'air en plusieurs auires N'a 196 HISTOIRE NATURELLE. comme de la pâte molle, il m'a paru que ce n'étoit que des scories, et comme l'écume du bain de lave, sans mélange de pierres dures et compactes comme les volcans en lancent lorsqu'ils brisent quelques anciennes laves dont ils rejettent les débris , quelquefois même sans altération. De temps en temps, et toujours avec de fortes détonations , s’élevoient par gros nuages d'abord rouges, mais qui devenoient promptement noirs, des amas de scories brisées qui retomboient sur nous comme la pluie; elles produisoient par leur chûte sur la neige, qui en étoit déjà toute noircie, un bruit assez singulier, comme le froissement du papier. J'eus le plaisir de voir un phénomène que Mr. Monticelli a aussi observé derniè- rement au Vésuve ; c’est un cercle de fumée qui, à la suite d’une explosion , s'élève comme un anneau très- blanc, s'élargit peu-à-peu en conservant sa forme par- faitement circulaire, et va se perdre dans la masse des vapeurs qui forment toujours un nuage au-dessus de la bouche; l'on voit souvent des cercles de fumée analo- gues dans les décharges d'artillerie. Tont près de cette grande bouche on en voyoit une autre qui ne paroissoit que son satellite ; elle lançoit aussi des pierres, mais en moindre quantité et beaucoup moins haut, c'étoit une des trois qui se sont ouvertes au commencement de l'éruption ; la troisième paroissoit obstruée; elle ne donnoit aucun sigue d'activité. Entre ces trois bouches et celle d'où découle la lave il y en a une autre qui n’a donné pendant toute cette éruption que de la fumée, mais, dans le moment où je l'obser- vai elle n'en donnoit pas même. Le grand cratère qi occupe la sommité la plus élevée de l'Etna a conservé son état de calme , il sortoit seulement un peu de fumée de l’une de ses cornes. Pendant tout le temps que j'ai demeuré sur le som- met (et je l'avois déjà observé en y montant) la lune quoiqu’on n'apercût aucun nuage paroissoit pâle, jau- ERuPTION DE L'ETwA4, 107 nâtre et quelquefois rouge ; ce qui probablement étoit dû à la cendre dispersée dans l'atmosphère, Le vent chassa les vapeurs du côté opposé, je n’ai pu bien dis- cerner leur odeur; dans de certains momens jai cru reconnoître celle de l'acide muriatique , mais bien foible ; les scories triturées qui tomboient en pluie s'attachoient à mon bonnet de poil mouillé par l’humidité de la nuit; en passant la langue dessus l’on sentoit un léger goût acide. Quoique les détonations devinssent toujours plus fortes, les jets de pierres plus considérables et la pluie de sca- ries plus épaisse , l'espèce de crainte qui m'avoit occupé en montant étoit tout-à-fait dissipée lors que je me trouvai rapproché du lieu de l'incendie ; l'on s'habitue vite au danger , je vis avec peine le jour poindre, et peu-à-peu disparoître le beau spectacle que la nuit m'a- voit offert, je traversai rapidement les plans inclinés couverts de neige, je rejoignis mes mulets et fis tran- quillement au bruit de la canonade du volcan un dé- jeûné dont l'apétit réhaussa le mérite, et que les cen- dres et les scories qui pleuvoient sur nos mêts, assaison- noient pourtant d’une manière peu agréable. . De retour à Catania où j'ai passé encore deux ; Jours, et pendant ma route jusqu'à Taormina, j'ai toujours en- tendu les mêmes détonations , et pendant la nuit j'ai vu le même feu; et jusqu'au dix au soir l'état demeura tel que je viens ds le décrire; maintenant j'ai perdu la montagne de vue, l'on entend d'ici quelques coups pendant la nuit; l’éruption continue sans doute ; devien- “dra-t-elle plus considérable ? s'éteindra-t-elle bientôt ? c’est ce que je ne serai plus à portée d'observer; mais je m'estime heureux, dans mon court séjour en Sicile . d'avoir pu dire avec le poëte : » Vidimus undantem , ruptis fornacibus Æthnam » Flammarumque Eee 3 liquefactaque volvere Saxe. 195 HisTOIRE NATURELLE. Et, à propos de Virgile je hasarderai üne remarque critique : c'est sur le fammarum globos : expression est belle et elle peint bien ce que lé poëte ‘avoit probà- blement vû ; ces globes de feu ou de famée rouge qtii s'élèvent des cratères pendant les éruptions ; mais, lors- que tous les auteurs qui ont décrit les éruptions soit de l'Etna, soit du Vésuve, se servent des mots famma, Jiammu, flamme, ne donnent-ils pas une fausse idée du phénomène ; et si, en latin, en italien, en français, nous n'avons pas de mot propre à exprimer d'une ma- nière justé cel amas de mauères iucohérentes chauffées au‘rouge blanc, faut-il pour cela se servir du mot de flamme qui, pour les physiciens ne doit exprimer que ce quil signifie rigoureusement ? A-t-on jamais vù sortir de la bouche des volcans de véritables flammes , quelque chose qui répondit à la combustion du gaz hydrogène ou des autres gaz flammifères ? Je ne le crois pas. J'ai và plusieurs grandes éruptions du Vésuve, j'ai’ passé des nuits entières sur le cratère lorsqu'elles permettoient d'y rester, je m'y suis trouvé en 1804 dans le moment où vinut-deux bouches venoient de s'ouvrir au fond du cratère; les explosions étoient terribles et la placé n'étoit pas tenable; je viens de voir une éruption de l'Etna, je n’ai jamais vû de flammes ; J'en ai: parlé souvent à ceux qui ont le plus observé le Vésuve et l'Etna, 1ls conviennent tous, quoiqu'ils ayent souvent employé cette expression dans leurs descriptions , qu'ils n'ont jamais vû de véritables flammes. Je crois d’après celà pouvoir conclure que l'on s'en est tenu à l'apparence plus qu'à la réalité , que la vive rongeur qui colore la fumée qui s'échappe des laves, effet de la reverbération ; les jets de scories, de cendres, de sables, qui sont lan- cés avec violence des cratères dans un état d’incandes- cence et forment des colonnes de feu, ant bien pù être pris pour des flunmes par des observateurs peu attentifs ou qui regardent de loin; mais, que le naturaliste qui SUR LÉCLAIRAGE PAR LE GAZ. 100 examine avec soin, et qui est assez familiarisé avec ces phénomènes pour conserver auprès des bouches ignivo- ‘mes tout son sang-froid n'y verra jamais de flammes, C'est pourquoi Delisle a eu tort de traduire le flam- marum globos de Virgile, expression juste pour un poëte, par des flammes ondoyantes, ce qui ne répond ni à la vérité ni à l'apparence. , Je crois, Mr., que cette lettre est déjà trop longue ; je réserverai pour mon retour à Genève les autres observa- tions que jai pu faire et qui n'ont pas de rapport direct avec cette éruption dont j'ai voulu vous donner une idée. Agréez, etc. StTErANO Moricanp. ARTS ÉCONOMIQUES. On Gas cieurs , etc. Sur l'éclairage par les gaz combus tibles. Notice rédigée par Mr. H. Creicuron , Ingé- nieur civil à Glasgow, et communiquée au Prof. Prcrer par Mr. John Rosisox , fils du célèbre Prof.t de physique que l'université d'Edimbourg a eu le mal- heur de ‘perdre il y a quelques années. Au Prof. Picrer à Genève. Au Grove près Hamilton , 2 mai 1819. Mer. WVovs m'avez témoigné le désir de vous procurer de source , quelques détails sur l'introduction et l'état ac- tuél de l'éclairage au moyen du gaz tiré de la houille, J'ai da sausfaction de vous adresser, pour votre Recueil, quelques notes sur cet objet, qui m'ont été très-oblj- 200 ARTS ÉCONOMIQUES. geamment fournies par Mr. Henri Creighton, élève de notre célèbre ami Mr. Watt. Il vient de terminer à Glasgow un établissement qui peut produire jusqu'à cent mille pieds cubes de gaz par jour; et, soit qu'on le considère sous le rapport de sa construction et de l’admirable combinai- son de ses diverses parties, soit sous le point de vue de sa force productive comparée à ee qu'il a coûté à établir, cet appareil me semble le plus parfait que j'aie jamais vu , ou dont j'aie jamais oui parler. Parmi les choses dignes d'attention que je désirerois vous montrer si javois l’avantage de vous revoir , est un bâtiment de passage pour la navigation du Forth du canal de la Clyde, construit en entier en fer mal- léable; il est plus grand, à la fois, et plus léger qu'au- cun de ceux que vous avez vus, et il pourra contenir jusqu'à deux cents passagers. Je suis, etc. Rogison. AS PPS TT SUR L’'ÉCLAIRAGE PAR LE GAZ. Les personnes qui pourroient mettre de l'intérêt à remonter à l'origine de la découverte dont nous allons parler, peuvent considérer les données suivantes comme bien avérées. On sait depuis long-temps qu'il se dégage de la lumière dans la combustion de quelques-uns des gaz composés; mais,ce ne fut que vers l'an 1792 que l'on eut pour la première fois l'idée d'appliquer cette lumière à des usages économiques ; et il s'écoula encore plusieurs années avant qu'on eût fait usage de cette découverte d'une manière un peu notable, Depuis l'année 1800, jusques à 1805 et 1806, Mr. Mur- doch , auteur de la première découverte , ayant amené à un assez grand degré de perfection l'appareil propre SUR L'ÉCLAIRAGE PAR LE GA7. 201 à dégager le gaz, éclaira par la combustion de ce gaz une partie des ateliers de MM. Watt, Boulton et Ce, près de Soho, et les filatures de coton de MM. Philips et Lee de Manchester ; et, à la suite de ces premiers essais , les propriétaires d'un nombre considérable d'é- tablissemens adoptèrent ce nouveau procédé d'éclairage qui s'étendit rapidement à tous les districts manufactu- riers ; et son usage presque généralenient introduit ac- tuellement dans toutes les principales villes des Royaumes- Unis, est l'indice le plus certain des avantages de ce procédé. La Société Royale de Londres a montré l'importance qu'elle attachoit à cette découverte, en honorant Mr. Murdoch d'une médaille à cette occasion. On à aussi introduit ce genre d'éclairage à Paris et dans . d’au- tres endroits du continent d'Europe et de celui d'Amé- . rique (r). On peut obtenir le gaz flogogène (2) de diverses subs- tances , et par des procédés différens. Mais la houille étant le combustible le plus généralement employé pour se procurer ce genre d'éclairage , et notre objet étant de décrire l'appareil, qu'on peut actuellement regarder comme le mieux approprié à la production des gaz hydrogène carburé , et oléfiant, qu'on retire de ce combustible , il seroit hors de propos de s'occuper ici des autres-gaz in DIU subie Le jap Lit/'es (1) Nous avons vu à Paris en 1807 un essai d'éclairage par le moyen du gaz retiré de la carbonisation du bois. Nous ignorons si feu Mr. Lebon , auteur de cette expérience , avoit eu ou non , connoissance des essais antérieurs de Mr. Murdoch sur la faculté lucifère du gaz retiré de la carbonisation de la houille, (R) (2) Nous introduisons ce mot » Qui évite des circonlocutions , et qui est applicable à tous les gaz combustibles et produi- saut de la flamme, Il nous semble que Brugnatell la déjà employé, (R) 202 ARTS ÉCONCMIQUES. flogogènes , et des appareils propres à les dégager des substances capables de les produire. Lorsqu'on expose la houille à une forte chaleur rouge dans un vase fermé, ou dans une cornue , elle se dé- compose rapidement; on en obtient les produits suivans: du coak (houille charbonnée ); du goudron ou de l'huile, de deux ou trois variétés; de l'eau ; de l'ammomiaque; du gaz hydrogène carburé ; du gaz oléfiant; du gaz hy- drogène sulfuré ; outre une certaine proportion de gaz acide carbonique , et probablement, un peu de gaz oxide de carbone , de gaz hydrogène , et d'air commun. Les quantités relatives de chacun de ces ingrédiens de la houille, et qu'on en obtient par distillation à une haute température sont très-différentes , non-seulement à raison des variétés que présente la houille, mais selon Ja manière dont on conduit le procédé de la décompo- sition. L'expérience a montré, que la quantité d'huile ou de goudror , comme aussi celle du coak, est plus grande, ou moindre, selon que la chaleur appliquée est moindre , ou plus intense; et que les quantités des gaz hydrogène carburé , et oléfiant , qu'on obtenoit, dimi- nuoient à mesure que l'opération fournissoit plus de goudron. C'est donc une considération de première im- portance, que les retortes dans lesquelles on distille 1a houille puissent supporter wre forte chaleur rouge, et qu'elles soient disposées de manière qu'on puisse expo- ser le plus complétement possible la matière qu’elles contiennent , à cette haute température. Lorsqu'un de ces vases est plein de houille et soumis à l’action de la chaleur, la décomposition .commence naturellement dans les parties de l'intérieur les plus ex- posées à cette chaleur, et il se forme bientôt là une croûte, ou couche , de coak, dont l'épaisseur s’aug- mente continuellement. C'est au travers de cette couche de plus en plus épaisse, que le calorique doit pénétrer avant d'atteindre les portions intérieures de la matière à Sur L'ÉCLAIRAGE PAR LE GAZ. 203 et comme le coak est un conducteur de chaleur très- imparfait, il s'en suit qu'à mesure que la croûte de cette matière devient plus épaisse la production du gaz doit (toutes choses égales ) se rallentir. On a donné aux retortes des formes diverses; quel- ques-unes de ces formes, qui d'abord avoient semblé avantageuses , lorsqu'on les avoit essayées sur de petites dimensions, n’ont pas répondu à ce qu'on en attendoit en grand, et en général ces vases se sont trouvés d'au- tant moins convenables qu'ils ont été plus éloignés des: conditions nécessaires pour l'effet qu'on vient d'indiquer. Après plusieurs années d’expérience , la forme que jai trouvée, à tout prendre , la plus convenable , est celle représentée PI. 1, fig. x, 2, 3, et 4, lorsqu'il est question d'opérer en grand. Elle est composée d’un corps a, de fer de fonte, joint par des vis à un cou- vercle 2, muni d'une porte c, qui lorsqu'elle est fermée entre dans une battue indiquée dans la figure, et dont on garnit les joints avec de la glaise délayée. e est le tube par lequel passent les produits liquides et les gaz. Au-dessus de la grille f est une voûte de briqués ré- fractaires, sur laquelle repose la retorte , et par laquelle Je fond de celle-ci est mis à l’abri de l'action immé- diate de la flamme ; les côtés , et une partie de la sur- face supérieure de la retorte , sont aussi défendus par üne paroi mince de briques réfractaires. La flamme, en s’échappant du combustible se divise et monte par les petits passages g, g, g, g, g, etc. elle se rapproche d'elle - même en 2, et là entre dans la cheminée. Les autres détails des figures n’ont pas besoin d'explication. Quand la cornue est chauffée au rouge vif, la houille, qu'on a préalablement brisée en fragmens de demi jus- qu'à une livre, est introduite dans la cavité et distri- buée-sur son fond à l'épaisseur de quatre à cinq pouces, ainsi qu'on le voit dans la figure. On ferme prompte- ment la porte et on l'enduit tout autour, avec le lut 204 ARTS ÉCONOMIQUES. indiqué. Le gaz se dégage immédiatement , sur le pied de deux à deux pieds et demi cubes(r) par minute, Ce- pendant, la quantité dégagée dépend beaucoup de la qualité de la houille. Au bout de deux ou trois heures la production du gaz commence à diminuer, et elle cesse à-peu-près tout-à-fait dans trois heures et demie, à dater du commencement de l'émission. Cent livres de bonne houille , quantité que contient la retorte, don- nent , ainsi traitées, de quatre cent à quatre cent cin- ._quante pieds cubes de gaz flogogène. On a beaucoup travaillé, et avec assez peu de succès, dans l'intention de séparer le goudron du gaz, en fai- sant passer les produits volatils de la distillation par des tubes et dans des cavités exposées à l’action de l'air ‘froid et de l'eau; et quoiqu’on puisse séparer ainsi une portion considérable du goudron et de l'huile, il en reste toujours une certaine quantité, suspendue méca- niquement dans le gaz, à-peu-près comme on voit la poussière dans l'air commun. Je ne connois aucun moyen plus sûr et plus facile de s'en débarrasser que le simple repos, dans des réservoirs d'une grande capacité et pen- dant un temps suffisant. è On a imaginé divers procédés pour purifier le gaz flogogène , en le débarrassant des gaz hydrogène sulfuré, et acide carbonique , qui se dégagent en même temps que lui. Tous ceux de ces procédés dont j'ai eu con- noissance ont le défaut capital de manquer d'uniformité dans leur action. On a en général employé la crème de chaux comme la lessive la plus convenable et la moins œûteuse pour absorber par le lavage les deux gaz dont on vient de parler; on trouve des moyens de mettre le gaz en contact avec ce liquide en le lui faisant traver- ser ou en l'agitant au dedans ; au bout de plusieurs (1) Le pied cube anglais est au pied cube de France, com- me 100 à 121 , à très-peu près. (R) _— SUR L'ÉCLAIRAGE PAR LE GA7. 205 heures de ce travail, on enlève la crème de chaux et on lui substitue une nouvelle lessive de même nature. Il est évident que dans ce procédé , à mesure que la crème de chaux se sature des gaz qu'elle absorbe, elle perd de sa faculté purifiante, et qu’ainsi elle doit être beaucoup moins efficace vers la fin qu'au commence- ment de l'opération. | Dans le but de remédier à ce défaut, et pour rendre Je procédé de Ja purification plus actif, j'ai fait cons- truire mon appareil sous la forme indiquée PI. I, fig. 5. aa représente un cylindre creux, de fer de fonte, ou de quelqu’autre matière ; il est placé dans une position inclinée. #b sont des parois, ou diaphragmes, qui tra- versent le cylindre; ce ést nn axe qui porte un nombre de bras Zd, et vers le haut une roue à éngrenage conique e au moyen de laquelle le cylindre recoit son mouvement de la manivelle f qui porte aussi une roue, . laquelle engrène et conduit celle du cylindre. Vers le haut est un agitateur g, et un vase renversé, dont on voit la section en A À. La manivelle est tournée à bras d'homme , ou par quelque force mécanique dont on peut disposer. La partie supérieure du cylindre za est en communication avec une boîte ou vase zz qui forme Ja partie inférieure d'un réservoir #4. La manivelle f passe au travers d'ure tube court fixé au fond de ce ré- servoir , et qui , avec le concours du vase À forme un lut d'eau pour contenir l'air. #2 est un tuyau par lequel sort le gaz purifie ; 7 un tube fermé d'un bouchon, et par lequel on fournit , dans l’occasion , l’eau au réser- voir 4. pp est un vase fixé à l'extrémité inférieure de «, et destiné à recevoir la crême de chaux après qu’elle a traversé le cylindre ; et à celui-ci est fixé le tube g qui amène au lavage le gaz impur. On commence par mettre de la chaux récemment éteinte, dans le vase #, et on y fait entrer de l’eau par le robinet 7 ; on remue le tout, au moyen des'mou- 206 ARTS ÉCONOMIQUES. linets gg, et on forme ainsi la crème de chaux; celle-ci passe par le tuyau qui s'ouvre au fond de son réservoir, dans la boîte z et la partie supérieure du cylindre a; où elle est recueillie par le premier diaphragme b; là elle est enlevée par les bras d d qui sont formés en cuillers à leurs extrémités, elle est chassée contre les parois du cylindre, et retombe sans cesse en partie sur le diaphragme voisin, d'où elle est de nouveau sou levée ; et l'effet est répété à chaque diaphragme , jus- qu'à-ce que ce liquide épais arrive au bas, dans le vase p, d'où on l'extrait ensuite lorsque son influence est épuisée. Le cylindre purificateur recoit ainsi, en renouvelle- ment constant, de la nouvelle crême de chaux, et il en produit une émission constante après saturation; et comme les dimensions intérieures de ce. cylindre sont telles, que le courant du gaz qui le parcourt n'a pas plus de demi pied par seconde, de vitesse, il a le temps d'exposer beaucoup de surface à l'action dépurative de la crême de chaux. Quant aux gazomètres, ou aux réservoirs quelconques destinés à contenir le gaz purifié, on a adopté des cons: tructions très-variées, qui avoient sur-tout pour objet de rendre uniforme la pression pendant toute la durée de l'ascension ou de la descente du,réservoir mobile. J'ai lieu de croire que l'appareil que je vais décrire est plus simple.à la fois et plus exact que la plupart de ceux qu'on a employés jusqu'à présent au. même objet. C’est celui que j'ai fait exécuter récemment sur une très- grande échelle, en lui ajoutant quelques perfectionne: mens relatifs à la suspension; et il a eu tout le succès qu’on pouvoit désirer. | Le principe si connu, d'hydrostatique , qu'un solide plongé dans l’eau y perd de son poids précisément ce que pèse le volume du liquide qu'il déplace, s'applique immédiatement au gazomètre ; et ce changement de Sur BÉCLAIRAGE PAR LÉ GAZ. . 207 poids sera uniforme , à toutes les profondeurs, si la substance dont la cloche est formée est d’une épaisseur üniforme , de manière que la section horizontale offre par tout la même surface, et déplace ainsi des quantités égales de liquide dans des enfoncemens égaux. Soit a (PI. I. fig. 6.\ un gazomètre suspendu à la pou- lie 2.par la chaîne e qui porte un contrepoids d arrangé de manière qu'il plonge dans l'eau à mesure que le gazomètre s'élève; et supposons que l'aire d'une section horizontale de ce contrepoids soit égale à l’aire d'une section correspondante du gazomètre. Dans:ce cas, le gazomètre et son contrepoids plongeant d'une même quantité dans l'eau déplaceront des volumes et des poids égaux de ce liquidez La chaîne à laquelle ils sont sus- pendus doit être d'un poids tel que , toute la portion de sa longueur égale à’ la quantité dont le gazomètre , ou son contrepoids, ont à s'élever où à s'abaisser, soit égale au poids de l'eau que l'immersion de l'un ou de l’autre déplace. Par exemple, un gazometre tel que celui dont il sera question tout-à-l’heure, de quarante pieds de diamètre, sur vingt pieds d'immersion possible dans l'eau ; pésera hors de l’eau 237,000 livres (-deux mille trois cent septante quintaux) et son contrepoids doit être considéré comme équivalent en pesanteur. L'un ou l’autre entièrement plongés, déplacerontc 4440 livres; ainsi la partie de la chaîne de suspension qui égale ia quantité verticale de mouvement du gazomètre doit pe- ser 4440 livres. On trouvera que dans toutes les positions de la cloche et de son contrepoids, le poids sera tou- jours égal de part et d'autre, parce que la quantité de chaîne développée sons la peulie du côté du corps des- cendant , Compensera exactement la perte de poids qu'é- prouvera ce corps 'en entrant dans l'eau. Par exemple, le gazomètre étant plongé en entier , . son poids sera — 237000 — 4440 — 232560 livres, à quoi ajoutant le poids de la chaîne — 4440, on aura 208 ARTS ÉCONOMIQUES. pour poids actuel le poids primitif du gazomètre de ce côté de la poulie 237000 livres; de l'autre côté, on aura le contrepoids, en entier hors de l'eau et jouissant par conséquent de tout son poids, — 237000 livres , il y aura donc équilibre. Si le gazomètre plonge à à moitié, son poids sera 239000 — 2220 — 234720 livres, à quoi ajoutant la moitié du poids de la chaîne — 2220, on aura encore 237000; et le contrepoids offrira la même compensation, et par conséquent l'équilibre. Enfin, gazomètre étant tout-à-fait dehors, et le contrepoids en- tièrement plongé, la chaine développée du côté de celui-ci fera alors une addition égale à ce quil perd par l'immersion; et l'équilibre se retrouvera encore. Il faut cependant observer, q'« ces compensations n'ont lieu exactement que lorsque le gazomètre est rem- pli d'air commun, ou d'un gaz de même pesanteur spé cifique; mais lorsqu'on le remplit de gaz hydrogène car- buré , dont la deusité sous la pression qu’on lui procure pour l'émission ( pression d'un + pouce, ou r poûce d'eau) est égale à environ + de celle de l'air, il y a alors une différence notable ; parce que le gazomètre , rempli d'un fluide plus léger que l'air, est plus fortement soulevé; et pour compenser cette différence , il faut que le con- trepoids soit plus léger que le gazomètre, et que sa section horizontale aît une surface moindre, Il faut aussi modifier en conséquence le poids de la chaîne. Le gazomètre en question, rempli de gaz flogogène, pésera environ 650 livres de moins, à raison de la lé-. géreté spécifique da fluidé contenu ; on aura donc 237000 — 650 — 236350. Le contrepoids doit être égal à ce dernier poids, et ne déplacer que 379o livres d'eau ;. la CPE correspondante de la chaine ne doit peser aussi que 3790 livres. Si on établit sur ces données un calcul ‘analogue à celui dont on a vu le type tout-à- heure , on trouvera les mêmes résultats d'équilibre. Mais avec un équilibre parfait l'air contenu n'auroit aucune Sun L'ÉCLAIÉAGE PAR LE GAZ. 309 âucune tendance à sortir. Pour obtenir cet effet il suffit de diminuer le contrepoids sans altérer toutefois les dimensions de la partie qui doit plonger dans l'eau ; on peut ainsi obtenir le degré de pression qu'on désire; et pour pouvoir le régler à volonté, le haut de cette partie variable du contrepoids ést formé de pièceg mo- biles qu'on entasse ou qu'on enlève selon la pression qu'on veut procurer au gaz contenu dans la cloche. Pour diminuer le frottement des pivots sur lesquels les poulies, ou plutôt les roues, qui portent le gazo- mètré et son. contrepoids tournent, on a fait porter ces pivots sur des rouleaux, de manière à obtenir dans un certain degré l'effet désire. Cependant les divers pro- cédés que j'ai employés ou dont j'ai eu connoïssance , ne procurent que partiellement ce résultat ; et quoi qu'il ne sôit pas possible de détruire le frottement dans sa totalité , cependant comme j'ai employé récemment un procédé qui le diminue beaucoup je vais l'indiquer. Il est représenté PI. I, fig. 7 et 8, a est la roue, ou poulie, sur laquelle la chaîne passe; 2 2 sont les pivots; ecce, deux secteurs qui portent sur un appui commun d, lequela deux tranchans d'acier ee sur lesquels il joue, et qui repose sur des supports de même métal. Les par- ties /f qui réunissent les bras des secteurs , ont üune courbure concentrique aux tranchans d’acier ee; gg sont dés contrepoids destinés à équilibrer les secteurs dans toute position. Les pivots 4 portent sur les sur- faces courbes //; et lorsque la poulie tourne , les sec- teurs sont mis en mouvement par la BAS des pivots sur leur circonférence; cette pression n’est pas accom- pagnée ici de frottement comme elle l'est dans les rou- leaux ordinaires dont les pivots frottent dans leurs trous; car ici, les secteurs qui font l'office de rouleaux, ont - leurs points d'appui sur des surfaces courbes, sur les- ” quelles ils reposent aussi sans frottement, et par simple Sc. ct arts, Nouv, série. Vol, 11, N°, 3, Juillet1810, 0 ve 210 ‘ARTS ÉCONOMIQUES. superposition; toutes ces surfaces sont dures et sans pe- nétration réciproque sensible. On éprouve souvent beaucoup d’inconvénients à faire traverser toute la profondeur de l'eau des réservoirs aux tubes d'arrivée et de départ du gaz de la cloche. Dans le but de les éviter, j'imaginai, il y a quelques années, un moyen d'assembler des tubes mobiles qui, tout en établissant la communication à l'intérieur du gazomètre, permettent à la cloche son mouvement entier d'ascension ou de descente. On voit un de ces assortissemens de tubes PI. I, fig.9, 10. a est un tube fixe, qui amène le gaz et qui communique avec la boîte à dont la partie supérieure est environnée d'un petit réservoir , ou canal propre à contenir un liquide , et à faire fonction de luë à eau, ordinaire. cc sont deux petits pivots sur lesquels repose le tube dd plongeant toujours dans l’eau par le bas, de deux à trois pouces, c’est-à-dire, un peu plus que d’une quantité égale à la différence de niveau que produit la pression qu'éprouve le gaz. Son extrémité supérieure est entourée d'un réservoir o qui contient de l'eau, comme en à et muni de pivots e. Le tube dia- gonal ff a ses deux extrémités semblablement formées, l'une reposé sur les derniers pivots dont on a parlé , et l'autre, sur des pivots semblables dans la boîte gg qui est fixée à la partie supérieure du gazomètre, et qui est pourvue d'un réservoir extérieur qui contient de l’eau comme les autres de mème genre. Par ces dispositions, le gaz entre librement dans le gazomètre au travers de ce système de tubes, et il est contenu aux articulations des tubes par le moyen des luts à eau. = est un levier régulateur qui repose sur un pivot fixe en z, et sur un autre attaché en # au tube diagonal. Ce levier, à mesure qne la cloche du gazomètre monte ou descend agit sur le système des tubes, et fait mouvoir le pivot dans la boîte g, et la boïte elle-même, dans une direction verticale, par une combinaison analogue au parallélogramme qui Sur L'ÉCLAIRAGE PAR LE CA. ait procure la direction verticale de la tige du piston dans les machines à vapeur. Après avoir décrit la construction des parties les plus importantés de l'appareil , il est à propos de considérer leur ensemble, qui forme l'établissement complet pour l'éclairage actuel de la ville de Glasgow. On voit PI. IL. un appareil AE de fournir 50 000 pieds cubes de gaz en vingt-quatre heures. Les retortes, au nombre de vinpt-cinq sont disposées en rond autour d’une cheminée conique , à laquelle les foyers particu- liers de chacune aboutissent. L'aire du centre forme un réceptacle pour les cendres des divers foyers qui y arrivent naturellement à raison de la pente donnée aux cendriers. Autour des retortes est un espace , ou anneau circulaire , destiné à la manœuvre pour leur service et pour celui des foyers. En dehors de ce cercle est le magazin de la houille. Chaque retorte a son foyer et sa cheminée , qui s'élève un peu dans l’intérieur du cône; ces cheminées et tout l'entourage en briques des retortes étant indépendans du cône, on peut réparer chaque foyer et ses entours sans toucher au cône ni au foyer voisin. On emploie dans RATCORD ETAT , des retortes de forme cylindrique, qu'on place en rangées parallèles de trente ou quarante, avec des foyers qui peuvent en chauffer trois ou quatre , et jusqu'à six, à la fois, foyers dont les cheminées arrivent presque horizontalement à la cheminée commune. D'après l'observation faite d'entrée sur le mode de propagation de la chaleur dans la matière à charbonner, on peut conclure que la forme cylindrique est la moins avantageuse pour les retortes, à moins qu'elles ne soient d'un fort petit diamètre, condition qui, d'autre part, enñtraïneroit des inconvéniens , et une augmentation considérable de dépense et de travail dans le service, D'ailleurs, dans la disposition qui admet plusieurs re- Q 2 212 ARTS ÉCONOMIQUES. tortes dans un même foyer, une réparation à faire & l’une d'elles fait chommer toutes celles qui dépendent de ce foyer; il faut donc qu’un établissement d'éclairage en grand soit pourvû d'un nombre considérable de re- tortes de rechange à substituer promptement à celles qui ont besoin de réparations. Ce plan est encore sujet à un autre inconvénient, celui qui provient de la lon- gueur trop grande des conduits horizontaux qui amènent à la cheminée les produits de la combustion ; cette lon- _ gueur diminue notablement le tirage des canaux parti- culiers; on a de la peine à procurer aux retortes le degré ‘de chaleur nécessaire , et on ne le maintient qu’avec difficulté, et d'une manière inégale. . La disposition générale du réceptacle pour le goudron, du purificateur, et du gazomètre étant représentée dans les figures n'exige pas d'explication ultérieure. Les gazo- mètres, dont chacun contient 25000 pieds cubes de gaz, ont 40 pieds de diamètre , et 20 pieds , environ, d'as- cension où de descente. Comme des vases de cette con: tenance doivent être nécessairement très-lourds, les pou- lies qui les portent reposent sur une colonne centrale qu'on voit dans la section verticale, et chaque gazo- mètre est porté par deux de ces poulies, ou roues, dont les chaînes sont attachées, d'une part, au même contre: poids, et d’autre part, à l'extérieur du gazomètre. Le contrepoids est en forme de cylindre creux, et plonge dans une cavité cylindrique. On doit s'attendre à quelques détails sur le système des tuyaux qui conduisent le gaz dans les diverses rami- fications qu'exige l'éclairage d’une ville, et sur les becs où sa combostion lumineuse s'opère. Pour la conduite du 22 on emploie de préférence des tubes de fer fondu, qu'on assemble par des épattemens à oreilles et à vis. On peut cependant construire des tuyaux en plomb, cuivre, fer-blanc, laiton, etc. Et, quant à la dimension à leur donner, on peut compter qu’un conduit de six pouces SUR L'ÉCLAIRAGE PAR LE GAZ. 213 de diamètre, sous une pression d'un pouce d’eau, four- nira passage à 3000 pieds cubes par heure , en faisant une ample allouance pour la résistance due au frotte- ment , etc. & Lorsqu'il s'agit de distribuer le gaz dans une grande ville , si l'on peut placer l'appareil dans une situation centrale il y aura de l'avantage à la choisir, parce que les tuyaux de distribution n'ayant pas autant de chemin à parcourir puurront être de moindres dimensions, que si la production du gaz avoit lieu à l’une des extrémités ‘de la ville, ce qui cependant arrive quelquefois sans qu'on puisse l'éviter, Il s'en suit que les canaux prin- Cipaux de distribution doivent être d’un diamètre suf- fisant pour la transmission du gaz nécessaire à la con- sommation d'une nuit, selon le nombre d'heures qu'elle exige. Toutefois, on peut diminuer notablement le vo- lume , et par conséquent les frais d'établissement de ces conduits ; et on Peut atteindre mieux le but de la ré- gularité de distribution , en disposant des gazomètres particuliers dans divers points de l’intérieur ou de l’ex- térieur de la ville, et en remplissant pendant le jour les magasins de gaz par l'émission directe de l'établisse- ment principal; et comme ce procédé donne beaucoup. plus de temps disponible pour le passage du gaz , du gazomètre principal dans les auxiliaires, le diamètre des tuyaux de communication peut être diminué dans la Proportion inverse du temps alloué eu gaz ; et dans beaucoup d’endroits ce systême de communication de gazomètre à gazomètre pourra fournir des embranche- mens propres à des distributions particulières qui se trouveront sur le passage. Le système entier dés distributions de gaz fondées sur. ce principe est susceptible de modifications qui dépen- dent des localités. Le plan de l'éclairage de Glassow a été suggéré par un des habitans de la ville. Le paz est produit dans ua seul établissement silué presque hors. 214 ARTS ÉCONOMIQUES. des faubourgs. Là est un gazomètre qui contient 25000 pieds cubes de gaz, et trois autres gazomètres de même volume sont établis dans divers quartiers. Il résulte de cette disposition que les conduits principaux sont d'un volume moindre de moitié que celui qu'exigeroit un système dans lequel les gazomètres auroient été réunis et placés auprès des retortes. On a observé plus haut, qu'une pression égale à un demi ou un pouce d'eau est celle sous laquelle la com- bustion a le plus ordinarement lieu pour l'éclairage. Cependant ce ne sont pas là des limites fixes ni peut- être les plus convenables. Il doit y avoir des modifica- tions à cet égard lorsqu'il faut fournir, à partir du même gazomètre , du gaz à des becs dont les différences de niveau sont très- considérables ; les pressions exercées par le gazomètre devront être inversément proportion- nelles aux pressions de l'atmosphère respectivement sur chacun de ces becs. Pour la eombustion du gaz, il n’y a probablement pas de meilleure forme de bec que celle de la lampe d'Argand avec un simple verre cylindrique; mais comme, “par sa nature, ce mode de combustion d'un gaz n'admet pas (avec avantage ) un rétrécissement dans le cylindre qui ne procuràt qu'une lumière égale à celle d'une ou deux chandelles, la meilleure manière d'obtenir ce foible degré, quand on en a besoin, est d'employer des petits jets divergens produits par des trous circulaires dans une calotte hémisphérique ; ce procédé fournit le contact d'air atmosphérique nécessaire à la combustion. Quant à la dépense qu'exige ce mode d’éclairage, elle varie selon le prix de la main d'œuvre, des bâtimens, et de la houille, dans les lieux où on l'emploie. Les frais d'un établissement capable de fournir 50000 pieds cubes de g:z peuvent s'élever à 9000 liv. sterl. Le sys- tême de tuyaux nécessaires à la distribution peut coûter de goc0 à 10000 liv. sterl. selon le prix de la fonte de fer, La Sur L'ÉCLAIRAGE PAR LE GAZ. 215 L'espèce de houille nommée kennel ou cannel est celle qui fournit le meilleur gaz; voici le produit moyen de cent douze livres pesant de ce combustible : Gaz, de diverses espèces. . . 400 à 450 pieds cubes. Goudron,huile, ammoniaque. . 10 livres. Charbon, soit coak. . . . . 970 Eau ( très-variable ) de 5 à . . ro et 15 livres. On a employé le goudron de la houille comme huile à broyer avec des matières colorantes pour enduire les boiseries ; et dans quelques cas on l’a substitué au gou- dron végétal pour les calfats. Lorsqu'on le brüle en vases fermés on en obtient une sorte de noir de fumée ; et si on le décompose par la chaleur dans un appareil convenable , il s'en dégage encore du gaz flogogène, mais de peu de valeur comparativement à celui qu'on retire directement de la houille. L'huile volatile, qu'on peut séparer par la distillation, est éminemment inflammable , et elle peut être substi- tuée à l'huile de térébenthine dans la plupart des usages de celle-ci. Il n’y a rien de particulier à dire sur les usages de la houille charbonnée { coak ) cu de l’ammoniaque ; nous remarquerons seulement , que pour l'ordinaire ce dernier est en trop petite quantité pour qu'il vaille la peine de l’extraire séparément. En établissant d'une manière générale qu’un demi pied cube de gaz donne la même quantité de lumière qu'une chandelle de six à la livre et qui dure seulement quarante heures , On est plutôt au-dessous qu’au dessus de la réalité. Le résultat dépend beaucoup de la manière dont le gaz est brûlé ; en employant les becs les plus convenables et en soignant l'opération , j'ai trouvé la consommation au-dessous d'an tiers, et dans d’autres cas, au-dessus de demi pied cube par heure. J'ai trouvé aussi que les. ebservations du Comie de Rumford sur la convenance 216 ARTS ÉCONOMIQUES. économique d'adapter le volume de la flamme à celui du bec, dans les lampes à huile, tout-à-fait applicable à la combustion des gaz. Un appareil capable de fournir à une soirée SEE, séra plus que suffisant pour le même service en été. Et le moindre emploi du gaz dans ce second cas, rend sa production proportionnellement plus couteuse. La consommation moyenne de l'année dans l'éclairage des grandes villes met l'appareil en action pendant les deux tiers de cet intervalle ; la dépense qu'il occasionne, non - compris l'intérêt du capital dormant, mais en ÿ com- prenant l’usure et réparations des appareils, bâtimens , conduits; la main-d'œuvre et les frais de direction , et au prix d'un shelling le quintal, de la houille cannel, ces frais, disons-nous, portent la dépense à environ huit shellings les mille pieds cubes de gaz. Lorsqu'on veut comparer, sous le point de vue éco- nomique , la dépense qu’exige la lumière artificielle pro- duite par divers combustibles , il ne faut pas oublier celle qu’on peut obtenir du gaz retiré de l'huile. MM. $. et P. Taylor ont pris une patente pour ce genre par- ticulier d'éclairage, et leur méthode résout heureuse- ment les difficultés qui accompagnent les autres procé- dés de décomposition des fluides combustibles; et quoi- que le prix élevé de l'huile , comparé à celui de la houille, triple au moins le prix comparatif du gaz retiré de l'huile, cependant la grande simplicité de l'appareil à huile, son peu de volume, la pureté de la lumière du gaz retiré de ce liquide, l'avantage de n'avoir point à le purifier, et d’autres circonstances encore , le ren< dent préférable dans certains cas. Un pied cube du gaz de l'huile donne à-peu-près autant de lumière qu’un pied cube et demi de bon gaz de houille. Pour faciliter la comparaison de la dépense relative des divers modes d'éclairage, savoir : l'huile brûlée dans des lampes, le suif dans les chandelles, le gaz de la Sur L'ÉCLAIRAGE PAR LE GAZ. 217 houille et la gaz de l'huile, j'ai représenté graphique- mént les résultats dans le tableau de la pl. HI (x). oo (1) I nons a semblé superflu de faire graver la planche qui représente ce tableau. Tout lecteur qui mettra quelque intérét à en connoître les résultats pourra le construire ; et l'attention même qu'il y mettra contribuera à lui en faire comprendre plus facilement l'usage. Au bas d’une feuille de papier, on ménera ;, tout au travers, une ligne horizontale , qu’on divisera de la gauche à la droite, en demi pouces : à chaque division , on marquera successive- ment Bo00, 10000, 15000 etc. jusqu'à 70000 , et ces nombres seront censés représenter des heures de combustion. On élévera des perpendiculaires sur chaque point de division, de bas en haut du papier. Sur la première de ces perpendiculaires à gauche, élevée sur le point o , ou le commencement de la division, on por- tera aussi des intervalles de demi pouce, à partir de l'inter- section des deux lignes, en montant , dans toute la hauteur du papier. On mettra les chiffres 1, 2, 3, etc. à chaque point de division , à partir de zéro en remontant ; et chacun de ces chiffres représentera 1, 2 , 3, etc. livres sterling, ou 24, 48,72, etc. francs. On mènera, de chacun de ces points de division , des horizontales au travers du papier , qui se trouvera ainsi couvert de petits quarrés, chacun d’un demi pouce de côté. On pourra tracer sur ce tableau les diagonales que l’au- teur y a placées en leur donnant les conditions suivantes. Toutes partiront du point zéro, à l'intersection de lhori- zontale et de la verticale, au bas de la page à gauche. La première sera dirigée au haut du tableau , à la troisiè- me division de la ligne horizontale qui la termine , ligne qui est la 18e et répond par conséquent à 18 Liv st. pour la dé- pense ;, et à 15000 pour le nombre d'heures. Cette diagonale est intitulée , suÿf , & 1 sh. La livre. La seconde diagonale ( partant toujours de o ) est dirigée 218 ARTS ÉCONOMIQUES. L'échelle horizontale tracée au bas de la page repré- sente la quantité de lumière fournie par une chandelle pendant le nombre d'heures spécifié à chaque point de division. L'échelle verticale représente la dépense cor- respondante exprimée en liv. st.; et les différentes dia- gonales menées sur le tableau et qui partent toutes du point zéro, indiquent pour chaque combustible qu'elles représentent par les intersections des lignes horizontales et verticales auxquelles elles arrivent, d'une part la quantité d'heures de lumière que donne ce combustible, et d'autre part ce qu'il en coûte pour se la procurer. La diagonale qui répond au gaz de l’huile doit ètre considérée comme jusqu’à un certain point conjecturale, parce qu'on n'a pas encore assez de données sur cet objet, et que les prix de l'huile sont sujets à beaucoup de variations , elles influent aussi sur le prix de la lu- mière des lampes ordinaires. Dans l’estimation faite des frais des diverses lumières, lorsqu'il est question de la fournir en petite quantité, elle est proportionnellement plus chère que pour une grande consommation. On voit dans le même tableau une courbe qui représente la proportion dans laquelle la dépense diminue à mesure que l'éclairage a lieu sur une plus grande échelle : cette courbe à son origine à la 7° division de la ligne horizontale supérieure ; cela veut dire que le combustible qu’elle représente éclaire 35 000 heures pour le même prix ; elle est intitulée, kuële à 3 shell. par gallon , compris des mèches. La diagonzle du gaz de la houiïlle est dirigée à l’intersec- tion de la “{ernière ligne ascendante du tableau à droite , avéc la 14° des horizontales ; elle est intitulée, gaz de la houille à 8 shellÿngs les mille pieds cubes , C'est-à-dire, qu'avec ce gaz on éclaire pendant 70 000 heures , pour 14 liv. st. seule- ment. L'évidence de l'économie ne peut guère être plus frap- pantes. (R) Norrce pes Séances DE L'Ac.R. nes Screnc. DE Paris. 219 est tangente à la ligne du suif, puis elle se fléchit à droite , et devient peu-à-peu une ligne droite qui se termine vers la douzième division des horizontales du burd supérieur du tableau. Herr CRAIGHTON. Glasgow , Avril 1819. D MÉLANGES. Norice Des SÉANCES DE L'AcaAp. ROY. DES SCIENCES DE PARIS pendant. le mois de Fevrier. ARR 1.er Fev. M. Palissot de Beauvois lit un Rapport verbal sur un ouvrage présenté à l'Académie par Mr. Bridel, sur les mousses. Les divisions introduites par l'auteur dans cette classe difficile paroissent justes et très-nettement tran- chées. Il établit soixante-huit genres nouveaux et décrit neuf cent soixante et une espèces, dont, pour un grand nombre, a découverte lui appartient. Linné n'en avoit décrit qu'environ deux cents; ce qui peut donner une idée des immenses progrès qu'a faits cette branche de la “science depuis le temps de ce naturaliste célèbre. Le * Rapporteur termine sa tâche en exprimant le vœu que l'ouvrage de Mr. Bridel soit pour lui un titre de plus à devenir correspondant de l'Institut lorsqu'il y aura une pe vacante dans la section de botanique. “ Mr. Thénard litun rapport sur le Mémoire de MM. Pelle- Le etCaventon sur la strichine. On a substitué cette dénomi- nation à celle de Vauqueline, dans le but d'éviter de donner à un principe délétère , de sa nature, un nom | ghéri des chimistes. Le Mémoire paroît au Rapporteur 220 MELANGESs. mériter l'entière approbation et l'encouragement de l’A- cadémie , et être digne de l'insertion dans le Recueil des savans étrangers. — Adopté. , Mr. Lucas lit un Mémoire intitulé : Recherches sur les pouzzolanes artificielles. Les pouzzolanes naturelles que fournissent les volcans, sont toutes composées de silice, d'alumine , d'oxide de fer, et de chaux , dans des proportions variées. L'auteur s'est appliqué sur-tout à rechercher l'influence de chacun de ces ingrédiens en particulier sur la qualité de la pouzzolane. Il a trouvé, que toute argile, qui contenoit une certaine proportion d’alumine, lors qu’on la soumet à une chaleur moindre que celle nécessaire pour cuire la poterie, donne une pouzzolane préférable aux meilleures qu'on retire d'Italie. Si l'on peut ce procurer une machine propre à réduire l'alumine en poudre très-fine, et un appareil pour la. calciner dans cet état ( par exemple, en la faisant passer dans un tube incandescent) on pourra verser dans le commerce une pouzzolane excellente, à raison de 4o fr. le quintal, tandis qu'elle revient actuellement à 70 fr. prise à Cherbourg , et que son prix s'est élevé jusqu’à 400 fr. en temps de guerre. — MM. Yvart et G ay-Lussac sont nommés Commissaires. Mr. Dupin fait un Rapport verbal sur le troisième vo- lume du Traité complet des machines et de leur emploi par Mr. Borgnis. Mr. Yvart lit un Mémoire intitulé : Considerations ge- nérales sur les prairies artificielles, et examen des envi- rons de Clermont-Ferrand. 8 Fév. Mr. Chaptal présente un ouvrage qu'il vient de publier sur l'Ændustrie francaise en deux vol. in-8.° — Remerciement et dépôt à la Bibliothéque. On recoit le douzième vol. du Manuel de minéralogie: de Mr. Léonardi, Prof, à Heidelberg. Mr. Latreille lit une notice sur un passage d'Hora- pollon relatif aux scarabées, On trouve dans cet auteux Norrce nes Séances De L'Ac. R. pxs ScrEnc. pe PARIS.221 une allégorie sur ces insectes. On ne peut guères douter qu'il n'ait eu en vue le Lisyphus sacer (bousier sacré ) objet d'un culte religieux chez les anciens Égyptiens, et qu'on voit représenté dans plusieurs de leurs monu- mens. Tous les principaux traits de l'allégorie se rap- portent très-naturellement à ces insectes. L'auteur a trouvé, dans une momie rapportée d'Egypte par Mr. . Geoffroi St. Hilaire, un de ces bousiers entier, et des débris de plusieurs autres coléoptères qui PAPE DOTE étoïient adorés dans le pays. Mr. Poisson lit le Programme d'un Mémoire sur la theorie des instrumens à vent. Mr. Delambre lit un Mémoire de Mr. Dutrochet sur Les lois qui président à la formation des êtres organiques et inorganiques. Lorsqu'on examine ces lois on trouve, selon l’auteur, entre ces deux grandes classes d'êtres, des analogies dont les physiologistes sont loin de se douter. Dans le règne organique on peut réduire les formes à deux ; la circulaire et la binaire ; et dans celle- ci il y à toujours symétrie. Dans les végétaux , les êtres les plus simples affectent là formé circulaire; dans ceux d'un ordre supérieur on rêtrouve la forme binaire, sur-tout dans l’opposition de leurs feuilles et de leurs racines. Selon Mr. Dupetit Thouars , chaque bourgeon est aussi un être binaire, qui, d'une part a des feuilles, et de l'autre , des fibres ligneuses qui simplantent dans le bois. Dans les tiges des dycotilédones on trouve la forme circulaire, avec une disposition rayonnante; et dans les monocotilédo- mes, la même forme, mais avec une disposition concen- tique. Les formes circulaire et binaire, existent bien manifestement dans les feuilles; et, l’on sait également que la forme circulaire est bien loin de leur être étran- gère. On retrouve dans les feuilles tous les intermé- diaires depuis la première de ces formes à la seconde, 299 MéLANGESs (À mesure que la transition s’avance le rayon pôstérieur des feuilles devient prédominant, tandis que l’antérieut disparoît par degré. Les feuilles composées sont soumises à la même loi; les folioles, dans leur rapport essentiel , présentent ces deux formes; les feuilles ailées résultent de l'avortement du rayon postérieur ; la disposition des feuilles sur la tige présente les deux formes. Dans les feuilles disposés. circulairement, lorsque les rayous qu'elles représentent sur la tige se trouvent réduits à deux S'il en résulte l'opposition binaire. Si les feuilles paroïissent éparsés sur la tige , cela ne dépend que du développe- ment de cette dernière dans le bouton, et elles sont dis- posées circulairement. On retrouve aussi dans les fleurs les deux formes principales. Dans plusieurs plantes, la disposition des corolles, des étamines, de l'ovaire, pré- sentent la forme circulaire ,; et binaire. La trausition de la première de ces deux formes à la seconde 5e fait par nuances indéfinies. — On n’a pas le temps d'achever la lecture du Mémoire , elle est ajournée à la séance pro- chaine. 18 Fév. On recoit une lettre du Préfet de police de Paris qui annonce que le 26 on transportera, du Panthéon dans l'église de St. Germain des Prés les restes de Des- cartes, de Monfaucon, et de Mabillon. / Mr. de Jussieu fait part à l'Académie de la mort de Mr. Ortago correspondant de la section de botanique. Mr. Dupetit Thouars lit un Mémoire sur la moëlle des plantes. Mr. Geoffroi St. Hilaire lit un Rapport sur un Mé- moire de Mr. le Dr. Serres, intitulé: Zois de l'ostéogénie et de la formation des cavités articulaires en particulier, Les observations que renferme ce Mémoire n’ont été faites que sur l'homme, elles demandent à être étendues aux animaux, pour qu'on puisse en retirer toute l’uti- lité qu elles promettent, Le Mémoire mérite d’ailleurs Norrce pes SÉANCES DE L’Ac.l.DEsSCrENC. DE Paris. 923 toute l'approbation de l’Académie , et de paroïtre dans le Recueil des savans étrangers. Mr. le Dr. Larrey lit les détails d’une opération ré- marquable.— Nicolas Moret , âgé de soixante ans, d'une constitution robuste, portoit une tumeur cancéreuse , du volume des deux poings , qui s’étendoit depuis la région mastoidienne jusqu'au dessous de l'épaule ; elle comprimoit les vaisseaux et menacoit la vie du malade. Cette dernière circonstance décida le Dr. L. à entre- prendre une opération qui présentoit de grandes diffi- cultés ; elle fut pratiquée le 7 novembre dernier. La tumeur fut mise à nud par une incision qui s’étendit depuis la mâchoire jusques à la clavicule ; et par trois autres incisions perpendiculaires à la première , dont l'une suivoit le bord inférieur de l'os maxillaire ; la dissection de la tumeur fut longue et pénible, et dura quarante minutes. La tumeur étoit multilobulaire, et il falloit beaucoup de soin et d'adresse pour ne léser aucun des organes dans lesquels ces lobes étoient en- tremêlés ; il fallut aller jusqu'aux apophyses transverses de la seconde et troisième vertèbre cervicale , et jus- qu'aux tuniques de l'artère carotide principale. On fit vingt ligatures , dont plusieurs, à des vaisseaux COnSi- dérables ; on coupa quatre artères, et plusieurs gros nerfs; entrautres, l'accessoire de Willis. On rapprocha les bords de la plaie par vingt points de suture, et on les contint par des La delete agglutinatives ; trente-quatre jours après l'opération le malade étoit guéri, et au qua- rantième il retourna dans le sein de sa famille. Mr. Larrey termine le Mémoire par quelques considérations sur la maladie qui avoit occasionné cette terrible opération ; son opinion est qu'elle est plus susceptible de guérison . qu'on ne le croit communément ; si on a soin d’em- ployer des remèdes fondans, avant, et après l'opération. Il a traité de cette manière plusieurs femmes qui en 24 Mérancus. étoient attaquées, et qui paroissent radicalement guéries) la maladie nayant pas reparu depuis plusieurs années, — MM. Percy et Deschamps sont nommés Commissaires. Mr. Berthollet annonce qué la Commission nommée pour l’examen des Mémoires envoyés sur la question de là maturation des fruits trouve qu'aucun des auteurs n’a atteint le but. La Commission rédigera un pro: gramme plus détaillé et propre à diriger les auteurs qui voudront faire des recherches sur cet objet. 22 fev. Mr. Percy fait un Rapport sur l'opération dont Mr. Larrey a communiqué les détails dans la dernière séance. Cette opération n'est pas nouvelle , et on a eu déjà plusieurs exemples de son succès. Mr. Delambre fait un Rapport sur un ouvrage de . Mr. Sorlih intitulé, Analyse trigonométrique. Cet ouvrage paroît rédigé avec beaucoup d'ordre, de clarté eu d’é- legance. Mr. Thénard lit le programme rédigé par la Commis: sion, sur la maturation des fruits. Les auteurs devront, x.° analyser les fruits à différentes époques de leur ac- croissement , et avant leur maturité. 2.° Comparer les quañtités relatives des principes que l'analyse aura fait découvrir. 3.° Examiner l'influence des agens extérieurs et sur-tout de l’air.— Le prix sera une médaille d'or de la valeur de 3000 francs; il sera décerné dans la séance du mois de mars 1820. Mr. Gay-Lussac lit un Rapport sur un papier présenté par Mr. Dorsey. Au moyen des substances qui entrent dans sa composition , l’encre devient indélébile par l'ac- tion des acides et par le chlore; elle change seulement de couleur, et passe au bleu. Les alkalis ont de l'action sur elle. Comme le prix de ce papier est peu élevé, son emploi dans les cas où on peut craindre la fraude ser: vira à la prévenir. Le Rapport est adopté. Mr, Delambre lit la fin du Mémoire de Mr. Dutro- chet Norice pes Séances D£ Là Soc. À. pr Lonpres. 99} chet sur les lois qui président à /a formation des êtres organiques ét inorganiques. — On retrouve dans les ani maux les formes circulaires et binaires ; la première , dans les zoophytes ; la seconde , dans les animaux d'un ordre plus élevé. Le Mémoire est terminé par quelques considérations sur les cristaux de l’eau ; l’auteur a ob- sérvé des étoiles dé neige, dans lesquelles l'un des rayons étant plus court ou plus long, le rayon directement opposé étoit précisément inverse. — MM. Dumeril, Geof- froi St. Hilaire et Richard sont nommés Commissaires. On arrête que la séance publique aura lieu le 22 mars. L'Académie se forme en comité secret pour nommer dés candidats pour la place de correspondant vacante dans la section de zoologie. AR A Norice pes Séances pe LA Socréré Royaze pe Lonbres pendant le mois de Février. 4 fév. Ox lit un Mémoire de W. Bain Esq'. sur les dangers auxquels les navigateurs sont exposés lorsqu'ils négligent dans les observations de la boussole l'influence magnétique du navire sur l'instrument. L'auteur com- © mence par des remarques sur les observations récentes du capitaine Ross sur cet objet (1) dans son voyage aux mers arctiques, et il montre ensuite d’une manière évi- dente les dangers qui résultent de la négligence des na- vigateurs sur cet élément important de cet art. On lit un Mémoire de Mr, Scoresby ( Junr. ) sur les » anomalies de la déclinaison de la boussole observée à 10) Nous en avons rendu un compte détaillé dans le preinier cahier de ce volume, (R) Sc. et Arts. Nouv. série. Vol. 11. N°. 3. Juillet 1819. P 226 Méravwcezs ‘bord. L'auteur commence par remarquer que la décli- naison anomale occasionnée par les ferrures du navire, et que le capit. Flinders a signalé le premier, est gé- néralement admise. Il cite ensuite ses propres observa- tions én 1815 et 1817 sur la côte du Spitzherg, dont il ‘a donné des tables étendues. Enfin il termine son. écrit par des remarques desquelles il résulte, que l'anomalie ‘est probablement plus considérable dans lés grands vais- seaux de guerre ou dans les navires marchands chargés de beaucoup de fer, que dans d'autres; quoiqu'on l'ob- serve dans ceux-là même qui ne charrient point de fer; sur-tout dans les hautes latitudes. On lit un extrait d’une lettre de T. Say Esqr. de Philadelphie, au Dr. Leach sur l'animal qui porte le nom générique d'Ocythoë ; il réside dans la dernière volute du coquillage nommé argonaute, à l’état, pro- bablement , de parasite. - On lit are communication de Mr. L. F. Bastard de Genève , intitulée : « Observations arithmétiques sur l'ex- traction des racines ». L'auteur présente quelques remar- ques sur l'extraction des racines des puissances élevées, et il essaye d'indiquer une méthode perfectionnée pour arriver à ce résultat difficile, 11 Fév. On lit un Mémoire du Capit. Ross sur la dé- ‘clinaison de la boussole , objet dont il s’est-particuliè- rement occupé dans son voyage aux mers arctiques. Il conclut des expériences dont il donne le détail, que chaque vaisseau exerce une influence particulière sur la boussole , et que cette action est irrégulière et n'admet pas de règles générales, sur-tout dans les hautes lati- tudes, etc. ( Voyez l'extrait de ce travail page 18 de ce volume ). 18 Fév. On lit un Mémoire du Capit. Sabine (l'un. des compagnons de voyage du Capit. Ross) sur le même sujet; il est intitulé : « Des irrégularités observées dans . Norxce nes Séances pe La Soc. Roy. DE LoNpres. 22». la direction des boussoles sur les vaisseaux de S. M, l'Isabelle et l'Alexandre dans le dernier voyage de dé- couvertes , irrégularités causées par la présence du fer dans ces bâtimens. » 25 Fév, On lit un Mémoire de Sir H. Davy sur la for- mation des brouillards dans certaines circonstances. Il commence par observer que l'abaissement de la tempé- rature, après le coucher du soleil est plus considérable sur la terre que sur l'eau; il rappelle la propriété sin- gulière de l’eau de se dilater en se refroidissant , à partir du 4o° degré Fahr. (35R.) et il l'assigne comme la RETRL Dr ES il s 12,6 CONS ES ne es: » 12 ° 12,4 12,6 2: 8 9. 13 * 11,9 eo I{,S 2° 8 6:25 14 ° 10,8 = 10,6 CHE EE 15 NT c 9,6 GX, | c/o 16 & 9,0 . 9,0 0. » 2 ç 17 CIC UN ls ar, 0. 5 4.6 18 e 11,9 | + 12,9 CO CON 19 ° 12,0 SITES 5-0 NAT OT + “ 8,8 k 757 4. 2 5- 4 21 = 6,0 , 6,5 F= 1. 3]- o. 3 EE Or 9:52 À 1. olt 2. 2 23 SUN I0;7 0 11,8 + 7. 9 DS 24 . dans . 12,0 CT 5. 8 25" Merbedl70 [mea Gus hr. 3 26 ss Ur12 ° 11,4 2. 9 9.5 27 CES CT e) 11,6) 2.09 6. 3 28 * 11,7 ° 12,2 2, 3| 10. 8 29 * 12,0 en TS 3. 9 7: 2 30 e 117, 11,3 2. 7 4. 8 31 THON Te AT T 23-0100 4 4 Moyl2o. 11,5 | 20, 11,7 + 2,941 7,67 OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. S .Ù Venrs. Pluie ou | à {Les chitfres neige en a 8 HAT Erar ou Crer. 24 heures. [= 5 ! de force. : (de) L.S, à2h. TER RS, SR pan | REPOS, 7e Fe Pouc. lis, 0. nes ms — —— pluiers. 61——Ù ve NE } obscur, brouil. 6.6)——Ù NE | NE à brou. , id. —— R. NE | So Nser., sol. nua. —— so so À bro., sol. nua. gré.pl. 2.6]——Ù so | so À sol. , id. 4 |——] so | so sol. , id. 5: 8]—} so | xe À serein, sol. nu. S.6]——+Ù so |} so sol. nua., cou. 2.11 NE | NE À brou., sol.nua. a R NE | NE serein , id. A R NE | NE2ÿ serein, sol. nua. _— TT] NE | NE | soleil nua., id. —— 1] NE | NE | brou., sol. nu. — NE | ne3] brou., sol. nu. — GB. NE2 NET | ser. , A? nua. n.p.3 so | NE are rouil. id. pluie 2,6 ]——4{ ne2| xe3 À brou. , tar nua. NE | NE i50!. nua. , id. G.8.4 so | so bel, sol. nua. 10.618 so pal brouil. , id. n.p.4 6 ——| Ne NE2) brou. , id. pluie 9, Η—Ù} nx2| NE3i brou., id. 6.8 }——— 1 nE2 >ro. , id. —— cal É Dre — R NE NE Î ser ,sol nua. grél.pl.6.3 1 R NE | Ne} sol. nua. , nua. 2.818 NE | NE ls ol. nua! , id. 7.6 NE Ce] so | , sol. nu. 6.#|n. so e fol. , COU, 4.9]——Ù vo | so Àbrou., id. 3-0——1] so | so 3! brou., id. 80. s} Plu. 8p.7 JUILLET 1810. a —— Q OBSERVATIONS DIVERSES, RS nt EE Mn EEE CORNE co PES DA SES Rrevessensse po ES OU RL CO 3 2 GRR RE 728 EP TASLEAU DES OB SERVA Faites an JARDIN BOTANIQUE de 46°. 19. Longitude RATE — — ns .ÎS © BAROMÈTRE CECI) PRE RS T2}, # }réfuit à la température n — T BA) à = de 10° R. = FE Te Lev. du sol.[ à 2 heures. —— SE | + +. EE Rue . Pouc.lig.seiz.|Pouc.lig. seiz. —— FE 57. Oo. 8|26+ 11. 15 2 . (js do} [n12 11. 0O 2 ao oc) OR CT TO ue] 10. 10 : (&] IUT 11. 4 6 SES à OÙ 11, 15$ 7 27e 0. 4117: ©: 21] Li oO. $ Oo, [eo] 9 26 Us 26, 11. 11À 10 . 11. 17} ° 11. 7 | 11 TOC TON TE 12 (e a U10- IS 10. 9 19 D bleu Le 191) 14 27 MON | 27e MO OI 15 26. 114 14/26 114 11 16 27e Ox|27 0. 1} 17 RC 20 o. 13} 13 . O. 12/26. 11. 14 | 19 CET GNT) 10. 14} 20 G CNT (ONE (|| NOT TT 3 À 21 , 11. 11 11.— 2 22 ON ECO € (C0) 23 270 OU ATO IE 24 OP AGO D GE | 25 26: 11. 0-70 9 26 TO ble To. ns. | 27 MTS OS CENT A 28 2 * 11 O| * 11 1 29 OBS of 10, ci 30 . CNT 11 NEC CNRC ke DE PAR 9. 15] GENÈVE : 395,6 mètres ( de Tems ) à lOrient de l Term. à l'om- bre à 4 pieds de terre, divisé À eñ so parties, | L'du's à 20h: ol Pluie ou j neige en 24 heures. Gelée blanche ou rosée. Dix. d | Dix. d. ù AE © nu. , id Mae à nu. ; id. de eo jnu., id. si “+1 N plu. , id. on plu. ; id. 11. O| 15: O 5. 11. 0] 1854 Nnu. , id. 12, çl 18, 7 { cou. , nua: 10. o| 19. 0À Ncl., nu. 10. #| 19. Ok RauaTs 8. #| 19. oN clend 9 ©] 18. 0! lo. 7| 19. SA cl. , nua. 10. 2| 20. 54 iclair, nua. 12. o| 19. 8 fnua. > id. T9 M8 IMT7 NS É cou. , id. 11 OMI7. 218 11. 6| 18 2 À [r. 2| 20. SÈ 10: 6| 17: S 8. 3 17: 3 8. 9! 18: 2 p CL, 9- 6] 18. 2 f nua. , id. 10. 5| 18. 2 inua. ; id. 12. 3] 18: 5 N cou. , nua. 11. 7] 18.5 nua., id.’ 10.3] 18. 41 fcl. , nua., 11. 5) 16° 5 cou. , id. DÉS NUS LAS cou. , 1d. EN ECIn brou., cou. RONA 46 {nua., plu. MR ER | l plu. , nua TIONS MÉTÉOROLOGIQUES (203 toises) au-dessus du niveau de la Mer : Latitnd Observatoire de PARIS. OBSERVATIONS DIVERSES. Les regains donnent moins qu'ils promettoient : la sécheresse leur a n Les petits trèfles du printems ont f peu de progrès. Tes pommes dette lhätives rendent abondamment, ét | \ tardives promettent. Les raisins pro |pérent , et la vendange se fera en se tembre. Les fruits sont en quantité pr digieuse. l'Observatoire de Genève, le 31 Aot 2087 . “: Température d'un Puits de 3% pie le 3x Août + 10. 7., (3339 2 2 LP PL DU LC RC ASTRONOMIE, BEMERKUNGEN über pen Komerew, etc. Notice sur lA Comète, ee Manheim, 14 Juillet 1819. L: ciel, presque toujours obscur n’a permis jusqu'à présent que peu d'observations sur la comète qui paroît depuis quelque temps. On a cependant profité dés don nées qu’elles ont fournies pour fonder un apercu prés liminaire de la véritable marche de cette comète ; il pourra au moins servir à annoncer, iusqu'à un certain point, la route qu'elle va suivre. D'après les calculs du Prof. Nicolaï on a, pour élés mens de son orbite, les quantités suivantes. Passage au périhélie, 28 juin à 3 h. 20’. Moindre distance au soleil, : . o0,35178 Longitude du périhélie . : . : 289° 16! Lieu du nœud ascendant. . , ; 273° 45 Inclinaison de l’orbite. . . . . 80° 27 Son mouvement est seloW l’ordré des signes. D'après ces élémens on a calculé la petite éphéméride qui suit, qu’on pourra rendre plus-exacte lorsqu'on aura fait encore quelques observations. Minuit. Asc. dr. Décl. N. Distancé Degré | de la terre. de lumicre. “Juillet. .. 3 z1o2° 52’ 49°. 40 0,814 1,000 13, 112° 09° 91° 4 1,129 6,253 Had 119 110,098) 43: 1:396! : 0,098 MAG 12,2 122° 99°. 1°, 7° 1,608 oo4r 19, -126% 5’, 80°. 24, 1,773 0,024 Sc. et arts, Nouv. série. Vol. 11. N° 4. Août 1819. Q 234 ASTRONOMIE. D'après ces calculs, la comète, qui s'éloigne rapide: ment du soleil et de la terre , perd en peu de temps beaucoup de sa clarté; de sorte que probablement elle ne sera visible à la vue simple que jusqu'au commen- cement du mois prochain, mais on pourra la suivre encore quelque temps avec les lunettes. C'est bien dommage que le ciel aît presque toujours été voilé dans ces derniers jours, parce que , précisé- ment à cette époque, où la lune n'éclairoit point , et où la comète étoit beaucoup plus élevée sur l'horizon, elle se seroit montrée fort brillante, £lle prend son cours à travers la constellation du Lynx en s'approchant de la grande ourse; mais de là elle re- viendra dans la direction de la constellation de l’écre- visse, vers l'équateur, * L'apparition inattendue de la comète rend la recherche de la portion de son orbite antérieure au périhélie aussi intéressante que celle de son mouvement futur; nous donnons à cet effet encore trois positions calculées d'a- près les élémens ci-dessus. ; Asc. dr, Déclin. Mani Seti 72° 31° 25° 27! M. Juin 0%. 3 79°.%1! 1x7 ABB: MES 23 ga264 10,331 .,S: On voit par là avec quelle énorme rapidité la comète a passé (sur-tout dans le mois de juin ), de l'hémis- phère méridional du ciel dans le septentrional. On voit aussi que pendant ce mois la comète ne se trouvoit que de jour au-dessus de l'horizon ; c’est-à-dire, qu’elle étoit invisible, Mais les habitans méridionaux de la terre, auront peut-être pu découvrir, avec des lunettes, cet étranger , à son approche vers la terre, vers le côté S.O. de l'horizon au mois de mai, et même déjà en avril, peu après le coucher du soleil, Norrcez sur £a CoYère. 235 La comète que Mr. Pons a découvert à Marseille le 12 juin (d'après les papiers) n’est pas la même que celle-ci, comme on le verra tout de suite d'après les positions in diquées par Mr. Pons. La comète actuelle a atteint seule- ment le 28 ou le 29 juin la déclinaison septentrionale par laquelle auroit pu être vue d'abord après le cou- cher du soleil près de l'horizon au N.0. auparavant il étoit mathématiquement impossible de l’apercevoir dans nos contrées. Les assertions prématurées d'après lesquelles on auroit prétendu avoir vu la comète dans quelques jours sereins du mois de juin, avant l'époque indiquée ci-dessus , n’ont par conséquent aucune basa réelle, Mr. Bouvard , astronome du bureau des longitudes de Paris, avoit pablié, dans le Moniteur, au commence ment de juillet, des élémens de cette comète dans les= quels il s'étoit glissé des erreurs graves. Il les a rectifiées dans un article publié dans le Moniteur du > de ce mois ,-comme suit, « La comète située dans la constellation du lynx ; qui s’est montrée tout à coup dans les premiers jour * de juillet , est maintenant trop éloignée de la terre pour être visible à la simple vue. » » Le temps ayantété assez beau pendant le mois dernier, les astronomes ont fait un très-grand nombre d'obser- -vations de cet astre, de manière à pouvoir déterminer ses élémens paraboliques avec beaucoup d’exactitude ; ceux que je publie aujourd'hui se fondent sur les obser- vations faites depuis le 3 juillet au r.e" de ce mois. Voicë, ces élémens. » _» Passage de la comète à son périhélie : — Le 28 juin. à Dh. 17" temps moyen compté de minuit. » » Distance périhélie (la distance de la terre au soleil étant prise pour l'unité. 0,34007 Q 2 236 ASTRONOMIM Longitude du nœud ascendant . . 273° 42’ 34" Longitude du périhélie. . . . . 287° 4 55" Inclinaison de l'orbite, . . . . . 80° 45 Mouvement héliocentrique. . . . direct. » Ces élémens représentent les observations assez exac- tement. Les plus grandes erreurs en longitude ne s'é- lèvent pas au-dessus de 26", et elles sont au-dessous de 5o"” pour la latitude, Ces élémens seront probablement perfectionnés à l’aide des observations que l’on pourra faire encore avant l'entière disparition dé la comète; mais il est probable qu'il sera impossible de déterminer V’ellipse, et par conséquent d'annoncer son retour ; déjà dès ce moment on peut affirmer que cet astre ne res- semble à aucune des comètes anciennement observées ; il étoit donc impossible de prédire son apparition. » » Il résulte des élémens précédens que, lors du pas- sage de la comète au périhélie, le 28 juin, sa distance au soleil étoit d'environ douze millions de lieues. Le 3 août, cette distance étoit à-peu-près égale à trente- quatre millions de lieues. Enfin, le 3 juillet, quand la comète a été pour la première fois apercue à Paris, elle étoit éloignée de la terre d'environ vingt-huit mil- lions de lieues. » » Dans les premiers jours de juillet j'avois déjà calculé à la hâte les élémens de l'orbite de cette comète; mais ces élémens n’étoient alors fondés que sur des observa- tions très-rapprochées; je dois ajouter quil s'étoit glissé des erreurs graves dans la réduction des ascensions tes et une faute de signe dans une des équations fondamen- tales ; et que par suite, mes premiers résultats , qui ont été imprimés dans les journaux et autres recueils pério- diques , sont entièrement erronés et doivent être consi- dérés comme non avenus.» Bouvarn. A l'Observatoire royal le G Aoft 1819: dt dt ES ce ose nt me nt à si athée nt, | ve Novice sur La ComÈTe. 237 Addition des Redacteurs. Novs avons invité Mr. Eynard, amateur distingué d'astronomie, à nous communiquer les observations de Ja comète qu'il a faites dans son Observatoire de Beaulieu près de Rolle, dont la position géographique est très- bien déterminée. Elles ont été faites avec une bonne lunette parallatique de trente pouces, munie d'un ex- cellent micromètre à fils d'araignée. Elles vont du 9 au 25 juillet inclusivement: Il nous a adressé le tableau de toutes les observations, une à une, et un extrait de ce même tableau renfermant les positions moyennes ré- sultant de chaque série. C'est ce dernier seulement que nous publions ci-dessous. Les différences d’asc. dr. et de déclinaison de la comète avec les quatre étoiles du Iynx ont été observées avec beaucoup de précision, et les positions absolues de la comète dépendront de la déter- mination exacte des positions des quatre étoiles choisies, résultat qu’on ne peut obtenir que dans les Observa: toires munis de grands instrumens, 238 ASTROENOMIE. OBSERVATIONS de la Comète de Juillet 1819, à l'Observatoire de Beaulieu. Latitude 46° 26' 57". Long. en temps 15' 54"; en degrés, 3° 58' 30". Est de Paris. : DIFFÉRENC. DIFFÉRENC.|xom8.| NOMS DATES] TEMPS | d'asc.dr. de des | des étoiles moyen. EN TEMPS. | DÉCLINAISON. | Obs. | COMPARÉES. 21 dut Lynx. 10! 8. 56 5,6+ 2. 20,0 |+ 0. 31,7 10!14. 31 26,6| + 8,5 |+ 6. 38,0 22 du lynx. 22! 9. 7 16e — 14,0 |— 1. 35,2 2; | 28 6,7 — 31,0 |+ 1. 34.2 ix3l 9. 2 44,5|— 2. 10,4 |+14. 11,6 raffe , Autre u3l14. 29 40,5|— 1. 28,25|+17. 9,7 indicat. est fautive, cet- . 45,07 io 43,6 te étoile ap- 1241 8. 51 28,7|+ Juill, 9! 14h.20! 38"7|+ 2'.48"62|+ 5172 24114. 26 38,1|+ | | Ë de la gi- CO M © m D A Or C0 D 4 L 4 1 I 5 8 7 7 2 I 2 I 5 I I 15! 8. 58 19.6|+ 3. 36,75|+36. 55,5 partient au 271 9. 12 54,4] —15. 29,9 |—17. 2,4 lynx. 18| 9. à 20,9 —12. 58,0 | — 12. 9,6 23! 8. 54 3r,0|. : . . .|—=6. 59.7 2314. 19 18,7|— 1. 10,4 | — 6. 49,9 27 du lynx. 24 8. 41 6,0[+ 0. 26,0 | — 8. 1,9 | 25| 8. 40 3,5|+ 2. 25,0 [— 9. 9,6 Les signes 4- et — indiquent ce quil faut ajouter ou retran- cher à LÉ position apparente de l'étoile, pour avoir celle de la comète. — Le temps des observations étant déterminé par une pendule réglée sur le temps moyen, les différences d'asc. dr. sont donc en temps moyen. — Les étoiles comparées sont tirées du catalogue de mille étoiles circompolaires de Lalande , inséré dus la Connoissance des temps de l'année 1797: Lois indiquée 5o de la giraffe doit évidemment appartenir au lynx. L'observation du 23 à 8h. 54 31" ne donnant que la diffé- rence de déclinaison, est un peu douteuse ; celles des 23, 24 et 25 sont passablement bonnes, mais ont été tr dede ee par la difficulté d'éclairer les fils assez et pas trop , la comète étant très-pâle. — Depuis le 25 j'ai bien và la comète, mais il m'a été impossible de l'observer, malgré tout mon sole. 6 À de EE OS à Sel ce OR Ant 2 US MR (239 ) PE PP PE ER CP PHYSIQUE. CONVERSATIONS ON NATURAL PHILOSOPHY, elc. Conversations sur la physique, dans lesquelles les élé- mens de cette science sont expliqués familièrement et adaptés à l'intelligence des jeunes gens. Par l’au- teur des Conversations sur la chimie et des Conversa- tions sur l'Economie politique. ( avec fig.) x vol: ën-r2. Londres 1819. (1) (Extrait, ) ARR 12405581 Ox pourroit comparer , avec quelque justesse mais peu d'élégance, la masse des faits et des théories qui cons- titue les matériaux d’une science, à ces liqueurs trou- bles et quelquefois opaques, qu'on obtient d'une décoc- tion, Cet extrait ( comme on l'appelle ) renferme les principes prochains et éloignés du végétal qui l'a fourni; mais, le solide et le liquide , l'essentiel et le superilu, tout est confondu dans le mélange, jusqu’a-ce qu'on obtienne par la filtration , une liqueur parfaitement claire et transparente. Ce fiitre , qui a si nettement séparé le liquide du solide, qui a mis chaque ingré- dient à sa place, est le plus simple de tous les appa- reils physiques. + Il y a des esprits qui semblent nés et heureusement disposés pour faire, dans l'étude , ou dans l'enseigne- ment des sciences , des opérations analogues à celle dont nous venons de donner un exemple trivial. Les notions s'arrangent naturellement et se classent en ordre à mesure qu’elles se présentent à ces têtes bien organi- sées ; et la science en ressort ensuite, comme filtrée, (1) La traduction de cet ouvrage paroïîtra incessamment chez J. J. Paschoud , Impr. Libr. à Genève et à Paris. 240 . Prysraquesz. / lorsque les circonstances appellent les individus ainsi doués à exercer, dans une instruction orale ou écrite, Jeur précieux talent au profit de certaines classes d'audi- teurs ou de lecteurs. û Les jeunes gens qui commencent une étude avec l'intention de l'approfondir; ceux d’un âge plus mür, qui n’aspirent qu'à acquérir des notions élémentaires , claires, et applicables, d'une science qu'ils ignorent ( et ceux-ci forment la grande pluralité des lecteurs ordi- naires ); ceux-là enfin qui, appelés à enseigner, trouvent chez ces écrivains doués de l'instinct de l'enseignement des guides et des modèles; toutes ces classes de lecteurs, disons-nous, savent apprécier à sa juste valeur un tra- vail qui a peu d'éclat, mais beaucoup de mérite in- trinsèque, Ces réflexions nous ont été suggérées en: parcourant louvraye dont on vient de lire le titre, et qui sort de la presse à Londres. Il porte éminemment le caractère que nous venons de signaler à l'attention et à la recon- noissance des amis de l'instruction. C'est le troisième da même genre qui sort de la plume féconde de Mad. M**. Elle l'avoit composé avant les deux autres, ( ses Conver- sations sur la chimie, ex sur l'Economie politique ) ouvrages dont le premier a eu déjà sept à huit éditions, qui ont été traduits en français, et dont quelques extraits ont enrichi notre Recueil, La traduction de celui que ! nous annoncons ne tardera pas à paroître. C'est un phénomène littéraire très-digne de remarque, que l'existence d'une femme auteur, qui remplit à toute rigneur ses devoirs d'épouse et de mère, qui s'acquitte de la manière la plus aimable de toutes les obligations qu'impose la société dans une grande ville à ceux qui y jouissent d’une fortune indépendante , et qui sait néanmoins y trouver le temps d'étudier des sciences dont les femmes ne s'occupent guères; et, à limitation de l'abeille, extraire , par un travail considérable, tout > » CoNVERSATIONS SUR LA PAYSIQUE. a4t ee qu'elle a rencontré de clair, d'applicable , et d'utile dans les notions qu’elle a recueillies, et le présenter sous une forme simple et attrayante. Celle du dialogue qu'elle a choisie s'adapte heureusement à l'instruction élémentaire ; et, en mettant en scène seulement une institutrice et deux jeunes personnes , l’auteur annonce des prétentions très-modérées à la profondeur dans l’ins- truction; profondeur qui n'étoit point dans ses intentions et qui lui auroit fait manquer son but principal, celui de faire un ouvrage qui fût à la portée du plus grand nombre , et sur-tout de la jeunesse, des deux sexes. - Mais, y a-t-il de la nécessité, et même de la conve- nance à prétendre enseigner la physique, la chimie, et l'économie politique aux jeunes personnes ?— On peut répondre oui, et non. Non, sil étoit question de les initier dans les profondeurs de ces sciences ; oui, s'il n'est question que de leur procurer des notions claires, justes , et usuelles sur une infinité d'objets qui appar- tieanent à ces diverses branches des connoiïssances hu- maines ; notions qui accroissent l'intérêt qu'on met aux lectures , aux conversations des gens instruits , aux voya- ges; d'ouvrir les yeux à l'observation , l'esprit à la ré- flexion ; enfin , de meubler la tête de manière que le futile n'y trouve plus guères de place : certes, on ne peut se refuser à l'évidence de ce genre d'utilité, mais il faut craindre l'écueil de la pédanterie ; l'auteur en est demeuré à toute distance. En donnant aux deux élèves qu'elle met en scène des . caractères très-differens, Mad. M. * * à trouvé le secret d'a- nimer le dialogue et de faire arriver l'instruction comme par surprise et d'une manière qui la grave mieux dans le souvenir. Emilie a l'esprit lent, mais juste et réfléchi. :Caroline.est fertile en aperçus, elle aime à deviner, mais selle se trompe souvent ; et, pour ceux qui se seroient ‘trompés comme elle ses erreurs sont d’utiles avertisse- : mens , elles montrent que l'esprit et le jugement ne 242 Puyrsrques. marchent pas toujours ensemble , et que la précipitation est l’une des ennemies les plus dangereuses du raison- nement. Les Conversations sont au nombre de 17, sous les titres suivans : 1. Sur les propriétés générales des corps. 2. Sur l'at- ‘traction de gravitation. 3. Sur les lois du mouvement. %. Mouvement composé. 5. Puissances mécaniques. 6. As- tronomie. 7. Des planètes. 8. De la terre. 9. De la lune. 10. Hydrostatique. 11. Des sources, fontaines, etc. 12. Des propriétés mécaniques de l’air. 13. Du vent et du son. 14. Optique. 15. De l’angle de vision et de la réflexion des miroirs. 16. De la réfraction et des couleurs. 19. De la structure de l'œil, et des instrumens optiques. Les physiciens s'apercevront qu'il manque à cet index quelques chapitres ; entr’autres ce qui a rapport aux modifications du feu; mais cet objet ayant été traité, même avec étendue, dans le premier volume des Conver- sations sur la chimie, Vauteur n’a pas cru devoir y re- venir. Ce seroit mal à propos que nous tenterions l'extrait d'un ouvrage qui contient en un volume l’abrégé d'une science toute entière, Il sera mieux de faire connoître par quelques citations le but, et la manière de l'auteur. Voici le commencement de la seconde Conversation ; son objet est la pesanteur. Emitie. Jai raconté à ma sœur Caroline les choses surprenantes que vous m'avez apprisés sur la physique, et je l'ai tant amusée qu'elle espère que vous aurez la bonté de l’admettre à vos lecons. Map. B. Volontiers ; mais je ne vous croyois aucun goût pour ces études , Caroline. CarouiNe. J'avoue , Mad. B., que jusqu'à présent je ne m'étois pas formée une idée fort agréable de la phy- sique ni des physiciens ; mais ce qu'Emilie m'a raconté m'a paru si curieux que je serai très-heureuse si vous me permettez de partager ses leçons. ' DT: VE tUSE EES CoNvVERSATIONS SUR LA PHYSIQUE, 243 Man. B. Je crains de ne vous pas trouver aussi bonne écolière qu'Emilie; je sais que vous avez de la disposi- tion à vous croire infaillible. Carouwe, Hé bien, Madame, vous aurez d'autant plus de mérite à relever mes erreurs; et d'après tout ce que m'a dit Emilie, je vois que j'aurai mauvais jeu à dé- fendre mes idées quand elles ne seront pas d’accord avec les vôtres. Map. B. Je m’attends à vos objections, je vous les de- mande même, parce qu'elles contribueront souvent à éclaircir le sujet.— Emilie , vous rappelez-vous les noms des propriétés des corps, qu'on nomme générales ? Emixis. C’est l’impénétrabilité , l'étendue , la figure, la divisibilité, linertie, et l’attraction. Mao. B. Très-bien : souvenez-vous que ces propriétés appartiennent à tous les corps, et qu'on ne peut les ‘en dépouiller; toutes les autres sont accidentelles parce qu’elles dépendent des rapports que certains corps ont avec d’autres. Carorine. Mais pourtant, ma chère Mad. B., il y a bien d'autres propriétés essentielles aux corps que celles qu'Emilie vient d'indiquer. Par exemple , tous ont une certaine couleur, tous ont du poids; ces propriétés ne dépendent pas de certains rapports des corps entreux, les existent dans les corps eux-mêmes ; ce ne sont donc pas des qualités accidentelles; et... Man. B. Et, ma ehère Caroline , je vous demande pardon ; ces propriétés n'existent pas dans les corps in- dépendamment de leurs rapports avec d'autres corps. Caroziwe. Ah! par exemple , les corps n'ont-ils pas ‘tous un certain poids ? Est-ce que cette table n’est pas plus pesante que ce livre ; er, puisqu'une chose pèse plus qu'une autre , le poids n'est-il pas une propriété com- muve à tous les corps et. mdépendante de toute in- fluence qu’ils auroient les uns sur les autres ? Man, B. Vous avez raison, et tort; il se peût que cette 244 PnysiQue. propriété apparlienne à tous les corps connus, (quoique l'expérience ne l'ait pas démontrée dans tous ) mais il ne s'en suit pas qu'elle leur soit essentielle, c'est-à-dire, qu’elle ne dépende pas de quelque action qu'ils vnt les uus sur les autres. Le poids est un effet de la force d'attraction, sans laquelle ni la table ni le livre ne pè- seroient, comme ils le font, de haut en bas. Emirre. Je crois que je comprends. N'est-ce pas l'at- traction de gravitation qui donne le poids aux corps? Map.B. C'est elle-même. Je vous ai dit que cette attrac- tion étoit d'autant plus forte ; que la quantité de matière attirante étoit plus grande; or, comme la terre contient bien plus de matière que tout corps Situé à sa surface, elle doit attirer tous ceux-ci à elle; c'est ce qui fait qu'ils y tombent quand on ne les soutient pas; qu'ils font éprouver une pression qu'on appelle poids , lors- qu’on les soutient; et que S'ils tombent à terre, ou re- posent sur elle , ils y demeurent attachés tant qu'on ne les soulève pas ; tous ces effets sont des conséquences de la force d’atiraction exercée par la terre sur ces corps ? Carozinr. C'est donc la même cause qui fait tomber les corps, qui produit aussi leur poids ! Que j'étois bête de n’y avoir pas pensé: mais l'idée que les corps ne fussent pas naturellement pesans , ne m'étoit pas entrée dans la tête. Mais, Mad. B., si l'attraction est une pro- priété-essentielle à la matière , le poids l'est aussi, çar l'un n'existe pas sans l'autre. Man. B. Hé bien, voyons : supposons nn corps exi- tant tout seul dans l'espace ; quel seroit son poids? Caroutne. Il dépendroit de sa grosseur ; eu, plus exac- tement, de la quantité de matière qu'il contiendroit. Ewnuxe. Non, non; quelle que fût l4 masse de ce corps , il nauroit point de poids, parce qu'il ne seroit attiré par rien. N'ai-je pas raison, Mad. B? | Man, B, Oui, ma chère enfant, Vous voyez donc que CoNVERSATION SUR LA PHYSIQUE. 245 l'attraction peut exister indépendamment du poids. Cha- cune des particules dont le corps est composé possé- deroit la force d'attraction , mais elles l'exerceroient entr’elles et récrproquement ; la masse entière n'ayant rien à attirer, ni qui l'attirât au debors, seroit sans poids. Caroune. Hé bien, je conviens que le poids n’est pas essentiel aux corps ; mais les couleurs, par exemple, vous ne nierez pas, Mad, B., qu'elles existent réellement dans les corps qui nous les montrent. Map. B. Quand nous en viendrons aux couleurs , je crois que je pourrai vous convaincre qu'elles sont des qualités accidentelles, et qu'elles pi de point aux corps colorés. Caroune. Oh, je vous en prie, expliquez nous cela à présent, je meurs d’envie de le savoir, ! Man. B. Ma bonne amie, si nous ne suivons pas une marche un peu régulière dang nos conversations elles ne vous instruiront guères; laissez-moi les diriger, et reveuons à nos propriétés générales avant d'aller plus loin. Emixre. Pour revenir à l'attraction, qui me paroît la plus intéressante de toutes, il me semble qu'elle doit être mutuelle ou réciproque entre deux corps ; ainsi, lorsqu'une pierre tombe vers la terre qui l'attire, Ja terre doit monter un peu vers la pierre, qui l’attire aussi. _ Man. B. Certainement, à la rigueur; mais vous devez vous rappeler que la force d’attraction est proportion- nelle à la quantité de matière que contient chaque corps; et si vous considérez l'énorme différence qui existe à cet égard entre la masse entière de la terre, et celle de la pierre qui tombe sur elle, vous comprendrez aisément que le mouvement ascendant de la terre doit être absolument insensible ; et il l’est en effet. Emirre. Mais puisque l’attraction est proportionnelle à la quantité de matière que renferme chaque corps, 246 Prvsrour. pourquoi les montagnes n'attirent-elles pas vers elles les maisons et les églises ? Carorixe, Juste cel, Emilie, quelle idée ! Comment les maisons et les églises pourroievt-elles se mettre en mouvement vers les montagnes , attachées et fixées comme elles le sont au sol qui les porte » Man. B. La question d'Emilie n’est point absurde ; et votre réponse , Caroline, est parfaitement juste : mais pourriez-vous nous dire pourquoi les maisons et les temples sont si fortement attachés au sol ? CaroziNwe. Je crains de n'avoir répondu juste que par hasard ; car je commence à soupconner que les macons et les charpentiers ne pourroient donner que bien peu de solidité à leurs bâtimens sans le secours de l'it- traction. Man. B. C'est certainement par l'effet de l’attraction qui existe entre les briques et le mortier que l’on bâtit nne muraille, mais c'est aussi l'attraction de la terre qui fixe le mur au sol; sans elle il se mouvroit vers les mon-. tagnes , 1l cède à l'attraction dans le sens vertical qui est la plus forte, et il demeure en place. Il y a pour- tant telles circonsiances dans lesquelles l'attraction laté- rale d’un grand corps très-voisin peut modifier sensible- ment celle de la terre; c'est celui où un observateur situé sur la pente d'une montagne , suspend à un fil un corps pesant; alors la direction que prend le fil n'est pas rigoureusement perpendiculaire à la surface de la terre, mais légérement inclinée par suite de l'attraction latérale de la montagne sur le corps suspendu. Ewrvre. Mais la montagne est bien petite comparati- vement à la masse entière de la terre. Man. B. J'en conviens; mais aussi la montagne est bien plus rapprochée du corps suspendu que ne l'est le centre de la terre , qui en est à plus de quatorze cents lieues; or l'énergie de l'attraction diminue comme les quarrés des distances augmentent, ce qui rend l'in- D CONVERSAWIONS SUR LA PAYSIQUE, 249 fluence du voisinage de la masse attirante très-puissantes: Canoue, Je vous prie, Mad. B., les deux bassins d'une balance sont-ils suspendus parallèlement l'un à l’autre ? Mas. B. Je suppose que vous voulez me demander si deux lignes qui paroissent perpendiculaires à la surface de la terre sont parallèles entr'elles; je crois deviner le but de votre question; mais je voudrois que vous e5-, sayassiez d'y répondre vous-même. Carozine. Je pensois que la pesanteur doit diriger ces deux lignes vers un même point, le centre de la terre. Or, des lignes qui tendent à un même point ne peuvent être parallèles, puisqu'il est de l'essence de celles-ci d’être toujours à même distance l’une de l'autre, par conséquent elles ne peuvent jamais se rencontrer. ! Man. B. Très-bien expliqué : vous voyez ici une des applications de ces propriétés des parallèles que vous avez étudiées; et vous pouvez vous faire une idée de l'avantage que procure une connoiïissance même légère de la géométrie lorsqu’oniveut apprendre la physique ; je vous invite à en apprendre un peu davantage quand vous aurez étudié les premiers élémens de la physique: Vous saurez alors que des lignes qui tombent perpendiculai- rement sur la surface d’une sphère ne peuvent être pa- rallèles entrelles , parce que , si on les prolongeoit , elles iroient se rencontrer au centre ; tandis que des lignes perpendiculaires à une surface plane sont toujours parallèles , c'est-à-dire, ne se rencontreroient jamais, Emurie, Mais pourtant les bassins d’une balance sem- blent être parallèles, Man. B. Parce que la terre est si grande , et sa cour-. bure, par conséquent si peu sensible, qu'il est impos- sible de s’apercevoir du défaut de parallélisme; mais si vous pouviez faire une balance dont le fléau eût, par exemple, vingt-cinq lieues de long, vous trouveriez que la convergence des deux bassins seroit d'un degré. 248 Pryrsroqusz. Je vais vous montrer cela par une figure, etc. La citation que nous venons de choisir donne une idée assez complète du genre et du degré d'instruction auquel l'auteur a voulu se borner, comme aussi de sa méthode didactique. L'exemple suivant achèvera de la peindre et terminera notre extrait. Après avoir expliqué le levier en mécanique, et montré en théorie l'avantage de cette machine ; passant aux applications, Emilie en indique une fort jusie, de l'instrument de fer avec le- quel on remue les charbons dans la cheminée en An- gleterre (le poker). « Voyons Caroline (dit ensuite Mad. B.) pourriez-vous m'expliquer aussi bien cet instrument com- posé de deux leviers qui ont un point d'appui commun ? » CarouiNE. Quoi, cette paire de ciseaux ? d Map. B. Oui, ces ciseaux; si vous examinez leur cons- truction, vous découvrirez que vous employez le levier comme puissance mécanique lorsque vous vous servez de cet instrument. Carouiwe. Effectivement : je vois que la petite che- ville qui réunit les deux lames est le point d'appui com mun aux deux leviers; que les deux anneaux dans les- quels je passe mes doigts sont les extrémités des bras de levier par lesquels la puissance agit; et que la r'ÉSiS=. tance est à l'endroit où les tranchans se croisent; je vois aussi que plus ce point sera voisin du point d'appui, c'est-à-dire, plus le bras de levier de la résistance sera court, en comparaison de celui de la puissance , qui demeure toujours le même, et plus j'aurai de facilité à couper. Emuxe. Ah,je m'en suis souvent apercne ; aussi, lorsque j'ai quelque chose de dur à couper, comme du carton, par exemple, je fais ensorte de le rapprocher le plus qu'il m'est possible de l'endroit où les deux bran- ches des ciseaux se joignent; je comprends à présent pourquoi je gagne ainsi de la force; mais, je n'aurois jamais deviné gue mes ciseaux étoient des leviers dou- bles. SUR LES PROPORTIONS DÉTERMINÉES. 249 bles. Et les mouchettes n'en sont-elles pas aussi ? : Man. B. Oui, comme tous les instrumens désignés sous le nom de pinces ; et leur action est toujours plus éner+ gique à mesure que le bras de levier par lequel agit la puissance est plus long comparativement à celui de la résistance. Ces exemples suffiront pour montrer qu'il ést peu de mères de famille qui ne doivent désirer de procurer à leurs enfans , et péut-être à elles-mêmes , un genre d'instruction aussi élémentaire et aussi applicable à toutes les circonstances de la vie, grandes ou petites, que celle que renferme le volumé d'où nous avons tiré ces échan- tillons choisis à-peu-près au hasard, CHIMIE. Usser pre Vernazynise, etc. Sur les proportions et les lois d’après lesquelles se combinent les élémens des corps. Par J, L. Farckwer , Docteur de philosophie et de médecine, Membre de la Société helvétique des sciences naturelles. Basle 1819. ( Dernier extrait). Vérité et Simplicité. SECONDE PARTIE, Ex reprenant dans la seconde partie, les résultats aux: quels l'auteur a été précédemment conduit, il revient à l'ammoniaque , et il recherche dans quelle proportion , J'oxigène se partage entre les deux bases de cet alkali , lé nitriceum et l'hydrogène. Pour faciliter cette recherche, Mr. F. admet la possibilité d'une double échelle, dans : Se. et arts. Nouv. serie, Vol. 11. N°. 4. Aout 1819. BR 250 CHIM1eE. laquelle, pour des quantités égales d'oxigène, les pro- portions d'hydrogène pourroient varier et être, par exemple , des multiples de 2; et de même pour le ni- tricum , des multiples de 3. D'après cette considération nouvelle, les vingt parlies d'oxigène seront tellement nnies aux quinze parties de nitricum et aux huit parties d'hy- drogène, que le premier de ces corps en retiendra.huit et le second douze; partage qui satisfait aux lois de Berzélius et de Gay-Lussac, puisque les quantités d’oxi- gène sont entrelles :: 2:3 et que les volumes de l’hy- drogène et de l'oxigène qui lui est combiné, sont en- treux :: 10:17. En mettant sous forme de lois les résultats de l'admis= sion des doubles échelles, on pourra les énoncer ainsi : « Les combinaisons de nitricum et d'oxigène sont telle- ment réglées qu'un poids de trois parties de nitricum, ou un multiple de trois, est toujours uni avec deux parties d’oxigène, où un multiplie de deux. On exprimeroit par des termes analogues la loi qui règle l'échelie des oxides d'hydrogène , et du radical muriatique; et quant aux autres substances , elles na montrent pas encore dans leurs combinaisons avec l'oxi- gène , des traces aussi distinctes d’un ordre régulier. En général, l'usage de ces doubles échelles peut dans plusieurs cas servir à démêler la composition des corps, mais il ne convient d’y avoir recours que lorsque les moyens simples de recherche ne donnent aucune 50- dution. L'auteur fait remarquer ensuite le nombre immense de combinaisons que peuvent donner l'oxigène, l'hydro- gène et le nitricum, sur-tout si l'on admet la compli- cation des échellés; nombre tel que ces trois élémens paroïssent suffire pour expliquer toutes les apparences diverses de la matière. Mais, sans rechercher, si ces trois principes élémen- taires pourreïent être considérés comme la même subs- SUR LES PROPORTIONS DÉTERMINÉES. 55t tance matérielle, modifiée seulement par l'action des äimpondérables, ne pourroit-on pas supposer que l'un des deux corps oxidables, pourroit être ramené à l'autre ? On peut objecter à cette idée que, dans ce cas, on devroit rencontrer dans M série des oxides de l'un, quelque corps analogue à l'autre ou à l'un de ses oxides; comme, par exemple, un oxide de nitricum semblable à l'eau, placé entre l'acide nitreux et l'acide nitrique. D'ailleurs la simplicité des échelles, qui pourroit à peine être plus grande, lorsqu'elles serviroient pour l'hydrogène et le nitricum, et les oppositions qu'il y a entr'elles, permet: tent peu d'espérer la réduction de l’un de ces corps à l'autre. Le grand rôle que jouent dans la nature, ces principes unis à l'oxigène, en remplissant Îles abîmes de l'Océan et la vaste étendue de l'atmosphère , tend encore à les faire regarder comme les plus simples et les pluf anciens élémens de notre globe. Si done l'oxi- gène, le nitricum et l’hydrogène ne forment pas les derniers élémens des corps pondérables, du moins aucun d'eux ne peut-il être ramené aux autres; et bien moins encore peuvent-ils être tous confondus avec quelqu'autre variété connue. La plupart de ces raisonnemens ne peu- vent s'appliquer aux autres substances que nous avons examinées et au contraire tout semble se réunir, pour nous inspirer des doutes, sur leur apparente simplicité, doutes que tendront peut-être à confirmer quelques-unes des considérations suivantes. Si nous nous retracons l'échelle des oxides du radical muriatique * Radical. Oxigène. 7. 5. ro,15. Nous trouverons au premier coup-d’œil, qu’elle pour: roit être formée par l'addition des deux échelles simples du nitricum et de l'hydrogène. Nitricum 3 2. 4,6 Oxigène. Hydrogène 4 3. 6,9 R 2 252 CnRiuxe. et en effet une telle composition répondroit très - bien aux lois de Berzélius et de Gay- Lussac, puisque les quantités d’oxigène , unies aux deux composans du ra- dical seroient entr'elles :: 2:3, et les volumes de l’hy- drogène et de l’oxigène qui lui est uni :: 20: r. On pourroit peut-être vérifier directement cette supposition en cherchant à obtenir un oxide du radical muriatique; par le traitement des oxides de nitricum avec l'oxigène et l'hydrogène, ce qui pourroit être tenté de diverses manières. Si l'on réussissoit, il séroit prouvé que le gaz muriatique \oxigéné seroit formé de trois parties de ni- tricum, de quatre d'hydrogène et de quinze d’oxigène, c'est-à-dire, contiendroit pour la même quantité d'oxisène, une fois autant d'hydrogène que l'eau. Comme objec- tion à cette singulière composition , Mr. F. demande comment il peut se faire que les corps combustibles brûlent si bien dans le gaz muriatique oxigéné j#tandis qu'ils s'éteiguent dans l’eau, qui contient beaucoup moins d'hydrogène? et dans l'impossibilité de répondre à cette question, il essaye d'affoiblir l'argument qu’on en pour- roit déduire, en présentant une série d'autres questions aussi insolubles, par sa théorie : mais comme plusieurs de ces faits peuvent facilement être expliqués par’ la théorie opposée, peut-être militeroient-ils en sa faveur. Ainsi, par exemple , cette théorie répond très-aisément à la question suivante qu'adresse l'auteur : Pourquoi le charbon, qui décompose l'eau sans peine , est-il sans au- cune action sur le gaz muriatique oxigéné bien sec? L'auteur passe ensuite au soufre et trouve, comme pour le radical muriatique, que si nous consultons les besoins de l'échelle, et si nous voulons soumettre aussi le soufre aux lois, aussi admirables par leur fertilité inépui- sable que par leur grande simplicité, que nous avons vu régir les autres corps, nous ne pouvons regarder cette substance que comme une combinaison des deux élémens combusubles. De plus, lextrème oxidabilité 4 SUR LES PROPORTIONS DÉTERMINÉES, 253 d'un tel composé , ne permet pas de supposer qu'il pût exister à la superficie de notre planète sans être combiné à une certaine dose d'oxigène , comme nous avons vu l’ammoniaque en contenir près de la moitié de son poids. Cette supposition se trouve d'ailleurs confirmée par la belle découverte de Berzélius, qui a pronvé que les substances susceptibles de s'unir à l'oxigène et au soutre, prennent un poids double de soufre que du premier; de sorte, qu'en considérant l’oxigène contenu «lans le soufre, comme l'équivalent de celui qui seroit contenu dans les oxides correspondans , il y aura dans un poids double de soufre autant d'oxigène que dans un poids simple de ce gaz pur, c'est-à-dire, le soufre contiendra la moitié de son poids d’oxigène. Nous arriverions à la même solution pour le charbon et le phosphore dont la combustibilité n'est pas à .beau- coup près si grande que ne doit l’être celle des prin- cipes de l'inflammation. S'il s’agissoit maintenant de rechercher la proportion des principes constituans du soufre, on pourroit em- ployer un moyen fort simple , anciennement connu, et trop négligé jusqu'ici. On connoît les ingénieuses re- cherches de Mr. Ehrman sur la conducibilité des diverses substances, pour le fluide voltaique. Il a trouvé que les flammes de l'hydrogène et de toutes les substances hy- drogénées ou carbonées ne conduisent que le fluide po- sitif, La flamme du soufre isole les deux pôles, et celle du phosphore ne conduit que le fluide négatif. Il est vrai que si on brûle avec ce dernier corps un mélange de substances hydrogénées et carbonées , la flamme qui en résulte ne conduit plus que le pôle positif. Il y a donc dans le soufre et le phosphore quelque chose qui s'oppose à la décharge du fluide positif; et en même temps, dans le premier de ces corps, quelque chose qui empèche aussi l'issue du fluide négatif, et dans le second quelque chose d'indifférent ou d’insuff- 254 CnirMir. sant pour arrêter ce dernier fluide. On voit de plus que le principe opposé au fluide positif, peut être ba: lancé où même vaincu par des influences composées , puisque la flamme du phosphore devient conducteur positif par son mélange avec d'autres corps combusti bles. Or, la décharge du pôle négatif est empêchée par l'hydrogène : done le phosphore ne contient qu'autant d'hydrogène qu'il en faut pour que sa faculté isolante ‘ puisse être vaincue par l'influence opposée ; le soufre » ce qu'il en faut pour que les deux opposés ayent la mème force; et le charbon ce qui est nécessaire pour que l'hydrogène domine. Quant à ce carps, dont les effets sont Gpposés à ceux de l'hydrogène, ce ne peut être l’oxiyène , puisque ce gaz joue le plus grand rôle dans Jacie de la combustion, dont lés résultats, quant à la conducibilité voltaique sont si variés : ce n’est donc rien auire que Île nitricum. Le phosphore contient donc un grand excès de ni tricum, Le charbon un excès d'hydrogène ; le soufre tient le milieu entre les deux. Si l'on y fait atteution, cette composition est précisément celle que donneroient les diverses combustibilités de ces substances , car le, ni- tricum est plus combustible que l'hydrogène, puisqu'on ne peut l'obtenir isolé et que nous ne connoissons au- cune de ses combinaisons simples avec l’oxigène, dans laquelie il ne contienne plus du double de son poids, de ce dernier. Après avoir modifié l'échelle des oxides du soufre, d’après la supposition que ce corps contient la moitié de son poids d'oxigène, Mr. F. examine quelques-unes des hypothèses que l’on pourroit émettre sur la pro- portion des élémens de ce corps. Il remarque en géné- ral, que quoique les facultés isolantes des deux corps qui constituent le radical, doivent être-en équilibre en- w'elles , d'après l'expérience de Mr. Ehrman, il nes’en suit pas que ces deux corps ne puissent être inégaux en SUR LES PROPORTIONS DÉTERMINÉES. 255 poids , car il est fort vraisemblable , que les capacités conductrices ne suivent point la loi des masses; ce qui étend beaucoup le champ des suppositions. L'auteur, au reste , n’adopte comme fixée, aucune des proportions dont il s'occupe, et il a soin d’avertir des moyens chi- miques que l'on pourroit employer pour les prouver. Ainsi, par exemple , si l'on considéroit le radical du soufre comme composé de douze de nitricum et de vingt d'hydrogène , on prouveroit cette composition, si en traitant onze parties en poids de gaz muriatique oxigéné et sept parties d'oxigène, par seize parties de ‘soufre , on produisoit le gaz muriatique ordinaire. Il observe de plus, qu'en adoptant la composition qu'il attribue au soufre , cette supposition concilieroit heu- reusement les différences d'opinion sur le gaz muria- tique oxigéné, puisqu'elle justifie aussi bien ceux qui. y admettent de l’oxisène , que ceux qui le regardent comme analogue an soufre. En terminant ce paragraphe, qui est le dernier de l'ouvrage, Mr. F. déclare, qu'il soumet à l'expérience et aux travaux des savans auteurs auxquels nous devons les lois qui lui ont servi de guides, les résultats de ses propres efforts ; et loin de croire ses conclusions à l'abri de toute atteinte, il verroit avec joie des recherches qui les redresseroient. Nous ne pouvons nous empècher de partager ce désir de nôtre auteur et de souhaiter, comme lui, que les résultats auxquels peuvent conduire les abstraites théories de la chimie atomistique soient éclaircis, et, sil se peut, confirmés par l'expérience, qui mous paroît le seul juge sans appel daus une science de faits. Lorsque nous écrivions ces derniers mots, nous n’a- vions pas encore connoissance du beau travail de Mr. Berzélius, inséré dans l’Afandlingar & frsik, eic. T. V, p. 379, et dont les Rédacteurs des Annales de chimie 256 Cnimir. ; viennent de publier une traduction. Dans cet ouvrage, intitulé : Expériences pour déterminer la composition de. plusieurs combinaisons inorganiques, qui servent de base aux calculs relatifs à la théorie des proportions chimi- ques: Mr. Berzélius s'attache avec la sagacité et l’exac- titude qui le distinguent si éminemment, à rendre ses résultats assez précis pour servir de données normales d’après lesquelles on puisse, avec sureté, calculer la composition de plusieurs autres corps. Ce travail est, dans plusieurs de ses parties, une rectification de quel- ques méprises échappées à l’auteur dans ses anciens Mé- moires sur le même sujet, et que l'amélioration de ses procédés analytiques lui a permis de corriger. Il a trouvé que par des méthodes très-simples, on peut obtenir jus- quà la millième partie du poids employé; de manière que les résultats des expériences faites par le même pro- cédé ne présentent de variations que dans les dix milliè- mes. Ces expériences de Mr. B. l’ont conduit quelquefois à des résultats qui s'écartent un peu de ceux admis par Mr. Falkner, Ainsi, par exemple , l'analyse de l’acide sulfurique a donné à Mr. Berzélius 100,00 de soufre et 148,49 d'oxigène , tandis que Mr. F. y suppose 100 de soufre et 150 d'oxigène , différence trop considérable, à ce qu'il nous semble, pour que la théorie puisse He négliger. Nous nous bornons à cette seule citation, parce que le travail de Mr. Berzélius étant dans les mains de tous les chimistes , chacun se confiant aux précautions qu'a prises l’auteur et à son habileté bien connue, pourra comparer les résultats des calculs à ceux de l'ex- périence , et juger. ainsi par lui-même, du degré de confiance que peuvent mériter les premiers. ( 257) | DÉRRSREENRRRE ARRET PEUR EX Que MINE GIE EP 0 97 NET VTT SALE ET EPST TO ON SN SUR SER L IT TENUE PHYSIOLOGIE-VÉGÉTALE. RECHERCHES SUR LA CAUSE DE L'ASCENSION DE LA SÈVE dans les plantes et sur la force qui la fait monter jusqu'au sommet des plus grands arbres. Par DE Gérreu, Pasteur des églises de Colombier et de Neuchatel. ( Article communique ). mrreresedirenses L: goût pour la physique et l'histoire naturelle, que mon père m'avoit inspiré, me porta dés ma plus tendre jeunesse , à contempler les merveilles de la nature, et à rechercher les raisons des divers phénomènes qui s'of- froient à ma vue. Plusieurs observations m'avoient con- duit à découvrir, du moins je m'en flattois, la cause de l’ascension de la sève dans les plantes, et la force qui la fait monter jusqu’au sommet des plus grands arbres. Quel fut mon étonnement, quand je vis l'incer- titude et les. doutes d'un homme à jamais célèbre , de l'immortel Bonnet , qui chercha toute sa vie cette cause sans parvenir à la connoître! Il n'avoit là-dessus que des conjectures dont il n'étoit point satisfait. Voici comment il s'exprime en divers endroits de ses œuvres, édition de Neuchatel, 1581. Ve P: 496 et 497. Le mouvement de la sève Ad d'une mécanique qui nous est encore inconnue; et que de nouvelles expériences pourront nous découvrir. Les vrais ressorts ne le sont pas par GUE-MÈMES à ; leur action dépend du concours d'une force secrète, qui ne peut tomber sous nos sens.... Les canaux sont d’une finesse extrème, ils n'admettent que les sucs les plus déliés, une impulsion secrète les developpe. 258 Paysiorocit vÉGÉTALE. T. VIII ,p. 49. Les corps organisés sont , si l'on veut, des ouvrages à rézeau. Une force secrète chasse l'aliment dans les mailles. T. XIL,p. 484 à 495. Il nomme question tenébreuse la puissance vitale duns le végétal, ou cette puissance qui opere l'élévation des liqueurs. 1 La pression de l'atmosphère ne sauroit suffire à elever la sève au sommet des plus grands arbres. Quelle est donc la force secrète qui la porte à cette hauteur? Vingt ans plus tard, T. XV, p. 431, il esssaié encore de pénétrer le mystère de l'accroissement , et de se faire des idées un peu philosophiques de l'art secret qui l'exé- cute. Cet habile naturaliste fut une fois tout près de la solution du problème qu'il chérchoit à résoudre ; il n’a- voit qu'un pas à faire pour y arriver, et il ne l’a pas fait ! Voici cei qu'il écrivoit le 2 octobre 1779 , T. XII, p. 489. C'est un principe de mécanique que les fluides se portent vers les endroits où ils éprouvent le moins de re- sistance. Au lieu de suivre cette idée, qui l'auroit conduit à son but, il s'en détourne; il s'arrête ; il considère la galle qui croît sous une feutile de chêne et il conclut par ces mots: cette ascension ( de la sève ) est donc l'ef- Jet dun jeu secret des vaisseaux , que nous ne sommes pas encore parvenus à découvrir. . : La grande loi de l'équilibre , à laquelle la nature en- tière .est soumise, loi si fécondé en résultats si impor- tans , est, selon moi, la vraie cause de l'ascension de la sève dans les végétaux. L'équilibre journellement rompu , journellement rétabli, met en mouvement les sucs nourriciers qui procurent l'accroissement. Ces sucs s’introduisent dans les racines par le chevelu, passent dans le tronc , de là dans les branches , entre le bois et l'écorce , jusqu'à-ce qu'ils soient également serrés, dans un équilibre parfait. Le soleil paroït et rompt l'é- quilibre en attirant les parties aqu®uses , qui s évaporent | Sur M'ASCENSION DE LA SEVF. 259 et se dispersent dans l'air. La sève accumulée dans les racines et dans le tronc, sy trouvant plus pressée que dans la-partie supérieure, monte dans celle-ci pour sy mettre à l'aise, d’après ce principe de mécanique , qui ue souffre aucune exception; Tout corps tend à s'échap= per du côté où il est le moins pressé. Le soleil se couche, l'évaporajion qne causoit sa présence diminue par degrés, cesse bientôt tout-à-fait,, L'équilibre se rétablit pendant la. fraîcheur de la nuit, la bienfaisante rosée qui tombe abondamment le soir et le matin, et se rassemble en gouttes aux extrémités des rameaux, concourt à la ré- tablir. L'astre du jour reparoît le matin, rompt de nou- veau l'équilibre en attirant les parties aqueuses, qui sortent seules par l'action de la chaleur, abandonnant les particules grossières et terrenses qu’elles avoient charriées , et qui restent pour augmenter la masse et la dimension du végétal. L'évaporation de l'eau qui leur a servi de véhicule, est facilitée par le tissu rare des extrémités des branches. La chaleur cesse, l'équilibre se rétablit ; il est rompu le jour suivant par les mêmes circonstances, Une pluie survient, humecte la terre, fournit abondamment aux racines un suc nourricier dont elles se gorgent, et qui se met en équilibre avec celui que les rameaux contiennent, À mesure que ceux- ci se dessèchent , ils pompent la sève qui surabonde dans le tronc, depuis l'arrosement que la terre a recu. Ainsi tout le secret, ou si l’on veut tout le mystère de Ja végétation consiste dans la rupture journalière, et le rétablissement journalier de équilibre. Cetie végétation est plus ou moins vigoureuse , l’accroïssement plus ou moins rapide, selon que la terre est plus fréquemment, plus ou moins abondamment arrosée , et que la chaleur desséchante et plus ou moins forte. J'ai déjà fait remarquer, que l'évaporation de la partie aqueuse de la sève est merveilleusement facilitée par le ussu délicat des fibres , et par la grandeur des pores °60 PRYSIOLOGIE VÉGETALE, qui sont aux extrémités des boutons et des branches. Mr. Bonnet a très-bien observé et parfaitement décrit ce tissu peu serré qu'il compare à des mailles, à un réseau, mais dont il ne soupconnoit pas la destination. Qu'est-ce qui fait monter l'eau dans une pompe as- pirante? Ce n'est pas l'horreur du vide, comme on l’a cru long-temps; c'est quà chaque coup de pisten, il s'y fait un vide; à l'instant l’eau inférieure chargée du poids de l'atmosphère, sonlève la soupape, et monte précipi- tamment pour remplir ce vide. Pourquoi ? Parce qu'elle y est moins pressée. Cette prompte ascension de l’eau dans une pompe aspirante, donne une très-juste idée du mécanisme de la végétation. La puissante action du soleil n'est pas la seule cause de l’ascension de la sève; tout ce qui fait évaporer les liquides anime la végétation , qui continue , quoiqu'avec plus de lenteur, dans les jours sombres et même plu- vieux, pendant lesquels cet astre ne paroît point ou ne se montre que par intervalles. Tous les vents, principa- lement ces vents chauds et secs qui font müûrir promp- tement les moissons, produisent autant d'effet qu’un so- leil ardent. Quand ces deux choses se combinent sans qu'il y aît de sécheresse, l'accroissement des végétaux est très-rapide , par la rupture et le rétablissement continuels de l'équilibre. Mais il faut, de temps en temps, des pluies fertili- santes qui trempant la terre à fond, dissolvent les sels, les huiles, les parties terreuses , tout ce qui entre dans la composiuon de Ja sève : l'eau qui abonde alors en- traîne ces particules après sen être saturée. Ce grand véhicule est absolument nécessaire : toutes les plantes Janguissent pendant une longue sécheresse ; leur accrois- sement est interrompu parce que tant qu'elle dure, l'é- quilibre n'est plus alternativement rompu et rétabli. Les branches et les racines étant alors également desséchées, la sève n'est pas plus serrée dans les unes que dans les SUR L'ASCENSION DE LA SÈve. 26% autres. Cet état de stagnation causé par une sécheresse opiniâtre fait souffrir tous les végétaux, et les fait sou- vent périr. C'est pour cela qu'on a soin d'arroser les plantes quand il ne pleut pas. Voici ce qui me donna la première idée de la force végétative, il y a plus de quarante ans (1), et qui paroît fournir la preuve de mon opinion à cet égard. J'ai passé dans les montagnes les cinquante premières années de ma vie, J'employois à des promenades et à soigner mes abeilles, le peu de loisir que me laissoient les occupations très-nombreuses et très-suivies, dont je m'étois chargé. En me promenant le long des forêts, dont j'étois environné, je remarquai que tous les jeunes sapins qui croissoient en dehors couvroient leurs pieds avec le plus grand soin , par des branches fort touffues, qui s'étendoient chaque année à mesure que l’arbre gran- dissoit, au point quel l’on ne pouvoit voir, ni le tronc de celui- -ci, ni même la terre environnante , à plusieurs pieds de distance. Ces jeunes plantes croissoient et pros- péroient à souhait. Celles de même espèce qui nais- soient dans la forêt, à l'ombre des grands arbres n'a- voient aucun soin de couvrir leurs pieds. Quelques jeu- nes sapins exposés à l'ardeur du soleil ,et dont on avoit élagué toutes les branches basses, languissoient , crois- soient très-peu; la différence étoit frappante, Accoutumé à observer et à réfléchir, je m'efforçai d’en découvrir la raison. Je choisis dans cette vue quelques jeunes sapins très-beaux et très-vigoureux ; j'en retranchai toutes les branches trainantes qui couvroient le tronc et qui en déroboient la vue. Dès ce moment ces jeunes arbres languissoient, et ne prenoient plus que peu d’accrois- sement, quoique j'eusse conservé tous les rameaux supé- rieurs et le haut de la tige avec le plus grand soin. Ce résultat fut comme un trait de lumière qui me fit connoître le principe de la force végétative. Je compris (1) L'auteur en a actuellement plus de quatre-vingts, 262 _ PaysiorocrEe vÉcérALE, que les branches qui couvroient les pieds des jeunes sapins, couvrant aussi la terre environnante à quelques pieds de distance, y maïntenoient une humidité salutaire, qui fournissoit aux racines, et conservoit long-temps les sucs nourriciers dont elles se gorgeoïient. Ces sucs ten- doient continuellement à monter , pour remplacer la partie aqueuse de la sève, que la chaleur faisoit éva- porer, et qui en s'évaporant abandonnoit les particules grossières, qu'elle avoit charriées. L'équilibre, alternati- vement rompu et rétabli, produisoit cette végétation vigoureuse dans un sol ombragé qui conservoit très-long- temps sa fraicheur et son humidité propices. Il n’en éloit pas ainsi des jeunes sapins dont j'avois découvert les pieds. Privés de leurs branches tutélaires, qui comme autant de parasols, les garantissoient de l'ardeur du soleil,la terre qui les nourrissoit, trop prompte- ment desséchée, ne leur fournissoit plus que bien peu d’alimens. La chaleur ne rompoit pas l’équilibre; ou ne la rompoit que trop foiblement, parce que les pieds et les racines éloient presque autant exposés aux rayons brûülans du soleil que les extrémités de la tige et des rameaux. Dans des années fort pluvieuses , la différence étoit moins grande, entre les jeunes sapins dont j'avois mis les pieds à nud et ceux que je n'avois point privés de leurs parasols ; parce que les premiers, fréquemment rafraîchis par de bienfaisantes pluies, se prêtoient à la rupture et au rétablissement de l'équilibre. Comparez les sapins, les chènes, les hèires qui for- ment d'épaisses forêts, aux arbres de mème espèce qui croissent isolés dans des pâturages. Quelle différence entreux ! Les premiers élancent leurs tiges, et s'élèvent à une grande hauteur, pour trouver le seleil dont la chaleur est nécessaire à leur accroissement. Ils ont peu de branches , ils n’en ont point qui soient basses, parce que leurs pieds ombragés par la forêt mème, sont tou- jours au frais, et n'ont besoin d'aucun secours pour les garantir de l'ardeur du soleil ; les rameaux qui couvroient Sur L'ASCENSION DE LA SEVF. 26% ces pieds dans leur jeunesse ont tout-à-fait disparu et n’ont pas été remplacés. Les mêmes arbres isolés ne leur ressemblent point; leur tige ne s'élève jamais à la même hauteur, ni à beaucoup près. En revanche ils s’é- largissent fort; ils poussent un grand nombre de branches très-longues, qui s'étendant au loin, ombragent les ra- cines et les tiennent au frais. Coupez ces branches, ils Janguissent et n'ont plus d’accroissement, parce que la rupture et l'établissement de l'équilibre n'ont plus lieu, eu n'ontlieu dès-lors que très-foiblement. Tout jeune arbre fruitier planté trop près d'un grand arbre qui l'ombrage, s'écarte de la perpendiculaire ; qu est sa direction naturelle ; de lui-même il s'incline, il se courbe pour s'éloigner du grand arbre qui le domine, et qui lui nuit en le privant du soleil; il cherche les rayons de cet astre auxquels il doit l'ascension de læ sève, et sans lesquels il ne peut point prospérer. Je ne connois que les arbres résineux qui fassent exception; ils croissent droits, tout près des plus grands arbres, et c’est vraisemblablement parce qu'ils ont la faculté, que d’autres espèces n'ont pas, d'ombrager leurs pieds quant ils sont petits. J'ai sous mes yeux un pommier qui, de lui-même et sans avoir souffert aucune violence, a fait, en grandissant, un arc de quarante à quarante-cinq de- grés, pour séloigner d'un grand noyer son trop près voisin, afin d'avoir quelque part à la chaleur du soleil, que ce puissant voisin lui déroboit. Tous les végétaux ne suivent-ils pas cette règle? Une espèce d'instinct semble les porter à chercher ce qui leur est utile, et à s'éloigner de ce qui leur nuit. Les jeunes hêtres qui croissent hors des forêts, et qui sont exposés à l'ardeur du soleil, ont le même soin que les jeunes sapins de couvrir, par dés branches basses et traînantes, leur pied, leurs racines , et le sol qui les nourrit. Je Dai vu aucun figuier qui n’en fit autant. La courge étend aussi les larges feuilles, qui sont pour elle de vrais para- 264 ._ : Paysrorocte vrcérart. sols. L’accroissement des raves est lent et peu considé: rable pendant quelques semaines; mais elles grossissent très-promptement , presque à vue d'œil, sitôt qu’elles ont étendu les feuilles dont elles se couvrent toujours. Les cerisiers ne se plaisent et ne prospèrent qu'auprès des. haies qui ombragent leurs troncs et leurs racines. Une cinquantaine de jeunes cerisiers que l'on avoit plantés il ya dix ou douze ans, au bord d'un excellent champ, le long d'un grand chemin, périrent presque tous; il n'en reste que cinq ou six qui sont, frès-languissans. Je ne peux attribuer leur prompt déperiderènt qu’à l'ar- deur du soleil, dont rien ne les garantissoit ; leurs tiges et leurs pied étoient entièrement à nud. Il paroïît résulter de toutes ces observations, 1.0 Que la grande loi de l'équilibre est le principe de la force végétative, qui ne se déploie qu’autant que l'équilibre est successivement rompu et rétabli. 2.° Que tout ce qui provoque et facilite l'évaporation des liquides, favorise et procure la végétation. L'histoire de la physiologie végétale nous apprend que les idées principales du respectable auteur de l'article qui précède ont été jadis mises en avant (à son inscu}) par quelques naturalistes, et solidement refutées par d’autres. Entre les objections que son système fait naître en nombre , nous nous bornerons à un fait notoire, c'est la vigoureuse végétation qui a lieu dans les serres, où l'équilibre de température est soigneusement maintenu. Mais, système à part, cet écrit a d’autres mérites qui nous l’ont fait accueillir. HISTOIRE L ue +7 CO PE HISTOIRE NATURELLE, Norrce SUR L'HISTOTRE NATURELLE DÜ MONT Sr. BERNARD, rédigée par le R.P. Bisrra, Prieur de l'Hospice, et lué à la Société Helvétique dés Sciences naturelles siégeant à St. Gall, le 26 Juillet 1819. , | : : . mnt sas sas nee + Le col au sommet duquel se trouvé l'Hospicé du Si, Bernard, est fort resserré au midi par le mont Mont- mort, ét par celui de la Chenalettaz qui est au nord $ lé mont Velan (1) quoique éloigné borne son horizon à lorient, et le Pain de Sucré (2) et le mont de Bossaz à l'occident. De ce derniér côté, tout près de l'Hospicé on voit avec plaisir üun làc, trop petit sans doute pou occuper une place parmi ceux de la Suisse (3). Le pen: (x) Le mont Velan ( mont du soleil) est ün des plus hauts des environs du St. Bernard. Il est couvert de glaces dans sà partie orientale et septentrionale jusques àu sommet. Mr. Mu= rith, chanoïne de l'Hospice fut le premier qui esa tenter d'en faire l'ascension à travers mille dangers. Il résulte des observa: tions qu'il y Hit, qu'il est élevé de 663 toises au-déssus dé l'Hospice. (2) On a donné cé nom à un rochér nud, à cause dé sa forme pyramidale. (3) I n’a jamais pu devenir jioissénneüx ; on peut tonjec: turer que c'est parce que les œufs ne peuvent pas sy dével- lopper , à cause du défaut de chaleur; vü que ce lac est'cou- vert d’une glace de deux pieds, et même déux pieds et demi d'épaisseur pendant huit où neuf mois; et pendant lé resté » de l’année il est toujours refroidi par les eaux qni provien: nent de la fonte des neiges. Il a trente-trois pieds de profon- deur. Il faut un quart d'heure pour en faire le tour. Sc.et arts, Nouv. serie. Vol: 11. N°, 4. Aouütr8t0. s 266 HisTOIRE NATURELLE chant de la Chenalettaz est recouvert sur le fond des rochers, d’un peu de terre gazonnée; et c'est le seul aspect un peu riant de cette habitation. Le Mont-mort indique par son nom l'absence de la végétation, indé- pendamment de ce que c'est sur son flanc que roulent les plus grandes avalanches qui maintiennent dans le vallon, à l’orient de l'Hospice, des neiges perpétuelles où pé- rissent trop souvent les voyageurs. On daigne accorder une grande considération au but de l'insutution del Hospice qui est destiné à offrir aux passagers un abri contre le mauvais temps, la rigueur du climat et l'excès de la fatigue ; c'est ce qui fait l’admiration des’ ames charitables. Mais le naturaliste peut trouver dans ce local des objets de curiosité et de recherches; et c'est sous ce rapport qu'on va l’envisager. Il sera bon de classer ces divers objets : on fera premièrement quelques observations sur l’air et le climat ; secondement sur la “eige , les avalanches et les glaciers ; on en fera quelques autres sur les rochers des environs du St. Bernard et leur nature, enfin on dira quelque chose de la botanique de ces régions. | De l'air et du climat. L'air, sur le St. Bernard n’a rien de particulier; il ne diffère pas sensiblement de celui qu'on respire sur les autres montagnes de la Suisse de même hauteur. L'eau bout à l'Hospice à 74° + dans la hauteur moyenne du baromètre, qui est d'environ vingt pouces onze lignes (1). En suivant les expériences hygrométriques pour les (1) La chaleur étant la cause de la coction, il en résulte qu'on ne parvient que. difficilement à faire cuire les mets dans les lieux fort élevés tels que le St: Bernard. 11 faut à l'Hospice cinq heures, et même cinq heures et demie, pour faire cuire suffisamment le bouilli; ce qui est très-fàcheux parce que cela exige une plus grande consommation de bois là où il est si rare: 1 bu Sr Brnfanb. 363 comparer à celles qui se font dans un climat plas doux, on remarque avec surprise une plus grande sécheressé au St. Bernard. Parmi les causes de cet effet inattendu; vû que dans la région des brouillards et des neigés per=. pétuelles il sembleroit que l'humidité dût y être plus abondante, on peut faire entrer la rareté de l’air : sous un volume donné d'air au St Bernard, ou sur les hautes mon: tagnes, la pression supérieure étant moindre il ÿ a moins de particules aëriennes ét aqueuses qui sont en contact avec le cheveu hygrométrique. Cependant on remarqué dars l'imérieur de l'Hospice, quoiqne le bâtiment soit situé au point le plus élevé du col, et battu de venté violens, une humidité beaucoup plus grandé qu'on né pourroit le présumer d’après les observations, et la con- sidération théorique d'une moindre pression, qui devroit permettre aux molécules aqueuses de s'évaporer et plus facilement se résoudre eti vapeurs. Mais & on réfléchit, que l'Hospice est plongé dans les neiges pendant huit mois ; que pendant la saison froide les murs intérieurs se chargeut de givre jusques à l'épaisseur de quatre à cinq lignes; que par le contrasté contintiel £&ntré le grand froid extérieur et la légère chaleur intérieure, les va: peurs ne cessent de se fixer sur les parois qu’elles ren- contrent , on concevra facilement la raison de cet état constant d'humidité qu'on remarque dans l'édifice Ce n'est pas uniquement sur le deyré de chaleur dé l'ébullition et sur les effets hygrométriques, que la rareté de l'air exerce une influence; elle produit sur les orga- nes de la respiration une modification assez sibgulière pour être remarquée. Sans oser prétendre à développer la rélation entre la cause et ses effets, je me botnerai à indiquer les faits tels que l'observation les présente. Parmi les personnes qui viennent où qui habitent dans les hautes montagnes, celles qui jouissent d'’ünc constitution forte, et dont les poumons sont dans ur étal parfait, éprouvent un certain plaisir à respirer un S 2 268 Hisrorr£ NATURELLE air aussi frais que pur et léger. Au contraire, les per sonnes privées de ces avantages, celles sur-tout qui sont asthmatiques , éprouvent un mal-aise marqué et une difficulté de respirer qui s'accroît à mesure qu’elles s'é- lèvent. On a vu au St. Bernard quelques-nns de ces voyageurs comme suffoqués par le défaut d'air assez dense pour leurs poumons, et qui tomboient quelquefois en syncope par cette cause, Ce dernier effet arrive fort souvent aux personnes foibles et délicates, et même quelquefois aux plus robustes. Dans le principe de ces syncopes le pouls est fort accéléré , effet qui d'ail- leurs s'observe toujours à mesure qu'on s'élève; mais il a lieu dans un moindre degré selon la force des or- ganes pulmonaires. C'est encore à la rareté de l'air que l'on doit peut- être attribuer un effet remarqgnable sur les plaies. Il est certain qu'en général sur les montagnes, les plaies restent le double et même le triple de temps que dans la plaine, à se cicatriser , quoique les remèdes, la température , la nourriture et les pansemens soient ab- solument les mêmes dans les deux cas. Sur un nombre considérable de malheureux qui ont eu les pieds et les mains gelés, et à qui on a été obligé d'amputer des membres, on n'en a vu aucun parvenir promptement à une guérison complète; il est vrai que la plaie par- vient à s'épurer assez promptement ; mais elle s'arrête là ; et tel malade qui a été un ou deux mois au St. Bernard sans voir avancer la guérison de ses plaies , les voit ci catrisées dans cinq à six jours dans un climat plus doux. Je me permets de signaler encore un effet qui pent aussi dépendre de l'air, sans que cependant je prétende lui en attribuer exclusivement la cause. Ce seroit aux personnes versées dans la médecine à faire des recher- ches ( peut-être plus curieuses qu'utiles) sur le fait que je vais citer , et qu'en a eu. occasion d'éprouver pu ST. BERNARD. 269 très-fréquemment au St. Bernard. C'est que les remèdes ont beaucoup moins d'énergie sur les hautes mop- tagnes que dans les plaines ; ainsi, par exemple, trois grains de tartre émétiquë sont une dose suffisante dans un climat tempéré; et il faut pour le même individu six et même huit grains de ce vomitif, pour obtenir le même effet sur le St, Bernard. L'air pur ét frais qu'on respire sur les hautes mon- tagnes , le bon appétit qu'il procure, concourent à faire croire qu'un climat tel que celui du St. Bernard ne peut qu'être très-salubre, indépendamment des autres causes qui tendent à seconder celles que je viens d'indiquer. Cependant l'expérience démontre le contraire; et les nombreuses victimes de l'âpreté de ce climat démen- tent malheureusement cette opinion. Un grand nombre de voyageurs arrivant pour la première fois au St. Ber- nard, s'attendeut à y trouver des chanoines à cheveux blancs comme la neige dans laquelle ils habitent. On est bien surpris de n’y rencontrer que de jeunes re- ligieux, dont l'âge dépasse rarement trente-cinq ans , et qui même pour la plupart sont entre vingt et trente. C’est en partie à l'insalubrité du climat que ces voya- geurs doivent attribuer ce fait qui les étonne. Les jeu- nes gens seuls, qui jouissent d'une parfaite santé et d'un tempérament robuste , peuvent supporter l'âpreté du climat du St. Bernard; malgré la force de leur cons- titution ils ne’ laissent pas de devenir bientôt les victimes de cette influence à laquelle on ne s'accoutu- me guères. Tous ceux qui ont parcouru les montagnes ont ordi- pairement remarqué qu'on y éprouve un grand appétit, et que la digestion y est même accélérée, Il s'en suit qu'on est comme obligé d'y prendre plus de nourriture que dans tout autre climat. On comprend aisément que cettæ surabondance peut attaquer, avec le temps, les organes. digestifs, leur faire perdre insensiblement leur énergie ÿ 27a HisToyre NATURELLE le besoin de réparer les forces qui diminuent engaga à manger davantage , et 1l augmente ainsi la cause du dépérissement , et occasionne finalement des maladies bilieuses et inflammatoires, dés coups de sang, des es quinancies, etc. Mais la maladie la plus ordinaire à las quelle «expose un climat tel que celui du St. Bernard ; ç'est le rhumatisme ; il épargne rarement les habitans des hautes montagnes, il paroît même y être devenu plus commun qu’autrefois. Parmi les causes de cette infirmité presque incurable , outre celles qu’on vient d'indiquer, on peut aussi compter le passage subit qu'on fait souvent dans la journée, d'une température modérée, ou même chaude, à un degré de froid considérable ; V'impuissance où on se trouve dans le bâtiment de THospice de procurer de la chaleur aux appartemens des Religieux ; ainsi qu'une vie tantôt sédentaire, tantôt exposée à un exercice trop violent, lorsqu'il faut aller sur la montagne par les temps les plus rudes porter les secours nécessaires aux voyageurs surpris par le froid ; ou ensevelis sous les avalanches. La grande humidité dont on à parlé, et qu'il est impossible d'éviter, viens ge joindre aux autres causes qui provoquent et entre- üennent le rhumatisme. ; Dès que celte maladie est un peu enracinée, 1l faut Yécessairement abandonner la haute résion -pour aller chercher des soulisemens dans un dihat plus tempéré, Les seuls mois Pen dent lesquels le ‘séjour du St. Ber- natd est agréable et sain, sont ceux de juillet, août et septembre, Les plus nuisibles à la santé sont ceux de. mars , avril et mai. Plusieurs auteurs et voyageurs (1) ont inséré dans leurs ouvrages on leurs voyages, qu'on ne voyoit au St. Bernard, pour ie plus, que dix ou douze fois dans Yannée un jour entier le ciel pur et serein. Quoique les : (1) Besson à Laborde, Ebel, etc. pu Sr. BrrNanro. 271 observations météorologiques ne datent pas de loin sur cette montagne (1), on peut cependant assurer que les beaux jours y sont moins rares cependant qu'on ne l'a affirmé (2). En réfléchissant sur la moindre pression de l’atmos- phère sur les lieux élevés, il sembleroit naturel d’ac- corder moins de force aux vents, puisque cette force croît, ou s'affoiblit, à raison de la. densité du courant d'air, Il eût été bien agréable d'avoir des données pré- cises à offrir sur ce sujet; mais on ne possède pas au St. Bernard d'anémomètre qui puisse indiquer l'intensité des vents et fournir des observations précises et com- parées. Cependant les personnes qui y ont fait un séjour de plusieurs années s'accordent à attribuer au-vent plus ” de. force:sur les montagnes que dans la plaine. L'é- tranglement des défilés concourt souvent à y concentrer les vents en resserrant leur passage, et en augmentant ainsi leur vitesse. La disposition des vallées qui avoi- sinent le St. Bernard ne permet pas aux vents des di- rections bien variées ; les plus ordinaires sont, le sud- ouest et le nord-est ; on ‘aperçoit quelquefois le vrai nord , avec un foible degré de force ; la même chose . L (1) Le savant Prof. Pictet, de Genève, a fait construire des instrumens météorologiques qu'il transporta au St. Bernard le 14 septembre 1813, où il invita les Religieux à suivre un système régulier d'observations; elles sont insérées tous les mois dans la Bibl. Univ., Recueil qui s'imprime à Genève, et dont Mr. Pictet est un des Rédacteurs. : (2) On en compte dès le mois de juillet de l’année der- nière jusques à la fin de juin de celle-ci plus de soixante. L'été de 1816 a été fort mauvais au St. Bernard, il n’y eut aucune semaine dans laquelle il ne tombât de neige ; le dernier jour d'août on joua une partie de boules sur la glace qui cou- vroit le petit lac près de l'Hospice ; le lac ne parvint point à être totalement dégelé cette année-là ; mais une année pareille- ne fait pas règle. 272 … HyDROTECENIQUE. a lieu pour le sud , mais il est plus rare encore. Le froid n’est peut-être pas aussi considérable qu'on pourroit se limaginer. Le point le plus bas où on ait vu le thermomètre, est 27° de Réaumur; mais ce sont des circonstances, fort rares. Ou le voit cependant des- cendre assez souvent jusqu’à 20 et même 23. Il ne dé- passe jamais le 19° au - dessus de zéro , et quand il y parvient pour un moment, cest un cas aussi rare que de le voir à 27 au-dessous. (La suite. au Cahier prochain }. HYDROTECHNIQUE. NoricE SUR LES TRAVAUX EXÉCUTÉS DANS LA VALLÉE DE LA Lara, limitrophe des Cantons de Glaris, Schwitz = et St. Gall. Par l’un des Rédacteurs de ce Reeueit ( avec l'esquisse d'une carte topographique de A ‘contrée ). SAR RARE ARS ARE ARR BA Re Es rendant compte des nivellemens exécutés dans la Suisse occidentale. pour la rectification projetée du cours, de l'Aar et de Pabaissement, si désiré, du. niveau des trois lacs ,.de Morat, de Neuchatel , et de Bienne (1), nous citames des travaux analogues exécutés dans la ER orientale, sur le. bassin ae la mere Linth, avec le succès le plus honorable pour le génie qui à dirigé ces travaux, comme pour le patriotisme généreux de la Confédération qui a fourni aux dépenses. | Les récits des voyageurs nous avoient inspiré le plus. (x) Bibl. Univ, TT. VI. p. 180. Sur LES TRAVAUX DE LA Linrtr. 273 vif désir de voir de près les résultats de cette entreprise. Nous n'avons point hésité à nous prévaloir de l'occasion offerte par la réunion à St. Gall de la Société helvétique des sciences naturelles, à laquelle nous nous proposions d'assister, et qui nous faisoit passer à peu de distance de la vallée de la Linth. Une circonstance décisive se joignit à ce motif; Mr. Escher, de Zurich, à qui la grande part quil a eue au succès de ces travaux a pour toujours attaché le surnom de /4 Linth, devoit s'y ren- contrer et nous en développer les détails. Rien donc, qu'une impossibilité absolue n'auroit pu mettre obstacle à cette excursion, qui a tenu tout ce qu'elle nous pro- mettoit d'intérêt et d'agrément. Nous allons en rendre un compte sominaire. | Un hasard heureux nous fit rencontrer, déjà à Stantz ( capitale du bas Underwald ) Mr. Escher, qui, accom- pagné du savant Horner (1) (son ami et le nôtre) et de Mr. Pestalozzi, habile ingénieur , se rendoit à pied de Zurich à la célèbre abbaye d'Engelberg. Il n'eut pas de peine à nous engager à l'y suivre; et cet épisode na pas été l'un des moins intéressans du voyage. En se sé- parant le lendemain on se donna rendez-vous à Rapers- chwyl, non loin de l'extrémité méridionale du lac de Zurich , où se terminent les travaux que nous devions visiter ensemble. On s'y rendit de part et d’autre dans la soirée du 23 ( juillet } et nous partimes ensemble le 24 à six heures du matin pour Uznach , bourg qu'on trouvera indiqué sur l'esquisse de la carte qui accompagne cette notice, et sur laquelle il sera bon de suivre tes détails. Nous y arrivames avant huit heures. On laissa là les voitures, avec ordre de se rendre à Wesen , au bord du lac de Wallenstadt , où nous irions à pied en côtoyant le canal. (1) Astronome dans l'expédition de l'amiral Kruzenstern autour du monde. 274 HyprorTEcHNIQUE. \ Nous descendimes d'abord d'Uznach à Grynau, châ- teau situé à l'endroit d'où le canal, faisant un léger et dernier coude , se dirige droit au lac de Zurich. Ce canal est ici traversé par un pont, d'où nous eumes d'abord en perspective jusques à perte de vue , non point un canal comme tant d'autres, mais une belle et majestueuse rivière , large de quatre-vingts pieds dans son cours ordinaire , coulant avec une vitesse uniforme d'environ dix pieds par seconde, et encaissée dans ses crues entre denx parapets qui, en portant sa largeur à: deux cents pieds, maintiennent son niveau de plusieurs ‘ pieds au-dessus des plaines très-étendues qui la bordent, de part et d'autre. Sur le parapet droit est un chemin de halage pour les chevaux qui remoitent les barques de commerce; le courant suffit pour le retour de ces embarcations. Nous fumes dévancés, chemin faisant, par l’une de ces barques qui remontoit, attelée de cinq chevaux. De part et d'autre da grand canal on en voit un de décharge pour les eaux des plaines environnantes , les- quelles se trouvent ainsi desséchées au degré convenable pour que les parties du sol un pen élevées soient sus- ceptibles de culture , et que les basses soient encore assez arrosees pour produire des carex qui sont trans- portés jusqu’à Zurich où on les achète pour la litière des bestiaux, et qui font un revenu pour les habitans. Nous employames quatre heures à suivre les bords du canal, de Grynau jusqu'a Wesen ( voyez la carte ) en y comprenant quelque temps d'arrêt pour demander et recevoir des explications, et une courte halte que nous fimes à Ziegelbruck , où se trouve Le troisième des ponts qui le traversent. Ce point, marqué P sur la carte , prendra plus d'importance tout-à-l heure. A l'aspect de cette rivière si douce, si belle, si na- vigable , on est tenté de croire qu'elle a toujours été ei qu'elle est toujours telle; et on ne se fait aucune SUR LES TRAVAUX DE LA Livrw. 273 idée de l'importance , comme de la difficulté, de l'en- treprise. Pour en juger, il faut savoir d'entrée, contre quel geure d'ennemi il falloit lutter, et quelle en étoit la nécessité. D'après l'expérience faite depuis que la Linth est en- caissée, on a trouvé qu'elle est sujette, selon les accidens des saisons, à des crues, et des basses eaux, dont les différences sont telles ; que dans le premier cas elle charie jusqu'à 16000 pieds cubes d'eau par seconde, et dans le second , seulement 6 à 800 ; il falloit donc lui creuser un lit qui pût, d'une part, la contenir dans ses crues , et d'autre part, la laisser navigable dans ses plus basses eaux. On y est parvenu en lui formant, dans le même canal, comme deux lits; l’un plus étroit, qui occupe le fond , et qu'elle remplit toujours à une profon- deur suffisante ; l’autre plus large, que ses bords en talus élargissent encore à mesure qu'il s'élève, et dont la section suffit à cortenir les plus hautes crues. C'est sur son parapet qu'est pratiqué le chemin de halage. L'in- tervalle peu incliné, compris entre les talns des deux lits est de soixante pieds de part et d'autre du lit ordinaire, et garni d’éperons artistement construits, qui défendent les parapets supérieurs. La question de la convenance ou de la nécessité de l’entreprise nous amène à son histoire, dont il convient de tracer ici les traits principaux. Depuis le milieu du siècle dernier, on remarqua que la Linth, qui descend, au point L, entre Mollis et Näfels, des glaciers et des profondes vallées du Canton de Glaris, charioit dans ses crues des masses considérables de cail- loux et de graviers qui rehaussoient considérablement son lit, de Mollis jusques à Ziegelbruck, en P, où la Linth recevoit la Maag , rivière qui servoit d'écoulement au lac de Wallenstadt, et d'où elles couloient. ensemble , non sans inonder , dans toutes les crues , les immenses plaines ravagées par les méandres de la Linth depuis Ziegelbrack jusqu'au lac de Zurich. 256 HyDROTECHNIQUE. Dans les années 1762 à 1764, l'affluence des dépôts chariés fut telle , que le sol s'éleva, à Ziegelbruck , jus- qu'à fermer le passage à la Maag, qui reflua vers le lac de Wallenstadt; le niveau de celui-ci s'éleva ; les maisons de Wesen et Wallenstadt, situées sur les bords du lac à ses deux extrémités furent inondées, et l'ont été fré- quemment depuis cette epoque, dans toutes les grandes eaux ; tous les terrains environnans devinrent des ma- rais, perdus pour l’agriculture et pernicieux pour la santé des habitans , que des fièvres endémiques ne tar- dèrent pas à attaquer de la manière la plus déplorable. On a remarqué que les commencemens de cette épo- que désastreuse coincidèrent avec l'introduction de l'in- dustrie manufacturière dans le Canton de Glaris ; elle occasionna une destruction inconsidérée des forêts qui protégeoient les pentes rapides des montagnes contre les avalanches des neiges, les érosions des torrens, et les éboulemens qui en sont la suite. Mr. Wagner, de Berne, jadis Baillif à Sargans, fut le premier magistrat qui invita les anciennes Diètes de la Confédération à porter leur attention sur les maux tou- jours eraissans dont nous venons d'indiquer le caractère. Mr. le Capitaine du génie Lanz ( aussi de Berne ) fut chargé d'examiner le mal, et d'en indiquer le remède. Il s’acquitta de sa mission avec beaucoup de sagacité ; il nivela la pente, de Mollis jusqu'au lac de Wallenstadt, et de ce lac jusqu'à Ziegelbruck; et il proposa en 1783 à la Diète divers plans de correction , dont il désigna le premier comme le seul qui fût radical et efficace à toujours. Il proposa dans ce projet l'idée belle et hardie, de saisir la Linth toute entière à Mollis; de lui creuser un canal de là jusqu’au lac de Wallenstadt où elle irois, dorénavant ensevelir ses fureurs et ses cailloux dans ce vaste réservoir, dont elle hausseroit à peine le niveau de quelques pouces dans ses plus grandes crues. En même temps on approfondiroit le lit de la Maag, depuis le lae Sur LES TRAVAUX DE LA Linrn. 2n9 jusques en P, pour Ini procurer une issue plus facile et abaisser ainsi son niveau ; alors, le Delta formé par les inondations de la Linth entre les points L, P, et le lac de Wallenstadt, seroit rendu tout entier à l’agriculture et à la salubrité ; enfin la source des maux antérieurs seroit tarie à toujours. On délibéra; on fut effrayé des devis d'exécution; on décida ad referendum. Cependant le mal s’accrut d'une manière effrayante; toute la plaine au-dessus de Ziegel- bruck devint un marais infect; il fallut à Wesen aban- donner le rez-de-chaussée des maisons, et dans les crues, l'eau atteignoit jusqu'aux premiers étages ; les fièvres de- vinrent dans cette année plus générales et plus malignes, elles s'étendirent jusqu'à la ville de Glaris. Le château de Greplang, jadis la demeure de l'historien Tchudy, devint inhabitable; il est pourtant à une lieue au-dessus de Wallenstadt. Chaque Diète annuelle référoit l’objet à la suivante; on commenca à désespérer du sort de la vallée. En 1792 Mr. Rudolph Meyer d’Arau, président an- nuel de la Société helvétique d'Olten, prit pour sujes de son discours d'ouverture de cette Société patriotique la déplorable situation des habitans des environs de Walleustadt et de Linth. Il invita les membres présens à s'occuper individuellement des moyens de sauver cette contrée par un effort généreux de la Suisse entière. Mr. Escher de Zurich , déjà alors amateur zélé et ins- truit d'histoire naturelle et sur-tout de géologie, présent: | à cette séance , et profondément ému de ce tableau, résolut de faire de la vallée de la Linth l’objet prochain et principal de son attention et de ses courses; et depuis, il lui a sacrifié son existence presqu'entière. En sa qualité de secrétaire de la société mathématique de Zurich, qui fit en 1796 une visite à Sargens , Mr. Escher développa dans son Rapport la nécessité de venir au secours des malheureux habitans de ces vallées, 278 HynnorEcaniQur: et il insista fortement sur l'adoption du seul remiédé radical proposé par Mr. Lanz. Ce rapport fut publié dans un journal allemand ( Humaniora Cah. VI). A la Diète de 1797 Mr. Escher fut consulté. — On prit en<. core la chose ad referenduim. Après la révolution de la Suisse , le Directoire helvétique s'occupa de l'objet, et. Mr. Escher fit un nouveau Rapport; celui d'un Ingénteur qui fut envoyé sur les lieux coincida avec les idées de : Mr. Escher et avec le projet de correction de Lanz. .….. Mais la Suisse fut alors envahie; et le malheur particu: . lier dût disparoiître dans le malheur universel. En 1803 Mr. Schindler, propriétaire du château dit. le Haltli, à Mollis, invita la première Diète Suisse ; rassemblée à Fribourg depuis la ‘restauration , à venir. enfin au secours des malheureux habitans de la Linth, ; dont la situation n'avoit point cessé de s’aggraver, et dont les maladies devenoient très-contagieuses. La Diète. nomma sur l'objet une commission qui fut présidée par Mr. Usteri , l’un des membres les plus distingués du, sénat de Zurich; il consulta Mr. Escher qui proposa l'idée heureuse de chercher à se procurer les fonds né-. cessaires pour tenter l'exéeution du projet de Lanz , au moyen d'une souscription par actions, aux porteurs des- quelles on assureroit les mieux values que procureroit l'entreprise. L'idée fut goûtée. Mr. le Landamman de Wattenwyl ; de Berne chargea une Commission de députés des Cantons , intéressés, sous la présidence de Mr. Escher, d'un nou- vel examen et d’un Rapport à la Diète. On y établit que le niveau permanent du lac de Wallenstadt s'étoir. élevé de plus de six pieds, et que tous les maux signalés. depuis si long-temps n'étoient que trop réels , et toujours . croissans. Mr. Escher fit son Rapport à la Diète à Berne, son projet fut accepté et ratifié sans changement. Mais: la guerre qui éclata en 1805 et forca la Suisse à garnie ses frontières empècha le gouvernement central de s’oc- SUR LES TRAVAUX DE LA LinTr. 230 cuper de la Linth; et ce fut seulement en 1807 que Mr. le landamman de Reinhardt convoqua à Zurich une réunion de députés des cantons de Schwitz , Glaris et St. Gall (principaux intéressés). On résolut enfin d'entreprendre. Mr, le Doyen Ith, de Berne, et Mr. Escher furent chargés de rédiger sur l'objet un Appel à la na- tion suisse, Nous avons sous les yeux cette pièce, mo- nument d'un patriotisme aussi ardent qu'éclairé , et nous ne résistons pas à la tentation d'en transcrire la tou- chante péroraison. « Généreux Suisses ! c'est nécessité que de se hûter. Déjà l'espérance fondée sur l'arrêté de la Diète de So- leure s'éteint dans l'ame de ces infortunés qui voyent leurs maux ageravés pat la dernière saison pluvieuse. Alors, pleins de confiance, ils fixoient leurs yeux sur vous ; aujourd'hui leurs regards interrogent le ciel, ils Jui demandent si pour eux seulement, il n'y aura point de secours, chez des hommes, chez des frères ? » » Oui, sans doute, il y a encore du secours ; et c’est dans vos cœurs qu'il se trouve. Délivrer de ses tristes marécages leur pays envahi par les eaux; purifier l'air ‘empoisonné qu'ils respirent; arracher leur postérité à une destruction inévitable; tel est le bienfait qu'ils sol- licitent et qne vous ne pouvez leur refuser. Lorsqu'un jour cette contrée sera rendue à la culture et qu'elle aura recouvré son ancienne fertilité ; lorsque vos com- patriotes r’avivés de corps et d’ame par l'influence d'une nature améliorée autour d'eux, se sentiront délivrés de cet état de dégradation progressive , et mis en posses- sion des biens par lesquels un peuple se soutient et fleurit, alors, arr£s Dieu, c'est à vous, leurs Confé- dérés et Frères, qu'ils devront tant de bénédictions et quils en rendront grâces. Et, Celui à la connoissance duquel aucuu bienfait n'échappe ; Celui qui jamais ne . 0 4 PATATE A0 | le laisse sans récompense , rendra ces bénédictions au 280 HynroTEcHNIQUE. centuple à vos enfans et petits-enfans en protégeant le repos et en assurant le bonheur de notre chère Patrie, » Signé J. Irm, premier Doyen et Curateur de l'Académie de Berne. J, C. Escuxr, Membre du Conseil d'éducation de Zurich. Cet appel, aidé de la considération personnelle et de la confiance si justement acquises par les rédacteurs, fut d'un tel effet, qu'au lieu de seize cents actions ( de trois cents fr. l'une) demandées dans le projet d'exécution , on en obtint, dans un court intervalle , deux mille deux cents, à une époque (1807) où la Suisse avoit payé n’aguères un forte contribution de guerre, et où une catastrophe épouvantable venoit d'ensevelir les vallées de Goldau et de Lowertz sous les débris du Rossberg. La Suisse entière, Gouvernemens et individus , prit part à cet acte honorable d'humanité. Mr. Escher fut nomnië Président de la Commission chargée de l'exécution du projet; elle étoit compasée de MM. Schindler, Osteriét (architecte de Berne } Stehlin { Conseiller de Bâle) etdu célèbre ingénieur Tulla, du Grand-Duché de Bade qui fat principalément chargé de diriger la partie technique de l'entreprise. Un nivellement préparatoire fut fait par Mr. Fehr Directeur de l'Observatoire de Zurich, et MM. Escher et Tulla üressèrent les plans en conséquence. Avec de tels hommes et des fonds suffisans , l’inquié- tude et le découragement firent bientôt place à l'espé- rance et à l'impatience de jouir. Voici les résultats abrégés des nivellemens et des opérations subséquentes. La Linth, prise un peu au-dessus de Mallis, et con- duite au lac de Wallenstadt par le plus court chemin possible , en rasant le pied du Wallenberg, présentoit , sur un développement de 13000 pieds, 38 pieds de pente; soit SüR LES TRAVAUX DE A Lainri. 884 soit 3 p. “- par 1000 (1); au-dessus de ce point de dé: part la pente s'élève à 5 pieds sûr iood , et la rivière charie presque continuellement des cailloux. On donna âû canal qui devoit la coïitenir entière une largeur au fond , de 56 pieds, une profondeur de 8 pieds, et des bords murés en gros cailloux en talus sous un angle de 45 degrés; ce qui donnoit à la surface supérieure une largeur de 72 pieds , et à la section , 512 pieds ‘carrés de surface ; laquelle , en supposant une vitesse de to à 12 pieds par seconde, pouvoit donner passage à d à 6000 pieds cubes d'eau par seconde , sans débordement, C'est dans cet état que nous avons vu cette rivière éncaissée: Il restoit à pourvoir aux crues extraordinaires. Dans ce but, on a élevé, à 25 pieds de chaque rive actuelle, ün parapet de 8 pieds, incliné sous un angle de 26 deg. Cet éncaissement éventuél donne une sectioh additions nelle de 1100 pieds de surface, qui jointe à la section ordinaire , de 512, procuré 1612 pieds de surface à là section totale, laquelle, en supposant une vitesse seulea ment de 10 pieds par seconde , läisseroit facilement passer les 16000 pieds que charie la rivière dans ses crues extraordinaires. Ce canal décrivant autour du pied de la montagne un arc, on n'a élevé le parapet inté- rieur de cette courbure qu'à six pieds et demi, afin que dans les grands débordermens le trop-plein de la rivièré trouvât de ce côté une issue, qui seroit sans intonvés hient puisqué la montagne lui donné une digue natu: relle, et qui mettroit à l'abri d'attaque le parapet opposé du canal, celui qui garantit tuute la cuntrée. Le cäs arriva en 1817; et l'eau, qui versa par dessus la rive droite, résta toujours d'un piéd et demi au-dessous du hiveau du parapét de la gauche. La Linth avoit alors em: porté tous les ponts du Canton de Glaris, excepté velui (x) Le pied de Zurich est de 3 décimètres. Se.et arts. Nouv. série. Nol. 11, N°. 4. Aoët1819. ï \ 282 HYDROTECHNIQUE, de Mollis. La vitesse étoit d'environ 13 pieds par secondes et elle charioit des cailloux de toute grosseur. Pour défendre le fond du canal de l’attaque de ces cailloux , on l’a garanti partout où il étoit de nature sableuse, par un pavé fait avec de gros blocs et qui ne se laisse point entamer, Tout cet immense travail est dérobé aux yeux depuis long-temps sous la masse d'eau à laquelle il fournit un écoulement régulier, mais trop rapide pour que ce canal puisse servir à la navigation: Nous suivions ses bords en admirant comment l'art étoit parvenu à réduire le fracas ordinaire et toutes les fureurs d’une rivière alpine , à un courant majestueux et uni- forme , dont le murmure ne surpassoit pas le gazouillement d'un ruisseau, Ce beau travail fut commencé vers la fire _de 1807, et le canal fut ouvert à ia Linth le 8 mai 1817. - elle abandonna tout d’un coup et pour toujours son an- cien lit; et elle vient depuis cette époque s'absorber dans un lac où tous ses dépôts peuvent s'enfouir sans incon- vénient pendant une suite de siècles, et où toutes ses violences se neutralisent, L’exécution de cette belle et ‘ importante partie de l’entre prise totale a été particuliè- rement due à la surveillance intelligente et assidue de Mr. Schindler. Le hasard nous procura la satisfaction de faire, à Mollis, sa connoissance personnelle. Mais, il ne suffisoit pas d'amener la Linth au lac de Wallenstadt; il falloit qu'elle en ressortit, avec la Maag et d'autres affluens , et qu'elle atteignît le lac de Zurich en parcourant un développement de 73500 pieds, sur 64 pieds de pente, dans une vallée assez large dont elle convertissoit habituellement une grande partie en marais, et quriquefois en lac. Telle étoit la seconde et plus difficile partie du grand problème de la Linth. Ajoutons, qu'il falloit Fun ensorte que le lac de Wal- enstadt fût au moins abaissé de six pieds par ces opé- rations, pour que tous ses riverains fassent délivrés à toujours du double fléau des inondations et des ma- ladies. Sur LES TRAVAUX DE LA Lanttt, 283 L'inégalité de répartition de la pénte naturelle du sol entre les deux lacs augmentoit la difficulté du pro Dlême. Du lac de Wallenstadt à Ziegelbruck, ancien confluent de la Linth et de la Maag ( P dans lx carte } sur une longueur de 16000 pieds, la pente étoit comme nulle , et elle se partageoit ensuite irrégulièrement sur Te reste de la distance. Il résultoit de ce fait, qu'une ‘portion du canal à ouvrir pour la communication libre et navigable des deux lacs devoit être creusée fort au- dessous du niveau du sol dans sa partie supérieure, et au contraire élevée au-dessus de ce même niveau dans ‘sa partie inférieure , où la Linth devoit arriver au lac de Zurich, comme le PGô dans l'Adriatique, c'est-à-dire, en traversant une région plus basse que son niveau. © Le cône de décombres amené par la Linth pendant des siècles au bas de son Delta vers Ziegelbruck , en D, avoit élevé là une barrière naturelle qu'il falloit ouvrir a ‘Ja profondeur convenable pour fournir un écoulement à la Maag et procurer au lac l'issue désirée. C'étoit ià un point commandé, dont le creusement devoit être calculé sur la pente totale rendue uniforme, sur une Jongueur réduite par la rectification à 55850 pieds, It falloit établir là le fond du canal à 16 pieds au-dessous du lit actuel de la Linth ; le creuser moins dans d'au tres endroits; le meitre au niveau du sol dans d'autres, ‘etc. les plans, devis, etc. furent habilement dressés par . Mr. Tulla, mais il déclara en les remettant, qu'il ne pou voit se charger de l'exécution, ni se séparer, que pour peu de mois seulement, de son excellent sous-ingénieur Mr. Obrecht, qui dirigeroit les premières constructions, Tout retomba done sur Mr. Escher. On commenca à ‘creuser au-dessous de Ziegelbruck à-peu-près en même temps qu'on attaqua le canal de Mollis ; mais la diff- culté de celui-ci étoit bien moindre, puisqu'on a pu le travailler en entier à sec; tandis que la Linth se mêloit toujours’ aux travaux de jonction des deux lacs. Lt 284 HyYDEROTECHNIQUE. Le succès inespéré du placement des premières action® encouragea Mr. Escher à proposer à la Diète de 1808 ( à Lucerne } de substituer aux simples corrections du cours naturel de la Linth, qui formoient l’objet des plans et devis dressés, celui d'ouvrir un €anal entièrement nou- veau , aussi droit et aussi court que la forme de la vallée le permettroit, et qui offriroit, tant pour le des- séchement que pour la navigation, des avantages fort supérieurs à ceux que présentoit le projet admis. La proposition fut adoptée, et une Commission , présidée par Mr. Escher, fut chargée de diriger les travaux. Ils furent souvent bien difficiles. Là où il falloit baiæ ser la Linih de seize pieds on ne put d’abord en gagner que quatre. On la faisoit travailler elle-même au creu- sage en dirigeant son impétuosité par des éperons , sur le fond , là où il étoit composé de cailloux et de gra- vier; mais là où il étoit formé de terre glaise, l'eau ne d'attaquant pas, Mr. Escher imagina, avec plein succès, de la faire comme labourer sous l'eau, à dix ou douze pieds, par des pêles tranchantes et fort lourdes, dont des manches très-longs étoient armés d'une traverse en forme de T. Du bord d’un bateau amarré on plantois la pêle au fond à toute force ; puis, en la faisant tour- ner à l’aide de la traverse, on soulevoit une forte pelle- tée, que le courant entraïinoit aussitôt. Nous vimes pra- tiquer cette manœuvre ingénieuse dans une portion du canal qui a encore besoin d'être approfondie. Les difficultés étoient d’un autre genre lorsqu'il falloit creuser dans le marais même. Les ouvriers y entouroient dès le matin un petit carré de terre glaise; on pompoit dans l'intérieur , et on creusoit vite aussi profond que l'arrivée de l'eau qui filtroit de toutes parts pouvoit le permettre. Et là où il falloit construire le canal tout entier dans un terrain tourbeux , mouvant, et dans lequel les pa- rapets s'enfoncoient à mesure qu'on les élevoit, cétoit SUR LES TRAVAUX DE LA Liwrm. 285 #ncore chose bien difficile. Il y a tel de ces parapets sur lequel on a continuellement rechargé jusqu’à huit à dix pieds, et qui n’a pas encore cessé de s'enfoncer. Enfin, un obstacle infprévu et d'un genre bien différent, s'est présenté un peu au-dessous de Ziegelbruck ; un banc de pouddingue très-dur s'est montré tout au travers du canal, dans un endroit où il restoit bezuconp à creuser encore pour atteindre à la profondeur normale. I a fallu faire sauter à la poudre cette roche, sous l'eau; on a d'abord employé des cartouches de fer-blanc; mais ce procéilé, assez coûteux, ne réussissoit pas toujours ; on lui à substitué , avec avantage, des cartouches à enve- loppe de boyau animal, et dont l'amorce est un fil soufré renfermé dans un roseau. On est ainsi parvenu à abaisser de plus de douze pieds ce banc de rocher sur une lon- gueur de quatre-vingts, et sur une largeur de plus de cinquante pieds. C’est dans cet endroit sur-tout que la profondeur gagnée a contribué le plus essentiellement à faire baisser le niveau du lac de Wallenstadt. Mr. Escher s'est fait un devoir d'employer aux travaux presque exclusivement les habitans de la contrée ; ils sy montroient fort inhabiles dans les premiers temps; mais ils s'y formèrent peu-à-peu ,au point qu’ils en sont venus à faire le déblai et remblai de la toise cube (343 pieds cubes) (1) à creuser dans la glaise et charier jusques sur le parapet à cent pieds de distance et quelquefois jus- qu'à seize pieds de haut, pour 3 francs dé France; eë seulement six sols de plus par toise cube pour chaque cinquantaine de pieds au-delà des cent; l'achat et l'en- tretien des outils étant à leur charge. L'entreprise, ame- née au degré où nous l'avons vue, a coûté 850 mille francs argent de France. Voici en bref les résultats. Un grand canal navigable et presque tout en ligne droite, creusé sur une longueur de 70000 pieds, joint (1) La toise courante de Zurich est de sept pieds. 280 HxDHROTECHNIQUE. les lacs de Wallenstadt et de Zurich. Ce canal a fait baisser de six pieds la “surface du premier de ces lacs; et nous’ avons vu recueillir du blé et cultiver des pommes de terre, autour de Wesen, sur un sol quign'offroit jadis qu'un marais profond ; nous avons vu le bourg de Wesen lui-même , bien au-dessus du niveau des plus hautes eaux qui l’inondoient jadis régulièrement; nous avons vu briller sur les visages des habitans la La le bon- heur, et l'expression de la reconnoissancé à l'aspect de leur bienfaiteur; nous avons vu une grande étendue de terrain, tant de l'ancien lit de la Linth que de prairies. {jadis des marécages ) que la Société de secours de Glaris a fait défricher , maintenant habitée par une colonie qui y trouve du travail et de quoi subsister. Une école de pauvres selon la manière de Fellemberg et dirigée par un des élèves de son célèbre Vehrli y est établie, et nous avons vu cette école en activité. Les enfans y sont heureux et bien portans. L’étendue des terrains déjà desséchés s'élève à environ huit cents poses, de trente mille pieds chacune ; et celle des terrains améliorés par l'effet général des travaux est d’environ vingt mille poses, Les maladies endémiques ont totalement dispare dans la vallée. Sur les quatre mille actions, à trois cents fr. de France chacune, qui, d'après le projet décrété en 1808 devoient procurer les fonds nécessaires, il n'en reste que deux cent cinquante à placer pour aprofondir encore le canal dans quelques endroits et terminer des revêtemens. L'his- toire des entreprises de ce genre n’en offre guères dans lesquelles les dépenses n'aient dépassé plus ou moins les devis, et dans lesquelles on aît obtenu des résultats qui ont surpassé l'espérance. Tel est pourtant le caractère que celle dont nous venons de rendre un compte som- maire présente au calculateur. Elle offre au moraliste philantrope une pensée consolante; c'est que dans ce siècle d’égoïsme politique il existe une fédération de SUR LES TRAVAUX DE LA Linrm: 287 vingt-deux républiques , dont le lien est assez cordial ef assez puissant pour que le malheur de quelques-unes inspire à toutes la volonté et les moyens de les secourir. Déjà deux fois dans peu d'années (1) des exemples mé- morables ont prouvé que, si dans l'heureuse Helvétie on est pent être plus exposé qu'ailleurs , aux grands ac- cidens de la nature , on y est aussi plus certain de trouver dans la commisération générale des soulagemens proportionnés aux malheurs. La journée toute entière fut employée à l'examen at- tentif des travaux dont nous avons essayé de donner une idée. On fit une bonne halte à Mollis, où nous reprimes nos voitures jusquà Wesen. Là nous nous embarquames sur le canal, et à l'aide du courant et de deux rames nous parcourumes, en soixante-six minutes , par la plus belle soirée du monde, l’espace de Wesen à Grynaw que nous avions employé quatre heures à parcourir le matin à pied. Nous n'aurions pas soupconné qu'une pente moyenne d’un pied seulement sur mille de cours pût produire un courant dont la vitesse fût aussi grande. IL est vrai que cette eau s'écoule presque sans obstacle, Nous fumes rendus à Utznach à la nuit; et la journée du lendemain nous fit arriver de bonne heure à St. Gall, but principal du voyage. (x) Par les travaux de la Linth, et les secours dans la di- selle de 1817. ( 288 ) ES GC EP MÉLANGES. Notice Des SÉANCES DE L’Acap. ROY. DES SCIENCES DE PARIS pendant le mois de Mars, . PAIE AR PEAR Lam y. Mars. M. Delambre rend un compte verbal de ja rérémonie qui a eu lieu pour le &ansport des restes matériels de Descartes, Mabillon et Montfaucon. Mr. Geoffroi de St. Hilaire lit wn Mémoire sur /& gestation ; la naïssance et l'allaitement des animaux didelphes (les kangarous par exemple ). On a lieu d'être surpris que ces animaux étant devenus assez communs, ou soit, faute d'observations exactes , réduit à des con- jectures sur les questions qui font l'objet du Mémoire. L'auteur, en exposant s4 manière de voir à cet égard a plutôt pour but de diriger vers la recherche qui l'a occupé l'attention ét les observations des naturalistes, que de met- tre en avant un système exempt de difficultés. Il croit le node de nutrition du fœtus antérieurement à la naissance, analogue, ou plutôt identique, avec celui qui a lieu pos- rérieurement, C'est-à-dire , que la nutrition s'opèraut par succion dans l'un et l’autre cas, çes animaux naissent sans cordon ombalical, Mr. Coquebert de Montbret lit le Rapport de la Com- mission sur les Mémoires envoyés au concours pour le prix de statistique. Cinq de ces écrits l'emportent sur tous les autres; et entre ceux-ci, celui de Mr. Moreau de Jonnès sur les colonies françaises a été jugé digne du prix, tant par son mérite intrinsèque que par lime portance qu il redonne à ces parties intégrantes laïi- fines de la mongwhie française, sous les rapports de nc da ec 2 S ÉÉ S N'orrce pes Séances pe L'Ac. R. nes Screnc. DE Paris. 289 la marine et du commerce. La Commission se propose de mettre sous les yeux de l'Académie un extrait de ce Mémoire. Les autres Mémoires ont eu pour objets, savoir : la topographie statistique de la Charente, par Mr. Chenau ; celle de l'Aude,par Mr.le Baron Trouvé; celle de la Vendée, par Mr, Chabolot; et celle du Tarn par Mr, Massol. Entre ces quatre, l'ouvrage de Mr. le Baron Trouvé mérite d'être distingué, et la Commission propose que l'Académie invite S. E. le Ministre de Fntérieur à sup- plier S. M. d'accorder à cet auteur une médaille de même valeur que celle décernée à Mr. Moreau de Jonnès. Un sixième écrit auroit mérité, aux yeux de la Com- mission , une mention honorable ; c’est celui de Mr. De La Croix, sur la statistique de la Drôme; mais il avoit paru en 1817; et la Commission avoit arrêté de n’ad- mettre au concours que les écrits publiés en 1818. Le Rapport de la Commission est adopté, et sera imprimé. On procède à l'élection d’an correspondant dans la section de zoologie ; elle a présenté pour candidats, MM. Dutrochet, Rudolf, Poni, Keroi, et Scheveigger. Mr. Dutrochet réunit la pluralité des suffrages, Il est nommé correspondant. On recoit des observations météorologiques de Mr. d'Hombres-Firmas. Mr. Arago est nommé Commissaire pour examiner et rapporter. 8 Mars. Mr. Geoffroi de St. Hilaire annonce qu'il a eu l'occasion de vérifier les conjectures qu'il avoit émises dans la séance précédente sur la naissance et la nutrition des didelphes au fond de la poche et sous les mam- melles de la mère ; il communiquera sous peu à l'Acadé- mie les résultats de ses recherches. Mr. Fournier lit un Mémoire intitulé : « Essai sur la musique considérée sous le rapport de son influence sur l'homme en sante , et sur l'homme malade. Selon l'auteur, la musique agit sur le système nerveug de deux ma- ‘290 MéLANGeEes. nières; 1.° en produisant des effets physiques ; 2.° en dé- terminant une réaction sur l'imagination. Plusieurs ani- maux éprouvent d’une manière remarquable les effets de la musique; on a publié dans le temps ceux d’un concert donné il y a quelques années aux éléphans du Jardin du Roi (1). La fin du Mémoire est ajournée à la prochaine séance. Mr. Dupetit Thouars continue la lecture de son Mé- moire sur la moëlle des plantes. 15 Mars. Mr. Arago lit le Rapport de la Commission nommée pour examiner les Mémoires envoyés au con- cours sur la question relative à la diffraction de la lu- mière, La Commission croit que le Mémoire portant le N.° 2 est digne du prix. Le Président ayant fait l'ouver- ture du billet cacheté qui accompagnoit cet écrit,y trouve (x) Nous pouvons citer à cet égard un fait dont nous avons été fréquemment témoins , et pouvons l'être tous les jours. Un gros chien barbet qui appartient à l’un de nos amis, dont J'appartement est irès-voisin du nôtre, paroit en général assez indifférent à la musique, vocale ou instrumentale. Mais, lors- . qu'on lui chante, ou qu'on lui joue , un certain air , une vieille romance en mode mineur assez lamentable (l'âne de notre moulin, est mort , la pauvre bête, etc. ) le chien commence par vous regarder pitcusement , puis il bâille coup sur coup, en donnant des signes toujours croissans d'impatience et de malaise; enfin, il s'assied sur son derrière , et se met à hur- ler de plus en plus fort, de manière à ne plus entendre la voix de la personne qui chante, où le son de l'instrument. Si on s'arrête, il s'arrête aussi. On a essayé de commencer Yexpérience par d’autres airs, et d'arriver sans intervalle à la ro- mance en-question ; le chien ne paroiït pas s'apercevoir qu'on chante jusqu’à-ce qu'on arrive à l'air qui lui est insupportable, et auquel il n’a point pu s'accoutumer , alors il manifeste, sans exception ni variation, la suite d'actes que nous venons d'indi- quer , et qui a eu plusieurs centaines de témoins , car ce fait a été, et est encore , l'objet de la curiosité de tous ceux qui en entendent parler. (R) Norrce pes Séances De L’Ac.R.nesScrexc.ne Paris. 291 le nom de Mr. Fresnel (auteur de plusieurs expériences curieuses faites antérieurement sur cet objet ). Mr. Delambre lit une notice rédigée par Mr. Nicollet. sur les trois comètes découvertes en 1818. Mr. Dupin lit au nom de Mr. Molard , un Rapport sur un ouvrage de Mr. Bernard Duboule intitulé : Essai sur l'art de la corderie. I conclut à l'approbation de l’Aca- démie. — Adopté. Mr. Fournier continue la lecture de son Mémoire sur la musique. [l montre qu’elle agit sur les nerfs, et sur Jimagination,elle est un calmant pour le système nerveux et son ends he l'imagination varie avec le genre de Ja musique, On à ragiéués exemples des effets utiles de la musique dans les fièvres, et l'auteur en cite un nom- bre, tant de ceux tirés des auteurs que «de ceux ob- servés dans sa pratique ; ou celle de ses confrères ; entr'autres le suivant. Mr. Bourdois {médecin distingu é traitoit une jeune femme atteinte d'une fièvre accom- pagnée des symplômes les plus graves. , Au dix- hui- tième jour de sa maladie on désespéroit de la sau- ver. La vue accidentelle d'une harpe inspira à cet habile praticien l'idée de faire jouer de cet instrument auprès du lit de la malade : on fit venir un habile ar- tiste, qui joua pendant environ trois quarts d'heure des morceaux de plus en plus expressifs; on s’apercut que la respiration devenoit plus distincte , plus accélérée, on redoubla; bientôt le pouls se releva, la chaleur revint, Ja malade poussa de profonds soupirs ; une hémorrhagie critique et salutaire parut ; les yeux se r'ouvrirent à la lumière, la bouche à la parole ; dans l'inter valle de trois à quatre jours la malade fut en pleine convalescence ; et elle jouit depuis vingt ans d’une santé parfaite. On cite aussi plusieurs exemples des effets utiles de la musique dans les aliénations mentales. L'auteur conclut que , si d'une part on a exagéré l'inflaence de la mu- sique, d'autre part, on l'a peut-être trop négligée dans la pratique de l'art de guérir. Il examine ensuite les + Q j #92 MÉLANGES. choix à faire et la manière dont on doit l'employer, et donne sur ces divers points , des conseils utiles. L'Académie se forme en comité pour une discussion sur le prix d'astronomie fondé par feu Mr. De Lalande. La Commission chargée d'examiner les pièces envoyées au concours annonce qu'elle croit que Mr. Pons de Marseille qui a découvert trois nouvelles comètes, mé- rite le prix: l'Académie approuve le Rapport, 22 mars. (Séance publique ). Distribution des prix, et lecture des programmes des questions proposées au concours, On lit un Mémoire de Mr. Fourier sur les théories physiques et mathématiques de la chaleur. Une notice sur la vie et les ouvrages de Mr. Perier, par Mr. Delambre. La continuation des travaux relatifs à la détermination de la figure de la terre, et résultat des observations du pendule faites l’année dernière aux Iles Shetland par Mr. Biot. . L Un Mémoire de Mr. Latreille sur les insectes peints et sculptés sur les monumens anciens de l'Egypte, 29 mars. Mr. Thénard communique verbalement les résultats qu'il a obtenus en continuant ses recherches sur l'eau oxigénée. Il est parvenu à lui faire absorber. 850 fois son volume d'oxigène. Elle est alors dans un état de saturation; sa densité dans cet état est — 1,417 { celle de l'eau étant — 1 ); elle a une saveur désagréa- ble ; appliquée sur la peau elle la corode et la blanchit, et elle fait éprouver un picotement semblable à celui qui résulte de l'application d'un sinapisme. Si on laisse tomber quelques gouttes de cette eau oxigénée sur de l'oxide d'argent, il se produit à l'instant une vive détona- tion qui résulte du dégagement simultané de l’oxigène de l’eau et de celui de l'oxide, dégagement dû à un jeu d'affinité non encore connu ; cette expérience a élé faite en présence de l’Académie. Norice prs Séaners ne 1 Soc.R. nr Lonprrs. 393 Mr. Magendie lit un Mémoire sur Les vaisseaux lym- phatiques des oiseauæ, Hewson, dans une lettre à Hunter, dit avoir trouvé dans l'oie deux troncs thorachiques er deux cervicaux ; et que ces quatre vaisseaux viennent aboutir dans Ja veine souclavière. Mr. M. après avoir commencé ses recherches sur l'oie les a étendues à quatre-vingts autres espèces d'oiseaux, Il n'a jamais ptt constater l'existence des vaisseaux thorachiques , mais bien celle des cervicaux. Il est possible que les canaux artériels qui sont accolés aux sou-clavières aient induit Hewson en erreur. Les reptiles et les poissons ne pré- sentent aucune trace de lymphatiques. Ces faits vont # T'appui de la théorie déjà émise par l'auteur sur l'ab- sorption du système veineux. Mr. Biot lit la suite de son Mémoire sur les lois gé- nérales de la double réfraction et de la polarisation dans es corps cristallisés. Mr. Arago lit une lettre de Mr. d'Ilombres Firmas sur les expériences de Mr, Morrichini (x). La section de botanique présente pour candidats à la place de correspondant Vacante par la mort de Mr. Ortéga MM. Bridel à Gotha, A. St. Hilaire à Orléans ; Sprengel à Halle; Linck à Berlin : Persoon au Cap de Bonne - Espérance ; Dunal à Montpellier; Dunal à Poi- tiers; Schweigrichen à Leipsik; Pavon à Madrid. Norice pes SÉANCES pe La Soctéré RoyAre DE Loxprr# pendant le mois de mars. 4 4 mars. On lit un Mémoire du Dr, Brewster sur l'aç- tion qu’exercent sur la lumière les surfaces cristallisées. Malus avoit remarqué que l'action qu'exerce sur la ln- mière la première surface du spath d'Islande étoit in- dépendante de la position de sa section principale; que À ANNE UT RER 1) Voyez p. 29 de ce volume une lettre de l’auteur sur le M Ten | méme objet. (R) TE ML MÉéLANGES. sa faculté réfléchissante s’étendoit au-delà des limites des forces polarisantes du cristal; et que, la lumière n'étant polarisée qu’en pénétrant dans cette surface, les forces qui produisent la réfraction extraordinaire ne commen cent à agir quà cette limite. [l avoit aussi remarqué, que l'angle d'incidence sous lequel ce spath polarise la lumière par une réflexion partielle , est de 56° :; et que, quel que soit l'angle compris entre le plan d'incidence et la section principale du cristal, le rayon réfléchi par la première surface est toujours polarisé de la même manière. Après avoir rappelé ces observations de Malus, le Dr. B. annonce que ses expériences sur le même ob- jet l'ont conduit à des conclusions différentes , et qu'elles paroissent plutôt indiquer que les forces polarisantes S'é- tendent plus loin que la surface du cristal. Il montre aussi que les forces qui produisent la double réflexion et la polarisation prennent leur origine à la surface même, quoique leur intensité dépende de linclinaison de la ‘surface à l'axe du cristal et qu’on puisse faire paroître et disparoître à volonté les images ordinaire et extraor- dinaire, et convertir ainsi un cristal à double réfraction en un autre à réfraction simple. Il montre aussi, que le changement dans l'angle de polarisation , produit par la force interne , dépend de l'inclinaison de la surface réfléchissante à l'axe du cristal, et de l'angle azymuthal que le plan de réflexion forme avec la section princi- pale ; enfin, que le changement dans la direction de la polarisation dépend de l'angle que le rayon incident forme avec l'axe du cristal. Ce Mémoire renferme beau- coup de détails d'expériences. On lit un Mémoire de Sir E. Home renfermant Ja notice du squelette fossile d’un animal dont des parties séparées ont été déjà décrites à la Société dans trois Mémoires particuliers. L'auteur, en se référant à ces écrits, donne une description générale du squelette trouvé entier, ou peu s'en faut, et rectifie d'après ce , » Norice nes Séances DE LA Soc.Roy. pe Lonpres 20ù dernier quelques inexactitudes dues à l'état d'imperfec- . tion des premiers. Il ne manque au squelette récemment trouvé, que quelques os du bassin et de la partie infé- rieure du sternum. La description est accompagnée d'u beau dessin de l'anunal , de grandeur naturelle. 11 nars. On lit un Mémoire de Mr. Bonnycastle , in- titulé : Des pressions qu'exerce un corps pesant, en Cqui- libre, lorsque les points d'appui sont en nombre plus grand que trois. Après quelques remarques générales, l'auteur observe que ce problème n'a jamais été bien examiné, quoiqu'il se présente toutes les fois qu'on veut examiner la force des ponts, et des matériaux en général, et pour déter- miner la courbure des lames élastiques. Il attribue les difficultés que présente le problème à la trop grande généralité de la méthode suivie, qui pour l'ordinaire ne procuroit pas une solution directe de l'équation, mais sa comparaison avec une autre, d'une solution plus facile. Il affirme que le problème ne peut être résolis par aucune méthode purement mathématique ; mais, em considérant les circonstances sous lesquelles la pression. est en général produite , l'auteur croit qu'on peut dé- couvrir la loi de sa distribution , loi qui détermine tou- jours son intensité sur chaque support. Il traite le sujet sous ce point de vue, et it indique le mode de distribu- tion de la pression selon les divers cas; en y comprenans même celui où le nombre- des points d’appui est infini, c'est-à-dire, où le lieu de tous ces points est une surface plane. 18 Mars. On lit une lettre du Dr. Grenville qui a pour objet la rectification d'une erreur que le Dr. Maton lui a fait remarquer dans son Mémoire inséré dans le dernier volume des Transact, philosophiques. 25 Mars. On lit un Mémoire de Mr. J. Anderson {de la marine royale) sur certains phénomènes des marées , qui ent lieu entre Fairleigh, et la pointe du North 296 Mérances, Foreland; et sur la rencontre présumée des maréés près de Dungeness. On lit un Mémoire de Sir E. Home sur les œufs des animaux de la famille des opossum. ee —_—_——_—_——— EE © PBericat ü8Er DIE VEeRsAMmLUNE, etc. Notice de la session DE LA SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES réunie à Sr. Gazr le 26, 27, et 28 Juillet. (Nature wissenschaftlicher anzeiger, etc. N.° 3. ( Traduction ). ME QE Miteni la distance de St. Gall à la résidence d'un grand nombre des membres de la Société Helvétique , le zèle pour les sciences qu'elle cultive y a réuni cette année environ soixante et dix de ses associés; et la réception amicale qu'ils y ont éprouvée leur a fait passer bien des heures agréables, dont ils conserveront toujours le sou- venir. L'intérét honorable que le Gouvernement du Canton leur a témoigné par l'organe de son chef plein d'activité pour tout ce qui est utile et ce qui contribue à l’encouragement des sciences et des arts, a beaucoup augmenté l'agrément de cette réunion. Lorsqu'il a fallu se-séparer ce n'a pas été sans un sentiment de regret profondément senti. Le Dr. Zollikoffer ( Président annuel) ouvrit la séance par un discours plein de choses, et écrit avec esprit et avec force. Il ÿ rappela succinctement les objets qui avoient occupé la Société depuis son origine; il passa ensuite en revue les ouvrages publiés dans l’année révo- lue, et il fit à chacun sa part d'approbation et de cri- tique. Il rendit un compte sommaire des travaux de quelques #7 Norice DE LA sESsION DE na Société HELVET. 299 quelques sociélés cantonales, et en particulier de celle récemment formée à St. Gall , et qui prend un essor assez remarquable. La dernière partie du discours fut consacrée à la mémoire des membres que la Société a perdus depuis la dernière session; ils sont au nombre de quatre, le Dr. Ziegler , (de Winterthur) Ad, Martin ( de Glaris) le Dr, Roëmer , et le Dr. Lavater (de Zurich }, Ce discours sera imprimé et adressé à tous les Membres de la Société. Mr. Pictet (Prof. à Genève) donna ensuite l’extrait des registres des deux Sociétés , l'une dite de Physique et d'histoire naturelle , l’autre, d'Histoire naturelle seulement, qui s'occupent à Genève de la culture de ces deux bran- ches. Cet Extrait qui sera publié dans le Journal: de Mr. Meissner, n'est destiné qu'à indiquer aux amateurs qui voudroient remonter aux sources, quels sont les objets qui ont occupé ces deux sociétés pendant l'année, et où ils peuvent s'adresser pour les renseignemens qu'ils. pourroient désirer sur ces divers objets. Cette communication fut suivie de détails intéressans eë pratiques fournis par le même Membre, sur un bitume paturel qu'on extrait à l'endroit dit le Parc sur la rive droite du Rhône, environ six lieues au S. O. de Genève, et avec lequel on fabrique en grand dans le même lieu un mastic très - dur, inaltérable à l’air, qui sert à couvrir des terrasses , des galeries , des ponts, etc. et qui peut contenir l'eau pendant un temps indéfini, Divers échantillons de cette matière furent mis sous les yeux de la Socié'é, tant dans son état brut, que tra- vaillés : on y remarquoit des toiles et des papiers rendus imperméables à l'eau par le bitume dont on les avoit enduits. Une notice donnée par le même Membre sur des ex- périences faites par une Commission de la Société des Arts de Genève sur l'acier fondu , fabriqué par le Coloz Sc. et arts. Nouv. série. Vol. 11. N°, 4. Août 1819, Y 298 MÉLANGES. nel Fischer de Schaffouse,ne fut pas moins intéressante, à commencer par la description de la mine d’où, Mr. Fischer tire le fer qu'il convertit en acier, jusqu'a un nombre d'échantillons mis sous les yeux de la Société; d'outils, de toute espèce, forgés avec cet acier, soit pur, soit soudé au fer, dernière propriété qui n'appartient pas à l'acier fondu d'Angleterre; ces outils étoient ac- compagnés de témoignages favorables des artistes de Genève qui les avoient soumis à diverses épreuves, eë qui s'accordoient à préférer cet acier à beaucoup d'au- tres, sans en excepter celui d'Angleterre, qui est dété- rioré depuis quelques années. Mr. P. montra encore deux échantillons curieux d’acier fondu cristallisés dans le creuset ; Jun avec contact d'air, l'autre sans cette circonstance. Le premier montroit une surface fort inégale, et cristallisée en ramifications plus ou moins saillantes et ressemblantes à celles de certaines mines . d'argent; l’autre beaucoup plus lisse , étoit couverte de ramifications légères assez semblables à celles qu'on voit dans l'eau qui se gèle. Dans la même séance Mr. P. commenca la lecture d'un Mémoire du R. P. Bisela, Prieur de l'Hospice du St. Bernard , sur l’histoire naturelle de cette montagne célèbre (1). Les observations renfermées dans cet écrit furent écoutées avec beaucoup d'intérêt par les Membres présens. Cette lecture fut suivie de l'extrait d'un Mémoire fort étendu présenté à la Société dans le cours de l'année sur la météorologie, par Mr. Gillieron , Professeur de physi- que à Lausanne, Mr. Pictet communiqua encore une notice sur une fabrique de vis de toutes formes et dimensions exécu- tées par des procédés mécaniques, en employant l’eau à (1) La première parte de ce Mémoire est insérée dans ce &ebier. (R} , Norice De LA session pe 14 Socréré Hervér. 0% æour moteur. Cet établissement intéressant appartient au canton de Genève où il a créé une industrie nou-- velle. Les échantillons de ses produits présentés à la Société, furent trouvés d’une exécution parfaite (r). Mr. le Conseiller Escher (de la Linth}) entretint en- suite la Société de considérations géologiques sur les blocs de granite disséminés sur les montagnes de la Suisse, problème pour la solution duquel on a imayinë diverses hypothèses. Mr. Escher, quoique convaincu de l'origine alpine de ces blocs, ne veut hasarder aucune conjecture sur la manière dont ils ont été transportés du lieu de leur origine à leur site actuel. Il croit qu'il faudra rassembler encore beaucoup de faits et de recher- ches locales sur leurs caractères et leurs ressemblances orychtognostiques, soit entr’eux ; soit avec ces mème# roches en place dans les hautes Alpes, avant de pro- moncer , et même avant d’essayel des conjectures. ‘Tout ce morceau cufieux paroîtra dans l’Æ/pina, Recueil pu- blié par Mr. Steinmuller, Pasteur à Rheineck. (La suite à un prochain Cahier ). (x) Les entrepreneurs sont MM. Maunoir, Sandoz, Matthey,ete. è Versoix. 300 MÉéLANGES.. A TS EP L | BEMERKUNGEN UBER BLITZSCHLAGE. Remarques sur la’ foudre et les paratonnerres ; à l’occasion des événe- mens qui ont eu lieu à Koppigen et à Berne’le 5 et 8 juin 1819. Lues dans la séance de la Société d'Histoire naturelle de Berne le 19 juin, par Mr. Trecusez , Prof. de physique et de mathématiques dans l’Académie. ( Naturwissenschafilicher anzeige à aer, août. RS D:vx coups de foudre qui ont frappé deux édifices dans l'intervalle de quatre jours ont fait beaucoup de bruit dans notre contrée, et ont menacé d’ébranler les idées adoptées sur la nature et les lois de ce redou: table météore, comme aussi l'opinion qn'on s'étoit faite jusqu'à présent, de la sureté des paratonnerres. Le premier tomba le 5 juin entre onze heures et minuit sur la belle et grande maison de Mr. Anderegg à Koppigen près de Kirchberg, pourvue de deux pa- ratonnerres. Elle fut consumée en entier en trois heures avec tous les meubles. On ne put sauver que le bétail, Le second tomba le mardi suivant, vers trois heures de Vaprès midi dans la maison de Mr. le conseiller Bay vers le milieu de la ville, à la grande frayeur des ha- bitans, qui pourtant, non plus que le bâtiment, n’en ont éprouvé aucun dommage notable. Ces deux événemens méritent attention: le premier, parce qu'un bâtiment pourvû de deux paratonnerres n'a pas été à l'abri de la foudre ; le dernier, parce que la maison qui, à la vérité, n'avoit point de paratonnerre, paroiïssoit garantie par plusieurs objets environnans plus élevés ; comme des arbres, des clochers et des édifices > “dif Remarques sur LA FouDre #r rs Pararonnenr£s. 30% armés de paratonnerres , qui même étoient fortement mouillés par la pluie lorsque la foudre tomba. L'auteur de ces remarques a examiné sur place la marche et l'effet des deux coups de foudre avec autant d'exacti- tude que les localités l'ont permis. Il a été aidé par le mécanicien Schenk l’aîné, qui a beaucoup d'expérience dans ce genre de recherches. Les bruits les plus étranges suivirent de près l'évé- nement de Koppigen. On attaqua les paratonnerres en général , et on insulta par des vociférations peu philo-. sophiques à l’invention hardie , mais nullement impie, du bon et grand Franklin. Mais les têtes calmes et pen- santes présumèrent qu'il avoit existé quelqne défaut dans Ja construction des paratonnerres, et firent l'observation juste, que cette partie de la sureté publique devroit être soumise à une inspection régulière du Gouvernement avant que les malheurs occasionnés par des paraton- nerres mal construits, ou négligés, devinssent plus fré- quens et nuisissent au crédit que mérite l'une des in- ventions les plus belles et les plus utiles du génie hu- main. D’autres enfin , car chacun veut dire son mot, prétendoient que la foudre n’étoit tombée ni sur les pa- ratonnerres ni sur la maison, mais sur un tas de bois peu éloigné ; que de là elle s'étoit glissée comme un serpent de feu, par dessus le sol très-sec, par le der- rière de la maison dans l’écurie, où elle avoit mis le feu ; explication à laquelle s'opposent seulement trois circonstances ; la première , qu'il n'y avoit point de tas de bois dans le voisinage ; la seconde, que l'herbe et le sol étoient mouillés au plus haut degré; enfin, que personne n'a vu tomber la foudre. . Je me rendis le 9 sur les lieux avec Mr. Schenk. Nous trouvames les fondations de la maison déblayées ; elles étoient en pierre de grès, et l'édifice ( en bois } avoit été l'un des plus beaux et des plus élevés de toute la contrée. Il est à l'ouest du village, qui, vû sa position 3v2 MÉéLanc«cezs. dans une grande plaine, est fort exposé aux orages qui viennent de l'ouest ; le nombre d'arbres fruitiers dont le village est garni leur sert comme de point d'attractiou et de repos. On a observé que la foudre est tombée sept fois dans ce village en peu d'années. Nous appri- inés du propriétaire même ( qui supporte son malheur avec beaucoup de résignation ) les principales cireons- tances qui lui étoient connues. Nous devons lui rendre, ainsi qu'a quelques habitans du village , la justice de dire qu'ils racontèrent l'événement avec calme et sans inculper les innocens paratonnerres ; ils nous citèrent enx-mêmes un cas où, dans le village voisin, la foudre étoit tombée sur un paratonnerre sans faire aucun dom- nage, On étoit dans le premier sommeil lorsque la foudre tomba. Elle mit le feu d’abord aux écuries, Le bruit de l'explosion réveilla tout le monde ; on vit la lueur du feu et on s'empressa de faire sortir les bestiaux ; le feu avoit déjà atteint les crèches. Personne n'a sû si la foudre étoit tombée sur les paratonnerres mêmes ; on nous en montra les débris, qui ne paroissoient pas alté- rés par l'action du feu , sauf les pointes de laiton, qui s'étoient séparées et perdues. Nous examinames en détail les verges et les fils conducteurs ; les premières étoient des barres de fer carrées ordinaires , suffisamment lon- gues et fortes; mais les conducteurs étoient en rubans de fer laminé, larges d’un pouce et épais d’une ligne, au lieu de la baguette ronde de fer ordinaire. Le constructeur de ces appareils avoit probablement choisi cette forme avec intention, pour augmenter la surface métallique, à masse égale. Le principe est bon, pourvû que l'épaisseur seit-suffisante., Il y avoit à peine trois ans que cet appa- reil avoit été construit avec beaucoup de soin. Plusieurs antres paratonnerres construits dans le même village et par le même ouvrier, étoient très-bien établis. Ceux de la maison brûlée avoient été placés de manière que Remarques sur LA Foupre nT LES PARATONNERRES. 303 celui du côté de la cour étoit à seize pieds , l'autre à douze pieds des extrémités correspondantes du faite; la longueur de celui-ci étant de soixante-six pieds, la dis- tance des deux paratonnerres étoit de trente-huit pieds, dout la moitié est dix-neuf. On a estimé jusqu'à présent la sphère d'action d'un paratonnerre, à environ quarante pieds. On n'a pas d'exemple certain d'une chute de la foudre plus près d'un paratounerre (1). Les deux paratonnerres étoient adaptés à des flèches de bois de quinze pieds, qu'ils dépassoient de cinq; ils étoient con@uits par une bande commune de métal qui passoit sur un poteau à quelque distance de la maison, et entroit de trois à quatre pieds dans une bonne terré pesante et humide, La maison, déjà très-exposée par sa situation à l'ouest du village , avoit de ce même côté un plan incliné as- cendant, pour l'entrée des chars au premier étage (selon la structure des fermes du Canton ) cette espèce de pont (1) La foudre qui tomba en 17377 à Purfleet sur le magasin; pourvu d'un paratonnère pointu, frappa un crampon de fer dans un mur à quarante pieds de distance de Ja pointe. Cet événement fut l'occasion de la fameuse discussion sur la pré- férence à accorder aux paratonnerres pointus, ou obtus, et des grandes expériences qui furent faites par Mr. Wilson dans le Panthéon de Londres, pour essayer de décider la question par expérience. L'église de N. D. de la Garde près de Gênes , et la maison de travail de Heckingham près de Norwich pour- vue de huit paratonneres qni fut pourtant foudroyée et allumée le- 17 juin 1782, sont des exemples de bâtimens non préservés par la présence des paratonnerres , ou par de mauvaises cons- | tructions de ces derniers, ou par ce qu'ils n'étoient pas en nombre suffisant. Ce sont, selon l'expression de Lichtemberg . « des individus morts de linoculation » des cas particulier s qui ne prouvent rien contre les exemples innombrables de l'effes préservateur, { Note de l’ Auteur. } 804 MÉLANGES. faisoit une saillie de soixante pieds de ce côté, à angles droits du faite. Le pignon de cette aîle du bâtiment éloit par conséquent exposé sans préservatif. Cependant on n'y aperçut pas de signes d'explosion, et on est certain que ce ne fut pas là que commença l'incendie. Mais, il est plus que probable que le nuage chargé au plus haut degré à frappé obliquement sur le premier objet saillant, c'est-à-dire, sur ce pignon. Qu'à la vérité la foudre n'y a rien allumé, faute de combustibles ; et qu’elle a été conduite par dessus la surface humide du toit jusques dans l'atmosphère de l'écurie. La foudre passa dessous les paratonnerres d'autant plus aisément que les conduits nétoient pas à l'ouest, mais à l’est; si le pignon avoit été muni d’un paratonnerre ( ce que le propriétaire avoit eu l'intention de faire ); ou si seulement les conducteurs avoient été du côté exposé, et de part et d'autre du pignon, il est indubitable que la foudre serait tombée sans faire de mal, ainsi que cela arriva huit jours au- paravant sur la fabrique de "Eschantz à Kilkberg , où elle tomba sur le paratonnerre , mais fut immédiatement éconduite. Au demeurant, cet é*énement rentre tout- ä-fait dans la classe de ceux dont on comprend la pos: sibilité après coup, mais qui sar mille cas se mon- trent peut-être une fois, et ne peuvent par conséquent être prévus. Mr. Anderegg propriétaire, oppose à cette conjecture que d'après l'avis de trois des témoins oculaires de l'évé- nement, la foudre n'étoit pas tombée sur le pont; que le feu avoit commencé à quelque distance du dernier paratonnerre près des écuries ; ce qui paroît être con- firmé parce qu'on vit descendre encore quelques chars par le pont pendant que le feu étoit aux écuries. Mais ces circonstances , à la vérité importantes , n'affoiblissent pas notre explication; elles prouvent que la foudre n'a pas allumé ; mais non qu'elle n’a pas frappé ; ces deux circansiances ne sont pi toujours ni nécessairement réu- Remarques sur LA Foupre gr Les Pararonwennes. 305. nies. Combien de fois n'arrive-t-il pas que la foudre fracasse sans allumer ? comme aussi n’allume-t-elle pas souvent ailleurs que là où elle a d'abord frappé? Du reste, nous ne prétendons pas affirmer que notre expli- cation soit autre chose qu'une hypothèse, et à tout pren- dre , il est possible que la foudre soit tombée sur le pignon postérieur du bâtiment; c'est-à-dire, seulement à seize pieds de la pointe du conducteur , si la fou- dre est tombée sur l'angle de faite, ce qui seroit peu favorable au crédit des paratonnerres ; mais aussi elle peut être tombée vers le milieu de l'arrête, ce qui n'est point sans exemple, car on l'a vu tomber sur le milieu d’un toit où elle a fait une grande ouverture. Dans ce cas, il y auroit trente-sept pieds de distance de ce milieu de l'arrête jusqu'au paratonnerre, Mon ami, Mr. Horner - de Zurich, qui s’est aussi occupé de cet objet, croit que la foudre n'a touché nulle part le paratonnerre; il n'ose pas décider sur lequel des angles de la maisou elle est tombée. Il n'a point une foi illimitée à l'influence protectrice jusqu'à quarante pieds de rayon. La foudre, en partant du nuage , n’est en quelque sorte pas -mai- tresse de sa direction; mais, selon lui, elle est forcée par:la résistance de l'air, à un mouvement de ricochet gui très-souvent Jui donne tout près de la terre une toute autre direction ; on peut en juger par ses zig-zag fré- quens. Toutefois la circonstance assez ordinaire de sa chute plutôt sur une saillie que sur le plan d’un toit, peut provenir de ce que la terre duns sa sphère d’ac- tion se trouve dans un état électrique opposé, qui ne peut être attractif dans un point du plan, mais seule- ment dans ses protubérances. Il n’y a donc, selon lui, de sureté absolue que lorsqu'on fait communiquer toutes les saillies entr'elles et avec le conducteur principal. IL pe décide point sur l'importance des pointes élevées. Je ne crois pas non plus à l’atmosphère protectrice, de quarante pieds de rayon; on la dit indiquée par _ 506 ; MÉLANGES. l'expérience: mais une seule expérience non contraire pour< roit changer nos idées à cet égard. Qui sait , au reste, s’il n'y a pas des cas non counus dans lesquels cette distance aît été moindre? On a vu dernièrement, en Angleterre, des exceptions et des anomalies dans l’in- flience préservatrice de la vaccine; peut-être faudra-t-il bientôt étudier de plus près celle des paratonnierres. On a très-peu fait à cet égard depuis plusieurs dixaines d'années ; on a passé d’une répugnance aveugle à une foi aveugle ; et on a négligé l'attention nécessaire dans cette recherche, La Société des sciences de Zélande a fait un pas vers cette revision en proposant une ques- tion de prix remarquable (1). Il nous semble que cet objet, par son intérêt scientifique et par ses rapports d'utilité publique mériteroit toute l'attention de la Société (1) «Les paratonnerres ont-ils partout où on les a établi de- puis quelques années, eu l'effet désiré? ont-ils mis en süreté les bätimens qui en étoient munis, et les bâtimens voisins? Y a-t-il des faits certains qui prouvent que, tant les bâtimens pourvus de paratonnerres que d’autres, situés dans leur voisi- age ont été frappés de la foudre tombée sur les paratonerres, ou non? Dans le cas affirmatif, la faute étoit-elle dans la construction vicieuse , ou dans la position des paratonnerres ? Dans le cas contraire, à quoi faut-il attribuer la chüte de la foudre ? à des circonstances locales ? ou bien:faut-il consi- dérer ceS cas comme des exceptions très-rares ? Qu la foudre a-t-elle des qualités non encore observées ou connues, dont l'application aux paratonnerres pourroit améliorer la construc- tion de ceux-ci, et par conséquent prévenir tous les accidens. Quelles sont ces qualités? Et qu'y a-t-il enfin de bien avéré dans l'identité présumée entre les effets de l'électricité des machines et celle des nuages, et dans les conséquences qu'on peut en tirer sur l'utilité nu l'inutilité des paratonnerres?» Il faut avouer que depuis les temps de Reimarus, Luz, Hem- mer , Cavallo, Gütte, etc. on est demeuré ir statu quo sux toutes ces questions. ( Vote de l’auteur ). Son LA Comèrtf: 307 des naturalistes suisses, En recueillant et en examinant les cas bien constatés où des paratonnerres ont eu des effets salutaires ou nuisibles, on rendroit peut-être un service très-important à la science et à l’humanité. ( La suite dans un cahier prochain ). ——— 2, À, Sur LA ComEeTr Lx célèbre astronome Olbers ayant calculé l'orbite de la Comète a découvert que cet astre a dû passer devant le disque même du soleil, avec les phases suivantes. Entrée de la comète sur le disque du soleil par son bord méridional, le 26 juin à 5h.22 min. du matin Temps vrai à Brême. Sortie, par le bord septentrional à gh. 2 min. Plus petite distance des centres 1° 27" (la comète à l'occident) à 7h. 13 min. Mr. Olbers invite, par la gazette de Brème d’où ce qui précède est tiré, les astronomes qui par un hasard heu- reux auroient observé le soleil dans cet intervalle et y auroient remarqué une tache à mouvement rapide et dirigé dans un sens inusité , à publier leurs observa- tions ; elles seroient d'un grand intérêt pour vérifier la théorie de l'orbite, Mr. Scherer amateur zélé et instrnit d'astronomie, qui réside à St. Gall, et qui nous a communiqué ce qu'on vient de lire, nous apprend qu'à l’époque du 26 juin la Suisse entière étoit dans les pluies du salstice. (308 } CORRESPONDANCE. ExTRAIT D'UNE LETTRE pu R. P. Brsera au Pror. Picrer sur une ascension du Mont Rosa. PT Ge A l'Hospice du St. Bernard 20 Août 1819. ee. Pirusieurs individus ont dit être montés ju16= qu'à la cime du mont Rosa, mais des personnes de ma connoissance qui demeurent à Gressonnay au pied de cette montagne m'ont affirmé qu'il n’en étoit rien. Tou- tefois je puis garantir deux ascensions récentes, qui ont eu lieu l'une le 9 et l’autre le 10 de ce mois. Un de mes confrères (curé à Gressonnay) est parvenu avec un compagnon de voyage jusqu’au sommet. Ils avoient pour toute provision un pain, un morceau de fromage et une bouteille de vin; et pour tous instrumens une pe- tite hache pour tailler des marches dans la glace, et des crampons à mettre aux souliers. Je viens d'apprendre de mon confrère qu'ils ont réussi à atteindre le sommet. Ils étoient allés coucher dans un chalet au pied de la montagne ; ils en partirent à trois heures du matin; et, à huit heures et demie ils étoient à la cime, où pres- que toute la population de Gressonnay les a vus. Ils furent de retour à une heure et demie après midi, Il est à regretter que mon confrère ne fût pas muni d'ins- trumens propres aux observations; mais ayant reconnu , la route, qui ne paroît pas offrir de grandes difficultés ni exiger beaucoup de temps, ilest à présumer que des naturalistes profiteront de cette découverte; et je ne doute guères que Mr. le curé de Gressonnay ne füt disposé à les accompagner , avec tels guides qu'il pour- roit recommander. —— € 309 } ERRATA du cahier précédent. Pag. 189 , lig. 10, volumes des mêmes corps et, lisez , volumes du mème corps À Ibid. lig. 13, qu'on eut fait , lisez , que l’on aît faites L'auteur de la Lettre sur l’éruption de YEtna , insérée dans aotre Cahier précédent, nous a fait parvenir les corrections suivantes , avec prière de les publier. « Les scories dont il est question dans la Lettre , furenà lancées jusqu'à Messine. » » La bouche supérieure qui lancoit des pierres étoit de 1200 pieds plus basse que le sommet du Mont, et non pas de 150 toises. » » L'endroit où l’auteur s'arrêta avec ses mulets m’excède pas la hauteur de 8000 pieds sur la mer. » { 316 ) RAR VE TE PT BAR BR ARR BR LR RAR UE RE LE LR LA LL LR LE QE au TABLE DES ARTICLES D U ONZIÈME VOLUME, NOUVELLE SÉRIE, dé la division , intitulée : Scrrences er Ars D © — RM TT CROALET RTS: EE ASTRONOMIE. Notice sur la Comète + + + + «+ + + « + + + + «+ Page 235 GÉODÉSIE. Mémoire sur la mesure de la base de Darmstadt, par Delcross, Capit. Ingén. géogr. avec pl. (Prem. extr. ) 3 Idem. ( Second extrait). » + + + 4 + + + + + + + + + Bt Notice sur la nouvelle carte de France, commencée en 1818. 161 PHYSIQUE. Sur la déclinaison de la boussole et la déviation de l'aiguille aimantée , résultat des expériences faites dans le voyage de découvertes aux régions arctiques. Par J. Ross , Capit. dans la marine royale Brit. » + + + + + + « + « + + + + 18 Expériences sur le magnétisme du rayon violet, par L. A. d'Hombres Firmas. + + + e + + + + + + + + + + + 29 Elémens de physique par Ranieri Gerbi, Prof. de physique à sbedist al (0e, 81e late, Jo!Le, 'saNtERE Pise . + + ee + e Hauteur barométrique du Mont Ventoux, par Mr. Delcross. 165 Conversations sur la physique, etc. par l’auteur des Conver- sations sur Ja chimie, etc. + + + + « + + + + + + + 239 TABLE DES ARTICLES, 316 MÉTÉOROLOGIE. Considérations sur les observ. météorol. par Mr.Castellani, P. 168 Tableau météorologique de Mai après la page - + + + + 80 de Juin après la page. + + + + 160 de Juillet après la page: + + + 232 NON tent italie be s'uale te tira PHYSICO-CHIMIE. Sur les phénomènes aphlogistiques et le magnétisme des rayons violets du spectre solaire, par Mr. Murray. «+ + 17% CHIMIE. - Sur le chalumean à gaz explosif, par le Prof. Pfaff ( Second et dernier extrait.) - + + + + + - RE 133 Des proportions et des lois d’après lesquelles se combinent les élémens des corps, par le Dr. G. L. Falkner. ( Pr. extr.) 109 Idem. ( Dernier extrait.) + + + + + + + + « + + + 2h49 HISTOIRE NATURELLE. Histoire naturelle de la Sicile , description de l'Etna , etc. par le Prof. Ferrara , ( premier extrait), + + + + + . + + 4G Description de l'Etna , histoire de ses éruptions et catalogue de ses produits, par le même. » + « + + + - . . 12€ Notice sur une éruption récente de l'Etna , par Mr. Stephano Moricand + + + + »* « + + + + + + «+ + « + + + 192 Notice sur l'histoire naturelle du Mont St. Bernard, rédigée par le R. P. Bisela , Prieur de l'Hospice + + + + + + + 265 PATHOLOGIE. Lithologie humaine , ou recherches chimiques et médicales sur les substances pierreuses qui se forment dans diverses parties du corps humain. Par Brugnatelli + + « + . + 5G PHYSIOLOUGIE VÉGÉTALE. Recherches sur les causes de l'ascension de la sève dans les plantes , etc. par le Pasteur de Gélieu + + + + - + 257 HYDROTECHNIQUE. Notice sur les travaux exécutés dans la vallée de Ja Linth, avec planche, + +... + 0 + 0 + + ° 272 MÉCANIQUE. Observations sur l’automate joueur d'échecs, qu'on montre actuellement à Londres. + « + «+ «+ +. + . « . . . + 62 312 TABLE DES ARTICLES. À RTS: Tableau des inventions et découvertes les plus importantes , faites dans les derniers tems. + + + + + + + + . Page 137 ARTS ÉCONOMIQUES, Sur l'éclairage par le gaz combustible. Notice rédigée par Mr. H. Creighton (avec planche.) - + + + + + « + + + + 199 MÉLANCES. Notice des séances de l'Acad. Royale de Paris. Déc. 1818. 72 Idem. Janvier 1819. + + + + + + + + + + + © + + 152 Idem. Février + esse ee ee + + + 219 Idern.-Mars how @ se.» es ne in à e lo: le een Notice des séances de la Soc. Roy. de Londres. Déc. 1818. 78 Idem. Janvier 1819. }+ + + + + + + + « + + + + + 158 Idem. Février. eue ee ee © + + + « + 223 Tale: Mars’. = la tee let e ets een ele ete 293 Chute de pierres météoriques. © + + + » + « «+ + + + 80 Fusion du platine + + + «+ + + « + + « + + + + - Ibid. Explosion d’une machine à vapeur daus l’un des faubourgs de Londres. er. roller set ele tale see ss ae RAR Notice sur l4/comete fe seen se Pa NS ee OS PE MONET Notice de la session de la Société Helvétique des sciences na- turelles, réunie à St. Gall, les 26, 27 et 28 juillet. « + 296 Remarques sur la foudre et les paratonnerres, par F. Trechsel , Professeur de physique. + + + + + + - + + « « : 300 Sur la comète. |! ee 2 ee ot à 0e 1 0307 NÉCROLOGTIE. Lettre aux Rédacteurs sur la mort de Mr. Bén. Prevost. . 160 CORRESPONDANCE. ÆExtrait d'une lettre du R. P. Bisela sur une ascension du Mont Rosa. eu ele AU mise Le fe Ab; - eee La! ire: JeiEn 30% Fin de la Table du onzième Volume, nouvelle série , de la division , intitulée , ScxeNcs ET ARTS. TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES : Faites au Couvent pu Sr. Bernarp , élevé de 1246 toïses au-dessus de la Mer ; aux mêmes heures que celles qu'on fait £ 4 Janin BoTanrQuE à GENEvr. OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. NOVEMBRE 1819. BAROMEÈTRE. THERMOMÈTRE ÿ ü VENTSs. RE n S & LES DA à l'ombre Hycromërre | Pluie ou | & :ÿ ÎLes chiffres Fa È Aro Re en 8o parties. | à cheveu. | neigcen | eo ñ ferons | Erar pu Crer. 5 = 100. R,. 24 heures.} © = !dé forc £ 7 - ee Lev. du Sol. | à = heures. |L. du S[ à2 h.fL.dus.| àzh Ni ü ï L. S " b. OBSERVATIONS SDIY ERSES. Pouc.lig, dix |°ouc. lig.dix.|D. dix. | D. dix.} Deg. | D cg.f Lig. douz, | 3 20. 9,5 |:0. 9,7. 0) 28] 2,7 93 98 fnei.pou.li.} =——{} so so res AuuE 7 TOR 2 |: 99 | « 9,6 + 2,54|- 1,2 99 | 100 2. 4 | ——Ù so | so Écouv., br. 5 . 9.4 : 9,4 1-1, 0,0 96 90 ——] so | so jbrou. 14: 1 |: 9,9 |. Mo. 2,0 |+ 2,1 55 60 0, 6 f——} s0 | so jsol. nana. ; id. Le 3, passage de Chardonnerets. $ D 10,1 . 9.1 0,8 |— o,5 95 99 ——| s02| s024 brouil. , id. 6 . 9,0 | 9,2 1,6 |+ 2,1 100 95 — ——! so | NE à nua.,, sol. : ë ; : ; c dicefus ge 1 Le “ : Te ET 56 50 Meô. fe 5 Le 10 à 8 heures du soir, vu un é clair, Il $ ° 7500 ble 7,5 1,20 |= o,7 3 96 ARE ———] so | so {couv., brou. À sont rares dans cette saison. 9 . 6,0 | . 657 7,7 7,1 99 y4 18 ——| xEe3| ne4l brouil. , id. 10 , GARE 5,9 6,7 o.1 86 90 — À] ve | so {serein, sol. I1 . S»4 | 6,1 7,4 2,0 86 83 2}/s0 | SOI SOL nuan, 14 12 . GENE. 6,4 6,8 4,2 93 93 6. 6 À ——|Ù] so | so3} brou: , id. 13 . 6,0 6,2 8,5 2,8 98 | 100 2. 3 | ——]| so3| so3)brou, id. 14 . 6,6 | , 7,6 6,3 0) 98 95 2. 3 | ——] ve | so | sol. nua:, br. 1; . 73 . 7,0 9,2 3,9 2 74 ——| so NE ser. , sol. 16 . 6,5 . 6,6 753 2,1 94 85 —— ——| 50 so ser., sol. nua. 17 : CON 8,0 6,3 2, 86 87 ——| 503! 50 3} bron. , id. 18 79 |. 7:93 s-4 2,4 98 93 9. 91 =] 5s03|/"sol'hrou: ; id. 19 . SAuIRe 8,4 S.4 4,4 94 77 4. 2 | ——| so so Ebrou., id. creme 20 . 6,8 . 8,7 5,2 3,0 100 93 $. 6] ——| so cal. Ÿ bro. , sol. nua. 21 Q 4,6 . 3,9 S2 535 95 95 2. 4 | ——]Ù ve |ne.sol bron. , obscur. 22 . 4:4 | « 4,6 9-4 6,3 99 94 13. 2 | ——] se | NE |'brou. , id. 25 . S:3 . 5.7 12:6 11,8 98 97 8. 3 } ———1] ne2| nr bro. ,, i. 24 + 5:9 . Fe 10,5 11,3 100 98 16. 7 | ———1 vx2| nE3| brou., sol.nua. 25 . 6.7 | « 756. | 11:7 9,9 À ro0 | 100 26. 2 D} xr4| xe3l brou., obscur. 26 , 7,0 . 6.6 6:3 4,3 93 93 18. 2 À} ve | Ne2! cou. , brou. 27 . 6,5 | « 6.7 9,2 9,3 96 98 9. 3 | ——} xe | xE3| brou., id. 28 | . 6,3 | . cn TUE. 9,3 96 93 7. 4 | 1 xe | ne2) brou. ,id. 29 | . 8811. 100 9,3 3,7 86 87 ——— [——{ xe | ne soleilnua., id. 50 ° 10,4 ; 10,5 5,4 0,0 7 89 o. 6 À} xe | so |sol. nua., cou. RIRE GA nee | Se CE RE i— 5»80|— 5,37 Moy. 0. 7,40 |20. 7:53 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites an JARDIN BOTANIQUE de GENÈVE: 395,6 mètres ( 203 toises) au-dessus du niveau de la Mer: Latitude 46". 1! Longitude MEME ( de Tems ) à i Orient de l'Observatoire de Paris. EE OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. DECEMBRE 1870. TaErx. à l'om- © as = © Re BaROMÈTRE bre à 4 pieds FHYGROMÈTRE Pluié ou JE \ 2 £ 25 pe la vus de moe à cheveu. es E 5 VENTs. ÆErar pu Cr. 5 a 0 )R. en $0 parties. . È p = Es = Lev. te à = heures [L.du S. à 2 h. ÎLdus.jàzh Fo 3 ÊL. dus.) à sh. OBSERVATIONS DIVERSES. = = = > (2) À ———— ——— Pouc.lig.seiz.|pouc.lig. seiz N Dix. d| Dix..d.} Deg, | Degr. à Lig. douz. se À ee, mm em | mt en im Le mt Lu, mes 11 © :7 o oÙ27. o 8h o. slt 2 5 95 8 — cs cal. | no cou. , id GS En ee CL à SUN CC CON | ECC AO) CT S7 — cal. | cal. Àcou., id. | 3 5 o 15 | e © 14 OT: 4. © 97 86 — — heal No cou. , id. | 4 : 1,57, 2e o 2 DECO] TS, MO)! A) 64 — |——| cal. NO cou. , nua. Malgré diverses alternatives de temps $ 26.106126: 092 1, ©] 161$ 98 93 Dre 0 ——|}\cal: cal. | 'nei. , con. pluvieux et de froids subits , les bls! FÈ ro 8 En LS 0. SIU1S 9 596 CES y ,C Noel cal cou. , id. qui m’étoient point encore, couverts de 7 TON TON NEO C 0: ONE res 93 185 + UE cal. | cal. cou. , id. neige , ne paroissent pas avoir souf- 8 107 Jiiol=morz:3 nos © 2 S7 — ]—-| al cal. | cou. , id. fert. Les mulots, qui sont extrémement 9 C To) in noN 0: 3)ERORS 94 73 — |—} «al. cal. À cou. , id. nombreux celte année , leur font h| 10 27. o 14/27. o 12] o.7| 1: 8] 97 5$ —— | cal. | so cou. , nua. guerre, et s'il ne survient pas quelque! 11 . y ne] ous 1. 0) EO 98 84 c.m,i cal. so nu. , id. cause de destruction de ces animaux, | 12 ‘o.0l26.1r 714.0] 720! 2 0. 6 | so su cou. , nua. ils menacent sérieusement la récole 15 JÉMTOCIINONONEINN ET) SCO) Er CO) |. ÿ$ 4 o so sa pluie, cou, prochaine. Les prés en sont égalemnt | 14 onde io ue 2. NO NOINRNO7 84 G.p.] 50 so cl. , id. infectés. | 15 D Mi ol on JON 4. OÙ 1° 3 gs 64 a cg. cal so cl. id. 16 + Niue lo gt 1. 2| 3) 43,| Sr — so so nua., id. 17 ®'" 27 1,30 0 11m 3 20:50 96 74 : | cal. so brou. , nu. ER 18 26. 10 15 | 26. 10 14+ 3. ©| 65: 7, :97 23 6. 3 [———Ùi.xe NE plu., id.| | 19 274 Oo 6127. 1 2], 3. 4] .8? 21 18 95 Oo 9 ——|sx SE cou. , id, Errata au tableau de Novembrt. | 2 , (5) GAL 97. Ù— — ai. mn . 1: . : 1 . “ e : ; : gl ; de à 7 Et “ A ÉD Moyennes du mois;colonnes du Baromit: 22 26 17 16] 26. To 16 745) Nnra 97 2 4110 ——| so so pluie , id. 26: 7 4,30 lésez ,: 26: 9. 10,70 23 ) HIO US | 8 15 8.-6l "80 88 56 [——|] so so cou. , id. 26. 7 3.10 Lisez, 26. 9. 9,50 | 24 . 8 81 7 3 3. © SEÈz 75 67 1. 6 Η1] so so nua. , COU. | 25 . still $ 2 aus 15 2 95 | 96 0. 9 |——{} so so cou. , nel. DE RCE ES DE CET RENTE à 26 . 8 21 SEE 1. 0) TES 80 69 2 NE cl. , nu. tes RC : NE : 27 . Soie 8 ô EE RC) | | (0 84 fnei. 12 lig.!-—À cal. cal. nei. , cou. Déclinaison de l'aiguille aimantée ; ° 28 PR ONE 7 LME 2° 7 | 84 f——-] so 50 cou. ; nua. l'Observatoire de Genève, le 31 Di! 29 OC SN CPE TRE COOP 21 OU) 88 OO PS0 59 cou. , nua. | 30 . 8 s|. 7 ab 1.0 1.8 94 65 2 oO Cal 0} nua.. el: NA | 31 © E 4e 6e 4 4 0. | 0. 7 94 93 Énei. 49 li. A MOIS so nel. , id. Température d'un Puits de 34 pités | É Et Re EE |- ——} ——| — CT En M (rl ol Dec CE | | Moyennes. À 26.10. 6,68! 26.10. 3,84l+ 1.49 | +5,49 Hu 56. 10 | Sc. et Arts T XI PL I. Bibl. Uruv. eZ e 2 ET D Bibl Uuv. Se. et Arts T XI PL I. L ELEC Plan de le Pare . ve KenZ 2300 2900 So #00 Ke (2 Dane 4 Cross Jcherholle #7, albery %- L De 6 TL Gy7 2 WT des | 14 mi, À en Re he he à dos opbbireu D pe Juru pe 4 Srpuv) vp Moi à AN 77 7 ù SN L Ve < | ” À N° EN T7 … \ Ni: à NN Ji Vi RS NI IN d. 5 | NT EN ann Kl NT —| Es KR g. 10.6.4, BAl Unuv Sec & Arés. Vol PTE EE o DO 4°. D. 6: TT MIO ZT CU b de D qi Lo | | ZLLLIPPI III IZZ l | A TR LL LCL LD DOI ILT L LL LL OL IL LL LL LAN LL IL RS N Ÿ VOL 7 £ À SNNVVVVUOUOUOU,”’,”,”N”NTOTÇTŸçTŸS$ 0 = SISISSSSSESSS ZZZZZ LPS DLL SL LL LL DS PL EL LL 12 LILI PT PL IE IT INDIE LT TTL TILL TTL! LIL III LIL, ss SSSSSSSSSES ZZ SES ASSET TENNIS NE EEE ERRSENRRNNSARENENNNRENENNTNENSÈ) (RME NET dy RDA RE NN Ï MEHR MES : f, SURURE ee v 5 k Eh, se He us