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Les soussignés déclarent que les Exemplaires non revêtus de leurs signatures seront réputés contrefaits.

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DE l'imprimerie DE PLASSAN, RUE DE \AT GIRARD, N" l5, DERRIÈKE l/onKON.

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BIOGRAPHIE NOUVELLE

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DES

CONTEMPORAINS,

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DICTIONNAIRE

HISTORIQUE ET RAISONNE

DE TOL'S LES KOMMES QUI, DEPUIS LA RÉVOLUTION FRANÇAISE, ONT ACQUIS DE LA CÉLÉBRITÉ

PAR LEURS ACTIONS, LEFRS ECRITS, LEURS ERREURS OU LEURS CRIMES,

SOIT EN FRANCE, SOIT DANS LES PAYS ÉTRANGERS;

Précédée d'un Tableau far ordre chronologique des époques célèhres et des èvéne- mens remarquailes, tant en France qu'à l'étranger, depuis lySy jusqu'à ce jour, et d'une Table alphabétique des assemblées législatives, à partir de l'assetnblée 'Constituante jusqu'auas dernières chambres des pairs et des députés.

Par mm. A. V. ARNAULT, ancien membre »e l'Institut; A. JAY; E. JOUY, DE l'Académie française; J. NORVINS, et autres Hommes de lettres, Magistrats et Militaires.

ornée de 3oo portraits au burin, d'après les plus célèbres artistes.

TOME SEIZIÈME. PAN I— POP

PARIS,

A LA LIBRAIRIE HISTORIQUE, HOTEL D'ALIGRE,

RUE SAINT-HONORÉ, N" 1^3. 1824.

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NOUVELLE

DES CONTEMPORAINS.

P^ PANIS (N\), ilépiiU'î de Paris, A la coiivcîitioii n.'îlionîile, dain le Pcrif^ord, élail venu jeune ache- ver ses ctiuk's et «e taire recevoir avocat à Paris. A Tépoqne de lu révolution en 17H9, il éiait un tics mcinl)res les moins connus i]\) barrian delà 1 apilale. Mais l'a- vocat sans cause et sans renoiîi- mée au parlement, se crut destiné à jo'er un grand rCde coaiime dé- fenseur (le la cause populaire, et 5e lança avec longue dans l'arène politique. Panis acquit bientôt une célébrité qid date, malheu- reusement pour lui, des horribles journées des 2 et 3 seplend)re J799,. S'il n'en lut point le pr.o- Inotenr, ni un des auteurs, comme on rainjusleir>entavarK;é,annioins :j'en rendit-iH'apologiste. Jusqu'au 10 août il avait été peu question de lui, quoiqu'il fût devenu le beau- frère du brasseur Santcrre, qui exerçait déjà une giaude in- îluencc surle peuple desfaubourgs, avant d'êtrenommé commandant- général de la garde nationale pari- sienne. Panis avait figuré, ilil-on, à la lêJe des rusicmbleiricns qui se

T. V VI.

PANI

portèrent aucliâlean des Tuileries dans la matinée du 10 août; ce qu'il y a de plus certain, c'est que, lorsque le succès de celte ré- volution fut assuré, il en profita un des premiers. Dans la nuit du 1 I au 13, il s'installa à l'HAteN de-Ville, en qualité de membre de cette commune monstrueuse, qui, inopinément, sans élection popu- laire,usurpant tous les pouvoirs, se constitua de sa propre autorité, el chassa les véritables représentans des citoyens de Paris. Lii nouveUn municipalité choisit bientôt dans son sein une commission compo- sée de démagogues des plus vio- lens, et à laquelle elle donna ht nom (.'q Comité de salut-public. Panis en fut nommé membre, el signa en cette qualité, avec Marat, Jourdhcuil, Duplain, Sergent, et quelques autres, l|épou vantabir: circulaire envoyée dans tous les déparlemens, pour rendre comp- te des massacres des 2 et 5 septembre, et pour engager le- autres communes de la France a imiter l'exemple donne par celle de Paris. Il y est dit : « que de?

"Conspirateurs féroces, détenus ))(]ans les prisons, ont été mis à » mort par le peuple; que cet acte "de justice avait été jugé nécessaire «pour retenir par la terreur ces siégions de traîtres cachés dans ))les murs de Paris» au moment »où le peuple allait marcher à «l'ennemi; et sans doute la nation «entière s'empressera d'employer »cc moyen si nécessaire de salul- )) public, et sans doute tous les «Français s'écrieront comme les «Parisiens : Marchons à l'enne- nmi, mais ne laissons pas derrière «nous ces brigands, pour égorger «nos enfans et nos femmes.... » Au lieu de l'effet que les signatai- res de l'adresse s'étaient promis, un cri presque général d'indignation et d'horreur, s'éleva dans la Fran- ce entière et au «ein de la conven- tion même, contre les provoca- teurs de cttte Saint-Barthélemi politique. Panis eût bientôt voulu laver de son sang, le nom qu'il avait apposé à cette exécrable circulaire, mais l'empreinte en est restée ineJTaçable, et au moins les crimes politiques de septembre 1792, n'ont-ils|>oint trouvé d'apo- logistes parmi les historiens, com- me en ont eu les crimes religieux du mois d'août 1572. La terreur qui s'était emparée d'une foule de ci- toyens hormêtes de la capitale, et qui laissa le champ libre à quelques démagogues forcenés , contribua puissamment ù l'élection de Pani.-», qui fut nonmié député A la con- vention. Il se fit peu reniarquer à la tribune, et ne jtrit guère lu parole que pour repousser les vi- ves sorties de quelques-uns de ses collègues, et particulièrement des membres de la députatiou de la

PA\

Gironde, qui ne cessaient d'atta- quer les égorgeur»- de septembre et de demander leur mise en juge- ment. Dans le procès du roi, Panis vota pour la mort, contre l'appel au peuple et contre le sursis. II de- vint ensuite , pendant quelque temps, membre du comité de sûre- té générale, et parut dévoué à la fac- tion de Robespierre, jusqii'à l'épo- que où ce derniei fit condamner à mort Danton. Panis se rangea dès-lors parmi les adversaires de celui qui menaçait de décimer la convention, et prit une part active aux événemens du 9 et 10 thermi- dor an 2 (37 et 28 juillet i794)- Dès le 8, il avait courageusement interpelé Piobespierre , encore tout-pui.-sanl, le sommant de dé- clarer s'il l'avait aussi porté sur la liste des proscrits. Dans la journée du 1" prairial an 5 (20 mai 179.5), ii tenta de défendre les chefs de.) insiu'gôs, dont la con- vention venait d'ordonner la mise en accMJsalion ; mais il ne put parvenir à se faire écouler, et l<i 7 prairial suivant (27 mai), ayant encore voulu parler pour la dé- fense de son ami, le député Lai- gnelot, Panis fut lui-même décré- té d'arrestation. On lui reprocha son adhésion aux massacres de septembre ; il protesta vainement de la pureté de ses intentions, vanta son humanité et ses vertus, invoqua Dieu, et p;nla quel- que teujps comme un homme en délire. Un de ses collègues, Auguis, dont il implora le témoi- gnage, et qu'il appela son ami, s'écria Point d'amitié avec lu «colporteur d«? la mort. «Arrê- té à la sortie de la séance, Panis ne lecouvra »a lii)Ci'lé qu'api è-r

Il

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l'aministietlu :\ brumaire an 4 {'^^ octobre 1795). Il a été employé depuis dans l'administiatiou des hospices de Pari.'î. Il était resté pauvre au milieu des troubles et des spoliations de celte époque, et on ne l'a, du moins, jamais accusé de s'être approprié les dépouilles des proscrits. Il a même rendu quelques services individuels, et n'était point inexorable envers les infort unes qui s'adressaient directe- n)ent à lui. On l'a souvent enten- du déplorer le malheur descircons- tances où il s'était trouvé, et sur- toul(quoiquecene fût pas le mot propre) le malheur de s'être laissé entraînera jouer un rôle en 1792. «.Je n'ai été, s'écriail-il, qu'un ci- ntron dont on a exprimé le jus, et «qu'ensuite on a rejeté; cependant «j'ai fait quelque bien et empêché beaucoup de mal. «Cette faible compensation ne sera point admi- se par l'inflexible postérité, et les saiin;lantespagesdenos annales qui retracent les forfaits de septembre, n''cn peuvent être arrachées. Panis s'est depuis lonf;-temps retiré de la scène politique, il n'aurait jamais paraître. Une biographie étrangère l'attache à toutes les po- lice* secrètes qui se sont succé- dé sous les divers gouvernemens de la France jusqu'en 1816, et le fait encore exister dans ce paya avec une l'ai!)le pension : ces faits ne sont nullement prouvés. Il est plus probable, ain!<i que l'ont an- noncé quelques fi;uilles publiques, (ju'il est sorti de France en 1816, et qu'il s'est élal)li en Italie. PANNKTIER DK VALDOTTE

(l.E COMTE CLAt'HE-i>lARIU-J0SEPH),

Miaréchal-de-camp , dans le Dugey, embrassa l'état militaire,

PAN 5

et obtint pendant les campagnes de la révolution, un avancement rapide. Le 29 août i8o3,iI fut éle- vé au grade de général de brigade, et nommé, le 14 mars 1806, prési- dent du collège électoral de l'Ain. Employé en 1811 à l'armée d'Es- pagne, il prit d'assaut Porlada, se dii^tingua l'année suivante au siè- ge de Valence, et contribua, en 18 »3, à faire lever le siège de ïar- ragone. Après l'évacuation de la péninsule, il rentra en France, il combattit avec gloire sous le maréchal Augereau. Dans la cam- pagne de 1814, le général Pennc- tier de Valdotle déploya de grands lalensetune rare intrépidité. Le 19 février, il entra i\ Mâcon, après a- voir repoussé l'armée ennemie, se porta sur Chûlons, puis sur Lons-le- Saulnier, chassant toujours devant lui les troupes alliées. Au retour des Bourbons, il fut décoré de la croix de Saint Louis. Il comman- dait un corps à Waterloo, et ne fit sa retraite qu'au commencement de juillet, au moment il allait être enveloppé par l'ennemi. De- puis le licenciement de l'armée française en 181 5, le général Pannetier de Valdotte est à la de- mi-solde.

PANZER (George-Wolfgand- François), naquit, '\Sulzbach,d^ns le Haut-Palalinat,le 16 mai 1729, et fit ses études à l'université d'Alt- dorf; de retour dans sa patrie, il exerça le ministère évangélique , et se livra à la littérature. Nom- mé, en 1751, ministre à EyeUvang, et, en 1773, pasieur de la paroisse de Saint-Sébald à Nuremberg, il lit tous ses efforts pour supprimer les pratiques religieuses qui lui semblaient des restes de catholi-

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rismc, et inlioduisit dans sa pa- roisse l'usage de la confession pu- blique. On lui doit une Descrip- tion des plus anciennes bibles alle- mandes , une Histoire des bibles imprimées à ISuremba'g depuis l'invention de l'imprimerie, une Histoire de t' imprimerie dans les premiers temps à Nio'etnberg jus- qu'en i5oo, et des Annales de l'ancienne littérature allemande ', ou Annonces et Description des li- vres allemands , imprimes depuis l'invention de l'imprimerie jus- qu'en i5'iO. Mais le plus impor- tant de ses ouvrages, sans contre- dit, est celui qui porte [)Our titre : Annales typoi^rapliici ab artis in- tentes origine ad annuîn M. D. post Maittairii , Dentsii , aliorunu/ue doctissimorum virorum curis in or- dinem redacti , emcndati et aucti , Nureinbeig, i^go-iSoS, li vo- lumes in-4°. Panzer mourut le 9 juillet i8o5, d'une attaque réilé- 4-ée d'apoplexie.

PAOLl (Fasca-l), célèbre géné- ral corse, naquit à Voisinu en Corse, et fut élevé au collège mi- litaire de ISapIes, il fît de rapi- des progiès dans les sciences. Au sortir de ses études , il fut nomn)é lieutenant dans un régi- ment dont son père était colo- nel. Ce dernier, l'un des plus habiles guerriers la Corse, 0- bligé de quitter son pays, se réfu- gia à Naples, pour éviter les per- sécutions du gouvernement gé- nois. Paoli avait un frère nommé Clément, qui, brave comme lui, battit souvent les mercenaires de Gênes. En i^55, Paoli le père, re- tiré à Naples, envoya son fils Pas- cal Cil Corse, il fut aussitôt reconnu pour conimanuant-géné-

rai, quoiqu'il n'eût que 20 ari.«. Sans troupes réglées, sans armes, sans munitions, sans vivres, sans argent, sans procteclions, il par- vint à soutenir la guerre contre une partie de ses compatriotes at- tachés au parti génois, et contre le gouvernement de Gênes lui- même. Pour surmonter de pareils obstacles, il fallait réunir au gé- nie de rhonnne d'état le courage du héros; aussi, Frédéric-le-Grand l'appeiail-il le premier capitaine de l Europe. Ce général, qui n'a- vait jiour soldat que des citoyens, sulcxalterde plus en plus l'amour de la liberté dont ils étaient en- flammés. Etant parvenu ù apaiser les guerres civiles, à rétablir lo calme et le bon ordre dans l'inté- rieur de l'ilc, il s'occupa à com- battre les Génois, les chassa de position en poiiliou, et les força à se concentrer dans les principu- les villes maritimes de la Corse. En ij:G3il fil une expédition con- tre l'île de Caprara, alors occupée pur une forte garnison génoise : 600 braves vidontaires corses s'em- parèrent de cette île escarpée et défendue par un fort qui tlomiuo le pays et la mer. Toutes les trou[>es génoises et leurs forces maritimes tentèrent en vain d^ la reprendre. Paoii avait commen- cé à former une marine, qui de- vint l'eÛroi du commerce de Gê- nes; le pavillon corse, ù la lêle de Maure, fut reconnu et res[>ecté parles puissances voisines, llavait une correspondance suivie avec les cours de l'Europe; enfin, sans aucun appui étranger, il battit partQullesGénois, qui furent obli- gés d'avoir recours à la France. En 176^1, elle envoya en Corst-

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C,ooo hommes de troupes auxi- liaires, ce qui n'empêcha pas les Génois d'êlre forct'S, en 1768, d'abandonner la Corse, de renon- cera leur domination lyranniquc, et de céder cette île à la Franco. La Corse ne refusait pas de luire partie intégrante du territoire fran- çais, mais elle ne voulait pas être vendue par le gouvernement de Gênes, à qui elle ne reconnaissait pas ce droit. La nation cor!?e , par l'organe de son chef, fit à cet égard de justes représentations à lu cour de Versailles ; mais elles furent rejetées, et en 1768, la cour envoya 20,000 hommes de troupes réglées pour conquérir celte île. Les Corses, convaincus que les Français combattaient pour les Génois, se levèrent eo masse, prirent les armes , et se haltircnt valeureusement pour la f|[loire et la liberté de leur patrie. Le succès couronna leur cons- tance, et l'honneur delà France se trouvant compromis; le roi fit pas- ser aussitôt de nouvelb.s troupes, des armes, des vivres, des muni- lions, et surtout de l'argent, ainsi que des brevets destinés à gagner des officiers parmi 1-es insulaires. En effet, ce furent des bataillons formés des mécontens corses, qui servirent d'avant-garde à l'armée française , et celle politique, en- core plus que la force, eut le suc- cès que la cour de France en at- tendait. Cependant les Corses, sOus la conduite de Paoli, se bat- taient en désespérés; la France, maîtresse des villes maritimes , n'eut à conquérir que l'intérieur de l'île, et le général Paoli, grand dans sa défaite, eut la gloire de lutter pendant deux ans seul et

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.vans autre appui que ses conci- toyens contre les premières puis- sances de l'Europe. Trahi par la fortune , il se réfugia à Londres. Un millier de braves patriotes quittèrent avec lui la Corse et se réfugièrent en Toscane. Paoli par- tagea tout ce qu'il possédait avec ses compagnons d'infortune , et continua à vivre dans la retrai- te, malgré les offres brillantes que lui fit la cour de Versailles, pour l'engager à retourner en Corse. Rappelé dans sa patrie par im décret de l'assemblée constituante du 5o novembre i^Sp , il y rentra couînie simple citoyen; mais avec ce titre, le seul qu'il ambilionnût , il n'en fut pas moins reçu comme un souverain. Bientôt son inlluenco fit ombrage ;'i la convention na- lion;i!e : le 2 avril 1795, il fut décrété d'accusation; le 5 juin suivant, ce décret fut suspendu; niai*, le lyjuillet, un autre décret le déclara traître à la république, et le mit en même temps hors Li loi. De semblables décrets que nous nous abstiendrons de juger ne peuvent néanmoins ni ternir ni diminuer la réputation de Pao- li : si pendant le lègne de la ter- reur on a cherché à sacrifier cet homme célèbre, ses compatriotes se sont toujours mis on avant pour lui servir d'égide et lui faire un rempart de leurs corps. Les Cor- ses n'ont jamais oublié et n'ou- blieront jamais les services qu'il leur a rendus; jamais son génie, ses talons militaires, sa conduite républicaine, son zèle, son amour pour la liberté et le bien de sou pays , ne s'effaceront de leurs CTOurs. Paoli gouverna la Covsw

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pendant plus de quînre ans a- vec gloire, tant comme militaire cpie comme homme d'état. Il é- lait plus législateur encore que guerrier, a dit Voltaire; son cou- rage était dans l'esprit. Quelque chose qu'on ait dit de lui, il n'est pas possible que ce chef n'tfit de grandes qualités: établir un gou- vernement régulier chez un peu- ple qui n'en voulait pas. réuuir sous les mêmes lois des hommes divisés et indisciplinés, former ù la fois des troupes réglées, et ins- tituer une espèce d'université (]ui pouvait adoucir les moeurs; établir des tribunaux de justice, mettre un IVein à la fureur des assassinats et des meurtres, policer la barbarie, se faiie aimer en se faisant obéir, tout cela n'était pas d'un homme ordinaire. Il ne put en faire assez, ni po'-ir rendre la Corse indépen- dante,niponrrégner pleinemer.t : mais il eu fit assez pour acquérir de 1 1 gloire. L'Europe le regarda comme le législateur et le protec- teur de sa patrie. Il ujourut à Lon- dres le 5 février 1807.

PAOLI ( N. ) , professeur de mathématiques à Pise , a cultivé cette science avec beaucoup de léle et de succès. On lui doit des Elèrnens d' algèbre en 4 volumes : les deux premiers ont paru en i;:95, et les deux autres en 1804. La classe des sciences mathémati- ques de l'institut de France en a rendu le compte le plus avanta- geux dans le passage suivant d'un de ses rapports : « Le degré de «perfection qui manque au traité «de Cousin , sur la Tliéorie tien r< limites, se trouve dans le second n volume des Elémevs cC algèbre, ï- publiés par RL Paoli* Cet excel-

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«lent abrégé de calcul différentiel »et intégral présente, dans un or- ))dre bien méthodique , très-sou- >'vent la substance, et presque >; toujours l'indic-'ition des métho- »des les plus récentes; et le troi- nsième volume se recommande «encore, par les recherches parti- «culières de l'auteur, sur divers «points importans d'analyse trans- «cendante. »

PAPILLON DE LA FERTÉ (D. P. .T.), intendant des Menus- Plaisirs du roi à l'époque de la ré- volution, occupait cette place de- puis un grand nombre d'années. Le nouvel ordre de choses la lui fit perdre : il perdit même, par suite des événemcns, sa fortune et sa liberté. Arrêté comme sus- pect, et détenu au Luxembourg, il s'y trouvait encore lorsque les agtns du comité de salut-public prétendirent qu'une conspiration qui avait des ramifications dans toutes les prisons de la capitale é- taitau moment d'éclater. Compris dans celte accusation, qui pesait sur presque tous les détenus, M. Papillon de La Ferté fut traduit au tribunal révolutionnaire, qui le condamna à mort le 20 messidor an 2 (8 juillet 1794). Le fils de M. Papillon de La Ferté, qui servait alors dans un régiment de hus- sards à l'armée que commandait Pichegru, en apprenant cette fu- neste nouvelle, quitta son régi- ment, et passa en pays étranger. il rentra en France sous le gou- vernement impérial; mais il pa- raît qu'il n'y occupa aucun emploi. Après la re.>^tauratîon en iSi4' d obtint la place d'intendant des Me- nus-Plaisirs du roi. Cette adminis- tration ayant été supprimée , et

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Jépuis remplacée par celle de la dircclion des fctes et sperfacles de la cour, M. Papillon de La Ferlé est aujourd'hui directeur de cette dernière; il est baron et olïicier de l'ordre royal de la légiou-d'hon- neur.

PAPIN (Élie), maréchal-de- camp, cpiilla, en 1790, la profes- sion de négociant , qu'il exerçait à Bordeaux, et prit du service à l'armée des PjTénées-Orientales, il parvint rapidement au grade de général de brigade. Tout-à- coup il cessa de servir la républi- que et revint à Bordeaux , au il s'attacha à l'Inslitut-royaliste, qui lui donna le titre de commandant de cette ville. Cette association ayant été bientôt dissoute par l'ar- restation des chefs, le général Pa- pin essaya de la réorganiser en 1801. Ses démarches éveillèrent rattcnliou du gouvernement, et il l'ut recherché et poursuivi. Une eon)mission militaire le condamna à mort par contumace le aS fri- maire an i4 (i8u()), comme cons- pirateur et complice de l'Angle- terre. Il alla se fixer en Amérique, et s'y livra à des spéculations commerciales. Il y amassa une l'ortune assez considérable , que par suite du rétablissement du gouvernement royal en 1814 «1 rapportait en France ; mais son vaisseau fut submergé , et il fut grièvement blessé en se sauvant à la nage. Son premier soin , en rentrant dans sa patrie , fut de faire annuler (1817) par le a"' con- seil de guerre de la 1" division militaire, le jugement qui l'avait condamné et privé de la jouissan- ce de ses droits civils.

PAPLN (N.), curé de Marly-l^i-

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ville, fut nommé député du cler- gé de la prévôté et vicomte de Pa- ris aux états-généraux en 1789 ; ii s'y prononça avec chaleur pour les idées nouvelles, il prêta le ser- ment civique et religieux, et fit dé- créter, après une sortie énergique contre le préjugé qui faisait atta- cher l'infamie à la famille des con- damnés, «que les fautes sont per- sonnelles, et que la honte du cri- me ne peut rejaillir sur l'innocent, quel que soit le lien qui l'unisse au coupable. 0 Ces principes a- v-aient été développés, en 1733, avec une grande lorce de raison- nement et une hiule éloquence, dans l'excellent discours de M. La- crclelle aîné, sur le préjuge des pei- nes Infamantes. Après la session de l'assemblée constituante, M. P.t- pin a repris l'exercice de son mi- nistère.

PAPIN (le comte Jeiu-Baptis- te), président du canton d'Aire pendant la révolution, fut élu en mai 1797 député du département des Landes au conseil de> anciens. Il se montra partisan de la révolu- tion du 18 brumaire an 8 (9 no- vembre »799)j et passa la même année au corps-législatif. L'empe- reur l'appela au sénat-conservu- teur le 1" février i8o5. Le comte Papin mourut quelques années après.

PAPION (N.), directeur et pro- priétaire de l'ancienne fabrique des damas et lampas de Tours, n'est pas moins distingué par ses con- naissances variées que par ses vues patriotiques. Il a publié sur l'éco- nomie politique des ouvrages qui ont été favorablement accueillis. Ce sont : Solution des trois fa- meux problèmes de géométrie, 178/1,

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ir»-8" avec fig., la quadrature du oerole, la Iriseclion de l'angle et la duplication du cube; a" Considé- rations sur les établissemcns néces- saires à la prospérité de l'agricul- ture, du commerce et des fabriques, i8o5, iii-8°; 7>° Réflexions sur le crédit public, i8n6, in-S"; ^l^- tiioire sur ta culture des mûriers, i8ib, in-S"; 5" Mémoire sur l'ad- ministration générale du commerce, présenté au roi, i8i5, in-8"; G" Opinion d'un Français sur tes fi- nances et la contribution de guerre. Tours, i8i5, in-8"; Opinion sur la dette des puissances du continent, les dangers et les ressources pour leur liquidation, que rendra stable la paix générale de l' Europe, 1818, iii-8°.

PAPON Cl' ABBÉ Jeau-Piebre), historien, naquit au Pujel de Kci- ney, près de Nice, département des Alpes - Maritimes , vers ijSO. Admis jeune encore chez les PP. do rOraloire, il professa avec distinction pendant plusieurs an- nées , il se fit aimer de sa congré- gation , qui le chargea de plusieurs missions dont il s'acquitta avec ta- lent. Pour se consacrer plus libre- ment à la littérature, il quitta, du consentement de ses chels . la con- grégation, et devint garde de la bi- bliothèque de Marseille; l'abbé Papou publia une Histoire géné- rale de Provence, dont le second volume fut dédié au comte de Pro- vence ( aujourd'hui Louis XVIII). Les états de cette province récom- pensèrent le zèle de l'auteur et le mérite de l'ouvrage, par une pen- sion de 8000 francs, et le gouver- neur, le maréchal de Bauveau , augmenta ce revenu de la valeur de son traitement de gouverneur.

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L'abbé Papon s'était fixé à Par!'* , il resta jusqu'après les mas- sacres de septembre; il se retira , à cette époque, dans le départe- ment du Puy-de-Dôme. Il revint, en 1797. dans la capitale, et n'eu sortit plus : il y niourut d'une at- taque d'apoplexie, le i5 janvier 181 5. On doit à l'abbé Papon : Ode sur la mo7't, imprimétî dans lu recueil de l'aeadéinie des jeux floraux ; 2" l'Jrt du pointe et de l'orateur, plusieurs fois imprimé : la première édition parut à Lyon en 1 7t)6 ; 5 ' Oraison funèbre de Charles Emmanuel III , roi de Sardaigne , Turin, 1773» impri- mée en fr.mçais et v.n italien; 4* Voyage littéraire de Prot^etwe , Pa- ris , 1787, 2 vol. in - 12 : cet ou- vrable . écrit avec talent , est plein d'érudition ; Histoire générale de Provence , 4 ^^^' '"-4"? ouvrage curieux , mais « , disent les con- tinuateurs de l'abbé Feller, on aurait désiré que plusieurs faits eussent été présentés avec plus d'étefldue. La notice des hommes célèbres de Provence est excessi- vement courte ; l'article A' Agri- cola, par exemple ,ne contient que six lignes, et l'on s'étonne que dans cet le notice l'abbé Papon ait. oublié son confrère l'illustre Mas- sillon. La relation do la peste de Marseille et celle du siège de Tou- lon , faites sur les mémoires du maréchal de Tessé , ne manquent pas de mérite. La partie des mon- naies anciennes, et leur compa- raison avec les nouvelles, fournie par le président de Saint- Vincent, ne laisse rien à désirer ; on y trou- ve aussi des détails très- uliles et trè;-éteiidus surl'histoire naturelle- de Provence. Quelques gravures

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(1(; s<'s beaux monuinens antiques n'auraient pas nui au succès de Pou vragc. On ne saurait assez louer IczMect l'acliviiéde l'auteur pour le rendre le plus parfait possil.ie , au moins eu ce qui regarde riii:>- torique des laits : aûu de se pro- curer des rcnseig^neinens anlogrn- plies. il fit le voyage de Naples, royatuiie que les comte? de Pro- vence avaient long - temps possé- dé. » 6" Histoire du gouvernement français depuis rassemblée des no- tables , duii février i'^?>y, jusqu'à la fin de la même année, Londres et Paris, 1788, iu-8°. On peut join- dre à cet ouvrage un discours que l'abbé Papon fit paraître dans la même année sous le voile de l'ano- nyme; il a pour titre : De l'action de l'opinion sur les gouvernemens. r" Époques mémorables de ta peste et moyen de se préserver de ce fléau , Paris, 1800. Cet ouvrage, qui com- prend les époques depuis la peste qui ravagea Athènes au temps de Péric'ès et d'Hippocrate, jusqu'à la peste de Marseille, a été fait un peu précipitamment ; mais il eut le motif le plus honorable. Ce fut l'expédition d'Egypte qui y donna lieu. J/auleur craignait « que nos communications, devenues assez lréqu('i»le? avec une contrée cet le maladie est endémique, n'eus- sent des suites funestes pour la France et même pour l'Europe. » 8" Histoire de la révolution de France^ Paris , 181 5, (i vol. in-8"; elle comprend une période de 10 -années ( de 1 789 à 1 799 ). Cet ou- Trage est peu digne du talent <ie l'auteur, qui d'ailleurs n'eut pas le temps d'y melire la dernière main. PAPORET (AsToiNE-PiriiRF.), juge à Saiul-Qucntin , est dans

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cetic ville le 5 mars ijôS-. Après y avoir commencé des études, qu'il vint ensuite terminera Paris, il fut nommé conseillera la cour des ai- des, place qu'il occupait encore en 1789. Il retourna à cette époque dans sa province, et dans les années 1792 et suivantes, exerça les fonc- tions de maire et d'agent munici- pal de sa commune. Après le 18 brumaire, il fut réélu maire, et nommé en même temps membre du conseil-général d'arrondisse- ment de Saint-Quentin. Le dépar- tcnient de l'Aisne le porta, en i8o5 et i8of>, comme candidat au corps-législatif; mais il n'y fut point appelé. Au second retour des Bourbons, en i8i5, il fit par- tie de la chambre des députés, jus- qu'à ce que l'ordonnance du 5 septembre jSiG en eut prononcé la dissolution; il vota constam- ment avec la majorité de cette chambre dite introuvab'e.T{ééUi eu i8i6, il siégea au centre jusqu'en 1819, et depuis ne fit plus partie de la représentation nationale. 11 est toujours juge an tribunal de 1" instance de Saint-Quentin.

PARADIS (Boniface), avocat avant la révolution, fut élu, eu 1795, député du département do l'Yonne au conseil des anciens, en devint secrétaire, puis prési- dent au mois de septembre de 1 1 mC'me année. M. Paradis, qui pas- sait pour appartenir au parti cli- chien, s'éleva vivement, en 1797, contre la disposition de la loi du 3 brumaire, qui excluait des fonctions publiques les paren* d'emig:rés, et vola aussi la clôture de toutes les sociétés politiques. La lutte entre le directoire et la majorité des conseils ay lut été d< -

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ci«lée par le 18 fructidor ar» 5, M. Paradis fut condamné à la dé- portation. Son épouse réclama en sa faveur, mais la mesure fut maintenue. Toutefois il échappa à l'exil de Cayenne, se rendit à Oleron eu janvier 1798, fut rap- pelé en 1799 par les consuls, et devint ensuite président delà cour de justics criminelle de l'Yonne. Membre de la légion-d'honneur, il a obtenu, lors de la réorganisa- lion des tribunaux en 181 i , une }»lace de substitut du procureur- général à la cour impériale de Paris , mais on l'a remplacé en 18 16.

PARADIS- DE -RAYiMÔISDIS (.Jean-Zachakie; , homme de let- tres , naquit le C février 174^ à Bourg en Bre.'ise, son père était pourvu de la charge de lieu- tenant-général du bailliage. Jeune encore , Paradis - de -Rayniondis lui succéda dans cet emploi ; mais la faiblesse de sa santé ne lui permit pas de l'exer- cer long-temps : il fut obligé de s'en démettre pour aller, d'après l'avis des médecins, passer cha- que année l'hiver à Nice. Il y ren- contra Thomas, et bientôt l'auji- tié la plus tendre s'établit entre ces deux jeunes gens, que rapprochait le goût le plus vif pour la littéra- ture. Paradis- de -Raymondis se trouvait encore dans cette ville lorsque, le 28 septembre 1792, le général Anselme, qui, avec trois bataillons de ligne, quelques vo- lontaires et 5oo chevaux, avait osé traverser le Var, puur aller attaquer 8,000 hommes de trou- pes réglées du roi de Sardaigne, et 13. 000 hommes de milice, pa- riât devant ^'ice. La ville est à

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l'instant évacuée par les trnnpi'â piémontaises , les magistrats eu apportent les clefs au général An- selme ; les forts de Montalban et do Ville-Franche ouvrent leurs portes, et la France compte un départe- ment de plus. Paradis-de-Rayinon- dis s'éloigne alors et se retire à Udine, dans le Frioul, 011 il s'oc- cuj)e de faire valoir une très-belle maison de campagne que lui loue le comte Fabio Aquiuo. Appre- nant que Louis XVI allait ê're mis en jugement, il sollicita, mais en vain, l'honneur de défendre cet infortuné monarque; revenu en Franco en 1797, il resta pendant quelque temps à Paris, et profita de son séjour momentané dan.s cette ville pour y faire imprimer un ouvrage qui respire la raison et la philosophie ; cet ouvrage peu connu, et qui mérite de l'être, a pour titre Des Prêtres et des cul- tes. Paradis-de-Raymondis se ren- dit ensuite dans sa patrie, il possédait encore quelques pro- }iriétés assez étendues, et dès-lors il fit de l'agriculture l'objet uni- que de ses études. Cet écrivain spirituel, ce savant modeste, mou- rut à Lyon le i5 décembre 1800. On a de lui, outre qtielques opus- cules sur diverses branches de la science agricole, notamment sur l'amélioration des terres et la cul- ture des pommes de terre, un pe- tit traité de morale et du bonheur, ouvrage qui parut sans nom d'au- teur, et dont la seconde édition est de 1795. Un des rédacteurs d'une de nos feuilles publiques s'exprime ainsi en rendant comp- te de ce traité : «Personne n'a vanté ce livre : mais son mérite a percé comme l'odeur de la viobl-

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te s'élève du seia de l'herbe. La renommce al teindra l'auteur dans son obscurité et dans sa retraite, il mérite de trouver le bonheur dont il a si bien enseigné la re- cherehe. »

PARADISI (le CvOmte Jea?*), "rand-dinrnitaire de la couronne de fer, décoré du grand-cordon de la légion-d'honneur, membre de l'insiiiut de Milan, ex-prési- dent du sénat du royaume d'Ita- lie, etc., naquit à Preggio de Mo- dène,vers l'année 1760. Son père, poète distingué de son temps, lui laissa plus d.; réputation que de fortune. Ami de son pays, et par- tisan de la liberté que la révolu- lion française promettait à tous les peuples, M. Paradisi en embrassa la cause avec ardeur. Le général en chef Uorwiparle. qui avait eu occa- sion de connaître et d'apprécier ses talens, le fit nommer l'un des di- recteurs de la nouvelle république Cisalpine. M. Paradisi y déploya <les vertus qui devinrent incom- modes à quelques-uns de ses col- lègues. Il fut victime de leurs in- trigues auprès du général Brune, qui, au nom du directoire fran- çais, lui iutima, en avril 179^, l'ordre de donner sa démission. M. Paradisi rentra dans la (lasse des simples citoyens, et il ne prit pbis aucune part aux affaires de la ré- publique. Il n'en l'ut pas moins exposé aux |>ersécutions des Au- trichiens, qui, de retour en Lom- bardie, le comprirent parmi ceux qui furent déportés et enfermés dans les fmteresses de Caltaro. II se consola de ce nouveau mal- heur en se livrant entièrement à l'élude et à la lecture des auteurs classiques. La bataille de Ma-

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i<»tigo ayant rétabli le pouvoir du général en chef Bonaparte en Italie , le premier soin du triomphateur ftit de briser les fer^ de tant d'illustres victimes de la liberté. M. Paradisi revint à Milan , il fut accueilli d'une manière honorable par le gouver- nement et par le peuple. Appelé à faire partie du gouverncnientpro- visoire, il donna l'exeinple de 1 oubli du passé et du pardon en- vers ses ennemis. Eu 1801, il pa- rut aux comices de Lyon , il se montra favorable aux vues du premier consul , se rappelant peut - être le mauvais usage que la multitude avait fait des pouvoirs qu'on lui avait confiés. M. Paradisi mérita ainsi la faveur du prince , qui l'en récompensa par une confiance illimitée. M. Paradisi n'en abusa pas : ses en- nemis mêmes rendent justice à sa modération , à son désintéresse- ment, à ses vertus publiques, qui sont d'autant plus précieuses . qu'elles sont moins communes et plus nécessaires danss les temps de révolution et de trouble. Le comte Paradisi, par reconnaissan- ce envers ses bienfaiteurs, insista fortement dans la célèbre séance du 17 avril 1814 1 pour que le sénat du royaume d' Italie fit une démarche auprès des alliés , et parliculièreuient de l'Autriche , ])0ur obtenir que la couronne en lût placée sur la tète du prince Eu- gène {voj, Beauiiarnais). Mais la majorité se déclara contre ce vœu, et il fut décidé qu'on se bornerait à demander la cessation des hosti- lités, l'indépendance du royaume et l'intégiité de son territoire, garantie aux termes du traité de

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Luncville. Apres la chute de Na- poléon , Paradisi resta quelque leinps à Milan, on le vil plu- sieurs fois à la tête de l'iuslitiU dont il était le président. Il rentra enfin dans ses foyers à lVep;gio , où, privé de ses emplois, il vit retiré et avec la plus sévère éco- nomie. Ses onvraj;;es imprimés sont : 1" Discorso rec'Uato nella prima adananza dell' instilato ita- liano , in-4''; Ricerche sulla vi- Itrazione délie lamine elastiche, Bo- logne , 1806, in-.'i"; "5" Ilvitalizio commedla. Milan, i8a3. in-8°.

PARCKVAL-GllANDMAISON (Frasçois-Augusïe) , membre de l'institut et de la légiond'lionneur, est à Paris, le 7 mai 1759, d'une famille de la haute finance; il cul- tiva d'abord la peinture, il eut pour maître Suvée; après quel- ques essais infructueux il ac quit la preuve qu'il ne se ferait jamais un noui dans l'art des David et des Girodet, il se livra sans réserve à la poésie sous I in- lluence et l'inspiration de l'abbé Delille. M. Paroeval conserva quel- ques-uns des défauts de cette éco'e brillante, trop souvent le luxe des mots couvre la misère des i- dées.Il accompagna le général en chef Ronaparte en Egypte en 179S, et devint membre de l'institut du Caire; il fut, dans cette expédi- tion, le jouet du sort, qui ne res- pecte pas les poètes ; et ses a- ■ventures auprès des pyramides ap- partiennent au ^cnva héroï-comi- que. Membre du conseil dos pri- ses, sous le gouvernement impé- rial, il publia, en 1804, son poë- ine des Amours épiques , ouvrage plus remarquable par la facture <ics vers, que par l'invention, puis-

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qu'il ne se compose que de nar- rations extraites de différons poti- mes épiques , et que M. Parceval a souvent traduites ou imitées a- vec un rare bonheur. Il prélu- dait, par cet ouvrage, à un grand poëme dont Philippe-Auguste est le héros, et qu'il termine au mo- ment ( Î824) nous écrivon» cette notice. Invente, ta vivras! dit Lemierre : en effet , l'invention seule peut tirer un poète de la classe vulgaire des hommes qui s'occupent de lier des rimes et de cad(;ncer des mots.

PARDESSUS (Jean -Marie), fils d'un avocat de Blois , est dans cette ville le 11 août 1772, et fut reçu avocat en 1795. Oppo- sé aux principes de la révolution, il consacra son ministère à la dé- fense des proscrits, et ses efforts ne furent pas toujours infructueux. En i8o5, il se familiarisa avec le pouvoir, et accepta du gouverne-r ment impérial la place d'adjoint delà mairie de Blois, et ensuite celle de maire de la même ville. Appelé, en 1807, par le choix du sénat, au corps-législatif, M. Par- dessus fil marcher de front ses fonc- tions administratives el législa- tives avec ses occupations du bar- reau et ses éludes de juri«j)ruden- ce. Il avait publié à la fin de 1806 le Traité des servitudes ; il fit pa- raître, en 1809, celui du Contrat- du-Change. Après la session il ne fut pas réélu au corps-législatif, jtar suite du sénatus-consuUe qui prescrivait l'âge de quarante ans pour être admis dans ce corps. Le gouvernement, qui le regardait sans doute comme un de ses par- tisans les plus zélés, le nomma à la chaire de professeur de droit

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« ouuuercial à l'école de droit de l'ari:?, place qu'il occupait encore à l'époque de ia prcniière restnu- ration, en 1814. Alors M. Pardes- sus se voua tout entier au gouvcr- ueuienl royal. Nommé déj)uté à la chambre de 181 5 par le dépar- lemeut de Loir-et-Cher, il prit place au côté droit, et développa ses p?incipes dans une prot"e?sioii de loi qui est devenae historique, et qui finissait par ces mots re- manp'.ables : « Nous voulons la «charte que le roi nous a donnée; ))nous voulons toutes les garanties •xjue celle charte nous assure; «nous voulons surtout, et bien «plus que ceux qui tenteniient de «nous calouiuiei', la liberté indivi- «duelle, la liberté de la presse, la «liberté des consciences, l'égalilé «des citoyens devant la loi. » Il fut ensuiteappeiéà toutes lescom- missifms iuiporianlf.s de cette as- semblée, et notammenl à celles qui avaient pour objet l'examen des projets de loi sur l'anmislie et sur le budget. Il concourut au projet de la commission qui inodiljait la clémence offerte par le gouvernement; il soutint fortement son opinion dans la discussiou qui eut lieu à ia séance du 3 janvier 1816; il n'ap- puya pas avec moins de force le système du renouvellement inté- gral de la chanibre tous les cinq ans, et répondit à ceux ([ui vou- laient un renouvellement par cin- quième, comme plus favorable a l'influence minisiérielle, par ces paroleséncrgi(pjcs: «Les électeurs «démon dépaUement m'ont dit : » Sercfi le lui ; ils ne uï'en ont »|uis dit autantsur le ministère. » A roccaiiond'tmcpélition préseu-

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lée, le 25 avril de la même année, sur le jugement qui venailde con- damner à mort le général Travot, rhonorable dépulé, M. Colomb, après avoir parlé des succès mili- taires de ce général et de la répu- latioit d'hunuuiité dont il jouissait parmi ses ennemis mêmes , ayant laissé entrevoirquelques soupçons sur la justice de la senteuce pro- noncée c^:)nlre lui, M. Pardessus, qui entrait dans le moment, et qui avait entendu les derniers mots, s'élance aussitôt à la tribu- ne, et réfute vivement l'orateur. Son zèle lut récompensé le 8 mai i8i(), par la place de membre de la commission de surveilUuicu des caisses d'amortissement et de consignation. 11 ne fut point réélu après la dissolution de la chambre par l'ordonnance d.i 5 septembre (1816), et eut de plus la douleur, bien grande sans doute pour cet ancien profes- seur, de réclamnr en 1819, lors des trouilles de l'école d<; droit, le s». cours de l'autorité contre ces mêmes élèves, quil [xéteudait avait rendus si dociles en i8i4- Il reparut enfin à ia chambre des députés ; mais alors il avak oublié les principes qu'il avait hautement prol'essés en i8i5 : il votaen faveur des lois d'exception, de la nouvelle loi des élections, et contre la liberté de la presse; il lit aussi un humble aveu de la fai- blesse qu'il avait eue de prêter ser- ment à Napoléon pendant les f<;77/ Jours , et cette espèce de péni- tence pul)li({uequ'il s'imposait lui- même a dQ ellacer aux yeux d»? ses honorables amis la mobilité momentanée de sa conduite politi- que, lléélu à la nouvelle chambre

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<!e 1824» ses improvisations, dès les premières séances , l'ont déjà signalé comme un des plus zélés défenseursdes projets ministériels. M. Pardessus s'occupe d'un ou- vrage sur le droit commercial u- niversel, cl sur les lois des divers états de l'Europe, coniparées avec celles de la France. Outre les deux ouvrages que nous avons cités plus haut, il a encore publié : Élémens de jurisprudence commerciale, in- 8°, 1 8 1 1 ; Cours de droit commer- cial, 4 ^*^1- iri"8% >Si4> i8i5et jSiG.

PARDIEU (le COMTE N. de), ancien offîcier, député par la no- blesse du bailliage de Saint-Quen- tin aux états-généraux en 1789, fut un des vingt-sept membres de Ja chambre delà noblesse qui pro- testèrent, le 19 juin, contre la ma- jorité, et qui se réunirent au tiers- état. Il prononça à cette occasion un discours très - remarquable. jNommé, dans le courant de la session, commandant de la garde nationale de Saint- Quentin , il demanda et obtint un congé pour aller l'organiser. De retour à son poste, il s'y fit remarquer par son y.èle à concourir à toutes les réfor- mes. Il j)arut une fuis entre au- tres à la tribune pour se plaindre des motions sans cesse renaissan- tes sur les finances; il demanda et fit arrêter qu'il n'en serait plus entendu de nouvelles. Après la session, il rentra dans la vie pri- vée.

PAJIE (N.), premier clerc de Danton, lorsque celui-ci était avo- cat aux conseils du roi, adopla ses principes politiques , mais avec beaucoup plus de modération. Il lut d'abord employé en qualilc de commissaire dans le déparlemcut

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de la Seine. Danton devint minis- tre de la justice en août 1792, et presque aussitôt , Paré fut nommé secrétaire du conseil exé- cutif provisoire. Il passa , l'an- née suivante , au iriinistère de l'intérieur, en remplacement de M. Garât. Cette place était au- dessus de ses forces; il fut peu de temps après obligé de l'aban- donner. En 1794, Hébert et Vin- cent, qui rap()elaient le nouveau Rolland, le dénoncèrent aux Cor- deliers, mais cette dér)onciation n'eut pas de suites. Après la mort de Danton, de nouveaux dangers vinrent le menacer : il fut pour- suivi aux Jacobins par Couthon , qui accusa Rousselin de colpor- ter ses écrits pour relever le par- ti abattu. Il devint eu 1799, com- missaire du directoire-exécutif près du département de la Seine, et ensuite administrateur des hô- pitaux militaires. Paré, retiré de- puis dans une campagne aux envi- rons de Paris, y vécut tout-à-fail étranger aux affaires publiques.

PARENT (Marie -Barbe), jeu- ne fille née à Valenciennes, parta- gea l'enthousiasme qui enflammait tous les coeurs aux premiers symp- tômes de guerre au commence- ment de la révolution : elle déguisa son sexe, prit les armes, et servit avec une grande bravoure pendant quinze mois, comme vo- lontaire à l'armée de la Moselle. A3ant été blessée au siège de Mayence, elle fut alors reconnue potu- l'emme. Elle obtint son con- gé, et reçut une gratification du Goo francs, avec lesquels elle re- tourna dans sa ville natale.

PARKM' (François-Nicolas), ancien curé de Ruissy-la-lierliauil près de Meiua, département de

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Soi ne-et- Marne, naquit à Melun, en 1752, et n'entra dans la carriè- le ecciésiaslique que par l'ordre formel de son père. Engagé mal- gré lui dans on état qui ne con- venait ni à son esprit ni à ses goûts, il adopta avec exaltation les nonve/inx principes, et renon- ça solennellement à ses fonctions cccic.-iastiques. En ijgS il se ma- ria , et à cette époque lut le ré- ducteur du J ournal des cnmpngves, Icuilie qui, malgré les désordres du temps, renfermait générale- ment des articles sages et modé- rés. On lui attribue le Courrier français, in-^j", qui parut égale- ment pendant la révolution. Sous le gouvernement impérial, Parent occupa im faible emploi dans les bureaux de la police; il en fut privé lors de la première restau- rUion en 1814. Réduit à coniger des épreuves dans une imprime- rie, il vécut dans la plus grande gêne, et mourut, à l'âge de 70 ans, le ao janvier 1822. On rap- porte qu'il disait à ses derniers momcns : « Mon Dieu, vous savez «que ce que j'ai fait était dans l'intimité de ma conscience; je » ne m'en rcpens pas.» Il a pu- blié, en 1799, in -8° : Recueil d' Hymnes plnlosopliiques , civi- qii'^s et muraux, augmenté de la nute en pluin-chanl , d'après la Viuûque d'is meilleurs auteurs, pour faciliter dans les campagnes la câlcbrution des fêtes républicai- nes. Son extrême pauvreté ne lui » pas permis de mettre au jour dilTérens opuscules dont il a fait tirculer de» copies. Ce sont : i Ennemi du sang; 1" Raisonnons tons, raisonnons tout; Mon . épitaplie et mes confissions, ou Ma Profession de foi.

PARENT-DE-CHASSY (Nico- las), était avocat du roi au con- seil et au prcsidial de Troyes, lors- qu'il fut élu, en 1789, député du tiers-état du bailliage du Niver- nais aux états-généraux, oi"i il se fitpeuremarquer.il retourna dan» son déparlement après la session , et avait renoncé aux affaires pu- bliques, lorsque des papiers troti- vés dans l'armoire de 1er aux Tui- leries , l'ayant fortement compro- mis, il fut décrété d'accusation par la convention nationale; con- duit à Paris et livré au tribunal révolutionnaire, il lut condamné à mort coimne conspiralenr. et exécuté le 2 février 1796; il était à peine âgé de 7ty ans.

PARENT -REAL (N. J. M.). avocat à la cour royale de Paris, est à Ardres, arrondissement de Sainl-Omer, au mois d'avril 1768. Son père, qui avait servi dans la gendarmerie, le destinaii à entrer dans ce corps dont la sup- pression le força à changer ses projets. Il dirigea vejs la profes- sion du barreau la vocation encore incertaine de son fds. Envoyé au collège de Sainl-Omer, le jeune Parent y lit de bonnes études » qu'il acheta chez les oratoriens, à Boulogne, et au collège de Sain- te-Barbe, à Paris, il fut le con- disciple de l'abbé Nicole, ex-rec- teur de l'acadéiriie de Paris; de iM. Lemairc, professeur de la fa- culté des lettres; de M. Planche, professeur de rhétorique , et de plusieurs autres élèves, qui se sont depuis distingués dans diverses carrières. Décidé à suivre l.i carrière tlu barreau, il fit son droit, et fut reçu avocat au par- leuieut de Paris, le 6 février 1790, duratit les vacances extraordinai-

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resqui précédèrent la suppression des parleinens. Il exerçait la pro- fession d'avocat au tribiiiiai de district de Sainl-Oiuor , lors(|u'il fut nommé, par dis[>ense d'âge , secrétaire en chef de l'adminis- tration du district de Calais, du directoire duquel il devitit bientôt l'un des membres. La loi du 17 frimaire an 3, portant que les pa- rons etaUiésjusqu'au degré de cou- sins-germains ne pouvaient être en même temps, l'un receveur de district, et l'aulre adminislraleur du directoire du même district, M. Parent-Réal, qui était le beau- frère du receveiu', se démit de 5<'s fonctions, et fut nonuné à cel- les de juge-de-paix du canton d'Ardres, qu'il exerça jusqu'à la mise en aclivilé de la constitution de l'an 3. A rinslallatiou du di- rectoire-exécutif, il devint suc- cessivement son conunis>aire prés de l'administration municipale de Saint-Omer et près de l'adminis- tration centrale du département du Pas-de-Calais. Après le coup d'état du 18 fructidor an 5, l'an- cien commissaire près de cette administration ayant été rappelé à ers mêmes fonctions, M. Parent- Réal fut nommé administrateur du département, et il en était président, lorsqu'il fut élu l'un des députés du département du Pas-de-Calais an conseil des cinq- cents. Une circonstance remar(jua- ble dans les élections de ce dépar- tement, en l'an 7, c'est que sur huit députés à élire, la petite ville d'Ardres, dont la population s'élè- ve à peine à (Joo âmes, avait foiu'- ni trois députés, dont l'un pour le conseil des anciens, M. Garnier, et deux pour le conseil des c!n.'{- cents, ?(iM. Paipiit-iiéalol Saiul-

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Amour. Durant son commissariat à Saint-Omer, l'on avait tenté, en prairial an 10, d'organiser dans celte ville des compagnies d'égor- geurs, pour y répéter les désor- dres d'Aix et de Marseille; mais il réprima ces inouvemens sé- ditieux, et prévint les crimes eu annonçant, dans une proclamalicKJ énergicjue, « qu'il sévirait égale- «ment contre le disciple de iMarat » et contre le compagnon de Jésus, MClque le gouvernement, qui avait "brisé les échafauds, empêcherait «les hécatombes, d M. Parent-Réal proposa au conseil des cinq-cents de consacrer, d'une manière spé- ciale, la publicité des lois, portant la déclaration (pi'ime armée «a bien mérité de la patrie » par Tinscrip- liou en entier du décret sur u'i drapeau porté dans l'armée, alter- nativement à la lête de chaque compagnie, il parla sur le projet derésoiulion relatit'aux tribunaux de commerce; et fit la proposition nouvelle d'établir prés de ces tribu- naux un commissaire du gouver- nement , pour y surveiller et as- surer l'exécution des lois, ainsi que le ministère public le fait près des autres juridictions. Il pro- nonça plusieurs autres discours, et s'était fait remarquer dans cette assemblée, il ne siégea que quelques mois, parla sagesse de ses opinions et de ses volOo. Après le 18 brumaire an 8, M. PiU'enlrRéal fut élu «ncmbrc du tribunal. Il y demanda, par mo- tion «l'ordre, que les présentations à faire j)ar le tri!)unat de candidat pour l(! sénat-conservateur lussent moiivées; il parla contre l'appli- cation du principe des cautionnc- mens aux fonctioimaires et em- ployés non comptables; il coni-

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baltil le pi()j«'t de loi portant é- tabiis^iMiK'nl de Iribuiiaiix crimi- nels spéciaux; il s'éleva aussi con- tre la recherche de la paternité non avouée, et il prononça de- vant le corps -législatif, comme orateur du Iribtuiat, un discours sur le projet de loi tendant à dé- clarer que rarmée d'Orient, les administrateurs, les sa vans et les artistes de l'expédition d'Egyp- te, avaient également bien mérité de la pairie. 11 lut compris, en l'an lo, dans le premier cinquiè- me sortant, par voie d'élimination, €l ne quilta plus depuis cette é- poque la vie privée, que pour exercer successivement le ministè- re d'avocat à la cour de cassation, au conseil- d'état et aux conseils du roi. Lors de la condamnation du général Moreau, par le tribunal du département criminel de la Sei- ne, il ofl'ril d'être son détenseur de- vant la cour de ca^ssation; mais le général refusa de tenter aucune espèce de recours. Parmi les tra- vaux et les succès judiciaires de M. Parent-Réal, l'on a pu distin- guer une demande en prise à par- lie pour M. de Boileau, avocat à Abbeville, et plusieurs mémoires sur la question de validité de paie- nicns elTectués en rescriptions de la trésorerie et en mandats faisant office de rescriptions, pour solde d'acquisitions de bois nationaux. (]elle contestation, soulerme pour la négative, opiniâtrement par le fisc, intéressait pour une somme de plusieurs millions, valeur iné- lallique, le plus grand nombre des «cquéreurs del)oi> nationaux dans le déparlement du Pas-de-Calai-i, ainsi que dans plusieurs autres. Nous devons aussi mentionner un

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plaidoyer prononcé dans une cau- sti capitale, pour un cultivateur, accusé d'avoir assassiné sa femnie, dontiM. Parent-Réal prit la défen- se, étant commissaire près l'ad- ministration municipale de Saint- Omer, et qu'il fit acquitter. C'est ainsi que durant ses fonctions ad- ministratives, il voulut reprendre l'exercice de sa profession pour servir l'humanité, comme il aima toujours aussi à cultiver les scien- ces morales et philosophiques, au milieu même de ses devoirs publics. Sa carrière s'est divisée entre le barreau, l'administration et les lettres. Aujourd'hui avocat à la cour royale de Paris, il se dé- voue particulièrement à ceux des travaux de sa profession qui con- viennent le mieux à la retraite du cabinet, et qui s'accordent le plus avec le goût des études littéraires. M. Parenl-Réal a publié une Pe- tite Revue des instilations oratoires de M. Delanialle, et il est l'un des collaboraleur» delà Revue encyclo- pédique. C'est un de ces hommes si précieux, si honorables qui, en joignant le talent et le goût à un noble caractère et à de vastes et solides connaissances, contribuent, avec plus de services que d'éclat, aux continuels progrès du bon es- pi'it dans leur siècle. Il a rece- voir connue un gage de l'estime de tous les bons juges dims notre philosophie et dans notre littératu- re aciuelle, la mention distinguée que M. Lacretelle aîné a faite de lui dans la revue des écrivains qui ont servi la science judiciaire (i" partie de la collection de ses œuvres, récemment publiée). C'est la jus- tice de l'amitié entre des hommes dignes de ne connaître enlre eux-

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mêmes qu'une vérité de conscien- ce : celte justice-là ne sait pas plus çxajîérer i'éJoge que l'affji- blir.

PARFA1T(N.), médecin du mi- nistère de la jçuerre, et memtire de la société de vaccine , a publié : Réflexions historiques et criti- ques sur les dangers de la variole naturel le, sur les différentes métlio- des de traitement, sur les avantages de l'inoculation et les succès de la vaccine pour C extinction de la vario- le, hSo5, in-H"; Mon Journal de 1807;, ou Voilâtes gens du 16' siècle, 2' édition, 1808, in-8°.

PAREDAENS (N.)' libérateur belge, est à Mons dans le Hai- nault aulrichien. Après s'être fait connaître avantageusement par plusieurs articles insérés dans les )ournatix de Bruxelles et par quel- que» poésies légèrcSj il paraît de- puis quelque temps avoir exclu- sivement consacré sa plume i\ célébrer les bau ts faits de ses conci- toyens. Il a fait paraître, en 1819, un ouvrage intitulé : Fastes de la Belgique, destiné à retracer toutes les actions remarquables dont riiistoire, tant ancienne que mo- derne de ce pays, a consacré le souvenir. Cet ouvrage tait égale- ment bonneur au patriotisme et au talent de son auteur.

PAl>IINI (Joseph), poète ita- lien, naquit, en i ^"^9, su ries bords du lac de Pusiano, dans le Mila- nez. Parini père, presque sans for- tune , se transporta à Milan pour y surveiller lui mên)e l'éducation de son fils, qu'il plaça au gymnase Arcimboldi, sous la direction des barnabites. Le j(june élève, qu'un penchant irrésistible entraînait vers la poésie, dut se soumettre

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à la volonté paternelle, qui l'obli- gea de se vouer à l'état ecclésias- tique. Réduit, pour vivre, à co- pier les factums d'un avocat, et à étudier la théologie pour obtenir les ordres, Parini se dédomma- geait de ce double ennui par la lecture de quelques bons poètes qui l'aidèrent à former son goût et A développer ses talens. Il essaya même de composer des vers que ses amis, dans l'intérêt de sa fortune plutôt que de sa ré- putation, l'engagèrent à publier dans un petit recuiil qui parut, en 1752, sous le nom de Ripano Eupilino, que l'auteur emprun- tait à Eupiti, ancienne dénomina- tion du lac de Pusiano. Cette pu- blication, quoique prématurée, lui fit des admiraieurs ne pouvant pas encore lui donnerdes envieux, et lui valut l'honneur d'être admis au sein d< l'Arcadieet des Trasfor- rnati. Oijiigé de chenber des res- sources dans le travail, Parini ac- cepta une place de précepteur ch*'z les Borronieo et les Scrbel- loni , deux des plus illustres fa- milles milanaises ; et il put s'ac- quitter ainsi d'un devoir bien doux pour son cœur, celui de subvenir aux besoins de sa mère, à laquelle il avait déjà fait le sacrifice de son modeste héritage. En 1756, Pa- rini se trouva engiigé dans une querelle littéraire jtour soutenir la réputation de Segneri , sévère- ment jugé par Bandiera dans un ouvrage intitulé : / Pregiudizi délie umane lettere ; cette polémi- que ajouta encore à sa réputation; mais ce qui éta!)lit sa célébrité fut la publication du premier chant d'un poëme dans lequel il se mon- tra l'invenleur d'un nouveau gen-

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re de poésie. Ce poëine, intitulé il Giorno, et divisé en quatre par- ties, // Mattino , il Mezzogiorno , // Fespro, la Notte, contient la description satirique des mœurs et dos habitudes d'une classe d'hommes qui, pour être la plus éminente dans la société, n'en est pas ordinairement la plus utile. L'auteur prenant le ton de pré- cepteur d'im jeune noble, lui ap- prend sérieusement à consacrer sa matinée i\ la toilette, son midi aux importantes occupations de la

I. table, le soir à la promenade, et la i; nuit au jeu et aux conversazioni. "■ Une grande vigueur poétique est employée dans les fréquens épi- sodes dont Parini a enrichi son poëme ; cl les actions les plus fri- voles, les folies les plus extrava- gantes, quelquefois même les vi- ces les plus honteux, sont racon- tés avec une solennité de slyle qui eu rend l'ironie plus amère. La variété des sujets et les nom- breux porlrfiils des individus cap- tivent l'attention du lecleur, tan- dis que l'exacte et élégante des- cription des mœurs, la magnifi- cence du langage et la richesse de la poésie piquent sa curiosité, et rendent l'intérêt encore plus vif. Dieu difiéreut dos autres poêles italiens qui négligent les vices de leur temps et frondent ceux des siècles p.issés, Parini, rappelant la poésie à sa destination primitive, se sert «lu prestige des vers pour rendre sa morale moins austère, et frapper de ridicule les travers de ses contemporaitis. // Mattino, publié en 17O3, fut applaudi par toute l'Italie, «jui admira la nou- veauté du genre et la brillante exécution de l'.nivragp; elle hâta

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de ses vœux la publication du Mezzogiorno, qui se fit attendre jusqu'en i;G5. Ces deux poëmes découragèrent les imitateurs de Bettinelli, d'Algarotti et de Fru- goni, qui avaient remis à la mode les vers alïVanchis du joug de la rime, que les Italiens désignent sous le nom de sciolti. Tl est pos- sible que des vers tnédiocres ca- chent leur farblesse sous le char- me musical produit par le retour des mêmes sons; mais pour que les sciolti se soutiennent, ils ont besoin de frapper l'esprit avant de caresser l'oreille, car ils repré- sentent la poésie des idées plutôt que celle des mots. Le comte de Firmian , gouverneur autrichien en Lombardie, qui avait encou- ragé Parini à publier sou poëme, voulant tirer un meilleur parti de ses lalens,lui proposa d'écrire un journal qui eût servi de modèle 11 d'ignobles compilations qui cir- culaient alors en Italie; il le nom- ma aussi professeur de belles-let- tres à la Canobiana, dont les é- coles étaient destinées à combat- tre l'influence des jésuites sur l'enseignement. A la suppression de cet ordre, Parini réunit les chaires d'éloquence et des be mx- arls dans le gymnase de Bréra. Ce fut alors qu'il composa ses Priricipi délie belle lellere , qui, malgré leur peu de développe- ment, furent regardés comme su- périeurs à tous ceux dont on a- vait jusqu'alors fait usage en Ita- lie; c'étaient comme les premiè- res lignes d'un cadre que le pro- fesseur se chargeait de remplir dans ses leçons. Il travaillait en même temps au Vcspro et A lu Notte, et composait des odes qui

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sont le j)lns beau monument ly- rique delà poésie iialienne. Apres la mort du comte de Firmian, les eni)emi«dePariiiiclieichèreiilàlui imire auprès de son siiccesseiir,qui le menaça de la perte de ses em- plois, mais qui n'osa pas les lui retirer. En altendant, Parini ap- plaudissait aux réformes que Jo- seph II- introduisait dans ses états, et qui préludaient aux chan^e- mens plus importans que devait y opérer la révolution française; il ouvrit son âme à l'espérance de voir briller un meilleur avenir pour sa patrie. S'adonnant tout entier à la politique , il suivait attentivement la marche des évé- nemens et les progrès de la liber- té; sa vue aft'aibiie déjà par le travail, souffrit encore de la lec- ture assidue des journaux, et son œil droit se couvrit d'une cata- racte qui, quelques années plus tard, se répandit sur le gauche. Lorsque Léopold II vint à Milan, il prit des informations sur Pari- ni, et api)renant qu'il n'avait pas une fortune proportionnée à ses besoins , il ordonna qu'on aug- mentât SCS pensions, et qu'on le mît à la tête des écoles de Brera. Les devoirs de son état, et son goût pour la politique, le tinrent quelque temps éloigné de la poésie; il y revint enfin pour céder au désir que lui témoi- gnait l'archiduchesse JVlarie-Béa- trix d'Esté, de voir son poëme achevé. Parini était occupé à po- lir les derniers chants du Giorno^ lorsque les Français firent la con- quête de hi Lomhardie. Le géné- ral Bonaparte le fit nommer chef de la municipalité de Milan, pla- 'Ce dans laquelle Parini resta tant

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qu'il se flatta de pouvoir faire le bien de son pays; mais dès qu'il s'aperçut qu'on voulait se servir de son influence pour mieux as- servir ses concitoyens, il se dé- mit de ses fonctions, et fit distri- buer en secret aux pauvres l'ar- gent qu'il avait tiré de ses ap- pointemens. S'enfermant alors dans le cercle de ses occupations littéraires 4 il conçut le plan d'un ouvrage sur la Cène de Léonard de Vinci, que malheureusement pour les arts il n'eut pas le temps d'exécuter. Cependant les Autri- chiens qui avaient reparu en Ita- lie, en avril 1799, renversèrent la république Cisalpine, et persécutè- rent ceux qui avaient pris la moin- dre part aux affaires publiques. Pa- rini fut respecté, et, profitant de cet intervalle de repos, il se fil opérer d'un œil qu'il eut le bonheur de recouvrer. Mais, obligé de se te- nir long-temps couché et immo- bile, il se manifesta une hydropi- sie dans ses jambes, pour laquelle les médecins lui conseillèrent d'al- ler habiter la campagne. Il s'y transporta en effet, mais n'ayant pu en supporter l'air trop vif pour un corps épuisé, il revint à Milan, il mourut, septuagénaire, le i5 août 1799. Parini était d'un goût très-sévère , et se montrait toujours mécontent de ses pro- ductions : «Je ne puis pas louer, i> disait-il, ce que les autres admi- »rent : je sais ce qui manque à la «perfection de mes vers, mais je «suis trop vieux pour être en état «de mieux faire.» Il a pourtant laissé des traces profondes dans la route qu'il s'est IVayée. Auii é- clairé des arts, il avait une prédi- lection marquée pour la vie des

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peintresde Vasari, dontil faisait sa lecture habituelle ; il aimait aussi Plutarque, qu'il appelait le plus honnête écrivain de l'antiquité; et, en parlant de Macchiavelli, il disait : «Cet auteur apprend t\ «penser, à parler et à écrire libre- »ment. » La musique exerçait un charme inexprimable sur ses sens; il fut intimement lié avec Sacchi- ni , dont il déplora la mort dans une ode qui est regardée, à juste titre, comme l'une des plus belles qu'il ait composées. Il regardait Allieri comme le créateur de la tragédie italienne, et comme ce- lui qui s'était le plus rapproché du caractère du théâtre grec , dont le but était de rendre odieux les tyrans, et d'élever le peuple à la liberté par des sentiuiens no- bles et hardis. Varini aimait l'or- dre et la justice; il n'était pas de ces esprits turbulens qui ont fait à la cause de la liberté plus de mal que ses ennemis mêmes. Il combattit contre tous les excès : « Par la persécution et la violen- »ce, disail-il, on ne vient à bout »de rien : le chemin de la liberté » n'est pas celui de la licence, ef «l'on ne doit pas se flatter d'y «parvenir par les crimes. » Lors- que le général Despiuois s'empor- ta d'une manière brutale contre la municipalité de Milan, Parini se retournant vers ses collègues, leur dit en riant : « On va remon- »ter un peu plus haut nos échar- apes , et nous serrer le cou avec » elles. » Un homme qu'il n'estimait pas lui reprochait un jour d'avoir donné- l'aumône à un prisonnier autrichien.... : «Je ne la refuse à «personne, répondit Parini, je la «ierais A un Turc, à un Juif, i\

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» toi-même, si tu venais me la de- »mander. » On voulut l'obliger un jour à crier devant le théâtre, mort aux aristocrates ! «Yive la «république! cria-t-il, et mort \ «personne. » A l'arrivée des trou- pes autrichiennes à Milaij, lors- que ses ennemis redoublèrent d'efforts pour lui faire perdre ses places, il refusa les olîres d'un ami en disant : "Je demanderai «l'aumône, et je vivrai pour «l'exemple de la postérité et la «honte de mes concitoyens. » Le dernier jour de sa vie , il dicta encore à un de ses amis un sonnet contre les Autrichiens , alors maîlres du territoire de sa patrie. L'astronome Oriani , qui ne put pas obtenir du gouverne- ment autrichien de consacrer en public la mémoire d'un si illustre citoyen, lui fit, au retour de la république, élever à ses frai> un monument sous les portiques du gymnase de Brera. Outre les ou- vrages mentionnés dans le cours de cet article, Parini a laissé des éloges, des discours, des lettres, des poésies de toute espèce, des contes, et plusieurs progranmies pour des sujets de peinture et de sculpture qui prouvent son gofit et son imaj;inatinn. La collection de ses œuvres fut publiée à iMi- lan , en 1801, 6 vol. in-S", par l'avocat Reina, qui a composé l'é- loge de ce célèbre poète.

PARIS (N.), ancien garde-du- corps du roi l.ouis XVI, n'avait point attiré l'attention publique avant la révolution ; une seule action l'a rendu fameux. Cédant à l'indignation que lui avait ins- pirée la condamnation du roi, il crut servir son parti , en im-

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niolant un des membres ilc la con- vention qui avaient voté la mort du inonar(|ue. Fai is avait d'abord résolu, dit-on, de tuer le doc d'Orléans, et chercha vainement l'occasion de frapper ce prince, qu'il ne put approcher. Le -io janvier 1795, il entra chez un restaurateur du Palais - Royal , nommé Février, et y reconnut un des hommes qu'il avait dévoués à la mort, Paris l'aborde aussitôt, lui demande : <i N'êtes- vous pas JLepelelier de Saint-Fargeau ? Oui. Vous avez voté la mort du roi? Oui. » A l'instant il lui plonge dans le corps le sabre qu'il portait sous son manteau. Lepele- lier expira peu de rnomens après. Au milieu du lunnilte. Paris trou- va le moyen de s'échapper, et sortit bientôt des murs de Paris. Son signalement fut répandu dans toute la France. Un décret de peine de mort fut porté contre quiconque lui donnerait asile. Après avoir erré quelques jours aux environs de Paris, il fut re- connu dans une auberge il ve- nait de se réfugier, et au moment la force armée y entrait pour le saisir, il mit lui-même un ter- me aux poursuites, et se tua d'un coup de pistolet.

PARIS (Félix), greffier du tri- bunal révolutionnaire de Paris, embrassa la cause de la révolution avec enthousiasme, et se fit auto- riser, en 1793, à prendre le nom de Fubricius pour quitter celui du garde-du-cor])S qui avait frap- pé Félix Lepeletier. 11 n'est pas étonnant dès-lors qu'il se soit lié avec Danton; mais il l'est da- vantage qu'il fût à la fois mem- bre de la société des Jacobins

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et de celle des Cordeliers. Dans le courant d'octobre, Hébert l'ac- cusa aux jacobins d'avoir été dans son département pour y scru- ter sa conduite, et Momoro, pour fortifier l'accusation, ajouta que Fahricias était an patriote de fraîche date. Au moment Ro- bespierre voulait se débarrasser de Danton, Paris, qui eut connaissan- ce de l'intrigue, fit tous ses efforts pour arracher celui-ci à son insou- ciance naturelle : le jour même de son arrestation il lui annonça qu'on devait se saisir do sa personne pen- dant la nuit, et le trouvant tou- jours incrédule, il le rejoignit à l'Opéra pour l'empêcher de ren- trer chez lui; tout fut inutile. Dan- ton s'obstina à regagner son do- micile ; il y fut arrêté, et de con- duit à l'échafaud. Paris fut incar- céré au 9 thermidor an 2 (27 juil- let 1794); '"a»s ayant recouvré la liberté, il fut nommé greffier du tribunal révolutionnaire regénéré, et mourut sous le gouvernement directorial. v

PARIS (P. L.), membre de la congrégation de l'oratoire et pro- fesseur «le belles-lettres à l'époque de la révolution, en embrassa les principes avec exagération. Au mois de juillet 1792, il fut arrêté pour avoir provoqué l'insurrec- tion contre Louis XVI, en s'c- rriant dans sa section : « C'est ici «un combat à mort entre Louis »XVI et la liberté. » Plusieurs sections de Paris réclamèrent con- tre la détention de Paris, et l'as- semblée législative enjoignit au ministre de la justice de faire un rapport sur les poursuites exer- cées contre ceux qui l'avaient or- donnée. Paris sortit de prison. En

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venant remercier l'assemblée de lui avoir rendu la liberté , il demanda la mise eu accusa- tion du juge - de - paix Dupe- ron, qui avait lancé contre lui le mandat d'arrêt; il devint, peu de temps après, oflTicier municipal de la ville de Paris. En 179^, le con- seil-général de la commune le chargea d'écrire l'histoire de la journée du 3i mai, et lui adjoi- gnit plusieurs écrivains qui par- tageaient ses opinions. Paris con- tinua d'exercer les mêmes fonc- tions jusqu'au 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794)? mais alors il fut mis hors la loi comme complice de Robespierre; traduit au tribu- nal révolutionnaire le ii, il en- tendit son arrêt avec fermeté, et son courage ne se démentit pas dans ses derniers momens. Il a publié : 1" des Odea sur ie globe aérostatique , sur l'électricité , et sur J. J. Rousseau, 1786; les Eloges de Peiresc , du capitaine Cook, 1790; 5" un Projet d'édu- cation nationale.

PARIS (le babon Marie- Au- guste), lieutenant-général, officier de la légion - d'honneur, né, en 1771, dans la commune de Ville- neuve, arrondissement de Miran- de, département du Gard, est mort à Perpignan, le 3 juin 1814. Il était fils d'un juge de la ville d'Auch. Sa mère, restée veuve avec une nombreuse famille, li- vrée entièrement à l'éducation de ses enfans, avait destiné Auguste Paris à l'état ecclésiastique. Son peu de vocation pour cet état lui lit quitter le séminaire, afin de se réunir à ses frères, qui avaient é- tabli une maison de commerce à Cordeaux; mais l'invasion de la

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France par les Espagnols déran- gea ces projets; il fut appelé à la défense de son pavs, et un des ba- taillons de la Gironcle vit les cinq frères Paris enrôlés dans la même compaîifnie. Auguste Paris, par- venu au grade de capitaine adju- dant-majur, fut détaché de l'ar- mée des Pyrénées pour se rendre dans la Vendée. La destination de son bataillon ayant été changée à son passage à Rochefort, il fut mis à la disposition de Victor Hu- gi!eseten)I)arqué pour les Jles-du- Vent. C'est avec ce bataillon que la Guadeloupe a été rc])risesurles Anglais, et c'est à la tête de ce mô- me bataillo!! que l'adjudant-major Paris donna de nouvelles preuves de son courage et de ses talens. Il était colonel lorsqu'il fut griève- ment blessé à la prise du camp de Saint-Jean, l'armée anglaise, commandée par le général Gra- ham, fut obligée de niettre bas les- armes; il fut élevé au grade de gé- néral de brigade par les commis- saires du gouvernement, Victor Hugues et Lebas. Resté à la Gua- deloupe sous les ordres des gou- verneurs qui leur succédèrent, le commandement lui en fut confié après la déportation du général Desfournaux, par les habitans de cette île. De retour en France, il fut employé dans l'expédition de Flessingue et ensuite en Espagne. Sous les ()rdres du maréchal Su- chet, il prit part à toutes les ac- tions et ù tous les sièges entrepris par ce maréchal dans la Catalo- gne, l'Arragon, et le royaume do Valence ;il fut blessé à la célèbre ba- taille de Sagonte, qu'il décida en faveur de nos armes par une charge vigoureuse, à la tôle de sa briga-

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de. Le maréchal lui confla le goii- ■vernement de Sarragosse. Le gé- néral Paris ont dans ce coininan- dement de grandes diflficultés à surmonter. Tour-à-tour attaquant et attaqué, il déploya une activité extraordinaire, et s'engagea dans des expéditions plus ou moins im- portantes, qui foutes tournèrent à l'avantage de l'armée. En i8i3, abandonné à Sarragosse à ses pro- pres forces, il fut le dernier à quit- ter le sol espagnol. Sa division ne se compo::;ait que d'un très -petit nombre de troupes, et tous les passages lui étaient fermés : ce- pendant il ne se laissa point inti- mider par le général Mina à la "^ tête de toutes ses bandes réunies. Après l'avoir quelque temps évi- té en employant tout l'art de la stratégie, il lui passa sur le corps, parvint sans perle au fort de Ja- ca, et fit sa jonction avec l'armée du maréchal Soult, à laquelle il resta attaché. Cette action lui mé- rita le grade de général de divi- sion, et le commandement delà r" division de l'armée du maréchal Soult. Le général Paris s'opposa long- temps, avec de très-faibles moyens , aux entreprises de la grande division anglaise, com- mandée par le général major Ilill. La bataille d'Orthez lui fournit bientôt les moyens de déployer son courage et son habileté ac- coutumés. Quoiqu'il souffrît beau- coup de ses blessures, il ne put consentir à prendre du repos dans les circonstances difficiles la patrie se trouvait engagée. Il con- tinua de prendre part avec la ujê- me activité à toutes les opérations de la riMraite remarquable termi- uée par la bataille de Toulouse. A

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la paix , le général Paris fut rap- pelé avec sa division à l'armée du maréchal Suchet,,à Narbonne et à Perpignan. Il mourut, jeune encore, dans cette dernière ville, par suite de ses blessures et des fatigues de la guerre. Le désinté- ressement et la modération du lieutenant -général Paris, dans l'exercice des fonctior»s et des gouvernemens qui lui furent con- fiés, lui ont acquis l'estime des ennemis qu'il avait à combattre. 11 n'a laissé àsa veuve et à sa fille, retirées à la Martinique, d'autre fortune qu'une modicpie pension. PARIS (Louis-Michel), naquit à Argentan en 1740" ^'^ de bonnes études, et embrassa l'état ecclé- siastique. Ayant refusé de prêter le serment exigé des prêtres en 1 790 , il fut obligé de quitter ht France, et partit pour l'Angleter- re le 1 1 septembre 1792. Il s'y consacra à l'instruction de la jeu- nesse, éleva d'abord une école à ses frais , il réunit un grand nombre d'élèves. Lié avec l'abbé Carron, il ne quitta son établisse- ment que pour aller contribuer aux succès de l'école que ce der- nier avait fondée en faveur des enfans de familles fiançaises ré- fugiées à Londres. Paris y resta deux années, pendant lesquelles il fit paraître une Introduction à C étude de la géographie , et des Klémcns de grammaire française. Ces deux ouvrages , écrits avec méthode et clarté, obtinrent un succès mérité. Paris profita de la révolution du 18 brumaire an 8 pour revenir en France, et rentra dans le sein de sa famille le 5 dé- cembre 1801. La carrière de l'ins- truction était devenue l'élémeiH

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de l'abbé Pari?; il y forma un pen- sionnai dont la réputation s'éten- dit an loin, et lui attira en peu de temps une fonle d'élèves , ce qui décida le gouvernement à l'éri- ger, dès i8o3, on école secondai- re. Parmi les ouvrages qu'a pu- bliés l'abbé Paris, on cite particu- lièrement une jolie collection de 4^ petites Cartes élémentaires d'as- tronomie et de géograpliie , in-iS, gravées à Alençon par iM. Go- dard, connu par la perfection avec laquelle il exécute ses gravures en bois; le texte a été imprimé sur le revers à Falaise, en 1807. Ce pe- tit ouvrage très-instructif, ainsi que l'introduction à la géogra- phie , allaient bientôt reparaître plus dignes de leur premier suc- cès lorsque l'abbé Paris mourut dan? sa ville natale le 16 juin 1 80G.

PARIS (Pierre-Adrien), archi- tecte, naquit à Besançon, en i7'i7. Son père, qui le destinait ;\ suivre la carrière on il s'était distingué comme intend;iiit des hâlimens de l'évêqu(; de Bâie, lui donna les premiers principes du dessin. I-es progrès du jeune PAris lui rendi- rent bientôt nécessaire ime ins- truction plus étendue : il fut en- voyé à Paris, et placé sous la di- rection de Trouard, arcbitecle du roi , qui lui fit suivre en même temps les cours de l'école d'archi- tecture. A Vîii^ii de '20 ans, il par- lit pour Rome , avec le titre d<! pensionnaire; il s'y appliqua à la niimismatiquc et à l'archéologie , .sans négliger néanmoins les mo- numcns d'architecture, dont il dessina les plus remarquables. De retour en France, le premier usa- ge qu'il fit de ses laleiis fut d'en-

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richirde riches dessins les tableaux de la Suisse, par La Borde, et le/ Voyage à N aptes, de Saint- > on; ce qui le fit connaître assez avan- tageusement pour devenir, en 1778 , dessinateur du cabinet du roi, architecte des économats. Il fut ensuite chargé de tous les détails des fêtes de Versailles, de Marly et de ïrianon; il remplaça, peu <le temps après, Soulflot à l'académie d'architecture, et par- tit une seconde fois pour l'Italie, d'où il revint avec une ample col- lection de dessins. 11 avait été nommé pendant son absence ar- chitecte de l'Opéra ; et l'on dut à son talent, depuis 17S5, toutes les décorations qui furent exécutées à ce théâtre, dont plusieurs sont du premier mérite, telles que cel- les (l'Armide, de Pan 11 rge, etc. Il donna encore le plan du beau por- tail de la cathédrale d'Orléans, dont il surveilla la conj^lruction. Paris fut créé, en 1788, par Louis XVI, chevalier de Saint-Michel. Les lettres de noblesse qui lui fu- rent expédiées sont conçues dans les termes les plus htmorables. Aux approches des troubles de la révolution, il se retira dans un asile que l'amitié lui avait offert au château de Colmoulin, près du Havre. Sa saule, qui avait toujouis été délicate, s'était de plus en plus affaiblie; il suivit le conseil qu'on lui donna de voyager pour se rétablir, et passa pour la troisième fois en Italie. La place de direc- teur de l'école de France était alors vacante par la mort d(; Su- vée : il en fut chargé par intérim. Quelque courte que fût son ad- ministration, elle se fit remarquer par les améliorations sensible»

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qu'elle apporta an sort des pen- sionnaires. Assujélis à tontes les formes de la discipline militaire , leur traitement ne dilVérait pas de celui des soldats dans une caserne. Paris, dans un mémoire adressé au ministre de l'intérieur, fit valoir la nécessité de remettre en vij^ueur l'ancien renflement, et y proposa même certaines ujodifications, qui furent adoptées. L'estime qu'il avait su se concilier à Rome dé- termina les membres de la con- sulte à lui oflVir la place de con- servateur de la basilique de Saint- Pierre ; quelque lucrative qu'elle fût, il ne balança pas à la refuser, déclarant qu'elle appartenait à un archite(;te italien, et désigna celui qu'il jugeait le plus digne de l'occuper. Il était enfin déterminé à revenir en France, pour y pas- ser le reste de ses jours au sein de sa famille, lorsque le gouver- nement français l'invita à traiter de l'acquisition des antiques de la villa liorghèse : Paris accepta celte marque de confiance, se trouvant heureux de continuer à procurer à son pays ime collection qui fait aujourd'hui le principal ornement du musée royal. En 1811, il dirigea encore, stir l'invi- tation qui lui en fut faite, les fouil- les du Colisée, et dressa un plan de restauration de ce monument, le plus vaste que les anciens aient exécuté, après avoir dessiné avec exactitude toutes les parties que les décombres tenaient cachées. Rien ne le retenait plus en Ita- lie en 1814, si ce n'est son at- tachement pour un ami qui lui était bien cher , le respectable d'Agincourt, alors malade, et au- quel il avait fourni des dessins

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])Our son histoire des arts ; il il craignait d'agraver son état , en s'éloignant de lui dans de telles circonstances; ce ne fut que trois ans après c, lorsqu'il lui eut rendu les derniers devoirs, qu'il partit pour la France. Il arriva à Resan- fon, épuisé de fatigues, et affaibli par im genre de vie sévère , que rien ne le put jamais déterminera changer. Il s'occupait depuis vingt ans d'un travail important sur les édifices anciens de l'Italie; il se hâta d'y mettre la dernière main, et put se féliciter de l'avoir termi- né avant sa mort, arrivée le i*' aofit 1819. Cet artiste avait toutes les qualiiés qui procurent les suc- cèsrdu goût, de l'imagination, beau- couptle connaissances, un caractè- re facile et liant. Les savans, les artistes, et les littérateurs les plus distingués de France et d'Italie, le connaissaient et l'aimaient. Il était habile architecte; mais il a trouvé peu d'occasions d'exercer ses talens en ce genre. On ne con- naît de lui que le portail de la ca- thédrale d'Orléans, dont nous avons parlé, et quelques bâtimens particuliers. Il avait aussi donné les plans de l'hôtel-de-ville de Neuchâteletde l'hôpital de Bourg; mais il les a désavoués publique- ment, parce que les constructeurs les avaient dénaturés, en y faisant des changemens essentiels sans sa participation. Il a traduit en fran- çais : V Agriculture des Anciens , par Dickson, Paris, 1802, in-S", 2 vol. fig. , et ï Agriculture pratique des différentes parties de l' Angle- terre, parAlarshal, ibid., i8o3, 5 vol. in-8°, et atlas. Il a laissé en manuscrit les traductions des Oi- servations sur le Vésuve , par W.

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llamilton; du Traité de la sobrièlé par Carnaro; du Voyage au nord de l' A ngleterre, par Arthur Youn^; et des Lettres écrites de Barbarie, par Jardin, I! existe aussi de cet artiste un Recueil de dessins et d'études d'architecture, se com- posant de 9 vol. très-grand in- iolio ; c'est en ce genre une des collections les plus précieuses. On a encore de cet artiste : Examen des édifices antiques et modernes de la ville de Rome , sous le rapport de l'art, etc., in-fol. avec des pi. L'auteur avait traité pour la pu- blication de cet ouvrage avec un graveur célèbre qui, ne s'étant pas cru obligé de remplir les condi- tions convenues, s'est dessaisi du manuscrit en faveur des héri- tiers. L' Amphithéâtre FlaDien,vul- gairement nommé le Cotisée, res- tauré d'après les détails encore visibles de la construction, etc., in-folio, 4-ï pi- Ce travail se trou- ve à la bibliothèque du roi, mais on en voit aussi une copie à la bi- bliothèque (le Besançon, à laquelle Paris a également légué ses livres, ses tableaux et ses antiques. Il existe un catalogue raisonné du cabinet de cet artiste, imprimé à Besançon, en 1821, in-8°, par l'ordre du conseil municipal; il e.st précédé d'une notice sur la vie «le Paris, et orné de son por- trait, et de 5 planches qui repré- s<!ntent des antiques.

PARI5EAU (Nicolas de), à Paris, en 1703, d'une famille assez riche, y lit de bonnes élu- des, et, en outre, son père lui ayant laissé le choix de la carrière qu'il devait suivre, le jeune Fari- seau se consacra exclusivement à Kart dramatique, et fut nommé

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directeur des élèves pour la danse de l'Opéra; les soins qu'exigeait cette place, ne l'empêchèrent pas de composer pour plusieurs théâ- tres de la capitale un assez grand nombre d'ouvrages, dont quel- ques-ims eurent beaucoup de suc- cès, et révèlent dans leur auteur l'habitude et l'entente de la scène, une certaine facilité à créer un sujet, à conduire une intrigue et à imaginer des res- sorts comiques. Les bluettes é- chappées à la plume de cet écri- vain , se distinguent en général par un style naturel qui ne man- que ni de gaîté ni d'originalité. Il a donné : 1^ au Théâtre-Français, le Prix académique, comédie ea un acte, en vers, 1780; au théâtre Italien, la Veuve de Can- cale, parodie en 5 actes, en vers, de la Veuve du Malabar, tragédie de Lemierre, 3 octobre 1780; 5* Adélaïde, oui' Innocence reconnue, pantomime en 3 actes, «780; 4* au théâtre Italien, Richard, pa- rodie de Richard III , tragédie de Rozoy, 1781; celte parodie est piquante et spirituelle ; on y ap- plauditsurtout le couplet suivant : Riehardjimpatientédes refus de la princes.se qui ne veut pas répondre ■\ son amour, lui dit :

J'ai des procédés , Et vous m'excédez ! Mais à la fin , moi , je tranche. Je suis tout rond , £1 ma façon

Est franche : Concluons donc L'iiymen njon Cœur penche. Réfléchissez-y Jusqu'à samedi : Nous nous marierons dimanche.

5" Au théâtre Italien , la Soirée- d'été, divertissement en un acte et en vaudevilles , 1 78a ; la l>ind(

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ifa ManSj comédie en un acle, en prose, 1^85; tes Deux font ta ^aire, ou tes Deux bottes de foin, comédie en un acle, en pro*e , 1783 ; le roi Lie , parodie en un acte , en vers , du Roi Léar, tragédie de Ducis, 1 785; au théâtre Italien , le Bouquet et les étrennes^ comédie en un acte, en vers : le sujet de celte pièce est tiré d'un conte d'Imbert ; 10° au théâtre Italien, le Rendez-vous, ou les deux Rubans , comédie en un acte, mêlée d'ariettes ; les airs de cette pièce furent faits avant les paroles. L'auteur de la musique l'ayant fait entendre sur des sylla- bes sans ordre ni suite, Pariseau eut la patience de les remplir. 1 Julien et Colette, comédie en im acte, en vers, 1788; la" Jean La Fontaine, comédie en 3 actes, en prose, 1790. Pariseau rédigea dans les premières années de la révolution, le journal intitulé la Feuille ^du jour, journal qui ren- fermait une foule d'articles sati- riques , dans lesquels Pariseau attaquait vivement les doctrines du moment; devenu suspect par ses opinions, il fut arrêté pendant le régime de la terreur, et enfer- mé au Luxembourg; la ressem- blance de son nom avec celui de M. Parisot {voyez ce nom), ancien capitaine de la garde' constitu- tionnelle du roi, qui se réunit aux Suisses pour défendre le château des Tuileries le 10 août , le fit comprendre dans une conspira- tion dite des prisons , et il périt victime de la tyrannie en 1795. Quelques-uns de ses amis qui n'a- vaient cessé de faire des démar- ches pour lui, et qui ignoraient son funeste sort, obtinrent enfin

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du comité de saliif-public, et peu après le 9 thermidor, sa mise eu liberté. Impatiens d'embrasser cet infortuné, d'alb r briser ses fers, ils volent au Luxembourg , de- mandent que les portes soient ou- vertes à leur ami. Quelle est leur surprise! quelle est leur douleur! on leur apprend que deux jours auparavant Pariseau avait péri sur ré(hafaHd sous le nom et le titre de Parisot , capitaine de la garde royale.

PARISET (Etienne), médecin et littérateur, est en 1770, à Grands, dans l'ancienne Champa- gne. Ses parens, hor? d'état de lui donner une éducation soignée , l'envoyèrent à l'âge de iG ans, à Nantes, chez un oncle, parfumeur. Il profilait de ses momens de loisirs pour se livrer à l'étude, et deux ans après, en 1788, admis au collège de l'Oratoire, il y parut un des meilleurs écoliers de rhétori- que. Forcé, en i7()3, de partir pour les frontières, il fit, l'année suivante, la guerre de la Vendée, pendant laquelle, à ce qu'on pré- tend, il rédigea les pétitions qui servirent de base au ra[)port du conventionnel Pons- de -Verdun, en faveur de M°" de Bon champ, femme du célèbre général de ce nom ; ainsi il <nit le bonheur de (Contribuer à sauver la vie de celte dame. De relour à Nantes, il se livra à l'étude de la médecine, et obtint, au concours de l'école de Santé, la place d'élève qui venait d être créée. Il soutint, en i8o5, pour obtenir le titre de médecin, une thèse sur les Hémorragies uté- rines. Quelques années après, il fit des Cours de physiologie et d'i- déologie à l'Athénée de Paris. En

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1820, il s'était manirestô à Cadix, une iTiafiulie dans laquelle on crut apercevoir les symptômes d'une contagion meurtrière ; iM. l'ariset se rendit dans celle ville avec le jeune Mazet , son ami , et pour ain^i dire, son élève. Il a bientôt reconnu le caractère du mal qu'il se proposait de combattre, et le juge moins dangereux qu'on ne le croyait. Les craintes qu'avait é- prouvées Cadix eu iSao, furent ressenties à Barcelonne, l'année suivante, et eurent »m eflét plus terrible. iM. Pariset partit acconj- pagné de Mazet, et de deux autres de ses confrères ; par une fatalité des plus déplorables, ce fut à Ma- zel qu'il dorma , en quelque sorte, ses premiers soins, et il eut la douleur de le voir périr, après 10 jours de maladie. Le genre de cet ouvrage ne nous permet pas de discuter la part qui revient à M. Pariset dans la gloire acquise par la commission qui fut envoyée à Barcelonne. Nous dirons simple- ment qu'à son retour dans sa pa- trie, il fut comblé des faveurs du gouvernement. Il devint censeur et membre de la société des bonnes- lettres. M. Pariset a traduit plusieurs ouvrages d'Hippocrate, ce sont : 1" Hippocralis de morbis vulgaribus libri primas et ter t lus integri , 1811, in-52 ; des notes dans le Formulaire magistrat, dcM-Caiiel- Gassicourt; A phorismes d'Hip- pocrate, latin-français, traduction nouvelle, 1817, 2 vol. in-52. i>l. Pariset est aussi l'un des rédac- teurs du Journal de Médecine. Il a fourni ù plusieurs journaux, et notannneut au Spectateur politi- ijue et littéraire, et au Dictionnaire ides sciences médicales t difféieii» ar-

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ticles ; il est secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Médecine, et cbevalier de Sainl-Micbel et de Tordre royal de ia légion-d'hon- neur.

PAliISI (Joseph) , lieutenant- général du génie, grand'croix de l'ordre militaire de Saint-Georges, membre de l'académie royale des sciences, et de l'institut d'encou- ragement de Naplt s, des acadé- mies italienne, ionienne, etc., na- quit à Moliterno en Basilicate le 27 mars 1745 > d'une famille ins- crite à l'ordre de la noblesse de Coseuza. Après avoir étudié les mathématiques , la philosophie et le droit sous le célèbre Genove- si, et soùs d'autres habiles maîtres, M. Parisi prit le parti des armes; il servit d'abord dans un régiinent d'artillerie , et ensuite dans le corps du génie. Ln 1781, il pu- blia un ouvrage intitulé : Elementi deW architeltura militare, en 4 vol. in-8", dont il parut une nou- velle édition eu iiSo2. Cet ouvra- ge donna une bonne opinion des lalens de rauleur,qu'on jugea di- gne d'aller «-xaminer les progrès (pie l'art militaire avait faits en Al- lemagne. Il y lit un séjour de trois ans, qui lui servirent à étendre le cercle de ses connaissances. A son retour dans sa patrie , il fut promu au grade de colonel, et chargé de l'organisation d'ime é- cole militaire dont la direction lui fut confiée. En 171)6, le roi de Naples le plaça à la tête de l'état- major de l'armée qu'il avait im- provisée pour couvrir les frontiè- res de son royaume; deux ans après il l'éleva au grade de ma- réchal-de -camp , et le nomma quartier -maître-général de" l'ai-

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niée confiée au général Mack. M. Parisi se déclara contre la guerre , et eut uiGine le courage de prédire à la reine Caroline la funeste is«ue de cette campagne, à laquelle la cour de Naples se "préparait contre la France : « Soixante ans de paix, lui disait- ail, nous rendent inhabiles à la «guerre. » Sous les règnes de Joseph Bonaparte et de Joachiin Murât, le général Parisi a occu- pé les places les plus éminentes à la cour et à l'armée. Il était con- seiller-d'élat , inspecteur- général <3u génie et de la garde nationale, gouverneur dis pages, et décoré du grand-cordon de l'ordre des Deux- Siciles. Au retour du roi Ferdinand, le général Parisi, des- titué de toutes ces fondions > se relira au sein de sa famille, il se consola de sa disgrâce, dans l'élude et par les souvenirs d'une "vie sans remords et sans honte. En 1820, il quitta de nouveau sa retraite, se rendant aux vœux de ses amis et de ses concitoyens, qui l'appelaient à faire partie du gou- vernement provisoire , nommé par le roi lor-qu'il donna une constitution à ses peuples. C'est de l'école militaire fondée par ce général que l'on a vu sortir tant de bons officiers, qui déplorent comme lui de ne pas appartenir à une autre armée.

PARISOT (Jacques-Théodore), officier de marine, à Paris, ie 20 mai 1^85; se destinant, dès sa première jeunesse , à la carrière des armes, que son père avait ho- norablement parcourue , il n'en cultiva pas moins, avec soin, les heureuses dispositions dont il était doué pour les lettres et les scien-

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ces. Après avoir fait de bonnes é- tudes dans les grandes écoles na- tionales, il entra, à l'âge de i5ans, au service de la marine, en qua- lité d'aspirant, grade auquel ses connaissances théoriques lui don- naient droit. Il fut bientôt promu à celui d'officier, et dans un corps l'avancement, à cette époque, n'était rien moins que rapide, il parvint, à l'âge de 28 ans, sans autre recommandation que celle de SOS services, au grade de lieu- tenant de vaisseau. Depuis 5 ans, il en avait déjà le rang, ayant été nonuiié au commencement de 1807, capitaine - adjudant- major d'un bataillon de marins. M. Pa- risot eut part à plusieurs combats pendant la guerre maritime que vint suspendre , pour quelques mois, la paix d'Amiens, et après la rupture de cette courte trêve, il se fit remarquer de nouveau dans diverses occasions la flot- te de Boulogne eut à combattre les croisières anglaises. Employé ensuite sur la flotte de l'Escaut, il se distingua, en 1809, lors de l'expédition que les Anglais tentè- rent à l'embouchure de ce fleuve, et plus particulièrement encore lors de leur nouvelle tentative contre la place d'Anvers, en 1814. Pendant le bombardement de ce port, le gouverneur Carnot lui a- vait donné le commandement d'un des principaux bastions se trouvaient des batteries de pièces de 18 et de mortiers, qui firent le plus grand mal aux ennemis ; pour le récompenser des services qu'il n'avait cessé de rendre , le gouverneur lui confia le com- mandement d'un des forts exté- rieurs de la place, qu'il défendit

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jusqu'à la fin du siégp. Après les événeiu«n.s de i8i5, M. P.irisut se vit ti»ut - à-coup an'êtor dans sa carrière inililaire , à l'âge do 32 ans. Le vicoinfe Dabouchage, a- lors ministre de !a marine, ne ju- gi'a point à propos de conservera {'état un pareil officier, el il ne fut point compris dans la nouvelle organisation du corps de la ma- rine, dont ce minisire présenta le projet au roi. Des hommes dont le même ministre connaissait sans doute le mérite, et beaucoup d'au- tres qui avaient servi dans l'étran- ger, lurent alors employés de pré- l'érenoe : ^I. Pari<ot n'eut même ni pension ni retraite. Il supporta, avec courage, une disgrâce minis- térielle, qu'il partageait d'ailleurs avec plusieurs olïiciers des plus distingués de sou arme , comme lui bons militaires , mais peu courtisans. Les hîttres qu'il n'avait pas ces^!é de cidtiver devinrent son unique consolation. A la connais- sance approfondie des diverses parties de l'art de la guerre , M. Parisot joint celle des principales langues de l'Europe. Il a fourni des renseignemens précieux pour la partie nic»ritin)e, ainsi que des notices et des articles à plusieurs ouvrages publiés depuis i8i5, tels que Victoires et Conquêtes ; An- nales des faits et des sciences mili- taires , etc. Ou lui dcfit aussi la traduction de quelques romans anglais, tels que Florence Macar- thy, de lady Morgan , le Château, de Kcnilwurth, de AValter Scott, t d autres ouvrage'? plus impor- tans, notamment les Vicws of A- merica, de miss Wright, The Elé- ments of polit icai cconomy, de J. iMill, et lc8 fameuses Letters of

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Janius, qui ont paru en i823. Dans ce dernier ouvr.ig>>, le tra- ducteur eut à reproduire en notre langue, les mâles beautés d'un patriote anglais , dont le nom est resté ignoré, mais dont la plume fît pâlir plus d'une fois les minis- tres prévaricateurs de son pays. Ces lettres, comme on sait, ont survécu aux circonst;mces qui les firent naître, et sont encore au- jourd'hui citées en Angleterre comme des chefs-d'œuvre. En rendre les pensées dans toute leur concision, et les éloquentes ex- pressions en toute leur énergie, n'était point une tâche facile; M. Parisot s'en est acquitté avec suc- cès. Il a aussi coopéré depuis plu- sieurs années, à la rédaction de journaux, et autres ouvrages pé- riodiques, au Mercure de France, jusqu'à ce qu'il cessât de paraître sous ce titre ; à l'ancien Diable boiteux, à la Renommée, etc. Il est aujourd'hui l'un d(!s rédacteurs du journal le Courrier français, et de l'Encyclopédie moderne, publiée par iM. Gourtin.

PARISOT (N.), membre du conseil des cinq-cents et de la lé- gion-d'honneur, était, avant la révolution, avocat au parlement de Paris, et attaché comme con- seil à la maison de Soubise, et, en la même qualité, à l'adminis- tration des fermes générales. Il fut nommé, en 1792. capitaine de la garde constitutionnelle du roi, et concourut à la défense du châ- teau lors des événemens du 10 août. Grièvement blessé, il dut la vie à quelques grenadiers de la section des Filles-Saint-Thomas, qui l'enlevèrent des cours du châ- teau. A peine rétabli, il donna de

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nouvelles preuves d'attachement à la tamille royale : il vendit son argenterie et en ût remettre le montant à madame Elisabeth, soeur du roi [voyez Elisabeth). Cette auguste princesse ne put lui témoigner sa gratitude, qu'en lui adressant quelques mots tracés avec la pointe d'une épingle. Après la mort du roi, et ayant tout à craindre de la haine de. ses enne- mis, il quitta la France. Il était à peine éloigné, qu'un rédacteur de la Feuille du jour, portant à peu près son nom [voyez Parisead), fit condaniné à mort, bien qu'il prouvât qu'il n'avait pas servi dans la garde constitutionnelle et qu'il fût, enfin, étranger à l'indi- vidu que l'on poursuivait. Parisot reparut après la révolution du q thermidor an 2 (27 juillet 179^), et devint, en 1797, membre du conseil des cinq-cents. Il s'y mon- tra sage et modéré, et échappa au coup d'état du 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797). Opposé à la journée du 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799), il fut exclu du nouveau corps -législatif. Depuis celte é})oque jusqu'au retour de la famille royale, en 181 4, il Té- cut loin de Paris , étranger aux affaires publiques. Il reçut du roi la décoration de la légion-d'hon- neur, et fut admis au conseil de M°" la duchesse douarière d'Or- léans ; il en était encore mem- bre lorsqu'il mourut en 1816.

PARK. (voyez Mlngo-Pauk).

PARKER (sir Hyde), amiral anglais, fut destiné do bonne heu- re au service de mer. Il se fit re- marquer dans plusieurs circons- tances, et parvint rapidement aux premiers grades. Promu au grade

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de vice-amiral, il futconstamment employé contre la France, soit en Amérique, soit dans la Méditer- ranée. I! se signala particulière- ment, le 14 février 1797, à la ba- taille gagnée par lord Saint-Vin- cent sur la flotte espagnole ; la commune de Londres lui envoya des lettres de bourgeoisie dans une boîte d'or de la valeur de 100 guinées. Néanmoins, au mois de novembre 1801, il fut mis en ju- gement pour avoir expédié aux Indes-Occidentales, sans un ordre positif, les biltimens V America et la Cléopâtre; mais la cour mar- tiale, devant laquelle il comparut, l'acquitta honorablement, 11 mou- rut, en décembre 1802, dans sa terre du comté de Surrey.

PARKER (William), capitaine de vaisseau anglais, entra, très- jeune encore, dans la marine^ et mérita par ses services le com- mandement d'un vaisseau. La guerre de la révolution française lui fournit plusieurs occasions de se distinguer, notamment le 28 mai 1794, il soutint, avec V Au- dacieux, de 74, un combat contre le vaisseau français la Bretagne, de U2 canons. Le lendemain, il eut un nouvel engagement avec une frégate et deux corvettes. Il courut se réparer dans le port de Plymoulh, et se trouva à la ba- taille que livra, le 1" juin, l'amiral Howe. Le capitaineParker qui était aussi à l'attaque devant Boulogne en septendjre 1801, y reçut une blessure grave, dont il mourut peu . de jours après,

PARKER (Samuel), évêque de l'église épiscopale des états de Massachusselts, naquit à Ports- moulh, dans le New-ll.ampshirc,

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en 1^45; fit ses études an collège irHarvard, y prit ses grades en 1765, et se livra pendant 9 ans à l'instruction de la jeunesse, à Newburg et dans d'autres villes. En 1775, il fit le voyage d'Angle- terre pour y prendre les ordres; il les reçut de l'évt que de Lon- dres, et retourna sur-le-champ à Boston, on le noiniiia, en 1774? ministre assistant de l'église de la Trinité, dont il devint recteur, en 1779. Tous les ecclésiastiques é- piscopaux avaient abandonné la contrée pendant la guerre de l'in- dépendance; Parker, lesté seul à son poste, préserva, par l'ascen- dant de son mérite et par sa fer- meté, son église de la disper- sion. Quelques aimées après, il fut mis à la tête des églises épis- copales du pays des Massachus- setts, poste devenu vacant par la mort de l'évêque Bass; mais il ne l'occupa que quelques mois , la mort l'ayant surpris inopinément à Boston, le 6 décembre 1804. Sa mort laissa des regrets dans la contrée qu'il avait habitée; il s'y était rendu recoumiandable par ses nombreux actes de bienfai- sance. 11 avait publié, en 1797, un choix de Sermons et quelques discours de circonstance, etc.

PARKER (Richakd), chef de la révolte qui éclata, en 1797, à bord de l'escadre anglaise, naquit, en i70o,àExator. Il avait reçu une assez bonne éducation, et était en- tré dans la marine en qualité de surnuméraire, à l'époque de la guerre d'Amérique. A la paix , il se maria avantageusement, mais il eut bientôt dissipé la fortune de sa femme; réduit alurs à contrac- ter des dette», qu'il ne put acquit-

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ter, il fut mis en prison à Edim- bourg. La résolution que prirent, dans cet intervalle , les différens comtés de lever des matelots pour la marine royale, lui fournit une occasion de briser ses fers. Il s'en- rôla pour être libre, et fut conduit à Nore, il monta à bord du Sand- wich; il ne tarda pas à s'y faire re- marquer par des propos séditieux, et des provocations contre les of- ficiers; elles brisèrent peu à peu les liens de la discipline, et lui acqui- rent toute la confiance des mate- lots. Bientôt la révolte éclata sur toute la flotte, et ses nombreux partisans l'en nommèrent amiral. Il montra dans cette circonstance une dignité et une résolution qui surprirent tous ceux qui en furent témoins, et il ne parut nullement étranger à des fonctions si impor- tantes et si nouvelles pour lui. Cet- te fièvre d'insurrection se calma enfin; la crainte du châtiment fît naître des réflexions, et Parker s'a- perce vant que son rôle était fini, se livra lui-même, le i5 juin, entre les mains de quatre de ses cama- rades, ne leur demandant que de le garantir des insultes des mate- lots qui s'étaient refusés à recon- naître son autorité. On l'embar- qua alors, sous escorte, dans une chaloupe, et le peuple, à son dé- barquement, l'accueillit à coups de sifflets. Ne me sifflez pas, je me justifierai, s'écria-l-il douloureuse- ment. Déposé d'abord à Maidsthone, il fut bientôt transféré à Shcerness. Scpljours entiers furent employés à lui faire subir diflérens interroga- toires, dans lesquels rien ne fut épargné pour découvrir les mo- teur.-, secrets de l'insurreclion : ses a veux ne procurèrent aucun éclair-

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cissement. Le 22 juin, on enten- dit plusieurs témoins, qui tous dé- posèrent contre lui. Son caractè- re ne se démentit pas un seul ins- tant; il répondit à tout avec au- tant de noblesse que de fermeté. Sur la fin du mois, il fut condam- né à être pendu. Il entendit son arrêt sans rien perdre de sa tran- quillité, et assumant seul le crime qu'il allait expier, il sollicita l'in- dulgence de ses juges en faveur des autres matelots qui avaient pris part à l'insurrection. L'exécu- tion eut lieu le 3o juin, près de Sheerness, à bord du Sandwich. Il conserva jusqu'au dernier mo- ment la plus parfaite résignation. Son corps fut ensuite exposé sur l'île de Cheppi, vis-à-vis de la ra- de du Nord.

PARRES (Samuel), savant chi- miste, né en Angleterre, est au- teur de plusieurs ouvrages esti- més. Son Catnliisme chimique, publié â Londres en- 1806, in-8", était, en 1 8 1 2, à sa cinquième édi- tion. On a encore de lui : Rudi- mens de chimie et récits de quelques expériences t}ouvelles,v?!>oi^,'\n-ii'>; et Essais chimiques sur divers sujets, i8i5, 5 vol. in-13. M. Parkes est memi)rc des sociétés linnéenne et géoldgifpie , de la société des an- tiquaires de Perlh, etc., etc. Il est propriétaire d'une gntfïde ma- nufacture de produits chimiques, près de Londres.

PARRHLJRSÏ (.Jean), ministre de l'église anglicane, naquit, en i^'^S, à Catesby-House, comté de Noribampton, et mourut, le 21 février 1797, à Epsomen-Surrey. II était très-instruit, et dès 1753, il avait écrit contre Wesley. De- puis 1762, il a fait successive-

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ment paraître : Son Diction- naire hébreu, sans points, précédé d'une Gramm.(iire hébraïque et chat- daique, également sans points : une cinquième édition de cet ou- vrage, généralement eslimé, a été publiée à Londres, gros in-8°, en 1802; un Lexique grec et an- glais du N oweeau-T estament , pré- cédé d'une Grammaire: grecque : la première édition de 176^5 , in- 4°, a été suivie de plusieiu^s au- tres; 5° la Divinité et la préexis- tence de Jésus - Christ , prouvées par l' Ecriture; ouvrage particu- lièrement dirijïé contre Priesllev. On trouve encore une Lettre cu- rieuse de Parkhurst, sur la confu- sion des langues à Babel ; elle a été insérée dans le Gentleman Ma- gazin,dn u)ois d'août 1797. Ce sa- v;mt était aussi recomniandable par ses vertus que par ses vastes connaissances.

PARMENTIER ( Antoine- Au- gustin), inspecteur ~ général du service de santé , membre de l'ins- titut, naquit, en 1737, à Mont- didicr, département de la Somme, d'ime bonne famille de bourgeoi- sie. Étant bien jeune encore, il perdit son père et ne put être placé au collège par le défaut de foitune de sa famille ; mais sa mè- re , dont l'éducation avait été très- soignée, lui enseigna les élémens des langues française et latine, leçons que sa situation pénible ne lui permit pas de continuer. Parmentier fut mis, en 1755, en apprentissage chez un apothicaire de Monldidier. Ses heureuses dis- positions firent sentir la nécessité (!<; ['(Mivoyer à Paris, 011 il pour- rait avec ))lus d'avantages se livrer aux études de celte profession.

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Placé chez mi pharmacien de ses parens, puis employé comme )ihariii;icien dans les hôpilaux de rarmée de Hanovre, il fixa par -«on zèle et son aplilude l'attention do Bajen, pharmacien en chef, »|iii le présenta à M. de Chamous- set, intendant- général des hôpi- taux. « Stimnié, disent quelques- nns do ses biographes français et étrangers, par ses vertueux maî- tres , il profita avec ardeur de toutes les sources d'instruction qui s'olTrirent à lui , visitant les fabri- ques dans les villes, travaillant dans les laboratoires des pharma- ciens habiles, et observant à la campagne les pratiques des fer- miers. Fait cinq fois prisonnier, et transporté dans des lieux éloi- gnés , il apprit alors, par sa pro- pre expérience, jusqu'où peuvent aller les horreurs du besoin, ce qui allniiia peut-être en lui ce beau feu d'humanité dont il a été ani- mé durant sa longue carrière. » La paix de 1765 ramena A Paris ce jeune et habile praticien , qui , pour augmenter ses connaissances dans les différentes parties de son art, suivit les leçons des NoUet, Rouelle, Antoine et Bernard de .lusàiuu. En 1766, il remporta au concours une place inférieure (mais vivement disputée) de phar- macien,vacante i\ l'hôtel royal des Invalides. Ses supérieurs, frappés lie son instruction et de son zèle infatigable, obtinrent du roi, en 1772, la place de pharmacien en chef, dont il ne toucha que les énioUnnens, les sœurs de la cha- rité, en possession, depuis la for- mation de cet établissement, de la <lircction de la pharn)acie,étan t par- Tenues à conserver les droits dont

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elles voulaient la possession exclu- sive. Libre, contre son espér.mce, de disposer de tout son temps, il se livra à des travaux d'utilité do- mestique. Quelques années aupara- vant, en i'y()()^ une disette géné- rale avait déterminé l'académie à proposer un prix pour le meilleur mémoire qui signalerait les végé- taux capables de suppléer aux plan- tes céréales, Parmentier remporta ce prix. La pomme de terre, trans- plantée du Pérou en Europe dès le i5" siècle, devint l'objet de sa constante prédilection; il la re- commanda avec une persévérance infatigable; combattit les préju- gés qui la repoussaient depuis plus de deuxsiècles, d'abord parce qu'on prétendait qu'elle était suscepti- ble d'engendrer b lèpre, ensuite parce qu'elle pouvait être la cause de fièvres nombreuses , et vit en- fin , mais non sans peine, triom- pher cette utile racine. Non-seule- ment il avait démontré que l'on pouvait trouver un aliment déli- cat dans la fécule de la pomme de terre, naguère exclusivement li- vrée aux animaux , mais encore qu'elle n'appauvrissait point, com- me on le prétendait, le terrain elle était semée , et qu'elle triom- phait même des terres les plus in- grates. Pour parvenir à ces prin- cipaux résultats, il sollicita de Louis XVI et obtint 5'jarpens de la plaine des Sablons, dont l'entiè- re stérilité n'avait encore pu être vaincue. Le terrain ensemencé, il attend patiemment (\^\Q la gcrmi- naison vienne justifier ses espéran- ces et ses promesses que l'on ju- geait illusoires. Les fleurs parais- sent enfin, etParmentier enchanté schàted'en former un bouquet dont

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ilestadmisà faire un hommage solennel au roi, qui protégeait son entreprise. Louis XVI en pare aussitôt sa boutonnière, et par son suttVage royal détermine celui des courtisans. La piovince voulut jouir des avantages de cette utile tentative, que Parmenlier renou- vela avec le même bonheur dans la pl.iine de Grenelle. Il lit aux Inva- lides, avec un succès parfait, et en présence de Franklin, l'essai d'un procédé pour obtenir « un pain sa- voureux de la pulpe et de l'ami- don de la pomme de terre combi- nés à égaie portion , sans aucun mélange de farine. » Parmenlier enseigna aux pâtissiers de Pa- ris , avec son désintéressement or- dinaire, le secret de fabriquer le gâteau ou biscuit de iSavoie, qui a pour base l'amidon de pommes de terre. Enfin ou raconte qu'il don- na un dîner « dont tous les apprêls, jusqu'aux liqueurs, consistaient dans la pomme déterre, déguisée sous vingt formes différentes , et il avait réuni de nombreux con- vives : leur appétit ne fut point en défaut, et les louanges qu'ils don- nèrent à l'amphitriou tournèrent à l'avantage delà merveilleuse ra- cine. » Ces succès répandirent le nom de Parmentier et de sa plante chérie dans toutes les parties de l'Europe. M. François de Neufchâ- teau proposa de sul)sliluer au nom impropre de la Pomme de terre, celui de la Parmenlicre. Eu effet, le nom de ce célèbre agronome et celui de ce végétal, sont devenus insépa- rables dans la mémoire des a mis des hommes. Lepeuplen)ême les avait imis , mais ce n'était pas toujours a- vec reconnaissance, car lorsqu'à certaine époque de la révolution

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31. Parmentier fut proposé pour une place municipale, un des vo- tans s'opposa à son élection, en s'écriant avec colère : oIL ne nous fera manger que des pommes de ter- re ; c'est lui qui Us a Inventées. » Au surplus, c'est aux hommes de l'art à consigner dans les fastes de la science et de l'utilité publique , à signaler enfin tous les services que Parmentier a rendus dans les différentes fonctions qu'il a rem- plies. Son humanité a toujours été égale à ses talens. Le gouverne- ment directorial le nomma, en 1796, membre de l'institut. Sous le gouvernement consulaire , il de- vint président du conseil de salu- brité du département de la Seine, et fut confirtué dans ses fonctions d'inspecteur-général du service de santé et d'adminiî-trateur des hos- pices,qui lui avaient été précédem- ment confiées. Parmentier mourut généralement regretté, le 17 dé- cembre i8i3. Voici le portrait mo- ral et phyfique que l'on a fait de cet excellent citoyen. «Partout, ce qui pouvait être utile avait droit d'exciter son attention , d'exercer son activité; partout l'on pou- vait travailler beaucoup, rendre de grands services et ne rien rece- voir, partout l'on se réunissait pour faire du bien, il accourait le premier, et l'on pouvait être sur de disposer de son temps, de sa plume, et au besoin, de tout ce qu'il possédait. Une taille élevée et restée droite jusqu'à ses derniers jours , une figure pleine d'aménité, un regard à-la-fois noble et doux , de beaux cheveux blancs comme la neige semblaient faire de ce res- pectable vieillard l'image de la bon- té et delà vertu. » M. Cuvier, au

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ivjom de l'instilut , M. Silvestic, au nom do la société d'iigncullurc, etfeuC;ulcl-de-Ga5sicourt,aunom de la sociélé de phar^nacie , ont fait l'Eloge de Parmentier. Nous allons donner, d'après la Biblio- fraplUc agronomique , une liste a- brégée des ouvrages de ce célèbre agronome, sur le mérite littéraire desquels on doit peu s'arrêter, mais qui, sous le rapport de l'ulilité, sont 2>i"esque tous dignes de fixer l'attention; ce sont : Examen cliimique des pommes de terre, Pa- ris, 1775, in- 12; 1" Manier e de faire le pain de pommes de terre sans mélange de farine, Paris, 1799» in-y"; 5" lleclierckes sur les végé- taux nourrissans qui, dans les temps de disette f peuvent remplacer les alimens ordinaires, Paris, 1781, in-8' ; 4" Traité sur ta culture et les usages des pommes de terre , de la patate et du topbiambourg^ Paris , 1789, in-8°; ^V Récréations physi- ques, économiques et cUimiques de Model , Paris , 1774? 2 vol. in-8°, avec des observations de Parmen- tier, notamment sur les champi- gnons; Ct" Avis aux bonnes ménagè- res des villes et des campagnes sur la manière de faire le pain , Paris, 1774 , reproduit, en 1778, sous le titre suivant : le Parfait boulan- ger, ou Traité complet sur la fabri- cation et le commerce du pain, Pa- ris, 1778, in-8"; Traité de la châtaigne f Paris, 1780, in -8°; 9" avec M. Cadet- de-Vaux, Re- cueil de pièces concernant les exhu- mations fuites dans l'enceinte de l'église Saint- Éloi de Dunkerque , en 178/1; 10" Le mais ou blé de Turquie, apprécié sous tous ses rap- ports , 3* édition , Paris , imprime- rie impériale : lu i" édition avait

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paru, en 1786, à Bordeaux; 11° Instruction sur les moyens de sup- pléer à la disette des fourrages, et d' augmenter la subsistance des bes- tiaux, 1785; i '2" Chimie hydrau- lique de Lagaraye, 1785, nouvelle édition avec des notes de Parmen- tier , dans lesquelles il présente des observations sur celles de nos plan- tes indigènes d'où l'on peut retirer une recule bleue comparable à l'in- digo ; 1 Dissertation sur la-natu- re des eaux de la Seine , avec des remarques sur les propriétés phy- siques et économiques de l'eau en» général, à Paris, 1787; 14° /?!&- Iruction sur la conservation et les usages de la pomme de terre, pu- bliée par ordre du gouvernement, 1789; ï Economie rurale et do- mestique dans la Bibliothèque des Dames, 1790, 8 vol. in- 18; i6° Précis d'expériences et d'observa- tions sur les différentes espèces de lait, considérées dans leurs rapports avec la chimie^ la médecine et l'éco- nomie rurale, Strasbourg, 1799, in-8°; 17" Mémoire sur le sang, Paris, 1791, in-4° : ces deux der- niers ouvrages, composés en socié- té avec M. Deyeuxi voy. ce nom ), lurent couronnés par la société de médecine, en 1790 et 1791 ; 18" plusieurs Rapports au ministre de l'intérieur : les plus remarquables sont ceux sur les soupes àla Rum- ford et sur la substitution de l'orge mondé au riz, avec des observa- tionssur les soupes aux légumes ou à la Rumford; 19° Code pharma- ceutique, '807, 3'édilion ; 0.0° Ins- tructions sur les sirops et conserves de raisins destinés à remplacer le sucre ,dei8o8à i8ii;2r Nouvel aperçu des résultats obtenus de la fabrique des sirops cl conserves de

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raisins, i8i3,in-8"; 22° enfin il a donn«; un grand nombre d''Jrti- cles au Cours d'agriculture de l'abbé Rozier, i\ la Bibliotlièque physico- économique , au Journal de physi- que, à VEncyciopcdie par ordre de madères , au Théâtre d'agriculture d'Olivier de Serres, édition de M. Huzard, au BuUelin de pharmacie, au Traité théorique et pratique) sur la culture de ta vigne, efc. , etc.

PARNY (Évariste-Désirk-Des- FORGES,CHEVALiER de), naquit à l'île Bourbon. C'est le plus p;u'fait des poètes erotiques que la France ait produits. A une époque la fa- veur et la prétention se parta- geaient l'empire de la poésie légè- re, il fond », entre Dorât et Desina- his, une école de poésie naturelle et brillante, toute la pureté du goût, toute la grâce du bon ton, s'unissaient à l'abandon du senti- ment. A g ans, il quitta les cbanips que le soleil du tropique brûle et féconde, et vint faire ses études à Rennes. Dégoûté des travaux pédantesques qu'on lui imposait, il fut un écolier paresseux; et bientôt son âme, qui avait besoin d'enthousiasme, se livra tout en- tière aux idées mystiques. On l'ar- rêta dans le cours de ses dévo- tions; on lui défendit la lecture de la Bible. Il ne tarda pas à changer de passion, et se livra au plaisir avec la mtMne exaltation qu'il avait portée dans sa prétendue vocation religieuse. Devenu militaire, il partit pour l'île Bourbon, il connut Éleonore B***, jeune créo- le, moins belle que jolie, et qui possédait surtout la grâce,

Cette grâce plus belle encor que la beauté.

Uléonoie avait trciic ans; Parfiy

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en avait vingt. Il employa aiiprns d'elle et le huigage de la passion ardente qu'il ressentait, et loutrs les ressources de la séduction : le cœur d'Eleonore fut sa récompen- se ; il ne lui fut pas permis de lui donner son nom, et sa maîtresse devint l'épouse d'un autre. Notre littérature ne connaissait point l'é- h'gie erotique : Parny écrivit en vers harmonieux le roman de ses amours. Ses accens étaient purs comme la nature, ardens comme la passion. Les chants maniérés de Pezay, de Cubières et de toute l'é- cole de Dorât, disparurent devant la poésie facile et gracieuse de Par- ny : c'était la voix du rossignol qui se faisait entendre au milieu des accens factices de ces oiseaux cpie l'on instruit à conlrelaire la voix humaine. C'est eu vain qu'un cri- tique sans âme, La Harpe, osa pla- cer au-dessus de Parny, du poète de l'amour, Berlin, le poète des bonnes fortunes. Bertin avait ver- sifié avec soin, et quelquefois avec bonheur, les nondireux souvenirs de sa vie galante Parny avait im- pi'imé à ses poésies tout le naturel et toute l'ardeur de la volupté : c'était (le lui que l'on pouvait di- re comme de Sapho : spirant com- missi culores . . .œoliœ fidibus puellœ. Le chevalier de Parny avait déjà marqué sa place au premier rang des poètes élégiaques, lorsque des affaires de famille le rappelèrent à l'île Bourbon : pendant ce temps, son frère, occupé d'un autre gen- re de gloire, faisait ses preuves de noblesse, pour entrer <lans les car- rosses du roi. A son retour, le poè- te voyageur publia sa jolie épître aux insurgens, qui ne fit pas for- tune à la cour. Les plaisirs le ber-

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ocrent jusqu'au moment la ré- volulion éclala. Il en adopta les principes. « Elle ne m'ôte, (lisai{-il, «ni places, ni préjugés, ni pen- » siens, n Cependant il avait écrit tm joli poëuie sur les an)Ours des rei- nes de France, poëme qu'il brûla, par une loyauté et une délicatesse bien rares, lorsqu'il vit renverser les idoles de la monarchie. Le peu de fortune qu'il possédait l'ut en- traînée dans le déluge des assi- gnats. Employé dans rintruction publique, nommé administrateur du théâtre des Arts, il vécut dans un état de médiocrité, quelquefois si voisin de l'indigence, que les secours de deux amis généreux (iM. Français de Nantes et le gé- néral Macdonald ) soulagèrent souvent sa détresse. Les trou- bles de la révolution comman- çaifnt à se calmer lorsqu'il pu- blia «a Guerre des DieuiCf prëme que la pudeur hésite à nommer, que la dévotion voit avec scanda- le, n»ais qui ne le cède qu'à la Pa- cclte de Voltaire pour l'imagina- tion, la verve et le coloris brillant de grâce , de satire et d'esprit. Napoléon, qui voulait rassurer les esprits sur l'espèce d'indiflè- rence en matière de religion, dont il avait fait preuve en Egypte, fit rayer le nom d«i poète impie de la liste des candidats à la place de bibliothécaire des Invalides. Nom- mé membre de rin-«lilut en 180.";, il publia deux autres poiimes tout aussi peu orthodoxes, le Paradis perdu et les galanteries de ta Bible : ce sont des esquisses voluptueu- se», et non des caricatures satiri- ques. P;irny ne fit aucune basses- se pour recouvrf r la faveur impé- riale : il ne chanta point la gran-

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deur qui s'était élevée sur les dé- bris de la république. Ses derniers poëmes, les Roses Croix, God- dam, Isnel et Aslega, renferment encore quelques étincelles éparses de son beau talent. Il est mort le 5 décembre i8i4- M- Jouy fut son successeur à l'académie. Par- ny est à la fois le Catulle et le Ti- bule de la France : et tant que le sentiment de la grâce et le goût d'une simplicité pleine de chai mes se conserveront dans notre litté- rature, le chantre d' Eléonorc rcs- tera le modèle du genre gracieux, et le poète des amans.

PAROLETTI (Victor- Modes- te, CHEVALIER DE ) , membre de la légion-J honneur, est à Turin en 1765. Destiné dans sa jeu- nesse à la carrière judiciaire, il fut reçu docteur en droit, et devint un des membres les plus distin- gués de l'académie de Turin. En 1799, il fut nonmié secrétaire-gé- néral du g(>uvernement provisoire établi à cette époque dans le Pié- mont, et, l'année suivante, mem- bre de la consulta. En 1802 , il fit partie de la commission exéculive, et futchargé de plusieurs fonctions administratives. .M. Paroletti a sié- gé an corps -législatif de France, depuis le mois d'avril 1807 jus- qu'à la fin de 1811 ; nonnné dé- puté du département du Pô, ses concitoyens l'avaient élu à la presque unanimité des suffrages, il parut plusieurs fois à la tribune, et devint secrétaire de cette assem- blée en 1811. Il lui fit hommage de la belle gravure Du jugement dernier de Michel-Ange , exécutée fixr Piroli, et parla à cette occa- sion avec éloquence des iMicoura- gemens donnés par la France aux

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arts en Iulic, des élablisscmens d'utilité publique, et des moiiu- rnens qui s'y élevaient de toutes parts. 11 avait aussi communiqué à l'académie de Turin la décou- verte de plusieurs vases antiques et précieuxqui venait d'être laite dans une des terres de sa famille. Après les événemens de i8i4iil s'est retiré des fondions publiques, et a obtenu, l'année suivante, des lettresde naturalisation en France, il s'est établi. On a de lui plu- sieur/i mémoires scientifiques et liistoriques, présentés aux différen- tes académies dont il est membre , unenire autres sur le surintendant Fouquet. Il a en outre publié les onvrao;es suivans : i' Recherches sur l'influence que la lumière exerce sur la propagation du son, Paris, 1804, in-4° ; 2" Description histo- rique de la basilique de Superga , Turin , 1808, in-fol. ; Disserta- tion sur les maladies des vers à soie; 4" Correspondance vaudoise , ou Be- cueil de quelques lett'es des hahilans des vallées de Pignerol sur le trem- blement de terre, 1808, in -8"; Discours sur le caractère et l'étude des deux langues française et ita- lienne , 1811, in- 4"; 6" Éloge historique de M arie-C lotilde- A dé- lalde-Xavière de France, reine de Sardaigne, ouvraf;;epubliéen 181 1, et accueilli par S. M. Louis XVIII, auquel l'auteur a été admis à le présenter.

PAROLETTI-GAETAN ( Ca- mille-Thomas, CHEVALIER De), frère puîné du précédent, maré- chal-de-camp au servicede France, officier de la légion-d'honneur , et chevalier de Saint - Louis, à Turin, le 3o décembre 1769. Il était destiné à l'état ecclésiastique

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par sa famille, et y entra fort jeu- ne. Mais il renonça à cet état lors de l'entrée des Français en Italie, et se distingua bientôt dans la car- rière des armes. Nommé chef de bataillon dans l'armée cisalpine, il passa ensuite au service du Pié- mont , en qualité d'adjudaut-com- inandant en l'an 9, et obtint le même grade dans l'armée fran- çaise, lorsque le Piémont fut réuni à la France. Il se fit remarquer par son courage et ses talens mili- taires pendant les campagnes d'I- talie; il fut blessé et fait prison- nier en 1809 pî»r les Autrichiens. Après son échange, il servit avec la même distinction en Espagne, fut élevé au grade de général de brigade , passa en Allemagne avec le corps d'armée du maréchal Gou- vion-Saint-Cyr, et se trouva avec lui dans toutes les affaires" de la campagne désa^trueuse de 181 3, ainsi qu'à la capitulation de Dres- de, conclue, le 11 novembre, et méconnue quelques jours après par les alliés. Rentré en France , le gé- néritl Paroletti fut maintenu dans son grade par le roi, et nommé chevalier de Saint-Louis. Pendant lescentjourscn i8i5,il commandait dans le département de la Haute- Loire, et après le licencienjent de l'armée, il fut mis à la demi-sol- de. Ainsi que son frère , il est na- turalisé Français, et habite avec lui Paris.

PAROY (Jean-Philippe-Legen- TiL , MARQUIS de), chevalier de Saint-Louis, né, en i^So, d'une ancienne famille de Bretagne , a- vait embrassé fort jeune l'étal mi- litaire, et était colonel à l'époque de la révolution. Opposé aux principes qu'elle proclamait, il

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quitta le service, et consacrait à la peinture tous ses niomcns de loisir. Son père, imbu des anciens préjugés de la noblesse, lui avait expressément interdit cette occu- pation . et un jour qu'il le trou- va, malgré sa défense, la paielte et les pinceaux à la main, il les saisit et les jeta dans les fossés de son cliâleau, en disant qu'il ne voulait pas que l'héritier de son nom fût un artiste. Quelques an- nées ajM'ès , cependant ^ celaient devint l'unique ressource de toute la famille; il sauva même M. de l'aroy père, de la mort, com- me émigré et comme membre du côté droit de l'assemblée consti- tuante, par les prolecteurs qu'il acquit à son fils. Celui-ci s'est en- tièrement perdu dans l'obscurité de la vie privée. Il a publié : i" Opinions religieuses, royalistes et politujues (te M. Antoine Quatre- mére-(ie-Qitiiicy , imprimées dans deux rapports faits au départe- ment de Paris, 1816. in-8", avec une gravure représentant un tour- ne>ol, entouré de quatre mers, la mer royaliste, la mer religieuse, la mer révolutionnaire et la mer d'intrigue, a'édition, 1816, in-8°, ( voyez QuATiiEMÈRE-DE- Quincy); 2" Précis kistorique de l'origine de l'académie royale de peinture , sculpture et gravure, i8j(), iu-8°. PAKQLE (le duc bet.), lieute- nant-général, député aux cortès, grand-d'Espagne de première clas- se, chevalier de presque tous les ordres de S. M. C, etc., est à Valladolid en ijSS. Destiné par sa famille, l'une des plus illustres de la Castille, à la carrière mili- taire, il entra au service presque immédiatement après avoir ter-

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miné ses-études, et était déjà par- venu, en 1798, au grade de lieu- tenant-général. L'empereur Na- poléon ayant envahi l'Espagne, en 1808, le duc del Parque fut appelé à la junte de Rayonne. Il se prononça en faveur de Joseph, qui le fit son capitaine des gardes, mais cet officier-général renonça bientôt au service du nouveau monarque, «convaincu que l'inté- rêt national ne peut jamais se concilier avec l'influence étrangè- re. » La junte suprême lui confia le commandement des levées de Castille et des restes de l'armée du marquis de la Romana (voyez La Romana), alors réunis aux en- virons de Ciudad- Rodrigo. Le duc del Parque remporta, le 18 octobre 1809, quelques avantages à Tainames sur le général Mar- chand, et le repoussa jusqu'à Sa- iamanque, il entra lui-même, le 35 octobre, peu d'heures après l'évacuation de la ville par les Français. Il eut encore des succès vers la fin du Jiiois suivant. Dans les preim'ers mois de ï8io, il combina ses opérations avec le général Castanos, et se dirigea sur Séville avec l'élite de ses troupes pour couvrir cette ville; mais elle était déjà au pouvoir des Fran- çais. Le s5 novembre, attaqué à Carpio, il refusa le combat, et se retirait sur Alba de Torme, lors- qu'il fut rejoint par le général Kellermann qui, malgré sa vive résistance, le battit complètement. Il rallia néanmoins les débris de son armée, et se joignit au duc d'Albuquerque à Puente del Ar- zobispo, le i5 décembre. Envoyé en Catalogue, en juin i8i3, avec une forte division pour seconder

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l'armée anglaise occupée à faire le sié^je cleTarragone, il y fut défait; mais il répara ce nouvel échec , et prit une Irès-beîle part à l'aflaire de Castalla , qui ouvrit Valence aux armées alliées. Le duc del Parque , très-bien reçu de Ferdi- nand VII, lorsque ce prince re- monta sur le trône en 1814, re- fusa, en 1816, l'ambassade de France à laquelle il fut nommé. Kn ibiQ, il fit partie du conseil- d'état. En 1820, s'étant prononcé franchement en faveur de la ré- volution qui éclata dans sa patrie, il fut élu député aux corlès, qu'il a présidées avec autant de sagesse que d'impartialité. Le duc del Parque, dont l'âge et les fatij^ues ont altéré la sauté, jouit de l'es- time de tous les amis de la liberté constitutionnelle.

PARREIN ( PiEBRE-MAïniEii ), général de brigade, ex -comman- dant du département de Saône-et- Loire, exerçait avant la révolution la profession d'avocat et cultivait les lettres. 11 jouissait à cette épo- que d'une réputation sans tache, et n'a cessé de la mériter que par Texagération de ses principes po- litiques. Au commencement de 1791, il dénonça une fabrique de fciux assignats, et reçut , le 3 mai de la même année , de l'assemblée législative, une somme de i'.î.ooo francs à titre de récompense. C'est au 10 aofit 1792 qu'il se fit remar- quer pour la première fois par son intrépidité , et en même temps par son extrême exaltation. L'année suivante, il fut envoyé dans la Vendée en qualité de commissaire national; il y mérita que le trop fameux Rossignol fît l'éloge de sa conduite; il fut ensuite nommé

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président de la commission mili* taire de Saumur. Commandant a- vec Ilonsin de l'armée révolution- naire, il fut appelé à Lyon par Collot-d'Herbois, et devint prési- dent de l'horrible comnîis!?ion tem- poraire établi*- danscette ville, qui livraà l'échafaud un si grand nom- bre d'individus comme rebelles. Vers le même temps, nommé gé- néral de iirigade , il accompagna le général Hoche dans la Vendée ; de retour à Paris, un peu avant l'insurrection du 1"' prairial an 5 (20 mai 1795), il fut dénoncé conime l'un des chefs de ce mou- vement populaire, diri';é contre la convention nationale. Le comité de sftreté-géuérale le fit arrêter, mais l'amnistie du 4 brumaire an 4 hii rendit la liberté. Le général Par- reiu fut implique dans le priuès de Babeuf; mais il ne se trouva au- cune charge suffisante contre lui , et il fut absous. Après la révolu- tion du i8 fructidor an 5 ( 4 sep- tembre 1797 ) , il fut rétabli duns son grade et iiommé commandant du département de Saône-et- Loi- re. Le directoire-exécutif l'ayant soupçonné au mois de germinal an G ( avril 1798), d'influencer les élections en faveur des républi- cains exagérés, lui ordonna de cesser ses fonctions , et de quitter le départenjent. Il obtint, après le 18 brumaire an 8(9 novembre 1799), par la protection de Fou- ché , ministre de la police, dont il était particulièrement connu, mais dont il ne fut jamais l'agent coiti- me on l'a prétendu à tort , une pension de retraitecomme officier- général. Cette pension paraît lui avoir été retirée depuis i8i4. Fixé à la campagne , il y vitentièrement

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ignoré. Le général Parrcîn esl au- tfiur d'une pièce en 3 actes et eu prose, intitulée: La prise de la Bastille. Elle fut représentée à Pa- ris à la fin de 1792 ; il a publié de- puis Histoire des crimes des parle- meiis ou les Horreurs des prisons judiciaires dévoilées.

PARÏOUNEAUX (le comte Louis), lieutenant- général, mem- bre de la chambre des députés, il a été élu par le département du Var, est à Paris le 2G septembre 17G9, et sortait à peine du collège lorsque la révolution éclata. 11 s'enrôla en qualité de volontaire dans le premier bataillon de gre- nadiers qui fut organisé dans la raj.iiale; il entra ensuite comme -ous-lieutenant dans le régiment «le llainault, son zèle et son activité le firent bientôt parvenir au grade de capitaine. Il fit ses premières armes avec distinction sous le 'général Dugommier, et monta le premier à l'assaut d'une redoute dont la prise décida du sf)rl de Toulon; i! fui nommé adjudant-général sur le champ de bataille. En 1796, il servit à l'ar- mée d'Italie, sous les ordres du général en chef Bonaparte. 11 s'y fit particulièrement estimer de .Ioubert,qni lui pn^uva sa confian- ce en le chargeant de diverses missions délicates. Sa conduite brillante à la bataille de Vérone lui valut le grade de général de brigade. A la mrdheureuse jour- née de Novi, le brave général Joubert fut tué, il fit preuve de talent et de courage, fut blessé, et tomba au pouvoir d'un enne- mi bien supérieur en nombre ; mais il fut presque aussitôt échan- gé conlrc M. de Zach, major-gé-

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néral. Le 27 août i8o3, il reçut le grade de général de division. En 1804, il fut employé à l'armée d'Angleterre sous les ordres du maréchal Ney, dont le corps était campé à Montreuil. L'année sui- vante, il alla rejoindre en Italie l'armée que commandait Massé- na, et fut charge du commande- ment de la division des grenadiers de cette armée. Il s'y distingua dans plusieurs occasions, notam- ment à Véronnette et au village de Saint- Michel , il culbuta successivement l'ennemi et le mit en déroute le 25 octobre. Plus tard il coopéra à la défaite du corps autrichien de Ruban, et l'empr'cha de se rendre à Venise. Appelé au commandement d'une division de l'armée du roi Joseph, il enleva Capoue, dans le courant de février 1806, et ne trouva plus d'obstacles pour arriver à Naples. Le 19 mai suivant, le général Par- louneaux reçut la grande décora- tion de l'ordre des Deux-Siciles, et fut iiomnïé, peu de temps après, gouverneur des Abruzzes. La po- lice et la sûreté des routes signa- lèrent son administration dans ce pays. Il força les Ani^lais, le 29 mai 1809. à lever le siège de Scylla en Calabre, et bien qu'il n'eût avec lui que cinq bataillons et deux escadrons de cavalerie, il fit beaucoup de prisonniers, et s'em- para de toute l'artillerie ennemie. Eii 1812, il fit partie de l'expédi- tion de Russie et du corps com- mandé parle duc de Bellune. Lors de la retraite dcMoskoUjSa division, qui fut placée à l'extrême droite, était à peine forte de 5,Zîoo hom- mes; lout-à-coup elle fut cernée sur la rive gauche de la Bérésina

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par Platow, Witgenstein et ïsit- chakow. EUe se trouvait sans mu- nitions, sans vivres, et toutes ses coinmunieations avec le gros de l'armée française étaient coupées. Le général Partouneaux parvint néanmoins à prendre position, le 27 novembre, sur les hauteurs de Borisow. Le canon et la fusillade se faisaient déjà entetidre dans la direction du pont établi sur la Bé- résina pour le passage de l'armée. Il fit à la hâte ses dispositions d'attaque, et ne craignit point d'engager le combat, malgré la disproportion de ses forces avec celles de l'ennemi. Ce combat fut très-acharné, les Français y firent des prodiges de voleur^ et pendant quelque temps eurent l'a- Tantage ; mais enfin ils furent obligés de céder au noiiibre. Le général Partoimeaux, après avoir, dans l'obscurité de la nuit, erré plusieurs heures à travers des ma- récages et des bois, en essayant de lemonter la Bérésina, t(M!i!)a avec le reste de sa division au pouvoir des Russes. La capitula- tion qu'il fit en cette o.ccasion lui attira des reproches qui lurent rendus publics dans le ag""" bulle- tin de la grande armée. Ces re- proches lui parurent injustes, et lorsque les événemens de- 1814 lui eurent fait recouvrer la liber- lé, il réclama contre des assertions qu'il appelait mensongères. Il en conservait encore un vif ress»jnli- ment à l'époque du 20 mars 1 8 1 5, et le témoigna dans une lettre qu'il adressa à Napoléon, dont il ne reçut aucun emploi. Après la seconde restauration , le général Partouneaux fut nommé gouver- neur de la 8"" divlsioni\ Marseille,

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puis, au mois d'octobre de l'année suivante, gouverneur de la 10"" à Bordeaux. Vers le même temps, le roi lui donna le titre de comte. Il a publié, pour la justification de sa conduite militaire en Rus- sie : Adresse et rapports sur l'affaire du 27 au 38 novembre 1812, qu'a eue la 12* division du corps de la grande -année au passage de Hi Bérésinu, i8i5, in- 4°; 2" Lettre sur le compte rendu par plusieurs historiens de la cam- pagne de l'iussie, et par le 29' bul- letin de l'affaire du 27 au 28 no- veinhre 1812, in-4°, 1817. Le gétu'.ral Partouneaux commande aujourd'hui (1824) la première division d'infanterie de la garde royale.

PASCALIS (N.), célèbre juris- consulte, était, i\ l'époque de la révolution, avocat au parlement d'Aix en Provence; il joignait à des connaissances profoiiles en jurisprudence, des notions éten- dues sur l'administration publi- que, et avait publié sur cette par- lie plusieurs écrite jusleuient es- timés. Son éloignemenl pour les nouveaux principes, et le peu de ménagemens qu'il mit dans ses discnuis et dans sa conduite, lui firent de nombreux et redoutables ennemis. Il fut tué, le, 12 décoin- bre 1790, dans une émeute qu'.i- vait excité»! l'ouverture à\\ïi cî-ib dit des Amis du roi et du clergé. Sa morl précéda de peu les excès qui eurent lieu à celle époque à Avignon et dans une partie du Midi.

PASQUIER (E.), savant juris- consulte, issu d'une famille de robe^ depuis long-temps connuç dans la magistrature, suivit la mû-

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me carrière et exerça, long-temps avant la révolution . les l'onctions de conseiller au parlement de Pa- ris. Ennemi de la révolution, il prit part aux arrêtes du parlement de Toulouse des aS et 27 sep- tembre 1790, contre les opéra- tions de l'assemblée constituante. Pendant le régime de la terreur, il tut dénoncé, puis arrêté, et tra- duit au tribunal révolutionnaire, qui le condamna à mort le 21 a- vril i7()4-

PASQUIER ( Etienne- Denis, comte), fils du précédent, pré- fet de police sous le gouver- nement impérial, et, sous le gou- vernement royal, ministre de la justice, garde-des-sceaux, et, en dernier lieu, ministre des affaires étrangères, naquit à Paris le 22 avril 1767, «it fut élevé. au collège de Juiily. Il descend en droite ligne , selon la Biographie des hommes^ vivaiiSj tome V , du l'a- nieux Etienne Pasquier, avocat- général sous Henri IV, magistrat intègre et adversaire prononcé des jésuites, qu'il parvint à rédui- re, pour bien peu de temps il est vrai, à l'impuissance de nuire. Le grand-père du baron Pasquier l'ut au contraire l'ami des jésuites, chez lesquels il lut élevé, et ac- quit quelque célébrité d'abord comme procureur du roi au Châ- telct, et ensuite comme conseil- ler au parlement. Ce fut lui qui fit le rapport dans le procès du comte de Lally et qui montra un si grand zèle pour obtenir la con- damna (ion à tuort de l'accusé; ce fut aussi lui qui fit mettre un bâillon k ce vieux général, lorsqu'on le con- duisit au supplice, afin qu'il ne pftt point parler au peuple :

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(voy. Biographie universelle, tome 53.) Le père de iM. Pasquier avait destiné son fils à la njagistrature, et lui avait acheté de bonne heure une charge de conseiller au parle- ment de Paris, il en occupait une lui-même. Le fils ne remplit aucune foiiction publique pen- dant les temps orageux de la révolution,mais après l'avènement de Napoléon à l'empire, il sollicita et obtint, non sans quelque peine, une place d'auditi'ur au conseil- d'état. L'archi-chancelier Camba- cérès, le ministre secrétaire d'état duc de Bassano, et le comte lle- gnault de Saint-Jean-d'Angély, protégèrent les premiers pas de M. Pasquier dans cette nouvelle carrière, et parvinrent à vaincre la répugnance que Napoléon té- moignait à élever plus haut le jeu- ne auditeur. Il fut enfin nommé maître nas requêtes, le 8 février j 8 10, et peu de temps après pro- cureur-généraldu sceau des titres, baron elolTicier de la légion-d'hon- neur. Lors de la disgrâce qu'en- courut le préfet de police Dubois, après la catastro[ihe de la fête don- née à l'empereur par le prince de Schwarzemberg , pour célé- brer le mariage de l'impératrice Marie-Louise , le baron Pasquier obtint ce poste de haute con- fiance. Il le remplit avec distinc- tion. Mais malgré les frais consi- dérables consacrés à cette adminis- tration et les r<dnibreux agens qu'elle employait, le général Mal- let {voy. ce nom), parvint à déro- ber au préfet de police toute con- naissance de la trame qu'il ourdissait du fond de sa pri- son. Surpris en son hôtel, enlevé et jeté dans une voiture de place,

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le préfet fut conduit à la prison de la Force, il resta enfermé jusqu'à ce que i'auil.icieuse entre- prise de Mallet eut entièrement échoué. On crut généralement dans le public qu'une immédiate destitution de M. Pasquier serait la suite du retour de Napoléon, qui avait paru très-irrilé; mais contre toute attente, le préfet de police sut fléchir son maître et se maintenir dans sa place. Le préfet de la Seine, M. Frochot, qui n'avait pas été in- carcéré par Mallet, (ut seul dis- gracié. M. Pasquier se tiouva cependant plus éloigné que ja- mais du ministère de la justice , auquel son mérite lui donnait sans doute des droits évideas , et les lettres insérées, les 5 et 12 avril i8i4 ? dans le Journal de Paris f et dans celui des Débats, a- près l'entrée des^étrangers, prou- vent qu'une pareille injustice lais- se toujours de profonds ressenti- mens. Dès la première restaura- ration, M. Pasquier fut nommé membre du conseil-d'élat royiil , et appelé, le 2i mai suivant, à la direction det» pouts-<!t-chaussées , qu'il conserva jusqu'au retour de iSapoléon de l'île d'Elbe. Cette fois, malgré les démarches des premiers protecteurs de M. Pas- quier, auxquels se joignit son an- cien collègue le conseiller-d'état Ptéal, Napoléon resta inflexible, et le ci-devant préfet de police ne fut investi d'aucun de ces timplois, <ju'i! n'eût désirés sans doute que pour mieux servir la cause roya- le. Mais, h; jour même de la se- conde rentrée de S. M. Louis XVIII, M. Pasquier fut nommé iTiinistre secrétaire-d'état de la jus- tice, garde-des-sceaux , membre

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du conseil privé, et peu de temps après grand-cordon de la légion- d'honneur.ll fut élu, en septeujbre 181 5, membre de la chambré des députés, et se trouva pendant quelque temps privé du porte- feuille et de la garde du sceau, qui furent donnés à M. Barbé- Marbois; mais il eut pour dédom- magement la place de commissai- re-juge pour la liquidation des créances des sujets des puissances étrangères. Rappelé par le dépar- ment de la Seine à la chambre des députés, en 18 16, il s'y montra constamment le zélé défenseur de tous les actes et projets minis- tériels. Présenté par la chambre au nombre des candidats pour la présidence, il fut nommé par le roi à celte haute fonction, et la rem- plit jusqu'au mois de janvier

1817. M. Pasquier reprit alors sa place de garde-des-sceaux, dont M. Barbé-Marbois fut privé, et la perdit dans un u(*uveau revire- ment ministériel, où, en décembre

1818, il eut pour successeur M. de Serre. Au mois d%Jctobre 1819, M. Pasquier présenta, dit-on, un mémoire au roi sur la situation de l'Europe et sur la marche d»; l'administration en France, de- puis qu'il n'en faisait plus partie. En novembre xle la même année, un portefeuille lui fut rendu, mais ce ne fut pas celui de la justice; il remplit les importantes fonc- tions de ministre des aftaires é- Irangères jusqu'en 1822. Obligéde nouveau de sorlirduministère avec la vive douleur de ne pouvoir plus aussi utilement servir l'état , il retnit son portefeuille au vicomte, aujourd'hui duc de Montmorency, qui ne le conserva pas long-temps.

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M. Pasquier a été nommé pair de France, avec le titre de comte , et a t'ait briller en plusieurs occa- sions, dans la chambre haute, les falens oratoires dont il est doué. Dans la session actuelle (1824), il a parlé contre le projet ministé- riel pour la réduction des rentes : ce fait est d'autant plus remarqua- ble, qu'en recherchant la populari- té, l'orateur marche cette fois en sens inverse de ses habitudes. On a peine à reconnaître à ce fait l'homme qui, au sujet de la loi de la liberté des journaux , fit une réponse si remarquable et sou- vent citée depuis. Quelques dé- putés lui reprochant de ne servir que les intérêts d'un ^eul parti, di- saient : mais c'est l'arbitraire que vous demandez? oui; c'est l'arbi- traire que nous voulons, leur dé- clara le ministre, La polite.-se ne nous permet pas de voir autre cho- se qu'une naïveté dans cette saillie, qui rappelle celles de l'abbé Terrai. PASSA C ( Philippe- JÉuÔME Gaucher de) , est à Vouvray, prés de Tours en 1755, d'une iamille noble. Il fut élevé à l'école Militaire de Vendôme, entra dans l'arme de l'artillerie, en 1784, et fut reçu officier l'année suivan- te. L'auteur des Liaisons dangereu- ses, M. de Laclos, servait dei)uis long-temps dans le régiment de Toid , il fut placé, et, malgré ladifférenced'âge, il s'établit entre eux des rapports d'amitié que la mort seule a pu rompre. iM. de Pa<sac, opposé aux principes de la révolution, sortit de France en J7<)2, servit d'abord dans l'armée des princes , passa ensuite dan>; l'armée anglaise, en Hollande «•t eu Portugal, il reprit du ser- vice dans rarlillcrie. llentré en

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France en 1802, il habita le dé- partement de Loir-et-Cher , et y remplit des fonctions adminis- tratives. Ef» i8i4, il fut nommé chevalier de Saint-Louis, puis chef de bataillon d'artillerie , et, en 181 5, commandant d'artillerie à Laon. Mais l'état de sa santé ne lui permettant pas d'en rem- plir les fonctions, il demanda sa retraite. M. de Passac est auteur d'un grand nombre d'ouvrages. Voici les principaux : Plusieurs Notices biographiques dans la Re- vue philosophique et littéraire ; 2* Vie de W^ilUam ColUns, suivie de la traduction de quelques églogues orientales de ce poète, d:ms les Archives philosophiques et littérai- res ; Honorine, ou Promenade dans l'ile de IValcheren, roman , imprimé avec divers morceaux de poésie, traduits de l'anglais, 2 vol. in- 1 2, 1 808; un grand nom- bre de poésies légères insérées dans divers recueils périodiques; 5" un Eloge de Gribeauval.

PASSKRONI (Jean-Charles), poète italien, en I7i5, à Con- d iinine, village du comté de Nice, fit les étiulcs convenables à l'état ecclésiastique pour lequel il était destiné : mais vivant au milieu d'une petite société, ses talens n'a- vaient qu'un dévelop[)ement lent et borné. Heureusement pour lui , son oncle, qui était à la tête d'une école élémiutaire à Milan, appela le jeime Passeroni auprès de lui , pour «m faire un répétiteur; c'est ainsi qu'il devint maître avant de cesser d'être écolier. Après avoir appris aux autres le peu qu'il sa- vait , il allait chez les jésuites pour y puiser les connaissances qui lui manquaient ; il tempérait l'ennui de ses devoirs par les vers que lui

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inspirait nne muse facile et pré- coce; et, quelle que fût la faiblesse lîe ces premiers essais , ils annon- çaient le poète et le firent juger cligne d'êlre admis au nombre des restaurateurs de l'ancienne acadé- mie AG^iTrasfonnati. Il s'y déclara le protecteur de Parini , dont l'ad- mission éprouvait quelque diffi- culté, et ses conseils ne furent pas inutiles au chantre du Giorno. Doué d'un caractère heureux qui le tenait à l'abri des embarras et des ennuis de la vie sociale , et ayant une facilité extraordinaire pour la versification , il conçut le projet, et trouva le loisir d'écrire un long poëme héroï-comique sur la vie de Cicéron. Il en lut les pre- miers chants à l'académie des Trrt5- formati ; il en récita d'autres à celle des Arcades, qui l'avait accueilli dans son sein , lors d'un voyage qu'il avait fait à Rome, il avait suivi Mgor. Lucini, qu'il accompa- gna de même à Cologne. Le Cicé- ron de Passeroni est dans le genre de Tristramshandy , c'est-à-dire , une feinte biographie, ayant l'air de raconter les traits de la vie d'une personne, on se perd en di- vagations pour parler de choses disparates et étrangères au sujet. Ce poëme se compose de loi chants, qui contiennent 11097 octaves ; et dans un si long travail, la vie de Cicéron ne forme qu'un petit épisode, presqu'impercepti- ble, au milieu des détails sans nombre, dont il l'a surchargée. On pourrait l'appeler une Jascrie en vers, qui pourtant ne manque . pas de but , car Passeroni attaque souvent les vices et les ridicules de son temps; mais il le fait sans amertume ni fiel; il mord et ne

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blesse pas. Son styie est comme le caractère de l'auteur, simple, mo- deste , et enjoué : sa muse se mon- tre badine partout, ambitieuse nulle part : la spontanéité est son mérite, la prolixité son défaut. C'est pourtant Passeroni que Pa- rini, le plus concis de tous les poètes italiens après Alfieri, con- sidtait pour la correction de ses vers. Ce qui peut aider à expli- quer l'état actuel de décourage- ment des lettres en Italie, et faire apprécier les avantages des lois , qui garantissent la propriété des autturs , c'est que iorque Sterne se rencontra avec Passeroni à IMi- lan, il demanda à celui-ci ce que son poëme lui avait rapporté. «Je » n'aurais, répondit Passeroni, qu'à «vous conduire dans les magasins jde mon libraire, pour vous mon- >i trer la plus grande partie de mon » édition, dont l'écoulement a été «rendu impossible par la quantité «des contrefaçons exécutées en «Italie même. » Plus heureux , Sterne voyageait en grand sei- gneur avec le produit de son ma- nuscrit. Passeroni, n'ayant pour subsister que le revenu de ses mes- ses, se soumettait à beaucoup de privations : il était très-sobre , se servait lui-même, et quant à son habillement, il était ordinairement en lambeaux : sa vie était tout-à- fait poétique. Ses amiséchouaient auprès de lui , toutes les fois qu'ils essayaient de lui faire accepter quelque secours. Animé par un esprit de pauvreté vraiment phi- losophique, il s'était résigné à pas- ser toute sa vie dans l'indigence. S'il lui arrivait parfois de ga- gner quelque somme d'argent, il se montrait tout empressé de la

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répandre en aumônes : ce qu'on lui vit faire, lorsque la n'îpiibliqne ci- salpine lui fit remettre ut) rouleau de 4o séquins. S'étant rendu chez un ami pour le prier de lui indi- quer quelque honnête homme loai- dans le besoin, afin de lui don- ner celte somme : Je ne connais personne de plus indigent, ni de plus honnête que vous, lui répon- dit l'autre, et il obligea Passeroni de garder son argent pour lui- même. Passeroni, non content d'avoir fait un long pocme sur Ci- céroii, pour donner, ii ce qu'il prétendait, le modèle de l'orateur, se proposait d'en commencer un autre sur Pétrarque , dans la vue de présenter celui du poêle. Il à laissé aussi sept voluiiiesde fables, qu'il a composées sur le retour de l'âge. En lus lisant , ou ne les croi- rait pas le fruit de sa vieillesse ; on y admire la même facilité, la mê- me négligence, et surtout la même intempérance de faire des vers : le style en tst même moins correct que celui delà vie de Cicéron, et j)our le rendre naïf, il l'a abaissé lie manière à le rendre vulgaire. Il avait aussi trouvé moyen de com- poser une dizaine de volumes de poésies mêlées, ce qui fait que son héritage poétique se compose de 'jS volumes. Passeroni mourut à Milan, le 26 décembre i8o3. Voici les titres de ses ouvrages : Il Cicérone, Milan , 1 7G8 , in - , 6 vol. ; 'i" Rime , ibid. , 1776, 10 vol. in- 12 ; 5" Favole Esopiane , ibid. , 1779, in- 12, 7 vol. Ils ont été plusieurs fois réimprimés.

PASSEWAN-OGLOIJ, ou Pass- wan-Oglo«, pacha de Widdin. Son grand-père, Osman, était crieur de nuit (ramoneur) à Wid-

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din ; il servit dans la guerre de 1755 contre les Russes, se fit dis- tinguer par sa bravoure, et obtint diverses récompenses , entre au- tres, le fief de Parabin, en Molda- vie, où il passa le reste de sa vie, occupé de l'éducation de son fils, Omar-Aga, qui parvint au grade de bassi aga, ou chef de district. Omar eut deux fils : l'un, Ibrahim- Bey , qui s'établit négociant à Constantinople ; l'autre, Osman, surnonuTié Pazman Ohlu, ou Pas- sewand-Oglou (fils du crieur de nuit ou du ramoneur). Sou père, qui habitait Widdiu une partie de l'année , le fit instruire dans les sciences politiques, économiques et miliîaires. Le jeune Osman, qui était en 1753, joignait à une grande activité d'esprit un carac- tère très-violent. En 1785, étant ù la campagne avec son père, il se prit de (juerelle avec lui , et les choses eu vinrent au point que le fils s'étant mis à la tête de quel- ques-uns des vassaux de son père, qui lui étaient dévoués , attaqua et mit en fuite ceux qu'Omar a- vait armés pour sa défense. Les principaux habitans de Widdin s'inlerposèreul dans celte querel- le, qui dura plus de 2 ans. Enfin, en 1788, le j)ère fut réduit à de- mander la paix, et la réconcilia- tion se fit. Depuis ce moment, les hommes qu'ils avaient enrôlés lu- rent réunis en un seul corps de troupes, assez nombreux pour que ces deux hommes devinssent en quelque manière les maîtres dans la ville de Widdiu, leur auto- rité s'accrut de jour en jour avec le nombre de leurs partisans. Ib abusèrent tellement de leur in- fluence, qu'ils faisaient arbilraire.- 4

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ment arrêter quiconque voulait s'opposer à leur volonté. La Porte, alarmée de celt»; usurpatiou de sa souveiainelé, envoya contre eux, en 178S, Madined, pacha , avec 12,000 hommes. » l !ui promit le pachaiik. de Widdin s'il parvenait à les expnlstr de la ville. Ils fu- rent assiéj^és , pendant 3 mois , dans "NViddin ; mais ne pouvant résister à des forces si considé- rables, le père et le fils prirent le parti de se réfugier, avec 600 hom- mes qui leur restaient, près du prince Maurujcni , en Yalacliie. Celui-ci leur accorda sa protec- tion , les nomma l'un et Tautre bir bassa , commandant de 1,000 himjmes , et établit Omar com- mandant à Czernetz , et Passe- wan-Og!ou à Gjurgyero, avec ordre de défendre ces postes con- tre les Autrichiens. Omar fut bientôt après délogé de Czcrnetz par les tniupes in)périales , et se sauva avec 17 des siens sur la rive droite du Danube, il s'établit dans le château de Kulla, àGlieues de Widdin, Le pacha c|e 'NViddin ne fut pas plus tôt instruit de l'ap- parition d'Omar , qu'il envoya 1,000 hommes, avec ordre de le prendre mort ou vif. Omar, avec ses 17 hommes, soutint l'attaque pei\dant 3 ou 4. jours, cl reçut ^blessures; mais enfin, le château de Kulla fut pris d'assaut , la pe- tite garnison égorgée , et Omar fut pris vivant avec son secrétaire, , Mula-lbrahinj. Au moment Ton apprit à Widdin cet événe- ment, le peuple s'ameuta en leuv faveur, et demanda qu'ils fusseiit relâihéfi; le p,a( ha , craignant les suites, de; ce mou,ven)ent populai- re, envoyjï au-devant du bey, qui

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amenait les deux prisonniers. Tor- dre de leur couper la tête secrète- ment, ce qui fut exécuté, et il fut répandu aussitôt le bruit qu'Omar était parvenu à s'échapper, et ce iiiux bruit calma le peuple de AViddin. Mais Passewan-Oglou , instruit de la mort trai;ique de son père, résolut d'en tirer ven- geance. Il recruta de tous côtés des troupes en Vidachie, et étant parvenu à former un corps de a, 000 houimes, il passa le Danube en 1789, et alla s'établir à Bagna (entre ISissa et Widdin) , d'où il entretint, pendant quelque temps, des inielligences avec les habitans de Widdin, à Teflel d'exciter con- tre le pacha le ressentiment des partisans de son père , et de les engager à seconder l'attaque qu'il méditait. Pendant ce temps , il continuait à faire des recrues dans la Bulgarie; dès qu'il se vit à la, tête de C),ooo hommes, outre les partisans secrets qu'd avait dans W iddin, il entra de miit dans cel- te ville, dont ses adhérens lui ou- vrirent les portes, et s'empara de la citadelle sans coup- férir. Le pacha, tombé en son pouvoir, lui présenta pour sa justification un firman du grand-seigneur, qui lui ordonnait de mettre à nxjrtOmar- Aga. Passcwan - Ogiou lui fit grâce de la vie, lui ordonna de licencier ses troupes, au nombre de 1.000 à i,5oo homnics , ei lui permit de vivre à Widdin, confor- mément à sa dignité , mais sans aucun pouvoir. Devenu maître de Widdin, Passewan-Oglou en con- fia l'administration à Bekir-Aga , l'un de ses parens, âgé de 60 aus; et quant à lui , ilse rendit avec son corps de troupes, fort: de, 6000

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lioinmes.aiiprèsdugrand-vjsir Jus- suffPacha. qai l'accueillit parfaite- iiienl, et Imï donna encore G,ooo hommes à coitiinaiuler. Passevvan- Oglou, avec ce corps de troupes, se porta sur la Slorawa, pour ta- ol)er de secourir la l"or{eie-«se de Belgrade , a'^siéjjée p;ir les Au- trichien.-; mais il lut altaq.ié par un corps de troupes impériales, qui mirent sa tr )upe en pleine déroute, après lui avoir tué près de 3,000 hommes, en sorte que PassewauOg'iOu se vit réduit à se iH^-tirer avec 5oo hommes au camp du grand- visir, auprès duquel \{ pa-sa encore deux moi-', après quoi il retourna à VViddin, il se tint ti'dnquille pendant trois ans,, sans s'occuper, ^ n apparence, ni du Commandement, ni de l'ad- ministration; mais enfin, il deman- da au vieux lieckir-Ag.i compte de sa gestion, et celui-ci ayant re- fusé de satisfaire à sa demande, Passewan-Oglou le fit mettre à mort, et s'empara «le s«s hiens. Cependant la Porte envoya un nouveau pacha, nommé Alchio- Pacha ; celui-ci, ayant instiuit le grand ->ieignfMir de rantorité qu'exerçait à Widdin Passewan- Oj;lou , soutenu par les habitans de celte vilh;, demandait un ren- fort de i'i,ooo hommes pour l'ex- pulser» II reçut pour réponst! un ûrman, qui lui oid(mu.nt d'en- Toyer à Constanlinople la tête de Pîissewan-Oglou , mai? on ne lai envoya pas les forces nécessai- res pour l'exécution de ce firmàri. Passe w»n-Oglou, iristruit de ce qui iii passait, rassemble 2,000 hom- mes, attaque le pacha, qui en a- vail 5,000, le force de s'enfermer duus lauitadulLe, et le réduit bien-

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tôt à capituler. Le pacha, fait pri- sonnier, consent à licencier ses troupes, à l'exception de 5oo hom- mes pour sa garde , et s'engage à obtenir du grand-seigneur la grâ- ce de Passewan-Oglod : l'un et l'autre vécurent pendant quelque temps à Widdin en assez bonne intelligence; niais dans le mois mai 1792, Passewan-Oglou étant aile à la cairipague avec 60 de ses ]>artisans,le pacha envoya après lui 400 hommes, qui l'atleiguirent dans le village de Tatesta, à trois lieties de Widdin; il y eut un combat très-vif, à la suite du(|uel Passewau-Oglou se trouva enfermé avec 5o des siens dans une maison, d'où il parvint à se sauver à la faveur d'un déguisement. Le pa- cha découvrit «a retraite, et l'atta- qua de nouveau; mais Passewan- Oglou avait eu le temps de ras- seud-)ler du monde. Le pacha fut blessé dans le combat, et fut re- poussé avec perte de 200 hommes, Passewan-Oglou ne perdit pas de temps à renouer ses intelligences avec les habitans de VViddiii, et ù renforcer ses troupes ; dès qu'il eut rassemblé 3, 000 hommes, il sejela<lans Widdin (en juin 1792), et après un combat assez vif, il parvint à chasser de la ville le pa- cha et Sît garnison, et prit, pour la seconde fois , possession de la forteresse à main armée. Il est sans doute extraordinaire de voir nu simple particulier, sans em- ploi, sans autorité légale, par- venir à se rendre maître d'une forteresse importante, s'y mainte- nir pendant plusieurs années, après avoir expulsé le mandataire du souverain, et remplir en même temps s«s autrej duvuirig'do saiet

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fidèle; ainsi Passewan-Oglou, a- près avoir commis divers actes de rébellion, va servir dans l'armée du grand-seigneur, et à son re- tour, il continue d'agir en maitre à \Yiddin. Vainqueur une pre- mière fois du pacha de la Porte, il lui pardonna la mort de son pè- re , en considération du firnian qui l'y autorisait; vainqueur d'un nouveau pacha, il ne lui impose d'autre loi que de demander sa grâce au grand -seigneur : ces conditions dans la conduite de Passewan - Oglou s'expliquent par la nature même du gouverne- ment ottoman. La personne du souverain est tellement sacrée aux yeux des Musulmans, qu'un pacha rebelle, même en portant atteinte à son autorité, ne se per- mettrait jamais de s'écarter du res- pect dû à sa hautesse, et il n'alta- que ouvertement que ses manda- taires, sous prétexte qu'ils sont ses ennemis personnels , ou des traîtres envers le grand-seigneur. On se rappelle qu'à l'époque de l'année 1792? l'ambassade françai- se àConstantinople parvint à dé- terminer la Porte à former divers corps de troupes sur le pied euro- ropéen, et que cette innovation excita un mécontentement général parmi les janissaires. Peu de temps auparavant, la Porte, vou- lant punir de leur lâcheté et de leur insubordination les garnisons de quelques forteresses sur le Da- nube, et particulièrement celle de Belgrade, avait licencié les janissaires et les saphis qui les composaient, et les avait rem- placés par les kersales , corps de volontaires ou de troupes irrégu- lièresj qui ne son assujétis à au-

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cune discipline. Passewan-Oglou profita habilement de ces circons- tances, et se montra dès-lors ouvertement le protecteur des janissaires expulsés , qui pour la plupart, étant habitans et pro- priétaires de maisons dans des vil- les, se voyaient dépouillés à la fois de leurs propriétés et de leur solde. Le zèle avec lequel il prit leur défense accrut le nombre de ses partisans dans tout l'empire, et jusque dans le divan, oi'i il existait une secrète opposition. Dès ce moment, Passewan-Oglou devint le chef d'un paili d atifanl plus puissant , qu'il reposait sur des liaisons avec tous les mécon- tens de la Turquie d'Europe et d'Asie, et si l'on a vu depuis ce chef combattre avec une poignée d'hommes une grande partie des forces de l'empire ottoman, ses succès doivent être attribués au- tant à ses intelligences secrètes avec les mécontcns qui se trou- vaient dans l'armée , qu'à son caractère ferme et audacieux. La Porte envoya, en 1794» le pacha Hassi-Mufli, pour conférer avec Passewaii-Oglou, et savoir à qnel- lescondilions il voulait se soumet- tre; mais celui-» i, sou[)çonnant qu'on lui tendait un piège, rompit bientôt les conférences, et congé- dia le mandataire de la Porte. Peu de ten)ps après, au commen- cement de 1795, Pa.-sewan-Oglou leva des troupes à Widdin et aux environs, et envoya un détache- ment de 1,000 hommes, avec or- dre de s'emparer de la forteresse de Nikopolis, à vingt lieues au- dessus de Widdin, sur la rive droi- te du Danube, sous prétexte que la possession de cette place était

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nécessaire à Widdin. Après vingt jours (le siège, Passewan-Oglou s'empara de Nikopolis, y Diil garnison, et en donna le comman- dement à un de ses lieulenans. Vers le môme temps, il envoya de nombreux émissaires en Bulgarie et en Servie, pour exciter les ja- nissaires licenciés et les autres méconlens de ces provinces à se rassembler en corps de troupes; et peu de mois suffirent à l'exé- cution de ce projet. Dès le com- mencement de juin, une foule de mécontens , secrètement dirigés par Passewan-Oglou , qui leur a- vait fourni de l'artillerie, se por- tèrent en corps d'armée devant Belgrade, s'emparèrent des fau- bourgs et de la ville basse, et peu s'en fallut qu'ils n'obligeassent le commandant Hassan-Pacha, qui s'était réfugié dans lacitadelle, l'i se rendre prisonnier; mais celui-ci ayant tenu bon et ayant reçu des secours du pacha de Bosnie, par- vint , après plusieurs combats sanglans, à mettre en fuite les mé- contens, au mois de juillet. La Porte, instruite de la part que Pa!<sewan-Oglou avait eue à cette insurrection, jugea qu'elle n'au- rait jamais de tranquillité tant que ce chef audacieux existerait; en conséquence, elle fit marcher, en 1796, une armée de 5o,ooo hommes, aux ordres du baglier- bey de Ron)élie, et de quatre au- tres pachas, avec l'ordre d'atta- quer Passewan-Oglou, et de le soumettre. Celui-ci comptait alors près de 5o,ooo hommes qui lui étaient entièrement dévoués, et qu'il avait exercés au maniement des armes. Il avait d'ailleurs fait fortifier AlViddin avec la plusgran-

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de activité, et y avait rassemblé une immense quantité de vivres et de munitions, sans qu'on ait jamais su comment il se procurait des fonds nécessaires pour armer, soudoyer, et nourrir tant de mon- de. On sait seulement qu'un cer- tain nombre d'ingénieurs français et de polonais fugitifs s'étaient rendus auprès de lui; que les pre- miers l'avaient servi de leurs talens dans l'art des fortifications, et les seconds avaient introduit parmi ses troupes quelques notions de tactique. Après plusieurs atta- ques infructeuses contre Widdin, le commandant de l'armée otto- mane eutrecours auxnégociations, et le résultat fut que Passewan-O- glou payerait 5oo bourses àlaPorte, moyennant la promesse qu'il se- rait reconnu pacha de Widdin, et qu'il y aurait une amnistie géné- rale : la Porte ayant ratifié cette convention, l'armée eut ordre de lever le siège de Widdin, qui avait din-é trois mois. Mais bientôt Pas- sewan-Oglou transporte la scène en Homélie. Une foule innombra- ble de mécontens , qu'on a dési- gnés sous le nom de voleurs de Uoniélie, couvraient de leurs ra- vages cette province, depuis Tir- nowa jusqu'à Andrinople. Le be- glier-bey , Haru-Pacha, accusé de les avoir combattus avec trop de mollesse, est déposé et rempla- cé par cet Alo-Pacha, qui, rappelé de la Natolie, parce qu'on le ju- gea le seul homme capable de sauver l'empire , trahit les espé- rances de la Porte, et, après avoir commis les plus grandes exactions et les plus horribles massacres dans les pays qu'il était chargé de de défendre, parvint, par ses né-

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gocintions secrètes avec Pa«scwan- Oglou , à l'aire dissoudre raraiée des uiéconlens, que celui-ci diri- geait de Wid«lin par des lils iiivi- bles. Ainsi Alo- Pacha obtint la gloire d'avoir terminé celle guer- re, et d'avoir en même temps réconcilié à la Porte Passe- wan-Oglou. iMais celni-ci n'a- vait lait que rappeler auprès de lui cette horde de niéconteris qu'il semblait n'avoir di tachés dans le voisinage de Con>tantinople, que pour s'a^surc^ du degré de fai- blesse du gouvernement, et il prouva peu de temps après qu'il l'avait parfaitement apprécié. Jus- qu'en 1797 Passcwan-Oglou ne l'ut que le moteur secret des rebelles de Homélie, mais après leur expulsion des environs d'An- drinople, il les attira ouvertement auprès de lui, les forma en corps de troupes, dont il grossit la petite armée qu il avait à Widdin, et dès qu'il se vit à la tête de 3o ou 40,000 hommes, il suivit un plan plus vaste et plus régulier sous le rapport militaire et politique. Il commença par s'assurer tout le cours du Danube entre Belgrade et Rusdtuck, et mit des garnisons à Nikopolis et Sistow^e , au des- sous et au-dessus de Widdin; il s'empara d'Ossowa et de Semen- dria, d'où il pirut vouloir atta- quer Belgrade; mais le comman- dant de cette place ayant appelé à son secours les pachas de Bos- nie et de Thronic, Passewan-0- glou se borna à mettre un corps d'observation dans le voisinage de Belgrade, et avec le reste de son armée, il se porta rapidement en deux colonnes sur la route d'An- drinople, l'une par Nissa et So-

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phin, l'autre par Tirnowa et Phi- lippopoli. Il battit , chemin fai- sant, à INissa, un corps de Bosmas- ques, qu'il obligea de se réfu- gier dans Belgrade, et il répandit dans l<i Bulgarie et la Servie des émissaires pour gros,-.ir le nombr€' de ses adhérens. l'n des moyi n$ qu il employa avec le plus de suc- cès, fut de diminuer de moitié les impôts dans tous les pays qu'il occupait , et de se concilier la confiance des habitans par une exacte justice, et par la pro- tection du couimerce et des })ro- priétés. En peu de tenips , il fut maître <îe toute la Servie et de la Bulgarie , jusqu'à Philippopoli f il établit son camp. Alo-Pa- cha, beglier-bey de Homélie, eut ordre de l'attaquer; mais trop in- férieur en forces, il se tint sur la défensive aux environs d'Andrino- ple , tandis que Passewan Oglou envoyait des partis jusqu'aux portes de cette ville, et même sous les murs de Constanlinople. Quel- ques pachas de Macédoine et de la Grèce étaient d'ailleurs d'intel- ligence avec Passewan-Oglou, et une pariie des troupes que l'on faisait marcher contre lui allait se fondre dans son armée : tout semblait alors annoncer une révor lution dans la Turquie d'Europe, lorsqu'enfin la Porte, sérieuse- ment alarmée, fit accourir de ses provinces d'Asie un grand nombre de troupes , dont elle donna le commandement au célè- bre Hussein!, capitari -pacha , qu'elle revêtit de la dignité de sct rasquier, en mettant sous ses or-r dres le beglier-bey Alo- Pacha, et les autres pachas restés fidèles à leur souverain, Çientôt l'armée

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ottomane, forte de près de 100,000 hommes, se rassemble dans les environs d'Andrinople, et menace d'attaquer Passewan-Oglon dans son camp de Philippopoli ; mais Htisseim-Pacha trouva plus pru- dent de le tourner par ïirnowa. 11 dirigea une forte colonne vers cette place, dont il s'empara sans coup-férir, étant parvenu à gagner le commandant que Passewan- Oglou y avait établi. Dès-lors ce- Jui-ci ne se trouva plus en sûreté ■à Philippopoli, et prit le parti de faire sa retraite sur Widdin. Cette marche rétrograde, les sanglantes exécutions qu'ordonna le capitaii- paoha dans la Bulgarie, il fit mettre à mort un grand nombre d'adliérens de Passewan-Oglou , la réputation éclatante de ce se- rasqiiier, la rapidité de sa marche et la force de son armée, les suc- cès qu'obtint sur le Bas - Danu- be? le p icha de Nikopolis, ceux qu'obtinrent en môme temps les pachas de Servie et de Bosnie, qui reprirent les forteresses de Se- mendria et d'Orsowa, la nécessité se trouvait Passewan-Ogloa de s'enfermer dans Widdin, par suite de ces revers, tons ces événe- mens arrivés coup sur coup, jetè- rent le découragement et l'épou- vante dans ses troupes, dont plus de la moitié l'abandonna. Aiosi ce pacha rebelle, qui pendant deux ou trois mois s'était vu à la lêted'u- ne armée formidable, qu'il avait portée à plus de 60,000 hommes, se vil réduit i\ se défendre dans sa forteresse avec i5ou 16,000 hom- mes qui lui restaient; il y fut bien- tôt investi par l'armée du seras- quier, renforcée des troupe<; de douze pachas, tant d'Europe que

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d'Asie, et tout annonçait que Pas- sewan-Oglou succomberait î-ous des forces aussi imposantes. L'armée de siège fut bientôt se- condée dans ses opérations par une flottille de chaloupes armées, qui était venue de Constantinople par la mer Noire, et avait remonté le Danube. Tout ce que la constan- ce, le courage; l'art et la ruse, pejivent opposer à la supériorité des forces, fut employé par Passe- wan-Oglou pendant quatre ou cinq mois que dura le siège, f/ar- mée ottomane fut repoussée avec une perte considérable dans plus de trente attaques; enfin les trou- pes d"Alo-Pacha ayant été mises en déroute, et ce beglier-bey s'étant réfugié à Sophia avec les restes de sa troupe , l'armée ottomane , affaiblie et découragée par tant de traverses, fut à son tour attaquée par Passewan-Oglou, et mise en déroule complète après un mas- sacre épouvantable : ou porte à 10,000 hommes le nombre des tués dans cette dernière action. Le serasquier Hus>eim-Pacha se retira avec les faibles débris l'armée à Lonya (c'est dans cette ville que le capitan-pacha attira le heglier-bey Alo-Pacha, et le tua de sa propre main pour le ptmir de sa perfidie, à laquelle il imputait le» désastres de l'armée ottomane), d'où il ouvrit des négociations, au nom de la Porte , avec Passewan- Oglou. Au bout de quelques mois, les commissaires du grand -sei- gneur conclurent avec lui un traité dont les principales conditions con- nues sont : que Pa<(sewan-Oglou conserverait le pachalick. de Wid- din,avecunagrandissemcntde ter- ritoire; qu'il serait élevé A ladigni-

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de pacha à trois queues; que les janissaires, expulsés de Belgra- de et des antres places, seraient rétablis dans leurs propriétés; en- fin on dit qu'il exigea la destitu- tion de quelques pachas du voisi- nage. Il paraît que ce qui déter- mina principalement Passewan- Oglou à se soumettre lut la crainte de se voir attaqué à Wid- din par un corps de 4o?ooo Rus- ses, en vertu d'un article du trai- té d'alliance entre l'empereur de Russie et le grand-seigneur, par lequel le premier promettait de taire marcher ce nombre de trou- pes contre le pacha rebelle à la première réquisition de la Subli- tne-Porte. Après cet accoirimode- inent conclu à la fin de 1798, Pas- sewan-Oglou licencia une partie de ses troupes, mais en retint as- sez pour résister aux attaques im- prévues des pachas voisins; l'évé- nement justifia bientôt ses pré- cautions : le pacha de Romélie, que ses cruautés avaient fait sur- nommer r/iomme terrible, rassem- bla en secret des forces considéra- bles , et entra brusquement, en 1797, sur le territoire deWiddin; il croyait surprendre Passewan- Oglou et l'éxrascr. Celui-ci Tal- tendait. Il le bat complètement à diverses reprises , et le poursuit jusqu'aux portes de Sophia. Il rap- pelle alors les troupes qu'il a li- cenciées et se montre plus redou- table que jamais. La Porte, épou- Tantée, lève une armée impériale, dont elle donne le commandement au grand-visir. Il allait entrer en campagne, lorsque la mort de Pas- sewan-Oglou (arrivée en 1800), mit fin aux alarmes du sultan. PASTEUR (Jean-Datid) , dé-

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pulé à la convention nationale de la république batave, et auteur distingué, naquit à Leyde , le 25 mai 1^55, de parens estimés, qui lui firent faire de bonnes études. Obligé de se procm'er des moyens honorables d'existence, il s'adon- na à l'étude du droit dans sa ville natale , mais il consacra tous ses loisirs à l'élude des sciences natu- relles : celles-ci prirent bientôt un tel ascendant sur son esprit , qu'il abandonna la jurispru- dence pour s'y livrer tout en- tier. Lorsque la révoluti(»n écla- ta en J795, ses lalens, secondés de ses opinions politiques, ne tar- dèrent pas à l'élever aux emplois supérieurs. A cette époque, beau- coup de vaisseaux hollandais se trouvaient dans les ports de l'An- gleterre; il importait de les faire rentrer dans leur patrie; les re- présentans provisoires du peuple delà HoUandechargèrent de cette mission délicate M. Pasteur, et le lieutenant de marine, M. J. L. Vitriavins, en les autorisant àcon- certer entre eux les mesures les plus propres à effectuer cette me- sure, en persuadant aux capitai- nes des vaisseaux de guerre de quitter ce pays avec les bâtimens qui étaient sous leurs ordres. Les commissaires hollandais rempli- reiit leur mission avec im succès complet. Deretourdans sa patrie, M. Pasteur fut immédiatement nommé membre du comité de la marine, et le 1" mars de la même année, élu représentant du peuple à la piemière convention nationa- le, où son zèle n'éclata pas moins que sa modération. Ces qualités furent appréciées, et lefirent nom- mer, le 1" septembre 1797, prési-

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dent de la seconde convenlion nationale. La révoliilion du 22 janvier 1798 ayant dissous cette assemblée, M. Pasteur fut en- voyé comnae prisonnier d'état à la n)aison du Bois, près de La Haye, avec plusieurs de ses collègues ; il n'en sortit qu'après le 12 juin suivant, lorsque les modérés, qui triomphèrent alors , lui rendirent la liberté , ainsi qu'à ses compa- gnons d'infortune. Le corps-lé- gislatif s'étant alors divisé en deux chambres, M. Pasteur fut nommé, le 26 septembre 1798 , secrétaire de la seconde chambre; mais, lorsqu'en 1801 la représentation nationale ne forma plus qu'une seule chambre, il devint secrétaire du corps-législatif. Il termina son honorable carrière le 9 janvier 1804. Il a publié : i" Histoire na- turelle des mammifères [Belcnopte natuurlyke historié der zoogende dieren), 3 vol. in-8°; les Rus- ses en Nord-Hollande, drame en 3 actes. M. Pasteur a aussi traduit une foule d'ouvrages, parmi les- IL quels on distingue : le Voyage IP" de Cook autour du monde, i5 vol. in-8°; VAn 2440 de Mercier; VHistoire naturelle du mont Saint-Pierre, par Faujasde Saint- Fond; 4" le Voyage d'Utrecht à Francfort, par Cogan. Il a été publié une notice sur la vie de M. Pasteur, par M. Verbeck, son a- mi, dans le Courrier des Arts et Belles- Lettres du 9 mars i8o^|.

PASrORKT (le marquis Clau- de- Emmanuel - JftsEPH - Pierre ), né, en ly.îG, à Marseille, d'une famille honorable, fut destiné à la magistrature. Il exerça d'abord la profession d'avocat, passa en- suite, en 1781, en qualité de con-

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sciller, à la cour des aides de Pa- ris, et devint maître des requêtes quelque temps après. En 1784, il remporta, à l'académie des ins- criptions et belles-lettres, un prix qui lui en ouvrit les portes l'an- née suivante, et il avait justifié ce choix d'avance par une nouvelle palme obtenue la même année. II adopta, en 1789, les principes de la révolution, maisilï<ne chan- gèrent rien à la modération de son caractère et à la douceur de ses mœurs. Nommé, en 1790, par Louis XVI, ministre de l'intérieur en remplacement de M. de Saint- Priest, il accepta celte place, qu'il n'occupa que très-peu de temps. Il fut élu successivement, le 5o janvier 1791, président du dépar- tement de Paris, et, le i4 février, procureur-syndic du même dé- partement. Il était à la tête de la députation qui, après la mort de Mirabeau , alla demander à l'as- semblée constituante que la nou- velle église de Sainte-Geneviève, fût consacrée i\ recevoir les cen- dres des grands hommes auxquels le corps-législatif accorderait cet honneur. Il présida, la même an- née, l'assemblée électorale de Pa- ris, et fut nommé député à l'as- semblée législative. Dans la pre- mière séance, en qualité de pré- sident, il prononça un discours, dans lequel il félicitait l'assemblée constituante d'avoir marché avec autant de talent que de courage dans la carrière qui lui avait été ouverte. Vers la fin d'octobre, il se plaignit des rigueurs exercées contre les émigrés, et proposa de les restreindre aux fonctionnaires publics qui auraient abandonné leur poste au moment du danger.

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Le 5i décembre^ il conlribua à faire abolir les coinpliiuens et les félicitiilions d obligation au renou- vellement de l'année; sou inten- tion fut mal interprétée, et le mê- me jour, il fit comprendre dans l'amnistie qui avait été décrétée pour les délits révolutionnaires, les 4o soldats de Château vieux, condamnés aux galères pour l'af- faire de Nanci ; le 25 lévrier 1792, il provoqua et obtint la sup- pression du tribunal de l'uiiiver- silé , et aj>puya cette niesuie de raisons philosophiques qui con- vainquirent l'assemblée. Dans la séance du 9 avril 1792, il se pro- nonça pour l'abolili.in de l'escla- vage et de la traile des nègres; mais il fut d'avis de n'exé<;nter que graduellement ce grand acte d'humanité et de justice, et déve- loppa les motifs de son «jpiiiion. M. Pastorel était ennemi des par- tis extrêmes, et si on le vit quel- quefois flotter entre les diverses opinions, c'est qu'il cherchait à les concilier tontes pour éviter les suites fime.«tes des divisions; ainsi, quoiqu'il siégeât au côté droit, il appuya, le 20 du même mois, la déclaration de guerre à l'Autriche. Le 16 juin, il demanda et fit dé- créter l'établissement d'une place et rérection d'une colonne, sur- montée de la statue de la liberté, sur l'emplacement de la Bastille; le 19, il présenta un rapport lu- mineux et fort de raisonnemens, pour démontrer la nécessité de séparer des fonctions ecclésiasti- ques les actes civils qui constatent les naissances, les mariages et les décès; le 21, il fit rejeter une mo- tion de Couthon, ayant pour ob- jet de Hure rendre les décrets exé-

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cutoires sans la sanction du roi; le 5o, en invitant l'assemblée à faire punir les auleiirs du mouve- ment du 20. il insista sur l'avan- tage de rester unis, en prouvant que l'esclavage serait la suite né- cessaire des divisions et des trou- bles. Dès ce moment, M. Pastoret vit toute l'étendue des maux serait entraînée la France par une assemblée qui réunirait tous les pouvoirs, et s'attacha avec un nou- veau zèle à soutenir la prérogative roj'ale ; aussi un membre ayant demandé, le 5juilh!l suivant, que l'assemblée s'emparât de l'exerci- ce du pouvoirexécutif, M. Pasto- ret, s'élevant avec force contre la proposition, prouva qu'elle était inconstitutionnelle, et insista pour que Toraleur fût envoyé à l'Ab- baye. Il dénonça le 28 lesen)piète- men'^ des municipalités sur le pou- voir judiciaire, fit voir le despo- tisme qui résulterait de pareils abus, et proposa des mesures ef- ficaces pour les faire cesser. Nom- mé niembie d'une commission extraordinaire pour examiner la conduite du général L\ Fayette {voyez Vkhette)- qui, ayant quitté l'armée sans autorisation , était venu défendre à la barre de l'as- semblée les droits du trône cons- titutionnel, il armonça. dans son rapport du 8 août, que sur i5 membres 7 avaient voté coiitre le décret d'accusation. Les événe- mens du 10 août ayant mis sa li- berté et même ses jours en dan- ger, il prit la fuite, et eut ensuite le bonheur d'échapper au régime de la terreur. Il ne reparut s:ir la scène politique qu'au mois de bru- maire an 3 (novembre 1795), é- poque le déparlement du Var

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l'élut député au conseil de? cinq- cents. Il y niontiii lii nunie énergie fin laveur «les droits acquis, et sur- tout de lu liberté de hi presse, que le diitctoire -exécutif voulait en- traver: iJ plaida aussi la cause des prêtres déportés qu'où punissait, disait-il, pour une consti'ution re- ligieuse qui n'existait plus; il par- la sur l'administration despri?ons, et fut éiu président le 19 août. JM. Pastoret se fit constamment rc- ijQurqucr, pendant ceite session . par ses lumières et ses opiuinus osst'Z {^énéraleuient constitution- nelles et pliilo.sophiques ; mais insensiblement il piit une part plus active aux divisions qui s'é- levaient entre la majorité des conseils et celle du directoire. Le i5 mars 1797, il repous.^a, com- me pro[)re ù exciter des lr«mbles, la proposition du directoire, ten- dant à exiger des électeiirs un ser- ment de haine à la royauté ; de- puis ce moment jusrpi'au j8 fruc- tidor, c« ne fut plus qu'une lutte entre M. Pastoret et le parti direc- lorial. Le 28 du même mois, il s'opposa à ce que Brottier et La- villeheurnois , agens royalistes, fussent jugés par une commission militaire, et le 3o, il déclara con- tre-révolutionnaire un message du directoire, qui défendait l'exé- cution d'un arrêt dd tribunal de cassation sur cette nlfaire, décla- rant qu'une commission militaire ne pouvait en être juge. Le 28 juin, il parla en faveur des fugitifs de Toulon. Vers la même époque, il accusa la conduite des ageus du directoire dans les colonies, et surtout à l'égard des États-Unis; il proposa que la nomination de ces agens lui fût retirée. Le 4 thermidor (22 juillet), il demanda

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la suppression des réunions popu- laires. Cet étal d'hostilités con- tre le directoire devait l'exposer à toute sa vengeance, du moment il aurait saisi le pouvoir au- quel il tendait; il lriom!)ha le 18 fructidor au 5 (4 septembre 1797), et M. Pastoret fut porté un des premiers sm' les listes de dépor- tation. Prévenu à temps, il put se réfugier en Suisse, il resta jus- qu'en 1800, quoiqu'on eût fait cou- rir le bruit qu'il s'était rendu à l'île d'Oîeron. Il fut rappelé en Fran- ce à cette époque. Le premier (;on- sul Bonaparte le nomma, en 1801, membre du conseil-général des hospices et secours publics, et en 1804, proiésseur du droit de la nature et des gens au collège de France. Après avoir été <lésigné d«'ux fois par le collège électoral de la Seine, pour entrer au sénat, il y fut admis en 1809, et devint membre de la légion-d'honneur. Le I" avril 1814, il vota la créa- tion d'un gouvernenient provisoi- re et la déchéance de INapoléon. Au retour du roi, il fut nommé pair de France, commandeur de la légion-d'honneur, conseiller de l'u- niversité royale, et enfin, en 18 15. président du collège électoral dM département du Var. W. Pastoret qui, pendant toute sa carrière po- litique, avait évité tout ce qui lui semblait exagéré, parut en 1818 oublier ses principes, en appuyant de son vole la proposition de son collègue, M. Barthélémy, contre la loi des élections. Il est aujour- d'hui (1824) vice- président de la chambre des pairs. On lui doit un grand nombre d'ouvrages com- me littérateur. Ce sont : Eloge de Voltaire, 1 799; Tributs of- ferts à Cacadcwie de Marseille,

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1782; 3" Elégie de Tiballe, 1783; 4" Discours en vers, sur l'union qui doit régner entre la magistratu- re , la philosophie et les lettres, 1^85; 5" une dissertation sur cette question : Quelle a été l'influence des lois maritimes des Rhodiens, sur la marine des Grecs et des Ro- mains, et de l'influence de la marine sur la puissance de ces deux peu- ples? inh'.^; 6' Z oroastre, Confu- cius et Mahomet, comme sectaires, législateurs et moralistes, avec le tableau de leurs dogmes, de leurs lois et de leur morale, 2'édit , 1787; Moise considéré comme législa- teur et comme moraliste, 1789; 8" Traité des lois pénales, 1 vol. in- 8°, 1790; Ordonnancs des rois de France, lom. X\ , iS 1 1, in-fol. , travail dont il fut chargé par l'ins- titut ; 10'^ avec MM. Brial, Dau- nou et Q'ingiiené^H istoire littéraire de la France, tom. XIII, i8i4, in-4°, commencée parles religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur^; 11" un rappoit très- étendu et très-instructif fait au conseil des hospices en 1816; 12° Histoire de la législation, 4vol. in-8°.

PASTOIVET(i,E COMTE Amédée), fils du précédent, maître des re- quêtes, s'était voué à la carrière administrative. Le 7 avril i8i3, il fut nommé sous-préfet de Cor- beil, et passa, dans les premiers jours de janvier 1814, à la sous- préfecture de Chaions-snr-Saône. A cette époque, le territoire fran- çais était envahi, il rassembla tous les habitans de bonne volonté, elils furent en grand nombre, mar- cha à leur tête contre l'ennemi, et chargea avec une rare intrépidité lin corps avancé de plus de 200

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hommes. Il est aujourd'hui (1824) maître des requêtes en service ex- traordinaire, ayant séance, et com- missaire du roi près la commission du sceau. On a de hi\:Des moyens mis en usage par Henri IF pour s'' as- surer lacouronne et pacifier la Fran- ce au sortir des troubles civils, 2* édition, 1817, in-S", ouvrage qui a rempoi le prix à l'académie de Chrdons-.sur-Marne en 18 1 5,

PATAUD (l'abbé Jean-Jacques- FRAîifçois),naquitleiooclobrei752 à Orléans, département du Loiret, exerça quelque temps la profession de commerçant, qui était celle de son père; mais bientôt entraîné par ea vocation pour le sacerdoce, il se fit recevoir prêtre, et prêcha avec quelque succès dans les prin- cipales églises du diocèse d'Or- léans. A l'époque de la révolution, il ne lui était pas permis d'exer- cer son ministère, il se livra â l'é- ducation de quelques jeunes gens; il le reprit après le concordat de 1801, et ne le cessa qu'i\ sa mort, arrivée le 25 mai 1817. L'abbé Pa- taud a publié : 1" Discours pronon- cés à différentes époques en présen- ce de tous les corps constitués de la ville d'Orléans, in-8°, sans date ni indication de lieu, mais présumé imprimé en 18 i3, tiré seulement à 20 exemplaires : on remarque dans ces disCours, au nombre do quatre , celui qui renferme l'E- loge de Jeanne-d' Arc; différens Opuscules insérés dans les Etren- nes orléanaises de i8ii à i8i5, et tirés séparément; en manuscrit une Histoire d'Orléans, tic. Le tra- vail de l'auteur, formant deux vol. in-S", mais qui n'a été continué que jusqu'en 1810, est devenu la propriété de la bibliothèque publi-

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que d'Orléans, à qui l'abbé Pataud l'a légué par lestauienl ainsi que sesatitres manuscrits. Le prospic- tus de cet ouvrage avait paru, eu 181 5, rsous ce titre : Hiiloired' Or- léans et des principales villes du Loiret, depuis la mort de Jeanne- d'Arc, précédée d\m précis histori- que de la situation d'Orléans, à da- ter de l'origine de la monarchie Jus- qu'en 1 540, d'après les pièces jus- tificatives tirées des archives de ta préfecture, de la mairie, de l'évê- ché, etc.; suivie de la topographie historique, par ordre alphabétique^ de toutes les communes du départe- ment du Loiret, des monumens qui les décorent, des faits particuliers qui les distinguent ^ des familles qui les ont illustrées, etc. On trouve dans les Etrenncs orléanaises de 1818 une notice sur l'abbé Pataud, par M. de Laplace, président de la cour royale d'Orléans. On rap- porte que cet ecclésiastique avait une mémoire prodigieuse, et l'on donne pour exemple qu'étant allé entendre par défi le sermon du missionnaire Beauregard, il le re- tint tout entier, et le répéta le len- demain dans la paroisse dont il é- tait vicaire, n'ayant, au dire mê- me de l'abbé Beauregard, altéré que trois expressions.

PAÏERSON (Daniel) , colonel anglais, aide-quarlier-maître-géné- ral de l'armée britannique, a pu- blié plusieurs ouvrages estimés. On lui doit : Nouvelle descrip- tion exacte de toutes les principales routes de l' Angleterre et du pays de Galles, 1771Î in-8", r* édition, qui a été suivie d'une vingtaine d'éditions consécutives; Dic- tionnaire du voyageur, ou Tables alphabétiques d«s distances dt tou-

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tes les villes, bourgs, etc. , de l'An- gleterre et du pays de G«//e4-, 1772, 2 vol. in 8' •, 3" Description topo- graphique de l'ils de la Grenade, 1780, in-4°; Itinéraire de l'em- pire britannique , 1785, 2 vol. in-8°.

PATRAT (Joseph), auteur dra- matique, naquit à Arles, départe- ment des Bouches-du-Rhône, vers 1752. Il se fit connaître d'abord comme coiTiédien ; mais il eut peu de succès , et il renonça à cette profession, pour se livrer à lu composition de pièces de théâtre, dont sa famille porte le nombre à 57. Il fut plus heureux dans cette carrière, et plusieurs de ses comé- dies sont vues avec plaisir sur les théâtres secondaires et en provin- ce. En général, elles olYrent des situations plaisantes et un dialo- gue facile. Nous donnerons, d'a- près un de nos bibliographes les plus distingués, la liste des pièces imprimées. Ce sont : i" les Deux Morts', C Anglais, ou le Fou rai- sonnable ; 5" les Déguisemr.ns a- vioureux, ou la Résolution inutile', 4' le Présent, ou l'Heureux qui- proquo ; les Deux Grenadiers , ou les Quiproquos; r Officier de fortune, ou les Deux Militaires; l'Heureuse erreur; 8" l'Amour et la liaison, ou les Volontaires Or- léanais; 9" les Méprises par ressem- blance; 10" Isabelle de Rosalro; 1 1" le Complot inutile (cette pièce a été faite en société avec M.\l. Jauf- fret et Weiss); 1 les Deux Frères, pièce imitée de l'allemand, et jouée avec succès sur le Théâtre- Fran- çais; i3" la Pension genevoise, ou l'Éducation : elle parut {dus tard sous le titre de l.i Pension de jeu- nes demoiselles; 14" François et

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Rouffignac ; \5° les Avions protces, ou Qui compte sans son hôte comp- te deux fols; 16" Mina, ou le Pré- jugé de l'amitié; ij:" un Prologue pour le théâtre de l'Odéon ; 18" avec M. >Vei'S. Honneur et Indi- gence; iQ" le Sourd et l'Aveugle; ao° la Petite rusée; 21° Toberne, ou le Pécheur suédois, repré.-enlt'e sur le théâtre Feydcau ; 22° la Vengeance; 25" l'Orpheline; 24° la Fête du cœur; 25" l' Heureuse ressource, ou le Pouvoir du zèle ; 26° // ne faut pas condamner sans entendre; 27* l'Espiègle; 2^° un prologue intitulé : le Répertoire; 29" la coniéJie' de Lagrange , les Contre-temps, réduilt; en un acte, par Patrat; 5o° le Déserteur, de îMercier, retouché; 5i" le Valet mal servi; oa" Henneval de Saint- Méry ; 53° la Kermesse , ou la Foire allemande ; 34" Toinette et Louis; 55" Adélaïde de Mirval; 36° le Point d' honneur; 57" les Etrennes, ouïes Débats des Muses; 38" le Conciliateur à la mode, ou les Etrennes du public. Ces huit dernières pièces n'ont pas été iin- primées.Patrat moiii*utà Paris, en 1801, dans l;i 79' année de son âge. PATUIN (Kugène-Louis-iMel- chior) , député du département du Rhône à la convention nationa- le, sa vaut naturaliste, à qui l'on doit plusieurs découvertes iniportanles en minéralogie el en géologie, na- quit à Lyon en 1742. Destiné par se» pareus à la carrière du barreau , il l'ahandonna de bonne îreure pour se livrer en entier au penchant qui l'entraînait vers l'é- tude des sciences naturelles. Il résolut, après avoir terminé de manière la plus brillante ses cours de physique el de chimie,

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de visilcr les contrées septentrio- nales de l'Europe, pour recueillir tous les faits qui lui paraissaient propres à établir un système gé- néral de géologie, et à éclaircir l'histoire du globe. Patrin se ren- dit d'abord en Allemagne, parcoii- lul en observateur éclairé l'Autri- che, la Bohême et la Hongrie, me- sma la hauti-ur des montagnes, descendit dans les principales mi- nes, etamassa uneriche collection d'échantillons de toutes les subs- tances minérales. Il continua en- suite ses savantes investigations en Pologne. A WHna , il trouva im de ses compatriotes, le professeur Gilibert, qui l'engagea à aller en Russie, et lui donna de; lettres de recommandation pour les prin- cipaux membres de l'académie de Péfersboiirg. Parfaitement accueil- li en cette ville, »;t encoiu'agé d'a- bord par le célèbre voyageur Pal- las , dont il cul à se plaindre de- puis, (piand Patrin parut devenir un dangereux compétiteur de gloire, il obtint du gouvernement l'autorisation devisilerla Sibérie. On lui donna pour escorte et pour guide un sous-oflîcier russe, qui devait pourvoir au besoin du na- turaliste français dans ces contrées sauvages, il n'est point facile de se procurer même les objets de j)rcmière nécessité pour la vie. l'atrin partit de Pétersbourg en 1780, et employa huit laborieuses années à parcourir les irrtn)ense3 chaînes de montagnes de TAsi* septentrionale, depuis les monts Oural jusqu'au delà du méridien de Pékin. Il eut à supporter des privations de tout gefire et des fatigues inouïes. A des étés bien courts, mais brûlans, pendant

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lesquels des myriades d'insectes tourmerileril sans relâche le voya- geur, succèdent dans ces contrées hyperborécnues les pins ligoinenx hivers. Pati'in.surnionta avec autant de courage que de persévérance tons les ol»-tacles, et revint heu- reusement à Pélersbmn-g à la fin de 171^7. Il avait rempli avec zèle tons les engagemeii.s qu'il avait pris avec l'académie des sciences' de cette ville, lui avait envoyé di- vers mémoires et de^ échantillons de tous les minéraux. Il s'était aussi fait précéder de sa collection particulière, mais il reconnut bientôt qriePallas s'était approprié à chaque envoi une partie des mor- ceaux les plus précieux, et il se plai- gnit amèremenide l'avidité scien- tiûque de ce célèbre naturaliste, auquel il ne pardotma jamais. As- sez mécontent des savans de la Russie, Palrinrevinldanssa patrie après 10 ans d'absence, et se fixaà Paiis. 11 ol'tVit au cabinet du Jardin du Roi sa ri( hc collection des minéraux de la Sil>érie , sous la seule condition de ne la point morceler. Elle consistait eu 5o quintaux environ d'échantillons classés et étiqueté? avec soin, mais l'oUre ne fut point acceptée, lautc d'espace, lui répomlit-on , pour placer convcnablerrient tou- tes ces ricliej-ses. Patriu, qui s'é- tait consacré tout entier aux fecienfîi.'s, n'avait juis aucime j)art aux événemens politiques de cette épocfue i'ragpu.se, et depuis nom- bre, d'années, il était éloi;<né de su ville natale; mais l'estime géné- rale dont il jouissait parmi ses concitoyens b fit porter , par les électeurs de Lyon, à lu représcn- taliuii natiunule; et il se vit

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nommé contre son vœu ii la con- vention nationale. Il s'y montra coust.unment ami de l'ordre , de la justice et d'une sage li- berté, et mérita la haine des par- tisans de Robespierre. Dans le pro(;ès du roi, il vota avec la mi- norilé contre la peine de mort, potu' l'appel au peuple et pour le sursis. Lorsque la ville de Lyon se souleva en 179^ contre la majo- rité de la convention, Patrin iïU accusé d'avoir excité ses conci- toyens à s'insurger. Frappé d'un décret équivalent à une sentence de mort, il eut le bonheur d y é- chapper, et de trouver nu asile iinjiénétrable, il resta caché pendant tout le règne de la ter- reur. Après le 9 thermidor , il rentra à la convention, et fut en- voyé par le nouveau comité de salut - public pour surveiller la manufacture d'armes de Saint-É- tienne. Lors de la création de l'école des mines , il en fut nom- mé bibliothécaire ; il dorma à cet établissement sa collection des mi- néraux, et reprenant ensuite avec joiele cours de ses travaux scientifi- ques, il eut une grande part à la ré- daction du Journal des Mines, publié par les professeurs de l'é- cole, et l'em-ichit de mémoires iutéressans. Ce savant estimable se retira vers la fin de sa vie'A Sarnt-Vallier, près de Lyon, otV il mourut le i5 aoftt 181 5, à l'âge de 75 ans. La bonté et la noblesse de son caractère, son indifférence pour la fortune, sa modestie et son amabilité dans toutes les relations sociales-, lui avaient acquis de nouibreux airii», qui lui restèrent conslammenl attachés. Patrin a laissé une foule de mémoires in-

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s«;rés dans Xa Journal de Physique, dans la Bibliothèque britannique , dans les Aiinales des Mines et dans le Nouveau Dictionnaired' his- toire naturelle. Doué d'une imagi- nation vive et féconde, il a cher- ché à expliquer par de nouvelles hypothèses la plupart des grands phénomènes de la nature, tels que la formation des minéraux et des montagnes, Forigine des sources, la cause des volcans, etc. Le na- lurali>te lireislak [voyez ce nom) s'est emparé de la Théorie des Volcans de Patrin, et l'a déve- loppée dans son Voyage dans la Campanie. On a encore du savant Lyonnais : l" Relation d'un voyage en Sibérie, aux monls u' Attalce ^ etc., Pélersbourg, 1785, iti-8", et insérée par Pallas dans les Nouveaux Essais sur le nord : on trouve dans cet écrit des ob- ser va lions géologiqueslrés-cu rieu- ses et des détails iuléressans sur les dangers que Tintrépide voya- geur a courus dans cette contrée, qu'il appelle la désolation du nord, comme les navigaleursont nommé les environs du cap Horn la déso- lation du midi; Histoire naturel- le des minéraux ^ Paris, 1801, 5 vol. in-18, avec 4'> planches, ou- vrage qui fait suite aux oeuvres du liuffon publiées par Cas- tel, et qui offre beaucoup de faits nouveaux; Notes sur les Lettres à Sophie^ par M. Aim.é Martin, Paris, 1810, 2 vol. in-8" : ces notes contiennent l'explication ingénieuse de plusieurs phén(tmè- nes de la nature, tels que la com- bustion, les étoiles fdantes, la ro- sée, l'origine des sources, les aurores boréales, les volcans, etc. ; l'auteur atlriliue la formation de

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ces derniers à la circulation conti nuelle de divers fluides , dont une partie devient concrète par la fixa- tion de l'oxigène. Pétrin était cor- respondant de l'institut, membre de l'académie des sciences de Pé- tersbomg, de la société d'agricul- ture de Paris, et de plusieurs au- tres sociétés savantes. On trouve dans les Annales encyclopédiques, année 1818, une bonne notice sur ce savant, par M. Viller- mé.

PATRIS-DE-BREUIL(L. M.), juge-de-paix à Troyes, s'est fait connaître dans la littérature, d'a- bord comme éditeur des Œuvres de Grosley, et ensuite comme au- teur des ouvrages sui vans: ï° Opus- cules en prose et en vers, 1810, in- 1 2 ; Eloge de Louis XVIII, roi de France. Ce discours a été prononcé le 35 août «8i5, à l'hô- tel-de-ville de Troyes.

l'ATRIX ( N. ) , général en chef de l'armée avignonaise, naquit à Avignon, d'une lamille honorable; quoiqu'il fût jeune encore à l'épo- que de la révolution , il en em- brassa la cause avec la plus grande exaltation , et dut surloutà sa fou- gue et à son audace le commande- ment en chef de l'armée patrioti- que d'Avignon , qui voulait la réu- nion du Comtat à la France. Ses principes devinrent plus modérés, et lorsque ses troupes, au com- mencement de 1791, après s'être emparées de la ville de Sérian , la livrèrent au pillage, Patrix fit paraître des sentimens de justice et d'humanité qui, à ce qu'on pré- tend , devinrent la cause de sa perte. Bientôt il fut dénoncé à son é4at- major, pour avoir favorisé l'évasion d'un prisijnnier; son ju-

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gement fut prompt, et il fut fusillé à MoiilitMix. Ijv général Fatrixeut pour siiL'ces^tnir le trop fameux J(»iir(iau, dit Coupe-tête.

PATTE (Pierre) , architecte peu ■connu par les cuiislnictrons qu'il a exécutées, mai» qui s'est nio- mentanémenl fait remarquer coui- me l'antagoniste de son célèbre confrère Soufflol, à qui l'on doit le beau monument ded'église Sainte- Geneviève, long-temps connue sous le nom de Panthéon français. Patte s'associa d'abord avec les auteurs de rKncyclopédie pour la direc- tion des dessins et des gravures de cet ouvrage; mais bientôt il se brouilla avec eux. M. Foisset rap- porte qu'il «publia dan^' les feuilles de Fiéron , que les éditeurs de l'Encvclopédie n'avaient d'autres planches que celles qu'ils avaient dérobées à Réaumur. Comme ce savant avait légué toutes ses plan- ches à l'académie des sciences, les libraires demandèrent à celte com- pagnie des commiî'i-aires pris dans son sein pour cnmparcr les des- sins inédits de l'EucycIopédie avec ceux de IVéaumur. Il fut reconnu que ces premiers dessins étaient originaux, et Palle se vit obligé <le rétracter son assertion témé- raire. I) La construction de la nouvelle église de Sainte-Gene- viève fut l'objet d'une censure a- inère de sa part. Grimm , dans sa correspondance , venge Soufllot des attaques dirigées contre ce cé- lèbre ouvrage. Il accuse Patte d'ê- tre « un lionune tracassier, qui, n'ayant rien lait pour l'art , se constituait, sans titres et à contre- temps, leccnseur det(iut ccqu'cxé- culaient les bons artistes, dont il nep(»uvailOtre le rival. » En 1780,

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Patte attaqua encore Soufilot dans les Annales politiques de l.iiiguet, à l'occasion des altérations jque quelques pierres avaient éprou- vées; enfin en 1799, il fournit an mi- nistère de l'intérieur de nouvelles observations sur ce monument. L'hôtel Cliarost, à Paris, est à peu près le seul ouvrage de Patte, qui prenait le litre d'architecte du duc des Deux-Ponts, pour lequel il avait construit le château de Jares- bourg, dessiné sur le modèle de Trianon. Patte a publié, i*^ Mé- moire sur la construction de la cou- pole projetée pour couronner l'é- glise de Sainte -Geneviève y in-4°, Paris, 1770; Moiiumensérigés en France en C honneur de Louis KV , précédés d'un Tableau du progrès des sciences et des arts sous son rè- gne, id-fol. , figures, Paris, 1765; Projet d'éclairage pour une gran- de ville ; !| ' Mémoires sur les pro- jets les plus importons de l'archi- tecture, in-4° ^'vec planches. Ils oflVenl des considérations sur la distribution vicieuse des villes, et des instructions à un jeune archi- tecte sur la construction des bâti- niens. On trouve encore dans cet ouvrage des considérations sur la manière de fonder les édifices im- portans et sur la construction des (juais; la méthode de fonderies ponts sans bâtardeaux ni épuise- mens; les meilleurs moyens pour- construire les plates-bandes et pla- fonds des colonnades, enfin, une Description historique de la colon- nade du Louvre et un Mémoire sur l' achèvement du portail de Saint- Sulpice. 5" Traité de la construc- tion des hâtimem, 5 vol. in-S", des- tinés à faire suite au Cours d'ar- chitecture civile de Blondi^l; (>' de

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l'architecture théâtrale ^ .ivcc les priricipop d'optique et d'acoiisli- qué tiéco'iSJiiiL's à observer dans la dislribiÉlion d'une salle de .«pec- tàcle, un vol. in-8°; ç° Description du théâtre uljmpique de Vicence, chef~<Cœun-e de Palladio, in 4°j Mémoires qui intéressent parli- euliéremcht Paris, in-4 , Ji" 9 (i8oi): tes mémoires, au nombre de tr(»is, ont pour objet le dôme du Panlbéon, la trarislalion des cimetières hors de Paris, et le mau- vais état du lit de la Seine; [)" Etu- des d'architecture , contenant les proportions générales, entrecolon- tiemetis, portes, niches, croisées, profils et détails choisis des édifices modernes, in-t'ol., i^'ô.'i: les plan- ches ont été (Travées par Patte lui- même; in" Discours sur l'impor- tance de l'étude de l'architeclure , et m.anière de l' enseigner en peu de temps, avec un Abrégé de la vie de Èoffrand , in-8°, i755; 1 1" Vé- ritables jouissances d'un être rai- sonnable vers son déclin , in-i9, a' édition, i8o3. Patte s'était adonné A la gravure ; il a gravé les estam- pes de ses ouvrages, et a publié, d'après Piranesi , six estampes de perspective et d'architecture, el, d'après le Lorrain, un temple de Vénus {voir\e Journal de Verdun, mars ij5f\, et juin 1755}. Il est éditeur des Mémoires de Charles Perrault, 1759, iu-12, et des œu- vl*es d'archiieclure de Bofl'rand , in-fol. , 1 r55. Cet architecte, dans les ouvrages duquel on trouve sen- tent des idées jnst«s et des obser- vations utiles, hiourut a Manies le 19 aofil 1812; il était à Paris le 3 janvier i7'.)5.

PATTKRSON (William), gou- verneur de la province américaine

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de New - Jersey, juge à la cour suprême des Étals- Unis, fui l'un des magistrats les plus intègres et l'un des hommes de bien les pitis recommandables du INouveau- Monde. Patterson avait pris ses grades, en 1763. à New-Jersey, il était , et après avoir rem- pli plusieurs fonctions publiques, il était devenu , en 1787, mem- bre de la convention qui a rédigé et sanctionné la constitution qui depuis cette époque sert de base au gouvernement américain. En 1789, il devint membre du sénat de New-Jersey, et en J 790 , il lut choiî^i pour succédera Léviugston , le premier gouverneur de cet étal après la révolution. Il était juge de la cour supérieure des États- Unis lorsqu'il mourut à All)any, le 9 septembre 180G, générale- ment regretté.

PATTERSON (Samuel), librai- re el biographe anglais, naquit à Londres en 1728. Il fit ses études en France, et de retour dans sa patrie , il y forma un établissement de librairie pour les ouvrages é- Irangers. Le succès n'ayant pas couronné ses efforts, il entreprit des ventes publiques de livres, et futsouventappclé pour dresser des catalogues dans la vcnledesi)iblio- ihèques remarqualiles , telles, en- tre autres, que celles de Beau- clerk, de Crofl, de Piuelli. etc. Le marquis de Lonsdowne le choisit pour son bibliothécaire, emploi qu'il conserva jusqu'à sa mort, ar- rivée en 1802. On rapporte que le nuuiuscrit de Jules Césara^'anlété mis en vente comme de vieux pa- j>i<;rs, il les mit en ordre et les fit adjuger à un amateur movennant 3t)u livres sterlings. Ilavaitfait, en

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1776, un voyage dans différentes contrées de l'Europe, et en avait rapporté une collection de livres ra- re? et précieux, dont il publia le ca- talogue sous le titre de Bibiiolheca iniiver salis selecla.Qf. ^'As ixnihWû'u)- graphe a composé plusieurs ouvra- ges,entre autres des Reniarqaexra- pides dans un itoyageaax Pays-Bas; des Considérations sur la loi et les gens de loi; enfin un ouvrage pé- riodique intitulé le Templier.

PAUCTON( Alexis-Jean-Pier- re), mathématicien, correspon- dant de l'institut, ancien employé au bureau du cadastre , naquit près de Lassay , département de la Mayenne , vers ty'ôQ. Quoique pauvre, sa famille lui fil donner une bonne éducation ; il apprit les mathématiques et le pilotage h Nantes, vint à Paris, et fut envoyé à Strasbourg pour y occuper la chaire de mathématiques. A l'épo- que où lesAulrichiens menacèrent cette place d'un blocus rigoureux , Paucton n'ayant pas les moyens de se procurer des provisions pour la durée du siégt-, fut, ainsi que tous les autres ha bilans qui se trouvaient dans la môme situation, obligé de sortir de la ville. Il alla à Dole , lui , sa femme et trois en- fans , entra chez un maître de pen- sion , il enseigna les iriathéma- liquesanxappointemensde Goo fr. par aimée. Informé de cette situa- lion déplorable, le ministre de l'in- térieur lui donna, le 2 frimaire an .^(1790), un emploi au btu'eaudu ca<lastre. il fut occupé aux cal- culs de la Connaissance des temps , et l'institut l'admit au nombre de ses associés corrcsponda us. La con- vention lui avait précédemment accordé, cotnme savant, un sii-

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cours de 5.ooo franc*. Il mourut le i5 juin 1798. 0;i lui doit : 1* Théorie de la vis d' Arehimède , i vol. in-i 3 , 1 768 ; Métrologie ou Traité des mesures-, poids et mon- naies des peuples anciens et moder- nes, ouvrage l'on trouve entre autres principales idées, celles d'é- lever dans les villes de premier or- dre un obélisque ou métromètre sciaient tracés les types et les di- mensions linéaires et cylindriques de nos poids et mesures , afin que l'uniformité en restât inaltérable. L'idée de Paneton a été reproduite dans le rapport fait p;ir IM t\I. Abeil- le et ïillat à la soc'été d'agricul- ture de Paris, qui le publia en 1790. 3 ' Théorie des lois de la na- ture, ou ta Science des causes et des effets, Paris, un fort vol. in- 8°; f\" Dissertation sur les pyramides d' Egypte , 1 780 , in - ; 5 " Pauc- ton a laissé en manuscrit une tra- duction des Hymnes d'Orphée ; un ouvrage ayant pour titre: Doctrine évangélique, apostolique et catholi- que; une traduction de 1 hébreu des psaumes et cantiques; <;nfin la Théorie des mesures, des machineSf des travaux et des salaires, etc.

PAUL PETUOWnZ, premier du nom, empereur autocrate de toutes les Kussies, naquit le i*' octobre 1764, dix ans af)rès le ma- riage de la grande-duchesse sa mère (depuis l'iinpéralrico Ca- therine II), avec le grand-duc, qui régna quelques mois sous le iKun île Pierre III. Le jeune prince était venu au monde sous les auspices les plus funestes; les sentimens hostiles qui divisaient sa famille, et qui prirent bientôt entre le grand-duc et son épouse le caractère du dégoût et de la hai-

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ne, ne préparaient point à Paul «ne enfance heureuse. Il ne connut jamais raiTeclion d'un père , et la soif de régner, qui dévora bientôt l'ambitieuse Catherine, laissait peu de place à la tendresse maternel- le dans une âine aussi, avide du pouvoir que jalouse des droits bien légitimes qui pouvaient être opjiosés à ses vœux. L'éducation du jeune prince ne fut cependant point entièrement négligée. Tout ce qui avait rapport à son ins- truction fut confié au célèbre et savant physicien iEpiniis. et on lui donna pour gouveineur le comte Panin, dont les égards et les tendres soins auraient lui mé- riter toute la reconnaissance de son élève. L'impératrice Elisabeth, après une réconciliation avec la grande-duchesse Catherine, qui avait été long-temps en disgrûce, se rendit un jour seule avec cette princesse et le jeune Paul au spectacle, présenta l'enfant aux gardes qu'on avait fait entrer au parterre, et le leur recommanda comme leur futur souverain. Cette scène, à laquelle le grand- duc Pierre n'avait point été ad- mis, excita son ressentiment, en inême temps qu'elle produisit une vive sensation dans le public. Bien des yeux se tournèrent dès- lors vers Catherine, qui, en faisant naître de nouvelles espérances, et en caressant adroitement de nouvelles ambitions, sut bientôt se créer un parti puissant. Au lit de mort de l'impératrice Elisa- beth, une réconciliation apparen- te eut cependant lieu entre les deux époux. Tous deux, age- nouillés devant la souveraine mourante, reçurent su bénédiction,

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suivie des plus touchantes exhor» tations de vivre désormais en bon- ne intelligence. Ils le promirent; mais les sermens prodigués par tous deux pendant celte scène so- lennelle, furent oubliés peu de jour» après. Pierre III, parvenu au trône, ne montra plus que de l'aversion pour son épouse, et mê- me pour son fils, qu'il résolut de désavouer publiquement par ufi ukase impérial. La révolution qui mit un terme au règne et à la vie de l'infortuné Pierre III, en 176a, sauva, il est vrai, le prince, mais couronna sa mère. Il p:i- raissait bien naturel que le fils, pendant l'union de Pierre a- vec Catherine, montât sur lu trône. Quelques voix se firent en- tendre en sa faveur, mais elles furent soudain étouffées, et celle qui avait souvent dit qu'elle pré- ferait le tilre de mère de l'empereur à tout autre, et qui devait, selon plusieurs de ses partisans alors les plus dévoués , se contenter du titre de régente et ne régner que pendant la minorité de son fils, fut proclamée impératrice, et so- lennellement couronnée dans l'é- glise de Kazan , par l'archevê- que de Novogorod. Le grand-duc Paul fut réduit au rang de sujet, et resta pendant vingt et quelques années le sujet le plus fidèle et le fils le plus soumis. Confiné dans son palais de Gatsc.hina ; é- loigné de toute participation au gouvernement intériem^ , comme aux opérations du dehors pendant un long règne si fécond en entre- prises politiques et militaires; pou respecté , pour m; rien dire de plus, des divers favoris de sa mère; environné de suggestions ambi-

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tîeuses , chéri du peuple et des soldats, il n'en persista pas uioins dans une obéissance passive, et repoussa toujours loin de lui tous les projets tendans à porter la moindre atteinte à l'autorité d'u- ne souveraine, dont il n'ignorait point cependant qtie le rang et le pouvoir auraient pu lui appar- tenir. En 17745 '<^ grand duc é- pousa une fille du landgrave de Hesse - Darîustadt , princesse ai- mable et spirittielle, qu'il eut le malheur de perdre au moment elle allait le rendre pèro, Il chérissait tendrement sa femme; mais l'impératrice ne paraissait point l'aimer, et le favori du jour avait usé de toute i^n influence pour enlever à la grande-duchesse le crédit et la faveur que ses qualités distinguées auraient pu lui obytenir à la cour. A son lit de mort, cette princesse avait appelé une de ses dames-d'honneur, en qui elle avait la plus grande con- fiance, et lui avait remis une cas- sette contenant une correspon- dance, très-innocente sans dou- te, mais aussi très-piquante et dans laquelle on s'exprimait libre- ment sur les intrigue» di; la cour et sur le compte des personnes du plus haut rang. Quelques fai- blesses ou travers du grand-duc même, étaient malignement rele- vés. Au lieu de détruire ces let- tres, ainsi qu'il lui avait été or- donné, la dame-d'honncur porta la cassette à l'impératrice, qui, pour consoler son fils plongé dans la plus vive douleur, se hatâ de la lui envoyer, L'ell'et fut immé- diat, dit-on. L'imprudent cor- r('sj»on(lanl de la grande-duches- se, le jeune comte Razoumofsky,

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ûls de cet hctman des cosaques , qui avait rendu d'éminens servi- ces à Catherine lors de la révolu- tion qui la plaça sur le trône, fut éloigné de Pétersbourg et envoyé en qualité de ministre de Ilussie auprès de la cour de Naples. La reine Caroline chercha à le conso- ler de sa disgrâce, et il obtint en- core de brilians succès en plus d'un genre à cette cour, ainsi que dans les autres missions diplomatiques dont il fut successivement chargé à Stockhohn, et en deinier lieu A Vienne. A peine les funérailles de la première grande-duchesse furent-elles achevées , qu'on son- gea à la remplacer; le prince Henri, frère du grand Frédéric, venait d'arriver à Pétersbourg; Catherine le chargea de négocier de suite im mariage entre le grand- duc et la princesse de Wurtem- berg, nièce du roi et du prince de Prusse. Les conditions en furent bientôt stipulées; le grand - duc accompagna le prince Henri ;V Berlin, et reçut sa nouvelle épou- se des mains de Frédéric II, qui avait saisi avec le plus grand empressement l'occasion de les- serrcr de plus en plus les lien;» qui l'unissaient à la Russie. La ïiouvelle grande duchesse parut à Saint-Pétersbourg en Ï77O , dans tout l'éclat de la jeunesse et de la beauté.. Les grâces de sa personne attiraient tous les regards et sa bonté lui gagnait tous les cœurs. Sa conduite ne cessa d'être im modèle de sagesse, et ses ver- tus, qui auraient pu servir d'exem- ples dans la cour la plus austère, furent au moins respectées, sinon in)itées dans celle de Catherine 11. Ces vertus nese sont jamais démeu-

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lies dans les difféiens élats le sort a placé l'impératrice Marie, comme tVinme, veuve et mère d'empereurs. Une nombreuse pos- térité , quatre fils et cinq fillc'i , devinrent les fruits de l'union de cette princesse avec le jrrand-duc. Bientôt la fastueuse Catherine , contente cette fois de sa belle- fille, voulut montrer à rKurope les héritiers de son troue d.ms tout leur éclat. Un voyagç d'appa- rat fur ordonné en 1781 , et les heureux époux, sous le nom de comte et de comtesse du iSord , .suivis d'un brillant cortège , par- coururent la Pologne, l'Autriche, l'Italie, la France et la Hollande. A Naples, le grand-duc retrouva ce comte Razoumol'sky, dont il croyait avoir à se plaindre, et fut forcé de se faire présenter par lui à la cour; mais il témoigna publique- ment toute l'aversion qu'il éprou- vait, el ne lui adressa jamais la pa- role; les fêles les plus splendides furent prodiguées à Versailles aux illustres voyageurs. Le prince de Coudé leur en donna une non moins brillante à Chantilly; par- tout les souverains leur firent le inêrn»; accueil, et la foule se pres- sait en tous lieux sur leur passa- ge. C'était peut-être l'époque la ])lus heureuse de la vie d'im prin- ce destiné à devenir l'autocrate de toutes les Russies, mais qui devait régner avec si peu de bonheur, et finird'une manière si déplorable. Le voyage dura 14 mois, el coû- ta des somnje^p immenses. Le grand-duc était entouré d'obser- vateurs dévoués à sa mère ; des courriers expédiés à de couris in- tervalles, rendaient compte de chaque fait, de chaque parole

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même, qui lui échappait. A son retour à Pétersbourg, il fut, ainsi que son épouse , reçu avec une grande ostentation de ttndresse, el rentra bientôt dans sa retraite de Gatschiua , oOi le désœuvre- ment et l'ennui le firent souvent se livrer aux occupations les plus futiles. Las enfin de harasser d'exercices et de petites manœu- vres à Gatschina, la faible troupe qu'on y avait abandonnée à ses plaisirs, le grand-duc désira pas- sionnément s illustrer par de plus beaux faiis d'armes. iVlais cette ardeur guerrière n'obtint jamais rassenliment d'une njère soup- conneu>e. Elle savait trop bien à quoi l'on pei|^ entraîner le soldai. En 1788, lorsque la guerre fut de nouveau déclaréeaux l'urcs, Paul sollicita avec de vives instances la permission de se rendre à l'ar- mée. « Toute l'Europe, écrivil-il »à l'impératrice, connaît le disir «que j'ai de combattre les Olto- «niaus; que dira-t-elle quand elle «apprendra que je ne puis le fai - »re? «Catherine ne répondit que par ce peu de mots : « L'Europe di- ■) raque le grand-duc est uii fils n respectueux. «Elle lui permit, il est vrai, quelque temps après, de se montr<;r un moment à l'ar- mée de Finlande, mais l'héritier de l'empire n'y eut pas même un •«eul régiment à ses ordres. Privé de tout commandement, entouré d'espions, abreuvé de dégoûts, il tomba malade, et revint plus humilié que jamais dans son châ- teau de (iatschina. Paul veu lit d'accomplir sa 4'-^' année, quand sa destinée changea en un mo- ment. Une apoplexie foudroyante termina, le 17 novembre tJoO, U

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longue et brillante carrière de Ca- therine II, et son fils, proclamé empereur sur-le-champ, passa, dans la même journée, de la su- jétion la plijs complète, au pou- voir le plus absolu. Le peuple, qui à chaque changement de maî- tre espère quelqiie.amélioratioa à son sort, était dans l'ivresse de la joie. On croyait généralemeiit qu'un prince qui avait eu si long-temps à souffrir des rigueurs et des caprices du despotisme, se les interdirait à lui-même, et qu'un sujet qui avait fait preuve de sagisse et de modération, de- viendrait un gouveraijï, humain et magnanime, i^hais les passions impétueuses de Paul, pour avoir été longtemps comprimées parla terreur que lui inspirait sa mère, n'étaient nullement amorties, et, avec les moyens de les satisfaire, il se livra bientôt à toute leur fou- gue. Les premiers actes de son gouvernement révélèrent déjà la bizarrerie de son caractère. Tout en ordonnant des obsèques ma- gnifiques à sa mère , il déclara que l'empereur Pierre III avait été injustement frustré après sa mort des hoimeurs qui lui étaient dus. Il fit exhumer les restes de ce prince enseveli depuis 55 an- nées, et procéda de nouveau avec le plus grand éclat à ses funérail- les. Les deux époux si désunis de leur vivant , devaient être ainsi réunis après leur mort. Pour ajou- ter ù l'ell'et dramatique de cette cérémonie funèbre, il ordonna que le» deux individus qui exis- taient encore, et qui j)assaient pour avoir en part à la fin tragi- que de Pierre III (Alexis Orlolf et Baraliuijky), tinssent le drap

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mortuaire. Tous Ifes regards s'at- tachèrent à eux pendant les lon- gues heures que dura celte scène ex- traordinaire. On crut que Paul l" pousserait encore plus loin sa vengeance. Il eut avec Orloff un entrelien reinarquabl»-. « Vous de- ))vez, lui dit-il, avoir éprouvé de » terribles remords. (]zai',répon- »dii Orloff, si je n'en avais pas a- »gi comme je l'ai fait, vous ne se- rt riez pas dans le cas de me [»arler «; aujourd'hui en souverain. Vous »ne pouvez pas ignorer que Pier- »re III avait rendu un ukase par » lequel il dédai'ait que vous «n'étiez pas son fils. » \je comte Alexis OrlofI' eut ensuite ordre de sortir desjitatsde l'empereur, el ne revint en Puissic qu'après la mort de Paul I". Tout ( hangea bientôt de face dans i'empire. La plupart d«;s anciens serviteurs dé- voués à Catherine furent privés de tout emploi, et d'autres furent exilés. Les honunes qu'elle avait disgraciés jouirent de la plus hau- te faveur. L'empereur dans un de ces jnomens de justice et de générosité qui succédaient assez fréquemment chez lui à des acles de rigueur, brisa les fiis du bra- ve Kosciusko et de ses frères d'armes , plongés encore dans les cachots, et rendit aussi la lil)erté à tous les rpalbeureux Polonais qui avaient survécu à leur exil dans les dési;rls de la Sibérie. De nombreux changcmens furent in- troduite dans toutes les branches de l'admininislration , et princi- palement dans l'armée , dont il changea les uniformes et jusqu'à la coilVuve. Toutes les têtes furent poudrées, et de longues queues furent attachées aux cheveux

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courts des soldats. On était sûr de mériter la laveur du prince quand on paraissait devant lui avec un habit militaire exactement pareil à celui qu'il avait adopté j)onr lui-même. Le vieux Souwarow ne put cacher son mécontente- ment, et disait avec naïveté : « De »la poudre aux cheveux, ce n'est »pas de la poudre à canon, et des «queues ne sont pas des baïonnet- »tes. » Des ordres sévères interdi- rent rusai;e des chapeaux ronds, les pantalons lurent aussi rigou- reusement proscrits , tout ce qui \cnait de Fiance était réputé ré- volutionnaîre , et les moindres transgres>ions aux nouvelles or- donnances sur le costume, étaient souvent punies par h" knout ou l'exil en Sibérie. L'ciupt'reur vou- lait aussi que toutes les person- nes qui se trouveraient sur son passage descendissent aussitôt de voiture, et se prosternassent de- vant lui. Ce nouvel ordre donna lieu à une foule de vexations que se [)vrmirent des hommes à la suite du souverain, et indisposa la noblesse, le haut commerce et tous tes gens àéqnipages de Saint- rélersbourg. La femme d'un des j'-rincipaux nét^ocinns, qui avait aperçu de loin la voilure de l'em- pereur, crut pouvoir éluder l'or- dre en faisant tourner la sienne, et prendre une autre rue pour é- viter la rencontre. Mais un aide- de-camp l'atteignit bientôt, et la conduisit sur-le-champ dans une maison de correction ; , celte dame fut fouettée, et après cet indigne traitement , Paul la fit renvoyer à sou mari. Dans un beau et louable mouvement de zèle pour la vérité , l'empereur

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fit établir à côté de l'escalier de son palais un bureau destiné à recevoir toutes les lettres qu'on voudrait lui écrire, annonçant qu'il n'en laisserait aucune sans réponse. Sous ses prédéces- seurs, quiconque s'adressait direc- tement au souverain courait de grands risques; mais il renonça bientôt au pénible soin de pren- dre quelque connaissance des nombreuses réclamations qui lui furent ainsi adressées ; et l'on perdit alors tout espoir d'obtenir par cette voie le redressement des torts graves de cette foule d'agens siibaltern'''^ du pouvoir absolu, toujours aussi impérieux, et souvent plus injustes que leur maîlre même. La politique ex- térieure se ressentit à son tour de la véhémence que mettait Paul 1" dans tontes ses opérations. Catherine II s'était montrée fort opposée aux principes qui avaient prévalu en France en 1789; mais elle s'était bornée à des démons- trations, des promesses, et à des se- cours donnés aux émigrés ; elle n'avait point jugé à propos de faire marcher ses armées; ce n'é- tait point vers l'occidenl qu'elle por- tait de prédilection ses vues. Son fils traita ce système de pusillanime, et embrassa avec une tonte autre chaleur, ce qu'il appelait la cause des rois. Il déclara la guerre à la France, et voulait en quelque sor- te être considéré comn)e le chef de la puissante coalition formée contre elle. Il y avait bien des droits par les immenses sacrifices qu'il imposait à ses sujets et par les nombreuses armées (|u'il lança du fond du Nord, dans le midi de l'Europe , en Suisse , en Hol-

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lande, et jtisqu'en Italie. Le san- guinaire vainqueur d'Ookzacowet de Praga, qui avait déjà immolé, tant de Turcs et de l'olonais, fut choisi de préférence pour exter- miner non moins de Français. Sou- warow marcha à la tête de 80,000 Russes au-delà des Alpes, et rem- porta d'abord de grands avantages, qui exnitèrent au plus haut point en l'âme de son maître, les espé- rances et la soif d'une gloire nou- velle. Mais ces vœux furent dé- çus : après la plus brillante cam- pagïie, le vainqueur de la Trébia ■vit flétrir tous ses lauriers, dans le* njontagnes de l'Helvélie. Le général Rorsakow, qui jouissait aussi dans le Nord d'une haute réputation militaire, l'ut à son tour outrageusement battr. àZurich. Les IVussesse plaignirent alors, non de leurs chefs, mais de leurs alli'''S. qui les avaient abandoimés, disaicnl- ils,avecperfidie,et parurent m (dus irrités contre leur vainquein'iM is- .séna quecontre l'archidncChaibs. Le corps russe fourni aux Anglais pour les aider à soumettre la Hol- lande, ne fut pas plus heureux. Battu i\ Bergen parle généra! Bru- ne , engat^é imprudemment dans une mauvaise position, le duc d'York, qui eut tant de peine à se sauver lui-même, ne put le se- courir, ce corps fut obligé de ca- pituler en entier, et les Français virent avec étonncmcnt arriver chez eux les nombnux convois des premiers prisonniers de guer- re russes. Paul, mécontent de ses généraux, mais indigné con- tre ses alliés , S(î livra au plus violent courroux. 11 rappela d'a- bord SCS armées; le vieux Sou- warow eut ordre de ne point se présenter devant lui, et alla biiii-

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tôt mourir de douleur dans la disgrâce et l'exil. Paul signala eu'iuile de la manière la plus é- clatanle sa colère envers les ca- binets de Vienne et de Londres : il avait pour sa part agi avec im- pétuosité, mais avec franchise et désintéressement; c'était contre la république française et pour les intérêts monarchiques qu'il avait pris les armes; il ne voulait dépouilh r aucun roi, etnepréten- dait à rien pour lui-même, si ce n'<st au protectorat de l'ordre de Malte , dont il venait de se proclamer le grand - maître. Mais il voyait avec indignation que l'Aulriche voulait s'agrandir en Italie aux dépens du roi de Sar- daigne et du pape, et qu-^' l'Angle- terre éprouvait aussi la soif des conquêtes. Celte dernière puis- sance avait en outre eu le lort de contrarier ses projets sur Malte, et Paul y attachait la plus haute imj>orlance. Ses idées chevale- res(pies lui faisaient envisager comme im avantage inapprécia- ble, la gloire d'exercer sa supré- matie sur toutes les noblesses de l'iMirope, et tie voir une foule d'illustres familles lui donner leurs enfans en otage, sous le li- tre de chevaliers. Aussi, se hâta- t-il, quoique marié et professant la religion grecque , de se décla- rer le (;hef d'un ordre ralholique, composé de célibataires; il en distribua avec profusion les déco- rations à des luthériens, à des cal- vinistes, et indistinctement à des membres de toutes les commu- nions chrétiennes. Peut-être à cet acte , alors taxé de folie, joi- gnait-il de plus hautes vues poli- tiques; peut-être voulait-il don- ner ;'i la marine et au commerce

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de In Russie un boule vart au mi- des états de l'enipereur. Ses an- lieu de la IMéditerraiiée. Les ooa- cieiis allies, ahaudoniiés à leurs lises se flatlèreiil uu moment dt; seules lorces, ciiirenl prudent de le ramener, uiaislt'urssoumis>ions tiaitci à leur liuu- avec son uou- luient vaines, et les explications vel et grand ami le premier con- q^ie donnèrent leurs ministres sul, et les paix d'Amiens et de ne lui parurent~'ni frauclies ni Lunéville furent conclues. Kn suffi aiites. Il intima brusquement changeant son système de politi- l'ordre aux amliassa.lem'-^ d Autii- que extérieure, UKilheureu^ement ehe et d'Angleterre de quitter ses pour lui Paul ne suugea point à états dans le plus brddéliii, lap- alieger le joug de ier (pi'il taisait pela les siens, et rompit toute pe^er sur ses sujet-. Toutes les liaison avec ses anciens alliés. Bien délations étaient accueillies jtar plus, pour mieux les braver, il un prince aussi soupçoniieux que contracta une alliance avec leur violent. Ufirejeton decellerace t'é- enneu>i, envoya en ambassade le coude, quipuilulesous lesnvaitres général baron de Spreng|>orten ,* enclins à la rigueur, le fnooureur- auprès du premier consul Hona- général Oboljaninow, dirigeait la parle, qu'il reconnut l'ormelle- police et l'expédition secrète, es- meut en cette qualité , et proies- pèce de tribunal d'inquisition. Le sa hautement son admiration pour secret des lettres était violé par le cher de la république franc. use, lui, et les plus innocentes se trou- dont il fit placer avec solennité valent souvent interprétées d'une le buste dans son nouveau jtalais numière funeste à leurs auteurs. de Miîhaïbiwitsch. Dès-lors Paul C'est ainsi qu'un vénérable pas- I" retira toute protection aux leur de Dorpat en Livonie , sur princes franrais. Il avait reçu avec la dénonciation du nommé Tu- éclat Moiksieur, frère de Louis inauski. délateur attitré à Riga, re- XVI,danss(!sétals,ctavaitassigné eut le knout, et fut envoyé ira- pour résidence à ce prince le pa- vailler aux mines en Sibérie pour lais de Mittau, il devait vivre une conuiiunication insignifiante, avec la magnificence d'un souve- Des olliciers, des hommes de tous rain. Le prince de Coudé, qui a- les états, éprouvèrent un sort pa- vait si bien accueilli le grand-duc reil, pour des délits aussi peu gra- à Cbaulilly, fut traité avec non ves. Obuijaninow ne cherchait moins d'égards et de générosité, qu'à irriter le monar(jue et à niul- Paul avait signé le contrat de ma- liplier les victimes. Les exilés les riage du duc d'Augoulême, et or- plus favorisés étaient expédiés à donné qu'une copie en fûl dépo- Tobolsk ou à Irkulzk, dans des sée dans les archives du sénat de voitures du pays ou des kibilkes Russie. Maintenant ces disposi- découvertes,mais(rautres en grand tiens changèi-ent loialement. Aux nombreétaienlforcésd'alleràpied, honneurs succédèrent les outra- enchaînés deux à deux, et escor- ges, et la cour de Mittau eut or- tés par des paysans armés qui se dre, au milieu delà saisim la plus relevaient de village en village; rigoureuse, de sortir sur-le-champ ils restaient souvent plus de six

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mois en roule. Ceux dont on craignait I»i désespoir, portaient autour de leur cou une fourche de bois dont le manche jtros et pesant leur tombait sur la poitrine, de^ctndalt jusqu'aux iienyux , et dans lequel étaient pratiqués deux trous remplis par leurs mains, qu'on y avait fait entrer de fi»rce, digne invention du procureur- général, chef des expéditions pu- bh'ques et secrètes! Le-< plus cou- p.ibles , qui sont ordinairement envoyés aux mines de Nerts- chiiiski, avaient, après avoir su- bi le supplice du knout, eu les narines fendues. Un des plus fer- vens adorateurs du pctuvoir ab- solu, le célèbre drau)aturae Ivot- zei)ue, avait aus-i. par une de ces méprises singulièies du desp(»îi-*- uie, qui fra[)pe parfois. ses propres partisans, été envoyé en Sibérie. Mais, après un court exil de quel- ques niois, il en fut rappelé par l'empereur même, qui le combla de richesses et d'éclatantes fa- veurs. Kotzebue devint dès-lors son panéjfyrisle. Cependant dails un ouvraf^e plein d'adidation pour ce njonarque comme pour son successeur, et dans lequel il es- sai<' de réfuter l'auteur des Mc- moires secrets sur ta Russie , Kolzebue s'exprime ainsi qu'il suit sur sa position, toute bril- lante qu'elle était devenue:» Hé- las! mes alarmes, mes inquié- tudes personnelles, m'étaient eom- names avec tous les habitans de Saint-Pétersbourg. Des mé- chans abusant de la <;on(iaiice et des bontés d'un monarque qui ne voulait que, le bi<n , n'étaient occupés qu'à lui présenter des fantômes de choses, qui uou-

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seulement n'existaient pas. mais auxquelles ils ne croyaient pas eux-ni' mes. Je ne me couchais ja- nuiis qu'avec les plus noirs pres- senlimens; à chaque voilure qui s'arrêtait dans le voisinage , un tremblement involontaire s'em- parait de tout mon corps.... Si je sortais, j'étais tians une anxiété nmrtelle de nie trouver sur le pa-sage de l'empereur, et de ne pouvoir assez vite me précipiter hors de ma voiture. Je veillais a- vec une attentiim particulière à la couleur, la coupe et la façon de mes habits... J'élai> obligé de faire la cour à des femmes d'une réjMitation équivoque, à des hom- mes bornés, sans vertus, sans ta- lens. Ne me fallait-il pas encore suppurter l'in'^olence «l'un igno- rant maître ((<' ballets (le mari de l'actrice M™" Chevalier. qui jouis- sait de toute la faveur de Paul) ? Si l'on donnait un ouvrage nou- veau, je tremblais que l'inquisi- tion secrète, ou la police, ne uic fît un crime, et ne me rendît re,>pon- sabie d'un passage innocent, que des perfides auiaient trouvé dan- gereux. Si mi femme tardait à rentrer, je me disais, peut-être n'e>t-ellepas descendue assez vite de voiture devant l'empereur, peut-être l'a t-on conduite dans une maison d'arrêt. La consola- tion d'épancher n)es peines dans le sein d'un ami m'était refusée : tous les murs avaient des oreilles; le frère n'osait plus se fier à son frère; |)oint de lecture, les livres étrangers étaient généralement défendus ; je n'osais écrire : lie pouvait-on pas, d'un moment à l'autre, saisir mon portiîfeuille et mes papiers?.... les promenades-

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les plus riantes, loin iroffiir quel- que dissipation . ne présentaient que le spectacle déchirant des in- fortunés que l'on venait danêlt-r, et que l'on conduisait pour rece- voir If knout.». .Ce tableau, tracé par une main amie, et depuis lors constamment occupée à flatter le fils de son bienfaiteur et les sou- verains de l'Allemagne, peut don- ner quelque idée de l'existence habituelle des habitans de l'empi- re, à la fin du règne de Paul 1". Mais il est un terme à toute pa- tience humaine, et un tel état de {■hoses ne pouvait se perpétuer indéfiniment, même eu Russie. Quand un seul fait trembler tbus pour leur liberté et pour leur vie, il peut à son tour irendder pour son propre sort. Malgré sa vigi- lance et les plus rigoureuses pré- cautions, malgré l'inquisition se- crète, les polices si chèrement payées, les délateurs et les es- pions , des complots se forment. Si les premiers échoueifl, d'autres mieux coujbiués leur succèdent, jusqu'à ce qu'enfin un dernier réussisse. Dans la nuit du 1 1 au 13 mars i8oi, des hommes dé- terminés à tout sacrifier, et sa- chant bien qu'ils seraient des le jour suivant déchirés par le knout s'ils échouaient dans leur entre- prise, marchèrent vers le pal lis de l'empereur. Des troupes de toutes les armes, soldats, grena- diers de la garde, hussards du corps, cosaques, garde maltaise, etc., distribués en postes divers, gar- nissaient et les dehors et l'i nié- rieur de ce palais. Les conjurés y entrèrent cependant, et pénétrè- rent jusqu'à la chrtmbre dor- mait le monarque. Une sentinelle

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voulut leur en interdire l'entrée , elle tomba morte à leurs pieds r Paul au premier bruit s'était sau- vé presque nu et par un escalier en limaçon devenu célèbre, dans un cabtiiet se pinçaient les drapeaux des régimens des gardes. Les conjurés se crurent un mo- ment perdus, mais un d'entr'euxdé- couvrit son maître enseveli sous les vains insignes d'une force qui ne pouvait plus le défendre. Le gé- néral-commandant de la garnison de Saitit-Pétersbourg arriva bien- tôt à la tête d'un nonsbreux corps de troupes, on proclama un nouvel empereur, Paul 1" avait cessé d'exister. Le 12 mars dès la poin- te du jour, l'avènement d'Alexan- re au trône de son père se répan- dit dans toute la ville; les grands de l'empire coururent en toute hâte aupalaisd'Hiver, se prosterner de- vant le nouveau souverain , qui montrailla plus vive douleur de l'é- vénement terrible, qu'il n'avait pu prévoir ni empêcher; mais le peu- ple se livra à des transports de joie, et l'allégresse était générale ; le soir, la ville de Saint-Pétersbourg fut en entier illuminée. Le pro- cureur-général Obuljaninow ne fut que renvoyé, traitement bien doux, comparé à ceux qu'il avait fait esss\iyer à ses nombreuses victimes; l'expédition secrète, ce terrible fléau de la société, fut sup- primée; l'actrice Chevalier garda ses trésors, mais eut ordre de sortir de l'empire; les prisonniers des forteresses de Pélersbourg, de Cronsladt, etc., furent remis en li- berlé; les exilés en Sibérie, furent rappelés; on courait, on s'embras- sait dans toutes les mes, et l'or» entendait retentir de toutes parts

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ces mots , Nous n'aurons plus le knout; nous n'irons plus en Sibé- rie.

PAULIN ( Aimé-Heni), physi- cien , naquit à Nimes , départe- ment du Gard , le lo mars i y'22. Il fit ses études chez les jésuiles, fut admis dans leur société, et professa la physique pendant plusieurs an- nées dans un de leurs collèges. Cette société ayant été supprimée, le P. Paulin rentra dans la vie pri- vée, où il se consacra exclusive- ment aux sciences , et mourutdans sa ville natale, le 17 juillet 180a. Les ouvrages que ce savant a com- posés sont généralement estimé? ; ce sont: 1" Dictionnaire de physi- que, 5 vol. in-8', 9 éditions de 1761 à 1782; Dictionnaire des nouvelles découvertes faites en phy- sique , 1787, 2 vol. in-8° ; 'b°Nou- velles conjectures sur les causes des phénomènes électriques, 1 76*^, in-4 ; Traité de paix entre Descartes et Newton, 1764, 3 vol. in - 12 ; Système général de philosophie , 1769, 4 vol. in-12 ; 6" Dictionnaire philosopha - théologique , 1 774 , in-4''; Guide des mathémati- ciens ou Commentaires des leçons de mécaniquede La (Jaille, 1772, in-8°; Véritable système delà nature, 1788 , in-8° ; Commentaire sur l'analyse des infinimens petits de l'Hôpital, Paris, 1768, in-8".

PAULiMIER (Louis -Pierre), instituteur des sourds- rnucts de l'institution royale de Paris, élève et colluhoratcur de l'abbé Sicard , est à Couches, département de

ure ; il montra dès sa jeunesse grand désir de s'instruire, et fut surpris dans le cuurs de ses études parla premit-re réquisition. Il al- lait partir pour la Vçndée, lorsque

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l'administration du district de Ver- non le chargea de conduire 4?- voi- tures à l'armée du Nord; il y fut employé dans les bureaux, et en- fin licencié comme tous les autres employés de l'armée par suite de la paix. Il vint i\ Paris; mais en sa qualité de réquisitionuaire , il dut repartir pour l'armée. S'étant rendu à Toulon, il fut nommé greffier d'un conseil de guerre, emploi qu'il occupaquatre années. De retour dans la capitale , il en- tra en qualité de répétiteur à l'ins- titution dessourds-muets: son ar- deur à remplir ses devoirs et àétu- dierl.i mélhodederinslilulion, in- téressa M. l'abbé Sicard, qui après avoir prodigué pendant quinze ans à M. Paulmier ses soins comme son protecteur et son n)aître, di- sait de lui à M""" Diifresnoy, avec la bienveillance et la gaîté de l'a- mllié , que Paulmier avait été créé et mis au monde pour être insti- tuteur des sourds - muets. L'un des administrateurs de l'insti- tution ,*dit aussi un jour à cette femme cébsbre, que cet élève de l'abbé Sicard avait soutenu l'hon- neur de l'institution à l'époque les souverains alliés étaient à Pa- ris (1814 et i8i5). En efiet, M. Paulmier exposa la méthode à uni; foule <rétiangersde marque qui ve- venaient visiler l'institution des sourds - muets. M. Sicard assis- tait rarement aux leçons : plus de dix ans avant sa mort, c'était M. Paulmierqui les dirigeait, etqui expliquait la méthode à tontes les personnes que M. Sicard lui adres- sait aux (dasses. Il a reçu des prin- ces, des ambassadeurs, le prince et la princesse de Danemark, le prince et la princesse Gagarine,

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russes, etc.' Il fit plusieurs séances publiques, entre autres, une j l'é- poque du concile tenu l'i Paris, et à laquelle se trouvaient des cardi- naux, des archevêques, des évê- ques, et beaucoup d'ecclésiasti- ques. M. Gallaudct, jeune ministre protestant envoyé par les Ktals- IJnis d'Amérique pour apprendre la méthode, ne reçut de leçons pendant plus de trois mois que de M. Paulmiêr, qui a aussi formé le jeune Grivel , suisse; Henrinn, répétiteur distingué de l'institu- tion d'Aix-la-Chapelle; Dunan, de l'inslilution d'Auray; Milsand, de l'institution d'Arras, etc. ; en- fin, il a formé à l'institution royale de Paiis plusieurs élèves distin- gués : Picard de Paris, Pages de Nîmes, lîerthier, Gazan et Lenoir. M. l'abbé de l'Kpée a inventé la méthode; M. l'abbé Sicard {voyez ce nom) l'a perfectionnée. En sui- vant le développement naturel des facultés, M. PauImier Ta appli- quée à l'éducation sociale et litté- raire, en inspirant aux élèves le goût de la lecture, et en leur fai- sant sentir qu'elle était indispen- sable, surtout aux sourds-nniets; enfin en graduant cette lecture au point que les élèves de toutes les classes commencent à lire dans des livres à leur portée. Les élèves de la première classe lisent les p.rincipaux ouvrages de notre lit- léralitre, soit <lans l'éloquence, ^oit dans la p >ésie, ce qui n'a- vait pas lien il y a aujourd'hui i5 ans. 11 existe peu de sourds- inuets à l'institution, qui ne puis- sent prendre intérêt à la lectu- re. M. PauImier a aussi trouvé des procédés et des formules éprou- vées pour enseigner la contexlurfe

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du discours. Pour concevoir la formule de la phrase simple, on reconnaît d'abord un ordre de gé- nération, constant, universel, qui a trois idées fondamentales, sa- voir, la nature, Vesprit , Vexpf'es- sion. Pénétré de ces vérités éter- nelles, iM. Paubnier a trouvé que le grammairien, borné à sa scien- ce, y a introduit des dénomina- / lions vicieuses, et en a mal dis- tingué les parties constitutives contre les règles de l'étymologie naturelle. Tous ces mots, ce com- plément dii^ect indirect circons- tanciel, appartenant plus à la logi- que qu'à la grammaire, et n'ayant aucune analogie avec l'ordre na- turel extérieur, sont au moins inu- tiles , et ne font que jeter la con- fusion dans de jeunes imagina- lions; il a cru qu'en remontant au principe de la phrase, confor- mément ù la nature des choses exprimées, on arrive successive- mi nt ù ce résultat : Agent, ac- tion , existence , manière , objet d'action, lieu, temps, raison. On trouve une application claire de ces principes dans l'ouvrage de M. PauImier. intitulé : Coiip-ffceil sur ('instruction des sourds -muets , page a 99; et dans un autre ou- vrage, intitulé : Aperçu du plan d'éducation des sourds-muets , qui lui fut demandé par l'administra- tion de l'institution; c'est à l'aide de ces procédés, que M. PauImier est parvenu à fermer les princi- ]>anx élèves de rétablissement de- puis au moins dixans. Cet ouvrage est à sa 3' édition; il eut pour ori- gine une lettre de 60 pages, que 1>J. PauImier adiessa à M. BazOt (voyez ce nom), aiiteiu- de VEIoge historique de l'abbé de l' Epée. M.

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PiUilmier a apîM-i? à parler à deux élèves. Cloché de Thion ville et f a-^ès de Perpignan , qu'il eut rhoniïeur dt' présenter au roi. Les Feuilles publiques en firent men- tion. II avait appris à huit élèves à prononcer très - distinctement toutes les combinaisons de l'al- phabeth ; ces élèves élaient diri{^és dans cet exercice par un autre somd-iiiuel . le jeune Berlhier. Celte expérience fut faite devant l'adiuinistratinn de l'inslitut royal des sourds-miiet*. Le succès com- plet promettait une tradition de la parole dans l'école; mais comme M. Paulmier était le seul qui se livrât à ce genre d'enseignement, et que la partie essentielle, la cul- ture de l'esprit, aurait pu en souf- frir, il se vit forcé d'abandonner cette branche d'éducation, qui lui parut toujours infaillible et d'im grand secours comme moyen de cOitimunicalion. M. Sicard pro- posa plusieurs fois à M. Paulmier «le l'envoyer dans l'étranger pour fonder une école, il ne voulut ja- mais quitter son maître ni ses élè- ves de France. Lors de la mort de l'abbé Sic. ird , M. Paulmier était ](', seul élève qui eut la tradition de la méthode acquise par 2o ans d'études sous les yeux de son maî- tre. On avait pensé qu'il serait ap- pelé à lui succéder; néanmoins ce fut M. l'Aumonier, de l'institution do Bordeaux, qui obtint cet hon- neur. Il fut installé; mai^ quelque temps après il df»nna sa démission. A l'époque M. l'abbé Perrier a été nonuné directeur de l'institu- tion royale de Paris, M. Paulmiw u été nommé instituteur.

PAU'LO (le comte Jules de) , dernier des descendans du graod-

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maître de Malte de ce nom , se montra l'un des principaux chefs de l'insurrection royale dans le midi en 1797. On sait qu'à cette époque le dirccloire-exéculif ve- nait de rendre la l:>i des otages, triste pendant de celle des sus- pects; des révoltes éclatèrent dans le département de la Haute-Ga- ronne, et dans ceux qui l'environ- naient. Les royalistes s'associèrent de toutes parts, se soidevèrent , et mirent à leur tête le général de brigade Rougé et le comte de Panlo. Celui-ci, jt^une et plein d'enlhousiasujc, mais sans expé- rience , crut que pour triompher, ik suflisait d'être brave. Ignorant les secrets de l'art de la guerre, il les remplaça par un rare cou- rajre, et une fermeté à toute è- preuve. Les royalistes, vamqueurs à Lauta, fur<'nt battus en même temps dans le département du Lot, devant Toulouse, et à l'île Jourdain. Chassés de poste en poste jusqu'à Muret, ils se réfu- gièrent sous le commandement de Rougé, qui avait réuni dans ce lieu un corps de 4 à 5,ooo hom- mes. Le comte de Paulo marchait cependant contre les habitans des Pyrénées, qni avaient suivi le drapeau tric<»I(tre. A deux lieues de Muret, il défait un corps de républicains, qui tombe dans une embuscade. ÎSuivi de presque toute la cavalerie royale, il arrive à Martres, oi'i il apprend qu'un général occupait , avec des trou- pes de ligne et les gardes nationa- les de l'Arriège , la position Saint-Martory, et que plusieurs pièces d'artillerie ajoutaient à la force des cnrjjs qu'il coinmai. fiait. Il fallait franchir un étroit delilé,

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ou fuir. Le' comte de Paulo ii'hésila pas; il presse la truirche de sa co- lonne avec tant de vivaciié , que les républicains, qui le croyaient encore loin, n'avaient pris au- cune précaution ; ils sont sur- pris et mis en déroute. Les suites de cette victoire lui ouvrirent tous le pays jusqu'à Saint-Gau- dens et Montrejeau. Ce fut dans cette dernière position qu'il vou- lut attendre les républicains , mais à son tour il ne songta ni ù élever des reiranchemens ni à as- surer sa retraite. Attaqué par les généraux Berthier et Lannes, et i'adjudant-général Nicole, il fut entièrement défait. Deux mil- le morts couvrirent le champ de bataille, plusieurs centaines d'hom- mes périrent en voidant traverser la Garonne à la nage, enfin la dé- route fut complète : vainement les débris de l'armée royale , for- mant au plus 1,100 hommes, se dirigèrent sur la vallée d'Arans, tout l'ut perdu. Le comte de Pau- lo, qui durant le combat avait montré sa bravoure accoutmnée, passa en Espagnepour se soustrai- re aux persécutions qu'on dirigea contre lui. Le 18 brumaire arriva; lecomtedePaulo, après avoir erré en Espagne et en Angleterre , rentra en France, le premier con- sul ayant accordé une anmisfie solennelle pour lui et pour sou é- Uit-major. Fixé à Toulouse, il y mourut peu de temps après, en 1804.

PAULUS (PÉTERs"), grand-pen- sionnaire de HolLuide, naquit à Amsterdam, et lit ses premières armes dans la marine, il occu- pait le grade de capitaine de vais- seau, lorsque les événemens, oc-

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casionés par l'entrée d'une armée française en Hollande, le firent élire grand-pensionnaire au com- mencemetitde février i^gS. Char- gé , en cette qualité, de présider les états, il se hâta de les convo- quer dans la nuit du 7 au 8 du même mois, afin qu'ils délibéras- sent sur les mesures A prendre dans des circonstances si délicates. N'ayant accepté la présidence que parce qu'elle était un des attributs de la dignité de grand-pensionnai- re, il aurait bien voulu pouvoir s'en démettre, mais il fut en quel- que sorte forcé de la conserver jusque vers le milieu du mois d'avril. Alors il fut l'un des dépu- tés chargés par les états de con- clure, avec la république françai- se, un traité de paix et d'alliance. Le 1" mars de l'année suivante , la convention nationale balave, ayant ouvert sa ses-sion, les mem- bres qui la composaient nonunè- rent à l'unanimité M. Paulus pré- sident. Il ne remplit pas long- temps ces nouvelles fonctions, aussi honorables qu'iuipoi tantes: altaqué subitement d'une maladie grave, il mourut le 17 mars 170)6. Lu convention balave, pour rendre un juste hoMim.ige à la mémoire de son président, décréta qu'une médaille serait frappée wi son honneur, après avoir jiréablement déclaré qu'il n'avait jamais cessé de bien mériter de la patrie. Cet- te déclaration, accompagnée de son écharpe tricolore, fut remise à sa veuve. Paulus a publié quelques ouvrages , parmi les- quels on dislingue : Apologie du Stadkoiidérat, ouvrage estimé, quoiqu'il fût le fruit de ses pre- mières méditations; Mémoire

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sur te droit de la province de Zé- lande à l'étntilissement d'une aca- démie, 1775; 5' Commentaire sur l'union d'Utrecht, 1778, 4 vol in- 8"; 4" Mémoire sur Cégalité parmi les hommes, Haarlem, 1793, in-8°; 4°" édition, 1795. On trouve un portrait parfaitement ressemblant de ce citoyen estimable , dans la Continuation de l'histoire na- tionale de W^ agenaar , tome 23.

PAULZE(N.), fermier-général, naquit dans le département de la Loire. Il occupa long-temps , à Montbrison, une place dans la ma- gistrature, et fut, sons le ministère de l'abbé Terrai , son parent, ap- pelé à Paris, et nommé fermier- général. En 1794^ compris dans la proscription qui enveloppa les au- tres fermiers -généraux, il fut condamné à mort le 8 mai de la môme année. On assure quMl possédait en matière de commerce des connaissances très-étendues; il avait même formé pour la Guia- ne une compagnie dont le but était d'améliorer et d'augmen- ter les produits de cette colonie, sur laquelle il publia plusieurs Mémoires. On lui attribue aussi un travail très-intéressant sur tout ce qui a rapport aux possessions françaises d'Asie et d'Amérique.

PAUTRIZEL (N.), propriétai- re à la Guatieloupe, fut nommé, en septembre 179a, député de cette colonie à la convention na- tionale, où il ne prit séance qu'a- près le 21 janvier J793. Le sort des colonies l'occupa spéciale- ment : il discuta néanmoins le pro- jet de la nouvelle constitution, et ce fut lui qui proposa la création d'un conseil exécutif composé de vingt-quatre membres. Quoiqu'il

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eût toujours montré beaucoup de modération dans sa conduite , il se déclara contre la majorité de la convention, en faveur des dépu- tés qui favorisèrfint l'insurrection du 1" [)rairial an 4 (20 mai 1795), ce qui motive le décret d'arresta- tion rendu contre lui le 25 du même mois; mis en arrestation, M. Pautrizel fut rendu à la liberté par suite de l'amnistie du 4 bru- maire an 5. Après la session con- ventionnelle, il est rentré dans lu vie privée.

PAUWELS (Jean), composi- teur de musique et chef d'orches- tre du théâtre de Bruxelles, na- quit dans cette ville en 1771. Fils d'un musicien, et secondé par ses dispositions naturelles pour la mu- sique, il cultiva cet art avec tant de succès qu'il obtint la réputation d'un excellent violoniste , avant même d'avoir atteint l'âge de l'a- dolescence. Il vint à Paris à 18 ans, et ses talens, qui le firent bientôt remarquer, tacilitèrent son entrée à l'orchestre du théâtre Feydeau. Pauwels ne fit pas à Paris ua très-long séjour; cependaut, lors- qu'il en sortit pour retourner dans sa ville natale, son jeu s'était telle- ment perl'ectionné, qu'il fut reçu eu qualité de premier violon a l'orchestre du théâtre de Bruxel- les, dont il obtint la direction. Il consacra à ta coiuposilion la plus grande partie de son temps. (>e compositeur mourut à la fleur de son âge, en 1804. Trois de ses opé- ras furent représentés à Bruxelles; ce sont : i" la Maisonnette dans tes bois, l' Auteur malgré lui; 5" Léontine et Fonrose: ce dernier est son chef-d'œuvre. On dislingue parmi ses œuvies dexcellens

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concertos de violon , de flPite et de forte- piai»o , et difterens airs composés pour le grand con- cert qu'il avait fondé à Bruxelles.

PAVIE (N.), membre du con- seil des cinq-cents, il fut nom- mé, en 1797, p;ii- le déparlemt'nt de l'Eure, s'attacha au parti CU- chien, embrassa avec chaleur la cause de la religion catholique, en demandant le libre exercice de celte religion, que la majorité des Français a])pelaient, disail-il, le culte de leurs pères. Il demanda aussi, le 1" novembre de la môme année , que les presbytères de- vinssent la propriété des commu- nes. Com[)ri» au nombre des dé- putés qui, par suite de la journée du 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797), devaient être déportés à Cayenne, il parvint à se soustraire aux recherches <leceux qui étaient chargés de l'arrêter, et se tint ca- ché jusqu'à l'époque du 18 bru- maire. Alors les consuls le rappelè- rent, niais ne luidonnèrenl aucun emploi. Il paraît qu'il n'en a point occupé depuis.

PAW (Corneille de), chanoine et littérateur allemand, appartenait h une famille noble; il était on- cle du fameux Anacharsis Cloots, membre de la convention nationa- le. Paw embrassa l'état ecclésias- tique, et obtint dans son |>ays un riche canonicat, au moyen du- quel il put se livrer à la culture de la liltéralure ancienne. Ses jRerherclies sur tes Grecs, les Ainé- rica'ms , les E<^yplicns et les Chi- nois, attestent l'étendue de ses con- naissances ; mais on découvre bientôt qu'en se livrant trop faci- ment à ses conjectures, il affirme souvent des choses dont la majo-

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rite des historiens doute, et même que son but principal est de les contredire tous. Malgré la singula- rité de ses idées, qui ressemblaient souvent à celles de son neveu, on ne peut lui refuser beaucoup d'esprit, une érudition profonde et une grande rectitude de juge- ment. Il rapporte nombre de faits qu'on chercherait inutile- ment ailleurs. Son esprit philo- sophique lui fit parmi le clergé de violens ennemis , et lui valut , en revanche, l'estime du roi de Prusse, Frédéric- le -Grand. Au surplus, ses ennemis mêmes ren- daient hommage à ses vertus. II fut nommé corrunissaire du gou- verneiïient français après la réu- nion à la France des départemens du Khin. Il remplissait les fonc- tions <le celte place lorsqu'il mourut, le 8 juillet 1799, " Xanten , près d'Aix - la - Cha- pelle.

PAYAN (Claude- François), à Saint-Paul-Trois-Chàleaux , départen)ent de la Drôme, d'une famille ancienne et considérée dans cette |)rovincc, et dont plu- sieurs membres avaient rempli des fonctions importantes dans la magistrature et dans l'armée. Destiné dès sa jeunesse, ainsi que tous les cadets de sa famille, à l'é- tat militaire, il s'y prépara par de bonnes éludes, et entra dans le corps de l'artillerie, il se fit re- marquer au commencement de la révolution en 1789 |»ar des opi- nions irès-exaltées et par son op- position contre le nouvel ordre de choses. Il était alors traité, se- lon l'expression en usage, d'aristo- crate. Mais vers la fin de 1790, il abandonna à la fois le service

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militaire et la marche qu'il avait suivie ju<qu'alors, pour .se jeter a- vec toute la t' tugue d'une jeunesse inconsidérée , dans le parti des hommes les plus exagérés. Brû- lée (le tuus les feux du nudi , sa l,êle ardente ne concevait que les extiêmes. Nommé en 1790 administiateur du département de la Drômc, il eut, pendant une mi-siou particulière à Paris, des relations fréquentes avec Robes- pierre. Ur> inconcevable aveu- glemenrle porta à se passionner en laveur de ce tyran, alors l'idole d'un peuple égaré, qui ne pronon- çait guère son nom sans y join- dre l'épithèle du vertueux ou de t'ineorruptible, et que ce mC-me peuple accompagna bientôt au supplice en poussant des cris de joie. Payan paya lui-même de sa tfite son dévouement au chef des démagogues. Après avoir rédigé sous ses auspices, avec plus d'es- prit et de talent que n'exigeait Vê- poque,\p]o\}vnii\diiVJnliféd<'Tatis- te, Payan fut nommé par te comité dit de salut- public agent natio- nal près de la commune de Paris, et Robespierre, qui l'avait entière- ment subjugué, le détermina à accepter cet emploi , qu'il avait d'abord refusé. Il ne se dissimidait point les dangers de ce poste, et s'en ex[»liquait souvent avec ses amis; mais tout eu prévoyant sa destinée, il résobil de la l3rav«T. Ses discours improvisés à la com- mune, furent toujours couverts d'applaudissemens, et cités par les journalistes du parti, connue des chefs-d'œuvre d'éloquence. Lors des événemens de thermidor, il se prononça , ainsi que tonte la commune, pour Robespierre.

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Dans la nuit du 9, quelques amis lui proposèrent de quitter l'hôtel- de-ville, et lui oifiirenl le- moyens de se mettre en ^ûreté. Mais il re- poussa leurs a vi-, et répondit qu'il saurait mourir au poste qu'il avait accepté. iMis hors la loi avec ses collègues de la commune de Paris, il fut exécuté le lo thermidor,à l'â- ge de 38 ans, et montra jusqu'à la lin un courage digne d'une meil- leure cause. On a de lui jtlusieurs écrits en prose et en vers, d'un style élégant it facile, qui font re- gretter le déplorable usage au- quel il consacra depuis les ta- lens dont la nature 1 avait doué.

PAYAN DUMOULl,>f (Joseph- François), à Sainl-Paul-ïrois- Châteaux, département delà Urô- me, frère aîné du précédent, était conseiller maître à la cour des comptes avant la révolution. Loin de se laisser entraîner j)ar la fou- gue insensée rit; s(m frère cadet, Payan Dumoulin, sincère auji de l'humanité, adopta les espér inces et les principes d'une meilleure organisatitm politique, avec cet esprit de sagesse et de modéra- tion qui n'a cessé de le guider dans l'exercice des diverses fonc- tions publi(|ues qu'il a rem[)lies. Il fut nommé d'ibord adininis- traleurdu département de la Drô- me,et ensuite procureur-général- syndic du même départennml. Tousses efforls tendirent au main- tien do l'ordre et de la tranquilli- té intérieure pendant les temps les plus orageux de la révolution, et il eut le bonheur d'y réussir. Tandis que les dé[)arteinens voi- sins servaient de théâtre aux plus violens excès, celui de la Drôme resta vierge de sang, et il conlri-

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bua puissamment à sauver de tonle atleinle et les citoyens et les propriétés. Après les dét^as- treiiso journées du 3i mai et du commeuceinent de juin 1793, radmiiiislrition du département de la Drôme resta long-temps in- décise, mais finit par se soumet- tre au parti de la majorité con- Tentionnelle, qui venait de s'eui- parer de la direction des affaires de la république. Cette adminis- tration espérait ainsi éviter la guerre civile, dont le feu mena- çait d'embraser tout le Midi. Payan Dumoulin était encore président de l'administration en i7p4' *^t y jouissait de l'estime générale , lorsqu'il fut nommé commissaire de l'instruction pu- blique. Il désirait rester dans son département, il se croyait plus utile à ses concitoyens, et refusa le poste auquel on l'appelait à Paris; mais le comité de sa- lut-public lui fit signifier qu'il était mis en réquisition , et lui donna l'ordre de se rendre immé- diatement en cette ville, ordre auquel il était dilli» ile à cette é- poque de se soustraire. Payan Dumoulin s'employa dès-lors a- vec zèle à remplir les nouveaux devoirs qui lui étaient imposés, et à contribuer, autant qu'il était possible en ces temps malheureux, à l'encouragenjent de.» lettres, des sciences et des ails. Il ol)liut par ses instances réitérées auprès du comité de ^alut-pld)lic, la aii»e en liberté de plusieurs liouimesde let- tres et artistes recomniauil.iljles, injustement détenus. Il n'en lut pas moins fr;^ppé lui-même, à l'é- poque du 9 thermid()r,par iiri dé- cret ^i le mettait hors la loi. Le

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rôle que jouait son frère à la com- mune de Paris, il servit avec ardeur les intérêts de Robesi)ier- re, le fit envelopper momentané- ment dans la même proscription. Il n'existait point d'autre motif que cette pu'enté, et le décret n'en présenta aucun ; Payan Du- moulin, par la nature de ses fonc- tions, était étranger à la partie révolutionnaire du gouvernement; il l'était encore davantagtî par son caractère, et n'avait cimservé aucune relation politique avec son frère,dont il ne partageait ni l'exal- tation, ni les principes. Il fut prouvé même qu'il n'avait jamais fait par- tie de la trop fameuse société des jacobins. Après avoir passé la plus grande partie de la nuit du 9 au 10 thermidor dans les bureaux de la commission d'instruction publique au petit Luxembourg, et ensuite chez lui, il apprit le matin qu'il était proscrit, et n'eut que le temps de sortir en toute hâte de Paris; il erra long-temps dans les environs, et fui enfin as- sez heureux pour gagner la Suis- se, où il trouva un asile. L'injus- tice de sa proscription ayant été reconnue, et le décret de mise hors la loi rapporté, il revint en vendémiaire an 4 ■' Paris, il servit avec autant de zèle que de succès un grand nomUre des vic- mes échappées au règne de la terreur. Il fut ensuite immmé di- recteur des contributions direc- tes, et en exerça les fonctions dans divers départeuieiis pendant 18 années consécutives. Il s'esl retiré en 1816. Fonctionnaire laborieux et désintéressé, il n'a point dé- menti, pendant sa longue carriè- re, ce caractère de justice et d'in-

tégrité qui lui a conserré de nom- breux amis, même pendant les époques les plus orageuses. Payan Dumoulin a aussi cultivé les let- tres; on a de lui différentes pièces en vers et en prose, insérées dans le Mercure, le Courrier de C Eu- rope, et autres ouvrages pério- diques.

PAYAN DUMOULIN (Louis de), de la même famille que les précédens. avait établi son domi- cile à Aubenas, département de l'Ardéche. Sa mémoire est encore en vénération dans c«!ttc partie de l'ancien Vivarais, jadis presque inculte et stérile. Il y a naturalisé le premier les plantations des mû- riers nains et perfectionné \'\ cul- ture de la vigne. Les anciens états du Languedoc, auxquels il pré- .senta divers mémoires, lui décer- nèrent des éloges et des encoura- gemens. L'abbé Rozier, dans son Cours complet d'agriculture, et Faujas de Saint-Fond dans son histoire naturelle du Daiiphiné, fout une mention honorable de ses travaux et de ses succès. On a de lui, outre divers mémoires publiés sur la culture du mûrier, et sur l'éducation des vers à soie, un Essai fur la théorie des vents, dédié à son ami le célèbre Vau- canson; divers éfrils sur l'écono- mie politique, l'organisation mi- litaire, les impôts, etc., et un discours mentionné honor-ible- ment par l'académie de ChSlons, concernant les meilleures lois pénales pour la répression des crimes. 11 est mort dans un Age très-avancé, au commencement de la révolution.

PAYAN DE L'ETANG (Joseph de) , frère du précédent, tué à la tôle

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du régiment dont il était colonel, en 1745, au camp des Cinq-Etoiles en Flandre, fut père d'Henriette de Payan, qui s'est distinguée dans la république des lettres, sous les trois noms de d'Antremont, de Bourdic et de Viot.

PAYEN (N.). s'occupait d'agri- culture lorsqu'il fut nommé, par le tiers-état d'Artois, aux états-gé- néraux en 1789. Il fut peu remar- qué de l'assemblée au commence- ment dt; la sessioti ; cependant, en 1791, il fit un rapport sur l'as- semblée coloniale de Saint-Do- mingue, dont on avait proposé de mettre les membres en accusa- tion, et parvint à faire rejeter cet- te proposition. De retour dans ses foyers à la fin de la session, il ne fut point réélu aux assemblas sui- vantes. En 1793, ayant manifesté des opinions monarchiques, il fut, par ordre du conventionnel Jo- seph Lebon , mis en arrestation, puis traduit au tribunal révolu- tionnaire d'Arras, qui le condam- na à mort au commencement de

PAYEN DE BOISNEUF (N.),

possédait dans la ci-devant pro- vince deTouraine de grandes pro- priétés, qu'il exploitait lui-même, lorsqu'il fut nommé par le tiers- état du bailliage de Tours , dépu- té aux états-généraux en 1789. M. Payen, qui avait des connais- sances étendues, se fit peu remar- quer à la tribune, mais il travail- la beaucoup dans les comités des colonies, de la marine et des re- cherches. Après la session, il fut appelé , par la confiance de ses commeltan*, à remplir les fonc- tions de haut -juré du départe- ment d'Indre-et-Loire. Il parait

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n'.'jvoir point occupé d'emploi public depuis celle époque.

PAYNE (Thomas), député à la conveatioi) nationale, en An- gleterre, à Thelford dans le coinlé de Norfolk, le 29 janvier 17^7, acquit dès sa jeunesse de la célé- brité par ses écrits politiques, ainsi que par la part active qu'il prit aux démêlés des colonies anglaises de l'Amérique septentrionale avec la métropole, et à la londalion de la république des Elats-L'ni-<. Payne était fils d'un honnête fabricant de Thctt'urd , quaker de religion, très-zélé pour sa croyance, mais qui ne put réussir, ni à inculquer à son fils ses opinions religieuses, ni à lui voir exercer long- temps .son état. Après avoir fait quelque séjour à Londres, le jeune Payiuî voul«j|*enter la fortune sur tner, et s'embarqua avec plusieurs amis de son âge siu' un corsaire. Les fa- ligues furent plus grandes que les profits, et après deux campagnes, pendant lesquelles il eut occasion de se distinguer, du moins par son courage , il céda aux vives ins- tances de son père, repartit pour Thelford, et s'établit ensuite à Sandwich, il épousa, à l'âge de 2") ans, la fille d'un employé de l'accise. Il eut bientôt lui-mô- nie un emploi subalterne dans cette adminlslralion , mais s'en dé- goûta au bout d'un an, retourna à Londres, il devint sous-maî- tre dans une école. En enseignant aux autres, il étendit la sphère d(i ses propres connaissances, en ac- quit d'assez étendues en mathé- matiques et en astronomie, et cul- tiva en môme temps avec succès la poésie. Dn meilleur emploi dans l'accise lui ayant été offert, il l'ac-

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cepta, et alla l'fxercer à Lewes en Sussex. Les talens littéraires et les vi.'rs d'un homme oc(U])é de fonctions si peu analogues au com- merce des muses, firent du bruit dans toute la province , et bienlôt ses Collègues les employés de l'ac- cise le choisirent pour plaider leur cause auprès du parlement bri- tannique. Us demafidaient une augmentation de salaire, et Payne, dans un mémoire très-habilenient rédigé, son premier ouvrage en prose, démontrait la nécessilé de mettre tout fonctionnaire public à l'abri de la tentation de gagner par des voies illicites ce qui est in- dispensable à sa subsistance, et que lui refuserait le gouvernement. Quelque succès qu'eût le mémoire de Payne; il n'en jouit point per- sonnellement. Sa femme venait de mourir ; il en épousa une autre , mais ne trouva point de bonheur dans cette nouvelle imion , et ne voulut point cohabiter avec celte femme par des motifs qu'il n'expli- quait point, et (|ui ne regardaient, disait-il, que lui seul. Abandon- nant la province, l'accise et tous les emj)lois suballernes , il alla s'établir à Londres, et y travailla pour les journaux. Ses talens , comme écrivain , le firent recher- cher par plusieurs hommes distin- gués. Goldsmith, l'auteur du Vi- caire de Wakefield et de tant d'au- tres ouvrages accueillis par le pu- blic, fut au nombre de ses plus intimes amis ; mais ce qui influa plus particulièrement sur la desti- née du publiciste anglais, fut sa liaison avec le célèbre Franklin , député des colonies américaines et chargé de plaider leur cause à Londres. Celui-ci, appréciant tout

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le mérite rie Payne, l'engagea à se rendre en Amérique, et à consacrer ses talens et sa plume à la défense des colons opprimés par le minis- tère de la mère-patrie. Fortement recommandé par Franklin à ses amis et aux principaux hommes d'état d'outre-mer, Payne, arrivé à Philadelphie , se fit d'ahord con- naît re, ainsi que l'avait fait Frank lin même, par d'excellens articles de journaux, ayant tous pour but des objets d'utilité publique. Le Pen- .syhaiiian Magazine dot un accrois- sement et des succès rapides à ce nouveau collaborateur. Ses ré- flexions sur l'administration du gouvernement anglais dans 1 Inde, sur la vie et la mort tragique du fameux lord Clive, furent parti- culièrement citées comme un ta- bleau historique tracé de main de maître. Payne eut bientôt à s'oc- cuper de matières d'une plus haute importance. La mission de Fran- klin à Londres, en 1774? n'avait obtenu aucun succès ; un monar- que inflexible, et des ministres qui sacrifiaient leurs propres opi- nions au désir de conserver leurs places, repoussaient les demandes les plus équitables. Malgré l'op- position éloquente et énergique de lord Chatham et de quelques pa- triotes éclairés des deux chambres du parlement, il fut résolu d'user envers les colonies des moyens les plus rigoureux , et mêtne de la iorce des armes. Payne publia alors, en 1776, son fameux pam- phlet, the commun Sensé (le Sens commun ) , et jamais aucun écrit politique ou religieux n'eut de suc- cès pareil et une influence aussi marquée. L'auteur aurait pu pren- dre pour épigraphe le vers d'un

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poète français : L'injustice à la fin produit C indépendance. Les Amé- ricains proclamèrent la leur, et surent bientôt la conquérir, com- me ils savent encore la défendre. Payne se dévoua dès-lors à cette cause, et professa jusqu'à la fin de ses jours le plus ardent républi- canisn)e. Son premier écrit eut un débit prodigieux; plusieurs édi- tions consécutives le mirent bien- tôt dans toutes les mains. Mais l'auteur aspirait à plus d'un genre de gloire; il se rendit à l'armée, il combattit vaillamment. Dans les loisirs des camps, il composa encore une suite de brochures'et feuilles périodiques sous le titre the Crisis (la Crise), se succédant par numéros jusqu'à la paix, ou deptiis 1776 jusqu'en 1783, et for- mant en tout i5 livraisons, qui contribuaient à entretenir l'esprit public au milieu des revers qu'é- prouvèrent d'abord les armes amé- ricaines. Payne avait été rappelé de l'armée en 1779, po'Ji" occuper un poste de confiance; le congrès le choisit pour secrétaire du co- mité des afTaires étrangères, il travailla pendant deux ans; mais ayant mécontenté quelques mem- bres iufluens en signalant dans les journaux un agent infidèle qu'ils protégeaient, il crut devoir don- ner sa démission. Les dilapida- tions de ce concussionnaire, qui se sauva on Angleterre , furent cependant prouvées depuis, et l'on rendit pleine justice à Payne. Le congrès chargea ce dernier, vers la fin de 1781', de se rendre en France avec le colonel Lawrence, pour y solliciter un emprunt. Il retrouva à Paris son ami Franklin, qui seconda de tout son crédit

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relte mission. Elle obtint un suc- cès coiuplet : non- seulement le gouvernement français accorda aux Américains un don de 6 mil- lions, mais il se rendit en outre garant d'un prêt de lo millons que leur flt la répul)lit|ue de ilollande. Pendant son séjour à Paris, Pajne conçut le téméraire projet de se rendre en secret en Angleterre, pour y publier un ouvrage sur l'état des affaires en Amérique , propreà ouvrir les yeux du peuple et à convaincre tous les hommes de bonne foi de l'inutilité des ef- forts qu'on tentait pour subjuguer les colonies; mais le colonel La- wrence s'opposa à ce départ, et ne voulut point se séparer de son col- lègue, qu'il ramena presque mal- gré lui en Amérique, ils reçurent tons deux l'accueil que leur méri- tait une mission si honorablement terminée en Europe. La plus glo- rieuse paix vintcouronoerdés l'an- née suivante les nobles efforts des Américains pour conquérir leur liberté, et la nouvelle république des Etats-L'nis fut solennellement reconnue par toutes les puissan- ces. L'Angleterre gagna en com- merce plus qu'elle ne perdit en domination par l'indépendance de ses colonies, et ses intérêts furent mieux soignés que ceux de la France, dont on parut assez vile avoir oublié les éminens services. Le ministère anglais en garda seul un long souvenir, et ses projets de vengeance passèrent en héritage d'une administration à l'autre. Le congrès des Etats-Unis s'empressa de reconnaître les services de Pay- ne, et lui fit un don de 3ooo dol- lars ; l'état de New-York y joignit une concession de 5oo acres de

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terre avec une habitation; l'état de Pensylvanie lui donna Sooo livres sterlings, et celui de Virgi- nie se disposait à suivre cet exem- ple , mais on y observa que Payne dans un de ses écrits, tlie Public Good, avait contesté les droits des Virginiens sur un grand territoire à l'ouest, et, à la majorité d'une voix, la motion de récijmpeiiser l'auteur du commun Sensé fut re- jetée, llentré dans la vie privée, il se livra ^avec une nouvelle ar- deur à l'étude des sciences et des arts mécaniques. L'université de Philadelphie le nomma maître ès- arts , et la société philosophique américaine l'admit au nombre de ses membres. En 1787, Payne re- vint à Paris, et présenta à l'aca- démie des sciences le modèle d'un pont en fer, tel qu'on commen- çait alors à en construire en Amé- rique. Son plan fut approuvé; mais il ne trouva point de capi- taux pour exécuter son projet. Il passa alors en Angleterre, visita sa ville natale, et y trouva sa mère qui, devenue veuve, vivait dans un état voisin de l'indigence ; il pour- vut généreusomçnl à ses besoins, et assura son sort pour l'avenir. S'étaut ensuite associé avec un maître de forges à Rothi'rham , dans le Yorkshire, il poursuivit ses projets de construction de ponts en fer, en présenta les plaris à la société des arts de Londres, et publia ime lettre à ce sujet, adressée à sir Georges Staunton, imprimée à Rotherham en 1789, dans laquelle il développait les avantages qu'on pouvait retirer de ce genre de constructions. Les- premiers fonds mis à la disposi- tion de Payne ne suffirent point

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pour sa grande entreprise. II en- gagea alors tous ses biens en Améri- que , mais la faillite de son agent le jeta dans le plus grand eml:)ar- riis , et il lut même détenu pour dettes pendant quelques semaines. On vint enfin à son se- cours. Un ouvrage, que Payne a- \ait publié depuis son retour en Europe, sur la politique de la Grande-Bretagne et les intérêts du continent, venait d'ajouter à sa réputation comme écrivain. On y trouve des aperçus d'une saga- cité remarquable. L'auteur avait su démêler de bonne heure les vues ambitieuses du jeune minis- tre placé à la tête des affaires de l'Angleterre. Le fils de lord Cha- iham avait hérité de toute l'ani- niosité de son père, contre la France, et n'épargnait rien pour assurer la prépondérance de son pays, en semant les troubles et les divisions sur le continent. Les •luerelles du stathouder avec les patriotes de la république des Provinces-Unies,avaient déjà four- ni à Pitt les moyens de s'attacher la maison d'Orange par des liens qui se sont perpétués jusqu'à ce jour. Il Taisait de plus agir à son gré la Prusse, et saisit avidement l'occasion d'humilier la France, qui d'abord avait soutenu les pa- triotes hollandais, mais qui les abandonna bientôt, retira ses trou- pes des frontières, et laissa le champ libie aux .^o.ooo Prus- siens , avec lesquels le duc de Brunswick envahit la Hollande, et la soujnil à l'influence anglaise. Payne prédit à l'Angleterre les n)aiix que traînerait à sa suite le machiavélisme de ses ministres, calcula tout l'or et le sang qu'il

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lui faudrait prodiguer en des lut- tes nouvelles, et prouva victo- rieusement que chaque guerre ne ferait qu'ajouter à ses embarras financiers, au poids accablant des taxes, sous lequel le peuple gé- missait, et à sa dette publique, déjà si énorme. Dès 1787, Payne avait fait imprimer d'autres pré- dictions remarquables C'est un » fait connu, disait-il, de tous ceux »qui ont été récemment en Fran- ))ce, qu'un changement très-ex- «traordinaire s'opère dans l'esprit «du peuple de ce royaume; chan- «gementqui rendra la France for- omidable, aussitôt que son gou- ). vernement voudra saisir l'heu- «reuse occasion qui se présente, » pour doubler sa force, en unis- »sant, s'il est permis de le dire, »la majesté du souverain à la ma- wjesté de la nation. » Cet ouvra- ge, publié à ïjondres, eut trois éditions consécutives. Deux ans jdus tard, la révolution éclata. Payne s'était lié, tant en France qu'en Angleterre, avec des hom- mes marquons. Il avait eu à Pa- ris un libre accès auprès de l'ar- chevêque de Toulouse, alors à la tête du ministère français, qui dé- sirait une paix constante entre la France et l'Angleterre. Condor- cet, Achille Duchâtelet, des phi- losophes, des littérateurs distin- gués, étaient au nombre des amis et des admirateurs de Payne. Il entretenait une correspondance suivie avec le célèbre Burke, qui avait soutenu, avec auliiut d'é- nergie que d'éloquence, la cause des Américans devant le parle- ment britannitiue. Buike était en- core alors au nombre des mem- bres les plus opposés au minislè-

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re de son pays; ii paraissait adop- ter, avec la chaleur qu'il inetlait à tout, le système politique de Payne, qui, au lieu d'exciter et d'entretenir les haines nationales, tendait à les éteindre, et à les remplacer par des senliniens plus justes, d'estime et il'affection ré- ciproques. Il croyait que deux peuples voisins , tous deux puis- sans, riches, et industrieux, mais dont les cruels débats avaient si long- temps ensanglanté la terre et les mers, devaient cesser de se déchirer, confondre leurs intérêts, et tbrmerune alliance étroite, pour leur propre bonheur, comme pour celui desautres nations qui se trou- veraient bientôt soumises à leur influence. Les Français et les An- glais se seraient ainsi placés à la tête de la civilisation européenne, et jamais les autocrates du Nord n'auraient été appelés à devenir les arbitres des destinées de la plus belle partie du monde. Mais Pitt en avait autrement décidé. Les premiers excès de la révolu- tion le servirent à souhait. L'é- tranger ne cessa de fomenter de- puis des troubles et des excès nou- veaux en France, et toutes les haines trouvèrent d'abondans ali- inens. L'Ame ardente et généreuse de Burke se révolta une des pre- mières, et en entraîna d'autres. Lui-même ne sut point renfenner son indignation dans de jusies bornes. Abandonnant son parti , rompant avec tous ses anciens a- inis, et Fox en pleura de douleur, ii seconda les vues d'un ministère qu'il détestait, et lança ses véhé- mentes Philippiques contre la France. Payne y répondit par ses fameux Droits de r homme, qui

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furent imprimés à Londres en 1791, Plus de 5ooo exemplaires en furent enlevés en peu de temps. L'année suivante il en publia, de même à Londres, une seconde par- tie. Le succès de l'ouvrage en An- gleterre, quoiqu'il fut vivement attaqué par les nombreux parti- sans du ministère, inspira à celui- ci quelques alarmes. Il résolut de Taire poursuivre l'auteur comme ayant excité le peuple à la révolte contre le gouvernement monar- chique. Payne fut traduit devant le tribunal du banc du roi, et y fut défendu par un des plus célè- bres avocats du barreau anglaise, Thomas Erskine, orateur généra- lement estimé pour son beau ta- lent, et plus encore pour son no- ble caractère. Son plaidoyer passe pour un chef-d'œuvre d'éloquence et de raisonnement. Des démar- ches de plus d'un genre avaient été faites auprès de lui pour l'em- pêcher de se charger de cette cau- se. Dans son exorde, il ne peut s'empêcher de parler de ces faits déjà connus, et de déplorer qu'on l'ait cru capable de refuser son ministère à un accusé qui se con- fie à lui, et qui n'a violé aucune loi. Lui-même, sincèrement at* taché aux lois et au gouverne- ment de son pays, et dont le dé- vouement n'est point ignorédeses concitoyens, il ne prétend nulle- ment discuter les opinions ou fai- re ra|)ologie des principes de son client; mais il croit pouvoir prou- ver que celui-ci avait le droit de les énoncer, et que selon les lois anglaises établies en faveur de la liberté de la presse , Payne ne devait point être déclaré coupa- ble pour avoir écrit comme il l'a-

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vait fait. L'orateur, à l'appui de sa (lûreiisc , lut plusieurs passages d'auteurs connus, et cités pour leur attachement à la monarchie, tels que Hume, Burke et autres, prouvant que ces écrivains a- vaient, sans êlre inquiétés, atta- qué aussi énergiqueinent les ahus du pouvoir monarchique. Payne n'eu fut pas moins condamné, et son avocat perdit une place lu- crative, qc'il tenait d'un prince. La société des amis de la liberté de la presse vota des remercî- mt-ns publics à M. Erskine, et une riche et nombreuse clientelle le dédomnifigea bientôt de ia perte (lésa place. L'auteur qu'on pour- suivait à Londres , dont on brû- lait dans quelques réunions poli- fiqjies l'elligic et les écrits, tandis que dans d'autres on faisait l'i- nauguration de son buste, en l'or- nant de la couronne civique, Pay- ne se hâta d'aller jouir en France des honneurs extraordinaires qui v«!naient de lui être décernés en ce pays. Avant même que son pro- cès ne fût instruit en Angleterre, l'asseinblée nationale lui avait conféré le titre et les droits de ci- toyen français. Les électeurs du département du Pas-de-Calais al- lèient encore plus loin dans leur enthousia.snie pour le défenseur ihs droits de l'homme, et le nom- mèrent, à l'unanimité, leur re- présentant à la convention na- tionale; ils lui envoyèrent mCmc une députalion en Angleterre, pour lui annoncer leur choix. Il accepta, sans hésiter, cette mis- sion, se rendit à Douvres, il essuya encore, avant de s'embar- quer, les vexations et Jes insultes des douimiers , qui cherchaient

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ainsi à bien mériter du gouver- nement ; mais il franchit enfin le canal, et aborda heureusement sur la plage, le peuple était accouru en foule pour le rece- voir. Vingt minutes après son dé- part de Douvres, l'ovdre de l'ar- rêter y iirriva , dit-on, de Lon- dres. Il reçut, dès son entrée en France, le^ plus éclatans témoi- gnages de cette faveur passagère, qui devait bientôt se changer pour lui, comme pour tant d'autres idoles d'un peuple inconstant et passionné, en haine et en persécu- tion. La garnison de Calais était sous les armes , un officier lui présenta la cocarde aux trois cou- leurs, et une des plus jolies fem- mes de la ville l'attacha à son cha- peau. Des salves d'artillerie an- noncèrent son arrivée; il fut con- duit, aux cris multipliés de Vive Thomas Payne, à l'hôtel-de-ville, le maire, à la tête de la muni- cipalité, reçut et harangua le nou- veau représentantdn peuple fran- çais. Celui-ci malheureusement ne siivait point s'exprimer dans la langue de ses commcttans, et ne put témoigner sa reconnaissance que par gestes et en portant sa main sur son cœur. Au théâtre, à la Société dite constitutionnelle, et partout on le promenait, les mêmes témoignages d'amom' et de vénération lui étaient prodi- gtiés. Il fallut, à la seconde séan- ce de la société des amis de la constitution, abandonner le local insuffisant des Minimes , elle s'était réunie jusqu'alors , et se transporter dans la grande église, tant rem[>ressenn'nt des curieux, accourus de toutes parts, était ex- trême. D'autres départemens se

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disputèrenl le publiciste anglais, et les villes de Beau vais, d'Abbe- ville, et de Versailles, le noininè- rent leur représentant; mais il op- ta pour le département du Pas- de-Calais, qui l'avait élu le pre- mier. Arrivé à Paris, il publia ime adresse au peuple français, pour le remercier de sa confiance et de l'insigne honneur dont son choix l'avait comblé. Mais à cet hon- neur, prodigué en inême temps à des Marat, des Couthon , des Robespierre, se bornèrent tous les succès de Payne en France. Il ne joua qu'im rôle suballerne à la convention nationale, il ne put parler que par interprête; et quand dans le procès de Louis XVI, il osa depuis braver coura- geusement la faction dominante, la perle du député étranger fut ré- solut'. Ce républicain exalté et réputé si farouche, qui avait puis- samment contribué à la chute de lit royauté diins le nouveau mon- de, et qui venait d'adresser une lettre aux Anglais, dans laquelle il disait que « leur gouvernement né», lit le type de la corruption, et nqu'ils n'avaient besoin ni A\iii »maitr«; Gueljtht' , ni de se:- fils «prodigues, pour les gouverner, » Paynesedi clar.thaiitem.ut contre la peine de m.)rt, qir(,n uu)iitrait le fimesle d»;sseiu de pronouct r contre le roi. llobe^pierre avait vaineujeut con)pté sur ce suffra- ge; Payne vola pour le bannisse- ment après la paix, et quand, mal- gré ses eiîbrts, la mort fut pro- noncée, il demanda ra[ipel au peuple, le sursis à l'exécution, et fit imprimer sou opinion forte- ment motivée. Un pareil vote pouvait à celte époque être con-

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sidéré comme un acte de cou- rage, et l'Anglais qui, en cher- chant à sauver le roi, se mettait en opposition si manifeste avec un parti puissant, ne se dissimu- lait point qu'il courait plus de dangers que les nationaux. Depuis long -temps Marat reprochait à Payne de n'avoir que les |»riuci- pes d'un quaker, et \in des pre- miers usages que fit Robespierre du pouvoir qu'il usurpa, fut de le faireexciure de la convention com- n\e étrangt-r. Le déparlement du Pas-de-Calais, oubliant tous les honneurs qu'il lui avait rendus, se hâta alors de f.iire passer une adresse à la convention , dans la- quelle il déclarait que Payne avait perdu la confiance de ses commet- tans et s'tm était rendu indigne. Robespierre ne borna point sa vengeance; sans se laisser arrêter par la considération du plaisir exlrr-tne qu'il allait faire au parti de la haute aristocratie, ou peiit- êti^e même pour satisfaire à la vengeance de ce parti avec le- quel tant de personnes ont cru qu'il eut des relations secrètes, il fit incarcérer l'ex - député au Luxembourg, et tint long temps le glaive suspendu sur sa têt»'. La victime idlail enfin être immolée, quand leçj theruiidor vint fiapper le sacrificatem-. Après onze nn»is d'une dure captivité, et sur les instanles réclamation» de M. Mon- roe , au nom du gouvernement américain dont il était le ministre en France, Payne fut enfin rendu à la liberté ; il reprit sa place à la convention le 8 décembre 1794; lui fit hommage d'un nouvel ou- vrage Sur les premiers principes du i^ouvernement f Paris, 1^95;

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parla,toujoiirs par interprète, de la nécessité de changer l'iniorme et iuixécntal)le coii>tituti')n de ijqS; fit encore un discours sur la divi- sion déparleinenfale de la Kraiice, et le placement des municipalités; el termina ainsi sa carrière légis- lative. Il avait Inng-tenjps fait partie du comité de législation, mais san" y produire un grand effet. Madame Roland dit de lui dans .-es mémoires : « La h «rdie-i.- ))se de ses pensées, l'originalité de >son style, ces vérités fortes je- »tées au milieu de ceux qu'elles » offensent, ont produire une «grande sensation; mais je le croi- «rais plus propre à semer pour » ainsi dire ces étincelles , qu'à discuter les bases, ou préparer »la formation d'un gouvernement, «l'ayne éclaire mieux une révo- nlutiou qu'il ne peut concourir à »une constitution. » Il publia en- core plusieurs ouvrages eu Fran- ce, Sur les finances W Angleterre; Sur la justice agraire opposée aux lois agraires, etc. Celui qui fit le pins di; sensation, surtout en An- gleterre,où il révolta tout le cler- gé anglican, qui fil paraître phi- sieurs réfutations, ce fut sou ou- vrage sur la religion naturelle, in- titulé : l' Age de la raison, l'ayne y avait travaillé pendant sa dé- tention au Lnxemboing, entière- ment dépourvu de livres, citiuit de mémoire la Bible, et écrivant dans les intervalles d'une fièvre ardente. Il s'y |)rononce forte- ment contre l'athéisme, mais aussi contre les religions révélées, a Je «voyais ma vie eu danger conti- ■)nuel, écrivit-il à un de ses an- "ciens amis en Améri((ne , Sa- nnmel Adams. Mes amis lombaient

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«aussi rapidement que la guillo- ))tine pouvait les abattre; moi- » même je m'attendais chaque jour »au même sort. Dans ces circoas- » lances, je résolus de commen- «cer mon ouvrage. Il me semblait «que j'étais sur mon lit de mort, «car la mort m'environnait de nions les côtés, el je n'avais pas ))de temps à perdre. En effet, j'a- » vais fini la première partie de- »puis six heures quand on vint •une sai->ir et me jeter en prison. » J'avais vu le jieuple français se '•précipiter tête baissée dans l'a- >) théisme, je fis donc traduire et «publier cette première partie de «l'ouvrage en français, pourarrè- » 1er la nation en cette route, et «la ramener au premier article de «foi, de quiconque a une foi, «c'est-à-dire, à la croyance en un » Di»"!!. J'avais exposé ma vie en «m'opposaut d>ms la convention «au supplice du roi, je courus de «nouveaux dangers en m'oppo- »sant aux progrés de l'athéisme.» Payue. quel cpje fût son désir de propager les principes pour les- qn»'ls il fut poursuivi en Angle- terre et en France, ne persécuta au moins jamais personne, et ne fut complice d'aiicun crime des chefs de parti. Peu de lemps aprè? sou arrivée à Paris, quand il ve- nait de [)ren(lre place à la con- vention, et qu'il était encoie en- touré de la plus haute faveur po- pulaire, il eut un jour ime que- relle avec im capitaine anglais; celui-ci, indigné de l'entendre dans un lii-u public pai;-ler avec le plus grand m';pris du gouver- nem-^nl brilanni(pie , se jeta sur lui et lui porta un coup vi )lenl. Le capitaine fut arrêté par les a»'-

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sistans et conduit en prison. Son supplice paraissait inévitable, mais à force d'instances auprès du co- mité de salut-public, Payne par- vint à le sativer et <!i le i'aire pas- ser en Angleterre. 11 est encore à remarquer que le républicain d'A- mérique ne fit jamais partie du club des jacobins en France ; mais, en 1797, il se lit inscrire au cercle constitutionnel : « C'est, écrivit-il, ))la seule société en France dont «j'aie été membre. .J'y allai parce «qu'il était nécessaire alors que ))Ies ami:^ de la liberté se rallias- »«ent sous l'étendard de la cons- «titution, et j'y rencontrai nom- nbre de ces vieux amis. >> Ce cer- cle donna bientôt ombrage au gouvernement directorial, et fut fermé. Après la révolution du 18 brumaire au 8 (9 novembre 1 799), Payne voyant la domination d'un seul s'établir peu à peu sur les débris de la republique, n'aspira plus qu'à retourner aux Etals-U- nis, où d'ailleurs son ami le pré- sident Jeftersou le rappelait. Ce ne fut qu'après la paix d'Amiens, en 1802, qu'il put satisfaire à ce désir. Il y revint lieureiisemcnt, mais manqua quelque temps après d'être assassiné dans sa maison de New-Rocbelle, état de New- York. Un inconnu, et dont on ne put jamais retrouver les traces, lui lira un coup de pistolet à tra- vers la fenêtre. Plusieurs démar- ches furent faites pour ramener Payne à la foi en la religion révé- lée. Il reçut de Baltimore uue dé-' pulation de la secte dite de la Nouvelle Jérusalem, Le ministre qui portail la parole lui dil qu'on avait enfin retrouvé dans son égli- se la véritable clef de la Bible ,

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perdue depuis mille et tant d'an- nées. Payne se contenta de lui ré- pondre : « Elle doit être bien rouil- lée ! » Deux ecclésiastiques vinrent encore quinze jours avant sa mort travailler à sa conversion : son mé- decin se joignit à eux, mais leurs efforts furent vains, et il persistai jusqu'à la fin dans son opiniâtre incrédulité. Les anecdotes pu- bliées par certains journaux anglais sur les derniers jours de Payne ont été démenties en Aioérique. Selon ces feuilles, il aurait décla- ré qu'il n'avait été toute sa vie que l'agent du diabin; que c'était le diable même qui avait dicté chaque ligue de l' Age de la raison; que maintenant lui Payne, bien converti, désirait que tous les exemplaires de cet ouvrage fus- sent brftlés, etc. Ce qu'il y a de plus certain, c'est que son intem- pérencc et l'usage immodéré qu'il fit long-temps des boissons spiri- tueuses et à la fin des liqueurs les plus forles, minèrent sa couslilu- lion robuste, et hâtèrent de beau- coup sa ^\\\. 11 mourut le 8 juin 1809. Les quakers refusèrent de recevoir son corps, et il fut enter- ré, ainsi qu'il l'avait désiré, dans sa ferme de New-lîochelle. Un écrivain, q>ii a dppuis cherché en Angleterre et en Amérique divers moyens d'arriverà la fortu- ne et h la célébrité, le prétendu Anû (la peuple, Cobbet, conçut , en 1817, le projet de déteirer les ossemens de l'ayne et de les por- ter en Angleterre. La translation a eu lieu en effet, selon Cobluit, qui a atnioncé fastueusement l'arrivée de ces reliques dans l'an- cien inonde. Selon quelques feuil- les ministérielles, ce ne sont que

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les restes d'un pendu qu'on y a apportés. Ou a rappelé de plus, en celle occasion, que Cobbet a- vait lui-même écrit autrefois contre Payne; au reste la viola- tion de la tombe que ce dernier s'était choisie, sera aussi peu profitable au spéculateur qui se l'est permise, qu'inutile à la gloire du mort. Payne a sans doute conservé des partisans dans son ancienne pairie ainsi qu'en Amé- rique. Sa statue se trouve en di- vers lieux de réunion ; mais le monument qu'on a proposé d'é- lever au pnbliciste républicain en Angleterre, n'y sera jamais toléré par le parti ministériel, et celui- ci trouvera au prenjier signal as- sez de mains pour démolir le mau- solée et pour disperser les osse- ujens. Plusieurs écrivains ont pu- blié des notices sur Payne. Sa vie, par Cheelbam, a été imprimée aux Etats-Lnis , i8ib, i vol. in- 8% et réinjprimée à Londres. Une animosité particidière contre le sujet qu'il traite, paraît avoir guidé la [)lnnie du biographe a- méricain. Le libraire anglais Car- lile a depuis publié la Vie <le Pay- ne, Londres, iS-io, i vol in-S", destinée à faire partie d'im»; édi- tion complète de ses œuvres, que le même libraire a annoncée. Mais cet admirateur passionné est le constant panégyriste bien plus qui- l'exact historien de son hé- ros. Lue tÉ-aduction allemande des principaux écrits de Payne, attri- buée au savant professeur G. F. Cramer, a été publiée à Copenha- gue, en 0 vol. in 8", 179") et 179-'!. Deux ouvrages posthumes, Essai \aur roi'i^ine de la franc-maçon ne- |r<«, et Répliijae à l'évCqiu de Lnu-

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daff, ont été publiés à New- York en 1810; le premier a été traduit en français par Bonneville, Paris, 1812, 1 vol. 10-8". Outre les ou- vrages cités plus haut, il a paru en France, Recueil de divers écrits de Thomas Payne, sur la politiqtn: et la légi^slation , Pavh, 1792, vol in-iS°, orné de son porlrail. On trouve à la fin de la vie de Payne, la liste exacte de tous ses écrits publiés par Carlile, et qui se compose de 8 morceaux en vers et de ii5 en prose. Ce libraire subit en ce moment (1824) ladétenlion i laquelle il a été condanuié pour la publication de VJge de la rai- son^ et de quelques autres écrits; c'est de sa prison de Dorchester que Carlile date sa vie de Pay- ne.

PAYNE (Jean), littérateur a-n- glais, se livra d'abord au commer- ce de la librairie, auquel il renon- ça bientôt pour s'occuper exclusi- vement de littérature. Ecrivain- infatigable, il a publié un très- grand nombre d'ouvrages , tant sous les pseudonymes'' de George Auguste H eroey^ de IVilliams Fré- déric Melniotli, etc., que sous sou nom véritable. On estime quel- ques-imes de ses productions, en- tre autres Vllistoire navale de la Grande-Bretagne, en 5 vol. in-8"; ctp u'rai ses ouvrages avoués, ceux dont les litres suivent : i" Systè- me de géographie, un vol in-8'; 2" Abrégé d' histoire naturelle, 2 vol. in-8", 1 79"); 3" Extraits géograplii- (jucs, un vol. in-8", «790; 4" His- toire abrégée de la Grèce, un voL in-8", iNoo.

PAYSON (Philippe), ministre de la religion réformée, naquit i Chcisea, dans l'état de [\las;-achiis-

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setts, le 18 janvier 1736, du ré- vérend Philippe Paysoii deWalpo- le. Il fit de bonnes études, et prit ses degrés au collège d'Hervard en 1754. Payson fut l'un des ha- bitans de la colonie américaine qui pendant la guerre de l'indé- pendance, soutinrent avec le plus d'énergie, par ses discours et ses exemples civiques, la cause de la patrie. II était très-instruit, fut un excellent professeur d'humani- tés, un bon physicien et un astro- nome du premier mérite. On a remarqué ses Mémoires publiés dans les Transactions des arts et des sciences d'Amérique. En 1778, il publia un choix de Sermons; en 1782, un discours composé à l'oc- casion de l'ordination de sou frère Seth Payson de Kindge, et en 1800 un Discours sur ta mort de Washington. Ce ministre, distin- gué par ses talens, ses vertus et le plus parfait patriotisme, mou- rut le 11 janvier iSoi, emportant l'estime et les regrets de ses con- citoyens.

PAZUlMOT (François), géo- graphe du roi, professeur de physi- que , naquit à Beaune , départe- ment de la Côte-d'Or, le 5o avril 1735, d'une famille distinguée de la Bourgogne. Il fit de bonnes étu- des dans sa ville natale, et se rendit à Paris, il se fit connaî- tre par ses Mémoires géographi- ques sur les antiquités de la Gaule, avec caries, qu'il publia en 1765, et auxquels il dut peu de temps après le brevet de géographe du roi. Ces Mémoires, très-favorable- ment accueillis, furent jugés di- gnes de ceux de Belloy. Pazumot se rendit en Auvergne par ordre du gouvernement, afin d'y exa-

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miner les volcans éteints, et d'en mesurer les hauteurs et les distan- ces. Après trois années, consacrées exclusivement à remplir sa mis- sion, il donna la carte de la partie septentrionale de cette province, et fut chargé de s'assurer de l'exac- titude du travail des géographes qui avaient mesuré la partie oppo- sée. Nommé, en 1776, professeur de physique à Auxerre, il en rem- plit les fonctions pendant 8 ans, et fit imprimer ses cours. Pazu- mot se rendit ensuite en Suisse, qu'il visita avec soin, ainsi que le Mont-Blanc et les Pyrénées; il fit aussi imprimer les différentes ob- servations qu'ilavait rédigées dans ses voyages. Modéré dans ses o- pinions, et se tenant sagement éloi- gné du mouvement poliliciue, il ne fut point victime des orages de la révolution, et il mourut paisi- bletnent à Beaune, en 1804, esti- mé et regretté de ses concitoyens. Les Mémoires, Observations et Lettres dont il est l'auteur, sont en très-grand nombre; nous cite- rons les principaux. Ce sont : Lettres sur les urnes cinéraires trou- vées à Cotcote, près Dieppe, insérées dans le Mercure de France, année 1761; Lettres sur tes bains en m^osaique^ et quelques antiquités trouvées à Corsaint, près Scmur en Auxois ('publié dans le Journal de Verdun, février 1765); Principaux usages de la sphère ar- millaire , de celle de Copernic , et des globes célestes et terrestres , Paris, 1775, in- 12; Mémoire sur la cristallisation du fer, 1 779; Lettre sur les roches de la forêt de Rougeau, sur le bord de la Sei- ne, 1 780; G " Lettre sur les ossemens trouvés à Montmartre, 1782;

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Observations sur la congélation de l'eau en filets prismatiques verti- caux dans un terrain calcaire, 1 782; Hauteur comparée des plus hautes montagnes du globe, et ni- vellement de Paris, sopleuibre 1785; Description d'un camp romain , près de Tonnerre, à Flo- pni, sur les bords de l\4rmacon (imprin)t'c dans les iMémoires de l'aciidérnie de Dijon, toii). li); 10° Description, plan, coupe, nivelle- ment des grotlesd' Arcy-sur-Eure, suivis d' observations physiques; 1 Lettre sur quelques volcans de la haute Auvergne (insérée dans le Journal de France, par Fonlcnay, 1^85); la" Lettre sur les deux chiens de Sibérie, et sur le sommeil des chats; i5" Voyages physiques dans les Pyrénées , en 1 788 et 1789, Paris, ï 7';)7. Ce savant se proposait de mettre au jour, lors- que la mort le surprit, un ouvrage en un vcdume in-:j", sous ce titre : Antiquités de Bourgogne, pour faire suite aux antiquités de Cay- lus et de la Sauvugére.

PAZ.ZIS (l'abbé Maxime de Se- Gi'iNS de), naquit vers 1 765 à Car- pentras, départenu-nl de Vauclu- se, dunf tiunille noble, en posses- sion d'un iief qui l'obli^jeait à prendre le nom de Pfl-:i, ancien- ne et illustre maison de Florence. Destiné par sa l'amilleà l'état ec- clésiastique, dès qu il eut été or- donné prêtre, il obtint ini ricbe bénéfice dans le diocèse d'Amiens, dont un de ses oncb'.s était évè- que. L'abbé de Pazzis émigra au commencement d»- la révolution, et ne retint en France qu'après le traité de Lutiéville. A cette épo- que, il entra dans la carrière admi- . nistralivxi, qu'il quitta en 1809,

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pour se rendre à Troyes , en qua- lité de grand- vicaire de M. de Bou- logne [voy. ce nom), récemment nommé à l'évêché de cette ville. Deux ans après, par suite de l'ar- restation du prélat, l'abbé de Paz- zis fut rappelé à Paris, qu'il quitta de nouveau pour accompagner M. de La Brue, nouuné par l'empe- reur iNapoléon à l'évêché de Gand. Il eut jusqu'en i8i4? époque de son retour dans la capitale, des discussions assez vives avec le cler- gé de Flandre, qui persistait à re- connaître pour chef l'ancien évê- que, M. deBroglie. L'abbé de Paz- zis mourut le '24 août 1 817; il a pu- blié : Eloge ou Notice historique de Malachie d'Inguimbert, évêqu» deCarpentras, iu-8°, an i5 (i8o5); ly émoire statistique sur le dépar- tement de Faucluse, un vol in-4" de 554 pages, 1808, ouvrage plein de faits curieux,etdont le style est pur et facile. L'auteur annonçait dans une note qu'il publierait sé- parément des notices historiques sur les hommes illustres de ce dé- parlement, mais elles n'ont point été mises au jour; il parait même que ce travail est resté très-in- complet. 7}" V œu de Louis FUI, brochure politique à l'occasion du rétablissement de la famille roya- le sur le trône, Paris, in-8°, i8i4; Observations sur le récit des troubles du diocèse de Gand, inséré dans VAmide la Religion et du Roi, journal ecclésiastique, politique et littéraire, du 20 juillet 1816; 5" traduction,' restée en manuscrit , des Psaumes.

PEAUSON (Richard), méde- cin, membre des sociétés royales de médecine et i\e.> antiquaires de Londres, et de plusieurs autres

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sociétés savantes nationales et é- trangères, fit ses études médica- les à Edimbourg, et y reçut le doctorat en 1786. Sa thèse inau- gurale, qu'il publia à cette épo- que, et qui fut remarquée, porte ce titre : Dissertalio inauguralis de .Scrophulâ. Il fut nommé méde- cin de l'hôpital de Birmingham , il se distingua par ses soins et son zèle. Sa réputation , comme savant et comme praticien, le fit bientôt connaître à Londres, où, s'étant rendu vers 1790, il forma une clientelle nombreuse et bril- lante. Il s'associa à ses confrères Hutton et Flaw pour la rédaction d\\i\ A brégé dus transactions phi- losophiques. La partie des ou- vrages de médecine et la bio- graphie médicale Im' furent con- fiées. La faiblesse de sa santé ne lui permit pas de se livrer long- temps à des travaux si multipliés; il fut obligé de renoncer à l'exer- cice de sa profession, et il se reti- ra à Reading. Le docteur Pearson a publié les ouvrages suivans: De (a nature et des propriétés des différentes espèces d'air, en ce qui est relatif à C usage qu'en fait la médecine, in-8°, i794j Argumens en faveur de la dia- thesis inflammatoire considérée dans l' hidrophobie, in-S", 179H, secon- de édition, i8ia; T)" Observations sur les fièvres bilieuses, in-8°, 1799; 4 Observations sur la fièvre catarrhale , in-S", i8o5; Es- quisse d'un projet pour arrêter les progrès de la contagion , in-8°, 1804 ; Synopsis pratique de la matière alimentaire et de la matiè- re médicale, iu-8°, i8o8; 7" Thésau- rus medicamentorum , collection de formules médicales, qui a été

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réimprimée pour la quatrième fois en 1810, iu-8°; Notice sur une préparation particulière du poisson, salé, in-8°, 1812; Des- cription de la peste, in -8°, i8i3. PEARSON (Georges), méde- cin, membre de la société royale de médicine de Londres, est dans le comté de Derby. Son pè- re, médecin distingué, le fit éle- ver avec soin et l'envoya à Edim- bourg, où ses connaissances en médecine lui procurèrent bientôt son admission parmi les membres de la société de médecine de cet- te ville; plus tard, 1 ' célèbre doc- leur J. Brown , son concurrrcnl pour la présidence de la même société, ne l'emporta que d'un seul suffrage. Pearson fut reçu docteur, en 1773, sur sa thèse De Putredine, qui fait partie du premier volume des Commentai- res médicaux d'Edimbourg. 11 sui- vit, étant à l'université, les cours d'Adam Ferguson , et composa une dissertation sur l'approbation morale (morale approbation), que Ferguson honora de son suffra- ge, et qui valut à Pearson l'ami- tié de ce célèbre professeur. Pear- son se rendit à Londres, il fré- quenta les hôpilaux, et voyagea ensuite en France, en AUemague et en Hollande, pour s'y perfec- tionner dans lii science qu'il cul- tivait. De retour à Londres en 1777, il n'a plus quitté cette ville, il est généralement estimé. Un reproche est cependant adressé à cet honorable praticien : c'est d'avoir imprudemment prétendu, lorsque le parlement anglais déli- béra sur la récompense à accor- der à l'illustre Jenner [voyez ce nom), qu'il méritait mieux cetl«

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récompense que l'atni de l'hiiina- nilé, à qui l'on doit l'inexprima- ble bienfait de la découverte de la vaccine.

PECHELIN (le baron de), gé- néral suédois, en 1730, était entré au service de son pays dès sa jeunesse, (;l s'était distingué par son courage et ses tatens, dans les deux guerres malheureuses que lu Suède eut à soutenir contre les Russes, en Finlande, et les Prus- siens, en Poméranie, Il prit en- suite une part active aux dissen- tions politiques qui agitèrent long- temps sa patrie. Deux partis s'y poursuivaient avec achainement. Jls avaient pris chioiin pour signe de ralliement, un des tuiblêmcs de la liberté, le chapeau de Guil- laume Tell , ou le bonnet de la déesse , et on les distinguait sous les titres bizarres de Cha- peaux et de Bonnets. Le général Pechelin ne *e dévoua ni à l'un ni à l'autre exclusivement. Il ten- ta de former un parti intermé- diaire d'hommes comme lui, fran- chement iudépcndans, et se vil, pendant quelque temps, caressé tour à tour par les deux partis, (|ui chacun voulait s'appuyer du renfort ((ue Pechelin et les siens jtouvaient lui amener, mais tous deux se réunirent enfin contre lui. Pondant une diète orageuse, une faction prit enfin le dessus, et a- busatit, comme toutes les factions, de son triomphe, elle voulut chas- ser du séui) t, et des difl'érenles fonc- tions publiques, les hommes qui ne lui appartenaient point. Le gé- néral indépendant s'opposa avec son énergie habituelle , à cette mesure inique : * Je ne suis nulle- »mentattaché,s'écria-t-il ua jour,

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B aux fonctionnaires que vous vou- » lez chasser, mais j'aime encore » mieux les mouches repues, que les y> mouches affamées : les premières » piquent moins. «A ces mots, un cri géîiéral d'indignation s'éleva contre lui , et un représentant ayant proposé de le chasser lui- même de l'assemblée, on alla sur- le-champ aux voix, et il fut, à une grande majorité, exclu de son ordre. Le roi Gustave 111, par sa révolution militaire de 1772, par- vint à loriasser les deux partis, et la couronne victorieuse eflaça tous les emblèmes de la liberté. Il ne fut bientôt plus question ni de bonnets, ni de chapeaux, mais les membres épars des deux partis se réunirent quelques années plus tard, et formèrent celui des pa- triote*, qui s'opposa avec vigueur au parti des royalistes exagérés. Pechelin avait prédit la révolu- lion que Gustave méditait, et cherchait tous les moyens de l'empêcher d'éclater. Les élats- générauxde Suède, réunis à Stock- holm, depuis un an ordonnèrent, à la première nouvelle des troubles qui se manifestaient dans le midi du royaume , à ce général d'al- ler se mettre à la tête de quel- ques troupes fidèles à la constitu- tion. Le roi, de son côté, envoya un des jeunes olTiciers de sa cour, pour l'arrêter en chemin ; celui- ci l'atteignit en effet, mais ne put exécuter ses ordres. « Il appartient »bien, dit Pechelin en portant la «main sur son épée, à un blanc- «bec de cour comme vous, d'ar- » rêter un général qui a une nn's- xsion des états du royaume! IVe- » tournez sur-le-champ d'où vous êtes venu, ou je vous fais arrêter

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j) vous-même! » et il continua sa roule; mais il trouva la soldates- que déjà gagnée. En 1789, il s'op- posa, avec aussi peu de succès, à la nouvelle révolution que Gus- tave opéra en complément de la première. Ce monarque fit alors arrêter le comte de Fersen, le général llorn, et les principaux membres de l'ordre de la nobles- se, el publia une nouvelle consti- tution, portant le titre iVActe de sûreté, par lequel il s'investissait du reste de pouvoir qu'il n'avait point cru devoir exiger des états- généraux en 1772. Lors de la catastrophe qui termina le rè- gne et la vie de ce prince, le •vieux général Pechelin l'ut encore arrêté comme un des principaux complices d'Anckarstrœm. Le mi- nistère public l'accusait d'avoir eu pleine connaissance de cette tra- me ourdie chez lui, et d'avoir pro- mis aux conjurés de se charger, malgré son grand âge, de prés de 73 ans , du commandement de Stockholm, après la réussite du complot. Ces faits ne purent être prouvés, il ne reconnut aucun des nombreux accusés qui lui furent confrontés, et il ne se présenta point de témoignages graves à sa charge. Le chef de hi police redou- bla d'elTorts pour obtenir n\\ aveu auquel il mettait la plus haute im- portance, el n'y put réussir. La question ordinaire et extraordinai- re, ainsi que toutes les tortures, a- vaient été abolies par une loi for- melle, pendant le règne même de Gustave IJI; maison crut pouvoir suppléer, en <;ette circonstance, .lUX moyens que la législation nouvelle enlevait à la police. On déclara au vieux général qu'il ne

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dormirait plus jusqu'à ce qu'il eût avoué son crime, et nommé tousses complices. Deux hommes se relayèrent d'heure en heure, de jour et de nuit, et lempêchè- rent, en eflet, de se livrer au som- meil. On crut enlin avoir cause gagnée. II demande un jour aa prêtre pour se confesser et rece- voir l'absolution de tous ses pé- chés. Un ministre du saint Evan- gile fut choi,-i par la police, et se rendit aussitôt près du pénitent, qu'il trouva étendu sur un mé- chant grabat, et qui paraissait ex^ ténue de fatigue. Pechelin deman- da la permission de se recueillir pendant quelques inslans , en ayant bien long à dire, et se tour- nant ensuite vers le mur, s'en- dormit d'un profond sommeil , que l'honnête ecclésiastique, ému de pitié, lui permit d'achever en paix. A soi» réveil, il lui serra la main, et lui dit Je n'ai plus be- soin de votre ministère. » Un ca- pitaine dé la garde bourgeoise, tailleur de son métier, était au nombre des gardiens du prison- nier, et lui répétait sans cesse la phrase convenue: « Avouez tout, » général, vous n'avez plus qu'un «pied sur la terre, l'autre est déjà »au fond de la tombe. La posi- » lion est sans doute pénibl«, dit «enfin celui-ci, mais vous pour- »riez l'adoucir, capitaine; four- nnissez un vêlement commode à »)un pauvre vieillard qui a un pied «ici haut, et l'autre là-bas, et n'y » épargnez pas le drap. » Après la mort du roi et le supjiiice de son meurtrier Anckarstrœm, le zèle du chef de la police se ralentit, et ort laissa dormir l'accusé, dont aussi bien on n'espéra plus rien

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llrcr. N'ayant été convaincu d'au- cun délit, il fut cependant trans- porté dans la forteresse de Ward- berg, sur les bords de Ja mer, pour y attendre, était-il dit, le ja- gement de Dieu , les hommes n'ayant pu, quelque envie qu'ils en eussent, le condamner iaute de preuves; mais il n'y l'ut plus martraité. On l'accusa bientôt de pervertir l'esprit des bourgeois de celte petite ville , qui lui don- naient des soins, et de les rendre tous patriotes. Le général Peche- lin mourut à Wardberg , presque octogénaire. Son fds , militaire distingué, occupait un grade su- périeur dans l'armée suédoise.

PECHEUX (le babon Marc- NicoLAs-Lotis ), lieutenant-géné- ral, commandant de la légion- d'hoimeur, et chevalier de Saint- Louis, est le 28 janvier 1769, à Bucilly, près Vervins, départe- ment de l'Aisne. Au moment l'Europe coalisée s'arma contre la France, il prit les armes pour la défense de nos frontière!», et pai- tit comme capitaine, dans un ba- taillon de volontaires de l'Aisne. Promu presque aussitôt au grade de chef de bataillon, il fit, avec distinction , les campagnes d'Ita- lie, pendant lesquelles il obtint le commandement d'une demi -bri- gade. Le corps qui était sous ses ordres, ayant été détruit, il passa au QJ"" régiment d'infanterie de ligue, qu'il commanda dans le Hanovre; il fit ensuite la campa- gne de i8o5, en Autriche, et mon- tra, ;'i la bataille d'Auslerlitz, ce courage tranquille qiii le distin- gue éminemment. Les charges de la cavalerie de la garde ijnpériale russe, ne purent entamer ses car-

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rés, dont le feu fit, au contraire, éprouver ime perte considérable à l'ennemi. Le colonel Pecheux ne déploya ni moins de valeur, ni moins de talens, dans les cam- pagnes de Prusse et de Pologne; il se battit à Schleitz, à léna, char- gea, à la tête de son régiment, à l'affaire de Halle, et culbuta la réserve du prince de Wurtem- berg. Il se distingua ù la prise d'assaut de Lubeck, au combat de Spandau, en 1807, et enfin, à la bataille de Friedland, son régiment fit partie de la réserve. En 1808, il passa en Espagne, et s'empara, le 10 novembre de la même année, conjointement avec le 94""* régiment, du plateau de Spinosa. Décoré, pour re beau fait d'armes, de la croix de com- mandant de la légion-d'honneur, le colonel Pecheux se distingua de nouveau à ïudela et à la prise de Madrid. Le i5 janvier 180g, il se ])attit h "Vclès, le j8 mars à Al- maras, et ie 38 à Médellin, il eut une part importante à la dé- faite des Espagnols. A Talavcra, son corps fut un de ceux qui char- gèrent sur ce fameux mamelon, contre lequel , par une fatalité in- concevable, on ne dirigea que des ell'orts partiels. L'arniée conserva ses positions, mais elle ne put enlever celles de l'ennemi. Le co- lonel Pecheux combattit le 19 no- vembre, et contribua à la brillante victoire d'Ocana, après laquelle l'armée éprouva peu de résistance jusqu'à Cadix. Eu 1810, pendant le siège de celte ville , l'un des plus anciens colonels de l'armée, et l'un de* plus estimés, il fut é- levé au grade de général de bri- gade, auquel l'appelaient, depuis

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long-temps, ses services et ses connaissances militaires. Pourvu alors du commandement de la ville de Xérès, il y resta jusqu'à la fin de 1811, époque à laquelle il fut employé au siège de Tarifa, stn- le détroit de Gibraltar. Quel- que temps après, le général Pe- cheiîx lut chargé du commande- ment important de l'aile gauche des troupes employées au siège de Cadix. A la retraite de l'Andalou- sie, et pendant la poursuite du général anglais "Wellinglon . le maréchal Soult lui confia l'avant- garde de l'armée, avec laquelle il culbuta l'arrière-garde anglaise à Samunos. Au commencement de 181 5, le général Pecheux quitta l'Espagne, fut nommé général de division, et passa on Allemagne, il eut un commandement sous les ordres du maréchal prince d'Eckmiihl i voyci Oavoust). En septembre de la même année, il reçut l'ordre de se porter sur Mag- dcbourg, avec sa division, com- posée de 8000 hommes, afin de déloger les troupes ennemies qui occupaient la rive gauche de l'El- be. Des lettres interceptées appri- rent au général comte de Walmo- den, les intentions du général Pe- cheux. Pour les prévenir, il fit des dispositions si habiles, qu'en dé- robafit aux Français le nombre de ses troupes , il les attaqua avec des forces tellement supérieures, qu'ils furent obligés de battre en retraite , après avoir opposé une résistance que le comte de Wnl- moden lui-même ne put s'empê- cher d'admirer, en la qualifiant d'étonnante dans son rapport of- ficiel, A la fin de 181 3, le général Pecheux fut enfermé dans Magde-

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bourg, il se maintint pendant la campagne de France. Après la première restauration, en i8i4» il fut nommé chevalier de Saint- Louis; pendant \e!i cent jours, en 181 5, il commanda, à l'armée du nord, une division sous les ordres du général Grouchy. Après la ba- taille de Waterloo, il se retira dans le sein de sa famille, il s'occu- pait de l'exploitation de ses pro- priétés , lorsqu'il fut appelé, en 1818, an commandement de la lu"* division militaire, à Nantes. Le général Pecheux conserva peu de temps ce poste difficile, et fut nommé inspecteur d'infanterie. Depuis iS'^o jusqu'en «823, il ne fut pas employé; mais alors le ministre de la guerre, le duc de Bellune, qui plus que personne avait apprécié son mérite, l'appe- la à l'armée d'Espagne, dans le corps d'armée du maréchal Lau- riston. Le général Pecheux con- tribua puissamment à la prise de Pampelune, l'un des faits d'armes les plus importons de cette guerre. A la rentrée de l'armée en Fran- ( e, il s'est de nouveau retiré dans SCS foyers. Le général Pecheux a conservé dans les camps la simpli- cité de mœurs des généraux des premiers temps de la république romaine : il en a la valeur antique et le désintéressement.

I»EI)1\I1NI ( N. ), partisan de la révolution en Italie , fut nommé , en 1796, député au congrès cisal- pin. Il acquit alors de la célé- brité , et peut être considéré com- me l'un des membres qui influè- rent le plus sur les délibérations de l'assemblée. Il paraissait fré- quemment à la tribune , et prenail la parole dans presque toutes Ift.?

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discussions. Le i" janvier 1797, il proposa, pour la république cisalpine, l'adoption de la consti- tution française, sauf de légers \ changemens que la localité sem- blait exiger. Il fit décréter que par l'acte de réunion du congrès , la consulta de Bologne se trouvait dissoute de droit, insista beaucoup p«»ur qu'on s'occupât sans délai de la con>ititu(i()n , demanda l'abull- tion du droit d'aînesse , et le rap- pel des nobles, à qui la crainte des innovations avait (ait abandonner leur patrie. Depuis cette époque, Pedrini ne paraît pas avoir pris part aux aiîaires publiques.

PEEL (siR IIobert) , membre de la chambre des communes d'Angleterre, dans le comté de Lancasler, en 17'îo. Dès sa ving- liènte année, il fit d'heureuses spéculations commerciales, et for- ^na un grand établissement de manufacture de tissus de coton, à Bury, il entra en société a- vec un riche fabricant, M. Yates. Celle manufacture prit bientôt une extension considérable , et devint la source de la fortune du fon'Iateur. En 1787 , sir Robert Peel acheta de vastes do- maines dans le comté oi'i il était , ainsi que dans ceux de Straf- ford et de Warwick. Les diverses manufactures qu'il y a établies occupent plus de i5,ooo ouvriers. Il a été nommé au parlement par le bourg de Tamworth. Au com- mencement de la révolution fran- çaise, et pendant toute la durée des sessions de l'assemblée cons- tituante, sir Robert se montra partisan des réformes salutaires, qui paraissaient promettre une amélioraliun générale à l'ordre

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social, et les dicours qu'il pro- nonça à cette époque à la chambre des communes, firent non moins honneur à ses talens comme ora- teur, qu'à ses sentimens comme citoyen. Mais quand il vit que des homntes pervers uàurpaient le pouvoir et poussaient à tous les excès avec les intentions les plus perfides , il trembla pour sa patrie. A|)puyant dès-lors de toute son influence le ministère anglais, il devint un des plus zé- lés promoteurs des mesures hos- tiles coulre la France. En 1797, sa maison fournit 10,000 livres sterlings dans la souscription ou- verte pour contribuer aux frais de la guerre. Craignant de voir des principes démagogiques prendre faveur dans son pays , et ayant, par sa fortune, plus que personne à redouter des mouveiriens ultra- révolutionnaires, il a faitdepuis de grands sacrifices pour en empê- cher la propagation, et a montré dans plusieurs circonstances son dévouement aux intérêts monar- chiques. En 1801 , .«ir Robert Peel futcréé baronnet. II a ensuite été nommé gouverneur de l'hôpi- tal du Christ, vice-président du Fonds littéraire, et président de la chambre des secours de Manches- ter. Il est de plus un des membres les plus actifs de la société philanlropique, établie pour a- inéliorer le sort des pauvres , et ses libéralités particulières , ainsi que les charités judicieu- sement répandues par lui et par son associé, M. Yates, dont il a épousé la fille, montent annuel- lement à des sommes considéra- bles. Ses deux fils sont membres du parlement, et représentent, l'uQ

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runivei'sité d'Oxford , et l'autre Bos^inty. Sir IVohert Peel est un des orateurs de la chambre des communes dont les discours sont en général accueillis avec le plus de faveur, même partes meuibres qui si< ;i;ènt d'un côte opposé au sien. Siiuèremeni dévoué au gou- veriieuient cousliluliouncl de son pays, on n'a point eu à lui repro- cher de prêter son appui à certai- nes nji sures ministérielles, qui avaient pour objet d'empiéter sur les droits du peuple et I4 li- berté des ciloyeus. Il a souvent parlé en faveur de l'émancipa- tion des cathidiques d'Irlande , et a laissé d'honorables souve- nirs dans celte île, il a pendant quelque temps lait partie de l'ad- ministralion civile. Dans toutes les questions qui ont rapport à l'industrie manufacturière, il a aussi émis des opinions sages et désintéressées, qui ont obtenu l'as- sentiment de la majorité. En 1816, il vint au secours du secrétaire de l'amirauté, M. Croker, qui s'était fait accorder ime augmenta- tion considérable de salaire , et que l'opposition traitait sévère- ment, flï. Brougham avait, à cette occasion, signalé l'avidité toujours croissante et la corruption de quehpies fonctionnaires publics, et présentait ce dernier acte com- me un marché scandaleux. Sir Robert Peel a publié quelques ouvrages, parmi lesquels le litre du premiei- par;iît coiitenir un pa- radoxe assez extraordinaire; cest la Dette nationale productive de la prospérité de ta nation , Lon- dics, 1780, 1 vol. in-8°. On a aus- si de lui Substance des discours de Robert Peel à la chambre des

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communes , sur l'union de l'Ir- lande, Londres, 1799, i volume in-8°.

PEERLRAftlP (Pierre Hoff- man), recteur de Técoh; latine de Harlem, membre de la société de litlérature de Leyde, est auteur de plusieurs ouvrages estimés. On a de lui : Oratio de Xenopontc Epliesio : accedit in eundem ob- sei'vationum criticaruni spécimen ; Fitœ excellentium Batavorum, 1809, un vol. in-8°; Epistolœ aliquot excellentium Batavorum, 1807, in-8''; Carmina quinque pertinentia ad calamitatem Ley- densem , 1807 ; Constantinl Hugenii de vitâ propriâ sernionum inter liberos libri duo; Primum edidit et annotatione illustravit , P. H. Peerlkamp , betgicis versi- bus adumbravit A. Loosjes Har- lemi, 1817, in-8° ; Discours (en hollandais'* sur les deux derjiières parties de la vie de Constantin Huggens.

PEGOT (Guillaume- Alexan- DiîE-ÏHOMAs), maiéchal-de-camp, officier de la légion - d'honneur, chevalier de l'ordre royal et mili- ta ire de Saint-Louis, commandeur de l'ordre royal des Deux-Sicile?, etc., est à Saint-Gaudeas, le 7 maii775.Ilentra comme volontai- re dans la marine, le 2 février 1790, devint cajutaine du 5"" bataillon des Hautes- Pyrénées, le 2 juin 1792, et lieutenant-colonel dans ce cor;)?, le 8 septembre de la même aimée. Il a fait les campa- gnes d'Espagne en 1794» '70>'>et 1796; celles de l'an 7, en Italie, etdc 1806, au campdt^ Boulogne. De là, il passa en Allemagne, et prit part à la conquête de Naples. En 18085 il entra en Espagne,

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il demeura jusqu'en 1810. 11 s'cst signalé dans plusieurs ren- contres, notamment à l'affaire du 5 iVuclidoran 7, et en Allemagne, il se montra digne, par sa bra- voure, des récompenses qu'il ob- tint. Le 20 juin 1806, il passa au service de Naples, reçut la croix de la légion -d'honneur, fut fait colonel du 1" régiment de ligne napolitain, le 16 novembre 1807, et commandeur de Tordre des Deux-Siciles, le 19 mai 1808. 11 devint ensuite direcleur- général des revues de l'armée de terre et de mer, et du recrutement à Na- ples; mais qii.md le roi Joacbim [voyez Mcrat) abandonna la cause de la France, M. Pegot n'hésita pas à lui remettre tous ses em- plois , et à rentrer dans sa patrie, pour combattre l'invasion étran- gère; il command.iit à Bordeaux en 181 5. Après la seconde restau- ration , il fut mis en disponibi- lité, où il est encore aiijourd hui (i8;i4)- ^^ général Pegot est cité avec distinction dans l'ouvrage des Victoires et Conquêtes ( tome 18, page lô.)).

PEGOT ( LE CHEVALIER JeAN-

Gaxidens-Cladde) , n)aréchal-de- camp, commandeur de l'ordre de la légion-d'honneur, chevalier de Saint-Loui-», naquit à Saint-(iaa- dens, département de la Hante- Garonne, le 6 juin 1774' Animé, dès sa pins tendre enlaîice. pour la gloire, il quitta, en i ^Qi, à i8ans, la maison palernellr, le jour une protMafnalion solenneile an- nonça que la pairie était en dan- ger. Pegot fut joindre à Mice,le 5°" b.itaillon de la H iule (iaron- ne : il devint eapiluine d'arlille- rie, et se trouva au siège de ïou-

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Ion. Il passa ensuite à l'armée d'Espagne,commandée touràlom' par Dugomier et Pérignon, qui. Ions deux, lui vouèrent une ami- tié fondée sur l'estime qu'il inspi- rait; il se rendit ensuite en Italie, servit sous Augercau, et contri- bua aux victoires de Millesimo , de Dego et de Lodi, en 1 796. Plus tard, la fortune ayant trahi la cau- se de la France, Pegot, investi dans Coni, fut, après la plus glo- rieuse résistance, contraint à se rendre prisonnier. Il dut sa liber- té au général Pérignon, qui, rete- nu comme lui, trouva les moyens de faire échanger son ami. Le peu d'avancement que présentait alors l'arlillcrie , détermina Pegot à quitter cette arme, pour entrer dans le 7"" régiment de ligne. Il fit partie de l'expédition de Saint- Domingue , commandée par le général Rochambeau. Là, il s'ac- quit une nouvelle réputation , ob- tint un sabre d'honneur, et fut nommé chef de bataillon. A la ca- pitulation de Saint-Domingue, le 3o novembre i8o5, Pegot obtint de Dessalines, de ne pas être com- pris parmi les prisonniers de guer- re. Le général noir, qui avait pu l'apprécier, lui envoya en cadeau, une paire d'éperons d'argent, ac- compagnée d'une lettre honora- ble , dans laquelle étaient ces mots : Il Brave citoyen Pegot", je osais respecter l'honneur et le » courage partout je le rencon- )) tre, et même chez mes ennemis; ))je vous en donne la preuve, en » vous exemptant du nombre des » prisonniers de guerre. » De re- tour en France, Pegot devint ma- jor au 26"° de ligne ; il fit la guer- re de Prusse et d'Allemagne, et

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obtint enfin, avec le grade de co- lonel, le commandement du 24"". Dans la campagne de Russie, en 181 y,, après plusienr? affaires bril- lante:*, il fut fait, sur le champ de bataille, commandantde la légion- d'honneur. Des intrigues s'oppo- sèrent à sa nomination de général de brigade. Il suivit le prince Eu- gène (voyez Beuharnai'; ) en Ita- lie, où de nouveaux faits d'armes forcèrent enfin l'envie à se taire, et il eut le grade qu'il méritait si l)ien. Dans les dernières affaire*», en 1814, et comme il s'opposait au débarquement des troupes commandées par lord Benlinck, il rc eut deux coups de feu , l'un à In poitrine . l'autre au bras gau- che. Le roi le nomma chevalier de Saint-Louis, et le mit en re- traite. Il reprit du service au re- tour de Napoléon, en i8i5, et commanda, à Waterloo, une bri- gade (le la division Diiruttc : re- poussé , mais non vaincu, il ra- mena les troupes jusque à Au- goulême , oi'i le licenciement eut lieu. Il se fixa momentanément dans cette ville; depuis, il rentra à SaintGaudens, il mourut le 1" avril 1819, généralement re- gretté.

PEGOT (N.), frère des précé- dens, entra au service en 181 1, et fit les campagnes de l'armée d'Es- pagne, sous le ujaréchal Suchet. II se distingua aux assauts donnés à Lérida, à Sagonte , à Taragon- ne , et à Torto»e, et fut fait suc- cessivement, et toujours sur le champ de bataille, sous -lieute- nant, lieutenant, capitaine et che- valier de la légion-d'honneur. De- puis 1814 il a été mis à la retraite.

PEGKI ( LE COMTE Louis) , che-

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valier des ordres de la légion- d'honneur, de la Couronne de- Fer et des Deux-Sif iles , est !ié h Mantoue en 17Ô8 ; il entra au ser- vice de la France, le i3 octobre 1796, dans un grade inférieur; mai» il devint, quelques mois a- près, chef de bataillon 11 fit avec distinction les campagnes d'Ita- lie , dans les années 5 et6 ( 1^97 *^^ 1798) , et obtint le grade de colo- nel. La valeur et les talens mili- taires dent il continua à donner des preuves, lui valurent, dans les campagnes suivantes, le grade de général de brigade. Il se sign da également pendant la campagne d'Autriche en j8o5 et dans celle de 1806, contre la Prusse. Il par- ticipa aux brillantes opérations qui eurent lieu dans le Tyrol en 1809 et 1810 , et fut nommé général de division , le 3o décembre ( 1810). Envoyé à cette époque en Espa- gne, il s'y fit principalement re- marquer dans les combats qui eu- rent lieu en Arragon et en Catalo- gne ; souvent en proie h des dou- leurs physiques qui l'empêchaient de monter à cheval, et n'ayant point oublié l'exemple que donna à >Va- gram l'intrépide Masséna , il se fai- sait porter sur une chaise à la tête de sa division; là, on le voyait donner ses ordres avec une pré- sence d'esprit et un sang-froid im- perturbables. C'est ainsi qu'il fit la campagne de i8i3 en Saxe. Après les évéuemens de )8i4' comte de Pegri a quitté le service, et s'est retiré à Mantoue, sa patrie. PEIGNOÏ (Gabriei,). ancien avocat, littérateur et bibliogra- phe, est le i5 mai 1767 i'k Arc, département de la Haute- Marne, et fil de bonnes études. Il exerça

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pendant quelques années la pro- fession d'avocat à Besançon , fit partie, de 1791 à 179?, de la ^ur- dc constitutionnelle de Louis XVI, et se livra ensuite aux letlrcs, et parti* ulièrernent à la science bi- bliographique,dans laquelle il s'est fait un nom distingué. Dans lïn- lervalle de 1794 à »8i5, M. Pei- gnot a été successivement biblio- thécaire du département de la Ilaute-Sjône, principal du collè- ge de Vesnul, et it»specteur de la librairie à I)ijon ; en i8i5, il de- vint proviseur du collège royal de celle ville, entploi dont on le croit encore revêtu aujourd'hui (iSa'i). M. Peignot a publié : Opuscu- les philosophiques et poétiques , 1796, in -16; Manuel bihlio- graphiquCf ou Essai sur les hiblio- thèques anciennes et modernes , et sur la connaissance des livres, 1800, in-8°; Petite hibliothcque choisie (c'est un extrait de l'ou- vrage précédent), 1800, in-S"; /j" Bagatelles poétiques et dramati- ques, 1801, in -8°; ^"Dictionnaire raisonné de hihliologie, 1 8o'i - 1 80/] , 3 vol. in-8" ; Essai de curiosités bibliographiques , 1804, in-S"; Dictionnaire n'itique , littéraire el bibliographique des principaux li- vres condamnés au feu, supprimés ou censurés, 1806, -j vol. in-8° ; Petit dictionnaire des locutions vi- cieuses, 1807, in- 12; 9" Jmuse- mens philvlogi''ues, ou Variétés en tous genres, 1808, in-8"; 10° Bi- bliographie ancienne, 1808, in-8°; II' Répertoire de bibliographies spéciales, curieuses et instructives, I Hof), in -8° ; 1 1' Répertoire biblio- graphique universel, 181a, in-8»; lo" Essai sur l'histoire du parche- min et du vélin , 1812, in -8° ; 1

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Bibliothèque choisie des classiques latins (plan de l'ouvrage), 18 i3, in-8°; i5° Précis chronologique , généalogique et anecdotique de l'histoire de France, 181. 5, in-8"; 16° Précis chronologique du règne de Louis XV III en 1814. 181 5 et i8i6.iii-S°. 1816; \y° Mélanges littéraires, philosophiques et biblio- graphiques, 1 8 1 8, in 8". Le Diction- naire biographique et bibliographi- que portatif, i8i2-i8i5, sur le frontispice duquel sont les initiales L. G. P., a été i)rés€nté au nom de M. Peignot à lachainbre des dépu- tés. On prétend néanmoins qu'il n'a rédigé de c«it ouvrage que la moi lié des articles de la lettre À. PELAGE (Magloire"!, homme de couleur, à la Marliuique, mort dans un temps la bravou- re et l'intelligence des choses do la guerre étaient si cotnmunes, qu'il semblait impossible de se distinguer parmi tant d'hommes de cœur et de tête, dont la Fran- ce était couverte. Pelage parvint à suriîionter les obstacles que sa couleur, les conditions de sa nais- sance, et la valeur de ses concur- rens, lui opposaient : il fut re- niarqué, et se lit un nom qui mé- rite d'être conservé. Au moment les premiers trouble^ de la Martinique éclalèrent , Pelage, quoique très-jeune , embrassa la cause des planteurs : il mérita Tapprobalion de ses chefs par lies taletis précoces, par un sang- l'roid très -rare à son âge sous le ciel enflammé des Antilles. Pen- dant le siège de la ville de Saint- Pierre, en i794i «1 déploya, dans plusieurs engagemens avec le.s Anglais , tant d'inlelligetjce el d'intrépidité, qu'il fut nomflié

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lieutenant sur le champ de batail- le , par le généial Rochainbeau, et qu'à son arrivée eu France, il Alt fait capitaine de grenadiers. L'année suivante, il attira sur lui tous les regards par sa conduite, à-la-fois prudente et audacieuse , à l'attaque de Sainte-Lucie, et par la constance et les ressources qu'il déploya pour retarder la reddition de celte île, lorsque les Anglais vinrent, avec des for- ces supérieures , pour la repren- dre. Echangé en 1798, et nommé chef de brigade en 1799, d.illaàla Guadeloupe, en qualité d'aide-de- cainp de Jeannet, l'un des agens du directoire dans cette île, sous l'administration du capitaine-géné- rale Lacrosse. Les circonstances devinrent difTiciles , et l'on vit se former plus d'un orage menaçant. La prudence du colonel Pelage contribua puissamment à les con- jurer; mais les applaudissemens que cette sage conduite lui mérita firent naître l'inquiétude et la ja- lousie dans l'âme de ses chefs. A la mort du général Belhencourt, le commandement des troupes lui était dévolu ; il en fut privé, et conserva seulement celui de la grande terre, dont il avait été in- vesti par les délégués du gouver- nement français. Le capitaine- général ne cessait de faire l'é- loge de la conduite de Pelage, de lui témoigner une confiance sans limites; cependant l'ordre de l'ar- rêter fut donné. Attiré , par une simple invitation, chez le chef d'état-major, des armes fu- rent dirigées sur sa poitrine : il parvint à les écarter et à se réfu- gier au fort de la Victoire; mais il y trouva les troupes de couleur

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en pleine insurrection. La vil- le de la Pointe- à -Pitre était menacée d'un horrible massacre. Ce péril, plus grand que celui au- quel il venait d'échapper, n'ébran- la pas sa fermeté. L'insurrection avait été causée par l'arrestation de plusieurs officiers de couleur et par les menaces faites à un plus grand nombre d'autres. Pelage ne s'opposa pas de front à la vio- lence de ces premiers mouvemens, mais il sut rendre vaines les me- naces les plus sinistres, en lais- sant un libre cours aux paroles et aux démonstrations. Il prit sous sa protection ce même chef d'état-major chez lequel peu d'heures auparavant, sa vie avait été menacée. Ses efforts pour pré- venir l'effusion du sang et regor- gement des blancs se multipliaient comme le danger qui semblait croître de minute en minute. Pla- cé entre l'alternative ou d'accep- ter le titre de général en chef de l'armée de la Guadeloupe, ou de voir ce titre et les pouvoirs qui y étaient atttachés passer entre les mains du. mulâtre Ignace, officier fougueux, et chef de l'insurrection. Pelage dévoua sa tête. Les trou- pes voulaient marcher à l'instant même contre celles que cou)inan- dait la capitaine-général. Il éj)ui- sa leur fureur en les fatigant jusqu'à la nuit par des marches et des contre-marches; mais les lenteurs, les tergiversations du chef de la colonie et des menaces imprudentes sorties de sa bou- che , portèrent les révoltés aux dernières violences. Pelage re- çut un coup de baïonnette au visage , en protégeant le capitai- ne-général, assailli par les sol-

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\|lats de couleur : il parvint même à lui sauver la vie, mais !e capiiai- né-général fut renvoyé en Fran- ce. L'oblijçation de conserver le pouvoir fut imposée à Pelage par la nécessité de pourvoir au salut de tous. La vie des blancs se trouva uK'iiacée par de* troupes qui venaient de rompre le frein de la discipline, et (|iii, au moment de devenir victimes elles-mêmes de leurs propres fureurs, n'étaient plus retenues que par un reste de respect pour Pelage. 11 s'adjoignit un conseil provisoire, choisi par les habitans de la Pointe-à-Pilre, les plus recomrnandablcs parleurs lumières et leurs vertus. Le pre- mier acte de ce gouvernement provisoire fut un serment de fidé- lité à la France. Ce serment, ré- pète par les troupes, réveilla dans tous les cœurs l'amour de l'ordre, de ladiscijdineet du nom français, et donna le temps à l'expédition, eonuuaudée par le général Riche- panse, d'arriver et. le sauver la colo- nie siU' laquelle la torche incendiai- re et le poignard des insurgés res- taient sns[»endus. Au débarque- ment des troupes de l'expédition les humiliations ne furent point épargnées à Pelage : il les dévora en silence, sans irritation , sans bassesse, conservant toute la di- gnité que donnent la IVuce de l'âme et le calme d'une boime conscien- ce. L'ordre de l'arrêter avait été signé avant le débarquement, mais la contenance de Pelage le fit révoquer; il ne laida pas à ob- tenir du nouveau capitaine-géné- ral (onte la confiance qu'aurait dfi lui accorder celui que le général llichepansi! venait remplacer. Ce général lui donna l'ordre de raï-

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sembler les troupes dont il vou- lait passer la revue. Cet ordre fut exécuté, mais les officiers nouvellement arrivés se portèrent à des actes de violence en rele- vant les postes, et à des menaces trop justifiées. Le lendemain, par l'embarquement d'une partie de^ tr.oupeï, le reste se débanda, prit la fuite, et alla porter le feu de la révolte dans tous les quar- tiers de la basse-terre. Cette ré- volte ne put être étouffée que par la force, et durant la lutte, le sang européen ne coula pas avec moins d'abondance que le sang africain. Pelage rendit de grands services dans celte guerre d'extermination. Il sauva la basse-terre, dont les habitans se défendaient, barricadés dans leurs maisons, contre les insur- gés, qui s'étaient rendus maîtres de la ville, et allaient y mettre le feu. Ils signalaient leur re- traite par le pillage et l'incendie. Pelage les suivit de près, leur enleva la forte position de Bidda- ry, délivra au Dolé 80 femmes et en fans blancs, que le mulâtre Ignace avait réunis dans un lieu il y avait des poudres; déjà le nègre qui devait y mettre le feu, s'avançait la mèche à la main , lorsque Pelage y parut. La Poinle-à-Pitro, dégarnie de tronpeii, fut inopinément mena- cée par un parti d'insurgés. Le général .se voyant dans l'impos- sibililé d'y conduire sur-le-chaiYip des soldats harassés, y envoya Pelage seul. Son activité, la con- fianc»! qu'il inspira, intimidèrent lesassiégeans,etsauvèrent la ville, lisse retranchèrent dans la redmite de Baimbridge, et c'«st que lo?

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restes de l'insurreclion furent é- crasés. Tant de servicts méritaient une récompense. Ils reçurent cel- le dont le pouvoir est le moins a- vare. Pelage et les hommes hono- rables qui s'étaient dévoués au salut de la colonie , en l'absence de toute autorité préservatrice , furent embarqués avec d'autres habitans, transportés en France, et mis en prison. La liberté leur fut rendue quand on vit qu'il é- tait impossible de leur ravir la vie ou l'honneur sans violer trop ou- vertement la justice. Pelage avait droit à de l'avancement. Il dut se trouver heureux d'être employé comme colonel, et fut envoyé en Espagne, il donna de nouvel- les preuves de valeur. Mais il ne survécut que peu de jours aux désastres de Vittoria et de la campagne de i8i5. Il mourut en France, ignoré, et sans se plain- dre ni du sort ni des hommes.

PELARD (N.), membre de la légion -d'honneur, servait eu ijgt) Il l'armée d'Italie, en qua- lité de simple carabinier. Au mois de septembre de la même année , il se fit remarquer par une action d'éclat, dont les détails se trou- vent dans un compte rendu au <lirectoire- exécutif par le géné- ral en chef Bonaparte : « Au pas- •>sage de la Brenta. dit le géné- »ral, le braiVe Pelard traversa «trois pelotons ennemis, arrêta «l'olTicier- général qui les com- » mandait, et tua lui seul treize 0 hommes. »Cet acte d'intrépidité fit obtenir à Pelard de l'avance- luent, et plus lard la réc(»nipense la plus chère aux braves, la croix de la légion-d'honneur. Il se si- gnala depuis en diverses occa-

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sions, et l'armée française 1% comptait, en 1806, au nombre de ses ofTiciers les plus recom- n)andables, lorsqu'il fut tué sur le champ de bataille.

PELÉ (N.) , ancien député et magistrat, adopta avec modéra- tion les principes de la révolu- tion, et, fut nommé, au mois de septembre 1792, député à la con- vention nationale par le départe- ment du Loiret. Dans le procès de Louis XVI, il vota la déten- tion jusqu'à la paix, et le bannis- sement à cette époque. Pelé fut du nombre des conventionnels qui passèrent au conseil des cinq-cents, dont il cessa de faire partie le 20 mai 1798. Appelé aux fondions de juge au tribu- nal criminel de son département, il les remplit d'une main'ère ho- norable jusqu'à l'époque de sa mort, arrrivée en 1808.

PELIiï (Jean- Jacqces-Ger- MA!!s), maréchal-de-camp d'état- major, ancien général des chas- seurs à pied de la vieille garde, conunandant de la légion-d'hon- neur (en i8i3), chevalier de Saint-Louis et du mérite militaire de Bade, est à Toulouse eu 1779. Il partit comme conscrit en 1800; dès son arrivée à l'armée d'I- talie, il fut ad mis en qualité de sous- lieu tenant dans le corps des ingé- nieurs-géographes. Ses services de guerre et de paix, ses blessu- sures, lui valurent un avancement assez rapide, qui ne fut jamais ai- dé par aucune intrigue, et qui s'est arrêté en i8i4 : alors s'ou- vrait devant lui la grande carrière des armes , pour laquelle il était né, et qui a été l'unique passiort de sa vie. Bien jeune encore, il

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mérita par ses travaux d'être ad- mis, dans les circonstances cri- tiques, au conseil des généraux. Il fut choisi par le maréchal .lour- dan pour l'accompagner dans ses reconnaissances des montagnes du Tyrol, «-t, en !8o5, par le ma- réchal iVlasséna pour être son aide- de-camp. Il rtsla 6 ans attaché à cet illustre guerrier, qui l'honora de son aim"tié, de son intime con- fiante, et qui le nommait son fils d'armes. Il commanda en Russie le 48"* régiment, l'un des plus beaux de l'armée. Général de bri- gade en avril i8i5, il fut bientôt désigné pour entrer dans la garde, par l'empereur, qui l'avait distin- gué, en I 809, dans les expéditions et les reconnaissances de l'île de Lobau, et surtout, en 1811, dans deux audiences fort orageuses, le chef de bataillon Pelet lui rendit compte du résultat de l'ex- pédition de Portugal. Ce fut à la lin de la seconde audience, que l'empenMir le congédia en lui di- .•♦ant. Adieu., colonel. Napoléon le chargea, en 181 1, 18 13 et 181 4< de divers travaux particuliers. La laveur dont jouissait le général Pelet fut purement militaire, car il ne reçut ni titres ni dotations; uiais, non moins reconnaissant de tant de marques de confiat)Ce, il s'en montra digne jusqu'au der- nier moment. Ce général a fait depuis 1800, avec la plus grande activité, toutes les campagnes des grandes armées; il a été blessé aux batailles de Caldiero, d'Ebers- berg, Krasnoë, de Léipsick. Par- mi de nombreux faits d'armes, les Victoires et Conquêtes et les Fas- tes (te la gloire, citent sa (îouduite au paasage de l'Adigc, en 180 5,

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et au siège de Gaëte, il rendit, comme dans toute sa carrière, des services bien au-dessns de son gradt;; en 1809, l'enlèvement des habitans de Koking, les Autrichiens allaient appuyer leur aile droite dans la b.itaille d'Eck- miJhl ; l'expédition de l'île du Moulin (2 juillet 1809), ainsi que des autre,- îles autour de celle de Lobau; en 18 lo et iHi 1, plusieurs actions en Espagne et en Portu- gal; en 1812, l'attaque du fau- bourg de Uacseuska à Smolensk; l'arrière-garde de l'armée de Rus- sie, sauvée par sa vigueur et par se« conseils; le 18 novembre, à Krasnoë , dans cette affaire, que le général anglais VVilson a noin- mée la bataille des héros, et le colonel Pelet fut blessé de trois biscaïens ; en i8i5 et 1814 » les batailles de Dresde, Léipsick, iVlontmirail, Craonne. Laon , Arcis, etc., avec la garde; enfin, la défense de Planchenoit , à la bataille île iVIont-Safnt-Jean , et la conservation de l'aigle des chasseurs au milieu des plus vio- lentes attaques des corps prus- siens. Ces ouvrages citent aussi les paroles remarquables de Na- poléon, en i8o5, au sujet de mé- moires historiques sur les batailles d'Italie, dont avait été chargé le jeune ingénieur, et les marques touchantes d'attachement qu'à toutes les époques, «!t surtout au licenciement, la vieille garde don- na au général Pelet. Il connnan- dait alors la division des chasseurs à pied; et après la mort du géné- ral Michel, tué à Waterloo, il a- vail «'té nnnuïié colonel en second de l'arme. Le général Pelet ne «'est pas moins distingué par iui

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écrits militaires que par ses ac- tions. Au dépôt de la guerre sont réunis beaucoup de mémoires, faits parlai comme ingénieur-géo- graphe, ou dans le cours des cam- pagnes, lia concouru, à diverses époques, aux travaux historiques qui s'y préparaient. Ce général a écrit des journaux fort détaillés de chaque guerre, et une grande quantité de mémoires sur les hautes parties de l'art militaire. En iSi-i» dans les grandes ma- nœuvres de la garde à Naney, il avait commencé à faire exécuter nu système de tactique abrégée et perfectionnée pour l'infanterie, sur lequel il a préparé un ouvra- ge. En 1818, ayant été nommé mendjre et secrétaire de la com- mission de défense du royaume, le général Pelet a fourni près des deux cinquièmes de la collection des travaux de la commision, et a fait de pins un système particu- lier 2)0ur une défense nationale, qui est resté dans ses mains. La France y trouverait des ressour- ces précieuses pour des temps de malheur. Il s'occupe, depuis son entrée ;v» service, de l'his- toire de nos guerres. Napoléon ayant applaudi dès iSojaux pre- miers travaux du général Pelet, ce général n'a pas cessé de les poursuivre. Alaflndechaque cam- pagne il préparait les matériaux et la rédaction de son histoire. Déjà plusieurs ouvrages ont donné des extraits de ce travail. Parmi ces ouvrages, on remarqué ceux du Pff'cis (tes c'v4n.anens militaires , pour i8o5, et du Mémorial de Sainle-lïéUne, pour Eckmiihl e>t 'NVagram. Nous avons pu noi;s j\S5ur€r nous-mêmes q,ue> dans les

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matériaux réunis par le général Pelet sur les campagnes d'Italie, il y avait une conformité parfaite avec ce que Napoléon a dicté à Sainte-Hélène. Nous devons a- jouter que le récit de la campagne d'Italie, dans la notice de Bona- parte, a été extrait des mémoires que le général Pelet communiqua à l'auteur, et a, depuis long- temps, justiTié ce que nous ve- nons de dire. On attendait avec in)patience la publication de ces mémoires. Le général Pelet vient de la commencer par la campagne de 1809, en 4 volumes, avec des pièces du plus grand intérêt; deux volumes ont déjà paru. 11 se }>ro- pose de donner, sur le même plan, Ifiutes les campagnes de nos grandes années :1e général écrit ce qu'il a vu, et, en partie, ce qu'il a fait. Il veut venger l'arm/e et Napoléon des calomnies dont ils ont été l'objet. Il porte dans son travail la loyauté et la fermeté qu'il a montrées pendant toute sa vie. Son épigraphe. Honneur et pa- trie, est la mesure et la garantie de ses sentimens. L'histoire de nos guerres, publiée par un homme qui les a toutes écrites sur les champs de bataille, porte avec elle un intérêt, qu'aucun autre é- crivain .ne peut atteindre. C'est la gloire prise sur le fait par celui qui l'a partagée. Les faits d'armes ont besoin d'être dessinés d'après nature, sans cela leur vérité é- chappe et Ja physionomie d'une campagne disparaît. Le général Pelet a su habilement conserver tout leur caractère aux opérations de la guerre de 1809, *-' <^" ^^^^ son ouvrage ne sera pas moins re- chorch»; pa^il^ tacticiens, que par

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ceux qui cherchent encore un au- tre inlérêl dans les récits militai- res. On lit à la fin d'uue police qui se trouve dans le Dictionnaire des Généraux : « Il fut bon soldat, «bon citoyen, bon fds, bon ami, ') honnête homme par-dessus tout. 1)11 obtint l'amour de ses soldats, «le respect des peuples vaincus, ola confiance- et l'estime des uns »et des a. I très. »

PKLET-BEAtPREY (P. F. N. ) , député à la convention nationale, où, au mois de sep- tembre 1792, le nomma le dé- partement de l'Orne, vota avec la njajorité dans le procès du roi. Il ne prit depuis cette époque que trés-pen de part aux discussions violentes qui agitèrent si souvent l'assemblée. En septembre i^gS, il .passa de la convention au con- seil des cinq-cents, par suite de Il réélection des deux tiers, et cessa de faire partie de ce conseil, en mai 1798. M. Feict-Beauprey n'a point été appelé depuis à rem- plir des fonctions publiques.

l'ELEÏ-DE-GRAVIÈRE (LoDisj, surnommé k'iacely, l'un «les chefs royalistes du midi. Dès le commencement de la révoiu- lion. il s'rn montra le violent en- nemi, et sellorya d'en arrêter les progrès dans le pays qu'il habi- tait. En septembre 17949 'es ad- nn'nistrateurs du district de Ca- nourges le signalèrent à la con- vt.'iuion nationale coimne entrete- nant une correspondance active avec Dominique Allier, autre chef royaliste, qui, dans ce moment, «lierchail à soulever les départe- iiifus de l'Ardèche et de la Lozère. INIet dc-Gravière l'ut tué peu de temps après, en combattant avec

I. XVI.

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ce même Dominique Allier dont il était l'ami dej»uis lon{i;-'einps. PELET - DE - LA- LOZERE (Jean, comte), commandant de la' légion-d'houneur.né à Saint-Jean- du-Gard, avait été rtçu très-jeu- ne avocat au parlement de Pro- vence , et était cité connue un des membres les plus distingués du barreau d'Aix, à l'époque de la révolution. Il en adopta les prin- cipes en honnne de bien, et fidèle jusqu'à la fin de sou honorable carrière aux mêmes opinions, il se montra le sincère ami de la liberté, le défenseur de toutes les mesures de justice, et l'adversaire prononcé de tous les excès. Ses concitoyens le nommèrent en 1791 président du directoire du département de la Lozère, et le députèrent, au mois de septembre de l'année suivante, à la conven- tion nationale. Il y porta le mê- me esprit de sage-^se et de njo- dération qui l'avait déjà distin- gué. Eloigné de Paris pendant le procès du roi, il ne put y pren- dre part. Son vote n'eût point été douteux, et peut-être sa voix, son exemple et son influence, au- raient-ils pu contribuer à sauver le monarque. Pelet-de-la-Lozère, à son retour, parut plusieurs fois à la tribune de la convention natio- nale. Il s'opposa avec énergie à la proposition d'un membre de continuer a{)rès le 9 thermidor les mêmes pou voir? aux membres restans de l'ancien comité de sa- lut-public, et lediscoiir» improvi- sé qu'il prononça à celte occasion, le 29 fructidoi- an 3 (i5 septem- bre 1794)^ fit ime vive sensation sur rassemblée. Il obtint depuis la liberté du contre- amiral Lacros.

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se, et de l'écrivain De La Croix, tous deux injustement incarcérés. Nommé président de la conven- tion nationale, le 4 germinal de l'année suivante f24 mars 1795), il déploya le plus grand cou- rage dans ce poste , pendant l'in- surrection populaire qui éclata le i'2 du mois suivant. Il de- manda aussi la réforme' totale de la constitution de 179^, et pro- posa la prompte convocation des assemblées primaires. Chargé d'u- ne mission en Catalogne , pour apaiser quelques mou vemens dans l'armée française , et pour en- tamer une négociation avec l'Es- pagne, il réussit dans cette don - hie entreprise , et le nouveau comité de salut-public lui don- na alors l'ordre de se rendre à Lyon, la présence d'un homme conciliant et modéré paraissait nécessaire. Mais le parli exagéré de la convention, qui venait de reprendre plus d'influence, par- vint à faire révoquer le décret qui l'y envoyait; après la journée du i5 vendémiaire an 4 (5 octo- bre 1793), Pelel-de-la-Lozère fut dénoncé ainsi que Boissy-d'Anglas, Lanjuinais et quelques autres dé- putés,comme étant un des chefs de l'insurrection sectionnaire. Le co- mité secret de la convention, réu- ni dès le i4» paraissait mal dis})08é pour lui, et son arrestation allait être décrétée, quand il parvint enfin à se justifier. Après la ses- sion conventionnelle, Pelet-de- la - Lozère obtint une distinc- tion bien flatteuse : il fut élu à la fois par soixante et onze départe- mens pour la nouvelle représenta- tion nationale; il fit alors p ntie du conseil des cinq-cents, sa

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conduite ne fut pas moins hono- rable qu'aux époques précéden- tes. Il y parla en faveur de M. Bergasse, que ses opinions et ses écrits avaient compromis, et que le 9 thermidor avait sauvé de l'échafaud, mais qui languissait encore en prison, et il obtint sa mise en liberté. En février 1796, il fit la motion d'inviter le directoi- re à s'occuper des moyens de ren- dre enfin la paix à l'Europe, pro- position qui excita de vifs débats dans l'assemblée. Il obtint qu'on passât à l'ordre du jour siu' une demande du directoire, qui vou- lait ajouter encore à l'extension des pouvoirs et de la juridiction des tribunaux militaires. Nommé à la présidence du conseil des cinq-cents le i" messidor an 4 (19 juin 1796), il fit adopter et convertir en décrets deux propo- sitions qu'il avait faites, la pre- mière pour accorder par l'état des secours à tous les enfaus d'é- migrés et de condamnés, la se- conde pour faire payer sans délai tous les pensionnaires derétat,tant civils que militaires et ecclésiasti- ques. Pelet-de-la-Lozère se pronon- ça dans toutes les occasions avec la plus grande énergie en faveur d»i maintien des lois sur la liberté de la presse. Quelques orateurs avaient comparé les journalistes de cette époque à des prostituées; il releva l'inconvenance de cette expression, et cita les noms ho- norables de plusieins écrivains, inaccessibles à toute corruption, et qui ne s'étaient prostitués à au- cun pouvoir, tandis que des dépu- tés, qu'il croyait n'avoir pas be- soin de nommer, se livraient suc- cessivement, et pour le plus vil

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intérêt, à toute autorité dominan- te qui daignait les payer. A la sortie du conseil, Pelet-de-la- Lozère se retira dans ses foyers. Nommé en 1800 préfet de Vau- cluse, il parvint, à force de sa- gesse et par des voies conciliatrices, bien mieux que par des mesures de rigueur, à pacifier entièrement ce département, déchiré jusqu'a- lors par des factions acharnées. En 1802, lepremierconsul l'appelaau conseil-d'étal, et lui donna la di- rection du 3' arrondissement de la police générale, qui comprenait tout le midi de la France. Il fut en outre chargé de plusieurs mis- sions particulières î Bayonne en i8i3, et à Montpellier en 1814. A la fin de juin, en i8i5, il rem- plit pendant quelque temps les fonctions de ministre de la po- lice générale. Après le second re- tour du roi, Pelet- de- la-Lozère rentra dans la vie privée, entouré de l'estime et de l'affection de ses concitoyens, que d'éminens servi- ces rendus à sa patrie et une con- duite constamment irréprochable, lui avair-nt si légitimement ac- quises.— Son fils aîné, le baron Pe- let, né en 1^85, fut nommé au- diteur au conseil-d'état en 1806, et quelque temps après, adminis- trateur-général des forêts de la couronne, place qu'il occupa jus- qu'en 1814, époque de la suppres- sion de cette administration su- périeure. Il a depuis été nom- mé par le roi à la préfecture de Loir-et-Cher, résidence de Blois. Mais n'ayant pu sans doute entiè- rement satisfaire en ces derniers Icrnps aux nouvelles exigences ministérielles, il a été éloigné eu 189,3 d'une place, il avait dé-

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recueilli de nombreux témoi- gnages de la reconnaissance et de l'attachement de ses adminis- trés.

PÉLISSIER (N.), exerçait avec distinction la profession de méde- cin lorsqu'il fut nommé, par le tiers- état de lasénéchaussée d'Arles, dé- puté aux états-généraux, en t 789. Le déparlement des Bouches-du- Rhône le nomma, au mois de sep- tembre 1792, membre de la con- vention nationale. Dans le procès du roi, M. Pélissier vota la mort sans motiver son opinon; vers la fin de la même année ( 1793), il fut nommé secrétaire. En octobre 1795, il dénonça Chambon et Cadroy, au retour de leur mission dans le Midi, pour n'avoir pas, en montrant plus de fermeté, répri- mé les assassinats, qui se com- mettaientpresque sous leurs yeux. Après la session conventionnelle, M. Pélissier fut employé quelque temps en qualité de cominissaire du directoire-exécutif, puis nom- mé administrateur du départe- ment des Bouches-du-Rhône. Élu au conseil des anciens en 1798, il en sortit par suite de la révolution du i8 brumaire an 8. Il reprit alors sa profession de médecin, et l'exerça jusqu'en i8i6, que la loi du 12 janvier de cette an- née, rendue contre les conven- tionnels dits votans, l'obligea de sortir de France; il s'est retiré en Suisse.

PÉLISSIER (le comte Heniii- Félix de), nommé, le 4 juin 1814, maréclial-de-camp, et che- valier de Saint-Louis le 27 dé- cembre suivant, commandait A Nîmes, lorsque Napoléon débar- qua i\ Cannes , au mois de mars

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181 5. Il fit d'inutiles efforts pour empêcher ses troupes de se réunir i\ celles de Napoléon. Il fut même mis (Ml arrestation, ainsi que son ai- de-de-camp, et conduit à Montpel- lier, où il paraît qu'il demeura jus- qu'au second retour du roi. On voit dans une biographie que le com- te Pélissier obtint à cette époque le grade de lieutenant-général; ce- pendant plusieurs années après, il figure encore sur la liste des ma- réchaux-de-camp. En 1823 et 1823, il ne se retrouve ni sur la liste des maréchaux de-camp , ni sur celle des lieutenans-généraux. Ce qui est plus certain, c'est que, nommé membre de l.i chambre des députés en i8i5,il partagea les opinions de la majorité de cette chambre , dissoute par l'ordon- nance royale du 5 septembre

1816. Le comte Pélissier n'a point été réélu pour les sessions suivantes.

PELLËGRINI (JosEPH-LoiJs), naquit à Véronne en 1718. Entré de bonne heure dans l'institut de Loyola , il s'adonna à la prédica- tion, et pa-sa pour l'un des plus éloquens orateurs de son temps. Marie-Thérèse, qui lui fit témoi- gner le désir de l'entendre, l'attira à Vienne , il prêcha plusieurs ibis devant la cour impériale. Pel- legrini était aussi poète, et ses compositions sont remarquables

f»ar la fraîcheur du coloris , la dé- icatcsse du sentiment, et la jus- tesse de l'expression. Il déplora à 80 ans la mort d'une amie dans des vers remplis de tendresse et de sensibilité. Ils sont dans le genre des poésies de Pétrarque , sans pouvoir dire qu'ils soient Pelrarcheschi, l'auteur ayant eu

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l'adresse d'éviter l'imitation ser- vite d'un si grand modèle : on sent que sa douleur est vraie, parce que l'expression en est spontanée. Pellegrini mourut à Véronne , le i3 avril 1799. Ses ouvrages im- primés sont : Poésie latine ed ilaUane , Bassano , 1 79 1 , in - : ce volume contient un poëme sur une éruption du Vésuve; sur le pont de Veja; sur les cieux ; sur le tombeau de Dimice, anagramme de Medici ; -i^al PopoloVeronese, orazione, Vérone, ib^oo , in-8" : on y a joint l'éloge de l'auteur par le comte Giuliari; 5" Versi in morte d'Ainaritte, in -8", 1800: Amaritte est l'anagramme de Marietla : ce nom, et l'autre caché dans la pre- mière anagramme, composent ce- lui de son amie, qui était Mariette Medici ; Debora, Giepte, Giona , lezioni sacre, Venise, 1804, 2 vol. 111-8"; Tobia, ragionavienti , ibid. , 1818, 2 vol. in-8" ; fre- dic.be, ibid. , 1818, 5 vol. in-8'; r;" Panegirici, ibid., i820,in-8°. PELLEMEliTE ( N.),. oITicier français, naquit à Saint- Venant, département du Pas-de-Calais, et s'enrôla comme simple soldat. Il montra, dès les premières campa- gnes de la révolution , la plus grande inlrépidité sur le champ de bataille, et donna plus d'im exemple du plus parfait palriolis- me. Quatorze blessures qu'il avait reçues, le 22 noveird)re 1790, à l'atfciirede Monnaie, le retenaient à l'hôpital, il était loin d'être guéri, lorsque le bruit du canon vint retentir A son oreille. Ne pouvant obtenir la permi-sion de sortir, il s'élança d'une croisée haute de i5 pieds, pour courir à Tatupleuve, se livrait U- corn-

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bat qui était des plus vifs. Arrivé sur le champ de bataille, Pelle- ineule se jeta dans la mêlée, et {'ut assez heureux pour déj;ager le général Noël, qu'entourait un pe- loton d'ennemis, et l'euipêcher d'être pris. Mais il n'obtint cet avantage, qu'en ajoutant 8 bles- sures nouvelles aux i4 qu'il avait déjà. Il l'ut nomuié lieutenant, par décret de la convention na~ tionale; mais la perte de ses for- ces et l'affaiblissement de sa vue, causés par ses blessures, lui ôlè- rent tout espoir d'avanceuumt en ne lui permettant plus de se livrer aux fatigues de la guer- re. En 1798, il fut nommé adju- dant de place à Hesdin, et mou- rut quelque temj)s après.

PEL LE PORT (le vicomte Pierre), lieutenant-général, com- mandeur de la légion-d'boimeur, chevalier de Saint-Louis , de la couronne de fer, et de l'ordre de Saint-Ferdinand de 4°" classe, est à Montréjeau, déparlement de la Haute-Garonne, le 26 octobre 1773. Il entra au service, comme soldat, dans un des bataillons de la levée en masse de son départe- ment, et fit dans ce corps les cam- pagnes des Pyrénées-Orientales, il fut promu au grade de sous- lieutenant. Il passa , par suite d'embrigadement, dans le 18"" ré- giment de ligne, il a obtenu son avancement jusqu'au grade de gé- néral de brigade. M. Pellepori a fait la campagne d'Italie, en l'an 4 et en l'an 5, et s'est trouvé aux batailles de Rivoli, il fut bles- sé, de Casliglioue, d'Arcole, etc.; il fut nommé lieutenant, par le choix de .ses camarades, et, bien- tôt après, adjudant-major, par le

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conseil d'administration de son corps. La paix ayant été faite en Italie, le 18°" régiment entra eu Suisse, et, quelque temps après, il fut désigné pour l'expédition d'Egypte. Il lit toutes les campa- gnes d'Orient; combattit à Alexan- drie, aux Pyramides, à Saint-Jean d'Acre, il fut de nouveau bles- sé; à Héliopolis, à Aboukir, etc., et reçut le grade de capitaine. Ren- tré eu France, il fut admis dans la légion-d'honneur à l'institution de cet ordre. A la reprise des hos- tilités, le 1 8""" régiment fit les cam- pagnes d'Autriche, de Prusse et de Pologne; cetoHicier était à la ba- taille d'Austerlilz, après laquelle il fut nonnné chef de bataillon; à léna ; enfin, à Eylau, il re- çut plusieurs blessures; il lui fut donné une dotation après la pai>x de Tilsitt. Dans la campagne de 1809, en Autriche, il fui nommé colonel du 18"" régiment, après la bataille d'EssIiug; officier de la légion-d'honneur, et baron, avec une nouvelle dotation, apiès les batailles de Wagram et de Znaïm. Dans la cauqiagne de 1812, en Russie, le 18°" régiment faisait partie du S*"" corps, aux ordres du maréchal Ney; il combattit à Valontina, à la Moskowa, à Vias- raa, à Krasnoy, etc. Il fut nom- mé commandant de la légion- d'honneur après la première af- faire, et général de brigade après la campagne. Dans celle de Saxe, en 18 15, il eut le commande- ment de la première brigade de la divisioti du général Compans; il se trouva aux batailles de Lnl- zeii, de Bautzeuel de Léipsick; il fut blessé à cette dernière affaire, et oommé chevalier de la couron-

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ne de fer. Dans la campagne de 1814, en France, il combattit à Brienne, à Meaux , il fut bles- sé, à la Ferre-Champenoise, à Belleville; il fut encore très-dan- gereusement blessé à cette der- nière affaire. A la première res- tauration, en i8i4j le général Pelleport fut nommé chevalier de Saint-Louis; il prit le comman- dement d'une brigade de la gar- nison de Paris, fut employé en- suite dans le département du Can- tal, et dans les iuj-pections d'in- fanterie , depuis 1817 jusqu'en 1823 : fonctions dans lesquelles cet officier-général s'est acquis la réputation de porter, dans l'exa- men des diverses parties du ser- vice, cette connaissance appro- fondie des hommes et des choses du métier, qu'une longue étude pratique fait seule acquérir. Le général Pelleport reçut, vers cet- te époque, le titre de vicomte, et le conimandi'ment de la 3°" bri- gade de la 6"" division , armée d'observation du Midi; il entra en Espagne avec les 24"" et 39" régi- ment de ligne: il commandait la 6°" division à l'affaire de Campillo de Arenas, après laquelle il fut nommé lieutenant-général.

PELLERIN DE LA BUXIÈRE (N.), était propriétaire à Orléans, lorsqu'il fut élu, par le tiers-état du bailliage de cette ville, député aux états-généraux, en 1789; il y prononça un discours sur la dé- claration des droits de l'homme, en proposant d ajouter à cette dé- claration celle des devoirs. II se constitua le défenseur des pro- priétés du clergé, en les établis- sant sur les fondations; et malgré son zèle dans cette circonstance ,

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il réclama, en 1791, contre l'in- sertion de son nom sur la liste des membres du club monarchique. M. Pellerin de la Buxière n'a point été appelé à faire partie d'aucune autre assemblée législative.

PELLETAIS ( Philippe-Jean ) , chirurgien en chef honoraire de l'Hôlel-Dieu, membre honoraire de l'académie royale de médeci- ne, membre de l'institut et de la légion - d'honneur , est regardé comme l'un des plus habiles pra- ticiens de l'Europe. Il a succédé au célèbre Desault {voyez ce nom), dans la place de chirurgien en chef de l'Hôtel - Dieu de Paris, dont il est aujourd'hui honoraire (1824). M. Pelletan a publié, ou- tre des observations importantes pour enlever les corps étrangers de la trachée-artère, les ouvrages suivans : i" Clinique chirurgicale, ou Mémoires et observations de chirurgie clinique, 3 vol. in-8*, 1810; Observations sur un os- teo-sarcome de l' humérus , simu- lant un andvrisme, in-8", 18 1 5.

PELLETAN (N.), médecin par quartier du roi, chevalier de la lé- gion-d'honneur, fils du précédent, a ajouté par ses talens à la consi- dération attachée au nom qu'il porte. Il a reçu, en 1817, de l'em- pereur d'Autriche, une bague en hrillans pour les soins qu'il avait donnés aux soldats autrichiens lors du séjour des troupes étrangères en France. M. Pelletan, l'un des auteurs du Dictionnaire des scien- ces médicales, a publié, en 1817, in-S", un Mémoire sur l'éclairage par le gaz tiré du charbon de terre, pour servir de complément à l'ou- vrage de M. Accum, sur le même sujet; il a fait paraître par sou«-

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criplion un Dictionnaire de chimie générale et médicale, dont le roi a pris un certain nombre d'exem- plaires pour ses bibliothèques par- ticulières, Paris, 182452 vol. in-8°.

PELLETIER (N.), habitait la Tille de Bourges à l'époque de la révolution. Le zèle avec lequel il en embrassa la cause, le fit bientôt nommer à des fonctions munici- pales et administratives. Au mois de septembre 1792, le départe- ment du Cher l'élut à la conven- tion nationale. Dans le procès du roi il se prononça pour l'applica- tion de la peine imposée par les votes de la majorité; ce fut la seu- le fois qu'il prit part , du moins d'une manière ostensible, aux dé- libérations de l'assemblée. Après le () thermidor, il fut envoyé en mission, et n'ayant pas été réélu aux conseils après la session, il exerça pendant quelque temps les fonctions de commissaire du di- recloire-exécutifdans son départe- ment. Atteint, comme votant, par la loi du 13 janvier 1816, M. Pelletier a quitté la France et s'est retiré en Suisse.

PELLICCIA ( Alexis ), savant archéologue , et membre du der- nier parlement de Naples, naquit dans cette capitale en i744- Élève distingué de l'abbé Genovesi , il dirigea ses études vers la carrière ecclésiastique, qu'il s'était décidé d'embrasser. Appelé , en 1781 , i\ occuper la chaire d'antiquités chré- tieimesdansl'universitéde Naples, ses nouveaux devoirs lui firent é- tendre le cercle de ses recherches. Il examina en observateur éclairé les archives et le» monumens, en recueillant des renseignemens pré- cieux pour un cours d'antiquités

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qu'il se proposa de rédiger à l'u- sage de ses élèves. Sous l'admi- nistration du roi Joachim {voy. Murât) , il fut nommé professeur de diplomatique à l'université , président du jury d'examen, et vi- caire-général de l'église de Naples. Ses concitoyens lui donnèrent une preuve encore plus éclatante de leur estime, en le proclamant membre du nouveau parlement pendant le règne momentané de la constitution napolitaine. Pclliccia ne survécut pas long-temps aux nouveaux événemens politiques; il mourut le 28 décembre 1822. Ses ouvrages sont : x'dePublicâ et pri- vât â prece pi'o principibas, Naples, 1789, in -8° : cet ouvrage parut d'abord en italien, en 1760, fut traduit en latin par l'auteur lui- même, à qui l'impératrice Marie- Thérèse l'avait fait demander pour le faiie adopter dans ses états ; on en fit aussi une traduction alle- mande. 3" Corso di antichità eccle- siastiche , ibid.,4 vol. in-8°: c'est un cours complet de discipline ecclésiastique pendant le moyen âge ; il y explique avec beaucoup de jugement et d'érudition l'ori- gine et l'usage des catacombes de Naples , dont il donne plusieurs plans et rapporte diverses inscrip- tions; 3° Cronache e diarj del regno di Napoli : la plupart de ces pièces étaient inédites; l'auteur les a en- richies de notes et de dissertations, ibid. , 5 vol. in-4"; elles font suite ù la collection des historiens de Naples, imprimée par Gravier; 4" Dissertazione sul ramo degli Appennini , che ter mina dirim petto ail' isola di Capri, ibid., in-8" ; 5" Dissertazione sopra Cantica città di Equa, ibid. , in-8'; 6" Disserta'

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zione sutvero signlficato délia SHEOt del teste ehrnico, ihid. , in - 8" ; y" delCtilto délia clùesn greca verso la Verqive, ibi'l, . 1820, in - 8°; IsUtuzlnni drlla scievza diploma- ticn , dont il n'a parn que le 1" vo- lume en i8i5. Le marquis de iMaf- fei s'était engafré de composer un cours de diplomatique, qu'il ne publia jamais; l'ouvrap^e de Pel- liccia aurait fait moins rep-retter celte perte, s'il eût élé achevé. 9' la Topografia di Napoll e sob- borgln dal fecolo sesto al qnindl- cesimo ; 10" Origine e vicevde délie proprietà, délia chiesa de Longo- bardi. Ces deux derniers ouvrages ne sont point imprimés.

PELLICIER (dos Jean-Antoi- ne), savant espagnol, bililiothé- caire de Charles III, et membre de l'académie royale des sciences, naquit à Valence en 1 758. Il fit de brillantes études à l'université de Salamanque, et se fit connaître comme un des houimes les plus instruits, parliculièremont dans l'histoire et les antiquités. Char- les III l'appela à Madrid, et lui témoigna constamment la plus grande bienveillance. Pellicier mourut dans cette ville en 1806. Parmi les ouvrages eu assez grand nombre qu'il a laissés, on remar- que les suivans : 1" Essai d'une bibliothèque de traducteurs espa- gnols, >Iadrid, 1778, iu-4'', avec une Notice sur les f^ies des plus célèbres poètes espagnols, et des Observations sur l'histoire littérai- re de 'l'hsj'agne, ouvrage très-ins- trui'lif; '2 Histoire de la biblio- thèque royale, avec une Notice sur les bibliothécaires et autres écri- vains : cet ouvrage, que l'auteur termina en i8oo, ne put être mis

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sou» presse qu'en 1808. Pellicier a donné une édition magnifique de Don Quichotte, et est le pre- mier, dit on, qui ait fait connaître la véritable patrie de Cervantes : il serait à Alcala-de-Hfcnarès, à 4 lieues de Madrid.

PELOUX(N.), député suppléant du lit-rs-état de la sénéchaussée de Marseille aux états-généraux , ei> 1789, ne prit séance à l'assemblée nationale qu'après la dén»ission de M. lloussier. M. Peloux.quine fut point réélu aux assemblées suivaiitos, se trouvant i\ Marseille peu après le 3i mai I7Ç)3, em- brassa avec chaleur la défense des députés de la Gironde, proscrits à la suite de cette journée. Le 12 juin suivant, il signa, en qualité de président du Cf»n)ilé général des sections de Marseille, une proclamation adressée à tons les citoyens français , proclamatioi> dans laquelle le comité annonçait qu'il ne reconnaissait plus la con- vention nationale. Cette adresse, rédigée avec beaucoup d'énergie, produisit une grande sensation; mais ses résultats ne furent pas favorables à ceux qu'on voulait sauver. M. Peloux parvint à se soustraire à l'ordre qui fut donné de l'arrêter. Il mourut l'année suivante.

PELÏIER (Jean), écrivain politique et journaliste français à Londres, est à Nantes, son père avait ime maison de com- merce. Venu jeune à Paris pour achever son éducation, il s'y trou- vait à l'époque de la révolution en 1789. Il en adopta d'abord les principes , et il avoue lui-même dans ses écrits, publiés en Angle- terre, que des réformes lui avaient

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paru très-nécessaires; mais bien- tôt il changea d'opinion, se lia avec Hivarol, Chanipcencts, Mi- rabeau jenne, et lança «Jans le pu- blic quelques pamphlels assez pi- quans. Le premier, pubiit' vers la fin (le 1789, et dirigé contre l'as- semblée constituante, était intitu- lé : Sauvez- nous ou sauvez-vous. Dans un autre, portant pour titre : Domine salvum fac Regem , il at- taquait vioUinment le duc d'Or- léans. iMirabeau l'aîné, et plusieurs députés, sans apporter cependant d'autres preuves à ses assertions que des sarcasmes et des injures. Il travailla enstiite, de C'incert avec ses amis et les trois collabo- rateurs cités ci-dessus, aux fa- meux Acles des Apôtres , les hommes les plus marquans de l'époque étaient successivement mis en scène , et tournés en ridicule d'une manière plus ou moins plaisante. Après la jour- née du 10 août 1792, il s'enfuit en Angleterre , et échappa ainsi au sort de s(m ami le marquis de Champcenels. Il y publia deux volumes de mémoires sur cette révolution, réimprimés après le 9 thermidor en France, mais qui ne firent pas une grande sensa- tion ni dans l'un ni dans l'autre pays. Après avoir ensuite donné une série de pamphlets sous le litre de Tableau rie Paris depuis Vannée lyQ^ jusqu'en 1802, il en- treprit avec plusieurs émigrés français un ouvrage périodique en règle, intitulé : L'Ambigu, qui a été continué jusqu'en ces (itrniers temps, et dont la collec- tion entière formerait près de 100 volumes. L'orgueil national des Anglais était journellemeot carea-

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se dans cette feuille, et la maniè- re dont les événemens qui se pas- saient en France étaient représen- tés, ainsi que les attaques dirigées, dès le premier numéro , contre le premier consul Bonaparte , et depuis contre Napoléwn empe- reur, dcmnèrent une grande vo- gue à l' Ambigu, non-seulement en Angleterre, mais dans toutes les parties du continent qui n'é- taient pas soumises à l'influence française. Personne n'a publié en Europe des diatribes plus violen- tes contre le chef du gouverne- ment français, que M. Pellier. Il est vrai que dans la position inexpugnable l'écrivain se trouvait à Londres, il pouvait le braver sans courir le moindre risque. Après la paix d'Amiens , on fit, à la vérité, des démarches auprès du gouvernement anglais, pour imposer quelques digties à ce torrent d'injures, mais il fut répondu que la nature de la lé- gislation britannique ne permet- tait pas de donner à la liberté de la presse de pareilles entraves; que d'ailleurs la voie des tribu- naux était ouverte à quiconque se trouvait calomnié. Ce moyen fut en eflét employé, et M. Pel- tier, accusé devant la cour du banc du roi, il fut défendu par un des plus célèbres avocats du barreau anglais, M. iMa(;kintosh , se vit condamner comme calom- niateur, à un dédommagement pécuniaire et aux frais de la pro- cédure. Une souscription publi- que, ouverte dès le même jour, et presqu'aussitôt remplie, aurait fourni au journaliste le moyen de payer l'amende à iaquelie il était condamné , mais la guerre

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qui éclata de nouveau entrn la France et l'Angleterre empêcha le jugement d'être exéculé. La feuille de M. Peltier eut un dé- bit encore plus considérable après ce procèvS; il y joignit la relation de la procédure entière , et sous prétexte de taire connaître le corps du délit, il trouva l'occasion de commenter et de répandre avec profusion tous les articles qui l'a- vaient fait mettre eu cause. Ses feuiliesélaient ornées d'une vignet- te représentant le Sphinx avec la tête de l'empereur, et entouré de figures hideuses, emblème de tous les vices. M. Peltier a fait valoir ses nombreuses productions périodi- ques, comme autant de preuves de son dévouement à la maison de Bourbon , et il est revenu deux fois en France , d'abord après la première restauration eu i8i4» et ensuite à la fin de i8i5, pour jouir des récompenses qu'il croyait lui être légitimement dues. Mais n'ayant point obtenu tout ce qu'il désirait, il paraît avoir abandonné tout-à-fait son ingiate patrie, pour s'établir en Angleti-rre, il a é- pousé une femme du pays, et il jouit d'une pension du gouver- nement. Ce secours et le produit de ses ouvrages étant bien loin de suffire à une existence très- dispendieuse, il s'était rendu l'a- gent diplomatique et le chargé cl'affairesdu roi noir de Haïti, Hen- ri I*' (le nègre Christophe), auprès du gouvernement britannique. Ce souverain, tant que dura son règne éphén)ère, payait les honoraires de son jninistre en bonnes car- gaisons de sucre et de café. Celte niission d'un genre nouveau , et les conlradiclions tombait sans

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cesse un publiciste passant du blanc au noir, et chargé en dernier lieu d'établir les droits légitime? d'un esclave couronné, devinrent une source inépuisable de plai- santeries pour les adversaires de M. Peltier. La constitution et les loi.'' organiques du royaume d'Haïti fureiit insérées tout au long dans l'Ambigu: les hautes qualités du monarque et de son fils le prince royal furent aussi convenablement célébrées. Ils succombèrent mal- heureusement tous deux, et leur fin tragique mit un terme à la mission du diplomate. On n'a point appris que le président Boyer, qui a succédé au pouvoir dans l'île d'Haïti, ait encore cher- ché à se légitiiner auprès de M. Peltier par des cargaisons de denrées coloniales. On a de cet écrivain : i" Sauvez-nous, etc., Pa- ris, 1789, in-8°; '2° Domine salvum fac regem, avec Pange lingua, Paris, 1789. in-S"; Jetés des A- pâtres, Paris, 1790, (t années sui- vantes,'11 vol. in-8"; /i" Dernier tableau de Paris, ou Précis de la révolution du 10 août et du 2 sep- tembre, des causes qui l' ont pro- duite, des événemens qui l'ont pré- cédée, et des crimes qui l'ont suivie, Londres, 1792, et Paris, 1797, 2 vol. in-8° ; .5" Histoire de la restauration de la monarchie fran- çaise, ou la campagne de 1795, publiée en forme de correspondan- ce, Londres, 17955 f^° Courrier de l'Europe, ensuite Courrier de Londres, et enfin Tableau de l'Eu- rope pendant 1794 ^t 1795, Lon- dres, 2 vol. in-8°; Paris pen- dant les années de 179.^ à 1802, 260 numéros, formant 55 vol. in- 8" ; Tableau du massacre des

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tninislres du culte catholique aux Carmes et à l'Abhaye Saint-Ger- main, Lyon, 1797: (y Naufrage du brigantin américain le Commer- ce, publié par J. l^iley, traduit de ranf!;lais, Londres, 1817, 2 Tol. in-8°; 10° l' Ambigu , etc.

PÉMARTIN (Joseph), le 19 janvier ij54, exerçait à Oleron la profession d'avocat, lorqu'il fut ♦;lu , en 1 789 , par le tiers-état du Béarn , député aux états - géné- raux en 1789. Il sortit de rassem- blée nationale sans s'y être fait re- marquer, ce qui ne l'empêcha pas d'être nommé, en 1792, député à la convention parle département des Basses-Pyrénées. Il vota dans le procès de Louis XVI pour la détention pendant la guerre, et le bannissement à la paix. Appelé deux fois au comité de sAreté gé- nérale , après la révolution du 9 thermidor an 2, il en faisait par- lie lors de l'insurrection du 12 germinal an 4 » et fut chargé de faire un rapport sur les événemens de cette journée. Au mois de sep- tembre suivant, compris dans la réélection des deux tiers , il passa de la convention au conseil des cinq-cents, dont il sortit , le 20 mai 1798, et il fut réélu en 1799; enfin il se vit privé des ses fonc- tions par la révolution du 18 bru- maire an 8. Néanmoins il entra bientôt au nouveau corps-législa- tifs , fut porté , au mois de mars 1806, comme candidat pour la questure, et nommé vice-])rési- dent, en décembre 1809. Réélu par le sénat, en 1810, il lit partie du corps - législatif jusqu'au 20 mars 181 5. M. Pémartin n'a point été appelé aux chambres qui se sont succédé depuis celte épo-

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que. Il est chevalier de la légion- d'honneur.

PEMBERTON (Thomas), com- merçant et littérateur américain , d'une famille distinguée de Boston, il naquit en 1728, fut destiné par son père au commerce, lapins noble profession dans un état ré- publicain; il rendit, en cette qua- lité, des services importuns à sa patrie. Il lui fut encore utile par ses connaissances littéraires, lors- qu'il cessa d'exercer sa profession. Membre de la société historique de Massachussetts, il lui légua tous ses manuscrits. Il avait com- posé une Chronologie du pays de Massachussetts pendant le 1 8' siècle. Cet ouvrage, en 5 volumes ma- nuscrits, contient tous les événe- mens importans de chaque année, et ime biographie historique des hommes qui se sont le plus distin- gués. Le docteur Holmes a beau- coup profilé de cet important Iva- \a\\.LesMémoirestiNoticesdc?em bertonformenlenvironi5 volumes. Cet hontjrable citoyen mf)urut gé- néralement regretté, le 5 juillet 1807.

PENDLETON ( Edmond ) , sur- nommé par ses concitoyens le Pa- triarche, naquit à la Virginie , et devint, en 1774? membre du pre- mier congrès. Réélu en iy^^^ il refusa celle no\ivelle preuve de confiance dans ses lumières et son patriotisme , à cause de la faiblesse de sa santé. En 1787, Pendleton devint président de la convention de Virginie, au moment cet état concourait à la constitution de l'indépendance américaine. Son nom , ses talons , son dévouement à sa patrie aidèrent puis-^amment à faire adopter celle constitution. Washington nomma, en 1789,

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Pendli'ton juge de Virginie , place honorable qu'il se vit dans Tiuipos- sibiiilé d'accepter. Des dilléreus s'étant élevés en irgS entre le gou- vernement américain et le gouver- nement français, le Patriarche pu- blia un Discours dans lequel il pro- testait « contre la guerre avec un pays fait pour être toujours ami «de l'Amérique. » Cet excellent citoyen mourut dans sa SS" an- née, le 2(J octobre i8o3; il était alors président de la cour d'appel de Virginie, il avait été juge avec les célèbres Blair et >Vhyte. Pendleton fut regretté de tous ses concitoyens, et des Français, dont il avait mérité la haute estime.

PEÎN lÈRES ( Jean - Augistin ) , membre de plusieurs assemblées législatives , était garde-du-corps à l'époque de la révolution, dont il adopta les principes avec cha- leur. Le département de la Cor- rèze le nomma, au mois de sep- tembre 1791, député à l'assemblée législative, il se fit peu remar- quer. Le même département le réélut, en septembre 1 792 , à la convention nationale. Au mois de novembre de la même année , il s'opposa avec force à la réunion de la Savoie à la France , préten- dant qu'une trop grande extension de territoire entraînerait de graves inconvéniens. Lors du procès du roi, il se réunit à la majorité, et demanda en même temps l'aboli- tion de la peine de mort. Dès ce moment, il se montra opposé à la majorité, et osa proposer, au mois de février 1795, que Marat fût re- gardé et traité comme atteint de maladie mentale. Par suite de la défection de Dumouriez, il atta- qua Danton et Lacroix, fondant

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son accusation sur les rapporfs qu'ils avaient eus avec ce général. 11 combattit avec une grande éner- gie, au mois de mai, les signataires de la pétition par laquelle ils de- mandaient la fête de 22 des mem- bres du parti de la Gironde. Son courage faillit le compromettre lui- même. Ses 23 collègues furent dé- crétés d'arrestation le surlende- main, et il dut de n'être point proscrit au silence qu'il s'imposa depuis cette époque jusqu'à la ré- volution du 9 thermidor an 2 ( 27 juillet )794)- Alors il reprit sou énergie, s'associa à toutes les pro- positions qui avaient pour objet de réparer les maux du régime de la terreur , et demanda que ceux des membres de la convention qui avaient échappé à la mort fussent rappelés aux fonctions législatives. Le 12 germinal an 3 (i" avril 1795), il fut envoyé par l'assemblée pour réprimer le mouvement insurrec- tionnel de la section des Thermes. Sa mission fut méconnue des sé- ditieux, cl il faillit être atteint des coups de fusil qu'on tira sur lui. De retour dans l'assemblée, il ren- dit compte de ce qui s'était passé à cette section , et demanda par suite de ces événemens auxquels n'étaient pas étrangers plusieurs membres de la convention , qu'elle s'épurât elle-même; il insista forte - ment pour la déportation de tous ceux qui s'étaient opposés à l'éloi- gnement de Collot - d'Herbois , Billaud - Varennes et Barrcre. Au i3 vendémaire an 4 ( ^^ octo- bre 1795), il se montra intrépide à son poste, et concourut à re- pousser l'attaque des sections in- surgées. Il devint membre du con- seil des cinq-cents par suite de la

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réélection des deux tiers conven- tionnels, et y soutint honorable- ment le caractère que depuis le 3i mai il avait déployé, lléélu immé- diatement après sa sortie, en 1797, il combattit, eu octobre, le projet contre les nobles. Partisan de la révolution du 18 brunjaire an 8 ( 9 novembre 1 799 ) , il passa au tribunat, et devint, en 1807, mem- bre du corps-législatif. iM. Peniéres ne fixa plus l'attention publique que par son élection à la chambre des représentans pendant les cent Jours, en 18 15. Dans cette assem- blée il s'opposa, le 28 juin, à la proposition qui avait pour but d'a- dopter la constitution de 1791, et demanda , le 4 juillet , que les trois couleurs fussent mises sous la sau- ve-garde de l'armée et de tous les citoyens. Forcé par la loi du 1 a jan- vier 1816, rendue contre les con- ventionnels dits votans,de sortir de France , il s'embarqua à Bordeaux et se retira aux États- Unis, il mourut en 1820.

PENNANT (Thomas), célèbre naturaliste anglais, naquit, eu 1726, dans le comté de Flint, et fit ses études à l'université d'Ox- ford. L'histoire naturelle fixa par- ticidièrement son attention , et les progrès qu'il fit dans l'étude de cette science turent rapides. Il visi- ta successivement les provinces de l'Angleterre qui lui parurent les plus propres à augmenter les connais- sances qu'il avait déjà acquises; il vint en France , il eut de fré- qucns entretiens avec Voltaire et liulfon. De retour dans sa patrie, il fit un nouveau voyage aux lié- brides, à l'île de Man et dans le pays de Galles, et consigna ses découvertes dans la relation qu'il

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donna de ses diflérens voyages. Ce savant, que l'on peut considérer comme un de ceux qui ont le plus contribué à répandre en Angle- terre le goCitde l'histoire naturelle, mourut en 1798. Indépendam- ment de la relation de ses voya- ges, il a publié un grand nombre de Mémoires insérés dans les Tran- sactions pliilosopliiques , et plu- sieurs autres ouvrages, parmi les- quels on distingue : VIndian Zoology ; Histoire des quadru- pèdes. Ces ouvrages, écrits avec méthode et (îlarté, sont estimés.

PENTHIEVRE ( Locis- Jean- Marie de BouKBON, DUC de), grand- amiral de France, etc. , descendant de Louis XïV, dont son père, le comte de Toulouse, était fils na- turel; il naquit le iG novembre 1725. La vie de ce prince fut un enchaînement de bonnes actions ; il avait l'esprit orné et l'âme gran- de ; la base de son caractère était la douceur et l'aménité. Appelé par son rang à la profession des armes, il fit sa première campa- gne dans la guerre de la succes- sion, en 1742, et se trouva à la bataille de Dettingen, oi'i il se con- duisit avec distinction. Il épousa, en 1744 1 li* fille du duc de Modè- ne , princesse dont les dispositions bienfaisantes et le caractère doux et sounns firent le charme d'une union vraiment symj)athique. En 1746, au moment les Anglais paraissaient vouloir opéier une descente en Bretagne , le duc de Penthièvre fut nommé gouverneur de celte province, puis élevé à lu dignité de grand-arniral. Les états de Bretagne venaient d'être assem- blés ; il y parut , et fut aussitôt en- vironne de la considération que

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mérifaientses qualités étninçntes et sa haute naissance. La paix ayant été conclue, en 174^? ^^ prince revint à Paris , il contribua beaucoup au rétablissementduduc de Modèue, son beau -père, qui, s'étant déchiré contre la France, avait perdu ses états par les chan- ces de la guerre. La mort de son épouse, arrivée en 1754, lui causa une vive afiïiction , et dès ce mo- ment la bienfaisance fut presque exclusivement l'occupation du res- te de sa vie. Ce noble exemple de- ■vint celui que se plut à suivre son illustre fille, M"" la duchesse douai- rière d'Orléans. A la suite d'un voyage dans ses domaines d'Ku, en 1776, il fit construire à ses frais une écluse de chasse au Tréport, afin de faciliter dans le port de ce bourg, situé à quelques lieues de Dieppe, l'arrivage et le départ des navires. Le duc de Penthièvre mourut le 4 mars 1793.

PÉPÉ ( Klobestan), lieutenant- général napolitain , grand'croix de l'ordre de Saint-Georges de la réunion, grand-cordon de celui de Saint-Ferdinand , chevalier de la légion-d'honneur, elc, naquit en 1780, d'une boinie famille de Squillace, ville de la Calabre ulté- rieure. S'étant décidé pour la carrière des armes, il alla, à l'â- ge de 17 ans, achever ses é- tudes à Naples , dans le collège militaire. Nommé sous - lieu- tenant dans un régiment d'in- fanterie peu avant la campagne de 1798, il fut témoin de la dis- solution de l'armée napolitaine, et de la chute de son gouverne- ment. Il passa dans les rangs do la nouvelle république, dont il fut un zélé partisan. Blc.^sé dans

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un dernier combat livré aux por- tes de la capitale contre les ban- des du cardinal Ruffo, il se jeta dans un fort, et profitant de la capitulation accordée à la garni- son française, il vint en France, et s'enrôla en qualité de simple vo- lontaire dans la légion italienne , avec laquelle il fit les campa- gnes de 1800 et de 1801. Après le traité de Florence , il rentra dans sa patrie, il vécut dans la retraite jusqu'à l'année 180G, que les Français firent de nou- veau la conquête du royaume de Naples. Promu au grade de major des gardes provinciales en Calabre, il ne put se rendre à son poste, à cause de l'insurrec- tion qui s'était manifestée dans ces provinces. Il demanda et ob- tint d'assister, comme volontaire^ au siège de Gaële, sous les or- dres du maréchal Masséna , qu'il suivit aussi en Calabre. Ce géné- ral fut rappelé en France, et Pépé, nommé d'abord commandant d'ar- mes à Gaële, prit ensuite le com- mandement militaire de la pro- vince de Molise, il rendit des services importans lors de l'insur- rection de 1809. L'année suivan- te il fut attaché en qualité de chef d'état-major à la division napolitaine envoyée en Espagne, et fit les campagnes de 1810 et 181 1, en Catalogne, sous les ordres des maréchaux Macdonald et Su- chet. Ce dernier voulant récom- penser la bravoure montrée par cet oflicier à la prise de Tarrago- ne, échangea, d'après sa demande, les prisonniers napolitains, et lui obtint la croix de la légion- d'honneur : il le chargea de con- duire en France le général es-

pag'nol Blake, fait prisonnier an fiége de Valence. Après s'être ac- quitté de celle commission, Pépé revintà Naples , oùle roi Joachim {voy. iMtRAT)l'élevaaii grade de gé- néral de brigade, et le nomma chef derétal-majordeladivisioiuiapoli- taine, qui devait faire partie do la grande-armée. Il la rejoignit à Vé- ronne,etlaconduisilà Dantzick,où il arriva eu octobre 1812. Étant venn àWiliiaponry attcndreJoachim,il y prit le commandement de la briga- de de cavalerie napolitaine, atta- chée à la division Loison, chargée d'ouvrir les communications de la grande -année. C'est avec les dé- bris de ces régimens qu'il escorta l'empereur Napoléon d'Osmiana jusqu'à Wilna : legénéral Pépé per- dit dans ce court trajet plus de la moitié de ses soldats, et eut lui- même un de ses pieds gelé. Malgré son état, il ne voulut pas se séparer de ses camarades, pré- férant de s'enfermer avec eux à Dantzick, plutôt que de regagner ses foyers. A peine ses plaies fu- rent-elles fermées, qu'il reprit son service, et fit plusieurs sorties, dans une desquelles (celle du 27 septembre) il osa [lénétrer à la tête d'un régiment napolitain jusqu'au centre du quartier-général russe, à Pitzkendorfî. Avant la capitu- lation de Dantzick, il fut de l'avis de ceux qui proposaient de s'ou- vrir un chemin l'épée à la main ; mais l'opinion contraire prévalut. Lorsque le général russe viola la convention qu'il venait de signer avec le gouverneur de la place, le général Pépé se rendait prison- nier en Russie; bientôt de nou- veaux rapports entre Joachim et l'empereur Alexandre décidèrent

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autrement de son sort. Il alla à Bologne auprès du roi de Naples, qui lui ordonna de partir immé- cîialemenl pour les Abruzzes , venait d'éclater une forte in- surrection , qui menaçait d'em- braser tout le royaume. Le géné- ral Pépé, n'ayant que 2.000 hom- mes de troupes, et 2 pièces d'arli!- rie, sut par sa prudence et sa fermeté, intimider les factieux, et soumettre sans violence les vil- les insurgées. Ses services furent payés d'une disgrâce, et il resta inaperçu jusqu'au commencement de ia campagne de i8i5. On lui oiïVit alors le commandement d'u- ne expédition maritime, qui fut contremandée, et celui de la 4"" division niilitaire, qu'il ne vou- lut pas accepter. 11 se rendit au- près de Joachitn, h côté duquel il combattit à la bataille de Tolenti- no. Il en reçut le brevet de lieu- tenant-général, et l'ordre d'aller à Pescara, pour y rassembler, s'il était possible, les fuyards de l'ar- mée. Il passa ensuite à Naples, dont il fut nommé gouverneur, et il parvint à entretenir l'or- dre et la tranquillité jusqu'à l'arri- vée de l'armée autrichienne. Il conserva son grade après la res- tauration, et resta en disponibili- té de service jusqu'aux événe- inens de juillet 1820. La nuit du <)de ce mois, le général Guillaume i*cpé {voy. son article plus bas), quitta !Na}>les, pour se mettre à la tète de l'insurrection qui s'était déclarée dans les provinces d'A- vellino, Salerne et Foggia. Il a- vait caché ses projets à son frère, qui , chargé par le roi d'annon- cer au général Carascosa la prn- me.-.se d'une constitution, el dtt

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taire suspendre les négociations entamées avec les chefs des ré- voltés , remplaça ce général , et ramena dans la capitale l'armée qui devait agir contre celle de son frère. Appelé à faire partie de la Junte provisoire de gouvernement , il n'y resta que jusqu'au moment la révolution de Palerme écla- ta. Envoyé en Sicile, pour recon- naître l'état de cette île, il s'ac- quitta de cette commission, et re- vintà Naples prendre le comman- dement de l'expédition ordonnée contre les insurgés de Palerme. Les instructions qu'il reput de la junte et du ministère, perlaient qu'il devait occuper la Sicile, pour y garantir l'ordre public. Les moyens mis à sa disposition pouvaient à peine atteindre ce but; mais ils auraient été insuffisans pour des opérations militaires, car il n'avait que G,ooo hommes, les garnisons disséminées dans les places, et une flottille, com- posée en grande partie de bar- ques canonnières. Le général Pépé débarqua le lo septem- bre à Messine, il fit ses dispo- sitions pour marcher sur Palerme. Deux régimens étaient déjà en route, lorsque le prince de Villa- i'ranca, seigneursicilien, qui avait fait partie d'une députation er>- voyée à Naples, pour y deman- der l'indépendance de la Sicile , et promellre en attendant tm bon accueil à l'armée napolitaine, se présenta au quartier-général de Pépé, pour le prévenir que l'exal- tation de la populace à Palerme é- tait à son comble, et qu'elle lais- sait peu d'espoir à la junte de celle capitale de pouvoir tenir les engagemenjî pris avec le gdu-

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vernement de Naples. Celte com- munication mil le général Pépé dans la position la plusdiffi<:ile, car il se trouvait forcé d'attaquer une ville qu'il venait défendre : regar- dant néanmoins comme un grand bienfait pour elle de l'aider à sor- tir de ran.ircliie elle était tom- bée; et se confiant moins dans le nombre que dans r«'sprit et la discipline de ses soldais, il hâta son mouvement sur Palerme, il devança de quelques jours la flotte et l'artillerie de siège. 11 fit une attaque vigoureuse, et péné- tra dans une partie de la ville, jusqu'à la casine de la Caltolica; mais le petit nombre de ses trou- pes , et la natuie des obstacles qu'il rencontra, lui firent sentir la nécessité d'aliendre Pcscadie et le parc d'artillerie. Il prit une po- sition avant.igeuse aux environs de la ville, et de il repoussa les sorties faites contre lui, et chassa les insurgés des hauteurs de la vallée de Palerme. Le 2 et le 5 octobre, les sorties firent plus fréquentes; et les Palermitains, battus à plusieurs» reprise? par les soldats de Pipé, perdirent 5o pièces de canon. Ce général crut le njoment favorable p-mr offrir une capitidation à la ville : plu- sieurs propositions furent faites, et divers olliviers envoyis ; mais tous les nu)yens de coucili.ition parurent épuisés, lorsque l'oij vit que les parlementaires étaient retenus ou repousses. Dans cette extrémité le major Ciamiulli, jeune officier de la plu^ hante distinction, et d'une bravoure à toute épreuve, n'ayant en vue que le bien public, eut la géné- reuse audace de se jeter au milieu

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d'une populace effrénée pour lui porter les dernières paroles de paix. ïoinbè dans les mains de ce> furieux, sa vie courut le plus grand danger; mais les subju- guant par son intrépidité et par ses discours, il les fit consentir à le relâcher, et même à traiter avec l'armée napolitaine. Le prin- ce de Paterno , jouissant de la confiance publique, fut le pléni- potentiaire sicilien, eties généraux (Jampana et Fardella négocièrent au nom du gouvernement consti- lutionnelde Naples. A défaut d'un terrain neutre, on lut obligé d'ou- vrir les conférencessur un brick an- glais moiiillédanslarade. On signa une convention militaire, portant <|ue la ville de Palerme avec ses forts, serait occupée par les trou- pes du général Pépé, à condition que les rapports politiques de la Sicile avec Naples fussent à l'ave- nir établis sur les bases annoncées par la députation dont on a par- lé plus haut. Il n'était certaine- meiitpas dimslespouvoirsd'un gé- néral de changer la nature des rap- ports réciproques entre deux pays; mais -es instruction», le cas de cette prétenlinn n'avait pas été prévu, ne s'y opposaient pas explicilement. Un relus de la part de Pépé allait faire retomber Pu- lermedans l'afiaichie, et compro- mettait la sftreté de son année, affaiblie par les perles qo'elle avait éprouvées;cnfin, il était hors d'état de lutter plus long-temps contre une ville peuplée alors d'environ 200,000 habitans, ayant deux châ- teaux, une enceinte bastionnée, et protégée par 200 pièce* d'ar- tillerie. De sa décision dépendait en grande partie le sort du gyu-

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vernement napolitain, qui avaij déjà plusieurs autres ennemis à combattre. Les circonstances é- taient trop graves pour s'enfer- mer timidement dans le cercle é- troit des form;dités et des devoirs. Legénéral Pépé le franchit, ratifia la capitulation, et le 6 octobre, il put annoncer au gouvernement de Naples que Palerme était oc- cupée, et l'anarchie éteinte. La douceur de son caractère, la dis- cipline de ses soldats, firent que le général Pépé fut aimé et esti'^ des Sicilens , qui ordinai- rement n'ont pas l'habitude d'es- timer et d'aimer les Napolitains. La nouvelle de la fin de cette funeste guerre civile, se ré- pandit rapidement dans tous les quartiers de la ville de Naples, et fut partout reçue avec les mar- ques les plus éclatantes de joie et de satisfaction. Mais le 10 no- vembre, le dé|mté Gabriel Péj)é {voy. son article ci-après), dans le seindu parlementdontilétaitmem- bre, fit une motion violente contre Florestan Pépé, qui avait reconnu aux Siciliens des droits qu'il n'é- tait pas dans ses attributions d'ac- corder , tandis qu'il aurait ne les considérer que comme des su- jets rebelles, et leur réserver le même châtiment que la conven~ tion avait fait éprouver à Lyon. Ce di>cours, plein de chaleur et de mouv(;ment, et dans lequel la question était présentée sons un seul aspect, qui était cebii du droit, entraîna toute l'assemblée, en y réveillant les anciennes pré- ventions contre les Siciliens. Le général Pépé fut rappelé et accu- sé d'avoir dépassé ses pouvoirs : sa convention fut aimtilée par 9

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le purlemcnt, et sa conduite ap- prouvée par tout le monde ; le roi même le décora du grand- cordon de Saint- Ferdinand, qu'il ne voulut point aocepter,sa capitu- lation n'ayant pa< été maintenue. Son procès (ut abandonné, et à l'approtlie des troupes autrichien- nes, il tut de nouveau rappelé à l'armée , et revêtu des fondions de chcîf de l'état- major-général. Au retour du roi dans ses états*. Florestan Pépé fut destitué de son grade, et dépouillé de ses déco- rations; on ne lui conserva que celle de Saint-Ferdinand, qu'il n'a jamais portée.

PÉPÉ (Giillaxime) , frère du précédent, ex-lieu tenant -général-, grand'croix de l'ordre de Saint- Georg-es de la Réunion , etc. , est à Squillace, dans la Calahre ultéritMue , en 1782. A l'âge de i5 ans il fut placé au (•ollégc militaire deNaidc^, il se trouvait encore lorsque la révolutionde 1799 écla- ta. Quoiqu'il n'y eût pris d'autre part que de s'enrôler dans un corps de volontaires calabrais , il n'en fut pas n»oins obligé de quitter son pays, et de chercher un asile en France contre la réaction. Il alla rejoindre la légion italionne, qui avait déjà repassé les Al(>rs; et la paix de Florence lui ouvrit plus tard les portes deNapIcs, quel- ques étourderies de jeunesse atti- rèrent sur lui l'atlention de la po- lice : il f(Jt arrêté . et jeté dans les prisons de Maretimo (c'est une île dépendante de la Sicile, et le gouvernement de iNaples en- voie les prévenus pour cause d'opinion ou d'état; il y a un chAteau , et l'on a converti en pri- son une ancienne citerne creusée

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dans le flanc d'un rocher), il resta enfermé jusqu'à l'été de 1806, époque de la seconde inva- sion française dans le royaume de INaples. Comme il ne prit aucune part à la tentative faite par ses compagnons d'infortune pour se soustraire au traitement barbare de leurs geôliers, cette conduite lui valut un rapport favorable, sa mise en liberté, et la permission de rentrer au sein de sa famille en Calabre. Il y arriva peu de temps après la perte de la bataille de iMaïda , dont les suites furent si funestes pour la tranquillité de Ces provinces ; l'insurrection s'y étaitmanifestéesur tous les points, et Pépé , bloqué à Scigliano par une bande de brigands , aurait péri sous leurs coups, sans la pro- tection qui lui fut accordée par leur chef. Il se rendit à Naples pour y briguer une place dans l'armée. Nommé major des gardes natio- nales en Calabre , il partit pour sa nouvelle destination. Envoyé en garnison aux Scpt-Iles, il y resta toute l'année 1808, et revint à Naples l'année suivante. Le roi Joachim [voyez IVIwrat) le choisit pour son ofïicier d'ordonnance. Après plusieurs voyages en Cala- bre pour y apporter les ordres du roi au général Partouneaux , il obtint le grade de colonel, et peu après le oormnandement du 8* de ligne napolitain , qu'il alla rejoin- dre en Espagne. Dans les deux campagnes qu'il y fit, il n'eut pas d'occasion de se distinguer mili- tairement ; mais il en chercha pour ujontrer un esprit d'opposi- tion eonlre les Français , qu'un sentiment de patriolisnio et d'in- dépendauce mal placé le portait

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à haïr. Les officiers de son corps désapprouvaient hautement les discours de leur chef, qui n'a- boutissaient qu'à leur faire des ennemis de ceux mêmes dont ils partugeaienl les dangers. Celle inésiutelligence nuisit à la disci- pline de son régiment, et lui at- tira les reproches el même une punition de la part du maréchal Suchet, sous les ordres duquel il servait. Rentré à Naples avec les débris de son corps, il s'y occupa de le réorganiser, et vers la fin de i8i3 il fut élevé au grade de général de brigade, avec ordre de prendre le commandement de deux régimens qui faisaient par- tie de seconde division en Abruzze. Pépé, à la tête de cette même brigade, occupait une partie de la Romagne en 1814» lorsque le roi Joacliim signa son traité d'al- liance avec l'Autriche. Honteux de sa défeclicm, qu'il n'osait pas annoncer à ses compagnons de gloire, ce prince reculait le mo- ment qui devait le séparer d'eux. Le général Pépé, de son propre mouvement, mit fin à ces incer- titudes , ordonnant aux officiers français attachés à sa brigade de se prononcer entre Naples et la France. La réponse de ces bra- Ye» fut unanime : ils donnèrent tous leur démission. Cette déter- mination affligea profondément Joachim ; on crut alors que le gé- néral Pépé serait destitué, mais il en fut quitte pour une forte ré- primande. Il fit la campagne de 1814, après laquelle il reçut le titre de baron , et une riche dota- tion en terres, lin iSiD, il se trou- Tait en congé à Naples , il eut une discussion très- vive avec le

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roi Joachim, auquel il demanda, en des termes peu mesurés, l'ex- pulsion des Français des emplois civils, et une constiintiou pour son pays. Leroi se contenta de le renvoyer dans les Marches , sa brigade était restée cantonnée. Dans l'absence tnomentanée du général en chef, il prit le com- mandement de deux divisions, et sa première idée fut de marcher sur la capital», pour arracher par la force ce qu'il n'avait pu obtenir autrement. Deiix officiers supé- rieurs auxquels il fit part de son projet, le repoussèrent avec hor- reur. Découragé de l'opposition qu'il rencontrait dans ses collè- gues, il n'osa plus rien enti^- prendre. Le roi Joachim venait de proclamer l'indépendance de l'Italie. Cet événement, qui sym- pathisait avec les idées de Pépé, renouvela son enthousiasme sans chatiger son caractère. Détaché, à la tête de sa brigade , pour cou- vrir la position de Carpi, il viola les instructions qu'on lui avait données, ctprit l'ollensiveau lieu de se renfermer dans un système de défense. Repoussé par les Au- trichiens, il sacrifia une partie de ses tri^upes, et se relira en désor- dre sur iVlodène, le général Carascosa lui donna le ternps de rallier ses soldats. Quelque soin qu'on eût mis à déguiser sa con- duite dans cette affaire , elle lui fit beaucoup de tort dans l'opinion de l'année, et ce ne fut qu'au pont du Rcno il put, par son cou- rage, rétablir sa réputation ccun- me soldat, après l'avoir perdue comme général. Le roi le noumia son aide-de-camp, sans le-séparer de sa brigade, avec laquelle il se

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r€nflit à Capoue. Le général Caïas- cosa lui confia le gouvernement de cette place, et comme Pépé lui témoignait le désir d'avoir le grade de lieutenant-général, Carascosa appuya cette demande auprès du roi, qui mit son approbation en marge du rapport. Après le traité de Casalanza, Pépé fit des démar- ches pour être reconnu dans son nouveau grade. D'après les maxi- mes adoptées par le ministère d'alors , il aurait en perdre la propriété et n'en conserver que le rang, car il lui manquait un décret revêtu des formalités exigées par la loi; mais il avait été le premier à redemander du service. Lui sachant gré peut-être d'avoir mon- tré de l'aversion contre les Fran- çais, le nouveau gouvernement le traita avec faveur, et le nomma lieutenant- général et président d'une commission militaire. Lors- que le général Nugent fut chargé de l'organisation de la nouvelle armée napolitaine, Pépé, qui avait eu des relations intimes avec lui, «t qui partageait sa haine contre la France, le mit dans les intérêts de son ambition, et obtint par ce moyen le commandement en se- cond d'une division qu'on dut créer exprès pour lui. En 1818, sans é- gard pour 5 lieutenans-généraux plus anciens, Pépé fut destiné à commander une division territo- riale, et reput le cordon du nouvel ordre de Saint-Georges, auquel il n'avait point de droits, n'étant <|ue commandeur de celui des l)eux-Siciles. Dans ces hautes foiuîtions, il mit beaucoup de zèle pour l'organisation des milices; mais comme ce service dispen- ♦lieux et incommode inspirait un

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éloignement, que son système de rigueur ne pouvait qu'augmenter, ses elïbrts ne produisirent aucun résultat satisfaisant. Il allait re- noncer à son entreprise lorsque , dit-on, quelques chefs des Carbo-^ nari, dont il était environné , lui firent comprendre que pour inté- resser tout le monde à cette orga- nisation, il fallait laisser entrevoir un but politique qui fût d'accord avec les vœux de leur secte; les affiliés de cette société auraient alors pris sur eux de lui aplanir tous les obstacles. Pépé n'était pas carbonaro, mais il mettait un très- grand amour-propre à briller par- mi ses collègues. La proposition qu'on lui venait de faire aurait pu lui paraître en opposition avec ses devoirs , si elle n'eût répondu à ses désirs; il n'y vit qu'un bon moyen de se faire remarquer aux yeux du gouvernement, sans s'in- quiéter aucunement des consé- quencesqui pouvaient en dériver. Il souscrivit aux conditions qu'on lui dictait, et en peu de temps les milices d'AvelIino et de Foggia furent organisées et habillées, et le brigandage, maladie indigène de ces contrées, entièrement dé- truit. Le gouvernement, surpris de ce double résultat, en fit tér- moigner sa satisfaction au général Pépé, qui, chose étrange, rece- vait les éloges de ceux dont il pré- parait la chute. En attendant, la secte lui demandait d'accomplir ses promesses , et le général Pépé se défendait de son mieux , en donnant des espérances. Les choses en étaient en cet état, lorsque la révolution d'Espagne exalta tous les esprits. Pépé n'avait pas de plan arrêté : en donnant l'éveil au

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foiirerncment sur l'état de fer- meiitalion qui refînait dans lesJ pro- vinces, il t-e flaltiiit d'obtenir par la crainte, qui n'était pas d'ail- leurs sans fondement, quelques concessions qui eussent pu apai- ser les carbonari, et satisfaire de celte manière aux engagemens qu'il avait contractés avec eux. Mais ses avis ne furent point écou- tés : le chevalier Medici répondait en plaisantant à tous ceux qui lui parlaient des projets de la carbon- nerie, et suivait avec opiniâtreté le plan de conduite qu'il s'était tracé. Ces tentatives réitérées de Pépé ne réussirent qu'à le rendre suspect : il fut décidé qu'on l'en- verrait commander en Calabre : détermination aussi imprudente qu'inexplicable delà part du gou- vernement, qui ne sauvait pas une province, et en exposait une au- tre. Pépé de son côté se montrait mécontent de cette translation : sa vanité en était blessée, et il crai- guaitd'ailleurs que son successeur, instruit de ses projets,ne les dévoi- lât, et ne fît connaître en même temps ses promesses aux carbo- nari. 11 était à intriguer à Naples pour rester dans son ancienne ré- sidence, lorsqu'on y apprit la dé- sertion d'un détachement de ca- valerie eu garnison à Nola. Cet- te nouvelle effraya le gouverne- ment, qui avait le secret de sa fai- blesse. Parmi les premières dispo- sitions qu'on se hâta de prendre, on remarqua non sans étonnement l'ordre donné à Pépé de se rendre immédiatement à Avellino : on lui dicta même un ordre du jour qu'il devait transmettre en son nom, pour rappeler à chacun le devoir de défendre le trône contre les at-

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taques de ses ennemis; mais quel- ques heures plustardje roi fit con- trcmander le départ de Pépé, et or- donna même à Nugent de s'assu- rer de sa personne. Dans la nuit du 5 au6 juillet, on se présenta chez Pépé pour l'avertir que l'ordre de son arrestation, suspendu par les bons offices du capitaine-général, allait être exécuté. On ne manqua pas de l'effrayer sur sa position, et de lui faire comprendre qu'il ne lui restait d'autre ressource, que celle de quitter la capitale pour se mettre à la tête de l'insurrection. On lui parla de la défection du corps du général Nvmziaote, de la ville de Salerne tombée au pouvoir des constitutionnels, et de la dis- position où étaient deuxrégim-ents de la garnison de Naples de le sui- vre à Avellino, etc. Pépé hésitait en- core, mais l'espoir de réussir dans une entreprise qu'il regardait presque comme assurée, le décida à partir. Arrivé le 6 à Avellino, la promesse d'une constitution l'avait précédé, le chef d'escadron Deconciliis, qui avait pris le com- mandement des insurgés, balan- ça s'il devait reconnaître ce nou- veau chef; mais la tendance de la révolution, étant de se couvrir d'autorité, on crut le sort de l'armée constitutionnelle plus a- vantageusement conCé entre les mains d'un lieutenant -général. La présence de Pépé ne fut pas sans utilité pour l'ordre public : son rang, qui dominait sur ceux de tous les autres, servait comme d'un centre pour dosmer un en- semble à tojites ces individualités et faire taire tant de prétentions. Les révoltés se trouvèrent, sans le^ soupçonner , entraînés d»ns un

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système ordinaire de discipline et de dépendiince. La révolution prit un caractère monarchique; la co- carde des carbonari Fut abattue, et le roi, an moment du plus grand abaissement de son pouvoir, put exercer librement le droit de choi- sir ses ministres parmi des hom- mes étrangers aux intrigues de la secte et jouissant de la considéra- tion générale. Ayant conservé la suprême direction de l'armée jus- qu'à l'ouverture du parlement , Pépé contribua beaucoup au main- tien de la tranquillité publique ; mais sa position était fuisse , ses Vœux bornés, et ses talens médio- cres. 11 aurait voulu mériter lu confiance de la cour, et ne pas mécontenter son parti , dont il ne pouvait se séparer sans perdre >*on influeure , ni le diriger sans devenir factieux. Son ambition s'ojîpusail au premier rôle, sa mo- ralité répugnait à l'autre. Toute sa conduite était un mélange de vanité et de modestie, de C(miplai- sance pour les prétentions de la *ecte, et d'eiforls pour la compri- mev. Au 1" o'ctnbre, il déposa son commandement dans les mains du roi, qui lui fit offrir une forte som- me d'argefit et le cordon de Saint- lanvier, pour que ce sacrifice ne lui inspirât pas du ressentiment. Pépé y mit cîe la dignité, et refusa ee dédoinniiigement : le rôle de Washington somiait A son imagi- {lation , mais il ne sutïisait pas A ^on « œur, «t l'on n'est pas Was- hington lorsqu'on ne sait pas dompter ses passion^. Sans cou- naissances politiques, «ans habitu- des libérales , yieudant tout le temps qu'il pi^ôs<da la force publi- que, av uti sut *ltre qu'un ofTicier

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de détail. Ou voyait que pour lui la liberté n'était autre chose que la dictature miliiaire d'un bon ci- toyen et d'un grand homme, et il se croyait l'un et l'autre. Il tâchait de s'étourdir sur les dangers qui menaçaient son pays, ne se sen- tant jtas assez de courage pour les regarder en lace r accablé de la responsabilité qui pesait sur lui , et embarrassé de soutenir avec é- clat le rôle dont il s'était chargé, il cherchait par des parades, des proclamations et des exemples historiques, aussi mal choisis que mal appliqués, à calmer les appré- hensions publiques et les siennes. Il fit un voyage dans les Abruzzes, il ne trouva pas cet enthousias- me auquel il s'était attendu; mais il crut le faire naître en faisant in- sérer dans les journaux du 24 janvier 1821 un rapport emphati- que sur l'énergie et l'esprit de li- berté et d'indépendance de ces provinces, qu'il regardait comme le boulevard du royaume. Sa po- litique ordinaire consistait à faire parler dans chaque province du bon esprit qui régnait dans les au- tres, en abusant tout le monde, à commencer par lui-même. Lors- que le roi partit pour Laybach, il ne douta plus de la paix. Ses flat- teurs lui conseillaient de faire im bon mariage, pour consolider sa fortune et se reposer de ses tra- vaux : il goûtait ces avis, et son- geait déjà à conquérir la main d'une demoiselle, croyant qu'il ne lui restait plus rien à faire pour assurer l'indépendance de son pays. Mais les décisions du congrès de Laybach, et la condui- te du roi, détruisirent îe charme, et jetèrent l'alarme dans son

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nœur. Il se rendit en Abruzze , pour se metlre à lu tête d'un corps d'armée, composé de 9,000 honmies de troupes réglées, et de 18,000 de gardes nationales. Ces moyens n'étaient pas considéra- bles; mais si tout ce qu'il avait dit du bon esprit de ces provinces eût été vrai, il aurait pu combat- tre avec avantage l'ennemi qui se serait présenté pour franchir ime Ironlière hérissée de diflicultés et d'obstacles. Mais le décourage- ment était dans son esprit, la dis- seution dans les milices, le mé- contentement et l'insubordination dans les troupes. Les populations, iriitées des vexations auxquelles elles étaient exposées par l'indis- cipline des soldats et la faiblesse des chefs, regardaient avec indif- férence le dénouement d'un dra- me qu'elles n'étaient pas encore en état debien couiprendre.Pépé, contre les instructions qu'il avait reçues, attaqua Rieti le 7 mars, sans même annoncer le commen- cement des hostilités au général Carascosa , qui commandait le premier corps d'armée posté à S. Germano, et dont il aurait pu tirer quelques secours. Après tin combat de quelques heures, dans lequel il ne perdit que 200 liummes, sans être délogé d'une -eule de ses positions, il se trouva au bout de quatre jours hors des Abruzzes , n'ayant conservé que îiooo hommes. Arrivé à Isernia , il s'exhalait en [)laintes contre tout le monde, en disant que les Abruz- zais ne preuaient aucun intérêt à la constitution , que ses soldats avaient été démoralisés dans leur c(julact avec les milices, et que celles-ci ne se souciaient pas de

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se défendre : c'était le même hom- me qui avait écrit et signé le rap- I port du mois de janvier! Ce mou- vement de Pépé a été générale- ment regardé comme la cause des désastres de Naples. On ne peut pas nier que son attaque fût pré- maturée, mal conduite , et plus mal combinée. On ne fait jamais une reconnaissance en déployant toutes ses Ibrces devant une tête de colonne ennemie. Le débande- ment des milices peut être seule- ment accepté comme une justifi- cation , mais cela prouve que le mal avait des racines {)lus profon- des; qu'on s'était abusé sur l'es- prit public de la nation, et qu'on avait donné pour la réalité ce qui n'était qu'une illusion. Pépé fut terrassé par ses revers; la crainte d'ime ])eine infamante s'empara de son esprit, et lui fil songer plu- tôt à sa sûreté qu'à celle des au- tres. Il se hâta d'arriver dans la capitale, et prit la résolution de s'embarquer pour l'Espagne, re- fusant, avec le désintéressement- qui lui est natui'el, une somme de 40,000 francs qu'un illustre per- sonnage lui fit offrir pour payer les frais de son voyage. Il ne fut pas mieux reçu en Espagne, qu'il ne l'avait été à Naples. IMécon- tent de tout le monde, il alla s'em- barquer à Lisbonne pour passer en Angleterre, il écrivit un mémoire pour se justifier. On le voit, sous le charme de ses an- ciennes illusions, insulter en mê- me temps à la raison et a la mora- le ; coffSeiller au roi de Naples, qu'il déclare prisonnier des Au- trichiens , de relever la constitu- tion espagnole, et avouer qu'il a été toujours en conspiration per-

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manènte contre Joachim et Ferdi- nand, qui l'avaient comblé de fa- veurs. Cette aberration d'esprit a- cheva de le perdre dans l'opinion publique. Le général Pépé aurait occupé une place, sinon éininen- 1e, au moinspeu commune dans les annales des voluti()ns,s'il avait eu le bon esprit de dire : « Des cir- » constances extraordinaires m'ont «placé dans une position au-des- »sup de mes forces : une révolu- Dtion porte mon nom, et c'est la «seule dans laquelle une goutte «de sang n'a été répandue, «une larme n'a été versée : j'en «suis sorti sans crimes et sans for- «tune.... J'ai fait mon malheur et » celui de mes compatriotes ; cette «idée fera mon toiu-ment, et rem- splira d'auiertume le reste d'une «vie que je passerai dans l'obscn- «rité et dans l'exil. « Mais un homme , avec le be-oin de la gloire et sans moyens pour y par- venir, ne potivait pas se deviner, ni se contenter d'une place si se- condaire dans l'histoire. Nous n'a- vons pas cru nécessaire de rappor- ter les détails du duel do Pépé avec Carascosa : c'est un événe- ment trop peu important dans la vie publique d'un personnage po- litique. Le général Pépé, dépouil- lé de son grade et de ses titres, vit A Londres , loin de son pays, un arrêt de mort a été pro- noncé contre lui.

PÉPÉ (Gabriel) , ex-colonel, ex-député au parlement de Naples, chevalier de l'ordre de Saint-Geor- ges, naquit en 1781, à Bojano, dans la province de Molise. La ré- volution de jjrggréloigna des pai- sibles éludes de droit pour le jeter dans la carrière militaire. Envc-

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loppé dans la proscription, il vint en Frmce, s'enrôla dans la légion italienne, et fit les campagnes de 1800 et 1801, en Italie. Rentre dans ses foyers à la suite de la paix de Florence, il reprit avec ardeur SOS anciennes occupations; mais au retour des armées française» dans le royaume de Naples, il pré- féra une place de lieutenant dans un régiment d'infanterie, avec le- quel il fut employé pendant deux ans à la destruction des brigands, avant de passer en Espagne sur un théâtre plus vaste , mais non moins dangereux. Blessé à l'assaut du Rlonty de Gironne , il reçut la croix des Deux-Siciles, et fut pro- posé pour celle de la légion-d'hon- neur. Ayant ramené à Naples les débris de son bataillon, il en de- vint le chef, et n)it beaucoup d'ac- tivité pour en hâter la réorganisa- tion. Attaché au général Pigna- telIi-Strongoli , il le suivit dans une mission au quartier-général des souverains étrangers k Troyes, et à son retour il prit le commande- ment d'un bataillon du ô" de ligne napolitain, à la tête duquel il fit les campagnes de 1814 et 181 5. Dan- gereusementblessé dans une affaire il déploya autant d'énergie que d'intelligence, il mérita d'être nom- mé colonel en second , grade qui lui fut confirmé à la rentrée de Ferdinand dans ses états. Destiné d'abord au commandement d'une province, Pépé reçut ensuite ce- lui d'un régiment d'infanterie lé- gère, en garnison à Syracuse, il se trouvait lorsque la révolution éclata. Elu député de sa province, il vint siéger au parlement de Na- ples, le n octobre, et trois jours plus tard, il y proucnca un dis-

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eours violent contre la convention militaire de Palerme {voy. l'art. Florestan Pépé ). La voix d'un soldat couvert de blessures élec- trisa les esprits, et entraîna l'as- semblée. Il fut décidé que la ca- pitulation accordée aux Palermi- tains serait annulée, et qu'on rem- placerait le général Pépé en Sicile, 1 pour l'obliger de justifier son abus de pouvoir. Ce succès donna une grande popularité à l'orateur; mais peu de jours après, la léflexion condamna ce que l'enthousiasme avait approuvé : on sentit toutes les con:!équences de la motion de Pépé; on ne lui pardonnait pas d'avoir été fouiller un exemple sanglant dans les annales de la révolution française, et le conseil donné au gouvernement de traiter Palerme comme la convention a- vait fait traiter Lyon; on le rendait enfin responsable des n»aux aux- «luels on devait s'attendre de celte inalheureuse scission entre la Si- cile et le royaume de Naples. Nul doute que le discours de Pépé n'ait été la source de beaucoup de mal- heurs; mais c'est moins à lui qu'au parlement qu'on doit en adresser le reproche. Un député peut se tromper sur l'application d'un principe, et demander mal à pro- pos la stricte exécution d'une loi: (;'était le cas de Pépé. Mais il est •Kl devoir d'une assemblée de ju- ger froidement du résultat d'une délibération , et de combattre le zèle par la prudence , opposant les calculs de la raison aux égaremens dun patriotisme imprévoyant. Le rolonel Pépé, habitué à une vie simple et retirée, fut ébloui de •on triomphe. Il prit dans le par- Irmcnt le ton d'uji tribun, et se

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chargea d'y appuyer les motions les plus violentes. Ce fut lui qui accu- sa les ministres à l'occasion du mes- sage du 7 décembre ; et dans cette circonstance, comme dans l'autre, son principe pouvait être vrai , mais l'application en était faus- se. Dans toute sa carrière parle- mentaire, il se montra toujours d'un caractère franc, loyal et im- pétueux. Il aurait voulu donnera la constitution des cortès cette vé- nération qui ne peut être ins- pirée que par le temps ; la moindi'e déviation du sens lit- téral de ses articles lui paraissait un crime, et tout homme qui eût voulu une autre liberté que celle d'Espagne, ou qui eût essayé d'y parvenir par d'autres moyens, de- venait à ses yeux un mauvais ci- toyen et un parjure. Il se faisait illusion sur l'esprit de la nation , dont il ne jugeait que d'après ses propres seutimens; mais il se désa- busa lorsque, placé à la tète d'un corps, il y trouva une autorité au- dessus de la sienne; et cette auto- rité résidait auprès de son tam- bour-major, qui était le chef d'une vente établie au sein de son régi- ment. Arrêté après la chute du gouvernement représentatif, Pépé fut livré aux Autrichiens, et dépor- té en Moravie, il est resté à peu près deux ans; il a supporté avec dignité son malheur, et lors- que la liberté lui a été rendue, il est allé vivre à Florence, il cul- tive son esprit et agrandit le cercle de ses idées. Il est versé dans les langues savantes, et familiarisé a- vec les bons auteurs, anciens et modernes. Nul doute que l'étude n'ait des charmes pour lui, et Qc parvienne à le faire revenir

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de ses brillantes mais funestes illusions.

PEPIN DE BELLÏSLE ( N. ) , maître des requêtes, meirii)re de la légion -d'honneur, préfet du département de la Charente-In- férieure , naquit à Nantes , en 1788. et commença la carrière des affaires puhliques sous le gou- vernement impérial par être au- diteur au conseil-d'état, puis il devint intendant de Bilbao lors de la guerre d'Espagne. Son in- tégrité dans son administration lui acquit l'estime des habitans de cette contrée. Il fut nommé par le roi, après la première restauration en i8i4ï préfet du déparlement des Côtes - du - Nord. « L'impartialité de sa conduite, dit M. Guizot dans une Notice sur ce fonctionnaire, sa fermeté avec les troupes étran- gères qui s'étaient avancées jus- qu'aux confins de son départe- ment, le rendirent cher à tous ses administrés ; étranger à toute pré- vention, à toute faiblesse, il j)ro- tégea ceux qui avaient besoin de protection, et ne flatta j)oiat ceux qui pouvaient lui nuire à lui-mê- me. Il fut destitué, en iHiG, sous le ministère de M. le comte de Vaublanc. Il avait fait faire, dans lesCôtes-du-Nord, de rapides pro- grès aux écoles d'enseignement mutuel. » Après l'ordonnance du 5 septembre 1816, qui fut saluée par tous les amis de la monarchie constitutionnelle, comme une nou- velle ère de la liberté légale, M. . Pépin de Bellisie devint successi- vement préfet des déparlemens de la Creuse, de la Dordogne, de la Sarlhe et de la Charcnto-Infé- rieurc. Il y rendit son adminis- tration recommandable , et s'y fit"

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constamment remarquer par son indépendance et sa justice. «Il a fuit exécuter dans le dernier dépar- tement, dit encore M. Guizot, que nous nous plaisons à citer, des tra- vaux de dessèchement qui contri- bueront puissamment à la salu- brité et à la prospérité du pays. Il s'occupait toujours avec zèle des établissemens et des entre- prises qui pouvaient améliorer la situation du peuple, persuadé que ce sont les souvenirs que doit laisser après lui im administra- teur. ') Atteint, malgré ses efforts pour le bien public, et son zèle pour le gouvernement constitu- tionnel, par unii nouvelle destitu- tion,il était rentré dans la vie pri- vée, lorsqu'il mourut en septem- bre 1823 d'une inflammation de poitrine, n'ayant pas atteint sa 5i>* année. Deux mois avant sa mort, il avait épousé la nièce de M. de Girardiu , membre de la chambre des députés.

PEPIN-DESGROUETTES(P. , A. ) , ancien avocat à Paris, adop- ta avec chaleur les principes de la révolution, et pour mieux se po- pulariser il rédigea des Mémoires en faveur des forts et des marchan- des des halles. Après la journée du 10 août 1792, il devint l'un des juges du tribunal institué pour ju- ger ceux qui avaient participé à la défense du château. On le vit de- puis figurer dans presque tous les mouvemens populaires, dont il n'était pas cependant l'homme le plus dangereux. Après l'explosion (le la machine infernale du 3 nivôse an 9 (24 décembre 1800) , Pepin- Desgroueltes fut compris sur la liste des personnes condamnées à la déportation. Il mourut aux îles

Séclielles clans le courant fie «8o5.

{'KRALDI (Maru's) , député de l'île de Corse à rassemblée légis- lative, fnt chargé, après la journée du lo aoOt 1793, de se rendre, eonjoinlement avec Antonelle et Kersainl , à l'armée des Ardennes, que commandait le général La Fayettp. La mission des commis- saires <^lait d'obter)ir l'assentiment de l'armée en faveur de la révolu- lion qui venait de s'opérer; mais le général, de concert avec la mu- nicipalité de Sedan, les prévint en ordonnant leur arrestation. Cepen- dant cette mesure n'ayant pas rem- pli l'attente du général La Fayette, que l'insubordination des troupes força de s^expatrier, Peraldi et se» collègues recouvrèrent leur liberté ; le premier retourna en Corse à la fin de la session. Lors- que plus tard de« tioubles éclatè- rent dans cette î!e, à l'effet de la «ouslraire à la domination fran- çaise, l'eraldi se réunit à Paoli, qui , soutenu parles Anglais, était à la tête des insurgés. L'arrivée des troupes françaises ayant forcé les Anglais d'évacuer la Corse, Peraldi, obligé de fuir avec Paoli, passa en Angleterre, il mourut depuis.

PÉRARI) ( Charles- Frahçois- .?KAif), député à la convention na- tionale, montra de bonne heure un esprit indépendant. Jeune en- core, il participa aux troubles de Bretagne, se mit ensuite à la tête de la jeunesse d'Angers, et entra dans la confédération de Pontivy. Kn 1793, député du département de i>laine-et-Loire à la convenlion nationale , il vota dans le procès du roi avec la majorité. Quelque temps après , le brave général

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Beysser, qui servait dans la Ven- dée, fut accusé devant la conven- tion. Pérard, son ami, embrassa sa défense avec une chaleur et un zèle qui n'étaient pas sans danger; il s'offrit pour caution de sa con- duite, dont il répondit sur sa tête. Ce généreux dévouement ne fit que retarder la mort de Beysser; rendu pour un temps à la liberté, il monta sur l'échafaud quelques mois après. A la suite du 9 ther- midor an 2, Pérard, envoyé dans le département de l'Aisne pour y épurer les autorités constituées, s'acquitta de sa mission avec sa- gesse et impartialité, fit mettre en liberté un grand nombre de détenus, et, par le compte qu'il rendit de ses opérations, provo- qua le rapport du décret qui dé- clarait la commune de Beauvais en état de rébellion. A la suite des journées de vendémiaire, il prononça un discours sur la né- cessité de créer un triumvirat, ou commission extraordinaire de trois membres, pris dans les comi- tés , poui' présenter des mesures de gouvernement analogues aux circonstances présentes. Cette proposition ne fut point accueil- lie. Compris plus tard dans la liste des conventionnels qui fu- rent «îxilés de Paris après la cons- piration dite de Grenelle, Pérard se retira ù l'hôpital de Saiut-Cyr. Il fut, depuis, chef de bureau au ministère de la police, et occupa, après le iS brumaire an 8, la pla- ce de connnissaire-général <le po- lice ;\ Toulon. Mais rappelé à la suite de quelques altercations a- vec les autorités du dé[>artement, il n'exerça aucune fonction publi- que jusqu'au 17 mai i8i5. A cette

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époque, il fut nornmé lieutenant- extraordinaire de police à Dieppe, et remplit cette place jusqu'au mois de juillet. Atteint comme votant par la loi du 12 janvier i8i6, il a quitté la France.

PERCEVAL (N. de), officier de génie avant la révolution ; il ne servit pas sous la république, mais il occupa sous l'empire la place de commissaire- ordonna- teur. C'est en cette qualité qu'il fit la campaj,me de 18 15, il fut fait prisonnier. M. de Perceval u été nommé, en 1814? commissai- re-ordonnateur de la maison du roi; en 181 5, commissaire-ordon- nateur de la garde; en 1817, in- tendant militaire ; et enfin , en 1820 , secrétaire-général du mi- nistère de la guerre. Il donna, eu 1825, sa démission de ces derniè- res fonctions lorsque le baron de Damas remplaça le maréchal duc de Bellune après les événemens de la guerre d'Espagne de cette an- née. Devenu membre de la cham- bre des députés , M. de Perce- val a siégé au centre droit, et a constamment voté avec le minis- tère. On ne l'a vu qu'une seule fois monter à la tribune : ce fut pour y faire l'apologie de M. de Latour-Maubourg, alors ministre, et pour s'opposer à la réduction du budget de la guerre. Sorti de la chambre en 1823, il n'a point été réélu l'année suivante.

PERCEVAL (Spencer). (Voy. \e Supplément an présent volume.)

PERCIVAL (Thomas), physi- cien anglais, naquit à Waringlon en 1740, fut élevé d'abord à l'é- cole de cette ville, puis à celle d'Edimbourg, il étudia la mé- decine avec tant de zèle et de suc-

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ces, qu'à peine âgé de 24 ans, il fut reçu membre de la société royale. Après plusieurs voyages et un séjour de quelque temps à Paris, à Hambourg, et particuliè- rement à Leyde , on lui con- féra le grade de docteur, il se fixa dans son pays natal en 1766. L'année siu'vaiile, il alla exercer la médecine à Manchester; il con- tribua, par ses excellens mémoi- res de physique et d'histoire na- turelle, à la fondation de la société de Manchester, qui les a publiés dans ses Transactions. Médecin très-distingué , Penuval s'est de plus fait un nom dans la littéra- ture. On lit avec plaisir ses Ins- tructions d' un père à ses en fans , et ses Dissertations morales et Ut~ téraires. Il mourut en 1804.

PERCY (Pierbe-François, ba- ron), inspecteur-général du ser- vice de santé militaire, chirurgien en chef des armées, et comman- dant de la légion-d'honneur, na- quit à Montagney, dans l'ancien- ne province de Franche-Comté, en 1754. D'éminens talens, des découvertes précieuses pour les progrès de son art, et une vie en- tière courageusement consacrée au soulagement des maux de l'hu- manité, lui ont mérité la recon- naissance et la vénération de ses concitoyens. Son père, ancien chirurgien-major d'un régiment, s'était retiré du service , mécon- tent de son sort , et avait décidé que son fils ne suivrait pas la mê- me carrière. Il donna les plus grands soins à son éducation, et le jeune Percy fit d'excellentes études au collège de Besançon , il remportait régulièrement chaque année les premiers prix.

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Pour obéira sou père, il se livra avec ardeur à l'étude des mathé- matiques, devant entrer dans le corps royal du génie , mais un goût dominant l'entraînait vers la médecine, la chirurgie et les tra- vaux anatomiques. Il fit bientôt de si grands jirogrès dans cette der- uière partie, qu'il fut jugé digne de diriger les études des autres élèves, et d'enseigner lui-même. Il lui fut enfin permis d'embrasser l'état il devait s'illustrer, et il contribua depuis si puissam- ment à élever la chirurgie mili- taire française, au haut point de renommée dont elle jouit juste- ment en Europe. En 1770, il fut pramu docteur en médecine par ia faculté de Besançon, distinction que lui valurent à l'âge de 21 ans, ses travaux assidus et les prix qu'il ^vait remportés aux divers con- cours de cette faculté. Sa récep- tion ne fut pas même chargée de ttfus les frais ordinaires, et se trouva presque gratuite. M. Percy fut attaché peu de temps après, à la gendarmerie de France , en qualité d'aide-chirurgien, et resta à ce poste près de 6 ans. Il publia plusieurs mémoires pendant cette époque , dont le premier fut des- tiné à prémunir le public conire rusaj;e inconsidéré d'un remède empirique alors en vogue, les Grains (le vie , et un antre contre un ouvrage très-superficiel, sur l' Art (les accouchemenSf qui avait c«'pendanl valu à son auteur un des principaux emplois de la chi- rurgie militaire. Ai. Percy profita dvs leçons du célèbre Lafosse, alor.> hippiatre en chef de la gen- diuiUKrie. et acquit sous cet ha- bile maître, une connaissance ap-

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profondie de l'art vétérinaire. Nommé, en 1782, chirurgien- major du régiment de Berry ca- valerie, il' se rendit à ce corps, et tout en remplissant avec autant de zèle que de succès, ses nou- velles fonctions, il trouva le temps de concourir pour tous les prix que l'académie de chirurgie de Paris proposait. Ayant remporté successivement les premiers prix, sur les instrumens tranchans, et particulièrement sur les ciseaux d'incision ; sur la question ten- dant à restreindre le nombre des instrumens destinés à l'extraction des corps étrangers; sur les bis- touris; sur les cautères, etc. , l'aca- démie se cru t obligée de le prier de ne plus envoyer de pièces au con- cours, afin de laisser quelque es- poir de succès à ses nombreux ri- vaux découragés par une supério- rité aussi marquée, et elle le nom- ma en même temps son associé regnicole. Mais les palmes acadé- miques dont il était chargé, quel- que nombreuses qu'elles fussent, puisqu'il se vit couronner dans seize concours publics des princi- pales académies de l'Europe, fu- rent bien loin de sulfirc à la gloire de M. Percy, et en forment aussi la moindre partie. C'était dans le» guerres sanglantes la France se trouva bientôt engagée, c'était sur les champs du carnage et au milieu du feu le plus meurtrier, qu'il devait signaler son amour pour l'humanité. Bravant tous les dangers personnels, ou paraissant plutôt ignorer qu'il en existât pour lui, il prodiguait toutes h's» ressources de son art et de son gé- nie, et volait, sous le canon mêm« de renftemi, au secours de ses

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frères d'armes atteints par le fer ou l<i feu. Ce n'était pas le géné- ral ou l'officier supérieur qu'il ju- geait seuls dignes de ses soins, son habile main soulageait également les maux du guerrier des derniers rangs, et les soldats appelaient Percy leur père. Ce fut lui qui organisa le premier, à l'armée du Khin, ce corps mobile de chirur- gie militaire qui rendit , dès sa création, de si éminens services, et qui après avoir excité 1 admira- tion et l'envie dfs armées coali- sées, leur servit de modèlie pour en organiser de pareils. Ce lut en- core lui qui en Espagne, foruia presque entièrement, à ses propres frais, un premier bataillon de sol- dats d'ambulance, et une compa- gnie spéciale de brancardiers qui, pourvus de brancards d'une cons- truction nouvelle , inventée par lui, se transportaient partout pour relever les blessés. L'étranger se hâta aussi de proliter de celle ins- titution, qui l'ut d'abord Ires-louèe en France, et ensuite à peu près négligée. Après les désastres mi- litaires de 18 14» et la première entrée des coalisés à Paris, il se trouvait, sans compter les blessés français, plus de 12,000 Russes, Prussiens, Bavarois el étrangers de tous pays, qui avaient élé mis hors de combat sous les murs de la capitale. Ils languissaient à peu près abandonnés, faute de chirur- giens sullisans, et manquaient a la fois d'asiles, de pansemens, de linge, et même de pain. iM. Percy devint leur providence. Sur sa demande, les vastes abattoirs de Paris furent mis à sa disposition. tin appel fut lait aux généreux habilans de celte ville, qui s'eui-

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pressèrent de fournir du linge , des couvertures, des matelas et des secours de loute espèce à leurs ennemis blessés, tandis que ceux de leurs camarades qui étaient restés sous les armes, pillaient et dévastaient les habitations des ci- toyens aux environs de la capita- le, el que les cosaques vendaient à l'enchère dans les rues, le mobi- lier et les bestiaux qu'ils ne pou- vaient emmener ou dévorer. En 50 heures, im service régulier fut établi dans ces abattoirs, et des milliers d'étrangers lui durent la prolongation de leur existence. Les souverains, en échange des soins de M. Percy pour la vie de leurs sujets, le récompensèrent maguifiquomeol par îles cordons: il eut la décoration de l'ordre de Sainle-Amie de Russie, de l'aigle rouge de Prusse, du uiérile de Bavière, etc., etc. En 181 5, il fut appelé par ses concitoyens , et à runanimité des suffrages des élec- teurs de sou déparlement, à la chambre des représenlans. Il ne parut qu'à un petit lujmbre des séances de la seconde chambre, et ne parla que pour ses enfms. les soldats malades. Ce n'était pas au milieu d'une asseuïblée déli- bérante, qu'il croyait sa présence le plus utile; il se rendit de nou- veau à l'armée, et servit avec la plus haute distinction jusqu'après la bataille de Waterloo. Depuis celte époque, on ne trouve plus M. Percy à la tête de la chirurgie militaire française. Il faut sans doute supposer qu'il a detnandé lui-même sa retraite, après la se- conde rentrée du roi, pour se re- poser de ses longs et honorables travaux. Il a enrichi les mémoires

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de l'académie des sciences, dont il est membre, ainsi que des prin- cipales académies de l'Europe, d'une foule de rapports et d'arti- cles non moins remarquables par la vaste érudition de leur auteur que par un style pur. élégant, harmonieux, et par des traits d'u- ne piquante originalité. Les dif- férens journaux de médecine, le Magasin encyclopédique , le Dic- tionnaire des sciences médicales, dont il c^t collaborateur, lui doi- vent aussi des mémoires et arti- cles précieux. M. Fercj a. en ou- tre, publié : AJémoire (cou- ronné) sur les ciseaux d'incision, Paris, 1785, in-4''; Manuel des chirurgiens d'armée, Paris, 1792, in- 12, avec figures; Pyrotech- nie chirurgicale pratique, ou l'Art d'appliquer le feu en chirurgie , Paris, 179'!, in-S", et une nouvel- le édition en 1810; Réponse aux questions épuratoires propo- sées par la commission de santé , Metz, an 3, in- 13 ; Eloge his- torique de Sahatier, Paris , 1812, in-4' 6f in-8°; Éloge histori- que d'Anuce Foës , Paris, 1812, in-8", etc.

PERE (le comte N.), fiU pré- sident du tribunal criminel du dé- partement (les Hautes-Pyrénées dans les premières années de In révolution , et ensuite député de ce département au conseil des an- ciens. Il se montra favorable à la révolution du 18 brumaire au 8, devint membre de la commission intermédiaire du conseil et mem- bre du sénat - conservateur an iru)is de décembre i7»>G , enfin , comte de l'empire et connnan- deur de la légion-dlionneur. Le I" avril 1814, il donna son adhé-

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sion à la déchéance de Napoléon, et fut nommé , le 4 juin suivant , pair de France. M'ayant accepté ni }>lace , ni dignité, pendant les cent jours, en 181 5, il a continué de siéger à la chambre des pairs, dont il fait encore partie aujour- d'hui (1824).

PEREIRA DE FIGUEIREDO (Antoine } , célèbre historien et théologien portugais , membre de l'académie royale des science.-, de Portugal, interprète des lan- gues de la secrétairerie d'état des alTaires étrangères et de la guer- re , etc., naquit, le 14 février 1725, d'Antoine Pereira et do 31arie F'igueiredo , habitaus du bourg de Macao. Ses parens le destinèrent à la carrière ecclésias- tique, et l'envoyèrent au collège des jésuites de Villa-Yiciosa , il apprit la grammaire, le latin, et la musique. Au sortir de ses étu- des, il fut admis comme musicien et organiste au monastère de Sainte-Croix de Coïmbre. Il n'y resta que quel<]ues mois, et en- tra, en 1744' dans la congréga- tion de l'oratoire de Lisbonne. En 1751, il publia des Exercices sur les langues latine et portugaise, à l' usage de la congrégation de l'o- ratoire. Cet ouvrage fortifia la ré- putation dont il jouissait déjà com- me grammairien. Méanmoins, son mérite ne fut généralement ap- précié qu'après la publication qu'il fit, en 1752, de sa Nouvelle méthode de la grammaire latine; cet ouvrageeut 10 éditions. 11 fut choisi, dans la même année, pour enseigner sa méthode , emploi qu'il exerça jusqu'en 1755, lors- qu'il fut forcé, par suite du trem- blement de terre dont il faillit è-

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Ire victime, de passer dans la mai- son de Notre-Dame des Nécessités dépendante de sa congrégation. il commença à enseigner la rhétorique; mais son extrême ap- plication au travail le força, par ordre des médecins, de se retirer à Viseu, dans la province deBei- ra, dont le climat améliora sa san- té. Bien accueilli de l'évêque de cette ville, D. Jules-François de Oliveira , que l'oratoire avait compté parmi ses membres, Pe- reira de Figueiredo comptait faire un long séjour dans sa nouvelle retraite. La faveur du prélat fut de peu de durée, et il fut obligé de se fixer à Porto. Sa santé se réta- blit entièrement dans celte ville, et, en 1769, il retourna à Lis- bonne. Choisi pour enseigner la théologie, il se vit bientôt appe- lé, par suite des longues dissen- tions du Portugal avec la cour de Rome, à combattre en faveur de sa patrie contre celte même cour. 11 le fit avec succès. Il provoqua et dirigea, en 1^65, les célèbres thèses par lesquelles il prouvait que les rois avaient un souverain pouvoir sur les biens des ecclé- siastiques : système consigné dans le recueil intitulé Collectio tliesiu- mœ, imprimé à Paris en 1768, et l'on trouve quelques-uns des principes de la constitution civile du clergé de Fra nce de 1 79 1 Dans son ouvrage qui parut sous le titre (\eTentativatheologica^eU\^\\%on- tient « que lorsque le recours au saint-siége trouve des obsracles , la faculté de dispenser des ein|)ê- chemens de mariage est dévolue aux évêques, aussi-bien que celle de pourvoir aux besoins spirituels des fidèles dans tous les cas rcser-

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vés au pape, toutes les fois que le bien public et la nécessité le de- mandent. (Jet ouvrage, estimé par les uns et critiqué par les autres, a été traduit en plu>ieurs langues, et cité par les plus habiles théolo- giens et canonistes de tous les pays. On dit que la traduction française fut faite par un avocat du parlement de Paris, à l'insti- gation de l'abbé de Bellegarde, chanoine d'Utrecht, ami et cor- respondant de Pereira de Figuei- redo. » Ces tristes débats failli- rent coûter la vie au roi de Por- tugal, qui n'échappa qu'avec pei- ne au fer d'un assassin. Pour ren- dre la tranquillité à ses états , ce prince défendit, en 1760, sous les peines les plus sévères , toute communication spirituelle ou temporelle avec la cour de Ro- me. Les évêques portugais ren- trèrent ainsi dans leurs droits, et c'est dans ce* circonstances que fut publié l'ouvrage du savant théologien Pereira de Figueire- do, l'homme le plus savant de son siècle. Joseph I", pour récompen- ser les services de ce savant, le nomma député ordinaire du tri- bunal de censure, emploi qu'il conserva, de sa création, en 1768, jusqu'à son extinction. Joseph l" lui donna l'ordre, en i^Oy, de quitter la robe de l'oratoire pour remplir à sa cour le double em- ploi de premier interprète des lan- gues de la secrétairerie d'état des afl'aires étrangères, et de la se- crétairerie de la guerre. Il exerça ces fonctions jusqu'à sa mort, ar- rivée le 14 août 1797. Pereira de Figueiredo a traduit une foule de pièces et de documens olliciels, soit par ordre du roi, soit par ce-

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lui du principal minisire, le mar- quis de Poinbal, qui chargea, eu outre, cet historien de traduire les nouveaux statuts de l'université de Coïmbre, « dans le bon latin, disait »le ministre, qu'il avait coutume » d'écrire. » Les nombreux travaux auxquels l'assnjétissait son emploi ne l'éloignèrent pas de la carrière littéraire. Il a transporté dans sa langue maternelle une foule d'ou- vrages de divers auteurs étran- gers, et a composé un nombre considérable de dissertations, thè- ses et écrits théologiques , dont rénumération occuperait plu- sieurs colonnes. Ce qu'il a fait, d'un intérêt pfus général en ce genre , ce sont : i" Eté mens d'histoire ecclésiastique en forme de dialogues, 2 vol. in-8°, lyGS: le premier contient les élémens de la chronologie, et le second, ceux de la géograithie ; deux au- tres volumes , restés manuscrits, renferment l'histoire des conciles avec des remarques, observations, etc., sur les écrits des SS. PP.; les Portugais aux conciles -gë- néraux, ou Relation des ambassa- deurs , prélats et docteurs portu- gais, qui ont assisté aux conciles généraux d'Occident , depuis les deux premiers de Latran jusqu'à celui de Trente, in-4"', 1787; 3* Analyse de la profession de foi de Pie IF, in-4'', ''79^ ouvrage mu- tilé par la censure, réimprimé en italien, en 179a, avec des notes: il existe encore de celte analyse une traduction en espagnol, faite de concert avec l'auteur, et une traduction en français par M. Mouton; elles sont restées inédi- tes; 4° de Ferbo Dei scripto et tra- dilfl, imprimerie royale, 179a;

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5" il a donné, en 1756, un Com- mentaire latin et portugais , avec des notes sur le tremblement de terre et l'incendie de Lisbonne; 6", en 1761, des Ep/iémérides de ce qui s'est passé en Portugal, de- puis le tremblement de terre Jusqu'à r expulsion des jésuites; 7' un ma- nuscrit sous le titre de Lusitania sacra, ou état ancien et moderne de l'église de Portugal ; 8 ' des Eloges, Inscriptions , etc., dans lesquels il célébrait les grands événemens du règne de Jo- seph I" et les services que ren- daient à l'étal les premiers fonc- tionnaires publics; 9" enfin, son principal ouvrage, la Bible, tout entière traduite en portugais, avec préface et notes, a paru en •ïô vol. iu-S". Il donna d'abord, en 6 vol., l'histoire du Nouveau-Testament, dédiée aii cardinal Da Cumha } 1778; puis 17 vol. de V Ancien' Testament, de 1783 a 1790: l'ou- vrage a presque entièrement été imprimé à l'imprimerie royale. Les livres apocryphes ont aussi été traduits par Pereira de Fi- gueircdo, mais ils n'ont pas été publiés.' Il était au moment de metlre au jour une nouvelle édi- liim, revue avec soin, de la Bible, lorsqu'il mourut. Il fut vivement regretté pour ses talens et ses vertus. ^

PKRES (Joachim), avocat ù Mirande à l'époque de la révolu- ti(Mi, fut nommé, en 1789, député du tiers -état de la sénéchaussée d'Auch aux états-généraux, puis élu en 1 79a, par le département du (iers,député suppléant à laconven- tion nationale, il fut appelé vers la fin de la session. l£n »79i>, il passa au conseil des cinq-cents, 10

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ot parla le 22 décembre 1 jQtî sur le projet d'amnistie pour délits re- latifs à la révoiutioa; le 1" mai, il signala les prêtres réiVactaires comme les ennemis les plu» opi- niâtres de la révt)!(ition, et sollici- ta contre eux des mesures sévères; le 5 janvier 1797, il dénonça les maisons de jeux, dont le nombre se multipliait d'une maiiièie effrayan- te pour la morale et la tran- (piillité des pères de famille; le 9 juillet il s'oppoi^a au décret en fa- veur des inj^'itifs de Toulon; le 1" mai 1708, ii parla en faveur des citoyens iu'^Ciits sur les listes d'é- migrés, et essaya de prouver que la loi du 19 fructidor (5 septembre 1797), était injuste et désastreuse, eu te qu'elle exposait à être arrê- tés et fusillés dans les vingt-qua- tre heures, des individus qui bien souvent ignoraient l'inscription de leurs noms sur les listes fatales. Il sortit de cette assemblée, etdevint, après le 18 brumaire an 8, mem- bre du conseil de préfecture du département du Gers, fondions qu'il a exercées jusqu'en 1822. U- ne biographie moderne prétend qu'il avait été nommé, par le gou- vernement consulaire, préfet du dé- partement de Sambre-et-i\leuse ; c'est une en eur : ce fut Perès-La- gesse, dont l'article suit.

PERÈS-LAGESSE (Emmawlel), le 22 mai 1752, était avocat en 1789, lorsqu'il fut éin député suppléant du tiers-état flu pays de llivière-Verdun , aux états-géné- raux, où il ne parut point. Nom- mé, an mois de sepiembre 1792, député du département de la Haute-Garonne, à la convention nationale, il vota dans le procès du roi la détention et le bannissc-

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ment à la paix; il fut de l'avis du sursis. En 1794, M. Perès-La- gesse parla avec beaucoup de cha- leur en faveur d'un grand nom- bre de citoyens du Nord, presque tous cultivateurs, qui avaient été incarcérés comme complices de l'étranger. A la fin de 1795, il se rendit à l'armée de Sambre-et- Meuse, d'où il transmit à la con- vention les vœux dt^s Belges pour leur réunion à la France. Devenu membre du consdl des cinq-cents, il continua à professer des princi- pes de sagesse et de modération, et réfuta Pérès (du Gers), qui s'opposait à une amnistie en fa- veur des citoyens détenus pour opinions politiques. Il avait, peu de jours auparavant , pro}»osé dindemniser les parens des con- danuiès , en les autorisant à faire des acquisitions de biens natio- naux avec les I)ons qu'on leur a- vait délivrés, on remplacement de leurs biens vendus. 11 appela l'at- tention du conseil, dont il était de- venu secrétaire, sur les hôpitaux, et la loi qui les avait dépouillés. En août, il signala les prêtres dé- portés et rentrés, conjme les en- nemis de la chose publique ; il coopéra ensuite à la révolution du i8 fructidor an 5. 11 présenta, le 17 février 1791S, une adresse de la ville de Toulouse, contre la cour de Rome , sortit du conseil dans le mois de mai, et fut réélu aussitôt à celui des anciens, dont il fut successivement secrétaire et président. Enthousiaste de la gloi- re nationale, il célébra souvent à la Iribime, la valeur et le succès de nos armées , et particulière- ment les faits brillans de l'armée d'Italie. Il s'occupa vivement d'à-

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untliorer le sort des Kelges, et fit supprimeriez ordres religieux de ce pays. Après le 18 brumaire au 8, il fut nommé préfet du dépar- tement de Sauibre-el-Meusc, il ne cessa de mériter l'estime et la reconnaissance publiques. lien exerça les fonctions jusqu'en i8i4» époque à laquelle les Français fu- rent contraints de renoncer aux provinces belgi{|ues.

PKKETH- DELLA - ROCCA , grand-vicaire d'Aleria, fut nommé député du clergé de Corse aux é- tats-généraux en 1789. Partisan exagéré de toutes les anciennes doctrines, il ne voulut pas recon- naître le besoin qu'avait la France de nouvelles institutions, et ne rendit pas justice aux intentions de l'assemblée constituante. Dés le principe , Peretli-dclIa-Rocca se déclara l'auteur d'une lettre écrite de Corse contre les décrets de celte assemblée, et depuis il signa les protestations des 12 et 1 5 septem- bre 1 79 1 . Depuis cette époque, de- venu étranger aux affaires publi- ques, il est resté dans l'obscurité.

PEREYRA (Ioseph), naquit à Bayonne en 1 ^/p» d'une fau)ille belge. Etant venu s'établir à Pa- ris comme manufacturier de ta- bac, il se prononça lorlenieut en faveur de la révolution française, se lia avec la société des corde- liers, partagea en 1790 la mission de Dubuisson auprès de Dumou- riez, et fit ensuite partie du comité central révolutionnaire de la com- mune de Paris, qui, sous la direc- tion de Marat, contribua à assurer le triomphe de la Montagne sur la Gironde au 5i mai 1795. Depuis, ayant déplu à Robespierre, qui l'a- vait fait chaiscr du club des Jaco-

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bins, comme vendu à l'étranger, il fut enfermé à Saint-Lazart; avec Défieux. Vincent et Ronsin vin- rent fréquemment les visiter dans leurs prison. Pereyra fut condam- né à mort le 4 germinal an 2 (24 mars 1794), comme complice de la faction des hébertistes.

PERGEN (le comte de), grand- maréchal des états d'Autriclie et mi- nistre de la police sous Jf)seph îl. fut envoyé à Londres par l'empti-^ reur François II, en avril 1790, pour ratifier les articles d'un traité de subsides que l'Autriche venait de conclure avec l'Angleterre. De- puis, en 1797, l'empereur le nom- ma un de ses ministres plénipo- tentiaires au congrès de Rastadt. Le comte dePergen mourut quel- ques années après.

PÉRIER (MM.), députés, etc. {voy. le Suppl. du présent vol.)

PERIEIV (les fuèues Jacques- Constantin et Auguste- Charles), tous deux né# à Paris , se livrè- rent, avec un frère, le pins jeu- ne d'entre eux, qui mourut à l'â- ge de 24 ans, à l'étude des arts mécaniques. Leur premier ouvra- ge, la pompe centrifuge, que Jac- ques - Constantin et Auguste- Charles exécutèrent de concert , donna de grandes espérances de la réunion de leurs talens, et l'é- tablissement du (Conservatoire des arts et métiers compte parmi les choses remarquables qu'il renferme dans ses salles, la galerie des modèles qu'ils exécu- tèrent pour le duc d'Orléans. Jacques - (Constantin, voulant se perfectionner dans la connaissance du mécanisme et des nombreuses apj»licalions des machin(;s à va- peur, fit cinq voyages s^uccessifs

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en Angleterre, et à son retour dans sa patrie , U fit établir les deux pompes à feu qui sont à Chaillol près des Champs-Ely- sées. Elles élèvent l'eau de la Seine sur la plus haute éminence de Chailiot, sont construits des réservoirs qui distribuent cette eau dans Paris au moyen de con- duits en fonte. Une semblable ma- chine est placée , pour le service du faubourg Saint -Germain , au Gros-Caillou près de la Seine. Dans le premier établissement , quatre fourneaux à réverbère peuvent fondre chacun , dans l'espace de trois heures, cinq milliers de ma- tière. Il sert à l'exploitation de différentes branches d'industrie, telles entre autres les mines de charbon, les filatures de coton, les fabriques de draps, les fonde- ries et perceries <le canons. On y fabriqua, sous la direction de Mon- ge, au commencement de la ré- volution , 120 pièces de canon, au nombre desquelles étaient des pièces de seize, avec un matériel considérable d'artillerie. Cet éta- blissement avait, dès son origine, mérité l'attention du gouverne- ment. En 1811, l'institut, dans son rapport sur les prix décen- naux , lui donna les plus grands éloges. Les rapporteurs s'expri- mèrent ainsi : « L'établissement de MM. PérieràChaillot, dit ce rap- port, est le premier et presque le seul eu F'rauce l'on puisse faire exécuter toutes sortes de machi- nes. On y a fabriqué la majeure partie des pompes i\ vapeur ré- pandues dans l'empire, une gran- de quantité de pompes de toute espèce , des balanciers , des dé- coupoirs, des cylindres à papiers:

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ils fondent, en fer ou en cuivre, toutes sortes de pièces.... C'est à eux à qui l'on a souvent recours pour la construction de manèges, d'assortimens de machines à filer le coton, etc., enfin pour l'exécu- tion des machines en général. MM. Périer ont contribué beau- coup à affranchir l'industrie fran- çaise du tribut qu'elle payait à cel- le des étrangers.» M. Jacques- Constantin Périer , membre de l'académie royale des sciences a- vant la révolution, et depuis mem- bre de l'institut, a fait insérer dans le recueil de l'académie des sciences ditTéretis Mémoires sur les avantages de cette machine, qui a servi à la mise en activité de près de 100 ateliers ou usines dans î'ituérieur de la France. Ce sa- vant, qui créa la fonderie des ca- nons de la marine h Liège, on tenait à-la-fois en fusion 1 10 mil- liers de matière, était à Paris le 3 novembre 1742; il mourut dans la mênie ville le 17 août 1818. M. Jomard lui a consacré une No- tice dans le bulletin de la société d'encouragement pour l'industrie nationale, 1819, pag. i55-i38. Après la mort de Périer aîné, M. Scipion Périer, qui n'est pas de la même famille, a acheté l'éta- blissement de Chaillut, et y a fait des changemens avantageux dans les opérations de la fonderie.

PERIER (Jean-Fbançgis), dé- puté aux états-généraux, ancien évêquc constitutionnel du Puy- de-Dôme, pu isévêque d'Avignon, membre de la légion-d'hnnueur, est à Grenoble, département de l'Isère, le 16 juin 17/10. Au sortir de ses études ecclésiasti- ques, il entra dans la congréga-

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lion de l'oratoire , et devint curé de Saint- Pierre d'Etampes. Le clergé du bailliage de cette ville l'élut député aux états-généraux en 1789. M. Périer se fit remar- quer dans celte assemblée par son amour pour la concorde ; il prêta, en 1791, le serinent exigé parla nouvelle constitution civile du clergé; fut élu évêque consti- tutionnel du Puy-de-Uôme dans la même année; et donna sa dé- mission lors du concordai de 1801. Mais dans l'institution des évê- ques, qui suivit à cette époque (1802) la réorganisation de l'égli- se de France, il obtint le siège d'A- vignon, et reçut, quelque ttmps après, la décoration de la légion- d'honneur. M. Périer s'est de nou- veau démis de son siège épisco- pal entre les niains du roi , en 1817, et a continué de l'adminis- trer jusqu'en 1820, époque à la- quelle il a été statué sur le nou- veau concordat.

PÉRIGNON (Dominique-Ca- therine MARQUIS de), maréchal et pair de France, grand'croix des or- dres de la légion-d'honneur et de Saint-Louis, grand-dignitaire de l'ordre des Deux-Siciles, naquit à Grenade, département des Landes, le 5i mai i754> Il montra dès sa jeunesse du goût pour la profes- sion des armes, fit des études ana- logues, et entra au service comme sous-lieutenant dans le corps des grenadiers royaux de Guyenne; il devint aide-de-camp de M. de Preissac. 11 était juge de paix du canton de Monlech, département de Tarn-et-Garonne , lorsqu'au mois de septembre 1791, le dépar- tement de la Haule-Garomie le nomma député à l'assemblée lé-

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gislative, il ne se fit point re- marquer. Cédant au mouvement général qui portait tous les ci- toyens aux frontières, il renonça aux fonctions civiles, et rentra au service en qualité de comman- dant d'une légion des Pyrénées-O- rientales; bientôt promu au grade de général de brigade, il succéda au commandement en chef de cet- te armée après la mort du générai Dugommier {voy. ce nom). Il fit avec succès les campagnes de 1 794 et 1795, remarquables par les vic- toires du 7 juin 1794? près de la Jonquière; du 7 novembre suivant à Saint-Sébastien et à la Made- lène, et du 20 du même mois de- vant Figuières, fut tué le géné- ral espagnol La Union {voy. La Union), et où, maître de la ville, il 619,000 hommes prisonniers, et s'empara de 71 pièces de canon avec un matériel considérable. Cet- te campagne, qui fut terminée le 7 mai 1795 par la prise de Roses, amena la paix avec le gouverne- ment espagnol. Pour parvenir au brillant résultat qu'obtint le géné- ral Pérign(m dans cette dernière circonstance, il avait fait tailler dans le roc un chemin de plus de Irois lieues, et placer sur une mon- tagne de 2,000 toises, une batte- rie de canon et de mortiers, qui foudroyèrent la ville et en ame- nèrent la reddition, ainsi que cel- le du fort, qui jusqu'alors avait ré- sisté à toutes les attaques. Le géné- ral Pérignon, nommé peu de temps après son retour à Paris , ambas- sadeur à Madrid, partit pour sa destination au mois d'avril 1796. Sa suite était nombreuse et bril- lante, et il fui très-bien reçu du roi, avec lequel il conclut, quatre

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mois après, un traité d'alliance oftensive et défensive entre la France et l'Espagne. En 1797, le vice-amiral Truguet succéda au général Pérignon dans l'ainbassa- de à Madrid; celui-ci, employé en 1 799 à l'année d'Italie, fut chargé du commandement de l'aile gau- che à la bataille de Novi; il y fut grièvement blessé, et fait prison- nier en protégeant la retraite. Le ])remier consul Bonaparte le nom- ma sénateur en 1801, et le pour- vut de la sénatoreriede Bordeaux, en 1804. Au mois de inars de la même année, il piésid;'. le collège électoral du déparlemcut de la Haute-Garonne, et fut compris dans la première promotion des niatéchaux de l'empire. Il se ren- dit, en i8u6, au poste de gouver- neur de Parme et Plaisance, il venait d'être appelé; en 1808 il i-emplaça, à Naples, le général Jourdau, et prit le commaudement de toutes les troupes franrais<;s dans ce royaume, dont il rje s'é- loigna rpi'à l'époque le roi Joa- chim {voj. Murât) abandonna la cause de l'empereur Napoléon. De retour à Paris, le maréchal Pé- rignon adhéra à la déchéance de ce prince et au rétablissement de la maison de Bourbon su r le trône de France. Monsieur, lieutenant-gé- néral du royaume, lenon)ma com- missaire extraordinaire dans la première division militaire. Il de- vint, par ordonnances r<)yales, le 3i mai 18 j4? président de la com- mission qui devait constater les ti- tres, brevets, lettres de service, etc. , des anciens oïïiciers de l'ar- mée des émigrés; le 1*' juin, che- valier de Saint-Louis, et le 5 du même mois, pair de France. Le

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maréchal Pérignon habitait sa ter- re de Monbech, près de Toidou- se , lorsque Napoléon quitta l'île d'Elbe au mois de mars 181 5. Alors le maréchal se réunit au baron de Yitrolles, commissaire de Louis XVIII, pour organiser des moyens de défense dans le Midi. Pendant les cent jours, il refusa de pren- dre part aux affaires publiques. Le roi, à son second retour, le nomma gouverneur de la premiè- re division militaire, puis com- iriandeur, et, en 1818, grand'croix de l'ordre de Saint-Louis. Le ma- réchal Pérignon mourut en 1819. Son û\$ lui a succédé dans son ti- tre de marquis et dans sa dignité de pair de France.

PERIGN Y ( LE MARQUIS DE ) , fut

élu, en 1789, par la colonie de Saint - Domingue, député aux états-généraux, fin 1791 , il écri- vit à l'assemblée , « Qu'il cessait »de prendre part aux séances, a- » près l'adoption de l'article con- » cernant les hommes de couleur. » Cependant, après le départ de Louis XVI pour Varennes, on vit M. de Perigny reparaître au sein do l'assemblée, il prêta serment de fidélité. Pendant la session de l'as- semblée législative, il fît un voyage en Suisse pour y propager les doc- trines de la révolution ; les dan- gers qu'il courut le forcèrent à re- venir en France. Il se mit alors à la tête de la société populaire de Strasbourg, et y prononça diiTé- reus discours il exprimait ses opinions avec beau coup d'énergie. De])uis ce temps, le marquis de Perigny n'a plus reparu sur la scène politique.

PÉRIN ( liEwÉ ), homme delet- Ires, auteur de plusieurs ouvra-

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ges en prose et vers , el d'un grand nombre de pièces de théâtre, est à Paris, le 2 novembre 1775, d'une famille de robe. Son père était avant la révolution avocat aux conseils dn roi, et membre des conseils de Monsieur et du comte d'Artois. M. Périn, arrêté pendant le règne de la terreur, fut enfermé aux Carmes, el n'obtint sa liberté qu'après la chute de Ro- bespierre. Nommé sous-prcfct au mois d'avril 18 15, il perdit cette place après le retour du roi, et n'a point rempli depuis de fonctions publiques. Il a publié : i" le Fla- geolet (VÈrato, ou le Chansonnier du V audeville , i8oi,in-i8; 2" les nouveaux Athées, ou Réfutation des nouveaux Saints , en vers avec des notes historiques, 1801 , in- 12; 5' Mémoires de M"" de Pompadour, suivis' de sa correspondance , 1801, 5 vol.in-S"; 4" Choix des poésies de Pezay, Saint - Péravi, la Conda- mine, Masson de M orvilUers , Bar- the et Flins, avec des notices, 1810, 2 vol. In - 18; 5" Vie mili- taire de J. Lannes , maréchal de C empire, duc de Montebeiloj j 8 1 o , in-8";6'' Œuvres de Lemierre, 1810, 5 vol. in-B" ; '^"Beautés historiques de la maison d'Autriche, iSii, 2 vol. in-12; ^'' Itinéraire de Pan- tin aumont Calvaire, \)iir M. de^Mai- sonterue, parodie piquante del'iti- néraire à Jérusalem , de 31. de Châteaubriant ; Pensées de La Harpe, i8i4, 1 vol. in-12; 10" Abrégé du cours de littérature de La Harpe, 1821, a vol. in- 12, et seconde édition 1823. On a de lui les pièces de théâtre suivantes : Beaumarchais en Espagne; Cécile et Fitz Henri, ou encore une Fille cou- j)able; la Boite aux fiches; lesjn-

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diens à Marseille, comédie en 5 actes, imi tée deKotzebue. (Avec M. Pillon : ) ia grande ville ou les Pari- siens vengés ; le Voyage autour de ma chambre ; Mole auc Champs- Elysées , comédie en 1 acte et en vers, i8o3; tous tes Niais de Pa- ris, tragédie burlesque, en 5 actes et en vers; (avec M. Rougemonf.) Henri IV et d'Jubignc, comédie en 3 actes, iSi/\', l' Intrigue avant la noce, comédie en 3 actes, 181 5; le Vieil oncle, comédie en 1 acte, 1 816 ; le Garçon sans souci , mélo- drame comique, tiré du roman de Pigault-le-Brun, 1818, in-8»; /a nouvelle Cendrillon, comédie en 4 actes, en prose, 1810; le Libelle, comédie en 1 acte et en vers , 1811; l'Héroïsme des femmes, mé- lodrame en 3 actes; la Demande bizarre, comédie en 1 acte, en prose, 1H19; (avec M. Félix Noga- ret : ) Dugay-Trouin , mélodrame en 3 actes, 1807; (avec le Roy;) Isabelle de Levanzo , mélodrame en 3 actes, 1 821. On avait attribué à M. Vir'in, le Dictionnaire des Gi- rouettes, mais dans une hittre in- sérée dans différeus journaux, il a formellement désavoué cette com- pilation [voy. Beuchot).

PERISSE -DIJLLC(N.), était imprimeur-libraire à Lyun , quand il fut élu député du tiers -étal de cette ville aux états- généraux, en 178g. Il siéga au côté gauche, et s'occupa plus particuiiéreujent d'objets relatifs aux monnaies et aux assignats; il devint membre du comité colonial. S'étunl déclaré à Lyou , en 1793, contre le parti conventionnel, il fut cundannié à mort après le siège.

PERLET (Chables), à Ge- nève VOIS 1705, vint fort jeune

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à Paris , et y devint libraire et imprimeur. Dès le commence- ment de la révolution, il entre- prit un journal auquel il donna son nom. Les }»rincipes qu'y pro- fessèrent d'abord les rédacteurs donnèrent h leur entreprise un grand succès, et procurèrent à M. Peilel beaucoup d'aisance ; mais un changement d'opinion trè.s-prononcé en 1^97, à l'épo- que (le la lutte du directoire avec le parti dit de Cliclii, après avoir donné une sorte d'importance à M. Perlet dans ce parti, qui com|lait sur une victoire certai- ne, détruisit les bases de sa for- tune par les événemens inatten- dus des 18 et 19 fructidor (4 et 5 septembre 1798). Compris dans la liste de dépoitalion du 18, il parvint d'abord à ^e cacher; mais découvert et arrêté en 1798, il fut conduit à Rochefort, et de transporté à la Guiane; le 18 brumaire an 8 le rendit à sa patrie. 11 revint en France, en passant par l'Angleterre et l'AlIe- mai'ne , l'on prétendait qu'il s'était lié avec quelques roya- listes, et de retour à Paris, il y reprit son commerce de librai- rie; mais manquant de crédit, il ne put le faire pro-'pérer. Ici com- mence pour M. Perlet une nou- velle carrière bien différente de celle qu'il \euait de parcourir. On l'a peint c<u)staunnent sans ins- truction, sans connaissances, sans aucune espèce d';iptitude; il a- vait fait une entreprise, que les rédai |eur^ auxquels il prêtait son nom, avaient rendue tiès-Incrati- ve ; mais ces lédacteurs l'entraî- nèrent peut-être à son insu dans des jtrincipes qui n'étaient pas les

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siens, et on dut le plaindre quand il fut puni d'une faute qu'il n'a- vait pas commise; mais il fut mal- heureux sans cesser d'être hon- nête homme. jNous allons le voir bientôt transformé en intrigant, et lié à des complots qui suppo- sent beaucoup d'aptitude, et mê- me de flnesse, qualités qu'on lui avait jusqu'alors constamment re- fusées. Nous rapporterons les faits sans y attacher aucune 0-» pinion particulière, sans les ga- rantir, et simplement parce qu'ils tiennent à l'histoire de l'époque" ils (Mit eu lieu. On dit donc que pour se procurer des moyens de subsistance, Perlet se fit l'agent du gouvernement impérial, et fut admis, en qualité de commis, à la préfecture de police. C'est a- lors qu'il noua de nouvelles intri- gues à l'aide de ses anciens rap- ports avec les royalistes de l'inté- rieur. Il fit plus : il ouvrit une correspondance secrète avec Fau- che-Borel, qui se trouvait alors à Londres, en lui faisant croire qu'il avait réuni à Paris un comi- té d'hommes puissans, dévoués au rétablissement du trône des Bourbons. On lui répondit; on lui envoya des instructir»ns et de l'argent, et il servait ainsi la po- lice royaliste, et la police impéria- le. (!ui dictait sa correspondance. Perlet fit un voyage en Angleterre, fut accueilli, et reçut des instruc- tions pour l'intérieur. Rentré en France, il continua de servir les deux partis, et donna tous ses soins à faire croire à ses correS- pondans de Londres , que le co- mité dont il leur parlait depuis long-temps, sans l'avoir jamais fait coDDaîtrÈ, existait réellement,

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ft qu'il avait de grands moyens (l'exéoulion. Des assurances aus- si positives décidèrent enfin les royiilistes à envoyer à Paris une personne de confiance pour s'as- <uier que les renseignemens don- nés par Perlet étaient exacts. Le jeune Vite! , neveu de Fauche- Borel , se chargea d'autant plus volontiers de cette mission, qu'el- le paraissait présenter peu de dangers. Ne connaissant que Per- î.'t, n'ayant de recommandation nue pour lui, ce jeune homme, si l'on en doit croire Fauche-Borel, fut livré à la police par une suite incroyable de perfidies, et fut fu- sillé quelques jours après son ar- rivée dans la capitale. Fauche- Borel , revenu en France à la sui- te du roi , dans le mois de mai 181 4, prit un logement chez Per- let, et ce ne fut que six mois après qu'il assure avoir acquis la preu- veque son neveu avait été livré par Perlet. Fauche-Borel publia con- tre ce dernier une brochure, dans laquelle il le signalait comme un traître, et le dévouait à l'exécra- tion publique. Ceci se passait au commencement de 1816. Perlet se prétendit gravement offensé ; non-seulement il répondit à son accusateur, mais il l'attaqua lui- même. Fauche profita de celte circonstance pour le traduire cora- rtic calomniateur devant la poli- ce correctionnelle, et conclut à ce que les sommes qu'il afiirmaitque Perlet s'était fait envoyer pour sauver Vitel lui fussent restituées. Perlet parut au tribunal, et mon- tra beaucoup de fermeté pendant les premières audiences, mais tout-à-coup il disparut. Ce juge- nicnl, eu date du 24 mai 181^,

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l'a condamné à cinq ans de pri- son, à 2,000 francs d'amende, et a ordonné la suppression de sa brochure, intitulée : Exposé de via conduite. Perlet se réfugia à Genève, sa patrie, il rédigea un journal ayant pour titre : l'E- cho de runivers. La troisième li- vraison de cet ouvrage renferme une apologie de sa conduite dans les faits que nous avons rap- portés.

PERNETY (dom Antoinb-Jo- seph), que différens auteurs écri- vent Pernetti, savant et célèbre bénédictin, naquit à Roanne, dé- partement de la Loire, le 1 3 février 1^16. La congrégation de Saint- Maur, à laquelle il appartenait, l'attacha à ceux de ses membres qui s'occupaient à l'abbaye de Saint Germain-des-Prés, de tra- vaux de sciences et de littérature. Dom Pernety fut signataire de la requête que 28 de ses confrères présentèrent en i^GS, afin d'obte- nir différentes modifications à la règle de la congrégation. Il n'at- tendit pas l'issue de celle affaire, et se rendit secrètement à Berlin, Frédéric-le- Grand le fit son bi- bliothécaire. Dom Pernety désirait entièrement se soustraire à la ju- ridiction de ses supérieurs; il ob- tint le titre d'abbé in partibiis, et revint avec celte qualité à Paris. L'archevêque de Beaumont vou- lant user de son autorité poiir le faire rentrer dans son monastère, dom Pernety se pourvut devant le parlement, qui, par un arrêt, l'autorisa \ rester maître de ses ac- tions, c'est-à-dire à vivre libre el hors de la dcpendaiice de la con- grégation. Ce savant mouriil en 1800. Il s'était retiré à Avignon,

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et s'y était affilié aux associations franchos-uiaconniques. On distin- gue panui ses nombreux ouvra- ges : traduction du Cours de mathématiques de IVolf, in-8° , *747j Manuel du bénédictin, 1754, in-8"; Dictionnaire de peinture , sculpture et gravure, 1767, in 12; f(tbles égyp- tiennes et grecques, dévoilées et ré- duites au même principe, avec une explication des. Itiérogfyphes et de la guerre de Troie, X758, 3 volu- mes in-S", 2' édit., 1786, ouvrage curieux et recherché de toutes les personnes qui s'occupent de la science hermétique, parcequeTau- teur prétend trouver les allégories et les secrets de celte science dans les ouvrages d'Homère; Diction- naire mytho-liermétique, i7'î8, iiJ-8"; Discours sur la physiono- mie et les avantages des connaissan- ces ptiysiognomiques, Berlin, 1769, in-8"; Journal historique d'un Voyage aux lies Ma!ouines,en 1 743 et 1764» Berlin, 1767, 3 vol. in-8°; 8" Histoire d'un voyage aux lies Malouines, nouvelle édition, re- fondue et augmentée d'un Dis- cours préliminaire, Paris, 1770, in-S"; De l' Amérique et des A- inéricains , ou Observations curieu- ses du philosophe la Douceur, qui a parcouru cet hémisphère pendant la dernière guerre, en faisant le no- ble métier de tuer les hommes sans les manger : cet ouvrage, imprimé à Berlin eu 1771, in-8°, et attribué par quelques personnes à Nicolas Bonneville, est dirigé contre les recherches de Paw ; 10° Con- Jiaissance de l'homme moral par celle de l'homme physique , Berlin , 1776, grand in-8°; 11" Les vertus, le pouvoir, la clémence et la gloire de Marie, mère de Dieu, Paris,

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1790, in-8"; 12* une traduction en français de YHistoire des merveil- les du ciel et de l' enfer, et d.es terres planétaires et australes, du latin d'Emmanuel de Swedenborg, Berlin, 1784, in-8". Il avait tra- vaillé au 8* vol. diiGallia cliristia- na, à une traduction de Columel- le,et avait mis en ordre les ambas- sades de la maison de Noailles, ouvrage commencé par l'abbé de Vertot; enfin il a donné un grand nombre de Mémoires aux recueils académiques de Berlin.

PERNETY (le vicomte Joseph- Marie) , lieutenant -général d'ar- tillerie, conseiller-d'état, grand- croix de la légion -d'houneur, chevalier de Saint-Louis, et de plusieurs ordres étrangers, est fils de Jacques Pernety , directeur des fermes générales, et ex-con- seiller privé des finances de Fré- déric 11, dont était bibliothécaire son frère D. Pernety, savant bé- nédictin {^ûoy. l'article précédent), est en 1706, à Lyon. Il termi- na ses études à l'école militaire de Tournon , et fut nommé offi- cier d'artillerie en 1785. Capitai- ne en 1791,11 fit sa première cam- pagne à l'armée des Alpes , et passa, en 1793, à l'armée d'Italie. Il se distingua à la défense du Belvéder et à la prise de Saorgio. En 179'i, il devint directeur du parc de siège de Mantoue, et en- suite commissaire pour recevoir l'artillerie de cette place. Il prit part aux batailles de Bassano, Aréo- le et Rivoli : à celte dernière il fut nommé chef de bataillon. En 1 799, il reçut le commandement de l'artillerie de l'expédition d'Ir- lande, sous les ordres du général liardy, et fut fait prisonnier sur le vaisseau le Hoclie, à la suite d'un

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combat meurtrier. Echangé peu de temps après, il commanda l'artil- lerie fie la division AVatrin, qui, la première, passa le mont Sainl- Bernard; il se trouva aux batailles de Castoggio et de !Vlarengo,el fut désigné, à la suite de cette bataille, pour recevoir des Autrichiens, en qualité de commissaire , l'artille- rie d'Alexandrie. Nommé, en 1802, colonel du 1" régiment d'artille- rie à pied, il commanda l'artille- rie de l'armée d'Helvétie, et fut promu au grade de général de brigade en i8o5. Chef de l'état- major-général de l'artillerie de l'ar- mée des côtes de l'Océan, qui de- vint grande -armée d'Allemagne, il se trouva aux batailles d'UIm, d'Austerlitz etd'Iéna, et fut nom- mé commandant de la légion- d'hooneurle 5 mai 1807. Envoyé en Silésie, pour y conjmander en chef l'artillerie dont le person- nel était presque tout composé de Bavarois et de Wurlembeigeois , il contribua clïïcacement à la prise des diverses places, et reçut dans la même année (1807) le grade de général de division, et, du roi de Bavière, la croix de com- mandeur de l'ordre royal et mili- taire de Maximilien. L'Autriche ayant repris les arme.s, le général Pernety eut, en 1809, '^ comman- dement de l'artillerie du 4" corps sous les ordres du maréchal Mas- séna ; il fut, lors de la prise de Vienne , chargé d'organiser et de faire jeter sur le Danube les ponts de bateaux nécessaires pour s'em- parer de l'île de Lobau. Après la bataille d'Essling, commanda l'artillerie dans l'île, quil fit en- tourer de nombreuses batteries, et disposa l'établissement des ponts de sortie. A Wagram, il reçut des

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éloges publics du maréchal Mas- séna, et devint, quelque temps a- prés, grand -officier de la légion- d'honneur. La paix ayant été si- gnée, il fut chargé de tracer les limites entre l'Autriche et la Ba- vière, et reçut à cette occasion la graud'croix de l'ordre militaire de Maximilien. Il eut, en 1811, le commandement en chef de l'artillerie du corps d'observation de l'Elbe, qui devint le 4' corps de celte grande-armée, victorieu- se dans les batailles, et vaincue par les élémens. Le général Per- nety commença la célèbre batail- le de la Moskowa avec trente bou- ches à feu dirigées contre les re- doutes russes, dont il seconda la prise concurremment avec l'ar- tillerie de la garde. Il ramena presque toute son artillerie jus- qu'au - delà de la Bérésina ; mais bientôt, hommes et chevaux, furent victimes d'un froid de 37 degrés. En 18 i5, il fut chargé de l'organi- sation et du commandement en chef de l'arlillerie de l'armée du Mein, qui fut réunie à celle venant de Magdebourg, et qui gagna les batailles de Lutzen et Baulzen, l'artillerie rendit d'importans services. Il prit part aux batailles de Dresde, Léipsick et Hanau; il a été fait chevalier de Saint- Louis au mois de juin i8i4' Ap- pelé en i8i5 comme chef de la division de l'artillerie au mi- nistère de la guerre, il opéra a- vec succès la réorganisation de cette arme. Le général Pernety fut nommé, en 1817, vicomte et conseiller-d'état, enfin chevalier de l'aigle rouge de a" classe. Il a depuis présidé le comité central de l'artillerie et fait diverses tour- nées d'inspection générale. C'est

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en 1821 qu'il devint grand'croix de l'ordre de la légion-d'honnneur. PEllON (François), correî.pon- dant de l'in^ttitut, membre de la sociélé de médecine, de la socié- té philomatique et de plusieurs aiiires sociélés savantes, naquit à Cerilly, département de l'Allier, le 22 août 1775. Son intelligen- ce s'annonça dès ses premières années, par une extrême curiosi- té, et par un vil" désir de s'ins- truire. A peine sut-il éjielfr qu'il prit pour la lecture une telle pas- sicm, que pour la satisfaire il employait toutes les ruses que les tul'ans imaginent ordinaire- ment pour se livrer au jeu. La mort d(^ son père le laissa sans fortune, riKiis sa mère s'imposa h'.s plus pénibles privations pour lui faire faire ses études dans le collège de la petite ville de Ceril- ly. Llle en fut rligntmenl récom- pensée par les rapides progrès du jeune Pérou. Lorsqu'il eut fini sa rhétorique, on lui conseilla d'em- brasser l'état ecclésiastique; mais déjà les esprits se tournaient vers la politique et la guerre, déjà les courages s'enflammaient, et la ré- volution, qui commençait, impri- mait à tout un mouvement irré- sistible. Péron ne fut pas insen- sible à cet enthousiasme général; il partit, en 1792, pour Moulins, il s'enrôla à 17 ans dans le 2* bataillon de l'Allier. Ce bat;ul- lon fut envoyé à l'armée du Rhin,etdelàau secours de Landau, qui était assiégé , et il partagea bientôt les honorables périls des braves qu'il venait seconder. Pé- ron, qui avait été fait sous-olfi- cier, donna dans ces circonsiar»- ces des preuves d'une intrépidité

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rare et du plus grand sang-froid. 11 fut blessé à la tête penilant le siège, et après sa levée il alla avec son corps rejoindre l'armée du Rhin sous les lignes de Weis- sembourg. Il fut fait prisonnier par les Prussiens à la bataille de Kayserslautern , livrée le 26 dé- cembre 1795, et conduit d'a- boid à Wesel, puis à la citadelle de Magdebourg. Péron mit à profit l'inaction forcée à laquelle il était condamné ; il employa l'argent qu'il avait pu conserver, à se pro- curer (les livres, et il se livra à rétude des historiens et des voya- geurs , se détournant à peine de son travail pour prendre quelques momens de sommeil. Échangé 5 la fin de 1 794, il se rendit à Thion- ville, il reçut son congé de réforme, motivé sur ce qu'il avait perdu l'œil droit par suite de ses blessures. 11 revint à Cerilly au mois d'août 1795, et après avoir passé quelques mois dans sa famil- le, il sollicita et obtint du minis- tre de litilérieiir , une place d'élève à l'école de médecine de Paris , où, pendant 3 ans , il suivit les cours de l'école. Mais une seule branche des sciences ne pouvait sufTire à l'ardeur qui le portait vers l'étude : il continua à se livrer à la poésie, pour la- quelle il avait toujours montré du goût; il voulut aussi tout à la fois cultiver les différentes parties de l'histoire , la géographie et la jurisprudence, qui s'y rattachent souvent. 11 apprit en outre les mathématiques , l'astronomie , la physique et la chimie. L'étude des langues nefut pour lui qu'un délas- sement, et il se rendit bientôt fatni- liers le grec, l'italien, l'anglais et

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l'espagnol. Jusqu'alors la méde- cine était restée son objet princi- pal ; l'histoire naturelle vint s'y joindre ; il conclut pour elle au- tant de passion que pour la mé- decine ; et après avoir assis- té aux cours de zoologie et d'ana- tomie comparée du muséum d'his- toire naturelle , il devint égale- ment familier avec ces deux scien- ces. La rapidité de ses progrès et l'étendue de ses connaissances en médecine allaient le faire recevoir docteur, lorsqu'une circonstance particulière le détermina à renon- cer à son projet. Le gouvernement français venait d'ordonner une expédition pour les terres austra- les. Deux vaisseaux , le treogra- phe et le Naturaliste, commandés par le capitaine Bandin , déjà ar- més au Havre, n'attendaient que les dernières instructions du mi- nistre. Pérou demande à être em- ployé dans celte expédition, mais le nombre des savaus est corqir plet ; il s'adresse, à iVl. de Jussieu, l'un des commissaires chargés du choix des naturalistes, le prie de solliciter pour lui, et lui dévelop- pe avecchaleur son plan, ises vues et ses moyens. M. de Jussieu, qui n'a pu l'entendre sans éton- uemenl et sans émotion , lui conseille de faire un mémoi- re, dans lequel il exposera ses motifs , et quelques jours a- près, Péron lit à l'institut un mé- moire sur la nécessité d'attacher à l'expédition un médecin nalu- rali>le, spécialement char}?é de faire drs recherches sur l'anthro- pologie, ou histoire de Thom- me; cet écrit réunit Ions les .-uf- frages, et Péron obtint du minis- tre sa nomination à une place de 7-oologiste. Après avoir employé

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le peu de jours qui lui restent jusqu'au départ de l'expédilion, à recevoir des instructions de MM. deLacepède,Cuvieret Degerando, Péron va à Cerilly prendre congé de sa mère, et se rend au Havre, il s'embarque sur le Géographe. Les deux vaisseaux mirent à la voile le 19 octobre 1800. Dès ce moment commença entre Péron et Lesteur (voy. ce nom) une a- mitiéqui ne s'est jamais démentie. Ces deux amis mettaient leurs travaux en commun. Lesueur dessinait ce que Péron décrivait; ils s'entendaient sur tout, et ja- mais l'un deux n'a cherché à se l'aire valoir aux dépens de l'autre. Le jour même de son arrivée à boni , Péron commença des ob- servations météorologiques, qu'il répéta constamment, d(! 6 heu- res en 6 heures, pendant la durée du voyage. Il lit sur la températu- re de l'Océan ces belles expérien- ces qui démontrent que les eaux sont plus froides dans le fond qu'à la surface, et qu'elles le sont d'autant plus que la profondeur est plus grande : résultat qui, réuni à ceux des expériences de Forster et de Irwing, conduit à des conséquences importante» pour la physique générale. En approchant de l'équateur, la phos- phorescence de la mer attira son aHeiilion, Ce phénomène avait souvent été observé par des voya- geurs ; mais ils n'avaient pas en- core vu l'Océan présenter l'as- pect du ciel pendant une aurore J)oréale : on aviince, et l'on recon- naît que celte lumière est due à une multitude innombrable d'a- nimaux qui ressemblent à de» charbons ardens ; on en pêche plusieur.^, qui, après avoir pri*

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successivement toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, et brillé de l'éclat le plus vif, finisseut par s'obscurcir insensiblement. L'impression que ce phénomène fit sur Péron le détermina à étudier plus par- ticulièrement les zoophytes, et pendant tout le voyage, Lesneur et lui furent tour-ù-tour pen- chés sur le côté du vaisseau pour recueillir les espèces qu'ils pouvaient apercevoir. Après cinq mois de navigation, il arriva a l'île de France : c'étaitlà qu'on devait prendre les objets néces- saires pour aller aux terres aus- trales; mais par l'elVet de la plus coupable spéculation, au lieu de se pourvoir d'abondans rat'raîcbis- scmetis, on n'euibarqua qu'une petite quantité d'alimens détério- rés, |tltis capables de nuire que de soutenir les lorces. Justement el- frayésde l'avarice du commandant de l'expédition, et redoutant les in- dignes traitemens auxquels les a- vait déjà exposés sa dureté, plu- sieurs uliicier?, naturalistes, pein- tres , et quarante des meilleurs matelots, restèrent dans l'île, se hâtant d'abandonner un chef dont l'avarice fait craindre la famine pendant le cours d'une longue navigation. Péron ne pouvait s'a- veugler sur l'aÛVeuse perspecti- ve qui se présentait, mais sa re- solution n'en fut point ébranlée; il se rallie au petit nombre d'hom- mes couiageux, restés fidèles à leur premier dessein, tous s'unis- sent par les liens d'une indissolu- ble amitié, loua jurent de se prêter un mutuel secours. Ils partent dans cette généreuse ré- solution , et , quoique encore dnns le port , ils éprouvent

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dl'y, les effets d'un dénue- ment presque absolu : triste pré- lude et principale source des mal- heurs qui devaient les accabler par lasuile! Nous ne suivrons |)as Pérou dans les détails de son voyage, mais nous croyons devoir nous arrêter un monjent dans les lieux qui furent le principal théâ- tre de ses observations. En par- lant de l'Ile-de-France , on se di- rigea vers la pointe la plus occi- dentale de la Nouvelle-Hollande, et l'on mouilhi dans une baie qui reçut le nom de Baie du Géo- graphe. On remonta ensuite la côte occidentale, l'on fit plu- sieurs relâches, et l'on se rendit à Timor : c'est essentiellement au séjour que Péron fit dans cette île qu'on doit son travail sur les mollusques et les zoo- phyles. La mer est peu profonde sur sur cette côte; il passait la plupart des journées sur le rivage, ^'enfonçait dans l'eau au milieu des récifs, toujours au péril de sa santé et même de sa vie, et ne rentrait que le soir chargé d'une nombreuse (olkclion, qu'il exa- nn'nait avec Lesueur. L'espoir d'échapper au scorbut, qui tour- mentait l'équipage , avait fait relâcher à l'île de Timor ; mais le séjour de cette île funeste produisit à la place de ce terrible scorbut une dyssenterie plus cruel- le encore. Péron voit bientôt suc- comber ses camarades, ses amis, malgié le zèle et les soins de MM. L'Hatidon , Bellefin et Taillefer, médecins de rexpédilion. Remar- quant que les habitans de l'île é- chappaient â l'influence du cli- mat, Péron en rechercha la cause, et la trouva dans l'usage qu'ils

font de belel. En quiitant Timor, l'expédition se dirigcii vers le cap Sud de ia terre de Diemen. Après avoir reconnu la partie orientale de cette terre, elle entra dans le détroit de Bass , et elle sui- vit la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande. Nous ne retra- cerons pas ici le tableau des ra- vages que le scorbut exerça sur des corps (.xténués par la famine et la dyssenterie, il nous suiïira de dire que lorsque le Géographe arriva au port Jackson , il n'y avait plus que 4 hommes de l'équipage en état de fiire le service. Loin de se livrer an repos, Pérou profile de son séjour dans cette colonie pour continuer ses recherches de physique et d'histoire naturelle; il étudie le régime civil et politi- qued'un établissen)ent ùe^ lois à la fois s.iges et sévères, et la nécessité du travail, ont changé des brigands, chassés de leur pa- trie, en utilfs cultivateurs ; des femmes jadis perdues de débau- che ont fait oublier leur ancien a- vilissement , et sont devenues de laborieuses mères de famille. Aj)rès le départ du port Jackson , d'où fe Naturaliste avait été renvoyé en France, une navigation non moins périlleuse restait à exécuter. Il fallait examiner les îles situées à rentrée occidentale du détroit de Bass, suivre de nouveau !es côtes de la Nouvelltt-Jtlollande, et en faire le tour j)our entrer dans le golfe de Carpentarie. Les dangers se multipliaient ;\ chaque instant sur ces côte> inconnues et héris- sées de récifs; ils étaient plus grands encore pour les naturalis- tes, qui saisissaient toutes les oc- «asions de s'enfoncer dans 1 inté-

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rieur des terres. Péron déploya rni courage et une activité inconce- vables. 11 allait chercher les sau- vages, sans s'efiVayer de leur per- fidie et de leur férocité; il recueil- lait un grand nombre d'animaux de toutes les classes, et ne négli- geait rien pour examiner leurs habitudes, et reconnaître ceux qui pouvaient offrir une ressource aux navigateurs, ou qui étaient sus- ceptibles d'être naturalisés en Eu- rope. Des cinq zfiologistes embar- qués, deux étaient restés à l'Ile- de-France, deux étaient morts; Péron se trouvait chargé, avec Le- sueur, d'un immense travail, et ils suilirent à tout. Uniquement oc- cupés du but qu'ils se proposaient, ils comptaient pour rien les priva- tions. Peu de temps après le départ de limor, le capitaine ayant refu- sé les liqueurs spiritueuses abso- lument nécessaires pour la conser- vation des mollusques que Péron ramassait, Lesueur et lui se privè- rent, pendant tout le voyage, do la portion d'arack qui leur était accordép poilr leur boisson , et ils firent partager leur enthousiasme à leurs amis MM. Freycinet frè- res, Ransonnet et Montbazin, qui consentirent à faire le même sa- crifice. C'était surtout au milieu des dangers que Péron montrait l'énergie de son caractère. Pen- dant la tempC'te, aidant aux ma- nœuvres eomme im sim[»lc mate- lot, il observait aussi |)aisil)lement que s'il eût été sur le rivage. Au- cun événement ne détournait son attention , et il -avait mettre à profit toutes les circonstances. Etant descendu à l'île King, avec Lesueur et quelques natiiralistca, un coup de vent cha':sa le vaisseau

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fn mer, et pendant quinze jours ils ne l'aperçurent plus. Le calme de Péron n'en fut point altéré : ii continuait ses recherches , sans s'inquiéter de l'avenir dont il était menacé. Pendant son séjour dans cette île, la plus magninque végétation n'offre rien qui puisse servir à la nourriture de l'homme, sans abri , et malgré la violence des vents et de la pluie , il recueil- lit plus de 180 espèces de mollus- ques et de zooph^Mes. Lors de sa dernière relâche à Timor, Péron compléta ses premières obser- vations sur cette île. Seul avec Lesueur, il osa aller à la chasse de ces énormes crocodiles, objets de terreur et de vénération pour les habitans, et, sans aucun aide, ils tuèrent un de ces animaux, le dépouillèrent , et préparèrent le squelette qui est aujourd'hui dans les galeries du Muséum. Les vents s'étant opposés à ce qu'on pût aborder à la Nouvelle-Guinée et entrer dans le golfe de Carpenla- rie, l'expédition revint à l'Ile-de- France, où, pendant un séjour de cinq mois, Péron étudia les pois- sons et les mollusques, et en re- cueillit beaucoup d'espèces nou- velles. On fit encore une relâche au (<a|)de Bonne-Espérance; il en profita pour examiner la confor- mation singulière d'une tribu de Hottentots nommés Boschismans, dont quelques-uns se trouvaient par hasard au C;ip. Knfin , après ime absence de 3 ans et 6 mois, il débarquai! Lorient, le;; avril 1804» et se rendit à Paris. Il employa quelques mois à mettre en ordre ses collections , qui furent dépo- sées au Muséum , puis il se rendit yuprèsde sa mère à Cerilly. L'état

de sa santé, affaiblie par de lon- gues fatigues, et surtout par le germe de la maladie qui s'est dé- clarée depuis, lui rendait le repos rigoureusement nécessaire; mais apprenant bientôt qu'on cherchait à persuader au gouvernement que le but de l'expédition était man- qué, il revient à Paris, se rend chez le ministre de la marine; , avec autant de modestie que de fermeté , il expose ce que ses compagnons avaient fait pour la géographie , la minéralogie , la botanique; il présente l'énuinéra- tion des objets qu'il avait rappor- tés , des dessins exécutés par son ami Lesueur; il ne parle qu'en passant des dangers qu'il a cou- rus et des sacrifices qu'il a faits pour augmenter la collection. On lai adresse des questions auxquel- les il répond avec netteté, et l'im- pression qu'il produisit fut telle que le ministre lui promit de faire rédiger la partie nautique du voya- ge par M. L. Freycinet, et l'a- dressa à M. de Champagny, mi- nistre de l'intérieur, pour la par- tie historique. Le même succès l'attendait chez ce dernier : il y fut accueilli de la manière la plus flatteuse, et il fut chargé de pu- blier la relation du voyage et la description des objets nouveaux en histoire nalurelhî, de concert avec son ami Lesueur. Il résulte du rapport rédigé par M.Cuvier, au nom de la commission nom- mée par riustitut, pour examiner la collection déposée au Muséum par Péron el Lesueur, que cette collection contient plus de 100,000 échantillons d'animaux, parmi les- quels on a découvert plusieurs genres; que le nombre des espè-

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ces nouvelles s'élève à plus de 35oo,et que ces ileux naturalistes ont eux seuls fait connaître plus d'animaux que tous les naturalis- tes-voyageurs de ces derniers temps. Cependant la maladie de poitrine dont Pérou était atta- qué, faisait des progrès elfrayans; elle fut encore aggravée par le chagrin que lui causa la mort de sa mère. Jugeant lui-même son miU incurable , et cédant néanmoins aux ( onseils de MM. Corvisart et Réraudren , qui l'angagèrent ù passer un hiver à Nice, il entre- prit ce voyage. La douceur du cli- mat parut le rétablir; dès- lors il se livra avec uncnouvelle ardeur à la continuation de ses recherches sur les mollusques et les poissons, el à répéter ses expériences sur la température de la mer à diffé- rentes profondeurs, sans toutefois se faire illusion sur le bien-être qu'il éprouvait, s'applaudissant seulement d'avoir quelques mois de plus à travailler. De retour à Pai is. il retomba bientôt dans une situation pire que celle il était ayant son départ. Voulant finir ses jours dans la ville (pii l'avait vu naître, il se rendit à Cerilly, il mourut à 55 ans, dans les bras de Lesueur, le i4 décembre 18 lo. Pérou avait de la force dans l'es- prit, de la viva(;ité dans le caractè- re, une extrême franchise, et sur- tout un cœur excellent. SesalVec- tions étaient solides et durables : jamais il n'oublia leplus léger ser- vice; jamaisil ne cruls'être entiè- rement acquitié de ceux qu'il a- vait reçus. 11 joignait une grande modestie au sentimentqu'il devait avoir de ses for< es. Son esprit embrassait de front l'étude de

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toutes les sciences. 11 lui eût été facile de profiter pour sa fortune de la faveur dont il jouissait au- près des premiers fonctionnaires de l'état, mais il ne demanda ja- mais aucune place; ou lui en of- frit même d'importantes après son retour, il les refusa dans lu crainte d'être détourné de ses tra- vaux favoris. Peut-on calculer ce qn'aurait su produire un génie aus^i actif, aussi lumineux et aus- si profondément observateur, si la mort ne l'eût pas arrêté dès le commencement de sa carrière! Le genre de cet ouvrage ne nous per- met pas de donner ici une analyse des mémoires que Pérou a lus à l'institut, au muséum, à la société de n)édecine, et à la société philo- matique de Paris; de signaler les faits nouveaux, les résultats posi- tifs, les vues lumineuses que ren- ferment ces mémoires: nous nous bornerons à indiquer le sujet de quel(pies-uns : i" Observations sur l' Anthropologie, Paris, an 8; Sur la force physique des Sauva- ges, comparée acelleùcs Européens, imprimé dans le 1" vol'ime de la relation du voyage; 5" Obser- vations sur les maladies des pays chauds et sur C usage du hetel , joonial de médecine, chirurgie el pharmacie , par MM, Corvi- sart, Leioux et Boyer, tome 9, page 57; [{"Notice sur quelques ap- plications de la méléorologie à l' hy- giène navale dans le Bulletin des sciences mtMJicales, avril 1808; 5" Sur la température de la mer, soit à sa surface, soit à diverses pro- fondeurs (annales du muséum d'histoire naturtdle, cahier 2G, page 125); Sur quelques faits zoologiques applicables a la théorie

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du globe', Sur le nouveau genre pyrosonia (annales du muséum, cahier 2^, pag. /|5;): Sur l'habita- tion des animaux marins, mémoire dans lequel il prouve qu'aucune espèce de ces animaux n'est véri- tablement cosmopolite. Il a publié en outre avec Leisnenv.i'' Histoire générale et particulière des inédù- ses,\n-Y> '^"Sur les méduses du gen- re équorée (annales du muséuiti). On peut reprocher à Pérou d'a- voir quelquefois employé diuis la relation du Foyagc aux terres australes, un luxe de style qui ne convient pas à la simplicité d'u- ne narration; mais aucun voya- geur, si l'on excepte George Fors- ter, ne s'est autant appliqué à sai- sir les caraclères physi(|ues et moraux qui distinguent les dift'é- rentes peuplades, à marquer le rapport qui se trouve entre leur organisation, leurs mœurs et leur intelligence, et il a sur le natura- liste anglais l'avantage de s'être garanti de tout esprit de système. Il y a dans cet ouvrage des mor- ceaux descriptifs qui sont d'une beauté remaïquable et dignes de la plmne de Buffon, entre autres le tableau des sauvages de la terre de Diemen. Nous devons aux notices de i\lM. Alard et Deleuze les matériaux de cet ar- ticle.

PERPONCHEK (W. E. de), littérateur hollandais, a donne, «[uoiqu'il ne fût point théologien de profession, plusieurs ouvrages de théologie et de morale, parmi lesquels on cite ses Observations sur les épitres de Saint Paul, et, avec des notés, une traduction hollandaise de la version de l'An- cien-Testaraent faite par Michaë- lis. U a aussi publié un recueil

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de poésies hollandaises, qui a prt- ru à Utrecht eu 1808, in-8°. Eu 18 13, le général iMoIitor, qui a- vait alors sou quartier- général dans cette ville, l'envoya comme otage à Paris. Perponcher mourut à Utrecht en 1819, dans un âge fort avancé.

PERPONCHER (le baron H. de), neveu du précédent, lieute- nant-général au service du royau- me des Pays-Bas, ét;rif , en 1792, capitaine au régiment des dra- gons de Byland, et en 179^, adju- dant du prince d'Orange Frédéric; il passa avec S. A. au service d'Autriche après les événemens de «795, partagea ses dangers dans plusieurs affaires engagées contre les troupes françaises, et assista, en 1799, aux derniers momens de ce prince , si regretté des Hollandais, et dans lequel le parti stadhoudérien perdit alors son principal appui. M, de Perpon- cher passa ensuite au service de l'Angleterre, cl se trouva i'i la cé- lèbre bataille d'Alexandrie en E- gy[>te. En i8i3, il fut avec M. Fagel , membre de la députalion adressée par le gouvernement provisoire au prince d'Orange, depuis roi des Pays-Bas , pour l'inviter à acccfiler la couronne. Le j)rince devenu roi, lui confia depuis plusieurs missions. Lieu- tenaul-général en 181 5, M. de Perponcher soutint à Frasnes, le i5 juin, le choc du maréchal Ney, qui attaquait la position des Qua- Ire-Bras. Il combattit aussi à Wa- terloo, où il obtint la croix de commandciu' de l'ordre militaire de Guillaume. Depuis il fut en- voyé à la cour de Berlin, en qua- lité de ministre du roi des Pays- Bas, et reçut du roi de Prusse

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l'ordre de l' Aigle-rouge. II épousa <*ii iHi() la ctjiiilesse de Reede , danie-dliomicur de la reine de Pruîise.

PEUUAULÏ (A.), membre de la société des Jacobin» de Pa'ris , y lut dénoncé en 17945 pour a- voir diTeiidu une i'enune noble. Celle dénonciation n'eut pas de î-uiles, et quelques jours après , il signala dans un discours les ♦'rimes du gouvernement anglais. Désarmé et incarcéré comme ter- roriste par l'assemblée générale de la section de la Fralernité., a- près le () thermidor an 2 (u8 juil- let i79.,'|),il lut ensuite mis en liberté, et réarmé an i3 vendé- miaire an 4 (5 octobre ijgS), par ordre du comité de sûreté généra- le. Après )'explosif>n de la machi- ne inlérnale, 5 nivôse an 9(24 décembre iSoo), Perrault fut iléporté, et mourut en Afrique.

PERKEAU (Jean-André), hom- me de lettres, membre du tribu- nal, inspecteur- gt;uéral dts écoles de droit, etc., naquit a Nemours, tlépartemenl de Seine et-Marne, le 17 avril 1 749« H fit de buruies éludes, et débuta dans la canicre littéraire, en 1771, par le drame (le Clarice, dans lequel se font re- marquer des situations intéressan- tes, mais l'ouvrage est en général troidement écrif. Il a donné de- }>uis : I" Lettres illinoises , Paris, 1792, in-K"; 1" Eientens de l'/iis- Ivire des anciens peuples, Paris, 1775, in-t!"; 5" Eloge du cimiice- lier de l'Hôpital, Paris, 1777, in- 8"; 4* Miirim ^ ou te Sage à la fflur, Neufchâtel, 1781, in-8"; 5" le liai voyageur, ou examen des ulius de l'administration de la Ly- die, Londres, 1784; Instruc- tion du peuple, J786, in-ia;

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Théorie des sensations (consulter le Magasin encyclopédique de tMil- \\n),^° (]n;?, Contes, Epitres, et au- tres poésies, qui otïrent des détails agréables et un style facile. Per- reau adopta avi c sagesse les prin- cipes de la révolution, et fut, en 1791, rédacteur de la feuille inti- tulée : le Vrai citoyen. Nommé, en décembre 1799, professeur à l'école centrale du Panthéon, puis professeur suppléant du droit de la nature et des gens, au collège de France, il entra au Iribunat en 1801, y vota dans le sens du gouvernement , et se pnuionoa pour l'établissement des tribu- naux spéciaux criminels. Il pré- senta comme rapporteur, lors de la discussion du Code civil, les li- tres de Vadoplion et de Vusufruil. Elu secrétaire le 20 août i8o5, et président le 25 septembre de la même année, il sorlit de l'assem- blée en 1804, et fut nommé pres- que aussitôt inspecteur- général des écoles de droit. Perreau mou- rut au mois de juillet 18 13. On lui doit, outre les ouvrages que nous avons cités, des Considéra- tions physiques et morales sur l'homme dans les quatre âges, 3 vol. in- 8°, Paris, i8o3, dont il avait fait hommage au tribunal en 1802, et un Traité sur la législa- tion naturelle, dont Chénier parle avec éloge dans son Tableau histo- rique de l'état et des progrès de la littérature en France, depuis 1789. « C'est, dit Chénier, Fouvrage «d'un écrivain sage et d'un bon » citoyen. »

PERREAU DE MAC NIES (Loms-ilEiNRi-AiMÉ), membre de la chambre des représentans et de la chambre des députés, est ù La Châtcigneraie, département

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de la Vendée, le i5 avril i^^S. Il tut le témoin des discordes civiles qui agitèrent si long-temps les départeniens de l'Ouest, et apprit à en détesli'r le funeste princi- pe, en voyant tous les malheurs <jui les suivirent. Son expérience et sa modération surent pendant près de lo ans, de i8o5 à i8i5, qu'il exerça la première autorité municipale de sa ville, éloigner de ses administrés, les haines et les troubles. En 181 5, il fut porté à la chambre des représentans , par les suffrages de ses concitoyens de la Vendî-e. On le vit pendant la courte durée de cette assem- blée , prendre part à toutes les mesures qui avaient pour objet de préserver la France des malheurs dont la menaçait la seconde invasion étrangère. En 1818, le dép.irtemont de la Vendée le nontma membre de la chambre des députés : sa place était mar- quée au côlé gauche, et il y fut fidèle. Dans la session d(! 1S18 à i8iM,il s'inscrivit contre la résolu- lion de la chambre des pairs, re- lative à la loi des élections; de- manda des explications sur une sonm)e de i 5o,ooo fr. employée pour dépense secrète, dans l'ar- riéré des all'aires étrangères; pro- posa de retrancher dans la [)artie du budget relative aux pouls et chaussées, utu'somtne de4>'>o,ooo fr. portée connue fonds de ré- serve, et qui lui send)hiit n'avoir été inscrite que pour former la somme de 5o millions; enfui, il de- manda que l'enltelieu des églises cathédrales lui à la charge des com- munes. Dans la séance du 19 juin, il fait reniar<juerj en réponse oux observations du garde-des-

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sceaux contre les pétitions en fa- veur des bannis, que la première parvenue à la chambre, a été a- dressée par la ville de Fontenay; que cette pétition , en faveur du comte de Lapparent {voyez Co- chon), est revêtue des signatures de beaucoup de chevaliers de Saint- Louis, et, entre autres, de celle <!u Régulas français, M. Hau- dendine, dont parle M°" de La Roche- Jacquelein dans ses Mé- moires sur 1 insurrection de la Vendée. Il s'oppose à l'établisse- ment de la caisse de Poissy, et surtout contre le droit qui s'y perçoit au profit de la ville de Paris, comme illégal, inconstitu- tionnel, et contraire aux dr(»i{s et à la liberté du conunerce. M. Per- leau de Magnies combat, le i5 avril i8iy, dans la session de cet- te armée à 1820. plusieurs parties des comptes aniérieurs à l'exer- cice de 1819; il signale des er- reurs et demande ditïV-rens éclair- cissemens; le 16 juin, lors de la dis- cussion du budget, il veut qu'on emploie une partie des fonds du clergé à remplir les succtirsales vacantes; fait différentes observa- tions sur l^espiit du clergé catho- lique, qu'il ne trouve point en harmonie avec les intérêts nou- veaux consacrés par la charte, et teiiniue par demandi-r comment 24 niis'^innnaiies peuvent coûter à l'étal 'A,l\o,(>i,<) fr., sans compter le casuel. Le 26 juin, il propose, sans .'juccès , une réduelion de i2.'j.5aofr. sur les pensions pour les extimUions présumées. Enfin, il demande, mais cette motion n'est pas appuyée , qu'on ajoute 'î8o,ooo fr. au chapitre de l'ad- ministration des monnaies', afin

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que l'on s'occupe plus prompte- inciH (le la refonte des vieux écus. Sorti en 1823, il n'a point été réélu aux fessions suivantes.

PERRECIOT(C;LAr de-Joseph), ancien avocat au parlement de Besançon et historien, naquit, en 1728, à Roulans près de Beaume- les-Danies, département du Doubs. Après avoir terminé ses études, il se fit recevoir avocat,' devint suc- ce^sivcmenl procureur du roi près de la maîtrise de^ eaux et foiêts, <:l , en 1768, maire de Beaiune. Ces dernières fonctions lui firent composer un niémoiie sur l'ori- gine, l'antiquité et les accroisse- inens de la ville oi'i il exerçait la première m a i^istra lu re municipale. Son travail fut couronné, en 1769, par l'acadéniie de Besançon , r)ù il remporta plusieurs autres prix en se livrant a ditrércnles recliorches sur les antiquités du comté dcBour- gopne, et il devint membre, en 1782 , de cette académie , eu mê- me temps qu'il recevait du minis- tre Berlin la charge de trésorier an bureau des finances, A l'époque de la convocation des éVits-géné- raux, en 1789, il fut l'un des com- missaires chargés de rédiger le cahier des représentations du bail- liage de Besançon , et , en 1 790 , il devint membre del'adnjinistration du déparlenient du Doubs. S'élant relire dans le canton de Roulans il était né, il en fut nommé juge de paix, en 1792, par les sull'rages unanimes de >es concitoyens ; in- carcéré sous le régime de la ter- reur, il recouvra la liberté après la révdintion du 9 thermidor an 2 ( 27 juillet 1794). Peneciot mou- rut le 12 février 1798; il a publié: de l'Etat-cieU des personnes , et

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de ta condition des terres dans les Gaules , depuis les temps celtiques jusqu'à la rédaction suisse, Be- sançon, 1786, 2 vol. 10-8°: une seconde édition a été faite à Lon- dres, en 1790, 5 vol. in- 12, sans la participation de l'auteur. Cet ouvrage est divisé en huit livres. Dans le premier, Perreciot traite de l'état des personnes libres dans les Gaules, depuis l'invasion des Romains jusqu'à celle des Fran- çais; dans le second, de l'escla- vage des serfs, de leur affranchis- sement, et enfin de l'extinctjon de la servitude ; dans le troisièuîe, de la noblesse: dans le quatrième, des lètes et des terres létiques. « L'auteur prétend que les lètes , ainsi nonnnés du mot allemand letliig ou ledis; ( vacant ), étaient des Gaulois qui , forcés d'aban- donner leur pays, se réfugièrent, sous le règne d'Auguste, dans des cantons inhabités, sur les bords du Rhin , dont les Romains b'.iir permirent de cultiver les terres à la condition de payer une redtivance annuelle : c'est ;\ ces lèles refoulés dans les Gaules par les Francs, que Perreciot fiiit remonter l'établissement du sys- tème seigneurial au moyen âge,» Dans le cinquième, il traite de la main-morte, qu'il regarde comme une suite de la condition létique; dans le sixième, de Toiigine des aleus, los et droits de retrait; dans le septième, de l'origine des fiefs; enfin dans le huitième, des abus de la féodalité qu'il importe de supprimer. « L'intérêt que Per- reciot cherchait à exciter en fa- veur des mains-mortables, qui, malgré le noble exemple donné par Louis XVI, subsistaient en-

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eore dans plnsii^iirs provinces, lui fit ^éprouver des tracasseries dont il ne put s'empêcher de re- douter les suites; il nous apprend lui-même qu'il voulut jeter an l'eu son livre, dont l'impression était presque terniinée ; mais que ses amis le retinrent et l'encou- ragèrent à lo continuer. » On trouve à la fin du second volume de cet ouvrage , fruit do vingt ans de recherches et de méditations, une foule de pièces hisloriques , entre autres celles d'un procès fait en 1640, par le juge de Belvoir, à une pauvre femme accusée de sorcellerie , et qui fvit brûlée vive , après avoirété appliquée à la ques- tion. Elle avoua dans les tourmens qu'elle avait été ime fois au sabat, mais on ne put lui faire déclarer qu'elle y eût vu quehpies person- nes de sa connaissance, Obser- vations mv la (li^scrtalionde l'abbé de Gourchj, rehitivement à celte question: Quel fat l'état des per- sonnes en France sous la preinièi'e et laseconde race de nos rois? 1786, iti-,:j° ; ces observations se réunis- sent à l'ouvrage précédent ; /)/,«- sertation sur l'étendue des deux provinces appelées sous lesJiomaius Germanie supérieure et Germanie inférieure ; et sur la formation de celles (ju on nomma ensuite Germa- nie première , Germanie seconde et province Séquanoise, insérée dans {'Histoire (C Alsace, par l'abbé (irandidier ; 4' Dissertation sur r origine des Francs , sur l^établis- sfinent de la monarchie française dans les Gaules, et sur l'Alsace ttiuringienne , insérée dans l'His- toire d'Alsace ; Description his- torique d'une partie des Doyennés d'yjjove , Granges et Rougcmont ,

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extrait de la dissertation sur le com- té d'Elsgau, insérée dans V Alma- naclt de Franche - Comté, année 1788; en manuscrit, une cen- taine de dissertations sur la Séqua- nie et pays adjacens. et de nom- breux matériaux sur l'histoire de France du moyen âge. Ces manus- crits sont déposés à la bibliothè- que de Besancon.

PERRÉbl(.lEAN Baptiste-Emma- nuel), contre - amiral , naquit à Sain l-Valery -sur-Somme , dépar- tement de la Scmmie, le 19 dé- ceinbre 1761. Son père, qui avait parcouru la carrière maritime , le destina à la même profession , et le fit entrer de très - boiu)e heure dans la marine marchande, il parvint successivement au grade de capitaine. 11 passa, en 179J , dans la marine militaire, en (jua- lité de lieutenant de vaisseau. Com- mandant de la frégate la Proser- pine, il captura dans une seule croisière 65bâlimens, parmi les- quels se trouvait une frégate hol- landaise de 3î>. canons, qui ne se rendit qu'après un combat vigou- reux. Ces brillans succès le firent nnuuner, en 179/4» capitaine de vaisseau. Il moula alors la Miner- ve, et, à la lêle de quatre frégates et de deux corvettes , il alla sur les côtes d'Afrique détrm're lesétablis- semens que les Anglais y avaient ; il s'empara en outre, dans le cours d(! sa mission, de 54 bâtimens ri- chement ("barges. Il reçut, eni 795, l'ordre d'aller reprendre dans la rade de Tunis une frégate et deux corsaires que les Anglais avaient enlevés; il sortit du port de Tou- lon et réussit complèlenient dans cette entreprise. En 1798, il fit partie de l'expédition d'Egypte,

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en qnalilo de chef de division, sous les ordres de l'amiral Brneys. A la suite du désastre d'Aboukir , le général en chef Bonaparte char- gea Perrée de parcourir le Nil , afin de concouiir aux opérations de l'armée. Perrée réunit et arma im grand nombre de bâtimens lé- gers, et rendit des services jour- naliers aux troupes, soit en leur fournissant des vivres, soit en transportant de l'artillerie et des nîunilions sur les points l'on n'aurait pu arriver que très-diffici- lement par terre. Il eut aussi dille- rens engagemens sur le Nil avec la flotte dfs Mamelucks, qu'il par- vint à détruire : succès qui fut ré- compensé par un sabre magnifique, sur lequel était gravée cette ins- cription : d'tm côté , Bataille de Chébreiss ; et de l'autre. Donné par le général en chef Bonaparte. N'ayant sous ses ordres qu'une fai- ble division, il rendit d'utiles ser- vicesà l'armée qui assiégeait Saint- Jeand'Acre,et croisa peudantplus de six semaines sur la côte de Syrie, entre deux divisions de l'es- cadre anglaise. Perrée revenait en France, et allait rentrer dans le port de Toulon avec la division de frégates et de corvettes qu'il rame- nait, lorsqu'il fut atteint, le 19 juin 1799, P'"' '" fl'^tl^^ ennemie, qui le poursuivait depuis 28 heu- re?. Il se défendit vaillamment ; mais il fut accablé par des forces supérieures et fait prisonnier. Le gouvernement français se hâta de l'échanger, le nomma contre-ami- ral, au mois de décembre i79î^, et lui confia la mission de ravitail- ler Malte. Des vents contraires le retinrent long-lemps ; enfin il par- lit, le 10 février i8oo , monté sur

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le Généreux, qu'accompagnaient une frégate, deux corvettes el une flûte, portant 0000 hommes, beau- coup de vivres et de munitions de guerre. Dans sa traversée, il dé- truisit plusieurs bâtimens anglais, et, le 18 du même mois , il était à la hauteurde Malte, il comptait arriver dans quelques heures, lors- qu'il se vit menacé par quatre vaisseaux et plusieurs frégates. Sur-le-champ il donne aux bâti- mens de sa division le signal d'ef- fectuer leur retraite. Pour lui , ne pouvant éviter un combat si dis- proportionné, il s'apprêta à mourir avec gloire. II essaie cependant de se frayer un passage au travers des quatre vaisseaux, et fond sur le Foudroyant , monté par l'amiral Nelson; niais il couîbat en vain : attaqué i la fois par les quatre vaisseaux, il est blessé à l'œil gau- che d'un éclat de bois; néanmoins il reste à son poste , continue \ diriger les manœuvres avec le plus grand sang-froid, et fait des efforts

inouïs de courage Un boulet

lui emporte la cuisse droite , et il meurt avant même que les Anglais se soient rendus maîtres de son vaisseau, totalement démâté et dé- semparé. Le corps du brave Perrée fut inhumé dans l'église de Sainte- Lucie, le 21 févner 1800, et ses armes suspendues au-dessus de sa tondie . à gauche de l'autel.

PERRblE-DUlIAMEL (Pieree- Nico^As ) , commandeur de la légion d'honneur , est à Gran- ville le 8 avril )747"> •' <^'l'"t 'né- gociant et armateur quand la révo- lution éclata. Nommé, en 1789, député du bailliage de Coulan- ces aux états-généraux, il devint, après la session, maire de sa com-

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mune ; puis en septombve 1795, député de la Manche au conseil des anciens, dont il sortit en mars 1799. Au iTiois de déccuibre, il devint membre du tribunal. Lors de la suppression de ce corps, le 19 août 1807, M. Perrée lut appelé aussitôt aux fondions de maître des comptes.. Conseiller- maître en 1816, il avait cessé d'être porté sur le tableau en 18.7. PERREGAUX (Alphonse-Clai;-

DE-ChARLES-BeRNARDIN, C(tMTE),

membre du sénat-conservaleur, à Neuchâtel en Suisse, était venu jeune à Paris, et se trouvait à la tête d'une maison de banque considérable, à l'époque de la ré- volution. Les services qu'il avait rendus à la France en faisant, sur son crédit particulier, venir des subsistances de l'éfraiiger, pen- dant les temps de disette, n'empê- chèrent point qu'il ne tût arrêlé comme riche et comme suspect, en 1795. Mais le comité de salut- public ayant encore le désir qu'il se charfîeût de fournitures nouvel- les, le remit bientôt en liberté à la condition qu'il pourvoirait le plus promptement possible aux besoins qu'on éprouvait. Il se rendit de suite en Suisse, fit de nombreux marchés, et crut, après avoir ainsi employé une grande partie de sa fortune, pouvoir revenir en tou- te sûreté à Paris. Il venait cepen- dant d'y être dénoncé de nouveau, et le même comité avait décidé qu'il serait arrêté et livré au tribu- nal révolutionnaire dès son retour. Un des employés de la maison Per- regaux eut |)ar hasard avis de cet- te mesure, et vola au-devant de son chef, qu'il rencontra heureuse-

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ment en route, et qu'il fit retour- ner aussitôt à Neuchâtel. Arraché ainsi à une mort presque certaine, M. Perregaux ne rentra en Fran- ce qu'après la chute de Robespier- re; un de ses premiers soins fut d'assuier une rente de (5, 000 francs à celui qui lui avait montré tant de dévouement, et qui est encore attaché à la maison de banque Jac- ques Lafitle et compagnie, une des plus estimées de l'Europe et quia continué celle de Perregaux. Lors de la création du sénat-con- servaleur, après la révolution du 18 brumaire, M. Perregaux en fut nommé un des premiers membres avec le titre de comte. Il mourut quelques années après. Sa fille a épousé le maréchal Marmont, duc dellagiise. Alphonse-Perregaux, (le comte de) son fils devint cham- bellan de Napoléon et épousa en i8i3 une des filles du maréchal Macdonald, duc du Tarente. fen- dant les feA(/70H/\f en 181 5, Napoléon le nomma pair de France, mais il cessa de faire partie de cette chambre après le second retour du roi.

PERREGEAN (Piebhe), naquit à Tours, en 1701 , d'une famille estimable de cette ville; au sortir de ses études il entra dans les pouts-et-chaussées , des lalens remarquables le firent parvenir successivement à îa j)lace d'ins- pecteur-génjiral. Il fut ensuite nommé directeur des travaux ma- ritimes, membre de la commission mixte des travaux publics, et che- valier de la légion-d'honneur. Il mourut à Paris le '27 janvier 1814.

PERRET-DE -TREGADORET (F. M.), membre de la légion-

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(l'honneur, était avocat à Ploër- mel, quand la révolulion éclata. Il en adopta les principes avec modération, et fut nommé dé- puté de l.'i .sénécliaii.>isée de Ploër- mel aux états-généraux en 1789; il prit place au côté gauche. De retour dans ses foyers, après la session , il échappa aux proscrip- tions du régime delà terreur, et fut nommé, en septendjre 17q5, député du département du Mor- bihan au conseil des cinq-cents. Après la révolulion du 18 bru- maire an (S (9 novembre 1799), il dovint juge au tribunal d'appel du département d'Ille-et-Vilaine, puis président du tiibifnal crimi- nel du Morbihan , dont il exerça les fonctions pendant plusieurs années. Il fut ensuite admis à la retraite.

PERRÏER ( Iean - Baptiste ) , professeur de littérature et de gram- maire, membre de la société roya- le académique d<;s sciences , de l'athénée des arts, de la société grammaticale, de la société pour l'enseignement élémentaire, de la société des méthodes, e-îc. , est à Villeneuve-le-Roi , département de l'Yonne, le 29 décembre 1767. Il commença ses études au collège de cette ville , et à 19 ans, en mai 1787, il était maître de quartier au collège des Crassinsà Paris , il remplaça plusieurs fois le pro- fesseur de quatrième. Il y fut reçu maitre-ès-arls, ce qui depuis lui a fait conférer le titre de bachelières sciences et de bachelières lettres. Il s'occupait alors de la jurispru- dence, dont il suivait des cours , sans négliger néanmoins la littéra- ture, et surtout la grannuaire. Il fut nommé, en 1791, ù une chaire

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au collège royal de Joigny, dèpar' temenl de l'Yonne ; il l'a remplie avec distinction pendant quatre ans. Ensuite il fut appelé au minis- tère de la guerre, au bureau de la justice militaire , il a été sous- chef. C'est que M. Perrier a ré- digé et publié le seul ouvrage qui soit encore dans les mains des membres des tribunaux n)ililaires , ouvrage qui a eu trois éditions de 2000 exemplaires chacune , le Guide: (/es juges ndlUaires. Il fut , à celte époque, nommé assesseur de juge de paix, puis commissaire de bienfaisance à Paris , et remplit a- vec zèle et imparlialitè ces fonc- tions honorables ei gratuites , dont il s'occupa pendant 4 •'"i''- 1' '^h- tint aussi des lettres de licencié en droit, et remporta à Grenoble le prix sur cette question : Quels sont les moyens de perfectionner l'éduca- tion physique et morale des en fans? Son mémoire a été imprimé. M. Perrier, qui est l'un des réducteurs des Annales de grammaire, a sous presse (1824), un ouvrage intitu- lé : Grammaire, logique et rhétori- que françaises réunies , ou Traité complet du langage.

PERRIER (Marie-Victobine, wÉe Patras , VEUVE ). Cette dame aimait les lettres, et les a cultivées avec quelque succès. On lui doit : Récréations d'une bonne mère avec ses filles, ou Instructions mo- rales sur chaque mois de l'année, à l'usage des Jeunes demoiselles, Pa- ris, I vol. in-i2, i8o4; "2," Adresse de Maric-V ictorine aux Français, brochure d'imc feuille et demie d'impression , publiée à Lyon en i8i5 , in-S", et signée. Veuve Perrier, née Patras; ime petite comédie en 1 arle et en vers, re-

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présentée sur le' théâtre de !a Por- te-Saiiit-Marlin en 1820, et bien Mcciieillie du oublie; "fi grand nombre de Poésies fugilives pt Chansons insérées dans différent recueils, et particulièrement dans le Petit Magasin des Dames; en manuscrit, plusieurs Comédies eu I acte. M"" Perrier mourut à Pa- ris au mois d'avril 1820.

PERRIÈS (Joseph), l'un des partisans les plus modérés de la révolution, remplit dans sa com- mune des fondions municipales, et futensuile élu, en i7()a, dépu- té du département de l'Aude à la convention nationale. Dans le procès du roi , il vola la déten- tion pendant la guerre, et le ban- nissement à la paix. Attaché au parti des Girondins, il lut décrété d'arrestation, avec 72 de ses collè- gues signataires des protestations contre les événemens du 3i mai i795;mais après la mort de Robes- pierre, il lut réintégré dans le sein de la convention. Par suite de la réélection des deux tiers conven- tionnels , il devint membre du conseil des cinq-cents , il ap- puya le projet contre les détrac- leurs des mandats. Il sortit de l'assemblée le ao mai 1798, et n'a plus reparu depuis dans nos assemblées délibérantes.

PERRIN (Jean- Baptiste), dit Perrin des Voges, négociant à É- pinal au moment de la révolu- tion. Il en adopta les principes avec chaleur, l'ut d'abord chargé de fonctions municipales , puis élu, en 1792, député à la conven- tion nationale, il vota la mort du roi. Dans le courant de cette session, il parut souvent à la tri- bune , pour y traiter des objets de

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finances, et y attaquer avec une égale véhémence les royalistes et les partisans de la terreur. Pendant le cours des diverses missions dont il fut chargé dans le déparlement des Ardennes, du Nord et du Pas- de-Calais, il n'eut i\ se reprocher aucun acte de violence. Après la chute de Robespierre, il fut en- voyé dans les départemens du. Gard, de l'Hérault et de l'Avey- ron, pour y renouveler les auto- rités. Il revint ensuite à la con- vention, et fut nommé au comité de sfireté générale, le 1 5 pluviôse an 3(3 février 1793). Lors des troubles du 13 germinal, il de- jnanda qu'on fît sortir de la capi- tale 5o, 000 étrangers venus à Paris depuis trois mois, et 8000 mili- taires destitués ou suspendus. Il fit ensuite décréter que quiconque aurait arraché ou tenté d'arracher la cocarde aux trois couleurs, se- rait sur-le-champ livré à une com- mission militaire. Quoiqu'il eût renouvelé la proposition de confier l'élection d«;s deux tiers des mem- bres de la convention aux assem- blées électorales, il se prononça avec force contre les insurgés des sections de Paris, dès l'époque de son retour de Calais, il s'était rendu pour y faire accepter la cons- titution par la garnison. Réélu au conseil des cinq-cents, il y présenta un projet relatif aiix finances, a- près a voir appuyé quelques proposi- tions de son collègue Bailleulsurle même sujet; parla ensuite en la- veur de la création des mandats, fit une sortie contre ceux qui en dépré- ciaient le système , et défendit un projet sur la libération des acqué- reurs de biens nalionaiix. Il monta aussi à la tribune pour signaler

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comme perturbateurs de son dé- parleiTient les prêtres rétVactaires et déportés rentré^. Il sortit du conseil le 20 mai 1797, fiJt admis à celui des anciens en 1798, et en devint d'abord secrétaire , puis président. Il se déclara en faveur des événemens du 18 brumaire an 8 (i;-99), et fit partie de la com- mission intermédiirire du conseil des anciens, cliargée de présenter nn nouveau projet de constitution. Membre du corps- léfrislatif, Per- rin en tut le premier président, y siégea plusieurs années, et mou- rut en iHi5.

PERRIN ( Pierre - Nicolas ) , était négociant à Troyes en 1789. D'abord maire de cette ville , il fut quelque temps après élu député (lu département de l'Aube à l'as- semblée législative, puis à la con- vention, où il vota la réclusion de Luin's XVI pendant la guerre, et son bannissement à \\ paix. Nommé meiubre du coinilé des marchés, il offrit et fournit |)(;r- sonnellement à la république pour 5,000.000 de toile de coton. Il iut accusé par Cbarlier, le 23 sep- tembre 1790, de recevoir des in- térêts dans les fournitures. Traduit presque sur-le-champ devant le tribunal criminel, il eut la don- leur, lui représentant du peuple et seulement coupable d'amour pour la patrie, de se voir con- damné à douze années de fers et à six heures d'exposition. Envo3'é ii Toulon , il ne put supporter l'idée d'une telle infamie, et mou- rut de chagrin , à l'âge de 42 ans. Après la chute de Robespierre, «on jugement fut annulé, sa mé- moire réhabilitée ; et la république 'Ordonna, par un décret, de payer

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à sa veuve le n)ontant de ses in- deuinités de représentant. Cbar- lier, son dénonciateur, essaya de nouveau de motiver l'accusation qu'il avait portée contre lui.

PERRIN (N. ), dit Perrin de LA Gironde, accusateur public près le tribmial criminel de ce dépar- tement, l'ut élu parses concitoyens au conseil des cinq-cents, il fit preuve de connaissances en ma- tière de judicature; il fut nommé secrétaire du conseil en 1799. H ;> depuis rempli les fonctions de juge à la cour d'appel de Bordeaux , dont il ne faisait plus partie à l'ù- poquede la première restauration, en 181 4-

PERRIN (N.), dit Perkin delà Moselle, fut nommé tribun par le sénat-conservateur, en mars 1802, lors du premier renouvel- lement de ce corps. Élu secré- taire le 21 février 1804, il parla, en mai suivant, pour que le pre- mier consul Bonaparte fût déclaré empereur. Nommé, pende temps après , procureur-général-impérial près de la cour d'appel de la Mar- tinique, et en même-temps mem- bre de la légion-d'bonneur , M. Perrin n'a plus figuré depuis sur la scène [>olitique.

PERRIN (N.), dit Pirrin de l'Orne, membre du corp,'<-légis- latif, naquit le 8 décembre i74i' Dès sa jeunesse il se livra à l'étude des lois. Devenu procureur au par- lement de Paris, il en exerfa pen- dant 20 ans les fonctions, et mérita l'estime et la confiance publiques, par une probité à toute épreuve et les connaissances les plus éten- dues. La révolution le compta au nond)re de ses partisans les plus modérés. S'étant fixé à l'Aigle,

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par suile d'acciuisitioiis considé- rables cl.'ins le tlônartcnient de l'Orne, il fut bieniôl appelé au conseil d'agricultnre du départe- inent, piu's à la commission ad- ministrative des hospices, il seconda puissamment la bieniai- sance et la sollicilude paternelle du gonveriiement. Dans les fonc- tions de conseiller municipal de la ville de l'Aigle , qu'il lemplit depuis, il continua de s'atliier la considération et l'attachement de ses coriciloyens, qui s'<-mpressè- rent de lui en donner un témoi- gnage honorable, en le proposant comme candidat au corps-légis- latif, où il l'ut noumié. Il moinut en 1808.

PKUKOCIIEL (N.), agent di- plomalique, naquit aux environs de CaeUjil'une famille noble, sui- vit la carrière ecciésiastique, et était grand- vicaire du diocèse d'Angers quand la révolution é- clata. A cette époque, il devint l'anu de Laréveilière - Lépaux, qui, en 1 ^qS, lui fit ubieuir la pla- ce de chargé-d'afi'aires à la cuur de Suède; il en remplissait les fonctions avec zèle et di»linclion, quand toul-à-coup des démêlés s'élevèrent entre les deux gouvrr- nemens, en i'^fp- llappelé alors par le directoire, M. Perroohel suc- céda à l'amiral Truguet en la mê- me qiuilité, à la C(iur de Madrid. Peu de temps après, envoyé en Suisse comme ministre plénipo- tentiaire , il conclut une traité avec cette puissance, fut rappelé de nouveau en juin 1799, et a- bandonna la carrière politique pour rentrer dans la vie privée.

PERUOiNET (JEAN-RoDotPiiE), premier inspecteur des ponts-et-

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chaussées de France, ancien ins- pecteur-général de< salines, che- valier de Saint- Michel , membre des académies royales des sciences de Paris, de Stockholm, de Ber- lin, de la société royale de Lon- dres, etc., naquit l'i Siiréne, près de Paris, en 1-08. Sa famille, dont le chef était originaire de Vevey et oiïid» rdans un régiment suisse au serviec de France , le destinait à suivre la carrière du génie, à biquelle le jeune Perro- net fut bientôt obligé de renoncer par suite de la mort de son père. Uni(|ue appui de sa fann'IIe, il é- tudia l'architecture, qui lui olfrait plus de ressources, et entra chez Debeausirc, architecte de la ville, qui lui confia, malgré sa jeunesse (Perronet n'avait alors que 17 ans), la direction des travaux du grand égout , et de la partie du quai qui forme Vahrcuvoir entre le pont Louis-Seize et les Tuileries; il le chargea encore des travaux ù^i trottoir en encorbellement du quai Pelletier, près du punt Notre- Dame. En 17^7, Perronet devint inspecteur, et si:ccessivemenl in- génieur et ingénieur en chef des ponts-et-chaussées. Dix ans après, le ministre Trudaine le nomma diiecteur de l'école (pi'il venait de fondt r dans cette partie, et lui fit obtenir, dans la même année, le titre de premier ingénieur des ponts-et-chaussées de France. Sfuis la direction de Perronet, cet établissement acquit la plus haute importance , tt la réputation du directeur s'augmenta des grands travaux dont il l'ut chargé. i> D'a- bord, dit M. Lesage dans la Notice qu'il a donnée en i8o5 pour ser- vira l'élotre de Perronet, du fond

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(le la Russie, les magnats durent invo(|uor les tuleiis de Peironet pour Construire uu pont à Saint- l'éler.sbourg. Eu i;78, il projeta un uiouuitieut magnifique. Ce pont était de 7 arches, G piles et 2 culées. ^J^'ar(;l)e du milieu avait 10 toises, les autres avaient iS, 16 et 14 toises d'ouverture; l'épais- seur des piles du milieu était de 3o pieds, les autres de 27 et 24 pied» ; les demi-piles des culées avaient 12 pieds, ce qui donne à la Neva, en cet endroit, une lar- geur de 622 pieds. La largeur du pont était de 56 pieds. L'arche du milieu s'ouvrait pour livrer passa- ge aux vaisseaux matés. Les deux piles du milieu étaient surmontées d'un arc-de-lriomphe et de tro- phées sur les quatre fayes. » En France, les ponts, au ncunbre do i5. cpi'il construisit ou fit exécu- ter d'après ses ordres, se distin- guent surtout par la solidité , la précision de la constriiction , et l'élégance des C(uubes des arches. Les plus remarquables sinl ceux de Louis XVI, ;'i Paris, de Neuilly, de Nemours, de Saint-Maxen. e, d'Orléans, de Mantes, de (Jbâteau- Thierry et de Bruuoi. Il a donné les pbuis de 7 piuils, sav<u'r : de IVleluu; (le la Salpêlriére, vis-à-vis le jardin du Roi à Paris (où se Irouviî aujourd'hui le pont d'Aus- terlitz, construit en Ter); sur la Sa('')ue , à Lyon ; de Merel-sur- Loiug; de Pontoise; sur la Loire, à Nantes, et .-.ur la N(!va à Saiul- Pélersliouig. Le preujier |»onl h(»- rizoolal fut celui de Neuilly, com- mencé en 17G8 et déciutré le 22 septembre 1772, en préserjce de loule la cour, qui avait voulu a?- ifister à l'opération du décintre-

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ment : trois minutes suffirent pour l'aire tomber les ferrures des cinq arches. Le pont Louis-Seize (pen- dant la révolution appelé de la Concorde) est le plus be;tu de Pa- ris. L'auteur a employé dans la construction de ce pont im genre d'architecture nouveau qui sacri- fie les apparences de la solidité à l'élégance et à la légèreté. Les ar- ches surbaissées sont soutenues par des piles légères avec des co- lonnes engagées. D'élégantes ba- lustrades en forment les parquets. Enfin, ce pont réunit tous les gen- res de beauté : élégance, solMlité, conùnodilé, abords faciles. L'in- tention de Perronet était de l'or- ner de trophées, mais ce projet a été changé sous le gouvernement impérial. Au lieu de trophées, ce devaient être les statues des grand» hommes qui ont illustré la France. Le décret impérial est au moment de recevoir son exécution, seule- ment il y aura quelques modifica- tions dans les persormages appelés A jouir de l'homuMjr de cette apo- théose. (< Une chose remarquable, dit M. Bertrand, auteur d'ime ISo- tire sur cet ingénieur, c'est que dans le temps 011 Perronet, jeune en "ore, étudiait l'architecture au. Louvre, l'académie avait proposé pour prograuune d'un prix de UK.is, le projet d'un pont à cons- truire en face de la nouv^(îlle église de la Madeleiru! , et que Perronet avait remporté le prix. » Perronet a fiit coruiailre dans 5 volume? iu-f(dio, (pie le gouvernement a fiil imj)!imer à ses frais, ses nom- breux travaux. « Ou y voit que» durant l'espace de trente ans» dans la seule généralité de Paris, dont la direction lui était plu;*

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particulièrement attribuée, plus de 600 lieues de longueur ont été ouvertes, reclifiéeset plantées d'arbres; qu'une mullilude de routes sinueuses et trop rapides y ont été successivement élargies, adoucies, et nnidues accessibles à tous les genres de circulation ; enfin qu'en «790 plus de 2000 ponts de toute grandeur j étaient entretenus aux trais du gouverne- ment par le corps des pouls-et- chaussées. » M. Lesage , dans la Notice que nous avons déjà citée, s'exprime ainsi à l'éffard des autres travaux de Perronet. « Il créa , en 1793, un projet pour construire en pierre, des ponts dont les ar- ches auraient depuis 100 jusqu'à 5oo pieds d'ouverture. Il forma en outre un projet de navigation de la Loire depuis Nantes jusqu'à Paimbœut"; il traça le canal de Bourgogne par Tonnerre, et celui de l'Yvette. Il inventa une drague pour enlever le sable et les vases ; une planchette qui porte un crayon pour mesurer exactement les an- gles ; une double pompe qui joue par un mouvement continu ; une petite voiture ou camion prisma- tique ; une roue à aubes, dont l'arbre e>>t vertical ; une autre dont l'arbre est horizontal ; deux scies àrccéperlespieux sous l'eau; et un odomètre pour les épuise- uicns. Il composa des mémoires ;icaiJémi(pies sur le cinlreujent et le décinlreinent des ponts ; sur les différentes méthodes de Ibnder la maçonnerie dans l'eau; sur l'é- paisseur des piles et la courbure lies voûU^s ; sur les pieux et pi- lotis , sur les éboulemens des montagnes, etc. Il donna des avis détaillés sur la rade de Cherbourg,

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sur le port du Havre et celui de Dunkerque, sur la forme de Tou- lon, sur la fonderie de canons à l'île d'Ouderit , et sur la manufac- ture de porcelaine de Sèvres. » Perronet était chéri de ses élèves, au nombre desquels on doit citer SIM. de Prony et Lesage. Le corps des ingénieurs fit exécuter son buste en marbre , avec cette ins- cription : Pairi caris.simo fam'Uia, et le lui offrit comme un gage de sa tendre vénération. Ses élèves firent aussi graver son portrait, pour lequel Diderot, son ami, composa une inscription. Enfin il reçut de la société des arts de Londres, un hommage bien flatteur : elle fit placer son por- trait dans la salle de ses séances , à côté de celui do Franklin, hon- neur qu'elle décerne rarement, et surtout aux étrangers. Per- ronet avait adopté avec sagesse les principes de la révolution, dont les orages ne l'atteignirent point. Il nnturut paisiblement, et généralement regretté, le 27 fé- vrier 1794- Il a publié : \" Des- cription des projets de la conslruc- tion des ponts de Neuilly, de Man- ies, d'Orléans, etc. , Paris, 1782- 1769, 5 vol. in-fol. , oij 1778, 5 vol. 10-4° et atlas in-fol. ; 2" Mémoire sur les moyens de con- duire à Paris une partie de l'eau des rivières de l' Yvette et de lu B lèvre , Paris, 1776, 10-4", avec 3 planches; 3" Mémoire sur la lecherche dt!S moyens que l'on pourrait employer pour construire de grandes arches de pierre, de. 200 jusqu'à ôoo pieds d'ouver- ture , qui seraient destinées à fran- chir de profondes vallées, bordées de rochers escarpés, Paris, 1793»

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in-4'', arec planches; tl'^t:rens Mémoires dans le recueil de l'aca- démie royale des sciences.

PERROT (Clément), ministre non conformiste d'Aîiglelerre, vint, en 181 5^ dans le midi de la France, pour y observer l'état })olitique et moral des protestans, ♦■t t'iit témoin des excès auxquels se livrait l'esprit de parti à Nis- mes et (ians les environs. Dans un rapport , impriu)é et accueilli avec le plus grand empressement en Allemagne et en Angleterre, Perrot peint, avec toute l'énergie d'une âme généreuse, les funestes effets des dissentions civiles. On a imprimé à Paris, dans la Bihiio- tliéque lùstorique, des fragmens de ce rapport, auquel MM. deBer- nis et d'Arbaud -Jonques ont es- s.oyé de répondre : l'un, dans sou Précis lie ce. qui s'est passé e/i 1 8 1 5 dans le déparleihenl du Gard, Pa- ris, 1818; et l'autre, par son His- torique des troubles et agitations du département du Gard en i8i5.

PERSON DE BERAINVILLE (PiEaRF.-CiAiiDE), littérateur, mem- bre de plusieurs sociétés savantes et littéraires, est auteur d'un grand nombre de petites pièces de théâ- tre, où l'on trouve des détails gra- cieux et spirituels. Il a publié : i" la Nouvelle Hf- des Esclaves, drame lyrique ; 2" Emélie, ou le double dénouement, drame; le Nouvel {v^e d'or, allégorie, opéra-panto- mime en trois actes ; Belplié- gur, comédie; 5" le Mariage par magie, comédie; La force de r inclination, comédie; 7" // ne faut désespérer de rien, comédie- \no\v.r\yG\^' Etrennes patriotiques, on Recueil anniversaire d'allégories iur les époques du règne de Louis

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XVI , première suite, 1777, in- 24; le Bouquet de la veuve , co- médie en un acte et envers, 1791; 10° Recueil de mécaniques, et des- cription des macliines relatives à l'a- griculture et aux arts, 1801, in-4": l'auieur avait exposé y5 de ces machines au salon du Louvre, de- puis 1792 jjisqu'en 1 800 ; II" Pe- tite grammaire des jeunes demoisel- les, 1810, in-12; 11' Impromptu pour la naissance du roi de Rome, inséi é dans le recueil intitulé Hom- mages poétiques, de MM. Lucet et Eckard.

PERSONNE (J. B.), procu- reur à Saiut-Omer, en 1789, se prononça avec chaleur pour la ré- volution, et fut nommé, en 1792, député du département du Pas- de-Calais, à la convention natio- nale, où il vota la détention du mi pendant la guerre et son ban- nissement à la paix; il fut aussi de l'avis du sursis. Il embiassa le parti de la Gironde, et fut décla- ré par son département « indigne »de la confiance de ses conci- «toycns. « Il partagea la proscrip- tion des Girondins, et fut exclu comme eux du soin de la conven- tion, où il rentra après le 9 ther- midor. Il fit alors j)arlie du comi- té de législation, et obtint l'annu- lation de plusieurs jugemens ren- dus pendant le règne de la ter- reur. Membre du conseil des an- ciens , par suite de lu réélection des deux tiers conventionnels, il en sortit en mai 1798, cl après le 18 brumaire, il devint juge au tri- bunal civil de .Saint-Omer. Il est mort depuis plusiems années.

PERSOON (Chrétien), savant naturaliste, membre de» sociétés linnéennes de Londres et de Phi-

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ladelplîie, de l'académie des scien- ces naturelles de Berlin, corres- pondant de la société royale de Goëttingiie , etc., naquit dans la colonie hollandaise du Cap-de- Bnnne-Espcrauce, et la quitta, à l'âgL- de 12 ans, pour achever son éducation en Europe. Après avoir fait de- bonnes études au collège de Bingen et aux universités de Leyde et de Goëtlingue, il sui- vit avec assiduité les cours de phi- losophie, de médecine, et d'his- toire naturelle, il se consacra par- ticulièrement à l'étude de la bo- tanique. M. Persoon a publié plusieurs ouvrages très -estimés des savans, et un autre, non moins utile à toutes lesclassesdela sociétérc'est un Traité complet sur les champignons comestibles, dans lequel il s'attache principale- ment à indiquer les différences qui les caractérisent, et à préve- nir les méprises funestes qui font souvent confondre les espèces vé- néneuses avec les nutritives. On a aussi de lui plusieurs mémoires intéressans, insérés dans les ou- vrages périodiques ou fournis aux différentes académies dont il est metrdîre. Cet écrivain laborieux a de plus ^iwhWk'.i" Obsertaliones mycologicœ, Lèipsick , 1796, 2 part, iu-8"; '2'Commentatio de fan- gis rlavœ formihus, Lèipsick, 1797, in-8";3" Systema vegetabiliuni, i5* édition, Lèipsick, 1797, in-<S° , Tentamen disposiliovis mjetho- dicœ fungoram , Lèipsick, 1797, in-8"; 5* Icônes et descriptiones fungorum minus cognitorum, Lèip- sick , 1799-iHoo, 2 fasc. in-S"; Commenlarius lac. Chr. Scliœf- feri fungorum Bavarice indigeno- rum icônes pictas differentiis speci-

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fie. sjnonjmis observât, sélect, il- lustrans, Erlang, )8oo, grand in- 4°; 7" Synopsis metliodica fungo- rum, Goëttinsiie, 1801,2 p. in- 8°; Icônes pictœ specierum ra- riorum fungorum^ etc., Paris et Strasbourg, i8o5, 2 fasc. in-.'|°; 9' Synopsis plantarum seu enchi- ridium hotanicum, Paris, i8o5 et 1807, 2 vol. in-13: ce petit ma- nuel, commode pour les amateurs de botanique, est fort estimé.

PERSLIS (Locis-Luc Loiseau de), chevalier de Saint-^Lichel , surintendant honoraire de la mu- sique du roi, naquit à Metz le 4 juillet 1769. Son père, maître de musique de la cathédrale de cette ville, lui donna les premières le- çons de l'art dans lequel il devait tenir un jour un rang distingué. Dès l'âge de 20 ans, ils se fit con- naître à Paris, par plusieurs ou- vrages joués au théâtre de l'Opéra- Comiqne; nommé en 1793 par la voie du concours, professeur de r* classe au Conservatoire de Musi- que, et peu d'années après maître du chant au grand Opéra, i! fut suc- cessivement et cuinulativement maître de chapelle du roi, inspec- teur-général (le la musique et pre- mier chef d'orchestre de l'Opéra, et enfin directeur de l'Académie royale de Musique et du théâtre royal Italien. Il développa dans cette place dilficile les qualités d'un excellent administrateur, et ceux que mécontentaitquelquefois l'in- flexibilité de son caractère, recon- nais>iaient cependant sa probité et sa justice. L'Opéra brilla sous sa direction d'iui éclat qu'il n'avait pas »!U depuis long-temps, et le théâtre Italien, qu'il avait formé lui-même, fut regardé comm<! un

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des meilleurs de l'Europe. Mais les soins qu'il donnait avec une ooiistiince sans relârhe à ces deux élahlissemens, achevèrent bientôt de détruire sa santé altérée depuis long-temps par le travail, et il succomba, à l'âge de 5oatis et de- mi, à une maladie de poitrine, qui l'avait forcé deux mois avant à de- mander sa retraite. Il l'oluinl avec la croix de Sainl-iMichcl et une pension honorable. Ses composi- tions dramatiques, qui se recom- mandent par un goût et un sl}'le classique», sont : Tau théâtre de rOpéra-Comique , la Nuit espa- gnole. Este/le <■( Nf'nwin, Phanor et. Angela, Marcel, leFruit défen- flu, Fanny Morna; 2" au graml Opéra, Léonldas ou les Spartiates, le Triomphe de Trajan, la Jéru- salem df^livrée. On lui doit en ou- tre la charmarUe musique des bal- lets de Nina, de l'Epreuve villa- g-'oise, et partie de celle du Car- naval de Venise. En 1814, il com- posa le chant Vive le Roi , vive la France! qui est répété dans toutes les fêtes (le circonstance. II faut aussi lui faire honneur de la remi- se du Itei opéra des Danaldes qui avait <lisparu du théâtre depuis 3o ans. et au grand -uci è> duquel il a r onlribué par le-) chaugemens liijureux qu'il fit dans la marche de l'ouvrage, du cousontement de l'auteur, I illustre Saliéri. Les por- tes de l'Institut n'auraient pas lardé à lui être ouverte-. En liài;-, s'élant tnis sur les rangs pour suc- céder à >Uéhul à laclas<e îles beaux- arts, il crut devoir publier dans les journaux pour condjattre des insi- nuations malveillantes, la lettre <|ui suit : Le. Journal du Commer- s>ce, en énuuieranl les ouvrages

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«des différcns candidats pour la «classe de l'académie royale des » beaux-arts à l'Institut, a réduit: !) mes compositions <i trois ouvra- «ges, dont un en société. Cette » fausse C)i)fiilence, faite avec em- «pressemeul au public, a été ac- » compagnie d'inductions gratui- » tement injurieuses. Je ne répon- ndrai pas à ces dernières; maiscom- » me j'ai eu l'honneur d'envoyer »à messieurs les membres de l'a- DCadémiedcs beaux-arts la nomen- nclature de mes ouvrages, je crois »de mon devoir d'assurer qu'elle » contient l'exacte vérité. » Cette juste réclam, ition produisit l'effet qu'il devait en espérer. Il eut la satisfaction de voir beaucoup de suffrages se réunir en sa faveur à l'élection qui eut lieu peu de mois avant sa mort, arrivée le 20 dé- cembre 1819.

PliRTHUÏS DELAILLEVAUT (LÉON de), ollicit-r de génie, mem- bre de la société d'agriculture du dé- ])artement de la Seine, esc, naquit àGermini-l'EvêquejprèsdeAleaux, département de Seine-et-iMarne , le j 1 avril 1757. Destiné par sa fa- mille à la carrière militaire, il fut élevé à l'école de Mézières, se dévelop[)a son goût pour le dessin et la mécanique. Admis en «773 dans le génie, et chargé en 1778, avec deux autres olïïciers di; soa arme, de la construction du fort de Cbâteauueuf, qui défend la ville de Saint- Malo, i)l, de Perthuis quitta le servicepeu de tempsavant la révolution, qu'il Ira versasans ac- cident. Depuis 1791 il s'était retiré à la campagne, il s'occupait exclusivement d'agronomie. 11 a néanmoins exercé pendant 12 ans les fonctions de membre du con-

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seil-général du département de l'Yonne; il mourut le 17 octobre 1818. M. d»'. Perthuis n coopéré à l*édition que la société d'agricul- ture du département de la Seine a donnée des ouvrages d'Olivier de Serres, et a été l'un des collabora- teurs du Nouveau Cours complet d'Agriculture , publié par le li- braire Déterville. On lui doit: i" Mémoire tiré du Traité de la con- servation et de L'aménagement des forêts, 179g, in-8"; 2" Traité de l'aménagement des bois et forêts de France, ouvrage rédigé sur les no- tes et observations que feu IM. de Perthuis, le père, avait l'ailes dans le cours de sa vie, i8o3, in-8°; Mémoire sur l'art de perfectionner les constructions rurales, i8o5, in- 4", couronné par la société d'a- griculture de Pari^, dont il devint membre par la suite, et à laquelle il a fait un grand nombre de rap- ports; 4° Mémoire sur l'améliora- tion des prairies naturelles et sur leur irrigation, i8o5, itj-8% avec fi- gures, « ouvrage où, dit i\l. deLas- » te} "ie, on reconnaît im auteur qui »a su joindre aux notions théori- »ques celles d'une pratique éclai- » rée; » Traité d'architecture ru- rate, 1810, i»i-4°.

PESGHE (Jt'LiEN-REMi), phar- macien, né à Souvigne, dépar- tement de la Sarthe, le 1" oc- tobre i7«So, abandonna cette pro- fession en 1818, pour publier uu journal au Mans, sous le titre de l'Argus deCOuest, journal desti- né à propager les principes cons- titutionnels dans toute cette ré- gion de la France , devenue si célèbre par les troubles civils qui long-temps l'ont signalée à l'attention publique. Le prospec- tus de ce journal; répandu duos

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ces départemens, y excita une as- sez vive sensation, par l'énergie et la rectitude avec lesquelles les principe s constitution iiels y étaient développés; mais les obstacles que l'on apportait déjii à l'établisse- ment des f<uilles libérales, et cens qu'on employa contre la puljlica- tion de l'Argus de l'Ouest en par- ticulier, fuient invincibles ])Our l'éditeur, et le for( èrent à renon- cer à cette pid>licaiion. M. Pes- chese fixa idors à Paris, il exer- ça la librairie pend. ml plusieurs années, et toutes ses espérances de pouvoir drleiiilre les docliines constitutionuellts lui ayant été ravies, ain-i qu'à tant d'autres é- crivains, il s«! décida à reprendre Texercice de la (ibarmncie. On a de lui, dès I79<), un grand nom- bie d'arliclrs dans le journal l' I n- dépendanl, que publiait abus leu Plancher Volconel.el d ms leJour^ liai du département de la S art lie; une brochure intitulée : Essai sur les bureaux de charité , à l'occasion des di.-elles de 1812 et de 1817, le Mans. 1817, in-8', 4'J pages; son prospectus de l'Argus de l Ouest, et le numéro dernier de ce jour- nal, qui en est eu iiiêine temps le premier nmnéro, et d.nis lequel il lait connaître les obstacles qui l'ontempêché d'exécuter cette en- treprise; plusieiiis .irlicles dans le Journal général de la Société de Médecine^ dans le Bulletin et dans le Journal de Pharmacie. M. Pes- che a aussi publié des Chansons dans les Saisons lyriques , recueil pour le 1" janvier 1821, et dont il est l'éditeur, etc., etc.

PESCHELOCHE (Joseph- Louis), colonel du i5' régiment de dragons, olUcier de la légion- d'hoaueur^ naquit le 19 aot^t

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1761 , à Besançon , départe- inenl du Doubs , d'une famil- le estimable, et reçut une bon- ne éducation. Il embrassa par goût la profession des armes, et entra comme simple soldat dans le régiment de Flandres, le 00 juin ijôîS. Fait capcu-al eu 1770, il n'avait encore que ce grade en 177a, lorsqu'il obtint, par faveur, son congé, afin de suivre la car- rière du barreau pour obéir au vœu de son père. Le. jeune Pes- cheloche apporta une grande ap- plication à l'étude des lois. Reçu avocat, il aimait à consacrer plus particulièrement ses soins et ses talcns à ses cliens les plus pau- vres, et sou excellent cœur met- tait au premier rang la veuve et l'orphelin. Dès l'aurore de la ré- volution, il se fit connaître com- me un de >es plus fidèles, et en même temps de ses plus sages dé- fenseurs. Le 1" septembre 1789, il fut noimné aide-major de la garde nation.de de Paris, de- puis long-temps il s'était fixé. L'assemblée constituante l'envoya, en celte qualité, à Nancy, pour y rétablir l'ordre. Il était capitaine de la 00' division de la gendar- intîrie lorsqu'il se rendit à l'armée, qui bientôt marcha sur Trêves; recourut Valencicnnes et Lille, et pénétra dans le Brabant. Tou- jours à l'avant-garde , il fut sur- nommé par ses camarades Vln- trépide. Pescheloche passa suc- cessivement adjoint aux adjudans- généraux , et adjudant en chef. Le général Joubert le chargea d'une mission de confiance et d'u- ne grande importance dans l'in- térêt des Hollandais. Il justifia la préférence dont il avait été l'ob-

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jet, et son général se plut à lui donner souvent des marques de son estime. Cet officier supérieur reçut peu de temps après le com- mandement en chef de Bois-!e- Duc, et une nouvelle mission pour Londres, il sut faire aimer et respecter le caractère français. Un succès entier couronna son zèle et son adresse ; le 14 prai- rial an 7, Pescheloche fut nommé chef d'escadron, et adjoint au \" régiment de cavalerie, dont il de- vint titulaire le 8 pluviôse an 11. Le 6 brumaire de l'année sui- vante, il reçut sa nomination comme major du i5' régiment de dragons. Conservant le beau surnom d'Intrépide , que ses ca- inarades lu i avaient précédemment décerné, il se montra dans toutes les campagnes, dans toutes les af- faires, bravo, infatigable, et plein de talens. Ce fut à la bataille d'Austerlitz qu'il se signala plus particulièrement, et qu'il termina glorieusement sa carrière. Dans cette affaire mémorable , après avoir chargé à la tête de son régi- ment avec la plus grande intrépi- dité, et mis en pièces une colonne de 4>ooo hommes, il est griève- ment blessé au genou. Sou cou- rage n'en est point ralenti, et il continue à prendre part à la ba- taille. La victoire était aux dra- peaux français. « Son casque brisé, ))dit un historien , son sabre cas- » se, sa blessure ouverte, attestaient «ses travaux : il entre dans un » village pour en chasser quelques «hullaus qui s'y défendaient enco- «re. Là, un coup de pistolet à bout «portant, lui donne la mort; il «tombe entre les bras de ses dra- »g0Ds; il s'écrie : iY^ vous arrêtez

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» pas, vies aîïiis! chargez, nous som- nmes vainqueurs! Il expire. Le Minot vainqueur fui le dernier «qui sortit de sa bouche. «Pesclie- Inclie avilit été nommé colonel la veille même de <a mort. Lorsque le grand- duc de Bergf (Joacliim iMurat, depuis roi de Naples) ap- prit la perle de ce brave, il dit avec douleur : « C'est une grande et >■> funeste perte que celle du colonel nPcscheloche. wCesparolcs valent tout une oraison funèbre.

PESSUTI (JoAcniM), malhé- malicien italien, naquit à Piome en 1743' I' ^^^ ^^^ progrès rapides dans les sciences exactes, pour les- <iuelles il annonça de bonne heu- re un penchant décidé; il les en- seijj;nait aux autres avant d'avoir cessé de les apprendre lui-même; la clarté, la méthode, et la précision avec lesquelles il communiquait ses idées, lui acquirent une telle célébrité, qu'il reçut l'invitation, bien flatleusc pour un jeune sa- vant, d'aller occuper une chaire de mathématiques au collège des cadets à Pétersbourg. Sa santé ne lui permit pas de s'y fixer, mais il en revint honoré de l'amour de ses élèves et de l'amitié du grand Euler, qui avait su deviner son niérile. Avant de rentrer dans sa patrie, il voulut visiter la capitale de la France, il eut occasion de contiaître la plupart d«s grands hommet» du siècle dernier; s'é- taul plus particulièrement rappro- ché de d'Alemberl et de Condor- cet, ils le prirent eu aiTt-ction, et Pessuli resta en (•orre'<po'<d;ince suivie avt'c eux. De retour à Ro- me, il fut nommé à l'univer^-ilé de laSàpienza, profes-*eur des ma- thémafliques appliquées, et devint

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d'abord le collègue et ensuite le successeur du célèbre BiaU' oui dans la rédaction de tleux jour- naux liltcraires; donnant ainsi le spectacle peu commun d'im bon litléraleur el d'un grand mathé- maticien réunis dans la même personiie. 11 eut uxw. dispute avec le comte Riccati au sujet de ses institutions analytiques, donl Pes- .-uti releva plusieurs erreurs ; mais il différa de répondre à la rénliijue de l'auteur afin de ne pas aflliger le cœur d'un vieillard pour lequel il avait la plus grande vénération. Pessuli appartenait à plusieurs so- ciétés savantes ; ses con( itoyens le nommèrent l'iui des consuls de la nouvelle république romaine, qu'il aurait voulu voir s'éb'ver à la grandeur de l'ancienne, etd.iut il fut condaumé à voir la chute. Il rentra alors sans regret dans le cercle de ses habitudes, et mou- rut le 20 octobre iSi'i. Ses ou- vrages sont : i' R^flessioni anali- tiche sopra una lettera di Riccati, Rome, 1777 : c'est la réponse à Riccati, qui ne parut qu'après sa mort; 2" S alla teoria délie trombe idrauliclte; 5" SuUa legge délie ve- locità deir acfua provenietue da' picfioU fori de' vasi, dau:^ le même volume, ibid., 17S9; Sopra la teoria e la pratica del livello Uge- îiiano, ibid.,i79/i; 5" Sal inaneg- gio ed usi del Teodolilo , ibid., 1794 ; 6" Mcmoria per dt'terminare le occaltdzioui délie slelle fisse die- tro il disco Innare, ibirl., 1802; 7* Niwve considerazioni su di alciine sirigolari proprieià délia formola del binomio di Nruton , dans le tome XI des Jjtlémoires de la so- ciété il.dieime; Considerazioni sopra un probicma meccanico,[h\d.,

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tome XIII; 9' Metodo d'approssi- viazione per In risoluzione numeri- cn d'ogiii snrta d'equazioni, il)i<l.; i«»* Teoria dell' azione de' tubi ca- pillari, ihirl., tome XIV; W'Nuo- vo metodo délia trigoiwmetria sfe- rica, ibid., tome XV; 12 Tratla- to xiille fanzioni derioate ed alcune nnnotazioni alla meccanica céleste di Laplace, inédit.

PESTA LOZ/J ou PESTA LUZ (Hesri), écrivain tlistidj-ué et philosophe-pratique, devenu non moins célèbre que recommanda- ble par «a nouvelle méthode pour l'instruction de la jeunesse, est à Zurich, le 12 janvier i745> d'une ancienne {'amille patricienne de cette ville. Orphelin dès l'en- fance, et ses parens ne lui ayant point laissé de fortune , il se trou- va de bonne heu;>;,réduit ;\ la né- cessité de subvenir par lui-même à ses besoins, et loin de se laisser abattre par la rigueur du sort, il se livra dès sa jeimesse aux tra- vaux les plus assidus. Doué d'un esprit à la fois actif et réfléchi et d'un toeur sensible, étranger à toute espèce de frivolité, il s'oc- cupa pendant sa vie entière, non- seulement de son propre bien- être, mais de tout ce qui pouvait contribuer au bonheur de ses sem- blables. Après avoir pourvu par de solides études à son instruc- tion, il reconnut combien celle du peuple était négligée, même dans l'état républicain, le ha- sard l'avait fuit naître. PestalozzP se trouva bientôt entraîné p.ir un penchant irrésistible vers les fonc- tions d'instituteur populaire. II avait achevé avec succès quelques éducation^ de jeimes gens, que leurs parena lui avaient confiées,

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et pendiint le cours desquelles il avait encore étendu ses pmpres idées, et formé un plan nouveau pour l'amélioration du sort des indigens, basée sur le développe- ment des facultés morales et in- tellectuelles des habilans des cam- pagnes. On rapporte que ce fut dans une contrée aride du canton de Berne, sur le Birrfeld, Pes- talozzi , avec un de ses élèves , habitait la campagne de Ncuenhof, qu'il eut d abord le spectacle affli- geant d'une population encore as- sez noin'oreuse, mais accablée de misère, et livrée à tous les maux que produisent la plus profonde ignorance et le défaut de toute in- dustrie. C'est qu'il connut l'idée d'un ouvrage à la portée des der- nières classes de la société, et qui obtint du succès même parmi les plus élevées; c'est une espèce de roman, i^ititulé Lienhard et Gcr- trude, qui fut d'abord iujprimé à Léipsick , 1781-1^87, ensuite à Zurich, 1791-1792, qui a eu plu- sieurs éditions, et qui a été tra- duit dans presque toutes les lan- gues. Il n'est peut-être aucun livre l'heureuse influence de la pro- bité, de l'amour de l'ordre et du travail, de la piété sans supersti- tion, et d'une bienfaisance éclai- rée, ait été présentée au peuple avec autant de clarté et d'une manière plus persuasive ; tout y inspire des affections douces et r.'unour de la vertu. Les intrigues cl les vexations subalternes dont les pauvres habitant des campa- gnes sont si souvent les victimes, s'y trouvent aussi détaillées , et le tableau est frappant de vérité. Cet ouvrage devint bientôt popu- laire en Suisse et dans toute VAX-

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lemagne. Pestalozzi fut puissam- ment secondé dans tous ses pro- jets philantropiques par un riche propriétaire bernois , M. ïschar- ner, bailli de Wildenslein , dont il s'est plu à retracer le noble ca- ractère dans son roman , sous le nom à' Amer. Encouragé^ par cet administrateur éclairé et par les suffrages de ses concitoyens, à poursuivre la carrière littéraire à laquelle il ne s'était pas d'abord destiné, mais il se distingua constamment depuis par l'énergie et la noblesse de ses sentimens , Pestalozzi composa un grand nom- bre d'ouvrages dans le même es- prit. 11 employa tous ses moyens à éclairer les gouvernemens et les peuples sur leurs devoirs récipro- ques; il publia, en 1781, un écrit sur les lois somptunires , Bille , 1 vol. in-S"; sur la législation et l'infanticide, 1781 et 1^83; une feuille hebdomadaire pour les cam- pagnes, dont les livraisons réunies forment a vol. in-8°, Dessaii , 1 782 ; Lecture de Lienkard et Ger- trude , faite par Christophe et Elise , et leurs remarques pendant la lecture, Dessau, 2 vol. in-8° , 1782; Lettres sur l'éducation des enfans de parens indigens , insé- rées dans les Éphémérides de l'hu- manité, par le chancelier de la république de Bâie, M. Iselin ; mes Réflexions sur la marche de la nature, dans le développement ^l'éducation) de l'espèce humaine, Zurich, 1797, 1 vol. in-8°; Images pour mon Abécédaire, ou Elémens de logique pour mon usage, Bûle , 1797, * ^^^' ''i"8°' C'est un re- cueil de fables plus ou moins in- génieuses, dont la moralité offre une maxime ou une satire poli-

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tique. Après la révolution qui s'é- tait opérée en Suisse par suite de l'invasion française, en 1798, lorsque les conseils helvétiques furent convoqués à Arau , il leur adressa des Réflexions sur les be- soins de la patrie , principalement sur l'éducation et le soulagement des pauvres , et publia, la même année, un écrit sur les droits féo- daux. Il fut, à cette époque, chargé de la rédaction d'un ou- vrage périodique, que le ministre de l'instruction publique faisait imprimer, sous le litre de Feuille helvétique à l' usage du peuple, et qui était destinée à calmer l'effer- vescence ultrà-révolutionnaire, à ramener les esprits vers des idées d'ordre, et à faire renaître la con- fiance et l'union parmi les ci- toyens. Le gouvernement helvé- tique venait d'établir une maison d'orphelins àStantz, dans le can- ton d'Underwald, et en nomma Pestalozzi directeur, en 1799. Les fonds consacrés à cet établissement étaient peu considérables, et se trouvèrentbientôtinsulïîsans pour entretenir une foule d'enfans, dont les parens avaient péri du s'étaient dispersés pendant la guerre san- glante dont ce pays venait d'être le théâtre. L'ardente philantropie de Pestalozzi parvint à pourvoir aux plus pressans besoins, et il se fit à la fois instituteur, économe et pourvoyeur de cet établisse- scment. Parmi les infortunés qu'il y recueillit, il se trouvait un assez grand nombre d'enfans abandon- nés depuis quelque temps dans ces montagnes, et qui, devenus à moitié sauvages, étaient livrés au brigandage et aux vices. Pour ces êtres dégradés , le plus léger

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travail et les rèples les moins austères parurent d'abord une su- jétion odieuse. Les écrits de Pes- lalozzi développent par quels pro- diges de douceur et de patience il parvint enûn à gagner le cœur de cette jeunesse luibnlente : elle apprit à voir en lui , non un maître sévère, mais l'atni le plus dévoué, et bientôt l'exemple de ses vertus opéra un ebangement si complet, que le désir d'épargner des ch:)- grins à leur ami , fit régner parmi ses élèves l'ordre et la régularité, leurs mœurs adoucies, il s'oc- cupa avec non moins de succès de leur instruction. C'est au milieu d'eux qu'il fixa ses idées et per- fectionna sa méthode nouvelle pour l'éducation de la jeunesse. Après la dissolution de l'établis- sement de Stantz, le gouverne- ment cantonal de Berne donna à Pestalozzi b'S moyens de généra- liser sa méthode, et le ministre de rinstruttion publique lui fit concéder le château de Berthond (Burgdorf), à quatre lieues de Berne, il établit un grand pen- sionnat. On s'empressa de toutes parts à lui envoyer des élèves, et le nombre en devint bientôt si considérable, qu'il l'ut obligé de chercher un local plus vaste. Il transporta alors son établissement au chraeau d'Yverdun, dont la jouissance lui fut abandonnée par le gouvernement du canton de Vaud. Sa belle institution y fleurit encore, et il s'est vu dans la né- cessité de séparer ses élèves, trop nombreux , et d'en placer une partie dans la succursale qu'il a fondée à Buchsée, dans le canton de Berne. Il eut un moment l'idée de se réunir à son ami M. Fellen*

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berg (voy. ce nom ) , mais on lui filcraindrequeson institution d'Y- verdun ne devînt alors à son tour une simple succursale d'Hofwyl, et la fusion des deux établisse- mens n'eut point lieu. Plusieur» écrivains, MM. Amaury-Duval, Chavannes, Jullien, Raymond, etc. , ont rendu compte de la méthode de Pestalozzi. La diète helvétique, de son côté , a nom- mé une commission pour exami- ner ses élablissemens. L'abbé Gi- rard de Fribourg, un des mem- bres de cette commission , a ré- digé le rapport publié en )8o5. Il en résulte : « que le système de » Pestalozzi consiste bien moins à «rendre un élève éminemment «propre ;\ l'exercice de telle ou » telle profession, qu'A le disposer, »par une marche lente, ralion- «nelle et sûre, exempte de toute •) routine conmie de tout charla- Dtanisme, et bisée sur la marche «que suit la nature elle-même, «à pouvoir développer dans une «partie quelconque les facultés «qu'il a repues en nai-^sant, et «dont l'instituteur s'attache A tirer «le plus grand jiarli possible, en «lui formant un jugement sain, «et en lui donnant celte justesse «d'esprit si précieuse quand elle «est jointe à la droiture du cœur. » En i8o3, le canton de Zurich avait nommé Pestalozzi membre de la consulte lielvi'tique que Na- poléon appela à Paris, pour s'y concerter avec elle sur les modi- fications que les anciennes insti- tutions de la Suisse pouvaient subir, et que demand. tient en grande majorité les citoyens de celle république. Mais le chef de l'institutioD d'Yverdun ne put

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rçster long-temps éloigné de ses élèves ; le séjour de la France n'avait nul attrait pour lui, et après avoir exprimé brièven)cnt ses avis sur les principaux objets «n discussion , il quitta l'assem- blée avant la clôture de ses ses- sions, pour aller rendre ses soins à ses enfans. Il n publié depuis un grand nombre d'écrits sur sa mé- thode, soit seul, soit en société avec ses collaborateurs. Son der- nier ouvrage , intitulé Conseils adressés à mes contemporains, se fait remarquer, comme les précè- dent, par une foule d'idées non- seulement ingénieuses et neuves, mais éminemment utiles et d'une application aisée; peut-être y dé- sirerait-on un style mieux sou- tenu, des transî-lions moins brus- ques , une liaison plus claire et plus intime entre les diverses par- ties, qui en coordonnât parlaitt- ment le tout. Parvenu à un âge très-avancé, Peslalozzi, qui a tant fait pour les autres , ne s'est ja- mais occupé de ses intérêts ; il a vécu avec ses élèves, et n'a point de fortune à lui. Les souverains du nord ont généreusemenl sous- critpourun grand nombre d'exem- plaires de la coHeciion complète de s<"- œuvres. Cet exemple sera sans doute suivi par plusieurs pè- res de famille, et par les jeunes gpns devenus hommes sous sa di- rection. 11 faut espérer que le pro- duit de cette publication suifira pour assurer ini repos honorable à la vieillesse du sage d'Yverdun. L'empereur de Russie l'a décoré de l'ordre de Saint -AiVladimir. Pestalozzi a vécu assez long-temps pour jouir au moins de l'avan- tage de voir naturaliser son sys-

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tème d'éducation dans plusieurs pays (le l'Europe.

PESTEL (Frédéric-Guillau- me), célèbre professeur de droit public, à Kinteln, petite ville de la \N'est|>halie, eu 172^, se fit connaître dès sa jeunes-e par plu- sieurs ouvrages estimés, p.u'n>i lesquels on cite pâlit ulièrement ses observations savante^ sur Ta- cite. En 1765, il fut appelé à l'u- niversité de Leyde pour y occu- per la chaire du droit public, en remplacement du professeur Weiss, et il entra en fonctions, le 16 mai de cette année, par un dis- cours qui obtint le plus grand suc- cès , De damnis ex neglectii juris puhlici in civilules redundantihus. Sa réputation s'étendit bientôt au loin, et Ton v it afïluer de toutes les parties de l'Europe mie foule d'é- tudians qui se rendaient à Leyde, }»rincipalement pour suivre les cours du professeur Pestel. Il pu- blia, en i^r5, la preu)ière édition d'un ouvrage, accueilli non-seu- lement par ses nombreux disci- ples, à l'usage desquels il était principalement utile, mais par les savans de tous les pays :il est in- titulé Fundamenta jurispradenliœ nataralis delineata in usuni audito- runij un vol. grand in-8", traduit en français (1795), en allemand, et en hollandais. Ce livre , monu- ment durable de l'esprit philoso- phique , du talent d'analyse , et de la vaste érudition de son au- teur, a eu plusieurs éditions, dont la 4' ^ i>avu en 1788 avec des augmentations considérables. Pes- tel publia, en 1782, ses commeii- tarii de republicâ Baluvâ, en un vol. 10-8°, augmentés et portés, en 1798, dans une nouvelle édi-

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tion à 3 vol. in-8». C'est un des meilleurs ouvrages qui iiitMit paru ^ur l'histoire, la statistique, et le droit public, de la république des Provinces-Unies. La révolution de 1795 priva momentanénicut Pes- tel (le sa chaire. Ses opinions po- litiques ne l'arurenl point, à cette époque, en harmonie avec ce'les des goiiveruaus du jour, et Tu- niveisilé de Leyde perdit en mê- me temps un de ses plus habiles professeurs et une foule d'élè\es. 11 se relira alors en Allemagne, sa patrie, et eut pour successeur M. Jean ^Valckenaiir, fils du célèlire lielléniste de ce nom. En 1 8o5, cette injustice fut réparée, llappe- ;\ Leyde et rétabli dans ses di- gnités, Pestel se livra avec le mê- me succès à renseignement pu- blic, mais l'université ne joiiil pas long-temps des talens de ce su- vaut recommandable, qui mourut en i8o5. Son éloge l'ut prononcé, la même année, par le professeur Tewater dans l'asseuïblée de la société de littérature de Leyde. Outre les ouvrages déjù cités, Pes- tel a publié: Oratio de Liltera- rum Sludiis florenlibus pro eo quo a populorum recloribus rohonoraii- tur, prctio, Leyde, 1775, iu-4°; •2' Oralio de differentiis prœcipuis in veteri et recentiori getitium Eu ropœarum potiticâ, Leyde, 1778, in-4"; 3" Oratio de fructibus qui ex jiiris prudeutiâ perfcctiori ad po- pulos Europceos seculo XVI II peroenerurit , Levde, 178»), in-4°. PETAGNA (Vincent), méde- cin et botaniste italien, naquit en i73'j, à Naples. Il fut élevé chez. les jésuites, et étudia ensuite la médecine , profession pour la- quelle il s'était décidé. En 1770,

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s'étant attaché au prince de Kau- iiitz, ministre d'Autriche à la cour de Naples, il le suivit en Italie et en Allemagne , étudiant partout la nature , et se mettant en rela- tion avec les savans nationaux et étrangers. De retour dans sa pa- trie, il s'occupa de mettre en or- dre ses collections d'histoire natu- relle, surtout celle des insectes, qu'il avait beaucoup augmentée dans ses voyages. Dans une ex- cursion qu'il fit en Sicile, il exa- mina les productions d'une île peu explorée dans les temps mo- dernes, et dont il fit connaître plusieurs richesses. Ses travaux lui méritèrent la place de profes- seur de bolani(|ue à l'univï-rsité de Naples, »;t de membre de plu- sieurs corps savaus, entre autres, de la société royale de Londr.\s,de celle de Florence, etc. Il mou rut à Naples, le 6 octobre 1810. Sesou- vraj^es s(uit : l' Institutiones bota- iiicœ, Naples, 1785, 5 vol. in-8", (ig. : le premier volume s<;rt d'in- troduction à l'ttuvrage, et l'auteur y expose les différeiis systèmes des plus illustres botanistes moder- nes; les (juatre autres contien- nent la description des plantes; Spécimen inscrtorum Calabriœ ulferioris/iWid. , 1780, iu-4". fig. , réimprimé à Utrecht; 3" Iiistilu- iiones cntomologicœ, ibid. , i7î)0, a vol. in -8", fig.: l'auteur s'est borné à la description des insectes de l'Europe, en s'étendant un peu davantage sur ceux du royaume de Naples ; il a beaucoup profité de la philosophie entomologi(iue de Fabricius. 4" Dclle Facollà délie piatile, ibid., 1797,5 vol. in-S": c'est un traité dans lequel sont dé- taillées les qualités tuédicale.s de«

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plantes, et leur usage dans la méde- cine et l'économie Hfiine>li(|iie.

PÉTHION (Alexandre), pré- sident de la république d'Haïli, au Port-au-Prince (Saint-Do- mingue), le 2 avril 1770. Son père étnit un colon européen , nommé Sabès, qui jonissait d'une fortune assez considérable dans J'île, et sa mère une mulâtresse libre. Leur fils, quoique homme de couleur, ne connut jamais les liens de l'esclavage; il reçut une éducation libérale, et fut dès son enfance l'objet des plus ten- dres soins de son père. Le nom dePéthion, qu'il devait illuslrer un jour, était un de ces sobri- quets d'enfance que les mères se plaisaient à donner à leurs fils. On a faussement avancé qu'il l'a- vait pris pour avoir quelque cho- se de commun avec le u)aire de Paris {voy. Pétion de Villeneuve), dont l'existence même était alors entièrement inconnue à Saint-Do- mingue. A peine 5gé de 20 ans, Péthion fut un des premiers qui prirent les armes lorsque les trou- bles de la métropole se propagè- rent d'une manière si effrayante dans sa plus riche colonie. Il se dis- tingua bientôt non-seulement par des talens et par la plus brillante valeur, mais par des qualités en- core plus rares à une époque de dévastation et de carnage, par sa bienfaisanceet son humanité. Tou- jours sensible à l'infortune de ses semblables, de quelque cou- leur et de quelque parti qu'ils fussent, il leur tendait une main secourable, et adoucit, autant qu'il dépendait de lui , les horreurs de la guerre civile. Plusieurs colons blancs lui durent la vie. Péthion

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remplissait les fonctions d'adju- d.nit-géuéral quand lesAnglais é- vacuèrent la colonie de St. -Don lin- gue en 1798. Le nègre Toussaint- Lou vertu re(roj.LorvEBTXJRE), sous le titre de général en chef, s'était emparé du pouvoir absolu , et a- Viiit résolu de secouer le joug de la France. Les hommes de cou- leur, nés des Français, lui étaient tous suspects, et après avoir ex- terminé lus blancs, il s'essayait à étendre la proscription sur les miilâlres. Le général Rigaud , homme de •■ouleur lui-même, se- condé par Pélhion, s'opposa avec courage à Toussiiiut-Louverlure, et rallia sous ses drapeaux tous les hommes de sa caste, ainsi qu'un petit nombre do noirs. La guerre civile se ralluma avec une nouvelle fureur. Pélhion se jeta dans la place de Jacmel , point important liconst;rver,«"l que Tous>aint-Louverturi' a-*'iégeait en personne. Les habitans étaient découragés, et la place m il p(iur- vue de vivres et de munitions de guerre. II n'en opposa pas moins une longue et vigoureuse ré- sistance aux forces supérieures des assiégcans. Quand enfin la famine le forç;i d'évacuer Jac- mel, il protégea la rtlnile des vieillards, des femines et des en- fans, et à la têle de 1.900 com- battans, il s'ouvrit à la biiïonuet- te un passage h travers l'armée de Toussaint, forte de 22,(100 hommes. Ayant ensuite rejoint le général Rigaud, qui lutta en- core long-temps contre son célè- bre compétiteur noir, ils furent enfin forcés tous deux de céder à la fortune de Toussaint, et s'em- barquèrent pour la France avec

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quelques compagnons fidèles. Pê- thion n'y prit aucune part aux affaires publiques, mais se livra avec ardeur ;i l'étude, et acquit des connaissances étendues, dont il fit souvent preuve depuis. Lors de l'expédition du général Le- clerc, Péthion fut employé, dans le grade de colonel, avec son gé- néral et son ami Rigaud. Tous deux rendirent d'éminens servi- vices. L'influence qu'ils avaient conservée à Saint-Domingue, leurs conseils et leurs exemples, entraî- nèrent plusieurs autres habitans de l'ile, qui jouissaient de la con- fiance publique, et bientôt tout fut soumis à l'autorité de la Fran- ce. Toussaint-Louverture parut même s'y être rallié de bonne foi; mais l'impéritie, l'orgueil et la cruauté des nouveaux chefs perdirent tout. On avait solennel- lement promis aux noirs , comme aux hommes de couleur, la liber- té , et la jouissance paisible des biens qu'ils avaient acquis au prix de tant de sang; mais on viola bientôt, d'une manière aus- si injuste qu'impolitique, les plus saints engagemens. Toussaint s'é- tait retiré dans une habitation qu'il possédait à l'intérieur de l'île, et y vivait paisible. Des sol- dats français vinrent l'enlever; on le je<ta dans un bâtiment, qui fit aussitôt voile pour la France, il expira de faim dans un cachot. Le général lîigaud fut de même déporté. Après la mort du com- mandant en chef de l'expédition française le général Leclerc, son successeur, qui se trouvait dans une position diflicile, avec des troupes affaiblies, crutdevoirsup- pléer i\ la force par la violence,

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et voulut régner par la terreur. Bientôt il ne mit plus de bornes à ses fougueux emportemens. Les colons européens même, revenus à Saint-Domingue avec l'expédition française, ne furent point épargnés. Plusieurs furent déportés et spoliés, d'autres fu- rent fusillés. Pour les noirs on s'en débarrassait par des supplices de différens genres. Des officiers, des chefs, étaient cousus dans des sacs, et jetés à la mer; le mal- heureux général Laplume, resté constamment fidèle à la France, fut de ce nombre. On envoya en- fin à la terre ferme chercher de» équipages de chiens, pour chas- ser et dévorer les nègres, et l'on eut soin d'entretenir l'ardeur de ces animaux, en leur fournissant des rations journalières de chaire noire. Péthion, indigné de tant d'horreurs, et menacé dans sa pro- pre existence, se retira dans les mornes ou montagnes inaccessi- bles de Saint-Domingue. Tous ses compatriotes qui purent échap- per à la surveillance française vin- rent le joindre. Le général noir Des- salines prit le commaYidement en chef des mécontens, et l'on déclara la guerre aux persécu- teurs de l'Europe. Ce qu'il eût été facile de prévoir, arriva. Les guerriers français, déjà réduits en nombre, et avec eux restes des braves de la légion polonaise, qui avait si vaillamment combat- tu ùl'arméed'Ilalie, étaient mois- sonnés chaque jour par le fer de l'ennemi ou par les maladies épi- démiques d'un climat dévorant. Les Anglais, de nouveau en guer- re avec la Franco, se hâtèrent de fournir des armes et des muni-

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tions de guerre à fous ceux qui couibaltaierit leurs etinemis. En- fin les faibles débris des forces naguère si imposantes , que la mère- pairie avait envoyées à grands frais dans sa plus belle colonie, furent obligés de l'éva- cuer, et de cherchfr un refuge sur leurs vaisseaux, qui devinrent bientôt la proie des (-roisières bri- tanniques, el les soldats échappés de Texpédition de Saint-Domin- gue allèrent achever de mourir sur les ponio is anglais. Le plus féroce des nègres. Dessalines, s'empara alorsde l'autorité suprê- me, et se fit proclamer, sous le nom de Jacques 1", empereur d'Haïti. M lis ses fureurs le ren- dirent odieux aux hommes qui naguère étaient ses égaux, et qu'il voulut soumettre à un joug encore plus pesant qut; celui des blancs. Le nouvel empereur lais- sa percer la résolution ((u'il avait prise de se défaire de tous les hommes de couleur, dont l'ins- truction et la valeur pouvaient opposer des digues à son despo- tisme , et de ne conserver dans l'île que les noirs qu'il croyait plus faciles à opprimer. On le prévint, et dans la journée du 17 octobre, pendant qu'il passait une revue au Port-au-Prince, il fut immolé au milieu de ses gardes. Le nègre Christophe, chef des conjurés , qui avait fait preu- ve dans plusieurs occasions de courage et de talens militai- res, mais qui était aussi avide du pouvoir absolu, et presque aussi cruel que Dessalit»es , fut proclamé président et généralis- sime de la république d'Haïti. Il nomma d'abord Pélhion son

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lieutenant, et gouverneur de la partie du sud. Les états-généraux de la nouvelle république furent convoqués au Cap, et prirent le titre d'assemblée nationale. Les divisions y éclatèrent bientôt en- tre les chefs. Péthion, ardent et sincère ami de la liberté, voulait le gouvernement représentatif, tel qu'il sut def)uis l'établir- Christophe voulait être le maî- tre de l'état, et ne pouvait sup- porter ni un égal, ni une autorité quelconque , balunçant la sienne. Aussi, à l'aide des troupes noires, qui lui étaient alors presque en- tièrement dévouées, se fit-il pro- clamer et couronner roi d'Haïti au Cap-Français, capitale de ses états, il régna despotiquement sous le nom de Henri I". Dans une proclamation qu'il publia contre Péthion, il déclai'a celui-ci rebelle, ajoutant que l'autorité souveraine appartenait de droit comme de fait au plus fort, selon le coJe Henri. Mais les parties de l'ouest et flu sud, se formèrent en une république dont le sénat et les représentans du peuple nommèrent à l'unanimité Péthion le président. Il s'établit dès-lors au Port-au-Prince, et sut bientôt faire chérir et respecter son au- torité constitutionnelle. Les hosti- lités ne tardèrent pas à commen- cer par terre et par mer entre ces deux chefs. Le roi Henri avait sous ses ordres des troupes plus nombreuses, et en général mieux armées et mieux éipiipées. Le président Péthionétait plus aimé, et trouva dans le dévouement et la persévérance des citoyens qui vivaient heureux sous son admi- nistration, des ressources qui man-

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quèrent à son enneiiii. Celui-ci, furieux de voir soustraire i\ sa domination de riches, et belles conlrées, vint à plusieurs repiises attaquer le Port-au-Prince. Le i" de janvier 1808, Pélhion rem- porta une victoire mémorable sur le roi noir, qui avait cependant une armée deux fois plus forte en combat tans. Le vaincu fut forcé de se retirer en toute hâte au Cap, il recruta de nouveau et disciplina de son mieux une ar- mée composée en grande partie de ses anciens compagnons; mais l'esclave qu'ils avaient couronné était devenu un niiiitre impitoya- ble, et il ne régnait plus sur eux que par la terreur. Il marcha de nouveau en 1811, sur le Port- au- Princf, avec des forces considé- rables. Pélhion se tint sur la dé- fensive. Son lieutenant, son ami et son successeur, hoyer, à la tê- te d'une poignée d'hommes de couleur, repoussa plusieurs at- taques des assaiilans , et ^se couvrit de gloire. Las du joug de fer de Henri I", 5,ooo hom- Dïes, formant un corps d'éli- te de sa garde, passèient avec leur colonel, le mulûtre Marc, du côté de Pélhion. Celte défec- tion fut suivie de plusieurs au- tres, et détermina encore Henri à se sauver au Cap, où, dans sa rage, il fit égorger sans distinc- tion d'âge ni de sexe, tous les gens de couleur qui existaient dans ses domaines. Mais il parut au moins avoir acquis par cette dernière ex- pédition la certitude que tous ses eir.irts contre Pélhion ne seraient jaujais cturounés par le succès, et sans conclure de paix po»ill- >e, il rcnonjia à de nouvelles at-

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laques. Le président de la répu- blique d'Haïti proflla de ce repos" pour achever l'ouvrage qu'il avait commencé. Son armée, augmen- tée par tous les soldats qui avaient abandonné son adversaire , fut mise sur un pied respectable; ses places frontières furent forti- fiées, ses ports furent oiiverts à ton les les nations européennes; les Français même, que le com- merce y attirait, trouvaient pro- tection et sécurité sous son ad- ministration. Non-seulement il encourageait le commerce, mais il mit le zèle le plus louable à é- tendre dans ses états la civilisa- tion et les lumières; il forma des élablissemens pour rinstruclion des noirs et des mulâtres, en- couragea le travail, mit de l'ordre dans les finances , paya des som- mes considérables qui étaient ducs aux Américains pour fournitures faites à son armée, et bientôt la sécurité générale du pays, la tr.inquillifé, la paix et le bonheur dont jouissaient les citoyens sous un gouvernement à la fois ferme et équitable, firent proclamer Pé- lhion le père de la patrie. Il sut aussi faire respecter la lépubliquc au dehors. Quelques différens s'é- levèrent entre lui et les États-U- nis de l'Amérique septentrionale. Ln matelot de leur pays avant tué lui honune d'Haïti, fut jugé, condamné et exécuté sm-- le- champ. Les agens américains se plaignirent, Péthion leur répon- dit qu'il fer.iil constamment exé- cuter les lois contre amis et enne- mis, sans ménagement pour qui que ce pût être. Sa fermeté en in)po-<a , et l'interruption mo- mentanée des relations coinmer-

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ciales cessa bientôt. En i8i5, il fut réélu président, pour 4 ans, au terme de la constitution. Des né- gociations furent entamées aveclui l'année suivante par le gouverne- ment français; mais il refusa d'é- couter les propositions de tout agent étranger, qui ne serait point autorisé à reconnaître so- lennellement l'indépendance de Haïti , condition première , et sine qaâ non de tout traité. La po- litique de Péthion le portait à accorder des secours aux indé- pendans de l'Amérique méridio- nale. Ils trouvèrent asile et pro- tection dans leurs revers, et deux bataillons de noirs, qu'il leur fut permis de lever à Haïti , leur rendirent d'éminens services. Il procura ainsi aux commerçans de sa république de nombreux avan- tages, et entretinten même temps des relations amicales avec les colonies des nations européennes dans les îles et sur le continent américain. ïoutparaissait assurer à Péthion une existence calme et glorieuse, et il semblait n'avoir plus qu'à jouir de ses longs et u- tiles travaux; mais sa santé décli- nait depuis quelque temps, et il souffrait à certaines époques des douleurs aiguës. On assure que satisfait du rôle qu'il avait rempli, querassasié d'honneurs et de l'exis- tence même, il résolut de dispo- ser librement et seul de sa vie. Après en avoir fixé le terme, il refusa obstinément, malgré les vives instances de tous ceux qui l'entouraient, et particulièrement de son ami le général Boyer, de prendre aucune nourriture, et expira d'inanition au septième jour, le 29 mars i8ib. Sa mort

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répandit une consternation géné- rale ; toute la population de la république prit spontanément le deuil, les funérailles du président furent célébrées avec pompe au milieu des plus solennelles cé- rémonies religieuses, et un mo- nument a été élevé en sa mé- moire par les citoyens recon- naissans. Péthion avait rempli sa dernière obligation envers sa patrie, en désignant à son lit de mort, et ainsi que la cons- titution le lui permettait , le général Boyer pour son succes- seur. Celui-ci marche sur les traces de son illustre prédécesseur, et paraît destiné à achever son ouvrage. Déjà il a vu crouler la monarchie éphémère de Henri 1", dont les esclaves ont voulu re- devenir citoyens. La partie ci- devant espagnole de Saint-Do- mingue a aussi adopté les lois de la république d'Haïti. Boyer, comme Péthion, appartient à cet- te race d'hommes, qu'un cheva- lierfrançais de Saint-M....dit« ne «pouvoir être rangés dans la clas- se des peuples, puisqu'ils n'ont point paru au berceau des hom- mes , puisqu'ils ne sont que les fruits bizarres de la découverte a- ventureuse du Nouveau-Monde, et les produits d'alliances presque toujours illégitimes. » Peut-être cependant que si l'on eût usé de plus do loyauté, de plus d'huma- nité envers des frères, à qui la nature ne paraît avoir refusé que la couleurblanche, peut-êtrealors la France e(Jt-elle conservé sa plus belle colonie et sa plus rich» possession dans les Deux-Indes. Maintenant ces hommes , qui n'ont point joui de l'avantage

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d'avoir de représentant loM de la création du inonde , ont cherché ù réparer ce malheur, en se créant une représentation nationale, et il sera plus lacile de les accuser d'illégiliinité que de combattre leurs forces, et de leur ravir leur indépendance et leur liberté.

PÉTHION {VOJ. PÉÏION DE

Villeneuve).

PtTIET (Clavde), ancien mi- nistre de !a jjnene , iulentlant-gé- néral des armées l'rançiiise.'', séna- teur et f{rand-i)iririer de !a légioii- «l'hoimeur, na']iiit d'une famil- le honorable à Chàlillon-sur-Sei- ue, le lo février 1 74;)' ^'"^ pére était lieuteu-iul-]^'i'neral du bai!- Iia<(e de celle ville. Après avoir fait de Ixumes éludes, il eulra très-jeune dans la {gendarmerie de la maison du roi, et fut ensuite pourvu d'une charge de commis- saire des guéries. Les talens ad- miiiisMalifs qu'il déploya de bonne heure , et l'eslime générale qu'il sut se concilier, le firent nommer, à l'âge de a5 ans, secrétaire en chefetsubdelégué-général de Tin- tendan<;e de Bretagne. Dans te poste important, il géra pen- dant 20 ans les affaires d'ime des plus grandes provinces du royau- me, souvent agitée de troubles, et il était bien difficile de satis- faire à la fois aux désirs souvent opposés du gouvernement, ôei états de la province, et du peuple, Petiet acquit la réputation d'un hofome de bien, fidèle à tous ses devoirs , sincère ami des citoyens, et ne négligeant d'iutrc S'jiu que celui de sa propre fortune. Aussi, à l'époque de la révidiition en 17^9. quand les anciennes iusli- tulious des y-aya d'état s'écroulc-

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rent, nvec beaucoup d'autres, et quand ses fonctions en Bretagne eurent cessé, y reçut-il d'un peu- ple fier et jaloux de ses droits, des témoignages éclatans d'estime et de reconnaissance. Il fut d'a- bord , et à l'unanimité des suffra- ges des électeurs, nommé pro- cureur-général-syndic du dépar- tement d Ille-et-Vilaine , et le même département l'élut plus tard son représentant au conseil des anciens. Il n'occupa que peu de temps le premier emploi. Le gou- vernement réclama l'emploi de ses talens; la guerre venait de s'al- lumer, et Petiet, nommé en pre- mier lieu commissaire-ordonna- teur, fut bientôt placé à la tête de radministration de l'une des gran- desarmées qui se formaient alors, et servit successivement en qua- lité de commissaire -général, à celles du centre, de Sjmbre-et- Meusc et de l'Ouest. Pendant qu'il se trouvait à la première, sous les ordres du général La Fayette , le roi lui envoya la croix de Saint- Louis. Dans ces différons postes, le zèle, l'activité elle désintéres- sement de Petiet le firent respec- ter de tous les partis , et personne n'eut à se plaindre de lui, si ce n'est les ennemis du dehors, aux revers desquels il contribua puis- samment par une administration vigoureuse, qui avait bien aussi quelque droit de réclamer sa part aux honneurs du trioni[)he. Ap- pelé, par ses fonctions, en Bre- tagne pendant que la guerre civile y exerçait toutes ses fureurs, il fut pendant quelque temps desti- tué par les députés de la conven- tion * dont il était bien loin d'ap- prouver ou de seconder les me-

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sures violentes ; mais le besoin extrême qu'on avait de ses talens, força bientôt le gouvernement à le rétablir dans ses emplois. Le fait suivant peut prouver à lui seul à quel point Petiet avait su méri- ter l'estime générale dans les mal- heureuses contrées de l'Ouest. Il se trouvait à Nantes lorsque les habitaus de cette ville repoussè- rent l'armée des Vendéens. Quel- ques jours après, les affaires de son administration l'obligèrent à la quitter. Il part sans escorte , et tombe au milieu d'un détache- ment de ces hommes, qui poussè- rent si souvent leurs représailles contre les républicains jusqu'à la dernière barbarie. Entouré, saisi, mis en joue, il allait être immolé, quand son nom , répété par les Vendéens, fit soudain tomber de leurs mains les armes qu ils diri- geaient contre lui ; il ne trouva plus que des amis piirmi des bom- mes d'opinions si opposées , el sa vie fut sauvée, parce qu'il avait consacré ."a vie entière à la justice et à la bienfaisance. En 1795, il venait à peine de prendre place au con^-eil des anciens, le dé- partement (rille-et-Vilaine l'avait député, qu'il fut appelé au minis- tère de la guerre. î'etiel >e char- gea de cet immense fardeau dans les circonstances les plus dilïîciles peut-être ministre se soit ja- mais trouvé. Le trtsor de l'état était épuisé, la chute du })apier- moiinaie jetait de la méfiance et de l'incertitude dans toutes les transactions; des dil ipidations é- normes s'étaient introduites dans les diverses branches de Tadmi- nistration pendant le gouverne- ment directorial, et les besoins

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des soldats croissaient à chaque moment ; la victoire seule leur' restait fidèle. Mais ces braves guerriers , long-temps négligés y retrouvèrent un ami aussi zélé qu'actif dans le nouveau ministre, qui consacrait ses Jours «t ses nuits au travail, et qui parvint enfin à pourvoir aux besoins pres>^ans des nombreuses armées de la France. La disette cessa, une comptabilité sévère fut établie , les plus graves abus furent extirpés , et insensi- blement tous les rouages de cette grande machitie se trouvèrent re- montés et mis en harmonie. Les victoires de iMoreau sur le lUiin et de Bonaparte en Italie furent remportées sous son ministère.. Après une année d'exercice, Pe- tiet eutencore, le premier depuis la l'évolution, la gloire de sou- mettre un compte clair et précis de ses opérations au jugement de ses concitoyens et à l'examen du corps-législatif. Ce compte, géné- ralement adniiré , a servi do tuo- dèle à tous les ministres qui lui ont succédé. Apre? avoir rempli pendant près de deux ans avec celte rigoureuse j)robité, base de son caractère, unposte laborieux et pénible, Petiet eut besoin de quelque repos, el se retira au .sein de sa l'amiile, destinant à l'édu- cation de ses enfans , de? jours que ne réclamait plus la pitrie; mais bientôt ini nouvt;ui témoignage de la c(»nfiance publi(]ue viit I ar- racher à sa retraite. Les suiV.ages unanimes des électeurs du dépar- tement de la Seine, auquel il eiait cependant étranger, le portèrent, en mars 1799. à la represenlatiou nationale, el il fut député par eux au conseil des cinq-cents. Le pre-

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micr consul l'appela, l'année sui- vante, au conseil- (l'état, et le général Alexandre Berthier (de- puis maréchal de l'empire et prince deNeuchâtel) réclama le secours de ses lumièrt-s au ministère de la guerre, Petiet s'honora encore <i la seconde phioe, après avoir si dignement rempli la première. Quand les armées françaises eu- rent de nouveau franchi les Alpes et soumis une seconde fois l'Italie, il fut nommé au gouvernement de la Lomhardie, avec le litre de ministre extraordinaire. Pendant deux années de séjour à Milan, une administration sage et équi- table parvint ù réconcilier les Ita- liens avec la domination française, et à les attacher par les liens de la conûance et de l'espoir d'un avenir heureux. Quand Napoléon eut conçu le projet d'une descente en Angleterre, et qu'il eut ras- semblé des forces formidables dans les trois camps de Boulogne, de Montrenil et de Bruges, il recon- nut le besoin d'un chef habile pour diriger l'administration de ces armées, et fit choix de Petiet, qu'il en nonmia l'intfndant-géné- ral. La santé de celui-ci s'altéra visiblement à la suite de ces tra- vaux et des fatigues qu'il eut à supporter : nue maladie grave le n)it bientôt aux portes du tom- beau. Mais la camp;igne d'Aus- terlitz venait de s'ouvrir; à peine en convalescence, il part pour l'armée, consultant plus son dé- vouement que son état. Il entre avec le vainqueur à Vienne, com- mande un dernier service à ses forces exténuées, revient mou- r.uit à Paris, et, sans quitter les fonctions qui lui sont confiées,

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signe des ordres relatifs à son ad- ministration , jusqu'au jour même il succomba. Petiet venait d'être nouuîié membre du sénat, et grand- officier de la légion- d'honneur. Il mourut le aS mai 180G, laissant après lui une mé- moire vénérée de tous ceux qui l'ont connu, et pour fortune à ses enfans, l'héritage honorable des exemples qu'il leur avait four- nis. Ses funérailles furent célé- brées avec la pompe ordonnée par Napoléon, et ses restes reposent dans un des caveaux de l'église Sainte-Geneviève, alors destinés à recueillir les cendres des grands- dignitaires de l'état. Petiet a laissé quatre enfans, iine fille mariée au général Alphonse Colbert, qui a servi avec la plus haute distinc- tion en Egypte, à Saint-Domin- gue, en Italie, en Espagne et en Belgique , et trois fils : l'aîné , membre de la légion-d'honneur, après avoir servi dans l'artillerie , a occupé des places importantes dans l'administration publique; il a été intendant de la liste civile en Toscane , préfet du départe- ment des Hautes-Alpes , et il est aujourd'hui attaché à la direction générale des vivres sous le comte Dejean, pair de B'rance. Au- gustin Petiet , second fils du sé- nateur, a suivi la carrier»: mili- taire depuis 1800. Nommé, à l'âge de 'M ans, chevalier de la légion- d'honneursur le champ de bataille d'Austerlitz , et officier du môme ordre à la bataille de Dresde, il compte 16 campagnes, et a été blessé dans 4 combats. Après la bataille de Mont-Saint-Jean , «il fut promu au grade de génér.il de brigade, qui ne lui apas été cou-

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firme depuis. Il est chevalier de Saint-Louis depuis 18 14- Sylvain Petiet, dernier fils du sénateur, après avoir reçu plu- sieurs coups de lance dans la campagne de Russie, a été nom- mé chevalier de la légion d'hon- neur il la bataille de la WoscoAva , et capilaiiie au 8" régiment de hussard». Il est aujourd'hui em- ployé, d;ms le même grade, au réginnnt des chasseurs à cheval (le l;i Somme.

PÉTION 1)K VILLENEUVE (Jérôme), membre de rasseml)lée cousiiluaute, et ancien maire de Paris, exeiçait à (Chartres 1 1 pro- fession d'avocat, lorsqii'il lut nom- mé, par le tiers-élal du bailliage de cette ville, dipulé aux états- généraux. Il adopta dè> l'aurorede la révoliUion les principes qu'elle consacrait, et qui bientôt ébran- lèrent jusque dans ses fondemens l'édifice de la monarchie. Sa sévé- rité républicaine lui fit un grand nond>re d'eiinemi> parmi les dé- fenseurs des anciennes institu- tions; sa haine pour la tyrannie de quelques chefs qui se .-ubsliluèrent au pouvoirabsolu, qu'eux-mêmes avaient concouru à détruire, pré- para et hâia sa perle. Il l'ut un des premiers qm', après la séance roya- le du aiî juin 1789, s'élevèrent contre l'acte d'anlorilé que l'on avait conseillé au roi, et qui en- couragèrent rassend)lée i\ persis- ter dans ses résolution*. Les pro- testations de la minorité trouvè- rent en lui un ceuseuÉ' sévère, et il demanda, le 5i juillet, la mise en jugement des ennemis du nou- vel ordre de choses. Dans la séan- ce du 18 août, Mirabeau ayant proposé de renvoyer l'adoption

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de la déclaration des droits de l'homme, après la sanction de la constitution par le roi.il accusa son illustre collègue d'entraîner l'as- semblée dans des opinions contra- dictoires. On le vit, le 1" septem- bre, se déclarer en faveur du veto suspensif à accorder au roi; le 5, appuyer la permanence et l'unité du corps-législatif; le 3o, s'oppo- ser à ce que le roi eût le pouvoir d'interpréter Ici lois; le 5 octo- bre, dénoncer les événemens de la soirée et de la nuit du 1" au 2, et dans le nu'me mois, demander que le roi prît le titre de roi des Français par le consentement de la nation, en supprimant la formule par la grâce de Dieu, «car, dit- il, c'est calomnier Dieu : Charles IX était aussi roi par la grâce de Dieu. nCet te proposition inattendue produisit un effet maïqué sur l'as- sendilée. Dans une autre séance, le 5i, il combattit avec beaucoup de force l'opinon de l'archevêque d'Aix, en faveur des biens du cler- gé. 11 observa « que les richesses ne faisaient que corrompre un ordre dont le renoncement aux biens et aux vanités de la terre était le premier devoir et la première ver- tu.» Il vota, le la février :7<)0, la suppression des ordres religieux, et le '25 l'égalité de partage dans les successions des nobles. Jusqu'au 4 déccmbie, qu'il fut élu président, il s'opposa à ce que le roi eût le droit de paix et de guerre, provo- qua la réunion à la France du corn- tat d'Avignon, fut pour la création des assignais, et les projets de Mirabeau sur les finnnces. On re- marqua dans la séance du 17 jan- vier 1791, seul discours sur l'orga- nisation du jury, et sa réponse.

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dans la séance du 21 février, à un membre f(tiigneux du côté droit, qui demandait des mesures pour rétablir la tranquillité publique. « La tranquillité publique n'est troublée, dit-il avec force, que par la révolte constante de la irii- norité.» Approbateur des lois pé- nales contre l'émigration, il décla- ra 0 que la famille royale devait y être soumise en temps de trou- bles. » Il attaqua, le 27, un article proposé par le comité de consti- tution, portant que <> toute invita- tion faite au peuple de désobéira la loi est un crime.» Dans la séan- ce du II mars, protecteur éclairé des hommes de couleur, il parla aVec éloquence en faveur de leur cause. Dans la séance du 22, i! se pro- nonça pour la régence élective; enfin le 21 m.ii, il soutint le plan de Buzot, relatif à la division du corps-législatif en deux sections égales, combattant avec avantage la défaveur que faisait naître cet- te ressemblance avec le parle- ment d'Angleterre. Pétion fut nomtné, au mois de juin, prési- dent du tribunal criminel de Pa- ris. Après le départ du roi et son arrestation à Varennes, il reçut la mission avec deux de ses collègues de se rendre auprès de ce prince, et de l'accompagner de Varennes à Paris. Par suite des événemens du Champ -de -Mars, du 7 juillet 1791, les membres de l'assemblée constituante qui faisaient partie de la société des jacobins s'en retirè- rent; Pétinny resta, luit)"". «Ladis- cussiou, disent les auteurs d'une biographie étrangère, «'étant éta- blie sur la fuite de Louis XVI, Pé- tion attaqua le système d'inviola- bilité du roi, et demanda qu'il fût

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jugé par une convention nationa- le convoquée à cet eifet. Le 28 août, il prit hautement la défense des soldats qui s'iiisiu-geaient con- tre leurs chefs; accusa ceux-ci des troubles qui survenaient dans leurs corps, et fut interrompu par M. Alexandre de Lauieih, qui, sans se dissimuler combien était dange- reux l'iniivisuie des officiers, voyait avec douleur et effroi quel- les funestes conséquences pou- vaient résulter pour l'indépendan- ce nationale, d'un tel état d'insu- bordination, qui menaçait de lais- ser la France sans armée, et de la livrer sans défense aux signataires de la coalition de Pilnilz. L'aveu- glement de Pétion et de ses amis était même porté si loin à cette époque, que le mot de trahison pouvait ne pas sembler trop fort à de sincères amis de la liberté, qui n'auraient pas connu le fond de son cœur et les motifs de sa con- duite.» A la fiîi de la session, l'as- semblée constituante ayant termi- né sa session, ces mêmes auteurs

ajoutent:» Lié avec M"" de G

qui professait alors des opinions républicaines dont cette dame s'est défendue depuis avec une in- trépidité que Ceux qui la connu- rent alors peuvent prendre pour de Timpudence, Pétion l'accom- pagna eu Angleterre, à la fin de septembre 1791.» Le motif ou le prétexte de son voyage était une mission pour Londres, que l'on a prétendu , sans preuve, être dan* l'intérêt du ducd'Orléans. A son re- tour à Paris, il succéda A rillusiie Bailly (yoj. cenom)dar»s la premiè- re magistrature municipale de cet le ville, et fut solennellement instal- lé dans ses fonctions le 17 novem-

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bre. Il dirigea, dit-on, d'après le vœu du parti connu sous la déno- uiinati(Wi de Girondins, le mouve- veineul populaire du 20 juin, dont le but était de forcer Louis XVI, en l'intimidant, de rappj^er au con- seil les ministres Roland , Servan et Clavière. L'administration dé- parlementali; de Paris, de l'assen- timent dn roi , su-^pendil de leurs fonctions Pétion el Manuel (ce der- nier étaitprocureurde la commu- ne), pour leur co*iduite dans cette grave circonstance. Le roi repro- cha même à Pction, publiquement et d a»s des lern)es extrêmement sévères, d'avoir mal fait son de- voir. Piiion, pour se justifier et peut-être pour se venger du parti delacour. reiulit public, par la voie de l'impression, l'entretien qu'il a- vail eu avec le monarque. Le peu- ple partageant le mécontentement de son premier magistrat, le rede- manda à gr.mds cri>; un nombre considrrable d'individus parcou- rurent les rues portant cette devi- se tracée en gros caractères sur leurs chapeaux, et uiême sur leurs vêle- mens : Pétion ou la mort. Alors Pétion jKirutà la barre de l'/issem- blée législative (12 juillet 1792), «non pour se justifier, disait-il, niais pour provoquer une justice sévère.» Son discours en ellét fut tout en récriminations et en sarcas- mes contre la cour et les mem- bres du déparlement. Mais Pétion, qui lut étranger aux événemcns du 10 août, cessa dès cette époque d'être l'id le du peuple; un parti plus puissant, celui de Robespier- re, d'»nt il avait été long-temps l'ami, de Danton, Marat, etc., lui enleva sa popularité, qu'il ne re- gretta plus du moment il vit le

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but sinistre l'on tendait. Il fut impuissant pour arrêter les massa- cres de septembre. Deux fois il s'était rendu à la prison de la For- ce, sans que sa présence produi- sît d'autres résultats que de les suspendre momentanément. Le 0 septembre il païul à l'assemblée législative, el termina son récit en invitant les représentans « à jeter un voile épais sur les épouvanta- bles événemens qui venaient de se passer, assurant qu'il n'en avait été instruit que lorsqu'il n'était plus temps d'y remédier. Hérault- de-Séchelles, président, lui répon- dit que l'assemblée était satisfai- te d'opposer à des événemens malheureux un homme de bien tel que lui, et qu'elle se reposait sur sa sagesse.» La convention na- tionale, convoquée au mois de sep- tembre 1792, Pétion y fut nom- mé par le département d'Eure-et- Loir, fonctions qu'il préféra t\ cel- les de maire de Paiis, devenues de plus en plus dilHciles. Premier président d'une assemblée qui, quelques mois après, devait le proscrire, il se montra, dès l'ou- vertore des séances, l'im des plus ardens antagonistes du parti de la commune, et surtout de Hobes- pierie, l'vui de ses chefs. Dans un discours qu'il prononça à la tribu- n«.', il développait les rivalités du conseil-généial de la commune de Paris avec l'assemblée, et les cau- ses qui avaient amené les massa- cres commis à la suite du 10 août. Il y disait qu'il ne croyait pas que Robespierre aspirât à la dictatu- re, et que Marat seul était capable de cette folie féroce. Il conjurait au reste les partis qui divisaient la république d'oublier leur» res-

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senlimens et leurs préventions, et de se réunir pour l'intérêt public. Lors du procès du roi, il vola la mort avec ramendomcnt de Mail- he (voy. Mailhe) , et fut de l'avis de l'appel au peuple et du sursis. Pétion devint, le 25 mars, mem- bre du premier comité de salut-pu- blic, et de délénse générale. Pen- dant toute la durée de la lulte f.n- trelaGirondect\aMontagiie,Vélioa ne cessa de combattre cette der- nière, saisit la première oi'casion favorable pour la perdre. « Le gé- néra4 Miaczinski , condamné à mort comme ayant voulu intro- duire l'ennemi dans la place de Lille, eut la faiblesse, disent les biographes que nous avons précé- demment cités, d'accuser quel- ques députés qui sans doute n'é- taient pas également irréprocha- bles; mais il nomma parmi eux Gensonné et Pétion, et celte dé- claration, faite à l'instant du sup- plice et dans l'espoir de prolon- ger sa vie, devint, sans être utile à Miaczinski, l'un des prétextes qu'employèrent (indiques jours a- près bs dominateurs de la con- vention, pour faire comprendre ces deux repiésentans dans les listes de proscription dressées par la faction de la montagne, et pré- sentées par elle à la convention.» Pétion fut sur-le-champ décrété d'arrestation (2 juin), et momen- tanément constitué prisonnier dans son domicile, sons la surveil- lance d'un gendarme. Il échappa avec Bnzot et Salles ù cette sur- veillance, qui allait être convertie en une détention dans une mai- .•*on d'arrêt, et tons trois se ren- dirent déguisés à Caen, oii l'on organisait une armée destinée ù

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marcher sur Paris, afin de sous- traire la convention nation.ile à la tyrannie de la Montagne. Les suc- cès des troupes (le« départemens fédérés ne répondirent point à leur attente. (]es troupes furent battues et dispersées à Pacy , dé- . parlement de l'Eure, et les dépu- tés proscrits obligés de se procurer un nouvel asile. Pétion, Buzot, Salles et Guadet, s'embarquèrent pour le département de la Giron- de ; mais bientôt ils durent cher- cher un refuge dans les cavernes. Quelque temps après les trois premiers furent trouvés dans un champ de Saint-Emilion, morts et à moitié dévorés par les animaux. Pétion a été jugé avec une extrê- me sévérité par les ennenîis de la révolution. Il ne l'a pas toujours été avec justice par les défenseurs de la cause qu'il soutenait. Le temps ne paraît pas encore venu l'on peut porter un jugement impartial sur ce personnage, que ses partisans ont honoré du beau nom d'Aris- tide, et qui peut-être est trop ca- lomnié par les uns et trop loué par ceux qui pensent comme M"" Roland, dont nous allons rappor- ter l'opinion extraite de ses ?né- moires. « Véritable homme de bien et bon, dit-elle, Pétion est inca- pable de faire la moindre chose qui blesse la probité, comme les plus légers torts ou le plus petit chagrin A personne; il peut né- glig«'r, beaucoup de choses pour lui, et ne saurait exprimer un re- fus d'obliger qui que ce soit au monde. La sérénité d'une bonne conscience, la douceur d'un ca- ractère facile, la franchise et la gaîté, distinguent sa physionomie. il fut maire prudent, représeo-

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tant fidèle, mais il est trop con- fiant et trop paisible pour prévoir les orages et les conjurer. Un ju- stement sain, des intentions pures, ce qu'on appelle la justesse de l'es- prit, caractérisent ses opinions et ses écrits, marqués au coin du bon s,ens plus qu'à ceux du talent. II est froid orateur, et lâ<he dans son style comme écrivain. Adnji- tiistratenr équitable et bon ci- toyen, il était fait pour pratiquer les vertus dans une république, et non pour fonder un tel gouver- nement chez un peuple corrom- pu, qui le regarda, durant quelque temps, comme son idole, et se réjouit de sa proscription comme de celle d'un ennemi. » M"" de G<nlis fut aussi l'amie intime de l'étion. Dans le précis de sa cofi- dulte durant la rùwliUion , cette dame déclare ; « qu'elle eut pour lui une véritable estime jusqu'à la mort du roi. » On a réuni en 4 vol. in-8', Paris, ijqS, les ouvra- ges de Pétion ; ils comprennent ses D/.vt'c^ars dans Tassendilée cons- tituante et à la convention natio- nale, ses Comptes rendus comme maire de Paris, et ses différens O- puscules politiques.

PETIOT (Jean- JosEPn) , che- valier de la légion - d'honneur, président honoraire du tribunal chel'-lieu judiciaire du déparle- ment de Saône-et-Loire, était pro- cureur du roi au bailliage, présidial de Châlons-sur-Saône , lorsqu'il fut nomajé en 1789, par le tiers- état, et à la presque unanimité, premier député aux états-géné- raux. Il vota constamment avec la majorité, dans les rangs des mo- dérés, et ne prit la parole que pour des affaires spéciales à Sfui dé-

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parlement. Après la session, il se retira dans ses foyers, qu'il ne quit- ta pendant quelques mois que pour se soustraire aux regards des agens de la terreur. Membre depuis 1^89 de tous les collèges électo- raux, de l'un desquels il fut élu président; mis en réquisition le la frimaire an 3 par un député en mis- siori, pour remplir une place d'ad- ministrateur du déparlement, il obéit; mais ne croyant pas devoir ajouter à la sévérité des lois contre les émigrés, partie dont il était spé- cialement chargé, il fut remplacé après dix mois d'exercice. Nommé, le 8 frimaire an 4i commissaire, du gouvernement près dt- l'admi- nistration du canton qu'il habitait, il fut révoqué en l'an 6, à peu près par suite du même esprit de mo- dération. Membre du conseil-gé- néral du département, depuis son établissement en Tan 8, il en fut président pendant trois sessions. Appelé en avril 1809 au tribu- nal chel-lieu judiciaire du dépar- tement, sur la demande des juges qui le componaient, il le présida jusqu'en janvier 1816, époque on l'admit à la retraite, et il cessa dans la même année les fonctions de président du tribunal et de pré- sident du conseil-général , sans qu'on ait su s'il devait à la bien- veillance de ses amis cette double retraite, que d'ailleurs il désirait ; quoiqu'il fût sincèrement attaché â la charte , ses opinions , qui n'ont pas varié depuis 1789, ne furent pas jugées dignes de la confiance du gouvernement. 11 a- vait été député en 181 5 pour aller à Lyon, représenter au duc d'Al- buféra (^vojez Suchex), qui com- mandait l'armée, que les habilans

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de Châlons-?ur-Saôiie, quoiqu'ils eussent arrêté les Autrichiens pen- dant nn mois lors de la première invasion, ne pourraient seuls em- pêcher le passage de l.;i Saône; sur la réponse du maréchal qu'il ne pouvait fournir aucun secours , réponse rapportée par M. Petiot, non sans danger d'être pris par les Autrichiens qui venaient de passer la Saône à Mâcon, la ville ouvrit ses portes. 11 vit maintenant au milieu de sa famille , honoré de l'estime de ses conciloytîus.

PETIT ( Antoine) , célèbre mé- decin , naquit, en 17 iS, à Orléans, département du Loiret, d'une fa- mille estimable. Son père était tailleur, et sou grand-père avait été notaire. Au sortir de ses études , Antoine Petit vint à Paris, il suivit avec succès les cours de chirurgie, de médecine et d'accou- chement. Repu professeur de ces diverses parties de b> science et de l'art de guérir, il acquit bientôt une grande réputation; mais sa pauvreté ne lui permettant pas de faire les sacrifices pécuniaires (Gooo fr.) qu'exigeait son admis- sion à la faculté de médecine ou au collège de chirurgie , il témoi- gna à la faculté le désir d'être reçu ad meUorem forlunarn , droit que ces deux corps s'étaient réservés; la faculté refusa avec orgueil d'ac- cueillir le mérite indigent. Petit était au moment d'obtenir du col- lège de chirurgie la faveur qu'il sollicitait, lorsque la faculté, par un rnolif bien moins noble , ce- lui de ravir à un corps rival nn homme déjà si distingué, lui ou- vrit ses portes : il devint docteur- régent en 1746. Petit exerça , concurrennnent comme proîcs-

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seur et comme praticien , la méde- cine et la chirurgie, et dut à sa célé- brité, sous ce double rapport, son admisMon, en 17O0, <i rac^idèmie des sciences, et , eu 1 j68, la chaire d'analomie au jardin du Roi, va- cante par la mort de Ferrein. Il s'illustra dans cette chaire, il se fit suppléer, en 1776. par l'un de ses élèves les plus distingués , Vicq-d'Azir, auquel il aurait voulu la céder; mais on lui adjoignit M. Antoine Portai ( voy. Portal) , qui l'avait pendant dix ans remplie en l'absence de Ferrein. Petit fonda, à la faculté de médecine de Paris, une chaire d'anatomie et une de chirurgie. I! désigna Leclerc pour occuper la première, et Corvisart {voy. ce nom ) pour la seconde. « La fondation qu'il fit à Orléans, sa ville natale , dit M. Fournier dans uneiVo//<;e,est plus considéra- ble ; il y consacra plus de 100,000 livres : son objet est la nomina- ti()n (le quatre médecins et de deux chirurgiens, pour doimer des soins gratuits aux m.dafîes indigens de la ville, et, les jours de marché, des consultations à ceux de la cam- pagne, dans un édifice qu'il fit bûlir à cet effet. Deux avocats et un procureur ayant , comme les premiers, des appointemens fixes, remplissaient, à des jours mar- qués, leur ministère auprès des pauvres qui venaient le réclamer. Bouvard , dans les querelles litté- raires qui s'étaient élevées entre lui et Petit, lui avait reproché d'être fils d'un tailleur, et lui disait dans une de ses controverses que ses idées étaient mal cousues , et que cependant il devait savoir coudre. Petit était trop philosophe pour s'offenser d'une pareille in-

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jure. Il s'honorait de son père; et voulant que la postérité n'ignorât pas son origine, il établit dans l'acte de fondation dont on Tient de parler, que le concierge de l'é- difice consacré aux consultations gratuites, serait toujours un pau- vre tailleur de la ville d'Orléans, en mémoire de son père. » Petit .«^'efforçait d'enseigner à ses élèves ces primipes si recommandables, que les hommes qui exercent l'art de guérir doivent des soins gra- tuits aux indigens et aux porson- nes'peu riches. «Ce sont les riches qui doivent payer convenable- ment , disait - il : lorsque j'étais jeune je rougissais lorsqu'un ma- lade m'offrait de me payer; main- tenant je rougis lorsqu'on ne me paie pas. « Cet estimable savant avait recueilli sa mère dans la mai- son qu'il possédait i\ Fontenai- aux-Roses : ce séjour lui dtivint insupportable du moment qu'il l'eut perdue, et il se retira à Oli- vet, village près d'Orléans, il mourut, le 21 octobre 1794? "^ laissant aucun héritier direct de .son nom et de sa fortune, qui était considérable. Nous ferons remar- quer, à cette occasion, que Des- FOBGEs(r)o_y. ce nom) , par le plus inconcevable cynisme , déshono- rant sa mère, s'est prétendu dans son roman du Poète ou Mémoires d'un homme de lettres, le fils ano- nyme de ce célèbre médecin. Si Petit eût été en effet le père de Desforges, il est permis de penser, d'après son caractère bien connu , et surtout sa bonté et sa généro- sité, qu'il lui eût laissé quelque portion de sa fortime. Il est vrai que Petit avait sur les moeurs des femme? l'opinion la plus défavo-

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rable , et que dans ses relations privées , il a été généralem«nt peu scrupuleux; mais était-ce une raison pour Desforges de procla- mer uij Scan* de ou une calomnie? Petit a publié les ouvrages stii- vans : i" l'Anatomie chirurgicale de Pal fin , avec des notes et un Traité d'ostéotogie , Paris, i753,

2 vol. in-ii; nouvelle édition augmentée d'un discours sur la chiruigie , Paris , 1 757 , in - 4* j 2' Rapport en faveur de l' inocula- tion, Paris, in-8', 1768; "5" Recueil de pièces concernant les naissances tardives, Paris, 2 vol. in-S", 1766. C'est à l'occasion de cet ouvrage , l'un des plus remarquables qu'il ait produits, qu'il eut à soutenir contre M. Bouvard une polémique plus d'une fois la modération fut oubliée de part et d'autre, sur- tout pariM. Bouvard. [\° Projet de reforme sur l'exercice de la méde- cine, Paris, iu-8°. Petit était enne- mi des médicamens et des mélan- ges pharmaceutiques, et souvent il attaqua des apolhi<;aires qui se faisaient médecins sans avoir les connaissances nécessaires : il s'àt- la(>ha plus particulièrement i\ la médecine expeclaute. C'est de l'é- cole de cet habile professeur que sont sortis nos plus célèbres mé- decins.

PETIT (Marc-Antoine), chi- rurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Lyon, membre de l'académie de cette ville, correspondant de l'institut, etc., naquit à Lyon, le

3 novembre 1766. Il était fils na- turel; mais sa mère s'imposa les plus grands sacrifices pour lui faire donner une bonne éducation. Il sut en profiter, et suivit, par égard pour la volonté de su mère,

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la carrière chirurgicale, malgré son goûl pour les lettres. A l'âge de 17 ans, il obtint au concours une place de chirurgien interne à l'hospice de la Ciiarilé de Lyon. En 1788, il obtint également à la ?uile d'un second concours, la place de chirurgien en chef de l'Hôtel - Dieu; mais conformé- ment au vœu de l'administration des hospices de Lyon, il devait, avant d'exercer cet emploi, passer (rois années à Paris, et ensuite trois autres années à l'hospice même, en qualité d'aide-major. Il ttail hors d'état de faire les sacri- fices pécuniaires qu'exigeaient son voyage et l'absence obligatoire des trois années ; heureusement un homme généreux, M. Trollier de Fe(an,vint àson secours,et Petit se lendit à Paris. Après y avoir suivi (jiielque temps les écoles , il ;dla à Montpellier, il fut re- çu docteur, le aS octobre 1790. J)e retour à Lyon, en 1791, il y continua ses travaux. A l'époque du siège de cette ville, en 1793, il l'ut obligé de s'en éloigner pour éviter la persécution. Néanmoins, il y revint pour prendre posses- sion de son eiriploi de chirurgien en chef de l'hôpital , et il ne fut plus inquiété. Il l'exerça jusqu'à sa mort, arrivée le 7 juillet 181 1, en\iron un moi» après sa nomi- nation en qualité de correspon- dant de l'institut. Petit était dis- tingué <|omme professeur et com- me praticien. Il avait fondé une école de chirurgie clinique, dont chaque année il faisait l'ouver- lin-e par un discours intéressant. Comme praticien, il était habile, et avait une grande présence d'es- prit. Il opéra 117 malades de la

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pierre, et eut le bonheur d'en sau- ver io5. Voici une circonstance son apparente tranquillité pro- duisit le plus heureux effet. « Il avait opéré de la pierre un habi- tant de Dijon; depuis deux heu- res le sang coulait en abondance: Petit n'était pas sans inquiétude, quoiqu'il n'en témoignât rien ; mais le malade effrayé s'écria : C'est fait de moi, je perds tout mon sang. Vous en perdez si peu , repartit le médecin avec tranquillité, que vous serez saigné dans une heure; ce n'était pas l'intention de Petit, mais l'idée imprévue d'une saignée opposée l'idée de l'hémorragie, frappa l'esprit du malade, et le rassura: son sang ne tarda pas à s'arrêter, et il fut sauvé. »0n rapporte à la louange de Petit, qu'il était désin- téressé et bienfaisant, et que sou- vent il donnait an malade indi- gent, le salaire qu'il venait de re- cevoir du riche. Lorsque la for- tune eut récompensé son infatiga- ble activité, il alla trouver le bien- faiteur dont les secours lui avaient été si utiles quelques années au- paravant. i\l. Trollier de Fetan refusa de reprendre la somme qu'il lui avait remise : « Cet or, lui dit- il, n'est plus à moi ; je vous l'ai oflert pour assurer à l'huma- nité un talent qui lui fut utile : secourez les malheureux, et sa destination est remplie. » Petit crut devoir insister à plusieurs re- prises. Il reçut cette réponse : u Eh bien! vous ne serez que le dépositaire de celle somme; et je vous la confie, afin que vous en fassiez pour un autre, l'usage que j'en ai fait pour vous. » La volonté du donataire acte (jdolemcut sui*

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vie. Le célèbre Lapeyrouie avait montré la même généroisité, en déposant une somiiie de 'io,()00 l'r. dans les mains de son ancien élève et ami Antoine-Louis, chirurgien en chef des armées ( cojcz Lolis). Petit remit à un élève distingué , la somme qu'il avait repue sous la condition d'en perpétuer la transmission. On doit à Petit les ouvrages suivans : i" Éloge de Desault , lu à l'Hôtel -Dieu de Lyon, le 5 septembre 1795, pour l'ouverture du cours d'anatomie et de chirurgie : c'est le preniier dont la mémoire de ce célèbre chirurgien ait reçu l'hommage; Essai sur la médecine du cœur, in-S", Lyon,i8o5 : on trouve dans ce recueil, outie VÉlose de Dc^ sault, quatre E pitres en vers a- dressées à un jeune homme qui se destine à la profession de méde- cin; un discours sur l' [nfluencede la rctolution française sur la santé publique; un auti»- sur la Manière d'exercer la bienfaisance dans les hôpitaux; un troisième sur la Douleur: enfin un quatrième sur les Maladies principales observées pendant neuf ans dans l'Hôtel- Dieu de Lyon. 5" Onan , ou le Tombeau du mont Cindre, poëinc suisi de noies hi^toriqui-s , pré- senté, en 1809, à l'académie des jeux floraux ; [^"Poésies, éparses dans différens recueils; 5" plu- sieurs Opuscules dans les Actes de la société de médecine de Lyon , parmi lesquels on remarque l' E- loge de Tissot ; 6" Obseroations cliniqtes . publiées d'après ses manuscrits, par MiM. Antoine Lus- terbourg et Théodore Jobert de Lyon, i8i5, i vol. in-8". MM. Cartier, Parât et Dumas, ont lait

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imprimera Lyon : le premier. Elo- ge de M. A. Petit, lu à l'académie de Lyon, 1813; le second. Notice sur Marc-Antoine Petit, lue à la société de médecine de la même ville, in-4°; et le troisième, Hom- mage rendu à la mémoire île Marc- Antoine Petit, pièce de vers, avec des note?, 1814, in-8°.

PETIT (Alkxis-ThÉrèse), pro- fesseur à l'école royale Polytech- nique, naquit à Vesoul, départe- ment de la Haute -Saône, v»^* 1791. Il commença ses éludes à l'école centrale de Besançon, et suivait simultanément les cours delans:ues anciennes et de malhé- matiques. Avant l'.lge de 10 ans, il avait toute l'instruction néces- saire pour être admis à l'école Polytechnique, il ne put entrer qu'à l'âge de )G ans; jusqu'à cet âge il dut à l'amitié de M. Ha- chette [voyez ce nom), de forti- fier ses connaissances dans une institution parliculière dirigée par d'habiles maîtres. Admis à l'éco- le Polytechnique dès la première piomotion, il fut presque aussitôt nonmié répétiteur à cette école, et professeui- au lycée qui porle au- jourd hui le nom de collège de Bourbon. Reçu docteur ès-scien- ces à 20 ans (181 1), dans la mê- me année, il devint professeur ad- joint de physique à l'école Poly- technique , et professeur en pied lors de la réorganisation de l'éco- le en 18 15. Il venait d'épouser, lors de celle dernière nomination, M"' Carrier, dont le pèr<î est in- génieur des pouts-et-chaussées. Veuf deux ans après, il moiu'ut d'une affection de poitrine le 31 juin 1820, dans la 29" année de son âge. Petit a produit peu d'où-

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vrages,s'étant presque exclusive- ment livré aux soins du professo- rat ; cependant les travaux aux- quels il a pris part recommandent puissamment son nom à l'estime des savans. En 1814? de concert avec son beau- frère, M. Arago, il a publié : Mémoire sur les variations que le pouvoir réfrin- gent d'une même substance éprou- ve dans les divers états d'agréga- tion qu'on peut lui llonner par l'ejfet gradué de la chaleur, inséré dans les Annales de physique; 2" Mémoire sur l'emploi du principe des forces vives dans le calcul des machines, impriujé en i8i8 dans le même recueil; 5" av<;c M. Du- long, Recherches sur la théorie de la chaleur, insérées dans le Jour- nal de l'école Polytechnique , il* cahier, 1818, et dans les Annales de physique: elles furent couron- nées par l'académie des sciences ; 4" avec le même nutaxir, /Uémoire sur la chaleuf spécifique des corps, ouvrage présenté à l'institut en 181g. M. Biot a donné sur ce jeu- ne physicien une Notice historique qu'il a lue à la société philomati- que le i5 février 1821, et fait in- sérer dans les Annales de physi- que, même année, tome XVI.

PETIT (le bakonJlan- Martin), maréchalde-camp et commandeur de la légion-d'houneur, le 22 juillet i;72. Il servait avec dis- tinction depuis plusieurs années, lorsqu'en 180G, dans la campagne contre les Prussiens et les Russes, sa conduite au combat de Ciarna- vow le fit particulièrement remar- quer. Eu 1808, il obtint l'autori- sation de porter la décoratif)n de Saint-Henri de .Saxe. Général de brigade le 28 juin 18 13, il com-

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njandait,dans la célèbre campagne de 1814» un des corps de la gar- de impériale, et prit part à tous les combats cette garde s'est cou- verte de gloire, particulièrement dans les plaines de la ci -devant Champagne. Il fut nonnné com- mandant de la légion-d'honneur le 22 février, et le 20 avril ce fut lui que l'empereur embrassa à Fontainebleau lorsque ce prince, prêt à partir pour l'île d'Elbe, fit ù sa gar<le de solennels adieux. Le général Petit fut nommé che- valier de Saint-Louis le aS juillet de lii même année. Pendant les cent jours, GU i8i5, il continua son service en qualité de major du i" régiment des grenadiers à pied de la garde. Deux bataillons de ces mêmes grenadiers qu'il forma en carré, le 18 juin 181 5, après avoir, sous son commandement, résisté à vingt charges, restèrent les der- niers sur le champ de bataille de Waterloo. Le général Petit se trou- va compris dans le licenciement de l'armée qui s'était réunie der- rière la Loire. Il est aujourd'hui (1824) eu disponibilité.

PETIT (Michel-Edme), mem- bre de la convention nationale, le nomma, en 1792, le dépar- tement de l'Aisne , vota avec la majorité dans le procès du roi. Le 25 mai 1793, il s'éleva avec force contre Marat, et dit « que les dé- »partemens n'avaient pas envoyé »des députés pour être témoins »des farces de ce pantin féroce.» Il proposa d'exclure de la conven- tion , par im décret, tout député qui, dans les discufisions, se per- mettrait des termes injurieux con- tre quelqu'un de ses collègues; déclara à la tribune que la cou-

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\ention n'avait pas été libre dans les journées du 3i mai, i" et 2 juin; et après la chute de Robes- pierre, il attaqua vivement tous ceux qui avaient participé aux me- sures extrêmes dont la France a- vait g-émi sous le règne de la ter- reur. Il proposa encore d'interdi- re aux députés l'enjploi à la tribu- ne des dénominations de parti, et demanda en même temps que cha- cun d'eux fît imprimer l'état de sa fortune. La convention passa à l'ordre du jour sur ces deux pro- positions. M. Petit n'a point fait partie des conseils ni du corps-lé- gislatif, mais il a exercé long- temps les fonctions de juge à À- miens. Il avait public, avant la ré- volution : Eloge de J. J. Rous- seau; 2' des Chaiigemens que l'a- mour de la vérité produira dans la poésie et l'éloquence.

PKTIT - DE - BEAL'VERGER (le baron) , ancien procureur au parlemi-nt de Paris, devint, dans les premières années de la révo- lution, membre du conseil-géné- ral du département de la Seine. Porté en iSoi sur la liste des candid:its , il fut élu député au corps-lrgiïlalif, y siégea jusqu'en 1814, et entra à cette époque dans la nouvelle chambre des dé- putés, instituée par la charte. Il cessa ses fonctions législatives en 181 5 , et n'a point été réélu depuis. Si. Petit-de-Beauverger est beau-frère de M. Frochot , ex-préfet du déparlement de la Seine.

PETIT - DE - BEAU VERGER (N.), fils du précédent, d'abord auditeur au conseil-d'élat, obtint successivement la place de secré- taice-général du gouvernement des villes anséatiques, et celle de

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préfet de l'Ems- Occidental. Il perdit cette dernière lors de l'in- vasion des troupes étrangères en 1814. Appelé pendant les cent jours, en 181 5, à la préfec- ture du Lot, il y fut remplacé après la seconde restauration^, et n'a point rempli de fonctions pu- bliques depuis cette époque.

PETIT-D'HAITERIVE (Pier- re), ancien magistrat, naquit en 1775, à Riceys-Hauterive, dépar- tement de l'Aube. A l'époque de la révolution il était procureur au parlement de Paris; il s'est fait distinguer comme magistrat dan.H les diverses fonctions de l'ordre judiciaire qui lui ont été contiées, et notamment dans cel- les du mini>tère public, qu'il a rem- plies pendant les temps les plus critiques de la révolution. Dénon- cé à la société des Jacobins en 1795, par suite de son refus d'ac- cepter la place de juge au tribunal révolutionnaire, il n'échappa qu'a- vec peine au danger qui mena- çait sa tête, (^e tribunal ayant été renouvelé après le 9 thermidor an 3 (27 juillet 1794)» M- Petit- d'Hauterive en fit partie connne substitut de l'accusateur public , et se montra également l'ern)e et modéré dans la poursuite des cri- mes qui avaient euj^anglanlé la France. Ses réquisitoires contre Carrier (rojez ce nom) et le comi- té révolutionnaire de Nantes at- testent à la fois l'éloquence et l'impartialité de ce magistrat. Il fut nommé commissaire du gou- vernement près les directeurs du jury (l'accusation, et ses travaux utiles sont consacrés par se» réqui- sitoires et ses conclussions dans des milliers de procès criminels : fonc- tions d'autant plus pénibles que,

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«leul alors, il était chargé d'un travail partaj^é aujourd'liui entre 16 mogistrats qui composent le parquet de première instance , et qu'indépendamment des ju- ges directeurs du jury d'accusa- tion, les 48 juges de paix de Paris se livraient àrinslruclion des affai- res criminelles. M. Pelit-d'Haute- rive avait occupé différens em- plois, et était juge au tril)unal cri- minel du département de la Seine, devenu depuis cour de justice cri- minelle et^spéciale, lors de la siip- pression de ces cours. N'ayant pas été appelé à faire partie de la cour d'appel, il conçut un si vif chagrin de cet oubli, qu'il y succomba en 1812, à l'âge de 5y ans. Scrupuleux dans l'examen des affaires, inébranlable dans la ligne delà justice, M. Petit-d'IIau- terive fut homme de bien, magis- trat intègre, inaccessibleà la crain- te et à la séduction. II a laissé sa famille dans une honorable pau- vreté. L'édition des luis criminel- les. impriiriées par Sagnier, lui doit des recherches judicieuses qui ont tourné en partie au profit de la léjiislation. Le plus jeune de ses trois fils, sorti de l'école militaire de Fontainebleau, s'est distingué dans la carrière des arme>i. Depuis le retour du roi , le second a rempli des fonctions dans l'ordre judiciaire au-delà des mers. L'aîné, que l'état de sa santé éloigne niomentanéinenl du bar- reau, a conservé, parla noblesse de sa couduiteet son désiiitéresseiTKcnt eonniie avocat, le plus précieuxdes j)atriiuoiius, l'honneur et la pro- bité.

PETIT -JEAN (Madeleine), née à Paris, habitait cette ville à

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l'époque de la révolution. Déjà mère de 17 enfans, en 1793, elle prit des habits d'homme, et s'en- rôla , comme canonnier, dans l'un des bataillons de Paris, desti- né pour la Vendée. Elle se trou- va à plusieurs combats, y fit preuve de courage , et fut prise par les royalistes, qui, ne soup- çonnant pas son sexe, la relâchè- rent au bdut de quelque temps. La convention nationale, d'après un rapport de ses comités, ren- dit, le i5 juin 1794? ""i décret qui acccordait à iMa.leleine Petit- Jean , une gratification de 5oo livres.

PETIT-JEAN (François), tré- sorier des guerres à Toul, en 1789, adopla d'abord les princi- pes de la révolution; il fut nom- mé commissaire-ordonnateur, et employé en cette qualité , puis en celle de payeur-général, dans les armées que commandèrent successivement Dumouriez, Dam- pierre, Custines et Houchard. Il devint l'objet d'un grand nombre de dénonciations, échappa à la plupart; mais comme elles se re- nouvelaient sans cesse, il finit par y succomber au mois de septembre 1793. A la suite d'une longue détention à l'Abbaye, il fut traduit au tribunal révolu- tionnaire, qui le condamna à mort, le 7 mai 1794, comme complice de Dumouriez, et ayant pour seconder ses projets , lais- sé sans subsistances l'armée et les places du Nord.

PETIT-JEAN (N.), député à la convention nationale par le département de l'Allier, vota a- vec la majorité dans le procès du roi; M. Petit-Jean ne fut point

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réélu aux assemblées suivantes. PETITAIN (Louis -Germain), littéraleur, naquit à Paris le 17 février 1765, et fit ses études au collège iVlazarin. Les événemens de la révolution le déterminèrent à se faire inscrire parmi les avoués près du tribunal civil du départe- ment de la Seine; mais il en exer- ça peu les fonctions, et préféra la carrière administrative. Il fut em- ployé dans l'administration des domaines nationaux, puis attaché comme secrétaire à Regnault de Saint-Jean-d'Angély , et à M. de Corbigny, préfet du département de Loir-et-Cher; employé dans l'administration française de Trê- ves et deWestphalie, et enfin sous- chef dans les bureaux de l'octroi de Paris. Il occupait encore ce dernier emploi lorsqu'il mourut le 12 septembre 1820. On trouve dans le Journal de ta librairie, ré- digé par M.Beuchol (année 1820, pag. 617-620), la liste des ouvra- ges de Petilain. Ce sont : Un mot pour deux individus auxquels personne ne pense , et auxquels il faut penser une fois, Paris, an 3, in-8° : cet acte de courage en fa- veur des enfans de Louis XVI, fut revendiqué, en 1814 et en 1818, par MM. Morcau de Mersan , et Laisné ^e Villévêque , mais la priorité appartient à Petitain ; les Français à Cythère, pièce hé- roïque en un acte et en prose, mê- lée de chants : elle n'a point été représentée; l'auteur la fit impri- mer, en 1798, in-8*. "b" Mémoire sur cette question proposée par l'institut national : l'Emulation est-elle un bon moyen d'éducation? ce mémoire obtint la première mention honorable dans la séan-

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ce publique de l'institut du 1 5 messidor an 9 (1801), et fut im- primé, dans la même année, in-8"; Quelques contes , par G. P. , brochure in-S" de i5 pages; Annuaires du département de Loir- et-Cher, pour les années de 1806 à 1812. Ces annuaires, dit M. Ikuchot, sont curieux et intéres- sans ; mais ils se ressentent du caractère naïf du rédacteur. On doit aussi consulter le journal de ce savant bibliographe sur l'édi- tion que Pelitain donna des OEu- vres dej. J. Rousseau, Paris, Le- febvre, 22 vol. in-8% 1819-1820. Petitain avait travaillé à différens journaux et recueils périodiques, tels que la Décade philosophique , le Journal de Paris , les Mémoires d'économie publique, de morale et de politique, rédigés par M. Rœ- derery etc.

PETIT-RADEL (Loris- Char- les-François ) , littérateur distin- gué et savant antiquaire, admi- nistrateur do la bil)liolhèque Maza- rine, membre de la légion-d'hon- neur et de l'institut, à Paris en 1756. Il était avant la révolution vicaire - général et chanoine de Couserans. Porté par ses goûts et des études approfondies vers les recherches des monumensde l'an- tiquité, il se rendit, en 1791, en Italie, il recueillit d'immenses matériaux pour un ouvrage sur les monumens dits Cyclopéens on Pé- lasgiques. Le savant Yisconti , dans sou rapport à l'institut de France , fait en 1810 au nom de la classe d'histoire , sur les progrès de la littérature ancienne , s'ex- prime ainsi : « M. Petit- lladel a oie premier conçu l'idée de dis- ))tin2:uer dans les diverses cons-

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»truclions, ou plutôt substruc- ') lions des murs des vil les antiques, ries parties anciennement minées «qu'on doit regarder comme ap- oparlenant aux époques des fon- » dations priuiilives de ces villes. ))II montre que ces ruines formées »de blocs en polyèdri s réguliers »et sans ciment, attribuées jus- » qu'alors par les antiquaires, soit «aux Étrusques, soit aux Komains, rtsoit aux Golhs et aux Sarrazins, «sont les mêmes constructions » cyclopéennes qui ont été décrites ■)par les écrivains grecs, et dont «l'origine remonte incontestable- »ment à la plus haute antiquité; '•d'où il conclut que ces construc- » tions étant semblables et dans «les assises inférieures des murs ))des plus anciennes villes de la

Grèce, et dans celles des murs «des anciennes bourgades de l'I- 'italie, il doit s'ensuivre que plu- "sieurs de ces monumens furent » l'on vr.ige des antiques dynasties » auxquelles les anciennes tradi- II tions recueillies par Dcnysd'Ha-

licarnasse attribuent la civilisa- olion primitive de ces contrées. ) L'inslitiit national s'empressa d 'ad- mettre M. Petit- Uadel au nombre de se» membres (en 1806), après la communication des Mémoires manuscrits de ce savant biborieux. Ils ne furent point en entier livrés à l'impression , mais le$ difiérens extraits qui en furent connus du public, ainsi que les questions et éclaircissemens auxquels ils don- nèrent lieu , mirent d'autres voya- geurs sur la voie. Les résultats des nombreuses recberrhes de M\l. Clarke Dodwell et Gell, An- glais, et de iMM. Cboiseid-Gouf- ûer, Fauvel et Pouqueville, Tran-

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çais , qui ont eu pour objet plus de 240 monumens de construction cyclopéenne, sont tn faveur du système de M. Petit Radel , et confirment ses découvertes. On devra sans doute aux eflorts réunis de ces savans, des connaissances plus précises et quelques degrés de certitude de plus , sur certains points inléressans de l'bistoire an- cienne. Les autres ouvrages pu- bliés par M. Petil-Radel sont : Notice historique et comparée sur les aqueducs des anciens , et la dérivation du canal de l'Ourcq, i8o3, in-8"; Explication des monumens antiques du musée^ édi- tion de Piranesi, 1804 et 1806, 4 vol. {0-4° ; «5" Mémoire sur l'o- rigine grecque du fondateur d' Ar- gos, inséré dans le Recueil de ia classe d'histoire et de littérature ancienne de l'institut. Les mé- moires suivans ont été lus par l'auteur à la même classe , et font partie du même recueil : 1" Mé- moire sur les monumens relatifs aux origines de l'Jrgolide , de l'Attijue et de la Béotie; sur le premier livre 'des Antiquités ro- maines de Denys d' Halicarnasse , et sur l'autorité de cet historien; sur les monumens pélnsgiques cités par Varron. 1" Sur les murs anti- ques de Tarragone et de Barcelone, et sur les H omonymies géographi- ques communes à diverses contrée» des côtes d'Etrurie et d' Es pagne ;'b'' Sur le Ceratonia siliqua, et ses rap- ports avec la fête funéraire des an- ciens ; sur le rameau de l' Eiresione. 4" Sur l' origine des anciennes ar- moiries de la ville de Paris; sur les anciens Russes ou Roxolans , et sur la chronique de Nestor. Il a aus- si publié des Recherches sur les Bi-

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bliothèques anciennes fSulv'ies d'une notice historique sur la Bibliothèque Mazarine, Paris, 1818, in-8".

PETIïOT (Claude- Bernard), homme de lettres, à Dijon le 3i mars 1773. Après avoir fait de bonnes études an collège de cette ville, il vint à Paris en 1790, et ne s'y occupa que de littérature jusqu'en 1800, époque à laquelle il fut nommé chef du bureau de l'instruction publique à la préfec- ture de la Seine. Ayant quitlé cette place en 1804, il n'avait rem- pli aucune fonction publique pen- dant quelques années, quand son ami, M. de Fontanes, le fit nom- mer, en 1809, inspecteur-géné- ral de l'université. Il fut ensuite chargé de plusieurs missions dans les déparlemens, pour régler et coordonner les études dans les é- tablissemens publics, et s'en ac- quitta avec zèle. Pendant l'époque des cent jours en i8i5, iM. Peti- tot donna sa démission de la place d'inspecteur-général. Au second retour du roi, il fut nommé se- crétaire-général de la commission d'instruction publique, et fut ap- pelé, en 182Î , à faire partie du conseil royal de l'université, pos- te qu'il occupe encore aujourd'hui (1824)- Il débuta dans la carrière littéraire par plusieurs tragédies : la première , la Conjuration de Pison , en 1790, n'eut point de succès ; la seconde, Geta et Cara- calla, 1797, eut quatie représen- tations; et la troisième, Laurent de Médicis. en 1799, en eut douze, qui ne furent interrompues que par suite de riucendie do théâtre de l'Odéon. M. Petitot a publié depuis : l'une traduction élégiui- Ic et correcte des Tragédies d'Jt-

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fieri ^ 1802, 4 vol. in-S"; une nouvelle édition de ta Grammaire générale de Port-Rojal > avec les notes de Duclos, et précédée d'un essai sur l'origine et les progrès de la langue française, i8o5, un voL^n-S" : cet ouvrage a été réim- primé en 1810; chargé par M. de Fontanes de la rédaction du Mercure de France, M. Petitot travailla à ce journal jusqu'en 1809; [^ Répertoire du Théâtre- Français, avec des notices sur les auteurs et un examen de chaque pièce, 23 vol. in-8" : cette collec- tion, fort augmentée, a été réim- primée en 1818, 33 vol. in-8"; 5' Œuvres choisies et posthumes de La Harpe, édition originale d'a- près les manuscrits autographes de l'auteur, i8o6, 4 '^ob 111-8"; 6" une édition stéréotype dos OEu- vres de Jean Racine, avec les va- riantes et les imitations des au- teurs grecs et latins, 5 vol. in-S"; une traductior) élégante et fidè- le des Nouvelles de Michel Cer- vantes, 4 vol. in-i8; une édi- tion stéréotype des Œuvres de Molière^ précédée de la vie de l'auteur avec des réflexions sur chaque pièce, 1812, 6 vol. in-8''. les connnentaires et remarques judicieuses de l'éditeur donnent un nouveau prix à cette édition ; 9" M. Petitot commença, en 1819, la publication des Mémoires rela- tifs à l'Histoire de France; cette collection est divisée en deux sé- ries : la première contient plus de quarante ouvrages, et commen- ce à Philippe-Auguste, se termi- nant aux premières aimées du 1 7"" siècle. Cette partie est presque entièrement terminée, et il s'en publie maintenant (1824), ime

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nouvelle édition. La seconde sé- rie se compose d'un nombre de pièces à peu près égal; elle com- mence au règne de Henri IV, et va jusqu'à celui de Louis XV itj- clusivemenl. 11 en a déjà paru 5o volumes en mai 1824- Ce monu- ment, élevé aux fastes de la mo- narchie française, est une entre- prise vraimeut nationale, et tous ceux qui voudront désormais ap- proioudir l'histoire de leur pays, ou en traiter quelque partie, trou- verout un guide sûr et une sour- ce abondante d'instruction dans cet immense recueil de maté- riaux.

PÉTRASCH frE babon de), l'eld- maréchal aulri<;hie[i , issu d'une famille noble, entra de bonne heure dans la carrière militaire, s'y distingua, obtint un avance- nn-nt rapide, et fut employé, en 1790, à l'armée des Pays-Bas, a- vec le grade de général -major. Le baron de Pélrasch se conduisit a- vec beaucoup de bravoure pen- dant cette campagne, et se fit par- ticulièrement remarquer à l'alFai- re de Jiohaiu, le 17 avril. Au com- mencement de 1794» il reçut le grade de maréchal-lieutenant et le commandement de Manheim. Les Français venaient de pénétrer en Franconie et en Bavière. Dans le mois de décembre de la même an- née, le baron de Pétrasch, pro- fitant (Wiu échec que venait d'é- prouver l'armée de .lourdan, sor- tit de Manheim à la tête de sa gar- nison, et força im petit corps fran- çais à se retirer de Brtischal. (le sucrés facilita la jonction de la garnison de Philisbourg avec la sienne; le renfort d'un corps de cavalerie, qui lui fut envoyé de

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la grande-armée par M. de Meer- feld , le mit à même de faire un mouvement sur Kehl. Il empor- ta d'abord la plus grande partie des retranchemens ; mais la belle défeiise de quelques bataillons français qui occupaient les der- nières redoutes, en retardant la prise du fort, leur donna le temps de recevoir des secours. Alors les Autrichiens furent repoussés avec perte jusqu'à Bischofsheim. Après cette tentative infructueuse, le ba- ron de Pétrasch se dirigea sur Stultgard, et de sur Vilingin et Doneschingen , dans l'intention d'opposer des obtacles à la retraite du général Moreau. Ln nouvel é- chec le força de se retirer; il eut le Commandement de la forteresse d'Ulm en iSoo. Il mourut l'année suivante.

PETB.ONI (Etienne Ecinio) , le i5 novembre 1770, à San- Feliciano, sur les bords du ïrasi- mène , à 4 lieues de Pérouse. Après avoir fait ses études à l'u- niversité de cette ville, il passa à Sienne et à Florence, il se trouvait à l'époque de la premiè- re invasion française en Italie. Prenaivt part aux mouvemens de la révolution en Lombardie , il fut entraîné dans la chute de la république Cisalpine, et obligé de venir chercher en France un re- fuge, qu'il ne quitta qu'après la bataille de Marengo. Voulant cé- lébrer le triomphe <iui avait sous- trait son pays au joug autrichien, il imagina d'écrire un poëme dont leplan fut trouvé plusheureuxque l'exécution. La Napoléonide, qui ne parut qu'en i8io, se compose de cent médailles re[)résentant les principaux exploits de Bonaparte, >4

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et d'autant d'odes qui les expli- quent. Ces médailles, dessinées dans le gcûl antique et accoinjja- gnées de légendes latines, ruppel- Fent toute la vie militaire et poli- tique de Napoléon jusqu'à la paix deTilsilt. L'année suivante, l'au- teur donna une traduction italien- ne des tables de La Fontaine, qui ne plut ni aux Italiens, ni aux Fran- çais : ce manque de succès peut être excusé par la difficulté de l'entreprise, car il est presque im- possible de taire passer dans une autre langue cette naïveté, qui forme le caractère principal du iabidisle français; elle a trop d'o- riginalité pour espérer de la con- serveç dans une copie. M. Petroni est actuellement (1824) à Londres, il s'occupe de la confection d'un nouveau dictionnaire italien-fran- »;ais et anglais. Ses ouvrages sont: i" Poésie dioerse, Italie, 2 vol.; 2* Dissertazioni e prose accadcrni- clie, ibid., un \(A. ; la Socielà, l'Amicizia e laReligione, poëmes, ibid., un vol. ; '^ Nozze di Sara <jTo6m,i,épithalame,ibid., un vol.; le Muselière, poésies, ibid., un vol. ; 6" la Napoleonide, poëme lyrique-nunjisniatique, iri-4", iu- fol. et in-S", trois édilions. Ma- pies et Paris, 1810; Ritratti storico - poetici de' soggetCi più noti délia bibbia, Italie , 4 ^'t''- iu-S"; 8* Proverbj di Salomoue, Naples, in-4", et Paris, in-8", avec le texte de la Fulgate, et une tra- duction italienne ; T raduzione in versi di treiitadue favnle di Pe- dro, naovamente scoperle, Paris, \n\ vol. in-H°, avec une préface de (îinguené et une tradiicli'tîi iVan- çaise de Biagioli ; 10" la Fcdru e i' Andromaca , trad. de Racine,

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Paris, un vol. IutS"; ii* l'Amor conjugale, poëme, ibid., in-4°; 12" Cantate, epitalamj ed opère série teairali, Italie, un vol. ; i5" Traduzione in versi di lutte le fu- vole di La Fontaine, Paris, 4 vol., avec le texte; i4* Gesta navali britlanichc dut grande Alfredo, sino a questi ultinii tempi, poëme de .^)0 chants, Londres, 2 vol. in- 4 " ; 1 5* Dante, Ariosto e Tasso : c'est un abrégé de la vie de ces auteurs, avec une analyse de leur» poëmes, ibid, , in-8" ; i()" Nuovo dizionario ituLano, inglese e fran- cese ; on y m.irquera pour la pre- mière fois la prononciation exac- te de chaque mot de la langue ilaliennc : il est sous presse à Londres.

PETROWITZ (Pierre), évo- que et prince des Monténégrins, peuple belliqueux qui professe la religion grecque et habite les montagnes de l'Albanie. A l'exem- ple de ses prédécesseurs , Petro- witz se constitua le défenseur de l'indépendance de sa nation. Dans l'inléiêt de ses concitoyens, et suivant les inspirations d'une po- liti(jue habile, il rechercha toar-à- tour l'alliance îles Russes, des Serviens et des 'iurcs. En 18 1 5, il sollicitait auprès du gouverne- ment autrichien l'indépendance de la république de Uaguse. Des négociations étaient entamées à cet égard, et déjà le CQugrès do Vienne s'en occupait, lorsqun tout-à-coup il s'empara par sur- p.rise de la ville et du territoire de llaguse. On est à peu près convaincu que dans cette entr<f- prise l'évêque dcîs Monténégrins fut favorise par la Porie-Oltcuna- ne; cepeodant il n'avait point as-

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sei de forces pour conserver celte cnnciuT-le, qui bienlôl lui lïit en- levte. Pétrowitz a depuis unir sa cause à celle des Grecs, ses compatriotes. ,

FETRL'S-MALS, fameux chef de brigands allemands, généiale- lïient connu s-oiis le nom ^i^i Pier- re Le fort , naquit à ÎSoremberg en i^'SS, d'une fatuille [)auvre. A 17 ans il s'enrôla comme soldai; mais les désagrtrnens d'un servi- ce Irè^-rnde. et ^urfout les coups de bâton, le dégoûlèrent bitnlôt de cet état. Il dé.-erta et se réu- nit à une bande de Bohémiens ol de voleurs, dont son intrépidi- té et sa force le firent bientôt de- venir chef. Celte troupe se rendit redoutable sous ses ordres, et se signala pendant plusieurs an- nues , par ses brigandages; elle npundit la terreur et l'ciVroi, d'a- bord sur les rives du Rhin, puis successivement sur les frontières de l'Italie, de l'Espagne et de la France. Petru,«-l\laus parlait avec facilité la langue des t»avs (ju'il parcourait, et savait s'introduire, dans les grande» villes, au seiu des socittés les plus brillantes, toujours sous le nom de quelque seigneur étranger. On raconte de lui des choses qui, quoique Irés- vraies, ressemblent parlaitemenl à des aventures de roman. Il s'é- tait associé avec Herman - h- Grnvd , autre chef de brigands, non moins fameux ; celui- ci fut pris par les Français, condamné à moi t et exécuté à Hambourg; mais Petrus-Maus sut échapper au dangerqui le menaçait, après avoir, dans diverses attaques dirigées contre lui, donné des preuve» d'u- ne valeur indomptable. Sa trou -

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pe se trouvait pre-qne dispersée; il en rallia les débris, et Cf num't de nouveaux excès dans q; elques provinces de l'Allemagne et de la Pologne ; enfin il fut pris dans les environs de Lubeck, en )8i8. Condamné à mort, il fut exé- cuté dans la même année à Stoc- kelsdorff; il était â^é de 65 ans. PELCHET (Jacques), homme de leUros, est à Paris en 1760. 11 fil des éludes distirgnées au col- lège des Crassiii'*. el fut reçu maî- tre ès-aris in l'université. Après avoir étudié quelque temp.» la mé- decine, il suivit les cours de droit, et devint avocat. Jusqu'en 1786, il resta étranger aux affaires pu- bliques. S'ctant lié alors avec l'ab- bé L>lorellet, il s'occupa de matiè- resd'économie politique, el travail- la aux mémoires contre la nouvel- lec<)mpagnie des Indes, dont W. de Cidonne venait de rét.iblir le pri- vilège. Le gouverru;ment faisait 4,000 francs de fonds aruujels pour la rédaction d un Dictionnai- re univenct de commerce; Tabbé Morellet, qui en était chargé, y at- tacha M. Piuchel; mais ii mor- gue et la huulenr de l'académi- cien ne permirent pas à M. Peu- chel de travailb r lon^-lemps avec lui. Il se retira de sa société et prit par' aux travaux de V Euryclo- pédie metltodique, doul il fit la par- tie de la police et municipalité, a vol. in- 4". Les deux assemblées des notables de 1787 et 17^8. fu- rent l'occasion |iour lui de travaux administratifs; il fut 8m',ce>sive- ment employé par M. de Calon- ne et l'archevêque de Sens. Mais ayanl marqué de Toppositiun aux opinions de ce dernier sur l'affai- re du parlement, il cessa d'être

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occupé par le minisire. La coii- vocalion des assemblées électora- les pour la tenue des élals-géné- raux en 1789, le fit entrer dans les fonctions publiques. Successi- vement électeur, représentant de la commune, il fut nommé un des membres de l'adminislralion mu- nicipale au département de la po- lice, qu'il géra depuis septembre 1789 jusqu'au mois d'août de l'année suivante, époque de nouveaux membres furent nommés. M. Peu- eliet, qui avait figuré dansles rangs des plus zélés réformateurs, adop- ta, après les scènes des 5 et 6 oc- tobre, un système de modération qui le classa parmi les patriotes monarchiques. Il se rapprocha de la f;our, et eut pour ami particu- lier iM. de Montmorin, ministre des affaires étrangères, qui lui dorma, avec l'agrément du roi, en 1790, la rédaction de la Gazelle officielle de France : iMallet-Dupan ayant reçu l'année suivante une mission de Louis XVI auprès des princes en Allemagne, M. Peu- chel fut aussi cbaigé de la rédac- tion de la partie politique du Mer- cure de France, recherché alors pour la vigueur avec laquelle on y défendait la personne du roi et les principes de la liberté consti- tutionnelle. L'événement du 10 aoftt renversa l'existence p(dilique et littéraire de M. Peuchet; il cou- rut risque de la vie. Arrêté quel- ques jours après, il fut bienlôt re- mis en liberté, et se retira à la campagne dans le départertient de Seine-ot-Oi.-e ; il fut appelé à l'ad- ministration du district de Gones- se d;ins le temps de la terreur. La «constitution de l'an 3 ayant été mise en activité, le ministre de la

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police le fit venir à Paris, pour lui donner la direction du bureau des lois et des matières conlen- lieuses sur les émigrés, les prê- tres et les conspirateurs. La mo- dération, la justice, l'indulgence qu'il apporta dans cette place im- portante, le firent beaucoup re- gretter lorsqu'il fut compris dans les proscriptions qui sniviient le 18 fructidor an 5, Dans sa reli-ai- le forcée, M. Peuchet s'occupa de son grand travail de la Géographie commerçante, qu'il ne livra à l'im- pression qu'en l'an 8, 5 vol. in-4'*. Cette production, qui annoufail des connaissances en matière de commerce et d'économie politi- que, le fit, l'année suivante, nom- mer par le ministre de l'intérieur, M. Chaptal, membre du conseil de commerce et des arts, il resta jusqu'au changement survenu dans l'organisation de ce conseil sous les ministres suivans. Le con- seiller-d'élal directeur des droits rénni'^, l\l. Français de Nantes, qui aimait à protéger les lettres et les sciences dans ceux qui les culti- vaient, donna à M. Peuchet une place dans son administration ;\ Paris. Il la conserva jusqu'au réta- blissement du gouvernement royal en 1814. Nommé alors censeur des journaux jusqu'au 20 mars i8i5, il obtint, après la seconde restauration, uii emploi qu'il oc- cupe encore aujourd'hui (11S24), de chef de bureau à la préfecture de police. Ilestauleurd<; beaucoup d'ouvrages contms et d'un assez grand noird)re d'anonymes. Voici la liste de quehpies-uns : 1" Expo- sition de la gestion, 1792, in-S"; 'ï"De la classification des Lois, 1 795, in-8"; 5" Vocabulaire des termes

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de commerce j in- et in-8*; 4' Uu Commerce des neutres en temps de guerre, tiaduction de l'italien, de Lîiinpirdi , in-8", 1801; Sta- tistique élémentaire de la France, in-S", i8o5; Considérations sur l'utilité du rétahUssemcnt de la fran- chise du port, de la ville et du terri- toire de Marseille, in-8°, 1800; 7" Collection des lois, ordonnances et rég/emens de police, depuis le i3' sièilejusgu'éi l'année 1818: les trois premiers volumes de la 2* série commençant en i6;Jj', parurent celle même année 1818; 8" Bi- bliolhèque commerciale , ouvrage périodique, entrepris sous la pro- tccliGn du ministre de l'intérieur en 1801, et suspendu à l'époque du blricus continental : cet ouvra- ge périodique avait eu un grand succès. Il a contribué puissam- ment à la création et aux premiers succès du Moniteur, qu'il a enri- chi de nombreux articles, et au- quel il travaille encore. On assu- re que M. Peuchet s'occupe de ses Mémoires, que ses liaisons avec la cour de Louis XVI, et les fonc- lious qu'il a remplies à la nnini- cipaliié et à la police, doivent ren- dre intéressaus et précieux.

PEUVEKGIJE (N.), député à la convention nationale, il lut nommé par le déparlement du Cantal, y montra de la sagess»; et de la niodéralion; dans le pro- cès du roi , il vota la détention et le bannissement à la paix. Il ne prit aucune part aux discussions qui suivirent, et donna jnême sa démission peu de temps après. Il retdiunail dans ses foyers lors- que l(;s autorités de Nevers le fi rent arrêter ; mais la convention nationale, instruite de cet événc-

PEY 2i5

ment, ordonna par nn décret la mise en liberté do M. Peuver- gue , qui, depuis celte époque, n'a plus reparu sur la scène po- litique.

PEYMANN , général danois , commandait à Copenhague, lors- que les Anglais vinrent, en 1808, attaquer inopinément cette ville, qui, surprise et mal pourvue de moyens de défense, ne put oppo- ser qu'une faible résislance aux envahisseurs. Après avoir vidé les arsenaux et les magasins bien four- nis de la marine danoise, cette expédition de flibustiers s»; termi- na, comme on sait, par la capture de tons les vaisseaux de ligne, frégates et autres bâiimens de guerre qui se trouvaient dans le port de Copenhague, et qui fu- rent conduits comme de bonne ])rise dans les ports de la Grande- Bretagne. Le général Peymann , ainsi que plusieurs autres officiers, fut traduit devant une cour mar- tiale , pour n'avoir point, selon l'acte d'accusation, rempli dans cette circonstance tons les de- voirs que loi imposait le po^le intportanl qui lui avait élé confié. Après une longue procédure la coi;r le déclara l'oiipable » de n'a- voir pas suivi en tous points les inslrutUions du prince royal (le roi Frédéric VI d'aujourd'hui); de n'avoir pas fait les derniers ef- forts pour la défense du port et de la ville, soit en ne s'opposant pas à la descente de l'etniemi, soit en ne faisant pas les sorties qu'il aurait faire, soit en négligeant d'établir des retranchemeus au- devant de la place; en ne se ser- vant pas de l'artillerie de la mari- ne ; en laissant le général Cas-.

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tenskjcelc] sans canons ot sans mu- in-R"; 2' édition, 1808, 2 vol. in-

nilions; enfin en c<'4)iHilanl sans 8% avec 5oo figures, a été citée

nécessité iiigt-nlc. et liviaiil aiivsi avecéingc dans le rapport de l'ins-

la flotte danoise à l'ennemi. » Le titiit impérial sur les prix décen-

tribunal le condamna en ( onsé- nanx : <> C'est la seule complète,

quence à la p( ine de mort. Mais «di-ent les rapporteurs, qui exis-

la sentence fut connnuée au nom «te en IVancais du plus grand géo-

du roi, par le prince royal. »t le )>mèt!-e de l'antiquité. > Outre cet

géner.d dut subir une detenliou ouvrage, on lui doit : 1" r/^ /a A'^a-

perpétuelle dans une lorleresse de lare et de ses lois , f^" édition , in-

l'état; cetlepeine fut aussi mitigée 8 et in-i8, an 2 de la république

au bout de quelque temps. Il a (i;94); Cours de mathémati-

été remis en libeité depuis; mais r/ues à l'usage de la maritie et de

la défense de porter l'uniforme l'urllllcrle, par Bczout : celte édi-

lui a été intimée. diîion. augmentée et revue avec

PEYNÏEK (le comte de) , chef soin, parut en 4 vol. in-8", 1798-

d'escadre, était à l't poipie de la ré- 1 1799 ; la quatrième édition e-t de

volulion gouveineiir .le .Saùit-Do- 1801; traduction de l'ouvrage

mingue, sa conduite feiine et de H C. Agrippa, intitulé : de la

prudente re(ar<la long-temjis les Supérlorlti' de la fcmiite sur l' kom-

malheurs qui depuis ace iblèrent lue; 4" traduction par 1 abbé Bat-

cettecolonie. Lesmesuresqu'ilprit teiix e( Peyrud des Poésies com-

poury maintenirla Iranqudlilefii- plètes d' Horace , texte en regard,

lent approuvée» jiar un décretren- i8ii5, 2 vol. iii-12; 5 traduction

du en I j"9opari'assemldée natioua- liiterale des Elémens de géométrie

le. T)e reloiif en France l'année d' IhicUde , avec des tiotes, 1804,

suivante, au moment de l'émigra- in-8° ; ii" Alphabet français, in-8",

lion de la plupart des piin(;i[)aux i8o5; 7" Supplément à la traduc-

ollieiers de l.i n)ariue. il reçut le tion de la géométrie d'EucUde ,

counnandement de l'escadre de i^n)^ ux--^"; ^'' Statique géométri-

iîvtt^\ \ ma. s le réiablissement de que, démontrée à la manicre d' Ar~

la diseipiiue reutlait celte lâche cliimède, t8 1 2, in-S"; n)" Œuvres

dilïiijle à reujplir, et les désagré- d'Eurlide: cette tra<luction est é-

meus qu'il éprouva le déterminé- gaiement citée avec distinction

renl à duuuer sa démission et d<ms le rapport de l'institut sur les

à -e retirer au sein de sa fa- piix décennaux. Avec des titres

mille, il mourut quelques an- aus-i recommandables, on s'éton-

nées après. ne (pie M. Peyrard n'ait point fait

PKYRAllD (F,), pntfesseur de partie de l institut, irsathénuitiques et traducteur, an- l'EYIlE (N.), membre de la cien bibliothécaire de l'école Po- convention nationale, fut îiommé lyte( huique, a composé ou traduit à cette assemblée au mois de sep- plusieurs ouvrages Irès-esliuu'js. teudire 1 ^92, par le départemetit Sa traduction liltér de des OEa~ dss Basses-Alpes, H se rémiil à la rrcs complètes d' Archimède , avec majcuilé dans le procès du roi, a- commcntaires, i"ùiilion, 1807, près avoir été luutcf.da de l'avis

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de l'appel an peuple. Lors de la lutte entre le parti de la Montagne et celui de la Gironde au 5i mai 1795, iVI. Peyre se prononça en laveur de ce dernier, et signa la protestation du 6 juin contre la tyrannie des Montagnards. Us se vengèrent bientôt de son opposi- tion , en le faisant comprendre dans le décret rendu contre les partisans des Girondins. Néan- moins, ses amis eurent assez d'in- fluence sur lui pour le déterminer à retirer sa signature de la protes- tation. Cet acte de condescen- dance, qui lui fut en quelque sorte arraché, le sauva des mesures de rigueur, mais ne le fil plus réin- tégrer immédiatement dans ses fonctions. Ce ne fut qu'au mois de décembre 1794* et par suite de la révolution du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794)? q"'il fui admis avec ses autres collègues , qui a- vaient échappé à la proscription, à reprendre sa place à la conven- tion, fin juin 1795, il se rendit, e!i qualité de représentant du peu- ple, à l'armée d'Italie. Au mois de septembre, il devint membre du conseil des cinq-cents, dont il !-ortit le 20 mai 179H, et depuis cette époque il n'a plus reuipli de fonctions publiques.

PEYRE ( Antoise-Fbançois ) , fds de M. J. Peyre, architecte du roi , et lui-même architecte dis- tingué, uiend)re de l'académie des beaux-arts et chevalier de l'ordre de Saint-Michel, a publié : i" une nouvelle édition des OEiivres d'ar- rldfeclure de M. J. Peyre (sou )!ère), Paris, 179'), in-fol.; 2"À^.9- liiuration du Panthéon français , «ouqite rendu, Paris, 1799, in-4°. Un neveu du même nom a pu-

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blié : Projets d'architecture ^ 18 12, in-fol. ; Considérations sur la nécessité de rétablir C acadé- mie d' architecture , et un Système d'admiiiistralion qui puisse con- cilier à la fois la gloire de l'art et les iniérc'ts du gouvernement, 181 5, xn-'x".

PEYRE (Jeaîï-Marie), capitai- ne au 117' régiment d'infante- rie, chevalier de la légion-d'hon- neur, né à Montpellier, départe- ment de l'Hérault. Aprè.s s'être fait remarquer par sa bravoure dans la plupart des campagnes qui eu- rent lieu depuis la révolution, il se distingua particulièrement en 1810 aux sièges de Tortose et de Sagonte. Le 25 décembre jSi."), il se signala de nouveau au pas- sage de la rivière de Cuadalaviar, devant Valence, et pénétra le pre- mier, à la têle de sa compagnie, dans les retranchemens ennemis, d'abord il s'élança sur les bat- teries, et donna par cet acte de dévour;u]ent| héroïque l'élan aux voltigeurs d'avant -garde qu'il commandait ; ceux-ci le sec\in- dèrent avec une ardeur incroya- ble, et tandis qu'ils s'emparaient des pièces, toute la colonne fran- çaise, s'ébranlant à leur exemple, vint par la défaite des Espagnols, assurer h nos armes un brillant succès. Ce fait d'armes est l'un des plus beaux de l'armée d'Ar- ragon, et le maréchal duc d'Al buféra {voy. Suchet), on faisant consigner les détails dans. un or- dre du jour, y rend un éclatant littmmage à la valeur du capitai- ne Peyre, auquel il attribue prin- cipalement le succès de cette opé- ration , succès qui seul pouvait rendre possible le blocus de Vu-

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lence. Le capitaine Pe3're a ob- tenu sa retraite apr»';s la restau- ration en 1814.

PEYRE-FEiVRY (Joseph-Eli- sée) . capitaine au 86' régiment d'infanterie de lij^ne, chevalier de l'ordre royal de la légion-d'hon- neur, est né, le 23 février 1775, à la Martinique; il n'était pas âgé de 17 ans lorsque, en 1792. il se lendit aux armées. En 1795, il fit partie des troupes qui assiégèrent Toulon. Il fil toute cette campa- gne aux avant- postes, en qualité de sergent de gnuiadiers. Il se trouva à la tête des braves qui con- tribuèrent à expulser les Anglais de la redoute de la Convention , dont ils venaient de s'emparer. Ce fut à cette affaire décisive qu'il fut remarqué du général Dugom- fiiier, commandant en chef cette aimée; ce général l'attacha dès ce moment à son état-major. Il sui- vit Dugommicr en Espagne, et fit avec lui la campagne de 1794 (''T' 2 et 3), qui illustra les armes françaises, mais qui coûta la vie au général en chef. Après la paix d'Espagne, il passa en Italie, il servit à rétat-major-général, puis à l'armée des côtes de l'Ouest. En l'an 10 (1802). lorsque l'Europe semblait se reposer de ses longues convulsions, il partit avec l'expé- dition (le Saint-Dont)ingue, sous les ordres du capitaine-général Leclerc, et ensuite sous ceux de Rochambeau. Il fit toute cette campagne :\ la tête de la compa- gnie des grenadiers de la 71' de- mi-brigade, qu'il commandait, et qui formait l'avanl-garde d'une des brigades de la division du gé- néral Rochambeau. Le i5 ventôse an 10 (4 mars 1802), après une

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affaire très-chaude entre celte di- vision et des forces bien plus con- sidérables coinmandées yiar Des- salines, et dans laquelle les trou- pes de ce dernier furent taillées en pièces, le balaillon delà 71* re- çut ordre de se diriger, par les Mornes, vers l'habitation Magnan, située dans le Grand-Creux. Quel- ques personnes qui s'y trouvaient, et entre autres nn des aides-de- camp de Dessalines, prirent la fui- te à l'approche des Français. Cet- te habitation renfermait toutes le.« marchandises enlevées par le gé- néral îiègre, à Saint-Marc, au Port- au-Prince et ailleurs. M. Peyre- Ferry fut chargé de faire évacuer des sacs et des barils de poudre dont un cabinet de cette habita- tion se trouvait encombré. A pei- ne eut-il commencé cette opéra- tion, qu'il s'aperçut que cette pou- dre masquait une très-grande quantité d'autres sacs remplis de j)iastres gourdes. Il en donna de suite connaissance au comman- dant du balaillon de la 71', qui se constitua gardien de ce trésor, re- connu bientôt pour appartenir à Dessalines. Deux heures après, le général RochaiTdieau arriva suivi de toute la division. Il fit distri- buer sur cet argent, ;\ tous les gé- néraux, officiers, soldats et em- ployés, deux mois de gralifica- tion ; mais la somme était si loin d'être épuisée que, n'ayant pas assez de moyens de transport, il fit remettre à chaque soldat de la division un certain nombre de pias- tres, pour les poiter jusqu'à la première destination. Quand l'ar- mée reçut, quel([ne temps après , deux mois de solde, le général en chef fit niettre à l'ordre que la di-

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vision Rochambeau ne recevrai l pas ces deux mois, les ayanl tou- chés par anticipation. Il paraît que le capitaine Peyre-Fcrr}^, qui a- vait découvert le trésor de Dessa- lines, trésor évalué à plusieurs mil- lions, n'a point été récompensé, et que le commandant du batail- lon fut, peu de jours après, nomme chef de brigade. Au siège de la (>rète à Pierrot, principal boule- vartde l'armée de Toussaint-Lon- verlure, M. Peyre-Ferry fut dési- gné pour aller incendi(.'r, pendant la nuit du a au 5 germinal an lo (25 - 24 mars 1802), les appro- ches de ce fort. Il remplit sa mis- sion à la tête de quelques braves, et les nègres évacuèrent presque aussitôt ce poste important. En- voyé le 7 vendémiaire an 1 1 (29 septembre 1802), par le général de division Quantin, en mission extraordinaire auprès du général en chef Leclerc, il reçut des féli- citations sur sa conduite. Le gé- néral Leclerc lui fit présent d'un sabre, qui devait être converti en sabre d'honneur. A la 'rentrée en France des débris de l'armée de Saint-Domingue (en j8o4), M. Peyrc-Fcrry fut envoyé dans le 86' régiment de ligne, qui s'orga- nisait à Bayonne. Il fit dans ce corps lesdilTérentes campa^rncs de cette époque, et passa avec lui, en 1807, en Portugal. C'est d'après le bon témoignage qui lut rendu au <luc d'Abrantés de la conduite du capitaine Peyre-Ferry, (ju'il lui confia h; premier conimand»;- mcnt qui fut donné en Portugal, celui de Caslel-Branco et de son arrondissement jusqu'à la frontiè- vv. d'Espagne. Ce commandement était délicat et diflicile, dans les

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circonstances se trouvait l'ar- mée française, par les vexations de toute espèce qu'avaient éprou- vées les habitans. Le capitaine Peyre-Ferry eut le bonheur de réussir dans sa mission, et peu de jours après son arrivée à Castel- Branco, la confiance était telle- ment entière , que non-seulement toute la [)opulalion de cette ville , qui était en fuite, s'empressa de revenir d.ms ses foyers, mais en- core elle doubla par les habitans des villes voisines qui venaient y chercher une sûreté qu'ils ne trou- vaient plus chez eux : aussi en- voyèrent-ils une députation au duc d'Abrantés, pour le remer- cier du choix qu'il avait fait de cet officier, A la fin de juillet 1808, une division de l'armée française, en Portugal, traversa leïage pour se rendre dans l'Alenlejo. M. Pey- re-Ferry, à la tête d'une colonne de 5oo hommes, dont il avait re- çu le commandement du général Avril, avait l'ordre d'éclairer ce corps d'armée. Il opéra, avec sa troupe, le désarmement d'un ré- giment de chasseurs espagnols, qu'il conduisit «;nsuile à Eivas, il en fit la remise an général Kol- lermann. Cette division fut arrê- tée devant Evora, principale ville de cette province. Les habitans, qui avaient fait entrer lesEspàgnols dans lein's murs, pour en fermer le passage aux troupes françaises, ac- cueillirent ces dernières par un feu terrible d'artillerie et de mous(jue- terie. L'ne redoute formidable, ar- mée de six bouches à feu, défen- dait cette place. Le général Mar- garon ordonne au cajiilaine Pey- re-Ferry d'en débusquer l'enne- mi. Cel/olTicier, suivi seulement

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de trente braves, s'empara, mal- gré une vive ré>islance, de la re- doute et des pièces qui la défen- daient; cette uclion d'éclat déci- (ia, en grande partie, de la prise d'Evora. Au mois d'août suivant, le capitaine Peyre-Ferry se fit de nouveau remarquer à la bataille de Vimeiro. Il fut blessé d'une bal- le en faisant prisonniers deux ti- railleurs anglais. Lors de la ren- trée de l'année française de Por- tugal en Espagne (en décembre 1808), le commandement de l'im- portante ville de Palencia lui fut confié par le lieutenant-général comte Delaborde, qui comman- dait provisoirement en chef cette armée. Le général Delaborde fit observer à cet officier qu'il Isii donnait un commanden)ent bien au-dessus de son grade , mais qu'il avait fait choix de lui en sou- venir de sa conduite à Caslel- liranco.Dece comn)andenient, M. Peyre-l'errj passa à celui de Vial- lon, et fut Mils ensuite, par le gé- néral Dufresso, à la tête d'une forte colonne formée d<'s hommes de tous les corps restés en arrière. Ce ne fut pas chose aisée de main- tenir l'ordre et la discipline dans un corps composé d'hommes dont la plupart n'étaient pas les nmdè- les de leurs régimens. Il parvint cependant à leurfaire observer la di?cipiine la jdus sévère, et il les conduisit à Olmedo, il eut le commandcmenl de la garnison. C'est dans une sortie qu'il fit de cette place qu'il fut attaqué, à Or- nillos, par les guérillas romuiau- dées par rEujpeciueido. Emporté par son ardeur, le capitaine Pey- rt!-Ferry fond sur les Espagnols : il eât de suite entouré de quinze

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cavaliers , qui le chargent à coups de sabre. Après s'être vaillam- ment défendu, couvert d'un grand nombre de blessures, il est laissé poMr mort sur la place. De retour eu France, il reçut sa retraite par l'impossibilité le nombre et la nature de ses blessures le met- taient de continuer un service actif.

PEYMER (N. de), l'un des plus riches propriétaires du dé- partement de l'Isère, résidait à Grenoble à l'époque de la révo- lution, dont il adcqjta les princi- pes avec enthousiasme. En 1788, la fameuse assemblée du Dauphi- fut réunie dans son château de Vésilles, et en 1790, il abandon- na, en faveur des victimes des troubles de Vannes, 20,000 francs de ses domaines. 11 reçut à cette occasion une lettre de satisfaction que lui adressa le président de l'as- .sembléc nationale, au nom de cet- te assenjblée. Appelé, en i8oo, au corps-législatif, il mourut, en i8o3, laissant à ses héritiers une fortune immense. Ou a prétendu qu'il l'a- vait considérablement augmentée par son avarice; cependant des traits tels que celui que nous ve- nons de citer, semblent justifier suffisamment la mémoire de Pey- rier de ce reproche.

PEYROiX (.Iean-Fbançois- Pikkre), peintre d'histoire, mem- bre de l'ancienne académie de peinture, gravure et architecture, dir'ccleur de la manufaclure des Gobelins, naquit à Aix, déparle- ment des Bouches-du-Rhôiie, le 1.5 novembre i744» d'une famille estimable mais peu riche , et qui néanmoins ne négligea rien pour lui donner une bonne éducation.

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Entraîné por sa passion pour les beaux-art-, il obtint df .^on |>èie, qui le destinait à siiiie la carriè- re adniiiii-lralive, U pertnission d'étudier la peinture sons un élè- ve distingué de Uenrdetlo luitli, et en^aiite de venir à Paris, on il entra, en 17^)7, dan-< l'alelier de Lagrcnee l'aîné. Les ouvrages du P<»ussin, le Uaphaël l'rançais, fu- rent ceux qui enfliinnjèrent sa jeune imagination , et il dut à leur inspiration le grand prix de peinture qu'il remporta, «;n 1775, ()our son tableau de la Mort de Sénèque. il se reiidit à Home en qualité de peiisionnaire de l'école de France, et bientôt il y surpassa les espérances qu'il avait données. Cimoii se dévouant à la prison pour en retirer et faire inhumer le corps de son père, le fit remarquer par une itnilation de ranti(|ue, qui é- tait alor* une nouveauté, quiu'qne Vien t ût déjà commencé la réfor- me de l'itrl en France. Le tableau de Cinion est placé aujourd'hui «lans lu grande galerie du Konvre. Cet ouvrage l'ut suivi de Sorrate retirant Alclbiade d'une maison de courtisane , et des Jeunes Athé- niens tirant au sort pour être livrés au Minoiuurc, compositi(»ns égale- ment remar(inables. Il revint à Paris, en 1781 , oprès un séjour de 8 années, dont 4 à ses propres frais. Dès 1783, il fut nomtné membre de 1 académie royale de peinture, et, en 1 787, directeur d.; la manoi'actnre royale des Gobe- lins. Peyron eX[)Osa an célèbre >alori de 1787 uti tableau repré- sentant Curius refusant les pré- sens des Samniles, et une premiè- re composition di; la Mort de So- crate , les figure:} sont d'un

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pied et demi de hauteur, c Par une rencontre assez singulière, dit M. ÉM)eric-I>avid dans une notice sur- cet artiste, ce sujet fut traité, la mrMne année, par David, dans lei mênjes prouortians. L'affluence du public fut grande, pour juger les compositions des deux nou- veaux acadénn'ciens, distinguées par des beautés particulières, mais tontes deux remarquables par une ordonnance, un de-sin et un co- loris qui ne ressemblaient en rien à la précédente école. Plusieurs excelîens ouvrages , tant de Pey- rnn que de David, et de leurs ému- les, aviiient précédé ceux-là, mais on peut regarder ce salon et cette année 1787 comme l'époque la peinture a été totalement ré- générée.» Peyron reproduisit son tableau de la Mort de Socrate , l'année suivante, mais ses figures sont grandes comme nature. H orne aujourd'hui l'une ties salles de la chambre des députés. Il fut privé, parles événemens de la ré- volution, de la direction de la ma- nufacture des Gubelins , et des travaux dont il avait été chargé par le roi ; néanmoins le chagrin qu'il en éprouva n'altéra point son talent, et il a docmé depuis : Paul-Emile s' indignant de l'humi- liaiion se réduit Persée , qui se prosterne à ses pieds : il fait partie de la grande galerie du Loiivri-; Aniigone, fi/ie d'OEdipe, sollici- lant de son pire le pardon de son frère Poiinice , tableau gravé par M. iVlotJsaldi; les F iltesd' Athènes, nouvelle composition grivée par B''is-:on; enfin rieuxpetitsfableanx: Pjth'igore avec S5,« disciples , et L' Entretien de Dcmurite avec [li/)^ poirale. La manière de Peyron,

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(îit lM. Émeric David, atteste émi- nemment la réforme de l'arl, à laquelle il a contribué. Sa compo- sition est sage, raisonnée, quel- quefois un peu trop méthodique, mais tutijoiirs pleine d'intérêt. Il a souvent traité des sujets neufs et ingénieusement choisis , tels que Cimon, Paul-Emile^ les Fil- les d' Aluènes; son style est grave, énergique, généralen)ent correct. Ses draperie.s ont de l'ampleur et de la simplicité; la transparence et la suavité de ses teintes, la ferme- té, la vivacité, l'esprit de sa tou- che, forment un des attributs dis- tinetii's de son talent. Dans ses derniers tableaux, ses chairs sont im peu violettes, mais ses lumiè- res sont toujours habilement mé- nagées : l'ensemble est parfaite- nieul harmonieux, et la touche n'a rien perdu île sa légèreté. » PejM'on mourut le so janvier iSao. « On a entendu à ses obeèques, ajoute M. Emeric David, l'émule de sa j<!unesse pron(mcer eu im seul mot un éloge de ce maître, que l'histoire de l'art ne doit pas lais- ser perdre , Peyron m' a ouvert les yeux : aveu également honorable pour le grand maître qui l'a profé- ré et pour l'homme de talent au- quel il se rappoite. » Peyron a gravé à l'eau forie plusieurs su- jets d'après le Pouftsin , llaphaël, et d'après ses {irnpres tableaux. Le frère de cet artiste, Jea.n-Fuan- eois Peyron, en \';'\o -, et mort, en 1784, à Gondeloiud , il était commissaire des colo- nies, .s'est fait connaître comme liltérateur-tradiiclenr. On lui doit, de sa propre conq)osition : Essai sur i Espai^ne , et voyage fait en l'P'yy et 1778, l'on traite des

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mœurs f du caractère , des monU' mens, du commerce , des théâtres et des tribunaux f particuliers â ce royaume, Genève, 1780, 2 vol. in-8". Dans cet ouvrage, qui a eu les honneurs de la contrefaçon en 1782, sons le titre de Voyage en Espagne pendant lyyyetir'^S, -2 vol. in-H", l'auteur fait preuve de gran- des connaissances dans les beaux- arts et antiquités, de raison, de goût, et d'une telle fidélité enfin dans ses descriptions, que ce mê- me ouvrage servait de guide aux dessinateurs employés à la con- fection du Voyage en Espagne. On peut encore le consulter avec fruit.

PEYRON (Victor-AmÉdée) , docteur eu théologie, professeur de langues orientales, et membre de l'académie des sinences de Tu- rin, naquit en cette ville vers l'an- née 1784. Il s'appliqua de bonne heure à l'étude des langues orien- tales sous la direction de l'abbé Valperga de Caluso, qui le comp- tait parmi ses nieilleurs élèves. Ses progrès furent si rapides, qu'à l'âge de 20 ans il fut en état de renipUicerson illustre maître, dont il occupa la chaire après sa mort. Les premières productions de ce jeune savant furetit : 1 " Descrizio- ne d'un evangeliario greco, Turin, 1808, iu-8"; 2" Empc.doclis et Pur- menidis fragmenta ex codicetaur., etc., Léipsick, 1810, in-S" ; 3" A^o- tilia lil>rorum manu-scrlpt. vel descriplorum qui donante Valper- ga Calusio il/ati sunt in régla taur. atlienœi bibliollicca , ibid., 1820, iu-8°. Les découvertes de l'abbé Mai ayant tourné l'atten- tion des savans sur les vieux ma- nuscrits dans l'e.-poir d'y trouver

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des restes d'nuteurs classiques ca- chés souj des pnges insigDifiantes de chroniqiU'S , de légendes, de glossaires et d'autres productions des temps barbares, l'abbé Pey- ron s'en occupa également, et il eut le bonheur de retrouver dans les palimpsestes de ce nn'ine mo- nastère de Bobbio (qui ont fourni à l'abbé Mai ses plus belles dé- couvertes ) , des fragniens pré- cieux des oraisons de Cicéron, qui remplissent des vides ou com- plètent en partie ceux de Milan, et qui font même reconnaître des lacimes parmi les discours qu'on a cru entiers jusqu'à présent. Ces morceaux joints à l'hisloire des manuscrits de l'abbaye de Bob- bio, et au catalogue raisonné de ceux qui y existaient au i4° siè- cle, forment un volume in-4°, qui, envoyé il y a deux ans à Stuttgard pour y être imprimé, ne devrait {)as tarder à paraître. Tandis qu'on impiime cet ouvrage en Allema- gne, le savant et infatigable pro- fesseur piémonlais vient de pu- bil( r, avec d'excellens commen- taires, des morceaux du même gt-nre, tirés d'un manuscrit de la biblioihéqnc de Turin, sous le titre (le /j" CodicisT heodo.^iani frag- menta inedita, ex codice palymp- <esto hihliolli. taur., Turin, «824, in-4". L'on doit aussi à l'abbé Pey- rou ime traduction avec addi- tions de la grammaire de la lan- gue grecque d'Auguste Mathias, ibid., i8/5, dont il a [)aru le pre- mier volume. On attend avec em- p>esseinent celle de l'histoire de Thiicidido, qu'il a achevée et en- richie de noies hisîoriques et phi- lulngiqiios. L'abbé Peyrou n'a pas "lleinl sa quarantième année, et il

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s'occupe en ce moment de l'étude de la langue et des caractères des anciens Egyptiens ; surtout depuis l'arrivée à Tuiin delà magnifique collection des nionumens de ce pays acquise dernièrement par le roi de Sardaigne, et formée par Drovelti.

PEYSSARD (J. P. C), garde- du -corps du roi et chevalier de Saint-Louis, fut nommé député à la convention nationale par le département delà Dordogne. Dans le procès du roi il vota avec la ma- jorité. Après 1.1 journée du 3i mai 1^93, Peyssard se rendit à l'ar- mée du Nord, en qualité de com- missaire de la convention, et dé- nonça le général Houch^rd {voyez ce nom) et son état-major. A l'é- poque du g thermidor, il étaitcom- missaire près de l'école de Mars. Lu chute de Robespierre et de» principaux complices de sa tyran- nie n'empêcha point Peyssard de rester constamment attaché au parti de la Montagne; comme tel, il fut accusé d'être l'un des chefs de l'insurrection du 1" prairial an 3 (20 mai 1795), et le même joui' décrété d'arrestation , puis con- damné à la déportation le 18 juin suivant. Rendu à la liberté par l'aumistie du 4 brumaire^ il de- vmt, après la révolution du i8 fructidor an .5 (4 septembre 1 797), admim'strateui du département de la Dordogne; mais le direcloire- exéculif le destitua à l'approche des élections de «79^; il n'crt remplit pas moins les fonctions d'électeur. Il mourut quelques an- nées après.

PEY.SSONNEL(L. C), consul- général à Sniyrne, correspondant de l'académie des inscriptions tit

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belles-lettres, était fils du célèbre que ce pays fut envahi par les

ijntiquaire Charles Peyssnnnel. Il Français en 1808. Après le réla-

parcourut comme lui la triple car- bii<senient de Ferdinand VII, en

Hère des lettres, des sciences et »Bi4, Pezuela tuf envoyé dans

des consulats. Des renseignemens I Auiériqiie méridionale en qua--

qui se trouvent dans les difTérens lité de général en chef des troupes

mémoires qu'il adressa au gou- royales, pour s'y o poster aux pro-

vernement français , pendant le grès de l'indépendance des colons

cours de sa résidence en Orient, esjiagnols. Il ohlinl sur les insur-

ne contribuèrent pas peu à déler gés des avantages considérables,

miner depuis le directoire-exécn- et défit, le 29 novembre iSi5, le

tifà l'entreprise de la mémorable général Rondeau, devenu, depuis,

expédition d'Egypte. Peyssonnel chef du nouveau gouvernement

était très-avancé en âge lorsqu'il établi à Buélios-Ayres. Par cette

mourut à Smyrne en 1790. On délaite, les iodé[)enJans se virent

lui doit les ouvrages suivans : i" obligés d'évacuer le Pérou et de

Observations historiques et gàogra- se retirer sur Rio- de-la- Plat 1. De

phiqucs sur les peuples barbares nouveaux et importans succès as-

qui ont habité les bords du Danube surérenl à don Pezuela la possts-

et du Pont-Euxin ; Traité sur sion entière de cette riche con-

le commerce de la mer Noire ; trée , dont le roi d'£>pagne le

Dissertation sur la situation poli- noujuja vice-roi. Il fit , en cette

tique de la France, et ses rapports qualité, sou entrée solennelle à

avec toutes tes puissances de l'Eu- Lima, capitale du Pérou, le 17 a-

rope; [\'' Discours sur l'alliance de vril i8i(i. La modératiun et la

la France avec les Suisses et les clémence pouvaient >< nie.'» assu-

Grifons. rer le fruit de sa complète , mais

PEZ.OUS (^•), exerçait, en il préféra les mesures de ri^Mienr; 1789, à Alby , la profession d'à- il s'aliéna tous les cœurs, ei les vocat, lorsqu'il fut nomirié dépu- prépara ainsi à secouer déîiuitive- aux états-généraux par le tiers- ment le joug de la métropole. En état de la sénéchaussée de Cas- :82o, la garnison de l-ima, mé- trés. Après la session il devint contante de la conduite de don juge au. tribimal criminel du dé- Peiuela , le contraignit d.'ab- partement du Tarn, et fut élu, au diquer la vice- royauté , et init mois de mars 1799, membre du en sa place le général Li Serna, conseil des anciens, dont la révo- qui, bientôt, fut fore»' d'abandon- lut'ion du 18 brumaire le fit sortir, ner la ville aux approches I ar- En 1800, il fut appelé à la prési- mée victorieuse du général iiulé- dencc; du tribunal de 1" inj-tance pendant Saint-Martin. d'Alby. Il en a constamnujnt rem- PEZZ,Al\A (Ange), conserva- pli les fonctions jusqu'à ce jour teur de la bibliolhé(|U(' royale de (1824). Parme, nuimbre d' la société ila-

PEZLELA (don JoACHiM hela), lienne, di- l'académie de^ beaux-,

vice-roi du Pérou, combattit pour arts de Vienne, etc. , naquit à,

Tindépendance de l'Espagne lors- Parme, en 1772. Séparé de bonne.

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heure deson père, qui, enveIoj>pé dans la disgrâce du ministre Du Tillot, fut obligé de chercher un refuge en France, le jeune Pezza- na s'occupa de cultiver son esprit, et de faire choix d'une profession honorable qui pourrait réparer les malheurs de sa famille. 11 se dé- cida pour le barreau, et prit I»; de- gré de docteur v.n droit dans l'uni- versité de Padoue ; mais dégoûté ))ar le désordre des lois , par la vénalité des jug'-s, par la bassesse et les cabales nécessaires à un a- vocal, il ne songea qu'à saisir la première occasion favorable pour se dérober à un spectacle si peu con forme à ses sentimens et à ses principes. Il profila des change- mens politiques survenus dans son pays, pour aspirer à la place de bibliothécaire , qu'il obtint en 1804. Ami éclairé des lettres et des arts, il etjtra dans une carriè- re plus analogue à ses désirs. Il mit en ordre la bibliothèque qui venait de lui être confiée, et ne s'occupa plus que des études qui se liaient avec ses nouvelles occu- ltations. iM. Pezzana jouit de l'es- time et de la considération géné- rales : t^on esprit est aussi cultivé que son cœur est vertueux. Einic- mi de la flatterie, étranger à tout esprit de rivalité et de faction, il piirtage son temps entre l'étude et la retraite. Il est maintenant occupé de la continuation de l'his- toire de Farnte, et «le celle des ScriHori par/nigioîii, commencée par son prédécesseur Afi'o, dont il })romet d'écrire la vie. S; s ouvra- {{(••' Mint : 1^° C Anlichità del map- /tamonda de Puif^ani , fatto nel ir>G7, etc. Paruie. 1M07, iu-S". ^Ce précieux monument géogra-

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phique, dont a parlé aussi M. Bua- che, dans le tome VI des Mé- moires de l'institut, est ujainte- nant déposé à la bibliothèque de Parme. Le cardinal Zurla croit que les frères Pizigani n'étaient que de simples dessinateurs de caries, et non pas des géographes, comme on l'a supposé. Ils vi- vaient à Venise, après la moitié du 14°"' siècle. 2" Notizie biblio- grafiche intorno a due rarissime (dizioni del secotoXJ^ , ibid. , 1 808, ia-8"; 3" Leltera circa le cose dette del M il tin intorno la città di Par- ma, ibid., 181g, in-8''; l\" Epis- tola interno a Clémente Bondi, ibid., 1821, in-S"; 5" Elogio sto- riro di Pietro liubini, ibid., 1822, in-8": il a été aussi inséré dans le tome XIX des Mémoires de la société ilalieime, pour laquelle l'auteur l'a écrit; G" Osservazioni concernenli alla liiii^ua italiana, ed a' suoi voraholarj, ibid., 1823, in- 8°; Risposta aile censure pub- blicale intorno al libro précédente, ibid., 1823, in-8".

PFEFFEL ( Chri.stuîî-Fbédé- Ric) , jurisconsulte et diplomate, membre de la légion-d'honneur, etc., naquit à Colmar le 5 octobre 1720. Il descend d'un poète du i3' siècle, et son père, dans le p:iys de Baden, était un juriscou- sulle et nu diph>uiale distingué. A sa mort, arrivée en 173ÎS, il exerçait les fonctions de stettmes- tre de Colmar, l'une des princi- pales magistratures municipales de celle ville. Christian-Frédéric Pfellél fit ses éludes à Strasbourg» et apprit le droit public sous le célèbce Schfjofïlin , qu'il aida en- suite utilement dans la composi- tion de V/ilsatia illustrata. Von-

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lant succéder aux emplois dont son père était revêtu , il suivit a- vec autant de zèle que d'intelli- gence, la carrière des affaires pu- bliques; Goniinença par être atta- ché au comte de Loss, ambassa- deur de Saxe en France, puis fut nommé secrétaire d'amliassade. L'Abrégé chronologique de l' his- toire de France, du président nault, qui venait de paraîtio, lui donna l'idée de composer, et il publia peu de temps après , eu 1754, Abrégé chronologique de l'Histoire du droit public de C Al- lemagtie. Cet ouvrage fit connaî- tre honorablement IMeffel. Il se rendit à Dresde, et y devint bien- tôt le protégé et l'ami du ministre de l'électeur roi de Pologne, le comte de Bruhl, qui le fit nom- mer conseiller d'ambassade, et lui donna l'espoir de succéder à M. de Paiil, directeur des affaires étrangères. Chargé de plusieurs négociations au commencement de la guerre de scpl-ans, il s'en acquitta avec habileté, et tut le concurrent de M. de GutscliHiidt, depuis ministre du cabinet, pour la place d'envoyé de Saxe au con- grès d'Augsbourg. Le congrès n'ayant pas eu lieu, et Pfeffel. qui n'avilit accepté du service à la cour de Saxe que sur Tautorisalion du roi de France, obtint du comte de Bruhl, l'autorisation de rentrer dans sa pairie. Son protecteur le recommanda au cardinal de Bi;r- ni.o, qui l'envoya, eu 1768, à Ha- tisbonne, successivement en qua- lité de conseiller de légaliou et de chargé d'affaires par intérim piès de la dièle. Pleffei fut de nouveau autorisé à s'attacher à une cour étrangère, et il devint, eu 176^,

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résident du duc des Deux-Ponts, à la cour de Bavière. Nommé, à cette époque, membre puis direc- teur de la classe d'histoire de l'a- cadémie de Munich, il en remplit les fonctions jusqu'en 1768, qu'il fut rappelé à Versailles, pour être i altaihé au ministère des affaires étrangères, en qualité de juriscon- sulte du roi; il exerça cet emploi jusqu'en 1792, «et, dit un de ses biographes , il y a peu d'actes diplonuitiques importans à la ré- daction desquels il n'ait concouru ou sur lesquels il n'ait été consul- té par les ministres successifs, et ' souvent sur l'ordre exprès du roi.» La seule diversion qu'il donnait à ses graves occupations, consistait en un assez grand nombre d'arti- cles qu'il faisait insérer dans les Notices politiques de Schloetzer, il combattait avec force les préventions des ennemis de la France. Il avait obtenu, en ré- compense de ses utiles services, une charge de steltmestre dans sa ville natide, et l'adjonction de son fils [voyez l'article suivant), dont les brillantes dispositions promet- taient une troisième génération de jurisconsultes du même nom. La révolution apporta des change- mens à ces projets. Chargé, en 1790, par le ministère de France, d'aller à Deux-Ponts, traiter des indemnités que le duc et les au- tres princes possessionnés en Al- sace, avaient droit de réclanier, il y résidait encore lorsqu'il lerut l'ordre de cesser ses fonctions. Dès i7>S7, il avait obtenu du duc, en récompense de ses services, un fiel" et (les lettres de naluralilé. De, retour dans sa patiie avec le litre de conseiller intime d'état au ser-

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vice du dr.c des De;ix-Pnnts, il n'en fut pas moins porté sur la liste (les émiji;rés . et les biens qu'il avait en France, furent ven- dus. PfelTel s'était hàlé de retour- ner à Deux-Ponts, le duc con- tinua de l'employer dans la direc- tion principale de ses alfaires ; mais après la, mort de ce prince, arrivée en 1795, son successeui-, le duc iVJaximilien-.Iosejih, depuis électeur et roi de Bavière, ayant cessé de lait icher à son service, Pfeffcl se relira à Nuremberpf, et ne rentra dans sa ville natale qu'après l'étaldissement du gou- vernement consulaire. Il dut à la bienveillance de M. de Talley- rand, minisire des relations exté- rieures, sa promotion dans la lé- gion-d'honneur, et un peu plus lard, sa nomination en qualité de meuïbre de la conuiiission mixte de l'oclnii dn Rliin, place dont il étaitencoreen possession lorsqu'il mourut le 19 mars 1807, dan> la Si"* année de son âgv. Le> prin- cipaux ouvrages de Pleflcl sont : Abrégé chronologique de l'His- toire et du droit pul/lic d' Allema- gne, publié en 175'i.Cel ouvrage, qui eut quatre éditions à des épo- ques assez rapprochées les unes des autres, obtintparticulièrement les suDfrages des protestans ; il est souvent cité par Robertson, dans son Histoire de Charles- Quint , et a été très-utile aux auteiirs de i' Art de vérifier les dates. Ce mê- me ouvrage, contre le gié de l'au- teur, fut opposé, par des amis imprudens, aux Annales de l'em- pire de Voltaire, et lui attira (piel- ques disgrâces littéraires de la part d'un petit nombredes admiraleurs de ce grand hommtt. La 3* édi-

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tion de V Abrégé chronologique est très-mal traitée dans la (Corres- pondance de Grimm. 2" Rech'^rches historiques concernant les droits du pape sur la ville et l'état d' Avi- gnon, avec des pièces justificatives, Paris, I7*)8; 5" Etal de la Polo- gne, avec un Abrégé de son droit public et les nouvelles constitutions, etc. , Paris , 1 770 ; 4" Dissertation historique sur les matières suivan- tes : sur les limites de la Bavière, dans les l\' et X' siècles ; sur l'o- rigine et l'antiquité des fiefs de Bavière ; sur les sceaux des anciens ducs de Bavière et l'origine de leurs armoiries; sur l'histoire des anciens margraves du Nordgau nu Haut-Palalinat; sur l'illustra- tion du droit public de l'Allema- gne par celui de la Pologne, etc. Ces dissertations et un assez grand noudîre d'autres du même genre, ainsi qu'une foule de mémoires sur diverses matières, ont été insérés dans la collection des travaux his- toriquesde l'académie de Vlunich, connue sous le litre de Monumenta Boica, entreprise qu'il avait fon- dée en 17G3, étant directeur de l'Académie de Munich.

PFEFFEL (Chrétien-Hubert), diplomate, est fds du précédent, auquel il avaitété adjoint, en i 786, en qualité de stettmestre de Col- mar, sa ville natale. Pfeffel suivit avec succès la carrière des affaires publiques. Il publia, dès son dé- but comme diplomate, une disser- tation très-remarquable, sous ce litre : de Limitibus Galliœ. Forcé, par la révolution, de s'expatrier, il se rendit, en 1792, près de son père, en Bavière, s'attacha au service du souverain de cette con- trée, devint l'un de ses conseillers- i5

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d'étal, et son envoyé extiaorili- naire à Londres.

PFEFl''EL(THÉOPIlILE-CoîiRAD'),

littérateur, membre honoraire de l'académie de Berlin, présidcîit du consistoire évangélique de Col- mar, secrétaire-interprète de la préCectiire du département du Haut-lVhin , est frère cadet de Christian-Frédéric Pfeffel. Il na- quit à Colmar, en 1756, et mou- rut dans cette ville le i"mai 1809. Après avoir terminé ses études, il se rendit à Halle, afin d'y suivre les cour* de jurisprudence. Son ardeur pour le travail acheva de détériorer sa vue, déjà très-1'aible, et il tut frappé d'une cécité com- plète peu de temps après son re- tour dans sa patrie, à l'âge de 21 ans. Cette perte cruelle n'altéra point la sérénité de son lîme, et n'influa en rien sur sa gaîlé natu- relle. Il épousa, deux ans après, en 17^9, nue jeune et aimable personne qu'il avait chantée dans ses poésies, sous le nom daDoris. Cette union fut heureuse. Pfeft'el publia en 1704 son premier recueil de poésies,' elles furent reçues avec faveur. En 1775 il voulut attacher à son nom le sou- venir d'une institution utile, et il fonda à Colmar, pour les jeunes protestans , une école militaire ou maison d'éducation dont il parta- gea la direction avec un de ses amis, nommé Lersé. Il devint, en 1788, membre honoraire de l'académie de Berlin. On vit sortir de l'établissement de PfelTel une foule d'élèves distingués, de plu- sieurs nations; mais la révolution devint funeste à cet établissement, qui fut détruit en 179a. Son fon- dateur se h vra alors exclusi vement

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à la culture des lettres, jusqu'ea i8o5. A cette époque il fut nom- mé président du consistoire évan- gélique de Colmar, et peu de temps après secrétaire-interprète de la préfecture du département du Haut-Rhin. On doit à cet auteur un grand nombre d'ouvrages dramati- ques, en allemand, parmi lesquels on remarque : le Trésor, pastora- h; ; VErmite, tragédie ; Pliilémon et Baucis, drame, représentés en 1761, 1762 et 1765. Il a traduit, ou plutôt imité, du français, la Veuve, deColié; la jeune Indien- ne, deChcunfort; Zelniire, de De Belloy ; Eugénie, de Beaumar- chais; les Moissonneurs, de Favart; le Philosophe sans le savoir, et /* Roi et le Fermier, de Sedaine, etc. Ct;s pièces furent bien reçues des spectateurs allemands, et il les publia avec plusieurs autres, sous le litre de : Aniusemens drama- tiques d'après des modèles français; elles sont au nombre de 25, et parurent en cinq collections ou li- vraisons, à Francfort et Léipsick, dei765à 1 774- Lessinget plusieurs autres écrivains allemands s'eftbr- cèrent de les critiquer et de leur enlever les sulfrages du public, qu'ils firent reporter sur des pièces du théâtre anglais. Pfeiïel a con»- j)osé un grand nombre de Fables, de Contes, d'E pitres, de Chan- sons, etc., qui toutes ont été ac- cueillies avec plus ou moins de faveur. On a remarqué surtout une épître adressée au protecteur «le son frère, le comte de Bruhl, sur la révolution française, que rauleurcélèbreavec le plus grand enthousiasme. On doit encore à Pfeffel ; Hochets dramatiques , composés pour ses enfans et ceux

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de ses amis, Strasbourg, 17O9,

I vol. in-8"; Chansons à l'usage de l'école militaire de Colmar, Co- logne, 177H; o" Principes de droit naturel, Colmar, 1781, en fran- çais; 4" Magasin historique pour la raison et le cœur, 1 vol. in-8 ' , 1' édit. , Strasbourg, 1792, en français et en allemand; tra- duction, en prose, faite avec le chevalier d'Abquerbe, des Fables de Liclitwer; il est l'un des tra- ducteurs de la Géographie de Bus- ching. M. ^Jéhée de la Touche a traduit en français, Paris, i8i5, 3 vol. in- 12 : Contes, Nouvelles, et autres pièces posthumes de Pfeffel.

PFEIFFEll (.Jean S'rÉdéric) , économiste et littérateur alle- mand, naquit à Berlin en 1718.

II fit de bonnes études, et entra d'abord dans la carrière militaire. Apres la célèbre bataille île Moll- witz , il assiiitait , il devint commissaire des guerres et con- seiller de guerre et des domaines. Chargé, à la paix, par Frédério- le-Grand , de la direction des li- quidations et des nouveaux éta- blissemens dans la Marche électo- rale, il marqua son inspection par la création de cent cinquante vil- lages et élablissemens consacrés à l'industrie ou à ragricnlture , et fut nommé en récompense con- seiller intime. Enveloppé dans une affaire de concussion , il fut, sans jugement, enfermé et remis en liberté, il quitta la Prus- se, et, après a voir exercé quelques emplois publics sous plusieurs pc- lils princes de l'empiic, il se livra exclusivetnent à la carrière litté- raire , il «te fit remarquer par des ouvrages d'une utilité géné- rale. De 1782 à 1789, époque de

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sa mort, il occupa la chaire des sciences économiques ù l'univer- sité de Mayence. Pfeiffer a publié les ouvrages suivans : 1" De la culture de la soie en Allemagne, Berlin, 174^» in-8°; Catéchis- me des économistes, Berlin, in-8"; 3" Précis de toutes les sciences éco- nomiques, Manheim, 1770-1780, 4 V. in-4°; ^f Histoire de la houille et de la tourbe, Manheim, 1774? in-8", traduit en français; b" Se~ cret d'améliorer la houille et la tourbe, traduit en français ; Projet d' améliorât loti et idées fran- ches sur plusieurs objets concernant les subsistances, la population et l'économie politique en Allemagne, Francfort , 1777 - 17^78, 2 vol. 10-8"; Précis de la vraie et de la fausse politique, Berlin, 1778- 1779, 2 vol. in-8*; ^"Science na- turelle de la police, Francfort, 1779 1780, 2 vol. in-8"; 9" l'antiphysiocrate, ou Examen dé- taillé du prétendu système physio- cratique, Francfort, 1780, in-8"; 10° Des Manufactures et des Fa- briques d' Allemagne dans leur état naturel, avec des Observations sur les moyens de les perfectionner, Francfort, 1780- 1781, 2 vol. in-8°; ir Principes de la science financière, M.àn\\Gun^ 1781, in-8°; 12° Principes de la science fores- tière, Manheim, 1781, in-8°; iS" Examen critique d'écrits re- marquables de ce siècle, sur l'éco- nomie politique, les finances, la police, etc., Francfort^ 1781- 1786, 6 vol. in-8° : ouvrage dans lequel l'auteur s'attache plus par- ticulièrement au système finan- cier de M. Necker, et il dis- cute les projets pour ou contre ce système; 14° Principes de Céco"

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vomie générale , Fninctbrt, 1782- 17H3, 2 vol. in-S" ; i5° Lettres critiques sur des objets importons et d'utilité générale, Offeribach, 1784- 1785, 2 cahior-i; iQ' Exa- men d'an projet d'amélioration pour la félicité publique et les puis- sances de l' Allemagne, Francl'ort , 1786, in -8°; 17° Principes et Rè- gles de l'économie politique, 1 787 : ils furent publiés à Mayence , j>;>r J. N. Moscr; 18° enfin un grand nombre d'articles sur l'économie politique, dans V Encyclopédie al- lemande, imprimée à Francfort.

PFEIFFEll (N.), était membre du directoire helvétique, il a- vait été nommé au mois d'avril 1798, lorsque deux mois après le commissaire français Rapinat (voyez ce nom), qui ne trouvait point dans Pfeitîerl^a docilité con- veniihle à ses projets, lui enjoi- gnit de donner sa démission; Pfeif- fer obéit. Quand le président du directoire helvétique [voyez Ober- iiN et OcHs) , annonça à Rapinat que son collègue avait souscrit à sa demande , il ajouta : « Quant aux intentions qui lui sont prêtées, il en appelle à notre estime, qu'il emporte avec lui, et à la justice de l'avenir. » Cette justice ne se fit pas long -temps attendre; la réinstallalion de l'feilTer eut lieu peu de temps après, mais alors il profita de la circonstance pour donner une démi>sion volontaire, et fut remplacé par Ochs de Bâle. Ce citoyen recommandable a de- puis vécu dans la retraite.

PFIFFER (FRA^çoIs-Lov'IS de), inaréchal-de-camp au service de France , commandeur de l'ordre de Saint- Louis, naquit, en 17 16, ù Lucerne, d'une ancienne famille

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de ce canton. II entra très-jeune encore dans le régiment suisse de la garde royale, dont son père, auquel il succéda, était capitaine. Il fit les campagnes de Flandre et d'Allemagne depuis 1754, et se distingua aux sièges de Menin , Ypres et Fribourg, et aux affaires de Rocoux et de Laufelt. En ré- compense il obtint le grade de maréchal-de-camp et le cordon de commandeur de l'ordre de Saint- Louis. Le général Pfiffer se retira dans sa patrie, et y devint mem- bre du petit-conseil du canton de Lucerne. On cite de ce vieux gé- néral un chef-d'œuvre de patience et de précision : c'est un Plan-re- lief de la Suisse, qu'il fut dix ans à exécuter, et dont voici la des- cription : (1 Ce qui a été terminé de ce plan, comprend les cantons d'Lnderwalden, Schwifz et Uri, et une partie de ceux de Lucerne, Zug, et Berne. Le lac de Lucerne en ocou|)e le centre; et tout au- tour s'élèvent d'immenses chaînes de montagnes dont Pfiffer avait mesuré les hauteurs avec une pré- cision admirable. Les détails sont d'ime exactitude telle , qu'au tra- vers d'immenses forêts le voya- geur retrouve sans peine le cha- let ou le bouquet d'arbres qui l'a- vait frappé dans sa route. Les fo- rêts de pins s'y distinguent par im vert plus foncé; les rivières sont figurées par de la chenille , les routes piir des soies, les lacs par des morceaux de glaces taillées, etc. Ce plan, qui a 22 pieds et de- mi de long, sur 12 de largeur, se compose de i56 pièces qu'on peut séparer à volonté. Il a été gravé, dans les Tableaux pittoresques de la, Suisse. Le burio de Michel l'a

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rcproJiiit, en ijSâ, avec plus d'ex.ictiliide ; et Pfilïer l'a fait gra- ver, en 1793, par Clausner à Z;jg, flans la forme d'une carte géographique, avec l'indication Je la hauteur de toutes les somrnité>.» Lors de la conquête de l'Helvétie parlesarinées françaises, en 1790, ce curieux ouvrage fui au moment d'être transporté ;\ Paris. Pfiffer obtint du directoire- exécutif de France qu'on ne le priverait pas du fruit de sa longue patience et d'un objet de curiosité pour tous les étrangers qui visitent la Suis- se. Il mourut, et» 1802, dans la ^6" année de son âge. Le Journal lielvélique de 1^57 renferme la Relation d'une promenade au mont Pilât, qui a été traduite en alle- mand.

PFLIEGER (J, A.), aîné, cul- tivateur à Altkirch , déparlement du Haut-Hhin, fut élu député du bailliage de Béfortet d'Huningue, aux états-généraux en 1789. A la fin de la session, il devint procu- reur-syndic du district de ^a ville natale, et fut nomn)é, en septem- bre 1792, député i la convention nationale par le département du Haut -Rhin. Dans le procès de LouTs XVI, il vota avec la majo- rité. Il passa, par suite de la réé- lection des deux ti<;rs convention- nels , au conseil des cinq-cents, dont il sortit le 20 mai 1798. Ren- tré à celte époque dans la vie pri- vée , il n'en est pas sorti depuis.

PFLUGDER (Damf-l), littéra- teur, e>t à Morgcs, cintor» de Vaud, et vint jeune encore à Pa- ris ; il s'est beaucoup occupé d'a- gronomie , et est auteur de plu- sieurs ouvrages estimés sur l'agri- culture pratique, dont le prlnci-

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pal a pour titre : Cours d'agricul- ture pratique , divisé par ordre de matière f ou l'Art de bien cultiver la terre, 1809, 2 vol. in-S", etc. ; ses autres ouvrages sont : les A musemens du Parnasse, ou Mé- lange de poésies légères, 1810, in- 18 ; 2" Manuel d' instructions mo- rales, o. vol. in- 12, 181 1; "5° Cours d'éludé à l'usage de la jeunesse , 1813, in-13; 4" il a f''it imprimer, en 1819, un Cours d'agriculture complet, sous le titre de Maison des champs, 4 vol. in-8".

PFNINGER (N.), dans le canton de Zurich, était préfet de cettt' ville lors(|ue les Français oc- cupèrent la Suisse en 1798. Il se fit alors remarquer par un acte de courage, en refusant de livrer les clefs du trésor à Rapinat {voyez cg nom) , commissaire du directoire- exécutif de France. Pfninger figu- ra de nouveau dans les événemens de 1802, qui changèrent encf)re les institutions de sa patrie. Il fut, au mois de septembre de la mê- me année, anêté à Stœsa et trans- porté à Schwitz, il subit quel- ques mois de détention. Remis en liberté, il n'a depuis celte épo- que rempli aucune fonction pu- blique.

PHELINES (N. be), capitaine du génie, en 1789, fut nommé celle même année député de la noblesse du bailliage de Blois aux et its-généraux. L'un di-s plus zé- lés membres de la minorité de son ordre, il prote-^ta le 19 juin contre la majorité, et se réunit au tiers- état du moment qu'il se fut constitué en assemblée nationale. Lors du voyage de Vainjunes, M. de Phelines fut envoyé à Lanilau en qualité de commissaire de l'as-

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semblée nationale. Au retour de cette mission , il fil adopter un projet relatif à l'admission des é- lèves aux écoles d'artillerie et du génie, et tontinua à prendre une part active aux ojiérationsqui mar- quèrent celte célèbre session, à la fin de laquelle il rentra dans la ■vie privée.

PHELIPPEADX ( A. le Pi- card de), oflicier vendéen", dont M. Pressigny nous a fait connaî- tre, dans une notice biographi- que, les services et la rivalité de collège avec ce jeune élève de l'école militaire, qui a été empe- reur des Français. « SI. de Phe- lippeaux, dit M. Pre.ssigny , na- quit en 1768 dans le Poitou, et appartenait à l'une des plus an- ciennes familles de cette provin- ce. Son père, ofïicierau régiment de Fleury infanterie , l'ayant laissé orphelin fort jeune , il fut envoyé de bonne heure à l'école militaire de Pontlevoy, il lit d'excellentes «^tudes. Il pas- sa en 1^85 à celle de Paris, et s'y distingua pur son aptitude et par sa conduite. BiioNAPAnTE s'y trouvait alors; ils étaient à peu près du même âge , mais de ca- ractères fort oppo?és : l'un gai, franc et ouvert; l'autre som- bre, sauvage, et renfermé en lui- même : ils n'avaient de commun qu'une fermeté qui tenait de la roideur. Des occasions fréquen- tes de rivalité ne firent qu'accroî- tre l'anthipalhie qu'ils ressen- taient. » Nous suspendrons un moment notre citation pour évi- ter le détail des coups de pied que IM. Peccadiic , alors sergent- major de l'écfde, et depuis !)aron de Uerzogenberg, général au-

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trichien, chef des écoles militaire» et du géniede Vvmp'uc.inteiceptait en voulant pendant les heures d'é- tude empêcher l(;s elfets de leur inimitié, coups de pied qu'ils s'a- dressaient par-dessous la table y et dont ses jambes étaient toutes noi- res. Maintenant nous allons rap- porter la suite du parallèle que M. Prrssigny établit entre les deux élèves, n Dans les divers con- cours où ils se trouvèrent en rivalité l'un de l'autre, Phelip- peaux obtint toujours l'avanta- ge. Il était d'usage de présetiter chaque année à Monsieur , comte de Provence, quatre candidats pris parmi les élèves les plus distingués; et ce prince en choi- sissait deux auxquels il donnait la croix de iMont-Carinel. Le nom de Phelippeaux se trouva le se- cond sur la liste, et celui de Buo- NAPARTE le troisième ; le premier fut préféré , et le dernier fut ex- clu. Ils se présentèrent ensemble à l'examen de 1786, pour l'artille- rie, et furent reçus tous deux : mais l'ascendant de Phelippeaux ne se démentit point : il précéda innnédiatement son rival dans la promotion qui eut lieu. » On trouvera aux articles de Bona- parte et de Napoléon la notice abrégée de la vie de cet élève, que devançait toujours M. de Phe- lippeaux. Ce dernier fut admis dans le régiment de Besançon. En juillet 1789, il commandait « l'u- ne des batteries qui devaient dis- siper les atlroupemens formés sur la place Louis-Quinze si le baron de Bezenval efit fait son devoir. » En i7-)i , M. de Phelippeaux é- migra, et fit la canipagne de 1792 à l'armée des princes; elle fut li-

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cenciée, et il passa à l'armée du prince de Condé. En i7g5, il ren- tra eu France avec MM. Diiprat et Beaiimanoir-de-LangIc, pour y servir la cause royale. En 1796, à trois lieues d'Orléans, ils déli- vrèrent trois émigrés que l'on con- duisait à Paris. Quelque temps a- prés, nommé adjudanl-général, il s'empara à la tête d'un corps de royalistes de la ville de Sancerre, et livra plusieurs combats il remporta toujours l'avantage. La déroute de Quiberon paralysa les efforts des royaliste^. M. de Phe- lippeaux, à la tête de son corps, ne put se montrer « qu'au moment la Vendée succombait. »I1 re- tourna alors à Orléans, il s'ef- Ibrça de ranimer le zèle des défen- seurs de la monarchie ; mais il fut dénoncé v.l arrêté le 12 juin (1796). Il tomba malade. A peine en convalescence, il était dirigé sur Bourges, lorsqu'une de ses parentes le fit évader. M. de Phe- lippeaux se tint caché jusqu'a- près le 18 fructidor an 5 ('797); alors il rejoignit l'armée du prin- ce de Condé, qui était près du lac de Constance; elle se dirigea sur la Russie, il ne jugea pas utile de l'accompagner. Il revint à Paris. Son séjour dans cette ville fut marqué par l'évasion de sir Sydney Smith , détenu au Tem- ple. Les auteurs de plusieurs bio- grapliies prétendent, contre l'o- j)inion de M. Pressigny, que « lorsque Sydney Smith et Phe- lippeaux eurent été faits prison- sonniers ensemble et amenés à la prison du Temple à Paris, Phe- lipp<;aux n'échappa ;\ la mort qui h; menaçait, comme émigré pris les armes i\ la main, qu'en se fii-

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sant passer pour le domestique du Commodore. Il joua ce rùie fort long-temps, et s'enfuit ensuite de cette prison avec Sydney Smith. » Les moyens qu'il employa tien- nent une place importante dans la notice de M. Pressigny. Il se procura un blanc-seing du mi- nistre de la police, se ménagea des intelligences auprès de la fille du geôlier, et par elle, trompa le gardien. Il se déguisa en commis- saire, fit déguiser quatre de ses amis en gendarmes, et parvint sans accident avec son protégé à Londres , le peuple détela et traîna leur voilure. La recon- naissance de sir Sydney Smith va- lut à M. de Phelippeaux le grade decolonel, que l'amiral anglais lui fit obtenir. Sir Sydney Smith re- çut un commandement dans la Méditerranée; M. de Phelippeaux l'accompagna. L'amiral se déter- mina à défendre Sainl-Jean-d'A- creque le général en chef Bonapar- te se disposait à attaquer. « JN'ayant auprès de lui aucun officier, ni du génie, ni de l'artillerie, il chargea Phelippeaux de la direction des 0- péralions.»Cet ancien officier d'ar- tillerie fit toutes les dispositions convenables pour résister. Les Français voulurent d'abord atta- quer de vive force; bientôt ils sentirent la nécessité de faire un siège en règle, et ils s'avancèrent assez près de l'escarpe. « Mais ils étaient dépourvus de grosse artil- lerie, et les assiégés ayant fait sauter leurs ouvrages par deux fois, ils n'hésitèrent pas ;\ lever le siège, le 20 mai 1799, après 6i jours de tranchée ouverte. Phe- lippeaux épiait leurs mouvemens; il saisit l'instant favorable, fit une

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sortie des deux tiers de sa ^nr- nisoii , et tomba sur eux avec impétuosité. Cette atlaqiie im- prévue augmenta leur troulile, et leur retraite ne fut bientôt phis qu'une déroute. Le vainqu«Mir se disposait à le^ suivre et à It^s harceler; mais lui-même touchait au terme de sa vie. » Ce ua^t point, et nous en faisons la re- marque pour qu'on ne s'y trom- pe pas, un historien anglais, rus- se ou allemand, qui parle ainsi des revers des Français ; c'est l'auteur de la notice sur i\l. de Phelippeaux, qui du re^te la ter- mine comme il l'a commencée, en opposant les deux anciens é- lèves, toujours ennemis, et, se- lon lui, toujours rivaux. « On peut remarquer, dit-il, que le nom de Phelippeaux n'a jamais paru datis aucun bidielin fran- çais ; que l'on a même affecté d'insinuer que le défenseur de Saint- Jean-d' Acre était un ancien officier du génie. Buouaparte re- doutait-il jusqu'à l'onibre du ri- val de sa jeunesse? ou ne suivait-il que son animosité contre lui en cherchant à anéantir son souve- nir? » M. de Philippeaux mourut à la suite de ce siège d'une inflam- mation de poitrine ou de la pes- te, ^ous terminerons en rappor- tant un éloge un peu moins exa- géré que celui de >1. de Pressigny, mais qui n'est pas moins flatteur pour M. de Phelippeaux. « Il est certain, disent les auteurs d'une biographie imprimée à l'étranger, que ses conseils et ses opérations contribuèrent puissamment à la résistance de Saint-Jean-d Acrr, devant laquelle vint échouer la fortune du vainqueur de l'O-

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rient ; et cette circonstance s attaché de la célébrité à son nom. »

PHILIBERT (J. C), littéra- teur, s'est occupé avec succès de botanique, et a publié sur cette science plusieurs ouvrages élé- mentaires qui ont eu du succès. Ce sont : i" Histoire naturelle a- brégée du ciel , de l'air et de la ter- re, ou Notions de physique géné- rale, 1798, nouvelb; édition, in- 8", 1809; Introduction à l'étu" de de la botanique, 1799, 3 vol. in-8"; 5" Notions élémentaires de botanique, 1802, i\\-^° ; ^ Exer- cice de botanique à l'usage des com- mençans , iHo3, 2 vol. in -8°: Dictionnaire abrégé de botanique, i8o3, in-8"; 6" Dictionnaire uni- versel de botanique, i8o4, 3 vol. in-8".

PHILIDOll (François -André Danican, dit), musicien-composi- teur, né a Dreux le 7 septembre 1726. Le nom de Philid'»r fut don- né à son grand-père, Michel Dani- can, par le roi Louis \III, dont il était musicien de la chaud>re, et qui voulait rappeler ainsi la mé- moire du |>lus fameux hautbois de son siècle. Le compositeur Cani- pra,qui jouissait d'une grande cé- lébrité, devint le maître du jeune Philidor, élevé aux pages de la musique du roi, et qui montra dès' reulance les plus heureuses dispo- sitions pour son art. A i "> ans il obtint la faveur de faire exécuter ses motets à la chapelle royale. Il voyagea ensuite en Hollande, en Aliemagiie, en Angleterre, et pen- dant son séjour à Londres il mit eu musique la fameuse ode de Dry- den, intitulée la Fête d' Alexandre. Savant liarmunisic, ou reprochait

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cependant à ses chants de manquer tropsoiivenl d'expression et de mé- lodie. De retour en Fr-ince, il fit exécuter en i'p5!\, à la cha[)eile de Ver.'jailles, un Lauda Jérusalem^ qui fut très-vauté à cette époque. Depuis, il consacra presque exclu- sivement son talent à l'opéra-couji- que, genre dont Philidor peut être regardé avec Duni,commele créa- teur en France. Ses compositions sont très-nombreuses. En 1756, il fit la musique du Diable à quatre, opéra-comique en 3 actes de Sé- dain^'. Biaise le savetier, r Huître et tes Plaideurs, du même auteur, furent joués en 1759; et depuis, Philidor donna régulièrement au moins un opéra par an. On a de lui le Quiproquo , pièce de Mouston: le Soldat magicien, dAnseaume; le Jardinier et son Seigneur, de Sé- <laine ; le Maréchal Ferrant, de Quêtant; i.Çfl«c/(o Pança, le Bûche- ron, les Fêtes de la paix, le Sor- cier, Tome-Jones, le Jardinier de Sidon, le Jardinier supposé, la Nouoelle école des Femmes, le Bon fils, Sémire et Mélide, Ernelinde, grand opér 1 , etc. Pou de ces pièces sont restées au théâtre. Le puhlic revoit cejiendanl en- core avec plaisir le Maréchal fer- rant, et le Diable à quatre. Quel- que temps avant la révolution, Philidor composa pour le Car- niœn Seculare d'iimucii, une musi- que (jue ses admirateurs proclamè- rent un chef-d'œuvre "le l'art. Cet- t'i production, si vantée alors, esli\ ]>eu prèsoubliécaujourd'liui. Mais les combinaisons harmoniques ne lurent point la seule occupation Je Philidor. Il était reconnu pour le premier joutMiiiréchecs de l' Euro- pe , et il se flatta même pendant

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quelque temps de faire servir sa supériorité à ce jeu, d'instrument à sa fortune. Il fit publier en An- gleterre, par souscription, son A- nalj se des échecs, ouvrage qui a eu plusieurs éditions. Celle de Londres, de 1777, in-8% est ornée du portrait de l'auteur, gravé par Bartolozzi. Un mois avant sa mort, ilfitencore, quoique aveugle, deux parties d'échecs à la fois, contre les plus habiles joueurs, et les gagna toutes les deux. Eifrayé des pre- miers troubles de la révolution , Philidor s'était retiré à Londres, il mourut le 3 1 août 1795. Des qua- lités estimables, un caractère franc et généreux, l'avaient rendu cher à tous ceux qui le connaissaient, quoiqu'il ne se distinguât nulle- ment par les av.mtages de l'esprit. On raconte qu'un de ses grands ad- mirateurs , Laborde , valct-de- chaudore du roi, entendant un jour Philidor dans une société, débiter beaucoup de trivialités, s'écria plaisamment : * Eh bien, voyez »cet honmie lii, il n'a pas le sens «commun, c'est tout génie. »

PHILIPART (Jean), écrivain anglais, est à Londres, et fut placé par sa famille, qui le desti- nait à la carrière du barreau, chez un avocat écossais, il fit si peu de progrès qu'il renonça à cette profession. Il obtint, en 181 i , une place dans le gouvernement par la protection de lord Sheffeld, dont il avait été se<;rélaire en 1809. Tout dévoué aux doctrines ministérielles, M. Philipart les soutient à outrance dans ses ou- vrages, ce qui lui attire souvent dos critiques sévères de la part des journaux de l'opposition. Voi- ci la liste de ses principaux ou-

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Trages : i" Observations sur tes systèmes militaires de l'empire bri- tannique, et plan pour rendre les traitemens des officiers- généraux suffisans pour soutenir leur rang, iii-8°, 1812; Mémoires du prin- ce royal de Suède, in-8°, i<Si5; Campagnes du Nord, 2 vol. in-S°, i8i4; L\° Mémoires et Campagnes du général Morcau, in-8°, ï8i4; 5' Lettre à lord Castlereagh sur la révision du bill , .pour rendre la milice utile dans le service étranger, i«i-8°; Campagnes en Allema- gne et en France, depuis l'expira- tion de l'armistice jusqu'à l'abdi- cation de Napoléon Bonaparte , 3 vol. in-S", i8i4; Àlmanach royal m.iHtaire, contenant les ser- vices de tous les officiers-généraux rivant à la fin de 1814? 2 ^"'- iii-8°, i8i5; il a inséré trois articles dans le Pamphleteer : i" Supplé- ment au plan pour un fonds en fa- veur des officiers ; 2' Observations sur divers ailleurs et ouvrages an- glais ou étrangers ; 3" Observations supplémentaires sur la lettre du co- lonel Roberts à l'armée, çf Vie des généraux anglais. iM. Philipart est propriétaire et éditeur du Pa- norama militaire. Sa femme cul- tive les muses, et, imbue de ses principes politiques, elle a donné deux poëmes, l'un intitulé : la Moscovite, in-S", i8i5, et l'autre: Victoria, in -8% 181 3.

PHILIPP (N.), capitaine de navire avant la révolution, fut a- vant l'époque du 9 thermidor an 2 (1794), l'un des agens des co- mités de gouvernement. Il figura comme tel (en 1795), dans les dé- })artemens de la Meurthe et du li.'is-Rhin, souvent on le soup- ç'onna d'outrer à dessein les me-

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sures dont l'exécution lui était confiée, afin de rendre odieux le gouvernement. Le 2 juillet 1794, se trouvant à Paris, il s'introdui- sit dans la salle de la convention, bien qu'il ne fût pas député, et alla s'asseoir paruu les membres siégeant à la Montagne. Mallarmé, contre lequel il avait publié peu de temps auparavant une diatribe, l'apostropha, le sign.tia connue un calomniateur, un intrigant, et le fit arrêter. Philipp ne recouvra sa liberté que lors des événemens du i3 vendémiaire an après une détention de quinze mois. Impli- qué dans l'aflaife de Babeuf en 1796, il fut traduit devant la hau- te-cour nationale de Vendôme ; mais l'accusateur public n'ayant pas trouvé contre lui de preuves ' suflisanles, se borna à déclarer qu'il ne le croyait pas exempt d'im- prudence et de blAme : il fut ac- quitté. Il avait, dans sa défense, manifesté son étonnement de se voir associé à des hommes dont les principes, disait- il, étaient si dif- férens des siens : celte observa- tion s'appliquait particulièrement aux conventionnels qui, selon lui, avaient usurpé la souveraineté du peuple. Employé pendant quel- que temps dans les vivres de l'ar- mée de l'Ouest, il a depuis été entièrement perdu de vue,

PHILIPPEAUX (Pierre), à Eerrièrcs, département de la Sar- the, en 1759. Il exerçait la pro- fession d'avocat, lorsqu'il fut élu, en 1792, par le département de la Sarthe, député ii la convention na- tionale. Dans le procès du roi, il vota la mort, rejeta l'appel et le sursis, et appuya la proposition de Bourdon- de-l'Oise, de faire assis-

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ter à réxéciilion les patriotes bles- sés le 10 août. Il soiilint, le lo mars 1793, le projet présenté par Robert Lindet, pour la formation d'un tribunal révolutionnaire sans jurés, projet qui n'eut que lui et Duhem pour appuis, et lut rejeté par l'immense majorité de l'as- semblée. Il se déclara contre les députés de la Gironde, participa aux mesures prises dans les jour- nées du 3i mai , 1" et 2 juin , et fut envoj'é à Nantes, pour y réor- ganiser les administrations, com- posées dt; républicains, alors dé- signés sous le nom de pkléralistes, qu e le peu pie cou fondai t avec rova- Uslcs. Comme Pbilippeaux était luimêine républicain, il ne tarda pas à se brouiller avec ses collè- gues en mission dans les autres villes de la Vendée. A la suite de vives alttrcations avec eux, il s'u- nit aux généraux qui conmian- daient vers Nantes, et leur fit a- dopl«;r un système de guerre op- posé à celui que suivaient les re- présenlans et les généraux réunis à Saunmr. Il ne parlait qu'avec dérision de cette réunion dans la- quelle se trouvaient Rfuisin, Ros- signol et Santerre, qui, disait-il, n'avaient d'autre talent que celui de brûler des villes et des ha- meaux, et de faire des exécutions barbares. Il parvint d'abord à fai- re adopter son plan par le comité de salut-pidilic ; mais les succès qu'il promettait n'ayant pas eu lieu, il se vit exposé aux plus vio- lens reproches. Alors, pour se jus- tifier, il accusa ses antagonistes d'avoir eux-mêmes préparé les revers qu'on attribuait à l'exécu- lion de ses plans. Cependant le parti de ceux-ci l'emporta; il re-

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prit la direction de cette guerre, et Pliilippeaux fiit rappelé. Loin de ménager des ennemis qui pou- vaient le perdre, il ne parut à la tribune que pour les dénoncer. II fit en même temps paraître une brochure tellement accusatrice, que le comité de salut-public s'y voyant désigné comme complice des généraux qui par leurs cruau- tés perpétuaient la guerre, ne lui en pardonna jamais la publicité. Il est constant que dès-lors sa mort fut résolue. Bientôt le club des Jacobins déclara Pbilippeaux in- trigant, modéré, traître à la patrie, et l'exclut de son sein. D'une pa- reille exclusion à la mort il n'y a- vait qu'un pas. Arrêté, comme conspirateur, dans la nuit du 10 au 1 1 germinal an 2 (du 3o au 5i mars 1794), et traduit quinze jours après au tribunal révolution- naire , il fut condamné à mort avec Danton, Lacroix, Camille-Des- moulins, etc. Pendant son inter- rogatoire, l'accusateur public, Fouquier-ïinville, habitué à a- dresser à ses victiujes des paroles outrageantes, joignit plusieurs fois aux questions qu'il lui faisait Tin- sulle et l'ironie : «Il vous est per- mis, lui dit Philippi;aux avec fier- té, de me faire périr, mais m'ou- trager. ... je vous le défends.» Il montra la plus grande fermeté en allant au supplice.

PHILIPON DE LA MADE- LEINE (Louis), homme de let- tres , mendire des académies de Lyon et de Besançon , naquit à l>yon au mois d'octobre 1734' Destiné par sa famille à la carrière ecclésiastique, il préféra, au mo- ment de prendre les ordres , sui- vre celle de la magistrature j et il

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se rendit à Besançon, il fit ses cours de droit. Jl se fixa dans cette ville, et s'y maria. Avocat du roi près du bureau des finances de Besançon ( ancienne chambre des comptes de Dôle), il en rem- plit les fonctions jusqu'en 1786; il lui pourvu , à celte époque , de' l'intendance des finances de M. le comle d'Artois. Celte place fut supprimée au commencement de la révolution, qui, mal{j;ré son esprit éclairé, le blessait trop dans ses intérêts pour qu'il en adoptât les principes. Son opposition , trop manifestée , le fit décréter d'arrestation peu après les événe- mens du 10 août 1792. La crainte d'être victime de la proscription, le rendit plus circonspect, et il é- vita avec le plus grand soin de se mettre en évidence. Cultivant les lettres, et ne prenant aucune part aux agitations politiques, il se fit dis amis, et obtint même, par un décret de la convention du 5 jan- vier 1795 . un secours de 2,000 francs. Il fut presque en même temps nommé bii>liothécaire du ministère de l'intérieur. Cet em- ploi et ses travaux littéraires le mirent bientôt à même de jouir d'une modeste aisance. Il vil passer ainsi tous les gouvcrne- niens qui se succédèrent jusqu'à celui de la restauration en i8i4- Monsieur, frère du roi, à qui il fut présenté, lui accorda, avec une pension , le titre d'intendant honoraire de ses finances. 11 a- vait alors 80 ans ; il mourut le ic) avril 1818, dans sa 84* année. < Il fut , dit particulièrement un de ses biographes , homme «le bonne compagnie , et conser- va, jusqu'à ses derniers momens, tout le charme de l'urbanité fran-

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çaise. Doux, sensible, gai, d'une humeur égale, ami sûr, toujours occupé à rendre service, toujoin-s attentif à dire des choses aimables et affectueuses, ne s'élant jamais permis ni une épigramme, ni mê- me un mot piquant , il est mort sans avoir eu d'ennemis. » (^et é- loge est vrai en tout pniut. Comu)e l'un de nos plus aj;réables chan- sotiniers, il n'a pas moins mérité cet autre éloge que son an)i M. Le Prévost d'iray a fait de se-^ chan- sons dans le discours qu'il pro- nonça sur sa tombe. « Ses chan- sons si connues sont pour la plu- part de^i espèces d'hymnes consa- crés aux dieux des plaisirs déli- cats. Par la fraîcheur et la délica- tesse de son esprit , il se montra conslanimenl le digne émule du chantre de Théos; et, comme lui encore, il laissait entrevoir tout le charme de l'âge heureux des illu.-ions à travers ses cheveux blancs. wPhilipon de la Madeleine a publié un grand nombre d'ouvra- ges. INous citerons les suivans : 1" plusieurs conjédies jouées sur le lliéâire du Vaudeville, et f.iites en société avec MlVI. Léger, The- riguy, vicomte de Ségur, et Le Prévost d'Iray. Ce sont : le Dédit mal gardé , Catinat à Saint-Gra- tieti; Maître Adam, ou le Menuisier de JSevers; Carlin débutant à lier ga- nte. Gentil Bernard , les Trouha-, dours , Chaulieu à Fontenai , le Caveau. Choix de Chansons de M- Philipon de la Madeleine, Pa- ris, I vol. in-18, 1810. Ce recueil avait d'abord paru sous trois titres différens : Jeux d'un enfant du Vaudeville , Paris, 1 vol. in-18: c'est la première édition; V Elève d'Epicure, Paris, 1 vol. in-18, an 9 (i8o3) : lu troiàième édition

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porte ce dernier titre ; Dis- cours sur cette question : le Désir de perpétuer son nom et ses actions dans ta mémoire des hommes est-il conforme à la nature et à la raison? (inséré dans le l^our et le Contre, ijOi , in-8°). 4" Discours sur la nécessité et les moyens de suppri- mer les peines capitales, 1770, in- 8°, ouvrage qui a été traduit en allemand, Bâle , in-8% 1786; Mémoire sur les moyens d'indem- niser un accusé reconnu innocent , 1782 . in-8°; Vues patriotiques sur l' Education du peuple tant des villes que des campa i^nes. Cet ou- vrage, qui concourut pour le prix proposé par racadéinie-l'raiiçuise en laveur de l'ouvrage le plus u- tile composé dans l'année , ne le céda que d'une voix à l'Ami des Enfans de Berquin. Diseours sur les moyens de perfectionner l'é- ducation des collèges en France , 1785, in-8°; Agricol Viata, ou le Jeune lier os de la Durante , fait historique et patriotique , an 2 (1794)» in-S" ; Géographie élé- mentaire de la France, an 5, in-i u; réimprimé eu 1801 , même for- mat. 10° Manuel et nouveau Guide du promeneur aux Tuileries, 180G; 1 des Homonymes français , 1 vol. in- 8°; 5" édition, 1817. 12° Manuel épistolaire, 1 vol. in- 12, Paris, i8ao, édition, ouvrage adopté pour les lycées; iS" Gram- maire des gens du monde, in- 12, 1807, 2' édition; la première avait paru, en 1800, s'uis ce titre : Choix de remarques sur la langue française. i4° Dictionnaire portatif des poêles français morts depuis \o3t) Jusqu'en 1804, précédé d'une Histoire abrégée de ta poésie fran- çaise , Paris, i8o5, in-i8; i5*

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Dictionnaire portatif des rimes, précédé d'un nouveau Traité de la versification française , et suivi d'un Essai sur la langue poétique, Paris, 1806, in- 18, 2" éditiim; i6* Dictionnaire portatif de la langue française d'après le système ortho- graphique de l'académie, Paris, in- 18, 3' édition, 1819; 17" enfin, il a donné : Voyages de Cyrus , par Ramsay , nouvelle édition, avec des notes géographiques, histori- ques et mythologiques, i vol. in- 12, 1807; Lettres de la duchesse Du Maine et de la marquise de Simiane, nouvelle édition, Paris, i8o5 ; Élémcns de la Grammaire française de Lhomond , nouvelle édition, avec des remarques; Trai- té sur les Participes, nouvelle édi- y ion. in- 12, 1812; Morceaux choi- sis des caractères de La Bruyère , avec une Notice sur l'auteur, in- 12. 1808.

PHILIPPON (le baron), lieu- tenant-général, (;on)mandeur de la légion-d'houneur et chevalier de Saint-Louis. Plusieurs campa- gnes, faites avec distinction, l'a- vaient fait parvenir au grade de colonel du 8"°' régiment, lorsqii il fut employé en Espagne, sou- vent il eut l'occasion de se faire remarquer. Au siège de Cadix, en 1810, sa brillante conduite lui valut le grade de général de bri- gade, et le î9 février 1811, il don- na, à la bataille de la Gebora, des preuves d'une rare intrépidité. Chargé de défendre Badajoz con- tre les Anglais, quoiqu'avec de faibles moyens, il sut, par l'opi- iiiâlrelé de son courage , prolon- ger assez la défense, pour donner le temps au maréchal duc de Ra- guse de Tonir avec son corps d'ar-

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mée au secours de cette place. Il fut alors nommé général de divi- sion, et en i8i5, il faisait partie du corps d'armée d»; Vandainme, engagé dans les montagnes de la Bohême. Se voyant dans l'impos- sibilité d'empôcher le général en chef, cerné de toutes purts, d'être lait prisonnier, il réunit ce qu'il put de troupes, se mit à la tête de ces faibles débris, et les déroba, non sans de grands dangers, aux poursuites d'un ennemi bien supé- rieur en nombre. Il rejoignit la grande-armée, et fit ensuite par- lie des troupes restées à Dresde, Prisonnier avec elles, par la vio- lation de la capitulation, le baron Philippon n'est rentré en France qu'après le retour du roi : H devint à cette épo(iue chevalier de Saint- Louis, et cessa d'être en activité en 1816.

PHILLIPS (sir Richard), écri- vain anglais, à Londres en 1768, fut élevé avec soin par un oncle, riche brasseur de cette ville. Après avoir fait de bonnes études, il fut employé, en 1786, dans une école publique à Chester, qu'il quitta, en 1790, pour s'établir à Leicester, il commença un commerce de librairie, et publia un journal in- titulé Leicester Herald. Il s'inté- ressa en outre dans une entreprise lucrative de canaux. En 1793, il fut poursuivi pour avoir publié quelques écrits de Thomas Payne {^voy. ce nom), et condamné à une année de détention. Son établisse- ment d'imprimerie et de librairie avait été consumé par le feu; mais, à sa sortie de prison, il fit honneur i\ ses alfaires , et entreprit , avec l'aide de ses amis, la publication d'un nouveau journal patriotique.

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le Mont h/y Magazine , qui obtint le plus grand succè'^. En 1807, il fut élu un d«s shérifs de la ville de Londres. Le ministère désirait se l'attacher, et lui fit donner, par le roi , le titre de chevalier. Sir Richard Phillips crut pouvoir ac- cepter cette faveur , mais n^ea montra point une grande recon- naissance. Il vendit , quelque temps après, le fonds de son jour- nal, et n'en resta pas moins un des principaux rédacteurs; le Monthly Magazine a corrstamment depuis soutenu les mêmes principes, et se trouve souvent en oj-position très-prononcée avec le ministère. Sir Richard est connu par une autre singularité, son attachement au système des pythagoriciens. "^ Dès sa jeunesse, il a montré une horreur invincible pour toute nourriture provenant de la chair des animaux, et s'en est toujours abstenu. Outre ses ouvrages pé- riodiques, il a publié : Lettre à la bourgeoisie de Londres , sur les devoirs et l'emploi de shérifs, 1808, in- 13; Traité sur les pouvoirs et les devoirs des jurés, 181 i, in- 12; 3" Notice sur la Datura stramo- nium comme an remède pour l'asth- me, 1811, in-8"; Rî^S-^ ^'^^ pour les jurés.

PHILLIPS ( Samuel) , lieute- nant- gouverneur de l'état de Mas- sachussetts. dont son père fut l'un des conseillers; il (Ui fut aussi l'un des hommes les plus recomman- dables par leurs vertus et les ser- vices qu'ils rendirent à leur patrie. Samuel Phillips naquit à Andover en 1753 , et fit ses études au col- lège d'Harvard, il prit ses degrés en 1771. En i795, il fut élu membre du congrès provin-

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cial et de la chambre de» repré- seiilaiis; il fit partie de cette der- nière jusqu'en 1780, et coopéra à la formation de la constitution de Massachussetts. Il devint en- suite membre du sénat, fut appe- lé, en 1^85, à la présidence de ce corps , et en remplit honorable- ment les fonctions jusqu'en 1.801. 11 fut aussi , pendant cet inter- valle, membre de la cour de jus- tice d'Essex (depuis 1781 jusqu'en 1797). Nommé, en 1801, lieute- nant-{gouverneur de Massachus- setts, il ne put occuper long-temps cette place par suite de l'aflaiblis- &emeni de sa santé ; il mourut le 10 février 1802, emportant au tom- beau les legrets de tous ses conci- toyens. Samuel l'hillips protégea constamment les académies d'An- dover et d'iixeter, dout son père et son oncle furent les fondateurs et les bienfaiteurs.

PHILIUN ( Armand - Pierre- Paul ), homme de iellres, e!St à Paris en 1784. Il fil ^es études au Prytanée français, et enira vo- lontairement au service. M. Phil- pin a fait les campagnes de i8o3, 1804» i8o5 eti8o(j, à la suite desquelles il passa dans l'adminis- tration des contributions indirec- tes, qu'il quitta quelques années après, pour s'attacher au maré- chal Ney,en qualité de secrétaire. En 181 5, il accompagna le géné- ral Carnot à Anvers, et fut en par- tie chargé de la rédaction du jour- nal du siège de cette place. 11 re- vint en Franco avec ce général. Lors de leur départ d'Anvers , la (iazette Fan - lirahon , à la fin d'un article consacré à Carnot ( 5 mai i8i4), s'exprima ainsi : « Ceux «qui ont approché du général se

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«plaisent à rendre justice à la pc- ))Iitesse , à la complaisance et aux ntalcns de M. Philpin, secrétaire «particulier du gouverneur ; c'est » un tribut que ses bonnes quali- » lés lui méritent. » Après son re- tour, M. Philpin fut quelque temps employé près du ministère de la guerre. Au mois d'avril 18 i5, il accepta la sous-préfecture de Vire, lorsque Carnot était ministre de l'intérieur, et se conduisit d'une manière honorable, en se rendant caution, auprès du ministre delà police , de gardes-du-corps, qui lui durent ainsi leur liberté. M. Philpin n'apposa point son appro- bation à l'acte additionnel aux cons- titutions de l'empire. Cependant , malgré la sagesse de son adminis- tration et la modération de sa con- duite, il fut remplacé à la sous- préfecture de Trévoux ( départe- ment de l'Ain ), sa nomination avait été annoncée dans le Moni- teur du 17 juillet i8i5, sous le ministère de M. de Vaublanc. Il a été admis à présenter au roi plu- sieurs de ses ouvrages, dont il a fait hommage à la chambre des députés. Rentré dans la vie privée , il se livre aux travaux lit- téraires. Il a publié plusieurs ou- vrages, parmi lesquels on distin- gue : Annales de l'administra- tion publique^ 181 5; la Situa- tion de la France en 181 7 ; quel- ques brochures sur la politique et la législation ; 4" «« Recueil de poé- sies ; une Ode sur la guerre d'Espagne en 1824; Q'des Elégies^ et une Epltre aux députés français ( session de 1824)- M- Philpin a été nommé par le roi, membre la légion-d'honnaur ; il est asso- cié à plusieurs sociétés savantes.

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PU (P. N.), chimiste »li.slin- gué, naquit à Paris le j5 sep- tembre 1721. 11 fit (Je bonnes étu- des, et devint à la suite de ses conrs de médecine et de chimie pharmacien en chef de l'hôpila! de Strasbourg, place qu'il occupa long-temps avec autant d'huma- nité que de zèle. En 1770, il re- vint à Paris, il fut nomnié é- chevin. Dè>-lors il conçut le pro- jet de signaler son administration par desétabli.-'semens utiles. L'un de ces établissemens fut la forma- tion et le dépôt des boîtes funjiga- toires destinées ' à rappeler les noyés à la vie , lorsqu'ils ne sont encore qu'asphyxiés par le dé- faut de respiration. On doit aussi à Pia le perfectionnement des instrumens propres à faire parvenir l'air dans les poumons, et i\ introduire de la fumée dans les intestins. Les avantages ré- sultant de ces moyens de se- cours sont tellement incontesta- bles, que dès la première année de leur emploi, a'i noyés retirés de la Seine furent rendus à la vie. L'établissement de Pia pros- pérait lorsque la révolution vint le détruire en grande partie. Cet homme recommandable perdit sa fortune, et mourut dans un é- tat voisin de l'indigence, le 11 mai 1799. Il avait publié les ou- vrages suivans : Description de la boite d'entrepôt pour les se- cours des noyés, 1770; Détails des succès de l' établissement que la ville de Paris a fait en faveur des personnes noyées, i775'

PIALÈS "(Jean-Jacques), ju- risconsulte, naquit à Jlhodez , département del'Aveyron, vers 1720. Les progrès qu'il fit dans

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l'élude du droit canonique, à la- quelle il se livra exclusivement, le firent devenir en quelque sorte l'oracle du cler^fé,et générale- ment de tous les possesseurs de bénéfices, qui souvent avaient à faire décider sur cette matière les questions les plus importantes. Il p«rdit la vue en 1765. Ses é- crits, sous le nom de Traités, sont nondîreux, et forment 26 volumes in- 12. Pialès mourut à Paris, le 4 août 1789.

PI A 11, homme de couleur, général des indépendans de l'état de Venezuela (aujourd'hui ré- publique de Colombie). se«dislin- gua dès son entrée dans la car- rière des armes par ses talens , une activité infatigable, et sur- tout par la plus brillante valeur. On l'a vu plusieurs fois A la tête d'une poignée de braves qu'il a- vait formés aux combats, cl qui se croyaient invineil)Ies sous ses ordres, attaquer des forces trois foi» supérieures en nombre, les intimider, et en triompher par .son audace. Quand le général Bolivar, après son débarquement à Ocumare, marcha sur Caraccas, il confia à Piar un corps considé- , rabie d'infanterie, qui, soutenu M, par la cavalerie légère de Roxas W et de Moganas, devait occuper ^f les plaines, tandis que le général * en chef espérait emporter la capi- tale ; mais Bolivar échoua dans son entreprise, et fut repoussé avec perte. Son lieutenant Piar opéra sa retraite en bon ordre, et parvint à réparer bientôt cet échec. Il battit ensuite l'ennemi, en plusieurs rencontres, et l'em- pêcha plus souvent encore, de profiter des avantages qu'il dut,

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«u commencement de celte guer- re, Il des forces supérieures et mieux diîiciplinées. Lue témérité presque toujours couronnée par le succès, avait rendu Piar l'idole des soldats. Mais son ambition , qui n'avait d'abord en vue que l'affianchissement de sa pairie, croissait avec ses succès. Mécon- tent de ne jouer qu'un rôle se- condaire dans l'état, il aspirait au rang suprOme, et crut pouvoir y monter à l'aide des Indiens et des hommes de couleur, qui lui étaient en partie dévoués. Il fallait, il est vrai, sacrifier les blancs, et commencer par son ami Bolivar même; et l'on assure que Piar en avait pris la résolu- tion , quand ses projets furent découverts. Investi à cette époque du commandement en second de 1 armée anjéricaine, il n'en fut pas moins arrêté au milieu de ses com- pagnons d'armes, et transféré, par ordre des autorités supérieu- res, à Augustura, un conseil de guerre était convoqué pour le juger. Les principaux généraux de l'armée, presque tous hom- mes de couleur comme lui, et auxquels on avait adjoint l'amiral Brion , composaient ce tribunal présidé par Bolivar. Peut-être quelque jalousie des frères d'ar- mes «le Piar, importunés par la supériorité que sa valeur et l'af- fection des soldats lui avaient ac- quise, indua-l-elle sur le jugt- ment : il fut des plus sévèies. Après une assez courte procédure il fut déclaré convaincu d'avoir tramé un complot tendant à faire insurger les mulâtres et les In- diens, à égorger tous les blancs, ù s'emparer de la dictature, et

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en conséquence, il fut condamné à être fusillé. On assure que Boli- var, après avoir lait de vains ef- forts pour sauver l'accusé, se vit contraint, à son grand regret, de signer la sentence de mort, ce qui prouverait que l'existence d'un coniplot dangereux pour l'état é- lait bien réelle. I! n'y eut cependant aucun des complices de Piar de mis en cause. Celui-ci marcha d'un pas ferme vers le lieu fixé pour son exécution. Le fatal cortège passa sous les fenêtres du général Bolivar, qui, saisi de la plus vi- ve douleur, salua encore de la main son ancien frère d'armes, et lui cria d une voix entrecou- pée : « Adieu , mon malheureux »ami. ' Arrivé hors des portes d'Augustuia, Piar se plaça, avec son intrépidité ordinaire, en face des soldats qui devaient lui don- ner la mort, se découvrit la poi- trine, et commanda lui-même le feu. Percé de sept balles, il ex- pira sur-le-champ. Ses projets ambitieux furent niés par ses nom- breux amis, et bientôt oubliés; mais ses beaux faits d'armes sont encore célébrés par les gtierriers de Colombie.

PIAZZI (Joseph), directeur- général des observatoires de Na- ples et de Palerme , membre de l'académie royale des .••ciences de Naples, Turin, Goëtlingue, Ber- lin, Pélersbourg, associé étran- ger de l'institut de France, et de la société royale de Londres , mend)re ordinaire de la société italienne , et correspondant de l'institut de Milan , est à Ponte, dans la Valteline , le lii juillet 174^. Il prit l'habit des ihéatins dans le couvent de Saint-Antoine , iG

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à Milnn, il acheva sou novi- ciat. Dans ses études, qu'il fit successivement à Milan, à Turin et à Rouie, il eut l'avantage de compter au nombre de ses maî- tres les PP. Tiraboschi, Beccaria, Leseur et Jacquier. Destiné à par- courir lui-même la carrière de l'enseignement, il alla professer la philosophie à Gènes, où, par quelque.^ thèses qu'il y publia, il alarma le zèle des dominicains de la ville, qui auraient troublé son repos, si le grand -maître Plnto ne l'eût engagé à se rendre aupiès de lui, pour enseigner les mathématiques dans la nouvelle univfcisité de Malle. Lorsqu'elle fut supprimée par son successeur Ximènes, Piazzi se lendil à Rome, etensuite àRavenne^ il occupa la chaire de philosophie et de ma- thématiques au collège des nobles, dont il devint aussi le directeur. Il s'y fit des ennemis, par la pu- blication de nouvelles thèses phi- loso[>hi(].ies , qui ])ariwent trop hardies de l:i p;ut d'un jeune reli- gieux. Malgré cela, on le crut di- gne de rtinplicei' le prédicateur ordinaire de Crémone, il s'é- tait relire . après que les ihéatins eurent renoncé ;\ l'administration du collège de Ravenne ; il fut même nommé lecteur de théolo- gie dogmatique à Saint- André- della-Valle, à Rome, il eut pour toliègue le P. ChiaraiTionte , qui (diiserva pour lui sur le trône pontifical les scntimens qu'il lui avait voués dans le cloître. En 17H0, cédant aux conseils du P. Jacquier, qui l'employait à véri- fier ses calculs, Piazzi accepta la plaie de professeur de hautes- mathématiques à l'académie des

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études de Palerme. Il y réforma, en arrivant, la méthode de l'en- seignement, en remplaçant Wolff par des ouvrages modernes, et en y rendant familiers ceux de Lock et de Condillac , qui y étaient presque inconnus. Par son in- fluence et ses lumières, il contri- bua puissamment à dissiper les ténèbres qui, sous la double pro- tection de 1 inquisition et des jé- suites, couvraient encore le sol de la Sicile. Non content d'y avoir fait renaître l'amour des lettres, il parvint à inspirer au prince de Caramanico, qui en était alors le vice-roi , le désir de voir trans- formée en observatoire une an- cienne tour dans le palais des rois de Sicile , à Palerme. Il obtint aussi la permission de se rendre en France et en Angleterre, pour y faire l'acquisition des instru- mens nécessaires à ce nouvel éta- blissement, et pour se mettre en relation avec les astronomes les plus renommés par leurs travaux et leur savoir. Il vint d'abord à Paris , Lalande , Jcaurat . Bailly, Delambre, Pingre, et au- tres , lui témoignèrent le plus grand intérêt. S'associant à l'ex- pédition de Cassinl, Méchain et Legendre, chargés de détermi- ner la différence des deux méri- diens de Paris et de Greenwich, il profita de cette occasion , la plus favorable pour un astrono- me, pour visiter l'Angleterre, il connut Maskelyne , Herschel , Vince, et surtout Ramsden, au- quel il confia la construction de ses instrumens. Il allait souvent à l'observatoire de Greenwich , et c'est de qu'il examina Té- clipse solaire de 1788, dont il

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remlit compte d;ins un mémoire in.séré dans les Transactions philo- sophiques de Londreji. Convaincu de rin( ertitude dans laquelle lous les quarts de cercle laissent l'es- prit d'un observateur, Piazzi en- ^ajjea Ramsden à lui construire un cercle vertical de cinq pieds de diamètre, accompagné d'un azimntal , et divisé avec cette précision dont cet artiste seul était al(.rs capable. Il se rendait tous les jours dans ses ateliers pour en presser les travaux; mais, mécon- tent de la lenteur de l'artiste, il ima- gina de stimuler son amour-propre en faisant publier ime lettre, adres- sée à Lalande, sur la vie et les ou- vrages de Ramsden. Cette ruse lui réussit : en peu de temps il eut la satisfaction de voir son grand cercle terminé, et il put même y ajouter un instrument des passa- ges, un sextant, et d'autres ma- chines secoud;iires. Le ministère anglais prétendit que le cercle, appartenant à la classe des décou- vertes, devait être assujetti aux droits prohibitifs, et ne pas sortir de l'Angleterre. Mais llamsden déclara que si c'était une nouvelle invention, la gloire en était due à Piazzi, dont il n'avait fait qu'exé- cuter les idées. Cette protestation imposa silence aux ministres , qui permirent à Piazzi d'emporter ses instrumens. Il se hâta de rentrer en Sicile, pour mettre en activité le nouvel observatoire, le plus méridional qui existât alors, de- puis que celui de Malte avait été incendié, en 1789. Aussitôt que les instrumens purent y être pla- cés, Pitizzi y commença ses ob- servations , dont il consigna les résultats dans un volunte publié

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eu i^ga, auquel on en vit bientôt succéder un second. Persuadé, dès le commencement, que la vraie position des étoiles est la base do l'édifice astronomique , il se pro- posa d'en dresser le catalogue, dirigeant tous ses travaux vers ce grand but. Le Français-Lalande en France , Cagnoli en Italie , de Zach, Heniy, Barry en Alle- magne, avaient entrepris , en ce genre, des travaux partiels, se fondant tous sur la position des trente-six étoiles que Maskelyne avait indiquées aux astronomes comme termes assurés de compa- raison. Piazzi, au contraire, ne crut pas de voir se fier à la position des astres , déterminée d'après une simple observation : la moin- dre inexactitude de la pari de l'observateur, la plus petite im- perfection dans ses instrumens, lui paraissaient des accidens trop probables , pour les repousser comme inadmissibles. Il savait aussi que si Flainsteed, Mayer et Le Monniei' eussent mis plus de suite dans leurs observations, ils auraient probablement dérobé à Herschcl l'honneur de sa dé- couverte. Ces considérations le forcèrent à revenir plusieurs fois sur la même étoile avant d'eu fixer la position, et c'est d'après celle méthode laborieuse, mais exacte, qu'en parlant des trente-six étoiles de Maskelyne, Piazzi acheva son premier grand catalogue , conte- nant 67/4^ étoiles, qui fui ac- cueilli avec admiration par tous les astronomes , et mérita d'être couroimé par l'institut de France. Mais un plus beau résultat de ce système fut la découverte d'une neuvième planète, qui fraya ia

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roule à de nouvelles conquêtes dans le ciel. Le i" janvier 1801, l'iazzi , en voulant observer la 8^' étoile du catalogue zodiacal de La Caille, entre la queue du bélier et le taureau, aperçut une étoile de 8' grandeur, qu'il ob- serva également par occasion ; son habitude de vérifier les ob- servation* de la veille lui fit re- marquer le lendemain une difië- rence dans la position du petit astre, qu'il crut d'abord ctre une comète. Il communiqua ses ob- «ervaiions à Oriani, qui, voyant que ce point lumineux n'avait pas la nébulosité des comètes, et qu'il avait été stalionnaire et rétrograde dans un assez petit espace, ;\ la manière des planètes , le calcula dans un cercle. Il ne s'abusa pas dans son hypothèse, qui, confir- mée par tous les astronomes , as- snra à Piazzi les avantagés de la découverte , àlaquelle il imposa le nom de Cerès F(Tdinandea, à cause de la déesse de la Sicile et de son roi actuel. Lalimde préten- dit qu'on aurait plutôt dfi l'appe- ler P/fl^zi. Le roi de! Naples voulut récompenser l'astronome, en fai- sant frapper une médaille d'or en son honneur, mais Piazzi, mo- deste dans son triomphe, deman- da que la valeur de ce présent fAt employée a l'achat d'un équatorial, qui manquait à son observatoire. 11 continuait, en' attendant, avec persévérance les outrages qu'il iivait commencés : ni les soirl.* dfe son grand catalogue, ni les tra- vaux qu'avait exigés la décoiîvcrté de Cerès, ni même ime fièvre qui le mina ])endant l'espace de quatre ans, ne purent rahintir son ardeur, ni le détourner un ins*

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tant des études. On commençait presque généralement à se défier de la position assignée par Mas- kelyne à plusieurs étoiles; mais, pour détruire ses observations, il fallait les refaire , et Piazzi était trop engagé dans ses recherches, pour songer à rectifier les ouvrages des autres. ïl chargea M. Caccia- lore, le plus distingué de ses élè- ves, de la comparaison directe des principales étoiles avec le so- leil, pour la formaticin d'un nou- veau catalngue fondamental. Ce travail, qui au lieu des 56 étoiles de Maskelyne, en contenait jus- qu'à 120, servit de base à Piazzi pour refondre son ancien catalo- ;,Mie ; il soumit le ciei à d- nou- velles observations, q'i'il appuya sur la position de ces étoiles , comparées directement avec le soleil. Ce second catologue, qu'il acheva en 1814, comprend 70)46 étoiles, outre un discours préli- minaire, qui est un morceau ex- trêmeu)ent précieux. Tant d'ob- servations sur les astres , grossis- saient chaque jour la masse de ses matériaux sur les différentes par- ties de la science. Pressé par se» amis et ses élèves, Piazzi s'occupa de la rédaction de plusieurs Mé- moires, adressés aux différentes académies aux(juelles il appar- tient. Il s'acquittait en môme temps de plusieurs commissions que son gouvernement lui don- nait, entre antres la formation d'uncode métrique, pour établir l'uniformité dés poids et des me- sures en Sicile. Sou travail fut précédé par un essai publié en 1808, et par une instruction adressée aux curés de toutes les communes de l'île. Pendant le ré-

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giine de la constitution de 1812 dans ce royaime, l'iazzi l'ut charge d'une nouvelle division territo- riale; le parlement rado|ita telle qu'il l'avait proposée, et elle lut respectée inêuie après la destruc- tion du gouvernement représen- tatif. La comète de 1811 l'ournit it Piazzi l'occa-ion de manifester ses opinions sur la nature de ces corps, dont il ne croit pas la for- mation contemporaine de celle des planètes; il pense plutôt qu'ils se forment de temps en temps dans l'iunnen.^ité de l'espace, ils se dissipent ensuite, à peu près com- me ces globes et ces météores lumineux qui s'engendrent et dis- paraissent dans l'atmosphère ter- restre. Plein de cette idée , il a toujours mis peu d'importance à observer les comètes , regardant même comme inutiles les travaux des astronomes sur ces astres. En iSij Piazzi fut appelé à Naples, pour y examiner les plans du nou- vel observatoire fondé par Joachim Murât sur les hauteurs de Capo- di-iMoule; il y apporta plusieurs changemens, dont il rendit comp- te dans un ouvrage publié peu avant son retour à Palerme. Rem- placé dans la direction immédiate de l'observatoire, par son élève Caccialore , il peut maintenant jtrendre part aux travaux d'une commission chargée de l'instruc- tion publiqueenSicile, et s'occuper de la réformation des études dans ce pays, qu'il regarde comme une seconde patrie : il l'a préférée aux offres brillantes que lui faisait Napoléon pour l'attirer à Bolo- gne, et à celles du roi Ferdinand , qui aurait voulu le retenir à Na- ples. Ses ouvrages sont : i" Resuit

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of calculations of tlie observations made at various places of tlie éclipse of the sun xvick liappeiied on J une 5, 1788, dans le tome LXXIX des Transactions philosophiques pour l'année 1789; Lettre sur les ouvrages de âî. Bantsden, de la société royale de Londres, adres- sée à M. de Lalande, dans le Journal des savans , novembre 1788, et réimprimée dans la tra- duction de la Machine à diviser, de Ramsden, par Lalande ; 3" Discorso recitato nelT aprirsi la prima volta , la cattedra d'astro- nomia neW accademia degli studj, Palerme, 1790, in-4'' : ce dis- cours, de 54 pages, a pour objet l'histoire <le l'astronomie; ^^ délia Sperola astronomica de' regj studj di Palerino, libri IV, ibid. , 1792, iu-fol. , fig. : cet ouvrage contient la description détaillée du beau cercle de Ramsden , la détermi- nation exacte de la latitude de l'observatoire de Palerme , qui est 58° 6' 45", sa longitude 11" i' 45" à l'orient de Paris, et la réfrac- tion à 45° 55' 9"; délia Spe- cola astronomica de' regj studj di Palermo , libro V, ibid., 1794» in - fol. : c'est un appendice de l'ouvrage précédent; il contient les calculs de la comète de 1793, beaucoup d'observations sur le soleil et les planètes, des recher- ches sur les réfractions, déter- minées, pour la première fois, d'après la méthode des angles azi- mutaux, et une nouvelle rectifi- cation de la position de l'obser- vatoire. 6° SuW orologio itatiano e l'europeOf ibid., 1798. in 8" : le but de cet ouvrage, publié à l'oc- casion d'une nouvelle horloge placée sur le haut du palais royal

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à Palerme, est de prouver les avantages de l'horloge réglée à l'européenne, sur celle réglée à l'ilalienne; '^° Risuttati délie osser- vaiioni délia nuova sletla, scoperta il di Gennajo, ail' osservatorio di Palenno, il)id., 1801, in-ia: ce sont les premières observations sur la nouvelle planète, avec ses élémens ; Délia scoperta del niiovo piancta CerereFebdinandea otlavo Ira i primarj del nostro sisle- via solare 3 ibid., 1802, in-8°; Prœcipaaram stellarum uierran- liian positiones mediœ , ineunte se- culo XIX, ex observalionibus ha- hitis in spécula panorniitana ah anno 1792 ad i8os, ibid. , i8o3, in lui. : ce catalogue, qui, com- me, nous l'avons dit , contient 0748 étoiles, obtint le premier prix astronomique, fondé par La- lande; 10° Prœripuarain stellarum inerrantium positiones medice, in- eunte seculo XIX , ex ohservatio- vibus kabitis in spécula panormi- tana ab 179a ad annum i8i3, ibid., i8i4 : il t>e faut pas con- fondre ce second catalogue avec le premier; outre qu'il contient un plus grand nombre d'étoiles (7046)5 les observations en sont encore plus exactes; il mérita aussi le prix d'utilité, fondé par La- lande. 1 i" Memoriasuir obbliquità deir eccUttica, dans le tome XI des Acles de la société italienne, et couronné par le même; 12" Memoria sulla precessione degli effuinozj, dedotta dalla declinazione délie stelUj dans les Éphémérides de Milan, de i8o4; j3° Riccrche sulla parallasse di alcune prinripali stelle, dans le tome XII des Actes de la société italienne; i4" Sulla misura delt' anno tropico solare.

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dans le tome XIII du même re- cueil; i5° Saggio su' movimenti proprj délie stelle fisse, dans le tome I" des Actes de l'institut ita- lien; 16" Del reale osservatorio di Palermo, libro VI, Palerme, i8o(), in-fol. : c'est un second appendice du num. 4j il contient le cata- logue fondamental des 120 étoi- les, augmenté de cent autres; la détermination de la longueiu' de l'année, l'équation de Torbile, le mouvement de l'apogée du soleil, et celui des équinoxes , et quel- ques points principaux de la théo- rie du soleil; à la fin de ce volu- me , on trouve un catalogue de 210 étoiles. 17" Sislema melrico per la Sicilia , presentato à S. M. dalla deputazione di pesi c misurc , ibid. , 1808 : dans cet essai préli- minaire, l'auteur a exj)osé le systè- me qu'il se proposait de suivre; 18" Istruzione diretla ai parrorhi ail' occasione délia leggesà pesi e mi- sure, ibid., 1810; 19" Lcgge nella quale si stabilisée uniformità di mi- sure , e di pesi in tutto il regno di Sicilia, e sue adjacenze, colla prima parte délie riduzioni délie misure , ibid., 1810; 20" Codice metrico siculo divisa in due parti, Catania, 1812, petit in-fol.; 21" Délia co- mcta del 181 1, Palerme, 1812, in- 8"; 22° Lezioni di astronomia , ad uso del real Osservatorio di Paler- mo, ibid., 1817, 2 vol, in-8"; 23° Suit' obbliquità dell' eccUttica, en- voyé à Milan eu 1818 : c'est un supplément au num. 1 1 ; 3/1' Sull* aberrazione délia luce, e sulla nuta- zione dell' asse terrestre , dans le tom. 1" des actes de l'académie royale des sciences de Naples; 25° Ragguaglio del reale Osservatorio di ISapoli , eretlo sulla colliua di

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Capo-di-Monte, Naples, iSaJ, in-

PICARD (Louis -Benoit), homme de lettres > membre de l'académie-française el de la lé- gion-d'honneur, né à Paris en y^Qc). Son père exerçait honora- blement les fonctions d'avocat au barreau de Paris ; son oncle maternel, M. Gastelier, était un médecin non mQ|ps renommé. L'éducation de M. Picard fut sur- veillée avec soin, et il fit d'excel- lentes études; mais il ne se sentit aucun goût pour les travaux du barreau, ni pour l'art de guérir. Un penchant irrésistible l'entraî- nait vers le théâtre, et les nom- breux succès qu'il a obtenus dans cette carrière ont justifié son choix, el l'ont placé au premier rang parmi no.s écrivains drama- tiques vivans. Une étroite amitié, et dont aucune rivalité de ta- lens ou de succès ne vint jamais interrompre le cours, lia M. Pi- card dès sa jeunesse avec M. An- drieux et Collin-d'Harleville. Il rechercha les conseils de ces ai- mables écrivains, leur en donnait parfois à son toi^r, et convient lui-même que ceux qu'il en re- cevait n'étaient pas les moins uti- les. Ce fut M. Andrieux qui se chargea de présenter au théâtre de Monsieur, nouvellement établi à cette époque, la première pièce de M. Picard, le Bndinage dange- reux ; elle fut assez favorable- ment accueillie. La même troupe française , transportée peu de temps après au Théâtre-Feydeau, y représenta sa seconde comédie, Encore des Méneclimes. Il donna ensuite à l'Opéra-Comique la jolie pièce des FisitandineSi qui

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fut vivement applaudie, et qui est restée an théâtre, elle ne cessait d'attirer la foule, jusqu'au moment il ne fut plus permis de plaisanter sur les nonnes et les capucins. Quelques pièces de circonstances, légères débauches d'esprit , suivirent de près cet opéra, et furent jouées avec plus ou moins de succès pendant les premières années de la révolu- tion. Mais non content de faire représenter ses nombreux ouvra- ges , M. Picard, dont le goût pour l'art dramatique était deve- nu une véritable passion, voulut, en suivant les traces de Molière, avoir encore quelque chose de commun avec ce grand homme, et désirait remplir lui-même les principaux rôles dans ses pièces. Après avoir souvent joué avec succès la comédie en société, \\ avait même paru sur le petit théâtre Mareux , rue Saint-An- toine, quand il prit la résolution de se donner tout entier à la scè- ne, et débuta, ainsi que son frè- re, au théâtre Louvois, dont il prit la direction. Il y reçut dans la comédie du Collatéral et dans plusieurs autres de ses ouvrages- un accueil flatteur, et l'acteur n'eut pas moins à se louer de la bienveillance du public que l'au- teur. Un théâtre plus vaste, celui de rOdéon , fut remis, en 1801, à la disposition de M. Picard. Son zèle et son activité suffirent pour quelque temps à ses triples fonctions, et ce fut pendant sa première direction de ce théâtre qu'il remporta ses plus beaux succès. 11 se lassa cependant, après quelques années d'exercice, de la profession de comédieu , et

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dans l'espoir de composer pins de pièces, il renonça au plaisir d'en jouer. En 1807 l'inslilut admit M. Picard au nombre de ses membres, et il y prononça son discours de réception le même jour que MM. Laujon et Ray- nouard. Napoléon le décora peu de temps après de la croix de la légion-d'honneur, et lui confia l'administration du {,'rand Opéra, qu'il quitta en 1816 pour repren- dre la direcliou de l'Odéon. (le fut à celte occasion qu'il s'éleva entre lui et M. Alexandre Du val {voy. ce nom) quelques débats qui furent portés devant les tri- bunaux ; mais ce dernier crut devoir aussi plaider sa cause de- vant le public, et s'acquitta de cette tâche d'une manière origi- nale et piquante , en publiant un factum en vers , qui procura quelques jouissances à la maligni- té des lecteurs. M. Picard ré- pondit en prose, et avec une grande modération, à son mordant adversaire, et ce procès, qui a- vait paru promettre plus de scan- dale , se termina par une tran- saction à l'amiable entre les deux auteurs. L'administration de l'O-i déon fut interrompue par deux incendies qui consumèrent l'in- térieur de ce bel édifice. Dans l'intervalle de la reconstruction, M. Picard transporta son specta- cle au théâtre des anciens Italiens, }>alle Favart, il obtint la per- mission de faire jouer en même temps la tragédie, et tout le répertoire du Théâtre- Français. L'Odéon s'élant enfin relevé plus brillant que jamais de ses cendres, c'était à ce théâtre que devait «'exécuter le projet depuis long-

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ten)ps réclamé par les amis de l'art dramatique, de donner au premier Théâtre -Français une succursale, de nouveaux ac- teurs, ainsi que les auteurs qui d(;puis long-temps attendaient la représentation de leurs ouvrages, pourraient être jugés par le pu- blic. On espérait qu'une heureu- se émulation s'établirait ainsi entre les anunns sociétaires et leurs jeunes rivaux , entre les écrivains déjà en possession de la scène et les nouveaux aspirans. L'art devait y gagner ; mais ce projet, sagement conçu, n'a pu jusqu'ici par diverses causes in- tervenantes, recevoir qu'une exé- cution imparfaite; et l'administra- tion de l'Odéon cédée par M. Pi- card , est successivement passée en beaucoup d'autres mains. Ce fécond écrivain a composé environ soixante - dix pièces de théâtre. Le caractère distinctif de son ta- lent est une gaîté franche et na- turelle ; il y joint une entente parfaite de la scène, et un dialo- gue vif et animé. S'abandonnant à sa facilité , il soigne parfois peu son style, et ses pièces en vers sont sous ce rapport plus né- gligées que celles en prose. Quoiqu'il se soit principalement attaché à peindredesmœtu's bour- geoises, et qu'il semble plus oc- cupé à faire rire des ridicules du jour qu'à rendre odieux les vices de tous les temps, il s'est cependant élevé , dans quelques ouvrages, aux plus hautes con- ceptions dramatiques et morales. Des caractères hardiment tracés , et des tableaux dont le coloris a de la vigueur, se retrouvent dans Médiocre et lianipaiU, dans Du-

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Itautcours ou le Contrat d'union, le Mari ambitieux, l'Entrée dans le monde, Vauglas, etc. Parmi les autres compositions dramati- ques (le M. Picard , nods ne cite- rons ici <|ue les pliis remarqua- bles. Le Conteur, ou les Deux Postes; le Cousin de tout le mon- de; les Conjectures; les Amis de collège; les Trois M^ris; ta Pe- tite faille; ta Grande Ville, ou les Provinciaux à Paris; le Vieux Comédien; M. Musard; les Tra- casseries ; le Susceptible; M. de Probancour, ou les Capitulations de conscience; les Oisifs; l'Alcade de Molorido ;' un Lendemain de fortune; la Vieille Tante; la Noce sans mariage; les Filles à marier; les Marionnettes ; la Manie de briller; les Ricochets; M. de Cou- lainrille, ou la Double Réputa- tion ; les Deux Philibert (avec M. Iladet) ; une Matinée de Hen- ri IV ; la Maison en loterie. Le Théâtre de L. B. Picard a paru en 1812 , 6 vol. in-8". Outre plusieurs poésies légères qui ont paru dans les recueils périodi- ques, M. Picard a encore pu- blié trois romans : les Aventu- res d'Eugène de Senneoille et de Guillaume Delorme, 18 i3, 4 vol. in-8''; ^'' Jacques Fauve l, 1823, 4 vol. in- 12 ; 5^ Gabriel Desau- dry, ou l'Exalté, 1824, 4 vol. in-12. Un quatrième roman, in- titulé le Gilblas de la révolution , est déjà annoncé comme devant paraître sous peu d»; jours. Si cet ouvrage est digne des autres, il a- bondera en scènes piquantes, en observations fines, en portraits dessinés avec habileté ; il sera écrit d'un style à la fois spirituel et naturel, et on y trouvera une

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grande connaissance du cœur hu- main.

PICARDET (C. N.), ancien priein- de Neuilly, et membre de l'académie de Dijon , a publié dif- férens ouvrages, parmi lesquelson distingue : i" les Deux Abdalony- mes, histoire phénicienne, 1777; Histoire météorologique, nozo- logique et économique, pour l'an- née 1785. Il avait entrepris un ou- vrage immense qui, sous le litre de Grande Apologétique , devait contenir la réfutation de toutes les hérésies qui s'élevèrent dans le monde depuis l'établissement du christianisme , mais le dépé- rissement de sa santé le força de renoncer à ce travail. Il avait aussi fonde un prix de vertu pour une rosière , dont le couronne- ment eut lieu plusieurs années de suite et ne fut interrompu que par les événemens de la révolu- tion. Il mourut vers i79'|. Son frère , mort à peu près dans le même temps, avait été conseiller à la table de marbre du palais de Dijon, et comme lui, membre de l'académie de cette ville. Ce der- nier est auteur d'un Journal d^s observations du baromètre de La- voisier, inséré dans les Mémoires de l'académie de Dijon , en 1785, et de quelques poésies assez esti- mées. Ces deux littérateurs eu- rent pour soeur, IV1°" Guylon-Mor- veau, connue par plusieurs tra- ductions d'ouvrages allemands et suédois.

PICAULT (Antoine-Acgbstb- Michel), propriétaire dans le dé- partement de Seine-et-Marne, remplit pendantles premières an- nées de la révi^lution des fonction* municipalcr et judiciaires, et fut».

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en 1795, nommé député au con- seil des anciens. Il y fit, au mois de septembre de l'année suivante, un rapport favorable aux prêtres qu'ime loi rendue précédemment condamnait à la réclusion. Sorti du conseil le 20 mai 1799, "'^^ nouvelle élection l'y fit rentrer aussitôt. Après la révolution du 18 brumaire an 8 il devint niein- bre du tribunat. En 1801, il com- battit les dispositions du projet de loi portant établissement des tribunaux spéciaux, el en vola le rejet. Élu secrétaire du tribunat le 20 août i8o3, il sortit peu de temps après de ce corps. En 1804, il obtint la place de di- recteur des droits - réunis dans le département de Seine-et-Mar- ne. Il occupait encore cette place, lorsqu'il lut uomnié, dans le mois d'août i8i5, membre du conseil de préfecture du même départe- ment. M. Picanlt remplit toujours les mêmes fonctions; il est cheva- lier de la légion-d'honneur.

PICCINNI (Nicolas), célèbre compositeur italien, naquit en 1728 à lîari, capitale de la pro- vince de ce non) , dans le royau- me de Naples.Piccinni père,dégoû- de sa profession, avait défendu à son fils de l'embrasser: c'était celle de musicien, qui devait fai- re, sinon le bonheur, du moins la réputation de cet enfant. Des- tiné à l'état ecclésiastique, le jeu- ne Piccinni assistait aux cérénio- nies religieuses, et s'amusait de ce conflit de sons et de voix, qui lui servirent néanmoins do thè- mes pour s'exercer, à la dérobée, .sur un vieux clavecin , qu'il trou- vait chez son père. Un jour, se croyant seul, il s'était livré aux mêmes exercices dans l'anlichaui-

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bre de son évêque; ce prélat, qui l'avait entendu de la ])ièce voisi- ne , vint à lui, en applaudissant, et lui fit répéter toutes ses sonates. Etonné de la précision du jeu de cet enfant, il engagea son père à le mettre au conservatoire de^San^'O- nofrlo, dirigé alors par le célèbre Léo. Le jeune élève fut confié d'abord à un maître inhabile, qui, embarrassé souvent par les ques- tions qu'il lui adressait, lui faisait expier ))ar de mauvais traitemens les élans précoces de son génie. Choqué de l'ignorance et de la brutalité de son précepteur, Piccinni prit le parti de travailler seul et d'après ses propres inspi- rations. C'est peut-être à cette ré- solution qu'il dut l'originalité de son talent. Il composa des psau- mes, des oratorios, des airs d'o- péras, qui fiient naître la jalousie de ses camarades, après en avoir excité l'admiration. Léo, qu'on a* vait instruit des progrès sponta- nés et extraordinaires de Piccinni, voulut en juger par lui-même. Uti jour il le mande auprès de lui , l'oblige à livier la partition d'une messe qu'il venait d'achever, la feuillette d'un bout à l'autre, et sans s'expliquer davantage, il traî- ne le jeune compositeur dans la salle des répétitions. Piccinni le supplie vainement de lui épar- gner un affront; mais il voit avec frayeur qu'on se dispose à dé- chiffrer sa musique, et que même on lui ordonne d'en marquer la mesure. N'ayant pu sesoustraireà une humiliation publique, il ras- semble toutes ses forces, et d'une main tremblante, il frappe les pre- miers coups; luais entraîné par l'el- fet des instrumens, il les dirigea bicnlOt avec l'assurance d'un mai-

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Ire. Léo se jelteàsoncou, l'accable de caresses, et lui permet de ve- nir tous les jours prendre de ses leçons. Il n'en profila pas long- temps : la mort surprit Léo , qui fut remplacé par Duran- te dans la direction de ce même oiiservaloire, qui a été la pépiniè- le des plus célèbres compositeurs italiens. Le nouveau directeur, qui eut bientôt reconnu le mérite de Piccinni, le prit en affection, et en lui prodiguant ses soins, il di- sait souvent : Les autres sont mes (colif.rs, mais celui-ci est mou fils. Après s'être formé à l'école de deux maîtres aussi distingués , Piccinni sortit du conservatoire, sacisant tous les principes, et ini- tié dans tous les secrets de son art. il composa pour le théâtre dit des Florentins , l'opéra intitulé : te Donne (Jispeitose, qu'une main puissante soutint contre les in- trigues des amis de Logrosci- no , qui jouissait exclusivement alors de la faveur publique ; mais ces contradicteurs Juê- mes furent obligés de l'applau- dir, et son triomphe n'en fut que plus flatteur. Ce premier succès l'encouragea à nmlliplier ses es- sais , qui fondèrent bientôt sa réputation. Son génie se déployait avec une étonnante facilité. On admira déjà dans la Zenobiu , qu'il composa, en 1^56, pour le théâtre de Saint-Charles, les |)rincipes qui ont toujours gui- dé Piccinni tlans ses nombreu- ses compositions. Les instru- mens ne sont pour lui qu'un moyen pour renforcer l'effet de 1 1 voix, on pour expriuter ce qu'el- le ne peut pas rendre. Ce luxe d'harmonie , ces accompagnc-

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mens figurés , sans nécessité et sans but, qui ont envahi la scène moderne, et qui établissent une lutte entre le chanteur et l'or- chestre , ne lui paraissaient que des contre -sens et des abus. Sa musique avait un accent pur et naturel, dont les altérations é- taieut marquées par les nuances des sentimens et des idées. Il dé- sapprouvait ces dessins obstinés d'accompagnement que Jomelli avait mis à la mode de son temps, et qui se prolongeaient uniformé- ment dans presque toute l'éten- due d'un morceau. Les effets con- tinus d'orchestre, ces tnasses indi- gestes d'harmonies, et l'affectation des dissonances, n'étaient à ses yeux que des ressources em- ployées par des talens médiocres pour déguiser leur faiblesse. Le public, sans pénétrer dans le secret de ces théories , était séduit par cette élégance de style qui répan- dait dans la musique de Piccinni un charme particulier et inconnu jusqu'alor-!. Appelé à Rome en 17ÔG , il y composa V Alessandro neir Indie, et la Cecchina, qui ob- tinrent le plus grand suc(;ès. Ce dernier opéra surtout y excita ime admiration portée jusqu'à l'enthousiasme : cependant cette musique si belle, si originale, si brillante, n'avait coOlé à Pic- cinni que bien peu de travail. En moins de 18 jours sa par- tition fut faite, les parties copiées, les rôles aj)pris , répétés et joués. 11 introduisit dans les finals de cette pièce une nouveauté, que les autres compositeurs s'empres- sèrent de reproduire. Logroscino avait été le premier à remplacer les duor, les trios, les quatuors,

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qui terminaient les actes des an- tiens opéras boulions, par de plus grands morceaux d ensemble, di- visés par le poète en plusieurs scènes, et par le musicien en dif- t'érens motifs, qui peignaient les changemens de situation des ac- teurs. Piccinni eut Theureuse i- dée de les annoncer aussi par des chaogemens de mouvemens et de mesure, donnant, par ce moyen, au final . moins d'uniformité et plus de développement et d'éten- due. Un succès bien plus éclatant et tout aussi mérité couronna l'année suivante son Olympiade, «]ui le mit en présence de trois ri- vaux redoutables, dont il eut le bonheur de triompher. Les con- naisseurs comparaient ensemble les morceaux les plus marquans des partitions de Pergolèse, Ga- liippi, Jomeili, et Piccinni, sur le même poëme, et ils trouvaient dans ceux de ce dernier plus de vérité dans le chant, et une plus savante économie dans les accompagne- inens. (]e fui dans un duo de cet le pièce [ne' gionii ^wo/'/L'/ù/j, regar- dé comme l'écueil de tous les compositeurs, que Piccinni fil l'es- 5ai d'une nouvelle forme musica- le, qui consiî^tait à soutenir jus- <^u'au but, en croissant, le mouve- jncnt accéléré une fois imprimé à l'orchestre; au liiîu de le faire revenir à la lenteur de l'adagio, qui sert ordinairement d'introduc- tion à un air, et qui, avant Pic- cinni, lui servait aussi de fin. dette dernière coupe, moins favorable à l'expression, n'élait pas non plus dans la nature des passions, dont l'énergie et la rapidité sont eu pro- portion de leur développement. 11 n'y avait plus de réputation

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que Piccinni n'efïaçât. Tontes les villes, tous les théâtres se le disputaient à l'envi; et ses com- positions, en remplissant l'Italie entière, enrichissaient la langue musicale d'une foule d'expressions et de motifs tous ingénieux et nouveaux. Applaudi, retherché, fêté par tout, il revenait avec pré- dilection à Home et à Naples, qui avaient été les témoins de ses pre- miers triomphes. Tout paraissait lui assurer la faveur du public, et le tenir en possession de ses longs suftVages, lorsque Aufossi se pré- senta pour les lui disputer. Son Inconnue persécutée, donnée er» 17^5, produisit le plus grand ef- fet sur les spectateurs. Un chant pur, une coupe d'airs régulière, d(!saccompagnemensde bon goOt, et surtout deux longs finals, qui offraient des mouvemens bien contrastés et de très-beaux efftts d'orchestre, rendaient cette pro- duction d'Anfossi, digne des élo- ges qu'on lui prodiguait. Piccinni n'en fut point jaloux, mais ce qui le blessa profondéirient, ce fut de voir retirer du théâtre une de ses pièces, jusqu'alors applaudie, pour laisser la salle entièrement à lu disposition d'Anfossi. La nouveau- té de ce malheur, et l'acte d'injus- tice qui l'avait accompagné, l'af- fectèrent tellement, qu'étant par- ti précipitamment pour Naples, il y tomba malade en arrivant. Sa maladie fut longue et dangereuse. Dès qu'il eut recouvré la santé , il s'adonna de nouveau à la com- position, se promettant bien de ne plus rien écrire pour une ville qui s'était nlontréc si ingrate envers lui. Il se consacra tout entier aux théâtres de Naples, qu'il enrichit

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(le plusieurs chefs-d'œuvre. Piccin- ni devenu l'idole de ses compa- triotes, jouissait au milieu d'eux de la plus haute distinction. Les premières maisons de Naples se disputaient le plaisir de le pos- séder, et il n'y avait pas d'étran- ger de dislifiction qui, voyageant en Ilalie, n'eût le désir de le voir et de l'entendre. Ce l'ut dans ces circonstances qu'on renouvela au- près de lui les propositions qui lui avaient été déjà laites pour l'atti- rer en Frafice. Laborde avait été charge par Louis XV de celte première négociation, qui était près de se terminer, lorsque ce prince mourut. Dès que la nou- velle cour put s'occuper de ces objets, le marquisdaracciolo, am- bassadeur de ÎNaples à Paris, ob- tint de la reine la permission de renouer cette aliairc. 11 écrivit à Piccinni en l'éblouissant par des ofl'res avantageuses, qu'il était au- torisé de lui l'aire au nom du gou- vernement. Piccifuji se laissa é- branler : il quitta l'Italie, que depuis vingt ans il remplissait de son nom et de ses ouvra- ges , et il se rendit en France , on devait l'abreuver de dé- goûts et d'amerlume. Arrivé à Paris vers la fin de i77<>, il dut se contenter d'un logement in- commode qu'on lui avait arrêté dans un hôtel garni, et y rester près d'un mois, jusqu'à ce qu'on lui eût arrangé et meublé, à ses frais, un appartement dans la rue Saint- Honoré , vis-à-vis de la maison demeurait alors Mar- moniel. Dès qu'il put s'y établir, ri recommeuçii , pour ainsi dire, son éducation, car n'ayant ja- mais appris le français, il dut su

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résigner à l'ennui de l'étudier. Ce fut Marmonlel qui voulut ê- tre son maître; et quoiijue d'un âge avancé, et habitué à consa- crer ses matinées au travail, il se donnait la peine de sortir tous les jours, de monter chez Piccin- ni, et de passer avec lui deux à trois heures, pour l'initier dans toutes les finesses de notre lan- gue. Le premier fruit de ce péni- ble apprentissage fut Roland, qui marque une époque dans l'his- toire de la musique en France. Il eut à lutter contre les admira- teurs de Gluck, qui était, à juste titre, si digne d'en avoir. Après avoir, par son Iphigénie en Au- Ude, naturalisé en France les for- mes de récitatif et de chant de l'école italienne, et la force d'har- monie de l'école allemande, il terrassa, par VOrpliée et VAlces- te, les ignoraus partisans de no- tre vieux système mélodramati- que, en rendant impossible le retour des opéras de Rameau et de Lulli ; mais depuis que ses ennemis avaient disparu, il s'é- tait formé un parti de fa;iatiques, dont les exagérations arrêtèrent les progrès de celte révolution musicale commencée par Gluck, en se déclarant aveuglément con- tre tous ceux qui venaient en par- tager les travaux et la gloire. C'é- taient ces enthousiastes qui, de- venus les arbitres des réputations musicales, jugeaient en dernier ressort du mérite d'un opéra , et en entravaient le succès par leurs préventions et leurs cabales. Pic- ciniii , tout entier à son art, et aussi élrangeraux intrigues qu'aux mœurs, aux goûts, aux usages, à la langue du pays qu'il venait ba^

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biter, passait les journées au mi- lieu de sa famille, et dans nu cer- cle borné d'amateurs et de gens de lettres, étudiant assiduement notre langue , et partageant son temps entre la composition de ses ouvrages et la lecture de nos é- crivains les plus renommés. Mais ses ennemis ne se tenaient pas à l'écart : ils avaient déjà tait cou- rir des bruits sinistres sur le mé- rite de Roland, et après avoir blâmé l'ouvrage, ils déchirèrent l'auteur, n'épargnant pas même l'école à laquelle il appartenait. A l'approche de la représenta- tion, ces atlaques devinrent plus bruyantes, et ne laissèrent h IMc- cinni aucun espoir de succès. Le jour de la représentation, lors- qu'il partit pour se rendre au théâtre, sa famille n'eut pas le courage de l'y accompagner, et fit tous ses etVorts pour l'empê- cher d'y paraître. Des rapports, maladroits et exagérés, y avaient jeté le plus grand trouble. Sa femme et ses domestiques étaient en larmes. Ses amis avaient beau faire, ils ne pouvaient pas parve- nir à les consoler. Piccinni seul se montrait calme au milieu de cette désolation générale. Quand ilsorlit, les larmes et les gémis- semens redoublèrent : on eût dit qu'il marchait au supplice. A la fin, ému lui-même, « Mes en- »fans, leur dit -il, pensez que » nous sommes chez le peuple le »plus poli et le plus généreux de l'Europe. S'il.» ne veulent pas de »moi comme musicien, ils me iTespectenmt comme homme et «comme étranger. Adieu, rassti- »rez-vous; je pars tranquillement, »et je reviendrai de même, quel

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«que soit le succès. » Ce succès fut des plus heureux, et l'artiste fut ramené chez lui en triomphe. Le nombre et la variété des mor- ceaux qui se succédaient rapide- ment, sans se ressembler et sans se nuire, éblouirent, pour ain-i dire, les yeux mêmes de l'envie, et enlevèrent tous les suffrages. Ce dont on parut le plus surpris, ce fut d'entendre des airs de danse mode- lés, de grâce, d'élégance et de mé- lodie. Piccinni n'en avait jamais fait ; il avait même pour la danse sinon de l'aversion, au moins de l'indifférence. Les deux célèbres maîtres de ballets, Dauberval et Yestris père, ne parvenaient, qu'à force d'importunités , à lui arra- cher tantôt une entrée, tantôt u- ne gavotte, un menuet , une cha- conne. Le soir de la première re- présentation , M"" Guymard se plaignit de n'avoir point, dans la fête villageoise du troisième acte, un air elle pût développer la grâce de son talent et la souplesse de son corps. Vestris, après la ré- pétition, arrive chez Piccinni, qu'il trouve fatigué, et qui frémit en le voyant. Le chorégraphe lui apprend le motif de sa visite, et le prie de ne pas se refuser aux instances de M"' Guymard. « Mon » cher ami, lui dit Piccinni, vous •) voulez donc me tuer ? Allons, il » faut bien m'y résoudre, et vous » faire encore de la bergerie, pnis- «que c'est pour une si aimable «bergère; mais que fera-t-elle ? «voyons, montrez-le-moi, pour «que j'écrive ses pas avec des no- «tes. « Alors Vestris se met à fi- gurer une entrée. 11 va , vient ,. retourne, regarde, guette, sus- pend ses pas, les précipite. Peu-

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dant que le danseur se débat dans la chambre, Piccinni, debout et immobile près de sa cheminée, suit des yeux tous ses mouve- mens. Après un certain temps, il fait signe, d'ime main, à Ves- tris de s'arrêter et de s'asseoir. II prend du papier de musique, et sur le bord de sa cheminée mê- me, il écrit de suite, et tout en- tière, la longue et charmante ga- votte du troisième acte, le plus joli air de tout l'ouvrage. Piccin- ni se délassait des soins qu'exi- geait son Roland, par la compo- sition d'une petite pièce, intitu- lée Phaon, qui, jouée à la cour, le mit en faveur auprès de la rei- ne. Il allait régulièrement deux fois chaque semaine à Versailles, donner des leçons de chant à Marie-Antoinette, qui le payait en amabilités et en politesses. Il ne put jamais en retirer les frais de voitures qu'il était obligé de faire pour s'y rendre. En attendant, la présence de Gluck, de retour de l'Allemagne, avait rendu la guer- re lyrique plus acharnée. Une brochure intitulée : Entretiens sur l'état actuel de l'Opéra de Paris, lui donna un nouveau dé- gré de violence. Berton , alors directeur de l'Opéra, essaya d'a- paiser les partis en réconciliant les chefs. Il donna un grand sou- per, où Gluck et Piccinni, après' s'être embrassés, furent places l'un près de l'autre. Ils causè- rent pendant tout le repas , et se séparèrent aussi cordialement qu'ils s'étaient accueillis. Mais la guerre dont ils étaient le sujet n'en dura pas moins, et les Glui- kistes survécurent môme à leur rhef, qui quitta la France peu a-

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prés pour rentrer dans ses foyers. Il fut remplacé par Sacchini , dont on voulut faiie un nouveau rival de Picinni, arec lequel on parvint à le brouiller. C'est au milieu de tous ces désagrémens que celui-ci donna sa Didon, re- gardée conuTie la meilleure de ses pièces, et qu'on doit ranger au nombre des plus beaux monu- mens de la scène lyrique françai- se. Sacchini et Gluck moururent à une année de distance l'un dt; l'autre, et fournirent à Piccinni l'occasion de se parer d'un nou- veau litre de gloire, en faisant l'éloge de tous les deux, et en les proclamant les plus grands compositeurs de leur temps. Il avait Mtême proposé qu'on leur décernât des hommages publics, mais ses vœux ne furent point accueillis. Les événeinens arri- vés en France en 1789, l'ayant privé de ses traitemens et de ses pensions, il prit le parti de re- tourner à Napies, le roi lui fit la réception la plus flatteuse, et lui accorda même une pension. En I79'i, il composa Jonathas, oratorio en trois actes, et un opé- ra bouffon intitulé : la Serva ono- rala. Ces deux ouvrages captivè- rent tous les suffrages, et auraient recommencé une nouvelle ère de prospérité pour l'auteur, s'il n'a- vait pas eu l'impiudence de ma- nifi-ster trop vivement des idées poIili(pies qui l'exposèrent à de nouveaux malheurs. Menacé d'èlro compris dans les mesures de ri- gueur que le gouvernement de ?iaples avait adoptées à C(îtte é- po(|ue, Piccinni resta quatre ans enfermé chez lui, dans un état d'abandon, d'oppression, et d'iii-

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digence qu'il était si peu fuit pour mériter, mais qu'il supporta avec résignation et courage. Celte position malheureuse, qu^i tut en- core aggravée par la perte de tout Ce qu'il avait laissé en Fran- ce, dura jus(}u'en 1798, où, à la faveur d'un engagement qu'on lui avait procuré pour Venise, il put sortir de son pays pour revenir en France. Le lendemain de son arrivée à Paris, il assista à la distribution des prix du con- servatoire , qui lui donna peu a- près une fête magnifique pour cé- lébrer son retour. Piccinui était dans un tel état de dénuement qu'il était embarrassé de paraître décemment dans ces brillantes réunions; et en revenant chez Itii, il expiait par le froid et la faim les honneurs dont on le comblait en public. Les démarches de ses anus ne purent pas obtenir le ré- tabli*senient de sa pension à l'O- péra, et ce fut parmi les adminis- trateurs de l'Opéra même qu'il trouva ses plus impitoyables ad- versaires. C'était A l'auteur de Roland, de Didon, d'Endymioii, iVAtliys, de Pénélope, qu'on avait la barbarie de refuser du pain ! ! ! On lui procura un logement ù l'hôtel d'Angevilliers, une par- lie de sa famille vint le rejoin- dre. Dans un autre moment c'eût été une grande consolation pour lui que de se voir entouré des objets de son affection; mais dans la mi- sère où il était plongé, la vue de ces êtres chéris ne pouvait qu'aug- menter sa douleur. Les chagrins de sa position, et son inquiétude pour une partie de sa famille, qui était restée à Naples, lui cau- sèrent une attaque de paralysie.

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Relevé de cet accident, il se traîna chez le premier consul Bonaparte, qui l'encouragea d'un regaril. Il lui demanda une marche pour sa garde consulaire, pour avoir le prétexte de lui faire accepter un secours ; il ordonna en même temps la création d'une sixième place d'inspecteur du conserva- toire, pour l'offrir à Piccinni, à ti- tre de reconnaissance nationale.. Mais cette faveur apporta une Consolation tardive à l'âme de cet illustreinfortime.il succomba peu de temps après à une nouvelle at- teinte de sa maladie habituelle, et fut enterré à Passy, on l'a- vait transporté, espérant que le bon air et l'aspect de la campagne pourraient ranimer ses forces. Il laissa une veuve, et six enfans qui n'avaient pour tout bien que sorï génie, et qui héritèrent de son malheur.

PICHARD-DL-PAGE (F. J.), né, en ijSo, dans le département de la Vendée, était à l'époque de la révolution secrétaire du roi à Fonlenay. Il se montra alors par- tisan des nouvelles opinions , et l'ardeur avec laquelle il embras- sa la cause de la liberté lui acquit une si grande popularité que ses concitoyens, après l'avoir porté en triomphe dans les rues de Fonlenay, le nommèrent pro- ciireur-général-syndic du dépar- tement. Cette place était difïicile à remplir dans les circonstances l'on se trouvait. En vain Pi- chard -du - Page, pour prévenir la guerre civile, voulut employer des moyens sages et conciliateurs; en vain il montra dans toute sa conduite la plus grande modéra- lion : la modération, flétrie sous

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îe nom de modêrantisme , était devenue un crime aux yeux de ceux qui croyaient ne voir dans les Injuimes modérés que de? en- nemis déguisés du peuple. Lors- que l'insurreclion royaliste eut pris un caractère plu-; prononcé, les mêmes hommes qui avaient porté en triomphe Pichard -du - Page , l'accusèient d'en être le principal moteur. Il fut arrêté et traduit, a- prés une détention assez longue, devant la commission militaire de Fonlenay, qui le condamna à la réclusion. Dénnncé de nouveau comme conspirateur, par Faillau, Carrier et Goupilleau de Fonle- nay, il fut , par un décret de la convention nationale, traduit au tribimal révolutionnaire de Paris, qui le condamna à mort le 28 avril

PICHEGRU (Charles), géné- ral de la répuhlique française, en 17G1, à Arljois , dépaitement du Jura, de pareus peu riches. Des moines de l'ordre des mini- mes dirii/eaient un collège dans cette petite ville ; Pichegru y lit sey études, et montra, dès sa jeu- nesse, les pluh heureuses disposi- tions , surtout pour les sciences exactes. Les Perts minimes re- connurent bientôt le mérite de leur élève, et résolurent de tirer, pour Ifur propre com|ite, parti de ses taleus. Ils le déterminèrent fa- cilement, tj 'ayant alors que de.-, res- sources très-hornées, à se rendre à Brienne, ils dirigeaient un plus grand collégi: , et il devint ré- pétiteur des classes de philos(tp]»ie et de mathématiques. Quoique portant Thabit religieux, il ne fit jamais de vœux, et n'a point été

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moine , comme on l'a faussement avancé. Bonaparte faisait, à la mê- nie époque, ses éludes au collège de lirienne, et reçut des leçons de malhématiques de l'ahbé Piche- gru., comme il l'appelait alors. .Mais celui-ci, lassé bientôt de son rôle de pédagogue subalterne , et se sentant le courage et les lalens nécessaires pour se distinguer dans la canière des armes, quitta, jeune encore, le collège, et s'en- gagea comme simple soldat dans le i" régiment d'artillerie. L'édu- cation qu'il avait reçue, sa bonne conduite et ses connaissances en malhématiques , le firent remar- quer de ses chefs, et il obtint bien- tôt le grade de sergent. Il fit, en cette qualité, les dernières campa- gnes de la guerre d'Amérique , se distingua par sa bravoure, acquit des notions nouvelles et étendues sur les manœuvres de terre et de mer, et sur la tactique générale. Il revint en France avec le grade d'adjudant-sous-oHicier, au-dessus dtiquel sa fortune militaire se se- rait probablement peu élevée sans la révolution de 1789. Un nouvel ordre de choses fit cesser les dis- tinctions absurdes élablies entre les officiers de fortune, parvenus à leur grade par leur seul mérite, et les nubles, à qui leur naissance seule snllisait pom- entrer d'abord comuie olliciers dans la carrière, et quand ils tenaient à la noblesse de cour, |)our être colonels à 31 ans. Aussi, Pichegru se déclara-lil avec chaleur pour la révolution, et de- vint un des membres les plus zélés des premières sociétés pojjulaires. Il n'était encore que sous-ollicief quand il présidait le club de Be_ '7

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sançon. Un bataillon de vulonlai- res nationaux du département du Gard y passait à cette époque, et ce Corps n'avait pas encore nommé de tou»mandant, quand le club proposa d'élever à ce poste son président, dont l'ardent patrio- tisme , non moins que les talens militaires , justifierait sans doute le choix. La proposition fut ac- ceptée par acclamation, et voilà comme l'ichegru devint enfin of- ficier. Le nouveau chef de batail- lon des volontaires du Gard con- duisit bientôt à l'armée du Rhin une troupe dont l'instruction ne laissait rien à désirer, et il était parvenu, i'i force de soins et d'ha- bileté , à soumettre la bravoure même au joug nécessaire d'une discipline, bien difficile alors à faire supporter aux jeunes tolonlaires. Employé, en 1792, à l'état-major de l'armée du Rhin, il fut rapide- ment porté, par son mérite et sa bravoure , au rang de général de brigade et de général de division. En octobre 1793, sans être intimi- dé par les exeniples de Custines, de Houchard, de Riron, et d'au- tres généraux qui avaient péri sur l'échafaud, même après des suc- cès, Piohegru accepta le comman- dement en chef d'une armée qui venait d'essuyer de grands revers. Les lignes de Weissembourg a- taient été forcées, les troupes fran- çaises battaient en retraite de tou- tes parts , le décour.igement et l'indiscipline portaient la désorga- nisation danç plusieurs corps. Il parvint à arrêter les progrès de l'ennemi, à rétablir l'ordre, et ob- tint bientôt quelques succès con- tre les Autrichiens, malgré la supé- riorité de leurs forces de toutes

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armes, et principalement de leur nombreuse cavalerie. Le général Hoche vint alors, à la tête de l'ar- mée de la Moselle, joindre celle du Rhin, et les commissaires de la convention lui doniïèrent, con- tre l'avis de Saint-.lust , le com- mandement en chef. Pichegru ser- vit quelque temps de second à son rival; mais le fougueux Saint- Just, qui s'était déclaré le prolec- teur du premier, et dont Hoche {voy. ce nom) avait en plus d'une occasion blessé l'orgueil, fit bien- tôt changer ces dispositions. Le 17 pluviôse an 2 (5 février 1794)^ '* Commandement en chef de tous les corps réunis, sous le nom d'ar- mée du Nord, fut doimé par le comité de salut-public au général Pichegru. H venait sans doute d'acquérir de nouveaux droits à la bienveillance des gouvernans du jour, et tandis que l'homme qu'il haïssait le plus, son jeime compé- titeur de gloire, le brave Hoche, allait expier ses succès dans les cachots de la Conciergerie en at- tendant la mort sur l'échafaud , Robespierre et ColIot-d'Herbois faisaient, à la tribune de la con- vention et à celle des jacobins, un pompeux éloge du patriotisme ardent de Pichegru, et des impor- tans services qu'il avait rendus à la république, tant sous les rap- ports politiques que militaires. Il venait eu elTet d'intercepter le3 correspondances de plusieurs émi- grés de marque , qu'il avait en- voyées au comité de salut-public; il avait dénoncé au même comité des trames à l'intérieur contre les patriotes, et tout en affectant ea ses discours et en ses rapports le républicanisme le plus exalté, et

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la passion de l'égalité, il savait mé- nager habilement les prétentions et la vanité des représentans en mission aux armées, leur soumet- tant tous ses projets et ne parais- sant suivre que leur impulsion. Aussi, lors de son passage à Paris, en se rendant à son nouveau pos- te, fut-il comblé d'éloges et d'hon- neurs par les puissans du jour, et de son côté , avant de partir, il é- crivit à la société des jacobins pour lui témoigner sa reconnais- sance et son éternel dévouement. « Je jure, disait-il dans sa lettre «d'adieu, de faire triompher les «armes de la république , d'exter-- «miner les tyrans, ou de mourir »en les combattant. Won dernier »mot sera toujours : vive ta Répu- «blique! vive la Montagne! » Dès son arrivée A l'armée du Nord, il adressa aux soldats une proclama- tion en style aussi énergique. Mais il fallait autre chose que des phra- ses de démagogue pour rétablir l'ordre et la confiance dans une armée accablée par des revers successifs, et dont plusieurs chefs avaient été destitués, emprison- nés ou immolés par de stupides proconsuls qui portaient partout avec eux le découragement et la désorganisation, Pichegru sut ap- porter de prompts remèdes à tant de maux, et ce fut à cette époque. la i>lus glorieuse de sa vie, qu'il déploya ces éminens talens mili- taires qui le placèrent au premier rang des guerriers tacticiens de nos temps. Les Autrichiens étaient maîtres de Condé, de Yalencien- nes, du Quesncd, de Landrecies, et ne se trouvaient plus qu'à ^o lieues de Paris. Le prince de Co- bourg commandait leur armée ,

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dont le centre était couvert par la forêt de Mormale, ce prince a- vait élevé des retranchemens inex- pugnables. On s'était obstiné à l'attaquer par ce point, et les Fran- çais y furent constamment repous- sés avec d'immenses pertes. Pi- chegru eut encore ordre du co- mité de salut-public de renouve- ler ces imprudentes attaques , et ne fut pas plus heureux que ses prédécesseurs. Mais il répara bien glorieusement ces premiers é- checs , et fixa pour long-temps la victoire sous les drapeaux aux trois couleurs. Se livrant à ses propres inspirations et sans atten- dre les ordres du comité, il réso- lut d'entamer l'ennemi par ses flancs. Se portant avec rapidité, en avril 179^, sur la West- Flan- dre , il battit les Autrichiens à Courtray , au Mont-Cassel et à Menin. Leur ligne, si long-temps impénétrable , fut ainsi rompue , t't profitant avec autant d'habileté que de promptitude de ses suc- cès , il se fit joindre par 20,000 hommes qu'il avait laissés oppo- sés au centre de l'ennemi , il était décidé à ne plus rien tenter, et se trouva, avec toutes ses forces réunies, en présence de la grande- armée des alliés. Le prince de Co- bourg commandait en chef cette armée, le ducd'Yorky avait ame- né un nombreux corps d'Anglais, et l'empereur François -venait d'y arriver pour anin)er les trou- pes par sa présence. On se battit, pendant plusieurs jours , avec le plus grand acharnement de part et d'autre. Le 10 et le 11 mai, dt; sanglanscombats se livrèrent sous les murs de Tournay et de Cour- tray; le général autrichien Clair-

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fiiyt se montra , dans le dernier, un redoutable adversaire ; enfin , le 17 mai , la grande-armée des alliés attaqua les Français à Sau- ghien, tandis que Clairfayl s'avan- çait sur la Lys ; Pichegru céda le terrain dans celte journée , mais le 18 il allaqua à son tour les coa- lisés enlie Menin et Courlray, et remporta, après la plus opiniâtre résistance, une victoire complète et décisive. On s'était battu, depuis la pointe du jour, jusque dans la nuit. Les Autrichiens , sous ies yeux de leur empereur , avaient déployé une valeur et une cons- tance admirables. Mais rien ne put résister aux savantes manœuvres de Pichegru, exécutées avec la ra- pidité de l'éclair par ses troupes. Lue foule de prisonniers, 65 piè- ces de canon, des drapeaux, é- lendaids, chevaux, bagages, etc., furent les premiers fruits de la victoire. Moreau , avec un corps détaché , avait eu ordre de tenir en respect celui de Clairfayt , et luttait contre lui avec des forces inférieures. Muis , apprenant la défaite de la grande-armée , le général autrichien se retira sur Thiel , il prit uno position avantageuse. Pour l'eu tirer, Pi- chegru feignit d'attaquer la ville forte d'Yjtres, qu'il cerna dans les premiers jours de juin , et celte ruse lui réuss^il. Les Autriciiicns marchèrent au secours de la place, et furent encore battus le 10 juin à Rousselaer, et le i3 à lldoglède. Cette dernière victoire décida du sort de la Fhuidre. Ypres se rendit le 17; les villes de Bruges, Osten- de, (iand, Anvers, ïournay, linis- le-Duc, Venloo et Nimègue, tom-. bèrent suGcessivemenl entre les

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mains des vainqueurs, qui se trou- vèrent en outre maîtres d'un des pays les plus riches et les plus fer- tiles de l'Europe, et dont les iné- puisables ressovirces fournirent abondamment aux besoins d'une armée couverte de gloire , mais manquant souvent des choses les plus nécessaires. Les quatre places occupées par les Autrichiens en France furent investies, et bientôt délivrées de la présence de l'é- tranger. Les alliés , découragés j)ar une suite inouïe de revers , n'offraient plus qu'une faible ré- jjstance. L'empeieur François a- vait quitté l'armée , et le duc d'York fut bientôt forcé à la plus pénible retraite ; déjà toutes les troupes des coalisés , rejetées derrière ia Meuse et le Rhin, n'a- vaient d'espoir que dans ies obs- tacles opposés aux vainqueurs par la nalure même, en un p;iys cou- pé de canaux, de marais et de lar- ges rivières, toutes les ressour- ces de l'art avaient été employées: pour défendre les principaux pas- sages, cl les inondations ordi- naires de la mauvaise saison au^ raient pu rendre une campagne d'hiver impossible. M:iis cette fois la nature même se déclara en la- veur des Françai-^. Un froid exces- sif fit, dès la fin de l'automne, re- tirer les eaux débordées; et aprè^ avoir eu long-teuips à marcher et à combattre dans les terres fan- geuses où le soldat s'enfonçait jusqu'aux genoux , il put enfin franchir les fleuves mêmes sur une glace solide. On passa ainsi le Wahal ; les villes de Breda et deCiave capitulèrent; on emporta l'ili^ de Bonimel et le fort' Saint- André; on entra dans Thiel dés les

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premiers jours de janvier 1795 , après un combat les Autri- chiens, abandonnés par les An- glais , résistèrent avec valeur. L'armée hollandaise se débanda; les Anglais cherchèrent un refuge sur leurs vaisseaux; le 28 nivôse an 5(17 janvier 1795) , Utrecht et Aaiersfort se rendirent; le Leck fut passé le même jour, et les li- gues de la Greb emportées ; le vainqueur s'y saisit de 80 pièces de canon. Gertruydenberg capi- tula après 4 jours de bombarde- ment; Gorcuni et Dordrecht se rendirent à leur tour, et, le 21 janvier, Pichegru entra en triom- phe dans la ville d'Amsterdam. Toute la Nord-Hollande avait de même été rapidement conquise , et un corps de cavalerie française venait de s'emparer des vaisseaux de guerre balavcs pris par les glaces; fait d'armes nouveau dans les fastes militaires, Eès les pre- miers jours de février (1795), tou- te la république des Provinces- Unies se trouva soumise à la ré- publi(|ue française; le stadlhou- «1er avait fui avec sa famiile et ses principaux partisans en Angleter- re. Pichegru ne s'arrêla qu'à l'ex- trême frontière, il ne trouvait plus d'ennemis à combattre, les généraux prussiens lui ayant fait part des négociations qui venaient de s'ouvrir entre leur souverain et le gouvernement français, en l'engageant à en attendre le ré- sultat et à ne pas enirer sur le territoire prussien. Pendant le cours de cette brillante campa- gne, ime grande révolution s'était (tpérée en France. Le 9 thermi- dor avait lui; Robespierre, Cou- thon, SuintJust, venaient de por-

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ter leur tête sur l'échafaud. Pi- chegru avait paru J!:sque-là dé- voué A la faction qui venait de succomber; il était surtout inti- mement lié avec Saint-Just, au- quel il devait en grande partie sa, forlime militaire; mais il s'em- pressa un des premiers à faire parvenir à la convention une a- dresse de félicitation sur le triom- phe qu'elle venait de remporter. Les mots de Five la Montagne! furent dès - lors prudemment supprimés dans toutes ses procla- mations comme dans cette adres- se; mais ceux de vive la républi- que! y étaient d'autant plus pro- digués, et elle ne pouvait selon lui que vivre et prospérer depuis que les «triumvirs, Saint-Just et ')ses acolytes, les ennemis du «peuple et des soldats, avaient été «punis de leurs forfaits.» La con- vention reçut les félicitations et bientôt les nouveaux rapports des triomphes de l'armée de Pichegru, avec les transports du plus vif enthousiasme. Le général fut com- blé d'éloges et de faveurs. Il re- çut le i3 ventôse (3 mars 1795), le conjuiandemcnt en chef de l'ar- mée de Rhin-et-Moselle, tout en conservant la direction supé- rii'ure des armées du Nord cl de Sambre-et-Meuse , commandées par les généraux IMoreau et Jour- dan , qui se trouvèrent sous ses ordres. Ce général eut ainsi à sa disposition plus de troupes qu'on n'en avait enc(ue confié à aucun chef. Il se rendit à Paris vers la fin du même mois, sur la deman- de du comité de salut-public , et s'y trouvait au moment une insurrection populaire des fau- bourgs éclata contre la convea-

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tion. On lui confia aussitôt le com- mandement de toutes les trou- pes qui formaient la garnison de cette capitale, et, dans les jour- nées du 13 germinal an 5 (i" avril 1795) et suivantes, il dis- persa ou soumit sans grande pei- ne les révoltés des faubourgs. En rendant compte à la barre de la convention de ce dernier succès, il fut accueilli par de nombreux applaudissemens, et proclamé de nouveau le sauveur de la patrie. II se hâta cependant de quitter Paris, se dérobant ;\ des honneurs qui n'avaient plus de prix à ses yeux, et se rendit à l'armée du Rhin pour exécuter les vastes des- seins qu'il avait conçus depuis quelque temps. Après avoir ser- vi avec tant d'éclat et de dévoue- ment la république, Pichegru ve- nait de former le projet de la ren- verser. Entré en correspondance secrète avec le prince de Coudé, par l'intermédiaire d'un libraire de Nt'ufchâtel, nommé Fauche- BoREL [voyez ce nom), il avait pris l'engagement d'employer tous ses moyens pour relever la monar- chie en France, et rétablir la mai- son de Bourbon sur le trône. Dès l'arrivée du général sur les bords du Rhin, le même agent vint le retrouver; la correspondance et les négociations avec le prince de Coudé furent reprises avec une nouvelle activité. Les pro- messes du prince étaient magnifi- ques : il assurait au général , le tout au nom du roi, le gouver- nement de l'Alsace, la proprié- té du château de Chambord, un million en argent, 200,000 livres de rente, la terre d'Arbois, qui prendrait le nom de Pichegru, et

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qui serait exempte de contribu- tions pendant i5 ans; 12 pièces de canon, et enfin le grand-cor- don-rouge de l'ordre de Saint- Louis; car on ne pouvait encore se résoudre à promettre le cordon bleu à un homme de rien comme Pichegru. La perspective la plus brillante se inontrait sans doute aux yeux du Monk français , mais le rôle se trouva au-dessus de ses forces. On perdit d'abord un temps précieux à débattre le mode d'exécution d'un plan, dont la seule condition première, la proclamation d'un roi, était déci- dément arrêtée. Pichegru propo- sa au prince de Coudé de le lais- ser pénétrer en France avec son armée , à travers la république helvétique, dont il fallait à la vé- rité violer la neutralité, mais cet acte serait légitimé parle succès; si cette irruption ne convenait point au prince, Pichegru lui pro- posait de passer lui-même le Rhin avec un corps d'élite français, et de le réunir à l'armée de Condé. Le prince n'adopta aucun de ces projets, et exigea bien d'autres garanties. Il insistait pour que l'armée républicaine arborât d'a- bord le drapeau blanc , et pour qu'elle lui livrât Strasbourg ou quelques autres des principales places fortes de la France, avant qu'il passât le Rhin avec son corps. A cette époque, c'était de- mander l'impossible, Pichegru voulait de son côté s'assurer de la coopération des Autrichiens ; le prince ne croyait pas devoir les mettre dans son secret. Le pre- mier mobile de toutcîs les entre- prises pareilles, l'argent, manquait des deux côtés. «.Je ne ferai riou

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d'incomplet, disait Pichegru à «l'a^fent du prince. Je ne veux pas* »êlre le troisième tome de La » Fiiyette et de Dumouriez. Mes n moyens sont grands, tant à l'ar- /)mée qu'à Paris.... Mais il laut, »en faisant crier vive le roi au «soldat français, lui donner du «vin et lui mettre un écu dans la » main : il faut que rien ne lui man- nque dans ce premier momenl ; M il faut solder mon armée jusqu'à nsa troisième ou quatrième mar- ))che sur le territoire français, s etc. » Le secret d'une corres- pondance aussi long-temps qu'in- fructueusement continuée, fut en- fin trahi. Le général Wurmser et l'archiduc Charles en furent ins- truits. Ils en profitèrent, quoique assez faiblement, pour les intérêts de l'Autriche, mais ne voulurent pas que l'armée de Condé eût l'honneur du rétablissement de la monarchie en France. Ils n'aplani- rent donc fMillement les obstacles qui s'opposaient à l'exécution des projets de son chef. S. A. R. Mon- sieur, qui s'était rendu à cette ar- mi'.e, causait aussi par sa présence de l'ombrage au cabinet de Vien- ne, et, malgré les plus pressantes sollicitations auprès de l'empe- reur et de l'archiduc Charles, ce prince fut obligé de s'éloigner. L'époque paraissait favorable sans doute pour exécuter d'anciens desseins, et pour prendre posses- sion de l'Alsace au nom de l'Au- triche, comme on avait fait des places du Nord pendant une des campagnes précédentes, ce qui ne pouvait entrer dans les vues de Pichegru ou des princes français, i'eudant le cours de ces longues négociations, ic général avait re-

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eu du comité de salut-public l'or- dre réitéré de passer le Rhin. Il fut enfin obligé d'exécuter ce pas- sage ; mais il ofiVit bientôt à la cause qu'il venait d'embrasser, le plus grand des sacrifices. 11 ma- nœuvra de manière à se laisser battre, ordonna la retraite à ses troupes, dans les occasions elles pouvaient triompher, mit dans la place de Manheim et aux postes avancés ou diflicijes, les comman- dans les plus inexpérimentés , pour ne rien dire de plus, et offrit ainsi en holocauste, non-seule- ment sa propre réputation mili- taire, mais la vie de ses frères d'armes et de ses concitoyens. Cette conduite n'eut point le suc- cès qu'il en avait espéré. Il perdit en grande partie son crédit dans l'armée, et devint suspect aux au- torités. La constitution de l'an 3 venait d'être adoptée, et le direc- toire-exécutif avait pris en mains les rênes de l'état. Un émigré, transfuge du parti royaliste, livra le premier à ce qu'on assure aux directeurs, les secrets du prince de Condé et de Pichegru, secrets auxquels il avait été initié, et ob- tint, pour prix de sa délation, de» récompenses pécuniaires et des missions d'observateur à l'étran- ger. Ce quil y a de certain, c'est que le commandement des armées fut subitement ôté au général Pi- chegru , à l'étonnement de bien des personnes; mais on n'osa point sévir plus rigoureusement contre lui; ses partisans étaient alors nombreux, et les preuves de sa défection ne se trouvaient point encore assez évidentes. Le direc- toire lui offrit même l'ambassade de Suède pour l'éloigner par un

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exil honorable , et pour rompre ainsi tous les fils d'une trame dan- gereuse. Mais il rejeta bien loin l'offre d'une mission à l'étranger, et son refus, ainsi que plusieurs autres circonstances, vinrent con- firmer les soupçons que le gou- vernement avait conçus. Piche- gru se retira dans le domaine na- tional de Bellevaux, ancienne ab- baye de Bernardins, qu'il avait acquise près d'Arbois, sa ville na- tale, et n'en sortit qu'eu germinal an 5 (mars 1797), lorsque l'as- semblée électorale son dépar- tement Teut aiipelé aux fonctions de législateur. Dès son entrée au conseil des cinq-cents, il fut porté par s»!S collègues à la piésidence, et ne larda pas à se signaler par son opposition au directoire. Il devint aussitôt l'espoir et le chef lin parti dit de CUchy. Riais ce parti était divisé lui - mêm»; en plu-icurs coteries différentes, dont tous les membres désiraient, il est vrai. Il chute du directoire, et du crédit, des honneurs et des fonc- tions lucratives pour eux-mêmes, mai- n'étaient guère d'accord sur le reste. Quebpies hommes dévoués à la maison de Bourbon se trou- vaient parmi eux, et s'occuj)aient sans relâche des moyens de la ré- tablir sur le trône; mais une fou- le d'autres avaient déjà ])rouvé, connue ils l'ont fait d(;puis , que tout système de gouvernement leur était bon s'il favorisait leiu- ambition personnelle. Pichegru se la iulimement avec les pre- miers, mais il ne put faire mar- cher le plus grand nondire vers im but fixe, ni s'assurer de la dis- crétion ou calmer la pétulance de quelques orateurs aussi hardis

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la tribune que faibles et timide» dans l'action. Un coup de main povivait seul faire triompher son parti : il fallait attaquer inopiné- ment, porter les premiers coups au directoire, pour renverser en- suite la république; le général vou- lut tenter ce violent moyeu, tandis que ses soldats effrayés voulaient délibérer encore. Le directoire, averti de tout ce qui se tramait contre lui, prit l'initiative, et frap- pa lui-même le coup d'état du 18 fructidor (4 septendore 1797). Dès le -2 thermidor (20 juillet), Piche- gru avait fait un rapport pour de- mander une prompte organisa- tion de la garde nationale, qu'il espérait pouvoir faiie agir et op- poser avec succès aux troupes dont le gouvernement disposait, et sur lesquelles le i5 vendémiaire avait appris au parti (7/'67//«/k|u 'il ne pou- vait pas compter. Le 8 du même mois (2G juillet), Pichegru avertit le conseil de la marche des trou- pes que le directoire appelait à Paris, et présenta un projet pour fixer autour du corps-législatif des limites qu'aucun soldat ne devait franchir. Ces différeus projets fu- rent très-applaudis, et le 2 fructi- dor (19 août), les généraux Pi- chegru et Willot fuient portés par la majorité de leurs collègues àla commission des inspecteurs de la salle, et particulièrement char- gés de veiller à la sûreté du corps- législatif. Mais reiidu à son poste le 18 au matin, il y fut arrêté, ainsi que^Yillotet les autres mem- bres de la commission, par la gar- de même du corps législatif, et Iransporlé sur une charrette à lu prison du Ten»ple. Une liste de proscription fut dressée dès le Icn-

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demain. Pichegni s'y trouva ins- crit le premier; et ainsi que toutes les listes pareilles, qui ont précé- dé ou suivi celle du î8 fructidor, les autres noms y étaient portés au gré des haines et des vengean- ces particulières des vainfjiienrs. Sans examen ni jugement préa- lable, vingt des malheureux col- lègues de Pichegru, parmi les- quels plusieurs vieillards, turent jetés avec lui sur des charrettes, surmontées de cages grillées, et conduits ainsi comme les plus vils criuiinels au port de Rochefort. Une forte escorte de cavalerie , commandée par un homme qui avait acquis son grade de général dans les antichambres des hom- mes alors en place, accompagnait les captifs. La rapacité et l'inhu- manité de ce conducteur le firent cependant destituer aprèsquelques jours de marche. Entassés ensuite dans l'entre-pont d'une corvette qui les allendail à llocheftirt, les proscrits curent presque autant à se plaindre de l'officier de marine, commandant du bâtiment qui les déportait à Cayenne. Pende temps après leur arrivée en celte colonie, le commissaire du pouvoir-exécu- tif, Jannet, les*fil transporter en- core plus loin, dans les déserts de Sinnamari, L'ancien ami de Pi- chegru, le général iMoreau [voyez ce nom), avait envoyé à Paiis, un peu tardivement il est vrai, une série de lettres saisies dans un des fourgons du général émigré Klinglin ; le directoire fit publier celle correspondance avec les généraux autrichiens et le prince de Condé, pour justifier le coup d'élat du 18 fructidor. D'anires p tpie^ssai.^is à Barcufh, elles let-

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très du comle d'Antraigues, servi- rent depuis à confirmer tout ce que JMoreau venait de dénoncer, il eût été facile d'examiner légale- ment, mais il est tant de parve- nus à l'autorité qui aiment mieux proscrire;! Après quelques mois de séjour au milieu des marais pes- tilentiels de Sinnamari , péri- rent plusieurs de ses compagnons d'inforlune, Pichegru parvint a- vec Barlhélemi, Willot, Delarue, Aubry et Ramel, à g igner,snr une frêle pirogue, et à travers les plu.»; grands diingers, la colonie hollan- daise de Surinam. Embarqués en- suite sur un vaisseau anglais qui les porta rapidement dans un port de la Grande-Brelagne, l'un d'eux, Pichegru, se hâta de se rendre à Londres, il lecutdn gouverne- ment anglais l'accueil le {>lus dis- tingué et t«i us les secours qu'il pou- vaitdésirer.Bientôtemployésur le continent pour suivre ses projets contre le gouvernement fiançais, il se trouvait en Allemagne pen- dant la campagne de 1799, si dé- sastreuse pour la république, et se rendit ensuite en Suisse auprès du général russe ivorsakolT, au- quel, à ce qu'on assure, il donna d'utiles avis, que celui ci ne dai- gna point écouler. Après la dé- fdte des Russes et des Autri- chiens, Pichegru revint en Alle- magne, il courut quelques dangers, et fut sur le point d'être arrêté à Bareuth avec Imbert- Coulomès. Précy, et autres émi- grés; l'ordre en était donné par le ministère prussien, sur la de- mande du gouvernement français, mais il parvint à s'y soustraire par mie prompte fuite, et retourn > en AnglcterjCjOÙ il rc^la jusquuti

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i8o-^|. Au commencement de cet- te année, le général Piclu'gru,qui s'élait lié à Londres avec Georges Cadoudal et plusieurs chefs ven- déens, se rendit ainsi qu'eux se- crétemenl à Paris. Leur dessein, selon ce qu'ils dirent eux-mêmes dans leurs interrogatoires , était d'attaquer le premier consul Bo- naparte. La police l'ut instruite de leur arrivée par les déclarations du nommé Querelle, qui avait été arrêté peu de tcntps après son dé- barquement. Un décret du sénat lut promulgué dans toutes les rues de la capitale, qui défendait, sous peine de mort, (le donner asile aux conjurés. Après s'êtrejusque-là soustrait à toutes les recherches, Georges Cadoudal et plusieurs des siens venaient d'être saisis. Fi- chegru , errant de maison en mai- son penilatU plusieurs jours, crut trouver un refuge chez un cour- tier de con)merce, logé rue de Chabannais. Cet homme, qui sans doute d'après la rigoureuse loi qu'on venait de publier eût été excusable s'il n'avait point donné d'asile au proscrit, venait au con- traire de l'accut'illir dans le des- sein, dil-on, de le livrer pour obte- nir une misérable récompense pé- cuniaire ou le prix du sang. Le 28 février 1804, à 5 heures du matin, le commissaire de police Conîminge paitvint à s'introduire dans la chambre Pichegru dor- mait d'un profond sommeil , et à se saisir de lui avant qu'il j)ût faire usage des pistolets et du poi- gnard dont il était muni. Conduit aussitôt devant le conseiller-d'é- tat iléal, chargé de l'interroger, il répondit avec fermeté, et repous- sa, surtout par de constantes déné-

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galions, tout ce qui pouvait com- promettre le général Moreau , a- vec lequel il avait eu quelques en- trevues sans résultat. Conduit en- suite dans la prison du Temple, il y subit plusieurs nouveaux in- terrogatoires, et montra toujours le même dédain pour ceux qui l'examinaient, et pour la vie mê- me. Lassé sans doute d'une pro- cédure dont il prévoyait que le terme , plus ou moins éloigné , ne pouvait que lui être funeste , il ré- solut de disposer lui-même de son sort. Le 6 avril i8o4> on le trouva mort dans sa prison. Son corps fut aussitôt transporté au grell'e du tribunal criminel, un procès- verbal fut dressé et signé par les médecins et chirurgiens appelés à cet examen , qui l(uis attestèrent qtui le prisonnier s'était étranglé lui-même avec sa cravate. Les ! ennemis du premier consul ne manquèrent point de répandre le bruit, que c'était lui qm' avait } donné l'ordre d'étrangler dans son cachot un rival qu'il redoutait. Le temps a déjà fait en grande partie justice de cette accusation, relé- guée par les gens sensés parmi les fontes absurdes. Un crime aussi lâche, aussi odieUx, n était com- mandé ni par la politique, ni par aucune nécessité. Pichegru dans les fers, et à la veille d'être frap- pé d'un arrêt juridique, ne pou- vait, à cette époque, inspirer au- cune crainte. Le premier consul n'avait-il pas d'ailleurs- ainsi qu'il l'a dit depuis , des juges pour pro- céder légalement, et des gen- * darmes pour faire exécuter la sen- tence ? Il ét!iit un autre chef esti- mé du peuple , chéri des soldats , accusé , mais non convaincu , et

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conl'e lequel toutts les charges accumulées ne pouvaient établir ni la conviction des juges, ni celle chi public , Moreau enfin , qui de- vait tout aulrenient porter om- brage, et l'on sait qu'il ne lut [loinl lâchement assassiné dans les lénèbres. Sans ajouter au récit d'une fin cruelle des détails con- trouvés,ou à la longue liste des for- laits politiques un crime inutile, qui , selon les renseignemens les plus certains, ne fut jamais com- mis, l'historien ne peut que dé- plorer le sort funeste d'un des pre- miers généraux de nos temps, ad- miré par ses ennemis mêmes , et qui s'était cou vert de lantde gloire à la iêle des armées françaises. Pichegru périt misérablement dans une prison de cette même France, dont il avait long-temps préparé les triomphes , fin indigne d'un tel homme. Ce n'était point que le vainqueur des Autrichiens, des Prussiens , des Anglais, aurait terminer une vie si long-temps honorable.

PICHON (THOMis-lEAN), doc- teur en théologie, administrateur de l'hôpilul du iMans , ville il naquit en i^Si, et il fit ses é- tudes, montra dès sa jeunesse de la vocation pour le sacerdoce. Re- çu prêtre, il s'attacha A M. d'A- vrincoiirl, évêque de Perpignan, par la protection duquel il devint chanoine et chantre de la sainte Chapelle du Mans. Monsieur, frè- re du roi, le nomma son histo- riographe pour l'apanage que ce prince avait dans celte partie de la France. A l'époque de la révo- lution, l'abbé Pichon , à qui l'on olïiit, dit un de ses biographes, l 'évèché constitutionnel du iMans,

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le refusa, et ne voulut accepter que la place d'administrateur de l'hôpital de la ville. Son zèle, sa charité, y ont laissé des souvenirs durables. L'abbé Pichon mourut le i8 novembre i8i'i. Il a publié un grand nombre d'ouvrages, dont nous citerons les principaux : i" ta Raison triomphante des nouveau- tés, ou Essais sur les mœurs et l' incrédulité, Paris, 1758, i vol. in -13; 2" Traité historique et cri- tique de la nature de Dieu^ '758, in- 12; 3" Cartel aux philosophes, ou l' Immatérialisme opposé au matérialisme, Bruxelles, 17G5, in- 8"; 4" fd Physique de l' histoire, ou Considérations générales sur les principes élémentaires du tempéra- ment et du caractère naturel des peuples, la Haye, 17^)5, in- 12; 5" Mémoire sur les abus du célibat dans l'ordre politique, Amst«!rdam, 176G, in- 12; Mémoire sur les a- busdans les mariages, Amstcrdatn, 1766, in-12; 7' les Droits respec- tifs de l'état et de l'église, rappelés à leurs principes , Avignon, 1766, in-12; 6" des Etudes thcologiques, ou Recherches sur tes abus qui s'op- posent aux progrès de la théologie dans les écoles publiques, et sur les moyens possibles de les réformer en France, par un docteur maucem, Avignon et Paris, 1 7B7, in-S"; 9" Principes de la religion et de ta morale, extraits des ouvrages de »yfluri«, ministre du saint Évangile, i7()8, 2 vol. in-12 : les auteurs du Dictionnaire des Anonymes (totu. 4, pag. 027) font remarquer que le véritable auteur de cet ouvrage c.-t un ministre du saint Evangile à Lausanne, uotnnié Durand. Ie(|uel le publia eu i7G7,sou,sle titre (rJSi- prit de Saurin. L'abbé Pichon

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s'empara du fond de ce livre, y (it des retranchemens et des addi- tions, et le donna ensuite avec le titre précédeuiment cite, lo" Sa- cre et couronvemcnt de Louis XV l, précédé de recherches sur le sacre des rois de France , et suivi d^un journal historique de ce qui s'est passé à cette cérémonie , avec figii- .res par Patas, l'aris, 1775, in-4: les Recherches appartenaient à Go- bert, et le Journal à l'abbé Pi- chon; 1 les Argumens de la rai- son en faveur de ta religion et du sa- cerdoce, 1776; Examen de l' H omme d'Ilelvétius, même année. Les^Z»M5 du célibat , etc., les Etudes théolo- giques, e!c., contiennent quelques idées philosophiques qui contras- tent assez l'ortement avec l'esprit de ses autres ouvrages. Elles lui furent sévèiement reprochées.

PICHON (Loiïis-AndrÉ), di- plomate, né à Nantes en 1771. En 1791, il passa aux Etats-Unis d'Amérique, et se trouvait à Phi- ladelphie lorsque la légation fran- çaise perdit son second secrétai- re, qui se noya dans la Delaware. Le jeune Pichon , avec une con- naissance parfaite de la langue an- glaise, possédait <les lalens qui le rendaient propre à remplacer le .secrétaire qui venait de périr; il était connu du ministre français, qui se l'attacha sur-le-champ. En 1793, il revint en France avec la légation, et fut dès-lors employé au ministère des relations exté- rieures, en qualité de sous-chcf de division. Après avoir exercé pendant quatre ans cet emploi, il fut chargé de missions importan- tes, en Hollande et en Suisse. En 1800, il devint chargé d'affaires iie France, e!t consul-général près

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du gouvernement des Etats-tnis, il demeura jusqu'en i8o5. A cette époque, il fut rappelé, et sous divers prétextes, on lui sus- cita au conseil-d'état une sorte de procès politique. Le motif de ces tracasseries était, dit-on, que dans sa correspondance il avait émis des opinions peu i'avorables au sys- tème du gouvernement impérial, et fait sur l'expédition de Saint- Domingue des observations très- sévères. Destitué par un décret qui, à ce qu'on ajoute, fut imposé au conseil-d'état contre le vœu de la majorité de ses membres, cette disgrâce ne l'empêcha pas néan- moins de devenir, en 1809, con- seiller-d'élat du roi de Westpha- lie, .ïérôme Bonaparte, qu'il avait connu pendant son séjour en A- mérique. Il devint même direc- teur de la caisse d'amortissement et chefdu trésor, sous le nom d'in- tendant-général. On ignore la cau- se qui lui fit donner, en 1812, sa démission de tous ses emplois; a- lors il rentra en France, et n'y remplit aucune fonction; mais en 1814 1 après le retour du roi , il devint maître des requêtes. En 1817, M. Pichon fut chargé par le roi de l'inspection des Iles-du-vent. On a de lui les ouvrages suivans: de nos Constitutions futures, 1814, in-8°; Manuel du droit parlementaire, ou Précis des règles suivies dans le parlement d' Angle- terre et dans le cotigrès des Etats- Unis, traduit de l'anglais, 1814, in-H"; de l'Etal de la France, sous la domination de Napoléon Bo- naparte, 1814, in-8°.

PICHON fCHARiEs), capitaine au 10"^ régiment d'infanterie lé- gère, chevalier de la légion-d'hon-*

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neur, né, le 3o janvier ijrS? à Kuftec , déparlement de la Cha- rente, entra, en qualité de volon- taire, au 4"" balaillon de ce dé- partement, le 5 août i;92. Il fit la campagne de cette année sur les côles de Cherbourg, passa, en i7()3, dans la Vendée, et fut en- suite employé successivement à l'armée du Rhin , au camp de Saint -Omer, à l'armée d'Angle- terre et à celle du Danube, tn i8o5, iSoGet 1807, il fit les cam- pagnes d'Autriche et de Prusse, et passa depuis en Espagne avec le corps dont il faisait partie; il de- meura dans ce pays jusqu'en i8i5. Sa conduite dans les diverses af- faires où il s'est trouvé fut digne d'éloges; il reçut, en combattant vaillamment, quatre blessures sur les champs de bataille, obtint un sabre d'honneur le 29 germinal an II (19 mai i8o3), la croix do la légion-d'honneur le 1" vendé- miaire an 13, et le grade de ca- j)itai!ie au lo"" régiment d'infan- terie légère, dont il faisait partie depuis long-temps. Parmi les ac- tions d éclat dans lesquelles le ca- pitaine Pichon a fait preuve de valeur, nous citerons celle du 5 vendémiaire an i>, il s'empara, au passage de la Limalh , d'une pièce de canon et des quatre che- vaux dont elle était attelée, et la })rise , à la bataille d'Austerlitz . d'une autre pièce de canon, qu'il servit lui-même, comme canon- nier, pendant tout le temps que dura l'action. Relire dans ses foyers, le ca[titaiiie Pichon jouit (le sa [)»'iisii)u de retraite.

PICOT (Pjerbte), parleur et prof(;.-»seur de ihéologie àGenive.

naquit le ag janvier 1746- H

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descendait de Nicolas Picot , de Noyon, qui alla s'établira Genè- ve, en i53l>, avec Calvin, son compalriott.'. Destiné , par sou propre choix, au ministère tvan- gélique, Picot dirigea ses études vers ce but; mais il s'en traça lui-même un cercle étendu , et fit preuve de bonne heur*' de connais- sances variées dans différentes thè- ses, dont une sur le déluge, impri- mée, en latin, à Genève, 176C, in- 4°. Peu d'années après, se trou- vant à Londres, il gagna l'estime Cl l'amitié de Franklin, qui aurait voulu l'engager à accompagner le capitaine Cook dans son second vo3"age autour du monde, pour faire les observations astronomi- ques. Pendant toute sa vie, et au milieu des occupations île son état, Picot cultiva raslronomie avec une sorte de passion. Aucune é- tude ne lui semblait se lier mieux avec les grandes pensées de la religion, et c'était souvent en con- templant la voûte céleste, qu'il élevait son âme, et préparait ses plus éloquente» prédications. Il eut des relalions avec Lalandc : affligé autant que surpris que le grand observateur des cieux pût ne pa3 adorer leur auteur, il lui écrivit à ce sujet, dans l'effusion de son cœur, une lettre qui nré- riterait , dit-on , d'être publiée. Picot, doué de toutes les qualités qu'on aime et qu'on estime, cher à sa famille, à ses concitoyens, à ses nombreux amis, avait con- servé, jusqu'à sa 77* année, une sauté et des forces morales qui faisaient espérer pour lui une vie égale à celle de ses païens, morts, l'un à 94 ans, et l'autre à 90, après 59 années de mariage. Peu avant

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sa mort, il prêcha eticore avec un feu qui frappa vivement ses audi- teurs, et i4 jours après, il suc- comba, sans douleur, à une atta- que d'apoplexie, le 3i mars 1822. On a publié, depuis cette époque, un volume de ses Sermons, précé- dés d'une A^'^o^ife/'/oiTApAt^u^, dont cet article est extrait (Genève, 1823, in -8"). La nobless^e des pensées et du style , la richesse de l'imagination, la chaleur et quel- quefois un pathétique entraînant, caractérisent ces discours. La re- ligion catholique y est peinte dans toute sa grandeur, sans esprit de secte ou de système; on sent par- tout l'élan d'une belle âme, qui voudrait pouvoir conmiuniquer sa conviction à toutes les autres.

PICOT (Jean), fils du précé- dent, à Genève en 1777, ci- devant professeur d'histoire , et aujourd'hui exerçant des emplois public^, est auteur des ouvrages suivans : i* Thèses sur la gravUa- t ion universelle^ *795; 'i" Histoire des Gaulois, depuis leur origine jus- quà leur mélange avec les Francs , Genève, 1804, o vol. in-8"; Tablettes chronologiques de l'His- toire universelle, sacrée et profane, depuis la création du' monde jusqu'à l'année 1808, rédigées d'après celles de Lenglel-Dufresnoy, Ge- nève, i8o8, 3 vol. in-8"; i^" His- toire de Genève , depuis les temps les plus anciens jusqu^à nos jours, accompagnée de détails sur les an- tiquités, 1rs mœurs et usages, les lois, les monnaies, les progrès des sciences et des arts, Genève. 1811, 3 vol in-8°; 5" Statistique du can- ton de Genève, insérée dans VJl- manach helvétique, en allemand, lit imprimée séparément en fran-

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çais, 1817, un petit vol. ; 6"i5'^a- tistique de la Suisse, Genève, 1819, in-S"; enfin divers opus- cules.

PICOT (N.), chef de chouans, néàPiOuen, il résidait en 1792, adopta d'abord les principes de la révolution, et s'enrôla dans les chasseurs de la Montagne; mais il ne resta que peu de temps dans ce corps, déserta avec Chandelier, et alla offrir ses services aux frères Chovan {voyez ce no?n), qui les ac- ceptèrent. Après avoir ftiit pen- dant quelque temps partie de l'ar- mée de Scépeaux, il passa dans la ci-devant Normandie, Frotté le nomma l'un des chefs sous ses ordres. La division que Picot com- mandait, occupait, vers la fin de 1799, les «environs d'Argentan. Lorsque le général Hédouville eut pacifié la Vendée, et signé, le 28 nivôse an 8 (18 janvier 1800), le traité de Montfaucon, Picot, qui n'avait point participé à ce traité, ne voulut point en accepter les conditions, et il se retira en Angleterre. Il revint en France, avec plusieurs de ses compagnons, au mois de février i8o5. Depuis un mois il était caché à Rouen , lorsqu'on découvrit sa retraite. Picot, prévenu d'avoir tramé de» complots contre la personne du premier consul Bonaparte, fut tra- duit devant une comttrission mi- litaire, qui le condamna à mort.

PICOT (LoTJis), néàJosselin, petite; ville du départrment du Morbihan, entra fort jeune au ser- vice d'un maître des postes , qu'il quitta pour suivre les chouans, dont il devint l'un des capitaines. Après le traité d'Amiens, il passa eu Angleterre, il obtint U

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confiance de Georges Cadouda! , qui se l'attacha. Il accompagna ce chef lorsqu'un complot, ayant pour objet d'enlever le premier consul, et auquel il fut associé, le ramena en France en 1804. Arrêté avec Georges Cadoudal et plusieurs autres conjurés, Ficot fut conduit avec eux au Temple, et mis en jugement peu de temps après. Condamné à mort le 9 juin 1804, il fut exécuté n'ayant pas atteint sa vingt-huitième année.

PICOT (Philippe), baron de LK Peybouse, chevalier de la lé- gion-d'honneur, ancien avocat des eaux-et- forêts à la table de mîtrbre, associé correspondant de l'inslitut de France, membre de l'académie des jeux floraux , et secrétaire perpétuel de celle des sciences de Toulouse, associé à la plupart di>s académies et sociétés savantes de l'Europe, ancien mai- re de Toulouse , doyen de la fa- culté des sciences de cette ville, y naquit le 20 octobre i744- Après avoir fait des études brillantes, un mouvement de piété le con- duisit dans la milice de Saint-Do- minique, et Picot devint novice au couvent d<'s jacobins. Mais sa fer- veur diminua ; il crut qu'il valait mieux servir son pays que passer sa vie à l'ombre d'un cloître, et rentra dans le monde. Ses instans se partageaient entre l'étude di^s l(tis et celle des belles-lettres. Il refusa, en 1 771 , de faire partie des nouvelles cour> créées par le chan- celier Manpenu (voyez ce nom), donna la démission de sa charge, et fut chercher dans les Pyrénées de la gloire et des délassemens. Les premiers mémoires qu'il pu- blia sur la contexture des monta-

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gneset les végétaux qu'elles ren- ferment, attirèrent sur lui l'atten- tion des érudits. Les académies des sciences de Paris, de Stokholm, de Turin et de Toulouse, l'asso- cièrent à leurs travaux. En atten- dant , il guidait Dolomieu sur les monts qui environnent Barège, et lui sauvait la vie sur le roc dange- reux de l'Hieris. Linnée, BufFon, Daubenton, Mauduit, M. de La- cepède , etc., entretenaient avec lui une correspondance aussi utile qu'intéressante. Son Traité des for- ges et des mines du pays de Foix, obtint une célébrité qu'il méritait. Cet ouvrage, traduit en allemand et en suédois, réimprimé à diver- ses époques, devint classique dans les pays l'on s'occupe beaucoup de la manipulation du fer. La ré« volution éloigna momentanément Picot de son cabinet. Devenu président du disctrî(;t de Toulou- se, il montra de la fermeté et du caractère, j)rotégea les bons ci- toyens, et sauva ime multitude de monumens et d'objets d'arts qui sans lui eussent disparu. Jeté lui- même dans les cachots, il ne dut sa liberté qu'au 9 thermidor ; il en profila pour aller encore dans les Pyrénées, qu'il a explorées durant trente ans avec un zèle infatiga- ble, et^se délassait de ses occupa- tions sérieuses en inventant de nouveaux procédés pour la gra- vure des plantes., INommé inspec- teur des mines, il vint à Paris, et ouvrit à l'école des mines plu- sieurs cours, de nombreux é- lèvcs applaudirent à l'élégance et à la clarté de ses discours, et à la; profondeur de ses vues. Charmé de retourner dans sa ville natale, il accepta la place de professeur

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d'histoire naturelle ù l'ticole ceu- talens, des académies dont ils é- lraledeToiiloii6e;s'atlonnantaus.si taient membres. Ces prnjfts res- à la zoologie, il y fit d'importantes lèrent heureusement sans exécu- découYerles, qu'il déposa dan.- les tion. Il mouiul le 18 octobre 1818. recueils périodiques du temps. On a de lui : plusieurs Mémoi- Après le 18 brumaire, le premier res inséré- dans le recueil des ac- cousul Bonaparte appela dans les les de l'académie des .«ciences de premiers corps de l'état, da-ij ton- Slokholm ; 2" diftérens Mémoires tes les pliîces* imporîanles, les dans le Journal de physique; hommes dont les lalens avaient Traité des forges et des mines du fixé l'attention publique. Picot lut comté de Foix, Toulouse, un vol. nommé maire de Toulouse; c'é- in , plan.; 4" Description de tait alors un fardeau pesant. L'ad- plusieurs espèces nouvelles d'ostru- minislralion présentait l'imago du cites, iirl.ing, un vol. iu-lbl., fig. chaos. Les divers partis se heur- co). ; 5" Flore des Pyrénées, hi-UA., laient; le nouveau maire parut, planches, ouviage qui n'a pas été et eu peu de temps tout fut jemis entièrement publié : le beau tra- à sa place. L'ordre, la salubrité, vail sur les saxifrages en fait par- la paix, régnèreul dans Toulouse; lie; 6" Recherches sur les organes les hôpitaux dépouillés furent de du chant dans les cyiines, in-Z|°; nouveau dotés richement; de non- Description et histoire du Trar/uet velles rues furent percées : on pro- montagnard, in-4° ; Description jeta plusieurs places publiques qui d'un météore singulier; Mémoi- ont été construites depuis; le jar- re sur la mortalité des ormes dans din de botanique fut créé, grand les environs deToiilousc ; 10° Frag- élablissemenl qui fait l'un des ment de la minéralogie des Pyré- plus beaux ornemens de Toulon- nées; 11" Description de la barge se. Le musée, les bibliothèques aux pateè rouges ; 12" E.rpérieni es s'ennchireiil. II décida l'établisse- sur la hauteur du mercure faites ment <hi I école spéciale des scieii- sur le pic du midi de liarègi \ i3" ces et des arts; enfin il fit beau- Histoire naturelle du lapo^irle; coup de bien, mais s'attira de i^" Description de quelques plantes nombreux ennemis, et bientôt il des Pyrénées ; 15" Mémoire sur une quitta la mairie pour retourner à mine de manganèse native ; iCy I)es- ses paisibles occupations. Ce lut cription de quelques cristallisa- alors qu'il mit le comble à ses tra- lions; 17" Fragment d'un voyoge vaux par la publication d'im- au mont perdu; 18° Tableau mé- portans ouvrages sur l'histoire na- thodique des mammifères et des oi- iur<;lic des Pyrénées. Ku 18 15, le seaux du département de la llaute- coliége électoral de la Haute-Ga- Garonne, in-8'', an 7,Toulou^e; ig" ronne le nomma à la chambre des Histoire abrégée des plantes des représenlan-. Peu après celte épo- Pyrénéen, et itinéraires des bota- que, on le persécuta; on voulait lui nistes dans les montagnes, ifi-8'', eidever ses places et l'éloignei', i8i5 , Toulouse; '20° Suppli-ment lui et un grand nombre d'hommes à l'histoire abrégée des plantes des estimables «t distingués par leurs Pyrénées, in-S", i8i8; 21° Mé-

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moire sur la prestation en nature; 22° Stalistique agricole du canton de Montaslruc; 23° un grand nom- bre de Notices lùstoruiues, de bro- chures poliliques , etc. ; enfin , plusieurs manuscrits intéressans dont son fils, le baron I>5idoie Pi- cot de la Pe\'rouse, professeur d'histoire naturelle en l'académie de Toulouse, et qui marche avrc distinction dans la carrière l'au- teur de ses jours s'est illustré, en- richira sans doute les sciences.

PICOT BELLOT (Jeats de), frère puiné du précédent, com- nîc lui à Toulouse, en 1748, entra dans un des corps qui composaient la garde du roi, et cultiva avec succès la nuisique et la poésie. 11 composa plusieurs opéras joués sur des théfitres particuliers , ou «lans les pays étrangers. La cause d«; la révolution devint la sienne en i^^ij). Il la seconda par plu- sieurs écrits respiraient la cha- leur et l'enthousiasme. Il fit jouer à Paris, au théâtre du L_ycée-des- Arts, le 5 novembre 1794, un drame en trois actes, intitulé : les Dangers delà calomnie, qui eut un grand succès. Nommé commis- saire des guerres, il n'abandonna pas la littérature, et publia à Saint- Gaudens, le Père comme il y en a peu , ou le Mariage assorti , comédie en 5 actes et en prose. Picot Bellot mourut leSmai 1820. Jl a laisï-é en manuscrits un assez grand nombie d'ouvrages politi- ques. Le département lies Hautes. Pyrénées lui doit plusieurs genres d'industrie qti'il y a introduits.

PICOT-DK-LI.MOELAN ( M. J. A.), naquit ù Saint-ililalo. d'une fauiille noble de cette ville. Dès l'aurore de la révolution, il se uion-

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tra l'un de ses plus ardens enne- mis. Intimement lié avec La Roua- rie , il entra dans la conspiration dont celui-ci était le chef, et l'aida de tous les moyens dont il pouvait disposer. Le complot ayant é- choué. Picot de Limoëlan fut arrê- té,conduit àParis, et traduit devant le tribunal révolutionnaire, qui le condamna à mort. Il avait près de 60 ans lorsqu'il fut exécuté, le 18 juin 1793.

PICOT DE PECCADUC (lk COMTE Auguste), gentilhomme français sous le titre de comte, et gentilhomme allemand sous le titre de baron do Ilerzogenberg, est fils d'un conseiller au parle- lement de Bretagne. M. Picot de Peccaduc fut élevé à l'école mili- taire de Paris, dont il sortit, en 1785, décoré de l'ordre de Saint-' Lazare, et avec le grade de lieu- tenant. Il servit dans le régiment de Metz artillerie, et, dès 1791, il éuiLgra. S'étant rendu à l'armée du prince de Coudé, il fit sous ses ordres toutes les campagnes con- tre la France; il avait gagné par ses services la croix de Saint- Louis. Libre à la suite du licen- ciement de l'armée du prince de Condé, il passa sous les drapeaux autrichiens, «où, dit un de ses biographes, chaque campagne lui valut un grade ou une décora- tion. » Une faveur plus grande lui fut îiccordée; l'empereur d'Autri- che lui donna des lettres de natu- ralisationspus le nom de baron de Ilerzogenberg. C'est vraisembla- blc;ment comme su jet étranger qu'il commandait, au nom des puissan- ces alliées, la ville de (Uiâtillon, lors de la campagne de Fiance en 18 i4- Tout fait présumer que i\l. 18

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Picot de Peccatluc n'est plus Fran- çais, puisque outre ses services dans les armées étrangères, il s'est marié à une comtesse autrichien- ne nommée Sedlnitzky, dont il a plusieurs enfans, et qu'il est chef d'une division de grenadiers au- trichiens.

PICOT DE PECCADUC (le VICOMTE Henri) , frère du précé- dent, mais qui paraît attaché au service de France, quoique, com- me le comte de Peccaduc, il ait passé la plus grande partie de sa vie militaire sous les drapeaux é- trangers. Le vicomte de Peccaduc prit du service, en 1787, dans le régiment de la Guadeloupe, et se rendit, en 1791, à l'armée des princes. Il fit la campagne de 1792, sous les ordres de M. le duc de Bourbon, compagnie de S.A.K. le duc d'Angoulênie. Ajtrès le li- cenciement de l'armée des prin- ces, le vicomte de Peccaduc par- tit pour la Hollande, et fit contre la Frani;e trois campagnes sous les ordres du prince d'Orange, qu'il suivit en Angleterre, lors de la conquête de la Hollande par les Français. Il fut au service de S. M. britannique, en activité jus- qu'en 1802, et en inactivité jus- qu'en i8o8 ; à cette époque, il re- çut de l'emploi dans les troupes allemandes de la confédération du Rhin. «Cette remise en activité, dit un de ses biographes, lui va- lut plusieurs grades supérieurs et décorations, et sa première cam- pagne de colonel fiitcellede iVlos- kou. Dans la campagne de Saxe, en 181 3, il eut le commandement d'une brigade, comme général provisoire; mais le sort des armes l'ayant fait tomber entre les mains

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de 1 enneu)i avec la garnison de Dresde, le 11 novembre i8i3, il ne put être confirmé dans ce der- nier grade. Aussitôt qu'il apprit (étant prisonnier de guerre en Hongrie) que les princes de la maison de Bourbon allaient ren- trer en France, il se hâta de venir leur olïrir ses services. » Au mois de mars 181 5, lorsqu'on fut in- formé du départ de Napoléon de l'île d'Elbe , le roi confia au vi- comte Picot de Peccaduc l'orga- nisation et le commandement des bataillons de réserve du départe- ment de la Seine. Le rétablisse- ment de Napoléon sur le trône de France, pendant les cent Jours , fit licencier ces bataillons, et le chef resta sans activité et inconnu. Après le second retour du roi, il fut nommé colonel de la légion du département d'Ille-et-Vilaine. Il est aujourd'hui (1824) maré- chal-de-camp en disponibilité, chevalier de Saint-Louis et offi- cier de la légion-d'honneur.

PICOT DE PECCADUC (le CHEVALIER Joseph), colonel, che- valier de Saint-Louis, frère des précédens, « se trouva, disent les biographes de cette famille, dès le commencement de la révolu- tion, en rapport avec les chefs des armées royales de l'intérieur, et servit constamment avec eux. »

PICOT-DESORiMEAUX (N.), maire de Parigué l'Evêque , près du Mans, est vers 1770, dans le département de la Sarthe, oi"! il possède des propriétés considéra- bles. Il fut destitué de ses fonc- tions de maire dans les derniers mois de 18 15; mais les services éminens qu'il avait rendus à sa commune firent que personne ne

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î^e présenta pour le remplacer. Nommé, en 1817, membre de la chambre des députés par le dé- partement de la Sarthe, il siégea constamment au côté gauche, et vota contre les lois d'exception et contre le nouveau système électo- ral, M. Picot-Desormeaux, sorti de la chambre en i8'22, n'a point été réélu.

PICOT LACOMBE (N.), d'une famille autre que celle du précé- dent, fut élu par le département du Puv-dc-Dôme, au conseil des cinq -cents, au mois de mars 1797; mais son élection fut an- nulée par l'efTet de la révolution du 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797). Le gouvernement consu- laire le nomma, en 1800, com- missaire près le tribunal civil de Clermont. Il était membre du corps- législatif lors des événe- meus politiques de 1814. Le 2 dé- cembre de cette année, il fit, en comité secret, un rapport sur la proposition de M. Dumolard, ten- d int à ce que la chambre présen- tât une adresse au roi , pour le supplier d'accorder incessamment aux juges des cours et des tribu- naux l'institution voulue par la charte. Le retour de Napoléon au 20 mars 18 15, l'éloigna de la chambre, où, depuis, il n'a point été rappelé.

PICQUÉ (Jean-Pierre), est en 1750, à Lourdes, et fut député par le département des Hautes- Pyrénées i\ la convention natio- nale e( au conseil des cinq-cenls, dont il devint l'im des secrétaires. Il avait publié, à la fin de 1788, un Voyage aux Pyrénées françaises , 11,"* Feillées Béarnaises, le Moyen de détruire la mendicité , et , en

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1789, plusieurs ouvrages en fa- veur de la liberté. On a pu le ju- ger , plus par ses écrits que par son audace à aborder la tribune. Sou opinion sur la nécessité de conserver les relations et l'union avec l'Espagne disposée favora- blement à adopter les maximes républicaines, ne fut pas celle des partisans de la guerre. On ne le voit plus ensuite figurer que dans le procès du roi, il vota l'appel au peuple, la peine capitale et le sursis , jusqu'à la paix générale. M. Picqué, après sa sortie du con- seil des cinq-cents, est rentré dans la vie privée.

PICQUET (N.), chevalier de la légion-d'houneur, exerçait, en 1789, les fonctions d'avocat du roi à Bourg en Bresse , lorsqu'il fut élu , par le tiers-état de ce bailliage , député auii états-géné- raux. Il siégea constamment au côté droit de cette assemblée, et signa les diverses protestations de I.i minorité. Néanmoins , il n'é- prouva aucune persécution sous le régime de la terreur, et, dans le mois de mars 1 797, le départe- ment de l'Ain le nontma député au conseil des anciens; son élec- tion fut annulée par suite de la journée du 18 fructidor. Après révolution du i8 brumaire , M. Pic(juet devint président du tri- htmal de première instance de Bourg, Il en remplissait encore les fonctions en 1819; à celte é- poque , il fut remplacé par M. Chevrières de Corcelles.

IMCTEÏ ( Mauc - AuGi'STE ) , membre du tribunal , l'un de-» inspectenr<*-généraux de l'imiver- silé impériale , correspondant de l'institut , membre des sociétés

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royales de Londres, d'Edimbourg, tie Munich, etc., est en 175?,, à Genève, d'une famiile ancienne de cette république. Elève et ami du célèbre Saussure . il l'accom- pagna plusieurs fois dans ses voyage;^, et le remplaça, en ij'-ô, dans la place de professeur de phi- losophie, puis, dans les fonctions de président de la société pour l'avancement des , arts , place qu'il occupe encore actuellement (1824). M. Pictet , quoique livré spécialement aux sciences proprement dites, n'était point é- Iranger à la science du gouverne- ment, et il fut employé avec suc- cès comme l'un des négociateurs chargés, en 1798, de concourir au traité de réunion de la république de Genève , d'acquitter avec 14 de ses concitoyens les dettes de son gouvernement, et d'adminis- trer en même temps, sous la dé- nonjination de Société économique, les fonds destinés ù l'entretien du culte protestant et les établisse- mens d'instruction publique. 11 devint , en 1802 , membre du Iribunat , dont il fut secrétaire l'année suivante. Ses discours , dans cette assemblée , sont re- marquables par des vues sages <;xprimées avec talent; ils eurent plus parliculiérenient pour objet l'économie politique relativement aux douanes, aux canaux et aux i;randes roules; il fut du nombre des U)en!i)ies qui votèrent le con- .■julat à vie et l'élablissement du gouvernement inq)érial. Le tri- bunat, par l'opposition de la ma- jorité de ses mendjres, s'élait ren- du suspect au chef de l'état; il fut supprimé. M. Piclet, que ses con- iiais^sances et son nicrilc person-

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nel avaient rendu recommunda- ble , devint , peu après , l'un des cinq inspecteurs-généraux de l'u- niversité impériale, l'ar suite des événemens politiques de 18 14? il s'est fixé à Genève. On lui doit : Essai sur le feu, 1791 : on trou- ve dans cet ouvrage un grand nombre d'expériences nouvtdles et curieuses; Description d'une suite d' expériences sur la compres- sion et sur l'action de la chaleur , traduction de l'ouvrage de l'au- teur anglais James Hall, 1 vol. in- 8" ; 5" avec son frère et M. Mau- rice , ancien maire de Genève , la rédaction de la Bibliothèque bri- tannique, qiu, depuis 1816, porte le titre de Bibliothèque universelle^ etc. Cet ouvrage , exclusivement destiné aux objets de littérature et de sciences d'origine étran- gère, est recherché pour son utilité sous le double rapport de la science et de la morale. M. Pic- tet y est particulièrement chargé de la partie des sciences. Il fit , dans l'intérêt de l'entreprise, deux voyages en Angleterre, et les let- tres qu'il adressa à ses collabora- teurs parurent non - seulement dans ce recueil, mais elles furent imprimées séparément sous le ti- tre de : Voyage de trois mois en An- gleterre, en Ecosse et en Irlande, in-8°. « Parmi les divers objets intéressans pour les sciences et les arts qu'il rapporta de ce voya- ge, et qu'il mit à son retour sous les yeux de l'institut, dit un de ses biographes , était un étalon au- thentifuie des mesureis anglaises , destiné à établir exactement leurs rapports avec le mètre , dans le but de faciliter le rapprochement des ujesures géodésiques entre-

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prises dans les deux pays pour déterminer la figure de la terre. L'institut nomma une commis- sion pour faire celte comparaison avec toutes les précautions néces- saires , et le résultat a été consi- gné dans ses registres. Cet étalon l'ait partie d'une collection consi- dérable d'instrumens de physi- que, qui appartient à M. Pictet, et avec laquelle il a donné plu- sieurs cours suivis par un grand nombre d'amateurs. » La ville de Genève a fait, en 1824. l'acquisi- tion de celle riche collection , qui est aujourd'hui au nombre des collections du musée acadé- mique de cette ville. Différens Opuscules cités dans l'Histoire lit- téraire de Genève par Sennebier (toni. 3, pag. 207 et ao8); plu- sieurs Morceaux au Journal de Paris , aux Lettres de Deluc, aux V oyages de Saussure, etc.

PICTET (Charles), ancien mi- litaire au service de France, diplo- mate et littérateur, frère du pré- cédent, est en i;55. Destiné par sa famille à la profession des armes , après avoir terminé ses éludes , il entra au service de France dans le régiment suisse de Diesbach, et, après 10 ans passés honorablement sous les drapeaux, il rentra dans ses foyers , fut ouverte une nouvelle carrière à ses talens. îl se distingua dans plusieurs emplois civils, et faillit devenir victime de la révolution qui éclata dans sa patrie. M. Pic- tet vécut assez long-temps, exclu- sivement livré aux travaux de l'a- gricullure et à l'élude des lettres. Après les événemens politiques de 1814 et de i8i5, il rentra dans la carrière des aflaircs publiques,

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et fat envoyé successivement aux congrès de Vienne , de Paris et d'Aix-la-Chapelle ; enfin à la cour de Turin , pour y négocier le traité particulier avec Genève. M. Pictet a rédigé une partie consi- dérable de la littérature et toute la partie de l'agriculture de la Bi- bliothèque britannique ou Biblio- thèque universelle ( voy. l'article précédent). Plusieurs des analy- ses des ouvrages qu'il a dotmés à ce recueil , ont élé publiées séparément. On lui doit : Ta- bleau de la siluation actuelle des Etats-Unis d' Amérique , d'après Morse et les meilleurs auteurs amé- ricains , 1795-1796, 2 vol. in-8°; 2" Éducation pratique, Iraduclion libre de l'anglais de Marie Edge- worlh. 1800, in-S"; 1801, 1 vol. in- 8°; Traité des assolemens, ou l'Art d'établir tes rotations des ré' colles, 1801, in-S"; f\'' Faits et Ob- servations concernant la race des mérinos d'Espagne à laine super- fine, et les croisemens, j8o2, in-8°; Théologie naturelle, ou Preuves de l'existence et des attributs de la Divinité , tirées des apparences de ta nature, traduction libre de l'an- glais d'après Paley, 1804, 1817, in -8"; Recherches sur la nature et les effets du crédit du papier dans la Grande-Bretagne, traduit de l'anglais de H. Thornton, vol. in-8°; Vues relatives à l'agri- culture- de la Suisse et aux moyens de la perfectionner, par £. Fellen- bcrg , traduites de l'allemand et enrichies de notes, 1808, in-8°; 8" Cours d'agriculture anglaise, avec les déoeloppemens utiles aux agri- culteurs du continent , liSio, 10 vol. in-8''. C'est la réimpression de la partie de l'agriculture de lu

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Bibliothèque britannique ou Biblio- thèque universelle.

PICTET DIODAÏI ( Mahc- .Tc»«TE ) , président de la cour su- prême de Genève , dans celle \ille le i5 juin 1768, et parent é- loigné des précédens, a long-temps rempli des fonctions publiques en France. Membre du barreau de (ienève, il devint, après la réunion de ce pays à la France , l'un des ;idministrateurs du département du Léman. Au mois de décembre 1799, il fut député au corps-légis- latif, où il resta pendant 5 ans. Remplacé dans ce poste par son compatriote M. Leforl, il passa à la présidence de la cour criminelle du Léman , que M. Lefort avait quittée, et rentra au corps-légis- latif en 1810. Il en faisait encore partie lors des événeniens politi- ques de iSj/j. m. Piclet Diodati adhéra à la déchéance de l'empe- reur, et néanmoins, pendant les cent jours en i8i5, il prélendit reotrer à la chambre, dont il fut exclu comme étranger. Devenu président de la cour suprême de Genève , il occupe encore cette place.

PICTET MALLET ( Pierre ) , de la famille des précédens, est auteur de la traduction de l'ou- vrage anglais de Forsyth , jardi- nier de Kensington, sur la Culture des arbres fruitiers, 1802, in-S"; el de celle du Voyage en Espagne de Townshend , 3 vol. avec des notes du traducteur, qui, lui-mê- me, a séjourné dans cette contrée. M. Pictet Mallet a encore publié un Itinéraire des glaciers de Cha- mouny.

PIE YI (Jean-Ange-Braschi) , naquit à Césène le 27 décembre

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1717. Les bienfaits de Benoît XIV le mirent sur le chemin des hon- neurs. Nommé trésorier par Clé- ment XIII , recevant le chapeau de Clément XIV, il se rapprocha d'un trône qui devait l'ensevelir sous ses ruines. Porté aux hautes dignités ecclésiastiques par trois papes de principes et de caractères différens , on avait raison de le croire ou un homme médiocre, se renfermant dans le cercle de ses devoirs sans aspirer à le franchir, ou un esprit rusé, cédant au pou- voir pour cacher son ambition. La première de ces opinions , qui paraissait la mieux fondée, et qui était aussi la plus répandue , don- nait peu de chances au cardinal Braschî de devenir le successeur de Clément XIV. L'abolition des jésuites, l'acte le plus hardi de la courte domination de ce pontife , avait livré le monde catholique à deux partis prêts à entrer en lice pour altaquer ou défendre les droits de cet ordre trop fameux. Le conclave qui s'ouvrit en 1779, coniposé lui-même d'élémens in- cohérens, se trouva, dès son dé- but, exposé aux dissentions et aux cabales des amis et des ennemis des disciples de Loyola. Moins par calcul que })ar cet instinct qui l'a toujours guidé dans ses choix, le sacré- collège , après plusieurs mois d'hésitation et d'atlenle , triompha des efforts des partis, et se déclara en faveur de Braschi, également étranger à tous les deux. Sa nomination ne peut é- tonncr que ceux qui ont peu mé- dité sur les maximes traditionnel- les de l'église; l'expérience ayant presque constamment prouvé que la majorité des suffrages s'y réu-

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nit de préférence sur ces hommes moyens qui n'ont ni opinions con- nues, ni principes avoués, et aux- quels il suffit de n'avoir pas d'en- nemis pour trouver des adora- teurs. Les premiers actes d'auto- rité du nouveau pape furent de. distribuer des aumônes, de répri- mander le gouvernement de Ro- me, de supprimer plusieurs pen- sions onéreuses , de faire rendre un compte sévère au préfet de l'annône , et d'achever au Vatican un musée commencé par son pré- décesseur, et destiné à recueillir les déhris de l'antiquité provenant des fouilles de ses états- Aspirant à illustrer son pontificat par quel- que entreprise d'éclat, il se décida pour la plus ruineuse, et ordonna le dessèchement des marais Pon- tins, qui avaient résisté, pendant des siècles , au bras puissant des empereurs romains. Au moment la capitale du monde ne trou- vait plus d'ennemis à combattre, le censeur Appius Claudius , qui s'était chargé d'aplanir les roules (racées par la victoire et la con- quête, avait ouvert sur ce sol in- hospitalier une communication facile aux voluptueux habitans de Parténope et de Baies. César, avide de tous les genres de gloire , son- geait à le rendre à la fertilité, lors- qu'il expira sous le fer des conspi- rateurs. Auguste, en le rempla- çant sur le trône, s'empara de son projet, et fit creuser, le long de la voie Appienne, un canal destiné à procurer un écoulement aux eaux félidés des marais. Ces grands travaux, ai)andoués après la mort dOclavien , ne fuient repris que sous le règne de Trajan; mais tou- tes ces tentatives , et celles que ,

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long-temps après , fit Théodoric pour empêcher le débordement des eaux, ne purent pas en arrêter les ravages. Les eflbrts des papes ne furent pas plus heureux que ceux des Césars, et ce que le génie actif de Boniface VIII , de Martin V, de Léon X, de Sixte V, n'avait pas pu exécuter , dut paraître à leurs successeurs indolens pres- que impossible à obtenir. Pie VI, aveuglé par un amour désordonné de gloire, ne vit pas tous les obs- tacles qu'il fallait vaincre pour as- sainir cette contrée. Voulant juger lui-même de la gravité du mal, et en examiner les remèdes pour le guérir, il se berça de toutes les espérances , s'enivra de tous les éloges, et crut l'entreprise facile parce qu'il la trouva extraordinai- re. Rêvant à la prospérité future de ce pays, qu'il allait retirer des eaux, il traçait le plan d'une nou- velle ville qu'on devait y bâtir, et la dotait déjà d'un musée qui de- vait être alimenté par les produits des fouilles voisines. Cette entre- prise, que le succès seul aurait pu justifier, fut la cause princi})ale de l'appaof rissement des finances ro- maines; et lorsqu'elle échoua, on la regarda généralement comme téméraire dans le projet , désas- treuse dans l'exécution, et hon- teuse pour le but, ne tendant qu'à enrichir un membre de la famille papale. Le peuple de Rome , ré- duit aux privations les plus dures, vil avec dépit le mauvais emploi qu'on faisait de la fortune publi- que , et s'exprima librement sur les fautes de son gouvernement , livrant au ^ridicule ceux qui le condamnaient à la misère. Lors- qu'en 1^85, on imagina de relever

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à grands frais l'obélisque du Qui- riujil, un des nombreux frondeurs écrivit au b;is de ce monument : Domine , die ut lapides isti panes fiant. (Seigneur, ordonne que cette pierre se change en pain.) Ce mécontentement dans le pu- blic éclata encore plus ouverte- ment lors du procès intenté à la famille Lepri pour soutenir un testament qui ordonnait la spolia- tion d'une pupille au profit d'un neveu du pape. Pie VI, dans cette occasion , ne sut pas .«e défendre de cet espiit de népotisme qui a fait tant de tort à la tiare , et sa scandaleuse intervention, dans un procès de famille, fit une fâcheuse impression sur toutes les classes. Lorsqu'après de longs débats, la voix d'une mère fut enfin enten- due par les magistrats, et put en arracher un jugement équitable , le pape eut le chaf>rin de voir le peuple se poiter eu foule devant le palais de la liola, et applaudir, par ses bruyantes acclamations , au triomphe de la justice. Pie VI, eu montant sur le trône , avait jeté un regard inquiet sur la situa- iion morale et politique de<i'Euro- j>e. La plupart des rois, à l'exeu)- j)le de Louis XIV, y travaillaient à étendre leurs prérogatives , à s'affranchir de tous les obstacles, et à niveler les rangs de la société, pour que l'action liu pouvoir y fût plus rapide et plus uniforme. Les ])riviléges des nobles , les préten- tions du clergé , les libertés des communes, attaqués en partie par leurs prédécesseurs, étaient me- nacés d'un anéanlissemeul total. iiC dernier but dupO(ivoir absolu était de parvenir au despotisme administratif, et de ne voij- autour

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de lui d'autres bornes que celles que la volonté seule du monarque saurait s'iiriposer. Les peuples , à qui les progrès dans la civilisation avaient révélé de nouveaux be- soins et rendu nécessaire une différente organisation , secon- daient l'élan donné par les gou- verncmens, et les aidaient à dé- truire l'ancien édifice social pour s'emparer de ses débris et pouvoir reconstruire plus facilement le nouveau. C'était par conséquent dans des vues opposées que les rois et les philosophes marchaient ensemble contre les abus et les institutions de l'Europe barbare. La féodalité et le clergé, attaqué* sur tous les points, ne trouvaient: plus d'abri pour se défendre, et commençaient à céder pas à pas le terrain qu'ils avaient envahi. Ces dispositions hostiles dans tou- tes les classes de la société avaient donné naissance à une école mi- nistérielle qui , placée à côté de la j)hilosophique , eu empruntait le langage et les armes. Elle ré- sidait auprès des Pombal, des A- randa, des ïanucci, et remontait jusipi'aux princesqui savaient être iudépendans de leurs ministres, tels que Pierre Léopold, Joseph. Frédé- ric et Catherine IL Ces pren)iers réformateurs, jugés par les enne- mis de la liberté avec plus de pré- vention que de justice, ont été dé- chues responsables de la chute du pouvoir monarchique en Europe. En effet, rieu de plus insensé que de vouloir fonder un système sans autre appui que la volonté d'un individu; mais il faut avouer aussi qiu; ce qui restait des anciennes institutions, par manque d'accord avec les vœux et les lumièri-s des

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nations, ne pouvait plus servir de base à un ordre de choses quel- conque. De tous les gouverne- niens , celui de Rome était le moins fait pour subir ce? innova- lions. II était même appelé, comme théocratique, ù combattre les i- dées modernes qui menaçaient sa croyance , et à repousser toute espèce de perfectionnement qui eût pu com[»rometln; celte im- mobililé a laquelle il doit une grande partie de ses forces. Ce- pendant, le chef de l'éj^lise était pressé de tous les côtés pour avan- cer sur un terrain qu'il lui était aussi difficile que dangereux de parcourir. Joseph II, animé par l'esprit de son temps et par la hai- ne héréditaire de sa maison contre Rome , commença son règne en supprimant des couvens y en re- tranchant des fêtes , en réglant même les cérémonies de l'église. Pie VI lui écrivit plusieurs fois pour essayer de le ramener à des •sentimens moins hostiles; mais ne pouvant pas le fléchir par ses biefs , il se flatta de le désarmer par sa voix, et prit la résolution inattendue de le surprendre dans sa capitale. Ce voyage donna le secret de sa faiblesse et la mesure de son autorité. Cherchant à dé- guiser à ses propres yeux tout ce qu'il y avait d'îiumiliant dans cette démarche, il s'environna de ce qui pouvait servir à lui donner quel- que éclat; mais, au travers de tant de mjgnificeucc, on apercevait la distance qui séparait Pie VI de cet arrogant ponlife qui excommu- niait l'empereur Frédéric, brisait le serment de fidélité de ses su- jets, et appelait les malédictions du ciel sur la tête sacrée d'uu

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triomphateur. Le jour fixé pour son départ (27 février 1781), Pie VI fit sa prière accoutumée dans la chapelle du Vatican, reçut les a- dieiix de ses parens et de ses ser- viteurs , et s'éloigna de Rome en présence d'un peuple immense qui lui demandait ses dernières bénédictions. Les marques de res- pect et d'amour qu'on lui prodi- guait sur la route, durent lui faire oublier un instant le rôle qu'il al- lait jouer à Vienne : des popula- tions entières tombaient devant lui sur son passage ; le roi d'Es- pagne , le sénat de Venise , les princes italiens , l'empereur lui- même , rivalisaient de zèle pour lui faire arriver leurs hommages. Plus le pape s'approchait de Vien- ne , plus ces témoignages deve- naient éclatans : l'empereur et son frère Maximilien allèrent à sa l'encontre à quelques lieues de la ville , et y firent ensemble leur entrée au milieu d'une foule de curieux qui se pressaient autour de leur voiture , faisant retentir l'air de leurs vives acclamations. La vanité de Pic VI se trou- va satisfaite de tant d'empres- sement et d'égards; mais il ne tar- da pas à s'apercevoir que l'cmpe- rem-, sous la politesse de ses ma- nières , cachait l'inflexibilité de son caractère, et qu'il était décidé à ne sacrifier aucun de ses droits aux devoirs de l'hospitalité. Il évitait toutes les occasions d*en- trer en explication avec le pape , qu'il renvoyait à Kaunitz , non moins philosophe et tout aussi diflicile à séduire que son maître. Ne lui restant alors auctm espoir sur l'issue de celte négociation. Pic VI ordonna les dispositions pour

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hâter son retour. L'empereur se inoatra, à sou départ, ce qu'il a- vait été à son arrivée : en se sépa- rant de lui, il lui oflrit un ma- gnifique pectoral, enrichi de dia- mans, que le pape accepta, et un diplôme de prince de l'empire pour son neveu Braschi , qu'il ne voulut point recevoir. « Je ne » veux pas, dit-il, qu'on puisse me «reprocher de m'être plus occupé »de l'élévation de ma famille que »des intérêts de l'église. « Il quit- ta Vienne avec le chagrin de n'y avoir pas opéré les changemens auxquels il s'était attendu. Il prit la route de Munich , le seul pays de l'Europe l'autorité du saint- siége fût restée sans atteinte. Lacoiir, quoique renommée pour sa galanterie , avait conservé un grand attachement pour les for- mes religieuses , et le peuple , plongé dans la plus stnpide igno- rance , était regardé comme le plus superstitieux de toute l'Alle- ïnagne. Le pape s'y trouva plus révéré qu'à Rome mOme, où, a- près une absence de quelques mois, il rentra peu satisfait de son A'oyagc. Il en fit néanmoins un récit ^)ompeux , qu'il déhita en plein consistoire , et prit même l'engagement d'en rendre compte à toute la catholicité pour lui faire apprécier les avantages qui en é- laient résultés pour l'église : mais celte promesse, aussi imprudente que ridicule, ne voila pas les diflicultés qu'il y avait à la rem- plir. Personne ne se dissimulait lesinconvéniens du ce voyage, qui n'avait abouti qu'à endetter le tré*or et à déconsidérer le ponti- fe. Tandis que Pie VI se vantait de son triomphe pour no pus a-

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vouer sa défaite, l'empereur pour- suivait avec persévérance le plan de réforme qu'il avait adopté, et portait les derniers coups aux im- munités de l'église. Si l'on était étonné de la contradiction qui ré- gnait entre les paroles du pape et la conduite du cabinet de Vienne, on le fut bien plus encore lors- qu'on sut que le voyage de Joseph à Rome , sous le prétexte d'une politesse, renfermait des vues mys- térieuses contre la puissance pa- pale,et qu'il ne s'agissait rien moins que de soustraire l'empire à toute espèce de dépendance de la cour de Rome. Le mêuje esprit de dissi- dence s'était manifesté en Tosca- ne , gouvernée alors par le génie éclairé de Pierre-Léopoid. Parta- geant les senti mens de son frère, et soutenu par les conseils de Mgr. Ricci, il avait, dès l'année 1780, adressé une circulaire à tous les évêques pour leur annoncer un plan de réforme dans la disci- pline ecclésiastique. Deux syno- des, rassemblés à Pistoie et à Flo- rence, avaient alarmé le saint-sié- ge par l'indépendance de leurs discussions. En s'occupant des changemens à faire dans la litur- gie, on y avait émis des maximes hardies sur la foi, la grâce, l'auto- rité de l'église et la prédestina- lion. Déjà Pie VI, excité parles fanatiques qui l'enlouraient, avait préparé une bulle de proscription contre les prélats réfractaires. Mais la crainte d'irriter le mal par ce remède violent, et l'espoir que la cour d'Espagne interviendrait en sa faveur, arrêtèrent la foudre prête à lui échapper. Le pape se borna à faire des réclamations é- nergiques, auxquelles le grand-duc

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rt'pondit en ordonnant l'impres- sion des actes des deux synodes , accompagnés de l'apologie des membres qui y avaient siégé, et de la réfutation des différentes pré- liMitions de la cour de Rome. Il recommanda en même temps aux évêqnes de se conformer stricte- ment aux décisions du synode de Pistoie, et réclama le duché d'Ur- l)in , qu'il reprochait aux papes d'avoir usurpé. Ce n'étaient pas les seuls ennemis que le saint- siége avait à combattre : il avait, avec la cour de Naples , des que- relles plus anciennes, plus graves, et dont les suites furent encore plus fâcheust'S. L'infant don Car- los, eu nmntant sur ce trône, avait trouvé le royaume livré à la cupi- dité du clergé et dans une dépen- dance honteuse de la cour de Ho- me. Quoique pieux , il avait des idées justes sur son autorité, qu'il voulut affranchir de ce joug : mais, appelé ù régner sur l'Espa- gne, il n'eut pas le temps d'exé- cuter les projets qu'on aurait pro- bablement oubliés «i la direction des affaires ne fût tombée dans les mains d'un homme fait pour les réaliser. Tanucci, ancien pro- fesseur l'i l'université de Pise, qui avait déployé une grande opposi- tion contre les t-nvahisseraens des corporations religieuses , indigné de l'espèce de vasselage auquel était descendue ime couronne dont il était le premier ministre , s'occupa sérieusement d'en reven- diquer les droits. Après plusieurs réformes opérées dans les diver- ses branches de l'administration , el qui tendaient plus ou moins di- rectement A borner les privilèges et l'influence du clergé, il ûl dé-

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clarer au pape que la présentation de la liaquenée se ferait à l'avenir sans celte bruyante cérémonie , qu'il regardait comme avilissante pour la dignité de son prince. Ce tribut , arraché à la faiblesse de Charles d'Anjou, qui avait intérêt de légitimer son usurpation , s'é- tait perpétué dans ses successeurs. Il consistait à offrir un cheval blanc richement harnaché, et à déposer aux pieds du pape une somme de 6,000 ducats renfermés darjs une bourse attachée à la selle du cheval. Le prince Colonna, grand- connétable du royaume, jouissait du privilège d'en faire la présen- tation tous le? ans, la veille de la fête de Saint-Pierre et Saint-Paul. Cette cérémonie était destinée à rappeler aux rois de Naples que leurs états relevaient du saint- siège, dont ils n'étaient que les vassaux couronnés. Pie VI ne voulut pas souscrire aux condi- tions qu'on lui dictait'; il protesta contre la violation de ses droits, et chargea le cardiiial Borgia de les soutenir par un écrit, qui ne resta pas saris réponse. 11 aurait été difficile de prévoir la fin de ces débats, que les premiers symp- tômes de la révolution fran(;aise vinrent interrompre. On sentait des deux côtés le besoin de se rapprocher pour se défendre contre un ennemi redoutable qui attaquait à-la-fois le trône et l'au- tel. On s'était disputé i5 ans sans s'entendre , on s'entendit en un jour sans disputer. Il fut stipulé que chaque roi de Naples payerait à son avènement au trône une somme de 5oo,ooo ducats , en l'oruje de pieuse offrande à Saint Pierre , au moyen de laquelle la

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présentation de lahaqiienée reste- rait abolie pour toujours. Ce traité fut suivi d'une visite que le roi et la reine de Napics firent au pape au printemps de 1791 , et scellé par les protestations les plus so- lennelles d'une sincère et inviola- ble amitié. L'église sortait enfin triomphante de tant d'obstacles et de dangers : la mort de Joseph II, la réconciliation de Léopold , de nouveaux conseils dans le cabinet de Naples , avaient amorti les coups portés contre l'autorité du pape. Lorsque du sein d'un royau- me qui n'avait pris aucune part auxcombatsqu'on lui avait livrés, s'élève contre elle nn orage dont les progrès l'enveloppèrent dans de nouveaux malheurs. Le 5 mai 1789, s'ouvrirent les états-géné- raux à Versailles. La tendance de l'assemblée était vers un plan gé- néral de réforme et d'affrancliisse- iTient : c'étaient aussi les vœux de la France fatiguée des préten- tions du saint-siège, honteuse des Uibuts qu'on lui payait, scandali- sée de l'opulence du haut clergé, et de l'existence de ces légions de moines qui ne luisaient pas même pardon ner, par leurs niœurs, leur onéreuse oisiveté. Mais si la \oix de tous les hommes éclairés s'élevait contre ces abus, l'intérêt de plusieurs se liait à leur conser- vation. Le clergé formait un des trois ordres de l'état , et le plus puissant de tous . à cause de son organisation, de l'esprit qui le do- minait , et des richesses dont il pouvait disposer. Quelques étin- celles de philosophie avaient j)é- nélré dans le haut clergé, et c'est parmi C(îs prélats, beaucoup plus ambitieux que philosophes, que

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certaines réformes avaient été pro- jetées ;, mais elles se bornaient à diminuer les attributs du saint- siége, pour ajouter à leur propre puissance. Renchérissant sur leur exemple , les rcprésentans de la nation demandèrent et obtinrent successivement la suppression des ordres religieux , l'abolition des vœux monastiques , et une nou- . velle constitution du clergé. Par ces mesures préliminaires , ce corps, naguère si redoutable dans l'état, disparut de l'assemblée, et n'eut pas assez de force pour dé- fendre les biens ecclésiastiques, qui furent déclarés biens natio- naux. Le roi, en acceptant la cons- titution civile du clergé, avait é- crit à Pie VI pour le prier de la sanctionner à son tour. Le pape assemble un synode do cardinaux, et se décide, d'après leur avis, à consulter les évêques de France. Trente d'entre eux, ayant à leur tête M. de Boisgelin , archevêque d'Aix, signèrent un écrit sous le titre d'Exposition ries principes sur la constitution du clergé, dans lequel ils défendirent toutes les prérogatives de l'église, se répan- dant même en regrets sur l'abo- lition des couvens. L'assemblée dédaigna cette poignée de contra- dicteurs, et invita les évêques et les curés à prêter le serinent à la constitution du clergé, qui de- vint le fondement de la nouvelle éjîlise ijallicane. Les circonstances étaient trop graves, les esprits trop aigris , pour que la moindre im- prudence n'occasionât pas les plus grands désastres. Cependant le pape n'hésita pas à adresser deux brefs aux évêques de France pour les engager à discuter l'acte fou-

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(lamentai de leur uoiivelle orga- nisation. Dans le premier, il de- mandail auxévêqiits députés d'a- viser aux moyens de conciliation, et dans l'autre, écrit en contradic- tion du précédent aux évêques, au clergé et aux fidèles de Fran- ce, il applaudissait à la déclara- tion des trente évêques, hlrtmait la défection de leurs collègues, et ordonnait à tous les ecclésias- tiques de rétracter, dans le ternie de quarante jours, le serment de fidélité qu'ils avaient prononcé , sous peine d'être suspendus de l'exercice de leurs fonctions. Cet- te mesure inconsidérée n'arrêta pas les travaux de l'assemblée nationale ; mais elle exposa dans la suite le clergé à la persécu- tion, et aurait probablement a- mené un schisme en France, i-i la nation, trop occupée de. ses dé- bats politiques, n'eût dédaigné de se jeter dans des querelles re- ligieuses. Le peuple de Paris se contenta de brûler les derniers brefs du pape; le gouvernement lui réponJit par l'envahissement «l'Avignon et sa réunion à la Fran- ce, et l'archevêque de Sens, dont la voix trouva des échos partout, lui déclaia i- qu'il ne balançait pas «entre sa patrie et un chapeau, et nqu'il lui renvoyait ce dernier.» La nïésinielligence entre les doux gouvernement était à son com- ble, lors(jue l'assassiuatd'un agent de la république {voyez Bassevil- le),sous les yeux mêmes de l'au- torité papale, fournit de nouvel- les armes contre la cour de Rome. La lutte devint alors plusacharnée; cl les fou<lres du directoire-exé- cutif rie France, plus redouta- bles que celles du Vatican , ne tar-

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dèrent pas à tirer vengeance de ce crime. En 1796, lors des pre- miers succès des armées françai- ses en Italie, une division de trou- pes républicaines passe le Pô, s'empare de Bologne, de Ferrare, et s'étend jusqu'à Ancone. Peu avant cette irruption , Pie VI a- vait envoyé à iMilan, le chevalier Azara, ambassadeur d'Espagne à Uome, espérant que la médiation de ce ministre pourrait conjurer l'orage prêt à fondre sur ses états. L'habileté de ce diplomate ne parvint à le détourner qu'en si- gnant un armistice à des condi- tions extrêmement dur*s. Le pape était condamné à perdre les deux légations de Bologne et de Ferra- re , à payer une contribution de quinze millions, et à sacrifier une partie des objets précieux qui fi- guraient dans ses principales col- lections. Le pape recule d'eflroi devant ces prétentions; mais trop faible pour les repousser, il lui fallut avoir le courage d'y sous- crire. Il tira du château Saint- Ange le trésor qui y était enfer- mé, demanda l'argenterie des é- glises,et se disposait à rempli** la partie la plus onéreuse du traité, lorsque le directoire le rendit inexécutable en imposant au pa- pe la rétractation des brefs contre la constitution civile du clergé. Pie VI assemble une congréga- tion composée de ce qu'il y avait de plus éclairé dans le sacré-col- lége : il lui soumet les proposi- tions du directoire, accueille tou- tes les observations, et déclare indigne de lui d'acheter la paix en sacrifiant la dignité de son ca- ractère, et en faii^ant périr dans ses mains rinfaillibilité du vicaire

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du Christ. Le j'oie de chef de lé- gli«e était fini : il ne restait plus à Pie VI que de déposer son triple diadème pour ceindre la couronne du martyre : mais, séduit par les offres des ennemis de la France , il se jeta imprudemment dans la coalition qu'on tramait contre elle, et prit l'attitude de guerrier, moins imposante sans doute que celle d'un apôtre. Le 6 janvier 1797, on bénit les drapeaux de plusieurs corps qui devaient défen- dre l'ancien patrimoine de saint Pierre. Ils déployaient avec au- dace le laburum de Constantin, avec ces mots rassurans : In hoc signo viitces. Au milieu de cet en- thousiasme, il était difficile de raisonner. Cacault, ministre de la république française , fît néan- moins quelques propositions qu'en toute autre circonstance on aurait acceptées. Mais la congré- gation refusa d'entrer en aucun arrangement avant que les deux légations n'eussent été évacuées. Tant d'arrogar)ce de la part d'un conseil qui s'était inontré quel- ques jours avant si timide, s'ex- pliquait par les rapports secrets qui existaient entre la cour de home et le cabinet de Vienne. Le général en chef Bonaparte en ac- quit la preuve dans une lettre in- terceptée du cardinal Busca, nou- veau secrélaire-d'état , à iMgr. Albani, nonce du pape en Autri- che. Le cardinal y exposait sans détour ses projets, ses désirs, et tnême le plan d'amener une guer- re civile en France, sans trop compromettre le sainl-siége. Après une pareille découverte, il n'y a- vait plus de ménagemens à gar- der. Le i3 pluviôse ( 1" février

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1797), Bonaparte, du quartier- général de Bologne , annonce la rupture de l'armistice violé par le pape, qui n'avait cessé d'exciter les peuples à la croisade, qui avait même fait avancer ses troupes jusqu'à dix milles de Bologne, entamé des négociations hostiles avec la cour de Vienne, et s'était refusé de répondre aux ouvertu- res pacifiques du ministre Ca- cault. Aussitôt après cette décla- ration , l'armée française occupe les états de l'Eglise, s'empare en courant d'Imola, de Forli , de Cesena; établit des garnisons dans le duché d'Urbin, dans la marche d'Ancône, et arrive le 17 du mê- me mois àTolentino. Rome n'ap- prit pas sans elîroi la marche triomphante du général eu chef Bonaparte ; elle se hâta de lui en- voyer des plénipotentiaires, ««ui signèrent une convention encore plus rigoureuse que la première, et dont les principaux articles portaient que le pape paierait 5i millions, fournirait 1,600 che- vaux harnachés, renoncerait aux trois légations de Ferrare, Bolo- gne et llavenne, et accepterait garnison française dans la qua-, trième d'Ancône. Le lendemain de la stipulation de ce traité, le général en chef Bonaparte et son état-major étaient déjà sur la rou- te de l'Autriche , pour reparaître dans les états héréditaires. La paix de Tolentino mettait le pape en guerre contre ses sujets , et excitait le mécontentement et les plaintes dans toutes les classes de la société. Un parti de patriotes se formait dans la ville, et insul- tait à la faiblesse du gouverne - nient. Des mm-mures, des plu-

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cnrds, des attroupemens, tons les syinplôiiies avant-coureurs d'une {grande catastrophe, annonçaient déji'i l'audace des rebelles. Sur ces entrefaites arrive à Rome le nouveau ministre plénipotentiai- re de la république française : c'était le frère du vainqueur d'Ar- cole. Tous les yeux se tournèrent Sur lui, cherchant à interpréter ses moindres propos, ses démar- ches les plus insignifiantes. Son début, son langage, parurent de bon augure, et les partisans du saint -siège commencèrent à se flatter que le pape était encore redoutable aux yeux de la Fran- ce. Mais dans le sein de ce calme trompeur se forma un orage qui détruisit toutes les illusions. Le 28 décembre 1797, une sédition éclata dans Rome : le gouverne- ment envoya des troupes pour dissiper les factieux : ils se retirent dans le palais de France; on les y poursuit. Parmi les personnes qui entouraient l'ambassadeur fran- çais, et qui concoururent avec lui à contenir l'effervescence des insurgés et l'aveugle fureur des troupes, se trouvait le général Duphot (voyez ce nom), connu si avantageusement par sa brillante valeur. Il s'élance vers cette sol- datesque effrénée, qui avait déjà immolé tant de victimes dans les cours, dans le vestibule et jusque sur les escaliers du palais de Fran- ce; et ce jeune héros, que l'hy- men allait (mir quelque jours a- prés à la sœur du général en chef Bonaparte, tombe victime de son dévouement sous les coups re- doublés dt^s lâches qu'il nviiit vou- lu désarmer. L'ambassadeur quit- te brusquement Rome , et en-

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voie au directoire la relation dé- taillée de cet atroce événement. Le pape offrit toute sorte de satisfac- tion ; mais la dernière heure de son existence politique était sonnée, et le général Berlhier fut char- gé de venger l'affront fait à la ré- publique , et d'apaiser les mâ- nes d'un citoyen. Le 25 janvier 1798, plusieurs colonnes de trou- pes françaises et cisalpines sont en marche sur Rome. A leur ap- proche, une députation de la vill»; vient annoncer à Berthier que le peuple romain a repris sa souve- raineté. Bientôt après, ce géné- ral, à la tête de tous les grenadiers de son armée, accompagné de son étal-major et de 100 chevaux de chaque régiment des. troupes h cheval, marche droit au Capi- tule, en traversant les flots d'une foule immense de spectateurs. Arrivé dans ce lieu témoin de tant de triomphes, le général Berthier prononce un discours dont la laconique énergie mérite d'être transmise à la postérité : « Mânes des Caton, des Pompée, »des Bruius, des Cicéron, des oHortentius , recevez Ihommage «des Français libres dans le Ca- «pitole, vous avez tant de fois » défendu les droits du peuple, et «illustré la république romaine. "Ces enfans des Gaulois, l'oli- » vier de la paix à la main, vien- rtuent en ce lieu auguste y réta- nblir les autels de la liberté dres- «sés par le premier des Bruius. » Et vous, peuple romain, qui ve- «nez de reprendre vos droits lé- ogitimes, rappelez-vous ce sang »qui coule dans vos veines; jetez oies yeux sur le^-monumens de «gloire qui vous environnent:

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«reprenez votre antique grandeur net les vertus de vos p<,'res. » Le général Berthier prit les rênes du gouvcrnenienl,qui n'avait encore que des chefs nominaux. Il coui- mença par faire célébrer une cé- rémonie funèbre en l'honneur du général Duphot, auquel on éleva un monument expiatoire sur la place même du Vatican. On créa ensuite un directoire sous le nom de consulat, qui devait remplacer l'ancien gouvernement. Ces car- dinaux, si fiers de leur dignité, se trouvent dépouillés tout-à-coup de ces brillans dehors dont s'eni- vrait leur orgueil. Enveloppés in- distinctement dans la même pros- cription, ils ne devinrent intéres- sans que depuis qu'ils étaient malheureux. Au milieu de la fer- mentation générale qui ré{;nait à Home, on conçut des craintes [)Our la sûn^té du pape, dont la person- ne pouvait réveiller des sentimens opposés dans les deux partis qui s'étaient formés à sa chute. Les commissaires Irançais demandè- rent son éloigiiement de la capi- tale, et même de l'état ecclésias- tique. Dans la nuit du 19 au ao février, il prit la route de Yiterbe, en s'éloignant du Vatican, qu'il ne devait plus revoir. Conduitd'a- burd à Sienne, dans uncouvent des Auguslins, il y vivait paisiblement lorsqu'un tremblement de terre vint ébranler l'asile qu'on lui a- vait choisi, et fit écrouler plusieurs bâtimens voisins. On le transféra à la Chartreuse de S. Cassia- iio, près de Florence, il reçut la visite du grand-duc et de sa fiimille, ainsi que celle du loi et de la reine de Sardaigne. Com- bien de rétlexioiîS ne dut-elle pas

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faire naître, cette réunion de sou- verains détrônés ou menacés de l'être! Le directoire, inquiet sur le sort de l'Italie, vint troubler de nouveau la retraite de Pie VI : on craignait que, voisin encore de ceux qu'il avait si long- temps éblouis de l'éclat de, sa dignité, le pape ne servît d'occasion ou de prétexte à quelque complot con- tre la sûreté générale. Il fut ques- tion de l'envoyer à l'abbaye de Molk, il s'était arrêté peiîdant son voyage de Vienne ; mais la guerre éclatée entre l'empereur d'Autriche et le gouvernement français ne permit pas qu'on exé- cutât ce projet. II fallut se décider pour la France; et, le 27 mars 1799, Pie VI se mit en route pour se rendre à Valence, lieu marqué pour son exil, il arriva le 14 juil- let suivant; son entrée dans cette ville eut presque l'air d'un triom- phe : la générosité française ne se montra jamais mieux que dans cette occasion ; elle dut êf.re d'une grande consolation pour le cœur d'im vieillard rempli de chagrin et d'amertume. Son séjour n'yfut pas de longue durée; son grand âge, ses malheurs et ses infirmi- tés qui s'étaient accrues pendant ce voyage, tout avait contribué à hâter la fin de ses jours. On ve- nait encore lui signifier l'ordre donné par le directoire de le trans- porter à Dijon , lorsqu'il fut saisi par un vomissement qui le laissa sans connaissance. Revenu à lui, il demanda son confesseur, et se disposa ù recevoir les derniers sa- cremens, que le cardinal Spina lui administra. Se sentant appro- cher de sa fin 5 il voulut qu'on le revêtît de ses habits pontificaux,

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VII.

Fri'iiiif iM.e/ Seuil)

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e.l qu'on le descendît de son lit de repos. Il fit sa profession de foi, pria pour l'éj^lise, et déclara qu il pardonn.iil à ses ennemis. C'est ainsi qu'il s'éteignit le 29 août 1 799. âj^é de prcsqne 82 ans, dont il avait passé les vingt- quatre derniers sur le trône. Ses restes, déposés d'ab'>rd dans un souter- rain de la citadcile de Valence, lurent qnelqiii- temps après remis au mênje cardinal Spina, et trans- portés à llome,oi\ les attendait un magnifique tombeau élevé dans la basilique de Saint-Pierre. Pen- dant son règne, un des plus longs qu'ait vus l'église, Pie VI créa 62 cardinaux, parmi lesquels son suc- ce>seur et quatre Français, iVlM. de La Rochefoucauld, de Rohan, de Louiénie et de Montmorency. Pie VI illustra les dernières an- nées de sa vie par la nobie et tou- chante résignation qu'il montra dans ses adversités. Se niettant à la hauteur de son infortune, n'ayant plus d'état à gouverner ni d'intérêts à défendre, il ne prit soin que de sa dignité. Une vie j)ure, un âge avancé, une figure imp(»«iante, ^on haut rang, et l'ha- bitude qu'il avait de la représen- tation, intéressaient vivement en sa faveur, et les vertus du tnar- tyr ex|>ièrtnt les torts du pontife. Il i.'en eut pas de graves à se ra- procher, n'ayant été ni persécu- teur, ni fanatique; sa vanité seule doit être regardée comme la sour- ce principale de ses fautes et de ses revers. Par une destinée sin- gulière, l'honnne qui avait tou- jours lutté contre la France, n)ou- rut recevant les hommages dé- sintéressés de tous les Français, et celui qui par ses erreurs avait le

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plus contribué à l'abaissement du pouvoir spirituel, lui fut d'une grande utilité, et contriiuia peut- être à le relever par sa catas- trophe. Pie VI, grand, bien fait, d'iuie physionomie heureuse, ayant la démarche noble, tirait vanité de ces avantages extérieurs, et cherchait toutes les occasions pour les faire admirer. On lui a sévèrement reproché cette faibles- se peu digne d'un esprit judi- cieux, et presque coupable dans un souverain pontife. Mais la plu- part des cérémonies religieuses sont destinées à frapper les sens, et rien n'était plus imposant que de voir , dans des jours d'appa- reil , Pie VI la tète ceinte d'un triple diadème, paré de vête- niens d'une blancheur éblouis- sante, planer sur une multitude prosternée, et semblant annon- cer aux peuples sa domination universelle sur la terre.

PIE VII ( Grégoire -Barnabe- Louis - Chiaramonte ) , naquit à Césène le 24 août 174a. Sa famille, plus noble que riche, se disait l'alliée de l'illustre maison fran- çaise de Clermont. Entraîné par une véritable vo' ation , le jeune Chiaramonte adopta l'institut de Saint- Benoît, ses premières années se passèrent dans la médi- tation et l'élude. Après avoir en- seigné quelque temps théologie dans son couvent, dont il de- vint abbé, il se vit élevé à la dignité épiscopale, occupant suc- cessivement les sièges de Tivoli et d'imola. Ce fut daus cette der- nière résidence qu'il reçut le cha- peau de cardinal. En 1796, lors- que l'armée française envahit l'I- talie, pîfr une absurdité dont les '9

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hommes se sont rendus souvent coupables, ou tourna contre les populations, les armes destinées à briser leurs chaînes. Le car- dinal Chiaramonte se trouvait au milieu d'une masse insurgée contre les Fruiçais, et à la tête d'un diocèse arraché au sceptre pontifical pour faire partie d'une nouvelle république, dont la cons- titution blessait le double pouvoir de Rome. Dans une position aussi difTuile, un prince de l'église ne p()uvait qu'applaudir aux ef- forts de ses diocésains contre des soldats étrangers, l'évêqued'lmo- la, ne calculant que les maux prêts à fondre sur un peuple inexpéri- menté, rappela son troupeau à l'ordre et à l'obéissance, et se chargea de plaider sa cause au- près d'un vainqueur irrité , dont il parvint à désarmer la vengean- ce. .Voulant s'opposer en même temps aux machinations des arti- sans de discorde , et combattre les fanatiques avec leurs propres ar- mes , il publia cette fameuse ho- mélie, monument de paix et de sagesse, il établit, par l'appli- cation adroite de quelques pas- sages de l'Ecriture, la compatibi- lité de la religion catholique avec le système républicain ; usant ainsi de J'influence de son ministère , pour empêcher que le peuple ne se jetât dan.s les chances incalcu- lables d'un mouvement révolu- tionnaire. Cette conduite lui ga- gna Teslime des vainqueurs, et la reconnaissance de ses ouailles, que sa voix seule avait pu arrêter sur le bord de l'abîme. La mort de l^ie VI laissait le vaisseau de l'église expo&é à mille tempêtes. Il y avait plus de dévouement que

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de calcul à vouloir en être le pilo- te; cependant toutes les ambitions étaient en jeu pour en saisir le timon. Le conclave qui s'ouvrit à Venise vit accourir de toutes parts les membres épars du sacré-col- lége , qui durent s'étonner de ce qu on leur permettait de s'occu- per de la réélection d'un pontife. Le cardinal Cbiaramonte parut au milieu de ses confrères sans pro- jets et sans espérance. Il ne se flattait pas de trouver une cou- ronne diuis une ville , sans les secours d'un ami, il aurait été embarrassé d'arriver. Mais le sort en avait disposé autrement : l'é- vêque d'Imola fut proclamé pape, par une de ces transactions, qui déterminent souvent le choix d'un conclave. 11 s'empressa de se ren- dre à Rome, contre l'avis de plu- sieurs cardinaux, et malgré les démarches de la cour de Vienne , qui aurait voulu le retenir dans une ville soumise à la domination autrichienne. Il trouva sa capi- tale occupée par les troupes na- politaines, dont la présence ne l'empêcha pas de désapprouver la sanglante réaction de la cour de Sicile contre ses sujets , et de se prononcer fortement contre l'exé- cution d'un évêque et de plusieurs ecclésiastiques. La révolution du 18 brumaire venait de changer la face des afl'aires en France. Bona- parte, en renversant la constitu- tion qu'elle s'était donnée, et que la faiblesse du directoire-exécutif n'avait pas pu garantir, avait lait un essai hardi de ses forces. 11 ne se déguisa pas la facilité qu'il aurait de s'emparer du pouvoir, et par- mi les moyens qu'il se proposait d'employer, la religion ne lui pa-

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rut pas le moins puissant pour s'y affermir. Lorsque la victoire de Marengo remit complète me ntdans ses mains les destinées de la Fran- ce, il crut ce moment favorable pour exécuter ses projets. Au mi- lieu du carnage de cette journée et sur le champ de bataille même, il ouvrit les premières négocia- tions avec le saint-siége , dont il réveilla toutes les prétentions. Un concordat entre Home et la France fut signé, à Paris, le i5 juillet 1801, et cet acte, qui a eu une si grande influence sur notre avenir, rendit nécessaire la promulgation des lois organiques , qui au lieu d'en faciliter l'exécution , ne firent qu'en entraver la marche : les deux parties auraient voulu res- saisir dans l'application du traité, les concessions qu'elles s'étaient faites par le traité même. Dans le système de Bonaparte , les ecclé- siastiques n'étaient que des fonc- tionnaires publics entièrement soumis à l'autorité civile , tandis que d'après les maximes de la cour de Rome , ils ne devaient recon- naître , pour ce qui regardait la disciplitie inférieure de l'église et la direction des consciences, d'au- tres chefs que leurs évêques, ni d'autre autorité que l'ultramon- taine. Cette divergence d'opinions et de principes était une source intarissable d'empiétement et de griefs, qui augmentaient chaque jour la niésintelligence entre les deux gouvernemens. Il y eut quel- que apparence de réconciliation vers l'aïuiée i8o4> époque à la- quelle le premier consul, devenu empereur, se montra moins hos- tile envers le pape, pour l'attirer à Paris, il désirait se faire cou-

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ronner par lui. Cet acte a été re- gardé par les vieux républicains couuïie tendant surtout à rempla- cer la souveraineté du peuple par le droit divin, etàdé[touiller la ré- volution de ^a première conquête. Pie VII désista lonj^^-temps à cette invitation : il ne se dissiidulait pas qu'en C(uisentaulà jdaccr le diadè- me impérial sur le front d'un con- quérant , il se détachait de la ligue des anciennes dynasties, et con- courrait au triomphe des nou- velK s doctrines qui avaient porté les plus graves atteiiites au pou- voir spirituel. Mais d'autre côté la France était rt-ntrée dans le gi- ron de réglise : il aurait été par conséquent ridicule de prêcher une croisade ccuitre une monar- chie religieuse, puisqu'elle n'a- vait pas réussi contre une républi- que prétendue athée : il était plus sage d'accepter les offres d'un ami puissant, ne pouvant pas être un redoutable adversaire. D'ailleurs l'église avait été relevée par le consul, et il était juste qu'elle se chargeât de sacrer l'empereur : il y aurait eu en outre une espèce d'inconséquence de vouloir pren- dre avec la même personne une attitude différente, par la seule raison que ses titres n'étaient plus les mêmes. Ces considérations dé- terminèrent Pie Vli à entrepren- dre le voyage de Paris. Dans un consistoire qu'il tint quelques jours avant son départ, il annon- ça que la correspondance de Na- poléon était si satisfaisante, et ses promesses d'améliorer le sort de l'église .«-i positives, que ceftt été presque un crime de ne pas se rendre à ses sollicilations. Le pape quitta Rome le a novembre

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1804, et après i.\ jours de voya- ge, il arriva à Fontainebleau, il eut une première entrevue avec l'empereur. L'accueil qu'il avait re- çu d'un peuple regardé jusqu'alors comme irréligieux, lui donna la mesure de ses l'orccs, et lui servit peut-être ù calculer la résistance qu'il pourrait opposer aux pré- tentions futures de son nouvel allié. 11 lui présenta une série de demandes toutes relatives aux besoins de l'église, à l'indépen- dance des pasteurs, et à la sup- pression de plusieurs articles or- ganiques. Mais Naptjléon exigeait des concessions, et n'était pas dis- posé d'en faire. Peu après les cé- rémonies du sacre, le pape se re- mit en route pour «es états, sans avoir rien obtenu de l'heureux guerrier sur lequel il venait de dé- poser la couronne des Césars. Il ne tarda pas à se re[)cntir de sa condescendance : il y avait à peine six mois qu'if avait quitté la capitale de l'enipire, que le géné- ral Saint-Cyr eut ordre d(; s'em- parer d'Ancône, et d'en occuper le château et le port. Pie VII éleva la voix pour se plaindre de cette violation de territoire; mais ces réclamations ne j)ouvaienl pas contrarier les grands plans mili- taires de Napoléon , qui armait l'Europe contre l'Angleterre; loin d'obtenir l'évacuation d'Ancône, il eut la douleur de se voir enle- ver toutes les villes situées sur les côte? de l'Adriatique, ainsi que les deux principautés de Béné- vent et de Pontecorvo, dont on disposa en faveur de d(;ux amis deî'emriereur. Ces envahissemens brouillèrent les rapports formés entre Napoléon et Pie VII , et ren-

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dirent impossible toute réconcilia- tion entre eux. L'un s'annonçait comme le vicaire de Jésus-Christ, l'autre se disait le successeur de Charlemague, et ces deux volon- tés, dont l'une était absolue par caractère, et l'autre inflexible par devoir, formaient une espèce de nœud gordien que i'épéc seule pouvait trancher. Les heureux ré- sultats des campagnes de i8o5 et 1806, mirent Napoléon en état d'accomplir ses desseins sur l'Ita- lie. Il poussa se* légions jusque sur le détroit de Sicile, détrôna les Bourbons de Naples , occupa la ville de Bome, et donna les Marches au royaume d'Italie, et l'EtrurieàlaFrance.PieVII protes- ta du haut de son trône chancelant contre ces nouveaux envahisse- mens, et pria l'empereur de lui dé- clarcrpositivement quelles étaient ses intentions sur les états de l'E- glise. Il Je les respecterai, lui fit «répondre Napoléon, à condition «que vos ports seront fermés aux «Anglais, et vos places ouvertes »à mes soldats, chaque fois que "l'Italie sera menacée d'une inva- »sion étrangère. » Ces demandes, qui étaient en harmonie avec la politique de la France, ne furent pas acceptées par le pape : il ré- pondit que son ministère sur la terre était un ministère de paix, qui lui défendait de se mettre en état de guerre permanente contre aucune puissance de l'Europe, encore moins contre l'Angleterre, qui aurait pu aggraver le sort des catholiques d'Irlande. Ce refus fut payé de menaces : à une réception à Saint-Cloud, l'empereur dit au cardinal Caprara, que si le pape ne se rendait pas à ses désirs, il ferait

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occuper le reste de ses états , et attacher les aigles aux portes de toutes ses villes. Pie VII com- prit alors qu'il n'y avait pas à lut- ter avec un caractère aussi indomp- table. Dans un mouvement d'indi- gnation , il se rappela qu'il por- tait un trirègne, et s'élevant sur l'abîme prêt à l'engloutir, il en mesura courageusement la pro- fondeur. Dès-lors son parti fut arrêté : il ne fallait pas, comme ?on prédécesseur, combattre avec ses moyens temporels; il ne devait employer que son pouvoir spi- rituel, et opposer la résignation à l'emportement, et la conscience à la force. Il donna ordre au car- nal Caprara, son légat à Paris, de cesser toutes ses fonctions publi- ques, aussitôt que Napoléon en serait venu aux mesures extrê- mes qu'il lui avait annoncées. Il écrivit à Napoléon lui-même pour lui reprocher tous ses torts, et le menacer de faire usage de la force que le Dieu tout- puissant avait mise dans ses mains; il lit enfin transmettre à tous les membres du corps diplomatique résidant à Ko- me, les copies de sa correspon- dance avec la cour impériale des Tuileries. Cette résistance enflam- ma la colère de l'empereur. Vain- queur des plus grands potentats (le l'Europe , il ne souffrit pas «pie le chef d'im état borné , sans soldats, sans argent, sans ressour- ces, osût résister à su volonté, et lui tenir même un langage mena- yunt. La pejte du gouvernement papal fut décidée : rien ne pouvait plus le mettre à l'abri du ressenti- ment d'un monarque tel que celui qu'on venait de braver. La ruptu- re inattendue d'une nouvelle guer-

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rc, remplit la pensée de Napo- léon de soins plus importaris, et relarda de quelque temps encore la chute du saint-siège, qui ache- tait par des humiliations et des sacrifices, les derniers jours de su pénible existence. Depuis l'arri- vée du général iMJollis à Rome, lu capitale du monde chrétien était gouvernée militairement sons les yeux du chef de l'église, qui, en- fermé dans le Quirinal, conser- vait l'attitude d'un général délogé de sa place, et assiégé dans une citadelle. On l'entendait souvent protester contre les actes du nou- veau gouvernement, qui n'aurait fait aucun cas de ces réclamations si le pape n'avait imposé à ses employés le devoir de la déso- béissance. Cette opposition, hono- rable sans doute pour celui qui l'exerçait, plaçait l'empereur dans l'alternative de reculer ou de pas- ser outre. H se jeta dans ce iler- nier parti, qui était plus confor- nje à son caractère. Par un décret daté du camp de Vienne, il onlon- na la réunion définitive des étals romains à l'empire. En le procla- mant à Rome, ou redoubla de pré- cautions et de surveillance. La garnison n'y était pas nond)reuse, et en cas de soulèvement il eût été dillicile de contenir la popu- lace. On tâcha de pénétrer ce qui se passait dans l'enceinte du Qui- rinal; mais, connue toutes les a- venues en avaient été murées, et que rien ne transpirait au dehors, on craignit qu'il ne s'y tramât quelque complot. Les membres de la consulte, usant amplement des pouvoirs dont le gouv(!rne- ment avait cru nécessaire d<; les investir, résolurent de se reridie

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maîtres de la personne du pape. Le plan d'enlèvement fut combi- né entre les généraux Miollis et Uadet. Dans la nuit du 5 au 6 juil- let 1809, un détachement consi- dérable de la f!;arnison de Uonie se porla en silence vers le palais du Quirinal , et l'investit de tou- tes parts. Le général Radet, à la tête de quelques soldats, pénétra jusque dans les appartemens du pape, qu'il trouva revêtu de ses ha- bits ordinaires, et occupé à écrire. Le général s'approche pour lui déclare) que ce n'était qu'en abdi- quant sa souveraineté temporelle, qu'il pourrait continuer à séjour- ner à Rome. Le pape lui répondit que n'étant que Fadministraleur (lu domaine de l'Kgiisc , il ne pou- vait [las disposer d'un bien qui ne lui apparienait pas. « Dans ce cas, reprit le général, j'ai ordre de vous emmener hors de Rome. » Pic VII, sans rien dire, se lève, et sort de son appartement, en donnant la main au cardinal Pacca, son secrétaire d'état. Tant de ca- lamités, accumidées sur la tête d'un vieillard, n'en ébranlèrent pas le courage : sa conduite lut toujours ferme, noble et exem- plaire. Le seul acte qu'on pourrait lui rcpr(»cher, ce serait la bulle d'excommunication lancée contre Napoléon et ses agens : mais dépouillé de toute puissance tem- porelle, c'était le seul moyen de protestation qui lui restait, et on ne peut pas lui faire un reproche de l'avoir employé. On le conduisit à Savone, lieu fixé pour son exil. Il s'y montra , comme à Rome , au-dessus de ses malheurs, inac- cessildc à la séduction et à la crainte. Repoussant toutes les pro-

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positions qu'on lui fit pour le fléchir, il disait qu'il ne pourrait s'occuper des affaires de l'église , qu'étant libre ; et qu'il ne le serait que sur son trône, et au milieu de son fieuple. C'est à peu près la ré- ponse donnée aux évêques qui lui écrivirent de Paris, et à ceux qui allèrent le solliciter à Savone. Fa- tigué de cette résistance, l'empe- reur voulut opposer les décisions d'un concile à l'autorité du pape : il convoque un sjmode composé des évêques de France et d'Italie, qui, au nombre de quatre-vingt- quinze , s'assemblent le 17 juin 1811, dans la basilique de Notre- Dame. Depuis le concile de Trente, on n'avait pas vu une plus nom- breuse réunion d'évêques : ils étaient présidés par le cardinal Fesch , qui , a{)rès les cérémonies d'usage, invita chacun des mem- bres présens à répéter le serment qu'il prononça le premier , de se tenir attaché à la foi. et de rendre au pontife romain une véritable obéissance. Ce début suffit à l'em- pereur pour pénétrer l'esprit de l'assemblée : il ne tarda pas à la dissoudre, pour ne pas rencon- trer un obstacle il s'était flatté de trouver un appui. Peu avant son départ pour la Russie, Napoléon ordonna que le pape vînt habiter Fontainebleau , il alla le voir, en revenant de cette désastreuse expédition , qui avait ruiné sa puissance. Il y posa les bases d'un nouveau concordat, que le pape refusa de ratifier: l'em- pereur se disposait à venger celte insulte, lorsque sa situation, deve- nue plus précaire, l'obligea de songer à sa propre défense. Il avait à combattre les soldais de

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presque toute l'Europe, qui se pré- cipilaicnt sur la Frtince. Deux rois sortis des rangs de l'armée française , et portés sur le trône par le bras victorieux de nos guer- riers, s'étaient ralliés aux enne- mis de leur patrie, et tournaient leur fer sacrilège contre leurs an- ciens compagnons de gloire. La défection du roi Joacliim(iioj. iMu- bat) influa beaucoup sur la déli- vrance du pape, dont l'apparition en Italie ne pouvait que déranger les calculs ambitieux de cet im- prudent transfuge. Pie VII quitta Fontainebleau le 20 janvier 1814, et traversa en triomphe la France et l'Italie. Arrivé sur le ïaro , il fut remis aux avant- postes napo- litains, qui l'escortèrent jusque dans sa capitale. loachim alla à sa rencontre , et dans une entrevue qu'il eut avec lui, il tâcha d'en obtenir la cession des Marches, dont il s'était emparé ; mais le même homme qui avait eu le cou- rage de les refuser à Napoléon dans la grandeur, n'était pas fait pour les céder à un de ses lieute- nans dans la disgrâce : il réclama la restitution de ses états, et pro- testa contre les traités qui en a- vaienl disposé. Dans ce voyage, le pape montra un grand talent de conversation, et témoigna bcau- eoup d'égards aux généraux qui l'accompagnaient : il leur parlait souvent de Napoléon , avec plus d'intérêt que de ressentiment. Un jour, s'étant arrêté près de Narni, un paysan, affligé d'une maladie chronique, se traîne jusqu'à sa voiture, en lui demandant avec ferveur de le guérir avec sa puis- sance. Pie VII se tourne du côté de l'officier qui se tenait à sa por-

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tière , et lui dit : « Général, voyez si ce peuple est fait pour l'indé- pendance quevous voulez lui don- ner. ') Ce grandenlhousiasme qu'il avait révt^illé sur son passage, di- minuait pourtant à mesure qu'il s'approchait des états qui crai- gnaient de retomber sous la théo- cratie romaine. En effet, l'adminis- tration de Fie VU fut d'abord un mélangede modération et de violen- ce. L'une était dans son conseil, et l'autre dans son caractère : se lais- sant aller aux insinuations de ses amis , il faillit perdre sur le trône l'opinion qu'il s'était acquise dans l'exil. Lorsque Joachim tenta vai- nement de soulever l'Italie contre l'Autriche, Pie VII dut encore destendre de son siège pour se nitttre à l'abri d'une invasion. Il paraissait disposé à s'abandonner aux promesses de Joachim, qui lui av-tit t'ait dire que sa capitale ne serait })oint occupée; mais le ministre de Vienne calculant que le pape eu fuite devant les troupes napolitaines, produirait une fâ- cheuse iuipre-sion sur le peuple, détermina l'ii; Vif à se retirer en Toscane, et ensuite à Gênes. La restauration des Bourbons sur le trône deNaples, ramena le pape dans ses états, dont le congrès de Vienne respecta l'intégr et l'in- dépendance. Le cardinal Gonsal- vi , (jui s'était mis à la tête des affaires, suivit l'impulsion gi-né- rale, qui tendait à la modération et à la tolérance. Il chercha même à doimerà l'administration nmiaine une organisation tdus régulière, et des formes moins surannées : mais il s'aperçut bientôt qu'im gouvei iiement théoctratique est de sa nature incompatible avec les

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perfectionnemens et les réfor- mes. Il se contentii d'ouvrir un asile aux proscrits,, d'accorder une noble hospitalité aux indi- vidus de toutes le.- comniunious, d'empêcher toute espèce de réac- tion . et de s'opposer au zèle des dévots et des fanatiques. Mais l'acte le plus maonaniine du règne de l'ic VII, fut d'ac- cueillir avec empressement dans ses états, la fau)ille erranle de l'homme dont il venait de quitter les priions, et de la soutenir dans l'adversité, contre la h<iine de ceux qui en avaient mendié la fa- veur dans la fortune. Pie VU , malgré ses malheurs , avait con- servé une santé parfaite, jusqu'i'i un âge très-avancé: rien n'annon- çait encore sa mort, lorsqu'un ac- cident vint la hâter. Le 6 juillet 1825, jour anniversaire de son enlèvement de Kornc, le pape se félicitait d'avoir passé heureu- sement cette journée. Le soir, vers les dix heures, après avoir renvoyé son service, il s'entretint quelque temps avec son audi- teur, qu'il congédia bientôt. Res- té seul, il voulut se lever de son fauteuil, en s'apj)uyant d'une main sur son bureau, et en chferchant de l'autre un cordon attaché à la muraille ; n'ayant pas pu l'attein- dre, il tomba sur le carreau de marbreeutre la table et le fauteuil. Plusieurs personnes étant surve- nues à ses cris, on le releva pour le porter sur son lit. Quelques mouvemens convulsifi^ firent con- naître quelle avait été la A'iolence de la chute. Dès la première visi- te, les chirurgiens déclarèrent que le col du fémur était cassé. La fa- culté réunie confirma ce premier

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jugement. Pendant huit jours, on laissa ignorer au pape la gravité de riiccidciit qui lui était arrivé. Quand on le lui apprit iln'enparut ni sur}iris ni affligé. La maladie se prolongea près de six semaines, avec des alternatives de bien et de mal. Vers la fin cependant, la fai- blesse s'accrut tont-à-coup au point d'enlever toutes les espérances de le conserver. Le 16 août, le déli- re se joignit au reste des symptô- mes eft'rayans qui s'étaient annon- cés depuis quelques jours. Le malade se croyait à Savone et à Fontainebleau. Le lendemain, le mal devenu plus alarmant enco- re, le saint-père demanda à com- munier. Peu après, il perdit la parole : on apercevait seulement à quelque» sons articulés de sa voix, qu'il était intérieurement en prière. Aussitôt que cette nouvel- le se répandit dans Rome, un sen- timent universel de regret et de douleur se manifesta dans toutes les classes d'habilans. Ils appri- rent bientôt que Pie VII n'était plus; il expira le ao août iSaS. Pie VII a eu la gloire de laisser à son successeur le patrimoine de l'église dans son antique intégri- té, et l'héritage, plus précieux encore, de ses vertus et de sa dou- ceur. Son nom sera chéri par la postérité, si les jésuites qu'il a rétablis ne la forcent à le mau- dire.

PIE (N.), grenadier français, l'im des premiers qui, en 1792, volèrent à la défense de la patrie, se distingua autant par la noblesse de ses sentimens que par son cou- rage. Blessé à la retraite de Quié- vrain , au moment une partie de l'armée venait de s'insurger

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et de massacrer un de ses chefs, il parut moins touché de i>n bles- sure que du désordre qui régnait parmi les troupes, et dit à Alexan- dre lieauharnais, alors adjudant- général, qui se trouvait près de lui : u Mon officier, achevqz- 'imoi, qne je ne voie pas la "hotite de cette journée; vous » voyez que je meuis à côte de nmon fusil, avec la douleur de «ne plus pouvoir le porter.» Ou transporta ce brave à l'hôpital de Valenciennes. L'assemblée législa- tive, iristruite de ce lait, décréta que le nom de Pie serait inscrit au procès-verbal de ses séances, qu'il lui serait envoyé un sabre d'honneur, et que son président lui adresserait une lettre detelici- talion. Jlétabli de sa blessure, il rejoignit son corps, et fut tué (|uelque temps après sur le champ de bataille.

PIEDOU-D'HÉUÏTOÏ (N.), fut nommé , au mois de mars i7<)7, député au conseil des an- ciens par ledéparîenientdu Calva- dos. Conmie il était de ceux qui attaquaient chaque jour les me- sures du directoiie- exécutif, il en fut bientôt la victime. Non- seulement on annula son élec- tion par suite de la journée du 18 fructidor an 5 (^ septembre 1797), mais encore on le mil en état d'arrestation. Il recouvra la liberté quelque tempsaprés, et de- puis cette épo(]ue ne reparut plus sur la scène politique.

PIENEMAN (Jean-Guillaume), peintre dhistttire, chevalier de l'ordre du Lion-Belgique, mem- l)re de l'institut royal des Pays- lias, en 1779, à Abconde, vil- lage situé ù deux lieues d'Aïuster-

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dam. Il perdit, dès l'âg-e de 2 ans, son père; sa mère, qui s'établit à Amsterdam, et ses tuteurs, le des- tinaient au commerce , mais le jeune Pieneman marquait, dès sa tendre enfance, des dispositions extraordinaires et un goût pro- noncé pour la peinture. Sans maî- tre proprement dit, il se forma lui-même en étudiant la nature, et en travaillant avec assiduité i\ acquérir toutes les connaissances nécessaires pour parcourir, avec succès, la carrière des arts. Les institutions publiques pour l'en- couragement et l'étude des arts, établies à Amsterdam, et surtout l'acîidémie de dessin de cette ville, les jeunes élèves travaillaient d'aprè< le modèle vivant, furent d'un grand secours pour le jeune peintie, Dénuéde fort meetobligé de trouver des moyens d'existence dans son talent, il s'essaya dans les genres divers du paysage, du portrait, des tableaux d'histoire, et obtint des succès dans tous. Eu 1800, il remfiorta le premier prix à l'académie «l'Amsterdam; les trois années suivantes, la so- ciété connue sous le nom de FelLtx Meritis, lui décerna aussi ses pre- miers prix pour deux grands pay- sages et un tableau d'histoire. En 1804 et i8o5, il obtint les mêmes avantiiges ù l'académie de Leyde, pour son grand tableau de Aj.vt- mnqae, blessé par Alexandre, et pause par ce prince, et pour un paysage re])résentant un Clair de lune cl an village en feu. M. Pie- neman fut quelque temps après, nommé professeur de dessin à l'école d'artillerie et de génie éta- blie alors à Amcrsi'ort, et trans- portée depuis à Ddft. Il conserv*

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cette place sous les différens gon- vernemens qui se sont succédé en Hollcinde; et depuis la création du nouveau royaume des Pays- Bas, il a été appelé par le souve- rain, en 1816, à la direction du cabinet royal de tableaux à La Haye, fonctions qu'il remplit en- core aujourd'hui. On doit an pin- ceau facile et gracieux de M. Pie- neman, une foule de tableaux de divers genres qui enrichissent les cabinets de la famille royale et de quelques particiditrs. En ces der- niers temps, il s'cat surtout occu- pé de satisfaire à l'orgueil natio- nal des Belges, en peignant des tableaux de bataille leurs faits d'armes sont retracés. Le combat dit des Qualre-Bras, dans lequt-l le jeune prince d'Orange fut bles- sé, a fourni le sujet d'un tableau de 20 pieds de largeur, sur i3 d'é- lévation, commandé par le gou- vernement, et qui passe pour le chef-d'œuvre de l'auteur. Il a été successivement exposé à Amster- dam, à Bruxelles et à Gand, et on le cite comme im de ceux qui font le plus d'honneur à l'école hollan- daise moderne. M. Pieneman est ausî^i membre des sociétés des beaux-arts d'Anvers, de Gand et de Bruxelles. Cette dernière ville lui a en outre décerné, en 1818, une médaille d'honnetu".

PIERRES(PinLipPE-UENis),l'nn des plus célèbres typographes du i8°" siècle, naquit à Paris en 1 74 '• A la suite d'excellentes études, il embrassa la profession d'impri- meur, et acquit bientôt, par la connaissance approfondie de son art , une réputation méritée. Il obtint le titre de premier impri- meur du roi, et fut choisi par le

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roi de Pologne pour fournir le . plan de la bibliothèque publique que ce prince voulait établira Var- sovie, et faire le choix des livres qu'elle devait contenir. Pierres a publié sur la typographie plu- sieurs ouvrages du plus grand in- térêt pour ceux qui pratiquent cet art. La révolution détruisit sa for- tune, et le força d'abandomier Pa- ris, pour aller chercher un refuge à Versailles. Il ne tarda pas à quit- ter cette ville, et se retira à Dijon, il vécut dans, l'obscurité jus- qu'à l'époque de sa mort, arrivée le 28 février 1808. Il occupait alors un modique emploi au bu- reau de la poste aux leltres de Di- jon. Dans le temps la philoso- phie répandait ses lumières sur l'Europe, et particulièrement sur la France, Pierres fut lié avec plu- sieurs hommes célèbres, notam- ment avec Francklin et Dau- benton.

PIERRET (J. N.), député à la convention nationale par le dé- partement de l'Aube, il se réunit à la minorité dans le procès du roi, et vola la détention et le bannis- sement à la paix. Il fut un des membres de l'assemblée qui, après la révolution du 9 thermidor an 2, poursuivirent à leur tour avec acharnement le parti vaincu, et il se rendit à cette époque dans le dé- partement delà Haute-Loire, il épura les autorités. Au mois d'a- vril 1795, nommé secrétaire de la convention, et le 20 mai suivant membre du comité de sûreté gé- nérale, il présenta à la conven- tion, au commencement de sep- tembre, un rapport il attaquait avec violence les membres des so- ciétés populaires, les accusant d'à-

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voir provoqué des décrels et des mesures ultra -révolutionnaires. Le 1 1 novembre de la même an- née, il apostropha son collègue IVomme, et lui reprocha de s'ex- primer avec trop de faiblesse sur la conduite exécrable de Carrier. M. Pierret passa de la convention au conseil des cinq-cents, dont il sortit le 20 mai 1797. Il n'a plus rempli de fonctions législatives de- puis cette époque.

PlEimON (J. J. L.), néàBriey, département de la Moselle, fut l'un des premiers qui, à l'époque de la révolution, prirent la cocarde liicolore. Il fonda un club dans sa ville natale, et fut, en 1790, nom- mé juge au tribunal civil de cette même ville. Elu, en 1791, député à l'assemblée législative, il y mon- tra peu de caraclère, et chercha siicce.'si veinent;'» se rapprocher de tous les partis. Après la session , il fut nommé admiuistrateurde son département. Il en remplissait en- core les fonctions lorsqu'en 1794» on l'accusa d'avoir employé des manœuvres secrètes pour entraver la vente des biens nationaux. Tra- duit pour ce fait au tribunal ré- volutionnaire, il fut condamné à mort, comme cons{>irateur, le 1 7 floréal an 3 (6 mai 1 794)- Pier- ron n'avait pas encore atteint !-a 33* année.

PIERROT (François), notaire à Anvilliers-les-Forges, était mem- bre du département des Ardennes à l'époque de la nomination des députés à l'assemblée législative. Il y fut élu par son département, et ne s'y lit remarquer qu'en s'op- posant vivement à la permanence des comités. M. Pierrot ne fut point élu à la convention, et rcn-

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tra alors dans l'obscurité de la vie privée.

PIESTRE (Jean-Louis), impri- meur-libraire à Lyon, a publié dans cette ville plusieurs ouvrages relatifs à sa profession. On cite les suivans : la Synonymie françai- se, ou Dictionnaire tous les sy- nonymes français définis jusqu'à ce jour, par MM. Girard, Beauzée, Roubaud, G uizot et autres auteurs, 1810, 2 vol. in-13; Nouveau Vocabulaire français , 4"" édition, 18 13, in-8" : cet ouvrage fut fiiit en société avec Cormion.

PIET (N.), nommé en i8i5, par le déparlement de la Sarthe, membre de la chambre des dépu- tés, siégea constamment au côté droit, prit part à toutes les délibé- rations importantes qui eurent lieu ^ dans les sessions successives jus- qu'en 1819. Dès le g novembre 181 5, dans les discussions aux- quelles, donna iieu la loi contre les cris et les écrits srditinux, il pré- tend « que le travail du rapporteur ))(M. Pasquier) est fait pour ho- «norer son auteur;» se prononce pour l'application de la peine de mort dans le double cas le dra- peau tricolore aurait été arboré, et dans celui de menace et de pro- vocation contre la personne du roi; fait à cette occasion une in- terpellation énergique aux habi- tans de l'Ouest, du Midi, du Nord et de l'Est; attaque les philoso- phes, et vote enfin avec l'amen- dement de substituer la peine de inort à la -ndéporlation. Il appuie ensuite M. Roux-de-Laborii; sur lu question d'améliorer le sort du clergé. Quant aux élections, il dit que. (' c'est avec une circonspec- n lion religieuse que la commis^»-

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» sion a proposé deux modifications » à la charte , et (prelle se félicite " de n'en avoir proposé que deux. » Il fait un rapport sur la proposi- îion de M. Luchéze-Murel , ten- dant à rendre aux prêtres l'état-ci- vil, et vote pour son adoption. Au sujet de l'extinction des pensions ecclésiastiques , il démontre que pour l'église, l'embarras n'est pas d'administrer, mais d'avoir des biens à administrer. M. Piet suit les mêmes principes dans la ses- sion de 1816 à 1817. £n parlant sur les établissernens ecclésiasti- ques, ((Vous savez bien, dit l'o- «ratfur, ce que cest qu'un évê- «que; l'évêque et le titulaire s'u- wniront pour former au i-oi la de- « aiande d'être autorisés à faire do- » nation.» Il vote en consé(|uence avec la commission. Lorsqu'on a- pita de nouveau la question des élections, il lit une critique vio- lente du projet et vota contre, s'ap- puyant sur cette allégation qui pa- rut égayer la chambre : (( On a dit «•que les électeurs seront témoins »de ce qui se passera, moi je sou- «liens qu'ils n'y verront rien...» Il proposa aussi des amendemens iiti projet de loi relatif aux prison- niers pour dettes, et dans la dis- cussion du budget, il compara les députés qui sondent les plaies de l'état aux chirurgiens qui, appelés à faire des amputations cruelles, se bouchent les oreilles et s'ar- ment d'insensibilité pour ne pas entendre les cris de leurs malades; et après s'être élevé contre l'alié- Tiation des bois, apanage des rois de France, et contre la vente des bois du clergé , il se prononce pour l'emprunt, et vote pour le lenvoi du projet au gouverne-

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ment. Dans la session de 1818, lors de la loi du recrutement, il parle contre l'avancement par an- cienneté ; niais dans la discussion du budget , il s'indigne de ce qu'il oflVe, comme celui des années précédentes, un excédant des dé- penses sur les recettes, parcourt tous les moyens de se procurer de l'argent etnployés jusqu'à ce jour; compare la France à Saturne , qui dévore les ressources des généra- tions futures, et propose d'acquit- ter toutes les dépenses de l'étal avec 486 millions. M. Piet, dans les sessions snivanteg, a occupé la tribune, et y a montré les mêmes sentimens et la même éloquence. Il fait partie de la chambre actuel- le (.824).

PIETllO (Michel di), prélat romain, naquit à Albano, le 18 janvier i747- H commença ses études ecclésiastiques au sémi- naire épiscopal de celle ville, et les termina à Rome. Après avoir obtenu de brillans succès dans le.<» chaires de l'université grégorien- ne et dans l'archi -gymnase ro- main , sur l'histoire ecclésiasti- que et sur le droit canonique, il fut nommé, par Pie VI, secrétaire delà congrégation extraordinaire créée par suite des troubles qui sur- vinrent dans l'église, dès son avè- nement au souverain pontificat. « File eut à s'occuper entre autres aflaires, dit l'auteur d'une notice sur M. di Pietro, du synode de Pistoie, tenu par l'évêque Ricci, et dont les décisions étaient favo- rables à ce qu'on nomme les jan- sénistes. Cette affaire établit des rapports fréquens entre M. di Pietro et le savant Gerdil ; et ils concoururent ensemble à la ré-

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daction de la bulle Juctorem fidei, publiée en 1794' contre les actes du synode. On cite encore de M. di Pit'lro, un mémoire conWii les actes de la même assemblée. «La manière dont M. di Pietro justi- fia dans cette circonstance la con- fiance du chef de l'église, lui va- lut toute sa bienveillance, et il devint successivement, mais en peu de temps, évêque d'Isaure in partibus , considteur de l'inquisi- tion, examinateur du clergé, en- fin camérier d'honneur de S. S. Pie VI, forcé de quitter Rome en 1798, nomma M. di .Pietro délé- gué apostolique , pour tout le temps que durerait son absence. « Dans ces circonstances diffici- les, ajoute l'auteur de la notice que nous avons déjà citée, M. di Pietro eut à répondre daas diver- ses parties de la chrétienté, sur beaucoup de questions délicates. On cite plus particulièrement de lui, dans la collection des brefs de Pie VI, une Lettre à M. l'évê- qae de Grasse, et une décision sur le serment de haine à la royau- té, exigé en France des ecclésias- tiques , à cette époque : l'une et l'autre sont datées (lu24 septembre 1798. » Pie VII étant monté sur le trône pontifical après la mort de son prédécesseur, M. di Pie- tro devint patriarche de Jérusa- lem et cardinal en 1801. Il suivit Sf)n sfMiverain en l'rance, lorsque S. S. s'y rendit poin- sacrer Napo- léon comme empereur. Nommé jtrel'et de la propagande, il prit une part intime à toitcs les afl'ai- n s (le l'cgîise, et fut le conseil et le confident du pape, qui le noui- nia, en 1809, lors de ses discus- sions avec l'empereur, son dé-

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légué pour le remplacer à Rome, d'où il s'éloignait. Mais M. di Pietro fut bientôt forcé lui-même de se rendre à Paris. Ce prélat est accusé par Napoléon, dans les Mémoires publiés par M. de Mon- tholon, d'avoir voulu établir dans les sièges vacans, des vicaires a- postoliques, et l'on voit dans ce même ouvrage qu'il en conserva un vif ressentiment contre le pré- lat étranger. Celui-ci ajouta de nouveaux motifs au mécontente- ment de l'empereur. Refusant, en 1810, de se rendre à la céré- monie religieuse du mariage de Napoléon avec l'archiduchesse Marie-Louise jJI-^ût privé de ses revenus, et reçut la défense de porter les insignes de ses dignités. Exilé avec les cardinaux Gabrielli et Oppizzoni, à Semur, départe- ment de la Côte-d'Or, M. i\\ Pie- tro rédigea le bref que le pape adressa dans la même année au cardinal Maury , archevêque de Paris. Cette opiniâtre résistance le fit enfermer lui et ses deux collègues, au donjon de Vincen- nes , d'où ils ne sortirent qu'en 181 3, à l'époque de la réconcilia- tion de Napoléon avec le pape. Il se rendit i\ Fontainebleau, près de S. S., dont il fut encore séparé au commencement de 1814. La Fran- ce étant subjuguée à cette époque parles armées étrangères, le car- dinal di Pietro fut libre enfin de retourner à Konie , Pie VII le nomma sur-le-champ grand-péni- tencier et préfet de l'index, et en i8itj, cardinal-évêque d'Albano. Pourvu, en 1820. des sièges réu- nis de Porto et de Sainte-Rulline, il mourut le 2 juillet 1821. Le cardinal di Pietro, « nourri dans

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les principes du clergé romain, possédait aussi cette trempe de caractère circonspect et flexiiîle, qui semble en faire partie ; il était considéré comme une des lumiè- res du sacré-coUége, tant pour ses connaissances théologiques que pour sa capacité dans les affaires.»

PIETTE (J. B.), fut nommé par le département des Arden- ues, député suppléant à la con- vention nationale, et n'y fut ap- pelé qu'après le procès de Louis XVI. Il y professa des principes modérés, parla en faveur des créanciers des émigrés, prit la défense de plusieurs citoyens du département des Ardennes, traduits injustement devant les tribunaux; enfin il s'intéressa vi- vement pour iM"* de Sombreuil , qui s'était dévouée avec un cou- rage si héroïque pour sauver les jours de son père. Ce langage austère fut fatal à son auteur, qui fut traduit devant le tribunal révolutionnaire , condamné à mort , et exécuté à l'âge de 76 ans.

PIEYRE (Alexandre), à Nî- mes, en 1752, d'une famille de négooians, fit ses études à Paris, et fut occupé ensuite dans le com- merce de son père jusqu'à l'âge de 3o ans. Le goût des lettres l'a- vait toujours emporté chez lui sur le goût des affaires; et sa pen- sée s'étant tournée vers le théâtre, il fit jouer à Nîmes et à Rloutpel- lier, en 1782, une comédie en 5 actes et en vers, intitulée : l'É- cole des Pères. Le succès qu'elle obtint lui fit espérer qu'elle réus- sirait à Paris. Elle fut reçue au Théâtre- Frafiçais, et il vint, en J787, pour la faire jouer : son at-

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tente ne fut pas trompée. Celte pièce eut quarante représenta- tions dans cette année. M. le duc de Duras lui écrivit, au nom du roi et de la reine, pour lui expri- mer leur satisfaction de la morale de cette pièce; et il lui remit une riche épée , aux armes de France sur la garde, et avec ces mots au- tour de la peignée : Don du roi à M. Pieyre^ auteur de l'École des Pères, i" février 1788. Il dédia cette comédie à M. le duc de Char- tres, aujourd'hui duc d'Orléans, alors âgé de 1.4 ims; et il fut des- tiné à lui être attaché, au sortir de son éducation. Regardé , dès- lors, comme tenant à la maison, il devint assidu auprès du jeune prince; et vers la fin de 1790, il eut son logement à côté de lui au Palais-Royal. Au mois de juin 1791, il le suivit à sa garnison de Vendôme, puis à Valenciennes et ensuite à Metz, d'où il revint a- près l'affaire de Valmy. Le prin- ce partit sans délai pour la Flan- dre ; M. Pieyre ne put pas le sui- vre, s'étant marié en octobre, à la veuve de Bartiie. Il l'emmcMa dans sa famille, ils passèrent l'hiver. Ils se retirèrent au prin- temps , dans sa campagne, à i5 lieues de la ville, et ils y vécurent à l'abri des agitations de celfe é- ' poque, mais non sans de vives craintes. La chute de Robespierre leur rendit le calme, et ils restè- rent encore quelques années dans le département du Gard. Ils vin- rent s'établir à Paris, eu 1800, conservant quelque aisance, après des pertes assez con-idérables. 51 préféra son indépendance au trai- tement d'une place qu'il aurait pu obtenir, et il n'eu rechercha

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anciMie. Il perdit sa femme en 1806. Resté sans enfans, il se retira chez son frère, préfet à Orléans, par- tageant l'année entre cette ville et Paris, ju<*qu'à la restauration. Il retrouva chez M. le duc d'Orléans, l'ancienne bienveillance dont M. le duc de Chartres l'avait honoré; mais son â^^e et le peu de goftt qu'il a toujours eu pour les affai- res, le détournèrent de la pensée d'entrer dans son administration. Toutefois désirant vivement d'ê- tre à portée de cultiver les bontés de celte auguste famille, il dévoua ses loisirs aux intérêts de M"° d'Orléans , qui donnaient alors peu d'occupation par la modicité de sa fortune. Quand son héritage lui permit de se former une mai- son, il y eut le titre de secrétaire des commandemens ; mais séparé du soin des aflaires, remises en d'au- tres mains. Il a fait imprimer, en 1808, deux volumes de pièces de théâtre, en vers; l'une d'elles, en cinq acte'^, reçue en 1800, à la Comédie-Française, et sur le point d'être jouée en 1802, fut soumise à une seconde lecture, et rayée du tableau. Depuis cette époque, il a renoncé à travailler poir la scène , ne se reconnaissant point les qualités qui en rendent l'accès facile. J/Ecole des pères, qui est restée au répertoire, et qui, sou- vent reprise, a été toujours revue avec le même intérêt , est mise en oubli depuis six années, sans qu'il ait cherché à en rappeler le sou- venir. Cet oubli des comédiens est justement blâmé parle public L'Ecole (les pires est una l)onne comédie, la morale se déve- loppe avec un intérêt toujours croissant. On y rctaarque un trait

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frappant quia beaucoup contribué au succès de la pièce, et qui fait toujours la même impression : au momentoùle fils, après avoir ou- vert le secrétaire de son père, va pour s'emparer de l'argent, il y trouve un papier sur lequel est é-

crit : Acceptez, ne dérobez pas.

PIEYRE (le baron), frère du précédent, est à Nîmes en 1755, ety fit ies études avec succès. Jeime, il séjourna une année en Italie, que son goCU pour les beaux-arts lui fit parcourir, et fut reçu à Ro- me membre de l'académie des Arcades. De retour à Nîmes, il fut admis à l'académie de cette ville. Membre du directoire du département du Gard en 1790, et nommé en 1791 à l'assem- blée législative, il partagea, a- près le 10 août 1793, les crain- tes de ceux qui comme lui avaient siégé au côté droit, il s'était avantageusement fait connaître dans les comités. Lorsque après la chute de Robespierre la con- vention nationale voulut réta- blir l'ordre, il fut appelé à la place de procureur-syndic du dis- trict de Nîmes, et peu après à cel- le de membre du déparlement du Gard, dont il était président. Lors de la création des préfectures, il devint préfet du département de Lot-et-Garonne. Sa facile et con- ciliante administration lui mérita l'ordre de la légion-d'honneur, dès l'époque de son institution; et en i8o(), après 6 ans d'exercice, la préfecture du Loiret, sans aucune demande de sa part. Présenté deux fois comme candidat pour le sénat- conservateurparles collèges électo- raux de Lot-et-Garonne et du Gard, il continua ses fonctions adminis-

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tratives à Orléans jusqu'à la fin d'a- vril 1814 ; se retira alors à Nî- mes; et au retour de Napoléon de l'ile d'Elbe, nommé par ce collège à la chambre des représentans, il envoya sa non acceptation. Son fils, qui était depuis 4 anssons-pré- iet à Nîmes, donna alors sa démis- sion. Les troubles du département du Gard les ont amenés à Paris, ils résident depuis avec leur ia- inille. Son titre de baron fut con- firmé par le roi. M. Pieyre termi- ne paisiblement sa carrière dans la culture des lettres, à laquelle il regrettait de ne pouvoir assez se livrer, au milieu des soins et des travaux que lui imposaient ses de- voirs de fonctionnaire public.

PIGALLT-LEBRUN , homme de lettres, un des plus féconds écrivains de notre temps, et qui a particulièrement obtenu, dans le genre du roman, des succès qu'on peut, sous tous les rapports , ap- peler populaires. Doué d'une gran- de facilité pour le travail et de fi- magination la plus vive, il a con- sacré la plus belle partie de sa vie à ces compositions, dont le nom- bre s'est accru au point de former une collection de 40 volumes en- viron.Tous les ouvrages de M. Pi- gault-Lebrun sont loin sans doute de mériter, sans restrictions, les suffrages des lecteurs; mais ou trouve dans tous un talent incon- testable, beaucoup de verve et d'originalité, de la vérité d ms le tracé des principaux caractères, dont quelques-uns déj^énèienl oe- pendant en caricatuies, de fart dans le tissu des évéïiemens, et par-dessus tout une gaieté tVaiirhe et spirituelle, qui se communique «m dehors, et qui a souvent déridé

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les fronts les plus sévères. Plu- sieurs de ces romans paraissent avoir été conjposès pour les der-- nières classes de la société; la phi- sophie de l'auteur est moqueuse et bouffonne; et dans ses tableaux grivois, pour ne rien dire de plus, les mœurs et le bon goût ne sont point, selon lesnondireuseset jus- tes critiques qui en ont été faites, assez respectés ; niais malgré ces critiques, et peut-être par le genre de torts mêmes qui leur ont été re- prochés, ces ouvrages n'en ont pas moins été recherchés avec avidité par le public. M. Pigault-Lebrun s'est aussi acquis de ia réputation comme auteur dramatique. Ses comédies du Pessimiste, de l'Â- mour et la Raison , des Rivaux d'eux-mêmes, ses opéras du Petit Matelot, du Major Palmer (le su- jet de ce dernier est tiré de son roman des Barons de Felsheim), son drame de Chartes et l Jardine, qui retrace une des aventure" de sa jeunesse, etc., sont restés au théâtre, et se revoient avec plai- sir. 11 avait déjà donné, peu daul les premières aimées de ia révolu- tion, quelques pièces, qui fuient Irés-.ipplaudies, telles que les Dragons et les Rènéfl'rtines , les Dragons en cantonnement , etc. , joués en 1790 et '■94- On lui at- tribue de plus <pielqu« s ouvrages auxquels il n'a point juge à j)ro- pos d'attacher son nom , entre autres le Citateur , qui fut ^aisi par la p<dic6 iuq)ériale dans un nuurieiit de fervtur religieuse. Les autres uuviviges de M. f'ig.iult- Lebrun sont : 1 les Barons de Ftls- licini, 4 vol. iri-12; 3" Mon Oncle Thomas, 4 ^'O'- in- 12; o" Jngéli- ne et Jeanneton, 1 vol. in- 1 a (une

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<3es plus agréiibles productions de l'auteur); VErifant du Car- naval, 2 vol. in-i;i; 5" M. Botte, 4 vol. in-12; 6" la Folie espagno- le, 4 ^t)l. in- 12; 7" Idées généra- les sur notre position et celle des differens états de l'Europe, 1800 , I vol. in-8°; Jérôme, iSo-l, 4 vol. in-12; 9" Théâtre et Poésies^ 1806, 6 vol. in- 12; 10" la Famille Luceval , 180G, 4 vol. in-i:!; 11° l'Homme à projets, 1807, 4 vol. in-12; 12" ili. de Roberville, 4 vol. in-12 (faisant suite à l'ouvrage précédent) ; lô" Une Macédoine, 1811, /) vol. in-12; 14° Tableaux de société, ou Fanc/iette et nonori- nc, i8i5, el 2' édition, i8i-, 4 vol. in-12; i5* Adélaïde de Mé- ran, 181 5, 4 vol. in- 12 (concep- tion tri>tc et malheureuse, dont les sombres lahicaux contrastent avec les autres productions de l'auttiur); i(i' Mélanines littéraires et critiques , i8i»j,2 vol. in-12; 17° Encore du magnétisme, 1817, in-8"; 18" le Garçon sans-souci, 1818, 2 vol. in-12; \(}" l'Officieux, 1818,2 v(d. in-12; 20" l'Officieux, etc. M. l'igaull- Lebrun , après s'être si long-temps oc<:upé de romans et d'aventm-es imaginai- rt's, vient tout récemmeni de consacrer sa plume aux vérités liisloriques. lia publié, en 18245 les deux premiers volumes d'un grand ouvrage intitulé : Histoire de France, abrégée, critique et phi- losophique, à l'usage des gens du monde, avec celte épigraphe : La vérité, foule la vérité, rien que la vérité. L'auteur a très- bien vu rienmensc lacune (|ue laiss:.ient dans nos annale^ el ses devanciers el nos contemporains. Ce qui lui aj>parlient en propre, et ce qui

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fait désirer vivement la continua- tion de ce travail important, c'est le soin que l'auteur donne à tous les détails, l'amour de la vérité qui le guide, et cet esprit d'impar- tialité qui, empreint dans chaque page, montre le travail qu'il s'est imposé pour connaître ce qui est vrai, et le devoir dont il ne s'é- carte point de le dire sans cesse, sans fausse honte, et sans faux respect. S'il continue ainsi qu'il acommen- ce, il prendra une place distinguée parmi les historiens de la France, et peut-être sera-t-il celui qu'on lira avec le plus de plaisir, parce qu'il n'a ni la sécheresse des uns, ni la mauvaise foi des autres , ni la bassesse de qiielques historiens passés, ni l'esprit de parti de quel- ques historiens présens. Sous ce rapport son travail est un service rendu à l'époque présente, et c'est précisément parce qu'on n'en attendait pas un pareil de M. Pi- gault-Lebrun qu'il faut lui savoir gré de le rendre, et le féliciter de l'avoir déjà en partie rendu.

PIGALLÏ-MAUBAILLARCQ, négociant à Calais, frère du pré- cédent, a publié (pielques ouvra- ges estimés, parmi lesquels on cite principalement la Famille pyie- land ou les Prodiges, roman an- noncé comme traduction libre d'un ma<iscrit américain , 1807, 4 vol. in-12, et Isaure d'Aubigné, imitation de l'anglais, 1812, 4 vol. in-12. (k>s deux écrits offrent de l'inlérèl, et prouvent une ima- gination féconde.

PIGEAU( N.), professeur de la faculté de droit de Paris , et an- cien procureur au Chàielct , s'est fait cnnuaîlre par des ouvrages de jurisprudence, qui jouissent de lu

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confiance des praticiens et de l'es- time publique. Ce sont : Procé- dure civile du Châtelet de Paris et de toutes les juridictions du royaume, 1779, 2 vol. in-4°; Q." Introduc- tion à la procédure civile , exposée par demandes et par réponses, 1 784» in-S"; 181 1, in-8" ; iSiô, in-S"; réimprimée sous le titre de: Cours élémentaire du Code civil, 2 vol in-8° ; Notions élémentaires du nouveau droit civil, ou Exposé tné- thodique des dispositions du Code civil, i8o4> 2 vol. in -8°; Procédure civile des tribunaux de France, détnontrée par principes , 1807, 2 vol. in -4°; 2^ édition, 1812, in-4°; Cours élémentaire des codes pénal et d'instruction cri- minelle, 1813; 2* édition, 1817.

PIGEON (N.), général répu- l)licain, l'ut d'abord simple soldat; il s'éleva par son courage et par ses talens au premier posie mili- taire, et servit successivement avec distinction dans les difl'é- rentes armées que la France op- posait alors sur plusieurs points î\ ses ennemis, mais il tut particu- lièrement employé à l'armée d'I- talie. 11 s'y distingua surtout à la bataille de Roveredo, il commandait les troupes légères de la division de Masséna. Il avait sous ses ordres une division de l'ar- mée en 1799, lorsqu'il fut blessé à mort ;\ la malheureuse attaque de Vérone, dirigée par le général en chef Schérer. Il emporta l'esti- me et lus regrets de tous ses com- pagnons d'armes.

PIGEON TN.), remplissait les fonctions de juge au tribunal civil du déparlement de la Dor- dogne, lorsqu'il fut nommé, en mars 1799, par ce département,

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député au conseil des cinq-cents. Il devint, en décembre de la mê- me année, membre du corps- législatif; il en sortit en ï8o3. Depuis lors il n'a plus çxercé de fonctions publiques.

PIGNATELLI (François), delà maison des princes de Strongoli , capitaine général napolitain, naquit à Nuples, vers 1732. Il commença sa carrière militaire sous Charles III, dont il encourut la disgrâce pour avoir tué en duel le cheva- lier Pollatrelli. Plus heureux sous le règne de son successeur, Pigna- telli fut chargé de l'organisation d'un bataillon de cadets, que les ministres de ce jeune prince lui conseillèrefit comme un amuse- ment, et dont le but caché était de le distraire de soins plus sérieux. Cette proximité avec le roi ne fut pas sans profit pour Pignalelli, qui en devint le confident et l'ami. Il n'avait encore aucune influence dans les aflaires, lorsqu'il se pré- senta une occasion qui lui permit enfin de jouer un rôle. La chute de ïanucci et la présence de la reine au conseil (voyez Caroline d'Au- triche) avaient détaché le cabinet de Naples de ses anciens rapports politiques. Réuni à la France et à l'Espagne , ce p-'iys faisait partie d'un système qui répondait à l'es- prit de la maison de Bourbon, et aux besoins du midi de l'Eu- rope. La reine, n'ayant en vue que les intérêts de sa famille, tâ- chait d'échapper à la tutelle espa- gnole, pour se placer sous l'in- fluence autrichienne, et entrer dans la coalition des puissances du Nord. Charles III , en sa qua- lité de père et de prince, ne vit pas sans chagrin la tendance de la

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cour deNaples, et essaya vaine- ment de s'opposer à ces projets, qui lui paraissaient aussi faux en politique qu'injurieux pour sa per- sotuie. En posant la couronne de Naples sur la tête de son fils , il avait eu soin de l'entourer de con- seillers fidèles, qui par politique, ou par devoir, tenaient au pacte de famille : mais l'arrivée d'Acton ( voyez ce nom) et la faveur dont l'honorait la reine, dérangèrent ces combinaisons , et donnèrent un organe à la volonté de Caro- line. Ce nouveau ministre appor- tait dans le conseil de Naples, ses affections pour l'Angleterre, et sa haine contre la France et l'Espa- gne. L'en)pire qu'il exerçait sur le cœur de la reine, et l'ascendant qu'il cherchait à prendre sur l'es- prit du roi, alarmèrent le cabinet de Madrid , et engagèrent Charles 111 à demander brusquement à son fils le renvoi d'un homme qui tra- vaillait à troubler la paix de leur famille, et le système politique de leurs états. Le roi fut frappé de cette sommation : il avait de la vénération pour son père, et as- sez de bon sens pour sentir la jus- tesse de ses conseils. Mais asservi déjà par son ministre, et n'osant pas contrarier la reine, il résolut, d'après l'avis de l'un et de l'au- tre, d'envoyer un homme de con- fiance en Espagne, pour mieux disposer le roi à l'égard d'Acton, et soutenir celui-ci contre ses etme- mis. Son choix tomba sur Pignalel- li,i\quilareinedilenpartanl:aQucl- »le que soit l'issue de votre négo- » dation, ma volonté est qu'à votre ') retour vous assuriez le roi que son père est entièrement revenu '•de ses préventions contre Acton,

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»et qu'il n'insiste plus sur son » éloignement. » Pignatelli accepta cette responsabilité, et promit d'a- gir d'après les instructions qui ve- naient de lui être communiquées. Ce qu'on lui demandait pourtant était le comble de la perfidie, le dernier degré de la corruption et de la bassesse d'un courtisan : il devait trahir la confiance de son roi et de son ami, se faire un jeu d'un monarque aussi respectable que Charles III , semer la discorde entre le père et le fils pour servir les passions de la reine, et main- tenir en faveur un étranger qu'il n'aimait pas, et dont il était ab- horré. Mais telle était l'opinion qu'on avait alors de la toute-puis- sance de la reine, de la nullité du roi, et du peu d'influence de lu cour d'Espagne, que Pignatelli crut ne pas se compromettre beau- coup en se chargeant d'une tra- hison et d'un mensonge. Arrivé à Madrid, il fut admis à l'audience du roi, qui lui demanda si l* hom- me était parti. Pignatelli lui répon- dit par un mouvement de tête qui exprimait le contraire de ce que le roi voulait savoir. Charles llï lui tourna le dos, et ne le revit plus. De retour à Naples, Pigtta- telli y rendit compte de sa mis- sion , parla au roi dans le sens de la reine, et reçut des éloges de tous les deux, sur les heureux ré- sultats de cette négociation. Mai- bien peu de temps après, Char- les 111 interrompit sa correspon- dance avec son fils, et ne com- muniqua plus avec lui que par les voies diplomatiques. Pendant ce temps, le système du midi fut détruit à Naples: Acton y devint très-puissant; le marquis de la

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Sainbuca el les autres conscillors, dévoués à la cour d"Es{);;giie , Iti- renl éloignés du conseil, et la reine putyvoir ses vœux accuri- plis, sans avoir désormais à crair>- dre de nouveaux obstacles. Char- les m, en mourant, punit la désobéissance de son fils, en le déshéritant de la couronne d'Es- pagne et des Indes ; mais Pi- gnatclli n'en resta pas moins le lavori du roi, et le protégé de la reine, dont il avait si bien secon- dé les désirs. Les trcmblemens de terre des Calabres , ce terrible fléau qui détruisit la prospérité de celte belle partie du royaume deNaples, servirent à récompen- per la fi.lélilé ou plutôt la dé- loyauté de Pignatelli , qui fut in- vesti d'ime espèce de dicl.ilurc pour soulager ces malheureuses provinces : m;iis le remède f>e lit qu'irriter le mal, car les hommes s'v montrèrent aussi impitoyables que la nature. Parmi les moyens emi)loyi's pour l'administration temporaire de ces contrées, on imagina la fondation d'une caisse appelée sacrée , à cause de la des- tination qu'elle avait de recueillir les revenus el les richesses des couvens, qui existaient en Cala- bre, el dont le nombre égalait la fortune. Pignalelli y renouvela l'ex* mple de rapacité dorme par Verres, en Sicile; mais celui-ci mourut dans l'exil , taudis que Pi- gnalelli revint tranquillement à Naples y jouir du fruit de ses con- cujisions. Ce fait seul pourrait ser- vir à drinnei' la mesure de ce qu'é- taient les anciens gouverntuiiens , dont on a vu la cluite avec éton- nemcnt, lorsqu'on aiirait en regarder l'existence comme un

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miracle. Nommé gouverneur de la ville, cl réunissautà ces fonctions déjà importantes en elles-mêmes, celles de chef de la police, que Me- dici tombé en disgrâce venait d'a- bandonner, Pignalelli trouva en- core moyen de s'enrichir, en pré- sidant à la construclion de ce» vastes magasins à blés (i grandi), placés aux portes de la capitale, et (|u'on montre inainlenant aux étrangers comme un objet de cu- riosité et de luxe. Au premier si- gnal de la révolution française, Pignalelli fut élevé au rang de ca- pitaine-général, et chargé de la police de tout le royaume. Sa maison devint alors le repaire im- pur des hommes les plus méprisa- bles, et le centre de ce système d'espionnage qui remplit en peu de temps ce malheureux pays de délateurs et de victimes : sans sor- tir de ses iippaiteuieus, il pou- vait entendre les accusations des uns et les gémissemens des au- tres, ayant eu l'allreuse idée de transformer en cachots les écu- ries et les remises de sou palais. Altéré de richesses et d'honneurs, il se proposa d'épouser la fille uni-' que du comte de l'Acerra, riche héritière de l'illustre famille de.s Cardenas, qui, mariée depuis plu- sieurs années au duc de Maddalo- ni, fut déliée de ses sermens, en vertu d un divorce, repoussé par les mœurs <lu pays el par les maxi- mes de l'église. Mais les C(»uluines et les lois furent violées pour sa- tisfaiie l'avidité d'un favori, et pour la misérable cr.u'nte de voii^ réunies deux grandes fortimes dans la même famille. Pignalelli, sans influence dans le conseil, nepritaùcime part active auxévé-

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ncmens de 1798. Livré aux dé- tails de la police de la capitale et du royaume, il se vautrait dans toutes les iufainies, et cédait à toutes les suggestions des gens dont il s'était environné. Parmi les maux inévitables du despotis- me , c'est la crainte d'en dévoiler les horreurs qui en est un des plus lunettes : il aurait suffi de bien déterminer le caractère de celte longue et hideuse administration de Pignatelli , pour justifier les Napolitains de tous les efforts que long-temps ils tentèrent afin de ré- former leur gouvernement. Lors- que Ferdinand , cédant à la pusil- lanimité et aux conseils d'Acton , se décida à abandonner ses étals , ce ministre lui proposa de nom- mer Pignatelli ù la place honora- ble, mais dangereuse, de vicffire- général du royaume. On assure que la reine lui laissa, en partant, des ordres sévères contre les hau- tes classes de la société, regardées par elle comn)e les ennemies du trône, dont elles sDut destinées à être le soutien. Pignal«dli ne s'y conforma que trop. Il signa un armistice au moment douze mille homujes arrivaient d'Orbi- lello et de la Toscane, sous les ordres du généial Roger de Da- mas , que le duc de Roccaro- mana (voyez son article j venait de remporter un avantage sur le Volturne, et que la place de Capoue se défendait encore contre les ennemis , que des populations entières hai-celaient de tous cô- tés. Pignatelli ne tenant aucun compte de ces ressourc«;s , brûla la flotte , fit jeter les munitions de guerre i la mer, désarma les trou- pes, ouvrit le» forts à une popu-

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lace effrénée, et livra la ville de INaples à la plus furieuse anarchie. Eile devint bientôt si menaçante, que les partisans de l'ancien ré- gime, et jusqu'aux amis du roi, se réunirent aux vœux des répu- blicains, pour hâter l'entrée des Français, dont la présence seule pouvait arrêter les progrès de cette insurrection. Lesjjons ci- toyens furent ainsi placés dans la fâcheuse position de regarder avec effroi la courageuse résistance du peuple napolitain, qui se mon- trait, les armes à la main, bien au-dessus de ceux qui le gouver- naient. Par cette atroce conduite, Pignatelli détruisait le lien qui atta- chait la nation à son prince; car les gouvernemens sont faits pour s'opposer à l'anarchie; et en l'ex- citant, ils prouvent qu'ils ne sa- vent, ne peuvent, ou ne veulent point remplir leurs devoirs, tou- jours nécessaires , et môme indis- pensables , pour mériter l'amour des peuples. Pignatelli s'enfuit en Sicile, il resta tout le temps que les Français occupèrent le royau- me de Naples ; il y retourna après le roi , dont il ne put plus rega- gner la faveur. En 1807, il entra dans des intrigues pour favoriser le retour de la cour de Sicile dans ses états, gouvernés alors par le roi Joseph (^twyez Bonapaute). Arrêté par le gouvernement français, il n'aurait pas évité la mort, si le prim.e de Strongoli , son neveu f voyez l'article suivantj, n'eût pas intercédé pour lui auprès du nou- veau roi, qui se contenta de le ban- làr du royaume. Il vécut quelque temps à Rome, d'où Joachim [loy. Mukat) le rappela peu après son a- vénement au trône de INaples. PI-

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gnatelli y mourut en 1812, en proie aux remords et aux terreurs religieuses. (

PIGNATELLI (François), prince de Strongoli , lieutenant- {ïénéral napolitain , grand'croix de l'ordre de Saint-Georges de la réunion, chevalier de la légion- d'honneur, naquit à Napics en 1775. Placé dans un collège de cette ville pour y achever ses é- tudes, il en sortit pour aller fai- re ses premières armes en Au- triche, où il obtint le grade de sous-lieutenant dans uu régiment de chevau-légers , avec lequel il fitles campagnes de i795et 1794- Tandis qu'il se battait contre la France, ses frères étaient persécu- tés à Naples, comme partisans de la révolution française. Il en apprit la nouvelle, en recevant un coup de sabre dans une action , il s'était fait remarquer par sa bra- voure. Aussitôt que l'armée au- trichienne eut repassé le Rhin , il quitta le service pour voler au secours de ses frères. Mais il ne fut pas plutôt arrivé à Naples , qu'on lui lit un crime du sentiment qui l'avait ramené chez lui , de la démission qu'il avait donnée en Autriche, et même du séjour qu'il avait fait en France et en Hollande. Il vit alors qu'on cher- chait un prétexte pour l'envelop- per dans la persécution de sa fa- mille, et que sans sauver les au- tres, il aiu'ait risqué de se perdre lui-même. Pressé par s«s parens et par ses amis , il demanda ses passeports pour Malte , il dit vouloir faire ses caravanes, pour être admis dans l'ordre de Saint- Jean. Il ne s'arrêta dans cette île que le temps nécessaire pour

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trouver un vaisseau qui l'emmè- nerait en Toscane. Débarqué à Livourne, il se rendit à Florence , pour y reprendre tranquillement ses études, lorsqu'd^n lui écri- vit que ses frères s'étaient sau- vés, mais que leur fortune était perdue. Un séquestre général ar- rachait à la famille Strongoli son riche héritage, et la plongeait dans la plus profonde misère. Pi- guatelli réclama contre cet acte arbitraire, qui frappait indistinc- tement l'innocent et le coupable; mais sa voix ne fut point enten- due. Il ne vit d'autres ressources que de se présenter au général Berthier, qui lui ordonna de le suivre à Rome. La populace de cette ville , réunie aux insurgés de Velletri et d'Albane , profitant d'un moment d'insubordination manifestée dans l'armée, avait at- taqué plusieurs de ses avant-pos- tes. Pignatelli, le prince de San- ta-Croce, le prince Aldobrandini, font un appel au patriotisme des bons citoyens, en leur exposant les dangers qui les menacent; ils les entraînent par leurs discours et leur exemple, et tombent sur ces révoltés, qu'ils poursuivent jusque dans leurs repaires de Trastevere. (^e service fut ré- compensé par le grade de capi- taine que Pignatelli obtint dans les grenadiers de la légion romai- ne. Eu 1798, lorsque le roi de TNaples {voy. Feudinand I) enva- hit les états romains sans déclara- tion préalable de guerre, Pignatel- li, qui n'était que chef de bataillon, commandait la légion romaine à la bataille de Civita-Castellana : il se trouva en présence de la gau- che de l'armée napolitaine, qui

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fut ropnussée en déboucluint du liois de Falari, le chevalier de Saxe, qui la commandait, resta dangereusement blessé. Dans cette action, ['ignatelli se battit corps à corps avec un officier albanais, dont il reçut nne blessure , mais qu'il étendit mort à ses pieds. Sa conduite lui mérita d'être nom- mé colonel sur le champ de ba- taille. En 1^99, Pignatelli faisait partie de l'armée française qui marchait à la conquête de Na- ples. Le général Championnet lui confia deux bataillons, avec lesquels il se jeta sur les collines qui bordent cette capitale, en dé- logeant plusieurs embuscades, et en poursuivant l'épée aux reins les lazzaronis, qui se précipitaient sur sessoldats pourleurdisputer le passage. Il se dirigea vers le fort de Saint-EIme pour y renforcer Je parti républicain, qui venait de s'en rendre maître, C'estdu hautde CCS rempartsqu'il donna lesignal de l'attaque à l'armée française, dont il seconda les efforts en pénétrant jusqu'au centre de la ville. Quand Scbérer fut battu sur l'Adige, et que Macdonald reçut l'ordre de se porter sur le Pô, Pignalellî suivit l'armée française, dont il ne se sé- para qu'après la bataille de Novi, étant au nombre des officiers à la la suite, que Moreau renvoyait en France pour y chercher de l'emploi. C'est pendant son sé- jour à Paris qu'il reçut l'annonce fatale de la mort de ses deux frè- re* aînés, exécutés à Naples, en invoquant la capitidation qui leur garantissait la vie!!! En 1800, Pi- gtiatelli s'occupait de l'organisa- tion d'une légion italienne, dont le directoire l'avait chargé, lorsque

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le général en chef Bonaparte revint d'Egypte. Bonaparte, que la jour- née du 18 brumaire avait rendu l'ar- bitre de la France, méditait déjà la conquête de l'Italie, et en calculant tous les moyens de succès, il crut plus convenable de mettre à la tête de la légion italienne un officier qui eût des rapports directs avec le pays qu'on devait envahir. D'a- près celte détermination, Lecchi fut destiné à remplacer Pignatel- li , qui, envoyé à Gênes, y arriva lorsque Massénaen reprit le com- mandement après la bataille de Ma- rengo. A l'ouverturede la nouvelle campagne entre la France et l'Au- triche, Pîgnatelli entra en Tosca- ne avec la division Pino, et y or- ganisa une légion italienne. Il dut encore se battre contre les Na- politains, qui sous les ordres du général Roger de Damas s'étaient avancés jusqu'à Sienne pour for- cer les Français à évacuer la Tos- cane. Mais attaqués par le géné- ral Miollis, ils se replièrent sur Rome, et proposèrent un armis- tice, qui ameni la paix de Floren- ce. C'est à la faveur de ce traité que Pignatelli put rentrer dans sa patrie, il vécut dans l'inac- tion jusqu'à l'époque de la secon- de invasion française dans le royaume de Naples. Elevé au gra- de de général de brigade, et des- tiné au commandement de la pro- vince de Basilicale, Pignatelli dé- ploya une grande énergie pour y arrêter les progrès de l'insur- rection qui la menaçait de tous les côtés. Au moment Reynier venait d'éprouver un échec à Santa-Eufemia, et que le général Yerdier se voyait obligé d'aban- donner la Calabre, Pignatelli re-

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poussait (les corps nombreux de brigands qui s'avançaient sur tou- tes les directions, les b;ittail à Se- nise , à la Canna, à Rocca-Inipé- riale, et rouvrait les communica- tions avec Reynier, dont il facili- tait la retraite sur Cassano. Ha p pelé à Naples pour assister ii la prise de Capri, il partit l'année suivante poiu" la Catalogne, il prit le commandement d'unepelile divi- sion composée des cadres de trois régimcus, qui avaient fait la c im- pagne de 1809, sous le général Saint- C3'r, et des débris de deux autres corps provenant du Ty- rol. C'est à la tête de ces trou- pes, recrutées en grande partie d'ans les prisons de INaples, quePi- gnatelli s'empara du fort de l'île de Las Medas, et soutint les opéra- tions du général le ISourry , char- gé d'armer les côtes de la Catalo- gne depuis Calioure jusqu'à San- Filioux. Lorsque la division na- politaine eut ordre de passer en Arragon, c'est avec ces mêmes sol- dats qu'il dut proléger le transport des munitions par leri-e et par l'E- bre, pour commencer les sièges de Tortose et de Tarragone. A la suite de quelques différens entre le maréchal iVlacdonald et le géné- ral Piirualelli, ce dernier se rendit ;\ NapU,-s, Murât a r rivait, en iSii, de r«'tour de la malheureuse expé- dition de Ilussie. Le prenn'er plan de ce prince fui d'occuper l'Italie jusqvi'au Pô, d'y lever beaucoup de >uldats. d'y établir tin gouver- nement unique et constitutionnel ^ et de, s'allier à une grande puis- sance qui eût voulu l'admettre dans son système, en s'adressant d'abord à la France, s'il eût été possible de s'entendre avec jNapo- léon. Mais lorsque les souverains

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alliés se proposèrent de subjuguer la France, ils cherchèrent à s'as- surer de Joachim, dont l'attitude leur parut imposante. Ils craigni- rent qu'en se réunissant au, vi- ce-roi, il n'eût opéré une forte diversion en Autriche, et dérangé le plan générai de la campagne. On lui expédia des commmissai- rcs pour lui garantir la cou- ronne de ÎNaples , et lui offrir même uu agrandissement de ter- ritoire, à prendre sur les états de l'Eglise. Séduit par ces espé- rances, Joachim signa un traité avec les ennemis naturels de sa dynastie. Pignatelli, qui avait été envoyé en Italie pour y préparer l'exécution du premier plan de Murât , fut très-étonné d'en re- cevoir une dépêche qui lui ordon- nait de se rendre au quartier-gé- néral des alliés, poin- y demander la ratification du nouveau traité qu'on avait stipulé, eu sou absence. Mais il le fut encore plus , lors- qu'en rapportant au roi l'accepîa- tioti de l'empereur François, ex- primée dans une lettre autogra- phe, il le trouva disposé à se dé- clarer contre l'Autriche. Pignatel- li osa lui représenter les dangers de cette conduite, et, s.e mettant d'ac,eord avec ses collègues , il signa la lettre que plusieurs géné- raux adressèrent à Murât pour l'engager à rester dans l'alliance de l'Autriche, ayant déjà contri- bué aux succès des coalisés en Franceeten Italie. Ku effet, après la réunion des Autrichiens iivet; les Prussiens et les Russes, et le départ d'Augereau, les affaires de Napoléon ne laissaient plus au- cune chance favorable. En jSif), lorsque Napoléon revint de l'île d'Elbe, Mural, (pii n'avait pas

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.'ibandonné son premier projet sur l'Italie, en proclama l'inJépen- dance, et tourna l'épée contre les Autrichiens, qui d'un côté se concentraient sur le Pô, et de l'autre débordaient en Toscane, en menaçant le:- flancs de l'armée napolitaine. PignatoUi et Livroii , à la têle de la garde , devaient marcher sur Florence, tandis que le r»;ste de l'armée, sous les or- dres du roi, se serait avancée par les' Marches. Ce double mouve- ment, qu'on aurait calcu- ler de manière à tenir les deux parties de l'armée toujours à la même hauteur et à peu de dis- tance entre elles, paraît avoir été «ixécuté avec plus de vitesse d'un côté que de l'autre : dès-lors il n'y eut plus d'ensemble entre les opérations des deux armées; et tandis que la garde s'emparait de Prato et Florence, la division d'Ambrosio était repoussée de- vant Occhiobello , et le général Pepe se laisait battre à Carpi, sans que les suc«',cs d'une colonne eussent pu réparer les pertes des autres. Le roi Joachim n'ayant pu forcer la ligne du Pô. se retira sur Ancône, ordonnant à Pigna- lelli d'abandonner la Toscane. Ce mf)uvement rétrograde fut rxécuté en bon ordre, quoique l'insurreclion, organisée par lord Burghess, ministre d'Angleterre à FloriMice, y éclatât sous les pas de l'armée. Le a njiii, Joachim remjiorta im avantage sur l'avant- garde du général Bianclii, près de ]>L'iccrata; et le lendemain il paya ce succès par la perte de la batail- le deToleutiuo. Pignatidli. qui prit part à celle journée, s'était élabli au Colle de (^antagallo, position

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favorable , il soutint quelque temps le choc des Autrichiens, qui vinrent l'occuper à leur tour. Après la chute de .loai hiin, Pigna- telli, qui était son aide-de-camp- * général et son capitaine des gar- des, se retira du service, qu'il ne reprit qu'en )820, lorsqu'il lui é- tait permis d'espérer que sa patrie pourrait prospérer à l'ombre d'u- ne sage constitution. Il se déclara d'abord pour celle des corlès, qu'il désira voirmodifiée, et se pronon- ça en même temps contre la mau- vaise orgnisation de l'armée, et pour la formation des gardes na- tionales. Destiné au ctjmmande- ment d'une division d'infanterie, il fit partie du corps d'armée du général Cara'^cosa, dont il ne put éviter les revers. Au retour du roi de Laybacb, le général Pigna- telli , privé de son rang et de ses lionneurs, a, parson patriotisme et son instruction, conservé un rang honorable parmi ses concitoyens. Le général Pignalelli est auteur d'nn ouvrage dont la première partie parut en 1820, sous le ti- tre de : Memorie inlortio al a slo- ria ciel regno di Nopoli daW aiino i8o5 al i8i5. Il serait ù souhai- ter que l'auteur pût s'occuper d'eu donner la suite.

PIGNATELLI ( Vincent), frér.! du précédent, lieutenant-général napolitain, commandeur de l'or- dre de Saint -Georges de la Uéu- nion, officier de la légion-d'hon- neur, naquit, en 1781, à Naples, il reçut sa première éducation dans la maison ptilernelle. Des- tiné, malgré lui , à. l'état ecclésias- tique, il le quitta, (!n 171)9» pf>"i" entrer dans un régiment, que se* frères organL-jaicut pour lu uou-r-

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velle république. Poursuivi et ar- rêté , au retour de la cour de Si- cile , il eut à souiriir une longue captivité, rendue plus aflVeuse par le spectacle de deux frères exécutés presque sous ses jeux. Condamné hii-niême à l'exil , il vint en Fran- ce s'enrôler dans la légion ita- lienne , avec laquelle il repassa les Alpes. A la réorganisation des troupes cisalpines , Pignatelli , nommé chçf d'escadron des dra- gons Napoléon, partit pour rejoin- dre l'armée campée sur les côtes de l'Océan. Il y resta jusqu'en i8o3, époque de son rappel en Italie , pour la campagne de 1 8o5. L'année suivante , ,son corps faisait partie de l'armée de INaples, il rentra a vec le roi Joseph (î;oj, Bon aparté), qui lui confia l'organisation d'un régiment d'infanleric , et le nom- ma ensuite colonel de cavalerie. Pignatelli assista au siège de Gaë- te, sous les ordres du maréchal Masséna , et après la reddition de cette place, il fut en)p!oyé à la dcstruclion des brigands dans la jirovince de Basilicale. lîlevé au grade de général, il prit le com- mandement d'une brigade atta- chée à l'armée rassemblée par Joa- chim sur les côtes de 31isène, pour intimider les Anglais, qui s'é- taient emparés des îles deProcida etd'Ischia, Aprè$ leur départ, Pi- gnatelli retourna en Basilicate, oCj il eut plusiems affaires avec les brigands , qu'il détruisit à Chiara- monte, ilen tua3oo. En 1810, il fut chargé deprotégcrsur les côtes du Cilento , les bûliniens de trans- port qui s'y rassemblaient en pré- sence des croisières anglaises, pour porter des vivres et des munitions de guerre aux troupes destinées

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contre la Sicile. S'élant acquitté d'une manière satisfaisante de cet- te commission , Pignatelli fut nommé aide - de - camp du roi Joachim, qu'il suivit en Russie. Il s'y distingua en plusieurs ren- contres , et en fut doublement ré- compensé par le grade de lieute- nant-général , et le brevet d'offi- cier de la légion-d'honneur; mais il ne tarda pas à expier ces faveurs. Dans la retraite de l'armée, il eut les pieds gelés et les doigts em- portés. C'est dans les plus horri- bles souffrances qu'il acheva son voyage des frontières de la Prus- se jusques aux portes de Naples. Hors d'état de rester en activité, il jouissait d'une pension de retraite, lorsque , par un noble dévoue- ment, il reparut dans les rangs de l'armée , et se chargea de l'ins- pection-générale de la cavalerie, pendant la dernière révolution de Naples. Le roi , à son retour de Laybach , le priva de son rang et de ses honneurs ; il ne lui reste plus que ses blessures.

PIGNEALX (N.), évêque d'A- dran, naquit d.ins le département de l'Aisne, vers 1740; il s*^ consa- cra à l'état ecclésiastique, et par- tit comme missionnaire pour la Cochinchine , vers 1770, avee l'autorisation du pape et le titre de vicaire apostolique de cette contrée. Il y forma une petite co- lonie de chrétiens, dont la bonne conduite fut bientôt counjie à la cour, et mérita au prêtre français, l'estime particulière du roi Caung- Schung, qui lui confia (malgré la différence de religion ) l'éduca- tion de son fils unique. M. Pi- gneaux, devenu évêque d'Adran , en 1774) redoubla de zèle pour la

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oiospérité de son troupeau, mais ic^ troubles qui bouleversèrent alors l'empire de son protecteur, <;x('itèrent contre lui une persé- ' ution à laquelle il ne put se dé- rober qn'en fuyant avec ses ouail- les, dans la ville de Sat-Gond, oi\ ii se proposa d'invoquer le secours de la France. Le roi de Cochin- chine ne manquait ni de courage ni de talent; mais il s'était laissé 'iiiprendre par trois frères ambi- tieux qui avaient bouleversé son •^npire , et l'avaient lui-même forcé de chercher un asile dans l'île de Pulo-Wa. L'évêque fait a- gréer son projet au roi, et amène de son consentement, son fils à Paris, en 1787. Il fait un traité offensif et défeusif entre la France et la Cochinchine; celle-ci cédait 1.1 baie de Turon, l'un des ports de celte contrée les plus sûrs pour les vaisseaux, et les plus avanta- geusement situés pour le com- merce. L'évêque repart ensuite revêtu du caractère d'ambassa- deur extraordinaire à la cour de Cochinchine. Arrivé à Pondi- chéry, il devait prendre les secours accordés par la France , il y éprouve quelques retards; sur ces entrefaites, la révolution française éclate, et tout secours lui est refusé, mais il ne perd pas to\irage ; il part et retrouve le roi dans l'île de Pulo-^Va, qui y était resté deux ans, vivant de racines. Parmi les fauteurs de l'usurpa* lion, les uns étaient morts, les autres avaient excité l'indignation générale. Caung-Schung profile du mécontentement de ses sujets, et iepr«!nd le pouvoir en 1790. Il créa l'évêque d'Adran , son pre- iiii(.'r minisire, et sous la direction

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de ce prélat, il établit des manu- factures, construisit des roules et encouragea la culture. Il fit .ex- ploiter des mines et remonter la marine. L'évêque traduisit pour lui en chinois, im Traité de tacti- que, et enfin, éleva des écoles les pères de famille étaient obligés d'envoyer leurs enfans dès l'âge de 4 'i"s. Il mourut en 1800. Caung-Schung lui survécut6 ans; il conserva toujours pour l'évêque d'Adran , l'admiration que ses vertus lui avaient inspirée. Lors- que les missionnaires eurent célé- bré ses funérailles, le roi le fit dé- terrer malgré eux, pour lui ren- dre les honneurs funèbres à la manière des Cochinchinois.

PIGNOTÏI (LAUfiENx), poêle et historien italien, naquit à Fi- gline , en Toscane, en 1739. Son père, riche négociant de ce pays, éprouva des revers, qui lui enle- vèrent sa fortune. Le jeune Pi- gnotti, devenu ofphelin, se retira à Arezzo chez son oncle, qui le plaça dans le séminaire de la ville, il reçut son éducation. Poussé par une curiosité qui embrassait tout, et par une mémoire qui n'ou- bliait rien, Piguotti devint l'admi- ration de ses condisciples , dont il s'éloignait chaque jour, pour se rapprocher de ses maîtres. Les premiers vers qu'il composa, dé- celèrent son penchant et son gé- nie. L'évêque d'Arezzo, frappé d'un développement si précoce, encourageait Pignofti dans ses études; et dès qu'il put disposer d'une chaire dans son séminaire, il s'empressa de la lui ofi'rir : mais le jeune savant ne voulut pas l'ac- cepter, pour ne pas.s'engagerdans l'état ecclésiastique, dont on lui

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faisait nn devoir. Ce refus servit de prétexte à son oucle pour lui retirer ses secours. Pignotti dut ù l'affection de son beau-frère, de pouvoir aller à Pise achever son éducation, dans cette fameuse uni- versité,dont ildevait être le chef un jour. En y renouvelant l'exemple de son illustre compatriote Redi, il tut y allier les talens a},'réables du poète, aux études profondes du médecin ; et après y avoir pris les degrés de docteur, il se rendit à Florence pour y faire son cours de clinique, dans le grand hôpital de la ville. Il s'y fit remar- quer par son esprit et par son sa- voir. On en parla au grand-duc Léopold , qui lui confia la chaire de physique dans la nouvelle aca- démie qu'il venait de fonder pour la noblesse, à Florence. Quelques années plus tard, Pignotti fut chargé de la même chaire à l'u- niversité de Pise , ses le(;ons furent très - suivies , quoitpi'il n'eût pas une grande facilité à s'exprimer. Mais ses discours ne manquaient pas d'élégance et de clarté ; et au défaut de l'éloquence de» paroles, ils avaient la préci- sion des idées. Eu cherchant à se délasser de ces travaux, Pignotti se rappela qu'il était poète , et com- posa des fables , genre de compo- sition do4it le Parnasse italien ne peut pas déguiser la pauvreté, au niilieu de sa fécondité et de ses richesses. Ces fables parurent , pour la première fois, en i^Sj, et peu d'ouvrages ont eu un plus grand succès. Elles n'ont ni la concision de celles d'Esope et de Phèdre, ni la naïveté de celles de La Fontaine : ce sont moins des i>pologue.s que des narrations or-

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nées de tout le luxe de la langue poétique d'Italie. Pignotti, pour désartner l'envie qui affectait de ne voir en lui qu'un fabuliste, pu- blia ses conjectures météorologi- ques sur les variations du baro- mètre, d'après la théorie de LeRoy. Ses *aisoni:emeus sont plus ingé- nieux qu'exacts ; l'auteur en avait lui-même reconnu les imperfec- tions, et s'était empressé de les cor- riger. Partisan des idées et des pro- grès deson siècle, il avait misa pro- fit les nouvelles découvertes dans la physique, la chimie et la pneu- matique : mais ses corrections s'égarèrent dans les mains du li- braire , auquel il les avait confiées ))Oiir les faire imprimer. Dans un poëme intitulé la Treccla rupita (la tresse de cheveux enlevée ) , Pignotti, bien différent de tous les autres poètes héroï-comiques ita- liens, qui font parler aux Muses le langage le plus vulgaire, a, comme Boileau et Pope, mis une espèce de dignité dans le ridicule : il ne va jamais plus loin que la gaîté du sujet ne l'exige. Après avoir donné ses premières années à la poésie, Pignotti consacra les dernières à l'histoire, et c'est celle de sa patrie qu'il se proposa d'écri- le : tableau }dus animé fpie vaste, et d'un graiid intérêt dans les an- nales modernes des nations. Gib- bon, appelé par la force de son gé- nie à manier le burin de l'histoire, balança long-temps sur le choix d'un sujet. Dausiesménioiresqu'il nous a laissés de sa vie , il avoue que deux révolutions l'avaient frappé davantage: celle de l'ilel- vétie pour recouvrer sa lil)erlé, et celle de Florence pour établir sa grandeui'. Il raconte aussi qu'il est

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parvenu à rassembler un {jrand nombre de matériaux précieux, pour traiter ce dernier sujet pour lequel il s'était décidé. .Mais eu méditant t^ur les ruines du Capi- tole, lors de son voyage à Rome, il abandonna tout autre projet, et ne s'occupa plus que dus causes qui avaient contribué à la déca- dence de l'empire. L'ouvrage de Fignotti, mieux conçu qu'exécu- té , ne nous dédommage pas de celui de Gibbon. Son histoire de ^a Toscane est partagée en cinq livres: dans le premier, qui lui srrt d'introduction, l'auteur a ex- posé ses idées sur l'ancienne his- toiie des Etrusques; dans le se- cond, il montre ce peuple tombé sons le glaive des Romains, et le droit de conquête y remplacer ce- lui de la nature : celle triste pé- riode finit par la domination de la cointt;sse Matbilde, qui fit trem- bler les empereurs et les rois d'I- talie. Dans le troisième, il pré- sente le tableau des troubles et des guerres qui accompagnèrent l'usurpation des ducs d'Athènes; dans les quatrième et cinquième «!ofin, il noys fait assistera l'élé- vatiî)n et à la puissance de cette f.miille qui se montra d'abord si jalouse des droits du peuple, pour mieux l'asservir ensuite. Pignotti, en adoptant la manière de Vol- taire, a écarté du récit des évcne- mens tout ce qui pouvait en em- barrasser la marche. Il a traité dans cinq dissertations ajoutées à son histoire, des questions impor- portantes, qui servent à jeter mi grand éclat sur les époques qu'il parcourt, il s'y livre à des recher- ches sur l'art de la guerr«- dans le moyen âge; sur l'origine de Iji

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langue italienne, sur la renais- sance des lettres, sur le commerce de la Toscane, et sur 1 état des sciences, des lettres et des arts, à la fin du îS' siècle, et an com- nuMicement du iG*. La santé de Pignotti s'aflaiblit sons le poids d'un travail si extraordinaire. En 1801 , son gouvernement le dis- pensa de donner des leçons pu- bliques , et dans les années suivan- tes , il le nomma historiographe de la cour, membre du conseil d'instruction publique, et enfin recteur de l'université de Pise , qui est la plus grande dignité lit- téraire en Toscane. En 1809, Pi- gnotti ressentit une première at- teinte d'apoplexie, qui aiîaiblit considérablement sa mémoire : ses facultés intellectuelles s'étei- gnirent peu à peu sous les coups redoublés de cette terrible mala- die, pour laquelle on lui conseilla d'aller respirer l'air de Pise. Il ne s'y transporta que pour y mourir le 5 août 1812. Ses restes repo- sent dans le CampoSanto de cette ville, les fils de son beau- frère, (|ue par reconnaissance il avait institués ses héritiers, lui firent élever un beau mausolée.

PIHOREL( Louis-Emmanuel), docteur en médecine de la faculté de iMontpellier, ex-chirurgien-ma- jor de cavalerie, chevalier de la légion-d'honneur, e^^t à Falai- se , département du Calvados. Il manifesta dès sa jeimesse dugofit pour l'art de guérir, et vint faire ses études njédicinales à Paris ; il n'avait pas 20 ans qu'il était élève de première classe de l'école prati- que , et le plus jeune des mem- bres de la société d'instruction médicale. En i8o3, il prit du ser-

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vice dans la marine, et fut attaché au port de Brest. 11 fit, en i8o5, la campagne en Afrique, au Bré- sil et aux Antilles, sous les ordres du contre- amiral Willaumez , et retira de ce voyage malheureux tout le fruit qu'on pouvait atten- dre de son zèle à remplir les de- voirs de sa profession. En 180;; , M. Pihorel, qui alors appartenait au service de l'armée de terre, fut envoyé en Espagne et atlaohé, en 1808, au i5" régiment de cuiras- siers; il passa , en février i8i5, ù la grande-armée, et fut bloqué dans Glogau avec le régiment dont il était chirurgien - major (le i5i°). Rentré en France, en 1814 5 il vint à Paris, il exerça la médecine jusqu'au mois de fé- vrier 1816, qu il fut désigné pour l'hôpital d'instruction de Lille. Chirurgien-major au 4" régiment de dragons, il a obtenu une mo- dique retraite, récompense bien faible deses serviceselde longues campagnes faites dans les quatre parties du monde. Il s'est fixé à Rouen, il exerce honorable- ment la médecine. On a de lui : Dissertation surle scorbut , dont les observations curieuses et pra- tiques sont relatées dans le dic- tionnaire des sciences médicales, article Scorbut ; •!" Observation suivie de l'autopsie d'un lépreux ou élcTphMith\^e;'5'' Nouveau moyen de guérir la gale, en fri(;tionnant les pieds ; 4" Nouvelles méthodes de traiter la sipldlis , en employant le mercure uni au sulfure de chaux ammoniacé, ce qui em()êche la salivation d'avoir lieu; ^'Notice sur les en fans trouvés, avec les moyens d'en cimserver un grand nombre.

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PUS ( Pierre -Antoine- AiGis- TiN de), chansonnier, auteur de vaudeville, membre de la légion- d'honneur, d'après la notice qu'il a publiée sur lui-même, est fil» de M. Pierre-Joseph de Piis, cheva- lier de Saint-Louis. Destiné, dit- il, à servir dans le régiment du Cap , la faiblesse de sa santé le força de renoncer à la carrière des armes ; mais comme il se livra à l'étude des lettres, ce que Mars perdit tourna au profit des Muses. M. Piis, ou de Piis, dit avoir été guidé dans ses premiers travaux par l'abbé de l'Attaignant , par Saint-Foix, et par l'abbé de Ber- nis. Quel est cet abbé de Bernis •* Un seul ecclésiastique a rendu ce nom célèbre en poésie ; mais cet abbé qui, depuis 1758. était dési- gné par la qualification de cardi- nal, fut envoyé en 1769 à Borne, il contribua très-activement à la destruction des jésuites, et il résida en qualité d'ambassadeur de la cour de France, jusqu'à sa mort , qui eut lieu le i" novem- bre 1794- Dans quels momens, et par quels moyens cette éminence a-t-elle donné ses soins à l'éduca- tion poétique de M. le chev. de Piis ? c'est un point que les bio- graphes futurs s'attacheront sans doute à éclaircir. Quoi qu'il eu soit , les soins de l'abbé ou du cardinal de Bernis ne tardèrent pasà être récompensés. En 1776, sou jeune élève donna à la comé- die italienne, la Bonne Femme, pa- rodie d'Aiccste. Seize comédies mêlées de couplets, dont M. le chevalier de Piis a enrichi le ré- pertoire du Vaudeville, furent la conséquence du bon accueil que reçut la lionne Femme. Parmi ces

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pièces, qui n'obtinrent pas toutes le même succès, on distingua les Vendangeurs , le Sabot perdu, et les Amours d'été, opéras remplis (le couplets charmans, de situa- tions ingénieuses, et de tableaux gracieux. M. de Piis s'était asso- cié pour les composera M. Barré. A cette époque de frivolité, la na- ture et l'éclat du talent de M. de Piis, lui concilièrent bientôt la laveur de la ville et même celle de la cour. En 1784 ^ il fut nommé secrétaire - interprète de M. le comte d'Artois, place sans fonc- tions, qu'il exerça jusqu'à la ré- volution, et qui lui a été rendue depuis la restauration, ftl. de Piis, ainsi qu'on le voit , doit être ran- gé paririi ces hommes rares, dont les orages de la révolution n'ont point altéré les affections cl les opinions primitives. Ces affec- tions et ces opinions se conci- liaient très-bien sans doute avec les fonctions qu'il a remplies darjs la garde nationale, soit à Paris, soit ii Corbeil, il était proprié- taire; mais peut-être est-il moins facile dt les faire concorder avec les fonctions d'agent de la com- mune de Chennevières-sur-Mar- ne, de commissaire directorial du canton de Sucy, de commissaire du directoire près du premier arrondissement de Paris, et aveo celles de membre du bureau cen- tral de cette vilie. La formule du serment que les fonctionnaires publics étaient obligés de prêter à celte époque, était de nature à répugner à des royalistes moins prononcés même que M. de Piis. Après le 18 brumaire, M. de Piis passa des fonctions de membre du bureau central à cel-

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les de secrétaire -général de la préfecture de police, place qu'il a occupée jusqu'en 181 5; il ne l'exerça pas toutefois pendant les cent jours , mais il n'en fut pas moins employé par le gouverne- ment intérimaire, en qualité d'ar- chiviste de la préfecture de poli- ce. Rétabli dans ses premières fonctions parla seconde restaura- tion, il les perdit bientôt, et à dater du 14 août 181 5, il fut ren- du tout entier à ses occupations favorites. Les nombreuses chan- sons que M. de Piis a publiées dans toutes les phases de sa vie politique, prouvent que le soin des affaires ne lui faisait pas né- gliger les lettres; il n'est pas \\n événement, il n'est pas un gou- vernement qu'il n'ait chanté sur des airs connus, à commencer par celui de God save ifie King. On retrouve il est vrai entre les divers sentimens exprimés dans les couplets de M. de Piis, la con- tradiclion qui existe souvent en- tre ses principes et sa conduite, mais c'est en cela surtout que res- sort la souplesse de son esprit; jamais franc royaliste n'a paru si bon républicain, jamais homme si religieux n'a paru philosophe plus déterminé. Faut-il en fournil* la preuve, entre nulle autres? pre- nons au hasard le couplet suivant, il est tiré d'une chanson intitulée de l'Inutilité des prêtres,

EnÇcance adroite et fanatique , Qui viviez jadis de l'autel , Voulez-vous de la république Obtenir un pardon formel ? En uniforme, en casque, en guêtres. Armez vos btas d'un fer vengeur. Et perdez , en prenant du c.eur, Votre caractère de prêtres.

Ce n'est pas, nous le répétons» dans ces couplets qu'il faut cher-

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cher la véritabfe pensée de M. de Piis, mais dans ceux qu'il a fait iii- sérer depuis, st)il dans la Foudre, soil dans les Lettres champenoises, soit dans d'autres pamphlets du même genre. Désavouant ses opi- nions silnulées, M. de Piis, plus orthodoxe que personne au mon- de, ne travaille jdus aujourd'hui que pour l'amour de Dieu. Croyant probahleineut que la iDultJplieité de ses compositions compensait leur peu d'impoi tance, ce poète s'est mis plusieurs lois sur les raun^s pour l'institut et pour l'a- radcniie-lrançaise. En cela encore, il s'est montré inconséquent avec ses piincipes. En 1798 ou 99, de concert avec un autre cheva- lier, le clievalier de Cubières, le chevalier de Piis avait fondé une institution appelée le Portique ré- puhlicaiîu iiistilntioii lellement in- com])alihle avec l'inslilut, que par un aiiicK; si)écial de son regle- ïnent, nul uitinbre de l'institut n'y pouvait être admis. Peut-être l'institut a-t-il pris tacitement una résolution pareille, lelativemenl aux UMMubres du Portique. Les œu- vres de M. Piis ont été imprimées et publiées en quatre volumes par sou^cripiion, lorsqu'il était préfet de police. Cette édition , fort chè- re dans l'origine, a perdu les trois quarts de sou piix. Il n'en est pas ainsi de sa valeur. Car indépen- damment d'une romance tiès- sentimentale sur les huîtres, ou y trouve plusieurs })ièces assez cu- Tieuses, et entre antres un poëme sur les lettres de I alphabet, sont les vers suivans :

Le (^) traînant sa queue et querellant tout bas. L'X ex>.i(ant la rixe.

"Voilà ce que M. de Piis appelle de

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Vharmonie cmitative. Sans rabais- ser le mérite de ce poëme, nous croyons pouvoir avancer que M. de Piis fait mieux. Quoique dans ses meilleures chansons il soit prolixe et bizarre, et qu'il n'ait pas produit une chansr)n par- faite, il s'est placé par plusieurs couplets, au niveau de nos meil- leurs chansonniers. Ce n'est pas, toutefois, parce couplet qui se trouve dans une de ses dernières productions :

Parer, en fastueux coquet,

Son ironique boutonnière

Dun œillet rouge ou d'un bouquet

De violette printanière ,

'• C'est être imurrccti nncl ,

•> £t non constitutiannei. ••

Que, de la retraite qu'il habile, M. de Piis envoie de temps en temps de pareils couplets à cer- tains journaux, il n'y a rien que d'innocent, rien qui ne. soit com- patible avec l'esprit de la réforme dans laquelle il s'est jeté; mais il n'en est pas ainsi des attaques qu'il se pertntt trop fréquemment con- tre les fauteurs des opinions qu'il a feint de parlaj^er. Qu'il se sou- vienne que la charité est la pre- mière des vertus chrétiennes, et qu'il faut être indulijent quand on a eu besoin d'indulgence. M. le chevalier de Piis est nu des fon- (ialeurs du théâtre du Vaudeville, et réclame, à ce litre, des pro- priétaires de cet établissement, une [icnsion (pi'il n'a pas encore oblenue. Sic vos non vohis. S'il n'est pas de l'acadeinie-fiatiçaise , il a été membie du Careau, socié- té (juijpendaiilviugt ans, a fait des chansons pour boire, et bu pour faire des chansons. Les inégalités du talent de M. le chevalier de Piis lui oui attiré plusieurs épi-

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gammes , provoquées par son nom ; Di Ttiellora Pus, lui disait l'un, en parodiant Virgile ; //«^'e Pii<t ingenium, disait l'autre , en pa- rodiant le Ilitiiel. D'autres, jouaut sur le noui du plus ingénieux des associés do cech:insonnier,di'<aient que dans les ouvrages de Piis il y aidait beaucoup de choses à barrer Barré), M. Piis aura sans doute ri le prenner de ces pointes, que nous ne rappelons que pour l'é- gayer. Ses priiUMpaux ouvrages sont : Les AugustUis , contes nouveaux, 1777 , 2 vol. in- 12 ; la Carlo Roherliade , ou E pitre des chenaux , ânes et mulets de ce bas monde au sujet des ballons , 1784 •, in-S"; j'Cliarisonsnouoetles, >785, in- 12; 178*:), in- 12 ; 4' Harmonie imitalive de la langue française , poëme en 4 chants, 1786, in-ia ; les OEufs de Pâques de mes cri- tiques, dialogues mêlés de vaude- villes, 178G, in-8° ; Opuscules diners, 1791 , in- 12 ; Chansons choisies, 1 806, 2 vol. in- 1 8; OEu- vres choisies, 1810, 4 vol. in- 8"; Chansons pour la naissance du roi de /î«mc(dans les Hommages poétiques deMM. Liicet et Eckart) ; lO" A quelques Portes très- spiri- tuels ( matérialisme à part ) , stan- ces familières , 1 8 1 8 , in - 8°. Les pièces qu'il a composées en société avec M. Barré sont au nombre de seize ; en voici les titres : la Bonne femme ou le Phénix^ parodie Al- cesle; V Opéra de province, parodie A\4rmide ; Cassandre oculiste, ou l'Oculiste dupe de son art , co'.né- die-parade ; Arislnte amoureux , ou le Philosophe bridé , opéra co- mique ; les V endangcurs , ou les doue Baillis , divertissement ; Cas- sandre astrologue, ou le préjugé de

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la sympathie, comédie-parade ; les Etrennes de Mercure, ou le Bonnet magique , opéra comique ; la Ma- tinée et la f'^eillée villageoises, ou te- Sabot perdu, divertissement; te Printemps, divertissement; les deux Porteurs de chaise, comédie- parade ; les A mours d' été, di vertts- sement ; le Gâteau à deux fines, di- vertis.^e'uent ; l' Oiseau perdu et re- trouvé, ou la Coupe des foins, o\)é.CA comique; le Mariage in extremis, comédie, les Voyages de Rosine, 0- péra comique; tiX lesQ uatre coins ,0- péra comique. 3J.de Piis acomposé seul , laFausse Paysanne, ou Heu- reuse inconséquence , comédie ; les troisDéesseS rivales, ou le double Ju- gement de Paris, divertissement; les Sacoyardes, ou la Continence de Bayard, comédie; les Solitaires de N ormandie,o\)é.vii comique; la suite des Solitaires de Normandie, opéra comique ; les deux Panthéons , co- médie vaudeville ; les deux Limo- sins , op(ivava\iilevil\e; l' abbé y erd; le Savetier et le Financier; le Maria- ge du vaudeville et de la morale ; les Plaisirsde r hospitalité et les Plaisirs de l'adoption , opéras vaudevilles; Santeuil et Dominique , pièce anec- dotique ; et enfin, te Rémouleur et la Meunière, divertissement.

PILAllD (l'al)bé Jeav-Char- les), le 17 octobre 1767, était curé de Suint-Jean de Corconé dans la Vendée, à l'époque la guerre civile y éclata. Il se réunit à l'armée catholique, passa la Loi- re avec elle, et accompagna les chouans tiiia l'instant qu'ils se ras- semblèrent. Pendant la première guerre, ce fut à M. de Scépeanx, chargé du commandement de l'An, jou, que s'attacha l'abbé l'ilard. Il eut occasion de se lier alors avec ai

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le général Bourmont ( voyez ce nom), dont il devint depuis l'a- gent intime , et qui , à la seconde guerre qui eut lieu en 1799, le nom- ma aumônier-général de l'armée et trésorier. Il joua dès-lors un rôle important dans ces l'atales circons- tances; il était à raison de son der- nier titre admis à lt)usles conseilîT, et iniiié à tous les secrets, ne quit- tant pas un instant le général en chef, le suivant même dans toutes ses expéditions, et jusque sur les champs de bataille. L'abbé Pilard <'St rentré, depuis la pacification , dans l'exercice de ses fonctions sa- cerdotales,pi us chères sans doute à son cœur depuis qn'elles nont plus pour objet que la paix et la charité. Il a été nommé à la care de Souelles, dans le département de Maine-et-Loire.

PILASTRE DE LA BRARDIÈ- RE (Up.bain-René ) , habitait le bourg de Chefles, ci- devant An- jou, aujourd'hui département de Maine-et-Loire, lorsque la révolu- tion éclata, 11 fut nommé député de la sénéchaussée d'Anjou, aux états-généraux en 1789, et ne prit part que par son vote aux impor- tantes questions qui y furent agi- tées. En septembre «792, il fut de nouveau élu })ar le département deM.iine-et-Loire à la convention nationale, dans le procès du roi, il votaladétention pendant la giaer- le, et le batmissement à la paix. A- près la session, il passa au conseil des anciens, d'oi"» il sortit le 20 mai 1798. Il devint alors l'un des ad- ministrateurs des hospices civils de Paris, place qu'il ne conserva que jusqu'à la révolutiondu 18 bru- maire an 8, à la suile de laquelle (en décembre 1799) il fut encore

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élu membre :lu corps-législatif. Il cessa d'en faire partie en i8o5, et n'a point rempli depuis cette épo- que de fonctions jHibliques.

PliiLE (Lotus-Antoine comtk Dr) , lieutenant - général , offi- cier de la légion - d'honneur et chevalier de Saint- Louis, à Soissons, le i4 juillet 1749? était avant la révolution secrétaire- général de l'intendance de Bour- gogne. Jl se prononça avec cha- leur pour le nouvel ordre de choses, et lors de la levée des premiers bataillons de volontai- res, il fit partie d'un de ceux qui se formaient à Dijon, et en fut bientôt nommé commandant. Il passa avec ce corps à l'armée que commandait Dumouriez, se dis- tingua dans plusieurs occasions par sa bravoure et ses talens mi- litaires, et obtint à la fin d'août 1792, fc grade d'adjudant-géné- ral; mais s'étant trouvé en di- verses circonstances opposé au général Dumouriez, et bien éloi- gné de vouloir seconder ses pro- jets , celui-ci le livra aux Autri- chiens lorsqu'il passa de leur cô- té, et l'adjudant-général Pille fut long-temps retenu pareux prison- nier dans la forteresse de Maës- tricht. Rendu etifin à la liberté, il fut appelé à Paris par le gouverne- ment, qui le nomma commissai- re-général de l'organisation et du mouvement des armées de terre, place équivalente alors à celle de ministre de la guerre. Pendant son adminislralidii, il fut dénon- cé aux jacobins par Sijas, mais cette altaque n'eut pointde suite, et il continua à remplir les mêmes fonctions, jusqu'après le 9 ther- midor (27 juillet 1794)- Employé

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alors dans le grade de général de brigade à l'intérieur de la Fran- ce, il fut attaché, en 1797, à l'ar- mée d'Italie, et commanda depuis successivement les places de Mar- seille et de Lille. Après la révo- lution du 18 brumaire an S (9 110- veitihre 1799), le général Pille eut une inspection, et tut chargé long- temps à Paris de fonctions con- cernant particulièrement le recru- tement et la conscription. Lors du retour du roi en 1814 ■. il fut nommé chevalier de Saint-Louis, et eut, le a3 septembre 1 8 1 5, le li- tre de conite. lia depuisobtenu sa retraite. L'aïeule maternelle de ce général était la sœur de l'illustre Racine.

PILLET (Fabien), homme de lettres, membre de la société royale académique des sciences de Paris, olïicierdcl'universitéjestnéà Lyon en 1772. Il a successivement coo- péré à la rédaction du Journal gé- néral de France, du Journal d' ins- truction publique, du Déjeuner, feuille dont les auteurs furent con- damnés à la déportation à l'épo- que du 18 fructidor, et enfin du Journal de Paris , dont il est au- jourd'hui le plus ancien rédacteur, pour la partie des arts et de la lit- térature dramatique. M. Fabien Pillet a occupé diverses places d'administration, notamment cel- les de chef de bureau des théAtres et de secrétaire principal de la di- rection générale de l'instruction publique, et en dernier lieu de chef du bureau descolléges royaux à l'u- niversité, lia fourni beaucoup d'ar- ticles à la Biographie universelle , ceux, entres autres, des acteurs du Théâtre-Français et de plusieurs poètes, peintres et sculpteurs.^

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Une pièce de circonstance, JVen- zel ou le Magistrat du peuple, opé- ra en 3 actes, musique de Ladur- ner, lui valut, en 1794, l'avantage d'être rappelé de l'armée, et exemp- té de la réquisition militaire, par un arrêté spécial du gouverne- ment. Il a donné depuis avec suc- cès, mais sous le voile de l'ano- nyme, un opéra en un acte, Duval ou une Erreur de Jeunesse, qui eut au théâtre de l'Ambigu-Comique i 5o représentations, et une coirié- die en un acte, le Refus par amour, imprimée [)ar Barba. L'opéra de Duval fut f til en société avec M. Gré- try neveu. On a de M. Fabien-Pil- let un grand nombre di; poésies fugitives, et surtout ù'Epigram- mes, qui sont éparses dans les re- cueils et dans les journaux, et Ton cite particulièrement, comme cel- le de ses pii;ces bachiques qui a eu le plus de vogue, la chanson qui commence ainsi ;

Voulez-vous suivre un bon conseil ? Buvez avant que de combattre , etc.

Ses querelles épigrammatique* avec Legouvé, Despaze, Vigée, Geoffroy, Dorât Cubières, MM. l'abbé Feletz, Baour-Lormian, Le- brun -Tossa, etc., ont pendant quelque temps amusé les oisifs de la capitale. Son ouvrage intitulé : la Lorgnette des Spectacles, et sa Revue des comédiens (2 vol. in- 12) serviront utilement à l'histoire du théâtre. Il est peu de livres de ce genre le talent des acteurs en réputation soit soumis à une ana- lyse plus approfondie et plus im- partiale. Sa critique du salon de 1812, qui parut à cette époque sous le litre de te Noir et le Blanc, et ses articles du Journal de Paris, sur les expotiitions publiques des

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années suivantes, ne sont pas non plus sans intérêt pour les liomuies qui se proposent d'écrire l'histoire de la peinture. On a de lui, en ou- tre, des Lettres critiques à un membre de l'athénée de hyon , sur les cinq satires de M. Despaze, et des brochures politiques, pu- bliées après le 9 thermidor an 2, savoir : Sommes-nous libres ou ne le iommes-nous pas? Des Lois et non du sang, etc., etc. On lui a long-temps attribué un pamphlet satirique, intitulé : Revue des Au- teurs vivons, qui causa une sorte de scandale parmi les gens de let- tres (1797), et qui l'exposa même à la colère du directoire-exécutit"; mais il a constamment désavoué cette brochure, la hardiesse al- lait jusqu'à la témérité, et l'on a lieu de croire du moins qu'il n'en était pas l'unique auteur. On re- marque, au surplus, que depuis l'époque du i8 fructidor, il fut proscrit avec ses amis, MM. Des- tor et E. Dupaly, il s'est abstenu d'écrire sur la politique.

PILLKINGTON (Marie), da- me anglaise, auteur de plusieurs ouvrages estimés, principalement consacrés à l'instruction de la jeu- nesse, née à Cambridge, en 1766. Son père était un chirurgien très- habile ; mais plus occupé de son ^rt que de sa fortune , il laissa eu mourant sa l'en:me et sa fille dans le besoin. Cette dernière fut éle- vée par son grand-père, ecclésias- tique respectable, qui se plut à cultiver les heureuses dispositions dont elle était douée. Elle épousa, en 1786, un chirurgien de la ma- rine, et pour suppléer à son peu de fortune, elle entreprit l'éducation <le plusieurs jeunes demoiselles.

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Ayant ensuite publié quelques écrits qui obtinrent du succès, elle s'adonna tout entière à la littérature. Les principaux ouvra- ges de mistriss Pillkington, sont: i" Histoire de Mortimer I^uscetles, 17975 iu-ï2; Histoires tirées de l' Ecriture-Sainte, 1798, in- 12; 5* Miroir pour le sexe, 1798, in- 12; f\° Beautés historiques pour les jeunes dames, 1798, in- 12; 5* Contes de Marmontel , choisis et abrégés, 1799, in-12; Qt" Biogru' phie pour tes jeunes garçons, 1 799, in-12 ; Biographie pour les jeu- nes filles, 1799, in-12; 8" Nou~ veaux contes du Château ^ 1800, in-12 ; 9" Contes delà Chaumière, i8oi, iu-12; 10° Contes pour les jeunes dames, 1801, in-12; 1 1* Aventures merveilleuses , ou les vicissitudes d'une Chatte, 1802, in-12; 12" Abrège de l'Histoire de ta nature animée, par Goldsmith, i8o5, in-12; 13" la Fertu, 1804» in-12 ; 14° Dictionnaire biographie que des Femmes célèbres, 1804, in-12; i5° Crimes et caractères , i8o5, 3 vol. in-12; 16" Hélène, 1807,3 vol. in-12; ly' Explica- tions sacrées, ou Remarques du di- manche soir, 1809, in-12; 18° Sinclair, ou l'Orphelin mysté- rieux, 1809, 4 vol. in-12; 19° /n- cidens caractéristiques, tirés de la vie réelle, 1809, in-12; ao" Poè- mes originaux, 1811, in-S" ; 2 les Malheurs de César, ou Aventures d'un chien trouvé, ) 8 1 3, in- 1 2; 22° Lettres d'une mère à sa fille, etc. PINARD (Joseph), naquit, en 176S, à Christophe-Dubois, département de la Vendée. Les premiers troubles de la révolu- tion l'attirèrent à Paris; il y figura dans tous ceu-t qui eurent lieu

successivement, et devint l'un des menibres les plus frénétiques et les plus sanguinaires de la so- ciété des Jacobins de Paris. Il fut, i\ ce titre, remarqué par CanifT, qui, envoyé en mission djtns II' départoment de la Loire- Inttrieiire, le choisit pour l'ac- cnntpagner. A peine arrivé à Nantes, Pinard fut nommé n\em- brc du Cfjmilé révolutionnaire de cette ville, et rexocuteur de confiance des assassinats journa- lier'» qu'il provoquait, et qu'or- donnait ensuite le comité; il était surtout chargé des arrestations à faire dans les campagnes. Ses furfurs et ses rapines s'étendaient sur tons les départemenscuviron- nans, son nom seul répandait un effroi général, he 9 thermi- dor mit nn terme à tant d'hor- reurs. De retour dans la capitale après cette époque, il fut dénon- cé par sa section, et compris dans le procès intenté contre !es mem- bres du comité de Nantes. Le tribunal révolutionnaire de Paris Je condamna à mort le aS frimai- re an 5 (i5 septembre 1794)5 comme complice de Carrier, « ayant commis plusieurs assas- «sinats de femmes, de vieillards oet d'enfans, incendié plusieurs nhabitations, volé une somme de n4»ooo livres, etc., etc. » Il fut, avec Moreau- Grandmaison , le seul membre de ce comité qui accompagna Carrier à Técha- faud. Pinard était âgé de 26 ans. P I N I) lii M 0 N T E (le marquis Jean), poète italien, naquit à Vé- ronne, en 175». Hiwoyit de bonne heure au collège des ISoblesà Mo- dène, il s'y montra poète, et mê- me improvisateur. Encouragé à

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cultiver ces dispositions, il vou- lut imposer un frein à son imagi- nation pour avoir le temps de for- mer son talent. Mais aussi peu maître de l'un que de l'autre, il composa des vers avec plus de fa- cilité que de goût, en croyant y avoir mis du sentiment, parce qu'il y avait de la chaleur. Plu- sieurs de ces compositions paru- rent à la suite d'une traduction poétique des Remèdes de l'amour d'Ovide, que l'auteur fit impri- mer en 1791, à Vicence , sous le nom d'Éschilo Acanzio. Il y exerçait alors les fonctions de pré- leur que la république de Venise lui avait confiées. A une époque la scène italienne rérilamait un successeur de MalFei, et cherchait un meilleur interprète que Pepoli (?'ov. cet article an Si'pplément), Pindemonle descendit dans l'a- rène pour y briguer l'honneur de se parer de la première couronne dramatique de l'Italie. Ses tra- gétlies, presque oubliées main- tenant, attiraient la foule au théâ- tre , dans un temps oi'i celles d'Alfieri y étaient écoutées avec impatience. Pindemonte s'y mon- tra novateur, et fut des premiers à y enfreindre les règles d'Aris- tolc. Ses componimenli teatrali, au nombre de onze, imprimés à Mi- lan en 1804, 4 ^o'- in -8", et précédés d'un Discorso sal tea~ Ira ilaliano, échouèrent devant la crili(|ue des littérateurs, après a- voir enlevé les suffrages du pu- blic. Dans un éloge composé en l'honneur de Sainl-Thonias-d'A- quin, Pindemonte eut la préten- tion d'être éloquent, et ne fut qu'é- rudit : cet essai sufïit à le faire ju- ger aussi médiocre prosateur que-

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médiocre poète. ObIig:é de s'éloi- f;ner de Venise, il vécut quelque temps à Paris, il eut occasion de se faire remarquer du premier consul Bonaparte, qui le nomma jnembre du corps-législatif ita- lien. Pindernonte mourut en 1812. PUS DEMONTE (le chevalier IIippolite) , frère du précédent, ei meilleur poète que lui, naquit à Vérone en 1755. Placé au col- lège des nobles, à Modène, il y entreprit ses études, et y annon- ça son penchant pour la poésie. A j8 ans, il s'était déjà placé parmi les bons poètes italiens, et avait enrichi le Parnasse de quel- ques élevantes productions. Se formant d'abord sur les classiques grecs et latins, il eut ensuite l'oc- casion d'observer la société et les hommes, et de soumettre à l'expé- rience les idées qu'il avait puisées dans l'étude, il parcourut succes- .«ivement la France, agitée par la révolution, l'Anglelerrr, terre de réalités, et ITlalie, pays d'espéran- ces. Ces tableaux variés de l'espèce humaine firent une profonde im- pression sur son esprit, et contri- buèrent à modifier ses opinions. Il échangea la lib<îrté contre les privilèges , et tomba dans la dé- votion en se sauvant des bras de l'amour : mais ses ouvrages con- servent la trace lumineuse des différens sentimens qui se sont tour- à -tour succédé dans son cœur. Le Viaggi, lo plus long de ses sermons, et Aharitle, roman qui lui a été attribué, sont une espèce à.' Album, l'auteur a consigné les réflexions aux- quelles il s'était livré pendant ses voyages. Il a composé aussi des poésie campestri , il parle

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avec une grande admiration de l'Angleterre, dont il décrit les campagnes et les mœurs; en gé- néral, les poésies de Pindernonte portent lempreinte de ce calme, de ce repos , de ce rare bonheur qu'on ne fait éprouver aux autres que lorsqu'on est capable de le sen- tir soi-même. Enfin Pindemonte a composé une tragédie sur la mort d'Arminius, ce héros de la Ger- manie, qui, après avoir délivré son pays du joug étranger, en- courut sa vengeance pour avoir tenté de le sf)uinettre au sien. Cette pièce s'écarte de la sévé- rité des anciemujs règles sans pourtant les violer trop ouverte- tement. L'auteur y a introduit des chœurs de guerriers et de jeu- nes fdies, qu'on regarde comme de bons modèles de style. On ne peut pas juger de l'efiet que V Ar- /Aim/o aurait au théâtre, celle pièce n'ayant janiais été jouée, et pa- raissant même peu susceptible de l'être. Les ouvrages de Pinde- monte qu'on estime le plus, sont ses poëines lyriques, surtout les épîtresel les sermons, qui out une certaine gravité d'idées et de sen-. timeus, que l'auleur semble avoir puisée dans la littérature anglaise, dans laquelle il est très - verSé. 11 vient de publier une traduc" tion en vers blancs de l'Odys- sée, dont il avait fait paraître deux chants, il y a quelques années. Pindemonte a peut-être bien fait de la [iréférer à l'Iliade, qui aurait exigé plus d'imagina- tion, et une plus grande vigueur dans le style. Animé par un noble sentiment de patriotisme et d'ami- tié, il a répandu souvent des fleurs sur le tombeau de ses amis et de ses

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compatriotes. Maflci, Spolverini, Pompei, Torelli, Rosa Morando, ont re^îii tour-à-tour ses homma- ges et ses éloges. L'âge et les infir- mités ont reiulii Pindemonte d'u- ne dévotion trop austère pour un esprit cultivé. Le temps qu'il don- ne à ses prières nuit à ses travaux, et c'est avec raison qu'on lui repro- che le partage trop inégal qu'il en fait entre ces mêmes travaux et ïa conscience. Cet auteur n'est pas du nomhre des hommes ex- traordinaires qui l'Italie a pro- duits; mais l'as?iduité de ses études, la dignité de sa vie et de ses écrits lui assurent tm rang honorable par- mi ses contemporains, et le re- commandent d'avance à l'esti- me de la postérité. Ses autres ou- vrages sont : Inno à Cerere , in-8": c'est une traduction de l'hymne attribuée à Homère ; 2" i Sepolcri: c'est une réponse à un poëmequeFoscolo luiavaitadressé sur le même sujet; 5" le Nozze di Teti et di Pelen ^ traduction du poëme de Catulle ; Lettera di Pénélope ad U lisse, traduction de l'héroïde d'Ovide; Gibilterru salvata, poëme; la Fala morga- na, poëme (description d'un phé- nomène qu'on observe dans le cauid de Messine) ; 7" Antonio Foscurini, nouvelle. Ces deux der- niers ouvrages et quelques au- tres morceaux de poésie ont été publiés sous le nom de PoUdete Melpornenio. Discorso sul gusto prescrite in letteratura; {)" de' Giar- dini inglesi; 10" Saggio di traduzio- ni di f'^irgilio. Nous avons déjà parlé de l'essai de sa traduction d'Homère. L'auteur lesfit paraître en même temps. 1 Plusieurs tra- ductions du groc, imprimées avec

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celles de Pompei; 12" Etogio di Gcssner; 15° Elogio di Gozzi; i4° il Colpo di Martello, petit poëme sur l'usage du temps. Ses derniè- res productions sont deux o- des , Vuvcp. sur le retour du ca- pitaine Parry, de son expédition au pôle, et l'autre sur la mort de miss Bathurst, qui se noya dansle Tibre. iM. Pindemonte vit à Venise, qu'il regarde comme sa seconde patrie. Il est membre de l'institut italien, et de plusieurs autres corps savans.

PIiNEL (Philippe), est en 1745» à Saint- Paul, près de La- vour, département du Ttirn, son père exerçait l'art de guérir. Il étu- dia fort jeune encore la médecine à Toulouse, et, en 1764, fut reçu gratuitementdocteiu' en médecine de la faculté de cette ville , en con- sidération des connaissances éten- dues dont il avait déjà fait preuve, et des espérances qu'il donnait pour l'avenir. Il se rendit immé- diatement après à Montpellier , cité célèbre alors par l'instruction médicale qu'on venait y puiser de toutes parts, pour se perfection-^ ner dans la science qu'il devait un jour illustrer. Après quelques an- nées de séjour dans cette école, pendant lesquelles le jeune doc- teur s'était livré à l'enseignement des mathématiques pour subve nir aux frais de son existence, il vint à Paris, il .s'adonna d'a- bord avec ardeur à l'étude des diiVéreiUes sci^'uces nécessaires à la niidecipe» comme la botanique, la ïoologie, l'analomie comparée, etc. Il se lia bient»''»t avec (juelques hommes au jourd'iiuilrès-célèbres, dont plusieiu-s vivent encore, et particulièrement avec Portai, De-

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sault, Chaptal, Berthollet, Four- croy. Desfontaines, etc. Dans la suite M. Pint'l se livra exclusive- ment à la tnèdeciite, et jeta les fondernens de celte aérie do tra- vaux qui lui ont valu une si juste célébrité parn)i les successeurs d'Hippocrate. En 1785, il publia une traduction de la médecine pratique de Cullen sur la nosolo- gie qu'on put alors étudier; L'an- née suivante, il donna une édition des œuvres de Baglivi, célèbre médecin de Rome ; il rédigea , pendant quelque temps , la Gazette de Santé ^ et travailla à un recueil intéressant créé par Fourcroy , et inlitulé, la Médecine éclairée par les sciences physiques ; il prélu- dait ainsi à de plus grands travaux qui devaient faire une sorte de ré- volution en médecine; il en fut distrait pendant quelque temps par sa nr mination i\ la place de médecin en chef de Bicêtre , en 1 792. Son ardente philantropie fut bientôt mise à ime rude épreuve dans un hospice - prison , les aliénés étaient enchaînés et con- finés dans des cachots infects. M. Pinel, convaincu par une étude approfondie , qu'on ne faisait qu'empirer l'état des aliénés par des châtimens réservés aux criminels et une réclusion ri- goureuse, résolut de les traiter avec douceur, de les laisser jouir des bienfaits de l'exercice, du tra- vail et d'un air salubre , en se bor- nant pour eux à une surveillance exacte et paternelle ; il fit donc tomber leurs chaînes.... Cette in- novation , qui trouva d'abord de l'opposition de la part de l'auto- rilé, eut tout le succès possible; et M. Pinel; qui rendit par cet acte

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d'un esprit supérieur un service in.-^igiic à rhumanilé, ]K'ut être considéré comme le bienfaiteur des aliénés, k\ le promoteur de tout ce qui a élé fait en leur faveur^ en Fraiice et à l'étraniier. C'est assurément un beau titre de gloi- re, que ce célèbre médecin aug- menta encore par son Traité médi' co - philosophique sur l'aliénation mentale, qui fut le fruit des études prof'indes et philosophiques qu'il avait faites sur cette cruelle mala- die de l'espiit, à Bicêtre et à l'hos- pice de la Sal[>étriére, il fut ensuite appelé en qualité de mé- decin en chef. Ce magnifique éta- blissement, le plus beau comme le plus utile de tous ceux qui exis- tent en Europe, est son ouvrage. M. Pitiel, occupé de travaux scien- tifiques , songea peu aux honneurs qu'obtinrent plusieurs de ses amis sous le gouvernement qui succéda aux orages de la révolution; il au- rait pu cependant y aspirer, étant lié d'amitié avec les Fourcroy. les Chaptal, les Berthollet. lesCabanis, et admisdan? les célèbres réunions d'hommes distingués que iVl^'Hel- véfius recevait à Auteuil. H fut loin de rechercher les h. iules ré- compenses qne le gouvernement accordait aux savans et aux hom- mes de génie; tous ses mnmens étaient consacrés aux recherches qu'il avaitentreprises A laSalpétriè- re , pour la composition de son grand ouvrage de mé<ler'ine, inli- tulé : Nosographie philosophique , ou Méthode de l'analyse appliquée à /fl me</m/j^, publiépour la premiè- re fois en 1798, et qui a eu depuis six éditions consécutives. L'auteur, dans cet ouvrage encore aujour- d'hui le plus classique cl le plus

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élémentaire de nos traités <\p mé- decine, t. rrassa le'* vieilles hypo- thèses de Y humorisme , remplaça des divisions vagues et surannées par une classification nouvelle , les maladies .«ont distribuées , autant qu'il était possible de le faire alors, d'après leur siège. Le g"Af exquis qui j>résida à la ré- daction de ce livre, la philosophie, le ton sévère et la critique pi- quafile qu'on y rem uque , l'habi- leté profonde de l'auteur à {géné- raliser ses idées et à manier le grand iri.-trument de l'analyse mo- derne ; enfin ww style animé, con- cis et plein d'éiier;^ie firent la ré- putation de cet ouvragequi devait opérer une révolution com;ilèie dans la science médicale, et exciter l'enthousiasme parmi les disciples que M. Pinel attirait à laSalpétriè- re, il faisait des leçons de Méde- cine clinique , et à l'école de sauté dt)nî il venait d'être nommé pro- fesseur. Les écrits de M. Piiiel sur la médecine, dilVèrens mémoires qu'il avait publiés .sur l'anato-tiie comparée, la zoologie, etc., mar- quèrent sa place dans la classe des sciences physiques et mathémati- ques de l'institut , dont il fait en- core partie ( i83/i)commemeiribre de l'académie des sciences. Ce fut à-peu-près à l'époque de son ad- mission à l'académie qu'il fut dé- coré de la légion - d'honneur. Quoique ce médecin célèbre fût loin d'avoir Télocution et la mé- thode nécessaires h un bon pro- fesseur, ses aperçus profonds et philosophiques, son enthousiasme et son espèce de réforme, lui con- ciliaient généralement les suffra- ges de ses confrères et l'admira- tion d'une jeunesse ardente à s'ins-

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truïre. Les salles de la Salpétriére el le vaste amphithéâtre de l'école de médecine pouvaient à peine con- tenir la foule de ses auditeurs. M. Pinel est considéré comme ayant ramené en France le goût des bon- nes études médicales et de la mé- decine d'obs(Tvati"n, Ses travaux loi ont acqui.- une réputation euro- péenne, et plusieurs de ses ouvra- ges ont été traduits en diverses lar»g>i»'s. Consullé de tmtes j)arts, cond)lé des faveiir> de la renom- mée . ce célèl)re médecin l'aurait été de celles de la fortune , si les malheureux n'eussent eu une gran- de part au fruit de ses travaux. Il s'est cimtenté d'une honnête ai- sance qui suffît à sa grande mo- destie, à sa ren)arquable simpli- cité ; mais cette aisance a été dimi- nuée par le renversement de l'an- cienne écoie de médecine ; il n'est qu'honoraire dans la nouvelle , avec une très - modique retraite. Outre les ouvrages dont nous a- vons parlé , M. Pinel a publié une Médecine clinique inJérieure sous plusieurs rapports à ses autres écrits , et en partie l'ouvrage de ses nombreux élèves; il est aussi l'un des collaborateurs du vaste dictionnaire des sciences médica- les en 60 volumes. La majeure partie des articles importans qu'il y a insérés, lui sont communs avec iM. Bricheteau , l'un de ses élèves qu'il a honoré de sa confiance et associé à ses travaux. Ce vénérable médecin, aujour- d'hui accablé par l'âge et les in- firmités , unit à des talens de premier ordre, la pratique des plus hautes vertus, une philoso- phie rare et un patriotisme éclairé ; il se montra courageux au jour du

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danger, et» cachant dans sa propre maison, de concert avec une per- sonne respectable, ri'ifortuné Con- doicel {voy. Condorcet) qui en sor- tit malheuieusoniL'iit trop loi, mais dans la crainle de coinpronietlre un ami si généreux.

PINELLl (BarthÉlemi) , pein- tre italien, à Rome, de parens pauvres, annonça de bonne heure un tabnt extraordinaire pour la peinture. Placé à l'académie de Saint-Luc, établie alors dans les salles du Capitule, il se forma moins d'après les préceptes de ses maîtres, que sur les modèles de l'antiquité qu'il avait sous les yeu.v. Pressé par le be- soin , et obli};é d'employer ses crayons pour subsister, il abandon- nait souvent son école pour s'a- donner à des travaux lucratifs. Il esquissa quelques sujets d'histoi- re avec tant d'espriletde vigueur, que ces croquis suffirent pour faire fipprécier son talent. Ce succès l'éloigna entièrement de l'acadé- mie, où il n'y avait que des cen- seurs rigides, tandis qu'il lui fal- lait des admirateurs gétiéreux. A- husaut de sa facilité, et se livrant à sa propre impulsion, il voulut être, et il lut eflectivemenl, des>i- nateur, peintre et graveur. Au- cun travail ne lui paraissait diffi- cile, et c'est avec la môme adresse qu'il maniait le burin et les pin- ceaux. Il entreprit de donner une collection d<-,s tableaux les plus renommés de Ronje , qu'il grava au trait, sur de petites dimen- sions. Vulgaire par gofit, plus en- core que par naissance , il ne se plaisait que dans la société de ce qu'il y avait de plus ignoble dans la ville; et c'est encore dans les

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cabarets de Traslevere que sont ses ateliers, et parmi la popula- ce de Rome qu'il choisit ses mo- dèles. Vivant au milieu des Ro- mains modernes , cachés sous les ruines des Romains d'autrefois, il a été le premier à en dévoiler les usages el les mœurs, et le recueil de ses scènes populaires est sans contredit le plus piquant de ses ouvrages. Dans une série de y.So estampes, composées et gravées par lui-même, Piuelli a présenté les faits remarquables des histoi- res grecque et romaine. Ses su- jets sont bien choisis, les groupes principaux sont presque toujours arlistement disposés; mais le des- sein en est maniéré, et l'expres- sion des figures manque de celle dignité et de cette noblesse, qui sont indispensables dans des ta- bleaux d'histoire. Pinelli dans ses inomens de loisir s'était amusé à reproduire les trop célèbres des- sins de Jules Romain, gravés par iMarc-Antoiue , pour les sonnets de TArétin, Cette imprudence faillit l'exposer à une terrible per- sécution de la part du gouverne- ment papal, qui ordonna la sup- pression de l'ouvrage, et obligea l'auteur à en briser les planches, et à en retirer les copies : ce qui les a rendues presque aussi rares que les originaux. Cet artiste est maintenant occupé à graver une suite de vignettes pour un poiime populaire, connu sous le nom de Meo Patacca. h*' notubre des des- sins e^ des gravures de Pinelli est incalculable : à force d'eu produire, il a contracté une telle aptitude dans le travail, qu'ij compose, dessine et grave tout ;'i la fois. Il peint rarement à l'hui-

lo ot en détrempe, mais sou?ent à r<iqiiarelle et en couleur : il se l'ait admirer todjours; c'est sur- tout dans ces derniers dessins qu'il se montre inimitable. Celle extrême facilité qu'il a, et qui lui promet le succès dans tout ce qu'il «ntreprend , doit l'aire regretter fjiie sou talent n'ait pas eu le temps de se perfectionner. Pi- nelli aurait été un grand [)ein- tre de chevalet, comme il est certainement le plus étonnant im- provisateur en peinture. Il est grand, bien fait, son regard est vif, et sa physirmomie agréable, ïf umble avec les petits, il est fier, et presijue insolent avec les grands. Son cœur est bon et géiiéreux ; mais ses goûts , ses manières et SCS h.ibiludes sont ignobles. Il ai- me la raillerie, cherche le plaisir, et ne revient que par fore»' au tra- vail. On le rencontre souvent dans les rues de Home , entouré de chien>, et évitant la société des honmies, qu'il se plaît à observer de loin dans les fête? et les spécia- les, auxquels il est rare qu'il ne prenne pas quelque part.

PINET (Jacqi'es), né, en 1760, à Bergerac, département de la Dordogne, adopta avec chaleur la cause de la révolu- lion, fut élu, en 1790, adminis- trateur du district de Bergerac, et nommé, l'année suivante, dé- puté du département de la Dor- dogne à l'assemblée législative, d'où il passa à la conven- tion nationale. Dan< le procès du roi, il vola avec la majorité. Envoyé après le 5i mai à l'armée de l'Ouest, et en 171)4 dans le» déparfemens des Pyrénées-Orifin- tules , il suivit le système de sé-

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vérilé établi par ses prédécesseurs. Au mois d'avril de la même an- née, on lui dénonça une conspi- ration, dont le but était d'insur- ger le département des Landes, pour porter la guerre (;ivile sur les derrières de l'armée française, tandis qu'elle serait attaquée de front par l'armée espagnole. Pi- net partit à l'instant de Bayonne, et, en parcourant le département des Landes, fil faire un grand nombre d'arrestations. On porta à 80 le nombre des détenus, dont trois furent condamnés à mort. Rappelé de l'armée après le () thermidor, il fut dénoncé à la convention par quelques habi- tans de Bayonne; mais la dénon- ciation n'eut aucune suite; il ne fut décrété d'arrestation que le soir du 1" prairial an 3 (20 mai i7;)4), comme l'un des chefs de la conspiration qui avait éclaté le jour même contre la convention nationale. L'amnistie du 4 bru- maire l'ayant rendu à la liberté, il fut nommé administrateur du déparlement de la Dordogne , dont le directoire exécutif lui re- tira les fonctions en 1798, pour avoir influencé les élections do ce département. Allcint par la loi du 12 janvier 1816, Pinet a été obligé de quitter la Fran'-e. PINLT (N.), dans le dépar- tement de la iManche, adopta a- vec chaleur les principes de la révolution, et fui élu , au mois de septembre 1792, député à la convention nationale; il s'y fit peu remarquer. Dans le procès de Louis XVI, il fut de l'avis de l'appel au peuple; déclara qu'il ne pouvait cmnuler les fonctions de juge et de législateur; vota

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pour la déteulioii , et adopta le sursis. Après la session, il entra au conseil des cinq-cents, d'où il sortit en 1797. I' "'^ V^^^ reparu dans les assemblées législatives. PINET (N. ), agent-de-chan- ge à Paris, a joui pendant deux ans. de 1787 à 1789, d'une cer- taine célébrité due uniquement à l'appât qu'il offrit à tous les avides et crédules capitalistes de la capitale, en empruntant de l'argent à un taux exorbitant et inouï jusqu'alors; ce qui lui attira surtout la confiance géné- rale, c'est qu'il payait les inté- rêts avec une exactitude scrupu- leuse, et qu'il rendait les fonds à tous ceux qui témoignaient la moindre inquiétude, sans qu'au- cune instance pût les lui faire re- prendre. On aura peine à croiie à celle sorte d'épidémie morale, lorsqu'on saura que Pinet, sans aucun capital apparent qui lui servît de caution, vit passer dans ses mains , en fort peu de temps, des sommes considérables; mais la même chose avait eu lieu 70 ans auparavant dans le fameux système de Law, et le résultat ici fut A peu près le même. Le duc d'Orléans, qui passait pour le premier autour de sa fortune, l'a- vait employé à ce qu'on préten- dit, d'a])rès le système de ca- lomnie établi alors coxitre ce prince, dans les accapa^emens de grains que la disette fit suppo- ser à celle époque {voy. le PrÉ- voT'DE-Beaumont); aussi la cour, qui recherchait alors les causes de cette disette, au moment les états- généraux se rassem- blaient, fii-ellc appeler Pinet à Marly; il s'y trouva avec plu-

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sieurs autres personnes soupporr- nées comme lui d'être dans le secret de ces accaparemens. On lui promit la place de garde du trésor royal , s'il donnait des renseignemens sur cet objet , et il s'engagea à en fournir ; mais il fut assassinéquelques jours après, le 1*9 juillet, dans un bois près du Raincy. Voici comme M. Bertrand-de-Molleville raconte cet événement : « Le duc d'Orléans «engagea Pinet à aller cher- Dchor son portefeuille an Raincy, »où il était déposé, et le ren- «voyadans une voiture, avec des Mgens de sa maison. Comme il arevenailà Paris, il fut assas-iné, »et les gens du duc déposèrent ixju'ils avaient été attaqués par »des voleurs. Après les premiers «secours qu'on lui admislra, Pi- »net s'écria: Mon portefeuille! «mon portefeuille! les scélé- nrats! » Si l'on en croit le même auteur, les créanciers de Pinet, ayant découvert, ù la fin de 1791» un ancien valet-dc-chambre du prince , entamèrent avec lui une négociation , et en obtinrent des détails précieux; mais au moment de paraître devant la justice, cet homme s'échappa tout -coup de Paris, sans qu'on ait pu savoir ce qu'il était devenu. On crut dans le temps, comme de raison, qu'il avait vendu son silence au duc d'Orléans, et que celui-ci assura sa fuite. Voilà de ces faits qu'on est obligé de rapporter , parce qu'ils se trouvent dans les mé- moires du temps; mais heureuse- ment ils semblent n'exister que pour prouver jusqu'où peut aller la calomnie ou l'aveuglement de l'esprit de parli.

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PINGERON(Jean-Clatjde), lit- térateur, secrétaire du musée de Paris, membre de l'académie de Barcelonne , naquit à Lyon vers 1 75o, Il fitde bonnesétudesetem- brassala profession des armes. Au- torisé ensuite à prendre du service en Pologne, il devintcapitaine d'ar- tillerie et ingénieur de Zamosc. De retour dans sa patrie, il obtint un emploi au bureau des bfitimens de la couronne. Pingeron voyagea en Italie, et séjourna assez long- temps à Rome et à Naples. Il par- courut les Echelles du l.evant, etse rendit à Malte et en Sicile avec le marquis de Néelle. En ly^G, il ac- compagna l'abbé Sestiiii dans son voyage do Cafane au mont Gibel. Pingeron revint pour la seconde fois eu France. Il coopéra en 1779, a u Joarval de l'agriculture, du com- merce, des arts et des finances, an- quel il donna plus pariiculièrement des articles sur l'utilité publi(|ue. L'un des fondateurs du musée de Pari*, il en fut le premier secré- taire. Il élail dej)uis long-temps mend>re de l'académie de Barce- lonne. Pingeron mourut à Versail- les en 1795. On lui doit comme littérateur ou traducteur : i" Trai- ta des vertus et des récompenses, par le marquis de Ilyac, traduction de l'italien, Paris (Amsterdam), 1768, in- 12. Cette version a été reproduite en langue polonaise. •j." Conseils d'une mrre à son fils, poëme traduit de l'italien de M"' Piccolomini-Gérardi, in- 12, 1769; r»° Essai sur la peinture du comte Algarotli, traduction de l'italien, in- 12, 1769; 4" Traité des violen- ces publiques et parliculicres, avec une Dissertation sur les devoirs des magistrats, 1769; les Abeilles,

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poëme de Ruccelaï, traduction de l'italien, Amsterdam , 1781. Pin- geron a enrichi sa version d'un Traitécomplet des Abeilles, d'après les meilleurs auteurs. Vies des architectes anciens et modernes, tra- duction de Miiizia, 2 vol. in-12, 1771. On trouve dans la préface des recherches fort intéressantes sur l'origine et les progrès de l'ar- chitecture. 7° Voyage dans la Grè- ce asiatique, traduction de l'abbé Sestini, in 8°, 1789; S' Lettres de l'abbé Sestini à ses amis pendant le cours de ses voyages, traduction avec des notes, 3 vol. in-S", 1789; 9" Voyage dans la partie septentrio- nale de l'Europe pendant les an- nées de 1 768 à 1 770, traduction de l'anglais de Jos. Marshal , in-S", 1776; 10° Description delà Jamaï- que, traduction de l'anglais, Paris, in-12, 1782; 1 Description d'u- ne machine électrique construite et perfectionnée , traduction de l'an- glais de Cuthbcrson, Paris, in-8", 1790; 12" Expériences et recher- ches utiles à l'humanité, aux hospi- ces, au comme/ ce et aux beaux-arts^ traduction de différens ouvrages étrangers publiée après sa mort , Paris, in-S", i<So5; i5° quelques Articles dans la Bibliothèque phi- sico-économique, et au très recueils. Enfin on lui attribue VArt de faire soi-même des ballons aérostatiques, Paris, in-8", 1783.

PINGRE (Alexandre Guy), as- tronome, bibliothécaire de Sainte- Geneviève, membre de l'acadé- mie royale des sciences, puis de l'institut national, naquit à Paris le \[\ septembre 171 i, et mourut dans celle ville, le 1" mai 1796. Il fit de très- bonnes étndes, et montra, dès sa jeunesse, une grau-

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de activité et beaucoup de dispo- sitions pour les sciences. Lecat , aniiloaiiste distingué, et tondaleur de l'académie de Rouen, le lit re- cevoir iiienibre de ce corps. Pin- gré ne larda pas à se faire connaî- tre. Il calcula l'éclipst^ tie lune ar- rivée le 28 décembre i ^49- H don- na ensuite un Almanack nautique^ destiné à faciliter aux navigateurs l'observation des longitudes. Le gouvernement le chargea succes- sivement d'aller dans la mer du Sud observer le passage de Vé- nus sur le disque du soleil, et en Hollande, avec Courlanvaux, vé- rilier les horloges marines de Le Roy. 11 s'embarqua ensuite sur Vlsis et la Flore pour accroître les progrès de l'astronomie et de la géographie. A son retour en Fran- ce, il publia, en 17^3 et 1778, une relation de chacun de ses voyages, en 2 vol. in-4°. Ces travaux le fi- rent nommer astronome-géogra- phe de la marine, et membre de l'académie des sciences. A la réor- ganisation des c.orpsacadémiques, en 1796, il d»;vinlmeudMe de l'ins- titut national. On lui doit, outre lesouvrages dont ila déjà éléques- tion : Elut du ciel, pendant les années 1754, 1/55, 1756 el 1757; •j." Mémoire surlesdécouverlesfai- tes dans la mer du Sud avant les derniers voyages des Anglaise! des Français autiiur du monde, 1758, ■in-4"; Corne tograpliie ou Traité ■^ùstoriqae et Ihéorique des comètes, 1785, 'J. vol. in-4''; c'est l'ouvrage le plus considérable que Pingre ait publié. 4" Traduction des Astro- nomiques de Manilius, 1780, in 8". Il y a réuni les autres poètes latins •tjui ont écrit sur le cours des as- Ires. 5" Histoire de l' astronomie

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du dix-septième sincle, i7gi,ln-4", dont il avait niis au jour le projet dès 1756; 6" il est l'éditeur des Mémoires de l'abbé Arnauld, fils aîné du célèbre Arnauld d'Andilly, publiés en 175(3, en 5 vol. in-4''; il est également éditeur de la onzième édition de la Géographie en vers artificiels de Buflier, qui parut en 1781, in- 12; 8" il est au- teur dans la nouvelle édition de l'Art de vérifier les dates, des Cnf- culs des éclipses qui ont eu lieu milleans avant l'ère vulgaire; 9°en- fiu il a donné dans les Mémoires de l'académie des sciences im grand nouibre de dissertations et mémoi- res remarquables.

PINI ( LE P. Herménégilde), entra jeune encore dans la congré- gation des [)rôtres de Saint-Paul, dits Barnabiles, et s'y livra à son goût pour les scierjces; il devint profes-ieur du collège de Saint- Alexandre à Wilan , dont, par ses talens , il a encore contribué à augmenter la célebiité. Le P. Pi- ni a cultivé avec un soin parti- culier les sciences physiques et l'hisloire naturelle ; et c'est cette dernière qu'il enseignait avec le plus grand succès avant la révo- lution. Il possédait aussi im cabi- net d'histoire naturelle extrême- ment curieux , qu'il avait amassé à grands frais. II eut le boidieur de le conserver pendant les troubles politiques , et de pouvoir conti- nuer ses fonctions et ses études. Ce savant , que tous les hommes instruits qui se rendaient à Milan , s'empressaient de visiter, devint, sous Napoléon, l'un des trois ins- pecteurs-généraux des études, l'un des membres de l'institut des sciences, lettres et arts d'Italie, et

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chevalier de la conronne-de-Fer. Ou doit au P. Piiii une foule d'é- crits important sur lu minéralo- gie , la géologie , etc. , parmi les- quels on distingue les suivans : dell' Arcliilettaru dialoghi. Mi- lan , 1770 , in- ; Ozervazioni mineralogiche , su la miniera di ferro di Rio ed al ire parti de II' isola d'Elha, \i)\d.f 1777, iu-8°; 7)° Mé- moires sur de îwuvelles cristallisa- tions de feld - spath et autres sin- gularités des granits, ibid. . 1779, in - 8" ; f^i^f^ëgi^o geologico per diverse parti meridionali deW Ita- lia , 2' édition, iWid. , an 1 délia rep. ital. , in-8°; Réflexions ana- lytiques sur les systèmes géologi- ques [an italien, Milan, 1811); sort i)nt principal dans ces ré- flexions était de réfuter un ouvra- ge récent de Breislack , intit(dé Introduction à lu géologie, dans lequel Celui-ci avait soutenu que la fluidité primitive du globe était ignée, tandis que le V. Pini sou- lieiil qu'elle était aqueuse. Une divergtMice d'opinion s'éleva éga- b'ment entre ces deuxs;ivans, au snj».'tde riiistoire du déluge, selon Moï>e : Breislack, en hasardant une explication du phénomène des corps organiques fossiles, avait su{)posé que la uier lut jadis el long-temps élevée bien au-dessus de son niveau actuel; le P. Pini au conliiu're soutient, d'après l'au- torité de l'histoire sacrée, que ce phénomène s'explique également par une inondation extradinaire et passagère. La manière d'écrire <lu P. Pini est pleine d'intérêt et d'agrément.

PINKENEY(N.), diplomate a- méricain , fut, en 179^. un des ronunis-aires envoyés en Augle-

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terre pour terminer les différent survenus entre son pa^^s et cette puissance. Il y resta ensuite en qualité de ministre plénipotentiai- re, et vers la fin de 1795, il fit vin voyage en Espagne pour régler les intérêts des États-Unis relati- vement à la Floride. Ses fonc- tions de ministre plénipotentiaire d'Angleterre furent révoquées en mai 1796; mais dès 1797, son gouvernement l'envoy;! près de la république française, et le nom- ma l'un des trois comtnissaires chargés d'entamer une négocia- tion qui n'eut aucun résultat. Le directoire -exécutif ayant établi pour préliminaire une demande qui ne fut point accordée, il passa ensuite en qualité de ministre des États-Unis à la cour de Madrid. Il y resta jusqu'en 1802, époque à laquelle il quitta cette résiden- ce pour se rendre en Italie, com- me surintenili+nt-général des con- sulats américains. Il en exerçait encore les fonctions en i8o5. En- voyé de nouveau en Angleterre en 1809, à l'occasion des difficul- tés survenues pour le soutien du droit des neutres, il ne put, mal- gré l'habileté qu'il déploya dans cette circonstance, obtenir du ca- binet britannique que des conces- sions de peu d'iuiportance ; elle»- n'empêchèrent pas, bient«3t après, que la guerre n'éclatât entre les deux puissances. En juin 1816, M. Pinkeney reparut sur la scène po- litique en qualité d'ambassadeur des Etats-Unis auprès de la cour de Russie, et fut envoyé préala- blement à Naples, pom" y deman- der définitivement la restitution- de [)ltisieurs vaisseaux améric lin* confisqués sous le règne du roi

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Joachim {voy. Murât), ou une in- demnité complète pour ces bûti- mens et leurs cargaisons. Les journaux anglais du temps parlè- rent de prétentions tellement exa- gérées relativement à cette aflai- re, qu'on s'étonne, non pas qu'el- les aient été rejetées par le gou- vernement napolitain, mais qu'el- les aient pu être laites par ordre d'un gouvernement aussi sensé que celui des Américains. On de- mandait en effet, suivant les journaux anglais, « qu'il fût cédé «par indemnité, dans une posi- wtion convenable, à Messine, par «exemple, un établissement naval, "qui devait comprendre un hôpi- »tal, un arsenal et quelques sta- » lions télégraphiques, et ensuite non avait désiré la cession de «l'île Lampedouse.» Une escadre, envoyée par les Etats-Unis, ajou- tent les mêmes journaux, devait appuyer leurs prétentions , qui n'en parurent pas plus justes et n'en furent pas plus favorablement accueillies. Au reste, il paraît que la bonne intelligence entre la cour de Naples et les États-Unis ne te- iiiiit pas absolument au succès de cette négociation, puisque M. Pin- keney prit congé du roi de Naples le 17 octobre 1816, aprè". avoir terminé à l'amiable les dilTérens qui divisaient les deux gouverne- mens. Il parlitensuite pour Saint- Pétersbourg, et fut présenté àrem- pereur Alexandre le i5 janvier 1817, en qualité d'ambassadeur des États-Unis.

PliNKERTON (Jean), écrivain anglais, mendjre de la société des antiquaires de Londres, d'Ecosse et de plusieurs autres sociétés sa- vantes , à Edimbourg, le 17

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février 1758. II se distingua dès sa première jeunesse par la rapi- dité de ses progrès dans les scien- ces et la connaissance des langues. Au collège de Lanerk, il lit ses études , il était cilè comme le pre- mier des élèves, et ses traduc- tions des auteurs anciens furent quelquefois préférées par ses maî- tres , (i celles des meilleurs écri- vains modernes. Revenu dans la maison paternelle, M. Pinkerton continua ses travaux avec la mê- me ardeur, et acquit des connais- sances étendues en divers genres. Les mathématiques et la langue française devinrent pendant quel- que temps l'objet particulier de ses études. Sa famille le destinant à suivre la carrière du barreau, le plaça chez un avocat , il pas- sa plusieurs années; mais après la mort de son père , il alla , eu 1 780, s'établir à Londres, il forma des liaisons avec plusieurs hom- mes de lettres distingués, et se fit connaître avantageusement lui- même par la publication de poè- mes élégiaques, qui obtinrent du succès et annonçaient un vérita- ble talent pour la poésie;. mais il l'abandonna bientôt pour se livrer entièrement à des recher- ches historiques sur les peuples et les monumens de l'antiquité , et il fit une étude approfondie de la numismatique. Eu 17841 il publia un ouvrage intitulé : Essai sur les médailles, qui est généralement estimé. Le dernier lord Orford , plus connu sous le nom d'Horace Walpole , homme très-distingué, écrivit à l'auteur pour le féliciter sur son ouvrage , et bientôt une liaison intime s'établit entre eux; elle dura jusqu'à la mort du pre-

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mier. M. Pirikerton publia, en 1785, sous le nom supposé de Robert Héron, un autre ouvrage qui fit grand bruit en Angleterre dans la république des lettre* , et qui devint bientôt l'objet de vio- lentes critiques. C'étaient ses Let- tres sur la littérature. On repro- chait à l'auteur d'avoir avancé les paradoxes les plus extraordinai- res, d'avoir jugé les écrivains anciens et modernes avec une har- diesse présomptueuse, d'avoir im- prudemment tenté d'introduire un nouveau système d'orthographe bizarre, etc. Quelques hommes d'un mérite reconnu, tels que Gib- bon, auteur de l'histoire de la déca- dence et de la chute de l'empire romain, Walpole et autres, lui ac- cordèrent cependant leurs suffra- ges et prirent sa défense; il ne pa- rut pas d'ailleurs très-affecté des cri- tiques de ses adversaires, et ne mé- nagea nullement dans ses propres écrits la vanité ou les prétentions de ses contemporains. Aussi le nom- bre des ennemis littéraires de M. Pinkerton, blessés par le ton de hauteur et d'autorité qu'il affec- te, s'est -il considérablement ac- cru dans ces derniers temps. A- près la mort de son ami lord Ortbrd, il fit paraître, sous le titre de IValpoUana, un recueil des let- tres, discours et bons uiots de cet homme célèbre, précédé de sa vie, et enrichi d'une foule d'anecdotes intéressantes qui le concernent. Le rédacteur du Monlhly Maga- zine, M. Phillips ( î;oy. ce nom), se rendit éditeur de cet écrit, qui eut un débit prodigieux. Mais les ouvrages qui ont fait connaître le plus avantageusement M. Pinker- lon sont sa Dissertation sur l'origi-

T. XVI.

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ne des Scythes ouGothSj sesSouve- nirs sur Paris, et son Système géné- ral de géographie ; ce deruier sur- tout a rendu la réputation de l'au- teur européenne, et a été traduit dans toutes les langues. M.Walcke- naer en adonné une traduction très- estimée en français; un autre au- teur, M. Malte - Brun [voyez ce nom), a puisé largement dans l'original anglais pour composer ses Annales et son grand onvrage de Géographie. M. Pinkerton a réclamé avec son énergie et sa vivacité ordinaires, contre le.» pré- tentions personnelles, m lifestées par certains traducteurs et ampli- ficateurs de son ouvrage. Ce sa- vant recommandable, doué d'au- tant d'activité que de facilité pour le travail , a publié un grand nom- bre d'ouvrages, dont nous cite- rons ici les principaux: Élégies et poésies légères y 1781, in -8°; Contes en vers , 1 782 , in - 4" ; deux Odes dithyrambiques sur l' enthousiasme et sur le rire, 1782, iu-4°; Essai sur les médailles , 1784» a vol. in - , traduit en français avec notes et additions , par J. G. Lipsius, Dresde, 1794, in-4''; Lettres sur la littérature^ par Robert Héron, 1785 , in - ; Anciens poèmes écossais de la collection de sir Richard M ait land , 1786, 2 vol. in-8"'; Dissertation sur l'origine et les progrès des Scy- thes ouGoths, 1787, in-S", traduit en français; ii°Filœ antiquœSancto- rum, 1789, in-8'; Bruce ou Histoire de Robert , roi d'Ecosse, écrite en vers écossais , par Jean Barbour, 1789, 3 vol. in - ; 10° Medallie History, ou Histoire en médailles de l' Angleterre jusqu à la révolution , 1790, in - 4°j avec

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4o planches ; 1 1" Poëin&s écossais ^ léimpiimés après des éditions ra- res , 1792, 3 vol. in-8" ; 12" Be- ■cherches sio' l'Histoire d'Ecosse a- xant Malcûlm, 1789, 3 vol. in-8; 13" Histoire d'Ecosse depuis L' avè- nement de la maison des Staart , 1^97, a vol. in-4° ; '4" Iconogra- phie écossaise, ouPor traits des illus- tres personnages d'Ecosse, avec des noies biographiques, 1795- 1^97, a vol. m-8"; xb" Galerie écos- saise , ou Portraits des personnages les plus éminens , avec leur ca- ractère, 1799, in-H"; \& Géogra- phie rédigée sur un nouveau plan , 1802, 3 vol. in- ? et seconde édition, 5 vol. in-4° *, x')" Abrégé delà géographie, etc., 1 vol. in-8°. Cel ouvrage, résumé du précé- dent , a été «onvent réimprimé; la dernière édition de 1 8 1 7, gros in-8", avec allas, a été revue et aug- mentée pai l'auteur. 18" Recotlec- tions , etc. , ou Souvenirs de Paris eu 1801, 1802, i8o3, i8u4 et i8o5, 2 vol. iii-8", ouvrage pi- quant, qui a été vivement criti- qué en Angleterre ; nj" Collection générale des F ojages^ i3vol. in-4% de 1808 à i8i3; 'H)" Nouvel Atlas moderne , de 1 809 à 1 8 14 ; 21" Pé- tralogie, ou Traité sur les rochers, 181 1, 2 vol. in- 8°; 22° Recherches sur l'Histoire d'Ecosse, à laquelle est ajoutée une Dissertation sur l'origine et les progrès des Golhs, 1814 1 2 vol. in-8*, etc.

PINO ( i,E COMTE Dominique ) , feld-marrchal italien au service d'Autiiche, grand- tordon de la légion-d'honneur, grand- cordon de la couronne-de-f'er, etc. , à Milan en 1760, fut un des pre- miers à se jeter dans les rangs de l'armée républicaine en Italie. Il

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s'était enrôlé le 6 janvier 1796, comme simple grenadier, et le même jour il se vit, à la tête d'une brigade, chargé de pénétrer dans les états du duc de Parme. L'an- née suivante, il reçut sa nomina- tion de colonel , et prit le com- mandement d'un régiment levé aux frais de la répulslique cisal- pine. S'associant au ressentiment du général Lahoz ( voy. son arti- cle ) , dont il partageait déjà les opinions, Pino trempa dans la conspiration <iui avait pour but de soustraire l'Italie à la dépendance du directoire-exécutif, après l'a- voir délivrée du joug des Autri- chiens. Mais plus prudent que son frère d'arme, et moins emporté que lui, Pino ne se montra pas offensé de sa destitution, et alla combat- tre, en qualité de simple volon- taire, dans l'armée du général Mounier, à Ancône, tandis que Lahoz passa dans le camp des Au- trichiens , et vint assiéger cette même place, que Pino défendait avec tant de l)ravoure. Il arriva que Lahoz blessé dangereusement, et fait prisonnier par les Fran- çais, se rencontra un joi;r avec son ancien ami , qui détourna les yeux en l'apercevant. Mais en lui entendant demander vaine- ment à un soldat cisalpin la mort (pie ses blessures lui montraient connne inévitable, et qui pouvait seule !e soustraire à une peine in- famante, Pino eut le courage d'or- donner qu'on achevât cet athlète de la liberté, dont il j)leura long- temps le malheur. Dès-lors Pino montra un dévouement sans bor- nes à la cause des Français , et contribua très - ellicacemeni à la défeiiàc d'Aiicône. Nommé gêné-

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rai de brignde, le 16 décemlire 1798 , il dut se réfugier peu après «0 France, à la suite de l'inva- sion de l'armée austro - russe. Il ne rentra dans sa patrie qu'en 1800, à la tête d'une brigade coui- t>osée de tous les réfugiés italiens. Elevé au rang de général de divi- sion, il fit partie de l'armée de MiolJis, et envahit la Toscane et la Romagneeo 1801 et 1802. Rap- pelé à Milan, il y reçut, en 1804, le portefeuille de la guerre, qu'il conserva jusqu'à l'année suivan- te, qu'il reprit le commandement de sa division, à la tête de la- quelle il combattit en Allemagne, en Espagne et en Russie. Envoyé en Italie, en i8i3, pour secon- der les efforts du vice- roi contre les progrès des Autrichiens , il ma- nœuvra d'abord avec beaucoup d'intelligence sur Adelsberg et Fiume; il rassembla ensuite les troupes qui étaient à Bologne, pour attaquer l'ennemi qui avait débarqué sur le Fô. L'attitude que Murât avait prise en Italie, fitcrain- dre au vice-roi que ce prince ne fût d'accord avec les anciens pa- triotes italiens pour faire de l'Ita- lie un seul état indépendant. Il conçut des soupçons contre Pino , qu'il renvoya tout-;»-coup à Milan. Le sachant dans quelques embar- ras de fortune, le prince Eugène [voyez Bëa.ithabnais) lui offrit une forte somme d'argent pour l'aider à mettre en ordre ses affaires. Mais cette générosité ne suffit pas à é- leindre son ressentiment. Au mo- ment où le sénat de Milan délibé- rait, en i8r4, pour demander aux puissances alliées Eugène pour roi d'Italie, Pino, qui comman- dait la garnison de lu ville, y or-

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ganisa secrètement les moyens de déjouer ce projet, et ne fut, dit- on , rien moins qu'étranger à l'in- surrection du 10 avril , dans la- quelle le ministre Prina fut massa- cré par le peuple. On entendit mê- me dans quelques quartiers crier: yive le roi Pino! Ce qui fit croire que ce général s'étaitflatté de pou- voir hériter de la couronne de la Lombardie. Cette disposition des esprits, qui peut n'avoir rien de commun avec l'ambition de Pino, prouve son influence sur le peu- ple, et donne le droit de penser qu'il aurait pu arrêter les désor- dres de Milan, s'il l'avait vftulu. Devenu l'un des sept membres de ^ la régence provisoire, et investi du commandement en chef de la force armée, il ne put jouir Uwg- lemps, par l'arrivée des trou- pes autrichiennes, de la puissance qu'il venait d'acquérir. Elle con- tribua probablement au contraire à le faire mettre à la retraite , avec une pension et le grade de feld- général-lieutenant. Lorsque le gé- néral Bellegarde fit arrêter pla* sieurs individus, soupçonnés de conspiration contre le gouverne- ment autrichien, parmi lesquels était un aide-de-camp de Pino, celui-ci partit à l'instant même, sous prétexte de voyager, et re- tomba, en 18 15, sous la surveil- lance des Autrichiens. Il parvint cependant à conjurer l'orage, en se retirant dans une campagne près de Milan , il se condam- na au plus rigoureux isolement. N'ayant pris aucune part aux der- niers troubles, de l'Italie, il a pu continuer à jouii- de sa tranquillité et de sa fortime. Le général Pino est un officier distingué par ses ta-

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FIN

lens et par sa bravoure. 11 était ai- mé de ses soldats, envers lesquels il se montrait généreux et affable; mais dès qu'il rentrait dans la so- ciété, il prenait des formes hau- taines, et s'entourait de ces vaines formalités que l'étiquette peut im- poser quelquefois, mais auxquel- les un homme supérieur trouve toujours moyen d'échapper.

PINTE VILLE (le baron Pierre- Alexis DE ) , maréchal - de - camp en retraite, officier de la légion- d'honneur , chevalier de Saint- Louis, est né, en 1771, à Vau- couleurs , département de la Meu- se ; il fit de bonnes études, et prit du service au mois de décemlire 1790. La notice consacrée à cet ollioier- généi-al dans la Biogra- phie des hommes vioans des frères Michaud , et reproduite dans l'ou- vrage des Victoires et Conquêtes , étant de la plus grande inexacti- tude , nons allons rétablir les faits d'après le Moniteur, les ordres du jour et les bulletins des armées. IVi. de Pinleville passa rapidement par tous les grades , jusqu'à celui de chef d'escadron, qu'il obtint en 1796, et fut nommé successive- ment m.'iior du II"" régiment de chasseurs, colonel du So""" régi- ment de dragons, colonel -major et général de brigade dos dragons de la garde , dont il a commandé une brigade en i8i5. Il a fait dix- huit campagnes dans les armées d' A llemagne, des côtes de l'Océan, d'Irlande, de Saint-Domingue, d'Espagne, de Pologne , de Rus- sie et de Saxe. Sa conduite bril- lante à l'alfaire de Bautzen lui fit conlérer par l'empereur le titre de baron , que le roi lui a depuis confirmé. M. de Pinteville a été

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plusicHrs fois cité pour sa belle conduite ; lia été blessé deux fois; la seconde si grièvement à la ba- taille près de Kulm, en Bohême, au mois de septembre i8i5, que dès.- lors il a été hors d'état de servir.

P 1 N U E L A ( DON SÉBASTIEN ) ,

minisire d'état espagnol , naquit dans l'Estramadure , d'une famille noble de ce pays. Il se livra avec succès à l'étude de la jurispru- dence, et bientôt son mérite lui fit obtenir l'un des plus impor- tans emplois du royaume. La ma- nière dont il en remplit les fonc- tions, attira sur lui les regards de la cour, et Ferdinand VII, de- venu roi d'Espagne en 1808, par la révolution d'Aranjuez, le nom- ma ministre de justice et de grâce pendant le court espace de temps qu'il occupa le trône à cette épo- que. M. de Pinuela suivit depuis ce prince a Bayonne, il fut témoin des événemens qui firent passer la couronne de Charles IV sur la tête de Joseph Bonaparte. Il ac- cepta néanmoins du nouveau roi, sa nomination au ministère qu'il avait occupé près de Ferdinand , et devint conseiller -d'état le 8 mars 1809. Il mourut dans le cou- rant de la même année.

PIO (le chevalier Louis), lit- térateur, né en Italie, était à l'é-- poque de la révolution secrétaire de l'ambassade de Naples en Fran- ce. Il embrassa avec chaleur la cause populaire, ce qm lui attira la disgrâce de son gouvernement; mais il reçut, par une espèce de compensation, le titre de citoyen français, que lui déféra, en 1790, ia commune de Paris. Le cheva- lier Pio fut l'un des pcrsonnagi'S

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de la fameuse dèputation dite du genre humain qui, sous les aus- pices d'Anacharsis Clootz, se pré- senta à la barre de l'assemblée na- tionale , pour lui présenter les hommages de tous les peuples de l'univers, au nom desquels elle prétendait parler. Le chevalier Pio, qu'on supposait être l'un des agens les plus adroits et les plus actifs des chefs du gouvernement républicain, n'occupait néanmoins qu'un emploi très-secondaire à la municipalité de Paris, dans le bu- reau des passeports. Après la mort de Danton, à la faction duquel il paraissait appartenir, il fut enfer- mé au Luxembourg, et détenu jusqu'à la chute de Robespierre. Depuis cette époque, le chevalier Pio a tout-à-fait renoncé à la po- litique, et ne s'est plus occupé que de littérature. Indépendamment de plusieurs traductions, il a pu- blié à Paris, en 1807, \t^ Leltere italiane scelle , in- 12.

PIOCH (Louis), lieutenant-co- lonel au u"" régiment de chasseurs à pied de la garde impériale, che- valier de la légion-d'honneur, na- quit à Montpellier, déparlement de l'Hérault. Il avait à peine at- teint sa 18" année lorsqu'il entra au service, dans la 45"" demi-bri- gade d'infanterie de ligue. Dès les premières campagnes de la révo- lution, il se fit remarquer en don- nant des preuves d'une rare intré- pidité. En 1795, il était caporal- Iburrier, et faisait avec son corps partie des troupes qui investis- saient xManlouc. Le 19 décembre la garnison de cette ville eflectua une sortie, et après dix heures du combat le plus acharné, força le général Chabot d'opérer sa rctrai-

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te sur un terrain entrecoupé en tous sens de fossés très-profonds, ce qui rendait la marche des sol- dats aussi dilTicile que périlleuse. Plusieurs d'entre eux s'étaient noyés en essayant de franchir ces fossés, et le brave Maiîiot, capitai- ne de sa compagnie, allait éprou- ver le même sort si on ne l'eût se- couru. Pioch s'en aperçoit, rétro- grade à l'instant et vole à son se- cours ; mais il est chargé par deux houlans. Pioch , conservant son sang- froid, tue l'un d'un coup de fusil, et va à son tour fondre sur celui qui reste, lorsque celui-ci prend la fuite. Il s'élance dans le fossé, et malgré le feu de plusieurs pelotons autrichiens, il parvient à sauver son capitaine. Après celle action courageuse, il se disposait à rejoindre ses camarades, lors- qu'il aperçut une maison isolée, dans laquelle s'étaient retranchés cinq Autrichiens. Il enfonce la porte à coups de crosse de fusil, les attaque à la baïonnette, en blesse deux, et les ramène tous prisonniers. Plusieurs antres ac- tions d'éclat l'ayant fait parvenir au grade de lieutenant-colonel dans la garde impériale, il pou- vait justement espérer de ne point s'arrêter en si beau chemin, lors- qu'il fut tué par un boulet de ca- non , le 26 août i8i5, à la batail- le de Dresde.

PIORRY (Pierre-François), à Poitiers, département de la Vienne , fit ses études à l'uni- versité de cette ville, prêta., en 1785, le serment d'avocat au parlement de Paris, et fut agré- gé à l'ordre des avocats de la cour présidialc de P(»iiiers, il plaida, l'eçu, en 1788, doclcui*

343 PIO

en droit, il avait eu l'intention de concourir pour une chaire de professeur; mais il ne put obte- nir la dispense de l'année de stage, prescrite par les règle- mens. Au commencement de la révolution, il fut nommé capitai- ne de la garde nationale, et l'un des notables du corps municipal de Poitiers. La garde nationale de cette ville aj'ant eu le projet, à l'exemple des ci-devant provin- ces de Bretagne et d'Anjou , de former une fédération, M. Pior- ry fut nommé secrétaire de cette fédération, et il rédigea, le 26 mars 1790, une circulaire pour l'accomplissement d'un pacte fé- dératif dans les murs de l^oitiers. Chargé, comme orateur, d'annon- cer l'objet pour lequel celte fêie avait lieu, il sut, par un discours plein de patriotisme et d'énergie, produire une impression proton- de dans tous les esprits, et l'on signa, le 11 avril suivant, sur l'autel de la patrie, le pacte fé- dératif projeté. Er.tre autres dis- positions de ce pacte, mis sous les yeux du roi et de l'assemblée constituante, on y était unanime- ment convenu « de soutenir jus- wqu'à la mort la constitution du «royaume, de mamtenir sur le «trône de Henri, le roi, reslau- xrateur de la liberté de son peu- »ple, et son auguste famille; de »se prêter dans toutes les occa- « siens le-' secours mutuels de la » fraternité , de maintenir dans «leurs fonctions tous les tribu- » naux créés ou autorisés par la « loi, et de prêter mnin-forle à la «perception des impôts légale- Mineot établis... » Au mois de mai de la même année, il fut

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nommé président de sa section r membre de l'assemblée électora- le du département de la Vienne, l'im des membres du conseil- général de ce même départe- ment, et admis, en cette dernière qualité, au mois de juillet sui- vant, à présenter à la barre de l'assemblée constituante une a- dresse de félioilation sur ses ira- portans travaux. Après cette mis- sion, il siégea parmi les cinq mem- bres qui composaient le directoi- re du même département, fut élu secrétaire du collège électo- ral en 1791, et, dans la même année , député à l'assemblée lé- gislative ; en 1792, il fut réélu à la convention nationale. Dans la première assemblée, il fit partie du comité des domaines, et suc- cessivement , dans la seconde, des comités de législation, des péti- tions, de surveillance des mar- chés,d'habillernens et équipemens- militaires, enfin de révision de la loi sur les émigrés. Il servit d'organe en plusieurs circonstan- ces à divers comités. Dans le procès du roi, il vota avec la ma- jorité. Délégué au mois de mars 1793, comme l'un des commis- saires de la convention pour le recrutement de 4^0,000 hom- mes, il rendit compte de ses o- pérations dans le dépar'ement de la Vienne, donna des rensei- gnemens sur les premiers trou- bles de la Vendée, et ne se char- gea d'aucune mission ultérieure. Inculpé comme membre du co- mité de surveillance des mar- chés, il offrit à la tribune la dé- mission de ce poste ; mais loin d'être acceptée, il fut au même instant admis, par décret du 5o

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septembre 1793, à remplacer l'un ♦les secrétaires du bureau, qui se trouvait en mission. En floréal de l'an 2, il fit, au nom de ce dernier comité, un rapport général sur les quatre administra- tions chargées de riiabillement et de l'équioement militaire, de- puis le 5 juillet 1792 jusqu'au 5i juillet 1793, entra dans le détail de leurs o[)érations sous différons ministères , proposa la mise en liberté de trente administrateurs, et le renvoi de deux, comme prévenus de fraude et d'infidélité, par-devant les tribunaux compé- tens. Le 2 prairial de l'an 5, un membre de la convention avait demandé que Piorry s'expliquât surle fait qui lui était personnelle- ment imputé dans cette journée, celui d'avoir fait sonner le toc- sin aux écuries d'Orléans, il avait alors son domicile. Il pro- lesta à la tribune contre cette im- putation ridicule et calomnieuse; Ja convention passa à l'ordre du jour. Décrété d'arrestation, le 22 thermidor, à la suite d'une dé- nonciation faite par les admi- nistrateurs de la Vienne, il fut ensuite amnistié; et rendu à la liberté, il rentra dans la carrière judiciaire. Le directoire-exéculif lenomma, le 29 vendémiaire an 6, commissaire près les tribunaux jcivil et criminel à Anvers. Au mois de brumaire de l'an 7, une révolte avait éclaté sur l'une des rives de l'Escaut; il reçoit à cette occasion, de l'administration cen- trale du département des ûeux- Nèthes, le pouvoir de se trans- porter à Paris, pour faire con- naître l'état de cette contrée, et solliciter des sec'ours. Il rem-

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plit cette mission périlleuse ; mais au mois de ventôse de la même année, il s'en trouva puni. On l'avait dénoncé au di- rectoire comme paraissant, dans les cérémonies publiques et dan» l'exercice de ses fonctions, avec ime décoration qui portait l'em- blème de la constitution de 1793. Sur ce fait qui, selon le dénon- ciateur, était un attentat commis contre la sûreté générale de l'état, le directoire ordonna l'arresta- tion de Piorry, et sa translation à la maison d'arrêt, pour être jugé conformément aux lois. L'af- faire soumise à un jury spéfiial d'accusation, l'objet de la dénon- ciation fut reconnu faux, et It; directeur du jury prononça jja mise en liberté du prévenu au mois de germinal an 7. Au mois de brumaire de l'an 8, il fut nommé juge au tribunal de réyi- sion, établi à Trêves, pour les quatre déparlemens de la rive gauche du Pihin, et, successive- ment, vice-président de ce tribu- nal , assimilé , (juant à ses fonc- tions, à celles de la cour de cas- sation de Paris. Mais comme cel- te inslitiilion n'était que tempo- raire, elleservit .^ composer la cour d'appel de cette dernière ville , dont il devint l'un des membres. Au mois de ventôse an i3, il fut incorporé à la cour d'appel de Liège, et réélu en avril i8ii, conseiller à la même cour. En janvier 1814, il perdit, par suite de l'invasion des troupes étran- gères, le poste honorable dont il était revêtu, et depuis il n'exer- ça aucun autre emploi, nv. prit au- cune partaux événeniensde i8i5, ne signa point Vacte additionnel ^

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et ne se trouva compris alors dans aucune des loisetordonnances ren- dues par suite de ces événemens. PIOZZI (miss Esther-Ltnch- Saltisbury, d'abord femme Thra- LE, et ensuite del Signor), naquit en 174" i Boswel, dans le pays de Galles, au comté de Caernarvon. Elle montra de si heureuses dispo- sitions pour l'étude, que sa famil- le, qui Jouissait d'une honorable aisance, consentit à lui faire don- ner une éducation bien au-dessus de son âge et de son sexe. En peu d'années, elle apprit à fond le la- tin, le grec, l'ijébreu et plusieurs langues vivantes. Mariée à 24 ans à un riche brasseur, membre du parlement, miss Salusbury se fai- sait remarquer dans la société par le bon ton de ses manières et la solidité de son esprit. Le célèbre docteur Johnson, charme du mé- rite de cette dame, accepta avec joie les relations amicales qu'Ar- thur Mtirphy (foy. ce nom), se ]>lut à établir entre i\l. Thrale et le docteur Johnson. Ces relations devinrent même si fortes que les deux ménages furent bientôt com- muns, soit à la maison de South- wark, du docteur, soit à celle que ïhrale occupait, à Strea- tham. La société de Johnson n'é- tait cependant pas exemple de désagrémens. Le docteur était bi- zarre , jaloux, brusque jusqu'à la violence, et assez mauvais admi- nistrateur de sa fortune; mais Thrale et sa femme supportaient avec beaucoup de résignation ces fréquentes inégalités de caractère, et prenaient de la personne et des intérêts de leur ami un soin qui <»nnonpait l'excellence de leurs cœurs et leur admiration pour le

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plus célèbre critique de l'Angle- terre. Ces relations durèrent ce- pendant 17 années, et ne furent interrompues qu'un an après la mort de Thrale, arrivée en 1781 , par l'impossibilité la veuve se trouva de continuer un genre de vie qu'une plus grande suscepti- bilité de Johnson lui avait rendue insupportable. Elle résolut de se séparer de son vieil ami, etelleprit pour prétexte la perte d'un procès et l'impossibilité sa fortune la mettait de continuera vivre à Lon- dres. Elle se retira à Bath. Cette séparation fut vivement blâmée par leurs amis communs, et au point que mistriss Thrale se vit dans la nécessité de prendre la plu- me pour donner des explications à cet égard. Comme la séparation s'était faite à l'amiable, une cor- respondance bienveillante eut lieu de part et d'autre pendant quel- que temps. Le mariage que mis- triss Thrale contracta, à l'âge de 4'j ans, avec un maître de musique de Bath, Florentin d'origine, nom- mé Piozzi, fut désapprouvé de Johnson, et de ce moment toute correspondance cessa entre lui et M°" Piozzi. tt Au mois de sep- tembre 1784, dit l'auteur d'une Notice sur cette dame, elle tra- versa la France avec son mari, et se rendit à Milan, elle passa l'hiver. L'année suivante, elle parcourut le reste de l'Italie, et vint se fixer pour quelque temps à Florence, il se forma, sous le titre délia Crusca, une société de littérateurs anglais des deux sexes, qui bientôt mirent au jour un vo- lume de prose et de vers, intitulé : '\ the Florence Miscellaiiy , lequel ne fut distribué d'abord qu'à un

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petit nombre d'amis. Celte réu- nion littéraire a été vivement at- taquée par un critique nommé Gifford, dans la préface d'un écrit intitulé : Baviade et Mœviade. Au contraire, un journal intitulé le Monde se fit le prôneur, en Angle- terre, de la réunion littéraire de Florence, et parvint à lui donner de la célébrité. Il publia, en les accompagnant de grands éloges, les productions poétiques de la nouvelle académie. Elles se fai- saient remarquer surtout par le clinquant du style, et l'exagération des métaphores, empruntées à la langue et au génie de l'Italie. Sui- Yanl l'usage du même pajs, tous ces vers étaient signés d'un nom poétique et emprunté. Le journal qui les prônait parvint à mettre ce genre à la mode, et ce fut bientôt une véritable fureur d'écrire dans ce goût. Telle est du moins l'idée que M. GifFord a essayé de don- ner de la réunion littéraire de Flo- rence et des productions qui en sont émanées. Quoi qu'il en soit, M"" Piozzi a fait preuve d'un vrai mérite comme poète, et son conte intitulé les Trois Avis {the tliree JVarnings) , doit être distingué des bagatelles versifiées délia Crus- ca. « M"* Piozzi, après avoir visité les principales villes de l'Italie, de l'Allemagne et de la Hollande, re- tourna en Angleterre, elle mourut en 1821 , à l'âge de 83 ans. Elle était veuve de son second mari depuis 1801. » Elle avait sr bien conservé ses forces physi- ques et ses facultés morales jus- qu'au terme de sa carrière, qu'el- le donna et ouvrit elle-même un bal,à ITige de 82 ans. » On doit à cet-

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te dame : the Florence Miscel- lany ( Miscellanées de Florence), 10-8°, ir85, en société avec MM. Merry, Parsons, Greathead et au- tres; 2° Observations and Reflec- tions, etc. (Observations et Ré- flexions,faites durant un voyage en France, en Italie, en Allemagne), ir86, 2 vol. in-S", ouvrage frivo- le, qui néanmoins obtint beau- coup de succès; Anecdotes of D'SamuelJohnson (Anecdotes sur le D' Samuel Johnson, durant les vingt dernières années de sa vie), 178(1, in-8"; Lelters to and from D' S. Johnson, Lettres du D' S. Johnson ou à lui adressées, 1788, 2 vol. in-8". Elles ont été écrites depuis l'année 17G5 jusqu'à l'an- née 1784. Ces lettres et les anec- dotes furent traitées avec une ex- trême partialité parBaretti;et\Vol- cott, dans une satire, sous le li- tre de Bozzi et Piozzi^ ne les trai- ta pas plus favorablement. 5" Bri- tish Synonimy, etc. ^(Synonimie anglaise, ou Essai sur l'emploi ré- gulier des mots, dans la conversa- tion familière), Londres, 1794 ? 2 vol. in-8°. Critiqué avec une ex- trême sévérité, cet ouvrage, au- quel on prétendit à tort que John- son avait eu part, annonce dans l'auteur un jugement sain et un esprit observateur. 6" Rétros pec- tion, or à Revievi>,elc. (Retrospec- tion, ou lievuc des événemens, des caractères, des circonstances les plus remarquables du genre humain pendant l'année 1800, avec leurs conséquences), 1801, a vol. in-4"'. Enfin les Trois Avis, conte imité de La Fontaine, une imitation de l'Epitre de Boileau à son jardinier, et différens autres

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opuscules insérés dans des recueils périodiques.

PIPKLET (M""), ray. Salm- DvcK.

PIRAULT-DES- CHAUMES ( Jean-Baptiste-Vincent ), avocat et littérateur, est à Paris, le 27 septembre 1767. Fils d'un procu- reur au parlement, qui refusa son ministère pendant toute la durée de l'exil de 1771, il fit de bonnes études au collège de Montaigu, Au commencement de la révolu- tion, dont il adopta avec modéra- tion les principes, il fut persécuté et se réfugia à l'armée de Dii- mouriez ; il revint à Paris, après l'affaire de Jeinmapes. Successi- vement avoué et avocat au tribu- nal de la Seine , professeur de droit à l'académie de législation , on l'an 8, il déplut par la liberté de ses opinions politiques, et fut supprimé, en 1808, de ses fonc- tions d'avo'ié. Devenu maire de iVanterre , il fut obli^^é de donner sa démission eu 1816, pour s'être signalé dans les élections on fa- veur des candidats libéraux con- tre ceux du ministère. Nanterre doit ii M. Pirault-des-Chaumes, un plus grand revenu annuel pour SCS pauvres, et l'établisse- ment d'un bel abattoir à porcs, qui rapporte 5 à 4000 fr. à la caisse «ommunale, etc. Lors du procès fait à Toccagion de la souscription nationale , il s'est empressé de s'associer aux souscripteurs, et a offert ses veilles, comme avocat, » ceux qui pourraient être victi- mes de l'arbitraire ; il est l'un d(;>; signataires de la consnilalion en faveur des auteurs de la souscrip- tion. M, Pirault-des-Chaumes n'est pas seulement un de nosavo-

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cats distingiiés, il est aussi hom- me de lettres , et a donné avec succès la traduction en vers fran- çais de l'Art fie plaire, du Remède d'amour et dos Amours d'Ovide, et un Voyage à Plombières. '^

PIRE ( Marie - Guillaume de RosrcviNEU, COMTE de), lieutenant- général, commandeur de la légion- d'honneur, chevalier de Saint- Louis, et de l'ordre militaire de Wurtemberg, est à Rennes, le 3i mars 1778, d'une ancienne famil- le de la Bretagne, illustrée dans les fastes de cette province. Son grand-père, le marquis de Pire, présidait la noblesse à la tenue des états de 1770. Dès le com- mencement de la révolution en 1789, son père, qui s'était vo\ié à la cause contraire, se hâ- ta d'aller rejoindre les princes à Coblentz, emmenant avec lui son fds à peine sorti de l'enfance. Le jeune Pire suivit long-temps les mêmes drapeaux que sou père , entra àl'âge de i4iuis dans les gar- desdu-corps, compagnie de Gram- mont, et fit les campagnes de Parméc du prince de Condé. A- près le licenciement de cette ar- mée, il entra en 1793 avec le gra- de de sous-lieutenant dans le ré- giment d'infanterie que le prince de Rohan - Montbazon venait de lever à Gand, et qui fit partie de l'armée anglaise que commandait le duc d'York sur le continent. II à fit avec elle la campagne de Hol- * lande en 179'!, et fut nommé lieutenant sur le champ de bataille d'Appeldoorn, après que son régi- | ment eut été en partie détruit par ' l'avant-garde française au passage de la Meuse. En juin 1795, il s'em- barqua à Sladc avec les cinq

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régimens émigrés Rohan, Salm, Férigord, Beon et Damas, qui for- inaieiit la division Sombreiiil, et qui tinrent débarquer dans la baie de Quiberon. lVI. de Pire fut griè- vement blessé lors de Tatlaque du fort Penlhièvre par les troupes françaises, sous les ordres du gé- néral Hoche, et ne parvint à se rembarquer que par une espèce de miracle. 11 se réfugia avec les dé- bris de cette funeste expédition sur les rochers de Tîle d'Houat. Le comte d'Artois lui donna des témoignages d'estime et de satis- faction : ce prince lui dit « que si jamais il rentrait en France , une des premières faveurs qu'il accorderait, serait pour M. de de Pire; »et ayant égardà sa bles- sure, il l'envoya de l'Ile- Dieu se rétablir en Angleterre, et ie chargea de ses dépêches pour le minislère à Londres. Par suite de l'incorporation du régiment émi- gré de Rohan dans celui de La Châtre, M. de Pire fut réformé à l'âge de 17 ans, avec le grade de capitaine ; mais l'ardeur de son zèle et cette soif de combats dont il paraissait altéré dès sa jeunesse, le portèrent à solliciter vivement sa remise en activité, et à être em- ployé dans la funeste guerre in- térieure , qui déchirait le sein même de sa patrie. 11 obtint ce triste avantage, pt accompagna en mars 1796, MM. de Sérent que les princes envoyèrent dans la Vendée, avec M .M. de Bonr- mont de Suz-anelte et autres chefs royalistes. Blessé de nouveau en débarijuant la nuit sur les côtes de Bretagne près de Sainl-Malo, il vit périr dès le lendemain la plupart de ses compagnons d'ar-

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mes; MM. de Sérent furent tué» dans les marais de Dole, et M, de Pire, poursuivi par les troupes ré- publicaines, ne parvint qu'après avoir couru les plus grands dan- gers, à s'éclwpper et à rejoindre enfin le chef royaliste de Puisaye. dans les environs de Fougères. Il servit avec ce général jusqu'à l'époque de la pacification de l'an 4, qui le fit rentrer dans le sein de la grande famille française. Le général Hoche, par considéra- tion particulière, et malgré ses instruclions, ne comprit point M. de Pire parmi les émigrés qu'il fut obligé de renvoyer en Angle- terre ; mais ce dernier n"en resta pas moins, et long-temps, sous une sévère surveillance, fut sou- vent dénoncé comme émigré et royaliste, et ne recouvrit une en- tière liberté qu'à l'époque du con- sulat du général en chef Bonaparte. Une nouvelle carrière s'ouvritalors devant lui, et toujours animé du désir de faire la guerre , il entra dans les rangs de la grande-armée française, il n'eut plus le mal- heur d'avoir à combattre ses con- citoyens. M. de Pire prit d'abord du service dans un régiment de hussards volontaires, avec le grade de capitaine, et fil honorablement la guerre d'Allemagne. Son corps ayant été réformé après la paix de Lunéville , il rentra pour quelque temps dans ia vie privée, et se ma- ria ; mais il rejoignit en i8o5 l'ar- mée, et se distingua de nouveau jiendant les glorieuses canipagnes (rAuslerli(z,d'Iénaet de Wagram. Succc<sivemeiit capitaine au 7' régifnent de hussards, chef d'esca- dron au 10*, colonel du 7"^ régi- ment de chasseurs à cheval^ aide-

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de-camp du prince de Neuchâtel, général de brigade , et bientôt général de division, il fit toutes ces campagnes à l'avant-ganle de la grande-armée , en Allemagne, en Pologne, en Espagne et en Rus- sie. Partout il fit preuve de talens militaires, et d'ime haute valeur. Blessé plusieurs fois, ses grades et ses décorations lui furent dé- cernés sur les champs de bataille, et sesélats de service porlenlqu'il prit une part active à 5o batailles rangées, et à plus de loo combats d'avant-garde. Elève et ami des généraux Lasalle et Montbrun, et distingué par l'enjpereur, il fut dans les derniers temps chargé par lui du soin d'éclairer l'armée. La surprise de Léipzick avec 5o hussards derrière l'armée prus- 'sienne, 4 jours avant la bataille d'Iéna; la capitulation de la ville forte de Slettin, en 180G; sa con- duite au combat de Somo-Sierra, en Espagne, Napoléon lui avait donné par mis-ion spéciale le commandement de l'escadron du service des lanciers polonais de la garde qui s'y couvrit de gloire; le combat d'OsIrowno en Russie, et d'autres affaires les bulletins de la grande-armée ont fait du général Pire une mention honora- ble, l'ont placé aux premiers rangs des vieux guerriers de la France. A l'époque de la restauration en 18 14, de fortes préventions politi- ques s'étant élevées contre lui, loin d'avoir part aux récompenses ou aux faveurs que ses antécédens semblaient devoir lui promettre, il fut envoyé en une espèce d'exil dans ses terres en Bretagne. ].,a croix de Saint -Louis, donnée à tous les officiers-généraux, lui fut

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refusée, et aucune de ses récla- mations ne fut accueillie. 11 se trouvait dans cette situation péni- ble, en i8i5, quand le retour di; l'île d'Elbe eut lieu. Il paraît que les sujets de mécontentement que le général Pire croyait avoir, joints à d'anciens souvenirs de gloire, lui firent embrasser de nou- veau avec une grande chaleur la cause de Napoléon. Après avoir fait reconnaître son autorité en Breta- gne, il fut envoyé dans le midi contre les troupes réunies sous les ordres de S. A. R. le duc d'An- goulême. Rappelé à Paris après les événemens de Valence et du pont Saint-Esprit , il fut nommé gouverneur des Tuileries, du Lou- vre , et chambellan de Napoléon. On l'envoya immédiatement à Laon prendre le commandement provisoire du G' corps d'armée. A la suite du combat des Quatre- Bras et de la bataille de Waterloo, il commandait la cavalerie lé- gère de l'aile gauche sous les or- dres du maréchal Ney, il revint sous les murs de Paris, et prit encore une part glorieuse au com- bat de Roquancour près Versailles, où, avec son'amile général Excel- mans, il prit ou détruisit en entier deux régimens de hussards prus- siens. Après le second retour du roi, le général Pire fut compris dans la seconde série de l'ordonnance du 24 juillet 181 5. Arrêté le i" août suivant, il ne sortit de pri- son que par l'intervention de l'em- pereur de Russie, qui lui offrit un asile à Pétersbourg, il se ren- ditde suite, et passa tout le temps de son exil. Rappelé en France en 1819, et replacé sur le tableau de l'armée, il a aussi reçu du roi la

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croix de Saint-Louis. En 1825 il a cru devoir de nouveau solliciter de l'aclivité de service, et a de- mandé à faire la campagne d'Es- pagne. iMais !"es démarches à cet égard étant restées sanseflét, il continue à vivre retiré en Breta- gne dans l'ancienne demeure de ses pères, il s'occupe de tra- vaux agricoles, prêt à revoler au premier appel sous les drapeaux de son pays.

PIRE LU (Francisco), législa- teur et littérateur napolitain, naquit à Naples, il reçut une éducation distinguée, et se livra dès sa jeunes- se à la culture des lettres; il avait déjà obteim des succès dans cette carrière lorsqu'il fut nommé pré- sident de la chambre royale. Les principes de la révolution fran- çaise, s'étant rapidement propagés dan» diverses contrées de l'Euro- pe, Pirelli les adopta , et quand, sous les ai;spices de la France, en 1799, les Napolitains formè- rent la république dite parthéno- péenne, il devînt membre du corps-législatif de cette républi- que. Il refusa d'abord par mo- destie les fondions législatives; cependant il céda au vœu de ses compatriotes et aux instances du commissaire français, M. Abrial. Lorsque les troupes royales, sous la conduite du cardinal Ruffo, fu- rent rentrées datis Naples, Pirelli fut incarcéré comme ayant par- ticipé à la révolution napolitaine. Il ne tarda pas cependant à re- crjuvrer sa liberté, en produisant, dit-on, un billet du commissaire français, dans lequel c<* dernier le menaçait d'exécution militaire s'il n'acceptait pas le? fonctions de législateur. Le roi condamna

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depuis Pirelli à uuexil perpétuel, mais dont le terme ne fut pas long, car il mourut au bout de quelques années. C'était un hom- me de bien et un sincère ami de sa patrie.

PIRON (N.), dit PlRON-DE-LA-

Varenne , près Oudon , départe- ment de la Loire- Inférieure , lieu il naquit, est un des gé- néraux vendéens les plus distin- gués par ses talens, et surtout par son intrépidité. Il fit sa première campagne dans les chevau-légers de l'armée des princes; et de re- tour, au mois de mars «793, il s'efibrça de soulever les habitans de sou canton. Cette tentative n'ayant pas eu de succès, il pas- sa laLoire à latête d'uneoinquan- taine de Bretons, et se réunit à Bonchamp {voy. Bonchamp), dont il devint l'ami. Ce fut d'abord comme simple volontaire qu'il sui- vit l'arniée catholique et royale de la Vendée; mais employé, au mois de juin, comme officier, il se distingua bientôt. La bataille il prit la plus belle part est' celle de Vihiers, le 18 juillet, les Vendéens erdevèrentaux trou- pes de la république af) canons, presque toutes les munitions, et ils firent 3, 000 prisonniers. Au combat de Torffbu, de concert avec Bonchamp, il repoussa la brave et célèbre gwrnison de Mayence , encore épuisée de fa- tigues , et dont les forces étaient bien inférieures à celles des insur- gés. Le sort de l'armée vendéen- ne, pressée de toutes parts, pa- raissant devoir «"tre décidé par \\nc bataille vers Mortagne et Chollet, Bonchamp appela près de lui Piron-dela-Varenne , qui

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commandait l'avant-garde de la division de Lirot-de-Ia-Patrouil- lère. Il arriva comme l'action é- îait commencée. Sa présence soutint quelque temps les efforts des troupes vendéennes, qui fu- reptenfin mises en déroute. Piron- de-la-Vareiine ne s'occupa plus qu'à protéger la retraite des dé- bris de l'armée, et il y réussit avec quelque succès. Passant la Loire au mois d'octobre, il combattit vaillamment à l'affaire de Laval et au siège de Grandvil- le. Il commandait une division inix déroutes du Mans et de Save- nay. Il se tint caché pendant quelque temps dans les environs de Nantes, et chercha à soulever les chouans. Dans l'espérance de rejoindre les Vendéens, et de ser- vir plus utilement la cause roya- le, il tenta de repasser la Loire. Le bateau dans lequel il était fut ;iperçu par une canonnière, qui lui donna la chasse. Son bateau ayant été atteint, il tut tué de plusieurs coups de l'usil. Piroii- de-Ia-Varenne montra dans celte funeste guerre, tant d'héroïs- me et de férocité furent déployés des deux côtés, un caractère di- gne de briller sur un théâtre qui n'aurait point été souillé par les excès des discordes civiles. Il est regardé comme un des héros de la Vendée, et son nom est, dit-on, consacré dans les chants de ces guerriers.

PISAM (A. A. C), noble vé- nitien , servit d'abord dans la ma- rine d'Angleterre, et ensuite dans celle de Hollande, doù il passa au cap de lionne -Espérance. Il obtint dans cette colonie un em- |)!oi qu'il occupait encore lors-

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qu'elle fut prise en 1796, par les Anglais. Pisani retourna alors eu Angleterre, mais comme prison- nier. Il demeura à Lonidres long- temps après son échange, et s'y occupa de la relation de ses voya- ges dans l'intérieur de l'Afrique pendant l'espace de 13 ans, de i^bi à 1793. Lorsqu'il eut termi- né cet important travail, il vint à Paris, les sa vans , à qui il communiqua son manuscrit , l'accueillirent d'une manière dis- tinguée. Le manuscrit ayant été présenté à l'institut en i8o5, une commission chargée de l'exa- miner en fit un rapport très-favo- rable. L'ouvrage fut publié l'an- née suivante. M. Pisani s'est dé- puis retiré dans sa patrie. Un au- tre Pisani, de la même famille, fut, après le traité de Presbourg, d'après lequel Venise se trouvait réunie au royaume d'Italie, char- gé de se rendre à Vérone, pour y féliciter, au nom de ses compa- triotes, le prince vice-roi, Eugè- ne de Beauharnais.

PISANI - DE - LA - GAUDE (Chaules -François-Joseph), évê- que de Namur, naquit à Aix en Provence, le 4 mars 174^» d'une ancienne famille noble d'origine italienne. Il se consacra dans sa jeunesse à la carrière judiciaire, et acheta une charge déconseiller au parlement de Provence. Mais ayant eu le malheurde voir frapper d'une mort subite et violente, une jeune personne qu'il était à la veille d'épouser, il résolut de quitter ses fonctions et d'aller s'eofcrmer à l'abbaye de la Trap- pe. Après quelque séjour dans ce monastère, et sur les représenta- tions de l'abbé, qui ne trouvait

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pas sa vocation assez décidée pour une règle aussi sévère , M. Pisaiii se détermina à rentrer dans lemon- de, il embrassa toutefois l'état ecclésiastique. Son oncle, évêque de Sëint-Paul -Trois -Châteaux, le nomma d'abord son grand- vi- caire, et les autres dignités de l'é- glise étant à cette époque regar- dées comme appartenant presque exclusivement et de droit aux hommes d'une naissance illustre, M. de Fixani obtint bientôt (en fé- vrier 1784)» l'évêché de Vence. Les suites d'une passion toute mondaine, mais malheureuse, l'ayant ainsi porté à l'épiscopat , auquel il n'aurait jamais pensé sans la fin tragique de ses premiè- res amours, le nouvel évêque crut cependant devoir signaler son ad- ministration spirituelle par quel- ques actes éclafans de ferveur. Il lança dansle public plusieurs man- demens contre les philosophes, et ces pièces d'éloquent;e qui ex- titèrent parfois l'hilarité générale même dans le diocèse de Vence, ne firent d'ailleurs de tort à per- sonne. Dès le commencement de l'émigration , il se hûta de sortir de France, et se rendit d'abord à Vetn'se, il fut accueilli par la famille dont il portait le nom, et ensuite, à Rome, il refusa, dit- on, la place d'auditeur de la Ilote, qui lui fut oiï'erte parle pape. Les progrès des armes françaises en Italie, engagèrent l'évêque de Vence à chercher un nouvel asile en Alleinague, d'où il passa eu Angleterre. Il obtint bientôt de M;ipoléon la permission de ren- trer en France, et fut investi après le concordat du 1802, de l'évêché «le Namur. Il paya largement son

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tribut d'éloges au chef de l'empT- re , et ses mandemens n'eurent plus pour objet principal que la célébration des victoires de l'em- pereur. Après la création du royaume des Pays-Bas, auquel le diocèse de Namur se trouva joint, l'évêque professa quelques opinions ultramonlaines,qui don- nèrent lieu à l'auimadversion du nouveau gouvernement. Pisani lit d'abord cause commune avec l'évêque de Gand , Maurice de Broglie; mais le pape même ayant désapprouve les éclats d'un zèle intempestif , l'évêque de Namur chercha à justifier ses intentions, et protesta dans une nouvelle let- tre pastorale de sa soumission à la constitution ecclésiastique du royaume des Pays-Bas. Il a de- puis administré son diocèse sans trouble, et sans être aucunement inquiété par l'autorité civile.

PISAINSKI (Georges-Ciikistg- piie) , théologien et littérateur prolestant, directeur de la socié- té allemande de Kcjenisberg, ap- partient à une famille protestante, originaire de Pologne, qui alla se fixer en Prtisse ; il est fils du pas- teur de Pisauizzen. Pisauski , en 1725, fit ses études à Rœ- nisberg,et par le conseil du natu- raliste Helwig, son aïeul uiaternel, il suivit la carrière de l'enseigne- aient. D'abord recteur, puis, en 1775, docteur en théologie à l'u- niversité de Rœnisberg, il y pro- fessa la poésie, l'histoire, tant na- tionale que générale, la philoso- phie pratique, la théologie, la statistique, etc. Il était très-ins- truit; sa piété était éclairée, et il fut généralement regretté lors- qu'il mourut I i octobre 1790.

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Outre ses principaux o\ivrages que nous allons indiquer, il a lais- sé un grand nombre de manus- crits dont il a fait don par tes- tament à la bibliothèque de l'éco- le dite Rneiphof : Curiosités du lac de Spird/ng, Kœnisberg, 1749^ in-4'' ; de Felicitate doceiitium in scholis, Kœnisberg, 1749?'"" loi. ; de Merilis Prussorum in poesin latinam, Kœnisberg, 1781, in-4°; l\° Eclaircissemens sur quel- ques restes du paganisme et du pa- pisme en Prusse , Kœnisberg , 1^56, in-4°; Discussion sur la question de savoir si Annibal en passant les Alpes a fait fendre les rochers par le vinaigre, Kœnis- berg, 1 769 , in-4'' ; 6" Commenla- tio de linguâ polonlcâ, Kœnisberg, I7()3, in-4'; 'p" Historia linguœ grœcœ in Prussiâ , Kœnisberg , I 766, in-4°; 8" Examen de la pré- tendue démonologie biblique, Dant- Rick, 1778, in-4°; de Errore Irenœi in determinandâ esta te cliris- ii, Kœnisberg, 1778, in- 4°; 10° Remarques sur la mer Baltique, Kœnisberg, 1781, in-8"; \i° de la Fête grégorienne dans les écoles , Kœnisberg, 1786, in-4"; 12" An liber Jonas non historiam sed fa- bulam corttineat? Kœnisberg, 1789, in-4"; 15° Esquisse d'une histoire de la littérature de la Prus- se, publiée après la mort de l'au- teur par Borowski , son confrère à la société allemande de Kœnis- berg, qui y a ajouté une^Notice bio- graphique, Kœnisberg, 1791, in- : cette notice a été imprimée séparément ; 14° Pisanski a com- posé un nombre considérable (Vê- lages et de notices des principaux savans et gens de lettres prus- siens; il a en outre fourni des

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Mémoires, dissertations, etc., au recueil de la société allemande de Kœnisberg,dont il était directeur, et a concouru à la rédaction de , plusieurs gazettes, entre autres jj celles de Dantz'k, ïhorn, etc.

PISON-DU-GALAND (N.) , avocat à Grenoble, fut nommé par le tiers-état du ci-devant Dau- phinéaux étals-généraux en 1789. Il acquit quelque réputation à la tribune, il ne se montrait que par intervalle , en tâchant toujours de balancer l'influence de la capi- tale par celle des départemens. Avant la réunion des trois ordres en assemblée nationale , il avait été nommé secrétaire des com- munes sous la présidence de Bail- ly, avec lequel il coopéra forte- ment à la réunion et au serment du Jeu de Paume. Chargé, en 1790 et 1791, au nom du comité des domaines, de différens rap- ports , il s'en acquitta avec talent et sagesse. Il ne fit point partie de l'assemblée législative , ni de la convention; mais, en 1797 » '' fut élu parle département de l'Isère, député au conseil des cinq-cents, dont il devint successivement se- crétaire et président. Appelé au nouveau corps- législatif après le 18 brumaire an 8, par suite de l'alfaiblissement de sa santé, il re- nonça aux l'onctions au mois de décembie 1801.

PISSUT (Noel-Laurent), fils d'un libraire de Paris, et long- temps libraire lui-même, s'est occupé de littérature, et a produit comme auteur ou éditeur les ou- vrages suivans : Marcellin, ou les Epreuves du monde, un vol. in- 18, Paris, an 8; 2" Contes mo- raux, par Imbert, et autres ou-

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vrages recueillis pour la première fois, 2 vol. in-12, Paris, i8o5; Jes Friponneries de Londres mises au jour, traduction du l'anglais, un vol. in-ia, Paris, i8o5; Poésies de Maître Adam Bit- lauty un vol. in-ii, Paris, i8o6; la Campagne de trois mois en vaudeville, un vol. in-12, Paris, 1806; les Plaisirs de l'imagi- nation, poëme en 5 chants, nou- velle édition, un vol. in-12, Paris, 1806 : c'est sans doute, dit M. Beuchot, la traduction d'Akensi- de, par d'Holbach; Œuvres inédites de Chrétien - Guillaume Lamoignon de M aies lier hes, avec un Précis historique, un vol. in- 12, Paris, 1808; 8" Manuel du culte catholique , un vol. in-12, Paris, 1810; g" Précis historique sur les cosaques, un vol. in-12, Paris, 1812; lo" Cèles Une, ou les Preuves de l'amour,na vol. in-18, Paris, i8i5. Sur la fin du gouver- nement impérial, Pissot,qui était malheureux, espéra obtenir quel- que soulagement à sa misère en écrivant contre le souverain que l'Europe armée venait précipiter du trône. Il publia : le Mea culpa de Napoléon; l'Aveu de ses perfi- dies et de ses cruautés , 1814, in- 8"; et une Histoire de plusieurs aventuriers fameux depuis la haute antiquité jusques et compris Bona- parte, Paris, 18 14, 2 vol. in-ia. Le pain que le malheureux Pissot espérait ne vint pas, et il mourut à l'hôpital le i5 mars 181 5. Il est encore auteur de plusieurs ouvra- ges : Lettres de Henri If^ à M"" de Grammont, 18 14; Sièges sou- tenus par la ville de Paris, depuis l'invasion des Romains dans les Gaules jusqu^au 3o mars 1814 ;

T. f VI.

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Paris, 181 5; les Véritables pro- phéties de Michel Nostradamus , avec les Aventures de la révolu- tion, 18 i6, 2 vol. in-12; et enfin, le Frère criminel, un vol. in-j8, Paris, 1818 : ces deux derniers ouvrages sont posthumes.

PISTICCI (le P.), religieux franciscain de Naples, dont le nom est consacré par la reconnaissance de tous les Français, naquit à Na- ples en 1765. Admis dès l'âge de 1 5 ans dans le cou vent des Francis- cains, il s'y fit remarquer par .sa piété et la douceur de ses moeurs. C'est le témoignage que lui ren- dent ceux mêmes qui se prononcè- rent le plus fortement contre lui. Ce religieux avait l'esprit éclairé, et il ne repoussait pas de ses lectu- res habituelles les bons livres de philosophie. Ils fortifièrent à la fois son esprit et son cœur. La ré- volution française, dont il eut bien- tôt connaissance, ne lecompta point au nombre de ses ennemis. Il en admira les principes et n'en détes- ta que les excès. Lorsque les Fran- çais eurent conquis en 1799, '^ royaume de Naples, le P. Pisticci fut informé que les lazzaroni, at- tachés au roi Ferdinand IV, tra- maient dans l'ombre et dans le plus profond secret , un complot contre les Français. La seule humanité l'inspira. Il veut sauver une foule de victimes du fer des assassins, et il consent, pour atteindre ce noble but, i\ feindre une indignation pro- fonde contre les conquérans de sa patrie. La haine est aveugle; elle croit que tous les cœurs se déna- turent pour recevoir ses funestes impressions. Les lazzaroni entou- rent le P. Pisticci, ils ne doutent pas qu'il n'entre dans le complot

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qu'ils ont formé, et lui annoncent leur projet, qui tend à égorger dans une seule nuit les Français établis à Naples et tous les patriotes na- politains. Quatre d'entre eux le conduisent, mais en prenant loufc- l'oij la précaution de lui mettre un bandeau sur les yeux, dans le lieu ils ont caché leurs armes et leurs munitions. Là, le P. Pistiici, clTrayé ù la vue de leurs immen- ses munition-, de tonte espèce, par- vient cependant à les Irompersur le sentiujcnl qii'il éprouve. On l'éloigné avec les mêmes précau- tions. Libre enfin de toute surveil- lance, cet homme généreux va rendre compte au général français des projets des lazzaroni et des moyens qu'ils ont à leur disposi- tion. Connne il ne peut désigner la caverne il a été conduit, il prend le parti de se faire arrêter comme conspirateur avec ses gui- des. On les enferme; mais les 4 lazzaroni soupçonnant que leur détention est son ouvrage, refusent de lui faire connaître les projets de leur corporation. Les Français et leurs partisans furent sauvés par les déclarations du P.Pisticci, qui, devenu lilire, retourna aussitôt à «on couvent, ne voulant aucune récompense du service qu'il avait fendu, guidé par la plus pure gé- nérosité. L'armée napolitaine ne tarila pas à rentrer dans Naples. Lecardioid Ilufl'o,qui la comman- <lait, ne .-«e crut point engagé pur la capitulation solennelle qu'il avait consentie; il fit arrêter le P. Pis- ticci et tous ceux qui comme lui se croyaient à l'abri de toute réac- tion. Ce religieux fut condamné à être pendu; il fut exécuté au mois Je novembre de la même année

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(ï/tj;)); Sfi mort fut courageuse et calme comme sa vie. Il légua sa mémoire aux ï"rançais et à la pos-' térité.

PriAllO (A.), docteur en phi- losophie et en médecine, eu Calabre d'une famille notable de ce pays, fit d'excellentes études à Naples, et devint, avant l'âge de 20 ans , professeur de physique dans le corps royal d'artillerie du royaume. Il venait d'être nonuné professeur de chimie au corps de * la marine lorsque la révolution é- clata à Naples en 1799. Comme il n'en adopta pas les principes , il fut obligé de s'expatrier, et vint cheicher un asile en France. M- Pitaro exerça long-temps et avec distinction la profession de méde- cin à Paris, et était, en 1807. mem- bre de la société médicale d'ému- lation et de la société galvanique. Il e>t rentré dans sa patrie depuis les évéuemens politiques de i8i4-

PITOU (Louis-Asge), anciea chanteur populaire, et, depuis l.« restauration , libraire de iM"" la duchesse d'Orléans, est en 1769, à Valinville , prés de Châteaudun , départeu)ent d'Eure-et-Loir, et prétend descendre de l'auteur de la Sutjre Ménippée. Al. Pitou s'est acquis une sorîe de célébrité dans les premiers temps de la révolu- tion , par les chansons royalistes qu'il composait et chantait devant le peuple rassemblé autour de lui par ses chants et ses lazzis. Des allusions souvent grossières, quel- quefois fines et piquantes, contre le gouvernement, en amusant ses auditeurs, attiraient sur lui l'atten- tion de la police, et le firent sou- vent arrêter; mais à peinfc était-il remis en libellé, qu'il recommcn-

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çait ses attaques , donl l^e résultat, opi'ès 16 arrestations, fut, par jii- jjjeiiient (hi tribuiiai criii)inel de ' Paris, au luuis de novembre l'y^'yi une cundainnation à la déporla- tioi. perpétuelle. Goiuluit à la Guiane, il parvint à rompre son ban, revint à Paris après les évé- nemeus du 18 brumaire an 8(9 novembre 1799 ) , et l'ut arrête. Cette lois , la j)olice se contenta de le déposer dans les prisons de la Force, o«'i il resta assez long- temps. Voici , à Toccasion des services que M. Pitou a rendus à la cause royale, comme il s'expri- me lui-même dans son recueil : Toute tu vérité au roi, etc. « Sans avoir eu d'autre appui au com- mencement que la liberté des o- pinious et la lutte entre les jaco- bins et les républicains , je suis parvenu à former un parti si nom- breux pour la cause du roi , que tout Paris est venu me voir, me criti(|uer, me délendre et m'en- tourager; que je suis le seul dans toute la France qui ait, pendant 3 •iins, péroré tons les jours deux ou trois mille hommes en laveur de la roy,iuté; que vingt fois j'ai fait fuir la police et la force armée, se présentant pour m'arrêter en pu- i)lic ; qu'après tant de revers et une résistance aussi longue, aussi courageuse, je suis le se»d «[ni ail écliappé aussi miraculeusement à la mort après y avoir été con- damné deux fois. « il ajoute dans M\ autre paragraphe : 0 Je me dis, en 1795 : la Satyre Ménippée, ou- vrage de mes aïeux, dessilla les yeux du peuple , déconcerta les ligueurs , et valut des armées au Kearnais. Nous sommes dans les uièmes crises , essayons des mè-

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mes moyens. De 1793 à 1797, j'ai composé, imprimé et vendu en public, tous les jours, dans tout Paris, des Satyres Ménippéesqinont fait plus de quarante mille prosé- lytes à la mouarclue. Ces satires m'ont rapporté 260,000 francs. Cette fortune était ime propriété bien légitinie que j'avais acquise au prix de mon sang, en combat- tant pour votre majesté. Fidèle à mon serment, j'ai distribué cette somme pour briser mes fers, pour sauver la vie à plusieurs agens du roi qui étaient sous les verroux, et pour seconder les mouvemens opérés en faveur de la royauté , pour faire réussir le contre-dix- huit fructidor. J'en appelle au té- moignage de 80,000 hommes. » M. Pitou parait avoir obtenu de la munificence royale, peu après la j)remiére restauration, en 18 i4« "- ne pension de i,5oofr.On trouvera à ce sujet des détails fort curieux dans son ouvrage : Toute la vérité au foi, etc. Il a fait imprimer: i" f^oyage à Cayenne, dans les deux Amériques et chez les antropo plia- ges, 2 vol. in-8°, fjg., 1808, 2* é- dition; %" le Chanteur Parisien, ou Recueil de vaudevilles qui ont fait exiler L. A. Pitou, i8oh^, in- 18; 3" Tablettes des grands événemens depuis l'^Sy Jusqu'à i8o8, in- 18, 1808; l Urne des Stuarts et des Bourbons, ou le fond de ma confes- sion sur les effets du 21 janvier, etc., 16, 17, 18 et 19' siècles , i8i5, in-8" ; 5" Analyse de mes malheurs et de mes persécutions de- puis a5 ans, 181G, in-H" ; 6' aux. Amis de C ordre et de la pai.v, 1817, in-8" ; Prières au tombeau des Bourbons, 1818, \n-S";i>" leTrônr. du martyr du iZ février 1820, bro-

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chure à l'occasion de ras?as«inat du duc de Berii , et à la réclama- tion que M. Pitou a laite du dernier coucher de ce prince contrç la prétention de M. (ïrandsire, secré- taire-général de l'académie royale de musique, à la possession de ce coucher, Paris, in-8"; Ç)" Toute la vérité au roi et à le justice sur des Jaits graves touchant l' lionne ur de tamaison de Bourbon, Paris, i8ai, 2 vol, in-8".

PUT (Williams), second fils du grand Chalham , de ce Chatham le plus éloquent et le plus probe de.i ministres de sa nation , éleva l'Angleterre à un degré éminent de prospérité commerciale, tint les rênes du gouvernement depuis sa première jeunesse, lutta seul contre l'opposition de l'Europe entière , ligua tous les rois contre la France, et poursuivit dans tout le cours de sa vie un seul but, une pensée unique, l'abaissement de celte nation ; il le chercha par tous les moyens ; il employa , pour obtenir ce résultat, tous les ressorts de la politique. Homme d'état ferme et habile, auquel l'admiration de ses partisans prêta des combinaisons profondes qui ne lui appartinrent jamais; pous- sant l'and/uion jusqu'au délire, et' tomnienlé du besoin de sou- mettre l'Europe au machiavélisme anglais: doué de persévérance, de sagacité et de force dans l'es- prit, mais que rien n'arrêtait, ni humanité, ni philosophie, ni mo- rale publique, et qui imprima, surtout aux opérations du cabinet, de Saint-James, ce caractère d'é- goïsmc barbare que l'histoire ne lui pardonnera pas. On ne peut' oifrir dans celte notice biogra-

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phique autre chose que les grand.9 traits d'une vie politique, rempli»! d'ailleurs de calculs secondaires et de mouvemens de peu d'intérêt. Il n'est point en France, com- me on l'a prétendu, mais dans le comté de Reur, dans la maison de campagne de son père , à Haye, le 28 mars 1709. De nombreuses maladies le menacèrent de la mort dès sa première enfance ; cepen- dant il apprit de bonne heure le grec elle latin. La lecture deThu- cidide et l'étude de l'algèbre, ses occupations favorites, semblaient annoncer ce qu'il devait être plus tard, et signaler les penchans na- turels de son esprit. Jl acheva ses études sous son oncle, l'évêquede Winchester; et, reçu avocat, il plaida plusieurs causes avec suc- cès. Déjù l'amliition de se distin- guer d la chambre des communes agitait ce jeune homme ; ou le voyait paraître à toutes les séan- ces; il étudiait les ressources de l'éloquence parlementaire, et, après s'être vainement présenté, en 1780, comme candidat à l'uni- veisité de Cambridge, il fut élu l'année suivante pour le bourg d'Appleby. C'était un pesant far- deau que le souvenir et le nom de Chalham. Pilt, dès son début, se montra digne de le soutenir. II entra dans l'opposition, (pii don- nait tant de peine à lord Norlh, dont le mérite était bien inférieur à celui de ses adversaires. Burke, Fox, Shéridan (voyez ces différens noms) allaquaient chaque jour une administration maladroite et mys- térieuse. Pilt se rangea, dès son entrée an parlement, au nombre de ces ennemis redoutables du ministère. Son premier discours

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fut consacré à appuyer une motion de Burke , lenJante à opérer des réformes dans la liste civile. On "vit avecétonnement se développer un talent d'un nouveau genre. Ce n'était pas l'éloquence abondante de Fox, ni l'énergie brrilanle de Burke, c'était une vive dialec- tique, une facilité singulière à tout résumer et à tout combattre, une connaissance parfaite du sujet, et un grand nombre de vues fines et d'aperçus heureux jetés dans la discussion. Des applauilissemens universels saluèrent l'héritier du grand Chatham. Cependant la guerre d'Amérique occupait tous Jes esprits , et fixait lou le l'attention des politiques. Pift s'était déclaré contre elle. Dans le cours des dis- cussions, étonné d'entendre citer son père comme l'un des partisans de la guerre contre les colonies, il se leva pour prouver que lord Chatliam avait toujours désap- prouvé celte mesure, et, dans un discours plein d'énergie , prédit les malheurs qu'elle entraînerait un joisr. Enfin l'opposilion triomphe, le ministère change. Le jeune Pitt ne fait point encore partie de la nouvelle administration ; il con- tinue ses attaques, se livre tout entier aux systèmes de l'opposi- tion, et prononce, le 7 mai 1782, un long discours en faveur de la réf'irme parlementaire. Mais le roi Ceorge III, qui avait de l'amilié pour Pitt , lui manda que ces théories lui inspiraient le plus grand éloignement , et l'ambi- tieux les abandonna, Ilockingham meurt : Pitt eslnommé chancelier He l'échiquier. Ici commence la longue guerre que se livrèrent les deux hommes d'état les plus célè-

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bres et les plus dissemblables de leur temps, Fox et Pitt. Shelburne tenait le timon des affaires. Fox et North , ligués contre lui, le for- cèrent bientôt à donner sa démis- sion; et Pitt, resté seul ministre en activité, se trouva obligé de soutenir le poids de toutes les dis- cussions parlementaires. Il sembla un moment fatigué de ces travaux, refusa de se mettre à la tête du cabinet , comme le désirait le roi , et résigna son olïice. C'était ob- server avec sagacilé l'élatdes cho- ses , et plier à propos devant la coalition de North et de Fox. Bien- tôt cette coalition devint le mi- nistère. Pitt fait un voyage en France, et revient en Angleterre, il siège au parlement avec une apparente modestie et comme s'il était prêt à se réunir aux minis- tres. Celte paisible indifférence é- lait un piégc. Fox y tomba. Les affaires de l'Inde et l'état du reve- nu, avait dit un jour Pitt dans le cours de la discussion , sont les deux pivots de la politique actuel- le. En entrant dans les vues de Pitt, le ministre crut achever de le gagner; et bientôt il lut un bill sur l'administration de l'Inde. C'était que Pitt l'attendait. Il s'empare du bill tout entier, le discute, le présente comme atten- tatoire aux droits de la couroime, et comme tendant à établir un em- pire dans un empire. Le roi parta- ge ces idées; Pitt, nommé premier lord de la trésorerie, et chancelier de l'échiquier, se trouve placé de nouveau à la tête des affaires. 11 avait 34 '''"S, peu d'influence, peu de fortime; on croyait que son administration durerait peu; et la chambre des communes était rem-

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plie d'ennemis formidables. Com- ment, dans des circonstances si difficiles, parvinl-i! à recomposer une administration à laqtndle per- sorme ne vonlait s'attacher, et à dissoudre un parlement qui îe jrê- nail? Pe loii«,'ues menées, une profonde adresse, purent seules je faire parvenir à ce but. Enfin, il Tainquit la chambre des com- nîunes, comme le dit Shéridan; et lord North, qui se piquait Ae connaître les ressorts des gonver- iiemcns. dit tout haut à propos de IMtt : Cet homme est iniriistre. Une grande irritation des esprits suivit la dissolution du parlement ; Vnr fut versé de tous côtés ; les en- nemis de Pilt se réunirent pour î'empêcher de triompher dans la iiouvelle élection. Il triompha ce- pendant, et plus de 160 membres, qui avaient volé contre lui dans ie parlement précédent, nefnrent point réélus. Il ouvrit la session avec une majorité très-prononcé»!. Cependant les obstacles qu'il ren- contrait étaient en }»rand nombre. Le trésor était vide, le revenu obéré par l'aiulace et le nombre des contrebandes, et l'admislra- lion de l'Inde demandait une main habile x't ferme. Pitt com- mença par arrêter les fraudes commerciales, par un n»oyên in- g'énieux et aussi simple qu'effica- ce: il dimimia les droits sur les matières que l'on importait fraii- du!€u«;ernent ; et réduisant ainsi les gains des contrebandiers, il les empêcha de continuer un métier devenu stérile. S'il diminua cet impôt, i\ augujenl.i rimj»ôt sur les fenêtres, et la popuiarilc qne lui itvai^t acquise le premier de ces deux actes, f:il détruite par le

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second. En ouvrant une pins va<- te concurrence aux souscripteur* d'emprunt pour l'état, il réduisit leurs piétentions et leurs profits, datis la pr<iportion de six à trois. Il soumit ensuite à divers impôts- un a'isez grand nonibre d'objets de luxe, les gazes, les rubans, les fleurs artificielles; et à force d'é- conomic-s partielles et de taxes ad- ditionnelles, il réalisa un fonds d'un milion sterling, destiné au rachat annuel <le la dette publi- que. Des membres de l'adininis- tralion, nommés commis.saires de la caisse d'amortissement on celte somme fut versée, en réglèrent l'emploi ;el ce remède au déficit, qui se trouva efficace jusqu'au temps de l'administration de lord Lansdown, pas.sa justement pour l'un des plus solides titres de gloire de Pilt. Les alîaires de l'In- de l'occupèrent ensuite : il soutint le crédit chancelant de la com- pagnie, lui fit accorder un assez Ifing délai pour payer ce qu'elle devait au gouveruein< nt, et chan- gea totalement l'administration intérieure et extérieui-e de ce pays. ïl prit part aux différentes discussions qui «urenl lieu dans le parlement jusqu'au commence- ment de la révolution française. Ce lut sous ses auspices que fut con(due, en 1-88, la triple allian- ce, de l'Angleterre, du roi de Pru-^se, et du slathouder. On le vil s'opposer conslaiument , au commerce, à l'industrie, à la prospérité de la France, et soule- ver, en 178g, la Suède contre la Russie, dont il redoutait l'ambi- tion. Cependant la révobition française éclate : Pili observe les progrès d'un incendie qui mena-

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eait de gapner rAnjileterre et de dévorer l'Europe. On ne peut douter qu'il n'ait pris plai.sir à fo- menter des troubles qui déchi- raient la rivale de l'Angleterre. Des espions nombreux l'avertis- saient de tout ce qui se passait en France : il jetait l'or à propos ; et d'une main il alimentait la révo- lution, qu'il écrasait de l'autre dans son propre pays, car elle avait fait en Angleterre des pro- grès rapides. La neutralité qu'il garda jusqu'en 1792 ne laisse au- cun doute sur le système qu'il a- vait adopté; cependant la mort de Louis XVI força le ministre à suivre les intentions de Georges m, et à déclarer la guerre: il s'y était pré|)aré depuis long- temps, par drs armemens considérables, par Valien-bUl, qui expulsait tous les étangers qui déplaisaient au gouvernement, et par le bill des attroupetnens , diiigé contre les entreprises des Anglais parii>^ans de la rév(dution. (]'est alors qu'on le vit saisir, pour ainsi dire , la révolution corps à corps et lut- ter avec elle. Il força bientôt tou- tes les puissances de l'Europe à se réunir sous ses bannières; et les rois , soulevés par un jeune hom- me de peu de naissance contre la liberté française, ne firent Jjue ser- vir les intérêts conurierciaux de l'Angleterre. La ligue à la tête de laquelle se trouvait Pilt, eut d'a- bord quelque succès : Toulon «'l Valenciennes furent pris ; mais eu un instaut une énergie terrible s'empare de la nation : la terre en- fante des hommes ; et tandis que les partis s'agitent et se déchirent à l'intérieur, les armées républi- caines battent partput Ui» armées

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royales; l'Espagne est forcée do déclarer la guerre à l'Angleterre, et la sanction de la victoirtî con- sacre partout la nouvelle liberté de la France. Le ministre anglais eut alors une lutte ditlicile à sou- tenir : le débarquement des Frau: çais dans le pays de Galles , épour vantait l'ouest de l'Angleferre. L'Irlande menaçait d'une insur-r reclion ; la révolte des flottes de Plynioulh et de Porsmpujh appre- nait à l'Europe que les UKuins de l'Angleterre étaient prêts tourner leurs armes contre leur patrie. La dette publiqu*; pienait tous les jours un accroissement plus considérable. On s'ellVaya ; et les négocians demandèrent U remboursement des billets en es- pèce. La banque d'Angleterre n'é- tait point en mesure de satisfaire à cet engagement qu'elle avait pris ; elle s'adressa pour cet effet au gouvernement, qui lui devait des sommes très - considérables. l'itt la tira de peine , en suspen- dant, par un arrêt du conseil, les paiemens en argent. George 111 versa des larmes en. signant cet arrêt, qui bientôt fut converti en bill. Pilt trempa lui-même la plu- nje dans l'encre, la plaça entre les doigts du monarque, et lui dit: « Sire, il fautabsohiment signer.» La mesure adoptée, fut nommée par l'opposition une, banqueroute (li'guisée. Mais cette résolution ri- goureuse était le fruit d'un calcul profond ; et sans elle on aurait vu le con\merce et rindu>trie an- glaises,frappés tout-à-coup de pa- ralysie , s'arrêter au milieu de l'a- bondance dont ce pays jouissait. Le papier de la banque d'Angle- terre acquit chaque jour plus liç

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valeur; le calme se rétablit. Ce- pendant l'Europe entière avait re- culé devant la France : Malmej- bury commença une paix qui n'eut rieu de durable; toutes les puis- sances avaient abandonné l'Angle- terre ; et elle eût été forcée de soutenir seule cette guerre , si Pitt n'avait trouvé le moyen de former, en J79H, une nouvelle coalition, romposée de l'Autriche, de la Turquie et de la Russie. Cette coa- lition n'eut pas plus de succès que l'autre. L'étoile de Bonaparte com- mençait à paraître; et Marengo ouvrit cetle longiie carrière de victoires qui fit perdre à Pitt dans les champs de batailles, tout ce qu'il pouvait gagner dans le, cabi- net. La paixde Luné ville fut signée. La nouvelle amitié de Paul 1" et deBonapar(eporlabientôt>mcoup terrible à la politique de l'Angle- terre. L'assassinat de cet empereur la délivra de beaucoup de crain- tes. On essaya vainement de traiter tnsuitedela paix avec la France. En x8o2, l'Irlande, i\ laquelle on a- vait fait espérer l'émancipation de ses catholiques, futréimie à l'An- gleterre , mais le roi refusa de te- nir la promesse que ses minisires avaient faite en ïon nom. Alors Pitt, qui voyait avec peine que la paix allait être signée avec la Fran- ce, donna sa démission , et con- courut lui - même à la formation du ministère qui lui succédait. C'était garder le pouvoir en se ca- chant derrière quelques hommes choisis de sa main, vains simula- cres d'autorité. Mais bientôt ces liom mes voulurent marcher seuls ; Pitt se brouilla avec eux, reprit ses anciens titres, les remplaça, et s'occupa aussitôt à créer une nou-

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velle coalition contre la France. If vit ses dessins trompés, et le génie de Bonaparte eftVayer l'Europe : cependant son lit de mort fut en- touré des trophées deTrafalgar. Il tomba dangereusement malade en décembre i8o5, et cessa d'exister le 5 janvier 1806. Il n'avait que 47 ans. Si Pitt fût parvenu à la vieillesse , il eût vu la France hu- miliée et tous ses désirs réalisés. Les historiens qui ne jugent que d'après le succès, lui ont fait honneur de ces événemens, et lui ont attribué ce changement des affaires après sa mort : c'est trop accorder à son génie et trop peu à la fortune. Le philosophe ne par- donnera point au ministre anglais sa perfidie pendant le cours de la révolution , le machiavélisme et la barbarie de sa politique extérieu- re, les actions horribles que l'on commit aux Indes sous son gou- vernement, et cette abnégation complète de tous les sentin)en& moraux et généreux que l'on re- cotmaîl dans les actes de sa -vie publique. Mais on ne peut nier qu'il n'ait été administrateur plein de sagacité, de finesse, de persé- vérance et d'habileté. Comme ora- teur, il se fit surtout remarquer par la netteté des idées, la préci- sion de l'analyse , une diction brève et imposante, et plus forte que majestueuse. La colère était le seul mouvement qu'il mêlât à ses discours : ses ennemis l'appe- laient l'enfant colère [tfie ungry hoy). Il avait les traits fins et dé- liés, la physionomie haute et fer- me. Ses mœurs furent sévères : on l'appelait le ministre sans tache. L'ivresse était le seul défaut au- quel il se livrât sans réserve. C'é-

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tait un assez singulier spectacle que de voir Pitt, chargé des fu- mées du vin , répondre nettement aux éloquentes invectives que Fox lui lançait dans l'ivresse il était plongé ; et Shéridan, qui ne venait au parlement qu'après avoir bu plusieurs bouteilles d'eau-de-vie, reprendre la question après ces deux honorables membres. On paya les dettes de Pilt , et, malgré l'opposition de Fox, un monu- ment lui fut élevé à Westminster. M. Gifford et l'évêque de Win- chester ont écrit moins sa vie que son éloge. C'est i\ l'histoire sévère qu'il appartient de juger Pitt ; constant ennemi de la France, et sacrifiant toujours au besoin d'é- craser son ennemie , ces principes de probité et d'honneur qui ne règlent pas seulement les affaires des particuliers, mais qui s'éten- dent encore aux intérêts des peu- ples et des empires.

PIXKKÉCOUKT (René-Char-

LES-GlIlLBERT De), Ic pluS féooud

des auteurs dramatiques vivans, a fait représenter avec succès , sur les théâtres secondaires, une foule de pièces, les gens de goOt ont reconnu, au milieu des habitudes du genre et des défauts auxquels l'auteur s'était condam- né eu l'adoptant, une grande en- tente de la scène et l'art de pré- parer et de disposer les effets dra- matiques. M. Pixérécourt est à INauei, Icîsa janvier 1775. Il venait de ternn'ner son droit, lorsque la tourmente révolutionnaire l'em- porta en pays étranger. Il rentra en France vers la fin de 1795, se réfugia Paris sous un nom sup- posé, et ne put se montrer sous son nom vérilably qu'après deux

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années entières. La lecture d'une jolie nouvelle de Florian, intitulée SelicOf détermina la vocation de M. Pixérécourt; il composa sur ce sujet une pièce en 4 actes, qu'il fit jouer au théâtre iMolière. Cette pièce eut du succès, ainsi que l'o- péra de Claudine, tiré d'une autre nouvelle du même auteur. M. Pixérécourt, encouragé par l'heu- reux succès de ses deux pre- miers ouvrages, composa succes- sivement : la Forêt de Sicile ( '79^)> ^" '^ol^^e des Champs-Ely- sées (1799); le Mal avisé (1799); Léotiida , grand opéra (1799)"» Fictor (1798); Rosa ()8oo); Fla- minius à Corinthe (1801) ; Mar- cel (i8oi); le Petit Pa<j;e, opéra- comique (1800); le Chansonnier de la paix (1801); Avis aux Fem- mes ( 180 1); Cœtina (1800); le Pè- lerin blanc (1801); l'Homme à trois visages (1801); la Femme à deux maris (1802); les Mines de Polo- gne (1802); la Peau de l'Ours (1802); Tékéli (i8o7)); tes Maures d'Espagne (1804); Plzarre ( 1 802); la Forteresse du Danube (i8o5): Rohinson Crusoà (i8o5); Kontouf (1806); le Solitaire de la Roche- Noire (1806); l'Jnge tutétaire (1808); la Citerne (1809); Mar- guerite d'Anjou (1810); les Ruines de Bahyhne (1810); le Pî'écipice (181 1); le Fanal de Messine {]Hï2); le Chien de Mnntargis (1814); Charles - le - Téméraire (i8i4) » Christophe Colomb (i8i5); Mo- nastère abandonné (1816); la Cha- pelle des boi^. (1818); la Fille de l'Exilé (1819); Bouton de rose (1819); le Mont-Sauvage (1821); le Pavillon des Fleurs, opéra-co- mique (1822); Fnlentine (1822); Ali-Iiaha (1822); le Château de

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Loch-Leven (1823); le Behéder (1818); les Chefs écossais (1819); la Place du Palais (i8ii4). Ou ne peut refuser à l'auteur de ces piè- ces une grande i'écondité d'iniagi- iintion, tt le succèi populaire qu'elles ont oljtenu prouve assez en leur faveur. II est malheureux i|ue M. Pixérécourl n'ait pas porté sur de plus grands théûires, et soumis aux juges plus sévères qui en composent le public, le talent dramatique dont il était doué : il sait graduer l'intérêt ; son dialo- gue a de la vérité, de l'énergie; il n'a point cherché de moyens et d'ertets aux dépens de la njorale. i>l. Pixérécourl a été nouuné , en 1824» directeur de l'Opéra-Comi- que. Il appartient au temps seul <le justifier les espérances qu'ont données sa j)robi(é «t la fermeté de sou caraclére. Fondateur de la société des Biblioptiiles français, il a publié plusieurs ouvrages, outre ses pièces de théâtre : les Soaoenirs de Paris, de Rolzebue; les Souve- nirs d'Italie, du uiême (G vol. 1804, l8o.^). M, Pixérécourt a 5U|)primé les injures iudécentes dont l'écrivain allemand accablait une nation qui lavait trop bien accueilli. Charles XII, roman (/«/.); une V in deDaUiyrac, et une édition très-bien faite des Œuvres de Floriau, jusqu'alors iuédiles,

PIZ7A (l'abbé Joachim), poète et littérateur, membre inùscuslode ou gardien général de l'académie d«'s Arcades de Rome, naquit dans cctle^ ville en 1718. 11 Cl ses étu- dcsau cnlIégcRomain des jésuites, et s'annonça de bonne heure par d(.'s poé>ies légères, qui eurent le plus brillant succès. Honnne ai- mable, riche, et estimé pour ses

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qualités personnelles el ses talens. il devint membre des Arcades en 1701 ; et après la mort de l'abbé Morei, en 1759, il fut nommé son successeur à la place de gar- dien général de l'académie. Sous la direction de l'abbé l'izzi , cette société, déjà si célèbre, reçut un nouvel éclat. Les littérateurs et les poètes les plus distingués en firent partie, et l'on vit sur le ta- bleau de ses membres les noms de princes et de souverains étran- gers qui s'honoraient d'y être ins- crits. Une improvisatrice renom- mée, native de Pistoie, Marie- Madeleiue iMorelli ( voj. Morelli ), s'étant rendue à Rome, y fixa l'at- tention publique par sa beauté , ses grâces et ^es talens. Bientôt tout ce que Rome comptait d'il- lustre, par la naissance ou le mé- rite, entoura la célèbre étrangè- re. L'abbé Pizzi fut du nombre de ses courtisans les plus empres- sés. Les talens de la belle im- provisatrice parurent dignes de la' couromie qui avait été décernée à Pétrarque et au Tasse, el l'abbé Pizzi se montra disposé à céder au vœu général. Klle fut reçue mem- bre de l'académie sous le nom de Corilla 01impica,et c^)nronnée a*j Capitole leSi aoûti76G. La cri- tiqueempruntant les noms de Pas- quiu el de Marforius , protesta con- tre ce triomphe , et le custode ne fut pas épargné dans les pam- phlets. C'est ce qui «lui faisait \ dire,« que le comonnemenl de «Corilla était devenu pour lui le «couronnement d'épines. » L'abbé l'izzi ne se borna point à cette plaisanteiie spirituelle, ileul l'im- prudence de répondre à des sai- casmes injustes, et fournit par-

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un nouvel aliment an scandale, qui eut bientôt un terme par le départ de Corilla. L'abbé Pizzi , réconcilié depuis ce moment avec les censeurs, qui ne l'accusaient que de s'être laissé séduire par la beauté de Corilla, vécut en paix et honoréde l'estime générale jus- qu'à l'époque de sa mort arrivée le 18 septembre 1790. Parmi les ouvrages qu'il a publiés on cite les «ui vans : Discours sur ta poé- sie tragique et comi{fue , Rome , 1 772 ; 2" Dissertation sur un camée antique; la Pulsion de VEden, poëirje en 4 chants, tiré en partie de l'Apocalypse, Rome, 1778 : ce poëme e«t, dit-ou, digne d'éloges, soit j)ar la beauté des images, soit par l'harmonie de la versification ; le Triomphe de la poésie, impri- mé à Parme par Bondoni, 1782, a- vec un grand luxe typographique, dans la collection qui a pour li<re : Actes du couronnement solennel de Corilla Olimpica, publiés par les soins de l'abbé Pi/.zi.

PLAAT (André-Henri -JcAN Vander), lieutenant -général au service du royaume des Pays- Bas, commandeur de l'ordre royal et militaire de Guillaume, en 1763 à Grave, entra dés l'â- ge de 12 ans, comme cadet d'ar- tillerie, au service de Hollande. Il le quitta à l'épcxpie de la révo- Intion de 1787, pour passer à ce- lui de l'impéralriee dfi Russie, Catherine Jl, il obtint le gra- de de major dans le corps du gé- nie. \\ fit eii relie qualité la guer- re contre la Suédt;, (;t donna dans toutes <es aftaire-i des preuves de valeur et de takns militaiics. Ktnployé ensuite dans la guerre <.!>ntre les Turcs en 178901 «790, il

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se distingua de nouveau aux siè- ges de Bender, d'Ackerman, et au terrible assaut d'ismaïlow, il reçut trois blessures. L'impéra- trice lui envoya pour récompense de la valeur brillante qu'il avait déployée en cette occasion , une épée d'or et la croix de l'ordre de Saint-Wladirair. A la bataille de RLitchin, le grand-visir Jussull- Pacha fut complètement battu , M. Vander Plaat fut encore hono- rablement cité comme îiyant con- tribué à la victoire. Après la paix de 1792, il fut chargé, conjoinle- ment avec le général- major de Wollacrt, passé comme lui du service de la Hollande à celui de la Russie, des plans de défense pour les provinces méridionales de l'empire, et dirigea les travaux entrepris à Odessa, el.ensuile ceux de la nouvelle fortei-esse deTeres- pol sur le Dniester, qui furent a- rhevés en 179*). L'année suivante, il fut nommé directeur- général du département du génie pour la province de Livonie. Après avoir obtenu sur .sa demande, et dans les termes les plus honorables , sa démission du service de la Russie , il rentra en qualité de gêné rai- major à celui de Hollan- de, et fut mmimé, en décembre i8i3, gouverneur de Breda. Cet- te place était encore dépourvue d'armes , de munilions de gnerre, et de presque tout ce qui est né- cessaire à la<léfense, quand elle fut attaquée par un corps français venant d'Anvers, et qui espérait s'en emparer par un coup de main. i\lais le général j)arvint à force d'activité et de courage à pourvoir aux besoins les plu* pressans et à sauver la ville. L'em»

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pereilr Alexandre le décora à cet- te occasion de la fijrand'croix de l'ordre de Sainte-Anne. En i8i5, il fut nommé lieutenant-général et commandant do la province du Bral)ant-Scptentrional. Le gou- vernement d'Anvers et le com- mandement général de la quatriè- me division militaire lui lurent en- suite confiés. Le général Van der Plaat mourut à Anvers, le i5 février 1819, vivement regretté de son souverain et de ses l'rères d'aniîcs.

PLACE (Pierre Antoine DE la), littérateur, naquit, en '707, à Calais, et fit de Ijonnes études. Sa carrière a été uniquement litté- raire, el néanmoins cet auteur est médiocrement estimé. Sans génie, sans talent supérieur, il s'est mon- tré quelquefois homme de goût el plus souveni litléralour labo- rieux et utile, smlout comme tra- ducteur. Voici à cet égard le ju- gement de Palissol, extrait de ses Mémoires sur la littérature : « On doil, dit-il, à La Place l'utile tra- duction du théâtre anglais, et il est mi des premiers qui nous aient luit connaître les bons ro- mans écrits dans cette langue ; celui de Tom-Jones surtout, l'un des meilleurs que l'Angleterre ait produits. f> La Place tut pendant plusieurs années directeur du \Mercure de France. Celte époque de sa vie est très-honorable, cl jamais les collaborateurs de ce recueil littéraire, les auleurs esti- mables, n'curenl à se plaindre de lui. Il mournl en ^'yfÇj. Voici la liste de ses dillérenles produc- tions : Théâtre anglais, traduc- tion en 8 vol. in-ia, Paris el Londres, «746- La Place prit pour

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modèle de son travail la traduc- tion du Théâtre des Grecs, par le P. Brumoy. Sous le rapport du style, il est inférieur au traduc- teur du Théâtre des Grecs; mais il mérite des éloges pour avoir corrigé les irrégularités des au- teurs originaux; et plusieurs au- teurs dramatiques français lui doi- vent des plans, des situations et des caractères. Histoire de Tom Jones, 4 vol. in-ia, Paris, 1767, traduction libre de l'anglais, sou- vent réimprimée; C Orpheline anglaise, qui, ainsi que plusieurs autres romans anglais traduits par Je même auteur, a été plusieurs fois réimprimée. En général le style des traductions de La Place est incorrect et sans énergie ; mais il est exempt d'images et d'ex- pressions de mauvais ton. Plu- sieurs tragédies: Venise sauvée, J eanne d' Angleterre , Jeanne Gray , C altiste, Adèle de Pon- ihieu, etc. Adèle de Ponlhieu, a- près 18 mois d'attente, fut jouée parordreduilucde Richelieu, que l'auteur remercia par un quatrain, dont voici le dernier vers:

Tu pri'ç Minorquc, et fi? jouer AdcU,

Venise sauvée est imitée d'Ot- way : la marche en est simple, naturelle, et le slyle, sans être élégant, est assez bien soule- im ; plusieurs scènes sont écrites avec chaleur. « La tragédie de Vt^nise sauvée, dit Palissot , eut beaucoup de succès dans sa nou- veauté; mais elle a été moins heureuse à la reprise. » Outre ces ouvrages, on lui doit encore : 1* un Recueil d'épilaphes , sérieuses et badines, 1782, 5 vol. in-13 ; ?." Pièces intéressantes el peu con-

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nues, 8 vol. in-12, Paris el Bruxel- les, 1781, et années suivantes; Hermippas redivivus , ou le Triomphe du sage sur la vieillesse et le tombeau, traduction de l'an- glais Cohausen, 1789, 2 volumes in-8" ; 4" ^^ Valère Ûaxivie fraii- cais, pour servir à l'éducation de la jeunesse, 1792, 2 vol. in-S", couipilation assez estimée. Nous terminerons cet article en rap- portant une anecdote assez pi- quante. « Ses premiers essais, dit l'auteur d'une Notice sur cet écri- vain , furent peu remarqués dans un temps la littérature était presque le seul aliment de la cu- riosité publique. Piqué d'une telle indifl'érence, il imagina un moyeu singulier d'attirer sur lui l'atten- liorïf Caché dans le fond d'ime province, il fit écrire à Paris qu'il était mort. Cette nouvelle fut mi- se dans les feuilles de l'abbé Des- fontaines, avec une lettre d'un prétendu ami, qui s'étendait beau- coup sur la perte d'un jeune hom- me de si grande espérance ; mais le stratagème fut bientôt décou- vert, et l'on en rit beaucoup. » ( Voir la Correspondance littéraire de La Harpe.)

PLAICHARD - CHOTTIÈRE (R. F.), exerçait à Laval la pro- fession de médecin à l'époque de la révolution, dont il se déclara Je partisan. Nommé d'abord officier municipal , il fut ensuite élu dé- puté-suppléant de la Mayenne à l'assemblée législative; il n'y prît point séance, et le même départe- ment le nomma , eu septembre 179-2, député à la convention na- tionale. Lors du procès de Louis XVI, il vota la réclusion pendant la guerre et le bannissement à la

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paix. Au i3 vendémiaire an 4 (5 octobre ijgS), il fut rete- nu prisonnier dans sa section ; mais aussitôt le triomphe de la convention, il recouvra la liberté. i>L Plaichard-Chottière passa au conseil des anciens, dont il devint secrétaire. Il cessa ses fonctions le 20 mai 1797, ^^ retourna dans son département, il reprit la profession de médecin.

PLANARD (Eugène) . auteur dramatique, le 4 février 1784 à Milhaud (Aveyron), d'une fa- mille distinguée, de l'ancienne province de Rouergue. Pendant le cours de ses études , il laissa déjà entrevoir un goût assez vif pour la littérature dramatique; mais destiné par son père à sui- vre la carrière du barreau, il lui fallut se livrer à un travail plus sérieux, et, en 1806, sa famille l'envoya à Paris pour y faire son droit. M. Planard sentit bientôt se réveiller en lui le désir de bri- guer les faveurs de ïhalie, qui ne se montra pas trop sévère pour lui; il a donné : au théûtre LoiiYois, le Curieux, comédie en un acte, en vers, 1807: c'est son premier ouvrage ; 2" au ThéStre- Français, les Pères a'éanciers, co- médie en un acte, en vers; 3* la A'^iè(?e,5a/)/;o,s<?t', comédie en 3 actes, en vers; le Paravent, comédie en un acte, en vers: fond léger, mais de jolis vers, des idées heureuses; 5" l'Heureuse rencontre, ou les Deux valises, comédie en 3 actes, en prose; i'f au thé/ître de l'Odéon , le Portrait de famille, comédie en un acte, en vers, 1809; 7" le Faux paysan, comédie en 3 actes, en vers, 181 1; l'Epouseur de drilles fi inmes, comédit; en 3 actes,

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vn vers. Cette pièce, dont le suc- cès l'ut contesté, faillit donner lieu à un procès entre l'auteur et le rédacteur d'un journal , le der- nier ayant dit ai-sez brutalement que l'auteur de la pièce avait sans doute étudié le monde dans les corps - de -garde , etc. la Pacotille, ou l'ambition subalter- ne, comédie en 5 actes; in° le iiravil Marronler, vaudeville en un acte : une situation comique et quelques jolis couplets; 11° un Prologue, en vers, ajouté au Mar- ché aux fleurs, comédie en un ac- te, de IVl. Dumcrsan, pour le nia- riafje de l'empereur, 1810; 12" au théâtre Feydeau , l'Eclielle de soie, opéra en un acte, en vers, musique de Gaveaux, 1808, poè- me agréable, musique charman- te; i5° l' Emprunt secret^ opéra en un acte, musique de Pradher; li^" le Mari fie circonstance, opéra t;n im acte, musique de Plantude: action légère, mais intrigue vive, serrée , beaucoup de traits heu- reux dans le dialogue ; c'est un des ouvrages les plus agréables de ce maître, 18 15; i5'/r5 iVof^* rfi'G'a- mat/ie, opéraen2actes,musiquede Bochsa; 16" Nourma^ ou le Règne lie douze heures, opéra en 2 actes, uui'-iquc de Brum, 181/4: faible succès ; 1 /a Bergère châti'laine, opéra en 5 actes, musique d'Au- ber, suicès dfl au compositeur; 18" les Héritiers de Miehau, ou le Moulin de Lieursaint , opéra en un acte, musique de Bochsa, piè- ce que la circonstance a l'ait naî- tre, et qui atnail pu lui survivre; 19° Emma, ou la Promesse impru- dente, opéra eu 5 actes, musique U'Aulier; le poète et le musicien peuvent revendiquer chacun avec

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justice leur part du succès que cette pièce a obtenu ; elle est res- tée au répertoire; 20° l'Auteur mort et vivant, opéra en un acte, musique d'Hérold : faible pièce; musique savante, mais sans char- jue; 2 le Portrait de famille, opéra en un acte, musique de Kreubé ; c'est la coniédie jouée, en 1809, à rOdéon : succès réel, i8t4; 2'^" le Solitaire, opéra en 5 actes, musique de Caraffa : une musique pleine de grAoe et de mé- lodie, et surtout un air (c'est le Solitaire), voilà ce qui a donné au Solitaire une certaine vogue; 25" les deux Jumelles, opéra en un acte, musique de Fétis : ca'ievas sur lequel M. Fétis a brodé quel- <pie jolis airs pour faire briller deux cantatrices également aîKlfiées du \)i\bUo;'ili'' Marie Si uart, opéra en 3 actes (avec iM. Roger), musi- que de Fétis : succès contesté; 25" les Deux contrats, opéra en 1 acte, i824" ^i- Planard a épousé la plus jeune des fdies de M"" Saint-Au- l)in. Il occupe depuis long-temps la place de secrétaire du comité de législation du conseil-d'état.

PLANAT (N.), officier d'ordon- nance de Napoléon, fut chargé, en mai i8i5, de parcourir les dépar- teniens du iMidi et de l'Est, pour en juger la situation militaire et observer l'esprit public. Les rap- ports de M. Flattât parvinrent à leur destination ; mais ils survé- curent aux événemens qui les a- vaient fait naître, et quelques-uns furent trouvés après la bataille de Waterloo, dans le portefeuille du b.u'on Faiiî , secrétaire de Napo- léon. On voulut voir l'opinion particulière de M. Planât dans ses réflexions sur les dispositions qu'il

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avait remarquées dans les pays qu'il venait de visiter, et nolam- inent la frontière espagnole, se trouvait alors M. le duc d'An- goulême. M. Planât fut un des officiers qui accompagnèrent Na- poléon dans son voyage à lloclie- fort; il s'embarqua avec lui sur le Belléroplion, mais il ne put obte- nir de faire partie du petit nom- bre de ceux qui suivirent ce prin- ce à Sainte-Hélène. Les Anglais le transportèrent à l'île de Malte, d'où il ne sortit qu'avec MM. Sa- vary et Lallemand, qui y avaient été également conduits.

PLANCHE, professeur de rhé- torique au collège de Bourbon, était un des élèves les pfus distin- gués <le l'ancien collège (le Sainte- Barbe, oi"i il devint ensuite maîîre des éludes. lia publié un Z)à7/o/(- naire f^rec et français. 1809, in-8", et édit. , 1817; plusieurs dis- cours latins, et des poésies latines très-estimées. M. Planche a au. -si été pendant quelque temps colla- borateur du Mercure de France.

PLANCHE (L. A.), pharmacien à Paris , est collaborateur du Bul- letin de pharmacie , et a publié la Pharmacopée générale , à l' usage des pharmaciens et des médecins modernes, traduit de l'italien, avec des notes et augmenlatior.s consi- dérables du traducteur, P.u'is, 181 I, 2 vol. in-8'.

PLANCY ( AoRiÉîf- Godard d'Aucourt, coMTi: de), odicier de l'ordre royal de la légiou-d'bon- iicur, ancien préfet, ancien maître des requêtes, etc. En l'un 8, M. de Plancy, connu «lu consul J.ebrmi, qui dfpuis le choisit [>our gendre, fut nommé auditeur au conseil- l^'état. L'empereur lui domia d'a-

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bord la sons-préfecture de Sois- sons, et peu apiès la préfecture d'Yvrée , en Piémont. Il fut suc* cessivemenl préfet de la Marne, et de Seine-et-Marne. En i8i4,le3 circonstances étaient graves. M. de Plancy employa toute l'éner- gie naturelle à son caractère à re- pousser, comme il le devait, les bandes étrangères qui inondaient une partie de la France. La ré- sistance était juste et les moyens légitimes. M. de Plancy fut n)ain- tenu par le roi dans la préfecture de Seine-et-Marne. Au retour de l'île d'Eibe, Napoléon l'y retrouva. Les temps étaient devenus de plus en plus diUiciles, et de grands dé- sordres menaçaient le département confié à M. de Plancy. Il crut de- voir continuer Texercice de ses fonctions, alin de préserver ses administrés des malheurs contre lesquels il avait lutté courageuse- nieul; mais moins heureux à la se- conde restauration, il fut rempla- cé paruji chambell ui de Napoléon. Depuis cette époque, M. de Plan- cy, rentré dans la vie commune, s'est consacré exclusivement, et avec le plus grand succès, aux tra- vaux de l'agriculture, et à son perfectionnement, non -seulement par des essais et des expérien- ces utiles, mais encore par des é- crits, dont l'application est fivo- rable à celte véritable science du bien public. Parmi ses écrit» on ren)ai(|ue l'ouvrage ayant pour titre : De l' Administration de l'a- griculture appliquée à une exploita- tion. En donnant à la fois la pra- lii|ne et la théorie, M. de Plancy rend un double service à son pays. La facilité qu'il accorde aux agro- nomes de visiter les beaux établis-

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seuiens qu'il a formés dans ses terres, justifie la réputation de pa- triotisme qu'il a méritée constam- Kieul dans sa \ie publique et dans sa vie privée.

PLANELLI DE LA VALETTE (le comte), ex-inspectear-général des gardes nationales , maréchal- de-camp, membre de la légion- d'honneur, lui nommé, en 18 15, , par le département de l'Isère , membre de la chambre des dépu- tés, où il vola avec la majorité; a- près la dissidution de la chambre par suile de l'ordonnance du 5 septembre 1816, il fut réélu par le même département , et siégea conslaniment au côté droit. Dans la session de 1818, lors du projet de loi sur le recrulement , il ap- puya l'opinion du marquis de Do- ria , qui s'opposait à ce qu'on for- mât des corps de légionnaires-vé- térans, et à l'avancement par an- cienneté. Il appuya l'amendement du général Dupont, et demanda, avec la formation de cadres d'ins- truction élémentaire , qu'aucun olïicier ne pût être privé de son grade sans jugement. M. Planelii de la Valette cessa ses fonctions législatives cette même année, et les reprit en 1819, par suite d'une élection nouvelle. Il subit la dis- solution totale opérée par l'ordon- nance du roi en 1823, et reparut, en 18241 •» 1^ chambre des dépu- tés, où il fut porté par le collège du département de l'Isère; il ve- nait d'être nommé préfet du dé- partement du Gard.

PLANTA (Joseph), diplomate anglais, en i744i t't issu d'une ancienne famille du pays des Gri- sons, l'ut éUîvé dans la maison pa- lernelle à Londres, son père ,

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qui jouissait d'un bénéfice ecclé- siastique , présida à sa première éducation. Envoyé aux universi- tés dTJtrecht et de Goëttingue pour y terminer ses études , il voyagea ensuite dans le midi de l'Europe , et séjourna quelque temps en France. De retour à Londres , il entra dans la carrière diplomatique , et débuta par l'em- ploi de secrétaire de la légation britannique à Bruxelles. Plus tard, il devint bibliothécaire, puis con- servateur du musée britannique , et enfin, directeur desiiianuscrits et des médailles. Le mérite de M, Planta ne tarda pas à être remar- qué : à peine entré dans la carrière littéraire , il fut aggrégé à la so- ciété royale de Londres , et , peu de teinps après , élu secrétaire , emploi qu'il a rempli avec dis- tinction pendant près de 3o an- nées. Ses connaissances diploma- tiques lui avaient aussi mérité d'ê- tre attaché au département des affaires étrangères , et il était en même temps secrétaire de lord Castlereagh, dont la protection le fit nommer sous-secrétaire d'état en 181 7. M. Planta a enrichi d'u- ne foule d'articles importans plu- sieurs ouvrages périodiques; il fut un des membres les plus actifs d'une commission établie par le parlement pour la recherche de pièces fondamentales du droit pu- blic du royaume. Il a publié : une Dissertation sur la tangue ro~ manche du pays des Grisons, qui a été jugée digne d'être insérée dans les Transactions philosophi- ques; 2" un Catalogue Irès-délaillé des manuscrits de la bibliothèque Cottonienne , qui est déposé au musée britannique; une Histoire

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de la confédération hehétufue, 1800, a vol. 10-4° ; 2' édition , 2 vol. in-8°.

FLANTERRE (N.), acteur et auteur. Après avoir joué long- temps la comédie en province, il fit représenter plusieurs ouvra- ges, il yiot à Paris, en 1790, et donna successivement an théâtre des Amis de la patrie (Louvois) : 1" Agnès de CliâlUlon, ou. ~e Siè- ge de Saint-Jean-d' Acre , opéra ii grand spectacle, en vers, musi- que de Loire Froulé, 1792; 2" Agnès, ou les Espiègles, opéra- cAmiqiie en 3 actes ; au théâ- tre de la Cité, .d Fête de la fra- ternité ^ vaudeville 4?n 2 actes, 179'i; Pête de l' égalité , co- médie en un acte, en vers, 1792; 5" les Charlatans, opéra comitpie en 2 actes, musique de Foigiiet père, '792; à l'Opéra-Cumi- que, Midas au Parnasse, opéra- comique en un acte; 7" le Bailli coiffé, opéra-comique en un acte; les deux Ermites, opéra-comi- que en un acte, musique de Gaveaux, <793; g" /a Fandlle in- digente, opéra en un acte, musi- que de Ga veaux. »793; tous ces ouvrages obtinrent nu succès com- plet. La Famille indigente, et les deux Ermites, attirèrent long- temps la fotde au théâtre Fey- deau ; c'est dans ce dernier ou- vrage que se trouve le duo char- mant et si bien mis en scène : Connaissez-vous le père Ambroise? La manière de Planterre est frati- che, son style a du naturel, de la rapidité, ses vers sont faciles, ses couplets ingénieux. Il coiuiaist*ait bi<Mi la scène et surtout lcsn)oyens tl'y produire dos effets, d'amener des situaliodâ louchuules. Ij avait

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Ce qu'on appelle en termes de coulisses , du métier. Planterre mourut en 1800, laissant une tamille nombreuse et peu de for- tune.

PLASSAN (N.), d'une ancien- ne famille originaire d'Ecosse, na- qin't à Bordeaux, dépailen)ent de la Gironde, il a rempli pen- dant long - temps des fonctions dans l'ordre judiciaire. I) était conseiller i la cour royale de cet- te ville lorsqu'il mourut, eu 1820, avec la réputation d'un magistrat aussi probe qu'éclairé.

PLASSAlN (N. Leb|.o]sd), fils du précédent. Il fit d'excellentes études à Bordeaux, lieu de sa nais- sance , el prit peudaul quelque temps des levons de l'abbé Sicard, auM de sa famille. Son penchant le portant au service; de mer, il entra dans la marine, où, mal- gré sa jeunesse, il se fit bien- tôt distinguer par sa bravoure, son zèle et ses connaissances. Il courniandiut la corvette la Bayon- naise, dans l'escadre de Roche- fort, faisant partie de l'expédition du général Leclerc contre Saint- Domingue. Chargé pendant cet- te cauipagtie do différentes mis- sions auprès des autorités espa- gnoles de Santa-Fé, dans le .nou- veau Mexique, de divers ports ' de la mer du Sud , il s'en ac- quitta avec autant de zèle que de prudence. A son retour en Fran- ce, la Buyonnaise fut attaquée près des côtes d'Espagne, par 4 vais- seaux anglais, qui s'en seraient in- failliblement rendus maîties si, après la plu* vigoureuse défense, M. Plassan n'«.'ût pris la résolution de faire sauter.son bâtiment. Il fit en coiiséqueucedébarquerious les «4

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hommes de son équipage, et, quoi- que blessé d'un coup de feu qui lui traversait le corps, il ne quitta son bord que le dernier, et après a- voir mis lui-même le l'eu à une mèche qui communiquait aux poudres. Son canot n'ét;iit enco- re éloigné que d'une demi portée de fusil lorsque lu corvette sauta; il fut couvert de débris , et le ca- bestan du vaisseau retomba sur le bout de l'aviron d'un des mate- lots, qui eut la tête emportée du contre-coup. M. Plassan n'atten- dit pas l'entière guérison de sa blessure pour se rendre à Bayon- ne,où il arriva aprè? avoir traver- sé une partie de l'Espagne, rap- portant son pavillon, dont la con- servation était due à son courage età sonsang-iVoid. A la création de la légiou-d'honneur, il en obtint la décnialinu sur la présentation de ses chefs. Lors du glorieux mais fatal combat de Trafalgar, RI, l'Iassan était embarqué com- me lii'uleuant de vaisseau sur/'^/- gésiras, que montait le brave con- tre-amiral iMagon. S'apcrcevant que les gabiers des vaisseaux an- glais qui entouraient /'y^/i,'^m.ffl,ç di- rigeaient particulièrement leur feu sur ce général, il essaya, à son insu, de le soustraire au danger qui le menaçait, et prétextant que sa présence était nécessaire dans les batteries basses, il l'engageait à y descendre flans le moment oii le contre -amiral reçut le coup mortel. Tous les autres ofliciers furent de la iniMoe manière et successivement mis liors de com- bat, et, quoique également blessé, M. IMassanprit le commandement du vaisseau, qu'il p^irviul à déga- ger et à faire rentrer dans la baie

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de Cadix. Il a depuis été pourvu de plusieurs commandemens, et est parvenu au grade de capitaine de vaisseau. Pendant la guerre d'Kspagne, en iBaS. il comman- dait la frégate la Magicienne, et fut chargé de transporter devant Ca- dix les Français dits transfuges qui se trouvaient à la Corogne lors de la capitulation de cette place. II fit voile pour le Brésil au mois de janvier 1824; mais ni le but ni le résultat de sa mission ne sont en- core connus. Le roi l'a nommé chevalier de Saint-Louis.

PLASSAN (Pierre), de la mê- me famille que les précédens, à Bordeaux, en 1751, a exercé pendant 4o ans la profession de libraire et d'imprimeur à Paris. Il a imprimé et publié ditl^reufes . éditions justement estimées, en- tre autres L'Orlando Furioso, 4 vol. in-4°; le même, 4 vol. in-8°; Virgile, latin et français, 4 vol. in-4"; le même, 4 vol. in-8°; Histoire des quadrupèdes ovipa- res, serpens , poissons et cétacées, par M. le comte de Lacepède, 8 vol. in-8"; le même, 17 vol. in-12; OEuvrcs de Buffon, 76 vol. in- 18; Montesquieu, 5 vol. in- 4°, etc., etc. M. Plassan avait é- pousé une fille de M. Saugrain, de l'une des plus anciennes maisons de librairie de France : il est n\ort en 18 lo. M. Plassan fils, qu'une blessure accidentelle a obligé de quitter le service de la marine, continue à Paris la même profes- sion que son père; son nom est avantageusement connu dans la typographie. Parmi les travaux qui le recommandent, nous cite- rons la Bible in-8", et le Rabelais in- 18, publiés par Dcsoër, dont

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Timpression égale celle des plus belles ôditions des Elzevlrs.

P L À S S C H A £ U T ( Joseph ) , maire «le Louvaiii. membre du corj)h-l(j>;i«slalif de France, et en dernier lieu meuibre de la secon- de chambre des états- généraux du ro^-aume des Pays-Bas, na- quit a Bruxelles en 1760. Il lut, au sortir du collège, attaché en qnaliié d'auditeur au conseil su- périeur du Brabant, lorsque les provinces du Pays-Bas aj)})arte- naient à rAutriche , et en 1792, son go uvernemeut le nomma mem- bre de la junte administrative, établie pour régir les provinces conquises ou à conquérir sur la France. Les premiers suocè> des Autrichicïis , la prise de Coude;, de Maubeuge et de Valenc <;nnes, leur avaient l'ait croire qu'ils au- raient bientôt de grands pays à administrer après le demembre- nieul de la France;; juais ce vœu des coalisés l'ut trahi par la l'ortu- ne, et, dès l'anni-e suivante, la junte n'eut plus de tondions à exercer. M. Plass* haert, après la conquête de la Belgique par les troupes IVançaises, resta long- temps éloigné des afl'aires publi- ques, sans toutefois cesser d'être utile à son pays j»ar ses lumières, et cultiva av»'C succès les lettres. Il accejtta enfin, en l'an 9, une place de conseiller de prélecture du département de la I)yle, à la- quelle iM. l)oulret-de-PoutfcC(Ui- lanl, alors préfet de Bruxelles, le fit a[)pe[er. Il remplaça ce ma- gistrat pendant une assez longue absence, que celui-ci fut oblige de faire, et s'acquitta de ses fonc- tions provisoires avec zèle et é- quilé, mérilaQt à la fois la con-

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fiance du gouvernement, etl'affec' lion de ses administrés. Ses con- citoyens lui donnèrent une preu- ve de leur estime, en le députarijt au corps-législatif à Paris, U siégea pendant plusieurs années. Nommé ensuite maire de la ville de Louvain , piès de laquelle M. Plasschaert avait de grandrs pro- priétés, il exerça ces fonctions d'une manière non moins hoiiora- rable, jusqu'à l'époque les ar- mées coalisées , maîtresses de la Hollande, s'avancèrent \ersles an- ciennes provinces belge>J. Il don- nu alors sa déujission et rentra dans la vie privée, d'où une nou- velle preuve de la cotdi.mce de ses couciloyens , le fit sortir en 1818, [)oiu' siéger à la seconde chambre des états - généraux. Il s'y distingua parla sagesse de ses vues, la franchise et l'éloquence de ses discours. Le J2 novembre, il vota en faveur de l'abolition de l'odieux trafic des noirs, propo- sant toutefois quelques amende- mens relatifs aux peines établies par le projet de li»i coulre les ca- pitaines et armateurs de vaisseaux se livrant encore à cette traite. Il se prononça avec btrce contre un nouveau projet de loi sur la milice, en demanda le rejet comme inconstitutionnel , et ex- priuui en mênu;»tenips le vreu de voir enfin abolir dans les ar- mées de sou pays, les punitions serviles (les coups de bruon ) qu'on inlligcait de nouveau aux soldats pour les moindres l'autes de discipline, pratique aussi im- politique que rcvollaute. Dans les longues discussions sur le bud- get de 1819, M. Plasschaert dé- veloppa des connaissances finan-

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cières fort étendues, et se montra dans toutes les occasions un di- gne uiandatiiire du peuple. Sa mauvaise santé le força à la fin de la session de donner sa iléinission, et il se retira dans sa belle proprié- de W esplaer près de Lonvain, la mort vint l'enlever deux ans yprès à sa famille et à ses nom- lireux amis. M. Fla^schaert a lais- sé une mémoire vent rée ert Bel- "{îique , 011 son patriotisme, ses taléns et le généreux emploi ■d'une belle fortune, lui avaient acquis depuis long temps une 'juste considération'. On a de lui, "outre plusieurs poésies légères et pièces fugitives , deux ouvrages (pli obtinrent un grand succès. Dans le premier, intitulé de l'In- fluence des langues sur la cioilisa- tion, l'auteur, après avoir judi- cieusement traité son sujet, et prouvé cette inQuence , démontre aussi l'absurdité des prétentions fioUandaises, tendant à proscrire la langue française dans les provinces belgiques. Orf n'en a pas moins ■persisté dans la mesure de substi- tuer h vnie langue généralement en usage, le dialecte bollandais, en tout ce qui concerne les rap- ports judiciaires et adnn'nistratifs. Celte mesnie préparatoire, déjà ■prévue par M. Plasschaert , a eu le résultat qu'il avait annoncé, Bt n'a point ajouté à l'affection des Belges pour les Hollandais, ni resserré les liens de leur union politique. Le second ouvrage de Plasschaert , intitulé : de la No- blesse, des Titres, et de la Féoda- lité, parut à l'époque la haute aristocratie s'agitait en tout sens dans le nouveau royaume des Pays-Bas, pour y reconquérir

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d'iuiciens privilèges, réclamant le droit exclusif de cha>se, ainsi que d'au très droits seigneuriaux, et tou- tes les institutions du moyen âge. On espérait que la condescendan- ce du monarque et le silence des citoyens favoriseraient ces gothi- ques prétentions; mais M. Plass- chaert rompit le premier ce si- lence, et sou ouvrage, aussi re- commandable par le style que |>ar la pensée, réduisit à l'absurde les exigences des imprudeus mais fei- vens adorateurs de la féodalité.

PLATNER (Ersest), savant Allemand, le plus ancien profes- seurde l'université de Léipsick, en cette ville, le i5 juin 1744- Ses nombreux élèves, pour qui il a toujours eu l'affection d'un père, l'ont surnommé le Nestor de l'u- niversité de Léipsick. Ou doit à ce savant respectable un grand nom- bre d'ouvrages importans, et gé- néralement estimés. Nous ne ci- terons ici que les principaux : VAntropologie, 1772, in-8* ; Nouvelle Antropologie, 1790 , in-S"; 3" Questionum P/iysiologi- carurn, iibri II, 1 ^-gS , 2 vol in-8°; If A phorismes philosophiques, 1 7g5 et i^oo. Une grande sagacité d'a- nal)'se, et une mélhr)de rigoureu- se, sont les caractères distinctifs des recherche.- scientiliques de cet auteur. En 1816, le roi de Saxe l'avait nommé membre de la com- mission chargée de la rédaction d'ime nouvelle loi sur la liberté de la presse. Les journaux, allemands ont annoncéque le professeur Plat- ner était mort à Léipsick, en 1824? à l'âge de 80 ans.

PLATOW ou PLATOFF (le cojfrE ) , helman des cosaques du Don, naquit vers 1705, dans la

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Russie méridionale, sa famille, d'origine grecque , s'était fixée depuis long-temps. Il entra très- jeune an service, et devint heiuiari ( grade de général) à la suite de plusieurs aclions d'éclat. Employé, en i8ot) et 1807, comme lieuter- liant -général à l'armée dest-inée à soutenir les Prussiens dans la campagne contje l'armée tVançaj- se, il st; distingua de nouveau. Après la paix de Tilsilt j il se ren- dit à l'armée de Moldavie dirigée contre les Turcs. Il les défit plu- sieurs lois, et leur jtrit de vive for<;e, au mois d'août 1809, la l'orleresse de Babad. Pour le ré- coujpenser de ses services, l'em- pereur Alexandre le nomma géné- ral de cavalerie. Le comte Platow l'ut un des généraux chargé? il^ s'opposvr à Tinvasion des Frau- çais dans la compagne coijtre la lVussi<; en 1812. Ses efiorts ne fé- ^jondirenl pas ù ses espérancçs ni juême.à Sun courage; plusieurs l'ois vaincu, particulièrement près de .Grodno., If 3o juin de la même ;innée , il rentra précipitamment dftus l'intérieur avec les débris des troupes russes ; mais bientôt la fortune changea avec leséléniens, .et Plalow, chargé principalement de harceler la malheio^euse armée J'nniçaisç , triompha pr^csque sans con)battre. Cette campagne fut néanmoins funeste à pou jeune fils, qu'un hulan polonais tua d'un coup de lance : perte qui, en lui la^isjîantl'uniqueespoirdesavieil- Jesse et son successeur au com- mandement des troupes de sa na- tion, le plongea datis lapins vive douleur, lin i8i5, par suite de la bataille de Léipsick , le comte Pla- tow fit la campague-de I"><mce , et

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apiès le combat de Bar-surAube, l'arméje, des souverains étrangers s'ctantdi visée en deux parties pour marcher sur Paris, il eut ordre de mauœuvrer entre elles, (^es trou- pes, à demi sauvages et avides d^ butin, étaient très-dévouées à c,e chef, qui avait sur e|Jes une gran- de autorité ,.iparce qu'il les lais- sait se livrer sans entrave à leur ardeur pour le piilage : tous les souverains décorèrent à l'pnvj leurs ordres lin chef qui leur a- vijit- rendu de si éuiinens ser- vices. JIjc comte Plat<)W entra à Paris avec le quartier-général des souyerains alliés, et suivit Tem- pe.rei|r Ah-xandre en Angleterre, le commerce de Londres lui vqla un sabre magnifique ,, et d'ailleurs i) partagea avec le géné- ral BliJcljer , tous les l,énK)ignages de Tudutiration des Anglais. Lors de la seconde invasion co,ntre la France ,ep i8^5, le comte Platow revint i\ Paris à la tête de -jes trou- pe.s,i et après \^ traité de paix. •' alla^habiterljC iji,ou veau TcherL^pk. Il y moinut en 1.818. XJuatre ans après on publia, à Saint - PéterSr bourg, une vie de Platow p^r Sifùffffy^' ,,'

PLAY FA IR (Ja>^es),, ujémbrç de la société royale etde.lasociétjé des anli(|uaires d'Edimbourg, curé d^? t\ieigle , et. principal des, collè- ges rénnis de Saint-Salvador et de Saijit-Léonard, dans rjiniversité de Saint-André, à Bendochie, dans le comté (,rAngiis , en 1740, s'est fait connaître avantageuse- meul par un ouvrage intitulé Sys- tème de chronologie , divisé en huit parties, 1784» in-folio. Pt^Y- FAiH [,Jean) , son fils, ecclésiasti- que écossais , professeur de ma-

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thématiques a l'iinix ersité d'Edim- bourg, menil)re de la société rôy;ile et de lii société des antiquai- res; de cette ville, est l'iui des coo- pérateïirs h s r)lu' acîif's dilicirnal estimé VEdimhur'j: Rtview.W apn- b!ié les onviafîes siiivaus : i" Elé- mensde Géométrie, 1 7;)6. in-S" : Eclairrissnnens sur la théorie de la terre, purHuttoii/wx-y^', 181 i. Dans cet ouvrage. M. Playfair défend et développe avec beaucoup de talent le Système deHulton [voyez ce nom], et {|uoi(|ue ecclésiasti- que lui-Ki'rMiie, repousse 'les accu- sations d'irréligion qui furent pro- diguées à l'auteur, parce que sa théorie de |a terre était dinUcHe à ^idncilier avec la Cenès'e. o'^Sys- iivie Complet de Céograpide , tin- cierine'et modrrne, 5 vol. xn-^" , 'diont lé' dernier a pariS en 18 i5', ^Esquisse de pli'ilosùphie iiata- mte, 1^1 â, in -8", etc.

PLAÏFAÎR(WiLLiA-Ms), écri- "vairi driglais, ni' à Edimbourg, Vint jeifue encore s'établir à Loi\dreS, où'ïî séjourna pendant 5o an's', et oiï il publia un grand nombre d'iùivragcs sur les intérrts politi- ques et commerciaùxde la (îrandc- Bretagne, ainsi que sur les év'éne- mcns qui se passaient en France. La véhémence de ses diatribes contre cette puissance, et contre les hommes les plus marquans de l'époque, donna en Angleterre un moment de vogue aux écrits de M. Flayi'air. Ses principaux ou- vrages sont : 1" Règles pour l' inté- rêt de Vargènt, 1^85, irt-8° ; 2" j4 lias commercial et polit iqae,i^S6, in-^" ; ^^ Tableau arilhinétlq lie du commerce des finances, et de la dette nationale, avec dos planches, 1787- 178(3, in-4''; Inévitables

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Conséquences de la réforme parle- mentaire, I79'2, iu-S"; 5 Vue géné- rale des forces et des ressources ac~ taetles de laFrance, 1795, in-8°; Meilleur apenir pour les négo- cions et les manufacturiers de la Grande-Bretagne, 1793, in-S"; 7" Pensées sur l'état actuel politi- que de la France, '793j in-8'; Paix avec les jacobins , chose im- possible, i794i in-8° ;()" Lettre au comte Fitz fVilliam, 1794» ''^-8°; 10" Histoire du jacobinisme, 1795, in-8"; 1 i" Etat véritable des finan- ces et des ressources de la Gfande- Brecugne , 1800, in-4°; xi" Tables statistiques de tous les états de /' Eu- rope, 1800, in-4'': 13° Manuel slalistique , montrant d'après une m^'thode entièrement nouvelle les ressources de chaque état et royau- me de l'Europe, 1801 , in-8°. Cet Ouvrage a été traduit en français par D. F. Donnant, Patis, 1802, in -8°. J 4" Preuves de la falsifica- tion par les Français des lettres in- terceptées, trouvées à bord de l'a- miral Ap'hi, 1804, 'in-8\ Ces preuves, malgréles «'ffortsde i'au- lénr, ne prouvent tnalheureuse- rnent rien, x^" Recherches sur les causes de la décadence et de la chute des riches et puissantes na- tions, i8o5, in-4", el seconde édition publiée en iHoy; 16" Ri- chesse des nations, de Smith, avec des notes et des chapitres supj>lé- metitaires, 2" édit. , i8o.5, 5 vol. in -8°; 17" Notice statistique des Efats-Unis de l'Jméri 'ue , 1807, in-8 ; 18° Plan pour établir laia- lance du pouvoir en Europe , 1 8 1 3, in-8°; 19* Portraits politiques et modernes , avec des notes histori- ques et biographiques, i8o5, 3 vol. in-8°, ouvrage fait sur les plus

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faux renscigneinens, et dicté par une t'meiir aveugle; ^o''Déta'ds sur le complot de Bonaparte, donnés au comte Balhurst et à l' ambassadeur de France , i8i5, in-8°. L'auteur, dès le commencement de cette année (février i8i4)» avait écrit aux ministres , en Ai.gleterre, que Napoléon ne resterais pas à l'île d'JKlbe , et qu'il ne tarderait pas à se ressaisir du pouvoir eu France. Après la seconde rentrée du roi, M, Playfair vint à Paris , ii tra- vaillait en 1818, à, un jourual an- glais intitulé : Galignani's Messen- ger. Il lut attaqué en justice par la comtesse veuve de Saint-Mor- rys, pour avoir calomnié la mé- moire de son mari , et fut condam- né au mois de juillet de la même annéd, .par le tribunal dcipolice correcii(»niif.lle, à trois uiois de prison, et-ù'5»ooo francs d'a- mende. !i'};

PLAZANET (N.), nommé ai* mois de septembre 1792, par le deftjutenjent de la Corrèze, député suppléant à la convention nationa- le^ ne fut appelé au sein de cet- te assemblée qu'après le procès de, Louis XVL II ne prit que jieu ou poiut de part aux grandes ^lisçus- sioiis qui agitèrent ,si ispuyent ia convention nationale, et entra, ar près la scission, au conseil .des cinq-cents, dont il sortit en, mai 1797. M. Plazanel paraît n'avoir rempli aucune fonction publique depuis cette époque. . , ,

PLEIGNIEU aîné (Jacques), en i^tii, à llesonville , dépar- tement de la Moselle, vint se fixer à Paris pour y exercer la profes-; sien de corroyeur, et s'établit ruo du Petit - Lion Saint - vSauv'fjur; Pleignicr était.boD père de famille

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et commerçant honnête; mais un caractère enthousiaste, l'absen- ce de toute instruction, des lectu- res mal conçues , et surtout les funestes conseils des agens provo- cateurs, le portèrent à jouer un rôle pour lequel il n'était pas fait. Dès le mois de février i8i6, Plei- gnier, à l'aide de ses associés, parmi lesquels se trouvaient , comme le prouva l'instruction du procès, plusieurs agens de po- lice, composa >une proclamation dite des Patriotes de 181G, et distribua des cartes de rallie- ment, sur lesquelles op lisait ces mot : Unions Honneur, Patrie. La police fit, saisir et déposer à la Conciergerie Pleignier, ainsi que 27 autres personnes plqs ou moins connues. Mis en jugement, le 27 Juin, avec ses co-accusés, il persista, pendant toute l'instruc- tion du procès, à soutenir qu'il ignorait tout, qu'il ne se rappelait rien; et quand on lui reprochait; sa manière évasive de ropoiudre aux jquestions qui lui étaient a-, dceisees, il se rejetait sur son dé- finit de mémoire ou de santé. Ce- pendant, dè< t{) seconde audience», il reiull un écrit, .dans lequel « il » se f-bcrtniKiissait le seul auteur «l'entreprise, déclarant qu'il n'a- »,vait fppint de.-ciOin.pJices ; que rf.Carbopneau s'était-t>orné à co- upief Ui proclamation, et Tolle- »wnii\ grave;vle timbre ^Ifisc.arle?,; *elideio;>ndait à êtrç ci)fidlHt hors j)de France, avec i?a fe,nnne et ses nenfans.» Après celle déclaration, il piirut oublier de nouveau, tout ce i\\\\ avait eu lien , s'obstina ù ne rien ajouler à. sa déclaration, el.dit seulement qu'il voulait par- ler au roi , et f]uUl sa,uverait ta

France. Le chanct-lier se rendit dans sa prison pour l'entendre, HKiis il n'obtint aucune espèce d'aveu : les paroles que Pieignier avait adoptées furent les seules qu'on put liier de lui pendant tout le reste du piocès. Le 4 juillet, quand son défenseur prit la parole en sa favtur, et chercha à rejeter .»€S projets sur l'altération de ses tbcultés morales, IMeignier se ca- cha le vi>age dans ses mains et fit entendre des sanrglots. Ce lut la seule foi-i. pendant celle longue et terrible procéduie , qu'il parut ému. Le 6, il entendit prononcer .«c» sentence de mort, avec la tran- «fuillité qu'il avait montrée pen- dant le cours des débats, lit se bor- WA à décjarer qu'il avait une ob- sei'Vatioh'a faire, mais qu'il dési- lait qi('»dle pût cire enlenduTe du public. La séance ayant été levée M\ moment niêine, it> ()résid«nt, W. Romain Desôze , fils du pre- jVïîer président de la cour de cas- Slj-tian,'lui déclara qu'il le ver- rait dans sa -prisoti , seul èildi^oit il pftt enoôtë'pe faire entenéfe désmagistrats, Pieignier y r'épéifâ' qti'il !jtti!néi-ait la France, mais qti'il fJdlait qu'il parlât au roi; du reste il «"articida alicun fait d*inï- portance. Il se pourvut en cassa^ lion, et eut. recours à la ci«nien(^e du roi , mais sans succès. Le 28 juillet 18 1-6, Pieignier Ciirbofi- heau et Tolleron (ivy. ccfe /idtn*) furent 4-yil:»enés de lîicetr(ji''ù 1;» prison la lionciergerie* 'poiir subir leur jugement, le jour mô- me. L'exécution, qui devait voir lieu à quatre heures , fut difféiée jusqu'A huit; alors arriva du mi- nistère de la justice l'ordre do coiifluire ces malheureux au sup-> plice. A l'iuslant de monter sur la

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fatale charrette, Pieignier répan- dit quelques larmes; mais ensui- te, durant le trajet , et pendant la lecture du jugement au pied de l'échafaud, il montra un courage qui ne se démentit plus. Il était en chemise, et avait la tête entou- rée d'un voile noir. Avant la dé- capitation il eut le poing coupé.

PLÉVJLLE LE PÈLE Y (Geoh- ges-René), vice-amiral, ancien ministre de la marine, membre du sénat-con.servaîeur, grand-officier de la légion-d'honneur, décoré de l'ordre de Cinciunatus, etc., na- quit à Graiidville, département de 11» iUanche, le a(i juin 1726. Sa fa-î mille, qui ne le destinait pas à la carrière maritinu.', le fit entrer do bonne heure au collège ; la voca- tion (hi jeune Pléville Le Péley ne ])ouvant tnom;dier de la résolu- tion de ses pa'rens^ dès l'âge de i:j ans il se rendit secrètement dans ïm port de France , fui rteéu sur un vaisst>au sous le nom de/^/»<V/', et, 8 ans après* ii conlmandail un coï'saire. Il n'avait pas atteint, .sa 3 1* année, que, livrant un combat à un vaisstftfu anglais, il eut Id jatnbe 'eWiportée par uni ;'baiilet; Cette grave blessure ne le forçq pas^ii 'quitter la carrière déjà 'd avait iUustré son;iiotn. Pai> un de^ hasards* les plus singuliers * de Iji guerre , rcvéntuut de l'Amérique eu Europe , dans un itouytttiH Combat qu'il eut À soutenir iiiqutre ces mêmes Anglais, lui bouliet lui einporla la jambe de bois qui rem- plaetiit celle qu'il avait déjà per- du<;. Malgré la vidlcnte commo- tion qu'il ressentit, il ne put s'eh)»- pêcher de s'écrier en riant î « ht boulet s'est trompé! « Admis en 1755 dans la marine -royale , ii coiTuuandîJ, en 1750, conjme en-

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"teigne de vaist'eau , une coi'vettfi lie l'escadre du célèbre La Galis- sonnière. Pléville Le Péley par- vint aux g^r ides de lieutenant de vaisseau le 17 aortl ir()2, de capi- taine de frégate le 1" janvier 1766, de lieutenant oe port le 5i mai 1770, de capitaine de vaisseau le 10 mars 1779. Tous ces grades furent la récoinpense de son cou- rage et de ses talens. Il fit plusieurs voyages do long cours , et enri- chit la rn^irine de plusieurs ob- servations importaiiti's. (>omme capihiine de port, il ne se rendit pas moins tecommandable, « Ad- ministrateur éclairé, travaillt-ur aussi ardent qu'habiN; fonction- naire, d'une probité àioute épreu- ve, dit l'auteur d'un*; rwitice sur ce célèbre marin, il prouva qu'aucun dftiSït^tails minutieux du service des ports ne lui était étranger.- (lelui iVL-useille lui fut confié, et ce, fut lit que son énei'gique ac-' tivité prépar'a et mit en rnouve- ineht tou-i les ressorts nécessaires mi» succès de l'expédition de Ma- hon . confiée au maréchal de Ki- rhclieii. 0 N-ous emprunterons au dlsic-/^)urs que ftL François (de Meufch.ile'anjpt'nnonça le jour des ohsèqiiesde ce vice-amiral, deu» anecd<»fes qui honorent le cai-actè- rfc de Plévilk Le Péley. u Ce fut ett'IfOA* Pléville Le Péley ctail oà^^-fc-iV' Marseille. Detix vais- st»nu^ anglais sont assaillis par la teuT*j4ête. L'un d'e+iîï est la frégate Y ÀtaUnte , commandée par lord Jervis , aujourd'hui lord Saint- Vincent , et toni Nclnon. (les deux vaisseau'x s'alî'alerji'à la côt« d^'.Marseilk', et toul^ lesliorreurs é\i naiffrage les iuftnâceht. La gofcrrt divisait Ahtk \c» Aenx no--

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tions. Qu'importe ? ces Anglai.s sont des hommes , ils vont périr, et Pléville Le Péley est Français ! Il vole à leur secours, il appelle autour de lui les pilotes et les ma- telots les plus expérimentés; son zèle brave tous les obstacles, lève toutes les difficultés , crée toutes les ressources, enflamme tous les esprits. L'on affronte le courroux des fl!»ts , on en triomphe ; on a- borde les vaisseaux, on les relève, un les sauve, on les con«erve, et leurs nombreux équipages sont rendus à la vie. L'amirauté de Ji<mdres sut apprécier la magna- nimité de Pléville Le Péley. Elle fit faire en argent le modèle de la frégate VAtalarile, et, pour le lui porter, lui députa lord Jervis, qui eiit ordre de ne voir que Plé- ville ii»' Péley à Marseille . tJt repjirtir sur-le-champ. Dans des temp"i plus rapprocliés de fiows , le directoire-exécutif ordonna à Piéville Le Péley, ministre dd»la marine alors, de faire une tournée sur les côtes de l'Ouest, et lui al- loua 40,000 francs pour ce voya- ge. Le modeste Pléville Le Péley ne prit de celte somme que 12.000 freines ,■ n'en dépensa que 7 da<ws sa tournée, et, xiifvn retour, vou- lut remettre le reste' à la tresorci rie nat1onat<r, qui avait porté ctl com[»le les 40,000 (Vaud*. Lo gou- vernement ne <'rut pas de sa di- gnité "de souscrire à l'inlcfltio-u du ministr-*-. Pléville Lu Péjey pouvant iusi«ler. et ne voulant pas non plus gaiidt^- une somme à laquelle il ne te croyait aucun droit, v<uilut au moins qu'elle touruAl à l'utilité rie l'^t^t . et *i consacrai ii l'exéoution dilt'^légra- phe que l'oh TCit encore aujotir-

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, ' d'hui sur l'hôtel du ministère de la marine; et cependant, il était peu riche, et sa famille, qu'il sou- tenait, était extrêmement nom- breuse. » En 1778, Pléville Le Péley montait le vaisseau le Lan- i^tiedoc ; il accompagna le comte .d'Estaing, et fit la guerre de l'in- dépendance américaine. Ses ser- vices, dans cette guerre mémora- ble, lurent bien noblement récom- pensés parle gouvernement de la noiivellerépublique. II lui conféra l'ordre de Cincinnatus, quoiqu'il ne fût que lieutenant de vaisseau. Cet ordre, cependant, ne s'accor- dait qu'au capitaine de vaisseau ou au colonel dans l'armée de terre. Lorsque la révolution française éclata, il comptait 12 campagnes de mer. Il s'était trouvé à 5 ba- tailles navales et, au siège de Ma- hon. Sous le gouvernement direc- torial , il fut nommé , en l'an 5 (1797), l'un des plénipotentiaires

( qui «levaient traiter de la paix à Lille , et , dans la même année , ministre de la marine et des colo- nies. Son administration fut mar- quée par l'activité des construc- tions navales dans les différens ports. Elle lui valut le grade de contre-amiral, puis celui de vice- amiral. Il se démit de «on minis- tère, et fut chargé^ en l'an 7, d'or- ganiser la marine française sur le» côtes dltalie. Après la révolution du 18 brumaire an 8 (9 novem- bre 1779) , il devint membre du sénat-conservateur , et , quelque temps après, grand-olïicier de la légion-d'bonneur. Cet illustre ma- rin mourut généralement regretté le 10 vendémiaire an 14.

PLOWDEN (Francis) , avocat qui a acquis de la célébrité au bar-

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reau anglais, vint jeuneen France, et fut élevé dans la religion ca- iholiqueau collège de Suint-O rser. Revenu dans sa patrie , il y publia quelques ouvrages remarquables en analyse et en défense de la constitution anglaise, qui lui va- lurent, en 1793, le grade de doc- teur ès-lois à l'université d'Ox- ford. Il exerça ensuite pendant plusieurs années, et avec beau- coup de distinction , les fonc- tions d'avocat à Londres. M. Plow- den y avait obtenu une riche clientelle ; mais ayant dans de nouveaux ouvrages historiques , d'ailleurs très-estimés du public, attaqué sans ménagement la con- duite de plusieurs agens du gou- vernement , il fut à son tour atta- qué par eux en calomnie, et ne put apporter des preuves judiciai res suffisantes pour quelques-unes, de ses assertions, dont la vérité était cependant a.-,seî générale- ment reconnue. Il succomba ainsi dans ce procès, et fut condamné à 5ooo livres sterlings de-domma-- ges et intérêls. Il se retira alors en France, pour éviter les suites de cette condamnation. Ses prin- cipaux ouvrages sont : i" Examen des droits naturels des sujets bri- tanniques, 1784, in-8'', avec un supplément , 1 786 ; 2" Histoire a- brégée de l'empire brit((nnic/ue, pen- dant les derniers vingt mois, 1794» in-8" ; Histoire abrégée de fem- pire britannique, pendant l'année 1794» in-8°, 1795 (traduit en français, par André, 1 vol. ii)-8°); VEgtise et l'Etat , ou llecher- ches sur l]0rigine , la nature et l'é- tendue de l'autorité ecclésiastique et civile , dans ses rapports avec la constitution britannique, 1795,

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10-4°; Revue historique de rétat de l' Irlande , depuis l'iîivasion de ce pays pur Henri 11, jusqu'à son union (ivee ta Grande-Iirelagne , i8o5,5v".l. in-4'. oinraj^o plein de retherches cm ieiises, écrit avec bomu; Un el impartialité ; 7" Deux letltes historiques à sir John Cox Hii'pisley , iii-8°. Madame Plow- I)E^ [Françoise) ySa femme, a a(i«si cuiiivi; avec succès la liltératiiPe. Elle est, entre antres ouvrages, auteur de l'opéra de f^irginie, en Iroié actes, i8(to, in-8*. l'LowrtF.N {Charles), prêtre cathiliqiie, frère du précé<ient, fut élevé ainsi que lui an collège de Saint -Orner , il entra jeune encore dans l'ordre des Jésuites. A son retour en An- gleterre, il fut pend.'ïnt quelques années professeur dans un sémi- i\iiit-e(ial Indique, à Stor»ghonst, dans le comié de Lan«"astre : il passa ensuite « la direction d'une chapeLe à BiistoL Ce révérend père jé'uile a fait quelque sensa- tion en Angleterre, et pins paiti- cnlièrenienl parmi les catholiques d'Irlande, jtar la publication de ses opini(Mis nitra-montainés. Il s'est même mis en opposition pro- noncée avec le comité catholique de celte île, dans les discussions sur le serment,' en i^t)o et 1791, c'a soutumi aveoivéhemenced'an- CieniK'S prétentions de la cour de Rome. Loin de servir ainsi ses co- réligiorniaire'» , il a augmenté les ohstacles qn'ilsonl rencîontrésjits- qu'ici dans leurs pins justes de- mandetf, et le saint-siége même na pas t(Mijf»nrs a[)prunvé le zè-le ardent du l\ Hlowden. Ses prin- ci|>aux ouvrages sont : i* Hcuiar- quessur les écrits d<J. lierringlon, adressées au clergé catholique d'An'

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gleterre , 179a, inS" ; 2" Considé- rations sur l'opinion moderne de ta faiUibilité du pape , i7()6,in-8°; 5' Quelques lettres au journal de Bristol , sur l' émancipation des ca- tholiques.

PLUMPTRE (Anhe), seconde fille du docteur Robert Plnmptre, homme distingué par l'étendue de se.s connaissances, qui fut pen- ilant 28 ans, président du collège de la reine, à Cambridge, était née avec les plus heureuses disposi- tions; son père se chargea lui- même du soin de diriger ses étu- des, lui fit suivre des cour?< de belles-lettres, et lui enseigna les langues vivantes : le français, l'allemand, l'italien et l'espagnol, lui furent bientôt aussi familiers que sa langue maternelle. Amie Plumptre voulut pressentir le goût du public avant de se faire ■coimaître. Elle s'essaya dans quel- ques o-puscules. insérés dans des ouvrages périodiques ; elle publia ensuite \.\n roman, sous le voile de l'anonyme , et Jic .se hasarda à y inetlre son nom qu'à la seconde édi'tion. Elle a fait paraître : r Antoinettk , rmnah, 2 vol. in-12.; 2" le Fils du Becteur, id., 5 vol, itirX2, 1798-; 5" sept pièces de théâtre, traduites de l'allemand de Kotzebue, in-8% 1798-1799; 4" Lettres écrites de différentes parties du Continent, traduites de l'alle- nianddeF. Malthisort, in-8% 1799; 5" V oyages physiognomiques , tra- duits de rallemand de Musœus, 5 vol. in-12, 1800; 6'' F ie et carrière littéraire de Kotzebue, in-8°, 1800; 7" Quelque chose de nouveau, ou A- ventures de l'hôtel Campbel, 5 vol. in-12, 1801; Relation histori- que de la peste de Marseille en 1 720»

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traduite du uiami.scrit iVançais de Bertrand, in-B", i8o5; ilécit de trois années de séjour en France, 5 vol. in-8°, 1810; 10° Histoire de moi-mêiiie et de mon ami fVoniaii, 4vol. iii-i2, 1812: 11° Voyage dans l'A frique méridionale , tra- <luit de l'alleinand de Lichteu^i- ttern, in-4", 1812: le second volu- me a paru en i8i5 ; 12" Voyages dans tu Morée, l'Albanie et autres yarlies de l'empire ottoman. Ira- iJuit,* du français de Pouqueville, ^n^4°« i8i5; 10" Voyage au Bré- sil, dans la mer du Sud, le Kants- chatka et le Japon, traduit de l'al- Jeniandde Langsdorff, in4", i8i5: le second volmiie parut en 1814» LU NRhTT(Jl A dame), roman- cière anglaise, est <ilie dn gérjérai •Ganni/ig, et de miss Minifie, qui .«se lit coniiailre par la piibli(UJlion de quelques roînari». Kllc se livra de boinie heure à la culture deë lettres, .sous les auf<jiices djeiia du- chesse de BerlFor* y !tl»i|)iiis long- temps protectrice de :.»a mère. Cette protection, ueaiuno^ir^s. leur manqua tout-à-«Mi«p. 1.-» l'amilie du général Gnnuing it'riaut étéiac- cn^èe auprè,s ^le fa duel>esse^ d'ji- toir praticpié des .intrigues pour entrer daiij> ralliatu>e d'une iiitus- Ire famille. Miss Gunniug épousa dcpxHS M..> Phuikiett, ollicier aiir glais. Parmi les ouvrag.(;s publiés par cette dame, on distingue : i" Gipsoy'cisuntess (la Couitfcsse ho- liémjeime), 4 v<>l, in-i'2, i^^ç) ; 2" le Valet du Fermier, roma n , . j vol. , 1803, traduit d'un ouvrage de M. l^v\cVdy-V%\\iiV\\ù\;'o''i'Exilxl'Erin, 3 Vol. in-ia, 1808; 4" Dangers de JatiV', 5 vol. in- 13, 1810; b" Mé- riwires d'an homme à la mode, irt-1'2, 1^1 5.

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PLTJQUET (l'abbé Fbançoir- André-Adrien ) , littérateur, na- quit à Bayeux , département du Calvados, en t^iG, et mourut le 18 septembre 1790. Il commença ses études à Caen, et les termina à Paris , il fut reçu bachelier en 174^1 et licencié en théologie en i^So. Par la protection de .M. de Chois<;nl, archevêque de Cam- bray, il obtint d'abord un canoni'- cat dans sa cathédrale, pui» ttuc- cessivement, s'étaut fixé à Paris, la chaire de philos(»phie niçrale au collège royal, et en 1778, celje d'histoire au même collège, fonc- tion dont il se démit en 178»;. L'abbé PInquct ^'élait lié avec le? geys de lettres qui s'efiorçaient de combattre \;eux surnommés les Emyclvpédistes , c'est-à-dire, les savans et les Jillérateurs les plys distinguer) de l'époque. L'iiblSé PUiquet ne fut pas heureux en c«'mbattaut les philosophes; ec- p^indant coiume il élait Irès-^itis- -tiiuit et d'un caractère modéré, il lia» point partagé la c^éitébrité qu'ils ont in'ipiiinée. à ses confrè^ res Nonolte;, Patouillet, BibuiU 1er, etc., etc., etc. Voici la liste dqs principaux ouvrages qu'il n uns au jour : \" Examen du fata- lisme, ou E.iposition et réfutation des différens systèmes de fatalisme, Paris, Tnvol. iH-12, ly^y', ^"Let- tre à un ami sur li'S arrêts du<oii- seil, du ?}0 août 1777, concernant la librairie et l'imprimerie, Lyn,- dres, 1777? in 8°; Seconde let- tre à un ami sur les affaires de la librairie, Londres, 1777» in S°; 4" les Livres classiques de l'an pire de la Chine, recueillis (et traduits dp chinois en laliu) par le P. No^l (du latin en français), par riii>ibé

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Pluquet , précédés d' observations (du fraducletir français) sur l'o- rigine, ta nature et les effets de ta pliilosopliie morale et politique de cet empire, Paris, de Bure, 1784 »;t 1785, 7 vol. in-18; Mémoi- res pour servir à ftiistoire de l'es- prit humain, par rapport à la reli- gion c/irétienne^ ou Dictionnaire des liérésies, Paris, Nyon, 1762, 2 vol. in-8°. « Ce livre est précédé à\\n discours l'auleur recher- che quelle a été la religion primi- tive des hommes, et quels sont les changeniens qu'elle a subis jus- qu'à l'établissement du christia- nisme. L'auteur recherche et suit les pauses de ces changemens, ainsi que les effets qui eu ont ré- sulté. Le reste de l'ouvrage est proprement un dictionnaire les hérésies sont rangées par ordre alphabétique , décrites avec les détails convenables, et solidement réfutées C'est surtout dans cet ouvrage que rabl)é Pluquet a si- gnalé son talent, son érudition et la justesse de son esprit. On vient de doiuier une édition de ce dic- tionnaire, corrigée et augmentée, Besançon, Petit, 1819, 2 vol. in- 8°. L'éditeur y ajouté quelques articles qui ont rapport au jansé- nisme et î\ l'église constitulionnet- le. » 6" Recufil de pièces trouvées dans le porte feuille d' un jeune hom- me deiTtans ( le vicomte de Wall), avec un avertissement de iM. de Virieu ; le tout j)ublié par l'abbé Pluquet, Paris, Didot rainé,i788, in-8''; De la sociabilité, 1767, 2 vol. in-ia. « L'auteur y prouve ([ue l'homme est sociable par sa nature, et que, loin d'être t>é mé- chant et en état de guerre, com- Wic !e \eut Hobbes, M est naturel-

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lement porté au bien et à l'exer- cice de toutes les vertus. >> 8" Traité p/iilosophique et politique sur le luûte. 1786, 2 vol. in-12; De la superstition et de l'enthou- siasme. Cet ouvrage, que l'auteur avait, laissé en manuscrit, a été mis au jour par D. Kicard, un fort vol. in-12, Paris, 1804. L'abbé Pluquet a encore laissé en manus- crit un ouvrage que la mort ,ne lui a pas permis de terminer, el qui a pour titre : Histoire générale. PLUQUET (FrédÉsic), phar- macien, associe correspondant de la société royale des antiquaires de France, petit-neveu du précé- dent, est à Bayeux, le 19 sep- tembre 1781 ; il a donné au pu- blic : Nouvelles recherclies sur tes diverses variétés de quinquina, employéesen médecine, Paris, 1 808, 10-8°; Essai sur la nature des poisons, Caen, 1809, in-S°. On ;t encore de lui plusiem's articles dans le Journal de pharmacie, et \\n^. Lettre insérée dans la Chro- nique religieuse, tom. H, 20" ca- hier, où il réclame i'ortenient con- tre une édition du Dictionnaire des liérésies, imprimée à Besan- çon, dans la(juellé on a inséré une foule d'articles grossiers e> inju- rieux qui ne sont point de sou oncle.

POCIIOLLE (PiEnuE-PoMPONE- âmÉdÉë), déj>ulé à la convention nationale , à Dieppe, en 1776, était entré fort jeune dans la con- grégation delOratoire, mais sarjs y faire de vœux , ou contracter aucun lien. Il avait professé la rhétorique dans un des collèges de cet ordre, quand sou père, juge et subdélégué à Dicp(>c , le rappela auprès de lui , pour le

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former aux fonctions dans les- quelles il espérait l'obtenir pour successeur. Mais la révolution vint jeter celui - ci dans une plus vaste et plus dangereuse carrièrt'. 11 adopta avec tout renth(>u^ia«nic de la j-jutussc, les principes et toutes les espé- rances qu'embrassèrent à celte époque tant d'hommes d'un Ti- ge mur et d'un esprit distingué. Ses concitoyens l'élurent maire de Dieppe, en 1791, et quelques mois après député suppléant à l'assemldée législative. Il fut de nouveau, en septembre 1792, éîu par eux, membre de la conven- tion nationale , dans le pro- cès du roi il vota avec la niajo- rité. Les mémoires du temps at- testent, et les biographes les moins modérés conviennent , que pen- dant les différentes missions dont ce député fut successivement char- gé par la convention , d'abord en Bretagne et les provinces de l'Ouest, ensuite à Lyon, à Tours, etc. , il montra une modération malheureusement bien rare à cette époque de fureurs réciproques , et de sanglantes rcpi'ésaiilcs. Knvoyé à Lyon peu de temps a[)rcs le 9 thermidor, il fit aussitôt cesser les démolitions ordonnées par le comité de salut-public ; rajtpela tous les citoyens que la terreur avait contraints de luir; ranima l'industrie et la confiance; pourvut aux besoins de la ville pendant une disette long-temps désiistreu- se quoique factice, et (d)tint en- fin le décret qui rendit à la ville de Lyon son nom, qu'on avait changé en celui de commune af- franchie, après y avoir versé à ffrands flots le sang des habitaas.

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Pendant celte mission, M. Po- cholle avait éloigné de la ville t(nis les étrangers partisans ou fauteurs de l'odieux régime de lu terreur; mais il avait su en même temps compri mer ton s ceux t| ni croyaient le moment venu d'exercer leurs vengeances particulières, en bra- vant les magistrats et les lois. Ce ne fut qu'après son départ que les réactionnaires de Lyon pureiit se livrera leiu'S fureurs, dont leJUiône emporta jusqu'aux mers les nom- breuses victimes, et bientôt, dans tout le midi de la France, les compa- gnies dites de Jésus et du Soleil de vinrent les dignes émules des ter- roristes. Dans une nouvelle mission à Tours^ en germinal an 5 (avril 1795), ftl. Pocholle eut ordre de la convention de faire désarmer en masse tous les hommes que les réactionnaires poursuivaient alors sous le nom de terroristes : il n'en trouva point dans la ville ni aux environs, et ne fit exécuter le décret que sur la j)ersonne du bourreau. Cette conduite dé- plut aux iclionuaires , qui le dé- noncèrent à la convention; mais M. Doulcet de Pontécoulant [)rit vivement sa déiense , et toutes les accusations furent écartées par l'ordre du jour. La même année, et deux jours après l'iiisurrection sectioimaire du i.'^ vendémiaire an 4 (5 octobre 1795), il ne s'en op- posa pas moins dans le sein de la convention à la demande de rap- porter ce même décret de désar- mement, déjà opéré à Paris. On lui reprocha depuis, comme une perfidie, cette opposition. Il avait voulu, disait-on, augmenter les dangers de la convention , en di- minuant le nombre de ses dé-

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fenseurs , tandis qu'il n'avait voulu qn'ôler aux sections de Paris un des prétextes de leur ré- sistance. M. Pocholle, qui avait laissé d'honorahJes souvenirs dans le département de la Mayenne, y fut élu au conseil «les cinq-cenls; mais les difïicultés que le direc- toire éleva bientôt sur sa nomina- tion, l'emiiêchèrent de siéger dans cette assemblée. Il se rendit alors en Italie, et s'étaiit trouvé à Milan à l'époque le général en chef Bona[)arte, après la conclusion du traité de Campo-Formio, organi- sait en départemens les îles Io- niennes, il accepta la place de commissaire- général dans le dé- partement d'Ithaque, et en exerça les fonctions à Céphalonie jus- qu'au irioment les flottes des Turcs et des Russes, alors réunies, attaquèrent ces îles : il entra alors à Gorlbu , quelipie temps avant le siège, et s'embarqua à bord du vaisseau le Généreux , commandé par l'intrépide capitaine Le})ille, qui traversa les flottes eimemies et le porta à Aucune, il sollicita des secours pour Corfou; mais cette place se rendit avant qu'ils pus- sent y arriver. Il revint ensuite à Paris, et s'y trouvait à l'époque de la révolution du 18 brumaire, contre laquelle il se prononça assez hautement, quoiqu'il n'eût point ou à se louer du directoire, dont la pnissancefutalors renversée. M. Po- cholle resta long-leuips sans exer- cer de fonctions publiques, mais il futenfin nommé secrétaire-général du département de la Ruer, et en- suite sous-préfet àNeufchàtel, dé- partement de la Seine-Inlérieure. La douceur de ses mœurs et ses qualités sociales , la sagesse et Vk-

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quité de son administration , par- ticulièrement en tout ce qui con- cernait l'exécution des lois sévè- res de la conscription, lui acqui- rent bientôt l'estime générale et l'afl'ection de ses concitoyens. Pri- vé de son emploi en i8i4j il le re- prit momentanément en 181 5; - en fut pri\é de nouveau après la seconde rentrée du roi ; et se trouvant atteint par la loi du 12 janvier i8i6 , il se relira dans le royaume des Pays-Bas. M. Pocholle s'y est créé des occu- pations analogues à son goût pour les lettres : il les avait constam- ment cultivées pendant une lon- gue carrière politique et arlniinis- trative, à travers tous les orages de la révolution. El si l'élude ne lui a pas toujours servi d'égide contre de nouveaux malheurs dans son exil, elle l'a aidé à en supporter les maux, et lui a four- ni les moyens de suppléer par un travail honorable aux faveurs de la fortune , qu'une philosophie in- souciante lui a toujours fait né- gliger.

POCQUET (L. B. W.), capi- taine de vétérans, naquit à Rue, département de la Somme, en i'^t\T>. Grenadier de la légion de Soubise en 1 76 1 , il reçut plusieurs blessures dans les campagnes de Hanovre , sa conduite fut re- marquée de ses chets. Le corps il servait ayant été réformé en 17(17, l'ocquet ehtra dans les gar- des-du-corps , y resta quelques années, puis passa successive- ment dans la gendarmerie et dans le régiment de Rohan infanterie. En 1790, admis comme lieute- nant à l'Hôtel-des-Invalides, il fut peu de temps après nommé capi-

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taine de la 40"* compagnie de vé- léians, que l'on dirigeaitstir Auch, département du Gers. A son arri- vée dans cette ville, il trouva les habitans vivement indisposés contre une demi-brigade qui en formait la garnison, et dont ils a- m vaienl à se pl.iiudre. Les soldais et les citoyens étaient égalejnent sous les armes; l'effervescence portée au comble, le sang allait couler. Pocîquet, séparé de sa trou- pe, n'hésita pas â se rendrtî au lieu le péril paraissait le plus immi- nent. C'est en vain que quelques baïonnettes se tournent contre lui; il relève les fusils, arrache même, avec nue intrépidité rare, ceux «les plus furieux, leur repro- che avec énergie que c'est contie «les Français et des frères qu'ils veulent faire usage de ces armes, destinée* seulement à déiéndre la patrie; enfin, il rappelle aux militaires l'obéissance qu'ils doi- vent à leurs chefs, et aux citoyens leurs devoirs envers les magistrats chargés de faire exécuter les lois. Cette harangue produisit l'ellét qu'il en espérait : tout rentra dans l'ordre, et le cahne se rétablit. Ce Irait de sa vie n'est pas celui qui l'honore le moin>. Eu 1791, Poc- quet obtint le commandement en second d un corps de vétérans, formant la garnison du fort de Bel-, legarde, daus le département des Pyrénées-Orientales. Il y déjoua Hes manœuvres secrètes employées par les Espagnols pour semer la discorde parmi les troupes fran- çaises, et se rendre maîtres de la place au moyen de la trahison. Ce militaire citftyen ujourut (|uel- ques années après.

PO DE VIN ( lii!iLi.AtjaE-FB AN-

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çois), à lioulogne-sur-Mer , en 1760, d'une famille de négo- cians, fit ses études au collège des oratoriens de cette ville, et devint membre de cette congrégation sa- vante. Il exerçait la profession d'avocat à (^abiis, lorsqu'il fut élu procureur-syndic du district. Son impartialité et sa modération le firent distinguer dans ces foncr lions, jusqu'à <'e qu'il fut nommé, eu floréal an n, secrétaire-géné-r rai de la commission des adminis- trations civiles, police et tribunaux, établie à Paris, et qui représentait alors les ministères de la justice, de l'intérieur et de la police. Sa conduite dans cette place impor- tante fut tellement irréprochable., qu'après le 9 thermidor, époque à la fois de salut public et d'injusr tes réactions, il y fut continué, et l'on voulait l'y retenir, lorsque, vers le mois de germinal au 5,»son mariage av«;c la veuve du général de Merenvue le déternuiia à don- ner sa démission. N'aspirant alors qu'à retourner en province, il se retira dans une campagne près Calais. A l'installation du direc- toire-exécutif, les premières pla- ces du dé{»artement dans l'ordre judiciaire ou administratif lui fu- rent offertes, mais il les refusa tou- tes, pour n'accepter que celle de Connnissaire du directoire-exécu- tif de son canton. Il remplit ces modestes fonctions jusqu'au 18 brumaire an ë. L'un des (uen)iers actes de la commission consulaire executive fut de l'appeler aux fonctions de comnjissaire près de l'admiuisiratiou centrale du dé- }>artement du Pas-de-Calais. Il sut répondre, dans ces circonstances dilliciles, à la confiance du gou-

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veruement, et, dès l'établissement des préfectures, il fut nommé sous- préfol à Bélhune. Son adminis- tration fut juste et tutélaire, et il eut l'art d'adoucir l'obéissanco, en faisant exécuter les lois mêmes qui exigent un plus grand sacri- fice d'afl'ections ou d'intérêts. Nommé candidat au corps-légis- latif, trois fois consécutives, il né- gligea, à dessein, de solliciter son élection par le sénat, préférant de renoncer au titre de législateur plutôt que d'abandonner ses admi- nistrés. Podevin mourut le 20 fé- Tfier 181 5. Il a laissé un fils, digue héritier de ses vertus publi- ques et privées, et qui, jeune en- core, se distingue dans l'adminis- tration de la commune de Pihen, dont il est maire.

POEIUO (Joseph), ex-dépulé du parlement napolitain , naquit , à Catanzaro, d'une bonne famille de la province. Destiné à la profes- sion d'avocat, il étudia le droit, et se rendit à Naples pour en fré- quenter le barreau. Il s'y fit remar- quer par son éloquence, et par l'é- nergie avec laquelle il pliiidait la cause de ses cliens. Bientôt il n'y eut [dus de procès important dans la ville, pour lequel il ne fût appe- lé, et c'était déjà un gage de triom- phe que de l'avoir intéressé en sa faveur. Avec un courage et un zè- le dignes souvent de meilleurs succès, mais toujours honorables dans lin avocat, M. Poerio éclair- cissait tous les doutes, dissipait tous les soupçons, attaquait tous les abus, et ébranlait par sa voix l'ilme des spectateurs et la cons- cience des juges. Une têle aussi ardente ne pouvait pas rester calme au milieu de la fermenta-

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tion générale qui s'était manifes- tée à Naples, aux premiers symp- tômes de la révolution française. C'est en descendant dans les ca- chots, en défendant les opprimés, et en s'élevant contre les injustices, qu'il avait appris à connaître et à haïr le despotisme. Se réunissant ^ à la classe éclairée de ses conci- toyens, il fit alors des vœux pour la cessation de tant de désordres. Il n'est pas étonnant si, avec ces dis- positions, M. Poerio fut des pre- miers à se jeter dans le parti qui proclama la république parthéno- pécnne, et s'il fit des eÛbrts pour en consolider l'existence. Mais le peuple napolitain qui n'était pas à la hall teur de ses régénér.itenrs, atten- dit le départ de l'armée française, que des revers imprévus rappelè- rent sur le Pô, pouree déchaîner contre eux, et détruire leur ouvra- ge. M. Poerio fut arrêté et livré j\ des hommes qui sous la toge du magistrat se montraient les es- claves des vengeances politiques. Condamné à périr sur l'échafaud, il n'obtint la vie qu'à condition d'aller la terminer dans les pri- sons de la Favignanii. La paix de Florence, en ouvrant les por- tes de son cachot, mit un ter- me à ses .souffrances. Rendu à la liberté, il reprit ses occupa- tions , et plus heureux qu'on ne l'avait été pour lui-même, il eut souvent la satisfaction de plaider la cause de l'innocent, et de le soustraire au sort des cou- pables. Au retour des armées fran- çaises dans le royaunje de Nâpies, M. Poerio fut nomnié préfet de la province de Capitiuial;:, l'une des plus vastes et des plus llorissantes de ce pays. Des dési»rdres graves

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qui eurent lieu dans sa préfec- ture, obligèrent le gouvernement à le rappeler l'année sui vante à Na- ples , oi'i il vécut dans l'inaction jusqu'à l'arrivée de Joachini {voy. Mïrat). qui réleva à la place de procureur - général de la cour de cassation. Dans ces hautes fonctions M. Poerio contribua beaucoup à déteruiiuer le sens des loi?, qui, par leur nouveauté, étaient un sujet continuel de con- troverse et de doute. Il dut s'arra- cher souvent à ces utiles travaux, pour remplir les l'onctions de com- missaire du roi, en Calabre, et as- sister aux séances du conseil-d'é- tal, dont il avait été élu membre. Le roi Joa(hiin le choisit aussi pour organiser les départemens italiens, occupés momentanément par ses troupes, en 181 4 et en 18 if). l.i>rs delà chute deJoachim, ftl. l^ierif), se rappelant les dan- gers qu'il avait courus à la pre- mière restauration du roi Ferdi- nand, s'éloigna du royaume pour ne pas s'exposer à une nouvelle persécution. Ce ne i'ut qu'en 1818, qu'il crut pouvoir vivre iranqiiil- lement dans ses foyers. Il revint à Naples, et rentra dans la clas- se des avocats, qui l'accueilli- renl avec les égards dus à un an- cien hiagislral. C'est au milieu d'eîix que la révolution de 1820 le surprit. Étranger à tous les changement qui venaient de s'o- pérer dans son pays, M. Poe- rio crut pouvoir, sans crime , prendre part à un ordre de choses que le roi avait proclamé , et qu'il promettait de détendre. Il accepta la nomination de dépu- té au parlement de Naples , se nn^ntrant à la tribune ce qu'il a- vait été au barreau. Mais, moins

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familier avec les questions poli- tiques, qu'il ne l'était avec le» débats judiciaires, il éblouissait l'assemblée par son éloquence, sans la dominer par ses opinions. Erronées comme celles de ses collè- gues, elles n'auraient mené qu'aux mêmes résultats. M. Poeiio igno- rait les véritables dispositions des cabinets d'Europe, et se faisait il- lusion sur les ressources de son propre pays. Dans un discours improvisé le i5 février i8'ii, M. Poerio examina avec beaucoup de talent le droit d'intervention que l'Autriche avait mis en avant pour justifier son agression contre Naples. « Si une ou plusieurs "puissances, disait-il, encouragées » par la faiblesse des autres états, » s'a visaientde les gouverner par des » décrets avant de les avoir aiisujétis npar des victoires, c'est alors, et «alors seulement t que l'indépen- ndance des nations seraitdétruite.» (]c principe était vrai; mais ce qu'on pourrait reprocher à M. Poerio. c'est d'en avoir parlé en théorie, tandis que le momerrt de l'appli- cation était déjà venu pour l'Eu- rope. Peu après l'envahissement du royaume de Naples, M. Poerio, qui s'était toujoui-s exprimé avec \iue gîande réserve sur le compte du roi, et qui avait été même le premi<îr à se prononcer pour son voTng(î <le Laybach , fut arrêté et déporté en Autriche. Ce n'est qu'après deux ans de détention à Gratz, qu'il lui a été pernns d'al- ler vivre à Florence.

POGCilALI (Caietan), littéra- teur italien , naquit à Livourneen i^-So. Amateur passionné de la liltératurt; de son pays, il passa toute sa vie à rassembler une col- lection nombreuse d'ouvrages ita-

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liens, plus digne de la magnificen- ce d'un prince, que pruportionn(';e à la lorlnne d'un particulier. Il surveilla aussi la réim[)ression d'un grand nombre d'ouvrages classiques . auxquels il a ajouté de sa vans comnieiitaires qui ont rendu ces éditiitns extrêmement recherchées. Puggiali avait or- donné l'impression d'un catalo- gue raisonné de sa bibliothèque, qu il avait partagé en trois classes, dont la première se composait des acteurs cités par l'académie de la (^rusca,ia seconde des ouvrages, non cités, appartenant aux mêmes auteurs, et la troisième des écri- vains qui, par la pureté du style, «t par Timporlancc accordée ù leurs travaux, méritaient d'être rangés au nombre des te^li di Un- f^ua (c'est le nom qu'on dotmc en Italie, aux ouvrages cités par l'a- cadémie de la Gruscd). Chaque ar- ticle était en outre accompagné de remarques bibliographiques , contenant des rcnseignemcns pré- cieux sur les ouvrages et les au- teurs. Ce catalogue, qui, comme on voit , est un répertoire classi- que de la littérature italienne, fut publié par les soins de iM. [\iggia- 11 fils, -sous le litre de : Série de' tesli di lingua sturnpati, cke si cita- 110 ncl yoaibolario degli accndemi- ci délia Crusca, posscduta du Gae- iano Poggiali, Livourne, 2 vol in- 8^. La collection entière, achetée par l'eu ie grand-din; de Toscane , l'ait aujourd'hui partie de la biblio- ihèq ut! ducale de Fbjrence.Pnggiali inourutàLiv(uirne,au!noisdemars 1814. Les ouvrages dont il a été l'éditeur, et qui sont très-cslinîés en Italie, sont : Teatro itaUano antico, 8 vol. iu-ia% ijSU; 2" Rai-

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colta de' mlgliori satirici italiani, 7 vol. in- 12, 178G; 3^ Raccolla de' migliori noveltatori italiani^ 26 vol. in-8", J789 et suivantes; Opère di MarchiacelU, tom. tî, in-8" (sous la fausse rubrique de Philadelphie), 175)6; Orlando farioso, de' Ariosle, 4 ^td. in- 12, i';()<^: ir)" Storia di Tohia, iii-8°, 1799; 7" Drainmi musicali di Ri- nucciiïif iu-S", 1802; 8" Opère di Omero volgarizzate ^ 9 vol. in-8°, i8o.5; 9" la Divina cominedia di Danle^ 4 ^^^- in-8'', 1807; 10° la Gerasalemme di Tasso, 2 vol. in- 12, 18 io; ï i" Rime di Baccio del /iene , in-8''; 12" Egloglie e rime del Lasca, in-8".

POIGNOT ( N. ) , négociant ;\ Paris, fut nommé par le tiers-état de celte ville, député aux états- généraux en 178g. Il se montra peu à la tribime; mais il travailla beaucoup ('ans le comité d'aliéna- tion de^ biens nationaux. Au mois de novembre 1790, il fut élu secrétaire de rassemblée natio- nale, A la fin de la ses^-ion, il reprit les occupations de la vie ju'ivée.

POINSINKT DE SIVIIY (Louis), littérateur, membre de l'académie de Nancy, cousin et non frère de Poinsinet de Sivry, auteur de la comédie du Cercle, naquit à Versailles, le 20 février 1753, et était fils d'un huissier du cabinet de .\I. le duc d'Orléans. Il fit des études distinguées au collège de la Marche; et publia à l'âge de 21 ans, sous le titre d'JS- glèides , un recueil de poésies amoureuses (p»i obtint assez de succès pour le décider à suivre la carrière des lettres. A cet ouvrage succéda une iruductiou en vers

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[TAnacréon, Sapho, Bion , Mos- cltas , Tyrtée , etc.; elle fit beau- coup d'iiouiieur au jeune poète, qui , n'ayant pas atteint sa 26' an- née, donna la tragédie de Brlséis. Dans cet ouvrage, l'auteur sut réunir avec autant de goût que de bonheur, les plus belles scènes de riliade, et sa pièce était repré- sentée avec un succès général, lorsque Lekain se démit le pied : cet accident en interrompit les re- présentations. Reprises jdus tard, elles lurent suivies por le public avec la même faveur. «Le style de cette tragédie (dit Palissotdans ses Mnno'ires sur la littérature, art. Sivhy), très-supérieur à celui de nos pièces modernes . l'a conser- vée au théâtre Il y a dans /??•/- fieis des vers qui srtnt évidemment de reçoit! de Racine, et que ce grand fioète eût approuvés Le beau récit du passage du Xante a été traduit, v»!rs pour vers, en latin, par son fds (Louis-Cliarles Poinsinetde Sivry), jeune homme <lc l'âge fie 18 ans, d'un esprit et d'un goût très-sain.', (jiii a t'ait d'excellentes études , et à qui on ne peut reprocher que de porter beaucoup trop loin la ujodeste dé- fiance qu'il a de lui-même. » Ce récit a été imprimé à la liu de la *'•' cdition de Briséis , Paris, an 5 ( 1 7;)7), in-8". La tragédie dePoin- siiict de Sivry fait partie du Réper- toire du TlfUltre-Françaisj publié par M. Pelilot. Une autre tragédie, celle qui a pour litre Ajax, succé- da à peu d'intervalle à Briséis, mais elle n'eut pas la môme desti- née. Comme cela arrive presque toujours, l'auteur se roidit contre nue censure sévère, mais juste; jitiii-seuleuient il Oîu en appeler

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Du parterre en tumulte au parterre attentif,

mais encore il fit imprimer sa pièce , et la défendit par un appel au petit nombre , ou le procès de la multitude (ij;6a). Vains efforts de l'amour-proprc irrité! il ne recueil- lit de cette tentative que des cha- grins nouveaux, et il couronna celte imprudence par le tort, du moins momentané, de renoncer à travailler pour le théâtre. Palis- sot prétend qiCAjaw renferme un plus grand nombre de beaux vers que Briséis, ((mais,ajoute-t-il, cette tragédie fut moins heureuse par l'extrême simplicité de son sujet , qui ne promettait guère qu'une lieUe scène : celle de la dispute des armes d'Atliille. iVL Poinsinet de Sivry. on a tiré tout le parti qu'on en pouvait espérer, et nous désirerions de revoir au théâtre celte pièce qu'il serait si facile de réduire en 3 ai;tes, sans lui rien faire perdre de ses véritables beau- tés. » Sans fortune, Poinsinet de Sivry vivait des produits de sa plume. Forcé par la nécessité, il devint l'une des victimes de ces libraires qui immolent à leur cu- pidité le talent que le malheur met dans leur dépendance. Pour du pain, il fil tout: histoire> morale, traductions, antiquités,' grammaire générale, jouinaux; tout ce qui pouvait le mettre à mêu)e de satisfaire aux besoins journaliers de sa famille. Ce triste et pénible travail avilit en quelque sorte son nom, que son heureux début avait honorablement signa- lé. En 1789, il rentra dans la car- rière comme auteui' dramatique, et composa Calon d' Utif/ue,Un^è- (lie que les approches de la révo- lution ne lui avaient pas permis de

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fiilre représenter. Il adopta avec rhaleur, mais sans exagération, les nouveaux principes politiques, bien que la révolution lui eût (ait perdre la pension qu'il recevait de M. le duc d'Orléans. La conven- tion nationale le comprit au nom- bre des gens de lettres à qui elle ilonna des secours. Poinsinet de Sivry mourut à Paris, pauvre, et presque oublié, le i i mars iSo'j. il a publié: i" Egléidcs , Paris, Jn-8°, 1^54; 2* Vlnocutation, poè- me, Paris, in-S", 1756; '5" Le faux Dcrvis , opéra comique en un acte, Paris, 1767, xn-^"; l\'' Anacréon ., Saplio, Moschus, Bion, Tyrtée, et autres poètes grecs, traduits en vers français, i758,in-i2; 2'edit. , 1760, iu-12; 3' édit., 1777, in 8"; 4' édit., avec difl'érens morceaux (V Homère, 1788, in-8''; le même ouvrage avait aussi été imprimé en 1771, in-12, à Deux-l'onts, sous le titre des Muses Grecques. 5" La Berlue, in- 12, Paris, 1759; 6" Brisais, tragédie, 1759; Pyg- 7»îfl//o/i, comédie, Paris, 1 760, in-8'; H" Ajax, tragédie, 1762; il don- na, en 1764, nn recueil intitulé: Œuvres diverses de théâtre , etc. , nn vol. in- 12. 9" Les Philosophes de bois, comédie eu un acte et en vers , Paris, 1 7t)o , in- 1 ji ; 1 Cas- sandre , parodie du drame de Di- derot, le Père de Famille, Paris, in-S", 17G1; i i' Traité de la poli- tique privée, extrait de Tacite et de plusieurs autres auteurs, Ams- terdam , 17O8, in-13; 13° Traité dos causes physiques et morales du rire, relativement à l'art del'eaxi- trr, Amsterdam, 17(^8, in- 12; 1 Origine des premières sociétés, des peuples , des sciences , des arts et des idiomes anciens et modernes.

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in - 8*, 1769. Cet ouvrage a en quelque sorte été entrepris en op- position à celui de Boulanger, qui ne trouvait partout que des traces diluviennes, tandis que Poinsinet de Sivry prétendait que tout de- vait se rapporter aux différens usa- ges du feu L'ancienne Celtique étant, selon lui, la première Con- trée où l'usage du feu a étéconnu, il en conclut qu'elle a V;té la pre- mière habitée; enfin que les Celtes uriens, en se multipliant, ont en- voyé des colonies dans tout le res- te de la terre. Poinsinet de Sivry ne trouve partout que des traces uriennes. » i^" Phasma ou V Appa- rition, histoire grecque , se trouvent les aventures de Noce- lès, fils de Thémistocle, Paris, 1772, în - 12; iS" Fragment du 91* livre de l'Histoire de Tite- Live, extrait d'un manuscrit de lu bibliothèque du Vatican , traduit en français, Paris, 1775; i6° ffis- taire naturelle de Pline, traduc- tion du français avec le texte , et accompagnée de notes critiques du traducteur, 12 vol. in-S", Pa- ris, 1771-1782. On la doit au zèle de Poinsinet de Sivry, zèle que l'illustre Malesberbes avait stimu- lé eu engageant, dès 1760, plu- sieurs sa van s à s'occuper de repro- duire un si important ouvrage. Le lr;ulucteur ne dissimule pas qu'il doit beaucoup au travail de ses prédécesseurs : LaNauze, qui s'oc- cupa des 7 premiers livres; .lault, professeur de syriaque au collège de France, et Querlon , qu! tradui- sirent les livres suivaus. 17° Nou- velles recherches de la science des médailles , inscriptions et hiéroy gljphes antiquesy avec une table des divers alphabets, Macstrichi, iu-4'»

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1^76, 6 planclics. « Cet ouvrage, dit l'un des bi(. graphes de Poinsi- net de Sivry, est divisé en 8 cha- pitres. Dans les 4 premiers , l'au- teur cherche à prouver que les pièces antiques, surtout h'S romai- nes , ne sont pas des nioniinies, mais de vérilables médailles frap- pées pour perpétuer le souvenir de quelque événement ; que les monnaies romaines n'ont com- mencé à porter l'effigie des empe- reurs, que sous Alexandre-Sévè- re; et, d'après ce principe, il ré- fute les explications que le P. Har- douin i\ d'autres numismates ont données des diveises médailles. Dans le 5' haiulre , il traite des a- mulelies. pierres et anneaux com- plétés. Le6' contient une nouvelle explication de l'inscription grec- que trouvée sur le tombeau d'Ho- mère, et des caractères hiérogly- phiques (pi'on lit sur l'antique du cabine! du roi de Sardaigne, con- nue sous le nom ô'Isis de Turin; enfin, dans le dernier chapitre, il a rassemblé divers alphabets an- ciens, qu'il croit très-utiles pour aider à lire toutes sortes de carao tères. » iS°Th£âlred''Jristop/i(iiie, traihn'tion en (1 aurais, partie en vers et partie en prose, auquel l'auteur a ajouté b s Fragmens de Mrnaiidre et de PlàU'inon , Paris , 1784, 4 *'"'• ifi-i^" > chaque pièce est précédée d'une préface et ac- compagnée de notes philologiques et historiques. Celte édition . la plus complèlede cellesqui avaient j)aru à cette époque , et dont liro- Jier, neveu de l'éditeur de Tacite, a beaucoup profité sans la faire oublier, annonce une giande con- naissance de la langue , des usa- ges et des mœurs des Grecs ; mais

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on voit avec regret que partageant les préventions ou plutôt l'injus- tice d'Aristophane à l'égard de So- crate , il le représente « comme un homîTie dangereux, qui méri- tait la peine à laquelle il a été condaniné » 19° Cutoii d'il tique, tragédie , précédée d'une épître à la patrie et d'observations sur la n)ort de Calon , Paris, in - , 1789; 20° Manuel poétique de l'a- dolescence républicaine , Paris , an 3, 2 vol. in- 12; 21" Abrégé de l'histoire romaine , en vers fran- çais avec des noies, Paris , i8o5 , in-8" ; 22° Précis de l'histoire d'A n- gleterre, en vers techniques; enfin il adonné uneéditiion latine A'' Ho- race avec un commentaire en fran- çais, Paris, in -8°, Didot , 1778. Parmi les manuscrits dfiPoinsinet de Sivry, sont une traduction en vers des 4p''c'n)iers chants de 1'//- liade, et une traduction àaPlaute. Cette dernière devait former 10 volumes. 11 paraît qu'il a réclamé le Commentaire de Racine, qu'il avait livré à Luneau de Boisger- maiu pour l'édition que ce der- nier a donnée de Racine.

POIN SOT (Louis), membre de l'académie royale des sciences, ancien professeur à l'école Poly- technique, et chevalier de la lé- gion-d honneur , est auteur d'un ouvrage intitulé: Elémens de Sta- tique, 1804 et 1811, in ~ 8°. En 1816, le roi a numi;ié M. Poinsot examinaleiir d'admission à l'école Pidytechnique. Il est en même temps l'un des inspecteurs-géné- raux de l'université.

POINSOT ( Pierre- Georges ) , membre de la société d'émulation et de celle d'agriculture de Lau- saime , en 174^» •' pnblié le»

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♦ouvrages suivans : l'A mi des Jardiniers, ou Iiistructio» métho- dique à la portée des amalturs et des jaidiiiiers de profession, sur- tout en ce qui concerne les jardins fruitiers et polagers , parcs, jar- ilins anglais, parterres, orange- rieset >erreschaii<les, 1804 iSo5, 3 vol. in-8°; 2" l'A mi des malades de la campagne y i8o4<i'»-^°; t'e- conde édition considérablenieiit augmentée, iho6. in-S"; 3" l'Ami des cultivateurs ^ i8o5, 2 volumes in -8".

POINTE. Voy. Noël Pointe. POIRET(J. L. M.), savant na- turaliste, a publié en 1789, son voyage en Barbarie , pendant les années 1^85 et i^Htj, suivi de Re~ cherches sur l'histoire naturelle de la Numidie, 2 vol. in-H", ouvrage estimé et plein de détails intéres- sans. On lui doit encore un ouvra- ge sur les Coquilles /luoialiles et terrestres, observées dans le dépar- tement de l'Aisne, 1801 , i vol. in-8°. M. Poiret a fourni un grand nombre d'articles aux trois pre- miers volumes du Dictionnaire bo- tanique de VEncyclapédie niéllio- dique, commencé pariVl. Lamarck, et il s'est cluirgé de la rédac- tion des neuf derniers. I! est aussi un des rédacteurs d(! la Flore mé- dicale, et du Dictionnaire des scien- ces naturelles.

POIRIER (dom Gebmain), sa- ant et célèbre bénédictin de la ongrégation de Saiut-Maur, asso- cié de l'acadénue des inscriptions et belles-Ietties , membre de l'ins- titut, naquit à Paris le 28 janvier 1724. Après avoir terminé ses élu- es à l'université, et à peine âgé de 5 ans, il fut admis dans lemonas- re de Saint-Faron à Meaux,

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il fit profession l'année suivante, en 1740- r.hargéparses supérieurs d'enseigner la théologie, cl ensuite la philosophie, il s'acquitta avec tant de zèle et de succès de ses devoirs comme professeur, qu'ici mérita l'estime et la confiance de toute la congrégation. On le nom- ma secrétaire du visiteur de la pro- vince de France, place qui l'obli- ge;iit à de fréqùeus voyages, dont il profitait poisr visiter les archives e't les bibliothèques des uiouastè- rt-s. Sa passion pour b.-s recher- ches historiques en fut augmen- tée , et bien loin de désirer les supériorités du monastèrn auxquelles il avait droit de pré- tendre, il voulut se borner aux travaux littéraires, et obtint avec une grande joie la garde dc^ archi- ves cle Saint- Denis. Là, il com- pulsa et inventoria les pièces de ce riche et antique dépôt. Il les avait toutes lues, et se trouva bientôt en état de continuer la gr tnde en- treprise du recueil i!cs Historiens des Gaules et de France , presque abannoimé depuis la mort de dom liousquet. Il fit paraître, eu 1767, le 11' volume de cet ouvrage avec des notes, des supplémens, des observations et une préface, mor- ceau savant 240 pages, il rectifiait tout ce qui était défec- tueux dans la partie déjà impri- mée de ce volume. Il avait ygné la fameuse requête de 17C5, ten- dant à obtenir une plus grande liberté, et en effet il sortit de la congrégation, se fit ainiier à celle d'Alsace, et reçut des bulles d'alibé in partibus qui le rendaient indé- pendant. Néanmoins il sollicita ax. rentrée à l'abbaye Saint-Germain- des-Prés, dont il devint archiviste.

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Le roi le noinuia associé libre tîe l'académie des inscriptions et bel- les-lettres. La révolution ne l'éloi- gna pas de son poste de gardien des archives de l'abbaye Saint- Geruiain-des-Prés, et il fut témoin de l'incendie qni , le 20 août iJO^» dévora la ritbe et précieuse biblio- thèque de cet antique dépôt. « Il dut . dit un de ses biographes , res- ter au milieu de ces décombres, pour veiller A la conservation des manuscrits que l'incendie avait épargnés. Il y passa l'hiver , sans feu , exposé à l'intempérie de la saison, dans unbûliment en ruine, et obligé, pour se rendre dans une chambre sans toit, et dépour- vue de tout, de gra\ir un esca- lier à moitié détruit. Au sortir de là, tels étaient son dé[)ouillenienl et sa misère, qu'il se vit réduit à désirer une place dans une de ces maisons réservées à l'indigence. Ou eut honte néanmoins de ce îiaile- ment à l'égard d'un vieillard à qui les lettres étaient si redevables. On lui procura une place à la biblio- thèque de l'Arsenal, cl, en 1802, iors de Porganisalion nouvelle de l'Institut, il fut appelé à en faire partie (section de l'histoire). Ces âcux places rendaient à D. Poirier quelque aisance. II n'en vécut pas moins avec économie, et l'on s'est aisstiré après sa mort que tout ce qu'il av.iil recouvré était pour les pauvres : elle fut imprévue. Le 5 février i8o5, lorsqu'on entra dans sa chambre, il était sans vie. D(»m Poirier a publié : Le 1 1' volume delà Nouvelle collection //es Itisto- riensdes Gaules et de France, avec <lom Précieux et dom Husseau , I j6^; 2" ilaconcoui Ui'i l'édition de VArt de ccrifier les dates, 3voI. in f",

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1783-1792; il eut la part fil plusimportante au travail fait vers 1780, sous la direction de M. le garde-des-sceaux , pour préparer luie Collection générale des diplô- mes et chartes du royaume, à l'ins- tar de celle de Ilymer pour l'An- gleterre ; dom Poirier commu- niqua à l'académie un grand nom- bre de Mémoires relatifs à l' His- toire de France; il a donné un Examen historique et critique de i histoire de Charles VI , compo- sée par un moine, .sous le litre Anonyme de Saint-Denis ,ouyrà ge plein de recherchessur le règne (le ce prince ; enfin on doit à dom Poirier une Instruction sur la ma- nière d' inventorier et de conserver tous les objets qui peuvent servir aux arts , aux sciences et à renseigne- ment, ouvrage qu'il composa avec Vic(i-d'Azir , Paris, an n, in-Zj". M. Dacier, secrétaire perpétuel de l'académie des inscriptions et bel- les-lettres , a donné une Notice historique sur la vie et les ouvra- ges de dom Germain Poirier , lue dans la séance publique de l'insli- lul, b' vendredi 2 germinal an 12 ( 25 mars 1804 ) , Paris, 1804. VOIRSON , savant géographe, chevalier de la légioii-d'honneur, a fouini les dessins de plusieurs des meilleures cartes géographi- ques modernes. Le Nouvel Atlas élémentaire , à l' usage de la jeunes- se, a, entre autres, été gravé sur ses dessins et cvxix de M. Lapic, son collaborateur. iMais ce qui a surtout donné de la célébrité aux travaux de M. Poirson , pour l'il- lustration de la science qu'il a cul- tivée toute sa vie, c'est la confection de deux globes terrestres de la pin» grande dimension, et d'une exécu-

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tion parfaite. Le premier se volt au- jourd'hui dan.s la galerie de Diane, aux Tuileries; il est de 3 pieds 3 poucesdediamètre,elavaitété fait surla demande de Napoléon, pour l'instruction de son fils. La partie mécanique en a été exécutée par M. Pichon, ingénieur en instru- men» de mathématiques, et artiste célèbre. Le second globe exécu- té par M. Poirson , et auquel il a consacré dix années de travail, a été achevé en i8i4; il a été ac- quis depuis par le roi, pour être placé dans son cabinet. Ce globe a 5 pieds de diamètre, ou i5 pieds environ de circonférence , et sur- passe de beaucoup par rexaclitu- de mathématique et le mérite de l'exécution , tous les ouvrages de ce genre qui se voient en Europe. Un rapport de l'institut, conçu dans les termes les plus honora- bles pour l'auteur, a constaté la perfection de son travail. M. Poir- son-Delestre, fils du précédent, dif recteur actuel du théâtre du Gym- nase, est auteur de plusieurs ou- vrages dramatiques. Il a composé en société , avec M. Scribe, pour le théâtre du Vaudeville, une Nuit de la garde nationale; le Nouveau Pourceaupiac ; une Fisite à Bed- lain , etc.

POISSAC (le baron de) , con- seiller au parlement de Bordeaux à l'époque de la révolution, fut , en 1789, élu député aux états- généraux par la noblesse de la sé- néchaussée de Tulles-, sa ville na- tale. Ses opinions étaient peu fa- vorables aux principes que pro- fessait la majorité de celte as- semblée, et il donna sa démission dès le mois de juin de la même année II retourna à Tulles, sa

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présence excita des troubles qui l'exposèrent aux plus grands dan- gers, ainsi que M. de Massai, ca- pitaine au régiment royal de Na-- varre. La multitude furieuse les poursuivit jusque dans leurs mai- sons. Ce ne fut même qu'en les traduisant en prison que l'autorité put les sauver de la vengeance populaire. Rendu quelques jours après à la liberté . le baron de Poissac alla se réunir aux émigrés, et est resté inaperçu depuis cette époque.

POISSON (Denis-Siméon), sa- vant mathématicien, professeur à l'école Polytechnique, membre de l'institut et chevalier de la légion- d'honneur, est en 1781, à Pi- thiviers, département du Loiret. Il fut nommé professeur de mécani- que à l'école normale dès le mo- ment de sa formation en 1811. Il devint, en 1818, l'un des mem- bres du jury chargé par l'univer- sité impériale de procéder à l'exa- men des candidats, aux places de {)rofesseurs de dessin à l'école royale de l'artillerie de Metz, et de répétiteurs de mathématiques aux écoles d'artillerie de Douay et de Valence. W. Poisson a publié, en 181 1 , un Traité de mécanique en 2 volumes. On lui doit aussi plusieurs Mémoires très-intéres- sans qui se trouvent dans le re- cueil de l'institut et dans le jour- nal de l'école Polytechnique. II est membre du conseil royal de l'université

POISSON DECODDREVILLE (Jacqces), le 6 février 1746» exerçait la profession d'avocat à l'époque de la révolution, et de- vint successivement président du tribunal de Saint-Lô et aduiinis-

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trateur du déparlement de la lUati- che. En 1791,1! fut élu député du même dépaileinent à l'assenil)lée Jéj^islative, puis, député ù la con- vention nationale dans le mois de septembre de l'année suivante. M. Poisson de Coudievilie vola la déteation de Louis XVI pendant la guerre et le bannissement de ce prince à la paix. Du reste, on le remarque peu dans celte session, après laquelle il passa au conseil des anciens, dont il lit partie jus- qu'au ao mai 1797, en sortit alors, et fut réélu aussitôt. Le ai avril 1798, nommé président du con- seil, et, dans le mois de décembre de l'année suivante, membre du corps-législatif sous le gouverne- ment con>ulaire, il fut appelé, en i8o4'. aux fonctions de procureur- général près de la cour criminelle du département de la Manche. Ses t.oncitoyer)s ie nonmièrenl, peuv dant les cent jours an i8i5, mem- bre de la chambre des représenlans. lU. Poisson pariât avoir reçu sa re- traite après la seconde restauration. POISSON îSIEIV(Pie--.re-L>;aac), médecin et chimiste, merrdjre de l'académie <\\iis sciences, naquit à Dijon, département de la Côte- d'Or, le 5 juillet 1720. Il commença ses études sous la direction de son père, pharmacien distingué, et vint les terminera Paris. Il reçut, en 174^), le grade de docteur en médecine, et, en 1749» il fut au- torisé parle gouvernement à rem- placer Dubois dans la chaire de professeur de chimie au collège de France. On j)eut donc ie con- sidérer comme l'un des premiers qui ouvrirent un cours public de cette science dans la capitale. En 1754^ Helvétius, père de l'écri-

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vain célèbre de ce nom, choisit Poissonnier pour le suppléer dans l'exercice de ses fonctions d'ins- pecteur des hôpitaux militaires , auxquelles son grand âge et ses infirmités ne lui permettaient plus de se livrer (Helvétius mourut peu de temps après). Poissonnier ob- tint la place de premier médecin des armées , et celle de médecin consultant du roi. A la fin de 1758, le gouvernement français le char- gea de se rendre en Russie, en ^ apparence pour y contribuer au rétablissement de la santé de l'im- pératrice Elisabeth , mais bien réel- lement pour s'occuper avec cette princesse de négociations secrè- tes. La czarine accueillit Poisson- nier de la manière la plus favora- ble, et ce qui paraîtra sans doute èlrange , c'est qu'elle donna au médecin français le titre de lieu- tenant-général de ses armées, titre qui seul , d'après l'étiquette .russe, pouvait le faire admettre à la labié de cette souveraine , dont il éprouva la faveur pendant un séjour de deux ans à Saint-Péters- bourg. Il avail rempli avec suc- cès la mission dont l'avait chargé la cour de Versailles, lorsque fati- gué de son rôle politique , il solli- cita et obtint son retour en Fran- ce , malgré tous les moyen'» em- ployés par l'impératrice pour le retenir. Comblé de dons et de té- moignages d'estime , Poissonnier revint à Parisen 17^)1. 1! fut pour- vu d'ime place de conseiller d'é- tat. Le duc de Choiseiil qui avait mis constamment ses dépêches sous les yeux de Louis XV, et qui savait cond)ien ce monarque était satisfait de la conduite de Poisson- nier, l'engagea à se consacrer en-

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tièrement à la diplomatie , mais il ne put l'y dtiteiminer. Alors il le fit nommer iiispecleur-général de médecine , chirurgie et [iharma- cie des colonies. Il en exerça les lonctions plusieurs années; ses services et ses expériences pour dessaler l'eau de la mer, lui valu- rent une pension de i 2,ouo livres. Poissonnier jouissait en paix au sein de sa famille d'une fortmie honorablement acquise, quand la révolution éclata. Apprenant, en 1791, qu'où Tavait inscrit sur la liste des membres du club mo- narchique, il réclama contre cette inscription, dans une lettre qu'il rendit publique, et déclara qu'il ne voulait porter la livrée d'aucun parti. Plus tard, il fut arrêté avec sa fennne et son lils , et renfernié dans la maison de détention de Saint-Lazare, dont il ne sortitqu'a- près la chute de Robespierre. Pois- ■ionnier perdit sa femme quelques années après, et mourut de la dou- leur que lui causa cette perte , le i5 septembre 1798. Il était njem- bre de pre>que toutes les sociétés savantes de l'Europe, et, depuis 1765, associé libre de l'académie des sciences. Son Eloge fut pro- noncé par M. Sue, à la séance de la société de médecine, et l'on trou- ve dans le Magasin encyctopd clique, J^" année, 1798, tome IV, une police sur sa vie. par -Laliuide. Les ouvrage publiés par Poisson- nier ne soni pas nombjeux, mais ils sont estimés. On distingue : hssai sur ks moj eus de dessa- ler l'eau de la mer ; a" Traité des maladies des gens de mer ; 5" Abré- gé d'anatoinie, à l'usage des élèves rf« chirurgie dans les écoles royales uuirine.

roi 395

POITEVIN DE MAISSEMY

(Charles), membre de la légion- d'honneur, a Tirlancourt en 1702, était maître des requêtes à l'époque de la révolution. Il en adopta les principes, mais il évita d'abord de prendre part aux affai- res publiques , et ce ne fut qu'a- près la révolution du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794), qu'il fut nommé administrateur du dépar- tement de la Somme. Au mois d'avril 1800, il obtint la préfec- ture du département du Pas-de- Calais, la sagesse de son admi- nistration, en adoucissant une par- tie des maux que le régime de la terreur y avait causés, lui concilia l'estime générale. Victitne de quel- ques intrigues obscures, il fut ap- pelé, en iHo5, de la préfcctare du Pas-de-Calais à celle du Mont- blanc. Il s'y fit bientôt connaître par son esprit conciliateur, son impartialité, sa justice, et emporta les regrets i\cs habita n s de ce pays lorsqu'en 1810 il le quitta pour aller administrer de nouveau le département de la Somme. Eu 181 3, M. Poitevin, à qui son âge avancé et les fatigues d'une longue administration rendaient le repos nécessair»; , quitta ses fonctions et se retira au sein de sa famille.

POITEVIN DE MAUREILLAN (lE VICOMTE Casimir), lieutenant- général, fil, avec distinction, les premières campagnes de la révo- lution , et se lit remarquer plus particnlièn'inent à la prise de l'île de Cassandria, le 28 juillet «794» Son nom fut ahn's mentionné Uo-r norablcment au procès-verbal de la convention nationale. l\l. Poitt-r vin de Mauieillan était déjà coio-

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nel du génie lorsque .»a belle con- duite à la bataille d'Austerlitz lui valut celui de général de brigade. Il fut, peu de temps après, nom- mé inspecteur- général des iorti- fications. Erv 1812 , il fit par- tie de l'expédition de Russie , et se distingua de nouveau à la bataille de la Moskowa. Après la désastreuse retraite de îlloskou, on lui confia le commandement de Tliorn. Il fit tout ce qu'il lui fut possible pour mettre cette place en état de défense , et s'y maintint jusqu'au 6 avril i8i5 ; mais alors il fut obligé de la ren- dre à l'ennemi , n'ayant' avec lui que des troupes étrangères peu affectionnées à la France et livrées à l'indiscipline. Ce fâcheux résul- tat mécontenta beaucoup l'empe- reur, qui prétendit que le général roitcvin n'avait pas fait assez de résistance, et ordonna que sa con- duite fût examinée. Depuis cette époque, il resta sans commande- ment jusqu'au retour du roi, qui le promnt au grade de lieutenant- général le 26 avril 181 4. Il fut , dans le courant de la mêuje an- née, nommé chevalier de Saint- Louis et commandeur de la légion- d'honneur, puis, chargé de tracer sur divers points du royatune la nouvelle ligne de démarcation des frontières. M. Poitevin de Mau- reillan a fait la campagne de 1S25, r.n Espagne , comme lieutenant- général . inspecteur du génie.

POITEVIN PEITAYI (Philip- pe-Vincent), naquit à Alignon-du- Vent, départeiuenl de lllérault, en 17/12 ; il se fit recevoir avocat au parlement de Toulouse, mais ne se distingua pas par l'éloquence de ses discours. Ladilfusion de ses mémoirei et son peu de connais-

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sance en droit civil et en droit ca- non, l'obligea de chercher ailleurs la forluueet la considération. IlleS' trouva en partie dans la littérature et dans les protecteurs qu'il sut ha- bilement se donner. Attaché à plu- sieurs maisons parlementaires de Toulouse , il passa sa vie à les louer, et son dévouement ne se démentit jamais. Quelques cou- plets bien tournés, la géographie mise en vaudeville comme Masca- rille voulait faire de Thistoire ro- maine, lui acquirent une réputa- tion que rien n'a soutenue; car, a- vant sa mort, il avait livré au feu le manuscrit de ces légers ouvra- ges. Emprisonné en 1794» rendu plus tard à la liberté, il entreprit la défense de plusieurs royalistes arrêtés les armes à la main durant l'insurrection du Midi en i7f>9. Vivement secondé par M. Cam- bacérès, qui déploya, en cette circonstance , un noble caractère en luttant pour des infortunés contre le pouvoir, Poitevin atta- cha son nom à une belle action. Ce fut la plus parfaite de ses œu- vres. Elu secrétaire- perpétuel de l'académie des jeux floraux, il vou- lut écrire l'histoire do sa compa- gnie ; l'entreprise était au-dessus de ses forces ; il ne donna qu'un narré sec et fastidieux, tandis qu'il était possible de porter un vif intérêt dans une production à laquelle pouvait se rattacher toute l'histoire littéraire de l'Occitanic. Poitevin mourut en 1818. On a de lui : I" Mémoires pour servir à. l' Histoire des jeux floraux, 2 vol. in-S", i8i5, Toulouse; 2" Notice historique sur Benoit d'AUgnon, crcque de Marseille; 3' des Cou- plets, âes Eloges, etc.; l\° quel- ques Faclums, etc.

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POLI (François- Xavieu) , cé- lèbre naturalisle italien, lieiitc- iiaiit-coloncl, chevalier de l'ordre de Saint-Ceorges , membre de la société royale de Naples, de celle de Londres, etc. , naquit, en ir/\G, à MoU'etta, une des grandes villes de la Pouille. Attiré par la célé- brité dont jouissait alors l'univer- sité de Padoue, il obtint de ses parens la permission de s'y ren- dre pour y achever ses éludes. Facciolati , Poleni , Worgagni, Toaldo, Valsecchi, Valisnieri lils, Cesarotli et d'autres , présen- taient dans cette ville le spectacle peu commun d'une réunion de grands hommes, se livrant à l'ins- truction de la jeunesse. M. Poli voulut profiterdes travaux de tous, et comme si rien ne devait lui être inutile, tout lui parut uécessaire. De retour à Naples, il tut chargé de donner im cours de physique à l'université de cette ville, et un autre de géographie et d'histoire à l'académie militaire , qui por- tait alors, sous les ordres immé- diats du roi, le nom de Bataillon royal Ferdinand. Use trouva par- engagé dans la carrière militai- re, avec le grade de sous-licute- naul. Envoyé peu après à Lon- dres pour y faire l'acquisition de plusieurs iostrumens indispensa- bles pour ses expériences, il eut l'avantage d'y connaître lessavans les plus distingués, entre autres Banks , Forst^ r, Solander, et la jtliiparl de ceux qui acconjpagnè- reut Cook dans son voyage autour du mond»;. Il inspira à tous une si favorable opinion de ses talens , qu'on le crut digne d'appartenir à la société royale de Londres, dont il fut déclaré utembre ordinaire

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(home mcmber), distinction aussi rare qu'honorable pour un étran- ger. En quittant l'Angleterre , M. Poli se dirigea vers la Hollande et l'Allemagne , qu'il voulut encore revoir, lorsque associé au duc do Gravina pour une mission extra- ordinaire auprès de la cour de France, il l'ut obligé de franchir une seconde fois les Alpes, (l'est en revenant de ce dernier voyage qu'il fut nommé instituteur du prince héréditaire de ÎNaples, et attaché à l'éducation des princes- ses ses sœurs. Dès ce moment , M. Poli ne s'est plus séparé de son royal élève , qu'il a suivi en Sicile, dans les deux voyages que la cour de iSaples y a faits, pour se mettre à l'abri des inva- sions françaises. J>1. Poli a été quelque temps à la tête de l'aca- démie militaire, de l'école des pa- ges, et du cabinet minéralogiquc de Maples. Ami des sciences et des arts, il a profité du peu d'in- fluence qui lui a été accordée jus- qu'à présent, pour coopérer à leur avancement dans un pay^.oi'i tout est en rétrogradation. C'est à ses soins éclairés qu'on doit la fon- dation d'une chaire de minéralo- gie, le premier essai d'un jardin botanique, l'introduction de lama- cbine pour vider les canons, d'une Irouîbe hydraulique à vapeur , j)ou rélever les eaux du Vol turne, et de deux grands cylindres en acier pour laujiner les planches de cui- vre à l'usuge de la marine. Il s'é- tait occupé, dans ses voyages, de rassembler une grande quantité d'objets d'histoire naturelle , par- mi lesquels la série des lestacées était le plus remarquable. Celle CDlleglion, achetéa j»ar le gotiver-

neinent de Naples, a reçu le nom de musée Poliano , qui doit en nippeler l'origine. M. Poli pos- sède maintenant un riche cabinet de ir>onnai(;s grecques et romai- nes, dont il se propose de publier le catalogue raisonné. Sons le ré- gimecoiislitutiunnelàiNapleSjil fut porté par les sulfr.iges de ses conci- toyens, au conseil-d'état, dont il fut le premier président d'iîge. Ses^uvrages sont : i" Testacea utriasque Siciliœ forumque liisto- ria et analonie , l'arnie , 1792, 2 vol. in-tol. , snpeibe édition de Bodoni, ornée de Sj) planches, dont il y a des exemplaires enlu- minés. Ce travail, pour lequel de- puis long-temps les amateurs de la nature adressaient inutilement leurs vœux aux savans italiens , fut entrepris par l'auteur . après avoir lu les reproches que Born et Pallas faisaient aux nalm'alistes des côlcs de la Méditerranée et de l'Adriatique, de n'accorder au- cune ititenlion aux mollusques renfermrs dans les coquillages de leurs m*rs, et dt; se borner dans ieurs écrits sur la cont hioli.gie, à l'A sinjple description des coquil- les qui constituent, sans aucun doute , la partie la moins noble de celte espèce d'animaux. Excité par c^ plaintes, M. Poli conçut Je plan de son ouvrage, dont les deux premiers volumes lui ont coûté douze années de recher- ches. Le trnisièuje est très-avan- cé; et sans les événemeos po- litiques arrivés dans la pairie de l'auteur, et qui l'ont obligé deux fois de s'en éloigner, le pu- l)lic serait en possession de cette dernière partie , dont plusieurs planchés sbnt <léjà gravées. Elle

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comprendra la classe des univial- ves, qui est la plus belle et la plus jiarfaite de toutes. Etementi di fisica sperimentale, 5 vol. in -8", fig. On vient d'en donner une sixième édition , enrichie de plu- sieurs importantes additions. Memoria sul tremuoto , in-8°; 4* Rniiionamento intorno allô studio délia natura, Naples, 1781, in-4°; Lezloni di geografîa e di t^toria mditare , 2 vol. 10-8°; 6" Forma- zione Uel tuono, délia foUore e di altre metcore. in -8°; 7" Rifessioni intorno agli effetli di alcuni fulmi' ni, in- 8"; Brève saggio s alla ca' lamita e sulla sua virtù medicinaley ibid., i8i5, in -8°; 9* Saggio di poésie ilaliane e siciliane , Paler- me , 4 vol. in-8'. Dej)uis que ce recueil a paru , l'auteur a compo- sé plusieurs autres poésies ita- liennes, siciliennes et napolitaines, qui peuvent l'ournir l;i matière de deux autres volumes. 10° Viag- gio céleste , 2 vol. iii-S". Dans ce j)oën)e en oltava rima, l'auteur a exposé le système céleste, en se servant du langage allégorique de la mythologie. Il s'occupe d'un autre poiime qui, sous le litre de Viaggio sotterraneo, donnera une iilée de ce qui est enseveli dans les entrailles de la terre , et des phénomèn(;s qui en résultent. Plu- sieurs de ses dissertations ont élé insérées dans les Opuscoti scelti de Milan.

P()LIER( LE COLONEL AnTOIÎîE-

Louis-Henri de ) , meiid)re de la société asiatique de Calt;uUa, na- quit à Lausanne, en 174' , d'ime famille française d'origine noble , qui s'était fixée en Suisse. Il é- prouva très-jeune le désn- de pas- .ser dans l'Inde , et dès 1756 , il se

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rendit en Angleterre pour y atten- dre une occasion favorable : elle s'oflVit deux ans après, et il partit pour Cal. ul la, commandait un de ses! oncles ; mais à son arrivée, le comnicindant venait d'être tué en défendant la place. Admis com- me cadet au service de la compa- g:)ie anj(Iai-;e, il combattit d'abord les Français sur la côte d'Orixa, et fut envoyé ensuite contre les radjahs. Pendant cette dernière campagne, ses connaissances en mathématiques Im' avaient mérité l'ernjiloi d'ingénieur, et à son re- tour à Calcutta . il devint succes- sivem(înl inspecteur de la place et ingénieur en chef. Son origne é- trangére lui fit éprouver, en 1 762 , une première injustice, à laquelle toutefois il se montra peu sensi- ble. Ln officier anglais, récem- ment venu d'Europe , le remplaça dans l'emploi supérieur qu'il 0( - cnpait. Polier envoyé contre Son- ja oui- Doula, puis contre les Mar- halles, se distingua , fut nommé major dans l'armée du général Clives, commanda avec succès un corps de Cipayes , et regagna par ses services la place dont il avait été privé par l'arrivée de l'officier anglais. Bientôt il réunit à l'em- ploi d ingénieur en chef de Cal- cutta, celle de commandant des troupes de la garnison. Il al tendait «ti; Londres le brevetde lieutenant- colonel , aucpiel ses services lui donnaient droit. Non - seulement celle même origineétrangère le lui fit refuser, njais encore les direc- teursde la compagnie angl.iise en- ■vf)yèrent l'ordre de relarder son nvaiiceuïent. Le conseil du Ben- gale et le gouverneur - général iiaslings ( voy. ce nom), qui le

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protégeaient et l'avaient fortement recommandé, ne purent éluder la volonté des directeurs ; mais ils laissèrent iy Policr la liberté de pa'^ser au service de Sonja - oul- Donla , nouvel allié de l'Angleter- re. Il se rendit à Feizabad, et de- vint architecte et ingénieur en chef du prince indien . (pii sut bientôt apprécier le mérite de Polier, et l'emuïena avec lui dans ses expé- ditions guerrières conlre plusieurs princes ses voisins. La faveur dont Polier jouissait près de Souja-oul- Doula, s'augnienta encore par la prise, en moins de 20 jours, delà place fortifiée d'Agra , qu'un des alliés de Sonja assiégeait inutile- ment dejiuis plusieurs mois , et auquel le prince indien avait four- ni avec regret plusieurs corps de troupes, (^e prince mourut et eut pour successeur son fi!s Azef-oul- . Doula. Celui-ci traitait l'oflicier étranger avec une exirt'me bien- veill.ince et le consultait souvent. Le nouveau conseil du Bengale en conçut de la jalousie, et rappela Polier à Calcutta , sous le prétexte qu'il n'avait pas cesséd'èlre au ser- vice de la compagnie anglaise. Il obéit; mais, dès son arrivée, il donna sa démission de ce service, et retourna .en 1770, près d'Azef, qui lui rendit, et, peu de temp» après, lui retira ses emplois par suite de rinfluencedes agens de la compagnie anglaise. Polier avait adopté les coulinnes et les usages des ludous, et méritait parla l'ailec- tion de ces peuples. Sans emploisv il n'en vivait pas moin? au miliert d'eux lorsque Azef- oui- Doula se vil contraint de lui enjoiruire de s'éloigner de ses étal'*. Polier se rendit à Dehiy , oOr l'empereur

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Chah-Aalum , qu'il connaissait de- puis 1761, l'accueillit bien, et lui confia le coinmandeinent d'un corps de 7000 hommes; et, en l'élevant au rang d'omrah, lui donna en propriété le territoire de Kaïr. Polier soutint avec avantage le rang et la faveur dont Chah- Aalum l'avait honoré; il entreprit plusieurs expéditions contre des sujets rebelles de l'empereur, et mérita de nouvelles récompenses. Sa mauvaise fortune reprit le. des- sus. Les vassaux des dernières terres qu'il tenait de la munifi- cence de Chah-Aalum méconnu- rent son autorité, et la guerre qu'il entreprit contre eux, pour son propre compte, et qu'il lit diriger successivement par plusieurs offi- ciers qui turent tués ou mis en fuite, lui o'cusiona des dépenses trop considérables pour qu'il pût les soutenir long-temps. Il se dé- termina à renoncer à ses posses- sion.-,ctà continuerson serviceau- près de Chah-Aalum. Une intrigue de cour, qui faillit lui être funes- te, le détermina à quitter Dehly. J.e changement du conseil -géné- ral de la compagnie ariglaise , et l'arrivée dans l'Inde du général Coote , son ami , lui permirent de rentrer au service de la compa- gnie. Il suivit le général à Béna- rès , et parcourut avec lui les pro- vinces voisines. Coote, par son crédit, obtint d'Azef-oul-Doula la réintégration de Polier dans les emplois qu'il occupait précédem- ment près de ce prince; mais de nouvelles intrigues pratiquéescon- tre lui , les lui ravirent pour la se- conde lois. Hastings lui conser- vitit toute sa bienveillance; il le fit noiwmer lieutenant -colonel et

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en même temps dispenser de res- ter au service. « Polier, dit l'au- teur d'une Notice sur cet olficier, se relira à Luckuau afin d'_y mettre ordre à ses afi'aires ; il employa ses loisirs à rédiger des mémoires historiques qu'il avait composés pour Coote , surtout ceux qui con-. cernaientl'histoircdes Séikhs. Ses recherches, à cet égard, le con- duisirent à étudier à fcmd la reli- gion et l'histoire des Indous. Déjà il possédait bien l'ourdouzébaïnou langue vulgaire de l'Indoustan. Kam - Tchouud , savant Pandil- Séikh , qui avait été l'instituteur du célèbre W. .Jones, devint celui de Polier, qui le prit chez lui et qui écrivit , sous sa dictée, le pré- cis des principaux livres sacrés samscrits; de sorte qu'il en résulta nu système complet de mythologie des Indous, tel qu'il a existé dans toutes ses variations, et qui, en- visagé sous un meilleur point de vue, était très -différent de l'idée que l'on s'en formait en Europe. Le travail terminé fut soumis à des brahmines et ;'i des pandits qui en constatèrent l'exactitude. F'olier quitta l'Inde, en 1788, et rentra dans sa pairie après une absence de plus de 5o années. Il était de- puis quelque temps marié et fixé à Lausanne, lors des troubles qui survinrent en Sui-se par suite de la révolution française. Il es})éra trouver dans le pays de ses ancê- tres la Iraiiquillité après laquelle il aspirait; en 1793, il s'établit dans les environs d'Avignon , il venait d'acquéiir une propriété considérable. Habitué au luxe a- siatique , il excita , par le faste de sa manière de vivre, la cupidité d'une troupe de brigands, dont

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'Celte contrée était alors tributaire. Averti du danger qu'il courait par l'assassinat d'un de ses voisins et la dévastali^)n de sa niaison, il le fut encore par .ses amis , <jui le pressaient de se retirer datis la vil- le. Il s'y rendait enfin pendant qu'une portion des bandits s'in- troduisait chez lui, et que l'autre se mettait à sa poursuite. Enlevé par elle et ramené dans sa maison , ily tut assassiné, le 9 fcvrier 1 795, à ccfips de sabre et de crosses de fusil , après avoir été dépouillé de son argent, de ses bijoux et de tout ce qu'il avait de précieux. Sans les secours qui, presque au même moment, arrivèrent d'Avi- gnon, la famille de cet infortuné eût éprouvé le même sort; les bri- gands parvinrent » s'échapper en laissant une partie des elVets qu'ils em(>ortaieut. Treize d'entre eux , arrêtés quelque temps après, su- birent la peine due à leurs crimes. La uu)rt funeste de Polier ne lui permit pas de livier à l'iujpression son ouvrage sur l'Inde. Ses ma- nuscrits, au nombre de 4^7 <!'*<)- lies, persans, induustans et sams- crits, ont été cédés par son fils à la bibliothèque du Koi. Lors de son arrivée eu France, l'olier a- vait remis à M. Langlès , par suite ^l'échange, son manuscrit des Ins- titdte.s (le l'empereur A khar, connu sous le nom d'Àjee/i Akbery, ou- vrage capital et Irès- précieux. II avait aussi , loug-leujps aupara- vant, envoyé la copie des Vedas, eij 1 1 vol. in-f". , à sir Jos. Banks, pour êire réunis à la collection du Muséum britannique. i\l""= la cha- noinessede Polir!r,sa parente^ ?;(y. l'article suivant) , publia , d'après les manuscrits aiiglais qu'il lui a-

T. XVI.

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vait confiés, une Mythologie des Itidous, Paris, 2 vol. in-8% 1809. « iMalheureusement, dit l'auteur de la notice que nous avons citée , M""' de Polier crut devoir modifier le fond de ce livre, et présenta un grand nombre de faits d'après ses idées particulière». Ce traité a perdu par-là l'importance qu'il de- vait avoir pour le sujet qu'il em- brasse, et ne peut pas faire auto- rité. »

POLIER ( iMakie- Elisabeth de), chanoinesse du Saint-Sépul- cre, née le 12 mai i74'^? s'est fait connaître par la traduction de dif- férens ouvrages, dont voici les principaux : 1 "Antoine, anecdote allemande, 1783, ih-ia; A- ventures d'Edouard Bomston , pour servir de suite à la iNouvel- le-Hél()xse, 178G, in-8°; le Club des Jacobins, ou l'Amour de la patrie, comédie en un acte, traduite de l'allemand d'Auguste de Rotzbiie, et mise eu deux ac- tes, 1792, in-8°; ê^" la Sylpliydêy ou l' Ange gardien, nouvelle, tra- duite de l'anglais, de la duchesse de Devonshire, '795, in-12; 5' Eugénie, ou la Résignation, anec- dote . traduite de l'allemand, de Sophie de la Roche, 1795, in-12; G" le Pauvre aveugle, traduit de l'allemand, s 801, 2 vol. in-12. Indépendamment des ouvrages que xwn-r: venons de citer, i\l°" de Polier a jiublié en 180g, mais mutilée, la Mythologie des In~ dous, 2 vol. iu-8°, du colonel Po- lier, son parent {voyez l'article ci- <lessus).

POLIGNAC (GABRIELLE-YotAS- DE-CLAnDE-MAKTINK, uéc PoLAs-

TivoN, DUCHESSE de) , gouvCmauLc des EnJimi* de Franc*;, obtint l.i

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confiance de la reine Marie-Anloi- nette, alors dauphine. La duches- se de Polignac profita de cette haute faveur dans l'intérêt de la famille de son mari, qui fut com- hlée des grâces de la cour. Il est rare que dans une pareille posi- tion on n'excite point l'envie; la favorite l'ut bientôt en butte à ses traits, auxquels vinrent se joindre ceux de la calomnie. Il serait pourtant injuste de ne pas répé- ter, d'après ceux qui ont le mieux connu M""" de Polignac, qu'elle n'avait que peu d'ambition, et que sans les vives sollicitations de sa belle-sœur Diane de Polignac, el- le n'eût probablement pas fait beaucoup d'usage de son crédit. A l'envie qui animait les courti- sans contre elle, la révolution, en soulevant toutes les passions, ajouta la haine du peuple, d'au- tant plus dangereuse qu'elle est souvent aveugle. Obligée de quit- ter la France, la duchesse de Po- lignac la traveisa, non sans cou- rir de grands dangers pour arri- ver à la frontière. S'ctant rendue à Vienne avec son mari, ce der- nier y devint, auprès de la cour, l'agent des princes , frères de Louis XYI, et remplit ensuite les mêmes fonctions à la cour de Russie. C'est dans ce pays que mourut M'"" de Polignac . vers la fin de i^qS- Elle n'était dgée que <ie 44 ^'^'' '■> "iais les malheurs de la reine l'avaient tellement afl'ec- tée, que celte cause a pu accélé- rer sa fin. On cite, comme bien honorable pour cette dame, ce que disait Marie-Antoinette, lors- qu'elle était seule avec elle Je «ne suis plus la reine, je suis moi.» POLIGNAC (N. DUC dk), pair

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de France, est issu des anciens confi- tes de Polignac, souverains du Velay, à l'époque ce pays, qui forme aujourd'hui la plus grande partie du département de la Hau- te-Loire, n'était point encore une province française; il émigra a- vec M""" la duchesse de Polignac {voy. l'article précédent), dès le commencement de la révolution, et devint agent des princes, frères de Louis XVI, près des cours de Vienne et de Pétersbourg. Après la niort de sa femme, il quitta la Russie pour se rendre près des princes, qui le chargèrent d'une mission pour l'Angleterre. Il pas- sa ensuite dans IX'kraine, il possédait, par la munificence de Catherine II, une propriété assez considérable. De retour en Fran- ce, après la première restauration, en j8i4, il fut nommé par le roi membre de la chambre des pairs. Le duc de Polignac mourut le 21 septembre 1817.

POLIGNAC (le Dtc Armand- Jxjles-IMarie-IIéraclius de), pair de France, chevalier de Saint- Louis et de la légion -d'honneur, premier écuyer et aide-de-camp de Monsieur j frère du roi, fils aîné du précédent, en 1771, était oflicier de hussards, et portait le titre de comte à l'époque de la ré- volution. Dès les premières agita- tions, se trouvant parmi les grou- pes du Palais-Royal, ses opinions lui firent courir quelques dangers, qu'il n'évita que par sa présence d'esprit et le secours du jeune Sombreuil, son ami. Il ((uitta la France, et alla rejoindre son père, après avoir épousé, en Italie, la tille du baron de Nivenheim, Hol- landais. Réuni à sa famille sur les

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bords du Rhin , il fit, à la lête du régiment qui portait son nom, les campagnes des princes. Après le licenciement de l'armée du prince de Condé, il se rendit eu Angleterre, auprès de Monsieur , comte d'Artois, auquel il était par- ticulièrement attaché. En i8o4, il accompagna George -Cadou- dal et les autres conjurés qui se reixlirent à Paris, dans l'es- poir, dit-on, de s'emparer, à main armée, delà personne du premier consul Bonaparte, et même de le tuer. Ce projet ayant été déjoué par la surveillance active de la police, Georges Cadoudal et ses compagnons furent successive- ment arrêtés, et traduits devant ie tribunal criminel, qui, le lo juin de la même année, en con- damna plusieurs à mort. De ce nombre fut le comte Armand de Polignac ; mais son épouse eut le courage, quoiqu'elle fût alors très-malade , d'aller se jeter aux pieds de Bonaparte, qui depuis peu avait revêtu la pourpre im- périale. Les larmes de cette da- me et ses sollicitations, vivement appuyées par l'impératrice José- phine, obtinrent de l'empereurque le sentence de mort serait com- muée en une prison, que devait suivre !;« déportation à la paix générale. Il fut eu conséquence conduit au château de Haui , et détenu pendant quatre ans dans cette forteresse, d'où on le trans- féra au Temple, puis à Vincennes, il demeura encore quatre ans. Après ce temps il obtint la per- mission d'habiter une maison de santé au faubourg Saint-Jacques, déjà se trouvait son frère le comte Jules, condamné dans la

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même affaire. lisse lièrentl'un et l'autre avec le généra! Malet {voj. ce nom), et participèrent à la cons- piration de ce général. iVlalgré l'infructueux résultat de cette en- treprise dont Malet fut la victime, le comte Armand de Polignac et son frère ne cessèrent d'entretenir des correspondances avec divers chefs du parti royaliste, jusqu'à ce qu'enfin ils parvinrent à s'échap- per au commencement de janvier 1814. Ils se rendirent à Vesoul, auprès de Monsieur^ qui les inves- tit, ainsi que M. de Somalie, des pouvoirs nécessaires pour agir an nom du roi. Le comte Armand de Polignac précéda à Paris les souverains étrangers, et fut, con- jointement avec son frère, l'un des premiers qui, dans la matinée du 3i avril 1814, arborèrent le drapeau blanc. En 181 5, le comte Armand fut élu memtjre de la chambre des députés par le département delà Haule-Loire , et vola constamment avec la ma- jorité de cette chambre; en 1816, il fit partie du conseil de guerre qui jugea le général Lallemand. En 1817, il prit le titre de duc, et devint pair de France, par la mort de sou père; le duc de Po- lignac remplit toujours les fonc- tions d'aide-de-camp et de pre- mier écuyer de Monsieur. Il a été nommé ambassadeur de France près du gouvernement de la Gran- de-Bretagne, en i8a3.

POLIGNAC (le comte Jules- Auguste-Armand-Marie de), pair de France, maréchal - de - camp , inspecteur-général des gardes na- tionales de France, chevalier de Saint-Louis et de la légion-d'hon- iieur, frè-re cadet du précédent,

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esl en i;^8o. Il eut pour mar- raine la reine Marie-Antoinette. Toutes les illusions de la grandeur entourèrent ^on berceau, niais bientôt 4a révolution vint les dis- siper. Il suivit, encore enfant , sa famille en Russie, d'où il passa en Angleterre, et devint l'un des aides-de-canip lie Monsieur, comte d'Artois. En j8o4, il accompagna, ainsi que son frère, George Cadou- did voy. l'article précédent et Ca- DOi'DAL.) Arrêté et mis en jugement avec les autres conjurés, il fut condamné à une détention de deux années, qui fut prolongée, par l'effet des craintes qu'inspirèrent les intelligences qu'il ne cessa d'a- voir avec les agens royalistes. Le jugement du comte Jules of- fre incontestablement leplus beau trait de sa vie. Son frère aîné ve- nait d'être condamné A mort; il demanda à mourir a sa ])lace : « Je «suis seul, s'écria-t-il, sans fortu-. M ne, sans état, je n'ai rien à per- »dre : mon frère est marié. Me «livrez pas au désespoir une feui- »ine vertueuse; et si vous ne sau- «vez pas mon frère, laissez-moi adu moins partager son sort. «On sent bien que celte deniande ne pouvait être accueillie des juges; on a vu dans l'article précédent, comment le duc Armand fut sau- vé par les vives instances de sa femme, et de l'impératrice José- phine. Après avoir été transféré dans diirérenles prisons, il par- vint à s'échapper, et fut , par sui- te du retour du roi , en 1814 , ré- tabli dans tons ses honneurs et di- gnités, auxquels on ajouta les ti^ très de maréchal -de -camp, de chevalier de Saint- Louis et de lu légion-d honneur. Au mois de

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mai de la même année, il fut en- voyé, en qualité de commissaire extraordinaire du roi, dans la lo* division militaire à Toulouse. 11 fut ensuite nommé ministre plé- nipotentiaire à la cour de Munich ; mais au lieu de se rendre à cette destination, il alla à Rome, rem- plir une nouvelle mission dont le roi l'avait chargé. Au mois de mars 18 15, il suivit la cour à Gand, d'où il fut immédiatement envoyé sur les frontières de la Savoie, afin d'y rallier les royalis- tes errant sans direction. Il rem- plit cette mission avec beaucoup de zèle; ujais s'étant trop avancé dans les lignes de l'armée des Alpes, il fut fait prisonnier avec le comte de Mac-Carthy, investi des mêmes pouvoirs. Il trouva bientôt les moyens de s'échapper, en traversant les avant -postes français, et contribua, au moyen des intelligences qu'il avait dans Grenoble, à la reddition de celte place. M. de Polignacobtint alors une gravide influence dans les dé- partemens méridionaux, et devint pair de France le 17 août 181 5. II fut du nombre des pairs qui, lors de leur admission, refusèrent d'abord de prêter serment, et qui molivèrenl ainsi leur refus : 1" Le serment leur paraissait blesser l'intérêt de la religion; 2" on n'a- vait donné counai-isance à aucun pair de la teneur de ce serment, avant de leur proposer de le prê- ter; 3" le serment était dilTérent de celui qu'on devait prêter aux termes du règlement de la cham- bre. Un passage du discours du roi prononcé à l'ouverture de la ses- sion de 1816, ayant dissipé tous les doutes sur ce qui était relatif

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A h religion, MM. de Pùiiguid , muréchiil de Vioiuùnil,delaBour- doniiaye, Jules de l'oiignac, etc., rassurés sur ce premier point, abandonnèrent les autres, et prê- tèrent leur serment. Le comte Jule* de Poligiiac, marié eti 1816 à M"' Campbell, ap})arleiiiinl à une laniille t.cossaise distinguée, n'a pas ce.<sé d'êtie altaclié à la personne de Monsieur^ en qualité d'aide-ue-ramp.

POLIGNAC (le comte Mel- CHiOR de), maréchal-de-camp, chi-valier de Saint-Louis et com- mandeur de la légion-d'honneur, est frère des précédcns. Il n'avait pas neuf ans, lorsque ses parens quittèrent la France, au commen- cement de la révolution, et l'em- menèrent avec eux en Autriche et en Russie. Il passa depuis en An- gleterre, et ne revint à Paris qu'à l'époque de la première restau- ration, en 18 i4- Attaché, en qua- lité d'aide-de-camp, à M. le duc d'Angoulême, il accompagna ce prince dans les départemens mé- ridionaux pendant les cent jours, en 181 5; s'embarqua avec lui pour l'Espagne, et rentra égale- ment en France après le second retour du roi. Aux fonctions d'ai- de-oiimp de M. le duc d'Angoulê- me , le comte Melchior de Poli- gnac réunit celles de gentilhom- me d'honneur de S- A. R. , fonc- tions qu'il n'a pas cessé de remplir jusqu'il ce moment (1824).

l'OLISSAUT [ Philibert- An- îoiNE ),ué le 7 octobre 1 738, exer- çait la profession d'avocat à l'é- poque tie la révolniion. Aii mois de septembre 1793, il fut nommé député au con-eil des cinq-cents par le département de Saône el-

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Loife, puis en fut exclu peu de temps après comme beau -frère d'un émigré, et comme porlé lui- même sur une liste d'émigré?. Les élections de 1797 le reportè- rent de nouveau au corps-législatif; mais le directoire le fit compren- dre sur la liste des déportés, le 5 septembre de la même année, à la suite de la journée du 18 fruc- tidor. Alors M. Polissart quitta la France pour se rendre en Allema- gne, où il retrouva plusieurs de ses collègues, et se lia d'une ma- nière intime avec le général Pi- chegru. La révolution du 18 bru- maire an 8 ( 1799) lui permettant de reprendre ses droits de citoyen, il rentra en France et fut, en 1804, élu par son département candi- dat au corps-législatif; Appelé aux fonctions de receveur de contri- butions à Marcigny -sur- Loire , M. Polissart les exerça pendant plusieurs années, et fut élu par le sénat, le lo a<;ût 1810, membre du corps-législatif pour le dépar- tement de Saône-et-Loire : il en remplit les fonctions jusqu'il l'é- poque de la dissolution de la cham- bre des députés, en mars i8i5. M. Polissart, anobli par lettres- patentes du roi, en date du 18 août 1814 > a été nommé le 5 octo- bre suivant, chevalier de la légion* d'honneur.

POLLART DE SAINT- DENIS (N.) était à l'époque de la révo- lu tiim, religieux bénédictin à l'ftb*- baye de Saint - Denis. L'ardeur avec laquelle i! embra-^sa b's nou' veaux principes le dét«rmina à sortir de son cloître. I! devint suc- cessivement olficier municipal et maire de sa commune; enfin, c()in- missairedudirectoireexcculif.Aut

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élections de l'an 6 ( 1798), s'étant rangé du parti du directioire il fut nommé député du département de la Seine au conseil des cinq- cents , il appuj'a toujours les mesures proposées par le gouver- nement. Il sortit du conseil en 1799, et fut placé momentané- ment, en qualité de connnissaire, dans le dixième arrondissement municipal de Paris. Vers 1806, M. PoUart retourna habiter Sainl- Denis et rentra dans la vie privée. POLLLCHE ( François - Da- niel), petit-fils de Daniel Pollu- che, auteur d'un grand nombre de mémoires estimés sur l'his- toire de France , et particuliè- rement sur celle de l'Orléanais, est il. Orléans en 1769. Ayant perdu son père, en 1773, il fut destiné à la carrière judiciaire })ar son grand-oncle paternel, M. Pitoin, ancien conseiller au Châ- telet de Paris, el contrôleur-géné- ral des finances de la maison d'Or- léans. M. François-Daniel Pollu- chcfut reçu avocat par 1»; parlement de Paris en 17S8. La révolution ayant détruit ses espérances, il obtint, en 1793, un emploi aux armées qui le conduisit dans le département du Finistère, il se maria. S'y étant attaché en l'an 6 à l'administration départemen- taie, il fut nommé meujbre de la commission des hospices de Quim- por, membre du jury central d'ins- truction publique, et juge suppléant au tribunal civil du Finistère. En l'an 8 (1800), lors de l'organisa- tion des préfectures, il entra dans le conseil de préfecture du Finis- tère , fut postérieurement chargé de la sous-préfecture de Château- lin, etpresque aussitôt nommé se-

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crétaire-général de la préfecture du même département; place qu'il a occupée depuis l'an 9 (i8oi), jus- qu'au commencement de 18 i5. Rappelé aux mêmes fonctions pendant les cent jours, il les quit- ta pour siéger à la chambre des roprésentans comme député du Finistère. Une commission spé- ciale ayant été nommée dans les derniers jours de juin pour soumet- tre sur les moyens d'assurer le sort de Napoléon et de sa famille, un rapport que les événemens des premiers jours de juillet ne per- mirent pas de présenter, elle n'eut que le temps de proposer, par l'organe de M. Polluche, un pro- jet de loi pour l'abandon à Napo- léon de la bibliothèque de Tria- non : projet qui fut adopté par les deux chambres. Eloigné des fonctions publiques depuis cette époque, M. Polluche vit mainte- dant à Paris, il est venu se fixer avec sa famille.

POLYEREL (N.), commissaire français à Saint-Dominigue, était, en 1789, à l'époque de la révo- lution, syndic des états de Na- varre. 11 transmit alors, à l'as- semblée nationale, le vœu des ha- bitans de cette contrée pour être réunis à la France. Nommé, en 1791, accusateur public du pre- mier arrondissement de Paris, quelque temps après il fut sus- pendu de ses fonctions, pour n'a- voir pas prescrit toutes les pour- suites que rendait nécessaires la dé- couverte de fabricalenrs de faux assignats. Il se justifia et obtint le rapport du décret. Après le 10 août 1792, il fut nommé, con- jointement avec Sonthonax, com- missaire à Saint-Domingue , pour

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y faire exécuter le? décrets rela- tifs aux colonies. L'exécution de ces décrets , et notamment celui concernant la liberté des nègres, éprouva une vive opposition; la lutte violente des blancs contre les noirs, amena la révolte de ces derniers, et nécessita l'emploi de la force. Polverel et son collègue, dénoncés par les colons dépor- tés, furent accusés d'actes violens et arbitraires ; mais les dénoncia- teurs eux-mêmes étaient signalés comme ayant voulu livrer la co- lonie aux Anglais. Cependant, le i6 juillet 1793, Polverel fut dé- crété d'accusation, sur la propo- sition de Bréard et de Billaud- Va- rennes. Le 3i décembre de la même année, une autre dépula- tion de colons se présenta à la barre de la convention nationale, et demanda que Polverel et son collègue fussent mis hors la loi, et tous leurs actes désavoués. Celle proposition adoptée n'eut aucune suite ; mais dans le mois «le janvier suivant, Danton pro- voqua l'exécution du décret ren- du contre les commissaires , qu'il qualifia de brigands. Cette pro- vocation resta encore sans efl'et. Après la révolution du 9 thermi- dor, Polverel obtint sa liberté pro- visoire; comme les dénonciations des colons le })Oursui virent encore, la convention nationale décréta qu'il serait entendu , ainsi que son collègue iSonthonax, coutradictoi- reinent avec ces mêuies colons. Iv'instruction de ce procès était commencée devant une commis- sion spéciale, lorsque Polverel mourut. Il ne s'était pas (enrichi dans l'exercice de «es fonctions; car on ne trouva point a sa mort

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de quoi payer ses dettes. Polverel a publié des Mémoires et un Ta- bleau de la constitution du royaume de Navarre y et de ses rapports avec la France, 1789.

POLWHÈLE (Richard), ec- clésiastique et écrivain anglais, est en 1760, et descend d'une an- cienne famille du Cornwall , il réside comme pasteur de Mana- can. Le révérend Polvrhèle a fait de brillantes études à l'université d'Oxford, dont il sortit en 1789, après y avoir terminé ses cours de droit, sans toutefois prendre ses degrés. S'étant déterminé à embrasser l'état ecclésiastique, il devint successivement curé de Renton , dans le comté de Devon, et en 1 795 , curé de Manacan, son pays natal. Bon littérateur, poète distingué, il a publié un grand nombre d'ouvrages. Nous citerons les principaux : Le sort de Llé- welyn, ou le sacrifice du Druide, conte tiré des Légendes , in-4° ; 2" leGéniede Karabre, poiime, in- 4" ; 3" L'esprit de Fraser au géné- ral Durgoyne, ode, in-4°; '^ Château de Tintadgel , ou la Prin- cesse de Danemarck captive, ode; Peintures d'après nature j en douze sonnets , et la Boucle de che- veux transformée y in-4" , «785; l'Orateur anglais, poëm« di- dactique en quatre livres, \n-ly" , 1786-1789. Cet ouvrage est esti- mé. Les préceptes en sont excel- lens, quoique les exemples don- nés à l'appui manquent en général dechaieuret d'intérêt. Les /r/y/- tes de Théocritc, de Bion, de Moschus, et Elégies de Tyrtée, in- ^ 4°, 1781»; seconde édition, 2 vol. in-4", 1788, 5' édit., 18» 1 : tra- duction en vers, remarquable par

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une grande fidélilé qui n'exclut point l'élégance. Les notes dont il l'a accompagnée, sont en grand nombreetioéiitent de fixer l'alten- tioii. P^ues historiques du com- té de Devon , 1 Vol. in-4\ ï/QS; 9" Histoire du comté de Devoii, 3 vol. in-lol. , i794-i8(;9. Cet ou- vrage, pour lequel l'autour reçut de noiTiljrcux encouragemens , ne repondit pas à l'idée que l'on s'é- tait tonnée du talent de Polwhèle. io° Mémoires biographiques d'Ed- mond Rai k ; 1 Poèmes , par des gentlemen du comté de Devon et de Cormvall, l\ vol. in -8°, i 794 > 1.2° l'Influence de l'attachement lo- cal, poëmc , in-8", i7t)5 : bien su- périeur à l'Orateur anglais, et que les critiques de sa nation placent au premier rang des meilleurs ou- vrages en vers du i8' siècle. Pol- whèle a adopté potir cet ouvrage la forme du poëme de Spencer; il est écrit en stances. \7i° Le Vieux Anglais, poëme, in -8", 1797; 14° Vues de la Grèce , poëme , in- » '7r/0> '5° ^^'^ Femmes sans sexe, poëme, in-8°; i6° Sir Aa- ron, ou les Torts du fanatisme, poë- me , 1800; 17" Edaireissemens sur le caractÎTe des Ecritures, in- , 1802 ; 18" Histoire de Corn- tc«//, 3 vol. in-4°, 1804 à 1818; 19" un Recueil de Sermons, , dit-on, l'auteur a mis en pratique l«s préceptes qu'il a donnés dans son poëme de l'Orateur anglais ; son style est élégant sans recher- che; sa manière est libre et ani- mée; il parle à la lois au cœur et à l'esprit.

POLY (François CnARLEs- GiiiLLAUME- Lotis ) , baron alle- mand, né à Guritersblnm, dans U Pulatinal, vint jeune en Fran-

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ce, il prit du service en qua, lilé de sous-lieutenant dans le ré- giment de Hesse-Darmsladt, gra- de qu'il occupait à l'époque de la révolution. En 1792» il fut nom- mé lieutenant au régiment de Gon- ti, infanterie: mais peu de temps après, il abandonna la carrière militaire et fixa sa résidence à ïruyes, il devint, en 1793» membre de la société populaire, formée en cette ville. Cette qua- lité ne I empêclia pas d'être mis en arrestation, comme étranger et suspect, llendu à la liberté par la révolution du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794 ) , Poly se jeta de nouveau dans àti^ intrigues poli- tiques (pii déterminèrent le gouver- nement à le faire arrêter en 1797» comme agent de la conspiration loyaliste de lirottier et Laville- heurnois. Accusé d'embauchage , il crut devoir se renfermer dans un système de dénégation. En mé^ connaissafil ses co-accusés, il sou- tint que les propos qu'on lui prê- tait étaient pour lui une véritable énig'ue. Cependant le rapporteur, ti'ouvant une connexilé parfaite entre les faits imputés à Poly et les griefs élevés contre Droitier, déclara que tout ce qui consti- tuait l'embauchage était avéré contre le preniier. En conséquen- ce , le conseil de guerre de la 17' division militaire, séant à Paris, condamna Poly à la peine de mort, ki 12 mars. Cependant, cette pei- ne fut commuée en cinq années de détention ; celte indulgence niéconleiita le directoire, et Poly fut par son ordre réintégré dans Il maison d'arrêt du Temple, pour être de nouveau traduit devant les tribunaux. La révolution du »8

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l'ructidof an 5 vint fixer le sort de* prévenus dans celle affaire : ils fu- rent tous compris dans la mesure de déportation , prise contre un certain nombre de députés. Poly partit avec eux pour la Guiane, el divers événeniens les ayant sé- parés, on n'a plus entendu parler de lui depuis celte époque.

POMME (A.), député de la Guiane iVançaise à la convention nationale, fut envoyé, après la révolution du 9 iherniidor an 2, dans les départemens de l'Ouest, , d'après ses instructions , il tra- vailla à la pacification de la Ven- dée, Compris dans la réélection des deux tiers conventionnels, il passa au mois d'octobre 1795, au conseil des cinq-cents; plusieurs fois, il y défendit avec chaleur les intérêts des colonies, et attaqua la conduite de l'agent du directoi- re-exécutif à Cayenne. Kn 1796, il se montra très-dévoué au direc- toire, dont il jyjpuya toutes les mesures. Pomme cessa ses fonc- tions législatives le 20 mai 1798, et fut nonmié agent maritime à Ostende. Il occupa cette place pendant plusieurs années, puis re- tourna à la Guiane au sein de sa famille.

POMMERELL (François-René- Jean , BARON de) , général de divi- sion et conseiller-d'état, à Fou- gères, le 12 décembre 174^, d'une ancienne famille noble, entra très- jeune au service, A l'époque de la révolution , il était capitaine dans le corps royal de rartillerie, et s'était distingué par ses connais- sauces et ses talens militaires. Le gouvernement napolitain ayant de- mandé à celui de France un offi- cier habile pour organiser son ar-

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tillerie, M. de Pommereiil fut choi- si, et se rendit à Naples au com- menceiiicnt de. «790. Mais tandis qu'il rendait les plus grands ser- vices à l'allié de la France, il fut porté, dans son pays, sur la liste des émigrés, et toute sa famille fut arrêtée sous ce prétexte. Il s'é- tait cependant prononcé avec cha- leur pour la cause de la liberté, dès le commencement de la réro- lution. Ayant enfin obtenu après la chute de Robespierre de ren- trer dans sa patrie , il reprit son service militaire, vola aussitôt à l'armée, se distingua pendant plu- sieurs campagnes, et acquit par sa bravoure les grades de général de brigade et de général de division. En 1800, il fut nommé préfet du département d'Indre-et-Loire, et y mérita l'estime de ses adminis-' très. Mais il v eut d'assez vifs dé- mêlés avec le clergé, et principa- lement avec l'archevêque, M. de Boisgflin, qui, après la conclusion du concordat de Napoléon avec Pie VII , était vcini occuper le siè- ge épiscopal de Tours. La publi- cation d'un calendrier nouveau, autorisée par la préfecture, et dans lequel tous les noms des saints é- taient remplacés par ceux des phi- l()so|)hes les plus renommés de l'anliquilé e' des temps modernes, avait d'abord liaulement scanda- lisé'le prélat et ses grands-vicai- res. Des altercations nouvelles sut des objets encore moins impor- tans , avaient envenimé la que- relle. D'autres discussions avec le' conseil - général du département sur l'eniploi des sommes desti- nées à la réparation des routes, firent enfin désirer à M. de Pom- Diercul de changer de préfecture,

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et il fut nommé à celle du Nord, qu'il administra jusqu'en octobre 1810. Le département lui doit plu- sieurs étabiissemens publics et de grandes et utiles c9nstructions. Il fut ensuite appelé au conseil-d'é- tat et chargé, après le renvoi de M. Portails, de la direction géné- rale de l'imprinierie et de la li- brairie. Celui-ci avait encouru la disgrâce de Napoléon, pour sa conduite à l'époque fut rendu un bref du pape, relatif au cardi- nal Maury, et pour son dévoue- ment à la cour de Rome; M. de Pommereul était connu par ses démêlés avec le clergé, aussi il di- sait souvent lui-même, que c'était par anliihèse qu'on lui avait don- né celle place. Il en remplit les fonctions pendant 4 ans, mais avec une rigueur extrême, que la libé- ralité connue de ses propres opi- nions rendait encore plus inexpli- cable. Les écrivains et les librai- res lui reprochèrent souvent l'ex- cessive sévérité de sa censure. En mars 1814, lorsque l'impératrice Marie-Louise quitta Paris, M. do Pommereul se rendit dans une ter- re en Bretagne, perdit son emploi, et fut remplacé par M. Royer-Col- lard. Lors du retour de Napoléon de l'îled'Elbe, il fulrappeléau con- seil-d'étal; mais après la secon- de rentrée du roi, il fut porté par Fouché sur la lisle des 58 , et frap- pé par l'ordonnance du 24 juillet i8ï5, qui le força de s'exiler de sa patrie et de chercher un asile dans le royauitic des Pays-Bas» Après un an de séjour à Bruxelles, son grand âge, accompagné d'infirmités et de tous les cha- grins de l'exil, le retenaient dans la plus profonde retraite, et pres-

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que toujours renfermé dans sa chambre, le grand comité diplo- matique réuni à La Haye, jugea qu'il fallait encore ajouter aux ri- gueurs du sort des proscrits. On exigea impérieusement que M. de Pommereul, ainsi que d'autres ré- fugiés français , fussent arrachés de leur asile. Le gouvernement céda momentanément à celle in- jonction du comité, appuyée par le généralissime anglais; mais au commencement de 1819, le roi des Pays-Bas, louché du sort de tant d'infortunés, permit, entre autres, à M. de Pommereul de re- venir i!i Bruxelles, et d'achever de mourir dans son royaume II n'en fut pas tout-à-fail ainsi. Une or- donnance du roi de France, datée du 18 novembre 1819, mit un terme aux effets de l'ordonnance du 24 juillet 181 5. Il fut alors per- mis à celui qui, pendant un long exil, n'avait cessé de former des vœux pour le bonheur de sa pa- trie, d'y rentrer et d'achever sa carrière au milieu des siens. Le général Pommereul ne survécut en effet que peu de temps à son rappel. Ses trois fils ont tous ser- vi avec la plus haute dislinclion dans les armées françaises. L'aîné a de plus, pendant quelques an- nées, rempli les fonctions de sous- préfet à Clermont, département de l'Oise, et s'y est fait estimer par la conduite la plus honorable. Le général Pommereul a publié un grand nombre d'ouvrages es- timés. Les principaux sont : i" Histoire de Corse ^ 1779^ 2" Re- cherclies sur l'ori{^ine de l'esclavage religieux et politique du peuple de France, 1781 ; des Chemins et des moyens les moins onéreux au

peuple et à Cétat, de les construire et (le les entretenir, 1781 ; Ma- nuel d'Epictète , précédé de ré- flexions sur ce philosophe et sur la morale des stoïciens 1^83; Ré- flexions mr l'histoire des Eusses par M. Levesque, i^83 ; Q»" Etrennes au clergé de France, nii Explications d'un des plus grands mystères de l'église, 1786; Essais minéralo- giques sur la Solfalure de Pouzzo- les, traduits do l'iralien de Breis- lak , 1792; Observations sur le droit de passe, proposé pour sub- venir à la confection des chemins, in-8" , 1 79(J; 9" f^ues générales sur i' Italie et Malte, dans leurs rap- ports politiques avec la république française, et sur les limites de la France à la rire droite du Rhin, '797? •'^" Campagne du général Bonaparte en Italie, 1797, 1 vol. in-S", ou 2 vol. jn-ia; 11° L'art de voir dans les beaux-arts , tra- duit de l'italien de iMilizia , 1798, 1 vol. in -8"; 12° f^oyages physi- ques et lithologiques dans la Cam- panie, par Scipion Breislak , tra- duits sur le inaniiscril ilaliei),avec notes et éclaircissernens , 1801, in-8°. Il a aussi coopéré à plusieurs grands ouvrages, tels que l'Art de vérifier les dates, le Dictionnai- re des sciences morales, économi- ques et diplomatiques, le Diction- naire géographique et historique de la Bretagne; V Encyclopédie mé- thodique; la Clé du cabinet des souverains , etc. M. Barbier lui at- tribue encore : Lettre sur la littéra- ture et la poésie italienne, traduite <l<; Holtiuelli, 1778, in-8°.

POMPIGNAN (Jean-Geobgks I-kfrascde), archevêqiie deVien- Pe, IVère du maniuis LetVanc de uoii)pin;uan que Voltaire a ioi-

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mortalisé, naquit à Montauban » département du Lot , le 22 février 1715. Il fit ses études au collège Louis-le-Grand à Paris, et s'é- tant destiné à l'état ecclésiastique, il entra au séminaire de Saint- Sulpicc: il devint, sa licence à peine terminée , évêque du Puy- en-Velay. L'un des premiers soins du jeune prélat , dès son arrivée dans son diocèse, fut d'y prépa- rer une mission à laquelle il asso- cia le P. Brydaine, missionnaire alors fort eu vogue. M. de Pom- pignan se livra avec un zèle sou- tenu à l'administration tant spi- rituelle que temporelle de son évêché. En 1755, il fut député à l'assemblée du clergé , et fit é- galement'partie des assemblées de 1760 et de 1765 , dans lesquelles il se trouva toujours en première ligne. Il composa beaucoup d'ou- vrages contre les moeurs de son temps, q«ii en effet méritaient une rigoureuse censure, et contre les philosophes, qu'il attaqua avec une véhémence plus courageuse qu'é- vangélique. Llle lui attira dejeur part de sévères reparties. Vol- taire^ entre autres, exerça son es- prit caustique et malin contre ce prélat , qui feignit de ne point s'en apercevoir. M. de Pompignan fut nommé, en 1774? archevêque de Vienne. L'année suivante, il pa- rut à l'assendjlée du clergé , et rédigea V Avertissement aux fidèles^ que cette assemblée publia con- tre V Incrédulité. A son mande- ment du 5i mai 178 1., à l'occa- sion de l'édition annoncée des œuvres de Voltaire, succéda ,deux mois après , celui qu'il dirigea contre les œuvres de J. .1. Rous- seau et de l'ubbé Uaynal. En 1789,

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élu par la province de Daiipliino, député aux états - g"-néraux, de concert avec l'archevêque de Bor- deaux et les évêqiies de Chartres, deCoutances et de Rhodez, il con- duiî^it, le 20 juin de cette année, le clergé à la chiimbre du lier?- état , démarche qui lui valut de la part de Condorcet , cet éloge con- signé dans sa Fie de Voltaire (É- dition de Kehl, tom. ^o , p. 162) : " i\l. de Pompignan vient d'effa- cer par une conduite noble et pa- triotique les taches que ses déla- tions épiscopales avaient répan- dues sur sa vie : on le voit adop- ter aujourd'hui avec courage les principes de liberté que , dans ses ouvrages, il reprochait avec a- amertume aux philosophes, n L'exemple qut- donna, dans cette circonstance , M. de Tompiguan , lui Talut l'honneur de présider un des premiers l'assemblée consti- tuante. Elle lui valut aussi, au mois d'août suivant, son admis- sion au conseil du roi, et la pos- session de la feuille des bénéfices. Perwlanl la courte durée de ses fonctions, il ne ût instituer que trois évêques. A cette époque (juil- let 1790), il repiil une lettre de Pie VI , S. S, , après avoir blâmé les nouveaux décrets, en- gageait M. de Pompignau à résis- ter ouvertement aux changemens relatifs au clergé. «Vous êli-s plus propre qu'aucun autre . lui dit-il , à rendre le grand service que je vous demande. Vous avez déjà donné tant de preuves de votre zèle à défendre la sainte doctrine ! Mais le temps presse ; il n'y a pas un moment à perdre pnurs.niver la religion , le roi et votre patrie. Vous pourrez certainement eng»-

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ger sa majesté à ne pas donner cette fatale sanction. La résistance fCit-elle pleine de danger, il n'est jamais permis de paraître un ins- tant abandonner la foi catholique, même avec le dessein de revenir sur ses pas , quand les circons- tances auront changé. » Malgré cette bulle, et celles que reçurent presque en mT-me temps l'arche- vêque do Bordeaux, M. de Cicé, et Louis XVI, ce monarque don- na , le 24 'if^ût (1790), sa sanction h la constitution civile du clergé. Les partisans des doctrines ultra- monlaines ont fortement blâmé M. de Pompignan de n'avoir point mis au jour la lettre du pape. Soit qu'il eût adopté franchement l'o- pinion qu'il manifesta dès la con- vocation des états-généraux, soit qu'il fût absorbé par la maladie qui l'enleva le 29 décembre 1790, peu de mois après avoir repu cette lettre , il est certain qu'elle ne re- çut aucune espèce de promulga- tion. Nous trouvons dans Mallet du Pan un jugement que nous a- doptons volontiers en ce qui re- garde l'estime que méritait ce pré- lat. Il dit : « En désapprouvant la faiblesse qu'eut l'archevêque de Vienne de fléchir devant les cir- C(^nstances qu'il jugea impérieu- ses, ou doit joindre l'éloge des vertus évangéliques dont ce prélat fut le modèle pendant quarante ans. Il est juste dt; rappeler qu'au- cun ministre de l'église ne mon- tra de« mœurs plus austères , plus d'éioigiipment pour toutes es[»è- ces de mondanité», plus de dé- VfHjement à ses devoirs, plus de science, plus de simplicité, plus de titre* à la vénération dont il é- tait l'objet dans le clergé. Il avait

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passé sa vie à combattre la non- Telle philosophie; et les injures de Voltaire contre lui sont, je pense, un correctif assez frappant île celles que lui valut sa conduite à l'assemblée nationale. Il ne fut pas assez en garde contre les illu- sions dont on l'avait bercé en Dau- phirié,et contre l'ascendant qu'on avait pris ^ur lui. Élu par les états de sa province dans nue assemblée commune des trois ordres, il re- çut le maoïlat impératif de persé- vérer dans cette forme de délibé- ration ; et la députation entière du Dauphiné lui donna l'exemple de respecter cet engagement jus- qu'à ce qu'une loi les en déliât. » Parmi b^s iionibrt'ux écrits de AI. de Pom|>ignan, nous citerons les principaux; ce sont : i" Essai cri- tique sur l'étut présent de la répu- blique des lettres ^ 174'"'» 'i" Ins- truction pastorale de l'évcque du Puy, aux nouveaux convertis de son diocèse , 1761 ; 3" le véritable Usage de l'autorité séculière dans les matières qui concernent la reli- gion, I j53 ; Questions diverses sur l' incrédulité f ijSS; la Dé- votion réconciliée avec l'es prit, 1 7 53; Conlrocerse pacifique sur l'auto- rité de l'église , 1758; 7" l'Incré- dulité convaincue par les prophé- ties, 1751), in 4°- Il y J> of'e édi- tion de cet ouvrage en trois vol. in- 12. S" Instruction pastorale sur la prétendue philosophie des incré- dules modernes, 1763; autre Instruction sur l'hérésie, 176(5, in-4° ; 10" la Religion vengée de l' incrédulité par l'incrédulité elle- même , 1772 ; 11° Défense des ac- tes du clergé de France concernant la religion, in-4'; la" Mandement conlr»' l'édilion des Œuvres de

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Voltaire, 1781, in-S° ; 13° autre Mandement portant défense de lire les Œuvres de J. J. Rousseau et de Kaynal, 1781, in-S"; 14° O- raison funèbre de Marie Leczinska,, reine de France, prononcée dans l'église de Saint-Denis; i5" Let- tres à un évêque sur differens points de morale et de discipline , an 10 , 2 vol. in-8° ; 16" en manuscrit, un ouvrage sur la Fin de l homme et la résurrection générale.

PONCE ( Nicolas) , graveur et homme de lettres, chevalier de l'ordre royal de la légion-d'hon- neur, membre de plusieurs acadé- mies françaises et étrangères, est à Paris le 12 mars i7'f(>. Il fit ses études au collège d'Harcourt» et s'adonna en même temps à la géographie pour la construction des cartes, et aux arts du dessin. Il fut élève de M. Pierre, premier peintre du roi, et se mit pour la gravure sous la direction d'E- tienne Fesf^ard , et ensuite de Ni- colas de L;iunay, n)embre de l'a- cadémie de peinture. On trouve des gravures de M. Pouce dans toutes les belles éditions sorties des pre>ses françaises depuis plus de 5o ans. Il a lui - mC-me fait des élèves distingués, parmi lesquels on doit citer iM.M. Petit, Bosq et Civcton. Commegraveur, M. Fron- ce a donné : les illustres Français f ou Tableaux historiques des grands hommes de la France, en 56 sujets, auxquels il a joint des Notices, ouvrage utile et recherché pour l'éducation; 7.' les peintures anti- ques des Bains de Titus et de Livie, en 75 planches : cette collection , dont la première édition faite en Italie, était inconnue en France, a beaucoup contribué à perfection-

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ner la décoration architecturale ; 5" les Vues de Saint- Domingue , poiirl'ouvragedeMoreaude Saint- iSléry sur cette colonie; (a guer- re d' Amérique , repré.xentée en 16 planches, avec cartes et texte, en société avec Godefroy père ; les gravures in -4° d'après C(»- chin , de la traduction de VArioste de Duisieux; il est éditeur de la Bible de 3oo figures d'après iMaril- lier; 7" ila dédié à Louis XVIII la belle édition in-^" de laCharte, qu'il a ornée d'estampes. Parta- geant son temps entre les artset la littérature, M. Fonce a tueilli plu- sieurs palmes aux diverses classes de l'institut. A la classe dliis- toire, il a remporté le prix sur ce sujet : Quelles sont les causes qui ont amené l'esprit de liberté qui s'est manifesté en France en 1 789 ? 2" A la même classe, il a obtenu la première mention honorable sur la question : Du gouvernement de l'Egypte sous tes Romains. 7)° A la classe des sciences mora- les et politiques, une mention ho- norable sur ce sujet: Du caractère de bonté de l'homme public; sujet qui a été retiré du concours. 4" A la classe des beaux-arts, une au- tre mention honoiable sur la ques- tion : De l'influence des beaux-arts sur l'industrie commerciale. Ce mémoire a été couronné dans une autre académie. Comme littéra- teur, i\i. Ponce a fait imprimer: i' le Mémoire couronné à l'insti- tut : Quelles sont tes causa, elc. , in-S", an 9 ; 2" Quelles sont tes cau- ses de la perfection de la sculpture antique, in -8", an 9; ô" Quelle a tté Cinfluence de la réformation de Luther , sur la situation politique des divers états de l'Europe et sur

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le progrès des lumières , in -8% an i5; l\" Pour quels objets, et àquelles conditions convient-il à un état ré- publicain d'ouvrir des emprunts pu- blics , in - 80, an 9. Ce sujet pro- posé par l'institut a été retiré. Le Lavater historique des femmes célèbres anciennes et modernes, in- 18, '1°" édition, 1808 et 1809; 6" Considérations politiques sur le trai- té de Vienne, et sur la paix de l'Eu- rope, in -8°, 181 5; '^"Désavan- tages du maintien de laCharte pour tous les Français en général, 1819, in-8°. Cetouvrage est terminé par ce paragraphe : « Heureux les peu- ples qui, respectant et chérissant les autorités établies pour leur conservation et leur bonheur, veillent à la ,-labilité des lois sur lesquelles repose leur existence morale et politique! Mais malheur, cegt l'ois malheur à ceux qui ten- teraient d'enlever une seule pierre de la voûte de l'édifice social : ils se- raient ensevelis sous ses débris ! » 8" Description historique, géogra- phique et statistique des ports de France, in- fol., 1819; la tra- -A duction de VArt de la-lithographie 1 de Senefelder , 'm-^", 1819. Vn grand nombre (Varticles dans la biographie universelle, ainsi que dans l'ouvrage de M. Landon. Beau- coup de Notices, etc. , etc. , dans le Moniteur, le Mercure, le Journal de Paris, le Journal des Arts, VA- beille, \es/i Saisons du Parnasse, le Mois, la Bibliothèque des pères de famille, les lilrennes d'Apollon , etc. 31. Ponce avait adopté avec sagesse les principes de la révo- lution; il devint chef de bataillon dans la garde nationale en 1792, et commandait aux Tuileries le 3o juillet, eu l'absence du chef de

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légion. Ce fut ce même jour que des bataillons marseillais arrivè- rent à Paris, et signalèrent leur présence aux Champs-Elysées, par plusieurs meurtres. M. Ponce fit rapidement toutes les dispositions nécessaires pour la défense des objets précieux dent la garde lui était confiée. Le roi l'ayant fait demander,et s'en étant fait accom- pagner pour la A'isite de tous les postes, ce prince lui témoigna pu- bliquement sa satisfaction des bon- nes dispositions qu'il remarquait; mais à la vue de divers officiers blessés, qui s'étaient l'éfugiés à l'état-major, le monarque com- patissant ne put retenir ses lar- mes , et dit à M. Ponce, sur le bras duquel il s'appuyait pour re- monter l'escalier du château , ces parole* touchantes : Je ne regrette du pouvoir qa on m'a ôté, que celui qui ni était nécessaire pour empê- cher ces horreurs-là. M Ponce a fait imprimer, dans le Journal dB Paris, du 4 'loût 1792, des dé- tails relatifs à cette journée, liar- baroux déclara à la convention, le 00 octobre suivant, que le 5o juillet avait été choisi pour l'attaque du château , mais que les dispositions qui se faisaient re- marquer dans l'intérieur, avaient obligé de la remettre au 10 aoftt. Mabgt-erite Hémery, épouse de M. Ponro, née en 174^, a long- tenips cultivé les arts avec un suc- cès flatteur : elle a gravé différens sujets, dans le Cabinet Poulain , VIconologie de Gravelot , les OEu.- vres de l'ahbé Prévôt, les Fables de Dorât , etc. , etc.

PONCELIN DE LA ROCHE TILLAC (l'abbé), journaliste et li- braire, est le i5 mai 1746, à

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Dissays , département de la Sar- the. 11 fit des études pour suivre la carrière ecclésiastique, et devint chanoine de Montreuil-Bellay, dé- parlement de Maine-et-Loire. M. Ponc<;lin voulut ajouter à ses qua- lités publiques celles de conseil- ler à la taille de marbre, dont il acheta la finance, et vint ensuite à Paris, bientôt il s'efforça d'ac- quérir le titre d'homme de lettres, en publiant quelques ouvrages de littérature. La révolution éclata, et il s'en montra le partisan zélé; c'était sans doute pour obtenir u- ne célébrité à laquelle il parais- sait mettre beaucoup d'importan- ce. Obscur dans la foule des parti- sans du nouv(jl ordre de choses, il se voua à la défense des principes opposés, et après avoir rédigé la feuille intitulée : Journal de l'Js- semblée nationale, il publia le Cour- rier français , auquel il donna, a- ju'ès les événemens du 10 août 1793, le titre de Courrier républi- cain, dont les auteurs furent con- damnés à la déportation comme royalistes. M. Poncelincréa ensuite la Gazette française, pour la rédac- tion de laquelle il s'associa M. Fié- vée. L'esprit de cette feuille et l.i conduite politique de son fonda- teur le firent condamner à mort le 2G octobre 1795 par le conseil mi- litaire de la section du Théâtre- Français , comme ayant provo- qué, dans sa Gazette, l'assassinat des représenlans du peuple et le rétablissement de la monarchie. Il prit la fuite. En 1797, il reparut sur la scène politique, redevint journaliste anti-républicain, et dans la même année se prétendit victime d'un assassinatcommis sur sa persomie dans le palais du di-

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rectoire-exéculif et clans l'appar- tein«;nt inêincdudirccl'.Barras. <■!! déclara, dit un de ses biographes, qu'ayant vAc uiandc au Luxeui- bourg, par ordre du direrleur Barras, on l'avait introduit dans le palais, etcnlernié pendant quel- ques heures; qu'ensuite plusieurs hommes s'elant eujparé» de lui, ravaientlié,lui avaient l'ait souffrir loul(;s sortes d'outrages, eu le sou- uiellant à la puniiion qu'un inflige aux enfans, et l'avaient à la (in re- conduit tout couvert de sang jus- qu'au milieu de la rue. Cette plain- te, ajoute le biographe, fut suivie d'une visite dans les apparlemens du directeur Barras ; mais M. Pon- celin ne reconnut pas la chambre il disait avoir été enfermé, et 8e dé^isla de ses poursuites.» Cet- te ridicule affaire, que M Fiévée soutint gravement dans la Gazette française, et dont le public s'amu- ga, n'ayant point corrigé M. Pon- celin de son e«prit d'opposition, elle «ut des suiles fâcheuses; il fut compris dans la liste de déporta- tion des journalistes, qui eut lieu après le 18 fructidoi- an 5. Ses presses furent brisées. Il reparut aprè^ la révoluliou du 18 brunjai- re an 8, et continua de gérer la maison de librairie qu'il avait for- mée au commencement de la ré- volution; mais les persécutions politiques avaient un peu dérar- les affaiies de sou commerce. Ijne nouvelle fuite put seule le soustraire à ses créanciers. On lui doit comme auteur et com- me libraire : 1" Bil>liotlièque po- litique, ecclésiastique, physique et littéraire de la France, 1781, tom. l", \n-[Ç; 1" Description liislori- que de Paris et de ses plus beaux

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moininiens , tomes 2 et 3, 1781, in-4° (le tom, i"<stde Beguil- lel); 5" Conférences sur tes édits conce) liant lus faillites, 1781, in- 12; l'Art de nager, avec les instruc- tions pour se baigner utilement, 1781, iu-8"; 5" Supplément aux lois forestières de France, précédé d'u- ne analyse de l' ordonnance de i665, in-4% 1781; Tableau du com- merce et des possessions des Euro- péens en Asie et en Afrique, selon les conditions des préliminaires de paix signés le 20 janvier 1785, 1785; 7" Histoire philosophique de la naissance, des progrès et de la décadence d'un grand royaume, ou Révolution de Taïti, 1782, 2 vol. in-i u; Tableau politique de l'an- née 1781, iu-12; 9" Histoire des enseignes et des étendards des ancien- nes nations, 1782, in- 12; xo," Cé- rémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde, 1780, 4 vol. in-t"oI; 1 t" Superstitions orien- tales, 1785, in-fol; ï2' Chefs-d'œu- vre de l'antiquité sur les beaux-arts et monumens précieux de la religion des Grecs cl des Romains, de leurs sciences, etc. , 1 784,2 vol. in-fol. ; 1 S' OEuvrcs d'Ovide (traduction de divers auteurs), «798, 7 vol. in-8°; l^" Almanach américain, asiatique et africain, 1 785 et années suivan- tes, iu-12; iH" Code de commerce de terre et de mer , ou Conférences sur les lois tant anciennes que mo- dernes, 4' édition, 1800, 2 vol. in- 12, i\l. Ersch lui attribue; Choix d'anecdotes anciennes et modernes, i8o3, 5 vol. iu- 18.

l'ONCET-DE-LA-COlJR (An- toine- François), maréchal-de- camp, commandeur de la légion- d'iiormeur, est à Cbâlons-sur- Saône, le 17 septembre 1750.

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Son père, receveur des contribu- tions de cette ville, le fit entrer à Técole royale du génie : cepen- dant quelques contradictions qu'il éprouva dans ses examens, le dé- terminèrent à quitter ce corps pour le régiment de iMédoc, infanterie, il fut d'abord sous-lieutenant. Plus tard il accompagna en Hol- lande le général Mathieu Dun»as,et obtint à son retour une place dans l'état-major de l'armée. Lorsque la révolution éclata, il était em- ployé à Strasbourg avec le grade de lieutenant-colonel, et fut pro- mu au grade de général de bri- gade le 22 mai 1792. Il fit par- tie de l'armée de Sambre-et-i>leu- se, qui conquit la Hollande en 1795. Le géuéral Poncet fit aussi avec distinction les campagnes sui- vantes; mais sa carrière active fut terminée à l'époque de la révolu- tion du 18 brumaire an 8 (9 no- vembre 1799). Depuis lors il fut employé dans l'intérieur. Nom- mé, en 1800, préfet du dépar- temout du Jura , il en remplit les fonctions jusqu'en 1808, et reçut vers ce temps l'ordre de se ren- dre à Lyon, en qualité de com- mandant en serond du départe- ment du Rhôiie : il occupait encore cette place en 1814. Après les événemens du 20 mars i8i't, il fut nomuié commandant du dé- partement de la Somute, puis chargé de diriger la construction des relranchemens de Paris. Le général Poucet fut admis à la re- traite le 1 septembre 1816.

PONCET-UELPLCH (N.) , a- vocat et consul à Montauban, fut élu, en 1789, député du tiers-é- tal de la sénéchaussée du Qujjr- cy.aux états - généraux , ni"i il

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siégea an côté droit. En 1797» il fut nommé au conseil des cinq - cents , par une scission de l'assemblée électorale du dé- parlement du Lot; mais sa nomi- nation fut annulléepar la mtijori- du corps-législatif, domi- nait alors le parti dit de Clichy, auquel il paraissait opposé. Après la chute de ce })arti , amenée par la joiirnée du 18 fructidor, Pon- cet-Delpech prit séanceau conseil; mais il en fut de nouveau exclu après la révolution du 18 brumai- re an 8 (9 novembre 1799). En 1800, il fut nommé président du tribunal civil de Moatauban, et cessa d'en exercer les fonctions quelques années avant la restau- ration. Poncet-Dtdpech mourut le 11 mars 1817 î •' cultivait la poé- sie, et divers recueils contiennent de lui des Pièces fugitives. Son fils, M. F. M. Poncet-Delpech, a publié, en 1 8o5 : Mes quatre Ages, poiime dont les journaux ont par- lé d'une manière avantageuse. H en a donné à Paris, en 181 5, une nouvelle édition in- 18, avec fi- gui-es.

PONT.ERVILLE (Jean-Baptis- te-Antoine Aimé Samson de), est dans l'ancien comté de Pon- thieu , quelques années avant la révolution. Ses études furent in- terrompues pai' la suppression des collèges, mais il les continua avec succès sous des maîtres particu- liers. Il manifesta dès l'enfancti son goftt irrésistible pour la poé- sie; bien jeune encore il venait de composer plusieurs ouvrages qu'il destinait au théâtre, lorsque le poëme de Lucrèce lui tomba entre les mains : accoutumé à dis- tinguer tes beautés de la littéralu- *7

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re ancienne, dont il faisait une étude particulière, il admira le poète philosophe, rival heureux de la sublimité d'Homère , et qui,prê(aiit à la raison les grâces de la poésie , stibslituail une mo- rale douce et pure aux funestes erreurs du fuMiitisMie. Le jeune littérateur s'etinna qu'un chef- d'œuvre, objet constant de l'ému- lation Je Virgile et d'Ovide, fût si peu connu et surtout si injuste- ment apuréeié. Dès ce moment, abandonnant tons les plans qu'il avait traeés. il ne s'occupa qu'à méditer les images poétiques et les c<inct plions profondes du chantre de la nature. Bientôt il conçut le projet hardi de les tra- duire en vers français. Kien ne put le délouiner île son but : en vain lui objectait-on la tiécisiou tran- chante de La Harpe, et les ditfi- cu!l<'>, sans nf>nd)re contre les- quelles tuil é( liviiin n'avait osé lutter; Sfinteni par cet enthou- siasme que donne Famour des arts aux hotnmes nés pour les cultiver, M. de Pongerville ( on- sacra tous st;> momcns à revêtir les pensées de «Lucrèce des char- mes de la \ei -^ilic.ilion française, et à fantiliaîiser notre langue a- vee des beautés mâles et hardies qui lui éiaieol enCDre étrangères. Parvenu au milieu desabmgueet pénible lâcîie, le traducteur en- voya ini «1)01(1 entier du poëme au secretiiiie perpétuel de l'aca- démie-lraiiçnis<,, en le priant de lui dire avec franchise s'il jugeait son Irtviill di^ne d'êlre continué. L'.inl'Mir «les icmpliers , frappé du taii'i;! oi'.e révélait ce premier rss^ii, lui reti.indil : >'Venez à Pa- ri?, le succès vous y attend. » M.

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de Pongerville quitta la terre son père,dans laquelle il avait pres- que toujours résidé; s'entoura dans la capitale d'amis et de litté- rateurs éclairés, et termina, après ~ quinze ans de travaux, sa noble et courageuse entreprise. A peine sa traduction de Lucrèce fut-elle publiée, qu'elle obtint le suffrage de nos plus célèbres littérateurs; line rumeur bienveillante s'éleva de toutes parts pour lui décerner les plus justes éloges; la sensation qu'elle produisit détourna même l'attention publique des intérêts de la politique; des voix ordinai- rement opposées s'unirent pour la louer à l'envi. Son éclatant succès, en rappelant le succès de la traduction des Géorgiques par Delille, a fait regarder M. de Pon- gerville comme le digne émule de l'interprète de Virgile, et l'opinion générale place sa traduction par- mi les monumens qui honorent notre époque littéraire.

PONGIBAUD (le comte Al- bert-François DE iMoRÉ DE ), dans la ci-devant province d'Au- vergne, d'une ancienne famille de ce pays, qui le destina au service. Il entra, en 17(59, dans les mous- quetaires noirs, et devint, Ibrs de la suppression de ce corps, capi- taine au régiment de Provence. M. de Pongibaud passa ensuite en qualité de major dans le régiment de Dauphiné, puis obtint le grade de colonel d'infanterie. En 1791, il se rendit à l'armée des princes, il servit jusqu'au licenciement de cette armée. Alors il se retir» en Suisse. A Lausanne, il s'y li- vra à des opérations commerciales; n-.ais l'arrivée des troupes françai- ses le forcèrent de quitter cette ville:

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II se rendit successivement à Constance, àVenise et à Trieste.où la conflancé qu'il sut inspirer lui permit de donner à son commer- ce une plus gnuide extension. Il fut parfaitement secondé dans ses opérations par son épouse. Cette dame, dont l'esprit est très- cultivé, fut chargée de la corres- pondance,et parvint à donner des agrémens à un genre de relations qui en est peu susceptible. M. de Pongibaud, par son industrie et son activité, en rendant d'intpor- tans services au pays qui lui offrit un asile, a pu regagner en grande partie la fortune qu'il avait per- due en quittant la France. La mai son qu'il a établie à Trieste , elle existe encore sous le nom de Joseph Labrosse, est devenue une des plus opulentes de l'Alle- magne.

PONIATOWSKI (Joseph, i'bince), à Varsovie, le 7 mai 1765, neveu du dernier roi de Pologne, Stanislas-Auguste , était fils du prince André Poniatowski, feld-zeug-meisler, ou lieutenant- général d'artillerie, au service de l'impératrice-reine Marie -Thérè- se, et petit- fils du célèbre com- pagnon d'armes de Charles XII, roi de Suède. Le malheureux mo- narque polonais avait fait élever, sous ses yeux et avec le plus grand soin, son jeune neveu, dont il eut quelque temps l'espoir de faire son héritier. A TSge de »6 ans, le prince Joseph entra au service d'Autriche, son père jouissait de la plus haute considération. Il y obtint np avancement rapide, et se distingua par ses talens et sa brillante valeur [tendant la guerre qui éclata en 1787, entre l'Autri-

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che et la Porte-Ottomane. Il é- tait alors colonel des dragons de l'empereur et aide - de - canif particulier de Joseph H. H fui grièvement blessé à la prise de Sabacz sous les yeux de l'empe- reur même , qui lui prodigua ses soins, et lui témoigna en toute occasion son estime et saconfiance. Malgré les nombreux avantages que lui olïrait le service d'Autri- che, il s'empressa de le quitter dès qu'il crut que sa présence pour- rait devenir utile à sa patrie. On avait conçu en Pologne l'espoir de se soustraire à l'influence étran- gère. La diète venait, à la fin de 178g, de décréter une nouvelle organisation de l'armée nationale; le prince Poniatowski voleaussilôt àVarsovie,el s'y occupe avec le plus grand zèle à former et à instruire les nouveaux corps. Bientôt la ré- publique lui conlia le commande- ment en chef de son armée. Il a- vait su inspirer une entière con- fiance aux citoyens, et il était de- venu l'idole des soldats. En 1791 (3 tnai) , le roi, les membres de la diète, à la presque unanimité, et la nation polonaise tout entière , a- vaient adopté avec enthousiasme n- ne constitution libérale ; mais la li- berté et le bonheur de la Pologne n'entraient point dans les vues de l'autocrate de toutes les Russies. Catherine II envoya, dès l'année suivante, une armée pour châtier ce peuple rebelle à son autorité. Le prince Joseph, avec des for- ces inférieures et encore peu a- guerries , fit de^» prodiges de râ- leur pour s'opposer à l'invasioH des hordes du Nord. Le brave Kosciusko {i!oy. ce nom) comman- dait alors une division sous sa*

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ordres. Ils remportèrent de signa- lés avantages à Zielenca et à Du- blinska; mais une politique pusil- lanime et honteuse vint rendre leur valeur inutile. Le prince ap- prit bientôt que son oncle, le roi Stanislas, épouvanté des menaces de, la Russie, s'était de nouveau soumis à son joug, avait accédé à la confédération de Targowitz, et signé l'acte rédigé par quelques transfuges polonais, partisans des Russes; il avait de plus conclu un armistice avec l'ennemi. Le parti qui s'était emparé du faible mo- narque redoutait également la présence du prince Joseph à l'ar- mée et à Varsovie. Les Russes craignaient aussi qu'il ne portTit les soldats, qiii lui étaient entière- rement dévoués, à quelque parti extrême^ et que, malgré les ordres du roi, il ne continuât une guerre jusque-là glorieuse. Les vives ins- tances de son oncle, et la crainte d'attirer de plus grands malheurs sur la Pologne, le décidèrent en- fin à déposer le commandement de l'armée, et même à s'exiler bientôt de sa malheureuse patrie. Ses compagnons d'armes firent frapper une médaille à son effigie, avec cette inscription. Mites Im- peratori , qu'ils lui offrirent avant son départ. Le prince Joseph voya- geait àl'étranger, quand il apprit, en 1794» qu'une nouvelle révolu- tion avait éclaté en Pologne. Le général Madalinski venait de le- ver l'étendard de la liberté à Cra- covic. Les Russes et leur chef, Igelstroem , avaient été chassés de Varsovie ; Rosciusko venait d'ôtre déclaré général en chef de toutes les forces nalionah's. Po- niatowski n'hésita point à se ren-

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dre auprès de lui, et à prendre le commandement d'un corps d'armée sous ses ordres. On con- naît l'issue de cette dernière et sanglante lutte des Polonais pour leur indépendance. Écrasés par les forces su[)érieures des Russes et des Prussiens, il leur fallut su- bir le joug de l'étranger. Les vain- queurs ordonnèrent au prince Jo- seph de sortir de Pologne; il se ren- dit alors à Vienne, vécut dans la re- traite, et rejeta toutes les offres qui lui furent faites d'entrer au service d'une puissance étrangère. Après lu mort de son oncle, le roi Stanislas, l'empereur Paul I"inpistade nou- veau pour qu'il acceptât le grade de lieutenant- général de l'armée russe, et sur le refus du prince, ses biens patrimoniaux en Po- logne furent confisqués. En 1798, le roi Frédéric - Guillaume lui rendit ceux qui étaient situés dans la partie échue à la Prusse, et lui permit de s'y retirer. Il alla alors habiter la terre de lablonka, sur la rive droite de la Vistule, à quelques lieues de Varsovie, et se plaisait à embellir cette retrai- te, qu'il tenait de la succession du roi Stanislas, s'y occupant ex- clusivement d'agriculture et d'a- méliorations rurales. La guerre entre la France et la Prusse , la bataille d'Iéna (14 octobre 1806), si funeste à celte dernière puissance, l'entrée des armées françaises en Pologne, et les espé- rances que Napoléon flt renaître dans les cœurs des Polonais, vin- rent encore arracher le prince Ponialowski aux douceurs de la vie privée. Il accepta d'abord la place de ministre de la guerre dans le grand duché deVarsovie, nouvel-

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lement établi, et trouva les mo\ens (l'organiser, dans ce pays épuisé, une belle armée, composée de 1 2 régimens d'infanterie, de 16 de cavalerie, et de plusieurs conipa- gnips d'artillerie. Mais lors de la guerre qui éclata de nouveau en- tre la France et l'Autriche en 1809, cette petite armée se trou- vait disséminée. Trois des plus beaux régimens avaient été en- voyés en Espagne, im autre en Saxe; les garnisons de Dantzick, des forteresses prussiennes de Gustrin et de Stettin, des places de Thorn, Modlin et Praga, étaient fournies par les troupes polonai- ses. Quand l'arcbiduc Ferdinand, a la tête de 60,000 Aulricbiens, traversant la Gallicie , se disposait à tomber sur le grand-duché de Varsovie, Poniatoswki n'avait que 8000 Polonais à lui opposer. On «conseillait au prince de se retirer et de ne point opposer ce noyau précieux de l'armée polonaise à une destruction presque certaine; mais il eût fallu fuir devant l'enne- mi, et lui abandonner honteu- sement le grand -duché. Ponia- towski et ses braves rejetèrent es lâches conseils, et résolurent défendre pied à pied le sol sa- "cré delà patrie. Il prit position a- vec sa petite armée en avant de Varsovie, près du village de Ras- zin, devenu célèbre dans les fas- tes de la Pologne, par la batail- le qui s'y livra le 10 mai 1809. On s'y battit avec acharnement pendant la journée entière ; les Polonais i-epoussèrent toutes les attaques des forces supérieures de l'archiduc. La nuit vint en- fin séparer les combattans, et les deux chefs eurent une en-

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trevue celte nuit même. La va- leur des Polonais avait fait une telle impression sur leurs en- nemis, que Tarchiduc offrit au prince Joseph, pour n'avoir plus dès le lendemain une nouvelle lutte à commencer, la conven- tion la plus honorable, par laquel- le il eut la faculté de repasser la Vistule avec la poignée de bra- ves qui lui restait, et de prendre position à Praga. Les Autrichiens étant ensuite entrés dans la viUe de Varsovie, qui fut forcée de leur ouvrir ses portes, firent quelques dispositions pour enlever aussi le faubourg de Praga, faiblement fortifié; mais le prince .loseph leur déclara aussitôt que s'ils venaient l'y attaquer, il se porterait aux dernières extrémités, et mettrait lui-même le feu à Varsovie, en commençant par le palais (dit la Blaka), sa propre résidence, qu'il tenait du roi son oncle : cette me- nace eut un plein effet. Les liabi- tans de la capitale applaudirent à sa courageuse détermination, et le prince gagna un temps précieux, qu'il sut bien employer. Il avait conçu le projet de se jeter dans la Gallicie , d'en appeler les habitans aux armes, et d'inquié- ter l'ennemi en lui coupant ses communications avec les états héréditaires de l'Aiilriche. Le gé- néral Dombrowski (voj. ce nom), qui se trouvait à Posen , seconda le mouvement en armant les ha- bitans de la grande Pologne. Le succès couronna une entreprise aus.^i hardie. Les paysans accou- raiLMit en foule sous les drapeaux de ces vaillans chefs, qui eurent le bonheur de réunir leurs forces sous les murs de Gracovie. Pcn-

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datit ce temps. Napoléon, à la tête de son armée victorieuse, était en- tré à Vienne; l'archiduc Ferdinand se hâta d'évacuer ïhorn, Varsovie et les autres places qu'il occupait, pour regagner la Moravie, et le prince Joseph fit sou entrée dans l'ancienne capitale de la Pologne. Il avait trouvé les moyens de réu- nir dans les environs de Cracovie une année de 5o,ooo hommes, qu'il venait, pour ainsi dire, de taire sortir dt; terre; mais, après s'être heureusement débarrassé des Autrichiens, ileutencore de violens démêlésaveclesP»nsst's,àqui Napo- léor» venait de céder une partie de la (iallicie enlevée à l'Autriche. L'inébranlable fermeté qu'il sut opposer à toutes les prétentions injustes de ces nouveaux envahis- seurs, eut le succès qu'il avait le droit d'attendre, et ajouta à pa };loire. Rappelé bientôt dans la capitale par le roi de Saxe, alors souverain du grand - duché de Varsovie, le prince Poniatowski donn;i tous ses soins à fonder les établisscniÊns militaires qui man- quaient encore à l'armée polonai- se, tels qu'une maison d'invalides, et un hôpital pour les soldats des écoles de génie et d'artillerie. Les places importantes de Praga, de Modlin, de Sandomir, de Zamosc et de Thorn , furent aussi pour- vue? des objets nécessaires, et leurs fortifications furent considérahle- inenl augmentées. Pendant la campagne de Ilussie, en 1812, qui se termina d'une njanière sifunes- sc pour les Français et leurs al- liés, le prince Poniatowski et ses braves Polonais se couvri- rent de gloire dans tontes les af- faires où ils eurent part. Dès l'ou-

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verture de la campagne suivante, de 181 3, il se rendit en Saxe, Napoléon lui confia le commande- ment d'un corps d'armée compo- séde troupes polonaises et françai- ses. Sans avoir le titi"e de maréchal de Fiance, l'empereur avait ordon- né qu'il en eût les insignes, le rang et les honneurs. Poniatowski avait déclaré hautement « qu'il était fier de se trouver le chef des Polonais, et que toute autre distinction n^e lui convenait point. » Cej)endant après la journée du 16 octobre, il venait encore, à force de valeur et de manœuvres habiles, d'obtenir ks plus b ri lia ns succès. Napoléon fit mettre à l'ordre du jour de l'armée, que, « voulant donner an prince Poniatowski une dernière marque de sa haute estime, et en même temps l'attacher plus étroitement aux destinées de la France, il re- levait au rang de maréchal de l'em- pire. «)Le 18 octobre 18 1 5, il se bat- tit enccne toute la journée. Char- gé de couvrir la retraite de l'armée française, après la glorieuse et fu- neste bataille de trois jours à Léip- /,ick , il était déjà arrivé à l'exl ré- mité du faubourg de cette ville, il fit une brillante charge avec une poignée de lanciers polonais, dans laquelle il fut blessé. 11 pro- tégea ensuite le passage de ses | troupes légères, traversa la Pleiss 1 à la nage, mais se trouva enfin, avec ime suite peu nombreuse, sur les bords de la rivière d'Klster. Par tme méprise bien funeste, les ponts avaient été coupés par les | Français eux-mêmes. L'ennemi lui J criait en vain de se rendre; quoi- que blessé de nouveau d'un coup de feu à l'épaule, il n'hésita point, et s'élança dans les flots, s'abandou-

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nant;\ son cheval, qui n'en put sur- monter la rapidité. Le malheureux prince y disparut. Son corps, re- trouvé seulement le 24 octobre, fut alors embaumé et porté à Var- sovie, où tous les honneurs dus à son rang lui furent rendus par or- dre même de l'empereur Alexan- dre. La mémoiredu prince Joseph Poniatowski est en vénération en Pologne , et doit l'être parmi les brares de tous les pays. Les ennemis de sa nation plaignirent la 6n d'un si généreux adversaire, et ses compagnons d'armes pleu- rent encore leur chef vaillant, le Boyard polonais^ comme lui mo- dèle de fidélité, comme lui guer- rier sans peur et sans reproche. Le prince Joseph n'avait jamais été marié, et dernier rejeton de la fa- mille des Poniatowski, avec lui s'é- teignit (si l'on en excepte un roi) u- ne famille entière de héros. Les prin- cipales dispositions de son testa- ment, qu'il avait faitavant de partir pour la guerrederiussie,élairnt tou- tes en faveur de ses frères d'armes. PONS ( François -Raymond - Joseph de), ancien agent du gou- vernement français à Caraccas , à Saint-Domingue, a long- temps séjourné en Angleterre , et n'est venu se fixer en France qu'en 1804. M. de Pons a publié sur les colonies plusieurs ouvrages que i<es connaissances étendues dans ce4te partie ont rendu dignes de l'attention publique. Ce sont : Observations sur la situation politi- que de Saint-Domingue, i7go,in-8"; les Cohnies françaises aux socié- tés d'af^riculture, aux manufactu- res et aux fabriques de France , sur la nécessité d'étendre à tous les ports la faculté déjà accordée à

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quelques-uns, de recevoir des bois, bestiaux , riz , poissons salés , que la France ne peut fournir, 1791, in- 1 2 ; Voyage à la partie orien- tale de la Terre-Ferme , dans l'A- mérique méridionale f 1806, 3 vol. in-S"; f^" Perspective des rapports politiques et commerciaux de la France dans les Deux-Indes , sous la dynastie régnante , 1807, in-8°. Dans cet ouvrage l'auteur mon- tre , comme dans tons ceux qu'il a publiés, des vues très-judicieu- ses , il émet des opinions fort op- posées à celles que M. de Pradt a développées dans son livre des trois Ages des colonies. Ces deux ouvrages doivent être également consultés.

PONS DE VERDUN (Robert), était , avant la révolution , avocat au parlement de Paris , mais moins connu du public par ses plaidoyers au barreau, que par une foule de poésies légères répandues dans les différens recueils périodiques du temps , et principalement dans V Almunach des Muses. Il réussis- sait surtout dans le genre du conte et de l'épigramnie. L'originalité de son esprit et la douceur de ses mœurs lui avaient acquis dans la société la réputation d'un homme aimable, quand la révolution vint le jeter dans une plus vaste et plus dangereuse carrière. M. Pons de Verdun eu embrassa avec chaleur les principes, et le poète gracieux se trouva bientôt transformé en magistrat et en législateur. Nommé d'abord, en 1^92, accusateur pu- blic à Paris, il fut, quelques mois après, élu par le département de la Meuse , député à la convention nationale , presque constam- ment attaché au comité de légis-

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lation, il prononça à la tribune un grand nombre de rapports au nom de ce comité. Dans le procès du roi , il vota avec la majorité. Le premier jour complémentaire de l'an 2(17 septembre 1794)? S"r un de ses rapports, la conven- tion décréta en principe, qu'au- cune femme accusée de crimes en- traînant la peine capitale ne pour- rait être mise en jugement, si elle élail reconnue enceinte. Aussitôt le décret rendu, il courut à la con- ciergerie annoncer aux prison- nières la promulgation de celle loi, et eut le bonheur d'airacher au supplice plusieurs femmes dé- jà condamnées, ou sur le point de l'être, auxquelles il fit passer l'avis de se déclarer enceintes. Le 99 nivôse an 5 (18 janvier 1795), il fit annuler par la convention un jugement de la commission mi- litaire do Nantes , qui venait de condamner A la peine de mort la veuve du général vendéen Bon- champ. Il plaida on cette occa- sion, avec éloquence et succès, la cause d'une malheureuse victime des troubles civils, et rappela la gé- nérosité avec laquelle Bonchamp, mourant, avait sauvé la vie à des prisonniers républicains (roj. Bon- ciiAip). Lors de l'insurrection des sections de Paris contre la conven- tion , en vendémiaire (1795), M. Pons de Verdun fut élu secrétaire de l'assemblée, et ensuite mem- bre de la commission des cinq , chargée de présenter de nouvelles mesures de salut public. Après la session conventionnelle, il entra au conseil des cinq-cents , y pa- rut plusieurs fois à la tribune, et fit un rapport , le 5 décembre 1797, dans lequel il cherchait à

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établir la nécessité d'élever les en- fans mineurs des émigrés dans des principes conformes au nouvel or- dre de choses, et de les soustraire à l'influence de. leurs parens. Au mois de' mars 1799, il fut élu pré- sident du conseil, et après la révo- lution du 18 brumaire an 8 nom- mé commissaire du gouverne- ment près le tribunal d'appel du département de la Seine. Napo- léon le nomma ensuite substitut du procureur-général près de la cour de cassation , puis avocat-gé- néral près de la même cour. Après avoir rempli honorablement ces fonctions importantes jusqu'en 1814, M. Pons de Verdun donna sa démission peu de temps après la première restauration, i'ut réinté- gré dans sa place d'avocat-général pendant les cent jours, en 18 15, et la perdit de nouveau après le se- cond retour du roi. Frappé com- me votant par la loi du 12 janvier 1816, il se retira en Belgique, mais il obtint, en 1819, l'autori- sation do rentrer dans sa patrie. M. Pons de Verdun a fourni, pen- dant son exil , plusieurs contes en vers aux journaux qui s'impri- maient à Bruxelles. Il avait pulilié eu France: Mes Loisirs, ou Poésies diverses y 1780, in- 12, et seconde édition, 1807, in-8°; Portrait du générât Sawarow , '795, in-8°. On a annoncé qu'il donnerait in- cess. miment une édition complète de ses oeuvres diverses.

PONSARD ( Louis) , avocat, fut élu, par le déparlement du Morbihan, membre de la chambre des députés, en août 1816. Il se montra constamment le défenseur des droits du peuple; les princi- pes qu'il suivit dans toute celle

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mission sont tracés dans ces mots «jii'il prononça, au mois de jan- vier suivant, lorsqu'il fut ques- tion de la liberté individuelle : <' C'est un devoir, dit-il, pour un » député qui a passé la moitié de sa » vie dans les prisons, occupé du »soin d'adoucir la destinée des dé- » tenus, et qui a été, plus que per- » sonne, le témoin des abus d'au- »torité, de se déclarer contre une

Ir nloi qui viole la liberté indivi- P«d.uelle. » Dans l'importante dis- cussion qui eut lieu à cet égard , M. Ponsard s'élayadu discours de la couronne , pour réfuter le ta- bleau alartnant présenté par M. de Serres , et combattit le projet comme funeste en l'absence de la responsabilité ministérielle ; au mois de février, ii proposa quel- ques amendemcns au projet de loi «ur les prisonniers pour dettes, et demanda que l'on accordât aux détenus pour dettes civiles, com- me aux débiteurs pour dettes com- merciales, le bénétice de l'article 18 de la loi du 5 avril 1798 , qui veut que le commerçant soit ren- du à la liberté après cinq années de détention; il conibattit le pro- jet de la commission sur les éla- lilissemens ecclésiastiques , et fut interrompu par le centre et le cô- té droit, lorsqu'il demanda : «Qui ■^«acceptera les dotations ? sera-ce Bplecuré, le desservant , la com- mnnion desfiJèles Au sujetdes élections, il se prononça avec for- ce pour l'élection directe. De 1817 à 1818, en p;irlant sur la liherlé de la presse, il établit que le pro- jet de loi tendait moins à répri- mer les abus que la liberté elle- ^Tiême ; qu'il confondait deux cho-

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blication , et que l'institution seule du jury, en matière de délit de la presse, pouvait donner une garantie suffisante. Il combattit avec la même énergie la disposi- tion relative à l'asservissement des journaux, et s'opposa à la réduction des dettes des colons de Saint-Domingue. De 1818 à 1819, il s'inscrivit contre la résolution des pairs sur la loi des élections ; quant au cautionnement des jour- naux, il le concède, tout en de- mandant une grande réduction ; il se prononce aussi pour les jour- naux des départemens, et propose quelque disposition favorable re- lativeu)ent au versement de fonds exigé des propriétaires. Dans la discussion relative au clergé , il parla en faveur des curés que leur âge ou leurs inGrmités met- tent hors d'état de remplir leurs fonctions, et se plaignit qu'une somme exorbitante eût été dis- tribuée à vingt-huit évêques, nom- més à des bénéfices avant l'adop- tion du concordat. 11 appuya eu- suite, sans aucune restriction, le budget de la marine. Quant aux articles additionnels, après avoir retracé l'origine des camps de Ju- liers et d'Alexandrie , et les dis- positions législatives et adminis- tratives dVnit les vétérans ont été l'objet , il demande que par addi- tion leurs pensions fussent décla- rées réversibles à leurs veuves et à leurs cnfans. Enfin, dans les chapitres des voies et moyens, il développa divers amendemens , les uns en faveur des entrepre- neurs des diligences imposés A un dixième, même sur le prix des places vides, d'autres en faveur des entrepreneurs de messagerie».

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lendanl à diminuer les prix de transport des effets et marchandi- ses qui lenr sont confiés ; ainsi les votes de M. Ponsard eurent tou- jours pour objet les droits du peu- ple, les encourageniens de l'in- dustrie, et la protection duc aux malheureux. Ses concitoyens le réélurent en 1819 à lu chambre des députés , mais il ne Crut pas devoir accepter ces honorables fonctions. Ce refus a vivement af- fecté tous lesi amis de la patrie.

PONSONBY ( Gbouges) , mem- bre de la chambre des communes, et en dernier lieu , un des princi- paux ehefs de l'opposition , naquit en Irlande, le 5mars i^ôS. Son pè- re, hoir.m« d'état distingué, était orateur de la chambre des com- munes du parlement d'Irlande. Le jeune Ponsonby fil de brillan- tes études à l'université de Cam- bridge, et se consacra dès sa jeu- nesse au barrcat), il obtint des succès. Lorsque le duc de Portiand entra pour la seconde fois au mi- nistère en 178a, et devint lord- lieiilenant d'Irlande, il fit donner à Ponsonby la place importante et lucrative de premier avocat au «■onseil du revenu. II devint aussi membre de la chambre des com- munes d'Irlande, et y soutint avec talent les mesures de l'adminis- tration. Mais, en décembre 1783, un autre revirement ministéiiel eut lieu : le duc de Portiand reçut sa démission, et Ponsonby perdit sa place, que le nnarquis de Buc- kingham, à la tête du nouveau mi- nistère, fit donner à M. Marciis Beresford. Ponsonby, privé d'un état brillant, reprit avec ardeur l'étude des lois , obtint comme avocat une riche et nombreuse

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clientelle , et répara bientôt la brè- che faite à sa fortune par le mi- nistère Buckingham. Il se fit non- seulement la réputation d'un des meilleurs jurisconsultes de l'Irlan- de, mais il exerça une grande in- fluence dans la chambre des com- munes de Dublin , dont il n'avait point cessé d'être membre, y fut considéré comme le plus éloquent orateur de l'opposilion , et le plus redoutable adveiisaire du minis- tère. Pendant la première aliéna- tion mentale du roi Georges III, il obtint même un triouaphe mo- mentané sur le ministère, déter- mina la chambre à inviier le prin- ce de Galles à prendre la régence pendant la maladie du roi, et força le vice-roi d'Irlande, qui s'y était opposé, à se retirer de .son pos- te. Ponsonby continua depuis à diriger le parti de l'opposition, et s'éleva avec chaleur, en plusieurs circonstanc(!S , contre la corrup- tion , la violence et l'ineptie des agens du gouvernement, qu'il ac- cusait, en outre, d'avoir provo- qué, par leurs mesures oppressi- ves, le terrible soulèvement de l'Ir- lan<le en 1798. Après la réunion de cette île à l'Angleterre et la fu- sion des deux parlemens, contre lesquelles il s'était fortement op- posé, Ponsonby fut nommé, par le comté de Wicklow, député à la chambre des communes du nou- veau parlement, d'il impérial. Son caractère honorable, l'opinion gé- nérale et fondée qu'on avait de son incorruptible probité, et ses lalens oratoires, quoique moins brillans que ceux des Fox et des Sheridan , qui l'avaient précédé dans la carrière, lui obtinrent, dans la chambre des communes à Lou-

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dres, la même influence qu'il avait exercée dans celle de Dublin. 11 fut regardé en quelque «îorte, et jus- qu'à sa mort , comfne le chef de l'opposition. Il se prononça avec énergie contre plusieurs mesures ministérielles, principalement en ce qui «oncernait l'administration de la malheureuse Irlande. Il in- sista aussi pour la suppression de l'odieuse Income tax ( impôt sur les revenus) qui, outre sou poids accablant, établissait sur les for- tunes particulières une espèce d'inquisition, que les Anglais re- fusèrent bientôt de supporter. Quand l'alderman , sir William Curtis, présenta à la chambre des communes, au nom des comm-er- cans , marchande et banquiers de la cité de Londres, une pétition revêtue de a2,ooo signatures, pour demander la suppression de cet im]>ôt, Ponsonby iuterpela vive- ment le lord Castelr«agh. lui de- mandant si c'était encore l'œu- vre d'une ignorante impatience , termes dont ce ministre s'était .^ervi ilans la discussion quelque leujps auparavant. Il eut bienlàt lieu de témoigner sa satisfaction à la chambre , lors de la cessation de cet impôt, ainsi que de celui sur la drèche, qui pesait particulière- ment sur le peuple. Dans toutes les questions qui intéressaient !a liberté civile ou polititjue et les droits des citoyens, Poiisunby s«; prononça en vrai patriote . et tou- jours l(»yal représentant du peu- l)le. Il mourut, en :Si<), vive- ment regretté de tous les hommes de bien. Il était niembre du con- seil-privé du royaume - uni , et avait succédé momentanément à lord Uedesdale dans les fonctions

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de chancelier d'Irlande; mais il ne remplit ce dernier poste que pendant un an environ, et donna sa démission en 1807.

VONSONBY (Frédéric-Caven- dish) , membre de la chambre des communes pour le comté de Kil- kenny, chevalier commandeur de l'ordre du Bain, des ordres de Marie-Thérèse d'Autriche et de Saint-Georges de Russie, est fils du comte de Besborough , pair d'Irlande. Il a servi avec distinc- tion, dès sa jeunesse, dans les armées anglaises. Le prince ré- gent l'avait choisi pour un de ses aides-de-camp, et il était en ou- tre Colonel du 12° régiment de dragons, avec lequel il passa sur le continent, lorsqu'il fut griève- ment blessé à la bataille de Wa- terloo le 18 juin 181 5.

PONTA ( JoACHiM) , poète ita- lien , à Gènes en 1 770. Il fut le 25"* et l'avant-dernier de ses frè- res , qu'il vit tous dispanntre au- tour de lui, à l'exception d'un seul. Après avoir consacré ses pre- mières années à profiter des leçons de Solari et de iMassuccf», il fut appelé, par stnx père mourant, à le remplacer dans la direction d'une fabrique de soieries qui formait tout le patrimoine de sa nom- breuse famille. Le jeime Ponla, qui s'était déjà attaché à l'élude , (lut s'en séparer pour ()béir à la vo- lonté de son père. Ayant eu le mal- heur de le perdre quelque temps après , il abandonna le commerce pour s'adonner tout entier à la poésie et aux beaux-arts. Le pre- mier fruit de son application fut un poëme didactique sur ta calce ( la chaux ) , qui eut quelque suc- cès , tnalgré l'aridité du sujet. Il

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entreprit ensuite un plus grand poëme sur la Vaccinia ( la vacci- nation), dont il chanta les avan- tages et le triomphe. Ce poëme, qui lui coula six ans de travail, fut confié aux presses de Bodoni, et dédié à Joacbim {voy. Mukat), qui occupait alors le trône de Na- ples. M. Ponta alla le lui oftVir lui- même, et depuis ce moment, il n'a plus quille ce pays, il a composé un grand nombre de poé- sies fugitives, dont il se propose de publier u.i recueil complet. Il s'est aussi essayé dans l'impromptu, dont le goût lui a é peut-èlre com- muniqué par Gianni, avec lequel il a ététrès-lié.En 1812, M. Ponta eut occasion de faire la connais- sance du duc de Berwich, qui lui confia d'abord la direction de sa bibliothèque et de son musée, et ensuite réducalion de son fils. M. Porta lui témoigna sa reconnais- sance parun poëme généalogique, intitulé : / fasU délia famigUa Ber- wich.

PONTE (Hilaibe), capitaine de carabiniers dans le bataillon des tirailleurs corses, chevalier de la légion-d'honneur, naqm'tàAjac- cio. Sa famille , l'une des plus il- lustres de la Corse , lui fil donner une éducation conforme à sa for- time, et son goût le porta de bonne heure à embrasser la pro- fession des armes. La protection pouvait lui faire obtenir facile- ment un grade qu'il voulut ne de- voir qu'à son mérite. Il se distin- gua aux batailles d'Ulm , d'Aus- lerlitï et de Friedland. Au com- bat d'Ebersbcrg, le 4 '«ai 1809 , Ponte, alors capitaine, montra tant de valeur , qu'on le cita dans le bulletin comme l'un des plus

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braves officiers de l'armée. « L'im- «pétuosité des bataillons corses et »du Pô, y est-il dit, a fixé l'at- «tention de toute l'armée. Le «pont, la ville et la position d'É- «bersberg, seront des monumens «durables de leur courage. Le » voyageur s'arrêtera et dira : c'est » ici , de cette superbe position, de .•)ce pont d'une aussi longue éten- »due, d'(m château aussi fort, «qu'une armée de trente - cinq » mille Autrichiens fut chassée par «sept mille Français. Une com- «pagnie du bataillon corse, en «poursuivant l'ennemi dans les «bois, a fait elle seule sept cents «prisonniers. Les tirailleurs cor- «ses et du ont admiré la valeur «du capitaine Ponte, dont la com- «pagnie, étant à l'avant - garde «dans cette affaire, a fait les sept «cents prisonniers. » A la bataille d'EssIing, quoique dangereuse- ment malade , il voulut guider sa compagnie au feu. Les chirur- giens tentèrent vainement de l'en dissuader, son courage triompha de leur jésislance, et malgré son état de faiblesse, il fit des prodi- ges do valeur. Atteint d'un bou^ let de canon à la poitrine, il ter- mina à vingt-deux ans une vie glorieuse, et qui donnait les plus grandes espérances.

PONTE (Antoike), chef de ba- taillon de la garde impériale, che- valier de la légion-d'honneur, et des ordres royaux d'Espagne et des Ueux-Siciles, à Ajaccio , en Corse, est frère du précédent, et ne dut, comme lui, son avance- ment qu'à sa valeur. Entré dans la carrière militaire en qualité de simple soldat, il obtint successi- vement tous les grades jusqu'à ce-

^C'f'Jc .%nh>cou(<uir

'lit/ t/c - ^'ntiui' .

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lui de capitaine, avec lequel il pas?a dans la garde du roi Jo- seph (»oj Bonaparte) à Naples , suivit ce prince en Espagne, et rentra avec lui en France, par sui- te des événemens de la guerre. Au commencement de iSi/j? '^ capi- taine Ponte fut admis dans la gar- de impériale avec le rang de chef de bataillon. Depuis l'époque du consulat jusqu'à celle du traité de Fontainebleau, il lit constamment la guerre en Italie, en Calabre, en Espagne et en France, et se si- gnala en divers combats. Au siège de Gaëte, il fut grièvement blessé au talon, en montant l'un des pre- miers à l'assaut du fort de Rocca- Gloriosa. Il reçut encore trois coups de feu, dont un lui traver- sa la cuisse droite, le 3i août i8i3, Jorsqu'avec 70 hommes il enleva la position escarpée de la chapelle de Saint-ftlartial, sur le Bedeasore, et fit éprouver à l'en- nemi, en blessés et en morts, une perte considérable. Dans la cam- pagne de 1814, le chevalier Ponte montra autant de dévouement que de courage; il entra le 31 juin de la mr;me année dans le 2°" régi- ment d'infanterie légère, fut mis peii après en réforme, avec trai- tement d'activité, et enfin il reçut sa retraite en 1816.

PONÏÉCOLLANT (Louis-Gis- TAVE-DoutCET, COMTE de) , Com- mandeur de l'ordre de la légion- d'honneur et dti l'ordre du crois- sant, pair de France, est dans le département du Calvados au mois de noveujbre 1764. Capitaine de cavalerie en 1785, ofTicier des gar- des-du-corps du roi à la fin de la même année, il fit, en 1784, un voyage d'instruction eu Prusse;

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assista aux grandes manœuvres de Postdam et de Silésie, comman- dées par Frédéric-le-grand, et à celles de Bohême que faisait exé- cuter à la même époque l'empe- reur Joseph II. La révolution vint le détourner de la carrière des ar- mes , qui était celle de ses pères. Administrateur en 1790, et prési- dent, en 1791 , du département du Calvados, il fut, dans la même année, nommé suppléant à l'as- semblée législative, et en 1792, député à la convention nationale. Dès le mois de septembre de cel- te année 1792, M. de Pontécou- lant fut envoyé, en qualité de com- missaire , pour inspecter l'armée du Nord, et pourvoira la défense de cette frontière, attaquée par l'armée autrichienne. Il prit la part la plus active et la plus ho- norable au siège que soutint la vil- le de Lille, et aux dilTérens com- bats qui précédèrent la bataille de Jemmapes. Rappelé dans le sein de la convention, après (|u'elle eut décidé que le roi serait mis en ju- gement et jugé par elle, M. de Fontécoulant vola avec la minori- té courageuse qui déclara , et fit constater au procès- verbal, quelle n'entendait pas prononcer un juge- ment, mais seulement concourir à une mesure politique. Son vote fut pour le bannissement et pour que le décret à intervenir fût sou- mis à la ratification du peuple, ain- si que le décret, précédemment rendu, portant abolition de la royauté. Il se prononça de la ma- nière la plus explicite en faveur du sursis, lorsque le décret de con- damnation à mort eut été porté. L'opinion qu'il publia sur cette question, et celle que peu de jours

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auparavant il avait également publiée contre les auteurs des troubles excités dans Paris, et con- tre les odieuxinstigateurs des mas- sacres du 2 septembre, lui méritè- rent l'honneur de se voir inscrit sur la liste des '22 premiers pros- crits, dont la têle fut demandé»; par la commune de Paris, le 16 a- vril suivant. Les périisqui le mena- çaient, et dont chaque jour accrois- sait l'imminence, n'arrêtèrent pas M. de Pontécoulant dans la route honorable qu'il s'était tracée. On le vit s'opposer, avec le même courage dont il avait déjà fait preu- ve, à la nomination du tribunal ré- volutionnaire; dénoncer la muni- cipalité de Paris ; demander la suppression de la correspondance établie entre les sociétés populai- res; réclamer l'inviolabilité du se- cret des lettre* et la libre circula- lion des journaux; protester con- tre toute délibération au 5i mai, et s'opposer au décret d'accusation contre les députés de la Gironde. Décrété d'accusation lui-même en octobre 1 793, et mis hors la loi, il parvint, à travers des dangers sans nombre, à se réfugier en Suis- se, où, dénué d'appui et de tout inojen d'existence, il se plaça, comme ouvrier, chez un menui- sier de Zurich. M. de Pontécou- lant, rappelé en France au mois de pluviôse an 3, et réintégré dans ses fonctions, fut nommé, en flo- réal, membre du comité de gou- vernement , d'abord attaché à la section de la marine, et quelques mois après chargé seul des opéra- lions des armées de terre. Son premier soin, dans cette place é- minente, fut de remettre tu acti- vité l'ét;d)lissemeut du cabinet to-

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pographique militaire, créé par Carnot, et dont le général Clark avait la direction. N'oublions pas une circonstance que l'histoire s'empressera de recueillir : M. de Pontécoulant adjoignit au bureau topographique, pour ce qui con- cernait les armées des Alpes et d'I- talie, Bonaparte , qui depuis.... mais alors il n'était encore que gé- néral de brigade. Depuis cette épo- que, M. de Pontécoulant ne prit que peu de part aux discussion» toujours orageuses de la conven- tion ; mais précédemment il avait prononcé un discours pour la res- titution des biens des condamnés et contre le système général des con- fiscations. Celte opinion de la plus haute éloquence , et qui influa beaucoup sur la décision de l'as semblée, est du très-petit nombre de celles que i\l. de Pontécoulant crut devoir livrer à l'impression. C'est ici le cas de remarquer que le genre de talent de cet orateur le portant toujours à improviser, l'impression devenait pour lui un second travail auquel il s'est rarement livré. Il osa , dès son exorde , flétrir le priacipe sur le- quel reposait cette loi barbare. « La confiscation des biens des con- damnés est injuste, dit-il, même eu considérant tous les condam- nés comme coupables; le sacrifi- ce do la vie est sans doute la plii,- grande réparation que la patrie puisse exiger d'un criminel, et cette réparation ne peut être sui- vie (l'aucune autre. Il n'est pas vrai , comme on n'a pas craint de vous le direct de l'imprimer, que quel que soit le sort de la guerre, tes dépouilles des morts doivent être enlevées par tes vainqueurs. Les

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valets d'une armée peuvent bien ^e permettre de dépouiller les ca- davres des vaincus, mais les vain- queurs généreux, puisqu'ils sont braves, ne s'abaissent point à cette indignité.... La confiscation est in- juste; elle fait supporter aux en- fans la peine des crimes de leurs pères; elle punit le frère innocent de l'action du frère coupable.... Quels sont nos forfaits? vous diront Icsenfans proscrits dès le berceau, et qui ne connaissaient encore de calamité que la perte des au- teurs de leurs jours. Nous n'avons point partagé les fautes de nos pères : vous ne pouvez nous ren- dre nos guides, nos soutiens, ah! du moins ne nous privez pas des moyens de subsistance qu'ils a- vaient amassés pour nous, et que nous n'avons pas mérité <le perdre. Leur répondrez - vous : Nous con- naissons votre innocence- mais vos pères furent coupables , et vous devez

être punis comme eux Rome

libre ne prononça jamais de con- fiscation; Sylla fut le premier qui les ordonna , mais Sylla fut

un tyran La confiscation des

biens des condamnés est dangereu- se pour la patrie; elle détache tous ceux qu'elle frappe des intérêts de la société ; elle les appelle en quelque sorte i\ les maudire...; elle est impoliiique, car elle fa- vorise la tyrannie. Les hommes qui veulent usurper le pouvoir n'ordonnent pas de nouveaux impôts; ils savent trop que ce premier acte de l'autorité pour- rait renverser leurs projets; ils flattent d'abord les |)assions du peuple; ils l'environnent de be- soins et de défiances . ils lui présetilvnt dans tout ce qui l'en-

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toure des ennemis et des cons- pirateurs à punir. Le peuple une fois trompé, le sang des hom- mes riches, celui des hommes de bien, inonde les places publi- ques; les confiscations sont ordon- nées, et les mains des confiscateurs, teintes de sang et pleines d'or, ri- vent les fers de la nation.... Je n'irai pas chercher bien loin le> preuves de cette douloureure as- sertion ; il suffira de vous rappe- ler ce mot atroce que vous avez entendu, et qu'il importe de trans- mettre à la postérité la plus recu- lée, pour qu'elle se garantisse de l'entendre à son tour : Nous bat- tons monnaie sur les échafauds. » Depuis le jour il prononça ce discours à la tribune de la con- vention, M. de Pontécoulnnt s'oc- cupa exclusi rement de la direc- tion des opérations militaires et des rapports sur celte partie. Im- médiatement après la signature, à Bille, de la paix avec l'Espagne , il dirigea un détachement consi- dérable de l'armée des Pyrénées- Orientales sur Nice, pour renfor- cer l'armée d'Italie, qui bientôt n'eut plus besoin que d'un chef pour commencer celle longue suite d'exploits qui a consacré la gloire des armes françaises depuis l'embouchure du Var jusqu'aux sources de l'Adige et de la Bren- ta. Élu président de la conven- tion, au mois de messidor au 5, il quitta le comité du gouverne- ment, à la fin de fructidor sui- vant, après avoir fait pronon- cer l'abolition des décrets d'accu- sation et d'exil portés par la con- vention au mois d'octobre i^M^, contre le général Monlesquiou, Dénoncé «près le 1 5 vendémiaire.

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par le parti qui voulait ajourner ou repousser le gouvernement cons- titutionnel et proroger les pou- voirs de la convention, il ne se contenta pas de repousser les atta- ques qui lui étaient personnelles ; il fit rapporler les décrets d'arres- tation rendus contre plusieurs de ses collègues. M. de Pontécoulant partagea avec MM. Lanjuinais , Boissy-d'Anglas et Pelel-de-la- Lozère ( encore aujourd'hui ses collègues à la chambre des pairs) rhonneurd'êlre réélu par un très- grand nombre de collèges élec- toraux ( par plus de 70 ). Il op- ta pour le département du Calva- dos, qu'il avait déjà si honorable- ment représenté, et entra au con- seil des cinq-cents. Il s'y montra fidèle au même système de mo- dération courageuse, dont il ne s'est jamais écarté dans le cours da sa vie piditique. Au conseil des cinq-cents comme à la con- vention, il fit constamment partie de cette minorité qui combattit, toujours avec taleiis, quelquefois avec succès, les nouveaux excès du gouvernement ultra-révolution- naire, et la honteuse oppression du directoire. Nommé président du conseil des cinq-cents, au mois de ventôse an Zj, il défendit la li- berté de la presse contre Louvet et Chénier; il triompha dans cel- te occasion de ses deux puis- sans adversaires, qui soutenaient alors les projets du directoire- exécutif. M. de Pontécoulant parle ensuite pour la levée du séquestre des biens des parens d'émigrés; contre la loi d'excep- tion , dite du 5 brumaire an 4^ i- mitée de la loi des suspects de l'r.n 2; monte à la tribune pour

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y célébrer les victoires des armées de Sambre-et-Meuse et d'Italie, et propose un projet de loi sur les honneurs à rendre aux braves morts les armes à la main; il com- bat les propositions du directoire, relatives aux colonies, et dénonce la conduite des commissaires Santhonax, etc., et des divers a- gens de l'autorité, comme ayant amené et provoqué les désastres de Saint-Domingue ; il demande qu'ilsoitpris des mesures pour pré- server de pareils malheurs les îles Je France et de Bourbon; il s'élève contre la conduite du directoire, dans les révolutions de Venise et de Gênes, et contre un débarque- ment de forçats qu'il a fait opé- ler en Irlande. Il défend le tribu- nal de cassation contre le direc- toire; se plaint de la marche des troupes dans le rayon constitu- tionnel; fait considérer cette me- sure comme une attaque, ou du moins une menace dirigée contre le corps-législalil'; demande que le directoire soit tenu de donner à ce sujetde promptes explications; ne trouve pas sufTisantes celles que renferme le message directo- rial; propose l'adjonction des re- présentans Pichegru et Villot à la commission des inspecteurs de la salle, chargée de veiller à la sûreté du conseil. Pour prix d'une dé- feîise si intrépide et si persévéran- te des libertés publiques, M. de Pontécoulant ne dut pas s'éton- ner de se trouver inscrit sur la liste de proscription du 18 fructi- dor, adressée par le directoire au conseil des cinq-cents; néanmoins il eu fut rayé par les efforts de SOS collègues de la députation du Calvados. Il échappa ainsi à la

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déportation dans les forêts de la iriflrmes, à extirper la mendicité Guiane , que le directoire avait d'un pays cette lèpje de la prononcée contre les ennemis de société était si profondément in- son pouvoir lâchement tyranni- vétérée qu'elle semblait pour que. Le danger qu'il a couru et ainsi dire inhérente à son txis- ' qu'il peut courir encore n'empê- tence. Nommé sénateur au mois che pas M. de Pontécoulant de de février i8o5, M. de Pontécou- protester contre les événemens lant obtint bientôt après du chef du 18 fructidor, comme il avait du gouvernement la permission protesté contre ceux du 5i mai; de faire un voyage en Turquie. Il il fait plus : il refuse de continuer se trouvait -^ Constantinople lors à siéger dans une chambre dont de l'attaque de l'escadre anglaise les droits ont été violés par le di- (féviier 1807), et contribua, sous rectoire, et se retire dans le dé- la direction de l'ambassadeur de partement du Calvados ; il y fut France, le général Sébastiani, son nommé assesseur du juge-de-paix ami, à la défense du port, de la de son canton, et en exerçait en- pointe du sérail et à celle du cure les fonctions à l'époque du Bosphore. Le grand -seigneur ré- 18 brumairean 8. L'année suivan- compensa les services de M. de te, iM. de Pontécoulant fut nom- Pontécoulant dans celte occasion iné préfet du déparlement de la importante, en lui accordant la Dyle. Cinq années d'une admi- décoration de son ordre du crois- nistralion aussi ferme que bicnfai- saut. Après la retraite des Anglais, saute, ont rendu son souvenir à il se rendit à l'armée du grand- jamais cher aux habitans de ce visir sur le Danube, il resta pays : nous aurons résun)é en jusqu'à la conclusion de la paix quelques lignes les travaux de de Tilsitt. Rentré en France à la son aduiinislralion , en disant fin de l'année 1807, il vint re- qu'il y rétablit l'ordre dans ton- prendre sa place au sénat; en tes les parties; qu'il appela aux 181 1, il fut envoyé dans la sixiè- fonctions publiques les grands me division militaire, eh qua- propriélaires; détruisit les lis- lité d'inspecteur-général, chargé tes d'émigrés, leva les séques- de l'organisation des cohortes ac- tres mis sur leurs biens et an- lives du premier ban de la garde nula les arrêts de déportation nationale des départemens de rendus contre les prêtres. Les rou- l'Ain, du Doubs, du Jura, et de la tes depuis long-temps négligées Haute-Saône; en i8i3, il se ren- sont reconstruites dans toute l'é- dit en Belgique avec des pouvoirs tendue de son déparlement, les é- extraordinaires pour la défense de difices publics relevés, le culte ré- la frontière du Nord , et particu- tabli, les sœurs de la charité ren- lièrement des départemens de la dues à leurs pieuses fonctions; il Dyle, des Deux-Nèlhes, de Jem- assure le service des hospices, et mapeset de l'Escaut. M. de Pon- parvienl, en créant des ateliers de técoulant rentra dans l'ancienne travail pcuir les pauvres valides, et France, eu février 1814 » avec des refuges pour k^vioillards cl les la petite et brave armée du gé-

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nét-nl Maison; il siégea au sénat, dans les t^éances re corps rap- pela au trône le roi régnant. Il fut nommé pair de France par l'or- donnance (lu 5 mars 18 14- Décla- ré déiïiissioiHiaire par celle du a4 juillet 181 5, et rappelé à la chambre des pairs par l'ordon- nance du 5 mars 181g, M. de Pon- técoulant a constamment pris une part active, et souvent lait briller un talent de discussion très -re- marquable dans les délibérations de la chambre dont il est mem- bre; mais la partie à laquelle il paraît s'être plus spécialement at- taché est csllc des questions judi- ciaires. Aussi s'esl-il lait parti- culièrement lemarquer dans les diverses occasions la chambre des pairs a été constituée en cour de justice. Ce lut sur sa propo- posililion qu'une commission spé- ciale fut Ibrmée eu 1820 pour dé- terminer la compétence et régula- liser les opérations de la chambre constituée en cour des pairs. Il fut aussi nommé mentbre des deux autres conunissions formées pour^ le même objet en 1821 et en 1822 , et de celle formée en 1824 pour modifier, en les adou- cissant, différentes dispositions du code pénal; précédemment M. de Pontécoulant avait été membre de la commission qui rendit (en 1819) la liberté aux journaux. Nous nous souunes bornés, oonj- ine on a pu le voir, à lu plus simple énonciution des évcne- mens et des travaux qui ont si honorablement marqué le cours de la vie politique de M. de Pon- técoulant. Qu( I autre cependant pouvait lui payer un plus ju^te tri- but d'éloges que l'auteur de celic

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notice, qui met au rang de ses plus précieux souvenirs, sa coo- pération en Belgique, aux travaux adiuinistratifs de ce noble pair, dont il avait été le camarade de proscription, en 1793, et qui l'a- vait ))ris pour aide, au comité du gouvernement en Tan 3 et dans sa préfecture de la Belgique?

PONTEÏ lils (Pierre-Bernard de), membre de la légion-d'hon- neur, fut élu par le département de la Gironde, à la chambre des députés; il y vota avec la majori- té. De 181 5 à 18 16. lors du projet de loi sur les élections, après une discussion peu prolongée , il se prononça pour les amendemens de la commission < et adopta les su[ipléans pi-oposés par M. de la Bourdounaie , en partageant sou avis tant sur l'âge de ans qu'il exigeait pour retnplir les fonctions de député, que sur les trois degrés d'éligibilité, qu'il réclamait égale- ment. Profitant ensuite de l'occa- sion, il attaqua les ministres, et leur reprocha de n'avoir pas don- né toutes les places à des hommes connus par leur attachement inva- riable à la monarchie. De 1816 à 1817. dans la discussion du bud- get, il appuya l'emprunt et les économies , revint sur le projet déjà énoncé de rétablir les corpo- rations, proposa ensuite quelques amendemens an budget , et finit par l'adopter. De 1817 à 1818, il vota contre le recrutement, après avoir reproduit toutes les objec- tions déjà faites coutre les vé- térans. De i8i8;'i 1819, lorsqu'il fut question des livres supplémen- taires delà dette publique, il con- sidéra le jeu de bourse C(unme tendant à faire disparaître les ca-

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pitaux en numt^raire , indispensa- bles aux maiiuluclines, au com- merce et aux jirupriétés : il àou- lint en fonséq:ience que la loi proposée n'oUVirait aux départe- inens que des avanlaj;^es illusoires ou d.mgereux. Après une sortie contre les journaux, il vole le re- jet. iVÎ. de Pontet, réélu en 1819, siégeait encore dans la chambre dissoute en iS^^; il ne IJl point partie de la nouvelle chaaibre de 1824.

POPHAM (Sir Home-Uiggs ba- ronnet), contre - amiral anglais, commandeur de l'ordre du Bain, membre de la chambre des Cf>m- niunes pour le bourg de Yar- mouth, dans lile de Wight, mem- bre delà société royale, etc. , est t;n Irlaudeen 1763. M. Pophan) pè- re, qui avait été consul brilarmiquc à Teluan, dans l'état de Waroc. se trouvait chargé d'une nombreuse famille , et ses fils lurent em- ployés dans les quatre partie* du inonde. Sir Home Poj)hatn , l'un des plus jeunes, entra au sortir <le l'enfance dans la rnariiie roya- le, et parvint an grade de lieute- nant de vjùsseau pendant la guerre d'Amériipie. Après la conclusion de la paix, il [)rit le coinn>ande- ment d'im vaisseau marchand , et se rendit dans l'Inde, il re- trouva m> de ses frères, qui s'é- tait distingué an service de la compagnie anglaise. Lui-même fut bientôt employé par lord Corn- wallis, et chargé d'aller en 178H reconnaître INew-Harbour, sur la rivière Hougly, l'on avait for- mé le projet d'établir un gran<l arspnal pour marine. Il trouva ce lien moins favorable qu'on ne l'avait représenté , et ayant en

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1791 pris de nouveau le comman- deuHinl d'un vaisseau marchand, qui devait aller du Bengale à Bom- bay , il fut assailli on mer par de yioknies tempêtes, qui l'obligè- rent d'entrer dans le détroit de Malacca , et de jeter l'ancre près de l'ile du prince de Galles. Il y découvrit un passage «néritlional, et proposa d'établir l'arsenal de la marine dans un endroit bien plu> convenable 'pie celui qu'on avait d'abord eu en vue. Son pro- jet fut adopté . et des remercî- me!»s publics lui furent adressés par le gouvernement. Une pièce de yaisselie avec une inscription honorable lui (ut offerte eu plein conseil. La cour des directeurs de la compagnie des Indes le recom- manda pour son avancement aux lords de l'amirauté à Londres. En 1795, il fut nommé capitaine de vaisv<eau à la recommandation du duc d'York, auquel il avait rerv- dn d'iurporlans services pendiMif la malheureuse expédition des An- glais en Flandre . dont il recueil - lit les débris , qu'il escorta en An- gleterre avec l£s frégates l'y/m- pliion et la Dédale. En 1798, sir Home Popham se rendit à Rével et à Cron.-ladt afin de présider'» l'end). uipienient des troupes que Il lUissie fournissait à l'Angleter- re, pour forn>*;r une nonvelle ex- pédition destinée à chasser le.4 Français de la Hollande, entre- prise qui eut , ronime ou sait . l'issue la ])liis funeste pour les ai- liés. ; mai-* les commencemens eu lurent brillau'* pour {•• capitai- ne angïai* ; il re(;ut l'accueil le plu't flatteur en Hussie; leinpe- rciu' et rimpéralrice se rendireni à sou Lord , et le comblèrent de

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présens. Paul I", qui venait de se créer lui-raêine grand-maître de iMalle , créa sir Home Popham commandeur de cet ordre, et le gouvernement anglais, qui per- mettait encore à l'autocrate de toutes les Russies d'eu distribuer les décorations, quoiqu'il se ré- servât depuis la propriété de tou- te l'île, autorisa l'oliJcier protes- tant à prendre dans son pays le titre de commandeur d'un ordre catholique. Ce premier exemple l'ut donné en septembre 1798. Les troupes russes furent conduites sur les vaisseaux anglais eu Hol- lande, d'où elles passèrent à la fin de la campagne , prisonnières de guerre en France. A son retour en Angleterre, sir Home Popbam donna le plan d'une division de tout le pays en districts mariti- mes, et il obtint le commande- ment de celui qui est situé entre Deal et Beavy-Head. En 1800, il s'embarqua pour les Indes-Orien- tales , se rendit à Calcutta, et fut chargé par le gouverneur-général lord'Wellesley,de différentes mis- sions diplomatiques auprès du shé- rif de la Mecque et des scheiks de l'Arabie, qu'il s'agissait de ga- gner . et avec lesquels la compa- gnie marchande et souveraine éta- blissait de nouvelles relations de commerce. L'habile négociateur réussit jiarfaitement , à ce qu'on assure, dans ces missions; mais à son retour à Londres en i8o3, il n'en trouva pas moins le nou- veau ministère , formé en son ab- sence , mal disposé à son égard. On accusait sir Home Popham d'avoir fait des dépenses exces- sives dans l'Inde pour lu ré- paration de ses vaisseaux , et

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d'avoir, pour satisfaire ses in- térêts particuliers, promené son escadre dans les parages du Ben- gale , au lieu de la conduire di- rectement à Bombay. Dans un rapport public du ministère, cette conduite se trouvait sévèrement blâmée. Sir Home Popham, qui avait cependant été élu mem- bre de la chambre des com- munes, se vengea de cette atta- que en censurant vivement les rapports officiels .des ministres au parlement sur l'état de la marine, et en signalant leurs graves er- reurs. L'accusation n'eut point d'autres suites que la non activité de l'accusé pendant ce ministère. Une nouvelle administration ayant été formée, dont lord Melville, prolecteur de sir Home Popham , devint membre, ce dernitu* eut le commandement du vaisseau V An- tilope , et fut ensuite mis à la tête de l'expédition dite des Catama- rans, brûlots qui, fabriqués pour détruire la llottille de Boulogne, n'incendièrent qu'une seule cha- loupe. En i8o5, son triomphe au j>arlement fut complet ; l'enquête qu'il avait demandée ayant été fai- te, et un long rapport du comité en- tendu,sirWilliam Borrough annon- ça à la chambre des communes une motion pour la session prochaine , portant que la conduite de sir Home Popham avait été trouvée en tout point irréprochable; dé- claratioji qui fut en effet adoptée. Il fut chargé , la même année 1806, conjointement avec le gé- néral David Baird, commandant des troupes de terre, de l'expédi- tion qui alla s'emparer de la riche colonie hollandaise du Cap de Bonne- Espérance , et fit depuis

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partie de l'expéuilion de flibus- tiers , qui vint enlever la flotte danoise dans le port de Copen- hague. Créé baronnet après celte brillante conquête, il fut active- ment employé avec le grade de contre-amiral sur les côtes d'Es- pagne, pendant la guerre de la péninsule, et lorsque lord Moïra (aujourd'hui marquis de Haslings) fut nommé gouverneur- général du Bengale, il monta à bord du vaisseau de l'amiral Popham , qui le transporta dans l'Inde. Cet of- ficier passe pour un des plus ha- biles marins de l'Angleterre. On lui doit plusieurs améliorations et inventions ingénieuses. En 1816,

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il fit en pré.sence du duc d'York , des expériences du Sémaphore , qu'il a inventé, et qui réussirent complètement. On assure que cet- te machine est préférable aux té- légraphes, qu'elle offre 3000 com- binaisons au lieu de cent, et qu'elle peut être montée et démontée a- vec la plus grande facilité , et transportée d'un lieu dans un au- tre. Sir Home Popham a publié les ouvrages suivans : Précis des faits relatifs au traitement qu'il a éprouvé depuis son retour de la mer Rouge, i8o5, in-S" ; Des- cription de l'île du Prince de Gal- les , avec ses avantages comme étn- hlissement de marine^ j8o5, in 8°.

FIN DU SEIZIEME VOLIME.

SUPPLEMENS.

BRICHETEAU (Isidore), doc- a eiinclii de notes et d'addi-

leur en médecine, e>t à Siiiiif- tidiis. Ce itiécieriii a éf^^aleinetit

(jhiislophe , département de Ja [tiiblie nne quatrième édition du

Vienne, le 3 lévrier i78(); il Diclionnaire de médecine de

étudia l'anatoniie et la botanique Nysien, en im i;ros volume in-S",

à Poitiers, vint à l'aiis en 1809, ouvraj^e d'ime grande utilité, qui

et fui admis, par concours, au est en quelque sorte devenu le

nombre des élèves iiilernt.s en sien propre, par les nombreuses

MUïdeciue des hôpitaux civils de additions qu'il y a laites et la

l'aris , institution très-utile, (|ui non velie l'orme qu'il lui a donnée.

a produit unv l'oule d'vxcellens M. lîrichcteau est médecij» d'un

médecins et de proiesseurs distiii- des Di^pens^iires de Paris , et

a;u(>. Durant le couis de cette es- mend)re adjoint de l'académie

jiécf de novi(;iat, M. Bricheteati royale de médecine, l'ut tcmarqué par le célèbre pro- CKLLES (A. P. F. G. De-

lesseur Piiiel [voy. Pinel), mé- vischer, baron de), d'une ancien-

decin en chef de l'IiApila! de la ne t'amille noble du Brabant,ost

Sulj'étriére , (jui lui donna une à Bruxelles en 1779. Il y com-

i^raiule preuve d'alVeclion , en lui mciua une brillante éducation,

eonfiant la rédaction de quelques qu'il acheva dans les luiiversités

leçons, el de SCS nombreuses con- d'Allemagne, et en Italie ; ce qui

sultations. M. liricheleau , reçu lui a rendu l'aun'lier l'usage de ces

docteur- eu nîédccine en iHi/j, langues. L'administration publi-

débuta par wnv. Dissertation inau- que tut la première étude de M. de

giirale sur une maladie cérébrale Celles après sa premièie éducation.

di's enfans, dissri tiiliou devenue La nature sembla l'avoir formé

rare, et fpn" est rcclieri'hée. Choisi pom' les afl'aires : il acquit rapide-

par >L l'iiu'l pour son .collabora- ment des cotmaissauces étendues

teiir dans la rédaction de> articles dans les diverses branches de i'é-

(pi il devait l'ournir au vaste Die- conomie politique, et il s'attacha

tionnaire des scienres nn'dicalrs, il avec d'autant plus d'ardeur à cet-

se (iia avec honneur d'mi travail le grave occupation qu'elle avait

si épineux, et un i;raud ruunbre pour unique obj('t l'intérêt de sa

d'articles iuipoilan^ et estimés lu- palri<;. Il ne farda pas à se faire

rent le fruit de celte association, connaître sous ce rapport à ses

On doit à M. Bricbeteau plusieurs co'icitoycns. Nonuiu'; en l'an 3,

Mémoires de physiologie et de aux premières élections , membre

médecine, rédigés avec clarté et (\u collège électoral de la Dylc, il

préci-ion. Il ;i pu!)lié une (jua- fut aussi désigné |)our faire partie

liiéme édition de l'Hygiène de de la députalion qui fut envoyée

Tourlelle, ouvrage classique, qu'il au premier consul. Dès ce jom- IM.

CEL CEL 439

de Celles s'altacha ù la fortune dn augmenlées, elle salisferail à ses Napoléon. De retour dans sa pa- enj^ageinens, tandis qu'en cas de ttie, il y fut nommé conseiiier surcharge, le contraire était dé- municipal. IM. de Chaban, alors montré. Ces engagemcti'i étaient préfet de Bruxelles, trouva dans le d'autant plus sacrés, que c'étaient nouvel administrateur un digne des rentes constituées à sa char- auxiliaire de ses fonctions. M. de ge , dont le projet de décret or- Celles concourut puissamment donnait la réduction, pour la con- à former, à organiser les établis- fection du budget. Le projet futre- semens civils plus particulière- tiré. La même année, M. de Cel- ment consacrés au soulagement les fut appelé à l'importante pré- de l'humanité, au bon ordre, à It feclure de la Loire-Inférieure, à sûreté, comme à la santé publique. JNantes, oi"i pendar)t quatre ans il De ce nombre, et en première donna la preuve du plus grand ta- ligne, furent l'hospice des vieil- lent administratif. Ce fut à ses lards, la maison de détention de soins que le lycée ouvert en i8o<) Vilvorde, la propagation de la dut les fondsdeson établissement, vaccine. Il se lit spécialement re- ainsi que la bourse du couimerce, marquer daus le conseil delà vil- la salle de spectacle, le liatiment le par les vues qu'il développa, et de la bibliothèque, le cabinet le» moyens qu'il fit adopter pour d'histoire naturelle, le jardin bo- l'amélioration de son régime fi- tanique, la continuation des quais, nancier. Il devait bientôt faire et ^ réparation des routes, des sur im plus grand théâtre l'appli- ponts, des églises, qui avaient été cation de ces connaissances, et les détruits par la guerre de la Ven- étendre à une école d'où sont sor- dée. Malheureusement pour M. tis tant d'excellens administra- de Celles, l'empereur crut devoir leurs. En février 1806, il fut ap- lui confier à la fin de 1810 la pré- jtelé au conseil-d'état en qua- fecture du Zuyderzée. Il quitta a- li(é d'auditeur. L'empereur l'y vec le plus grand regret un dépar- distingua bientôt, et le nomma tement il avait laissé de si ho- maître des requêtes à la forma- norables témoignages de son ad- tion, c'est-à-dire qfiatre mois a- ministration , et le bien public près. Il était difficile de débuter était un lien d'émulation entre le d'une manière plus rapide et plus préfet et les habitans. Enfin il dut brillante dans la carrière politi- obéir et se rendre dans le Zuyder- tique. M. de Celles justifia le zée, il trouva une tout autre choix de l'empereur. Sa premiè- position. C'était un pays tout-à- re opinion au ccnseil-d'élat fut u- fait étranger qu'il fallait rendre ne bonne fortune. Il s'agissait des français. De plus on avait par une intérêts de sa ville natale, et l'em- opération réellement lyrannique pereur prési lait. M. de Celles é- introduit en Hollande la cons- tablit d'une manière lumineuse la cription avec rétroactivité. Les situation financière de la ville mots nouveaux de l'école impéria- de Bruxelles, et prouva que si les le expricnaieut merveilleusement chargea de cette ville n'étaient pa!) les choses. M. de Celles fit de

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vaJnes réclamations. Il lui fallut exercer sur ses administrés la lé- gislation militaire qu'on leur im- posai). Le régime des droits réu- nit* \ int encore augmenter l'irrita- lion publique. Le préfet réclama encore d'après une loi bien impé- rieust -Celle des habitudes locales. Il ne fut pi iiit écouté. Il en fut de même poin- les gardes d'hon- neui , dont ii ne jugeait pas l'ins- Uliition upplicubie à lu Hollande. On lui demanda des explications, il les dotma. Elles furent repous- sées.Il reçut l'ordre impératif de le- ver de^ gardes-dhonneur. Ce fut al(>rs et pour la sauve-garde de sa délicatesse, que M. de Celles dut opposer un reiTipart d'airain à toutes les exceptions de faveur, qui lui furent demandées de tant de manières. Sa rigidité à cet é- gard était celle de la justice, o|^lle que I (in a si justemenr re- proch* r de n'avoir pas toujours été emplnyée contre les sollicita- tions relatives à la réquisition et à la consciiplion. L'n adminis- trateur prendrait sur lui le droit de vie et de n)ort, si par une considération non légale, il fai- sait mari liLT un soldat au lieu d'un autre. IVl. de Celles depuis long-temps pénétré de l'austérité de ce devoir, l'appliqua impitoya- blement, dit-on, aux gardes d'hon- neur de son département. En ce- la il fut malheureux, puisqu'il s'opposa tant qu'il le put à cette terrible mesure, qui fit lever tant d'erinemis contre îSapoléon, dans toutes les parties de l'empire; mais il fit son devoir, il fut juste. Et si en rais(>n de cette sévérité il ne fut ])oinl aimé, du moins, il ne fut pas justement haï en raison

CEL

des exceptions qu'on aurait ar- rachées à sa faiblesse; car il ne s'a- gissait pas seulement de faiic marcher les gardes - d'honneur , il fallait encore prouver qu'il a- vait refusé les offres immenses qu'on osa laire à M. de Celles, pour tenter son inflexible pro- bité. Alors il dut avoir des en- nemis bien puissans , puisqu'ils étaient dans la classe des famil- les les plus riches; et ce furent ceux-ci qu'il lui était surtout important d'avouer. En i8i/j, M. de Celles ne quitta la Hollande, et même Amsterdam , que sur l'ordre du prince, gouverneur- général, M. le duc de Plaisance. Il ne partit que cinq heures après, à 9 heures du matin, en public, dans sa voiture, pour se rendre à Utrecht, commandait le géné- ral iMolitor. En 1819, M. de Cel- les fut nommé, par l'ordre éques- tre auquel il apparlieni, aux états provinciaux du Brabant méridio- nal. Il s'y distingua en demandant que le jury fût rétabli. Cette pro- position fut faite immédiatement dans plusieurs autres provinces. M. de Celles fut nomnié, en 18a 1, membre de la seconde chambre des états -généraux. Il prit part à toutes les discnssioni- de finances et de commerce ; il vola contre plusieurs impositions nouvelles, et notamment contre le droit dit de inouture. M. de Celles a tou- jours exprimé ses idées avec é- nergie, et cependant avec modéra- ration ; il s'est élevé à de gran- des considérations commerciales dans une discussion sur un pré- lèvement fiscal à effectuer sur les fortunes en porte-feuille, et dans toutes ses im])rovisalion*

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on dans ses discours écrits à la chambre, il a professé des princi- cipes libéraux, .'oit en économie politique* soit dans d'autres ma- tières d'administration. M. de Celles est sans contredit un des membres les plus distingués des états-généraux du royaume des Pays-Bas.

COUSIN (Victor), à Paris en 1792, montra dés sa plus ten- dre jeimcsse, les plus heureuses dispositions pour l'élude des scien- ces et des lettres, et couronna les succès qu'il avait obtenus darts ses classes par le prix d'honneur, qui le lit exempter de la conscription. Reçu le premier en qualité d'éle- vé à l'école normale, qui venait d'être fondée, il y fut bientôt maî- tre de conférences. Son mérite précoce, apprécié par tous ceux qui en recueillaient les fruits, ne pouvait échapper au professeur ti- tulaire, M. Royer-Collard, qui, appelé en 181 5 à de hautes fonc- tions, désigna M. Cousin pour le suppléer dans la chaire de l'histoi- re de la philosophie , à la faculté des lettres. Ces fonctions . qui exi- gent de la part de celui qui les exerce la profondeurdu jugement, jointe à l'étendue des connaissan- ces et à la facilité de l'éloculion, furent exercées par M, Cousin de- puis 181 5 jusqu'à 1820, tant à cet- te faculté qu'à l'école normale. Un succès toujours croissant, fit presque oublier que M. Cousin n'é- tait pas le professeur en titre. Il s'était fait un plan d'enseignement qui ajoutait un grand intérêt à ses leçons : il n'a jamais séparé la philosophie morale de la philoso- phie spéculative. Après avoir par- ié uti œil éclairé sur les philoso-

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phes anciens, il crut pouvoir ju- ger les modernes sous le rapport métaphysique : Condillac n'a pas trouvé grâce devant lui. Il pense que sa philosophie est plus propre à de beaux esprits serviles qu'à des hommes librfs. Quanta lui sa pro- fession de foi est précise : il se fait honneur d'appartenir à l'école du spiritualisme, système qui ne re- connaît aucun être purement ma- tériel. Malgré les succès conslans que M. Cousin avait obtenus com- me professeur, il fut destitué en 1820, et crut devoir cette défa- veur à la perspicacité du ministè- re, qui pensa que sa doctrine ne fléchirait pas devant les principes qu'on essayait d'établir à celte é- poque, et qui se propagent de plus en plus; ainsi il fut frappé dans l'u- niversité, au moment même oîi M. Royer-Collard était frappé dans la haute région du gouvernemenl. M. Cousin a publié : 1" les manus- crits inédits de Proclus. philoso- phe alexandrin du 4' siècle, 5 vol. in-8", grec-latin. 1820-1821; 3" deux volumes d'une traduc- tion complète de Platon, Paris. 1 822 : le 3' est sous presse ; une édition complète de Descartes, philosophe persécuté pendant sa vie, couvert de gloire, mais dé- laissé après sa mort, 6 vol. in-8°, 1824. Il a écrit un grand nombre ■d'articles dans le Journal des sa- vans , dont il est un des rédacteurs. Il a annoncé une édition fiançaise des œuvres de Kant. M. Cousin s'est déjà placé, comme on voit, parmi les hommes remarquables de notre époque, et promet de par- courir la carrière la plus brillante. A la manière dont il traite la mé- taphysique, on peut espérer que

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celte science finira par prendre laveur , et qu'on lui reconnaî- tra des charmes dont jusqu'ici, selon l'opinion commune, on ne la croyait pas susceptible. M. Cou sin est aujourd'hui professeur-sup- pléant de l'histoire de la philoso- phie moderne à l'académie de Paris.

DINCOURT DE METZ (Jean- Baptiste) , chevalier de l'ordre royal de la légion - d'honneur , inenibre de plusieurs sociétés sa- vantes, est en 1746. Cadet d'une ancienne famille de Picar- die, il était officier d'artillerie à La Fère, lorsqu'il perdit son père, consf'iller du roi, lieutenant-gé- néral, et maire d'Amiens. Comme il avait fait, sous trois oncles jé- suires, des études distinguées, voulant plus particulièrement se livrer aux arts , il quitta Tartille- rie pour les ponts et chaussées. Un premier prix d'architecture lui valut l'ho^incur d'aller à l'éco- le française à Rome, comme pen- sionnaire du gouvernement. In- génieur en Limousin, sons l'ad- ministration de M. Turgot , il y a exécuté de très-grands travaux. Il fut envoyé en n»ission extra- ordinaire à l'assemhlée consti- tuante par la ville de Limoges. Devenu ingénieur en chef en Poi- tou , il a contribué aux embellis - s«'mens de la ville de Niort. Enfin,' après avoir exercé pendant lon- gues années les fonctions d'inspec- teur divisionnaire au corps royal des ponts et chaussées, M. Din- court de Metz a obtenu, en 1831, le brevet d'inspecteur- général , digne récompense de cinquante- deux ans de service. Son fils, chevalier de la légion-d'honneur,

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est ancien capitaine de lanciers. GAMOT (Charles), naquit au Havre au mois d'octobre 1766. Son père, propriétaire It capitai- ne d'un navire de commerce de celle ville, périt dans un naufra- ge. Peu de temps après le jeune orphelin fut appelé à Paris par l'abbé Duval, son oncle maternel, qui était alors proviseur du collè- ge d'Haï court, et qui fut depuis recteur de l'université. Il fit ses études avec succès sous les yeux de son oncle, et quand elles fu- rent achevées, il retourna au Havre près de sa mère,;\ laquelle il était tendrement attaché , et dont il eut bientôt à déplorer la perle. Actif et plein d'énergie au milieu d«î compatriotes dont la fortune s'était faite, et s'accroissait par le commerce, la même carrière lui était ouverte , et sa vocation fut décidée. H fit d'abord un voyage à la Martinique, le frère de son père avait formé un établissement qui avait prospéré; Les opérations auxquelles il se livra lui-même n'ayant point réussi, il revint au Havre, d'où il repartit quelques mois après pour gérer à Saint- Domingue les affaires de la mai- sou Foache,qui y possédait de grand(îs habitations. Il avait ho- norablement rempli celle mission de confiance, et il commençait à travailler utilement à sa propre fortune, lorsque la révolution é^- clata dans cette colonie. Il parta- gea les opinions des hommes sa- ges et éclairés qui s'y trouvaient alors. Il travailla avec eux à réu- nir les colons et les hommes de couleur, et fut nommé président l'une des -assemblées qui dres- sèrent un concordat pour opérer

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cette réunion. Les passions el If? pWjuf'és l'emportèrent; les par- lis en vinrent aux mains; les blancs furent dofaitj, et M. Ga- mot, après t)voir été témoin de l'iniendie du Port-au-Prince et de sa propre maison, ne trouva de salut qu'en s<' rélugiant avec deux nègres atïïdé» sur un esquif, il passa plusieurs jours luttant contre les Ilots et le manque de livres. Exténué de fatigue et de besoin, il débarqua de nuit sur \\n point de la côte qu'il croyait sûr. xMais il y fut surpris pendant son sommeil par uu parti de noirs qui le traînèrent au Port-.iu-Prince, sa tête était mise à prix : il allait périr si uu de ses auiis ne lût parvenu à le sauver. Cepen- dant il fallait se souslraii« à de nouvelles persécutioiis : il s'em- barqua pour les Etats-Unis. Les Anglais s'emparèrent penduut sa traversée du bâtiment qui le por- tail. D<';pouiilé par eux de tiuit ce qu'il possédait, et débarqué à la Janii||ïque, il y tiouva d'anciens correspondansqui lui procurèrent les moyens de continuer son voya- ge;, mais son navire se perdit, et ce fut après un naufrage qu'il ar- riva à Charles-Towu ; il se ren- dit de t;ette ville à Philadelphie en iraversant à pied les Apabiches et les forêts (pii couvraient alors Cel- te partie du continent. Il y sé- journa pendant une aimée entiè- re, attendant ime occasion favo- lable de revenir en l*'rance , (»ù il eut enûn le bonheur dt retrouver sa famille et ses amis quelques jours après le 9 thermidor. Jus- qu'alors l'activité et les travaux de M. Gamot n'avaient rien, ajou- té à un pulriniuinc borné, mais il

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s'était montré dans le Nouveau- Monde, au milieu des plus grands périls, homme d'honneur et de résolution. Le courage qu'il avait opposé à la mauvaise fortune lui avait mérité l'estime de ses compatriote.s, et ils lui en doimè- rent le témoignage le plu.s flat- teur, à son retour parmi eux, en le nouunant membre de la muni- cipalité de sa ville natale. Les fonctions auxquelles il venait d'ê- tre appelé lui fournirent plus d'u- ne occasion de montrer la recti- tude de son esprit, la bonté de son cœur, la modération de ses opinions. Mais ces fondions, bien qu'houorablement exercé''S , ne pouvaient lui procurer rin<lépen- dance sociale qui était un des pre- miers besoins de sou caractère. 11 était âgé de plus de 5o ans, et il n'avait point encore d'état as- .«uré. Contrarié dans quelques projels qu'il avait formés, il (juit- ta le Havre en 17;. et vint à Pa- ris, où il troMva pendant quelques mois, dans la culture des lettres, qu'il n'avait jamais abandonnées, des distractions qui lui étaient devenues nécessaires. Knfin, se- condé par d'anciens amis, il y for- ma un établissement de commer" ce qui s'élevait sotis les plus heu- reux Jjospices, lorsqu'il épousa, à la fm de 179H, >1"* Anloinetlc Auguié, nièce de lU"" Ciunpan, et fille d'un ancien receveur-gé- néral des (înances, qui était alors administrateur des postes. Plu- sieurs années s'écoulèrent dans une douce mii»m, et M. Gamot, exclusivement occupé du bonheur de sa femme et de ses enfans, n'a- vait à désirer que de voir se pro- longer les avantages de sa situai'*

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cou

tion. La rupture subite du traité d'Amiens? en lui faisant éprouver des pertes considérables, vint obs- curcir son avenirde quelquesnua- ges, et lui imposa le devoir de ne point confier désormais à des spé- culations hasardeuses le bien-être et le repos de sa famille. Il fut nommé vers cette époque admi- nistrateur des droits-réunis. 11 montra , dans l'exercice de ses nouvelles fonctions, l'activité dont il était doué, et les connaissances variées qu'il avait acquises. Le nom et les recommandations du maréchal Ney, qui était devenu son beau-frère, pouvaient lui fai- re parcourir d'une manière rapi- de et brillante la carrière admi- nistrative dans laquelle il était entré. 11 fut nommé préfet du dé- partement de la Losère au com- mencement de i8i3. et, en 1814, préfet du département de l'Yon- ne. Les regrets qu'il a laissés dans ces deux départemens atleslent le bien qu'il y fit, et celui qu'il avait l'intention d'y faire. Les soins qu'il apporta à adoucir la rigueur des lois sur la conscrip- tion et la formation dos gardes- d'honneur, y conserveront le sou- venir de son nom. Rentré dans la vie privée en i8i5, il devait y subir les plus cruelles épreuves. Le maréchal Ney lui avait cons- tamment montré les sentimens d'un frère et d'un ami dévoué.

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Ses malheurs rendirent dans le cœur de M. Gamot les devoirs de l'amitié plus impérieux et les af- fections de famille plus sacrées. Il ne s'occupa plus qu'à secon- der sa belle-sœur de ses soins et de ses conseils dans tout ce que la tendresse conjugale et le plus touchant dévouement purent lui inspirer de mettre en œuvre pour sauver son mari. Pendant la durée de ce déplorable procès, il porta chaque jour au maréchal, dans sa prison, la consolation et l'espé- rance; et quand tout espoir fut perdu, il passa près de lui les der- niers momens qui précédèrent l'heure fatale; peu de momens après, il vint relever du champ de mort le guerrier que la fortune de tant de combats avait respecté sur le champ de bataille; il lui rendit de pieux et douloureux de- voirs; mais leurs pénibles détails l'affectèrent profondément. D'aus- si grandes infortunes vues de si près l'attachèrent plus fortement à ses neveux. Le désir de relever la gloire militaire de leur père le sou- tint pendant trois ans au milieu des souffrances dont le chagrin avait été la source; il venait de termi- ner l'histoire du maréchal , et de leur adresser ce monument qu'il élevait à sa mémoire, quand il fut enlevé, dans la force de l'âge, à sa farhille et à ses amis au com- mencement de i8'io.

Des renseignenjens plus précis et d'une plus grande exactitude que ceux qui ont servi à la rédaction de l'article du maréchal Gouviow Saint-Cyr [voyez le 8*" volume), nous ont déterminés à consacrer une nouvelle notice à cet illustre guerrier.

GOUVION-SAINT-CYR (Lau- rent, MARQUIS de) , pair et maré-

chal de France , est à Toiil , le i5 avril 1764. H se livra d'abord

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à la peinture, autant par goût que par nécessité; fit, très-jeune encore, un voyage en Italie, afin de se perfectionner dans son art; et, lors de son retour en France, qui eut lieu peu de temps avant la révolution, il entra comme sous- lieulenaut dans un bataillon de volontaires de Paris. C'est avec ce grade qu'il arriva à l'armée du Rhin , il Tut attaché à l'état- major du général Custines. Ses conseils furent de la plus grande utilité aux généraux qui se suc- cédèrent rapidement au comman- dement de cette armée, et il di- rigea les combats nombreux que les Français livrèrent aux Prus- siens. Toutes les voix s'accor- daient pour attribuer les succès aux talens du capitaine Saint-Cyr. Adjudant-général en 1795, il fut envoyé , dans le cours de la même année, à l'armée des Alpes, com- me général de brigade , et chassa les Piémontais de la Maurienne, le 14 septembre ijgS. Il revint, au commencement de 1794» ù l'armée du Rhin-et-Moselle, avec le grade de général de division, et, le i3 juillet, il battit les Prus- siens près d'Eithoffen, et emporta le village d'Edessen après le com- bat le plus opiniâtre. Dans le cours de cette r;ur)pagne, le général Gou- vion Sainl-Cyr fut constamment opposé au fameux Bliicher, alors général-major. Il le battit en di- verses rencontres, et notamment aux deux combats de Kayserslau- tern. Dans l'année suivante , il reprit la ville de Deux-Ponts sur l'armée deClairfayl, et commanda l'attaque du centre au blocus de iMayeuce. Les manœuvres de Pi- chegru, déjà dévoué au parti de

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l'émigration, l'impéritie d'un gou- vernement jaloux et faible, ayant considérablement afifaibli leslignes de l'armée française, ces lignes fu- rent attaquées par les Autrichiens, auxquels le général Gouvion Saint- CjM' opposa la plus intrépide ré- sistance. Le nombre l'emporta, et le général français fut contraint de se retirer sur tes lignes de la Queich ; mais ce mouvement fut exécuté avec tant d'art, que, d'a- près le nombre de prisonniers faits chaque jour à l'ennemi , cette re- traite avait toute l'apparence d'u- ne marche volontaire. Cependant, le 1 5 mai 1796, Moreau est appelé au commandement de l'armée du Rhin-et-Moselle; l'aile gauche de son armée est sous les ordres du général Gouvion-Saint-Cyr, qui, le 1 5 juin, attaque les Autrichiens, et s'empare des positions qu'occu- pait le maréchal de Wurmser, en- tre Frankenthal et le Behut. Après le passage du Rhin, il poussa une forte reconnaissance sur le camp de Biberack, et, le 2 juillet, il enleva la redoute qui défendait la gorge de la Renchen. Malgré les pluies continuelles et la vive ré- sistance de l'armée autrichienne , il emporte la position de Freu- denstadt, et, le 6 juillet, à la bataille de Rastadt, il com- manda le centre de Tarmée, il soutint, avec une de ses divisions, les attaques de Desaix sur cette ville. L'ennemi, battu, se retire sur Ettingen. Le 8, le général Gouvion Saint-Cyr marche par la vallée de la Murg, débouche sur la gauche de l'ennemi, et, le 9, attaque ses positions aux sources de la rivière d'Alb. Il avait en tête l'élite de l'armée aulri-

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chienne, qui défencfail Herenalb, Fiawenalb, et le? hauteurs (\e Ko- tensolhe, une des irumtagnes Its plus élevées de la Forrt-Noire. Quatre fois repoussés, les Fran- çais reviennent quatre fois à la charge; à la cinquième, ils enlè- vent Iti position à la b.;ïouriette, et mettent l'ennemi en pleine dé- route. On prend i loo hommes, 12 olïieiers, un colonel, it une pièce de canon. Moreau dit, dans son rapport, que la conduite du général Saint-Cyr est au-dessus de tout éloge , et que la bonté de ses dispositions avait assuré le succès de la journée. Le i4, le général Saint-Cyr détache de son camp de Freudenstadt la division Duhestne. pouraltaquer les Autri- I hkns aux sources de la Kissche, et soutenir les mouven)ens des généraux Desaix et Ferino. Après plusieurs combats autour de Ne- resheim , le prince Charles ayant reçu des renforts, se pirte sur toute la ligne de l'armée française, et dirige ses plus grandes masses sur l'aile droite, commandée par le général Saint-Cyr, qui , dé- bordé, défendit ses positions avec la valeur la plus opiniâtre, et obli- gea les ennemis à la retraite. L'ar- mée française poursuit l'archiduc dans son mouvement rétrograde, et, le 19 août, le général Saint- Cyr occupe Engelholien et Lan- genreich. Après la brillante vic- toire du 26 et le passage du Lech, le général Saint-(ïyr s'avance jus- <|u'à Hamper, pour reconnaître Frecing, qu'il attaque, le 7* sep- tembre, avec une telle vigueur, que l'ennemi, dans sa retraite, ne peut pas coiip<îr le pont de llsi-r. Le 7 il rencontre les Aulrithiciis

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ù Maimbom-g, et leur fait 5oo pri- sonniers. L'armée du Rhin-et- Muselle est au cœur de la Bavière ses avant-gardes «ont aux fron- tières de l'Autriche ; mais la peirlc de la bataille de Wurtzboui'g par l'arfnée de Sambre-el- Meuse . contraint Morean à la retraite. Le i" octobre, l'armée française est à Buchan , les Autrichiens, malgré quelques désavantages, se maintiennent sur le chatnp de ba- taille. Le 2, le général Saint-Cyr les attaque de front à Stenhausen; sa petite armée, forte de i4 ba- taillons et 6 escadrons, marche à l'ennemi entièrement déployée. Dès le commencement de l'iwîtion tontes ses réserves sont engagées: les braves de la f^ti' demi-brigade demandent au général le pillage des canons : singulière récompen- se , digne des soldats qui la récla- maient. Moreau, qui se portait avec les troupes de Desaix sur Biberach, n'arriva que le soir et lorsque la victoire était décidée; il compléta le succès, et l'ennemi , poursuivi pendant toute la nuit, laisse au pouvoir des Français 5ooo prisonniers, 65 officiers, 3 drapeaux et 20 canons. Le gé- néral Saint-Cyr, attaqué, le 20 octobre, dans la vallée d'Enfer, "; opposa à l'ennemi une telle résis- tance , que celui-ci ne put pas déboucher. Le 26 et le 27 les Françai» s'établirent sur la rive gauchi' du Bhin . et le général Saint-Cyr partagea avec Desaix l himncur de la défense de Kehl. Ces drux généraux commandaient ! à tour de rôle. Desaix signa la ca- pitulation. Le général Sidnt-Cyr repa'^sa le Khin avec Moreau-, le 30 avril 1797, et prit une part

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hrill.inte à la victoire du 2 i , vic- loiie (jui fit retomber K.ehl au pouvoir des Français. Peu de temps après, envoyé en Italie, il remplaça Masséna dans son com- mandement, lorsqu'une insurrec- tion e ut contraint(;elui-ci de quitter Rome en 1798. L'insubordination des troupes cessa avec les causes qui avaient firoduit le méconten- tement. Destitué à cette époque, ainsi que plusieurs autres géné- raux, legénéralGouvion S.iinl-Cyr fut (presque aussitôt réintégré dans sou grade, et il commandait, au «nois de mars 1799, la gaucbe de l'armée du Danube. L'archiduc Charles, après avoir passé le, Lech, se porte sur Memmingen, il éta- blit son quartier-général le 9. Sa posilioFi sur l'Inn devint paral- lèle à la ligne générale des opé- rations des Français ; elle était moyenne entre le Danube et la rive orientale du lacde Constance. Le général Saint-Cyr, après avoir retranché les défilés de Freudens- tadt . s'avança , par Moskirch , jusqu','. Siginaringen. Comme le général ea chef, Jourdan , avait reconnu supériorité funnéri- que des troupes de l'archiduc , il adressait de IVéquens courriers à Berna dote , qui commandait u- ne armée d'observation dans le l'idalinat, pour le presser d'en- voyer des renforts à sa gauche. Après plusieurs mouvemens au- tour de Piiillendorf , l'archiduc attaqua les Français le 21 , sur tout le front di; leur ligne; et sa culoune de droite, aux ordres du prince de Furstenberg, ayant pas- sé près de iMengen , le long du Danube, tourna l'aile gauche fran- laiac, qui, après la résistance la

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plus opiniâtre, se retira sur le» hauteurs de Pfulleiidorf. Les dis- positions que prit rarchiduc dans la journée du 2-2 pour envelopper cette aile, décidèrent le général Saint-Cyr à se retirer sur En- gen. Le aS , Jourdan ayant ré- solu de livrer une bataille déci- sive à l'archiduc , donna ordre au général Saint-Cyr de marcher sur l'avant-garde de M. de Merfeld , par le chemin de Tutt'ingen à Liptingen. « Ce fut par cette aile gauche que la bataille fut engagée. Ses attaques impétueuses dépos- lèrent le général Meerfeld de sa position à Tuttlingen. Le général Saint-Cyr battit cette avani-garde, et la pressa si vivement qu'elle fut Ibrcée de se retirer en désor- dre jusqu'au bois situé entre Lip- tingen et Stockach : une partie fut poussée jusqu'à Schwandorf , sur le chemin de Tuttlingen à Morsckiich. Le général Saint-Cyr poussa le corps du général Meer- îeld jusqu'à l'extrémité de ce bois. La position de l'armée autrichien- ne allait être tournée , quand l'ar- chiduc tira des forces de s.-» gau- che. Depuis cinq heures du ma- tin, l'avantage était du côté des Français... L'archiduc donna l'or- dre d'attaquer le bois occupé par les troupes du général Saint-Cyr. Ici commença l'un des plus fu- rieux combats d'infanterie qui ja- mais aient été livrés. L'archiduc mit pied à terre et chargea à la tête «les grenadiers. Le prince d'Anhalt et le prince de Fursten- berg, qui y fut tué , conduisirent de même leurs colonnes. Les Fran- çais ne furent cependant repoussé* jjors du bois qu'après une résis- tanc; désespérée. Le coips des ca-

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rabiniers couvrit lavetraite, et lut chargé à la fois par les grenadiers et les cuirassiers impériaux. Le général Saint-Cyr dut céder à ce terrible effort, et se replia sur Lip- tingen. Le 26, il passa le pont de Tutlîingen, et le 27, il arriva à Hothweil. » [Précis des énénemens mililaires.) Les revers de l'armée du Rhin, ceux de Schérer en Ita- lie, amenèrent une combinaison nouvelle dans la guerre défensive que la France soutenait. Le 19 juin , Joubert remplaça Moreau dans le commandement de l'ar- mée derrière l'Adda. Les ordres du directoire sont de prendre l'of- lénsive. Le général Saint-Cyr, qui commandait la droite, était cou- vert parla Bocchetla, et couron- nait en avant du défilé de la ri- vière, les revers de la vallée de la Scrivia. Joubert s'était déterminé à tenter un vigoureux effort pour obliger Suwarow à lever le siège de la citadelle de Tortone ; le gé- néral Saint-Cyr, à la lèle de la plus forte colonne, sorti par les détilés de la IJocchetta , poussa jusqu'à ÎNovi, et s'en empara. Il envoie un détachement au-delà de la Serivia, qui doit suivre les montagnes et arriver sur Tortone en poussant par Cassano. Ce mou- vement décida Suwarow à atta- quer le i5 août au malin. Le gé- néral Saint-Cyr repoussa toute la journée le cojps commandé parle f;énéral K.ray, qui se trouva telle- ment maltraité que Suwarow fit tenter une seconde attaque con- tre les hauteurs de Novi, par les ilivisions aux ordres des généraux Darfeld, Bagration et M(llorado- vvilsch. Malgré les prodigieux ef- forts des troupes russes, les Fian-

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çais conservent leurs positions, et le centre de l'armée alliée est dé- truit dans les charges que Suwa- row fait renouveler avec une iné- branlable constance. Le général Gouvion Saint-Cyr ne parvint à se maintenir dans son poste que par des prodiges d'habileté et Je valeur. Cependant Mêlas atteint les premières hauteurs de Novi du côté de Pietali, à la tête de 14 bataillon? de grenadiers , et entre- prend de tourner entièrement la droite du général Saint - Cyr. Il fait attaquer le flanc droit des Français par la division du géné- ral Froehiich. La première charge est vivement repoussée, et le gé- néral - major Lusignan demeure prisonnier. Vers cinq heures du soir, le poste de Novi étant enle- vé et les troupes ne pouvant plus résister aux attaques réitérées du général Laudon et du prince de Lichtenstein , le général Saint- Cyr se trouvant presque envelop- pé , commença sa retraite , qu'il exécuta en bon ordre. Il occupe la montagne Rouge, où, se te- nant à portée de défendre , par la route de Bavi,les accès de la Boc- chetla, il donna au reste de l'ar- mée, après la déroute de Pastu- rano, la possibilité de rentrer dans leurs anciennes positions. (]ham- pionnet succède à Moreau , et connnence avec Mêlas une guerre de poste pour l'investissement de Cotji, Le général Saint-Cyr a le commandement de la dioile de l'armée, formant un corps d'ob- servation sur la rivièredi! Levant. Il occupe Gènes et les ]'.>slc>< ad- jacens. Il attaque, le 12 oclobro, le général Klénau , dans son cauip retranché de Rapallo, et le rc-

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jette sur la Spezzia. Le maréchal de Bellegarde amène du renfort au général Klenau, et celui-ci mar- che pour reprendre ses anciennes positions. Cependant Champion- net perd la bataille de Savigliano , et le feld-maréchal Kray passe la Bormida, et attaque les Français. Le général Saint Cyr assemble la plus grande partie de ses forces sur les revers des montagnes de ISovi, et, le 5 novea)i>re, oblige le maréchal Kray, qui avait fait un mouvement ^)»»rses ailes , à les replier sur ses divisions du centre. Malgré ce succès obleuu à la droi- te, l'armée se rallie avec peine sur l'Apennin ligurien. Coni capi- tule , Gênes est menacé : « Dans cette extrémité, le général Saint- Cyr forme la résolution hardie, mais indisjwnsable, de prendre à son tour l'offensive. En consé- quence, après avoir averti le gé- néral AVatrin des projets de l'en- nemi, il uiarche, le ladécembre, en personne contre le général Kle- nau, dont la gauche était pres- que inattaquable; elle s,'appuyait à la mer, et était couverte par le l'eu de deux vaisseaux de guerre et de plusieurs bâtimens lég<;rs. Tourner cette j)Ojition était une opération difficile, sous le double rapport de la disproportion des forces et du désavantage du ter- rain, preique inaccessible par son élévation et la dilliculté des dé- bouchés; mais il n'y avait pas dalternalive. Le général Darnaud reçoit ordre de tenir la défensive sur le point appuyé veis la mer , tandis que le général Saint-Cyr, après avoir détaché deux batail- lons sur iMontefiuiio , se porta »ur le centre et le liane droit des

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dispositions de l'ennemi. Après un combat opiniâtre, les Français, maîtres des débouchés , gravis- sent les montagnes, enfoncent le flanc droit des impériaux, dont la déroute entraîne celle de la gau- che.» {Précis des évéuemens in'dltni- res.) L'armée battue vient se ral- lier derrière la Mjirga, et la divi- sion du général Ott, forte de 89 ba- taillons et de 8 divisions de cavale- rie, qui uïarchail an secours de Klenau, prend ses canlountîmens dans le duché de Modène et de Par- me. Le premier consul Bonaparte envoya au général Saint-Cyr un sabre d'honneur : ce fut ki premiè- re récompense naliouale que Bo- naparte décerna coaune chef de l'état; il y joignit la lettre suivan- te : «Le ministre de la guerre m'a » reiidu compte, général, de la vic- tftoireque vous avez rempoitée sur w l'aile gauche de f'armée i.utri- « chienne; recevez comme témoi- )gnage de ma satisfaction un beau «sabre que vous porterez Us jours odecouibat. Faites connaître aux "Soldats qui sout sous vos ordres, «que j«'. suis content d'eux et que «j'espère l'être encore davantage. » Le ministre de la guerre vous «expédi»' le brevet de premierlieu- » tena^it de l'armée... « A celte épo- que le gouvernement de Gênes lui fit ime oll're qu'il refusa avec le désinléressement qui caractérise toutes les époques de sa vie. Le premier présent repoussé, h;s Gé- nois eu envoyèrent un autre au- quel ils savaient que le général Saint-Cyr attacherait un grand prix. Ce gage glorieux de la re- c<umaissance d'une grande cité ne lui est jamais parvenu. L'an- née suivante le général Sainl-(^yr

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commandait le cerîlre <Ie l'armée dn llhin , et pas;;a le 26 avril le Rhin à Brisach, Il s'empara de Friboiirg, ri se porta sur Saint- Biaise, il se réunit à la réserve, eonmiand*!e par le général en che!'. Mureau aynut attaqué les Autri- chiens à Engen . la victoire pen- chait on faveur tle ces derniers, lorscpie le içéuéral Kray apprenant l'arrivée du général Saint-Cyr sur Hohenhowen, battit en rv'traite: ce dernier se porta sur Liptiuiren, et arriva le 6 rnai sur les hau- teurs qui dominent la rive droite <lu Danube; niais Moreau n'avait pas iharché de 'ce côté à la sui- te de I ennemi, et le général Kray avait passé pendant la nuit le Da- nube à Sigmaringen. Le général Saint-Cyr s'avança sur Buchau , et le 9 mai attaqua l'avant-garde atitricbienne , rjui était séparée du corps de bataille parla Ricss : il lu culbuta dans la rivière, lui fit i,5oo prisonniers, et s'empara de «es canons, puis il poursuivit l'en- nemi en longeant le Danube. Le iG, l'arcbiduc Ferdinand ayant percé la ligne du général Sainte- Suzanne, et le for(;ant à rétrogra- der, le général Sainl-C_yr fit faire, à «on arrière-garde un n)ou veulent rétrograde, et plaça surin rive droite du Danube, des batteries qui tiraient sur la roule d'Uhn ù Érbach; l'archiduc crut qiie toute l'armée allait passer le fleuve et le couper; il se repli:» surDlm. Quel- ques jours après le général Saint- (!yr quitta l'arniée d^i llhin. Cel- le n\ême année il fut nonnné coi»- «eiller-d'état, et le premier consul Bonaparte lui doima le cofninan- deujenl des troupes réimies à Bor- deaux pnm eftécti'.cr le passage

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des Pyrénées, et pour aller se réu- nira l'armée du prince de la Paix [voyez GoDOï). Cette guerre contre le Portugal ne fut pas de longue durée, et un traité de paix qui valut au favori espagnol des hon- neurs inusités, ne tarda pas à ter- miner cette campagne. Il remit le commandement au général Le- cierc, et succéda à Lucien Bona- parte comme ambassadeur à iMa- drid. Raj)pelé de ce poste pour être envoyé en Italie, il prit ea i8o'^ le commandement 'de l'arniée d'ob- servation dans le royaume de Na- ples. Le général Saint-Cyr refusa de dicter aux troupes, sous ses or- dres, des adresses pour solliciter le preiYiier consul à se revêtir de la dignité impériale; mais aussitôt que le sénatus-consulîe du 18 iriai i8o4 fut aiTivé à sa connaissan- ce, ni lui ni son armée ne fwcnl attendre leur adhésion , et le courrier qui avait été envoyé à Paris, rapporta au nom de l'empe- reur des grades et de& décora- lions pour les ofliciers et les sol- dats, et, pour le général en chef, sa nomination aux dignités de grand-otïicier de l'eiftpire, et de colonel générai des cuirassiers. Le 2 février i8o5, il fut nommé un des (il» grands-aiglus de la légion- d'hoMfieur; il assista au couronne- ment de Milan, et il évacu.'r le 21 septembre les états napolitains, eu vertu d'un traité de neutralité conclu avec celte puissance. Ces troupes formèrent le t" corps de l'armée d Italie, destiné à agir sur rAdig«,et à cerner Venise. Le général Saint-Cyr battit" à Castel- Franco le prince de Rohan, et le fit prisonnier, ain^^i qu'un corps de b\ooo Autrichiens. Il occupa Ve-

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nise ;i la poix (rAusterlitz , et le 8 lévrier «8o6, entra, à la tète de son armée, dans le royaume de Na- ples. Nommé commandant (jn chef du camp de Boulogne, en remplacement du maréchal Bru- ne, il reçut le litre de comte de l'empire, et eélui de piésident du collège électoral du Mont-ïonner- re. . Le 17 août 1808, le général Gouvion Saint-Cjr prit le com- tnandement du 7' corps de la grande-armée, destiné à opérer en Catalogne. Napoléon Ini donna corle blaurtie^ et lui dit pour ins- truction particulière de l'aire tous ses efforts ponjr conserver Barce- lonne, car, ajouta-t-il, si vous per- diez cette place, je ne la reprendrais pas avec 8o,oou hommes. Le 5 dé- cembre Rose capitula, après 17 jours de tranchée ouverte. Le iii le général (iouvion Saint - Cyr gagne la iialaille ileCardedeu. à la suile de l.tquelle le marquis de Vi- ves, capitaine-général de la Cata- lalogne, est destitué; le 17, il arri- ve derarjt Barcelofine . qu'U dé- livre des rigueurs d'un blocus. Le 21 il attaque les Espagnols dans ]a iMîlle position de Molino del Rey, les met dans la plus complct- te déroule, leur prend i,5oo hom- mes, dans le noiubre desquels se trouve le général Caldagnés et douze olficif.TS s»ipérieurs , s'em- pare de 5o bouches à leu, et de tous les magasins de poudre et <le muuilious que les Anglais et les Catalans avaient établis à Villa- Friuica. Le 25 février iSoj), il remporta à Wallo la victoire la plus éclatante ^ur le général en chef lleding, qui y perdit la vie. Le général Gouvion .Saint-(Jyr s"enij)ara des villes de

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Félin - de - Quixolo , diC Pala- mos, et couvrit le siège de Giron- ne. Une campagne aussi glorieuse aurait mérité au général en chef la seule dignité militaire qui lui manquait. L'empereur le pensait, et deux fois il fit rédiger et signa le décret qui élevait le général Saint-Cyr à la dignité de maré- chal : deux fois un favori qui veil- lait à entretenir dans le génie de Napoléon s semences d'une vieil- y^ leaiiimoïité fit déchirerle décret. Le maréchal Augereau fut appelé au cominaiîdementde cette armée, et quoique le général Saiut-Cyr n'eût quitté la Catalogue qu'après avoir obtenu de nouveaux succès, qu'a- prés être resté cinq mois à la tête des troupes, pour dcuiner le temps à jon successeur de soigner sa san- té, enfin qu'après avoir reçu une permisssion du ministre de la guer- re, on s'obstina à considérer son départ connne une infraction à la discipline militaire. Deux ans de disgrâce furent la récompense de ses travaux. Les détails de celte campagne sont consigné» dans l'ouvrage que le maréchal Saint- Cyr a fait paraître en i8'^.j : l'exac- titude des faits, l'intérêt de la nar- ration, (ont vivement regretter que la plupart des opérations mili- tai rcs de l'armée française n'aient pas eu de pareils historiens. L'au- teur, après avoir exposé, à la ma- nière de César, les actions il a «commandé d/nis celte lutte entre la France et la péninsule , déve- loppe avec les talens d'un habile écrivain et d'un grand capitaine quelques-uns des épisodes de celte guerre, et après av<»ir donné d'il- luslres exemples, il donne de sa- {•eb conseils pour conserver à la

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France sou indôpendance, et à la dynastie des Bourbons sa gloire. Le général Gouvion Saint-Cyr reparut dans les affaires de i8ii, il reprilses occupalions aucon- .•^eil-d'état. En 1812, l'empereur lui donna le commandement de l'armée bavaroise, rassemblée à Bamberg. Ces troupes. sous la dé- signation du G' corp? de la gran- de-armée , se réunirent après ie passage du Niémen au a' corps commandé par le maréchal Oudi- not , et lormèrent la gauche de l'armée française, destinée à opé- rer sur la Dwina : elles étaient opposées au comte de AiViltgens- tein. Le début de la campagne ne tut pas très-heureux. Séparée de l'empereur, (pii s'était avancé au- delà de SmoIcMsk, celte armét^a- vait commencé un mouvement ré- trograde, et les ordres étaient don- lies pour qu'on repassât la Dwina. N.ipoléon ifjquiet sur son ilanc gdiiche , îittendait a Wittepsk, ;.yant interrompu sa marche sur ;>ïoskou. Le ir août le maré- chal Oudiuot est blessé, et le com- Kiau'lexnenl en chel'des deux corps réunis revient au général Saint- Cyr. Celui-ci arrête le mouve- ment rétrograde, prend roffmsi- \e, repousse l'ennemi au-delà du détilé de Polotsk, et. le lende- main, après avoir^Migagé le comte de Wittgcnstein sur toute la li- ^rie, le met dans !;t déroule la plus i.-oMPjdète, s empare de son ai'til- lerie, de tons se^^ bag;iges , et lui prend on ttie 700^) houimes. Le bâton de maréchal de France tut i ) récompense de ce beau lait d ar- iiii!S ; si la récompense tut tardi- ve-, <dle en parut [)lus éclalanle. L»; iNiiiit'.- de W'itfgen^tein. ren-

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forcé par les divisions de Finlan- de et les milices de Saint-Péters- bourg, reparut sur le champ de ba- taille. Le 17 octobre, il attaqua les Français dans leur camp devant Polotsk. La lutte dura trois jours , pendant lesquels les Russes lurent constamment repolisses. Mais le moment des revers était arrivé, et déjà Napoléon avait qui ttéWoskou. Le maréchal Gouvion Saint-Cyr disposa tout danslanuitdu 19 pour commencer sa retraite. Cette re- traite est i\n modèle que citent avec de grands éloges les oiTiciers les plus expérimentés, car les co- lonnes françaises arrivèrent sans coup - férir derrière la Ouli. Le maréchal Gouvion Saint-Cyr, blessé d'une balle au pied, remit le commandement au duc de Reg- gio. Il rejoignit l'armée pendant sa désasîrense retraite, et fit avec le vice-roi son entrée à Berlin, dont il fut nommé gouverneur en remplacement du maréchal Au- gerean. Une chute qui donna de vives inquiétudes , empêcha le maréchal Saint-Cyr de prendre une part active aux éclatantes vic- toir(;s de Wurîchen et de Bautzen, reni[)ereur lui destinait un commandement important. Pen- dant Tarinistice, il organisa le i4' coips, et le 17 août, lorsque les hostilités reprirent leur cours, il occupait an-dessus de Dresde le ( a/np de Pirna, sa gauche appuyée à Konigstein. ïl était ainsi à che- val sur la gr.tnde route de Dresde à Pr.ig.ie, poussant des partis d'ob- '.eiv:iiinn jus(|u'aux débouchés de '\iar:onb(;rg. Gepenilant la princi- pale ai niée îles alliés débouche, le sri, \y.\r ia route de Peterswald. As- sailli jiar 200 mille hommes, le

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maréchal GouvioD Saint-Cyr dé- l'end pied à pied toutes ses posi- tioii!», opère sa retraite lentement, lésisle derrière de faibles retran- chetnens aux eflbrls de cette j>ran- <le armée, et donne ainsi à l'em- pereiir le temps de revenir de Si- lésie. Napoléon n'arrive que le 26 à midi. Il est suivi du maréchal î^ey, de quelques divisions de sa garde, et d'une partie de la cava- lerie du roi de Naples. Déjà les o- bus pleuvaient dans Dresde; quel> ques-unes des redoutes étaient en- levées, les antres tournées; mais tous les efforts des alliés avaient expiré aa pied de la palanque se trouvait le jnaréchal Saint (îyr avec la division Berthezène/i A cinq heures du soir, le maréchal, soutenu par les troupes arrivées de Silésie , attaque l'armée du prince de Schvvarzenberg, et sous le feu d'une canonnade terrible, le force à rétrograder et le rejette bur les collines qui entourent Dresde. Le lendemain, le maréchal Saint- Cyr contribua puissamment au gain de l'éclatante victoire s que remporta Napoléon. Dans celte journée, il commandait un des eor.ps du centre et soutenait les o- pérations de la gauche. Il pou*- suivit l'ennemi qui se retirait dans la direction de Muxea , lui fit un bon nombre de prisonniers, s'empara de plusieurs milliers dt; voitures d'artillerie; mais il ne; put arriver que le ^o au soir devant le débouché deToplilz. Le 10 sep- tembre, il attaque les déliiés du Geyersberg, qui étaient dél'endus à l'eterswald et à llellcndorf par le corps d'armée de Ziethen, ren- forcé par les divisions russes aux ordres du comte Pahlen , et par

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l'infanterie du prince Schaschafs- koy. A quatre heures la division Bonnet avait emporté la tête, du défilé, le corps .des grenadiers russes fit une rcsislance désespé- rée. Lo maréchal Saint- Cyr s'a- vança pur Ebersdorl' , s'empara des hauteurs de Meckenlhtiria et de celles d'Ober-Rraupeu, for- ça le passage et se répanflil dans la plaine de Tôplitz. Les difficultés du terrafui ne lui permirent pas de faire arriver' son artillerie, et le. maréchal ne put compléter ce bril- lant succès. .Le i4, l'ennemi ayant assailli avec de grandes forco'»!» camp de Gusliabel, occupé par le I" corps, le i5 à deux heurt'S le marée W Gouvion SaiiU-Gy»; at- taqua le conite de AVittgensteiu en position à Macklercbach , tour- na la droite de l'armée russe, par la division Mou,lon-Dii vern.çf , ot obligea les 5% 4" et i^" corj)s d'ar- uiéo russe à reculer jusqu'à Nol- len,dorf. Le iG^ il délogea l'eilne- mi de toutes ses positions en a- vant de l'eterswald , lui fit un gr.iad nombre de prisonniers , dans le nombre descpicls s^o irou- ya le fils du maréchal lîliuher. Le 17 Ifts généraux M ittgensleiu et Ziethçn , ayant couibiué l«urs mouvem^ns avec ceux du géné- ral Meerj'eld, ikltaqiièrent, sons leS yeux du roi de; Prusse, los Fran- çais aupr(!"s dq Dorhn ; niais ils furent repousses, et le maréchal Saint-Cyr les ch^issa de nouveavi dans la plaine de Toplilz. Le 18 il repoussa le corps prus>-i«:n du général Kleisl jusqu'à (Jbcr-Rrau- pen, cl le général Mecrfeld ayant essayé de surprciulre les hauteurs du village de Rcinitz, fut mis en déruule, et perdit aooo honuucs,

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qui tombèrent ;iu poin'oir fîes Fiançais. Ce{>cndant les alliés réu- nissant leur armée de Silésie à celle tle Berlin, et passant l'Elbe à Dessan, tandis que la îjrande-ar- inée débouche de Bohême el se porte par Chemnitz sur Léipsiok, l'empereur quitte Dresden le 7 octobre, et laisse le maréchal Saint- Cyr, ayant sous ses f)rdres les 1" et i/f' corps, pour dél'eudre la ca- pitale de la Saxe. Napohéon mar- che par la rive gaucdu; de l'Elbe dans la direction de iMagdebnurg. Plusieurs de ses corps sont réunis sous.Wittendierg; il espère faire avorter le projet de réiuiiou des alliés, el vaincre l'uué ou l'aulrc de leurs armées avant b-iKt jonc- tion à Léipsick. Le i3 octobre le maréchal Saint - Cyr attaqué le cou)te de Tolsloy, In: tue aoof» hommes, lui fait laoo- prisou- iiicFS, prend 20 canon«, ses ba- p^oges, et demeure ainsi maître des défilés de la Bohême. L'empereur attaque, le «6, la grandd-armée de Bohème, la bat, et la déro.ile se lait WMilir jusqu'à la cjueue de cette ai^inée, un bon nombre; ila fuyards- et de bagages tottîbe au ]>oiiTiMr ilu maréchal Salnl-Cyr. Il e>l probable que le maréchal aurait nvarchè au canon, vualgi'é Vs inslruotiotiji contraires de l'em- pereur, s'il n'avilit pns reçu un Idllet qu'il communiqua ùt ses gé- néraux, par lft(piel iNapoléon lui renouvelait l'ordre positif de res- ter dans Dresde. Kéduît à ne jouer aucnn rôle dans Ih nuitivaise for- tune de notre armée, le tnaréchal Saint-Cyr, après (pielques com- bats, se renferma dans Dresde, il fut bientôt bloqué par le 4* coips d(; l'armée autrichictmc.

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réuni aux troupes russes du com- te de Tolsloy, formant ensemble 60,000 hommes. Le maréchal si- gna, le 11 novembre, une capi- tulation d'après laquelle il devait rentrer en France avec ses trou- pes et une partie de son artillerie. Celte capitulation ne fut point ra- tifiée ; et en violation de toutes les lois de la guerre , le maréchal de- vint prisonnier avec toute son ar- mée, et ne revint en France qu'a- près la première restauration en 1814. Il fut créé à celle époque commandeur de Saint - Louis, et nu:mbre de la chambre des pairs. Liu's du débarquement de Napo- léon , il fut désigné pourcommnrr- derv" sous les ordres de MossiEtiR , r.irmée q<ii se formait à Lyon , et p;utit dans la nuit du 20 mars 181 5, pour se rendre à Orléans. Il lit d'inutiles et périlleuses ten- tatives pour com[»rimer dans cette ville et dains Bourges , le mouve- ment général qui se prononçait en faveur de Napoléon. Pendant les cent jours il vécut dans la retraite, et, après la seconde restauration , i'i fui appelé au ministère de la guerre, dont il remit le poite- fcuillo au duc de Feltre à la fin de septembre i8i 5. Nommé minis- tre - d'état et membre du conseil privé . il fut en outre créé grand'- croix de l'ordre de Saintr Louis, et gouverneur de la 5' division militaire. Appelé au mois de juin i8»7 an ministère de la marine, il consacra sa trop courte admi- nistration par quehfues ordonnan- ces utiles, et par le départ de xpédilion de la corvette l'f7/'«- iiie. Le portefeuille de la guerre lui fut remis le 17 octobre de la même année, et le maréchal Cou-

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vîon Siiinf-Cyr eut besoin de tous ^on dévouement à la monarchie consiitutionnelle pour réparer les grande» fafites de son prédéces- seur. Sou.s SCS mains Tordre re- vint dans les finances de ce dé- parlement; un déficit de 12 mil- lions est comblé sans qu'on ait be- soin de recourir à des emprunts o- néreux on à la mumfiience royale, et cependant le maréchal obtint à la fin de 1818 l'honorable avan- tage de présenter aux chambres un budjjet, dont la rédaction a depuis été adoptée par les antres ministères , et de rupporl<;r au trésor 14 millions, fruits de ses économies. Pendant la session 1817-1818, il présenta aux cham- bres le projet de loi sur le mode de recrutement et d'avancement <le l'armée. Il soutint la discussion parlenientaire avec une vigueur de raison et une force d'éloquen- ce, dont les traits rappelaient à ses adversaires la hache de Pho- cion. Un succès éclatant couron- na ses travaux, et in France put espérer une armée citoyenne. Le maréchal Gouvion Saint -Cyr fit ouvrira Paris, le 24 novembre de la même année, un cours d'en- seignement mutuel pour tous les corps de l'armée. Il nomma une commission d'olBi/iers-généraux , d'administrateurs et de juriscon- sultes, pour réviser le code des délits etdcs i;eines nulitaires, ainsi que la juridiction des conseils de guerre. Une autre commission fut chargée d'examiner le grand sys- tème de défense exécuté par Vau- ban , et de rechercher les moyens les plus eflicaces pour le mettre en harmonie avec le nouveau sys- tème de guerre introduit de nus

GOU

4j5

jours. Le choix des membres de la commission, présidée par le général Marescot, était digne de liniporlance du sujet. A la fin de 1818, quelques minislies ayant ufinoncé le projet de l'.iire subir des modifications à la loi du 5 fé- vrier, il s'établit dans le conseil une lutte, à la suite de laquelle tous les minisires remirent leurs portefeuilles, à l'exception du ma- réchal Saint- Cyr et de M. Deçà- zes. Un nouveau ministère s'orga- nisa sous la présidence du géné- ral Desolles. Pondant Tannée 1819, lemiiréchalSaint-Cyr, attaqué pur de fréquens accès de goutte, té- moigna à plusieurs rept ises le dé- sir de quitter le ministère, mais le roi l'engagea couïtaujUMMit à y rester. An mois d'août, il fut dé- signé pour témoin de Taccwuche- ment de S. A. 11. M'"" la duchesse de Bcrry. Le mauvais état de sa santé ne lui permit pas d'accepter cet honneur. Mais le parti qui a- vuit levé le masque par la propw- siticn de 31. Barthélémy, avait j)énétré dans le conseil , et comp- tait déjà pour appui le ministre le plus influent. Cette grande ques- tion de modifier la loi du 5 février fut agitée en présence de sa ma- jesté, et le 18 novembre 1819, le maréchal Saint-Cyrremitsoii por- tefeuille. Pendant ce ministère, le njaréchal Saint-Cyr s'est dépouil- lé de quelques-unes de ses digni- tés en faveur d'olTiciers-généraux maltraités par hi fortune. Il a quit- té le pouvoir sans solliciter de nouveaux honneurs , et sans se conserver d'éminentes fonctions pour lui servir de retraite. Il avait abandonné le ministère une pre- mière fois pour ne pas signer un

/|5G HAM HAM

traité de doulonreusc mémoire ; gardait comme la sauve-garde de

il le qiiitla une seconde fois pour la liberté contitutionnelîe. ne pas attaquer une loi qu'il re-

De nouveaux renseignemens sur M. de IIammer [voyez le 9' vol.

page ap) nous mettent à même de rectifier et de compléter cet article.

HAMMEU (Joseph de), célè- qu'il avait des langues orientales,

bre oricntali.'^te , est le 9 juin en attendant qu'il trouvât une oc-

J774 ^ '' Graetz, capitale de la c.ision favorable pour voyager en

Styrie. Après avoir terminé ses é- Perse. Le baron de Habert, ayant .

tndcs, il alla à Vienne en 1787. reçu la nouvelle du traité d'£l-

il se livra avec assiduité et a- Arisch, le chargea de se rendre en

\ec succès à la poésie et à l'étude Kgypie pour veilleraux affaires du

des langues orientales. Au bout consulat; mais M. deïlammer resta

de quelque temps il fut reçu élè- quekjue temps sur les bords du

■ve de l'académie orientale de cet- 'ligre, auprès de sir Sidney Smith,

le ville, il resta 9 ans, faute auquel il servit d'interprète et de

d'occasion d'être employé comme secrétaire. Il était présent à la

interprète. Pendant les deux der- conlérence du grand-visir à Jaffa ;

nières années de son séjour à en 1801, il fit la campagne d'E-

\ ienne, M. de Hammer s'occupa gyple avec sir Sidney, et après la

principalement du persan, dans |»rise d'Alexandrie, il se rendit en

i'inierition de faire un voyage en Angleterre , d'après les conseils

Perse. .Son premier travail îitté- du baron de Herbert. Pendant le

riire fut une traduction d'un poë- trajet d'Alexandrie à Portsmouth,

um Uirc sur lu Jh) de foui ex choses, il traduisit Ibn Waschies sur les

Lo talent poétique de W. de Ham- mer comu)ença à se développer en 1797. Au printemps de cette année . il chanta la fête anniver- saire de la naissance de l'empe- reur dans une ode intitulée la Fête du 12 février. H eu dédia u- ne autre au baron de Jeniscb , in- titulée VAsie, et ime troisième à Muller. I 'année suivante il fil un voyage dans lo centre de l'Autri- che et à Venise, accompagné de; son ami le baron de Rriiffl. Au ])rintcmps de l'année 1 7Ç)9, le ba- ron de Thngut l'envoya à Cons- tantinople avec une lettre de re- commandation au baron de Iler-

hiéroglyphes et les alphabets in- connus, de l'aiabe en anglais. En 1802, il se rendit d'Angleterre à (>jnslantino])le avec l'ambassa- deur le baron de Sturmer , au- quel il servit de secrétaire. Com- me agent impérial de la Molda- vie , RI. de Hammer se rendit à .lassy en 1806. L'année suivante il retourna à Vienne, il se lia avec le comteWeiiz-Rzewuski, qui aimait particulièrement les lan- gues orientales. Celui-ci n'eut pas plutôt fait connaître I.i résolution qu'il avait prise de fonder un éta- blissement utile dans ce genre, que W. de Hanmiei' lui proposa

berl , par laquelle il le pri.iit de de publier le recueil lilléraire in- l'euvoyer à Halep et Basra pour \\\u\v. : Mines de l'Orient. Le jour perfectionner les connaissances des Rois, 1809 , parut l'annonce

HAM

de la fondation de cet institut, comme du foyer de* lang:ues de l'Orient et de l'Occident. A cette époque, l'institut de Paris fit une mention très-honorable des mé- moires de iVJ. de Hammer, sur l'in- fluence de l'islamisme pondant les trois premiers siècles de l'égire. Tandis que les troupes françaises étaient encore à Vienne, M. de Hammer fit tous ses efforts pour recouvrer les manuscrits dont la bibliothèque impériale de Vien- ne devait être dépossédée ; ses dé- marches furent couronnées du pins heureux succès : Sao restè- rent à Vienne, et on restitua , en 1810, \.i plus grande partie de ceux qui avaient été transportés à Paris. Il dut ce succès inespéré à l'appui du ministre de l'intérieur, le comte de Montalivet, et au zèle du baron Silvestre de Sacy. En reconnaissance de son ouvrage , Constitution d'état de l'empire ot- toman , il reçut en i8i5, de l'em- pereur deRussie, l'ordre de Sainte- Anne , ïcconde classe, et du roi de Danemark , l'ordre de Dane- brog. En 1816, il épousa la fille aînée du chevalier Henikstcin. En 1817, M. de Hammer fut nom- mé conseiller-d'élat impérial , ce que le prince Metternich lui an- nonça par une lettre de sa propre main. En 1819, l'ambassadeur persan Mirza - Abul - Hassan se trouvant à Vienne , M. de Ham- mer le conduisit solenneIlem<;nt à l'audience de la cour, et reçut peu après la décoration de l'ordre fie Léopold , avec une lettre ho- norable du prince de iMetternich. En 1821 , il entreprit«(le fairt; un voyage à Dresde et h Berlirv [loiir voir les trésors des bibliothèijues de

HAM 45;

ces deux villes; il fut nommé cor- respondant des acadéiTiies d'Ams- terdam . de Paris et de Berlin , membre des académies de (iottin- gue, de Munich et de Copenha- gue , et membre honoraire de la société philosophique, de Phila- delphie, des sociétés asiatiques de Calcutta, de Bombai, de Madras et de Paris, et de la société des beaux-arts de Vienne. Les ouvra- ges littéraires de M. de Hammer sont: 1°. Di'S Dessins dhin voyage de tienne à Trieste par Venise , in-8", Berlin, 1800; nouvelle édi- tion, i8'i2. Coup-d'œil ency- clopédique sur les sciences de l'O- rient , deux parties in-8° . Léip- sick, 1804 ; 5" La Trompette de la guerre sainte, in-8", Berlin 1806; Ancient Alphabets ofibn fVas- /lie, Londres , î8o() ; .'>'' Schirin . poëme romantique persan^ deux parties in-8°, Léip«ick, 1809 ; 6" Rapports de l' ambassadeur turc Rcsmidi - Achmed- Ejfendi , etc. , in-8°, Berlin, 1809; 7" Furs to- pographiques du Voyage dans te Levant, in-4° . Vienne, 1811; Romclie et Bosnie^ traduit du turc, in-S", Vienne , 181259" Dja- fnr , ou la chute des Bermékides , in-S" , Vienne , i8i3; 10° le Di' van de Mohammed-Schems-Eddin- Ha/iz, 2 vol. in-8", Stultgard, i8i5; I x" RosenneU 2i)etits vol. in- 8°,ïubingen, i8i4; 1-2" Sonnettes de Spencer, in-4'' , Vienne, 1814 (aux frais du prince Sinzendorf, et ne se trouve pas chez les libraires); les mêmes en anglais et en alle- mand, in-S" , Vienne, 181G; 15' Gouvernement et administration de l'empire ottoman , 2 vol. in-8* , Vienne, i8i5; \l\° Feuille de Trè- fle oriental, in-4", Vienne, 1818;

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iS" Histoire de la Rhétorique per- sonne, in-4'', Vienne, iHiS; i6" Coup-d\eitsur an Voyage de Cons- fnnlinople , etc. , in -4°» Pest , i 8 18 ; 17° Uistoife des assassins , fi;rancl in-8', Stullgard, i8i3 ; 18" Monument sur le tombeau des deux derniers comtes de Puri^- stal , iii-fol., Vienne. iSai (ne ye trouve point chez le> librai- res ) ; 19" Copie figurée d'un rouleau de Papyrus, etc., Vien- ne , 1822 (ne .se trouve point chez les hbrairos) ; 20° Constantinople et le JJosp/i<3re,'î\v\. gr, in-8'', l*est, i$-2'2; '}.{' Fil de Perles d' A bout Maani, in-8° , Vienne , 1822; 22" C Histoire et ta Littérature des Ot- tomans[{\nni l'histoire de la litté- rature d'Eichorn) ; 25" la traduc- tion de Motinabbi, le plus grand poète arabe. Vienne, 1825. in- 8'; enfin, nn très-grand nonibie d'articles important insérés dans des jnurnaux et recueils litté- raires d Europe. M. de Hanuner a encre beaucoup d'ouvrnges maknscrits ; la traduction (Van- çiise <hi ronjan de chevalerie a- rabc Antar, la traduction des con tes des Mille et une Nuits , etc. Le portrait de cet Orientaliste célè- bre se trouve dans son Histoiie de la Rhétorique persanne.

KlRCKiiOFF (JûscPH-lloMAiN- Lotus de), docteur en médecine, chevalier de plusieurs ordres, et membre d'un grand nombre de sociétés savantes, à >!alh, pi'ovince de Limbourg (royaume des Pays-Bas), le 3 septembre IJÏ89, d'unie famille noble origi- naire d'Allemagne , montra dès son enfance nn goût décidé pour les lettres. Sa famille le destinait ;i l'étude du droit, mais un pen- chant irrésistible l'entraînait vers

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les sciences phj'^siqucs et naturel- les. Il reçut, en 1811, à Stra^f- bourg le titre de docteur, après s'être fait avantageusement con- naître par une Dissertation sur l'air atmosphérique et son influence sur Céconomie animale, réimprimée en 1816 (Maestricht, vol. in-S"), Il fit, en qualité de médecin à la grande-armée française, la fu- neste campagne de Russie , en

1812, et celle d'Allemagne, en

18 13, sur lesquelles il a publié im volume à' Observations médi- cales (in-8°, Maestricht, 18 14). Cet ouvrage, qui s'est beaucoup perfectionné dans la seconde édi- tion (Utrecht, 1822), valyl à sou auteur de nombreux diplômes aca- démiques, et des lettres flatteuses de plusieurs souverains. Son Hy- giène militaire, dont la première édition parut en i8i5, et la se- conde en 1825 (Anvers, vol. in-8") , mit le sceau à la réputa- tion de M. deRirckhoff, considéré dans son pays connue le digne successeur des Boerhav»". et des Rrugmans. Cet ouvrage, déjà clas- sique, vient d'être tradtiit en lan- gue hollandaise. M. de Kiri kholf remjiiit les fonclious-de médecin en chef de Thôpifal militaire de liiégc , en i8i5, puis de celui d'Anvers jusqu'en 1821; il y don- na des preuves multipliées de ?ou zèle et de soi» attachement à tous ses devoirs. S'étant prononcé con- tre la nouvelle organisation du ser- vice sanitaire à la mort du docteur Bnig^mans , il donna sa démission ; mais il céda néanmoins aux ins- tances qu'on lui fit de toutes parts pour le fixex à Anvers. Outie les ouvrages dont nous avons tléjà parlé , l'on doit à M. de Kirckhoff des Observations pratiques sur la

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fiérre ad'mamique, vol. iu-8°, An- vers, i8i8; 110 Traité sur (e ser- vice de sauté militaire (en laiii;uc. hollan(JiH:<e). vol. in-8", Utncht, 1822; plusieurs dissertations in- sérées dans le Magasin hypocra- tique de MM. Sander et Wachter, entre autres sur la plique polonui-

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se, sur la phthisie muqueuse, sur la gangrené d' hôpital, sur le pana- ris, suv les engelures, sur l'empoi- sonnement par l' acétate de plomb, etc. Il a fourni ai»ssi divers arti- cles littéraires aux journaux de !:» Hollande et à la Revue encyclo- pédique.

L'arli( le Lecocq, inséré au 1 1* voluuie, étant incomplet et inexact, se trouve reclitié par la notice suivante.

JJ^OCQ (Charles), licencié ès-lois, secrétaire du comuierce deTournay, inspecteur des écoles primaires, ancien membre de la seconde cliandwe des élals-géué- ranx du royaume des Pays-Bas, il 'se distingua par^ su noble fianchise et par une sag^e modé- ration. 11 déCeudit couslamment les intérêts de ragricultuie et de l'industrie nationale; il c^tuibaltil avec une éloquence entraînante les lois sur la mouture et l'abat- tage... Il avait lait paitie de la commission d'état chargée de la révision de tout le sy.'yiéme finan- cier en 1819. Réélu-^ par les élec- teurs de la pro'viuce d<^ flainaut, à l'unanimité, en 1825, il donna sa démission, IVuidée sur des mo- lif-^ de -an lé; il empnrta, eu- quit- tant les attaifes publiques . l'es-

Lft notice sur le général Le Pic plére, elle doit élre remplacée p; <|H«lle ou. peut com|Mer.

LE PIC (l.rnis, comte), lieute- nant-général drs armées du roi, est à iMonljudlier le 50 sep- tembre ir65. Entré fort jeune au service dans les dragons de Les- cure, il obtint successivement, par »a bravoure et sa bonne Con-

lime et les regrets de tous ses collègues, même de ses adver- saires d'opinion. Il est âgé de /j^ ans. M. Lecocq a publié plusieurs ouvrages très-estimés sur l'éco- nomie politique : des Mémoires ; une Statistique commerciale de l' arrondissement de Tournay; un Traité sur les douanes, dans leurs rapports arec C instruction manu- facturière et agricole , etc. Il est luleur aussi de plusieurs bons li- vres sur l'insfruofion publifpie , tels que : Essai sur la combinaison des méthodes d'tnseignemcrU pri- maire ; Elémens de grammaire, de géographie , etc. Il est colla- borateur des Fastes belgiques, en- treprise littéraire et lithographi- que, dont le discours prélimi- naire fait. désirer lu continuation.

[voyez le 1 1* volume) étant incom- ir celle - ci , sur rexactilude de la-

duite, tous les grades dont il lut revêtu. De brigadier de la garde constituti-mnelle de Louis XVI, il servit jusqu'au licenciemenfj il passa en i^f)?., dans la division des volontaires nationaux à che- val, avec le grade d'adjudant-ma-

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jor. et peu de temps après , il fut nommé lieutenant-colonel du niô- nie corps, puis du 21* régiment de chasseurs à cheval, à la têle duquel il fut envoyé à l'armée de rOuest, sous les ordres du géné- ral Beisser. 11 combattit dans la Vendée , j reçut plusieurs bles- sures, et l'ut assrz heureux pour laisser dans cette contrée des sou- venirs qui rhonorent: il sauva des \i(:iilards, des feumies et des en- l"an>, entre autres une jeune fille de 3 ans et demi, qui était abau- donnée au pied d'un arbre, et dont la nourrice venait d'être massa- crée. Cette jeune fille l'ut recon- nue 25 ans après par sa fauiille, qui est nue des plus illustres, et die jouit aujourd'hui d'une gran - de fortune. En i7()G, iM. Le Pic fut envoyé à l'armée d'Italie, a- vec le lo' régiment de chassem.'* à cheval, dont il prit le comman- dement. Il fit avec distinction les campagnes de celte époque. A- près la j)rise de Manloue, comme le plus ancien officier su[»érieur, il fut chargé du commandemeiit d'u- ne colonne de cavalerie, qui so, lro\ivait placée sur le lac de Oe- gensano. Un corps autrichien et esclavon vient l'attaquer : tM. Le Pic fait ses dispositions, repousse l'ennemi, et s'empare de toute la colonne, infanterie, cavalerie, ca- nons et équipages. Cette colonne était détachée du corp.s du géné- ral Laudon qui manœuvrait alors dans le Tyrol. Il se montra de la manière la plus brillante à la ba- taille de Véronne. Malgié plu- sieurs blessures très-graves qu'il y avait reçues, il ne resta pas moins à la tète de son régiment, et cul- buta la cavalerie ennemie quoi-

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que en nombresupérieur ausien; il resta pour mort sur le champ de bataille. Ses chasseurs traversè- rent les rangs ennemis, en s'é- criant : Mort ou vif, il faut rame- ner notre colonel. Celle preuve de dévouement fut particulière- ment reiriarquée par le général Moreau, qui, rendant hommage à la bravoure de M. Le Pic, fut le premier à le proctilmer colonel du régiment qu'il ne commandait a- lors que par intérim, comm« pre- mier chef d'escadron. Il prit part à la bataille de Marengo. Un an après, la campagne se rouvrit, et se trouvant sur le Mincio, au moment l'armée prenait ses bivouacs, il fut chargé de faire une reconnaissance. IV^ncontrant une partie du régiment des hussards toscans , il attaqua cette arrière- garde, qui se compo-.ait de /joo hommes environ :^ il la fil prison- nière, et la présenta au général Suchet , de la division duquel il faisait partie. Ce général se char-r gea de conduire ces prisonniers an quartier du général Brune, qui lui témoigna sa vive satisfaction. M. Le Pic fut promu au grade de major dans les gienadiers à che- val de la garde consulaire, qui de- vint plus tard garde impé- riale. C'est dans ce corps qu'il fit toutes les campagnes de la gran- de-armée. Il commandait le 1" régiuient à la bataille d'^^u.slerlitz, et à celle d'Eylau, il se cou- vrit de gloire par undes faits d'ar- mes qui ont le plus illuslj'é la va- leur française. Il reçut et exécuta l'ordre de charger sur plusieurs masses d'infanterie russe , et de s'etnparer d'une baltcrie qui cau- sait de grands ravages au quai-

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fier-général IVançais. La charge qu'il fit fut couronnée du plus glorieux succès; mais la neige é- tant tombée à gros flocons, il ne pouvait plus reconnaître le point d'où il était parti. Cerné de toute part, il traversa trois lignes d'in- fanterie, et s'ouvrit un passage à travers le feu et les baïonnettes , sans presque essuyer de per- te. 11 déboucha sur un corps de l'armée française, qui, prenant son régiment pour la cavalerie en nemie, tira sur lui, et lui tua deux grenadiers et quelques chevaux. Le général Le Pic se hSla de dé- tacher un de ses officiers, dont la présence fit cesser cette fatale mé- prise. L'empereur, qui depuis plus de trois heures n'avait point de nouvelles du i" régiment des grenadiers à cheval de sa garde , nomma M. Le Pic général de bri- gade sur le champ de bataille, et lui donna une dotation de 3o,ooo francs; il avait reçu plusieurs bles- sures dans celte brillante action. Devenu officier-général, il conser- "va toujours le commandement de son régiment. Il fit avec ce corps la campagne de 1809 à la grande-ar- mée. La bataille de VVagram , il s'illustra de nouveau , ajouta il sa gloire militaire, et lui mérita une nouvelle dotation de l'empe- reur. Deux fois il fut envoyé eo Espagne : il commanda une par- tie de lu garde k iVladrid, sous les ordres de Mural; il eut part aton- ies les affaires contre les Anglo- E-ipagnols. Il fit avec la gartle im- périale la campjgne de iSi-i con- tre la Russie. A la retraite de Mos- kou, toujours à la tête du 1" ré- giment, il chargea avec toute la i$^ Valérie la garde, i^ous la» or-

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dres du maréchal Beissière, un corps de 8 à 10,000 cosaques, le poursuivit pendant 4 heures, lui tua beaucoup de monde, et lui re- prit des canons dont il s'était em- paré. Fait général de division , le 9 février i8i3, il prit en cette qualité le commandement Un 2* régiment des gardes - d'honneur qu'il organisa à Metz. Il fit avec ce régiment la campagne de Saxe en 1815, et celle de France en i8i4- A la restauration le roi confia au général Le Pic le com- mandement de la 21* division mi- litaire à Bourges, il reçut de toutes les autorités les témoigna- ges les plus honorables de la sa- gesse qu'il avait déployée dans ce poste important , surtout d;jns das circonstancesqui l'ont rendu si dif- ficile à remplir. \\)viiilG$centjotirx, en i8 i5', pendant lesquels il fut em- ployé par Napoléon, le général Le Pic fut mis à la retraite par le duc de Feltre, ministre de la guerre. Depuis cette époque il s'est fixé à la campagne, il se livre à l'a- griculture et à l'éducation de 5 fils, qu'il destine à la carrière des armes. Sous le gouvernement im- périal, il a été Siiccessivenient chevalier, officier et commandant de la légiou-d'honneur; chevalier de l'ordre militaire de Maximilien- Joseph, de Bavière, et enfin baron de l'empire. Le roi l'a créé cheva- lier de l'ordre royal et militaire de Saint- Louis, et nommé comlt- le ly janvier 181 5.

MARGIERIT (le bakon IN. (J. de), ancien officier de la maison militaire du roi, chevalier de Sair»t- Louis et de la légiorf- d'honneur, est à Berneville en 1772. Nom- uié^ eji t78y, S(His-lieutenant d'in-

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fantcrie , il ne put suivre, pour cause de maladie, sou régiment dans les Antilies. En 179a, vou- Jant sauver son parent, le vicomte de Bigne , qui était au nomhre des prisonniers d'Orléans, et qui pé- rit avec eux le 9 septembre, à Versailles, il courut les plus grands dangers. Agent des princes, iltiut une mission pour s'emparer, en leur nom, de la ville de Mézières, ce qu'il ne put effectuer par suite de la retraite de l'armée prussien- ne. Cette mission le fit mettre hors ta loi, et il ne gagna pas sans peine la Vendée, il trouva un asile. Il tut blessé dans l'un des combats qui se livrère«it dans cette contrée. Il prit part aux projets de Piche- gru , et avait l'ordre de réunira Saint-Cyr , près de Versailles, plusieurs centaines de Vendéens avec lesquels il aurait dû, dans une nuit, se port«r au Luxeuî- bourg et enlever les membres du directoire -exécutir. Il quitta la France après le 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797) , et fit partie du comité royal de Souabe, se concertaient les mouvemons mo- narchiques de l'intérieur avec ceux de l'armée de Coudé. Il rentra dans sa patrie en 1801, et parut, rn i8o5. sur les côtes de Boulo- gne avec la mission d'accompa- gner le prince qui aurait pénétré en France , si les projets de Pi- diegru et de Moreau s'étaient réa- lisés. «Il fui , dit-on, condamné à «mort, par suite de cette affaire, «mais sous un faux nom, à l'aide » duquel se cachaient les parli- usans de la maison de Bourbon, a M. iMarguerit ne reparut sur la scène politique qu'en i8i4» dans la garde à cheval de Paris qui pré-

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céda l'organisation des gardes-du- corps. Il suivit le roi ;\ Gand, à l'é- poque du 30 mars i8i5, et reçut l'ordre de revenir à Par»^, pour y assister au comité royal dont fai- saient partie MM. de Noue, de Salperwick, de Colbert, de Dien- ne, etc. Il fit par suite plusieurs voyages à Gand. Après la seconde restauration, il reçut des témoi- gnages de la satisfaction du roi, dans ces paroles que S. M. lui au- rait adressées : « iM. de. Marguerit, »je connais les services que vous «m'avez readns; je ne les oublie- »rai point. » Il a travaillé an Mer- cure de France, lorsque cette feuil- le comptait pour rédacteurs MM. de Chateaubriand, de Fontanes et Micbaud. C'est M. de Margue- rit qui a fait insérer dans la Quo- tidienne de-i 16 et ai mars 1818, les deux Lettres contre M. Ben- jamin Constant. On Connaît du même écrivain uit assez grand nombre de brochures sur la caisse d'épargne de Lafarge.

PEPOLI (le comte Alexandke- Hercule) naquit, eu 1757 d'une illustre et ancienne faiwiilede Bo- logne. Il reçut de la nature un cœur susceptible de grandes pas- sions, djnt il ne sut pas toujouis se défendre. Un amour déréglé pour la gloire, un goût pr )non(é pourles choses extraordinaires, mie vanité excessive, faisaient le fonds de son caractère. Jeurje encure, il osa pu- publier ses premiers essais dra- matiques, sous le titre ambitieux de Tentativi dell' Italia. Dans un discours préliminaire, il s'expri- mait d'une manière inconvenante sur les auteurs it?<liens qui l'a- vai«nt devancé dans la môme car- rière, auctni desquels, si l'on en

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exceptait Maffei, ne lui paraissait digne d'entrer en comparaison a- vec le dernier des tragiques fran- çais. Ce mépris pour son paj's , de la part d'un jeune homme é- chappé à peine à la férule de son maître, et la prétention cachée d'avoir fait beaucoup mieux que les autres, lui attirèrent un grand nombre d'ennemis , qui jugèrent SCS ouvrages sévèrement. En ef- fet, l'on est obligé de convenir que parmi six volumes de tragé- dies qu'il a laissées, il serait diflî- cile d'en désigner une seule dont l'Italie pût vraiment s'enorgueil- lir. Aspirant à la gloire d inven- teur d'un nouveau système dra- matique , le comte Pepoli , en pu- bliant son Ladislao, fixa les règles de ce qu'il appelait genre fisedi- (0. En examinant les principes de cette nouvelle poétique, ou Toit qiiç l'auteur mérite d'être rangé parmi les cor3qihées du ro- mantisme; car il y encourage à la violation de toutes les règles, pour se jeter dans tous les travers. Il porta le même c-iprit d'indépen- dance dans (me traduction qu'il avait entreprise du Paradis perdu de Milton, dont le premier livre parut en 1795: le traducteur n'alla pas plus loin que le second livre, qui, de même que le précédent, fut imprimé à la typographie PepoUana , fondée à ses Irais à Venise , et k laquelle on doit qiu.'lqiies belles éditions. iMais jdusieurs ouvrages de Pepoli sor- tirent des presses de liodoni, en- tre autres un recueil poéti(|ue intitulé : Planti d' EUcona , in- fol. , pour honorer la mémoire de Thérèse Vernier. Les spec- tacles , les exercices «jyranasti-

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ques et la poésie , furent les oc- cupations de toute h\ vie de Pe- poli. Son hôtel a Venise se trans- formait presqu'en salle de spec- tacles, toutes les fois que d'an- ciennes habitudes condamnaient au silence les théâtres de la ville, (l'est alors que le comte Pepoli avait la satisfaction de voir ses pièces applaudies, et de s'enten- dre proclamer le premier poète tragique de l'Italie. Il *nourut à Florence en 1796, âgé à peine de j() ans.

>ERCEVAL (SpENt^ER), hom- me d'état anglais, naquit à Lon- dres le 1" novembre 17G2; son père, Jean, comte d'Egmoht, ba- ron Lovel et Holland, était placé à la tête de l'amirauté sous le mi- nistère de lord Bute, son ami. Il espérait profiter de sa place, et de la protection d'amis puissans, pour faire parvenir ses enfans, dont Speucer Perceval était le second, aux premiers postes de l'état. Sa mort inopinée ue lui permit pas d'atteindre ce but, Peix-eval arriva par ses talens et son dé- vouement aux intérêts de la cou- ronne, kes ministres n'eurent pas un plus 7.élé défenseur, et, minis- tre lui-même, il tint par sa con- duite tout ce qu'il avait promis « ses protecteurs. Il ne fut point nu homme d'état du premier mérite; mais il cul des qualités rem iiqua- bles, et par ses vertus privées il fit oublier ses principes politiques. Formé à l'école de Pitt, c'est sur- tout comme ministre des finances qu'il a consacré son nom dans les fastes britanniques. Perceval, de- venu orphelin dès l'âge de 8 ans, fit ses études à l'ufiiversilé de Cambridge, et suivit ensuite li\

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carrière du barreau. II fut un des plus grands admirateurs de Pitt, dont il fixa l'attention par une brochure qu'il publia lors du pro- cès de Hastings {voyez ce nom), et dans laquelle il prouva qu'une accusation n'est pas interrompue par la dissolution du parlement qui l'a admise. La double influen- ce du ministre et de la famille de Perceval , le portèrent au parle- ment,où il représenta le bourg de Norlbampton. Il ne crut pas de- voir suivre l'exemple de la plu- part des nouveaux élvis qui , pour se l'aire remarquer, se ran- gent partni les membres de l'op- position. Loin d'attaquer les ac- tes du ministère, il les approuva avc(; chaleur, et donna un gage solennel de ses vues politiques dans l'aflaire de l'insurrection de la flotte mouillée au Nore, le 2 juin i7i)7. Pitt proposa un bill contre tout complot tendant à ex- citer la sédition. Le jeune admi- rateur du ministre imagina un moyen ingénieux d'abréger les délais. Il ouvrit et soutint l'avis d'accorder au gouvernement un pouvoir discrétionnaire pour em- prisonner ou déporter les coupa- bles, L'aunée suivante, il appuya l'orlement le bill sur les taxes as- bises. 11 combattit dans toutes les occasioiis les membres de l'oppo- sition , et plus particulièrement le célèbre Fox. S'il ne; le fit pas t lujours avec succès, il le fit avec adresse et talent, et sut se rendre un auxiliaire nécessaire des mi- nislrer-. Il parut s'attacher aux matières des finances, dans les- quelles il montra des conuaissau- ces étendues. Elles lui ouvrirent les portes de la faveur. Conseil de

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la couronne, en i8or , il soutint les procédures contre les clubs, et on ne doit pas reprocher à son zèle si la plus grande partie des accusés furent déclarés non-cou- pables par le jury. En récompen- se, il devint en peu de temps sol- liciteur-général et procureur-gé- néral. Sous Pitt, il s'était déclaré pour l'union de l'Irlande ; sous Addiugton, il soutint avec force le bill sur les réformes dans la ujarine, et eut, à cette occasion, une altercation des plus vives a- vcc lord Temple, que l'opposi- tion comptait depuis quelque temps dans ses rangs. L'un des partisans outrés de la guerre a- vec la France, il déclara, en i8o5, « qu'il ne pouvait y avoir qu'une opinion sur la nécessité d'arrêter les progrès alarmans d'un enne- uii si dangereux. » Il ?'opposa, en i8o5, comme il l'avait fait pré- cédemment, à ce qu'on accueillît avec laveur la pétition que les catholiques d'Irlande préienlè- rent au parlement, et il fit avec succès repousser la motion de Fox à leur égard. Pitt mourut en 1806; l'administration changea. Perce- val cessa d'être procureur-géné- ral. L'oppositioQ alors lui parut légitime, et il prit place parmi ses membres. La mort de Fox, arri- vée en 1807. fit de nouveau chan- ger le ministère. P<M'ceval chan- gea aussi et obtint une place dans le cabinet; il devint en même temps chancelier de l'échiquier, puis, et pri'sque aussitôt, cliauce- lier du duché do Lancaslre, em- ploi trè!>-lucratif. D(; jdus eu plus prononcé contre Téinancipation des catholiques d'Irlande, il fit une adresse à ses commettaus de

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Northampton, qui produisit un grand effet sur l'esprit des proles- taus de toute l'Angleterre, d'où bientôt ne s'élt-va qu'un cri : «Poilu de papisme!» Sans êlre premier ministre, puisqu'on ne considère eoniine tel que celui qui réunit à l'uince de chancelier de l'échiquier, lu phice de pre- mier lord de la trésorerie, et que Perceval n'eut alors que la pre- mière de CCS deux dignités, il n'en était pas moins regardé comme le chef du ministère, et c'est pen- dant son administration qu'eut lieu l'incendie de Copenhague et l'enlèvement de la flotte danoise. Il s'efforça de justifier celte mesu- re aussi atroce qu'illégale, et crut devoir supposer une collusion en- tre le roi de Danemark it l'em- pereur Napoléon. LetiGjuin 1H07, il prononça un discours il montra beaucoup d'habileté et d'éloquence pour l'aire rejeter la proposition que faisaient lesaiem- bres de l'opposition d'une adiesse au roi afin d'oblenir le change- ment des ministres. En 1808, il présenta à la chambre un nou- veau plan de finances il offrait aux propriétaires des trois pour cent, 3gés au moins de 55 ans, la faculté de les échanger contre des annuités Viagères. Dans la ._^ discussion sur la traite des Noirs, IB: il se prononça avec force contre B«ce honteux et inhumain trafic. Au ■P mois d'octobre 1809, après la mort du duc de Portland , il lui succéda dans la place de premier lord de la trésorerie. Cette nomi- nation surprit généralement « par- ce qu'il ne paraissait pa> avoir une assez grande existence politique.-) Se» amis lu soutinreul hubile-

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ment dans cette circonstance, ses concurrens commençaient à murmurer. Ils insinuèrent qu'il n'occupait ce poste que jusqu'à l'arrivée du marquis Wellesley, ambassadeur en Espagne. Le mar- quis revint; mais alors l'autorité de la régence, que la maladie mentale du roi avait fait établir, était entourée de beaucoup de restrictions, l'erceva! sut taire en- tendre au marquis Wellesley que ses nombreux partisans le ver- raient avec peine prendre la di- rection des affaires publiques tant que ces restrii lions existeraient. Le marquis Wellesley n'aperçut pas le piège que lui tendait son heureux rival, et il se contenta de la place de secrétaire d'état des affaires étrangères. Perceval avait gagnç la confiance du prince-ré- gent (aujourd'hui Geouges IV, voyez ce nom), et lorsque le prin- ce eut entièrement saisi les rênes de l'état, Perceval fut confirmé dans ses fonctions. Le marquis Wellesley vit alors qu'il était le jouet de l'ambition du premier minisire, et en témoigna au prin- ce tout son mécontentement. En se démettant de l'emploi de secré- taire-d'état des affaires étrangères, il dit à S. A. R. qu'il pouvait occuper une placi; avec M. Per- ceval, mais jamais sous lui. « Ce fut, au rapport de ses biographes, pendant qu'il était à la têle du cabinet, qu'eut lieu, en juillet 1809, l'affaire de Walkeren, en- treprise mal concertée, et qui eut une issue peu honorable pour les armes britanniqu(ïs ; elle fil beau- coupiletorlau ministreanglaisdans l'esprit des différentes puissaices de l'Europe, et fut vivement blâ- 3o

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mée, même en Anj^lelerre, quoi- que par des motifs bien différens.» Perceval avait pris pour règle , dans la direction des affaires pu- bliques, le .'système que Pilt avait suivi pendant toute la durée de son i.idministration ; mais il ne parvint point à la célébrité de son illustre prédécesseur, et peut-être ne doit-il qu'à la catastrophe qui termina sa vie l'éclat niomenlané ((ui s'est répandu sur son nom. I.e II mai iSi'i, au moment oi'i l'erceval allait entrer au parle- ment, un ancien courtier «le com- merce de Liveipool, nommé Bel- lingham, lui tira un coup de pis- tolet qui, en Palteignant au cœur, loi laissa à peine le temps de s'é- crier : «Je suis assas>iiné!» ('e déplorable événemenl porta l'ef- froi dans les deux chambres; un puissant intérêt se répandit sur la victime, et il n'y eut (ju'une voix parmi les membres de la repré- sentation nationale pour stijiplier, dgns une adresse au prince-ré- gent , S. A. R. , d'accorder une pension de 5,ooo livies sterlings à la veuve et aux douze enfans de Perceval. On attribua à des mo- tifs politiques la catastrophe qui avait terminé la vie du ministre; mais bientôt l'on sut par les in- terrogatoires de l'assassin qu'une cause purement personnelle l'a- vait porté à lui arracher la vie, et que sa haine ne venait que de n'avoir pu obtenir satisfaction des réclamallons qu'il lui avait adres- sées. 11 Jéidara en outre qu'il n'a- vait aucun complice. Le peuple fut blinde pirtager les regrets des memb'es des deux chambres, et il e>^t difficile d'exprimer la joie qu'il témoigna la nouvelle de sa

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mort. Nous terminerons celte no- tice eu rapportant l'opinion des biographes dont nous avons déjà parlé , et qui nous paraît dictée par une exacte justice. « Perceval jouissait d'une grande réputation comme ministre des finances , quoiqu'il fût loin de pouvoir ri- valiser avec Pilt, et qu'on ait eu i'i lui reprocher quelques-unes des mesures qu'il a fait adopter. Il se montra, ainsi qu'on a vu, partisan de la guerre contre la France, et adversaire pronoîicé de l'émanci- pation des catholiques d'Irlande. On a attribué dans le temps la première de ces deux opinions, au désir qu'il avait de plaire à lord Arden, son second frère, qui était greffier de ramiraulé, place dont les produits, nuls en temps de paix, étaient imujenses en temps de guerre ; et la seconde à ce que lord Egmout, son frère aîné, était propriétaire de 120,000 acres de terre, confisqués sur les catholi- ques. » Jj'année même de la mort de Perceval, on publia en Angle- terre un Essai biographique sur M. Perceval : cet ouvrage, qui fut presque aussitôt traduit en fran- çais, a été imprimé format in-8*, Paris, 1812.

PEYKONNKT (comte de), au- jourd'hui garde-des-sceaux. Son nom, récemment c<muu, ne se trouve dans aucune biographie. IM. Peyronnet était avocat à Bor- deaux, lorsque la restauration lui fournit les moyens de se mettre en évidence. Il s€ montra zélé pour la cause des Bourbons, et s'attira ainsi l'attention des roya- listes. Comme son talent d'avocat n'était pas de premier ordre, il se lança dans la carrière de la magis-

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traturc , et parvint, sous le mi- nistère de M. Decazes, à ia place de président du tribunal de pre- mière instance de Bordeaux. Il passa de ces fonctions à celles de procureur-général près de la cour royale de Bourges, il com- mença à se faire remarquer. Ce fut lui qui, dans la conspiration dite du mois d'août, en 1820, porta la parole à la chaînbre des pairs comme procureur-général. Son début dans la capitale, com- me orateur, ne fut pas très-lieu- reiix; il s'est relevé à la chambre des députés, il a improvisé l)lusieurs fois avec la facilité d'un homme qui a l'habitiule de la pa- role et de la discussion. La plus refnarquable de ses productions ministérielles, est la fameuse cir- cnîaire relative aux élections de 1824, dans laquelle M. de Pey- ronnet enjoignait à ses agens de lui dénoncer les officiers de jndi- cature qui se permettraient de voter pour d'autres candidats que ceux du ministère. Comme nous nous faisons une loi de l'impar- tialité, nous devons ajouter que pendant sa présidence du Iribimal civil de Bordeaux et ses fonctions de procureur-général , il a inontré l)eauC()U[» de zèle et d'activité pour terminer les procès et main- tenir la justice.

POUCET (le baron François- René-Cailloiix de), maréchal-de- camp, commandeur de la légion- d'honneur , chevalier de Saint- Louis, est dans la ci-devant province de Lftrraine, le 28 juil- let 1767. Il entra au service en qmililé de capitaine à la 1" levée des volontaires de la Meurlhe (4' bataillon), le 21 août 1791,

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fiit nOmmé adjudant- général chef de bataillon sur le champ de ba- taille au combat de Tribstadt,, le 22 messidor an 2 , et réformé par suite du travail du convention- nel Aubry(«oj. ce nom), le i5 messidor an 5. Rappelé au servi- ce comme chef de bataillon , le 1" nivôse an 7 , il devint major au 62* régiment d'infanterie de li- gne, le 11 brumaire an 12, et co- lonel du 26' régiment d'infante- rie légère, le 20 ventôse an i3; il combattit avec disrinction , à la tête de ce régiment , à la bataille d'Auslerlitz , à la suite de laquelle il fut nommé oOTicier, puis commandant de la légion-d'hon- neur. Toujours à l'avant - garde, le 2O' régiment sous les ordres de M. Pouget,se distingua constam- ment, et se fit surtout remarquera la prise de Lubeok ; de la ville d'EyIau; du château d'Ebersberg; aux ccunbats de Hoffet de Ronis- berg. aux batailles d'i'lylau , d'Ié- na, d'Heilsberg , Landsberg et d'Rssiing : c'est à cette première bataille que le colonel Pouget fut atteint par un boulet qui lui coupa la moitié du pied fjauche, le 21 mai i8oy, en défendant le village d'Aspern ; il fut nommé général de brigade à la suite de cette jour- née , le ."^i du même mois, et reçut ime dotation comme am- |)uté. En déccnd)re suivant, il prit le commandement du déparlemenl de la Marne; passa un in?tant au commandement des Vosges, d'où il fut appelé eu janvier 1812, pour aller commander une brigade au corps d'armée du duc de Reggio , qui se formait à Munster. Blessé le 18 août à la bataille de Pollosk, dans la Russie Blanche, le gêné-

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rai Pouget reçut le gouvernement de la ville et celui de \Vitep?k , on le laissa avec 600 hommes. Il y fut attaqué, le 7 novembre, par une brigade russe; après s'ê- tre courageusement défendu , se voyant tourné sur la rive gauche de la Dwina , il se retira, en bon ordre avec sa petite troupe, qui se composait d'un bataillon de sol- dats de Berg fort de 4oo Iiomnies, et de 200 convalescens et soldats isolés. Toujours par division , à distance de peloton et défendu par ses tirailleurs, il fit vingt werstes, ou quatre lieues de cette manière. Ce ne fut que près du village de Faikoswitz que sa troupe ne put résister à une charge de cavalerie, le général Pouget fut sabré et fait prisonnier, après avoir brûlé

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ses" pistolets sur deux dragons de Riga. L'empereur Alexandre or- donna que le général Pouget fût conduit à Saint-Pélersbourgs ( fa- veur extrêmement rare que lui mérita sa conduite honorable pen- dant son gouvernement). Rentré dans sa patrie au mois d'août «8)4> il fut nommé chevalier de Saint- Louis le 20 du même mois ; laissé en inactivité pendant la première restauration ,il fut appelé, en avril 181 5, au <;ommaude-ment desBou- ches-du-Rhône, d'où il fut de nou- veau rendu à l'inactiim au licencie- ment de l'armée. Le général Pou- get se relira à cette époque dans sa famille, à Nancy, il jouit de l'estime de tous ses concitoyens, et il est encore présentement ( 1824) eu disponibilité.

FIN DES SLJPPLEME.NS.

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