(U jui, TR NGUSs H d 5 4 h # À FRA Lg a De LE mt TE + | Lt LI" A1 N È r { Un n 1! PUR s" na f L . } h de €" f : « | > È # , L LA/* eo be | à 4 pa À 1 d'A ; , J ñ : VE 2 € | + ti À ñ PE: , É UT ns me 4 | * É 0 in Lt Le | [OR | PACA Li A RC 1 Den é 24 AN qe “: vu - dl e 2 af L 2. . het . de -« Lt, T " Mrs ; T8. HE j ANET LINE ic v } . P "1 . ? Le LL | à % Midas Dar | A - NCHS 4T ARTE Le d » CA * . ni V2 2 … 7 ue : A) | è 4 #8 BIBLIOTHEQUE UNIVERSELLE DES SCIENCES , BELLES - LETTRES, ET ARTS, FAISANT SUITE À LA BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, Rédigée à Genève PAR LES AUTEURS DE CE DERNIER RECUEIL. TOME SEIZIÈME. Sixième année. SCIENCES ET ARTS J 2%, ex A GENÈVE, De l'Imprimerie de la BisriorHéque UNIVERSELLE, 1821. 4 FUME apAR TO / re LE 1 A s'"IN7 # sa ACTE CET LP : Janet GSM UE À ss 107 7/35 %a ete Wat ÿ+ EAAt PELLI ELLES ASS ces : te AR FE CHR di er ; ALL Vs “ F she 9 ptraeritt ns #% ya ART IN # À = ER PR ES CR pee LT pe, en 53 Pet 7 Te £ RE ES et x où rez = mr > site > —, > , Ve « = 33 | A TE, a DS ER RS RE rm RS CRE ee SRE = : t ST ee cut , PSN : TT. Te F pe à Le FO + 9 À LE db biveatitechedentaée fr: ? À LIL ang gd rngéres Stan NET tomate cé «ed FN 127 TON Es a : 14 AT Là Eure LS | Éd ee 4.9 HUE | à ’ Fr L MOYENNES DES OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES pu 1%. JANVIER au 31 DECEMBRE 1820. Baromètre. Thermom. à l'air. Hygromètre, Eau de À Therm. Moyennes Moyennes Moyennes pluieet | dans #-oyenne : de neige | le puits. CR ONDES + f Da La Ÿ par mois Moy < Aux deux époques Aux deux époques. Aux deux époques oÿ. du jour, | du mois, du jour, | du mois. du jour. | du mois, lig. dou, du moisi L d pouc. li. sei.c. pouc. Ji. sei. deg.cent. deg.cent. ev. du Sol. 26.11. 155% . PT ; so AE : ÉRXSTIRNÉENMNENS IDE LA MNUN TE: sun. dr 2 heures. 26:11. Ha 26,014 192, 1,41 20:74 81,19 8456 1 2 |+97 4 Lev. du Sol. $27. o. 1,48 0,61 À Ve A JA ERSD 26.11, 3,8: 2,52 85 6. o 10,0 2 heures 26.11.10,31 D'ACIE, Ar 3 5 ARS QUE Lev. du Sol. f26.10. 5,87 0,82 i é Ha 7 > CAS L 26,10. 29 09 LA = 7: 10,0 Mars 2 heures. 126. 9.10,7 . ATOS ee S 69,42$ 72° sus î , ; plus haut 27. 3. 15. le 20 Déc. ? P. L. seiz, aromètre, Différence 1 13 : Lev. du Sol, $26.10.13, 5:77 _. 1,00 Barome j ù 218 Avril Se AREUTES { NON Re + 26.10.10,c0 An 975 . 73:93 6 6 { 10,0 plus bas 26, 1. 2. — 25 Mars. $ ; 7 ” 1 , 7,03 : ne Fe plus haut+24. 5. — 11,16 Août. À mi fée Désir UT we |pren Le sus | rem $ Dies 34 7 2 G ae ne plus bas —11. 2. — 12 Janvier, Lev. du Sol. (26.11. 9,06 : 9,08 l : par : 26,11, 8,53 12 77,550 14 5 10,0 Juin 2heures 26.11, 8,01 DL 16,99 dr 65,008 775 OA LE) ? Lev. du Sol. 26.11, 7,:6 10,72 ? nl 26.11: 8,76 14,12 6,3 61. 6 10,0 Juillet 2 heures es Dazss2 ; 61328 037 ; Lev. du Sol. $26.11. 8,034 , Gz2l 2112 TE 92:97 a Août SEE SRE AA 26.11: 6,22 19,78 5:45 GA 7740 29: 34 10,5 Lev. du Sol. $26.11.16,53 7:05 93,53 JÙ 26,11:14,0 10332 3 26. 3 pe Ÿ : heures in L RSA 13,60 4 69,10 HE CO) PRE 4 Lev. du Sol. 626. 915,550 , en (Me) F 87,48 : CE Oct { 2 heures 26. Rte ANNEE 10,08 7:99 76,51 81:99 SGA O;S EE Lev. du Sol. f:6.10. 5,50 2 1,41 k 93:03 Vov 26 10. 5,21 2,50 89,58 14.9 ; ne { zheures 126.10. An. > 3,60 »$ 85734 225 4 3 11,0 Lev. du Sol, ne 8,40 0,14 } 92,26 ce F 26.11.72 1,551 86,40 NS 10,5 Déc: { 2 heures 16:11. He D'AL 88 5 ei 34 7 9 1 (o] n Las On 8 16. 1819. 1814: 813. 1812. 1811. 26.11. 1,60 26.10.10,15 26,11. 5,65 II 10, 6,4 II. 2 11. 8,4b .10.1),98 26.11, 1,63 O © Oo BB °] re D © œ D Cr Oo cé | DAS VIENT SEE ESEEEE 7 PACE UE CONNECTE EN SIENNE ME DE DR PE OS TR SC ECC UE NE CIE MES BIOGRAPHIE. - Vita E COMMERCIN LITTERARIO , etc. Vie, et commerce littéraire de Gazizro Gazisée , noble Florentin , mathé- maticien et philosophe , plus qu'ordinaire, des Grands Ducs de Toscane Cosme et FerpinanD IL Par G. B. Clément De’Nezrt, Patricien et Sénateur de Florence, Chevalier de l'Ordre militaire de St. Etienne. Deux vol. in-4.° avec fig. Florence , chez Piatti. (Extrait ). Ux Vie de Galilée paroît artuellement à Florence en deux volumes in-4.° C'est l'œuvre posthume d'un sénateur lettré, dans cette ville classique , le chevalier De’Nelli. Il nous ap- prend , dans sa préface, qu'ayant eu l'insigne bonheur d'ac- quérir tout ce qui reste des manuscrits et de la correspon- dance de Galilée , de Torricelli , de Castelli , de Viviani et Tautres mathématiciens du quinzième siècle , il a employé tes les momens qu'il déroboit à une vie très-occupée, à metth en ordre ces divers écrits, et sur-tout à extraire de quoi réliger une Vie de Galilée plus complète ; et plus authentique, que tout ce qu'on a publié jusqu’à nos jours sur ce San homme ; l'auteur n'avance rien qu'il n'ait tiré des documens originaux, dont les citations fourmillent à cha- k BIOGRAPHIE. que page (x). Il prévoit deux reproches , et il essaie d'y répondre ; l'un est l'excès des’ détails ; l'autre, d’avoir peu ménagé certaine classe d'hommes trop susceptibles. Au pre- mier de ces reproches il répond (2), que les moindres actions d'un Galilée ont leur degré d'intérêt ; à l'autre, que l’his- toire d'un tel homme doit être écrite sans égard au respect humain, mais en écoutant la vérité seule. Ces deux excuses seront admises par tous les lecteurs qui craignent moins l’ex- cès que le défaut dans les anecdoctes biographiques, et qui, pour être bien sûrs d'avoir tout, courent volontiers la chance d'acquérir un ouvrage trop volumineux ; au demeurant , il est, en réalité, moins long que l'apparence ne l'annonce ; le caractère est si gros, que la page in-4.° ne contient que les deux tiers du texte que renferme une de celles de notre Recueil. L'ouvrage est orné de dix planches ; deux repré- sentent Galilée , d'après des portraits existans à Florence ; dans l’un, il est âgé de quarante ans ; dans l’autre , de soixante et dix-sept ; l’une et l’autre de ces gravures a été dirigée par le célèbre Morghen. L'une des meilleures plan- ches est celle qui représente les médailles de bronze frappées en divers temps en l'honneur de Galilée; elles sont au nom- bre de six, avec leurs revers. Il ne faut pas s'attendre à trouver beaucoup d'ordre ni de style dans cet ouvrage ; mais il est écrit avec naïveté ét avec / (x) Tous ces manuscrits ont été acquis par le Grand Duc, æt sont actuellement dans sa précieuse bibliothéque où on er æccupé à les mettre en ordre et à les classer. (R) (2) Riflettano (1 lettori)che ancora le minime azioni di cele- bre uomo non conviene tacer le; sono certo che io sa0 esente da qualunque biasimo, e che altrest non disaproveranr >; Se questa ( storia) é stata espressa , e distesa, senza umani rPEt&, senz@ risguardi, e con semplice e nuda verita. ( p.xv ). V1E DE GALILÉE. 5 une sorte de bonhomie qui fait croire à la véracité. L'auteur s'est donné, à plus d'une reprise ,.beaucoup de peine pour approfondir et éclaircir des questions de priorité sur certaines découvertes que les envieux disputèrent à tort , à Galilée ; ses recherches sur ces questions forment comme autant de disser- tations, dans lesquelles il fait preuve d'érudition scientifique, comme aussi d'impartialité. L'arbre généalogique de la famille Galiléo la présente comme une des anciennes de Florence ; il remonte jusques en 1321; on y voit les noms de plusieurs individus qui se sont distingués dans la magistrature, la médecine, la culturé des beaux-arts , et elle n'est pas éteinte. L'auteur ne peut se défendre dans un élan de son pa- triotisme de citer, avant d’arriver, à son héros, les noms des Florentins qui, déjà en grand nombre, avoient illustré leur patrie lorsque Galilée parut. Le Dante, Pétrarque , Boccace , le Ficino , Brunellesco ( restaurateur de la belle architecture } Machiavel |, Michel Ange , Americ Vespuce , tous ces noms si célébrés brilloient dans les annales de Florence ; # mais il y manquoit, dit-il, un grand philosophe qui délivrât les hommes de l'ancien et insupportable joug qui les forçoit à soumettre leur raison et leur jugement à l'autorité et. à la dure loi que les savans s'étoient imposée à eux-mêmes , de suivre implicitement Aristote, ou Platon dans les opinions énigmatiques et vacillantes de ces philosophes , particulière- ment dans la bonne physique. L'Ordonnateur suprême ‘des événemens voulut, (ajoute-t-il) qu'au mÂme jour où Flo- rence perdit le divin Michel Ange Buonarotti (r), Galiléa de Galiléi naquit à Pise (2) afin que la Toscane ne vit point (G) D mourut à Rome le 18 février 1564, âgé.de près de quatre-vingt neuf ans. | (2) Vincent Galileo père du philosophe, s’étoit, marié à Pise avec une dame de Pescia, ( Julia Ammanati } | 6 BrocRrRApPH1#x. interrompre la noble série qui lui a valu tant de lustre. # Ici l'auteur rapporte textuellement l'acte de mariage du père de Galilée , en réponse à un article de l'Encyclopédie (as- tronomie ) dans leqnel Dalembert le fait naître illégitime. - 1] étudia les belles lettres à Florence sous un maître assez ordinaire, mais cependant avec succès. Son père lui enseigna la musique , et il y devint assez habile ; il apprit en même temps la perspective et le dessin ; et son goût pour les mé- caniques se montra déjà à cette époque , car il employoit ses momens de loisir à fabriquer des modèles de machines, avec les outils que le hasard mettoit sous sa main. À dix-huit ans son père l’envoya à l'Université de Pise étudier la médecine, dans l'exercice de laquelle il espéroit lui pro- curer une ressource pour le soutien de sa famille; mais l’in- certitude , qui règne dans les principes de cet art répugnoit à l'esprit déjà mathématique de Galilée; il abandonna la fa- culté , et se livra aux études philosophiques sous cinq Pro- fesseurs , qui enseignoient à l'envi la philosophie d'Aristote et de Platon; mais la justesse de son esprit et la force de son génie ne tardèrent pas à lui découvrir tous les côtés foibles de ces opinions consacrées par le temps, et il les atta- qua publiquement avec succès dans des exercices acade- miques. C'est alors, que déjà accoutumé à méditer sur les faits que le hasard lui présentoit, et voyant dans la cathédrale de Pise balancer la lampe suspendue par une longue corde, il remarqua que la durée de ses oscillations , quoique plus ou moins étendues , étoit sensiblement la même , et qu'elle dépendoit essentiellement de la longueur; il en conclut qu'on pourroit tirer parti de cette propriété d'un pendule oscillant, pour mesurer avec précision certains intervalles de temps, et en particulier la vitesse plus ou moins grande du pouls des malades ; Sanctorius à voulu ensuite s’attribuer cette Vre px GALiLEm À première idée et son application; notre auteur’ rétablit les droits de Galilée. A dix-neuf ans , le jeune homme n'avoit encore aucune teinture des mathématiques ; mais il en éprouvoit comme l'instinct, et son père , en lui enseignant la musique et la perspective , lui avoit souvent dit que les principes de ces arts dépendoient de la géométrie. Galilée pria le Prof. Ricci de la lui enseigner; celui-ci, ami du père, lui fit part de la demande , ce dernier l'accorda , sous condition que cette instruction füt censée donnée à son La el et qu'elle füt lente. et superficielle , pour ne pas nuire à l'étude de la médecine, art qui devoit être la principale , et peut-être l'unique res- source de son fils, dans l'avenir. Mais, à peine l'élève en médecine eut-il reçu les rehulèrés leçons de géométrie , que, saisi par la clarté, par l'évidence non interrompue des principes, et l'enchainement rigoureux des conséquences ; impatienté de la lenteur, naturelle ou affectée, de son maître , 1l marcha seul en avant, à son insçu, et se rendit maître, en peu de mois , des ‘six pre- miers livres d’Euclide. Le père , et le Professeur “Hifton- clurent que la nature avoit fait naître le jeune home géo mètre , et on le laissa en paix dire adieu à la médecine et se vouer tout entier aux mathématiques. Il étudia, sans autre secours que les livres, Apollonius, Archimède , Ptolomée , Pappus; et, âgé seulement de vingt- quatre ans , il put déjà être cité à côté des Guidubaldo Dal Monte et des Clavius, renommés alors en Italie; sa corres- pondance avec ces savans commençoit déjà sa réputation, et elle ne tarda pas à passer les monts. Mais il étoit pauvre ; son père étoit âgé , et le malheu- reux jeune homme voyoit avec angoisse approcher l'époque où l'entretien d'une famille assez nombreuse reposeroit sur lui seul. Il se décida à faire des démarches pour obtenir 8 BrocRAPHIE. | ‘une place: d'enseignement public dans quelque tniversité.. Son protecteur Guidubaldo échoua pour Bologne ; mais il réussit. auprès du Grand. Duc! Ferdinand E,-:qui le nomma à la chaire de mathématique de. Pise : il avoit alors vingt- cinq ans; et.son foible traitement étoit de, soixante écus par an, somme bien disproportionnée. à son mérite , déjà bien connu , ét à la réputation. des Médicis , comme généreux protecteurs des sciences et. des: beaux-arts. Ce fut alors qu'il commença à attaquer (par écrit les doc- rines Péripatéticiennes dans des dialogues, où deux interlo- cuteurs , un Alexandre et un Dominique , discutent diverses propositions de méganique et de la théorie du mouvement. On y démontre la fausseté de l'opinion d’Aristote, qui a * avancé que des corps de même matière, mais de poids ab- ; Solus différens ; tombént d'autant plus vite qu'ils pèsent davantage. Galilée fit voir par expérience, que deux boulets de fer, l'un de cent livres, l’autre d'une senle , arrivoient à terre sensiblement dans le même temps, lorsqu'on les laissoit tomber d'une hauteur de cent brasses, de Florence « enÿisg L. 178 pieds ). Rien n'étoit plus commode que la célèbre tour , penchée de Pise pour toutes ces expériences -sur la chute des corps, et elle lui donnoit le moyen de vériher tous les principes. de sa belle théorie sur les rapports des espaces parcourus par un corps tombant pendant des temps égaux de chute ; au grand déplaisir de tous les Pro- fesseurs du temps, qui, d'après Aristote , leur oracle, avoient enseigné et enseignoient encore une théorie toute différente. I eut bientôt à s’en repentir. Alors vivoit un jeune Prince, Don Jean de Médicis, (fils naturel du Grand Duc, Cosme I}, dont l'éducation avoit été soignée , assez pour lui faire concevoir une haute opinion de son savoir, mais trop peu pour la lui faire apprécier à sa juste valeur. Ce Prince avoit imaginé une machine pro- V1r DE GALILÉE. o pre à nettoyer le port de: Livourne ét il en avoit fait faire un modèle, que le Grand Duc ne voulut pas faire exécuter en grand sans l'avis de Galilée ; celui-ci consulté sur l'objet, déclara franchement , que la machine seroit plutôt inferieure que préferable à celles qu’on avoit dejà. Bientôt s’eleva contre le géomètre , trop peu courtisan , un orage qui lui fit pré- voir avec certitude ; qu'après l’année révolue il ne seroit pas confirmé dans son oMce ; et il chercha dès ce moment à se procurer, par la protection de son savant ami le marquis de Guidubaldo , une chaire de mathématiques dans l’université de. Padoue ,, vacante ;par la mort du Prof. Moleti. Galilée avoit perdu son père l’année précédente , et avoit à sa charge l'entretien de sa mére et de ses frères ; et la mince et pré- eaire ressource de sa chaire de Pise étoit loin de pouvoir y suffire. Il.se transporta donc à Venise, muni de recommanda- tions pour les premiers magistrats de cette République, alors florissante , et qui comptoit Padoué dans ses domaines ; il y obtint le 26 septembre 1592 la chaire vacante , avec un traitement annuel de soixante et dix sequins , c’est-à-dire , plus que double de celui qu'il avoit à Pise. Il y fit son entrée le 27 décembre par un Discours inaugural qui eut un grand concours d'auditeurs, et qui accrut sa réputation. Indépendamment des mathématiques , dans leurs diverses branches , Galilée ‘introduisit avec succès dans son ensei- gnement l'architecture. militaire , art dans lequel. plusieurs Italiens s’étoient déja distingués avant lui, tels que Macchia- vel, Tartaglia ,: et :sur-tout Marchi Bolonèse. Il écrivit pour l'usage de ses élèves un Traité de fortiñcations , qui existe dans les papiers recueillis par l'auteur , et qu'il dit être un. chef-d'œuvre. Il, composa aussi un Traité de gnomonique; mais on n'a pas, pu le retrouver. On lui a attribué un Traité de sphère , qui n'est pas de lui; on ne le trouve ni dans la premiere, collection de ses œuvres, publiée en.1656 par 19 BIOGRAPHIE. Viviani, ni dans l'édition de Florence de 1718; et, quoi< qu'il soit inséré dans celle de 1744 fäite à Padoue, l’auteur le considère par de bonnes raisons comme SR et il l'attribue au jésuite Urbain Daviso. Les Institutions de mécanique qu'il publia ensuite, et qui furent traduites en français en 1634 par le P. Mersenne, eurent un grand succès ; et passant de la théorie à la pra- tique, il imagina pour élever l'eau destinée aux arrosemens en grand, une machine, au moyen de laquelle l'action d'un seul cheval la faisoit couler par vingt bouches. Le sénat de Venise lui accorda le privilège exclusif de la construction de cet appareil. Ce futen 1596, à l'époque où il enseignoit l'architecture militaire , et pour faciliter à ses élèves les opérations du tracé sur le papier, qu'il imagina le Compas de proportion, instrument qui est encore aujourd'hui dans les mains de tous les géomètres praticiens. Un plagiaire n'eut pas honte de publier, quelque temps après, un Traité sur le compas de proportion, en s’en donnant comme l’auteur. Il paroït, d'après une lettre de Galilée à Kepler ( août 1597 ) que , déjà depuis long-temps , Galilée avoit médité et adopté le système cosmologique de Philolaüs , soit de Copernic ; mais qu'il craignoit, s'il publioit ses idées à ce sujet, d’être tourné en ridicule comme l'avoit été Copernic après sa mort. Kepler lui conseilla d'imprimer en Allemagne, (13 octobre 1597 ) il ne s’y décida point ; et ce ne fut que long-temps après, qu'il communiqua au monde savant cette théorie astronomique qui devint la cause , ou le prétexte, d'une odieuse persécution. Dans un chapitre fort étendu, l'auteur attribue à Galilée l'invention du thermomètre (en 1602 ) non pas tel qu'on l'emploie ordinairement , mais tel qu'on l'attribue à Drebbel, c'est-à-dire, composé d'un tube ouvert à une extrémité et ’ VE DE GALILÉE. IT terminé par ‘une boule. Lorsqu'après avoir légèrement ré- chauffé la boule pour faire sortir par la dilatation un peu de l'air qu'elle contient, on plonge le tube (la boule en haut ) dans un liquide, on voit monter celui-ci dans le tube à mesure que la boule se refroïdit , jusqu'à un terme d'équilibre entre la pression extérieure de l'atmosphère , et la résistance élastique de l'air renfermé. Alors, les moindres changemens de température qu'éprouve cet air troublent cet équilibre , font monter ou descendre très-visiblement le liquide, et l'appareil forme ainsi un excellent thermoseope pour le moment. L'auteur discute en grand détail les argumens qu'on peut alléguer en faveur de Bacon, de R. Fludel, de Sanc- torius, de Sarpi, et enfin de Drebbel, pour attribuer à cha- cun la priorité de l'invention ; et il conclut en faveur de Galilée. L'instrument, sous sa forme primitive, étoit imparfait et d'un usage fort borné. On dut au Grand Duc Ferdinand IT (1646) sa forme actuelle et sa faculté de devenir compara- ble; ce Souverain en faisoit lui-même un grand usage comme instrument météorologique (1) et la plupart des thermomè- tres qu'employoit vers cette époque la célèbre académie del Cimento, étoient construits sous la forme imaginée par le Prince. L'instrument en prit même un nom national, on retrouve encore l'épithète de Termometrum florentinum sur les appareils construits dans ce temps, et dont il ne reste guères que les échelles, ou les montures. (1) Siccome nell” inverno , il medesimo Serenissimo Gran Duca , nel levarsi la mattina, e riguardare il « detto strumento, e per le osservazioni fatte fure, sa benissimo in questo, or in quel altro luogo il freddo esser maggiore o minore di quello sia ir Firenze, o dove. S. A. S. SÈ ritrova; e a che grado.» ( Pra- tiche Astronomiche, del P. Urbano Daviso ). Y2 B:1.0 6 R'4 EP EH x E: Cependant les six années d'engagement de Galiléé aw service de l'université de Padoue alloient être écoulces; Le Doge et le Sénat le renouvelèrent pour six ans, avec un traitement annuel de cent vingt-quatre sequins, auquel on donna un effet rétroactif d’une année , de manière qu’en joi- gnant à ce revenu fixe, les honoraires que lui procuroient des leçons particulières, il se trouva en état de doter deux sœurs et d'aider son frèré Michel Ange Galiléo. # Il sembleroit, dit l’auteur, que ces nombreux et pesans soucis domestiques auroient du le distraire de ses méditations y et cette application profonde qu'exigeoient ses recherches mathématiques et physiques; toutefois, on le voyoit cul- üver ces sciences, le front toujours serein, et supporter les peines de sa situation sans jamais articuler une plainte. # 6 craignit sans doute d'accroître, plutôt que d'alléger ces peines, en s'exposant aux chances du mariage. L'auteur le justifié à sa manière dans les motifs qu'il lui suppose, et dans le choix‘ qu'il fit d'une amie, au lieu d'une épouse (r). Elle se nommoit Maria Gamba; il en eut deux filles qui furent (1) Avra egli Galileo osservato , che il lcgarsi perpetuamente ad un simil stato ( matrimonio ) giugne spesse volte a disturbar l’animo di un galartuomo che professa le scienze. Di fatti, le continue molestie, derivanti per lo pit dalla capriciosa altrui fantasia, vagliono benissimo ‘ad impadire à progressé che un filosofo far potrebbe nello studio della natura..... Cost dovrà reputarsi il Galileo degno di qualche scusa se mosso da simili riflessiont, elessa per se un’ amica..... Ma quivi e da osser- varsi che, o fosse l’essata morale, o la religiasità che st pregiavaæ il Galileo di osservar e di porre in opera in tutte le sue azioni e circostanze , che, venuto nuovamente , nel 1610, al servizio det Gran Duca di Toscana, non la condusse ( Maria Gamba ) nella patria ; perlochè convien supporre che, à di gia fosse morta, o ad altro si fosse maritata. ( p: 99 } Vire DE GALILÉE. 13 Mises au couvent sous les noms de sœur Arcangiola et de sœur Celesta ; et un fils nommé Vincent, qui fut légitimé en. 1619 et se maria en 1624. Aristote avoit déclaré, et l’Université soutenoit d'après lui, que les cieux sont incorruptibles ét immuables ; lorsque tout-à-coup, le 9 octobre 1604 on vit paroître dans la cons- tellation du serpentaire une étoile nouvelle qui brilla pendant dix-huit mois, puis disparut après avoir diminué peu à peu de lumière. Au bout de quelques semaines d'observations de cet astre, Galilée en fit le sujet de trois de ses leçons, qui eurent plus de mille auditeurs, et dans lesquelles il ouvrit comme la tranchée dans l'attaque sérieuse qu'il préparoit contre les péripatéticiens, déja forcés de convenir, par le fait de l’aparition de cette étoile, que les cieux n’étoient Fe immuables De plus en plus satisfaits des services de Galilée, les magistrats de Venise renouvellèrent pour la troisième fois {5 août 1606) son engagement à la chaire de mathématiques, avec un traitement fixe de deux cent huit sequins par an; à quoi ajoutant le produit de ses leçons particulières , il se trouva dans l’aisance et dans une position honorable à tous égards. Galilée s'occupa aussi de l’aiman, substance sur les sin- gulières propriétés de laquelle l'ouvrage de Gilbert avoit attiré l'attention des physiciens, vers l'an 1600. Il imagina le procédé encore employé actuellement pour accroitre la force attractive de ce mineral par une armure de fer (1), enfin, il fut chargé par le Grand Duc Cosme If, d'acquerir Pour son cabinet un aiman naturel, qui, ne pesant que (1) D parvint à préparer uu aimau quine pesoit que six onces et portoit quinze livres de fer. lien fit présent au Grand Duc Ferdinand IL. (Castelli, discorso sopra la calumita ), 14 BIOCGRAPHIE. cinq livres, en soulevoit dix; cet aiman ne se trouve pas dans la collection actuelle. Ici l'auteur signale une des principales sources des cha- grins qui tourmentèrent dans sa vieillesse le malheureux Gali- lée. A peine le pape Paul IT eut-il approuvé (en 1540) le nouvel Institut des Jésuites, que ces réligieux ouvrirent leurs écoles à Padoue comme ailleurs; qu'ils y enseignèrent la philosophie d’Aristote, et s’établirent eux et leurs élèves, en guerre ouverte avec l’Université. Il fallut recourir à l’auto- torité suprême pour mettre fin à des désordres toujours croissans, et, par un décret du Sénat du 23 décembre 1591 il fut interdit aux Jésuites d'enseigner les sciences qui avoient leurs chaires dans l'Université. Galilée obtint la sienne en 1592, avec une réputation déjà faite d’anti-péripatéticien, c'est-à-dire alors, d’anti-Jésuite; la réaction de leur part commença dès cette époque , et le poursuivit plus ou moins ouvertement tout le reste de sa vie. Son mérite même, à raison du nombre d’envieux qu'il lui suscitoit, l'exposoit plus qu'un autre aux chicanes. Ce même Balthasar Capra qui avoit osé se donner pour inventeur des compas de proportion, accusa Galilée d'avoir puisé chez autrui la matière de ses trois belles leçons sur la nouvelle étoile: on en vint aux éclaircissemens; le jeune homme fut confondu, et par un décret des réformateurs des études, l'édition de son livre fut supprimée. L'auteur discute ici fort au long, à sa manière, les prétentions des géomètres ultramontains, etc. à la priorité du compas de proportion, et il l'attribue définitivement à Galilée, malgré Wolff et Montucla , qui la donnent au géomètre suisse Byrga. L'auteur termine son premier livre par un chapitre dans lequel il passe en revue, avec beaucoup d’érudition biogra- phique, tous les élèves distingués par leur naissance et leurs talens, tant Italiens qu'étrangers, qui attirés à Padoue par Vie DE GALILÉE. 15 la réputation toujours croissante de Galilée, contribuèrent eux-mêmes à celle de cette Université. H commence le second livre par une savante dissertation sur la question de savoir si les anciens ont connu les verres lenticulaires ? Il se décide pour la négative; et place la décou- verte des bésicles vers l'an 1285. Il l’attribue à un noble Florentin nommé Salvino degli Armati, mort en 1317. Trois siècles et un quart s’écoulèrent avant que Galilée trouvât, dans la simple combinaison de deux de ces lentilles, l'instrument auquel l'astronomie a dû tant de belles décou- vertes, à commencer par celles qui lui procurèrent à lui= même beaucoup d'illustration. ù Il passoit, selon son usage, les vacances à Venise pour y jouir de la société de ses amis ( juin 1609) lorsqu'il ÿ apprit qu'un artiste de Flandres avoit présenté au comte Maurice de Nassau un appareil qui faisoit voir les objets éloignés comme s'ils étoient voisins; on ne lui en dit pas davantage. Il revient de suite à Padoue, il médite, et au dout de vingt-quatre heures une lunette d'aproche est cons- truite; médiocre d'abord, mais bientôt infiniment supérieure à l'appareil grossier de deux verres que le hasard, sans aucune théorie préalable, avoit fait découvrir à l'arhiste hol- landais. Le bruit du succès de Galilée parvint bientôt à Venise, où il fut appelé le 23 août, et où il présenta, et dédia au Doge, cette lunette qu'il venoit de fabriquer; en l'accompagnant d'un Mémoire sur la théorie et les applications de cet admirable instrument. La surprise fut générale et extrême; les plus vieux Sénateurs montérent sur les tours les plus élevées; et là voyant se rapprocher d'eux dans la lunette, comme s'ils fussent à un seul mille de distance, des navires encore éloignés de dix mille au moins, ils furent tous pene- trés d'admiration, et le surlendemain, il sortit du Senat un décret qui nommoit, dans les termes les plus honorables, 16 BIOGRAPHIE. Galilée Professeur à vie, avec un traitement annuel de quatre cents ducats (1). On le retint à Venise pendant plus d'un mois à montrer sa lunette à toute la République, métier qu'il déclare ‘avoir été fort fatigant (2). Mais Galilée est-il littéralement l'inventeur d'un appareil dont l'existence lui a été révélée par un tiers ? Voici sa ré- ponse à une question qu'il a dû prévoir. # Quelqu'un dira peut-être, ce n’est pas un foible secours pour la solution d'un problème, que de savoir qu'elle est possible; et par consé- (1) En voici le considérant. « Legge D. Galileo Galilei già anni 17 le matematiche, con quella soddisfazione universale e utilita dello stüdio nostro di Padova che e noto ad ognuno, avendo in questa professione pubblicate al mondo diverse invenzioni con grande sua lode, e comune benefizio; ma in particolare ultima- mentc inventato un instrumento cavato dallé segretté della Pros- pettiva, con à quale le c@se visibili lontanissime si fanno vicine alla vista, e puo servire in molte occasioni, (come. dalla sua scrittura con la quale lo ha presentato alla Signoria nostra , st.è inteso ), etc..( p. 167). {2) Voici ce qu'il écrivoit au P. Grassi, sur sa découverte. « In Venezia, dove alora mi ritrovava, giunsero nuove, che al Signor Conte Maurizio era stato presentato da un Olandese , un occhiale col quale le cose lontane si vedevano cosi perfettamente come se fossero state molto vicine; ne pit fu aggiunto. Su questa relazione io tornai a Padova, dove allora studiava , e mi post a pensare sopra tal problema; e la prima notte doppo il mio ritorno lo ritrovai; ed il giorno seguente fabricai lo strumento , e ne diède conto a Veneziu, at medesimi amict co’ quali il giorno precedente io-era stato a ragionamento sopra questa materia. M'applicai poi subito a ‘fabricarne un altro pit perfetto , il quale , sei giornë dopo , condussi a Venezia, dove, con gran maraviglia, fu veduto quasi da tuttt principali Gentiluomini della Republica , ma con mia grandissuna {atica, per pi d'un mese continovo. » ( p. 176 ). quent Vre pe GALILÉE. 17 quent, l’avis et la certitude que la lunette existoit ont dû tellement m'aider, que, sans ce préalable, je ne l'aurois pas trouvée; à cela je réponds en distinguant, et je dis, que l'avis en question me fit penser à une chose qui, sans, lui, ne me seroit peut-être point venue à l'esprit, mais que cette simple nouvelle aît pu aider à l'invention, je ne le crois pas; et je dis de plus, que, trouver la solution d'un problème médité, et proposé, est une œuvre bien plus difficile que de tomber sur quelque découverte non cherchée ; parce que le hasard peut avoir très-grande part à ce dernier succès, tandis que le premier est exclusivement le fruit du travail de l'esprit. Ainsi, nous savons. que le Hollandais, premier inventeur de la lunette d'approche, étoit un simple fabricant de besicles, qui présentant par hasard l’une à l’autre deux lentilles de verre l’une convexe et l'autre conéave, à di- verses distances de l'œil, s'aperçut de l'effet, et le rendit permanent en fixant les verres dans un tube; mais moi, à l'ouie du fait, je découvris par le raisonnement, le pro- cédé, et sa cause; et la théorie en est si simple que je vais la soumettre à V. S. » (ici il entre dans les détails opti- ques) p. 172. | L'auteur discute à fond les prétentions de Porta, re Guala terotti, de Bacon, de Sargi et d'autres, à -la priorité de l'invention; et il persiste à l’attribuer à Galilée, dans le sens et dans les termes de l'illustre géomètre. Il donne ensuite les noms de tous les Souverains et des grands personnages qui reçurent des lunettes d'approe he travaillées de sa main, et le comblèrent de présens en retour. Sa pratique, dirigée par la théorie, étoit tellement supérieure dans ses résultats à ce que pouvoit produire une routine aveugle, qu'en 1637, c'est-à-dire vingt-huit ans après la découverte de hasard de l'artiste PE le célèbre Huygens écrivoit à son ami Elie Diodati ,« qu'en Hollande on n'avoit pas encore pu fa- Sc. et Arts. Nouv. série. Vol. 16. N°. 1. Janvier 1821. B 18 BIOGRAPHIE. briquer des lunettes avec lesquelles il füt possible d’aperce- voir les satellites de Jupiter. » ( p. 188 }. L'auteur, passant ici pour quelques momens, de l’histoire de Galilée à celle de la lunette d'approche , suit pied à pied les progrès de cet instrument: Torricelli, disciple de Galilée, fit des lunettes de trente pieds; puis Viviani, de vingt à vingt- quatre palmes ; mais le célèbre Campana , de Rome, en fa- briqua de quatre-vingt-dix, cent, cent cinquante, et jusques à deux cent dix palmes romaines. Revenons au géomètre, qui va devenir astronome. Il étoit bien naturel qu'ayant acquis un puissant moyen d'aider dr à pénétrer dans l'espace , l'inventeur ne se bornät pas à rapprocher les distances terrestres. La lune ne tard pas à attirer son attention : les anciens croyoient sa surface lisse, polie, incorruptible ; Galilée, en l’étudiant peu de jours après son renouvellement , découvrit bientôt , que la partie intérieure du ‘croissant lumineux étoit fortement dentelée , et qu'on y distinguoit avec évidence des aspérités de toutes formes , mais Ge fréquemment en saillies cicu- culaires , lesquelles éclairées latéralement , et successivement de leur sommet à leur pied par les rayons du soleil , pro- jetoient des ombres plus ou moins étendues, qui indiquoïent sans qu'il püût rester de doute, qu’elles appartenoient à des montagnes, dont l'élévation sur le niveau moyen de la pla- nète pouvoit être calculée géométriquement et dépassoit celle des montagnes de notre globe. Il fit d'autres observations sur les taches de cette planète ( qu'il attribuoit à des mers} ét, raisonnant sursa constitution cosmique , il la regarda comme inhabitable par des hommes (1). Il publia ses ob- (1) Che in conte alcuno , non solamente non vi potevano essere uormmini, come siamo not, ma nè tampoco antmali, nè piante, né altra cosa dé queste nostre ; o simili a queste. ( p. 203). Vis DE (Gariiée. ‘19 servations dans son Muncius sidereus , et dans une lettre au mathématicien Grienberger , écrite en réponse À, un jésuite de Mantoue qui déjà l'avoit attaqué avec ironie sur ses pré- tendues découvertes ; et à un autre Religieux, du même ordre (le P. Biancano } qui nioit la possibilité de mesurer les mon- tagnes lunaires. Il découvrit aussi [e phénomène de Ja Jibra- tion de la lune, et il lui reconnut trois changemens , lun diurne , le‘ second mensuel , et le troisième annuel. Ïl en conclut, qu'il existoit un rappori enlre ces variations et les mouvemens du flux et reflux de la mer. Ci Passant des observations de la lune à celles des_ étoiles, il remarque que les luneties n'augmentent point le. dia- mètre apparent de celles-ci > Mais qu'elles en font dé- couvrir, dans certaines plages du ciel et particulièrement dans la voie lactée , un nombre qui, surpasse, toute croyance, Le 7 janvier 1610 il dirige vers dupiter une lunette plus par- faite qu'il venoit d'achever, et il découvre auprès de la grosse planète trois planètes plus petites , puis le 13 une, quatrième qui tournoient autour d'elle ; au mois. d'avril il détermine les temps de leurs révolutions , dont la plus lente ne dépasse guères seize jours ; il montre que ces satellites s'éclipsent souvent en traversant l'ombre de Ja planète, ‘et que ces phénomènes peuvent servir à déterminer les longitudes. Quel nom donnera-t-il à ces astres nouvéaux ? Il se rappelle Flo- rence, cette ingrate patrie ; ce Cosme de Médicis , dont il fat l'instituteur, et qui l'a méconnu , et peut-être oubliés c'est pour- tant à ce Prince qu'il dédie l'ouvrage dans lequel il annonce ses découvertes , et il nomme les satellites , astres de Mé- dicis ! # voilà , dit notre auteur, un grand philosophe , un homme indépendant de Caractère ; le voilà qu'il imite ces Romains , qui réduits sous le joug, encensoient leurs Empe- reurs et les élevoient au rang des Dieux ! Florence n'étoit B à 20 BrO0GcRAPHIr. plus une République ; sa liberté étoit perdue (r). » Au. mois d'août de cette année 1610, si riche en découvertes, Galilée, observant Saturne, crut le voir triple ; c'est-à-dire, composé d'une planète centrale, à droite et à gauche de laquelle s’élevoit une protubérance. Cette apparence étant demeurée la même pendant sept mois d'observation , 1l la crui permanente ; et l’attribua à une gibbosité particulière à l'astce principal. Il étoit réservé à Huygens de découvrir, avec des moyens plus puissans , mais du même genre que ceux de Galilée, la cause de ces apparences dans une des situations de l'anneau lumineux qui environne cette planète. Passant de Saturne à Vénus, le 30 septembre, il remar- qua qu’elle paroïissoit en forme de croissant comme la Lune, et qu’elle étoit sujette à des phases qui dépendoient de sa situation autour du Soleil et vue de la Terre. Il fit une sorte de confidence de sa découverte à l’abbé Castelli, son disciple et son ami; puis il la communiqua à Monsignor Giuliano de Médici, sous la forme d'un vers latin anagram- matiqué, que le Prince ne sut point deviner, et dont l’astro- (1) Le titre du Muncius Sidereus publié à Venise ( mars 1610 ) est assez remarquable par le ton solemnel qui y règne. Le voici. « Sidereus Nuncius, magna longequè admirabilia spectacula pan- dens suspiciendaque proporens unicuique , pr&æferlin vero philo- sophis atque astronomis , quæ a Galileo Galilei Patricio Florentino , Patavini Gymnasii pubtico mathkematico perspicissi nuper a se reperti benceficio, sunt observata in lunæ facie, fixis innumertis , lacteo circulo , stellis nebulosis, apprime vero in quatuor planetis circa Jovis stellam disparibus intervallis atque periodis , celeritate mira- bilé circumvolutis, quos nemini in hanc usque diem cognitos , novissime author deprehendit primus, atque medicea Sydera auncupandos decrevit. Venetis apud Ballconium 1610 in-4°. Vire DE GALILÉr=. of nome lui donna la solution le 1.er janvier 1611, en composant avec les mêmes lettres le vers suivant : Cinthiæ figuras æmalatur mater amorum (1). Ce genre énigmatique étoit fort à la mode alors. Enfin Galilée découvrit aussi, dans les premiers jours de septem- bre, que Mars, quoique planète supérieure, avoit des phases très-sensibles , dépendantes de sa situation relativement à celle de. la Terre dans son orbite. Laissons ce grand homme jouir quelque temps en paix de la gloire qu’il acquéroit à des titres si justes et si bril- lans; elle lui coûta assez cher ensuite. L’envie, excitée à la mesure même des triomphes de Galilée, broyoit ses poisons en silence , et préparoit ses attaques : on verra leur effet. — (1) La mère des amours imite les figures de Diane ; c'est-à- dire Vénus montre un croissant comme la Lune. (La suite au Cahier prochain ). C 22 ) PHYSIQUE. NOUVELLE DÉTERMINATION DE LA HAUTEUR DU NIVÉAU INFÉ- _RIEUR DE LA COLONNE BAROMÉTRIQUE DE L'OBSERVATOIRE : Royaz DE PARIS AU-DESSUS DE LA MER Moyenne ( Océan). Par Mr. Dercros Capitaine au Corps Royal des Ingénieurs Géographes, communiquée au Prof. Prcrer. Canoë en 1818 et 19 de mesurer la méridienne comprise entre Angers et Bayeux, cette opération m'a fourni l'occasion de vérifier la hauteur de la cuvette du baromètre de l'Observatoire royal de Paris que j'avois fixée à 71,94 au-dessus du niveau de la Méditerranée’ par un ensemble d'observations soignées ; : dont j'ai donné une notice dans le volume VIII de la série Sciences et Arts de la Bibliothèque Universelle Cahier de mai 1918. La nouvelle détermination que je donne aujourd'hui se rapporte au niveau de la Manche, vis-à-vis Bayeux. Il deve- noit fort intéressant de voir, comment deux mesures, fondées sur deux masses d'observations très-nombreuses et rigoureu- sement comparables, basées sur les niveaux de deux mers éloignées et sur lesquelles ! les marées influent si diversement, il étoit curieux, dis-je, de voir comment ces mesures s’accorderoient. J'ai cherché la vérité avec franchise et avec une bonne foi à l'e- preuve de tous les mécomptes. J'aurois différé de 10 mètres sur mes deux mesures que je ne m'en serois pas mquiéte. Les hom- mes qui savent voir et réfléchir apprécieront mon idée et me HauTEUR DE L'OBSERVATOIRE DE PARIS SUR L'OCÉAN. 23 rendront la justice de croire que je suis au-dessus des petites passions qui peuvent porter la mauvaise foi, et l'ignorance à altérer des résultats. Mes registres originaux existent encore au crayon, et je puis montrer que je ne me suis pas permis une seule élimination par défaut de concordance. J'ai employé deux moyens indépendans l'un de l'autre pour atteindre plus sürement le but que je me proposois; je vais les donner successivement, pour rendre ma marche plus claire. Première détermination de Paris par Angers. La tour de St. Aubin d'Angers étant un de mes points géo- désiques primordiaux, m'a servi de base pour cette première détermination. La hauteur de ce point sur la mer est con- clue d'une double chaîne de sommets twigonométriques qui lc lie avec mon point de Bayeux et du mont Pinson dont J'ai déterminé les hauteurs sur la mer, par 160 apozéniths observés entre onze heures du matin et trois heures du soir, avec un grand cercle répétiteur de 13 pouces. J'ai employé pour le caleul de ces hauteurs le coëfficient de la réfraction. donné par la moyenne de tous ceux résultant des combi- naisons binaires de mes apozéniths de deux années, àa-peu- près dans la même saison, aux mêmes heures et sous l'in- fluence du même climat. Je ne puis me dissimuler une difficulté qui se présente et qui est fondée sur l'influence des marées sur mes apozéniths de la mer, influence que je regarde comme de nature à échapper en grande partie aux caleuls. En effet, l'horizon de la mer que j'ai observé n’a pü être celui de la mer moyenne. Si j'avois observé celui d'un octan libre et très-éloigné de toute influence des côtes et du courant, il est vraisemblable que l'effet du flotdes marées auroit peu altéré ou peu éloi- gné mes résultats de ce qu'ils auroient été si j'avois observé 24 Pat sT'e "dr la mer moyenne. Mais j'ai observé l’horizon de la Manche, d'une mer étroitement renfermée entre la France et l'Angle- terre. Il est à présumer que la hauteur moyenne de ce canal n'est pas exactement celle de la mer moyenne générale , déter- minée par léquilibre terrestre. Ce problème tient aux plus hautes considérations de la mécanique céleste et aux obser- vations locales. Les données m'ont manqué pour en appré- cier l'effet. Je me suis donc contenté de supposer, que l’ho- rizon moyen correspondant à la moyenne des résultats partiels de mes divers apozéniths , étoit l'horizon de la mer moyenne. Cette surface à laquelle correspondent mes observations zénithales se trouve au nord nord-est de Bayeux à une distance donnée par la dépression de l'horizon que j'ai trouvée égale à ograde,335. Il est bien facile d'après ces données , de trouver le point de la mer que j'ai observé, mais ce qui est moins aisé, c'est d'apprécier pour ce point, la correction qui le ramèneroit au niveau moyen général des mers. Afin de faci- liter ce calcul aux amateurs qui voudront s’en occuper, je vais leur donner un élément indispensable, c’est-à-dire, le temps solaire moyen des onze groupes de mes apozéniths. Ce temps est exact ayant été observé à mon chronomètre de Louis Berthoud réglé sur beaucoup de hauteurs absolues du soleil, prises dans les intervalles des observations de la mer. Haureur DE L'OBSERVATOIRE DE PARIS SUR L'OCÉAN. 25 TABLEAU des instans moyens des onze Séries apozenithales de l'horizon de la mer , observées à Bayeux en 1819. JOURS TEMPS AVANCE TEMS - de observé du Chron. sur [solaire moyen l'Observation. [au Chronomètre.| le T. Sol. M. | des observ. 25 Nov. 1819. 23h. 3° 59"| oh. 5° 48"| 22h.58" 11" 25 id. o. 47 7/0: 5:48 lo 41° 7x9 25 .. id. . a4 201. 4430h206 5. 49 2 16 57 27 id. 24 00) DARION 00, 40 L'23, 97 40 A7 (D OH 30 7 0776 2.4 0 29 15 27 id. 1, 42. fotlrotnu5 045 F7 46755 27 id. auv0601E0 8 10:18 140 an DO +25 28 id. a Ans D 0." AA 20 CAR Cox 28 id. 0 21 10:10 (NAN) 29) 4800 27 28 rd. D AA EAN O 125 ET 6 FSBNAT 28 id. snifes 15 froii 6:544 | «256035 PERRIN PRES RE RENE EL RER TOR : Je regrette vivement de ne pouvoir communiquer les résul- tats de mes séries et toutes les données géodésiques sur les- quelles j'ai fondé mon travail sur la hauteur de mon baromè- tre à Angers et aux diverses stations entre cette ville et celle de Bayeux. Cette faculté ne m'est pas accordée sans une autorisation spéciale de notre Général Directeur. Cependant j'ose me fatter que si elle devenoit nécessaire, on ne me la refuseroit point, dans l'intérêt de la chose et pour l'honneur du corps auquel j'ai l'avantage d'appartenir. Tout ce que je puis dire, c'est que la plus grande discordance des résultats divers donnés par ces onze séries apozénithales n’a été que de 2,07. L'effet de la réfraction y a développé sa progression horaire, avec une régularité et une évidence parfaites. Cet effet tendoit à masquer celui de la marée, ou à se combiner avec lui, ce qui m'a empêché d'en estimer l'étendue, par l'observation directe. * La hauteur de mon point d'Angers ainsi déterminée géodé- 26 PHYSIQUE. siquement, il a fallu en conclure celle du baromètre station naire d'Angers. C'est ce qui a été fait au moyen d'une mesure, très-exacte et directe de la hauteur de cette tour au-dessus de sa base et d'un double nivellement depuis cette base jus- qu'au baromètre. Ce nivellement a été exécuté par Mr. Bétourné Ingénieur des ponts et chaussées, et par Mr. Gé- Jinsky Directeur du cadastre, avec un très-bon niveau à bulle d'air. Ces ingénieurs ont mis dans celte opération toute l'exac- titude possible, et ils ont bien voulu s'en charger avec une obligeance aussi flatteuse pour moi, que digne de servir d'exemple en pareille occasion. Mon court séjour à Angers ne me permettant pas d'y faire cette longue suite d'observations barométriques dont j'avois besoin pour en déduire sa différence de niveau avec Paris, j'ai dù confier ce soin délicat et assujettissant à un autre. Le choix de ce correspondant n'étoit pas indifférent pour moi qui n'estime nullement des observations faites par des domestiques et des portiers. Mais j'ai été on ne peut mieux! servi par le zèle de Mr. Gélinsky. Cet Ingénieur, connu par ses lumières et son exactitude, et par l'invention de plusieurs instrumens de géodésie propres aux évaluations cadastrales , qui annoncent beaucoup de sagacité, a bien voulu se charger de faire les observations barométriques correspondantes à celles de l'Observatoire royal de Paris. Les devoirs de sa place ne Jui ont pas permis, il est vrai, d'en remplir le cadre complet. Mais j'ai trouvé dans ses registres d'observations, qui sont entre mes mains, une masse de 328 hauteurs baro- métriques méridiennes, réparties sur tous les mois des années 1818 et 1819. J'ai classé ces observations par mois ct j'en ai comparé les moyennes avec celles de leurs corres- pondantes de Paris, sans en éliminer une seule. Je regrette de ne pouvoir communiquer ces tableaux dont la longueur rendroit l'impression difficile, mais je me ferai un plaisie C7, TR ap & 44 es 2 2er L Gés LE ere as ra re VE eo y ne Es SR 6 : A ANGERS. ÉPOQUE. = - # 5 au-dessus de la Manche près de Rs Dès Bayeux. = ra > à DA An" — o © : EVE Haut.moy.{ TEMPÉRATURE. MOIS URE 8 nor HEURE © ide la colon. 1818 ef 1819; ef du calcul de la différence de niveau des Baromètres donnée par les moyennes de chaque mois. mercurielle millimètres Avril 1818./Midi.f 11 À 951,196 Avril 1818.13 h.sû 11 {À 750.616 Mai 181:18.Midi.f 30 À 756,437 Juin 18:8.Midi.f 7 | 564,205 Juin 1818..Midi.f 20 | 762.967 Juin 1818.13 h.sû 18 | 758.806 Juill. 1818..Midi.l 25 À 764,310 Août 1818.Midi.R 23 À 762,006 Sept. 1818.Midif 21 {À 758,310 Oct. 1818.]Midi.f 25 À 759,700 Nov. 1918. Midi.ÿ 24 757,820 Dec. 1818..Midi. 8 | 765.374 Mai 1819. Midi} o1 | 558,568 Juin 1819.Midi.{ 19 À 760.659 Juill. 1819.|Midi.f 22 | 762.303 Août 1519.[Midi.{ 11 | 562,103 Sept. 1919./Midi.Ÿ 10 À 759,255 Oct. 18r9./Midi.l 10 À 756.085 Nov. 1819..Midi.l 12 À 756,030 de | à SBarem. à Syphon corrigé à b2.M 28} du mercur. a — grades. de l'air. ——— grades, À millimètres + 17,1] 748,040 +.17,0| 747,399 +16, | 72,501 + 23,9 À 759,680 + 23,2) 757,995 + 23.91 757,393 + 25,1} 758,890 + 243| 757,263 + 19,3 À 753.904 + 10,71 756,503 +- 12,8 755.020 + 3,6] 762,378 + 199 À 724,227 + 20,7 À 755,432 + 23,2 | 757,060 + 24,1 | 756,654 + 20,5 | 753,992 + 15.31 752,438 + 0,2 À 791,923 — de la colon. mercurielle|du mercure ASP PASRTINSS Baromètre de Fortin de l'Observatoire Royal. TEMPÉRATURE. grades. 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0.0 0,0 0,0 0,0 ( Bibl. Univ, So. et Arts, Vol. 16, aprés la page 27.) TABLEAU des observations Barométriques meridiennes correspondantes , faites à Angers el à l'Observatoire Royal de Paris, pendant les années de l'air. grades. b D D EE © D ER © E . de) # ei D D D so S co & Ent —+- + —+- -{- + —+- —- + + -f- —+- bd +- al s 7 ) ur + PA e s I 2 45 2 2 D NI Ü ELLE EEE EE CN EEE ACER PSP SPP EI TE EE ne C'AMPICUNT De la différence de niveau des déux Baromètres. Ü nomb. des Tabl.d'Olr. CORREC. TEMPÉRAT, nn, mercure, Diff, de niveau D es Différ, de e Baromèt, | Fact:| niveau air. multiples, f mèt, me mèt. + 0,7 | 06, 2 13,0 + 0,8 7 2 15.0 + 1,3 | 10,1 4 64.4 + 1,4 | 126 U 12,6 ro eee 3 66,6 USA 10,9 3 48.9 + 2,3 | 24,8 4 99,2 + 1,6 | 10,7 3 56,1 + 1,4 | 20,5 3 60.9 » D L + 0.6 9,9 4 37,2 a Ga 0,5 à 20,4 + 0,2 | 19 ui 199 + 1,4 | 19:7 3 59,1 + 2.2 | 29.1 5 87:9 ENT À » 4 +- 2,2 20.4 5) 70,2 + 2,2 | 24.9 2 49.8 4-12, 1027:9 2 55.8 + 1,4 | 20,7 2 53,4 » A) : + 0,8 | 247 2 49,4 FORMATIONE de la différ. de niveau moy, Sommes... 50 947 ) 8 çERRE) = 19, 6 50 Haureun pr L'OBSERVATOIRE DE PARIS SUR L'OCÉAN. 27 de les montrer à ceux que cela pourroit intéresser. Je me contenterai de donner le tableau complet des moyennes des mois et de leur calcul. Le baromètre que j'ai établi à Angers est à siphon et parfaitement bien exécuté sur le principe de mon ancien que j'ai décrit dans la Bibliothèque Universelle Sciences et Arts, tome vi. Ce baromètre a été soigneusement comparé avec mon baromètre à cuvette de Fortin, à tous mes passages par Angers; comparaisons qui n'ont offert aucune discordance sensible. 1] est inutile d'avertir que mon Fortin a souvent été comparé avec celui de l'Observatoire royal de Paris, avec lequel je l’ai toujours trouvé exactement d'accord. ( Suit le Tableau ). = : Pix S S'É0'UÉE. L'ensemble de ces moyennes me donne donc 18",96 pour la hauteur du baromètre de Paris au-dessus du baromètre PAneerss EME oh EAN L'OOORRNNR : UE 20e Mais j'ai trouvé par mes opérations géodesiques, citées ci-dessus, que le baromètre d'Angers est élevé au-dessus de la Manche vers Bayeux de........... 52 ,28 D'où je conclus que le baromètre de l'Observatoire royal de Paris est élevé sur la Manche de ......... 71,24 Seconde détermination de la hauteur de Parts. Je n'ai pas cru devoir me borner à la première détermi- nation que je viens de donner. Tant de causes, constantes ou variables, pouvoient l’altérer, que j'ai voulu la soumettre à des vérifications variées et indépendantes. C'est ce que mon séjour à mes stations géodésiques entre Bressuire et Bayeux m'a permis de faire. J'ai fait, à ces stations prin- cipales ; autant d'observations barométriques , à midi et à trois heures du soir, que le temps requis par mes observa- tions angulaires a pu me le permettre. J'ai toujours em- ployé mon baromètre de Fortin, placé à l'ombre ; et mon thermomètre , très-élevé au-dessus du sol, étoit à l'ombre du bâton qui le supporte ordinairement. J'ai réuni ces ob- servations et leurs correspondantes de Paris , en groupes dont les moyennes m'ont fourni autant de différences de niveau avec Paris que j'ai eu de points d'observation. Or, comme je connois les hauteurs de ces points au-dessus de la mer à Bayeux, par leur liaison géodésique avec cette ville, j'ai pu en déduire autant de hauteurs différentes de Paris au-dessus de cette même mer. J'ai réuni dans le ta- bleau suivant toutes ces nouvelles déterminations. Je n’ai pu y joindre les hauteurs des bases au-dessus de la mer, parce que, faisant partie de mes résultats géodésiques, il ne m'est pas permis de les publier sans autorisation. ( Suit le Tableau } Sc. et Arts, Vol. 16, après la page 28.) TABLEAU des Opservatoire Royal de Paris et aux ; : Re 7 Le EPOQUE. Hauteur déduite CI EN 7 de Paris au-dessus [FACTEURS] MULTIPLES. ANA mr] de la mer. ! : Midi. 3 | mètres. nou | ® ile De NdDE.| : id 71:47 2 142.94 à date j 71,76 6 430,56 Novembre. id. 70.67 : 70,67 Novembre. id. 65.55 ù 69:55 ç TB Novembre. ü 72,93 4 201,72 Août. 140 67,00 3 201,00 Juil. Août. id. | 74.68 G 448,08 Août. Sept. id. | 67,58 473,06 500,71 I ON Octobre. id. 71.53 Q ovembre. id. 65,89 131,78 EASY | 41 Files mètres | mer = (ua) —.... 70,70 ( Bibl. Univ. Sc. et Arts, Vol. 16, après la page 28.) TABLEAU des divers résultats des observations Barométriques faites en *818 et 1819, à l'Observaloire Royal de Paris et aux sommels géodésiques de la méridienne de Bayeux à Angers. EPOQUE. NOMBRE Hauteur déduite Nom et description de sommets Géodésiques où ont été faites 3 | a — —— DES 20 B 1e ide Paris au-dessus |FACTEURS| MULTIPLES. RE HEURE, OBSERV. les observations Barométriques. de la ner | , Midi 3 h à mètres, Décembre. | Midi. J 5 Observatoire B. de la Tour de Bayeux........., AR 69,38 2 138,76 Novembre. id. 6 OGbservatone A dent Tour deN Bayeux" nn 0er 71,47 2 142,94 Oc. No. Dé. id. 18 Observatoire C. de Bayeux............. OLA ES RC PNR 71,76 6 430,56 Novembre. id. 3 Au signal duMont-Pinson d'où on a observé l'horizon dela Mer.| 70.67 1 70,67 Novembre. id. 2 Par Aulnay au pied du Mont-Pinson....:...,......1... 65,55 I 69,55 Novembre. id. 13 Par St. Jean des Baisants près St. Lo...... Dar tR da 72,93  291,72 Août. id. 8 Auvsignalidu Monibnlleuxct ENTRER EEE 67,00 3 201.00 Jul. Août id 20 À la Baconnière près Laval.......... FAR Ci RARE 74.08 6 448,08 Août. Sept. id. 23 À la pyramide signal du Mont-Viviers................... 67,58 5) 473,06 Octobre. id, 21 Au signal de la montagne des Blinettes près Angers....... 7123 7 500,71 Novembre id 6 À la tour signal de la montagne d’Alligny........ SL SRE 65,89 2 131,78 NET Rec EE, _— — nt rent ——— ER ———_— | | = Somme 125 Sommes | 45 | 2808,83 mètres Moyenne hauteur du Baromètre de l'observatoire de Paris sur la mer = (rame) +... 70,70 Haureur DE L'OBSERVATOIRE DE Paris sUR L'OcEAN. 29 - On remarquera dans les deux tableaux ci-dessus l'avant dernière colonne qui porte le titre de facteurs. Ces facteurs sont des nombres par lesquels je multiplie les résultats partiels qui les précèdent , pour former la dernière colonne des multiples. En effet, ces résultats ne sont pas donnés par un égal nombre d'observations. Si je me contentois de | | prendre la moyenne des résultats : simples, il ‘s'en suivroit que j'attribuerois à ces observations des influences très-diffé- rentes. Pour égaliser ces influences, je multiplie chaque ré- sultat simple par un facteur à-peu-près proportionnel au nombre de ces observations ; à la rigueur, c'est ce dernier nombre que j'aurois dù prendre pour facteur, mais afin d'é- viter des chiffres inutiles, je divise ce nombre par un autre à-peu-près commun diviseur. Cela suffit pour faire compter éga- lement toutes mes observations. J'ai donc, d'après le premier tableau ; hauteur du baromètre de Paris sur la mer. . . 71,24 mèt. Et par le second tableau, je trouve cette même baniéuniden : mas sh sortira dote Donc enfin par une moyenne , hauteur du ba- romètre de l'observatoire de Paris au-dessus Re D 0 due 4e 70.07 met Or, j'avois trouvé cette même hauteur au-dessus de la Méditerranée par un grand nombre d'observations ( Voyez mon Mémoire, Bibl. Univ. Sc. et Arts T. VIN p.25 ) de. . . 71,94 La différence n'est que MARTEL die 0,97 mièt, Et définitivement ; j'adopte leur moyenne, qui est 71,46 Il me reste un regret, c'est de n'avoir pas employé les observations de trois heures du soir. Je leur prefererois ceiles de deux heures; mis malheureusement on n’observe point le baro- mètre de Paris à cette époque. Midi donne generalement les 30 V2 DRE STONE hauteurs trop fortes , sur-tout pendant les mois chauds de l'été, J'ai au moins quatre cents observations de trois heures faites à Angers et que je n'ai pas fait entrer dans mes moyennes. Si mes travaux m'en laissoient le loisir, je m'oc- cuperois à les rassembler, et j'en communiquerois les ré- sultats. Je dois observer qu'Aulnay n'est pas un point de ma chaine géodésique et que je l'ai lié avec le signal du Mont Pinson par des observations barométriques successives, en corrigeant les hauteurs barométriques de [a variation horaire observée. Je ne puis résister à la tentation de faire connoître ces curieux résultats, ce qui sera une nouvelle preuve du parti avantageux qu'on pourroit tirer des nivellemens suc- cessifs. Je n'ai observé que pendant deux voyages d'Aulnay au Mont Pinson, ce qui me fournit quatre résultats. Le temps étoit assez calme. Point de soleil, ou très-peu. La Aempérature basse , il geloit le matin. Je partois d’Aulnay d'assez bonne heure, après avoir observé la variation ho- raire du baromètre et .du thermomètre ; j'arrivois au sommet du Mont Pinson , et j'y notois de suite les indications -de ces instrumens et leur variation horaire. Avant de descendre, j'en faisois autant; et à mon retour à Aulnay, j'observois de nouveau tous ces élémens. Voici ces résultats : Hauteur du Mont Pinson sur Aulnay, par des observations barométriques successives. inètres. 1° Voyage en allant au Mont Pinson 233,35 2€ Voyage en -retournant à Aulnay 233,74 moy. — 233,12 3° Voyage en allant au Mont Pinson 233,16 4° Voyage en revenant à Aulnay 232,21 Reste-t-il douteux que de pareilles différences de niveau ne puissent suffire pour la topographie spéciale? Le voyage d'Aulnay au Mont Pinson étoit d'une heure et demie. :... Havureur DE L'OBSERVATOIRE DE Paris sur L'Ocran. 3: Je me rappelle , que pour ‘convaincre un incrédule , je fs un jour une course de mon cabinet à Montmartre, au carrefour Montmartre , à la barrière des Martyrs , au bas- sin de la Villette , etc..... Je m'accordai sur tous ces . » LA 4 A % points avec le nivellement de Mr. Girard , à un mètre près, ce fut là la plus grande différence. Mais l'amateur est resté incrédule, Je conviens que, pour obtenir du baromètre des résultats exacts , il faut se donner quelque peine, et sur-tout porter la plus grande attention à corriger l'influence de la tem- pérature sur la colonne mercurielle. Je dois entrer ici dans quelques détails , nécessités par une assertion trop légère- ment avancée par un homme du métier, qui a dit que # pour la réduction relative à la température de la colonne mercurielle , il suffit, sans doute, qu'ils soient (les thermo- mètres , attaché et détaché }), d'accord entr'eux (x). » Dans tous les baromètres à syphon et à cuvette construits jusqu'à ce jour, le thermomètre attaché , destiné à indiquer la température de la colonne mercurielle , ne donne point exactement cette température ; et cette anomalie est difé- rente dans chaque baromètre. D'où il résulte qu'il est im- possible de les comparer avec justesse entr'eux , ou avec eux-mêmes. Je n'en excepte que le grand baromètre à syphon construit par Schenk pour l'Observatoire de Berne, dont les principes sont parfaits et ont été décrits dans la Bibl. Univ. Je vais démontrer cette imperfection. Je commencerai par le baromètre à syphon: qu'il soit construit comme celui de De Luc, ou comme le mien, peu importe. Dans tous ces instrumens , le thermomètre indica- teur est logé ou incrusté dans la monture en bois de ma- .: (x) Bibl. Univ. Fév. 1820, à l'occasion du nivellement du Jura; | 32 PHysieuez nière qu'il soit exposé, autant que possible , aux mêmes influences que la colonne mercurielle. Mais combien ne s'est- on pas fait illusion sur cette prétendue similitude ou égalité d'influences ? Comment a-t-on pu s'imaginer qu'il y auroit équilibre entre le. mercure de la boule du thermomètre et celui de la colonne? La colonne est enveloppée d’une cou- che de verre, souvent d’une ligne d'épaisseur, tandis que la légère enveloppe de la boule thermométrique n'a peut-être pas un cinquantième de ligne. Or, on sait combien le verre est .un lent conducteur de chaleur. Le thermomètre attaché tendra donc toujours à signaler l’état de l'air, de la mon- ture de l'instrument , et confondra presque toujours ces deux influences en une indication moyenne qui n'aura que peu de. rapport avec la température de la colonne. On m'objec- tera qu'il faut attendre que l'instrument soit en équilibre ; en effet, c'est ce qui peut avoir lieu quelquefois dans un Observatoire les jours de température constante,mais je nie qu'il puisse jamais en être de même sur le terrain ; et ici viennent naturellement se placer toutes les objections que Mr. R.... fait aux indications du thermomètre libre. On se flattera peut-être que cette causé d'erreur est de peu d'importance. Mr. D'Aubuisson l'estime généralement d’un demi degré ; ce qui donne 1,44 d'erreur sur la hauteur de la station. Mais j'avoue que je suis bien moins indulgent et que je la porte beaucoup plus loin. Dix années d'expériences suivies et soi- gnées m'ont mis dans le cas de l’apprécier avec quelque probabilité. 11. suffroit d’ailleurs d'une simple analyse de l'instrument pour s'en faire une idée assez exacte. Tout ce que je viens de dire sur les baromètres à syphon s'applique à ceux à cuvette, avec la difference cependant qu'y apportent les montures en cuivre qui y remplacent souvent celles en bois des syphons. Le cuivre qui enveloppe la boule du thermomètre , plus conducteur que le bois sec, fait Haureur DE L'OBSERVATOIRE DE Pants sur L'OcÉanx. so, fait plus promptement participer cette boule aux variations atmosphériques. D'où il résulte, que dans le baromètre de Ramsden , comme dans ceux construits par Fortin, cette cause produit de plus grandes erreurs. Dans les mesures des petites différences de niveau par la méthode des obser- vâtions successives , ces anomalies sont plus marquées avec le baromètre de Fortin qu'avec mon baromètre à syphon. Je m'en suis assuré par un grand nombre d'expériences. Mais il est un moyen bien simple d'éviter cette cause d’er- reurs et de la réduire presque à zéro. Si, à côté du tube barométrique , on plaçoit un morceau de ce même tube soudé à son extrémité inférieure et rempli de mercure. Si dans le mercure de ce tube on plongeoit la boule du thermo- mètre indicateur, dont toute l'échelle seroit en dehors , et si l'on Bxoit ce thermomètre par un bouchon élastique, qui empèêcheroit le mercure de couler; je dis qu'il indiqueroi& parfaitement la température de la colonne collatérale, qu'il tou- cheroit même , et dont il partageroit presqu'exactement toutes les variations. Ce perfectionnement, qui n'offre aucune espèce de difficulté , qui est si naturel et si simple qu'on ne peut s'étonner assez de ce qu’il a été néghgé jusqu’à ce jour par nos physiciens et nos artistes , feroit entièrement disparoïtre une source d'erreurs dont on ne s'est pas assez méfé. C'est ainsi qu'est disposé le thermomètre du beau baromètre à syphon qu'a exécuté Schenk de Berne. Je me propose de faire adapter ce perfectionnement à mon baromètre à cuvette, si Fortin veut bien avoir la complaisance de s'en charger; car il n’est pas aisé d'obtenir quelque chose des grands artistes. Que les géographes me permettent de leur donner ici un conseil sur le “choix du baromètre. Je leur recommande comme très-commode , très-solide et très-exact, un barometre construit simplement comme celui que le Père André de Gy Sc: et arts. Nouv. série, Vol. 16, N° 1. Janvier 1827. G 34 PHyxysiqueE. a décrit dans le Journal de physique, publié par le Conseil des mines de France, en ayant soin d'y ajouter le perfec- tionnement que je viens de décrire. En second lieu , mais subordonnément , je leur conseillerois l'emploi du syphon, construit comme celui que j'ai fait exécuter à Berne en 1811, et dont j'ai donné la figure , Planche II du TomeVII de la série, Sciences et arts, de la Bibliothéque Universelle, avec l'addition ci-dessus indiquée. Je les invite cependant à porter la plus grande attention à la courbure inférieure du iwube étroit qui réunit lés deux branches du syphon, car c'est là que se forment des bulles d'air, qui s’échappent dans la grande branche , si ceite courbure n’est pas bien égale, bien arrondie et bien arquée. J'ai vu des baromt- ‘tres, qui n'étoient pas encore sortis des ateliers, et qui portoient cette bulle fatale. En général, je conseille aux observateurs, de bouillir eux-mèmes leurs baromètres. Quant au baromètre à cuvette de Ramsden et de Fortin , il est indispensable , par son exactitude et sa sureté, comme base absolue de comparaison. Il doit accompagner les autres, mais il ne peut avec facilité, et célérité, être consulté dans les nivellemens rapides ou de détail. Dezcros. Len] QG Qt L "4 MÉTÉOROLOGIE. Ueser pre BEWEGUNGEN pes Baromerers, etc. Sur les mou- vemens du Baromètre à Berlin. Mémoire lù à l’Académie des Sciences le 18 Mai 1818 par Léoron DE Bucx; et publié dans la Collection académique en 1820. (Extrait. ) Lis savant auteur du travail que nous avons sous les yeux, persuadé que le baromètre est l’un des instrumens mctéoro- logiques les plus importans, s'est occupé de l'examen de cinq années des observations faites pendant long-temps par Mr. Beguelin à Berlin, et il a cherché à en tirer des con- clusions générales , et des règles fixes. # Sans doute , dit-il, cinq années d'observations , sous le 52° de latitude ne suffi- sent pas pour obtenir un résultat rigoureux, mais, on peut découvrir dans cette courte époque, des influences qui ne peuvent pas échapper à l'observateur. Mr. Beguelin observoit à trois époques du jour; le matin, - vers sept ou huit heures; l'après midi à deux heures , et le soir à dix heures. Il indiquoit chaque fois la température du baromètre, mais il n'exécutoit pas la correction ; l’auteur à réduit toutes les observations (de 17982 à 1786) à la tem- pérature de o. R. et les a rendues ainsi comparables entr'elles. De la hauteur baromélrique moyenne. La situation de Berlin environnée de grandes plaines fait que les causes des variations barométriques y sont très-uni- C 2 36 MéTÉéÉoRoLoctre, formes, et que les influences plus générales que produisent ces variations et qui viennent des contrées éloignées y sont moins troublées par des accidens locaux, c’est-à-dire , par les montagnes, les vallées, etc. Les résultats bruts de Beguelin, sur la hauteur baromé- tique , pourroient montrer combien la correction pour la température est nécessaire; c'est pourtant une considération que de bons physiciens ontnégligée et négligent encore; ce qui diminue beaucoup le mérite et l'utilité de leurs observations. Sans correction, le résultat frappant des observations de Berlin ressortira très-peu. Voici les hauteurs moyennes ob- servées chaque année pendant cinq ans. lignes. 4782 335,16 83 333,29 84 335,004 6h... 33555 86 335,05 Moyenne... 335,137 L'année 1783 fut remarquable par la vapeur rougeâtre, ui parut pendant plusieurs mois, et pendant laquelle le mercure du baromètre fut particulièrement élevé ; et si on séparoit cette année , la diffeyence dans les hauteurs moyennes : ne seroit que de 0,15, quantité qui échappe presque à l’ob- servation immédiate; ce fait montre que les variétés multipliées. des résultats diurnes se compensent à-peu-près, déja dans une année. On a à regretter que le baromètre de Beguelin n'exis-, tant plus on ne puisse pas déduire des résultats ci-dessus, la hauteur absolue du mercure. Mr. Beguelin observoit au premier étage de sa maison derrière l'Observatoire, à environ vingt-deux pieds au-dessus du sol; si on suppose celui-ci élevé de huit pieds au-dessus des eaux moyennes de la SUR LES MOUVEMENS DU BAROMÈTRE A BeRzIN. 37 Sprée, et ce niveau à quatre-vingts pieds au-dessus du niveau moyen de la mer du nord, on aura cent deux pieds pour la hauteur du baromètre au-dessus dela mer, ce qui donneroit, au niveau de celle-ci, le baromètre à 28. 1 li. ,277; ‘ou, à la température de + 10°, à 28. 2 li. 5. Antoine Pilgram ( méléorologie 488 ) établit la hauteur moyenne du baromètre à Middlebourg , en 1785, de 28. r. li.,8 sur la mer, probablement à la température de + 10. Les observations de Berlin donnent , pour cette même année, la hauteur moyenne du baromètre par cette température, de 28.2. li.,056, ce qui fait 0,26 de ligne de plus. Ce rappro- chement indique que l'incertitüde qui peut régner sur la hauteur moyenne absolue du baromètre de Beguelin ne dé- passe guères demi ligne,.et n'ést, dans aucun cas, d'une ligne entière. Cette détermination , si elle méritoit une confiance par- faite , seroit d'un grand intérêt. La pression atmosphérique est-elle constante ? Rien ne la décide; et il est de notre de- voir de procurer aux physiciens futurs des données qui puis- sent les mettre à portée de résoudre cette question. L’astronome Carlini de Milan affirme que trente ans d'ob- servations faites à l'Obsérvatoire de cette ville, avec les mêmes instrumens , indiquent une diminution très-notable dans la pression atmosphérique. La hauteur moyenne, 5 de 1764 à 1792 a té — 27 9,104 À de 1792 à 1807 ==.27 0.020 Différence 0,582 Cette différence se manifeste plus ou moins dans les hat- teurs moyennes de chaque mois. Il y a eu aussi moins de beaux jours et plus de jours pluvieux, les hivers ont été un peu plus froids et les étés plus chauds dans la seconde période que dans la première. 38 MÉTÉOROLOGIE. Variations du baromètre rapportées aux Mois. On ne doit pas s'attendre qu'une moyenne prise sur cinq années seulement, dégage le résultat de toutes les influences accidentelles ; aussi la courbe qui représente les moyennes de chaque mois n'a pas la même régularité qu’elle auroit si elle représentoit dix, ou vingt années d'observations. L'au- teur espère obtenir cette courbe dans sa plus grande régu- larité en la traçant d’après une très-longue suite d'obser- vations faites par le pasteur Gronau. Voici les différentes moyennes , d'après les observations de Beguelin. MAMIE Eee rs Le ele 23 71e: 10,49 MÉRER DER ni Us je 6 Loft A0 MAÉ MR RE, LT OS 0 ADMET NAS Le Len fie Ve MO ROLE MT QU A at) SOLS JOIE 26 bee vien TE JUL OS 0 AO Cet MAD SI AU QTASIE SN tete Pa RE dE Le ARE A A NES A NOV: He Eee ele) PRET APE DE PET LL td DOS Tous les phénomènes météorologiques, (si on en excepte quelques influences purement locales ) dépendent après tout, dit l’auteur, du même principe , c’est-à-dire , de la diffe- rence de température qui a lieu dans divers endroits, et des mouvemens que cette différence occasionne dans l'air. On pourra donc reconnoître le mode d'existence météorologique d'un lieu donné , par toute série régulière de phénomènes atmosphériques, de quelque nature qu'ils soient; parce qu'ils ont tous des fonctions de la température. Les variations du SUR LES MOUVEMENS DU BAROMÈTRE A BERLIN. 39 baromètre peuvent donc tout aussi bien nous indiquer là marche du thermomètre que cet instrument lui-même; comme aussi le thermomètre peut indiquer les mouvemens du baromètre. Ce dernier est même un guide plus sûr que le thermomètre (ainsi que Ramond l'a observé avec beaucoup de justesse ). Car le thermomètre n'indique que la température de l'air autour de lui, et le baromètre pèse l'air entier jusqu’à ses dernières limites. Ainsi nous devons désirer de voir la loi des varia- tions barométriques acquérir le plus haut degré de clarté eë de certitude. Depuis dông-temps on a appelé l'attention des physiciens sur la liaison qui existe entre ces variations et la tempéra- ture. Il est très-frappant de voir que cette variation est à son maximum dans les mois les plus froids, et à son mi- nimum quand les changemens de température ne sont pas considérables. Le mouvement toujours plus grand du baro- mètre, à mesure qu'on passe dans des climats moins uni- formes que ceux de la zône torride , montre cette même liaison. Les nombres dans chaque mois deviennent plus grands et indiquent des variations plus considérables. r À Les courbes qui répondant aux divers degrés de latitude placées régulièrement l'une au-dessus de l'autre, montrent que les latitudes augmentent, deviennent de plus en plus profondément ondoyantes; la figure à laquelle l’auteur ren- vaie présente les courbes de la Martinique, de Ste. Croix à Ténériffe, de Rome, de Berlin, d'Upsal, d'Uméo ; et elles indiquent ainsi la marche de la température. Les variations de l'hiver, à Ste. Croix de Ténériffe, n’atteignent pas même au degré d’inconstance qu'on remarque à Berlin en été; et l'été d'Upsal ne peut pas conserver pendant deux mois une certaine uniformité. L'aspect de ces courbes indique celles pour lesquelles le nombre d'années calculées suffit, et celles qui ont besoin d'un temps plus long pour acquérir une 40 MÉTÉOROLOGIE. “ certaine régularité. Les observations faites à Rome, dans un climat qui varie peu comprennent un intervalle de douze ans. Upsal, dont la courbe est très-régulière , représente les moyennes de vingt ans. Au contraire, les zig-zag qu'on voit dans la partie correspondante à l'automne de la courbe de Berlin, montrent assez que les moyennes ne reposent pas sur un nombre suffisant d'années. Voici les deux extrêmes observés par Mr. Gronau. lig, 1759 PRE en janvier, l'une et l’autre. La cause des oscillations de ces courbes est probablement les changemens qui ont lieu dans les vents, changemens qui sont eux-mêmes les effets des différentes températures de Fair. Cela explique le peu d'étendue de ces oscillations dans la saison chaude comparativement à l'hiver ; ces oscillations sont aussi plus considérables (toutes choses égales) dans les lieux qui reçoivent immédiatement les vents qui viennent du grand océan, et de même que ces endroits ont un climat maritime particulier et une courbe spéciale de tem-. pérature , ces rapports se manifestent aussi dans les varia- tions moyennes du baromètre. En 1783 les variations barométriques observées en même temps à Berlin et à Middichbourg , qui est même un peu plus au midi, mais entièrement soumis à un climat maritime 5 furent comme suit : Berlin. Janv. Fév. Mars. Avril. Mai. Juin. 14,8 15,0 17,8 9,9 8,0 96 F Juill. Août. Sept. Octob. Nov. Déc. GUN ASS Ne IR TE 17,8 Middlebaurg. Janv. Fév. Mars. Avril. Mai. Juin. ? 15,13 91,31 93,95 11,81 8,19 10,02 Juill. Août. Sept. Oct. Nev. Déc. 713 6,12 14,03 8,61 13,96 17,63. . SUR LES MOUVEMENS DU BAROMÈTRE A BERLIN. {41 "Les mêmes rapports se montrent quand on compare d'au- tres endroits sous même latitude, mais l’un bien avant dans lés terres , et l’autre au bord de la mer. Comme, par exem- ple , Manheïm et La Rochelle, Petersbourg et Berguen. Les oscillations près de la mer sont relativement plus grandes, mais aussi plus égales que dans l'intérieur des terres. On -voit agir les mêmes causes générales d'oscillation; par exem- ple , le mouvement très-grand qui a eu lieu au mois de mars s'est manifesté à Berlin comme à Middlebourg. Mais auprès de la mer, les vents locaux , et de remou, ou obli- ques, ont probablement mêins de cette influence irrégulière qui modiñe la loi générale, ou qui peuvent, dans quelques cas , la dérober si entièrement qu'on ne peut la découvrir que par des moyennes fondées sur des observations multi- phées. Sur Les hauteurs moyennes du baromètre selon le vent régnant. Lambert a donné (Mém. Berlin 1777) une formule pour découvrir la direction moyenne des vents et leurs forces res- pectives , en faisant entrer en compte le nombre des jours dans lequel chacun des vents a régné , ainsi que leur force. Cetie formule a été dérivée très-simplement de la théorie de la composition des forces ; et par son application à quelques cas particuliers Lambert a obtenu des résultats très-surprenans et instructifs. Il calcule la direction moyenne des vents dans les divers mois, et il les marque sur une rose des vents. Ainsi il a trouvé, que depuis 1769 jusqu’à 1774, la direction moyenne des vents à Berlin à été entre l'ouest et le sud; et qu'à Pétershourg cette direction a été en sens contraire, c'est-à-dire , entre le nord et l’est. L'os- cillation qui, à Berlin remonte encore vers le pôle; en $ 42 MÉTEOomOLOC:xrr. dd descend déjà à Pétersbourg. Ces figures de Lambert indi- quent, par conséquent , les zônes de longitude météorolo- gique dont la détermination fixe devroit étre le but des efforts réunis de tous les météorologistes qui ont à cœur le développement des lois auxquelles obéissent les variations de l'atmosphère. On se persuade bientôt , à l’aspeet de ces figures , que chacune des oscillations de l'air, en allant de l'Équateur aux pôles , placées non-seulement au-dessus les unes des autres, mais agissant collatéralement ; doivent pro- duire un courant opposé au leur, des pôles à l'Équateur. Là où les deux courans se touchent ils sont fréquemment Jun au-dessus de l’autre, et forment des vents de remou, de peu de durée , qui induisent souvent en erreur sur le vent principal. Le baromètre devient alors comme un guide, si on a préalablement déterminé par une grande série d’ob- servations quelle doit être la hauteur barométrique corres— pondante à chaque vent particulier. Je crois que Mr. Burkhardt , observateur de Paris, a le premier fixé l'attention sur la grande différence des hau- teurs barométriques moyennes quand les vents dominans sont différens. Ramond a étudié ces phénomènes avec beaucoup d'attention et d'étendue , et il a montré comment chaque vent est caractérisé par la hauteur barométrique qu'il pro- duit." Ainsi, on peut se persuader de nouveau que la nature de chaque vent particulier dans des lieux divers pourra se faire deviner par la hauteur barométrique qui lui est propre. En conséquence, j'ai distribué toutes les hauteurs du baromètre selon les quatre points cardinaux et les quatre intermédiaires , et j'ai conclu les moyennes. Le tablean n°. # donne les résultats de ce travaïl; il est assez surprenant. (r). (1) Nous nous bornons à indiquer les hauteurs moyennes annuelles du baromètre correspondantes à chacune des huit divisions de la rose des vents. (R) SUR LES MOUVEMEKS DU BAROMÈTRE À BERLIN. 43 TABLEAU des hauteurs moyennes du baromètre selon le vent règnant, tiré de ctnq années d'observations. Moyennes de cinq ans. N. N.0O. 0. ————— 335,13 S. O. — — 333,61: S. —_———— 333,06 E. —————_— 336,36 S.E. N:E. 334,53 336,32 1335,85 336,62 Ainsi, la moyenne pour le N.E. a été — 336,62 roll So. re 0.1 333,06 ——— Différence. .... 3,56 Il faut aussi remarquer qu'entre le sud et l’est l'ascension est beaucoup plus rapide qu'entre le sud et le nord. La région septentrionale de la rose des vents , c'est-à-dire, celle qui ré- pond à la phase ascendante du baromètre commence à l’ouest, mais du côté de l'est elle descend beaucoup vers le sud, * c'est-à-dire 30° 35" au-dessous du point est, et par consé- quent encore un peu au-delà de l'E. S.E. c’est seulement dans ces points qu'on retrouve la hauteur barométrique moyenne. Il se pourroit qu'il y eût des endroits où laÿrégion ascendante tomberoit tout-à-fait vers l'est, et attemdroit peut-être à peine le N. O. Il reste à rechercher si les grandes variétés qui ont lieu dans ces différences, selon les mois, sont véritablement des conséquences des loix de la nature, où si ce sont des oscillations d'accident, que des moyennes de cinq ans n'ont pas encore pü effacer. Ramond pense que si la hauteur moyenne .correspondante à un certain vent étoit déterminée, elle serviroit souvent mieux à établir la direction des vents que le jeu des girouettes. Qui songera à inscrire dans un registre d'observations le vent qu'on ressent dans les rues d’une ville ? Cependant fréquem- ment le vent observé est à peu près dans le même cas. Il 44 MÉTÉOROLOGIE. passe un nuage de pluie par le S.O., mais il ne pleut pas à l'endroit de l'observation par l'effet des causes locales qui rechauffent l'air. Les gouttes d'eau se transforment en vapeur, “et il arrive à l'observateur un courant d'air tout-à-fait local , et dont la direction est souvent opposée au courant général; il est produit par une légère modification dans les couches d'air les plus basses. Le baromètre conserve la hauteur due au vent général, et n'indique pas le vent local. Mais il faut alors un grand nombre d'observations pour faire disparoitre dans les registres cet effet accidentel. Des moyennes barométriques par la pluie. L La hauteur moyenne correspondante aux vents est comme SOL © | N. O: S. O: S. S.E. E. N.E. et a ———— ED mets me | omnemmmmteesee, À meme | memes | te 336,32/335,85 |335,13 |333,61 [333,06 [334,55 |336,36 | 336,62 Hauteur moy. du Baromètre due aux vents petint la pluie. 334,42[335,04 56428 332,56 [332,10 |333,03 [335,17 [335,10 ———————— | ————— | ———— | ——— 0,96 1,19 me | || memes Le." | Dit) 0,8% 0,95 1,0) 1,52 1,52 On voit d'après ce tableau, que, lorsque par un vent donné, il pleut, la moyenne barométrique se trouve cons- tamment au-dessous de celle qui correspond au vent régnani, ce qui est très-remarquable. On voit qu'il faut que le vent par lequel la pluie tombe soit un vent dominant, avant que la vapeur se précipite en pluie. On peut üurer des considérations de Téüteur sur les rap ports entre le vent et la pluie ee qu'il appelle une petite règle \ pratique; savoir qu'on ne doit pas s'attendre à une pluie établie pendant aussi long-temps que le baromètre ne des- s SUR LES MOUVEMENS DU BAROMÈTRE A BERLIN. 45° cend pas au-dessous de la moyenne correspondante au vent dominant. À Si on pouvoit ôter aux vents de N. N.E,. et E. les pluies * qu'on leur attribue mal à propos, il leur en resteroit proba- blement très-peu, mais toujours quelques-unes; car il y a deux causes de la pluie, qui résultent de qualités opposées dans les vents; ceux du S. O. et du S, venant de climats plus chauds , perdent dans les latitudes plus froides leur tempé- rature ,‘et la vapeur qu'ils charrient tombe alors en pluie. Ce procédé se continue pendant aussi long-temps que le vent chaud continue à souffler et à se réfroidir , et telle est la source principale de la pluie. Un vent du nord au contraire, arrivant sur un air plus chaud, le réfroidit et condense en brouillard, ou en pluie fine, la vapeur qu'il tenoit en disso- lution. Mais cet effet n’est que de courte durée; le vent du nord se réchauffe, la vapeur s’y dissout par le calorique, et les brouillards et la pluie disparoissent. De la même manière les vents chauds qui arrivent avec une grande capacité de vapeurs dissoudront, à leur première apparition, toutes les vapeurs vésiculaires jusqu'à-ce qu'ils soient assez refroidis pour que la vapeur soit de nouveau précipitée. En Suisse, entre les Alpes et le Jura, où on ne connoit que les veuts dn S.O. et du N.E., et où le changement dans ces vents est par conséquent d'autant plus frappant et complet, on sait tès-bien que le premier jour du retour du S.O. est extraor- dinairement serein, et que l'air est si transparent, que les montagnes semblent rapprochées de moitié; l'humidité char-° rice par le S. O. s'empare de toutes les particules étrangères suspendues dans l'air, et les rend transparentes, ou les fait précipiter. Au contraire, le premier jour de bise est gris et si Couvert qu'on le nomme bise noire; les gouttes fines de la pluie par ce vent pénétrent tout ce qu'elles touchent; et on les redoute bien plus que les pluies plus considérables 46 MÉTÉOROLOGIE. par le vent de S. O. Celles-ci tombent par torrens des hautes régions, et s'écoulent rapidement. Si donc on ne peut entièrement exclure tous les vents sep- tentrionaux de l'influence pluviale, elle est cependant bien au-dessous de celle des vents méridionaux. Si on compare le nombre des vents pluvieux au nombre des vents en géné- ral on obtient les proportions suivantes : | N. comme 1 : 12,25 N. O. — 1: 6,2 O. É ex 010 ‘> 201 0 2 Er OUDE S. ——— 1: 4,63 S. E. —— x : 10,99 E. I “192 N. EE ——— : : 170 On voit que sur trois vents du S.O. , il y en a un de pluie; et au contraire sur dix-sept vents de N.E., un seul amène la pluie. On voit encore combien les vents, du N.O. jus- qu'au S. surpassent en quantité pluvieuse les autres vents. Si on met en compte les jours de neige comme pluvieux on a les rapports suivans. N. comme 1 : 5,8 NO. ——— :5:45 O. ———— 5 : 4 SO. ——— : : 2,77 S. ——— 1 : 3,8 S. E. —— x : 6,86 E. 1 : 8,8 NE. ——_— 5 :8,r Ainsi, sur 2 : jours de S.O, on doit s'attendre à un jour seulement sans neige ou pluie. An contraire par le vent d'Est on aura 8 jours secs contre un de neige ou pluie. Ces pro- SUR LES MOUVEMENS DU PAROMÈTRE À BERLIN. 47 portions varient selon les mois (1). L'auteur en donne un tableau que nous supprimons comme trop particulier au climat. Des hauteurs barométriques pendant qu'il neige. La hauteur barométrique comparée à la chüûte de la neïge est instructive. Hauteur barométrique par certains vents ‘en général. N. N.0O. 0. S. O. S. ES E. N.E. —_—_———_—_— |__| ———— | ———— | ———— 336,32 |335,85 |335,13 pe ,61 [333,06 334,55 |336,36 |336,62 ———_—_— | —————_— 1 —————_— | ————— | ——— | — | ——— | — Par la neige. 333,25 1334,37 333,62 331,93 {330,76 dure 1333,38 [333,79 —_—_—_—_—_—_— | ——————_— ————————— | —————— || ————— | —— ———— | —— Différence. 3,07 1 1,481 1,51 1 1,681 2,301 2,341 2,981 2,87 AE REPOS VO EE SRE LPS AO AT 2 PLU VE ETS PSS ES NE PE. “RECENSE Ainsi , tandis que la neige tombe , le baromètre est toujours particulièrement bas comparativement à ce qu'il devroit être par le vent qui règne. Pour les vents septentrionaux comme N. N.E. et E. la différence des hauteurs est même plus considérable et s'élève quelquefois à trois lignes. Le baromè- tre est alors à une hauteur à laquelle il ne devroit atteindre que par les vents du S. Cependant, ce sont pour l'ordinaire les vents septentrionaux, pendant lesquels il neige le plus fréquemment; le tableau suivant représente la quantité moyen- ne des jours de neige pendant cinq ans; elle a été comme suit : | ——————_——— |__| ——————— |Ù| ————— —— | ——————— | ——— —__—— ———_—— 1 ——_—_—_—_—— | ———— | ——— Jours de neige ae) un an. m À 79 114,8 [10,2 p10,8 I 3,4 y 5,4 LI 4,8 1 12,0 TA A PL ee MER PAL EE OL RE GS PSE EE LR —————_ me mme (1) Et les climats. (R) 43 . Mix Tr éco R O0 L'ÉG LE. ; Si l'on ne considéroit que ces nombres, on croiroit que la neige nous vient des contrées polaires par les vents sep- tentrionaux. La moyenne barométrique nous montre combien une telle conclusion seroit erronnée. Puisque le baromètre est à la hauteur des vents du S. ,il faut que le vent du N. n’ait paru que lorsque la neige commençoit à tomber; ainsi, la” neige ne doit son existence qu'à l'effet de l'air froid du nord, lequel rencontre le sud, qui contient de la vapeur. Cela se voit encore plus clairement par l'exemple suivant pris sur quelques jours. 2 Mars1783 h.10.|328,11| 1 | SSO. 3 Mars........7.1330,5 | 2 | NNE. Beaucoup de neige. 2.1332,7 10:91 N: 10.1334,8 | 3,6 | N. On voit donc, que l'apparition d'un vent du nord brusque précipite la neige; mais lorsqu'il est devenu dominant et régulier il ne neige plus que par petits flocons séparés. On entend souvent dire qu'une grande chüte de neige est suivie d'un grand froid; le fait, s'il est certain, est ramené à une cause prochaine, la continuation du vent du nord; ce vent fait monter le baromètre. Ici l’auteur place un tableau analogue au précédent et dans lequel on voit que le 13 février 1786 le baromètre monta de 8,5 lignes après la chüte d’une neige et par le vent de N.O. En genéral les observateurs du baromètre savent bien que les hauteurs et les abaissemens extrêmes ne sont séparés que par peu de jours, en hiver; et l’auteur croit avoir observé que le mercure monte plus rapi- dement qu'il ne descend. Il ignore la cause de ces phéno- mènes. L'auteur cite ici plusieurs exemples plus ou moins frappans à l'appui des remarques qui précèdent. Entre ces exemples le suivant nous paroit remarquable. Le 12 mars 1786 il neigeoit par un vent de S.S.O.; le baromètre étant bas (333 lig.) la température entre — 1 et + 1 # Qui ne croiroit : Sun LES MOUVEMENS DU BAROMÈTRE à Beruix. 49 croiroit, dit l'auteur, que le vent de S.S.O. qui maintenoit le thermomètre bas, a continué à souffler dans les couches supérieures ; que là par un refroidissement la vapeur s’est condensée en pluie; et que les couches plus basses étant plus froides à cause du vent du nord qui souflloit en bas, la pluie s'est convertie en neige dans cette couche infé- rieure? à Inspruck dans la vallée de l'Inn, on voit sou- vent à trois mille pieds de hauteur, la neige se fondre au milieu de l'hiver sur le penchant des montagnes; au con- traire il fait très-froid dans la vallée, et la neige qui la cou- vre ne donne pas de signe de fusion, C'est alors qu'on dit vulgairement que le vent de sud, du Brenner, fait descen- dre, par pression, le froid d’en haut dans la vallée. La température par laquelle la neige tombe le plus fré- quemment, prouve bien que ce ne sont pas les vents du nord qui la font tomber, mais qu’elle se forme du conflict des vents du N. et du S. dans le temps de leurs combats. D'après un nombre d'observations l'auteur a trouvé que la température moyenne qui à lieu par une neige durable, est de — 3° , et tout au plus — 4° (R)- Dans le Groënland même la température lorsqu'il neige n'est pas plus basse; mais l'auteur a vu neiger en Norwege le 14 janvier 1808 par une température de — 10,3 et par le vent d'est. La neige étoit sèche et par petits flocons; il ne neige guères par une température plus basse, aussi faut-il pour que la neige puisse tomber, qu'au conflict des deux vents celui du sud soit suffisamment impregné de vapeurs. Se. et Arts. Nouv. série. Vol. 16. N9. 1. Janvier 1821. D C 50 ) ne HISTOIRE NATURELLE. NorizrA SOPRA UNA NUOVA virera, etc. Notice sur une Vipère présumée d'espèce nouvelle. Communiquée au Prof. Picrer par Mr. Vincexzio Sxrre , D. M. à Piove, province de Padoue dans le Vénitien. Piove 2 nov. 1820. ( Traduction }. « Quezs ne seroient pas les progrès de la géographie # physique si, partout où il y a des hommes instruits et »# capables , ils cherchoïient, à l'exemple de notre savant Si- # cilien , à rassembler, dans leur sphère de connoissances # et d'activité , toutes les lumières acquises sur leur pays; » et s'ils composoient ainsi, comme autant de monographies # locales , où les grands historiens de la nature puiseroient # des matériaux choisis et comme garantis par la responsa- # bilité de l'individu qui les auroit publiées au milieu des # spectateurs des objets qu'il auroit décrits , ou des faits # dont il auroit parlé! Faisons des vœux pour que ce sys- # tème soit adopté dorénavant par la majorité des natura- » listes auteurs. » C'est ainsi que vous vous exprimiez au mois de juillet dernier dans votre précieuse Bibliothéque Universelle , ors- que , deja dans le mois précédent, j'avois commencé à dé- vancer vos vœux. Je réside depuis quinze ans dans la partie la plus basse du district de Padoue , qui, au S.E. confine par des ma- SUR UNE NOUVELLE VIPÈRE. Gr remmes et des lagunes à celui de -Chioggia; et, tandis que ce’ dernier peut se glorifier d’avoir donné naissance à un Olivi, à un Vianeli, à un Bottani, qui y ont recueilli beaucoup d'observations intéressantes , on a à regretter que leurs recherches ne se soient pas étendues vers les confins d'une région, où les singularités d'un sol irrégulier leur auroient offert bien des objets nouveaux , et des occasions de rectifier beaucoup de remarques. Dès les premiers temps de mon séjour, je sentis l'im- portance et même la nécessité d’une étude topographique générale de la contrée , dans ses rapports avec la carrière médicale que j'allois y fournir; mais beaucoup de circons- tances, et en particulier l'étendue et la fatigue d’une pra- tique qui comprenoit toute une contrée > ne me permirent point de mettre à exécution un plan qui exigeoit du calme et du répos. Toutefois , cette année, un événement de fà- mille m'a donné un commencement d'espérance de réaliser ce projet. Un de mes frères cadets ( Louis) s'est fait con- noître assez avantageusement dans la T'axidermie Pour avoir été honoré de la médaille d'argent par notre Gouvernement. Avec son aide, j'ai pu commencer une collection d'objets, à étudier dans mes momens de loisir; et je me propose de l’accroitre journellement en la dirigeant spécialement vers la zoologie de ce district, particulièrement intéressante par les portions des lagunes adriatiques qu’elle renferme. Je ne suis pas sans espérance que mes savans compatriotes , le Dr. Martinatto et l'abbé Melo, cédant aux vives instances d'un ami, ne viennent à mon secours et ne m'aident de leurs vastes connoissances en botanique , et du temps dont ils peuvent disposer plus librement que moi. Alors, ma collec- tion spéciale pourra mériter quelque attention de la part des naturalistes. Je n'ai d'autre but que de leur préparer, d'une part, des objets à étudier; d'autre part, d'offrir à D > 52 HiSTOIRE NATURELLE. ma patrie adoptive un témoignage d’attachement et de re- connoissance, en retour du généreux accueil , et des preuves journalières d'affection dont je suis comblé par ses bons et loyaux habitans. Je commence donc aujourd’hui par soumettre à l'examen des maîtres en zoologie, un animal nouveau pour moi. Je me propose de le décrire assez exactement pour qu'ils puis- sent m'apprendre s'il est véritablement non décrit; ou si, le peu d'étendue de mes connoïissances , et la pauvreté de ma bibliothéque , me le font mal à propos, croire tel (1). Dans la contrée que j'habite, tous les paysans frémissent à l’ouie du mot marasso, comme s’il s’agissoit d’un serpent à sonnettes. J'avois souvent cherché à m'assurer de l’exis- tence de ce reptile ; mais je n’avois pu recueillir que des notions très-vagues , et J'en vins à mettre en doute, non- seulement que ce fût un animal venimeux, mais qu'il exis- tât en réalité. Je le comparois à l'oiseau d'Arabie , à ce Phénix, dont notre grand poëte a dit: Che vi sia ciascum lo dice Ove sia nessun lo sa (2). Mais, un accident dont j'eus l’occasion d'observer Îles suites, au mois de septembre 1819, éclaircit mes doutes, ct m'apprit qu'il existe un serpent venimeux dans les parties les plus basses du sol de notre contrée; et j'offris des primes . (1) Nous dirons à notre modeste correspondant qu'ayant com- muniqué sa description à l’un des plus savans naturalistes de Florence, Mr. Radi, il nous a affirmé qu'il n’avoit jamais eu l’occasion de voir ni dans les collections d'Europe ni au Brésil, où il a fait récemment nn voyage , le reptile en question. (R) | (2) Chacun prétend qu’il existe; Nul ne sait dire où il est. SUR UNE NOUVELLE VIPÈRE. 53 à ceux des paysans qui pourroient me procurer un de ces geptiles malfaisans. Lucia Balleria di Corte, femme mariée , âgée E vingt-un ans, de bonne constitution, et d'un tempérament sanguin, au moment où, baissée, elle saisissoit une javelle de tife (1) dans un petit fossé pour la tendre à son mari qui étoit prèt à la recevoir sur un char, sentit une doulenr aigue, comme d'une morsure , sur le dos du doigt annulaire de la main droite, précisément sur l'articulation de la première à la seconde phalange. En retirant promptement la main elle y vit attaché un marasso, qui ne lacha prise qu'à la suite de violentes secousses , et disparut bientôt sous les plantes du marécage. Après avoir fait promptement une liga- ture à la racine de son doigt qui s’enfloit peu-à-peu , elle courut à Piove , ou ne trouvant ni moi ni aueun de mes confrères, elle s'adressa à un pharmacien, qui lui conseille de remonter sa ligature jusqu'au tiers inférieur de l'avant- bras , de couvrir la morsure d'une bonne couche de thé- riaque de Venise, et d'en avaler une dose délayée dans du vin. Je ne vis cette malheureuse femme que le onzième jour après l'accident. A cette époque , la violente inflammation qui avoit envahi tout le bras et toute la région qu'occupe le muscle grand pectoral, commençoit déjà à décliner; de grandes taches noirâtres , sur un fond jaune obscur, cou- vroient les parties enflées, et leur aspect étoit effrayant. Mais l'objet principal pour lequel j'étois consulté , et qui fixoit sur-tout mon attention, étoit des accès fréquens de (1) Typha angustifolia , probablement la mossette des Français. On l'appelle Pavera dans le Vénitien. On en fait des nattes gros- sières ; ct cette branche d'industrie rapporte environ soixante mille francs au district dans lequel on l’exerce, (R) 54 HISTOIRE NATURELLE. douleurs très-violentés dans tout le bras, affecté d'un en- : gourdissement approchant de la paralysie ; ces douleurs s’é- tendoient jusqu'a la région hypogastrique , et étoient accom- pagnées d’une disposition à tomber en foiblesse. Je me rappelai à Finsiant les relations des grands obser- vateurs , Bernard de Jussieu, Sonnini , etc.; et je prescrivis l'eau de Luce assez abondamment, tant à l’intérieur qu’à l'extérieur; au bout de quatre jours les sensations doulou- reuses disparurent , le bras reprit son mouvement ; la ma- lade retrouva sa gaité , retourna à ses occupations ; et elle est parfaitement guérie. D'après ce fait, je ne pouvois plus douter de la faculté vénéneuse du reptle ; et mon désir de me le procurer en devenoit de plus en plus vif; mais j'avois toujours en obstacle l'horreur des paysans pour cet animal ; ils en sont pénétrés au point de renoncer à la récolte des fife dans un vallon, lorsque l’un de ces serpens s’y est montré. Cette cir- constance, comme aussi l'extrême sécheresse de l’année, qui avoit empêché la végétation même dans les terres ordinaire- ment humides , firent que les trois seuls individus que je pus obtenir, à grand'peine , et que je conserve dans ma collection naissante , m'’arrivèrent fort dégradés , parce que les paysans n’avoient pas cessé de les frapper, d’après le préjugé (qui peut, dans un sens, n'être pas absurde } que même après leur mort ils peuvent encore nuire. Le mieux conservé est de soixante et douze centimètres; dont soixante-deux appartiennent au corps et dix à la queue. C'est vers le tiers inférieur de l'abdomen qu'il est le plus gross sa circonférence est là de quatre-vingt quinze millimètres > les caractères de tous les trois paroissent uniformes, à la première vue; le nombre des rangées d'écailles caudales est exactement le même dans les trois; c'est-à-dire , de trente- neuf; les abdominales sont au nombre de cent quarante-une SUR UNE NOUVELLE VIPÈRE. 55 dans le plus beau; de cent cinquante-sept dans le second, et de cent quarante-huit dans le troisième. La couleur de ce reptile est un noir foncé, dans ses par- ties supérieures et latérales. En dessous il est d'un plombé brillant , tirant sur le jaunâtre vers la queue. De l'angle exté- rieur de l'orbite de chaque œil part une bande, large d'un millimètre , de couleur jaune verdâtre, opaque , qui se dirige vers les parties latérales inférieures de l’occiput ; tandis que, d’un point central situé au-dessus de ce même occi- put, partent, en divergeant, deux autres bandes, de même teinte, qui venant s'unir à angle aigu aux deux précé- dentes , tracent derrière la tête comme un double W, des angles aigus duquel descendent, parallélement à l'épine, dans toute la longueur du corps et jusqu'au bout de la queue, deux bandes en zig-zag, larges exactement de deux millimètres; de la même couleur; et dont les angles saillans et rentrans ne se correspondent pas toujours. Dans l’un de mes trois échantillons, la partie aigue saillante en-dessous se prolonge en descendant vers les lames abdominales , et semble tracer sur les flancs de l'animal, comme une suite de petites colonnes qui supportent les deux bandes en zig- zag dont je viens de parler. Le bord inférieur de la lèvre supérieure jusques à l'angle de la mâchoire est formé de huit petites lames très-blan- ches , de chaque côté. A celles-ci succèdent huit autres , qui en descendant un peu obliquement tracent une ligne blanche remarquable qui se termine aux extrémités du cin- quième anneau guttural ; puis les autres anneaux thorachi- ques et abdominaux , dans des alternatives irrégulières , continuent à montrer à leurs extrémités une petite tache blanchâtre ; et la série de ces taches forme comme une ligne blanche continue de chaque côté , de la tête à la queue. 56 . HisSTOIRE. NATURELLE. Le museau se termine sur le devant par une plaque de forme trapezoïdale , qui se relève sur le milieu de la lèvre supérieure ; et la surface circonscrite par cette lame trape- zoïde et par une ligne tirée d'un œil à l’autre est garnie de 16 à 17 petites écailles noires, rondes, rangées en cercles concentriques. Chaque orbite tient par sa partie supérieure à une plaque assez grande , entre laquelle et le milieu de la tête, on en voit une troisième , plus grande encore , de forme quarrée qui s'unit aux susorbitales par trois petites écailles de chaque côté, rondes , tantôt distinctes , tantôt réunies de ma- uière à ne présenter qu'une seule plaque. Au-dessous de la grande plaque centrale on en voit deux parallèles , de l'intervalle desquelles à l'extrémité postérieure, procède l'angle aigu descendant des deux W dont on a parle. . Les yeux sont proëéminens ; l'iris est rouge obscur, et la pupille noire , sous forme d’ellipse allongée. Sous la mâchoire inférieure, et jusqu’au premier anneau guttural, l'intervalle est garni de très-petites ecailles. L’érganisation intérieure de ce reptile paroit fort sembla- ble à celle de la vipère commune ; il seroit superflu de ré- péter ce que nous ont appris à cet égard Grey ; Fontana, James , Charas, etc. Je pourrois seulement remarquer que les deux dents mobiles cachées dans les gencives de notre vipère différent de celle de la vipère commune, en ce qu’elles sont un peu plus petites et moins fortes que celles-là et que toutes les autrés sont de la variété aspic. Si l’on veut conclure de cette différence , au plus ou moins d'activité du poison , il faudrait en faire trois degrés ; au premier serait celui de l'aspic ; au second celui de la vipère commune ; et au troi- sième celui du reptile en question. A l'ouverture du plus gros de ceux que je conserve je SUR UNE NOUVELLE VIPÈRE. 57 . trouvai dans son intérieur un rat de marais récemment avalé , de la circonférence remarquable de 9 centimètres ; sa présence produisoit une gibbosité très-marquée à la nais- sance de l'abdomen. Le marasso ne poursuit point l’homme ni les animaux ; il ne mord que quand on l'attaque; d'où procède peut-être lopinion populaire que ce reptile est sourd, et à demi- aveugle. Lorsqu'il est irrité il se dresse sur la queue , et fait entendre une sorte de sifflement rauque , il fait vibrer rapi- dement sa langue fourchue , il ouvre la bouche à chaque instant ; et ses yeux couleur de feu semblent sortir de leur orbite. ei | Je n'ai pu m'assurer cette année par aucune expérience du degré de force délétére du venin de cet animal, parce que tous les individus m'arrivoient morts et mutilés , excepté un qui vécut encore quelques momens après qu'on me l’eut livré. J'ai vu récemment deux chiens de chasse qui après avoir été mordus à la jambe, éprouvèrent les symptômes décrits; douleur très-vive , enflure très-prompte et fort con- sidérable , qui s'étendit jusques à une bonne portion de l'abdomen; ils perdirent l’appetit, ils léchoïent continuel- lement l'endroit de la morsüre, ils buvoient beaucoup ; ils étoient abattus et mélancoliques. Au bout de six à sept jours ils commencèrent à perdre peu-à-peu l'apparence mor- bide , et ne tardèrent pas à se guérir. Leur poil tomba ensuite sur une surface grande comme un écu autour de la morsure. Il ne faut pas confondre le Marrasso avec le Marasseto, autre reptile de la même contrée , nageur le plus agile qu’on puisse voir, et que les paysans redoutent, fort mal à propos , peut- être à cause du rapport des noms. Ilest de couleur cendrée, avec deux bandes (interrompues aux parties latérales de l'abdomen), qui sont blanchätres tirant sur le roux. Sa 58 HiSTOIRE NATURELLE. langue est blanche, et il ressemble pour le reste à la cou- leuvre natrix (Linn.) dont je le considère comme une va- riété. L'individu que je conserve est long de 75 centim. dont 60 pour le corps , et 16 pour la queue ; à l'endroit le plus gros, la circonférence est de 7 centim. Je lui ai compté 172 lames abdominales , et 56 paires de caudales. D'après l'examen des sites exclusivement habités par notre Marasso, on est naturellement conduit à quelques details sur la topographie de ce district. Il est situe au S. E. de Padoue dont il borde le territoire d’un côté, tandis que de l’autre il se termine aux marais , aux maremmes salces et aux lagunes de Venise. Sa surface est de 21,900 fornalure, dont 15,543 sont fertiles et en pleine culture ; 5043 en ter- rains bas qu'on pourrait dessecher, 2,338 en vallons à l'abri des innondations , et 976 en maremmes et lagunes salées; le premier sol se trouve depuis le centre en allant vers Padoue ; et les autres successivement, en tirant de ce centre vers le S. S. E. Ce qui a le plus contribue à la formation et à l'extension de la seconde et de la troisième de ces divisions du sol, ce sont les obstacles que les Ve- nitiens ont apporté au débouché naturel des rivières; pour élever le terrain de leurs lagunes, ils ont converti en ma- rais une bonne partie des régions limitrophes qui auroient éte susceptibles de culture. Piove est le chef-lieu de cette contrée. Il est au 45° 15’ 30" de latitude. Son élévation sur le niveau moyen de l’Adria- tique est de 5 à G mètres. Dans le fond des Vallons habités on ne recueille que les üges et les barbes des Poa, dont les racines entremêlees et comme feutrées ensemble forment , dans certaines situations de grandes iles flottantes qu'on nomme Cuori , et qui peu- vent porter des animaux plus où moins légers, mais pas toujours l'homme. Autour de ces marais on a industrieuse- SUR UNE NOUVELLE VIPÈRE. 5g ment élevé des banquettes, sous l'herbe touffue desquelles vit et se cache notre Marasso; il descend quand les étés sont secs, dans les parties les plus basses ; et la il devient dangereux pour les cultivateurs qui y viennent en grand nombre aux mois de juillet et d'août , recueillir les Poa, on a vu cette année , où la sécheresse a été extrême , beau- coup de ces reptiles se retirer jusques dans les maremmes salées. | | Maintenant , notre Marasso appartient-il au genre -vipère ? Et s'il en est une espèce , seroit-il une variété de la vipère commune, (Coluber Berus Linn.) ou plutôt, de la vipère noire (Coluber Prester Linn.) et presque semblable à la vipère mélanis, dont un changement de sol, d’atmosphère , d’ali- ment , aurait pu modiler les caractères extérieurs ? Telles sont les demandes que je prends la liberté d'adresser aux naturalistes zoologues, à la bonté généreuse desquels j'ai souvent eu recours , et jamais en vain. Si les résultats de l'examen que j'ai tenté avoient quelque poids, ils me conduiroient à penser que ce reptile est une espèce particulière de vipère qui se distingue de toutes les autres par des caractères spécifiques particuliers. Qu'elle soit une vipère, c’est sur quoi son anatomie, ses allures, ses habitudes, semblent prononcer ; quoiqu'on lise Cnouv. dict. d'hist. nat.) # elle est rare dans les pays de plaine , et surtout les marais. » Le nombre des lames abdominales et des caudales sem- bleroit rapprocher le marasso de la vipère commune; mais en revanche , ces plaques qu'il a sur la tête au lieu d'é- cailles , sa pupille elliptique, sa! grosseur , sa couleur d'un noir intense , l'en éloignent : car on peut bien attribuer’ aux différences du sol quelques modifications dans les teintes des reptiles, mais non des differences aussi essentielles. La vipere noire a les petites plaques près des orbites Go HISTOIRE NATURELLE. assez semblables à celles du Marasso, mais elle n’a pas les deux grandes occipitales ; elle n'a point ces deux zig-zag latéraux si remarquables; et elle présente à la place une épine que le nôtre n'a point. De plus , on compte à la vi- père noire, de 147 à 152 lames abdomimales , ce qui la rapprocheroit du Marasso , mais elle n’a que de 28 à 32 paires de caudales, tandis que le Marasso en a toujours 39. Enfin , soit par le fond de la couleur, soit par la forme de la pupille, soit par les habitudes et les gisemens sous des végétaux en décomposition , la vipère mélanis et le Marasso se ressemblent; mais la première n'a ni les W occipitaux, ni les deux zig-zag ; elle a la queue très-courte et conique ; celle du Marasso décroit moins rapidement, et elle forme + de la longueur de l'animal. De plus la mélanis offre 148 lames abdominales et 27 paires seulement de caudales. Quelle que soit la décision, que je soumets aux obser- vateurs plus instruits que je.ne le suis, j'aurai du moins été le premier à signaler une nouvelle espèce de vipère abon- dante dans nos marécages; et lors même qu'elle ne seroit qu'une varièté de la prester, ou de la mélanis, ce seroit toujours quelque chose que d’avoir remarqué qu'elle se trouvoit fréquemment dans le territoire vénitien et qu’elle y étoit indigène , tandis qu'on avoit cru jusqu’à présent que la vipère prester ne se rencontroit qu'en Suède , en Russie , en Allemagne , en Angleterre, où on l'employe en méde- cine ; et qu'elle étoit très-rare dans le nord de la France. La seconde n'a été observée que par Pallas, dans les lieux bien ombragés , sur les bords du Wolga et de la Samoia. Quoiqu'il en soit, ce seroit pour moi une vive satisfaction, si mon reptile étoit trouvé digne de quelque attention, de pouvoir en offrir dans le- courant de l'été prochain un échantillon , ou conservé dans l'esprit de vin ou préparé SUR UNE NOUVELLE VIPÈRE. 61 par mon frère, à votre musée de Genève, et connoître l'opinion de vos naturalistes sur cette vipère si décidément venimeuse , et qui à ma connoissance , n'avoit pas encore été examinée. Je suis, etc. Vincenzo Serre, D. M. et C. P.S. Dix jours s’étoient à peine écoulés depuis l’expé- dition de la lettre qui précède, lorsque je suis parvenu à me procurer l'ouvrage intitulé Ulyssis Aldrovandi Patricii Bononiensis, Serpentum et draconum libri duo. On y trouve au milieu de beaucoup de fatras, des filons d'or fin. Cet auteur qui recueille toutes les observations sans trop s’oc- cuper de leur critique, parle beaucoup du MWagarasso des vallèes du Bolonais ; il remarque qu'on a jadis donné in- distinctement le nom de Marasso à beaucoup de vipères ; il cite les opinions de divers auteurs Italiens sur ce sujet, et d’après sa manière de voir il croit qu'on doit mettre ce reptile au nombre des aspics. En recucillant quelques lueurs parmi ces ténèbres, je se- rois disposé à croire que le Magarasso d’un certain endroit du Bolonais, voisin des vallées et appelé malalbergo est le vrai Marasso que j'ai décrit; et que la proprieté que lui attribue Aldrovande de piquer avec un aiguillon qu'il auroit au bout de la queue , est une de ces visions si com- munes dans les premières années du 17.° siècle. Mais , te Marasso a-t-1l été décrit dans .quelque mono- graphie récente, et lui connoissoit-on des caractères spé- cifiques avant ceux que j'ai essayé de rassembler ? C'est ce que j'ignore. | Piovs, 3 Dé. (077) PHYSIOLOGIE. Usser DIE GLeicHzax BEYDER GESCHLECHTER IN MENSCH- ENGESCHLECHT , etc. De l'égalité numérique des deux sexes, dans l'espèce humaine. Nouvelles recherches destinées à démontrer l'existence d'un ordre de choses supérieur, dans la nature. Par C. W. Hureranp, Conseiller d'Etat et mé- decin de S. M. le Roi de Prusse. ( Dernier extrait). L a existé un grand nombre d'opinions sur la cause qui fait naître un sexe, ou l’autre. L'auteur passe en revue ces diverses opinions et montre par des argumens sans réplique, combien chacune est peu fondée. Il est de fait que si cette cause eût été découverte elle ne seroit pas long-temps de- meurée un secret, et que les Princes conquérans, qui ont un grand intérêt à se procurer des armées nombreuses et à les recruter facilement, n’auroient pas manqué de se préva- loir d'une semblable découverte pour rompre dans leurs états l'équilibre des sexes , et y faire naître au moins deux fois plus d'hommes que de femmes. x Pour procéder avec ordre dans cette recherche , l'auteur trouve qu'on doit séparer soigneusement les deux questions suivantes : 1.2 Quelle est la raison de la diversité des sexes; 2.9 Quelle est la cause de leur équilibre numérique dans l'espèce humaine ? Il cherche la solution de la première des deux questions dans l’analogie tirée des animaux ovipares. Il en conclut DE L'ÉGALITÉ NUMÉRIQUE DES SEXES. - Les que c'est à l'individu femelle, qui renferme sous forme d'œufs les germes de la reproduction future, qu'il faut re- courir pour l'explication du phénomène. Ainsi, dans les poissons, qui pondent un grand nombre d'œufs, dont la fécondation a lieu hors de l'animal, et dont il naît pour- tant des individus des deux sexes, il est évident que la cause de la différence doit se trouver dans l’organisation intérieure de l'œuf lui-même ; d’où il est naturel de conclure qu'il existe primitivement des germes du sexe masculin , et du sexe féminin. Relativement aux mammifères , et à la race humaine en particulier , l'individu naît pareillement d'un œuf; avec cette différence, qu'il se développe dans le sein de la mère. Il est donc probable qu'il existe pri- mitivement dans chaque femelle une certaine proportion entre les germes masculins et les féminins ; et si cette pro- portion ne se réalise pas toujours dans les naissances , il faut l’attribuer à des causes individuelles ou accidentelles qui entravent le développement des germes de l’un des deux sexes chez l'individu qui les recèle. Il ne seroit pas impossible non plus que l'influence du mâle eût plus de Tapport avec les œufs d'un sexe qu'avec ceux de l’autre, Mais en admettant la solution qu'on vient de donner, on n’a pas encore répondu à la seconde question, celle qui a pour objet la constance du rapport numérique des sexes dans une population nombreuse. - Et d'abord, ce rapport constant n'existe que dans une population nombreuse ainsi qu'on vient de l’annoncer : car les familles isolées, mème les réunions de plusieurs fa- milles , présentent à cet égard de fréquentes exceptions : on a vu même de petites communautés , où dans le cours d'une , et souvent de plusieurs annees , il ne naissait que des individus du même sexe; ce qui montre que dans “cet intervalle les œufs de l’autre sexe n'avoient, pas eu 64 PHxS10LOGIE:. occasion de se développer: Ce n’est donc que dans les populations un peu considérables que le rapport se Tap= proche de l'égalité ; et il l'atteint enfin d’une manière ex- trèmement remarquable , ainsi que l'auteur l'a montré par les faits, dans les grandes populations. 4 En vain, dit-il, at-on cherché à soumettre ce rapport au calcul des pro- babilités; car, je le demande , comment pourroit-on ja- mais expliquer par des combinaisons fortuites la constance admirable avec laquelle chaque journée maintient l'équi- libre numérique des sexes dans une population très-nom— breuse , ou le ramène dans celles qui sont moins nom- breuses après chaque période de dix années par exemple 2» Arbuthnot et Niewentytt ont d’ailleurs démontré par des considérations mathématiques l'insuffisance de ce moyen d'explication (1): k T1 faut bien remarquer que l'égalité du rapport numérique des sexes ne se montre pas dans chaque lieu en particu— Lier. Ainsi par exemple, on à pu voir dans le tableau des naissances d'un seul jour pour les diverses provinces du royaume de Prusse, que dans l'une le nombre des garçons étoit double de celui des filles, tandis que dans Hu ah ir Pr Hip jui LP EEE US (1) Nous ne connoissons pas ces démonstrations, et nous trou verions difficilement dans une bibliothéque ce Florence (où nous sommes } les auteurs Anglais cités: I1 nous semble toutefois quê le système des germes étant donné , et leur dissemination primi- tive dans l'espèce étant supposée dans le rapport assigné (de 20 21 )le résultat que l'expérience à fait découvrir à notre autenr seroit la couséq''ence des lois ordinaires de la probabilité. Mais toujours faut-il remonter jusqu'à la causé première pour expliquer et la dissemination primitive dans le rapport indiqué , et la loi de mortalité différentes dans les enfans des deux sexes, qui ramènent ce rapport à celui d'égalité à l'époque de l'adolescence. (R) un ° Dr L'ÉGALITÉ NUMÉRIQUE DES SEXES 65 unè autre il n'en étoit que la moitié ; et si l'on pouvoit se procurer le tableau des naissances d'un même instant dans le monde entier, nous verrions peut-être les mâles naître en Amérique, et les femelles en Europe. Quelle est donc la cause qui préside à l'uniforme réparütion des sexes , à la surface du globe en général pour tous les ins- tans , et dans un lieu donné au bout d'un intervalle de temps plus ou moins long ? La loi de la polarité, à laquelle on essaie aujourd'hui de ramener beaucoup de problèmes en physique, ne peut nous aider ici; Car quel avantage réel y auroit-il à con- sidérer la production des mäies comme un pôle, dont celle des femelles seroit l'antagoniste ? #« Cest ici, dit l'auteur, que l'esprit humain trouve les bornes qu'il ne peut dépasser; c'est ici que nous devons nous écrier avec respect et humilité : C’est toi qui nous as faits ; et nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes. Tu hous prêtas un rayon de ta lumière ; mais la raison hu- maine est à la suprême intelligence , te qu'est la créature au CrÉarTeur, et l'un des gages de sa céleste origine est le sentiment intime qu'il existe des choses au-dessus d'elle, qu'il existe des choses incompréhensibles ! Ici disparoit jusqu'à l'ombre de cette nécessité , dont on a fait d'ailleurs avec raison une des lois fondamentales de la nature : par- venus à une hauteur où toutes les lois raturelles , où la possibilité même de ces lois s'éloigne de nous sans retour , il nous faut croire à un ordre de choses plus re- levé , dans lequel le fini touche à l'infini, et où s'exerce cette force mystérieuse qui veille incessamment au maintien de son œuvre ; il nous faut croire à une Création continuelle, dans laquelle la parole puissante qui tira l'existence du Sc. et Arts. Nouv. série. IN 1. Janvier 1821. E | 66 PHxs1i01L0cG:E. LE] néant se manifeste d'éternité en éternité ; dans laquelle, chaque instant de la vie des êtres est une création nou- velle ; et où la nécessité, loin d’être un mécanisme aveu- gle et mort, devient le type de la Divinité et se change en une liberté suprème , dans laquelle les restrictions ap- parentes, se lient à l’idée sublime du tout. Les ames sim- ples nomment cet ordre de choses PROVIDENCE ; existe-t-il un meilleur mot? # L'auteur est persuadé qu'il existe un monde invisible dont le monde visible n’est que la manifestation. Le pre- mier renferme les causes dont le second nous laisse voir les effets. Nous devons nous borner à observer avec soin ces effets, à découvrir quand nous le pouvons, les lois qui les régissent et à en tirer d’utiles conclusions. Cette marche empirique est la seule qui puisse nous guider avec sûreté dans l'étude de la nature matérielle ; mais gardons- nous d'imaginer que les objets sensibles soient les seuls existans , et gu'apercevoir soit synonime de connoitre ; « sur-tout, ajoute l'auteur , ne croyons pas que Dieu ait créé le monde une fois, pour que cet univers chemine ensuite de lui-même sous la seule loi mécanique de la nécessité, mais pénétrons-nous plutôt de l'idée que le même Pouvoir Eternel qui appela la nature et ses lois, - du néant à l'existence , demeure immuable et contünue à les soutenir. C’est en Dieu seul que nous vivons , que nous pensons , que nous sommes. # L'auteur trouve dans la loi dont ses recherches ont prouvé l'existence , une leçon pour les deux sectes qui se disputent en Allemagne l’empire de la philosophie naturelle. L'une de ces sectes ne veut reconnoitre aucun mystère dans la nature , et ne veut admettre pour réel et pour vrai que ce que les sens nous montrent. Cette loi lui prouvera que la DE L'ÉGALITÉ NUMÉRIQUE DES SEXES. 67 nature renferme un principe supérieur, qui échappe à nos foibles conceptions. L'autre se flatte de tout comprendre et de tout expliquer ; elle construit le monde , elle crée un Dieu de son invention , et pourtant malgré toutes ses res- sources, il se présente un phénomène dont elle ne sauroit jamais rendre raison. Nous allons maintenant essayer d'esquisser le système cos- mogonique de l'auteur. La nature est selon lui, une création prolongée : la pro- duction d'un être, ou ce qui revient au même , son pas- sage du monde invisible dans le monde des sens , s'est fait ou se fait, sous deux formes principales , qui partagent pour ainsi dire la nature en deux mondes distincts : l’un , résulte du concours des forces générales: il le nomme monde inorganique ; l'autre soumis à des forces particu- lières est produit par le développement successif des indi- vidus, et renferme en lui-même un principé d'unité, de durée et de reproduction; c’est le monde organique. On pourroit le nommer aussi monde des individus ; car, son caractère essentiel est, non-seulement d'être indépendant de la vie générale, mais encore d’être l'ouvrage d'une vie parti- culière, principe de la constance des formes de l'espèce dans chaque individu. Nous apercevons dans le monde individuel des degrés successifs de liberté qui produisent autant de grandes classes distinctes d'être organiques. La classe inférieure, fixée au sol > n'exérce aucun mou- vement volontaire, et les moyens de reproduction ÿ sont ordinairement réunis dans le même individu. Ce sont les plantes. : Les caractères principaux de la seconde classe sont, la séparation du sol, l'indépendance des mouvemens » la libre E à 68 PHYS10LOG:IEz. détermination , influencée par l'instinct. Les moyens de réproduction y appartiennent à deux individus différens ; et l'acte lui-même soumis à la loi de l'instinct est borné à des époques déterminées. Ce sont les animaux. Dans la troisième classe , le oi achève de s'affranchir ; il jouit du libre arbitre ; et non-seulement il échappe, à la force de gravitation qui attache la matière au sol, mais en- core il résiste aux impulsions de la nature organique individuelle et de l'instinct animal ; il s’élance dans un monde spirituel auquel la nature même est soumise; et jusques à sa des- truction , ou plutôt sa métamorphose , il demeure le maitre de ses nobles destinées. Ici, la reproduction , rendue au libre arbitre, n'est plus subordonnée qu'à la loi suprême, que nous avons indiquée. Ainsi, l'homme forme pour ainsi dire un chapitre séparé dans la création. Par lui, le plus haut degré de liberté fut introduit dans la nature ; de lui, naquirent de nouveaux rapports; un nouvel ordre de choses. L'animalité même n'a rien dans l’homme de vulgaire, et son organisation semble calculée pour cette sphère de liberté et d'intelligence où sa destinée l'appelle à vivre (1). L'homme est de race divine ; et, jusqu'à sa constitution physique, tout en lui porte l'empreinte de ce caractère. C'est ce qu’on a méconnu lors- qu'on n'a voulu voir en lui qu'un enfant du sol, qu'un produit ordinaire de la nature; et qu'on a considéré les rapports les plus nobles de son être comme le partage ex- clusif du moraliste. Ces rapports appartiennent aussi au (1) Le poëte des métamorphoses semble s'être élevé jusqu'aux conceptions de notre auteur lorsqu'il dit: Os homint sublime dedit , cœlumque tueri Jussit, et erectos ad. sidera tollere vultus, (R) DE L'ÉGALITÉ NUMÉRIQUE DES SEXES. 69 naturaliste , et il doit les prendre en considération , sous peine de ne pas même comprendre la partie purement phy- sique de l'homme. . De ces principes , l'auteur est fort naturellement conduit à considérer la reproduction de l’espèce humaine comme sou- mise à la volonté individuelle et par conséquent à la mo- rale. Cette volonté se dépravet-elle, la destruction de l'in- dividu , et celle de l'espèce, ne tarde pas à succéder à leur dégradation. L'histoire nous apprend qu'aucun peuple. n'a survécu à l'influence du débordement des mœurs. Le mariage, si étroitement lié avec la grande et mystc- rieuse loi qui produit l'égalité numerique des sexes , n'est donc point une invention humaine , mais une association divine, fondée sur les lois les plus intimes de notre nature: c'est la seule union digne de l’homme, la seule qui propage la civilisation en même temps que l'espèce humaine, et qui fasse naître des individus formés à la morale par des parens pleins d'amour. Tout système vague d'union ne pro- duiroit pas des hommes, mais des animaux à figure hu- maine. | # De tout ce qui précède concluons , dit l'auteur, que l'égalité numérique des sexes dans l'espèce humaine ést une loi aussi importante qu'elle est bien constatée. Chez les animaux , il suffisoit que l'espèce se perpétuat ; de la le nombre inférieur des femelles, et par conséquent des mères. Dans notre espèce, ce n'étoit pas seulement l'homme ani- mal qui devoit naître, mais encore l'Etre divin qui y est renfermé. C'est à cet Etre qu'étoit réserve un monde parti- culier, un monde spirituel et moral , où le règne de Dieu püt commencer dès cette vie. L'égalité numérique des sexes, et la monogamie , qui en est la conséquence naturelle , étoient inséparables d'un tel ordre de choses ; et la sanc- tion que leur a donné la religion chrétienne n'est pas une 70 PHYSTO LOGCTE des moindres preuves de sa divinité. A ces deux lois sont attaches les sublimes sentimens qui ennoblissent l'homme et lui ouvrent le ciel; elles rendent au sexé féminin ses droits et sa dignité; tandis que sans elles, les femmes , considé- rées comme de simples instrumens , seroient réduites à la condition d'esclaves. En prescrivant la continence , elles exercent, elles accroissent la véritable force de l’homme, sa force morale , car ce qui constitue notre véritable supé- riorité , c'est le sacrifice volontaire de notre personnalité, et la faculté de résister aux impulsions de l'instinct. L'his- toire nous montre, que les peuples qui ont respecté l'union conjugale ont triomphé de ceux qui admettoient la poly- gamie ; et la supériorité des Européens , à nombre égal, sur les nations non chrétiennes , est peut-être due en partie à cette cause. » » Enfin , la loi de l'équilibre numérique des sexes nous fournit une belle image, une sorte de représentation visible de la grande énigme du monde, du problème transcendant de toute philosophie , l'accord de la liberté avec la néces- silé. Xci , malgré la liberté des individus , et l'apparente irrégularité qui en est la conséquence , nous voyons le résultat final obéir à une volonté suprême; et la liberté individuelle concourir au but, souvent en dépit d'elle-même, en exécutant, sans s'en douter, des lois qu’elle ne sauroit pénétrer, mais auxquelles elle est invariablement soumise. # Le travail de notre profond et ingénieux auteur ayant fourni matière à deux extraits , il ne sera pas hors de propos de présenter ici en raccourci l'enchainement des faits et des conséquences qu'ils renferment ; le voici : 1.9 Dans les animaux, il y a en général un excès nu- mérique plus ou moins considérable des femelles sur les mâles. 2.° Dans l’homme seul, les naissances mâles sont aux DE L'ÉGALITÉ NUMÉRIQUE DES SEXES. 71 femelles, dans le rapport constant de 21 à 20; ce rapport s’altère insensiblement, à partir de l’époque de la naissance, et il finit par devenir, à quatorze ans, un rapport d'éga- lité parfaite. 3.° Le rapport indiqué à l'epoque de la naissance s'é- tend à toute la terre, et demeure le même sous tous les climats. Il en est de même du rapport d'égalité parfaité qui en découle. 4° Dans les familles , considérées isolément , on n’aper- çoit aucun indice de ce rapport. 5.9 Dans les réunions de familles peu nombreuses , il se fait apercevoir au bout de dix à vingt ans. 6° Dans une population de dix mille ames, toutes les années. 7° Dans les masses de cinquante mille individus , tous les mois. 8.° Dans les masses de plusieurs centaines de mille, toutes les semaines. 9. Dans une population de dix millions d'et, l'équilibre se conserve chaque jour. 0. Le temps, finit par compenser l’irégularité des nom- bres relatifs des deux sexes dans les petites communautés , et ramène ainsi à la longue le rapport fondamental. 11.2 Le grand nombre des individus produit le même effet dans la comparaison des naissances simultanées. 12.9 Ainsi, le rapport fondamental est hé à la fois au temps et à l'espace. 13.° Enfin, ce rapport constant, ou pour mieux dire , sa cause , est placée au-dessus des lois qui régissent la vie individuelle , au-dessus des lois physiques de cette terre. On ne peut l'expliquer ni par ces lois, ni par eelles de la probabilité. Il appartient à l'espèce, il la disangue, et il atteste l'existence d'un ordre de choses supérieur dans la nature. Core CORRESPONDANCE. LerterA DEL Pror. Coxriczracur À C. Rinozrr, etc. Lettre du Prof. Configliachi au Marquis Ridolfi sur les expé- riences Voltaïco-magnétique ; communiquée au Prof. Picrer. ( Traduction. ) Pavie, 26 Déc. 1820. » J'Az déterminé avec précision les conditions sous les- quelles les expériences d'Orsted réussissent , et sur-tout re- lativement à la charge des électromoteurs , et à la tension, c'est-à-dire à la quantité de l'électrique. Les déclinaisons observées dans l'aiguille aimantée ont lieu de mème lorsque l'arc conjonctif est formé de charbon, d'oxide de man- ganèse , comme encore de conducteurs électriques de seconde classe (humides); enfin lorsqu'on fait flotier l'aiguille sur des liquides. La découverte d'Orsted réussit aussi avec les appareils ‘électriques ordinaires quand ils sont disposés con- venablement. Avec deux ou un plus grand nombre de fils conjonctifs appliqués au même appareil électromoteur , on produit simultanément les déclinaisons connues , sur deux ou un plus grand nombre d'aiguilles magnétiques mises en expérience. Avec le simple aiman je produis sur une aiguille aimantée exactement tous les phénomènes d'Orsted : et je fais connoïtre que la raison pour laquelle, l'aiguille, si elle décline à l'ouest, le fil étant à droite ou à gauche continue à décliner dans la même direction , est absolument conforme aux lois bien déterminées de l'action magnétique. » Sur LA DÉCOUVERTE D'OnsTED. 73 «# Cette découverte est, si je ne me trompe , d'une grande importance, et par elle-même , et par l’ensemble des choses que j'ai observées. J'en tire le raisonnement suivant, dont la première proposition est d'Orsted ; la seconde , de moi. L'électrique procure aux aiguilles magnétiques certaines dé- clinaisons particulières ; mais l’aiman produit aussi ces dc- clinaisons conformément aux lois de son action. Donc, l'électrique et le magnétique peuvent se considérer comme identiques dans leur manière d'agir. Je dirai quelque chose de plus : le fil conjonctif est la pile à charger des Fran- çais, ou plutôt à changer, des Italiens; mais cette pile est magnétique et non électrique. Cette conclusion n’est que le résultat des faits, et de l’analogie qu'on vient de rap- porter, et sa découverte fera honneur je l'espère à l’école de Pavie. Je n'en dirai pas davantage pour le moment quoique j'eusse bien des choses à ajouter sur la magnéti- sation électrique et sur l’électrisation magnétique. # Remarque du Traducteur. Nous nous sommes astreints à traduire littéralement la lettre qui précède , sur laquelle son extrême laconisme ré- pand , nous l’avouons , un peu d’obscurité. Nous saisirons cette occasion de revendiquer en faveur d'un chimiste Génois, (Mr. Mojon) sinon la découverte d'Orsted dans sa pléni- tude, du moins celle de l'influence du voltaïsme sur la déclinaison de l'aiguille. Voici ce qu'on lit textuellement dans le Traité sur le Galvanisme publié par le Prof. Aldini à Paris en 1804. (Page 191, édit. 4.2) # Mr. Mojon, Prof. de chimie à Gènes, qui est l'auteur du procédé suivant, a bien voulu m'en faire part tout ré- cemment. y» # Ayant placé horisontalement des aiguilles à coudre, “uès- fines, et de la longueur de deux pouces, il en a 74 | CoRRESPONDANCE:. mis les deux extrémités en communication avec un appa- reil à tasses, de 100 verres: Au bout de vingt jours il a retiré les aiguilles un peu oxidées » mais en même temps magnétiques, avec une polarité très-sensible. Cette nouvelle propriété du Galvanisme a été constatée par d'autres obser- vateurs , et dernièrement Par Mr. Romanesi , physicien de Tarente , gui a reconnu qué le-Galvanisme faisoit décliner l'aiguille aimantée. # fr 3 ot S LerrerA DEL SIGNOR MARCHESE Rinozri, etc. Lettre du Marquis C. Rinozri au Prof. Picrer sur une expérience m 1,* “1! , x voltaïco -magnétique et les idées qu'elle suggère sur la composition du fluide électrique. (Traduction ). 1] Florence 16 janvier 1821. Mr. Anis avoir répété les expériences d'Orsted , d'Ampère, et d'Arago ; après les avoir variées de mille manières , et mises comme à la torture (1), il me semble qu'on peut en inférer que , lors même qu’un électro-moteur puissant est capable de fournir une quantité considérable de magnétique, celui-ci ne se fixe dans l'acier que lorsque le conducteur par lequel il est amené est contourné plus ou moins en façon spirale ; soit que celle-ci ait une forme comprimée , trian- gulaire ; cylindrique , etc.; peu importe , pourvu que la - condition de la spirale existe. Considérant ensuite que, lorsque le circuit voltaïque est fermé par des fils conjonc- tifs il se developpe plus ou moins de calorique , et qu'alors seulement, le calorique , dont auparavant les pôles de l'ap- se (1) On trouvera dans notre prochain cahier les détails des expériences très-nombreuses et très-variées par lesquelles trois ama- teurs distingués ont cherché à étudier les rapports des deux influen- ces voltaïque et magnétique en présence d’un grand nombre de témoins dont nous avions l'avantage de faire partie. (R) 76 CoRRESPONDANCE=. pareil ne donnoient aucun indice, se manifeste , il m’est venu la pensée que l'électrique pouvoit bien être composé de calorique et de magnélique. Dans cette hypothèse, le pre- mier ne pourroit être libéré par quelque décomposition , sans que le second ne devint sensible. D'après cette idée , j'ai imaginé d'éprouver si, lorsque l’électrique seroit employé ou absorbé dans quelque décomposition chimique, le magnétique s’en sépareroit, ou non. Je choisis à cet effet la décompo- siion de l’eau, au moyen d'un. appareil dans lequel l’eau étoit contenue dans deux tubes fermés en haut et en bas par des bouchons, que traversoient, de part et d’autre, des fils conducteurs , séparés dans chaque tube par un petit intervalle. Le fil de cuivre qui mettoit en communication ces deux tubes par le bas , étoit roulé en spirale, dans laquelle j'avois placé une aiguille d'acier non aimantée. Cette aiguille n'acquit aucun magnétisme pendant plusieurs heures que dura l’expérience , quoique l'action voltaique se mani- festät par la décomposition visible de l’eau à l'extrémité des pointes métalliques qui plongeoient dans les tubes. Pendant aussi long-iemps que ces pointes demeurèrent à quelque distance l’une de l’autre dans chaque tube, il ne se dégagea de la chaleur dans aucune des parties de l'appareil; mais d:s qu'on amena les pointes au contact en les enfonçant dans les tubes au degré necessaire, pour que le conducteur métallique se trouvât continu , alors il y eut à la fois, un dégagement considérable de calorique , et un magnétisme permanent communiqué à l'aiguille dans la spirale ; et en même temps on vit cesser la décomposition de l'eau. On peut expliquer le non dégagement du calorique dans le premier cas parce qu'il y étoit employé à faire passer l'hy- drogène et l’oxigène à l'état de gaz; mais il n’est pas aussi aisé de dire ce que devient le magnétique , sans se jeter dans des hypothèses que les observations n'ont pas encore Lerrre pu marquis C. Rinozri au Paor. Picrer,etc. 77 légitimées. Toutefois , il me semble que l'expérience qui m'a si heureusement réussi ouvre un nouveau champ aux recherches des physiciens , et c'est sous ce point de vue que je désire qu'elle soit consignée dans votre excellent Recueil. L'opinion que je mets en avant sur la nature de l'électrique pourra, j'en conviens , paroïtre hasardée et har- die ; toutefois je prie qu'on se rappelle le fait connu depuis “long-temps , que le calorique fait disparoitre le magnétique dans les corps qui le contenoient ; ne pourroit-on pas sup- poser qu'il s’unit à lui dans ce cas, et recompose l'élec- “trique (1)? et enhin, que les aiguilles, renfermées dans des “spirales métalliques ne se magnetisent par l’action de l’élec- “irique des machines ordinaires , que parce que celui-ci, circulant dans la spirale après s’ètre montré lumineux dans un torrent d’étincelles produit alors seulement son effet mag- -nétique ; tandis qu'il ne le produit jamais quand il passe en courant invisible ? ne pourroit-on pas dire enfin, que lorsque l’électrique devient visible , ce n’est qu'en tant qu'il se décompose en abandonnant le calorique et la lumière ( peut-être identiques ) et en libérant, dans ce cas seu- lement , le magnétique ? La forte tension que l'électrique manifeste dans les machines ordinaires ne permet pas qu'on puisse l'appliquer dans cet état aux décompositions chimi- (x) Cette synthèse nous sembloit praticable, et nous avions invité notre savant correspondant à la tenter par un procédé que nous | avions pris la liberté de lui suggérer, lorsqu'il nous apprit qu’il _ J'avoit essayée sans succès, en insérant dans un tube de verre qu'il - chauffoi: ensuite au rouge, un fil d'acier fortement aimanté, et mis en communication avec un électromètre sensible. Cet instru- ment ne donnoit, dans ces circonstances, aucun signe d’élec- “tricité acquise. (R) “ < ‘ 78 CoORRESPONDANCE. ques (1)et m'empêche de répéter par ce procédé l'expérience qui m'a réussi avec ‘l'appareil voltaïque. Je suis , etc. Cosimo Ripozrt. QU gi ane gt RS (1) On sait que Wollaston est parvenu à décomposer l’eau par le courañt électrique des machines ordinaires , en le faisant passer par un fil d'or excessivement atténué, renfermé dans un tube ! de verre, et dont la pointe très-fine, étoit seule en contact avec leau et l’attaquoit pour ainsi dire par ses molécules intégrantes une à une, Il se pourroit que, par quelques modifications de'ce procédé, l'expérience de l'auteur réussit avec l'électricité des machines. (R) TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites au Couvent pu Sr. Bervarn élevée de 1278 toises au-dessus de la Mer ; aux mêmes heures que celles qu'on fait au JanDin BoTaniQue à GENEVE. PISE EEE SE CL TE. III PURES D VIESPERE TE EDQE PANETTIERE ET PACE PRE RE PC CA PR OBSERVATIONS ATMOSPHERIQUES. DECEMBRE 1820. CS Re | BAROMETRE. . TERMOMÈTRE VE A PM D 0 te a l'ombre }HYGROMÈTRE | Pluie ou Les chiffres indiqg. les de- ; gres relatifs Erar pu Crer, urs du mois. en 8o parties. OSSERVATIONS DIVERSES. TOUR Gelée blanc: ou rosée. a cheveu. | neige en © 24 heures. de force. re Lev. du Sol. ; à 2 heures. ? L. duS | à2h. {L.dus.| à2h LS. aline Han ë PSN RE RUE — — — — | - M BR Pouc.lig. dix.|Pouc. lig.dix. | D. dix. D. dix. Deg | Dég. À Lig. douz. ci y À1o. 8.9 20. 9,2 Ê 2. 1l+ 1 6Ù 87 89 —— |— | ne | NE | serem id. 2 954 OA 3: 9] 1. 2 87 | 100 En CN so Àser., sal, 5 9,4 + 10,0 6+ 5|— 3.-5 100 90 RE Enr | NNE ser, SO 4 SO ° 11,4 3.19Ù 2 6 2 90 = linr CINE | ser. , sol. $ + 11,0 ° 10,8 o+ OÙx 2. 3Ù 9s 87 NE | SO [aol , Sol. 6 | » 104 D 10Zz 2e Sl— 4. 5Û 98 82 —— —| x | se | brou. sal. 7 e 11.6 21 0,2 3e 2] 2. 3 95 89 EN N S NE | serein ,1d. 8 | 2r o,i SRI; 0 one) 1. 41 84 73 —— —| 3e NE }ser., id, 9 * 6,0 Dur 2. S]:r. al 8o 58 — | Ne |ls0 sert, 10 10 * 1,2 * 1,2 1: 8| o. 6Ù 66 64 — ——]| nue | NE ser. , id. II * 4,0 ° 0,0 CO) ON OMC) De 85 — —— 1 x1e | NE {sol., sol. 12 À 20 10,6 20 9,6 7. 6] 1. ol 86 96 ee ——{ so so Ÿsol., sol. 15 LE 8; 6. $] 6. 8 100 87 — | s0 so À brou., id. 14 26 2EMSp4 ssl 14 SIrn94 93 Inei. 4 pou.l——} so | NE } brou. ser. 15 se À RON 6. 0 5. ol 95 96 ——} ne | NE hrou. , id. 16 7310 710 7: 8 3. 8 84 87 RE : UNE NE ]ser., sol. 17 2 7/5 CT 3. 8/2. 812192 76 — |—| ve | so |'couv. serein. 18 1055 Po 42 OT 7 UTC 71 — ——|lve | NE | serein couv. TONER 0;0 TL O3 se 2| 2. 4l 7 86 so | So ser. tre 20 | + o,7 1 9,0 1-61 4 2:77 92 — Ù——| 1e | NE sol. nua. item. 21 + 11,2 20 10,9 s: 5 CO 83 95 ——— — | NE NE sol. nua. oouv. 22 | 20 93 "F41838 6. 51 $.5sl 86 87 ———! |! 50 | /so-|}'brou. id, 23% 7 74 726056 2007) 13 103 97 —— —| so | so À brou. sol. 24 » S,6 , S:7 8. 5 Be 7 98 95 — —À| 50 so |brou., id. 2) ° 45 Ca) 11. O|[ 9.6) 97 92 — À—| ve | so |'brou. sol. 26 + 4:7 K S:4 8, 2 7: 8 93 85 =——_——— ——1 50 so COUV. » sol. nua. 27 224639 CA 7: 8| 5s.41 88 95 —— À———| so | so |sol., id. 28 ” 5:3 Q 5:4 7: 3 6. 9 92 95 — ——Ù{ 50 so | brou. sol. 29 < 57 48 8. 2 70 93 2 —— —1 50 so brou., id. 30 | + 4,7 * 46 2:51 5-41 93 CES —— |——{Ù 50 | so }sol., id. 81 DAT * 459 7. 4l 5. 61 91 94 —— so | so Îser., sol. Moy.l 20. 9,4 120. 8,8 |- 5,34 — 3,78 89 87 Înei. {pou. TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES | à Faites an JARDIN BorAnIQUE de GENÈVE: 395,6 mètres (203 toises) au-dessus du niveau de Ja Mer : Latitnde. 46°. 19’. Longitude 15°. 14. ( de Tems ) à l'Orient de l'Observatoire de PARIS. le OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. JANVIER 19321. Term. à l'om- © = ee . È BAROMÈTRE bre à 4 pieds} HYGROMÈTRE Pluie ou É 4 ; £ ER. réduit à la température À de terre,divisé} à cheveu. ee en | 5 : VENTS. EraT pu CIEL. ou 0 en 80 [parties 24 heures. 7" © ee 3 à œ Lev. ne heures.h L.du 5. ? 2 h.L.duS.|à2h. ; |: 2 L. duS.| à 2h. OBSERVATIONS DIVERSES > Pouc.lig.seiz./pouc.lig. seiz.f Dix. di Dix.d. À Des. | Degr. | Lig. douz. à SE EE nn té mm ee SR EE . : Re 7, 15 1° 7] le $ 74 70 CN mc | 0 so cou. , nua. x SRE 7081 30), 710 86 80 — ——} ve NE nua. , id. 2 ETS ge 16Ù 1: 9/+ 0. 44 90 2 —| NE cal. Énua., pl. 9 Ç 4 @ QT TS 6. 1 1. 3] 2.5 93 71 10. 6 ——À NE so DIE ol S GUN Se 13 ST 2 92 LEE RE cal, vs id. LA terre est demeurée découverte . : 4 0. 5 2e 1 S) 2 ———} cal. so rou. , nua, Lu % é : A ‘ RS de <: ne ER) _ D CR a le 1nois ; à la tm 4 ne AU DR DRE TA RSS 97 Fa 4 ESS Ne brou. ép., plu. pesant été douce pour la saison, les 9 03. 3. 121 +0] 3. 31. 99 2 RE —|! so so plu., cou, blés sont verts, Les gelées des derniers 10 + 6 (SEM) TON MC) E) NE 3 8. 6 ——À 50 so nua, , cl. jours du mois ne paroissent pas les} 50] |50D M SOPeTSS 6. dl e7- 27 008S 89 RS ES so plu., id. avoir éprouvés. On provignera péot Le HE: DT INOT LORS 2 Bo En Ba be à plu., id. noint dans les cantons où la ràme a 1 5 11510 DOS 7. 8| 10. oO CA 71 2 6 — 4 50 so nua. 101: ? = 7 4 | 14 re CR CA RE: 84 89 Ne DC) ESS 0 cou. , plu. souffert de la grêle. — Le labour aa 15 27. 0. 1, 2 4.0! 7.0) 97 68 3e Oo N—1xe NE brou. , cl. bèche n’a presque pas été interrompu 16 00. ©. 13 3-5 7: 0 7 78 —— ——| so NE nua., pl. 17 . 2e 2, 116 1. © 6. 8 93 69 — so NE nua., cl. 1100 MON ONCE 3. 91 ©: 9 3. 9 97 79 —— Àc.s.l cal 0 nua., id. 19 ° 3. 9, 131 20h 3.0) 93|. 79 — so so cou. , nua. 20 a a: 9. 14] 0:8| ©. of 97 93 st is | brou. , id. 21 JE ONE) OO COST Er 96 NE NE brou, , nua, 22 é 4. a 18 0. 2 1,48 87 84 ——— | UNIS NE nua. , id, 2 5: 5.gi+ 0 8! 3-6) : 8521573 PNR Die ne NE nua., id. a 24 9. LC) 1: 7| 1.8) 85 3 | 2 rs NE nua. , id, 2 sn Ae 9. 12) O0 7| 1.0) 84 81 à = NE nua. , COU. , 2 € QUAI 3. 14/-— 0: 7] o: 2} Bt 80 = ——ÛÙ Ne NE cou. , id. Déclinaison de l'aiguille aimantées a 2 Deer 0 jo © DORE Er € 84 3 Sr | MU NE cou, , id, l'Observatoire de Genève, le 31 Jan: 28 19: 3.04 2: O| oo. 95 87 —— —— 1 SE NE brou. , id. £ 29 . n. For A De o. 8 98 90 — En) so brou, id. 4 30 M 0 JA. GEUO.ES 98 85 ur | EE Ni brou. , id. Température d'un Puits de 34 pieds 31 ° 4. ONE 1. S| 0.5 7 80 — ——| NE NE brou., nua, le 3: Janv. + 10. 8. | BAROMETRE,. TERMOMÈTRE À ‘ a l'ombre en 80 parties. f TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES à 2beures. L. dus % 21 réduit à o de Deluc. = & = 100, R. F° Lev. du Sol. Pouc.lig. dix. 3 20, 5,6 20. 5,4 2 . 4,6 * 4,9 5 4 4,7 ù 45 4 . 4,2 * 4:7 $ ° 5:5 Ë s,4 6 RE * 4,0 FAPIOIPETE Tai 8 CRETE 63 9 . 5,0 e 4.6 10 0 5,6 = 5,6 11 j $ 4 2 5.6 (NS) VON 7 * 7,4 13 À - 8,8 5:9 14 . 8,9 5 5,4 15 Ê 8,5 * 10,2 16 + 10.6 2.10 ;2 17 11,2 11,4 18 21 O.4 21 0,8 19 TS 21:83 20 1:9 » 2.1 21 e 2,2 q 1,9 22 SN C;0 un 0;4 25) 2,0 10 9.0 24 20 9:56 11.0 25 2EMONT 211,8 26 À zo 11,7 11,6 fe Ac? 11,6 11,6 : 28 Bit aan 21 0,9 REC RCA 0,3 f 10 ° 0,4 . G,8 F al [Me] , 1.0 Pouc. lig.dix. D. dix. BAL DA PANA D 00 AN OH V1 U2 03 BR M O 02 = bb bOnwmnnE BR Doi 2 AD 00 vi0) D LIU) AR uv 0 NON NO À a v SRE ES 0 Faites au Couvent pu Sr. BERNARD + Oo O nb h OP = ur = © M D 020 MS PB An b + 0-0 -nmmOon ! C3 » sui m élevé de 1258 toises au-dessus de la Mer ; aux mêmes heures que celles qu'on fait au JanDin BOTANIQUE à GENÈVE. ÎHycromèTsE a cheveu. Dcg. 25 | | ei ei oi «2 1 Fe FRERE el el dm Pluie ou néige en 24 heures. Lig. douz. n.12 po.8 1 10 109009 6 o 6 10 2h 2 So) À CERN) 6 9 o 3 2 DSP SES SERRE MEN] osée. Gelée blane ou 1 REA RENE VENTs. Les chiffres ind1q. les de- gres relatifs de force. LS. a 21h Le] NE NE É1e] so so so NE so so so so so so so so so4| so NE 3 so so 3| NE NE2| NE NE NE so NE NE NE NE NE NE NE NE NE NE NE NE NE NE3| Nr2) NE 3| NE3 NE2| NE N£E2| NE NE NE 50 NE NE NE NE NE NE So NE NE NE NE OBSERVATIONS ATMOSPHERIQUES. JANVIER ‘1801. 1 Erar pu Crr1. OBSERVATIONS DIVERSES. ee a , couv., brou. sol. nua., couv. sol. nua., couv. couv. , sol. nua.{lanches se sont succédées sur les routes qui con- brou. , id. duisent à l'ilospice, avec les plus grands dan- brou., id. gers pour les voyageurs. sol. nua, couv. brou. , id. brou. , id, sol. nua., ser. brou. , id. brou., neige. neige , serein. neige , sol. nua. brou., id. couv., id. sol. nua. ; id. sol. nua. , id. serein , id. ‘ tu ser, , id. ser. , id: ser. , id. ser., 14, serein, brou. ser. , id. sol. nua., id. ser. , id.] ser., id. ser. , 1d. ser. , id, ser. , id. Du 8 au 15 de ce mois de nombreuses ava- TABLEAU DES OBSERVATIONS METÉOROLOGIQUES Faites au. JARDIN BOTANIQUE de GENÈVE: 395,6 mètres (203 toises) au-dessus du niveau de Ja Mer: , nos 292 Lati 467,12; Longitude 15. 14. ( de Tems ) à l'Orient de l'Observatoire de Parts. atitade OBSERVATIONS ATMOSPHERIQUES. FEVRIER. 18271. THEerRM. à l’'om- ; 4 © ES ms © BAROMÈTRE bre à 4 piedsi HycromÈTRE{ Pluie ou 2 o n Ole réduit à la température À, de terre, divisé à cheveu. re en E : VENTs. Erar pu Cuir. c=| ca 0 en $o parties 24 heures. 7 2 7 7 ERECI FA ue FU Neneal dus, nasal À É 5 Las à 20) DBSERN MONS | — —=—— = Es at a 7 Pouc.lig.seiz.|pouc.lig, seiz.] Dix d| Dix.d,.l Des. | Degr. À Lig. doue À | CAS) et — —— un ut a nt QE 7 RE Eee 1 27 4 7 A ONE ETS © 2° Ch 0 78 = cl E NE brou. , nua. 2H SL 4,4) 4 Ah 3° 07 20 AO SSSS ro LME RICE [ra » id. 3 » CIE gi °C 27 2 © 98 s3 =: — ac 4 so brou. , id. 4 e 21181 VOIS $-.0 2310 97 a Be NE so brou. , cl. $ 02 5) 0 3.10 3153 chc7 64 fnei.Glig. Η—Ù NE NE nei. , cl. LE mois a été singulièrement sec, 6 NC 146: 11e 0. 7 IR GE 61 ET de DE clair , id. beau et froid, sans neige. Les mon- 7 CNT TR CN AE 200 DE 56 ÿ Een Ée de clair, id, L tagnes mêmes en sont presque dépour- & RC 00 CE D eur 56 —— NE NE clair , id. Se IR à 4 AS AR RE Em DE) cc 68 Ge lical, 0 clair , nua. vues. Les blés pAXOIASA] avoir souffert Le 0 ©. 12] 0 13 2. 81e de 3 98 61 PE 3 G. B. À NE NE clair , id. dans les terres argileuses, par les fortes 11 SI al UE. es 2. 91m 470 98 65 — G. B. À sa NE clair , id. gelées de la nuit et les degels du milieu 12 OU FAI ONE 3: o| 6. ol 98 60 NS IC 5 AUNE NE clair, 1d. du jour. 15 F2 cor 2. 7| 7.5 98 61 ——— G. B. | 50 NE clair , id. 14 034 ol 2 2. ol 6.3 99 59 — so NE brou. , clair, 15 US cher 1e 3. o| 5-“o 9% 62 =— G. B. |! cal, NE clair , id. 16 D -CRREUR| NOMME 3. 7| S.5 98 2 = G. B. Ÿ NE NE clair , id. EN ECS OST ET ESS CET ER De 55 = G, B. | NE NE clair , id. 18 TO | CA 7 CR OS 52 —— G. B. | so NE clair, nuage. 19 io. 1| « louvaltire sl. 1 ct tn 71 = G.8. | so NE clair , cou. 20 26 11. 2|26 11. 7h 1 5| 1. 7 71 62 —_— NE NE clair , id. 21 B7 O7 27. 0.8 1.095. .0 64 —— RENE NE couv., nua. 22 OMC MONTS) DNS) NO) 7) 60 — NE NE clair , id. 23 ON PT ONE) MOMUTTN TS EU) NEC 73 60 —— KE NE clair, id. 24 ste 7| 26 AT IC 5 SNS 97 s2 — G. B. | NE NE clair, id, EEE 25 € 1% 11. 4 + 9. 141 4.0] 7. 3 08 47 — G. B. | 50 NE clair, id. et ; IEC ‘ ; ES 26 O0) Ne 0 CIO Nr 70 96 s? —— G. B. À so NE nua., pl. Déclinaison de l'aiguille aimantée,, 24 2 DENT | ECTS CN TS 1) tie 71 G.B. | NE NE clair, id. l'Observatoire de Genève, le 28 Fév 28 OMC IE OT 110) 7.00 2 7 1.6n.etpli——} xt so cou. , id. Température d'un Puits de 34 pieds —— É Less le 28 Fév . + 10. 8. Moÿennes. 127.2. 0,32 |27.1.8,25 | :,460t 5,70Ù 90,60164,14 2.000 (° 79 ) , - BIOGRAPHIE. Vita E COMMERCIO LITTERARIO , etc. Vie, et commerce littéraire de Gazizxo Gazirée , noble Florentin, mathé- maticien et philosophe , plus qu'ordinaire , des Grands Ducs de Toscane Cosme et FEenpinanD IL Par G. B. Clément Dr'Nezrr, Patricien et Sénateur de Florence, Chevalier de l'Ordie militaire de St. Etienne. Deux vol. in-4.° avec fig. Florence , chez Piatti. (Second extrait. Voy. p. 3 de ce vol. avec fig.) Gazrrèr, en publiant dans son Muncius Sydereus (1) sa découverte des satellites de Jupiter, assuroit sans doute l’un de ses premiers titres à la célébrité ; mais il se préparoit aussi kes chagrins qui semèrent d'amertume le reste de sa vié, et les persécutions dont il fut l'objet: Indépendamment des envieux , que provoque presque toujours un mérite émi- ‘ment , il avoit pour ennemis, secrets ou déclarés , tous les individus attachés aux doctrines d’Aristote , mais surtout les jésuites, qui avoient alors le monopole de l'enseigne- ment , et qui faisoient profession d'un attachement .exclusi£ 4 à ces mêmes doctrines. Tant qu'il ne s’étoit agi que d'opi- nions ; ils avoient pu disputer contre Galilée et se faire illusion sur la foiblesse de leurs argumens; mais il s'agis- (x) Mars 1610. Se, ét Arts. Nouv. série, Vol. 16. N°. 2. Février 1821. F 80 BriocRaA?HIEz. soit de faits, de découvertes faciles à vérifier, et que leur auteur , plus peut-être par précaution que par flatterie, avoit cru devoir mettre sous la protection de la puissante famille des Médicis : ces Princes, en adoptant les satellites de Jupiter, sous le nom d'astra Medicea que leur avoit donné Galilée , prenoïent l'engagement tacite de défendre l'homme qui leur procuroit une aussi brillante parenté. Cette précaution ne le mit point à l'abri: l'auteur nous apprend que la savante société commença par un parti singulier et hasardeux, celui de nier le fait. Le R. P. Clavius disoit à tout venant « qu'il y avoit de quoi hausser les épaules à ces prétendus satellites ; et que, pour les voir, il falloit construire une lunette qui fabriquât elle-même ces objets, » et le P. Cremonino, pour n'être pas obligé de croire aux découvertes de Galilée, s’imposa la loi de ne jamais regar: der dans une lunette. En revanche , Cosme IT, à qui Galilée avoit dédié son ouvrage , lui fit cadeau d’une chaîne d’or, de deux cents écus, en dédommagement des frais d'impression , et de mille écus, en remerciement de la dédicace. Le savant ne voulut point demeurer en reste; il fit frapper une médaille à l'effigie du Prince, et on voyoit au revers les quatre satellites de Jupiter. 1l y joignit le cadeau de la lunette même avec laquelle il les avoit découvert , et que l’on voit encore aujourd’hui dans le cabinet de physique du Musée de Florence. ® Galilée ne tarda guères à entrevoir l'usage qu’on pour- roit faire des éclipses des satellites de Jupiter pour la dé: termination des longitudes terrestres ; et il avoit commencé à calculer, pour cet objet, des tables de leurs mouvemens, lorsque des infirmités précoces , et les inquiétudes que ses ennemis lui suscitoient, les lui firent interrompre, à plu- sieurs reprises. Pendant qu'il y travailloit, on disputoit en- Vis DE GALLLÉE. 81 core sur l'existence même des satellites; un noble Florentin nommé Sizi, écrivit un livre pour prouver « par des raisons physiques , astronomiques et naturelles » qu'il, n'y avoit, et qu'il ne pouvoif y avoir au ciel que. sept planètes en tout.» Quelques années après, ce même Sizi, étant à Paris , eut la sottise et l'imprudence d'écrire un livre contre le Roi de France et son gouvernement ; il la paya fort cher, car il périt sur l'échafaud. Un autre jaloux entre en lice, et par un autre genre d'attaque. Simon Marius Guntzenhuss | mathématicien de l'Electeur de Brandebourg, un des personnages qui avoient cherché à dérober à Galilée le compas de proportion , publia en 1614 un livre intitulé Mundus Jovialis anno 1609 de- tectus, etc. dans lequel il se donnoit pour avoir découvert les satellites en 1609 (1). Cette fois la patience échappa au philosophe ; il démasqua le' plagiat de Simon Marius, et il prouva , par les balourdises échappées à cet auteur, et qu'il releva (2), que non-seulement il ne les avoit pas dé- couverts, mais qu'il ne les avoit pas encore vus en 1612, ni peut-être jamais. Galilée étoit dans la dix-huitième année de ses fonctions comme Professeur de mathématiques à Padoue ; il y. jouissoit - d'un traitement triple de celui de ses collègues dans l'uni- versité ; il étoit honoré et chéri au dedans ; au dehors, sa (x) Galilée les vit pour la première fois le 7 janvier 1610 à Padoue, (2) « Ecco ch’ egli medesimo , nell’istessa sua opera, per sua inavvertanza ; € poca intelligenza, mi da campo di poter lo con- vincere con testimoni irrefragabili, e mauifestare il suo fallo. mos trando ch'egli, non solamente non osservd Le dette stelle avanti di me, ma non le vide ne anco sicnramenterdne anni dopo. E dico di pit che molto probabilmente si pud affermare ch'ei non l'ha osservato giamai » ( p. 249). | F 2 82 BrocRAPHIE. réputation s’étoit étendue jusques chez la plupart des sou- verains ; tout ce qui peut adoucir et embellir l'existence d’un homme de lettres sembloit se réunir autour de lui , lors- qu'une inquiétude d'esprit, un malaise, que l’auteur explique par le contraste ‘entre son vif désir de mettre la dernière main à ses ouvrages, et l'impossibilité d'y parvenir tant qu'il seroit en exercice , vint l’assaillir. 11 ne pouvoit espé- rer d'obtenir de Venise une pension de retraite , cet ofiurr cum dignilate qu'il commençoit à ambitionner « car, dit l'auteur, les républiques ont pour maxime que leurs fonc- tionnaires doivent servir Le public jusqu'au dernier terme de leurs moyens »; mais , Florence étoit sous un autre ré- gime; elle avoit déjà cessé d'être république sous l'ayeul de Cosme I, Prince régnant au témps de Galilée, son pro- tecteur déclaré, et qui , d'un seul acte de volonté bienveil- lante pouvoit lui procurer cette faveur qu'il auroit vaine- ment sollicitéé d'un sénat républicain. Peut-être aussi , l'a- mour de da patrie le rappeloit-il à Florence, et lui faisoit-l oublier que les premiers de ces Médicis, auxquels il pen- soit à se rattacher , s'étoient montrés naguères les oppres- seurs de cette même patrie qu'il étoit si desireux de revoir; cet amour aveugle l'empècha également de réfléchir que cette même famille étoit, par crainte ou par reconnoissance, dévouée aux Pontifes romains ; que Cosme 1 avoit livré le noble Florentin Carnesecchi à l’Inquisition de Rome , qui avoit fait tomber sa tête; et qu'un autre citoyen de Flo- rence étoit mort dans les prisons du St. Office pour avoir avancé que le Sauveur s'étoit servi de pain ordinaire, et non de pain azyme, dans l'institution de la Ste. Cène. Les découvertes astronomiques de Galilée lui donnèrent un prétexte plausible de se rendre de Padoue à Pise , au printems de 1610 , pour montrer au Grand Duc, aux Mé- dicis ses frères, et aux Ministres , les merveilles du ciel. Il VE DE GALILÉ=. 83 s’en suivit peu après une « Vocation à la chaire de Pise, en qualité de physicien et mathématicien de S. A. S. sans obligation d'enseigner ni de résider, et-avec pension de mille écus sur la caisse de l’Université. » Cette nouvelle lui parvint à Padoue où il étoit retourné ; il prit congé du sénat de Venise , emballa ses instrumens et sa bibliothéque et vint, au commencement de septembre, s'établir à Florence pour le reste de ses jours. L'auteur remarque , à cette ecca- sion , que les Ministres d'alors , ( qu'il nomme } n’avoient aucune teinture des sciences qui avoient illustré Galilée; et que son rappel fut uniquement dû à sa célébrité européenne ; ils apportèrent d'ailleurs dans la partie financière de la mesure toute l'économie possible ; car, quoique Galilée füt attaché par les termes du décret, au service spécial du souverain, ils prirent soin de charger de son traitement la caisse de l'Université. Le départ de Galilée mit au désespoir le sénateur Sagredo. de Venise ; l'auteur cite textuellement une lettre curieuse que ce patricien lui écrivit à ce sujet et dans laquelle il lui annonçoit les intrigues et les: persécutions auxquelles. il alloit s'exposer en échangeant « cette liberté et cette monar- chie de lui-même dont il jouissoit sous le gouvernement vénitien , contre la mer orageuse d'une cour dans laquelle il se verroit, sinon englouti , tout au moins battu par les tempêtes. » D'autres nobles Vénitiens mirent de l'amertume dans leurs reproches et l'accusèrent d’ingratitude. re en fut coupable , il l'expia chèrement. Ici l’auteur, dans un long et savant chapitre, EN la question de l'invention du microscope, et de la lunette double ou binoculaire ( depuis abandonnée }; et il établit, d'une part, les raisons de l’attribuer à Galilée, et d'autre part il repousse les droits prétendus des contemporains , Fontana , Drebbel, le capuein Shirleus, etc. Il conclut par les deux clässes d'argumens en faveur de Galilée. 84 BIOGRAPHIE. ' Près d'un an s'étoit écoulé depuis ses premières décou- vertés , et on en doutoit encore à Rome » OU peut-être on affectoit d’én douter, Leur auteur , oubliant qu'il y a des cas où avoir raison est ün tort qui n'est guères pardonné, crut ne pouvoir mieux faire que de porter ses instrumens optiques à Rome et d'y convaincre un à un tous ceux qui voudroient regarder dedans. Il demanda à son souverain la permission de faire ce voyage ; elle lui fut très-gracieusc- ment accordée , avec la faveur particulière d'être défrayé , et.de loger à Rome chez l'ambassadeur toscan Niccolini. Il quitta Florence le 23 mars 1611. Galilée fut accueilli à Rome avec empressement et bien- “veillance par tous les hommes distingués dans l'Etat et dans Jes sciences. Mais l’un d'eux, le cardinal Béllarmin , homme instruit et à qui lé nom et la réputation de Galilée devoient être mieux connus qu'a tout autre, prit un singulier parti, celui d'écrire aux mathématiciens ( jésuites ) des écoles ro- mainés une lettre dans laquelle il leur disoit avoir entendu parler de certaines découvertes astronomiques faites par un habile mathématicien (sans le nommer } au moyen d'un tube oculaire ( occhiale ) dans lequel lui-mème avoit vu des choses curieuses sur la lune et la planète Vénus. Il leur adressa cinq questions sur ce qu'il a vu; ils y font autant de réponses, qui prouvent qu'en général il a bien vu ,-sauf les inégalités de la lune, que l’un des quatre consultés (le R. P. Clavius } croit n'être qu'une illusion optique due aux den- sités différentes des divers points de la surface. D'ailleurs, ni le cardinal , ni les répondans , ne font à Galilée l'hon- neur de le nommer. Pour lever tous les doutes , et mettre fin, s'il étoit pos- sible , à toutes les jalousies , le prince Friderico Cesi invita les théologiens , les physiciens et les mathématiciens, tant réguliers que séculiers, à un banquet°à sa maison de cam- Vix DE GArivrez. 85 pagne , en l'honneur de Galilée, qui, muni de ses instru- mens , leur fit voir dans la soirée ses découvertes principales. Peu après cette époque il fut reçu membre de l'Académie des Lyncei, sur la présentation du prince Cesi, fondateur de cette Société. L Gahlée quitta Rome au mois de juin pour retourner à Florence. Là le Grand Duc , jadis son élève, et qui avoit conservé le goût des sciences physiques et mathématiques, réunissoit quelquefois dans son palais les hommes instruits de Florence , pour les entendre discuter des questions sur ces objets. Dans une de ces conférences, on se mit à dis courir sur la cause qui fait que les solides flottent, ou s'enfoncent, dans les liquides. Les peéripatéticiens de l’as- semblée attribuoient le phénomène uniquement à la forme de ces solides , sans égard à leur pesanteur spécifique. Galilée soutint que cette dernière propriété étoit la seule à consi- dérer. On citoit des faits à l'appui des deux opimions. Cosme invita Galilée à éclaircir le sujet en publiant sa théorie ; et il fit paroïtre en conséquence au commencement de 1612 son Âiscours sur les corps flottans, dont l'édition fut d’a- bord epuisée. Il y traite de la manière la plus claire, (et on n'y a rien ajouté depuis ) la théorie de l'immersion des solides dans les liquides, et il l’appuie d'expériences éga- lement simples et convaincantes. Ce fut à cette oecasion qu'il découvrit et qu'il exposa le fameux prmerpe des vitesses virtuelles, dont il deduisit l'équilibre de l'eau dans le syphon à branches de diamètre inégal. Il distribua son ouvrage à tous ses amis, et en particulier au cardinal Barberino ( de- puis Urbain VII ) qui avoit assisté à Florence aux discus- sions sur cet objet. . L'auteur remarque , que , bien longtemps avant cette époqrie , Sénèque , exposant la doctrine des Stoïciens sur les corps flottans , attribuoit explicitement les divers phéno- mi BroGRAPHIr. mènes résultant de l'immersion d'un solide, aux rapports divers des pesanteurs spécifiques du solide et du liquide. C’étoit là une de ces nombreuses vérités qu’on prend pour neuves à leur réapparition (r). La publication de l'écrit de Galilée sur les corps flottans fit naitre une guerre de plume assez longue et acharnée entre les ennemis de ce savant et ses partisans ; on s'y servit. de toutes armes; on en vint à la dernière ressource des raisonneurs de mauvaise foi ; on atiribua à Galilée des: propositions qui n'étoient point les siennes, pour se don- ner le mérite de les réfuter. Une autre querelle plus per- sonnelle succéda à celle-ci. Galilée avoit découvert au mois d'août 1610 les taches du soleil, pendant qu'il étoit encore à Venise ;’ ( l’auteur en accumule les preuves ) au mois d'avril 1615 il les avoit montrées à Rome à quelques cardinaux et à d’autres personnes de marque , comme aussi au R. P. Galdino, jésuite mathématicien , qui fit part de la découverte à son confrère le P. Scheiner, Prof. de mathé- matiques à Ingolstadt. Celui-ci s'empressa non - seule- ment de les observer, mais de s'en attribuer sans scrupule la découverte dans trois lettres qui parurent en 1612 sous le titre d'Apelies post tabulam latens (Apelles caché derrière le iableau). fl soutient dans cet écrit que les taches du soleil, n'appartiennent point à cet astre ( nécessairement immaculé , selon Aristote ) mais que ce sont autant de (1) « S2 aqua gravior est, leviorem rem quam ipsa est feret, et tanto supra se extollet; quando erit levior, graviora descendent At sù aquæ et eus rei quam contr& pensabit, per pondus erit, nec pessum tbit, nee extabit, sed œquabitur aquæ, et natabié quilem , sed penè mersa, nec ull& eminens parte. ».....« Grave autem et leve est, non œstimatione nosträ sed comparatione ejus quo sehi debet. » * V1r DE GALILÉE 87 planètes qui passent devant lui et ne sont visibles que sur ‘son disque. Cette fois Galilée se défendit lui-même ; il publia en 1612 et 1613 une reéfutation fort étendue des préten- tions et du système du faux Apelles, en établissant ses propres droits à la priorité, et l'opinion ( toujours admise depuis ) que les taches du soleil existent bien réellement à sa surface. L'auteur entre dans de grands détails sur cette discussion scientifique ; ils offriroient peu d'intérêt à nos lecteurs ; nous arrivons à des querelles plus sérieuses. L'auteur remonte très-haut dans le quatorzième siècle pour établir l'existence , dès cette époque , d'une guerre sourde entre les religieux et les séculiers, ou pour mieux dire , entre la science théologique et toutes les autres ; il cite en particulier la persécution qu'éprouva le moine Roger Bacon de la part de son ordre (les Franciscains ) à cause des connoiïssances qui l'ont rendu célèbre ; il donne plu sieurs exemples du même genre. Dans tout le cours de son enseignement, Galilée n'avoit point dissimulé sa prédilection pour le système de Copernic (ou plutôt de Philolaüs ); et les partisans, alors nombreux, de système de la terre immobile n’avoient point cessé de lui en vouloir, à cause du poids que l'opinion d'un savant aussi renommé donnoit au système contraire au leur. Lors- qu'il désiroit avec tant d'ardeur. de rentrer dans sa patrie, Galilée n’avoit pas prévu qu'il y donneroit bien ‘plus beau jeu à ses ennemis pour l’enlacer dans leurs pièges et le tourmenter à leur gré. Il ne tarda guères à s'apercevoir qu'il perdoit plus à ce voisinage , qu'il ne gagnoit à faire de temps en temps quelques prosélytes à sa doctrine asro- nomique : il y perdoit sur-tout ce calme d'esprit si néces- saire à l’homme disposé à la méditation : des indices de l'orage qui le menaçoient arrivoient à ses oreilles; le bruit . se répand que le P. Lorini, Dominicain , a prèché contre 38 BIOGRAPHIE, lui ; le moine essaie de s’en justifier dans une lettre à Galilée , en protestant qu'il n'a prêché contre les opinions philosophiques de qui que ce soit; mais il se croit obligé d'affirmer en même temps «qu'il n'a pas adopté les idees. d'Irennic (1), et qu'il se flatte que toute la noblesse flo- rentine est trop bonne catholique pour embrasser ce sys- ième. » Galilée s’aperçut de la manœuvre insidieuse par laquelle on cherchoit à mettre en opposition un système astrono- mique aveé les livres saints, c'est-à-dire, avec tout ce qu'il y avoit de plus respecté et de plus respectable dans le monde chrétien. Il essaya de la déjouer en écrivant à l'abbé Castelli, Prof. de mathématiques à Pise une lettre , dans laquelle, prenant pour base et comme axiome, l'infaillibihité , des Livres saints ; il affirmoit en même temps que ceux qui essaient de les expliquer, sans être inspirés de Dieu, courent grand risque de se tromper; et d'autant plus qu'ils veulent s’attacher de plus près au sens littéral. Il prend pour exemple le passage de Josué ; et il montre que selon le système de Ptolomée le jour auroit été raccourci , tandis qu'en lexpliquant d'après Copernic tout rentroit dans l'or- dre. Mais le malheureux Galilée étoit entre Charybde et Sylla ; il lui revient qu'on s'occupe à Rome de ces questions ; et qu'on lui sait mauvais gré du mode de défense qu'il a adopté ; le cardinal Bellarmin , l'un des oracles du temps, avoit dit que « si Galilée dvoit traité du système de Co- pernic et de ses démonstrations sans chercher à l'appuyer de l'autorité des saints Livres , dont l'interprétation appar- tenoit exclusivement aux théologiens , on l’auroit laissé fort tranquille. » (1) Lé P, Lorini, quoique Professeur d'histoire Ecclésiastique , n’avoit sans doute jamais ouvert le livre de Copernic, car il auroit au moins retenu l'ortographe de son nom. (A) Vic De GALILÉE. 89 Cependant, une année s'écoule ; les esprits travaillent, on machine; et, vers la fin de 1614, le P. Thomas Cac- cini, Dominicain, prêche à un auditoire nombreux mais très-peu choisi, dans la belle église de S. Maria Novella, sur le texte suivant. « La mathématique est un art diabo- lique ; et les mathématiciens, comme auteurs de toutes les hérésies , devroient être chassés de tous les Etats. » L'auteur se donne ici la peine ( que nous croyons super- flue ) de combattre la thèse du prédicateur en citant , avec détail, un nombre d'hérésiarques qui non-seulement n’é- toient pas mathématiciens , mais qui étoient moines ; et en- core il oublie dans sa liste Luther et Calvin. Cependant, le Prédicateur dela Cathédrale (il Duomo } Religieux prudent et discret, blama son confrère d'avoir manqué aux égards et à la charité chrétienne en apostro- phant Galilée et en provoquant contre lui du haut de Ja chaire de paix une émeute populaire. Le Gouvernement, qui auroit du prendre connoissance du fait, qui concernoit un individu attaché au Prince, et exiger une réparation authentique , garda le silence. Ce silence enhardit les orateurs. Gherardini, Évêque de Fiesola, bourg à une lieue de Florence, prèche contre Galilée, dans son église paroissiale, à une audience nombreuse et toute populaire. Persuadé que ces attaques étoient plutôt le fruit de l'igno- rance que de la malveillance, Galilée crut devoir chercher à répandre l'instruction dans les classes supérieures et influentes de la société. Il écrivit à la princesse Christine de Lorraine Grande Duchesse de Toscane une lettre très-longue et dé- taillée dans laquelle il exposoit toutes les probabilités qui militent en faveur du système de Copernic; il y répétoit la solution du paradoxe de Josué, en montrant que le soleil tournant sur son axe dans le système de Copernic, c'est de / 90 BIOGRAPHIE. la suspension de ce mouvement seul qu'il étoit probablement question dans la Bible, et il y raisonnoit en aussi habile théologien que bon physicien. Cette lettre circula beaucoup mais elle étoit inédite jusqu'en 1636, que Elie Diodati, gen- tilhomme Lucquois d'origine, et avocat au Parlement de Paris , ami dévoué de Galilée, la fit imprimer par les Else- virs en Italien et en Latin, avec une préface de sa façon, qu'il signa Aobert Robertin, Prussien. L'auteur, a mis au nombre des pièces à l'appui de son ouvrage, cette brochure devenue très-rare. Cependant, l'orage grondoit toujours: et Galilée, persuadé que son foyer étoit à Rome, crut devoir tenter de l'y conju- rer. Il partit, muni d'une lettre de son Souverain Cosme IE pour le cardinal dal Monte, dans laquelle il lui annonçoit que «son mathématicien partoit pour Rome spontanément et avec sa permission , pour y démentir les imputations calom- nieuses de ses envieux et de ses ennemis, et pour démon- trer et faire toucher au doigt, que la doctrine de Copernic n'étoit point en opposition avec la foi catholique (1). » Le Cardinal répondit au Prince « qu'il seroit d'autant plus disposé à protéger le personnage qu'il lui recommandoit qu'il étoit “déja de ses amis et qu'il professoit pour lui beaucoup d’es- time. » Galilée tarda peu à s’appercevoir que ces protections spécieuses étoient loin de rendre la partie égale entre lui et ses adversaires; on fit cour sur son compte des bruits absurdes, comme par exemple qu'il vouloit cacher sous Fap- parence d’un séjour à Rome le malheur d’avoir perdu la faveur de son Souverain; et pour rendre moins brusque et moins directe l'attaque projette, on la dirigea exclusive- ment sur le livre de Copernic : C’étoit d’ailleurs un préalable (1) 28 novembre 1615. V1E DE GALILÉE. 91 nécessaire que de le faire condamner; et plus Galilée faisoit d'efforts en faveur d'un système qui alloit être proscrit, plus on devoit croire qu'il deviendroit suspect après que la sen- tence seroit obtenue. Rien de plus habilement conçu que ce plan; et pour endormir Galilée, l'ardent P. Caccini qui avoit tonné contre lui en chaire à Florence, vint humble- ment à Rome, sous pretexte de lui demander pardon, mais en réalité pour agir de concert avec ses confrères contre un système qu'il falloit foudroyer à tout prix. Ils parvinrent à faire envelopper dans la même prohibition non-seulement l'ouvrage de Copernic mais celui de Diego da Stunica. ( Celui du P. Foscarini étoit déja proscrit ). Le P. Riccioli a conservé dans son almageste le texte du curieux dé- cret de la Congrégation de l'Index sur cet objet. (1) Elle le minuta, selon l'usage, sans consulter aucun expert, et dans ce secret impénétrable qui précédoit toutes ses sentences. Pour rendre le triomphe complet, il falloit répandre le bruit que Galilée avoit été mandé à Rome par l'inquisition pour avoir adopté le système de Copernic, et qu'il n'avoit (x) « Et quia etiam ad notitiam præfatæ Congregationis per- venit falsam illam doctrinam Pythagori cam , Divinæque scripturæ omnino adversantem, de mobilitate terræ et immobilitate solis, quam Nicolaus Copernicus de Revolutionibus orbium celestium et Didacus à Stunica in Job etiam docent, jam divulgari et a multis recipi , uti videre est ex epistolä quâédam impressé , cujusdam Patris Carmelitæ cui titulus cst.» — «Lettera del Reverendo Padre P. A. Foscarini, etc. ideo ne hujus modi opinio ulterius in perniciem Catholicæ veritatis serpat, censuit dictos N. Coper- nicum, etc. suspendendos esse, donec corrigantur ; librum vero. P. Foscarini omnino prohibendum atque damnandum , aliosque omnes . libros idem docentes prohibendos, pro ut præœsenti Decreto omnes respectivé prohibet, damnat atque suspendit. — Datum 5 die martii 1616. At 92 B1oGRAPHIE. échappé à la condamnation que par un acte d'hypocrisie par lequel il auroit soi-disant abjuré cette opinion. On n'y manqua point, et Galilée, pour mettre fin à ces calomnies, obtint du cardinal Bellarmin une déclaration authentique datée du 26 mai 1616 portant qu'il n'avoit rien abjuré, ni reçu aucune pénitence à l'occasion de ses opinions ou de ses doctrines, mais qu'on lui avoit seulement notihé la décla- ration de la Congrégation de l’Index qui condamnoit le système et les ouvrages de Copernic et de deux de ses adhérens. Tel fut le résultat final d'un voyage que bien d’autres espérances avoient fait entreprendre à Galilée, plus avec l'ingénuité d’un philosophe qu'avec l'expérience d'un homme du monde. L’ambassadeur toscan fit part à son Souverain de la triste issue de l'expédition de son mathématicien; et les amis de celui-ci l'engagèrent à quitter le plus tôt possible une ville où ils étoient en grande minorité. Il prit congé du Pape qui le reçut gracieusement et l’assura qu'il n’écouteroit pas facilement à l’avenir le mal qu'on pourroit lui dire de sa personne. L'auteur paroit croire que le moteur principal , mais secret, de cette prémière persécution contre Galilée, étoit le cardinal Bellarmin; il n’en donne pas les preuves. Le décret contre Copernic produisit, en Italié et ailleurs, une foule d’écrits polémiques que l’auteur se croit tenu de rappeler, nos lecteurs ne l'exigent sans doute pas de nous. Pendant son séjour à Padoue, Galilée, pour s'être en- dormi imprudemment auprès d’une fenêtre ouverte, avoit contracté une affection rhumatismale qui avoit affoibli peu à peu sa constitution et l'obligeoit à de grands ménagemens. A son retour de Rome à Florence il s'établit à la campagne à trois quarts de mille de la ville, sur une colline dite Bellosguardo où il jouissoit d’un air salubre et d'une douce temperature, On vit paroïtre à cette époque (en 1618 } trois tés ion RE D Vre DE GALILÉE. 03 comètes qui (on ne l'eût guères deviné} furent pour lui l'objet de nouvelles tracasseries. IL étoit malade, alité, et il ne put point les observer; mais un de ses élèves nommé Guiducci, membre distingué de l'Académie, le supléa, et rédigea son travail en forme de discours dans lequel il expo- soit les opinions de son maitre, et qui fut lu dans une séance du corps respectable auquel il appartenoit. Il dédia son ouvrage à l'archiduc Leopold d'Autriche. Quelque chose dans cet écrit ofensa les Jésuites, ils suscitèrent un cham- pion , le P. Grassi, qui attaqua Guiducci ; celui-ci répondit, aidé de son maitre; une guerre de plume recommença et produisit le Saggiatore en 1622 , que Galilée dédia au Pape Urbain VIIX membre de l'Académie des Lincei. Le P. Grassi, lui répondit seulement en 1626. Ces disputes littéraires aigrirent les esprits de part et d'autre et devinrent pour le malheureux Galilée une source d'inquiétude lorsque ses infirmités croissantes lui auroient rendu le repos de plus en plus nécessaire. L’au- teur consacre beaucoup de pages à l'analyse de tous ces ou- vrages de circonstance , elle n'intéresseroit qu'un bien petit nombre de nos lecteurs. Il récapitule aussi dans un €ha- pitre à part les titres de Galilée comme ayant contribué à l'avancement de l’hydrostatique , de la mécanique, de la géométrie des indivisibles; mais ces détails étrangers à sa biographie, nous mèneroient trop loin ; la catastrophe s’ap- proche. Le cardinal Barberini avoit été lié dès son enfance avec Galilée; il fut son disciple à Pise; il demeura son ami étant Cardinal, et même dans les premiers temps de son élévation au trône pontifical. Pour nuire efficacement à Galilée il falloit rompre ces liens d'amitié, la changer, s'il étoit possible en haine: on y parvint par des intrigues. Barberini fut élu Pape le 29 septembre 1623 sous le nom d'Urbain VIII. Galilée partit de suite pour Rome dans le but de le feliciter,, DÉUTA BI10GRAPHIE. et d'obtenir de lui la permission de publier ses Dialogues sur des systémes du monde. Le P. Cacciniy travailloit sous main contre lui; il disoit que la protection seule du Grand-Duc empêchoit qu'on ne mit Galilée en prison et que l’Inquisition ne fit son procès. Cependant le Pape lui accorda six longues audiences , il lui donna un beau tableau, deux médailles d'or et une d'argent, et promit une pension à Vincent son fils naturel; le tout fut accompagné d’une lettre d'Urbain à Cosme IT dans laquelle ii louoit la piété et la science de Galilée. Il revint à Florence comblé de ces marques de faveur. Mais la permission de publier ses dialogues ne s’obtenoit point. Galilée songeoit à retourner à Rome pour la solliciter; ses amis l'en dissuadèrent d’abord, et le mauvais état de sa santé donna beaucoup de force à leurs raisons. Toutefois, impatienté des lenteurs qui le contrarioient, il se décida, vers le milieu de mai 1630, à retourner à Rome, et il s'y logea comme précédemment chez l'ambassadeur de Toscane. Aussitôt l'intrigue déploya tous ses ressorts: on imagina de reporter ses pensées vers Florence en y faisant inquiéter la conscience du Grand-Duc sur la légitimité de la pension assignée à son mathématicien sur l'Université de Pise, et 1l ne fallut rien moins-qu'une consultation authentique de théolo- giens pour rassurer le Prince. Mais deux circonstances aidèrent la malveillance à faire repartir l’homme qui leur causoit tant d'ombrage; l'arrivée de la saison du mauvais air, etla mort du prince Cesi fondateur de l’Académie, et protecteur puissant et avoué de Galilée. On lui conseilla de ne plus songer à imprimer à Rome, et il se décida pour Florence. Mais encore falloit-il la permission de Rome pour mettre l’ouvrage sous presse, et cette permission ne pouvoit s'obtenir qu'après une revision du manuscrit, qui auroit dû se faire à Rome, mais, la peste étoit en Toscane et rendoit les Vie DE GALILÉE. 05 les communications très-difficiles. On se contenta d'y examiner et approuver une copie des premiers et derniers chapitres de l'ouvrage, et on confia la censure du reste au P. Hyacinthe Stefani député du St. Office à Florence, qui_donna son approbation. Cette négociation fut longue et difficile ; et l’am- bassadeur toscan eut beaucoup de part au succès. Enfin l'ouvrage parut, à la grande satisfaction de l’auteur et de ses amis: leur joie fut de courte durée. À peine les Dialogues , etc. , eurent:ils vu le jour que la secte péripatéticienne vit qu'il falloit attaquer de toutes armes l'ouvrage et l'auteur, et vaincre à tout prix. Le premier pas essentiel devoit être d'enlever à Galilée, la protection du Pape, qui l'avoit toujours traité en am. On eut la diabo- lique adresse de persuader à Urbain VIIT, esprit borné et tès-irascible , que sous le nom de Simplicius , l'un des interlocuteurs , sectateur d’Aristote , et qui est toujours con- fondu par son antagoniste, l’auteur avoit voulu mettre en scène le Pontife lui-même. Cette conviction eut l'effet dé- siré : à la longue et constante harmonie qui avoit régné entre les deux personnages , succéda tout-à-coup une haine concentrée du protecteur ‘envers le protégé ; celui-ci n'eut connaissance de cette trame ourdie de loin, que par une lettre du cardinal Magagotti , adressée à un ami à Florence, dans laquelle il lui annonçoit que le livre de Galilée alloit être dénoncé et condamné (1). L'ambassadeur Toscan à Rome prévint aussi Galilée, qu'on alloit former une con- grégation de dominicains, de jésuites, de théatins, tous ignorans en mathématiques , pour examiner de nouveau l'ou- vrage , et le juger. Cosme Il, essaya de prendre auprès de la Cour de Rome la défense de son illustre sujet; il fit représenter que l'ouvrage ayant été approuvé à Rome (1) 7 août 1632. Sc. et Arts. Nous. série. N 2. Février 1821. & 96 : BIOGRAPHIE. et à Florence, et l’auteur s'étant borné à comparer les deux systèmes, sans rien décider , il ne devoit pas être inquiété ; d’autres argumens furent employés dans une dis- cussion assez vive qui eut lieu entre le Pape et l'ambas- sadeur , et que l'auteur rapporte en détail ; mais elle se ter- mina par une déclaration du Pontife , portant que Galilée devoit s’estimer heureux que son affaire eut été portée de- vant une commission spéciale , et que sa doctrine perverse au plus haut degré, n'eut pas été dénoncée au Tribunal Suprême, du St. Office. Ce prétendu bonheur, ne dura pas long-temps Les amis de Galilée cherchèrent vainement à éclairer la religion de S.S. Vainement, l'abbé Castelli voulut prouver au com- missaire du St. Ofice, que si la terre tournoit réellement, toute la puissance de l'Inquisition ne l'arrèteroit pas ; qu’on lisoit dans St. Augustin , que la question du mouvement de la terre avoit été entamée mais non décidée par les écrivains sacrés , et qu’elle étoit indifférente au salut ; ces argumens et bien d’autres, n'aboutirent qu’à aigrir davantage les per- ‘ sécuteurs, et ils obtinrent enfin que Galilée eût à compa- roître à Rome au Tribunal de l’Inquisition ; dans le cou- rant d'octobre. Le malheureux, accablé d'années , d'infirmités et de cha- grins, se borna à faire demander par ses amis qu'on lui permit d'attendre une meilleure saison que l'entrée de l'hiver, pour entreprendre un voyage qui pouvoit exposer sa yie, le grand Inquisiteur de Florence, touché d'une situation dont il étoit le témoin, prit sur lui d'accorder le délai d’un mois; il en fut sévèrement reprimandé par la cour de Rome; attestations de médecins- sur l’état déplorable de la santé du vieillard , sollicitations au nom de la charité chré- tienne, tout échoue contre l'inflexible séverité du Pon- üfe ; il étendit ses rigueurs jusqu'a tous les individus qui Vire DE GALILÉE. 97 avoient coopéré à la permission donnée d'imprimer les Dia- logues. L'ordre arrive de partir, sans délai; et le Grand Duc (Ferdinand Il), prince encore jeune et sortant à peine de la tutelle de sa grand'mere et de sa mère, se borne à lui offrir une de ses litières pour le voyage , et un appar- tement dans son palais à Rome ; et lui conseille d'obeir : Il part. La Toscane étoit alors affligée d'une contagion pestilentielle, contre laquelle les Etats voisins prenoient leurs précautions ; arrivé à la frontière, Ze 20 Janvier , il faut y faire quarantaine dans un misérable lazaret ; Galilée y passe vingt jours dans les souffrances et dans la plus cruelle anxiété ; et arrive à Rome le ro Février. Quel con- traste entre ce dernier voyage et les trois précedens , où il étoit entré comme en triomphe dans la capitale ! cette fois on le travestissoit en coupable, en mécréant, en homme infecté d'hérésie, qui venoit subir un jugement. À peine descendu chez l'ambassadeur Niccolini, à la Villa Médicis , il reçoit du Cardinal Barberini l'ordre de ne parler à qui que ce soi£; Niccolini se présente chez le St. Père , avec des recommandations de son Souverain en fa- veur de Galilée, et dans la conversation il a la maladresse d'entamer la question du mouvement de la terre; le Pape met en avant un mauvais argument, Niccolini lui répond. trop bien ; le Pontife s'échaufle , et finit par ordonner « que Galilée revêtira les prisons du St. Office. » Il y entre le 13 Avril, on lui accorde un domestique, mais seulement pour les secours qu'exige le déplorable état de sa santé, et qui devra sortir dès qu'il les aura fournis. Il obtint aussi la faveur de recevoir ses repas de la maison de l’ambassa- deur. On le retient dix-sept jours dans cette prison , d'où on le renvoye à la Villa Médicis, mais en charte privée. Enfin le 21 Juin 1633, il est traduit au redoutable Tribu- nal; on le renvoye en prison, et le-lendemain 22 , il est G 2 98 BIOGRAPHIE. conduit au temple de la Minerve pour y faire, en présence de la Suprême Congrégation, abjuration de ses erreurs et entendre sa sentence, qui portoit que son livre des Dialogues demeure prohibé , et l’auteur, condamné aux pri- sons du St. Office, durant le bon plaisir du Pape, et à réciter pendant trois ans, une fois par semaine les sept pseaumes pénitentiaux. On se disoit à l'oreille dans le temps, que Galilée avoit subi la torture dans sa prison. L'auteur discute cette ques- tion , sur laquelle on ne peut avoir que des données vagues, à cause du silence absolu qu'on fait Jurer aux prévenus , sur tout ce qui a rapport à leur procès. D’après la législa- tion particulière et les formes très-acerhes prescrites dans le code criminel du St. Office, qu'il cite (1). L'auteur consi- dère le trait comme fondé ; l’une de ces formes , dite era- men rigorosum , étoit la torture pour forcer la confession ; or, la sentence porte « Judicavimus necesse esse venire ad rigorosum examen tui. # Le Juge des juges connoït seul l'horrible secret enseveli dans leurs tombeaux. L'auteur ne dit rien de l’anecdote sur l'espèce de rétracta- ton qui échappa, dit-on, à Galilée après son abjuration forcée « mais la vérité est qu’elle tourne » (parlant de la terre ) (2). On le reconduisit en prison , où le Pape ne le laissa que quatre jours ; il accorda aux sollicitations de Niccolini la commutation de peine , en une prison domes- tique d’abord à Sienne, avec permission d'assister à la messe dans la cathédrale ; et sur la fin de l’année à sa re- traite d’Arcetni, près de Florence , où il demeura sous la (1x) Sagro arsenale, ovvero, pratica dell’ Offizio della S. Inqui- sitione ampliata. Stampato in Roma presso gli eredi Corbel- letti. 1639. (2) Æ pur vero che gira: Vi1E DE GALILÉE. 99 surveillance du grand Inquisiteur du pays, et où il lui fut défendu de tenir des conférences , de recevoir des amis à diner , et de venir à la ville, même pour y consulter les médecins. Mais du moins sa solitude étoit adoucie par la plus puis- sante des consolations pour un père, par les soins assidus de sa fille chérie , religieuse au couvent d’Arcetri , et femme d'un mérite extraordinaire. . ... Une maladie aigüe la lui en- lève en peu de jours. Alors, la mesure du malheur fut au comble. Les peines de corps et d'esprit éprouvées dans le der- nier séjour de Galilée à Rome, avoient affoibli sa eonsti- tution et accru ses infirmités ; il étoit travaillé par le rhu- matisme et la gravelle ; ses fatigues astronomiques lui firent perdre d’abord un œil , puis il devint tout-à-fait aveugle ; il ne lui restoit plus qu'à mourir. I} se crut près de sa de- livrance au commencement de l'année 1638 , et il voulut faire ses dernières dispositions ; l'Inquisition en fut informée et fit mine de s’y opposer, on ne sait trop à quel titre. mais une consultation de théologiens lui accorda cette fa? culté ; il fit son testament en bonne forme, et survécut encore trois ans à cet acte; si c'est vivre qu'exister, en butte à des persécutions qui ne cessèrent point, en proie à des maux douloureux et incurables, et privé du sens de la vue. Son fils Vincent, et les savans Viviani et :Torri- celli ses célèbres élèves, mirent tous leurs soins à adoucir autant qu'il fut en eux sa triste situation; il y succomba enfin le 8 Janvier 1642, âgé de près dé 78 ans; sa mort honorée de la bénédiction d'Urbain VIII, fut éminemment chrétienne. On a dit que Newton étoit né le jour même de la mort de Galilée : l’auteur relève cette erreur. Il s’en faut de onze mois et vingt-sept jours que les deux événemens aient été simultanés 100 BrOGRAFHIE. On feroit un ivre avec les monumens , les inscriptions , les méduilles , les souvenirs de tout genre qui honorent et consacrent à Florence la mémoire de Galilée. La complai- sance de l'Editeur de l'ouvrage dont nous terminons l’ex- trait, nous a mis à portée d'y joindre la planche même qui représente les médailles frappées en l'honneur de cet homme rare. T'erminons cette notice biographique , déjà bien longue, et qui aura fait naitre plus d’une triste réflexion , par une. considération consolante sur le progrès des lumières dans le foyer même des vexations de Galilée, depuis l'époque où on le persécutoitt On a compté parmi les meilleurs commentateurs de Newton, les RR. PP. Jaquier et Le Sueur , jésuites : Rome possède depuis assez long-temps , un Observatoire et des astronomes distingués ; enfin on a la dans les papiers pubiics de l’année dernière, que les pro- testans qui s'y. trouvoient, à la fête de Pâques , ont été au- torisés à la célébrer selon leur rit; et que l’un des premiers magistrats de Genève, a communié des mains d'un ministre de son culte, dans la capitale du monde catholique. Enfin nous venons d'apprendre , qu'une traduction littérale des Leçons tirées des Saintes-EÉcrilures pour les écoles anglaïses d'enseigne- ment mutuel, vient de sortir des presses de la Propagande : com- bien les temps ont changé; et quelle différence entre Urbain VITet Pie VIT! © ‘’rôrr } PHYSIQUE. ESPERIMENTI ELETTRO-MAGNETICI, etc. Expériences électro- magnétiques faites à Florence par le Prof. Gazzeni , le Marquis Rinozri, et le Chev. Anrionr, du 6 au 18 Janv. inclusivement , en présence de quelques amateurs des sciences physiques (1) (avec fig.) ( Traduction. ) L'irraner voltaïque du Prof. Gazzeri , étoit composé de deux élémens seulement , de cuivre et de zinc, chacun de vingt-neuf pouces de haut sur 17 <; soit, en tout, de 4056 pouces quarrés de surface, tant zinc que cuivre, en travail. Chacune des deux lames dé zinc , revêtue d'un sac de toile, pour éviter le contact avec le cuivre , plonge dans une auge toute de ce dernier métal; et le liquide est de l'eau acidulée d'un 60. d'acide sulfurique. L'appareil fait rougir à l'instant sur une longueur d'environ 2 pouces, un fil de platine de + de lig. de diamètre. Le marquis de Ri- (x) Nous avions d’abord pensé à classer ces. expériences intéres- santes et nombreuses selon l’objet particulier de recherche qui avoit suggéré chacune d'elles; mais, après réflexion, nous avons pré- féré l'ordre simple des temps. C’est ainsi que procédoient, dans leurs registres, les célèbres Académiciens de! Cimento , réunion qui offroit plus d'un trait de ressemblance avec celle dont nous avons eu l'avantage d’être les témoins. Chacune des séries d'expé- riences , préparées et exécutées par l'un des trois physiciens sus- nommés , porte en tête l'initiale de son nom. (R) 102 PHYSIQUE. dolf a deux appareils ; l'un , de même surface que celui du Prof. Gazzeri, mais composé de quatre élémens, au lieu de deux. On le voit représenté fig. 1. Les communi- cations du cuivre au zinc y sont établies, ou interrompues à volonté, par des gros fils de fer commer, pliés en double équerre et qui entrent au travers de bouchons dans des tubes de fer ## soudés au cuivre et au zinc, et au fond des- quels il y a un peu de mercure. La communication est établie quand on enfonce la traverse jusqu'à ce que les deux branches descendantes atteignent le mercure ; elle est interrompue quand on l'élève assez pour qu'elles ne le touchent plus. Les deux baguettes bb, bb , qui portent les quatre auges élémentaires sont de verre. L'autre batterie est une batterie voltaïque de 80 élémens, cuivre et zinc , de 3 : pouces de côté. Expériences faites le 6 Janvier , dans le laboratoire du Prof. Gazzeri, à S. Maria Nuova. G. n.° 1. On a répété , avec plein succès, l'expérience fondamentale d'Orsted sur la déviation de l'aiguille au des- sus et au dessous du fil conjonctif. 2.® On a de même vérifié l'influence de la forme spirale dans le fil conjonctif, suggérée par les physiciens français. On a tordu un même fil de cuivre en trois spirales consé- cutives, dont celle du milieu avoit les spires tournées de droite à gauche. On a donné pour axe commun à ces trois spirales un fil d'acier qu'on a coupé ensuite en trois tiers. correspondans à chacune des spirales. Chacun de ces tiers s’est trouvé former comme autant d’aiguilles de boussoles aimantces, mais dont les pôles homonymes éloient conligus. 3. On a éprouvé de même l'attraction temporaire d’un fl conjonctif de cuivre, ou de platine, pour la limaille de fer placée au-dessous, tant que le fil fait partie du circuit voltaïque ; il la laisse tomber, à l'instant où ce circuit est interrompu. ET EXPÉRIENCES ÉLECTRO-MAGNÉTIQUES. 103 42 Une bande étroite de Palladium soumise à l'action magnétisante de la spirale de cuivre , ne s’est point aimantée. Lorsqu'on l'a placée en guise de fil conjonctif, elle a promptement rougi, et s’est fondue. t Expériences faites le 10 Janvier , dans le même laboratoire , avec le même appareil voltaïque. R. 1. Exp. Un fil de platine , frenfermé dans un tube capillaire de verre, et employé comme fil conjoncüf, dans la direction du méridien magnétique, a fait dévier l'aiguille de la boussole placée au-dessus , ou au-dessous ; comme dans l'expérience fondamentale d'Orsted. 2.* Un tube de verre , plein de mercure, exactement fermé, et des extrémités duquel sortoient deux bandes de métal qui communiquoient aux deux pôles, s'est rompu avant qu'on ait pu observer le résultat. 3. On a formé le fl conjonctif, d'un tube de verre plein d'eau dans laquelle pénétroient de part et d'autre deux fils de platine interrompus comme dans l'appareil ordinaire de la décomposition de l'eau ; le tout étant parallèle au méridien magnétique. L’aiguille aimantée , placée au-dessus ou au-dessous de cet appareil , n’a éprouvé aucune dévia- tion sensible. G. 4° On a employé pour fl conjonchf une lame assez large de zinc. Elle ne s'est pas sensiblement réchauffée , et l'aiguille n’a éprouvé auprès d’elle aucune déviation. 5.0 Des expériences antérieures ayant mis en évidence la propriété d'un hl de cuivre roulé en spirale, dans laquelle on met une aiguille d'acier et qu’on employe comme fil conjonctif , de donner à cette aiguille la vertu magnétique, les expériences suivantes ont été spécialement destinées à essayer de découvrir l'influence de la forme particulière de lappareil conjonctif sur l'effet magnétique produit, selon 104 PHxs1QUE. que cette forme seroit plus ou moins rapprochée de la spirale, On a d’abord cherché à découvrir le temps strictement nécessaire pour l’efet magnétique permanent sur une aiguille d'acier , avec une spirale de cuivre donnée. Trois minutes de séjour dans la spirale ont sufñ pour aimanter fortement Vaiguille. NB. On employoit des aiguilles à coudre com- munes , et sans polarité sensible. 6. et 7 Exp. Deux autres aiguilles , mises dans la spirale, l'une pendant deux minutes , l’autre pendant une minute seulement, ont paru également aimantées. En con- séquence dans les expériences suivantes on s’est borné à exposer les aiguilles pendant une minute seulement à l'iu- fluence voltaïque. 8. Une aiguille mise dans une spirale de fil de laiton, d’un assez grand diamètre, s'est aimantée sans que la spi- rale se soit réchauffée; tandis que , dans toutes les expc- riences faites avec des fils conjonctifs d'un petit diamètre , ou avec des lames minces et étroites, cet intervalle se ré- chauffoit fortement. 9. Une aiguille mise dans un tube de verre ouvert aux deux bouts , et inséré dans la spirale, s'est aimantée. 10. Ona obtenu le même résultat avec un tube de verre fermé à l’un de ses bouts. 11. De même avec un tube fermé aux deux extrémités. 12. Une aiguille attachée en dehors et en dessus de la spirale ne s’est point aimantée. 13. Il en a été de mème d'une aiguille attachée en de- hors et en dessous. 14. Enfin de même encore ; d'une aiguille mise en de- hors sur le côté de la spirale. 15.€ Lorsqu'on a placé deux aiguilles à la fois dans le circuit, l'une en dehors l'autre ed dedans de la spirale, elles ont été aimantées l’une et l'autre ; le pôle nord de l’une EXxPÉRIENCÉS ÉLECTRO-MAGNÉTIQUES. 105 répond au pôle sud de l'autre, on a présumé que l'inté- rieure avoit aimanté l'extérieure. 16. On a attaché deux aiguilles à l'extérieur d’une spi- rale , et on en a placé une dans l'intérieur. Les trois se sont trouvées aimantées , et leurs pôles opposés comme précédemment. 17. On a placé une aiguille dans la spirale, et deux autres sur lés ext émités rectilignes de la spirale notable- ment prolongées , de manière que les trois étoient à peu- près sur une même ligne. Elles ont toutes trois été aimantees, ayant les pôles de noms opposés aux extrémités. voisines les unes des autres. 18.© On à fait une marque à l'une des extrémités d'une spirale de cuivre , et on a placé dans l’intérieur une aiguille dont l'œil répondoit au côté marqué de la spirale , et celui- ci au pôle zinc. L'aiguille a été aimantée , et son œil re- pondoit au pôle sud. 19.° On a procédé de même en mettant l'extrémité de Ja spirale en communication avec le pôle cuivre de l’appareil. L’aiguille s'est aimantée , et l'œil répondoit au pôle nord. 20.° et21.€ On a répété les deux dernières expériences avec une spirale tournée en sens contraire de la précédente. (sinistrorsum) ; l'œil tourné vers le zinc est devenu pôle nord, et lorsqu'on l’a tourné du côté du cuivre il est de- venu pôle sud. Ce résultat est précisément l'opposé de celui dés deux expériences précédentes. 22. On a plié un fil de cuivre en zig-zag et on lui a attaché une aiguille. On a mis cet ensemble dans le circuit, l'aiguille ne s'est point aimantée. 23. On a répété l'essai avec deux fils de cuivre phés en zig-zag : même résultat. En 24. On a réuni trois fils pliés en zig-zag sous forme d'un prisme triangulaire creux, dans lequel on a inséré une aiguille. Elle ne s'est point aimantéc. 106 Puysrquer. 25. Une aiguille attachée à un fil de laiton droit, ne s’est point aimantée dans le circuit. 26 en a été de même d'une aiguille mise sur une lame étroite et plane de cuivre. 27€ On a plié en forme de canal une lame semblable , et on a mis une aigüille d'acier , elle n’a acquis aucune propriété magnétique. 28.° Il en a été de même d'une aiguille renfermée dans un tube mince de cuivre. 29. On a comprimé une spirale de cuivre dans le sens de son axe, de manière que les spires fussent en contact, et ne laissassent point passer de lumière, ce qui formoit une sorte de tube. Une aiguille mise en dedans, et l’ap- pareil dans le circuit magnétique, en est sortie aimantée. On à formé une sorte de spirale quarrée, en enve- loppant du fil de cuivre non point un cylindre mais un pa- rallelepipède. L'aiguille placée dans cette cavité soumise elle- même au circuit voltaïque , en est sortie magnétique. 31° On a formé une espèce de cage longue et étroite, ou plutôt une façon de tube, avec un fil. de laiton qu'on plioit et ramenoit parallèlement à lui-même mais sans con- tact entre les barreaux de cette cage. On a dirigé les deux extrémités du fil en sens opposés, on a mis le tout dans le circuit, et l'aiguille dans la cage , elle ne s'y est point aimantce. 32.€ Supposant que les deux mouvemens opposés d'allée et de venue que, dans cette disposition, le fluide électrique possédoit, relativement à l'aiguille, étoient en obstacle à sa magnétisation , on a formé une cage semblable à la précé- dente , mais en faisant faire au fil un nombre double de révolutions, dont celles-là seulement qui avoient une direc- tion commune constituoient la cage ou le tube, et les autres dont la direction étoit contraire revenoient extérieurement , EXPÉRIENCES ÉLECTRO-MAGNÉTIQUES. 107 à une distance présumée plus grande que le rayon d'acti- tivité de l'influence : une aiguille placée dans cet appareil ne s'est pas aimantée dans le circuit voltaïque. R. 33 On a replié verticalement le fil de cuivre aux deux extrémités d’une spirale supposée horisontale ; puis on Va coudé à angles droits, c'est-à-dire en le prolongeant horizontalement de part et d'autre, pour le mettre en com- munication avec les deux pôles voltaïques pendant que la spirale , avec une aiguille dedans, étoit plongée dans un verre sous l’eau , l'aiguille s'est aimantée dans l’eau comme dans l'air. (fig. 7) 34% On a attaché deux aiguilles aux deux côtés d’une spirale, sans en mettre en dedans. L'appareil étant placé dans le circuit, les aiguilles ne se sont point aimantées. 35. On a revêtu par le dehors d’une feuille d’étain une spirale de cuivre dans laquelle on a mis une aiguille ; on avoit pour but d'offrir à l'influence voltaïque un passage plus court par l'étain que par la spirale. L'aiguille s’est ai- mantée. | 36° On a renfermé dans une feuille d’étain une aiguille, et un long fil de platine : on a introduit dans une spirale de cuivre la portion qui contenoit l'aiguille, puis on a établi le circuit par le fil de platine, sans que celui de cuivre fût en communication avec l’un ou l'autre des pôles. L’ai- guille a été aimantée. + 37° On à mis sur du mercure la spirale de cuivre avec une aiguille dedans ; on a placé le bain de mercure dans le circuit au moyen de deux fils de cuivre. L'aiguille a été’ {foiblement magnétisée. 1 G. 38. Une aiguille introduite dans une spirale triangu- Maire de cuivre > a été aimantée dans le circuit. 39° On a introduit une aiguille dans le tube de cuivre de la 28. expérience; et on a placé le tube dans une spi- | 108 Puxsrqau…r, rale de cuivre ; le tout a été mis dans le circuit; non- seulement l'aiguille a été aimantée mais elle étoit fortement attirée vers le pôle le plus voisin, et elle se portoit spon- tanément vers lui, malgré le frottement qu'elle éprouvoit dans l'intérieur du tube. 40€ On a substitué un tube de verre à celui de cuivre, toutes les autres conditions. demeurant les mêmes. L’aiguille a été anmantée, mais elle ne se portoit pas spontanément vers les pôles de la pile comme dans l'expérience précédente quoique le frottement düt être moindre. 41 On a attaché aux deux pôles deux bandes de feuilles d’étain 3 et on a mis en contact avec les deux extrémités de ces feuilles celles d'une spirale de cuivre , qui se trouvoit ainsi assez éloignée des pôles. L'aiguille, placée dans cette spirale s’est aimantée sans que, ni elle, ni la spirale, se soient sensiblement réchaulfées. . NB. Dans toutes les expériences on a employé le même procédé pour juger du degré de magnétisme permanent acquis par les aiguilles à coudre , qu’on employoit vierges. On présentoit alternativement leurs deux extrénnités à celles d'une aiguille de boussole légère , très-librement suspendue et longue d'environ 2 + pouces. Si l'œil et la pointe de l'aiguille à coudre attiroiert indifféremment l’un des pôles de l'aiguille magnétique, on en concluoit qu'il n'y avoit pas eu d'effet produit; mais s'il y avoit attraction du eôté de l'œil de l'aiguille, et répulsion de la pointe, ou vice versa, on en inferoit qu'elle avoit acquis , dans la minute qu'avoit duré l'expérience, une polarité permanente. EXPÉRIENCES ÉLECTRO-MAGNÉTIQUES. 109 Autre suile d'expériences vollaico-magnéliques , faites dans la malinée du 13 Janvier dans le laboratoire du marquis | C. Ridolf.. R 1° Exp. On a disposé un fil conjonctif de cuivre , de manière que ses extrémités dépassassent de part et d'autre les deux pôles, et là, fussent tournées en spirales, dans chacune desquelles on a inséré une aiguille. Les aiguilles ne se sont point aimantées. (fig. 2.) (x). 2€ On a recourbé en dedans les extrémités en spirale du fil conjonctif, jusqu’à rendre l'axe de ces spirales paral- ‘lèles au fil : les aiguilles insérées dedans n'ont point été aimantées. (fig. 3.) 3.€ Mème disposition ‘que la précédente , en croisant les extrémités des spirales qu'on a mises en contact; — point d’aimantation. 4. Mème disposition que dans l'exp. n. 2, mais le fil conjonctif est en spirale dans laquelle on met une aiguille comme aussi dans les deux spirales repliées en dessus. Ces deux dernières ne s'äimantent point, mais bien celle placée dans la spirale du milieu. (fig. 4.) 5. Mème disposition que ci-dessus, en faisant commu- niquer par le contact les deux spirales supérieures. L’aiguille du milieu s'aimante , mais non les deux autres. 6. Une spirale portant une aiguille est enfilée par un fil conjonctif de cuivre. L'aiguille ne s'aimante pas. (lg. 5.) 7 Mème disposition; la spirale étant de cuivre, et le fil conjonctif de fer. On n'obtint que de foihles indices de magnétisme. (1) Dans toutes les figures les lettres z et c répondent aux pôles h A2 d { znc et cuivre de l'appareil, 110 PHYSIQUE. 8. Le fil conjonctif est composé d'une spirale de fer con- tinuée de part et d'autre par des fils de cuivre. La spirale s'aimante d'une manière permanente. (fig. 6.) 9. On dépose un fil de cuivre en grande spirale, dont l'axe est un zig-zag, sur lequel on place une aiguille de manière qu'elle ne touche point les parois de la spirale. L’aiguille ne s’aimante pas, par la même raison que celle de la 6.° exp. ne s'est pas aimantée. 10€ On met dans un cercle fsolé une aiguille de bous- sole dont le pivot est également isolé, le pôle qui regarde le sud est attiré vers l'endroit du cercle qui communique avec le pôle zinc. Lorsqn'on a joint les fils des deux pôles sous l'aiguille, celle-ci a décliné, comme dans les expériences d'Orsted. Expérience sur la combinaison des effets chimiques et magné- tiques. R. 11. On a composé le fl conjonctif de deux tubes de verre qui renfermoient de l’eau et dans lesquels il y avoit interruption des fils. Les fils inférieurs communiquant d'un tube à l'autre formoient une spirale renfermant une aiguille. Celle-ci ne s'est point aimantée quand la décomposition de l'eau s’est opérée dans les tubes , et pendant un intervalle de cinq minutes ; tandis qu’elle devient fortement magnétique en trente secondes , dans une spirale ordinaire. En faisant passer dans ce même appareil la décharge d’une bouteille de Leyde , l'aiguille s'est aimantée dans la spirale. (lg. 8.) 12. En mettant dans une spirale une aiguille , de ma- nière qu’elle passât alternativement en dedans et en dehors: des spires , ou des révolutions successives , on a obtenu un foible degré d'aimantation. 13. En employant pour fl conjonctif une lame du zinc, contournée en spirale , l'aiguille placée à l'intérieur s’est ai- mantée. 14€ Dans ExPÉRIENCES ÉLECTRO-MAGNÉTIQUES. I11 14. Dans une spirale faite d’une lame plus large d'un plus grand diamètre , et dont les tours étoient plus distans, l'aiguille s'est aimantée. 15.2 En employant une spirale formée d'un fil qui reve- noit sur lui-même à chaque tour, l'aiguille ne s’ést pas aimantée. 16. On a pris pour fl conjonctif un appareil formé d'une spirale intérieure, de fils de cuivre, sur laquelle, par l'in- termède d’un tube de verre , on en avoit formé une seconde, dont los spires revenoient en sens contraire. L’aiguille s'est foiblement aimantce. | 17. On a formé le fil conjonctif d'une spirale et de ses deux prolongemens rectilignes le tout en fer. Elle s'est ai- mantée comme dans l'exp. n.° 8 où la spirale seule étoit de fer. Expériences comparatives àvec l'électricité ordinaire. À. 18. On a présenté au conducteur d’une machine eélec- tique ordinaire une aiguille renfermée dans une spirale dont le prolongement se terminoit en forme d'anneaux ; on a tiré, pendant quelques secondes , un courant d'éuincelles. L'ai- guille s'est aimantée ; et son pôle nord répondoit à la partie qui relevoit les étincelles , et vers laquelle étoit dirigée la pointe de l'aiguille, 19. On a répété l'expérience , en mettant l'œil de l'ai- guille du côté d'où venoit le courant électrique. L’aiguille s'est aimantée et le pôle nord s’est trouvé du côté de l'œil. 20°. La décharge d'une bouteille de Leyde passant par une spirale dans laquelle on avoit placé une aiguille a aiman- té celle-ci. 21%, Tandis qu'on chargeoit positivement une bouteille de Leyde en mettant son bouton en contact avec le con- ducteur, on tiroit des étincelles de l'extérieur avec une Se. et Arls. Nouv. serie. Vol. 16. N° 2. Fes. ü T1 PHYSIQUE. spirale renfermant une aiguille. Celle-ci a été aimantée par ce procédé. - R. 22°. On à mis un fil de platine dans un tube de verre qu'on a ensuite tordu au chalumeau en spirale. On a prolongé le fil de platine de part et d'autre par deux bandes d'étain en feuilles, et on a fait du tout ensemble un fil conjonctif, en mettant une aiguille dans la spirale de verre qui revêtoit celle de platine. L'aiguille a été aimantée. A. 23. On a courbé un fil de cuivre en un seul tour de spirale, dans lequel on a assujetti une aiguille; elle a été magnétisée par la décharge d'une houteille de Leyde. 24.€ Une aiguille renfermée dans un tube de verre et placée avec son tube dans une spirale, a été aimantée par la décharge d'une bouteille de Leyde. R. 25.€ Une aiguille qui avoit le pôle nord établi du côté de l'œil par l'effet d’une décharge électrique, a eu ses pôles renversés par un seconde décharge reçue par la pointe. Expériences du 17 Janvier, dans le Laboratoire de Mr. le Prof. Guzzeri, à S. M. nuova. ( L'appareil voltaïque étoit le même qu'on avoit employé dans les expériences du 10, c'est-à-dire composé de deux élémens seulement, formés chacun d’une lame de zinc revètue d'une toile, et plongée dans une auge de cuivre de vingt- neuf pouces sur dix-sept et demi. ) G. 1e. Expérience. On a employé pour fil conjonctif un gros tube métallique placé dans le méridien magnétique. (L'aiguille de la boussole placée alternativement au - dessus et au-dessous , a éprouvé la déviation découverte par Orsted. 2€ On a substitué au tube, une lame de zinc large d’en- viron deux pouces, et qu'on a placée d’abord avec son plan horizontal , puis vertical. L’aiguille n’a point éprouvé de dé- viation, placée au-dessus et au-dessous. EXPÉRIENCES ÉLECTRO-MAGNÉTIQUES. 113 3. On a rapproché l’un de l'autre les deux gros fils polaires de l'appareil jusqu'à-ce qu'un fil fin de platine qui ne les touchoit qu'en un point, rougit dans toute sa longueur. Ensuite on a augmenté le contact du platine avec les fils de fer polaires, au moyen de deux morceaux de feuilles d'étain. Alors la portion rougie du fil de platine s'est montrée plus longue d'un cinquième. j 4. On a composé une chaine avec des chainons alternans de gros fil de fer, et de fil assez fin de platine. Ces deux derniers ont rougi. Mais lorsqu'on a employé quatre chaï- nons de fer et trois de platine; de ces derniers, celui du milieu seulement a rougi. 5° Sur un fil conjoncüf rectiligne de cuivre on a fait cheminer une aiguille, en la faisant tourner sur son axe en même temps qu'elle s'avançoit parallélement au fil, de ma- nière que toute émanation supposée rayonnante M fil, per- pendiculairement à son axe, devoit décrire une ot sur l'aiguille. Elle ne s'est point aimantée. 6. On a répété le même procédé en dirigeant l'axe de l'aiguille à l'angle droit avec le fl conducteur ( l'un et l’autre dans un plan horisontal ). L'aiguille a paru sensiblement aimantée. (Expérience à répéter , à 7. On a-beaucoup allongé le circuit du fil conjonctif, au moyen de deux bandes de plomb laminé, (il avoit au moins cent pouces détendue); on a placé au milieu de sa longueur une spirale de cuivre, avec une aiguille dedans ; elle s’est fortement aimantée. 8. Pour reconnoitre si le fluide d'un fl conjonctif chauffé au rouge se comporte et opère comme un qui ne l’est pas, on a premièrement formé vers le milieu d'un fil de cuivre un seul tour de spirale dans lequel on à placé une aiguille soutenue par deux fils de soie. Elle s'est aimantce. 9. Ensuite, on a réuni deux bouts de fil de cuivre par H 2 114: | PHYSIQUE. un fil fin de platine plié aussi en spirale d’un seul tour, ren- fermant une aiguille; le tout soutenu par un arc isolant, de verre. Ce fil conjonctif composé a fortement rougi dans sa portion de platine, et l'aiguille s’est aimantée. 1o°. Pour reconnoître si la soustraction du calorique du fil conjoncüif empècheroit la magnétisation des aiguilles, on a formé avec un même fil de cuivre trois spirales séparées, en plient la portion du fil intermédiaire, à double retour d'équerre, de manière que les deux inférieures pussent être plongées chacune dans l’eau d'un bocal, tandis que la supé- rieure et intermédiaire resteroit dans l'air. On a mis une aiguille dans les trois spirales; Le iout formoit le fil con- jonctif. (fig. 9). La spirale du milieu s’est fort réchauffée; l’eau des deux bocaux s'est réchauffée d'un degré et demi, et les trois aiguilles se sont trouvées aimantées. x1t. On à enduit de cire blanche une spirale de cuivre dans laquelle on a placé une aiguille. La cire s’est fondue en partie; et l'aiguille, s’est aimantée. 12€. On a mis dans de la glace pilée la spirale de cuivre avec une aiguille dedans. Celle-ci s’est aimantée. 13°. On a enveloppé de plusieurs tours de fil de lin une spirale de cuivre renfermant une aiguille; et pendant toute la durée de l’action voltaïque calorifique, on a arrosé d’éther la garniture de fil de lin, pour réfroidir la spirale; celle-ci ne s’est eFectivement pas réchauffée d’une manière sensible; mais l'aiguille s’est aimantée. 14°. Dans la supposition mise en avant par le M. Ridoif , que l'électrique pourroit bien être le calorique plus le ma- gnétique, On a essayé de le recomposer par synthèse en pro- cédant comme suit : On a suspendu par un fl de fer dans l'intérieur d’une cloche de verre ierminée par un bouton métallique, un petit } ExPÉRIENCES ÉLECTRO-MAGNÉTIQUES. 115 faisceau de barreaux d'acier fortement aimanteé; le bouton terminoit une tige de laiton mobile, à frottement, de haut en bas, au travers d’un bouchon de liège. On a posé sur un support en terre cuite une cassette de même matière, sortant rouge d'un fourneau; et après l'avoir couverte du récipient, on a fait descendre le faisceau d'acier aimanté dans la cassette rouge , tout l'appareil étant isolé sur un plateau de verre, et le bouton communiquant avec un électroscope à feuilles d'or. Celui-ci n’a donné aucun signe d'électricité acquise (1). (lg. 10) Expériences du 18 Jünvier; dans le laboratoire de Mr. le Marquis Ridolfr. R. 1. Expérience. On a établi pour fil conjonctif l'ap- pareil Ag. r1, composé d'un fil de fer et un de cuivre inter- rompus dans un tube plein d'eau. Le fil de cuivre sortant du tube par le bas étoit roulé en spirale et se terminoit au pôle zinc. Il y a eu décomposition d'eau, mais point d’ai- mantation , ni de réchauffement d'aucune partie de l'appareil. 2.® Le même appareil renversé, c'est-à-dire la spirale ré- pondant au pôle cuivre, a procuré le même résultat. 3. Avec l'appareil fig. 12, dans lequel le fil conjonctif, tout en cuivre, est interrompu dans un tube plein d’eau et tordu en spirale de part et d'autre du tube, les aiguilles mises dans les deux spirales ne se sont point aimantées , et l'appareil ne s'est point réchauffe tant qu'il y à eu décom- position d’eau; mais, lorsqu'on a amené au contact les deux pointes qui étoient à distance dans l’eau, alors la décompo- (1) Mr. Ridolfi avoit tenté la même synthèse, avec une aiguille magnétique renfermée dans un tube de verre rougi au chalumeau. Mais il n'avoit obtenu aucun signe d'électricité. (R} 116 PE ES did Cr sition de, celle-c1.a cessé, l'appareil s'est réchauffé, et les aiguilles se sont aimantées. , 4° Dans un appareil semblable à celui de la fig. 8, dans lequel l'appareil de décomposition de l’eau est double, où tous les fils sont en platine, ei celui qui joint les tubes par le bas, tordu en spirale, l'eau s'est vivement décomposée; mais il n'y a eu ni réchauffement de l'appareil ni aimanta- tion de l'aiguille dans la spirale. 5. Dans un autre appareil tout semblable , mais fait de fils oxidables, on a eu le même résultat. 6° Dans un troisième , encore semblable pour la forme aux deux précédens, mais dans lequel les fils supérieurs étoient de fer dans les deux tubes, et la spirale et ses deux branches ascendantes, de cuivre, et les tubes remplis d'oxide de manganèse au lieu d'eau , le résultat a été le même ; c'est-à-dire , ni réchauffement ni aimantation. 7 Dans un appareil composé d'une spirale de part ct d'autre du tube plein d'eau à décomposer, et où les fils, à distance , peuvent être amenés à volonté au contact; tant qu'ils ont été à. distance, il y a eu décomposition d'eau, et point de réchauffement des spirales, ni de magnétisation des aiguilles ; mais l’un et l'autre de ces derniers effets s'est manifesté dès qu'on a mis les fils en contact dans l'eau. 8. On a employé pour fil conjoncuf un cercle de laiton contourné en deux tours de spirale aux extrémités de son diamètre ; et on a mis des aiguilles dans les deux spirales, elles n'ont point été aimantéess On a ensuite coupé le cercle , et on n'a employé pour fil conjoncüf que l’une des moitiés portant la spirale, il n’y a pas eu d’aimantation dans l’aiguille insérée dans cette dernière. 9. Une aiguille renfermée dans deux tours seulement de spirale, de cuivre, ne s'est pas aimantée ; mais bien dans EXPÉRIENCES ÉLECTRO-MAGNÉTIQUES. 117 trois tours, et de plus en plus fort à mesure que les tours de la spirale étoient plus nombreux. Quelques essais faits sur des spirales dont les diamètres étoient croissans , (les autres circonstances demeurant les mêmes ) ont eu des résultats équivoques. 0. Une aiguille renfermée dans un cylindre de charbon, et celui-ci dans une spirale de cuivre, s'est fortement aimantée. 11.2 Une aiguille mise dans un anneau de cuivre qui se rapprochoit de la forme spirale sans y arriver tout-à -fait, ne s'est point aimantée. G.12. On a construit l'appareil représenté fig. 13, composé de “ft lames de verre parallèles, de dix-huit lignes de large sur trente de haut, séparées par un intervalle d’en- viron une ligne , formant comme une petite auge , contre les parois intérieures de laquelle étoient appliquées deux feuilles minces de platine, séparées par deux doubles de papier. Les deux lames de verre laissoient arriver chacune par un petit trou percé au milieu, un fil de platine qui, recourhé | en bas, s'appliquoit respectivement contre les feuilles de plafine correspond: antes , et étoit mastiqué à son passage dans la lame , an que l'eau dont on rempliroit la se auge ne sortit pas par cet orihce. Cet appareil , employé comme fil conjonctif, étoit destiné à offrir une très-grande surface , ( c'est-à-dire, celle des deux feuilles de platine ) à l’action voltaïque tendante à décomposer l'eau. De plus, les fils conducteurs étoient tour- nés en spirale, dans laquelle on mettoit une aiguille. On remplit la petite auge d'eau acidulée ; et, au mo- ment où RE fut placé entre les pôles voltaïques, on vit l’eau se décomposer avec une sorte de véhémence, et le Lauvide paroitre comme en forte ébullition. L'aiguille laissée dans la spirale pendant cinq minutes, n'y acquit pas Île 118 PHYSIQUE. plus léger symptôme de magnétisme ; et l'appareil ne se ré- chauffa pas sensiblement (1). 13.0 Un morceau de nickel placé dans une spirale de cuivre , ne s’est pas magnétisé sensiblement. 14.° Une aiguille renfermée dans une spirale de laiton, s’est aimantée. 15.9 On a substitué aux arcs de fil de fer qui établis- soient la communication du zinc au cuivre des quatre auges de l'appareil, des spirales de même métal, dans lesquelles on a placé des aiguilles. Elles ne se sont point aimantées, tandis que celle placée dans la spirale du fil conjonctif entre les deux pôles , s'aimantoit fortement. 16.9 On a terminé par deux petits morceaux de charbon taillés en pointe les deux moitiés d'un fil conjonctif de cuivre , dont l’une étoit tordue en spirale, renfermant une aiguille. Lorsqu'on a approché très-près l'une de l'autre les deux pointes de charbon , la lumière ordinaire s'est :ma- nifestée très-vive ; et l'aiguille ne s’est point aimantée. NB. Dans cette expérience les deux appareils voltaïques étoient réunis. (x) Cet appareil, fort ingénieux, peut être employé avec avan- tage pour démontrer en grand la décomposition de leau par l'action voltaïque. On pourroit le disposer de manière a obtenir les deux gaz .composans séparés , en employant pour conducteur d'un côtc, un métal oxidable. Le gaz s'en dégage avec une abon- dance extraordinaire. (R) Sur L'ÉLECTRO-MAGNÉTISME , par le Dr. Bucn, à Francfort. Extrait d'une note du 9 Novembre 1820. (Schweiger u M. neues Journal) (1). Mns. Buch et Léopold de Buch, se sont réunis le »2 oc- tobre avec Mr. le Dr. Neef ; pour constater les résultats an- noncés par Mr. Seebeck , dans une lettre adressée à la So- ciété des naturalistes S. Un creuset de platine de 2 = pouces de haut et de 2 p. de diamètre avec une bande de zinc laminé de 1° + pouce de large, courbée comme dans la fig. ci-jointe , et une excel- lente boussole de Breithaupt ont servi à cette expérience. Avant de la commencer Mr. Neef annonça qu'il l'avoit faite au moyen d'une petite cuiller dorée au feu, et dont le manche portoit une petite bande de zinc courbée de ma- nière à ce qu'on put placer une aiguille aimantée au-dessus et au-dessous de la courbure ; il dit que lorsqu'il avoit rempli cette cuiller avec un acide étendu pour fermer le cir- (x) Les Rédacteurs de la Bibl. Univ. ont recu sur l’électro-magné- tisme plusieurs Mémoires détachés du Journal de Chimie et de Physique de Schweiger, et Meinecke.. Le temps nécessaire pour leur traduction n’a permis de donner ici que l'extrait de l'un d'entr'eux. 120 PHxsSs1QUE. cuit, il avoit vu l'aiguille se dévier beaucoup , non-seulement dans le cas où l'appareil étoit placé dans la direction du méridien magnétique , mais encore (contre l'assertion de Scebeck) lorsque l'appareil étoit ‘dirigé de l'Est à l'Ouest. I expliquoit judicieusement ce résultat par l’action de la polarité du Nord au Sud qui croise celle de l'Est à l'Ouest. L'expérience peut non-seulement s'exécuter de cette manière , mais encore en employant une aiguille de zinc et argent, courbée , insérée dans du liège, et plongée dans un acide par, les extrémités non liées. En plaçant horizontalement l'ouverture qui dans cette aiguille est destinée à clore le cir- cuit, et en la faisant flotter , elle se tourne à l'approche d'un aimant; elle prend une direction qui lui est propre, ct cile peut servir à montrer la polarité orientale et occi- deniale (x). RAA Cetie experience faite avec l'aiguille construite et apportée par Mr. Necef ne put pas produire des effets complètement satisfaisans à cause de l'agitation occasionnée par le rapide développement du gaz dans ce circuit flottant. Nous ne pumes douter cependant par le changement prompt que su- bissoit l'aiguille à l'approche d’un aimant assez fort , qu’elle ne se dirigeât différemment suivant qu'on lui présentoit l'un ou l'autre pôle. Lorsque l'appareil antérieurement décrit (avec le creuset de platine rempli d'acide muriatique étendu) fut mis en ac- tivité , al présenta des résultats bien déterminés , ct qui sur- passèrent notre attente. La déviation de l'aiguille aimantée parut régulière en pla- {1} Ceite aiguille formée d’une bande d'argent et d’une lame de zinc extrêmement mince, avoit à pcine deux lignes de large; les surfaces en contact avec Lacide (les deux côtés compris ) équi- valoient au plus à un demi poute quarré. Le SUR L'ÉLECTRO-MAGNÉTISME. at çant l'appareil dans le méridien magnétique (comme Sec- beck l’avoit annoncé) ; elle étoit orientale lorsque le creu- set étoit placé au sud : la déviation nord-ouest du pôle :nord de l'aiguille avoit heu dans la même position quand la boussole étoit placée sous la partie inférieure de la bande de zinc en contact avec le creuset : au-dessus, les résultats étoient imverses. Si. l'appareil étoit disposé à angle droit du méridien ma- gnétique avec — E pôle (creuset de platine ) placé à l’ouest, la clotüre du circuit ne produisoit pas seulement une dévia- tion de 90° au plus, (comme on l'a dit d'abord) mais une inversion complète ou une déviation de 180o°. Le pôle nord de l'aiguille restoit ainsi immuablement fixé au sud, aussi long-temps que le circuit électrique conservoit la même activité. Au contraire dans la position inverse, savoir le -— E pôle creuset de platine étant à l'est, il n'y avoit aucune déviation quelconque comme s'il n’y avoit eu aucune in- fluence étrangère. On. n'entrera pas ici dans le détail de l'explication de Neef qui montre que par l'effet des polarités croisées du sud: au nord, et de l'est à l'ouest, la déviation de l'ai- guille aimantée est de 90° lorsque l'appareil est placé dans la direction du méridien magnétique. Cette déviation doit paroître ‘nulle lorsque — E pôle de l'appareil est placé à l'Est, parce que dans ce dernier cas seulement elle se rap- porte à la direction naturelle de l'aiguille aimantée, tnt: CHIMIE. DescrIPTION D'UN PERFECTIONNEMENT DANS L'APPAREIL DB Woure. Ox sait que l'appareil de Woulfe à deux inconvéniens dans sa construction ordinaire ; 1.° la multiplicité des luts qu'il exige ; 2.° le danger de fracture des tubes de commu- üicauon lorsque les flacons sont assemblés d'une manière inflexible. L'invention du marquis Ridolf , que nous avons vue exécutée dans son laboratoire , et qu'il nous a permis de publier, est à l'abri de ces deux inconvéniens , et elle nous semble aussi commode qu'ingénieuse. On voit PL IT fig. 14 l'un des flacons de l'appareil, avec ses tubes communiquans, l’un /, non encore en place; l’au- tre ? déjà établi. Le flacon a, comme à l'ordinaire , trois goulots. Celui du milieu, fermé par un bouchon c sert à faire entrer et sortir les liquides. Les deux autres goulots portent chacun un tube b,8b", luté à demeure sur {le goulot avec un bon mastic. Dans l'axe du tube & descend un petit tube ee, ouvert aux deux bouts , et luté dans le goulot à son passage. De même, dans l'axe du tube Pb’ passe un petit tube 44 qui descend jusques vers le fond du vase. Il y a dans chacun des tubes extérieurs D et b’ du mercure, indiqué en w. On comprend aisément que, pour mettre en communi- cation deux flacons voisins, il suffit d'enfoncer le tube coudé dans le mercure , jusqu’à-ce que ses deux branches descen- MÉMOIRE SUR LA COMBINAISON DE L'OXIGÈNE AVEC L'EAU. 123 dantes reposent sur le lut au fond ; on a ainsi l'avantage de pouvoir séparer et changer à volonté les flacons , sans avoir rien à déluter; et le jeu de ces tubes, de diamètres assez différens , les uns dans les autres, permet aux flacons des petits mouvemens , sans danger de fracture dans les communications ; enfin , ces ajustemens fonctionnent aussi, dans certaines limites, comme tubes de süreté. L'expérience confirme tons les jours la commodité de cet appareil. a ————— MÉMOIRE SUR LA COMBINAISON DE L'OXIGÈNE AVEC L'EAU et sur les propriétés extraordinaires que possède l'eau oxigénée. Par Mr. Tuénann. Lû à l'Académie Royale des sciences. (Extrait ). La découverte de la propriété de l'eau d'acquérir une dose considérable d'oxigène, et avec elle des propriétés fort surprenantes , n’est pas très-nouvelle ; mais nous avons at tendu, pour l'exposer dans notre Recueil , que le savant et laborieux chimiste qui en a enrichi la science , eût ‘réuni lui-même en un seul corps d'information et de doctrine les communications qu'il a successivement publiées dans le cours de ses recherches, sur ce sujet curieux et qui lui appartient tout entier (1). Tant qu'il n'étoit pas satisfait lui-même , il étoit convenable d'attendre les développemens promis; et, appelés comme nous le sommes quelquefois, à parler chimie à des lecteurs qui ne sont pas , ou qui ne sont plus chi- (1) Annales de Chimie, T.8,9, 10et1r. 194 CH TN TE mistes , ét à qui pourtant il faut tâcher de se faire com= prendre , nous espérions qu'il nous aideroit lui-même , par quelque publication complète sur l’objet. Le Mémoire dont on vient de lire le titre, et qui fait partie de ceux de l'Académie des sciences, a rempli notre vœu; cet écrit vient seulement de nous parvenir; et nous nous hâtons d'en rendre compte. Jusqu'à Mr. Thénard, on avoit oxigéné de l'eau comme on la charge de gaz acide carbonique ; c'est-à-dire, en for- çant par É pression mécanique d’une pompe aspirante et foulante le gaz oxigène à se loger entre les molécules in- tégrantes du liquide, et en l'y maintenant emprisonné par un bouchon ficellé mis au vase. Mais l’oxigène est là comme un corps étranger; le gaz n’a pas perdu son élasticité cons- #tutionnelle, et il ressort spontanément dès qu'on ouvre la bouteille ; on n'a donc fait qu'une opération physique en le cognant pour ainsi dire dans l'eau ; et celle-ci n’a reçu, de la présence accidentelle du gaz, aucune modification ou ca- ractère chimique particulier. Mais, oxigéner véritablement de l’eau, c'est réussir à combiner chimiquement dans ce liquide une quantité d'oxigène surpassant plus ou moins la proportion connue qui cons- titue l’eau , c'est-à-dire, une portion (en volume ) d'oxi= gène, sur deux d’hydrogene, l'un et l’autre à l’état de gaz. On conçoit que cette combinaison peut s’opérer de deux manières ; où en augmentant la proportion de l'oxigène à l'hydrogène , dans les molécules intégrantes de l'eau ; ou en combinant l'oxigène avéc ces mêmes molécules inté- grantes, sans changer d’ailleurs la constitution chimique de chacune d'elles. L'auteur admet en théorie le premier dé ces deux systèmes. L'auteur a divisé son Mémoire en quatre parties. 1.° Pré- paration de l’eau oxigénée. 2,° Son analyse. 3.° Ses propric- _ MÉMOIRE SUR LA COMBINAISON DÉ L'OXIGÈNE AVEC L'EAU. 125 tés et celles des produits qu'elle peut former. 4.° Des conjec- tures sur l'explication des phénomènes extraordinaires qu’elle présente. f Mr. Thénard, chimiste consommé, et s'adressant à des adeptes , s'est dispensé de mettre ses lecteurs sur la voie des principes qui l’ont guidé dans sa marche, et du ralio- nale de ses procédés ; ils sont pourtant assez compliqués, et ils présentent une sorte de labyrinthe : l'auteur guide bien dans les détours ; mais il suppose qu'on a la clef de l'entrée : il ne la donne pas : nous allons offrir la nôtre. La force à employer est l’affinité chimique. On sait de- puis long-temps que son maximum d'énergie a lieu lorsque les élémens qu’elle tend à unir sont, ce qu'on appelle à l'élat naissant, c'est-à-dire , lorsqu'ils. abandonnent, dans un instant indivisible , une combinaison , pour entrer dans une autre; ce qui s'explique assez bien par cette double action, simultanée et réciproque, des molécules élémentaires , qu'on a désignée par l’épithète d’afinité double. Ainsi, par exemple, pour que l’oxigène soit saisi par l'eau toute entière, ou par l’un de ‘ses élémens, il ne faut pas lui présenter celui-ci tout formé en gaz , c'est-à-dire , déjà élastiñé par son calorique élémentaire , mais à l'instant même où 1il se dégagera de quelque combinaison qui le renfermoit en plus ou moins grande abondance; or, on sait que dans ces combinaisons les acides et les oxides tiennent le premier rang, comme composés de bases acidis fiables, ou oxidables , et du principe oxigène, plus ou moins abondant , et plus ou moins retenu. On a donc en général dans les acides, les oxides, et les composés salins qui les renferment , des magasins plus ou moins riches d'oxigène prêt à se porter sur telle substance qu'on lui présente, en même temps que celle à laquelle l’oxigène étoit attaché lui est enlevée d'autre part par quelqu'affinité supérieure. 126 | ue rar es Le principe étant donné, c'est à la sagacité du chimiste à choisir les ‘applications et la série d'opérations que ce principe doit suggérer. C’est dans ce choix que se distingue particulièrement le génie de l’auteur: voici sa marche, en général, et telle qu'il l'a d’abord tracée à grands traits. Il prend le deutoxide de barium (comme composé de beaucoup d'oxigène uni à une base qu'on lui enlève aisé- ment par l'acide sulfurique ), il le dissout dans l'acide hydro-chlorique ( muriatique étendu d’eau.) On verse dans la dissolution, de l’acide sulfurique , qui saisit le protoxide de barium. On répète plusieurs fois ces deux opérations sur la même liqueur; puis on ajoute du sulfate d'argent, dont la base saisit l'acide hydro-chlorique ; et de la baryte, qui prend l'acide sulfurique ; ces deux nouveaux composés étant insolubles sont séparés par la simple filtration, et laissent l’eau , chargée de beaucoup d’oxigène. Voici, d’après l’auteur, ce qui se passe dans ces opé- rations successives :« l'acide hydro-chlorique dissout promp- tement le deutoxide , et de là résultent, selon toute appa- rence , de l’hydro-chlorate de baryte, et de l’eau , foible- ment oxigénée. L'acide sulfurique précipite la base de l'hydro-chlorate et rend libre l'acide hydro-chlorique.. Celui- ci peut alors agir avec une nouvelle quantité de deutoxide; de sorte qu'en précipitant de nouveau la baryte par l'acide sulfurique, rien ne s'oppose à ce que l'opération soit ré- pétée une troisième , une quatrième fois, etc. etc. etc. et qu'on n’obtienne par conséquent , de l’eau chargée d'acide hydro- chlorique et de plus ou moins d’oxigène. La manière d'agir du sulfate d'argent est évidente; elle a pour objet de sé- parer l'acide hydro-chlorique et de le remplacer par de l'a- cide sulfurique. Celle de la baryte ne l'est pas moins, cette base s'empare de tout l'acide sulfurique , et le sépare de la liqueur. L'on voit donc que, si l'opération étoit faite avec des MÉMOIRE SUR LA COMBINAISON DÉ L'OXIGÈNE AVEC L'EAU. 127 des matières pures , et employées en proportion convenable, on n'auroit en dernier résultat que de l'eau plus ou moins oxigénée ; mais il est dificile, pour ne pas dire impossible, de se procurer du deutoxide de barium parfaitement pur; de là la nécessité de prendre beaucoup de précautions, sans lesquelles on ne réussiroit qu'imparfaitement. Pour n’en omettre aucune, je vais entrer dans le plus grand détail. » On ne peut pas y entrer dans un Extrait: nous nous bornerons à indiquer la série des procédés et des précau- tions : 1.9 On se procure du nitrate de baryte bien pur; ( l’au- teur indiqué comment ). 2.° On en extrait la baryte , par la chaleur ; qui volatilise l'acide. NB. IL faut exclure soi- gneusement la plus petite quantité d'oxide de manganèse, qui a de graves inconvéniens. 3.° On suroxide la baryte, en la mettant dans un tube de verre luté, la chauffant au rouge, et en faisant passer dessus un courant de gaz oxi- gène dont elle se sature, et elle devient deutoxide. 4.° On fait dans un verre à pied, entouré de glace, qu'on renouvelle, la solution du deutoxide par l'acide hydro-chlorique , et Fa précipitation par l'acide sulfurique ; la quantité d'eau est de deux décilitres, avec assez d'acide hydro-chlorique pur ét fumant, pour dissoudre environ quinze grammes de baryte. Cette opération est délicate et exige des précautions minu- tieuses que l'auteur indique en détail. Après un nombre suffisant d'opérations semblables , on obtient une liqueur chargée de vingt à trente fois son volume d'oxigène (1) et plusieurs fois l'auteur est parvenu à charger la liqueur de cent vingt-cinq volumes d'oxigène. 5.° On sursaturé la li- queur , du deutoxide , en la tenant toujours dans la glace, (1) Nous supposons que l’auteur entend ici le gaz oxigènes Sc. et Arts. Nouv. série, Vol. 16. IN°. 2. Février 1821, LA 128 CHIMIE. il s’en précipite de la silice et de l'alumine, Qu'on em sépare par le filtre. 6.2 On ajoute goutte à goutte de l’eau de baryte pour précipiter les oxides de fer et de manga- nèse, s'il y en a. 7.° On verse dans la liqueur ( toujours dans la glace ) du sulfate d'argent pur , jusqu'à-ce que la liqueur devienne limpide tout-à-coup; on a alors une liqueur composée d'eau, d’oxigène , et d'acide sulfurique. 8.2 On précipite l'acide par la baryte pure en poudre; la liqueur est de l’eau oxigénée étendue d’eau pure. 9°. On se débar- -rasse de l’eau pure en meitant évaporer le mélange dans le vide, au-dessus de l'acide sulfurique, ( le procédé de Leslie ). Au bout de deux jours, la liqueur, ainsi con- centrée , contiendra peut-être deux cent cinquante fois son volume d’oxigène. On peut atteindre un degré de concen- tation iel que la liqueur donne jnsqu'à quatre cent soixante et quinze fois son volume de gaz, sous la pression ordi- naire et à la température de 14° c. Le gaz oxigène ne s'en dégage point sensiblement dans le vide, mais bien, et en totalité, au contact de l’oxide de manganèse, sans que cet oxide en absorbe, ni qu'il en abandonne du sien. L'au- teur emploie cet oxide en façon de réactif, dans une éprou- vette pour mesurer la quantité de gaz oxigène contenue dans un volume donné d'eau oxigénée. Pour conserver long-temps l’eau oxigénée, il faut la con- tenir dans un long tube de verre bien fermé et entouré de glace. Analyse de l'eau oxigénée. A ce degré de concentration, la chaleur dégage l’oxigène, mais si brusquement que l'opération est dangereuse quand l'eau est saturée ; il n’y a plus de danger si elle est éten- due d’eau distillée, et c’est ainsi que l’auteur procède pour J'analyser. Alors, par un procédé assez délicat, et avec des MÉMOIRE SUR LA COMBINAISON DE L'OXIGÈNE AVEC L'EAU. 129 “précautions que l’auteur indique , il dégage par la chaleur l'oxigène à l'état de gaz , et mesure son volume comparé à celui de l’eau dans le tube même où le dégagement s'est opéré. | Commé l'oxide de manganèse a aussi la propriété de dégager l'oxigène en totalité , l'auteur l’emploie à cet effet dans une opération d'analyse, comparée à celle où il a em- ployé le calorique. Il donne tous les détails de plusieurs essais d'analyse par les deux procédés , dont les manipulations physico- chimiques sont ingénieuses et délicates. Voici les ré- sultats. 1.e Epreuve , par le calorique. 1,150 gramme d’eau oxi- génée dont la densité étoit de 1,415, est composé de 0,660 d’eau, et de 0,49 d'oxigène. Mais, dans 0,660 d'eau, il y a 0,582 d'oxigène (1). Donc l'eau examinée contient 0,582 d'oxigène naturel, et 0,490 d'oxigène additionnel. 2.° Epreuve , Paie manganèse. Mème eau. — Le résultat ne diffère que de —— du précédent. 3.2 Par le manganèse. La densité de l’eau oxigénée étant entre 1,415, et 1,452. L'oxigène naturel, est à l’oxigène additionnel comme 23 à 21. 4€ Eau oxigénée la plus dense, et la plus oxigénée’ qu£ ait été éprouvée. Elle a donné, par le caloriqne, le rap- port de l’oxigène naturel à l'oxigène additionnel, comme les nombres 41 à 40; c'est-à-dire , à-peu-près le rapport d'égalité. .5.€ La mème, éprouvée par le manganèse , a donné un rapport qui ne differe du précédent que de moins de =. D'après ces résultats, l’auteur considère l'eau oxigenée comme un péroxide d' hy drogène , qui. contient une dose d'oxigène double de. la proportion ordinaire. (1) L'auteur admet les proportions de l’oxigène et l'hydrogène dans l'eau , comme 88,29 à 11,51. L 2 130 CHrmre. Propriétés physiques du péroxide d'oxigène. Cette singulière liqueur est liquide, transparente , incolore, et inodore, comme l'eau ; mais plus dense , dans le rap- port de 1,452 à 1. Quoique soluble dans l'eau elle coule visiblement à travers comme un sirop. Elle détruit les cou- leurs végétales, attaque la peau, blanchit et picote la langue. L'auteur n’a pas pu la solidifier par un froid de — 30° c. Elle a une saveur comme métallique ; elle peut s'évaperer toute entière dans le vide. Action de divers corps sur le péroxide d'hydrogène , ou l'eau. Le calorique décompose le péroxide d'hydrogène ; lente- ment , si la température est peu élevée, ou le liquide étendu d’eau ; rapidement et même brusquement , et avec danger d’explosion , dans le cas contraire, La lumière n’a pas sur lui d'effet prompt. Les métaux tendent en général à le décomposer et à le ramener à l'état d'eau ; sauf le fer, l'étain, l'antimoine, et de fellure. Les uns s’oxident avec une portion de son oxi- gène ; les autres conservent l’état de régule ; tous doivent être très-atténués pour produire une prompte décomposition. L'auteur a fait sur leur action un nombre d'essais très-curieux 3 il les classe sous trois chefs , 1.° métaux qui décomposent le péroxide et dégagent l'oxigène sans s’altérer. 2.° Métaux qui décomposent le péroxide, mais en retenant une por tion de son oxigène. 3.° Métaux sans action. Voici les faits principaux. Avec l'argent très-divisé provenant de la décomposition récente du nitrate d'argent par le cuivre; et le péroxide pur; action subite, violente ; dégagement de calorique si MÉMOIRE SUR LA COMBINAISON DE L'OXIGÈNE AVEC L'EAU. 135 grand que le tube de verre devient brûlant; l'argent con- serve son état métallique, et tout l'oxigène se dégage à l'instant à l'état de gaz. Le platine , l'or, font le même l'effet ; l'osmium semble avoir une action encore plus éner- gique. Tous restent à l'état métallique. Dans la seconde classe l'arsenic en poudre appliqué au pé#roxide pur, produit une action des plus violentes ; le métal s'enflamme , s'acidifie, et il y a grand dégagement de calo- rique. — Même effet avec le molybdène, et avec le sélénium; et acidification des bases métalliques ; — de même avec le potassium ; et formation de polasse. Les combustibles simples , solides ; et non mélalliques dif- férent beaucoup entr'eux dans leur manière d'agir sur le péroxide d'hydrogène. Le soufre n'a pas d'action , le phos- phore le décompose à la longue; le charbon agit vivement, dégage assez de calorique et tout l'oxigène, sans formation d'acide carbonique. : Parmi les sulfures , celui d'arsenic ( orpiment}) a une action subite et violente , avec dégagement de gaz, de ca- lorique et de lumière ; celui de molybdène agit de même, comme aussi ceux d'antimoine , de plomb , et de platine. L'action des autres est plus ou moins foible. Quelques autres combustibles composés n'ont en général que peu d'action. Les oxides mélalliques ont une action décomposante très- variée sur le peroride d'hydrogène, à la température ordi- aire. Plusieurs chassent l'oxigène de la liqueur si subite- ment qu'il en résulte une sorte d'explosion, avec déga- gement de chaleur et de lumière. D'autres absorbent , au contraire , l’oxigène du péroxide et le ramènent à l'état de protoxide , ou d'eau. Tels sont la baryte, la strontiane , la chaux , l'oxide de zinc, de cuivre, de nickel, et d’autres; mais il fant que loxide soit en gelée ou en dissolution. Les phénomènes résultant de ces mélanges sont très-variés. pi 132 CHIMIE. Certains oxides dégagent l'oxigène du péroxide d'hydro- gène, sans se suroxider ni se désoxider; ensorte qu'on ne sait , pour ainsi dire, à quel jeu d’affinité attribuer leur effet, à moins que ce ne soit celles du calorique ou de l'électrique. Dans quelques-uns l'action désoxigénante est très-violente , avec dégagement brusque de chaleur; c’est ainsi, par exemple, qu'agissent le péroxide de manganèse naturel, celui de cobalt; et quelques autres. D'autres , en dégageant l'oxigène du péroxide d’hydro- gène, abandonnent aussi le leur, en tout ou en partie. Tels sont ceux d'argent , de mercure , de plomb, d'or, et de platine. Celui d'argent est le plus actif, et le dégagement a lieu avec chaleur, lumière, et quelquefois explosion. L'argent se trouve réduit. Le tritoxide de plomb montre à-peu-près les mêmes phénomènes. Enfin , il y a des oxides qui sont sans action sensible sur le péroxide; tels sont l'alumine , la silice, l’oxide de chrome , ceux d’antimoine , etc. Les acides, loin de dégager l’oxigène du Des d'hy- drogene , semblent, au contraire , l'attacher plus fortement à sa base ; l'auteur en donne plusieurs exemples. Il avoit cru d'abord que l'oxigène se combinoit avec les acides et les suroxigénoit ; mais il a changé d'opinion, et il expose les motifs qui lui font croire que les acides se combinent avec le péroxide d'hydrogène, et que c’est dans ce nouveau composé que l'oxigène prend une affinité plus stable. Au demeurant, cette propriété n'appartient pas à tous les acides, et l'auteur le montre par des exemples. Il établit par un nombre d'expériences les propriétés des mélanges d'acide et d'eau oxigénée ; il examine aussi l’ac- tion d'un assez grand nombre de sels sur le péroxide d'hy- drogène concentré, et sur de l’eau oxigénée contenant onze fois son volume d’oxigène. MÉMOIRE SUR LA COMBINAISON DE L'OXIGÈNE AVEC L'EAU. 13% L'auteur étudie de même les effets d'un grand nombre de substances végétales et animales sur le péroxide d'hy- drogène ; toutes , à l'exception de la fibrine, ne font point d'effervescence dans le mélange. Mais il en est autrement des tissus organiques des animaux ; tous opèrent la déeom- position du péroxide , à la manière de la plupart des mé- taux et des oxides métalliques, sans rien absorber, et sans éprouver la moindre altération apparente quand le péroxide n'est pas très-concentré. L'auteur présente un tableau des substances ou parties animales qui exercent plus ou moins d'action sur le péroxide et dont quelques-uns en dégagent assez promptement tout l'oxigène. Tels sont, la fibrine, récente ou sèche, le issu du foie et d'un nombre d'autres organes spongieux coupés en tranches minces et bien lavés, la matière cérébrale, etc. Il y en a, en revanche , qui ne produisent pas la plus légère ‘effervescence ; Par exemple l'alhumine , la gelée de celle, etc. Ici l’auteur est conduit à un soupçon ingénieux sur Ja nature de l’une des fonctions organiques les moins expli- quées , les sécrétions : « Puis ( dit-il ) que la fibrine , les üssus de la rate, du poumon, des reins, etc. ont, comme le platine, l'or, l'argent , etc. la propriété de dégager l'oxi- gène de l'eau oxigénée, il est très-probable que ces effets sont dus à une même force. Seroit-il déraisonnable de pen- ser, d'après cela, que c'est par une force analogue qu'ont lieu toutes les sécrétions animales et végétales? Je ne l'ima- gine pas: on concevroit ainsi, comment un organe , sans rien absorber, sans rien céder, peut constamment agir sur un liquide, et le transformer en des produits nouveaux.» Six substances au moins font explosion avec le péroxide d'hydrogene lorsqu'on les emploie en poudre sèche et très- divisée et qu'on laisse tomber dessus la liqueur goutte à goutte. Ce sont, l'oxide d'argent , le péroxide de ‘plomb, 134 CHIMIE. I le péroxide de manganèse; le platine, l'osmium, et l'argent, en régules. L'oxide d'argent , extrait du nitrate, est le meilleur qu'on puisse employer. Lorsqu'on veut faire l’ex- périence sans danger, on met au fond d’un verre une pe- tite couche d'un de ces corps; d'autre part, on aspire dans un tube effilé en pointe une petite quantité de péroxide d'hydrogène , qu'on y soutient en fermant l'extrémité, supé- rieure avec le doigt, puis on laisse tomber une grosse goutte du liquide sur la matière solide ; une petite explosion a lieu instantanément. Elle ne se fait pas, et on n'obtient qu'un siflement, si la goutte tombe sur la paroi du verre avant d’atteimdre l'oxide. 1l y a dégagement de lumière sensible, au moment de l'explosion. Dans le nombre considérable des matières métalliques qui, à l'état d'oxides on à celui de régules peuvent dé- composer le péroxide > il y en a beaucoup qui jouissent de ceite faculté d’une manière indehinie , c’est-à-dire , en- sorte qu'une quantité donnée de l'une d'elles peut décom- poser successivement et sans rien perdre de son. énergie, une quantné quelconque de péroxide d'hydrogène ; d’autres diminuent évidemment leur action à mesure qu'elles s’exer- cent. Il en est de même des substances animales. Le péroxide d'hydrogène , peut, comme magasin d’oxi- gène ; former des deutoxides de strontiane , de calcium, de zinc; un tritoxide de cuivre, et un oxide de nickel. Tous se reconnoissent à la propriété de se dissoudre sans effervescence ,:a la température ordinaire, dans des acides muriatique , nitrique, etc. et de laisser dégager tout l’oxi- gène qui les constitue péroxides , lorsqu'on chauffe la dis- solution et qu'on la fait bouillir. L'auteur examine succes- sivement , et en détail, ces cinq oxides, à leurs divers egrés de suroxigénation , en indiquant avec soin toutes les manipulations qui font réussir. « MÉMOIRE SUR LA COMBINAISON DE L'OXIGÈNE AVECL'EAU. 135 Enfin , il passe en revue les differens oxides qui, dans leur contact avec divers acides , et sur-tout avec l'acide muriatique , peuvent produire de l'eau oxigénée. Il en a trouvé huit, savoir, les deutoxides de barium , de stron- tiane, de zinc ; le tritoxide de cuivre, et les péroxides de nickel , de potassium , et de sodium. Il à vainement essayé les péroxides de manganèse , de plomb, et de co- balt; ces oxides ont été mis en contact à la température ordinaire avec les acides, sulfurique, nitrique , et muriatique , à divers degrés de concentration. Dans aucun cas l'eau ne s'est oxigénée ; et chose remarquable, l'acide muriatique s’est décompose , et il y a eu dégagement de chlore. On a peu d'exemples, en chimie, d’un rassemblement aussi considérable de faits sur un objet donné, que celui qui résulte du grand et beau travail dont nous avons tenté l'analyse. Mais ces faits, loin de s'expliquer par les théo- ries reçues, semblent présenter une exception également frappante et embarrassante aux lois ordinaires de l’afinité. Jusqu'à present, lorsqu'un corps en décomposoit un autre, c'etoit en s'appropriant un des principes de celui-ci , et formant avec lui un composé nouveau. Ici, rien de sem- blable : le corps decomposant ne prend rien, ne garde rien; le platine , l'or, l'argent , l’oxide. de manganèse, chassent brusquement l'oxigène du péroxide ; ce principe gazeux s'élastiñe et s'en va ; le peroxide d'hydrogène re- devient oxide ; c'est-à-dire , de l’eau ordinaire ; et le métal demeure 2 statu quo : que s'est-il donc passé ? L'auteur se fait la même question. « De semblables résultais ( dit-il ) ne peuvent s'expliquer, par l'affinité, du moins telle qu'on la conçoit ordinairement ; ils ne peuvent être produits que par une cause physique. Or, on ne peut les attribuer, ni au calorique, ni à la lumière, ni, selon toute apparence, au fluide magnetique : l'on est donc conduit à les attribuer au fluide electrique. » 136 CHIMIE. D'après ce dernier soupçon , l'auteur a mis en commu- n'cation avec l'appareil de décomposition du péroxide un électromètre à feuilles d’or très-sensible , surmonté d'un condensateur : les signes électriques ont été irès-douteux. Le péroxide, soumis à l’action de l’un des pôles d'un appa- reil voltaïque de trois cent cinquante paires , a tenu bon, et ne s’est point décomposé; exposé au courant entre les deux pôles , il s’est décomposé , comme l’eau, à cela près, qu'il dégageoit plus d’oxigène. « En reconnoissant , dit l’auteur, l'électricité pour cause primitive , il est possible de concevoir son action de plu- sieurs manières. L'une d'elles consisteroit à supposer que, dans le péroxide d'hydrogène , l'eau , ou l’hydrogène, seroit électrisé positivement , et l'oxigène négativement ; la com- binaison n’auroit lieu que sous cette influence électrique. Lorsqu'on mettroit certain corps en contact avec le péroxide d'hydrogène, ces corps réuniroient les deux fluides ; et de là, de l’eau , de l’oxigène , et de la chaleur. Celle-ci provien- droit, de la combinaison subite du fluide positif avec le fluide négauf, et seroit quelquefois assez grande pour réduire quelques oxides, tels que ceux d'argent , de mercure, d'or, etc. Il nous semble que cette explication a le défaut de re- poser sur une hypothèse entée sur une précédente , celle des deux fluides ; ce qui diminue peut-être la probabilité qu'on a deviné, en raison doublée du nombre des suppo- sitions qu'on enchaine. Nous voudrions essayer, non pas de résoudre tout-à-fait le problème , mais de le rattacher à une classe de faits dont l'admirable auge voltaïque est le magasin inépuisable ; et de le rendre amsi explicable quand ceux-là seront expliqués. Or, on a dans l’auge voltaique : 1.9 Action chimique évidente d'un liquide sur un métal. MÉMOIRE SUR LA COMBINAISON DE L'OXIGÈNE AVEC L'EAU. 137 2. © Dégagement simultané ‘de’ calorique , de lumière , dark , et de magnétique , en Dre de cette action. Donc, il est vraisemblable que toutes ces substances sont soumises aux forces chimiques, c’est-à-dire , aux affinités. 3.9, Déployement d'une force motrice de tous ces agens, dans un sens déterminé , et en circuit. L 4.° Faculté conductrice éminente des métaux ; dans ce même circuit. 5.9 Manifestation prodigieuse de ce calorique , et de lu- mière , quand le circuit est interrompu dans! l'air ou dans le vide, et quand l'action chimique primitive a lieu sur une grande surface. 6.° Absorption presque totale de ce même calorique , quand il y a production de gaz là où le circuit est in- terrompu. Donc il est näturel de conclure, que les impon- dérables, et le calorique en particulier, sont soumis comme es autres substances élémentaires, à l’action des affinités chimiques ; et que, comme les autres sbstances, ils perdent leurs propriétés caractéristiques pendant aussi long-temps qu'ils sont coutenus par ces affinités. Tous les phénomènes de la combustion nous enseignoient cette vérité long-temps ‘avant l'apparition dé l’auge voltaïque. | Ainsi , dans le péroxide d'hydrogène , on a condensé le calorique en même temps que l'oxigène par le jeu d'affinités “qui ont eu lieu dans sa formation ; il existe là dans l’état ‘Solide , comme il réside dans le nitre et dans tous les composés fulminans; comme aussi il se trouve à l'état élas- “tique permanent dans les gaz. | Quelques-uns de ces composés fulminans , l'argent , par exemple, fülminent au contact d'un corps solide quelconque, tant le calorique y est légèrement retenu. Est-il bien surprenant, que , dans le péroxide d'hydro- 138 CHimMLeE. gène , composition comme /supersaturée d'oxigène et de ca- lorique , le contact d'un métal, dans un état de grande di- vision ; et très-bon conducteur de calorique , le détache, et qu’à l'instant le principe libéré élastiñe l'oxigène , qui, à cet état de gaz, contient encore , comme on sait, une grande proportion de calorique et de lumière, prêts à se dégager dans la combustion ? Nous nous bornerons à si- gnaler ces aperçus au savant auteur du Mémoire: /ntelli- genti pauca. Sans doute ces mêmes idées se seront présentées à plus d'un physicien ou d'un chimiste; mais on les aura repous- sées, par suite de l'habitude d'étendre les phénomènes et la théorie de la chaleur spécifique, aux phénomènes et à la théorie de la combustion | on arrivoit ainsi à des résul- tas comme absurdes. Il y a plus de trente ans que dans notre Essai sur le, feu nous avions cherché à mettre en garde. contre cetie équivoque. Disons-le encore : le feu, comme chaleur spécifique , est simplement .disséminé entre les molécules #ntégrantes des corps, sous leurs trois états de solides, liquides et aëri- formes ;.1l y constitue la Zempérature ; 1 y subit les modi- fications du volume , il n'y est retenu que par une légère adhésion ; on l’exprime , comme l'eau d'une éponge , lors- qu'on change brusquement le volume du corps qui en est pénétré , par exemple, dans le briquet pneumatique. Mais, le feu combiné où chimique, le caloricum, ne chauffe plus ; il n’occupe plus de volume sensible ; il entre dans la composition intime du corps , et il ne l'abandonne, en | tout ou en partie, que par suite d’une décomposition. Alors Al se monire comme chaleur , s'il n'entre pas dans un nou- veau composé solide ou gazeux , et il devient feu libre et rayonnant s'il ne rencontre rien à quoi s'attacher; ou bien, Chaleur spécifique, s'il trouve des tissus à pénétrer. me ds MÉMOIRE SUR LA COMBINAISON DE L'OXIGÈNE AVEC L'EAU. 139 Et, pour nous faire mieux comprendre , reprenant la comparaison de l'éponge mise en avant tout-à-l'heure , et supposant qu’au lieu de feu il s’agit d’eau ; nous appelle- rions eau spécifique de l'éponge celle dont on l'imprègne lorsqu'on la mouille plus ou moins ; et eau chimique, où combinée ; celle qui entre comme composant dans la consti- tution chimique de l'éponge; sans laquelle , par exemple, elle n'est que du charbon ; il en de même, à ce que nous croyons , du feu, et des corps , ou qu’il pénètre simple- ment, où dans la constitution desquels il entre comme prin- cipe. Nous terminons , en disant avec l’auteur du beau travail dont nous venons de rendre compte , que « ces influences » électro-chimiques ouvrent aux chimistes une carrière nou- - velle , destinée peut-être à s'agrandir considérablement ; qu'il faut faire de nouvelles recherches pour la dévoiler plus qu'elle ne l’est encore, et en même temps pour trouver un procédé à l'aide duquel on puisse se procurer plus commo- dément le péroxide d'hydrogène. ( 140.) MÉDECINE. NoOUVELLES RECHERCHES SUR LES EFFETS DE L'IODE ET SUR les précautions à suivre dans le traitement du goître par ce nouveau remède. Lonsour je communiquai à la Société Helvétique des Sciences naturelles réunie à Genève en juillet dernier, ma découverte d'un nouveau remède contre le goître , je m'étois assuré, pendant l’espace d'une année, d'un assez grand nombre de faits qui la confirmoient, et qui constatoient les effets de ce puissant spécifique, et son innocuité (1). J'ai eu depuis, connoissance de symptômes fâcheux parti culiers à l'iode, qui se sont manifestés chez des personnes qui par leur rang et leur mérite, ont attiré l'attention du public dans cette Cité. Il en est résulté qu'on s’est élevé ici contre l'emploi de ce remède, et que certaines personnes ont jeté sur lui une terreur telle que je ne connois que les clameurs excitées contre l'antimoine , l’inoculation de la petite- vérole , et la vaccine, qui puissent être comparées à cette vive opposition. - (1) Je compris tout l’avantage pécuniaire que je pouvois re- tirer de ma découverte, si je voulois en faire un remède secret, mais outre qu'une telle spéculation est fort au-dessous du respect qu'un Docteur doit à l'honorable état qu'il exerce, j'éprouvai une joie si vive, en pensant que, Médecin Suisse, Jj'avois décou- vert un remède propre à une maladie si fréquente, et presque endémique dans mon pays, qe je m'empressai de rendre public le fruit de mes recherches. NouveLLEs RECHERCHES SUR LES EFFETS DE L'IODE. 141 Je dois cependant rendre hommage à la vérité, en disant que ceux de mes confrères, tant génevois qu'étrangers, qui ont administré l'iode ne le décrient point, mais le procla- ment, au contraire, Comme un puissant remède, encore peu connu, et qu'on doit par conséquent employer avec discer- nement et prudence. Le bien public exige que je fasse con- noître jusqu'à quel point ces reproches , et ces craintes sont fondées , et que je cherche à en determiner les causes. Comme sur cent cinquante malades à qui j'ai administré l'iode, ou ses diverses préparations, pas un seul de ceux qui ont suivi strictement, et avec régularité mes conseils, n’a été exposé d'une manière grave aux accidens fâcheux attribués à l'iode ; ce n'a pas été sans un vif chagrin que j'ai eu connoissance de ce qui est arrivé à trois ou quatre personnes dont aucune n'étoit confiée à mes soins (1). (x) Mr. Colladon, pharmacien, m'a communiqué une lettre de Mr. Irminger de Zurich, dont je transcris les passages suivans relatifs à l’iode. — Zurich 2 Fév. 1821. « J'ai traité, écrit ce sa- vant praticien, environ septante individus des deux sexes et d'un âge différent avec la teinture d’iode selon la formale et les doses indiquées par Mr. le Dr. Coindet. Deux onces de cette tein- ture suffisoient d'ordinaire pour fondre des goîtres très-vienx et volumineux ; quelque fois il a fallu une troisième once pour les détruire totalement. — Dans quelques cas l'iode n’a eu aucun succès pour détruire les goîtres, mais je n’en ai jamais observé d'effets fâchcux. Des enfans de cinq à dix ans se sont servis de ce remède, à doses plus petites que les adultes, sans le moindre désavantage, au contraire avec le meilleur effet possible.» » Je préfére la teinture aux hydriodates de soude ou de potasse, parce que cette préparation est plus simple et moins coûteuse, » » Sur les septante personnes que j'ai traitées, aucune n'en a éprouvé de mauvais effets lorsqu'on suivoit mon ordre, au con- traire les deux tiers ont été délivrées de leur goiîtres et chez les 142 MÉDEC:INE. Fort de pareils succès, et pour les mieux constater, je demandai aux facultés de Med, Ch. et Ph.ie réumies le 13 janvier dernier à l'Hôtel-de-ville, sous la présidence -d'un Syndic , si quelqu'un des membres avoit connoissance d'un cas facheux parmi les personnes confites à mes soins; je les invitai solemnellement à vouloir bien nous l'indiquer , an- nonçant que je regarderois , une telle déclaration, comme une marque d'amitié de la part de celui qui la feroit : et comme nul accident fâcheux n'étoit arrivé à aucun de mes malades, nul ne put être cité. Un des malades à qui j'ordonnai l'iode avoit un goitre du volume d’une pomme reinette, lequel , fut entière- ment dissout sans le moindre accident dans l’espace de six se- maines. Je ne pus réfléchir sur l’étonnante activité de ce remède, auquel sous ce rapport aucun autre ne peut être comparé , sans présumer aussitôt que l’iode ne fut un remède très-dan- gereux s'il étoit mal appliqué, c'est-à-dire s'il étoit, ou pres- crit à des doses trop fortes, ou continué trop long-temps , sans aucune interruption , ou sur-tout si on le donnoit à des sujets foibles , délicats ou atteints de quelqu’autre maladie. Je ne doutai pas que l'iode mal administré , fe put produire quelques accidens fâcheux , aussi pour les éviter et les re- connoitre aussitôt qu'ils paroîtroient, je refusai el je refuse encore formellement de l’administrer à ceux à qui il mé semble ne dévoir pas convenir, ou pouvoir être décidément nui- sible. Ne choisissant ainsi que des personnes d’ailleurs très- bien portantes , les observant avec beaucoup d'attention et autres, il s’est considérablement diminué; il n’y en a que peu qui s'en soient servi sans avantage, » Ce succès dont je ne suis point surpris, vu les talens reconnus de Mr. Irminger, confirment les opinions que j'émets dans ce Mémoire et ce que l'on doit en attendre toutes les fois qu'il sera confié à des mains sages et prudentes, de. NoUvELLES RECHÉRCHES SUR LES EFFETS DE L'IODE. 143 de régularité, je saisis bientôt toute déviation de leur état de santé ordinaire : par là j'apprécie d’une manière exacte quels sont les symptômes propres à ce remède ; s'il en sur- vient quelqu'un , je le suspends aussitôt , je remplis les di- verses indications qui se présentent, le malade ne tarde pas à revenir à son état naturel. Je juge alors si je dois le re- prendre ou y renoncer. J'ai rencontré quelques personnes auxquelles j'ai cru devoir en interdire absolument l'usage après quelques jours d'essai. En réfléchissant à la difhculté que j'avois à administrer convenablement l’iode , à saisir les cas où il étoit prudent de le refuser, de le prescrire, ou de le suspendre , je ne tardai pas à penser qu'il eut été convenable d'inviter les pharmaciens à ne le livrer au public que sur une ordonnance d'un méde- cin, ou en d'autres termes, à ne vendre ce remède qu'à des personnes qui étoient sous la direction immédiate d'un des membres de la faculté. Si je ne l'ai pas fait, ce fut un sentiment de délicatesse qui m'en empècha, et la crainte que cette démarche ne füt ici mal interprètée. J'ai applaudi à la sagesse du conseil de santé du pays de Vaud, qui a pris des mesures, pour en régler ainsi le débit, mais je n'ai pu m'empêcher d'être surpris que des médecins qui jouissent à juste titre de l'estime de leurs con- frères comme savans, et d’une grande confiance comme pra- ticiens , s'étayant probablement sur les expériences d'Orfila , aient signalé ce remède comme un poison corrosif. Ces expériences n'ont aucun rapport quelconque avec la manière dont je prescris l'usage de l'iode. N n'est personne qui ne sache que certains médicamens, tels que les acides minéraux-concentrés, le sublimé corrosif , l'arsenic, etc. n'aient deux manieres différentes d'agir. Lors- qu'on en donne tout-a-la-fois une certaine quantite ; l’es- tomac en est instantanément corrodé ; mais introduits journel- Sc. et Arts. Nouv. série, Vol. 16, N.° 2. Février 1821. K. 144 MÉDECINE. lement dans l'estomac à des doses assez petites pour ne pas l’offenser , ils produisent à la longue, pour l'économie animale , des effets qui sont propres à chacun d'eux. — et c'est sur cette seconde manière d'agir qu'est basé l'emploi de ces substances en médecine. Si donc le conseil de santé du pays de Vaud, ou quelque physiologiste eut voulu mo- üver son opinion sur des faits, il ne falloit pas le faire d'après des expériences dans lesquelles on a donné à des chiens, tout-à-la-fois d'énormes quantités d’iodes , telles qu’elles ne seront jamais prescrites , par exemple, plus de deux gros, mais bien par des expériences, où en en donnant tous les jours à ces animaux une certaine quantité , On auroit fini par pro- duire les symptômes qui sont propres à cette substance si singulière. Il n'est pas inutile de rapporter ici la quantité d’iode em- ployée à Genève, pour qu’on sache jusqu'à quel point il a obtenu la sanction de l'expérience. Les rapports des pharmaciens m'ont signalé un débit de plus de 140 onces , ce qui , à 40 grains par bouteille d’une once de véhicule, et en supposant que la moyenne ait été. de deux par tête, prouve que plus de mille personnes ont été traitées depuis ma découverte jusqu’à ce jour. Or, en admettant que la moitié l'ait été dans la ville même, on reconnoitra qu'aucun des remèdes héroïques dont les médecins sé servent tous les jours , tels que les prépa- rations du mercure , de l’antimoine, de l'arsenic , de l’opium, etc. n’occasionne , dans la mème proportion , un aussi petit nombre d'accidens facheux. J'ai cru remarquer que les diverses préparations de l’iode ont une action et des symptômes qui sont propres à chacune d'elles ; ainsi l'éponge calcinée occasionne des accidens dif- férens de ceux de la teinture spiritueuse de l'iode ; celle-ci agit plus spécialement sur l'estomac , se manie plus diffci- lement, et produit plus promptement les symptômes que NoUvELLES RECHERCHES SUR LES EFFETS DE L'IODE. 149 j'appellerai sodiques, que ne le font les hydriodates ; et de toutes les préparations , celle de /’hydriodate de potasse iodure, m'a paru être la plus facile à manier et produire le moins d'accidens ; c’est ce qui m'a déterminé à m'en servir pres- que exclusivement. On dissout 36 grains de cesel, et 10 grains d'iode dans une once d'eau distillée. J'en prescris d abord de Six . à dix gouttes dans une demi tasse d'eau sucrée trois fois par jour augmentant ou diminuant cette dose selon ses effets. Je regrette de n'avoir pas encore employé l'acide hydrio- dique bn , Sans combinaison. | Pour préparer l’hydriodate de potasse ou de soude, on sa- ture la base ou son carbonate avec l'acide hydriodique ; on peut se procurer cet acide par le procédé suivant. On fait passer dans une suspension d'iode dans l'eau, ou mieux dans une solution alcoholique , un courant d'hydrogène sulfuré , le souffre se précipite et l'iode s'unit à l'hydrogène. On filtre et chauffe la liqueur pour enlever l'excès de l'hydrogène sul- furé et l’alcohol ; l'acide hydriodique reste pur. Cette différence d'action de l'iode selon sa préparation, n'est pas particulière à cette substance. On la retrouve sur- tout dans le mercure avec lequel l'iode a les plus grands rapports pour la manière d'agir. Ainsi l'oxide gris de mer- cure , le calomel et le sublimé sont trois préparations iden- tiques quant à leur base, et quant à la maladie dont ce mé- tal est le spécifique , mais dont on employe l'une ou l'autre selon la forme de la maladie, l’état de santé du malade, la saison , etc. et dont les effets sont très-différens. D'après cette considération, j'espère que les recherches réunies des médecins et des. chimistes feront connoître tôt ou tard d'autres préparations plus sûres et plus faciles à ma- mier que celles dont je me suis servi jusqu'à ce jour, et qu'elles seront assez en harmonie avec l'économie animale pour n'être pas tout à-la-fois utiles et nuisibles, suivant la sagacité des médecins qui les prescriront. 146 MÉDECINE. En étudiant l’action de l'iode , un phénomène me frappa et ne tarda pas à modifier mon traitement, c'est qu'il me parut saturer l’économie animale, et qu'alors dans quel- ques cas il se développoit plus ou moins subitement des symp- tômes iodiques à la manière dont se manifestent les symptômes ‘ mercuriels ; mais en examinant attentivement ce qui se passe, on verra qu'ils ne paroïssent jamais si subitement que déjà l’ac- tion de l’iode ne se soit manifestée, par un ramollissement, ou une diminution du goître, soit par la fréquence du pouls, soit par quelqu’autres symptômes qui lui sont particuliers. Et comme il me semble que toute action ultérieure est non- seulement inutile, mais devient d'autant plus nuisible que liode continué, sature le corps davantage, on doit suspendre ce remède , c'est là une partie essentielle de ma pratique à la- quelle j'attribue très - spécialement les succès qui l'ont accom- pagnée. Je crois qu'il faut épier le moment où l'iode va mani- fester son action pour le suspendre sur le champ, et le reprendre huit à dix jours après , c’est-à-dire au moment où doit finir l’ac- tion de celui qu’on a précédemment administré : le quitter de nouveau pour le reprendre et le laisser encore , en observant à peu-près les mêmes règles à cet égard que tout médecin prudent suit dans l'administration du mercure ; régle que je ne sache pas avoir été observée par tous ceux qui se sont servi de l'iode , et dont l’omission a nécessairement nui aux succès du remède. Je ne saurois trop appeler l'attention des praticiens sur cette partie de mon traitement. J'ai imposé à tous mes malades la condition expresse de venir me voir au moins tous les cinq ou six jours; c’est à la négligence de cétte précaution que quelques-uns ont dû d'avoir eté-plus ou moins éprouvés par l'iode. Îl en est, qui sans consulter aucun médecin, ont pris le remecle d'eux-mêmes, et l'ont continué jusqu'à ce qu'il NoUvELLES RECHERCHES SUR LES EFFETS DE L'IODF: 147 en fussent saturés : d’autres voyant qu'après en avoir usé une quinzaine de jours, à la dose de dix gouttes trois fois dans les vingt-quatre heures , le goître avoit diminué d'un demi-pouce , par exemple , sans qu'ils en eussent éprouvé aucun effet ficheux , ont cru qu'en doublant la dose, ils seroient guéris le double plus vite, mais les uns et les autres ont souffert de leur imprudence ; ils m'ont fait appeler lorsque des symptômes iodiques facheux s'étoient manifestés. Voici ce que j'ai alors observé chez ceux qui en ont été for- tement affectés. Accélération du pouls, palpitation , toux sèche fréquente , insomnie , amaigrissement rapide, perte de forces, chez d'autres, seulement une enflüre des jambes , ou des tremblemens, ou une dureté douloureuse dans le goitre, quel- quefois diminution des seins , augmentation remarquable et soutenue d'appetit ; et dans presque tous ceux que j'ai vu, au nombre de cinq ou six, diminution très-rapide , ou dis- parution plus ou moins complète d'un goitre dur, volumi- neux et ancien , pendant la durée de ces symptômes. J'ai fait suspendre l'iode , et prescrit le lait, surtout celui d’anesse, les bains tièdes , la valeriane, le kina, l’alkali- volatil concret, les préparations d'opium, et autres antispas- modiques. Dans la dureté douloureuse du goître, j'ai or- donné les sangsues et les formentations émollientes. Chez une femme très-âgée , qui avoit un tremblement et des pal- pitations, l'acide prussique produisit un soulagement re- marquable , subit, mais passager. Ce traitement a dissipé ces symptômes plus facilement que je ne l'aurois cru, mais quelques-uns ont conservé assez long-temps de la maigreur , une faiblesse musculaire et de la pâileur. Cette disparution du goitre qui a lieu si rapidement, ou parce que le traitement a été poussé trop loin, ou parce que le malade est trop sensible à l'action de l'iode, doit 143 MÉDECINE. fixer toute l'attention des praticiens , elle prouve que les ac- cidens fàcheux sont l'effet d'une saturation portée trop loin ; que le médecin doit s’en tenir à une action plus lente il est vrai, mais exempte de danger. La*durée moyenne du traitement, m'a paru devoir être de ‘8 à 10 semaines. Je n'ai vu qu’une seule fois , une action trop forte de l’iode ; elle est remarquable par la lumière qu'elle jette sur la ma- nière dont le remède agit ; je l'ai observé dans le cas sui- vant : Un homme de 50 ans portoit depuis plusieurs an- nées un goître énorme dans les deux lobes du corps thy- roïe. Le volume alloit en augmentant, il étoit très-dur au toucher mais point douloureux , le malade se plaignoït d'é- tranglement, d'oppression , lorsqu'il marchoit, se baissoit ou montoit un escalier : du reste il jouissoit d'une bonne santé. Je lui prescrivis 30 gouttes par jour de la solution & hydriodate de potasse ioduré. Le cinquième jour il se plai- gnit d’une augmentation de volume dans son goître , de du- reté, d'aphonie , de douleurs assez vives, son pouls étoit dur et fréquent. Le lendemain, aggravation de tous ces symptômes , — douleurs fixes aiguës dans le milieu de la wachée ; il attribuoit ces douleurs à l'iode. Je ne fus pas d’abord de son avis, vu la rapidité de l'invasion du mal, je pensai que le malade avoit peut-être pris froid. Cependant je fis suspendre l'iode, j'ordonnai dix sang- sues sur le goitre particulièrement sur la trachée, un cata- plasme émollient, diète , lit, etc. — Le lendemain les sang- sues ne l'avoient soulagé que momentanément : retour des douleurs et de la dureté dans le goitre , nouvellé applica- tion de sangsues, continuation du cataplasme , etc. Au bout de quinze jours de ce traitement, le malade étoit dans son état de santé naturel, seulement sa voix étoit restée rauque, En examinant le goiître je ne fus pas NoUvELLES RECHERCHES SUR LES EFFETS DE L'IODÉ. 149 peu surpris de le trouver considérablement diminué et ra- molli, je me rangeai alors de l'avis de mon malade et je pensai que l'iode y étoit pour plus que je ne l'avoit pensé. Un mois après , le malade vaquant à ses affaires, et se trouvant très-bien de la diminution de son goître , désira faire un second essai. J'y accédai d'autant plus volontiers que cette action de l'iode étoit nouvelle et douteuse pour moi, je le vis tous les jours ; le quatrième tous les mêmes accidens reparurent avec la même violence , et le même traitement eut le mème succès. Au bout de quinze jours, le goître sans être entièrement dissipé étoit assez diminué pour que le malade n’en fut nullement incommodé. Cette observation intéressante sous plus d'un rapport m'a confirmé dans l'opinion que rien n'est plus incertain que la dose moyenne de l'iode pour un traitement, et qu'il est tels malades sur lesquels l’iode agit presque aussitôt , tandis qu'il en est d'autres sur qui, mème après plusieurs semaines d'un usage continu , il n’a aucune action apparente. Cette observation prouve encore toute l'importance qu'un médecin doit mettre à suivre pas à pas l'action de l'iode, car si cette personne eut pris l'iode de son chef, qu’elle eut fait la règle de trois qui a été fâcheuse à plusieurs de ceux qui se sont dirigés par eux-mêmes, ou qu'un médecin l’eut prescrit sans se défier de ses effets, et ne l’eut pas suspendu de suite, je ne doute pas que ce malade n’en eut éprouvé les accidens les plus graves. Au reste l'iode ne doit pas être donné indistinctement dans tous les goitres, ni toujours au premier abord; il en est dans lesquels il existe un véritable état inflammatoire local caractérisé par de la tension, de vives douleurs , ou un état nerveux qui se reconnoit aux serremens de cou, à l’étran- glement, ou à une gene passagère dans la respiration , sou- 150 | MÉDECINE. vent même le goitre est accompagné d'une disposition bi- l'euse: dans ces cas là on doit faire précéder l'emploi de liode par des sangsues sur le goitre, des fomentations émollientes , quelques antipasmodiques , ou par des remèdes qu rétablissent l’état de l'estomac , sans quoi l'on s'expose à ce que l'iode ne puisse être supporté. Ces differens symptômes arrivent aussi pendant le traite- ment; ils exigent les mêmes remèdes. Il ne s’agit donc pas de donner uniquement de l'iode à une personne atteinte d'un goitre, il ÿ a d'autres indications à remplir, dont l’o- missi@n rend la guérison plus ou moins chanceuse. D'après la manière d'agir de l’iode sur l'économie animale , on conçoit qu'il est des cas où il ne doit jamais être em- ployé ; tels que la grossesse, la disposition à la menor- rhagie , aux maladies de poitrine menaçantes où commen- cées ; l’état de marasme ou de fièvre lente , quelle qu'en soit la cause. On doit lc refuser aux personnes délicates, nerveuses , ou d'une trop foible constitution. Il m'a, au contraire, admirablement bien réussi sur les individus qui n'avoient d'autre incommodité que le goitre, surtout chez ceux qui avoient dépassé l'âge adulte , ou qui étoient plus avancés en âge. Une femme de 75 ans me fit appeler l'automne dernière pour des maux de tête, une tendance à l’assoupissement , une foiblesse et un en- gourdissement dans le bras droit, tels qu'elle croyoit ne plus toucher les objets qu’à travers un gant. Ces accidens alloient en croissant à mesure qu'un goitre énorme se dé- veloppoit dans le lobe droit du corps thyroïde d'une ma- nière en quelque sorte aigue, par la rapidité de son accrois- sement, car, quoiqu'il eùt commencé trente ans aupara— vant , il avoit augmenté depuis trois mois du volume du poing, à-peu-près. — Il génoit évidemment la circulation du ‘cerveau et comprimoit le plexus brachial. Elle avoit bu beaucoup d'eau pendant cet été. NoUvELLES RECHERCHES SUR LES EFFETS DE L'IODE. 11 Cette Dame étoit effrayce de tôut ce qu'on lui avoit dit contre mon remède pour le goitre. Cependant, ne connois- sant aucun moyen qui püt la guérir, ni même ralentir la marche de cette maladie, je crus qu'il étoit de mon devoir de lui prescrire l'iode. Je la suivis avec tout l'intérêt que la gravité du cas de- mandoit. Au bout de quinze jours la maladie étoit arrêtée; au bout d'un mois avec la diminution du goitre, l'embarras du cerveau fut moindre , et le toucher plus sensible. Alors elle commença à sentir l'amélioration de son état et elle me remercia de mon traitement. Un mois plus tard le goitre étoit entièrement dissipé, et avec lui tous les accidens de paralysie et d'embarras du cerveau cessèrent. Elle jouit aujourd’hui d'une santé par- faite. Dans mon premier Mémoire , j'ai jugé par analogie que l'inde ou ses préparations étoient utiles dans certains cas d'aménorrhées ; je ne doute pas, lorsque ce remède aura été mieux étudié et qu'il sera mieux connu, qu'il ne de- vienne utile en des mains habiles dans quelqu'une des maladies chroniques de l’uterus. En observant que dans un petit nombre des cas l’iode a paru avoir une action marquée sur les glandes mammaires, j'ai été conduit à l'employer avec succès dans l'engorgement indolent des glandes lymphatiques du sein à la suite de couches. Sa puissante action sur le système absorbant m'a encore en- gage à l'employer dans des cas de scrophules sans fièvre, et où les glandes engorgées du cou étoient indolentes. J'en ai obtenu dans, ces cas les succès les plus satisfaisans. Ce dernier fait, qui donne une importance de plus à ma découverte, a été confirmé par un des médecins les plus distingués de cette ville. Je regarde donc l'iode comme un remède qui doit être placé parmi les plus utiles que nous connoissions. Quelque soient 152 MÉéDEcINr=. les attaques dirigées contre son emploi , et les préventions dont on a voulu ici, l'entourer : il partage le sort de tous les remèdes actifs, dans l'origine de leur découverte. Il faudra sans doute l’étudier long-temps encore pour le bien connoître. Je dissuade toute personne de s'en servir sans consulter son médecin , et j'invite les gens de l’art à ne le prescrire qu'aux malades qu'ils seront à portée de suivre jour à jour, à ne pas le donner à trop fortes doses , à le suspendre à propos , pour éviter l'état nuisible que j'ai désigné sous le nom de saturation , et sur-tout à le refuser à tout indi- vidu qui se trouveroit dans lun des cas que j'ai signalés. Par-là , les fautes de celui qui l'employera, ne seront pas rejetées sur le remède lui-même. Conper, M. D. (25379 CORRESPONDANCE. SECONDE-LETTRE DU PROr. PICTET 4 SES COLLABORATEURS (1). Florence , 1. Déc. 1820. Mirvan. Ur ville de 130 mille âmes, jadis la capitale de la Gaule cisalpine ; une ville qui, saccagée par les Ostrogoths dans le sixième siècle, brulée par Frédéric Barberousse dans le (1) Nous croyons utile pour l'instruction des voyageurs, de rapporter l’anecdote suivante, que notre correspondant n'avoit pas eu l'intention de publier, mais qui montre comment , mème en plein jour, on peut être dévalisé par un voleur adroit, sur cette route si justement suspecte. « Il n’étoit pas encore quatre heures lorsque, dans la seconde des berlines, une des dames entend un léger bruit sur l'impé- riale; son mari met la tête à la portière et apercoit un homme occupé à dévaliser le bagage. Celui-ci se voyant découvert saute à bas et s'enfuit à toutes jambes en emportant son butin. Mon neveu franchissant d’un saut le marchepied de la voiture, se met à sa poursuite, en criant au voleur. Celui-ci abandonne son paquet au milieu du chemin, pour courir plus vite, et perd en même temps un soulier et son chapeau, que je ramasse, (car je poursuivois aussi); le fuyard se jette d’abord dans des broussailles à droite, où on le perd de vue; mais on le revoit bientôt traversant la route dans l'intention probable de regagner son village ( Busto ) assez voisin. Nos deux cochers et mon second neveu, qui le poursuivent aussi et qui l'ont vu traverser, 154 CORRESPONDANCE. douzième , a pu, comme le phénix renaître deux fois de ses cendres , toujours plus belle et plus florissante : Milan enfin, aujourd'hui capitale d'un royaume du second ordre , cherchent à lui couper le chemin, et l'un des deux cochers nommé Antoine (ancien hussard de Bonaparte ) est prêt à l'atteindre , lorsque notre homme se retourne et lève sur lui une grosse serpe dont il étoit armé; mais il voit, en se retournant, qu'il va étre seul contre trois; il se remet à courir devant Antoine qui, lui lance une grosse pierre dans le dos, si juste et si fort qu’il l’étend par terre; il lui arrache son arme, et un sac attaché devant lui, qui en renfermoit six plus petites, toutes bien affilées. Antoine l'amène de force, sur la grande route, où son costume et sa figure, type du vrai bérbente, paroissent au grand jour; il fait de vains efforts pour échapper à nos deux vigoureux cochers, toujours en protestant de son érnocence, dont six robes, et d'autres objets encore gisant dans la boue, fai- soient foi. Pendant qu’on recueille ce bagage, Antoine demande Ja préférence pour répondre du voleur, en lui attachant seule- ment une main à l’un des ressorts, et le faisant asseoir dans le panier sous le siège de la voiture. —On sê remet ainsi en route: au bout de peu de minutes Antoine s'arrête, furieux contre le brigand qui, de sa main restée libre, avoit tiré encore une grande serpe cachée adroitement dans son pantalon, et se disposoit à en fendre la tête à son voisin lorsque celui-ci s’en apercut à temps, et lui enleva son arme. Alors, plus de pitié ni de ménagement : on lie les deux mains du scélérat au méme ressort de la voiture, et on fait ainsi une lieue de chemin jusqu'au Cashino del bon Gesu bourg où nous devions coucher, et où nous entrames comme en triomphe avec notre prisonnier , dont la figure atroce, et l'accou- trement, formoient un contraste assez piquant avec la jolie popula- tion de l’intérieur de la voiture. Bientôt nombre de visitans , parmi lesquels se trouvoient peut-être, plus d’un camarade, remplissent la cour de l'auberge, jusqu’au moment où l’arrivée d’un brigadier et de S£coNDE LETTRE DU Pror. Picrer À SES COLLABORAT. 155 ne pouvoit être vue, et surtout bien vue, en trois jours. Mais , circonscrits comme nous l’étions par un plan ar- rêté, nous ne pouvions prolonger le séjour. Que faire ? deux gendarmes que nous avions fait dVertr, la vident. À l'aspect de notre homme le brigadier s’écrie, en le nommant par son nom, « ho! nous le conuoissons de longue main ; il a été huit ans aux gale- res, et dernièrement trois mois en prison d’où il s’est échappé on ne sait comment, C’est un des soixante - neuf consignés ( precitati ) qui doivent se trouver chez eux a toute heure de la nuit où nous leur faisons nos visites, sous peine de trois mois de pri- son, s'ils sont absens. » On lui délie les mains, et il les tend de suite, et comme par habitude, au brigadier, pour recevoir les menottes. Le brigadier le consigne à un des gendarmes ; et la soirée à-peu-près entière se passe à verbaliser sur le tout; om entend à part et on enrégistre les déclarations de chacun de nous, et mème de quelques voyageurs à pied, que le hasard avoit rendu témoins de la scène du grand chemin , et qui eurent la complaisance de venir déposer, à leur arrivée au bourg; on mous laissé détenteurs des effets que nous avions recouvrés, après en avoir pris inventaire, et sous soumission de les représenter si nous en étions requis; nous signons tous le verbal, enfin on appose un cachet sur-toutes les serpes du détenu, et mème sur son sou- lier et son chapeau qu'il avoit perdu dans sa fuite et qui pou- voient servir de pièces de conviction. Mais comme (à ce qu'on nous affirma ) d’après la loi crimi- nelle du pays, le prévenu n’estjamais tenu pour convainen s'il n’avoue pas, quelles que soient les preuves à sa charge; il m'est pas si dupe que de convenir de quoique ce soit lorsqu'on Fin- terroge. Le noire qui connoissoit fort bien ce privilège qu’une loi singulière donne à la dénégation, voulut pourtant s’en prévaloir un peu trop tôt, lorsque, oublié mal à propos dams un coin de la chambre où on recevoit uos déclaration, il essaya , au premier mot, d'interrompre le déclarant, en s’écriant d’une voix de Stentor «non é vero.» Le brigadier lui coupa la parole par un vigou- 156 COoRRESPONDANCE. Choisir les objets, et ne donner à chacun que tout juste le temps nécessaire, étoit le parti le plus naturel, et le plus sage. | Les voyageurs que la simple curiosité conduit dans une ville étrangère , éprouvent souvent certain, embarras du choix , certaine inquiétude sur le meilleur emploi du temps, qui nous auroient rendus perplexes au debotté , si l'experience ne m'eut depuis long-temps appris que partout où l'on a à visiter des hommes, et des choses, il faut commencer par les premiers ; d’abord parce qu’on est toujours sûr d’at- teindre les choses et pas toujours les individus ; mais sur- tout parce que si on a le bonheur de trouver ceux - ci et s'ils sont au nombre de nos connoissances , et en- core mieux de nos amis, alors, leurs directions et leur aide sont d'un avantage inapréciable pour ne perdre aucun mornent, et pour utiliser le séjour. Je me rendis donc en arrivant chez MM. Breislak , Morosi, Aldini, bien connus dans le monde savant, et avec qui j'avais l'avantage d’être en relation plus ou moins ancienne ; et je ne tardai pas à éprouver les précieux effets d'une bienveillance active et incpuisable , qui s’étendit à tous mes compagnons de voyage , # sais en excepter les mères et les enfans. — rer ix soufflet ( mérité mais peu-généreux ) et le fit emmener ailleurs. » + » Le lendemain, nous ne pumes partir qu'assez tard ( huit herires et demie) pour Milan, parce qu'il, fallut réparer les brièches faites à l'impériale et y replacer les effets soustraits. Nous visitames en passant la belle Eglise de Rho, qui appartient à un couvent qu'on trouve sur la route; et nous arrivames à -m'idi et demi à Milan. Nous n’y dimes mot de notre avanture de la veille, de crainte qu’elle ne devint l’occasion de formalités qui nous retiendroient peut-être trop long-temps. Nous comptions -n’v passer qu'un jour; et trois ont été loin de suffire à ce que n ous aurions voulu et pu voir. Je vous en dirai quelque chose dans ma prochaine lettre, » ï SECONDE LETTRE DU Pror. Picrer à Ses CoLLABORAT. 157 Nous avions des objets de curiosité et d'intérêts communs; J'en avois de particuliers : ceux-ci avoient rapport aux sciences ; les premiers, aux beaux-arts ; on se piqua .de complai- sance réciproque : et tous y gagnèrent. Je vais classer nos visites sans égard à l'ordre des temps, mais en commen- gant par les objets qui avoient pour moi un degré parti- culier d'intérêt. J'avois déjà eu l’occasion de voir, il y a trois ans, la belle collection minéralogique de Mr. Breislak (1), je la. trouvai notablement augmentée ; et parmi les acquisitions récentes, j'en vis une fort remarquable ; c’est une grande dalle , de six pieds de haut sur trois de large, de gypse » fond gris clair, toute parsemée d'empreintes végétales noi- râtres, comme charbonneuses , et si nettement prononcées qu'on peut facilement reconnoitre la plante à laquelle elles doivent leur origine et dont les restes y sont dans un état approchant de la houille. Ce morceau a été tiré d'une car- rière abondante de cette substance salino-terreuse , à quel- ques lieues de Milan. Mr. B. l’a fait incrustrer dans la pa- roi à l’entrée de son cabinet. On est frappé d'étonnement à l'aspect de cette pièce gigantesque, et dont l'apparence est tout-à-fait inusitée. Cette collection est d’ailleurs distinguée par le choix, l'ordre , et la parfaite conservation des nom- breux échantillons qui la composent, et son propriétaire en fait les honneurs avec un dévouement absolu aux inté- rêts dela science. Les détails des deux visites que j'y ai faites dans nos trois jours n'intéresseroient que les amateurs de miné- ralogie , et me méneroient trop loin. Je passe a l'observa- toire. - Il appartient au vaste collège, ou plutôt au palais, dit de Brera, dans l'interieur de la ville > Situation peu .convenable , parce qu'elle oblige à s'établir dans les par- (1) Auteur des Znstitutions géologiques. (NV. Bibl. Univ. T. IX.) 158 COoRRESPONDANCE. tes supérieures de l'édifice | où l'on perd en solidité ce qu'il faut gagner en hauteur pour se procurer un horizon libre. Les excellens observateurs de Brera ont eu aussi l'occasion de s'appércevoir d'une influence diurne exercéé par l'action calorilique des rayons solaires sur les murs du bâtiment, dont la fixité devroit-être impertubable , et qui cédent d'une manière sensible à cette influence. Cet obser- vatoire est d’ailleurs l'un des plus riches de l'Europe en instrumens et en observateurs. J'ai dit et on me pardon- nera de le répéter , combien j'avois éprouvé de satisfaction en y retrouvant en activité MM. de Cesaris et Oriani, que j'y avois déjà vus il y a quarante ans révolus ; et en preuve de la continuation d'une bienveillance dont je connois le prix , ils me communiquèrent leurs observations de l’éclipse de soleil du 7 septembre et celles dont ils avoient eu la connoissance officielle. (Elles ont paru dans notre recueil) Mr. Carlini, à qui l'on doit des tables de réfractions très- estimées , et qui a partagé avec l'astronome de Turin, Mr. Plana , le prix sur la question proposée au concours par l'académie des sciences de Paris, sur /e perfeclionnement des tables de la lune ; est attaché au même établissement , où il se montre aussi bon observateur que calculateur habile. Il vient de publier, conjointement avec Mr. Plana, un mé- moire qui porte pour ütre. Observations sur l'écrit de ÎMr. De Laplace lu le 29 mars 1820 au bureau des longiludes, intitulé « sur le perfectionnement de la théorie et des tables Zunaires par MM. Carlini et Plana. » Us y donnentune no- tice abrégée du memoire même envoyé au concours, en: signalant les points attaques par Mr. De Laplace, objections auxquelles un nom illustre ajoutoit un grand poids. Ils dis- cutent et résolvent de leur mieux ces objections dans cet écrit, de trente-deux pages seulement. Nous ne pouvons juger sur le fond un procès qui demanderoit un Jury des premiers SECONDE LETTRE DU Pror. PICTET À SEs COLLABORAT. 159 premiers mathématiciens de l'Europe ; mais pour la forme et le style il nous a semblé que les astronomes italiens ont conservé dans leur défense toute la mesure qu'on pouvoit attendre de leur caractère et de leur respect pour le celebre auteur de la Mécanique céleste. J'avois fort à cœur de comparer ce baromètre portatif qui m'avoit déjà fait un si ben service, avec le baromètre sé- dentaire que Mr. l'abbé Ceésaris employe à ses observations journalières. Nous fimes ensemble cette comparaison, de la- quelle il résulta qu'il n'y avoit pas , entre les deux instru- mens la différence d'une seule dixième de ligne; accord également rare et satisfaisant. On sait que l'observatoire de Brera est l'un de ceux qui rendent à l'astronomie et à la navigation l'émi- nent service de publier annuellement des Æphémérides , qui renferment les élémens des observations à faire , et des calculs journaliers. Celles de Milan ont rang entre les plus estimées. ol De l'observatoire au cabinet de physique la transition étoit naturelle. Mr. Aldini , Prof. en titre, qui s'étoit occupé de recherches expérimentales sur l'éclairage par le gaz retiré de l'huile nous invita à en venir voir les effets dans son labo- ratoire; là un gazomètre , contenant une certaine quantité de ce gaz , résidu d'expériences antérieures, communiquoit. par des tuyaux au travers d'un mur avec des becs à la lu- mière , entre lesquels , et le réservoir étoient des robinets , dont l'ouverture donnoit issue au gaz, qu'on allumoit de suite. Il produisoit une belle flamme blanche , sans odeur, . et dont les formes varioient avec celles du bec de sortie du gaz. Le sallon à éclairer faisoit partie d’un petit théâtre de société appartenant au Professeur , et d'autant mieux adapté à ces expériences, qu’elles ont été entreprises comme essais - dont l'objet final n'est rien moins que l'éclairage du grand » Sc. et Arts. Nouv. série. Vol. 16. N.° 2. F4. L 160 CORRESPONDANCE. théâtre della Scala, par le même procédé. Leur résultat paroïit encourageant ; et elles sembleroient décisives si l’'éco- nomie se joignoit aux autres avantages du procédé. C'est ce dont il est encore permis de douter. Le cabinet de Mr. Aldini renfermoit bien d’autres objets que nous visitames avec intérêt ; comme, des modèles construits en Angleterre , et fonctionnans , des diverses inventions gazométriques de dé- tail, appliquées en grand à l'éclairage ; l'une d'elles nous parut extrêmement simple et ingénieuse, (elle fait partie de l'établissement de Westminster) ; le réservoir à gaz , au lieu d'être en forme de cloche comme à l'ordinaire , est un vaste cylindre couché horizontalement à la surface de l’eau. Son vide intérieur est disposé en façon de spirale ou de limaçon , dont l'axe est celui du cylindre et dont la bouche , s'ouvrant en dessous , occupe toute la longueur de ce même cylindre, dans l'intérieur duquel l'eau , cherchant son niveau à mesure qu'on la fait tourner, comprime le gaz à proportion de la charge appliquée à la circonférence du cylindre, pour lui procurer le mouvement circulaire. Cette disposition a l'avantage d'exiger peu de profondeur dans le liquide, et de supprimer tout le système des contre-poids destinés à équilibrer les cloches ordinaires. Le cylindre n’en a pas besoin puisqu'il est porté par des pivots à ses deux extrémités. Nous vimes là un appareil à préparer le lin et le chanvre d’après le principe du laminoir dentelé , et beau- coup plus simple que celui de -Mr. Christian. Mais, parmi les inventions qui réunissent au plus haut degré les deux merites de la simplicité et de l'utilité , nous admirames un appareil destiné au bain de vapeurs , et composé. d’une pe- tite cage formée de quatre montans minces et de leurs traverses ; du volume qu'occupe une persoune assise; la base est une planche percée de trous , sous laquelle arrive l'extrémité d'un tuyau de métal, recourbé et partant. du SECONDE LETTRE DU Pnor, Picrer À $sEs Cozraporar. 161 couvercle d'une bouilloire ; la cage est revêtue d’une sim- ple enveloppe d'étoffe de laine , ouverte par le côté, comme un rideau , pour faciliter l'entrée, et en-dessus pour passer la tête. L'appareil se démonte facilement après l'usage , et n’occupe que très-peu de place. La collection de Mr. Aldini renferme beaucoup d'appareils de démonstration, pour la’ plupart construits à Londres, où ce savant Professeur. a fait un séjeur très-profitable à la science. Le plaisir que j'éprouvai à revoir le chevalier Morosi, célèbre mécanicien, fut mêlé d’amertume en le trouvant affligé d'une cataracte ; je le pressai de venir dans le cou- rant de l'été se faire opérer à Genève, où le talent, et les succès constans de Mr. Maunoir dans une pratique très- étendue , lui offriroient la presque certitude d'une prompte et radicale guérison. J'aime à espérer que mes instances contribueront à le décider. Je lui témoignai le désir de vi- siter un établissement dont j'avais entendu parler avec éloge, et dont le directeur est de ses amis. C'est la maison de travail , destinée à occuper les prisonniers des deux sexes, condamnés à une détention plus ou moins longue. Il n’hé- sita point à m'y accompagner. C’est un assez vaste édifice, et qui devoit l'être bien davantage si le plan tracé d'après les ordres de Marie-Thérèse eût été exécuté dans son éten- due. Il est bâti dans un enclos séparé et comme hors de la ville. Le directeur de l'établissement, loin de se montrer sous cet extérieur froid et sévère que donne un séjour ha- bituel au milieu d'êtres dépravés qu'il faut toujours contenir, portoit sur son visage cette empreinte indehinissable que pro- cure l'habitude des œuvres de philanthropie à ceux qui la pratiquent ; il nous accueillit avec la plus aimable cordia- lité, et répondit avec une complaisance inépuisable aux ques- tions dont je l'accablois pendant une visite de la maison dans tous ses détails. “La 162 CORRESPONDANCE. L'objet qu’on a principalement en vue dans ce bel éta- blissement , n’est pas tant de renfermer avec sûreté des dé- tenus, que de faire ensorte que leur séjour contribue essen- üellement à leur régénération. Plusieurs moyens concourent à ce but louable. Le premier, et le plus efficace de tous, est le travail. On les occupe en général à filer la laine et à fabriquer divers tissus; on fournit autant qu'on le peut à ceux qui exerçoient un métier avant leur détention les moyens de le continuer; chacun a son compte ouvert, dans lequel il est crédité d’une portion du produit de son travail ; il reçoit chaque semaine un à compte sur ce pro- duit, dont il dispose comme bon lui semble , et le solde lui ést remis à sa sorüe. Ainsi renaït chez lui l'habitude d'ac- quéir la propriété par le travail. Outre son compte pécu- niaire , On ouvre à chaque détenu un compte de bonnes notes, dont le résultat contribue à améliorer sa situation par certains grades qu'il lui procure dans l’adminisiration inté- rieure; on a eu l'art de multiplier ces petites distinctions qui s'élèvent jusqu'à des offices d'assez grande confiance. L'esprit d'émulation, ainsi suscité, et en action continuelle produit d'excellens effets ; comme aussi ces subdivisions du pouvoir et de la surveillance contribuent à maintenir l'ordre général. La cuisine, que je touvai brillante de pro- preté, est depuis le chef jusqu’au marmiton , confiée à des détenus. La douceur du traitemenent , en même temps qu’elle est dans le caractère de l'administration , est considérée comme un des moyens efficaces de régénération; le direc- teur , au milieu de ces condamnés étoit regardé , salué par eux avec bienveillance ; on eut dit un père dans sa fa- mille; leur régime est salubre , le pain excellent. Ils sont toùs vêtus uniformément , et leur apparence annonce la santé , et presque le contertement. Ils reçoivent plusieurs fois par semaine une instruction religieuse et morale ap- SECONDE LETTRE DU Pror. Picrer À ses Corragorar. 163 propriée à leur situation. Les principes d'administration les plus libéraux président à ce bel établissement ; les produits de la portion du travail des détenus qui est appliquée à son entretien ne s'élève qu'au cinquième de la dépense générale ; et le gouvernement considère , avec raison , les quatre cin- quièmes qu'il fournit, comme l'emploi le plus avantageux possible de cette portion du revenu public; et ce n’est pas le seul établissement de bienfaisance qu'il soutienne à grand frais ; il en existe peu en Europe de comparable au Grand Hôpital auquel sont attachées des chaires de médecine, de chirurgie, et de clinique. Des sacrifices pécuniaires de la part des autorités suprêmes ne peuvent avoir d'objets à la fois plus utiles et plus nobles, que le soulagement de l’hu- manité souffrante, et les progrès de l'art de guérir. On ob- tient l'un et l’autre résultat dans cet établissement renommé. Je l’avois visité avec admiration en 1780 ; j'eus cette fois le regret de ne pouvoir , faute de temps, le comparer à lui- même , à quarante aus de distance, Il s'en falloit de beaucoup alors que la célèbre cathe- drale (77 Duomo } fût achevée , quoique commencée dans le quatorzième siècle. On y employoit mollement une partie des revenus de la riche fondation qui lui étoit attribuée ; et le temps attaquoit certaines portions de l'édifice, tandis que d'autres n’existoient pas encore. Bonaparte voulut que les Milanais reçussent leur cathédrale finie de sa main; ül se chargea des fonds, et de l'exécution; ‘et elle fut bientôt terminée. Vue de l'extrémité de la place par laquelle on y arive, son architecture gothique , les formes toutes py- ramidales de ses ornemens , la blancheur de ses marbres, lui donnent plutôt l'apparence d'un de nos glaciers des Alpes vu à distance, que celle d'une cathédrale. On ne distingue les détails qu'à mesure qu'on s'approche; et alors, l'abondance des statues de saints, les unes logées dans des 164 CORRESPONDANCE. niches , les autres, comme faisant des équilibres dans l'air, est telle, que l'œil s'y perd tout-à-fait; ce luxe d'ornemens le confond; et on trouve , avec regret, que les peines que se sont données les artistes pour faire chacun un ouvrage distingué sont en pure perte, car il est cficile de, l'a- percevoir. J'en dis autant, et une fois pour toutes, de ces cou- poles si vantées, dans lesquelles tant de grands peintres ont cherché à faire preuve de talent par des compositions toutes plus ou moins compliquées, dont les allégories ou les in- tentions historiques sont plus ou moins difficiles à saisir, et exigeroient des yeux de lynx pour apercevoir les détails, et un long commentaire pour les expliquer. On se tord bien péniblement le col pendant un temps plus ou moins long ; on ne sait où la scène commence ni où elle finit, dans ces tableaux hémisphériques ; on découvre pèle-mêle, des bras, des jambes, des draperies floitantes dont les couleurs papillottent , et on seroit bien embarrassé de ra- conter ce qu'on a vu ; on se dit en soupirant ,« où le talent va-t-il se nicher! n'eüt-il pas été bien mieux employé, dans l'intérieur de ces coupoles, à accroître leur hauteur . apparente par ces illusions que la perspective et de savantes dégradations de teintes peuvent produire ; à donner ainsi à ces dômes une apparence comme céleste en les semant d'étoiles ; en un mot, à les faire ressembler le plus pos- sible à cette voûte infinie que le Créateur a élevé sur nos têtes ? » Et puisque j'arrive au chapitre des beaux-arts , c’est le moment de parler de l’une des obligations essentielles que nous eumes au chev. Morosi, celle de nous mettre en relation avec lun de ses amis, Mr. Monticelli, peintre renommé dans le genre de l’histoire , et à qui l’adminis- tration du grand theâtre della Scala (l'opéra de Milan }) 2 SECONDE LETTRE DU Paor. Picrer À Ses CorLasorar. ‘163 confié l'exécution de son nouveau rideau , le précédent , qui a duré quarante-trois ans , ayant besoin d'être rem- placé. ( Il représentoit , si je ne me trompe , les jeux olympiques ). Un tableau , qui a soixante-quatre pieds de long sur autant de haut est sans doute la plus vaste composition en peinture qui existe dans le monde entier; et si l'on réfle- chit que , d'après sa destination , ce tableau doit être vu plusieurs fois par semaine pendant un demi siècle, par des spectateurs nombreux et rarement bénévoles , qui n'ont guères d'autre emploi de leur loisir, et de passe-temps dans leur impatience, que de critiquer le rideau en atten- dant qu'on le lève, on devra convenir qu'il n'est guères d'entreprise plus hasardeuse pour un artiste que celle que Mr. Monticelli est près d'avoir achevée , et dont la pensée et l'exécution nous ont paru devoir ajouter beaucoup à sa réputation comme peintre. On lui a prêté pour atelier une ancienne église , où sa toile est suspendue ; il a bien voulu nous y admettre, à plusieurs reprises , et nous expliquer, très-clairement et très-éloquemment , l’allégorie ingénieuse et riche de détails, que représente ce rideau , de dimen- sions si gigantesques. Je vais essayer d'en donner l'idée. La pensée principale est celle-ci.« Les beaux-arts occupés à concourir au perfectionnement du thédtre italien. » Sur la gauche du spectateur, et au sommet d’une colline de forme gracieuse , on voit un autel , autour duquel se trou- vent les quatre muses du théâtre. Thalie, avec le /agobole ( cette baguette qui la caractérise ) agite le feu sacré, qui brüle déjà sur l'autel, et qu'un rayon que lance Apollon du haut de l'Empirée , rend plus vif encore ; Euterpe accorde sa lyre ; Therpsicore essaie des pas de danse , et Melpo- mène ; tenant d'une main sa masse, de l'autre le masque tragique , semble prête à entrer en scène. Ce gréupe est plein de grâce et de mouvement. 166 CORRESPONDANCE. À . Plus à gauche et vers le bord du tableau , à l'entrée d'un bois on voit un monument, en forme d’autel, con- sacré à l’Immorrazrré. Il montre en bas-relief les medaillons, très-ressemblans , d’Alfieri , de Goldoni, et de Metastasio , avec les emblèêmes de la tragédie , de la comédie , et du drame lyrique. Vers cet autel sont réunies les cinq autres sœurs ; trois d’entr'elles portent leurs regards sur le groupe des quatre muses dramatiques ; Clio montre du doigt à Erato les noms gravés sur l'autel de l’Immortalité. Celle-ci est représentée par une statue colossale de femme qui, avec les ciseaux d’Atropos, coupe les ailes du temps, en le fou- lant sous un de ses pieds; de l’autre main elle tient un cercle. Ces deux groupes occupent la gauche du spec- tateur. Vers le milieu du tableau est la belle figure d'un Génie, en marche noble et hardie, et guidant les arts vers l'Im- mortalité. Dune ‘main il tient un flambeau allumé ; de l’autre il montre aux arts, dont le groupe est derrière lui à quelque distance, l'autel de la Déesse, et les Muses qui les invitent à s'en approcher, avec leurs chefs-d'œuvre. Ce. groupe des arts s’avance à la suite du Génie; la Sculpture , avec son ciseau , son marteau , et la tête de Michel Ange en bas-relief; l'Architecture , qui présente, sur un dessin, les cinq ordres, et les noms de Vitruve , Palladio, etc.; la Peinture, qui porte Raphaël, et à côté d'elle, son Genie, muni de la palette et des pinceaux. L'art Mimique se montre auprès de la peinture, et a pour emblèmes les trois masques, tragique, comique, et allégorique ; l'Optique tient la lunette de Galilée ; lé Drame à dans une main un papier, dans l’autre la lyre; enfin, la Mécanique est en- core là, et présente pour emblème la vis d'Archimède. Derrière ce groupe, qui est en pleine marche, on voit, sur le bord du tableau à droite, une grande et belle statue SECONDE LETTRE DU PRoFr. PICTET À SES CoLLABORAT. 167 de Minerve, protectrice des arts, et qui leur permet de suivre le Génie. Au-dessus du groupe des arts à droite et au bord du tableau , est la Borne (Meta ) représentée par une colonne dorique , au haut de laquelle on voit la statue de la Re- nommée. Entre cette colonne et les arts est couché le Dieu du Tibre, en costume ordinaire , avec son sceptre et sa corne d’abondance ; on voit les eaux du fleuve couler dans une vaste plaine entre les monts Aventin et Palatin. Le fond du tableau présente ici une des vues de Rome les plus belles et les mieux choisies pour l'effet. Vers le haut, et dans un ciel chaud , on voit une masse de nuages qui portent le char d’Apollon ; le Dieu retient les chevaux comme pour porter ses regards avec complai- sance sur ce qui se passe auprès des Muses. Lucifer le précède , et les heures dansent autour du char. É J'oubliois un groupe de quatre petits génies ( fort res- semblans à des chérubins ) qui tiennent des couronnes de laurier cueilll dans le bois sacré, et qui se préparent à couronner les artistes dont les chefs-d'œuvre ont embelli et honoré le théâtre italien. Rien ne nous a semblé à la fois plus poétique et plus patriotique que cette composition, dont l'exécution est beau- coup plus soignée que ne le sont ordinairement les déco- rations théatrales. Cet art, poussé très-loin en Italie, au- roit mérité, selon nous, à l’auteur une place distinguée sur sa propre toile. Apprenant que nous avions l'intention de visiter quel- ques-uns des arts qu'on voit à Milan , Mr. Monticelli s'of- frit avec une extrême obligeance à nous accompagner. La discrétion dictoit un refus poli ; le vif sentiment de l'avan- tage d'avoir un pareil guide , les agrémens de sa société, mous disoient tout bas d'accepter; nous acceptames ; il eut l'air de nous en savoir gré. 168 CORRESPONDANCE. Nous commençames par le palais dit Royal, dont 14 fondation remonte au quatorzième siècle, mais qui a été agrandi et comme métamorphosé de nos jours; l'intérieur est décoré et meublé à la moderne ; cependant on y re- trouve avec plaisir et admiration le grand sallon ancien, orné de statues et de cariatides en marbre du plus beau travail ; on voit , dans une longue suite d'appartemens , des peintures de plusieurs grands maîtres , entre lesquelles brillent celles d'Appiani, dont le nom, souvent répété, l’est presque toujours avec l'expression du regret de sa mort prématurée. L'Observatoire} de Brera n'est qu'un des objets que ren- ferme ce vaste palais, l’un des plus beaux édifices de Milan. H y a une bibliothéque qui contient ( dit-on ) cent mille volumes. C’est là une de ces curiosités pour lesquelles il faut du temps , et c'est ce qui nous manquoit essentiel- fement; il en est de même des médailles, dont la collec- tion est très-riche. La sculpture, la peinture, la gravure, l'architecture , tous les arts du dessin ont leurs salles et leurs professeurs dans ce même édifice ; enfin on y voit, et ce fut l'objet principal de notre curiosité , une collec tion de tableaux des plus grands maîtres distribués dans plusieurs salles, de construction moderne , dont une est destinée aux ouvrages des élèves de l'Académie, couronnés dans les concours; celle-ci nous donna la plus haute idée du talent des maîtres, des progrès des élèves, et de la sagesse des mesures d'une administration qui cultive et anime ainsi dans la jeunesse la louable ambition de se distinguer dans la carrière des beaux-arts. : J'avois vu jadis à Milan une forteresse: quand je dis vu, j'entends aperçu du dehors , car on ñ'y entroit guères que pour n’en plus sortir à volonté. Elle a disparu; il n'en reste presque plus rien de défensif, encore moins d'offensif. On SECONDE LETTRE DU PROr. PICTET À SES COLLOBARAT. 169 n’a conservé à l'intérieur que le batiment qu'occupoient les Visconti et les Sforce , seigneurs de Milan, et qui est changé en caserne. Les Milanais ont cette obligation à “Bonaparte. Une forteresse est non-seulement pour une ville populeuse un dangereux voisinage, comme magasin à poudre, mais elle est aussi pour elle un magasin d'infortunes , soit qu'elle aît à contenir l'intérieur, c'est-à-dire ; à fomenter une guerre sourde entre l'autorité et les administrés ; soit qu’elle prétende défendre la ville, c'est-à-dire, en réalité, la faire attaquer et provoquer sur elle tous les malheurs d'un siège. Milan a gagné au démantélement de la forte- resse de belles promenades du côté de la ville; et en-dehors ün espace très-vaste pour les manœuvres militaires et les fêtes publiques. Ce quartier, dont les embellissemens tien- nent du prodige , reçut notre dernière visite. C'est là que devoit aboutir la nouvelle route du Simplon, et que l'œil du voyageur, fatigué de précipices , devoit se porter avec un transport d'admiration sur un arc de triom- phe , monument de la victoire de l'art sur la nature. Hélas! ce monument , élevé seulement aux deux tiers, n’atteste au- jourd'hui que la vanité des projets humains et l'inconstance de la fortuue. La portion exécutée est belle, je dirois vo- lontiers admirable ; et on a d'autant plus à regretter qu'il ne s'achève pas, que tous les marbres destinés à le finir, les bas-reliefs, les corniches , les rosaces , tous les ornemens de la plus riche architecture sont exécutés, et du plus beau travail ; on les conserve sous des hangars voisins, où nous les avons vus; et l'ensemble de ces travaux suspendus, les attaques du temps qui s’annoncent déja, présentent la triste image d’un renversement dans l'ordre de la nature , d'une destruction qui précède la création. Il faut, ce semble, eu faire disparoître l'œuvre commencée , ou la parachever no- blement; et que le voyageur n'ait plus à se demander rai- son de lin statu quo. 170 CORRESPONDANCE. Non loin de cette construction imparfaite on en voit une qui, pour la pensée comme pour l'exécution , se rap- proche de ce que les anciens ont élevé de plus imposant, à la fois, et de plus populaire. C’est un amphithéâtre , des- üné aux fêtes nationales. Il est en forme d’ellipse, et l’a- rène a sept cent dix pieds de long sur trois cent cinq de large. Il est entouré de dix gradins en granit, dont l'in- férieur est élevé de quelques pieds au-dessus du terre-plein de larène , et revêtu de manière à contenir l’eau. Ainsi, le cirque , après avoir servi aux jeux gymnastiques et aux courses de char, peut, en quelques momens , au moyen de l'eau qu’on y fait affluer des canaux voisins, être con- verti en une Naumachie. Les dix gradins, et le terre-plein supérieur peuvent recevoir trente mille spectateurs fort à leur aise. À l’une des extrémités du petit axe de l'ellipse, et au niveau du plan supérieur s'élève un vaste portique, dont le péristile est orné de huit colonnes de granit, et situé de manière que les spectateurs qui y sont placés , et à couvert, ont vue d'un côté sur l’'amphithéâtre, qu'ils dominent , et de l’autre sur la vaste plaine destinée aux évolutions militaires. On peut ainsi, dans nn même lieu et dans une même journée , jouir de trois grands spec- tacles. Le portique renferme un sallon, de belles dimen- sions , et orné de peintures à fresque d'un goût exquis. À l'une des extrémités du grand axe du cirque est une terrasse , sous les voûtes de laquelle nous vimes des chars à la romaine, et tout l’attirail des anciens spectacles qu'on ne connoissoit que d'après les descriptions des poëtes et par la numismatique , lorsque l'homme de l'histoire a ima- giné, de nos jours, d'ajouter cette page à celles dont son ambition de toutes les gloires fournira l'ample texte à la postérité. Je n'ai rien dit des spectacles. Ce n'est pas. que nous SECONDE LETTRE DU Pror. Picrrr À sFs CoLLABORAT. 171 nayions été (même deux fois ) voir le grand opéra au théâtre della Scala, le plus vaste d'Europe , dit-on , après celui de Naples. Mais, il est convenn qu'on n'y va ni pour voir ni pour entendre ; c'est pour employer deux ou trois heures de la soirée à se visiter dans les loges, à cau- ser tout haut dans le parquet ; et, ce qui se passe sur le théâtre est ce dont on s'occupe le moins. On voit ça et là quel- ques étrangers qui essaient d'écouter, mais en vain ; le ronron des contrebasses et quelques sons aigus du récitatif percent seuls le bourdonñement général. Une romance favorite , de la Signora Mariani , procura quelques momens de silence ; puis, le brouhaha recommença , et l'ennui nous fit quitter la place. Je n'en dirai pas autant d’un spectacle de société auquel nous dnmés à nos amis le bonheur d'être invités. La salle étoit jolie, les décorations , très-élégantes , et les acteurs fort exercés ; la Prima donna jouoit avec beaucoup de talent et de grâce, et l'auteur du rôle principal (7 cavaliere di Spirilo ) s'en acquitta à merveilles ; l'orchestre même lais- soit peu à désirer. On ne voit guères une réunion d'ama- teurs aussi bien organisée. Enfin; oserai-je dire que, de tous les spectacles que nous avons vus à Milan celui qui nous a le plus vérita- blement amusés | est le petit théâtre dez Sigr. Girolamo , où des marionettes , très-artistement fabriquées , et habile- ment conduites , jouent des pièces régulieres , dansent des ballets , etc. ; au bout de quelques momens l'illusion devient parfaite, et on croit aux figures la grandeur naturelle, tan- dis qu'elles n’ont guères, dit-on, que six pouces de haut, On peut à ce spectacle prendre d'excellentes leçons d'italien, tant le langage est bien articulé et approprié à chaque personnage; on y reçoit des leçons de morale, car, à en juger par ia piège que nous vimes, dont le rôle principal étoit une orgueil- 172 CORRESPONDANCE. leuse corrigée , les travers et les vices de la société y sont ridiculisés et condamnés avec esprit et verve comique. Et, la preuve que je n’exagère pas est, que le Sigr. Girolamo, qui a commencé avec rien, a bâti une salle de spectacle, et fait une fortune avec ses marionneites ; elles ont encore pour lui l'avantage précieux de ne lui causer aucune de ces tracasseries qui désespèrent si souvent les Directeurs des troupes ordinaires, Ca 278. É NÉCROLOGIE. M. Tingry, Professeur de chimie dans l'Académie de Genève, Vice-Président de la Société des Arts de cette ville, et membre de celle de Physique et d'Histoire naturelle et de plusieurs Sociétés savantes a succombé le 13 de ce mois à une courte maladie, à l’âge de 78 ans, ayant conservé jusqu’à son dernier moment toutes ses facultés de corps et d'esprit. Il étoit né à Soissons ; mais établi à Genève depuis plus d’un demi siècle, il s'y étoit distingué d'abord comme pharmacien , puis comme chimiste habile dans des Cours destinés particulièrement à l'instruction des artistes. Il fut en 1776 l’un des fondateurs de la Société pour l'avance- ment des arts et il lui a rendu d'éminens services. Il rem- porta ls prix proposé sur la construction des fourneaux propres à préserver les doreuses des vapeurs du mercure. Il a publié un excellent ouvrage en deux volumes sur la composition et l'emploi des vernis, et plusieurs Mémoires imprimés dans les Recueils des Sociétés savantes, indépen- damment de ceux qu'il a fréquemment lus aux séances de la Société de physique et d'histoire naturelle. On lui doit une analyse étendue , publiée sous forme de tableau , des eaux des différentes sources des environs de Geneve. Il avoit quitté depuis plusieurs années Ia pratique de la pharmacie, et il vivoit heureux et tranquille dans une campagne embhellie par ses soins sur les bords du lac à peu de distance de la ville, lorsque la mort est venue l'enlever à une épouse inconsolable et aux nombreux amis mme ûl 174 N £ cm émonte. que lui avoient fait son noble caractère , son empressement à rendre service, sa sérénité, sa gaîté, sa douce philoso- phie; qualités qui l'ont fait chérir de tous ceux qui l'ont * connu et qui après avoir long-temps embelli son existence l'ont accompagné jusqu'au bord de la tombe.« Adieu, mon bon ami, lui disoit en le quittant un de ses parens, qui étoit loin de le croire bien malade,« À Dreu, c'est le mot,» répéta le mourant en levant les yeux au ciel ; et ce furent ses dernières paroles. Faites au Couvent pu Sr, BervarD Janpin Boranique à GENÈVE. OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. FEVRIER TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES éleve de 1978 toises au-dessus de la Mer ; aux mêmes heures que celles qu'on fait am 1821. OBSERVATIONS DIVERSES. Re en Ox doit remarquer qu'il n'y a eu ce mois ni L’intensité du froid a causé quelques accidens, qui n’ont cependant pas eu de suites graves; des personnes de distinction arrivées à l'Hospice , à la fin du mois, ont eu É BAROMÈTRE. TERMOMÈTRE i | = el Venrs. E 8 | réduit à o de Deluc. à l'ombre HYGROMÈTRE | Pluie ou = ä | shtus les del £ 2 LE BUTE en 50 parties. a cheveu. neige en fe = gres relatifs | Erar pu Cret. 5 : Las 24 heures. = de force. Lev. du Sol. | à 2 heures. À L.duS | à2h.fL.dus.| ah. (@ | L.S. àzh. LS ne re 2 — À} — ——— —— — Pouc.lig, dix. Poue, lis.dix.f D. dix. |-D. dix. Deg. Deg. | Lig, douz. | | | ——— | —_— ——_—_— ! DONNE, PR Ÿ SUITE PUzr 16 [1 SN EN 7 ol. Lo 65 —— Ù——} so | ve |ser., id. 2 T0 Store s. 2l 2.7 75 68 RRQ Lan re No i ser. , id, 5 0,6 RAD S A AN ENT EE 73 On SO \ ser. , Sol. nua. 4 | 20 10,8 20 9,8 CUT 4. o| 72 66 SOIN j neige , sol. nua. 5 | + 8,9 * 9,9 8. SÛ 8. al 98 83 —— |] se] eg} sér,, id. neige, ni pluie. 6 * 0,6 PACA 11,23), ol 75 63 NE ANNE An nua., ser. 7 A 2EL 2,6 enE276 SN Col 1180 72 HO NE | Nr alsol nud.1d. 8 OR L 2,2 AM 3. OÙ 73 61 ——— À—— | xEe5| 50 24 couv., sol. nua. 29 | 20 T1,2 20 10,2 5. ol 2.64 52 72 ——. 1 ——|s02|}s0 sol nua1d: ; £ AG SL EP Ro #7 6. oÙ 3.81 87 82 —— || so | ne lsol.nua.ser. les pieds gelés. IL TL * 10,7 iris 9. 610.0) 84 76 150, | 60) IISEr it: 12 D ° 10,9 ° _ yo,8 Ce Cl Cl 82 75 — |— sol. nua. , id. LEP ROMANS) * 11,0 7 210 4, ol 16 64 — | — ser., id. CS (MIOEs 0j ea SET: 7. 6| 1. ol 7 70 — |— ser. , id. 15 , 1 GE 21,4 7, 4 2. o 73 71 —_—_— —_—— ser. , id. 16 ES Mo; CCE EU 65 68 —— |— ser. , id. 172100 20 11,9 s: 7| o. 2l 72 22 — |— ser. , sol. nua. 18 | 20 11, 9,6 64 Sa olny4 D NE ES neige, sol. nua. 19 8,4 . 7.6 8. 4 CRT 98 93 ——— ser. , sol. nua. LOL Rue 7.0 NUE 10. 4| 12. 4) 84 83 — brou., sol. nua. 21 NCSS TAG) 19 CT 1. 4) 04 96 — sol. nua. , id. 22 AN DETTE CPR À OP 95 98 = sol. nua , ser. 25 CEE Per + 3 8,9 OS 7. à 88 86 —— ser. , id. 24 Le 7,7 1220 6. 5| 3. al 87 94 — ser. , id. 26 CALE À + » 7.6 TIUENS 6: 81 288 90 — sol, nua. , ser. 26 . 5,1 sn 88 82006. alt 94 85 ——— sol. nua., ser. 27 |. 69 + 650 CARS PES 35 ——— couv. , neige. 28] + 6,0 8676 6. 3| 3. 2l 94 99 — couv., id. ER PRES ds MECS | Acute RéCndO RES lis-2) bec caemcens (ee) Le ER À mme ee Moy! 20. 9,7 |20. 10,1 |- 7,6 |- 44 | 82 | 75 EE TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites aa JARDIN BOTANIQUE de GENÈVE: 395,6 mètres ( 203 toises) au-dessus du nivean de Ja Mer : Latitndé 46°. 19°. Longitude 15°. 14”. ( de Tems ) à l'Orient de l'Observatoire de PAR1S. \ OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. M A HS TONER « A ————————— THERM. à l’om- “. É Ce 3 CA . BAROMÈTRE bre à 4 pieds {Hycromèrrel Pluie ou e) = £ 85 réduit à la température £,de terre, divisé à cheveu. neige en |& à VENTS. ErTar pu Cet. | ce EC de 10° R, choper 24 heures. | £ OBSERVATIONS DIVERSES, ” En Lev. du Sol.| à = heures, J L-duS. Ê 2 h. ÎL.duS. à2h. © = À L.dus.| à 2h. = —— RTE one UE 24 Du ve 2: ÉPRRNRE A OR ES Pouc.lig.seiz.|pouc.lig. seiz, À Dix. a.l Dix.d, Deg. | Degr. Lig. douz. e mn ES D —.——/ mn | ss mn | ee | ner en, mnt En 1 26 8. 26. 7 uzht 2. off s. 7] 91 ? 1 6 lié ce lconsp - 2 ST: ENT ENTA] MRC ECTS (0) ETS 62 —— Heu Meminua cl 3 2 1. ENOS tUn 1710008 93 82 — Len) | GS NE fJcouv., nua. . à 01 ? AN x È s de des Ù # © 1:26 10. 26 9.16] 1: 6| 8.7) 98 79 =— so so Énua., cou. La tempens froi : Me 4 $ 9: 9. 14) 4° 0) 73 98 75 4. 6 == seu}Dl Cou. retardé la végétation. Les prés Mme 6 AUCH NOESIS] MEL) NC 68 —— |) cal. se, ‘fnua:, id. cent à peine à verdir. Les pluies ont}| 7 PIC SN RTC 7 4. 2] 9.53 98 79° 100 2 |icat so pl., nuage. contratié les semailles de mars ; il nye 8 Dot] LME ET 4. 1| 7. 81 80 80 6. © |—— {so s0 couv., pl. de semé que ce qui avoit été préparé 9 s 110: * 10. 13 4° 20. & 8o 56 so so nua. , id. # «1 © ovenct H a 2 27. o 27 lo: Cole 6: SIMS 7 90 66 DDC) er Me s0 nua., clair. dès l'automne. On ne E 5 ‘p L: a | EL 2SUTe GUN 4h 7-7) 150% 84 65 NE so nua. , id. Éparce que la grêle de l'année dernières k Son e 2-79 0 2 63 GS R. cal: NE {clair , nua. a gâté la râme. Les blés ont belle ap- [I DUR U LE ; BE |) + SSL QE 54 A parence, en général, mais dans Hess DU CPE 4: Se 2 98 9 cal: NE plu. , id. terres argileuses mal égoutées , ils ont || rc] UNE) ax) EG 71 — NE xe clair, Id. ". | [l . = ÇG t DRE ONTS)| CONS D 7/Gr(o) 92 82 t 6 Lie So ve Éclair, id. souffert. SA OUT ONDES 95 52 0. 9 G. B s0 so clair , nua. ‘1h . 26 10, o 4e 7 8, 5 g1 80 nei. |. 3 so s0 pl, nua. | 8. NT 4, 31 6.5 73 69 CO) —— 150 so couv. , 1d. Î 6 ON TIC MN CE TION] HE 80 4 9 er) Te) so [Înua., pl. j 21 M onG CEST 20) 0 90 85 ASE Z so so pl., id. Î 22 = 4-4: S SGETS 3: 7| 5: of 95 $o perce es, | Fo NE fpl., cou. Î 25 G 8. 11. 9. 15 none] 4, © 76 61 4 SMS NE NE clair, id. | 24 + 10; 141" 010: 12 ©. $ 4 3 79 GI = S ie NE NE clair , id, D 25 DCR ENT Tr: 5-NOÏ 6.07 9% 55 a PE. c. 8. | so so clair, nua. . RS F CAD ANUS os 4: 3] 8.0 87 64 — —-41 s0 so nua. , id Déclinaison de l'aiguillé ee a Do) POP ITS UE ON C7 71 a cal. | so fnua., cou. l'Gbservatoire de Genève, le 31 Mars: (| 28 RS AG Ile PE Lo OS TN 97 62 GB cal. xe clair, nua. - il 29 PPUA IGN UE. 18 30 ie 00 gt 62 so so cou. , id. }| se . L à D Go 4. 2] 7,8 97 73 Es — À 50 NE cou. , e Température . d'un Puits de 34 pieds 1 3 . . , 8. 2 02 5 ) —— ‘ou. . l —— — 1 : 4 875 "4 À ee 1 it Mer le 31 Mars. + 10. 0. Moyennes. !26.9. 11,74 26.9.8,09 [T :,89[t 7,49 À 90,90/ 0 44 A4 TE ARC HIMEDE Se (a D ASTRONOMIÏIE OssEnvarioNt DÉLL’ ATrTUAL Comet, ete. Observations de la Comète actuelle Faites à Florence à l'Observatoire des Ecoles pies , avec un micromètre annulaire appliqué à ui6 lunette de cinq pieds de Frauhofer, communiquée ati Profs Prcrer: DATES. |TEMPS Moy: | ASC; DROITE: DÉEL: ROR: 1821: : ùs Janv. 3: jo 55 359 20! 56” RER PONT ENT UV at g Lo 9 20 150 5o 29! 3 7 135 3 5g 23 167445 6| 7 o 358 49 39 15 34 5 î 7 20 44 58 15 bg 95 8 7 26 Lo 12 * 15 96 I 10 7 À 32 16 15 16 27 ir 7 35 28 42 15 14 56 12 1 2 25 à 15 ii 36 33 7 30 21 © 15 8,15 14 gd AG 17 27 15. 4 49 16 7 26 10 35 14 56 ‘8 17 6 ; 7 À 14 54 48 à 7 o 35% b2 45 14 42 1 22 | 6 3j 49 33 14 38 42 53 6 4. 45 34 14 35 br 24 | 7 8 42%: 14 34 2x 25 6 44 37 48 14 28 35 27 | J 34 »8 22 14 19 95 Mars 3 7 o j 7 20 13 46 58 6 Me | 356 48 9 13 34 19 » Se: ét Arts, Nouv. série, Vol, 164 N° 4. Mars 1821. M C 176 ) PHYSIQUE. ÆXPÉRIENCES SUR CERTAINES MODIFICATIONS DU CALORIQUE dans l’Appareil Voltaïque, faites à Florence dans le Labo- raioire et avec l’aide du Prof. G4zzeni, par le Prof. Prcrer, Jun des Rédacteurs de ce Recueil , les 16 et 20 Février. : L'sxsemers des expériences faites jusqu'à ce jour avec l'ap= pareil voltaïque a mis en évidence cinq classes de phénomènes distmcts ; les quatre premières semblent appartenir plus parti- culièrement à la physique, la dernière à la chimie.” Ainsi l’action voltaïque produit ou dégage, 1.° De l'éfec- tricité. 2° Du catorique. 3.° De la lumière. 4.° Du magnétisme. Cette même action devient chimique par les affinités, forte- ment électives , de deux pôles de l’appareil pour certains clémens; par exemple pour l’oxigène et l'hydrogène. Ce champ d'action est si vaste, -et les phénomènes qu'il présente sont si variés et si compliqués qu'on ne peut les bien étudier sans les considérer séparément , et dans leurs classes respectives, autant qu'il est possible. On a déjà acquis quelques lumières en procédant ainsi; on a vu , par exemple, que les effets chimiques dépendoient essentiellement du nombre des élémens voltaïques; tandis que les effets calorifiques et lumineux étoient en rapport direct avec l'étendue des surfaces de ces mêmes élémens. On a vu aussi que l'influence phy- siologique de l'appareil, c’est-à-dire la commotion qu'il pro- cure, étoit proportionnée au nombre desjélémens , et non à letendue des surfaces; on a comparé les effets électriques de ASE s ExPÉRIENCES CALORICO=VOLTAIQUES , tic 157 l'appareil avec ceux des machines ordinaires i on a beaucoup étudié récemment son influence magnélique ; mais ; on semble avoir négligé jusqu’à présent d'approfondir, comme elle paroît le mériter, l'influence calorifique de cet appareil merveilleux, C'est vers cette recherche particulière qu'ont été dirigées les Fierce dont je vais parler: | | Ii m'a semblé que le calorimètre le plus approprié à ce genre d'expériences, seroit un très-petit vase plein d’eau; dans le= quel plongeroit un thermomètre à mercure, à très-petité boules L'effet calorifique produit sut cette eau dans des temps égaux ; selon les diverses dispositions de l'appareil, effet mesuré paÿ le nombre de degrés d’ascension du thermomètre dans cha: que disposition particuliere; doit indiquer les rapports de l'influence calorifère dans les divers cas. Le vase est d' argent en forme de gobelet, de huit lignes et quart de haut; sur dix lignes de large en haüt, et six à la base: La boule du ther- momètre n'a que deux lignes de diamètre, et le mercuré se voit très-bien dans le tube quoique d'une extrême finesse ; parce que la section est elliptique et présente à l'œil son grand dianiètre: Le gobelet est poli; ce qui contribue à lus conserver la chaleur aëquise. Il pèse cinquahte=neuf grains ; ét Contient suixante et douze grains d'eau: On voit fig. ce Calorimetre représenté de grandeur naturelle: On l’a fait reposer sur un support de liège, dans toutes les expériences: * Le fl conducteur destiné à lui amiener le calorique etoit aussi presque toujours replié dans son intérieur ; de manière à suivre la forme des parois du gobelet, sans les, toucher; » et.en. plongeant dans l’eau presque jusqu'a fond. On pre » noit note de l'instant où commençoit l'immersion, et de la * température imitiale du liquide; puis au bout de cinq minutes on observoit l'effet calorifique produit sur le thermomètré : plongé dans l'eau, et chaque expérience étoit alors, terminée. L'appareil électromoteur étoit celui du Prof. Gazzeri; Ma 158 PHYSIQUE. déjà décrit dans une autre occasion (1). Nous rappellerons seulement qu'il est composé de trois auges de cuivre con- tenant chacune une lame de zinc et présentant, entre elles trois, une surface active de 6100 pouces quarrés. Les con- ducteurs polaires sont des fils de laiton doubles, du diamètre de - de pouce, longs de dix pouces chacun, assez flexibles pour que leurs extrémités ( où chacun est reployé } puissent être éloignées, où rapprochées à volonté, 'et assez roïdes pour- tant, pour conserver la position qu'on leur donne dans chaque expérience; l’un est soudé à la première lame de zinc, l’autre à la dernière des trois auges de cuivre. Au-dessous de l’ex- trémité de ces fils qui répondent aux pôles zinc et cuivre de l'appareil est une tablette de verre qui sert à isoler ce qu'on place entre deux. J’avois donné d'avance à Mr. Gazzeri le dessein des diverses expériences que je me proposois de faire, et il eut la bonté d'en préparer les dispositions, avec une adresse égale à sa complaisance. Je vais indiquer ces dispositions, et l'objet et le résultat de chacune. La fig. 2 représente trois différentes positions du calori- mètre C relativement au f// conjonctif z, r; la lettre z répon- dant au pôle zinc de l’appareil, et la lettre c au pôle cuivre. La longueur totale de ce fil, de zen cest de 104 lignes; les deux portions droites sont chacune de 25 lignes. Son diamètre est de -— de pouce; il est de cuivre. Il a servi à trois expériences Dans la première, le calorimètre étoit au milieu, en; dans la seconde, en p, fort près du pôle zinc, ou positif. de l'appareil; dans la troisième, en », c'est-à-dire vers le pôle négatif. (1) Voyez page 102 de ce volume, t EXPÉRIENCES CALORICO-VOLTAÏQUES , etc. 17q Dans la première expérience, le thermomètre monta MR EL IE LAS ae ER en 5, minutes Dans la seconde .........,... 105 — id. Dans la troisième ............ 69 — id. Elles montrent 1.° Que l'effet ealorifique absolu sur le ealo- rimètre , placé au milieu de l'intervalle entre les deux pôles et à une distance de 86 lignes mesurées sur le fl eonjonetif, fut de 4°,5 ( l'air et l’eau étant à + 7). 2,9 Que l'effet calorifique absolu dans. le même temps, avec le même fil, le calorimètre étant très-voisin du pôle zinc, fut de 10°,5. 3.° Que cet effet, observé dans les mêmes gireonstances, au pôle cuivre, fut seulement de 6°,9.. Ce qui nous montre 1.° Que l'effet calorifère étoit mot à-peu-près de moitié en parcourant le fil depuis les extré- mités jusques vers le milieu , soit par le simple refroidis- sement , soit par quelqu’autre cause. 2° Que l'effet calorifère semble être plus énergique vers le pôle zinc que vers le pôle cuivre, dans le rapport de 105 à 69; ou dans le rapport très-approché de 3. à 2. On avoit déjà pu soupçonner cette différence en voyant que dans les expériences où le fil conducteur s’échauffé jusqu'à rougir, si son contact est également parfait à l'un, et à l'autre pôle , la rougeur paroit en général plutôt au pôle positif qu’au négatif. . La quatrième expérience , dont on voit le dsposii; fig:3, . étoit destinée à comparer l'effet calorifique d'un fil conjenctif - le plus court possible, avec eclui employé dans les trois … éspériences précédentes ; le métal ni le diamètre du fil * ly'étoient changés. “ La chaleur produite fut de 21°,5 en quatre minutes. On s put pas attendre l'effet de cinq minutes , parce qu'en craignit que le thermomètre ne se cassât, le mercure arri- \ \ x8a Puvsiqurs vant fort'frès de l'extrémité du tube; mais, pour rendre le résultat comparable aux précédens, 6n peut, sans crainte d'erreur notable , calculer ‘par la règle de proportion quel auroit été l'effet dans cinq minutes On la trouve de Pr L'Al an! ” | On voit donc, qu'en raccourcissant le fl conjonctif dans le ‘rapport de 104 à #1, c'est-à-dire, en ‘le’ réduisant à = plongée presque. en ‘totalité dans l'eau , l'effet calorifique s'açcroit dans: le! rapport de 45 à 269, très-approché de célii de g' À 54% où de r'à.6. L'influence des variations dans la /ongueur du fl,-(son diamètre et le métal restant les mèmes ) étant ainsi approxt- matuvement établie , on recherche celle du diamèlre de ce mêémé fil, là longueur et le métal restant les mêmes ). Ce fut: l'objet de la cinquièmé: expérience. Le diamètre du fl étoit de z- de pouce , c'est-à-dire’, plus gros que le précédent, dans le rapport très-rapproché de 3 à 4. Le résultat fut frès-voisin du précédent ; c’est- à-dire qu'on obtint; en quatre minutes, 21,3 deg. ce! qui auroit donné’( par le même calcul que ci-devant ) 26,7 ‘en éiiq ‘minutes: H''neéparoit pas ici que l'influence du dia- mètre lait été très-sénsible ; elle auroit plutôt tendu à di- minuer Veffet calorifère qu'à l'augmenter. Mais dans la sitième expérience , dans laquelle on em- ploya un fil de Zaïlon (faute de cuivre de cette grosseur } ment très-gros) la chaleur fut si forte qu'au bout de deux minutes il fallut enlévér le ‘thermomètre , de crainte d’acci- Cr , Fr # à du diamètre de de pouce, (c’est-à-dire ; comparative- derit. On avoit ‘alors déjà 22,3 deg. d'ascension ; ce q auroit donné en cinq minutes , 55°,7 degrés de chaleu* communiquée à l'eau , effet plus que double de celui ob- tenu avcé le fl de: cuivre du petit diamètre. Cette di rence serait-elle due à la présence du zinc dans l’alliage ? EXxPÉRIENCES CALORICO-VOLTAÏQUES , etc. 28r C'est ce que nous ne pouvons décider; on auroit heu de le soupçonner puisque , dans l'expérience précedente , l'in- fluence du diamètre augmenté avoit paru tendre à diminuer l'effet calorifère. L'influence de la longueur et de la grosseur du fil conjonctif ayant été ainsi examinée, on voulut éprouver celle de la nature du métal. Ce fut l'objet des deux expériences sui- vantes , dans la première desquelles on employa un fil de fer, et dans la seconde , un fil de platine ; les longueurs restant les mêmes, et les grosseurs peu différentes de celles du fil de cuivre de la quatrième expérience. Dans la première de ces deux (la septième de la série } le fil conjonctif étant de fer, du diamètre de -; de pouce, on obtint 24,5 deg. en cinq minutes , c'est-à-dire , un peu moins de chaleur. qu'avec le cuivre ; de même diamètre et longueur, dans le rapport de 245 à 269, ou à-peu-près dans celui de 8 à 0. Dans la :seconde (la huitième de la série ) le fil de platine de = de pouce de diamètre , donna 28.5 deg. en cinq minutes , C'est-à-dire , plus de chaleur que le cuivre, dans ‘le rapport très-approché de 57 à 54. On auroit pu le prévoir, car le fil de platine étoit rouge au ‘moment de son immersion dans le calorimètre , effet qu'on n’avoit vu dans aucun des précédens. Cette apparition de lumière, dans une température qui m'étoit pourtant pas de beaucoup supérieure à celle de l'ex- périence avec le fer, me fit penser qu'il seroit possible que , si le feu étoit un composé de calorique et de lu- mmière , le platine füt un moins bon conducteur de l'un: ». de cés impondérables que dé l'autre ; et que la lumière , ne pouvant le parcourir aussi librement que le calorique, fût “comme erprimée dans le passage , et devint ‘visible. Je ne hasarde là qu'une conjecture ; la grande densité du platine plus que triple de celle du fer, tendroit à l'appuyer 82 CB x y Ss 1 QU x La neuvième expérience fut destinée à éprouver l'effeg de la. communication: de l'influence calorifère par le dehors du vase et nan par le liquide intérieur, comme elle avoit eu lieu dans toutes les expériences précédentes. À eet effet, l’ap- pareil étoit dispasé tel que la fig. 4 le représente ; deux branches de fil conjoncüf, égales en longueur à celui de la Gg. 3, et de mème métal et diamètre, étoient attachées par l'extérieur à a base du calorimètre ; rempli. d'eau comme à l'ordinaire. Ce liquide acquit , dans cette dispo sition , seulement 17 degrés de chaleur en cinq minutes. On soupçonne que cette différence pouvait bien être due à l'imperfection du contact du fil conjonctif aveo la: base du calorimètre , à laquelle il n'étoit associé que par un anneau , qui avoit du jeu de part et d'autre. On répéta expérience en procurant au fil conjonctif un contact plus parfait au moyen d'un fil de saie qui le serroit conte l'extérieur du calorimètre. Le résultat montra que la con- jecture étoit juste ; on obtint 25,6 de chaleur en cinq mi- nutes ; effet très-rapproché des précédens. On avoit déjà eu l'occasion de remarquer , dans un premier essai, de ces diverses expériences , combien la per- fection du contact est une condition essentielle à la faculté conductrice de ces influences. Aussi, pour obtenir constam- ment cetie addition dans la série actuelle, le Prof. Gazzeri avait-il pris la précaution , très-efficace , d’attacher d'avance aux extrémités du. fil conjonctif, destiné à chacune des expériences ; une bandelette de plomb qu'on replioit en deux ou trois tours autour de l'extrémité polaire , et. qui serroit contr'elle ce mème fil. Dans. toutes les expériences qui précèdent, le fl conjonctif avoit été ou réellement continu , ou du moins mélalliquement tel, comme dans la dernière. On essaya dans les suivantes, de l'interrompre, c'est-à-dire , de le disposer dans le calo- . | | EXPÉRIENCES €ALORICO-VOLTAÏQUES, etc. 183 rimètre en deux portions séparées par un. petit intervalle , comme s'il eût été question d'y opérer la décomposition de l'eau. On voit cette disposition indiquée en à fig. 5. Les fils étoient de cuivre, et de même longueurtotale que celui de la quatrième expérience. Celle-ci étoit la dixième de la série. Le thermomètre monta à peine de deux degrés en cinq minutes. On fut d'abord peu en peine d'expliquer cette foible . apparition de calorique. On pensoit que tout l'excédent se combinoit dans le gaz hydrogène qui devoit résulter de la décomposition de l’eau. Mais en regardant de près, et à la loupe, l'intérieur du liquide, on n’y aperçut pas le plus léger signe de formation d'un gaz quelconque. Et effecti- vement , l'effet chimique étant, comme on sait, proportion- nel au nombre des élémens de l'appareil, devoit être , sinon imperceptible, du moins très-difficile à voir, avec un appa- reil qui n’avoit que trois de ces élémens, On substitua, dans la onzième expérience , un fil con- joncüif de platine, à celui de cuivre, en l'interrompant de Ja même manière. Le réchauffement fut encore moindre , c'est-à-dire , seulement de 1,5 deg. en cinq minutes. D'ail- leurs , aucun signe visible d'élastification aëriforme dans le liquide. Enfin, dans la douzième expérience , pour faciliter l'ac- tion chimique, ou, selon un autre système, pour employer un liquide meilleur conducteur que l’eau pure , on exposa dans un godet de verre, de l'eau assez fortement acidulée, à l'ac- tion décomposante du fil dé platine. On n'obtint ni gaz, à ni aucune chaleur sensible dans ce dernier calorimètre. Quoique l'appareil eût été plus de trois heures en ac- “tion et qu'il füt affoibli, l'influence électromotrice n'étoit ; point à son terme pour l'effet lumineux; ear, lorsqu'on appro- choit l’une de l’autre les extrémités séparées du lil de platine 184 PHysrQquer. jusqu'au contact, on voyoit paroître, dans cet instant, une petite étincelle dans le liquide. La suite de faits que je viens d'exposer a eu pour témoins, non-seulement le savant Prof. Gazzeri , qui m’avoit accordé l'usage de son appareil et qui m'aidoit dans la manipula+ tion , mais , deux excellens physiciens, le chev. Antinori; et le comte Bardi, Directeur du Musée de S. A. TL et R: et qui vient d'y faire construire un appareil voltaïque de irès-grandes dimensions ; j'espère avoir bientôt l’occasion de le faire connoitre à nos lecteurs (r). Je m'abstiens de tout essai d'explication des faits qui pré= cédent ; je soupçonne qu'ils dépendent de forces , sur le mode ‘desquelles nous avons jusqu'à présent trop peu de données pour ne pas risquer de nous tromper beaucoup en essayant de raisonner par des analogies fondées sur ce que nos sens nous permettent d’apercevoir. D'ailleurs, je ne regarderai ces faits commé bien constatés que lorsqu'à Vexemple des célèbres académiciens de! Cimenlo dont j'ai l'avantage d'habiter en ce moment la ‘ville "natale , et qui avoient pour dévise, provando e riprovande , j'aurai duement » (1) Nous avons assisté le 7 de ee mois (Mars) à un premier essai, très-satisfaisant,. de ce grand appareil et répété la plupart des expériences qui précédent, plus deux nouvelles, auxquelles se rappor- tent les fig. 6 et 7 de la planche. Elles représentent une disposition en tout semblable x celle de la fig. 3, avec cette différenee que dans celle , fig. 6 le fil conducteur tyaverse un morceau de charbon z ; et que dans celle, fig. 7, le fil est interrompu dans un tube x rempli . de poussière de charbon. Nous rendrons compte de tous. les ré- sultats, et de quelques autres, dans Îe cahier prochain. Nous dirons seulement en passant que l'appareil étoit si puissant qu'ik amenoit, en peu de minules,, l'eau du calorimètre à la plus vio- knte ébullition. (R) EXPÉRIENCES CALORICO-VOLTAÏQUES , ete. 183 répété une troisième fois les expériences dont je viens d’ex- poser les résultats ; les trois derniers sur-tout me semblent si extraordinaires , qu'ils ont particulièrement besoin de confirmation. TABLE AU des expériences sur la marche du calorique dans l'appareil voltaïque. Numéros Asc. du des Th. R, Erpér. en 5’. Ne x fil de cuivre calorim. à 43 lig. de chaque pôle. ....... 40,5 ALAN .ES PCs vers le pôle zéxc , et à 86 lig. du pôle cuivre. 10,5 DU AER Use etui dirt CURE Se Ta OEIL L2e ZENC 6,9 4 1d,.., calor, au milien. Mème diamèt., Filtrès-court. 26,9 Dan. 6420.48. plus gros. 2404. c: JET Is. 186,7 6 laiton.. id......,.beaucoup plus gros. :..: Ad. 0. 57 nlfer,: 2H. 5340 mème diamèt, que n.0 4.4 #4... 24,5 Auplatine.l d5. 2l235.idliivgen. sunitité. vis «din 287% 9 cuivre , d,.,..,..id, (attaché au cal/endéh. } ëdi..] 1756 10 ël...., id..,.....id. (interrompudansl'eau) &d.... 2,0 AR NIa NE, Id nee aie Fab, PV D AE ns «En © L'ÉCTUS 42 id,,.., id........id.(vase de ver,eteauacid.)id.,.. 0,0 VAR IAR ARTS AR IAER ” 336 PHYSIQUE. RESULTATS DE LA COMPARAISON DES HAUTEURS MOYENNES barométriques observées à GEnëve et à l’Hospice du ST. BERNARD pendant les années 1818 , 1819 et 1820, et à Lausanne pendant cette dernière année ; calculés par Mr. Eynanp V'ainé, et rédigés par le Prof. Picrer. Lu à la Société des Georgofiles à Florence dans sa séance du 11 Mars, par le Prof. Prcrer. Dis le Cahier de mai dernier (T.XIV}) de la Biblio- bliothéque Universelle | nous fimes part à nos lecteurs d'un travail analogue à celui dont nous leur présentons aujour- d'hui les résultats, plus étendus sous deux rapports que ceux de l’année dernière ; car, la collection des observa- tions originales est riche d'une année de plus, et nous avons acquis une station nouvelle , celle de Lausanne, où Mr. le Prof. Develey à entrepris une suite d'observations semblables à celles qui ont lieu à Genève et au St. Ber- nard, mais seulement à lune des deux époques de la journée , celle du maximum de la température. Ses instru- mens sont construits par les mêmes artistes (1) et parfai- tement d'accord entr'eux. Son registre d'observations , qu'il a eu la complaisance de communiquer, comprend toute l'année 1820. Les trois stations forment un triangle isocéle, dont le sommet est au St. Bernard. La distance, à vol d'oiseau, de ce point à Genève est d'environ quarante-cinq milles (de soixante au degré }; il est à quarante-deux milles de Lausanne ; et de cette dernière ville à Genève, distance qui forme la base du triangle, il y a environ vingt-six milles. Cette base traverse une grande partie du lac, et aucun obstacle (1) MM. Gourdon, frères, à Genève. COMPARAISON DES MOUVEMENS BAROMÉTRIQUES, etc. 187 ñe s'oppose aux communications latérales des influences atmosphériques entre Genève et Lausanne , tandis que plu- sieurs chaines très-élevées , et entr'autres celles du Mont- Blanc , sont interposées entre l'hospice et l'une et l'autre de ces deux villes. Ce triangle présente un vaste champ météorologique ; et, sous ce point de vue , les observations recueillies à ses trois angles ont leur degré d'intérêt; mais celui qui nous occupe aujourd'hui, est la part qu'elles peuvent avoir au perfectionnement de la mesure des hauteurs par des ob- servations barométriques simultanées. Rien ne peut asseoir nos idées sur le degré de préci- sion qu’on à droit d'attendre de ce genre de mesure, selon les circonstances , que des recherches de la nature de celles dont nous rendons compte , et dont notre Recueil est une sorte de magasin. On est d'accord que la nature même de la méthode ne comporte pas la précision mathématique, parce que la simultanéité des variations aërostatiques aux déux stations, ( condition qui est la base de la méthode }, n'est que supposée, et non réelle. Mais, de combien s’en faut-il , selon les circonstances, que cette condition ne soit vraie ? Quelle est la mesure du doute qui doit rester sur les resultats ? Ce sont là des questions que l'expérience et la méthode empirique peuvent seules résoudre. Pour appliquer cette méthode au cas présent, il faudroit - être en possession d’une hauteur vraie et certaine du St. Bernard, déterminée , ou géométriquement , ou par le mi= Veau ; nous n’en connoissons pas. Il faudra donc recourir au baromètre lui-même pour en obtenir cette hauteur nor- male , la plus approchée de la véritable qu'il sera possible, | à laquelle comparant ensuite tous les résultats particuliers influencés par diverses circonstances , l'oscillation de ces résultats autour de la normale donnera la mesure du degré 188 . P Hv.$.4.0 v:t: d'incertitude qui affecte encore chacun des résultats païti< culiers. Ils différent les uns des autres parce que les compensations- entre les diverses influences des coëfficiens , encore trop mal connus ; n'ont pas été complètes , faute d'un temps assez long ; ou d’un nombre suffisant d'obser- vations. Il semble que le ierme d'une année devroit suffire à donner un résultat moyen exact, puisque la rotation des saisons ayant été achevée , toutes les influences ont eu chacune leur tour, et toutes les compensations ont dû se faire ; mais on sait bien que les années n’ont pas toutes le mème caractère météorologique ; leur température moyenne, la hauteur moyenne annuelle du baromètre n'est pas tou- jours la même ; et ces différences , quoiqu'en général peu considérables | doivent faire osciller jusqu'à un certain point les résultats. Passons aux faits : La hauteur moyenne de la station du St. Bernard sur celle de Genève , exprimée en mètres ; et calculée d'après la formule de La Place, en prenant le résultat moyen entre celui fourni par les observations au lever du soleil et celles de deux heures après midi, est: Mètres. Mètres. En 1818 2093,5 En 1819 2099,5 ; 2096,7, résultat moyen de irois ans. En 1820 2097,0 O autour de la moyenne des trois ans est respectivement de 3,2; 2,8; et 0,3 mètres. Le résultat de 1820 ne diffère que de. 0,5 de mètwe de la moyenne (2096,5) des, deux afnées. a voit que l’oscillation de chacun des résultats annuels _ précédentes. On, pourroit donc considérer 2096,7, ou en nombre rond , 2097 mètres, comme le résultat normal très approché. (mais provisoire toutefois) représentant la différence vraie de, niveau des deux stations. Comparons-lui mainte- COMPARAISON DES MOUVEMENS BAROMÉTRIQUES , etc. 18d nant les résultats particuliers obtenus dans. diverses. circons- tances. Le tableau ci-dessous, n.°1, représente les différences de niveau de ces deux stations, telles qu'elles résultent des hauteurs barométriques moyennes de chaque mois, considérées chacune comme une seule observation à calculer. Les résul- tats des moyennes du malin , et leurs différences respectives d'avec la moyenne annuelle (de ces mêmes observations } forment les deux premières colonnes de chiffres du tableau; les deux suivantes appartiennent aux observations de l'après midi, TABLEAU TL Différence de niveau entre Genève et le St. Bernard calculée d'après les moyennes des observations baromélriques de chaque mois, faites aux deux stations, aux époques de la moindre et de la plus grande chaleur du jour pendant l'année 1820. _— AU LEVER DU SOLEIL. À 12h. APRÈS MIDI. | Hauteur | Dif. avec en mêt. | la moy. RÉ 2 ©", MOIS. Hanteur |Différ.avec en mètres, | lamoyen. Janvier ....|, 2072 Novembre ..| 2076 Décembre ..| 2057 R Moy.aulev. du Sol. -| 2080 el Ke) 198 somme des différ, —, 8 2097 | — 21 Février ...,| 2071 | — 9 | Noros | — 16 Mars ......| 094 | + 14 EE 2118 0 Avril......| 20796 | — .4 VSlo2r28 | + 10 Mai... 2084 | + 4. Tal 2137. |. 29 DR...) 2090 | +10 , }® 3137 + uillet..,..| 2088 | + 8 EU 2135 |4 17 Août... 076 | — 4 JEio198 | + 10 Septembre..| 2083 | + 3 124 2128 410 Octobre....| 2098 | + 18 ZE 2124 | + 6 — "#4 2097 ET — 29 2009 + | D A 2099 moy. des observ. du matin « et de l'après midi. +90 PHysrQur. Ce tableau peut donner lieu à quelques rematqtiés : La différence de niveau des deux stations , conclue d8 la moyenne des douze résultats des observations du matin, est seulement de 3080 mètres , c'est-à-dire , inférieuré dè 17 mètres au résultat normal ; la moyenne des douze mois d'observations de l'après midi donne 2118 mètres , quantité qui surpässe de 21 mètres la normale. Ces différentes donnent lieu de soupçonner un défaut dans le coëfficient de la températuré appliqué à la formule logarithmique simple. Lé claitvoyant cal- culateur dé cés tableaux à remarqué, qu'en ajoutant au résultat des observations du matin , et en retranchant de celles dé l'après midi, —— de chacun, on les rapprocheroit beaucoup du normal ; effectivement , 2080 + 2i= 2101; et 2118 —= 21— 5097, nombre qui est le normäl lui-même. Ce fait, que nous verrons confirmé tout-à-l’heuré , paroit montrer que , relativement au mode d'observation dé la température de l'air adopté à chacune des stations, le terme auquel le coëficient logarithmique donne les hauteurs sans correctio est placé trop haut dans l'échelle thermométrique ; défaut déjà remarqué dans la formule de De Luc. Ensuite, en examinant les deux colonnes de diféreñcess on voit qu'en général celles en défaut répondent aux mois d'hiver, et celles en excès à ceux d'été. Les mois dans lesquels les résultats des observations éalculées se rappro= chent le plus du normal ; sont, pour les observations du matin, ceux de mars et d'octobre, et pour celles de après midi, éeux de janvier et de novembre. Le second tableau est relatif au second des côtés de notre grand triangle ; celui qui s'étend du St. Bernard à Lausanne. Il ne comprend que les douze hauteurs caléu- lées d'après les moyennes des observations de l'après midi ; ensorté qu'il ne peut pas nous fournir de résultat précisé- ment normal de la hauteur du St. Bernard sur Lausanne, par Comparaison pes MOUVEMENS | BAROMÉTRIQUES, els 104 par une moyenne entre les observations du Matin et d8 T'après midi , mais il nous en donnera toutefois un cors “parable ; commé on le vérri tout:à-l'heure, : ; TABLE AU Il Différence du niveau entré Lausanne et le St. Bérndrd tai culée d'après les moyennes des observations barométriques da chaque mois, failes dux deux stations à » k. après ihidi eh 1520. £ A 2 h. APRÈS MIDI. \ © MOIS Hauteur |Différ.avec en mètres. | là moyen: Janvier SP 1958 nr: Février .:.:| 1g65 —= 14 Mars ...:..l i989 | + ro Anis lt 1084 |i+ SM Maäi..:...:) 1998 | + 19 V2 Juin :.:.:.] 3003 + 24 Juillet....:| 1988 | + o Août :...::l 1990. | + rr Septembre: :| 1989 | + 10 Octobre. . :.f 1979 0 Novembre . :| 1959. | — 50 1 | Décembre : :| 1952, | == 24 * : D Er Er Me) PERS 1979 /Moy.à 2h: On peut fairé sur ce tableau ue remarqué änalogüe à celle qui hous à frappés dans les- résultats qu'offroit le nprécédent ; c'est que dans la colonne des différences des hauteuis calculées d'après les ioyennes de chaque mois ; “celles en défaut répondent aux quatre mois de la saison “froide ; et celles en ércès aux mois de mai et juin: ” Si on admettoit la correction de -= sSoustractive indi- quée tout-à-l'heure ; pour ramener le résultat apparent au { Sc. et Arts, Nouv, série. Vol, 16. N.0 3. Mars 18at, N 392 PHysiquex. résultat normal dansiles hauteurs que renferme ce tableau calculées d’après les observations de l'après midi, on au roit pour la hauteur vraie du St. Bernard sur Lausanne, 1979 — 20 — 1959 mètres. Nous employerons tout-à-l’heure cette quantité pour nous procurer une seconde détermina- tion de la hauteur du St. Bernard sur Genève. Le troisième tableau répond à la base du triangle; ce côté ne passe sur aucune montagne , et la différence de niveau de ses deux points extrèmes est peu considérable. LA BALE À U:JIIL. Différence de niveau entre Genève et Lausanne calculée d'après les moyennes des observations barométriques de chaque mois faites aux deux stations, à 2 h. après midi, en 1820. A 2h. APRÈS Mip1. | A —, MOIS. Hauteur |Différ.avec en mètres. | la moyen. | Janvier ....| 139,2 | — 23,5 Février ....| 137,5 | — 1,6 | Mars......| 131,0 | — 7,7 Avnil,.:...| 142,8 | + 47 Vi Mai... 12 23090" 4 OT Dm... 133,0 | — 5,79 | Juillet.....| 145.9 + 7,4% Août .+-l 130 — 2,2 | Septembre..!| 140,0 | + 1,3 Octobre. ...| 145,2 | + 6,5 Novembre..| 141,5 + 2,8 Décembre ..| 135,9 2,8 ] 138,7 La même remarque que nous avons faite sur Les deux ta- bleaux précédens s'applique à celui-ci, mais à des quantités absolues bien moindres. On voit les différences en défaut appartenir en général, aux mois d'hiver, et celles en excès ‘à la saison chaude (sauf l'exception frappante de juin). CompArnAlSON DES MOUVEMENS BAROMÉTRIQUES , lc. 103 Si on applique à la différence moyenne apparente de ni= veau résultante de ce tableau la correction soustractive de +7, pour le rendre normal , (ainsi que nous l'avons fait pour les précédens ) nous aurons 138,7—1,4—137,3 mètres, pour la hauteur vraie de Lausanne sur Genève. Maintenant nous obtenons une seconde expression de 14 hauteur du St. Bernard sur Genève ; elle est composée de deux élémens, savoir de la hauteur de l’hospice sur Lau= sanne, et de celle-ci sur Genèvé ; on sera curieux de coms parer les deux résultats. Hauteur vraie ou normale du St. Ber- nard sur Lausanne......,.........,. = 1959 mètreé, De Lausanne sur Genéve.........., 137,3 a ——— Hauteur totale sur Genève conclue des observations de Lausanne (Somme}):....: 50096,3 mètres, Des observations directes de trois ans. 096,7 ————— Différence: 0,4 de mètres Îl y à sans doute un peu de hasard dans la presque idens üté de cès deux résultats ; mais on ne peut disconvenir qu'uné parité aussi frappante ne fasse naitre un préjugé favorable, soit à la there des observations soit à la justesse de cette correction de -== à ajouter aux hauteurs calculées d'après les observations du matin ou à retrancher de celles que donnent les observations de l'après-midi, pour avoir la hauteur nor- male ou moyenne entre les deux résultats obtenus dans les températures extrêmes de chaque jour aux deux stations. Si nous cherchons dans la colonne des douze hauteurs du St. Bernard sur Lausanne celles qui se rapprochent le plus | du résultat normal, sans avoit été modifiées par la correc- tion, nous trouverons que ce sont celle de Janvier, qui n'en | diffère que d’un mètre , et celle de novembre, qui est iden= | tique avec lui, N à co l 4 194 PHYSIQUE. La même recherche faite sur le tableau n.° III des hau= teurs de Lausanne sur Genève les montre comme identiques avec la normale en janvier et février , puisqu'elles n’en dif. fèrent que de 2, et de 1 décimètre respectivement. Les colonnes des différences, comparées entr'elles dans les trois tableaux , offrent respectivement l'indice des oscillations plus ou moins considérables des résultats autour de la moyenne, oscillations dues à la lenteur et à l’imperfection des commu< aications des influences atmosphériques entre les trois sta- tions. Cette imperfection devroit être, (toutes choses égales) simplement proportionnelle aux distances qui séparent les stations. Mais , nous avons remarqué plus haut, que toutes choses n'éteient pas égales sur les lignes qui vont du St. Bernard à Genève, et à Lausanne ; comparées l’une et l’autre à celle qui joint ces deux dernières villes ; de hautes montagnes se trouvent sur le passage des deux premières lignes, un lac sous la dernière : en voici l'effet : dans le tableau n.° I, colonne de l'après-midi , la somme des différences est — 178, correspondant à une distante de 45 milles. Sur ce pied, la distance de Genève à Lausanne étant de 26 milles, la règle de proportion donneroit pour la somme des différences sur cette ligne, le nombre 103 , or, elle ne s'élève en réalité qu'à 43,7, c'est-à-dire, qu'elle est de plus de moitié moindre qu'elle ne seroit si elle avoit suivi le rapport des distances. De même, dans le tableau n.° IE, la somme des ‘diffe- rences correspondant à la distance de 42 milles du St Ber- nard à Lausanne est = 168. Sur ce pied, les 26 milles de Lausanne à Genève devroient donner r04 pour la somme des différences; et, comme on vient de le voir, elle n'est pas tout-a-fait de 44. L'accord des conséquences de ces deux comparaisons fait ressortir avec évidence l'effet de la forme géologique du sol sur les modifications de l'atmosphère. Nous COMPARAISON DES MOUVEMENS BAROMÉTRIQUES , etc. 10> avouons toutefois , que cette différence de forme n’est peut- être pas la seule cause de la disproportion que nous venons de démontrer entre les oscillations des résultats autour de la moyenne , et les distances horisontales des stations ; et que les différences de hauteur verticale entre ces mêmes stations doivent être une autre cause de disparité qui a aussi son in- fluence. Mais , pour l’aprécier , il faudroit avoir des obser- vations correspondantes et suivies dans deux stations qui fussent à égale distance et les plus voisines possibles d'une troisième , mais dont l’une fut au niveau de celle-ci, et l'autre , fort élevée au-dessus d'elle et sans montagne inter- médiaire. Nous ne croyons pas que cette combinaison ait été essayée. Tout ce qui précède a dû démontrer que les variations dans la pression atmosphérique ne sont pas, en général si- multanées dans des stations distañtes de dix à quinze lieues, puisqu'un mois d'observations diurnes ne suffit pas mème pour faire disparoïtre , dans des résultats moyens, les causes accidentelles de non conformité. Toutefois il est également vrai , que les. grandes secousses atmosphériques, celles qui produisent sur le baromètre des ascensions, ou des dépres- sions , brusques et considérables , non-seulement s'étendent au loin , mais qu’elles ont lieu simultanément, ou peu s’en faut, à de très-grandes, distances. Nous avons eu l’occasion de signaler plus d’un exemple de ce fait remarquable , en- tr'autres , l'élévation extraordinaire du baromètre dn 26 dé- cembre 1778, qui eut lieu le même jour et à peu-près à la même heure, à Londres, à Paris et à Genève (1); et mous pouvons citer un cas analogue tout récent. Nous avons vu à Florence, le mercure monter de 9 lignes du 5 au 7 février de cette année, et se trouver le 7 à une hauteur (x) Bibl. Brit. Tome VI, page 10b., partie Se. et Arts. 96 PHYSIQUE. plus grande qu'on ne l'eût vue de mémoire d'homme, c'est- à-dire , qu'il étoit à 28 p. 9 lig. quoique dans un endroit élevé de près de 150 pieds au dessus de la mer. Il redes- cendit de 8 lignes du 7 au 9, à peu-près aussi hrusque- ment qu'il étoit monté. Nous aprenons par les observations que fait régulièrement à Genève un jeune amateur de phy- sique , que l'ascension rapide du baromètre (qui avoit com- mencé le 4) aiteignit son maximum également le 3 (à 27 p. 7,4 lignes); et qu'il redescendit de même irès-brusque- ment (mais de 7 lignes seulement), du 7 au 9. Enfin, au St. Bernard, le baromètre est monté de 6 lignes du 5 au 7, et redescendu de près de 4 lignes du 7 au 9. IH ya pourtant 136 lieues, à vol d'oiseau, et deux chaînes de montagnes (les Alpes et les Apennins ) entre Florence et Ge- nève , et plus de 1200 toises de différence de niveau entre Florence et le St. Bernard ; et toutefois la grande variation dans la pression atmosphérique a été simultanée , ou peu s'en faut, dans les trois stations; aucun vent, (le temps étoit calme) aucune influence Jatérale , et de communication, n6 nous semble pouvoir expliquer ce fait; et il nous ramène à une idée, que nous suggéra une observation analogue , conjecture que nous avons exposée ailleurs ; c'est que la gause (encore inconnue) de ces grandes secousses atmosphé- riques, n’agit pas dans le sens horisontal, mais de hauë en bas, et à la fois, sur des plages très-étendues. C'est peut- être à la même cause que sont dus ces changemens brusques de température qui ont lieu simultanément à de grandes dis- tances. Ainsi encore , nous avons vu à Florence , le thermo- mètre monter de 7°,5 du 3 au 5 février , à la même heure du jour, et redescendre de 2°,5 du 5 au 7; et à Genève il est monté de plus de 5°,5 , du 4 au 5 , du même MOIS y et il est redescendu de 4° du 5 au 7. Ces variations grandes et soudaines dans la pression at- SUR L'ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 197 mosphérique ont rarement lieu sans qu’il en mésarrive quelque part dans leur sphère d'influence. Ainsi nous avons appris que le 8 février, tandis que le baromètre redescendoit ra- pidement de cette hauteur extrême qu’il avoit atteint le 7, on éprouva aux environs de Messine, un terrible ouragan , qui causa des dommages considérables dans le port, où presque ious les bâtimens chassèrent sur leurs ancres. Sur L'Ecrcrno-macnérisme, par Mr. Scawricer à Halle ( Schweiger u. M. neues Journal.) L'iureur de ce mémoire instruit des expériences d'Orsted, s'empressa de les répéter; il vit bientôt que l'influence du courant électrique sur la boussole, ne tenoit point à la force des piles employées, mais à la multiplication de ce courant autour de l'aiguille aimantée. Il chercha donc les moyens de faire passer plusieurs fois le mème courant autour de l’ai- guille , et dans ce but il inventa quelques appareils. Un seul élément voltaique, composé d’une plaque de zinc et d’une autre de euivre de seize pouces carrés de surface chacune, suffit pour que les expériences réussissent avec ces appareils. Le premier des moyens de redoublement employés, con- siste à placer une boussole entre deux assemblages de fils métalliques , l’un supérieur et l’autre inferieur (1). Ces assem- (1) On fait usage dans toutes ces expériences de fils d'argent ox de cuivre, environnés de soie, de manière. à éviter par là fout contact métallique, to8 PHYSIQUE. blages sont formés par un fil unique, qui passant d'abord dessous la boussole, puis venant au-dessus, fait plusieurs fois le même tour, et finit par se terminer en haut. Les tours des fils peuvent êtres assujétis à deux petits morceaux de bois percés de trous et placés de chaque côté de la boussole. On a soin de disposer celle-ci de manière que le plan des fils soit perpendiculaire au méridien magnétique. Les deux ex- trémités du fl se trouvent du même côté de l'aiguille ou à l’ouest ou à l’est. Si ces extrémités sont à l'ouest, l'aiguille sera déviée de 180° lorsqu'on appliquera le pôle zinc de l’élément vol- taïque à l'extrémité supérieure et le pôle cuivre à l'extré- mité inférieure. Si on change de place les deux pôles, l'ai guille reste alors absolument immobile. Les extrémités des Els étant placés à l'est de l'aiguille, l'inverse a lieu, c'est- a-dire, qu'il faut pour que l'aiguille soit déviée de 180°, que le pôle cuivre soit en contact avec l'extrémité supérieuré et le pûle zinc avec l'inférieure : dans le cas contraire lai- guille reste immobile. L'aiguille aimantée lorsqu'elle a été dévice de 180°, conservera cette position tant que durera la force du courant. À | Ün autre appareil de redoublement est le suivant. I con- siste en un disque de verre ou de bois percé de quatre trous à égale distance sur une même circonférence (1). Un fil de métal environné de soie part de l’un des trous, passe dessous le disque jusqu'au trou diamétralement opposé et revient par dessus au premier: de là il est conduit à l’un des deux -autres trous éloignés de 90°, et suit relativement à ces deux derniers, la même marche qu'à l'égard des deux premiers. (1) L'auteur employe un appareil plus compliqué , dans lequek il y a douze trous au lieu de quatre; mais comme les résultats sont les mêmes, pour plus de clarté, nous n’en supposerons que quatre. ; Shane SUR L'ÉLECTRO- MAGNÉTISME. 199 Dans la partie supérieure du disque les fils ne le touchent point, mais sont recourbés de manière à laisser un vide entr'eux et cette partie. Une aiguille aimantée est placée sur un pivot, entre le‘disque et les fils supérieurs, de manière à ce que les extré- mités du fil soyent toutes les deux à l'ouest, ou toutes les deux à l'est, et que l'aiguille partage en deux parties égales les angles opposés formés par le croisement des fils. Le pôle zinc d'un élément voltaïque, est appliqué à l'extrémité du fil, la plus près du pôle de l'aiguille qui est tourné vers le sud, et le pôle cuivre de lelément est applique à l’autre extrémité du fil, l'aiguille alors est déviée de 180° si les deux extrémités sont à l’est: elle restera immobile si elles sont a l'ouest. On peut compliquer l'appareil et le rendre plus énergique en faisant faire au fl au lieu de deux tours, quatre , six, etc. et par conséquent en faisant sur la circonférence au lieu de quatre trous, huit, douze, etc. tous à égale dis- tance les uns des autres. L'aiguille doit toujours être placée entre le disque et les fils supérieurs et dans l'angle formé par le premier tour et le dernier, de manière à avoir les deux extrémités du fil du même côté, c'est-à-dire , toutes les deux à l'est, ou toutes les deux à l'ouest. Des phénomènes absolument inverses, mais moins pro- noncés, ont lieu, quand dans les deux appareils décris , on place l'aiguille au-dessus des assemblages des fils, au lieu de la mettre entre les fils supérieurs et les inférieurs. L'auteur combat le système des tourbillons par lequel Orsted essayoit d'expliquer les phénomènes électro - magné- tiques. Il fait remarquer que si ce système étoit fondé , l’ai- guille dans le dernier des appareils décrits, devroit au lieu de s'arrêter, tourner continuellement, poussée d’un tourbillon dans l'autre. Il essaye d'expliquer ces faits en supposant dans chaque coupe transversale des fils conducteurs du cou- 200 PHYSIQUE. rant électrique, deux axes magnétiques, perpendiculaires 4 la direction de ce courant; l’un au-dessus dirigé dans un sens, l'autre au-dessous dirigé dans le sens opposé. Cette Opposi- tion de la direction du courant magnétique dans chacun des axes, est nécessaire à supposer, à cause de la manière absolument inverse dont les phénomènes se présentent lorsque l'aiguille est au-dessous ou au-dessus des fils. L'auteur parle de l'emploi de différens conducteurs dans les phénomènes électro-magnétiques. Il n’a jamais pu faire dévier la boussole, en plaçant pour fermer le courant élec- trique, de la limaille de cuivre dont il soupoudroit un pla- teau de verre, de manière à former une eouche assez épaisse. Du charbon, une feuille d'or, qui brüloient au contact des deux pôles, quoique fermant le courant, ne faisoient point mouvoir l'aiguille. Au moyen de l'électricité produite par le frotiement, l’auteur n'a obtenu aucun résultat , en fai- sant traverser aux appareils décrits ci-dessus, l’étincelle d'une bouteille de Leyde fortement chargée. Il en conclut que la force moindre, mais continue, d'un simple courant galvanique, a sur une aiguille aimantée une influence que n’exerce point l'électricité instantanée mais puissante produite par une bat- terie électrique. Norice SUR QUELQUES EXP. ÉLECTRO-MAGNÉTIQUES. 20% Notice SUR QUELQUES EXPÉRIENCES ÉLECTRO-MACNÉTIQUES, Par le Prof. DE La Rive. Lzs découvertes d'Orsted et les nombreuses additions qu’elles ont reçues par les travaux de MM. Ampère , Arago , et autres, ont fait naître un désir général de les connoi- tre, de répéter ces expériences, de les étudier et de les considérer sous différens points de vue. Mais il est dif- ficile d'avoir à sa disposition de puissans appareils vol- taïques ; les ingénieux instrumens inventés par Mr. Am- père demandent des ouvriers habiles et assez de frais. C'est à mon avis rendre service à la science que de chercher à diminuer les obstacles matériels que l’on trouve dans les recherches, Mettre un grand nombre de personnes à portée d'étudier une nouvelle expérience, c'est donner une plus grande chance à de nouvelles découvertes. C'est dans ce but que je communique au public deux petits appareils , que tout amateur peut exécuter lui-même presque sans frais , et au moyen desquels il peut reconnoitre quelques-uns des phénomènes curieux nouvellement découverts. Le premier fig. 8, PI. 3, m'a été suggéré par les aiguilles flottantes du Dr. Néef. Il consiste en deux petites bandes de zinc et de cuivre , larges de deux lignes, et longues de trois pouces environ. On les passe toutes les deux dans une petite rondelle de liège qui sert de flotteur. La partie inférieure de chaque bande doit dépasser d'un pouce environ le flotteur, la partie supérieure se recourbe en demi cercle e& est liée par un fl de cuivre formant ainsi une espèce d'anneau “ non ferme , moitié cuivre et moiné zinc. Il est bon 202 Puxsirque. de diminuer un peu la largeur des bandes de zinc et de cuivre dans la partie supérieure afin que le flotteur puisse conserver son équilibre. On pose le liège sur de l'eau légèrement acidulée par de l'acide muriatique , et on voit immédiatement le dégagement du gaz qui s'opère sur la partie des bandes de zinc et de cuivre plongée dans le liquide. Le courant voltaïque se trouve donc établi, et on peut avec Mr. Ampère le considérer comme allant du zinc au cuivre, puis faisant le tour de l'anneau supérieur, revenant au zinc, d'où il retourne au cuivre en continuant toujours dans le même sens. En conséquence , si le zinc étant à la droite de l’observatenr et le cuivre à sa gauche, on présente ho- rizontalement et perpendiculairement au plan de l'anneau et dans son centre le pôle boréal d'un barreau aimanté, (j'entends par pôle boréal celle des extrémités qui se di- rigeroit vers le sud ) l'anneau sera repoussé et le flotteur s'éloignera. Si dans cette même situation on lui présente le pôle austral, l'anneau sera attiré et le barreau aimanté restant immobile et horizontal , l'anneau et son flotteur s’'approcheront de la main de l'observateur, avec une vitesse graduellement augmentée. Ceux qui connoissent le Mémoire de Mr. Ampère véri- feront ainsi sa belle découverte de l'attraction des courans voltaïques et magnétiques lorsqu'ils vont dans le même sens, et de leur répulsion lorsqu'ils vont en sens contraire, _ L'autre appareil est destiné à donner à un fil de cuivre tourné en hélice, un pôle boréal et un pôle austral, au moyen d'un courant volfaique. Mr. Ampère a décrit un appareil de ce genre dans son Mémoire page 24 et 25. En voici un à la portée de tout le monde et qu'on peut exécuter soi-même en quelques instans. Il consiste fig. 9 pl 3, en une petite rondelle de liège, dans laquelle on fixe une bande de euivre et une de zinc près l'une de l'autre, L NOTICE SUR QUELQUES EXP. ÉLECTRO-MAGNÉTIQUES. 203 de la largeur de deux lignes environ, qui dépassent la partie inférieure du liège d'un pouce, et_de deux lignes seulement la partie supérieure. On se procure du il de cuivre recouvert de soie , qu'on plie en hélice autour d'un tube de deux lignes de diamètre ; on construit ainsi une hélice, qui dégagée du tube ait environ six pouces de long, on la sort du tube, puis on fait revenir chaque extrémité des fils par l'intérieur de l'hélice en les faisant sortir tous les deux vers le milieu par une spire également éloignée des deux extrémités. On lixe une extrémité du fil dépouillé de sa soie à la partie supérieure de la bande de cuivre, et l'autre extrémité arrangée de même à la partie supé- rieure de la bande de zinc, ét cela en leur faisant faire deux ou trois révolutions autour du zinc et du cuivre. On ajuste l'hélice de manière à ce que l'équilibre du floiteur ne soit point dérangé, et om le place sur de l'eau légère- ment acidulée avec de l'acide muriatique. Le courant vol- taïque s'établit, part du zinc, va au cuivre , entre dans le fil, gagne l'extrémité de ce côté de l'hélice, parcourt toutes ses spires et revient au zinc par l’autre extrémité du fil sans avoir été troublé par aucune communication métallique , la soie isolant partout le fil de cuivre. L'hélice aura alors à une de ses extrémités un pôle boréal et à l’autre un pôle austral, qui seront attirés et repoussés par les pôles d’un barreau aimanté : suivant le sens dans lequel on aura tourné l’hélice, le pôle austral sera du côté du cuivre ou du côté du zinc. - BAPE TTS MÉTÉOROLOGIE. SUITE DES EXTRAITS DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Joyeuse pendant l'année 1820, par Mr. Tarpx DE LA Brossyx; communiquées aux Rédacteurs de ce Recueil, A ———— Laurrrunr , 44° 28". Hauteur moyenne du baromètre déduite des observations de plusieurs années, 27 p. 61.2. Elévation sur P DZ. 4 la mer conclue de cette hauteur du baromètre, environ 100 toiss TABIEAU du nombre des jours pluvieux, de la quantité d'eau, el du nombre des jours de gelée à glace dans le cours dé L'année. QUANTITÉ DEA. NOMBRE RÉ NOMBRE MOIS. desjours | Mes. anc. |[Mes. nouv.| de jours de depl.oune.| p. lig. | décimèt. | gelée à glace. ee ——— Janvier ..... 6 nan ct a ME 1 NX 21 Févnér . 00 lt ‘rt 49 Tüiv-S ets 12 Mare sus 6 2. l'onde pere ul 11 Arale OLU+ 6 3 8,5 snassressl frise dtasée rie tel 9 ARE 7 A PO 9 FUTRS 71 HI 4 OÙ FD PS PUS PEN Juillet 5e, 5 ro ds let rare de ne 7 hon6 ie dal e ei ét Septembre... 5 Eu Lee a Mhde] «402 ESS OGIObre-1 1.1 14 Po Pr PRE Li Le CHER Novembre...| 12 Gp ie. 8 Décembre... 7 ARE DO DUT 14 Sommes.....| o2 36 11,8 | Io,01 66 S . Moyen. | ror 46 8,7 | 32,65 58 & £ | Maxim. | 117 63 10,7 | 17,30 80 ÊE en 1806. | en 1811. en 1816. #ù É Minim. h3 34 11,8 0:47 38 Ë en 1817. | en 1817. en 1806-11 a \ et 10. oh TE PE TEE 7 ET EN TE VIE EE EE CECER, SUITE DES EXT. DES OBSERV. MÉTÉOR. FAITES A JOYEUSE. 205 3. Dans la quantité d'eau tombée on a compris un pouce de neige tombée les 5 janvier et 18 novembre, fondue dans le jour. Extrême du Baromètre et du Thermomètre. BAROMÈTRE. p. 1. seiz. Plus grande hauteur 24 janvier...... 28 o,1 Moindre hauteur.... 25 mars...,.... 26 9.6 Différence..... 7 2,11 N8. Du 25 au 26 mars, un violent vent du nord suc- cédant à un vent d'ouest non moins violent, le baromètre monta rapidement de plus de huit lignes. THERMOMÈTRE. Maximum, le 12 août............ 280, 5 É. Minimum , le 12 janvier.......... 12 Différence..... 40,5 Avant ( Dernière gelée à la glace le 22 mars. l'été. ———— ” Dernière gelée blanche le ro avril. s en Première gelée bl., postérieure à celles à la glace, automne. | Première gelée à la glace le 12 novembre. Première neige sur le Tanargue le 13 novembre. On voit par le tableau de cette année, que la quantité d'eau tombée est proportionnellement plus au-dessous de la moyenne des seize années que ne l’est le nombre des jours de pluie ; circonstance aggravante , qui a rendu surtout plus marquée la sécheresse que nous avons soufferte pendant les mois de mai, juin et juillet, où les coups d’arrosoir n'ont été, l'un dans l’autre, qu'à raison d’une ligne + tous les cinq jours Cette année est particulièrement remarquable par les ex- trêmes de froid et de chaud. Leur différence dans le cours 206 * MéréonoLocre. | de mes observations , n’a été approchée que par celles de 1808, qui fut de 37°,2. En 1809 et 1813, elle ne fut qué de 27°. En 1808 et 18ï0, le froid avoit été un peu au-dessus de 9 degrés; ce froid cette année a été surpassé quatre fois dans le mois de janvier. La chaleur a pareillement surpassé tout ce que j'avois noté jusqu'alors. A la fin de mars, le thermomètre s'est élevé à 17° ; dès les premiers jours d'avril à 19, et vers le milieu du même mois, trois jours de suite à 21. En mai, deux fois à près de 24° ; en juin, deux fois à 26, trois fois à 27, et une fois à 28,2. En juillet, quoique la moyenne du mois ait surpassé de 2 degrés celle de juin , le thermomètre ne s'est élevé que deux fois à 26 et une fois à 27°. En août sept fois à 27 et au dessus, une fois à 28 +; et enfin une fois à 28 = Une telle intensité de chaleur seroit peut-être moins rare dans des pays plus septentrionaux où le soleil est plus long-temps sur l'horison. J'ai dit dans une autre occasion, et je crois devoir répéter ici, que ce que je signale comme jours de gelée à glace doit s'éntendre dans le sens littéral. Ils sont notés d’après une vérification positive , faite extra muros , dans l'intérêt agri- cole. On contlura donc de cette explication que leur nombre est plus grand que celui des jours où le mercure dans mes thermomètres , est tombé au dessous de zéro ; ce qui: n’est arrivé que 32 fois cette année , quoique ceux qui servent à mes observations quotidiennes soient établis au nord et à l'ombre et avec les précautions requises pour observer juste. CHIMIE. | EG 30747M ; MONS CHIMIE. L ON THE COMPOSITION AND PROPERTIES, etc. Sur la composition et les propriétés de deux nouveaux composés de chlore et de carbone. Par Mr. Farapay, Démonstrateut de Chimie à l'Institution Royale de Londres. Extrait d'un mémoire lu à la Société Royale de Londres le 14 et le 21 Décembre. ( Annals of philos. Janvier 1821 } (1). î ( Traduction }. « Le premier chlorure de carbone obtenu par Mr. Faraday, l'a été par la combinaison de l’éther chlorique, ou muriatique , avec le chlore. Le gaz acide muriatique formé par l'action mutuelle de ces deux gaz exposés aux rayons du soleil ayant été absorbé à plusieurs reprises par l'introduction de nouvelles quantités de chlore, on obtint une substance cris- talisée, que Mr. F. désigne sous l'épithète de perchlorure de carbone. 1] indique en détail le procédé par lequel on peut obtenir ce composé dans sa plus grande puretéÿ il a alors les propriétés suivantes. Il est transparent, et sans couleur; son odeur est un peu aromatique, et a de l’analogié .avee celle du camphre, sa saveur est peu marquée, et sa pesanteur (1) Nous regrettons de ne pouvoir donner qu'un extrait tel que nous le fournit le journal de Thomson, du beau travail de Mr. Faraday, qui a occupé deux séances de la Société Royale, 2 nus y reviendrons quanil il sera publié. (R) Sc. et Arts. Nouv. série. Vol, àC, N.° 3, Mars 1£at, [e] 208 | CHIMIE | ë spécifique est à-peu-près double de celle de l’eau. On le pulvérise facilement, et lorsqu'on le gratte il a l’apparence du sucre blanc, auquel il ressemble aussi par sa dureté. Il ne conduit pas l'électricité. Dans une température peu élevée il se volatilise lentement. Il se fond à 320° F. (128 R.) proportions déterminées, qui rapproche actuellement la chimie vers les sciences exactes, avec lesquelles elle n'avoit. guères eu de rapports jusqu'à nos jours. 216 CHimirr. Nous ne terminerons pas cet extrait sans essayer par quel- ques citations , de donner une idée de la manière de l’auteur. Après avoir dans sa vingt-neuvième leçon exposé d'une manière extrémement claire les procédés de Davy, de Gay- Lussac et Thénard, et de Sechak auxquels on a dû la belle série de découvertes sur les bases métaloïdes des alcalis et des terres, voici comment il raisonne. « Après tout ce que je viens d'exposer, que devons nous penser de la nature chimique des alcalis et des terres? Quoique pénétré d'estime et d'admiration pour ces hommes éminens à qui la chimie doit la plus grande partie de sa splendeur actuelle, et qui s'accordent assez à reconnoître la nature métallique de tous ces corps; sans prétendre attaquer ouvertement cette doctrine, j'essaierai de proposer quelques observations qui tendent à maintenir ce qui est prouvé, et à laisser comme hypothèse ce qui me semble l'être. Ces ob- servations rendront peut-être la science plus facile et plus utile sur-tout à ceux qui, ne pouvant pas atteindre jusqu’à toute la profondeur et la délicatesse des recherches de la chimie philosophique, n'ont pour but dans l'étude des pro- priétés des corps que de reconnoitre celles desquelles dépen- dent leurs applications les plus directes, et qui présentent J'utilité la plus évidente. » » En réfléchissant que parmi quelques - uns des corps qu'on veut considérer indistinctement comme métalliques ; il y a des différences essentielles et énormes; et que par exemple on répugne à regarder comme étant d'une même nature ; d’une part les corps les plus denses et les plus fixes que l’on connoisse, et d'autre part les plus légers, et ceux- là même qui sont ordinairement aëriformes ; à donner une même dénomination au platine et à l'or, et aux bases présu- mées de l'azote et de l'hydrogène, je pencherois à croire qu'on ne doit pas faire consister l'essence d’un corps dans ABRÉGÉ D'UN ‘FRAITÉ ÉLÉMENT, DE CHIMIE GÉNÉRALE. 217 sa qualité métallique , mais que la méfallicité doit être con- sidérée comme un mode d'existence -dont tous, ou la plus grande partie des corps sont capables; et que l'aptitude à se montrer sous l'aspect métallique, est une de Jeurs pro- priètés secondaires et accidentelles. » » De même l'état aëriforme, ou de gaz est un mode par- ticulier d'existence dont on croit re VAL que tous les corps sont capables, quoique les uns paroissent habi- tellement dans cet état, que d'autres ne s'y trouvent que précairement, et que d’autres enfin ne l’acquièrent qi par des moyens violens. » » Toutefois, et quoique l'aptitude à prendre l'état aëriforme soit beaucoup mieux prouvée dans tous les corps que ne l'est la faculté de se montrer sous l’aspect métallique , per- sonne n'a jamais imaginé de faire consister leur essenée dans l'état de fluidité élastique, ou de gaz; et de faire regarder tous les autres états sous lesquels ils se montrent dans ourg St. Pierre sur le déclin du jour fut sur- ; ; Î s m5 “cé 7,0 se 1| 4 4l 97 94 LE Are lune dbbus id. iprise par la nuit après avoir fait environ une 6 + So 8,0 6. 5! 32.7 97 90 —— |——} se2| 62! brou., sol. nu. j lieue de chemin; elle chercha alors un abri contre ? à 7:9 8,3 CUIR Cou 93 85 ——| NE NE { couv. » neige. {une pierre, et y altendit le retour de la lumière e ,0 2. 5 2e 5 8 5 1 —— ic Het à : F . d 2,0 © 3] 86 96 [5 pou. id. so | so2;couv., id. pour regagner St. Pierre où elle arriva ayant les DRE 7,5 8,7 $. 6| 1.51 87 94 ——| NE | NE sol. nua., cou. ; , s LR 27 10 D 100 10,6 Le 01 Or: CI 92 Re lene leo Na til mains un peu gelées. Après y avoir passé un « CG 7 — —— + . *, . r, ñ pu * 10,0 9,7 2 5|Û 1.0) 98 87 so | so |sol. nua., id. jour elle fit heureusement la traversée de notre BA. .9:3 9,5 6. 5|— 3° 4l 92 88 —— Η—| ne | NE Àsol. nua., id. f montagne. 15 * 9,4 97 8. 1| ©. 2) 87 90 —-| ne | so Aser., id. Le 23 dans l’après dinée on füt chercher à : « « . P DE © 4 7:8 Sol S AO 86 8lig.id. [——Ù so | so fncige, brou. [hopital du côté de St. Rémy une trentaine de 15 o ë 502 . +? | 19 \ "ou. 3 ; à DK EL 7 GRR MT PRE ne Le macons et autres artisans dont sept avoient déjà 16 ° 0,5 11,0 8. o| ©. :1l 97 90 A —— NE |QNE sers au. 1 SAR CE Lé : 17 ° 10,8 10,10 4 6 NpÈE 89 21 eh, Re NE so Àsol. nua, id. es Mmaums gelces. 18 US: 7,8 3. 8l— 0. ol 84 83 — |——| so |-s0 3 couv., id: 19 5,6 4.6 5e 1| 1.61 92 85 ———| 1x3 | Nx3 neige, brou. 20 20 5,6 10, 8| 8. 61 91 86 À 1 pied. ——{Ù xr4 NE 3{ brou., id. % * 4.4 3,0 7. 6| 2. 4l 97 90 Î4 pouces ——| xe | so neige, couv. M 2,0 BKO s- ol 6.01 98 96 Âret = pied\——\{ so | ne À couv., id. 9 2 MR 5,2 10. 5 8, 7 93 83 demi piedi——{| s02| se brou. , id. is CN 6,8 13. 4| Sol S$s 2 ——\| ne | ne ser. ,id, à * 6,8 6,3 6. 6 20 96 84 nu, —|"5s0 so Éser., sol. nua. d * 6,8 7:3 7: 61 3: 4Ù 96 39 —— |——| so | xe À sol. nua. couv. 4 DM 6,7 7: 3 45 95 88 | 264 HISTOIRE DES SCIENCES. il s’est formé un nombre d'associations qui ont aussi les progrès de la science pour objet; il exprime le vœu que la Societé Royale entretienne avec, elles les relations les plus amicales; il espère aussi que lorsque de nouveaux faits de quelque importance viendront à leur connoissance, elle vou- dront bien les communiquer à la Société-mère, dont les Mé- moires ou les Transactions , renferment tout ce qui a été découvert d’essentiel depuis sa fondation. Il décline toute fois de la part de la Société Royale toute prétention à une au- 4orité quelconque sur ces associations particulières. Après quelques remarques générales sur l'immense étendue du champ de la science , l’orateur a observé qu'il en est des physiciens comme de ces cultivateurs qui entreprennent des dé- frichemens dans des contrées sauvages ; à mesure que la cul- ture les éclaircit, leur immensité se découvre de plus en plus; et de mème qu'une carte est utile au voyageur qui parcourt un pays nouveau , il peut être agréable aux physiciens de reconnoitre l'aspect et le caractère des objets qui s'offrent à son étude ; dans cette vue le Président se propose de dé- signer les branches des sciences philosophiques qui lui semblent actuellement le plus susceptibles d'être cultivées avec fruit. Les mathématiques pures, qui ne sont que des combinaisons intellectuelles , ne reçoivent aucune aide des phénomènes ex- térieurs ; mais, plusieurs branches des recherches physiques et chimiques qui leur étoient jadis tout-à-fait étrangères ont acquis depuis quelque temps des rapports directs avec les sciences exactes. Après la découverte du Georgium Sidus , il sembloit peu probable qu'il existât des corps planétaires plus voisins de notre terre que ceux déjà connus ; toutefois on étoit dans l'erreur, par suite de l'habitude de limiter la nature aux bornes de notre entendement. La découverte de corps plus petits que des satellites, et qui se meuvent pourtant à la \ Discours pu Présinenr be za Soc. Roy. pe Lonpnrs. 265 façon des planètes primaires, a fourni de nouvelles données sur l’arrangement du système solaire. Le Président, considérant l'astronomie comme la plus an- cienne et la plus perfectionnée des sciences d'observation , désigne au nombre des objets susceptibles de recherches ul= térieures , la nature des systèmes particuliers d'étoiles fixes , leurs changemens , les rapports des comètes avec le soleil , et les mouvemens de ces météores qui projettent sur la terre: des pluies de pierres ; car® dit-il, « dans un système où tout est harmonie, ces corps mème doivent être soumis à des lois fixes, et leur existence doit avoir un but déterminé. » Il y a long-temps que la grande question de la gravitation universelle , et des rapports de cette force avec la figure de la terre est résolue. Les procédés de la mécanique la plus rafinée mis en œuvre par un membre de cette Société (r), ont fourni des moyens nouveaux d'estimer avec précision la force de”pesanteur. Le Président fait mention du désir ma- nifesté par l'Académie Royale des sciences de Paris de réu- nir ses travaux à ceux entrepris en Angleterre pour une grande triangulation; si ce concours avoit lieu on obtien- droit ainsi par un ensemble d'opérations dignes de la plus haute confiance, la valeur exacte de la dix-huitième partie de la circonférence entière du globe, détermination impor- tante à léguer aux géomètres futurs , et honorable à ceux de notre temps qui l'ont procurée. L'expédition récente vers le pôle arctique se lie à la ques- tion de la figure de la terre, et elle promet des décou- vertes ultérieures ; l'orateur donne un juste tribut d'éloges à: ceux qui ont médité et exécuté cette belle entreprise, vé- ritablement digne de la première des nations maritimes. Le Président établit que les découvertes de Huyghens , (1) L'auteur désigne sans doute le Capit. Kater. 266 - HISTOIRE DES SCIENCES. Newton , et Wollaston sur la théorie de la lumière et de la vision ont été suivies de celles de Malus ; d’autres phy- siciens du premier mérite ont approfondi le sujet de la po- larisation de la lumière; et l'orateur se persuade que cette découverte établira de nouveaux rapports entre la physique- mécanique et la chimie. L Il remarque que la théorie de la lumière et de la chaleur a produit une riche moisson de découvertes; et que les ap- plications de la doctrine du calorique à la physique corpus- culaire ou atomique fournissent à la chimie un nombre de vues nouvelles ; l’auteur signale plusieurs faits qui semblent annoncer l'existence d’une loi générale qui régit toute cette classe de phénomènes ; 1.° le mouvement, en apparence uniforme , de la matière rayonnante, ou de la lumière et du calorique dans l’espace; 2.° l'expansion uniforme de tous les fluides élastiques par des accroissemens égaux de tempé- rature ; 3.° la condensation ou la dilatatation des gaz par les changemens chimiques, selon quelque rapport direct avec. leur volume primitif; 4.° cette circonstance savoir, que les particules élémentaires de tous les corps semblent pos- séder la mème quantité de calorique. L'auteur affirme que ladmirable appareil électrique de Volta a jeté plus de lumière sur les parties obscures de la physique et de la chimie , que le microscope dans l'étude de l'histoire naturelle, ou le télescope dans celle de l’astro- nomie. Ïl mentionne, à cette occasion , les expériences electro-magnétiques d'Oersted , et la médaille Copléienne dé- cernée par la Société Royale, à ce savant , à l'occasion de sa découverte. Passant à la chimie , le Président remarque avec justesse que la seule désignation des objets qui seroient dignes de recherches dans cette branche des sciences naturelles rempli roit plusieurs seances de la Societe. Mais parmi ceux qui Discours pu PRÉSIDENT DE rA Soc. Roy. De Lonpres. 267 sont le plus en évidence il indique l'étude de la nature et des combinaisons de l'acide fluorique , et la metallisation de l'ammoniaque ; comme aussi les rappor qui existent entre les phénomènes mécaniques, et chimiques , dans l'action de l'électricité voltaïque. Sir H. félicite ensuite la Société sur les progrès rapides faits dans la théorie des proportions dé- terminées depuis que cette théorie fut présentée pour la: pre- miére fois d'une manière distincte par le génie de Mr. Dal- ton ; il prévoit que cette théorie expliquera une fois les chan- gemens mystérieux qui ont lieu dans les particules de la matière , d'après des lois qui embrasseront leurs poids , leur nombre , et leur figure. Les cristallisations ou formes ré- gulières de la matière inorganique , sont probablement en rapport avec cette même théorie , comme aussi avee les lois de la polarité electrique, et de la polarisation de la lumière. Tout en reconnoissant la difculté de former une hypothèse qui explique les dispositions primitives de la’ cristallisation des matières pierreuses du globe, Sir H. signale deux faits principaux qui fournissent quelques bases à l’analogie : le premier , est que la forme du sphéroïde terrestre est à peu près celle qu'il a du prendre s’il a été fluide dans l'origine ; l'autre fait, est que dans les laves , matières dont l'origine est bien certainement ignée , on trouve en abondance des matières cristallines ‘toutes semblables à celles qu'on rencontre dans les terrains primordiaux. L'orateur fait remarquer les gradations régulières que pré- sentent les phénomènes de la nature, depuis les mouvemens rapides des masses énormes qui roulent dans l'espace , jusqu'à ces changemens imperceptibles qui produisent les phénomènes de la cristallisation ; et là où ces phénomènes cessent, commence la série des êtres organiques , régie par d'autres lois; les fonctions et les opérations qu'elles dirigent sont des objets de recherches importans ; ainsi que ces pro- «568 HiSTOIRE DES SCIENCES. cédés rafinés de la chimie de la nature, au moyen desquels la destruction et la décomposition d’une certaine espèce four- nit l'aliment à un@ espèce, d'ordre plus relevé ; et par les- quels aussi, l’eau , et la matière inerte qui compose le sol et l'atmosphère sont convertis en un nombre et une variété infinie d'êtres organisés, pleins de vie et de beauté. Dans la physiologie des plantes , le mouvement de la sève, les fonctions des feuilles, et la nature et le mode d’action des organes d’assimilation , sont désignés par le Président comme autant de phénomènes qui appellent des recherches ultérieures ; ceux de la physiologie des êtres animés sont encore plus variés , plus obscurs, et d’un ordre plus relevé ; l'orateur espère que les philosophes des écoles de Grew et de Hunter, ne ralentiront point leurs efforts pour le per- fectionnement de ces deux branches de la science , dont la première est éminemment utile à l'agriculture, et la dernière à la médecine, Sir H. Davy exprime ensuite sa pleine conviction que l'es- prit philosophique , réveillé par les grands maitres Bacon et Newton ne cessera point de guider les travaux des membres de la Société Royale. 11 fait considérer leur prudente réserve dans l'emploi des raisonnemens d'induction , comme étant la source de leurs succès dans la recherche de la vérité; et il se persuade que ceux qui ont eu le bonheur d'allumer le flambeau des découvertes nouvelles les emploieront, non à éblouir la vision intellectuelle, mais à porter la lumière dans les parties encore obscures de la science. Il espère aussi que les physiciens n'attacheront pas aux hypothèses une importance exagérée, et qu'ils les considé- reront plutôt comme des parties de l’échaffaudage destiné à construire l'édifice de la science, que comme des matériaux destinés aux fondations , où à l'ornement; qu'ils auront en vue les applications de la science toutes les fois qu'elles se Drscouns pu Présinent DE La Soc. Roy. DE Lonprrs. 269 présenteront dans la pratique, sans oublier toute fois la dig- nité de leurs recherches, dont le noble résultat est d’exalter les pouvoirs de l'entendement , et d'accroitre la sphère des jouissances intellectuelles en agrandissant le tableau de la nature et en mettant en évidence , la puissance , la sagesse et la bonté de l’auteur de tout ce qui existe. L'orateur ne dissimule point que la Société a lieu d'at- tendre des preuves de zèle de tels de ses membres qui n'ont point encore pris part à ses travaux; et après avoir établi, que la Société considéreroit toujours les succès des contin- gens déjà fournis par les associés , comme des gages de ceux qu'elle peut espérer d'eux , le Président termine par un tableau lumineux et d'un grand effet, de l'état actuel de la science , et il le conclut en disant : « Je m’estimerai tou- jours heureux lorsque je pourrai contribuer, ou par des avis , ou par des expériences , aux progrès de la science et à hâter les découvertes ; et quoique vos suffrages m'aient porté au grade de Général, vous me trouverez toujours disposé à agir dans vos rangs comme soldat. Travaillons tous ensemble, réunissons nos efforts pour faire les conquêtes les plus nobles que l'ambition puisse offrir dans le vaste champ des sciences naturelles , acquisition dont l'utilité s'étend au-delà des limites de la science, et jusques dans les der- niers rameaux de la civilisation. Et qu'on ne puisse pas dire que, dans cette même période où notre empire a at- teint son plus haut terme de grandeur , les sciences ont com- mencé à décliner chez nous ; espérons plutôt que la posté- rité trouvera dans les recueils de nos travaux , des preuves que nous ne nous sommes pas montrés indignes des temps où nous avons vécu (1). » DORE. Sd Se PO, (1) Æo magis eminebant quia non visebantur, disoit l'historien de Rome , en parlant de certaines images soustraites à la curiosité Ciao. 3 PHYSIQUE. Gorrezione DELL OrERE, etc. Collection des Œuvres du Chevalier Comte ALExANDRE VozrTa Patricien de . Côme, Membre de l’Institut Royal Lombardo - Vénitien, “Hassocié| des plus illustres Académies de l'Europe; classée et publiée par le Chevalier Anrinorr. 5 Vol. in-8,° avec fig. Florence. Piatti, Libr. ( Extrait ). D tous les physiciens de notre temps, (et peut-être d'au- cune époque ) Vozra est celui dont le nom est entouré de Ja plus brillante auréole dans les annales de la science. Chacune de ses découvertes grandes et nombreuses , l'électrophore, le condensateur | V'électroscope, Y'eudiomètre, le manomètre, le pistolet ei la lampe à air inflammable, la fameuse pile, la couronne de tasses, qui a produit l'auge, etc. tous ces appa- reils enfin, devenus si populaires pour les physiciens et les chimistes, ces instrumens et leurs théories, sont tous appelés Voltaiques ; et si on ajoute aux droits de propriété directe du peuple dans une cérémonie politique. Plus d’un lecteur aura éprouvé le même sentiment en ne trouvant pas le nom de Sir Joseph Banks dans l'Extrait dont nous avons donné la traduction à peu près littérale. C’est, nous n’en doutons point , à l’auteur de cet abrégé, et non à celui du discours inaugural, qu'on doit attri- buer l'omission que nous nous faisons un devoir de relever. (R} CoLLECTION DES ŒUVRES DE VOLTaA. 271 de ce savant sur ces inventions, ceux de patronage sur les découvertes qu'ont procuré ces appareils et qui ont fait faire à la chimie des pas de géant, on conviendra sans doute, que, de toutes les réputations acquises dans la carrière des sciences physiques, l'une des mieux méritées et des plus solides appartient à Volta. Mais ses principaux titres à la reconnoissance des physi- ciens et des chimistes, n'existent pas seulement dans le maté- riel des instrumens de recherche qu'il leur a procurés; ces titres sont sur-tout inscrits dans un nombre de Mémoires particuliers dont il accompagnoit la publication de ces divers appareils, comme aussi dans d'autres productions de sa plume relatives à des recherches physiques occasionnelles, productions toutes marquées au coin de son génie. Ces écrits étoient épars, disséminés et comme ensevelis dans des collec- tions académiques, dans des recueils périodiques, les uns devenus rares, les autres d’un accès difficile, au grand désa- vantage de la science et de ceux qui la cultivent, lorsque l'un de ses amateurs zélés et éclairés, le Chev. Antinori, eut l’heureuse pensée de recueillir avec scrupule toute /'ŒÆuvre de Volta, comme on recherche celle d’un artiste célèbre; en signe d'approbation de ses vues, le Souverain de Toscane lui a généreusement ouvert sa riche bibliothéque, et l'auteur y a recueilli les matériaux de cinq volumes (x) qui renferment la collection complette, non-seulement de tout ce que Volta a publié, mais de quelques pièces qui étoient en rapport si immédiat avec quelques-uns de ses écrits qu’elles ont dù naturellement leur être réunies. On trouvera à la fin de cet extrait la table des articles qui (1) Quoique la collection présente cinq volumes assez gros, elle est eensée n’en avoir que trois, parce que les deux premiers ont chacun deux parties , mais clies forment récllement un vol. chacune. 272 PA: S TOUS composent les cinq divisions; nous dirons seulement ici qué, sans avoir beaucoup d'égards à l’ordre des temps, l'éditeur de la collection a compris dans la première tout ce qui avoit rapport à la théorie générale de l'électricité , à l'électrophore et au condensateur ; dans la seconde toute l'électricité météorologique ; dans la troisième, l'électricité animale ou le galvanisme; dans la quatrième, tout ce qui a rapport aux électromoteurs et à la pile en particulier; enfin dans la dernière , tous les phénomènes qui apartiennent à la production et à la combustion du gaz hydrogène et quelques pièces détachées; comme par exemple une recherche expérimentale sur la dilatation uniforme de l'air dans diverses températures, travail sans doute inconnu à MM. Dalton, en Angleterre, et Gay-Lussac, en France, lorsqu’en 1801 et 1802, c'est-à-dire, neuf ans après la publication du mémoire de Volta; ils en ont entrepris à l’insçu l’un de l’autre, un travail analogue , dont les résultats confirment pleinement ceux du physicien Italien, les- quels ont été également ignorés de tous les auteurs, qui citent souvent les ingénieuses expériences des deux autres, sans faire mention de Volta, le premier en date dans cette recher- che importante. … Chacun des trois volumes a sa préface particulière, et d’une plume différente, désignée seulement par des initiales, à la fin de chacune. L'auteur de la première rappelle combien les sciences phy- siques en général, et l'électricité en particulier doivent à l'Italie,à commencer par les travaux de l’Académie del Ci- mento, jusques à Volta. Il esquisse à grands traits cette pre- mière période de l’histoire moderne de l'électricité , dans la- quelle les expériences de Cigna et de Beccaria forment une époque remarquable. Ces expériences mirent Volta sur la voye de ses découvertes dans la partie théorique fondamen- tale , celle qui développe et analyse l’action mutuelle des atmos- COLLECTION DES ŒUVRES DE Vorra. 273 phères électriques, et la distinction importante entre lelec- tricité permanente, et celle de pression, ou accidentelle. L'auteur arrive ainsi jusqu'à l'électrophore, au condensateur, à l’électroscope, et à toute la météorologie électrique, sur laquelle on doit à Volta un nombre d'idces ingénieuses , et d'explications plus ou moins spécieuses des météores igno- aqueux. Dans la préface du second volume ( que d’après les initiales qu'elle porte nous croyons pouvoir attribuer à l'éditeur de la collection entière }) on trouve d'entrée , une esquisse du carae- ière scientifique de Volta, qui nous semble tracée avec beau- coup de justesse. « L'esprit d'analyse (dit-il ) qui se montre dans sa manière de considérer les phénomènes et dans la recherche des faits nouveaux; son exactitude scrupuleuse dans tout ce qui est mesure et comparaison, dirigée par une sagacité qui lui fait embrasser d'un coup-d'œil tous les rapports, qu'ont entr'eux les objéts les plus vastes, comme les plus subtils; l'union rare d'un génie inventeur, qui ne se laisse point troubler par certaines anomalies piquantes dans les résultats des expériences, et qui sait y découvrir de quoi faire avancer la science; cette ingénuité, enfin, avec laquelle il confésse une erreur, il montre le fil qui l’a con- duit à une découverte : voilà des avantages dont chacun a son prix, et qui sont réunis dans le caractère de Volta; il y joint le mérite d'avoir sû mesurer d'entrée et d'un coup-d'æil toute l'étendue de la carrière qui se déployoit devant lui, et qu'il a fournie de manière à laisser bien peu à glaner-à ceux qui le suivroient dans le vaste champ qu'il a cultivé avec tant de succès. » L'électricité étoit demeurée pendant quelque temps au terme où Franklin et Volta l’avoient amence, lorsque la célèbre expérience de Galvani vint établir des rapports nou- veaux et frappans d'originalité, entre certains phénomènes 274 PHYSIQUE. électriques et l’organisation animale; l'étude de ces rapporté occupa tous les physiciens, qui pour la plupart firent fausse route. Les uns crurent à l'existence d'un fluide particulier qu'ils nommèrent Galvanique, et auquel ils attribuèrent les phénomènes en question; d’autres, identiñièrent le fluide électrique ordinaire avec ce fluide nerveux, cause présumée des sensations, et messager de la volonté; d’autres enfin, crurent voir, dans les deux systèmes nerveux, et musculaires, de l'animal , comme les magasins des deux électricités (vitreuse et résineuse ) et assimilerent les phénomènes galvaniques à ceux de la bouteille. de Leyde. Il fut réservé à Volta de montrer par une admirable série d'expériences et de raisonnemens , que la grenouille galva- niquement préparée, n’étoit qu'un électroscope animal, sen- sible à des mouvemens du fluide électrique ordinaire, qu'au- cun autre appareil n'avoit encore pu manifester; et que ces mouvemens de translation du fluide étoient provoqués par le simple fait du contact de deux métaux différens, dont l’é- quilibre électrique antérieur au contact, changeoit après ; tel- lement que l’un gagnoit et l’autre perdoit quelque chose à l'instant où on les faisoit se toucher. Ce fait, microscopique dans son origine et son premier aperçu devenoit immense par ses résultats; car il signaloit l'existence d'une faculté électromotrice mise en action par la simple application d’un métal contre un autre métal; or, multiplier ces couples d'action spontanée, disposer les paires de métaux électromoteurs de manière que la direction de leur action füt conservée dans l'assemblage, et. que des conduc- teurs humides interposés permissent l'accumulation succes— sive des impulsions fournies par chaque paire; telle fut la simple et sublime conception qui procura à Volta sa célèbre pile, et avec elle, aux Carlisle et Nicholson, aux Cruik- shanks , et aux Hisinger et Berzelius, mais sur-tout à Davy, COLLECTION DES ŒUVRES DÉ VoLTA. 275 ün appareil chimique puissant qui les conduisit aux plus belles découvertes par son action irrésistible sur des corps, réputés simples parce qu'ils n'avoient pü être attaqués par aucun des agens de la chimie ordinaire. « Voilà ( dit l'auteur } comment en variant ingénieusement les expériences, en exa= minant avec sévérité quelles étoient les conditions essentielles au phénomène et celles qui lui étoient indifférentes, en coor- donnant les faits selon leurs rapports naturels et em leur ap- propriant le langage qui devoit résulter de leur ensemble, en écartant soigneusement toute illusion, toute prévention pour ne s'attacher qu'aux conséquences rigoureuses des faits, notre célèbre physicien parvint à établir des principes solides, à triompher de toutes les oppositions, et à faire servir de bases à son édifice ces matériaux même avec lesquels on avoit prétendu le renverser. » L'auteur voulant, en toute justice, faire à Galvani sa part de mérite dans tout cet édifice, le compare, en ter- minant sa préface, à l'homme qui, marchant dans les ténèbres porte sa lanterne derrière lui ; il n’en profite point, mais il éclaire ceux qui le: suivent (1). L'auteur de la préface du dernier volume rapporte com- ment Volta fut conduit aux recherches sur l'air inflammable qui l'ont fréquemment occupé ; il fut mis sur la voie par une letire du Prof. Campi, son ami, qui lui communiqua en 1776 l'observation qu'il avoit faite , d'une source d'air inflammable qui s’échappoit spontanément du fond d'un bassin naturel plein d'eau, au travers de laquelle l'air sor- toit en bulles. En meéditant sur ce fait, il fut amené à en chercher la cause dans des décompositions spontanées (x) Che fece come quai che va di notte Che porta il lume dietro e se non giova Ma dopo se fa le persone dotte. 276 Pometouk de substances animales ou végétales, décomposuons qui auroient lieu sous l’eau, et laisseroient échapper au travers du liquide leur produit aëniforme. Il ne tarda pas à véri- fier sa conjecture en voyant un gaz inflammable se dé gager en bulles, du fond des eaux croupissantes, lorsqu'il le remuoit avec un baton. Il expliqua les feux follets en: supposant que ce gaz inflammable étoit effectivement en- PP 5 flammé par quelque cause, de nature électrique, à sa sortie de l'eau ; 1l montra, par l'ingénieux appareil qua retenu son nom, (le pistolet de Volta } que la plus petite étincelle pouvoit allumer ce gaz , lorsqu'il étoit suffisam< ment mêlé d’air atmosphérique. Ce principe , fecond dans: ses mains , donna naissance à l’eudiomètre à gaz inflam— mable, dont MM. de Humboldt et Gay-Lussac ont reconnu la supériorité sur tous les appareils de ce genre destinés à indiquer la proportion de gaz oxigène qui existe dans un mélange aëriforme. | Volta avoit été fréquemment appelé, comme bien d’autres physiciens dans ses recherches expérimentales à réduire par le calcul un volume donné d’air ou de gaz, d'une tempé- rature à une autre, problème dont la solution suppose que l'on connoît exactement la marche des dilatations de ces fluides élastiques par des changemens égaux dans la tem- pérature. En consultant les écrits des physiciens sur cet objet, il trouva des différences énormes dans leurs résul- tats. Ïl cite treize déterminations données par autant d'au teurs, toutes differentes les unes des autres , et dont les extrêmes sont, d'une part, —— du volume total, d'autre part, - seulement par degré de la division en 80 parties. Quelques-uns de ces auieurs , entr'autres le général Roy, avoient aussi conclu de leurs expériences que la dilatation de l'air n’étoit pas uniforme dans la portion de l'échelle thermométirique soumise aux expériences. COLLECTION DES ŒUVRES DE VorTA. 277 En conséquence , Volta prit le parti de répéter, à sæ manière et avec un appareil de son invention, toutes ces expériences. Il a consigné son travail dans un Mémoire assez étendu qui parut en 1793 ( Ann. de chim. de Brug- nalelli, T. IV). Les deux résultats principaux sont, que l'air commun, sec, se dilate de —— de son volume par degré du therm. en 8o parties, et que cette proportion est constante entre les limites de la glace et de l’eau bouillante. Elle se rapproche fort, ainsi que nous l'avons dit plus haut, des déterminations obtenues, avant lui par De Lue, et après lui par Mr. Gay-Lussac, avec des procédés diffé- rens , quoiqu'analogues. Volta s'étoit beaucoup occupé des phénomènes relatifs à l'air inflammable des marais, lorsqu’à l’occasion d’un voyage qu'il fit en Toscane il visita le terrain ardent de Pietra mala sur la route de Bologne à Florence. Nous rempla- cerons ( avec beaucoup d'avantages ) les observations que les circonstances ne nous ont pas permis d'y faire (1) par celles qu'il a consignées dans un ÂWémoire sur les feux des terrains et des fontaines ardentes , etc. qui est inséré dans son dernier volume. On le trouvera là aussi bon natura- tiste qu'il est physicien habile : nous allons le suivre pied à pied. «J'ai peu à dire de l'inspection du local, et des pre- mières apparences du phénomène. Pietra mala est un petit village , qui se trouve à l'endroit le plus élevé de Ja route de Bologne à Florence. À la distance d'un peu plus d'un demi mille au-dessous du village, dans la pente de la montagne , on voit comme un petit plateau, qui, même à distance, paroit recouvert d'une flamme légere ; elle s’e- lève à la hauteur de quelques pieds , elle est ondoyante, (1) Voyez page 245 de ce volume. 378 PuHysirqué. et les habitans du voisinage s'accordent à dire qu’elle païoit bleue la nuit. En plein jour elle est fort atténuée , et sa tæinte est rougeàtre. Je lui ai trouvé une ressemblance par- faite avec la flamme de mon air mflammable natif, des marais. Lorsque j'arrivai la , le jour étoit si serein , et le terrain tellement éclairé par le soleil, qu'on ne découvroit qu'a peine la flamme , et c'étoit plutôt la sensation de la chaleur, que la vue qui vous avertissoit de sa présence. J'avois deux compagnons de voyage et un guide, (paysan du lieu ) qui me faisoient reconnoitre la présence de la flamme la où mes yeux ne la découvroient pas , en jetant çà et là sur les foyers présumés mais invisibles, des petits faisceaux de paille qui s’enflammoient à l’insiant Cependant, lorsqu'avertis par l'odeur de brûlé qu'exhaloient nos souliers nous regardions à terre avec beaucoup d'attention , nous découvrions ces petites flammèches disséminées sur une - étendue de quelques toises d'un terrain léger, aride, et un peu pierreux ; on les voit plus particulièrement dans les endroits où le terreau est plus rare et plus sec; quel- quefois la flamme change de place, mais plus souvent de volume , tant en largeur qu'en hauteur; quelquefois elle gagne. horizontalement , et plusieurs flammes se réunissent en une; d'autres fois elles reculent et se subdivisent ; on peut aussi, à volonté, en éteindre quelques-unes et agran- dir les autres ; un souffle fort et brusque suffit pour faire disparoitre les petites, et on éteint les grandes en versant dessus assez d’eau pour inonder toute la surface ; ou bien en les couvrant de terreau , qu'on foule aux pieds. Alors l'issue de l'air se trouvant fermée à l'endroit recouvert , 1l sort en plus grande abondance , par les crevasses voisines, où les flammes deviennent d'autant plus hautes ; résultat qu'on peut produire à volonté par ce procédé. Je m'amusai long-temps à répéter et varier ces expériencés , en prenant sur-lout Corxecrion DES œuvres DE Vorri. 279 sur-tout plaisir à faire: jaillir les flammes plus haut à di- verses reprises, en frappant du pied et refoulant le terrain autour des orifices. Il.me sembloit que ce seul fait rendoit sensible la présence de ce réservoir d'air inflammable que je suppose. exister au-dessous, et d’où: ce gaz se fait jour au travers du sol crevassé , et d'autant plus abondamment qu'on le comprime davantage par une pression extérieures à-peu-près comme on le voit former une flamme plus longue à mesure que l'on presse la vessie qui le renferme dans les expériences ordinaires de Ja combustion de ce Daz. » ; » Il ÿ a même cette ressemblance entre les phénomènes naturels et artiñiciels de cette combustion , que lorsqu'une des fHammèches de Pietra mala ayant été éteinte, on la rallume , il se fait une petite explosion comme lorsqu'on allume le gaz hydrogène de la vessie. » Ici l’auteur cherche à expliquer la production de cet air inflammable par quelque décomposition souterraine de matières végétales qui auroient été ensevelies jadis, plus ow moins profond par un éboulement. LL attribue la. même ori- gine à une issue considérable de bulles d'air inflammable qui s'élèvent au trayers de l'eau d’une source froide voisine de Pietra mala, un peu plus haut sur la: même face de la montagne. | . Pour prouver qu il sortoit de l'air dans. les endroits où l'on. avoit éteint la flamme, et que c'étoit bien de l'air in- flammable , l’auteur sema sur ces endroits ; des brins de paille, qu'il vit aussitôt sautiller par l'effet du souffle de bas en haut. Il recueillit ce gaz dans des bouteilles pleines d'eau ; et renversée sur l'endroit d'où il sortoit ; il le porta à l'auberge de Pietra mala, et l'aluma en présence , et à la grande surprise , de ses compagnons et des assistans ÿ pour qui ces expériences étoient nouvelles. &. et Arts. Nouv. série, Vol, 16, N.9 4. Avril 1827. T 280 PHYSIQUE. Avant la découverte de l'air inflammable des marais , on avoit attribué ces flammes permanentes à la combustion de quelques matières volatiles analogues au naphte où au pé- trole. L'auteur ne trouve là aucun indice de la présence de pareilles substances ; la terre exhale une odeur empyreuma- tique , ou de brülé , et celle qui se manifeste autour de ce foyer naturel se rapproche plus de l'odeur de l'acide muriatique que d’aucune autre. Une observation particulière que éite l’auteur tend à con- firmer son idée sur l'origine du phénomène; c’est que ces flammes sont sujettes à des alternatives qui sont en rapport avec les pluies; c’est-à-dire, qu’elles sortent en plus grande abondance après qu’il est tombé de l’eau; le fait s'explique par la place que prend cette eau en arrivant dans le ré- servoir souterrain qui contient le gaz;« elle le chasse, dit-il, comme elle le fait dans ma lampe à gaz hydrogène lorsqu'on tourne le robinet et que l'eau du réservoir supérieur tombe dans l'inférieur. » L'auteur ne s'est pas contenté de cette comparaison , il a construit un appareil qui imite exacte- ment le phénomène ; c'est une grande caisse remplie de gaz hydrogène ; son couvercle est percé çà et là de petits trous , et recouvert de sable grossier, ou gravier; on verse de l’éau dessus ; elle pénètre au travers jusques dans la caisse, où elle déplace du gaz qui sort par les interstices du gravier et qu'on allume à sa sortie, il produit une petite flamme léchante et bleue, toute semblable à celle de Pietra mala. A la suite de ce Mémoire, et en façon d’appendix, l’auteur a publié la description d'un terrain brûlant qu'il a observé près des ruines de l’ancienne ville de Velleia dans le Plai- sentin (1) et auquel on a donné bien mal à propos le nom de EE EEE SG Se De OO CNNNENE RL DEL TOR Ce (1) Voyez page 245 de ce volume CotzecrioN DES ŒUVRES p£ Vorra. 384 volcan, car il n'y a aucun vestige d'éruption ni de produc= tions volcaniques. L « Il y avoit là, dit-il, lorsque nous visitames l'endroit ( à quelques centaines de pas des ruines) deux émissions de flammes hautes et vives; l’une très-pyrès du torrent, l'autre’ quelques pas au-dessus; cette dernière peu large, l'autre, fort ample. Le curé du lieu , qui nous accompagnoit, homme assez instruit, nous apprit que le plus petit des foyers s'étei- gnoit quelquefois , mais qu'on le rallumoit aisénient en jetant dessus uüné poignée de paille ou tout autre corps enflammé; que le vent l'éteignoit plutôt que la pluie ; que cette dernière faisoit élever la flamme plus haut; enfin que le plus petit et le plus bas des deux foyers est quelquefois rempli d’eau, au travers de laquelle on voi s’élevér des bulles, quoiqu’elle demeure froide. « On peut, disoit notre bon curé, enflammer cet air avec une bougie à mesure que les bulles crêvent à la surface de l'eau; on peut aussi le recueillir dans des vessies au moyen d'un entonnoir, ainsi que je l'ai pratiqué plusiéurs fois, et l’allumer ensuite à la flamme d'une chandelle; enfin, son abondance est telle que je suis persuadé qu’on pourroit, en peu d'heures, en remplir un ballon aërostatique. » Pour découvrir la présence du pétrole; s'il y en avoit, l'auteur fit pratiquer un creux à l'endroit du plus petit des foyers, et y fit jéter quelques sceaux d'eau. Alors, à la flamme succéda une émission rapide de bulles au travers de l'eau, et on les allumoit aisément à leur sortie; d'ailleurs, aucun indice de pétrole surnageant. La terre, quoique noi- râtre, n'en avoit point l'odeur, et mise sur les charbons ar dens, elle ne montroit rien de combustible; on essaya de la’ distiller, et elle ne donna aucuñ produit de nature huileuse. Toutefois, l'auteur ne prononce point que, parmi les débris végétaux dont la décomposition produit l'air inflammable, il n'y ait pas du pétrole, qui se décompose comme les autres huiles. T 2 282 PR SE GA En soumettant à quelques épreuves l'air recueilli dans cet endroit, l’auteur remarque que sa flamme étoit un peu plus brillante et plus grande que celle que donne l'air inflam- mable des marais; qu'elle s'allume un peu plus difficilement à l’etincelle électrique; et qu'il lui faut ( comme à l’autre} pour brüler, au moins huit fois son volume d'air atmosphé- rique; elle exhale la même odeur en brûlant, mais donne un peu de fumée, que l'autre ne produit pas. A ces recherches ( dont nous n'avons donné que le sommaire ) faites par l’auteur sur les terrains ardens de Pietra mala et de Velleia, il joint des détails sur des phé- nomènes en rapport avec ceux-ci, et qui lui ont été com muniqués par feu son illustre collègue Spallanzani. Le pre- mier est un petit volcan de boue, dans le duché de Modène près de l'endroit appelé Sessuolo. Il se présente sous l'ap- parence d’un cône , vers le sommet duquel sont des petits creux de quatre à cinq pouces de diamètre , pleins d'une boue demi liquide , au travers de laquelle sortent des bulles de gaz inflammable. On fit creuser en cet endroit à la profondeur de cinq pieds , et on trouva le mème phéno- mène au fond; le thermomètre y étoit de deux degrés plus froid qu'à l'air libre. Spallanzani attribuoit la production de ce gaz à la décomposition des pyrites , abondantes dans ce sol; mais Volta persiste à croire qu'il est dù aux dé- compositions de végétaux ensevelis. Au demeurant, ce petit volcan a été plus d’une fois très-bruyant ; il a lancé de la boue et de la fumée, avec explosion comme des coups de canon; et la boue a coulé, en façon de lave froide, jusques à la distance d'un demi mille. On s'accorde à dire que de nuit on voyoit sortir du cône une flamme très- visible. Ces phénomènes sont la miniature du célébre volcan de Jorullo , si bien décrit par Humboldt. À un jet de pierres de ce cône , on en voit un autre COLLECTION DES ŒUVRES DE Vorra. 283 qui donne beaucoup de gaz inflammable , comme aussi de la boue; et à quelques pas de celui-ci, un troisième, où il n'y a pas de boue, mais de l'eau, au travers de laquelle s'élèvent des bulles d'air en jet presque continu dans cinq endroits différens. C'est aussi de l'air inflammable, quoique moins combustible que les précedens. Enfin , à huit milles environ de Reggio ( de Modène } on trouve encore un de ces cratères boueux , avec crup- tion de gaz inflammable, fort semblable à ceux décrits tont- à-l'heure, à l'exception de l'odeur forte de pétrole qu'ex- hale celui-ci. Il a éte décrit par Vallisneri , et se nomme Selza. di Querzuola. Il est temps de terminer, avec l'Extrait de l'ouvrage en- tier, celui du curieux Mémoire qui gisoit peu connu, dans les premiers volumes d’un vaste Recueil périodique , d'où notre savant et laborieux philologue l’a tiré pour lui donner rang dans sa collection voltaique. Æ4b wno disce omnes : le genre de service que rend ainsi à la science le chev. Antinori, l'un de ses amateurs les plus instruits , service aussi essen- tiel qu'il est modeste et désintéressé , n’est pas toujours aprécié comme il devroit l'être par ceux qui en profitent: Honneur , et reconnoissance , au noble compatriote de Galilée, au physicien distingué qui, pénétré de ce que la science doit à Volta, lui élève , de son vivant, un monu- ment digne de lui, c'est-à-dire , construit de matériaux façonnés par Volta lui-même, et qui tous portent l’em- preinte de son génie. Indication des articles reufermés dans la collection des œuvres de Volla. Voz.I. Parr. I. De vi atlractivé ignis électrici,. Ad J. B. Beccariam, Dis- serlulio epistolaris. 1284 rio it FPE SE Q: UE Novus ac simplicissimus. electricorum tentaminum appara- dus , éto. Lettres sur l’électrophore perpétuel. Sur la capacité des Chpaneetiee électriques. Lettre à Mr. De Saussure. Du Condensateur. Mémoire là à la Société Royale de Londrés. Voz. I. Parr. IL. «Sur la météorologie électrique ; neuf lettres au Prof. Lich- ‘temberg de Gottingue. Sur la grêle. Mémoire divisé en trois parties. Sur l'aurore boréale ; lettre en réponse au Dr. P. A. Bondioli. Mémoire sur la manière de faire servir l'electromètre at- mosphérique portatif à l'usage d'un hygromètre très-sen- sible. Sur les orages périodiques , et sur un vent très-froid et extraordinairement sec. Lettre au Prof. Confhgliacchi, Vor. TI Panr. E Sur l'électricité animale. Lettre au Dr. Joseph Baronio. tee) E Deux Mémoires sur l'électricité animale. Lo Détail de quelques decouvertes faites par Mr. Galvani de Bologne , avec des expériences et des observations sur le même sujet, en deux lettres , par Mr. Tiberius Cavallo. 4 Nouvelles observations sur l'électricité animale. 5 Troisième Mémoire sur l'électricité animale ; lettre au Prof. J. Aldini à Bologne. 6 Nouveau Mémoire sur l'électricité animale, en trois lettres à Mr. À. M. Vassali. Vox. IT Panr/IT. De l'électricité excitée par le contact des corps dissem blables, Trois lettres au Prof. Gren de Halle. CoLLEGTION DES ŒUVRES DF VoLrA. 285 Sur l'électricité excitée par le simple contact de corps conducteurs de différentes espèces; lettre à sir J. Banks (en français }). Sur quelques phénomènes chimiques obtenus avec le nou- vel appareil. Lettre au Prof. Brugnatelli. Sur les électromoteurs ; lettre au Dr. De la Metherie. Sur l'identité des fluides électrique et galvanique. Mémoire divisé en deux parties. Réponse aux objections de Nicholson sur ma théorie. Sur les expériences et les observations à faire sur les tor- pilles. Lettre au Prof. Confgliacchi. Sur quelques phénomènes chimiques. Lettre au Prof. Brugnatelli. Sur l'application de l'électricité aux sourds-muets. Lettre au même. | Extrait d'un manuscrit sur l'improbabilité de la formation du chlore et de l'alkali dans l'eau soumise à l’action des électromoteurs. Vo. III. Sept lettres au R. P. Charles Joseph Campi , sur l'air inflammable des marais. - Trois lettres au marquis F. Castelli sur la construction d'un fusil et d'un pistolet à air inflammable. Lettre au Dr. J. Priestley sur un nouvel Eudiomètre. Description de l'eudiomètre à air inflammable , en deux parties. Mémoire sur les feux des terrains ardens en général, et sur ceux de Pietra mala, en particulier. Appendix à ce Mémoire sur les feux brülans à Velleia, Lettre au Dr. Zuccagni, en réponse à la sienne sur un volcan. Observations sur le phosphore tré de l'urine. 286 PHYSIQUE - Mémoire sur la dilatation uniforme dé l'air dans les di- vers degrés de chaleur. d Potscriptum d'une lettre au Prof, Vassali. Abrégé d'une lettre au Dr. Brugnatelli. a k PHYSICO-CHIMIE. RÉPÉTITION DES EXPÉRIENCES CALORICO-VOLTAÏQUES, FAITES Je 20 Février (1), le 7 Mars suivant, dans le Cabinet de Physique de S. A. I. et R. le Grand-Duc de Toscane, avec le grand appareil que Mr. le Comte G. Bar y a fait construire (2); et Considérations sur les résultats de cette recherche; par Le Prof. Picrer. Ex exposant dans le cahier précédent , les résultats de nos premiers essais calorimétriques appliqués à l’action de l'élec- tromoteur voltaique du Prof. Gazzeri, nous énonçames l'in- iention de répéter ces expériences avec le grand appareil que le Comte Bardi faisoit construire pour le musée L et R. qu'il dirige, appareil dont il avoit eu la complaisance de nous promettre l'usage pour cet objet, dès qu'il seroit ter- miné. C'est en sa présence , le Prof. Gazzeri nous aidant, avec son obligance et sa dextérité ordinaires , et le Cher. Antinori prenant , à mesure, note des résultats, que nous avons répété les expériences du 20 février, dans le même ordre , avec le même appareil calorimétrique et les mêmes (1) Voyez le cahier précédent page 176. (2) On verra ci-après la description de cet appareil , avec fig. EXPÉRIENCES CALORICO-VOLTAÏQUES. 287 fils conducteurs ; il n'y a eu de changé que l'appareil élec- trômoteur , dont l'énergie étoit beaucoup plus grande dans les essais dont nous allons rendre compte. Celui-ci a 40016 pouces anglais de surface. Son énergie étoit telle, qu'il fallut d'abord réduire à un cinquième , c'est-à-dire, à une minute seulement, l'inter- valle constant de cinq minutes que nous avions adopté dans la série précédente pour la durée de chacune des actions ca- loriféres à comparer entr'elles 3 il y eut même un cas où il fallut se borner à 56 secondes, pour ne pas exposer le thermomètre , dans les expériences suivantes , pour éviter ce danger, on Gide un autre thermomètre dont la boule n'étoit pas plus grosse que celle du premier, et dont l'échelle s'étendoit jusqu'à l’eau bouillante. La température moyenne de l'air pendant ces expériences (qui durèrent environ trois heures), fut de 8 d. R. et la tem- pérature initiale de l'eau du calorimètre fut.constamment de 5 deg. R. On suivit précisément le même ordre qu'on avoit adopté dans les expériences du 20 février; avec cette différence, qu'on répéta les trois. premières une seconde fois avant de passer aux suivantes. | rss 288. .. : Paysico-cuimie. TABLEAU DES RÉSULTATS. N.° des Conditions Asc. du Th: Expér. de chaque expérience. dans une mime — N.0 x Fil de cuivre calorimètre entre les deux pôles, 2.43 lignes de chacun. ...........:.... 19° R, 2 Idem se neo oie moiçe ve NETS.1e pôle,zinc... .. 20 3 Idem,.....,.....1...vers le pôle cuivre... .,28 2. dem: À Me tommenmo He dite 15 2 Idem..........commen.02....:... TUE 14 3 Idem. Comme n.° 3; 21 deg. en 56" , soit, en üpe angle (4). - 4 ads ES - bc +0 0 0e 4 Idem, Calorimètre au milieu, fil très-court ; OM DIBREITE, 2 un: 0 mdslels cine ee © »10e RERO DÉCRET re MA à à «uns be ee © SA PUS BEOS, à > RUER Bis. 5 Idem. Répétition de la précédente parce qu'il étoit tombé sur le support de liège un peu d'eau, dont l’évaporatiou devoit consom- mer du calorique............ D'areloie à 0: 0 ) ES NB. On a laissé le fil quelque temps en ex- périence pour voir quel seroit le maximum de son effet calorifère. Le therm. est monté a 60°, l'évaporation semble plus rapide que ne le comporteroit la température. 6 Fil de laïton, court, comme n.° 4, mais beaucoup plus gros...,,..,:..4....:..4 32 On a continué; le maximum à été à 649, atteint en quatre minutes. 7 Fil de fer; même diamètre que n.° 4 , et de même longueur. Il s’est fondu lorsque le therm. n’étoit encore monté, dans l'eau, que de 28 NB. L'ignition a commencé du côté du pôle zinc. 8 Fil de platine, même longueur que n.° 4, et même diamètre à-peu-près «ss... 7D NB. La température initiale étant +5, l'eau est arrivée à la pleine ébullition. rm mn pu OS or (x) Le therinômètre montoit si rapidement, qu'il fallut l'enlever après 56" d'action; on lui substitua pour les expériences suivantes celui dont or a parlé. \ EXPÉRIENCES CALORICO - VOLTAÏQUES. 289 Les expériences qui-précèdent étoient la répétition , une à une jusques à la huitième et dans le même ordre, de celles faites le 20 février, avec un appareil moins puissant. Les surfaces actives de l'appareil du Prof. Gazzeri et de celui du Comte Bardi sont entr'elles comme les nombres r4et 54. Nous allons comparer leurs effets calorifiques. Pour cela , on peut prendre par exemple , l'effet calori- fique moyen indiqué par le calorimètre, dans les trois pre- -mières expériences de chacune des deux séries. Ainsi, on aura, dans celles du 20 février. (Voyez le cahier - précé- dent) 7°,3 de chaleur donnés à l’eau en cinq minutes par J'action voltaïque. On a, dans celles du 7 mars , ci-dessus, 19-degrés de chaleur moyenne procurés en une minute. Le rapport des deux effets caloriféres est composé , de la di- recte des degrés produits, et de l'inverse des temps em- ployés respectivement à les produire ; on a donc::7,3 X 1 EL 19 X 5 — 95, c'est-à-dire le rapport de £* ou de 1 à 13 entre les eflets caloriliques des deux appareils , dans les circonstances données. Si on cherche ce rapport d'après les expériences n.° 8, faites avec le conducteur de calorique le plus parfait, lefl .de platine, on trouve, dans celles du 8 février , 282,5 de chaleur procurée en cinq minutes; et dans celles du 7 mars 75° en une minute. On a donc , en composant le rapport comme ci dessus ,::: 28,5 X #:/75 X:b:=375, v'est- à-dire; 2, ou le rapport de 1 à 13,1 (ort rapproché du résultat précédent) ; pour les effets caloriiques respectifs de deux appareils voltaïques dont les surfaces étoient entr'elles ‘comme les nombres 1 et 5 À Quelque soit l'accord des résultats de ces deux compa- raisons , nous sommes loin d'en conclure rien d’absolu sur le rapport réel qui peut exister entre les surfaces et l’action calorilique dans les appareils voltaïques en général; il y 290 Paysico-CHIMIE. avoit entre les deux qu'on a comparés, une différence ra- dicale; qui a pu influer; celui du Prof. Gazzeri employé aux expériences du 20 , n’a que trois élémens cuivre et zinc ; celui du comte Bardi en a six. On n’avoit pas de certitude non plus, que l’action chimique , qui paroïit être la source du dégagement du calorique fut identique dans les deux ap- -pareils ; le premier avoit travaillé plusieurs fois , et les pla- ques de: zinc étoient sensiblement oxidées ; le second entroit seulement dans sa carrière expérimentale. On ne peut ré- pondre aussi que le liquide dissolvant fut acidulé au même degré précisément, dans les deux séries d'expériences. Tou- tefois , l'énergie calorifére augmentant dans le rapport de 13 à 1, quand la surface ne s'accroit que dans celui de 5 3 à 1 (d’après l'expérience) ; on seroit fonde, ce semble, à soupçonner que l’action calorifére se développe dans un rap- port plus grand que celui des surfaces sur lesquels s'exerce le travail chimique qui la produit. Entre les dispositions ingénieuses exécutées dans l'appareil du comte Bardi , il y en a une qui existoit déjà dans celui du marquis Ridolf (1)-et qu'on trouvera indiquée dans la description. Elle donne le moyen d'établir, ou de supprimer instantanément et à volonté , le circuit voltaïque , en tout, ou en partie. Nous nous en prévalumes dans la huitième ex- périence, où le fil de platine mettoit en violente ébullition l'eau du calorimètre. Cette propriété de l'appareil nous fit découvrir le fait suivant , qui nous semble mériter attention par ses conséquences. Lorsque , pendant la pleine ébullition on rompoit le circuit, l'eau cessoit à l'instant de bouillir , sans qu'il y eût un intervalle de temps apréciable entre la cause apparente , et l'effet. L'ébullition recommençoit aussi instantanément , et avec toute sa violence , sans intervalle apré- (1) Voyez page 102 de ce volume. EXPÉRIENCES CALORICO - VOLTAÏQUES. 29t ciable entre le rétablissement du circuit voltaïque, et la re- naissance du phénomène de l’ébullition dans toute sa force. Ce fait, encore plus frappant à la vue qu'à la lecture, nous psrsuade que le calorique a deux manières essentiel- lement différentes de se mouvoir dans les conducteurs so- lides qui le transmettent ; l'une, de molécule à molécule de ces solides ; il se dissémine entr'elles , il s'y loge passagére- ment , il y prend l'état de chaleur spécifique ; et sa diffu- sion a lieu par une sorte d'action fort ressemblante à l'action capillaire et très-diférente de celle que le fait qu'on vient d'indiquer nous signale. Nous y voyons le calorique parcourir énstantanément un conducteur métallique d’une longueur assez considérable; cela ne ressemble en augune façon à ce mode de communication que nous appelions tout-à-l'heure capillaire ; il y a ici quelque chose de l’électrique , une rapidité d'éclair, non point au figuré mais en réalité, car les elfets calorifères de la foudre qui, comme on sait, a pu fondre une épée dans le fourreau sans qu'il eut le temps de s’allumer, sont de la même classe; on y voit l'électricité donner au calorique la rapidité qui lui est propre, et qui n'appartient au même calorique que lors- qu'il est libre ef rayonnant dans l'espace, jamais lorsqu'il se traine seul dans le tissu des solides. Une question se présentoit ici : quelle route suit l'électro- calorique dans le mouvement rapide que lui imprime l'elec- tromoteur voltaïque ; se meut-il le long des surfaces des solides conducteurs, à la manière de Félectrique pur, ou bien pé- nétre-t-il leur intérieur ? Nous essayames sinon de résoudre, du moins de nous procurer quelques données sur la question, par la légère modification suivante que nous introduisimes dans l’appareil de’ la quatrième experience; elle est repré- sentée fig. 6 de la planche qui accompagne yotre cahier précédent. On voit en # une petite rondelle de charbon 202 PHYs1CO-CHIMIE. bon , que traverse le cuivre conducteur du calorique: Si celui= ci, passant du pôle de l’appareil au calorimètre se meut le: long de là surface du métal, il devra être plus ou moins intercepté par la rondelle de charbon qui touche exactement: cette surface, et on s’apercevra de l'effet par une moindre chaleur procurée au liquide: si la présence de la rondelle! ne produit aucune différence, on sera sûr que le calorique suit l'intérieur du métal. Le même essai répété en disposant l'appareil de, manière que la rondelle soit du côté de l’autre pôlé, indiquera si l’un donne plus de chaleur que l'autre Voici les résultats. IN,0 des expér. Conditions des expér.. ascension du ther, "| en une minutes à A S'OMRE t nrsroite 9 même appareil que dans l'expérience. 4. CE rondelle de charbon du côté zinc.... 17 deg. PONT ressens rive OUIVIES se 19 À « . A 1 + Ce EAN 19 <: bis 10 idem. ( La même expérience répétée).... 18 Si l'on compare les résultats ci-dessus avec ceux de l'expé: rience n.° 4 (voyez le tableau) on verra que dans les mêmes circonstances, le calorimètre a montré 29 deg. de chaleur; sans la rondelle de charbon, et environ 18 vec la rondelle : la différence considérable des deux effets doit être naturel- lement attribuée à ce que la présence du charbon imtercep- toit en grande partie la portion de calorique qui suivoit la surface du conducteur, portion qui, d'après celte expés 2 rience s'élèveroit presque aux À de l'effet calorifère total. Si on compare entr'elles les expériences 9 et 10, il sembleroit que le pôle cuivre donne un peu plus de chaleur que l'autre Nous regrettons de n'avoir pas songé à essayer l'effet d'uné rondelle de charbon mise à chacun des deux bouts du fit conducteur. . P Mais, nous avions préparé, pour la 11.° et dernière expé= EXPÉRIENCES CALORICO - VOLTAÏQUES. 293 xience celle indiquée fig. 7 de la même planche. Le fil con- ducteur est intercepté en » et ses deux bouts entrent, de part et d'autre, dans un petit tube dé verre plein de pous- sière de charbon, tassée; les deux extrémités du fil sont aussi voismes l'un de l’autre qu'il est possible sans se toucher. Dans cette disposition, le circuit voltaïque quoique continu en apparence est réellement interrompu par un petit inter- valle rempli de charbon en poudre. L'effet calorifique fut absolument nul ou du moins ina- préciable. Et pour le dire en passant , il paroïît singulier que l'impulsion électro-motrice, en apparence si puissante, re pû pas faire franchir à l’électro-calorique le très-petit inter- valle qui séparoit les dèux bouts du fil conducteur. En réfléchissant à tout ce qui précéde, nous avons été conduits à quelques considérations qui tendroient à faire faire un pas dans l'explication , encore peu avancée, du fait si bien connu, de Ja puissance calorifique, et de la foiblesse chimi- que, de l’appareil à grande surface et petit nombre d’élémens ou couples, comparé à l'appareil à grand nombre d'élémens et petite surface; lequel donne bien moins de chaleur que l'autre, mais possède en revanche, bien plus de force décom- posante , ou énergie chimique. Nous distinguons deux actions ou effets irès-diffétens dans l'appareil voltaïque : 1.° l'action chimique du dissolvant liquide qui, en attaquant les deux métaux dégage l’électro-calorique, et en quantité d'autant plus grande que l'attaque du dissolvant est plus vive. 2.° Une force électromotrice résultant de l’action réciproque des deux métaux dans chacun des couples été mentaires de l'appareil , et en vertu de laquelle l’électro-calo- rique est mis en mouvement dans un sens qui est déterminé par la situation relative des métaux dans ces couples élé- mentaires. Cette force électromotrice s'exerce probablement par une 204 Paysico-cHimis. série d'action ou vibralions, séparées par des fempusculrs très-courts, et égaux dans chaque appareil dans un instant donné ; l'existence dè ces vibrations est indiquée par ce frémissement si caractéristique que fait éprouver l’action vol. taïque dans le système nerveux musculaire à l'instant de la secousse galvanique. Supposons 100 vibrations pareilles dans une seconde; plus ou moins, peu importe. Dans l'appareil voltaïque à grande surface et petit nombre d'élémens, un nombre immense de points d'un même couple sont attaqués à la fois par le dissolvant chimique: de là, dégagement subit et considérable de l’électro-calorique, qui est immédiatement poussé par la force electromotrice, et charrié par les conducteurs. Ainsi, les couples à grande sur- face, sans être nombreux, doivent produire un grand effet caloriñique, parce que chaque élément fournit, dans un tempuscule donné , une quantité d’électro-calorique, au moins proportionnée à cette même surface, et peut-être dans um rapport plus grand encore d’après la comparaison que nous avons établie plus haut entre les effets calorifñiques des. ap- pareils Gazzeri et Bardi. Il n’en est pas de même dans l'appareil à élémens nom- breux , et petite surface de chacun. La quantité de l’electro- calorique dégagé dans un tempuscule donné ( supposé égal au précédent) étant proportionelle à la surface de l'é- lément, sera peu considérable, à raison de la petitesse de cette surface; elle est saisie et poussée par la force électro- motrice à l'instant où elle est produite, et elle parcourt la série des élémens sans devenir jamais bien notable, parce que le dégagement initial l'étoit peu, et que le refroidissement dérobe du calorique à mesure qu'il parcourt les nombreuses communications métalliques d’un couple à l’autre. Mais, d'autre part, cette même disposition d’élémens nom- breux, à petite surface, sera bien plus efiçace pour les eflets chimiques , ExpPÉRIENCÉS CALORICO - VOLTAÏQUES. 295 chimiques, (la décomposition de l'eau par exemple ) que celle à petit nombre ét grandé surface ; parce que cette action chimique est probablement dépendante de l'action électro- motrice, et en rapport: intime - avec’ elle; et qu'alors, dahs un intervalle de temps donné, elle est biex plus fréquente, et par conséquent, bien, plus: productive; avec un appareil nombreux ; qu'avec celui qui n'a que peu d'elémens. Ainsi, par exemple nous supposions tout-à-l'heure 100 de ces vibra- ions électromotrices dan$ üne seconde dé temps ; l'appareil à grande surface et six élémens, ne produira: que 600 vibrations électromotrices et décomposantes dans la seconde; et un appareil à petite surface ; et 560 élémens , produira 500 X 100 50000 vibrations pareilles dans le même temps. Il se pourroit aussi, que”l'eéxtrémie abondance, on peut dire la violence, du courant électro-calorique qui se mani fèste dans l'appareil à grande surface ‘nuisit à son efèt chi- mique, par l'impulsion mécanique ‘que le courant exerce à son entrée dans le liquide à décomposer, ( à peu près comme le calorique traversant le fond d'une casserole de cuivre ou de Jaïton sur le feu empèche que lé métal ne soit attaqué par l'acide végétal qu'on fait bouillir dedans ) tandis que, le courant électro-caloriqué étant moins fort, et les vibrations électromotrices ‘beaucoup ‘plus nombreuses ‘dans un temps donné , dans l'appareil formé d’un grand nombre de couples, l'effet polaire GPCORDIRE. à montre beaucoup plus éner- giqüe. Il va sans dire que nous ne donnons ces aperçus que comme dés conjectures qui ne pourront acquérir, ou perdre, de la consistance qu'après avoir été méditées plus long-temps que nous n'avons encore été à portée de le faire. Sc. et Arts, Nouv. série. Vol, 16. N,9 4, Avril 1821, à} 206 PHYSICO - CHIMIE. So Descrizroxe n1 una Pixa , etc. Description d'un grand appareil _ voltaïque à auges de cuivre, et des expériences électro- magnétiques exécutées dans le Musée Impérial de Florence, par MM. le Prof. Gazzert, le Chev. Anrivont et le Comte Giroramo DE Barnt , Directeur de cet établissement. Rédigée par ce dernier (avec fig.) ( Traduclion. ) RER TR es C2 D: tous les faits dont les sciences naturelles se sont enri- chies , de nos jours, celui observé par le Prof. Oersted de Copenhague , sur la déviation de l'aiguille aimantée à l'ouest ou à l’est, selon qu’elle est placée au-dessus ou au- dessous d’un fl metallique joignant les deux pôles d’un ap- pareil voltaïque ; ce, fait dis-je, est le plus intéressant de œeux qui occupent actuellement en Europe l'attention des physiciens. Il étoit de rigueur que , dans la patrie de Galilée, dans le sanctuaire où la célèbre Académie del Cimento à dévoilé, les plus grands phénomènes de la nature, où il existe un cabinet de physique et d'histoire naturelle , qui, sous la protection particulière du souverain de la Toscane procure à ces sciences des accroissemens continuels , on ne laissat pas échapper l’occasion d'examiner le fait principal découvert par le savant Danois ; on y étoit encore encouragé par la présence accidentelle à Florence de deux Prof. de l'Académie de Genève MM. Pictet et Marcet, dont le pre- mier , toujours animé du désir de faire avancer la science , DescriPrion D'UN GRAND APPAREIL VOLTAÏQUE, etc. 207 invita Mr. le Marquis Ridolfi à répéter dans son cabinet les expériences d'Oersted dont il avoit été témoin à Genève, et publié récemment les détails dans la B#1. Univ. À l'as- pect de faits aussi intéressans , tous les amateurs de Ja bonne physique conçurent le désir louable de chercher à approfondir par voie d'expérience , les causes qui produisirent des effets si extraordinaires ; Mr. Gazzeri Prof. de chimie à l'hôpital de $: M. Nuova , le chev. Antinori, possesseur d'une col- lection d'appareils de physique, et le Marquis Ridolf dont on vient de parler , entréprirent de suite des recherches sur cette importante découverte ; et, persuadé pour ma part que le musée dont la direction m'est confiée devoit participer à l'activité de ce concours, je me décidai à faire construire un électromoteur voltaïque assez puissant pour manifester , sur une grande échelle, les faits qui poufroient jeter quel- que jour sur les théories électro-magnétiques , et qui fût d’ailleurs le plus commode possible pour les manipulations , et le moins volumineux à la fois et le plus énergique dans ses effets. Plusieurs obstacles se présentèrent lorsque j'en vins à l'exécution ; La partie la plus difficile fut de jeter au moule des tables de zinc de 6836 pouces quarrés de surface, et dont je voulois employer six dahs mon appareil ; après di= verses tentatives à peu près infructueuses , je réussis énfin , en faisant couler le zinc, non point dans des moules fermés, thais en façon de bains dans des formes horisontales, de la dimension requise. Ce premier et plus grand obstacle vaincu, le reste de la construction ne présenta plus rien de bien difficile, et je suis heureusement venu à bout d'établir à ma satisfaction un appareil à six auges de cuivre , offrant en« semble avec le zinc qu'elles renferment, {1016 pouces quarrés de surface active quand l'appareil est en travail. Je vais le décrire : (Voyez PL. LI, bg. 5 ). Va 2098 7: PRYSICO- CHIMIE. A. Petit charriot,, ou train en bois qui porte tout l'appa— reil , il se meut facilement sur quatre roulettes (x). B. Rouleaux de verre sur lesquels reposent l'appareil et qui sont destinés à isoler sa base. °C. Monture en fer, qui assemble les six auges. D. Auges de cuivre qui renferment le liquide acidulé et les tables de zinc, qui y sont plongées verticalement. E. Tables de zinc revêtues d'un sac de toile de lin gros sicre , pour qu'elles ne touchent nulle part le cuivre. F. Isolateurs qui séparent les élémens (cuivre-zinc) de l'ap- pareil. G. Conducteurs de laiton, qui établissent la communica- tion entre le cuivre d'une auge et le zinc de l'auge voisine. Ces arcs se placent et s’enlèvent à volonté , à frottement, dans les trous qui les reçoivent. On peut par leur moyen procurer , ou détruire , instantanément , le circuit voltaïque dans une portion, ou la totalité de l'appareil. On enlève l'un de ces arcs pendant les préparatifs d’une expérience ; on travaille alors tranquitlement et sans danger de se brüler les doigts ; et l'effet commence à l'instant où on met en place Bac enlevée. H. Conducteurs mobiles dans tous les sens, et suscep- ‘tbles de s’allonger ou de se raccourcir au moyen de J’an- neau aa qu'ils traversent, et des charnières bb , dispositions qui leur procurent les mouvemens horisontaux et verticaux. Ces bras portent à leur extrémité, ou une boule , c, ou une pince d qu'on serre par la vis E. Ces deux ajustemens s'enlévent à frotiement , et on les substitue l’un à l’autre à volonté. (1) On n’a indiqué que par une seule lettre , afin que le dessin demeurât plus distinct, les pièces de l'appareil qui sont sembla- bles entr'elles. dt DESCRIPTION D'UN GRAND APPAREIL VOLTAÏQUE, etc. 299 I. Sont des tuyaux qui évacuent le trop plein des auges. K. Tubes , fermés avec des bouchons de liège , et des- tinés à vider les auges quand les expériences sont terminées. L. Auges de cuivre ou d'autre métal , qui contiennent le liquide. M. Forts cordons de soie qui lient par le haut les ex- trémités des montans dont la base est implantée dans le charriot, et qui serrent latéralement les auges; celles-ci sont isolées des montans, par du verre interposée. Une croisée de fer contient de part et d'autre les auges extérieures; et comme elles s'appuyent les unes contre les autres par l'intermède des corps isolans interposés , le tout ensemble forme une masse, de structure très-solide et compacte. N. Entonnoir de tôle vernie , à six orifices, pour rem- plir à la fois les six .auges. O. Obturateurs à long manche , pour régler la chûte du liquide de l’entonnoir dans les auges. Cet appareil obtint l'approbation complette des physiciens expérimentés MM. Pictet et Marcet, qui furent présens à ses premiers essais. Les effets surprenans qu'il produisit d'emblée , l’un des- quels fut de faire rougir, en peu de secondes, un fil de platine long de 14 pouces, et d'un tiers de ligne de dia- mètre ; l’autre de fondre en cinq secondes, un fil d'acier de + de ligne de diamètre ; la facilité avec laquelle on mettoit cet appareil en action, en tout ou en partie, à l'aide des conducteurs partiels et amovibles d'un élément à l'autre ; toutes ces propriétés me determinèrent à entreprendre un cours d'expériences de recherche, en associant à mon tra- vail MM. le Prof. Gazzeri, et le chev. Antinori, qui m'ho- norent depuis long-temps de leur amitié, et avec lesquels, et presque toujours en présence de MM. Pictet et Marcet , ont cté faits tous les essais dont je vais rendre compte , in- 300 Pysrco-chHImrr. dépendamment de ceux que Mr. Pictet a spécialement di- rigés vers les phénomènes calorico-voltaïques , et qu'il a ex- posés dans un mémoire particulier (r). Expériences magnétiques pures. 1 Dans le but de reconnoitre si la force d'attraction d'un aimant s’accroit en tenant ses pôles, ou séparés , ou con- joints, nous avons fait soutenir à chacun des pôles à part une série de poids dont la somme s’est élevée à onze onces, huit den. six grains. Ce même aimant , muni de son contact en fer, a porté quatre livres sept onces 19 den Pour rechercher si la force magnétique de deux aimants pouvoit se cumuler , nous avons fait soutenir à un petit ai- mant par son contact un poids de 3 livres 6 onces et 19 d. Nous avons chargé le contact d'un autre aimant, de 1 liv. 6 onces 12 den. Car deux aimants réunis par leurs pôles respectifs , n’ont soutenu ensemble que le foible poids d’une iv. 7 onces 17 den. Pour éprouver l'influence de l'interposition de certains mé- taux sur l’action magnétique, on a soumis les suivans à l'ex- périence en les interposant toujours entre l’aimant et l'ai- guille, et en mesurant exactément la distance à laquelle celle-ci commençoit à éprouver l'attraction polaire. | dist. métaux. épaisseur. attractive. lig. lig. Platine < duos /H908 e ncte ces de18,90. Eine. de 23204-81020 indien ao 00: Hhbtr Ar4030: Arabes: Au en me 4,20 (1) Voyez page 286 de ce vol, DescarPrtoN D'UN GRAND APPAREIL VOLTAIQUE , etc. 308 Deux aïîguilles aimantées , très-mobiles , sont rapprochées l'une de l’autre et leurs pôles homologues mis , et mainte- nus en présence sans l'influence d'aucune cause mécanique mais seulement par l'interposition entre ces pôles , de lames de fer de différentes largeurs. Soupçonnant que ce fait étoit peut-être dû à l'attraction naturelle de l'aiguille pour le fer, on a substitué aux lames un petit morceau de fer dont la surface étoit à peine d'une ligne quarrée; mais l'effet est demeuré le même. Expériences voltaiques. Le grand appareil voltaïque de six élémens ayant été mis en action, un fil de platine d'un tiers de ligne de diamètre, joignant les deux pôles a rougi sur une longueur de quatorze pouces. L'ignition a toujours commencé du côté du pôle zinc, (ou positif). Deux fils de platine , l'un du diamètre d'un tiers de ligne, l'autre , d’un huitième étant soumis ensemble et parallélement à l'action de l'appareil, le fil le plus gros a toujours rougi, et l'autre jamais. Lorsqu'on a formé de ces deux fils un seul, de diamètre différent et qu’on l'a placé dans le circuit vol- ere le . de moindre diamètre a toujours rougi attaché à l'un ou à l'autre des deux pôles. Une aiguille à coudre non magnétique, étant mise pour un court instant, à angles droits au-dessus du fil conjonc- tif, n’a pas donné de signe de magnétisme acquis, mais un séjour de trois secondes dans cette position a sufh pour l'armanter. Mais, une aiguille vierge exposée de même à l'influence de l’appareil, à angles droits, et em contact, avec le fil con- jonctif, n’a point été aimantée , quoique maiatenue pendant quelque temps dans cette position. 30% …..* …. Prysico-cHImir. Avant de charger l'appareil. on à mis son fil -conjonctif exactement dans. la direction: d'une aiguille aimantée , très= librement suspendue : on a rempli les auges d'eau acidulée, et incontinent l'aiguille placée sous le fil conjonctif a décliné de 72° du nord vers l'ouest. On a disposé deux fils conjonctifs de,manière que très- voisins mais sans se toucher , ils se coupassent à angles droits dans un plan horisontal. On a approché de ces fils, par dessous, une‘aiguille aimantée ; son pôle nord s'est placé entre le midi et l’est; et au-dessus il s'est mis entre le nord et l'ouest. Les deux fils provenoient de deux sections distinctes du grand appareil , qui en comprenoient chacune la moitié. Lorsqu'on a mis l'aiguille au-dessus des deux fils vers le point correspondant à leur commune intersection , son pôle nord s’est porté du nord vers l’ouest. On a disposé le fl conjonctif en façon de spirale, dont Taxe étoit dans le méridien magnétique. Alors l'aiguille étant placée sous la spirale, son pôle nord a dévié de 70°: du nord à l’ouest; et lorsqu'on l'a mise au-dessus de cetté mème spirale, l'aiguille a pris la direction opposée. On a enlevé le fil de platine dont l'action de lappareil pouvoit faire rougir la longueur indiquée ; on a amené les” deux pôles jusqu'au contact réciproque , et on a placé le Gl de platine dans d'autres parties du circuit voltaïque ; il s'y'est rougi mais sur une longueur momdre , et qui n’a pas été determinee. On a replace entre les deux pôles la longueur du fl de platine que l'appareil pouvoit faire rougir; et on à inter- calé dans d'autres portions du circuit quelques fragmens du mème fil; l'igmtion-n'a point eu lieu simultanément dans plusieurs endroits. Une feuille mince d’étain, de la longueur de dix lignes s'est fondue an contact des.deux pôles du grand appareil. DESCRIPTION D'UN GRAND APPAREIL VOLTAIÏQUE , etc. 303 . Un fil d'étain! communiquant avec les deux pôles s’est fondu, exactement au milieu de sa longueur ; quelques mor ceaux de ce mème fil se sont fondus dans le voisinage des pôles. - Le Prof. Configlacchi ayant annoncé que la déviation de l'aiguille a lien aussi sous un conducteur de nature humide , on en a fait l'épreuve en remplissant un petit tube de verre de fils de coton impregnés d’une solution saline ; mais l'ai- guille n'a pas devié sous ce conducteur. On a contourné un tube de verre en spirale et on l'a rempli de coton humecté, on a introduit dans la spirale une aiguille ordinaire; elle ne s'y est point aimantée. Un fil de platine faisant partie du circuit voltaïque a for: tement attiré la limaille de fer (ainsi que l'avoit observe Mr. Arago avec le cuivre). Un. fil d’étain l'attiroit aussi, mais 1l s'est fondu presqu'à l'instant. Deux fils de fer, l'un de 2 de ligne de diamètre, l'autre de 2 lig. + ont aussi attiré la limaille dès qu'ils ont fait partie du circuit voltaique. Mr. Pictet, témoin de ces expériences, en a entrepris une série particulière, non-seulement sur les phénemènes calorico-voltaïques dont il a rendu compte; mais sur les modifications qu'éprouvent la direction de l'aiguille aimantée autour du fl conjonctif dans trois plans horisontaux., dont l'un coïncide avec ce fil, et les deux autres sont, l’un au- dessous ,_ l'autre au-dessus ; comme aussi autour. du fil dis- posé verticalement; et enfin, au dedans et au dehors d'un fil conjonctif circulaire. Nous espérons qu'il publiera les ré- sultats intéressans qu'il a obtenus (1). o Expériences électriques. On a renfermé une aiguille vierge dans une spirale de ; : = — (x) Cet'articlé ne pourra trouver place que dans le cahier ‘pro= chain, (R) 304 : PHYSsiCO-CHIMIE, fer exposée au courant électrique de la décharge d’une bou- teille de Leyde. L’aiguille s’est aimantée , mais non la spi- rale. Cette expérience a été répétée plusieurs fois , toujours avec le même résultat. Une aiguille placée à angles droits sur un fil de fer fai- sant partie du circuit électrique ne s'est point aimantée, par deux décharges consécutives de la bouteille de Leyde. Une aiguille mise à angles droits sur deux fils qui fai- soient partie du circuit électrique d’une batterie ne s’est point aimantée ; comme aussi une baguette de fer substituée à l'ai- guille n’a acquis aucune polarité. On a environné une aiguille mise en travers, d’un seul tour d'un fil de fer qui faisoit partie du circuit électrique d'une bouteille de Leyde. L’aiguille ne s’est point aimantée, quoique placée comme dans une spirale, mais d’un seul tour. En procédant à quelques-unes des expériences que j'ai rapportées et dans lesquels l'appareil se montroit plus où moins énergique, le Prof. Gazzeri vit la nécessité d'inventer un instrument qui mesurât d’une manière régulière et com- parative les divers degrés de force de l’action voltaïque se- lon les circonstances ; son génie fertile lui suggéra l’inven- tion que je vais décrire. Le principe sur lequel elle est fondée est de procurer un moyen prompt et sûr de mesurer la longueur de la portion d’un fil de platine qu'un appareil donné peut faire rougir (r). (x) Notre savant collègue le Prof. De La Rive a imaginé, et fait exécuter à Genève ; dans le même but, un instrument qui mesure les variations de l’action voltaïique dans les degrés infé- rieurs, jusques à l’ignition , inclusivement, par l'allongement qu'elle occasionne dans un fil de platine d’une longueur déterminée. Sa di- Jatation en longueur est mécaniquement multipliée par un levier. dont le long bras fait fonction d’aiguille sur un cadran. (R) DESCRIPTION D'UN GRAND APPAREIL ŸOLTAÏQUE, etc. 305 L'instrument a deux parties (voyez fig. 11)..:La ,première n.° 1., est composée de deux portions de tube de laiton æ etb, réunis par le moyen de la baguette , ou tube de verre e qui y maintient une interruption. La seconde partie, n.° 2, est principalement composée d'un tube de verre, dont on découvre quelques portions en g, on y a pratiqué , dans sa longueur , une cannelure À large d'environ 1 : ligne, et dongue de quatre pouces et demi; la seule portion g du tube est nue tout autour. L’extrémité voisine est renfermée dans un cercle , ou anneau de laiton , couvert d'une plaque , au centre de laquelle est un trou, .qui laisse passer , à frotte- ment doux , la portion a du tube a b. La portion restante du tube de verre, de g jusques à l’autre extrémité, est dé- couverte par dessous sur une étendue correspondante à la cannelure #, et sur une largeur un peu plus grande; le reste est couvert par une espèce de tube de laiton ouvert aux lieux indiqués, et qui se termine , comme à l'autre extré- mité , par un anneau couvert d'une lame percée de manière à laisser passer , à frottement doux la partie & du tube a 4. La partie contigüe à la cannelure 4, porte une échelle soit division en pouces lignes, et dixièmes de ligne , À est un point d'appui cannelé et porté par une pièce qui fait ressort et produit un contact continu contre le fl de platine tendu pa- raMélement au tube , et reçu dans la cannelure de ce point d'appui. On voit n.°3 l'instrument tout monté. Pour l'avoir tel, il faut dévisser le support e, enfiler le cylindre ba dans le tube de verre , remettre en place le support e avec sa vis, en l'introduisant dans la cannelure 4 ; et enfin fixer aux deux supports de, un fil de platine." qui s'appuyera en même temps sur le support élastique c. On voit que par cette construction: ( fig. > n.°3 ) le fluide électrique entrant, par exemple , par l'extrémité 7, 506 - Pavsico-CRIMIE. passera {par le ‘cylindre 4, et de là, par le moyen de l'an- neau dans lequel il se meut, entrera dans le support x, qui lui est attaché ; et de là, par le moyen de l’autre sup- port e qui le touche, le fluide passera dans le cylindre qui, par son extrémité communique avec l’autre pôle; de manière que Île fluide se portera d'un pôle à l'autre par un conducteur assez vaste pour ne pas arriver à l'ignition. Mais si on fait mouvoir le cylindre de verre vers l’extré= mité /, les deux ‘supports ei, se séparant l’un de l’autre , les deux extrémités de ‘la pièce a b ne communiqueront : plus’ que moyennant le fil de platine interposé , et dont une ‘étendue plus ou moins longue parviendra à l'ignition, selon que l'énérgie de l'appareil sera plus ou moins grande. Il conviendra d'adapter à cet appareil des fils de platine de divers diamètres , pour augmenter l'étendue de son échelle. de En possession d'un appareil voltaïique à grande surface et seulement six élémens; c'est-à-dire , particulièrement adapté aux phénomènes de l'ignition des métaux , j'ai cru utile aux progrès de la science de faire construire un appareil dont la surface totale fût précisément égale à celle du premier, mais subdivisé en 584 élémens, chacun de quatre pouces anglais ‘de côté, (dimension des élémens des appareils du célèbre chi- miste Davy). Cet appareil électromoteur est monté d'après la méthode imaginée par notre compatriote Mr. Novellucei ; on remplit à la fois une vingtaine d'auges élémentaires en les plongeant toutes ensemble : dans un vase plein à la hauteur convenable, du liquide acidulé; et un quart d'heure suffit pour remplir ainsi toute la batterie électromotrice. On lui adapta le mêmes supports , ou bras polaires , que j'ai désignés par la letire H dans la description de l'appareil à grande surface ; de manière que, dans les expériences de comparaison , auxquelles cet électromoteur est principa- DescRIPTION D'UN GRAND APPAREIL VOLTAIÏQUE , etc. 307 fement destiné dans. les proportions que je lui ai données, les circonstances : sont-faussi semblables’, qu'il. est. possible dans les deux appareils‘; sauf le nombre des élémens , qui est à-peu-près centuple dans lun, de ce qu'il est dans l’autre, à surface ‘égale. On sait que. l'appareil à élémens nombreux, se distingue, comparativement à l’autre, par son énergie chimique ou de décomposition: Celle de l'eau en particulier: pouvant servir de moyen, oui terme commode de comparaison, Mr. Gaz- zeri a) imaginé et construit un appareil dans lequel cette décomposition s'opère bien plus en, grand qu'on ne l'a fait jusqu’à présent , et qui rend ainsi les différences dans les résultats d'autant plus. sensibles; les deux gaz composans de l'eau y sont recueillis séparément ,-et, on peut mesurer leur volume; lequel ;; dans ses’ rapports, avec. la durée, de, l'expérience , peut: faire juger: de l'activité relative de Aappe- reil selon les circonstances : je vais le décrire. + + D - Deux lames ou carreaux de verre -ab fig. ,3 Rene de six pouces et larges de quatre ‘et un quart, sont maintenues paralléles ; à la distance d'une ligneset trois quarts lune, de l'autre au moyen de trois bouts de tubes, del verre logés. entre leurs bords, .et:là fortement cimentés avec de 1a cire; d'Espagne ; elles forment ainsi comme une auge étroite de verre: Deux feuilles minces de platine «, longues de quatre poucés deux lignes et larges de deux. pouces quatre lignks{ sont appliquées chacune à ila face interne des at: de l'auge et vers sa partie inférieure. : A chacune de ces feuilles ; vers son milieu , est attaché un fil de platine 4, qui sort de l'auge de part.et d'autre par un trou pratiqué dans le verre , et dans ‘lequel le fil est luté avec de la cire d'Espagne. Entre les deux feuilles: métalliques on a interposé deux bandes de mousseline fine eee, chacune desquelles est attachée à la paroi: de 308 : PHvsrco-cHimMrt. verre correspondante , däns toute la portion de sa surface qui est ponctuée dans la figure. ‘Au moyen de cette dis= position ; le gaz dégagé entre la feuille c« et la mousseline e, ne trouvant pas d'autre issue ; passe dans le petit réci- pient f divisé en douzièmes de pouce cube, L'autre paroi étant disposée de la même manière l'autre gaz passe dans le récipient g. Le petit tube recourbé % sert à procurer l'issue à la partie de l'eau de l'appareil que les gaz déplacent en arri- vant dans lés récipiens. Ce tube étoit d'abord disposé comme on le, voit dans la figure, mais on lui a subshitué un tube plus élevé et dont l'extrémité dépasse un peu la tubulure des récipiens ; après avoir rempli d’eau pure, ou d’éau ’acidulée , l'auge et les récipiens avant l'expérience, on ferme ceux-ci par des bouchons usés à l'émeri. “Comme la capacité de l’auge auroit été trop peu consi- dérable si on n’avoit écarté ses parois que de l’espace néces- Saire aux deux feuilles de platine et aux bandes de mousse- line, on ainsinué entre une des feuilles de platine et la parot de verre ‘une autre bande plus étroite et un peu plus grande que la’ feuille de métal , et divisée en deux parties , dont une est appliquée en dessous et l’autre en dessus du fl. “'A°peine les deux fils d4 sont mis en communication avec les pôles d’un électromoteur, voltaïque d’un ceftain nombre d'élémens , qu'on voit s'opérer une décomposition abondante et rapide de l’eau de l'appareil ; elle est due à ce que le courant voltaïque au lieu de rencontrer le liquide par la petite surface que présente un fl ordmaire , l'attaque à la fois par toute la surface de la feuille de platine. Je m'empressai d'appliquer ect appareil ingénieux à l'é- lectromoteur à élémens nombreux dont j'ai parlé tout-à- l'heure , égal en surface à celui à six élémens , mais à-peu-près centuple en nombre d’auges ; et j’eus la satisfaction de le Mémoire DE Mr. AMPÈRE. 209 voir fonctionner à merveilles ; il sera particulièrement ap- proprié aux expériences de comparaison que nous avons en vue. PHYSIQUE. ExPosé SOMMAIRE DES DIVERS MÉMOIRES LUS PAR Mr. Ampère à l'Académie Royale des Sciences de Paris, sur l’action mutuelle de deux courans électriques, et sur celle qui existe entre un courant électrique et le globe terrestre ou un aimant. en Dis que Mr. AmPÈRE eut connoissance de la découverte de Mr. Oersted sur le changement de direction produit dans une aiguille aimantée par le fl métallique qui établit la com- munication entre les deux extrémités d'une pile de Volta, il chercha d'abord à compléter par diverses expériences le travail de l'illustre physicien danois, et il découvrit bientôt une nouvelle sorte d’action, celle qu’exerce sur une portion de ce fil, une autre portion du circuit voltaïque sans la pré- sence. d'aucun aimant. La découverte de çe fait le conduisit à plusieurs autres observations nonvelles qu’il a successivement communiquées à l'Académie, avec les conséquences -qu'il en a tirées, et dont le but général est d'établir l'identité de l'électricité et du magnétisme. Il est à remarquer que l'explication donnée par Mr. Oersted des phenomènes qu'il a découverts, suppose au contraire des proprietés toutes. dif: férentes aux fluides qui produisent les phénomènes électri- ques et magnetiques, quoique dans un ouvrage publié long- 8ro Puvs ro UE temps avant Sa découverte ; il eût parut porté à en admettre l'identité, mais comme une simple conjecture. Le travail de Mr. Ampère se divise naturellement -en’trois païtes bien distinctes; la première se compose de faits nou- veaux relatifs à l'action HE de deux portions de con- ducteurs voltaïques ,-et à celle du globe terrestre sur un con- ducteur mobile : il imagina de disposer une portion du cir- cuit voltaïque, de manière qu'elle pût se mouvoir, sans que ses communications avec les deux extrémités de la pile, fussent interrompue ; et il Fà parvint, soit en la suspendant sur des pointés" d'acier qui plongeoient dans du mercuré conténu dans de petites coupes dé fer ou de platine, soit en la faisant porter sur des rouleaux en contact avec du mereure placé sur des plaques de tôle entourées d’un rebord qui ne permettoit pas à ce liquide de se réparidré. "Il rendit ainsi cette portion du conducteur susceptible de se mouvoir tantôt en restant parallèle à sa première diréction, tantôt en tournant autour d'un axe vertical ou horizontal ; il observa alors lés faits süivans : d | 10 > F 1.° Lorsque deux, conducteurs ou plutôt deux portions d'un mème conducteur voltaïque, sont l'une fixe et l’autre mobile, et qu'on les place dans des directions à peu près parallèles, la portion mobile est attiréé par l'autre, quand les extrémités qui communiquent avéc un même pôle de là pilé sont du même côté dans toutes les deux, elles se ne Gr dans le cas où ces extrémités sont opposées. 2.9 Ces attractions et répulsions son: absolument diffé rentes des attractions et répulsions éléctriques ordinaires : celles-ci sont produites par la pile de Volta quand Île circuit est interrompu , et que celles découvertes par Mr. Ampèré n'existent pas; elles cessent dès que la continuité du’ circuit est établie, et c’est alors seulement que ces dernières appa- roissent. Dans les premières, il y a répulsien entre les corps électrises Mémorres. De Mn. Amrineé. 3TK, électrisés de la même manière, et attraction entrè des corps électrisés d’une manière opposée; ét quand les deux: Lorps qui se sont attirés viennent à se toucher,set qu'ils sont sus= ceptibles de conduire l'électricité , toute attraction cesse aussi- tôt entre eux. Dans les attractions et répulsions des fils con- ducteurs , l'attraction a lieu au contraire quand les extrémités de ces conducteurs qui communiquent avec un même pôle de la pile sont du même côté; le contact ne fait point cesser l'attraction ; et il ÿ a répulsion quand ce :sont les extrémités d'espèces opposées qui sont du mème côté : … 3.° L'action mutuelle des deux parties du conducteur vôltat que reste la même quand dans cette expériénce , on remplace la portion fixe du hl conducteur dont on observe l’action sur’ la partie mobile, par une portion du même fl qui ne diffère de la première supposée rectiligne, qu'en ce qu'elle forme une ligne pliée et contournée à chacun de-ses points de’ manière que les distances de ces pots à ceux de la n° mobile, restent sensiblement les mêmes, et que ut reste du cirouit n'éprouve aucun changement. L'importance de ce fait dont Mr. Amipète à déduit la loë mathématique de ces nouvelles attractions et répulsions élec tiques, l'a engagé à le vérifier par des expériéntes variées pour en rendre les résultats plus précis’, il a suspendu la par= tie mobile à égales distances entre’ €eux portions fixes, l’une rectiligne et l’autre pliée et contournée comme nous “enons de le dire; il a établi les communications de manièré que x .portion mobile fut fepoussée par les deux autres, et qu on püt à volonté n’en mettre qu'une de celles-ci, où les fettre” toutes les deux en communication avec les extrémités de la pile. Dans le premier cas cetté partie mobile à été repoussée’ par l'action de la portion fixe qui faisoit partie du circuit voltaïique; dans le second , elle est restée immobile ; en équé-" Sc. et Arts: Nouv. série. Vol. 16, N° 4. April 1821. X 312 PHYSIQUE. libre entre les actions qu'ont exercées les deux portions fixes et dont l'égalité a été ainsi exactement déterminée. 4° Lorsqu'on dispose la partie mobile du conducteur de manière qu’elle ne puisse se mouvoir qu'en tournant autour d’une perpendiculaire commune à sa direction, et à celle de la portion fixe du même conducteur qui agit sur elle; elle tourne autour de cette perpendiculaire d'un mouvement qui s'accélère jusqu’à-ce qu'elle arrive dans la situation où elle est parallèle à la portion fixe, et où les deux parties du circuit voltaïque ont celles de leurs extrémités qui sont en commu- mication avec un même pôle de la pile, tournées du même côté, ec mouvement se rallentit dès que la portion mobile, en vertu de la vitesse acquise, a dépassé cette situation; elle revient bientôt pour la dépasser ge nouveau , et s’y arrète enfin après quelques oscillations. 5.° La pile elle-même agit dans ces expériences, comme toute autre partie du circuit voltaïque, avec cette seule dif- férence que la disposition de l'électricité qui a lieu dans le conducteur du pôle zinc au pôle cuivre, existe au contraire dans la pile du pôle cuivre au pôle zinc; c’est cette dispo- sition que Mr. Ampère a nommé courant électrique, con- formément à l’usage établi par d’autres physiciens, mais sans prétendre prononcer en adoptant cette expression, sur le mode d'action de l'électricité dans le circuit voliaïque. Le sens de cette dénomination, courant électrique, étant ainsi défini, on peut réunir les faits relatifs à l’acuon de la pile elle-même et à celle du reste du circuit voltaïque, que nous venons d'exposer, sous ce simple énoncé: deux courans élec- triques parallèles s’attirent quand ils sont dirigés dans le même sens, et se repoussent dans le cas contraire; deux courans électriques qui ne peuvent se déplacer qu'en tournant autour de la perpendiculaire commune qui en mesure la plus courte distance, tendent à s’amener mutuellement dans la situation où ils sont parallèles et dirigés dans le même sens. Mémoines DE Mr. AmPÈne. 313 6.° Quand on dispose la pile et les fils métalliques qui la mettent en communication avec un conducteur mobile, de manière à ce que , d'après leurs distances et leurs direc= tions, ils ne puissent avoir d'action sensible sur lui, on ob- serve dans ce conducteur des mouvemens que Mr. Ampère, en plaçant suscessivement la pile et les conducteurs dans dif- férentes situations, a démontré ne pouvoir être attribués qu'à une action du globe terrestre sur les corps où existe la dis- position de l'électricité qu'il a désignée sous le nom de courant électrique. 7.2 Lorsque le conducteur mobile forme un circuit presque ferme dans un plan vertical, et ne peut que tourner autour de la perpendiculaire à l'horizon qui passe par son centre de gravité, il est amené par l’action du globe terrestre dans une situation où le plan de ce conducteur forme un angle droit avec le méridien magnétique ét où la direction du courant électrique dans sa partie inférieure, est dirigée de l'est à l'ouest; et lorsqu'on l’écarte de cette situation, il y revient et s'y arrête après avoir oscillé autour d'elle, pré- cisément comme il le feroit si l’action que la terre exerce étoit due à un courant électrique situé au-dessous de sæ surface et dirigé de l'est à l'ouest, perpendiculairement aw méridien magnétique. | 8.° Lorsque le conducteur mobile forme un circuit presque fermé de forme rectangulaire, qu'il est attaché à un axe passant par son centre de gravité, et parallele à deux des côtés du rectangle, et que cet axe repose sur des appuis, de manière que sa direction soit horizontale et perpendicu= laire au plan du méridien magnétique : celui des deux côtés du rectangle qui sont parallèles à l'axe, dans lequel le courant électrique va de l'est à l’ouest, est porté par l'action de la terre au midi quand le plan du conducteur est vertical, et en bas quand il est horizontal ; tandis que l’autre côté paral= X 2 314 , PHysiqur. lèle à l'axe où le courant se dirige alors de l'ouest à l’est, est porté au 20rd dans le premier cas, et en haut dans le second. Dans ce mouvement, le plan du conducteur mobile oscille évidémment autour d'un plan perpendiculaire à la direction de l'aiguille d’inclinaison; et c'est précisément dans ce plan qu'il s'arrête, lorsque le centre de gravité de toute la partie mobile de l'instrument étant exactement dans l'axe, son poids n’a aucune action pour changer la divection que ‘la force électro-magnétique de la terre tend à lui donner. Il est évident que cette force est la même que celle qui dirige l'aiguille aimantée , et on ne peut disconvenir que l'action qu’elle exerce , soit sur un conducteur mobile Soit sur un aimant, ne soit précisément la même qu'exer- ceroient des circuits voltaïques composés des diférens ma- “tériaux de notre globe ; produisant dans son intérieur des courans électriques dirigés de l’est. à l’ouest suivant des lignes perpendiculaires au méridien magnétique , et qui agiroient soit sur Îles conducteurs mobiles, comme Mr. Am- père a montré que les fils conjonctifs de nos piles agissent sur eux, soit sur une aiguille aimantée comme ces fils agissent sur cette aiguille dans les expériences de Mr. : Oersted. C'est sur cette similitude d'effets que Mr. Ampère ‘a cherché à établir que l'électricité est réellement distribuée dans notre globe comme elle le seroit dans les circuits -voltaïques dont nous venons de parler, soit que cette dis- tibution de l'électricité provienne du contact des substances mincrales de diverse nature, comme cela a lieu dans nos “piles , soit qu'elle doive s'attribuer à d’autres causes (1). , £ (x) D'après la direction générale de Test à louést des courans électriques dont Mr. Ampère admet l'existence dans le globe ter- œestre, et d’après les expériences de plusieurs physiciens sur l’ac- tion galvanique produite par le contact de deux disques d’un Mémoines De Mn. Ampénr. 315 La seconde partie du travail de Mr. Ampère est relative. à l'action mutuelle des fils conducteurs et des aimans, décou verte par Mr. Oersted ; elle se compose de quelques, nous. veaux faits qui complètent les résultats obtenus: par, ce grand physicien ; et des conséquences que l'auteur a ‘dé- duites de ces résultats et de ses propres expériences relativement à l'identité de l'électricité etdu magnétisme. Il a.constaté à ce sujet : | ! | 1.° Que si Mr. Oersted n'avoit obtenu, dans ses expé= riences , que des déviations de l'aiguille aimantée toujours moindres qu'un angle droit, cette circonstance étoit unique- ment due à ce que. le magnétisme terrestre continuoit d'agir sur l'aiguille qu'il employoit; en attachant une ai- guille aimantée à un axe parallèle à la direction de l'ai= guille d'inclinaison , Mr. Ampère: l'a: soustraite à l’action magnétique de la terre, eten faisant alors agir sur elle un conducteur voltaïque , ila reconnw:qu'elle prénoit cons- tamment une direction exactementshperpendiculairé à ce conducteur. rh f même métal dont la température est différente, il pense que le chaugement successif de température qui a lien chaque jour,dans cette direction , à mesure que le soleil passe d’un méridien, à un autre, est une des causes auxquelles on peut attribuer avec quel-. que probabilité, l'existence des :courans électriques de,la terre; peut-être aussi que l'action de la lumière w'y est pas étrangère y s'il est vrai qu'elle communique à l'acier les propriétés, magnéti- ques ; et si ces propriétés , comme le croit Mr. Ampère, dépen- dent d'une disposition semblable de l'électricité dans les aimans, alors les courans ne seroient qu'à la surface de la terre où la températuré varie, et on ne devroit avoir recours à l'action gal- vanique des matériaux de l'intérieur de notré globe, que pour expliquer la déclinaison de l'aiguille aimantée , ‘et les variations de l’inclinaison. LE. d 16 MR av 8 1 uvre Oo à M * 2.% Qu'outre l'action ‘qu'a décrite Mr.-Oersted par laquélle uñ conducteur voltaïque change la direction de: l'aiguille aimantée "il attire ‘là masse‘ entière: de’-cette aiguille lors- qu'elle. lüÿsesto préseritéer dans la direetion qu'il tendroit à ui donner;sr elle n'y étoit pas déja , et il la repousse quand Fe ést ‘dirigée ën sens contraire. 22H 0Q ue Je conduéteur agit dans tous les cas sur l'aiguille aimantée comme il agiroit sur une aiguille qui ne le seroit pas, mais à “laquelle seroit attachée; dans un plan perpendicu- dire à la ligne qui en joint les pôles , une portion de circuit voltaique dont ‘le courant électrique tourneroit au- four de l'aiguille‘y relitivément à ses pôles , dans le même sens ‘que le soleil parolt'itourner auiour de notre globe ,re- lativement aux pôles! dé la terre qui portent le-:mêème nom queeeux. dé l'aiguille; tensorte que l'action ne varie qu’en Mmitensité,lorsque dans'lesexpériences relatives à l'action mutuelle derdeux®fils conducteurs, on substitue d’abord à l'un d'eux, ét'ensuite à tous’ lesqäeux, des: aimans disposés de manière que la direction du courant électrique soit la même dans les-frls-conducteurs -qu'ils-remplacent ; et dans des circuits voliques3" ‘qui, comme nous venons de le dire, tourne- roiëht autour de ces aïmanñs , relativement à leurs pôles, dähs l6”$ens où le Soleil paroit tourner autour de la terre rélativément à! ses pôles, de mèême nom que ceux des aimans. On obtient ainsi tous les phénomènes qu'offre l'ac- tion mutuelle d'un fil conjonctif et d'un aimant, lorsqu'on ne remplace | par un aimant qu'un des deux conducteurs ; et tous ceux que. produisent deux aimans l'un sur l'autre, lorsqu'on les remplace tous les deux. 4, Qu'on: imite parfaitement toutes les circonstances dé l'action . connue. d'un barreau et d'une aiguille aimantée , lorsqu'on. substitue, soit au barreau, soit à l'aiguille, un fil de cuivre ; faisant partie d'un circuit voltaïque dont une Mémoires DE Mn. Ampère. 319 portion est enfermée dans un tube de verre, et l'autre forme une hélice qui l'entoure de ses spires. Celle des deux extrémités du tube qui est située, relativement à la direction du courant électrique établi dans l’hélice, comme l’est le pôle aus- tral de la terre relativement à la direction du mouvement apparent du soleil , agit dans toutes les positions qu'on donne au tube, ou au barreau aimanté qu'on lui presente, précisément comme le feroit, dans les mêmes circonstances, le pôle austral d'un aimant, et l'extrémité opposée, comme le pôle boréal. C'est de l'ensemble de ces faits que Mr. Ampère a conclu que les phénomènes qu'offrent les aimans sont de purs phé- nomènes électriques , èt qu'ils sont dus uniquement à ce que l'électricité est disposée ou se meut dans un aimant suivant des courbes fermées tracées dans des plans perpendiculaires à l'axe de l'aimant, précisément comme elle est .dis- posée ou se meut dans le circuit voltaïque. Plusieurs physi- ciens avoient, à diférentes époques, regardé comme notable l'identité de l'électricité et du magnétisme, mais ‘aucun n'avoit essayé de dire comment il falloit que l'électricité fut disposée dans un aimant, pour qu’elle produisit les phe- nomènes qu'il présente ; c'est ce qu'a fait Mr. Ampère, et l'on ne peut disconvenir que tous les faits connus. jusqu’à pré» sent ne s'accordent parfaitement avec ses idées sur ce, sujet; elles ont contribué aux importantes découvertes de Mr. Arago sur l'aimantation de l'acier par l'électricité, en le portant à plier le fil conducteur en hélice autour du barreau ou de l'aiguille qu'il veut aimanter , et l'efficacité de ce moyen paroit confirmer complettement les vues qui en ont suggéré. l'em- loi. | Mr. Ampère a supposé dans ses premiers mémoires que les courbes fermées , suivant lesquelles l'électricité agit dans, l'aimant comme dans le circuit voltaïque , entourent, toutes 318 HER ES DO: ONE: l'axe de l'aïmant ; ila montré dans un Mémoire qu'il a lu depuis # l’Académie , qu'on pouvoit également expliquer les faits connus en admettant que ces courans ont lieu autour de chaque particule du barreau où de l'aiguille aimantée. Comme cétte question ne peut être résolue que par des ex- périences délicates qui n’ont point encore été tentées, Mr. Ampère n'a pas cru que le moment fut venu d'émettre sur ce sujet une opinion positive. La troisième partie du travail de Mr. Ampère consiste dans les recherches qu'il a faites sur les lois mathématiques des attractions et répulsions de deux fils métalliques faisant partie d'un circuit voltaïque ; il a déduit ces lois de l'égalité dés actions produites par un conducteur rectiligne , et par uñ conducteur plié et contourné à chacun de ses points comme nous l'avons dit plus haut; et de quelques résultats géné- raux des faits déjà connus , ou de ceux qu’il avoit observés il a conclu : - 1.2 Que l'action’ mutuelle de deux portions infiniment pe- Vies de fils conducteurs , est en raison inverse du carré de leur distanée ; ARE 2 Que si l'on considère une de ces portions infiniment petites comme la diagonale d'un parallélepipède , son action sur l’autre ‘est égale à la somme des actions qu’exerceroient sur cette dernière, trois portions du premier fil conducteur dirigées suivant les trois arrètes qui mesurent Îles trois di- _yménsions du parallélepipède, et de même longueur que ces arrètes 3° * gi) à "Sr :3.°/Que l'action dont nous parlons est, à distances égales proportionnelle au produit des sinus des angles que les direc- tions des deux portions infiniment petites des fils conduc- teurs forment avec la ligne qui en joint les milieux, ét du cosinus de l'inclinaison mutuelle des plans de ces dgux angles; 4. Qu'il suit de cette loi que si lon imagine deux sur- Mémornes DE Mn. AmPÉRE. 319 faces plânes ou courbes qui, par rapport à un point » situé hors de leur intervalle, interceptent la même portion d'une sphère infinie; si l'on. conçoit sur ces surfaces des lignes droites ou courbes ; tracéés à distances égales et infiniment petites, et telles que les lignes tracées sur l'une de ces sur- faces :soyent , par ‘rapport au point m, les projections des lignes tracces sur l’autre; et si l'on suppose enfin qu'il y aît sur ces surfaces des courans électriques dirigés selon les lignes ainsi tracées : les deux surfaces exerceront sur le point m des actions égales et de même signe, quand les courans seront dirigés dans le même sens sur les deux surfaces; et dans le cas contraire, des actions égales et de signes différens qui se détruiront mutuellement sÿ elles ont lieu en même temps. Ces résultats, fondés sur des déductions nécessaires des données de l’expérience, ne peuvent être mis en doute tant qu'il ne s’agit que de l'action mutuelle des fils conducteurs, découverte par Mr. Ampère; il les étend non- seulement à celle que Mr. Oersted nous a fait connoître ‘entre un fil condueteur et un aimant, mais à cellé de deux aimans l'un sur l'autre, conformément à la manière dont il conçoit que Félectricité , disposée dans les aimans comme nous l'avons dit plus haut, produit tous les phénomènes magnétiques. Cette extension donnée aux lois mathématiques de l’action mutuelle des conducteurs voltaïques, décidera la question de l'identité de l'électricité et du magnétisme; en effet, elle se trouve ramenée, par le travail de Mr. Ampère, à une question qui est uniquement du ressort de l'analyse mathématique, puis- qu'il ne s'agit plus que de calculer, d'après les formules qu'il a données, toutes les circonstanées de l'action mutuelle: de deux aimans que les physiciens ont observées. ou mesurées jusqu'à présent ; ét de voir si les résultats de ces calculs s'accordént constamment avec les données de l'expérience. : (- 30 ) MÉDECINE. NorTicE SUR L'ADMINISTRATION DE L'IODE PAR FRICTION ET DE L'APPLICATION DE CE MÉDICAMENT DANS LES SCORPHULES ET QUELQUES MALADIES DU SYSTÈME LYMPHATIQUE. Dixs mon précédent Mémoire sur l'emploi de l'iode en médecine; je témoignai l'espérance que les efforts réunis des chimistes et des médecins parviendroient à faire connoïtre une préparation qui , plus en harmonie avec l'économie ani- male, que celle qu'on connoît jusqu’à présent, ne seroit pas tout à-la-fois utile et nuisible suivant la sagacité de celui qui la prescriroit. Le but de celui-ci est d'indiquer, non pas une nouvelle préparation, mais une nouvelle manière de se servir de l'iode , exempte de la plupart des reproches qu'on a pu faire à l’action médicamenteuse de ve remède et d'une application simple et facile. Elle est d'autant préférable, que dans un grand nom- bre de cas elle n'exige point une surveillance aussi ac- tive de la part du médecin, et qu'il n’est guère possible aux malades d'en dépasser les doses. J'éspère encore dans cette notice , appeler , et fixer d'une manière spéciale l'attention de mes confrères sur l'emploi de l'iode dans les scrophules, car si les succès que j'en ai ob tenus se confirment, çe médicament deviendroit d'autant plus précieux que cette maladie est plus généralement répandue, NoTiICE SUR L'ADMINISTRATION DE L'IODE PAR FRICTION. 324 et que jusqu'à présent les secours de la médecine en sont incertains, et sa guérison toujours très — lente, souvent mème impossible. IL sembleroit que plusieurs des symptômes facheux causés par l'iode dussent être attribués, les uns à l’action locale de cette substance sur la membrane muqueuse de l'estomac ehez un petit nombre d'individus , qui, par une sorte d’idio- syncrasie ou disposition particulière, peut-être momentanée , ne supportent pas impunément ce remède s'il est prescrit sans interruption, ou si sa dose est augmentée sans discer- nement ; et les autres à son action particulière sur le sys- tème lymphatique. Les symptômes différent essentiellement dans l’un et l’autre de ces cas, mais ils peuvent se compliquer , ou avoir lieu isolement. Pour éviter ces deux actions et surtout la première, car c'est sur la seconde, mais modérée, et dirigée par une main prudente et exercée, que sont fondés les succès de ce re- mède dans les maladies du système lymphatique , j'ai pensé que si l'on pouvoit introduire l’iode dans l’économie animale par une autre voie que par celle de l'estomac, on lui conser- veroit toute son efficacité, en évitant les symptômes facheux qui peuvent résulter de son action sur la membrane muqueuse de l'estomac. En conséquence, je lv préparer une pommade avec ur déni gros d'hydriodate de potasse , et une once et demie. de graisse de porc. Je prescrivis d'en faire soir et matin, avec. grosicomme une noisette , des frictions sur le ,goître même, ou sur les glandes engorgées dans les. scrophules, ou. sur celles du sein, etc. soit aussi sur le trajet des. lymphatiques jusqu'à-ce que la pommade fût entièrement absorbée. NE Tr ni (n 399 MÉDECINE. © Une dame agée de 28 ans portoit depuis long-temps un goitre volumineux dans le lobe droit, mais bien plus encore dans le lobe gauche du corps thyroïde. Il s’étoit considéra- blement accru äl y a trois ans pendant une grossesse. Je ju- gear que ce n'étoit qu'une augmentation de volume sans lé- sion organique. Ce goitre ‘altéroit la voix et génoit la res- piration. Après huit jours de frictions les tumeurs étoient sen- siblement plus molles, la peau étoit devenue plus épaisse et plus lâche ; après quinze jours la diminution étoit .encore plus considérable ; le goitre étoit divisé en plusieurs petits lobules très-distincts les uns des autres ; au bout d'un mois il a entièrement disparu, la voix et la respiration sont-re- devenues naturelles , sans que la malade ait éprouvé aucun autre effet sensible de l’action de ce remède. Encourage par un tel succès, j'ai traité par ce nouveau procédé vingt-deux malades d'âge et de sexes différens et ayant tous un goitre plus ou moins volumineux : plus de la moitié d’entr'eux ont été complètement guéris dans l'es- pace de quatre à six semaines , les autres l'ont été à des degrés différens. L'iode introduit ainsi directement dans Île système OR IT présente donc des résultats semblables à ceux que l’on obtient lorsqu'on le prescrit intérieurement. La durée du traitement, l'é- “paississement et la souplesse de la peau, le ramollissement du goitre, sa diminution, sa séparation en plusieurs kistes, tu- meurs où lobules, la cessation des symptômes de gêne dans la respiration et d’altération dans la voix , suivent exacte" ment la mème marche. Ce nouveau procédé m'a paru d’une activité égale à celui par lequel on prescrit l'iode intérieurement , lorsqu'il s’agit de traiter une maladie du système lymphatique sans lésion organique. Je le considère comme le complément de ma découverte , NoTicE SUR L'ADMINISTRATION DE L’IODE PAR FRICTION. 323 puisqu'il présente un moyen sûr et facile de. se servir de ce puissant remède, qui par là , est exempt des reproches qu'on a fait à son usage intérieur. Dans un grand nombre de cas, cette nouvelle manière sufhra seule pour obtenir une guérison complette , et dans ceux où elle ne seroit qu'imparfaite, on pourra la terminer par une moindre quantité d'iode donnée à l'intérieur. Cependant je dois rapporter qu'une dame avoit employé cinq onces de la solution d’hydriodate de potasse ioduré , sans en obtenir d'autre effet qu'une diminution d'un des goitres les plus durs et les plus volumineux que j'aie vus: elle avoit cessé le remède depuis six mois. Dans l'espace de six semaines, ce nouveau procédé a presque entièrement dissout le reste de la tumeur. Ce qui me prouve que dans certains cas , ces deux méthodes pourront être . auxiliaires l'une de l’autre. ; Chez trois de ces malades , les tumeurs, kistes ou noyaux que je ne croyois pas pouvoir faire disparoitre ont continué de se dissoudre entièrement après qu'on eut cessé les frictions depuis plusieurs jours. Quoique je n’aie aperçu par ce nouveau procédé aucun des symptômes fâcheux attribués à l'iode, j'ai suivi avec tous ces malades la même marche de prudence, et de défiance que lorsque je l'ai prescrit intérieurement, faisant suspendre les frictions aussitôt que l’action sur le goitre étoit bien prononcée, pour les reprendre huit. jours après lorsque je supposois qu’elle commençoit à se ralentir, ignorant jusqu'à quel point la disparution trop prompte de tumeurs souvent aussi vo- lumineuses et aussi anciennes, pourroit être nuisible , et voulant d’ailleurs éviter ces symptômes facheux que je crois être dus à une espèce de seluralion, ou à une trop forte action sur les lymphatiques. J'ai apporté chez chacun de ces malades, comme chez tous 324 MÉDECINE. ceux auxquels j'ai prescrit l'iode intérieurement, la plus grande importance au traitement local du goitre, soit avant de pres= crire ce remède , soit pendant son usage. Ce traitement local contribue puissamment à la guérison; , ce sont sur-tout les sang-sues, quelques fois des fomentations. émollientes, qui me päroissent dans plusieurs cas, favoriser l'action de l'iode. J'en ai vu où le goitre bien loin de se ramollir, se durcissoit, et devenoit légèrement douloureux ; il survenoit alors nécessairement de la gêne dans le cou : des sang-sues faisoient disparoïître cette irritation locale parti- culière à l'iode; ce qui jette quelque lumière sur sa manière d'agir, le goître se guérissoit ensuite facilement. Souvent aussi, j'ai vu l'iode ne produire aucun effet sensible sur le goitre, et quelques applications de sang-sues, déterminer assez rapidement la guérison. ; Il ne suffit donc pas de prescrire d'une manière banale l'iode dans le goître , les scrophules, ou telle autre lésion du système lymphatique, il y a d'autres indications à remplir pour obte- nir tout le succès, que l'on doit attendre d’un si grand remède. La puissante action de l’iode sur le système absorbant, m'a engagé à l'employer dans des cas de scrophules sans fièvre, c'est-à-dire dans ces cas d'engorgemens indolens des glandes du cou qui font la désolation des familles. Les succès que j'en ai obtenus ont surpassé mes espérances, Je l'ai donné en solution à plus petite dose et avec les mêmes précautions que pour le goitre, mais comme dans ces cas il y avoit une sorte de foiblesse qu'on retrouve chez un grand nombre de scrophuleux, je l'ai combiné avec des amers et quelque sirop aromatique; la marche de la guérison a été la même que celle du goitre. Les tumeurs se sont détachées, sont devenues plus mobiles, plus petites, plus molles, mais l’engorgement du tissu cellulaire donnant au toucher la sensation d’un kiste vide, a persisté assez long- NoTICE SUR L'ADMINISTRATION DE L'IODE PAR FRICTION. 325 temps avant que de se dissiper entièrement. Entre quelques cas je citerai les deux suivants : Une jeune fille agée de dix- sept ans portoit depuis quinze mois sous l'angle de la mä- choire et le long du cou des paquets de glandes scrophuleuses , dont une d'elles, la plus basse restoit ulcérée. On avoit inutilement fait un grand nombre de remèdes; je prescrivis une solution d’hydriodate de potasse ioduré, dans l’espace de six semaines toutes les glandes se sont dissipées suivant la marche que je viens d'indiquer, excepté celle qui étoit ulcérée. Une fistule pénétrant dans son centre a nécessité un traitement chirurgical pour compléter la guérison. Une autre jeune fille agée de quatorze ans portoit depuis six mois le long du cou un paquet de glandes engorgées; on avoit inutilement fait tous les remèdes généraux et locaux indiqués en pareil cas; dans l’espace d’un mois l'usage de la solution d'hydriodate de potasse ioduré a suffi pour la guérir. Il en est d’autres, où je n'ai obtenu aucun effet, ni bon ni mauvais, sans que j'aie pu soupçonner la cause d’une pareille différence. Même chose arrive pour le goître. J'ai connoissance de plusieurs cas où des préparations de l'iode prises à l’intérieur ont eu le plus grand succès dans certaines apparences des scrophules , telles que l’ophtal- mie, etc. J'ai employé dans les scrophules ma nouvelle méthode par frictions avec un succès presque égal à celui qu'on obtient par la solution saline. Cependant j'ai cru devoir donner la préférence à cette dernièré, parce qu'à petites doses elle est éminemment tonique (r). (x) J'essayai chez deux personnes de couvrir chez l’une un engor- gement scrophuleux chez l'autre un goitre, avec un emplâtre, composé de quelques grains d'hydriodate de potasse mélé avec 326 MÉDECINE Un médicament qui manifeste une action si puissante sur Îe système lymphatique, n’aura=t-il pas des succès admirables lors que son traitement sera alterné avec celui du mercure, ou lors que l'inde combiné avec ce métal sous forme d'iodure, ou d'hydrio- date de mercure, sera administré dans les cas de syphilis com- binée avec les scrophules , complication , malheureusement trop fréquente chez la classe peu fortunée.des grandes villes , où la débauche est le plus souvent réunie à la plus affreuse misère ? le mercure cesse alors d’être le spécifique d’une ma- ladie dégénerée , et le traitement n’est plus que celui des symptômes; sans qu'aucun remède puisse atteindre le prin- cipe du mal. | | Ceite combinaison de l'iode et du mercure ne peut-elle pas aussi devenir la préparation la plus efficace dans ces cas , où suivant le savant auteur des maladies de la peau le virus siphi- litique d’un des parens, peut développer les scrophules chez leurs enfans ? (V. Albert, Descript. des mal. de la peau, fol. 226). Il existe une analogie très-remarquable par les consé- quences pratiques qu'on.en peut déduire, entre les lésions organiques des ovaires, et celles. du corps. thyroïde. Dans l'une et l’autre de ces lésions, une ‘enveloppe commune renferme des kistes dont chacun présente une nature et des pro= ductions bien différentes: telles que.des concrétions osseuses ou cartilagineuses, des épanchemens gélatineux, quelques-uns sanguins , d’autres purement lymphatiques ou séreux , ces derniers peuvent acquérir un volume considérable. Ayant observé quelques goitres,, dans le nombre infint de ceux que j'ai soignés qui me sembloient être assez évi= demment des kistes séreux et qui cependant avoient été lemplâtre de vigo et de mercure il survini une éruption de pustules semblables à celles produites par la pommade d’Authenrieth, ce qui m'a forcé de renoncer à son usage. guéris , U Notice SUR L'ADMINISTRATION DE L'IODE PAR FRICTION. 327 guéris ; calculant par-là l’action étonnante de ce remède sur le système absorbant, j'ai raison d'espérer que l'iode sera employé un jour avec succès dans quelques-uns de ces cas d'hydropisie, soit générale soit enkistée, sans com- plication particulière , où l'indication principale eest d'activer l'absorption. Que l’on se garde bien de croire cependant que je veuille faire de l'iode une panacée universelle , l'expérience de deux années sur plus de deux cents malades m'a prouvé que ce remède est un des stimulans les plus énergiques que nous connoissions du système lymphatique ; et la multiplicité des maladies dans lesquelles. je l'ai propos, telles que dans le goître , dans les scrophules, dans l'engor- gement des glandes soit du sein, soif ailleurs, dans quel- ques dégénérescenses, ou complication de la maladie sy- philitique, dans certaines affections de l’uterus , dans quelques cas d’hydropisie, soit générale ; soit enkistée , etc. cette mul- tiplicité, dis-je, n'est qu'apparente, puisque toutes ces mala- dies ne sont que des lésions du même système. Tout est neuf sur ce sujet, le médicament, le choix de la préparation , la meilleure manière de s'en servir, son mode d'action, les circonstances particulières du système, ou géné- rales ou locales , qui neutralisent ses. effets, qui les rendent si puissans , et celles où l'on doit s'en abstenir, il ouvre un vaste châmp aux recherches de la physiologie, et à celle de la | médecine-pratique ; mais je ne saurai trop répéter, cet axiôme si connu de Boerrhave ,.af prudenter a prudente medices si methodum nescis , gbsine, x ALAN: ,D.M. : FRE à PA … k. Seset Arts. Nouresérie. Vol. 16. N.0 4. Avril 18ar. Ÿ ( 325 ) CORRESPONDANCE. Le] Quarmième LerrRe pu Pror. PICTET À SEs CoLLABORATEURS. Florence, Février 182r. Pour observer la physionomie matérielle de Florence , il ne falloit que quelques heures, et moins de temps encore pour l'esquisser , comme j'ai tenté de le faire dans ma pré- cédente. Après deux mois de séjour, j'ose à peine hasarder quelques traits de son tableau moral. Toutefois, ceux qui caractérisent un peuple, sont les résultats de ses institutions ; et celles-ci sont des faits : en me bornant à les recueillir, je me tiendrai à l'abri de ces erreurs de jugemens , si com- munes chez les voyageurs; d’ailleurs, en indiquant ce qui m'a frappé comme nouveau ou singulier , je ne dirai encore qu'un fait, c'est que je l’ai vu ainsi; et je ne serois point surpris, (encore moins blessé) que d’autres voyageurs le vis- sent autrement; peut-être même à la longue, mes premières impressions seroient-elles diversement modifiées. Parmi ces impressions il en est une de tous les jours, et d'autant plus frappante et plus douce qu’elle est plus rare, par le temps qui court; c’est le plaisir d'entendre dans toutes les bouches l'éloge du Souverain. Cette habitude fut natu- rellement prise au temps de Leopold, dont la mémoire est à bon droit cherie et révérée ; en marchant sur ces traces, son fils est aimé comme lui; et ces sentimens d'affection , toujours réciproques , sont devenus en Toscane comme une QUATRIÈME LETTRE DU Pror. Prcrer À se$ Corragonar. 359 tradition, presque religieuse , et fondée sur une masse de souvenirs qui s'accroit avec le temps. Je viens de lire dans un journal étranger, (#2. tous entrent et circulent librement ici), journal qui s'imprime dans un pays assez voisin, quelques lignes qui me semblent peindre avec beaucoup de justesse l'esprit de celui-ci. L'écri- vain ne peut être suspect de partialité , car la Minerve’ na poliluine ne ménage guères les gouvernemens; et on sait aussi qu'entre les peuples, comme entre particuliers , les voi- sins médisent plus volontiers qu'ils ne flattent. Ce jugement que je vais traduire littéralement , me semble mériter une toute autre confiance que tels apperçus que je pourrois ha sarder. j | « De tous les pays de l'Europe, le plus tranquille et le » plus pacifique , au temps actuel, est la Toscane. Au mik » lieu dés mouvemens qui, partout ailleurs, âgitent les es= » prits, ses habitans conservent le calme le’plus heureux , » moins par apathie de caractère que par l'effet de la libé- » ralité du gouvernement et du bien-être dont ils jouissent. » Les lois et les institutions de Léopold, leur tiennent liew » de constitution; et, s'ils n'ont pas la liberté de dron, » ils l'ont au moins de fait. Le Souverain et le Peuple » s'aiment de bonne foi et sont à l'envi satisfaits l'un dé » l’autre; le ministère est plutôt accusé d'inettie que d'une » activité nuisible; mais on l'excusera plus facilement de » faire trop peu, qu'on ne l'absoudroit de faire mal. La ci- » vilisation a attemt en Toscane son plus haut terme en ce » qui concerne la culture du sol, la moralité, et les ma- nières ; mais on ne peut en dire autant du développe- » ment des idées; car il est facile de voir lorsqu'on observe » le peuple en masse , ‘qu'à beaucoup €'äménilé , dé bon sens , d'amour de l'ordre , et à une douceur de mœurs » qui rend les grands ‘crimes ‘très-rares ; il joint encore Y 2 330 CoORRESPONDANCE. » beaucoup de superstition, de paresse, et une absence t0- » tale d'esprit public (1). » ; Je suis d'accord avec l’auteur de l’article dans tout le bien qu'il dit des Toscans ; et je les absous d'une grande par- tie de ses reproches. J'admets que le peuple peut être taxé de superstition et de paresse , parce qu'on le voit chommer beaucoup de fêtes ; mais, à qui la faute ? et s'il ne les ob- servoit pas, établies comme elles le sont par l’autorité ecclésias- tique, ne seroit-il pas hors de la ligne du devoir, ligne dont le peuple ne sort guères à demi ? L'influence religieuse le contient salutairement ; car je ne saurois à quelle autre cause attribuer un fait qu'on m'a affirmé, savoir , que dans d'espace de dix-huit ans , il n’y avoit eu en Toscane qu'un seul crime capital, et encore, commis par un étranger. On ‘dit que les journaliers travaillent peu et mollement dans ce pays : certes, au prix moyen de 22 sols de France pour la journée de travail, peut-on en conscience exiger beaucoup d'un manouvrier ? Pour ma part, je ne vois en parcourant la ville, que gens occupés ; les femmes , les jeunes filles filent au fuseau ou tressent des pailles pour les chapeaux, chemin faisant. Je vois partout des métiers de tisserands en “activité, de belles étoffes de soie travaillées dans de chétives maisons qui forment des rues entières; et quelquefois dans des demeures, ou des réduits, qui dans d’autres villes n'of- frent que le spectacle dégoütant de l'indigence paresseuse ; je ne rencontre point de mendians, je ne vois point de fai- néans les bras croisés devant la porte d'un café; et quant au reproche de manquer d'esprit public, je ne sais ce “qu'est, ni ce que peut être l'esprit public du peuple dans une monarchie , dans laquelle la masse de la population ne doit être que passivement heureuse; or elle l’est en Toscane, en L (x). Minerva Napolitana 8.9 fascic. p. 374. QuaTRiÈME LETTRE DU Paor. Picrer À SES CoLLABORAT. 334 au plus haut degré, et l'auteur en convient. Quant aux classes instruites , l'esprit public y germe , et j'aurai plus d'une occasion d’en citer d'heureux fruits. Encore un mot sur la prétendue superstition : on sait que partout où elle existe elle a pour compagnes inséparables la bigotterie et l'intolérance. Or , un fait récent donne la me- sure de l'opinion actuelle en Toscane à cet égard. Un étran- ger , qui avoit rendu au gouvernement quelques services , vient de recevoir du Souverain ( quoique citoyen d'une répu- blique et Protestant) le titre de Conseiller aulique ordinaire, la croix de l’ordre de St. Joseph, et des lettres de noblesse Florentine pour lui et sa famille à perpétuité. Pour mettre quelqu'ordre dans ce que j'aurai à vous dire de Florence , il est bon de classer mes notes et mes sou— venirs sous quelques rubriques. — Institutions relatives à l’en- seignement, dans ses divers degrés; populaire, littéraire , scientifique ; enfin , dans les beaux arts. — Institutions de bienfaisance. — Théâtres. — Entreprises particulières qui méritent de l'intérêt. — Si je sors quelquefois de ces cadres ce ne sera jamais pour long-temps. Je commencerai par l'enseignement élémentaire. Au temps où nous vivons , il n'existe peut-être pas d'objet de médi- tation plus important que l'instruction populaire ; c'est un problème européen , et à la bonne solution duquel la mar- che générale de la civilisation est attachée. On me pardon- neéra si, avant d'arriver aux faits, je prends la question un peu haut; il le faut , pour qu'on s'entende. Le but de la Société est sans doute la plus grande somme de bonheur durable de ses membres : mais -qu'est-ce que le bonheur ? Je crois que, pour les individus comme pour les peuples, le bonheur est l'intérêt dans le calme : plus on réfléchira à cette définition , que nous devons à une femme d'esprit 33% CoRRESPONDANCE plus on la trouvera juste et complette malgré son extréme faconisme. | La réunion des deux conditions énoncées est de rigueur : le calme sans l'intérêt , est le bonheur du peuple chinois ; il n'est plus fait pour l'Europe : l’intérèt sans calme fut le mode d'existence des républiques d'ltalie dont notre éloquent Sismondi a si bien pemt les agitations, et que ces agita- tions même ont fait disparoitre. Mais si nous cherchons parmi nos contemporains un peuple chez lequel les deux élémens du bonheur soient réunis dans un degré plus marqué que chez les autres, nous le trouverons en Ecosse ; car , l’inté- rèt, dans la vie, provient du développement et de l'exer- cice des facultés morales , c'est-à-dire qu'ilest le résultat de l'instruction ; or, nulle part le peuple n’en reçoit une meil: leure qu'en Ecosse. Le calme comme ‘on le verra tout-à- l'heure , est l'effet naturel d'une instruction bien dirigée ; et nulle part on n'est plus tranquille qu'en Ecosse , politique- ment et civilement ; car c'est un fait bien connu; que nulle part des crimes ne sont plus rares. Le peuple ignorant est un animal aveugle , esclave de ses passions et de ses besoins, féroce quelquefois ; qu'il faut tenir à la chaîne de peur qu'il ne se blesse et ne se détruise lui-même; il la taille , il la mord, par instinct de liberté : mais, malheur à lui, malheur à ceux qui tiennent cette chaine si elle'vient à se rompre: : l'anarchie est là avec ses folies set ses fureurs. Mais , le peuple qu'on a pris soin d'éclairer dès l'enfance au degré approprié à sa destinée naturelle, à sa place dans l’échelle sociale ; le peuple qu'on a rendu moral, juste, religieux par habitude , et comme on lui a appris à marcher et à parler ; un peuple qu'on a moulé à l'ordre, à la subordination ; au travail ; qu'on a comme impregné de bonnes maximes dans l'âge où les impressions restent et:où le caracière se forme s Quaraième LETTRE DU Pror. Picrer 4 ses CorLasorar. 333 pour la vie; un peuple enfin, qu'on aura préparé à la grande Société par des institutions qui lui en offrent, en raccourci dans l'intérieur de ses écoles, le type et les combinaisons ; ce peuple dis-je, ainsi façonné , sera facile à gouverner, facile à maintenir heureux ; il sera particulièrement à l'abri de ces illusions dangereuses, dont les peuples ignorans et fainéans sont si facilement dupes et victimes , leurres que les agita- teurs démagogues savent si bien et si facilement rendre sé- duisans , et exploiter à leur profit. Une impulsion forte et irrésistible existe chez quelques na- tions d'Europe vers ces idées et vers le mode d'instruction populaire qui en est la conséquence. Que celles qui les re- pousseroient , par crainte des innovations, y prennent garde ; quand des embarcations remontent ensemble un fleuve, celles qui ne rament pas ne restent point stationnaires , elles rex culent. Au commencement de l'année 1819, six nobles de Flo- rence , vivement animés du désir du bien, éclairés par la lec- ture et par des voyages , pénétrés des mêmes principes que je viens d'exposer ; frappés enfin des avantages que procure à l'instruction élémentaire la méthode de l'enseignement mu- duel , et du parti qu’on peut en tirer pour l'amélioration de la morale publique , se réunirent pour faire jouir leur patrie de ce bienfait. L'un d'eux, le marquis Ridolf (1), dans un. discours prononcé le 3 janvier, à l'Académie des Georgo- philes , développa les avantages de cette méthode d'instruc- tion élémentaire , et annonça que : « considérant l'ignorance comme la mère de tous les vices ; considérant que la saine instruction engendre la vertu , et que tout bon citoyen doit Rule ns, Jia. nes. AA ENS CUS D EU (1) Le mème qui s'occupe, avec beaucoup de suite et de suceës , de physique et de chimie, et dont quelques Mémoires sur ces sciences ont paru dans notre Recueil. 334 CORRESPONDANCE ? se faireun devoir sacré de répandre les bonnes maximes dans toutes les classes du peuple, les fondateurs d’une école pri- maire d'enseignement mutuel à Florence (1) , offrent à ceux qui voudront souscrire, la faculté de désigner un ou plu- sieurs enfans comme élèves »....etc. Une honorable liste de 156 souscrivans fut formée en peu de jours d'après cette an- nonce , et 343 élèves admis à l'ouverture de l'école, qui ne put avoir lieu que quelques mois après, à cause des dis- positions préalables à faire dans le local, qui étoit une cha- pelle dédiée à Ste. Claire. En suivant l'ordre des temps, et non l'ordre fortuit de mes visites , J'aurois dü signaler la première l’école d'en- seignement mutuel fondée par le Comte Girolamo de Bardi (3) À de 3 décembre 1818, ouverte le 3 février 1819 et entretenue à ses frais depuis cette époque. J'y reviendrai tout-à-l heure, elle mérite aussi beaucoup d'intérêt. Une troisième école du même genre va s'ouvrir dans un quar- tier distant des deux premiers et formant avec eux un triangle presque équilatéral dans Florence , elle est fondée » et sera entreténue aux frais de la Société qui a établi la première ; ; quelques personnes riches et bienveillantes ont acheté le lo- cal par souscription , afin que cette école ne fût jamais dé- placée. Enfin, une quatrième, destinée aux jeunes filles , est fondée par une société, distincte des précédentes, et où l'on compte beaucoup de dames du premier rang ; six d’entre elles composent le Comité Directeur de cette école. Ces faits répondent suffisamment au critique napolitain, à qui on “pourroit à bon droit, reprocher d’avoir vu la paille dans (1) MM. Pucci, Tempi, Altoviti, Serristori, Tartini, et C. Ridolfi; tous membres de la Société des Georgophiles. (2) Directeur du Musée I. et R, de Florence. : Quarnièms Lerrar pu Pnor. Picrer 4 Srs CoLLaroraT. 335 l'œil de son frère. Ils sont aussi les indices de l'existence , dans ce pays , d'une disposition affiliée à l’esprit public , et fertile comme lui en heureux résultats. Je veux parler ‘de l'Esprit de Societé. Vainement une grande et utile pensée naîtra dans un cœur chaud ; si les moyens d'exécution man- quent, elle se flétrit et meurt là où elle est née. Mais ; si elle est accueillie par un nombre d'individus qui en fassent aussi leur pensée et qui s'unissent en faisceau pour la réaliser, non-seulement elle reçoit alors l'existence, mais, en prenant rang parmi les institutions , elle devient un être moral qui se perpétue et survit indéfiniment à l'individu périssable qui la conçut le premier. — Revenons à l'école de Ste. Claire, que j'ai visitée plusieurs fois et toujours avec une nouvelle satisfaction. Le nombre actuel des éleves est d'environ 200 , de quatre à douze ans. L'instituteur est un jeune ecclésiastique plein de zèle, de douceur et de moyens. Les principes et le mode d'enseignement m'ont semblé à peu près les mêmes que les nôtres ; division en classes ; inspection et instruction par des moniteurs ; manœuvres régulières en passant d'une oecupa- tion à l'autre, etc. mais j'ai rémarqué des perfectionnemens que je vais indiquer. Un élève choisi est chargé , dans chaque séance , d’intro- duire et d'accompagner les personnes qui visitent l’école. C'est une occasion de le former à la politesse et aux usages de la Société. D’autres élèves , dits énfirmiers sont chargés de visiter leurs camarades malades et d'en donner des: now- velles par écrit au maître, Le dessein linéaire est ajouté à l'enseignement de l'écri- ture, de la lecture , de l'orthographe et de l'arithmétique , dans la classe supérieure ; c'est la leçon qui plait le plus aux élèves , ils y font des progrès remarquables (1). ——— (1) On suit l'ouvrage de Mr. Francœur pour les écoles francaises , 336 CoRRESPONDANCE. à On leur enseigne aussi à chanter juste ; les manœuvres _de marche , et la prière d'entrée et de sortie, se font en musique : Rien de plus touchant que ces courtes hymnes chantées en chœur. Mais , une institution très-particulière à cette école, à ce que je crois, est celle d’un Jury d'élèves, qui prononce sur les fautes graves. Voici ses formes. Le maitre convoque dans l'occasion ce jury, en le com- posant toujours d'enfans de la classe de l'accusé , et de mo- niteurs , s'il est du nombre de ceux-ci, afin qu'il soit tou- jours jugé par ses pairs. Les membres du jury sont nommés moitié par le maitre, moitié par le prévenu. Après avoir in- timé le silence à tous les élèves, l’instituteur expose aux jurés la faute commise ; chacun d'eux donne son avis; le maître résume et prononce à haute voix l'opinion de la plu- ralité du jury. L'inspecteur général dresse le verbal du ju- gement et l'enrégistre dans un livre tenu à cet effet. J'ai extrait de ce registre les prononcés suivans. Je garde le se- cret des noms. .…N. de la troisième classe supérieure , et moniteur de la troisième , a manqué de respect en présence de la classe, au moniteur général. On a convoqué le jury de cinq mo- niteurs choisis par N. lui-même. Ce jury l'a condamné à demander pardon en public, à demeurer le reste du jour en pénitence au banc des insubordonnés; à être exclus pendant un mois de tous les honneurs; et en cas de réci- dive , à être exclus pour toujours de l’école. » Le jugement qui suit est plus sévère. . traduit en italién pour celles de Toscane par le Marquis Temp+, Vice-président de la Socté. Le Marquis Capponi, membre du Comité, a publié un excellent écrit sur la méthode du P. Girard, de Fribourg, et le Chev. Incontri une traduction de la méthode de l'abbé Gautier pour l'instructiou des enfans. Quarrième LETTRE DU Pror, Pieter a s£s CoLLABORAT. 339 »...F. et N....frères , l'un et l’autre de la classe su— périeure , ont été accusés d'avoir parlé avec peu de respect de l'école et du maître, et d'insubordination continuelle à l'égard ides moniteurs; on a entendu douze témoins à charge, et.on a convoqué le jury composé de cinq élèves choisis par les accusés. Le jury après avoir entendu la lecture de deux sentences antérieures contre ces mêmes delinquans P des 8 et 2 novembre, d'après lesquels ils devoient -être expulsés de l'école en cas de récidive, confirment ,cette .sen- tence d'expulsion. On a invité à trois reprises, ceux des élèves qui auroient quelque chose à alléguer en faveur -des coupables, à prendre la parole ; personne ne s'étant pré- senté , la sentence. a été prononcée et. de suite exécuiée ; les condamnés sont, sortis, de l'école pour n'y plus rentrer. » J1 me semble que cette institution est bonne : elle, tend à renforcer et à régulariser cet-instinct de justice qu'on re- marque chez presque tous les enfans ;-elle leur inspire un grand respect pour la vérité ; elle les accoutume à ne pas accuser et juger à la légère; et sans des formes protectrices de l'innocence ; enfin, et c'est son avantage principal , elle dispense le maitre de la pénible fonction de juge dés de- bts graves, et elle le met à l'abri de ce soupçon de passion ou de partialité , qui plane:toujours sur lui dans l'ecole quand il est appelé à punir. 1 -Ces établissemens sont sous la direction générale d'un Co- mité auquel j'ai eu l'avantage d'assister , en qualité de membre honoraire , et où j'ai entendu plusieurs Rapports pleins d’in- térêt. Ce Comité est en correspondance avec une vingtaine au moins, d'associations formées dans diverses villes et ,bourgs de la Toscane pour l'encouragement de la méthode d’ensei- gnement mutuel , et l'ouverture d’ecoles d’après les principes de celles de Florence considérées comme normales. Dans plus d'une occasion, des membres du Comité se sont transporiés 338 CoORRESPONDANCE. dans ces villes lorsqu'ils'y étoient demandés, pour y ouvrir en personne les écoles nouvelles. Récemment, aucun d'eux n'ayant pu se déplacer, on se borna à envoyer à Pescia,. où il s’agissoit d’en établir une , six moniteurs choisis dans celle de Ste. Claire ; on les expédia dans une diligence , en s’en reposant d’ailleurs sur leur prudence et leur savoir faire. J'ai entendu le rapport de leurs opérations ; ils s’en sont tirés à merveilles. » MM. (dit le chef de ces petits mission- naires, en s'adressant au Comité qui les reçut à l’arrivée), vous nous trouvetez bien jeunes , et moi surtout , pour rem- plir la tâche dont nous sommes honorés ; mais vous pren- drez peut-être quelque confiance en apprenant que l'école de Pescia ne sera pas la première que j'aurai organisée, et que j'ai à cet égard plus d'expérience que mon âge ne pourroit le faire croire, etc. Effectivement , ils ont très bien réussi, et ils y sont en- core en office au moment où j'écris. | Chaque année la Société entière se réunit pour entendre les rapports de ses officiers sur les progrès de l’enseigne- ment élémentaire. J'ai eu aussi le bonheur d'assister à éette assemblée; le marquis Tempi la recevoit dans sa belle de- meure ; et cette réunion d’un nombre considérable d'individus des deux sexes et de la première noblesse de Florence , dans le but de favoriser et d'améliorer l'instructiof de la classe indigénte , étoit à mes yeux un fait caractéristique, et d’un grand intérêt. Le Président (le marquis Pucci) ouvrit la séance par des considérations générales et pleines de justesse sur les avan- tages de l'esprit d’association ; il les montra non-seulement en théorie, mais il les fit ressortir par des exemples frappans. Le marquis Tempi prit ensuite la parole, et retraça briève- ment l'historique des travaux du Comité pendant l’année, et des améliorations introduites dans la méthode et le régime de la classe normale. « Heureuse, (dit-il) la société humaine, QuaTRiÈME LETTRE pu Pror. Picrer À SES COLLOBARAT. 339 » si la divine lumière de la vérité peut une fois dissiper les » ténèbres que les partisans de l'ignorance et des préjugés » veulent entretenir dans les classes inférieures ! Alors, on rendra » justice à nos vues ; alors tous les pères de famille enver- » ront avec confiance leurs enfans dans nos écoles, persuadés, » qu'une méthode facile et simple, tendant à. faire entrer » ensemble dans la tête et dans le cœur des enfans l'ins- # truction primaire , et la morale , qui s’entraident naturel- » lement, est la meilleure et la plus raisonnable des méthodes » à employer dans l'éducation du peuple. » Le marquis Ridolfi, l'un des secrétaires, esquissa à grands traits l'historique de la Société depuis sa fondation, après avoir loyalement accordé au comte Bardi, le mérite d'avoir le premier réalisé l'enseignement mutuel à Florence. Il retraça brièvement la série des progrès de la Société , depuis l’époque où, composée de six membres seulement, elle avoit ouvert une petite école, jusqu'au momemt où, devenue nombreuse et forte, elle agrandit son établissement à proportion, et le rendit enfin rormal, c’est-à-dire propre à former: des moni- teurs; alors , elle prit le titre et lés fonctions de Société pour l'encouragement de l'instruction élémentaire; et > après avoir publié quelques feuilles de Notices sur Les progres de la mé- thode d'enseignement réciproque , elle va entreprendre un Jour- nal d'éducation, dont il paroîtra un cahier tous les deux mois (1). Il annonça, que la Société alloit faire frapper . une médaille destinée à récompenser ceux qui se distingueront dans l'honorable carrière de l'enseignement; enfin, il fit mention honorable de tous ceux d’entre les membres de la Société qui ont concouru à ses travaux et à ses progrès en publiant des ouvrages en rapport plus ou moins direct avec l'objet dont elle s'occupe. Tels sont MM. Tartini ; mm, (x) Chez Piatti libr. à Florence et chez les autres libr. de Toscane, 840 CoRREISPONDANCE. Ç Capponi, Inconmi, Riccardi, et le M. de Ridolfi lui-même, à qui l’on doit des Notices sur divers élablissemens d'instruction qu'il a visités en France, en Suisse et en Îtalie. Mr. Tartini secrétaire spécialement chargé de la corres- pondance, prenant la parole, signala un à un les nombreux établissémens d'instruction élémentaire que cette année a vu paroitre en Toscane , les uns fondés par des sociétés, d’autres par des particuliers, et tous modelés sur l’école mère de Florence. Il jeta un coup-d’æil rapide sur les prodigieux résultats obtenus dans l'enseignement mutuel en France , dans le nord de l'Europe, et particulièrement dans les Iles Bri- tanniques où, 450,000 individus fréquentent les écoles d’An- gleterre, 180,000 , celles d'Ecosse, et 80,000 celles d'Irlande, En Afrique, en Amérique , aux iles françaises, et Anglaises, aux Indes, et jusqu'au fond de la Sibérie, l'instruction éle: mentaire est en honneur , et la méthode réciproque en pleine activité. Il termina en. votant de la part de la Societé des remerciemens solemnels à quelques. sociétés, ou individus, qui se sont éminemment distingués par leur zèle et leur activité dans l'établissement des écoles en Toscane, et partis culièrement aux Dames de Florence pour leur empressement généreux à fonder et diriger.uné école élémentaire en faveur des jeunes personnes du sexe. Ces rapports furent écoutés avec un intérêt tonjours croiss sant. Îl se développe, dans ces réunions nombreuses pour des objets de bienfaisance ,: une influence de philantropie rapide et entrainante, une sorte d'électricité morale, qui ré- chauffe le cœur, et qui inspire etiallège tous les sacrifices: À peine enut-on cessé de parler, que je vis deux étrangers € dont l'un Anglais ) assis pres de moi, souscrire, l'un pour cent francs, l’autre pour cent-vingt ; à la caisse de la Societé pour l'établissement de l'école des jeunes filles. J'ai été long-temps sur ce sujet; et il s'en faut que j'aie tout dit. Prenez haleine. QuATRIÈME LETTRE DU PROr. PiCTET À Ses CoLrABorAT. 341 L'école du comte Bardi, que j'ai visitée deux fois, m'a offert des particularités très-intéressantes. On y reçoit environ deux cents enfans, tous des classes inférieures de la popu- lation, et ils ne sont admis qu'avec le certificat du curé de la paroisse , d'une indigence dont, chez lal plupart, leur ex- térieur fait foi. Le local est vaste ‘et bien aëré; il y auroit place pour um nombre d'enfans double. —On emploie, pour enseigner à connoître les lettres de l’alphabet un procédé mécanique qui n'en montre qu'une à la fois : c'est une roue, ou rondelle qui les porte toutes, et qu’on fait tourner derrière une petite ouverture qui ne laisse paroître qu'une lettre. Ce petit jeu mécanique fixe les regards de l'enfant; et l'espèce de loterie que présente l'apparition de la lettre attire son attention. On enseigne les quatre règles de l'arithmétique aussi par un procédé mécanique fort ingénieux et simple, mais qui seroit trop long à décrire. Il est indiqué en détail dans a! l'un des: petits ouvrages que le C. Bardi à publiés à l'usage de son école, et que je vous apporterai. C'est à un étranger ( Mr. Mulhousen, Suisse ) qu'il a dü cette invention , ainsi que plusieurs des procédés pratiques qui lui ont abrégé des tâtonnemens dans l’origine, et qu'il a ensuite perfectionnés. — Chaque enfant est désigné dans l'école par un numéro d'ordre ;, et à la fin de chaque séance un moniteur lit à haute voix les numéros qui ont mérité les titres de bons et de mauvais. Chacun entend ainsi son propre jugement sans que les autres le connoissent. Une demi douzaine de moniteurs inscrivent de suite sur un grand livre le résultat de cette espèce d'appel journa- Ber, par un simple signe ajouté au numéro de l'élève ; ce livre est compulsé deux fois l’an, et sert de base à la dis- tibution des prix , dont j'ai été temoin; ces prix sont des livres » des coupons d'étoffe de quoi faire un surtout ; et 342 CoRRESPONDANCE. 10 pour ceux. qui ont montré des dispositions à l'écriture , le prix est l'entrée gratuite à des leçons de dessin et de calligraphie que donne un maitre hors de l'école. Ceux qui ont obtenu cet avantage sont tenus d'envoyer de temps en temps à l'école, des échantillons de leur écriture , qui font foi de leurs progrès et sont affichés contre les: murs comme modèles, et encouragement, pour les élèves. — Cha- que enfant à une feuille de semaine à montrer à sesyparens le samedi , sur laquelle ses progrès et sa conduite sont indiqués. Elle est en cinq colonnes ; lecture ; écriture ; arithmétique ; conduite ; division ou classe de l'élève. La distribution de prix fut précédée d'un examen, au quel j'assistai , avec d’autres curieux, et où nous fumés, non-seulement témoins , ‘mais acteurs ; c'est-à-dire invités À interroger nous-mêmes les élèves sur ce qui avoit fait l'ob- jet de leurs lectures pendant l’année, ( ouvrage dont jé par: lerai tout-à-l'heure ). Nous fumes tous agréablement surpris de la justesse, de la précision de leurs réponses. Tous ceux des enfans qui étoient à portée d'ouir la question s’em- pressoient de répondre , avant presque qu'elle eût été artic culée ; avec une vivacité et une apparence de plaisir, qui “montroit combien ils étoient sûrs de leur fait. Je viens à l'objet de l’enseignement. Le comte Bardi a publié, à l’usage de son école, un petit livre divisé en trois parties. La premüère, est un simple syabaire , d'abord exclusivement ‘italien , destiné aux pre- miers élémens de la lecture ; et ensuite latin, pour Ja lec- ture des prières que font en cette lañgue les catholiques. La seconde est intitulée, Leclures élémentaires pdur lès. enfans ; la troisième , un Catéchisie historique , où Abrégé d'histoire sainte , très-bien fait. © PP. ee La seconde partie de l'ouvrage est à mon gré ‘une heu- HAUT pétée LE Quarnième LerTrRE pu Por. PicrEeT A ses CoLasonaT. 34% reuse conception , réalisée avec beaucoup de talent, et de succès , à en juger par les réponses des élèves. L'auteur , persuadé avec raison , que la religion est le fondement de la morale ; et que la base de toute religion est la persuasion intime de l'existence d’un Être créateur et conservateur de tout ce qui existe, a spécialement des- tiné cette portion de son ouvrage à produire dans la tête de l'enfant une conviction de l'existence de Dieu en quel- que sorte iutuitive, et telle qu'elle ne püt jamais sortir de son esprit. A cet effet , au lieu de lui parler d'entrée d'un Étre- Suprême et de ses perfections , comme on le fait dans les galéchismes ordinaires, peut-être sans avoir assez d'égard à la foi- blesse du premier âge ; l’auteur parle à l'enfant de sa propre personne ; il lui fait remarquer ce qui le distingue des animaux; illui développe graduellement, dans une série très-bien calcu- lée d'instructions populaires, toutes à sa portée, toutes intéres- santes, les miracles de l’organisation végétale et animale , ceux de la civilisation ; de la culture; enfin, toute l’œuvre de la création ; il montre partout, les fins , et les moyens admirablement combinés. Et c'est quand l'intelligence et læ mémoire de l'enfant sont bien remplis de tous ces faits, formant, pour le dire en passant, comme un cours d’études naturelles ; alors que cet enfant éprouve, comme le besoin, de trôuver une solution à cinquante pages d’énigmes qui tiennent du prodige, c'est alors, dis-je ( et alors seule- ment ) qu'il lui parle en ces termes : , «Qui peut avoir créé un être aussi admirable que l'homme, supérieur à tous les animaux par les qualités de son corps, et qui les surpasse autant, par celles de son ame ? Qui lui. a donné la faculté de connoitre et de juger? Qui a pu, prévoir ses besoins, produire ce qui pouvoit les satis- Sc. et Arts. Nour. série, Vol. 16, N.° 4. Avril 18217, Z 344 CoORRESPONDANCE. faire, et l'environner de tout ce qui pouvoit le rendre heu« reux ? Qui lui a soumis le robuste taureau , le fier cheval, le chien hardi et fidèle ? Qui lui a soumis toutes les créatures ?... Qui a pu faire tout cela, sinon un Etre qui avoit une science assez profonde pour connoître d'homme et tous ses besoins , comme aussi les qualités et les pro- duits de la terre; un Être qui pdt et qui voulit donner aux animaux , aux plantes, et aux minéraux les qualités nécessaires pour satisfaire aux besoins et aux jouissances de Tl'homme ? » »Ce même Être , qui a créé l’homme, les animaux, les plantes , la terre elle-même , et le ciel, est le seul qui pût pourvoir par des moyens aussi merveilleux à tout ce qui pouvoit être utile ou nécessaire à l’homme , et qui pût le douer des nobles qualités qui le distinguent. Cet Être est le créateur de l'univers; tout existe par lui; et l’homme l'a appelé Dreu ; il est le père de l'homme , puisqu'il l’a créé , puisqu'il lui donne les moyens de subsister sur cette terre... etc. Ici l’auteur expose les perfections divines , telles que l'enfant peut, et doit les déduire immédiatement , et comme nécessairement , de tout ce qu'il a appris sur les richesses de la création, et sur l’admirable ouvrage , qui force à admettre un admirable ouvrier; et il termine par cet acte d’adoration , si naturellement provoqué par tout ce qui a précédé, et qui ouvre ces rapports de la créature au Créateur qui’seront ensuite entretenus par la prière. « Dieu tout sage et tout bon! Tout puissant et juste; combien ne devons-nous pas être reconnoissans de bienfaits si multipliés ; de nous avoir créés pour un bonheur éternel, si nous savons nous en rendre dignes | » » Nous'ne sommes que néant en présence de Votre Ma- jesté infinie, mais vous avez daigné abaisser jusqu'à nous QuarTRiÈME LETTRE DU PROr. PiCTET À ses CoLraBoraT. 345 vos regards paternels. Vous nous demandez de vous aimer; eh ! comment pourrions-nous ne pas le faire ? Et puisque sans vous nous ne pouvons rien de bon, daignez éclairer notre ame, pour lui faire connoïitre ce qui est bien , et dirigez notre cœur dans le chemin de la vertu. » Je ne crois pas quil puisse exister de méthode plus logique à la fois et plus impressive , pour amener l'enfant à l'idée d'un Dieu créateur et conservateur et la fixer dans son esprit, que celle que renferme ce petit livre ; et cette méthode est d'autant plus supérieure à la nôtre , qu'en même temps qu'elle forme l'enfant aux sentimens religieux, elle meuble sa tête d'un nombre très-considérable de con- noissances utiles, et dont l'application se présente tous les jours ; et elle lui donne l'habitude d'observer, et de ré- Héchir sur ce qu'il voit autour de lui. Maintenant, je m'adresse à tel partisan de l’obscurantisme que je suppose de bonne foi (il peut y en avoir}: je ets, d'une part, un nombre donné d’enfans du peuple, qui auront appris dans les écoles que je viens de décrire, à lire, écrire, chiffrer, mesurer, qui se seront formés à l'ordre , à la subordination; au travail , aux sentimens re- ligieux ; et dont la tête et le cœur seront remplis des maximes dont j'ai donné quelqu'idée. Je mets, d'autre part, un nombre égal de ces petits, fainéans indociles et indisci- plinés qui fourmilkent dans les écoles ordinaires , qui n’y apprennent rien, et deviennent, pour la plupart, de ‘grands vauriens. Je suppose ces deux assortimens populaires arri- vés à l’âge d'hommes, et mis à l’epreuve des circonstances du besoin , par exemple ;-des passions politiques ; d’agita- teurs , intéressés au désordre et qui cherchent des auxi- liaires dont ils feront des dupes... Je demande, lequel de ces deux groupes résistera le mieux à la séduction ; dans 346 CORRESPONDANCE. lequel un souverain choisiroit-il de préférence des sujets? Reste-t-il un doute (1)? Mais, ce dont vous ne doutez guères , mes chers amis, ni moi non plus, c'est que je m'oublie en vous écrivant. Je finis ; plus faute de place que de matières ; adieu. (1) « Gratum est quod patriæ civem populoque dedisti, » Sé facis ut patriæ sit idoneus, utilis agris, » Utilis et bellorum, et pacis rebus agendis. » EE DC ER SANTE 77 UP PRESS CULOTTE SP ER ERRAT A. Page 100 , ligne 13. les RR. PP. Jaquier et Le Sueur, Jésuites , lisez, étoient de l’ordre des minimes : 178, 15. le dessein, Zsez, le dessin Ibid. 21. du calorimètre C. Effacez C Tbid. 22. au fil conjonctif z7r, lisez, zc 182. 11. on soupconne, l/sez , on soupconna 184. 13. Mode desquelles, lisez, mode d’action desquelles 186. 23. un triangle isoscèle , Lisez , presqu'isoscèle- 191. 2. (en remontant) -+=, lisez, = 21! 2. (en remontant) ne profita, lisez, ne profite 2x5. 2. au produit, Æsez, aux produits | 216. Bb. Secbak , lisez , Seebek Ibid. 6. métaloïdes, lisez, métalloïdes 218. 12. indépendamment , lisez, en conséquence ô 2920. 3. Sous le titre, ajoutez , ( Extrait communiqué.) 245. 8. Borgo San Domino, lisez, Borgo San Donino 252. 6. j'aurai cru ; Lisez, j'aurois cru 203. 3. (en remontant) trace, Zsez, tracé KT 2 4 TABLE DES ARTICLES DU SEIZIÈME VOLUME, NOUVELLE SÉRIE» de la division , intitulée Scrnnces ET ARTs. ra A Te Re A/S EXTRAITS. A AL LS PE LS RAS HISTOIRE DES SCIENCES. Exrrarr du Discours prononcé par Sir H. Davy à l'ouverture de la séance de la Société Royale de Londres, , dans laquelle il en- troit en fonction de Président. .... RU ee Acte à En | ASTRONOMIE. Observations de la comète actuelle, faites à Florence....... ÿ 17h , BIOGRAPHIE. ES - Vie et commerce littéraire de Galileo Galilée, par G.B. Clément "‘De. Nelli, Sénateur de. Florence. (premier ext.)...,...... 3 Idem. ( second ‘et dernier. extrait.)......,...,...4...... 79 L . PHYSIQUE. : Hauteur de l'Observatoire de Paris sur l'Océan » par Mr. Lors , Ingénieur-Géographe . .... ODODOPPECETEE ss eine oieste stars: AA Expériences électro-magnétiques, faites à Florence par le Prof. Gazzeri, le Marq. Ridolfi, et le Chev. Antinori....... «107 Sur lelectro-magnétisme par le Dr. Buch, à Francfort...... 119 Expér. sur certaines modifications du calorique dans l'appareil voltaïque , faites à Florence par le Prof. Pictet...... ue 21 TD Résultats de la comparaison des hauteurs moyennes barométri- ques observées à Genève et au St. Bernard, etc. par MM. Pictet ét Evaatdfpns dont on ina. lt Mtiondte 10 m9 € 0100 0508 186 348 TABLE DES ARTICLES. Sur l'électro-magnétisme par Mr. Schweigger à à Halle ...... 197 Notice sur quelques expér. électro- -magnétiques , par le Prof. De La Rive see peu ierpeisan « sonne cotere ve code le ce Je 20 Collection des œuvres de Volta, par le Chev. Antinori......270 Exposé sommaire des divers Mémoires lus. par Mr. Ampère à l'Acad. Roy. des Sci. de Paris, sur l’action mutuelle de deux courans électriques et sur celle qui existe entre un courant élec- trique et le globe terrestre ou un aimant..............,209 MÉTÉQOROLOGIE. Sur ls mouvemens du baromètre à Berlin, par Léopold De Buch. 35 Suite des extraits des observations météorol. faites à Joyeuse en 1820 par Mr. Tardy de la Brossy .................. 204 Tableau des observ. météorol, Janvier 1827. après la page..... 78 | Février , après la page........174 TETE, Mars, après la page..........262 Avril, après la page. RE EAU PHYSICO-CHIMIE. Répétition des expériences calorico - voltaïques, faites le 20 février, le 7 mars suivant : à Florence, avec le grand ap- pareil que Mr. le C. G: Bardi a fait construire, et consi- dérations sur les résultats de cette recherche, par le Prof. Ë Pictet....... er Ain | ai mall en auatun?. à loft 086 Description d'un grand appareil voltaïque à auge de cuivre et des expériences électro-magnétiques exécutées" dans le Musée Impérial de Florencé, par MM. Gazzeri, Antinvri et De Bardi. : _Rédigée par ce dernier ( avec fig.)................... ..296 CHIMIE. Description d’un perfectionnement dans l'appareil de Woutfe.. 122 Mémoire sur la combinaison de l’oxigène avec l'eau, par Mr. né, 2490 Mipiaies. ob .enaabedt aa eds RD Sur la composition et les propriétés de deux nouveaux composés de chlore et de carbone. Par Mr. Faraday, Démonstrateur de chimie à l’Institut Royal de Londres ................... 207 Traité élémentaire de chimie générale, par le Prof. Gazzeri... 214 L TABLE DES ARTICLES. 349 MÉDECINE. Nouvelles recherches sur les effets de l’iode, par Mr. Coindet D. M. 14a Notice sur l'administration de l'iode par friction, et de l'appli- cation de ce médicament dans les scrophules et quelques ma- ladies du système lymphatique, par le mème............320 BOTANIQUE. Traité élémentaire de géographie botan. , par A. P. De Candolle. 220 HITOIRE-NATURÉLLE. Notice sur une vipère présumée d'espèce nouvelle, par Mr’ Reno Sete D, MSA NS AR AN, LOU Ar "400 PHYSIOLOGIE. De l'égalité numérique des deux sexes dans l’espèce humaine, par C. W. Hufeland, Médecin de S. M. le Roi de Prusse. (second'et dernier extrait}, .......... une ose ses.sc. 02 MÉLANGES. Notice des séances de l’'Acad. Royale des Sciences de Paris pen- dant les mois de Juillet et Août 1820 ..... desire basse 298 NÉCROLOGIE. nee de eo ce pot de ns RO CORRESPONDANCE. Lettre du Prof. Configliacchi au Marquis Ridolfi sur les expé- riences voltaico-magnétiques............ Écosse fee iT A Lettre du Marquis Ridolfi au Prof. Pictet sur une expérience voltaïico-magnétique, ete............ se 20 0 ITS RS EE Seconde lettre du Prof. Pictet à ses Collaborateurs........ 153 D 7 Tr onsième lettres. 0... .... us us viole cs ee eloie Rs Tdem. Quatrième lettre......... airs 0 ete URI S LA I TRS mom sp doi Saba e des à se DR ee 0 oo ce à APR LE RENR UE . Fin de la Table des Articles contenus dans le volume seize, de la partie intitulée : SCIENCES ET ARTS. TA 2 SA LE sua ne is pur ee « 100 TRER LA ti fur ve Mu à Moi Ke Aron x 4 WA ER rs tof EE A ATEN # Lr= # dns " ofe sllobra) a T À h aq, € aarod siAqetèeds of nl à * EXIAE te wi LA 7? « are Mr diet re Up seb het be LE EST ETES EME AT e RITES pts “1: 189