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BIOGRAPHIE

NOUVELLE

DES CONTEMPORAINS.

Les soussignés déclarent que les Exemplaires non revêtus de leurs signatures seront réputés contrefaits.

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DE l'iMI'HÏMERIE DE PLASSAN, RUE DE VAUGIRARD, l5, DERRIÈRE l'odÉON.

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ojïr ^f/ak&r -Scott.

BIOGRAPHIE NOUVELLE

DES

CONTEMPORAINS,

ou

DICTIONNAIRE

HISTORIQUE ET RAISONNÉ

DE TOUS LES HOMMES QUI, DEPUIS LA RÉVOLUTION

FRANÇAISE, ONT ACQUIS DE LA CÉLÉBRITÉ

PAB LECfiS ACTIONS, LETJKS ECRITS, LEURS ERREURS OU LEURS CRIMES,

SOIT EN FRANCE, SOIT DANS LES PAYS ÉTRANGERS;

Précédée d'un Taideau par ordre ehronologiqut des époques céièires et des événe- mens remarquables, tant en France qu'à l'étranger, depuis lySy jusqu'à ce jour, et d'une TaiAe alphabétique des assemblées législatives, A partir de V assemblée constituante jusqu'aux dernières chambres des pairs et des députés.

Par mm. A. V. ARNAULT, ancien membre de l'Institut; A. JAY; E. JOUY, DE l'Académie française; J. NO R VINS, et autres Hommes de lettres. Magistrats et Militaires.

obnèb de 3oo portraits au burin, d'après les plus célèbres artistes.

TOME VINGTIÈME. THll— Z

II

PARIS,

A LA LIBRAIRIE HISTORIQUE, HOTEL DALIGRE,

m E SAIBT-nONORÉ, W" I 23,

1825.

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BIOGRAPHIE

NOUVELLE

DES CONTEMPORAINS.

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THU

THTJGUT (le baron de), mi- nitilre-d'élat de l'empereur d'Alle- ni.igne, naquit à Vienne en 1735, d'une famille obscure, et ne dut qu'i ses taîens l'étonnante fortune à laquelle il s'éleva. L'impératrice Marie-Thérèse, visitant un jour le collège des langues orientales , il avait été admis, frappée du té- moignage qu'on lui rendit de ses succès, changea son nom de Thu- nigut , qui signifie vaurien en pa- tois autrichien, en celui de Tliuqut [ fais bien ) , et le recommanda aux chefs de l'établissement. Dès- lors son sort fut assuré. Il occupa d'ahord desemplois subalternes, et devint ensuite iiiternonce impérial à Constantinople , d'où il passa comme ministre i\ Varsovie , et fut nommé, en mars 17^9, com- missaire en Valachie. Directeur- général des affaires étrangères en 1790, puis chancelier de cour et d'état , il obtitit, l'aunéc suivante, le poste de ministre des affaires étrangères, et fut enfin nommé, en 1796, premier ministre d'état. Entièrement livré aux affaires , n'entretenant presque aucun com-

r. XX.

merce avec les autres hommes , il Jouit de toute la confiance de sou souverain, dirigea en quelque sorte la conduite de la cour de Vienne pendant la guerre de la ré- volution française, et on le regar- da généralement comme l'orga- nisateur des guerres qui si long- temps divisèrent les deux nations ; aussi fnt-il constamment en butte au resseniiment du gouvernement de la France. Ketiré à Presbourg après la paix de Lunéville, il sen- tit se ranimer, dans les loisirs de la vie privée, son ancien goût pour la littérature orientale, dont il s'occupa avec la même ardeur que dans sa jeunesse, et entre- tint, pour cet objet , une corres- pondance suivie avec M. Muller, bibliothécaire de la cour de Vien- ne , qu'il allait même visiter de temps en temps. Vers la fin do i8o3, le baron de Thugut épousa la fille d'un seigneur belge, lin voyage qu'il fil à Vienne, en i8o(J, fit supposer qu'il avait repris du crédit et qu'il était question de sa rentrée au ministère; les journaux françaiè démentirent ce bruit, el

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la cour de Vienne garda le silence; «îlle tie crut pas devoir offenser un voisin puissant, en mettant i\ la lôle des affaires un homme qui s'en était toujours monlré le cons- tant ennemi. Néanmoins on lui confia une branche du départe- ment des affaires étrangères, qu'il administra jusqu'à la fin de 1808. Il retourna alors à Presbourg, a- vt-c le rang de conseilter-d'état et la grand'croix de l'ordre de Saint- Etienne; il y reprit les occupa- tions qu'il avait interrompues pend<'\nt une absence de deux an- nées, et y vécut solitaire comme auparavant. Revenu dans la capi- tale de l'Autriche quelque temps après, il y mourut le 2S mai 1818, dans la 83" année de son âge, laissant une fortune considérable, dont il établit l'empereur léga- taire universel.

ÏHUREL (Jean), le plus an- cien soldat de l'Europe, membre de la légion -d'honneur, naquit en 1699, i\ Orin , département des Basses-Pyrénées, et mourut à Tours , déparlement d'Indre-et- Loire, le 10 mai 1807, dans la io8* année de son âge. Il s'en- gagea le 17 septembre 1716, dans le régiment d'infanterie de Tou- raine, et servit avec distinction pendant près d'un siècle. Blessé, en 1753, au siège de Rehl, d'un coup de feu dans la poitrine, il le fut de sept coups de sabre, dont six sur la tête, en 1769, à la ba- taille de Minden. Le régiment de Tonraine ayant reçu, en 1787, l'ordre de se rendre dans l'un des ports de Elance, afin de s'y em- barquer , Thurel . figé alors de 88 ans, voulut, malgré ses chefs, ^aire la route à pied ; il refusa de

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monter sur les voilures, décla- rant • que cela ne lui était jamais arrivé, et qu'il ne commencerait pas. » Le 8 novembre de la même année, il fut présenté à Louis XVI, qui lui accorda une pension de 3oo fr. , dont 200 réversibles sur la tête de sa femme , et après elle sur celle de chacun de ses enfans. Présenté à l'empereur Napoléon , ce prince le décora de la croix de la légion-d'honneur, el lui donna une pension de 1200 francs. Il habitait Tours, et lorsqu'il mou- rut, il servait encore comme vé- téran. « Il était, dit M. Joseph Laval'ée, plein de loyauté, d'hon- neur et de bravoure; il a traversé tout un siècle accompagné de l'estime de tous ceux qui le con- nurent et lui commandèrent. » Trois de ses frères furent tués à la bataille de Fontenoy; un de ses fils, décoré de la médaille des vé- térans, caporal dans la compagnie Thurel servait , fut également tué sur le champ de bataille en I 782 ; un autre de ses fils était en- core au service un peu avant la restauration , en 1814.

THLRIOT DE LA ROSIÈRE (Jacques-Alexis), avocat à l'é- poque de la révolution, fit partie de la première assemblée électo- rale. Le juillet, M. Thuriot fut député par elle à M. de Lau- nay, gouverneur de la Bastille, pour parlementer. La réponse qu'il en reçut n'ayant point calmé les esprits, l'attaque commença: on en connaît les résultats. Il fut ensuite nommé juge au tribiuial du district de Sezanne, départe- ment de la Marne, et , en septem- bre 1791, élu, par ce départe- ment , député i\ l'assemblée légis-

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lative. Dès les premières séances, il se prononça contre la cour et le ministère. Le 8 février, il parla avec force contre les émigrés , et demanda que leurs biens fussent mis sous le séquestre , ce qui fut décrété le lendemain. Quelques jours après, il dénonça le ministre de la guerre Narbonne , p(>ur a- voir envoyé à l'armée, de sa pro- pre autorité, un règlement mili- taire, et ie déclara pour ce seul fait digne de mort. Vers le m«';nie temps, il annonça que le peuple de Paris était prêt à s'insurger si on ne lui augmentait les secours pécuniaires auxquels on l'avait accoutumé, et vota tme commis- sion en faveur des détenus d'Avi- gnon. Il ne paraît pas qu'à cette époque M. Thuriot se piquru d'être très-conséquent dans ses votes, sans doute pour établir son impartialité. Ainsi , tandis qu'il déclarait, à l'occasion des trou- bles élevés dans ditlerens dépar- temens, que la trahison était gé- nérale, il repoussait une députa- lion qui attribuait à la trahison les échecs éprouvés alors par l'ar- mée française ; ainsi , tandis qu'il volait l'ajournement d'une fête, proposée en faveur de Simonneau, mairt" d'Klampes, tué dans l'exer- cice de ses fonctions , il s'o{)posait à la suj»pression du traitement d'un million nccor^Jé aux frères de Louis XVI , alors émigrés. Le a5 mai, il s'éleva contre les prêtres insermentés , et demanda leur porlalion ; le 2 juillet, il prononça un long discours, dans le but d'ob- tenir le licenciement de l'état- major de la garde parisienne, et de faire déclarer la patrie en «lan- ger ; le 26, il lit décréter la pcc-

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manence des sections de Paris et de tout le royaume, et fit envoyer son collègue Tarbé à l'Abbaye , pour avoir, disait-il, insulté l'as- semblée ; le 27 , il obtint la vente des biens des émigrés. Dans la journée du 10 août, il justifia, à la tribune, la municipalité usur- patrice , provoqua im décret d'ac- cusation contre d'Abancourt, mi- nistre de la guerre, et de Laporte, ministre de la liste civile, et fit décréter, sur la demande de Dan- ton, des visites domiciliaires, et la réélection des juges-de-paix de l'aris. Le 11, il empêcha la for- mation d'un nouveau directoire du département de Paris , et ob- tint que les statues des rois se- raient brisées. Il fit ensuite subs- tituer le tribunal extraordinaire à la cour martiale , dont une loi a- vait ordonné la formation, et fit attribuer à ce tribunal le droit de jil^er sans appel les prévenus de contre-révolution. Le 2 septem- bre suivant, il fut nommé l'un des commissaires à l'effet d'arrêter la fureur du peuple qui se portait aux prisons pour immoler les pri- sonniers ; mais il revint bientôt, avec ses collègues, déclarera l'as- semblée qu'ils n'avaient obtenu aucun succès. Le 4 septembre, il fil rejeter la proposition faite à l'assemblée de prêter serment de haine aux rois et à la royauté , prétendant que ce serait anticiper sur les droits de la convention, qui allait se réunir, lilu membre de cette a^^semblée par ie départe- meul de la Marne, il fui dénoncé, peu de jours après, par l'ex-minis- tre Narbonne, comme ayant reçu de lui des sommes considérables; mais la dénouciaiion n'étant ap-

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puyée d'aucun t'ait, on pasm à l'ordre du jour. II fit décréter que tous les membres absens eussent à revenir à leur poste , et deman- da , le 13, que Louis XVI fût jugé sou» trois jours. Nommé l'un des commissaires pour faire connaître au roi le décret qui lui accordait un conseil, il fit atitori.-ier M. do Malesherbes à communiquer li- brement avec ce prince, et lors des appels nominaux sur le juge- ment , il vola corjtre l'appel au peuple, pour la mort , et contre le sursis. Le 21 janvier, il informa la convention que Michel Lepelle- tier avait été tué la veille au Pa- lais-Royal, et fit décréter une ré- compense pour celui qui arrête- rait son assassin. Le même jour, Pétion ayant voulu proposer un rapprochement des partis, M. Thuriot lui reprocha les assassi- nats de septembre , que , comme maire, il eût empêcher, di- sait-il, quoiqu'il sût très-bien qu'à cette époque Pétion et ses amis étaient en butte à la plus cruelle proscription. Lors de la formation du tribunal révolution- naire, en mars 1795, il demanda que les jurés volassent à haute AToix. Le mois suivant, il contri- bua puissamment à l'établisse- ment d'un comité de salul-public; mais ce que l'hisloire reprochera peut-être le plus à M.ïhuriot, c'est d'avoir été ini des plus ardens provocateurs des journées désas- treuses des 5i mai et 2 juin, furent anéantis les hommes les plus propres i\ faire honorer la li- berté et à maintenir le respect des lois. Nommé président le 27 juin, il devint, le 10 juillet, membre du comité de salul-public renou-

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vêlé, et ne parut user de ce nou- veau pouvoir que pour exercer de nouvelles rigueurs, surtout à l'é- gard de ses malheureux collègues échappés aux proscriptions du a juin. I! parut revenir cependant à des sentimens plus modérés, et fit, quelque temps après, réha- biliter la mé.T^Joire des infortunés Labarre et d'Elalonde, condamnés à un supplice horrible pour avoir commis la nuit, et dans un état d'ivresse, non un sacrilège, mais une irrévérence envers une image du culte catholique; enfin il délivra le département de la Loire de l'a- troce proconsul Javoques , le Car- rier de ces contrées. Dénoncé , le 4 août 1793, aux Jacobins, par suite des divisions qui s'étaient élevées entre lui et Robespierre, il donna sa démission du comité de salut-public; mais les dénon- ciations s'accrurent par cette mar- que même de faiblesse, et il fut obligé, pour se justifier, de dé- rouler le tableau des mesures a- cerbes dont il avait été ou le provocateur ou le complice. Ce moyen ne lui ayant pas complète- ment réussi, il attaqua la faction d'Hébert, qu'il regardait comme le seul obstacle à sa popularité; mais il n'en fut pas plus heureux : Hébert parvint à le faire exclure des Jacobins, il ne fut réintégré qu'après le 9 thermidor. Quelque soit le sentiment qui ait dirigé M. Thuriot à cette époque fameuse, ou ses craintes personnelles, ou sa haine contre Robespierre, il se- rait injuste de le priver de sa part de courage dans cette journée; il présidait la convention, et chaque fois qiie Robespierre voulait éle- ver la voix, il agitait sa sonnette

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en criant de toules ses forces i Tu n'as pas ta parole! Ces mots sans cesse répétés, et le bruit éclatant de la sonnette, déconcertèrent Robespierre au point de pouvoir à peine faire entendre ces paroles: « Me donneras-tu la parole, pré- sident des brigands {voy. Robes- PiEERE. ) M. Thuriot qui, le len- demain du 9 thermidor, avait fait comprendre de nouveaux conven- tionnels au nombre de ceux mis hors la loi la veille, s'appliqua, dès qu'il fut rentré aux Jacobins, à défendre les complices du tyran qu'il venait d'abattre, et fit reje- ter, comme calomnieuse , la pre- mière dénonciation de Lecointre de Versailles. Bientôt après , il parla contre les mesures sévères, fe plaignit de la faiblesse que l'on mettait à poursuivre les restes du parti de Robespierre; mais s'étant montré l'un des principaux mo- teurs de l'insurrection anarchique du 12 germinal an 3, il fut dé- crété d'arrestation le iG, et d'ac- cusation le 3 prairial, pour avoir pris part au nouveau mouvement qui avait éclaté le i", et qui avait pour but de délivrer et faire ab- soudre les membres arrêtés ou proscrits en germinal. Il échappa par la fuite à l'exécution de ces deux décrets, et fut amnistié le 4 brumaire an 4 ( ^^ octobre ï ^"^ V Après la session , il fut 1 Mr le directoire, com-

1 près le tribunal de .;s le i8 brumaire, il d membre de la commission

d s émigrés et juge au tribunal rriminrl de la Seine; il en exer- çait encore les fonctions co 1804. (Chargé d'interroger Moreau, Pi- tfhfgru et Georges, il fit le rap-

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port de tout ce procès. En février i8o5, il passa à la cour de cassa- tion en qualité de substitut du procureur-général impérial, et fut nommé membre de la légion- d'honneur. Il perdit sa place à la première restauration , et la reprit pendant les cent jours, en i8i5. Après le second retour du roi , contraint de quitter la France, par la loi du 12 janvier 1816, il s'est retiré dans le royaume des Pays- Bas , et s'est fixé à Liège, il exerce la profession d'avocat.

THUROT(FRANçois),professeur de langue et de philosophie grec- ques au collège royal de France, place qu'il occupe encore aujour- d'hui (1826), a publié les ouvra- ges suivans , qui lui ont générale- ment valu les suffrages des savans et du public : Hermès ou Re- cherches philosophiques sur la grammaire unioerselte j traduit de l'anglais, de Harris, avec des re- marques et additions , 1 796 , in-S" ; 2* f^ie de l^aurent de Médicis, sur- nommé leJUagnifique^ traduit de l'anglais, 1799, 2 vol. in-8°; apologie de Socrate , d'après Platon et Xénophon, en grec et en français, 1806, in-S"; l^s Phé- niciennes d'Euripide, avec un choix des icholies grecques et des notes françaises (et le texte grec), i8i3, in-8°; Plusieurs dialogues de Platon , 181 5, in-8*.

TIERNKY ( Georges ) , mem- bre de la chambre des coujmunes de l'Angleterre, l'un des chefs les plus distingués de l'opposition, fit des études de droit, et suivit néanmoins la carrière de la poli-» tique et des finances. Tous se* vœux tendirent ensuite à obtenir une place au parlement ; ce ne Cul

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qu'i\ la troisième tentative, oili la nominalion de son coinpéliteur ayant été annulée pour la seconde fois, qu'il lut déclaré par le par- lement dépulé légal du bourg de Southwark à la chambre des com- munes. Il se rangea sur-le-champ du côté de l'opposilion , et parla eur tous les sujets imporlans dont la chambre eut à s'occuper. En 179G, il demanda avec force une réforme parlementaire, et signala la corruption qui régnait dans les élections. L'année suivante, lors- qu'à l'occasion de la suspension des paiemens en argent, Pitl pro- posa d'autoriser la banque à éniet- ■Ire des billets de î20 schelling*^ M. Tierney, en secondant Fox dans son opposition à celte me- sure, demanda que la banque fît connaître sa situation. Il combat- tit dans la même session les dis- positions proposées pour réprimer la sédition qui avait éclaté parmi les marins. A la rentrée du parle- ment , il voulut faire 'exclure de la chambre M. Dundoâ, comme occupant la place de troisième se- crclaire-d'élat , abolie par le bill de Burke. Cette conduite, qu'il tint pendant assez de temps, fut d'autant plus remarquée , que , seul des membres de l'opposition, il assistait aux séances, les autres croyant de voir s'en abstenir, parce qu'ils blâmaient comme injuste la guerre que la Grande-Bretagne soutenait contre la France. iNéan- inoins il appuya, en 1798, le bill proposé par M. Dundas , pour mettre le gouvernement en état de pourvoir à la sftreté du royau- me. Les débats du 35 mai sui- Yanf, relatifs au bill proposé pour suspendre les prérogatives des

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gens de mer, entraînèrent entre Pitt et lui une contestation qui se termina par un duel, dans lequel aucun des deux antagonistes ne fut blessé. En 1790, M- Tierney s'opposa à l'envoi de troupes en Irlande , pour en soumettre le» liabitans, et à l'union parlemen- taire de ce pays, comme dange- reuse pour la liberté anglaise. En 1800 , au sujet de l'expédition malheureuse de Hollande, il re- procha aux ministres de ne faire la guerre que pour le rétablisse- ment de la maison de Bourbon, réclama l'ouverture de négocia- tions pacifiques, et proposa d'or- donner qu'aucune somme ne pût être envoyée à l'empereur d'Alle- magne, après qu'il aurait signé un traité séparé avec la républi- que française. En novembre, il nia tous les avantages qui , selon les ministres, résultaient de la guerre; il parla dans le même sens sur l'expédition d'Egypte , et contre la rupture du traité d'EI- Arish. Il s'éleva ensuite contre les mesures arbitraires, multipliées sous le prétexte de poursuivre le jacobinisme, et combattit le bill d'oubli [bill of indemnily) , pro- posé en faveur des fonctionnaires publics qui, depuis 1795, avaient fait arrêter ou détenir des per- sonnes réputées suspectes. Cette marche, soutenue dans la voie constitutionnelle, avait rendu M. Tierney cher à tous les amis de la liberté. Un changement de mi- , nistère , qui lui procura des em- plois lucratifs, eut une influence remarquable sur ses principes; il se rapprocha de l'administration: néanmoins la transition fut gra- duée , et il ne fut pas diflicile d'à-

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percevoir les ménageiaens dont il usait pour ne pas heurter l'opi- nion. Pill étant rentré à la chan- cellerie en i8o5, M. ïierney se raUacha à l'opposition , et lut nom- mé secrétaire en chef du gouver- nement d'Irlande, lors du renou- vellement du ministère en iSofi. Les changement survenus dans la direction des affaires de l'état après la mort de Fox, n'influèrent en rien sur la position de M. Tiernejr, qui s'était ménagé des amis parmi les successeurs de cet habile mi- nistre ; il fut même placé sous lord Grenville à la tête du corps de contrôle pour les aff.iires de rinde, emploi qu'il perdit dans un nouveau changement du mi- nistère. A cette époque, les élec- teurs de Southwark , qui ne voyaient plus en lui qu'un candi- dat ministériel, lui préférèrent »on concurrent; mais il fut élu dans un autre bourg i la nomina- tion du gouvernement. Il se rap- procha dès-lors , pendant quelque ten;)ps, du parti de l'opposition. Depuis 1807 jusqu'en i8i3, il n'y eut presque point d'affaires importantes il no parlât con- tre le ministère; ainsi il blâma, en 1H07, la traite des nègres; en 1808, l'attaque de Copenhague; en 1809, le plan et la conduite des ministres, relativement à l'ex- ))édilion anglaise en Espagne, et h celle de Walcheren l'année sui- vante ; le 19 iuillct, il s'élevn contre le bill de lord Stanhope, »ur les billet» de caisse; et le 1 5 mai iSi3, après avoir déploré la publicité qu'on avait donnée à l'uffairc de la {Princesse de Galles ( voy. Caroline ) , il se rangea du cOté du ministère. Cependant, le

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24 jui" i^'4> '' répondit ù. lord Castlereagh, qui prêtait à l'oppo- liilion des vues intéressées dans cette affaire, « qu'on avait profité de la maladie du roi pour dégra- der la princesse et lui faire subir des affronts humilians, dont le parlement seul pouvait demander justice. » Le 5 novembre, il atta- qua les minisires au sujet de la guerre d'Amérique, et démontra le ridicule des plans de finances de M. Vansiltart, chancelier de l'échiquier. Sa conduite dans les débals auxquels la rentrée en Fran- ce de Napoléon, en 181 5, four- nit matière, donna la mesure de sa prudence; il s'exprima de ma- nier? à rester maître de se pro- noncer d'après les évéïiemens. En février 1816, il parla sur l'état des forces que le gouvernement se proposait de garder sur pied, et déclara qu'il craignait le pou- voir d'un monarque soutenu par i5o,ooo hommes; dans le même mois, il insista sur la lecture to- tale des pétitions adressées à la chambre, ajoutant <■ que c'était bien le njoins qu'on pût faire que de prêter l'oreille aux prières du peuple. » Au mois d'avril , il blâ- ma avec force la conduite d'un garde à cheval , qui s'était permis des voies de fait à l'égard de deux membres de la chambre, et se récria contre l'emploi de la force armée dans les cérémonies ||ubli- ques, l'intervention des cons- tables pouvait suffire au main- tien de l'ordre. Dans le couraut de mai, il attaqua l'énormilc de la liste civile, « abus dont la plu- part des états européens présen- tent aujourd'hui l'existence , et l'un des plus funestes à la liberté,

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par la manière dont il facilite l'emploi des moyens de corrnp- tion. » An mois de juillet suivant, M. Tieruey fut attaqué d'une ma- ladie qui fil désespérer de sa vie ; il se rétablit néanmoins , et repa- rut au parlement le 6 mai 1817. Il n'avait rien perdu de son talent ni de sa causticité, et donna ime nouvelle preuve de l'un et de l'au- tre , en discutant un bill d'amnis- tie proposé par les ministres; lord Casllereagh y répondit, mais ne put détruire l'impression qu'il avait faite dans la chambre. De- puis ce moment, M. Tierney prit la parole beaucoup moins sou- Tent, et parut se borner aux ques- tions concernant les finances . les affaires et les ressources de l'Inde, (let orateur est un exemple frap- pant du discrédit peuvent en- traîner un homme même d'un grand talent, la versatilité de sa conduite et l'indécii^ion de son caractère public; il fut im temps les électeurs du parti popu- laire , dans leur enthousiasme , faisaient bapliser leurs enfaus sous le nom de M. Tierney; à une autre époque, les mêmes élec- teurs, pour signaler leur mépris pour un homme qu'ils regar- daient comme un apostat politi- que , donnaient à leurs chiens un nom qu'ils avaient tant vénéré.* Il a publié : Lettre au très-liorio- rable^ienri Dundas , sur la situa- tion de la Compagnie des Indes- Orientales, in-8°, 1791. C'est une critique qui parut sous le voile de l'anonyme, et qui fut réfutée par M. Georges Anderson. M. Tier- ney publia sous son nom une au- tre Lettre de M. Anderson à M. Dundas, sur l'état des affaires de

Tir.

la Compagnie des Indes, in- 8', 1791 ; deux Lettres sur la péti- tion de Colchester, in-Zj", 1791 ; Situation réelle de la Compagnie des Indus-Orientales , eu égard à ses droits et à ses privilèges, in-8",

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TILLY (le comte de ), lieute- nant-général, grand-offîcier de la légion - d'honneur , chevalier de Saint-Louis, grand'croix tle l'or- dre de l'aigle-rouge de Prusse , membre de la chambre des repré- sentans , entra de bonne heure dans la carrière des armes , et , quoique noble, ce ne fut qu'à la révolution , dont il* adopta les principes, qu'il dut le grade de colonel. Le général Dumouriez le choisit pour aide -de -camp en 1792, et lui confia le commande- ment de Gerlriiydenberg , place il avait réuni tous les moyens qui pouvaient lui faciliter l'entrée de la Hollande. La levée du siège de Maëstrichl força Dumouriez à s'éloigner; avant de partir, il fit donner au colonel Tilly sa pa- role d'honneur qu'il ne rendrait pas la place sans un ordre écrit de sa main. L'événement arriva bien- tôt. Par suite de la perte de la ba- taille de Nerwinde,et des capitula- tions d'Anvers et de Bréda, il fut sommé, au nom du comte de War- tensleben , chef d'état- major du prince Frédéric d'Orange, de « remettre la place, ou d'être, dans le cas contraire, du premier jusqu'au dernier, passés au fil de l'épée, sans miséricorde quelcon- que, n M. de Tilly répondit sim- plement au parlementaire : « M. le comte de Warfensleben s'est trompé d'adresse. » Néanmoins une seconde sommation lui ayant

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été faite, il déclara qu'il capilu- lerait s'il en recevait l'ordre du général Dumouriez. On lui fit ob- server que ce général n'était plus au service de la république. M. de ïilly resta inébranlable, et en ef- fet, il ne capitula que le i" avril 1793, sur la présentation de l'or- dre écrit de Dumouriez lui-même. Il obtint, par suite de «es vives instances, que la garnison ne dé- filerait pas devant les troupes étrangères. Envoyé à l'armée des côtes de Cherbourg, il en prit le commandement le 12 novembre de la même année. Au mois de dé- cembre,il remportade grands avan- tages sur lesVendéens, et fut toule- fois forcé de donner sa démission, comme noble ; remis presque aus- sitôt en activité à l'armée de Sam- bre-et-Meuse, il en commanda la réserve , lorsque , sous les ordres du général Jourdan , elle pas^a le Rhin en 1795. A l'affaire du 20 vendémiaire, à Hoecht, près de Nidda, il repoussa pendant toute la journée les tentatives que fit l'ennemi pour franchir celte ri- viéie. Nommé, au mois de janvier 179G, commant^mt des neuf dé-

Fartemens réunis, il se concilia estime générale par son athni- nislralion sage, sa justice et son désintéressement. Chef d'état- major de l'année du Nord, au mois d'août 1796, il conserva cette qualité à l'armée de Sambre- el-Meuse, il passa en 1798, et fut nommé inspecteur-général des troupes françaises stationnées en Hollande. Le gouvernement consulaire lui confia, en 1799, le coniniandemenlde.s 24' et 25* di- visions. En 1800, employé à l'ar- mée de l'Ouest en qualité de gé-

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néral de division , il commanda en chef, par intérim t pendant seize mois. Il eut, en 1804, le commandement de la cavalerie au camp de Boulogne. Passé au pre- mier corps d'armée, le général de Tilly fit, avec autant de distinc- tion que de parfait désintéresse- ment,les campagnes d'Allemagne, de Prusse et Pologne. Il se conduisit d'une manière aussi no- ble en Espagne , il reçut de l'emploi en 1808. Gouverneur de la province de Ségovie , après l'occupation de Rladrid, il s'y fit estimer de tous les habitons. Il eut, en 1811, en Andalousie, im commandement de cavalerie ; à la bataille d'Occana , il fit des prodiges de valeur, montra « une habileté consommée dans l'art de faire manoeuvrer la cavalerie», et fit aux Anglais un grand nom- bre de prisonniers. De retour en France, en août 181 5, il devint inspecteur-général de cavalerie. Après la première restauration , en j8i4, le roi le nomma cheva- lier de Sairtt-Louis, puis grand- olïicier de la légion-d'honneur. Vendant les cent joui's . en i8i5, le général de Tilly fut nommé par Napoléon , président du collège électoral du déparlement du Cal- vados, qui l'élut à la chambre des représentans. A la seconde res- tauration, il fut mis à la retraite. Le général de 'l'illy mourut A Pa- ris, le 10 janvier 1822, regrelté de tous ses frères d'armes et es- timé de tous ses concitoyens , qui rendaient justice à ses qualités per- sonnelles cl à ses vertus civiques. TINDAL ( Ralph Dikdas, ba- ron de), lieutenant-général des arméci françaises , et depuis du

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celles du nouveau royaume des l'ays-Bas , officier de la légion- d'honneur, etc, ncen 1773a Deven- ter, en Hollande, entra dans la carrière des armes dès sa première jeunesse, et s'y distingua par ses talens et sa brillante valeur. Il en donna de fréquentes preuves pen- dant la campagne de 1799 contre les Anglais, dans la Nord -Hol- lande. Il y fut blessé difl'érentes fois, et grièvement à la bataille de Bergen le 19 septembre. Nom- mé capitaine de la garde du grand- pensionnaire Schimmelpennink , il passa ensuite dans celle du roi Louis, qui le nomma major, et bientôt colonel du beau régiment de grenadiers de la garde hollan- daise. A l'époque de la réunion de la Hollande à l'empire fran- i;ais , ce régiment fut incorporé dans la garde impériale, et le co- lonel Tindal en conserva le com- mandement. En 18 12, il fut promu au grade de général de brigade, et à la fin de la campagne, ilfutnom- iTié adjudant -général des chas- seurs à pied de la gartle. Il com- manda cette brigade jusqu'au 26 août 181 5, veille de la bataille de Dresde, il fut de nouveau griè- vement blessé , en débouchant des portes de cette ville, à la tête de son corps. Napoléon le nomma général de division , ordonnant qu'il continuerait d'être considéré cornme faisant partie de la garde impériale, et lui conféra, en outre , le titre de baron. Le général ïindal, par suite de ses blessures , se re- tira à Versailles, et après les évé- nemens de 1814, il retourna dans sa patrie. Le nouveau souverain du royaume des Pays-Bas s'em- pressa de réclamer les services

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d'un militaire aussi distingué, qui rentrait dans ses foyers, précédé de la plus brillante réputation ; il fut nommé lieutenant -général , inspecteur de l'infanterie, et, vers la fin de l'année 1814, chargé du portefeuille du ministère de la guerre en Belgique. Il rendit d'éminens services dans ce poste, et l'armée batavo-belge lui dut, en grande partie, sa prompte et belle organisation. En 181 5, legé- néral Tindal eut le commande- ment en chef de l'armée de réser- ve ; le roif de France, Louis XVIII , lui envoya la croix du mérite mi- litaire , et le roi des Pays-Bas le nomma commandeur de l'ordre de Guillaume. Depuis cette époque, le commandement de la sixième division territoriale, dont la place de Namur est le chef-lieu, a été confié à ce général.

TINGRY ( Pierre-Frawçois ) , chimiste et pharmacien à Genève, est dans cette ville, et y est de- venu successivement membre de la société pour l'encouragement des arts, et professeur de chimie à l'flcadémie. M. Tingry fixa sur lui l'attention, eo publiant , en 1785, une analyse fort savante de la source ferrugineuse qui avait 1 été découverte , en 1785. aux bords de la Drise, près de Ca- rougc. Outre cet ouvrage , il a donné dans le recueil de l'acadé- mie de Turin, et dans les Annales de Chimie ,' plusieurs Mémoires remarquables , entre autres , i" sur la composilion de l'éiher, 1 788; sur l'acide phosplioriqiie, 1789 ; sur la consistance que les huiles acquièrent à ta lumière, «798 ; 4" sur la phosphorescence des corps, et particulièrement des eaux de lamer;

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sur la nature du fluide électrique; (i'enfin, un ou vragequi jouitd'une très-griinde estime, un Traité sur l'art de faire et d'employer les ver- nis, a vol. in -8", Genève, i8o5. TIPOO-SAEB, sultan de My- »ore, fils d'Hayder- Ali-Rhan, succéda à son père le 9 novembre 1782. Hayder-Ali avait fondé , par ses conquêtes et son génie, l'un des plus formidables empires de rindonslan. Fils d'un oUicier de cavalerie du Mogol , auquel le rajah de Mysore avait donné, pour récompense de ses services, la for- teresse de- Bengalore cl le pays environnant, il profita de la jeu- nesse du rajah, dont il se constitua Je tuteur, pour s'emparer du trône sous le nom de régent, et s'y con- solider par sa prudence et son cou- rage. Après a voir conquis Canara et Calicul, on vil rentrer triomphant ù Seringapalnam, et en maître de plusieurs royaumes, celui qui, peu d'années auparavant, en était «orti simple officier. Cette gloire ne servit qu'à lui inspirer de plus grands desseins; réunir les débris de l'empire d'Aureng Zebe, et chasser les Anglais de l'Inde, telle était la pensée politique d'Hayder. Plusieurs foi» l'orage , que ce grand homme avait soulevé con- tre les usurpateurs, fondit sur eux et troubla leur repos ; mais la pru- dence et la tactique européennes devaient triompher de toute la bravoure et de toute l'impétuosité de leur ennemi. Hayder. battu A Trinomaly , connut , dan-* cette campagne, le fils auquel il devait léguer l'empire. Tipoo-Saëb, l'aîné de ses enl'ans, dévastait le Carnaticet menaçait IMadras, pen- «latif que le général Sniilh avait

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reporté la guerre au sein du My- 0ore. La mort d'Hayder, contre le génie duquel la fortune, la ruse et la politique avaient conspiré, légua la puissance à Tipoo-Saëb, qui prit le titre de sultan. Ce jeune guerrier, d'une bravoure témé- raire, d'une ûme plus ardente que profonde, d'un esprit plus violent que réfléchi, outré dans ses qua- lités comme dans ses défauts , ferme jusqu'à l'opiniSlrelé, vindi- catif jusqu'à la cruauté, accessi- ble à tous lessentimens généreux, doué d'une de ces organisations impétueuses que nul obstacle ne peut arrêter, que nulle résistance ne peut vaincre ; magnifiqutî dans l'emploi du pouvoir; imprudent cl implacable dans sa générosité comme dans sa vengeance : cet homme voulut continuer l'ouvra- ge de son père; ses desseins furent conçus avec plus d'audace que de prudence. A peine les Anglais eu- rent-ils appris la morl d'Hayder, qu'ils attaquèrent son fils dans son royaume même. Battus sur tous les points par Tipoo-Saëb, sou- tenu par plusieurs délachemens français, ils furent obliges de; lui rendre les provinces qu'ils avaient conquises. Cependant l'adresse de leur politique répara bientôt les désastres de celte campagne, et les possessions anglaises, mena- cées d'une destruction prochai- ne, se trouvèrent, parole trai- té même qui suivit celle campa- gne, mieux affermies que jamais ) nu-delà du cap de Bonne-Espéran- ce. Huil années de paix succédè- rent à celte guerre glorieuse. La magnificence, l'activité cl les ver- tjis d«; Tipoo-Saëb se déployè- rent librcmetil ; il accuelllil A

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cour plusieurs ofliciers français : son atrabilité gagnait les cœurs, il n'était pas dénué d'instruction, et mêlait aux pompes asiatiques quelque sentiment du goût et de la grûce européenne. Toutes les passions, l'amour, la gloire, les arts, remplissaient son cœur; lassé d'un long repos, éveillé par l'image des victoires de son père, il résolut d'attaquer de nouveau les possessions anglaises. Trois de ses ambassadeurs allèrent sollici- ter l'appui du cabinet de Versail- les ; ses envoyés, reçus en grande pompe, n'obtinrent aucun Iruit de lcurambassade,etTipoo-Saëb, fa- tigué d'entendre l'un d'eux vanter, à leur retour, les magnidcences et le bonheur de la France, lui tran- cha la tête de sa propre main. Cependant on allait envoyer des renforts au sultan, lorsque la ré- volution française éclata et laissa le malheureux prince sans allié, sans secours, forcé de lutter con- tre les ennemis puissans qu'il a- vait irrités, et que sa présence et sa puissance inquiétaient sans cesse. Tipoo-Saëb , bravant tant de diflicu'tés réunies, commença les hostilités; aussitôt le général Cornwallis entra dans le iVlysore, et trompant, par des marches ha- biles, la vigilance du sultan, alla investir Bengalore, place impor- tante , prise après deux mois de siège. L,e courage que Tipoo-Saëb montra pendant cette campagne, fut absolwnent inutile; il paya les frais de la guerre , et céda à l'An- gleterre le tiers de ses domaines. Son Hme lière se révolta contre ce traité ; le besoin de la ven- geance l'occupa tout entier, les plaisirs s'exilèrent de sa cour, il

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•e couvrit d*habits de deuil, son administration devint plus sévère, il ne songea plu» qu'aux moyeils de rendre aux Anglais les af- fronts qu'il en avait reçus. Il com- bina long-temps les ressources éloignées ou prochaines auxquel- les sa politique pouvait avoir re- cours , écrivit à Bonaparte , con- quérant de l'Egypte; négocia avec les principaux états de l'Inde, et le directoire français ; s'entendit avec les Abdalis, accueillit tous les Européens qui pouvaient le servir dans ses relations diploma- tiques ou dans ses affaires mili- taires, fortifia ses places, chercha à semer la discorde entre les Hol- landais, lesAnglaiset les Français; enfin entra en correspondance a- vec un officier français nommé Raymond, puissant à la cour du Nizam, et maître d'un corps de i4!.ooo hommes et d'un territoire dont le revenu était évalué à qua- totze millions : mesures bien en- tendues, qui annotiçaient chez Tipoo sultan, un coup d'œil vaste et juste , mais dont l'exécution fut suivie avec trop d'impruden- ce et trop de précipitaliofi. Ce- pendant la destruction des éta- blissemens français préparait de loin l'envahissement des états de Tipoo-Saëb, et les Anglais, avides de conquérir un si beau royaume, fortifièrent leurs alliances avec les princes ses ennemis, et te- naient sur pied une armée de 70,000 hommes. Quelques né- gociations insidieuses précédè- rent la déclaration des hostilités; on opposa la ruse à la ruse avant de combattre la force par la force. Tipoo-Saëb cherchait à tempori- ser encore, lorsque deux armées

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anglaises, sorties de Madras et de Bombay, s'avancèrent vers le My- sore pour y pénétrer de deux côtés différens. Cette déclaration de guerre, ou plutôt cette guerre sans déclaration, avait pour pré- texte les relafions de Ïipoo-Saëb avec le gouvernement français; mais dans la réalité, les Anglais n'attendaient, depuis long-temps, qu'une occasion favoralile pour renverser le trône de Mysore et s'emparer de cet état, qui leur offrait une communication non interrompue entre la côte de Co- romandeî et celle de Malabar. Tout se réunissait contre le mal- heureux Tipoo-Saëb ; la richesse desesennemis, leurs troupes supé- rieures en discipline; ^ peuple ruiné par des exaclions et déci- mé par des levées de troupes, la trahison de son ministre Meer- Saeïb , tout conspirait s;j ruine. Cependant le sultan faisait têle à l'orage ; après avoir été battu aux combats décisifs de Sedeaser et de Maliiveljy, il alla s'enfermer dans Seringapatnain , sa capitale. Ces 1^ Anglais lui firent alors des propo- sitions très-dures , qu'il refusa obstinément; vaincre ous'cnvelir sous les débris de sa capitale, fut la dernière résolution de ce Mi- ihridate de Tlndouslan. Canonnée pendant la nuit du 20 avril. 1799, battue en brèche le lendemain , elle fut disputée i\ l'ennemi avec lo plus opiniâtre bravoure par le sultan lui-même, qui se montrait à tous les postes dangereux, et par les Mysoréens qui , ralliés par 5oo Français que commandait le colonel Chapuys, firent des pro- diges de courage. Ce prince périt cribh; de coups , au milieu des

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siens j et frappé, dit-on, par le poignard du traître Meer-Saeïb. Pour découvrir ce cadavre hé- roïque, il fallut soulever des mon- ceaux de corps sous lesquels il était ensev«di. Meer-Saeïb fut é- gorgé par les cipayes, et enterré sous les babouches de la garde mysoréenne; aujourd'hui même le lieu de sa sépulture est infâme et consacré aux plus vils usages. Telle fut la vie de Tipoo-Saëb, fils du grand Hayder-Ali-Rhan , toujours brave, toujours en lutte avec le sort. Peu de héros des temps modernes ont mérité mieux que lui Ihonneur de paraître sur la scène dramatique, entre les Ba- jazet et les Gengis. On sait que la fragèdie de M. Jouy, intitulée : Tipoo-Saëb, représentée en 1811, c'est-à-dire douze ans seulement après la mort de ce prince, dut en partie son succès à la vérité histo- rique à laquelle l'auteur put se montrer d'autant plus fidèle, qu'il avait été plusieurs fois admis à lu cour et dans les camps du sultan de Mysore.

TlftABOSCHl (Jérôme) , cé- lèbre littérateur italien, à Ber- gamele 18 décembre i^Si, fut ad- mis, à l'âge de quinze ans, dans l'institut des Jésuites, et, en sor- tant du noviciat, il entra dans la carrière de l'enseignement. Il se liv«» d'abord, avec ardeur, aux évades ihéologiqnes , mais se don- nant ensuite un but plus utile, il cultiva la littérature, et composa plusieurs discours, qui annoncè- rent l'élévation de son esprit et J'étendue de ses connaissances. En i ^ôt) il fit paraître l'histoire de l'ordre des Jlumilics ( Vetera liumiUatorum monamenta. Milan ,

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lia

3 vol. in-fol.), qui le plaça au rang des preinierd lilléraleurs de son temps. Le comte de Finiiiaii, qui ne perdait aucune occasion pour encourager les talens , allait se charger de l'élévalion de l'au- teur, lorsque François m le choi- sit pour successeur de Granelli , dans la place de conservateur en chef de la bibliothèque de Modè- ne. Profilant des trésors que la munilicencedes princes d'Esté avait accumulés dans ce vaste dépôt des connaissances humaines, le nou- veau bibliothécaire conçut le plan d'un ouvrage, qu'avant lui on aurait cru au - dessus des moyens d'un seul homme. L'I- talie, cet ancien berceau des lettres et des arts, n'avait pas en- core trouvé un écrivain qui eût pris soin de rassembler, dans un seul cadre, les litres épars de ses richesses littéraires. La tâche en était d'autant plus difficile, qu'il fallait s'élever au-dessus des pré- tentions nmnicipales, et juger chaque auleur d'après la valeur réelle de ses ouvrages. Il fallait, en outre, avoir fait une étude pro- fonde des classiques anciens et Aiodernes , être initié dans les sciences, avoir du goût pour les uns , et posséder ce coup d'oeil si nécessaire pour classer avec or- dre et intelligence, tant de ma- tériaux employés à la consl^HJC- lion d'un édifice aussi riche da^js les détails qu'il devait être simple et proportionné dans l'ensemble. Ce grand ouvrage parut après dix années de travail, et, s'il n'a pu échapper aux critiques de quel-, ques censeurs pustéres, il a trou- vé un plus grand nombre d'admi- rateurs, qui en ont pris la défense.

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VHistolre de la littérature italien- ne^ plusieurs fois réimprimée eu Italie, et dont il existe des abrégé» en français et en allemand, re- monte jusqu'aux temps des Étrus- ques , «*t , en suivant toutes les vi- cissitudes de la civilisation de la grande Grèce, des Romains et des Italiens, s'arrête à la fin du 17* siècle, qui aurait été l'avant-der- nier si l'auteur n'avait pas été forcé de suspendre ce travail. Le duc de Modène le récompensa, en le nommant chevalier, tX en l'appelant dans son conseil. Tira- boschi crut ne pouvoir mieuxlui té- moigner sa reconnaissance qu'en composant une biographie des au- teurs nés dans ses états. ( Bibliê- teca moclenese. Modène, 1781, (5 vol. in-4°), et en publiant diffé- rens ouvrages sur l'histoire et la topographie du même pays. [Memoriestoriclie Modenesi, ibid., 1793, 3 vol. in-^i" ; Storia delta Badia di Nonantola, ibid. , 1784, 2 vol. in-fol., et Dizionario topo- grafico storico degli stali estensij ibick, 1824» in-4''.) Il ne cessait pas cependant d'enrichir la lit- térature de plusieurs morceaux sur des sujets nouveaux, ou qui exigeaientdenouvelles recherches. Un homme, dont la vie entière avait été consacrée à des travaux utiles ou glorieux pour sa patrie, ne pouvait qu'y être aimé et ho- noré ; aussi sa mort, arrivée le 3 juin 1794) répandit le deuil dans toute l'Italie, la mémoire de Tiraboschi sera aussi durable qu'elle y est révérée.

TIKLET (le vicomte Lobis) , lieuleiiiint-général, commandeur des ordres royaux de l.i légion- d'honneur et de Saint-Loui», est

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en 1773, et fut élevé à l'école d'ar- tillerie deChâlons. Capit.iine d'ar- tillerie en 1795, à l'âge de 20 ans, il était, 3 ans après, chef de batail- lon des pontonniers à l'armée de Sambre-et-Meuse. Ses services lui valurent, en 1799, le grade de colonel, et, peu de temps aprè^, la place de chef d'élat-major d'artil- lerie à l'armée d'Orient. En i8o3, il fut nommé général de brigade, et employé en Hollande, en Alle- magne et en Espagne. La retraite de Portugal, au mois de juillet 1812, lui fournit l'occasion d'être cité avec distinction; il le fut aussi pour la part qu'il prit, en octo- bre (1812), i la poursuite des An- glais, qui furent forcés de lever le siège de Burgos. 11 obtint, en i8i3, le grade de général de di- vision. Inspecteur-général d'artil- lerie pour les directions de Tou- louse, Montpellier, Perpignan et Bayonne, il reçut du roi, le 19 juillet 1814, la croix de Saint- Louis, et le til.-e de grand-ollicier de la légion-d'hont»eur, le i/| fé- vrier 181 5. Le général Tirlel com- mandait, en 181 5, l'artillerie du 2* cor|)s d'observation. Il est en- core aujourd'hui (182'») employé dans le corps royal d'artillerie.

TISSOT (le chevalier Clé- ment-Joseph), docteur en méde- cine, officier de la légioti-dhon- neur, uildecin consultant de M. le duc d'Orléans, vice-président de la société de médecine-prati- que, est vers 1750, à Onians, département du Jura; il est origi- naire de Suisse et parent du célè- bre'fissot, H qui il doit des <;on- seil» dans ses études ujédicales. Ueçu docteur en 177G, il vint A Paris, il fut !«• disciple, le s.c-

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crétaire et l'ami de son compa- triote Tronchin {voyez ce nom), A la recommandation duquel il re- put, en 1787, le brevet de méde- cin-ailjoint de la maison du duc d'Orléans. Appelé, en 1788, en qualité de chirurgien en chef ad- joint du camp de Saint -Orner, commandé par le prince de Con- dé, il fut, peu de temps après, nommé par le roi inspecteur divi- sionnaire des hôpitaux de l'Alsace et de la Franche-Comté, fonc- tions qu'il quitta en 1792 pour oc- cuper celles de chirurgien en chef de l'hôpital militaire de Lyon, jus- que après le siège de cette ville. <■ M. Tissot, dit un de ses biogra- phes, a éprouvé beaucoup de persécutions pendant la révolu- tion. Après la levée du siège de Lyon, en 1795, il fut suspendu de ses fondions, puis arrêté et tra- duit à la commission temporaire, pour avoir publié tm écrit, d'après le vœu de la municipalité provi- soire, sur les causes de la mort des blessés par des armes à feu , dans la journée du 29 mai, et pour avoir obéi aux ordres du comte de Précy. il fut encore ar- rêté à Paris en 1796, dénoncé au général en chef à Maycnce, en 1797, *"*«'été à Wesel, en 1798, et à Dusseldorff en 1799. On l'accu- sa, dans celle dernière ville, d'en- tretenir des correspondances avec Pichegru , Couchery et d'autres députés proscrits à la journée du 18 fructidor. » Après la p.tix de Lunéville, en 1801, il reçut le brevet d'officier de santé supé- rieur dé l'hôpital d'Aix-la-Cha- pelle, pour l'inspection des eaux minérales. Remis en activité de service, il fil toutes les campagnes

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«l'Autriche, de Prusse, de Polo- gne, d'Italie, etc., et lut Dommé, en récompense , chevalier de la légion - d'honneur. M. ïissol a rendu des services trés-imporlans à rhunianité, en arrêtant, en 1794 et 1795, les épidémies qui s'étaient manifestées dans les hô- pitaux militaires et dans les dépôts de prisonniers de guerre établis dans les ci-devant provinces de Bourgogne et de la Franche-Comté, et en 1806, en portant les secours de son art aux prisonniers autri- chiens cantonnés dans la Souabe. L'archiduc Charles le félicita par une lettre flatteuse, lui envoya le diplôme de membre honoraire de l'académie impériale Joséphine de médecine à Vienne, et une taba- tière de grand prix, ornée d'un médaillon faisant allusion à cette dernière épidén)ie. En 1809, étant à Vienne avec l'armée française , il reçut de la municipalité de cette ville l'expression publique de sa l'cconnaissance; et en 1814» pré- senté à l'empereur d'Autriche, alors à Paris avec les autres sou- verains alliés, il fut très -bien accueilli par ce monarque. M. Tissot exerce encore aujourd'hui (1825) les fonctions de vice-pré- sident de la société de médecine- pratique. Il a publié: Gymnasti- que médicinale , Paris, in- 12, 1781; a" Topographie médicinale de ISeuf- châleau, suivie d' observations sur les dangereux effets des coups de plat de sabre « (ce qui a détermi- né , dit le biographe que nous avons déjà cité, la suppression de cette punition militaire par une ordonnance du 14 juillet 1789)0; sur les maladies résultantes du sé- jour des soldats dans les prisons.

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et sur les moyens de les prévenir par une autre peine ^ publiée par ordre du roi dans le 7* vol. du Journal de médecine militaire, en 1788; Observations sur les cau- ses de la mort des blessés par des armes à feu, que l'on accusait avoir été chargées avec des balles empoi- sonnées dans la journée mémorable du 29 mai, Lyon 1793; Obser- vations générales sur le service de santé et l'adminislralion des hôpi- taux ambulans et sédentaires y Lyon, 1793; 5" Recueil d' observations sur les causes de l'épidémie régnant dans les hôpitaux et les dépôts de prisonniers de guerre, des départe- mens de Saùne-et-Loire et de la Côte-d'Or, et sur les moyens d'en arrêter les progrès, Dijon 1 794 ; Receuil d'observations sur les abus diins l'ordre des évacuations des malades et des blessés de l'ar- mée dans les déparlemens du Doubs, du Jura et de la Haute- Saône, Besançon, 1794 ; Du ré- gime diététique dans la cure des maladies; Des effets du sommeil et de la veille dans le traitement des maladies; De l' influence des passions de l'âme dans les mala- dies, et des moyens d'en corriger les m.auvais effets. Ces trois der- niers ouvrages, approuvés par l'a- cadémie royale de chirurgie de Paris en 1779, 1781 et 1780, ont été traduits en allemand €t impri- més à Brunswick en 1799. 10° Né- crologie de Lorentz , médecin en chef de l'armée du Rhin, publiée in-S", et insérée dans le Journal de Paris en avril i 801; 11° Compte rendu au grandbailU du landgraviat de Meklembourg, conseiller-auli- que du roi de fVurtemberg, sur l'épidémie de? prisonniers autri-

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^tXiJ.uit.

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chiens dans la Souabe, imprimé, en français et en allemand , }»ar ordre supérieur A Slockak , juin 1806.

TISSOT (P. F.), voy. le Si-p- ptÉMENï (le ce 20* TOl.

TOALDO ( Joseph ) , célèbre astronome italien, naquit en 1719 A l'ianezze, petit hameau non loin de Vicence. A l'âge de i4 ans, il fut placé au séminaire de Padoue, il prit le degré de docteur en théoldgie , et fut chargé de l'en- seignement des belles-lettres. En- traîné vers l'élude des sciences exactes, il composa une préface et des notes po«ir une réimpres- sion des œuvres de Galilée , et il eut à lutter contre la timidité de trois censeurs, qui auraient voulu exclure de cette édition les fameux dialogues sur le système du mon- de. Nommé archiprêtre de Mon- legalda, petit village situé entre Padoue et Vicence, il ne cessa du donner à l'étude le temps qu'il pouvait dér<»b«'rc\ ses devoirs. Pé- nétré d'un sentiment de recon- naissance envers labbé Coiili , ilont il avait été l'élève , il pii!)lia une notice sur la vie de ce littéra- teur , qui fut imprimée h. la tête •de ses ouvrages. Appelé, en 17(>2, par le sénat de Venise A occuper le» chaires d'astronomie, de géo- graphie el de météorologie à l'u- niversité de Padoue , Toaido em- ploya son crédit pour faire décré- ter la fondation d'un observatoire, dont il se chargea de donner le plan el de surveiller les travaux. Il profita pour cela d'une au- cieime tour qui avait appiirlcnii au fameux tyran Eccelin , et dès ipie les insirnmens purent y Olre placés, il continua les observations

T. \X.

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des deux Poleni , el établit, dans un ouvrage intitulé Saggio Mcteo- rologico , les conjectures qu'on pouvait en tirer pour calculer avec pr(dîabilifé les acc.idens fu- turs de l'atmosphère. Il fit mieux apprécier l'iuiportauce de celie théorie, en répondaiità une ques- tion de l'académie de Montpel- lier, sur l'application de la mé- téorologie ù l'agriculture. Sou mémoire fiit couronné , et il at- tira, sur celte partie de la physi- que, l'attcnlion des savans, enlre- autres de l'électeur Palatin , qui fonda une société njétéorologique ù Manheim. Toaido travaillait de son côté A confirmer son système par tous les moyens que pou- vaient lui fournir son iuslruction et son expérience. Ayant remar- qué qu'au bout de dix-huit ans, les phénomènes météorologiques reroivmiencent et se succèdent à peu près dans le même ordre , il dressa les tables de trois de ces périodes . auxquelles il donna le nom de Saros^ et que les astrono- mes appelèrent nussi Cycles Toal- ilini. Il fit paraîlieen même temps un JAurnal astro-nu''téorologiquc, destiné principalenuml à répan- dre sa découverte. Il composa aussi une dissertation sur la (dia- leur de la lune, pour prouver la force d'allraclion que cette |'l,i- nèle exerce sur les corps terics- 1res. Sa théorie fut attaquée par Frisi , auquel il répondit par un mémoire qui fait partie «les actes de l'académie de Berlin. Partisan r.èlé des découvertes utiles . Toaido s'«'mj)rcssa d'aCï créditer, par simi sulfrage , celle de Franklirï , sur les conduc- teurs électriques, et il arma l'oli-

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5ervatf»îrc de Gadoue du premier jîaralonm rre qu'on ait vu dans les él.ils vénilieiis. Il serait trop long de s'arrêter au délai! de tou- ti's les produclions qui sorlirent de la plume de ce professeur ; il ne se passait pas d'année qu'il ne publiât quel que ouvrage remarqua- ble, tels sont:sa méthode pour dé- terminer les longitudes, ses tables de vitalité, ses traités degnomoni- que , et de trigonométrie , ses Scliediasmes astronomiques , dont les deux premiers roulent sur les éclipses du soleil, et le troisième sur le passage de Mercure devant cetaslre; un discours sur les hi- vers extraordinaires , plusieurs discussions sur la sécheresse de 1779, sur les brouillards et sur l'influence dés météores ignés; un pronostic des temps et des sai- sons, lire du passage des oiseaux, un dictionnaire météorologique , des considérations sur un nouveau cycle et sur les aspects des pla- nètes ; les présages généraux et particuliers des pluies et des vents pour le golfe Adriatique , dé- duits de l'inspection du ciel ; un mémoire sur le passage d'An- nibal par les Apennins , etc. Les rciuieils savans s'enrichirent de plusieurs de ses écrits. Il pu- blia, dans le journal de Modène, une défense de Leibnitz contre le sentiment de Deluc, louchant la descente du mercure dans le ba- romètre sous un ciel pluvieux ; dans celui de Pise, un mémoire sur l'influence lunaire, en réponse aux objections de Frisi. Il donna aux journaux de Paris, de Venise, de Vicencc, aux opuscules scien- tifiques de Milan, et aux actes de la société Palatine, une foule de

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discours et d'observations relatif» à la méléorologic et à la physique Les Anglais publièrent, dans Ks Transactions de Londres, son écrit de œstu reciproco maris adriatici; l'institut de Bologne plaça dan^* ses actes le mémoire de calore iu- nari , et l'académie de Berlin im- prima la dissertation de vi lume in almospheram, ex observalionibus baromctricis. Lalande publia aussi plusieurs observations astronomi- ques de Toaldo dans les mémoi- res de l'académie des sciences de Paris , et un plus grand nombre a été inséré dans ceux de la société de Padoue. Au commencement du mois de novembre «798, ce savant éprouva deschagrins quiallérèrent sa gaîlé naturelle, et quelques jours après,il fut frappé d'apoplexie, dont il mourut le 1 1 décembre suivant. TOCQUEVILLE(N. COMTE de), maître des requêtes , préfet du déparlement de la Somme, oflicier de la légion-d'honneur, exerçait, sous le gouvernement impérial , les modestes fonctions de maire d'un village des environs de Ver- sailles. Il dut aux événemens po- litiques de 18 14 sa haute fortune administrative. Le roi le nomma, ù la première reslauralion , préfet* du département de Maine-et-Loi- re; Napoléon, à son retour, au 20 mars 181 5, destitua M. de Toc- queviile à qui Louis XVIII, après la seconde restauration , confia la préfecture de l'Oise. A celle épo- que les armées étrangères pesaient sur la France, et les Prussiens oc- cupaient Senlis et le reste du dé- partement. L'un des généraux de ces dernières troupes exigea de M. deTocquevillelaremisedes re- gistres où étaient apposées les si-

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gnatures des habitans qui Vêtaient prononcés pourl'acte additionnel. M. de Tocqueville donna une preuvede fermeté eldeloyauté ; il refusa. Le général étranger n'in- sista pas. La noble conduite que ce fonctionnaire public avait te- nue en cette circonstance ne pa- raît pas l'avoir mis à l'abri, dans la suite de ses fonctions, des repro- ches graves des hommes sages et modérés; on l'a blâmé d'a- voir provoqué des destitutions , dont, plus tard, on a reconnu l'injustice. En 1816, il adminis- trait le département de la Côte- d'Or. Le même esprit d'impartia- lité nous fait un devoir de rap- porter l'arrêté qu'il publia le 9 août de la même année , lors du passage, par Dijon, de Madame, duchesse d'Angoulême ( aujour- d'hui Madame la Dauphinc ). « Considérant, dit-il, que l'en- thousiasme et les transports de joie que les habitans de Dijon ont montrés à l'occasion du séjour dans cette ville de S. A. R. Ma- dame, ne permettent pas de dou- ter qu'il n'y ait parmi tous lesha- tans une parfaite unanimité de sentimens et d'attachement pour le roi et la famille royale ; consi- dérant que ces sentimens, mani- festés si hautement, ôlent toi^e crainte à l'égard de l'influence que les ennemis du trône pour- raient exercer sur le peuple de la bonne ville de Dijon ; considérant, etc.; les mesures de haute prdice auxquelles sont soamis quelques individus de la ville dfliDijon, ces- sent d'avoir leur effet, et ces indi- vidus sont déchargés des obliga- tions qu'elles leur imposaient. » En iJ>i7 , M. de ïocqueville

passa à la préfecture de la Mo- selle , qu'il administra jusqu'en 1825, époque il fut nommé à celle de la Somme. M. de Tocque- ville, qui occupe encore aujour- d'hui ( 1825) cette préfecture , a épousé une fille du président Ro- sambo, gendre de l'illustre de Ma- lesherbes; deux fils qu'il a eus de celte union suivent la carrière militaire.

TODERINI ( Jeak-Baptiste ) , à Venise en 1728, professa quelque temps la philosophie à Forli, et vécut ensuite à Vérone, les travaux du marquis 3Lifl'ei lui firent naître le goût des anti- quités. Il s'était amusé à rassem- bler une suite de médailles frap- pées en l'honneur des jésuites , auxquels il appartenait, et des rois goths, avec lesquels il les avait as- sociés. Celte afTeclion pour les il- lustres barbares se développa avec plus de force dans un séjour de cinq ans qu'il fit à Constanli- nople, il alla en 1781, à la suite de Garzoni, baile de la ré- publique de Venise à la Porte. II porta son attention vers la litté- rature turque, acheta un grand nombre de manuscrits et de livres orientaux, rechercha toutes sortes d'instrumens astronomiques, nau- tiques, géométriques, etc., sortis des ateliers ottomans, et se chargea d'apprendre à l'Europe que les Turcs avaient des imprimeries, des bibliothèques, des académies, et qu'ils ne sont rien moins qu'é- trangers à la littérature agréable. 0 Je cultivais, dit-il, l'amitié de » quelques savons ottomans, et sur- »tout du viuderis de la Validé^ pour assurer mes recherches et «cclaircirmcs doutes. S'il arrivait

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•»qiie Ces sa vans ne fussenf pas » d'accord entre «ux, je m'adre»»- »sai9 au mufli pour avoir un felfa "OU sentence déDr»i(ive. 11 y a, û »la porte de son palais, des écri- » vains auxquels on présente l.i » question qui passe aux mains du «uiui'ti, et quelques jours après, ■'ptiur peu d'argent , on a la déei- «sion, ou le fetfa signé de sa pro- »pre main. Si la question répugne. « ouverteinent à la loi, aprè:* l'a- "• voir lue à peine , ils vous la ren» »deiit, en vou^i disant qu'elle est «contraire à la loi. » Avec ces pui.'*- saus auxiliaires, dont on aurait tort de solipyonner l'ignorance , il l'ut en étal de publier .son ouvrago, qui étonna par la sir»gulartté du sujet; il lut hientôt annoncé dans le^ journaux, et traduit en fran- çais et en allemand. Le cardinal liorgia , chez lequel Toderini s'é- tait lait présenter comme rauteur de la Littérature des Turcs, lui de- manda un jour s'il en avait trouvé la langue difficile? « Je n'ai pas eu le temps de l'apprendre, lui répondit ïoderrni. Bravo ! bravissimo ! reprit en riant son é- minence; vous avez eu le talent de parler de ce que vous ne com- prenez pas. » Toderini mourut à Venise, le 4 juillet 1799. Ses au- tres ouvrages -sont des disserta- tions peu importantes sur des ob- jets de physique et d'histoire na- turelle.

ÏOLL, lieutenant-général sué- dois , dans un rang obscur, en une des provinces méridionales de la Suéde , s'éleva à une haute fortune par un mérite particulier, et joua un rôle important sous les règnes des rois Gustave III et Gus tave IV. 11 commença sa carrière

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|)ar l'exercice d'im petit emploi de judicature provinciale, dont il fut firivé par jugement d'un tribunal supérieur. De puissans ennemis, a ce qu*il assurait, l'avaient injuste- ment accusé de malversations. Il entra ensuite dans l'administration forestière, et perdit encore la place subalterne qu'il y avait obtenue, par suite d'une accusation pareille k la première. Quand le n»i Gus- tave ni prépara, en 1772, la ré- volut«-jn par laquelle il changea la constitution et les loi-j fonda- fnentaFes de la Suède au profit de la prérogative royale, il mit M. Toll au nombre de ses ag-cns se- crets. M. Toll montra le pltis grand zèle et déploya une habi- leté remarquable en secondant, dans sa province, hes vues du roi. Le revirement politique heureu- sement tern)iné, M. Toll fut ré- compensé de ses services par des lettres de noblesse et un grade dans l'armée. Son crédit augmen- ta depuis de jour en jour, et il se vit admis dans les conseils inti- mes du roi , , en courtisan con- sommé, il allait toujours au-de- vant des volontés du prince, fa- cilit.int ensuite, par son génie, l'exécution des projets monarchi- ques, quels qu'ils fussent. Nommé colonel d'un régiment de cavale- rie, et bientôt général, il fut en ou- tre revêtu de décorations «t com- blé défaveurs. En 1788, quand le roi eut pris la résolution d'atta- quer la Russie, alors engagée dans une guerre avec la Porte-Otto- mane , le ^néral Toll fut chargé de pourvoir à tout ce qui était né- cessaire pour l'on verture de la cam- pagne. Il ne s'agissait, disait-on, que de marcher droit sur Féters-

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bourg, et il serait facile de 8'em- parer de celle capitale qui, aiimi que les Ironlières septentrioitalt'S de lu lliisirie^ se Itouvait pre.-»- quo enlièreinenl dégarnie de troupes; on devait ensuite forcer rinjpératrice Catherine IJà rendre A la Suède qiielquts-nnes des pro- vinces perdtHîS par Charles XII. Le général Toll n'avait jamais lait la guerre, mais on avait la pins haute opinion de ses talens , tant militaires qu'administratifs, e^il (rut I(ii-ni0me, ainsi que les au- tres jeunes conseillers du roi , que ractivité et l'audace suppléeraient de reste à l'expérience qu'ils n'a- vaient encore pu acquérir. L'ar- mée suédoise lut embarquée à la hâte pour la Finlande ; il impor- tait en effet d'opérer avec la plus fïrande célérité; mais celle armée, dé$ qu'elle eut mis pied à terre à HeMnglbrs, première ville de la Finlande suédoise, ,-e trouva dépourvue du matériel le plus in- ilispensahle pour agir ; il fallut at- tendre pendant trois semaines l'arrivée de la plus grande partie de rartillcrie et des munitions de guerre. On échoua ensuite dans I attaque de la petite place de Fré- drichshamn et dans celle de la bi- coque de Ny.-Iott. Des canons de gros calibre y avaient été amenés i\ grands frais; mais pui' une mé- prise de l'adminislra'tion militaire, les Ixnilels avaient eu une autre destination, et les invalides russes, qui gardaient ces deux places, ne «e laissèrent pas eflrayer par des coups de canon tirés A poudre. Pélersbourg fut dés-lors sativé. Les vivres man(|néient bientôt .1 rarinéc suédoise: il fallut se. n'lircr,el les soldais !Jiarch.iie;jl

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nu - pieds , leurs pourvoyeur* inexpérimentés n'ayant point pré- vu que le» chaussures s'usaient vite en campagne. Les troupes fin- noises et suédoises murmuraient hautement ,. et le roi, avant de quitiev lui-même l'arinée , prit le parti de renvoyer le général Toll dans le midi de la Suède, disgrâce (|ui ne fut cependant qu'appa- rente. Il eut bientôt un comman- dement important dans la provin- ce de Scanie . limitrophe du Dane- marck, et on lui attribua , fausse- ment peul-êire, le plan d'incen- dier, en pleine paix, le port de Copenhague , hivernait uiu; flotte russe. La Suède venait de terminer ses dilVéretis avec le Da- nemarck; un ollicier subalterne , nommé lienzelstierna , fut néan- moins envoyé de Scanie à Copen- hague, où il acheta, d'un capi- taine de navire anglais, un gros bâtiment , qui fut, de concert avec ce capitaine, chargé de matières combustibles, et (]ui devait, par le premier vent favorable , êiro allumé au milieu des vaisseaux ru^- ses et danois, élroitement serrés les uns contre les autres dans l'inté- rieur du port. L'explosion eût été terrible, la plupart de ces vaisseaux ayant leur chargement complet en poudre, ileureusement pour la ville de (Copenhague, le second du capitaine anglais, après avoir fait de vains eflorts pour détourner son chef de ce projet incendiaire, dé»iouvrit le cotnplol,la veille mê- me de son exéculion, au gouver- nement danois, Lebrfilot fut saisi, <'t le peuple de Copeidiague, indi- gné, se portait en f<}ulo à l'hôlel d«; l'amliassadeur de Suède, qui, cuti^rcuj«nl ùrangcr A ce coin-

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plot, se présenta hardiment de- vant la multitude, Cl ouvrir tou- tes les portes de son hôtel , et de- manda lui-même qu'on le visitSt, bien sûr qu'on n'y trouverait au- cun des coupables, ni aucun in- dice de sa participation à leur trame. Benzelstierna et ses com- plices furent bientôt découverts et arrêtés, jugés et condamnés i\ mort; mais le prince royal de Da- ncuiarck (le roi actuel) fit grâce de la vie à ces agens subalternes. Le gouvernement suédois les dé- savoua, et le général Toll, haute- raenl accusé à Copenhague de les nvoir dirigés , soutint toujours qu'il n'avait eu aucune relation avec eux. Après la mort de Gus- tave III, le crédit des deux prin- cipaux favoris de ce prince, MM. Armfeldt et Toll, baissa sensible- ment sous la régence du duc de Sudermannie. Pour les éloigner, on donna au premier une mission diplomatique à Naples, et au se- cond une autre mission pour Var- sovie; mais une cassette, contenant les correspondances secrètes du ba- ron Armfeldt, ayant été saisie en Italie par un autre agent diplo- matique suédois , fut envoyée au prince-régent, et on y découvrit un vaste projet tendant à priver ce prince de la régence par une révolution militaire, et à l'aide d'une flotte et de troupes étran- gères qui devaient être introdui- tes en Suède. Le jeune roi Gus- tave IV devait être déclaré majeur avant le temps fixé par la loi. Quelques lettres du général Toll parurent prouverque cette trame, habilement ourdie, lui était au moins connue, sans qu'il l'eût, se- lon soii devoir, fait connaître au

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gouvernement. Les deux diplo- mates furent rappelés et sommés de comparaître devant une cour de justice à Stockholm. Le baron Armfeldt n'obéit point et se rendit en Russie, il obtint du service en même temps qu'il fut con- damné à mort en Suède. Le gé- néral Toll résolut de braver l'o- rage, et retourna à Stockholm, il fut mis en jugement et con- damné à la perte de tous ses em- plois. Il regrettait surtout son beau régiment, qui lui assurait de nombreux avantages , un grand établissement et une haute in- fluence dans la province de Scanie; mais il supporta avec courat^e sa disgrâce, qu'il savait bien d'ail- leurs ne devoir point être de lon- gue durée. En effet, dès que le jeu- ne roi Gustave IV, déclaré majeur, eut pris en mains les rênes de l'é- tat, il rappela les favoris de son père. Le général Toll reprit ses anciens emplois ; le colonel au- quel le prince régent avait donné son régiment fut obligé de le lui rendre, et M. Toll fut en outre noni- gouverneur-général des pro- vinces méridionales du royaume; mais on ne l'emploj'a plus à la guerre, pour laquelle ce lieute- nant-général n'avait jamais mon- tré de talent. Après la révolution de 1809 et la chute de Gus- tave IV, le duc de Suderman- nie, devenu roi sous le nom de Charles XIII, parut aussi avoir oublié ses anciens griefs comme régent, contre le général Toi!, lui conserva tous ses emplois , et y ajouta de nouvelles faveurs. Cet homme véritablement habile mou- rut en Scanie, il y a quelques an- nées, dans un âge très- avancé.

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TOLLERON (Edmb-Hewbi- Charles), ciseleur à Paris, an- cien iniliiaire, naquit à Aulicim, déparlemenl de la Nièvre , vers 1786, d'une honnête famille d'ar- tisans. Il exerçait l'état deciselcîir, pour lequel il avait beaucoup de goût, lorsqu'il fut appelé sous les drapeaux, en vertu de la loi de la conscription. Les événemens po- litiques de 1814 le rendirent à son ancienne profession, qu'il reprit à Paris, il vivait honorablement du fruit de son travail. Lié avec Pleignier et Carbonneau [voyez ces noms), il fut associé ù ce qu'on a appelé la conspiration des pa- triotes (le 181G, et chargé de gra- ver la planche des cartes de rallie- ment des conjurés. Arrêté au mois de juin (1816), il fut, avec Car- bonneau et Ph.'ignier, traduit à la cour d'assises de la Seine. Sa dé- (juise fut remarquable par la fran- cTiise, la bonne foi et l'éloquence naturelle qu'il développa dans le cours de son procès. II déclara les motifs qui l'avaient porté ù pren- dre une pari dans cette déplora- ble affaire. «Le timbre, dit-il, que j'ai gravé portait ces mots : union, honneur, patrie, formant une de- vise chère à tous les Français, et je n'y ai rien vu de répréhensible. J'ai 00 ans, ajoula-t-il ensuite, j'ai été élevé dans des principes contrai- res à ceux qu'il est aujourd'hui de mon devoir de respecter et de ihé- rir; il n'est donc pas étonnant que j'aie erré dans une circonstance semblable. » Dans la séance du 6 juillet, après que son avocat eut parlé pour sa défense, il prit la parole, et s'abandonnanl à l'cx- puudion de son Ame, il dit aux ju- rés :« Vous avez pu voir, mcs-

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sieurs, que je n'ai jamais cherdié à déguiser la vérité sur tout co qui me rcgar Je dans cette aflaire. J'ai cru que je me ferais un mé- rite aux yeux de mes juges eu parlant avec la plus grande fran- chise. Si je me suis tromj)é, elle n servi à nie perdre; mais tel est mon caractère, que je préfère être puni ayant dit la vérité, que d'a- voir sauvé ma vie par le menson- ge. On me reprochera sans dodto d'avoir usé de réserve sur ce qui concernait mes coaccusés. Quoi ! moi, j'aurais livré aux tribunaux, un ami, un père de famille, Car- bonneau enûn ! Ah I le législateur qui a infligé des peines si terribles pour la non révélation connais- sait bien l'ûme des vrais Français; il savait quel mépris nous atta- chons au nom de délateur. Pour moi, la nature qui m'a doué d'un courage à toute épreuve, m'a doué aussi d'une âme sensible et généreuse ; je saurai supporter mon sort, quelque rigoureux qu'H soit; je n'aurais pu survivre au premier regard du mépris. » Con- damné à mort dans la même séan- ce, il entendit avec calme et fer- meté la déclaration du jury. Il reprit la parole et dit : « Je prie la cour de considérer qu'il me senible que j'ai droit au bénéfice de l'article 108 du Code pénal. » ïoUeron se pourvut en cassation et en grâce : il fut exécuté le 28 juillet, à 8 heures du soir, en che- mise, la tête couverte d'un voile noir, après avoir eu préalable- ment le poing coupé, comme par- ricide. Sa fermeté ne se démentit pas un seul instant.

TOLSTOÏ { tu cowTt OsTFB- MAt»N), général russe, d'une fa-

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nulle ancienne, coninicnça à se laire connaître dans les guerres do Turquie et de Pologne, il mon- tra de la bravoure et des talens militaires, et se trouva, au mois de septembre i8o5, à la tête d'un our[)s d'armée que l'Autriche des- tinait à agir Ctintre la France ; mais ses exploits se bornèrent à pénétrer dans l'électorat d'Hano- vre, et à cerner la forteresse de Hamein, commandait le géné- ral Barbou. Le résultat de la ba- taille d'Austerlitz Ibrpa M. Tole- loi à évacuer l'électorat , et néan- moins il reçut le gouvernement de Saint-Pétersbourg, et les dé- corations de plusieurs ordres. Au commencement de 1812, il rem- plaça le comte de Schuwaloffdans le commandement d'un corps rus- se; le 1" juillet, à Ostrowno, il eut nn engagement avec un corps français qu'il prétendit avoir bat- tu , et poursuivi iV 4 werstes en avant de sa position ; les Français rétablirent la vérité , en 'conti- nuant leur mouvement en avant. L'année suivante, le général ïols- loi perdit le bras gauche dans un combat opiniâtre qu'il engagea à Piroa contre une colonne françai- se, et parvint à garantir la Bohê- me , menacée d'une invasion. Le 17 octobre i8i3, le maréchal Gouvioa Saint-Cyr le défit com- plètement à Planen, et lui prit 5,000 hommes et 20 pièces de ca- non. Il se retira alors sur l'Elbe, il opéra sa jonction avec le comte de Rlenau; leurs efforts réunis eurent pour résultat défi- nitif la capitulation de Dresde,\et de Sonnenstein. L'empereur de Russie apprécia les services du coujte de Tolstoï pendant cette

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campagne et la suivante, et f'en récompensa par plusieurs grâc«;s', et notamment par ime somme de 5oo,ooo roubles, qu'il lui accorda pour rétablir ses affaires, à titre de prêt remboursable en dix ans. Le gouvernement de Bohême lui offrit une coupe de grand prix, sur laquelle le général fit graver les noms des officiers qui avaient péri, à l'affaire de Pirna, et dont il fit ensuite hommage à la chapelle du régiment de Préobraschenski. Le comte de Toisloi , un instant anjbassadeiu- de Bussie à Paris, en 1814 1 fut remplacé par M. Pozzo-di -Borgo. Il mourut h Dresde, vers la fin de décembre 1816. M. de Toisloi était grand- maréchal de la cour, et chevalier de différens ordres russes et étran- gers.

TOMMASINI ( Jacques ) , cé- lèbre médecin italien , à Pa%- me, en 1769, trouva dans son père le premier instituteur de sa jeunesse. En 1794,1! fut nommé professeur de physiologie et de patologle dans l'université de cette ville ; il embrassa la doctrine àxi contre-stimulus {voy. Rasori), que par sa réputation et par ses ouvrages il a beaucoup contribué à accréditer. Appelé à occuper la chaire de clinique-médicale à Bo- logne, au moment on l'élevait à la place d'inspecteur de santé et des études à Parme, il flotta long- temps indécis entre les instances de ses compatriotes, qui auraient voulu le retenir dans sa patrie, et celles d'une jeunesse nombreuse, qui l'altendail au sein d'une des plus anciennes universités de l'Europe. 31. Tommasini n'écouta que les intérêts de la science, et eu

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1816, il prit le chemin de Bolo- gne, où les professeurs et les élè- ves se portèrent à sa rencontre pour le ranaener en triomphe jns- qu'à la porte de son hôtel. Cet enthousiasme augmenta encore le jour il prononça son discours d'ouverture, dans lequel il déve- loppa les principes fondamentaux de la nouvelle doctrine médicale. En 1819, les habitans de Parme auraient désiré qu'il vînt occuper la place de proto-médecin , restée vacante par la mort de Rfbiki ( voy. ce nom ). La jalousie et les Intrigues de quelques obscurs ad- versaires empêchèrent le gouver- nement de rendre hommage au mérite d'un si illustre citoyen, et ce n'a été qu'en iSaS, que la du- chesse de l'arme lui a conféré le titre de son médecin honoraire. Ce professeur, devenu l'oracle de la médecine en Italie, est consulté par les personnages les plus émi- nens. Il avait donné ses soins i la princesse Caroline, que l'éclat d'une couronne n'a pu tenir à l'abri d'une persécution. Accablée j)ar une foule d'individus, qui met- taient l'indiscrétion de leurs aveux au prix de l'or qu'on leur offrait pour les obtenir, celte malheu- reuse princesse implora le S( cours de quelques hommes estimés, dont elle connaissait trop les prin- cipes pour craindre de les voir fléchir sous le pouvoir. M. Tom- niasini répondit à cet appel, dé- cidé à paraître devant la cour des lords comme le défensetir d'une reine outragée ; mais les nom- bieuses anomalies de ce procès no lui permirent pas de s'acquitter de ce généreux devoir. Dégagé de les soins, il parcouiut PAngle-

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terre et l'Ecosse, recevant par- tout les témoignages les plus écla- tans d'admiration et d'estime. Plusieurs corps savans s'empres- sèrent de l'admettre dans leur sein , et la société de médecine d'Edimbourg lui adressa son di- plôme le jour même qu'il entrait dans cette ville. ïommasini vient de recevoir un hommage non moins flatteur, et bien plus tou- chant de la part de ses élèves , qui lui ont fait frapper une mé- daille d'or , portant d'un côté son portrait , et de l'autre ces mots : A Giacomo Toinmasini, idis' cepoli riconoscenti. Ses ouvrages sont : 1" Quanto influisca il cuore sul/a circolazioue del sangue, Par- me , 1 794 » in-S" : Storia ragio- nala d'una diabète, ibid. , 1794» in -8° ; 5" Dclla nuova doltrina me- dica Haliana prolusione, Florence, 1817, in-S"; 4' Ricerclie palolo- gic/ie siilla febhre di Livonio , e sulla febhre gialla americatia , Na- ples, 1817, 2 vol. in-8"; 5" Con- siderazioni patologicliesalC infiam- mazione e sulla febbre continua, Pise, iHao, in-8"; Prospelto de" risullamenli otttnuti nella cli- nica medica d'un trir.nnio , ibid. , 1820, in-S" ; Discorsi suit' insegnamenlo medico-cUnico dcli' Inghilterra e del.' Italia, Cologne, 1822, in-8"; Sloria délia rna- latlia , délia quale viori il conte Pertirari, Jmola, i823, iniO; p" Opère viinori, IJologne , 1821- 1824. 3 vol. in-S"; 10" delta né- cessita di soltoporre ad utia xtatis- (ira i fatli pià important i delta me- dicina pnilica , ibid. , 182J, in-8". TONDl (Mathiki'). directeur «lu nnisée minéralogique de Na- pies, natjuit en I7t)2, à Sansc-

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Ycro, dans la province de Capi- lanata. Destiné à la profession de médecin, il iriéla aux éludes de son état celles des sciences natu- relles, pour lesquelles il avait de l'attrait. A l'aide de quelques traités de botanique, il reconnut les j)Iantes des lieux environnans cl surtout du Mont - Gargan , dont il escalada les sommets. A l'âge de i^ ans, il fut envoyé à l'université de Naples, la voix de Petagna et l'exemple de Cirillo le fortifièrent dans son goût pour les observations de la nature, et le mirent en état d'ouvrir un cours de chimie, d'entomologie et de botanique. Adoptant la ré- forme que Lavoisier venait de proclamer en France, il fut des premiers à parler son nouveau langage en Italie. Les connais- sances dont il avait fait preuve dans ses leçons fixèrent sur lui rattention du général Parisi , que le gouvernement napolitain ve- nait de placer à la tête d'une expé- dition de physiciens qui devaient aller se perfectionner en Allema- gne, dans les travaux des mines et dans la fusion des métaux. M.Ton- di profita de son séjour à Vienne pour fréquenter la société de Jac- qiiin , de Plenck, de Born , et le jardin de Schœnbrunn ; les cabi- nets publics et particuliers d'his- toire naturelle remplirent les mo- mens qu'il ne consacrait pas à s'entretenir avec ces savans. Il se rendit ensuite à Schemnitz, il ébaucha un cours de docimasti- que , d'après le plan adopté dans cette célèbre école ; il poiissa en même temps ses recherches sur U\ molibdène, sur le Tangtein, sur la manganèse, et ses elTorts furent

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couronnés du pins heureux suc- cès. Les résultats de ces expé- licnces et de celles qu'il entreprit sur la barite, la chaux et la ma- gnésie, fiMcnt soumis au baron de Born, qui en parla favorable-' ment dans le second volume du Catalogue des Fossiles, de M'" Baab. Le même naturaliste se chargea de communiq(n;r à La- voisier quelques mémoires du mi- néralogiste italien, pour les faire insérer dans les Annales de chimie. M. ïondi , en attendant, ne ces- sait pas d'explorer les nnnes de la Haute et de la Basse-Hongrie, et de presque tous les états héréditaires. En 1795, il passa le détroit, visita les trois royaumes, et fit des ex- cursioms aux Hébrides, aux Or- cades , et jusqu'en Islande. A son retour d'Angletcrr.e, le bâtiment sur lequel il était embarqué fut capturé à la hauteur du Texel , par une frégate française, qui l'emmena prisonnier à Flessingue. Dès qu'il put recouvrer sa liberté, il se dirigea sur Bâle pour gagner Augsbourg, et se rapprocher de l'Italie. En passant par Landsberg, il fut arrêté et envoyé au camp de Stenpajh, le général autri- chien voulait le faire fusiller com- me émissaire de l'armée fran- çaise. Ce ne fut pas sans beaucoup d'efforts qu'il parvint à le détrom- per; mais à peine venait-il de quitter les prisons de l'Autriche, qu'il tomba dans les mains des Bavarois, auxquels il inspira 1rs mêmes soupçons, et qui ne l'au- raient pas mieux traité s'il n'avait pris la résolution hardie de se jeter dans le Leck, pour se dérober à leurs avant-postes. En arrivant à Naples, il fut chargé de dresser

un rapport sur les mines de fer et de houille , qu'on prétendait avoir découvertes dans les Abruzzes et à Gifuni. Il fit ensuite un voyage en Calabre, il voulut s'oppo- ser aux désordres qui régnaient dnnflesétablissemensdeStiioelde la Mongiana.Leschangemens qu'il avait proposés déplurent à quel- ques anciens employés qui étaient intéressés à la conservation de ces abus. Profitant des troubles qui commençaient à se manifester en Calabre , par la présence d'une nrmée française dans le royaume, ils ameutèrent une partie des ou- vriers,et seporlèrent en foule chez leur chef, qu'ils ne purent altein- dre, mais dont ils saccagèrent la maison. M. Tondi se rendit dans la capitale, il fut enrôlé daiis la garde nationale, avec laquelle il fcc trouvait à Revigliano le jour la garnison de ce fort dut ca- pituler avec les Anglais. Enve- loppé dans la proscription des pa- triotes napolitains, il vint cher- cher un asile en France, et vécut quelque temps à Lyon , il diri- gea les travaux d'une mine de charbon de terre, près de Saint- Foi, A sept lieues de cette ville. Ce premier essai et l'occasion qu'il eut ensuite de déployer ses connaissances en rédigeant le ca- talogue du cabinet minéralogique de "Weiss , lui procurèrent une place nu musée d'histoire natu- relle h Paris, et lui gagnèrent l'es- time de Dolomieu et de Haiiy. Ce dernier le chargea de la classifica- tion des ininéraux et de la traduc- tion de plusieurs articles extraits des ouvrages étrangers. M. Tondi donnait nussi des cours de ininéra- lojie, et s'occupait à coricliir sa

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collection particulière de quelques nouvelles substances. Il avait en- trepris, dans ce dessein, un voyage en Espagne, il futsurprisparla révolution qui y éclata en 1808, et qui Itii coûta la perte de pres- que tout ce qu'il avait ramassé. Il se sauva à bord d'un vaisseau qui manqua de périr dans la traversée, et qu'une galère ennemie remor- qua dans un port de Sardaigne. Le gouverneur de cette île s'obstina à renvoyer M. Tondi à Naples, ce professeur ne s'arrêta qu'un mois, se refusant aux propositions qu'on lui fit pour le retenir dans sa patrie. Il revint à Paris repren- dre l'exercice de ses fonctions, dont il s'est acquitté jusqu'en 1812. A celte époque, des offres plus pressantes et plus généreuses l'engagèrent à rentrer à Naples, il a été successivement nommé premier inspecteur -général des eaux et forêts, professeur à l'uni- versité, et directeur du musée de minéralogie. Ses principaux ou- vrages sont : Ililuzioni di cld- mica, Naples, 1787, in-8°; 2' Is- truztonesitlla seminagione e planta- gione dd' bosqhi , ibid. , i8i5, in- ; La caccia considerala corne prodotto sclvano , ad uso de' forcs- <fl/i,ibid. , 181 5, 10-8°; 4" /^'s- corso pronunzialo in occasione deW apertara délia callcdra di geogvo- sia, ibid., 1817, in-8"; Etc- mcntidi Orittognosia, ibid. , 1817-

1823, 3 vol. in-8% fig, ; G" la Srienza selvana ad uso de' forestali,, ibid. , 1821,3 vol. in-S" , fig. ; Klcmenli di orcognosia, ibid. ,

1824, in-8'', fig. Ce dernier ou- vrage f;«il suite aux EUmens d'O- ryclognosie , avec lequel il forme un cours complet de géognosic.

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c'est-à-dire de la connaissance do la terre.

TONE ( Tobobald-Wolfe), cé- lèbre patriote irlandais, chef et fondateur de l'association des Ir- landais-unis, naquit ;'i Dublin, le ao juin 1763. Sa famille, le desti- nant au barreau, lui fit faire avec soin ses études à l'université de Dublin, et son cours de droit à l'école du Temple, à Londres. Tonc s'efforça, par égard pour ses parens , de plier son génie actif aux exigeances d'une profession qui, chaque jour, lui devenait de plus en plus pénible,etlibre bientôt de suivre ses goûts, il se lança dans la carrière hasardeuse de la poli- tique. « Ce qui porta ses premiè- res idées vers celle partie, dit l'auteur d'une notice sur Tone , fut la misère se trouvait plon- gée l'Irlande, l'un des pays les plus éminemment favorisés par la na- ture. Sa situation par rapport au commerce des Indes et de l'Amé- rique, ses ports sûrs et nombreux, sa population très-nombreuse, sa fertilité presque incroyable y ap- pellent les richesses, l'abondance et le bonheur, tandis, qu'au con- traire, languissante sous l'oppres- sion, elle ne sert que de grenier et de magasin à la Grande-Bre- tagne; il vit que l'Irlande était «acrifiée aux Anglais, qui connais- saient et redoutaient ses ressour- ces naturelles et que ce n'était qu'en secouant son joug qu'elle pourrait se relever de sa situation et pren- dre la plaie qui lui est due dans la balance de l'Europe. Il vit que ce qui maintenait le pouvoir politique de l'Anglelerre était, i" I oppifs- sion sous laquelle étaient les ca- t ludiques qui composaient les qua-

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Ire cinquièmes de la nation ; a" la division el la haine qu'entretenait l'Angleterre entre eux et les pro- testansdissidens. Eflectuer l'union cordiale entre ces deux partis fut donc le moyen que se proposa Tone, pour étabUr en Irlande un gouvernement national, sous le- quel ce pays reprendrait son rang. * Tone publia, en 1790, nn écrit ou pamphlet politique contre l'ad- ministration du gouvernement an- glais en Irlande. Cette brochure eut beaucoup de succès, et fit ad- mettre l'auteur, dès qu'il se fut nommé, dans la société des whigs de Belford. Une nouvelle bro- chure, en faveur des catholiques, ne produisit pas* moins de sensa- tion, et détermina le parti oppri- mé, quoique Tone fût anglican, à le nommer secrétaire de son co- mité central. Cette marque de con- fiance l'attacha plus fortement en- core à la cause qu'il avait embras- sée; il rédigea les pétitions, les défenses des catholiques, et fut adjoint à la députation chargée, en 1795, de demander au roi l'a- bolition des lois pénales sous les- quelles ils gémissaient. iMais le principal but de Tone était tou- jours de consolider l'union entre les catholiques et les dissidens qui dominaient dans le Nord , moyen qu'il regardait comme le seul propre à secouer le joug op- pressif de l'Angleterre. Il y réus- sit enfin ; et sur les débris des partis religieux qui avaient si long- temps déchiré son pays, il élablit la société des Irlandais-unis. Li3 gouvernement anglais vit avec ef- iVoi cette association, et Tone fut appelé devant le parlement, le chaiiceUer le traita de « jcrpcnt

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nourri dans le sein de l'état. » Tone, menacé dans sa liberté pour n'avoir pas voulu abandonner le parti des catholiqnes, se retîra en Amérique nu commencement de 1795, empoiiantavec Kii l'estime et les regrets de ses concitoyens. Il ne vécut pas long^- temps dans cet exil volontaire. Son attache- ment aux Irlandais-Unis, et leurs Instances pour appuyet leur cause auprès de la France, l'invilution riîéme que lui fit le gouver- nement directorial de se rendre en France, le déterminèrent il qtiittcr rAménq»»e, et en janvier I7<j6. il était à Paris, il se con* «•ertait avec le général Hoche. Les résultats de leur entrevue lurent les expéditions de la baie de ban- try et du Texel. Il prit alors du service dans l'armée française, t»ilt il devint successivement, mais en jreu de temps, chef de brigade et adjudant-général. Après avoir été employ*; dans ces deux expé- ditions, il passa dans l'armée de Sambre-et- Meuse, puis dans l'ar- niée d'Angleterre, et enfin dans l'expédition du général Hardy. Il avait serfi sotis les généraux Ho- che, Daendels, Bonaparte, Desaix et Kilmaiiie. Lors de cette der- nière expédition, le vaisseau sur lequel il était monté soutint, pendant une journée entière, un combat achar/ié contre 4 vais- seaux de ligne anglais. Il fut pris à la fin. Un des amis de collège de Tone, sir George Hill, gouver- neur de Londondery, le dénonça, dit-on, et par suite, Tone fut con- duit, chargé de cliaines. h Did)!in. Traduit devant une cour martiale, lorsqu'il parut d«'vanl .«es juges, il arracha son uniforme, et dit avec

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indignation : a Ces fers, du moins, ne flétriront pas les signes révérés de fa nation que j'ai servie; je suis plus fier de les porter pour la cau- se que j'ai embrassée, que si j'é- tais décoré d'une étoile ou d'une jarretière. » Le discours qu'il prononça pour sa défense ne dé- lirentit point ces nobles senti- mens,etmême, en le condamnant, ses juges ne purent lui refuser le témoignage de leurs regrets. Il péril on 1798, à lAge de 35 ans , (l'ayant pu obtenir l'honneur d'ê- tre fusillé. « Aimable dans la so- ciété, dit rauleurdela noticedont nous avons déjA parlé, hardi et original dans ses conceptions po- litrques , il ne connaissait ni les difïicuUés ni le découragement. Sa vie active lui laissa peu de loi- sir potir écrire, et le peu d'ouvra- ges qu'il a publiés scuit fous des discu.ssions politiques 5ur les évé- nemens du jour; mais le style brillant et pur, les idées neuves et profondes, les distinguent émi- uenimenl des écrits ordinaires. M. Tone fils a publié, en 181a, à Paris, un petit iu-4°, sous ce litre : Etal civil et poHlufue de l'ilalie sous la domination des Gollis. Cet écrit concourut sur la question ouverte par la classe d'histoi- re et de littérature ancienne de l'institut , et obtint une men- tion honorable. » Quand On con- sidère l'étendue des connaissan- ces, la sagacitéd'csprit qu'exigeait le sujet à traiter, et le mérite de l'ouvrage publié par M. Tone, on est surpris que ce soit l'ouvrage d'un ieune homme de i5 ans.

TOOKE (Wimjvm), savant ec- clésiastique,- et littérateur anglais, membre de la société royale de

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Lontlrcï et de l'académie impé- riale de Saint-Péter!*bourg, csl en 1744- Sa famille voulut lui faire embrasser la profession d'im- primeur, et le fit entrer chez M. Bowyer, habile typographe; mais M. Tooke, qui avait fait de bon- nes études, et qui préférait l'état ecclésiastique, se fit admettre dans les ordres en 1770. Envoyé à Saint-Pétersbourg en qualité de chapelain de la Aiclorerie anglaise, il y remplit avec zèle ses honora- bles fonctions, et profita de ses loisirs pour visiter les bibliothè- ques et les établissemens publics, et se lier avec les hommes les plus instruits la llussie. Il paya noblement cette hospitalité par les ouvrages qu'il composa pen- dant plus de ao ns de séjour à Saint-Pétersbourg , et que nous citerons plus bas. M. Tooke re- tourna à Londres en 1792, et de- puis cette époque, il y a constam- ment résidé. Il a donné, en 1798, comme éditeur, le Dictionnaire général de biographie, i5 vol. in- 8% et a fait insérer des articles re- marquables dans le Gentleman's magazine. En 1814? il est devenu chapelain de sir William Domvil- ie. OndoitàM. ïooke les ouvrage:? suivant: les Amours d'OtlinieL et d' Aclisah, roman en 2 vol. in- 12, 1767; Traduction des ou- vrages de Falconet et de Diderot^ sur la sculpture f in-4% ^777; 5' la Russie ou Histoire complète de toutes les nations qui composent cet empire^ 4 vol. in-S", 1780; ^"Vie de Catherine //, impératrice de Russie, 5 vol. in-8°, 1797; Coup-d'œil sur fempire deRussie, pendant le règne de Catherine II, jusqu'à ta fin du 18° siècle , 5 vol.

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in-8', 1799, ouvrage traduit en français; Histoire de Russie de- puis la fondation de cet empire jus- qu'à f avènement de Catherine II, •2 vol. in-8°, 1800; i;" Description de Pétershourg , trad. de l'alle- mand de Slorch, in-8", 1800.

TOPINO-LEBKUN (Jeas-Bap- tiste), à Marseille, vint jeune ù Paris, et y cultiva Tart de la peinture, pour lequel il avait les plus heureuses dispositions. Il y fit des progrès rapides et devint un des bons élèves du chef de l'école française. Tous ceux qui l'ont connu dans les ateliers de M. David ont rendu justice, non- seulement aux talens que le jeune artiste développa de bonne heure, mais ù son caractère franc, hon- nête, et d'une grande douceur à cette époque. Passionné, comme presque tous les artistes de ce temps, pour les nobles idées d'in- dépendance et de liberté, il em- brassa la cause popnl^re avec en- thousiasme, dès le commencement de la révolution ; mais bientôt sa tète méridionale s'exalta, et son républicanisme devint sombre et soupçonneux. Ami particulier du maire d'Arles, A ntonelle, ci-devant marquis, mais depuis fougueux partisan des opinions les plus exa- gérées, et juré au tribunal révolu- tionnaire, Topino- Lebrun ne vit plus que par les yeux de cet ami. Celui-ci le fit connaître aux chefs de la faction terroriste, qui virent d'abord combien ce jeune homme passionné , pouvait leur devenir utile. Ils le firent nommer, ainsi que son ami, juré au tribunal ré- volutionnaire, où il eut la coupa- ble condescendance de siéger avec des hommes de sang, et de de-

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venir lui-môine rinstrument du crime. Ayant cependant résisté pendant quelques niornens aux ordres des déceinvirs, dans le procès de Camilie-Desnioulin , Hérault de Séchelies et Danton, et n'ayant enfin donné son vote qu'après avoir été menacé de par- tager lui-même le sort des accu- sés, la faction dominante crut ne plus pouvoir compter sur son dé- vouement, et il l'ut écarté de l'o- dieux tribunal. Le remords d'a- voir pris part ù ses actes le pour- suivitjusqu'ùla findesa vie. Sous ki gouvernement directorial, To- pino-Lebrun accompagna Bassal, qui se rendait en Suisse, chargé d'une mission près de ce gouver- nement, et ne s'occupa pendant qjielque temps que de peinture. De retour en France, en 1797, il fit plusieurs tableaux, dont le plus remarquable, la Mort de Calas Graccliiis, fut acheté par le gou- verneiuentet donné au musée de Marseille, ville natale de l'auteur. Cet ouvrage capital aiuionçail un véritable talent ; mais Tartisle abandonna depuis ses pinceaux et sa palette, pour se lancer de nou- veau dans l'arène politique. La révolution du 18 brumaire lui ins- pira une haine violente contre Bo- naparte, et enflamma au plus haut point son ancienne ardeur démo- cratique. Il secrutappelé ù sauver la république, à s'illustrer comme brutus et à immoler le nouveau César. Lié depuis plusieurs années avec le célèbre sculpteur romain Cérachi [voyez ce nom), qui avait conçu le même dessein, ils s'ad- joignirent Aréna, Demervillc et Diana, comme eux ardens répu- blicains. Le premier cotjsul devait

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être poignardé, le 9 novembre

1800, i\ l'Opéra, l'on donnait la première représentation des Horaces, Mais Demerville ayant laissé entrevoir ses projets à son ami Barrère, qui le découvrit au général Lannes, des mesures fu- rent prises en conséquence, et les conjurés, munis de leurs poi- gnards, furent tous arrêtés à l'O- péra même, à l'exception de De- mervillc, qui s'échappa et se ca- cha pendant quelques jours, mais qui se livra bientôt dans l'espoir d'obtenir au moins la vie sauve. Topino-Lebrun, mis en jugement avec ses complices, fut condaniné à mort par le tribunal criminel du la Seine, et exécuté le 5i janvier

1801. Il s'était présenté avec as- surance devant ses juges, ne cher- chant point à nier sa participation au complot qu'on lui imputait, et marcha à l'échafaud avec le calme et le courage qui ne l'avaient point abandonné un seul instant durant une longue procédure, ni pen- dant les derniers jours de sa vie.

TOPSEiXT (J. N. ), cx-Iégis- laleur, capitaine de vaisseau en retraite, etc., se prononça en fa- veur de la révolution, et fut nom- mé, au mois de septembre 1792, par le département de l'Eure, dé- puté à la convention nationale. Il ne prit aucune part au procès de Louis XVI, étanlabsent pour cau- se de maladie. Ses connaissances dansla marine lui firent préférer le travaildesbureaux sur cette matiè- re , dans laquelle il fit plusieurs rapports remarquables. Envoyé en mission dans dilTérens ports, il évita de donner lieu à aucune espèce de plainte , et y réussit entièrement. Il faisait partie de la

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flotte qui, en 1795, sortit porl <le Brest, et fut attaquée par les Anglais. Nommé à son retour ineiiii)re du conseil des anciens, il cessa de fij^urer dans cette as- semblée au mois de mai 1798; à celte époque, il obtint le grade de capitaine de vaisseau, et devint plus tard offîcier de la légion- d'honneur. Mis à la retraite en 1814, il reçut en m&mc temps la croix de Saint-Louis.

TORCY (François), membre des conciles nationaux de France, était prôlre de la doctrine chré- tienne de la maison de Vitry, dé- partement de la Marne; il devint successivement recteur du collège de Sainl-Omer et vicaire -géné- ral de Reims. Il adopta les prin- cipes de la révolution avec sages- se, et dès 1789, il manifesta ses opinions politique? et religieuses, dans lesquelles les excès du régime de la terreur ne l'ont point fait va- rier. Doux et tolérant, il^'elTorça, par s(!S actions et par ses ouvra- ges, de réconcilier les partis, et telle noble mission n'a pas tou- jours élé sans fruit près des hom- mes dignesdecomprendre son zèle apostolique. Il mérita deux fois, en 1797 et en 1801, d'être appelé aux conciles qui se tinrent à Pa- ris. Ce vertueux ecclésiastique mourut en 1806, dans une obscu- rité qu'il avait toujours recher- chée. Ses principales productions sont ï" Eclaircisseviena sur la cons- titution du clergé de France, 1789, in-8°, réimprimé l'année suivante; 9." l'Eglise gallicane vengée de tou- te accusnlion de schisme contre ceux qui l'en accusent, in-8". 1792; Vrais principes sur le mariage, ou lettre à un curé en réponse à

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différentes questions concernant les naissances , les mariages et dé- cès , et la loi du divorce, 1 795 ; 4" accord des institutions républi- caines avec les règles de l'Église.

TORENO ( LE COMTE DE ), mem- bre dcs cortès de 1810 et de 1820, est à Oviédo, dans la princi- pauté des Asturies, le 26 novem- bre. Sa famille est l'une des plus illustres de la province, et il s'est montré , dans sa carrière privé<; comme dans sa carrière politique, l'un des citoyens de l'Espagne les plus distingués par leurs lumiè- res, leurs principes libéraux et leurs hautes qualités personnel- les. Le comte de Toreno a fait d<: brillantes éludes dans la Castille , et particulièrement à Madrid. Les sciences naturelles, les langues sa- vantes et les principaux idiomes de l'Europe (entre autres le français qu'il parle parfaitement bien) oc- cupaient ses veilles studieuses, lorsque, étant à Madrid, le 2 mai 1808, il fut témoin des événe- mens qui s'y passèrent. Bon ci- toyen, homme éclairé, il se vou.i sur le champ aux intérêts natio- naux, et il partit pour sa ville na- tale, où il arriva lors des mou- vemens populaires. Malgré son extrême jeunesse, il reçut de ses concitoyens, dévoués à l'indépen- dance nationale , la mission de se rendre en Angleterre, aGn d'y négocier une alliance entre les cabinets de Londres et de Madrid. Ses efl'orts eurent un plein siiccès. Député, en 1812, à Cadix, par la province de Léon> afin de de- mander !a convocalinu des cor- les , il concourut puissamment , par son énergie, à la création de la régence. La province des Aslu-

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ries le nomma son député; il n'a- vait pas encore atteint l'âge exigé ( 25 ans) pour siéger dans cette assemblée ; mais les coitès l'ad- mirent, néanmoins, en considé- ratioD des services qu'il venait de rendre à la cau^e commune. « Dé- fenseur constant et désintéressé des principes libéraux, disent les auteurs d'une biograpliie étran- gère, il attaqua les droits féo- daux, dont le maintien eût ce- pendant été favorable à ses intérêts personnels, parla en faveur de la liberté de la presse, et se pro- non(;a surtout avec la plus grande force contre l'inquisition. Il con- tribua efïicarement aux disposi- tions qui furent prises pour régu- lariser les finances et rétablir le crédit public ; il eut aussi beau- coup de part à l'abolition des or- dres religieux. Une semblable marche politique ne pouvait man- quer de le signaler à la persécu- tion qui suivit le retour de Fer- dinand VII. Il fut contraint de quitter ses terres, il s'était re- tiré, et de se réfugier en Angle- terre , d'où il pa«sa en Franc»?. Eu mai 181G, il fut arrêté à Paris , probablement à cause de son al- liance avec le brave général Por- lier (voy. ce nom), qui avait épousé sa sœur ; mais II ne tarda pas à être mis en liberté, et les journaux aimoncèrent que son arreslalir)n avait été l'eflel d'une méprise. Il liabita celle capitale jus((u'à l'é- poque où le dévouement intré- pide d'un petit nombre de guer- riers donna enfin à l'Espagne un signal auquel elle répondit tout entière (janvier, février et mars i8ao). Rappelé dans sa patrie, le comte de Toreno a élé nommé

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ambassadeur h Berlin; mais il a refusé cette honorable mission , eu alléguant que ses propriétés , qui avaitnt souffert de son lonyp séjour chez l'élranger, exigeaient sa présence. On assure toute- fois que sa démission a élé re- fusée par le roi , qui s'est borné à lui accorder un congé. » On a cependant rej)roché au comte de Toreno de ne pas avoir sou- tenu parfaitement aux cortès de 1820, le beau caractère qu'il avait développé en 1812. Il s'alié- na , dit-on , les esprits par ses opi- nions politiques . et surtout par ses spéculations de finances. Son oppo- sition aux exallatos avait nui au député aux yeux de queiques-ims; son intervention darts l'emprunt le compromit aux yeux de tous.

TOKMAZOFF (le comte de) , général de cavalerie russe , gou- verneur de Moskow, était jeune encore lorsqu'il fil ses premières armes contre les Perses ; il se si- gnala par son courage et ses ta- lens, et les vainquit dans plusieurs rencontres. Moins heureux dans la campagne de 1794, contre les Polonais, il fut batlu par Koscius- ko à Uaslavicé, entre Cracovie et Varsovie : l'impératrice Cathe- rine Il ne l'en récompensa pas moins par la grand'croix de Sl- >Vladimir et par une épée enri- chie de diamans. Le maréchal Buxhowdefi , gouverneur mili- taire de Riga , forcé , eiî 1807, do quitter son gouvernement , fut remplacé par le général T(»rma- zolV, qui ne vit pa» plus tôt le ma- réchal de retour, qu'il abandonna ses fonctions pour solliciter sa dé- mission , qu'il obtint le 20 no- vembre 1808. A l'époque de Pin-

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vasion de l'empereur Napoléon en Russie , le général ïormazoff comiiiandait un corps destine à <;ouvrir le duché de Varsovie, et pénétra dans la Pologne le iC juillet 1812. Il céda bientôt à la marche impétueuse des Français, et fut obligé de reculer : il atten- dit l'ennemi dans la forte position de Podubna; il y fut battu et éva- cua entièrement le pays. Il reprit sa revanche aii mois de décem- bre , en s'emparant de Grodno , lorsque les troupes françaises , épuisées de fatigues, de froid et de faim , se replièrent sur l'Allema- gne. Il combattit à Lutzen , dans la campagne de i8i5, et y dé- ploya beaucoup de bravoure sans obtenir aucune espèce de succès. Au mois de septembre 1834, il fut nommé gouverneur de ftlos- kow^, en remplacement du comte Kostopchii).

TORNÉ ( Pierre Anasthase ) , évêque constitutionnel, naquit à Tarbes, le 21 janvier 1737, d'une famille dont le chef était juriscon- sulte et officier des eaux et forêts. Le goût que le jeune Torné an- nonça de bonne heure pour les sciences le sauva des dangers d'une mauvaise éducation. A pei- ne sorti de l'enfance, il entra dans la congrégation de la doctrine chrétienne, société rivale des jé- suites , mais cultivant, sans in- trigue, sans ambition, sans into- lénuice, les beaux-arts et l'ensei- gnement, par le seul désii d'être utile et renfermant dans son sein plus de philosophes que de bigots; son activité n'était pointemployée à des objets frivoles. Torné, jeune encore , devint géomètre ; un Traité de Mathématiques, qui de-

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vint classique, fut l'heureux pré- sage de ses talens. D'Alembert 'A Lagrange le jugèrent digne de par- tager leurs travaux. Ses premiè- res années furent passées ainsi au sein d'une société savante, sensi- ble à la gloire et au plaisir obscur de former des enfans. ïorné sen- tit encore le besoin d'instruire des hommes. Une carrière plus vaste s'ofl'ril devant lui; mais il conser- va jusqu'à la fin de sa vie le plus tendre souvenir des leçons et des principes qu'il avait reçus dans cette société vraiment honorable. Dès l'âge de 20 ans, il prépara les matériaux des ouvrages qui de- vaient un jour faire sa réputation. Pfu d'hommes, à cette époque , avaient reçus au même degré les qualités d'un excellent orateur. Il fut armé de bonne heure contre les préjugés; des vues grandes et salutaires s'iissociaient en lui à des expressions vives , sans dé- clamation ni fausse chaleur. Rour- daloue , sur les pas de Rossuet et de Massillon , l'avait devancé : c'était beaucoup que d'oser suivre leurs traces; ce ne fut pas asseï pour Torné. Il sut se former une route nouvelle et laisser après lui la foule d'ouvrages composés sur les mêmes sujets. Jamais il ne connut cette austérité larmoyante qu'on voudrait inutilement faire prendre pour la vertu. La fran- chise avec laquelle il expose une doctrine primitivement fondée sur la tolérance et l'humilité , mais défigurée par l'intérêt, le fanatisme et l'orgueil; le lieu, les circonstances dans lesquels il la produit, toutannonce la fermeté, la noble fierté, qui ne permettent ni de l'oindre ni de dissimuler ;

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mais cet amour des homme? qui rend ennemi de toute persécu- tion : c'est dire assez qu'il se con- damna à une vie retirée. Associé aux travaux littéraires des acadé- mies de Toulouse , de Nanci , d'Orléans, etc., Torné avait été annoncé à Paris; il y jouit d'une considération qu'on a beaucoup depeine à yacquérir, et qu'il con- serva plus dilUcilement encore dans son propre pays. Il s'était affranchi, comme il l'annonce lui- même dans ta préface de ses ser- mons imprimés, d'un exorde mé- thodique et de la forme symétri- que qui coupe le fil de l'aHention quand les sujets peuvent être pré- sentés d'une nianière plus natu- relle. Les temples qu'on avait vus désert•^ ne sulfisaient [las pour contenir les flots de ses auditeurs, lorsque Torné fut appelé à la cour de Louis XV. 11 ne se dissi- mula pas l'étendue de)*^levoirs que lui imposa la puissance ni les incon- véniens attachés à la faveur douce et amère d'annoncer de grandes vérités devant «les courtisans ; ceux, plus j^rands «uicore, de lut- ter contre le torrent des vices et le scandale qui «levaient amener l'explosion des lumières: Torné les exposa avec courage. Simple et .suldime dans ses discours, il eut pour admirateurs le? amis d'une morale qui force la politique à respecter le honheur des indivi- dus; on applaudit, même à la cour, ce pas«;.gede la fidélité duc aux souverains : « Ne croyez pas » que par iine inviolable fidélité, » j'enlende ici une aveugle obéis- » sauce aux ordres justes ou in- justes de non maîtres, ime dé- 0 pendanoe toujours prête à leur

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» sacrifier les lois sacrées de l'é- » tat, à étouffer, pour les servir, » les cris de la conscience. Qui » oserait donner le beau norn de » fidélité l'i cette lâcheté honteuse » et sacrilège? Père, mère, maître, » souverain, ne doivent être obéis » au préjudice de lu loi ; hésiter » dans le choix serait un crime : B disgrâces, châlimens , prisons , « martyre , il faut tout souffrir courageusement, tel est l'exem- pie à jamais mémorable de la » légion thébéene. » Ue grands einplois, l'honneur de partager la dégradation des boyards de Ver- sailles ne peuvent retenir Torné : la faveur, bien loin de l'éblouir, lui devient importime ; le calme de la solitude, dont il avait joui du- rant plus de vingt ans, convenait mieux à son âme. Il choisit pour demeure le prieuré de Saint-Paul, à l'entrée de la vallée de G;impan, L'oraison lunèbre de Louis XV , qu'il prononça devant l'assemblée des états de Bigorre. ne fut pas du moins souillée par la flatterie qui j>oursuit les rois jusqu'au tom- beau. Mais rien n'a pu exruser Torné auprès de l'ignorance pri- vilégiée ; elle ne lui pardonna ja- mais ni la supériorité de ses talens, ni sa noble franchise ; les senii- mens qu'il professait devaient lui attirer de nombreux ennemis , tout autre en aurait été effrayé ; il était dans sa destinée de mar- cher entre l'admiration et la jalou- sie. La malignité ne supportait pas un prieur aimable qui riait des superstitions, donnait des grâ- ces à la raison et de la gaîlé an bon sens : -riiu» ue lui imposait si- lence sur ce qu'il croy.iit raisonna- ble et juste. Il nttenditit des jours

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nouveaux;ces jours brillèrent pour lui, il les avait prévus en arra- ihanl la preniiîire pierre de l'édi- fice réoiJal. Torné présenta à ras- semblée nationale ranal3'se exac- te des cahiers des députés. On retrouva dans tous ses écrits la même indépendance de la pensée, ce même bonheur d'expression qui le distinguent. Le département du Cher, sans le secours des bri- gues et des ressorts toujours visi- bles de la séduction , l'appela aux fonctions épiscopales. Trop digne pour les refuser, il ne céda à ce vœu que par cet amour du bien public, auquel il savait tout sa- crifier. Son premier soin en arri- vant :\ Bourges, fut d'ôler tout prétexte à ceux qui , en excitant les discordes civiles, se plai- gnaient des désordres qu'ils fai- saient naître par leurs clameurs et leurs imprudentes provocatiotis. Pontife citoyen, président du dé- partement, il lui procura, par sa modération et ses travaux, un repos trop com[)romis ailleurs. Appelé en 1790 à l'assemblée lé- gislative , Torné n'employa pour maintenir la dignité de la repré- sentation nationale, que la su- périorité de ses talens et celle de ses conseils. Indifférent pour les richesses et pour toutes les digni- tés , il n'aspirait qu'à jouir des sentimens tendres et de la félicité domestique , adoucissement aux uiaux de la vie dans les consola- tions et l'union des âmes tendres, que Home uîoderne a elle-même sanctifiée. Lorsque la liberté pa- rut se livrer à des excès qui pou- vaient la perdre , ou ofiVir à ses ♦^nnenxis tant de ressources contre elle , des causes trop connues

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pour les rappeler, ramenèrent l'é vêque du Cher au sein de sa pa- trie. Tout autre que Torné, en ac- ceptant la modique place de bi- bliothécaire de l'école centrale de Tarbes , aurait cru faire le sacri- fice de son amour-propre. Torné éprouva cette vérité de l'orateur romain, que les belles-lettres con- solent puissamment au fort de nos revers. Il conservait tout le feu de la jeunesse, son cœur n'avait pas vieilli ; sa vie fut un travail con- tinuel ; son âme, pleine d'images douces et riantes , était plus à ses amis qu'.-^ lui-même. Personne n'encourageait les jeunfts talens avec plus de plaisir, personne ne rendait plus de justice à sesrivaiix. Jamais il n'éprouva la crainte ni aucun des tourmens ordinaires du cœur humain, et cet homme a traîné le poids d'une affreuse mi- sère. Sa fortune ayant souffert la réduction commune et des mal- heurs particuliers, il dut l'exis- tence de ses derniers jours à une femme douée des charmes de l'es- prit, que donnent l'énergie et la constante ami tié(madame Cl a rac). Torné n'aperçut pas la tnort qui vint le frapper; i! s'endormit du sommeil éternel à Tarbes, dans l'a- sile d'un ami (M. Merens), qui l'a- vait retiré chez lui, le 25 nivôse de l'an 5 cîe la république fran- çaise, âgé d'environ 70 ans.

TORO ( LE MARQUIS DEL ) , i'i

Caraccas vers 17O9. d'une famille distinguée, était colonel, cheva- lier de l'ordre de Charles III. et recteur de la municipalité de Ca- raccas , à l'époque de la révolu- lion de 1808, et au moment mê- me où les corlès et le frère de l'empereur {voy. Bonaparte-Jo-

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ïeph) se ilisputaient le liôiie tl'Es- quand il eut besoin de retiforts et pagne; il se rangea à l'iivis de d'approvisionnemens , il lui fut ceux qui voulaient un gouvern*;- impossible de s'en procurer; d'un ment indépendant de ees deux autre côté , les mauvais temps i'.utorités, et fut arrêté, en 1808 , l'empêchèrent d'exécuter l'atla- corame signataire d'une pétition que projetée contre la Vêla de qui tendait à établir, dans la pro- (îoro; le marquis del Toro, obligé vince de Venezuela, une junte ri- de battre en retraite, n'échapj)a vale de celle d'Espagne. Sa cap- qu'avec peine aux difficultés qu'il tivité ne dura que quelques jours, rencontra, et manqua totalement néanmoins il resta étranger. aux le but de son entreprise, l/annéc affaires jusqu'au moment la suivante , chargé de réduire la municipalité de Caraccas, s'étant ville de Valencia, qtie les Espa- réunie aux députés nommés par gnols qu'elle renfermait dans son le peuple, prit les rênes du gou- sein avaient obligée de se séparer verneinent sous le nom de junte de la république de Venezuela, il suprême, en reconnaissant toute- ne força qu'avec peine, et une fois la souveraineté de Ferdinand perle considérable, le passage qui VII. Tel fut, le 19 avril 1810, le y conduisait; son gouvernement , signal de la révolution, auquel qui commençait à douter de son répondirent les autres provinces habileté, le rappela, et lui don de l'état de Venezuela. Les agens na pour successeur le fameux de la métropole, voulant arrêter Miranda [voy. ce nom). Dès-lors cet élan patriotique, prirent des le marquis del Toro duT craindre mesures de rigueur pour le rél;i- de tomber entre les mains des blîssement de la monarchie abso- espagnols; il chercha son salut lue dans celte contrée. Le gou- dans la fuite, et se retira à la Tri- verneur royal de Maracaybo me- nilé , il vécut long-temps des naça en même temps les déparie- secours de sa famille, lous ses mens de Mérida et de Truxillo, biens ayant été confisqués par or- au secours desquels la junte su- dre du roi. On crut un instant prênie envoya le marquis del que les événemensqui eurent lieu Toro à la lêle d'un corps de trou- en Espagne, en 1820 , auraient pcs. Celui-ci négocia d'abord avec quelque influence sur le Nou- le gouverneur pour l'amener à veau-Monde, et que les haines, son parti ; n'ayant pu réussir, il les vengeances , disparaîtraient marcha contre le déparlement de pour faire place à la paix, si né- (îoro, et entra sur son territoire cessaire aux deux parti». Cet cs- en riovembrc 18m. Son expédi- poir s'est évanoui; le Nouveau- lion, qui eu\ d'abord du succès, Monde a été obligé de conquérir échoua par le peu de précautions son indépendance, et les derniers que prit le cherjiour la faire réus- succès de IJolivar( i8a5) paraissent sir; il s'était enfoncé dans un pays l'avoirassuréepour jamais, Lemar- sauvage et sablonneux, sans échc- quis del Toro, qui y' a c(uicouru louiier ses Irouprs. pour asstir(;r «h; tous ses nmyens dans des cir- scs communicaliuus, d«; sorte que, con.slaiices dilliciles, doit recueil-

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lir aujourd'hui, au iniluiu de ses concitoyens, le fruit de ses ef- forts.

TORO ( DON Ferdinand del ) , frère du précédent, ne à Carac- cas en 1779, passa fort jeune en Jlspngne, il servit dans Taruiée de terre jusqu'en 1811. Il revint à cette époque à Caraccas avec le grade de colonel, l'emploi de sous-inspecteur-général et la dé- coration de Tordre de Charles III. Au moment les idées d'indé- pendance se manifestèrent dans l'Amérique, il se montra leur par- tisan, prit rang parmi leurs dé- fenseurs, et combattit avec beau- coup de courage sous les ordres du général Miranda. 11 contribua aussi puissamment à la prise de Valeucia ; mais au rTioment où, emporté par sa valeur, il attaquait une batterie royaliste, il eut les deux jaiilbes coupées par un bou- let de canon. Ayant survécu à l'ampulation , mais hors d'état de servir sa patrie , il prit le parti de se retirer avec son frère à l'île de la Trinité, il resta jusqu'au moment il lui fut permis d'al- ler jouir dans sa patrie de la li- berté qu'elle avait si glorieuse- ment conquise. Il est générale- ment regardé comme un très-bon militaire.

TOaRE (Bernard de la), évo- que de Casteilamare, à Naples en 1746? embrassa Pétat ecclé- siastique, en quittant le barreau, auquel il était destiné. Il se forma dans le séminaire métropolitain, il occupa ensuite une chaire de pliilosophie et la place de di- recteur de l'académie apologéti- que do la religion catholique. En 1791 , il fut élevé au siège épis-

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copal le Marsico-Nuovo, en Basi- liuate Plein de zèlt; pourl'éduca- tiou du clergé,doiit l'instruction lui pa.-aissait le meilleur moyen pour rendre la religion respectable, son premier soin fut d'organiser un séminaire, qu'il légua à son successeur, lorsquil fut appelé à gouverner l'égli-e de Letlere et de Gragnano. Celle nouvelle des- tination le rapj.irucha de la capi- tale, et le mit par en élat <le se charger de quel(|ues travaux ex- traordinaires. Le gouvernement napolitain le nomma membre d'u- ne commission d'évêques, créée poi;r discuter les affaires ecclésias- tiques du royaume, et Pie VI, en partant de Rome, lui donna une marque d'estime, en le choisissant pour son légat apostolique. Pen- dant les troubles politiques qui eurent lieu à ISaples en 1799, ce sage prélat sut par sa prudence et ses conseil», calmer TefTervescen- ce populaire, et il renouvela l'exemple de l'évêque d'Imola {voj. Pie VII), en rappelant ses ouailles à l'obéissance des lois. Mais comme dans une lettre pas- torale, adressée à ses diocésains, il avait prouvé la compatibilité de la religion catluilique avec le gou- vernement républicain, au retour de la cour de Siciie, il fut arrêté et jeté dans un cachot, dont il ne sortit que pour être condamné à l'exil. Chassé de sa patrie, qu'il a- vait édifiée par sa piété, il vint chercher un asile en France, il se fit chérir par la douceur de son caractère. Après la paix de Flo- rence (en 1800), il lui fut permis de rentrer dans ses foyers, mais il préféra d'aller vivre à Rome, il resta jusqu'à l'année 1806 ^

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que le royaume de Naple» retoin- i)a 80US la domination élraDgère. Joseph Bonaparle, qui, en mon- tant sur le trône, avait été obligé de donner un exem|)le de ferme- lé, en éloignant de ses étals le cardinal archevêque {voy. Ruffo- Louis), le Ot remplacer par l'évê- que de Gragnano, qui prit le litre de grand-vicaire, et remplit ces fonctions pendant tout le règne de Joseph et de Joachim (voy. Mu- BAT.) Le séminaire de cette ville reput alors une nouvelle organi- sation; les prêtres, les curés, et toutes le» classes de l'ordre ecclé- siastique, présentèrent le specla- ble bien rare dans un pays catho- lique, de la tolérance, de la cha- rité et de la soumission aux lois. Pfacé à la tête du comité-général de bienfaisance, Rernard de la Torre eut soin des pauvres, qui ne le trouvèrent jamais sourd à leurs plaintes. Il était habitué à parla- i^er son bien avec les malheu- reux, et on l'avait déjà vu, dans une année de discite, épui,»er tou- tes ses ressources, réformer sa ta- ble, vendre sa voiture, ses che- vaux, et jusqu'à son anneau épis- copal, pour répandre en abondan- ce les aumônes. Le roi Joachim rendit honimage à se» vi-rtus , en le nommant aumônier de ses en- fans, et en le décorant du grand- cordon de l'ordre des Deux-Sici- les. Au retour de Ferdinand IV, en i8i5, le grand-vicaire de Na- ples se relira dans son diocèse, il ne s'occupa <jue des devoirs de son ministère. Lorsque, iiar l'effet du concordai conclu, en 1818, entre le roi de Naples et la cour de Rome, le sieste de Lettere et (iragnano fut réuni à l'églijc

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de Caslellammare, ce digne é- vêque se transporta dans sa nou- velle résidence, et songeait déjà à la fondation d'un séminaire. Frappé d'un coup d'apoplexie, il mourut à Portici , le 28 mai 1820. Il a laissé un traité sur les Caractères des incrédules , pu- blié en 1779; "" poëme sur le rétablissement du christianisme , imprimé en 1816, et un ouvrage sur la f^érité de la religion chré- tienne, qui n'a paru qu'après sa mort.

ÏORRÈS (Louis DA MoTTA Tko ET ) , genlilhomme de la maison de roi de Portugal, de son con- seil , et vice-amiral dans la ma- rine portugaise, naquit à Lisbonne le 16 mars 1769; troisième ûls d'un autre du même nom , grand- trésorier de Leuta et gouverneur du Ceara, grand au Brésil, et de dona Anne d'Azevedo Continho, il descendait par son père de Mem Gundar la Motte , gentilhomme français , compagnon <lu comle Henri de Portugal. Entré dans le corps (le la marine dès l'ûge de i4 ans, il fit ses études à l'académie des gardes-marines, y obtint les prix en trois différens examens, ayant subi le dernier devant S. M. la reine régnante de Portugal, Marie 1", les princes feu dom Joseph et dom Jean, aujourd'hui roi. Lieutenant de mer en 1788, brigadier d'une compagnie des gardes - marines embarqués , et capitaine-lieutenant en 1791 , il servit constamment, du 24 avril 1786 jusqu'en 1790, sur les vais- seaux le Uon Succès, les Plaisirs, la Conception , la Méduse , la Marie première, et sur les frégates le Prince du Brésil , la Minerve,

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le Saint-Raphaël et la Charlotte, lesquels firent partie des flottes qui, dans le temps, furent em- ployées sous divers chefs à la croisière du détroit de Gibraltar et à Naples, Calheri, etc. Capitaine de frégate en 1793, il s'embarqua sur la Reine de Portugal ^ un des vaisseaux de l'escadre du contre- amiral A. J. do Valle, escadre qui, unie à celle d'Angleterre , com- mandée par l'amiral lord How, s'occupa à croiser sur les cô- tes de France et d'Angleterre jus- qu'en 1795 ; bientôt il eut le com- mandement du brick le Lièvre, de 22 canons, sur lequel il fut à Gi- braltar, Ceuta et Tetuan; capi- taine de mer et de guerre en 1 796, et commandant la frégate VUlysse, il fut à Marrocos conduire des ca- deaux pour l'empereur, et retour- na à Lisbonne, après sa commis- sion, avec i4 hommes en état de service, à cause d'une épidémie déclarée à bord de la frégate. Déji\ chef de division, il fut em- ployé à la défense du port de la capitale en 1797, 1798 et 1799; eut sous ses ordres une flottille de canonnières et des barques flottantes, et la première division du corps, Brigade Royale des ma- rines, et après, en l'absence du général marquis de Niza, toutes les trois divisions du même corps, qu'il organisa. Le i5 mars 1800, il partit de Lisbonne pour le Bré- sil, sur la frégate l'^^mazone, com- mandant un convoi de sept vais- seaux de guerre et de cent quatre vaisseaux marchands; ce convoi, le plus riche qui soit sorti du Por- tugal, arriva heureusement aux ports de sa destiriation , il mouilla avec ceux qui étaient pour

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Bahia , en juillet de la même année , sa frégate ayant ouvert une voie d'eau de trente pouces par heure. Il continua à servir dans la station d'Amérique, et y fut chargé de bloquer Rio de la Ptata, ayant sous ses ordres la Marie première ; ce service, dans une saison très-orageuse , dura plus de trois mois, et il y prit un brick espagnol. Pendant la paix, il gouverna la capitainerie de la Paraiba du Nord au Brésil, il se fit aimer par son gouverne- ment sage et populaire; chargé par le prince -régent de deman- der aux peuples une souscrip- tion pour les besoins de l'état, il commença par mettre son nom à la tête de la souscription pour 6,25o fr. , et son exemple étant généralement suivi, il envoya en Portugal la somme de i5o,ooo fr. En décembre i8o5, il fut envoyé à Gibraltar prendre le comman- dement de la flotte du détroit , composée de deux vaisseaux, deux frégates et deux bricks , et en même temps chargé d'aller à Ar- gel pour faire la paix avec le bey; déployant son pavillon sur la Reine de Portugal, il débarqua en Argel dans son canot, y resta sept jours, et ne put rien faire, à cause des prétentions inouïes de ces bar- bares; alors retournant à bord, il établit des croisières si actives , qu'i^ prit deux corsaires arge- liens, et en bloqua deux autres si étroitement, un à Saint-Lucar de Bararaeda, et l'autre à Arzilla . qu'ils furent obligés de se rendre. Cette flotte prit aussi trois polo- naises sur les forces de Tripoli, pour venger l'insulte qu'ilsavaient faite au pavilIonportugais,en emmenant

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un bSlirnent d'Hambourg, ancré prèsdu forld'Ericeira. N'ayant pas suivi la famille royale au Brésil en 1807, ù cause de la mauvaise volonté du ministre de la marine d'alors, il montra , en 1808, son patriotisme , donnant pour les be- soins de la guerre 8,2.57 francs en argent, quelques ustensils et un bon cheval pour la cavalerie, et il prit aussi le commandement d'une brigade des légions natio- nales. En 181 1 , il partit pour Rio de Janeiro par ordre du prince, lequel, à son arrivée, le fil com- mandeur de l'ordre de Saint-Be- noît d'Avis. Contre - amiral en 1812, il fut nommé capitaine- général du royaiune d'Angola, en Afrique, en iHi5. Une belle pro- menade publique, une grande halle aux comestibles, l'agrandis- sement de la place du palais, des avenues d'arbres plantés, les for- teresses et les casernes réparées , et surtout l'intérêt que lui inspira rhôpital royal de la Miséricorde , lequel était entièrement dénué de tout le nécessaire, et pour lequel il obtint une souscription de 85,ooo fr., y entrant avec 5,760 IV. , ce qui lui donna les moyens d'approvisionner l'hôpital et de laisser encore de l'argent à son successeur ; ces belles actions , jointes à ses manières populaires et à son désintéressement, rendront à jamais s&n nom célèbre dans ce pays. Vice-amiral en 1818, il re- tourna à Rio de .laneiro en 1819, et y fut nonmié, en 1820, con- seiller de guerre dans le conseil supérieur et militaire. Accompa- gnant le roi pour le Pfirttigal , eu i8*ii, il y fut employé dans le conseil de l'amirauté jusqu'à son

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extinction ; alors se retirant che^ lui, il ne put survivre au total anéantissement de la monarchie portugaise, et il est mort le 26 mai 1823. Sa perle, vivement regrettée par son roi et par ses camarades, prive la nation por- tugaise d'un de ses meilleurs ofli- ciers de marine. 11 laissa de sa femme, née M"" Falcao Wanzel- 1er, un fils, aujourd'hui major, et deux filles.

TOLlLAN (Pierre- Antoine), naquit à Toulouse en 1761, et non à Bordeaux comme l'a avancé sans fondement la biographie mo- derne d(j libraire Eymery. Il était domicilié <lans la capitale de la Guienne quand la révolution é- clata. Les principes du nouvel or- dre de choses charmèrent l'iime ardente de Toulan; il se montra enthousiaste à l'excès de la régé- nération politique, et partit pour Paris, afin, disait-il, de l'admirer de plus près. Son zèle parut digne de récompensée; on lui donna une place lucrative dans l'administra- tion des biens des émigrés. Quel- ques chefs de parti de celte épo- que, croyant pouvoir l'employer utilement dans leurs inlérêls, le firent comprendre au nombre des membres de la commune de Pa- ris. Après le 10 août 1792, Louis XVI et sa famillle ayant été cou- duilsauTemple, leur garde fut con- fiée aux officiers municipaux de la ville. Toulan ne j)ut voir de près celle grande infortune sans la secourir autant qu'il dépendrait de lui. Bientôt même un motif plus impétueux encore se joignit ■\ ce senlimrnt généreux , car un voile mystérieux couvre une partie des actions de Toulan; Il

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parvint à faire connaître à la reine qn'ello pondait compter ïur sa fidélité, et dès lors il la servit avec zèle. Voici ce qu'en dit Cléry dans 5es Mémoires : « Un jeune homme, nommé Toulan, que je croyais à ses propos un des pins grands ennemis de la famille royale, vint un jour près de moi, et me «errant la main: Je ne puis, me dit-il avec mystère, par- ler aujourd'hui à la reine à cause de mes camarades; prévenez-la que la commission dont elle nj'a chargé est faite; que dans quel- ques jours je serai de service, et qu'alors je lui porterai la répon- se. Etonné de Tent u'Ire parler ainsi, et craignant qu'il ne me tendît un piège: Monsieur, lui dis-je, vous vous trompez, vous vous trompez en vous adressant à moi pour de pareilles commis- sions. — r Non , je ne me trompe pas, répliqua-t-il en me serrant la main avec plus de force , et il se retira. Je rendis compte à la reine decette conversation : vous pouvez vous fier àToulan, me dit-elle. » M. Hue, dans son ouvrage, parle également avec éloge de ce jeune homme, dont les efforts généreux ne furent pas couronnés du suc- cès. Il servit à entretenir la cor- respondance de la reine avec ses amis du dehors; mais trop d'em- pressement, des manières trop respectueuses envers les augustes prisonniers, perdirent Toulan : ii éveilla les soupçons des espions nombreux dont la tour du Temple était environnée; on l'arrêta, ainsi ijue neuf autres officiers munici- paux, accusés comme lui d'avoir voulu favoriser l'évasion de Mar ie- Ântoinette, et le tribunal révolu-

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tiunnaire de Paris le condamna la peine de mort le 3o juin 1794. T013L0NGE0N ( le vicomte François-Emmanuel de ) , ancien colonel de chasseurs, membre de l'assemblée constituante et du corps-légiïlatif, membre de l'ins- titut, commandant de la légion- d'honneur, naquit à Champlite , près de Gray, département de la Haute-Saône, Destiné par sa nais- sance à la carrière des armes, il fit néanmoins des études très-dis- tinguées , et entra de bonne heure au service. Il employait ses nom- breux loisirs à cultiver les lettres, et se fil connaître bientôt par son mérite comme écrivain. il donna une preuve de ses talens, dit M. Grappin, secrétaire perpétuel de l'académie de Besançon , lors- qn'après la séance publique du 3o juin 1779, dans une réunion des membres de l'académie et des chefs de corps militaires , en l'hô- tel de M. le maréchal de Ségur, qui avait été installé ce jour-li même à l'académie , M. de Tou- longeon lut rme pièce de poésie qui fut tellement goûtée, que dans celte réunion même, on lui des- tina, par acclamation, la premièr« place d'académicien qui viendrait à vaquer. Ce poëme était une al- légorie fine et ingénieuse sur la retraite de Mars au l'arnasse, dont il ne fut pas difficile de faire l'ap- plication. Nommé académicien ti- tulaire le k" décembre de la même année, M. de Toulongeen prit sa place à la séance publique qui eut lieu cinq jotirs après. Son dis- cours de réception fut un chef- d'œuvre de délicatesse et de goût, qu'une extrême modestie relevait encore. C'est une harangue êlo-

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qucnte sont développées ton- tes les nuances de l'esprit, l'o- rateur observe son influence sur les ouvrajjes inCMne de génie , et présente en quoique sorte l'his- toire de l'esprit pour le siècle qui vient de s'écouler, o Le génie crée , disait M. de ïoulongeon , l'imagination invente; le talent se fixant sur un objet déterminé, produit , exécute ; . le jugement apprécie et choisit; l'esprit plane sur toutes ces facultés de l'âme,

embellit et perfectionne De

toutes nos facultés , c'est la plus perfectible ; il s'approprie tout, il louche à tout ; et tandis que le génie , dédaignant les secours étrangers, s'éliiuce par ses seules forces, se siiflit et s'alimente par sa propre substance, l'esprit se met à sa suite , observe ses écarts, les évite, s'enrichit de tout ce qu'il néglige, ajoute la beauté des for- n)es à la richesse de la matière , copie les traits origiiiaux de son rival, et Cuit par lui ressembler assez pour oser se mettre à sa place. Tout ce qu'il a touché n'est pas or; mais tout ce qu'il louche en prend la couleur. » Que j'ai- merais à suivre M. deToulongeon dans l'analyse qu'il fait de l'es- prit, de» prodiges qu'il enfante, de SCS erreurs ! A ses yeux, Vol- taire eut le pas sur tout ses ému- les, parce que ceux-là n'avaient qu'un genre, et que tous les gen- res étaient de son domaine. « Il porta le sceptre de la littérature , qui, pcndatit quarante ans, avait été dans les maitts de Fontenelle, mais que Voltaire surpassa par lu variété de se» connaissances et par le brillant de son esprit. Fon- tenelle, donnant le ])u:! à l'humuie

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d'esprit sur l'homme savant , s'é- tait borné i\ mettre l'esprit à la mode , et à dépouiller la science et l'érudition du costume impo- sant qui tenait l'esprit éloip;né d'elles. Son esprit, tout en agré- ment et en grâce, paraissait con- sacré tout entier à la société. Il n'employait qu'une tournure fa- cile et légère, et n'humiliait Ri- mais les préventions... Le bel es- prit, dit enclore M. de Toulon- geon, l'esprit des mois était déjà tombé; Molière en avait fait jus- tice. Il fallut que l'esprit cherchât de nouveaux domaines; il s'em- para de la poésie, puis de la phi- losophie; et ce sont peut-être les deux élémens qui lui convenaient le mieux , parce que l'un apparte- nait à l'imagination , et l'autre au raisonnement. L'esprit, qui de sa nature est imitateur, produisit dès-lors une quantité d'ouvrages brillans par l'élégance et la légè- reté; mais ou ne vit presque plus s'élever ces monumeris du génie, tels qu'en avait donné le siècle de Louis XIV. La poésie, alors sim- ple et correcte, devint précieuse cl maniérée; les grâces y présidè- rent encore, mais leur nudité anti- que se chargea d'ornemens. L'es- prit fit hur la poésie l'effet qu'elle fait ordinaire ment su ries hommes: il altéra le caractère , on saisit mieux les nuances, mais les grand» traits se {)erdirent. Montesquieu est le premier qui appliqua l'es- prit à la philosophie, comme Des- cartes avait appliqué le premier l'algèbre à la géométrie. La phi- losophie y gagna ; l'esprit , qui est entreprenant , loi communi(|ua son audace ; elle parla plus hatil, elle osa dire tout ce qu'elle crui

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une vérité; et en cc!a . ses inten- tions excusèrent ses erreurs

Mais l'esprit et la philosophie ne se réunirent jamais avec plus d'a- vantage que dans le Télémaque de Fénélon, pour donner au mon- de leur ohel-d'œuvrc. L'esprit y a prêté à la philosophie toutes ses grâces, et a reçu d'<lle toute sa vSOiiidité Fontenelle avait ame- né la mode de l'esprit; Helvétius amena celle de la philosophie, et la philosophie , autrefois retirée dans le cabinet des sages, se ré- pandit dans la société. Mais quelle lut son influence ? Et l'esprit et la philosophie, en étendant la masse des lumières, ajoutèrent-ils aux vertus, ou du moins au bonheur

des hommes? » Ce discours

n'a pas été publié. Dans la même séance ( 5o juin 1779), il lut une imitation de deux idylles de Gessner, qui fut très-applaudie. M. de Toulongeon était, avant la révolution, colonel de soo régi- ment. Il se montra philosophe à une époque rien n'annonçait que les principes philosophiques détruiraient un jour les préjugés et le vieil édifice de la monarchie. Non content d'avoir rendu libre vses vassaux, il écrivit pour la li- berté générale. En 1788, il avait déjà prouvé qu'il était l'ami du peuple dans ses Principes naturels et constitutifs des assemblées na- tionales, ouvrage qu'il fit circuler avant la tenue des états-généraux, avant même les états de Franche- Comté , qui les précédèrent im- médiatement. )> On y voit un rai- sonneur profond, calciilant, d'a- près les monumcns de l'histoire . les droits des peuples et des sou- verains , fixant aux princes l'éten-

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due de liMir autorité, au clergé e> A la noblesse ce qu'ils pouvaient légitimenient revendiquer de pri- vilèges , mais reconnaissant dans le peuple la principale force de l'état; d'où il conclut la nécessité de soulager cette partie intéres- sante de la nation, et de la ren- dre habile aux dignités dont la perspective seule pourrait la con- duire à de grandes actions , et accroître par conséquent la gloire de l'empire. » Député aux étals- généraux, en 1789, par la no- blesse de la Franche-Comté , il y partagea les principes de la mi- norité de son ordre, et néanmoins il s'efforça d'excuser le? protesta- tions du clergé et de la noblesse, qui se croyaient liés par leurs sermens. Ce fut M. de Toulon- geon qui , au mois de septembre 1789, proposa de soumettre la déclaration des droits à la sanc- tion de Louis XVL II rédigea, le 26 janvier 1790, le décret por- tant qu'aucun membre de l'as- semblée, même en donnant sa démission, ne pourrait accepter d'emploi de la cour. Dans la séance du 12 avril, il demanda l'ordre du jour sur la proposition tendant à déclarer la religion ca- tholique religion dominante. Au mois de janvier 1791 , il se plai- gnit de l'inscription de son nom parmi ceux du club monarchique, et s'opposa à ce que les membres de l'assemblée fussent rééligibles aux assemblées suivantes. Il in- sista, au mois de jtiin, pour que le droit de faire grâce fût conser- vé au roi. Le 2^ du même mois, il demanda que ce prince, qui ve- nait d'être ramené de Varennes, fût trailé avec le respect cl les

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égards que méritaient son carac- tère. Sa noble conduite dans l'as- seiTiblée lui valut des témoignages éclatans de l'estime de ses conci- toyens , lorsqu'à la fin de la ses- sion J1 retourna à Gray, était son régiment. Des lettres de bour- geoisie lui lurent offerles dans une boîte d'or, témoignages civi- ques dont il était si bien capable de sentir tout le prix. Plus tard, en 1796, il devint membre de l'institut national, mien 1802, le déparlement de la Nièvre le nom- ma candid.it au corps-législatif, il fut réélu par le même dé- partement en 1809. ^I' ^*^ Tou- longeon mourut à Paris, le aS décembre 1812, dans la G'i' an- née de son Age. Ses restes furent déposés au cimetière de Mont- martre , on lui éleva un mo- nument. 0 II fut universellement regretté pour son caractère hono- raW* et toujours indépend;ml , pour H's mœurs douces et pures, enfin, pour son attachement sin- cère à la cause de la liberté. 0 Les principaux ouvrages de M. de Toulongeon sont : Histoire de France, depuis i^Sy jusqu'à l'é- poffue du consulat. Sans préjuges comme sans acception de person- nes, il écrit ce qu'il a vu, et il avait tout observé. » Toujours éloigné des extrêmes , il eut le bon esprit de n'épouser aucune des factions qui déchiraient nos assemblées nationales, et de se trouver ainsi au milieu des événemens qu'il se proposait de faire connaître, et k la distance nécessaire pour en apercevoir les causes ; aussi a-t-II décrit les causes et les effets avec cette véracité, celte impartialité, cette pureté de style, qui font le

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bon historien. Tout intéresse dans cet ouvrage. L'auteur y traite en maître jusqu'à la partie militaire, ne déguisant point les fautes de quelques généraux , et rendant hommage à l'habileté des autres. Toutes les actions de guerre, im- portantes par leurs résultats, pa- raissent sur des plans particuliers; les marches - manœuvres , sur des cartes lopogranhiques, et les opé- rations combinées des armées , sont réduites sur des cartes géo- graphiques , de manière à en pré- fienler l'ensemble. Celle histoire de France est divisée par épo- ques, et suivie de pièces justifi- catives, dont la plupart étaient inédites , mais toutes remarqua- bles par leur liaison aux faits et par leur rapprochement des évé- nemens rapportés dans le texte. C'est, sinon l'histoire la plus com- plète ^ du moins la plus impar- tiale ,*la mieux raisnnnée, la plus étnyée de inonumens, et l'imn des mieux écrites de toutes celles qui ont paru sur le même sujet. Manuel révolutionnaire ou Pen- sées morales sur la situation poli- tique des peuples en révolution, tradijit en allemand ; Plan d'une institution militaire et na- tionale de l'armée française ; l\° plusieurs Mémoires sur l'esprit public; sur le régime diététique d'une nation; sur son état politi- que ; sur l'usage du numéraire dans un grand état; sur les épo- ques de la révolution ; sur le droit naturel dans les institutiim* poli- tiques ; sur la question : Comment peut-on assurer la libnrté indivi- duelle dans \n\ état représentatif, ejc. Ces mémoires furent lus à la classe des sciences morales de

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l'institut , dont il était devenu membre ; le recueil de ce corps savant renferme encore, du inêuio auteur, plusieurs autres Mémoires sur l'analyse des idées et des sen- sations ; sur la mémoire, etc. une traduction en vers du 3* livre de l'Iliade, le discours pré- liminaire de l'atlas militaire; un mémoire sur Vesprit, dont on a dit, dans le temps, qu'il était écrit avec la chose même ; d'au- tres mémoires sur l'état actuel de l'agriculture, sur la fondation et l'établissement des colonies nou- velles. A la classe d'histoire et de littérature ancienne, un mémoire ayant pour litre : de la traduction des anciens poètes épiques et de l'harmonie imilative ; une notice sur le ré«:ime et la discipline des amphithéâtres romains; une se- conde sur les {wiucipales familles de Rome; un essai stir les pério- des de la civilisation des peuples ; une traduction en vers de la 4" sa- tire de Perse; des notes sur Ho- mère: d'autres sur les mots y^//<î- manl et Germqni. A la première classe de l'inslitut, un mémoire sur les inconvéniens des moulins et usines établis sur les petites riviè- res , et à la classe de littérature et beaux-arts, un mémoire sur Vin- fluence de la liberté publique sur les arts , et réciproquement ; en j8o3, il a publié deux volumes, qui ont été suivis de sept autres , sous le titre de Manuel du Mu- séum,français : c'est une descrip- tion analytique et raisonnée des monumeus conservés au Mms^w/h, ornée d'une gravure au trait de chacun des tableaux; une tra- duction des Commentaires de Cé- sar, 2 vol. in-8", ouvrage pos-

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ihnrae ; parmi plusieurs éloges, on doit citer ceux de iVl. de Guil- bert (1790), et de Camus (1806), membre de l'institut; sous le voile de l'anonyme, en 1808, in-8", un poëme en trois fhanis sur VAmour; 10° enfin M. de Toulongeon a laissé en manus- crits un assez grand nombre d'ou- vrages de littérature et de poésie. TOULONGEON (le marquis), maréchal-de-camp des armées du roi avant la^volulion , frère du précédent, fut, comme lui, dé- puté aux éliits-généraux, en 1 789, par la noblesse de la Franche- Comté. I.c marquis de Toulon- geon, dévoué aux doctrines ultra- monarchiques, donna bientôt sa démission de député, et se retira en Suisse. De Fribourg , il s'était fixé, il écrivit au roi et à ses frères, pour protester contre les événemens de la révolution. La lettre adressée au roi paerint à ce prince ; mais celle adressée à ses frères fut saisie à Verdun , en- voyée à la convention nationale, qui le décréta d'accusation. Le marquis de Toulongeon renonça volontairement à sa patrie , et passa bientôt au service de l'Au- triche. On voit, d'après ces faits, que c'est à tort que l'on a inséré dans la table du Moniteur, à l'ar- ticle du vicomte de Toulongeon ( voy. l'article précédent ) , ce.-* mots : « Qu'après les événemens du 10 août 1792, le vicomte de Toulongeon était passé au service d'Autriche; qu'il avait été décrété d'accusation, en octobre, sur un rapport de llewbell, pour sa cor- respondance avec Louis XVI et ses frères ; qu'il avait quitté le service d'Autriche en 1790, et

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qu'il était rentré en France en •797' » ^^^ faits doivent , ainsi que nous venons de l'établir, être appliqués au uiiirquis , et non au vicomte de Toulongeon, qui n'a jamais émij^ré ni porté les armes contre la France.

TOULONGEON ( Marie-Mar- GCEBiTE - Joséphine d'Aubigné , ÉPOUSE DU MARQris DE ). Cette dame, 0 dernier rejeton de l'illus- tre maison d'Aubigné, devenue si célèbre par la brusque franchise d'Agrippa d'Aubigné envers Hen- ri IV, et par l'éclalante fortune de M""deMaintenon, «naquitn Paris, le 5o août \';l[6. Son père , Louis d'Aubigné , était gouverneur de Saninur. Elle épousa, ayant à peine atteint sa 19* année, le mar- quis de Toulongeon, frère aîné des précédens, qui fut lieulenant- général et commandant de Besan- çon. La révolution la priva de sa fortune, perte qu'elle supporta avec résignation, ainsi que la pri- vation de sa liberté, qui ne lui fut rendue qu'après les événemens du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794 )• Depuis cette époque jus- qu'à celle de sa inort, arrivée le 25 mars i8o5, elle vécut dans sa famille, retirée à Fointainebleau, chérie et honorée pour ses ver- tus, qui ne se démentirent dans aucune circonstance , même les plus critiques de sa vie.

TOU POT DE BEVAUX (N.), vice-présideni du tribunal de pre- ujière instance de Chaumonl , ex-membre de la chambre des dé- putés, où il fut nommé, en 1819, par le département de la Haute- Marne, s'est fait remarquer parmi les membres du côté gauche. Lors de la discussion sur la loi .suspen-

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sive de la liberté individuelle, il démontra que cette loi était inu- tile ; néanmoins il annonça qu'il en voterait l'adoption, si l'on en restreignait l'action auxseuls com- plots contre la famille royale. Le i5 marsil proposaderéduireàdeux mois le t^rme de l'incarcération; le 1 5, il proposa encore un amen- dement tendant à ce qu'il fût en- joint aux préfets d'inscrire sur un tableau le nom des personnes qu'ils auraient fait arrêter, et aux minis- tres, de présenter ces tableaux dans la première quinzainede|pses9ion; enfin , dans cette même séance , il proposa encore un amendement portant que la loi cesserait d'avoir son effet un mois après l'ouverture de la prochaine session. Ces trois amendemens furent rejetés parla majorité. Le 5o juin, il demanda que les budgets fussent soumis à la chambre dans le premier mois de chaque session, et mis en dé- libération dans le courant du troi- sième mois. Cette marche ne con- venait pas au ministère, et cet a- * mendement. ne fut pas plus heu- reux que les précédens. M. Tou- pot de Bevaux vota contre les deux lois d'exception, et fut du nombre des 95 votans contre le nouveau syslèfne électoral. Cet honorable membre a subi la dissolution to- tale de la cliambre en 1823, et n'a pas été réélu à la chambre sep- tennale de i824' Il conlinue à remplir ses fonctions dans la ma- gistrature.

T0UULET(KENÉ),néle7Juia 1 ^58, h Ambfu'se (Indrc-et-LoinB), reçut une éducation soignée au collépj'de Pontlevoi, tenu par des bénédictins. Il étudia h; droit à Orléans, suivit à Paris des cours

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de physique et de médecine, et acheva son instruction par des voyages, tant en France qu'à l'é- tranger. Attaché cl la rédaction du Moniteur, il en est un des colla- borateurs les plus distingués com- me des plus anciens. Il a fourni auïsi de savans articles au Maga- xin encyrlopédiqae , aux Annales littéraires, etc. 31. Tourlet a pu- blié plusieurs ouvrages qui an- noncent une grande érudition et un goût éclairé pour l'antiquité classique : Guerre deTroie, de- puis la m«rt d'Hector, poëme tra- duit du grec de Quintus de Smyr- ne ; Paris, iSoo, 2 vol. in-8°; une seconde édition de cette traduc- tion, accompagnée du texte grec, et enrichie de notes savantes, est prête à être livrée à l'impression; Odes de Pindare, traduites en français avec le texte grec en regard. Cet ouvrage , extrêmement re- commandahle, joint à l'avantage précieux d'un texte très-correct, celui d'une version aussi élégante que fidèle. On sent quelles diflicul- tés l'auteur eut à vaincre, pour traduire avec précision un poète qui , dans les écarts de son imagi- nation s'abandonne à un enthou- siasme qui tient souvent de la fu- reur. M. Tourlet (\st le premier, en France , qui ait donné une véri- table idée du prince des poètes lyrique?; aussi son ouvrage a-t- 11 mérité les éloges des savans les plusdistingués. "b" Œuvres complè- tes de l' empereur Julien. Cette tra- duction qui n'est inférieure à celle de Pindare, ni en fidélité, ni en élégance, est un véritable service rendu à la philosophie et aux let- tres. L'auteur s'est, avec raison, attaché à (aire connaître le carac-

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1ère de Julien, de ce prince exalté par les uns , et injurié par les autres; il a su réduire ù sa juste valeur le surnom iV A postât , que l'ignorance et l'esprit de secte lui ont donné, et que lui donne en- core aujourd'hui l'intolérance sa- cerdotale. L'ouvrage infiniment remarquable de M. Tourlet, nous paraît devoir fixer l'opinion des modernes sur cet homme célèbre qui a ollert le rare exemple de la philosophie sur le trône.

TOURNON (le comte Philippe- Camille-Cas imib Marcelin de ) « pair de France, conseiller-d'état, gentilhomme honoraire de la chambredu roi, chevalier de Saint- Louis, commandeur de la légion- d'honneur, etc., est à Apt, dé- partement deVaucluse, d'une an- cienne famille de Provence. II devint, sousie gouvernement im- périal, auditeur au conseil-d'état, puis intendant à Bareuth. En 1819, M. de Tournon fut fait prisonnier dans cette ville par les Autrichiens, qui l'emmenèrent en Hongrie. A son retour en France, il reçut la préfecture de Rome, qu'il occu- pait encore lorsque le roi Joachim («oj. Mirât) s'empara des états romains. Il refusa de continuer ses fonctions sous l'administration de ce prince, et revint dans sa patrie. Napoléon , pendant les cent jours , en i8i5, voulut lui confier la préfecture du Finistère, puis celle de l'Hérault; mais il ne crut pas devoir les accepter. Après la seconde restauration , Louis XVIII le combla successivement de faveurs, le nomma à la pré- fecture de la Gironde, et, le 4 novembre 1818, il le comprit au nombre des maîtres de requêtes

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en service exlraordinaire. M. de Touriion passa de celle préfecture à celle du Rliôue, qu'il cessa d'oc- cuper en 1825. Il est depuis 1824 pair de France et conseiller-d'état en service extraordinaire; il est aussi (1825) président du conseil des bâtinicns civils au ministère de l'inléritur.

TOUUNON ( Dominique- Jérô- me), médecin en chef des hôpi- taux militaires de Bayonne et de Bruxelles, ancien professeur de botanique, professeur -adjoint à l'école de chirurgie de Toulouse, ■ville il est né, est plus connu par sa pratique que par ses ou- vrages , dont nous citerons les principaux : 1" Liste chronologi- que des ouvrages des médecins et chirurgiens de Bordeaux , et de ceux qui ont exercé l'art de guérir dans celte ville, avec des annota~ tions, et l'éloge de Pierre Desiult, Bordeaux, 1799, i vol. in-H"; Supplément à cette liste, Toulouse, i8oO, in-S"; o" Flore de Toulouse, ou Description des plantes qui croissent dans les environs de cette ville, Toulouse, 1811, 1 vol. in-8°. M.Tournon adonné dilTérens Mé- moires dans le Magasin encyclopé- dique, dans le Journal de Santé et d'Histoire naturelle, dans le Jour- nal de Médecine, etc. 11 est mem- bre de l'académie des sciences de Buidcaux, et de plusieurs autres sociétés savantes.

TOUllNON (N.), littérateur, cultivait paisiblement les lettres , lorsque la révolution éclala. 11 en adopta les principes avec modé- ralion. Victime de l'affreux régime de la terreur, il périt sur l'écha- faud à la (Jn de I7g5. Il a publié : l'Art du Comédien ; tes

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Promenades de Clarisse et du mar- quis de Volzi, ou Nouvelle Mé- thode pour apprendre les princi- pes de la tangue et de l'ortogra- plie françaises, à C usage des dames, 1784; Hévoluiions de Paris, dé- diées à la nation, 1789-1790; 4' Introduction aux révolutions de l'Europe, 1790. C'est une contre- façon du Journal des Révolutions, publié par L. Prudhomme; Moyens de rendre propres les rues de Paris, 1790.

TOUIUIETTE (Marc-Antoine- Lo€1s-Clauet de la), ancien ma- gistrat, savant naturaliste, naquit à Lyon, en 1729. II commença ses études dans cette ville, et les ter- mina au collège d'IIarcourt à Pa- ris. De retour dans sa ville natale, il fut pourvu par les soins de son père, prévôt des marchands, d'u- ne charge de magistrature qu'il exerça pendant ao années, et dont il se démit ensuite , afin de se livrer exclusivement à sa passion pour l'histoire naturelle. De la zoologie et de la minéralogie qu'il avait cultivées avec soin, il passa à l'étude de la botanique, qui fut sa science favorite. Ses collections en insectes et en mines du Lyon- nais, du Dauphiné et de l'Auver- gne, étaient remarquables; niai.^ son herbier était surtout aussi nombreux que riche. « La 1766, dit l'auteur d'une notice sur ce savant, d'après son éloge, par JU. Bruyset, libraire, et confrère de LaTourrette à l'académie de Lyon^ il introduisit au-dessus de la pe- tite ville de l'Arbresle, dans un vaste parc, tous les arbres et ar- bustes étrangers qui pouvaient s'y acclimater; dans l'enceinte mê- me de Lyon, il s'éîait fMiné un 4

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jardin il a cuitivé plus de Uo'n mille espèces de piaules rares. » La Tourrette, pour augmenter ses connaissances, et ajouter de nou- velles possessions à son beau ca- binet, voyagea en Italie, en Sicile, ■etc., et se réunit ensuite à J. J. Rousseau, son ami , pour herbo- riser avec lui dans la Grande- Chartreuse. « Que n'êles-vous des nôtres, écrivait J. .1. Rouss^^au à du Péron, vous trouveriez dans notre guide, M. de La Tourrette, un botaniste aussi savant qu'ai- mable, qui vous lemit aimer tou- tes les sciences qu'il cultive. » Instruit, sociable, bon par excel- lence, La Tourrette était l'ami de tous les hommes distingués avec lesquels il était en correspondan- ce, et l'on doit citer entre autres Linnée, de Haller, Adanson, de Jussieu. La révolution le surprit au milieu de ses occupations pai- sibles. Il la vit naître, comme tous les gens de bien, avec joie , et il se montra l'un de ses plus vrais et de ses plus sages partisan?. Le siège de Lyon, en 1795, vint na- vrer son cœur. Les fatigues et les inquiétudes qu'il lui causa , à lui et à tous ses concitoyens , lui fl- rent éprouver une péripneumonie dont il ne s'occupa point assez, et qui bientôt le ravit aux sciences et à ses nombreux amis, dans la 64* année de son 2ge. Nous cite- rons ses ouvrages d'après la source nous avons puiséles principaux faits sur ce savant. Ce sont : Démonstrations élémentaires de bo- tanique, 1766, a vol. in-8°. Elles ontobtenu plusieurs éditions pos- térieures. Bourgelal venait d'éta- blir à Lyon la première école vé- térinairc; il fallait donner aux é-

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lèves la connaissance des plantes usuelles; La Tourrette, et son ami l'abbé Kozier, se chargèrent de ce soin, et publièrent cet écrit. Le premier en traça le plan , en dé- termina la forme, et se chargea de V introduction^ chef-d'œuvre de concision et de clarté, l'on ne trouve rien à ajouter, rien à re- trancher. Haller a fait l'analyse des démonstrations, comme ap- partenant en entier à l'abbé Ro- zier, et le modeste La Tourrette ne fit jamais parvenir jusqu'à lui aucune réclamation à cet égard; -2" F'oyage au Mont-Piln , 1 770 , in-S". L'auteur s'y montre obser- vateur attentif et grand naturaliste. Dans la première partie, il déter- mine la situation des montagnes , leur élévation, les ruisseaux qui en découlent , les forêts qui les couvrent, les minéraux qui s'y trouvent, les animaux et les in- sectes qui y ont fixé leur séjour. La seconde partie est consacrée tout entière à la botanique. Le premier, il a indiqué sur ces mon- tagnes sous-alpines un grand nom- bre de plantes rares, et même une espèce neuve, VAlisma-parnassi- folia. Clitoris Lugdunensis , 1785, iu-8°. Ce petit ouvrage é- tonna les botanistes, par le grand nombre des espèces qu'il renfer- me, surtout dans la cryptogamie. On s'était persuadé, et Linnée croyait lui-même que nos pro- vinces méridionales étaient beau- coup moins riches en mousses et en champignons que les contrées du Nord. L'énumération de laChlo- ris prouve que nous n'avons rien à leur envier à cet égard. ^"Con- jectures sur l'origine des bélemni- tes. Elles sont insérées dans le

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Dictionnaire des Fossiles^ do Ber- trand. L'aulciir pense que les bé- letnnitPs ne sont que des poinles «l'oursin, Mémoire sur les monstres végétaux. Il est imprimé dans le Journal économique du mois de juillet ijGi. LaTourrctte y décrit plusieurs sinji^ularités de son cabinet. Mémoire sur l' helmintliocorton ou mousse de Corse ^ inséré dans le Journal de Physique. Ce mémoireesl instruc- tif. M. Bruyset a lu dans une séan- ce publique de celle compagnie une savante notice sur la vie el les écrits de ce naturaliste.

TOURZEL ( Louise- Elisabeth

«E CliOY-D'HAVaÉ, DCCHESSE DE ) ,

gouvernante des eufans de Fran- ce ù répo(]ue de la révolution , s'est rendue rccoiumaudable par sa constante fidélité ù la tamille royale. Elle fut du voyage du roi à Varennes, et accompagna ce prince el sa famille lorsqu'on les ramena à Paris. On prétend que les préparatifs du départ de ^"'■de Tourzel, furent cause d'un relard qui trompa le manjuis de Bouille, {voy. ce nom) et donna le temps au pouvoir exécutif de s'opposer à ce (|ue Louis XVI dépassât les iVonlières. Elle ne quilla point son po^tclorsdesévénemensdu loadfll 1792, et suivit 1.1 famille royale à l'assemblée législative. Pindaiit ce t»'mp«, elle laissait au châleau des i'uilerie». à la merci des assaillans, sa fille, à peine Tigée de i5 ans, qu'heureusement des amis fidèles parvinrent ;^ sauver. iM"' de Tour- zel suivit les enfans de France dans la prison du Temple. Elle en fui éloignée dix jours après, avec la princesse de Lamballe,et ren- liTinéc ;i Fore.»'. Dans les fu-

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nesles journées de septembre, elle échappa au massacre des prisons par les soins de Manuel , procu- reurde la commune. M^'deTour- zel resta détenue jusqu'après le q lliKi-midor an a (i79_1)- Rendue à la liberté, elle ne quitta point la France , espérant êlre utile au dauphin el à iMadame royale , \ qui elle fit connaître les intention* du roi au sujet du mariage de cette princesse avec son cousin le duc d'Angoulême (aujourd'hui IM. le dauphin.) Celte circonstance la fit f rrôlerde nouveau. Louis XVI, pro- fondément touché du dévouement de celle dame, avait appris à sou malheureux fils à ajouter à ses prières ces paroles louchantes : "Dieu tout- puissant , donne li «IM"' de Tourzel les forces dont

elle a besoin pour supporter les »maux «ju'elle endure à cause de

nous! •) Sous le consulat et sous l'empire, iM°" de Tourzel eut l'or- dre de se tenir éloignée de Paris. Elle reçut de Louis XVIII, eu 1H16, le litre de duchesse, avec la faculté de le transmettre à sa mort (arrivée peu de temps après) i\ sou pelit-fils, qui a également succéd*- àson pèreetàson grand-oucledan^ la charge de grand-prévôt de l'hô- tel du roi. La fille de c<îlle respec- table dame, Pauline de Tourzel, dont il a déjà été question, resl.i dan? la tour du Temple avec IMa- dame royale : elle a épousé 1\1. de Béain, chambellan de l'impéra- trice Joséphine {voy. Joséphine.)

TOUSSAINT-LOUVEIITURE, général noir ( j^oy. LouvERTrnK.)

TOUSSAINT ■( Claude - Jac- Qi'Es), architecte , contrôleur et inspecteur des bniimens du roi, pensionnaire de S. 1\|. , membre

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de la société royale académique des sciences de Pari?, est dans celle ville en 1781. C«;t artiste laborieux, attaché depuis trente années aux grandes adinînistra- lions publiques et aux bûlimeus de la couronne, s'est d'abord fait connaître à Paris par l'institution d'une école d'architecture sur \\n plan nouveau. Tous les ateliers de ses confrères étant destinés à for- mer dos dessinateurs, M. Tous- saint, habitué de bonne heure au mouvement et aux détails de la conslfuction , a voulu être utile i\ cette multitude d'élèves, qui, tou- jours dessinant, restaient étran- gers à la science pratique de leur art, et c'est pour y parvenir qu'il fonda son Ecole- pratique d' Arclii- tectui'e. Cet utile établissement prospérait, et avait déjà rendu de grands services, lorsque le fonda- teur fut appelé à des fonctions qui le forcèrent à l'abandonner. Le ré- sumé des principes de M. Toussaint est consigné dans le Traitéde géo- Tuétrie et d'arcliitectare théorique et pratique, simplifié. Cet ouvrage est très-recherché, etembrasse toutes les parties de l'art et de la cons- truction. L'auteur, s'étant parti- culièrement attaché à être simple et méthodique , son traité est de- venu classique, et a été surnom- mé à juste titre, par un de nos ar- chitectes les plus célèbres, l'En- cyclopédie de l'architecture. M. Toussaint vient (1825) de pu- blier le premier volume d'un ouvrage qui en aura quatre, avec quatre-vingts gravures, et qui a pour titre : Mémento des archi' tcctes , des ingénieurs, entrepre- neurs, vérificateurs, etc., compre- nant les détails vont établir les

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prix courang de tous les travaux; théorie de construction; outils et machines; lois des b3timens civils et ruraux; ordonnances forestiè- res; législation sur la garantie, les hypothèques , le voisinage , les moulins et rivières, les manufac- tures, plantaiions, etc. ; droits de voiries et d'entrées, analyse des matières premières ; tableaux de réduction; géométrie; les cinq or- dres, exemples de bâlimçns, ino- numens et jardins; modèles de devi'<, procès-verbaux, et autres actes du ressort des architectes, des entrepreneurs, et des experts; partie contentiense dubâtiuient, inventions modernes; abrégé de statique et de dynamique appli- quées à la construction et aux jardins, etc., etc. Dans cet im- portant trav.til , qu'une marche toujours méthodique et un style clair et facile rendent agréable à lire , l'auteur met en présence tous ceux qui l'ont précédé, et qirî ont traité la partie si abstraite du contentieux de l'architecture; il fait ressortir les nombreuses con- tradictions dans lesqmdles ils sont tombés, et présente des résultats simples et à la portée de tout le monde. M. Toussaint prouve, par ces deux ouvrages si différons en- tre eux, qu'il possède également bien la théorie et la pratique de son art.

TOWERS (Joseph), historien anglais, naquitàSoulhwarck. vers 1757. Il fit do bonnes études , et, pour obéir à sa famille, il en)bras- salaprofession d'imprimeur. Quit- tant bientôt cet étal, pour lequel il n'avait aucun goût, il prit une maison de librairie à Londres. Cet établissement l'avant mis en rela-

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Ifon avec plusieiars ininistics pro- Jestans de la secle des presbyté- riens, il changea encore d'état, llcçu dans les ordres en ly"/^, il alla remplir les fonctions de pas- leur, dans une congrégation, à Highgale. E;îvoyé, en 1778, avec Price, à la conférence de Newing- ton-Green, il fut reçu, en 1779, docteur en l'université d'Edim- bourg. Il mourut en 1799. On lui doit les ouvrages suivaus : Bio- graphie britannique, 7 vol. in-8°, ouvrage très-»utiie; Observations sur V Histoire cC Angleterre de Hu- me ; Histoire de la vie et du rè- gne de Frédéric II de Prusse, 2 vol. in-8°; 4" Défense de Locke; 5" plusieurs Sermons; Q»" àa?, Trai- tés de politique ; 7" Il a concouru à la Nouvelle Biographie britanni- que de Rippis.

TOWiNLEY (CnARLEs). célèbre antiquaire anglais, membre de la société royale de Londres, garde du muséum britannique, etc., na- quit d'une faujille honorable de Townley-IIall, dans le comté de Lancasire. Après avoir terminé de très-bonnes études, et libre de se livrer à son penchant pour l'art numismatique et les nionumens anciens, il forma une collection remarquable de statues antiques , médailles, manuscrits , etc. 11 a- vait réuni dans sa maison de West- minster »me ftiule de fragmens li'architecture égyptienne, et de modèles des plus célèbres monu- mens de la (Jrèce et de Rome. Sa collection de médailles s'élevait A un haijt prix , et l'on citait parini >-es manuscrits nombreux et rares, un manuscrit d'Homère, sur le- quel a été faite une très-belle é- (iilion de ce poète, lia Français,

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W. d'Hancarvillc, a, dit-on, pu- blié et enrichi les afitiquités étrus- ques de ïownley. Ce savant an- glais mourut en i8o5, laissant, par testament, une somme de 4,000 liv, sterl. pour la construc- tion d'un édifice, destiné à rece- voir tous les objets composant sa collection.

TRACY (Destctt db) , l'un des hommes remarquables de ce temps, par la fixité de ses opi- nions et la sagacité de son esprit. Colonel d'infanterie en 1789, il fut envoyé aux états-généraux par la noblesse du Bourbonnais. On a eu tort de le confondre avec i\l. de Crecy, député des états d'Artois, qui le premier demanda l'abolition de tous les titres do noblesse. Toutefois 31. de Tracy embrassa la cause des libertés pu- bliques, et se prononça en faveur de la tuléranCe des cultes. Il ré- clama aussi pour les hommes de couleur, la jouissance de tous les droits de citoyen. Quand on dis- cuta si M. de Bouille devait être chargé de pouvoirs étendus, ou si l'on devait les entraver de mille manières, M. de Tracy émit pour opinion, qu'il croyait convena!)lc ou de ne lui accorder aucune confiance, ou de la lui accorder entière : que pour lui il n'avait au- cune raison pour se unifier de M. de Bouille. Tout ce que les bio- graphes ont attribué depuis cette époque à M. de Tracy est un ro- man sans base; il est faux qu'en 1793, M. de Tracy ait accompa- gné La Fayette : l'histoire de la dé- tention de M. de Tracy en Autri- che est tout aussi peu fondée. Il se retira A Auteuil, s'y livra exclu- sivement à des travaux scientifi-

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ques, fui jcU; en prison on 179^. en sortit une année; «près en 179'!, et devint membre de l'inslilut à sa fftrmalion. Meml)re du comité d'instruction publique en 17991 il avait déjà marqué parmi les meta physiciens, et don (les preu- ves de la pénétration et de la pro- fondeur de son esprit. Celle secte d'idéologues 3 comme les nommait Napoléon, dont la puissance posi- tive a toujours vu avec un juste effroi la puissance de la pensée, n'eut pas de plus ferme appui que M. de Tracy. Cependant il fut membre du sénat, il eut peu d'influence. Le 1" avril i8i4i 'l vota la formation du gouverne- ment provisoire, et le lendemain la déchéance de l'empereur. Le roi le nomma pairde France, et peiidar)t les cent jours, en 181 5, il ne fut ni employé ni poursuivi. En i8o8, il avait remplacé ù l'académie- française le ^avanl Cabanis. On lui doit plusieurs ouvrages, qui ont fait faire de grands et d'uti- les progrès à la science des sensa- tions et à l'analyse de l'entende- ment humain : i" Observations sur le système actuel d'instruction pu- blique, 1801 ; 2* Eiémens d'idéolo- gie en cinq parties. On lui attribue un assez grand nombre de mé- moires anonymes, très -remar- quables par la force de la pensée. Le dernier ouvrage que M. de ïracy ait publié , est aussi admi- rable par le style que par le sujet: c'est un Essai sur le génie et les ouvrages de Montesquieu. M. de Tracy jouit de loisirs studieux, d'une vieillesse respectée, et d'u- ne grande et juste réputation. On « iujprimé dans la Biographie des Contemporains (vol. V), sous le

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nom de DESTtTTDETRACY,une uoii- ce se trouvent répétés plusieurs faits inexacts, auxquels le présent ariirle servira de rectification.

TUA IN NO Y (Piekre-Amable- Jean-Baptisxe), à Amiens en 1772, sortit du collège en 1791. et entra de suite, comme étudiant en médecine, à l'Hôtel-Dieu de celte ville. Il fit des progrès ra- pides dans la carrière qu'il avait embrassée avec ardeur, et fut peu de temps après, appelé en qualité de chirurgien-major d'un batail- lon de réquisitionnaires d'Amiens, grade dans lequel il recueillit des témoignages de satisfaction de la part de ses chefs. Après l'amal- gaine de ce bataillon dans d'aii- tres corps, il revint à Amiens, ren- tra à riiôtel-Dieu, et y fut chargé du service de chirurgien en se- cond. Le zèle, l'activité et l'intel- ligence qu'il mit à s'acquitter de ses devoirs, lui acquirent la bien- veillance des administrateurs de cet établissement. Désirant faire une étude particulière de la mé- decine, il se rendit à Paris en l'an 4 ('795.1 il se livra sans relâ-^ che à celte étude jusqu'en l'an 7 (1798). Les brillans succès qu'il y obtint lui méritèrent des en- couragemens de la part des pro- fesseurs les pins distingués. Dans la même année, il remporta au concours, la chaire de professeur d'histoire naturelle à l'école cen- trale du département de la Som- me , place qu'il remplit avec la plus grande dislinciion jusqu'à la suppression de celle école. C'est alors qu'il fut reçu médecin à la faculté de médecine de Paris : sa thèse sur le prognostic des affec- tions sympathiques de l'cpil dans

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les maladies algues lui fil beau- coup d'honneur. Appelé ensuite aux fonctions de prol'esseur de l'é- cole communale de botanique de la ville d'Amiens, il publia une no- tice historique du jardin de celle école, un catalogue d'après le sys- tème de Liiuiée, et im tableau sy- noptique des organes des plantt^s, tableau qui reput Tapprolialion de beaucoup de savans; et il jeta dès- lors les bases d'une nouvelle clas- sification générique, qu'il se pro- pose de publier un jour. On doit à ses pressantes instances, entre autres améliorations précieuses du Jardin des Plantes, son agran- dissement et la construction de deux serres, di>nt une chaude ei une d'orangerie. Comme méde- cin des pauvres, il fit insérer dans les journaux plusieurs observa- tions qui furent accueillies avec Intérêt, et particulièrement celles où, par des expériences sur les a- nimaux, il démontra que le sucre n'était pas l'antidote de l'empoi- !»onnement par le vert-de-gris, ainsi que l'avait dit M. Galet. Nommé, en 181 médecin des é- pidémies pour les arrondissemens d'Amiens et de Donrlens, il se consacra exclusivement à l'étude des maladies qui régnent le plus ordinairement dans son départe- ment. Après avoir observé l'in- lluence des diverses températures, dans les différentes localités, sur la santé des habitans, eu égard ù leur profession, leur régime, leurs habitudes et leur tempén*.- ment , il publia*, en 18 19, un Trailà clcmentaire des maladies «pidi^miques. Cet ouvrage, consi- •léré comme étant le fruit de l'é- tude, de l'ub»crvation et d'uuu

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heureuse pratique, lui valut des mentions honorables dans plu- sieurs journaux de médecine, et dans divers procès-verbaux de so- ciétés savantes et littéraires ; il lui fit aussi donner successive- ment le titre de membre associé du comité médical, de l'athénée de médecine, de la société de mé- decine pratique , de la faculté royale académique des sciences de Paris, et des sociétés royales de Lyon, de Bordeaux, etc., etc.; enfin il lui mérita, outre le suffra- ge de iVUl. les doyen et profes- seurs dus facultés de Montpellier et de Strasbourg, celui de M. le docteur Portai, premier médecin du roi; et cette importante appro- bation de l'ouvrage est motivée sur l'utilité que les officiers de santé peuvent en retirer pour leur pra- tique. LedocteurTrannoy a récem- ment publié un mémoire en répon- se à ces. questions proposées par l'académie des sciences, arts, et belles-lettres de Rouen : 1' Est-il prouvé, par des observations exac- tes, qu'il existe des fièvres par in- fection sans cependant être conta- gieuses? 2° en admettant l'exis- tence de ces fièvres, quelles sont les principales causes qui donnent lieu i\ leur développement et A leur propagation.^ 3' quels sont les moyens propres ù les prévenir ou à en arrêter les progrès? Ce mémoire a fixé particulièrement l'attention des médecins observa- teurs, qui reconnaissent que les fièvres les plus simples, par l'effet de la malpropreté, l'encombre- ment de» malades dans des appar- temens l'air circule à peine, développent des symptômes d'a- dynamie et d'ataxie, qui donnent

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lieu à des i^inanatlons moi^jifi- ques. Le docteur Trannoy, par a- luour pour son art et par un zè- le philantropique qu'on ne saurait trop louer, v$X, depuis 1820, le principal rédacleur dans le jour- nal de la Somme, d'un bulletin qui offre chaque mois la concor- dance de l'état atmosphérique avec les maladies qui ont ré{;;né dans le mois précédent à Amiens et SCS environs. Ces bulletins, pré- sentant souvent un grand intérêt, sont justement appréciés des mé- decins les plus célèbres de la ca- pitale, qui en ont fait d'honorables mentions.

TllAUTMANSDORFF.WEmS BERG (Ferdinahd prince de), mi- nistre-d'élat autrichien, le 12 janvier 1749» épousa, le 18 mai 1772, la comtesse Caroline de Colloredo, devint ensuite cham- bellan et conseiUer-d'élat intime d'Autriche, et fut chargé, en 1 787, de négociations tendant à em- pêcher le second fils du roi de Prusse d'être nommé coadjuteur de l'électeur de Mayence , litre qu'il était sur le point d'obtenir. Vers la fin de la même année, il remplaça le comte de Beljioso dans les fonctions de ministre plé- nipotentiaire en Brabant. Les cir- constances rendaient ce poste ex- trêmement difficile; M. de Traut- mansdorff s'y conduisit avec pru- dence et adresse, et ses actes ad- ministratifs obtinrent l'assenti- ment général. Celte charge fut supprimée, en 1792, à la suite de l'invasion de ces provinces par les Français. Son souverain lui accor- da, à litre de dédommagement, une pension de 6,000 florins d'Al- lemagne, rpj'il consacra à augmen-

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l(!r les pensions des employés de la chancellerie. M. de Traulmans- dorff fut mis sur les rangs pour remplacer M. de Thugut, après sa retraite du ministère, mais on lui préféra M. Louis de Cobent- zel. II fut nommé successivement grand-maître de la cour, élevé à la dignité de prince de l'empire, puis chargé de demander en ma- riage, pour l'empereur, l'archi- duchesse Béalrix d'Est , depuis impératrice. Le prince Ferdinand de Trautmansdorff faisait encore, en 1820, partie du ministère au- trichien, avec le rang de minis- tre-d'état et des conférences.

ÏRAVOT (le baron Jean- Pierbe), lieutenant-général, com- mandeur de la légion-d'honneur, le 6 janvier J767, embrassa lu carrière militaire dès sa jeunesse. Il entra d'abord comme simple soldat dans un régiment d'infan- terie, et s'éleva rapidement par ses talens et sa brillante valeur au grade d'adjudant- général. Après s'être distingué pendant les pre- mières campagnes de la révolu- tion , et avoir souvent été cité pour sa belle conduite, il fut em- ployé dans la Vendée, sous les or- dres du général en chef Hoche. Pendant toute cette guerre déplo- rable, les enneitiis mêmes qu'il était chargé de soumettre, rendi- rent justice, non - seulement à l'habileté et au courage du général ïravot, mais encore aux rares et précieuses qualités d'un chef qui, à cette époque, et au milieu des dis- cordes civiles, se fit constamment remarquer par sa loyauté et son humanité. Le nom de Travol ins- pirait aux Vendéens non moins de confiance après le combat qu'il

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ne leur causait impnraranl lîo res- pecl et (le crainte. Chargé par le j^énéral Hoche de j)Our.siiivre le fameux Charette, il l'atteignit à la Chabottière, en Poitou, et le fit prisonnier le 23 mars i 79G, Ce chef vendéen fit A plusieurs re- prises, devant le Irihunal militaire de Nantes , l'éloge des bons pro- cédés et de la générosité du chef républicain auquel il avait été forcé de se rendre. Nommé géné- ral de brigade, Travol commanda encore dans les départemens de l'Ouest pendant les années 1799 et 1800; il fut nommé membre de la légion-d'honneur en i8o5, commandant de la même légion Je 14 juin 1804, général de divi- sion le 1" février i8o5 , et élu candidat au sénat- conservateur nu mois de mai suivant. Vers la fin de la même année, il fut ap- pelé au commandement de la 12° division militaire à Nantes; passa ensuite ^ l'armée d'Espagne , et })rit le commandement de la divi- fion du général Harispe, qui avait été blessé. Après la première ren- trée du roi, en )8i4» le général Travot *e retira dans son dépar- tement. Ptniîanllts cent jours, en i8i5, il eut un commandement dans la V-endéc, y fit une procla- mation pour engager les habilans à ne point prendre les armes, et livra quelques combats aux trou- pes que commandait le marquis de La Roche-Jacquelein; mais il s'ac- quitta de sa mission dilTicile, plu- tôt encore en pacificateur qu'en guerrier. Le lieutenant - général Lamarque, son ancien en grade, prit bientôt le commandement en chef, et le général Travot, ap- pelé par Napoléon à la chambre

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des pairs , créée pendant les cent Jours, quitta la Vendée avant le second retour du roi. Il se relira de nouveau , à cette époque, dans sa famille, il était loin de s'at- tendre au coup qui devait bientôt le frapper. Il venait de recevoir du ministre de la guerre , duc de Feltre, une lettre flatteuse, qui lui annonçait qu'une pension de re- traite était accordée à ses services. Son nom n'était point porté sur les listes publiées par l'ordon- nance du 24 juillet 181 5, et celui de son général en chef, Lamar- que, n'était inscrit que sur la se- conde liste 5 dite des trente-huit , qui furent exilés. Il croyait qu'un sort pire ne pouvait être réservé à celui qui recevait, qu'à celui qui donnait les ordres supérieurs, et aux termes mêmes de l'ordon- nance les listes étaient définiti- vement closes. Mais la veille de la promulgation de la loi d'amnistie du 12 janvier 1816, le télégra- phe transmit, de la pari du duc de Feltre, à un conseil militaire sié- geant à Rennes, l'ordre de com- incricer des poursuites judiciaires conirc le général Travot, et à cet tflet , de faire entendre , s'il se pouvait , un témoin à l'instant même, ce qui devait rendre inap- plicable au général les disposi- tions de celte même loi, qui ac- cordait une amnistie ù tous les individus contre lesquels il n'y avait point de j)rocédure enta- mée. Le témoin ne put cependant être si vite entendu, et les pour- suites ne purent être commencées dans la journée la dépêche té- légraphique était arrivée; mais on y suppléa en considérant l'or- dre télégraphique lui - même

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comme un commencement légal de poursuites. Une circulaire du ministre de la justice, explicative de l.i loi d'aumistie, déclara, il est vrai , que Ja détention même ne constituait pas le commence- ment do poursuites , mais le con- seil de f^uerre passa outre. Le gé- néral Travot récusa le général qui présidait le conseil de guerre, comme ayant combattu contre lui, et comme étant son ennemi per- sonnel. Le conseil se déclara com- pétent, et le président prononça lui - même négativement sur la récusation portée contre lui com- me juge. Un délai de quelques jours fut sollicité par les défen- seurs de l'accusé; le conseil passa encore outre, prononça son arrêt, et le général Travot est condamné ù mort. Parmi les délits imputés an général, il y en avait surtout un remarquable, et jusqu'alors inconnu dans les fastes de la ju- risprudence criminelle, « La mo- dération , est-il dit dans le réqui- sitoire, la modération ne fut point une des armes les moins redoutables entre ses mains, la clémence elle- même fat un de ses moyens de suc- cès. » Le général Travot se pour- vut en révision contre l'arrêt qui le condamnait à mourir de la mort des traîtres. Les moyens de cassation parurent nombreux à ses défenseurs; cependant com- me une partie de ces moyens n'a- vaient point prévalu dans la pre- mière plaidoirie, ce fut un devoir pour les avocats de les rassembler <le nouveau , de les développer tous, de les corroborer d'argu- mtjns puisés dans les lois, dans la charte, dans les meilleurs crimi- nalistes, enûn, de faire un der-

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nier effort pour démontrer l'évi- dence, et pour obtenir la révi- sion du jugement. Ils remplirent ce devoir avec une supériorité de talent et avec un dévouement qui honore le barreau de Rennes. Des mémoires en faveur du con- damné furent signés par treize avocats de ce barreau , qui s'était déjà offert presqu'en entier pour défendre le général Travot. Leur Précis arrachait des larmes d'at- tendrissement aux lecteurs. On leur répondit que des juges mili- taires , étrangers i.ux dédales de la chicane, ne se laissaient poirit éblouir, qu'on a accordé aux dé- fenseurs une latitude immense , indéfinie, illimitée, et qu'on veut bien considérer comme excusable peut-être l'abus quils ont fait du droit de défense. Cependant la consultation, les observations et le précis furent dénoncés par le gé- néral président du premier con- seil, au garde-des-sceaux et au ministre de la police. On ne ju- gea point à propos de sévir contre les avocats , malgré cette dénon- ciation. Il eût été nouveau en ef- fet de simplifier ainsi les procès criminels, eu envoyant les avo- cats rejoindre les cliens qu'ils n'auraient pas sauvés. L'arrêt fut confirmé par le conseil de révi- sion. Mais S. M. Louis XVIII ac- corda des lettres de grâce , dans lesquelles il est dit : « Nous avons reconnu que certaines considéra- tions provoquent notre indulgen- ce, •> et la peine de mort fut com- nmée en vingt années de prison. Le général Travot , qui avait tant de fois bravé la mort avec intré- pidité sur les champs de bataille , fut accablé de l'idée d'une capli-

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vite (le vltigl ans; il clait alors presque sexagénaire , sa raison s'aliéna entièrement, et on le con- duisit en cet état au château de Ham, ne voulant pas le laisser en Bretagne. M"' la baronne Travot qui n'avait pas quitté son illustre et malheureux époux dans les ca- chots, l'accompagna au château de Han» , et vint ensuite à Pa- ris , pour y solliciter la liber- té de son mari. L'histoire con- temporaine doit un juste tribut d'éloge au dévouement sans bor- ne de cette courageuse épouse. Il est cruel d'ajouter qu'elle n'en fut point récompensée. S. A. R. le duc d'Angoulême, qui s'est ho- noré par tant de bonnes et glo- rieuses actions, plaida la cause du malheur; grâce à la généreuse in- tervenliou de ce prince, les fers du général Travot furent brisés, après une captivité de deux ans, et il tut rendu aux soins de sa famille; mais le coup était porté : sa rai- son ne revint pas, et il languit encore dans une maison de santé, il acheva sa glorieuse et dé- plorable vie.

TRÉIIOUAUTS ( Pierre- Ju- lien ) , capitaine de vaisseau de première classe, chevalier de la légion-d'honiUMir, na(niit à l'Ile- de-France. Il entra par goftt dans la carrière maritime, et y gagna successivement ses grades jusqu'à celui d'officier supérieur, et cha- cun d'eux fut la récoujpi'n^ed'ime action remarquable, soit en sous- ordre, soit lorsqu'il commantl.i «•n chef. Il s'est trouvé à onze condjats. Volontaire «;n 17^5, of- ficier en 1777, lieutenant de fré- gate en 1779, snus-lietilenaul de vaisseau en 1786, liculeiianl en

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179a, capitaine en l'an .3, il fui fait chef de division en l'an 6. Nommé membre de la légion- d'honneur A la création de l'or- dre, il mourut le 20 floréal an 12. Tréhouarts fit la guerre de l'Inde, en 1 770 , sous les ordres de M. de SufTren, qui l'avait distingué, et qui se plut à rendre publiquement justice à ses talens et à son cou- rage, a Ses belles actions sur la Cybelle, dit M. Lavallée dans une notice stir ce brave marin , ont pour jamais illustré celte frégate. Il la commandait lorsqu'elle était en station à l'Ile-de-France ; et, par le terrible combat qu'elle li- vra aux Anglais, le 1" brumaire an 5, il eut le bonheur de con- server à la France cette colonie si précieuse. Le port de l'Ile - de- France était depuis long -temps bloqué par deux vaisseaux de guerre anglais, le Centurion et le Diomède. Une extrême disette se faisait sentir, et l'on y était réduit l'à six onces de pain par jour. La Cy belle et une autre frégate étaient les seules forces maritimes que la colonie pût opposer aux Anglais. Il fui décidé qu'elles Sf, dévoue- raient pour le salut général, et iraient combattre ces deux vais- seaux qui leur étaient si supé- rieurs. Tréhouarts accepta avei; transport cette honorable et pé- rilleuse mission. Eu effet , les deux frégates appareillent, sor- tent, lencontrflnt les deux vais- seaux ennemis et les allaquenl. Dans celle lutte si inégale , la Cybetle n'sta, depuis trois heures isprès-midi jusqii'A six heures du soir, par le travers du Centurion , Je combat lanl A j)Orlée de fusil. Enfin, démâtée de tous ses hu-

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nîers , ayant trois pie('s el demi d'eau dans la calle, il lui fallut songer à se retirer. Mais son ob- jet était rempli; ïréhouarti» laissa le Centurion si uialtraité et telle- ment dégréé, qu'il lut obligé de rallier le Dlornède pour lui porter des secours , et qu'il ne put sui- vre la Cybellc, qui, s'élant fait prendre à la remorque par l'autre frégate , rentra le lendemain à rile-de-France. Pendant la nuit, le Centurion ayant été déu)âté de tous ses mâts, les Anglais levè- rent leur croisière ; le port fut li- bre, et, en peu de jours, l'abon- dance reparut et régna dans l'île. En l'an 4:» la Cy belle , toujours commandée par Tréhouarts, s'é- lant réunie à une autre division française, fut une des quatre fré- gates qui, le 24 fructidor, à la côte de Sumatra, livrèrent aux deux vaisseaux anglais de j'4i ^'' Victorieux et C Arrogant, l'un des plus mémorables combats dont les mers de l'Inde eussent été jus- qu'alors le théâtre. 11 était à crain- dre que cette journée ne tournât à l'avantage de deux vaisseaux de celte force; mais la valeur fran- çaise en ordonna autrement , et la gloire en resta tout entière aux frégates. Le combat commença à buit heures du malin, et ne lîuit qu'à midi. Les deux vaisseaux an- glais prirent la fuite. Le Victo- rieux fut surpris par le calme pen- dant le fort de l'action. La Cy belle mit alors son canot en mer, se fit remorquer, et, se maintenant en travers à la poupe du Victorieux, le foudroya. Cette manœuvre har- die , exécutée par un équipage intrépide, plein de confiance dans son chef, et accoutumé à vaincre

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avec lui , acheva de désemparer le vaisseau ennemi, qui ne gagna Madras qu'avec beaucoup de pei- ne. Tréhouarts ramena en France la Cybelle, sur laquelle il avait cueilli lant de lauriers, et après 74 jours de traversée, il entra au poit de Uochefort au mois de messidor de l'an 5. Le 19 germi- nal de l'an 6, il reçut le coumian- dcment du vaisseau le Formida- ble, de 80 canons. Le capitaine Tréhouarts garda ce commande- ment pendant une année, et ne le quitta que pour passer au com- mandement du Neptune, au port de Toulon. »

TllÉHU DE MONTniERIVY ( N. ) , ex-mun)bre de la chambre des di'pulés, il avait été élu, eu 1817 , par le département d'IlIc-et-Vilaiue. Dès. le commcn- ceuicnl de la révolution, dont il adopta avec sagesse le.« principes, il remplit successivement les fonc- tions de commissaire des guerres et de commissaire-ordonnalcur, et les cessa long-temps avant le rétablissement du gouvernement royal en 1814. Appelé aux fonc- tions législatives , en i 817, il prit place au côté gauche, première section , vota contre les deux lois d'exception, et fut un des quatre- vingt-quinze opposans au nou- veau système électoral. RI. Tréhu de Monlhierry sortit de la cham- bre à l'expiration de son mandat, et n'a point été réélu aux sessions suivantes.

TREILHARD ( le comte Jean- Baptiste ), ancien membre du di- rectoire exécutif de la république, minislre-d'état sous le gouverne- mont impérial, grand-uflicier de la Icgion-d'honneur, etc. , naquit

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à Brivcs, dans le Bas-Limousin, afijourd'luii dépaileiiieiit de la Corrèze. Les doctriuaires y le- uaient un coHéj^'e, dans lequel il fit ses premières études; il les conti- nua à Paris, au colii ge d'Harconrt, et il embrassa ensuite la profession d'avocat, que ses pères avaient exercée avec honneur dans le lieu de leur naissance. En 17O9, un procès important que les habitans de IJrives eurent avec le duc de Noailles, el qu'il plaida pour ses concitoyens, le tirèrent de l'obs- curité. La dispersion des parle- niens , en 1^71 , ayant ccarlé M. Treilhard du barreau , il occupa une place de directeur des fermes, qu'il résigna , en i 775 , pour ren- trer dans la carrière dont il avait d'abord fait choix. Les magistrats exilés venaient, à cette époque, d'être rendus à leurs fonctions; il fut bientôt appelé aa conseil de la ferme-générale, et se trouva in- vesti d'une grande confiance. Il y eut peu d'affaires d'éclat dans les- quelles il ne fftt chargé ou de parler, ou d'écrire, ou de con- sulter; mais il reçut bientôt un té- moignage plus éclatant de l'es- time de SCS concitoyens , qui le nommèrent député aux étals-gé- néraux en 1789. Pendant toute la durée de l'assemblée constituante, il exerça une grande influence. Dans les premiers jours de juin de la même année, il présenta des observations conciliatrices sur In réunion des trois ordres ; le a septen)l)re suivant, il vota pour une seule chambre et pour le vélo !^u?pen:<if du roi. Devenu mem- bre et rapporteur habituel du co- mité ecclésiasti(pie, il présenta et Oi ad"r>t«'r Ijus le» décn Is rela-

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tifs au clergé et à sa nouvelle constitution; proposa la suppres- sion des ordres religieux, appuya la demande faite à rassemblée d'aliéner des biens ecclésiastiques jusqu'à la concurrence de quatre cents millions, et s'opposa à ce que l'administration de ces biens fût laissée au clergé. Nommé pré- sident de l'assemblée , il main- tint avec fermeté le calme dans les délibérations, et imposa si- lence aux tribunes devenues déjà tumultueuses. Pendant le coursdo l'assemblée législative, M. Treil- hard présida successivement un tribunal civil et un tribunal crimi- nel; sous cette seconde assem- blée, la révolution avait changé de face : des hommes ardens, que faisaient mouvoir les ennemis de l'ordre, prêchaient hautement le renversement de la monarchie. W. Treilhard fut élu, en 1792, dé- puté à la convention nationale par le département de Scitie-et-Oise ; il y proposa , pendant le cours des débats relatifs au procès du roi, d'accorder un ou plusieurs conseils à ce prince, ce qui fui décrété, sursa demande, le 10 dé- cembre de la même année. Il fut élu président de l'assemblée le 25 décembre suivant. Dans les pre- miers jours de janvier 1793, il s'éleva avec force contre l'sn- fluence que les sections de Paris voulaient s'arroger dans le pro- cès qui allait décider du sort du monarque ; il vota cependant ainsi que la majorité, mais se prononfa avec énergie pour l«^ sursis i\ l'exécution de la scnlence, et con- tinua à ne point séparer de son vote celui de sursis ( fait facile à vérifier par les procès-verbaux de

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rassemblée, maïs qui a été dénatu- ré dans le Moniteur. ) Pendant h\ séance orageuse de la nnit dn ven- dredi 18 au samedi 19 janvier, Marat et quelques autres députés, du haut de la Montagne, appuyés par les cris tumultueux des tri- bunes, voulurent faire décider qu'il n'y avait pas lieu à délibérer sur cette question du sursis. RI. ïreilhard, au milieu de ces cris, quitta brusquement le fauteuil de président, leva la séance, et se retira, suivi d'un grand nombre de députés. Après son départ, il fut question de le mander à la barre ; mais cette proposition n'eut pas de suite, et la discussion sur le sursis eut lieu le lendemain. Dans la séance du 0 janvier même année, un débat violent s'était dé- jà ouvert sous sa présidence, llo- i)espierre et Marat avaient rempli les tribunes de leurs aflidés , qui poussaient d'horribles clameurs. Le président s'était couvert, la sonnette s'était brisée dans ses mains ; enfin il rétablit l'ordre et censura Robespierre. Celui-ci . ayant obtenu la parole, se livra à de violentes accusations contre M. Treiihard, qui se contenta de dire: « Je pourrais répondre à Robes- pierre , mais je ne veux pas oc- cuper l'assemblée de moi. Il y a entre nous un juge qu'il ne peut récuser ni corrompre , c'est l'opi- nion publique. » Robespierre fit périr depuis des hommes qui l'a- "vaiful moins offensé. M. Treiihard échappa par un rare bonheur à sa vengeance. Élu, le 7 avril i;r95, membre du comité de salut- public, que la convention venait d'instituer dans son sein , il fut envoyé, peu après, en mission

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dans le département delà Gironde il fut arrêté pendant quelque* jours lorsqu'on y apprit les atten- tats commis à Paris, le 3i mai, 1" et 2 juin , contre la représenta- tion tjalionale. Il (piilta ensuite Bordeaux pour se rendre dans le déparlement de la Dordogne, d'où il lut bientôt rappelé, conmie trop modéré, par le parti de la Monta- gne. M. Treiihard demeura parfai- tement étranger à tous les actes de la faction sanguinaire, qui do- mina bientôt l'assemblée et cou- vrit la France de deuil ; mais dès le i5 thermidor (5 juillet), trois jours après la mort de Robes- pierre , il fut porté de nouveau au comité de salut-public , et y prit part aux travaux législatifs les plus imporlans. Il proposa la ra- lifioalion du traité conclu A Brde avec la Prusse, le iG germinal an 3(4 novembre 1794), et fit adopter, le 12 messidor suivant (3o juin 1795), par la conven- tion , l'échange proposé par le co- mité de salut-public. des repré- sentans et des minisires français arrêtés en Autriche, avec la fille du roi Louis XVI, détenue au Teujple. Après la fin de la session conventionnelle, M. Treiihard en- tra au conseil des cinq-cents; il présida plusieurs fois cette as*em- blée , et y prononça un grand nombre de discours remarquables sur les matières de législation. Sorti de ce conseil le 20 mai 1 798, il se vouait à la retraite, après a- voir refusé le ministère de la jus- tice , lorsque le gouvernement le nomma successivement n)embre du tribunal de cassation, ses collègues lui déférèrent une pré- sidence ; ministre plénipotentiaire

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i\ Lille; ainbnssadfur à NapleS, el enfin ministre plénipotentiaire nu congrès de Uasiadt. Le général Bonaparte était considéré comme le chef de la Irgation française à ce congrès; mais après son départ pour rexpédilion d'Egypte, les principaux pouvoirs furent remis à M. ïreilhard, qui avait conduit la négociation pres^u'à son terme, lorsque les sulîrages du corps-lé- gislatif l'appeltTcnt an directoire le 26 floréal an G ( i5 mai i^qS), en remplacement de François de Neufchâleau. iMais dès le 28 prai- rial an 7 ( iG juin 1799), à la suite d'un nouveau revirement politi- que, opéré cette fois par les con- seils législatil's contre le directoire exécutif, et qu'on peut regarder comme la contre-partie du 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797), la nomination de M. Treilhard fut annullée, sous prétexte d'un vice de forme. Il quitta sans dilliculté le poste qu'il n'avait point recher- ché, et donna lui-même sa dé- mission deux jours avant qu'un acte pareil fût arraché à ses col- lègues La Kéveillère-Lépeaux et iMtrlin. Rendu à la vie privée jus- qu'à l'établissement du gouverne' ment consulaire , il fut alors nom- mé vice-})résident, et ensuite j)ré- sident du tribunal d'appel de l'a- ris. L'époque de sa présidence est encore aujourd'hui, pour la ma- gistrature et pour le barreau, l'ob- jet des plus honorables souvenirs. Appelé ensuite par Napoléon au conseil-d'élat, il y prit une part Ires-active à la discussion du code civil, du code criminel, du code de procédure et du code de com- merce ; il en rédigea plusieurs ti- tres importans. et les présenta au

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corps-législatif, nctlamment la lo' du divorce, qui, en rendant la dissolution du mariage diilicile, (bien plus même qu'en d'autres pays, tels que la Pologne, le divorce entre catholiques est per- mis) ne rendait [)oint cependant la dissolution impossible. Cette loi, abolie sans discussion en 181 5, n'eut, pendant sa durée, que d'heureux effets pour la saine mo- rale et le repos des familles. M. Treilhard se prononça avec persé- vérance et une grande énergie en faveur de l'institution du jury, et c'est peut-être à ses conslans ef- forts et à ceux «l'un petit nombre de ses collègues, que la France est redevable du niaintien de cette institution salutaire. Il réclama d'abord l'unanimilé dans les dé- cisions du jury, ainsi qu'elle est établie en Angleterre , et se rédui- sit ensuite i\ demander la majorité des deux tiers pour opérer la con- damnation ; mais ses propositions ne furent point admises. L'empe- reur, dont il combattait souvent les opinions, accueillait cependant quel(|uefois ses conseils. M. Treil- hard était président de la section de législature <Ju conseil-tl'étflt , membre du comité contentieux de la maisr)n de Napoléon, grand- olïicier de la légion-d'honiieur , chevalier de l'ordre de la couronne de Fer, et mii.istre-d'élat, lors- qu'alTaibli par de longs travaux, il mourut à Paris, le i" décembre 1810 , âgé de G8 ans.

TRElLflARI), lieutenant-gé- néral (voy. l'article qui suit celui de Trklis.)

TRELIS ( .JEAN-Ji'UKN ) . an- cien bibliothé(-aire , conserva'eur des cabinets d'antiques et d'his-

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toire naturelle de la ville de Nî- mes, secrétaire perpétuel de l'a- cadémie royale du Gard, et mem bre de celle de Lyon, naquit A Alais en 1757. Héritier des lu- mières, de la philosophie et delà raison supérieure de son père , qui dirigea seul son éducation, il vint de bonne heure à Paris, for- tifier et perfectionner son goût passionné pour la littérature et pour les arts , dans la société des hommes les plus célèbres en tous genres; et, de retour dans ses loyers, il fut assez heureux pour y trouver une réunion, peut-être unique en province , d'hommes aimables et éclairés dans tous les rangs et de tous les âges, dont les encouragemens et l'exemple con- tribuèrent à développer ses ta- lens. Sa vie aurait été purement philosophique et littéraire, si, dès l'aurore de la révolution, la haute considération dont il jouissait ne l'avait fait appeler, par le vœu de ses concitoyens , au maniement des affaires publiques. Après s'être fait remarquer par sou patriotis- me, par la sagesse de ses vues, par la modération de son carac- tère et par son éloquence dans les assemblées du tiers -état, il fut nommé membre du directoire de son département; et là, d'un côté, les résistances et les entreprises contre-révolutionnaires et fanati- ques; de l'autre, les agitations désorganisatrices, ne lui fourni- rent que trop d'occasions de si- gnaler, souvent au péril de ses jours , son amour pour la vraie liberté, son respect pour les lois et son inébranlable fidélité à la royauté constitutionnelle. Echap- pé au danger qui le menaça à la

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chute du trôno, il fut forcé de se dérober, par la fuite, à la proscrip- tion , comme complice du pré- tendu fédéralisme. Il parvint ;'i «e réfugier en Suisse à travers mille périls, et il y attendit plus d'un an 1:> fin de son exil. Il en charma les ennuis en chantant la cascade de Lauffen , composiiion qu'une société de gens de lettres de Zu- rich fit imprimer avec luxe, et en consacrant un beau poërae, en- core inédit , aux Alpes et aux grands et pittoresques effets de la nature helvétique. Rentré dans sa patrie, il eut à regretter la perte de son portefeuille, qui renfermait les travaux littéraires des dix plus belles années de sa vie, et qu'une terreur exagérée fit livrer aux flammes pat ceux qui en étaient restés dépositaires. Il se consola plus aisément de celte perte que ses amis , qui en appréciaient mieux que lui la valeur. Sa vie, jusqu'aux troubles de i8i5, s'é- coula paisiblement dans les dou- ceurs de l'étude, au milieu d'une précieuse collection de livres qu'il avait formée dans le sein de la bibliothèque publique confiée à sa f^arde , et il avait institué un cours de bibliographie, dont il fut lui-même le professeur, et dans les travaux académiques , lorsque la marche des événemeiis eut permis de les reprendre. Ou- ti'e le grand nombre de morceaux en prose et en vers dont il a per- sonnellement enrichi les notices publiées par l'académie du Gard, et qui tous portent l'empreinte d'un excellent esprit et d'un ta- lent d'écrivain très-distingué, l'a- nalyse raisonnée des autres ou- vrages contenus dans les huit prc-

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iTîiers volumes de ce recueil, n'at- tesle pas moins honorableinenl la variété de ses connaissances, la piirelé, l'élégance et la flexibilité de son style. Mais il fallut une se- conde fois s'anaiher à ces douces occupations. Bien qu'il fûtrestéab- solunientétrangerauxmouveniens des cenl jours, en 181 5, sa qualité de prolestant sulïït pouratlirersur lui la persécution , quand les cir- constances eurent réveillé toutes les fureurs du fanatisme à la voix hypocrite de quelques hommes animés d'im tout autre intérêt que celui de la reli|;ion-. Dégoûté d'un pays désormais livré <\ la haine sanguinaire de quelques in- solcns dominateurs, ouverlement protégés par la puissance publi- que, M. Trelis, à l'exemple de tant d'antres, le quitta pour ja- mais. 11 s'est fixé à Lyon, où, grâce à son mérite, il a été bien- tôt accueilli comme il avait droit de l'être : l'académie s'est em- pressée de se l'attacher, et la con- fiance d'une société libre, com- posée de citoyens d'élite , a eu re- cours à son zélé pour l'établisse- ment de l'enseignement mutuel. Parmi beaucoup de productions inédites de M. Trelis, on peut ci- ter comme très-retnarquables, un poëme en quatre chants sur les progrés de l'esprit humain dans le 18' siècle, des versions poétiques de l'essai sur la critique de l'ope, du Frométhée d'Eschyle, de l'Ân- ligoneet des Trachiniennesde So- phocle, et une traduction en prose des satires de l'Arioste, qu'il se propose de publier in(;cssamment. TUEF.LIAIU) (le comte Aisne- François -Chables) , lieutenant- général , commandeur de la lé-

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gion -d'honneur , chevalier de Saint-Louis , à Parme , le 9 février 176^, d'une famille noble française. Il entra nu service dans le régiment de la ileine-dragons, comme cadet gentilhomme, le 6 uovemhce 1780 ; il fut nommé sous-lieuteOrtut le 19 octobre 1781, lieutenant le 28 avril 1788, et passa , avec le même grade , au T>° régiment de chasseurs à cheval, le ii5 janvier 1792; capitaine au même corps le 6 août de la tnôme année, lieutenant-colonel au 11' de chasseurs à cheval le 7 avril 1793, colonel au même régiment le i5 fructidor an 2, général de brigade le 24 fructidor an 7 ; il fut enfin nommé général de divi- sion le 5 décembre 1806. Il a fait les campagnes de 1792 et 1795 aux armées du Nord, de la Moselle et des Ardenncs; de l'an i"au llhin, dans le Palalinat ; des années 2, 3, 4 et 5 aux armées de Sambre-el- iMeuse et d'Allemagne; des années 6 et 7 , en Hollande et en Suisse; des années 8 et 9, à l'armée gallo- balave; des années I2et i3, à l'ar- mée des côtes de l'Océan ; de l'an i/j et de i8o(5, à la grande-armée en Allemagne et eu Pologne; de 1808, en Espagne; de 1809, en Allemagne , grande - armée ; de 1810, i8i I, 181 a et i8i3 , en Es- pagne elen Portugal; enfindei 8 i/j, à la grande-année, en Champagne. Parmi les actions remarquables qu'il a faites depuis 1792, nous citerons les suivantes. Etant de grande garde avec 3o chevaux, en avant de Philip[)evillc, le 4 mars, il fut attaqué par les Au- trichiens; il tint ferme, doima le temps son régiment de se dé- ployer, et fut blessé dans l'actiou ;

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aux avani-postcs de La Chapelle, il rofut, en quiililé de capilaine, Tordre du général Slenglc, cuiii- ninndant l'avanl-garde, de fe por- ter en reconnaissance, avec son «eicadron et irois compagnies d'i«t- ranter[e, a Durcn, sur luièvicre, d'occuper celle vill<; , et d'en- voyer CQ av;»!!t des partis pour s'armer si l'ennemi avail repassé le Kbin ; il iiil aliaqné des son arrivée, à «me lieure du matin, par un corps autrichien de 5,ooo hommes. 11 se inainlinl jusqu'au jour, el assura sa retraite, qu il fit en bon ordre. Envoyé sur le Rhin, dans le Palalinat, et commandanl, comme lieutenant-colonel, 5oo chasseurs à cheval de dift'érens ■corps, il prit pari à toutes les ac- tions qui eurent lieu à la reprise du Palalinat sur l'armée prus- sienne , et assista à la balailie ties lignes de Wissembourg ainsi qu'au déblocus de Landau. Â la suite de celte campagne, il lut rappelé avec son régiment à l'armée des Ardennes, qui venait d'être in- corporée dans celle de Sambre-et- Meuse. Le général Hébert le choi- sit pour prendre le commande- inent d'un corps de partisansde 5oo chevaux , pour inquiéter l'ennemi -sur ses derrières, et donner jour- nellement au général en chef Jourdan des renseignemens sur les manœuvres de l'armée autri- chienne. A 11 bataille de Fleurus, il était, en qualité de colonel, à l'avanl-garde du corpscommandé par le général Moreau, qui formait l'aile droile de l'armée de San)bre- el-Meuse ; il soutint avec son ré- giment, le jour de la bataille, de- puis deux heures du matin , les at- taques réitérées de la cavalerie lé-

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gère des Autrichiens. Après la ba- taille de Fleurus, il suivit le corps de Moveau, qui se dirigeait sur le Rhin pour attaquer Coblentz ; le colonel Trelliard se distingua en avant de cette ville . au village de la Ïour-Blanche, il culbuta la cavaleiie eimemie , la poursuivit, lui prit 180 chevaux, et mit 200 hommes hîirs de combat. Le len- demain , à la prise de CoblenJE , il chargea ave»^ son régiment les re- doutes qui étaient en avant de cette place , sen empara pour sui- vre les Autrichiens , et serait en- tré avec -eux dans la ville s'ils n'avaient promptemenl f'iit sauter une arche du pont sur la Moselle: la ville capitula de suite, et lar- mée y entra le même jour. Il conliima de servir à l'avant-garde de Moreau , le suivit dans le Hourecouck et au blocus de Mayence, et se distingua sur la Rlire, il commandait une avant- garde ; détaché . coupé de son corps d'armée , il fut obligé de se l'aire jour à travers l'ennemi, qui le poursuivit pendant quatre lieues sans pouvoir l'entamer; il rejoi- gnit le corps de Moreau sans au- tr« perte que quelques tués et blessés. En avant de Rreutsnack, il s'élança sur l'ennemi, l'enfonça, et entra pêle-mêle dans la ville avec lui; iilit '2,5oo prisonniers de toute arme au village de "Sperimglien- gnien, près de Rreutsnack. Dans une reconnaissance, il chargea le régiment de Kerer hussards, et lui lit éprouver une perte de i6o chevaux. Sur le plateau de Par- tenheim, au blocus de Mayence, dans une sortie que fil l'ennemi , il attaque sa cavelerie, forte de i5oo cîievaux, l'enfonce, le pour-

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suit, lui prend *.îoo chevaux, et n»t;t i5o honiin*-s liors de combat. A une autre époque, dans les der- niers jours de sepleuibre. l'enne- mi ayant fait une sortie de Mayen- ce, par un épais brouillard, rarmée attaqua et cidbuta le« avan t-posfes, pénétra dan? le camp et les bi- vouacs de la lifjne , et mit tout en désordre. Le colonel Trelliard qui .se trouvait à l'extrême gauc'je, et qui n'avait pas été attaqué, prit sur lui de quitter son poste pour se porter avec son régiment é- lail le danger, et malgré le brouil- lard, le désordre et la confusion, il se précipita sur l'ennemi ; après trois charges consécutives et meurtrières, il arrêta ses progrès, reprit l'artillerie, dont il s'était emparé, et le força à la retraite. Dans une autre rencontre, au vil- lage de Marienbonne, sous Mayen- ce , il chargea l'ennemi, fit un bataillon de pandours prisonnier et 120 Juissards. Lorsque le géné- ral Marceau fut tué à AUenkir- chen, il servit avec son régiment ;\ la division du général Grenier , passa le Khin à la tête de cette division, et, chargeant les redou- tes en avantdeNeuwied,il lit 2,000 prisonniers. Il servit également à l'avant-garde du généra! Souham, au commencement de l'an 7 , en Suisse. Son régiment n'eut au- cune occasion de se distinguer à celle époque ; le colonel Trel- liard fut rappelé de près de BH- le, il se trouvait, pour al- ler, comme général de brigade, occuper le commandement de la (Cavalerie française en Hollande. H prit part aux dilTérens combats qui eurent lieu à la déroule de l'armée anglaise près d'Alque-

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mard ; il fit ensuite partie de l'ar- mée gallo-balave, commandée par le général en chef Augereau, et commanda l'avant-garde du lieu- tenant-général Duhem. Il se dis- tingua particulièrement h For- kem , il se trouvait à l'aile gauche de l'armée, combattit tout le jour, en avant de cette ville, un corps autrichien, numérique- ment beaucoup plus fort que celui qu'il commandait, contint l'enne- mi par des manoeuvres hardies, et lui opposa la plus vive résistance. Appelé au can)p de Boulogne le 21 frimaire an i5, il eut le com- mandement de la brigade de hus- sards de la division du général Bournier , marcha en Allemagne , à Ulin et à Austerlitz, et comman- dait , à l'ouverture de la campa- gne, l'avant-garde des grenadiers du général Oudinot ; il se distin- gua au combat de Wertinguen, à la Irte des 9* et 10' de hussards, chargea l'ennemi, prit trois pièces d'artillerie, et fit 700 prisonniers. A Braunau, sur le Danube, l'en- nemi, qui occupait encore cette place, avait les ponts; le général Trelliard fil mettre pied à terre à une partie de ses hussards, s'em- para des barques que l'eimcmi a- vait négligé d'emmener sur l'autre rive, passa le fleuve, entra dans la ville, et en chassa l'ennemi. A Vienne, il eut ordre du grand-duc de Berg {voy. iMurat) de seconder le général Bertrand, aide-de-camp de l'empereur, qui était chargé de s'emparer des ponts sur le Da- nube. Il se porta ensuite avec sa brigade sur Stoeraii pour éclairer le corps du grand-duc de Berg, et dirigeait l'avant-garde; il fit deux bataillons prisonniers. Char~

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d'occuper Wichan, ou Murarie, po^lc placé en poitile en avant de l'armée, le général Trelliard reçnt pour inslruclion île ne point aban- donner ce poste , n'importe le nombre des assaillans. Les Russes vinrenl attaquer Wichau le jour même il avait fait pousser des reconnaissances sur toutes les di- rections , sans qu'on eût aucune nouvelle de l'ennemi ; il se croyait en pleine sécurité, lorsqu'à onze heures du soir les Russes culbu- tèrent ses postes avancés, et en- trèrent pêle-mêle dans la ville avec eux. Le général défend de monter h cheval, donne l'ordre que les hussards se rassemblent de suite sur la place avec leur ca- rabine , et bientôt il chaise l'en- nemi ; mais les Russes arrivent en force avec de l'artillerie, et après une attaque de quatre heures, ils envoient au général Trelliard un parlementaire lui annoncer que la place était bloquée par un corps considérable , et le sommer de se rendre. Le général s'y refusa , parvint à faire connaître sa posi- tion au grand-duc deBerg, qui était à i4 lieues, et, jusqu'à l'arri- vée des lorces qui le firent déblo- quer, il se défendit avec la plus grande intrépidité. A la bataille d'Austeriilz , il partagea avec l'ar^ mée la gloire de cette journée, fut envoyé le soir à la poursuite de l'ennemi, et fit grand nombre de prisonniers. Dans la campagne de Prusse, en 1806, il eut le commandement de la divi.'^ion de cavalerie légère attachée à l'avant- garde du 5* corps, commandé par le maréchal Lasne. Le 10 octo- bre, appuyé par une brigade d'in- ianterie de la division Suchet,

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commandée par le général Reille, il chargea l'ennemi dans son mou- vement de retraite , le culbuta et le poursuivit. Le résultat de cette brillante charge fut G, 000 prison- niers, avec trois généraux, trois drapeaux, (;t trente pièces d'artille- rie. C'est à cette affaire que le prin- ce Louis de Prusse, qui comman- dait ce corps ennemi, fut tué dans la charge par un sous-ofïicier de la division de cavalerie légère. A la bataille d'Iéna, le général Trel- liard, aveo sa division, couvrait le flanc gauche du 5' corps; il chargea quatre carrés d'infanterie, fit 8,000 prisonniers, prit 4 ^^r^" peaux, 2 généraux, et 8 pièces d'artillerie. Envoyé à la poursuite du corps prussien , commandé par le général Bliicher, qui se re- tirait sur Lubeck, il atteignit deux fois son arriére-garde, <;t lui fit bon nombre de prisonniers. Arrivé à Stettin,surrOder,le maréchal Las- nele détacha avec sa division pour aller à la poursuite de l'ennemi jusqu'à la Vistule. Il s'acquitta de celte mission avec un plein succès, fit grand nombre de prisonniers , et força l'ennemi à passer le fleu- ve; il traversa la Vistule, toujours formant l'avant-garde du maré- chal Lasne. Au combat de Pultusk, le maréchal et le corps firent des prodiges de valeur, le général Trelliard fut grièvement blessé ; le maréchal lui envoya le soir un oflîcier lui dire que l'empereur l'avait nommé général de divi- sion , en récompense de sa bril- lante conduite durant cette cam- pagne. Aussitôt que sa blessure lui permit de monter à cheval , il sollicita auprès de l'empereur la permission de retourner à l'ar-

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mée. Il fut envoyé en Espagne dans les premiers jours de 1808, il fut chargé du commande- ment de la province de Villoria , passa en Castille, et y fit une ^'ucrre active au corps espagnol et aux bandes de guérillas. Appelé en 1809 à la grande- armée , en Allemagne , il ne put arriver assez à temps j)o»ir prendre part aux brillantes actions de cette cam- pagne. Renvoyé, en iSio, en Es- pagne, il y Cl les campagnes de iSio, 1811, 1812 et i8i5, tant en Espagne qu'en Portugal; il commandait en Portugal la ré- serve de cavalerie, ?e distingua avec sa division à Coïnibre, et lorsque l'armée fit sa retraite. Au retour du Portugal , il fut appelé à Madrid pour commander fa ca- valerie légère de l'armée du cen- tre; envoyé ensuite dans la Mar- che, il prit le commandement de cette province, et celui de la di- vision de dragons. Il eut à com- battre les troupes espagnoles, qui cherchèrent à s'en emparer, et les corps nombreux de guérilla'? qui infestaient celte province. Le gé- néral Morillo, avec un corps d'in- fanterie de 5,000 hommes, 5oo chevaux, et 5 pièces d'artillerie, voulait prendre Almagro , ville au centre de la Manclie ; le géné- ral Trelliard, prévenu de la mar- che du général espagnol, part à minuit avec 3oo chevaux , une pièce d'artillerie légère et arrive à Almagro ;\ la pointe du jour, au moment le général Morillo at- taquait les faubourgs; il charge de suite en flanc sa colonne, en lui envoyant un seul coup de canon ; met en fuite In cavalerie et l'infan- terie, fait grand nombre de pri-

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sonnîcrs, et le chasse de la pro- vince. Lorsque le roi Joseph [voy. Bonaparte) fit sa retraite de Ma- drid sur Valence, le général Trel- liard fut chargé de couvrir ce mouvement avec la 4' division de dragons qu'il commandait, forte seulement de 1,100 chevaux; il attaqua l'avant-garde anglaise, qui avait i,5oo chevaux, 5 batteries et 5 pièces d'artillerie , se diri- geant sur Madrid ; il cull)ularen- nemi entre les villages de Macala- houda et la Rosa, lui prilS |)ièces d'artillerie, 200 chevaux, tua loo hommes, et en mit 4')o hors de combat. Cette affaire est un des plus beaux faits d'armes de cava- lerie par l'opiniâtreté de l'ennemi, qui revint trois fois à la charge dans l'espérance de reprendre son artillerie : ce ne fut qu'à la der- nière qu'il fut enfoncé. Cette bril- lante action assura la tranquillité, la marche du roi sur Valence, et celle d'un convoi de plus de 2,000 voitures, la plupart rem- plies d'habitans de Madrid, qui emmenaientavec eux letir famille. Le 1" janvier 1814 » il fnt appelé de l'armée d'Espagne à la grande- armée en Champagne , avec la a" division de cavalerie qu'il com- mandait. En avant de Nangis, le I 5 février, à la tête de sa division, soutenue par le corps du comte Gérard, il attaqua et culbuta l'a- vant-garde russe, lui prit i() piè- ces de canon, fit 5, 000 prison- niers , et la poursuivit jusque sous Provins. Le 24 du même mois, avec la 1' brigade de sa division, il attaqua l'arrière-garde autri- chienne, qui se retirait de la Mai- son-Blanche sur Bar-sur-Seine , entama celte arrière garde à lu

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hauteur de !a Maison-Hlancbc, lui fit 1,200 prisonniers d'infanterie, prit un drapeau , poursuivit la ca- valerie pendant cinq lieues , fit prisonniers loo canonniers ou chevau-légcrs , tua bon nombre d'hommes , et en mit 200 hors de combat. A Arcis-sur-Aube, il sou- tint et couvrit la retraite du corps commandé par le maréchal Ou- dinot, et quoique l'ennemi le fou- droyât de son artillerie et du fou de son infanlGrie , il fit sa retraite par Echigni , et par sa contenance et sa fermeté empêcha l'ennemi de l'entamer. Nommé gouver- neur de BelIe-Iie-en-Mer , au mois de juin 18145 il a été mi;^ à la retraite le 1" octobre i8i5, après 55 ans de services. Il jouit aujourd'hui (182.0), dans sa fa- mille , de l'estime de ses conci- toyens.

ÏRENCK (Frédéric, BARON de), qu'une persécution sans exemple et une mort funeste ont rendu également célèbre, naquit, le 16 février 1726, à Kœnigsberg, ca- pitale de la Prusse orientale. Il annonça, dès ses jeunes années, un , caractère entreprenant et aventu- reux, et eut au collège iriême , avec deux de ses camaradts, deux affaires d'honneur, dont il sortit avec avantage. Admis i l'âge de seize ans à la cour du grand Fré- déric, en qualité de cadet dans le régiment de ses gardes, il parvint bientôt à la plus grande faveur, et le roi se l'attacha comme aide- de-camp. Berlin réunissait alors les hommes les plus célèbres de l'Europe; Voltaire, Maupertuis, et beaucoup d'autre> savans , em- bellissaient cette capitale; le jeune Trenck était l'objet de tous les

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égards par ses qualités brillantes , par les grâces de son eeprit , et peut - ôtre aussi par les distinc- tions dont l'honorait son souve- rain. La guerre, qui éclata à cette époque entre rAulriche et la Prus«e, et dans laquelle Trenck se signala par une grande bra- voure, mit le comble à sa faveur; il fut décoré de l'ordre du mérite. Une intrigue amoureuse avec une dame du plus haut rang vint tout à coup détruire ses espéran- ces de gloire et de fortune. Punir celte espèce de crime, s'il exis- tait réellement, c'eût été le révé- ler; on l'accusa d'ime correspon- dance criminelle avec son frère François, chef des pandours dans l'armée autrichienne; des lettres interceptées, ou plutôt supposées, convainquirent tous ceux qui n'é- taient pas du secret, que le baron de Trenck avait entretenu des correspondances avec l'armée en- nemie. Il fut arrêté et conduit à la citadelle de Glatz, Au bout de cinq mois, il forma le projet de briser ses fers ; le complot fut dé- couvert, et une seconde tentative n'eut pas plus de succès. Dès-lors il dut renoncer à tout espoir de grâce ou de justice. Néanmoins un de ses camarades , que le mal- heur n'avait pas rendu infidèle à l'amitié, lui facilita, au péril de sa vie , les moyens de s'échapper. Le baron de Trenck se réfugia à Vienne, il obtint de l'impéra- trice-reine , à la sollicitation de plusieurs grands seigneurs, une compagnie de cavalerie dans le régiment de Cardoue, cuirassiers. Il fit ensuite un voyage de trois mois en Russie, auquel on sup- posa des motifs politiques ; il eut

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aussi rimprudencft d»; s'arrêter à Dnntzick, pour y terminer, avec 5es frères et ses sœurs, le partage de la succession de leur mère , morte en cette ville; mais déjà l'on préparait son cachot à iMajr- debourg. Un de ses ennemis ayant écrit de Vienne au roi de Prusse , que ïrenck ne faisait le voyage de Danlzick que pour trouver le moyen de l'assassiner, on prit tou- tes les mesures pour l'arrêter, et il le fut au moment même oi'i , instruit du sort qui l'attendait, il s'embarquait sur un vaisseau sué- dois pour retourner en Russie, lînfermé d'abord dan? lu prison de DanJzick, il en partit birtitùt sous l'escorte de trente hussards, qui le conduisirent à Berlin, d'où il fut transféré , p.w Spandau , dans un cachot île Slagdebourg; il y fut chargé de chaînes du poids de 45 livres, mais dont, par une adresse inouïe, il se débarrassait ou se révélait i"i volonté, trom- pant ainsi la surveillance de ses geôliers. Quand il ne s'occupait pas ôe.i moyens de recouvrer sa liberté, ce qu'il fit à plusieurs re- prises, mais toujours infructueu- sement, il s'exeryait à un genre d'industrie qui ajoutait encore à l'intérêt qu'avaietit fait naître ses malheurs : il était parvenu à graver sur des verres, avec la pointe d'un rlonJ, des dessins qui faisaient l'admiration des hauts personna- ges à (pli il les adressait. Cepen- dant on intercédait toujours en sa fav«:ur,même l'impératrice Marie- Thérèse. Le roi répondait tou- jours : a Trenck est un homme dangereux; tant que je *ivrai, il lift verra pas le jour. » Néan- moins, le 24 décembre 1774» F'*^-

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dérick , à l'occasion de sa fête , ordonna que le baron fût mis sur- le-champ en liberté, avec ordre de ne point paraître A lu cour, ni même à Berlin. L'intérêt qu'il avait inspiré pendant sa captivi- té cessa tout à coup dès qu'il fut libre ; on ne se souvint plus de lui en Autriche; il ne put même rentrer dans ses biens, dont s'é- taient emparés les curateurs qu'on lui avait donnés. Il fit cependant nn triariage honorable, et alla se fixer à Aix-la-Chapelle , il se livra , pour vivre, à des opéra- tions de commerce , qui ne lui réussirent point ; il se trouvait dans un état voisin de la gêne, lorsque la révolution française vint lui fourm'r l'espoir de repa- raître avec avantage dans le mon- tlc. II arriva, en 1790 , à Paris, y fut accueilli par les sociétés po- pulaires , et se lia particulière- nient avec Latude, victime com- me lui du pouvoir arbitraire. A répn(|ue les Prussiens péné- trèrent en France, il olVrit «le ras- sembler tous les Prussiens mé- contens de leur gouvernement, qui se trouvaient en France, et (l'en former un régiment de ca- valerie, qu'il (^induirait lui-même h l'ennemi. C'était l'époque des sonp(;ons 5 il n'en fut pas exempt, malgré les gages qu'il avait don- nés à la liberté. On le regarda comme un espion de la Prusse ; il fut arrêté qiichjue temps après et conduit dans les prisons d(! Saint-Lazare. A défaut de motifs réels pour le mettre en jugement, on l'engloba dans une prt^tenduc conspiration iït:^ pri-^ons, et il fut condamné à mort sous ce ridicule prétexte. Avant d'aller nu »up-

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plice, il écrivit à sa femme la let- tre la plus touchante, et mourut avec courage. Ainsi périt, i\ l'âge de 70 ans, victime d'une faction qui se disait amie de la liberté , celui qui , toute sa vie, avait gémi gous le despotisme royal.

ITiÈSTAILLOUS ( N. ) , dit commimément TaiiSTAiLLONS, ou TRois-TRANcnANS, cu patois lan- guedocien, fut un de ces monstres qui déshonorèrent par leurs cruau- tés le parti qu'ils voulaient servir, ets'effoi'cèrentdelerendreodieux. 11 y a celte différence néanmoins que les hommes du parti opposé firent eux-mêmes justice, au 9 thermidor, de tous ceux qui a- vaient abusé de l'anarchie du mo- ment pour ordonner ou commet- tre des assassinats ultra -révolu- tionnaires , tandis que Trèstail- lous et ses pareils, qui s'étaient rendus fameux à force de crimes, au mois d'août 181 5, à Nîmes, pour rendre par la terreur la fac- tion ultra-royaliste, maîtresse des •élections , trouvèrent un appui constant dans ceux qui les avaient soudoyés , et échappèrent pres- que tous à la rigueur des lois. i\l. de Serre, dont le témoignage peut être de quelque poids sur cette matière, quoiqu'il ait tenu un autre langage lorsqu'il était garde-des-sceaux en 1820, s'ex- primait ainsi sur Trèstaillous, dans le comité secret de la chambre des députés, du 25 mars 1819 : o Parlerai -je , messieurs , d'un homme dont j'ai horreur de pro- noncer le nom ? Trèsl aillons, pré- venu de crimes affreux , devient l'objet des poursuites du minis- tère public. L'autorité judiciaire ne veut pas qu'il soit jugé dans la

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ville même théâtre de ses cri- mes , tant la consternation de» ci- toyens, tant la terreur qu'inspire le prévenu font craindre pour la liberté des délibérations de la jus- tice; il est envoyé aux assises de Riom. Le croiriez - vous , mes- sieurs, on ne peut trouver aucun témoin qui dépose des crimes de Trèstaillous ( commis en plein jour, à la face d'une ville entière), et il s'en présente cent pour at- tester son innocence? » En- hardi par l'impunité, il a conti- nué de porter le sobriquet atroce qu'il s'était lui-même donné, et de se montrer partout avec au- dace an milieu des populations auxquelles Ses fureurs ont imposé un honteux silence.

TRINQUELAGUE ( Chablbs- François de ) , chevalier de la lé- gion-d'honneur, premier prési- dent de la cour royale de Mont- pellier, conseiller-d'état, ex-mem- bre de la chambre des députés , est le 29 décembre 1747» à IJzès , département du Gard , et fut reçu avocat au parlement de Toulouse. En 1776, il rem- porta le prix proposé par l'acadé- mie de Nîmes, pour VEloge de Fléclùer, et, en 1781, il succéda à son père, avocat-syndic d'Uaès. Membre de la seconde assemblée des notables, il y seconda avec tant de zèle les vues ministériel- les, qu'il en reçut la récompense dans les lettres de noblesse qui furent accordées à son père, et dans l'expectative pour lui-même de la place de syndic-général de la province de Languedoc. La ré- volution ne tarda pas à anéantir les litres honorifiques et les espé- rances de l'emploi lucratif. II n'est

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pa? bien constant que M. Trin- quelague se soit prononcé pour la révolution; toutefois, comme alors on n'accordait guère d'em- ploi qu'aux hommes qui don- naient des garanties de leur pa- triotisme, on dut croire que M. Trinquelague avait mérité de de- venir maire de la commune il était né, puis président de dis- trict. Ce fonctionnaire municipal jugea prudent de se cacher en 1793 , et de ne reparaître qu'après cette fatale époque en son an- cienne qualité d'avocat, Aj>proba- teur du gouvernement impérial, puisqu'il consentit à devenir sa créature , il fut successivement nommé, 11 l'époque de la réorga- nisation des tribunaux, premier avocat -général à la cour impé- riale de Nîmes , et en 181a, can- didat au corp^-législatif, néan- moins il ne fut point appelé. Le gouvernement royal ne l'employa pas pendant la première restao- ralion , en i8i4 * ni Napoléon pendant les cent Jours, on 181 5. La seconde restauration le remit en évidence, et dès le mois d'août i8i5, il prit séance à la chambre des députés ^ en vertu de son élec- tion par le département du Gard. Au mois de décembre suivant, il fit partie de la commissior) char- gée de l'examen du projet de loi sur le rétablissement des cours prévôtales, en faveur desquelles il se prononça fortement. Le 2g du même mois, rapporteur d'une commission centrale, il demanda une loi « qui ordonnât que le 21 janvier de chaque année , il y eût dans le royaume un deuil géné- ral ; qu'il fût fait le même jour un service dans chaque église de

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France , et qu'en expiation du crime de ce malheureux jour, il fût élevé, sur une place de la ca- pitale, aux frais de la nation , une statue à Louis XVI, avec ces mots graves sur le piédestal : La France libre à Louis XVI. -> M- Trin- quelague réclama, dans la séance du 7 janvier 1816, non sans ex- cilor des murmures parmi les membres de la minorité, un chan- gement au projet de loi dit d'flm- nisde, comme exceptant de cette loi (c'est la loi du 12 janvier 1816, rendue contre les conven- tionnels dits volans) les crimes et les délits envers les particuliers , et proposa de la rédiger ainsi: « L'amnistie s'étend aux crimes et délits commis envers les parti- culiers jusqu'à ce jour, et qui ont été la suite ou de l'entreprise de l'usurpateur, ou de la réaction à laquelle a donné lieu son entre- prise. On pourrait, ajouta -t- il, en abuser contre les royalistes du Midi, qui, exaspérés parles atten- tats de leurs ennemis, ont pu se livrer à leur tour à quelques ex- cès. Faudra-t-il que dans ces dé- partemens fidèles, les cachots res- tent encore ouverts pour recevoir de nouvelles victimes? » Au mois de lévrier suivant, il fut nommé membre de la commission chargée d'examiner la proposition de M. de Ronald, ayant pour objetlasup- pression du divorce; il prononça, a cette occasion, dans le comité se- cret, un discours, d'où l'on a ex- trait le passage suivant : « C'est aux époques les plus désastreuses de notre révolution, que l'esprit de désordre et de licence qui en dirigeait et précipitait les mouve- niens, amena le divorce au milieu

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de nous. La loi qui consacre ce granil attentat est du 20 septem- bre 179a, c'est-à-dire, donze jours après le massacre des \)vîi- tres, (les pontifes, et d'une foule innombrable de victimes immo- lées i\ la haine de la religion, de la royauté, de nos lois antiques, immolées dans le sein de la capi- tale, sous les yeux des autorités, sans obstacle avant le crime, sans poursuite après sa consomma- tion. » Ce n'était pas dans ces deux occasions, et surtout dans celle de la loi d'amnistie, rappe- ler tout-à-fait la maxime royale union et oubli; mais M. Trinque- lague , conune beaucoup il'au- tres, pensait sans doute que c'é- tait servir le monarque que d'al- ler au-delà de sa volonté. Dans le même mois, il fut nommé procu- reur-général de la cour royale de Pau , et sous-secrétaire-d'état au département de la justice. L'or- donnance royale du 5 septembre 1816, mit un terme aux travaux de la chambre dite introuvable. M. Trinquelague fut réélu à la nouvelle chambre par le départe- ment du Gard, «où, disent les auteurs d'une biographie étran- gère, l'esprit qui avait dicté l'or- donnance n'avait point pénétré. » Dans la nouvelle chambre, il vota constamment, ainsi qu'il l'avait fait dans la première , avec le parti des exclusifs, qui toutefois n'était plus en majorité. Il obtint, au mois de décembre de la même année, de nouvelles lettres de noblesse , le? ancienne-! n'ayant pu être enregistrées, en 17^9, à cause de la suppression des j)ar- lemens. Le ministère changea par suite de la célèbre ordonnance du

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5 septembre, et M. Trinquelague perdit, en janvier 1817, sa place de sous-secrélaire-d'état. 11 passa au conseil-d'éfat en service ordi- naire. L'un des membres de la série qui sortireal de la chan)bre à la fin de la session de itîi8, fl ne fut pas réélu aux sessions sui- vantes; il avait été nommé, le 19 avril 1817, conseiller à la cour de cassation, et conseiller - d'é- tat en service extraordinaire. M. de Trinquelague est aujourd'hui (1825) premi-er président de la cour royale de Montpellier.

TRIF ( Af.BERT-D0MIMQtJB), flU-

cien colonel au service de France, depuis lieutenant-général au ser- vice du royamne des Pays-Bas, officier de la légion-d'honneur et commandeur de l'ordre militaire de Guillaume, naquit à Grœnin- gue, en 17^6. Se destinant dès sa jeunesse à la carrière des armes, il entra à l'âge de i5 ans, comme cadet, dans un régiment d'infan- terie, fut nommé enseigne l'aimée suivante (1792), assista au siège de Landrccies , et fit, avec les trou{)es hollandaises, les premiè- res campagnes de la révolutii)n contre les Français. A près le chan- gement politique qui s'opéra en son pays en 1795, et la fuite du stadhouderen Angletene, l'armée hollandaise reçut une destination nouvelle; au lieu de combattre les Français, elle devint leur auxi- liaire. M. Trip, nommé lieutenant en premier, servit avec distinc- tion dans la Nord-Hollande, en 1799, et eut part à tous les com- bats qui se livrèrent contre les Russes et les Anglais, débarqués sur les côtes de cette province. L'entreprise desassailhms leur de-

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Tint, comme on sait, funeste ; il n'était pas facile à cette époque de; violer impunément le territoire de la France ou de ses alliés. En >8o6, le roi Louis {voy. Bona- parte-Josepd) nomma iM. Trip capitaine dans sa nouvelle gar- de, et peu de temps après, chef d'escadron des grenadiers à che- val. Deux ans plus tard, il ob- tint le gradé de colonel avec le commandement du 2* régiment de cuirassiers , et fut eu outre nommé écuycr du roi. Il marcha, vers la fin de i8o8, contre le chef de partisan prussien, Schill, qui faisait alors la guerre pour son propre compte , et contribua à sa défaite dans la ville de Stralsund. Le roi de Danemarck envoya , ;\ cette occasion, la croix de l'ordre de Danebrog au colonel Trip. Nommé, eu 1810, comman- deur de l'ordre de l'Union , dont il avait été un des premiers che- valiers lors de son institution, il accompagna , en sa qualité de grand -cuyer, le roi Louis lors du dernier voyage que ce prince fil i\ Paris, peu de ten)ps avant son abdication volontaire d'une royauté qu'on lui avait imposée malgré lui. La Hollande, bien- tôt incorporée à l'empire fran- çais, le colonel Trip suivit le sort de ses frères d'armes batavcs, et passa dans les rangs des guer- riers français. Son beau régiment devint le 14* de cuirassiers, et il continua à se distinguer à la lête de ce corps ; il (il avec lui la guerre d'Allemagne et la campagne de Uussie , fut grièvement blessé au passage de la Bérésina lors de la retraite de l'armée française, et fut nonimé oflicier de la lé-nnu-

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d'honneur après la bataille de Dresde, en i8i5, dans laquelle il venait encore de déployer la plus brillante valeur. A la suite des événemens de cette époque, lorsqiie la Hollande eut recouvré son indépendance, le colonel Trip s'etnpressa de rentrer dans sa pairie , et offrit ses services an prince d'Orange, qui en était de- venu le souverain. C<^lui-ci, ren- dant justice aux talens militaires d'un olFicier aussi distingué, le nomma d'abord son aide-de-camp et lui conféra, eu 181 5, le grade de général-major. 11 commanda en cette qualité un corps de ca- valerie belge et batave pendant la campagne de la même année, et se distingua à la bataille de Wa- terloo. En 181O, il fut nommé lieutenant-général et chargé d'une mission extraordinaire en Russie, il porta à l'empereur Alexan- dre la nouvelle de la naissance du premier fils de l'héritier de la cou- ronne du royaume des Pays-Bas, beau-frère de l'empereur. Le gé- néral Trip fut décoré, à cette oc- casion, de la grand'croix de l'or- dre de Sainte-Anne. A son retour, il eut commandement en chef de la cavalerie, et en 1820, celui de la première division territoriale du royaume des Pays-Bas . dont le quartier-général est à Utrechl. TKOISOEUFS ( Antoine -Am- buoise), ex-législateur, ;\ Pa- risen ij^^o, s'était origiuiiireuM'nt destiné au barreau, et était avocat à Paris lors de la suppression des parlemens. Après avoir servi d'a- bord dans les rangs de l'armée, l'a valent appelé les lois du temps, il eut bientôt à remplir des fttnc- lioiis importantes auprès des ar-

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niées du Nord et de Sambro-et- Meuse, et il fut, en même temps, chargé de Ja régie des domaines à Bruxelles, jusqu'à ce que l'ad- minisiration française vînt en prendre possession. Nommé de- puis secrétaire d'une des grandes administrations locales, chargées de façonner les Belges au joug des lois et des institutions fran- çaises, il fui successivement, lors de la réunion de la Belgique à la France, administrateur et secré- taire-général du déparlement de l'Escaut. En 1808, il fut élu, par ce même déparlement, membre du conseil des cinq-cents. Dans le cours de sa carrière administra- tive, qui cessa en 1810, il parut différentes fois à la tribune , soit pour faire des rapports, soit pour prendre part aux discussions, ou pour célébrer lu gloire de nos ar- mées. Appelé, dans la même an- née, aux fonctions de juge au tri- bunal civil séant àGand, il renon- ça à la magistrature en i8iq, et revint à Paris, où, depuis 18 13, il est avocat à la cour royale.

TBOMELIN ( Jean - JACQrES, COMTE de), en Bretagne, élevé à l'école militaire de Vendôme , était sous-lieutenant au régiment de Limousin en 1788; il quitta la France en 1791, et fit la cam- pagne des princes. Ayant suivi le prince Léon, depuis duc de Ro- han, à Quiberon, il fut après cette expédition, chargé par le comte d'Artois, à diverses reprises, de plusieurs missions périlleuses en Normandie, et se trouvait à bord de la frégate commandée par sir Sidney-Smith, qui fut prise de- vant le Havre. Dans ce moment critique, sir Sidney, forcé d'a-

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mener son pavillon , eut , a»i fort du péril, la présence d'espritd'engager tout son équipage à celer que le comte deTroinelin fût un émigré français, et ce terrible secret fut Éfi bien gardé, que conduit à Pa- ris, il resta 18 mois renfermé au Temple sous un nom supposé; étant totalement inconnu, il fut assez adroit pour obtenir du di- rectoire l'ordre d'être reconduit en Angleterre, il mit tout en œuvre pour délivrer ses compa- gnons de captivité. Ce fut dans cette intention qu'il revint en se- cret à Paris, et que, réunissant ses efforts à ceux de quelques hommes dévoués , il réussit à procurer l'évasion de sir Sidney, et à favoriser son arrivée en An- gleterre. Nommé chevalier de Saint-Louispar S. A. U. Monsieur, en octobre 1798, il fut quelques mois après arrêté à Caen , et par- vint de nouveau à s'échapper. Contraint de s'éloigner, il suivit sir Sidney en Turquie, et succé- da à Philipeaux, après le siège de Saint- Jean -d'Acre, auprès du grand-visir, et plus lard, près du capitan - pacha. Il fit avec eux, contre les Français, comme lieu- tenant - colonel , les campagnes de Syrie et d'Egypte. Il rentra dans sa patrie au commencement de 1802, et obtint sa radiation de la liste des émigrés; à cette époque de calme et de pacification, il se re- lira à la campagne, et depuis long- temps il vivait tranquille à iMor- laix, lorsque son nom, prononcé à un espion de police par Spencer Smith, fut cause de son arresta- tion, et, par suite, de la nouvelle carrière qu'il a parcourue. Con- duit d'abord à Paris, il resta six

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mois en prison, et n'en sortit que pour entrer au service, en qualité de capitaine, au 1 12' régiment. Ileçu dans l'armée avec une par- faite bienveillance, employé bien- tôt à l'état-major de l'armée de Dalmalie , particulièrement re- marqué du duo de Raguse, qui le chargea de quelques missions difficiles, i! gagna le grade de chef de bataillon sur le champ de bataille, et rendit des services réels au brillant passage de la Croatie, par l'armée de Dalmatie, en 1809. Après la paix do Vienne, et rillyrieétant cédée h la France, il fut nommé colonel du 6* régi- ment territorial croate; il y résida plusieurs années. Employé, en i8i3, à l'armée d'Allemagne, comme chef d'élat-major d'u- ne division, il fut nommé officier de la légion- d'honneur après la bataille de Baulzen, et général de brigade après celle de Léipsick. Il se trouva renfermé, en i8i4» dans la place de Mayence comme chef d'état-major. A la première restauration, il fut placé par le comte d'Artois, major à la suite des grenadiers royaux à Metz, etquiltace corps, le iGmars i8i5, pour rentrer à Metz avec le maré- chal Oudinot, qui le 24 l'en- voya à Paris. Le 11 juin, le ma- réchal-de-camp Tromelin reçut des lettres de services pour être employé au 6" corps d'armée ; aussi commandait-il une brigade à AValerloo, qui, sous les yeux du comte (le Lobau , combattit l'une des d(;rnières à Walerluo ; mais proMiptement de retour ù Paris , le général Tromelin fut chargé, par le président du gouvernement provisoire, de diverses négocia-

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tions près du duc de Welling- ton. A la deuxième restaura- tion, et depuis 1816, il a été employé comme inspecteur d'in- fanterie , et chargé de l'orga- nisation des troupes en 1820. On peut affirmer qu'il a porté dans l'exercice de ses fonctions beaucoup de justice et d'impar- tialité. Il a prouvé qu'il ne reniait point d'avoir été sur de glorieux champs de batailles, et surtout qu'il était toujours reconnaissant de l'accueil qu'il avait reçu, en 180G, lors de son apparition dans les rangs de l'ancienne armée. Il a fait la dernière campagne d'Es- pagne, en Catalogne (en 1825), et s'est distingué par une belle con- duite sous les ordres du maréchal Moncey.

TRONCHET (François-Denis), membre du sénat-conservateur, officier de la légion-d'honneur, ex-membre de plusieurs assem- blées législatives , ancien avocat au parlement de Paris, bûtonnier de cet ordre, et président de la cour de cassation, naquit à Paris en 172G. Issu d'une famille esti- mée dans la magistrature , il fut destiné i'i suivre la carrière du barreau, et son penchant répon- dit au vœu de son père. La fai- blesse de son organe ne lui permit pas de selivrer loutentier A l'exer- cice de l.i parole, et bientôt il fut forcé de s'attacher exclusivement au travail du cabinet, moins bril- lant, moins prompt i\ donner la renommée, mais {)lus favorable au jurisconsultequi veut posséder à fond la science des lois. Profond dans cette science, droit, vrai, il jouissait d'une haute réputation, et était regardé comme l'une des

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lumières du b.irrciiii lorsque la révolution éclata t il en adopta avec sagesse les principes , et, en 1789, il fut nounné député aux él;its-(^énéraux. Il s'y fit remar- quer par la p.irt active qu'il prit au travail des comités. « Vingt lois, dit M. Lavallce. dans une notice sur cet honorable citoyen , portè- rent l'cmpreinlc de ses lumières et de sa prévoyance. » Il était président de l'assemblée consti- tuante lorsque Mirabeau mourut. « Tronchet , président, notifia celte perte à l'assemblée. On crut entendre la sagesse annoncer aux hommes la perte du génie. » A la fin de la session de l'assemblée constituante, il reprit l'exercice de sa profession. Louis XVI, mis en jugement par la convention nationale, choisit Tronchet pour son défenseur {voy. De Sèze. ) Tronchet accepta ce glorieux man- dat. La funeste destinée du mo- narque devait faire évanouir la plus belle défense. Echappé com- me par miracle à l'affreux régime de la terreur, il fut nommé , au mois de septembre 1795, par le département de Seine-et-Oise , membre du conseil des anciens. Il en faisait encore partie lors de la révolution du 18 brumaire an 8 ( 9 novembre 1799. ) Le premier consul Bonaparte l'honora de son amitié, et ne laissa point échapper l'occasion de rendre ses services utiles à la patrie. « Président du tribunal de cassation , l'un des ré- dacteurs du Code civil, il ne res- tait plus à Tronchet d'autre gloire ■!i recueillir, que de voir le voeu unanime du tribunat et du corps- législalif le porter au sénat. » Il en fit partie jusqu'à l'époque de

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sa mort, arrivée le lo mars 180G. Il fut enterré avec pompe dans l'église de Sainte-Geneviève (le Panthéon français.) M. François de NcuchAleau , président du sé- nat-conservateur, prononça l'o- raison fimébre de Tronchet. <• La patrie, dit M. La vallée, rendit à sa dépouille mortelle des honneurs commandés par leshautes dignités qu'ilavaitoccupées; mais l'estime publique le disputa auxconvenan- ces, et dans celle pompe funèbre, il sembla que le sentiment eût tout ordonné, et que l'étiquette n'eût aucun droit. L'éloquence ap- porta de riches tributs sur la tom- be de l'homme qui l'avait si bien servie par ses écrits; et, toutes les fois que la France se rappelle- ra les vertus elles talens de Tron- chet, elle se souviendra avec quelle dignité , quelle précision, quelle élégance oratoire, quel res- pect pour la vérité, M. de la Malle a célébré ce célèbre juri^^consuUe. Il appartenait à M. de la Malle de remplir ce devoir. On doit hono- rer la mémoire de celui dont on hérite à tant d'égards, p Tronchet se délassait de ses travaux, com- me magistrat, en cultivant la lit- térature , et même la poésie. Il a laissé, en portefeuille, une tra- duction de l'Histoire de Charles- Quint, par Robertsou, un Abré- gé de celle d'Angleterre, par Hu- me et par Barrow, et un Tableau de l'établissement du Mahométis- me considéré comme religion , comme institution civile et com- me gouvernement politique : « Et ce qui est plus admirable encore, dit M. de la Malle, c'est qu'après avoir fait toutes ces choses, il les tint secrètes, ne voulut point s'en

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glorifier, et ne consentit janinis à en rien publier; portant sans doute le sentiment religieux des conve- nances, jusqu'à penser qu'il serait lîors de son oaraclère, de «a pro- fession ou de ses fonctions, de se produire comme auteur d'ouvra- ges étrangers h son état ; et la mo- destie, jusqu'à croire que ses ou- vrages ne méritaient pas qii'on les rendît publics. » Une traiicdie de Caton d'Utique, des traduc- tions en vers de quelques fragmens de l'Ariosle, de Millon, de Thom- pson , de l'riur, attestent que les muses lui furent chères. M. La- vallée termine ainsi l'éloge de Trunchet : <> Ses manières se res- sentaient de l'austérité de ses mœurs. II faut le dire, il n'eut point cetle amabilité prévenante qui distingue le Français; fnais nul homme ne fut plus essentiel dans le commerce de la vie. I! mérita d'avoir beaucoup d'amis; il les chérit constamment, ne les cares- sa jamais, et n'eu perdit aucun. Tout ce qui portait le litre de de- voir était sacré pour lui; il quit- tait tout pour remplir ceux que commandent et la vie privée et la vie politique. II serait diflicile de citer un meilleur fils, un meil- leur parent, un meilleur citoyen, un jurisconsulte plus sédentaire , un législateur plus laborieux, un magistral plus infatigable. » Napo- léon, au rapport de M. Las (hises {voy. sesMém. tom. III,pag. a84) jugeait ainsi cet illustre citoyen : " Tronchet, dil-il, était l'âme du conseil-d'élat ; il avait un esprit éminemment profond et juste ; mais il .«autait par-dessus les évé- ncmens, et ne savait pns se dé- fendre. »

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TRONCHON (CoARLEs) , pro- priétaire-cultivateur, chevalier de la légiun-d'honneur, membre de l'assemblée législative , de la chambre des représentans et de la chambre des députés , habitait le département de l'Oise, sont situées ses propriétés, lorsque lu révolution éclata. La disette des blés s'élant fait sentir dans la ville de Meaux en 1 78g, M. Tronchon , que ses travaux agricoles avaient fait connaître de ses concitoyens, vint à leur secours, non-seule- ment par tous les sacrifices qui dépendaient (le sa propre fortune, mais encore par son crédit, et ijs lui durent les approvisionnemcns qui leur étaient nécessaires. La ville de Meaux, reconnaissante, lui vola, et fit frapper en sou honneur une médaille d'or : hommage civi((ue peu com-' mim et bien flatteur. Par suite de la nouvelle organisation muni- cipale, à celle époque, il devint membre du conseil-général du déparlement de l'Oise, qui s'em- pressa de l'élire, au mois de sep- tembre 1791 , dépulé à «l'assem- blée législative. Il y fut l'un des plus fermes soutiens de la consti- tution de 1791. Secrétaire (le l'as- semblée au 10 août 179a, il re- (;ut des mains d'un grenadierdela garde nationale le fils de Louis XVI , et tint le royal enfant dans ses bras jusqu'au moment il put le rendre à son auguste mère. Il ne fit poini parlie de la conven- tion nationale, qui succéda, au mois de septembre 1792, à l'as- semblée législative, et, heureux de se livrer aux occupations de la vie privée , il ne Ijrigua sous la république, sous le consulat,

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soiis l'empire, ni sons le gouver- nement royal, en 1814 , aucune fonction publique, aucun emploi. Ses travaux agricoles, ses conci- toyens, sa famille, furent les seuls objets de ses pensées et de ses soins. Venihint le% cent Jours , en 18 15, il fut nommé à la chambre des rcprésentans ; les circonstan- ces étaient graves, il accepta sa mission. Peu après la seconde res- tauration , en 1816, on lui im- puta à crime ses fonctions mo- mentanées. Au-dessus des calom- nies et des persécutions, il triom- pha par sa seule dignité, et reçut de ses concitoyens , en 1817 , après la loi du 5 février, im nou- veau mandat qui le mit à même de se montrer à la chambre des députés ce qu'il avait toujours été, un des plus honorables ci- toyens, un des plus dignes défen- seurs des intérêts populaires. Pla- cé, par ses opinions libérales, au côté gauche , il vota, dans la ses- sion de 18 19, contre les deux lois d'exception, et fut de la minorité (les 95 membres) qui repoussa inutilement le nouveau système électoral. Réélu immédiatement à sa sortie de la chambre, en 1822, il a été frappé par la dissolution to- tale, en 1823, et n'a pas été nom- mé , du moins jusqu'à ce jour (1825), à la chambre devenue sep- tennale.

TRONÇON - DU - COUDRAY (Guillaume-Alexandre), naquit à Reims en i^SS; il avait fait avec distinction ses études à Paris , et était reçu avocat au parlement de celte ville. Sa probité, ses talens oratoires , et les causes importan- tes dont'il fut chargé , lui avaient acquis de la célébrité avant la ré-

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volulion en 1789; il ne prit que peu de part aux événemens poli- tiques de cette époque, et n'oc- cupa aucune fonction publique ; mais en octobre f^95, lorsque la faction de la Montagne eut résolu de faire condamner l'infor- tunée reine Marie-Antoinette par le tribunal révolutionnaire, aucun avocat n'ayant osé s'offrir pour plaider la cause de cette prin- cesse, le tribunal nomma, pour la forme, Mi\I. Tronçon-du-Cou- dray et Chauveau-la-Garde dé- fenseurs d'office. Quoique con- vaincus d'avance de l'inutilité de leurs efforts, ils remplirent tous deux, avec autant de talent que de courage, leur dangereuse mis- sion; mais, ainsi qu'ils l'avaient prévu , ils ne purent arracher l'illustre victime au sort que ses persécuteurs lui préparaient depuis les sept mois de son douloureux veuvage. Peu de jours après la mort de la reine, Trouçon-du-Goudray fut arrêté, ainsi que son collègue M. Chau- veau-Lagarde, sous le prétexte illusoire d'avoir été instruits par Marie - Antoinette de faits im- porlans au salut de la république, et de ne les avoir point dénoncés; mais ils furent remis en liberté par un décret de la convention nationale même, après avoir dé- montré, dans les interrogatoires qu'ils subirent , la fausseté des imputations élevées contre eux. Au mois de frimaire de l'an 3 ( fin de novembre i;'94 ) , Tron- çon-du-Coudray se chargea de la tâche difficile de défendre, de- vant le tribunal révolutionnaire alors rcîiouvelé, quelques-uns des anciens membres du co-

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mité de Nnnlcs, qui avaient obéi aux iiijoiiclions et secondé les fu- reurs de Carrier. Après la mise en activité de la constitution de l'an 3 et rélablisscmerU du g^ouver- neirient directorial , Tronçon-du- Coiidray fut nommé, par le dé- partement de Seine-et-Oise, dé- puté au conseil des anciens ( 20 mai 1796. ) Il y acquit une grande infliiefice, et fui bientôt considéré, par le directoire , comme un des membres les plus opposés aux vues du gouvernement; il se pro- nonça en effet, dans le conseil, avec une grarjde force contre cer- taines opérations de la majorité des directeurs, et parut enfm s'ê- tre mis au rang de leurs plus im- placables ennemis aux appmcbes du 18 fructidor, la lutie s'en- gagea entre les deux parti'^. Il fit le fameux rapport relatif à la marche des troupes appelées vers Paris h cette époque par le di- rectoire; ce rapport fut loin cepen- dant de produire l'effet que Tron- çon-du-Coiidray et ses amis s'en étaient promis ; mais il détermina les mesures d'iniquité qui furent prises contre l'orateur. Frappé par le coup d'état qui mutila les deux conseils, et inscrit sur lu nou- velle liste de proscription , Tron- çon-du-Coudray fut tr.insporté, avec un grand nombre de ses collè- gues, sur leschirrettes qui condui- sirent à llochefort les adversaires vaincus des trois directeurs. Em- barqué dans ce port, il arriva ma- lade à la Guyane française , et n'y put résister long-tenips à ses cha- grins et à l'insalubrité du climat. Il mourut à (>ayenne, le 21 juin 1798, à peine âgé (Je quarante- < ioq aM!>, hii.isant en France une

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veuve et uhc famille noipbreuse, accablées par un sort aussi peu mérité. Tous ceux qui ont connu Tronçon-du-Coudray ont rendu justice à ses qualités et à ses ver- tus, et ont déploré la triste desti- née de cet homuje de bien.

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Gille), contre-amiral , officier de la légion-d'honneur, chevalier do Saint-Louis, est à Cherbojirg, département de la Manche. Il en- tra au service de mer comme simple matelot, et s'éleva succes- sivement, par son intrépidité et ses talens, au grade de contre- amiral, qu'il obtint en 18 ro. En 1804, il avait reçu le brevet d'of- ficier de la légion-d"honneur. Ce brave marin s'était fait remarquer avant cette époque par la valeur extraordinaire avec laquelle son vaisseau s'était défendu contre plusieurs vaisseaux anglais. L,a fortune n'avait pas secondé son courage; il avait été fait prison- nier. Sa belle conduite, noblement appréciée de l'ennemi lui-même , valutà M.Troude, lorsqu'il débar- qua à Londres, l'honneur d'être porté en triomphe. Il fut échangé. En 181 5, il montait te Courageux, qui, dans la rade de Cheriiourg, reçut à son bord riu)pératricc Marie-Louise. L'année suivante , M. le duc de Berri, rentrant en Franc* après les événemens poli- tiques qui venaient de renverser le gouvernement i;npérial, passade la frégate anglaise l'Eurolan sur le vaisseau de M. Troiide , qu'il nomma le fis. (^f prince; chargea l'amiral de se rendre à l'Iymouth }tonr s'y metlre à la di.'<po3ilion de Louis XVIII , e^ le raujcner en France. Le roi accueillit très- 6

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bien M. Troude, lui donna de sa iiinin ta croix de Saint-Lonis, et inoiita ."yur son vaissf'au. Le coii- ire-amiral Tioude a ôlé mis i'i la relraiU; par i^uhv. de la seconde rcslauratiun ct> 181 5. lia (ait iiii- priincr la relation d<' la réception que lai avaient l'aile 8,000 prison- niers français et les chefs anglais. TKOUVJÈ (Clatjde-Josepu, ba- hom), rédacteur journaliste, ex- amhassadeur, ex préfet, et depuis iiiiprinieur à Paris, le 24 *•'-'?" tenibre 17G8, à Chalonne.i, dans la ci-devant province d'Anjou , vint jeune à Paris, et Cl ses études au collège d'Harcourl. Il embrassa avec chaleur la cause populaire au coinmenceaient de la révolulion, et devint» eu 1791 , un des prin- cipaux rédacteurs du Moniteur. 11 s'était déjA l'ait connaître dans la république (h-s leilres par quel- ques opuscules poétiques , un grand nombre d'.trticles de jour- naux, et par luie tragédie d'An- vharslroem {voy. ce nom), desti- née au Théâtre - Français, mais qui ne fut point représentée. Sou Ode à l" Egalité, en 1792; son Hymne su?- ta prise de Toulan , eu i7g3,etsor\ chant de guerre La mort à tout esclave anglais, avec l'épigraphe Détendu est Carlhago, chant dont il lit hommage ù la conveuli,ou nationale en l'an 2 (179:^), furent cilés à celle épo- que pour huir verve poétique et l'ardent républicanisme qui y ré- gnait. Il com})osa encore, iamêuie iVAnic,\\n Hymne à l'Etre suprême, pour la fête présidait Robes- pierre , et après la chute de celui- ci , il fit représenter au théâtre Feydeau !a tragédie de Puasanias, doul la révolution du 9 thermidor

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parut lui avoir fourni quelques in- ciJens, et «pii eut un grand suc- cès par l«:s tableaux éuergi({ues que l'auteur y traçait des hor- ribles scènes du jègne de la tei- reur. Lors de rétal»lis>em(!nl «le la coUïtiUilion de l'an 3 (6 bru- maire au 28 uclobre 1796 ), M. Trouvé fut nommé secrétaire- général du directoire -exécutif; mais il donna sa démission au bout de quelques jours , pour re- preu'lre la direction en chef du Moniteur. En 179G, le directeur La Uèveillère-Léjieaux, dont il c- tait |)articulièremen.t protégé, lui lit épouser la fille de xM. André l'houin, administrateur du Jardin des Fiantes, et le lit nommer, quelque temps après, secrétaire de légation À la cour de Naples, près de laquelle ilfutticcrédilé, six mois pluslaril,en qualité de char- gé des affaires de France. Il com- posa à celte époque une ode plei- ne de chaleur contre ceux qu'il ap- pelait les conspirateurs du 18 fruc- tidor, et dont cette joinnée ve- nait, selon lui, de faire justice. Le même directeur, dans sa bienveil- lance pour M. Trouvé , lui fit confier, en mars 1798, une mis- sion diplomatique plus importante que celle de Napies , mais dans laquelle il eut le malheur d'é- chouer comjilètement. Le direc- toire-exécutif de la république française venait de concevoir le dessein d'organiser , conformé- ment à ses vues. particulières, la nouvelle république cisalpine, et nomma M. Trouvé ambassadeur à Milan. Il avait pour instruction d'y établir un directoire et des conseils législatifs, dont les meirr- bres lui avaient été désisivés à Pa-

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ris, et qui étiiienl bien loin de réunir en leur laveur la majorité (les Vœux de leurs cunciloyous. Quand ce plan fut connu à Milan, il excita l'iiidignation gi'iicraîe. Lesnioyciisviolens employés pour investir du pouvoir des hoinuies repou;:.sé> par l'opinion publique, portèrent l'irritation au comble. Le •général cisalpin Lahoz , qui s'était un des premiers prononcé avec le plus d'énergie pour l'in- dépendance de sa patrie, se rendit à Paris, espérant taire désavouer par le g.ouvernernent français, la conduite de son agent à Milan. « 11 s'ajîit, disait ce général dans aune lettre qu'il fit imj)rinier, de

déjouer une conspiration odieuse ocotitre notre constitution, et de

connaître le sentiment du di- xrcctoire sur une poignée de scé- "lératsqui s'assemblent chez l'am- nbassadeur Trouvé, et qui com- rt posent le comité de« novateurs. » Cette démarche ne réussit pas d'abord. Vainement le général Lahoz représenla-t-il qu'un peu- ple généreux, qui sent le prix de l'indépendance qu'il vient d'ac- quérir au prix de tant de sacrifices, ne peut être privé du droit pré- cieux d'être gouverné par des ma- gistral? de son choix, et (ju'il n'y renoncera pas sans résistance. M. Trouvé continua ses opérations, fit connaître sou nouveau plan de constitution, et donna la liste des législateurs choisis par lui. Alors l'indignation ne connut plus de bornes; des placards et des libelles furent répandus contre l'ambas- sadeur de France, son caractère fut méconnu , et snn autorité récu'ée. On eut bientôt lieu de craindre un soulèvement général, et le di-

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l'ectoire français se vit enfin obli- gé de sacrifier un agent contre le- quel tant de clameurs s'étaient é- levées. Il l'ut rap[)elé de Milan en vendémiaire an 7 (ociobre 1798), et Fouché vint le remplacer le aii du même mois ( i3 octobre). Avant de partir, l'ex-ambassadeur expri- ma éloqucmment<\ une députation des deux conseils établis par lui, ses Vœux pour la prospérité de la république cisalpine. Ason retour à Paris, ses protecteurs au direc- toire le nommèrent presqu'aussi- lôt ministre plénipotentiaire à Stultgard. Il y fut fi-oidement accueilli, et le ministre anglais Paget l'accusa, très-injustement sans doute, de vouloir révolution- ner le NVurtemberg. La guerre, l'obligea de partir de Sluttgard en février 1799, et il fut ensuite somuïé de quitter sur-le-champ l'Allemagne. Peu de temps après son retoiir à P.iris, eut lieu le revirement politique qui exclut du directoire, en prairial an 7, (juin 1790), La Kéveillère -Lé- jieaux, Merlin et Treilhard. Privé d'une protection puissante , J\I. Trouvé devint encore l'objet de violentes attaques au conseil des cinq-cents. Les députés, Bertrand du (lalvados et Briot, le dénoncè- rent pour sa conduite en Italie, et le conseil prit la résolution d'envoyer un message au direc- toire, pour se faire communiquer le résultat des poursuites qui a- vaient dûétredirigées contre l'cx- ambassadeur. Le directoire ré])on- dit qu'il avait chargé le ministre des relations extériemes de faire un rapport sur ce sujet ; mais le retour du général eu chef Bona- parte d'Egypte, et la révolution du

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18 brumaire, firent bientôt perJre enlièreiiient de vue, toutes le» af- faires tie ce genre. La poésit; vint fucore Iieurcuseincnt à cette épo- que «u secours de M. Trouve, il chanla en vera hiirnionieux et biûlans d'enlhousiasiiie , le Viiin- (jueur du 18 brumaire, et lors de rétablissement du gouverne- ment consulaire (4 nivôse an 8, aC décembre 1799), il fut nommé membre du tribunal, installé le 1" janvier 1800. Il y montra «n grand dévouement au premier consul Bonaparle, qui l'en récom- pensa, au.mois de juin i8o5, par la préfecture du département de l'Aude. Sous le gouvernement impérial, il fui en outre nommé membre de la légion-d'honneur et baron de l'empire. Lors de la restauration, en 1814, M. Trouvé protesta de son entier dévouement à la cause royale, fit une procla- mation éloquente le 20 avril 18 14> dans laquelle, parlant de lui-mê- me, il dit : Le plus sûr garant «delà fidélité qu'on promet, c'est »le dernier témoignage de la fi- » délité qu'on a gardée. » Présen- té à Monsieur et ù i\L le duc d'Angoulême, à leur passage par Carcassonne et Montpellier, il en obtint la promesse de la conserva- tion de sa place de préfet de l'Aude. Il se trouvait par congé à Paris, quand le Moniteur du 7 mars 181 5 annonça que Napo- léon avait débarqué à Cannes. Il partit le même jour pour sa pré- fecture, où il arriva le 12, et il employa tous ses moyens pour le maintien de l'autorité du roi. Obli- gé de céder ù une force majeure et de cesser ses fonctions, il revint ù Paris, il résida pendant \eseent

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Jours (181 5). Présenté au roi, le 8 juillet, à Saint-Denis, il demanda la permission de retourner dans la préfecture qu'il avait long-temp» administrée, et l'obtint. II s'y si- gnala de nouveau par son zèle; mais après l'ordonnance du 5 septembre i8ifi, il perditsa place. Sans fonctions publiques depuis celte époque , il a pris une part active à la rédaction du journal nitra-royaliste le Conservateur, et a depuis établi à Paris une impri- merie, d'où sont sortis plusieurs écrits du même genre, et qui livre encore aujourd'hui au public (18 2 5) le journal de C Aristarque. lia aus- si publié un ouvrage sur les état» de l'ancienne province de Langue- doc, et sur le département de l'Au- de, dont M. le duc d'Angoulême a accepté la dédicace, et qui a pa- ru, en i8i8, sous le titre d'JSwa* historique ^ 2 vol. in-4°.

TRUDAINE DE LA SABLIÈ- RE (Charles-Locis ), conseiller au parlement de Paris, élait fils de l'ancien intendant-général des fi- nances, dnnt Condorcet a fait l'é- loge le plus flatteur. Le jeune con- seiller (il n'avait pas 29 ans) fut condamné à mort, et exécuté, lui et son frère Marie-Louis, égale- ment jeune magistrat, à peine âgé de 28 ans, la veille même de la révolution du 9 thermidor an a (27 juillet 1794)» l'un et l'autre comme complices de la prétendue conspiration de la prison de Saint- Lazare, ils étaient enfermés. L'infortuné Trudaine de la Sa- blière avait gravé sur les murs de son caciiot ces vers touchans, qui annonçaient d'heureuses disposi- tions pour la poésie :

La fleur Itiisint tomber si tJte Upguitsantc ,

ïi\i;

Semble dire »■ léphir, pourc|Boi m'^TeiJVet -

Z^phir, t2 vipeur bienfaisante Ne rendra point la vie à mon front abattu. Je languis ; le matin i> ma tige épuis^tr, Apporte vainement le tribut de ses pieurs.

Et le» bienfaits de la rosée Ne ranimeront point l'éclat de mes couleurs.

Il approche le noir orage ! Sons l'effort ennemi d'un souffle détesté,

Je verrai périr mon feuillage. Demain le voyageur tdmo n de ma beauté,

De ma beauté sitôt flétrie, Viendra pour me revoir ; ô regrets superflus!

Il viendra, mais dans In prairie

Ses yeux ne me trouveront plus.

TRUGUET ( Laurent - Jbar- Fbauçois), Ois «l'un chef d'escadre désarmées navales, entra garde de ia marine A l'époque les mi- nistres de Louis XV venaient «rinstiltier des examens rigoureux i'inslar des armes du génie et (le l'arlilleriè), pour propager une haute insiruclion parmi les ofTi- i-ier.s de mer. Peu d'années après «on entrée au service, Truguet oh- tint dans le;* examens qu'il subit 8ur le cours entier de mathémati- ques de M. Bezoul, plusieurs des prix décernés par Louis XV pour les gardes de la marine les plus instruits. Ces premiers succès dansées sciences rencouragèren! A s'y livrer entièrement, et à les appliquer constamment à la pra- tique de la mer. Ces études et une longue navigation le mirent en é- tal, dans le cours de sa carrière militaire, de pouvoir exécuter a- vec succès des travaux géogra phiques et astronomiques, et des ouvrages sur la manœuvre des vaisseaux et sur la tactique nava- le; de pouvoir aussi à l'aide de ses études, méditer avec fruit .sur les grands principes de haute adn)i- nislration <.-t de la politique; de pouvoir enfin plus tard en faire l'application dans les places émi- nentes qu'il occupa, d'amiral coin- loandaut des armées, de ministre

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de !a marine et d'ambassadeur, Truguet avait dé;à fait huit cam- pagnes dans différentes mers, com- me garde de la marine et ensei- gne de vaisseau, lorsqu'en 1778, la guerre fut déclarée à l'An- gleterre. Il fit sans désemparer cette célèbre guerre si fertile en grands événemens, et qui ne fut pour lui, en quelque sorte, qu'une seule campagne de guerre de six ans, sous les ordres des amiraux d'Estaiug, deGuichen, de Gras.se et de Vaudrouil, qui eurent succc- sivement le commandement d«; nos forces navales aux Indcs-Oc- cidenlalcs et aux États-Unis d'A- mérique. Il prit part, par consé- quent, avec le grade de lieutenant de vaisseau, à tous les combats et i^ toutes les batailles navales, glo- rieuses et inalheureuse.s, livrées aux armées anglaises par ces ami- raux; il fut presque toujours char- gé du service important des si- gnaux et des autres principaux dé- tails des vaisseaux ; et vers la fin de la guerre, il comm indail en se- cond un vaisseau de haut-bord. Attaché personnellement, par la nature de son service, i l'amiral d'Estaing, il prit part dans les an- nées 1778 et 1779, aux expédi- tions de terre de cet amiral, et c'est ainsi qu'il commanda une comjtagnie de grenadiers à l'atta- que de Sainte-Lucie, et qu'il rem- plit les fonctions de major de ma- rine auprès de sa personne, au terrible assaut de Savaimah, il s'élança, sous ses yeux et par son ordre, un des premiers sur le.s relranchcmens ennemis. Mais les assiégés bien fortifié*, et qui a- vaient reçu la veille de» renforts- A notre insu, repouisèrent cet n&-

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saut. L'attaque rr;tiH;aise fut rnisc «ians la plus complète dcroulc; forcé «rabaiulonricr dos rcinpail? en partie gravis, il fut as^iez liou- rciii pour relrouver sou auiiral , resté seul et rciiversé sur les bonis du glacis, il venait de recevoir deux blessures au bras cl à la j;iu)- be, qui lui interdisaient (ont u)ou- VL'uiLMt. Il s'empara de lui, et au milieu du. l'eu le plus nourri de la place victorieuse, il put lui .sauver la libert'é et la vie. Récla- inant l'assistance de deux grena- diers, qui furent tués dans le transport, et favorisé par un brouillard assez épais, il le rame- n I au corps de réserve, conunan- par le vicomte de Noailles. L'amiral .sollicita et olitint pour lui la croix de Saint-Louis, dont il le décora lui-même au mois de février i^8o, faveur bien précoce et bien honorable. Trnguet, pen- dant cette guerre, fui blessé deux i'ois assez grièvement, et ce n'est qu'ù la paix conclue en i ^-85, qu'il prit quelque rep^)S, ainsi que ses <;ompagnons d'armes. i\L'us l'inac- tion ou le service paisible des ports ne pouvait convenir à son amour ardent pour sa profes sion. Truguet saisit avec transport l'occasion d'aller à Constanlino- ple, coopérer aux travaux imj>osés au célèbre Choiseul - Gouffier , nommé ambassadeur, et dont il a- vait obtenu l'amitié lors de son voyage dans la Grèce, qu'ils a- vaient parcourue ensemble. Cet ambasi-adeur, chargé expressé- ment, par le cabinet de Versailles, de régénérer, autant que possible, les Turcs dans l'art des fortifica- tions et des campeuiens, dans Tar- tiilerie et les fonderies, dans la

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construction des vaisseaux, de leurs maruxMivres et de la tactique navale, fut acc(juipagnédans celle airdjas«ade ^i importante par des ingénieurs de terre et de iner, et par des ofïlciers d';ulillerie du [)liis grand iiiérilc. Le roi asso- cia il lie si imporlans travaux TrugiK't. eu lui confiant le com- nian(l(;nient d'unf; corvette, qui devait être iinmédialeincnt sous les ordres de cet ambas.sadeur. Il mil à la voile, du [)ort de Lorient, la première année de la paix en 178-1. Pendant cette mission, qui dura quaire ans et demi, il fut cliar-é d(^ plusieurs objets impor- lans : d'instruire les amiraux ci odiciers ottomans dans l'art na- val et la pratique des manoeuvres. Il composa de suite pour ces ma- rins un Traité de m a uœuvre.s- pra- tiques, et plus tard un Traité de tactique navale à leur portée, ou- vrages qui furent imprimés en ca- ractères turc j.et traduits dans cette langue, avec les termes techniques correspondans, par les soins et le zèle du vice-amiral de la flolte turque, homme très-instruit et d'une affabilité rare; de lever des caries nuu-ines basées sur des observations astronomiques, et liéespar de grandes opérations Iri- gonométrique^, des mers de TAr- chipel. de iMannara et de la mer Noire : 5" de négocier enfin avec les beys régnau-^ d'Egypte, et les princes arabes les plus puissans du Désert, un traité de commer- ce et de transit de l'Inde par A- lexandrie, Suez, et la mer llouge. Celle grande pensée conçue par Louis XVI, et sur laquelle on a toujours gardé le silence, fut con- fiée dans son exécution à son zèle,

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fl couronijée du plus jçrand stic- cès. Jl parvint au Caire, après u- ne négociation assez di(Tioile et assez longue, à (aire signer par les Ueya et les princes arabes [»ln- sieurs traités fondanienlanx et d'exécution, pour en garantir la sûreté et rendre le nouveau com- merce à l'abri de toute insulte et «le toute déprédation. Le commer- ce maritime de la France et sur- tout la ville de Marseille auraient pu, dès l'année 1 788, jouir des im- meii.xes avijutagcs que leur dflVait celte m)uvelle route de l'Inde, ainsi garantie de tous dangers et ;\ l'abri de toute trahison. Déjà plu- sieurs des principales maisons de cononserce de Alarseille avaient fail des offres pour le» expédi- tions , déjà l'ambassadeur avait aplani les entraves que la Porte pouvait opposer à ce commerce; mais malheureu<;ement à celte é- poque, le contrôleur- général <les finances, ne voulant s'occuper que du rétablissement matériel de l'ancienne compagnie des Indes, dédaigna ce puissant auxiliaire, et fil perdre ainsi à la France les a- vanlages politiques, militaires et comnierciaiix , dont il est inutile aujourd'hui de «lévelopper les a- vantages inappréciables. Trois ans plus tard on perdit tout, compa- gnie des Indes el commerce par Suez. Pendant les délais et les longueurs inséparables de toute espèce de négociation avec les Turcs, il parcouriit la Basse et la llaule-Egyple, en observant !«;» produits, le commerce et toutes les richesses que ce sol pouvait offrira un gouvernement civilisé. Il rédigea sur ces importans ob- jets, un mémoire qui intéressa le

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roi, et qui depuis s'est trouve en original dans les mains du gé- néral de l'armée française (Bona- parte), envoyé dans ces contrées, (le général à son retour en Fran- ce, lui dit avoir lu avec intérêt et avec fruit ce. mémoire, dont le but principal était de faciliter nos commimications militaires et commerciales avec l'Inde. Tru- guet revint en France, et débarqua au port de Toulon au commen- cement de 1789. Arrivé à Paris, il reçut du roi les témoignages les plus honorables de satisiaotion sur cette mission si longue, et qui pouvait devenir d'une si gran- de utilité pour son service. 11 fut envoyé, en 1790, h Brest, pour y prendre le commandement d'une IVégite destinée à une mission par- ticulière et délicate. Les appro- ches d'une guerre imminenle sus- pendirent son départ. En 1791, Louis XVI appréciant le zèle , l'instruction et le dévouement de Trugnct, l'autorisa, après j»lu- sieurs audiences particulières, à faire un voyage en Angleterre , pour y compléter ses connaissan- ces nautiques et administratives. Présenté à Georges II I, il en obtint une protection particulière, qui lui permit de parcourir tous les ports, il fut parfaitement accueilli par les amiraux et par les commissai- res du roi. Aidé desi grandes faci- lités, il put, par des comparaisons faites avec soin, apprécier ce que la marine anglaise pouvait avgir. de supérij'ur à la nôtre dans ses applications habiles de la théorie à la pratique et à l'installation des vaisseaux. Il examina surtout les avantages que présenlaienl la simplicité de sou administration

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inariiiino dans le» porl?, et ceux surtoul qu'offrait ù l'activité des opérations et au maintien des bonnes in.stitutionâ nautiques le conseil d'amirauté. l>e souve- nir de ce voyage, réuni à ses ve- cherches sur la marine hollandai- se, *i simple et si économe dan? l'administration de ses ports et arsenaux, ne l'ut pas perdu pour lui, quand plus tard, il fut ap- pelé au commandement des ar- mées navales et au ministère de la marine. A son retour d'Anjjle- tt-rre, il fut élevé par Louis XV au grade de contre-amiral à son choix, faveur d'autant pins grande que »;on ancienneté ne l'appelait pas, A beaucoup près, à celte élévation. Bientôt après, en avril «792, il rc- fut le commandement de toutes les forces navales qui devaient se réunir dans la Méditerranée. Le roi avait senti l'importance d'être maître sur cette mer si fertile en ressources commerciales, et qui, par les Dardanelles, s'étend jus- qu'en Colchide, et par Alexandrie et Suez jusque dans l'Inde, l ne circonstance particulière prouva quelles sont les ressources de la France (avec un bon gouverne- ment) pour augmentersa marine. A cette époque, un ministre de la marine du roi lui avait déclaré officiellement , dans un rapport rendu public, qu'il était impossi- ble d'armer un seul bâtiment de- puis l'émigration des odiciers de marine. Le ministre fut changé; uri autre plus éclairé et moins homme de parti lui succéda, et ries ordres furent donnés dans tous les ports, d'armer, équiper et fai- re sortir des escadres, qui de- vaient former dans la 31éditerra-

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née une armée navale de 22 vais- seaux deligne. Cependant, d'après l'émigration d'un gnr.id nombre d'officieri de marine, il devint ur- gent de réunir dans les ports, et fur les yaisseaux nouvellement armés, tous ceux qui avaient cru aussi de leur devoir de ne point abandonner la personne du roi et la patrie. I! s'en trouva à cet ap- pel un nombre sulTisant, ayant as- sez d'expérience et de talens, pour former les étals-majors de ces vaisseaux, qui se trouvèrent ainsi avec de bons équipages très-bien armés. Dans inoins de trois mois, tout fut terminé et tout prévu pour une guerre maritime dont on était déjà menacé par l'Angle- terre et l'Espagne, et pour l'exé- cution des plans du roi, avant celte déclaration. Il fallait à l'épo- que de tant d'insurrecti(ms pré- venir celle du midi de la France, déji'i si agitée, en lui assurant les grains de l'étranger, et par con- séquent obtenir l'alliance ou la neutralité de toutes les puissances du littoral de celte mer. On s'as- sura de Naples. et avec les mê- mes moyens, il fut aisé d'établir des relations sûres avec Maroc, Alger, Tripoli et Tunis. Il deve- nait enfin indispensable, nous trouvant déjà en guerre avec l'Au- triche et la Russie, de nous mé- nager l'alliance oflénsive et défen- sive de la Porte Ottomane, et de la consolider par des gages d'a- mitié de la plus grande force, car il ne s'agissait rien moins que d'obtenir d'elle une diversion sur les frontières de l'Autriche, qui, de concert avec la Prusse, mena- çait vivement les nôtres. De» instructions furent données en con-

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séquence à l'amiral Trugiiel, pour se rendre dans la mer Noire, pour y attaquer et occuper au pro- fit de la Portf , Sevastopoi, en Cri- mée, et Kerson, à l'embouchure du Dnieper, cl tout autre éta- blissement des Russes, ayant ap- partenu aux Turcs avant, les der- niers traités de paix. Le succès d'un pareil plan, si favorable aux Vrais intérêts de la Porte, devait procurera la France le commer- ce presque exclusif de la mer Noi- re, et lui garantissait la haute protection de la Porte, pour don- uer suite aux traités antérieure- ment obtenus en Egypte,, relati- vement au commerce de l'Inde par Suez. Truguet qui connaissait toutes 4es ressources de l'Orient pour les constructions navales , ftvait demandé que Ton envoyât à Constantinople ftl. Brun, ingé- nieur habile, pour améliorer les constructions navales des Turcs, et pour pourvoir à nos besoins, si la flotte française y arrivait. En méditant sur ce plan de campagne, qui étendait un système commer- cial jusqu'en (^Jlchide, par la mer Noire, et jusque dans l'Inde par Suez, on voit avec une attendris- sante admiration le monarque, a- lors même que la révolution me- naçait le trône.s'occuper pour la se- conde fois de ?<on règne, de la res- tauration et de la gloire de ia m.ui- nc française. Ne voit-on pas aussi éclat»T cette grande vérité qu'on cherche envain à dégiiitcr, qu'ime bonne marine militaire peut tou- jours concourir pnissnnnncnt aux succès des armées de terre, quand «Ile est soumise à de bons plans de campagne? et n'est-il pas évi- Jeni, comme l'a démontré Trwguel

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àlacliambre des pairs, que dan» la situation actuelle l'Europe, la France ne peut se passer de 6on concours, soit pour soutenir une guerre avec gloire, soit pour lu prévenir? et quelle confiance ne doit pas inspirer à la naliot» sa force navale, qui ne peut jamais menacer ses libertés et ses insti- tutions, ni entraîner l'ennemi sur son territoire, même après les plus grandes défaites? C'est en- fin à !a marine seule bien orga- nisée, qu'appartient le bonheur de réparer pendant la paix toutes les plaies d'une longue guerre de ter- re. On verra ultérieurement dans le cours de la carrière de l'amiral Truguet, l'urgente nécessité de ne confier la destinée de la înarine qu'aux amiraux les plus distin- gués, qui seuls doivent inspecter la marine marchande, et diriger exclusivement la marine militaire dans les ports et à la mer, aujour- d'hui surtout les olFiciers de mer ont presque tous Tinstruc- tion la plus distinguée, et qui ne cesse de s'accroître par roxj)érien- ce des arsenaux et de la naviga- tion. C'est en juillet 179a que tout fut prêt dans les trois grands ports, et c'est à cette époque les dangers du roi s'accroissent.

La crise terrible approche et

quel est le fonctionnaire public, le général, l'amiral, qui ne soit porté à tout abandonner sans le cri de patrie qui pénètre *aii fond de son cœur, sans l'ajtpro- che d»! l'étranger, qui par ses pro- clamations menace la France d'u- ne entière destruction , sans le motif le plus puissant, les ordres du monarque? L'amiral Truguet .le plus reconnaissant, le plus Odelc

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de SCS sujets, le supplie de lui tracer ses devoir;? au inotnent il lui est ordonné d'aller prendre le commandement de la flotte de la ftléditerranée. Les amiraux Thevenard et La Touche, se ren- dant à Biesl, éproiîvenl les mêmes anxiétés. Marins, leur dit le roi, "n'abandonniez jamais ■vos vais- «seaux, et défendez-les toujours «au prix de votre sang contre les «ennemis du dehors, qui les e{)n- «voileijt, et qui peut-être susci- »tenl des troubles intérieurs poiir s'en eniparer plus facilenient. »La marine est étrangère aux dis- 0 cordes civibis, et son devoir est »de défendie les poj-ts, les arse- nnaux, les côtes et le commerce, «contre tout ennemi extérieur.» Acceptant une lâche aussi glo- rieuse, l'umiral Truguet partit de l'aris pour aller porter son pavil- lon sur le vaisseau le Tonnant, et subir toutes les horreurs des ré- voltes multipliées, qu'il parvint toujours à calmer par son coura- ge et l'énergie de son caractère, toutes les ordonnances ayant per- du leur vigueur. Sa mission était tracée, et dès les premiers jours de septembre, il se préparait à met- tre à la voile, le nouveau minis- tère ayant approuvé rexécution de ses instructions données par le roi. Cependant on exigea qu'aupa- ravant il allât s'emparer de Nice, Villel'ranche et Oneille, tandis que le 'général Montesquiou s'empa- rerait de la Savoie; il se rendit «levant ces places qu'il soumit sans diflicullé. Oueille, gouverné par quelques fanatiques, eut la lâcheté de massacrer nos oificiers parle- mentaires, attirés sur le rivage par dcxS démonstrations d'amitié.

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Un pareil crime méritait une pu- nition, et des troupes firent débar- quées commandées par un vieux généial qui venait de penlre son petit-fils dans ce massacre. Il brû- la en partie la ville, qu'il trouva déserte, tous les habitaus s'élant retirés dans les terres aux pre- miers coups «le canon des vais- seaux-. Les coupables échappèrent avec les innocens; on les réclama en vain, et le seul sang qui lut ré- pandu fut celui des onicier> en- voyés en parlementaires sotis le dra|)eau blufic. Tel est l'évén»;- ment d'Onriile. L'escadre de six vaisseaux<lu contre-amiral LaTon- che vint le joindre devant Nice, et l'escadre de llochefort du mê- me nombre de vaisseaux,gpous les ordres du contre-atniral Trogoff, un peu plus lard, devant Cagliari. C'e>t ainsi que fut réunie une ar- mée navale dt-dix sept vaisseaux de ligne, deux grosses bombardes, et plusieurs frégates, tandis qu'à Toulon on continuait l'armement de six vaisseaux, dont deux à trois ponts. La frégate qui portait no- tre nouvel ambassadeur à Cons- tantinople, s'étant ralliée à Gènes à résoudre, on aurait pu partir de Gênes même pour se rendre aux Dardanelles, s'il ne lût arrivé de nouveaux ordres à l'amiral poui* aller s'empar«:r de la Sardaigne. Le motif qu'alléguait h; gouver- nement était de s'assurer les res- source* en vivres de cette île, de- venue ennemie par la guerre dé- clarée au Piémont, et pour s'assu- rer des ports de- îles de Saint- Pierre et bant - lago , néces- sairement intermédiaires entre la France, la Sicile et l'Archipel; pour l'exécution de celle conque-

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le , la force navale seule ne pou- vait iniilheiireusi!|nent suflire , il /'allait d(;.5 troupes ilc débarqut^- ineni; ïruguet en fit dcuiander au général en chef* de raimée d'Italie, et, le rendez-v()us fixé dans la baie de Cagliari, il se ren- dit de suiic i\ Ajaccio , pour de- mander à Paoli, qui y cnniinan- dait encore , tous les régimcns d'inlanterie et d'artillerie dont il pouvait disposer, ainsi que le ma- réchal-de-canip Casabianra , qui s était déjà distingué, sous les or- dres de Biron. vers les froiitiért.'s de la lielgiquc. L'amiral, chef 8uj)rr'me des forces de terre et de mer, lo chargea de tous les dé- tails d'organisation et d'embar- quement pour l'expédiliotj pro- jetée. Il commandait la forteresse d'Ajaccio et la division militaire; il invita Panli à diriger une contre- attaque sur le nord de la Sar- daigne, tandis qu'il allait s'em- parer des îles Saint-l'ierre et de Cagliari, ce qui fut exécuté. Une circonstance remarquable doit ici être citée : Napoléon Bonaparte élait alors à Ajaccio capitaine d'artillerie; il su rendit sur le vaisseau amiral pour solliciter la pernjission de faire partie de l'expédition, et de la suivre par- tout. Il fut agréé; mais les com- missaires corses et les chefs mili- taires refusèrent de le proposer, et demandèrent môme son exclu- sion. L'amiral, qui avait déjà ap- précié son instruction et son en- thousiasme [)0ur la guerre , le dé- signa an général l'aoli pour l'em- ployer dans'l.i contre-attaque qui devait partir de Bonifacio , sous les ordres de Colonna . neveu de ce général. 11 fut en eiïct détaché

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pour s'emparer des îles de la Ma- delaiue , ce qu'il fit. I^s lenteurs dans le rassemblement des for- ces de terre , la prolongation de séjour dan>< la rade d'Ajaccio, permirent aux hommes exagérés, aux jacobins fougueux, dont place et la flotte étaient déjà remplies, de renouveler les hor- reurs qu'ils avaient déjà com- mises à Toulon et à Marseille. Un jour de la fin d'octobre, une ré- voiîe terrible éclate à Ajaccio ; elle devient générale parmi le^ h'ibitans. les militaires en garni- son, et les marins de toutes les embarcations de l'escadre qui é- taieut alors à terre. L'amiral était à dîner chez iM"* Bonaparte mè- re . qui avait réuni chez elle plusieurs chefs de l'escadre er toute sa famille, ainsi que sor. uls Napoléon; il reçoit un biilet qui lui annonce que \< citodelle est au pouvoir des rebelles , que déjà i\e^ massacres ont lieu, et que le projet de ces forcenés est de pen- dre,comme accusés d'aristocratie, les olTiciers du régiment en gar- nison en (lorse depuis ij-88. L'a- miral quitte à l'instant la table: seul, sans chapeau et sans armes pour n'effrayer personne, il court, trouve la rue déserte; il apprend que la population entière est dans la citad(dle, il y vole; il rencontre à la porte le général Casablanca . jetant des cris impuissans ; il aper- çoit, sur les batteries élevées, des potences dressées, des coides préparées, et plusieurs malheu- reuses victimes qu'on allait exé- cuter. Il fend la foule , qui , le voyant sans armes et lêle-nue, lui laisse un passage libre; il monte sur l'échafaud. A l'aspect de leur

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intrépide amiral, les inaiin*, oc- cupés de leurs préparalif;* m«ilr- triers, s'arrêtent; il fait signe qu'il veut parler à la multitude qui en- combre la place, et tout-à-coup un prolond silence succède aux cris de la fureur. Enfin, après une heure, il obtient que ces victimes vouées à la mort, soient jugées légalement dans les vingt- quatre heures. 11 termine son discours par l'ordre d'évacuer la citadelle, ce qui fut exécuté dans peu de minutes; il en remit les clefs au général Casablanca , avec ordre d'assembler un conseil de guerre. Ces malheureux, tous innocens, furent acquittés ( c'étaient des sergens), et portés en triomphe le lendemain sous les yeux de l'amiral. Les chefs de la sédition furent surveillés, et la flotte put mettre à la voile pour se rendre en Sardaigne. Dans le cours de cette campagne, l'amiral Truguet dut apaiser souvent des révoltes sur les vaisseux, et ramener au devoir, par son audace, des équi- pages qui avaient méconnu l'auto- rité de leurs ofliciers. Ces détails, si pénibles à rappeler, doivent faire apprécier le courage et le dé- vouement à la patrie de nombre de ces ofliciers de l'ancien corps de la marine, qui aimèrent mieux bra- ver tant de dangers populaires et l'échafaud , que d'abandonner le gouvernail au moment du péril, et surtout de servir l'étranger ar- mé contre la France. L'amiral se rendit d'abord< de la Corse aux îles Saint-Pierre, dont il s'empara, et qu'il fortifia pour protéger les navires du commerce français , qui , par la diversité des vents dans ces parages, se trouvent pres-

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que toujours forcés d'y relûcher allant dans le Levant, ou ù leur retour. Il se présenta ensuite de- vant Cagliari, qu'il somma de se rendre. Il bvait lieu d'espérer, d'après le rapport du consul de France, qui venait de celte place, que leshabitans, pour éviter un bombardement, ouvriraient leurs portes ; il s'était trompé. Le gou- verneu r fit sortir tous les habitans, ouvrit les prisons et les bagnes, et prit le parti de se défendre. La place tira à bout portant sur le ca- not parlementaire; mais ce re- nouvellement d'un acte atroce ne tua ni ne blessa personne, et la ré- ponse à cette barbarie fut à l'ins- tant même le signal du bombar- dement. Les ouvrages furent en ])arlie démolis , et hientôt le magasin à poudre sauta en l'air. Les vaisseaux attaquèrent tou- tes les batteries ennemies. Sur ces entrefaites arrivèrent les trou- pes envoyées par le général en chef de l'arïTiée de Nice. Ces troupes , au nombre de 2,000 hommes, composaient un corps appelé la Phalange marseillaise; troupe sans discipline; mais on crut que le courage pourrait as- surer quelque succès. L'amiral les plaça sous les ordres immé- diats de Casabianca, et lui-même, après avoir reconnu la hauteur qui dominait la place, et d'où l'on pouvait l'écraser et la forcer à ca- pituler, ou la prendre d'assaut, débarqua toutes ses troupes en bon ordre avec leur artillerie. Quelques centaines de paysan* oc- cupaient ce faible retranchement avec plusieurs petits canons en fer, et pendant que le feu de» vaisseaux et des bombarde» atli-

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rait snr eux le feu et l'attention des assiégés, les 2,000 hommes débarqués devaient facilement 5'empurer de cette hauteur. L'a- miral avait ordonné sur-le- champ l'attaque; mais il reçut un billet du général des troupes, qui le pré- venait qu'il préférait attaquer pen- dant la nuit. A la nuit close, la co- lonne de droite, établie sur le gra- vier de la mer, fit un mouvement pour se placer dans une prairie voi- sine; la colonne de gauche croit que c'est l'ennemi qui est descendu de la montagne pour l'attaquer, et lire sur elle; celle-ci lui ri- poste, et ces deux colonnes, criant: sauve qui peut! courent en dé- sordre vers le point de la plage l'on avait débarqué; et, criant à la trahison, voulant retourner sur les vaisseaux, elles menacèrent leur général et son état-major de les massacrer si elles n'obîenaient pas leur rembarquement. Cet in- fortuné général supplie l'amiral de lui sauver la vie, et d'envoyer toutes ses embarcations pour prendre ses troupes. Truguet dé- nonça à lu France entière tant de lâcheté, ce qui lui valut bientôt après des persécutions. Obligé de renoncer ù la prise de Cagliari , par l'efTct de cette insurrection, l'amiral se borna à mieux fortifier «ncore les îles de Saint-Pierre. Il renvoya à Nice ces indignes sol- dats, et en Corse une j.;rande j>ar- lie de» troupes que lui avait cou liées le général l'aoli. Il se serait ce- pendant déterminé à conserver sur sa flolte ces dernières , pour obtenir plus de succès dans 800 expéilition de la mer Noire , si un aviso, expédié par le ministre de la marine, n'était venu lui aimon-

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cer la déclaration de guerre à la Franco par l'Angleterre et l'Es- pagne , avec l'injonction d'un prompt retour à Toulon , pour concerter ur» nouveau plan de campagne. Il ordonna aux divi- sions qui devaient transporter le» troupes en Corse et à Nice , de se rallier le plus tôt possible A Toulon, et lui-même mit à la voile et y arriva au commencement de mars 1 795. Il se re§d1l de suite A Paris , après avoir confié le commande- ment de l'armée, par intérim , au contre-amiral Trogoff, le plus an- cien de Ses ofliciers-géuéraux. La guerre maritime ayant éclaté, on vit pour cette fois la France n'ê- tre pas prise au dépourvu, et sa si- tuation , au début de cette guerre, était d'autant plus brillante qu'elle présentait vingt-quatre vaisseaux de ligne bien armés ou prêts A l'être, au seul port de Toulon. Ces vaisseaux étaient commandés par des capitaines distingués par leurs talens et leur expérience, et se- condés par des équipages nom- breux et composés de bons mate- lots. La première démarche de l'amiral à son arrivée à Paris, fut de solliciter et d'obtenir un code pénal et l'établissement des cour» martiales, pour prévenir désor- mais l'insurrection. Il avait fait a- dopter un nouveau plan de cam- pagne qui, sans exclure entière- ment le premier, qui fut simple- ment ajourné , embrassait une grande expédition dans l'Inde, l'on pouvait prendre à l'im- provisle des niesures contre le commerce anglai'^ , et s'assurer l'alliance de Tipoo-Saëb. Mais peu de jours avant l'èpocjue fixée pour son retour ù son armée de Tou-

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Ion, arriva la funeste journée du 3i mai, le corp«-Iégislalil" fut iiKttilé, plusieurs ininislres desti- tués, et beaucoup de députés ar- rêtés et incarcérés: c'était le coin- hïencement de la terreur. Le tra- vail marititne, les instructions de campagne, les cours martiales, tout fut suspendu, et l'amiral re- tenu à Paris sous divers prétextes, desititué enfin de^ï^commande- meut en août , loi arrêté et en- fermé dans les preiriiers jours de septembre, lors de la publication de la loi des suspects. On sait qu'à cette époque, de grands ex- cès soulevèrent les habitans de Toulon, qui, menacés par terre par une armée révolutionnaire, et bfoqués par mer par l'armée conibinée des Anglais et des Espa- gnols, préférèrent se mettre sous la domination des Anglais, qui s'emparèrent de la ville pour les princes français, et cepen- dant il ne dépendit pas de ces mê- mes Anglais qu'un incendie , pré- paré avec art , ne dévorât tous les établissemens du port de Toulon, après avoir réuni à leurs flottes nos meilleurs vaisseaux. A la mort de Robespierre, les prisons furent ouvertes, et l'amiral, mis en li- berté, fut bientôt rendu à l'acti- vité, et lors de la création du di- rectoire, nommé ministre de la marine. Pendant les deux années de son ministère , la marine reprit son énergie, la discipline fut ré- tablie, et le véritable honneur, auxiliaire de l'amoTir de la patrie, anima tous les esprits dans les ports et sur nos vaisseaux. Tru- gaet, à son début, fut obligé d'orgartiser la totalité du person- nel de la marine miHtaire et admî-

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nistraiive. de créer les régimens d'artillerie établis par la loi , et de mettre en retraite tous les indivi- dus que les principes ultra-révolu- tionnaires avaient infestés jusque dans les grades les plus élevés. 11 rappela de suite tous les ancierts ofliciers , amiraux et capitaines qui avaient été, comme lui, des- titués et incarcérés; il leur confia les escadres, et les marins revi- rent encore à leur fêle des géné- raux qui avaient acquis de l'expé- rience et quelque gloire avant la révolution. N'ayant pu obtenir de5 chambres législatives la révo- cation de la loi maritime du 5 brumaire, que des commis de marine , députés , avaient fait rendre par la convention dans les derniers jours de son existence, il fut assez heureux pour trouver, dans cette même loi du 3 bru- maire, un moyen d'interprétation qui lui permit de remplacer les administrateurs supérieurs des ports par de célèbres ingénieurs , tels que les Sané, Groignard , Gautier, Chevillard, Forfait, Le- roi, etc., etc. Cette lutte contre les administrateurs de marine en cré- dit dans les chambres, qui parais- saient exploiter la révolution à leur profit, et cette victoire rem- portée sur leurs prétentions am- bitieuses, lui suscita bien des en- nemis dans les deux chambres. Après ces premiers travaux pour l'organisation des ports, du ma- tériel et du personnel de la ma- rine , il fallut s'occuper des colo- nies. Saint-Domingue, malgré ses désastres récens et son en- tière subversion, fut organisé d'après la constitution nouvelle de la métropole, et tous les noirs

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s'y soumirent. L'oflensif fut pris sur le-j Anglais, qui s'étaient éta- lilis et retranchés dans quelques places, et ils en furent chassés. Leurs forces navales ne purent ja- mais inlercepler les couirnuiiica- tions si nonïbreuses qui furent établies avec nos colonies par nos vaisseaux et nos division», pour y transporter des troupes , des munitions de guerre et des appro- visionncmens de toute espèce , tant l'intelligence et l'activité de nos capitaines surent exécuter ponctuellement les instructions bien combiiiées qui leur furent données. Les autres colonies fu- rent également soumises à une administration constitutionnelle. Le ministre eut à déplordr l'in- surreclion de l'assemblée colo- niale de l'île de France contre les ordres du gfjuvernement et les lois en vigueur. Elle avait cepen- dant adopte les principes de la ré- volution et incarcéré plusieurs des chefs de la colonie comme a- ri>tocrales; mais elle crut, pour éviter l'abolition de l'esclavage, la traite et les conséquences d'un 'système plus humain et plus po- litique, devoir préférer des intérêts particuliers à l'intérêt public, qui ne repose légitimement que sur les lois. Cette révolte fut un des pre- miers obstacles que le ministre rencontra pour l'exécution de ses vastes projets contre la puissance anglaise dans l'Inde. Des plans généraux de guerre furent hardi- ment conçus et arrêtés par le di- rectitire, ot'i siégeaient alors deux ingénieurs très-instruits, Carnot ';l Letourneur. Le premier arrêté :uésii:ié par le ministre de la nja- ; ' , < I ajjréé de suite, était li-

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belle d'une manière lemarquable; il était ainsi conçu : i" Il sera ar- mé des forces navales sulTisanles pour jeter trente mille hommes en Irlande, sous les ordres du géné- ral Hoche; 2* il sera organisé sur nos côtes les moyens nécessaires pour en jeter soixante mille sur les côtes d'Angleterre et d'Ecosse; 3" le ministre de la marine est char- gé de l'exécution prompte do cet arrêté. On vil bientôt des esca- dres expédiées pour toutes les mers, et ces escadres bien diri- gées , après avoir exécuté des hos- tilités particulières, devaient se réunira une époque bien choisie, pour être supérieures à nos enne- mis à cette même époque, et por- ter un grand coup en débarquant une armée de braves. C'est ainsi que se prépara l'exécution de l'ar- rêté ci-dessus. L'Angleterre prise au dépourvu quand elle croyait notre marine anéantie par nos malheurs passés, et entièrement desorganisée, se trouva mena- cée en Irlande , à la Jamaïque, A Terre-Neuve et dans l'Inde même. Sans entrer clans trop de détails, on sait que 22,000 hommes par- tirent de Brest pour l'expédition d'Irlande, sous les ordres de l'a- miral r.lorard de Galles, ayant l'amiral liruix pour major-géné- ral, et les troupes commandées par le général Hoche ; on sait aussi qu'une division de frégates avait déjà été envoyée dans l'Inde, sous les ordres de l'amiral du Ser- ccy, et que l'amiral Villaret, com- mandant huit vaissoauX de ligne avec des troupt!s, était tout prêt à bre»t , en octobre ify^J, pour s'y rendre, muni d'instructions très- importantes. L'escadre de htiitou

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neuf vaisseaux, commandée par l'amiral Riuhery, avait reçu l'or- dre de mettre à la voile de Cadix , il avait l'ait entrer un riche convoi pris sur l'ennemi; ses re- tards trop prolongés dans celle rade, et qui lui furenl reprochés, l'enipêclièrent d'attaquer la Ja- maïque , en passant d'abord :\ Saint-Domingue, des troupes se trouvaient toutes prêtes pour cette attaque. Il n'eut le temps que d'attaquer Terre-Neuve, dont il détruisit les élablissemens de pêche et les navires pêcheurs. A son retour en France, il relâcha h Rochefort, au lieu de se rendre di- rectement à Brest, ce qui retarda lo départ de l'expédition contre l'Irlande. Il serait pénible de dé- noncer les causes étrangères aux conceptions du ministre, qui en- travèrent et déconcertèrent une grande partie de ses opérations, et c'est ainsi que, par une de ces fatalités qui détruisent quelquefois les ()roiels les mieux conçus , l'in- dépendance de l'Irlande ne put être consonmiée , et que l'Angle- terre ne dut son salut, soit en Ir- lande, soit dans l'Inde, qu'à la faiblesse et ù l'irrésolution de trois ou quatre chefs qui, jusqu'à celte époque, avaient mérité la confiance du ministère , mais qui ne la justifièrent pas au mo- ment de ces entreprises hardies. Il est à remarquer surtout, pour la gloire de ce ministère, que le plan d'une première campagne que les marins français devaient seuls exécuter avec tous ses dan- gers, se rattachaient à une allian- ce sincère et de bonne foi avec l'Espagne etla Hollande. Le^non- venient général de leurs forces a-

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vait été exclusivement confié au ministre ïruguet , qui corres- pondait seul avec les cabinets de Madrid et de La Haye; il en ré- sultait ainsi, dans les opération» concertées , secret et activité, L'Espagne avait promis , et avait en effet 20 vaisseaux de ligne tout prêts, et la Hollande 12 vaisseaux ave»; 1 5,ooo homnies de débar- quement, qu'un de nos généraux avait été inspecter. Leur inertie menaçante dans leurs ports, exi- gée d'eux, forçait les Anglais à des croisières d'observation ruineuse, et qui facilitaient nos sorties etno» opérations particulières. La con- fiance était lelle avec nos alliés, que la Hollande, connaissanlnotre pénurie en finances, et les entraves que cette pénurie mettait à notre activité, vint à notre secours, et ce qu'elle nous donna généreusement pour nos armernens de l'Inde, put permettre aussi d'augmenter nos autres arméniens, et les travaux de nos arsenaux. L'Espagne avait promis les mêmes secours pécu- niaires , tant la confiance était grande dans le système franche- ment adopté. Les conséquences des succès plus que probables de cette seule première campagne devaient être bien funestes à l'An- gleterre, prise presque partout au dépourvu , et un plan général d'altaque à la seconde campagne, avec les forces navales de nos al- liés , réduisait cette colossale Angleterre à devenir une puis- sance du second ordre. C'est vers cette époque, la marine renais- sait, où ses colonies prospéraient, de nouvelles expéditions s'or- ganisaient pour réparer les effet» iJe tant de malveillance et de fai-

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blesse, et lôsisier aux cruelles influences des discordes qui ré- gnaient dans les hauts pouvoirs de la république, qu'arriva la révo- lution du 18 fructidor (septem- bre 1797). Le parti qui triom- pha dans cette journée , etivoya !^(is victimes à la Guiane, et vou- lut avoir des ministres nouveaux; le portefeuille de la n)arine fut ôté au ministre Tru^yuet. Le di- rectoire, où ne se trouvaient plus Carnot ni Le Tourneur, désarma nos vaisseaux, licencia leurs é- quipages, réunis et exercés avec tant de soins, et abandonna à eux- M)êmes nos allié*, auxquels nos désanncmens laissèrent sur les bras toutes les forces ennemies, qui les écrasèrent, quand ils vou- lurent mettre en mer. Le vertige directorial fut sans bornes , puis- que nos frégates furent livrées à l'agiotage pour en faire des cor- saires; on achetait ces frégates comme des effets de bourse. Sur ces entrefaites Bonaparte arriva à Paris, après sa glorieuse campagne d'Italie, terminée par le traité de Oampo-Formio. Son influence ar- rêta les progrès du mal; on lui donna le titre de général en chef de l'armée contre l'Angleterre; Truguet, dans Tinlérét (ie la ma- rine.s'empressa des'imiràlui pour obtenir le réarmement de nos es- cadres; mais la condescendance du directoire pour le réarmcmenl d'une escadre Toulon , n'avait d'autre but que d'éloigner Bona- part<î de Paris, et de l'envoyer en Egypti;. Trugîiet, repoussé encore du minisiére de la marine, par le niT-fue parti qui éloignait Bonapar- te, fut envoyé comme ainl)assa(leur à Madrid, sous le prétexte qu'il sc-

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rait utile \ l'Espagne pour sa ma- rine et ses colonies. On hâta sou départ, bientôt après on h3ta ce- lui de Bonaparte, qui ayant à évi- ter ou à braver les forces navales anglaises, bien supérieures aux siennes dans la Méditerranée, de- vait succomber sans un miracle de la fortune, car il eut le bon- heur inouï de pouvoir rallier plu- sieurs convois, attaquer et pren- dre Malte, et débarquer toutes se» troupes à Alexandrie, avant l'ar- rivée de l'amiral Nelson sur ces cotes. Nous ne pouvons nous re- fusera donner quelques détails sur cette ambassade, qui devint bien- tôt une mission aussi diflicile que délicate , et dans laquelle l'am- bassadeur exerça une influence qui fut toujours inconnue ou mal appréciée, et qui aurait eu pour l'Espagne et pour la France, son alliée, des conséquences bien pré- cieuses, si le directoire n'avait eu à cette époque d'autre politique que sa conservation contre ses en- nemis. Notre traité d'alliance n'a- vait encore réparé ni les injustice^ ni les spolialioua des autorités et des tribunaux espagnols envers les négociiHis et armateurs français : le commerce de Lyon deverm as- seï important avec l'Espagne, de- puis la guerre contre les Anglais, avait à se plaindre des entraves qu'y mettait l'administration des douanes. Beaucoup de Français arrêtés dans les Indes-Occidenta- les, qui étaient devenus suspect» par suite de notie révolution , avaient été traduits en Espagne, et incarcérés dans 1(!S cachots de l'inquisition. Se.» intelligcice» avec jiliisii.urs nieiubres de ce tri- bunal, lui firent connaître Iv nom-

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bre el le nom de ces infortunés; ils furent tous mis en liberté, et le premier devoir envers rimmanité rempli, il prc'isenta des demandes sur les trop justes réclamations du commerce français; il eut la sa- tisfaction de voir accueillies ces demandes, auxquelles on fit droit autant qu'il était possible de le faire dans les circonstances l'on se trouvait. Mais le plus didicile à concilier ou à éluder, était relatif aux mesures ;\ prendre contre le nombre Immense d'émigrés fran- çais, la plupart ecclésiastiques, qui s'étaient réfugiés en Espagne, le gouvernement castillan les avait accueillis pendant sa guer- re avec la France, et dont on exi- geait l'expulsion depuis la paix. L'ambassadeur, placé entre un de- voir rigoureuxet le sentiment que tout Français éprouve pour d'au- tres Français, que les discordes civiles ont désunis, ne put garan- tir la sûreté de tous, qu'en se con- certant avec le ministère, compo- sé alors d'bommes d'état qui pro- fessaient les principes les plus purs et les plus humains. On se borna à éloigner momentanément de la cour quelques personnages des plus marqi.ans , et qui y jouis- saient de beaucoup de considéra- lion et de cr<;dit, sans les priver ce- pendant de leurs émolumens; un régiment, composé d'officiers é- migrés, dont le gouvernement français exigeait la dissolution ou le renvoi dans les colonies, fut envoyé seulement aux îles Ma- jorque et Minorqiie. Le direc- toire parut satisfait de cette con- descendance, que l'on fit bien valoir, et qui conserva en Espa- gne la niasse nombreuse d'émi-

grés, auxquels même de puissans secours français parvinrent par l'entremise de plusieurs curés. Ce fut enfin tout ce que l'humanité put obtenir de la politique du temps. Il était d'autres sacrifices que le gouvernement français exi- geait du roi d'Espagne; mais ceux- ci devant humilier sa personne royale, et la forcer à renoncer à tout prix à l'alliance française, ils ne sortirent jamais du portefeuille de l'ambassadeur, et il est à remar- quer, qu'à cette époque, nos en- nemis cherchaient à dissoudre, par les offres les plus brillantes, celte alliance renouvelée avec l'Espagne. En entrant en Espagne, l'ambassadeur avait donné un exemple trop rare de désintéresse- ment, en renonçant au privilège si abusif qui accordait pendant six mois l'entrée franche de tout espèce de droit aux effets person- nels de l'ambassadeur, et qui, sous prétexte d'objets à son usa- ge, devenait un moyen de contre- bande très- lucratif- Il ordonna de tout visiter, et de confisquer tout ce qui ne serait pas sur ses factures. Sa conduite généreuse et loyale lui eut bientôt mérité l'estime de la cour et de tous les gens de bien , dont il espéra pou- voir se servir bientôt pour obte- nir des succès dans les plans qu'il méditait pour l'avantage de la France, de l'Espagne, et plus par- ticulièrement pour affermir, sur des bases solides , l'autorité du roi, et l'union des colonies ù la métropole, qui, de jour en jour, s'affaiblissait d'une manière ex- traordinaire. Il était parvenu à ob- tenir la confiance et l'amitié des ministres, dont plusieurs, tels que

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Urquijo, Saavedra, Caveillano, é- laieiit lies hommes du plus grand mérite, qui connaissaient j)arfai- icment l'ctat précaire se Irou- vait l'Espagne métropole et coio- iiialf. lj*i premier miiiistie [voyez GoDoï), trop occupé de lui-mê- me, el saturé d'honneurs et de bienfaits de tons les genres, ne put jamais concevoir qu'il se présen- tait à lui une gloire plus réelle , qui pouvait l'élever au rang des plus grands hommes d'étal, et un moyeu illustre de s'acquitter en- vers leurs majestés de tout ce qu'il leur devait en régénérant la na- tion espagnole au nom du roi, en aiTermissaiit sur des hases consti- tutionnelles son trône si menacé par les tempêtes politiques qui l'avoisinaient, et en rattachant à jamais ses immenses colonies, en les appelant à participer à ce nou- vel ordre de choses. Au lieu de suivre ce noble conseil , auquel les autres ministres avaient donné leur assentiment, le prince de la l'aix continua d'abuser de son crédit, d'en mépriser l'auguste source, et l'ut ainsi au-devant d'une disgnice qui eût été terri- ble sans la généiitsilé des minis- tres, qui ohlinrent du roi de bor- ner une vengeance éclatante à un simple éloignement des aftain;s ; il lui l'ut même perniisde paraître quelqiiet'ois à la cour. Funeste générosité sous le rapport de la politique, et qui bientôt décon- certa tous les projets de régéné- ration, en laissant à cet ex -pre- mier ministre les moyens de re- conquérir, [)ar sa présence à la cour et ses intrigues, un pouvoir (|ue la nation abhorrait, et qui fut une des principale- causes de tous

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les malheurs de Charles IV et de la reine. L'ambassadeur ïruguel, a{)rès la chute du favori, se lia intimement avec les ministres , qui tous furent d'avis de commen- cer par assimiler le tribmial de l'inquisition, quant A sa publicité, avec les autres tribunaux du royaume. C'était en eilel détruire son infernale autorité ; ensuite d'abolir les majorais; enfin, l'éta- blioscmenld'un gouvernement re- présentatif et constitutionnel qui n'aurait })aru d'abord que le retour des belles et antiques institutions nationalessi chères mtx Castillans, et que le despotisme et le fanatis- me avaient seids dégradées, mais toutefois en l'appelant ces antiques certes. Tous les hommes éclairés étaient d'avis de les modifier con- formément à l'esprit du 18* siè- cle , et à la politique de l'Europe. La disgrâce du prince de la Paix, désirée si ardemment, étant con- sommée, elle ne forma plus qu'un vœu. celui d'une constitution na- tionale. Cette généreuse conces- sion, venant du trône, se serait opérée sans convulsion, sans ver- ser une goutte de sang, et l'on eût vu en très-peu detemj)S une régé- nération dans le commerce et l'a- (^riculture, une nouvelle circula- tion d'immenses capitaux enfouis depuis bien long-temps; une union à jamais dural>le entre les colonies heureuses et la métropole enri- chie , onauraitvueufm la royauté .légitiuje et cmstitutionnelle don- nant ù tout une vie nouvelle, et s'atferniissant à jamais : quels a- vantages la France ne dev.iit-ellc pas retirer de sa nouvelle alliance avec une nation libre sons un gou- vernen>eut monarchique, sage et

fort, qui pouvait de plus en plu» auguieiiter sa uiarine, et olï'rir de iiouvelici forces pour consolider la liberté des mers. Mais le direc- toire, bien loin d'acx'ueillir et de proléger son ambassadeur dans rexéculion de ce plan, ne s'occu- pait qu'à se défendre des factions, qui toutes l'accusaient de nos re- vers en Italie, qu'il n'avait pas su prévenir, et dt; favorit-er des spo- îiatioiis qui lai;-sair.nt nos soldats dans la misère. L'Espagne parut une nouvelle proie à ces spolia- teurs eirréués. On vit arriver à Ma- drid des intrigans se disant agens du directoire à l'insu de l'ambassa- deur, mais, à ce qu'on prétend, pro- tégés sous main par son secrétaire d'ambassade : l'un d'eux, revêtu d'un costume de commissaire du gouvernement, se présente, de- mandeau ministreespagnol desau- diences, en obtient une furtive- ment, où il exige les fournitures générales des armées de terre et de mer, et à ce prix, il promet la protection la plus spéciale du di- rectoire français. Cet agent, d'o- rigine espagnole, avait encore con- tre lui une condamnation infa- mante par contumace. On ne pourrait croire à una telle dé- mence, si on n'avait su depuis que les résultats de cette auda- cieuse fi)urberie devait produire des millions aux protecteurs et aux protégés. L'auibassadeur s'en plaignit an directoire, dont ces misérables osaient emprunter le nom, et il ajouta qu'en attendant sa réponse, qui ne pouvait être douteuse , il allait les dénoncer au roi, pour les faire arrêter et les faire poursuivre devant les tribu- naux. Ils avaient pris la fuite. Le

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directoire approuva lu conduit» de l'imibassadeur ; mais peu de temps après, il fut rappelé, et sou» divers prétextes, exile de Franco cviinx\c émigré, lui , son secrétaire particulier et toutes les personnes de sa suite. L'amiral avait choi- si la Hollande pour le lieu de son exil ; il y fut accueilli ; on le com- bla d'égards. 11 avait eu pendant son ministère de hautes relation» avec les hiinislres, les amiraux cl généraux bataves. Il avait même été très-utile à ce gouvernement pendant la durée de son ambas» sade. Cet exil dura neuf mois. Lne nouvelle révolution dans le direc- toire le rappela à l'aris, et ce fut deux moisaprèsson retour quel'on apprit le débarquementà Fréjusdu général en chef Bonaparte, venant d'Egypte. I5onaparte,non>mé con- sul, lui olfrit le ministère de la me" ri ne. Il l'efil accepté par dé- vouement à celte marine qui avait tant de secours à réclamer, s'il n'eût reconnu , après plusieurs entrevues particulières avec le premier consul, la diversité de leurs principes sur Saint-Domin- gue, et la différence de leurs opi- nions sur quelques personnage? qui avaient trahi sa confiance pen- dant son ministère, et que le con- sul voulait employer. Il refusa donc ce ministère; mais il crut devoir ne pas refuser celle de con- seiller - d'elal , fonctions qu'il a exercées pendant quatre ans. Il reçut, en 1802, le commande- ment de l'armée navale combinée réunie à Cadix, avec le litre émi- nenl d'amiral en chef, qui com- j)or tailles attributions de ministre. Le général en chef Bonaparte, qui avait laissé l'Lgyple sous le com-

mnndfinenl du brave Rfébcr, gai- trop confians dans les fjvantage» Hait l'espoir de la conserver, en de ce repos et dans le gétiie de lui envoyanl'de grands secours Napoléon , auraient livré leurs de France. Appelé au consulat, capitaux, leurs marcliandiscs et et ayant tous les moyens, il fit leurs vaisseaux à l'Océan. Ils les plusieurs tentatives qui n'eu- livrèrent ainsi à la cupidité an- rent aucun succès; il ne put mê- glaise, qui, avant la fin de l'an- nie faire parvenir des renforts à née , déclara à l'improviste la Malle. Lorsqu'il apprit l'assassi- guerre à la France. C'est à l'épo- nat de Kléber, remplacé par le que do celte paix d'Amiens que général le plus ancien après lui l'amiral revint à Taris, après avoir ( le général iMenou ) , plein de reçu l'ordre d'envoyer A Saint- bravoure , sans doute, mais bien Domingue une partie de ses vais- inférieur i\ la lâche qui lui était st-aux avec les troupes françaises imposée, il pressentit alois que qui étaient à Cadix , pour aller se celle conquéle allait lui échapper ranger sous les ordres du général s'il n'organisait à la hâte de puis- en chef Leclerc. Celte paix valut sans secours. Il se défern)ina en bientôt à l'Angleterre l'entière in- conséquence à envo^'er l'amiral dépendance de Saint-Domingue, Truguet prendre le commande- que le premier consul Bonaparte ment en chef des forces combi- voulut conquérir au profit de l'es- néesiHIadix, devaient se rallier clavage, avec une armée d'élite, bienlôt à son pavillon amiral l'es- quand cette colonie appartenait cadre de Linois , celle de Gan- constitulionnellement à la France; leauine, et enfin celle de Decrès , celte impolitiqneet injuste guerre qui avait reçu l'ordre de rempia- lui fut suggérée par des conseillers rer à Rr)cheforl l'amiral Brnix, perfides qui l'emportèrent sur ton- qu'nne maladie sni)ite avait forcé les les instances de Trnguel pour de renon^-er \ son commande- l'en détourner. Ce qu'il avait pré- inenl. Si «le pareilles mesures a- dit n'arriva malheureusement que valent été prises plus tôl, il est trop tôt. Nous perdîmes notre ar- vraisemblablc que l'Egypte, Mail»; niée, nos marins et la colonie la et toule la Méditerranée restaient ]>lns riche du monde; ses pro- à la France. C'est au milieu de ce il!iils,son industrie, ses échanges, grand mouvement d'escadres , tout fut perdu pour la France, dont le rendez-vous général était Fnûii la guerre étant déclarée par dans le port de Cadix, que l'on l'Angleterre (en 1804), lionapar- apprit la capitulation de l'armée te ordonna la construction d'une française en Fgyplc. Celle cir- immense flottille i\ Boulogne , et constance si f.ivorable a l'An- lui creusa des ports dans le sable glelcrre la détermina à accep- pour la contenir; mais il fallait 1er la paix. Paix désastreuse! qui en même tetns organiser une ar- devait être incessamment roni- méc navale à Brest. Celle organi- pue par l'Angleterre, et comme .«ation d'une armée qui devait beaucoup d'hoirmies sages le pré- transporter vingt mille hommes voyaient, quand nos négociuii* , commandés par le général Auge-

reau,d«:puis maréchuldc l'enipiri;, fut confiée àTruguet. Elle lut bien- tôt équipée, soumise à la plus exacte discipline et à des régle- mens de service pour tous les gra- des. L'union entre les chefs de terre et de mer établit s«ir la flotte une harmonie parfaite , et jusque-là peut-être sans exemple. Les opérations importantes de cette armée, composée de vingt- deux vaisseaux de ligne, auxquels pouvaient aisément se rallier, par une bonne manœuvre, les esca- dres de Rochefort et de la Co- rogne, étaient concertées secrète- ment entre l'amiral et le premier con.->ul, ([ui lui avait déjà écrit que la floltille sous les ordres de l'ami- ral Bruix était prête. Trugiiet n'at- tendait donc que l'ordre du dé- part, et la marine pouvait espérer d'effacer à jamais le souvenir de tant de fautes , de tant de revers , et reconquérir son puissant ascen- dant dans la politique de l'Eu- rope, lorsqu'on apprit à Brest, par dépêches télégraphiques et par courriers extraordinaires, que Napoléon voulait se faire procla- mer empereur, en se soumettant toutefois au vœu spontané de ses généraux de terre et de mer. L'a- miral Truguet, animé par d'au- tres principes et d'autres senti- mens politiques que les généraux commandans les corps d'armét: , crut devoir refuser d'approuver cet acte d'ambition qui livrait la France à une nouvelle dynastie. Il s'efforça cependant, et, il par- vint à prévenir toute discorde que son refus pouvait allumer, et qui serait devenue mille fois plus dan- gereuse à Brest que partout ail- leurs. Il fut à l'instant destitué

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par le nouvel empereur, du com- mandement de l'armée qui était déjà prête à mettreà la voile; Napo- léon n'eut plus qu'une seule pen- sée , celle de faire reconnaître su couronne par les puissances de rEur;>pe. L'effet de son njéconten- tement contre Truguet fut tel, qu'il lui ôta toutes ses places, et l'effaça même de lalistedesgrand>-ofllcier» de lalégion-d'honnenr, lui qui déjà avait été désigné pour être maré- chal de l'empire. Truguet, satis- fait du témoignage de sa cons- cience, satisfait d'avoir pu rem- plir dans une circonstance si im- portante plusieurs grands devoirs, ne regretta que de se voir arra- cher la gloire personnelle qu'il pouvait espérer d'acquérir avec une si belle armée navale, si bien organisée, et un corps de soldais si braves, en exécutant des plans d'opérations d'une si haute im- portance. Il regretta surtout de voir ajourner peut-être indéfini- ment la gloire de la marine mili- taire de France , qui se trouvait alors dans une attitude respecta- ble, possédant de si braves offi- ciers et des marins si exercés. Il se voua à la retraite la plus abso- lue, emportant les regrets de tous les corps qui assistèrent à son dé- part de Brest : regrets bien réels et exprimés d'une manière aussi touchante qu'honorable. 11 put jouir dans sa retraite du souvenir consolant d'avoir fait, pendant le consulat, tout le bien qu'il avait dépendu de lui de faire à sa pa- trie, en s'opposant de toutes ses forces au système de ruine adopté sur Saint-Domingue , dont il était si facile de prévoir l'horrible ca- tastrophe; en ne cessant de com-

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baltre ces monstrueux et ruineux travaux d'uncflottille dont les cons- tniclions hasardées et vicieuses ne pouvaient atteindre le but qu'on se proposait; soit enfin en présentant au premier consul le seul plan de guerre que l'on pût adopter con- tre l'Angleterre pour conserver l'Kgypte, IMtiIle, et ruiner cette puissance dans ses colonies occi- dentales et dans son vaste empire indien; plans qui, pendant son ministère, t'urcnt sans cesse en- través, mais qui ne pouvaient que réussir sous une autorité unique qui disposait de beaucoup d'ar- gent et de beavicoup de soldats. (Je l'ut après avoir laissé l'amiral Truguet pendant quatre ans dans «me défaveur absolue, que Na- poléon , croyant avoir encore besoin de ses services, le rap- pela, et après lui avoir confié les débris de l'armée navale de Kochefort , en partie incendiée devant l'île d'Aix par les machi- nes infernales des Angbus , lui re- tira ce commandement peu de mois après, pour lui confier la haute administration maritime de totite la Hollanile, qu'il lui dé- signa comme un petit minisière. Truguet, heureux de pouvoir en- core servir sa patrie et les Hol- landais , qu'il chérissait depuis long-temps , accepta une place l'on pouvait faire tant de bien, et certes , sans conditions et avec un désintéressement remarqua- ble; car Napoléon, en lui impo- sant de nouveau une si pénible tâche, ne lui restitua ni sa place uu conseil-d'élat, il avait siégé quatre ans, ni aucim des titres, cordons et dotations, qu'il avait donnés en abondance aux nmi-

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raux ù l'époque de sa disgrûce et pendant toute sa durée. Pendant trois ans qu'il a administré la ma- rine en Hollande, l'amiral Tru- guet n'a cessé d'employer tous ses efforts et tous les moyens d'es- time dont il jouissait pour affai- blir les effets de l'oppression et de l'arbitraire, dont on accablait ce peuple devenu français; pour pro- téger son industrie en dévelop- pant ses pê(îheries sous le blocus le plus rigide ; pour lui donner enfin , en l'absence de ses colo- nies , tous les moyens possibles d'existence et de bénéfices. La re- connaissance de ses nombreux ad- ministrés l'ont bien souvent dé- dommagé de ses pénibles sollici- tudes. Enfin i\ l'époque de la ré- volution hollandaise, en novem- bre i8i3, qui appela le prince d'Orange, il ne balança pas, lors- que toutes les grandes autorités se retiraient, i\ rester h son poste au péril de sa fortune, de sa li- berté et de sa vie, pour le salut de la flotte du Texel, sous les or- dres du brave Verhuell [voyez ce nom), soit pour protéger tant de Français que leurs chefs avaient abandonnés , soit pour conserver les chantiers et arsenaux menacés d'incendie dans la première fré- nésie révolutionnaire. C'est ainsi qu'il a peut-être puissamment contribué à sauver la ville même d'Amsterdam, en sac'hant par sa persuasion , et surtout par son autorité , qui ne fut jamais mé- connue dans ce désordre, conte- nir sur les chantiers et occuper de leurs travaux accoutumés plu- sieurs njilliers d'ouvriers , dont l'Insurrection eût mis le combk i\ l'anarchie populaire , qui déjù

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avail porto la fluiiime »ur plu- kieurs maison. C'est aussi pyr la sagesse de ses conseils et par l'in- fluence que toute sa conduite lui avail acquise auprès de» indivi- dus nouvellement revêtus des pouvoirs du prince d'Orange, que l'on attendait à La Haye, qu'il a prévenu l'elFusion du sang fran- çais. Tant de généreux eflorts lui luérilaient une meilleure des- tinée Dès qu'il apj)rit le dé- barquement du prince d'Orange, i! demanda des passeports, qui lui lurent donnés avec l'ordre ù tou- tes les autorités de respecter sa jiersonne, et particulièrement aux autorités du port de Rotterdam, de lui donner le yactli de l'état pour son passage en France. On embarque en eliet ses bagages sur le yaclh. Le vice-amiral, naguère sous ses ordre», qui commande ces chantiers, le reçoit , l'accueil- le , lui donne à dîner. Tranquille dans un lieu fermé par des grilles, il attend la nuit close et l'heure de la marée pour traverser la ftieuse. Qui pourrait le croire ! c'est à la nuit close qu'on ouvre les grilles du port à un parti de Cosaques réguliers, qui s'em[)are de sa personne et de tous ses ba- gages. Il proleste contre une pa- reille violation du droit des gens, puisqu'il représentait des otages enlevés pour sa sûreté à Dtrecht, et qu'il devait renvoyer de l'autre rive de la Meuse ; c'était une étrange violation du droit d'hos- pitalité accordé par le gouverne- ment provisoire du prince d'O- range. Rien ne put convaincre ces Cosaques, qui, après s'être emparé de tous ses effets, l'entraînèrent; mais les autorités d'Amsterdam,

cédant ù lu générosité de leur cn- ractère, se rendirent en toute hâte auprès du print.e pour réclamer la garantie qu'elles avaient donnée en son nom. En conséquence, te prince, voulant ratifier tout ce qui avait été lait en son nom, envoya sur-le-champ des ordres précis pour le retirer des mains des Co- saques, ainsi que tout ce qu'il» avaient enlevé du yactii. On re- lira de leurs mains ce que l'on put; mais l'amiral fit néanmoins mie perte Irès-considérahie. Ar- rivé ù La Haye, il y demeura sous la protection du prince royal, non comme prisourii«'r, mais comme otage, en attendant un échange : les otages prisa Utrechl a valent été transféré? à Paris. Au mois d'avril 18 14» on apprit l'entrée des alliés dans Paris et l'abdication de l'em- pereur; ramiral Truguet put alors se mettre en route pour la Fran- ce. Au mois de mai , Louis XVIII le rétabliten activité de serviceà la lête i\n corps de la marine. Pen- dant les cent jours, en 181 5, il ne reput de Napoléon ni missions, ni faveurs, ni aucun témoignage de bienveillance personnelle, et ce- pendant il avail rempli les devoir» que Ihonneur lui avait imposé», au péril de sa foi tune, de sa li- berté et de sa vie, jusqu'au mo- ment de l'abdication. A la seconde restauration , et dès le mois de juillet (181 5), il lui fut ordonné par le roi de se rendre à Brest , avec l'ordre formel de garantir contre toute agression , toute sur- prise et toute occupation étran- gère, les immenses richesses na- tionales renfermées dans ce pre- mier port du royaume ; il en de- venait (disaient ses instruclions) »

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respon?able au rot et i la nation. Les Prussiens, que l'on poiivail croire les instriimens passifs d'une autre puissance, étaient déjà ar- rivés à Reunes, et se liûlaient de se rendre à Brest. L'amiral Tru- guet les dépassa , et arriva en toute hâte dans ce port, il prit à l'instant et sans discontinuer lotîtes les mesures propres à l'aire respecter et conserver intact ce riche dépôt qui lui était confié. Louis XVIII appréciant les ser- vices que Truguet avait rendus à la France sous le règne de Louis XVI, et tous ceux qu'il rendit depuis en qualité de mi- nistre de la marine , de com- luandant d'armées navales, elc , répara les injustices dont il a- vait été souvent victime dans ^a longue carrière militaire, ad- ministrative et politique, en lui conférant les dignités de grand' croix des ordres de Saint-Louis et de la légion-d'honneiir, et le titre de comte; en l'élevant enfin à la pairie le 5 mai 1819. L'ami- ral ne pouvait mieux mériter ni mieux justifier cette dernière fa- veur du roi, qu'en s'appliquant constamment à éclairer la cham- hre et le ministère sur les plus chers intérêts de l'état , sur les moyens de régénérer la marine royale. On l'a vu, à l'époque de chaque budget , solliciter non- seulement un surcroît de fonds si indispensable , mais encore pré- senter tous les moyens de les uti- liser avec fruit, en pressant les nombreux ministres qui se sont si rapidement 8uc<;édés , d'adopter les institutions qui seules peuvent assurer les succès de nos opéra- tion», c'est-à-dire en simplifiant

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l'orf^anisation des ports sous l'au- torité unique d'un seul amiral res- ponsable, en créant des équipage» de ligne pris dans le contingent de la loi du recrutement, en don- nant une meilleure éducation aux élèves de la marine soumis à un concours pour leur admission, et réunis dans les ports et non à An- goulême, en réclamant enfin un cor)seil d'amiraux qui pût, par sa bonne composition, préserver le département de la marine de tant <]('. nouveaux systèmes , de tant de fausses et ruineuses opérations , produits inévitables de cette suc- cession si rapide de ministres étrangers au service de la marine. Il a pu proclamer à la même tri- bune sa reconnaissance et son ad- miration pour Louis XVI . deux fois régénérateur de la mariu« et fondateur du magnini|iie pcu-t de Cherbourg ; conception si bril- lante et si utile à la France, que son gouvernement commettrait une grande faute de négliger son achèvement, et montrerait une véritable ingratitude si on refusait de donner à ce port le no-m de Louis XVI. L'amiral Truguet en a fait la proposition dans la ses- sion de i8'2/|. Dans cette même année, il ofl'rit à Louis XVIil un travail de sa jeunesse pen- dant sa longue mission à Cons- tantinople. Ce sont les cartes ma- rines levées astroriottliqncment par lui, commandant alors un>i corvette du roi , des mers de l'Ar- chipel, de IMarmara, du Hosphore et de l'entrée de la mer Noire. Tel on a vu Truguet au conimen- rement de sa carrière, tel on le voit encore aujourd'hui, en i8'i~>. après de* services effectif» en

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si graiid nombre, sans cesse oc- cupé de l'ulilité et des succès de la marine, à la têle de laquelle il se trouve, et aussi capable qu'il l'était il y a vingt ans, de com- mander les armées navales. L'a- miral Truguet a constamment présente à la pensée celle opinicm de Louis XVI, le véritable res- taurateur de la marine, qui ne cesiiait de répéter qu'il la croyait indi!>pens;ible à la richesse et à la puissance de la France , ainsi qu'à la gloire personnelle de ses rois. La vie politique et privée du com- te Trugwet est celle d'un homme de bien et d'un citoyen distin- gué. Il a figuré constamment avec honneur dans le.^ premières digni- tés de son pays, et il recueille chaque jour le tribut d'estime et de considération attaché à cette . longue carrière de services utiles et irré|)rochahlcs, que pendant un demi-siècle il a rendus à sa patrie. TRLLLARD (N. ), ingénieur, convenliormel, etc., se montra, dès le commencement de la révo- cation, dévoué auxnou veaux prin- cipes. Au mois de septembre 1 792, le déparlem<;nt de la Côte-d'Or, qu'il habitait, le nomma député à la convention nationale. Il ne s'y fil remarquer qu'à Tépoque du procès du roi, dans lequel il vota avec la majorité. Cette année mê- me («795) il fut, avec son collègue Berlier (ccj. ce nom), envoyé à l'armée du Nord pour y veiller à la remonte de la cavalerie. M. Trullard était à la levée du siège de Dunkerque, dont il fit connaî- tre la nouvelle à la convention nationale; il fit hommage à celte assemblée d'un boulet de six li- vres, qui avait passé par-dessus

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sa tCte. N'ayant point été porté à l'un ou l'autre conseil lors de la réélection des deux tiers des mem- bres de la convention , ni élu pos- térieurement, il disparut de la scène politique. Le dircctoire-exé- cnlif l'employa ppu après en qua- lité de commissaire; mais depuis celte époque, on l'a totalement perdu de vue.

TllUPHÉMI (N. ) , boucher à Nîmes, s'est acquis une affreuse célébrité par la part qu'il a prise, en i8i5, aux massacres qui ont porté l'effroi dans les contrées du Midi ; son nom , associé à ceux de Servant et de Trestaillous, inspire- ra la même horreur, et accusera conslamment l'inexplicable con- duite des autorités, qui semblaient paralysées an milieu du sang qui coulait autour d'elles. Truphémi, traduit en novembre 1819, après quatre ans d'impunité, devant la cour d'assises de Kiom , départe- ment du Puy-de-Dôme, était ac- cusé d'avoir massacré, le 1" avril 181 5, un ofiicier en retraite nom- mé Bourillon, professant la reli- gion réformée; l'instruction et les débats prouvèrent la moralité de la victime, et l'âme atroce du bourreau, qui, en plein jour, ar- rache un citoyen paisible des bras de sa femme, l'entraîne sur une place publique avec des circons- tance d'une atroce dérision , et retend mort à ses pieds, en le frappant de plusieurs coups, à la vue des citoyens épouvantés; puis conservant un imperturbable sang- froid, il s'empare du chapeau de sa victime, parce qu'il le croit meilleur quelesien. Lecrimeétait avéré, les circonstances en étaient effroyables, on invoquait le té-

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inoiguage d'une ville entière; l'avocat (le Truphéini , nommé d'office pour le détendre, ne pou- vait rien contester ; il senlit, com- me l'avocat de Servant, que ce Ibrlait tombait de plus haut, et il se réduisit, comme lui, à de- mander aux juré? : « Si lorsque \cà provocations étaient impunies, les agens devaient être frappés; cl s'ils écraseraient \c ver de terre, tandis que \csserpetis continuaient à lever une tête menaçante. » La déclaration unania)e du jury con- damna à mort Truphémi , qui se [lourvut en cassation. Un vice de l'orme fil armuller la procédure , et renvoyer le coupable devant la cour d'assises de Valence. Son cri- me, semblable à celui de Servant, qui subit la peine de mort , y fut considéré d'un autre oeil ; il fie fut condanmé qu'à la peine des travaux forcés à perpétuité. Tou- jours plein de confiance en ses prolecleurs, il a interjeté appel de ce second jugement ; mai>* son pourvoi n'ayant pa^ été admis, le jugement a élé mis à exécution, et, le '^y avril i8io, Trupliémi a été exposé Pi flétri. Il n'est pcul- êlre pas inulile d'observer, pour faire ci'nnaître à quels excès peut ^e porter le fanatisme religieux , que cet assassin, au moment de son arrestation, fut regardé com- me un martyr de la foi catholique; les dév()tes do Nîmei* firent une quête en sa faveur, et le recom- mandèrent aux prières de l'église. TKV (Ukrtra?«d), président du tribunal de première instance de l'.iris. membrt' de la chambre des députés, chevalier de la légion- d'honueur , naquit à Pari? le f) fé- vrier 1754. Il lit ses études pour

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suivre la carrière du barreau, et devint successivement avocat au parlement et aux conseils du roi. Une année avant la révolution, il avait été reçu conseiller au Châ- telet. Pendant nos troubles civils il évita de se mettre en évidence, et échappa ainsi au régime de la terreur. Sous le geuvernement consulaire, et lors de la réorga- nisation des tribunaux, en 1800, M. Try fut nommé substitut du commissaire du gouvernement près le tribunal d'appel ; premier avocat-général à la cour d'appel, en 1810 , et président du Irilîunal de première instance, le 6 janvier 1811, par suite de l'admission à la retraite de M. Berlhereau , qui en exerçait les fonctinns. M. Try fut confirmé dans sa présidence après la première restauration, en 1814» et nommé, la même année , che- valier de la légion -d'honneur. Napoléon le destitua au 20 mars 181 5; mais après le second re- tour du roi, il reprit ses fonctions et fut nommé membre de la cham- bre des députés , il appuya tous les projets ministériels, entre au- tres ceux sur les écrits dits sédi- tieux, sur l'abolition du divorce, clc. Chargé du rapport de la com- mission nommée pour examiner le projet de loi relatif aux écrits saisis en vertu de la loi du 21 oc- tobre 1814 j il proposa, le i3 jan- vier 1817, l'adoption de la loi. Rapporteur de la conunission i\ laquelle avait été renvoyé l'exa- men du projet de loi concernant les détenus pour<letles il demanda le ntainlièn de la loi dans toute sa sévérité. Quoique nommé, en septembre 1817 et en 1818, pré- sident d'une section du collège

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électoral de Paris, il ne fui point réélu à la chaiîibre ; mais le gou- ■verneiDent Ta dédommagé, en lui conférant, au mois de no- ■vemlne 1818, le litre de maître des rcquGtos. M. Try mourut en 1821.

TUllRHEIM (N. barok), ban- quier, membre dolalégion-d'hon- iieur, membre de la chambre de3 députés, etc. , est à Strasbour:;, déparlement du Bas-Rhin, et ap- partient à une famille do cette vil- le, estimée dans la magistrature. Il adopta avec sagesse les princi- pes de la révolution, et fut revêtu de plusieurs fondions mimicipa- les. Sojis le régime de la terreur, sa modération le fit classer parmi les suspects, et il fut obligé, pour éviter la mort, de fuir sa patrie; il se retira en Allemagne. Le cal- me rétabli, il rentra en France, se livra aux affaires commerciales, et l'on cite à son honneur qu'ayant perdu des sommes considérables parle discrédit du papit^r monnaie il ne remboursa en cette valeur, aucun des capitaux que ses conci- toyens lui avaient confiés. Il fut élu au sénat-conservateur, mais il ne fit point partie de ce corps. Le gouvernement l'autorisa à accep- ter la place de ministre des finan- ces du grand-duché de Bade. Au bout de quelques mois il obtint sa démission , et rentra en France décoré de Tordre de la Fidélité de Bade, et avec le titre de baron. Devenu membre de la légion- d'honneur après la première res- tauration, en i8i4> il fut nommé, par le déparlement du Bas-Rhin, membre de la chambre des dépu- tés dite /n^roai'flô/f, il vota avec la minorilé. Appelé, en 1819, par

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ordonnance royale, Alaprésidenr»? du collège électoral de son dépar- tement, il ne triompha de son concurrent à la députation , que par le scrutin de ballolage. Du centre gauche de la chambre, il a voté contre les deux lois d'ex- ception , et pour le nouveau mode électoral amendé. Il faisait partie de la chambre dissoute en totalité, en 1825. Réélu immé- diatement à la chambre septenna- le, IM. ïurkheim est meinbre du conseil-général de Brasklcim, du directoire luthérien, etd<; la com- mission spéciale consultative, pour le culte prolestant, attachée au nn'nistère de l'intérieur.

TUJiLOT (l'abbé), homme de lettres, ancien grand- vicaire de Naiici, etc. , naquit à Dijon, dé- parlement de la Côte-d'Or, le 2.5 janvier iy^5. Il appartenait à une faniillc de magistrats qui lui fit donner une éducation soignée . et il embrassa par gofit Télat ecclé- siasli(|ue. Homme instruit, et de moeurs pures, il fut chargé, par Louis XVI, de l'éducalion de M- le duc de Bourbon, qu'il eut le malheur de perdre à Rome, il l'avait conduit pourcompléterson éducation. A son retour dans sa patrie, il reçut des consolations de la famille royale. Madame Vic- toire le choisit pour son aumônier; il fut ensuite nommé vicaire-gé- néral du diocèse de Nanci , et pourvu d'un bénéfice. La révolu- lion le priva de ses emplois ; ce- pendant il obtint une place à la bibliothèque du roi , et la conser- va jusqu'à l'époque de sa mort , arrivée dans la 84* année de son /ige, le 1 5 janvier 1825. L'abbé Turlot esl aulcur de plusieurs nu-

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Trnges. Les dtîiix plus rcîiiarqua- bles ifont : i" Théorie de l'avenir, 2 vol. 111-8° , il développe avec talent des idées douces et conso- lantes sur l'avenir de l'homme. Ses théories paraissent générale- ment abstraites et même para- doxales; mais elles sont revêtues de Tonnes agréables, et rendues dans un style pur et élégant. 2' De V Instruction, i vol. in- 12. Cet ouvrage, l'on remarque un discours préliminaire très-étendu et une analyse fort bien faite des connaissances humaines, a pour objet de guider les études d'un jeune homme qui, au sorlir du collège, veut perfectionner l'édu- cation qu'il y a reçue, et étendre son instruction par d'utiles lec- tures.

TUKOT ( Joseph ) , secrétaire- général du ministère de la police à l'époque de la révolution du 18 brumaire an 8(«) novembre 1799)» était aus.-i à celte époque proprié- taire de la Gazette de France, dont il céda la rédaction principale, et ensuite la propriété, à M. Belle - mare , depuis commissaire-géné- ral de police à Anvers. An rapport des auteurs «le la Galerie des Con- tem()orains de Bruxelles, M. Tu- rot s'intéressa dans une entreprise de fournitures de l'armée d'Alle- magne ; des accusations graves ayant été portées contre l'entre- prise, M. Turut fut traduit, en 1806. par (»nlre de l'empereur, devant un conseil «le guerre. Il fut acquitté ; mais de retour à Pa- ris, il sollicita inntiltMnent de l'em- ploi ; ce ne fut que pendait les cent jours ^ en i8i5, qu'il obtint, })ar la protection de Fouché,dur d'Oirante, la place de commis-

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sairc-général de police dans les départemens du Nord. La seconda restauration ne lui a conservé qu« le titre de conseiller de police. M. Turot est auteur, sous le voile de l'anonyme , d'un assez grand nombre de brochures politiques, dont la plus remarquable , qu'il a avouée, a pour litre : de l'Oppo- sition et de la Liberté de la Presse, Paris, in-8", 1799. On lui attri- bue l'épigramme si connue sur Rapinat {voyez ce nom.) M. Tu- rot mourut dans une complète obscurité en 1825.

TLRREAIJ (N.), membre de la convention nationale, etc., é- tait, à l'époque de la révolution, avocat dans le déjiarlement de l'Yonne , dont il devint admistra- teur en 1790. Nommé, en sep- tembre 1791 . par les électeurs du UMMoe déparlement, député sup- pléant à l'assemblée législative, il ne fut point appelé à y prendre séan(;e; mais à la réélection de l'année suivante, pour la conven- tion nationale, il réunit de nou- veau les suftVages «le ses conci- toyens, et, cette fois, siégea de suite dans l'assemblée; il n'y fut point remarqué avant le piocés du roi, dans bquel il vota la mort sans appel ni sursis. L'un des montagnards les plus prononcés, Turreau appuya fortement le coup d'état des 3i mai, 1" et 2 juin 1795, contre le parti de la Gi- ronde, et ne démentit malheureu- sement pas 1.1 violenct! de ses pre- mi«"'res opinions dans la mission (|u'il remplit à l'armée de l'Ouest. Il voulait le trionijdie de la répu- blique, et ne le jugeait possible, la vtiyant menacée à la fois par le» ennemis de l'extérieur et ceux do

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l'intérieur, que par les mesures les plus capables d't-puuvanler tant de nombreux et redoutables enne- mis; il appréciait néanmoins les hommes qui montraient des prin- cipes plus sages, et il signala avec beaucoup de courage et de fer- meté, ii la convention et au co- mité de salut-public, les mesures qui éloignaient des arnjées, par une scandaleuse destitution , les généraux Caudaux et Aiibert du lia^et {voj. ces noms). Malgré ce mouvement de justice et d'hu- manité, il fut mairilcuu dans sa mission , il continua h ne pas démériter la confiance de ses pro- tecteurs , en suivant à la lettre leurs sanglans arrêts. Accusé de la mort de plusieurs patriotes de Noirmouliers, il fut détendu par son atroce collègue Carrier {voy. ce nom ). La révolution du 9 thei- midor an 2 (27 juillet 1794) "^'t fin à sa mission, et il revint à la convention nationale , il se montra l'ennemi des terroristes. Ce fut Turreau, agent de la fac- tion sanguinaire, qui fit décréter, le i4 thermidor, l'arrestation de Fouquier-Tinville et sa traduction au tribunal révolutionnaire , et qui, le i5 juillet suivant (27 mes- sidor an 5 ) , accabla d'un seul mot Joseph Lebon , qui osait se justifier en accusant quelques-uns de ses collègues : Scélérat , peins- toi , toi-même ! Non - seulement Turreau survécut à la proscrip- tion des hommes de son parti , mais il fut nomirié peu après com- missaire près de l'armée d'Italie. Signalé comme ayant été , dans la ci-devant Bretagne, le complice des actes révolutionnaires du ^ç^néral Turreau {voy. l'article

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suivant), il écrivit à la conven- tion pour se défendre à ce sujet. 11 ne fut point réélu an conseil des cinq-cents, ni par lu convention elle-même , lors de la réélection des deux tiers de ses membres, ni [>ar le déparlement de l'Yonne. Le directoire-exécutif le nomma son commissaire, ù l'elTet de ra- mener ou conduire sous les dra- p<!aux les conscrits et réquisition- paires. Turreau mourut peu de temps après. On lit le passage sui- vant dans M. Las Cases (tom. 1", p. 199 et 200 ) : « Représentant du peuple a l'armée de Nice, assez insignifiant. Sa femme, extrême- ment jolie, fort aimable, parta- geait et par fois dirigeait sa mis- sion. Le ménage faisait le plus giand cas du général d'artillerie (Napoléon); il s'en était lout-ù- fait engoué et le traitait au mieux sous tous les rapports , ce qui était un avantage immense; car dans le cas de l'absense des lois, ou de leur improvisation , un représen- tant du peuple était nue véritable puissance. (]elui-ci fut un de Cfux qui , dans la convention , contri- buèrent le plus à faire jeter les yeux sur Napoléon lors de la crise de vendémiaire : c'est une .suite naturelle des hautes impres- sions que lui avaient laissées le caractère et la capacité du jeune général. »

TURREAU (le baron), lieute- nant-général, grand-oflicier de la légion-d'honnetir , parent du pré- cédent, entra de bonne heure dans la carrière des armes, et était ca- pitaine d'infanterie à l'époque de la révolution. Dévoué au nouvel ordî-e de choses, il continua de servir d'abord, en 1792, sous le

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général Beurnonville à l'armée de la Moselle, et en ijg."*, à rariuée de la Vendée , il devint géné- ral de brigade, puis général de division ; il prit , en cette dernière qualité, le coinniandement de l'armée des Pjrénées-Orientales ; mais il le garda peu, et passa dans l'Ouest, il commanda en chef. Le général Turreaii dut à ses ta- lens et à son courage ses différens grades; chargé d'un commande- ment aussi important que celui des pays insurgé*, et forcé d'obéir aux ordres implacables du comité de salut-public , il fut dénoncé, après la révolution du 9 thermidor au 2 (27 juillet 1794), pour sa conduite dans TOuest. Il se jusliûa en produisant les arrêtés du gou- vernement. Le résultat de sa tra- duction devant le directeur du jury de Tours, et ensuite devant un conseil de guerre, fut son ac- quittement après une assez longue détenticm. Babeuf ayant été con- damné i\ mort le 5 prairial an ;') ( 25 mai 1797 ) , le général Tur- reau adopta un de ses en fans. Re- mis en activité sous le gouverne- ment consulaire, il eut le com- mandement d'une division de l'ar- mée de réserve; il passa ensuite dans le Valais , il maintint la tranquillité. Le premier consul Bonaparte le nomma, en 1804 > ministre plénipotentiaire près des litats-Liiis d'Amérique, et grand- officier de la Icgion-d'honneur ; il ne cessa de remplir ses fonctions diplomatiques qu'en 1810, épo- que où il fut rappelé et employé en Allemagne. Il avait le coni- mandement de Marier.berg , dans le grand-duché de Wiirtzhourg ,

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ors des événemens politiques de 1814. Pendant les cent jours , eu 181 5 , il fut chargé de la défense de la rive gauche de la Seine ; il fut ensuite nommé ( le 2 juillet de la même année) commissaire de l'armée française pour l'exécution de la convention du 5 juillet : mission qu'il ne dépendit pas de lui de remplir selon le vœu du mandat qu'il avait accepté. De- puis la seconde restauration, il vit retiré au seiu de sa famille. Le gé- néral Turreau a donné, pendant \es cent jours f une nouvelle édi- tion de l'ouvrage qu'il avait pré- cédenimenl publié sous titre de : Mémoires historiques sur la guerre de ta Vendée.

TYSZIEWICZ (Thérèse Po- NiATOvrsKi, comtesse), nièce du dernier roi de Pologne , Stanislas Auguste {voy. Stanislas Auguste), et sœur du prince Poniatowski ( voy. ce nom ), s'est rendue re- commandable par sa constante affection pour la France, (ju'elle avait habitée pendant plusieurs années avant la révolution. Jille était liés instruite , et avait une prédilection toute particulière pour la langue et la littérature françaises. A toutes les époque» de nos troubles civils , sa maison de Varsovie fut ouverte à nos ex- patriés sans distinction d'opinions, et le trait raconté par l'abbé De- lille dar.s imc note de son poëme de la Pitié, se rapporte à celle dame et à son frèie. Dans sa jeu- nesse, elle avait épousé le comte Vincent Tysziewicz, dont elle fut obligée de se séparer quelque temps après son mariage. La com- tesse Tv7,i«Mvif7, f-l morte il y a

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j>lusieur» années , estimée cl rc- lou5 Ici» Français qui cnrrnt Ir tçreltée de sei compatriotes •:l de bonheur de la connaître.

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UGONI (Camille), à Brcs- cia CM 1784» s'e.-l placé au nom- bre des bons lillérateurs par la publication d'une Histoire de In lillérature italienne, pendant la seconde moitié du 18* siècle, dont il n'a paru que les trois pre- miers volumes. Quoiqu'il ne se soit engagé qti'à donner une suite aux Siècles de la littérature ita- lienne, de son compatriote Cor- niani, il est facile de sentir com- bien ce supplément est au-dessus de son modèle par l'importance des recherches et par la profon- deur des obst'i'vations. Le style de M. Ugoni est aussi plus soigné; et son ouvrage serait irréprocha- ble s'il avait osé adopter un autre plan que celui de son prédéces- seur, dont il ne s'est pas caché les défauts dans les Mémoires sur la vie et les écrits de Corniani. Non moins recommandable par ses lu- mières que par son instruction , ce littérateur avait mérité d'ê- tre placé à la tête de l'athé- née et lin lycée de Brescia: Plein de zèle pour l'instruction de la jeunesse, il ne pouvait pas échapper aux rigueurs d'un gou- vernement ennemi de tout perfec- tionnement social. Plutôt que de fléchir sous le dc^rpoSisnie des do- minateurs de sa patrie , 31. Ugoni a préféré sacrifier ses affections et sa fortune ; et après avoir visité la Suisse et l'Angleterre, il est venu dcniander l'hospitalité à la

France, il est occupé de la continuation de son ouvrage. Il est aussi l'auteur d'une traduc- tion estimée des Commentaires de César, d'une Vie de Montecuccoli et des Essais sur Pétrarque , tra- duits de l'anglais de Foscolo.

ULLOA (don Antonio), cé- lèbre mathématicien espagnol , naquit à Séville en 1716, et mou- rut en 1795. Issu d'une famille, honorable, il fit des très-bonnes étud<:s, et suivit la carrière mari- time, où il entra a l'âge de vingt ans, et il mérita successive- ment tous ses grades, jusqu'à ce- lui de lieutenant- général et de commandeur de l'ordre de Saint- Jacques. Don Ulloa fut adjoint à don Georges Juan , chargé d'ac- compagner au Pérou les acadé- miciens français qui devaient y déterminer la figure de la terre. Onze ans après son départ d'Es- pagne , il revenait dans sa patrie, lorsqu'il fut fait prisonnier parles Anglais, qui l'emmenèrent à Lon- dres. Il s'y lia avec les principaux sa vans de ce pays, entre autres i\l. Folker, pré>ident de la société royale, qui lui rendit toutes sortes de bons offices; il lui dut parti- culièrement la restitution de ses papiers et la liberté. De retour i\ ftiadrid, don Ulloa publia son Voyage dans l' Amérique méridio- nale, qui eut beaucoup de succès, et qui lui fil donner la mission de repartir pour l'Amérique, d'où

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il rapporta les matériaux de «es Nouvelles américaines ou Entre- tiens physiques et historiques sur les Amériques méridionale et septen- trionale. Cet ouvrage fut suivi de la Marine ou forces navales de l'Europe et de l'Afrique , qu'il présenta an minislère espagnol en 1775. Aces travaux utiles, on doit ajouter que don Ulloa décou- vrit, en 1778, iitt point lumineux dans la lune ; publia, dans la mê- me année, des observations sur l'éclipsé de soleil; fonda en Es- pagne le premier cabinet d'his- toire naturelle, le premier labo- ratoire de métallurgie, et le canal do navigation et d'arrosemenl de la Vieille-Castille; fit également le j'remier connaître à sa patrie la platine et ses propriétés, l'é- leclricité et le magnétisme artifi- ciel ; pcrfeclionna l'art de la gra- vure et de l'imprimerie espagno- le , qui, par ses sollicitations, fit envoyer aux frais du gouverne- ment des jeunes gens en pays étrangers pour s'y perfectionner dans les arts libéraux et méiani- ques; qui enfin fit rédiger sous sa direction les cartes géographi- ques de l'Espagne. Dot: Ulloa ren- dit encore de nouveaux services à l'industrie manufacturière de son pays, en établissant à Ségovie , par ordre et pour le compte du roi, une fabrique de draps, qui luttèrent avec avantage contre les draps les jdus lins des autres con- trées.

ULLOA (don Martin), savant littérateur espagnol , neveu du précédent, naquit en 1750, et mourut h Cordouc en 1800. Il devint successivement président de l'académie de» belles-lelfr«s

T. IX.

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de Séville, président de la société patriotique, membre des acadé- uiies de la langue et d'histoire de Madrid , enfin président de l'aca- démie royale de Séville. On lui doit une Histoire des académies de Madrid f des Mémoires sur l'ori- gine et le génie de la langue cas- tillane; des Dissertations sur la patrie des Goths ; sur les premier» habitans de l'Espagne; sur l'ori- gine des duels, etc., etc. Don Martin Ulloa passe pour un des plus savans biographes de sa patrie.

URQULJO (le chevalier don Maria>o-Llis d' ), ministre-d'état espagnol, naquit dans la Vieille- Castille, et fut élevé en Angle- terre. Dans sa jeunesse , il fit plu- sieurs voyages, et de retour eu Espagne, il suivit la cairière di- plomatique, d'abord sous les mi- nistres Florida-Blanca , d'Aranda et d'Alcuilia, et ensuite sous M. de SaaveJra. qu'il remplaça en 1798. Il dut sa nomination au ministère , autant à l'honorable réputation dont il jouissait qu';\ la protection particulière de la reine. Tous les efforts du chevalier d'Ur- quijo tendirent à la destruction de l'effioyable tribunal de Tinquisi- lion , et il eut le bonheur de réus- sir; le tribunal fut supprimé, et par suite du même bienfait, ses immenses possessions furent ré- parties entre des établissemens publics et de bienfaisance. Le cler- gé ne pardonna pas au ministre vertueux le coup qu'il lui avait porté. Il s'attacha par ses intri- gues, ses calomnies et sa puis- sance, toujours redoutable, ù des- servir le ministre et à arrêter ses utiles reformes; il le détruisit dans l'iespril du prince de la Paix {voy. 8

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rcni^o , (jui remit l'Italie t>on.« i.-i (toiTiitialiuii rraiiçîiisf; , il dcviot membre, du corps-Uîgislalif, pré- sident du mC'in»' corps, sccrélairc- rlVîtat, {)iiis iniiiistr»! de l'inté- rieur dti royaume d'Italie. L'em- pereur JNapoléofi, qui lui accor- dait une estime particulière, l'a- vait nommé comte de l'empire, graud'croix de la conroiine de ftr et chevalier dt,- la léj!jion-«riion- i»eiir. Le comte Vaocari perdit sou pv~)rtelVuille par suite des «Wéne- mens politiques deiSi/^. Il se retira alors à Modène, il vil étranger aux alfaires publiques, culliv^mt les lotiies, (pi'il a to\i- jours aimées, et dans lesquelles il a obtenu des succès. Pendant cl depuis sa carrière politique, la sagesse coiistaïUe de sa conduite , son patriotisme et ses qualités personnelles lui ont concilié tou- tes les opinions, <;t ont assuré le repos à sa pliilosophique retraite. VACIIKll DE TOLRNIÎ.MINE (Charles, le baron), docteur en droit, président honoraire du tri- bunal de iMaiiriac. département du Cantal, chevalier de la légion- d'honneur, est à Pleaux, même département, le 4 novembre i y55, d'un père qui était avant la révo- lution, subdélégué de l'intendan- ce d'Auvergne, et juge à Mau- riac. M. Vacher de Tourneminc fut chargé, en 1786, par le garde- des-sceaux de Miromesnil, de re- chercher les anciens monuniens écrits de l'histoire de la province d'Auvtrgn«, et il s'occupa avec succès de ce travail. En 1788, il fil paraître un mémoire histori- que et politique sur les an- ( ien» étals- généraux dje Fran- ce et sur lea étals particulier*

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de lii province <l'Auvcrgne. Il fut élu, en 1791, par ses conci- toyens, administrateur de son dé- partement, et devint peu de temps après pré.-ident, et ensuite prncu- leur- général - syndic , fonctions (pi'il cessa de remplir en 179a. En vendémiaire an 4. •' reçut une nouvelle (narque de l'estime et de l'alVeclion de ses concitoyens, qui l'élurent député, et il siégea au conseil des anciens jusqu'au m) brumaire an 8; il y soumit un grarjd nombre de rapports et d'o- pinions sur divers sujel-i admi- nistratifs, judiciaires, politiques et militaiies. Nommé le 2 frimaire an 8, délégué des consuls dans la dix-septième division militaire, aujourd'hui la première, il s'ac- quitta de celle mission de la ma- nière la plus honorable. A cette époque, il fut élu, par le sénat-con- servateur, membre du corps- lé- gislatif, où il siégea jusqu'à la fin de i8ot>. Il avait été présenté par ce corps, comme candidat pour le se- nnt. Rentré dans ses foyers, M. Va- cher de Tournemine a été nom- mé membre du conseil-général de son département, et maire d'une commune rurale. En 1809, il fut n(uumé juge, et ensuite président du tribunal de Mauriac. Le 23 août i8i5, il fut élu membre de la chambre des députés. Il y pro- nonça deux opinions, l'une sur un projet de loi relatif à des me- sures <le stireté générale, l'autre contre une [)roposition tendant à la réduction des cours et des tri- bunaux. Il a continué à siéger dans la chambre des députés jus- qu'e:i 1819. Le roi a créé M. Va- cher de Tourhemine, baron en 1817, et il a été nommé chevalier

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«le la légion-d'hoiinenr en i8ai. Admis depuis sur sa demande à la retraite, il lui a été accordé une pension et le titre de président ho- noraire. Son fils aîné s'est distin- gué dans la carrière nnlilaire, ft sert avec l<; grade de lieutenant- colonel dans l'artillerie à cheval. VADIER (N. ), conseiller an présidial de Painiers, fut député du tiers-élat de cette province aux états-généraux en i^t^Q. Il «'éleva, le i4 juillet 1791, contre l'inviolabilité du roi, qui venait d'êJre ramené de Varennes, et de- rnauija la déchéance de ce prince. Néanmoins il protesta deux jours après de sa haine pour le gouver- nement républicain, et jur*i de dé- fendre les décrets au péril de sa vie. Le 20 août de la même année, il attaqua le mode proposé pour former la garde conslitulionuelle du roi, et demanda que tous les départemcns fussent admis à gar- fler ce premier f<jnctionnaire pu- blic. Nommé en septembre 1792, par le département de r.4rriége, >iépulé a la convention nationale, il y prit place à l,i Montw^ne, et vo- ta la mort de Louis XVI, »ans ap- pel et sans sursis. Il fut un des auteurs des journées des Ji mai, 1" et 1 juin 179J, contre le parti de la Gironde. Il dirigea en juil- let l'expédition <le Neuilly, dont 1 14 habilans périrent sur l'écha- faud. Le 14 septembre, il entra au comité de sftrelé-générale , et fc montra jusqu'à la chute de Ko- bespierr»; le plu» ardent ennemi des vrais républicains; il tenait ainsi la paroh; (pi'il avait donnée aux jacol)ins. le jour il fut por- té 6 la présidence de la conven- tion : Que la massue lévolulion-

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naire écraserait tous les tyrans. » .\près avoir successivement dé- fendu et abandonné la faction de la commune de Paris, il fit mettre en liberté Mazuëi, commandant de l'armée révolutionnaire, et deux mois après, il le fit monter ù l'écha- faud. Quelques jours après, à la suite d'un i apport fait par Amar cnntre Chabot, Bazire, Delaunay, Julien et Fabre d'Eglantine, il s'opposa à ce que ce d<Tnier fût entendu ;\ la barre pour se discul- per des faits qui lui étaient inipu- tés; à la même époque, il essaya de justifier le comité de sf»reté-gé- nérale d'avoir l'ait arrêter le beau- père de (^amille-Desmoulins, qui périt quelques jours après avec sou gendre et sa belle et géné- reuse fille. C'est, assure-l-on, pen- dant qu'ils étaient détenus avec Danton, Philippeaux et plusieurs autres membres de la convention, que par un ralTluemcnt de férocité, fut concerté entre Vadier, Voiil- land,Amav,Saint-.Tustet Fouquier- Tinville, l'atroce projet d< s préten- dues conspirations des prisons, a- fin qu'aucun de ceux qui y étaient détenus n'en pfit sortir : des pri- sonniers étaient accusés de résis- tance à la loi. et sous ce prétexte absurde, ils étaient mis hors des débats elenvoyés i\ l'échafiud sans délibération. Vadier fut W\n des membres les plus actifs du comi- té de salul-public ; nul autre ne présenta plus de noms à la pros- cription: l'e-x-charlreux Doin Cer- le, constituant , Catherine Théos, dite la mère de Dieu et plusieurs autres, allaient être, sur sa deman- de, trad\iits au tribunal révolu- tir)nnairc. lorsque Kobesp.iern: lui- ruênie les sauva, en faisant voir

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le ridicule de l'accusation dirigée contre eux. Ce fut un grief que Vadier ne lui pardonna pas, et qui l'unit aux thermidoriens, dont il ne partageait pas les principes. En effet, dans la fameuse journée fut renversée la tyrannie dé- cem virale, Vadier n'accu?a pas Ro- bespierre d'avoir versé le sang et dévasté sa patrie, mais d'avoir tourné eu ridicule les travaux du comité de sûreté-générale, et d'a- voir traité de pitoyable farce la conspiration de Catherine Théos. Ses inculpations contre Dumas, président du tribunal révolution- naire, ne portaient pas non plus sur les nombreuses victimes qu'il avait égorgées, mais sur ses efforts à vouloir faire passer le vertueux Collot-d'Herbois pour un cons- pirateur. Vadier et ses collègues avaient tous une querelle à ven- ger: nu 9 thermidor, ils crurent faire oublier, par leur acharne- ment contre Robespierre, la part qu'ils avaient prise aux criiries que la France lui reprochait. Aus- si, dénoncé un mois après, comme chef des terroristes, par Lecoin- tre de Versailles, osa-t-il, comme avait fait Marat, paraître à la tri- bune, un pistolet à la main, prêt à se tuer si la convention ne procla- mait pas son innocence et ne ren- dait pas justice à ses soixante ans de vertus. Dénoncé un mois après pour les condamnations injustes qu'il avait provoquées, il trouva des appuis assez puissans pour faire rejeter la dénonciation com- me calomnieuse. Il fut moins heureux le 5 frimaire an 5; la con- vention, sur de nouvelles dénon- ciations qui lui arrivaient de tou- tes parts, chargea le comité de

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sûreté-générale de faire un rap- port sur lui et sur ses collègues du comité de salut-public, Bil- laud-Varennes, Collot-d'Herbois et Barrère; tous quatre furent dé- crétés d'accusation et admis à se défendre devant l'assemblée; une insurrection menaçante, suscitée par leurs partisans, interrompit la discussion, et n'empêcha pas néanmoins qu'ils ne fussent con- damnés à la déportation. Vadier trouva le moyen de s'y soustrai- re ; caché dans Paris, il ne fut ni déporté, ni traduit devant le tri- bunal criminel de la Charente-In- férieure, conformément à un dé- cret du 24 mai, qui rapporta celui du 1" avril. Il reparut sur la scè- ne politique en floréal an 4 (mai 1796); compromis dans la cons- piration de Babeuf, il fut arrêté et envoyé devant la haute-cour nationale de Vendôme , il fut acquitté le 7 prairiai~an 5 ( mai 1797). Le décret lancé précé- deunneut contre lui n'ayant pas été purgé, le gouvernement con- sulaire le mit en surveillance au mois de décembre 1799, et lui rendit bientôt ses droits de ci- toyen. Vadier a continué d'habiter la capitale jusqu'à la restauration du gouvernement royal en 1814. A cette époque, il fut forcé de quitter la France par suite de la loi du 12 janvier 1816. Il s'est fixé dans le royaume des Pays- Bas.

V A L A N T ( Jean - Honoré ) , grammairien , exerçait à l'époque de la révolution, dont il adopta les principes, le modeste état d'insti- tuteur dans «ne maison particu- lière. Il embrassa, dit-on, l'état ecclésiastique , et fut ordonné

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prêtre par l'abbé Fauchet, évo- que constitutionnel du départe- ment du Calvados. Proscrit en 1795 à raison de ses fonctions sa- cerdotales, il déclara, pour re- couvrer sa liberté, qu'il n'avait jamais été prêtre : cette déclara- tion lefitsortir delà Conciergerie. Fondateur d'une espèce d'acadé- mie grammaticale et littéraire, il y renonça bientôt, n'ayant pas réussi dans son projet, et rentra dans l'instruction publique , en formant un pensionnat. M. Va- lant a publié un assez grand nom- bre d'ouvrages; nous citerons les principaux. Ce sont : \' Epilre à Louis XVI , sur son acceptation fies lois constitutionnelles, '79'» in -S"; 2" delà Garantie sociale, considérée dans son opposition avec la peine de mort, imprimée par or- dre de la commission des onze , 1796, in-8"; le Cosmète, ou rAmi de l'instruction publique , 1798, in-8°; Code moral pour servir à l'instruction de la Jeunesse et des différentes classes de la so- ciété, depuis le simple citoyen jus- ffu'à l'homme d'état, 1799. in- 12: 5" Abrégé du Code moral, 1799, in- 12; les mânes de Lamoignon de Malesherbes , ancien ministre- d'état, ode, suivie d'un extrait de ses pensées mises en vers, i8o3, in- 8°; Lettre à M. François de Neuf- çhâteau sur cette question : les mots Avant Que, peuvent- ils avoir la négation Ne pour complément ? i8io, in-S"; Lettres académi- ques, 181 1-1812, in-8°; ()' l'Edu- lation du poète, poème imité de Vida, i8i4»in-i2; 10' Essai de traduction en vers du Télémaque. Cette entreprise ne fut pas beu- reuse. Jauiiiis du Saint -Ange,

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l'abbé Delille ni lU. Tissot n'au- raient eu l'idée de mettre Fénélon envers.

VALAZÉ ( Chaules -Edouard Dufriche), député à la conven- tion nationale, à Alençon, dé- partement de l'Orne, le 23 jan- vier 1751, entra au service mili- taire dans sa première jeunesse , et suivit ensuite la carrière du barreau , dans laquelle il se dis- tingua. Au commencement de la révolution, il faisait valoir par lui - même des propriétés assea considérables dans le département de l'Orne; et vers la fin de 1789 , ses concitoyens l'élurent maire d'Essay, petite ville près d'Alen- çon. il exerça cette magistrature, alors populaire, à la satisfaction générale; s'attachant à maintenir l'ordre , à faire exécuter les dé- crets de l'assemblée nationale, ù éclairer les habifans de sa ville et les paysans des paroisses voisines, tant sur les devoirs imposés que sur les droits acquis par la grande révolution qui venait de s'opérer, Valazé acquit lui-même, par cet apostolat volontaire, la confiance et l'alîeclion des habitans de toute la contrée envircnnante. Il fut nommé, A la presque unanimité des électeurs du département do l'Orne, député à la convention nationale. Il y forma une liaison étroite avec les membres les plus distingués de cette députation de la Gironde, dont il devait parta- ger l'infortune, et qu'ont rendu si diversement célèbres tant de talens, de vertus, d'erreurs, une intrépidité si héroïque et une fm si funeste. Bientôt Valazé prit un grand ascendant dans ce parti, et Âlarat, dans sa feuillu de bouc et

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(le «anij:, J'tc l'Ami du Peuple, ne le désignait que sons le noiri de chef fies hommes d'étal , hoin- mes qu'il fallait tous égorger, se- lon le sanguinaire démagogue. Valazé avait mérité sa haine, ainsi qtie celle de tonte la faction de llo- bespierre , en se prononçant avec la'plus grande énergie, et dès les premières séances de la conven- tion, contre la' commune usurpa- trice de Paris , qui s'était installée elle-n)ême, après la journée du loaoftt 1 792; il avait demandé à la convention qu'on procédât immé- diatementà l'inventaire et à l'exa- men des papiers du comité de sur- veillance de celte commune, dont étaient émanés les ordres des épou- vantables massacresde septembre , et qui refusait en outre de rendre aucun compte des sommes qu'elle avait extorquées et employées à d'indignes usages. Il s'éleva avec force, le 19 décembre 1792, pen- dant le procès du roi, contre un arrêté de cette même commune, qui ordonnait que les conseils du monarque fussent fouillés avant de communiquer avec lui. Vaia- zé, ainsi que les prin(;ipaux mem- bres du parti de la Gironde, crut pfuivoirsauverla vie deLouis X VI, en se prononçant pour l'appel au peuple, et il appuya les éloquens discours de Vergniaud, Guadet et autres membres de la conven- tion nationale, qui exigeaient cet appel avant lexécution de la sen- tence. Il eût été bien autrement courageux de ne céder à au- cune influence, à aucune ter- reur, et de faire plutôt le sacrifice de sa propre vie que de voler avec la majorité sur la première question, celle de la culpabilité.

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Valazé demanda encore, mais vai- nement, dans les premiers jours de janvier 1795 , la mise eu accusati(Uï de Pache , totir-à- tour ministre de la guerre ou maire de Paris, et toujours un des plus actifs agens de l'anarchie et de la terreur. Deux jours après, il dénonça aussi vainement le dé- magogue iMaral, qui avait provo- qué et signé une adresse des ja- cobins contre une partie des mem- bres de la convention même. Dans la séance du i5 avril 1793, de prétendus commissaires des 4^ sections de Paris, dont quelques audacieux intrigans s'étaient em- parés , vinrent arrogamment de- mander l'expulsion de 22 député» delà (convention. La hideuse com- mune de Paris suivi! de près celte députation , ei vint émellre le même vœu. Valazé était un des premiers inscrits sur la liste de proscription ; il n'en déploya que plus d'énergie à combattre les fac- tieux de toutes couleurs. Marat le dénonça à son tourquelques jours après, l'accusant d'être un des chefs du prétendu complot inven- té par ce misérable, et tendant à transférer la convention à portée des déparlen)ens de l'Ouest, commençaient à se manifester les premiers syptômes de l'insurrec- tion vendéemie. Valazé démontra facilement l'absurdité de celte im- putation, et couvrit d'ignominie son accusateur. Il continua de- j)uis à répondre avec la même énergie aux accusations toujours vagues, fausses et perfides, qui se multiplièrent contre lui et ses amis au sein de la convention, et l'on vit même souvent Valazé, le pistolet ou l'épée à la main , dé-

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fier le? factieux de la Monlagne, avait fait tirer le canon d'alarme et les appeler à vid' r leurs diflé- deux heures auparavant, ffttaine- rens avec lui en combats singu- à la barre de la convention , lier», qu'ils n'acceptèrent jamais, que le commandant de la force Marat préféra le dénoncer encore armée, Henriot, fût décrété d'ac- comme l'un des auteurs des assas- cusalion , et protesta en outre sinats dirigés dans la nuit du 9 au contre toute délibération dans l'é- 10 mars contre Valazé lui-même tat de trouble et d'asservissement et ses collègues, députés de la se trouvait l'assemblée. Mais Gironde, assassinats auxquels ils sa voix généreuse, ainsi que cel- n'échappèrent que parce qu'ils les de ses amis, fut bientôt élouf- furent ave-tis à temps du com- fée; et dès le 2 juin, sur la de- plot. La dérisoire atrocité de ce re- mande d'une horde de pétition- proche excita une indignation gé- naires armés , convertie en uio- nérale , et Valazé écra>a encore lion par Marat, l'iurestation de de son éloquence ce vil adver- Valazé fut décrétée , avec celle de haire. Mais les cons{)iraleurs de la Vergniaud, Gensonné , Lanjiii- faction de Robespierre n'en pour- nais, le Hardi, l'étiou, Boilleau, suivirent pas moins leurs atroces Biroteau , (Jomairo , Bertrand, projets. Le 10 mai, la convention Gardien, Kervelegan, Mollevaut, quitta la saile du Manège, 011 elle Borgoeing, Barbaroux , Lidon , avait siégé jusque-là, et vint le- Buzot, Liisource, Uabaut, Bris- nir sa première séance au châleau S(tt, Salles, Ch;imbon, Gorsas, desTuileries.Decelteépoqueoom- Grangeneuve, Lesage , Vigée , mença le mouvement qui se ter- Louvet, Henri Larivière et Sil- niina par les attentais du 5i n)ai, lery {^voyez ces divers noms ). 1" et 2 juin. Intimidée par les Dans le courant du mTMue mois factieux, la convention nationale, de juin , le bruit se répandit à bientôt esclave et avilie, cernée, Paris qu'une amnistie devait être le 5i mai , par les troupes d'Hen- jiroposée en faveur de tous les riot ( voy. ce nom ) , par une niul- députés mis en arreslalion. Va- titude immense et slupide, qui lazé, dès qu'il eut connaissance ne savait pas elle-même dans de ce projet, fit la déclaration quel but on l'avait ameutée, con- formelle <jue, pour sa part , il re- tentit à se mutiler de ses propres pousserait toute amnistie comme mains. On arracha à la tribune un outrage. Innocent, il n'en ses plus élocpiens oralcnrs , qui avait pas besoin , et conj)able , H ne lardèrent pas à être traînés A ne réclamait que la plus sévère l'échafaud par ks implacables en- justice. On lui oflVit les moyen* nemis qu'ils avaient Irop long- de se dérober par la fuite au sort temps méprisés. Le 01 mai, à 8 qui le menaçait, mais il s'y re- heures du inatin , après ta nuit la fusa avec une inébranlable fer- plus orageuse , Valazé parut ])our mêlé. Décrété d'accusation, sur la dernière fois à cette tribune, le rapport du dép«ilé Anwir ( voy. et déjà sous le poignard des as- vf. nom ) , dans la séance du .^ sassins, il demanda que celui qin* octobre »79-)j et traduit au tri-

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bunal i(Wolutionnaire, son carac- tère inflexible ne se démentil pas un seul instant devant ses juges assas^'ns. On lui reprocha d'avoir tenu chez lui de fréquens conci- liabules de fédéralistes'^ il répon- dit qu'il tenait à honneur d'avoir souvent reçu chez lui ses hono- rable? collègues , dont quelques- uns étaient maintenant ses coac- cusés ; inais il déclara que dans ces généreuses réunions, jamais la question du prétendu fédéra- lisme n'avait été débattue. A l'ins- tant où Herinan, le président du tribimal de sang, prononça la sen- tence de mort contre les accusés, Valazé se plongea un stylet dans le cœur. Son plus proche voisin, condamné comme lui, le voyant chanceler, se hâle de le soutenir, en lui disant : Tu te troubles, Va- lazé.— Non, je meurs, répondit- il. A ces mots, un affreux tumulte éclata dans la salle, et tous les condamnés à la fois la firent re- tentir du cri : Kive la république! L'accusateur - public , Fouquier- Tinville , d'exécrable mémoire, requit de suite, et le docile tri- bunal ordonna : que le cadavre de Valazé serait transporté au pied de l'échafaud, sur une charrette qui suivrait celles ses malheu- reux collègues devaient être traî- nés au supplice. Après la chute de Robespierre , la convention fonda, par un décret du 1 1 ven- démiaire an 4 (3 octobre 1795), une fête annuelle en mémoire des illu.slres victimes immolées par la tyrannie décemvirale, et une pen- sion fut accordée à la veuve et aux enfans de Valazé. On lui doit plu- sieurs ouvrages. En 17841 il avait publié celui intitulé : Lois péna-

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les, qui fut généralement approu- vé par les publicistes et juriscon- sultes de cette époque. On a en- core de lui le Rêve , conte philoso- ptiique, inséré dans un volume dw la Bibliothèque des romans , et une Défense des accusés du 5i mai. Valazé composa ce dernier écrit dans sa prison, il le cacha, et il fut découvert par son col- lègue Pénières, qui le publia en 1795; on y trouve des faits inté- ressans, une force de logique et une chaleur de style remarqua- bles. Valazé a laissé en manus- crits , un Plan d'administration pour les maisons de correction; une Suite aux lois pénales ; un Mémoire sur la cause de l'élévation des Vf,peurs dans l'atmosphère ; une Explication des tuyaux capil- laires , et le Moyen de suppléer par de bonnes lois aux relis^ions.

VALCARCEL (don Joseph-An- tonio), agronome espagnol, na- quit dans le royaume de Valence en i73'2. L'état déplorable il trouva l'agriculture lui inspira l'idée d'appeler l'attention du gou- vernement siir cette branche im- portante de l'administration pu- blique; il composa un Traité gé- néral d'agriculture , pour la com- position duquel il s'environna de toutes les lumières soit nationales, soit étrangères, qu'il lui fut possi- ble de recueillir, et vit ses soins récompensés par l'accueil distin- gué que les propriétaires et les savans même firent à son ouvra- ge. Il y avait deux siècles qu'Al- fonse de Herrera avait écrit sur le même objet, et depuis cette époque l'Espagne n'avait pas fait un pas dans cette science. Valca- rel eut l'honneur de combler ce

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vide immeuse, et de meltre son paysan niveau des contrées agri- coles de l'Europe. Son traitégéné- ral fut suivi d'Instructions sur la culture du riz, dédiées au comte de Aranda, Valence, 1768, et en- fin lï Instructions sur la culture du lin. Valence, 1781. Valcarcel mourut à Valence en 1800.

VALCARCEL ( Pio- Antonio), comte de Lunnares, savant anti- quaire , parent du précédent , iifiquit dans le royaume de Va- lence vers l'année 1740. Un é- c;irt de jeunesse ayant forcé son père i le faireenfermer au château d'Alicante, il eut le bonheur d'y rencontrer le marquis de Val de Flores Vélasquez, alors prison- nier d'état, et lui fut redevable des talcns et des connaissances auxquels il dut sa célébrité. De- venu libre , sa passion pour l'étu- de , loin de se ralentir, sembla s'accroître encore; livré tout en- tier à son goût pour l'étude , et toujours docile aux conseils de Vélasquez, son maître et son ami, il forma, sous sa direction, un ca- binet de i)l(i« de 1200 médailles, un autre cabinet d'histoire natu- relle, et enfin une collection pré- cieuse d'instrumens de mathéma- tiques. Ce fut au Viilieu de ces savantes occupations qu'il passa sa vie enliérc. Il mourut , en 1800, dans la (i8* année de son ili^e. Il avait composé plusieurs ouvrages, dont les plus importuns ont paru sous ces titres : i" Re- cueil de médailles des peuples an- ciens d<: l'Espagne, avec leur ex- plication ; Dissertation sur les peuples appelés Barbos Sw^unti- nos, avec les inscriptions de Sa- gunte, ville ancienne du royaume

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de Valence; Description de Lu- centum, aujourd'hui Alicante, avec l'explication des inscriptions, sta- tues, médailles, etc., trouvées dans ses ruines; Inscription de Carlltago nova, ville ancienne, appelée aujourd'hui Carthagène ; b" Explication des inscriptions et statues d'Almazarron, ville du royaume de 31urcie ; enfin Ob- servations sur la situation de la colonie Illici, dans lesquelles il prouva qu'elle n'était pas située sur l'emplacement existent au- jourd'hui les villes de Elche et de Alcndia.

VALCKENAER ( Gaspard- Loms), célèbre helléniste hollan- dais, né en 1756, fit d'excellentes études; devint d'abord professeur à l'université de Franeker en Fri- se, succéda ensuite dans celle de Leyde à Hermsethuis, dont il avait été le disciple , et acquit bientôt la réputation de l'un des plus célèbres hellénistes de son temps. Les ouvrages qu'il a pu- bliés sullisent pour illustrer sa mémoire, mais ils ne forment que la plus faible partie de ce qu'il a écrit. Personne n'a mieux connu, sous tous ses rapports , la littéra- ture ancienne ; il avait tout lu , et faisait des extraits de tout qu'il lisait; ses notes surtout annon- cent une grande érudition et une grande sagacité. Les principaux ouvrages de ce savant sont en latin. L'un d'eux contient des ob- servations sur deux discours de saint ChrysOstôme, et des notes sur quelques passages du Nouveau Testament. H mourut à Leyde eo j8o5.

VALCKEN AEa ( Juan ) , fiU du précédent, après avoir fuit d'ex-

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cellentes rludes hous la diroclion de sfiii père , devint professeur de jurispriulence à l'académie de Franekt-r, et embrassa avec cha- leur, dans les troubles de 1786 et 1787, le parti des patriotes con- tre la maison d'Orangée. Ses opi- nions politiques contribuèrent au- tant que son savoir, comme juris- consulte, à le faire appeler, en 1787, à la chaire du droit, va- cante à Utrecht par la retraite du professeur Tydeman , attaché an parti du sladhoudérat; mais la r<'- volntion du mois de septembre de la même année, qiji rétablit l'au- torité du prince d'Orange, forç.i M. Valckeuaer de (|uitler son pays avec un grand nombre des phis chauds partisans des opinions nou- velles. Il se réfugia en France; et le 6 février 1793, il présenta à la convention nationale une pétition tendant à obtenir l'appui des ar- mées françaises en faveur des pa- triotes hollandais. Ce vœu ne fut rempli qu'en 179.5. Four rendre cette cause populaire, il publia une feuille périodique, intitulée : l' Avocat de la liberté batnve, re- marquable surtout par le style. Nommé professeur du droit pu- blic et privé, en remplacement de M. Pestel, il signala son en- trée en fonctions par un discours de officio civis balaci in repubiuâ servalâ. Quatre jours après, il fut élu fiscal dans la cause de M. Vali- der Spiegel , prisonnier d'état. Il prouva, dans le rapport qu'il fit à ce sujet, que, faute de reuseigne- mens suflisans, l'affaire n'était pas encore en état d'être portée de- vant les tribunaux, et conclut, en attendant de plus amples infoi- inalion?, h oc nueM.VanderSpie-

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gel fût détenu adminlstrative- n»ent; depuis ce moment, partagé entre les affaires publiques et se?» devoirs de professeur, il ne put doimer A ceux ci toute l'assiduité qu'ils exigeaient. Nommé , en 179Î), à l'ambassade d'Espagne, eu conservant néanmoins sa place au sénat académique , il en revint en 1799, et y retouina sur-le- champ en qualité d'envoyé ex- traordinaire, fonctions qu'il rem- plit jusqu'en 1801. De retour dani sa patrie à cette époque, il y vé- cut en simple particulier, et re- partit bientôt pour Berlin, chargé de la mission de stipuler avec le gouvernement prussien des arran- gcmens relatifs au rembourse- ment de l'emprunt fait en Hol- lande en faveur de l'Anlriche, et hypothéqué sur la Silésie, qui ve- nait d'être cédée à la Prusse. Sa négociation n'eut pas le succès que son habileté pouvait faire es- pérer; il n'en fut pas moins re- gardé cotiuîie un négociateur a- (Iroit et instruit, réputation qu'il s'était acquise en France, en Es- pagne, dans lt!S Pays-Bas, et mê- me en Prusse. Lorsqu'en iSio, l'empereur Napoléon eut décidé l'incorporation du royaume de Hollande à l'empire français, et que le roi son frère {toy. Bona- pAKTE Lovis) , eut épuisé tous les moyens de conserver à son pays son indépendance, iM. Valckeuaer fut envoyé à Paris pour tenter un dernier effort ; mais il trouva Na- poléon inflexible, et la Hollande fut incorporée. Le négociateur, rentré dans ses foyer?, y resta sans fonctions, habitant tantôt Ams- terdam, tantôt la campagne. M. Vaickenaer est chevalier de l'or-

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<lre de l'aigle rouge de Pru^«e» et membre de l'iiistitiit des Pays-Bas. VALDES ( DON (Iayetano), a- miral espagnol , député aux cer- tes de 1822, etc., esl vers 1770, dans la province des Astu- ries, sa famille est fort consi- dérée. Porté par goût au service de mer, il y fut admis fort jeune, et s'y tit remarquer par son apti- tude, ses lalens et son courage. Dans le voyage autour du monde du marquis de Mala-Espina , il fut chargé de reconnaître et de décrire le détroit de Fuca, sur la côte de Nootka. Valdés , et son ami Galareo, montés sur les goé- lettes la Subtile v[ la Mexicaine , visilèrentetexaminèrent toute cet- te cote avec le plus grand soin, et puhlièrcnt, i leur retour, une re- lation intéressante de ce voyage. Valdés prit une part active à tous les combats que livra ou que sou- tint In marine espagnole , dé- ployant dans toutes les occasions autant de talent que d'intrépidité. J)e nombreuses et graves blessu- res JMstiliéient la c<tu(iance et les récompenses dont il fut l'objet. Il se fit surtout remarquer nu com- bat de Saint-Vincent, il com- mandant un vaisseau de ligne. Il reçut dn pren)ier consul Bonapar- te , à l'époque la flotte espa- gnole seréuuitàl escadre françai- se d.ms le ()ort de Brest, un sa- bre d'honneur, comme l'im des marins les plus distingués de l'Kspagne. A Trafalgar , il com- mandait, sous les ordre> »le l'ami- ral Dumanoir, le vai«seau le Nep- tune. «Voyant, disent les auteurs d'une biographie étrangère, cet ofTicier opérer une retraite préci- pitée, qu'il jugea peu honorable,

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Valdés rallia im vaisseau espagnol, unou 2 navires français, se jetaau plus fort delà mêlée, sauva deux bâtimeus qui étaient sur le point d'être pris par rennemi, et tomba couvert de blessures sur l'entre- pont de sou vaisseau, qui, après la lutte la plus acharnée, entra dans le port de C.idix avec les na- vires qui l'avaient si bien secon- de^, et ceux qui lui devaient leur délivrance. » Le gouvernement espagnol lui coufi;i, en 1808, le conimandement de l'escadre qui devait se rendre de Carlhagène à Toulon. L'envahissement de l'Es- pagne par l'eirjpereur Napoléon ranima dans le cœur de cet officier l'amiKir de la patrie. « Il sentit que s'il se rendait à Toulon , cette es- cadre était perdue poin l'Espagne, et substituant à l'obéissance trop souvent mécani(|ued'un militaire le patriotisme réfléchi d'un ci- toyen, il manœuvra tellement au sortir de la rade de Carthagéne, qu'au lieu de cingler vers Toulon, il se dirigea sur Tile de Minorque. Le grand-duc de Berg, qui com- maiulait alors les forces française» à Madrid, et dirigeait provisoire- ment les affaires de la péninsule, irrité de la courageuse désobéis- sance de Valdés , lui ôta le com- mandement et le rappela. » L'in- surrection était générale à son débarquement : il y prit part aus- sitôt, et entra dans l'armée de terre. Il concourut , avec ses concitoyens , à la première dé- fense de Sarragosse, d'où il passa, les l'rançais s'étant retirés, dan» les Asturies ; il y reçut le com- mandement des troupes insurgée» de cette province , et fut griève- ment blesîé d'un coup de feu dan»

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la poitrine à l'affaire d'Espinosa. Il se rendit, par ordre de la junte centrale, à Cadix, il prit le coinmaiidement de l'escadre lé- gère qui dél'endiiit le port, et re- <;ut presque aussitôt le gouverne- ment de la place, poste alors de la plus haute importance. « Le zèle, la vigilance et l'activité qu'il mit à s'acquitter de ses nouvelles fonc- tions, lui assurèrent la reconnais- sance de ses concitoyens, ainsi que l'estime des étrangers et des ennemis eux-mêmes. Il se mon- tra très-attaché aux principes li- béraux, et en qualité de prési- dent de VJjanlamienlo de Cadix , il fit une adi-esse de remeroîment aux corlès pour la constitution qu'ilsavaient donnée à l'Espagne; et lorsque cette assemblée eut dé- crété l'abolition de l'inquisition , il prononça un discours plein de sagesse et d'énergie pour rendre grâce aux législateurs de celte dispositron salutaire. » Ferdinand VII rétabli sur le trône en iSi/j» Valdès, qui était devenu lieute- nant-général , lut en butte aux persécutions de ces hommes qui jouissaient des avantages de la restauration, sans avoir participé aux dangers qu'avaient courus les Espagnols qui l'avaient préparée. Un ordre royal le confina au châ- teau d'Alicante, il était encore détenu lors delà révolution cons- titutionnelle du 7 mars 1820. Ren- du par suite à la liberté, il l'ut réintégré dans la place de gouver- neur de Cadix. Nommé ministre de la guerrre, il occupa ce poste peu de temps, et fut élu par ses concitoyens membre des certes en 182a. Valdès a joué depuis un iôle important, lléfugié d'abord

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ù Gibraltar, il fut obligé ensuite de se sauver dans les états de Ma- roc. Fiéclamé par le consul espa- gnol , qui offrit même une somme considérable pour qu'il lui fût li- vre, il n'a son salut qu'à la généreuse intervention du consul auiéricain à Maroc. Après avoir couru les plus grands dangers, il a débarqué en Angleterre, il est encore. «M. de Valdès, dit l'au- teur de la Galerie espagnole, avec plus de vivacité d'esprit que de profondeur et de savoir, a des re- parties fines et piquantes, un style vigoureux et original, qui sou- vent interrompt la gravité de l'as- semblée aux dépens de ses ad- versaires, et contraste avec son air insouciant et de bonhommie. Il n'est pas jusqu'à son balance- ment de corps, habitude prise sur les bâtimens, qui ne donne à ce député une singularité de pan- tomime qu'augmente encore le pittoresque de ses expressions. » VALDÈS ( RoDRiGiEz) , com- mandant de Cadix lors de la ré- volution de 1820, n'est point delà famille du précédent, avec lequel d'ailleurs il n'a rien de commun sous le rapport des vertus et du mérite. Rodriguez de Valdès s'op- posa de tout son pouvoir aux pro- grès de l'insurrection qui avait é- claté à l'île de Léon, le 1" janvier 1820; les mesures qu'il prit dans l'intérieur et à l'extérieur pour mettre la place à l'abri du mouve- ment constitutionnel, inspira l'é- pouvante , et fit comprimer le feu patriotique qui allait éclater parmi les habitans. Les progrès de ceux que l'Espagne regardait comme ses libérateurs, furent tels à la fin, que le commandant « parut céder

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aux désirs impatiens des habitans de Cadix, en pt-rmettant de pro- clamer dans rcntelnle de cette ville la constitution des cortès : il iavita même le général Quiroga h assistera cette cérémonie; mais le 10 mars ù onze heures du ma- tin, lorsque le peuple rassemblé sur la place publique se livrait à l'allégresse , on vit paraître tout- à-coup le bataillon des guides du gouverneur, et un autre corps dit de Lealtad ( de la loyauté ), dont les élémens, à ce qu'on prétend, avaient été fournis par les bagnes les priions, et qui, par des dé- charges multipliées, portèrent la terreur et la mort au milieu de cette foule désarmée. Celte bou- cherie dura jusqu'à 5 trois heures, avec des circonstances révollaii- l«'S. » Le roi accepta, peu de jours après, la constitution , et rempla- ça Rodriguez Valdés dans sou commandement par le général Odonnojhu. Il donna à ce général l'ordre de dissoudre, après les a- voir désarmés, les deux corps qui avaient si lâchement répandu le sang de leurs concitoyens, et de traduire les auteurs de ces assassi- nats devant les tribunaux. Ces ordres furent ponctuellement exé- lés. Les deux corps furent con- duits hors de la ville et désar- més, et Rodriguez Valdcs, ainsi (jue ses complices, enfermés dans les prisons de la forteresse. Le triomphe du pouvoir absolu, en Espagne , a bientôt rendu aux hommes tels que Rodriguez Val- dés cette funeste influence qui prolonge les désordres et l'anar- chie.

VA L ÉE ( SiLTAiK - Chables, comte), lieutenant -général d'ar-

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tillerie , inspecteur - général de cette arme, grand'croix de la lé- gion - d'honneur , chevalier de Saint-Louis, est le i8 décem- bre 1773. II prit du service au commencement de la révolution, et parvint rapidement au grade de colonel du i*' régiment d'ar- tillerie à pied; c'est en cette aua- lité qu'il fit les campagnes de 1 006 et 1807. La croix d'officier de la légion-d'honneur fut la récom- pense des services qu'il rendit. Il obtint de l'emploi en 1809, et fut rappelé pour passer en Espa- gne. Les sièges de Lérida, de Mé- quinenza, de Tarragone , de Tor- lone et de Valence, en 1810, lui valurent, le 6 août 181 i, le grade de général de division. Il continua de servir en Espagne jusqu'au i5 avril i8i3, jour il se dis- tingua particulièrement contre les Anglais. Les événemens politi- ques de 1814 Je ramenèrent dans sa patrie, Louis XVIII lui don- na la croix de Saint-Louis, le 27 juin de celte année, et le nomma, le I" juillet 1814» inspecteur-gé- néral d'artillerie dans les direc- tions de Strasbourg et de NeUf- brissac. Il devint successivement commandeur et grand - officier de la légion-d'honneur. Au mois de juin i8i5, il cbmmanda l'ar- tillerie du 5* corps d'armée. A- près la seconde restauration, le Vi)\ le nomma inspecteur-géné- ral et rapporteur du comité cen- tral d'artillerie. Le général Valée présidait, au mois de mai 1816, le conseil de guerre qui con- damna à mort par contumace le général Lefcbvre - Desnouotfes {voy. ce nom). Il est encore aujourd'hui ( i8i5 ) employé

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daii3 le corpn royal du l'artillerie. VALEiNGE'( Cynus- Mabie-

AlEXANDRE de ïlMBRUNE-TlMBBONE,

COMTE UE ) , pair de France , lieu- tenant-général, commandant de la légion - d'honneur, naquit à Agen,le 20 août 1 767, d'une des fa- milles les plus anciennes et les plus considérées du midi de la France. Destiné au service militaire dés sa première jeunesse, il entra d'a- bord dans le corps royal de Tar- lilleric en 1774? passa capitaine au régiment de Koyal-Cavalerie en 1778, fut attaché pendant quel- que temps en qualité d'aide-de- camp nu maréchal de Vaux, et nommé colonel en second du ré- giment de Bretagne en 1784- M. de Valence, doué de tous les avan- tages extérieurs, d'tm esprit dis- tingué et cultivé avec soin , obtint de grands succès à la cour, au commencement du règne de Louis XV^I. Il eut bientôt la charge de premier écuyer du duc d'Orléans, grand-père du duc actuel, et fut nommé colonel -commandant du régiment de Chartres- Dragons. JiOrs de la convocation des états- généraux, en 178g, il fut élu dé- puté suppléant de l'ordre de la noblesse, mais ne prit point séance à l'assemblée constituante. Il ne s'en prononça pas moins pour une sage réforme des abus de l'ancien régime, et pour l'amé- lioration de l'ordre social par des institutions constitulionricllesque l'immense majorité des Français demandait instamment. Il ne ces- sa depuis de servir avec chaleur la cause de la liberté , par ses dis- cours et l'influence qu'il exerçait déjà , jusqu'au moment il put verser son sang pour elle. En mai

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1 7î)a , il fut employé en qualité de maréchal-de-canip à l'armée de Luckner, s'empara de Courtrai, })assa ensuite sous les ordres de Dumouriez, fut promu au gra- de de général de division le 20 août de la même année, com- manda les grenadiers et les cara- biniers à l'affaire de Valmy, en Champagne, il força, par l'ha- bileté de ses manœuvres et la courageuse contenance de sa di- vision, le duc de Brunswick, qui avait déjà tourné une aile de l'ar- mée française, à s'arrêter et à son- ger plutôt à se défendre qu'à con- tinuer ses attaques. Au mois de septembre suivant, le général Valence remplaça Dillon à l'armée des Ardennes. Il eut ordre de sui- vre les Prussiens dans leur re- traite, et signa la capitulation par laquelle, pour n'être plus atta- qués pendant leur marche rétro- grade , ils s'engagèrent à rendre la place de Longwy, et à repasser au plus tôt les frontières de la France. Après l'évacuation forcée du territoire par les Prussiens, le général Valence combattit avec la même valeur l'armée autrichien- ne; contribua aux glorieux succès de la journée de Jemmapes, s'em- para successivement des places de Charleroi , de Namur, et du château de celte dernière ville. IMais cette campagne, si heureu- sement terminée, fut suivie, en 1795, par de funestes revers. Dumouriez avait dès le commen- cement de celte année excité la méfiance et la haine des jaco- bins et du parti le plus exagéré de la convention; le nouveau minis- tre de la guerre l'ache, leur ser- vile instrument et l'ennemi per-

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sonncl du vainqueur de Jemma- |>eii, liii.'Sait l'année viclorifusc manquer de tout , et conlrariuit tous te? jilauâ du générai en chef. Des roniniissaires civils y portè- rent le triiuble et la désorganisa- tion. L'Angleterre venait de pren- dre j>art à la guerre, et entraîna à ga suite la république batave. Le 1" mars, le prince dcCobourg, à la (ète d'une urinée ibruiidablc, se mit en mouvement, l'orça le général Miranda à lever à la liAle le siège de Maëstricht, el les Fran- çais à évacuer Liège. Ce ne l'ut que dans les plaines de Tirlemont que rariuée, déjà considérablement diminuée , put se lallier. On se lésulut à livrer encore une grande bai.iille , et le champ en fut choisi à Ncrwinde, où, cent ans aupa- ravant, le maréchal de Luxem- bourg avait battu l'armée de Guil- laume II L L«; combat cmumença avec le jour le i8 mars. L'aile droite était coiiimandée par le gé- néral Valtnce, le ceulre par le duc de Chartres (aujourd'hui duc d'Orléans), et l'aile gauche par le général Mirauda. Celle der- nière fut enl'oncéc et mise en dé- route. Le général Valence enleva le* villages d'Oberwiudeel de Ner- niiide , que les Autrichiens, eu forces rupérieures, parvinrent A re- piondre. Le duc de Chartres , a- près des prodiges de valeur, les eu chassa; mais leur aile droite, «jui avait battu Miranda, revint au secours des troupes de leur cen- tre. Des bataillons de volontaires encore peu aguerris, se croyant tournés , se débandèrent en jetant le cri funeste de sauve qui peut. Ou évacua Nerwinde; le feu de quci(]ues baiaiDons de liijne, bien

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dirigé parle duc de Charlrei<,|>er- uiit à l'inlanlerie de se rnllier. La cavalerie se couvrit de gloire. Le gént.-ral Valence, avec l'intrépi- dité dont il avait donné déjà tant de preuves, lit plusieurs charges brillantes, et recul trois coups de sabre sur la tête, dont il a con- servé jusqu'à sa mort les glorieu- ses cicatrices. On parvint enGn à repousser les Autrichiens, et l'or- mée française resta maîtresse du champ de bataille; mais elle avait payé cher cet avantage, et Du- mouriez, dont l'échec de son «ile gauche avait subitement dégarni le flanc, voyant qu'il était hors d'état de conliniier l'ofleusive , ordonna le leudeniain la re- traite , qui devint une suite de combats continuels pend;Mif qua- tre jours el quatre nuits. De uou- veaux commissitires f'e la conven- tion arrivér^:nl bietitôt A l'armée. Les dénonciations contie !e géné- ral en chef et ses .unis ïe laulli- plièrenf. Dumonriez, que la con- vention nienaçail encore plus que l'ennemi, avait depuis long-temps conçu le dessein de la renverser, de marcher sur Paris, et d'y opé- rer une révolution nouvelle. Il entra, dès le aa mars, en uégo- ciation avec le prince de Cobourg, dont il fallut d'abord s'assurer. On sait quelle fut l'issue de l'al- liance de Uutnoiiriez avec l'étran- ger. Les généraux français , qui passaient pour avoir eu des liai- sons intimes aveclem- chef, quoi- qu'ils n'eussent en rien participé' à son dernier projet, furent cn- vidoppés dans sa disgrâce et pros- crits comme lui. Le général Va- lence se trouva contraint de fuir une pairie qu'il avait si bien set-

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vie. Il ne s'y déterniinu cepen- dant qiK! sur l'annonce positive du mandat d'arrêt lancé centre lui. A la nouvelle de son départ, lu faction .«angninaire, qui dispo- sait du pouvoir, et qui avait d'jj;\ Ijaulemtnt demandé sa tête , le mit hors la loi, sans qu'il fût per- mis à ses amis, à la veille d'être proscrits eux - mêmes , de rien tenter [lour sa défense. Toujours fidèle à sa patrie, au milieu des persécutions et de l'exil , il ne voulut pas même séjourner mo- mentanément dans les pays en guerre avec la France , et chercha un asile dans les étais du joi de Daneniarck. Retiré à la campa- gne dans les environs d'Altona, repoussant tout projet de ven- geance contre ses concitoyens, il put jouir de loin du spectacle des combats acharnés de se:* ennemis, jacobins et conventionnels, qui s'entre-déchiraienl de leurs pro- pres mains. Mais le sort cruel et de plus en plus menaçant de sa famille, restée en France, lui cau- sa long-temps de vives alarm.es. M. de Valence avait épousé la fille du comte de Genlis {voy. l'article Sillery), jeune personne qui réu- nissait aux charmes de la figure, le plus noble caractère et tous les avantages d'un esprit distingué. Son père fut immolé sur l'écha- faud par la faction de Robespierre; sa tante, M"" de Montesson, veuve du duc d'Orléans était en prison ; sa mère, iM""' de Genlis, vivait dans l'exil; elle-même, séparée de ses enfans, fut incarcérée pendant tout le régne de la terreur, et sans cesse dénoncée dans sa prison mê- me, n'échappa que par une espèce de miracle au sort de son maiheu-

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reux pérr. La jeunesse, la boriô et la courageuse résignation de M** de.Valencc, intéressèrent si vive- ment un simple artisan charron , membre d'un comité révolution- naire, et inspecteur de la prison elle était enfermée, qu'il ris- qua de soustraire des cartons tou- tes les dénonciations et pièces qui pouvaient la compromettre, ou seulement rappeler qu'elle exis- tait encore : on gagna ainsi du temps. La révolution du 9 thermi- dor la sauva, et celle du ^i^ bru- maire {lermit au général Vii!en<e de revoir sa patrie. Rayé de la lis- te des émigrés sous le gouverne- ment consulaire , il devint, en 1801, président du canton de Ver- sy , département de la Marm^, il avait eu des propriétés. Le col- lège électoral de ce département, qu'il présida en i8o3, l'élut can- didat au sénat-conservateur, il fut appelé à siéger le 1" février i8o5. Le 20 mars 1807, il reçut le commandement de la 5* divi- sion de réserve dans Tiniérieur , et passa en Espagne en 1808, il commanda une division de ca- valerie. Employé pendant la dé- sastreuse campagne de Russie, il commanda avec la plus haute dis- tinction une division de cavalerie sous les ordres de Joachim , roi de Naples {voy. Mtjrat), et fut cilé pour la valeur qu'il déploya ci ia bataille de Mohilow. Au mois de décembre 18 15, il fut envoyé eu qualité de commissaire extraordi- naire à Besançon, dans la 6' divi- sion militaire, il prit toutes les mesures urgentes à celte époque; pourvut à la défense de la ville de Besançon; se mit ensuite à la tête d'une colonne de gardes natioaa-

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les el de quelques troupes de li- gne, el se porta, nu mois de jan- vier i8i<^,ù Gray, il tint toutes les forces ennemies en échec pen- dant sept jours. De retour de sa mission après les désastres de cel- te campagne et l'abdication de Na- poléon, il l'ut nommé pair de Fran- ce par ordonnance royale du 4 juin j8i4. Il continua à siég;er pendant les cent jours, en 181 5, dans la chambre haute. Désigné à la fin de juin, par le gouvernement provi- soire, pour être un des plénipo- tentiaires chargés de proposer un armistice au général Bliicher, il se rendit d'abord au quartier-général prussien, et fut de nouveau en- voyé, en la même (jualité, auprès du duc de Wellington avec le comte Boissy d'Anglas. L'ordon- nance royale du 24 juillet fil con- naître que le comte de Valence a- vail cessé de Aiirc partie de la chambre des pairs, el une nouvel- le ordonnance du 4 septembre sui- vant, que le lieuteuanl-général de Valence était mis à la retraite. Rappelé depuis à la chambre des pairs par l'ordonnance du 21 no- vembre 1819, il y a siégé jusqu'à sa mort , el n'a cessé d'y doimer dans toutes les occasions des preu- ves multipliées de son })atriotisme, de son amour de l'ordre el d'une sageli!)erlé. Dans sa nouvelle car- rière politique, peut-être moins brillanle mais non moins utile que celle de? armes, il s'est constam- ment montré le courageux défen- seur de la liberté individuelle, de la liberté de la presse el de tous les droits nationaux. Après une longue et douloureuse maladie, le comte de Valence a été enlevé, en 1822, A sa famille el h ses nombreux annis,

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laissant do vifs regrets i tous cetix qui l'ont connu el une mémoire vénérée dans sa pairie. De ses deux filles, l'aînée, dame d'hon- neur de M°" la duchesse d'Or- léans, a épousé le comte de Cel- les, député aux états-généraux du royaui7ie des Pays-Bas, qui, avar.t de se retirer dans sa patrie, la Bel- gique, a pendant plusieurs années administré, comme préfet, le dépar- tement de la Loire-Inférieure, et y a laissé les plus honorables souve- nirs. La cadette a épousé un des frères d'armes de son père, le gé- néral comte Gérard, aussi distin- gué par sa valeur que par ses ta- lens militaires, et qui a depuis pris rang parmi les défenseurs des liber- tés nationales, comme député de la ville de Paris, à la seconde cham- bre {toy. Celles el Gérard.) Outre plusieurs discours prononcés à la chambre des pairs, dont le dernier fut en faveur de la famille du mal- heureux Lesurques, injustement condamné à mort, le comte de Valence a publié, en i7{)(î, un ouvrage intitidé : Essai sio' tex finances de la rc publique fran- çaise, et sur les moyens ci' auran» tir les assignats, 1 vol. in-8''. Cet écrit est plein d'idées neuves el d'aperçus financiers remarqua- bles.

VALENTIN DE LAPELOUZE (Jean- Baptiste ) , à Bruyères, département des Vosges , le 20 juillet 1777. La révolution Icsu:- j)rit au milieu de ses éludes, qu'il continua cependant aidé des con- seils de l'abbé Georgel [voy. ce nom), son compatriote, jusqu'à \a déportation de ce célèbre jésuite. Appelé :\ l'école de Mars de la plaine des Sablons, en 179'}, il dc-^

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vint un des élèves iiislruct«urs de celte école, qui coopéra au 9 ther- midor. 11 servit ensuite comme officier clans un des bataillons des Vosges, qui étaient en grand nom- bre i l'armée du Uhin. La faiblesse de sa vue le força de renoncer à la canièie militaiie, et à entrer dans celle de radiuinistiation. Après a- \oir occupé divers emplois dans son département, il fut chargé de diri^^er la coinplabilité de la lote- rie. Il se servit poiM' cela de la mé- thode des parties doubles, qu'il eut le preniier l'idée d'iutroduire dans une grande administration , v.t obtint par la un tel succès, que Jes comptes de la loterie lurent souvent présentés comme modè- les dans les rapports annuels de la chambre des comptes, et (|Ue la méthode, des parties doubles lut applicjuéeà la comptabilité du trésor, ainsi que de tous les éfa- blisscmens (jui en dépendent. En 1807, le sénateur général Ferino, son oncle, ayant été nommé gou- verneur d'Anvers avec tous les pouvoirs civils et militaires, il l'ac- compagna en qualité d'aidc-de- camp, et concourut;! tous les tra- vaux entrepris pour la défense de celle place et dus établissemens maritimes qui 3' existaient. Résis- liint à toutes les tentatives de sé- duction, il avertit son oncle de l'énorme contrebande qui se fai- sait sur l'Escaut, depuis Flessin- gue jusqu'à Anvers, ainsi que des abus qui se commcltaient dans la perception de I'»h troi. Il rédigea à ce sujet un rapport (|ui l'ut adres- sé par le général Ferino au gou- yernement, et qui servit à l'éclai- rer sur la conduite du général qui comuiacdait à cette celte époque

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à Flessingue. L'affaire de l'octroi n'éclata que plus tard. Nommé capitaine de grenadiers de la 1" légion de la garde nationale de Pa- ris, M. Valentin de Lapelouzc ma- nifesta dans ïeti cent jours., en i8i5, des opinions qui fournirent contre lui la matière de nombreuses et violentes dénonciations, et il fut' destitué, en 1816, de sa place à la loterie, place qu'il avait créée et occupée pendant 18 ans. L'amitié des grenadiers de sa compagnie, l'estime et la confiance du duc de Choiseul, alors colonel de la 1" lé- gion, lui firent cependant conser- ver son grade de capitaine de la garde nationale, et il occupe en- core ce poste aujourd'hui. M. Va- lentin de Lapelouzea employé de- puis les loisirs que lui laissait sa destitution , à des recherches sur l'économie politique et les finan- ces, matières qu'il avait constam- ment étudiées. Il n'interrompit ces travaux que pour diriger mo- mentanément une partie in)por- tante au comité des receveurs-gé- néraux. Ayant acquis en 1820, un intérêt au Courrier Français, il prit, au commencement de l'année suivante, la direction de ce jour- nal, qu'il n'a pas quittée depuis, et dans laquelle les événemens des dernières années lui ont fourni de nomi)reuses occasions de prouver qu'il savait également résisicraux persécutions et aux séductions de tous gemes. 11 concourt aussi à la rédaction de celte feuille, notam- ment par des articles sur les finan- ces, qu'il a l'art de rendre clairs et intéiessans peur toutes les cla;»- ses de lecteurs.

VAL11LT,EIIT (Jean-Mame-Ro- GEft), général de brigade, voiu-

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mandant de ta légion-d'honneur , naquit à Avranches, département de la Manche, le ai mai 1765. Issu d'une famille honorable , mais dont le nom était sans par- ticule , il recul une éducalion dis- tinguée, dont son goût pour les armes changea la direction. Sa famille ne contraria point les pro- jets qu'il avait formés; il se pré- senta pour subir les examens dans l'artillerie, qu'il affectionnait; mais un édit du roi en excluait les roturiers, et il ne l'ut point admis. De dégoût, il faillit, dit- on, s'expatrier. Son amour pour ses païens le retint, et il entra, comme simple soldat , dans le ré- gim<înt de Rohan-Soubise infan- terie. Il était rentré dans sa fa- mille lorsque la révolution éclata. Les principes du nouvel ordre de choses convenaient trop à son Ame libérale pour qu'il ne les adopt/tt pas avec entliousiasme , mais sans exagération , sans ambition , et par l'unique motif d'être utile à son pays , en se rangeant parmi ses braves défenseurs. Nommé par ses camarades chef du premier bataillon de la Manche, !l se ren- <lit à l'iirmée du général Rocham- beati. » Il suit, dit M. Lavallée, Lnckner dans la Belgique , il as- socie son nom aux braves défen- seurs de Lille, il entre vainqueur dans la citadelle d'Anvers, il brave les glaces de i^QÔ sur le rhamp de bataille de Lawfeidt ; seul, il conserve dans son corps la disci- pline exilée de l'armée de Du- inouriez; seul, dans les murs du i^ucsnoy , pressé par l'ennemi , il en impose aux désorganisateurs et les désarme; seul enfin des pri- sonuier? français, que le sort con-

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traire relègue au fond de la Hon" grie, il consacre à l'étude de la guerre des jours que des revers, précurseurs de tant de triomphes, rendaient un moment inutiles à la France. Il lui est rendu ; il se re- trouve avec ses anciens compa- gnons; ils sont réunis à cette a8* demi-brigade, cette fidèle amie de la victoire, et, à leur tête, il marche à des lauriers certains. C'est avec elle que, le 28 ther- midor an 7 , il enleva le Simplon , ce colosse posé p;ir la nature au milieu des Alpes colossales ; en vain les Autrichiens en défen- daient les flancs escarj)és, en vain leur artillerie foudroie les témé- raires qui les osent gravir; Val- huberl brave tout, et la monta- gne, et les hommes, et les ca- nons ; il arrive , il attaque , il dis- perse ; hommes, canons, mon- tagne, tout est en sa puissance, et maître de l'énorme mont, iné- branlable comme loi , tous les ef- forts de l'ennemi ne peuvent lui arracher ce poste formidable, que sa bravoure a conquis en une heure, et qu'il a promis à l'hon- neur français de conserver tou- jours. Il entre en Italie; l'armée française arrive; le passage du se prépare. Le général Mainoni,VaI- hubert et quelques autres braves, se jettent dans la première barque, ils franchissent le fleuve, et I0 succès de leur audace amène celui de l'armée qu'ils précédent. Deux jours après, le 19 prairial an 8, Vaihubert fond comme l'éclair sur un gros d'Aiitrichiens; ils sont plus de cent, il e«t seul, qu'im- porte? Ils sont frappés, vaincus, épouvantés; ils mettent bas les armes, ils sont prisonniers. A

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Blontebello , la cavalerie autri- chienne avance; mais les grena- dier» de la 28' sont h\, Valhubcrl est avec eux. Les grenadiers le re- gardent; son front est calme, sa sécurité semble leur dire : «Je me «repose sur voire courage, vous

vaincrez; » ils vainquirent. A Marengo, le feu le plus meurtrier tonne long-lcmps sur la 28*, elle demeure inébranlable; Valhubcrt est encore avec elle. Grièvement blessé, il commande toujours, et la douleur n'obtient point d'em- pire sur son sang- froid ; enfin au passage de Mincio, un boulet le renverse et le prive de la voix; on le presse de se retirer, c'est en vain. Son refus s'exprime par ses gestes; il se fait remettre à cheval, et conli"nue de combattre. » Une arme d'honneur et une grati- fication de 12,000 francs lui sont décernées. Le premier consul Bo- naparte lui adresse la lettre sui- vante , écrite tout entière de «a main : « Je vous envoie un brevet «d'honneur; je n'oublierai jamais t les services que la bonne et brave

28' a rendus à la patrie; je me «souviendrai, dans toutes les cir- » constances, de votre conduite à «Marengo; !)lessé, vous voulûtes

vaincre ou mourir sous mes »ycux. ') Les 12,000 francs, il les partage avec sa demi-brigad<\ Peu après (1804), il est élevé au rang de général de brigade. Du camp de Boulogne, il passe à la grande-armée , lors de la reprise des hostilités avec l'Autriche. Un si brave guerrier ne pouvait mouv rir hors du champ de bataille. A Austerlilz , il combat dans la divi- sion Suchet, « à jamais célèbre par cette manœuyre brillante et

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inouïe qui sépare l'aile droite des Russes du centre du leur armée, n L'ordre du jour prescrivait de ne point dégarnir les rangs pour en- lever les blessés. Renversé, le a décembre i8o5 , par un éclat d*o bus, qui lui fracasse la cuisse, le général Valhubcrt voit ses soldats s'avancer pour l'enlever. «Arrêtez 9 mes amis, leur crie-l-il, souve- ') nez- vous de l'ordre du jour ; rtvous me relèverez après la vic- »toire. » La blessure de cet in- Irépi.le guerrier était mortelle ; il l'apprit avec fcrineté. « Je meurs » duns une heure, écrivil-il à l'em- npereur; j'aurais voulu faire plus «pour vous. Je ne regrette pas la »vie, puisque j'ai participé à une 1) victoire qui vous assure un règne «heureux. Quand vous penserez «aux braves qui vous étaient dé- » voués, pensez à ma mémoire. «Il me suffit de vous dire que j'ai «une famille, je n'ai pas besoin de «vous la recommander.» Dans les plaines mêmes de la Moravie , ses camarades lui élevèrent un monument, et l'empereur Napo- léoii, par un décret impérial, donna le nom de Valhubcrt à une des places de Paris.

VANDAMME (Domisiqie, com- te D'UxEBOtBG), lieutenant-géné- ral, grand-cordon de la légion- d'houneur, est à Cassel, dé- parlement du Nord , le 5 novem- bre 1771. Il entra fort jeune dans la carrière des armes, passa aux îles dans un régiment colonial , revint en France à l'époque des états-généraux, en 1789, et for- ma, dès nos premiers troubles po- litiques, une compagnie franche, connue sous le nom de chasseurs fin Mont-Cassel , dont il devint le

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chef. Il la comuiandu pciulanl l.i campagne de 1792, et mérita, par sa conduite, le grade de général de brigade. Il jeta dés-Iors le? tbn- demens de celte haute réputation de bravoure qui ne fit que s'ac- croître dans toute sa carrière mili- taire, et qu'il justifia par une foule d'actions d'éclat. Il fut employé, en 1793, à l'armée du Nord, s'em- para de Furnesau mois d'octobre, bloqua Nieuport , se vit bientôt obligé d'abandonner cette place pour éviter l'approche des alliés, et perdit, dans la retraite, une partie de ses munitions et de son artillerie, ce qui ne l'empêcha pas d'obtenir différt-ns succès dans sa roule. Le 29 avril 179^, il prit la ville de Menin conjointement a- vec Moreau , se rendit mailrc de Schenck le 6 novembre, et s'em- para de Budwick trois jours après. Il passa ensuite avec sa division à l'aile gauche de l'armée de Sam- bre-et-Meuse, et y fit, sous Jour- dan , la campagne de 1795. En

1 796, il était à l'armée du Kbin , et fut surtout remar(|iié aux airaires des 14 et i5 juillet vers Alpers- hach; le 24 août au passage du Lech , et deux mois après à l'atta- que des hauteurs de Friedberg. A l'ouverture de la campagne de

1797, il aida puissamment l'ar- nîée à traverser le Rhin, en sou- tenant, à la tête de l'avant-garde , les vives attaques de l'ennemi. Dans les combats de llanau et de Diersheirn , qui en furent la suile, le général Vandamme se condui- .sit avec la même distinction. Nommé général de division le 5 février J799» il commanda en celte qualité l'aile gauche de l'ar- mée du Danube; se rendit bien-

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tôt en Hollande, sous les orvln* du général Brune, et prit une part active aux succès de cette cain- piigne. Forcé, par l'état l'a- vaient réduit ses fatigues cl ses blessures, à se livrer à quelque repos, il se retira à Cassel, et re- tourna , au mois d'avril 1800, prendre le commandement d'une division à l'armée du llhin ; il y montra son intrépidité accoutu- mée au pa^sagi; du fleuve , entre Stein et Schafhou.?e ; ensuite à l'ailaque de Hohen-Twiel , qio défendaient 80 pièces de canun , et qui se rendit le 5o avril, et en- fin les 2 et 4 niai suivant, aux coni- hals d'Eugcn et de Mocrskirsch. Il pa.isa, en 1801, à l'armée da Grisons, s'y distingua comme dans les précédentes campagnes, et reçut du premier consul Bo- naparte, au mois de septem'jr 1800, une paire de pistolets de la manufacture de Versailles. Nom- mé , à celle époque , commandant de la G' division, il devint, l'an- née suivante, grand-olficier de la légion-d'lionneur, fut dirigé vers la grande-armée , on septembre i8o5, lors de la reprise des hos- tilités, et commanda la 2* divi- sion du corps d'armée du maré- chal Soult. Le 4 octobre, il se rendit maître du pont de Dona- werlh, se porta le G sur Augs- bourg, s'en empara le 9, se trou- va aux combats livrés dans le cou- rant de ce mois , fit 3,ooo prison- niers dans la Ilaute-Souabe , et fut nommé grand-aigle de la lé- gion-d'honneur après la bataille d'Austerlitz. Dans la campagne de 180G et 1807, il fut chargé de la conquête de la Silésic; il fit le siûg« de Bresiau , et s'en empara

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Le général Vaiidamnie , employé 'ôit i O'iviriuj , (Ml 1S09 , Contre l'Aiiti i(;})t; , coniin.md.i les "NVnr- f(!!nl)tigeois, et remporta une vic- toirt; comjlèle au combat d'Lr- fort, en avant de la lûle du pont de Liiitz, il mit en déroule trois l'oliinnes autrichiennes. Le I" ianvitr 1811, il lut nommé pré^i()»*nt du collège électoral d'iiazcbrouck. Il devait faire par- tie de l'expôdilion contre !:» Ilii«sie; muis qut^lques dcinêiés ervc le rci de Wesi[>halie ( voy. BowAVÀiUE Jérôme) le firent di.s- t^racicr, et il reçut l'ordre de 9-e reudie à Cai«sel. Cependant il eut, \','rf^ la fni de j8i5, le comman- cfetneiit d'un corps de troupes qui ?o réunissait dans la 52*' division. Le 5 a\ril, les divisions Saint- Cyr et Durulte l'étant venues re-- joindre à Brème, il se disposait à attaquer les Russes, lorsque l'ar- niislice suspendit les li isiiiiiés. Le a5 août, il marcha sur Pirna et lîoendorff, dont il s'empara, et le 2/i , il attaqua et battit le duc de AVitlemberg, auquel il fit 2,000 prisonniers. Le 29 , il traversa la gorge de la grande chaîne des montagnes de Bohèine, et s'ap- procb.a de Kulm , il trouva le général Oslermann à la tête de 10,000 Uusses. Le général Van- damme, qui ne comptait jamais ses ennemis, soutint un combat opiniâtre, et développa la plus étonnante valeur. Forcé néan- moins de rétrograder , il fit la faute irréparable de rester à Kulm, au lieu de reprendre position sur les hauteurs. L'ennemi sut pro- fiter de cet avantage; renforcé des gardes russes, il tombe sur les Français le 3o au matin ; ceux-

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ci font bonne contenance; mais vers les deux heures, un nouvel ennemi, le général Kleist, dé- bouchant p.u- les moniagues, vint If* C' rner de toute» part-. Le gi:- rér 1 Vandanimc, attaqué sur tous les pdinls, ne perd ni son courage ni son sang-froid; malheureuse- ment ses ordres sont mal com- pris ou rna! exécutés, il perd toute son artillerie el 6,000 soldats, et est liii-mênie Uni (»risonnier. On le conduisit sous une escorte russe à L;;hii , il trouva le gé- néral Morcau à l'agonie. La foule qui prodiguai! •e'' marques de 1 in* léièl le plus tendre au tr;.nsfuge français, n'était pas disposée '1 té- moigner, à la valeur malheureuse, les ég<uds qui lui étaient dus à bien pins juste titre, et le général Vandamme fut exposé à d'indi- gnes insultes ; le graud-duc Cons- tantin osa même lui faire Oter son épée. L'empereur Alexandre, qui saviiil mieux apprécier le courage, la lui fit rendre sur- le-cbamp. Le général Vandamme, fut transféré à Moskou , et de à AViatka . an nord de Kasan , à 20 lieues de la Sibérie. La paix de 181 -J le rap- pela en France, il airiva le 1" septembre. Le duc de Fcllre, qui venait de remplacer le maréchal Gouvion-Saint-Cyr au ministère de la guerre, lui donna Tordre de quitter Paris en vingt-quatre heu- res. Il reparut au 20 mars i8i5; Napoléon le nomma pair de Fran- ce , et lui confia le commande- inent de la 2* division de l'armée. Chargé ensuite du 5* corps, sous le général Grouchy , il assura les succès de la bataille de Fleurus par les avantages qu'il remporta ensuite à l'attaque de Wavres II

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était à la poursuile de l'enneini , lorsqu'il apprit l'issue de la ba- taille de \Valerloo. Jamais il ne mollira plus d'habilelé que dans totle cir( oiislance ; Tordre avec lequel il opéra sa retraite fit craindre un instant ù l'ennemi que sa victoire ne fût pas com- plète. En elTet, un corps d'armée presque intact, et un matériel considérable d'artillerie, ramenés alorî en France, laissaient encore aux amis de la patrie l'espoir d'empt^cher, sinon une invasion nouvelle, du moins les résultats honteux qu'une occupation libre du territoire pouvait entraîner. L'armée française compta bientôt 80,000 comballans. Cf tte nouvel- le, transmise, le 5juillet, :"l lacham- bro des représenta ns , y excita les applaudi«!stn)«ns les plus vils. Le général Vandamnie iinnonçait que b s ^^•n^li;is^ai^es envoyés auprès de son armée avaient été témoins de l'enti.ousiasme et de l'ardeur de ses troupes. « Je suis fier, ajou- tail-il, d'ôtre venu au secours de la capitale avec une pareille ar- mée. Ses courageuses dispositions ne peuvent njanquer de nous faire obtenir des conditions plus avan- tageuses, si nous sommes obligés de traiter avec nos ennemis. » Le pénérnl Vandamme occupait alors J\lont-l\onge , Meudon , Vanvres «•t Issy. Ce fut dans cette circons- tnnctî que plusieurs généraux vin- rent lui offrir le commandement de l'armée, qu'il ne crut pas de- voir accepter. Le gouvernement provisoire traitait cependant avec les puissances alliées, et obtint la cessation des hostilités avec la condition que l'armée française se retirerait derrière la I/oire. Le gé-

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nér.d Tniidamme s'y rendit com- me les autres généraux, et n'en fut pas moins compris dans l'or- donnance du 24 juill*^' 181 5; il remit le commandt-ment des 3" et fi' corps, et se retira dans nne maison de campagne près de Li- moges, déparlenient de la Haute- Vienne ; mais il reçut ordre du préfet d'en sortir dans vingl-qna- tre heures. Il prit la route d'Or- léans , et là, il lui fut enjoint d'al- ler habiter Vierzon, département du Cher. Ces actes, d'une auto- rité inquiète, donnèrent lieu h différens bruits, plus ou moins ri- dicules. On le représentait tantôt comme un chef de parti, levant des contributions à main armée ; tantôt comme un fjigitif qui venait d'être airêté. L'ordonnance du l'Z janvier 1816 fixa son sort , en lo- bligeant de sortir du royaume ; il se réfugia d'abord à Gand; mais n'ayant pu obtenir la permission d'y résider, il s'embarqua pour les Étals-Unis, il séjourna en- viron deux années. Revenu en France avant l'ordonnance qui prononça le rappel des bannh , il fut détenu quelque? inslans, et reçut bientôt un passe-port pour sortir du royaume. Le général Vandamme possédait une. terre aux environs de Gand , il fixa sa résidence jusqu'à l'époque il fut autorisé à rentrer dans sa patrie. Mis en disponibilité, il u été compris dans l'ordonnance du moisdesepletnbreiSa/jjqtii admet A la retraite un grand nombre dn généraux. On s'est formé du ra- ractère de ce général une idée que certains faits ont démentie; on a exagéré le mal , et jamais on n'a parlé du bien. Par exemple ,

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'es liiihitans de Cassel , il est n«i, jouissent d'un hôpital qu'il a construit et fondé de ses propres deniers. Il est peu de personnes qui compensent ainsi, par des bienfaits, le mal que les circons- tances les ont quelquefois forcées de faire.

VANDER MAESEN ( Edme- Martiit, comte), général de divi- sion , membre de la légion-d hon- neur, né à Versailles le 1 1 novem- bre 1767, manifesta de bonne heure son goût pour In profession des armes. Il entra, en 1782, au régiment de Tourraine, et passa par tous les grades, jusqu'à celui de lieutenant , qu'il obtint en 1793. A celle époque, de nom- breux bataillons de volontaires arrivaient aux armées presque sans instruction ni discipline. Lu minisîre ayant voulu que l'on s'en occupât , le lieutenant vander Maesen fut du nombre des offi- ciers de ligue désignés par le gé- néral en clief de l'année pour les Instruire. On lui confia le 10' et II" bataillons du Jura, qui, en moins de trois mois, furent en état d'entrer en campagne. De retour à son régiment, il fut nom- mé quartier-maître du bataillon de guerre, puis adjuilant-major, et enfin chef du 1 1* bataillon du Jura, le 14 octobre 179J. C'est de ce temps que datent les actions qui l'ont fait remarquer de ses chefs. Lebataillon que commandait vander Maesen faisait partie des troupes destinées à la défense des lignes de V/issembourg. Dans la retraite , il coopéra puissamment au rétablissement de l'ordre. Ar- rivé près Magiieneau, il prit sur {ui de dcclarer ù «on bataillon q^xe

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le général l'avait chargé de faim arrêter tous les militaires qui se- raient rencontrés isolément. Il parvint bientôt à les rallier et ù les préparer à attendre l'ennemi. Ce fut dans cet état que le géné- ral de division, Michaud, trouva cette troupe lorsqu'elle dut faire partie de sa division. La retraite s'exécuta sur Vandenheim , près de Strasbourg. Pichegru vint alors prendre le commandement de l'ar- mée ; il sut rallumer l'enthousias- me et préparer la victoire. Le dé- blocus de Landau fut décidé, et l'ordre fut donné pour une atta- que générale sur toute la ligne. Le chef de bataillon, vander Mae- sen , que la confiance du général Michaud avait appelé à son avant- garde , commandait dans cette af- faire un bataillon du io5" régi- ment, outre les 10' et I i" du Jura, qui firent des prodiges de valeur. L'infanterie autrichienne , mal- gré la plus vive résistance, avait été forcée d'abandonner la forêt do Brumpt, et de se retirer der- rière la Zorn , <;lle prit posi- tion après avoir détruit les ponts. La division française suivit l'en- nemi de près; une partie reput l'ordre de passer la Zorn ; mais à peine parvenue à la rive opposée, elle fut attaquée et repoussée par l'ennemi. Nos troupes allaient re- passer la rivière, lorsque le gé- néral Michaud ordonna à vander Maesen de prendre le commande- ment des grenadiers de la divi- sion , et de s'emparer de Brumpt, opération d'autant plus dilïicile , que l'ennemi , qui croyait la ville abandonnée, y arrivait de toutes parts. Les troupes se rencontrè- rent; après un combat des plus

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mcurlriers, la ville fut emportée. Dans cotte affaire, le chef de ba- taillon , vandcr Maesen, eut un cheval tué sous lui, et reçut un coup de feu qui lui traversa la cuisse. A peine guéri de ses blessures, il re- joignit son corps, qui faisait alors partie de la division Ferino. Au mois de germinal an 2, les Prus- siens, projetant d'enlever une de nos reconnaissances, mirent leur cavalerie en embuscade pour cou- per toute retraite à la nôtre, près du village d'Ungstein. Le plan de l'enneuii aurait infailliblement réussi, sans le mouvement heu- reusement combiné du chef de bataillon vanderMaescn,qui com- mandait cette avant - gar;!e , et força les Prussiens à se retirer en abandonnant leurs éclaireurs. La cavalerie française ainsi dégagée rentra dans ses cantonnemens de Wackcnheim. Quelques autres af- faires contre les Prussiens lui va- lurent le grade de chef de brigade. 140* demi-brigade, qu'il com- mandait, prit part, en l'an 5, aux divers combats qui mirent Spire , Worms et la tête du pont de Man- heiiii au pouvoir de la France. Après la prise de Manheim , qui eut lieu au commencement de l'an 4> général en clief ordonna A la division Beaupuy de passer le Khin à Spire. Le chef de brigadi; vander Maesen traversa le fleuve h la tête des grenadiers de cette division, et poussa vers llocke- num les partis ennemis qu'il ren- contra à son dcb:irquemcnt. La division Beaupuy alla bientôt ù la rencontre de l'ennemi, qui com- bina ses mouveinens de manière à acculer l'armée française sur Manheim. Le général en chef dc-

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concerta ce projet, en ordoimant une attaque sur Franckenthal , ce qui rappela aussitôt sur ce point les troupes autrichiennes qui s'en étaient détachées. L'aJjudanl-gé- néral Decaen et le chef de brigade vandcr Maesen, avec son corps, furent chargés de l'attaque de droite. Rien ne résista à la valeur de la i4o% qui, en moins de deux heures, s'empara du canal , et en- tra dans la ville au pas de charge par la porte du llhin. Le surlen- demain , l'ennemi , qui avait con- centré sur ce point la majeure partie de ses forces, attaqua la di- vision Beaupuy, qui, malgré sa très -grande infériorité en nom- bre, se battit avec autant d'au- dace que d'habileté. Vander Mae- sen , placé à la gauche , forma les i4o' et 205" demi -brigades par demi-batrillon en échiquier, et fit son mouvement rétrograde à tra- vers les vastes plaines qui sépa- rent Epslein de Mutterstadt, sans que la nombreuse cavalerie enne- mie osât l'inquiéter dans sa mar- che. L'armée se relira derrière le Kuesch, et prit quelque repos pen- dant l'armistice qui fut alors con- clu. Les hostilités reconnnencè- rent peu de temps après, et l'ar- mée, à la suite de plusieurs al- faires qui eurent lieu dans le Pa- lalinat, passa le llhin ù Kehl. La division du général Beaupuy de- vait proléger cette opération en traversant le fleuveùGambsheim. Déjà les grenadiers , sous les or- dres du chef de bataillon vander Maesen et de i'adjudant-générnl Bellaveine, en louchaient la rive droite ; mais la crue des eaux ayant submerge l'île qui devait faciliter le passage, il fallut rc-

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nonccr à celle entreprise. Vander Maesen participa avec son corps ( devenu 62' ) aux batailles d'Of- rembourg;, de la Rincken, de Ras- tadt, de Masdi , de Neresclieim , de Geserjfeld , de Ncubourg; j\ celles de Lesenfeld, de «il)er:ich, et ù tontes les affaires la divi- sion du général Bcaupiiy donna dans celte cani[)ajj^ne. La division fut ensuite attaquée par des for- ces supérieures que coniiinndait le feld- maréchal Latour. Le chef de brigade vander Maesen se mit en embuscade dans un bois, à quelques toises de la roule de RaJisboune, par l'ennemi de- vait commencer l'attaque. A pei- ne ses dispositions étaient laites, qu'un régiment de cuirassiers s'a- vança pour contourner le plateau sur lequel se trouvait placée la majeure partie de notre artillerie ; mais il fut reçu par un feu de mousqueterie si bien dirigé , que ce corps fut mis dans le plus grand désordre. L'ennemi, éprouvant la même résistance sur les autres points, fut forcé à la retraite. Pen- dant le siège de Kehl , vander Maesen fut chargé de la conduite de plusieurs sorties. Après un long J)ombaidement, l'ennemi , très- roppioché du fort, en voulut ten- ter l'assaut, fit son attaque sur plusieurs points, et s'empara du camp retranché, puis de la re- doute du cimetière. Le général de brigade Decaen donna ordre aus- sitôt au chef de brigade vander Maesen de reprendre ces ouvra- ges à la tête de son corps , qui arriva vers neuf heures du soir ; le combat se prolongea jusqu'à trois heures du matin avec le plus ^irand acharnement : tout fut re-

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pris, et les Autrichiens qui s'en étaient emparés y trouvèrent h mort. Après un second piisrage du Rhin, l'armée arrêtée dans s.i n:arche par les préliminaires de paix signés à Leoben, repassa sur la rive gauche. A celte njêmc épo- que . le chef de brigade vander Maesen fut obligé de remettre le commandement de la 62' à un officier récemment rentré au corps, et de deux jours de grade plus an- cien que lui. Mais peu de temps après , le général Jouberl lui don- na celui de la 55*, avec laquelle il fit la campagne de l'an 7, A la division d'avant-garde (h; Tarmée du Danube. Arrivé à Ostrach . il fut chargé par le général Lefevre d'aller reconnaître l'ennemi, qui paraissait en force en avant de* villages d'Eidn et d'Dskirch ; ù son arrivée, une centaine d'Autri- chiens tombèrent eu son pouvoir. L'ennemi eut un avantage le len- demain , et la division Leièvre, aj>rès la plus vigoureuse résis- tance, fut contrainte de céder au nombre. Dans cette circonstance fâcheuse , le corps du chei de bri- gade vander Maesen, qui était demeuré dans la position il avait combattu la veille, se trou- va exposé à être coupé par l'en- nemi ; mais ayant rallié ses trou- pes à temps, il effectua sa retraite sur Pfullendorff, il présumait que la division s'était retirée, et il rejoignit l'armée le soir du mê- me jour, après avoir culbuté les troupes ennemies qui voulaient s'opposer à son passage. Il fui blessé d'un coup de feu à la jam- be , ce qui ne l'empêcha pas de continuer ses fonctions. Vander Maesen fut cité , pour cette re-

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traiie, dans le mcinoire justiûca- til' du général en chef Jourdun. fut alors que le gouvernement tleva cet oflicier au grade de gé- néral de brigade; mais ses lettres de service lui ayant été expédiées à l'armée de Rome, il devait être employé, sa promotion lui lut quelque temps inconnue. Ce- pendant il commandait à la même époque une brigade à l'armée du Danub(î, par Tordre du général m chef. L'armée ayant repassé le l^hin, le général vander Maescn reçut l'ordre de reprendre le \ ici.'x-Biisack, que les troupes trançaises avaient évacué quelque temps auparavant. Arrivé au Neuf- Brisack, il fait se?" di.spositions , exécute le passage du fleuve sous le feu de l'ennemi, et à la pointe du jour entre dans la ville au pas de charge, à la tète îles grenadiers de la 53" demi - brigade. Après '•elle opération , il rejoignit en Suisse l'armée d'avant-garde. Il contribua à réduire les insurgés des petits cantons qui avaient pris ])'tste à Rolherthune, et il eut part aux succès de l'affaire de >Vole- f.iM, après laquelle il reçut du ministre de la guerre des lettres de service pour l'armée du Uhio, il fut employé dans la division «lu général Laroche, restée seule sur la rive droite pour la défense .li! iManheim et de Neckereau. Le ;,'ijnéral vander Maesen fut chargé (ic la défense de ce dernier poste. l,e deuxième jour coujplémen- i.iire de l'an 7, à qu;ilre heures du matin , le prince Charles, qui urivait de iîuisse avec 7)0,000 hommes, lit attaquer le village de Kekerveau par la majeure partie de ses forces, et se» colonnes,

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quoique appuyées d'une nom- breuse artillerie, furent reçues à bout portant par un feu de mi- traille et de mousqueterie, qui les mirent chaque fois dans le plus granil désordre. Durant ce com- bat, (|ui se prolongea plus de six heures, les Français montrèrent la plus rare intrépidité. Le géné- ral vander i>iaesen, qui avait pris et repris plusieui-s fois le village avectîjooo hommes contre 3o, 000, voyant son artillerie en partie dé- montée et sa brigade sensiblement affaiblie, crut prudent de se rap- procher de Manheim. La retraite se fit avec ordre , sans que l'en- nemi tentât de l'inquiéter, et il vint prendre position près de l'ou- vrage à corne en arrière de la di- gue du Rhin. Mais à peine était- il arrivé dans celle position, que l'ennemi força les portes de la ville et s'en empara. Le pont ayant été rompu , toute retraite fut in- terdite au général vander Maesen et à Tadjudant-général Lefol, que le général Laroche avait détachés sur le Necker. L'un et l'autre fu- rent fait prisonniers et conduits en bohème. Echangé, le 5 janvier 1801, contre le général - major Meczery, pris à Hohenlinden , le général vander Maesen rejoignit aussitôtl'arméeàSalzbourg.Après le traité d'Amiens, le général de division Decaen ayant été nommé capitaine - général des colonie» orientales, le général vander Mae- sen fut désigné comme son lieute- nant , et le ministre le chargea de l'organisation des troupes de celta expédition. Il partit avtc elles pour sa destination, dont le terme était Pondichéry. L'on s'embar- (]'ia à Brest le i5 ventôse au 11

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(i8o5), cl l'on arriva aux Indo^- Orientalcs; mais la décliiralion de guerre avec les Anglais étant an- noncée, toute la division française se rendit à l'Ile-de-France. Van- der Maesen fut nomftié général de division dans cette même année, puis membre de la légion-d'hon- neur l'année suivante (5 germinal an îa ). Il commanda et inspecta ensuite, en sa qualité de lieute- nant du capitîiine - général , le? troupes qui étaient stationnées aux Iles-de-France et de Bour- bon. Le 22 septembre 1810 fut marqué par un combat mémora- ble (le quatre frégates françaises contre l'Ile-de-France. Celle af- faire fit le plus grand honneur au général vander Maesen. Il fut en- voyé par le capilaine-général pour voir s'il lui élail possible de réta- blir promplemcnt une batterie (la batterie de la Reine ) , située à deux lieues du grand port , et qui avait été abandonnée faute de troupes. Le général vander Mae- sen jugeant de quel iiilérêl elle pouvait être pour la défense sur ce point, la fit promplement réta- blir, et fit des dispositions si fa- vorables contre l'ennemi, que la première de ces frégates sauta en engouftVant ses débris dans la mer; la seconde eut le même sort le jour suivant , et les deux autres furent prises. Il n est pas douteux que les combinaisons du général vander Maesen aient puissamment contribué à ce succès, parce que les AngLiis ne s'allendaient point à trouver de la résistance devant celte batterie. Pressés et canonnés par nos frégates que commandait M. Duperretjils s'étaient appro- chés, tant pour se mettre à l'abri

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que pour opérer un dCburque- nient sur ce point important du l'île; gênés par nos batteries, qui contrariaient leurs desseins, ils s'approchèrent encore davantage pour faire cesser notre feu. Enfin, après une lutte opiniâtre , les b3- timens anglais furent anéantis, en cherchant à détruire les ouvrages que la prévoyance du général van- der Maesen avait élevés. Cepen- dant l'ile, faute d'une quantité de troupes su (lisantes pour sa défense, devait être reprise un peu plus tard. Elle le fut en effet le 5o no- vembre 1810, après une vigou- reuse résistance. Le général van- der Maesen y fut blessé, et eut un de ses aides-de-camp lue à ses côtés. De retour en France, il re- çut de l'empereur Napoléon l'ac- cueil le plus flatteur, et fut en- voyé en Espagne, avant même que le conseil d'enquêtes efil ter- miné son rapport sur la prise de l'Ile-de-France. Arrivé à l'armée d'Espagne, il y recul bientôt le commandement d'une division destinée pour Burgos , sous les ordres du général Caffarolli. Ce dernier mit à sa disposition trois régimens de cavalerie légère, un seul régiment d'infanterie entier et six bataillons de divers corp?, composés de recrues et d'hommes sortant des hôpitaux. Ce fut avec 4 à 5 mille hommes d'infanterie de celte espèce, répandus dans les provinces de Burgos, Sanlander, Soria, etc. , que fut formée la di- vision avec laquelle cet officier général devait assurer les commu- nications dans cette partie, faire rentrer les contributions tt les ap- provisionnemens , et donner la chasse aux bandes armées. Celle

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lâche difficile était lout-i-fait an- dessus (les moyens bornés que l'on avait ijiis ù sa disposition. Mais le {général vauder Maesen la remplit pendant un an avic tant d'activilô cl de succès, que les bandes, cons- tamment battues dans toutes les rencontres, et poursuivies sans relâclie, furent totalement disper- s»}es. Il établit un système d'ad- ministration qui, s'il fut favorable aux Français en leur procurant l'abondance, ne le fut pas moins aux habitans, par l'extrême jus- tice et la probité qui présidèrent à tous les actes d'autorité. La sa- gesse de cette administration a été si profondément sentie par les ha- bilans de cette province, qu'il n'en est pas un qui ne conserve encore le sou venir de cet homine de bien, et des grands services qu'il a ren- dus à ce pays. Ce fut à ses soins que l'on dut la belle défense de Burgos par le général Dubreton, qui commandait une bri;^ade de cette division. Lo général vander Maesen , qui avait su prévoir de quelle utilité pouvait être ce fort, quoique très-imparfaitement cons- truit, n'avait rien négligé pour le mettre dans le meilleur état pos- sible de défense , et l'avait appro- visionné pour six mois. L'armée de Portugal ayant été forcée de se retirer vers l'Ébre, il composa des meilleures troupes la garnison de ce fort, et en confia le comman- dement au général Dubreton. Après la retraite de l'armée anglo- portugaise , le général vander ûlaesen reprit le commandement de la province de Burgos, etc. Au mois de mars iSia, il re- joignit le général Clausel , qui commandait alors l'armée du nord

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de l'Espagne , en remplacement de CaiTarelli. Vander Maesen, qui avait avec lui 4»ooo hommes d'in- fanterie et 5oo chevaux, obtint dans différentes rencontres les avantages les plus brillans , et s'empara des deux seules pièces de canon qu'eût Mina. Ce géné- ral, dans un rapport qu'il adres- sait aux cortès à Cadix, avouait que depuis le commencement de la guerre, il n'avait pas encore été poursuivi aussi vigoureusement; surtout, disait-il , « par le général » vander Maesen , qui est toujours «sur moi lorsque je l'en crois fori «loin. Ce général est trés-estimô «et très -aimé des habitans des «provinces qu'il gouverne, et sa «réputation l'a précédé ici; aussi «lui donne-t-on les renseigne- siTiens les plus exacts sur mes omouvemens. Sa probité parti- nculière et l'exacte discipline qui «régne dans sa division, me font «plus de mal que 20 mille hom- omes de plus commandés par un «autre général qui n'aurait pas «ses vertus. Je crains d'être forci «de sortir de la Navarre, etc.» Les événemens qui suivirent ayant obligé le général Clausel i\ rentrer en France, le duc de Dalmatie alla prendre le commandement de l'armée, la réorganisa en neuf divisions, formant trois corps, et ordonna ensuite une attaque sur trois points, afin de reporter le théâtre de la guerre en Espagne. ' Le 2* corps, sious les ordres du général Clauseï, fut chargé de l'attaque sur la roule de Ronce- vaux, l'ennemi avait le plus de forces réunies. Ce fut le géné- ral vander Maeren, dont la divi- sion faisait la tcte de la colonne,

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qui déboucha le 5 juillet sur ce point, et qui eut tout l'honneur de la journée, en enlevant sous les yeux du maréchal toutes les positions de l'ennemi, opiniâlre- nient défendues, et en le forçant à une retraite précipitée. Pour- suivi l'épée dans les reins pendant trois jours, il ne put se rallier qu'à deux lieues en -deçà de Pampe- lune, les divisions qui blo- quaient cette place avaient pris position. Trois attaques successi- ves , dont une très brillante du général vander Macsen, ayant clé sans succès, parce que la plus grande partie de l'armée anglaise, qui avait levé le siège de Saint- Sébastien, s'était portée en toute hâte sur ce point, le maréchal songea à opérer sa retraite. Le général vander Maesen fut chargé de la soutenir, ce qu'il exécuta, dans un pays extrêmement diiFi- cile, avec tant d'ordre et de bra- voure, que l'ennemi ne put par- venir à prendre upe seule pièce de canon, ni même un seul hom- me. Ce général déploya en celte occasion un talent consommé dans l'art de la guerre et tin courage à toute épreuve, qui lui valurent de la part du général en chef les plus honorables témoignages. Il avait reçu deux coups de feu à l'attaque de Koncevaux, et ses habits fu- rent criblés de balles pendant la relraile. Le maréchal voulut en- suite tenter une attaque sur Saint- Sébastien, et eu faire leverlesiége, qui avait été repris. Trois divi- sions passèrent la Bidassoa le 5i août, aux cndrt(its guéables , et l'ennemi, surpris dans ses posi- tions, fut culbuté sur tous les points. Cependant l'attaque de

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droite n'ayant pas réussi, le gé- néral Clausel envoya prévenir le général vander Alaesen de faire sa retraite sans perdre un instant. Il lui donnait en même temps le commandement des trois divi- sions, pour qu'il y eût plus d'or- dre et d'ensemble dans les mou- vemens que l'on ferait en pré-^en- ce de l'ennemi ; mais une pluie qui tomba tout à coup par torrens pendant trois heures, ayant ren- du le passage de la Bidassoa im- praticable, cette retraite devenait très - difficile , parce que le seul point par lequel on aurait pu l'exé- cuter, était le pont de Bera , dont l'ennemi était maître, et qu'il pa- raissait disposé à vouloir défen- dre vi':;;oureusenjenl. La Bidassoa était devenue un torrent impossi- ble à franchir II fallait ou s'at- tendre à mettre bas les armes , ou s'emparer du pont de Bera à quel- que prix que ce fût. Le i" sep- tembre i8i3, à minuit, le géné- ral vander Maesen réunit huit compagnies de grenadiers et de voltigeurs, et s'élança à leur tête sur le pont, que l'on traversa saus tirer un seul coup de fusil. Ces compagnies se jetèrent aussitôt dans les maisons crénelées , , A coup de baïonnettes, elles firent un horrible massacre .des hommes qui les défendaient. L'ennemi fit des efforts inouïes pour reprendre les jnaisons, de l'occupation des- quelles dépendait le sort de 1 0,000 hommes; mais vander Maesen a- vail si bien pris ses mesures, et sut inspirer une telle confiance à ses troupes par sa présence con- tinuelle au milieu des plus grand* périls, que loulcs les colonnes eii- nemico furent repousïces. Enfin ,

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le passage l'ut elTectisé. Il est cer- tain que shiis la comliiitc fcnneet pleine d'judace du général vander M.iesen dans celte circon.>*taoce , ces trois divisions aur;iient été forci';es de déposer le? armes. (]et intrépide gént;r.tl, qui n'avait pas voulu quitter on instant la tête du pont tant que dura le passage «les troupes, et qui était exposé A l(nis les feux de l'enncini , tut victime de son courage et de son ilévoue- mcnt. Lue balle qui vint le frap- per, lui traversa les deux flancs, et il mourut quelques sect»udes après, le i" septembre »8i5, en- tre les bras de >1. Charcelay, son aide-de-camp, qui avait partagé luus ses dangers sur ce mênif^ ter- rain, dont il s'était si audacieus«>- ment emparé, et qu'il avait con- servé contre tant d'efforts. Ses dernièri's paroles furent : « Dites »au général Rouget de prendre le 0 commandement de la division net de tenir ferme it il ex- pira aussitôt. Ainsi périt à la fleur de l'âge l'vui des plus intrépides et des meilleurs généraux de l'ar- mée française dans ces derniers temps. IJn décrut imj)érial venait de lui donner le titre de comte; mais cette marque de distinction arriva trop lard. Son fils reeut quelque temps a[)rès celui de ba- ron. La perte du général vander Maesen fut profondément sentie par toute l'armée. I^e général Clause! et le duc de Dalmalie la regardérenl comme irréparable.

VANDJill MliRSCH (N.)'6Î^- néral en chef des insurgé* Ur.iban- çons , naquit i'i Meniu, d'une fa- mille bonorable de la bo'n'ge«)i- sie. Porté par gofii au service mi- litaire, il entra dans Ie8 troupes

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françaises cominaodées par Che- vert , qui reslimait pour sou cou- rage, et rap[ielait familièrement son intrépide Flamand. Du service français, il passa au service autri- chien en qualité de lieutenant-co- lonel. Il rentra ensuite dans ses foyers , il vivait paisiblement lorsque, en J781), il fut choisi par les lirabauçous mécontens des ré- formes <le Joseph II {voy. ce nom), pour commander les rasMunble- mens qui se formaient à Bréda. Bientôt il devint membre du co- mité établi i\ (îand, et enfin com- mandant en chef des insurgés. A la tête de troupes peu nombreu- ses et indisciplinées , il parvint, par ses taleus, sa prudence cl sa fermeté, à donner de l'importance à son parti, appelé des F onckis- les [voyez l'article de Vonck ) , et à remporter des avantages assez marquans, entre autres aux affaires de Hoogsiraaten et de Turuhoiit, il défit le général Schroeder. Van Eupen et vander Noot (î'oy. ces noms), jaloux de ses succès et de son influence , le des^^ervireut dans l'esprit des Bra- bançons, en insinuant avec adres- se , soit que le général vander Mersch n'agissait que dans l'inté- rêt de la maison d'.\utiiche , soit qu'il voulait opérer une rév(du- lion démocratique. Ces insinua- tiims lui enlevèrent la cotilîauce populaire; ses eniMunis achevè- rent de le p«:rdre totalement « en le réduisant à l'iuacli'on, en lui reftisant toul, et en r.issemhlaut à grand» frais dans l'intérieur des forces pour le rival (le général prussien Schoeufcld ) , qo'ils vou- laient lui opposer, ce qui donn;i le spectacle de deux années bra- 10

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bançonnrs prCtcs à eti venir aux flans la science de la niubic|iie, mains , et oubliant l'ennemi coin- eiilrepril d" décoMiposer l'art mu- tnnn pour se détruite ellcs-niê- ^icai. Dans une séance publique mes. 0 L'armée de Nainur. fjue de l'ai^adéinii- des sciences . en vander iMer-icli commandait, mon- 1790, il établit « ?nr deux règle* tra l'inlention di; vonloir ré-»i.>lcr j,^énérales la snccession de.» ac- au général ^ichœn^eld, qni s'a van- eords et l'ariangement des par- çail contre elle. Tout à coup elle lies, démontrant que ces deux livre elle-même à Sclioenleld le règles, reconnues par les musi- gCfiéral auquel elle paraissait dé- ciens , dépendent elle? - même» vouée. Vander Mei:-cl) ne put firo d'une loi plus éie>ée qui doit ré- convaincu par les états d'aucun gir toute l'harmonie. » Son i-y»- des crimes qui lui étaient impu- lème fut approuvé des plus célè- tés. Il lut simplement envoyé à la ores composileuis de musique, citadelle d'Anvers, d'où il ne sor- Philidor, Glui k, Picciui , etc. La tit qu'au retour de la tranquillité, révolution trouva Vandermonde Il mourut en 179'2, an peu avant à peu près indifl'érent au mouve- la conquête de sa patiie par les ment politique qu'elle imprima à Français. la France; il ne fut ni persécu- VANDERMONDE ( N. ) , ma- teur ni persécuté, devint profes- thématicien, membre de l'ancien- seur d'économie politique à l'é- ne académie royale des sciences cole Normale, et enfin membre et de l'institut national , naquit à de l'institut national. Il mo\irut Paris en i735, et fut élève du le 1" janvier 179C. célèbre mathématicien Fontaine. VAN EUPEN (N.), grand-péni- 11 cultivait les sciences dans une tencier d'Anvers, naquit en liel- paisible et volontaire obscurité, giqus en 1749- Intrigant, ambi- lorsqiie son ami Dionis du Séjour tieux et sans mœurs, Van Eupen lit violence à sa modestie, et le ne vit dans l'exercice du sacerdo- mit en relation avec les princi- ce, que les moyens de parvenir paux membres de l'académie des plus facilement au but que ses sciences. Ses talens et ses qualités passions lui faisaient envisager. II personnelles le firent rapidement était déjà revêtu de quelques parvenir à l'académie, il prit dignités de l'église, lorsqu'une séance en 1771. Jaloux de justi- intrigue scandaleuse avec une fier l'opinion favorable du ses col- fenmie le força de s'expatrier, lègues et de ftiire connaître ses De la Hollande, d'abord il se droits à l'estime du monde sa- relira, il passa dans les Pays-Bas, vant , il publia successivement et prit part dans les intrigues po- plusieurs mémoires, entre autres litiques. L'un des plus audacieux sur ta résolution des Equations , instigateurs du parti oligarchique, les Problèmes de situation , une il fu* le principal agent de Van- nouvelle espère d' Irrationnelles, \v.^ der Noot, qu'il sauva plusieurs Éliminations des inconnues dans fois, par sa présence d'esprit, de» les quantités algébriques, etc. Van- embarras le mettait le parti des dermonde , profondément veisé Vonkistes. Van Eupen fut chargé

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prir son chef tlo «lilTérenles négo- riations en Hollande et en Flan- dre. Ce fut Van Eiipen qtii propo- i-a à Vander Nool, le gém'ral prns- sion î>f;hœnl'elil, afin de l'oppo-er à Vander iMersch , leur ennemi coniinun, et pin? particulièrement celui de Vaii Eupen,qni contribua heaucoupà le perdre. Dev<MUi 5C- <Télaire des états du Brabant, Van f!upeu en exerça le? fonctions jus- qu'à la fin des troubles. Le i5 no- vembre 1790, il fit la proposition de jurer sur le rrucifix de repous- ser les propositions de rAulriche; mais les autres membres des étais s'étant déterminés à accepter ces propositions , la défection du gé- néral Sthœnf«dd privafit Vàn Eupen de tout appui , il s-e sauva en Hollande, afin d'y être <4 l'abri du ressentiment du gouverne- ment autrichien. « De retour dans ?a pairie, après la conquête des Français, il voulut de nouveau jouer un rô!e par rascendant que lui donnait la religion sur ses compatriotes; et c'est alors que le directoire, profitant de .son refuy de prestation de serment, le fit dé- porter ci la (luiane, il finit ses jours en «798. »

V AMEK' ( VicTOB-ArcirsTiN ) , homme de lettres, granmiairion distingué, niembre de la société royale académique des sciences, de la société grammaticale, et de la société des sciences, lettres et arts de Mûcon, ii>{ à Surenne, près Paris, le 21 février ijCf). Il occupa différcns emplois au nîi- nistére de la justice, de l'intérieur et de la guerre. Lors du licencie- ment de l'armée d'Illyrie, oi'i il était contrôleur des vivres en iKio, il revint à l'ar^s , y fil des

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cours publics à l'Oratoire, a vit l'autorisation du ministre de l'in- térieur; c'est de cette époque que date la réputation qu'il s'est ac- quise, et qu'il soudent aujour- d'hui honorablement. Il donna par la suite chez lui, des soirées gramtnaticales Tabhé Sicard et Mercier, membres de l'insiitut, se rendaient exaclemeul, ainsi ([ue plusieurs membres de la société grammaticale, fondée en 1807, par l'académicien Urbait» Domer- gue. M. Vanier présida l'Mig-lemps cette société, et contribua à la pu- blication des Annales de grammai- re. Il a inséré dans cet ouvrage plusieurs dissertaiionsqui ont pro- voqué des décisions de l'académie française, wna enlr« autres sur rad(jplion du signe ai, en rem- ]>lacement du signe o-i qu'on voit encore figurer dans les dic- tionnaires et dans presque toutes nos grammaires. L'al)bé Sicard, qui assistait à la séance de la socié- té grammaticale, celte question fut agitée, ne partageant pas l'opi- nion de son collègue, défendait la dyphtongue oi; n)ais quand l'au- teur en fut à ce passage de sa liis- serlation , il dit : « Du temps même de François I", nos pères prononçaient comme ils é- crivaienl, le double signe a-i re- présentait déjà le son simple ê dans les noms et dans les verbes; ils ne confondaient pas je nuis avec je noie, je tais avec je toi; un dais avec un doigt, une haie avec une oie : or, si le double signe a-i pei- gnait bien le son siniple <? dans le présent du verbe naître, je nais, tu nais, il naît, le lui refu^ere■/,- vous aujourd'hui dans l'imparfait du verbe prendre, je j)re;i«/,v, lu

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\)renais, il pranait? S'il peint éga- lement c*i son dans le présent dn verbe taire, je tais, tn tais, il tait, n'est-il p;is cx.iclenienl le même dan» l'imparlalt dn verbe être, j'é- tais, tu étais, il était? Remlez-vous donc à l'évidence en adoptant la réforme, et faites cesser cette or- thographe barbare, qui nous fait confondre français avec français, paraisse avec paroisse, je perçais avec je perçois. » L'abbé Sicard «ni la franchise d'avouer qu'il n'a- vait rien à répondre, et y mit la générosité de s'offrir lui-même pour défendre à l'académie la pro- position contre laquelle il s'était toujours prononcé : ce qu'il fit en effet. M. Vanicr a publié : i" la Clef des participes, 3' édition, i vol. in-ia, Paris, 1824^ qu'il '<^ en- richi d'exemples choisis dans les meilleurs auteurs, et de deux sa- vantes <lissertations sur les doc- trines de l'abbé Sicard et de Do- mergue, qui ont formé schisme dans l'école grammaticale de nos jours. Sa théorie tend à prouver que nous n'avons qu'une seule sorte de participe soumis à une seule règle. Un de nos plus pro- fonds hellénistes, M. Boissonade, en rendant compte de cet ouvra- ge, s'exprime ainsi : «Je n'ai point vu de traité la question des participes, si embrouillée par nos grammairiens, soit ramenée à des termes aussi simples. » Grammaire pratique, adoptée par l'Université de France , 1 vol. in- 12, Paris, i834- L'auteur y suit la marche de la nature; il exerce les élèves à la pratique, les règles ne viennent que coinme de sim- ples remarques qui naissent d'el- les-mêmes de l'observation des

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faits. Cette excellente méthode é- tait depui- long-temps signalée par nos grands maîtres Kullin , Rous- seau et les Solitaires de Port-Royal. M. Vanieraeu le bon esprit, peut- être le courage de la suivre et de la publier: les suffi âges des officiers de l'université, et les succès que cha- quejour obtient sa grammairedans les institutions elle est admise, sont la juste récompense de ses travaux. On annonce que pour con)pléter un cours de grammaire, il va mettre sous presse : Traité d'analyse-, Traité de syntaxe; Traité de ponctuation.

VAN - MAANEN ( Cobkeille- FÉLix ) , ministre de la justice du roi des Pays-Bas, commandeur de l'ordre du lion Belgique, à La Haye, se consacra au barreau dès sa jeunesse. Reçu avocat dans sa ville natale, il y pratiquait arec succès. Ses travaux judiciaires ne l'empêclièrenl point cependant de prendre une part active à tous les débats politiques qui troublè- rent long-temps la Hollande. L'a- vocat Van-Maanen se fit d'abord connaître par son ardent républi- canisme, et jona un rôle marquant parmi les patriotes les plus oppo- sés aux vues dn chef de la maison d'Orange. En 1787, sous le règne de Louis XVI et le ministère de M. de Vergennes , les patriotes hollandais, quelque tenjps sou- tenus par la France, et encouragés par les promesses de secours plus efficaces encore, fiers d'ailleurs de leur force numérique et de la ma- jorité des suffrages de leurs con- citoyens , crurent leur cause con- tre le stadhouderat gagnée. Mais bientôt une armée prussienne , commandée parle prince de Bruns-

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■\vick, entra en HollanJejIes trou- pes françaises, réunies sur lalron- tière, cur eut ordre ilese retirer; les patriotes ab.mdonnés furent vain- cus, et le stalhouiler, Guillaume V, ajoutant à ses anciennes j)réro- gatives. accjuit un pouvoir à peu près illimilé. « Une. république, dit dan^ «es mémoires M. Gail- lard , chargé des affaires du roi de France à L;i Uayc , une républi- que dont l'existence physique é- tait im chef-d'œuvre de l'indus- trie des hommes réunis en socié- té, et qui, à l'ombre d'une liberté bii'nfais inte, avait fleuri par le commerce et rassemblé dans son sein une très-îçrande partie des richesses de l'Europe, cette heu- reuse contrée, si respectable par l'antique simplicité de ses mœurs, vil tout à coup s'éteindre en son Sein JM.-qu'au nmindre germe de liberté, par le soufflo eirii)oisonné du despotisme, et cette métamor- phose étranp-e fut l'etret de l'ab- 5urd(; opiniâtreté d'un «cul hon»- me et lie la v;mifé d'une femme. » Mais de nouvelles révolutions suc- cé'lèrent à celle le stadhouder avait triomphé. En ijjjS, il fut à son tour forcé r|e fuir, et de cher- cher péniblement un asile en An- pb^r-rre. Le parti anti-stadhoudé- rien. auquel .M. Vaii-Maanen était alors resté fidèle, le récompensa de son dévouement. Il fut nommé d'abord substitut - avocat fiscal prés la c«jur «l'apjjel pour la pro- vince de Hollande, et bientôt ai'rès procureur-général près la inr-me cour. Il en exerça les im- jtorlaiites fonctions avec une ri- goureusfi fenmté. On se rappelle encore que >1. Ilepelacir Van ÏJriel {vojr.cii nom), aujourd'hui minis-

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tre-d'élatdu roi des Pays-Bas, et qui siège en cette qualité dans les conseils du souverain, à c«îté de M. Van-Maanen, fut arrêté h La Haye, pour avoir répondu î\ quelques lettres de ses amis exi- lés, et que M. Van-Maanen requit contre l'accusé la peine de mort. Le tribunal, toujours sévère, mai** moins que le procureur fiscal , prononça cinq années de déten- tion. Pendant la royauté momen- tanée de Louis Bonaparte, M. Van- Maanen devint son ministre de la justice: mais il perdit cette place ainsi que la confiance de son nou- veau souverain, lorsque celui-ci. en mésintelligence avec son frère, crut avoir découvert que le mi- niètre de la justice favorisait les vues de Napoléon, et s'opposait en secret à celles qu'il formait lui- même pour la prospérité du pays, dont le gouvernement lui avait été confié. L'accusation, quoique souvent reproduite , d'avoir sacri- fié un frère à l'autre, et les inté- rêts de sa patrie au désir de plaire à Tempereur, n'a ccjx.'ndant ja- mais été prouvée, et l'ancien pa- triotisme de M. Van Maanen au- rait dû le mettre à l'abri d'un pa- reil soupçon. Dès l'incorporation de la Hollande i\ l'empire français, il fut nommé par Napoléon con- seiller - d'état , et peu de temps après, premier président de la cour impériale de La Haye , com- mandeur grand\;roix de l'ordre de l'Union. En i8i5, la position de M. Van-lMaanen devint didi- cile. La place importante qu'il oc- cupait réunissait tro[> d'avantages pour qu'il voulût risquer d(! la perdre en prenant part ;'i la révo- lolion qui eut lieu au mois de no-

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veinbre cle cette année. Aussi res- t;i-t-il jusqu'û la fin dévoué a»i {^oiiverrjemcnt de Napoléon. Mais l<;s Françilis lurent enfin ohlinjés (l'évacuer la Hollande, et le prince d'Orange, fil.s aîné du dernier stadhouder de la république des Provinces-Lnies, revint d'Anj;le- terre,el prit en inain les rênes du gouvernuniont. C'est alors que 31. 'Van-Waanen eut besoin, et fit preuve d'une, jiabilclé c<jnsom- inée. Tous les autécédens lui é- taient contraires ; l'opinion du prince, l'ondée sur d'anciens sou- venirs et sur de nombreux l'ails récens , paraissait des plus défa- vorables. Mais telle fut la chaleur des protestations du const^iller- d'état président, d'un dévoue- ment sans bornes à la maison d'O- range, d'un entier abandon de tous les principes populaires opposés au j)ouvoii-, telle fut enfin l'éloquence persuasive df. cel homme d'état, qui parvint non-seulement à con- server sa place, mais qu'il Ini fut encore accordé d*e?^ercer les fonc- tions de ministre de la justice. C'est en celte qualité qu'il porta la parole, au nom du prince sou- verain , (^ans l'assemblée des no- tables, convoquée à Amsterdam tifi iBi/i? pour voter sur une nou- velle loi fondamentale. Après la création du royaume des Pays- Bas, par l'acte du congrès de Vienne, M. Yan-Maanen fut déû- nilivement nommé, le )6 sep- tembre 1816, ministre de la jus- tice, poste qu'il occupe encore aujourd'hui ( iSaS). Il y remplit tout ce qu'jl a promis. Dans la session des étftts - généraux de 1817 à i8i3, ila porté et soutenu dcYarJl la SfCûode chambre deux

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projets de loi. Le premief avait

pour objet de limiter encore da- vantage la liberté de la pre«;se, garantie par la loi fondamentale, mais déj:'i resserrée en des bornes bien étroites par la loi dite des cinq cents florins; le second dé- clarait le droit de chasse un droit Régalien, ou faisant partie de la prérogative royale, et en prjvait par conséquent les propriétiiires de biens-fonds. Ces deux prc>jets de loi , présfiités parle ministre, et qui avaii-nt d'aboid excite d'as- sez vives alirmes dans le pays, furent iléfendns avec une éloquen- ce remarquable, quoique bien dif- lérente decelli; employée en 1 793, et avec ime tlcxibililé de talent qui élonnèrent tous les anciens amis de M.Van-Maanen. Malgré les effort» lîe se? amis nouveaux, les deux lois, impronvées par la nation, fureril rejetées par la chambre, et l'orateur exigea mènie vainement que cette chambre rappelât i"» l'or- dre l'bonurable député d'Otren- ge , qui, en les combattant avec chaleur, n'avait point ménagé le proposant. Le ministre de la jus- tice montra encore la niême éner- gie dans nue autre circonstance mémorable. Pendant les troubles de i8i3 «.'t 1814, l'autorité avait établi temporaiiemeiit et sans au- tres formes que l'énoncé de sa vo- lonté, une espèce de tiibunal pré- vôlal, ou de conseil de troubles 3 pour imprimer, était-il dit, la ter- reur aux mutins et aux conspira- teurs , pour contenir l'esprit de sédition et de soulèvement, au moment l'ennemi ei^térieur (les Français) était aux portes, l^es membres de cette commissio,n avaient depuis l^n^-temps cessé

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de 5C réunir; l'on était même con- vaincu qtie depuis l'établissement de la constitution et rinslallation des tribunaux de première et de seconde instance , la justice ne s'administrerait plus par des com- missions. Mais, à la consternation générale des Belges, le ministre de la justice remit en activité à Bruxelles la cour spéciale extraor- dinaire. • Un cri d'indignation s'é- leva dans tout le l'ityaume; le mi- nistre soutenait que celte cour n'ayant été abolie par aucun acte public de Tautorité,» il avait le droit de la rétablir. «Que ne réta- blissez-vous donc aussi , lui ré- j»oudit-on , le conseil de troubles du duc d'Albe, qui a ensanglanté notre pays ? L'acte qui le suppri- me serait dillicile à produire. >> La cour spéciale extraordinaire n'eu entra pas moins en l'ouclious ; mais a}>rès avoir condamné un ]>rêtre catholique, l'abbé de Foere, et quelques individus obscurs, a- près a voir aiu'i suffisamment Cons- taté l'oinnipotcnce ministérielle, on céda à l'opinion, et les commis- saires se virent congédiés. Plusieurs écrivains furent à la vérité successi- vement sacrifiés aux mânes du tri- bunal défunt. Les journaux, com- me l'a si bien dit en Franco un houuue d'état ( .M. le comte de Villéle), ne font pas rojjiniou, ils l'expriment; mais les journalistes qui l'avaient le plus énerglque- menl exprimée eu celle occasion ftirent punis. De.« Belges furent arrêtés, et les rédacteurs qui n'a- vaient pas eu le bonheur de naître dans !»• royaume, eu furent exilés sans procès ou jiigcujeol préala- ble. Les gcrularmes suppléèifut aux juges. Lu autre ^^de. p!»r.)«-

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quel M. Van-Maaneu a depuis si- gnalé encore plus courageuse- ment, s'il est possible, son admi- nistration judiciaire, et son désir de donner au pruivoir exécutif la force la plus efficace, a été l'in- carcératiou des six principaux avocats de Bruxelles; elle eut lieu en 1819. Le premier volume d'un ouvrage statistique sur le nouveau royaume des i'ays-Bus venait de paraître. L'auteur, iM. Vander- Straeten, crut n'avoir point fVau- chi les limites imposées à |a li- berté de la presse, liberté garantie par la loi fondamentale. Mais l'ou- vrage déplut; l'auteur fut arrêté et uns en cause. MtM. Barlhelemi, Bayens,Defrcnnc, Doncker,ïarlc cadet el Slevens, qui tous jouis- saient d'une haute considération, due non-seulemenl à leurs lalens, mais k leur caractère et à leur honorable conduite en tous les temps, signèrent en faveur de M. Vandcr-Straelen , une consulta- tion , conçue en termes très-mo- dérés, niais d'une logique pres- sante. Ils partagèrent bientôt le sort de leur client. Ou seul com- bien il serait avantageux à l'auto- rilé que certains accusés qui au- raient particulièremenl déplu ne trouvassent jamais d'avocats. Le moyen ingénieux d'envoyer en prison et l'accusé et ses délén- leurs, n'avait cependant pas en- core été tenté. Il n'eut pj»s, il est vrai, au inoins pour suite, tout le succès qu'où pouvait s'en prr»- mettre ; mai> la vengeance du mo- meirt fut eu nariic siatisfaite. Par- venus i\ un certam âge, rnais étran- gers .10 régime des prisons rendu plus sévère eu cette circonstance, qitelques-iiiis de? d.'tciiu»; tombé-

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rent mnlaJes. Tout le barreau de Jiriixelies jçAinit do ?e voir privô de ses principaux orneiiiensi. Les iiomltreu.ses clieiitelîes des six avocats nt' se plaignirent pas moins amèreinetit,en vo3'ant leurs înlérêls lésés, et le cours de la justice en qnelqne sorte suspendu pour eux. Il fallut enfin, après plusieurs seniaînes d'uru; rigou- reuse caplivité,se résoudre à l'aire juger des citoyens jusque-là irré- prucl:ab!es, et qui tous nés dans le [>ays, ne pouvaient pius être ex- Irajudiciaiienienl exilés ou mis à la disposition des gendarmes. Quand la cause fut appelée, une partie des populations des villes de Gand, d'Anvers, de Louvain, et des bourgs ou village* environ- uans, se rendit en t'"nlc à Bruxel- les. Les chemins étaiint couverts de voyageurs qui s'intéressaient vivement au sort des accusés. Le tribuua!, quoique composé com- me les autres cours du ro^'aume , de juges amovibles, faiblement salariés, cl qui tous attendaient leur avancement ou leur fortune du bon plaisir ministériel, ne crut pas cependant pouvoir sévir à son gré en cette occasion. Les six avo- cats furent honorablement acquit- tés, remis en liberté et lecou- duils chez eux aux acclamations prolongées de la multitude qui environnait le tribunal. Mais M. Vandcr-Slraelen fut condamné à rester en prison et à payer une amende surpassant de beaucoup sa fortune, et que ses concitoyens l'aidèreul à acquitter au moyen d'utjc souscription ouverte en sa faveur. M. Van-Maaneu adminis- tre encore avec la même distinc- tion cl. 'a même vigueur le dépar-

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tement de la justice. Ses talens littéraires l'ont fait nommer mem- bre de l'institut du royaume des Pays-Bas. Il n'a point publié d'é- crits ; mais il a, dit-(»n, en porte- feuille des mémoiresd'un grand in- térêt .-ur les phases révolutionnai- res de son pays.

VAN MAKWM (Martin), l'un des plus grands pb\siciens et bo- tani>tes des Pays-Bas, est à Deift, vers l'année i^5o. Il ma- nifesta, étaitt trés-jeune encore, mi goftt décidé pour les mathéma- tiques, et trouva dans son père, très-bon n)<'ithéiriaticien lui-mê- me, un guide éclairé pour l'étude de cette scienee. Envoyé à l'aca- démie de Groniugue pour y étu- dier la médecine, il s'y appliqua avec le même succès, et futpro- niu nu double gridede docteur en n)édecine et en philosophie. I! y soutint encore à cette occasion u- ne dissertation botanique, qu'on ne peut citer avec trop d'éloge. Ce sont des aperçus nouveaux sur cette science, et des observations aussi justes que profondes. Quel- que temps auparavant, il avait publié im excellent traité sur l'électricité, Gronlngue , 1776, in-8°. II fut l'un des diciple-. les plus distingués du célèbre profes- seur Piene Camper, qui l'honora de son amitié jusqu'à sa mort. Après avoir terminé ses études, !V1. Van Muwm alla s'établir à Harlem, pour y exercer la méde- cine; mais bientôt subjugué par son goût pour la physique, il y ouvrit un cours de cette sciencn, qui, ayant un très-grand succè>, le détermina à abandonner la prati- que de la médecine pour se li- vrer tout culier aux sciences phy-

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niques. La rcpiitalion qu'il y ac- quit le fit i,ominer st^cn'taire de la socitlé (h- Harlem. Si celte socié- té lui fa honi>eiir par c«'tte nomi- nation, (le soji côté Cet habile na- ttirali.«j(e n'honora pas m ins le corps iiuqiiel il « tait aj50cié, et par riniMortatice de ses travaux, et par l;i célébrité qu'il lui procnia dans tout le monde savant. A la mêine époque, il fttt nommé prolesseur [trctor) de physiqtie dan> la même ville, et peu de temps après di- recleur du cabinet de physique de Teyier. Il donna tant de soins à cet étahlis-^ement , el employa a- vec un tel discernement pour le t'ompléler, les sommes dont il pouvait disposer, qti'il l'éleva ;\ un degré de perfection el de splen- deur, auquel ne peuvent atteindre les plus beaux cabinets de l'Euro- pe. Ce que les étrangers et les cu- rieux admirent surtout en passant par Harlem, ce sont les gazomè- tres et ime électricité d'mie gran- deur immense. M. Va» Marwm, dont le nom est devenu européen, s'est rendu célèbre par une foule d'expériences intéressantes dans la chimie el dans la physique, dont le but était non-seulement de les perfectionner, mais encore de les rendre plus utiles à la vie commune. Parmi les instrumens pour la physique et la chimie rpie M. Van iMarwin a perfecliontiés, la machine électrique avec son ap- pareil tient le pri inier rang; le se- cond pciil-êlre attribué à la pom- pe prieuuialiquc, qui fui perfec- tionnée au point (prdle porte le nom de pompe pneumatique du docteur f^an Manrm; et le troisiè- me enfin, au ga/ouifire de I.avoi- sier, dont la descripiicm se trouve

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dans le Courrier dfx Arts et Belles- lettres, journal hebdoMiadaire. iui- primé à Harlem, tom. VIII, in-/i°. M. Meerman. dans f^e'^Jiumles des Sciences et des Arts, pagei56. rend un hommage aussi juste (pie vrai à M. Van i>larwm, en parlant des services qu'il a rendus au musée Teyiérion, lorsqu'il dil «qu'il pos- «sède une aptitude toute particu- «lièreà f.ivoriser les sciences phy- «siques et chimiques par l'invcn- ))tion de nouveaux instrumens, le » perfectionnement de ceux qui «exi-itent déjà, et la continuation «non interrompue de ses expé- nriences. » M. Van .Marwm a pu- blié la plus grande partie de ses observalions sur la physique, la chimie et l'histoire naturelle, dans le Courrier des Arts et Belles-Let- tres. On en (rouvera l'énuméra- tion dans ses Tables des matières. On a encore de lui deux Mémoires sur Céleclricité, couronnés par la société batave, pour la philo;'Ophie expérimentale, à Rotterdam, dont le premier, qui a M. Van Marwm seul pour auteur, a été imprimé en 1781, dans le (i' vol. des œu- vres de cette société, et le second, auquel M. Paels Van Twostwyk a coopéré, et qui porte les noms réunis de ces deux savans, a paru en 1785, dans le ()' vol.; un troisiè- me mémoire, que la même socié- té a couronné, et auquel a égale- ment coopéré M. Paets Van Twostwyk , est intitulé : Sur la nature des exhalaisons nuisibles des marais, lieux d'aisance, hôpitaux, mines, etc., et sur les moyens de les corriger, et de secourir les person- nes qui en ont été atteintes, publié en «7^7, dans le 8' vol. des œu- vres de cette société. Une discu-^-

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sion qui s'éleva entre M. Herselin et M. Van Marwm, sur une qiics- lion hjdrostali(]iie, prouva aussi combien ce doiiiier élait instruit dans celte partie de la méc3ni([ue. C'est eu 1801 qu'il [lublia sa Â^/- IreàM. VoUn, sur ta colonne élec- trique; elle était écrite origiuaire- liient en français; il eu a donné evisuite une traduction hollandai- se. M. Van Marwm est chevalier de l'ordre du Lion Belgique, niem- hre de l'institut dt's Fays-Bas et de plusieurs autres sociétés savan- tes, nationales et étrangères. .

VAN MONS (Jean-Baptiste), célèbre chitniste belge, est à Bruxelles, le 11 rioveinbre i^65. II s'appliqua de bonne heure à l'étude de la chimit; , devint un pharmacien habiles , et malgré ses connaissances et un long exercice au milieu d'- ses concitoyens, il étudiait encore cette science, lors- que les découvertes de Lavoisier lui donnèrent un essor auquel on dut les succès innnenses qui en ont fait depuis une science nou- velle. Van Mous ne pouvait être indifférent à cette révolution ; il l'adopta avec enthousiasme, et la propagea en Allemagne et dans tout le reste de l'Europe. Il fit plus encore ; pour activer sans cesse les progrès de la chimie, il établit avec les savans des diver- ses contrées une correspondance suivie, au moyen de laquelle il communiquait aux étrangers les découvertes et les travaux des Français, et faisait passer à ceux- ci les recherches et les résultats des étrangers. Pour qu'un inter- prète infidèle ne vînt pas altérer le sens des no,tions transmises, il se .sqmïiit au. pénible travail d'é-

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tu'iier les diverses langues de riiurope, et il est parvenu A les posséder et à les écrire toute» avec facilité. Lorsqu'en 1792, à la suite de l'invasion des Fran- çais, on organisa à Bruxelles une asseit)blée de représenlans tlu peuple, M. Van Mous y fut appelé un des premiers. Le gouverne- ment français ayant par suite éta- bli une école centrale à Bruxel- les , l'y nomnia professeur de phy- sique et de chimie. Il cessa alors d'exercer la pharmacie , et eu 1807, il se fit recevoir docteur à la faculté de Paris. Depuis les événemens de i8i4» il est asso- cié étranger de l'académie de Pa- ris, et professeur à l'uinversité de Louvain. Il a publié des ouvrages sur les différentes branrhes de sciences qu'il a cultivées. Voici les principaux : i" Essai sur les principes de la chimie antiplogiS' tique, in -8", Bruxelles, 1785; Pharmacopée manuelle, in -8°, Bruxelles, au 9; Synonymie des nomenclatures chimiques mo- dernes, par Brugualelli , traduit de l'italien, 1802, iii-8°, ibid. , an 1 1 ; Journal de chimie et de physique , 6 \ol. in-8°, Bruxelles, années 9, 10 et 1 i ; 5" Principes d'électricité, in-8°, ibid. , an 11; Théorie de la combustion , iu-8°, ibid., an 12; 7" Essai sur une théorie chimique modifiée, 4 vol. in-8", ibid. , 1806-1807 : cet ou- vrage n'est point achevé ; 8" Lettre à M. Bucholz , sur la formation des métaux, 181 1 , in-8' ; Elé- mens de chimie philosophique, par Davy, traduit de l'anglais, avec de nombreuses additions, 2 vol. in-8°, Bruxelles, 18 «5- 18 16; 10'' Principes élémentaires de chimie

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plùlosophique , avec des explica- tions gètirrales de la doctrine et des proportions déterminées, in- 12, IJiuxelle?, 1818. M. Van Âlons a uus^'i élé, pcnJant plusieurs an- nttir> , lin des rt.dacteurs des An- nales de thiniie , rédigées à l*aris, et il enrichi tl'nne foule d'articles la plupart di'S journaux «cientiû- «fut-s de l'Europe. Il s'es^t occi.pé «it'puis plus de quinze ans du per- fi'Ctiunnement des diverses espè- ces de fruits, par la méthode du ^einis, et n'a cessé de faire ses ex- périences surGo,ooopieds d'arbres semés. Il a pu^^lié, en 1820, un ou- vrage sur ce genre de cull;ire.

VANNI (Chables), membre de la jimte d'état, créée à Naples, en '794 ' s'était jeté de bonne heure dans le barreau pour y chercher quelque moyen d'existence. Sp sentant incapable de s'élever par ses talens, il eut recours A l'intri- gue, et par une conduite aussi lâ- che que coupable, il vint à bout de >e faire remarquer.il avait déjà donné la mesure de son immora- lité eu s'offrant. en 17^5, à l'allan- te, pour séduire quelques jeunes gens, qu'il devait lui faire sur- prendre dans une loge de francs- maçons à Capodimonte. Cette trahison , qui plongea dans le deuil plusieurs familles, avait va- lu à ce iriisérable une place dans la magistrature, et le rendit ew- suile digt»e de prendre part à la persécution des patriotes iirspoli- tains, qu'Aclon avait ronseillé»! ù la reine. Vanni, qui a élé pendant quelques années l'arbitre de la for- tune et de la vie des plus honnê- tes citoyens , avait été charge d'^xainin^r la comptabilité du pripce de.Tai^sia, un d^s griinds

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olficiers de la couronne, qne le roi avait eu l'idée de placer à la tête d'une fabrique de soieries, qu'il venait de fonder à San-Leu- cio. Il arriva ce qu'il était facile de prévoir: les employés subal- ternes s'eniichirent, et le chef de rétablissement fut déclaré respon- sable do leurs dilapidations. Van- ni. qui s'était montré plutôt le bourreau que le juge du prince de ïarsia, fut choisi par Acton com- me rinslrumtnt le jdus actif de sou despotisme. La première jun- te , qui n'avait pas répondu à l'at- tente du aiinistie, fut cassée, et Vanni, C...., Guidobaldi furent appelés à consommer la ruine de l'état et des familles. l\> commen- cèrent par démoraliser une partie de la nation pour la faire servir à dénoncer l'autre : ils tendirent leurs lîlels dans tout le royatmie, et personne ne put restera l'abri de l'injustice et de la calonmie. Cet épouvantable terrorisme dura pres- que quatre ans, et ne finit que peu avant la première invasion des Français en 1799. La nation, fa- tiguée d»î tant d'excès, éclata en invectives contre ses oppresseurs el le gou verîientenl se vit obligé do mettre un terme à la fureur de la junte d'état. Sacrifié par ses pro- pres collègues, qui le chargèrent de tons leurs crimes, Vanni fut destitué et banni de la capitale. Celte disgrûce l'accabla d'autant plus, que le royaume d<! Naples ne tarda pas à être occupé par les armées républicaines, l'ouisuivi par ses remords, et craignant la vengeance de ses ennemis, ii s'a- dressa à la reine pour être reçu ù bord de l'escadre <|ui devait em- mener la couc en Sicile. Cette de-

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mande ne fdtpas.'icuiieilliOjOtVnM- ni iH! vit alors d'autre ressource pour lui que d'altcMilcr à son exis- toiice. x\varit de se fr.tpner, il écri- vit ce billet qu'on trouva [in'is de son cadavre : « !/iiigratiludo d'u- une cour peifide, Tapproclie d'un "Cnnerni redoutable, le manque 1; d'asile, m'ont porté à n)e deli- »vrer d'une vie qui m'est à char- "•,'e. Qu'on n'accuse personne de »ce crime. Puisse ma mort servir "d'exemple aux autres inquisi- » leurs, et leur apprendre à être «sages. .) Vanni se détruisit dans ime petite maison, à Sorrento, le kS janvier 1 709.

VAN-PRAÈT ( Joseph-Basile- Bernard ) , à Bruges en juillet 1737, vint fort jeune en France, et fit ses éludes au collège d'Arras. En 1784,11 entra comme employé à la bibliotlièque du roi. Quoique la nature de ses occupations pai- sibles et séde,nlaires, et une ex- trême modestie qui l'empêcha toujours de se produire en public, dussent contribuer à lui assurer ime vie douce et tranquille, et à le mettre à l'abri des persécutions pendant les troubles de la rérolu- linn, néanmoins il (ut, en 1795, dénoncé comme aristocrate, avec quelques-uns de ses collègues, entre autres Barthélémy, Champ- l'ort et Capperonnier, et incarcéré aux ftladelonnetles, il ne resta que douze jours, ayant été récla- mé par le comité de sa section. Après avoir rempli pendant deux ans, par intcriui , les fonctions de conservateur de la bibliothèque , M. Vau - Praet fut nommé à cet emploi en 1796, pour les livres imprimés. Depuis quarante ans qu'il est à la bibliothèque royale,

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les personnes qui la fréquentent n'ont jamais eu qu'à se louer de son obligeance et de son aménité: il sait habilement faire apprécier aux éliaiigers l'impoitance et la richesse de l'établi-sement auquel il est préposé, et dont la France s'enorgueillit à juste titre. Il a reçu , en 1814? 'a décoration de la légion-d'honneur et des lettres de naturalisation, son pays natal ne se trouvant plus alors renfer- mé dans les liniiles assignées à la France. M. Vau-Praet, mem])re de l'académie celtique, de la so- ciété royale académique dos scien- ces de l'a ri s , et correspondant de l'institut de Hollande, a publié divers ouvrag'i* qui alte-^lent ime grandeéruditiou en bib'ingranhie : Recherches sur la vie et les écrits de Colard Maiision , iiupiimeur à Bruges durant le 1 5' siècle; i"^ Notice abrégée d'un uianuscrlt fran- çais de la bibliothèque du roi, in- titulé : Tournois de la Gruthuse ; Description des manuscrits de ta bibliothèque du duc de la Val Hère, 5 vol. in-8''; 4" Catalogue des li- vres imprimés sur vélin de la bi- bliothèque du roi , 5 vol. in-S" , 1825 ; 5" pour faire suite à l'ou- vrage précédent, Catalogue des livres imprimés sur vélin, tant des autres bibliothèques publi- ques que des bibliothèques parti- culières, 5 vol. in-8". i824-

VANSITÏARÏ ( Nicolas) , chancelier de l'échiquier, etc. , est h Londres , d'une famille originaire de Hollande. Il com- mença ses études à Weslujiu^ter, et les termina à Oxford en 1791. Ayant déployé de grands talens comme financier à la chambre dos communo?, il avait été élu.

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el possédant une grande fortune avec l.j réputation d'une sévère inJéjjrité, il devint, en 1800, se- crétaire de la Irésîorerie, époque de la tbrm.ition du ministère qui i-uccéda à W. Pitl. Quelque temps après, presque à la suite de la ujorl de M. l'ercival, il lut nom- mé aux fonctions importantes de chancelier de l'échiquier. Les 4 et3i mars iSij, il ûl à la cham- bre des communes un long r.ip- port sur l'état des finances de l'Angleterre, et prouva qu'elles étaient devenues exlrcuiement florissantes depuis la prorogation du parlement , et depuis celle épocpie jusqu'aux derniers événe- mens militaires. Il prt^senta en- suite un plan général d'améliora- tion ; c'était un projet d'amortis- sement de la délie publique, qui fixa d'autant plus Tallenlion de la chambre, qu'il créait des fonds suflisans pour cet objet, et qu'il ofl'rait la facilité d'alléger les créances de l'élat. Le 8 novem- bre 1814, il se montra le défen- seur des ministres , en repoussant l'attaque dirigée contre eux par i>I. \Vithbri;ad, à l'occasion de l'adresse d'un juge au prince-ré- gent, sur la manière d'adminis- trer la justice. Le i5 mars 181 5, il proposa d'acheter de la com- pagnie fie la mer du Sud , son pri- vilège exclusif de commerce avec l'Amérique méridionale. A celle occasion, MM. Wilhbread et Ben- net tracèrent un tableau effrayant de la guerre qui dé.4olait les colo- nies espagnoles, et demandèrent au gouvernement de prendre des mesures pour rappnxdier les deux partis et assurer la liberté de 18 millions d'Espagnols dei> deux

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Amériques. M. Vansittart leur ré- pondit « que l'Angleterre avait fait offrir sa médiation , mais qu'il ne convenait pas de rien faire qui pûl être considéré conmie uu manque de foi envers le roi d'Ls- pague, malgré tous les avantages que le commerce libre avec l'A- mérique espagnole pouvait pro- curer à la Grande-Bretagne. '> L'Angleterre fit tout pour l'Amé- rique, en restant inaclive; si elle eût employé la force pour com- primer l'élan des peuplt-s , les haines y eussent été inextingui- bles, comme on le voit chez d'au- lies nations, et les Anglais épui- seraient encore aujourd'hui leur sang tt leurs subsides dans ces contrées, au lieu d'y recueillir les avantages que leur assure la re- connaissance de l'indépendance qu'elles ont conquise. M. Vansit- lart, membre de la société bibli- que, prononça en cette qualité dans rassemblée qui eut lieu, en mai 181G, un discours il fai- sait le plus grand éloge de la sainte -alliance. Il est peu élo- quent ; les chifl'res sont ses armes habituelles, et jamais il ne ré- pond aux traits quelquefois acé- rés qu'on lui lance du haut de la tribune , qu'en déroulant un im- mense cahier tie calculs, derrière lequel il conserve un flegme im- perturbable. M. Vansitlart a pu- blié : 1" Uéflexions sur la nécessité el l'avantage d'une paix immé' (iiale , in -8", 1788; Lettre à M. Pilt sur la conduite d<^3 direc- teurs de 1(1 banque f avec des obser- vations sur le pamphlet de. Mor- gan , relatif à la dttte publique, in - 8% 1 79.5 ; ?>' liecheixben sur l'état dts finances de ta Grande-

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Jiretagne, in-8% i 79C ; Subs- liivce (le deux discours sur le rap- port du comité des niotinaics, in 8", 181 I ; 5* Trois Lettres sur la so- ciété anglaise et étrangère de ta Bible, \n-i)°, tSia, iiLsérée.-? dans le Pampleleer, 11° 1"; 6' Discours à la chambre des communes , 20 lévrier i8i5, sur le comité des voies et moyens ; •p' Budget de 181 5. Ct'S deux dernières bro- chures ont été insérée» dans le Pampleleer y avec des obstrva- tion«.

VAUBLANC-VIENNOT(lecom- TE Vincest-IMarie de), membre de \i\ cbambre des députés, membre du conseil supérieur de commer- ce, grand-olficier de la lé;;ion- d'hormeur, chevalier de Saint- Louis, etc. , est en i^-ôô Élevé à l'école militaire, il suivit quel- que temps la carrière des armes. Secrétaire de la noblesse de iMe- luu, en 1789, il fut nommé, au mois de septembre 1791, par le département de Seine-et-Marne, à l'assemblée législative, il .•«e montra bientôt l'un des meudires les plus opposés au nouvel ordre de choses. Il parla en laveur des émigrés et des prêtres réfraclai- res, demanda que le comité di- plomatique présentât un rapport sur la nécessité d'éloigner des frontières les Iréres du roi ; s'op- posa au séquestre des biens des émigrés , voulut , mais inutile- ment, défendre le ministre de Lessart, empêcha M. Bertrand de ftjolleville d'être mis en accusa- tion, et obtint la suspension du décret rendu contre i»!. de Noail- ies, ambassadeur à Vienne. M. de Vaublanccombattit avec beaucoup de courage l'amnistie propo.-ée en

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faveur de Jourdan {yoy. ce nom) , et des autres auteurs des nia«>a- crcs de la (i/rtc/tre d'Avignon ; il fil décréter d'accusation Marat, et interrompit avec iudigfialion la lecture d'une pétition par laquelle un fils dénonçait le? opinions de sori père. Il prit contre Tes Giron- dins la défense de AJ. de La Facet- té , enfin il fit mandera la barre de l'assendjlée l'étion, maire de Paris, et M. Roedérer, procureur- s^'udic du département , pour qu'ils y rendissent compte des mesures qu'ils avaient ordonnées j»oin" assin-er la tranquillité de la capitale. Il ne fut point réélu à la convention natiouide. Ses prin- cipes qui, lorsqu'il était membre de rassemblée législative , l'a- vaient signalé à la haine du peu- ple , et plusieurs fois < X| osé à sa vengeance, le firent uuîttre hors la loi sous le régime de la ler- leur; il échappa néann)oins à la proscription, «t reparut après la révolution du 9 thermidor an 2. Président de la section Poisson- nière à l'époque de l'insurrection sectionnaire contre la convention nationale (1 796), il fut condamné à mort par coutuniace, conjme ayant fait partie des comités di- recteurs de ce mouvement sédi- tieux. Dans le même temps, deux jours avant cette C(mdamnalion , le déparlement de Seine-et-Marne le nommait député au conseil des cinq-cents. Le 29 janvier 1796. il réclama une première fois con- tre ce jugement , et ne réussit pas à le faire annuler : il fut plus heu- reux à la seconde. Acquitté à la fin d'août de la même année, il parut au conseil des cinq-cents, le 2 septembre 1796, pour y prcn-

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dre séance et prononcer le ser- ment (le haine à fa royauté. Il le prêta, an grand étonnemenl de l'assemblée. Tous ses discours au conseil fnrent une constante op- position au parti républicain et au directoire-exécutif. A l'époque 'lu i8 fructidor an 5 (1797) •> lors de la lutte entre le directoire et les conseils, il était membre de la coriimission des inspecteurs chargés de prendre les mesures de résistance; le directoire ayant triomphé, il fut condamné à la déportaiion. Il parvint à s'y sous- traire, et passa en Suisse, d'où il se rendit en Italie, et revint en France après l'établissement du gouvernement consulaire, lin 1800, membre du corps - législatif par élection du sénat-conservateur, il fut nommé, en i8o4» par le dé- parlement de Seine -et - Mart)e , candidat au sénat ; devint , en i8o5, préfet du département de la Moselle , et successivement comte de l'empire et comman- dant de la légioû-dhonneur. En i8i3, il fut attaqué de la maladie contagieuse causée par le grand nombre de soldats malades ou blessés dirigés sur MvAz , chef- lieu de sa préfecture, et en faveur desquels iM. de Vaublanc avait fait établir plusieurs hôpilaux. Il tut un des premiers à se pronon- cer contre l'empereur et pour rétablissement du gouvernement royal ; et au ?.o mars 181 5, à ex- horter lii garde nationale à rester fidèle au roi , et à prernlre , de concert avec le maréchal Oudi- not , lies mesures pour défendre

»la ville contre Napoléon. Ce prin- ce, (}ui avait fait tant d'ingrats tans se venger, donna cependant

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l'ordre d'arrêter M. de Vaublanc, qui toujours informé à temps des dangers qu'il courait, se hâta de prendre la fuite. Il arriva à Luxem- bourg, où le général autrichien lui témoigna une grande considé- ration. iM. de Vaul)lanc revint à Paris, à la suite du roi, en 1814. Ce prince le nomma successive- conseiller-d'étal , préfet du dépar- lement des Bouch(;»-du-Rhône et ministre de l'intérieur. M. de Vau- blanc a marqué son mitnslére dans le monde savant, [)ar la réor- ganisation, en 181G, de rin<litut, tant de nouveaux académi- ciens improvisés vinrent occuper les places d hommes qui jouis- saient depuis long- temps d'une haute considération littéraire. Comme l'un des organes du gou- vernement, il a peu marqué, cl a été remplacé au ministère de l'intérieur par M. Laine, aujour- d'hui vicomte et pair de France. A sa retraite , M. d«; Vaublanc fui nommé ministre d'état et mem- bre du conseil-privé. En 1820, il a été élu par le département du Calvados membre de la chambre des députés, et réélu, en 1824, à la chambre septennale ; il est membre libre di; l'académie royale des lieaux arts. Ses ouvragts sont : i' Considérations critiques sur la nouvelle ère , sous la forme d'un discours supposé i\ la tribune du conseil des cinq-cents, suivi de l'extrait d'un mémoire à l'astro- nome Dt.'lambre, sur les moycu.n de trouver les années sexiiles du nouveau calendrier, 1801, iu-8" ; 2" Rivalité de la France et de rÀngleterrCj depuis la conqm'''te de Guiltaumi; , eu io()(i, jusqu'à la rupture du traité d'Amiens

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p;ir l'Angleterre, i8oô, in - 8°. VAUCaRAUD (Pierre-IIénû-Ma

RIE de), vice-amiral, grand'croix de l'orrlre royal el iniiil.iire de Salnt-Loiiis, oflJi.ier de l'ordre royal de la iégion-d'honneur, en 174', a"X sahles d'OInnne, se voua de bonne heure au service de mer, et s'embarqua, en 1756, sur \c vaisseau VEveillé, comme garde de la marine. Enseigne en 1762, il montait le Tonnant, qui releva la garnison d<' Wahon, et fit lu remise de (!elte foitcresse. Coinrnandanl d'un aviso dans l'es- cadre d'évolution sous les ordres du comte d'Orvilliers, il était chargé de porler les ordres et de répéter les signaux. Il se distin- gua dans ce service, et fut ch.irgé d'apporter à Vc-rsailles le compte des opénitions. Au combat d'Oues- sant, il suppléa M. L)u<;haîraud, qui commandait l'arrière-garde , et qui venait d'être grièvement blessé. Par son dévouement il sauva toute la flotte de Bre?t, que iDenaçait de l'incendie leuibrasse- meiit du vaisseau le Roland. A la recommandation de WiVl. d'Orvil- liers et Duchaftaud, ses ihefs, il reçut le commandement de la fré- gate le Fox, capturée sur les An- glais, et fut le major eu second de W. d'Orvilliers dans les flottes combinées de France et d'Espa- gne, dirigées contre les Anglais, il l'ut major-général de l'armée de M. delà Touobe-Tréviile, char- gée de retnplacer aux Antilles cel- le du comte de Giiichen. Il ten- dit dans ce poste d'importans ser- vices, et sauva encore la flotte française d'un incendie qu'allait y occasioner l'embrasement du vais- seau V Intrépide. M. de Vaugiraud

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se conduisit avec beaucoup de bravoure , quoi.^ue blessé dans le combat contre l'amiral Pioduey; il était sur le vai>seau amiral la Vil- le de Paris, qui fut forcé de te rendre. Le conseil de guerre char- gé de prononcer sur cet événe- ment, rendit le témoignage le plus flatteur de la conduite de W. de Vaugiraud, et le roi eu lui adres- sant une lettre de félicitition , lui annonçai-l qu'il lui avait accordé une nen>ion de lîsoo francs. Com- mandant en second dans la pre- mière escadre d'évolution d'Albert de Kiom? , il passa, en 1788, au coumiandement de la Gracieuse, de*tinée à la station des colonies occidentales. En 17S9, il aida M. de Vioménil, gouverneur de la IMartiiiiquc, à apaiser les mouve- inens insurrectionnels que ve- ïiaient de faire naître les événe- mens de la révolution. De retour dans ses foyers, à l'épociue du dé- part du roi pour Varennes, M. de Vaugiraud se mit à la tête de plu- sieurs gentilshommes du Poitou , et résista à main armée aux forces « nv4iyées pour arrêter l'insurrec- tion qu'ils dirigeaient. Un décret de prise de corps ayant été lancé contre lui, il émigra et se rendit à Cobleutz. Les prioces français le chargèretU d'organiser le corps de la m. rine en compagnies, et dès le commencement des hosti- lités, il eut le commandement d'une C'Hiipaguie noble de cavale- rie destinée au service des prin- ces. Lors du licenciement, il se rendit en Angleterre, d'où il de- vait passer dans la Vendée, poury porter les ordres du roi; mais il resta à Londres, et fut chargé, lors de l'expédition de Quibernn, de

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diriger le njouveinent de sir J. Warren; après le dé.saslre de cel- te expédition, chef de huit cha- loupe;3canonnières,il sauva del'ar- tiilerie et un grand nombre de soldats. Il retourna ù Londres, d'où il revint avec Louis XVIII en 1814. Ce prince le tionini;i vi- ce-uiiiiral el gouverneur de la Martinique. Pendant l*i^ cent jours, en i8i5, le roi l'éleva au poste de gouverneur-général des Antil- les. Depuis lors son administra- tion fui loin d'obtenir rapproi)a- tion générale; néanmoins il resta ù son poste jusqu'à l'expiration des trois années de son gouver- nement. Ln 1818, il remit sa co- lonie an général Donzelot, son successeur, et revint à Paris; il a été admis à la retraite.

VEDKL ( DoMISIOI:E- IIONORÉ-

Marie-Aktoine comte de), lieute- nant-général, commandeur de l'ordre i<»yal de la légion-d'hon- neur, chevalier de l'ordre royal de Saint-Louis , à Monaco le 2 Juillet 1 7^5, est issu d'une ancien- ne famille militaire, originaire de Marsillargues, département du Gard. Il entra au service dans le régiment du Maine-Inférieur, servait son père. Nommé sous- lieutenant en «jS;", lieutenant en 1791 . capitaine «;n juille! 1792, il fil la campagne de «792 à l'armée du Nord, il '^e distingua parti- culièrement à l'.iflViire «le W'irlon; rentra à l'armée d'Italie au régi- meiit du Maine , vers la fin de cet- te année, lors de rinsurrection du régiment de ligne eontre ses of- ficiers; la fermeté qu'il dé{»loya à cette ucca.>>ion lui aurait coûté la vie, si Masséna et les olTiciers du bataillon de gardes nationales du

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Var, qu'il commandait ne se fus- sent hâtés de venir à son secour». iliippelé au service par l.i loi du i5 mars i7f)3, il obtint le com- mandement d'ime compagnie franche, qui reçut ordre de se rendre en Corse, et fut choisi pour être mis à la tête de loules les comj)agnies franches réunies. Durant les dilférens sièges qut; les Anglais entreprirent dans cette, île en 1793, su troupe Ql conli- nnellement le service de canon- niers. Au siège de Caivi , il délit les assiégeant et se fit particulière- ment remarquer en soutenant et re- poussant l'assaut que l'armée an- glaise dirigea contre le fortMotzel- lo, dont la brèche était praticable et les batteries démorilées. Il fut blessé le 21 pluviôse an 2. Appelé à l'état-major-géiiéral de rarméu d'Italie, en qualité d'adjoint (le 1" pluviôse an 3), il y servit avee une grande acliviléj se distingu.» au passage du Pô, à celui de l'Ad- da, aux affaires de Lonato et Sa- lo; remplit plusieurs missions im- portantes, entre autres celle pé- rilleuse de traverser seul la «iroitu du 'iyrol, pour aller à la recherche dv la division Augereau. A la tête du 1" régiment di; hussards, lors du |)assage de la Breala , il fit six cents prisonniers, s'empara du parc de réserve des Autrichiens, et entra le premier dans les villages dt; Feltre et de Bassano. A l'affai- re de Céréa, en \ an il fut char- gé de se retjdre, avec une escorte de 25 chasseurs à ch(;va!, à San- guinetlo, où, ayant d'y arriver, il eut à combattre trois escadrons postés en éch(ilons sur relie route. Le passage qu'il parvint à effec- tuer, opéra une diversion ulilu

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niix nmnvcmens de l'armée. i" nivôse un 5, il fut chargé du cnininandemonl d'un batiiillon de la 17* demi-brigade légère; c'est à sa têle (|u'à la bataille de Rivoli, le 36 dn même moi.x, il enleva à la baïonnette îe posle très-impor- tant de la chapelle San iMarco . qu'il défendit avec la plus gramle opinitilreté, et il fut bles!<é griè- vement. Le 6 germinal an 7, à la têle des grenadier» réunis de t.» division Grenier, il força le rr- Iranchement autrichien à la gao- che de Bussolengo, où, après di- vers traits d'une grande bravoure, il re^ut plusieurs bles^^ures. et eut la jambe gauche cassée. Laissé sur le champ de bataille , son cheval tué sous lui, il ne donna signe d'existence que quelques heures après. Sa Conduite mise à l'ordre, lui valut le grade de chef de brigade, qui ne put être coulirmé que le 4 nivôse an 8, époque il prit le commandement de la 1 7* demi-brigade d'infanterie légère. C'est à la tête de celle-ci qu'il fit les campagnes de l'an 8 à l'armée d'Italie , et celle de l'an 9 aux ar- mées de réserve et des Grisons. Le lo nivôse de cette année, il défit les Autrichiens au Mont Thonal, se rendit maître des redoutes, et fit des prisonniers. Il passa ensui- te du camp de Boulogne, son régiment faisait partie de la divi- sion de Suchet, au 5' corps de la grande-armée commandée par le général Lannes. Le 21 vendé- miaire an i4i il contribua puis- samment à la prise d'Llni. A la tête de quatre compagnies de son régiment, il se rendit maître {\e< redoutes avancées, et entre autres de c«lle de Frauensberg. II pour-

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suivit avec une telle rapidité Ici Autrichiens, qui les défendaient qu'il eulra pêle-mêle avec eux dans la place; secondé dans ce ninovenicnl par les tirailleurs du Si" régiment, il fit 19,00 pri.-on- iii<is. Huit mille ennemis établis dans les ba>li(ms de cette partie de la ville avaient déjà déposé leurs armes en un énorme faisceau, lors- que, revenant de leur première stupeur, ils s'aperçurent que le mouvement du colonel Vedel n'é- tait [)as soutenu. Il se vit entouré à son tour, et forcé de céder à lu fortune. Pendant les trois jours qui précédèrent la bataille d'Aus- terlitz, il tint la campagne avec son seul régiment d'infanterie, en présence de toute l'armée russe. Le 2 décembre i8o5, jour de cel- le bataille, il fut chargé de servir de pivot à l'aile gauche de l'ar- mée, à la position importante du Santon, il eut à combattre con- tre cinq à six mille Russes. Nom- mé général de brigade à la suite des deux campagnes de Vienne, il fut chargé du commandement de la brigade de gauche de la division Suchet ; c'est à sa tête qu'il fit la campagne de l'russe. Le 10 octo- bre 1806, à l'afTaire de Saaifeld, il contribua à la défaite de l'avant- garde prussienne que -commandait le jiiince Louis de Prusse , et dont les résidtals furent si heureux et si importans pour l'armée fran- çaise. Le 14 du même mois , à la bataille d'iéna, la brigade du gé- néral Vedel fut long-temps tenue en réserve sous les ordres immé- diat» de l'empereur, qui lui fit renforcer divers points. La garde impériale, que commandait le ma- réchal duc de Dantzick, étant ve-

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nue le remplacer, il fut charçré d'en- lever de vive loice la position de droile de renn< mi, qui taisail une grande résistance conln' les ellorts du duc de (>a.>liglioue. Le général Vfdel parvint à s'emparer de la posiiioii, tii un grand nombre de prisonniers, et poussa le même jour ce succès jusqu'à Weimar. Le 20décen;bre i8i»6, à Taftaire de Pultnc'k, après plusieurs charges, ayant enlevé, à la lêtt de sa briga de, les deux premières lignes rus- ses et une batterie de douze ca- nons, il l'ut grièvement blt-ssé d'u- ne halle au gt.nou gauche, et ne se détermina à quitter le champ de bataille qu'à la dernière extrémi- té et a[>rès avoir été renversé par un biscayen. Lncore convales- cent, il l'ut nommé gouvirneurdc l'île de la Nogat, et de la place de Marienbourg, sur la Vi^lule. Ten- dant les canlounemens que piit l'armée sur la l'assargc, à l'issue de la bataille d'Ëylau, la manière avec laquelle il parvint à approvi- sionner l'armée dans ce moment dillicile, celle avec laquelle il par- vint à relever les fortilicalions de l'ancienne place de Marienbourg, et surtout la tête du puni en avant de la Vislule, lui méritèrent des é- loges réitérés, et lui firent conlier une brigade active, avec l'ordre spécial d'organiser et de comman- der par intérim, la division du corps de réserve, sous les ordres du maréchal Lannes, dont le corps d'armée contribiasi efiicacement A l'issue de la campagne de 1S07. C'est à la tête de cette division pour entrer en ligne, qu'il quitta ?on gouvernement et Marien- bourg, le 4 juin 1807. Le 9 du mê- me mois, il se trouva en l'ace des

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Russes qu'il poursuivit ;\ la gauche de (iiiltslad; c'est qu'il remit lo commandement au général Ver- dier. arrivait en toute diligence de Maples. Le général Vedel conser- va sous se* ordres le comniande- ment de sa brigade. Le 10 juin, à Heiisberg, à 10 heures du soir, il reçoit l'ordre de marcher sur l'ar- mée russe, en cidonne d'attaque et à la baïoimelle; il l'exécute a- vec une rare lémérilé, s'empare des redoutes opiniâlremenl déten- dues toute la j(Hirnée et détermine les Uusses à évacuer Heiisberg dans la nuit. Il eut à regretter bien des braves du 12* léger et du 5* régiment de ligne; mais il l'ut cou- ronné par un brillant succès : il l'ut lui-même blessé deux lois. Le i.'l juin, à la bataille de Friedland, le général Vedel, après avoir ren- forcé le centre de la ligne de ba- taille, se transporta à la droite a- vec un régiment, chargea l'enne- mi, revint au centre, tint la ligue d'attaque depuis le commence- ment de la journée jusqu'à onze heures du soir, reçut à diverses re- prises les éliiges directs de l'empe- reur, qui, après le tr.iilé de Til- sitt, le nonxua général de division. Les généraux Vedel et Rnlfin fu- rent les seuls élevés au grade de général de division pend.mt la brillarile canipagnc de Prusse. Le gémral Vedel reçut l'ordre d'aller prendre le coinmandetnent de la a' division du -r corps de la Gi- ronde, qui entra au5?ilôl en Espa- gne. Le 'jG juin 1808, il délit qua- tre mille llspagnols retranchés dans les défilés escarpés de la SitMTa-Moréna. Le 19 juillet, au combat de Uaylen, il enleva trois canon», deux drapeaux, fil qu'une

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CA'.nls [ifisoniiiers, et à l'instant d'c'tîecluer sa jcuiclioi» avec la i" division, dont il n't;liiit séparé que par le corps cntiiMiii qu'il venait de haltre , il recul l'ordre inoui de suspendre toule lio.slililé. ^N'ayant connu que le lendemain la véri- table situation du corps français dont il était séparé, il fit tout ce qui dépendait de lui pour l'en sor- tir, par l'attaque qu'il méditait et qu'il reçut encore l'ordre de ne i>oint tenter. Voyant que toute hostilité devenait inutile, et vou- lant au moins mcttie ses troupes à l'abri d'être tournées, et par couvrir Madrid, il jiarvint à en imposer aux Espagnols, au point que, se tenant toute la nuit sous les armes dans la crainte d'une at- taque générale de sa pari, il par- vint à ciTectuer sa retraite, et par déroba une grande journée de marche. C'est dans cette nouvelle position que lui parvînt l'ordre réitéré et impératif", d'arrêter ses troupes, attendu qu'elles étaient comprises dans un traité que l'on assurait conclu, et qui néanmoins n'existait point encore. Ayant o- béi comiue d'ailleurs les lois lui en imposaient l'obligation , il tut destitué le i"mars ji<i 9, par sui- te de cette inexplicable affaire; ce ne lut que le i" mai de la même année, que la conduite que le gé- néral Vedcl aurait (iû tenir en i8o8 lot erJin déterminée. Dès 18 15, il lut honorablement relevé delà dertitutioti q;ii pesait sur lui, et appelé au eouimandement d'u- ne diusion de l'armée de réserve d'Italie. En 1814? détaché avec 4,000 hommes de l'aroiée d'Ita- lie, pour porter des renforts à cel- le de Lyon, il défendit 'le passage

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de la Dnrance; c'est à cette occa- sion qu'il eut à Roman un vif ctif^agement avec l'armée autri- chienne. Après le traité de Paris, il devint inspecteur-général d'ar- me dans la 8* division militaire; et en i8i5, par suite d'un nou- veau travail ministériel, il fut nommé au connnandement de lu i4' division militaire, 2' subdivi- sion. Il commanda toute la divi- sion jusqu'en juillet, il fut rem- placé : c'est depuis cette époque que le général Vedel est en dis- ponibilité. Cet officier- gêné rai , nommé comte de l'empire à ta formation des majorais, a obtenu son avancement sur le champ de bataille , par suite de ses servi- ces, et de nombreuses et graves blessures.

\ EIMARS ( Loève), à Paris, en 1709, entra de bonne heure dans un des lycées de celte ville, et s'y appliqua spécialement à l'étude des mathématiques , qui devaient lui ouvrir les portes de l'école polytechnique. Les événe- mens politiques de 1814 fct de 1818 changèrent la direction de ses •idées, et tandis que les armées des puissances étrangères occupaient le territoire français, il parcourait le nord de l'Allemagne, une partie du Daneniarck et de la Pologne. De retour à Paris, il y fut nommé élève <le la marine ; mais il renon- ça bientôt à cet emploi, et alla vi siter le midi de la France et l'An- gleterre. Il s'était rendu fan)ilicr les idiôn>es du nord de la Grande- Bretagne , et avait mis à profit son séjour dans les universités ; les travaux littéraires devinrent son occupation exclusive. M. Loève Veimars a coopéré à la ré-

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daclion de plusieurs [ournanx, et a été l'un des principaux rédac- teurs de V Album, se* article? furent remarqués. Il était, il y a quelques années , le plus jeune des cotlahoraleurs de M. Millin , fondateur du Magasin encyclopè- dique ; il est aujourd'hui l'un des écrivains de la Revue encyclopédi- que, où il rédige les articles de littérature étrangère. Parmi les ouvrages qu'il a publiés , on a dis- tingué les Manteaux, nouvelles; Ja traduction des Mélanges lit- téraires de JVielands, VHisloirc des tribunaux secrets dans te nord de l'Allemagne, et ime Chrono- logie universelle qui fait partie de la Bibliothèque du 19' siècle. On sait qu'il se dispose à publier une histoire des littératures ancien- nes, allemande et du u^oyen âge, et un recueil de ballades anglaises et écossaises.

VENAILLE (N.), membre de la convention nationale, substitut du procui-eur-inipérial de Romo- ranlin, etc. , adopta avec cbaleur \es principes de la révolution , occupa d'abord plusieurs fonc- tions municipales , et fut ensuite nommé, au mois de septembre 1792 , par le déparlement de Loir-et-Cher, député ù la con- vention nationale. Dans le procès du roi, il vota avec la majorité. A la fin de la session, il rentra dans ses foyers, bientôt il rem- plit les fonctions de commissaire du directoire-exécutif; il les perdit par l'efffît de la révolution du 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799); mais, sons l'empire, il fui nom- mé stdjslitul du procureur-iu)pé- rial au tribunal de première ins- tance de Romoraulin, fondions

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qu'il occupait encore à rcj)oqne des événemens politiques de 1 8 1 /j; il était au'.*si membre du conseil d'arrondissement. M. Venaille a été atteint par la loi du 12 janvier 1816, rendue contre les coîiven- tionnels dit votans , et a élé forcé de s'expatrier; il s'est réfugié en Suisse, on le croit encore,

YENTIMIGLIA (Joskph), «irin- ce de Belmonle, gentilhomme de la chambre du roi des Deux-Sit^i- los, chevalier de l'ordre royal de Saint-J.uivier , grand d'Esp;ig;'.e de 1" classe , naquit à Palcrnic en 1767, d'une des principales famil- les de Sicile. Elevé à Kofne au col- lège Nazaréen, il eut pour iuslitii- teur le P. iMichelangelo iMonti , avec lequel il resta intimement lié jusqu'à sa mort. Dans un voya- ge qu'il enlr<;pril jeune encore, il visita les principaux pays de l'Euro- pe, et fit \n\ louf» séjour en Fran- ce, où il épousa une ilcinoisell»; Française du même nom que lui. De retour en Sicile, il enl i)ienlôt occasion de donner des preuves de son [/alriolisme. L'uni ver.'-ilé actuelle de Palerme lui doit d'a- voir conservé son existence ; sans sa persévérante et vigoureuse op- position aux prét(Mitions des Jé- suites, qui, après leur rétablisse- ment en Sicile, firent tous leurs efforts pour s'en emparer, elle au- rait fini par devenir leurs proie. Une carrière plus vaste vint en- suite s'ouvrir devant lui, et il eu" bientôt à lutter contre des difficul- lés plus graves. La cour de INa- ples s'était reliièe en 1806, pour la seconde fois en Sicile, se flat- tant de pouvoir recouvrer par ses propres forces le royaume de Na- ples. Elle avait aussi ù entretenir

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uti fjrand nombre d'ômigrés na- jiolitains (jui l'.'ivîiient buivi:* i\ Pa- ïenne. Le ^raud besoin d'iirgent lui fil convoquer, en 1810, le par- lement pour demander de.» subsi- des exlriiordinaiieîi. Le prince de Beltnonte, sourd ù toutes les sé- ductions, donna en cette circons- tance l'exemple jusqu'alors incon- nu d'une honoiable et ferme ré- sistance aux prétentions immf>dé- rées de la cour. Le parlement, ra- nimé par son exemple, soutint avec vigueur les intérêts de la na- tion. Cet événenient ne fut toute- fois que l'avant-coureur d'autres événemens plus remarquables en- core. La cour n'ayant pas trouvé sufïïsansles subsides qui lui furent accordés, prit le parti d'imposer des taxes sans l'intervention du parlement. C'est au prince de Bel- inonte que l'on dut alors une pro- testation que la plupart des ba- rons signèrent , et qu'on présen- ta en 181 1, à la cour de la part du bras baronal dont il était mem- bre (le bras baronal était une des trois brandies dont l'ancien parlement de Sicile était compo- sé; c'était la réuiiion des barons parlenientJiires du royaume). La cour, irritée de cette résistance, fit arrêter le 19 juillet, pendant la nuit, par la force armée, comme perlurbaieurs de la trauquilUlè pu- blique, le prince de Belmonle et quatre autres barons, le prince de Gastel-Nuovo, le prince de Villa- Franca, le prince de Aci et le duc d'Augio. Elle les fit embarquer aussitôt, et fit enfermer le prince . de Belmonte dans un château de l'ile de la Favignana. 11 y resta plusieurs mois, et subit pendant tout ce temps toutes les rigueurs

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d'un emprisonnement trè.«-sévè- rc. Sa santé en éproura les tris- tes effets et fut sensiblement alté- rée. Délivré de «-a prison par l'in- tervcnlion de ia Grande-Bretagne, il fut bientôt après nomtné con- seiller et secrélairt-d'élat dans le nouveau ministère qui se forma sous l'influence de l'Angleterre , et on lui donna le porlefeuilb; des affaires étrangères. Ses laleos et ses qualités émincnfes ne tardè- rent pas à lui gagner la confiance de lord W. Bentinck, alors minis- tre plénipotentiaire près de la cour de Sicile, et commandant des forces britanniques dans la Méditerranée. Il usa du crédit qu'il avait auprès de ce ministre, pour procurer à son pays de nou- velles institutions. Il fut puissam- ment secondé dans cette opéra- tion par M. le duc d'Orléans, qui appréciait ses lalens et lui mon- trait beaucoup de considération. Une constitution qui n'était dans le fond que l'ancienne constitu- tion sicilienne, modifiée d'après les nouveaux besoins de la socié- té et modelée sur celle d'Angle- terre, fut discutée on 1812, pen- dant plusieurs tnois, par le parle- ment et sanctionnée par le roi. Le prince de Belmonle jou;i un grand rôle dans ces événemen-^, et de- vint le ressort principal de toutes les opérations qui se firent à celte époque en Sicile. Il reçut d.ins ^ cette occasion une lettre très-flat- teuse de lord Ca*llereagh , dans laquelle ce ministre en fai>ant son éloge, lui témoignait, de la part du prince-régenl d'Angleterre (au- jourd'hui Georges IV), sa satisfac- tion pour les services qu'il avait rendus à son pays. Quoique doué

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cl'un courage extraordinaire et d'un caractère fort cl prononcé, soit qu'il ne fût pas encore l'ait aux agitations des grandes asseinblécs, soit que son esprit cotninençâl dé- jà à ressentir les effets de l'alltra- tion de sa santé, au lieu de résis- ter aux attaques du parti anti- constitutionnel qui se forma dans les deux chambres du parlement, et qui se croyait fort de la protec- tion du roi, il se laissa rebuter par les didicullés, cl prit le timi- de parti de se retirer du ministè- re cl du parlement. Son exemple fut suivi par ses collègues et par SCS amis, qui cédèrenl le champ à leurs adversaires, et devint ainsi très-funeste A la cause de la liber- té. Il revint quelque temps après occuper une place dans le conseil- d'état, mais il était trop tard; il eut de plus à lutter avec des obs- tacles provenant d'une division qui malheureusement avait déjà pris naissance parmi les partisans mêmes de la constitution. Les grands événemens du continent, en »8i4» vinrent bientôt porter le dernier coup à la cause qu'il a- vail embrassée. L'Angleterre re- tira sou armée de la Sicile, et l'ap- pui qu'elle av.'iit jusqu'alors don- né à la constitution, qui ainsi que ses partisans fui abandonnée à son sort. Le roi reprit le gouver- nement de l'île, et un nouveau ministère se forma. Le prince de Btlmonle ainsi que ses collègues furent éloignés du conseil-d'état, et il se vit exposé aux insultes de sesadversaires. qui, enivrés par le succès, se livrèrent A des excès contre lui et contre ses amis. Il eut encore le tort peut-être «le déses- pérer trop tôt des affaires de son

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pays, et tout malade qu'il était, il conçut le projet de se rendre à Pa- ris, dans l'intention d'y rejoindre lord Castlereagh, qui allait assis- ter au congrès de Vienne, et d'a- voir avec lui une conférence sur le sort de la Sicile. En juillet 1814, il s'embarqua pour Marseil- les, dans le même vaisseau qui conduisait en France M. le duo d'Orléans cl loiile sa famille. Il souQVit beaucoup dans ce trajet, et il arriva très-malade à Marseil- le. Le voyage qu'il entreprit aus- silôl pour Paris, malgré l'avis contraire des médecins et de ses amis, acheva sa perle. Tous les ef- forts des plus hdbiles médecins qui le soignèrent à son arrivée, et tous les soins que M. le duc d'Or- léans lui prodigua devinrent inu- tiles. Il mourut au mois d'octo- bre de la même année à l'Age de 47 ans. Une superbe maison de campagne, et un btîau jardin qu'il avait fait bâtir sur une colline, près du môle rie Paler- me, il n'y avait prest|iic point de Ir.ices de végétalion, atmon- cent aux voyageurs qui arrivent dans ce port le goût et la magnifi- cence du prince de Belmonte. Le legs qu'il fit à l'université de Paler- me , d'une superbe collection de tabicauxetde gravures anciennes, fut le dernier trait de son patrio- tisme et de stm amour pour les beaiix-arls. Mais c'est surtout par la i>art principale qu'il prit à la constitution de son pays en 1812, que le prince de Belmontc sera toujours regretté des Siciliens, et de tous Ceux qui chérissent lu cause de la liberté <les peuples.

VLRDIER (Jean-Antoine, com- te), lieulenant-général en retraite,

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{ïiand'croix de la légion-d'hon- neur, chevalier de Sainl-Louis, membre de la chambre des pairs d(! Napoléon, est cré à Toulouse, département de la Hanle-Garon- ne , le i" mai i 7G7 , d'une famille Jionorahle de plébéiens. II eulra an service en 1785, et ne fut nommé sous -lieutenant qu'en 1792. La révolution, qui ne vou- lait dans ses braves que destalens «t l'amour de la pairie, vit croître rapidement la fortune militaire de M. Verdier. En i7<)4> il t^'*''''^ f'^" jiilaine des volontaires de la Hante- (Jaronne, et fut choisi, peu de lomp« après, par le général Au- tçereau pour aide-de-camp. Il re- cul de l'emploi à l'armé'.; des Py- lénées-Orientales ; et, à la lêle d'un bataillon des chasseurs de la Drôme, il s'empara du camp re- tranché de Liers, que défendaient 4.000 Espagnols et 80 bouches à l'eu. Ce beau fait d'armes décida la reddition de Figuières, et valut au capitaine Verdier, en 170^5 '^ grade d'adjudanl-général, chef de };rigade. Il passa A l'armée d'Ita- lie , et reçut sur le champ de ba- taille de Castiglione , le grade de f^énéral de brigade. Constamm(;nl on activité jusqu'à la jiaix de Léoben, il fit partie de l'expédi- lion d'Egypte, il commanda les grenadiers et les éclaireurs de la division Kléber , réunis sous Suint-Jean-d'Acre. Commandant de la province de Damietle , il jtiarcha, avec seulement 1,000 hommes, contre 8.000 Turcs et Anglais sous ies ordres de sir Sid- ney Smith [roy. Smith), et défit complètement ce corps ; les deux tiers furent tués, et le reste fut pris avec 10 pièces de canon. Un

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sabre d'honneur lui fut décerna en récompense. Sa belle conduite au siège du Caire le fit élever au grade de général de division. Rap- pelé d'Egypte avant l'évacuation , et envoyé en Italie, il cominand.i une division sons les ordres de Murât; se rendit en Etrurie avec le général Gouvion-Saint-Cyr. et occupa la Fouille, La reprise des hostilités avec l'Autriche fit passer le général Verdier sous le com- mandement de iVlasséna. Envoyé en Toscane, puis dans le royaume de Naples, il aida le général Ré- gnier à chasser I armée napoli- taine jusqu'en Sicile. Le général Verdier, employé à la grande- armée , se distingua , i\ peine ar- rivé sur le champ de bataille, à Heilsberg, et ensuite à FriedIand. Par suite de la paix de Tilsilt, it reçut une autre destination ; il eut ordre de conduire et de comman- der un corps d'armée en Espagne, Il soutint sa réputation au combat de Logrogno et au premier siège de Sarragosse, place dont il s'é- tait emparée en presque totalité , lorsque, par suite de la retraite de Madrid , il eut ordre de cesser ses opérations. A la reprise de l'offen- sive, il entra d.ms Madrid, fit le siège de Cirone , et remit son commandement au maréchal Au- gerean , gouverneur de la Catalo- gne. Le général Verdier fil partie, sous le maréchal Oudinot, de l'ex- pédition de Russie en 1812; il se distingua de nouveau sur la Dris- sa , et fut grièvement blessé de- vant Polo>k (les iC) et 17 août 1812): cette blessure le força de rentrer en France. En i8i3, il commanda en second , sous les ordres du vice-roi d'Italie [x^oyer

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Ceadharnais Eugène ), le second rorps (ie l'année IViinco-italienne. La heile pari qu'il prit à la I)a- taille du Rlincio le fit créer grand'croix de la légion-d'hon- neiir; après la restauration, en 1814 » il reçut du roi la croix de Saint-Louis. Pendant les cent jours, en 181 5, Napoléon le noni- nia membre de la chambre des pairs qu'il venait d'inslilut-r . et lui confia le commandement de la 8* division à Marseille. La nouvelle des désa«.|res de Wa- terloo ayant fait arborer la co- carde hlaiitlie à Marseille, le gé- néral Verdier, voulant éviter de combattre ses conciloyeus, fil sor- tir ses trouj)es la nuit, et se porta sur Toulon, l'apparition d'une flotte anglaise rendait sa présence nécessaire, A la seconde restau- ration, il a été mis à la retraite. Il jouit, au sein de sa famille, de la considération que lui ont mé- ritée ses lalens, la belle p;:rl de gloire qu'il a arquise dans sa lon- gue carrière militaire, enfin la sa- gesse et la modération de ses prin- cipes.

VERDIER (Jean), en 1-55, à la Ferté-Bernard , département de la Sarlhe. Successivement avo- rtât au parlement, docteur en mé- decine et instituteur, il fonda à l'a- ris, vers 1770, une maison de santé pour le redressetncjit des difformités, dont il fil bieiilôl une njaison «l'éducation nby.^ique et

» morale , établie sur un plan , uni- que alors par son étendue, et dont le siucè>« était aussi brillant ^ qu'il paraissait assuré. Une opé- m ration financière du comlc de jf Buffon , intendant du Jardin du Roi, qui aciiela et revendit au roi,

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pour ftre réuni à ce jardin , le ter- rain dans lequel se trouvait com- pris l'hôtel Magny, o\\ était éta- blie la maison d'éducation de Jean Verdier, commença la ruine de l'établissement et de celui qui l'avait fondé , ruine que vint con- sommer la révolution. Membre de la municipalité de Paris au 10 aoftt 1792, Jean Verdii;rfut, pen- dant long-temps, chargé de veil- ler et de satisfaire aux besoins de Louis XVI à l'époque de sa détention au Temple, et ce prin- ce s'ettlretint plusieurs fois avec lui de son établissement et de la spoliation de Buffon à son é- gard, sur laquelle il avouait avoir élé trompé alors. En 1794, il fut envoyé, comme médecin , par le n:inislre de l'intérieur, à Com- picgnc, qui était aftligée, depuis

I 5 mois , d'une maladie épidémi- quc à laquelle ses soins apportè- rent le remède et la terminaison,

II fut moins, heureux à Senlis , il fut arrêté en revenant de Com- piègne , p<Mir donner ses soins dans une circonstance analogue , les médecins de l'hôpital militaire n'ayant point voulu suivre ses conseils pour combattre la fièvre putride qui y régnait, et la mé- thode de Pringle qu'ils suivaient y ayant fait beaucoup de victimes. Dans la même année, il fut nom- mé par le district de la Ferlé-Bcr- nai'd, lieu de sa naissance, l'un des élèves de cette école normale, fruit d'une grande pensée, dont l'existence fut aussi courte que son illustration fut grande; niais dont, ainsi qu'il arrive souvent en Fran- ce, on lira trop peu de parti; école dont b-s «lisciples étaient, après les maître*, l'élite des géni

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instruits, et df»nt quelques-uns auraient pu se placer sur la même ligne que Itiirs ni-uCes.seurj. De- puis cotte époque , il professa pendiint quelque temps la méde- cine légale ù V Académie de législa- tion , établissement fondé sous le consulat, par un de nos plus cé- lèbres jurisconsultes, im pair de France, connu de tout le monde parsoiiamourdubien public. Jean Verdier a publié une foule d'ou- vrages de médecine, d'édiîcalion, de législation, de philologie et de grammaire. Les principaux sont. Ouvrages de médecine : Journal de Médecine populaire, d'éducation et d'économie, 8 ca- hiers in-iS", formant 2 vol. , an 9 (iHoo); lu Cranomancie du docteur Gall, anéantie au moyen de l'anatomie et de la physiologie de l'âme, brochure in-8"; Plan d'Osthautroj»ie , nouvel art de traiter les diirormilés organiques, par des exercices appropriés et di; nouvelles machines élastiques et mobiles, etc. ; Introiluclion à la connaissance des plantes , dont la dernière édition se trouve en tête de l'almanach du Bon Jar- dinier, pour l'an 9 (1802) ; Ca- lendrier des amateurs de la vie et de l'humanité, ou Avis sur l'As- physiatrique , la médecine des asphyxiés ou trépassés, etc. , in- 12, 1816; ouvrage présenté au roi. Ouvrages sur Céducation; 6" Cours d'éducation physique , mo- rale, religieuse ou littéraire, ou plan et système d'éducation, a- dopté par l'auteur dans sa maison ; ouvrage aussi curieux qu'impor- tant, qui arma contre lui l'en- vie, et qui lui valut, de la part des corps privilégiés, un procès

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au parlement, qu'il gagna hono- rablement. Ce procès donna lien à la publication . que fit Jean Verdier, de l'o.ivrage suivant : 7" iMénioire historique et poli- tique sur les fonctions et les droits rts[)cciifs des trois classes d'iiistituieui.-. de la jeunesse, éta- blis en France pour les trois or- dres de l'état, avec les preuves des plans d'éducation proposés, exé(;utéset perieclionués par l'au- teur, in- 12; 8" Recueil de mé- moires et d'observations sur Irf pcrffclihililé de l'homme, 6 re- cueils in-!2, formant 2 vol. ; 9* Discours sur l'éducation natio- nale, physique et morale des deux sexes , in-S"» 1792- Ouvrages de législation : lo* La Jurisprudence de 1.1 médecine en France , com- prenant un eS'ai sur cette Juris- prudence, i vol.; la Jurispru- dence générale de la médecine, a vol. ; la Jurisprudence particu- lière de la chirurgie , 2 vol. ; en tout 5 vol. in- 12, 17G3 et i704. Des obstacles de la part de l'au- torité s'opposèrent à la publica- tion des Jurisprudences particu- lières de la médecine et de la phar- macie, dont l'auteur avait réuni les inatériaux. Ouvrages de philo- logie et grammaire : 11" Tableau analytique de la Grammaire géné- rale , appliquée aux langues sa- vantes, iu-12. iHoo: 12" l'Art d'enseigneretd'étudier les langues française et latine, ensemble ou séparément, par l'analyse etla syn- thèse , etc., in-12; \o° Système de la langue latine, pour en réta- blir l'usage particulier par la dou- ble traduction, in-12; i4° l'Art de discourir grammaticalement, ou Grammaire générale du dis-

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cours purement prainmatical, in- »2; i5* Recueil des mots varia- bles , français et l;itins, in-12 ; i6* l'Art poélifjiie d'Hoiace, corrige dans 120 «endroits du texte. av#c une nuuvelle traduction , de-* ana- lyses graiiiinalicales, logiquts et poétiques, et des critiques de la plupart des éditions, etc. , dédié au comte Fourcrcy, in- 12, 1804; 17° Poënie séculaire d'Hor.tce, angmefité d'une strophe, corrigé d'après le texte, traduit en fran- çais et comparé, dan'^ une,de .>-es odes, avec le sublime eau -que de Moïse .'\ir le pas«:ige de la mer Riinge, aussi traduit «ur le texte hébreu. Ce savant laborieux avait fait , sur les aphurismes dHipjx»- crale, un travail analytique mui- bl.Tlile à celui sur l'art poétique d'iJorace , ainsi que des taldeaux analyti({nes et synthétiques île rentendemenl el de l'esprit hu- mains, d:ins lesquels il avait pris pour hae de sa critique Con- dillac et (-h. Bonnet, l-ne loule d'.Mitres recher<hes savantes a- vaient f-ccu; é si l;d)oriense car- rière, et «lans les dernière!- années de sa vie . rherrliant à concilier la chronol'.gii- de la («enèse avec les systèmes chronologiques des na- tur:>!istes, il avait décriuvert une foule d'« rreurs dans la traduction du livre .'•acre, et l'existence de deux personnages du no m d'Adam, à deux époqiuîs difCérenles , d'où naii'sei'l les erreurs et l«:s discor- dances entre les système^ religieux et philosophi<pies; malheureusc^- mcnt ce» recherches seront per- dues. Jean Verdier mourut à Paris, le 6 inin 1820, dans sa 8G' année. VhRDIER-IIELKilN (Jean- Fbançois ) , docteur en médecine,

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à Paris le i4 septembre 1767 , fds du précédent, fut quelque temps collaborateur de son père dans sa maison <l'éducation , dans la publication des articles de ju- risprudence de la médecine du Dictionnaire de médecine, de VEn- cyclopedie méthodique , et dan» celle de son Journal de Médecine populaire. Après avoir été em- ployé comme chirurgien des ar- mées de la république, il exerça la uu'decine à Paris, il a pu- blié : 1" Discouru sur le devoir et le besoin d^ aimer , avec une épigra- phe tirée de tsaiut-Péravi , Paris, in-12, an 8 (1800). Reçu maîtrc- ès-art* dans l'ancienneuniversité, et ba'.'helier en ii)édecine, Ver- dier-Huerlin prit le titre de doc- teur diins les nouvelles écoles en l'an i'>. (180/1), et y soutint une thèse médicale sur l'allaitentent et i'éducalion physique des enfans. iW sujet n'était pas neuf sans dotite ; mais l'auteur sut le n ndre encore iotére>>sant, etprouvji dans cet ouvrage qu'il s'était f>ailicu- liéremeiil occupé de la médecine infanliie , trop négligée par la plupart des médecins. Sa lhè>*e, proprement dite, avait pour litre : 2 ' Essai aphoristique sur l'allaite- ment. Il Va p«d)lia avec, 3" un dis- cours sur l'ullailemenl et l'éduca- tion physique des enfans, dan«> le- qu< I il développe son sujet en médecin, en homme de bien et eu littérateur. A cette époque, le fœtus trouvé dans le corps d'un jeune garçon de Verneuil faisait beaucou|) de bruit |>ar la sing(tla> rite du fait; Vcrdier-IIeurtin pu- blia, annexée aux deux mor( eaux précédrns , 4* '""^ Dissertation sur le fœtus trouvé à Verneuil^ dans

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e corps (fan enfant mâle, avec une gravure représentant le fœtus dans la même position qu'il y oc- cupait, avec les mêmes dimen- sions et d'après nature. Le volu- me contenant ces trois morceaux forme un in-S" de 211 pages. li y avait plus de trois ans que le docteur Verdier- Heurtin était chargé de constater les décès dans un des arrondissemens de Paris, lorsque celte place, enviée de- puis long-temps, toute tnodique qu'en fussent les rétributions, lui fut ôtée pour la confier à un soi- disant officier de santé. Cette in- justice lui donna lieu de publier , Mémoire et réclamation présentés à M. Froc/iot, préfet de In Seine, etc., Paris, an i3 (i8o5),in-4° de 12 pages. Plus tard, l'auteur fut rétabli dans les mêmes fonc- tions, mais" dans un autre arron- dissement. Vcrdier-Heuitin mou- rut presque subitement , le 24 mai i8'25. Agé de 55 ans et demi, des suites d'une maladie de foie.

VERDIER-DU-CLOS ( Tho- mas-Desis) frère et oncle des pré- cédens, naquit à la Ferlé-Bernard, ïe 5o septembre i^/i-l- Waîlre-ès- arfs de l'université de Paris, maî- tre en chirurgie cl docteur-méde- cin de l'université do Nanci, il avait étudié la chirurgie sous son père et sous son frère aîné, Jean Verdier, puis sous Ant. Petit, à riIôlel-Dieu de Paris. Il servit comme chirurgien des armées en Corse, exerça la médecine et la chirurgie à la Ferlé-Bevnard , sa ville natale, il fut médecin de riIôtel-Dieu depuis 1788 jusqu'à sa mort, arrivée le 9 février 18 i5. D'une activité et d'une philan- tropig infatigables, il fut cons- tamment appelé, soit seul, soil en

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chef, avec ses confrères , au trai- tement de plusieurs épidémies, sur lesquelles il réunit toutes les observations médicales de sa pra- ti»^e. ce qui lui fournit plusieurs mémoires intéressans qu'il adres- sa aux autorités publiques et à l'ancienne société royale de mé- decine, qui le nomma l'un de ses associés dès l'année 17S5. Cette marque d'estime pour ses travaux ne fit que stimuler son zèle , et en 1789, il avait fourni treize mé- moires il cette société, tant sur les épidémies que sur deux opé- rations de la symphise, qu'il avait heureusement exécutées, ainsi que sur divers autres sujets. Dif- férens travaux d'utilité publique médicale l'ont occupé pendant sa longue pratique, et il en adressa les résultats, soil au comité de santé de l'assejTibléc constituante, soit à l'administration départe- mentale de la Sarlhe. Les princi- paux sont ; Vues générales sur rétablissement d'un hôpital civil dans chaque district, pour les ma- lades , les vieillards infirmes, les femmes en couche et les enfans na- turels; 2° sur les devoirs des méde- cins chargés du traitement de« ma- ladies épidémiques; 5" sur rétablis- sement d'un bur«\iu , pour les en- fans naturels, dans chaque district, avec un projet de règlement pour l'administration de ce bureau. Enfin , comme médecin, car nous avons ensuite à considérer le fonc- tionnaire public, il a laissé : i* Breviarium mer/ici clinici seu fas- ciculus quaramlum nationum ad médium clinium utilium , ex di- rersift autorihus selectarum; 2" His- toire d'une symphysèotomie prati- quée arec succès pour la tnére et pour l'enfant, le 25 janvier 1786,

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par Verdier-du-Clos^ doclenr , «tf. Le iMans, Munnojer, Paris, Didot el Méquij^non, 1787, in-S". Dès l'aurore de la révolu lion, les compatriotes de Verdier-du-Clos lui confièrent les principales ionc- lions publiques de leur ville, et lors de la convocation des étals- généraux , le cahier qu'il avait ré- digé , et dans lequel il demandait, entre autres choses , la responsa- ifililé des ministres et la fixation de la liste civile , fut adopté par ses concitoyens comme l'expression de leur vœu, et il eut la satisfac- tion de voiries idées qu'il avait é- niises dans ce cahier , adoptées par l'assemblée nationale , et de- venir la base du droit public des Français, droit public qui n'a cessé d'être reconnu, au moins en principe, depuis celle époque jus- qu'ii l'établissement de la charte conslituliotmelle inclusivement. Nommé maire de la ville de la Ferlé-Bernard en 1787, el suc- cessivement juge-de-paix, juge au tribunal civil du district, juge au tribunal criminel du départe- ment de la Sarlhe ; puis , en celte qualité, choisi pour directeur du jury d'accusation qui existait a- lors, il peut être curieux de lire ce que Verdier-du-Clos disait aux jurés d'acciisatiun qu'il élait char- gé de diriger, et de le comparer avec ce qui se passe, actuellement que nous sommes privés de cette iuslitulion , et que celle du jury de jugement est déjà tant ébranlée 6t même dénaturée. « Un jury «d'accusation , leur disait-il , for- »mé au moment du besoin, dont

les membres éj>ars sont rassem- i> blés .«ans se connaître, «jui , par

conséquent, n'ont pu se concer-

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ter on être prévenus, et dont

l'opinion et le jugement ne peu- » vent être influencés par l'amitié

ou la haine, doit avoir la con- » fiance de la société et de l'incnl- »pé, et tranquilliser les esprits

sur la sûreté de l'un et la liberté »de Taulre. Si l'on pouvait tracer > d'autres règles de conduite au ))jury d'accusation que celles de » suivre les mouvcmens de sa per- •)Suasion intime, on pourrait diitî «qu'il devrait tendre à la sévérité, »de même que celui de jugement «doit toujours tendre à la dou- « ceur, afin de concilier ce que l'on «doit à la sûrelé publique avec les

senlimens d'humanilé qui veu- »lent qu'il faille plutôt innocenter u plusieurs coupables que de punir

.«un innocent. Pour fixer toute "Votre attention sur l'objet qui » vous rassemble , au nom de la li- » berté d'un homme et de la sûrelé «de tous, je vais vous faire lecture "des jtièces , vous entendre! les «témoins et la partie plaignante;

mais n'entendez point les dépo- «sitions écrites; après quoi, dans

la crainte religieuse d'influencer

votre opinion en aucune ma- »nière et pour obéir à la loi, je >! vous laisserai seuls.... vous pré- » venant encore que ni l'acte d'ac- «cusalion par moi rédigé , ni les «conclusions du counnissaire na- »tional, ne doivent avoir aucune l'influence sur voire décision, «mais seulement le sentiment in- «lime et impartial de voire propre «conscience.... Sous l'empire de Ik constitution de l'an 3, Ver- dier-du-CIos fut encore président de canton ; ce sont les dernières fonctions publiques qu'il ait rem- plies. Il a laiîsé une foule de mé.

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moires et de documcns qui prou- vent !>on zèle ardent pour In chose piibliqnc, et spi^ci<il('inent pour l'intérêt de ses adiaini^itrés , eu fa- veur desquels il ne cessa de solli- citer de.* cKiforilés supérieures des élablisseniens utiles, lels que conrecliun des routes, création de loires, qu'il obtint, et divers autres, tous uliles.

VEKDIEa ( Pierre-Loï;is), ne- veu et eonsin des précédens, à la Ferré-Bernard vers l'année 1780, se livia d'aboid à l'étude de riiorlogerie, piofession bien pro- pre à lui faire laire des progrès dans celle qu'il embrassa depuis. Après la mort de son pèrt;, ancien pharmacien, il étudia la cliirurgie, et particulièrement la partie des hernies et celle des accouchemens, et se fil recevoir chirurgien. Non- seulement il fit des progrès dans la chirurgie herniaire, mais il en fit faire à son art, en inventant ou perfectionnant des machines ou des inAJrumens ingénieux, non-seulement pour les hernies, «jais encore pour réduire les dif- formités humaines , ou s'opposer ii leurs progrès, et, en outre, uo mannequin perfectionné pour la démonstration de la pratique de» accouchemens. On trouve, avec raison, M, Verdier placé dans le nouveau Dictionnaire de Médecine, qui se publie actuellement, à l'ar- ticle liRAYER, à côté des premiers maîtres de son art, les Lacroix et les Lafond. M. Verdier vient aussi de succéder au célèbre Féburier , le premier qui ait établi en Fran- ce la fabrication des inslriMnens de chirurgie en gomme élastique. M. Verdier a publié : i" Rapport et notes sur les bandages et appa-

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reils inventés par M. Verdier, chirurgien-horniaire de la UKuiue royale, des hOpilaux uiiliiairos de France,elc. ; a" Observations d'une hernie sus pubienne antéro-epiploi- (fue volumineuse, guérie par l'em- ploi du mercure doux , etc. , par Verdier, etc., in-8% 1819; 5" Mé- moire sur un appareil com|>rt^ssif de l'artère iliaque externe, dans le cas d'auévrisme inguinal, lu à la section de chirurgie de l'académie de médecine, le 7 février i825, par P. L. Verdier, etc.; Paris, iu-S", i8'iô , avec une belle pi in- che gravée. M. Verdier a publié de plus la description de son mannequin pour la dém sustration des accouchemens, avec une litho- graphie.

VERGEZ (Jean-Marie), lieute- nant-général en retraite, est le

I I janvier 1707, à bainl-Pé, dé- partement des Hautes- Pyrénées.

II entraau service comme soldat, en 1 778, et dut à la révolution tous lesgradesqu'ilaobteims. En 1792, il marcha aux frontières , et fit la cam|;ague de celte année. Le 9 février 1795, le gouvernement le nomma capitaine dans le 1" batail- lon des chasseurs des montagnes; d.ins le courant de l'an 2, il servit à l'armée des Pyrénées - Occi- dentales, où il commanda les éclaireurs de la colonne. Il enle- va lui-même deux drapeaux à l'ennemi, à la prise de Marsa, et le même soir, il sauva les troupe» françaises en éteignant deux mè- ches allumées pour faire sauter un magasin à poudre, dont l'ex- plosion eût entraîné la perte du fori. A la prise de Tolosa, il s'em- para de rariillcrie ennemie en sai- sissant les mulets employés pour

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l'enlever. Le 23 vendémiaire an 5 , ou lui dut la conservalion d'un magasin à poudre considérable, auquel l'enneuii avait mis le feu, en plaçant des mèches allumées dans de» barils enfoncés. Il as- sura ainsi les avantages qu'avait procurés à l'armée l'importante prise de Lescornbery. Au mois de germinal an 4 » il avait le com- mandement des carabiniers de l'armée des côtes de l'Océan , lorsqu'il eut un engagement avec Charette, chef des Vendéens; il tua d'abord deux chefs qui l'ac- compagnaient, et le saisit ensuite, après l'après l'avoir blessé d'un coup de pistolet et d'un coup de sabre pendaiit le combat; uo ar- rêté du directoire-exécutif le nom- ma en lérompense, le i8 thermi- dor suivant, chef de bataillon. Pendant les années 5, 6 et 7 , il servit dans les armées d'Italie, de Rome et de Naples, et passa, en sa qualité de chef de bataillon, à la la* demi-brigade de ligne. A l'affaire de Lestorta,prèsdeUome, le 25 frimaire an 7, se trouvant à la tête «l'un détachement, il prit deux pièces de canon à une des colonnes napolitaines ; le 16 flo- réal, le général en chef Macdo- nald le nomma chef de brigade. Il fut blessé d'un cf)up de feu à l'é- paule droite, à la prise de tMo- dène, le 24 prairial, et d'un au- tre c«)np de feu ù la hanche droite, le Ç) fructidor, à l'alVaire de Chia- vnri. Il se signala par une action hardie, le 1 5 brumaire, devant Novi ; à la tête d'ufi escadron, il coupa la ligne ennemie et s'em- para de tonte son artillerie, com- posée de cinq pièces de cunon et de Jeuri caisson*:; il decidu ainsi

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la victoire en laveur de? Françai?. Le i5 Qoréal an 8, un arrêté du premierconsul Bonaparte le con- firma dans son grade de chef de brigade. Nommé ensuite colonel du 12* régiment d'infanterie de ligne, il devint olTicier de la lé- gion-d'hoimeur, et fut enjployé k la troisième division du camp do, Bruges; général de brigade en 1807, il a cessé depuis 1810 de figurer sur les cadres de l'armée. Le général Vergez, maréchal-de- cainp depuis la restauration, vient d'être promu, par le roi (mai 1825), au grade honorifique de lieu tenant -général.

VERGNIAUD ( Pierre^Victcb- NiEN ), fils d'un avocat estimé de Limoges, naquit en cette ville en 1768. Il alla exercer à Bordeaux la profession de son [icrc, et fit, dès ses premiers essais, pressen- tir ce prodigieux talent qui devait dans la suite , et sur un plus vaste théâtre, se développer avec tant d'éclat. Il n'était pas resté en ar- rière du mouvement que la phi- losophie avait imprimé à la Fran- ce : les acceris de Mably, de Kay- nal, de Rousseau, etc., avaient fortement retenti dans son 3me, et les événemens de 178c) le trou- vèrent tout préparé. Il se fit re- marquer à cette époque par son patriotisme , comnjc; il s'était déjà iail remarquer par son éloquence. Fn 1790, il fut nommé membre de l'administration départemen- tale de la Gironde. L'année sui- vante , il fut élu député de ce dé- partement à l'assemblée législa- tive. Dès la troisièirie séance, Couthon ]»roposa de bannir du cérémonial, ilaiis les r;»pporls de l'assemblée avec le roi, les mot*

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de sire et de majesté, comme peu convenables ù la dignité des rc- présentans du peuple. Vergniaud appuya et fit adopter celle propo- sition. Ses motils étaient plus spé- cieux que solides , et l'assemblée revint bientôt sur sa décision. Ce l'ut le 3 5 octobre qu'il déploya pour la première fois ù la tribune toute la puissance de son talent. Lu nation était alarmée des ras- semblemens de troupes étrangè- res qui s'opéraient sur le Rbiu ; elle s'indignait surtout de voir les nobles quitter en foule leur pa- trie pour se réunir aux ennemis qui menaçaient de l'envahir. Ver- gniaud, dans un discours plein de chaleur, de mouvemens impé- tueux, de raisonnemens brusques et leri-assans, demanda que l'émi- gration et les menées du clergé fussent réprimées par des mesu- res rigoureuses, et que le comte de Lille , depuis Louis XVllI , fût sommé, aux termes de la consti- tution , de rentrer en Frimce dans les deux mois, sous peine d'être déchu de ses droits à la régence. Des trois lois qui furent portées à cet effet, celle relative au comte de Lille fut seule sanctionnée. Vergniaud occupait le fauteuil le jour que le ministre de la justice, Duport - Duterlre , vint donner communication aux députés du veto dont le roi frappait les deux premières. Au moment le mi- nistre entreprit d'en ex|)rimer les raisons, Vergniaud, d'une voix sévère, lui imposa silence , en lui déclarant que « la constitution ac- cordait bien aii roi le droit de re- fuser la sanction, mais non celui ^e développer les motifs de son refus. i> Le 27 décembre, il pro-

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posa un projet d'adresse au peu- ple , pour accompaj^ner l'envoi aux dépailemens du discours pro- noncé par le roi le i4 décembre , au sujet de l'enrôlement des émi- grés ; pour faire connaître à la nation les mesures que l'assem- blée avait proposées, et n'avait pu faire adopter; pour la rendre juge entre eux et le pouvoir exé- cutif. « Dims les graudes occa- sions , disait-il, les communica- tions ont le double avantage, et de ranimer la confiance dans les représentans de la nation , et de ranimer l'esprit public dans le cœur de tous les citoyens. » Cette adresse , composée sous l'inspira- tion de la méfiance et des préven- tions, était une déclamalion qui fut généralement jugée peu digne d'un législateur. L'asseml)lée se contenta d'en décréter l'impres- sion. C'était assurer une partie des effets qu'elle pouvait produi- re , sans ei) prendre la responsa- bilité sur elle. Cette méfiance , cette haine contre la cour, ne le. quittèrent jamais. On le vit s'op- poser à l'impression du diseours du ministre de la guerre, Nar- bonne, qui, à son retour des fron- tières, témoignait, j;ar d'hypo- crites protestations , le désir de conserver avec l'assemblée la plus parfaite intelligence ; voter, le 1" février 1792 , pour le décret d'ac- cusation porté contre Bertrand de WoUeville, ministre de la marine; le 10 mars, à la suite d'un dis- cours plein de véhémence, voter un second décr<'t d'accusation contre le ministre des affaires é- trangères, qu'il accusait de tous les malheurs qui avaient ensan- gîanté la ville d'Avignon. Dans

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une aulre séance, il s'écriait, en rt'proiliiisaiit un des plas beaux mouveniens de Mirabeau : « Du bam de celte tribune je vous parle, on ajUMÇoit le palais des conNciilcrà pervers égarent et trompent le roi que la eonstiln- «ion nous a donné, forgint les fers doul il-i veulent nous enchaîner, et préparent les manœuvres qui doivent nous livrer à la maison d'Autricbc. Je vois les fenêtres du palais (iù l'on trame la contre- révolution, l'on coinbin»; les iDoyeus de nous replonger dans l'esclavage, après nous avoir l'ait passer par toutes les Ji(»rreurs de l'anarcbie et toutes les fureurs de la guerre civile. Le jour est ar- rivé où vous pouvez inetire un terme à tant d'audace, à tant d'in- solence, et confondre enfm tous les conspirateurs. L'épouvante et l'borreur sont souvent sorties dans des tetnps antiques, et au nom du d«;sp.ilismc . de ce palai.- fameux; qu'illes y renhvul aujourd'hui au nom (le la loi ; qu'elles y piMiétrent (bins Inus les cœurs : que tous ceux qui rbabilenl sai lient que tiotre ctmstilutiud n'accorde l'inviolabi- lité qu'au roi; qu'ils sach<!nt que la loi y atteindra sans distinction tous les coupables, et qu'il n'y a pas une seule lêle convaincue d'ê- tre criminelle qui puisse échap- per ù son glaive! » II fut le pre- mier qui éleva la question de la déchéance du roi long - temps avant le lo aoftl. Le lio juin , lors- que Rœdercr vint dénoncer à l'as- semblée le rassemblement qui se fijrmait dans l'aiis, et l'objet os- l(:«sible de ce ra><?emblement , tout en avouant combien il était peu déceat qu'une foute armée en

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désordre fût introduite dans le sanctuaire de la loi , il soutint que puisqu'on l'avait souffert jusqu'a- lors , on devait encore le souffrir. Le 18 juin, son exaltation l'aveu- gla au point de lui taire pronon>- cer une violente diairii)e contre le général La Fayette, qui , dans une lettre pleine de franchise , de sa- gesse et de patriotisme, dénon- çait à l'assemblée lis excès de la faction ultra-révolutionnaire, et lui montrait de loin l'abime dans lequel des Iionmies perfides ou forcenés allaient entraîner la pa- trie. Tout ce qui tenait ou avait tenu à la cour lui faisait ombra- ge. Les événemens, au reste, pri- rent soin eux-mêmes de justiiier ses soupçons, puisque ses prédic- tions furent presque toutes réali- sées. Cette imprudente exaspéra- tion , si naturelle d'ailleurs daiss la situation critique se trouvait la liberté, et qui, dans tous les cas, ne ]>eut qu'h(uiorer sou ca- ractère, puisque l'intérêt général é^ était l'unique objet, et qu'on ne peut lui reprocher, dans au- cune circonstance de sa vie, d'a- voir été mu par des vues person- nelles, cette exaspération ne lui ût jamais oublier ni les hns de la morale publique, ni les droits de l'humanité. On avait surpris une lettre qui pouvait contenir des ré- vélations importantes, et qui mê- me avait déjà été dériachetée ; Vergniaud s'opposa fortement à ce qu'on eu fît aucun nsai^e. Le ao juin , tout en demandant l'ad- mission de la foule armée dans la «aile (les séances, il voidnt (pi'une depulaliou de soixante membres fût envoyée aux Tuileries, pour veiller à la sûreté du roi et de s*

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famille. Ce jour-Ui même, on le vit »c prôcipilor au milieu du tu- nniite, el exhorter à l'ordre et à la décence ecltc niullitiui»; , dont on pouvait craindre les excès. On l'a accu?é d'avoir f.iit l'iipolot^ie des massacres d'Avii^Mion : l'accu- sation esl calomnieuse. Il se bor- na à invoquer l'aumistie pour les coupables , et l'on ne peut s'em- pêcher de convenir que des rai- sons politiques du plus grand poids militaient en laveur de son opi- nion. Iiupélueuxdans sou attaque contre la cour, plein de mépris pour les hommes « accoutumés ù parler de la liberté sans enthou- siasme, et de l'esclavage sans hor- reur; * attentif A exciter l'indi- gnation populaire , mais incapa- ble d'avoir recours , pour obtenir ce résultat, ù aucun moyen horj- teux, à aucune voie détournée; aveuglé sur les intentions de cer- tains hypocrites déjà iufluens,que les malheurs de la France et ses propres malheurs allaient bientôt lui apprendre à connaître, il cofi- tribua puissamment, ainsi que plusieurs autres Girondins , à la journée du lO août. Il présidait par intérim l'assemblée nationale au moment Louis XVI vint se rélugier dans son sein. i. Je sui» venu, dit le roi, pour éviter un grand crime; je me croirai tou- jours en sûreté au milieu des re- présentans de la nation ; j'y pas- serai la journée. » Vergniaud lui répondit: « L'assemblée nationale cormaît tous ses devoirs; elle re- garde comme un des plus chers le maintien de toutes les autorités constituées. Elle demeurera fer- me à son poste, et, s'il le fout, ûou« saurons tous y mourir. »

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P«'ndant toute la durée du com- bat, dont l'issue fut quelque temp* douteuse , il ne changea pas un moment de visage ; sa fermeté , sa tranquillité, son courage, ne se démentirent pas un moment. J^msqiie le président, Merlet, vint reprendre son poste, il se rendit A la coumiission extraordinaire, et reparut deux heures après à la tri- bune, où il proposa la convoca- tion d'une convention nationale, la suspension de Louis XVI , et la translation du monarque et de sa famille au pal.iis du Luxembourg. «Messieurs, dit -il, je viens au nom de la commission extraordi- naire vous proposer une mesure bien rigoureuse : je la présenterai cependant sans réflexions. Je m'en rapporterai à la douleur dont vous tîtes pénétrés pour juger combien il inij-orle au salut de la patrie que vous la décrétiez sur-Ie cliamp. » Laça rrièrelégislntivede Vergniaud se divise en deux parties bien dis- tinctes. La première, que nous avons déjà parcourue rapidement, , toujours agresseur, il déve- loppa avec tant de talent toutes les ressources de l'éloquence tri- bunitienne ; la seconde, con- tent de la victoire que la révolu- tion venait de remporter, il ne s'occupa plus que d'en arrêter les désastreuses conséquences. Mal- heureusement il était déjà trop tard ; la lutte de l'ordre contre l'anarchie n'était plus égale. Il est bien déplorable que parmi les Ci- rondins, tous honnêtes gens, dé- voués à l'intérêt général, élo- quens , éclairés et intrépides, il ne se soit point trouvé un seul homme qui réimît à sa probité as- sez de publique pour déjouer let

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machinalions de Robespierre , de Danton, elc. , ni aîsez de force morale pour réunir les bons ci- toyens, et imposer au peuple le calme et la modération. Ils pro- testèrent conlre les excès (iont ils étaient les témoins; ils appelèrent l'indignation des contemporains et (le la postérité contre leurs au- teurs; ils ne purent arrêter leur marche dévastatrice. Ils firent néanmoins tout ce qui était en leur pouvoir; leurs efforts, pour n'avoir pas été couronnés du suc- cès, n'en furent pas moins héroï- ques; leur dévouement n'en fut pas moins sublime, et leur sang, répandu pour la patrie, ne nous permet pour eux d autres senti- mens que la douleur, le respect et radmirali(jn. Vergniaud , qui s'était montré presque toujours A la têle des Girondins, n'abandonna plus un moment ce [;0'le, aussi- tôt qu'il fut devenu périlleux; cer- tain de fU(.C(»nd)er, il réscdut de ren)plir ses obligations dans toute leur étendue, et de ne cesser de combattre qu'en cessant de vivre. Il s'opposa avec un courage tou- jours nouveau, et à la déj>orta- tion générale des prêtres , et à la jiroposilion d'organiser un corps de douze cents ijrannicides , et au mandai d'amener lancé par la commune contre Girey Diipré , l'intrépide collaborateur de liris- 50t dans la rédaction du Patriote français. Il ne ménagea pas l'cx- pres.-ion de son indignation, lors- (jue l'épouvantable massacre du 2 septembre eut enfin dévoilé les odieux complots de la commune. Ce fut lui qui fit charger le con- »cil-exécutil d'envoyer des com- missaires au-devant de5 [)riiiun-

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niers d'Orléans , pour les sous- traire au sort affreux qui les nje- naçait : mesure qui aurait pu être salutaire, si l'exécution en avait été confiée à d'autres mains. Le 17 septembre, il s'unit à Rersaint, pour faire décréter que les mem- bres qui composaient cette com- mune sanguinaire répondraient sur leur têle de la sûrelé des pri- sonniers. Que pouvait faire tle plus un homme déjà signalé aux poignards, qui n'avait d'autre puissance que son éloquence , et à qui chaque jour enlevait quel- que chose de son ancienne popu- larité ? « I! est temps , s'écriail-il, de briser ces chaînes honteuses, d'écraser celle horrible tyrannie! Il est temps que ceux qui ont fait trembler les hommes de bian tremblent à leur tour ! Je n'ignore pas qu'ils ont des poignards à leurs ordres; eh ! dans la journée du 2 seplfUibre , n'ont -ils pas voulu les diriger conlre plusieurs d'entre nous? Dans leijrs listes de pro.-criplions , u'ont-ils j»as voulu dénoncer plusieurs d'entre nous comme des traîtres? Et ma tête aussi est proscrite. La calomnie veut él(>uller ma voix; mais elle peut encore se faire entendre ici , et. je vous en atteste, jusqu'au coup qui me frappera de mort, elle tonnera de tout ce qu'elle a de force contre les crimes et les scélérat?. » « Les proscriptions passées, disait-il un autre jour, le briiit des proscriptions futures , les troubles intérieurs , ces haines particulières, ces délations infâ- mes, ces arrestations arbitraires, ces violations de la propriété, en- fin, cet oubli de toutes les loiii , ont répandu lu consternation et

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l'effroi. L'hoinuie de bien se ca- che ; il fuit avec horreur ces scè- nes <]e siing; et il fiiut Ijicn qu'il se cache , rhoiniiic verliieux , quand le crinie triomphe. Il n'en a pas rh<irrih!e .-entiinent ; il se tait, il s'éloigne, il attend pour reparaître des temp? plus heu- reux. Il e>^t des hommes , au con- traire, à !a foi"s hypocrites et fé- roces, qui ne se mon'reut qiie dan« les caJamilés publiques, com- me il est des insecte.» malfaisans que la terre ne produit que dans les orages; ces hommes répan- dent sans cesse les soupçons, les niéfiarices, les jalousies, les haï- mes, les vengeances. Ils sont avi- des de sang; dans leur propos sé- diliciix, ils am/ocr«//5fH/ la vertu même, pour acquérir le droit de la (ouler aux pieds ; ils démocrati- sent le crime, pour pouvoir s'en ra«.«asier, sans avoir à redouter le glaive de la justice. Tous leurs ef- - forts tendent à déshonorer au- jourd'hui la plus belle des causes, «fin de soulever contre elle toutes les nations amies de l'humanité. » Yergniaud fut réélu membre de la convention nationale. II s y mon- tra ccnslamment ce qu'il avait été pendant le dernier mois de las- gemblée législative. Son courage, soutenu par la plus héroïque ré- signation , semblait croître à me- sure que le péril devenait plus im- minent. Dès le 3 5 septembre, il appela sur Marat l'indignation de l'assemblée; mais sa voix, autre- fois si juiissante, ne produisait p!us (p^'une courte et imiliie agi- tation. Dès celte époque , il ne monta plus (pie bien rarenionl à la tribune. A son indolence nalu- felle, qu'jl ne savait vaincre que

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lorsque les circonstances agitaienï forleuicnt son iune, se joignit la cerliluile il était d»- riueflica- cilé de ses elloiis. Il n'était |)liis snulenu que par la fermeté de ses principes; il sentait qu'il ne pou- vait plus que protester contre; les excès qui allaient se commettre, et sa mort, qu'il voyait arriver, lui paraissait la plus éloquente des protestations. « Sans cesse abreu- vé de calonuiies, disait- il le i5 mars i 795 , je me sui'< abstenu de la tiibuue tant que j'ai pensé que ma présence pourrait y exciter des passions, et que je ne pouvais y apporter l'espérance d'y être utile à mon pays. » Mais toutes les fois qu'il ouvrait la bouche, la franchise et l'énergie de ses ilécla- ralions, ses méprisantes apostro- phes , ses sarcasmes amer.-, té- mcùguaient a-sez la profonde et douloureuse indignation qui s'é- tait emparée de son 5me. Le 5i décembre, il prouva, dans un dis- cours remaripiabie, la nécessité de soumettre au }>euple la décision de l'assemblée dans le procès de Louis XVI. Ses arguniens étaient irrésistibles; la Montagne , dont celle détermination aurait , pour un moment, paralysé les projets, n'y répondit que par des cris de fureur; Vergniaud, inébranlable, et menaçant encore au milieu de la tempête, accabia un instant de son éloquence cette faction redou- table, et parvint à faire décréter l'arrestation de Bentabolle, l'un des membres les plus exaltés. Ce fut alors qu'il démontra Texis- tence d'un complot qui avait pour but l'assassinat d'un grand nom- bre de ses amis et de lui-même. Il vola la mort de Louis XVI ;

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Triais on p^l éloniié qu'.iprès avoir invoqué l'iippcl îiu peuple, il ait voté ctjnlrc le sursis. Vergniaud fui noiiiiiié président !e lo janvier 1790. Ce l'ut lui qui prononça l'ar- rêt du malheureux prince ; il dut peut-être à la violence des senti- mens qui l'agitèrent ah)rs , une fièvre ardente qui s'empara de lui, après les séances dt-s 16 et 27 jan- vier, et qui lit craindre qutique temps pour ses jours. Le 10 mars, à peine eut - il entendu Hiire la proposition d'instituer le tribunal révolutionnaire, que, s'élançant vivement à la tribune : « Lors- qu'on vous propose, s'écria-t-il, (le décréter létablisseirjent d'une inquisition mille lois plus redou- table que celle de Venise, nous devons déclarer que nous mour- rons tous plutôt que d'y consen- tir. » C'est ce jour-là même que lut découverte celte conspiration, connue sous le nom de conspira- tion du jo mars, et qui n'eut d'au- tre elFet que ceux que lui donnè- rent la Montagne et la commune, si empressées de tirer parti de tous les événemens funestes. On ne manqua pas d'en accuser les G i rondins. Vergniaud repoussacel- te ridicule accus. ition HVec sa su- périorité ordinaire. « On a vu , dit-il, dans un endroit du dis- cours qu'il improvisa en celle oc- casion , ou H vu se développer j)aruii nous cet étrange système, d'après lequel on vous dit : Vous êtes libres , mais pen.sez comme nous sur telle ou telle question d'économie politique , ou nous vous dénonçons aux vengeances du peuple ; vous Ctes libres, mais courbe» la tête devant l'idole que nous enoensons, ou nous vou»

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diMionçons aux vengeances du peujde; vous êtes libres, mais as- sociez-vous à nous pour persécu- ter le? honinies dont nous redou- tons la probité et les lumière.';, ou nous vou? désignons par des dcno- minations ridicules, et nous vous dénonceroiis aux vengeances du peuple. Alors, citoyens, il fut permis de craindre que la révolu- tion, connue Saturne, dévorant successivement tous se» en fans, n'engendrât enfin lo despotisme avec toutes les calamités (pii rac- compagnent. » Et peu après, s'a- dressant au peuple lui-même: c Un tyran de l'antiquité avait un lit de fer, sur lequel il faisait éten- dre ses victin)ijs, mutilant celles qui étaient plus grandes que le lit, disloquant duuîoiireiisemenl cel- les qui l'étaient moins , pour leur faire alleiiulre le niveau. Ce tyran aimait l'égalité; et voilà celle des scélérats qui te déchirent par leurs fureurs. <> Ses ennemis ftirent ré- duits au silence, mais non rebu- tés. Ils prirent une «narchc plus adroite ; ils l'attaquèrent au de- hors, ainsi que ses amis, et exci- tèrent peu à peu la défiance et la haine d'une multitude ombr;igeu- se. Le 1" avril, lorsque l'assem- blée apprit la défection de Du- mouriez, on lui surprit la décla- ration qu'elle poursuivrait ses membres mêmes, contre lesquels il y aurait de fortes présomptions de culpabilité. Le 10 avril, quel- ques sections présentèrent à la harro une adresse dirigée contre les Girondins. Pétion fit entendre contre celte adresse d'énergiques réclamations. Après lui , Robes- pierre s'éleva pour la soutenir. «Je viens, dit -il, dévoiler le»

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trames tle celle {^rande conjura- tion. » Voici quelques - uns des cliet'j d'ticcusalion , qu'il faiî^ait porter principalement sur Ver- gri-iaud, Guadet et Gensonné : (Je s'êlre opposés ù la déchéance du 9 roi; d'avoir loué La Fayelle et Nar- borine; d'avoir calomnié lo con- seil - général de la commune de Paris ( après le 2 septembre ) ; d'avoir voté l'appel au peuple ; d'être des meneurs, des iutrigans, des modérés ! On a peine à con- cevoir de pareilles accusations , dont quelques-unes sont des élo- ges, et de la plupart desquelles les faits eux-mêmes étaient une réfii- ialion sans réplique. Vergniaud monta à la tribune immédiate- rnenl après Robespierre; et pas- s^ant en revue les différens chefs d'accusation { il y en avait dix- huit), montrant la fausseté des uns, le ridiculb des autres, et l'ab- surdité de toutes, el mettant ha- bilement en contraste sa conduite et celle de Robespierre lui-même, il le couvrit de confusion el de honte, et ne lui laissa plus d'au- tre voie que la force ouverte pour arriver à son but. Guadet parla après Vergniaud, acheva de ré- veiller le courage de la majorité de l'assemblée, et, s'apercevant de l'impression qu'il avait pro- duite, il lança tout à coup contre Marat un décret d'accusation, qui fut presque unanimement accueil- li, et adopté sur-le-champ. Le coup était hardi ; mais la Monta- gne avait trop d'influence au de- hors pour qu'il pût réussir. Le peuple se souleva; les commissai- res des sections reparurent à la barre, renouvelant les accusations do Robespierre, et demandant la

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mise en liberté de l'Ami du peu- ple, laquelle leur fut accordée. Cependant le côté droit allait en- core remporter une demi-victoi- re, qui, peut-être, lui était mé- nagée à dessein par la Motjlagne elle - même. Grangeneuve" jeune parut à la barre à la tête d'tme dé- putation du départen)ent de la Gironde , qui ne se croyait pas aiors étranger aux intért-ls de liberté. Les réclamations de Gran- geneuve ne furent pus sans effet. Le 20 mai, sur la rédaction do Vergniaud, fut rendu un décret ainsi conçu : « La convention na- tionale improuve, comme calom- nieuse, la pétition qui lui a été présentée par trente-cinq sections de Paris. » La commission des douze fut formée; ses actes ne servirent qu'à exaspérer la haine du peuple , qui , le 3o , se déclara en insurrection. Dès lors, tout fut perdu pour la liberté et pour la patrie. Ce fut dans ces pénibles circonstances que Vergniaud dé- veloppa toute la fermeté, toute l'énergie, toute la grandeur de son june. Poursuivi au dehors de l'assemblée par les calonmies des agitat(!urs et les fureurs d'un peu- ple égaré, menacé au-dedans par les vociférations et les poignards des tribunes, son visage sloïque ne laissa jamais entrevoir la moin- dre émotion. Ln des derniers jours de mai, au moment mille voix, séduites ou salariées. demandaient sa tête î\ la convention, i! entre seul au ihéAtre de la Répu!)liqiie. « Est-ce vous, Vergniaud, lui dit un de ses amis? Que venez-vous faire ici? Peut-être en ce moment êles - vous décrété d'accusation. Je lésais, répond Vergniaud;

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mnis que puis-je à loul cila? J'ai bravé tous les danger?, el mu (ion- leur est de les avoir bravé.s inuti- lement. J'ai lait à mon pays le sa- crifice de mes jours; c'est le der- nier que je pui?se lui faire ; je dé- kire seulement qu'il ne lui soit point inutile, mais je ne l'espère pas. J'ai rempli tous mes devoirs; c'est à Paris à l'aire le sien. .> Le 3i mai, au milieu du désordre, du tumulte et de l'eflVoi qui iV- gnaienl dans l'assemblée, Ver- gniatid lait jurer à ses tuliègues «le mourir tous à leur poste. On annonce un moment après que les »ections soulevées se sont mises en marche; Vergniaiid fait décré- ter qu'elles ont bien mérité de la jalrie, en ce qu'elles ont mainte- nu le respect aux propriétés et à la sûreté des personnes. Le i" juin, il rassembla tout ce qui lui restait de forces pour combattre liu proj'U de pioclatnation pro- posé par Barrère, dans lequel les evénemens de la veille étaient odieusement dénaturés. Le lende- main, il fut décrété d'arrestation ; il se rendit sans résislance. Depuis celte époque jusqu'à sou juge- ment, de nombreuses occasions de fuir lui furent offertes ; il ne voulut jamais eu profiler. Tra- duit , le 25 (»clobre, devant le tribr.nal révolutiounaire, il se dé- fendit avec simplicité, avec cal- me; il démonlr.i la fausseté de tous les faits avancés à sa cbarfîe, el néaimioins fui condamné ;\ mort. Il s'élail procuré utJ poison trés-sjbtil ; mai-> voyant ses an»is condamnés avec lui, il leur dé- clart» que puisqu'il n'avail pas as- fte» de poison pour eux Ions, ili les accompagnerait à l'échafaud.

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Il y porta sa tête le 3i ootobro i7«j5. Vergniaiul fut, sans contre- tliU le premier orateur de l'assem- blée législative et de la conven- lion. Une imagination brillante et riche, un style énergique et ani- mé, des traits hardis, de? mou- vemens véhémens, sortant avec impétuosité d'une ûme ardente et passionnée, tels sont les caractè- res distinclifs de son (aient. Tous ces avantages étaitiil rebaiissés par le plus noble débit. 11 était |>eu suîCepliidc de grands tra- vaux; mais la nature y avait sup- pléé par une (îonception facile et promple, et une mémoire prodi- gieuse.

VERHLELL ( Ghables-He»bi, comte), pair de France, vice- aM)iral en retraite, grand'croix de la légion-d'liotmeur, etc. , est à Doesberg (Gueidre) vers 1770. Vorté par goût au service triari- lime, il entra comme cadet dans la marine de son pays . et était parvenu au grade de lieutenant lorsque la révolution éclata en 1793. N'en ayant point adopté les principes, il fut obligé de quitter le service, et resta sans emploi jusqu'en 1804. C'était l'époque l'empereur Napoléon menaçait l'Ariglelerre d'une descente ; il demanda au gouvernement de la iioilande un ancien ollif^ier de marine, pour corr)mander 1;1 flot- lille hollandaise, qu'il voulait réu- nir à Boulogne ; le choix se ûxa sur le frère de M. Verhuell, capi- taine de haut-bord, marin distin- gué, qui refusa le poste honr)ra- ble qu'on lui offrait ; mais il indi- qua son frère cadet, qui accepta, et fut envoyé en France ; de sorte qu'il devint en un jour, do siiupl*

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lionlenniil de vaisseau, vice-ami- r;il, comme le remarque le roi I.otii? ( voy. Bonaparte - Louis ) dans ses Dorumens et remarques historiques sur la Hollande, 3 vol. JD-H", Briix«'IU>s. Il ne tarda pas à justifier la confiance qu'on avait eue en lui. Iii.-liuil de la mission que le nouvel amiral avail à rem- plir, l'amiral anjrlais l'attendit au ]»assiij;e avec un grand nombre de vaisseatix et de t"régat«îs sous ses ordres. L'amiral Verhuell, at- taqué lorsqu'il parut près du cap Cuinez à l:^ lête de la flottille qu'il conduisait à Boulogne , eut à sou- tenir un rude combat , il mon- tra autant de cnurage que d'babi- lelé , et força l'ennenn à se reti- rer. Il conserva sous le gouver- nement du grand-pensionnaire, Schimmelpeiiniiick , le grade de vice-amiral, et fut en outre nom- mé , en 1806. membre de li dé- pulalion hollandaise chargée de traiter avec le gouvernement fran- çais pour les intérêts de son pays. Quatre mois se passèrent en né- gociations , dont le résidîal fut (jiHvramiral Verhuell et ses col- lègues demandèrent pour roi de Hnllande le prince Louis, frère de l'empereurNapoléon. Le grand- pensionnaire Scbimmelpenninck n'ay)prouva pas celte disposition, qui anéantissait la république. L'amiral Verhu(!ll reçu ^ ainsi que les autres députés, en audience solennelle, par l'empereur Napo- léon , prononça le discours un prince étranger était appelé au gouvernement de la Hollande. Il fut créé iniuisJre de la marine par le roi Louis, et successivement maréchal du royaume et comte de Sevenaar. La Hollande ayant été

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réunie à l'empire français, l'amiral Verhuell [)assadansce grade au ser- vice de France, fut nommé grand' cr(tix de l'ordre «le l'Union et chargé du commandement du Helder. Kn 181 5 et 1814, il dé- fendit ce port avec une rare cons- tance cc.ntre les Hollandais eux- mêmes , qui avaient profité des malheurs de notre patrie pour se détacher de son alliance. Ce ne fut qu'après l'entrée des troupes étrangères à Paris et l'abdication de Napoléon , qu'il remit la place du Helder au général Jonge, qui l'assiégeait. M. Verhuell revint dans sa patrie adopîive , et fut nonnné un des inspecteurs de la marine. Il est depuis 1819 mem- bre de la chîimbre des pairs.

VÉRITÉ (Charles), à la Ferlé-Bernard, dép,irlen»ent de laSarlhe, n)aire, |)uis adminis- trateur du district de cette ville, fut élu par le département de la Sarihe, en 1791, à l'assemblée législalive; il ne fil point partie de la convention nationale. Ren- tré dans l'administration munici- pale, il fut ensuite nonnné admi- nistrateur de son dé[>artement. Sans emploi sons les gouverne- mens consulaire o.t impérial, il devint dans bs cent jours, en iSi.T, sous-préfet de l'arrondis- sement de Mamers, même dé- partement; il refusa depuis de se mettre sur les rangs , comme l'en sollicitaient ses amis , qui sont ceux de la liberté , pour entrer à la chambre des députés , son âge ne lui permettant pins de se livrer fructueusement, dit-il, à ses ho- norablestr;ivaux. !M. Vérité, d'ans toutes les fondions publiques qu'il a remplies, comme dans sa

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retraite, a su nit'^riler et conser- ver l'eslime de ses ailininistrés et en général de ses concitoyens, par (irie grande sagesse et par une grande invariabilité de principes et de conduite, dans des temps Ces deux qualités sont restées l'apanage d'un trop petit nombre de personnes.

VERMIGLIOLI (Jean-Baptis- te), membre de plusieurs socié- tés savantes, professeur d'archéo- logie, conservateur du cabinet des antiques à Perouse, est dans cette ville en i^CJç), et a été éle- vé à Orvielte, il ticheva en ptu «le temps ses éludes. De retour dans sa patrie, il se mit à fouiller les archives, les musées et les bi- bliiilbéques, pour en exhumer tout ce qui pouvait coniribticr à on é- claircir l'histoire, il a publié im grand nombre d'où vraj^cs , entre autres un cours d'archéologie, qui C;t devenu un livre classique en Italie. Ce savant jouit d'uue gran- de considération auprès de ses compatriotes, et plusieurs de ses écrits mériteraient d'être traduils el connus par les étrangers. N(Mjs regrettons que i.i nature de notre ouvrage nous oblige ne citer que les suivans : Dell' AiUira città (H Arna, Perouse, 1 800, in-8'; 2' le anlirlie iscrizioni perugine cou itna disstrtazione salle origini (U Ptrngin, ibid., iHri'i. 3 vol. in-''j°; 5' Islorin de' >li.sripliriuli , ibid., i8o/|, iri-8°; /j" la Tipoi^ra- l'ia péril gina ilrt .srrolo Xf^^ ibid., l8u(), in-8°; 5* Metnorie per .scrui- re alla vita di IMatiirartzio, ibid., 1807, in-8"; 6" Memorie di Jacopo A ntif/uarj, elc. ibid., i8i5, in-8'; 7* Délia zicca t délie tnonete peru- gine, ibid., 1816, in-:'!"; %* Lezioni

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elemeutarl di archeologla , i!>id., 1822, 2 Vol. in 8"; Bihliogra- fia stoiico-periigina y ibid., ih25, in-4''; 10" Congetlare sopra una grande iscriiione etrusra scoperta nel 1822, ii)id., ir2.!), iu-4°; « •" Di un quadranle unico ed inedito del museo di Pcrugia, ibid,, i825, in-8".

VKIVNEITJI PUIRASEAU (le BARON Joseph de) , d'abord maire de sa comn)urie, |>uis membre du conseil-général de départi-ment , et enfin président du tribuiial de Nontron. fut nommé, en 1791, par le déparlcuient de la Dorilo- irne , député j"! l'assemblée légis- lative, 011 il siégea an côté droit, et vola avec le parti nmdéré. A la fin de la sessicm , il se retira dans .'^a coîiimune et échap[)a aux pros- criptions de la terreur. Juge-de- paix fie Biissière-Badil, haut-juré à la hante-cour de Vendôme vn 179;, président du trii>unal cri- minel de la Dôrdogiie eu 1799, préfet de la Corrèx'e eu 1 Hoo, pré- fet du Mont-Blanc en 1802, il fut appelé , en 1804, à 'a diriction des droifs-réunis iU\ déparlement de la Rlayenne, fonctions qu'il refusa. C'est alo^s que, de Tagré- inent du ministre de l'intérieur, il s'occupa de rédiger la stiili^lique du département du iMiuil-Blanc. Il tlirigea ensuite un bureau par- ticulier près du minislre de l'in- lérieur, présida le conseil électo- ral de Nontron en 1809, et devint en 1810 membre du corps-légis- latif; le 29 décembre i8i3. il ap- puya, en comité général, la pro- posiliou de f lire imprinvr le rap- ))ort de M. J.ainé, présenté an non» d'une commission exiraordinaire. Le 24 septcinbre iSi4, il parla en

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faveur du projet de naturalisation; le 28 octobre, il appuya le projet de reslitulion aux émigrés, de leurs [jiens non vendus; il rleinau- da ensuite que les biens cédés à la caisse d'auiorlissemeul et aux hospices fussent restitués à leurs propriétaires, avec la clause ex- presse de prendre des mesures propres à tranquilliser les acqué- reurs de biens nationaux. Le 27 décembre, il se prononça pour les auiandemens de la commission au projet de loi sur la courdecas- sation. M. Vcrneilh-Puiraseau fit partie de la chambre des cent jou7'Sf en »8i5. Depuis 1814 jusqu'en 1823, il a constamment siégé aux diverses chambres, à l'exception de la chambre dite introuvable , il n'a point été appelé. Dans la ses- sion de 1819, il s'est [>rononcé contre les deux lois d'exceptions; toutefois, il a voté pour le nou- veau systènie électoral, en ap- puyant l'amendement de M. Koin \voy. ce nom), qui conserve en partie l'élection directe. M. Ver- neilh - Puiraseau a été nommé par le roi baron et chevalier de la légion-d'honneur. On a de lui : Statistique du département du Mont-Blanc, Paris, luO^yin-Zi" de 570 pages. Elle passe pour la meilleure de toutes les statis- tiques qui ont été pnl)liées, au nombre de près de deux cents , sur les différens déparlemens. Une première édition in-folio, commencée à l'imprimerie du gouvernement, n'a pas été ter- minée; 2° Observations des com- missions consultatives sur te pro- jet du code rural. I.e minisli'e de l'intérieur fit remettre, en 1817, des exemplaires de. cet ouvra-

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gc aux bibliothèques publiques.. VEUNES (Jacob), célèbre pas- teur genevois, naquit à («enève en 1728. Il fit de brillantes élu- des, et montra dès-lors le germe des taîens qu'il développa dans la suite. Après s'être long-temp* préparé au ministère évangélique, auquel il se destinait, il fut nom- mé, en 1770, pasteur de sa villtt natale. Ami de la liberté, il s'al- tdciia au parti pa^ciutique , et fut enveloppé dans sa disgrâce en 1782. Forcé de s'exiler à celle époque, il ne rentra dans sa pa- trie qu'après la révolution qui " éclata en 1789. Il mourut à Ge- nève en 1791 , à Tâge de G5 ans « laissant l'exemple d'une vie plei- ne (le bonnes œuvres et d'utiles travaux. On doit au pasteur Vcr- nes , outre un journal intitulé : Choix littéraires, en 24 vol. in-ia, des Lettres et dialogues sur le chris- tianisme de J. J. IVousseau, en réponse à quelques lettres de cet homme célèbre; un roman, sou.s le titre de Conférences philosophi- ques; un Catéchisme à l'usage de toutes les religions chrétiennes , et enfi.i VExamen de cette ques- tion, qui sans doute avait alors de l'importance : Convient-il de di- minuer à Genève le nombre des sermons? Jacob Vernes sut aussi s'exercer dans des genres moins sérieux : il faisait facilement des vers. Les sermons de M. Vernes n'ont été imprimés qu'après sa mort; c'est, au rapport des pro- teslans eux- mêmes, ce qu'ils ont de mieux en ce genre. Son fils, François Vernes, en janvier 1705, s'est ojcnpé avec succès de travaux littéraires, et a produit une foule d'ouvrages en prose et en

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\er5. On accorde quelque estime à son poëme. en 16 chants, inti- tulé : la Franciade, a vol. in-8°. 1790. 11 a été l'éditeur des Ser- mons de ^on père. * VEllNET (CtAroE-JosEPH), est à Avignon 1»; \[\ août 17 «4- ^^'- re, et fi^rand-père de peintres, il é- tait fils d'un peintre, d'Antoine "Vernet, qui fut son premier cl à peu près son seul maître. A 18 ans, il quitta le (lomtat pour se rendre à Rome. Le hasard, qui le décida à y aller par mer, détermi- na la direction de son talent. Ha- bitué à dessiner tout ce qu'il ren- contrait , et n'ayant devant les yeux, pendant la traversée, que la mer, le ciel et des vaisseaux, il des sina ces ohjets dans toutes lea si- tuations oi"i le hasard les lui pré- senta . et il se reconnut appelé à peindre surtout les scènes si va- riées, et toujours sublimes dont l'Océan est le ihérarc. Dans son enlhousiaMiie, il ne croyait pas pouvoir les contcmplera<sez long- temps et d'assez près. Du rivage il eût été trop loin d'elles; cVst au milieu de la tempête même qti'il se plut à en étudier les accidens an pied d'ur» mât au- quel il s'était Tiit lier. Pendant que chacun tremblait et ne voyait au- tour de soi qu'un ciel prêt à fou- droyer le bâtiment, qu'une mer prête ;'i l'engloutir; m ces momens de silence, qui dans b-s grands pé- rils sont aussi bien que les cris, une expression de terreur, on en- tendit Vernet s'écrier que cen beau! et toute sa personne était imituée d'une exaltation que le pinceau d'Horace, son pclit-fils,a bien mieux rendu que notre plu - me. Vernet resta vingt aQ5 en Ila-

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lie, il fit un grand nombre d'ouvrages qui étal)lirent sa répu- tation. On citait principalement ceux dont il orna la galerie de Borgbèse, et ceux du palais Kondanini, il s'est plu à imi- ter le faire de Salvator Rosa II fut lié en Italie avec tous les ar- tistes célèbres de son temps, mai* plus particulièrement avec le* peintres Solimèncs, Jean Paul Pa- nini, Locatclli ; il fut lié encore de la plus intime amitié avec l'Or- ])hée de l'époque, avec Pergolese. Ce grand musicien quillait peu l'atelier de Vernet, il trouvait au.isi d'heureuses inspirations. Il y composa entre autres im verset de cet admirable Slahat, qui après un siècle, est encore cité comme un modèle de mélodie et d'expres- sion. Vernet avait en possession le brouillon de ce verset, qu'il ap- porta à Paris, et que sa famille possède peut-être encore. En 1752, il fut appelé en France par le gouvernement pour })eindre les ])rinclpaiix ports de mer. Nommé à eelte époque membre de l'aca- démie royale de peinture, il y fut élevé au rang de conseiller en 1 763. 11 est mort en 1 789. On por- te à près de 200 le nombre des ta- bleaux grands et petits qu'il a faits en France, de 1752 à 1789. La mort l'a surpris en quelque sorte le pinceau à la main, et ce pinceau n'a pas eu de vieilb'sse; tous se» ouvrages sont dignes de lui. La seule récompense, la seule dis- tinction que le gouvernement ait accordée à Vernet, c'est un logc- mcrt au Louvre. Il avait épousé, à Rome, i\l"" Parker, fille d'«m An- glais callndique , odicier (tans l.*» n»arinc du pape. Verncl a joui de

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son vivant de la pins haute con- nu sous le nom de CABLE-VERTtET, sidératioti. Il la (levait à ses la- peirilre d histoire , ineiiibie de res qualiîcs non nioin.^ (iii'à ses linstilnt, thcvalier dts or<li»^5 de f^rands talm-; i! avail hcnncfmp Sainl-Michfd cl (!•• la It-fiion-d'hon- d esjHit, de j^aîté, de iiatnri'i, et en neur. esl à BMid-aux \<: i ] i'"'"''- niôme ienip>l)eanc,on[)d',i-pi()!iib, l^SS. Elevé de son jx'-re, il a eonj- dc mesure et même de dignité, menée de. très-hiMiiie heure rélu- Répando dans la meilleure coni- de de la peinture; à 17 ans, il ob- paj^nie, il savait s:"ûter les i)lai- tint à l'académie le second prix: sirs et y cnntrihner. Il racontait à à -i^, en 1 782, il remporta le grand iT)erveille. A i'aris comme à Home, prix, et partit pour Uonie en qna- il a été recherché partons les hom- lité de pensionnaire du roi; en mes célèbres de son temps; il a 1 787, C. Yernel a été reçu niein- élé l'ami de plusieurs d'entie eux. bre de racatlémie royale de pein- Peu de peintres ont joint à une turc, après avoir présenté pour sa pralifjue plus habile, uae théorie réception i\n tableau de i5 pieds plus prolonde, plus juste et en de proportion, représentant le même temps [)lus claire. Il par- triomphe de Paul Emile; c'est le lait épalemcnl bien de son art aux premier des grands ouvrages his- gens du monde et aux artistes, toriques qu'il a faits. En i8i4«'''i quoiqu'il leur dît, ou peut-être été ru)mmé membre do l'institut parce qu'il leur disait les mêmes royal. Ses principaux ouvra'i,es choses d'une maïuère toute diil'é- sont : la Bataille de Rivoli, 10 rente, et qu'il avait le talent de pieds : la Bataille de Marenj;o, 02 traduire pour les uns dans la lan- pieds; la Bataille d'Austerlilz, Dé- gue usuelbî ce (pi'il expliquait part des Maréchaux, 2-2 p. ; l'En- aux autres dans la langue spécia- tréedans Milan, gpieds; la Batail- le. Diderot, enchanté de sa con ver- le de Wagram, i5 pieds; dans de sation, l'invita à composer un ou- moindres proportions, uo grand vrage, en lui proposant d'en re- nombre de sujets de guerre, de xoivhi rcùixction. f^otre slylc gâte- chasse ou de taniaisie; des por- r ai t ma peinture f répondit Vornet. traits à idieva! , jarrni lesquels se Honnête, droit, facile et bon dans trouvtMit celui de >apc!eon et ce- ses discours connue dans ses ac- lui de Mgr. le duc de. Berri. tions , il fui toute sa vie complète- A cette suite d'ouvratre? peints, ment étranger aux tracasseries, dont il serait impossible de faire aux rivalités, aux haines d'acadé- ici l'analyse, on peut joindre mie ou de jMoi'ession. Prodigue une suite bien plus nombreuse en- de ses conseils el de son appui à ccre de dessins et de lithogra- tous ceux qu! les réclamèrent, il p'iies dans ton? les genres el sur ne se permit jamais la plus légè- tous le? sujets, depuis ceux qui re plaisanlerie contre le plus min- appartiennent à riiistoire jusqu'à ce talent ou le plus médiocre ou- ceux <pii représentent les scènes vrage. les plus familières. Parmi les pre- VEBNET ( Antousk- Charles- miers, on distingue 28 dessins Horace), fils du précédent, con- in-fol., pour les campagne» d'Jla-

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lie du général Honaparle. Veniet tableaux , qui embrassent un si en entrant dans l académie de vaste horizon, et au uiilieu de peinture, (jui depuis s'est fondue celte multiplicité d'aciions, Ho- dans la 4' classe de linsiitut, eut race Vernel a su appeler l'allen- la vive satisfaction d y siéger près tion d'abord sur tout ce qui con- de son père; il y siégera probable- court à déterminer le résultat que ment aussi près de son Uls. poursuit l'armée qui doit vaincre, VEKNET (FIorace) . ûls, petit- et indiquer par le mouvement de» ùb , arrière-petil-fils des précé- lignes de balaillcquellc sera l'issue dens, est à Paris le 5o juin de l'action qui s'engage entre les 1789, aux galeries du Louvre, corps qui sont aux prises. Il ne demeuraient son père et son néglige pas cependant les actions grand-père. II sénjblait que prête particulières, et ne s'allacbe pas à nous retirer un Vernct, la na- moins à peindre les individus que lure ait voulu conipcnser aussitôt les mas-es. Mais ces détails sont cette perte. Il semblerait aussi, liés avec tant d habileté à l'ensem- d'après la diversité des apliludes ble de l'action, qu'il faut y reve- dont elle a doué le dernier des nir pour les distinguer et s'aper- Vernet , qu'elle ait voulu repro- cevoir que cet immense tableau duire les talens de trois généra- est coniposé d'une innombrable tions dans un seul individu que de quantité de tableaux particuliers plus elle dota d'un talent qui lui qui s'y fondent sans s'y perdre, est particulier. au milirn de Les batailles d'Horace Vernet res- ta fermentation généreuse qui pré- semblent à ces récits l'histoire céda la révtdulion, Horace Ver- de chacun se retrouve dans l'iiis- net semble <n j)articippr; il a en toire générale , qu'avant tout on lui je ne suis quoi d'analogue à a le besoin de lire tout entière, l'esprit qui, à cette époque, ani- Horace, qui par se-* batailles s'est niait tontes les têtes , mais qui, en montré l'émule de son père, a le portant vers ce qui est grand, annoncé aussi, par plusieurs ta- ne l'a jamais fait dévier de la ligne bleanx de marine, que son grand- du bon et du lieau. Conduit par père avait un successeur. Lt quel tui noble palriolisme , c'est on re- est le genre il ne soif pas ap- traçarit les faits les plus glorieux pelé à réussir? Des portraits pleins aux armes françai.-e», que, si jeu- de vie et de pensée, des scènes, ne, il s'est ac<piis déjà une si tantôt gracieuses, tantôt piaisan- belle réputati'in. l>es baiailies de tes, tantôt terribles, mais toujours Jeinmappes, de Montmirail , de pleines d'esprit et d'expression, et Hanau , l'ont placé au premier dont les sujets sont pris, soit dans rang dt-s peintres dans ce genre, l'intérieur des familles, soit dans il n'e»l pas facile d'atteindre ù Icslravuuxou lesamusemensde la la j)erlection ; dans ce genre, qui campagne, soitdanslesaccidensde vent surtout l'exactitude et le la chasse, de la guerre et du bri- mouvemenl, étf)ù r«.'xactilude est gandage,qui ont ensendjle plus si près de la froideur et le mon- d'analogie qu'on ne le croirait, vemcnt de la confusion. Dansées prouvent qu'il n'y a rien d'ina-

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bordable pour son pinceau facile et fécond. Mais ce qui le distin- gue entre tant d'h.ibiles arlistes dont cette époque abonde, c'est l'esprit de srs coujposilions; non- •eulenjcnt elles enchantent l'œil, elles satisfont l'imagination, mais elles provoquent souvent les plus profondes réflexions. Tel est par- ticnlièrenient le mérite du Soldat laboureur, tableau où, sans y pen- ser peut-être , Horace Vernet a mis en action cette belle image de Virgile :

Agricola incurvo terrant molitur aratro, Exesa inveniet scabrd rubiginc pila, . Aut gravibus rosirit galeas pulsabit inanes, Grandiajut eff'ossi.i mirabitur oaa scjiuUris.

Un jour le laboureur dans ces mêmes sillons dorment les débris de tant de bataillons, Heurtant avec le soc leur antique dépouille, Trouvera sous ses pas des dards rongés de rouille, Entendra retentir les casques des héros, Et d'un œil effrayé contemplera leurs os.

Ce mérite se retrouve aussi dans le Soldat de IVaterloo. Qui peut, sans tomber dans un abime de médilaliuns, otmtempler sur ce champ de bataille ce soldat blessé survivant seul à ses compagnons, à ses chefs, qu'il vient d'enterrer, colonne chancelante, mais debout encore au milieu des ruines du monument dont elle a fait partie? L'idée de ce tableau est liée inti- mement à la pejisée de l'autre. Ce sont deux scènes d'un même dra- me, séparées par quelques siècles ou par quelques mois. Si nous voulions analyser toutes les con- ceptions d'Horace Vernet , le plus fécond peut - être des peintres qu'ait produits la France, cet ar- ticle n'aurait pas de bornes. On sait qu'en ibau les tableaux d'Ho- race Vernet suffisaient déjà seuls à remplir son vaste atelier, le public vint jouir de ces compo.-i-

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lions, auxquelles l'entrée du Lou- vre était alors refusée. Nous ren- voyons le lecteur au catalogue dres- sé à celte occasion par MM. Jay et Jouy.Nous ne pouvons néanmoins refuser ici ime attention particu- lière au Chien du Régiment , la production la plus naïve, la plus piquante et la plus vraie peut-être qui ait été souscrite du noui de Vernet. Sous le feu de la mitraillq et de la mousquelerie. au fort de la bataille, deux jeunes tambours ne s'occupent que de leur barbet blessé; ils lui prodiguent tout, jus- qu'à leur eau-de-vie; indiCféren» aux dangers qui les entourent, à la mort qui pleut autour d'eux, ils sont tout aux souffrances de leur chien. Ils sont intrépides à force de sensibilité. C'est par une cause tout opposée que l'est ce personnage qu'on a rencontré partout; ce capitaine qui, tout à sa manœuvre, ne s'occupe pas plus de ce barbet que si c'était un homme. 11 en est de ce petit ta- bleau comme certains petits poè- mes que leur perl'ectiun met si fort au-dessus de tant d'épopées. Est-il beaucoupdegrands tableaux d'hislt»ire qui vaillent le Chien du Régiment? Il suffirait à la ré- ])utation d'un artiste. La barrière de Clichj, la défense de Sarragos- se, le Cheval du Trompette, mé- riteraient aussi des articles à part; mais ce serait à n'en pas finir. Et l'auteur de tant d'ouvrages n'a pas IrenJe-six ans! Puisse-l-il soutenir et accroître long - temps encore l'honneur du nom qu'il porte? Il en est peu d'aussi nobles. Trois générations suffisent pour chan- ger en gentilhomme le petit-fib d'un obscur anobli; et depuis qua-

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(re générations, les Veri>(;t fonl illustres ! Les Didot «enl.>< se sont fait une pareille noblfsse.

VERNIER (le COMTE Théodore), ù Lons-Ie-Saultiier, était avo- cat à l'époque de la révolution, dont il soutint les principes avec modération; nommé, en 1789, député du tiers-état du bailliage d'Aval, en Franche-Comté, aux états-généraux, il s'y occupa sur- tout des finances. Il publia eu 1791, sur cette paitie, un ouvrage qu'il inlilula: Élémens de finances. 1 1 présida l'assemblée vers le même temps, ()roposa en juin suivant, au moment du départ du roi, une fa- brication d'armes dans toute la France , et présenta divers projets contre l'émigration, qui ne furent point admis. Rentré dans ses foyers après la session, il fui <lé[Hilé par la département du Jura, en sep- tembre I79'2 , à la convention na- tionale ; il vola la détention de Louis XVI, comme législateur, et refusa de prononcer comme ju- ge. H y reprit ensuite son travail favori , celui des finances, il avait déjà fait preuve de lumières. Il ne put écliappiT aux proscrip- tions du 19 mai, et fut un des 73 députés mis en arrestation. Rappelé dans le «eiu de la con- vention après le 9 thermidor, il présidait l'assemblée au 1" prai- l'ial ati 3 (20 mai «795), et ne -e laissa point intimider par les menaces de la multitude furieu- se qui s'était emparée de la sal- le. t\lembrc du conseil des an- cien» , sous le directoire , il ne ftit point atteint par la révolution du 18 iructidor, et «r montra fa- vorable à celle du 18 brumaire; il fit partie de la commission in-

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tcrmédiaire de son conseil. Créé sénateur lors de l'organisation du gouvernement consulaire en 1799, il conserva ce titre jus- qu'en 1814. Il adhéra alors à la déchéance de l'empereur, et au rappel de la maison de Rour- bon. Le roi le nomma pair de France, le4j<iin i8i/|. Napoléon ne lui ayant point conservé cette dignité à son retour, en 18 15, il reprit son rang dans la chambre royiilc, à la seconde restauration des Bourbons. Le comte Théodo- re Vernier est mort en 1818. Il a laissé, comme littérateur, un ou- vrage pour faciliter la lecture de» Essais de Montaigne , et un Abré- gé analytique deSénèqae. Ces deux ouvrages ont obtenu im succès d'estime.

VEKNINAC DE SAINT-MAUR (N.), i\ Cahors en i'jV'>i. vint à l*aris, jeune encore, tt s'y fit connaître par quelques pièces de vers, qui furent insérées dans le.i journaux et dans VAlmanacli des Muses. Il embrassa avec trans- port, en 1789, la cause de la li- berté; fut envoyé par le roi, le 1"' juin 179», dans Iccomtat Venais- siu , avec Lescènc, Desmaisons et l'abbé Mulot, pour y apaiser le.-» troubles qui désolaient ce malheu- reux pays. Ils arrêtèrent momen- tanément le îours des assassinats, mais ne prirent point les mestires propres à les empêcher de se re- produire; au'si se renou vellèrent- ils bientôt à la Glacière, et peut- être furent-ils le prélude de ceux dont Paris devait être le théAfre un an après, dans les premiers jours de septembre. Il tut nom- mé mifiislre de France en Suède, il arriva le rG mai 1795!. deux

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jours apn'is les fuiiér;»iIl<'S de Giis- lavt' III. Quel!|u«; dis})()sée que lui la cour (l'j Stiède à adopter les prinripc* de la révoliiliini l,Vi"içai- se, elle se inoiitia peu favorable à M. Verniuac, el lorsque l'innée suivante, le baron de Staël fui en- voyé de Suède a Paris, six semai- nes après la mort de Louis XVI, les deux gouvern(>mcns rappelè- rent respeclivement leurs minis- tres. Chargé, en février 1795, de se rendre à Constantinople avec le titre d'envoyé extraordinaire, il fit son entrée dans cette ville le 26 avril. Malgré le cérémonial employé jusqu'alors, à sa premiè- re audience, il se fit précéder d'u- ne musique militaire, et escorter d'un détachement de troupes fran- çaises, la baïonnette au bout du fusil, jusque dans la seconde cour du sérail, elles présentèrent les armes au grand visir et aux autres membres du divan. Ce ne fut pas la seule innovation à la- quelle cette anibassade ait donné lieu; M. de Verninac est le pre- mier étranger qui ait fait impri- mer et dislril)uer une gazette dans sa langue à Constantinople. Il re- çut du grand-visir le titre de ci- toyen; mais comme ce mot n'a- vait pas d'équivalent en turc, il fut prononcé en français. Chargé de notifier à la Porte le traité de paix avec la Prusse, il réussit à faire reconnaître la république française, et à obtenir l'envoi d'un ambassadeur pernianent à Paris, dans la personne de Seïd-A!y-Ef- fendi; mais il fut moins heureux, malgré ses conférences avec les ministres de Suède et de Prusse, dans le projet de faire entrer le grand-seigneur dans une îdliancc

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avec'la France, ayant trouvé une opposition constante de la part «le tous |(-s autres ambassadeur-;, et surtout de ceux di; Russie et d'An- gleterre. II dem;tnda son rappel à cette é[)o(|ue, fut remplacé par Aubert du iiayet, et quitta Cons- tantinople dans les premiers jours de noveujbre '796. Forcé de dé- barquer à Naple.- , il y fut arrêté et gardé à vue pendant quelques mois, et n'eut la liberté de revenir en France qu'en mai 1797. Le 9 juin de la même année, il fut re- çu en grande audience par le di- rectoire-exécutif, auquel il pré- senta un étendard ottoman et un diplôme de Selim III: il était in- troduit par Charles de Lacroix, ministre des relations extérieure», dont il épousa la fille peu de temps après. A la première création des préfectures, en 1800. il lut nom- mé par le gouvernement consu- laire à celle du Rhône, rrt reçut, en 1801, la mission de se rendre dans le Valais, qui se constitua bientôt en république, sous la protection de la France. Pour reconnaître le zèle avec lequel il avait servi les intérêts de ce petit état, la diète valaisanne lui accorda, pour lui et sa famille, les droits et titres de citoyen du Valais. Depuis ce mo- ment, il resta san? fonctions publi- ques. En sei)tembre 181G, son ar- roiulissement l'élut candidat à la chambre des députés; mais l'esprit du temps empêcha sa nomination. RI. de Verninac , mort de^tuis plusieurs années , avait publié : Oraison funèbre de Louis- PkUippf dur d'Orléans^ 1-86; a* un Recueil de poésies; .">' Recher- ches sur les cours et les procédures criminelles d'Angleterre, extraites

_>^c '€. f^utoj'

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<le Blackstonc sur les lois anglai- ses, 179»» in-8°; 4* Description physique et politique du départe- ment du Rhône, 1S02, in-8".

VERVIEK (Jean-Baptiste), à Gîintl le 8 murs 1760, eiiibiassa de bonne heure 1%'tat militaire," aïKjiiel cependant il renonça, quoi- que revêtu d'un grade très-hono- rable, pour s'appliquer entière- ment aux sciences et aux beaux- arts. Il fit de bonnes et rapides «tudes, et fut nommé, en 1777 « docteur en médecine , et en 1 779, médecin m chef des armées de l'impératrice Marie-Thérèse, en Belgique. Après la guerre de Ba- vière, le gouvernement autrichien le nomma médecin et chirurgien en chef d'une expéditi'>n d'AI'ri- que et des Antilles, en le char- geant d'une uiission secrète et particulière. Avi-le d'étudier, sous un autre hémisphère, les mer- veilles de la nature, il entreprit, de son propre mouvement, difTé- l'ens voyages de long cours. En- fin , de retour dans sa jiatrie, il y exiTça pendant 55 ans , avec la plus grande dislincliou, l'art dif- ficile de guérir, et consacra sans cesse aux sciences et aux arts, dont le gnftt était sa passion, le peu de loisirs que lui laissait une pratique nombreuse. Il fut succes- sivement , à Gand , médecin en chef des hôpitaux militaires, mé- decin di's hospices civils, et pré- sident de la société de médecine. Aucun genre d'instruction, aucune branche des connaissances humai- nes, n'étaient entièrement étran- gères à cet honmie modeste, niais profondément érudit; aussi le» sa- vans, les hommes de lettres, les artistes dont s'honore la Belgique,

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étaient-ils, pour la plupart, ou ses ccrrespondans ou ses amis. Recommanddble surtout par les qualilésde son cœur, cet ami des hommes avait toujours* besoin d'affections, et la bienfaisance é- tait le trait principal de son carac tère. Sa douce philanthropie le conduisait partout 01^ il savait un être souffrant, et souvent il ajou- tait aux conseils de son art les se- cours de sa bourse; aussi, i\ sa mort, arrivée en décembre 1817, laiss a-t-il dans la classe peu for- tunée tous les regrets et les souve- nirs de la reconnaissance. Il était membre de plusieurs sociétés sa- vantes; on a de lui une Disserta- tion sur Cart des accouchemens , et one traduction des J phorismes d'Uippocrate.

VICTOa ( TEnaiN ) , duc de B'dliiue, pair et ujaréchal de France, grand-cordon de la légion- d'honueur, commandeur de baint- Louis, etc. . à la Marche, dans la ci-devant Lorraine, en 1766. A I 5 ans , il entra au service dans l'artillerit;. Il dut à la révolution l'avancement rajjide qu'il obtint; sa belle conduite au siège de Tou- lon, «t;u 1795, lui valut le grade de général de brigade. Rétabli de doux couj)S de feu qu'il avait re- çus à ce siège, il se rendit à l'ar- mée des l'yrénées-Orienlalfs, et «e trouva aux sièges' de Sainl- Elme et de Roses, et à toutes les batailles qui furent livrées jusqu'A l'époque du traité de Bûle II ,>c fit remarquer, en 1790, auxiliaires de Loano, de Cosaria et de Dego ; mais plus particulièreinenl, en 1797, ii celles de la Favorite et de Saint-(ieorges, il fil mettre bas les armes à 8,uoo hununcs de la i3

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division autrichienne de Provera; il reçut eu récompense le grade de général de division. Il battit J'cnrietni sur le Serio , surprit la place crAiicône, et fil prisonniers 5,000 hommes qui en Jormaient la garnison, ce qui délerinina le pape ù signer le traité de ïolen- liuo. Pendant la paix que procura celui de Cauipo-Formio, le gé- néral Victor eut le commande- ment du déparlement de la Ven- dée, il parvint à rétablir le ealme. 11 retourna en Italie en 1799, et prit, avec sa divii^ion , une part horjorabic aux batailles de Sainte-Lucie, de Vilia-Franca, d'Alexandrie , de la Trébia et de Novi ; raffaire de Monlebello était commencée lor-qu'il y arriva as- sex à propos p(jur en déterminer le succès, et cinq jours après, il commandait l'avant-garde à la ba- taille de (\lureugo. Chargé de sou- tenir les eflbrts de l'armée autri- chienne , il le fil pendant huil heu- res, jusqu'à l'arrivée, de l'armée française, sans perdre un pouce de terrain. L'n sabre d'honneur lui fut décerné par le premier consul Bo- naparle. Il parfit aussitôt avec l'or- dre de prendre lecommandement de l'armée gallo-balave, destinée, disait-on , à une expédition pour la Louisiane; ce projet ne roçtit point d'exécution. Le général Vic- tor resta néanmoins en Hollande, se maria à Haye, el ne quitta sou poste qu'après le traité d'A- miens ; il se rendit ensuite à la cour de Daneniarck en qualité d'ambassadeur de la république, et y resta jusqu'au moment la guerre éclata entre la France et la Prusse. Il fut blessé à la ba- taille d'Iéna, distingua ensuite

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à la bataille de Puisluck, et prit part a tous les succès qui illuslrè- reut la campagne de 1806. Com- mandant, en 1807, du 1" corps (lu la granje-armée à la bataille de Friedland, dont le succès fut en partie à Thabileté de ses manœuvres, il reçut le bâton de maréchal de l'empire sur le champ de bataille même. Après le traité de Tilsitt, il fut nommé gouver- neur de Berlin; pendant i5 mois» il occupa ce poste. Employé en Espagne sur la fin de 1808, il y commanda un corps d'armée, à la tête duquel il se distingua con- tre l'armée de Galice, et fut vain- queur aux bataille^) de Spinosa , de Sommo-Sierra et de Madrid ; il fut également heureux, en 1809, à la bataille d'I'clés, il battit le duc de l'Infantado , et lui fit 1 5,000 prisonniers; il compensa ainsi la perte que ce même géné- ral avait fait éprouver à l'armée française à Baylen, en forçant, on ne sait encore par quels moyens, le corps du général Dupont à ca- pituler. Les succès qu'il obtint à la bataille de Medellin furent dé- cisifs ; il détruisit l'armée com- mandée i)ar Cuesta. Plus tard, il perdit la bataille de ïalavera, après seize heures de combat et des prodiges de valeur, et néan- moins força les Espagnols , par (me marche savante et hardie , à abandonner le passage de Pena- Perros, et nul ainsi toute l'An- dalousie au pouvoir des Français. Chargé d'investir Cadix , il la fit entourer de remparts inexpugna- bles , et ne pouvant s'en rendre u!aîtr<! , il prit des ujesures pour être lui-même à l'ahri de_ toute insiulte. En effet , il eut à repous-

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ser les allaques de 24,000 Anglais et Espagnols réunis , qui voii- laienl le prendie par derrit're pour l'obliger à se retirer. Il gagna la bataille de Chiclana, el força les troupes combinées à rentrer dans Cadix. Appelé en Russie en »8i2, il quitta le blocus de Cadix, et eut sous ses ordres le corps ; il se couvrit de gloire au combat di; la Bcrésina. Kn i8i5, à la bataille de Dresde , il commandait le 2' corps , il fixa la victoire p.'^r une manœuvre hardie, qui enleva les positions de la gauche des alh'és, et isola i5.ooo Autrichiens qui lu- i-ent faits prisonniers. Les cham{)S de >Vachau, de Léipsick. et de Ha- nau , furent également témoins de sa valeur, quoiqu'elle n'eût pas partout le même succès. Ayant repassé le Rhin , il marcha sur Strasbourg, et mil en état de dé- fense toutes les places de l'Alsace; il défendit ensuite les Vosges pied à pied; mais des forces supérieu- res l'obligèrent de se replier sur la Aieuse, il tint encore quel- ques jours, et ensuite sur Saint- Dizier, d'où il chassa les Russes le 27 janvier i8i4- Quelques jours après , il s'empara du village de Bricnne malgré i5,ooo hommes, tant Russes que Prussiens, qui Toccu paient. Le g février, il se dirigea vers la Seine, seconda les opérations de l'empereur à Champ- Aubert et la Ferlé, et dé- fendit les ponts de Jiogent jus- qu'au 16; le 17, il se porta sur Nangis, etde sur Villeneuve, et contribua puissamment au succès de ces deux alTtires. Un repos de quelques heures :\ Salins fit man- quer , dit-on , l'occupation des ponts de Montereau, ce qui lui al-

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tira de vifs reproches de la part de l'empereur. Si le maréchal en fut vivement affecté, il reprit bientôt une noble revanche par la con- duite valeureuse qu'il tint le 7 mars à l'abbaye de Vaucler, il passa un défilé défendu par 60 pièces de canon, et eut une grande part au gain de la bataille de Craonne, il fut encore blessé d'une balle. Après la restauration, en 1814, il reçut du roi la croix de S:iinl-Louis , et le gouvernemcrnt de la 2' division militaire à Mé- zières , et lorsqu'en mars i8i5, Napoléon revint de l'ile d'Elbe , le duc de Bellune fit tous ses efforts pour empêcher le mouvement des troupes; n'ayant pu y parvenir, il se rendit en Belgique avec le roi, et y resta jusqu'au mois de juillet 181 5. A Cftte époque, il rentra en France à la suit»; des troupes é- trangères el des Bourbcms ; fut nommé quelque temps après pré- sident du collège ébctoial de Loir-et-Cher, pair de France , major-général de la garde royale, et enfin présidint de la commis- sion chargée d'examiner la con- duite des officiers j)endant les cent jours , en 181 5. Il fut désigné par le roi, eu i8iG, pour représenter l'armée française au mariuge du duc de Berri. Louis XVIU, de- puis, ne cessa de donner des preu- ves de confiance au duc de Bel- lune. Le i5 décembie 1821, un mois après le départ du njarquis de Latour-Maubourg pour l'am- bassade de Constantinople, il fut nommé minisire de la guerre. Le choix d'un guerrier qui avait fait long- temps la guerre en Espagne, donna encore plus de consistance aux bruits qui se répandaient alon

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que les troupes qui se rassem- blaient au pied (les l'yrénées , sous le nom de cordon sanitaire , n'altendaient qu'un trioinenl favo- lab^e pour pénétrer eu Espagne, et ces bruits, qui iuquiélaienl tous les amis de la paix, ne s'affaibli- rent, ni par le démenti que leur donna . par la voie des journaux, le 27 décembre suivant, le secré- taire-général du iniiiisicre de la guerre, ni même par l'onlonn mce du 22 septenibre 1 822 , qui décla- rait (pu; les troupes employées au cordon sanitaire seraient uiaitite- nues comme corps d'observation «laus les positions qu'elles occu- paient. L'incertitude que laissait encore sur cet objet important le discours du trûoe, à l'ouverture des chambres, le 28 janvier 1825, «iP dissipa le 2 lévrier, lor.iqu'oti sut que le travail d'organisation de l'armée destinée à eulrer en Espagne était dtfuiitivement ar- rêté, et que le duc de Belluue a- vait exprimé fortement le dé?ir de servir à cette arutée en qua- lité de major-général. Les désiis tin maréchal ne furent pas rem- plis; l'organisation de l'arniéedite des Pyrénées-Occidentales, qui parut le 6 février, désignait le gé- uéral Guillemot comme chef d'é- tat-major. Déjà, à cette époque , l'emprunt Ouvrard était l'objet des plaintes de Tambassadeur es- pagnol à Prfris, ce qui n'empêcha pas un journal royaliste de nier, quelques jours après, que la com- mission de MM. Ouvrard et Tour- ton existai. Le ministre de la guerre activait de tous ses moyens les préparatifs de la guerre d'Es- pagne; le 10 février, il présen- tait à la chambre des députés un

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projet tendant à ce que les Fran- çais libérés fussent rappelé» sous les drapeaux, projet qui fut, ù quelques modifications près , con- verti eu loi ; le i4 février, il prit une décision annonçant qu'il se- rait organisé, à Niort, des briga- des de mulets de bât pour le ser- vice de l'armée d'observation , et eufiu , le 19 février, M. Marchand arrivait à Perpignan comme agent (partie des vivres) du ministre de la guerre. Une ordonnance du roi, en date du 17 mars, nomma le uuiréchal duc de Belluue major- général de l'armée des Pyrénées, et une autre ordonnance du même jour, nomma le vicomte Digeon pair de Frani e et lieutenant-fréné- ral , ministre et secrôtaire-d'élat. et le ciiargea, en cette qualité, du portefeuille de la guerre pendant l'absence du duc de Belluue. On répandait dans le public que le maréchal avait été envoyé sur les lieux pour juger par lui-même si les fournitures en tout genre a- vaient été faites d'une manière convenable et satisfaisante, avec d'autant plus de raison que M. de la Bourdonnaye avait dit dans la chambre des députés , « que , par la plus étonnante contradiction, les préparatifs apparenssont pour la guern;', et les mesures réelles pour la paix. Voyez , ajoutait l'ho- norable membre, le prélude de tous les jnaux qui se préparent dans le désonlre des administra- tions militaires et la pénurie de tous les approvisionnemens. » Le ducdeBeliuneueremplitpas néan- moins le poste que lui déléguait l'ordonnance royale ; le comte Guillen>inot resta chef d'état-ma- jor-général, et ue ce?sa pas ur»

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instanl (Vf.n faire le? fonctions. Dès-lors le duc de Belhine put s'occu()er d»; ce fini ét.iit ftent-êlfe !e seul but de ga mission. Aussi écrivait-on de B;iyonne, le 8 avril, que ce n'était que depuis quel(|ues jours que le matériel de l'armée était orgnnisé, et que MM. Ou- vrard et Tourtnn étaient définiti- vement chargés de la fourni lure générale des vivres. Nous ne pré- jugeons rien dans raffaire du pi e- n)ier de ces deux munilionnaires, qui est portée devant l<.s trihu- naux( 1825); nousrapporftiis siiu- jilernent les faits consignés dans les journaux du tenip»; les discus- sions élevées dans la chambre des députés semblent l'accuser. Ce qu'a dit de lai le duo de Bellune, dans une autre circonstance, ne lui est pas favorable. Bientôt sans doute toute la vérité sera connue, et l'opinion générale fixée. Le duc de Bellune n'est resté auprès du prince généralissime que j)Our ê- Ire témoin du passage de la lîi- dassoa. Il quitta l'armée à cette époque même, et était de retour à Paris le i4 avril; le lendemain, il reprit le portefeuille de la guer- re , et rétablit dans leurs fonc- tions tous ceux qui en avaient été éloignés pendant s(»n abscence. Due ordonnance du roi , rendue le 'iS octobre . et contresignée j>iir M. de Villèle. président du con- seil, nomma le duc ne Bellune miuislre-d'élat et meujbre duc )n- seil-privé. Celle retraite, ou peut- être ce renvoi, parut avoir laissé des traces daic son cœur, car nommé ù l'umbasiadc de Vienne quelques mois après, il la refusa. On a prétendu que ce refii* avait eu lieu à la suite de diilicnllcs élc-

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vées ù la cour de Vienne, relati- vement à sa personne et au litre de duc de Bellune; mais on a dft ai)andonner bientôt cette opinion, le duc de Bellune étant parti en- suite pour son ambassade, et ayant été très-bien accueilli. Le duc de Bellune revint jouir à Pa- ris du repos honorable dft à ses longs services, et Charles X vient d'ajouter aux honneurs dont il é- lait déjà comblé , celui de le nom- mer chevalier de l'ordre du Saint- Esprit, dans la promotion que ce nuMiarque a faite à Reinjs, le len- demain de son sacre.

VICTOR EMMANUEL V, roide Sardaigne, second fils de Victor- Amédée 1(1, naquit le "i^ juillet 1759. Il ne fut connu, jusqu'à son avènement au trône, que sous le litre de duc d'Aoste. L'état mi- litaire, pour lequel il avait un goût décide , fut l'objet constant de ses éludes; il ne confiait à aucun au- tre le soin de commander les camps d'exercice que le roi faisait former de lemps en temps, siir- liuit à la fin de son régne et donna des preuves de connaissances é- letKlues dans celte partie. Le ai avril 1789, il épousa la princesse Thérèse, fille de l'archiduc d'Au- triche Ferdinand. La révolution française, qui éclata peu après', trouva en lui im adversaire, sinon puissant, au moins très-pronon- cé. Il Contribua bi;aucoup à faire entrer la Sard^iigne dans la coali- tion, et dès que la guerre fut dé- clarée, en 179;?, il se mit à la tête d'un corps de troupes, se porta avec lui à l'allaque du village de Gillette, dans le comté de Nice, passa ensuite le col de Vial, cô- tojra les limites orientales de la

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ProveOce , enleva les postes de Delterre et de Boyoïi, et se pré- senta môme jusqu'asix embou- chures du Var ; qtielqut-s jours après, ii repoussa nos troupes à Gandola, el coupa l'iûle droite de l'armée. Le couUe de Saint- André, chargé de s'emparer du poste d'IJtelle, ne }»uty parvenir, ce qui força le dm- d'Aoste d'opé- rer sa retraite el de regagner les gorges. On a fortement reproché dans le temps à ce prince d'avoir enflammé le zèle des hahilans de la campagne, et de les avcjir por- tés à des fureurs de fanatisme qu'on fut obligé de réprimer par des punitions exemplaires. Lors- que des négociations furent enta- mées , en 1796, avec le général en chef Bonaparte, le ducd'AosIe s'opposa de tout son pouvoir à un projet de pacification qui contra- riait son système politique et son goût pour la guerre, et voyant, ses efiorls inutiles , il prit le parti de se retirer dans l'Italie méridio- nale. Le roi, son fière, Charles- J'immanuel, ayant abdiqué, le 4 juin 1803, le duc d'Aoste, sous le nom de Victor-Emmanuel lui succéda dans ses états, réduits alors à la seule île de Sardaigne. I! V resta jusqu'à ce que les évé- nemens de i8i4 le replacèrent à l.i tête du Piémont, détaché de l'empire français, et augtiienté du territoire de l'étal de Gènes, qui ne fut pas assez heureux pour recouvrerson indépendance, mal- gré les promesses solennelles des souverain» alliés. Bientôt les Pié- niontais, qui attendaient du gou- vernement des institutions analo- gues aux lumières acquises par trente années de révolution, el

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dont ils avaient joui sous la do- mination française, s'aperçurent qu'on les faisait rétrograder vers leurs ancieimes institutions, et qu'on détruisait insensihiemetkt toutes celles qui avaient fait leur prospéritt'i. Les persécutions reli- gieuses mêmescommencèrentà s'y renouveler à laide du fanatisme; une foule de personnes en ont ressenti les effets. Les Juifs, qui jouissaient dans ce royaume de tous les droits de cité, ont été forcés, par un édit du 1" mars 181G, de vendre, dans le délai de r> années, lous les biens immen blés qu'ils avaient acquis sous le gouvernement précédent ; mais un trait d'intolérance religieuse, dont la raison et l'humanité s'in- dignent au point de le trouver in- croyable, hiême après la loi ren- due en France, en iSaS, sur le sacrilège, c'est le supplice d'un malheureux, condamné, en 1819, à être brûlé vif, pour avoir volé les ornemens d'ime Madone. Les habitans de Chambéry ont été les impassibles témoins de cet horri- ble spectacle. Le roi Victor-£m- maimel suivit l'exemple de son frère Charles-Emmanuel; il ab- diqua, le i5 mars 1821, laissant la couronne à son fière, Charles- Félix de Savoie.

VIDAL ( 'S.) , astronome cé- lèbre, naquit à iMirepoix, dépar- tement de l'Ar iège. Jeune encore il attira sur lui les regards du monde savant, et l'académie des sciences de Toulouse le reçut au nombre de ses membres. Il étu- diait sans relAche , suppléant par son imagination, aux instrumens de haut prix , que la médiocrité de sa fortune ue lui permettait

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pas d'acquérir; ii Gonslrcibit lui- môme la plupart de ceux qui lui étaient indispensnbles. M. de Ri- quet Bonrepos, arrière-petit-fiis du célèbre inventeur du canal, aimait aussi l'astronomie; il con- nut Vidal, l'appela à sa terre de Bonrepos , il avait l'ait cons- truire un inagru'fiqucob>;ervaloirt'. ce laborieux savant put, jusqu'à la révolution, se livrer sans obs- tacle à ses cccupatior)s chérie-. Ses travaux furent appréciés par l'académie des S( iences de l'ai is ; Lalande , plus particulièrement, lui rendit un éclatant houiinaj;e , en lui donnant le nom de Trismé- gisle, que la postérité sans doute ne lui enlèvera pas. On dit dans l'ouvrage sur la connaissance du temps ^ que Vidal avait lait à lui seul plus d'observaliuns de iMtr- cure que tous le? astronomes île l'univers ensemble. Il fut choisi par I.alande pour l'aidera dr»;>scr le catalogue des étoiles nouvelles. Vidal se trouvait alors à IMircpoix, et pouvait voir d(; retfe ville six degrés du ciel méridional, qui é- laient invisibles aux astronomes de l'aris. Après une loule d'ob- servations exactes et prolongées, pendant lesquelles chaque étoile fut soumise trois fois à un ri- goureux examen , il forma un ca- taloçjue de huit cent quatre -vin g(- liuit étoiles australes^ inconnues a- vant hji, comfiosant les étoiles de la cinquième juscpi'à In huiliè- ine grandeur. La position de tous les astres fut ramenée à urie épo- que commune, celle du lo nivô-o an 7, après y avoir appliqué l'é- quation de la pré»M!ssion des équi- noxes. Lalande montra un en- thousiasme extraordinaire û lu vue

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de cet imn)ense travail, dont il fit le plus grand éloge. Vidal, durant vingt-huit ans, s'occupa de» re- cherches sur les propriétés de l'ai- mant ; il donna malheureusement dans la manie des systèmes , en rapportant toutes les variation» de la boussole , à un aimant pro- digieux placé près du centre de la terre, et ayant un diamètre (^4 ^*^'''' moins gros que cs-tte planète, te roman fut, conune tous les systè- mes, appuyé sur des probabilités, des conjectures, et même des ex- périences ; mais la nature est un Protée habile ; elle échappe à tous ceuxqui veuhriil laconnaîlre,enles égalant tous à la fois. Nommé di- recteur tle l'observatoin; de Tou- louse, il y professa l'asti-onomie avec un rare talent, et mou- rut à iMirepoix on iHi 1. Vidal é- tail correspondant de la première classe de l'inslilut. Il a consigne sescalcids, ses découvertes , ses observations, dans de nombreux ménmires, «iont la collection ne pourrait que servir à étendre le domaint; de la science.

VIDAL (N.), graveiir, narpiit à Toulouse et étudia son art dans sa ville natale, sous la direi tion de Simonin et de lîaour, parent de M. B.ionr Lormian , auteur d'O- masis. il vint à Paris, v\ y lutta long-temps cositre l'inforliuie. A force de persévérance, il se fit con- naître par son mérite ; on ne dé- daigna plus de remployer, lors^- qu'on eut apprécié la touche a- gréable de sou burin. Vidal grava une n(jmbreuse suite choi>ie par- mi les œuvres de no- p(;inlres mo- dernes. David, le créateur elle chef de notre grande école, confia ù l'artiste loulousin y le buiii de

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i<;j)rochiire son gracieux tableau i\ Hélène et Paris. Ce fui le plus bel ouvrage dtî Vidal, (jui, dans cette composition , s'éleva à la hauteur de son luodèlc. 11 niounit j>rémafnréiiH.'iit à Paris en i8o:|. VIEL ( Dtiennk-Beunard), à la Nouvelle-Orléans (Louisiane), le 3i octobre 1706. Son père, chirurgien estimé, était corres- pondant de l'académie des scien- ces de Paris. C'est à lui qu'on doit la découverte de la cire végétale du Myrica cerifera, et des usages auxquels on peut l'employer. Cet homme éclairé voulut que son fils vînt chercher en France, une édu- cation qu'il ne pouvait pas loi pro- curer ù la Nouvelle-Oiléans. Le jeune Viel suivit le cours de ses éludes au collège de Juilly, diri- gé par des membres de la congré- gation de l'Oratoire. Il se sentit ensuite appelé i entrer dans les rangs de ceux qu'il avait eu pour maîtres. Après avoir professé avec la plus grande distinction dans les villes de Soissons et du Mans, il fut réclamé par le collège de Juil- ly, où il enseigna pend;mt 17 ans les humanités et la rhétorique II parlait avec satisfaction de ces premières années d'une vie si uti- lement em|>loyée, et l'on peut allir- mer, d'après le lémoighnge unani- me des nombreux élèves qui ont profité de ses leçons, que l'ensei- gnement, loin de lui oiî'rir une tâ- che pénible, était pour lui comme pour eux une source inépui>iable de jouissance. En 1776, Viel fut nommé grand-préfet des études dans le même collège. Plus de trois cent cinquante écoliers, tous les professeurs et maîtres de quar- tiers, se trouvèrent dès-lors sous

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son inspection. Il lui fallut à la fois s'assurer que partout l'instruc- tiou était convenablement distri- buée, et partout maintenir sévère- ment l'ordre et la discipline, sans laisser nulle part |)révalair la ri- gueur ou l'injustii.-e. Douze ans consacrés à ces foncticms, donnè- lent lieu au P. Viel de développer un mélaugo heureux de sévérité et d'iiuhilgence, d'assiduité et de sagacité, et de prouver qu'il n'é- tait pas moins propre à diriger l'enseignement qu'à le répandre. Arrivé au terme de celte carrière laborieuse, il commençait à jouir d'un repos acheté par plus de tren- te ans de services, lorsque les évé- rfemens de la révolution amenè- rent la dissolution de la congréga- tion de l'Oratoire. Il voulut alors revoir son pays natal, et s'embar- qua à Bordeaux le "i'i septembre 1791. De retour à la Louisiane, il a fait pendant plus de vingt ans le bonheur de sa famille, qu'il y re- trouva, celui des amis qu'il ne tar- da pas à y acquérir, et celui des habitans de la paroisse des Atac- Apas, dont il était devenu le pas- teur. Mais des lieux mêmes qui l'avaient vu naître, il se sentait rappelé vers la France par les sou- venirs et les vœux de ses anciens élèves. Déjà quelques-uns d'entre eux avaient occupé de lui le pu- blic savant. Dans aucun temps ses travaux ne lui avaient fait négli- ger le culte des muses latines, et l'on peut dire que peu de person- nes avaient poussé aussi loin l'étu- de lalangue de Virgile. Ce fut dans cette langue qu'il voulut transpor- ter le chef-d'œuvre de l'illustre Fénélon, le Télcmaque. Il y réus- sit, et sou travail était déjà en é-

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tat de paraître lorsqu'il partit pour la Louisiane, liiissant son manus- crit entre le* mains d'un ami. Six de «es élèves en devinrent les édi- teurs en 1808, et les suffraj^es du public ne tardèrent pas ;\ prouver que leur alTectîoM ne leur avait point l'ait illusion sur l'éuiiucnt mérite de leur ancien Mrntoi-. M. Lemaire, prolesseu:' de poésie la- tine à la laculté des lettres de Ta- ris, fit insérer, dans les feuilles pu- bliques du 3o septembre 1808, un éloge mérité de cet ouvrage, c La » traduction de M. Viel, dit il, est «digne de l'original. Les tournii- '>res, les périodes, les descriptions, «les métaphores, les compurai- Msons, tout est reproduit d'une omaiHère si vive, si touchante, «qu'on s'imagine entendre Féiié- » Ion lui-même : c'est la même t'or- »ce, la même noblesse, l.i même » onction, la mê'iîe sévérité de ) goût. C'est un nouveau ftpre clus- Mique , monument de reconnais- Dsance, que des élèves pleins de «zèle ont élevé à la gloire d'un maître qu'ils chérissent. La dé- "dicace est aussi neuve que tou- » chante :

^Stephano Bernardj f^iel

••Prti byter'i

"In Aeadcmia JuU^ccnci

-Studi^rum ultm modcratori

"Hjc ipsius a/iui

•'QuoJ typit mandari relligioii curavcrunt

•'Offtrebaiu

"Amantissimi et mtmores atumni.

Aue. Creuié de Lciscr, J M. E. Salvi-rtf,

J. n. B. Eyriif, A. V. Arniuli,

J. A. J. Dwraat, Eutebiiu Salvertc.

Le cardinal de Bcaussot, dans la deuxième édition de son Histoire de Fénèlon,a\)rii,i\\o\v parlé avan- tageusement de M. Viel et de son ouvrage, ajoute, en transcrivant cette dédicace : « Il semble qu'il soit donné aux admirateurs de Fé-

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nélon, comme à Fénélon lui-mê- me, de trouver loti jours des amis fidèles et des di-ciples reconnais- sans. » Le 8 juin 1812, M. Viel revint en France, il vit, dans toutes les classes de la société, m\ grand nombre de ses anciens élè- ves, développer les fruits de l'ins- friiction qu'ils avaient reçue de lui. En 1816, il fit paraître, sous le titre de Misccllanea lalitio gallica, \in recueil se trouve la traduc- tion française de l'Art poétique, et du second livre des épîtres d'Ho- race. Certc traduction contient sur le véritable sens du poète latin des vues neuves et justes. Résolu de finir ses jours au lieu même il les avait si long-temps consa- crés aux soins de l'instruction pu- blique, M. Viel, s'établit en 181 5, au collège de .Tuilly, relevé par les soins de quelques-uns de ses an- ciens collègues. C'est au milieu d'eux qu'il termina sa longue et honorable carrière, le i(> décem- bre 1831 , à l'âge de 8() ans pas- sés.

VIEL (('lîAULES-FnANçois), ar- chitecte, naquit en i^/pà Paris, il niourut en 1820. 11 n'est pas moins distingué comme praticien que comme auteur. C'est h ses soins qu(î l'on doit la construction di! l'hospice du faubourg Saint- .Ja(;ques, celle du bâtiment de la l'itié, celle du Mont-de-Pi^té, rue des Blancs-Manteaux et rue du l*a- ^ radis, enfin l'égoùt de llicêtre, ou- vrage souterrain, ju;,'é digne des anciens. Ses ouvrages, conune é- crivain, sont : x' Projets (fun mo- nument consacré à 1 lus toi re natu- relle, in-4", 1780; a'^Lt'/Zre.j sur l'architecture de> anciens et l'ar- chitecture moderne, in-S", i-So-

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1781-1787; 5" Observations plùlo- soplùqaes sur l'usage d'exposer les ouvrages de peinture et de sculp- ture, in-H", 1788; Principes de Tordonnance et de la construction des bûtimens, 5 vol. in-4", de 1797 à 1814 ; Moyens potip la restauration des piliers du dôme du Panthéon français, plusieurs éditions; la dernière, in-4", est de 1813 ; 6" Plans et coupes des pro- jets do restauration des piliers du dôme du Panthéon français, in-4% 1798; Décadence de l'archilec- ture à la fin du 18' siècle, in-4'', 1800; 8" des Points-d'appui indi- rects dans ta construction des bdti- vuns, 1802, in-4°; delà Cons- truction des édifices publics sans l'emploi du fer, etquf 1 en doit être l'usage dans les balimens particu- liers, i8o5, in-4''; i^° des Ancien- nes Eludes de l' architecture, et de la nécessité de les remettre en vi- gueur, et de leur utilité pour l'or- donnance des bâtimens civils , 1807, in-4''; 'i" Inconvéniens de la communication des plans d'édi- fices avant leur exécution, i8i3, in-4°: 12" Notice nécrologique sur M. Chalgriiig 1814, in-4"; «<'>" Grand Egoilt de Bicêtre, ordonné par le roi Louis XIV, plans, élé- vation, coupes et profil, 1817, in-4°; i4" Dissertation sur les cor- nes antiques et modernes, ouvra- ge philosophique, 1786, in-8"'.

VIEN (r,E COMTE Joseph-Marie), en 1716, apprit les premiers é- lémens de la peinture à Montpel- lier, sa ville natale. Il vint à Paris en »74^« dévoré de la soif de la gloire. Les prix sembli»ienl n'a- voir été ir#litués que pour lui. Ses succès lui méritèrent l'hon- neur d'être envoyé à Rome com-

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me pensionnaire du roi ; c'est \h que dans la contemplation d'une nature admirable et dans l'étude des plus parfaits modèles, il puisa cette profonde connaissance du beau , dont il avait en lui le sen- timent, et qu'il devait ressusciter en France. A son retour, il ouvrit une école exclusivement consa- crée à l'étude de la nature et de l'antique. Pour faire prévaloir son système, il eut à combattre deux ennemis puissans, la routine et la mode. I/écoIe française était bien dégénérée de la gloire dotit elle avait brillé. A Lesueur, à Le- brun avaient succédé les fîoypel, auxCoypel succédait Boucher. Ce dernier, substitUHnl à l'imitation de la nature choisie des formes et des couleurs dont il ne trouvait de moilèle que dans son imagina- lion, avait entraîné l'art dans un des écarts les jdus inconcevables il se soit jamais égiU'é. Pour le ramener dans la bonne roule, que d'obstacles Vien n'eut -il pas à vaincre! il en liiompha pourLint, soit par ses préceptes, soit par ses excm()les. Il forma cette école , d'où sont sortis David et Vincent, et que continuent non-Sfulement leurs élèves, mais la totalité des pei n tresacluelk ment vi vans. Pres- que tous les peintres supérieurs dont se glorifie l'époque présente sont ou élèves de Vien ou élèves de ses élèves. Il profess.i , depuis 1750 jsH<ju'en 1773. Toutes les fonctions, tous les honneurs dus à la supériorité dans son art, Vien les obtint. Recteur de l'académie de peinture et de sculpture, de l'académie d architecture, direc- teur en France des élèves p»-oté- gés par le roi, il fut aussi nommé

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directeur de l'école de Rome, et premier peintre de Louis XVI , qui le décora de l'ordre de Saint- Michel. Napoléon lui accorda plus encore, comme on le verra. Plus d'un souveiain tenta d'enlever Vien à la France. La Russie, le Danemarck lui offrirent des hon- neurs et (le l'argent. Il refusa tout; la plus brillante fortune ne valait pas à ses yeux l'honorable aisance qu'il s'était faite dans sa patrie. Peu d'artistes ont autant produit que Vien, qui dans les dernières années de sa vie reprenait encore quelquefois le crayon. Il fit pour la ville de Tarascon sept j^raiids tableaux, dont les sujets sont ti- rés de la vie de sainte Mailhe. A Paris, on voit de lui au Muséum un Ermite endormi , et un tableau de Saint Germain et Saint Vin- cent. A Saint - Roch , un Saint Denis prêchant, et unixR('farrec- tion du Lazare. A la manu facture des Gobelins, plusieurs grands ta- bleaux , sujets pris dans l'Iliade. A Tarascon, la Marchande d'a- mours, V Amour fuyant fesctuvas^e, et Saint Thibaut offrant au roi une corbeille de lis. Vien a fait aiis-^i beaucoup de tableaux pour IM""" Geoffrin et pour M"" Dubarry. Dans les oragc.« de la révolution , qui reuversèrent sa fortune sans altérer l'égalité de son caractère, rhcrclianl des consolations , et peut-être des illusiofis dans la cul- ture de son art , il ccunposa un grand nombre de dessins et d'es- quisses, presque tous dans legmre anacréonliqiie. C'étaient les jeux des nymphes et des amours. Son imagination était féconde, suQ es- prit vif, son cœur excellent. A mesure que l'ordre renaissait en

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France, la fortune de ce père de la peinture s'améliora. Nom- mé ummbre de l'institut lors de la création de ce corps, qui re- cueillait les plus illustres débris des anciennes académies, Vien , sons le consulat, fut fait membre du sénat , et commandant de la légion - d'honneur ; il fut créé conjte sous l'empire. Il est mort à Paris, le 27 mars 1809, à l'âge de prés de qS ans.

VIEN ( M "' M ARIE - RÉBOUL ) ,

épouse du comte Vien, dut aussi de la célébrité à l'art s'illustra son njaii. Elle excellait dans Ti- iiiitation de la nature morte, on devrait dire inanimée. Elle eut pour miîire le comte de Caylus, qui lui donna des coquillages à peindre; elle les imitait avec une rare perfection. Charmé des pro- grès de sa jeune élève, le comte, qui en parlait avec éloge dès (|ue l'occasion se présentait, engagea M. Vien à lui donner des conseil*. Le m. litre devint bientôt l'époux de son écolière, qui, peu après, fut jugée digne d'entrer ilans l'a- cadémie de peinture de Paris. La majeure partie des ouvrage* de M"* Vien est en Russie; mais il reste d'elle encore en France des tableaux de fleurs et de fruits. Elle peignait aussi les oiseaux avec une admirable vérité. A te talent, !M"" Vien joignait tous les avan- tages de la beauté. Aussi le grand peintre, à la destinée duquel la sienne avait été associée , disait- il. en admirant des flcm's qu'elle peignait, elle les répand sur ma vie. M"" Vien mourut âgée de 77 ans, en décembre iSo;"). Du ma- riage de ces artistes , est M. Vien fijs, qui s'est adonné comme

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«iix avec succt's A l'art auquel sa l'amMIe doit laiU de célébrité. Une t'einine aussi devait encore hono- rer ce nom : c'e*t celle doiit il sera question dans l'articlfe sui- vant.

VIEN ( RI-" UOSE-CÉLESTE Ba-

ciiE ) , fille du général de ce ijom, épouse de Al. Vîen le fils, est née ù Rouen. C'est vers la lit- térature que son goût l'a portée. Initiée dans la connaissance du grec par l'honorable Laporte Du- theil, l'un des premiers hellénis- tes de l'inslilut, elle a traduit Anacréon avec autant de fidélité et toute l'élégance qu'on pouvait attendre d'une femme. Dn chant sacré, des poésies légères disper- sées dans les recueils périodiques et dans les journaux, lui assi- gnent une place parmi les dames qui cultivent aujourd'hui la poé- sie avec le plus de talent. Al"" Vien a i'.iit hommage de la tra- duction d'Anacrénn à l'académie de Bordeaux, dont elle est mem- bre.

VIENNET ( Jacques-Joseph ) , membre de l'assemblée législa- tive, de la convention nationale et du conseil des anciens, naquit dans la ci-devant province de Lan- guedoc, le l 'i avril ijS/f, d'une famille il est de tradition que son fondateur descend d'un géné- lal de Didier, roi des Lombards, dont Muratori a parlé. M. Vien- net prit du service, en 1774» dans le régiment de Languedoc -dra- gons, et fil, en qualité de sous- lieutenant, avec trois autres olfi- ciers do la même famille, et sous les yeux d'un de ses oncles, aide- major, la guerre dite de sept-ans. Retiré du service, il vivait paisi-

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hlement à Bézicrs, lorsqu'on 1790, ses concitoyens lui confièrent les fonctions d'officier municipal. L'année suivante, le déparlement de l'Hérault le nomma membre d«; l'assemblée législative, et le réélut, en 1792, à la convention nationale, oii . dans le procès du roi , il vota d'abord l'incompé- tence de l'assend)lée, ensuite l'ap- pel au peuple, la réclusion et le sursis. On a remarqué dans son opinion le passage suivant : « Je crois avoir prouvé que Louis n'a cessé d'être roi qu'à l'époque vous avez aboli la royauté; je crois encore qu'il ne peut être jugé

comme houjme J'ai toujours

pensé qu'une assei^blée de légis- lateurs ne pouvait s'ériger en tri- bunal judiciaire; que le même corps ne pouvait à la fois exercer la justice et faire des lois; que celte cumulation de pouvoirs se- rait une monstruosité, etc. » Le vote de M. Viennet, s'il n'est pa- le pretnier, en entraîna plusieurs autres non moins courageux, au nom'nre desquels on doit placer celui du mari de M""' de Genlis , ce qui contrariait un peu l'aàser- liou de cette dame, qui, dans ses Mémoires, prétend que le vole de AI. de Genlis fut le premier, ou même le seul. Pendant *'>ute la durée de sa mission, M. Viennet se conduisit d'après ces principes vraiment constitutionnels, luttant avec courage contre les proscrip- teurs, el arrachant à la mort uu grand nombre de victimes. Nous citerons un seul fait que nous em- pruntons à une biographie dont 1 exactitude n'est pas douteuse, en ce qui concerne M Viennet. « Qua- tre cents suspects étaient détenus

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dans les priions du dépaitement de l'Héniiilt. La commission d'O- range venait de faire tomber trois cents têtes dans celui du Gard, et un député en mission pressait vi- vement le comité de sûrelé-géiié- lale d'envoyer cette commission dans le département voisin. M. Viennet , secondé de son collègue Cnslilhon, combat tous les rai- sonnemens du proconsul, brave ses menaces, le menace lui-mê- me, et gagne ainsi le 9 tbermidor, qui sauva la vie à tous ces déte- nus. Ce vertueux député a sou- vent été désigné sous le nom de V honnête homme de la convention , et ses concitoyens lui ont depuis long-temps donné celui de vieuje Romain. » La session convention- nelle terminée, il passa au conseil d«.'S anciens, d'où il sortit en 175)8. Après neul ans de législature, il rentra dans ses foyers plus pauvre qu'à son départ. Lorsque son lils ( voy. un des articles plus bas ) se vit en âge de rendre à son tour des services à la patrie , il lui écri- vit pour qu'il lui fit obtenir une sous-lieulenance. 11 lui répondit : « l'rend'* un mousquet, et va ga- gner ce que tu pourras; je ne suis pas ici pour faire les all'aires de ma famille et l'avancer au préju- dice des iiutres citoyens. » Ce trait de vertu antique est parfaitement justifié par le suivant , aussi beau <;t aussi rare : Chargé de la re- monte des quatorze armées de la républitpie , il refusa' sept cent cinquante mille francs en or, que lui offrait le fournisseur pour pas- ser qnel<]ues milliers de mauvais < hevaux. Sa probité faillit lui coû- ter la vie. Dénoncé pour avoir entravé, par ce refus, les opéra-

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tions de la remonte, i^ fut obligé de se défendre auprès du comité de salut-public , qui finit par lui rendre justice. Il mourut, le 12 août 1824, regretté de tous ses concitoyens. Une Notice sur cet bouiirable citoyen parut peu après dans le Journal de Paris.

VIKNNET ( Esprit ) , frère du précédent , curé de l'église de Saiul-iMéry, à Paris, doîit il a eu la direction pendant quarante an- nées , s'est fait constamment re- marquer par les touchantes vertus* de son ministère. Il a été le père des pauvres, et a fondé un hos- pice dans le cloître même de son église. Ce vénérable pasteur, qui, eu 1790, avait prêté serment à lu constitution civile du clergé, dé- crétée par l'assemblée constituan- te, fut inutilement, pendant six mois, supj)lié par M. de Joigne ,^ archevêque de Paris, de rétracter un serment qui n'a jamais troublé sa conscience. On fit près de lui quelques démarches pour savoir s'il accepterait l'évêché constitu- tionnel de Paris. Il répondit qu'il n'occuperait jamais un siège dont le titulaire, M. de.Juigné, vivait encore, t^t ajouta qu'il avait cru devoir prêter son serment, parce qu'^l n'y trouvait rien de contraire a l'évangile et à la doctrine de l'é- glise ; mais que ces distinctions nouvelles iVassermeutr, de frac- taire n'ôlaient rien aux droits de l'archevêque. 31. le curé Viennet mourut paisiblement, sans crainte et sans faiblesse, en 179O, empor- tant la vénération de tous ses pa- roissiens.

VIENNET (Jeas-Pows-Goii.- LA.tME) , homire de lettres, chef de bataillon au corps royal d'é-

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tat-major, •chevalier des ordres royaux de Saint-Louis et de la lé- gion-d'honneur, fils et neveu des précédens, est à Béziers le 18 novembre 1777. A peine dans sa dix-huitième année, il entra an service, en 1796, comme lieute- nant en second d'artillerie de ma- rine, emploi ()iril dut à une la- veur spéciale du ministre Truguet, qui la lui accorda à l'insu de M. Viennet père {voy. le premier ar- ticle ). Il servit dans ce corps jus- qu'à la formation du corps royal d'état-m.ijor par le maréchal Gou- vion Saint-Cyr, et fut admis en qualité de capitainean corps royal, il devint chef de bataillon en 1822. Par suite de circonstances diverses, la carrière politique de M. Viennet n'eut pas tout l'éclat que devaient lin' procurer son cou- rage , son activité et ses talens. Monté sur V Hercule^ en 1798, il fut pris par les Anglais, et passa neuf mois sur les pontons si tris- tement célèbres de l'Angleterre. H servit avec distinction , en i8i5, dans l'artillerie de la marine aux batailles de Lutzen , de Bautzcn, il gagna la croix de la légion- d'hounenr; de Dresde et de Léip- sick, il fut fait prisonnier au moment le pont de Léip^ck sautait. Rendu à sa patrie par suite du rétablissement du gouverne- ment royal , en 1814 ;. il fut mis à la demi-solde. Pendant les cent jours, en 181 5, il refusa de signer Vacte additionnel , comme il avait refusé précédemment de voter pour le consulat et pour l'empire. II appuya son vote négatif, en 18 i5, de deux brochures, dont l'une a pour titre : Lettre d'un Français à l'empereur, sur ta si-

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tuation de la France et de l'Eu- rope , et sur la constitution qu'on nous prépare; et l'autre. Opinion d'un homme de lettres sur la cons- titution proposée. M. Viermet a en- core donné, sous le voile de l'a- nonyme, une autre brochure in- titulée : Lettre d'un vrai royaliste à M. de Chateaubriand, i\ l'occa- .'•ion de l'ouvrage de ce célèbre écrivain : de la Monarchie selon la Charte. Fixé à Paris depuis 181 M. Viennet consacre ses loisirs aux muses. Il a pris rang parmi nos poètes distingués, par la pu- blication d'un volume f\.e Poésies, dans lequel se trouve son Eptlre à M. Raynouard , qui fut couron- née par l'académie des jeux flo- raux, en 1810, et d'un recueil de 24 ÉpUres sur des sujets politi- ques et littéraires ; par des Dialo- gues des morts, en vers, et un poëme de Parga , qui a eu trois éditions. Ces derniers ouvrages ont obtenu le succès le plus flat- teur. Le pocme de Parga a été traduit en grec moderne, et a valu à l'auteur des témoignages de la reconnaissance des Parganistes. L'un d'entre eux lui a adressé une épître de deux cents vers grecs. M. Viennet a encore donné une Promenade philosophique au cime- tière du P. Lachaise. 11 est au mo- ment (1825) de mettre au jour uq poëme en 21 chants, dans la ma- nière de l'Aristole, dont le héros est Philippe- Auguste. Il s'occupe d'un autre poëuie intitulé : FraU' eus , en 12 chants : six sont déjà composés. Ri Viennet a lait jouer à l'Académie royale de musique l'opéra cVAspasie et Périclès , et au Théâtre-Français la tragédie de Clovis. Quatre autres tragédies

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du mf me auteur sont reçues i ce théâtre. L'un des rédacteurs du Journal de Paris, de i8i5à 1818, M. Viennet, dont l'honorable ca- ractère fuit tout asservissement, a Cessé de coopérer à celte t'euille du moment elle tut vendue A im ministre. M. Viennet est m<,'m- bre de la société royale académi- que des sciences et de lu société philolechnique.

VIENNET ( Antoine ) , cousin du précédent, est à Narbonue. Il a servi pendant vingt ans , s'est trouvé à plus de vingt batailles, et u été blessé à chacune d'elles. (Je brave militaire est chevalier de la légion-d'honneur et de Saint- Louis, et commandant (aujour- d'hui 1826) de la garde nationale de sa ville natale.

YIGEE ( Loris - Guillaume- Bernard), homme de lettres, à Pari? en i755, s'est tait con- naître dès sa jeunesse par un grand nombre de poésies fugitives insé- rées dans CAlnianach des Muses, et autres recueils périodiques. Il était, avant la révolution en 1789, secrétaire du cabinet de Madame. Il publia à celte époque une Ode à la liberté , et n'en fut pas moins privé de la sienne pendant le rè- gne de la terreur, quoiqu'il n'eût pris aucune part active aux évé- neiuens qui précédèrent ce règne, et qu'il fût même consiamment manifesté son aversion pour les débats politiques. IVtinis en liber- té après le 9 thermidor, iM. Vigée sentit bientôt sa verve se rani- mer, et célébra en ^ers harmo- nieux la gloire du vainqueur de l'Italie, la naissance du roi de Kome, et les actes les plus reiT)ar- quables du régne impérial. Il ûl

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aussi un cours public de littéra- ture à l'Athénée, fonction dans laquelle il succéda à Lahurpe , sans obtenir toutefois les succès de son prédécesseur. Ce cours de- vint même l'objet de quelques cri- tiques , d'une sévérité peut-être exagérée. Il travailla depuis au recueil périodique intilulé : Veil- lées des Muses, devint ensuite le principal rédacteur de-l'Àlmanach des Muses, dont il continua la pu- blication jusqu'à sa mort, et fut un des auteurs de la Nouvelle Bi~ bliotliéque des Romans. M. Vigée excellait dans la lecture à haute voix. Il savait donner aux vers qu'il récitait, et les siens furent hnbituellcraent de ce nombre , un charme qu'on était parfois étonné de ne plus leur retrouver dans le silence du cabinet. Il fut nommé, en 1814, lors de la première res- tauration , lecleur du roi. Depuis celte époque, M. Vigée a saisi avec empressement toutes les occa- sions de rendre hommage à la magnanimité des princes de l'au- guste maison de Botirb(m, et n'a guère laissé passer de solennités sans offrir au roi le tribut de sa muse. 11 s'est aussi fait remarquer par ses démêlés avec les premiers corps litléraires de la France. Quoique souvent cité parmi les candidats qui pouvaient préteii- dre aux honneurs de l'académie- franraise , mais n'ayant jamais obtenu assez de voix pour être admis dans le sanctuaire, M. Vigée s'en est vengé en lançant une •bule d'épigrammes contre les académies. Sous ce rapport, il a eu quelque ressemblance avec Piron. Vers «la fin «le sa carrière, il avait cependant, ainsi que Tau-

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leur de la Métromanie, pris son parti sur l'exclusion académique; ainsi que lui, il fil aussi su propre épilaphe en deux vers, qu'il pu- blia en 1817, annonçant que ma- lade el sonllVant, il senlait sa fin prochaine. Le distique de M. Vi- gée ainsi conçu :

Ci-gît qui fit des vers, les fit mal , et ne put, Quoiqu'il fût sans espr.t, être de l'institut.

ne resta point sans réplique; tm itiembre de l'-icadénue-lVancaise y répondit avec plus d'amertume que de justice par le quatrain sui- vant :

Vigée écrit qu'il est un sot : Pense-t-il qu'on le contredise? Non , l'épithète est si précise, Que tout Paris le prcrd au mot.

M. Yigée était bien loin cepen- dant de mériter une épithéte aussi sévère. La plupart de ses ouvra- ges se distinguent par la grâce et la facililé. Sun style est élégant et correct, niais il manque sou vent de force et de chaleur. Ses composi- tions dramatiques laissent beau- coup à désirer, tant pour l'inven- ticn de la fable que pour le comi- que des situations, mais elles sont en général spirituellement dialo- guées. On a de lui : Epilre en vers aux membres de l' académie- française , décriés dans le dix-liui- ticme siècle, 1776, in-S"; a" les Aveux difliciles , comédie, 1783, in-8°; i' Entrevue, comédie, 1783, in-8" ; Belle-Mère, ou les Dangers d'an second mariage , comédie, 1788, in-8°; la Ma- tinée d'une Jolie Femme, comédie, 1793 , in-8°; la Vivacité à l'é- preuve, comédie, non imprimée; Œuvres diverses contenant Ni- non de l'Enclos, comédie en un acte et en vers, suivi de Poésies

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fugitives, 1 797, in-8" ; 8" ma Jour- née, poiime, 1798, in-8°; (f mes Conventions, épître, suivie de vers et de prose, 1800, in- 12; 10° Discours couronné par Cacadémie de Monlauban sur celte question : Comlnm la critique amère est nui- sible aux talens,' 1807. in-S"; 1 i* É pitre à L. F. Ducis,siir les acan- tages de la médiocrité, 1810, iii-S" ; 1 2" Discours au roi de Rome. 1811, 10-4" ( et dans les Hommages poé- tiques de Lacet ) ; i5° la Tendresse filiale, 1813 et 1816; 14" lyésies, édition, i8i3,in-8°; 1 5" Pro- cès et mort de Louis XVI , i8i4» in-8"; 16° la Princesse de Babj- /or/<3, opéra, 181 5, in-8°; 17" le Pour et le Contre , dialogue reli- gieux y moral, politique et litté- raire, 1818, in-S". M. Vigée est mort à Paris en 1820. Il était frère de M"' Lebrun , qui a acquis de la célébrité par ses succès dans l'art de la peinture.

VIGER (Loi'I5-Fba>'çois-Sébas- tien), membre de la convention nationale, naquit aux Rosiers, dé- pariement de Maine-et-Loire , le 7 juillet 1755, et reçut une édu- cation très-soignée ; ayant fini ses études très-jeune, il désira entrer dans la marine. Son père, qui é- tait négociant, prit intérêt sur un vaisseau chargé de faire la traite; le jeune Viger fit le voya- ge en qualité d'enseigne; mais l'humanité de ><m caractère ré- pugnant à un trafic aussi barbare, à son retour i! suivit la carrière du droit, et après être resté long- temps à Paris , il acheta, en 1 78 1, la charge de'std).-litut des gens du roi. au présidial d'Angers. En cet- te qualité, il fut chargé plusieurs fois de porter la parole dans des

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afîairfs d'un liant inlérêt; il s'en acqiiilla toujours d'une manière dislinjîiiée. Kii 17^7, r.icadéiiiJe d'Aiijîi'is mit .'Ml concours ce svj- jet : Quels sont les moyens d'encou- rat^er le commerce A Angers? Le mcmoire de M. Viger oi)lint le prix, et son auteur fut élu mem- bre honoraire de racadémie. En 1790, M. Viger fut uommé pro- cureur-syndic du district d'An- jiers, et fut chargé seul du travail de fixer le traitement des ecclé- siastiques de son district; il y mit beaucoup de sagesse et de modé- ration. Désirant que la réforme des abus s'opérâl en ménageant, autant qu'il était possible, les in- térêts, il se lit des ennemis parmi les exagérés. Il se détermina à se démellre d<; ^a place dès le com- mencement de 1792. Lorsque les l'russichs entrèrent en J.onaine, M. Viger augmenta volontaire- ment le nombre des défenseurs de la pairie ; il se trouva à la bataille de Jenimapcs; mais la faiblesse du sa sauté l'obligea d«i quitter le ser- vice. Au mois de septembre de la même ann«je (1792), les éh^cleurs étant assemblés à JSaunjur, pour i)o'n>rner des députés à la conven- tion nalionale, l'on y annonça l'horrible événeineut du massacre des prisons. M. Viger monta à la tribune, et témoigna toute l'in- dignation qu'il en éprouvait. L'e.x- pression de ces senlimens fui la cause qu'on ne le nomma que ])remier suppléant ; il entra à la cou vent ion dans les premiers jours de mai I7!)3, et devint mmmu- bre de la commission des douze, chargée de faire un rapport sur la conduite de la commune de Paris, ce qui lui valut d'ûlre cuinpiia X. xz.

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dans le décret d'arrestation des membres de celte commission , sur la motion de Le Vasseur de la Sarlhe; il subit, le5i octobre suivant, le sort de ses nialheureux collègues. M. Viger s'était marié en 1781 , et n'a point eu d'en- l'ans.

VIGNOLLE ( Martin, comte), lieutenant-général, grand- cordon de la légion -dhonneur, comman- deur de Saint-Louis, conseiller- d'état, préfet, commandant mili- taire, député du département du Gard , naquit à Marsillargue, dans la ci-devant province de Langue- doc , le i.S mars 17C5. Il fut ad- mis, en 1780, dans le régiment de IJarrois-infanterie, en qualité de cadet gentilhomme; son avance- ment fui peu rapide, et c'est à la révolution, dont il adopta les principes, ipi'il dut le grade de capitaine , auquel il fut promu eu 1792. Employé, cette année mê- me à l'armée des Alpes, couunan- dée parlegénéraldeMonlesquiou, il se distingua à la prise de JNice, au in')is de septendjre , et devint adjudant-général au commence- njent de 1794- H commandait eu cette qualité une colonne à la prise de Saorgio , le 29 avril (179^1), et avait le même com- mandement à la prise du col de Tende. Sous-chef de l'état-tnajor du général Keliermann, il fut chef d'état-majordu général Sclié- rer; mais ce dernier ayiint été remplacé par le général Bonapar- te, M. Vignolle dut céder ce litre à lierlhier, et ne conserver que; celui de sous-chef. Il sc distin- gua de nouveau à Monlenotte et à De go, et reput, à cette occa- sion , une lettre de félicitaiion du 4

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direcloire-cxéciitif. Il concourut, à la suite de la bataille de Mon- dovi, au traité par Icfjucl le roi de Sardaigiie cousculail à ce *|ue les forteresses de Ceva , de Coid, d'Alexandrie, etc., reçusseot gar- nison française ; se fit reuïarquer au pont de Lodi , et obtint en ré- compense le grade de général de brigade, que lui lit accorder le général eu chef îîonaparte, sur cet éloge : « Que AI. Vignolle a- nvait montré une bravoure sûre , ')un lalont et une activité rares. » Blessé d'un coup de feu à la ba- taille d'Arcole , il reçut, dès son rétablissement, le commandement de la province de Crémone, puis celui du Milanais. La campagne terminée par le traité de Campo- Foruiio, le généial Vignolle fut chargé des fonctions do chef d'é- tat-major de l'ari^iée, et le géné- ral en chef Bonaparte ayant quitté l'Italie, il devint ministre de la guerre de la république cisalpine. Lors de la reprise des hostilités , en novembre H 798 . le général Vignolle quitta le ministère pour entrer en activité. Après s'être emparé do Sienne, il eut la garde des Apennins toscans, et après la retraite de l'armée fi-ançaise d'I- talie, il alla, par ordre du géné- ral Moreau , organiser à Nice les bataillons supplémentaires. Le gé- néral Berthier, devenu ministre de la gufiTe par suite de la révo- lution dii i8 brumaire an 8, l'ap- pela près de lui pour remplir les fonctions <lc secrétaire -général du ministère. Deux mois après H se rendit à Dijon, pour orga- niser l'armée de réserve. Employé dans la nouvelle campagne d'Ita- lie, il passa le Tes^n avec une co-

VIG

lonne, occupa Milan , dont il bl<i- qua la citadelle, cominaufla dans la Lombardie après la bataille de iMarengo, et concourut à l'orga- nisation de la république italien- ne. Le 26 décembre 1800, au passage .lu Mincio, il courut des dangers, etson aide-de-camp fut tué à SCS côtés; la campagne ter- minée, il passa de nouveau au commandement du iMiianais, et reçut, en 1802, lecotnmandemenl des troupes slatiotmée* à Bergame <'l Como. Eu i8i)5, il revint à Paris. Nomm ! , vers le même temps, chef d'étal-majur de l'ar- mée de Hollande il fut promu le 27 août (i8o3), au grade de gé- néral de division et chargé de di- riger dans la campagne de i8o4, sous le général Mirmout, le 2* corps de la grande -armée. Chef d'élat-major de l'armée destinée à cond);iltre les Russes et les Mon- téné;;rins,et à dél)loquer Raguse,

était enfermé le "énéral Lau-

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ristou, il prit une grande part au combat de Debilibriok, en avant de Castel- iVuovo, et aux affaires qui terminèrent les hostilités. Le général Vignolle revint en France et en repartit pour remplir les fonctions de chef d'état -major général. Il était à la prise de Vien- n<; , à la bataille d'EssIing, etc., et le 18 juin 1809, il fut envoyé comme chef d'état-major-général à l'armée d'Italie. A la première joiUTiée de VVagram , un biscayen lui fra(;assa la tempe et lui enle- va l'œil; il fut obligé de rester deux mois à Vienne pour se réta- blir. Il passa à Milan an mois de septembre ( i 809), et y organisa, au commencement de 1812, une armée destinée à être réurue à celle

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qui opérait contre les Russes. Ce fut en vain que le général Vignolle demanda à servir acliveinenl ; il resta en Italie pour commander le.s tronpesqni s'y trouvaient. Le prince vice - roi ( voyez Eugène BuAunARNAis) revint à Milan en 181 5; le g( lierai Vignolle réorga- nisa l'armée d'Italie, et fit la cam- pagne jusqu'à ce que, par suite des événemens de 1814 > il lût forcé de ramener l'armée sur les frontières de France. Iln'eul point de service pendant les cent jours , en i8i5; après le second retour du roi , il devint commandant de la 18* division militaire à Dijon. L'ordonnanre royale du 1*' aoHt* 181 5 le mit à la retraite; nu mois de mars 1818, il devint préfet de la Corse, commandant militaire, et <nfin menibre de la chambre des députés, dont il faisait encore partie lorsqu'il mourut A Paris, le 1 5 novembre 1824. On doit au gé- néral Vigi'iolle un Précis historique des opérations de l'armée d' Italie en i8i5 et i8i4, Paris, 1817- 1818. On assure qu'il a en porte- feuille un Essai historique sur ta campagne de rarmée d'Italie en 1809.

VILLAI-RANCA (le prince Jo- seph Alliata de ) , gentilhomme de la chambre de S. M. le roi des Deux-Sicilcs , chevalier de l'or- dre royal de Saint-Janvier, grand d'Espagne de première classe , naquit i Naples, en 17C4, de parens palermitains , d'une des principales familles de Sicile, quoique originaire de Fisc. Il fut élevé dans lu m.iison paternelle sous une discipline austère. Tiès- jeune, il épousa une fille du prin- ce Valguarnera. Pour apprécier

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mieux son caractère, il faudrait, avant de le voir figurer sur le théâtre politique , l'avoir suivi dans sa vie privée; car les socié- tés et les cercles politiques ne sont ordinairement que des théâ- tres où chacun joue un rôle. C'est d'ins le sein de sa famille que Ton est vraiment soi-même. Le prince de Villafranca est bon é[)oux et bon père, et comme homme privé, il est chéri de tous ceux qui le connaissent. Membre de la cham- bre des barons ( braccio baronule ) dans le parlement de 18 10, il sou- tint avec vigueur les intérêts po- pulaires. Il fui membre de la com- mission qui présenta, en 18 1 1, à la députatiotidu royaume,la faneuse remontrance au roi de la part des barons siciliens contre les taxes qu'on avait imposées à l'insu du parlement, ce qui lui valut d'être l'un des cinq barons qui furent ar- rêtés dans la nuit du 19 juillet de la même aimée par la force mili- taire, « coirune perturbateurs de la tranquillité publique », et d'ê- tre confiné pendant plusieurs moi» dans l'île de Pantellarie, jusqu'à ce qu'il fût délivré par la média- lion du gouvernement britanni- que. Lorsqu'cn 1812, le roi con- voqua le parlement pour travail- ler à la nouvelle constitution, il fut dans la chambre des barons l'un de ses défenseurs les plus zé- lés, et il contribua beaucoup ù son succès. C'est A cette occasion qu'il prit tant de goCit pour l'ins- IrucUon et pour l'étude aux(|uel- les il a depuis voué tous ses loi- sirs. Le zèle et l'intelligence qu'il déploya alors et la loyauté de son caractère, lui méritèrent, en 181.^, lorsque le nouveau parlement su

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rassemhla sous (I(î nouvelles for- h: cherclier ù boni du vaisseau; um^, tt quoiqu'il lui irès-jiuiic , cri le conduisit in triomphe dans la place de président de la (liaui- l,i \ill(:. et on le proclama prési- hre des pairs. Il soutint celte Ifl- dml di; la juoic. Il occupa pen- che si laborieuse et si didicile. et d.int deux mois ci Ite place très- dans laquelle il n'avait ni aiihcé- dillicile, dan> I iqiielle il montra dent ni uioilèie à .'•uivie, avec allant d'intréj)idilé que de talent beaucoup d liiibiU et à la sa- et de saf^esse , «'iaril parvenu à lisfaction ycuérale. Lorsque le nielUt,' un terme à l'anarchie et a ministère constituliotmel donna établir un gciuvcriituient qui eut sa démission, il quitta sa pbice ; du nioins pour résultat d'ép:ttgiier mais un nouveau ministère s'étant des scènes de saiiji et des catas- organisé quelqui; tenips après, il trophes dont on n'aurait pu pré- reçut le portefeuille dv^ alïaires voir le terme et l'étendue. La étrangères , et fut l'un des mem- marche du général Fiorestan Pé- Lres du conseil-d'état. Le u)inis- pé, qui, vers la fin de septembre , tère dont il faisait partie lut dis- de Milazzo s'avançait sur Palerme sous en 1814. Util alors un voya- avec une armée napolitaine, oc- ge sur le cunlinenf , et iési.i;i casiona une se(;onde commotion. long-tem[)S en Toscane , oii il fut Le princte de YiilaiVanca eut l'im- alteinl d'une maladie longue et prudence de quitter Paierme. Il très-grave, dont il est res'lé bf>i- se rendit sur l'invitation du gé- tevix. Il se trouv.'iil à ISaples, en néral l'épé, et dajires ime réso- juillet i8'20, lorsque la révolution lution de la junte a Tern)ini, pour y éclata. 11 prévit les dé^ordres faire partie d'une députation qui qui devaient arriver en Sicile , et allait traiter d'un accommode- paria avec beaucoup de courage ment av(.'c ce général. Un engage- et de franchise à S. A. 11. le meut entre la flottille napolitain» prince - vicaire , du sort de son et quelques barques canonnières pays et des mesures à prendre; paleriuitaines , près de ïermini , mais ce fut vainement. Il partit exj)Osa à des dangers très-graves pour Falerme, il n'arriva que la barque pat lenientaire dans la- ie 24 juillet , huit jours après que quelle se Inuivait la dépuJalion. l'insurrection avait éclatée. Cela Le piii.ce , ;iinsi que les autres n'empêcha pas qu'il ne fût soup- liépulés, furent obligés, pour se çonné à ÎSaples d'en avoir été Tinj- sauver, de gagner le rivage en se t«ur. Leprinccde Aciavaitdéjè'iélé jetant a la nitr. Cette nouvelle, et assassiné la veilif. e! le cardinal la marche que Laiinée continuait Graviiia, .uchevêque de l'aierme, sur la capitale , excita de nouveau ainsi que plusieuis .uitie? mem- la populace, qui crut avoir été bres de la junte venaieni ('The si- tr;due. Le prince de Villafranca ^aiés comme de nouvelles victi- fui lui .uiême soupçonné d'avoir mesàlafureurpopulaire. L'arrivée pris pari à la lrahi?on. Son palais du prince de Villafranca cahna les fut assailli, el une maison de cam- esprits, et arrêta heureusement pagne, t:vec un délicieux jardin, les excè» de la populace. On alla près de la ville, pillée et dévastée.

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Il scjourna ensuite penilanl Inng- t<Mnps à Teriniiii , inêiiu: après rciiti'f'e (les Iroiipes iiiifrichien- ncs. D»; retour à Faleiiue, il y vit flnns i.i retraite, {coûtant tles plai- «ir^; (loiil une conscience sans re- proches peut seule assurer la j(»uis- sance aux hounues verlutux qui, après avoir figuré dans le monde, rentrent ijaits la vie privée.

VILLAR (Norr-GABLiEL-Lic DP. ), nicnjl)re de riustitut et de I i léj^ion-d'lionncur, évêrpie consti- tulionnel, etc., est à Tftulnuse, département de la Ilaute-Caron- ne, vers ij-4B. II entra, jeiuie en- core . dans la congrégation des doctrinaires, et devint principal du c(jllége de la Flèclie. La révo- lution, dont iladu])ia avecsjgesse les j)rincipeSj le p(trta aux fono- lions publiques, d'^ibord comme é\êque constitu lionne! du dépar- lement de la Mayenne; il fut sa- cré en cette qualité , à Paris, le 22 mai ijf)!. M. Villnrfuteusuilc élu, au mois de septembre «792» député à la convention nationale, où, dans le procès du roi , il vola la détenlion et le bannissement à la paix. Non-seulement il se démit |>ar lu suite de son épiscopat, mais il retuMiça encore aux rondions t'r«;li>iastiques. Successivement membre du corps- législatif , de lin^lilut, iosp(;ctcur-général des éludes, ef conseiller ordinaire de l'université, SI. Viljar n'est pltis aujourd'hui (i8'25) que membre (Urinsli tut (académie -française); il est attaché i\ la commission du dictionnaire. On lui doit : ^''quei- ques Lettres pastorales, i\\i."\\d pu- bliées lorsqu'il était évèque; v." difléri;ns Rapports à la conven- tion nationale, entre autres p04U'

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faire conserver le collège dcî Fran- ce jusqu'à l'organisation de l'ins- Iruclirm publique; pour fixer la somme à répartir enire i i8savans, lillérateurs et artistes; enfin pour l'organisation des liibliothéques de Paris ; 5' des Poésies dans quelques recueils, particulière- ment la Décade philosopliiqucde^ fraginens de V Iliade en vers; 4" Notice des travaux de Utlcratnrt et beaux-arts de l'institut national, pendant les années Q et \o ( Mé-. moires de l'inslitut, i, 525,. 11, io-t)a-79); Notice sur la vie et les ouvrages do Louvet ( Mémoi- res de rinslilnt. classe de littéra- ture et beaux- arts, t. II, llist. , p. 27), 6" Notice sur lavieet les ou- vrages de Jean Dusautx (ibid., 5, Ilist., p. 52); ']" Notice sur la vie et les ouvrages d' Etienne lioallée, ar- chitecte (ibid.. p. 45-)

VILLARKT ( Jean - Chrisos- TÔME , BARON de) , membre de l'as- semblée constituante, ai\cien évè- que d'Amiens et de Casai, etc., est né. le «7 janvier 1757, à IVho- dez, dépîjrtement de l'Aveyron, d'une famille noble. Il embrassa l'état ecclésiastique, fut nommé vicaire - généra! de l'évêché de Illiodez.et élu, par le clergé de la sénéchaussée de Villefranche , député aux états - généraux en, 178!). Peu remarqué pendant la session , il le fut heureu>etnent moias encore sous le régiiue de la Itrr^'ur, auquel il échappa. Le 9 avril 1803, par suite du concor- dai , il fut )>onrvu de l'évêché d'Amiens, d'où il passa au siège de Casai , départenif ni de Ma- rengo, le 21 juin 1804. Celle mèmp année, le collège électoral du département de la Somme l'a-

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Tait dcsigrié pour candidat an sé- nal-coiiservatenr. M. de Villaret fut nommé successivement chan- celier de l'université impériale, premier aumônier du roi Joseph ( VOy. BoNAPARTE-Jo«EPH ), et of- tiiier de la légion - d'honneur. Comme heaucoup d'autres fonc- tionnaires puldics, lors des évé- nemens politiques de 1814? M. de Villaret vota la déchéance de l'empereur et le rétablissement de la niiiison de Bourbon. Néan- moins, à son retour en mars 181 5, N i|niIéon , par un décret du 5o de ce mois, le riiiiinlint dans les fonctions de chiincelier de Tuni- versité impériale , fonctions qu'il a perdues à la seconde restaura- tion, par suite delà réorganisation de l'université, comme il avait perd» quelque temps auparavant son évêché de Casai tiu rétablis- scnu;nt du royaume de Sardai- gne.

VILLARET (le MARQUIS DE ) ,

maréchal-de-camp , commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint - Louis , frère de l'amiral Villaret - Joyeuse (dont l'article suit ) , fit des études disîinguées en mathématiques, entra dans le corps de l'artillerie , et était li(;u- tenanl-colonel lorsque la révolu- tion éclata. 11 ne partagea point les nouvelles doctrines politiques, émigra , et servit à l'armée du prince de Condé. Aussitôt que les circonstances le lui permirent, il rentra dans sa patrie, et tout en- tier livré à ses afl'eclions domes- tiques, il s'occupa uniquement de l'éducation de ses deux neveux, que son intrépide frère avait pour ainsi dire légués à sa tendre amitié. Tous deux ont répondu à ses soins

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véritablement paternels , et on* conquis des grades honorables , l'un sur terre et l'autre sur mer. Le grade de maréchal-de camp et le titre de commandeur de Saint- Louis sont venus décorer sa re- traite et sa vieillesse. Le marquis de Villaret mourut en 1824. Son ami, IM. de La Croix, membre de la légion - d'honneur et juge au tribunal civil de Versailles, a payé un tribut touchant de regrets à sa mémoire.

VILLARET DE JOYEUSE (le COMTE Loris- Thomas), vice -ami- ral. grand-olTicier de la légion- d'hoiMieur, et en dernier lieu gou- verneur-général de Venise, na- quit à Auch en i^So, d'une ancien- ne famille de Gascogne. Il montra dès sa première jeunesse un pen- ciant décidé pour le service de mer; sa famille, par des raisons particulières, ne se rendit pas à ses vœux, et le fit entrer dans les gens d'i'.rmes de la maison du roi; mais dès qu'il eut atteint sa seiziè- me année, n'écoulant plus que son gortt, il s'embarqua en qualité de volontaire. Il avait fait d'excellen- tes études : le désir de se distin- guer, un caractère heureux mé- lange de douceur et de fermeté, une bravoure enfin que rien'n'é- tonnait, firent bientôt remarquer le jeune Villaret de Joyeuse des chefs sous lesquels il parcourut les mers de l'Inde. En 1773, il fut nommé capitaine en second d'un bâtiment destiné à porter des trou- pes pour proléger l'établissement qu'on voulait former à Madagas- car; il fit depuis plusieurs cour- ses, avec le même grade, ?-\\tVA- tatante. Ne se trouvant point em- ployé activeuacnt à l'époque

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CQ/O/if/^û/ ItZ/ft/'et- (loufiuie .

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les^ Anglais vinrent niellre le siège devant Pondichéry en 1778, il concourut volontairement à la dé- fense de cette place sous les ordres de M. deBellecombe. Sur le conip- le avantageux que cet officier-gé- néral rendit des services de iM. Vil- larel de Joyeuse, il fut promu au grade de eapilnine de brûlot. En

IJ781, il eut le coMimandenietil ûii m brûlot le Pulvériseur , qui faisait » partie de la ttoUt que commandait le bailli de SuiTren dans les mers de l'Inde. Cethommecélèbre, qui, par des opérations aussi audacieu- ses qu'habilement combinées, em- ployant à la fois les forces de ter- re et de mer, sut rendre aux armes françaises leur ancien lustre, et qui seul sut encore humilier ta puissance anglaise, démêla bien- tôt parmi tant d'oHiciers distin- gués qui servaient sous ses ordres, le mérite de Villaret de Joyeuse. Au siège de Gondelour, il le choi sit pour aide-de-camp, et lorsque les opérations maritimes recom- mencèrent, il lui confia le com- mandement de la Bellone , qu'il quitta quelque temps après pour celui de la DfayuUc. Ce fut avec ce bâtiment que M. Villaret se trouva chargé d'une iriission diffi- cile, qui demandait ime expéiieii- ce consommée et une grande ré- solution. Il s'agissait d'aveilir M. de l'einier, qui avec une division navale avait été envoyé pour ué- toyer la rade de iMadras , qu'une escadre anglaise beaucoup plus forte que la sienne croisait au lar- ge près de celle côte, épiant les vaisseaux français, dont elle espé- rait bien faire sa proie. Pour les prévenir à temps, il (allait passer au milieu de cette croisière an-

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glaise. «Je vous ai choisi, dit le » brave Suffren au commandant »de la Nnyade, parce que j'ai be- "SOMi d'un houjme de tOte ; faites nloot ce que vous poiu-rez pour i>reu)plir votre mission, je vous

donne carte blanche. Vous serez «chassé en allant ou en revenant : n vous serez probablement pris;

mais vous vous battrez bien, c'est »ce que je veux. » Arrivé aux at- lérages de Madras, mais n'ayant pu mettre la vi;;ilance de l'cune- ini en défaut, Villaret voulut au moins en succombant, faire con- naître à la division qu'il avait mis- sion de sauver le danger qui la menaçait. Le vaisseau de ligue an- glais le Sceptre^ de 64 canons, lui donnait déjà chasse. Villaret lit monter sur le pont de la Najade tout son équipage, composé de 120 hon)nies, et leur dit : «Ce «n'est qu'un bâtiment armé par la «compagnie des Indes. (Il savait «biea le contraire), des braves » connue vous ne se laisseront pas «prendre par un marcharul. » On lui répondit par des acclamations, et tout fut disposé pour le <ombat. Villaret m; commença cependant la canonnade que lorsqu'il fut près la côte, et qu'il eut atteint le point les Français pouvaient le voir. Là, sans autre espoir que d'avertir les siens, la plus terrible lutte s'engage. Pendant trois heures, une faible corvette de >8 canons résiste à un vaisseau de ligne, et cela ;\ une distance si rapprochée, que le commrxlore anglais se fai- sait clairement entendre, en criant à M. de Villaret : » Brave jeune i> homme, conservez à voire roi un » o/firier qui sait si bien défendre son pavillon. » Lu corvette, cutière>

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int'fit démâtée, avec hiiil pieds d'eau dans sa cale , ayant penlii les trois quarts de sou équijKtg* fl près de couler ha^, se rendit vaï- fin. Mais les vaisseaux français, iîislrnits de la présence de l'enne- mi, durent leur snlut à ce dévoue- ment héroïque. Le capitaine dn Sceptre refusa l'épée si vaillam- ment défendue , que son prison- nier voulut lui remettre, et les An- j;lais comblèrent Villaret de mar- ques d'estime. Il fut échangé peu de temps après, et t\l. de liussy qjii conimandait les forces de ter- le française dans l'Inde, le décora de l'une des trois croix de Saint- (jouis que le roi avait mises à sa disposition. L'amiral Suirren lui donna le commandeinenl de la frégate Coventri, avec laquelle il termina la campagne. Il eut, en 1783, l'ordre d'aller à Batavia pour traiter avec la compagnie hollandaise d'intérêts importans. A son arrivée, il salua la place se- lon l'usage ; le commantlant hol- landais ne lui ayant pas fait ren- «he le salul, il s'emtjossa pendant la nuiU et fit signifier que si on ne lui rendait pas le lendemain les honneurs qui lui étaient dus, il foudroycrait la place. Dès les pre- miers rayons du soleil, la frégate française fut saluée d'autant de coups de canon qu'elle en avait ti- rés la veille. Les négociations fu- rent conduite;» avec la même fer- meté, et Villaret oblint qu'on fît droit à ses justes demandes. Il ne revint en France qu'après la »;on- clusioD de la paix, et fut nommé successivement lieutenant de vais- seau, major de la marine à Lo- rient, et capitaine de vaisseau. Il remplit avec ce dernier grade «tîc

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mission à Saint-Domingue, îl se trouva lors des premiers trou- bles de la colonie ; revint en Fran- ce avec le «louveaii pavillon, et eut en 1795. le commandement t\n vaisseau de ^4 canons, le Trajuri , qui tit partie de l'escadre aux or- dres du vice-amiral Morard de Cal les. La mt,'me année, la con- vention nationale l'clevn an {Çrade de conîre-amiial, et lui confia le comn)andement en chef de l'ar- mée navale de l'Océan, poste qu'il n'avait point sollicité, et qu'il ac- cepta même avec répiignaiice, vu l'insuborilinatiou qui régnait à cet- te époque sur les escatires de la république. Mais l'estim»; et l'af- fection générale dont il jouissait parmi ses frères d'arnves, et la fer- meté de son caractère, lui fourni- rent les moyens de rétablir l'ordre partout il comrnan<lait ; l'aini- ral Villaret de Joyeuse ne s'était point prononcé en faveur de lu révolution et passait môme pour être très-opposé aux principes professés par les trois pr^-mières asseiiiblées délibérantes. Mais il n'avait pas cru devoir abandonner la France à rexeni)>lede tant d'of- ficiers distingués de la marine qui émigrèrent, ni pouvoir refuser à sa patrie le secours de son bras. Jean-Bon Saint-Andfé {voy. ce nom), membre de la convention nationale, qui fut investi pendant quelque ten»ps d'uno^utorité illi- mitée dans le déparlement de la marine, availcoutume de dire : « Je sais que Villaret est un aristocrate; mais c'est un brave qui se battra toujours bien. « Il montra en effet tant de courage et de talens dans le poste difficile qu'il avait accep- té, qu'on le lui conserva .pendant

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plusieurs années. On sait comhien la journée du i5 praiiial an a (i" juin 1794) aurait encore été bril- lante pour la marine française , *ans la fausse nianœuvre 1]»'. (|U(;I- ques oapitaintâ iuexpérinieulés , qui lai-^ïèrent couper la Jif^ue. .lean-Bnn Suin(-An<Jré fut blessé à cÔJé lie l'amiral Villan;!, dont il uiontnit le vaisseau. Les Franrais perdirentplusieurs bûtimens, mais on parvint à faire entrer dans U-s ports un riche convoi de giains d'Amérique, impatiemment atten- du. L'amirid Villaret s'oppoî^a, au- tant qu'il put, .^ l'expédition mal heureuse qu'on (it sortir des ports au milieu de l'hivei" l'anuée sui- vante, mais il ne fut point écouté. En l'an 4, il déploya le pins };rand courage dans le combat qui fut li - vré sous l'île de Croix, contre des forces plus que doubles des sien- nes. Entouré de plusieurs vais- seaux ennemis, le sii;n était criblé de boulets lorsqu'il parvint enfin à se dégager. Il se prononça en- core, «n l'an 5, contre l'expédition d'Irlande, dont il prédit la triste issue, et voyant tiuijours ses con- seils négligés, il donna -^a <lén»i>- sion. que le directoire accepta. En tyfjCi, l'amiral Villaret fut nommé, par le département du iMorbihan, député au conseil des cinq-cents. Il s'y lia avec les chefs du parti dit de Clic/iy , et se munira cons- tannnent opposé au gouverne- ment directoriaJ, qui le compta bientôt an nombre de ses plus dan- gereux entieuiis, et qui s'en ven- gea lors du coup d'étal du 18 fructidor. Condamné à la déporla- tiorj, Villaret parvint à scsousirai- re aux poursuilos dirigées contre lui, et dut à ruinilié qui lui offrit

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courageusement \\n asile, le bon- heur d'échapper au sort qui atten- dait tant d'infortunés dans les dé- serts infects de Sinamary. Mais quelque teuipsjiprès, il fit à l'in- térêt lie sa famille et à la sftreté de ses amis, le sacrifice de ce qui lui restait de liberté, et se rendit, en 1799, au lieu d'exi), assigné par le directoire aux condamnés (pii avaient échappé à la première (léporlation. H fut rappelé de l'île d'Oléron.par legénéral en chef lio- naparte, dès les pren>iers jours de rétablissement du gouvernement consulaire, et il vint reprendre un po:>le nu'.rilé par tant de services et de dévouement i la patrie. Son retour dans les ports français fut un jour de lêle pour l'armée na- vale de l'Océan, dont il continua de diriger les opérations avec le ti- tre de vice-amiral. Lorsqu'aprè^ le traité; d'Amiens, le, gouverne- ment résolut de raltiicher à la mé- tropole la riche colonie de Sainl- Domingne, l'amiral Villaret fut «hargé du commandement de la llolte expédilionuaire. (jui y trans- porta les tKJupcs françaises. En i8oa, il fut nommé eaj)itaine-gé- néral des îles de la iMarlini(|ue et 'Je Sainte-Lucie, (jn'il gouverna pendant sept ans. Son administra- lion poila l'empreinte de son ca- raelère ; elle fut aclive sans tra- casseries i'I bienveillante sans fai- blesse. Jl a laissé dans e-es îles les plus honorabltis souveiwfs. Atta- qué par les Anglais en 1809, il fut obligé, après une vigoureuse résis- lance contre des forces supérieur res, et après avoir éprouvé dan» le fort iiuurbon le boii)bar(h:meiit Lt: plus terrible, de rendre la Mar- tinique. A son retour eu Frauce^

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îl no cessa de demaiuler que sa conduite fût examinée jiidiciaire- nifiit, mais il ne {)ijI obtenir d'ê- tre jugé. «;t l'empereur lui fit écrire par le niinislre di; la marine, qu'a- près avoir examiné lui-même sa conduite, il le nommait iu gou- vernement général de Venise, et au comniandement de la i 2* divi- sion militaire. C'est dans l'exenii- ce de ces fonctions éminentes, qu'il fut enlevé à la France et à sa famille en 1812, à l'âge de 62 ans. Unissant les qualités sociales les plus aimables à de solides vertus, chéri de ceux qu'il a commandés, et estimé de ceux qu'il a combat- tus, Villarel de Joyeuse a laissé d'incffiiçables regrets dans le cœur de ses anciens frères d'ar- mes, et de tous ceuxqui l'ont con- nu.

VILLÈLE (le comte de), voyez le Supplénifnl de ce volume.

VILLEMAIN (Abel-François), à Paris le 11 juin 1791. a fait sa réiborique à Paris, au lycée impérial, sous MiM. Luce deLan- cival et Castel. Ces habiles pro- fesseurs comptent peu d'élèves aussi distingués ; celui-là fat bien- tôt jugé digne de devenir maître. Ses succès précoces le firent ac- cueillir par i\l. deFontanes, qui, lors de l'organisation de l'univer- sité impériale, l'employa d'abord, en 1810, comme professeur de réthorique au lycée Gliarlema- gne , puis le nomma professeur à la faculté dos lettres de Paris. Les travaux de l'enseignement ne détournaient pas M. Villemain de ceux de la composition. En 1812, il obtint, au jugement de la secfmde classe de l'institut, le prix de l'Éloge, de Montaigne, et

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la mr^me année, il fut chargé de prononcer le discours latin à la di>tribnlion soleimelle du con- cours général d(! l'université. En 1814 » il remj>orta de nouveau le prix à l'in-titut par \\n discours sur les avantages et les hiconvénieng (le lu critique; il le recul eu pré- sence de Tempereur de Russie et du roi de Prusse, qui. après avoir garanti ù la capitale la conserva- tion de ses monurnens, se plu- rent, en assistant à cette séance, à manilésler l'estime qu'ils por- taient à l'académie tous les arts libéraux sont représentés; à un corps composé de l'élite des savaus, des littérateurs et des ar- tistes de la France, et même de l'Europe, puisqu'il y a peu d'hom- mes illustres à ces titres chez l'é- tranger, dont le nom ne soii ins- crit sur la liste des correspondans de l'institut. M. Villemain adressa à cette occasion aux deux souve- rains, un discours cpii fut trouvé très - convenable dans cette cir- constance difficile sous plus d'un rapport. Deux ans après, il ob- tint encore un prix à l'institut; le prix de l'Eloge de Montesquieu. Appelé par M. Dccaze à la place de directeur de la librairie, il s'en démit en 1819, à l'époque 01^ ii fut nommé maître des requêtes ; il ne se démit pas toutefois de la chaire d'éloquence à la faculté des lettres. Pensant comme les Four- croy. les Monge, les Lacepède, les Cuvier, que les fonctions du professorat ne sont incompatibles avec aucune fonction publique, et qu'il n'est pas de dignité qu'el- les ne relèvent, M. Villemain ne s'est abstenu de faire son cours que losrque sa santé ne le lui per-

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mettuit pas. Peu tle cours sont aupsi suivis quf le t>ien; succ«.'s d'autant plus flaitonr pour ce pro- fesseur, qu'il le doit aut;uit à la pureté de sa doctrine et à l'éléva- tion de ses principes . qu'au ta- lent avec lequel il les expose. On ne l'a pas entendu sans une vive satisfiiclion , faire en chaire des vœux p(uir la liberté des Grecs, au mornenl oi'i les aulnrilés, dans la dépendance desquelles le tien- nent ses fondions , attendaient de lui des opinions tout à-fait oppo- sées. Itulépendamment des ou- vrages dont nous avons fiarlé ci- dessus , :>i. Villeinaii) a publié une Vie de Cromxvell, en 2 vol. ; une traduction de la République de Circron, et plusieurs morceaux de littératur»*.

VILLENAVE (MATHtnis-Gtir.- laime-'Iuérèse), honnnie de let- tres, est le i3 avril 17^2, à Saint-Félix de Caraman, dépar- tement de la Haute-Garonne. iVI. Villenave habitait Nantes au coni- inenceuient de la révolution. R<'- gardé comme fédéraliste, il fut, sons le régime de la terreur, du nombre descent Ireute-deux Nan- tais que Carrier envoya de cette ville à Paris pour y être jugés p^ir le tribunal révolutionnaire. Il é- tait, dit-on, ainsi que ses co-in- fortunés compagnons , destiné à périr dans les bateaux à sous-pa- pes ; mais ils arrivèrent heureu- sement à laGonciergerie. On dit encore que,désigné« comme Ven- déens, ils devaient, en conséquen- ce, passer par les armes. Ils par- vinrent à persuader, que bien loin d'être ce qu'on préteudail, ils a- vaient défendu celte ville, et l'a- valent conservée à la république.

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Leur supposilii'U fut facilenien admise: ils obtinrent la pcrmis- sif>n d'être transférés dans une maison de santé. La révolution du 9 thermidor an 2 ( 27 juillet 1794 ) les rendit libios. En 1796, dans le procès de Charette [voyez ce nom). M. Viih navr piit la dé- fense de ce génériti , qu'il ne put soustraire à la mort. Depuis ce temps, il «si resté, du moins os- t«nsiblt ment, élran^erà la politi- que. Comme joiMnalisle , il a tra- vaillé à la Quotidienne et aux An- vales politiques. Comme litléra- li'ur, il a pul.lié : 1" Ode sur le dé- rourmevt liéroique du pt inrc Muxi- Tuiliru-J ules-Lropvld de Briiris- ivirk, qui a con( ourru fiour h' prix de l'acadéM»!! -française. i'86, io- 8°; 2" Plaidoyer dotis f affaire du comité rérolutionnaire de Nantes , 1795, iu-S"; ^"Relation du voya- ge de cent trente- deux Nantais à Paris, 1795, io-8°; /|" tes Méta- morphoses d'Ovide , traduction nouvel le, ai\'e le texte latin y suivie de l'explication des fables et de notes. Cet ouvrage a obtenu un succès h-^Mjorable.

VlLLENKllVE (N.). vice-ami- ral, grand-officier d(! la légion- d'hotmeur, étaitofficierde marine lorsque la révolution éclata. Il en adopta les principe?, et fut cons- tamment employé dans nos cam- pagnes maritimes ; il se fit parli- cuiièrement remarquera ta batail- le d'Aboukir. ot^ Il parvint à sau- ver sa division , ^l à rentrer avec trois vaisseaux à Malle. Il com- manda en chef, en 1802, l'esca- dre «ilalionnée aux îles i\ii Vent; lut pron)u, au mois de juin 1804» au grade de vice-amiral; chargé , au mois de septembre i8o5 , du

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cominajidement de l'escadre de an veni des Français, hiised'oiieJl Toulon, el fil sa jonclioti avec les faible, la mer honleiise. L'année forces de (]adix, puis se rendit aux coiiiI)inée, sur 1 annonce dessi- lles du V<;nt , enfin revint en lui- {;nanx faits pendant l.i nuit parla ro[)(\ A celle épo.|iie, il rencontra frégate, se forme en bataille au la llulte de l'amiral anj;lais Cal- point lUi jour, par rangs de vil»-*- der, à qui il livra coinbal; il per- se, siuis avoir égard mu posie as- dit deux vaisseaux espagnols; signé pour chaque bâlimenl. Nous ayanlconservér;ivaniage du vent, goov»;'rnions à peine à 81ieureset il entra au Ferrol. Commandant , demie, virés de bord ton:» à la fois, au mois d'ociobre i8o5, le? forces lof pour lof, pris bâbord amures, françai>es et espagnoles réunies l'armée anglaise courant grand dans la baie de Cadix, il ré, oint largue sur deux colonnes, six d'attaquer les Anglais prés du cap vaisseaux à trois |)Onts entête, de ïr.ilalgar. Nous empruntons bonnettes hautes el b:isses, ce qui les détails de celte funeste action lui donna la facilité d'attaquer qui a été (liver>ement ex|)liquée , à midi et demi par un mouvement à M. Ltîlellier, ollicier de la lé- spontané, le centre et l'arrière- gioM-d'honueur , etc., ancien na- garde de notre ligne. Qu'auraient pitaine de vaisseau, qui y com- faits dans celte circonstance les mandait le Formidable {^voyez le amiiaux hs plus expérimentés? Conslitutiormcl du 20 juin i8ii5). Laisserarriver, fuir, chercher à se « Le sentiment qui détermina l'a- couvrir dévoiles, à éviter le com- mJral Villeneuve àsortir delà baie bat, rentrer à Cadix cainmnés par de Cadix, dit H. Letellier, était l'efmemi c'eût été couvrir de dés- un sentiment éminemment Iran- honneur le pavillon français. Il çais ; il croyait vaincre, nous le n'y avait pas d'autres manœuvres croyions comme lui; les officiers, à iaire, à la distance se Iron- ies équij)agesparlageaient son en- vait l'ennemi, que celles ordon- thoiisiasme ; l'ordre de mettre à nées par l'amiral Villeneuve. Une la voile ne trouva pas uncenseur... fois l'action commencée sur une Les Anglais venaient d'être signa- ligne de j5 vaisseaux occupant , lés. Cinq de leurs vaisseaux s'é- vu la faiblesse du vent, plusd'u- taient détachés de leur escadre; ne lieue d'étendue, la responsa- les signaux en avaient instruit Ta- bilité devenait [lersonnelle pour jijiral comrnandant ; l'occasion é- tous les commandans des vais- lait favoroble. iMM. de Cravina seaux et frégates. L'amiral Ville- .(co/. Gravina) et de Villeneuve se neuve combattante à portée de décidèrenl au combat, ignorant pistolet, entouré d'ennemis, cou- que les Anglaisauraieni remplacé vert de fumée, déntâté, blessé, leurs vai.-seanx par cinq autres, ne pouvait quesebaltre en brave, et que leur nombre était toujouis el il l'a fait. S«;s instructions fê- le même. La. victoire qu'obtint ront preuve un jour de la pureté Nelson [voy. ce nom) dans cette de ses intentions, des senlimens affaire, est due à l'avantage de français qui l'aDimaieut; il avait «'être trouvé, le 29 vendémiaire, tout prévu ; les élémens seuls fu-

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rcnt cause de noire ruine : elle guerre, pour avoir désol)éi à mes l'ut couiplèle. » Fait prisonnier oriiies, tt conséquemment avoir »yir le Bucentaure, va\s>f au nnnvaï perilu la flotte (car je lui avais de 80 canons, l'amiral Villeneuve ordonné de ne pas mettre i\ la lut conduit en Angleterre, il voile et de ne pas s'engager avec obtint la pernii-jsion de .'•e choisir les Anglais), résolut de se dé- une résidence à 3o milles de triiire; il prit ses gravures de cœur, Londres. Respectant dans cet a- les compara de nouveau avec !?a mirai ime grande inlurlune, dont poitrine, lîl exactement, au centre liii-n)ême s'est cruellement puni, de la gravure, une longue pitiTire et laissant au temps le scinde avec une longue épingle, fixa tn- /iier l'opinion publique, nous suite celle épingle, anlant que nous sommes contentés de rap- possible, à la même place, contre j>orter ro[)inion d'un brave olïi- sa poitrine, l'enfonça juscju'à la cier. Nous ferons connaître, parle tête, pénétra le cœur et »;xpira. même motif d'impartialité , la Lorsqu'on ouvrit sa chambre ou pensée de Napoléon sur les lalens le trouva mort; l'épingle était et le caractère de l'amiral Ville- dans sa poitrine, et la maripie neuve. «Avec plus de vigueur, au faite dans la gravure correspon- cap Finistère, Villeneuve eût pu dait à la blessure île son sein. Il rendre l'attaque de l'Angleterre n'aurait pas agir ainsi ; c'était praticable. Son apparition avait un brave, bien qu'il n'eût aucim été condjinée de Irès-loiû, avec talent. » Celle funeste fin arrivée beaucoup d'art et de calcul, en le 2r)avril iKoG, dément l'inexacte opposition à la routine des m.irins et singulière assertion des auteurs <pii entourai«-nt Napoléon; et tout de la Bioi^raphie moderne publiée réussit jusqu'au moment décisif; par le libraire Alexis ii;ymer3\ alors lu mollesse de Villeneuve Ils disent : « Après être resté vinttout perdre » (Lis Cases, t. quelque teujps à Rennes, il s'y III, p. 29(). ) On trouve cet autre brûla la cervelle, de chagrin d'a- jugemcnt dans les mémoires du voir été m tl apprécié par Bona- docteur O'iUéara (t. II, p. 54 ) : parte, et dans la ciaitite, dit-on, «■ Villeneuve, lorsqu'il fut fait d'un jugement inique , comman- prixMniier par les Anglais, fut par cet ex-empere«ir.n tellemtnt altligé de sa délaite, VI L L EN E L V F ( le MAnQCis (pi'il étudia l'anatomie pour se Poss Louis- François de), en détruire lui-même. A cet effet il 1774' d'une ancienne famille de acheta plusieurs gravures. analo- la ci-devant province de Langiie- miqnes du cœur, et les compara doc, se fil remarquer dès le com- avec son propre corps, pour s'as- meuc«;mcnt de la révolution, par surer «;xaclcment de la position une grande opposition aux nou- dc cet organe. Lors de son arrivée veaux principes; il fut arrêté, en Fiance, je lui ordonnai de res- comme suspect, en «795; rendu ter ù Rennes, et de ue jtas venir à la liberté, il continua à mani- à Pari'. Villeneuve, craignant l'ester les mêmes opinions. M. de d'être jugti par un cou»cil de Villeneuve se fixa ù Touluuie, «t

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prit, en 1797, une p.irl si active aux élections, qu'il fitl , dit- on , blessé de plusieurs coups de sabre. Le gouvernernen'; impérial le nomma, en i8o4j membre du conseil-général du département de la Haute-Garonne , fonctions qu'il accepta ainsi que celles de n)aire de sa commune en i8i5. A la lin de cette année , l'armée du maréchal Soult revenait d'Es- pagne, dans un état d'épuisement suite de glorieux combats. !>!. de Villeneuve, au rapport de la Bio- graphie des frères Michaud, « pro- hiba par une jtublication officielle la levée des réquisitions frappées par l'armée du maréchal. » Cette conduite, que l'histoire caracté- risera , fait dire aux auteurs d'u- ne biographie étrangère « qu'il paya de sa destitution un crime qu'il eût payer de sa tête. » Ce ne fut pas le seul service que M. de Villeneuve rendit à la cause qu'il servait. Il seconda lord Wellington, près duquel il se rendit, et M. Jules de Solignac, commissairedu roi, qui lenomrna préfet de Tarn-et-Garonne : no- mination qui ne fut pas confirmée par le roi après l'entrée de ce prince à Paris ; mais peu de temps après, M. de Vdleneuve devint préfet des Hautes-Pyrénées. L'un des six préfets qui se réimirent au commencement de mars i8i5, près M. le duc d'Angoulême , à Bordeaux, lors c'u retour de Na- poléon de l'ile d'Elbe, il retourna promptement à ïarbes. il éta- blit une commission de salut public, pour faire exécuter les ordres du roi; cette mesure n'ayant pas le succès qu'il en espérait, il se re- lira sur la frontière de son dépar-

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tcment, il fut arrêté dans la nuit du II au 12 avril par ordre de Napoléon. Conrhiil à T.iibes , puis à Toulouse , il allait être tran't'éré à Paris lor-qu'il parvint à s'évader. Il j)a>!sa en E^^pagne , et rejoignit iM. le duc d'Augou- lêu)c à Puycerda . en Catalogne. S. A. R. , lors lie sa rentrée en France, au mois (!(• juillet, nom- ma iM. de Villeneuve administra- teur-général des 2(3 départemens du Midi , qui s'étendaient de Chambéri à Biideaiix. " C'est \h, disent les auteurs do la biographie étrangère que nous avons déjà ci- tés, qu'il organisa les premiers élémens de ce gouvernement oc- culte si long-temps en opposition avec celui du roi , et dont la péti- tion courageuse de M. Midierde Monjau et les débats de la cham- bre des députés , en avril, mai et juin 1820, ont révélé la seorète et pui-saule influence à la France et à l'Europe. De ce poste, com- me d'un fort inexpugnable, M. de Villeneuve, soutenu par un pou- voir invisible, devant lequel recula constamment celui du roi , sus- pendait, contrariait ou annulait tous les actes du mifiistère royal, étonné de tant d'audace, mais im- puissant contre elle. Ce mirjisière essaya néanmoins une dernière tentative;ce futde faire mander M. de Villeneuve à Paris, pour y ren- dre compte de sa conduite à l'ins- tant même le collège électoral du déparlement de l'Hérault allait s'ouvrir sous sa présidence. Arrivé dans cette ville avec les recom- mandations de ses protecteurs , M. de Villeneuve traita de puis- sance à i)uissance avec le minis- tère, lequel, ne l'ayant appelé à

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Taris que parce qu'il contrariait tontes ses opérations dans le Midi, comiDenpiiit ù reconnaître qu'il avait commis une faute; que M. de Villeneuve était beaucoup plus dang;ereux pour lui à Paris qu'à Toulouse, et qu'il y allait de son existence à l'y renvoyer. Il mit l-out en œuvre poury réussir, mais il était trop lard; toutes ses forces échouèrent contre le crédit d'un obscur administrateur, et le mi- nistère, victime d'une sécurité et d'une imprévoyance sans excuse, dut abandonner les rênes de l'état. On eût pu croire que ce triomphe était un grand événement dans la vie de M. de Villeneuve, et qu'il allait au moins succéder à ceux dont la disgrSce était, en partie, son ouvrage; il n'en fut rien; on se borna A lui donner de stériles assurances de satisfaction, et après l'avoir f.iil attendre une année en- tière, on le nomma , vers la fin de janvier 1816, préfet du départe- ment du Cher. Aévoqué un moisi après l'ordoimance du 5 septem- bre, époque à laquelle on sait que le gouvernement semblait vou- loir se réconcilier avec l'opinion publique , le niarquis de Ville- neuve a été appelé, en <^i(),à la préfecture des Pyrénées -Orien- tales , lorsque les doctrines de i8i5ont recommencé à nîpren- dre faveur auprès de lui. » iM. de Villeneuve devint , en iSa3, pré- fet de la Oeusc ; il passa l'année suivante à la préfecture de la Cor- rèïe , il se trouve encore au- jourd'hui (182.5.)

VILLENEUVE BAUGEMONT (le comte Christophe), conseil- ler-d'élat, officier de la légion- d'bouneur, préfet du département

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des Bouches-du-Rhône , est à Bargemont , dans la ci - devant Provence, d'une faaiille ancienne. Il servait en qualité de sous-lieu- tenant dans le régiment Royal- Roussillon , infanterie, k l'époque de la révoluticm ; il fit partie de la garde constitutionnelle de Louis XVI en i;92. M. Villeneuve Bar- gemont échappa aux proscrip- tions du régime de la terreur, et dtivint successivement, en 1801, inspecteur des poids et mesures dans les départemens méridio- naux; en i8o:î, sous-préfet à Né- rac ; en 1806, préfet du départe- ment de Lot-et-Garonne; enfin, en 1808, njembre de la légion- d'honneur. Il se prononça , en i8i/)|» pour le rétablissement de la famille des Bourbons sur le trône de France, fut maintenu par le roi datjs ses fonctions, des- titué par Napoléon pendant les cent Jours, eu i8ï5, et rétabli dans son poste après la seconde restauration. Il passa , an mois d'octobre 181 5, à la prélecture des Bouches-du-Rhône, qu'il oc- cupe encore aujourd'hui (iSaS.) Il a [lublié : Notice sur la ville de Nérac, ouvrage principalement consacré à célébi^r la mémoire de Henri IV, Agen, 1 808; 2''f^ojage (tans la vallée de Barcelonnette , dédié à S. A. H. Mgr. duc d' An^ gouléine, Agen, iSiS^ù' Rapport sur des fouilles faites à Fréjus en i8o5; 4' Notice sur Théopolis (Ba^ses-Alpcs) , 1811 ; ^'Disser- tation sur le lieu qu'occupait, dans l' Aquitaine , le peuple désigné par César sous le nom de Suliates. Ces trois derniers ouvrages ont été imprimés dans les mémoires de la société d'u;;riculturc d'Agen.

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VILLLNELVE BARGEMONT ( tE MARQUIS Ferdinand de) , t'rôre du pieccdeiit , jin;l»u, chevalier de lUidte el du la lègion-d'hoii- ueur, etc. , servait dans ia inarJDC avant la révolulion. Depuis» oeUe époque, il vivait relire dans sa laiiiille lorsqu'il fut uoininé, aux approches du 20 uiai> 181 5, sous- prélel de Caslellane. Couuuau- daut de la garde naliuualc de cette ■ville, il voulut arrêter la marche de Napoléon sur Paris. Ses elïovls lurent inutiles- M. le duc d'An- goulêinc le ncjniuia provisoire- ment prélet des Jiasses-Alpes ; il ne put occuper ce poste qu'après les désastres do Waterloo. II de- vint, en 1818, préfet des Pyré- nées-Orientales, d'où il passa, en 1823, à la préfecluie de la Nièvre, fonctions qu'il occupe encore au- jourd'hui ( ibaS). Il e?t depuis i8i2 membre de la chambre des députés pour le département des liasses-Alpes.

VILLENEUVE BAllGEMONÏ ( LE BARON Joseph de) , chevalier de Malte et de la légion-d'hon- neur, préfet, frère des précédens, remplissait à l'époque de la pre- mière restauration, en i8i4, la place de conseiller référendaire à la cour des comptes. Le roi le nomma chevalier de la légion - d'honneur au mois d'août de la même aimée. Après la seconde restauration , il fut nommé préfet de la Haute-Saône; il en remplit encore les fonctions aujourd'hui (i825)..

VILLENEUVE BARGEMONT (le vicomte Albas de) , chevalier de Malte et de la legion-d hon- neur, maître des requêtes, etc. , frère des précédens, fut auditeur

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au conseil-d'état, et successive- ment préfet de LériJa el de Na- mursous le gouvernement impé- lial. Après la première restaura- lion, en 1814, ie roi le nomma préfet de Tarn-et-Garonne, poste d'où il s'éloigna à l'époque du re- tour de Napoléon, en mars 18 i5. La seconde re^-tauiation le^endit à su préfecture. 11 est aujourd'hui (»8a5) préfet de la Loire-lnfé- rieuie.

VIMAR ( Nicolas, comte de ), pair de France , est le 3o octo- bre 1744» ii Mesnières , près de Neufchâlel , dé|)arlement de la Seine-Inférieure. Avocat au par- lement de Rouen , après s'être convaincu qu'il ne réunissait pas toutes lesqualités nécessaires pour la plaidoirie , il y renonça. Eu

1790, il occupait parmi ses col- lègues un rang distingué, com- nu; écrivain et connue juriscon- sulte. A cette époque de la {)re- miêre organisation des corps mu- nicipaux, il fut nonjmé procureur de la commune de Rouen. 1! exis- tait alors dans cette ville des ateliers de charité, refuge de la fainéantise et foyer de désordres; il proposa , et la municipalité , composé* d'hommes sages et fer- mes , adopta la mesure d'y subs- tituer des bureaux de bienfaisan- ce. Cette mesure, exécutée avec prudence el vigueur, rétablit l'or- dre et la paix dans la ville de Rouen , qui fut pendant plusieurs années l'asile d'un grand nombre de personnes persécutées dans leurs départemens. Députt'i, eu

1791, :'j l'assemblée législative, M, Vimar y vota constamment avec le parti constitutionnel; fut euiprisonné durant dix mois sous

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le régime de la terreur , refusa le ministère de la justice, auquel il l'ut appelé par le directoire-exé- cutif après le i8 l'ructidor an 5 (4 septembre 1797) ; mais il con- sentit à devenir membre d'un des comité? de bienfaisance dont il avait provoqué l'établissement , cl bientôt après du comité central d'mstructiou publique, qui avait la surveillance des écoles du dé- partement. Porté au conseil des anciens par le suffrage de ses com- patriotes , en 1798, il fut nommé, le 21 octobre de la même année, un des secrétaires de ce conseil, il a fait plusieurs rapports , dont l'un avait pour objet une ré- solution du conseil des cinq-cents, qui déclarait irrévocables les Min- ier de domaines nationaux quoi- qu'irrégulières, et non-seulement celles qui étaient déjà faites , mais encore celles qui se feraient par la suite. La conclusion de ce rap- port , quoique fondée sur les vrais principes, n'était pas conforine à l'opinion qui dominait alors; elle fit naître des débats violens. On sait combien était critique l'état de la France ii la fin de 1799 et au commencement de l'année sui- vante; ses armées avaient éprou- vé, des revers , la guerre civile se ranimait, et le retour de l'anar- cbie semblait inévitable. M. Vi- uiar prit ufie part très-aclive à l'événement du 18 brumaire; il fit partie de la commission législa - tive du conseil dont il était mem- bre ; refusa le ministère de la jus- tic« qui lui fut offert pour la se- comle fois, et fut nommé, peu de jours après, un des trente un premiers séualeurs ; Jasénatorerie de Nanci lui* lut conférée le 38

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moi 1804. Il fut aussi appelé, dès l'origine, au comité conten- tieux de la légion-d'honneur, et il en est encore membre aujour- d'hui (1835). Nommé, le 3i juin 1811, grand-officier de la même légion, il avait été précédemment créé comte comme tous les sé- nateurs; il vota, le r'avriî i8i4i la déchéance de l'empereur , et ensuite le rappel des princes de la maison de Bourbon ; il fut un de> membres de la commission char- gée de préparer la charte consti- tutionnelle. Le roi, par son or- donnance du 4 juif» 1814, le fjom- ma pair de France. Député par le collège électoral de son déparle- ment, en 18 15, à la chambre des représentans , il y fit partie du co- mité de constitution ; après les cent jours , il rentra dans celle des pairs, il vote avec la minorité qui défend nos libertés constitu- tionnelles.

VINCENS ( Jean-Césa-r), de l'académie royale de Nîmes , de la société des antiquaires de Lon- dres , et correspondant de la so- ciété royale et centrale d'agricul- ture, naquit à Nîmes le iG sep- tembre 1755. Elevé par son -père, qui avait cultivé à la fois la litté- rature, l'archéologie et l'écono- mie politique, et publié quelques ouvrages en divers genres, il pui- sa dans les leçons de cet habib', instituteur le goût des arts et des "sciences, et tous les éléniens des connaissances qu'il étendit et per- fectionna ensuite par ses propres études. Elles eurent principale- ment pour objet la chimie, la phy- si(|ue, l'histoire naturelle et la sta- tistique. C'est lui qui a fourni tout ce qui tient à ces sciences dans la

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Topographie de la ville de Nîmes et de sa banlieue^ i vol. tn-li", cou- ronné, en l'^iy^-, par la société royale de niéclecii'.c . et publié er) 1802; 011 vr;i;,M' 1res distingué, qui «'est pas re^l^t;il>t à une utilité locale, coujnie son litre seniMe l'annoncer, et auquel i)arlicipa . pour la partie médicale, M. Bau- mes, alors médecin à Nîmes, et bientôt après professeur célèbre de la faculté de Montpellier. Vin- cens a laissé en manuscrit un grand nombre de mémoires inlé- vesians sur différentes applications pratiques des théories scientifi- ques aux arts, an commerce et à l'agriiMilture ; de ce nombre est surlonl un beau travail sur l'édu- cation des vers ù s^oie, qui, connu de feu le docteur Nysten, a été cité par lui avec éloge. En «791, il fut menibrc de l'assemblée législa- tive, et l'un de*i membres les plus laborieux du comité des domai- nes. Il s'honora, dans ces temps de crise, de partager les opinions et le courage des vrais amis de la liberté, de l'ordre et de la mo- narchie constitutionnelle. Accusé de royalisme sous le régime de la terreur, il fut emprisonné, et tra- duit devant un tribunal révolu- tionnaire; il échappa à la con- damnation capitale, grâce à la présence d'esprit avec laquelle il se défendit, à l'intérêt qu'il ins- pira aux habitans de la commune il s'était retiré, et qui, appe- lés pour apprécier l'accusalion , témoignèrent tous en sa faveur, et enfin à l'espoir qu'avaient ses persécuteurs de se faire, dans un autre moment, contre lui . un li- tre décisif d'une lettre qu'il avait écrite pendant le fédéralisme ,

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qu'i>n croyait avoir trop légère- ment cherchée dan» le dépôt pu- blic, où elle aurait se trouver, et qu'on se croyait certain de dé- couvrir plus tard ; mais on a tout lieu (le fjcnscr (pi'elle avait été .>-(;crtltinint cuit vec et anéantie par un employé humain, quoi- qu'il ne se soit jamais vanté de cette bonne action. La cbute de llobespierre empêcha l'effet de l'espèce de plus ample informé sous lequel l'accusé était resté ; toutefois sa détention se prolon- gea long-temps encore ; eniîn il sortit de prison, mais avec une santé extrêmement altérée. Il mourut au mois d'août 1801.

VINCENT (François-André), peintre d'histoire , membre de l'institut et de la légion -d'hon- neur, professeur aux écoles roya- les des beaux-arts, naquit à Paris le 3o décembre 1746- Son père, peintre distingué dans le genre du portrait, et qui avait été beaucoup employé à la cour de Louis XV, lui fit donner une bonne éduca- tion. Entraîné par son penchant pour la peinture, le jeune Vincent étudia cet art avec autant de zèle que d'assiduité. C'était encore nialheurensement le règne des Jîoucher, des Vanloo et des Natoi- re; mais un véritable artiste dans le génie historique, le seul que la France comptât alors, ouvrait une école qui, perfectionnée bientôt par David, son disciple, allait éle- ver au plus haut point la gloire de l'école française. M. Vincent père, doué d'un sentiment vrai dans le.- arts, ne tarda pas à sentir que Vien était le maître qu'il de- vait donner de préférence à son fils. Les progrès de l'élève furent

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si rapides qu'ils élonnèreiU le maî- tre; le jeune Vincent, sur son ta- bleau de Germanicus , remporta le prix qui l'envoyait ix Rome aux frais du gouvernement. D'une san- té faible, il ne Ut pas sous le beau ciel de l'Italie, dan^ cette patrie des arts, toutes les études ((u'il se proposait. Ses souffrances conli- iHjelles ne lui permirent pa« de méditer assez Michel-Ange, Ra- phaël et le Corrége; mais la péné- tration de son esprit y suppléa. De retour à Paris, il redoubla d'ar- deur, et produisit beaucoup d'ou- vrages de mérite dans un genre qui lui était particulier; peu d'ar- tistes ont réuni autant de connais- sances non-seulement dans son art, mais en littérature; il avait aussi une mémoire heiireuse et u- oe grande facilité à s'exprimer. Il a fait beaucoup d'articles pour le Dictionnaire des beaux arts à l'inslilut. A tous ces titres, IVl. Vin- cent joignait la bonté du cœur, la justice la plus intègre, et surtout un zèle infatigable pour rendre service. Il a succombé i\ une lon- gue et douloureuse maladie, le 5 août 1816, regretté de tous ceux qui l'ont connu. Ses ouvrages \fs plus estimés sont : Saint Jérô- me éveillé par l'av^e , sonnant la trompette; 2" le président Mole saisi par les factieux, est regardé généralement comme son meil- leur tableau ; deux tableaux parfaitementsemblable.s,donU'un, Achille luttant contre le Xante, est aux G(d)elins; 'i'^ (^cs plus remarquables de ce maîlre e.^t la Piscine miraculeuse, placé dans u- no église de Rouen. 5" Dorée enle- vant Orithie , morceau de réccp- tioti de l'auteur ù l'académie; G"

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Arie et Pcetus est aux Gobelins ; 7" la clémence d'Auguste et Pyr- rus enfant, se réfugiant dans le palais de Glaucias, roi d'Illirie , ont été faits pour l'électeur de Trêves. Henri IV rencontrant Sully, blessé après la bataille d'I- vry, grand tableau qui est au châ- teau de Saint-Cluud; 9" Renaud et Arniide , tableau fait pour M. le comte d'Artois, il y a 40 ans; m'' Zcuxis choisissant tm modèle parmi les jeunes filles que lui pré- sentent les babilans de Crotone: il est aux Gobelins; «1° Guitlau- vie-Tell précipitant Gésier dans le lac, se voit encore àToulouse; l'j- un dessin de u5 pieds, sur toile, représentant la Bataille des Py- ramides, figures grandes comnje nature. Le prince de Neufchûtel lui en fit fiire un plus petit pour sa terre dt; Gros-Bois. C'est son dernier ouvrage, l'un des plus grands et îles plus beaux qu'il ait composés. M. Vincent a formé beaucoup d'élèves : Saint-Ours, Mermée, Meynier, Ansiaux,Thé- vcQin, membre de l'institut, der- nièrement directeur de l'académie à Rome, Horace Vernel, IVu Léon Paillère, Heim, Thomas, Fores- tier, IVlauzaissc, etc., etc.

VINCENT (Fra:*çois-Nicolas) , secrétaire - général du ministère de la guerre, était clerc d'avocat à l'époque de la révolution, dont il embrassa avec chaleur les prin- cipes. Connu de Pache , minisire de la guerre en 1792, il fut nom- mé, au mois d'octobre de la mô- me année, parce ministre, son prolecteur, et ensuite son ami , chef des bureaux de celle admi- nistration. Le général Bcurnon- ville, ayant succédé à Pache, des-

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litua Vincent au mois de février i^qS; mais sous le minislère de lioucholle, qui remplaça Benr- lionvillc, Vincent fui rappelé, et nommé secrélairc-f^énéral de la guerre. Devenu, par l'imporlance de son emploi el son activité un piiu inlrigunle, un <lcs chefs les plus marquans des cordeliers, Vin- cent se forma, dit-on, une cour, et donna des emplois. Ronsin lui dut sa nomination de général de l'armée révolutionnaire. La for- lune de Vincent pâlit devant l'ac- eusalion qu« porta contre lui à la convention Philippeaux, qui l'ac- cusa, lui elRon^in, des déroutes que l'armée républicaine avait é- prouvées dans la Vendée. Décrété d'accusation le 17 décembre 1795, Vincent recouvia la liberté le 2 février 1794» P'^'' suite des efloris de Danton , qui l'avait défendu avec chaleur, et par l'inflnence des cordeliers. Ingrat envers ceux qui l'avaient si ellicacement se- couru, Vincent se réunit à la fac- tion d'Hébert, qui se sépara des cordeliers, el éprouva bientôt le sort des principaux partisans de ce dernier. Il devint l'une des vic- times des cordeliers et des jaco- bins. Traduit au tribunal révolu- tionnaire, il fut condamné à mort Ie4gt'rminal an 2 (24nîars » 794)> et exécuté n'ayant pas atteint sa 2'j* année. On lui rej)rocbe ce san- guinaire propos qu'il aurait tenu dans une séance des cordeliers : « Pour sauver la France, dit-il, «il n'y a qu'un moyen; c'est d'ex- » terminer, sans en excepter un «seul, les nobles el les prêtresl » VINCENT ( Pierre - Charles- Victor), membre de la conven- tion nationale et du con-eil des

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anciens, exerçait la profession d'a- vocat lorsque la révolution éclata. Il en adopla les principes avec beaucoup de franchise et de mo- dération , et fut élu , au mois de ^eplembre 1792, par les électeur» de Paris, dépulé à la convention, , dans le procès du roi , il vota la détenlion du monarque et son bannissement à la paix. Meujbre du comité des domaines, il fil plu- sieurs rappurls sur les droits féo- daux , les prêtres , etc. , el fut un des signataires de la protestation du 6 juin 1795, contre les alleu- tats du 01 mai précédent. L'un des 73 membres de l'assemblée décrétés d'arrestation, il fut em- prisonné, et ne recouvra la li- berté qu'après le 9 thermidor an 3 (27 juillet 1794)- Devenu mem- bre du conseil des anciens par siiile de la réélection des deux tiers convenlioimels , il sortit du conseil le 20 ujai 1797, ^* '^'^ P'^** eu part aux affaires publiques.

VINCENT (le baron Nicolas- Charles de), général autrichien, est plus connu comme diplomate que comme militaire; il est l'un des signataires du traité de Cam- po-Formio. Comblé des faveurs de son souverain , qui lui donna, en 1807, en récompense des ser- vices qu'il lui avait rendus dans plusieurs missions délicates, une lerre en Gaiicie, d'une valeur de prés de 200,000 florins. Il fut nommé, en 1814, ambassadeur près de Louis XVIII, qu'il ac- compagna à Gand à l'époque des événemens de mars 181 5. Le baron de Vincent avait été , en 1814 pour les puissances alliées , el avant l'érection du royaume des Pays-Bas, gouver-

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tieur-'^énéral de la Beln;iqne et du pays de Liég;c. Il est loiijoms (1825) nmba.«ïi;ideur pr(;s du roi de France. Chambellan de l'etn- pereiir et colorud d'un régiment de chevau - légers , le baron de Vincent est encore grand'croix de l'ordre de Saint - Léopold et t'Iievalier de plusieurs ordres, tant nationaux (pi'étrangers.

VINCIION DE Qr^MONï ( Cuarles-Antoine ) , à l'aris le i4 t'évri» r 1778, entra très- jeune au service de la marine, et s y distingua en plusieurs occa- sions. Attaché i\ l'amiral Bruix en qualité d'aide - de - camp, il lut chargé, en 1804, d'aller recon- naître les forces ennemies, qui, sous les ordres de l'amiral Nel- son, venaient a tlaipier la llotti lie de Boulogne. Il rendit d'imporlans services dans la nuit cette at- taque eut lieu, qui serait devenie désastreuse sans la haute valeur que déployèrent les officiers et les soldats de la marine. Il eut depuis une afluire très-briliantc , comme «ommandant de la place de Cux- haven , contre sir Georges Sluart, qui alla l'attaquer avec quelques vaisseaux anglais, et qui l'ut re- poussé. Lors de l'entreprise au- dacieuse du duc de Bnmswick ()eU,qui, à la lOte de quelques troupes légère', prit les armes, «'t fit une guerre de partisan <lans le nord de rAllemagiie, le général danois Ewald {voy. ce nom), agis- sant avec des Iruupesdesa nation, alliée de la France , voulait com- biner se» mouvemens avec ceux d'un général westphalierj , pour couper au duc sa retraite sur le Wescr. Au refus de plusieurs of- ficiers du pays, M. Vinchon de

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Quémonl se chargea dos dépêches du général Ewald, et les porta, sans autre passeport que son au- dace, à travers un pays agité par celte guerre extraordinaire, ju qu'au quartier - général du chef westphalien, à Delmenhor»t. La lenteur de ce dernier donna ce- pendant au duc de Brunswick Oels la facilité de s'échapper avec les débris de sa troupe, et de s'em- barquer i\ la hâte pour l'Angle- terre. Après avoir servi dix-sept ans dans la marine, ftl. Vinchon eu sortit en 1812, fut nommé l'an- née suivante capitaine au i" régi- ment <les gardes d'honneur, et quel- que temps après chef d'escadron. Lors de la rentrée du roi, en 18 i^i il obtint la croix de Saint-Louis, et en i8i5, l'adjudance du chcl- teau royal de Pau, dont son ami le comte de Gain avait été nommé gouverneur. Mais au mois d'avril i8a5, iM. Vinchon de Quémont, par une démarche publique, dont les journaux parlèrent diverse- ment, et qui fit sensation à celle époque, anuonpa qu'il se démet- tait de sa place et renonçait à sa décoration. Il fit imprimer la let- tre qu'il adressait à cette occasion à S. M. Louis XVIII. En accu- sant les nnnistres et en soutenant qu'il existait im 1^0 avertie ment oc- culte parfaitement connu d'eux, mais ignoré du r(>i, gouvernement déjà dénoncé par un mygi^tral, M. iMadier de Monjau {voy. ce nom), JM. Vinchon ajoutait : « Que dans le gouvernement représen- tatif, il est du devoir do tout ci- toyen d'éclairer le prince sur les dangers les ageus du pouvoir précipitent l'état. I^es rois ne peu- vent mal faire , mais ils peuvent

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«voir de mauvais confeillers; a- lors il est important, pour eux et pour le pays, que l'abîme soit mis à découvert, .le n'ai qu'un moyen d'aller de mon lieu reuse obscurilé jusqu'au trône. Il est p»''nib!e , il est douloureux... Sire, je vous résigne le brevet de chevali^îr de Saint -Louis; je \ous résigne le brevet d'adjudant du château royal de l'au. Je vais satisfaire par ce qui va suivre au serment exigé des ebevaliers de Saint-Louis... Sire, vous pouvez, juger la France, à voir un obscur citoyen, qui, pou- vant espérer la juste récompense de son dévouement, mais ayant par -dessus tout l'amour de son devoir, se trouve dans l'obligation de venir déposer sur les marches du trôn», sur l'autel de la patrie, le brevet d'une place nécessaire à son existence, et celui d'une dé- coration qui est le prix d'honora- bles services. Signé Vinchon de QuÉMOST. •) Cette courageuse dé- marche n'eut d'autre suite que l.'> radiation de l'auteur de la lettre des contrôles de l'armée.

VINET ( Pierue) , membre de la convention nationale et du con- seil des cinq-cents^ n'est connu que par son vole dans le procès du roi , et par sa rétraction sous le gouvernement royal. Député au mois de septembre i^O'Ji, à la pre- mière de ces- assemblées , par le département de la Charente-In- férieure, il se prononça dans le procès du roi pour la mort sans appel et sans sursis. Membre du conseil des cinq-cents par la réélec- tion des deux tiers convention- nels, M. Yinet en sortit en 11798, et ne fut pas réélu. Perdu de vue sous le gouvernement consulaire

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et sous le f;ouvernement impérint. et n'ayant, avant ni après \c^cent jours, en »8i5, rempli de fonc- tions publiques ni signé l'acte ad- ditionnel, il n'a pas élé compris dans la loi du 12 janvier 18 lO, rendue contre les conventionnels dits volans. On trouve dans la bio- graphie des hommes vivans de* frères Michaud, la déclaration que nous allons rapporter, et qui pa- rut dans les journaux en 1818. « W. Vinet, disent ces biographes, à sa sortie du conseil des cinq- cents, rentra dans l'obscurité et tomba dans la dernière misère. » Voici maintenant la déclaration : * Je soussigné. Pierre Vinet. Agé de ^r» ans, natif de Saint-Ciers du Taillan , ancien député à la convention, étant ai-tuellement , et depuis le '20 septembre 1816, à l'hôpital de Blaye , oi'i je suis re- tenu par autorisation supérieure , pour cause de maladie incurable ; désirant, dans toute la sincérité de mon cœur, nie réconcilier avec mon Dieu, et réparer, autant qu'il est en moi, le mal auquel j'ai concouru pendant que je faisais partie de celte fatale assemblée, en y adhérant aux mesures désas- treuses qui en sont émanées, et particulièrement au décret qui a condamné le vertueux Louis XVI à mort, décret auquel je n'ai don- né mon assentiment que par la terreur dont j'étais saisi , et qui avait anéanti toutes les facultés de mon esprit et de mon cœur, ce- pendant je déclare avec vérité n'avoir fait ni motion ni discours contre le roi ni la famille royale. J'alTirme même avoir sauvé, dans mon département, im millier d'in- nocentes victimes dévouées à l'es-

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rlnvage on à la mort. Puiïsspat les témoignages de ma condiiile et les torrens de larmes que je n'ai cessé de verser pour ne niT-lre jias opposé autant que je le devais h un crime nus^i atroce, atténuer ma culpabilité! C'est au pied du trône de mon roi que je voudrais faire amende honorable, et réf-lxi- nier im pardon si nécessaire ^ ma triste existence. » Non» ne révo- quons point en doute l'authentici- té de cette déclaration ; nous fe- rons remarquer toutefois que M. Viîipt a été bien lent à la faire. Ce n'est que quatre ans aprt!S la resauration du gouvernement royal, lorsqu'il est à l'hôpital , et .Igé de ^3 ans, qu'il se rcpent d'un acte qu'il a fait dans la force de l'âge, et qu'il en rend j)ubl1- que la déclaration. Il semble <|u'elle eût été plus méritoire en 1814. Malheureusement M. Vinet n'est pas seul dans ce cas; mais c'est à peu près le seul dont nous ayons cité le tardif repentir dans cet ouvrage.

VINOf ( Gilbert .Ti; M EN , ba- ron ) , maréchal-de-camp, '•om- mandeiir de l'ordre royal de la It'îgion-d'honneur et chevalier de Saint-Louis, en 1 r^a à Sois- sous , département de l'Aisne, est fils d'un avocat au parlement. £11 1702, iVl. Vinot quitta le collège J.ouis-le-Grand pour voler A la défense de la patrie. Refusant le grade d'olTirier qui lui était of- fert, il partit comme volontaire avec le i" bataillon des grena-

IJSL diers de Paris. Après une campa- ^K gne à l'armée du Nord , il entra WL en qualité de fourrier dans le afi" HP régiment de cavalerie, il fut bientôt nommé sous-lieutcoant.

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Incorpore, par suite du licericie- ment de ce corps, dans le 22" ré- giment de chasseurs à cheval, il y obtint successivement tous ses^ grades, jusqu'à celui de colonel à la suite, qu'il dut à sa belle con- duite à la bataille de Rio-Sacco, dans laquelle , eu chargeant un b.'itaillon carré, il fut grièvement bles*é. IMus tard, il prit le com- mandement du 2" <le hussards , avec lequel il fit preS(|ue toutes les campagnes de l'armée d'Espagne. Le .3 mars 181 5, il fut nommé général debrigade, récompense de sou zèle soutenu pour le service, ainsi que de la bravoure qu'il a- v ait déployée pendant 20 an née s de combats «lans la Belgique, à l'ar- mée des Pyrénées-Orientales, en Italie, en l']gypte, en Allemagne, en Pologne et en Espagne. Le ba- ron Vinot, qui a toujours fait le service de troupes légères , s'est parliculiércmcnt distingué auxba- taiiles d'Heilsberg, de Friediand , d'Albuéra et de la Gébi)ra, ^ à la tèle de fy^o cavaliers du 2* de hussards, il pénétra trois fois dans un camp de dix mille Esj>agnols^ et les força de, changer de posi- tion, (^e fait est c<msigné, ainsi que sa conduite à Albuéra , <lans les rapports du maréchal Soult La défense de Ronda fit .-^u^si beaucoup dhouneur au colonel Vinot, gouverneur de celte ville et commandant autour de celle place, située dans les montagnes à un rayon de plus de 20 lieues. Avec 4 i'« 5oo hommes seulement, il se maintint près de troismois con- tre les efîorts d'une populace in- surgée et contre les att,.qijes réi- térées de plusieurs corps nom- breux, qui tenlèrcDl de le débua*

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qucr (le ce poslr^ iinporlant, qui n'était point forlifié : (on peut à ce sujet consulter l'ouvrage de M. de Rocca sur rEspaj:!;ue, et les ordres du jourdu uiaréchalSoiiIt). Pendant les cent jours , en i8i5, le baron Viuot combattit glorieu- sement dans les rangs l'rancais pour repousser l'invasion étran- i;ère, et reçut une blessure à la bataille de Mont-Sainl-Jean, après laquelle il s'est retiré dans le ci- devant Béarn, au sein ie sa (a- mille.

VIOMEISIL ( LE MA-RQlilS DU

IlotJS de), uiarécbal et pair de France, chevalier de l'ordre du Saint-Esprit, ancien grand'croix de l'ordre royal et militaire de Saint -Louis, officier de l'ordre royal delà légion-dhonneur, etc., s'est fait connaître dans la guerre d'Amérique sous le iDarécbal de llochambeau. Il y servaiten quali- tédecolonel, etson frère enqualiié de maréchal-de-camp. M. deViotne- nil émigra au commencement de la révolution, et fut chargé du com- luandenient de l'avant-i^arde de l'armée du prince de Condé. Dans les premiers mois de i^gS, il leva un régiment au service d'Angle- terre ; mais ce régiment ayant été presque aussitôt réformé, M. de Viomenil retourna à l'armée du prince de Condé, qui le chargea du commandement d'une division de son avant -garde pendant la campagne de 1796. L'année pré- cédente.il avait été nommé grand'- croix de l'ordre de Saint-Louis. Le corps des émigrés passa à la solde de Russie, et bientôt il fut licen- cié. M. de Viomenil suivit alors le prince de Condé en Angleterre. En 1801, avec l'autoriîation du

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gouvernement anglais, il passa en Portugal « pour, dit un de ses biographes , y servir en cas de guerre. Les occasions seules man- quèrent à son (ourage. >> M. de Viomenil revint «mi France en 18] après l'occupation par les armées étrangère*. Le roi le noin- nia pair de France et membre de la commission chargée de vérifier les services des anciens officiers. A l'approche du 20 mars 181 5, il eut le commandement des volon- taires rojaux qui s'organisaient à Vincennes, il suivit Louis XVIII à Gand. A la seconde restanra- lion, il fut nommé commandant de la 11' division militaire à Bor- deaux, puis, le 10 janvier 1816, gouverneur de la i5' division à Rennes. Dans le mois de juillet suivant, le bâton de maréchal de France récompensa ses services. M. de Viomenil est aujourd'hui (1825) gouverneur de la iS" di- vision militaire. Son neveu , le baron Charles-Gabriel de Viome- nil, a fait les campagnes de l'ar- mée du- prince de Condé, il a reçu la croix de Saint-Louis , et est devenu, en juin 18149 maré- chal - de - camp. INommé ensuite commandant du département de la Drôme, il est compris (1825) au nombre des maréchaux- de- camp en disponibilité.

VISCONTI (Enmiis-Qlirixcs), célèbre archéologue, à Ron)e le 1" novembre i^ai, annonça presqu'en naissant une ardeur cl une aptitude extraordinaires pour tous les genres d'instruction. Il connaissait les lettres de l'alpha- bet avant de pouvoir les articu- ler ; et à peine iigé de trois ans , il discernait sur les médailles les tê-

iiuiiiiciir, ei nu ceieure c;(>mmt; un mus ijui un;i)ui(ij^iit>iuui ico ;•««>■■ prodie^e par les jcmrnaux lillérai- ficfS, onx hal)illeiiiens qui di.stin- re« du temps. ATâge de dix ans, il guaient les tlij^nilés , aux pomjies en soutint une seconde sur la géo- qui ( iivironnaient les magistrats , graphie, la chronologie , les lan- qui embellissaient les triomphes , gties anciennes, la numismatique, qui s'observaient aux funérailles ; l'hi.itoire romaine, la géographie; à toutes ces connaissances lun- et deux ans après, il répondit à gués et variées qui rendent si toutes les questions qui lui furent difficile l'étude de l'antiquité. Vis- adicpsées sur la trigonométrie , conli n'avait pas encore décidé à l'analyse et le calcul différentiel, quelle branche de sciences il de- Son père, homme très-savant, et vait plus particulièrement s'atta- qui avait été son seul instilu- cher, que son génie planait déjà teur, le soumettait à ces essais, sur tout le vaste domaine que l'es- moins pour satisfaire son amour- prit humain peut envahir. Vers le propre que pour montrer, comme mois de juin 17G8 , un lâche as- il le disait lui-même , par des suc- sassiiiat enleva au monde savant ces si précoces, la supériorité de le célèbre "SVinckelmann , qui se l'éducation particulière sur celle rendait à Rome pour présider à la des écoles publiques; opinion con- formation du musée du Vatican. testable,et qui aujait besoin d'au- Le père d'Eunius fut appelé à lui très exemples pour être adoptée, succéder, et dès-lors s'ouvrit de- Les espérances données par le vaut son jeune élève la carrière jeune Visconli commencèrenl à se qu'il a ensuite parcourue avec un réaliser avant qu'il sortit de l'en- si grand éclat. La science de l'an- fance. Il ne faisait qu'atteindre sa tiquité, que nos aïeux avaient ré- trcizième année, lorsqu'il publia duite à un assaut d'érudition, s'é- une traduction en vers de l7/(?- tait frayée une nouvelle route à cube d'iiuripide , qu'il exécuta l'aide de la philosophie , qui avait sans le secours d'aucun cornmen- répandu la lumière au milieu des tateur. Il la flt suivre de quel- mystères les plus profonds de la ques fragmens de Piudare , aux- religion el de la politique des an- queU il ajouta l'exposé de la mé- ciens gouvernftmens. Ce qui jadis thode qu'il avait imaginée pour n'était destiné qu'à servir d'appât réussir dans sa version. Attiré vers à une curiosité oiseuse couuneii- l'étude de la littérature ancienne, cail à être l'objet de profondes il lut et relut les auteurs classi- méditations. Le comte de (>aylus ques, dans le but d'y recueillir entreprit de séparer les bronzes et lestradilions les plusauthentiques les marbres, et do les classer par sur le» dieux , les héros, les épo- ordre de temps , de lieux ^ de su- <jues et les événeinens les plus re- jets. Winckelir.ann , par des con- marquîibles de l'histoire des na- jecturcs et des raj)prochemens in- tiotis et de la vie des hommes il- génieux, avait rendu ces monu-

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inens instructifs ; m;i!s il fallait encore un génie élev»? qui le» eût interrogés pour découvrir leur âge, leursjlyie, leur ilestiuation, et pour nous inoutrer ensuite par quels degrés et p;ir (juelles causes les art» étaient tour à tmir passés des ateliers di' Phidias jusqu'aux conceptions bizarres <ies siècles barbares. Il n'y avait jamais eu un temps plus favorable pour le> travaux archéologiques. Llii mou- veujiKit ^>éuéial entraînait les es- 'pril« Teis l: critique de l'art et de i'antiijuité : lïcnuîanum et l'oni- péia venaient d'être découverts. La Cj.ande-Grèce reproduisait au îiwe les njonumens de son an- cicojie gloire. La Sicile, la Grèce, i'Asie-iVlineure, l'Egypte, la Perse, relrouvaionî par le zèle des voya- geurs les titrt V épars de leur gran- <ieur passée, lies langues primiti- ves de l'Italie , de îa Phénicie se rccotnposaiesil pur les efforts ré- pétés des suvans; et Home mo- derne, cette mine inéi^uisabie de nionumens, s'enrichissait tous les jours de quelques nouvelles con- quêtes, tandis que les palais des princes se transfoirmaieot en mu- .«■écs ouverts à l'advniration publi- que. Viscoiiti méditait dans le si- lence du cabinet le plan d'un ouvrage immense pour arracher l'archéologie aux m.ï)ins de l'igno- rance et de la pri'isomplion. (^e que Marini avait fait pour les chartes, Worcelli pour les inscrip- tions, Eckhei pour les médailles, Zoiiga poiir l'Egypte, Passeri et Lanzi pour les Etrusques, Vis- conli se proposait de l'exécuter pour les antiqu ités grecques et ro- maines, en adoptant une échelle beaucoup plus raste et mieux cal-

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culée. Clément XIV et Pie VI,

ces deux ponlife.» ()ui relevaient l'éclat de la tiare par la noble pro- tection qu ils accordaient aux arts, avaient arrêté qu'on achetât aux l'rii-. de la chambre apostolique tous les objets d'un mérite recon- nu , qui, répandus dans les mains des marchands ou réfugiés dans l«a palais des nobles ignorans , couraient le risque de devenir la proie de quelques avides spécula- teurs. Pie VI couronna cette ma- gnanime entreprise, en ordonnant (pje les monumens du musée du Vatican fussent gravés et accom- pagnés d'explications savantes. Visconti et son père répondirent aux désirs de S. S., et, en 1783 , ils publièrent le Musée Pie-Clé- nienlin^ qui, dans l'espace de peu d'années, fut porté à sept gros volumes in-f<d. On sait mainte- nant qu'ils appartiennent tous à Ennius, quoique sur le titre du premier on lise le nom de Jean- BaplLsle. A la mort de ce dernier, arrivée en i7«S4, son fils lui suc- céda dans la place de conserva- teur, qu'il cumula avec celle de camérier d'honneur de Pie VI. La description du Museo Plo-Cle- mentiuo peut servir de modèle à tous ceux qui seront chargés d'une pareille tâche. On y ad- mire presqu'à chaque page la sagacité avec laquelle l'auteur a expliqué les monumens par les monumens , les statues par les médailles , les auteurs par les ins- criptions , et les inscriptions par les auteurs. Profondément versé dans les traditions de l'antiquité, sur les actions et les fonctions de ses nombreuses divinités, Visconti n'est jamais embarrassé par les

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différences imillipliées qu'on a- perçoit d.ins leurs iUtribuls ou dans leurs symboles; ii retrouve toujours les autorités qui parais- sent avoir .-ervi de {juide à l'ar- tiste; il les puise dans les écri- vains de tous les siècles, quelque- fois même dans les scholiasles , dont toufelbis il n'employait le témoignage qu'avec une réserve connnandée par la dislance (jui sépare leur siècle de ceux des au- teurs originaux. Pendant qu'il é- tait occupé de la publication du musée pontifical , li-s nouvelles découvi-rles venaient le di!.traire de c<: travail général pour le jeter dans les discussions particulières. En 1780, on avait découvert à Home VHypog<'e , ou lon)beaii des Seipions. A peine l'ut-il pos- sible de pénétrer dans ce caveau, qui renfermait les restes de tant de héros, que Visconti s'empressa d'y descendre pour donner ta des- cription de tous les objets qu'on y avait trouvés. Il expliqua suc- cessivement la collection de Jenc- kins ; les monumens de Gaabiani , les mosaïques d'Azara, les bas- reliefs de la villa Pinciana, et un grand nombre d'antiquités qui devinrent le sujet de ses savantes méditations. Après la chute du trône pontifical, Rome, qui n'a- vait point oublié s<ui ancienne existence , voulut Ctre gouvernée par des consuls, des sénateurs et des tribims. Visconti, qui s'était concilié la considération publi- que , fut appelé A la première ma gistralure de la nouvelle républi- que; mais un honunage tout aussi flatteur, et beaucoup plus durable pour lui, fut celui d'être attaché à notre musée national ^ que la va-

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leur de nos soldats avait orné des plus spleudides trophées de la vic- toire. Nommé conservateur du musée central des arts , Visconti y revit avec joie la plupart de ses anciennes connaissances. "V Apol- lon et les Muses, le Torse et VÀn- tinoiis j le Gladiateur et le Lao- coon, la Cléopâtre vt le Tibre. Ces précieuses conquêtes , entassées dans les galeries du Louvre, at- tendaient une place convenable pour se montrer aux regards éton- nés de la France. Visconti les clas- sa d'après son système, et rédi- gea les !iolices, qui donnaient. j)Our ainsi dire, le si^nalci!;; ni <\^ ces hôtes, que chaque Frau^jais était empressé de connaître. Dé- gagé de ces soins et admis au sein d(! deux classes de l'institut , ce savant Italien voulut témoigner sa reconnaissance au pays (jui l'a- vait adopté avec tant de distinc- tion. Ce fut alors qu'il publia l'explication des va^es peints du musée français, une notice sur la statue en basalte qu'on voyait à Saint -Cloud, la description «lu ha-i-reli<;f en marbre de Numidie, représentant la troisième et la der- nière bataille donnée à Arbelles contre Darius, et de pltisieurs au- tres morceaux qui faisaient partie de nos collections, etc. Mais le li- tre qui établit le plus sa réputation littéraire, et (|ui rendia le non) de Visconti immoriel, c'est son grand ouvrage sur V Iconographie grec- que et romaine , c'esl-ù dire le re- (;ueil des portraits authentiques des personnages les plus célèbres de l'antiquité. Le choix d«'s nom- breux mouuinen« dont il a tiré les type» de ses ima:;es, et la con- fiance que ses lalcns avaient ins-

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pirc^e, ont <lonné à cet ourrage inen ininulieux de retle superbe un degré (raiitonlé que j>t:rsnn- colloction , il jngcii qu'elle ne va- ne ne lui conteste. L'iconof^ru- lail pus n)oin^ de trente-t'inq mille J)liie grccqiieconlieni pl(l^ de (mis j^ninics (875.000 l"r.), qui lurent cenls pi)rtruils, et la ron)aine , a!is>ilôt remises fin propriétaire dont Visconli n'a publié que la sais* la moindre réclamation. De première, partie <;n offrira presque retour à l'ari^ , Vi^conti rendit autant lorsque M. JMongcz l'aura compte de son voyai,'»' , et r<in)- coniplélé<-,(l'a[)rcs le plan de l'an- ninnicpia à l'inslitul ^es idée; sur teur. Cette magnifit|ue entreprise, les objets qii'il venait d'apprécier, exécutée aux frais dii trésor, était Ce tut son dernier travail , et di- protégée par l'iionune exlraordi- gne de ceux (|ui l'avaient précé- naire qui accueillait toutes les dé. Atteint d'une maladie dou- grandes pensées capabb.'S ds don- loureuse, qui flt en peu de temps ner une haute idée de sa puis- des progrés effrayans, il mou- sauce. Il s'était même réservé rut le 7 lévrier iS 18 . laissant un toute l'édition; et un jour f|ue vide que personne, jusqu'à pré- Visconti lui offrait le. premier sent, ne paraît a\oir rempli, exemplaire de son ouvrage, il lui VISCONTI ( Ferdinand) , ex- dit ; « Donnez-moi la liste des directeur dn dépôt de la guerre de «personnes auxquelles il vous Naples , v.n 1772 à Palernie, «plaira do l'enrojer; je rnc char- recul un grade dans l'armée avant wgerai volonlieis de vos commis . d'être en âge de commencer ses »sions. n Telle était l'opinion qui études. Il fut placé au collège ini- s'était formée en Europe sur le litaire, il n'aurait rien appris, mérite de Visconti , que le parle- si son génie n'eût suppléé à la jnent d'Angleterre lui déféra l'un médiocrité de ses maîtres. Atta- des plus mémorables arbitrages ché an serviced'un régiment d'ar- dont l'histoire des arts puisse con- lillerie, il s'exerçait dans les éco- server le souvenir. Il s'agissait les d'application , que le général d'examiner et d'apprécier la su- Pommereuil venait de fonder à perbe collection des marbres grecs l'instar de celles de Melz, lors- enîevés par lord Elgin aux tem- qu'un mandat d'arrêt lancé cou- ples de Thésée et de Minerve, et tre lui par la junte d'état, quifrap- dont le gouvernement anglais é- pait aveuglement l'innoceut et le tait disposé à faire l'acquisition, coupable , interrompit sa carrière La chambre des communes, qui pour le jeter dans les cachots de devait accorder les fonds, fut ar- l'île de Pantelleria. Arraché à la rctéc par la divergertce des opi- société, hors de communication nions manifestées par les savans avec sa famille, et ignorant tou- et les artistes nationaux sur lu va- jours la cause de sa disgrâce, il leur de ces vénérables débris. Fa- resta sur ce rocher jusqu'à 1 1 paix ligué de ces retards, le parlement de Florence (1801), dans laquelle prit le parti de s'en rapporter à le vainqueur stipula en faveurdes "Visconti. qui futalors engagé de se victimes. 11 se rendit alors à INa- rendre à Londres. Après un fxa- pies dans l'espoir d'y recouvrer sa

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]>Iace ; mais le gouvernement, qui avait juré de pardonner, ne ces- sait pas de le poursuivre, el pour se soustraire ;i ces vexations , M. Visconti alla s'établira Milan, que ses ancêtres avaient autrefois gou- verné, el il s'estima très-heu- reux d'être reçu en qualité de lieu- tenant dans lecorpsdes ingénieurs géographes. Il était parvenu au grade de sous-directeur du bureau topographique , lorsque Joseph Bonaparte, monté sur le trône de Naples ( i8o5), demanda le rap- pel des militaires napolitains en- gagés au service étranger. Le gou- vernement italien, qui sentait la diflicuité de remplacer M. Vis- conti, fit des démarches auprès de l'empereur Napoléon pour con- fierver un officier aussi distingué. Il l'avait déjà chargé de La levée d'une grande carte administrative et utilitaire de la Lombardie, et il lui avait fourni les moyens né- cessaires pour la construction de la carte de la n)er Adriatique. M. Visconti, ne pouvant tirer aucun parti des matériaux qui lui furent remis à Vienne sur la topographie des états vénitiens , réunis au royaume d'Italie par le traité de l'resboiirg , se transporta sur les lieux pour déterminer la lati- tude et la longitude d'un grand nombre de positions qui n'avaient jamais été reconnues, el il em- brassa dans ses observations les côtes de l'Islrie , de Quarncro, de la Datmalie et de l'Alb.inie, de- puis Trieste jusqu'à liudiia. Ses opérafiuns se croisèrent souvent avec celles de M. Beautcmps- lieaupré, que le gouverneujent français avait envoyé dans les mêmes parages pour reconnaître

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les ports militaires de la Dalmalie et de rislrie. En 1810, M. Vis- conti accompagna le général Dan- thouard dans le Tyro! , pour fixer les limites entre la Bavière et le royaunje d'Italie. Il fut employé, l'année suivante, à la démarca- tion des provinces illyiiennes du cOîé deïarvis et de iMalborghetto, et il continua ensuite la reconnais- sance n)ilitaire de leur frontière du côté de l'Autriche, en suivant la direction des Alpes et de la Save , depuis Villach jusqu'à la jonction de celte rivière avec l'Unna. Ces services lui avaienj déjà mérité les grades de chef d'escadron des ingénieurs - géo- graphes , et de directeur en se- cond du'bureau topograplùque do Milan, lorsque les événemens qui, en 1814, renversèrent le royaume d'Italie, semblèrent avoir conso- lidé l'existence politique du roi Mu- rat. Cédant aux invitations de ce prince , et pressé par les vœux de ses amis, M. Visconti se rendit à Naples, où, en arrivant, il fut a<lmis avec le même rang dans l'étaf-major de l'armée, et placé à la tête du bureau topographique en remplacement de lUxzi-Zanno- ni, (pii venait de mourir. Cet éta- blissement n'était, à cette époque, qu'un atelier de cartes fabriquées sans principes scientiliques , et par simple spéculation de coiii- merce. M. Visconti le monta sur le même pied que les dépôts de la guerre de Paris et de Milan ; il le pourvut d'un grand nombre d'inslrumens , rédigea des ins- tructions pour les opérations géo- désiqiies ou astronomiques , et substitua aux anciennes méthode» de dessiner el de graver les car-

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tes, celle des iiicillciir.^ gt'ogva- t<v« ses places, il esl condamné à

phes modernes. Ferdinand IV, à vivre dan> l'oisiveté dans un pays

son retour de Sicile , confirma le qu'il pourrait illustrer par ses

bureau topographiqiie de Naples, talens. Ses onvrajjes sont :

approuva les anciens tta\aux , et la jurande (>arle administrative

ordonna une i^rande triangulatK>n et militaire du royaume d'Italicî,

pour la levée de la carte générale en sept ieiiilles , publiée à Milan

du royaume. Tout paraissait de- i8ii-i8i5, et remarquable par

voir seconder les vmis de M. Vis- la richesse et la précision des dé-

conti , dont le gouvernement se tails , ainsi que par la beauté de

plut à honorer le mérite. Il l'avait l'exécution ; u" la Carte hydrogra-

porté en peu de temps au rang de phique de la mer Adriatique, com-

colonel d'état-major, de membre posée d'une Carte générale d'as-

du conseil des ponts-el-chaussées, sembiage, en deux grandes t'euil-

et de celui des contributions di- les, et des Caries particulières,

çectes , pour la formation du ca- en A'ingt feuilles, avec un portulan,

dastre. Le choix que le prince hé- et une collection de vues des ports

réditaire fit de lui , en 1820, pour principaux. Ce grand travail, pour

siéger dans la junte provisoire du lequel tous les matériaux avaient

frouvernement conslilulicmnel, et été préparés, etdontil n'avaitparu

la nomination de député de la pro- que la moilié avant )8i4» a été

vinee de Naples, turent de non- achève d'après le.'- dessins de M.

veaux hommages rendus à >;es ta- Visconli ; et ce seul ouvrage suf-

lens et à sa probité. M. Visconti firait pour le placer au nombre

répondit à ce double appel du mo- des pi'en)iers géographes vivans.

narque et de la nation, en s'ac- Pendant qu'il a dirigé le dépôt de

quittant avec zèle, mais sans os- la guerre à iSaples, il avait entre-

lentati<m , des devoirs qui lui a- pris, une grande triangulation

vaient été imposés. Il ne parut qui de vail joindre l'observatoirede

jamais à la tribune ; mais attaché cette capitale avec les observatoi-

au comité de la guerre, il discuta res de l'alerme et des autres villes

tons les projets relatifs à l'organi- d'Italie, servirde baseà la nouvelle

sation de l'armée et à la défense cartedu royaume, à la mesure d'un

du royaume. A la rentrée des Au- arc du méridien entre l'île de Pia-

trichiens et du roi, il reprit les nosa et la pointe méridionalede la

fonctions de direcieur du bureau Calabre,et à celle d'un autre arcde

topographique, et fut même con- parallèle entre cette extrémité sud

suite pour la réforme des études et l'île de iMarettimo ; une

de l'académie royale de marine, grande Carte hydrographique du

La modération de ses principes, littoral du royaume, avec le plan

la régularité desa conduite et î'im- de chaque port; nue Carte to-

porlauce de sesservices, ne purent pographique des environs de Na-

cepenJant sauver iM. Visconti des pies, en neuf grandes feuilles,

«ombreuses épurations qui eurent en}brassant le pays compris entre

Heu dans l'administration et à Patria , Noia , Cava , Amalfi et la

l'armée en 1822. Destitué de ton- mer, avec les îles d'Ischia, de

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Procida et de Capri. De tous ces ouvragiis, qu'on aurait pu voir tonninés dans l'espace de «ept anj, il ne reste qu'une partie des triangle:?, l'hydrographie des cô- tes baignées par la mer Adriati- que, et la carte des environs de Naples, dont il a été publié les deux premières feuilles, conte- nant les îles. C'est uu chef-d'œu- vre de précision et d'élégance. Tout a été suspendu par la desti- tution de M. Visconli,et personne que lui n'est en état de les conti- nuer. Ou a arrêté également la levée de la grande carie du royau- me , que iM. Visconti n'espérait pas achever , attendu l'exiguité des moyens mis à sa disposition pour une si vaste entreprise.

VITROLLES ( LE BARON Ec- gène-Frawçois-Auguste d'Arnaud de) , ministre-d'éiat , chevalier de Saint-Louis et de Siiiiit-Je.ni de Jérusalem, issu d'une famille |>ar- iemenlaire de la ci-devani l'ro- vence, est au château (ht Vi- trollejç eu 1774- Très-jeime en- core lorsqtJC la révolution éclata , il suivit le mouvement de l'émi- gration , et ne rentra en France qu'après les évènemens du 18 brumaire an 8 ( ijyo) : il avait alors 2;') ans. Plein d'aclivilé et «l'ambition, il essaya de s'ouvrir la carrière des affaires publiques sous le gouvertienient consul. lire, mais il n'y put réussir. Il n'occu- pa, sous le gouvernement impé- rial , qiu- de modestes fonctions muiiicipdLS, et n'obtint di l'em- pereur que le litre de baroti de l'empire. A la suite de lu désas- treuse campagne de iVloscoii (1812), .M. de Vitrolles se voua, tlu moins plus particulièrement,

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ù la cause des Bourbons, et lors- que, en 1814 . le congrès de Châ- tillon-sur-Seine négociait encore avec l'empereur Napoléon, il s'y rendit sans caractère avoué, sans aucune espèce de mission , con- duit seulement par la fortune, et s'efforça d'être utile à la cause royale en lui servant d'intermé- diaire près des diplomates étran- gers. Monsieur , comte d'Artois ( aujourd'hui Charles X ) , était à Nanci. M. de Vitrolles fui envoyé vers ce prince pour lui faire con- naître la rupture des négociations. Kevêtu de la confiance de S. A. R. et muni des pouvoirs les plus étendus, il se rendait, sous un déguisement, au quartier-général des souverains alliés, lorsqu'il fut arrêté par les troupes françaises pendant que l'empereur se portait sur Sairit-Dizier. i\l. de Vitrolles, caché, comme nous venons de le dire, sous un costume étranger, qui pouvait le fair<; pendre com- me espion, était, avec nn grand nuiubre d'autres prisonniers, ra- mené à Paris , lorsqu'il parvint d'abord à détruire les documens qui l'auraient compromis, et en- suite à s'évader. Les troujies étran- gères maîtresses de la capitale, M. de Vitrolles y arriva. S. A. R. M onsieurV us ixil nommé secré- taire-d'élat provisoir*.'. Ces fonc- tions, que le roi confirma, ces»è- r(;nt au mois de mars i8i5, épo- que où , par suite de la marche de Napoléon sur Paris, il fut envoyé dans le Midi, pour y organiser une insurrecli«in générale. Pendant ce temps, la famille royale »<; relirait en Belgique. Les efforts de M. de Vitrolles furent à peu près impuis- sanij. Il ne put opérer que dca

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uiouvcinens partiels. Le 14 avril 181 5, il fut arrêté à Toulouse; mais il fut rcrïiis eu liberté par ordre du duc d'Otranle ( voyez FoscnÉ ) , ministre de la justice, le jour même Napoléou alxli- quail pour la seconde fois. M. de Vitrolles, de retour à Paris, re- j)rit sa jdace parmi les iiiiuistres- d'étal ot celle de secrétaire des conseils du roi. Le département des Basses-Alpes le nomma mem- bre de la fameuse chambre de i8io, dite introuvable; il y vota avec la majorité. Ses opinions y furent cependant assez modérées, et ses honorables collègues du cô- té droit virent avec étonnement dans la brochure qu'il publia à cette époque, sous le titre da Mi- nistère dans un gom^ernement re- présentatif, des doctrines assez sages et des idées généralement justes et niodérées. Il paraît que cette espèce de changement ne fut pas perdu de vue un peu plus tard. La place de secrétaire drs conseils cessa la même année (i8i5) de donner entrée au con- seil des ministres. Elle fut sup- primée définitivement au mois d'août 1817, et une ordonnance du 24 juillet 1818, raya, sans considérans, M. de Vitrolles du nombre des ministres - d'état. « Quoique cette ordonnance n'é- nonçât aucun motif, disent les au- teurs d'une biographie étrangère , on sut fort bien alors que des intri- gues secrètes qui se rattachaient à l'existence de ce gouvernement occulte^ qui a commencé avec la 1" restauration, avaient donné lieu à cette rigueur. « Il est ren- tré au conseil privé en 1824. VOLNEY (Constanxis-Frax-

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çois Chasseboetjf, comte de), an- cien membre du sénat, pair de France, conjmandant de la lé- gion-d'honneur, etc. , naquit en 1755 à Craon , en Bretagne. Il montra dès l'enfance le plus ar- derjl désir de s'instruire, et fit d'excellentes études. Un attrait invincible le portait vers les voya- ges de long (;ours et les recher- ches scientifiques dans des con- trées peu connues. Dès qu'il de- vint maître de son modeste patri- moine, il se hâla de le convertir en argent, et s'embarqua pour le Levant; il avait résolu de parcou- rir en tout sens l'Egypte et les parties de la Syrie les moins ex- plorées avant lui par les savans. N'ayant encore qu'une connais- sance insulTisante des langues de l'Orient, il alla d'abord s'enfer- mer pendant près d'une année dans un co\iventde maronites, au milieu des montagnes du Liban, il liouva des ressources qu'il lui eût été impossible de se pro- curer en Europe. Volney y fit par- ticulièrement une étude appro- fondie de l'arabe, qu'il parvint à parler avec facilité. Après une ab- sence de plus de deux années, il revint en France, et y publia son premier ouvrage, sous le titre de Foyage en Syrie et en Egypte, qyi eut le plus grand succès, et q>;i fut bientôt traduit en allemand, en anglais et eu hollandais. Par une niéthode difterente de celle de la plupart des voyageurs, Vol- ney ne se met jamais en scène lui- même , et se borna à donner la description la plus exacte, de tout ce qui est vraiment digne d'inté- rêt dans les pays qu'il a visités. Ses tableaux de mœurs a'en sont

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pas moins animés . et les détails historiques qu'il loiiruit 9ur les petif)l»;s divers vl If s chefs de ces contrées, détails pre^q le incon- nus ju-iqu'.'dors , donnèrent un noijvcud prix h cet nnvrufre qui se distinguait d'ailltiirs p.'»r l.t clarté, la précision et l'clégance dn style. Recherché dans la nieillenrc so- ciété de l'aris, et accueilli comme il le méritait par l«'S savans, Vol- ncy se plaidait surt\»ut dans les réunions qui avaient lien chez la respectable veuve d'Helvétius. Sa niai»on d'Autenil était le remiez- vous d'hommes dislingaé-* et de tout ce qui survivait encore de ces philosophes du dix-hniiième siè- cle, qui avaient contribué à don- ner un si puissant e.-sor à la raison liumaiiie. Volney s'y lia d'une a- inilié intime, et que la mort seule put interrompre, avec le savant Cabanis, alors jeune comme lui. Tous deux se rendaient souvent ensemble d'AiHeuil a l'assy, clnz un s fondateurs de la lii>eilé américaine, Tillustre trankliii, qui les avait vus chez M"* Ilelvé- tius, et ils trouvèrciit dans l'en- tretien de ce sa^e, dej^^iaves sujets de méditation sur les révolutions des empires. Les piodij^alilés et les désordres de la lin du règne de Louis W avaient depuis long- temps fait prévoir aux esprits éclairés, qu'une révolution en France était inévitable. Lorsque Louis XVI, cédant au vœu des parlemen>el de l'immense majo- rité «le» Français, CfMivoqua le? é- tats généraux en 17H9. les villes et les |iro\ in es s'empressèrent d'en- voyer au centre ro mmn 11, ce qu'el- les avaiefil d'hommes les plus re- cuuimatKiables par leurs lalens et

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leur patriotisme. Voîney. qui fut é- lu député du tiers-élat de la séné- chaussée d'Anjou, se montra cons- tamment fidèle aux vœux de ses C(»iniiiettans , et embrassa avec chaleur la cause d'une sage li- berté. Il parut souvent et toujours avec succès à la tribune nationale. En septembre 1791, il lit hom- mage à l'assemblée constituante d'un ouvrage (pj'il venait de pu- blier sous ce litre : fes Haines, ou Méditations sur les résolutions flen empires^ qui a eu depuis un grand nombre d'édilionn, et dont Tidée première avait été conçue dans le cabinet de Franklin. Lorsqu'un apprit à Paris que l'impératrice de Russie, Catherine II, avait ac- cédé à la coalition contre la France, Volney écrivit , le 4 dé- cembre 1791, une lettre à Grimm, clungé d'affaires de l'impératrice, en lui renvoyant la méd.iilb; d'or que cette princesse lui av;iit fait remettre en témoignage «le sa .sa- ti-faclion de l'envoi d'un exem- plaire du Voyage en Syrie et en E^^yple. 0 File m'accorda cette «iiiediiile, disait Volney, comme (.un gage de son estime , c'est «pour conserver cette estime qsie ojela lui renvoie. » A la fin d'une des séances les plus orageuses de l'asseuildée constituante, Volnev fil la motion de convoquer les as'- sembiées primaires électorales , alin <pi'elles eu-sent à procéder à une nouvelle nomination de dé- putes. Il m«)tiva cette propositiofi sur ce que les membre^ d'une au- tre assemblée n'ayant point pris part aux premières et plus vives discussions, seraient inruns atu- més les uns contre les autres, et qu'il leur serait ainsi plus facile 16

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de calmer les tempêtes qui mena- çaient la palrif , et de rtimener Its citoyens à dos senliincns d'union et de paix. Celte proposition, d'a- bord accueillie avec faveur, l'ut cependant écartée par l'ordre du jour. Les orateurs qui la combat- tirent, rappelèrent aux députés qu'ils s'étaient engaj^és par la ser- ment prêté dans le jeu de pau- me à Versailles, à ne se point séparer avant d'avoir donné une constitution à la Franct-. Après la clôture des sessions, Volney ac- compagna M. Pozzo di Borgo en Corse, avec l'intention d'y exécu- ter quelques grands projets d'a- mélioration agricole. Ses essais pour cultiver dans cette île la can- ne à sucre , l'indigo et plusieurs plantes utiles des tropiques, eu- rent du succès; mais les troubles qui survinrent à cette époque le forcèrent d'abandonner des éla- blissemens qui auraient contri- bué à la prospérité du pays. Bo- naparte , encore simple oflicier d'artillerie , apprit à connaître \olney en Corse , et prit pour lui une haute estime , qui s'accrut encore lorsque ce général, pen- dant son expédition d'Egypte, eut reconnu par lui-même combien l'auteur du voyage en ce pays, a- vait été fidèle historien et habile observateur ilevenu à Paris, Vol- ney, dont le pati iolisme était bien connu, mais dont l.i haine pour les excès commis par de soi-di- sant patriotes, n'était pas nroins prononcée, ne put échapper aux persécutions des terroristes. In- carcéré pendant dix mois , il ne recouvra sa liberté qu'après le 9 thermidor. En novembre 1794, »I (ïit nommé prûie-^seui- d'histoire

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aux écoles normales, sescourSj conçus sur un plan vaste et philo- sophique, obtinrent un succès gé'- néral. En i^Q^^, il entreprit de nouveaux vnyages , et visita le» Etals-Unis d'Amérique. L'ami de Franklin y reçut l'accueil le plus flatteur. "NVa.-bington , le fonda- teur de h\ liberté du Nouveau- Monde, la {gloire de sa patrie et de son siècle, invita le voyageur français à venir le voir dans la re- traite, où le héros américain cul- tivait paisiblement ses champs . après avf)ir long - trmps présidé aux conseils de cette république qu'il avait fondé»; et défendue. Volney se serait probablement é- tabli aux Etats -Lois; mais des nuages s'étant élevés entre ce gou- vernement et celui de sa patrie, lacrainted'une ruptureouverle, le décidaàrepasser en France au prin- temps de 1798. Après la révolution du 18 brumaire, le premier con- sul Bonaparte le nomma sénateur, et l'avait même désigné, dit-on, pour occuper le second consulat. Mais une dissidence d'opinions assez prononcée sur certains prin- cipes de goiivernement , empêcha cette nomination d'avoir lieu. Dans le sénat . Volney fit constamment partie avec les Lunjuinais, Caba- nis, Destutt de Tracy, Collaud, Garât, et quelques autres, de cette estimable, mais faible minorité, qui osa, quoique vainement, s'op- poser à ceT[i\'ms séiiatu.i-consuUes, que le grand nombre de leurs col- lègues décrétait de confiance. A- près la rentrée du roi , Volney fut nommé, par ordonnance du 4 i"in i8i4> membre de la chambre des pairs, y siégea jusqu'à sa mort, et fidèle a-jx :r.êmes principes, s'y

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montra toujours au rang des dé- fenseurs des droits nationaux. Une courte nrialadie l'enleva à son pays, qu'il aurait encore pu long-tenaps servir, et à ses nonjbreux amis, à qui sa mémoire sera toujour* chrre. II mourut à Paris îe 24 avril 1820. On o de lui les ouvra- ges su i vans : Voyage en Syrie et en Egypte, fait en ijSS, Paris, 1785, 2 vol. in-S", et quatrième édition, 1807; 2* Considérations sur la guerre actuelle des Turcs , 1788, in-8". L'auteur y combat plusieurs opinions du baron de Tott et de Peyssonel. Il a inséré ces considérations dans la troi- sième édiiion du voyage en Syrie m 1800. 3" Les Ruines ou Médi- tations sur tes résolutions des em- pires , »7î)i< in-S", et troi-iéme édition , augmentée de l'ouvrage suivant : I-'Oi naturelle ou Catéchisme du citoyen français , 1790, in-i(j ; 5" Simplification des langues orientales ou Méthode nou- t^elle et facile d'apprendre les lan- gues nrnhe, persane et turque, avec les caractères européens , «795, in-8" ; 6" Leçons d' histoire pro- noncées à l'école normale, •79f), in-8"; 1810, iu-8"; 7" Tableau du r limai et du soi de l' Amérique , i8o5, 2 vol. in-8", ;ivoc planches, terminé par un Vocabulaire de la langue des Miamis; 8" l\ apport fait à r académie celtique sur l'ou- vrage russe de M. le professeur Pallas : Vocabulaires comparés d«s langues de tonte la terre , i8o5, in-4°, et dans les Mémoires de l* académie celtique , cahiers i et 5, et dans le Moniteur i\v^ 1 et 2 brumaire an \(\. L'auteur y fait voir que \eV ocahiilariatolius orhis, coutposé par ordre de l'iiripéra-

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triée Catherine II, ne petit servir de Vocabulaire universel, l'alpha- bet russî! étant trop incomplet pour cet usage; et quoique M. iMasson , dans le recueil de l'aca- démie celtique, ait prouvé que plusieurs des fautes de ce Voca- bulariapenvcut être attribuées au professeur Pallas lui-même, qui n'avait pa< une connaissance par- faite de la langue russe , Volney n'en a pas moins démontré qu'un alphabet universel est encore îi trouver. Il a engagé l'académie celtique à s'occuper de cette re- cherche , et y a beaucoup tra- vaillé lui-même. Déjà, lors de la publication de sa méthode nou- velle pour apprendre l'arabe, le persan et le turc,Tolnpy avait proposé pour reujplacer l'alpha- bet arabe , dont on se sert aussi pour le persan et le turc , tm nou- vel alphabet, formé de lettres la- tines, de quatre lettres grecques, et de douze nouveaux caractères. Il y trouvait l'avantage d'expri- mer chaque son, ou articulation simple, par un caractère unique, tandis qu'il faut souvent deux ou trois caractères de l'alphabet usi- té pour représenter une seule lettre arabe, q" Supplément â l'Hérodote de Lorclicr, ou Chro- nologie d'Hérodote, conforme à son texte, Paris, 1808, 2 vol. in-H* ; 10° Questions de statistique d l'u- sage des voyageurs, i8io, in -8°; 1 1" Recherches nouvelles sur l'his- toire ancienne, i8i4- i8i5, 5 vol. in - 8". Vcdney était membre de l'institut national depuis In fonda- tion, de la société asiatique de Cal- cutta et «le-i principales académies de l'Europe. '

VOLPATO (Jea>), célèbre gra-

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veur ilalicn, à Bassano ea 1^33, passa ses premières années à tracer des dessins pour les bro- deurs, et à les broder lui-même. Il s'appliqua ensuite à la gravure, dans laquelle il reçut quelques le- çons de Bartolozzi, qui travaillait alors pour les établissemens <;al- cographiques de Remondini. Peu après le départ de cet artiste pour l'Angleterre, Volpato alla se fixer à Rome , o|i une société d'ama- teurs avait conçu le projet de l'ai- re graver avec magnificence les peintures de Raphaël , qui déco- rent le palais du Vatican. Appelé à prendre part à cette vaste entre- prise, il se fil remarquer parmi tous ses collègues. O fut après la publication de l'école d'Athènes, que M. Raphaël Morghen vint le prier de le recevoir au nombre de ses élèves. Volpato prit un soin particulier de son instruction, et loin d'être jaloux de ses progrès, il employa tout son crédit pour é- tendre sa renommée. Lorsqu'il sentit ne pouvoir plus lui être uti- le par ses conseils, il désira se l'at- tacher par ses bienfaits, et il lui accorda la main de sa fille. Ce n'est pas le seid artiste qu'il ait formé : Rome lui doit la plupart des talons qui sont sortis de son école moderne d'incision. Volpa- to connaissait tous les secrets de cet art; son burin était plutôt ten- dre que hardi , mais il traduisait avec esprit les beautés des com~ positions originales. Ce célèbre i«raveu;: mourut à Rome en i8o3, regretté par tous ceux qui avaient eu occasion d'apprécier ses ver- tus et SCS talens. Son portrait , peint par Kauflnian, fut gravé par Morghen; et Canova voulut aussi

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en consacrer la mémoire par mii monument qu'il lui éleva dans l'église des Saints-Apôtres, à Ro- me.

VONCR(N.), avocat, chef du parti patriotique, lorsque les Bra- bançons s'opposèrent aux innova- tions de Joseph II , parti auquel on donna le nom de F onckisies , était un homme distingué par son instruction, ses talens, et surtout son esprit actif et entreprenant. L'un des premiers écrivains qui embrassèrent la cause nationale, lorsque l'empereur Joseph II {voy. ce nom) voulut apporter des changemens notables dans le gou- vernement des Pays-Bas, il fut bientôt signalé aux agens de l'au- torité, et pour se soustraire A leur» ]>otirsnites, il se retira en Hollan- de au commencement de if 88; là. de concert avec Vander Noot {voy. NooT, Vander Mersch et Van L'upen), il travailla à dispo- ser les puissances qui protégeaient la constitution brabançonne à ap- puyer les efforts des patriotes dans la révolution qui s'organisait eu silence. li devint membre , puis président du comité secret de Bré- ^ da, et forma à Hasselt une autr«i association également secrète, la- quelle, au moyen de contributions volontaires, arma les premiers soldats du Brabant, qui, sous Van- der Mersch, chassèrent les trou- pes autrichiennes. Alors Vonck rentra dans son pays; mais la ri- valité qui s'établit entre lui et Vander ÎNoot devint funeste à la cause commune. Les chefs de l'in- surrection, au lieu de chercher ;i détruire cette rivalité, se partagè- rent entre Vonck et Noot. Vander Mersch et le ducd'Ursel s'attache.

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renl plus intimement au premier, qui pendant quelque temps con- ;*erva la plus grande influence dans les affaires des insurgés. Le second, secondé de Van Eupen et de Schoenfeld, parvint bientôt à enlever à Vonck ?on crédit, en s'eflbrçant de persuader aux états des diflérentes provinces que ce chef voulait rendre la révolution démocratique. C'est en effet le but que Vonck s'était proposé du mo- ment où il avait remarqué que ses ennemis disposaient à leur gré des troupes et de, l'argent des étals. La chute de Vonck entraî- na rapidement celle du parti pa- triotique. Il mourut en 1 792, à Lil- le, département du Nojd, il s'é- tait retiré.

VOULLAND (HoRi) , avocat, ex-magistrat et membre de plu- sieurs législatures, naquit j\ (j/.ès en i^So. Il professait la religion réformée, et suivait, en qualité d'avocat, le barreau de Nîmes, lorsque la révolution éclata. Le tiers-état de la sénéchaussée de Nîmes et de Beaucaire le nomma député aux état" - généraux en 178g. Ami de Rabaut Saint- Etienne et de sa famille, il mani* festa les mêmes principes , mais avec plus d'exagération. Rabaut Saint-Etienne le fit nommer mem- bre du comité des recherches. Il lit un grand nombre de rapports, et signala Tessier, ci-devant ba- ron de Margueritle, comme au- teur des troubles de Nîmes ; prit la défense du club de cette ville; dénonça la ville de Carpentras, les nobles et les pr»îtres, soutenus par la cour de Kome, font de Car- pentras un foyer de contre-révo- lution, et provoqua 1.» réunion du

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eomtat d'Avignon à la France. La session de l'assemblée constituan- te terminée, il passa, au mois de mars 1791, au tribunal de cassa- tion, et fut nommé, en septembre 1 7914, par le déparlement du Gard, député à la convention nationale, il vota la mort du roi. Succes- sivement secrétaire et président de cette asseuiblée, membre du comité de sûreté - générale , et enfin président de la* société des jacobins , il continua, jusqu'aux approches du 9 thermidor an 2 , i\ se montrer tout dévoué au parti de la Montagne ; cependant éclai- ré sur la tyrannie de Robespierre, ou craignant de devenir lui-même sa victime , il fui un des premiers à concourir à sa chute. Lecoinlre de Versailles ne l'en dénonça pas moins, le a8 août 1794» comme un des complices du tyran. Au- cun excès notoire n'étant im- puté à Voulland, il se justifia, fut acquitté , et parvint à obtenir, soit la même faveur, soit la même justice, pour son oncle le général Voulland {voy. l'article qui suit). Dénoncé de nouveau avec ses an- ciens-collègues du comité de sO- relé-générale, il fut décrété d'ar- restation le 9 prairial an 3 ( 28 mai 1795), et rendu à la liberté par suite d'amnistie. ftJaret , li- braire, recueillit Voulland che» lui , et lui prodigua pendant deux ans toutes sortes de secours. 11 mourut, en 1802, dans un état Yoisin de l'indigence.

VOULLAND (N.). général sous lu république , oncle du précé- dent, était (Capitaine de grenadiers à l'époque de la révolution, dont il adopta avec ardeur les princi- pes. Commandant de la girde r»a-

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tioriale tl'L'zc.'* en I/09, il parvînt rapidctnunt <iii gr;ide de général de brigade , que réclama en sa fa- veur Je gt'méral d'Agobert, et fut nommé, au mois de janvier 179'^, commandant de la ville de Mar- seille; il conserva ce poste jusqu'a- près la chute de Robespierre, son protecteur. Serres et Auguis, membres de la convention natio- uale, en mission, l'iuculpcrent à

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l'occasion de Reynicr de Marseil- le, ultra - révolutionnaire, qui, arrêté par leur ordre, fut délivré par des hommes armés. Le géné- ral Voulland se vit par suite des- tituer et mettre en arrestation. Le conventionnel, son neveu (voyez l'article précédent), prit sa dé- fense, et le fit acquitter en i^Q^. Il a été perdu do vue depuis cette époque.

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>VAFl'LARD (N.), auteur dra- matique, naquit vers 1788. Il commença tie très-bonne heure à briguer Jcs palmes du théâtre, et s'associa avec quelques auteurs , dont le nom protégea sa jeune muse. "Wafilard donna au Vaude- ville , le Voile W Angleterre, en société avec M. Morcau; au Gym- nase dramatique, avec IMM. Pi- card e\ Fulgence, Un Jeu de Bour- se ; il a encore donné avec ces der- niers, au théfltre de l'Odéon , les Deux Ménages^ un moment d'Im- prudence ^ le Voyage à Dieppe, etc., etc. Ces comédies avaient fait concevoir des espérances qu'une mort prématurée a anéan- ties. Wafilard fut ravi aux lettres, à sa famille et à de nombreux a- ïuis, au commencement de jan- vier 1824.

WAGNER (Bernard-Henri), horloger-mécanicien du roi , à Paris le 10 mai 1790, fut élevé h l'école centrale de Fontaine- bleau, et termina ses éludes à Paris, à l'école polymathique, dirigée par M. Botet. iSesparens,

qui le destinaient au barreau , voyant son peu de vocation pour cet état, le placèrent dans le com- merce. Ce fut alors que se pro- nonça fortement son goût pour la mécanique , et pendant les trois années qu'il passa chez un négo- ciant, il employa tous ses momens de loisir à l'élude de la physique et de la chimie. Il fut ensuite oc- cupé deux années chez un horlo- ger célèbre pour la main-d'œu- vre ; et, de retour dans sa famille, il entra dans une carrière enlière- ment conforme à ses goûls, et qui doit lui procurer une exis- tence honorable. Les procédés imaginés par M.W^agner pour tail- ler les roues dentées, et qu'il a livrés au public avec le désinté- ressement le plus noble, ont puis- samment contribué à l'améliora- tion de nos filatures; c'est aux applications qui ont été faites de ces procédés , que l'on est rede- vable de la bonne disposition et de la précision des engrenages de toutes les machines à l'usage des manufactures. La commission des

phares, établie par M. le ilircctonr- pénéral de» ponts- et -chaussées, chargea IM.\Va»ner,en 1816, de la construction des machines de rota- tion appliquées à ces appareils; il est parvenu à les faire tourner ré- {fulièieim-nt et sans secousse, quoi- que charj^ées d'un poids énorme. Ces machines ont déjà été lori- guem€fit éprouvées sur plusieurs points de nos côtes, à la salislac- tion des marins. Les horloges pu- bliques de M. Wagner sont belles, solides et exactes ; toutes leurs parties ont encore acquis un nou- veau degré de pertéclion depuis la diirniére exposilion des pro- duits de l'industrie nationale ; le volume en est considérablement réduit , et les prix très-modérés. Enfin cet artiste, recommaudable sous tous les rapports, ne cesse de prouver à ses émules que , si le génie peut bien se traîner mal- gré SCS fers, il vole quand il a su les briser; aussi le jury central, prenant en considération les ser- vice» journaliers que M. Wagner rend ù l'industrie et aux manu- far-lures, hii a-l-il décerné deux médailles d'argent de première classe, l'une en 1819, et la se- conde en iSaS; et nous croyons pouvoir assurer qu'à cette der- nière époque, il eut dans plusieurs discussions la majorité du jury pour la médaille d'or.

WAGRAM ( AtEXANURK Bbr-

TIIIER, l'BlNCE DE NeIITCHATEL ET

de). La notice suivante est prise tout entière dans l'excellent ou- vrage du comte Mathieu Dumas, lieutenant - général , contempo- rain, frère d'armes, premier et constant ami du uiaréchal Bcr- (bier. Cet arliclc , émincmmcat

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2,7

français y nous a paru satisfaire également à l'intérêt de la vérité et à celui de la gloire nationale , heureusement inséparables pour la vie du plus vieu.x soldat de no- tre liberté. Nous avons crurem- plir ainsi l'attente de nos lecteurs- et le but bien connu de notre ou- vrage, et nous allons au-devant de Paccusatiot) de plagiat, en. dé- clarant que nous n'avons inséré cette notice que d'après une au- torisation arrachée à la modestie de son auteur. Ce morceau dis- tingué, sous le double rapport du style et de la fidélité historique, recommanderait i lui seul l'ou- vrage que le général comte Du- mas a consacré ^ l'honneur de nos armes , et dont le succès lui i\ donné un rang honorable parmi nos premiers écrivains. L'avant- dernier alinéa , également de la mC-me main, a été intercalé pour compléter cette notice biographie que. « Le feu maréchal Berlhier,- prince de Wagram, et ci-devanfc- prince de NeufchSlel, fut l'un des personnages les plus remarqua- bles qui aient figuré sur la grande scène militaire. Il possédait Ics- qualités les plus essentieliôs^. du général, une valeur caliïWi-et bril- lante , un excellent jogement , formé par l'éducation la plus soi- gnée , éclairé par uuc longue ex- périence, et peut - être la plus étendue et la plus variée qu'un soldat puisse acquérir; il porta les armes pendant un dcmi-siè- clc, fit la guerre dans les quatre parties du monde, ouvrit et ter- mina trente-deux campagnes. En sortant des écoles , après de bon- nes études mathématiques, il a- cheva d'acquérir sous les yeux

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son père, nncien inj;énicnr-j»éo- i:raplie, el l'un des premiers au- teurs «le la riclie coilicliot: du àèpôi de la guerre, les connais- sances néressaire;* pour roriiicr un hou oûicier d'état-inajor ; il se fit dislini!;iier par rexacliliide et la [>re>tes.>e de ses opérations sur le terrain . t:l par la pureté el l'a- gréaient de sa inaiiière de dessi- ner. Le l'eu roi. qui <t plaisait aux travaux de gtographie «t de to- pographie, cl qui y portait un goût éclairé par «le- connaissances très éieudiics, daigna emidoy^r ce jeune olïicicr à dresser la belle carte des chasses, dont les minu- tes, corrigées de la niain du roi, sont restées comme un modèle partait, et qui , imité depuis dans tous les pays de l'Europe , n'a pas «té surpassé. iM. le prince de Lam- besc attira Berlhier dans son ré- giment de dragons de Lorraine, la meilleure école de cavalerie qui existât alors en Europ<; ; il dut à cette faveur l'avantage si essentiel pour l'homme de guerre, de ma- nier avec vigueur et adresse son cheval et ses armes. 11 lit sa pre- mière campagne en Amérique , dans l'état-major de l'armée coni- ïnandée par le comte de Kocham- beau, se fit remarquer au ctnnbat Kaval de la Chesapeak , et à la re- connaissame de New-York , , sou» le feu des batteries augl. lises, escortant le généial en chef avec le comte Charles de Damas, «pii eut son cheval tisé sons lui, et mêlé avec; un parti anglais, il tua de sa propre main le dragon qui s'était le plus approché du grou- pe, et fit plusieurs prisonniers : telles furent ses premières arn^es dans cette guerre, il s'acquit,

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par son activité, sa valeur et se* talons, une réputation qu'il a de- puis jusiifiée. Il fil partie de l'é- tat-major du baron de Vioménil, dans rexi)édition diri;.;ée contre la Jamaïque, el qui lut suspendue par la paix de i^fiS, si :lorieuse p(»ui la Krance. ba navigation, ses voyages accrurent avec la masse de ses rcumaiftsances son ardeur de s'instruire. Devenu olficier su- périeiu' dans le corps de l'elat- major-général formé par le maré- chal de Segnr, ilenipli^a le temps de la paix à divers travaux mili- taires ; il suivit les ér.cdes de tac- tique, dans lé-quelles le roi Louis XVI, après divers essais, fit por- ter ses ordonnances de formation et de manœuvres pour les deux armes à un tel j)ointde perfection, et sur des principes si solides et si simplifiés, que nous sommes devenus maîtres à notre tour, d'i- milalenrs que nous étions. Le co- lonel Berlhier visita les camps du roi de Prusse, fut euïployé à ce- lui de Saint-Omer, sous les or- dres de M. le prince de Coudé , et remplit, en 1789, les fonctions de chef d'élai-major sous le barou de Bezeuval, jusqu'à la disloca- tion de l'armée rassemblée sous Paris. Dans les preniiers orages de la révolution , nommé coni- niandant de la garde nationale de Yersailhis , atlaqué par les plus furieux démagogues , il sut se maintenir et donner des preuves réitérées de fermeté, de dévoue- ment et de fidélité au roi. Dans les tensps désastreux de la ter- reur, dont le fléau commença a- vec la déclaration de guerre, \% général Berlhier se rendit à l'ar- uiée; il y fut employé comme

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fhef d'cta»,- major, tl'abord sous le général La Fayelle , et ensuite sous LutkîK'r; il ne quitta plus les drapeaux iVançais, l'asile de tant de liraves, le refuge de l'hon- neur. Il combattit sur tontes les IVoutiércs pendant les cinq pre- mières campayiics; il fil des ac- tions brillantes, et fut a>sez heu- reux pour rester obscur à celte époque les tabus et les an- ciens services étaient des titres de proscription. Le général Bona- parte ( et ce ne tut pas pour celui- ci la moindre laveur de la t'or- tune), rencontrant i l'arfuée d'I- talie, d(»at il [u'it le couimanJe- ment au mois de mars 179b» le général Berlhier, en fit son com- pagKOu d'armes et le principal instrument de ses succès. Pendant dix - neuf années remplies par seize campagnes, presque toutes doubles, d'ete et d'hiver, l'his^- toire de la vie du maréchal lier- thier n'est outre que celle des guerres de Bonaparte et de ses opérations, dont il dirigea tou- jours tous les détails d'exécution dans le cabinet et sur le terrain : constamment occupé de ces dé- tails immenses, et de jour en jour plus compliqués , son inlatigable activité semblait délier le génie ardent dans la sphère duquel il était entraîné ; il travaill.tit avec tin ordre admirable , saisissait a- veo promptitude et sagacité les vues générales, les dispositions à peine indiquées, et dfuinait en- suite tous les ordres d'exécution av<!c prévoyance , clarté et conci- sion. Discret , impénétrable , mo- deste, il ne se liiisail janvtis va- loir; il était exact , juste et même *ûv«re pour lout ce qui toucbuii

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au service; mais il donnait tou- jotirs l'exemple du zèle et de la vigilance; il maintenait la disci- pline avec rigueur, et savait faire respecter, par ceux qui lui étaient subordonnés, quels que fussent leur rang et leur grade , l'autorité qui lui était confiée. Le général lierthier n'ayant commandé en chef que l'armée de réserve et sons les yeux du premier consul , son nom ne retentira peut - être pas dans l'histoire comme celui des généraux ses émules, qui ont attaché lnurs noms à de grands évcnemens , et par des victoires qui leur sont uniquement et jus- tement attribuées ; unns il eut ce- pendant une si grande part à ces mêmes victoires par tout ce qu'il fit pour les préparer, par tant de faits d'armes qui , tels que le pas- sage du pont de Lodi , lui sont personnels , que des litres de gloi- re si nombreux ne lui seront pas conl(!stés ; et sans doute que si Napoléon eût écrit ses commen- taires, il aurait pu dire avec vé- rité que , depuis la bataille de Montenotte jusqu'à la bataille »lc Léipsick. , il n'est aucun de ses succès auquel les conseils de son major- général n'aient coopéré, aucune de ses irréparables fautes dont la vieille expérience de son compagnon d'armes n'ait cherché à le détourner. Lors de la pre- mière restauration de la maison de Bourbon sur le trône de Fran- ce , dégagé de se» sermens par l'abdication de Napoléon , dégagé de ses devoirs envers le généra- lissime qu'il avait si fidèlement servi , et qui déposait le cornmap dément des braves armées fran- çaises, le inuréchul prince de W**-

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grain resta comme ses illustres compagnons, Gdèle à la foi, aux glorieuses aiiçles et aux drapeaux français, ramenés par la ftirtune et floltaris entre les mains de nos princes. Il [»ré.-enta lui-même au roi les marériiaux de l'empire, et reçut avec eux le lilre de maré- chal de France ; il fut nommé ca- pitaine de la 5' compagnie des gardes-du-corps de S. iM. L'épo- que du 20 mars 181 5 fut celle de la fin de la longue carrière mili- taire du prince de Wagram. Re- tiré à Bamberg< au cïiAteau du prince de Bavière, sou heau-père, avec son épouse, la princesse de Bavière et ses trois enfans, il gé- missait sur les' malheurs de la France. L'heure fatale sonna pour lui au moment même les trou- pes étrangères, qui allaient une seconde fois souiller le sol de sa patrie, défilaient sous ses yeux. Il fut foudroyé par une attaque d'apoplexie, (jui le précipita du balcon de son appartement dans la rue. Nous n'avons considé- rer ici le prince de Wagram que sous les raj)porls de l'homme pu- blic ; nous trouverions aussi dans sa vie privée des sujets de justes «loges et de nouveaux motifs d'honorer sa mémoire. Qu'il soit permis <^ l'amitié, à la fraternité d'armes, de rappeler les qualités sociales qui lui concilièrent l'es- time de tous les gens de bien ; Tardent amour de son pays , qui , dans toutes les circonstances, fut le premier mobile de ses actions ; son humanité, que le spectacle des scènes sanglantes qu'il eut sans cesse sons les yeux, ne fit que rendre plus active et plus tou- chante; son noble désiutéressc-

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ment, sa modération dans la hau- te fortune, ses douces aifections pour sa famille, et sa constante fidélité à ses amis. ■>

WALPOLE (HOBACE, COMTE

d'Oxford), linérateur anglais, na- quit à Londres, ef élail le troisiè- me fils du célèbre ministre Ro- bert ArValpolo, «qui contribua plus à introduire la vénalil« dans le sein du parlement britaimique»» Horace AValptde, dont l'éducation fut trèj-soignée, montra dès sa jeunesse un goût passionné pour les lettres; mais il dut, par égard pour sa famille, suivre du moin» momentanément la carrière des affaires publiques. Successive- ment inspecteur des importations et exportations, huissier de l'échi- quier et membre du parlement, il se retira, du moment qu'il put suivre ses goûts, dans une de ses terres à Strawberry-Hill , il composa différens ouvrages, dont nous donnerons les titres plus bas. Une seule fois comme membre du parlement, il s'était fait remar- quer; c'est lorsqu'il avait pris, en 1742» la parole pour la défense de son père. Depuis il s'est borné à voler en faveur du ministère, jus- qii'en 1761, que se termina sa car- rière politique, et à se prononcer ensuite contre les principes que consacrait la révolution française. Eu 179'» il devint comte d'Oxford" par la mort de son neveu, décédé sans enfans mâles. On doit à Ho- race "Walpole : i" Catalogue d'au~ teurs célèbres; Doutes histori- ques concernant Richard lll , roi d' Angleterre, et sur les crimes qu» lui sont imputés ; Anecdotes re- latives à la peinture; le Château d'Otrante, roman dans le genre

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d'Anne Rudcliffe {voy. ce nom); 5* Essai sur le jardinage moderne; La Mère mystérieuse, tragédie; ']" enfin des Opuscules poétiques. Il faut joindre à celle énumcration >a Correspondance a\iiC M"* Dudef- lant, a qui n'ayant jamais rien aimé dans sa vie, s'avisa d'éprouver pourlui un sentiment passionné. » II mourut en 1797.

AVASHINGTÔN ( Georges ) , général, et Tun des fondateurs de Ja république des États-Unis, na- quit dans le comté de Fairfax, en Virginie, le 22 février 1752. Il se distingua dans la guerre que sou- tint la France contre l'Angleterre dans le Canada , et repoussa mê- me les Français, qui avaient fait quelques ravages sur les frontiè- res de la Virginie; mais bientôt il fut forcé de se replier devant des lorces supérieures. Peu après , le général Braddock, qui comman- dait les Anglais, ayant été défait et blessé mortellement devant le fort Duqucsne, Washington, qui lui servait d'aide-de-camp, effec- tua avec un grand talent, et un succès digne de son talent, une re- traite périlleuse, qui lui fit rejoin- dre le colonel Dunbar, chef d'un autre corps d'armée. Aprèa la guCrre, il se retira avec le grad» de major. Il se livrait paisible- ment à des travaux agricoles dans son habitation de Rlont-Vernon , quand lout-à-coup les colonies de l'Angleterre forment la résolution de se soustraire à l'avarice et au despotis^ne de la mère-pntrie. Dans chacune des provinces de l'Amérique septentrionale s'orga- nisent des assemblées dont l'auto- rilé se substitue à cttlle des délé- gués du roi de Ut Grandu-fircta»

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gne; des hommes sages et voués pour la plupart à l'élude des lois et de la politique, des citoyens phi- losophes, à la lête desquels il faut principalement placer un impri- meur (Franklin), un charpentier (Thomas-Payne), un maîlre d'éco- le ( Adams) , etenfin un laboureur (Washington), saisissent celte oc- casion d'appliquer des principes, dont ils attendent le bonheiu" de leur })ays; ils provoquent un con- grès national, composé de dépu- tés des diverses provinces. Ce congrès, après une déclaration des droits particuliers de l'Amérique, et des droits généraux des nations, choisit Washington pour généra- lissime, et c'est ce choix qui va fixer en Amérique la victoire et la liberté. A peine Washinglon est-il arrivé ù l'armée des insur- gés , qui alors bloquaient Boston , qu'il se rend maître de celte ville, après avoir réduit les Anglais à une honteuse capitulation : ses o- pérations militaires sont puissam- ment secondées, d'un côté par le général Lée, qui fait une brillan- te défense à Charles-Tovvn ; de l'autre par le colonel Arnold, qui, avec une poignée d'homnies, s'ou- vre la route du Canada , et effec- lue ensuite avec bonheur une re-. traite devenue nécessaire; par La Fayette enfin, qui, A peine Sgé df. vingt ans, s'est arraché à son pays et aux douceurs d'un hyménée récent, pour conquérir fi une na- tion étrangère le plus beau trésor des peuples et de l'homme; gé- néreux sacrifice, dont l'amitié de Washington et la reconnaissance éternelle des Américains l'ont dé- dommagé , et le dédommagent encore de nos jours (i825), après

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l'iifoir appelé dans leur sein, par les honiR'(ii& qu'ils lui rendent, et an l'étant sous le titre heureux iVHôte de la nation : tout cepen- dant ne l'ut pas succès dans cette guerre. "Washington l'avait com- mencée sans argent, sans muni- tions, sans magasins; il avait à di- riger une nation patiente et coii- rageuse, mais trop peu susceptible de cet enthousiasme qui enfante les succès prompts et décisifs, et obstiuée d'ailleurs à repousser la discipline et l'instruction militai- re. Il perd, en 1777. la bataille de Brandiwine, cl Philadelphie est conquise par les Anglais. Cette défaite sert de prétexte à «es en- nemis pour le décrier; il est pres- que délaissé dans son camp; congrès même lui témoigne de la froideur. Mais bientôt, grâce à l'ardente amitié et au zèle infati- gable de La Fayette, la vertu du grand homme triomphe, on lui rend justice ; on le déclare le pre- mier libérateur de la nation. En 1 778, il prend sa revanche à Mont- Moulh sur les Anglais, et ce suc- cès est bientôt suivi d'un autre plus brillaat encore. Aidé du 7000 Français , à la tête desquels outre La Fayette, on distingue Charles de Lameth, Mathieu Dumas, et cet Alexandre Berthier qui dès- lors préludait à une grande gloire et à de hautes destinées, Washing- ton, par les manœuvres à la fois les plus sages et les plus brillan- tes, force le général Cornwallis à s'enfermer dans les murs d'Yorck- Town, et à signer bientôt après une capitulation humiliante. Dès ce moment, les Anglais parurent renoncer à la possession de l'Amé- rique septenlrionaîe ; des armées

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en présence gardèrent pendant 18 mois une trêve tacite qui annon- çait une paix prochaine. Cette paix fut enfin signée le 20 janvier 17^5, et l'Angleterre reconnut, par un traité, l'indépendance de» États-Unis. Washington en fut élu le président, et ne songea plus qu'à établir une constitution sage, et propre à affermir la puissance qu'il avait fondée; il savait qu'il ne sulljt p is de conquérir la liber- té, mais qu'il faut la savoir con- server, et que des lois sages peu- vent seules en assurer la durée. Après avoir donné tous ses soins à cet important objet, il sentit qu'il était temps de sanctionner la ré- publique par sa retiaite. Sembla- ble à ces anciens Romains qui, au sortir du champ de bataille ou des plus hautes dignités de l'état, re- tournaient modestement aux tra- vaux de l'agriculture, il résolut d'aller finir ses jours en cultivant de ses mains les champs de ses pè- res. On ne peut lire sans atten- drissement les adieux qu'il adres- sa, avant de partir, à ses ollicier» assemblés : » Ne croyez pas que ))je renonce à la gloire, leur di- » sait-il; je m'en propose une très- » élevée; c'est celle d'être un bon ifccultivateur dans un pays qui doit «tout tenir de l'agriculture. Si «nous nous sommes donné réci- nproquement de bons exemples à »la guerre, je veux vous en donner «encore, ou en recevoir de vous "dans des travaux paisibles. Nous »nous visiterons, mes amis, et «c'est dans nos champs bien cnlti- »vés, au sein de nos heureuses la- » milles et de nos joyeux domes- » tiques, que nous nous rappele- »rons tant de dangers, tant de ira-

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vaux et lant de bienfaits de la «Providence. Je prends congé de » vous, le cœur plein de l'aH'^iClioM » la plus pure, et pénétré de la plus "ardente reconnaissance. Fuissent nies jours qui vont suivre être «aussi heureux pour vous que 1) ceux qui les ont précédés ont été "glorieux! Je ne puis aller à cha- »cun de vous lui dire adieu ; mais «je Serai reconnaissant si chacun )>de vous vient me serrer ia muin.» Tous vinrent en silence et avec é- motion, serrer la maiu de leur gé- néral, qui peu après s'embarqua pour Annapolis, le congrès lui donna des marques nouvelles d'un al lâchement bien mérité, et d'une aUujiration aussi viv»"; que légiti- me. Une lettre que AVashinglon é- crivit de sa retraite, exprime en termes tonchaus et philosophi- ques le bonheur qui suivit ses nobles travaux : « Simple parli- wculier sur les bords du l*olow- iinack, ù l'ombre de u»a vigne et j de mon figuier, loin du tumulte «des camps et de l'embarras des «affaires publiques, je m'aban- > donne ù ces douces jouissances »qui fuient ou l'ambitieux qui as-

pire aux emplois, ou le minis- »trft qui nuit et jour s'occupe du

soin de rendre son pays heureux, »el peut-être de ruiner les états n voisins, connne si ce globe ne

pouvait suffire à tous les hom- «mes. Le courtisan qui attend du «sourire gracieux de son souve- nrain, l'arrêt de sa destinée, ne peut avoir l'idée Je mon br)n- nhcur. Non-seulement je me suis «éloigné d'un ihéûlre rempli d'a- «gitations, mais dans le recueille- «ment, je savoure les douceurs de »Ia vio privée. Sans porter envie

»à p."rsonnc, jo me lais.«prai tran- «quillement entraîner par le flcu- » ve de la vie, jusqu'au monteiil «où j'irai m'endormir avec mc«; «ancêtres.» Mais si Washington' n'avait pas besoin de l'antorité suprême, sa patrie avait besoin d'un tel chef; on l'arracha donc de sa retraite pour lui confier de nouveau le pouvoir dictatorial. La révolution française était alors dans toute sa force (1792). Il s'é- tait formé aux États-Unis un par- ti, qui, appuyé par Genêt, envoyé de France à Philadelphie, tendait, dit-on, à diviser la république, de Washington en deux états diffé- rens , et ù l'entraîner dans une guerre contre l'Angleterre. Was- hington, malgré les attroupemens excités à la lin de 1793, et plu- sieurs écrits dirigés contre sa per- sonne en 1794? malgré les enne- mis qu'il rencontra même au sein du congrès, et quelques différens qui s'élevèrent entre les JÉtats- L'nis et l'Angleterre, vint pour- tant à bout, par sa sagesse et sa fermeté, de maintenir Li paix au dedans et au dehors. En mars 1797, il quitta la présidence pour aller habiter en Virginie, au milieu des champ» il était rtè. Tous les partis se réunirent alors pour le louer et le regretter, et il con- serva, à la salisf-iclion générale,, le commjïndement suprême de» armées américaines. Avant de quitter Philadt-lphie, il déposa lef^ fonds nécessaires pour la fonda- tion d'une université dan» la ville neuve, élevée sur les rives du Po- towmack. Il mourut d'une esqui- nancie, le samedi 14 décembu; 1799, H onze heures du soir. Cuei- ricr, citoyen et sage, Washingtou

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offrit la réunion de tout ce qui failles {ijianilâ hommes; à peine déconvre-t-on une tache dan- sa vie, une imperfection dans ^on caractère. L'atnour de la gloire lut chez hien fle^ hmtjme.'" illus- tres le principe des actions bril- lantes et d'un dévouement géné- reux; chez Washington, ce fut l'a- mour de la pairie, toujours pur et désintéressé. La gloire n'était pas nécessaire à celte Cnne noble, qui trouvait sa récompense dans la pratique même du bien et du beau, et dans les services rendus à son pays. Ce n'était pas la profon- deur des vues et la hardie>se de l'esprit qui dominaient en lui; mais peut-être que son grand sens, sa tranquillité d'esprit inal- térable, sa patience, son âme su- périeure à la bonne comme à la mauvaise fortune, furent plus uti- les à la cause qu'il soutint. C'est par qu'il a fondé cette républi- que dont la puissance et la gloire vont croissant chaque jour, et qui, pure encore de tous les excès d'u- ne civilisation trop avancée, re- produit les beaux jours de Rome e^t d'Athènes. Grand à la tête de la république, comme général et comme administrateur, Washing- ton ne le fut pas moins dans sa vie privée, il offrit aux siècles mo- dernes un Cincinnatus nouveau. Il eût été grand partout o\\ la for- tune l'eût placé, parce qu'il était de sa nature d'être grand. Tout le inonde connaît le legs que lui fit Franklin dans son testament : «Je oiègue au général Geoiges Was- »hington, mon ami et l'ami de li l'humanité, le bâion de potnmier "Sauvage dont je me sers pour «me promener. Si ce bâton était

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» un sceptre, il lui conviendrait de nmême. » A sa mort, le gouver- nement français a porté <on deuil, et a fait prononcer son éloge pu- blic par i\I. de Fontanes.

WASOWICZ (N. ), colonel, entra au service dans l'armée du duché de Varsovie et passa , en 1810, comme lieutenant dans le régiment des ehevau-légers polo- nais de la garde impériale. Ap- pelé, en 1819,, à l'état-major gé- néral, il suivit l'empereur Napo- léon dans le cours de toute cette campagne. Il le suivit, lui troi- sième, dans le voyage que fit ce prince do Wilna à Paris; enfin, pendant les campagnes de j8i5 et 1814 •. il le suivit encore, et parvint successivement jusqu'au grade de colonel. Il ne quitta Fontainebleau qu'après le départ de l'empereur pour l'île d'Elbe. Placé, en 1814» comme colonel à la suite de l'armée du royaume de Pologne , il y servit encoro quelques années . et vil mainte- nant dans la retraite (iS^ô).

WATRIN (iN.), général de di- vision, membrede la légion-d'hon- neur, naquit ;"i Beau vais, départe- ment de l'Oise, vers 1772. L'un «les [iremiers, il vola à la défense de la patrie, dès que le territoire françai-., au commencement de la révolution, fut menacé par la coa- lition étrangère. Il entra au ser- vice comme simple soldat, et é- lait parvenu, en l'an 2, par son zèle, son courage et ses talens, au grade d'adjudant-général, dans lequel il reçut de l'emploi à l'ar- mée des côtes de l'Océan. E;î'v«'' bientôt au grade de général de brigade, il fut employé par le gé- néral Hoche, qui lui avait voné

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une estime particulière. Le g«'3né- ral Walrin, coiDpiis ;>u nuinbro des pénéranx qui devjiienl com- mander dans l'expôdilioii d'Irlan- de , rt-çut une aiilrc destination , cl l'armée de Sainbrc-et-iMeuse !e compla parmi ses chefs. Il se signala particulièrement à la jour- née de Neuvied, au combat de Neuhoff, à la suite duquel sa di- vision poursuivit les Autricliiens jusque sous les murs dfe Mayence. Il leur enleva leur bagage, trois pièces de canon, le colonel Barco et tous les ofliciers de ce corps, avec 8o'.) prisonniers. Walriu fit partie de l'expédiliori de Saint- Domingue sous le général Hédou- ville, et mérita d'être menlionué honorablement pour l'avoir habi- lement secondé dans ses opéra- tions. De retour en France, il fut envoyé, en l'an 7, à l'armée d'I- talie. C'est qu'il reçut le grade du général de division. Le 8 tVuc- lidor, avec i,5oo braves, i! battit complètement un corps de (> à 7,000 honmics. Pendant douze heures, ù la bataille de Novi, il tint en échec l'armée russe, qui voulait couper la roule de Novi à Gavi. Le 2 brumaire an 8, quatre mille Français sous ses ordres et ceux du général Dombrowsky , quoique sans artillerie, sans ca- valerie, attaquèrent audacieuse- ment dans leur can>p environ six mille Aulrichiims et douze cents cavaliers, soutenus par sept piè- ces de canon , et les mirent dans •me pleine déroute. Le a5 frimaire an 8, le général Wutrin bal le gé- nérnl Kray à Vallegio , attaqué Ivrée, que six mille homines dé- fendent, et y entre de vive force «l'un côté pendant que d'un autre le générjl, depuis maréchal Lan-

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nés, s'empare d'une partie de la ville, tout ce qui n'a j;as été tué est forcé de se rendre. Au combat de Cbin^ella , aux batail- les de Montebello et de Marengo , le général Walrih fit des prodiges de valeur. Il y perdit son jeune frère, son ami, son uriique espoir et celui de ^n famille. Le courage de ce brave général fut noble- ment récompensé par un sabre d'honneur ; il portait ces mots d'un côté : Bataille de Maueivco ,

COMMANOtE PAH LE PtlEMIEn CONSUL

BoNAPABTE, et de l'autre : f)oN?cé

PAR LE GOUVER^r.MEÎiT DE LA RÉPC- BLIQCE FKADf AISE AU GÉNÉHAL >Va-

TRiN. La paix signée , il reçut le command».Mnenl d'une division de l'armée d'ohservation du iMidi. Sept vaisseaux de ligne , trois fré- galrs et plusieurs autres bàlimens anglais sous les ordres de l'amiral Waren , s'approchent de Castel- lamarc, et débarquent trois mille hommes. Le généial Watrin se précipita sur eux, leur tua ou blessa douze cents hommes, leux' fit deux cents prisonniers , et força le reste à se rembarquer précipitamment. Sur sa demande, il fait partie de la nouvelle expé- dition de Saint-Domingue; il ar- rive, débarque, combat, et ne succombe que sous les ravages de l'épidémie. Le général Watrin , honoré d'un sabre à Marengo , était légionnaire de droit. Sa mort fut une cause de deuil pour lou-< SCS compagnons d'armes et pour ses concitoyens, qui tou» se plai- saient A rendre hommage à ses vertus civiques.

>VATRIN (Jean - Baptiste) . capitaine au i" régiment de dra- gons, membre de la légion-d'hrtn* Dcur, naquit à Mclz, duparleai«nt

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(le la Mo«rllo. Admis !e i5 février i7j)2, comme chasseur à cheval dans le r«Jgiii)enl, il était capi- taine (le dra{î;on9 le i5 venlôsc au 8. Nous empruntons à M. Laval- léc le récit des principale» actions <le c^ brave olïicier. « A l'affaire de Neuvich, dil-il, après que l'on se lut emparé des redoutes, le ca- pitaine Watrin chargea un batail- lon ennemi. A l'instant il cher- chait à s'emparer d'un drapeau , il reçut la décharge entière d'un peloton. Il eut ses habits criblés de balles; renversé sans connais- sance sur le cou de son cheval , sans perdre cependant ses étriers, il fut emporté par lui ; mais bien- tôt après, ayant repris l'usage de ses sens, il retourne sur l'ennemi, et fait mettre bas les armes à cin- quante hommes , que , dans sa première charge, il avait séparés de leur bataillon. Il n'avait avec lui que onze hussards, qui furent tous ou tués ou blessés dans cette action. A l'affaire de Zurich, com- mandant deux compagnies d'in- fanterie, et défendant le passage de l'Albis , par ordre du général Drouc^t, il remplit celte mission avec succès, empêcha l'ennemi de pénétrer, et le força, après un combat opiniâtre, à la retraite. Ses dispositions et le courage de sa troupe furent également admi- rés , et elles contribuèrent à la victoire. A IMonlebello , à la tc'îte de son escadron , s'éîant porté en avant et à la droite de la division, par ordre du général Dclmas, il empêcha l'ennemi de le déborder, et eut à combattre six cents hus- sards. Dans cette circonstance im- portante par son succès à la ma- yœuvre de la division, il leeut la

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charge de toute la ligne ennemie , et maintenant son escadron der- rière un ravin qui longeait l'en- trée d'un défde, il empêcha l'en- nemi de le franchir et par le feu du pistolet et par la pointe au corps. On mit tant d acharnement de part et d'antre dans l'attaque et (lans la défense, que l'on se jetait réciproquement le» pisto- lets à la tête. Enûn Walrin et ses bra vescoujpa gnous lriom|diércnt, l'ennensi fut obligé de faire re- traite après avoir essuyé une per- te considérable. Watrin eut l'hon- neur d'être cité dans les rapports odiciels des généraux Delinas et Bauujont. » Nommé membre de la légion-d'honneur par décret du a6 frimaire an la, il mourut le i" brumaire an il\.

WATTIER SAINT-ALPHON- SE (hE COMTE Pierre), lieutenant- général, grand-oflicier de lu lé- gion-d'honneur, etc. , à Laon , département de l'Aisne , le 4 ***■?- tembre «770, fit de bonnes études au collège de cette ville , et dès le moi» de septembre 1792, au mo- ment où la patrie était menacée, entra an service dans la cavalerie. 11 se distingua bientôt par ses ta- lens et sa bravoure, et devint snc- cessivement chef d'escadron, aide- de - ciunp du général Lasalle et colonel; il fit en cette dernière qualité la campagne de i8o5. Au passage du Lech , avec deux cents drag'iiis, il mit en fuite un corps ennemi qui déièndait le pont ; il fut moins heureux au combat de Diernstein , il combattit avec la même valeur, et fut fait pii- sonnier. Sa conduite avait fixé sur lui les regards de l'emperear Na- poléou, qui le fil échanger, et le

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nomma son écu^er. La nouvelles preuves de valeur qu'il donna à la iiataille d'Austerlilz lui niérilé- rt'ut le grade de général de bri- gade. Dans la campa^gue de i8o(), au combat de SclileiU, il fif une iliarge de cavalerie qui fut citée tomme un des beaux laits d'armes <les guerres de l'époque. Il re^'ut, le 14 mai 1807, le litre de com- mandant de la légion-d'honneur, et en 1808, il l'ut envoyé eu Es- l>agne, il tint une couduile bril- Jnute aux journées de Burgo.s, de Fuenlès-Onoro, de Lerin, d'Alca- niï, etc. Ele\ é au grade de général de division, le H août 1811 , et rappelé en France à la même épo- que, il passa en Piussie , et se si- gnala aux affaires nombreuses qui eurent lieu dans celte mal- lieureuse expédition. Il échappa à ses désa«ilies, et ne posa les ar- mes qu'après la capitulation de Paris , eu 18 i4- Ayant donné son adhésion à l'abdicatitui de l'em- pereur, il reçut la croix de Saiut- Louis le iç) juillet i8i4. Pendant les cent jours, en i8i5, i! l'ut chargé par Napoléon du comman- dement de la division de cava- lerie de l'arnjée du Nord. Les ré- Millalï- de la bataille de Waterloo Tobligèrent de suivre l'armée au- delà de la Loire. Lors du licen- ciement, il l'ut mis à la demi- solde. Placé ensuite sur les cadres des lieutenans-généraux en dis- ponibilité, il se trouve depuis plu- sieurs années inspecteur-général de la gendarmerie royaledeFrance. WELLESLEY ( Richard Col- ley, MARQiis he), pair d'Angle- terre, ambassadeur, ministre-d'é- tat, fils aîné de lord Gérard Col- ley, comte de Morniugton, des-

T. XX.

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cendant d'une ancienne famille d'Irlande, dont l'origine remonte, dit-on , à Ferdinand , roi de Cas- lille, est le 3 1 juin 1760. Dès l'âge de quatorze ans , il se for- mait à la discussion parlemen- taire dans un simulacre de cham- bre de commerce établi par les écoliers au célèbre collège d'Eton, il avait commencé ses études, qu'il termina ensuite à Oxl'ord. Le 22 mai I 784 > il perdit son père , succéda à sa fort(me et à ses di- gnités, et fut nommé bientôt après nombre du conseil-[)rivé d'Irlan- de, puis membre du parlement pour Windsor. C'est à cette épo- (|ue qu'il mérita les bonnes grâces du roi, et fut admis d,ins la so- ciété privée de la famille royale. Lord Welleslcy ne tarda pas à se faire remarquer par sa haine con- tre la France, devenue républi- caine. Cette conduite lui attira toutes les faveurs de la cour; il devint successivement lord de la trésorerie, commissaire pour les all'aires de l'Inde, et gouverneur- général des possessions anglaises dans ce pays. Les Français étaient alors maîtres de l'Egypte ; la crain- te que le voisinage de l'Inde ne les déterminât à former des liaisons aveo Tipoo-Sacb (voy. ce nom), lui fit prendre la précaution de leur fermer, par une escadre, le détroit de B.-tb-el-Mandeb. Il dé- pêcha ensuite le général ilarris avec l'ordre d'attaquer Ijeringa- patnam. Cette capitale, vivement pressée, se défondit avec vigueur; mais enfin elle fut pii^e «l'assaut « et la mort du sultan mil tout \h Maïssour au pouvoir des Anglais. Dans l'enthousiasme (|u'excitu cet- te victoire en Angleterre , lor J '7

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"Wellcslcy fut créé inarquh» d'Ir- lande, reput les remercîinens des deux chambres, et fut autorisé par le roi à ajouter h ses armes celles que portait l'étendard du monarque indien. Une nouvelle V guerre éclata bientôt entre les

Mahratles et les Anglais; le mar- quis de Wellesley leva une armée de cinquante-cinq raille hommes; conquit en trois mois tous les pays situés entre le Djoumna et le Gan- ge, et força Scindiah et le rajah de Berar à faire la paix. Ses vues se portèrent même alors sur l'E- gypte, et malgré ses vastes pro- jets sur l'Inde, il avait détaché , en 1801, un corps d'armée pour aider à conquérir cette contrée. Lord Wellesley avait besoin de repos ; il demanda son rappel, et fut remplacé, en juillet 1807, par lord Cornwallis, qui mourut trois ^ mois après son arrivée. Tant d'heu- reux résultais purent flatter l'or- gueil anglais; mais loin d'alléger les charges publiques , ils augmentè- rent la dette de douze millions stèrlings , dont sept millions dé- pensés en frais pour terminer des entreprises gigantesques (jue l'is- sue a pu seule justifier. L'Inde doit néanmoins au marquis de Wellesley quelques établissemens utiles. II a fondé à Calcutta un collège, et formé plusieurs socié- tés de savans pour l'agriculture et l'histoire naturelle. De retour en Angleterre, il fut l'objet de plaintes amères pour ses manières hautaines, son faste oriental, son despotisme et ses dilapidations ; ces plaintes, plusieurs fois répé- tées dans la chambre des com- munes , n'eurent cependant au- cune suite, ha i^oy, le roi lui

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ayant fait proposer le niini«lérc des af&ires étrangères, il le refu- sa ; il accepta, en 1809, l'ambas- sade d'Espagne, dont la position était alors très-critique, et il y montra beaucoup d'habileté. A la fin de la même atjnée, il consentit à remplacer M. Canning aux affai- res étrangère?, et s'attacha sur- tout à friire triompher la cause es- pagnole, qu'il sentait liée à celle de l'Angleterre. Après les succès de l'armée anglaisée, commandée par lord Wellington à Talaveyra , en 18 JO, lord Liverpool proposa de lui voter des remercîmens , ainsi qu'à son armée ; le marquis de AVeliesley parla avec réserve des exploits de son frère, et avec ad- miration de ceux de l'armée. Quel- ques différens ayant éclaté dans le ministère, en 1812, au sujet de la guerre d'Espagne, après l'as- sassinat de il. Perccval {voy. ce nom) , il fut chargé par le prince- régent de concilier les parties , et n'ayant pu y parvenir, il donna sa démission de ministre. Parti^in des concessions politiques que ré~ clamait constamment l'IrJande. il les sollicita pour elle avec cha- leur le ai avril. Un discours qu'il fit sur le même objet, le i" juil- let suivant, produisit une grande sensation sans aucun résultat. De- puis ce moment, on le vit pres- que toujours dans les rangs de l'opposition ; ainsi , par suite d'un discours du prince-régent, il pas- sait en revue les opérations de la guerre d'Espagne, et prouvait que le système du ministère « avait été timide sans prudence, et sordide sans économie. » Le 22 avril i8i(), il proposa un système d'écono- mie, applicable à toutes les bran-

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rliesck l'administration, et parlicii- Jiérement ^ rélabli<seraent mili- taire. En février 1817. à l'occa- sion d'une loi (le circonstance pro- posée contre les méconlens que l'on disait exister dans la Grande- Bretagne , il observa avec beau- coup de sagesse qu'avant de pro- mulguer une pareille loi, il fallait démontrer bien clairement l'iu- siilFisance de la législation ordi- naire ; il protesta ensuite avec é- nergie contre lu suspension de Vnc- tfAVhabea.scorpus. LordWellesley, dans les fonctions éminenles qu'il a remplies, a donné la mesure de soij habileté, de ses t;dens et de la profondeur de ses vues; mais ou peut s'étonner, après la con- duite qu'on lui reproche d'avoir tenue dans l'Inde , de le voir, à la tête du partie de l'opposition , ré- clamer l'émancipation de l'Irlan- de et l'exécution des lois protec- trices des libertés de son pays. Il avait épousé, en 1794» une Fran- çaise nommée Rolland , morte sans enfans, en )8iC. On a publié plusieurs écrits sous son nojn sur les alTaireH de l'Inde.

WELLESLEY ( Williams ) , frère du précédent, membre du parlement pour Queeu's County, eu Irlande , gouverneur de ce comté, et inioistre du départe- ment de la Monnaie, est le 20 mai 1763. II prit, en 1778, le surnom de Pote^ de sir AVilliams Pôle, son cousin , qui lui laissa , cette nnnée, toute sa fortune. M. Wellesley-Pole devint ensuite se- crétaire-d'étal en Irlande. Il se fit remarquer dans ses fonctions par sa sévérité à l'égard des catholi- ques, et notamment par la circu- laire qu'il adressa, eu 1811, aux

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principaux magistrats : « Pour n - quérir l'emprisonnement de tou- tes personnes qui se trouveraient compj'ises dans la formation des assemblées que les catholiques voulaient établir à Dublin, pour la conduite de leurs affaires. » Cette mesure causa en Angleterre beaucoup d'alarmes; le comte de* Moira demanda même aux minis- tres si M. Poie avait agi en vcriu de leurs instructions, et sur la ré- ponse négative, des copies de la circulaire furent mises sur le bu- reau. Par suite rappelé d'Irlnnde, il reprit sa place à la chambre des commîmes, et s'expliquaut sur sa conduite , le 5 mars , il répondit à ime motion de M. Pousomby,que le lord lieutenant et le procureur- général avaient eu connaissance de sa lettre avant son émission. En 1814 » à l'occasion des E-^pa- guols arrêtés à Gibraltar, puis li- vrés à leur gouvernement, M. "Wellesley dit qu'il adoptait à leur égard les principes de ftl. With- bread {voy. ce nom), et ajouta <• que sou frère, l'ambassadeur i\ Madrid , avait employé tontes les remontrances pour engager le gouvernement espagnol ù aban- donner son système qu'aucun des Wellesley n'était capable d'ap- prouver. » Il est encore aujour- d'hui (1825) membre de la cham- bre des communes d'Angleterre et minisire-d'élaf.

WELLESLEY ( sin Fïenui ) , frère des précédentî , conseiller- privé et grand'crolx de l'ordre du Bain, le 20 juin 1775, entra de boime heure dans la carrière diplomatique, qu'il a constam- ment suivie. Il accompagna lord Malmesbury à Lille, en 1797, et

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^>as>iii ensuiie dans l'Inde, en qua- lité de secrétaire du marquis de Wellesley, son Irére, Nommé, eu 1801 , lieutenant - gouverneur d'Aoude, il en revint, en i8o5, pour remplir en Angleterre le pos- te de lord de la trésorerie; il passa peu de temps après aux fonctioni de secrétaire du trésor, et les ré- sig;na bientôt pour exercer en Es- pagne celles d'ambassadeur. On a prétendu que le décret rendu par Je roi d'Espagne en octobre 1814» contre l'introduction des cotons anglais, était une vengeance du reins qu'avait fait cet ambassa- deur de fournir au gouvernement espagnol un subside considérable. Les mesures qni furent alors adop- tées en Espagne, et dont sir Wel- lesley assure avoir clierché à pré- venir l'exécution, ayant rendu, comme l'ont dit ses partisans, sa position extrêmement désagréa- ble, il demanda et obtint la per- mission de quitter Madrid, et re- vint en Angleterre en i8i5. De nouveaux motifs le portèrent bien- tôt à retourner au poste qu'il ve- nait de quitter, et il n'a cessé de l'occuper qu'au moment une monarchie constitutionnelle com- mençait à régir l'Espagne ; ce qui parut accréditer l'opinion peu fa- vorable que les Espagnols avaient conçue de ce ministre : ils pré- tendaient que l'influence dont sir "NVellesley jouissait auprès de leur souverain , n'avait pas toujours été exercée d'une manière avan- tageuse pour les intérêts politi- ques du pays.

WELLINGTON (Arthcr-Wed- TESLEY, DUC DE ) , frère des précé- dens ( voyez AVellesley ) , à Dungan-Caslle, le 1" m«i 1769,

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fut élevé au collège d'Eton, en- voyé ensuite en France à l'école militaire d'Angers, et enfra fort jeune au service. Le marquis de Wellesley,son frère, lui ayant ache- té la lieutenance-colonelle du 55* régiment, il accompagna l'année suivante (1794)» lord Àloira ù Os- tende, et commanda une brigade dans la retraite de Hollande, sous le duc d'Yorck. Eu 1796, embar- qué comme colonel pour les Indes- Occidentales , il ne put remplir sa mission , ayant reçu l'ordre, pen- dant que la flotte était retenue dans le port par une tempête, d'aller faire des recrues en Irlan- de. L'année suivante, il était avec son frère dans l'Inde, et combat- tit à la bataille de Mallavelli, Tipoo-Saëb fut vaincu; il contri- bua ensuite à la prise de Seriuga- patnam , et en fut nommé gou- verneur. Après avoir éloigné, sui- vant l'ordre qu'il en avait reçu, la famille du sultan des lieux de sa puissance, il revint dans la ca- pitale du Maïssour, dont il était en- core gouverneur au moment Hondiah-Waugh, aventurier in- dien , fit une incursion sur les terres de la compagnie. Chargé d'arrêter la marciie de ce parti- san, il parvint à disperser toute sa troupe et à !e luer lui-même, après un combat sanglant. Ce suc- cès le fit nommer major-général. La guerre ayant éclaté ensuite en- tre les Mahrattes, à l'occasion de l'ambition de quelques - uns de leurs chefs, et les Anglais ayant pris le parti du l'aishwa, chef des Wahraltes occidentaux, on mit à la disposition du major -général Arthur un corps de cavalerie pour se porter à son secours. Après une^

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marche longue et pénible, il at- teignit les troupes reunies de Scin- diah et du Rajah de Berar, qui ve- naient de se réconcilier avec Hol- kar, et les vainquit tous trois près du village foilifié d'Assye , qui donna son nom à la bataille; aus- sitôt, sans donner à ses ennemis le temps de se reconniûire, et sans écouter leurs propositions de paix, il se mit à la poursuite des Mah- rattcs, détruisit la cavalerie de Scindiah, défit l'infanterie de Be- rar dans les plaines d'Argomme , se rendit maître de la forteresse de Gaivilphar, et in)posa aux deux chefs les condition? les plus rigou- reuses. L'audace et l'activité que ce général déploya dans cette oc- casion contrastent étrangement avec la lenteur et la circonspec- tion qu'il montra dans des cir- constances autrement importan- tes, et qui pouvaient lui devenir si fatales, si la fortune ne l'eût puissamment secondé; la victoire d'Asëyeeutde tels résullnts, qu'un monument fut élevé à Calcutta pour en perpétuer le souvenir ; le vainqueur recul les remercîmens du parlement d'Angleterre, et fut nommé chevalier de l'ordre du Bain. De retour en Angleterre, en i8o5, il eut le commandoujent d'une brigade dans l'armée du gé- néral Cathcart, destinée à agir sur le continent, mais que la victoire des Français à Austerlilz obligea de se rembarquer. H remplaça à celte époque le marquis de Corn- wallis en qualité de colonel du ^8" régiment, dont il avait été lieu- tenant-colonel pendant treize ans. En 1806, il fut élu député deNew-

{lorldansTiledeAVight à la cham- ire dus commuoes; et épousa dans

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la m*Mne année miss Pakenham , sœur du comte de Longford. Nom- mé, en 1807, premier secrétaire de l'Irlande, il quitta ce poste a- vaut d'en avoir exercé les fonc- tions, pour commander la réser- ve envoyée en Danemarck, sous le général Cathcart ; contribua puis^amment au succès de l'af- faire de Kinge, et fut ensuite char- gé , pour son pays, de la capitu- lation de Copenliague. On se rap- [lelle l'impression que fit en Eu- rope, à cette époque, cette grande iniquité politique ; elle se termina par des remercîmens unaniuies votés à l'armée par les deux cham- bres, et adressés personuelleme;it par l'orateur des communes au général Wellesley, lorsqu'il y re- parut à son retour. Elevé , en 1808, au grade de lieutenant-gé- néral, il fut chargé de l'expédition de Forlngal; il débarqua à l'eni- bouchure du IMondego, se réunit au général Spenceir, qui lui ame- nait 5,000 hommes de renfort, et se dirigea sur Lisbonne. Le i8 août, l'armée anglaise rencontra l'avanl-iiîarde du général Junot, et engagea un combat sanglant, elle eut quelque avantage; les Français prirent leur revanche le 21 , troi« jours après; sir Arthur Wellesley, qui jusquc-li avait di- rigé les opérations, contrarié dans quelques-unes dts mesures qu'il avait conseillées, et que le com- mandant en chef n'avait pas sui- vies, remit ses pouvoirs a sir Hew Dalrymple, qui négocia avec Jii- not la convention de Cintra, sous la condition que les Français éva- cueraient le Portugal et repasse- raient en France avec armes et bagages. Celle cuuvcDlion , ([hI

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fut iinprouvoe en Aiiglctcrre , y tlovint la iiialiiire d'un procès in- tenté au géiiéral Dilryinple, dans lequel sir Arlluir Wclleslcy fut en- tendu, (e qui le retint quelque temps éloij^né de l'armée; eniin il repartit avec le titre de vicomte de Wellin^^ion , et le commande- tnent en chef de l'armée anglo- portugaise. 11 débarqua à Lisbon- Jie le 2'2 avril 1809, marcha vers le Douero, attaqua à Oporto le maréchal Soult avec des forces .•î-upérieurcs, et l'obligea d'aban- doiiner le Portugal. Revenant aus- sitôt sur .ses pas , il rentra en Es- jîagne , et alla occuper la position de Talavcyra de la lleyna , il soutint pendant deux jours, sans être débusqué, les eflbrts des trou- pes françaises. Ce succès négatif fut regardé en Angleterre comme une victoire conijdète; le général "Wellington y devint l'objet de l'enthousiasme général ; les deux chambres lui volèrent des remer- cîinens et une annuité de deux mille livres sîerling^.et le roi lui accorda la pairie avec le titre de lord vicomte AVellington de Tala- veyra. Les maréchaux Soult et Ney reparurent bientôt, et pas- sant rapidement de Salamanque en Estramadure, ils forcèrent le général anglais de traverser le Tage sur le pont de l'Arzobis- po 5 qui était sa seule ressour- ce , comme il l'avoua lui-mê- me, et de rentrer ainsi en Por- tugal; il donna de cette retraite forcée plusieurs motifs qu'il ne nous appartient pas d'apprécier. Il profila du repos qu'on lui laissa pendant quelques mois pour pré- parer la défense du Portugal; tous ses cirorls se bornèrent à prendre

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une forte position sur la Coa, k être témoin dos sièges Ciudad- Rodrigo et d'Alnu';ida, entre- pris par Masséna, et à voir tom- ber la première de ces places au pouvoir du maréchal. Celui-ci voulut profiler de ce succès pour emporter le poste formidable de Busaco, que lord Wellington oc- cupait encore ; mais ce ne futqu'a- près plusieurs tentatives inutiles qu'il parvint à tourner sa position et à le forcer à la retraite; le gé- néral anglais alla en toute hâte se rcnfermerdans les lignesqii'il avait fait construire, avec des précau- tions infinies et le plus grand se- cret, à Ïorrès-Védras, appât fu- neste contre lequel la valeur fran- çaise, sans calculer le danger, alla presque toujours se briser en vains efforts. Masséna, ix la vue de ces immenses retranchemens, deman- da des renforts, et après les avoir attendus six mois iimtilement, il quitta les lignes devant lesquelles il était resté forcément inaclif, et rentra en Espagne, retraite habile qui procura à lord Wellington le titre de marquis deXorrès-Védras. Ainsi son gouvernement le ré- compensait, non pas pour avoir remporté des victoires, mais pour avoir évité des défaites. Quelque temps après , voulant s'illustrer par des succès positifs, il alla blo- quer la ville d'Aiméida; le prince d'EssIing accourut pour la dé- fendre, livra bataille à l'ennemi, et le mit dans le plus grand dan- ger , lord Wellington ayant Al- méida à dos et s'élant laissé accu- ler à la Cca. Deux jours après, la garnison se fit jour à travers l'ar- mée anglaise, après avoir fait sau- ter les ouvrages de la place. Ceci

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s'était passé au mois de mai 1811; 'es 6 et 9 juin, le général Wel- lington voulut regagner h Badajoa ce qu'il avait manqué à Alméida; mais il fut repoussé avec une perle considérable dans les deux assauts qu'il fil donner i"! cette vil- le. En septembre, il passa le Tage pour prendre ses cautonnemens d'hiver, prépara l'attaque de Ciu- dad-Rodrigo, et tomba sur cette place ù l'iujproviste ; Il l'emporta d'assaut à la suite de onze jours de tranchée, le 11 février 1812. Après ce succès, il fut créé par la régence grand d'Espagne de pre- unère classe , et nommé comte d'Anglcicrre par le prince-régent, qui lui lit aocorder en outre, par les deux chambres, une nouvelle pension de deux mille livres ater- lings. Le comte d'Angleterre vou- lant justifier sur-le-champ ces fa- veurs, reprit l'attaque de Badajoz avec toutes ses forces, et s'en em- para après avoir perdu beaucoup de monde. Maître alors de la cam- pagne, il repassa le Tagc, et en- tra en Ca.stilie avec une artnée imposante. Cependant le maréchal Marmunt, ayant été rejoint par le général Uonml, se crut asst;z fort pour et) mesurer avec les Anglais, et commença rne suite de ma- uoeuvres qui inquiétèrent leur général, et l'cnjpêchèrent d'a- gir. Celte conduite donnant plus de confiance au maréchal, il n'at- tendit pas les renforts des ar- mées du centre et du Nord, et passa sur la gauche de la Tormès. Lord Wellington prit une position favorable pour l'observer, et au moment le flanc gauche de l'armée française manœuvraitpour envelopper »oq aile droite, il al-

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taqua celte armée du côté elle se trouvait afl'aiblie , la renversa tout entière, cl remporta la vic- toire de Salamanque. Le combat ne cessa qu'à la nuit. Le lende- main, 25 juillet, il se mit à la poursuite des Français; mais fai- sant tout i\ coup volte-face, il re- passa le Douero , marcha sur Ma- drid, comme Impatient de jouir des acclamations de la capitale, et y fit une entrée triomphante. De nouveaux remercîmens lui furent décernés, on lui conféra de nou- veaux titres , et la chambre des communes vota une somme de cent mille livres sterlings pour lui former un établissement. La su- périorité morale que lord Wel- lington avait voulu donner au parti du roi Ferdinand , en parais- sant en vainqueur à Madrid, dé- viât presque nulle par le défaut de moyens pour l'appuyer. Le maréchal Soult avait quitté Cadix et l'Andalousie, et marchait con- tre lui; le général Souhani, qui remplaçait le maréchal Marmont, s'avançait sur Burgos. Lord Wel- lington, voulant se faire un point d'appui contre ces forces réunies, essa3'a d'attaquer Je vieux chAteau de celle ville ; mais il échoua complètement ; le général Dubre- ton , qui le commandait, le força de s'éloigner. Cette imprudente entreprise fut blâmée par ses par- tisans mêmes. Cependant quatre artnées françaises, dont il n'avait pas su calculer la marche, ve- naient sur lui, et l'atteignirent au-delà de la Tormès ; sa position était critique au dernier point; ce furent les généraux français qui l'en tirèrent ; un repos de qua- rante Iieures qu'ils furent forcés

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rl'accortlcr à leurs urm»';cs, donna le t«;iTips;iii génénil anj^lai* de s'é- chapper tt d'opérer sa retraite s.'ins aucuneperle; ce résultat inaltendii fournit une nouvelle occasion de lui prodiguer de nouvelles récom- penses. Le prince-régent, délivré à cette époque des restrictions de la régence , usa de son pouvoir pour créer lord Wellington mar- quis du royaume-uni, et le parle- ment lui vola encore une gratifi- cation de cent mille livres ster- ling ; il avait été créé en Portugal comte de Vimieira et marquis de Torrès-Védras. Lord Wellington , pour opérer l'évacuation totale de Ja Péninsule, se rendit à Cadix en janvier 18 13, cl communiqua en personne avec la régence de cette ville. Le résultat de cette démarche fut qu'on plaça sous son commandement immédiat les armées espagnoles mises sur un meilleur pied, et que la totalité de ses forces s'éleva à 80,000 hommes. Pour l'exécution de ses projets, il fallait tromper l'armée française, qui occupait une forte position derrière le Douero. Il si- mula une attaque de front avec deux divisions , tandis que son année passait le fleuve quelques lieues au-dessous, et tournait ain- si la position des Français, qui se replièrent sur Burgos, et de lu sur Vittoria. A la lauie que fit le ma- réchal Jourdan de prendre posi- tion dans le bassin de Vittoria, sans être en état d'attendre l'en- nemi , il ajouta celle de s'affaiblir encore en détachant la division Maucnne pour escorter un con- voi. Le résultat de ces mesures fut la perte du poste important d'ArlauzoQ ot de la bataille de \it-

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toria, qui eut lieu le 24 mai i8i3i et dans laquelle les Français, cé- dant à la nécessité, abandonnè- rent leurs positions, un nombre considérable de canons, chariots, munitions, bagages, etc. Le grade de feld-maréchal , une lettre du prince -régent, des remercîmens votés par le parlement, el le don de la terre de Sotlo di Roma, que lui firent les cortès d'Espagne, furent la récompense de cet avan- tage signalé. Lord Wellington fit aussitôt commencer les sièges de Pampelune el de Saint-Sébastien, el repoussa le maréchal Soult, (|ui s'avançait au secours de ces deux places; mais bientôt il retomba dans ses anciennes hésitations, et ne se détermina h passer la Bidas- soa qu'au mois d'octobre suivant. Ce retard, que rien ne peut jus- tifier, donna le temps au maré- chal Soult de réorganiser une ar- mée alîaiblie, et de forlifier les places importantis pour les met- tre à l'abri d'un coup de main; et lorsque le général anglais se fut décidé à marcher en avant, ce fut avec une lenteur qui semblait an- noncer la crainte de rencontrer l'ennemi. Enfin les deux armées se trouvèrent en présence le 27 février 1814 » près d'Orthès ; les Français, malgré leur infériorité numérique, firent une belle résis- tance , mais ne purent tenir la route de Bordeaux, les Anglai*, sous les ordres du général Dal- housie, pénétrèrent le 12 mars. Le maréchal Soult, après quel- ques succès obtenus sur son anta- goniste , s'était retiré sous les murs de Toulouse, il se forti- fiait pour défendre le passage de la Garonne; le général anglais ly

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Suivit, et se hasardii enfin à lui sée? , il établit aussitôt son quar- livier bataille le 10 avril; 20,000 tier-gtlnéral à Bruxelles , et y pu- li(jmmes avaient à se défendre blia une déclaration des pnissan- contre 80,000; on se battit avec ces au peuple français, pour l'en- acharnenient ; les Anglais perdi- gager à ne prendre aucune part à reut plus de soldats que n'en la nouvelle lutle qui allait s'enjra- eomplait l'armée française, et la ger, assurant qu'elle n'était diri- victoire se serait inévitablement gée que contre la per>onue de déclarée pour celle - ci , sans la Napoléon. Les maux qui avaient faute que fit un général de divi- suivi la première invasion ne dis- sion de se laisser trop emportera posaient pas les esprits à ajouter son ardeur, en quittant le poste foi à ces proujesses bienveillantes, qu'il avait ordre de garder (voy. et l'on se réunit autour de Napo- l'art. Soclt). line suspension d'ar- léon pour repousser du territoire mes fut proclamée, etsuivie d'une français les troupes étrangères, convention qui terminaenfin cette Dès le i5 juin i8i5, ce prince a- lorigue et sanglante lutte. On ne vait passé la Sambre, et se trou- calcula p;is en Angleterre ce que vaiten mejsure d'altaqiur les Prus- le dernier succès de lord W'el- siens, qu'il défit à Ligny. Aussitôt lington lui avait coûté; l'orgueil voulant profiler de ce premier national l'exagéra sintoul pour succès, il se porta avec son acti- rendre plus bumilianle peut-être vite ordinaire contre l'armée an- la chute du seul ennemi qu'elle glo - hollandaise , qui se rassem- eut à redouter; et les dernières Liait en avant de Bruxelles. Dans récompenses que le souverain et le le moment même, le duc de Wel- parlement pouvaient lui décerner lington se trouvait à un bal <lans après toutes celles qu'il avait déjA la capitale des l'ays-Bas , chez la riîçufs , lui furent otî<;rles : le duchesse de Ilichmond. (î'est prince-régent le créa marquis de qu'il reçut la première nouvelle Douero et duc de AVellington, et de l'échec éprouvé par les Prus- le parlement vota en sa faveur siens. Il part aussitôt avec son 400,000 livres sterliugs, qui de- état-major, et se hâle de réunir vaient être employées en achat de SfS troupes sur Waterloo, bourg terres. Il se rendit ù Londres peu sitwc à trois lieues de Bruxelles, de temps après, et reçut pour la ayant derrière lui la forêt de Soi- douzième fois les reu)ercîmens gnies. Un combat sanglant s'en- des deux chambres , auxquelles gagea le 16 entre le corj)S du ma- se pré».cnla le 1" juillet. Le 5 juil- réchal Ney el les tfoupe» belges , let, lord Wellington fut nonnné sous les ordres du prince d'Oran- nmbn«sadeur auprès du roi de ge , renforcées de quelques régi- France, et envoyé ensuite au con- mens anglais; mais il n'eut aucun grès devienne, il se trouvait résultat. Le 17, Napoléon, près- encore lors du retour de Napoléon que eertain de triompher, s'avan- en France au mois de mars i8i5. ça vers les champs de Waterloo, Proclamé parles souverains alliés el le lendemain 18, eut lieu celle généralissime des troupes coall> bataille terrible, taut de &ang

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lut vcrsû, Je si graïul? in- térêts turent déhaltus, «t le sort de la France lut mis uny se- conde fois en que.slion. Cette ba- taille, également connue sons le nom de journée de Mont-Sainl- Jean, de Belle- Alliance ou de Waterloo, l'opinirilrelé dans la défense répondit pendant tout le jour ii l'impétuosilé des atta- ques, allait se terminer par un dernier effort les Français a- vaient réuni tout ce qui devait leur assurer un succès complet, lorsque vers les cinq heures, ils virent arriver sur leur flanc l'a- vant-garde de l'armée prussienne qui , ralliée et renforcée , mar- chait au secours des Anglais. Bien- tôt débordés et chargés avec vi- gueur, toute résistance leur fut impossible, et leur valeur ne leur servit qu'à trouver la mort , qu'ils préféraient à la fuite. L'histoire seule peut rendre un compte im- partial de ce grand événement ; elle dira comment une défense, en quelque sorte improvisée, pré- valut sur le plan d'attaque le plus savamment conçu ; comment Blu- cher, complètement battu deux jours auparavant, reparut tout à coup au moment décisif; com- ment, d'un autre côté, des géné- raux français négligèrent d'exécu- ter des ordres donnés à plusieurs reprises, ou restèrent immobiles au bruit du canon qui écrasait leurs frères dTarmes ; comment enOn le cri funeste de sauve qui peut, qui avait déshonoré les pre- mières batailles de la révolution, se Gt entendre dans celle qui de- vait la terminer lilùcher, à la

tête de sa nombreuse cavalerie , profita du désordre qui se mani-

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fesia dans l'armée française pour la ])oursuivre à outrance. I>e» deux généraux ennen)is arrivè- rent sous les murs de la capitale au moment Napoléon venait d'abdiquer pour la seconde fois. Après diCférens pourparlers , on capitula; l'armée française se re- tira au-deh'i de la Loire, et les Bourbons rentrèrent dans Paris. Lord Wellington no tarda pas à recevoir de sa patrie de nouveaux témoignages de gratitude. Les deux chambres lui votèrent des remercîmens, et une somme de 200 mille livres slerlings fut ajou- tée à toutes celles qu'il avait déjà reçues, et tous les souverains de l'Lurope, rivalisant de munificen- ce avec l'Angleterre, prouvèrent quelle importance ils attachaient aux événemens de Waterloo. A la suite du traité du 20 novembre 181 5, lord W'ellington réunit les fonctions diplomatiques à sou commandement militaire; devenu ainsi responsable des mesures dic- tées par le comité qui, depuis celte époque , a paru gouverner l'Europe. Sa gloire a déjà trouvé des juges sévères, et peut -être des détracteurs chez les peuples qui ont cru avoir à se plaindre de ces mesures dont il n'était quo l'instrument. Au reste, on s'ac- corde à rendre justice à son im- partialité dans les discussions qui ont eu lieu entre les puissances alliées et la France, au sujet des réclamalions que faisaient les su- jets de ces puissances contre le gouvernement français ; il contri- bua également à l'évacuation de la France, ordonnée en 1818, par les souverains rassemblés à Aix- la-Chapelle. C'est au commence-

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ment de celte année que, rentrant dans son hôtel à une heure du matin, on tira, dit-on, sur sa voiture un coup de pistolet qui ne laissa aucune Iracu. Cet évé- nement lut jujçé diver.sement par le public; il donna lieu à un pro- cès qui, malgré les recherches les plus exactes, ne procura aucune lumière sur les auteurs de cet é- vénement. Lord Wellington, dans les diverses positions il s'est trouvé, a iTionlré un caractère honorable; sévère sur la disci- pline, mais ami du soldat, il sait l'attacher à ses devoirs en pour- voyant A tous ses besoins; il fit aimer riiumanité aux guérillas en donnant trois piastres pour cha- «jiie prisonnier qu'on lui amenait; enfin étant généialissime des trou- pes étrangfères eu France , il évita autant qu'il le put la vicdence et les désordres. Quant à ses lalens diplomatiques, on ne put guère en juger dans la mission toute pacifique qu'il remplit en France. 11 est bien difficile de n'avoir pas raison quand on peut disposer de i5o,ooo baïonnettes. Lord Wel- lington, depuis son retour dans sa patrie, s'est peu lait remar- quer dans les débals parlemen- taires, si ce n'est par «on opposi- tion constante aux vœux de ses compatriotes d'Irlande. 11 a élé nommé, à la fin de 1818 , grand- maître de l'artillerie, charge qu'il occupe encore aujourd'hui (1825). Lareconnaissancenatiotialea vou- lu ajouter aux dons brillaus et so- lides dont le général anglais avait élé comblé, plusieurs monumens, parmi lesquels on ci le le pont dit de /^a/cr/00. Lord Wellington a deux fils de son mariage avec miss Pan-

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kenham; l'aîné, .Igé de 18 ans, porte le titre de marquis de Doue- ro. Il ne sera pas sans intérêt pour le lecteur de connaître l'opinion de l'empereur Napoléon sur lord Wel- lington, que les hardis pruneurs de ce général ont osé mettre en paral- lèle avec le premier capitaine des temps modernes. » Lord Welling- ton, disait l'empereur [voj. les uîémoires de M. Las Cases, tome Vll,pag. 277), n'a qu'un talent spécial ; Berthicr avait bien le ?ien. 11 y excelle peut-être ; mais il n'a pas de création ; la i'ortune a plus fait pour lui qu'il n'a fait pour elle. Quelle différence avec ce Marlborough , désormais son émule et son parallèle ! Marlbo- rough, tout en gagnant des ba- tailles , maniait les cabinets et subjuguait les hommes. PourWel- lington, il n'a su que se mettre à la sm'te des vues et des plans de Castelroagh ; aussi M'" de Staël avait-elle dit que, hors de ses ba- tailles, il n'avait pas deux idées... Ses victoires, leur résultat, leur influence hausseront encore, mais son nom baissera , même de son vivant, etc. » M. de Las Cases avait rapporté (pag. 275 et 27G ) ce qui suit : « On m'assura, disait Napoléon , que c'est par Welling- ton que je suis ici ( Sainte-Hé- lène ) , et je le crois. C'est digne , du reste, de celui qui , au mépris d'ime capitulation solennelle , a laissé périr Ney, avec lequel il s'était vu souvent sur le champ de bataille. Il est sftr que pour nmi je lui ai fait passer un mauvais quart -d'heure. C'est dèsormaiH nu titre pour les grandes Ames ; la sienne ne l'a pas senti. Ma chute et le sort qu'on nie rcser-

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v;iit lui ménageaient une gloire bien supérieure encore à toutes ses victoires, et il ne s'en est pas tlouto. Ah ! qu'il doit un beau cierge au vieux Blucher ! Sans celui-là , je ne sais pas serait sa Grâce, ainsi qu'ils l'appellent; mais moi , bien sûrement je ne serais pas ici. Ses troupes^ont été admirables, ses dispoî'itions à lui pitoyables, ou pour mieux dire, il n'en a fait aucune. Il s'était mis dans l'impossibilité d'en faire, et, chose bizarre, c'est ce qui a fini par le sauver. S'il efit pu com- mencer sa retraite, il était perdu. Il est demeuré maître du champ de bataille, c'est certain ; mais Ta- l-il à ses combinaisons? Il a recueilli les fruits d'une victoire prodigieuse ; mais son génie l'a- vait-il préparée?... Sa gloire est toute négative; ses fautes sont im- menses. Lui, généralissime euro- péen, chargé d'aussi grands inté- rêts, ayant en front un ennemi aussiprompt, aussi hardi que moi, laisser ses troupes éparses, dor- mir dans une capitale , se laisser surprendre! Et ce que peut la fa- talité quand elle s'en mêle ! En trois jours, j'ai vu le destin de la France , celui du monde échapper à mes combinaisons! D'abord sans la trahison d'un général qui sort de nos rangs pour aller avertir l'ennemi, je dispersais, je détrui- sais toutes Ces bandes, sans qu'el- les eussent pu se réunir en corps d'armée; puis, sur ma gauche, sau,s les hésitations inaccoutumées de ISey aux Qualre-Bras , j'anéan- tissais toute l'armée anglaise. En- fin, sur ma droite, les manœuvres inouïes de Grouchy, au lieu de garantir une victoire certaine, ont

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consommé ma perte et précipité; la France dans un gouffre. » Le docteur O'Méara, dans ses Mé- moires (tome 1", p;»ge 4^2 )j ^e trouve en parfaite harmonie avec M. de Las Cases sur la conduite de-lord Wellington à Waterloo. A son rapport, Napoléon dit parti- culièrement : « Il n'avait aucun moyen de retraite, et s'il eût cher- ché h l'effectuer, il n'aurait pas sauvé uii seul homme de son ar- mée. Il dut le gain de la bataille d'abord à la fermeté et à la bra- voure dos troupes, car les Anglais se sont battus avec le plus grand acharnement et le plus grand cou- rage ; ensuite à l'armée de Blu- cher, à qui on devrait plutôt at- tribuer la victoire qu'au duc de Wellington , parce qu'il a déployé plus de talent comme général. Battu la veille, il avait rassemblé ses troupes , qu'il conduisit au comb«t dans la soirée. »

AVESTERMANN (François-Jo- seph), général au service de la ré- publique, naquit en 1764» û Mols- heim, en Allemagne, et était offi- cier au service de France, lorsque la révolution éclata. Républicain par caractère, il embrassa les nou- velles opinions politiques avec une ardeur extrême, et devint greffier de la municipalité de Ha- guenau en \y()0. La part qu'il prit aux troubles qui éclatèrent a- lors dans cette ville, le fit mander à Paris, il fut bientôt chargé de diriger à la tête des Marseillais et des Brcslois, l'attaque du 27 juil- let, 1792. contre les gardes natio- naux réunis en banquet aux Champs-Élisées, et dont la réu- nion était suspecte aux chefs, qui voulaient le renversement de U

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monarchie. Le lo août 1792, Westermann ù la tête des Bre^tois, ■se signala avec un courage qui tenait de la fureur à l'attaque du château des Tuileries, il entra le premier. C'est contre les Suis- ses surtout qu'il montra la plus grande animosité. Envoyé peu a- près à l'armée des Ardennes en qualité de commissaire et avec un grade militaire, il g;"gna la con- liaiice de Dumouriez, qui le char- gea des fonctions d'adjudant-gé- néral. Westermann, nommé com- mandant de la légion du Nord, justifia son avancement par sa bravoure et ses lalens , et rendit dos services signalés »'n 1792 et 1 790. Le grade de général de bri- gade en fut la récompense. Il pas- sa dans la Vendée, sous les ordres de liiron , et eut d'abord des suc- rés vers Parlhenay et (>hraillon. Mais les revers qu'il éprouva dans celte dernière ville, le 5 juillet (179,1), le firent destituer et tra- duire à la barre de la convention nationale. S'étanl justifié devant le tribunal militaire, la conven- tion l'avait renvoyé, il repartit aussitôt pour la Vendée, , sui- vant les ordres qu'il avait reçus, il incendia les villes de Thouars, de Bressuire et de TifT.inges, et rava- gea les châteaux et les terres de lliM. de Lescure et de La Uoche- Jacquelein. Cette fidélité à des or- dres barbares ne put le sauver d'une nouvelle proscription. D«'s- tilué une seconde fois, et égale- ment traduit à la barre de la con- vention, il se justifia. Danton, son ami, fit rendre un décret il était dit que Westermann avait parfai- tement bien rempli ses devoirs. Carrier et Collol-d'Herbois l'ac-

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cu?èrent d'intrigues, et Hébert le signala burlesquement comme un vionstrc et un modéré. La vérita- ble cause de cette inimitié était l'attachement que Westermann portait au parti des Cordeliers. Il fut traduit au tribunal révolution- naire avec Danton, Camille-Des- moulins et plusieurs autres, et condamné à mort le 16 germinal an 2. Son courage ne se démentit pas un seul instant, et il reçut la mort avec le plus grand calme.

WIELAND (CHRisToi-nE-MAR- TiN ), célèbre écrivain, qui, pen- dant une longue suite d'années, a illifhtré la littérature germanique,- par de nombreux ouvrages, tant en vers qu'en prose, naquit en 1755, dans la petite ville de Bibe- rach, en Souabe. Il fil d'excellen- te» études, qu'il acheva à l'univer- sité saxonne d'Erfurt. Son goftt pour les vers se développa de bonne heure. A l'âge de 14 ans, il avait composé un poëme sur la Destruelion de Jérusalem, ouvra- ge qui annonçait déjà un talent réel. Bientôt le jeune poète prit un essor plus élevé, et marcha de succès en succès. Doué d'une sen- sibilité véritable, d'une imagina- lion brillante, et sachant don- ner à la langue allemande, riche mais rude, une flexibilité mu- sicale et gracieuse inconnue avant lui, il excita l'enthousiasme de la plupart de ses concitoyens, qui lui décernèrent le surnom glo- rieux de l^oltaire de l' Allemagne. Wicland ne s'est pas sans doute toujours distingué par ce tact exquis, ce goût aussi sûr que fin, qui caractérisent éminemment la plupait des productions de l'in- cumpurabl^ écrivain dont la Fran-

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te s'honore. Mais au moins s'en rapproche-t-il souvent par réclat de son imagination, par une laci- Mté extraordinaire à traiter toulea sortes de sujets, à passer du grave au doux, du plaisant au sévère, i\ faire jjadiner la philosophie, et ;\ orner des grâces du plus aimable enjouement, les austères précep- tes de la morale même. W'ieland avait étudié les anciens d'une fa- çon plus érudile que la plupart des poètes , et joignait à ses talens des connaissances étendues. Sa conversation était pleine de char- nue; animé, enthousiaste comn)e tous les hommes de génie, il avait conservé jusqu'à la lin de sa lon- gue et honorable carrière tout le feu de son heureuse jeunesse. Quelques critiques envieux, s'a- charnèrent après ses ouvrages , mais ne purent troubler sa vie. Son noble caractère le mettait à l'a- bri de toute atteinte partie d'aussi bas; de nombreux amis, les suf- frages d'un public éclairé, la bien- veillance a''un prince généreux, Î|ui s'était lîmpressé de raccueil- ir dans ses étals, et qui l\ii con- serva jusqu'à la fin la même alTec- tion , l'auraient d'ailleurs facile- ment consolé des attaques de ses adversaires. Ceux-ci lui repro- chaient surtout de corrompre le goût allemand, de manquer de nationalité, de céder à une in- ïlucnce étrangère, et de chercher il transplanter tiur l'antique sol de la (iermanie les futiles beautés de la lilléraliire française. Le simple énoncé de ces gi'iefs suffit pour en faire apprécier la -valeur. Plus heu- reux que tant d'antres hommes de Jcitres ses contemporains, Wie- iand n'eut jamais à lutter caulre

le besoin , ni à Implorer la pro- tection du puissant, si souvent | payée par le sacrifice de l'indé- | pendance du faible. Cet écrivain jouit de bonne heure de toute sa renommée, et des distinctioris dues i\ sor) mérite. Dès l'année 1762, il se fixa à "Weimar, ville qu'on appelait déjà V Athénée de C Allemagne, une cour libéra- le recherchait la société des hom- mes les plus distingués , et l'a- mour des lettres et des beaux-arts servait de lien fraternel entre toua les rangs. Il y contracta une heu- reuse alliance qui répandit du charme sur le reste de sa vie. Ad- mis bientôt dans la familiarité des souverains, il fut nommé par le duc de SaxeWeiinar son conseiller in- time. Les principales académies de l'Europe s'honorèrent en l'admet- tant au nombre de leurs mem- bres. Napoléon lui envoya la croix de la légion-d'honneur, et plu- sieurs princes, à son exemple, le décorèrent de leurs ordres. Char- gé d'ans et d'honneurs, Wieland termina paisiblement sa carrière au milieu d'amis fidèles, et au sein d'une famille qui le cliérissait ten^ dremcnt. Il mourut à "NVeimar, vers la fin de 1818, à l'âge de 85 ans. Ses œuvres complètes, qui ont eu plusieurs éditions en Alle- magne, forment un grand nombre de volumes. JNous nous bornerons à citer ici quelques-uns de ses ou- vrages. Ses premiers essais furent des imitations des anciens. A 18 ans, il publia un Art d' Aimer j peu de temps après parut un Poè- me sur la nature des choses, qu'il avait terminé en trois mois, et dans lequel on trouve développés avec talent, les systèmes philoso-

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j)hiqiies tle IMalon et de Lribnitz. Deux Iragéflies et deux poèmes envers licxainètres, l'un intitulé Abraham, et l'nulre, Cyrus, suivi- rent de près. Le foinan philoso- phique d'Agal/ion, qui pa^se pour un des chefs-ii'œnvre deWieland; celui do Peregrinus Protéc, ou les dangers de C enthousiasme , que plusieurs personnes préfèrent en- core, une foule d'autres ouvrag:es en prose, prouvèrent la fécondité inépuisable et la flexibilité du ta- lent de cet auteur, qui se prêtait à d»;3 sujets aussi divers, et qui sut fondre habilement dans tous ses écrits, la philosophie et l'érudi- tion, la sensibilité et Tenjoue- inent. Musarion, la Philosophie des Grâces, Idris, })oëni(* héroï- comique, l'Histoire d'un jeune Grec, le Miroir d' Or ou les hois du Cliéchian, roman politique, II* Nouveau Don Quichotte, le char- mant poëme (VObéron, qui seul efit suin pour placer le poète au faîlc du Parnasse germanique, des poésies légères pleines de grâ- ces, des Nouvelles comiques , sont encore dus à sa fertile plume. Dis- ciple de Socrate et de l'iatori, sou- vent heureux émule d'Horace, de Tibulle, de Lucien, couleur nimahle connue ILtmilton, on ri;lrouve encore dans se» écrits en jirose, une partie de la grâce et lie la facilité de Voltaire, et dans ])lusieurs de ses poëmes (tels qu'Idris et Obéron), la verve et l'imagination féconde de l'Arios- le. Ainsi que les hommes de let- tres les plus distingués de son é- po(jue, Wieland était sincère ami de In liberté, et fut fidèle à celle noble cause jusqu'à sa mort. S'il y avait quelque seeplicisme en sa

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philosophie, il n'y avait ni doute ni hésitation en son dévouement à la pairie et aux intérêts sacrés de riiuiiianité. Il rédigeait encore en 1818, année de sa mort, un journal politique intitulé l'Amida peuple^ dans lequel il donnait un libre cours à ses seniimens. Celte feuille, conlinuée quelque temps par un digne successeur, qui ma- nifestait les mêmes principes li- béraux, a été supprimée avec la liberté de la presse, dont les con- grès de Carlsbad et de Vérone ont jugé l'Allemagne indigne de jouir. Les ouvrages de Wieland ont pas- sé en grande partie, par des tra- ductions plus ou moins heureu- ses, dans toutes les langues de l'Europe. Plusieurs écrivain» é- trangers ont aussi puisé largement dans cette mine féconde, sans in- diquer leurs emprunts. Il existe en français une traduction de l' A- gathon, une plus estimée encore du Peregrinus Protée, par M. Grif- fet de la Baume; dans celles A'Oheron et de quelques autres poëmes, les traducteurs ont eu à lulter contre la dilïiculté presque insurmontable de transmettre en une langue si diiTérente de tours, de construction et de génie, les beautés originales de la poé^^ie teu- tonique. Aussi ces imitations, qui ne donnent qu'une faible idée de l'original, ont-elles été peu re- cherchées.

WIELHORSRI (Joseph), gé- néral polonais, elc. , était déjà au service avant 1792. Ayant passé dans les légions polonaijies en Ita- lie, il devint, au bout d'^ quelques années, général de brigade, et re- tourna dans son p^iys pour y vivre dans la retraile. Il reprit du sef-

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vice en 1806, et fut nommé suc- cessivement conseilier-d'état , et direcleur de l'admiiiislration de la {^lierre sons le prince Ponia- towski, alors mini-'-lre de la guer- re, il occupa ce poste jusqu'en 1814 > el fut appelé par l'empe- reur Alexandre à être membre du comité organisateur de l'armée polonaise. Mommé ministre de la guerre, il mourut dans celte char- ge. Doué d'un esprit vif et délié, d'un caractère aimable , d'une grande facilité dans le travail , il sut, comme homme public, mal- gré ixne maladie chronique qui- le retenait au lit une partie de sa vie, et lui causait des douleurs affreu- ses, il sut, disons-nous, se rendre utile et nécessaire au gouverne- ment dont il était toujours un des membres les plus actifs; coniuie homme privé, il fut toujours d'un commerce facile et agréable.

WILBERFORCE (N.), mem- bre de la chambre des coramune.s du parlement anglais, est né, en 1759, à Hull. Il fit ses études à l'université de Cambridge, et s'y lia intimement avec William Pilt. Dès l'âge de 21 ans, il fut chargé par sa ville natale de la représen- ter au parlement. L'aimée sui- vante, en 1787, il fut réélu, et commença à se faire remarquer en proposant l'abolition de la trai- te des noirs, proposition qu'il sou- tint avec une grande énergie , qu'il reproduisit souvent, et qui enfin triompha des plus grands obstacles. Approbateur de la ré- voluticm française, il mérita, le 26 août 1792, sur la proposition de lirissot, des lettres de citoyen français. Il justifia cette glorieuse adoption par le zèle et le courage

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avec lesquels il cornballit,de i fO* à 1 79b, le parti ministériel, si for- tement prononcé contre la France. Ses discours à ce sujet et sa noble persistance dans la cause de l''^ boliiion de la traite fixèrent l'at- tention de tous les amis de l'in- dépendance des peuples et de l'humanité; mais il perdit beau- coup de la considération qu'il a- Vdil acquise lorsque , en 1801, de- venu approbateur des actes du ministèrt- , il s'éleva contre ce qu'il appelait les vues dominatrices du premier consul Bonaparte. On le vit ensuite, non -seulement ap- puyer la suspension de l'acte lia- beas corpus, mais encore réclamer le renouvelleujent du bill contre les séditions, et accuser les mem- bres de l'opposition de n'attaquer ces me^ur•;s ultra - ministérielles « que parce qu'ils en craignaient l'eflet pour eux-mêmes. » Des es- pérances trompées ou une varia- tion trop habituelle aux hommes d'état qui cherchent la fortune ou la célébrité partout ils espè- rent raUeindre,le raiiienèrrnt sur les bancs de l'opjiosition. Le 3o avril i8of» , il provoqua la révoca- tion i\u bill sur les forces addi- tionnelles. En 1807, de nouvelles espérances ou la même mobilité d'opinions le rattachèrent aux mi- nistres. Il combattit la motion de lord Percy, tendante à donner graduellement la liberté aux noirs esclaves dans les colonies anglai- ses, déclarant «que telle n'avait jamais été son intention. » Dans' la même année , il soutint le parti des ministres contre lord Cochra- ne, qui accusait les homtncs en place de cumuler scaudaleuse- raent les traitemens et les pen-

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slons. Il vola, en 1810, en faveur de la résolution qui accordait la ré{^ence au prince de Galles, avec des re^tri^•tions dont l'opposition deuiandail l'anéanlissement. Les niinislres le retrouvèrent, en 1811 etea l^>l2, parmi leurs partisans. Srs attaques contre les luddistes le flrtnl aoeuser par sir Francis liiirdett d'être « prêt A souscrire à la torture et aux lois de sang que l'on avait suivies en Irlande. » On le vit encore, en 1814» s'opposer à la proposition en laveur des Norwégiens, qui réclamaient leur indépendance politique. Depuis ce temps, considéré comme un appui du ministère, M.Wilberforce a l'ait suspecter injustement sans au- cun doute sa sincérité pour la li- bi-rté des noirs. Quels qu'aient été au surplus ses motifs dans cclli; célèbre cause , les philan- llutqies ne voient que rbeureux résultat de ses elforts, et leur es- time est en propDrlion de l'im- portance du bienfait. iM.'Wilber- î'orce a pi\blie,en \'^Ç)-,\xn Exa- men pratiffue (h's sectes religieuses admises en Angleterre, et contraire au léritahie esprit du christianisme. Cet ouvrage eut du suceès, et fut plusieurs fois réimprimé.

WILKKS (N.), célèbre aider- niau et ensuite maire de liOndres, naquit dans celte ville, il se fit connaître pardesécrils énergiques et parsim oppo^^ition aux doctrines des ministres. Membre de la cham- bre des communes en i ^O 1 , il sou- tint avec j)lus d'éneigie encore ses principes politiques. Les minis- tre-* aux(|uels il était devenu o- dicux le privèrent injustement de sa librrté; mais il lu recou- vra, et attaqua vigoureusement

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ses oppresseurs : il en obtint des dédommagemens considérables. Long-temps l'idole du peuple, il rentra peu à peu dans l'obscurité, et mourut dans une sorte d'oubli en 1797. On trouve dans la Cor- respondance de La Harpe le por- trait de ce célèbre alderman, tracé par tm de ses compatriotes. Voici les passages les plus remarqua- bles : «'L'histoire a fait souvent justice des favoris des rois; il est peut-être bon de faire connaître un homme qui est devenu l'itlole du peuple anglais. Chez lui l'en- thousiasme est plus triste et plus dangereux que dans un autre pays, et un homme y a plus de liberté pour devenir méchant et factieux. Wilkes le sut, et conviul souvent qu'il n'eût osé être ce qu'il était, s'il n'eût connu son pays. Sa nais- sance était obscure ef sa laideur célèbre : ses porirails, qui sont eu grand nombre, eu donnent tme faible idée. Il était louche, ses dents étaient mêlées et crochues; son rire avait quelque chose d'in- fernal ; toutes ses passions se pei- gnaient avec énergie sur son vi- sage , mais sa phyyicmomic faisait pardonner ses traits, il aima beau- coup les femmes, et il se sentait, disait - il , capable de les aimer toutes, excepté la sienne. II em- ploya avec succès les moyens or- dinaires de se ruiner vile ; la né- cessité le lit écrire, et son goût l'a rendu écrivain factieux. Il a renoncé avec éclat aux grâces pu- bliques de lu cour, pour être plus sûrement le pensionnaire du peu- ple ; d'ailleurs il était trop odieux au roi et trop avili , pour qu'on pût se résoudre à l'élever. Il sup- pléa pur ses écrits au talent de 18

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parler en public, que la nature lui avait refusé; sou style est clair, énergique et pur, quoique fijçuré à l'excès. On dit que la logique de l'intérêt est courte; c'était la sienne. Sou intrépidité brava tous les événeniens . et il s'est inonlré avec courage dans quelques affai- res d'honneur. Sa conversation était vive et spirituelle , mais il y mêlait sans cesse des propos au- dacieux et des bouflbnneries ines- séantes. Il a osé taire mettre dans les papiers publics un parallèle de lui avec Brutus, libérateur de IVome, et un autre de sou his- toire ( Introduction à l'histoire d'Angleterre) avec celle de Hu- me. »

WILLOT ( LE COMTE ÂMÉDÉB

PE ) , lieutenant - général , con»- niandeur des ordres de Saint-Louis et de la légion-d'honiieur, est a Saint - Germain - en - La^'e , et était oiïicier à l'époque de la ré- volution, il lui dut un avance- ment rapide ; car dès le commen- cement d'avril ijgS, il était gé- néral de brigade. Pour parvenir en si peu de temps aux premiers grades de l'armée, il fallait avoir à un I aut degré l'esprit du temps ou posséder de grands talens mi- litaires. Nul doute que ce ne soit à ses talens qu-'il dut son avance- ment; toutefois la mauvaise for- tune l'emporta sur le mérite. Bat- tu à Perpignan et accusé d'impé- ritie , il fut suspendu. Uemis en activité, il défit Tenoemi, au mois de juin 1795, au passage de Deva, et au mois de juillet sui- vant, il entraîna, par les affaires des 14 et 1 5, la reddition de Bil- bao. II devint général de division à l'époque la paix. fut conclue

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avec l'Espagne (1795). Chargé d'un commandement sous le gé- néral Hoche dans la Vendée, il se brouilla avec son chef pour cause d opinion dans les affaires de l'Ouest. Kn 1796, il fut envoyé dans le Midi, .sa conduite est expliquée par la lettre (|u il écri- vait au directoire-exécutif, lettre dont nous citerons un passage qui n'aura pas besoin de commentai- res , les faits sont assez connus : « Les royalistes qui assassinent les républicains, disait-il dans cette lettre, les émigrés débarqués sur nos côtes, ne sont que des fan- tômes grossiers, avec lesquels on veut alarmer le gouvernement, pour donner une fausse direction à sa vigilance; le seul parti qu'il ait à combattre, est un amas d'a- narchistes , de brigands et de scé- lérats de toute espèce qui infes- tent ces contrées. » Sa haine pour la famille du général Bonaparte, qui combattait glorieusement en Italie, si; manifesta à cette épo- que par loutt-s sortes de persé- cutions subalternes. En l'an 5 (1797), le département des Bou- cheïi-du-Rhône nomma le géné- lal Willot député au conseil des cinq cents, il fut un des chefs de la faction de CUcliy. Il attaqua M. de ïalleyrand , qui venait d'ê- tre nommé ministre, et ne cessa, pendant quatre mois, de harceler par ses dénonciations le direc- toire-exécutif, qui, au 18 fructi- dor, le comprit dans une mesure de déportation contre plusieurs raembies du conseil et tous les membres de la commission des inspectems de la salle, dont le général W illot faisait partie. De la prison du Temple, il fut d'à-

bord enfermé, il fut embarqué avec ses collègues à Rocheforl pour la Guiaiie. Il s'échappa avec quelques-uns d'enlre eux, et ga- grïa les colonies hollandaises, d'où il jiassa en Angleterre, et de revint sur le continent. Le pre- mier consul Bonaparte, qui n'a- vait point oublié la conduite que le général Willot avait tenue en- vers sa mère , ses sœurs et ses frè- res, l'excepta du nombre des dé- portés . qu'il autorisa à rentrer en i7f)<). Le général >Villot, au rap- port des auteurs de diverses bio- graphies , chercha pour se venger ;i allmner b guerre civile dans le Midi, et se fit l'auxiliaire des Irou- pesautrichiennes dans le Piémont. La bataille de Marengo détruisit toutes ses espérances. Il s'embar- qua à Gênes avec un corps d'émi- grés suisses et français à la solde de l'Angleterre, et retourna à Lon- dres, où il se fit agent des Bour- bons. Lors de l'envahissement de la France par les puissances étran- gères, en 1814, il revint à Paris, tt bientôt partit pour les Etats- Lnis. De retour à la fin de i8i5, il fut nommé gouverneur de la 20'' division militaire, devenue 17' division en 1818. (Je commande- ment lui fut retiré en juin 1818, et rendu eu 1819, Il « ces?é d'en être revêtu en iHu'j.

WILSON (siH Robert- Tho- mas), major-général anglais, à Londres en 1777, d'un («ère qui avait acquis de la célébrité comme peintre et comme écrivain. Après avoir fait d'excellentes étudi-s, il entra dans la carrière militaire. Kn mars 1793, lorsque le duc d'York eut débarqué avec les troupes anglaises ù U elwo et Sluys,

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lejeuneWilsonserenditen Hollan- de auprès de ce prince, auquel il fut présenté par son beau-frère , le lieutenant - colonel Boswell. Le duc d'York agréa l'olFre de ses services, et il fut nommé, peu de temps après, lieutenant dans le i5° régiment de dragons. Il trou- va bientôt l'occasion de se distin- guer par sa ;aleur et ses talens militaires. Pendant la campagne de Flandres, en 1794, il eut, le 24 avril , en accourant bien A propos avec plusieurs de ses jeunes ca- marades , l'avantage insigne de sauver l'empereur d'Allemagne, qui s'était Hventuré loin de son camp avec une suite peu nom- breuse, et qui allait être fait pri- sonnier par des hussards français. Une médaille fut alors frappée en l'honneur de sir Robert Wilson, et il fut en outre décoré de l'or- dre uulitaire de Marie -Thérèse. Peu de temps après, il fut nom- mé capitaine, et passa avec son régiment en Irlande, il servit pendant les troubles de ce pays. Kn 1799, il accompagna de nou- veau le duc d'York dans sa se- conde et désastreuse expédition de Hollande. De retour en Angle- terre après la retraite précipitée de ce prince , il entra comme ma- jor dans un régiment levé par le baron de Hompesch, et s'embar- qua avec ce corps pour l'Egypte, il se fit encore remarquer dans plusieurs or;casions importâmes. Le commandant en chef de l'ar- mée anglaise le chargea de dilTé- rentes missions auprès du capiian* pacha, dont il s'acquitta ave(; suc- cès. Après que le général Kléber cul été assassiné, et que son suc- <^esseur au cumiuandeineat eut

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conclu la capitulation, ù la siiile de laquelle \ts liuu[)es JVariça!>t'S éyacuèient l'Ejryptc , ^ir Robert reviiit tu AnyleU'rio , et y f>"blia lin jneiuier onvraj^e , iiilidilé : Histoire de l'expédiliun des An- glais en Egypte , à laquelle est joint un élut présent du pays et de ses moyens de défeme^ avec cartes et le portrait de sir Ralpk Aber- cromhy. l/auteiir y montre une grande aniniosilé contre Je général en chel' Bonaparte, cl rapporte, t^ur ouï dire, quelques tiiits dont l'exa.-- titude a été contestée; iiuiie l'es- prit même dans lequel cet ouvra- ge, d'ailleurs plein d'intérêt, avait été conçu, devait à cette époque en assurer le succès en Angle- terre ; aussi eut-il cinq éditions consécutives qui rapportèrent à l'auteur plus de i,5oo liv. sler- lings. Le régiment de Hompcscli l'ut licencié quelque temps après, et sir Robert se lr(jiiva réduit à la demi-solde de lienlenant-colonel. Il rentra en activité de service dans le 20* régiment de dragons, «t passa au Brésil, sous les ordres de sir David liaird, qu'il &uivit au cap de Bonne-Espérance, et contribua à la prise de posses- sion de celle riclie colonie par les troupes anglaises. Au mois de novembre r8o6 , il accouipagna le génériil Hulscbinson , que le gouvernetnent avait chargé d'une mission secrète auprès de l'empe- reur de Russie. Toujours avide d'action et de combats, sir Ro- bert Wilson senit comme volon- taire dans l'armée russe , prit part à toutes les opérations delà guer- re contre la Fiance, et déploy;- une activité et une valeur, que l'empereur Alexandre crut alors

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doToir récompenser par la déco- ration , encore peu prodiguée, de Tordre de Sainl-Georges. Apre* la paix de Tilsitl , il séjourna pen- dant quelque temps à Péters- Innng . y fut accueilli avec la plus haute distinction, et travailla déjà à réunir una partie des matériaux qui lui servirent plus lard pour la Composition de son ouvrage sur la Puissance po ili^juc et niititaire de ta Russie. Revenu en Angle- terre, le gouvernement le ch.ir- gea bientôt d'une iriission impor- tante dans ce même pays on l'.ii avait témoigné tant de bien- veillance, xMais le chel' de l'em- pire russe venait de changer tota- lement son système politique. Une liaison intime s'était établie entre les empereurs Alexandre et Napolt'on. Sir Robert ne put ob- tenir aucune réponse satisl'aisantc aux demandes qu'il avait été char- gé de taire ; l'alliance avec la France était certaine, et une guer- re entre la Russie et la Grande- Rretague ne pouvait manquer d'en être la suite. Sir Robert quit- ta en toulc hAte Pétersbonrg, fit une diligence extraordinaire , et arriva à Londres avant le départ d'un convoi de brainiens russes, dont il avait déjà eu l'adresse de retarder la marche par divers obs- tacles. L'amirauté anglaise eut ainsi le temps de faire saisir la frégate Lespectnoi , qui se trou- vait encore à Portsmouth, et toute une flotte russe aurait peut-être été conquise de même, si les vents contraires n'avaient empêché sir Sidnry Smith d'arriver à temps pour exécuter ses ordres à cet é- gard. Au commencement de la guerre d'Espagne, sir Robert Wil-

son fut chargé de se rr.iulre à Lis- bonne, et d'organii-er une année auxiliaire portugaise, qui devait agir de concert avec IfS Anglais. 1! s'acquitta de celte missifui avec un grand zèle, et les Anglais lui durent parliculièrenient la forma- tion de cette légion lusUaine qui letir rendit bientôt d'iniportans services. Quand, par un nouveau revirement politique , la guerre fulre la France et la Russie fut décidée, en 1813, sir Robert Wil- son se hâta de retourner en ce dernier pays, et d'offrir ses ser- vices à l'enipereur Alexandre, qui les accepta. I! fit cette terrible campagne, dont la fin devint si luneste à une armée long-temps victorieuse , seconde toutes les opérations du général Kiitusnw, et se trouvait à son quarlier-géné- lal lorsque l'aide-de-canip de Na- })oléon, le général Lainiston, vint proposer un armistice, qui fut refusé. En 1816, sir Robert Wi!- son, qui s'était rendu depuis quel- ques mois à Paris, se trouva porté, ])ar un simple sentiment d'hmna- nilé , à sauver un homme qui jus- que là li'i avait été entièrement inconnu. Le général Lavalette , condamné à mort, s'était miracu- leuseirit'nt échappé de la Concier- gerie la veille du jour même il devait être conduit à l'échalaud. On sait quels cris de fureur cette évasion fit pousser à certains hom- mes avides du sang de leurs con- citoyens. Les recherches les plus actives eurent lieu ctintre le con- duumé, encore caché i\ Paris. Sir lioherlWilson, MM. Hulschinson «;t liruce(?;()7. ces rjom»), se dévouè- rent pour le tirer (1(1 péril éminent qui planait toujours surs.i tête. Us

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parvinrent à le faire sortir de la capitale sous le déguisement (\\\\\ olïkier anglais, et sir Robert le conduisit dans sa voilure jusqu'en Relj,Mque. De retour \ Paris, la pari qu'il avait prise à cet acte fut découverte par la police. Dé- noncé par un domestique de loua- ge , qui depuis a'^^ez long-temps avait remarqué dans l'hôtel ha- bité par sir Robert, mie voilure donl on ne faisait aucun n>>age, quoi(iu'elle parût destinée à un voyage de long cours, et tenue en état de partir au premier besoin, il fut aussitôt arrêté, ainsi que s<îs deux compatrioles, et conduit à la Conciergerie. Après une as- sez longue détention, les trois li- bérateurs de M. de La validité furent traduits devant la cour d'assises de Paris. Us montrèrent une grande fermeté pendant le cours du pro- cès. La remarquable extension flonnce par le ministère public dans son acte d'accusation, au fait d'avoir aidé un fugitif, déjà échap- pé de prison , à passer la fron- tière, fait traité de conspiration contre la sôreté do l'état, et les longs interrogatoires que les ac- cusés subirent, qtti furent aussi- tôt produits et publiés dans les journauxde Londres, excitèrent un é ton ne ment général en An gh; terre. Les militaires téiT)oignèrent sur- tout en cette circonstance le vif intérêt qu'ils portaient à leurs frè- res d'armes , et quelque temps après toutes les feuilles publiques se prononi'èrent avec indignation contre la pidjlicilé donnée dans tlie Courier, à une lettre confiden- tielle écrite par sir Robert W'ilson à un de ses amis à Londres, pu- blication qui ne pouvait avoir eu

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lieu qu'après la violation du secret des postes. Sir Robert Wilson fut enfin condamné , ainsi que ses deux compatriotes, à trois mois de prison, peine qu'il subit i\ laConcier^'eric de Paris, et dont lui aurait probablement fait remise, s'il avait voulu condes- cendre à demander cettr grâct; au gouvernement français. On peut le supposer d'après la manière dont le roi Louis XVIII envisa- gea depuis lui-même celte cause. L'intervention des trois étran- gers, de quelque manière qu'on la considère , a au muins fourni au monarque , l'occasion de faire plus tard grâce entière à M. de Lavaletle. Au mois de juillet, sir Robert revint à Londres, oi^ll fut accueilli avec enthousiasme par le jieuple et par ses nombreux amis. Un ordre du jour du prinee-ré- gent, daté du lo mai, avait ce- pendant improuvé la conduite du général-major Wilson et du capi- taine Hutschionon ; mais IV Idgs et Torys se réunirent en celte occasion pour fêler ceux qui a- vaient arraché à la mort une vic- time intéressante. En 1821, sir llobert Wilson fut nommé par les électeurs de Southwark (Londres) membre de la chambre des com- munes. Il prit rang parmi les plus zélés défenseurs *\i:,i) libertés na- tionales, et fit preuve dans plu- sieurs circonstances de talens ora- toires Irès-dislingués. Le 4 juillet de la même année, il parla avec force contre l' alliert^bitl , et cita à l'appui de son opinion la conduite plus que rigoureuse tenue envers le général Gourgaud, M"" de Mon- tholon et un vieux prêtre arrivant de Sainte-Hélène. Mais ce qui pa-

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rut surtout lui avoir attiré l'ani- madversion personnelle du sou- verain, c'est que tians le procès de la malheureuse reine Caroline d'Angleterre, sir Robert Wilson, qui n'avait point d'abord paru fa- vorable à la cause de cette prin- cesse , l'embrassa avec chaleur après le scandale occasioné par l'audition de quelques témoins italiens, que les ministres avaient fait venir de Milan. La reine ayant succombé peu de temps après à une maladie aiguë, le peuple de Londres voulut rendre à sa dé- pouille mortelle tous les honneurs qui dépendaient de lui; mais le ministère avait résolu , en l'ab- sence du roi, alors eu Irlande, que le convoi funèbre ne passerait que par des rues détournées de la capitale. Le peuple indigné se souleva. Malgré l'emploi de la force armée et tous les efforts des Life-Guards, qui tirèrent sur la multitude, tuèrent deux hommes et en blessèrent un grand nom- bre, le peuple l'emporta, et fit passer le convoi h travers la cité, le lord - maire se porta , dès l'entrée , à sa rencontre. Il fut prouvé que loin d'exciter les trou- bles, sir Robert Wilson avait cher- ché à les apaiser. Se trouvant à cheval ( dit le Times et antres journaux impartiaux ) à côté de plusieurs gentlemen, qui étaient venus pour rendre leurs derniers devoirs à la reine, lorsqu'il en- lendit tirer, il voulut d'abord se rendre à l'endroit d'où partaient les coups de fusil, pour connaître au moins la cause qui avait porté les troupes à faire feu. Ses amis cherchèrent à l'en empêcher, en lui faisant observer que sa pré-

scnce pourrait être interprétée d'une, manière perfide. Sir Robert répondit que cflte considération ne pourrait l'arrêter tant qu'il y aurait une chance de sauver la vie d'un seul homme ou d'empêcher les militaires de se porter à des actes de violence. Il s'approcha donc de l'officier commandant, et lui demanda tout simplement si c'était par ses ordres que les sol- dats tiraient. L'officier répondit que non. Pour rameur de Dieu, interposez-vous donc, et prévenez l'effusion du sang, lui criait le gé- néral. Le (eu ne tarda pas en eff"*-! à cesser par l'intervention des of- ficiers. « Il eût mieux valu, dit le journal ministériel t/ie Courier, que mille hommes eussent péri, «t que l'autorité n'eût pas eu le dessous. On lui répliqua qu'il va- lait peut-être mieux sauver la vie à mille citoyens que de satisfaire à l'orgueil (l'un ministre. Le gé- néral AVilson n'en reçut pas moins, le 17 septembre suivant, une let- tre du duc d'York, qui, en qua- lité de généralissime des armées britanniques et de chef de l'admi- nistration de la guerre, lui an- nonçait que le roi n'avait plus besoin de ses services, et qu'il était même privé de sa demi- solde. Cette rigueur, jusque -hî sans exemple dans les fastes mi- litaires de la (irande-Brelagnc, fit une vive sensation dans le ptiblic. On rappela une autre lettre du duc d'York, bien difTérenle de celle-ci, dans laquelle le généra- li>isime annonçait à sir Robert qu'il l'avait recommandé au prin- ce-régent, non-seulement comme méritant de ravancemenl , mais comme candidat pour lecomtnan-

dément d'im régiment de cavale- rie, poste qui rapportait au moins 2,000 liv. sterl. (5o,ooo fr. ) par an. Maintenant rayé des contrôles de l'armée sans examen de sa conduite ni jugement préalable, sir Robert Wilson adressa plu- sieur= lettres au prince généralis- sime et aux ministres, ne sollici- tant, il est vrai, aucune grâce, mais demandant instamment à être traduit devant un tribunal comjiélent pour être jugé suivant toute la rigueur des lois. Il ne put obtenir qu'on fît droit à ces récla- mations. Sir Rol)crt venait à cette époque il'accompagner en France lady Wilson , dont la santé lan- guissante réclamait des soins et un climat plus doux. Le minis- tère français lui fit intimer l'ordre de quitter immédiatement Paris, et sous peu de jours la France. Pendant son absence d'Angle- terre, ses amis et un grand nom- bre de personnes auxqnellts il était entièrement incormu , s'é- taient concertés et avaient résolu d'acheter une annuité égale an double de la demi-solde de major- général, afin de l'off'rir ["i sir Ro- bert comme un témoignage de l'estime et de la reconnaissance de ses concitoyens. Une souscrip- tion fut ouverte aussitôt, (!t l'on remarqua une personne qui déposa de suite 5oo iiv. sterl. Les élec- teurs de Southwark se réunirent dans le même dessein , sous la présidence du dernier lord-maire, i'alderman Wood , et avant la fin du mois d'octobre, plus de 0,ooo liv. sterl. (i5o,ooofr. environ) furent consacrée^ à cet acte de ré- munération nationale. Le 2H avril i8s3, sir Robert Wilsou publia

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une adresse aux élccleurs de dont les Ircjupes Tniiir lises ne lar- SoiUinvark , pour leur annoncer dèient pas a s'trii[);jr«T. Vivement qu'il se rendait en Kspngne. « Cer- ponrs.iivi et ;i la v«;iile d'être lait taines circonstances , leur dit-il, prisonnier, il n'eut que le temps m'ont autorisé S croire que ma de s'end)aiquer n la liTite sur le jnésence sur ce cliamp de bataille yacht anglais le Nassau, qui (il sera vue avec plaisir par les dé- voile pour Lisbonne, il arriva fenseurs des droits < onsiilulion- le 7 août. Une révcWution rujuvelle nels. Je pars donc, non pour sa- venait aussi de s'opérer en Porlu- tisfaire une ambition personnelle gai. Les officiers anglais ne pu- qui, dans l'élat actuel des choses, rent obtenir la permission de dé- serait une ambition sans gloire; barquer ; il fut même question de je pars, non pour prendre parti s'emparer de leurs personnes. Dé- dans des discordes civiles an mi- des soldais portugais envoyés à lieu desquelles il ne convient à bord du Nassau, comiricnçaient aucun étranger de s'engager, ex- à en couper les cordages , pour cepté pour y jnuer le rôle de pa- l'etnpêclier de remettre à la voile; cificateur; mais je m'attache à la mais les Anglais s'armèrent à leur jcirtune de l'Espagne , à l'heure tour, et résistèrent vigoureuse- de la détresse et du péril, résolu ment à celte violence. Il fut enfin do partager tous ses efforts. » Il permis au yacht Ir. Nassau de par- offrit d'ailleurs en cet écrit aux tir avec ses passagers pour Gi- électeurs de Southwark, le choix braltar. Indigné des Irailemens de le conserver comme leur dé- qu'il avait éprouvés dans la rade pnlé à lu chambre des comniunes, de Lisbonne, sir Robert écrivit ou de passer à une nouvelle élec- une lettre au ministre comte Pal- tion. Ceux-ci ne jugèrent point à mella, pour lui annoncer qu'il ne propos de lui ôter leur confiance, voulait plus êire compté au nom- et maigre son absence, il continua bre des chevaliers de l'ordre de la à être compris au nondjre des Tour et de l'Épée , dont le roi de membres du parlement. Arrivé Portugal lui avait auparavant en- en Espagne avec le colonel Lighf, voyé la grande cioix. Le ministre lord Eskine et plusieurs volon- s'empressa de son côté de publier taires anglais, il fut nommé lieu- qu'il était rayé de la liste des tenant - général par les coriès ; membres de cet ordre. Aussitôt mais la cause des conslilulionnels que sa blessure le lui permit, sir était déjà presque efitiérement [lobert se rendit de Gibraltar à perdue. L'armée française avait Cadix , voidant encore contribuer lait de grands progrès, et quel- h h' défense de cette place. Mais ques places fortes se défendaient après la prise du Trocadéro , la seules encore. Sir Robert se jeta garnison de Cadix et les cortès dans celle de la Corogne, et fut eux-mêmes reconnurent que toute grièvement blessé dans une sor- résistance contre l'armée partout tie, le 16 juillet, ainsi que le co- victorieuse des Français devenait lonel Light, qui lui servait d'aide- inutile. Sir Robert s'embarqua, le de-camp. Il fut transporté à Yigo, 11 novembre, pour l'Angleterre.

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Aux revers d'une campagne si fu- iVBSte pour lui s'était joint , pen- dant -SOU absence, le plus grand des malheurs domestiques. Lady "Wilson avait succombé .i sa lon- gue et douloureuse maladif le i5 août 1825. lin autre malheur, mais qu'il su})porta , à ce qu'on assure , avec une singiiliérc ré- "Signation, fut celui d'être informé par les gazettts que l't'iopereur de Russie, l'empereur d'Autriche et le roi de l'riisse, venaient de le priver du droit de porter les dé- corations (les ordres divers dont ces monarques l'avaient autrefois gratifié, lorsqu'il combattait C(tn- Ire Napoléon. Quelques feuilles publiques le félicitèrent même de cet événement, et le Statesman dit à ce sujet : « Sir Robert pouvait s'attendre à ce qui lui est arrivé; il n'aurait jamais accepter des marques honorifiques, autres que celles que la constitution anglaise accorde. Nous le félicitons d'être redevenu lout-à-fait Anglais , et d'avoir fourni un exemple salu- taire à ceux de «es conipatriotes qui seraient disposé» à recher- <her des décorations étrangères. » Il continue à siéger à la chambre des communes, et à s'y montrer fidèle aux principes qui ont dirigé sa vie entière. Il s'est prononcé avec chaleur pour la cause des catholiques d'il lande, et n'a pas peu contribué à faire passer dans la chambre, le bill en faveur de leur émancipation f bill rejeté de- puis p ir la chambre des pair». Le i(j mai 182.5, (pnmd le ministre Canning eut déposé sur la table de la chambre des connnunes le traité conclu avec les républiques de rAmériquc méridionale, des

acclamnlions retentirent de tous les côtés de la salh;, et sir Robert "Wilson, i)renant la parole, félicita la chambre et la nation sur ce traité. « Cest un hommage, dit- il, rendu par l'ancien monde aux droits de l'homme dans le nou- veau. » Il paya «-nsuite un juste tribt:! d'éloges à la bravoure et à la modération (jui ont marqué tous les efforts des états améri- cains, pour conquérir leur indé- pendance; il loua surtout la con- duite du président de la républi- que de Ctdombie, du général Bo- livar, qui « mérite non-seulement le titre de libérateur de son pays, mais qui doit encore être regardé comme un des plus grands bienfai- teurs du genre humain. » Père d'u- ne nombreuse famille, sir Robert a eu la satisfaction il'apprendre que son fils aîné s'est distingué en plu- sieurs occasions dans l'Amérique méiidionale, sous les ordres du libérateur Rolivar, qui a pris ce jeune militaire pour un de ses aides-de-catnp. Sir Robert Wilson, sous un extérieur grave et froid, cache une âme ardente. Doué d'une activité extraordinaire, dé- voué à ses amis, nul sacrifice per- sonnel ne lui coûte, quand il s'a- git de les servir, ou de défendre mu: cause qu'il croit juste. On lui accorde des connaissances très- étendues en mathématiques , en physique et en astronomie. Outre l'ouvrage sur l'Egypte, cité phis haut , il a publié : i" Recherches sur l'étal présent des forces mi- litaires de l'empire britannique ,

18114 . in-8°; a" Histoire des cam- pagnes de Pologne, en 1 8o(> et

iboj', avec des remarques sur l'ar- mée russe , 1811, iu-/i" ; 5" Puis-

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satiçe poUlique et militulrc de la liussie, i^iy, iii-S". Ce dernier ouvrage a eu ciii.q /'dilions, et conlient des détails exact* et aus- si étendus qu'imporlans-, sur l'ac- croissement prodigieux de l'em- pire russe, et sur les dangers dont cette puissance, dirigée par un prince amhilieux , pourra mena- cer un jour l'Europe entière.

WILMPFEN (te baron Feux de), lieutenant-général, meiribre di' l'assemblée conslituanle, etc. , naquit, en ly^^y, dans nn village sur les bords du Rhin. Il était le plus jeune de dix-huit crifans , is- sus d'une f.uiiille noble, mais pau- vre. Dès l'âge de 1 1 ans, il quitta la maison [)atern(;lle, < t se retira près du duc de Deux -Ponts , qui , quelques années aj)rè'<, ayant levé un régiment pour le service de France, confia au jeune de >Yimp- len une enseigne, honneur dont il se montra digne, en se distin- guant dans la guerre dite de sept- ans. Il passa en Corse en 1768, étant alors capitaine de volontai- res. Ses talens et son courage lui valurent à l'âge de aS ans le grade de lieutenant-colonel et la croix de Saint Louis. Nommé comman- dant du régiment de Bouillon, il fit la guerre de l'indépendance américaine, et de retour en Eu- roj-e , il prit part aux sièges de Mahon et de Cibraltar. Sa con- duite à celle dernière affaire fut des plus reuiaïquables. Il délendil pendant treize heures les lignes françaises, que les Anglais préten- daient brfder comme ils avaient brOlé celles des Espagnols. Le brevet de brigadier des armées du roi, et une pension de mille écus, furent la récompense de son cou-

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rage et de ses succès. Il vivait re- tiré dans SOS terres, avec le gra- de de maiéchal-de-camp , lors- que, en 1 789, la noblesse de Caen le nomma dé|tuté aux états-géné- raux. La minorité , dont il faisait partie, le chargea de rédiger la protestation contre la majorité, qui refusait de se réunir à la cham- bre dos communes. Cette année même , il proposa d'établir en Franc»! une démocratie royale. Membre du comité militaire qui fut f(U'mé sur sa proposition , il fut presque toujours chargé des rapports de ce comité, et rare- ment dans l'assemblée il prit la parole sur des matières étrangères aux attributions de ce mêiTie co- mité. Lors du départ du roi pour Varennes (le 21 juin 1791)' '^ demanda et l'assemblée ordonna que le comité militaire serait char- gé de la défense extérieure. Il proposa la simple suspension de M. de Bouille, prétendant qu'il ne pouvait être destitué sans ju- gement ; réclama contre l'abus que l'on faisait de son nom pour proposer des mesures ultra-léga- les, et vers la fin de la session, fit adopter tous les décrets de ju- ridiction et de code pénal mili- taires. Le gouvernement lui con- fia, en 1792, le commandeu:ent de ïhionville, qui fut assiégée au mois de septembre de la même année par les Autrichiens et les émigrés, et repoussa vigoureuse- ment leurs attaques durant cin- quante-cinq jours. Un décret dé- clara que le général de Wimpfen avait lien mérité de la patrie. Il refusa, dit-on, le ministère de la guerre. Devenu commandant de l'armée des côtes de Cherbourg et

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de la place de ce nom, il écrivit à la conA'cntion, après les événe- mens du 3i mai 1795, que « les corps administratifs de Caen a- vaicnt fait arrcler comme otage* lesrepréseiitans Uommeel Prieur, commissaires à l'armée, pour ré- pondre de la sûrelé de ceux qui , détenus à Paris, étaient sous les poignards des factieux. » Cette lettre le fit décréter d'accusation. Commandant de l'armée départe- mentale qui marchait sur Paris, afin de rétablir la véritable repré- sentation nationale, il écrivit à Custines {voy. ce non)) pour l'en- gager k s'unir à lui ; il adressa aussi aux dé[)artemens méridio- naux une lettre imprimée pour les engager à seconder ses mouve- mens. >Vimpfen n'atteignit pas son but. « Sacrifié par M. Pui- saye, qui, disent les auteurs d'une biographie étrangère, avait voulu s'emparer, au profit du royalisnie, d'im mouvement conçu dans le seul intérêt de la liberté, il fut défait à Vernon , département de l'Eure, ù la tête de quelques trou- pes, peu nonjbreuses et mal dis- ciplinées, qu'il avait espéré voir se grossir de tous les ennemis de la tyrannie.» Le général deWimp- fcn , obligé de prendre la fuite, trouva un asile i\ Dayeux , oi'i il vécut entièrementignoré jusqu'à la rév(dulion du 18 brumaire an 8 (;) novembre 1799). A cette époque, le premier consul lionaparle lui accorda un trailemenl de retraite, et le nomma maire de la commu- ne qu'il habitait. « Il existe du baron de Wimpfen, disent les au- teurs que nous avons déjà cités, des ménïoires manuscrits très cu- rieux sur l'époque du 3i mai, 1"

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et 2 juin , il démontre jusqu'à l'évidence que le royalisme eut la plus grande part aux événemens de ces journées et à ceux qui les sui- virent. »

>VINDHAM (William), mi- nistre-d'état et pair de la (irande- Brelagne, membre du parlement, etc., naquit dans le comté de Nor- folk, fil ses études à l'universi- té d'Oxford , et passa ensuite sur le continent. De retour dans sa patrie, il fit partie, comn)e simple amateur des sciences, de l'expédi- tion qui dt.'vail chercher un pas- sage vers leprdii du Nord. N'ayant pu résister au mal de mer, il re- tourna à Londres , et y maiiilesta avec beaucoup d'énergie, ([uoique bien jeune alors, son méconten- tement de la guerre que l'Angle- terre faisait à ses colonies d'Amé- rique. Il se plaça ainsi parmi les orateurs populaires et les IVi^hs les plus prononcés. En ijSS. de- venu membre du parlement, il s'y lia avec le célèbre Fox et le> autres mei-ibres de l'opposition, repoussa, de 1789 a 1791. les doc- trines de Pitt, vota «mi faveur des pouvoirs illimités demandés pour le prince- régent [voy. (iEORCES IV), et combattit, en 1792, ci>ntrc le bill de la loterie et la traite des noirs. Ed. Burke déserta le parti de l'opposition, et entraîna avec lui M. AVintIham, qui, avouant li:uilemenl sa défection, et s'op- posant à la réforme parlementai- re, déclara que «quelque étrange que dût paraître sa conduite, les circonstances étaient telles qu'il volerait désormais avec ceux dont il avait constamment réprouvé les opérations , el contre ceux dont les opinions avaient été jus-

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qu'alors en harmonie avec les siennes. » Ministériel Irès-pro- iioncé et ennemi de la révolulion française, ii s'opposa encore et non moins vivement, en 1793, à la proposition de Fox, tendant à ce que l'Anj^ltterre fît la paix avec la France. Il termina sa motion en protestant que « l'intention de l'Angleterre n'élait pas de donner à ce pays une forme quelconque de gouvernement, mais seule- ment de renverser son adminis- tration actuelle, avec laquelle il était impossible de traiter.» Peu après l'ouverture de la session de 1794, il devint membre du con- seil privé d'étal, ayant le départe- ment de la guerre. Il ne jouit pas en paix de sa rapide fortune. On l'accusa généralement, et avec du- reté, d'avoir « déserté le parli sté- »ri!e de l'opposition pour les wémoiumens productifs de la «cour;» leproches qu'il suppor- ta en hon ministériel, c'est-à-dire en continuant à toucher ces mê- mes émolumens, et à déverser la calomnie sur les membres les plus marquans de la révolution française, entre autres le général La Fayette, dont Fox prit le parti avec toute la chaleur de sou âme et la force de son éloqiience. M. AVindham, en ij^S, fut aus?i en butte à des reproches d'une aulre nature. On l'accu.sa (l'êtie l'au- teur du désastre île Qi;iberon , pour avoir mi- à la tête de l'expé- dition, au lieude M. de Son hreuil, M. de Puisaye. qui n'était pas aus- si versé dans l'art militaire. En 1797, à l'occasion des ciu)feren- res à établir à Lille poiu- la paix, il déclara qu'elle u'aïuait jamais lieu tant que la royauté ne serait

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pas réiablie en France. » En i^j)*}» il reproduisit A la chambre des communes son opinion pour le rétablissement de la royauté en France, «connue étant la chose nia plus avantageuse pour les iu- «térêls de la Grande-Bretagne, et «pour l'exécution parfaite de ses «projets.» En juin 1800, il de- manda qu'on tolérât le papisme eu Arigleterrre, déclarant qu'il craignait moins quatre à cinq mil- le prêtres français que les doctri- nes républicaines; en novembre de la même armée, il s'opposa à ce qu'on prît en considération la proposition de M. Jones, qui vou- lait qu'on mît sous les yeux des membres de la chambre une co- pie de la lettre de l'amiral Keith au général RIeber, disant que « si l'on faisait un crime aux nïiuis- tres d'avoir donné des instructions qui eussent fait rompre la con- vention d'Egypte , il faudrait abandonner toutes les conquêtes pour ne pas arrêter les négocia- tions. » Au mois de décembre (1800), il essaya de justifier les ministres du reproche que leur adressait M. Shéridan de n'avoir jamais voulu sincèrement la paix. En 180 1, il s'opposa encore à tout traité de paix avec la France. Le parti de l'oppositioi» triomphant enfin des doctrines ministérielles, M. Windham et ses collègues fu- rent forcés de donner leur démis- sion. Il passa à la chambre des pairs, «où, disent les auteurs d'u- ne biographie étrangère, il dé- fendit avec toute la chaleur de l'intérêt personnel, le bill d'oubli {bill of .indeinnity) proposé en faveur des hommes publics, quT auraient pu commettre des er-

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reurs dans l'aiTestalioa ou la dé- icntion des personnes suspeclées de iiiauvaiscs intentions, et prélen- dit que celle mfisiire était néces- saire pour as«<urer la tranquillité et inspirer de la confiance aux i'onclionnaires qui avaient fait leur devoir, et empêché la subver- sion de leur pays. Les approches de la pacification avec la France semblèrent raflerniir encore, s'il était possible, la constance de son opposition à cette mesure; et on le vit repousser vivement les as- sertions de M. Tierney, relalive- inent aux concessions à faire à la république pour avoir la paix, en disant hautement que sou a^fran- di«>ement devait au contraire en- gager l'Europe enlière à se liguer contre elle pour l'empêcher de tout envahir. Depuis celte époque M. VVindham ne laissa passer au- cuni; occa-ion de dévelo[)per les mêmes princi|)e8, et sonna cons- tamment l'alarme sur ce qu'il ap- pelait les projets, l'ambition, les envahissemens du gouvernement français, soulevant sans cesse con- tre lui les cousidéralions de l'hon- neur et de l'intérêt britarmique. Le 5o octobre, il s'éleva contre les préliminaires de la paix, «{u'il pré- senta comme une cause de deuil futur, malgré la joie universelle qu'elle bemblait exciter alors, et accusa les nouveaux ministres d'iiuapacité, en répélaul (|u»: les vues Je la France étaient d'en- chaîner la Grande-Bretagne, et de la réduire à l'état d'impuissance dont elle avait frappé le continent. La conclusion de la paix ne chan- gea point les idées politiqties de IM. Witutham, et le ministère n'en fut pus mieux traité parlai. Il l'at-

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laqua surtout avec la dernière violence, pour avoir proposé la prorogation du parlement dans un temps où, selon lui, l'ambition démesurée de Napoléon avait pla- cé l'Angleterre dans un danger jusque-là sans exemple; et à la rentrée du parlement ( le 4 "O" vembre lîSoî), il se livra aux pro- vocations de guerre les plus pressantes avec toute la véhémen- ce de son caractère. Il continua d'êlre, en i8o5, le chef de la nou- velle opposition, et la guerre s'é- tant rallumée dans l'été de celle même année, ses prédictions sem- blèrent effectivement s'accomplir et ses principes trioiiipher. Pitt nmurut en janvier i8o6. Le por- tefeuille de la guerre fut rendu à M. >Vindham, qui aussitôt propo- sa au parlement un plan de dé- fense générale, que l'opposition atta(]ua vivement, et qui fit naître une grande agitation parmi les militaires. La mort de Fox entraî- na la désorganisation du ministè- re. M. Windham, remit son por- tefeuille, et simple membre du parlement, il signala, en 1807, les prétentions exclusives des minis- tres, observant «q^e pour moti- ver un refus, il suffirait au roi d'invoquer sa conscience. » Il at- taqua, en 1808, le u)inistëre au sujet de la conduite du gouver- nement relativement au Dane- marck et au Portugal; en 1809, il signala les suites funestes de l'expédition de la (]orogue. L'an- névî suivante, au mois de mai, il succomba à une opération chirur- gicale. Les auteurs que nous avons déjà cités terminent ainsi leur notice surce ministre : < M.^ind- ham, disent-ils, qui passait |^é->

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raleiuent pour exceller duus l'ar- guint'iUation , mettait néanmoins tant de subtilité dans ses raison- neintns qu'il mérita le nom de métaphysicien. Doué d'une sagaci- té remarquable, et d'une grande lacilitc d'expression, il maniait le sarcasme avec une rare habileté, qui le plaçait, sous ce rapport, ù côté des athlètes les plus redouta- bles de la chambre. On assure qu'il jugeait sévèrement ses com- patriotes, ou du moins les classes iulérieures, qu'il regardait com- me inévitablement condamnées à une brutalité sauvage ; et il ex- primait cette opinion avec la vi- gueur et l'originalité qui le carac- térisaient. »

WINSPEAllË (David), ex- avooat-général à la cour de cassa- tion de Naples , dans cette ca- pitale en 1770, fut élevé au col- lège du Salvatore, et apprit les langues savantes sous la direction de iMgr. Rosini ( voy. ce nom ). Destiné au barreau, il s'y serait perdu dans la chicane , s'il n'avait puisé en lui-même celte sévérité de principes qui est le préservatit'le plus sûr contre la corruption de ses propres collègues. Il se chargea de quelques procès, mais il s'appli- qua surtout à examiner les sys- tèmes qui avaient enlanté tant de lois souvent contradictoires, et rarement d'accord avec les be- soins réels de la société. Sa ré- putation n'était pas encore établie lorsqu'on comptait déjà sur ses talens. Le gouvernement le choi- sit pour exercer les fonctions d'a- vocat-fiscal auprès de l'adminis- tration des postes. M. Winspeare répql^it à cette marque de con- fiance, eu assurant les intérêts du

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trésor par une administration sage et éclairée. Il réforma les abus, punit les malversations et multi- plia les expéditions des courriers pour éviter les retards toujours fâcheux pour les particulier» et pour le commerce. Il resserra ainsi le lien des provinces avec lu ca- pitule, et prépara le développe- ment d'un pays que l'œil du voya- geur croyait civilisé, parce qu'il y aperc«ivait des ruines iniposan- tes. Tandis que M. Winspeare é- tait occupé de ces améliorations, le royaume de Naples fut envahi (en i7;)9) par une armée fran- çaise qui venait y proclamer la république. Le père de ce ma- gistrat, qui était alors préfet en Calabre, remplit dans cette cir- constance les devoirs de l;i fidé- lité et de l'honneur. Cette con- duite lui attira les éloges des hon- nêtes gens , mais elle exposa sa famille à la persécution des exa- gérés. Son fils fut arrêté et retenu comme otage dans le fort Saint- Elme. Au retour du roi de Sicile, il reprit sa place dans la magis- trature, et choqué des abus qui régnaient au barreau, il se pro- posa de les flétrir. Il fit un essai heureux de ses talens, en publiant une dissertation sur les Confes- sions spontanées des coupables, qui devait être suivie par d autres mémoires analogues. AJais en i8o(>, le royaume passa de nou- veau sous la domination françai- se, et M. Winspeare, qui vit dis- paraître avec les anciennes insti- tutions la plupart des désordres qu'il avait voulu attaquer, renon- ça entièrement à son travail. Lors de l'organisation donnée aux tri- bunaux, en 1809, il fut nommé

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substitut du procureur-général de la cour d'appel de Nnples, avec le titre de maître de requêtes au con!<eil-d'état ; et en i8iu, il lut élevé au rang d'à vocat-géiiéral de la cour de cassation. Profondé- ment versé dans l'ancienne et dans la moderfie législation , con- naissant tous les ressorts du sys- tème judiciaire et administratif, il ne lui fut pas dillicile de saisir l'esprit des nouvelles lois. Ses con- clusions à la cour de cassation, ses rapports à la commission du contentieux et au conseil-d'état, pourraient, s'ils étaient recueil- lis , être mis ulilement sous les yeux de ceux qui sont appelés à décider de la fortune et de la vie des citoy«;ns. Mais ce qui rend M. Winspeare digne de la reconnais- sance publique, c'est le zèle qu'il a njontré dans r«xéculion des lois relatives à l'abolition delà féoda- lité. Malgré les coups portés aux privilèges vers la fin du dernier siècle, les seigneurs n'avaient pas moins conservé leurs usurpations, et opposaient un obstacle invinci- ble aux progrès de la civilisation et de l'agriculture. Des propriétés très-étendues, enclavées dans l'en- ceinte des fiefs, étaient accablées de dîmes, de corvées et de toutes ces cjiarges onéreuses et avilissan- te* que la forée avait Imposées û la faiblesse. Les biens commu- naux étaient passés, presqu'en to- talité , dans les mains des barons , par des transactions simulées et quelquefois frauduleuses. La prag- matique de i65o, qui en avait ordonné la réintégration , était rotée sans efl'et , cl ces grands propriétaires continuaient ùt jouir du Iruit de leurs spoliations, qu'ils

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ne cessaient d'augmenter tantôt par la ruse et tantôt par la violence. Lescbamps et les forêts, les étangs et les rivières, les bestiaux et les hommes, tout était devenu une matière corvéable, et bien souvent une propriété exclusive du sei- gneur, qui étendait aussi ses droit» prohibitifs sur les arrosemens, les moulins, les marhines hydrauli- ques, les engins, la pêche, etc. De prétendues créances absor- baient le reste du patrimoine pu- blic, condamné souvent à payer des contributions levées sur le» allodiaux du feudataire. A ces dé- sordres, déjà graves en eux-mê- mes, et qui pesaient presque éga- lement sur le royaume, il faut ajouter ceux qu'une longue habi- tude avait consacrés dans certai- nes provinces Dans la terre d'O- tranle, par exemple, les barons prélevaient la dîuie sur tous les produits naturels et industriels. En plusieurs endroils des Cala- bres, ils s'appropriaient les pâtu- rages des années vides, dans les- quelles les terres n'étaient point cultivées; et comme dans les pays stériles ces intervalles de repos se prolongeaient quelquefois jusqu'à cinq années, il en résultait que le baron possédait un fonds pendant un f/uiiH/uennium , et ne le livrait au propriétaire direct qu'une fois tous les six ans. Plusieurs colo- nies grecques ou albartaises, aux- quelles on avait accordé ur» sol pour s'y établir, étaient peu à peu tombées sous le plus dur escla- vage , et on aurait dit, en le!) voyant, que c'étaient plutôt des ennemis vaincus que des hôtes paisibles. Cesempiétemens avaient donné lieu ù un grand nombre de

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procôs , quelques - uns desquels reuiorilaient jusqu'au berce. lU de la monarchie. Les représentniis des coniujunes invoquaient la pru- tection des lois pour être A l'abri de ces vexations; ils demandaient raffranchis.->emefit de leurs pro- priétés, l'annulation des taxes et des délies arbitraires, l'autorisa- tion de pouvoir travailler dans b^s terres communales. Les barons éliidaienl ces réclamations, en op- posant la faveur, l'inlrigue , et surtout la prescription. La loi pour l'abolition de la ieodalilé, procla- mée en 1807, en supprimant les droits seigneuriaux, avait statué de ne respecter que ceux qui pro- venaient d'un titre légitime , et ne s'opposaient pas à l'émancipa- tion des communes. On créa une commission de jurisconsultes char- gés d'examiner les prétentions ré- ciproques des barons et des vas- saux, et qui, au moyen d'une procédure simple et expéditive, devait mettre lin à leurs débals, en les jugeant définitivement, et sans appel. M. AVinspeare, qui l'ut nommé procureur-général «le cet- te commission, déploya autant de fermeté que d'intelligence pour vaincre les difiicultés sans nom- bre qui menaçaient de faire avor- ter une disposition aussi salutaire. En moins de trois ans, tous les procès furent terminés, et il ne resta plus qu'à exécuter les arrêts de la commission. On envoya des commissaires dans les provinces, et pour donner de l'ensemble à leurs opérations, il leur fut en- joint de s'adresser au procureur- général dans tous les cas qui exi- geaient de nouveaux éclaircisse- meus. On investit ces agens du

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gouvernement des pouvoirs le» plus étendus ; on imprima ;'i leurs ordonnances le caractère des bus, et par des transactions aussi «qui- lables que nécessaires, on réussit à soustraire les communes à tou- te dépendance de leurs ancien* seigneurs. Une masr.e considéra- ble de biens naiinnaux fut parta- gée entre les classes les j-.lus indi- gentes , et le royaume vit s'élever sur «on sol une nouvelle généra- tion de propriétaires, qui, déga- gés de tout asservissement, pro- mettaient de le fertiliser par leur industrie. Le gouvernement dé- cora M. Winspeare du litre de ba- ron et de la croix de commandeur de l'ordre des Deux-Siciles : vou- lant perpétuer le souvenir d'une révolulion aussi utile, il le chargea en même temps d'écrire VHis- loire des abus féodaux dans le royaume de Naples. Ce savant ma- gistrat, qui avait pris une part si active à leur destruction, s'enga- gea à rendre compte au public des principes qui avaient présidé aux travaux de la commission. Il est à regretter que cet ouvrage, dont le premier volume parut en 181 1, n'ait pas été continué, malgré l'intérêt qu'il fit naître. Dans une introduction remplie d'aperçus heureux, l'auteur don- ne une idée générale de la féoda- lité, et s'arrête à déterminer le caractère de celle qui existait à Naples. Il en marque l'origine, les progrès , la décadence et la chute. C'est un tableau dessiné à grands traits, et qui annonce le mérite su{)érieur du peintre. En 1814, M- Winspeare fut mis à la tête du ministère de l'intérieur du gouvernement, établi provisoire-

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ment pour l'iidiuinistralion des clals romuin^. L'année suivante, il s'éloigna v olonlaiieiu«ntdu royati- me, et entreprit un voyage en Ita- Jie, en Frai. ce et en Allenii(g!ie. Il pasî'a quelque temps à Dresde, il conçut le plan d'un ituvrage sur l'Origine des nations, qu'il n'a pa«i encore publié. Il prtpara nm^ï une traduction italienne du livre des lois tie Cicéron , qu'il enrichit de plusieurs observalioiis sur les passages lis plus diiUciles. ilappelé A Naples vers la fin de

1819, il rentra dans l'ordre des vocats , et ne tarda pas à couip-

ler parmi ses cliens ceux uiêtiie :|ue la défense des coinn)unes a- \ait aigris contre le juge, sans cesser d'estimer le citoyen, iin

1820, lors des derniers événe- niens de N.iples, il fut appelé par le [iriuce héréditaire <\ siéger par- mi les membres de la junte pro- visoire du gouvernement consti- tutionnel. Il fut aussi chargé de traiter avec le nonce du [tape pour mettre en exécution If concordat stipulé en 1818. Au retour du roi «le Laybach, M. AVmspeare rou- vrit son cabinet, la faveur du public le dédommage depuis ce temps de la disgrâce du pouvoir.

WliNTER(N. de;, amiral hol- landais, créé maréchal et comte de Hiiissen par le roi Louis Na- poléon, mourut en i8i5, à Paris, au service de France , il était depuis 1810, par suite de la réu- nion de la Hollande à lenijtire français. avec un grand amour de l'indépendance, M. de Winter manifesta la franehise et la no- blesse de son caractère dé» sa jeu- nesse, et préféra, par goût, le M-rvice de mer. Il concourut ù lu

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splendeur de la marine de sa pa- trie par ses talens et son courage. Déjà lieutenant en 1787, il vit, comme Hollandais , sa carrière bornée par suite oe la contre -ré- volution qui rétablit l'autorité du stathouder. H se réfugia dans les armées françaises, il >e fit re- maïqucr, et il gagna le grade de gênerai de biiga i»-, avec lequel il rentra dans ses fiyns en 179CJ. Le gouvernement balave le nom- ma vice-amiral i\v ses flottes. La position de l.i marine hollandaise était alors tnut-à-fait critique. i>J. deWi(»ler, long-temps bloq'ié dans le lextd par les Anglais, reçut, an commencement d'octobre 1797, l'ordre formel de sortir et d'atta- quer l'ennemi. Il mit à la voile. Le 1 1 de ce mois, il livra bataille ■\ la flotte angl.nse; mai» «n bra- voure, ses talens, son adresse, ne purent le saii ver d'une défaite que lovitefois il fit payer cher à l'en- nemi, dans les mains duquel il tomba de sa perscmne. (Conduit à Londres, il y fut traité avec dis- tinction, et par suite échangé. II conserva une grande influence dans la république batave, fut cotnbléde faveur;» par le roi Louis, et. après la réunion de sa patrie à la Frar)ce, distingué par l'empe- reur Napoléon. Les re?tes de cet amiral lurent déposés avec tous les honneurs militaires au Pal)- tbéon français, redevenu église de Sainte-Geneviève.

>VlNT/JNGEliODE (le comte DE ) , général et aml'.assadeur rus- se, naquit dans le Wurtemberg, et fut admis très-jeuite encore au service de Russie, il parvint rapidement aux premiers grades militaires. Il devint général aide- »9

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de-oamp et chambellan de l'em- pereur. Ses connaissance» diplo- matiques le firent nommer, au mois de juin i8o5, ambassadeur extraordinaire près du roi de Prusse , afin de déterminer ce prince à prendre pari à la coali- tion contre la France. Il passa en- suite à Vienne , et y hâta la con- clusion du traité entre l'Autriche et l'Angleterre. Les hostilités en- tre la France , la Russie et ses al- liés ayant éclaté peu après ( sep- tembre i8o5), il suivit l'empe- reur de Russie dans le voyage que ce prince fit en Allemagne, et y dirigea les opérations des armées russes dans ce pays. Au mois de novembre, après la bataille d'Hol- labrun, en Moravie, il lut chargé de négocier en faveur du corps d'armée commandé par le géné- ral Kutusow, un armistice que l'empereur Napoléon ne ratifia pas , les pouvoirs de M. de "Winl- zingerode n'ayant point été jugés suffisans. Cet oflicier-généra-!, qui ne quittait pas l'empereur Alexan- dre, se trouva à la bataille d'Aus- terlitz, il faillit être fait prison- nier. Devenu général de cavale- rie, il suivit son souverain dans la campagne de France, en 1814 et i8i5 , et mourut, le 17 juin 1818, à Wisbaden, près de Franc- fort, où il s'était rendu pour y rétablir sa santé. ^

^YITHBREAD ( Samuel), cé- lèbre chef de l'opposition dans le parlement anglais, naquit à Lon- dres en 1758. Son père, l'un des principauxnégocians de celte ville, et propriétaire d'une brasserie im- mense, lui fit donner une éduca- tion très-soignée; c'était son fils unique. Le jeune Wilbbread par-

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courut l'Europe avec son précep- teur, l'historien Coxe, et A son re- tour dans sa patrie, il épou!>a ^a sœur de lord Grey, membre dis- tingué de la chambre des pairs. Deux ans après, en 1790, les élec- teurs du bourg de Bedfort l'élu- rent au parlement. Dès son dé- but, Samuel Withbread s'annonça comme un des metnbres les plus prononcés du parti anti-ministé- riel. La traite des noirs lui fournit bientôt l'occasion de montrer le plus grand zèle contre ce trafic odieux, qu'il parvint à faire ces- ser. Ami de la France républi- caine, il s'opposa vivement, en 1795, à la guerre contre celte puissance , démontrant avec un rare talent combien celle guerre était injuste et politiquement inu- tile ; dans toutes les occaf^ions , il vota ensuite pour la cessation des hostilités. En vain les arguties et les sarcasmes des appuis du mi- nistère s'efTorcèrenl-ils de l'éloi- gner do la cause génére<ise qu'il avait embrassée; il fut inébranla- ble et non moins courageux en combattant en faveur des malheu- reux déportés à Botany-liey, qui , également ennemis de la guerre, avaient en outre demandé avec non moins d'énergie la réforme du parlement. Il fut chargé , en i8o5, d'accuser publiquement de malversations lord Melville. Sa conduite à celte occasion étonna même les partisans des ministres, par la force et en même temps la sagesse qu'il mit dans ses nom- breuses accusations. Jamais, dans le ministère qui succéda à celui de "W. Pitt, il n'approuva, bien que son beau-frère, lord Grey, fût un des directeurs de la nouvelle ad-

ministralion , que les principes qu'il professait, la plus exacte jus- tice. Eh 1807, il s'occupa de l'a- tnélioratioti des lois sur les pau- vres, et toujours l'ami fidèle, mais sage et éclairé de la France, il se- condait de tout son pouvoir les n»';gocialions de paix entamées par Fox, lorsque la mort dece ministre fit évanouir les espérances des hom- mes sages des deux nations. Les successeurs de Fox ayant convo- qué un nouveau parlement, M. Wilhbread fit une adresse énergi- que aux électeurs de Bcdford, il démontrait le danger de celle mesure, et rappelait tout ce que le parlement précédent avait tait « d'utile et de mémorable. » Dans l'impuissance sous le nouveau mi- nistère de l'aire le bien qu'il se proposait, il tourna ses vues vers le pian d'instruction de la classe indigente. Il ne fut pas plus heu- reux; toutes ses propositions é- chouèrcnt, quoique généralement approuvées. Partout les ministres repoussent la lumièie dont on veut faire jouir les peuples. Cette même année (1S07) , il combattit le bill de port d'armes et de droit de visite, et le qualifia <> d'oppres- seur et de tyranniqiu;. » En 1808, il fut l'im des plus véhémens désap- probateurs de l'atroce incendie de Copenhague et de la spoliation de la flotte danoise. C'est ainsi qu'à cette occasion il apostropha les ministres : « Pour avoir voulu conquérir quinze mauvaises car- casses de vaisseau , vous avez , dit-il, attiré sur la nation anglaise la haine invétérée des Danois, ses anciens et fidèles alliés. » L'année suivante (1809), il attaqua encore «ivec l.i même indépendance les

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ministres au sujet de la guerre avec l'Amérique; il les combattit de nouveau quelques mois après relativement aux malheureuses expéditions de Flessingue et de la Corogne, et demanda par suite un comité d'enquête. Il blâma non moins fortement l'arrestation de sir Francis Burdett et les meur- tres qui avaient eu lieu dans cette circonstance, rappelant avec la plus grande énergie les fautes et les mesures arbitraires du gou- vernement. Du parti du prince de Galles {voy. Georges IV) dans la question de la régence, il fut un des plus redoutables membres de l'opposition contre ce prince (de- venu roi ) , à l'occasion de la con- duite de la couronne envers la princesse Caroline, épouse du mo- narque {voy. Caroline). Lors do l'abdication de l'empereur Napo- léon , en i8i4j il censura avec amertume la conduite du congrès de Vienne; plus tard, il soutint Tindépendauce des Norwégiens contre l'oppression de la Suède , et déplora hautement le partage de la Saxe et de la Pologne. Apre» b; retour de Napoléon de l'île d'Elj^e, en mars i8i3, il « s'éleva» disent les auteurs d'une Biojrra- phie étrangère, contre la déclara- lion des alliés, et manifesta le dé- sir que l'Angleterre ne rentrât pa» dans la coalition, etc. , etc. » Une existence politique si remarqua- ble fut terminée par la plus dé- plorable catastrophe ; soit qu'il nourrît un chagrin profond, dont la cause est demeurée inccmnue, soit que, commi; on l'.i prétendu, ses travaux mullipliés, tant com- merciaux que parlementaires, eus- sent altéré sa santé, puis sa rai-

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son, on le trouva, le 6 juillet i8i5 , mort dans son cabinet , il s'était coupé la gorge avec un rasoir; l'esprit île parti n'euipêcha pas les ministériels de déplorer celte perte cruelle avec presque autant d'amertume que le fit fop- positioii elle-même, qui perdait dans Wilhbread l'un de ses plus puissans organes. Si en effet quel- ques orateurs dans ce parti le surpassaient par l'éclat de leur éloquence, nul ne possédait à un plus haut degré ce grand sens , cette logique mille et vigoureuse qui n'entraîne pas sans doute avec autant de rapidité que les presti- ges d'tme élocution brillante, mais qui opère une conviction durable, renforcée d'ailleurs de toute l'es- time qu'inspire la personne de ce- lui qui parle. II emporta surtout les regrets des pauvres et des op- primés , dont il s'était constam- ment montré le défenseur et le soutien. »

WITHERSOON (Jean) , mem- bre du congrès américain et pré- sident du collège de New-Jersey, naquit à Yester , près d'Edim- bourg, en Ecosse, vers 1722. Il fitses études à l'université d'Edim- bourg , obtint dos dispenses fî'âge pour prêcher l'évangile, prit les ordres, cl exerça successivement son ministère à Dundee, à Du- blin et à Rotterdam. Son mérite l'ayant fait connaître dans les con- trées éloignées, il céda aux ins- tances qui lui furent adressées de l'Amérique, et pnrlit, en 1768, avec sa famille pour Prince-Town, dans l'état de New-Jersey, il se fixa. Dès son arrivée, il obtint ia direction d'un séminaire qu'il avait rendu florissant et célèbre,

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lorsque, par suite de la révolution au)éricain«, il fut privé de cet em- ploi; mais ses nouveaux conci- toyens, qiu* appréciaient son mé- rite et sa droiture, le nommèrent membre de la convention , il justifia les espérances qu'il avait données. En 1776, il fut envoy; au congrès en qualité de repré- sentant des Etats-Unis. Les nié- ujes lalens, unis aux mêmes qua- lités morales, attachèrent hono- rablement son nom à la déclara- tion de l'indépendance. Ses fonc- tions législatives ne l'avaient point éloigné de l'enseignement théo- logique, et son collège ayant été rétabli, il en devint le présideni. Le désir d'améliorer cet établis- sement le fit passer en Angle- terre ; sa démarche n'ayant pa< eu de succès, il repartit pour New -Jersey. Entièrement livré depuis cette époque à l'enseigne- ment et à l'exercice de son minis- tère, il a continué jusqu'à sa mort, arrivée en 1794? i jouir de la plus haute estime. Nous empruntons la fin de cet article à l'auleur d'une notice sur cet honorable citoyen. » Le collège de Witherspoon , dil l'auleur de celte notice, lui est redevable de services signalés, car il a rendu les études littéraire^ plus libérales, plus profondes e> plus étendues. Il était fait eu tout pour produire une importante ré- volution dans le système de l'étiu- cation , et on croit même qu'il fut le premier qui porta dans le Nou - veau-Monde le germe de ces doc- trines philosophiques que le doc- teur Reid a développées depuis avec tant de succès. Witherspoon, simple dans sa manière comme prédicateur, orateur grave, nuble

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imposant , quoiqu'il ne fût jias ircs-aDimé, était pourtant entraî- nant, et il était presque impossi- ble de l'ontentlre sans ntlenlion : l'anecdote suivante donnera aussi une idée de la tournure de son fspril. « Quand l'armée de lîui- j^oyne lut prise dan.« Saraloga , le }:énéral Gates en envoya la nou- \file au congrès par un de ses aides-de-camp, qui s'amusa en route, et n'arriva à Philadelphie qu'après que le bruit de cette vic- toire y était déjà répandu. Le con- grès y suivant la coutume , voulut donner au messager une marqne lie sa satisfaction, ei. un membre proposa de lui otlVir une épée ri- < bernent oruée ; mais Withers- poon, faisant malignement allu- sion à sou peu de diligence, de- manda qu'au lieu d"une épée on lui donnât des éperons d'or. » Comme autour, il s'est placé au premier rang , et a écrit sur la politique, la morale, la littéra- ture et la religion , avec un talent remarquable : il s'est surtout dis- tingué dans ses débats polémiques avec les ministres qui soutenaient les droits des seigneurs au détri- ment de ceux du peuple dans les promotions ecclésiastiques , et les a combattus souvent avec avan- tage. »

WITHWORTFI ( LORD Char- I.F.S ), ambassadeur anglais, che- valier de l'ordre du Bain, etc. , en- tia de bonne heure dans la carrière <liplomatique, et se rendit, en 1^85 , :\ Varsovie en qualité d'en- voyé extraordinaire près du roi Slanislas-Auguste {voy. ce nom). De Varsovie, il passa, en 17H8, il Saint-Pétersbourg, revêtu des mêmes fondions. Ses services

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dans ces deux missions lui valu- rent, au mois de novembre l'Qo, la décoration de l'ordre du Bain , que l'impératrice Catherine II lui remit an nom du roi d'Angleterre. Cette princesse ajouta à celte fa- veur le don de l'épée dont elle s'était servie pour lui conférer l'ordre, et qui était estimée 4,000 roubles. La faveurdonl lord Wilh- worth jouissait à la cour de Rus- sie aplanit beaucoup les difficul- tés qu'il aurait j)u rencontrer dans la négociation d'un traité d'allian- ce entre les cabinets de Londres, de Saint-Pétersbourget de Vienne, traité qu'il signa en i7<)5. Deux ans après, il obtint de Paul I", qui ve- nait de succéder à Calhrrine II, la ratification d'un Jrai(é*de com- merce entre ce souverain et l'An- gleterre. Celte même laveur dont lord "WiihAvorth avait joui à Saint- Pétersboyrg augmenta encore sous le nouveau règne, et l'em- pereur Paul I" sollicita de Georges III la pairie pour cet ambassa- deur. Il venait d'en recevoir la nouvelle lorsque l'empereur lui fît donner l'ordre de ne plus pa- raître à la cour. Il obéit, et par- tit pour Londres presque sur-le- champ. En 1803, après la conclu- sion du traité d'Amiens , il vint en France en qualité d'ambassa- deur. Sa mission ne parut }»as long-lemps pacifique; quinze jours après son arrivée, un échange de noies ofTicielIcs inspira de viv«!S inquiétudes aux amis de la paix. La stagnation du commerce forti- fia bientôt ces craintes, qui se réa- lisèrent entièrement, en 1 8o3, par le départ de l'ambassadeur an- glais. liOrd Withworth, à son re- tour dans sa patrie, fut nommé

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ionl-lieutcnani du vice-roi d'Ir- liinde , fonctions qu'il cessa en 1817, pour épouser la duchesse de Dorset. 11 revint en France, en 1819 , sans caractère apparent. Partisan déclaré de la note secrète, il inspira de nouvelles inquiétu- des ; mais elles cessèrent bientôt par son départ de Paris. Nous ter- minerons cet article en rappor- tant ce que dit Napoléon de lord Withworlh et de lady Dorset {voy. les Mémoires du docteur O'Méa- ra , tome II, page 98). «Lord AVithworlh est un homme habile, un peu intrigant, autant que j'ai pu l'observer, mais adroit; c'est de plus un bel homme. Les mi- nistres n'avaient aucune raison de se plairnlre de lui; car il entrait bien dans leurs projets. Le détail qu'ils ont publié de son entrevue avec moi était plein de menson- jres. Je n'ai jamais usé envers lui de violence dans mes manières ni de grossièreté dans mon langage. Les ambassadeurs ne purent ca- cher leur mécontentement quand ils lurent un tel amas de faits con- trouvés, et ils les démentirent. Les Anglais qui habitaient Paris étaient très-mécontens de son é- pouse, la duchesse de Dorset : ils disaient à haute voix que son or- gueil allait jusqu'à la sottise. La présentation à la cour fut une pomme de discorde entre elle et beaucoup de dames anglaises. Elle refusait d'introduire celles qui n'avaient pas été présentées à la cour de Saint-James; or, il y avait beaucoup de dames qui ne vou- Jaient ni ne pouvaient y être pré- gentées, mais qui désiraient l'être auprès de moi, et qui étaient re-

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fusées par elle el par son mari.

WOHOlNZOW ( LE COMTE A-

r.EXATiDxiE de) , grand - chancelier de Russie, etc. , d'une des plus illustres familles de cette contrée, suivit, dès sa jeunesse, la carrière diplomatique. Il parvint successi- vement au poste de grand-chan- celier de Russie, qui lui fut confié en 1802; le ministère des affaires étrangères fut ensuite remis dans ses mains. L'empereur, qui avait toujours apprécié ses services et son attachement à sa personne, le décora des ordres de Saint- Alexan- dre. M. de Woronzow obtint sa retraite en i8o4» et fut autorisé à conserver tous ses titres. Retiré à Moskow , il mourut dans cette ville en 1 806.

WORONZOW (N. ) , frère du précédent, était ambassadeur de Russie à Londres à l'époque oii éclata la révolution française. Chargé, en 1796, de notifier au roi d'Angleterre l'avènement de Paul 1" à l'empire, il reçut peu après de ce prince le grade de gé- néral en chef, et conserva néan- moins le poste qu'il occupait à Londres. Ce fut M. de Woronzow qui fut chargé de négocier, en 1806, avec le cabinet anglais, la troisième coalition contre la Fran- ce. Quoiqu'il ait montré beaucoup d'habileté dans cette mission, il s'est peu fait remarquer depuis.

WORONZOW ( LE COMTE Mi- chel DE ) , lieutenant-général rus- se, etc. , neveu et fils des précé- dens, a rempli, comme eux, des fonctions diplomatiques, et s'est particulièrement fait remarquer dans la carrière militaire , son avancement fut extrêmemcQt ra-

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pidc. Il fil, en i8i5 et iSi/ji les campagnes contre l;i Fronce. Coin- m^odaut l'avanl-garde de l'année russe au mois de juin i8i5, il «.hercha , par un coup de nnain hardi , à s'emparer de Léipsick , tft se porta, au mois d'août sui- vant, sur l'Elbe, il occupa quelques postes pendant que les Français opéraient leur retraite. 11 se fit remarquer aux batailles de Bantzen et de Wurchen; s'em- para de Gassel , que le roi Jérôme Bonaparte {voy. ce nom) fut forcé d'abandoriVier ; fit le blocus de Hambourg, et pénétra en France en 1814. Dans une proclamation q'i'il adressa aux habilans des dé- partcmens des Ardenncs, de l'Aisne et de la Marne , il les menaçait de les réduire par le fer et le feu s'ils prenaient les armes contre les troupes alliées. Cette proclama- lion, digne d'im chef de hordes sauvages, était en outre souillée d'tm mensonge qui n'est propre qu'aux peuples les plus corrom- pus : c'était au nom du prince royal do Suéde , de Bernadolte , ancien maréchal de France, que le général russe osait parler. Il jiéuétra dans Reims le 19 mars, et oreupa le bourg de la Villette à l'attaque de Paris. A la suite des cent jours , en i8i5, le comte de Woronzow commanda le coulin- pcnt russe pendant l'occupation de la France par les armées étran- gères. Il tint son quartier-général à Maubeuge jusqu'où 1818, épo- que où il sse rendit au congrès (l'Aix-la-Chapelle. Outre sou ser- vice comme lieutenant-général, le comte de Woron/.ow fait aussi celui de chambellan et d'aide-de- camp de l'empereur de Uu.ssie.

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"WRBNA (le comte de), grand- chambellan de l'empereur d'Au- triche^ etc., est issu d'une famille noble d'Allemagne. Il était com- missaire impérial ;\ Vienne , en i8o5, lorsque les Français s'em- parèrent de cette ville. La con- duite que tint M. de Wrbna pen- dant l'occupation lui concilia l'es- time des habilans et des Français; et lorsque l'empereur d'Autriche eut été remis en possession de sa capitale, il nomma M. de Wrbna son grand-chauibellan, et lui con- féra la grand'croix de l'ordre de Saint-Elienne. Un peu avant cette marque de faveur de son souve- rain, il avait reçu des habilans de Vienne une marque non moins flatteuse de leur reconnaissance dans l'hommage qu'ils lui avaient fait du diplôme de bourgeois honoraire, auquel est attachée J'exemplion des contributions. M. de Wrbna remplit, jusqu'en 1 810, diverses fonctions diplomatiques. A cette époque , il devint prési- dent de la commission chargée de l'amortissement des billets de banque. Le roi Louis XVIII lui conféra, en 1816, les ordres de Saint-iMichel et du Saint-Esprit. Lu 1818, M. de Wrbna accom- pagna l'empereur François au con- grès d'Aix-la-Chapelle.

WRBNA ( LE COMTE Ladislas de) , fils du précédent, était, en i8iG, capitaine dans le régiment de luilans du prince de Schwart- zerïberg. Celle année même, le roi Louis XVIII lui envoya la croix de Saint-Louis. En 1817, M. de Wrbna partit pourRio-.Ia- neiru, afin d'y porter la nouvelle de la conclusion du mariage de l'archiduchesse Léopoldine avec

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le prince du Brésil. Cette missr'on lui valut, de ia part du jeune époux, la croix du commandeur de l'ordre du Christ et un»- pen- sion de 45000 IV. Il rapportait de riche» présens pour IVnipereur François et pour la princesse l.éo- j»oldine. lorsqu'il f'ul attaqué par des pirales qui pillèrent son vais- seau ; il ne parvint pas à s'échap- per de leurs mains sans courir de grai'd'î dangers,

Wi\ÈDE (le prince Charles- Philippe de) , leld-tnaréchal ba- varois, ent à Heideiberg en 1767. Quoi(|ue desliné par sa fa- mille à la carrière des armes , il ne prit du service qu à ITige de 35 ans (1793) ; mais son avance- ment fut rapide; il était cnloucl à 28(1795). Chargé, en 1799, du oommandemeut du corps franc, que, sous les auspices du prince Charles, il avait levé, il obtint des succès assez imp Ttans , et parvint bientôt au {^rade de lieu- tenant - général. Comme officier supérieur, il est instruit , aclif, et possède au milieu du péril la plus grande fermeté ei un rare sang-r froid. Napoléon le jugeait très-fa- vorablement; néanmoins il ne pa- raît pas avoir fait mention de lui dans ses mémoires. Le prince, de AVrède, auxiliaire des Français «a i8o5, fit celte campagne avec une grande distinction .. et dans, ime proclamation qu'il adressait à jses troupes , il leur disait : « Il faut vaincre ou mourir aux portes de Munich.» Chargé, après la paix Presbourg, du commandement ùe l'une desprovinccs bavaroises, il reçut, en 1806, la grand'croix de la légion - d'honneur. Il fut chargé, pendant les années 1&08

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et 1809 , de différentes opération» dans le Tyrol , et battit constam- ment les troupes autrichiennes. Celle même année (1809) , il eut ordre, sous le prince royal de Ba- vière, de couvrir la capitale; il occupa d'abord la position de Slraubing, puis celle de Neustad, il fut rejoint par la 2* division bavaroi-ie, sous les ordres du gé- néral l)eroy,à la suite de l'affaire île Landshut. Après plusieurs actions partielles . qui furent en général à l'avantage des Bavarois, s'enga- gea é, le 20 avril, la bafaille d'A- bensberg, le général de Wrède se distingua de la manière la plus brillante devant le pont de Sie- genburg,ct fut cité avec de grands éloges dans le premier bulletin. Huit drapeaux, 12 pièces de ca- non et 18,000 prisonniers, tom- bèrent au pouvoir des trouj)es ba- varoises et wurtembergeoises,que Napoléon commandait en person- ne. Le surlendemain , le général de Wrède se dirigea sur l'Inn , poursuivant les vaincus. Le 27, il reçut ordre de se porter à Lauffen sur la Lutzel,pour tâcher d'attein- dre le corps autrichien stationné dans le Tyrol. Ayant en effet joint le lendemain son arrière-garde, il s'empara de ses bagages et lui fit beaucoup de prisonniers. Le jour suivant- il attaqua l'ennemi de- vant Saltz.bourg,«tà la suite d'un combat très-animé , les Bavarois entrèrent dans cette ville pêle- mêle avec les fuyards. Le baron de Wrèdc se signala de. nouveau dans celte affaire. Il déploya sur- tout de grands talens i^ la prise d'Ingpruck et à la bataille de Wa- gram, il reçut une blessure grave; il fut alors élevé au grade

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de feld-raaréchal. Au commence- ment de 1808, Napoléon ayant rendu publique une correspon- dance sai-iie sur un courrier sué- dois , quoiqu'il ne fût point eu g'uerre avec cette puissance , et l'armée bavaroise se Irouvant si- gnalée dans une des dépêches de cette correspondance d'une ma- nière peu honorable , les ofliciers supérieurs bavarois déclarèrent qu'ils se rejçardaient tous comme personnellement insultés par le ministre qui avait signé cette let- tre, et qu'ils l'allaqueraieut par- tout où ils pourrai»!nt le rejoindre. Vn elTcl, un duel eut lieu entre le maréchal de Wrède et le comte de Duben , chargé d'affaires de Suède à Vienne. Aucun des com- ballans ne fut tué ni blessé. En i8i2, le feld-maréchal de Wiède commanda dans la campagne de lUissie , si fatale à la France par les désastres de la plus rigoureuse des saisons, le contingent bava- rois. Il s'y conduisit avec la plus grande bravoure, et les bulletins français rendirent le compte le plus flatteur de sa conduite. A Volontina et à l*olo>k , le corps sous ses ordres fut un de vmux qui souffrirent le plus; sa cavalerie presc^ue tout entière périt dans ces deux combats. Nos malheurs détachèrent la Bavière de notre alliance, et le 8 octobre i8i3, le j»rince de Wrède signa le traité qui rompait cette union. Dès lors il cond>altit avec la mt'ine valeur les armées que naguère il avait si noble.ment secondées. Il se porta en Franconie à la tète d'une ar- mée de Bavarois et d'Autrichiens. Vainement cependant il voulut s'oppos«r à la retraite de l'empc-

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reur Napoléon , que la bataille de Léipsick forçait à la retraite. Le combat de Ilanau, le 3o octobre i8i5, n'empêcha point l'armée française d'opérer cette retraite , le prince de Wrède fui griève- ment blessé. On crut même cette blessure mortelle, et les journaux français l'annoncèrent officielle- ment. Ils reprochèrent même à ce général d'être le principal auteur de la défection des Bavarois. le prince de Wrède rétabli, reprit le commandement des troupes ba- varoises, et fit la campagne de France en 1814 ; il eut des succès à la bataille de Brienne, le i" fé- vrier, ainsi que le i5 et le i4 du même mois , en marchant sur Troyes ; mais Ils lui coûtèrent cher. Maître de cette ville, il rem- porta encore des avantages à Bar- sur-Aube, oti le maréchal Oudi- not lui était opposé. Le traité de Paris mil fin à une guerre que si- gnalèrent tant de malheurs et de délections. Le feld-maréchal de Wrède reçut de grandes récom- penses, et fut élevé au rang de prince. Pendant les cent jours , en 181 5, il commanda de nouveau les lrou[>es de Bavière , et pénétra en F'rance après les désastres de Waterloo. La paix de nouveau si- gnée , il fut chargé de missions imj>ortantes. « On a prétendu que dans les' discussions diplomati- ques, qui eurent lieu peu après, il avait soutenu avec beaucouj» d'énergie, et même une sorte do rudesse militaire, vis-à-vis des ministres prussiens, le principe de l'indépendance des états qui avaient formé la confédération di» Bhin. » Le prince <le Wrède, qui jouit de toute la conûance de sou

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souverain, est membre de la cham- bre (les étals de Bavière.

WlUGHT ( N. ) . omcier de la marine anj^laiso, fut chargé» cri i8o5 et 1804, de débarquer sur les côtes de France le* anciens chefs de chouans qui s'étaient rendus à Londres, pour y organiser de non- veaux iDoyens de « rallumer la ^ guerre civile dans leur patrie, » La police consulaire, informée de leurs projets et de la mis^^ion du capitaine Wright, prit des me- sures pour se saisir des conjurés, et s'empara d'abord de l'officier anglais. Enfermé au Temple, il parut ensuite comme témoin dans le procès de Georges Cadoudal {voy. Cadoudal) et des autres chefs. Le capitaine Wright ayant appris la nouvelle de la défaite du général Mack devant Ulm, se li- vra au plus violent emportement contre ce général , qu'il traita de lAche et de perfide, et à la suite de cet accès, se coupa la gorge avec un rasoir le a^ octobre i8o5. Les ennemis de Napoléon préten- dirent, sans que le temps ait con- firmé ce bruit, qu'il avait donné l'ordre de le mettre à mort, « parce qu'il n'avait pas voulu servir la police française. »

WRIGHT ( Joseph ) , peintre anglais, naquit à Derby en 1754, et fut élève du célèbre peintre Hudson, qui comptait dans son atelier deux hommes devenus eux- mêmes célèbres depuis, Reynold «;tMortimer.WrightalIa,en 1775, ù Rome, il passa deux années, et y perfectionna son talent. Il revint dans sa patrie, il mou- rut en 1 797 : il avait acquis la répu- tation d'un artiste distingué, réus- sissant également bien dans le

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Iiaysnge, l'histoire et le portrait.

WUITZ. (Joseph), général na- politain, était i\ Naples, d'une famille originaire d'Allemagne. L'un des partisans de la révolu - lion qui éclata à Naples en 1799» il fut chargé du commandement général de la garde nationale et de la défense de la ville. Son lèle et son aciivité se déployèrent dans cette circonstance. Les officiers royalistes ayant refusé de servir la nouvelle république, il s'assura de leur personne , et afin d'em|»r;- cher les nombreux détenu* de profiler du trouble pour ressai><ir leur liberté et se joindre a>ix en- nemis intérieurs et exlérieur«, il fit placer des barils de poudre dans chaque prison, avec ordre d'y met- tre le ïe^u au moindre motjvement d'insurrection de leur part. Il or- donna des mesures non moins é- nergiques contre les Lazzaronis, dont les dispositions hostiles l'in- quiétaient, et se prépara à repous- ser vigoureusement l'ennemi qui approchait de la ville. Toutes ses dispositions terminées , il se porta à la tête de sa colonne vers le pont delà Madelaine, il se baltit avec la plus admirable va- leur. Renversé par une balle, il fut transporté au Châleauneof, il mourut au moment les trou- pes rovales y pénétraient.

WURMSER (le comte Dago- BERT SiGisMOND DE ) , feld- maré- chal autrichien , elc. , naquit en Alsace. Ses premières années dans la profession des armes furent con- sacrées au service de France. Il passa ensuite dans les troupes au- trichiennes, où il parvint succes- sivement au grade de feld-maré- chal, récompense de ses talcns

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pliJlôl que de ?es succès à In tête des armées. Néanmoins le comte de Wurmser acquit la réputation d'un général brave , pltiin d'expé- rience et très-humain. Ce sont de véritables litres à l'estime gé- nérale. Chargé, en 1790, du com- mandement de l'armée autrichien- ne, qui devait s'emparer de l'Alsa- ce, M, de Wurmser passa le Rhin le 5 avril de celle année, prit Spei- rerbach,afin de couvrir, de concert avec un corps prussien, le siège de Mayence. Cette place a3'ant capi- tulé, il se porta en avant, força Ils Français à se retirer des envi- rons de Landau, et parvint rapi- dement au pied des Vosges. Péné- trant ensuite dans les lignes de Weissembourg. il força encore les français à reculer jusque vers la Haute-Alsace. Hagiicnau, Druns- heim et le Fort-Louis, tombèrent en son pouvoir, et le conduisirent A AVantznau, sous Strasbourg. C'est que s'arrêlèreut ses suc- cès. Il ne put s'emparer du pont de Saverne, et eut de très -vifs combats à soutenir à Wanlznau et dans la forêt de Brumpt. Les Français s'étaient aguerris, et leur .irméc était plus nombreuse et mieux dirigée, Pichegru l'atta- quait avec une rare audace, et M. de AVurmser, que son Age et ses iiinrmitès forçaient de confier à ses lieutenans, pour la plupart iucapables ou jaloux de son nié- rilCjdes opérations qui tournaient presque toujours à son désavan- tage, fut bientôt repoussé, et en- fin mis dans une déroule com- [)Iètc. De refour à Vienne au mois de janvier 179^. il eut la conso- l.ilion de voir son souvçrain ne lui pas imputer ses rêvera et lui con-

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server sa confiance. Il lui donna même une preuve nouvelle de 6on estime, en lui remettant, au inois d'août 1795, le commande- mont de l'armée du llaut-Rhin. « Ce fut alors, dit-on, que le ha- sard lui ayant fait connaître une correspondance que le prince de Condé entretenait avec Pichegru, il en fit part à sa cour, sans pro- fiter néanmoins de tous les avan- tages que lui otTraient des dispo- sitions aussi inattendues. L'armée française ayant passé le Rhin et s'étant portée sur le Necker, Piche- gru se retira toul-à-coup, et aban- donna Manheim, qui fut pris a- près quelques jours de bombarde- ment. » Il reçut en récompense le grade de feld- maréchal. Dans la campagne de 1796, commandant de nouveau sur la rive gauche du Rhin, il f(Jt battu par Moroau à Rebach et à Franckental. Il passa en Italie, afin de réparer les dé- faites de Beaulieu et de secourir Mantoue. D'abord il culbuta les postes français sur les deux bords du lac de Guarda ; mais le géné- ral en chef Bonaparte, qui assié- geait Mantoue , quitta brusque- ment ce siège , se précipita sur M. de Wurmser, et, le l\ août, le mit dans une pleine déroute. Il le baltit encore à Roveredo, et de nouveau, le 8 septembre, au dé- bouché des gorges de la Brenla. M. de Wurmser persista à tenter la forluue. Repoussé par le géyé- ral Kilmaine de Vérone, dont il voulait s'emparer, il longea TA- dige à la tête d'un corps de 5, 000 fantassins et de i.fjoo chevaux , évita de tomber dans deux divi- sions françaises qui croyaient l'a- voir ccrnôt et arriva par une mar-

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che aii'^si savante que pénible de- v;inl Mantono, qu'il dégagea, et il entra. La place fut cernée de nouveau , et se rendit le 2 février 1797, «pi'és la plus belle résis- tance. Les Français traitèrent M. de Wurmser avec une sorte de vénération, et lui accordèrent des considérations particulières. Ren- du à Vienne, il fut nommé par l'empereur commissaire- général en Hongrie, et doté d'une pen- sion de 1/4,000 florins. Cet illustre guerrier, que son souverain ac- cueillit toujours avec la plus gran- de bonté, mourut au mois d'août de la même année (1797)- Napo- léon , au rapport de M. O'Méara {voy. ses Mémoires, t. II, p- 99), disait de Wurmser : « Avant la capitulation de Mantoue, il avait continué de m'appeler7VMn6 hoyn- me. Il était très-âgé, brave comme nn lion, mais tellement sourd, qu'il n'entendait pas autour de lui siffler les balles. »

WYCOMBE ftoBD), membre du parlement d'Angleterre, est fds de lord Shelburne, marquis de Lansdown, auquel on doit la paix qui fut signée, en 1783, entre l'An- gleterre et la France. Lord \Vy- combe a toujours été l'un des membres les plus inflexibles de l'opposition, et les ministres ont eu souvent à repousser ses vives attaques. En 1794!» •' et le cou- rage, on peut dire inouï , de faire pi^jliquement l'éloge des Fran- çais. Peu de temps après , il con- sentit à ce que le ministère fît des recberches contre les sociétés ja- fobines de l'Angleterre ; mais il déclara que le premier il pren- drait leur défense du moment qu'elles ne réchuncraienl qu'une

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réforme parlementaire. Depuis cette époque, dit-on, lord Wy- combe continue à manifester les mêmes principes politiques.

AVYLLYS (Sasujel), major-gé- néral des troupes de la république des Etats-Unis de l'Amérique septentrionale, naquit en 1757. Il était fils du colonel républicain Wyllys, en Amérique, qui quitta le service anglais dès le commencement de ia guerre de l'Inde, et qui combattit avec la plus haute valeur pour la cause de la liberté de sa patrie. Samuel Wyllys, après avoir fait de bonnes éludes au collège de Y'alc , il prit tous ses degrés en 1759, leva une compagnie d'infanterie, qui composa la première garde du gouverneur de la province de Connecticut. et fut nommé, en 1 775, par la législature de cet état, lieutenant -colonel du régiment^ de Spencer. L'année suivante, le congrès le nomma colonel d'un régiment formé dans le Connec- ticut, qui se distingua, sous les.or- dres de son vaillant chef, pendant toute la guerre de la révolution. Après la glorieuse paix de 1782, et la reconnaissance solennelle de la république des États-Unis par toutes les puissances de l'Europe , "WyHys fut nommé brigadier, et peu de temps après major-géné- ral an la milice de l'état de Con- necticut. Il remplit aussi avec dis- tinction plusieurs offices civils, et en dernier lieu celui de secrétaire- 1 d'état, poste qu'il résigna en 1809, pour se retirer à Hartford, ce vétéran des armées américaiiîcs termina son honorable carrière, à l'âge de 85 ans, le 9 juin 1820. WYNPERSSE (Jacques Thiens

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Vas-de), célèbre médecin hollan- dais, naquit à Groningue le 17 novembre 1761. Fils de Lonis ^Yvnpei■sse, professeur de jihilo- sojihie à l'universilé de Leytie , auquel on doit plusieurs ouvrages élémentaires souvent réimpriinus, il fit, sous la direction de son père, de bonnes études, et de Irès-bonue heure montra une vocation parti- culière pour l'exercice de la mé- decine. Élève des prolésseur» en médecine et en chirurgie les plus célèbres de la Hollande, il fut reçu, en 1785, docteur en l'uni- versité de Leydc, sur sa thèse doVa7ikytosle.]Ln 1784, il fit ini- primer la traduction en latin de 1 Ouvrage du docteur anglais (iuil- lauuic Hevvson, sio' les vaisseaux lyrnplialiques. Courotuié en 1786 à Amsterdam, pour un Mémoire sur la Jaunisse, il reçut, en 1787, le même honneur de la société royale de médecine de Paris pour son Mcinuire sur le muguet, le millet et le blanchct; cette société l'admit en même temps au nom- bre de ses associés étrangers. Une mort prématurée le ravit, en 1789, aux sciences, aux pauvres et à l'amilié. Auteur laborieux, habile praticien, h(>mme doué des plus belles qualités du cœur, AVyn- persse, regretté généralement, a laissé un cabinet important par le nombre des préparations anato- miqucs, parmi lesquelles on re- marquait une collection com[)lèle d'os morbeux. Celte précieuse collection a été acquise par l'uni- versité de Goi'ttingue.

^VYSZKOWSM ( N. ) , m:«jor de cavalerie des troupes polouai- sus. fut un des plus fidèles patriotes à l'époque de l'insurreclion iiatio-

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nale dirigée par le général Kos- ciusko en 1794- Major d'un corps qui s'était formé pour secouer le joug des Russes , aussitôt qu'il apprit l'insurrection de ses com- palrioleset à l'insude son colonel, il décida le corps entier à aller rejoindre Ko!?ciusko. Pendant qu'il était en marche, il fut attaqué par un corps île grenadiers russes, A la tête de son petit corps de cava- lerie, il se précipita sur l'ennemi, le culbuta , lui tua et blessa beau- coup de monde, et conduisit fi Rosciusko, avec bon nombre du prisonniers, sept pièces d'artille- rie dont il s'était emparé. Il reçut de l'emploi dans la Volhinie, et lors de la retraite du 10 juin, après la perte de la bataille de Chelm, il sauva les canons et les débris de l'armée.

AVYTHE ( Georges ) , chance- lier de l'état de Virginie, fils d'un fermier estimé pour sa probité et ses mœurs pures, naquit en 1726. Les bons exemples que lui don- naient ses parens ne purefit rain- .cre ses penchans portés à la dissi- pation. Il ne savait encore, à l'âge de 21 ans, que lire, écrire, et les cinq premières relaies de l'arilh- mélique. La perte de son père, et bientôt celle de sa mère, qu'il eut à déplorer vers ce temps, ne chan- gèrent pas ses di-positions. Ce ne fut qu'à l'SjTv: de 5o ans que, fai- sant un utile retour sur lui-même, il chercha, par l'étude et une con- duiliî régulière, à faire oublier le» travers de sa jeunesse. Il y réus- sit au-delà de ses espérances. San:» le secours d'auctm maître, il aj>- prit le latin et le grec, et acquit en peu de temps la parfaite con naissance des lois de son pays et

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(le l'Angletirre. 11 s'iiislrulsit éga- leincul à fond dans les scieuc»!S morales et physiques; il devint aussi un très- habile iiiuthémati- cien. Repu avocat, il obtint de grands succès comme orateur et comme savant jurisconsulte; et lorsque rAmérique voulut con- quérir son indépendance , il se joignit avec son élève et son ami, Thomas Jefferson , à un corps de volontaires, qu'il organisa sur un meilleur plan, et qu'il forma à la plus exacte discipline. Wythe fut nommé à la même époque député dans l'assemblée de la Virginie; après avoir rempli pendant quel- que temps et avec distinction les fonctions d'orateur de la chau)bre des communes , il se rendit au congrès, dont il devint un des principaux membres. On sait que le congrès , assemblé en 1776 , ne se sépara qu'après avoir proclamé l'indépendance américaine. « Il fut, dit l'auleur d'une notice sur Wylhe, un des signataires de celle mémorable déclaration, par la- quelle! ces héroïques légi.^lateurs de leur pays engagèrent leur vie, leur fortune et leur honneur au maintien et à la défense de ses droits trop long - temps violés. 'Wythe, après avoir, avec un zèle infatigable, achevé le nouveau code des lois qu'il avait été chargé d'établir avec ses collègues, eut part à leur exécution dans l'em- ploi difficile de juge de la cour de justice : il fut en effet l'un des trois juges de la haute-cour de la <;hancellerie, et ensuite chancelier de la Virginie , place qu'il conser- va plus de vingt ans, et qu'il gar- da jusqu'à sa mort. Ce fut surtout tlaus l'exercice de cet emploi que

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son désintéressement et son pa- triotisme parurent dans tout leur jour; car les honoraires que la ré- publique lui accordait étaient des plus modiques ; il avait même un tel mépris pour les richesses, qu'a- près avoir donné en pur don à son neveu la moitié du bien qu'il aV^ait à Elisabeth-Cyiy,et vendu l'autre moitié, il n'en fut payé que beau- coup d'armées après. Il fut aussi nommé membre de la convention de Virginie, qui, en 1788, s'oc- cupa de la constitution proposée aux Etats- Unis. » Son âge déjà avancé et ses infirmités le déter- minèrent à s'éloigner des affaires publiques. Il rentra bientôt dans lu carrière, et en 1798, il com- battit la loi sur les séditions et la levée d'une armée. Deux fois il occupa la présidence du collège des électeurs de LixVirginie. Sa santé s'affiiiblit de plus en plus, et il mourut, en 1806, à la suite d'une maladie violente, qui fit croire qu'ilavait été empoisonné. Une enquête sévère détruisit cette opinion. «Le chancelier AVylhe é- tait d'un caractère sociable, et dès qu'il fut revenu des erreurs de sa jeunesse, il se fit une réputatioa intacte. Sa manière de vivre était siuiple et modérée, et il trouvait dans l'art de diminuer les besoins celui de réprimer la cupidité des richesses. Comme juge , il fut re- marquable par sa rigide impartia- lité , son attachement sincère aux principes de l'équité, son immense érudition, et son assiduité infati- gable aux soins de sa place. Su- périeur aux préjugés populaires et à toute influence corruptrice, rien ne put jamais le faire dévier des roules de la justice et de la vérité. «

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XAVIER ( Antoine - Marie ) , violoniste et compoîiileiir de mu- sique, est à Paris vers 1739. « Fils d'un grand seigneur, disent les auteurs du Dictionnaire lùslo- rique des musiciens ^ M. Xavier se vit forcé par la révolution à vivre du talent qu'il cultivait pour son agrément. » Ce virtuose , élève de Berthaume et de iMcstrino, se fil remarquer aux concerts de la rue de Grenelle , dont il était l'un des administrateurs. Il l'ut attaché pendant dix ans à l'orchestre du théâtre Fcydeau, et trois ans à celui de l'Opéra-IJufla. M. Xavier passa ensuite à l'académie impé- riale de musique, devint profes- seur au lycée impérial, et fut at- taché à la musique particulière de l'empereur Napoléon; il est au- jourd'hui ( 1825 ) attaché à l'or- chestre de l'académie royale de musique. M. Xavier a publié en- Ire autres compositions, un œuvre de duos et plusieurs romances. M. Kreutïcr lui a dédié un œuvre de sonates, et M. Ilyacinthe-Jadin un œuvre de quatuors de violon, comme exécutant. « La manière de M. Xavier, disent les auteurs <|ue nous avons déjà cités , est large, et l'on ne peut tirer un plus beau son de son instrument. »

XIMKNÈS (Augustin- Louis, MARQUIS de), doyen de» poètes fran(;ais, d'une famille originaire d'iispagne, naquit à Paris le 28 février 172^. Il s'était for»né à l'école lies honimes de lettres les plus distingués du 18* siècle, et

fut intimement lié avec VoltaiiT , «qui, dit M. Palissot, par ui.tj espèce d'adoption très-honorabie, fit placer plusieurs fois dans ses éditions des vers du marquis de Xinienès : témoignage d'estime qu'il a renouvelé depuis en favour de M. de Aulhière. » Le marquis de Ximenès n'occupe pas un haut rang sur le pâmasse français, mais il n'en est pas moins digne de l'in- térêt des amis de la littérature clas- sique, par le soin avec lequel il a conservé dans ses ouvrages, le goût pur des Racine, des Boi- leau et des Voltaire ; plusieurs passages de ces mêmes ouvrages ne seraient peut-être pas désa- voués par ces illustres auteurs, et pour appuyer notre opinion, nous extrairons les vers suivans du dis- cours qu'il présenta au concours de l'académie en 1 ySo.

11 est des rois sans force et nés pour l'indolence, Que la njoUcsse endort, que lintifrêt encense; rantômes élevas sur un trône avili, Ils passent comme un songe et tombent dans

l'oubli. Sous ces règnes de deuil , le mérite, inutile, Languit décourage, dans un obscur asile. Et des hommes divins y vivent inconnus, Mais laissent , en mourant , un nom qui ne meurt

plus. Illustres malhenrcux! vos ombres consolées Abandonnent aux rois l'orgueil des mausolées; La mort y foule aux pieds le faste qui les siiir. Votre empire commence leur règne est détruit.

Ce discours ne fut pas couronné, « quoique Voltaire, ajoute M. Pa- lissot, regartlTit l'ouvrage comme un des meilleurs qui cCit jamais été présenté à ces concour,«^. » Il a donné les tragédies <VEpic/t(t~ ris, d'Amalazonlef et de Dun Cut-

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los, un poëme de César au sénat romain, et un autre poëme, il développe cette idée trè.s-']uàte, que les Icllres ont autant contri- bué à la gloire de Louis XIV, que ce monarque avait coniribué à leurs prog:rè.s; deux Discours en vers, l'un à la louan|;e de Voltaire, et l'autre dont le sujet est l'iufluen- ce de Boileau sur son siècle. Par- mi ses autres productions, on elle des Lettres sur la Nouvelle Héloise de J. J. Rousseau. 11 avait fait pa-

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raître ses œuvres en 1772» et vingt ans après, il en a donné de nouvel- les, sous le titre de Codicile d' un vieillard. Le marquis de Ximenès fut toujours partisan de la révolu- tion , mais avec un désintéresse- ment parlait; il n'a pris aucune part aux événemens, ni occupé de fonctions publiques ou autres emplois. Il mourut peu après la seconde restauration du gouver- nen>.ent royal en France : il était alors dans la 86"" année de son 5ge.

YKREGIJI(Joseph), savant ec- clésiastique espagnol , naquit à Vergara , province de Guipuscoa, vers 1754. Il commença ses étu- des à Malaga, les continua à Ma- drid, et vint les terminer à l'aiis, il se perfectionna dans les sciences physiques et naalhénia- tiques. Son goût pour l'étude, un jugement sain, un esprit judicieux et les qualités morales les plus re- commandab les lui procurèrent des relations intimes avec les savans et les gtns de lettres de Paris. De retour dans sa patrie, il prit les ordres, reçut la nussion d'instruire les infaus,el fut chargé, parson sou- verain,de composer un catéchisme dont on pût faire un usage géné- ral en Espagne. Ce rcs[)ectablc ecclésiastique vivait retiré à Car- dahalzo, près de Madrid, il em- ployait son temps à l'étude et ses richesses aux bonnes œuvres, sur- tout à l'égard des enfaus et des pauvres , lorsqu'il fut traduit, en J792, au tribunal de l'inquisition.

Nous citerons, d'après une no- tice sur ce savant , les principaux griefs qui lui étaient imputés. « Il avait nié rinfaillibilité du pape et sa supériorité sur le concile œcu- ménique , parlé mal de la cour de lîome, des moines, des scapulai- res et de l'inquisition, en disant qu'elle fomentait l'ignorance; il avait censuré amèrement les prê- tres qui célébraient l'oHice trop précipitamment; prétendu que le jansénisme était un fantôme, et loué Nicole, Tilleinonl et les Let- tres provinciales; il possédait dans sa bibliothèque les ouvrages de MesetiguY, et doutait de la sain- teté de Marie d'Agréda. » Mais, ajoute l'auteur de la notice, ses véritables crimes étaient de pro- clamer, comme le clergé français du temps de Bossuet, les notions saines su ries limites de? deux puis- sances et les droits des évêques envahis en Espagne par l'ultra- montani^me; de montrer en tout uu courage imperturbable à sou-

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tenir la vérilé, et enfin de joindre à l'étendue des lu m ières des iiiœur? auslères : pent-Ptre aussi avait-il trop manifesté sa manière tie pen- ser sur les ecclésiastiques émigrés de France en Kspagne. qui se pré- tendaient riches en principes de foi, mais qui étaient réelltînîent pauvres en pratiques de charité. Afïligé de voir son pays en pnue i\ l'ignorance, Yeregui désirait une nouvelle Pentecôte pour le régé- nérer. CI II y a trois cents ans, di- n sait-il, que nous avons se<;oué le «joug des Maures, et nous soiii- n mes cdiirbés maintenant sous le »jfMig (]u j)harisaï-.me ! •> Les prin- cipes d'honneur et de vertu de "Veregui Itii avaient fait des aniis nombreux, zélés et puissans. Le résultat de leurs démarches fut qu'après cinq mois les per'^é- cutions dirigées contre lui ces- sèrent. Sa doctrine fut décla- rée pure et sa conduite iriéprn- chahle. Par un acte de justice, si- nr>n inouï, du moins trop rare, le gouvernement le nomnia mem- bre du tribunal qui venait de l'ab- soudre. c< Peu de temps après, di- sent It's auteurs de la notice déjà citée, on ré|iandit par milliers des" exemplaires de l'ouvrage de l'ab- bé Grégoire {vny. ce nom), évê- (|ue de Blois, contre l'inquisition, traduit en espagnol, ce qui enga- gea le tribunal à essayer de ré- pondre par trois ou quatre voln- m«'3 composés par divers inquisi- teurs. Ymtgui prit la plume contre l'inquiAition dont il était membre, et composa une savante apologie de l'ouvrage de rév»'''que d«; Blois, qu'il envoya euFrance, poury être publiée ave(^ les pièces de son pro- cès, comme un monument d'inep-

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tie propre àcouTrirdehonte l'infâ- me tribunal qui fui heureusement supprimé depuis, et qui vient d'être rétabli par le trop sévère Ferdinand VIL » Yeregui, étant à Bagnères en i8o3, fil imprimer un ouvrage sous le tilre de : Idea de catecismo nacional, digne des prin- cipes qu'il avait toujours profes- sés. Le succès de ce livre l'avait déterminé à en préparer une nou- velle édition ; mais la mort sur- prit pendant qu'il était occupé de son travail, l'année même il l'avait publié pour la première fois ( i8o5). Il fut regretté à la fois de ses concitoyens et i\f% Français, dont il avait toujours été l'ami fidèle.

YOllCK ( Frédéric duc d'), se- conil fils du roi d'Angleterre Geor- ges III, premier pair de la Gran- de-Bretagne . généralissime des troupes de terre et chef de l'ad- ministration militaire, etc., le i6 août ijGo.-A l'âge de i6 ans, il voyagea sur le continent, et sé- journa long-temp- en Prusse; il y épousa la fille ainée du roi Frédé- ric Guillaume H, princesse qui joignait à tons les avuilages ex- térieurs, un esprit distingué et des vertus dignes du sort le plusheu- reiix, mais qui ne jouit pas long- temps dn bonheur de fixer l'aita- chement de son angu-te époux. En 179'i, quan<l le gouvernement anglais eut décidé de joindre ses troupes à celles des arjnées coali- sées qui devaient envahir la France, le roi Georges III, ayant une prcdih.'Ction Miar(piée pour son second fils, et la pins haute opinion de sa capacité, Ini donna [(^commandement en chef de Tar- inée anglaise destinée à agir sur

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le continent. Le chic d'Yorckfit an moinâ en plusieurs occiisions preu' ■ve de cour;if:;e personnel. Ch.irgé du siège de Valenciennes, il par- vint, après ?ix jeinaines de tran- chées ouvertes et un bombarde- ment de plu>ieurs jours, à l'aire ca- pituler la garnison de cette jilace, qui manquait d<';ja de vivres et de muniliouïi de guerre. Il l'ut moins heureux devant Dunkerque, toutc^ ses attaques lurent vigou- reusement rcp'jussées au com- mencement de septembre 1793, et le 8 du même mois, il fut complèlement di;fait par le géné- ral Houohard. Les Anglais essuyè- rent dans cette journée des perles considérables, et ne furent plus d'aucun secours aux coalisés pen- dant le resle de la campagne. Le duc, après une pénible retraite, s'était embarqué pour l'Angleter- re, afin de coni'érer avec le gou- vernement sur les opérations la campagne prochaine. Elle de- vint encore plus désastreuse pour les alliés. Leduc d'Yorck avait pris position près dcTournay; mais vi- vement pressé par les troupes fran- çaises , il fut obligé de se retirer d'abord sur Anvers, et malgré le renfort de 10,000 hommes, que le lord Moira, qui venait de débar- quer à Oslende, lui amena, il fut encore obligé de battre en retrai- te. Le 10 septembre, il prit posi- tion sur les bords de la Meuse, a peu de dislance de Grave, et ne put se maintenir dans ce poste; toujours poursuivi l'épée dans les reins, il fut forcé de re- gagner à la hâte le lieu de son em- barquement, qu'il ne put attein- dre sans éprouver de nouvelles pertes. De retour en Angleterre,

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leducd'Yorck fut nommé, en 179.5, (^onnnandant en chef Je l'armée anglaise, et malgré le mauvais succès de ses deux premières ex- péditions, il fut encore chargé, en 1799, de celle qui devait agir en Hollande de concert avec une ar- mée russe, commandée par le gé- néral Ess^n. Le duc d'Yorck dé- barqua, sans éprou ver de ré-^istan- ce, avec 5o,ooo hommes, et s'a- vança d.ins le pays, i! trouva l'ar- mée galio-balave dans le v(y>ina- ge d'Alckmaar, occupant une for- te posilittn, qu'il tenta vainement d'enlever. Après plusieurs com- bats [»arliels, le général Brune remporta les deux victoires signa- lées de Berghen le 19 septembre, et d'Alckmaar le 18 octobre sui- vant. Les débris d»; l'année aniflo- russe se hâtèreni d évacuer la Hol- lande, et le duc d'Yorck, pour n'ê- tre point inquiété pendant sa re- traite , fut forcé d'accepter la ca- pitulation rigoureuse que lui im- posa le général brune. La longue marche dos Anglais , obligés de chercher dans le nord de l'Alle- magne un port d'où ils pourraient se rembarquer, devint d'une dilïi- liulté extrême, vu le mauvais état des chemins , les rigueurs de la saison et la rareté des subsistan- ces. Un bien petit nombre des guerriers qui composaient naguè- re une armée brillante revirent avec leur chef le sol de la pairie. Celle expédition, dont l'issue fut si désastreuse , donna lieu à de vio- lentes attaques dans le parlement britannique contre les ministre» qui l'avaient projetée, et même contre le chef chargé de la condui- re. Le duc d'Yorck reprit néan- moins à Londres ses fonctions de

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•commandant en clicT. Depuis <|uelques années une jurande mé- sintelligenoe régnait entre los deux fils aînés du roi Georges III. En mars iSo^, pe'ndant l'aliénalion mentale de ce monarque , le duo d'Yorck se réconcilia publique- ment avec le prince de Galles, et ce dernier, appelé à la régence et plus tard au trône, n'aoe^sé depuis de donner des marques de confian- cc;i sop frère. Placé A la tête de l'ad- ministration militaire, des plain- tes graves s'élevèrent, en 1809, contre le duc d'Yorck. L'honora- ble iM. Wardie député à l.> cham- bre des communes, y fit le 27 jan- vier de la même année une dénon- ciation formelle. Après avoir long- temps parlé devant l'assemblée du système de corruption qui préva- laitdans ledéparlement de la guer- re, il accusa directement le chef de celle administration. L«! duc souffrait, disai(-il, que sa maîtres- se, la fameuse mistriss Clarke, fît nu honteux trafic det brevets d'a- vancement et des commissions, dont il partageait, selon l'accusa- teur, les profits avec cette femme. L'orateur conclut en demandant que la chaiid)rc procédiit de suite à la nomination d'un comité pour examiner la conduite du prince, et en fiiire son rapport. Après d'as- sez viv«'S discussions, il fut résolu qu'une enquête sérail faite par un comité composé de lii chambre en- tière. Ce procès remarquable oc- cupa la chambre des communes pendant plus de deux mois. On enlei)dit une foule de témoins, et la salle ne desemplissait pas de cu- rieux, attirés non moins par l'inté- rêt de la cause même que par le scandale qu'elle occaeionait dans

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507

h public. Il fut enfin établi, pai'V une décision de la chambre, que mistriss Glarke avait souvent re- çu de l'argent pour procurer de 1 avancement ; mais que le duc d'Yorck n'avaitpas eu départ per- sonnelle aux manœuvres de cette dame, quoiqu'elle eût de son cô- té constamnitnt soutenu qu'elle n'avait agi qu'avec l'autorisation du duc. Cette décision importan- te ne .passa cependant qu'à la ma- jorité de 278 voix contre 196, et le duc d'Yorck ne crutpoint, après l'issue Je l'enquête, devoir conser- ver plus long-temps ses fonctions. Dès qu'il eut annoncé qu'il don- nait sa démission , lord Althorpe proposa à In chambre des comum- nes de déclarer que son altesse royale ayant résigné le comman- dement, et que sélant démis de tout emploi public, la chambre ne croyait pas devoir donner mainte- nant aucune suite à cette affaire. Le mot maintenant devint l'objet il'une nouvelle discussion, et les ministres parvinrent enfin, après de vifs débats, à le faire suppri- mer. Knmai 1811, le duc d'Yorck reprit néanmoins son poste, le roi son frère lui ayant de nouveau confié le commandement en chef des troupes anglaises, et il se trou ve encore aujourd'hui (i8a5) à la tête de ct.tle administration im- portante. En i8i4» il accepta le grade de feld-maréchal des ar- mées autrichiennes. A la fin de mai 1825, le ducd'Yorcks'est pro- noncé avec une grande véhémen- ce dans la chambre des pairs, con- tre l'émancipation des catholiques d'Irlande, en faveur de laquelle la chambre des communes venait de passer un bill, que ce prince a eu

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satisfaction do \oir rejeter par Dans la st-ancc du lendemain, la chambre il siég;;. Le discours mCme orateur rendit cepend^mt tenu par S. A. l\. en cette occ;i- sons un antre rapport, une justice ^ion lut \iveinent atlnqué dans la éclatanleau duc d'ïon k. «Leprin- chinnljrc des communes. L'iiono- ce, dit-il, nexicntpas ternir»; la rable inen)hre RI. Brongliiira main au parlenieul. cotjime d'au- prclendit ruêtnc qu'il ne pouvait 1res de ses illu-tres parens ont avoir été prononcé tel qu'il venait coutume de l'aire de temps à au- de paraître par la voie de l'impres- très. Pour ma part, je dormerais sion. «On m'excusera, dit cet plutôt au duc d'Yortk la sonunc orateur, si j'entretiens la chambre qu'on demande aujourd'hui pour d'un libelle étrange qui aurait le duc de Cumberland. Les rêve- donner lieu <i des poursuites tant nus du premier sont inférieurs à en Angleterre qu'en Irlande : c'est sa dépense; sa fortune est si insuf- celui qu'on publie , comme étant fisanle pour soutenir la di-rnilé le discf)urs d'un illustre pcrsonna- de son rang, il est si accablé de ge, d'un personnage qui occupe dettes, que ses biens sont tons les le rang le {)lus élevé et le plus jours frappés d'exécution. Il ne près du trône. Je ne doute pas peut même aller à une course sans que mon honorable et savant ami, voir ses chevaux et sa voiture sal- le ])rocurcur-g('néral , ne vienne sis pour dettes, et il s'est souvent demander à la cour du banc dn vu dans des embarras dont uu roi , d'insliluer des poursuites cou- simple particulier serait honteux.» ire rédileur de ce libelle ; car on Peu de temps a|>rés, les journaux ne pourrait rien imaginer de plus du 9 juin annoncèrent etVective- calomnieux, de plus outrageant ment un événement pareil, et pour l'illustre personnage en ques- qu'aussitôt que le duc d'Yorck eut tion , que de lui faire dire que mis pied à terre aux courses d'As- quarid il montera sur le trône, il cot, un officier du shérif était ve- ne gouvernera pas d'après les prin- nu saisir le cheval de S. A. R et cipes de la constikitiou, mais d'u- celui de son domestique, en exé- ne manière à lui, mais d'une ma- cution d'un jugement pour dettes, nière telle que Jacques II lui-mê- Depuis la mort de la princesse me n'aurait pas imaginée, ou si Charlotte, le duc d'Y'orck est l'hé- jamais il y eût songé, il n'en avait rilier présomptif de la couronne au moins rien laissé transpirer, d'Angleterre. Il n'a point eu d'hé- quand sa conduite provoqiui le rilier? de la princesse son épouse, bill d'exclusion, ou quand elle le morte en 1820, mais il a plusieurs fit exclure elfectivement, pour fai- enfans naturels, re place au roi Guillaume et à sa YORCR DE WATTEMBOL'RG famille. Jacques ÎI n'a jamais dit (le comtk), lieutenant- général la millième partie de ce qu'on at- prussien, était peu connu par ses tribne à S. A. 1\. dans le libelle faits d'armes avant la campagne en question. Je désire donc qu'on de 1812 eu Russie. Il corrtman- fasse un exemple de ceux qui ont dait à cette époque un corps de osé publier ce libelle atroce....» troupes auxiliaires que la Prusse

TOR

avait fonnii à l'iinnéc française. Après avoir coiiiUaîtii los IVusse*. sous les ordres du maréchal Mac- donald, qui dans ses rapports à i'em pereii r.cila a vt'C do j^rinds élo- ges la condtiilt* des Prussiutis sous It-'s murs de Riga, lo p;n<Mal Yorck donna le premier l'exemple de passer dans L-s ranî^s des eniiCTnis qu'il venait de combattre. Lors- «(tie ce g('^n«''ral eut appris la retrai- te de Moskow et les désastres de la grande-armée, il se sépara ino- pinément, le 3o décemln-e, 18 il?, dn corps du maréiJial Macdonald, qu'il devait suivre à nncj journée de distance; capitula au inoiilin de Poschiirnu, près Tauroggin, pour tout le contingent prussien, arec le général Diebitsch, et se réunit aux Russes. Il écrivit en même temps une leltre an chef qu'il ve- nait d'al)andonni,'r, pour justifier cette démarche. Les btdietins oHi- ciels et les journaux français reten- tissaient cnc<ne «les pompeux élo- ges donnés au général Yorck, et aux troupes qu'il commandait, lors- qu'on apprit avec le plus grand étonnement cette première défec- tion. Le roi de Prusse crut devoir témoigner publiquement son in- dignation. Des notes oITicielles an- noncèrent au gouvernement fran- çais, que le> ordres.étaienl don- nés pour l'arrestation et la mise en jugement du général Yorck, ainsi que pour son remplacement inmiédint dans le commandement du corps auxiliaire prussien; mais le système politicpie de ce cabinet était entièrement changé av«!c la fortune de l'armée française. F^e roi quitta Berlin, il ne se croyait plus en sOreté, pour .se rendre en Silésie, et quoique la diplomatie

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conservilt encore des formes ami- cales dans les notes que le miniv- tre Hardenb'erg ajre>sait à Paris en février i8i5, on apprit bientôt que ce ministre avait signé le 27 du même mais , à Breslaw, un traité d'alliance offensive et dé- fensive avec la Russie. La com- mission, qui fut aussitôt nomtnée pour examiner la coiuluilc du gé- néral Yorck, le déclara exempt de tout blâme. Une hante faveur et des récompenses suivirent cette déclaratif)!!. Il eut enfin le bonheur auquel il aspirait depuis long- temps, de combattre les Français, et il fit contre eux les campagnes de j8i5 et i8i/|. Le 2 mai de la première année, il assista à la ba- taille de Luizen, s'y distingua par son cour.ige persoimel, mais ne put empêcher la perte de la batail- le. Le 21 août suivant, il déten- dait une forte position sur les li- gnes de la Bober; vivement atta- qué par les Français, il ne put s'y maintenir et fut forcé de se retirer en Silésie, avec une perle consi- dérablt!. An commencement de l'année i8i4» après la reiraile des Français, il passa le Rhin, se porta dans les environs de McAz. péné- tra avec son corps, à la suite des aruïées alliées, en Chatn[)a:,'ne. et opéra sa jonction avec l'armée ba- varoise,sous les ordres du général deWrède, à Joinvillc. l\ assista à la bataille de Brienne, et essuya mi échec important à Montmirail. Il Ht ensuite partie de l'armée qui investit Paris le 5o mars, et éprou- va des perles à Saint-Denis. Eji 181 5, le général Yorck comman- da une division de l'armée prus- sienne. Le iG juin, son fds unique fut tué ù la bataille de Ligny. Le

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voi de Pnisso a, depuis la ]),'iix, don- né ail général Y(»r( k le litre de comtcdeWalteiTd)()iMg, l'a nommé gouvernt'iu-fiénéial de la Silébie, et lui a (ait don d'un châleau et d'une belle terre dans les envi- rons de Br( slaw.

YftIAKTE (donTho;«as), poète espagnol, est dans l'île de Ca- iiarie , d'une famille illustre. Il suivit la carrière administrative > et occupa l'emploi de chef du mi- nistère des alTaires étrangères et de la 1" seorétairerie-d'élat. Son goût pour la poésie se manifesta de bonne heure , et il publia suc- cessivement, entre autres ouvra- ges, un poëme en cinq chants sur laMustquc, et un recueil de fables. qui ont été traduites eu français. Ces dernières productions, géné- ralement inspirées par un esprit de philosophie, fixèrent, sur la fin du règne de Charles III , l'atten- tion de ce tribunal odieux qui re- cherche et interprèle tout et ne pardonne jamais. Il poursuivit don Y'riarle comme philosophe, et lui fit donner la ville pour pri- son, avec l'ordre de se tenir pi et à paraître devant ses juges lors- qu'il en serait requis. L'instruc- tion ne se fit pas attendre; elle fut secrète. Yriarte s'elforça , par ses soumissions, d'apaiser ses impla- cables ennemis , et eut le rare bonheur de n'être déclaré que lé- gèrement suspect. Il fit abjurali()n, reçut l'absolution , snus la condi- tion expresse d'accomplir une pé- nitence qui n'a poiiit été connue du public. Le poëme de 1 1 Musi- que, dont il a été question plus haut 5 parut à Madrid en 1779. « Il serait à désirer, disent les auteurs du Dictionnaire historique

YSA

(les musiciens, cpie nous eussion?^ dans noire langue une bonne tra- duction de cet ouvrage. Celle que (il aiu ville a donnée fourmille d'er- reurs et de contre-sens. L'auteur d'un piiëine en quatre chants sur la musique, pul)Iié en 1811, cite dans ses notes des fragmens d'une tradiiclioti en \er^ français de l'ou- vrage de Yriarte, l'on trouve de la facilité et du talent. 0 Les deux frères de don Thomas Yriarlc ont rempli des fonctions diploma- tiques. Le premier, don Domini- que , a conclu, à Bâie, un traité avec le gouvernement républicain de la France ; le second , do> Beb- NARDO , était conseiller des Indes et chevalier de l'ordre royal de Charles III, lorsque Josiph Bo- najtarle monta, <.'n 1808, sur le trône d Espagne. .S'élant att.Tché au nouveau souverain, il fut ntnn- iné conseiller - d'état. Don Ber- nardo Yriarte mourut peu de temps ajirès. Il s'élait honorable- ment fait connaître dans les af- faires de Tétat et dans la carrière des lettres. En lui s'est éteint le nom célèbre qu'il portait.

YSABEAlj'(C. A.), membre de la convention nationale el du conseil des anciens, appartenait à la congrégation de l'Oratoire lors- que la révolution éclata. Ayant adopté les principes du nouvel ordre de choses, il fut nommé, en 1792, [tar le département de l'Indre, député à la convention nationale; dans le procès du roi, il vota avec la majorité. En 1795, il fut envoyé avec ïallien et Bau- dot, en mission à Bordeaux, il fut accusé d'organiser la terreur, tandis qu'il était signalé à la même époque comme un partisan du m&'

Y VA

dérantisme. Le coinilé à% :«alnt- piiblic, adaptant celle (l«Tiiière dé- nonciiitioM, le rapp»*lii. Lr> révo- lution du f) iheriTjidor an 'i (27 juillet 1794) '' laquelle il prilpnrl, lui fit r«udre la ccintiance de la «onvention, et il relourna à Bor- deaux, où il fit restituer aux fa- milles de plusieurs coiidainués les biens de ces vicliuies ", il fil aus.*i nnettre en jugement le président du tribunal révolutionnaire. De nouveau dénoncé pour ces faits, il parvint néxninuins à ?e mainte- nir à la cduvenlioii avec les autre!» membres île l'assemblée, auteurs de la révolution qui renversa Ko bespierre. Lors lies mouvemens populaires du \-?. germinal an 7> ( I "avril i7f)5), il indiqua le^cliefs qui les dirigeaient. Vers la fin de la même annce, il signala les émi- grés et les prêtres comme les deux plus grands Héatix de la républi- que et demanda leur déportation; au i5 vendémiaiie an 4 (^ octo- bre i^O'"')» •' !^^' prononça contre les sections insurgées. Membre du conseil de» anciens, il obtint la ra- diation de Madier de la liste des émigrés, et, au 18 fructidor an 5 ( 4 septembri; 1 797 ) , il se rangea du parti du directoire-exécutif, qui le nomma à la ce<isation de ses fondions législatives, le substitut de son commissaire près de l'ad- ministration des postes de Bruxel- les. Lors desévéfieinens politiques de i8i4* il perdit un modique em- ploi qu il occupait à Paris dans l'administration générale de celle partie du service public.

YVAKT ( Jeas-Aucustir-Vic- tob ) , membre de l'institut (ac 1- démie dos sciences), professeur d'économie rurale ù l'école Télé-

YVA

5ii

rinaire d'Alfort, est un de nos agro- nome!; hs plus distingués. Digne de succéder à Parnientier , il la remplaça en effet à l'académie. Après avoir |>arcouru la france, la Belgique et l'Angleterre, pour y comparer les différente;} méllio le» de culture, il donna son Traité des Assoleniens, qui . ainsi que sou établissement de Maisons près de Chai'enton , fut Jiontrableinent cité dans le rapport sur les prix décennaux. Le jury s'exprime ain- si : « Trois cents be(;tares de terre composent cet établissement. Le s«d en est sabbmeux et très mé- diocre. Il était livré régulière- ment i^ la jaebèie triennale et à la culture i\u seigle avant M. Yvart. Par les soins de ce cullivaleur et par les bons assolemens qu'il asu introduire, on ne voit {dus de ja- cbères, et il a (jartout subslituc avec succès le froment au seigle. tl entretient un très-beau trou- peau de i5oo bêtes à laine dépure race et améliorée, et il e»t le pre- mier qui ait cultivé en grand le topinambour, plante si précieuse pour la noiirrilurc d'iiiver de ces animaux. Il a dcfeséché des terres et il entretient conutammenl la moitié de son exploitation en prai- ries artificielles. L'exemple de ce cultivateur a déterminé la plupart de» babitansde son canton à subs- tituer le froment au seigle, à cul- tiver des praiiies urlifirielles et à supprimer les jaclières. Mais cette iiiflicnce a pris encore plus d'ex- tension : la bonne réputation de M. Yvart a attiré près de lui des cidtivalcurs et dt"i (iropriétaires de> divers points de la France; sa culture a servi de modèle et ses coDâeiU de guides. 11 a d'ailleurs

5i2 VVA YVE

exposé sa pratiqii».; vl !cs connais- (lomt; |^I), ;'i r;iriicl»i Surressions

sauces positives qii'il a aotpiises fJo culture, sku impoi taiil Iravail

j>ar différons voyages , (fans ie sur les Ast'oUiiuns.

Cours d' A p'icidlure pratique (\\\^'\{ VVElliNOlS ( SiK Francis n'),

prol'esse depuis plusieurs atinées luiriislre de la icpiiblirpie de Ge-

à l'école d'AIIort; et le Traité des jm;\';. est ne duis cette ville en

Asaolemcns qu'il a publié feraépn- 17 Xi, d une faïuille honorable, aux

que dans les annales de l'agricul- soins 'ie laquelle il dut une Irès-

ture. » Les conimissaircs tertni- bonneéduealion. Lncaractèretur-

rient ainsi leur rapport : «Le jury bulent et beaucoiij) d'ambition lui

regrette de ne pouvoir proposer firent conslainnient prer>dre part

un second prix pour récon)penser aux troubles de sa patrie, il se

M. Yvart des Inivaux é< lairés, ap- fil souvent remarquer parmi les

pliqués à un douiaine borné, qui linnimes les plusdaiiffereux. L'exil

ont servi d'exemple à un canton l'éloigna eu 17S2 ; mais il rentra

mai cidlivé avant lui, ainsi que bus de la révolution du mois de

des leçons par lesquelles il a ré- janvier 1789, et il parut, en i7«»a.

j)andu dans tout l'enipire les lu- dans k-s conlerences qui eurent

niièreg de l'agrieuiture perfection- lieu avec le général tMontes(pjion,

née. » Les autres ouvrages de M. afin de préserver Genève de l'ot-

Yvart sont : Mémoire sur les cupation Irançaise. IN'ayant pu

végétaux qui fournissent des parties parvenir à jouer le nde qu'il s'é-

utiles à l'art du cordier et du tisse- tait proposé , il se rendit en An-

rand, couronné, eu 178S. par la gleterre. d'où il repartit bientôt

société d'agriculture de Paris; avec le fils de lord Eardley, qu'il

Rapport sur les expériences du ci- était chargé d'accompagner sur le

ioyen Houdart, relatives à féco- continent. Après plusieurs voja-

, nomie et à la préparation de ta se- ges , de retour en Angleteire,

menée, an 8 (1800), in-8"; 5" il te fixa, il s'occupa d'ouvrages

Coup-d'œil sur le sol , le climat et de littérature et de politique. Sa

fai;riculture de la France campa- haine contre la France, qu'il ex-

rée avec les contrées qui l'avoisi- prime avec violence dans ces dil-

nent^et parlicuHèremettt avec l' An- térenles productions, lui valut la

gleterre, Paris, 1801, in-8"; 4" bienveillance du gouvernement

Objet d'intérêt puhlic, recomman- anglais, qui le décoia du titre de

à l'attention du gouvernement et chevalier. Les événemens poîiti-

de tous les amis de fagriculture , ques de 1814 ayant lenversé ie

sur la destruction des plantes nui- trône impérial de France, déter-

sibles aux récoltes , courornié (en minèrent la répu])lique de Genève

1817) par l'académie de Liège, à nommer sir Fiancis d'Yvernois

W. Yvart est collaborateur à la sou ministre à Londres, d'où il se

nouvelle édition «lu Théâtre cCa- rendit avec la mCme qualité au

griculture d'Olivier de Serres, au congrès de Vienne. 11 retourna à

nouveau Dictionnaire d'histoire na- Genève après la seconde abdica-

turelle, et au nouveau Cours coin- ' ti )n de Napoléon, en i8i5. « On

plet d' agriculture f l'on trouve lui doit, disent les auteurs d'une

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notice sur sa vie politique el lit- téraire, pliisieur.x ouvraj^es poli- tique? el financiers dont quelques- uns sont ;)us snns mérite , et piirnn' lesquels ou cite surtout des Réflexions sur la guerre , la doctrine subversive de l'Angle- terre, ennemie iuiplacable de tout g(iiiveruen)<;nt français, est bien con^latée. C'est dans cet ouvrage quesir Francis d'ïvcrnf>is déclara qu'il ne s'agissait plus de d< ineui- brer la France, ni d'exiger le châ- linienl de ceux qui l'avaient bou- leversée, ni de rétabliriez émigrés el la féodalité, m;tis bien de sau- ver I Allemagne d'un démembre- ment, d'aï radier à la Fiance ses conquêtes , et de la repousser daus son enceinte el dans ^es limites établies par le traité de Westjiha- lie. Le Tableau des pertes que lu révolution et la guerre ont causées au peuple français^ contenant le dévelo]>peinenl des paradoxe:* ilu même auteur, démontre aussi la liaine profonde que cet écrivain avait vouée à la France, pour avoir t ompriiiié son ambition eu i^Sa. On doit encore à sir Francis d'V- vernois plusieurs autres écrits de même nature, inspirés par les circonstances, et n'ayant pas ou plus d«' durée qu'elles. »

YVON ( iVllcaEL - DoMINIQlJE-

Bf.r>abd) , au Hfîvre le 28 juil- let 17(18, d'une famille estimée , mais peu avantagée des dons de la fortune, prit le-* armes dès sa jeunesse. Il entra, le fj seplembri! I 7'j'^ , comme simple soldat dans

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le bataillon du Havre, le 9* de la Si ine-Inférieure ; fit avec ce corps toutes les premières campagnes de la révolution, y passa succes- sivement par les grades inférieurs, et parvint, par sa bonne conduite, son intrépidité et ses laiens , à ce- lui de capifaine-adjudant-major. Lessoldal>deson corps l'appelaient leur père , et il consiicrait plus de la moitié de ses appointemen» ik soulager les besfiius de ses frères d'armes. Cbaque bnmmo qui sor- tait ries bôpifcuux tievenait l'objet particulier de ses soins. Le géné- ral en clief, après une bataille Yvon s'était éminemment dis- tingué , lui adressa ce-» paroles flatttui-es : c Je ne connais pas dans tonte la grande - armée de plus brave bomme que vous, » et le surnom lui en resta ; tui le dé- signa constamment deptiis dans l'a-ujée sont le titre du. brave bomme Yvon. Après avoir com- battu avec la même valeur pen- dant neuf campagnes consécuti- ves, en Belgi(]Me, en Italie, en Pologne et en Allemagne, sans avoir quitté un seul jour son corps, <;e brave fut tue le 'i/j dé- cembre, en passant à la tête de$ grenadiers le pont à moitié dé- truit de Kolozombia. Il expira en en;ouragtant encore les siens, et en criant vive la France! dernier cri de tant de mouransaux cliamps de l'honneur cl de la victoire. Le brave Yvon, regretté de toute l'armée , était à [leine dans la 58* année de son A^e.

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ZABIELLO (le COMTE Micbei,), };énéral polonais, d'une ancienne famille do Lithnnnie, suivit dès sa jeunesse la carrière des armes, et commandait, en 179';!, contre les armées russes, le» troupes du Pa- lalinat, il était né. Il n'eut pas seulement à combaMre les enne- n)i^ de la Pologne : il eut à lutter contre la faiblesse de Stanislas-Au- guste {voy. ce nom), qtii, cons- tamment subjugué par la ptdili- que de Catheiine II, céda erdin aux ordres de cetle impérieuse souveraine, et abdiqua à Grodno. Le comte Zabiello donna aussitrtt sa démission, et se relira en Bohê- me. Quoiqu'il ne prît aucune part à l'insurrection nationale dirigée par Kosciusko en i704' ses sen- timens patriotiques bien connus le firent persécuter. Arrêté à Carls- bad et transféré à Prague, il ob- tint non sans peine sa liberté et l'autorisation de se retirer à Dres- de. Il est depuis ce temps resté étranger aux affaires publiques.

ZABIELLO (Joseph), frère aîné du précédent , embrassa contre sa patrie la cause des Russe». Pen- dant l'insurrection de i794i» '1 l^"t arrêté à Varsovie. Sa correspon- dance avec le général Igclstrone ayant été trouvée dans le< papiers de ce dernier, il fut traduit devant le tribunal provisoire, le 3 mai de la même année, et, convaincu de trahison, il subit dans les vingt- quatre heures le supplice de la corde.

7.ABIRA (Georges), littérateur

grec, naquit à Sialista, «"fi Macé- doine, et commen^-a -es étude:» en Thessalonique , qu'il quitta pour passer en Hongrie, oi'i se* parens désiraient qu'il apprît le commer- ce. 11 suivit quelque temps la car- rière commerciale, peu convena- ble à ses gofits, et obtint enfin de sa famille la permission de se li- vrer à d'autres soins. Les langues vivantes de l'Europe et la langue latine l'occupèrent exclusivement, et bientôt il fonda à Colotscha, une école pour les Grecs de sa communion. Elle prospéra, et tout entier aux lettres, les fruits qu'il en retirait servaient à augmenter les richesses de sa bi- bliothèque.Ce savant fit imprimer, en 1795, l'ouvrage de Canlemir sur les Cantaruzènes. A sa mort, arrivée le 19 septembre i<So'|, il laissa un nombre considérable de manuscrits, parmi lesquels se trou- ve au noud)re des plus importans, un Théâtre /lellénique , renfer- mant le catalogue et la biographie de* écrivains grecs, depuis la pri- se de Conslantinople.

ZACH (iS. de), feld-«narérhal autrichien, d'une famille noble, suivit la carrière des armes, et é- tait quartier-tnaître-général de l'ar- mée autrichienne, sous les ordres de M. fie Mêlas. Il fut faitprisonnier à la bataille de Alarengo, il s'é- tait fait remî^quer par son coura- ge. L'archiduc Charles l'employa en la uiême qualité dans la campa- gne de i8o5, et lui donna, après la bataille d'Auslerlitz, que suivit le

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fraiié de Presbouig, le gouverne- ment militiiire de Trieste. En 1806, il reçnt d«^ reiupeienr d'Au- triche le comniandemcnt du régi- ment d'infanterie de Uièïie, et, en 1808, la croix de coMunaiidetir de l'ordre de Léopold. En 180;), il fut employé en Italie, en qualité «le feid-niaréchal, sous rarcbidiic Jean; il obtint quelques succès, mais bientôt il fut forcé d'évacuer la Carinihie, et de se retirer pré- ci))ilammenl sur les antres corps d'armée. Par suite du traité de Vienne, il fut admis à la retraite, d'ni"» il n'est p:)S sorli d«?{»iiis.

ZACH (N. de), célèbre astro- nome, frère do précédent, se livra exclusivement à l'étude des scien- ces, et particjdièrcment de l'astro- nomie, où il fil d<;s progrès si re- marquables, que le duc de Saxe- Gotha érigea en sa faveur l'obser- vatoire de Sééberg. iW. de Z,ach se plaça bientôt, par ses observa- lions, au nombre des plus célè- bres astronomes de l'Europe, il a publié des Ephéméridcs astrofio- viKjues et géographiques , qui jus- tifient ses vastes coiutaissances et l'importance de sa corresjjondan- ce scientifique.

ZAJONC/.ECR (le Prince i>e), vice-roi de Pologne, est issu d'u- ne famille noble, mais pauvre; il suivit la carrière des armes et de- viol aide-de-camp du général Bra- nicki, grand-général de la cou- lonne. N<mce (député) à la diète de Pologne avant l'insurrecljiui de 1792, il se montra à ce poste ce qu'il ftit constammenl dans sa carrière , lun des plus ar- dens défenseurs de la patrie. Il fit la campagne contre les Russes, cl envoya sa démission lorsque

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Slanislas-Auguste eut été forcé de recevoir la loi de l'impérif-use Cn- ihrriiie H. L'insurrection natio- nale de 1794 ramena sous les dra- peaux jxdonais le brave Zajonc- zerk,qni avait cherché une retraite à l'étranger. Kosciusko lui donna la mission de s'approcherdes fron- tières afin de jnger des dispositions des habitans de l'intérieur et des moyens de défense de l'ennemi. S'étanl avancé jusqu'à Varsovie. il courut le danger d'êlre pris. Il rendit compte à Kosciusko des résultats de sa tentative . cl resta dans le pays ponry enlrel«!nir l'es- prit de liberté qui animait la plu- part de ses concitoyens. Lo géné- ral Madalinski ayant commencé l«!s hostilités coulie les Russes » Kosciusko se rendit à Cracovie, accompagné du général Zajonc- zeck, auquel il donna le ctumnan- dcmenl d'une division. Il contri- bua cllicacement à l'alfaire d.e Raslavia, les paysans polonais montrèrent le plusgrand('ourage. Envoyé en Wolhynie, il prit le commandemenl (\c'-- in>urgés, il fut battu le 10 à Cbclm : l«; la- lent et le courage qu'il déploya dans celle aif.iire n'ayant pu ré- sister à des forces supéri»;ures, ni réparer le mal que produisit l'in- capacité d'un de ses généraux, celle défaite le fil injustement ac- cuser de trahison par le» ennemis secrets de l'indépendance natio- nale;mais le général Zajiuiczeck, au-dessus de la calomnie, réunit ses troupes éparses, et avec leurs débris, dont il ranima la confiance, il tint la campagne et marcha an i<ecours de ko'^ciusko, que les Prussiens refoidaicnt jusque sous les murs de Varsovie. Uc concert

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avec son chef, il les repoussa, et re- çut la pré>i()ence delà commission chiiigée (le juger les |irévi'r)us de trahison. Kosciiisko,5'élîinl ensui- te porté en Lithuanie, confia par ///- térim le coniinandcnieiU an géné- ral Zajoncze* k , qui le renut an général Wawzecki, nommé pour remplacer Kosciusko, fuit prison- nier à lYlaciéjovvice. Le général Za- jonczoïk conlinna à <ervir avec le njf'me zèle la cause de l'indépen- dance. Il occu])ait le faubourg de Prague lorsque Suwarow y péné- tra. Le brave Polonais, blessé dès le commencement de l'action, se défcndil avec courage et ne quitta la ville que lorsqu'il la vit au pou- voir des Russes, lise retira en Au- triche, où, malgré l'autorisation qu'il avait obtenue du e;énéral d'Harnoncourl, il fut arrêté contre le droit des gens et conduit dans ime f(jrteresse en Moravie. L'avè- nement dt; Paul I" à l'empire lui rendit la liberté. Il pas«a au ser- vice de France, cl fit Javec le gé- néral en chef Bonaparte, qui le nomma général de divisitm, la cainpagne d'Egypte. <■ Il s'opposa, dit-on , jusqu'au dernier nmmeut à ce qu'on traitât avec les Anglais, prétendant que sa fidélité à son général l'obligeait i\ mourir au poste qu'il lui avait confié. » Re- venu en France, il reçut un com- mandement au camp de Boulogne, passa avec sa division à l'armée d'Allemagne en i8o5, et fut de l'expédition funeste de Russie en i8j2; au combat de Polotsk il eut une jambe emportée. Les événe- nemens de 1814 rendirent le gé- néral Zajtmczeck ù sa patrie. Nom- mé, en i8i5, par l'empereur A- lexaudrc, vice-roi de Pologne, il

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reçut encore de ce monarque, en 18 18, une faveur non veHe. Alexan- dre lui contera la dignité de |>rin- ce, et, en terminant la diète de cette année, fit ainsi l'éloge du général Zajonczeck : « lin de vus «plus dignes vétérans, le général » Zajonczeck , «ne représente par- «ini vous; bîatichi sous'vos dra- " peaux, associé constamment à •) vos succès et à vos revers , il n'a «cessé de donner des preuves de » snn dévouement i la patrie ; l'ex- npérience a complètement justifié »mon thnix. »

lAKKZEWSRÏ (N. ), nonce (député) de Poser», se mfuitr.t constamment dévoué ù sa patrie, et l'un des illustres Polonais les plus prononcés contre les Fvusses, leurs oppresseurs. Eu 1792. il usa de toute l'iniluencc que lui don- naient sur le peuple son caractère personnel et son patriotisme ar- dent ponrie porter à soutenir avec vigueur la constitution du 5 mai 1791. Son zèle reçut sa récom- pense; JM. Zakrzewski fut desti- tué à la fin de l'année « comme eimemi des Russes. » Lorsqu'en 1794» Rosciusko ressaisit l'élen- dard de la liberté, et que les Rus- ses eurent été chassés de Varso- vie. M. Zakrzewski fut nommé de nouveau nonce de Posen. Il devint président du conseil natio- nal, et eut la charge spéciale de la police et des vivres. Varsovie retomba bientôt au {)Ouvoir des tro*ipes russes, et quoique la ca- pitulation ffit revêtue de l'accep- tation du feld-maréchal Suwarow, l'implacable Catherine II ordonna l'arrestation de ZakrzcAvski, d'I- gnace Potocki, de Thadée Mos- towbki , et d'un grand oombre

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frautrcs patriotes distingués. Elle les fil Ininslérer à Saint- Pélcrs- buurg, ils étaicDt encore dé- tenus lors de l'avènement de Paul I" à l'empire. ZukrzeM'ski ayant, parsjutede cet événement, recou- vré sa liberté, se retira dans ses terres Gallicie, il mourut en 1802.

ZAMBECCARI (le comte Fran- çois ) , célèbre aéronaule italien, naquit en 1766 à Bol'igne, d'une l'amille ancienne; il appartenait pur le drnii de sa naissance au corps des quarante sénateurs de celle ville. î^on éduralion fut très- soignée. ïrès-ini«truit dans les ma- thématiques , plein d'ardeur pour l'étude des sciences, il embrassa néanmoins, par égard pour sa fa- mille, la profession des armes, et était odicier de marine au service de l'Espagne lorsqu'il fut fait pri- soimier par les Turcs, qui ren- voyèrent au bagne de Constanti- nople. L'ambassadeur d'Espagne réclama fortement et obtint la li- berté de cet oflicier, qui en pro- fita po»>r voyager dans le Levant, en Afrique, et enfin dans les prin- cipales \illes d'Europe. cLe comte de Zambeccari, dit l'auteur d'une notice sur ce célèbre aéronaute, vonlut trouver la direction des bal- l(ins'jérostali(|ues, par des njoyens ingénieux fdiidés sur l'existence de divers courans d'air à différen- tes hauteurs, sur l'application des rames, et enfin sur l'augmentation ou la diminution du gaz, qu'il opé- rait à volonté pour de-cendre et s'élevertour à tour.» Leai septem- bre 1812, le comte Zambeccari ayant voulu, malgré im temps peu favorable, effectuer une expérieu- crqu'il avait annoncée, il j^'élevu;

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mais en cherchant à se diriger, son ballon s'accrocha à un arbre et prit feu. Ainsi péril cet infortuné aéronau te à l'âge d'environ 56ans. ZAMOYSKY (le COMTE André), grand-chancelier de la couronne de Pologne, l'un des plus illustres défenseurs de l'indépendance de sa patrie, embrassa d'abord la pro- fession des armes, et après s'être plusieurs fois distingué comme odicier instruit et brave, il suivit la carrière des fonctions publiques. Devenu sénateur et grand-chan- celier du royaume, il s'efforça d'à-» paiserles troubles au milieu des-, quels se fil l'élection de Stanislas Poniatowski (roj. Stanislas-'Au- Gi'STE ) à la couronne de Pologne. Il conserva les fonctions de grand- 'chancelier aussi long-temps qu'il crut pouvoir les remplir avec in- dépendance et utilement dans les inlérêls de son pays. (Jet espoir perdu , il donna sa démission en plein sénat, après avoir motivé sa conduite dans un discours plein d'énergie. Stanislas-Auguste vou- lut lui conserver, et plus lard lui rendre les sceaux. Zamoyrky fut inébranlable et rentra dans la vie privée. Lh dièle cependant l'ayant choisi pour former un code de lois, il remplit cette mission ;\ lu satisfaction de ses coiiciloyens. Toutefois cet important travail, dans lequel le tiers-état avait vu augmenter ses privilèges, ye fut sanctionné par le roi qu'en 1791. Zamoysky mourut le 12 janvier 1792, honoré de l'estime géné- rale.. «11 fut, dit Tauteur d'une notice, philosophe dans toute l'acception du mot; ses mœur» publiques et privées le rendirent aussi recommandable que aes ta-

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lens politiques ; il affrancliit le premier ses vassaux de la servi- tude, en donnanl ainsi à d'autres seigneurs un exemple de bienCai- sauce et d'humanité, qu'ils ne tar- dèrent pas à suivre. Placé dans des circonstances moins désas- treuses, il aurait occupé un rang distingué parmi les grands hum- lïies de son siècle, au lieu que sa carrière ne fut illustrée en par- tie (juc par ses vertus sociales. Lors du démembrement de la Po- Jogne, l'empereur Joseph II ayant eu en partage les domaines de Za- moysky, lui avait offert le titre de prince , qu'il ne voulut pas ac- cepter. »

ZANGIACOMI (le baron Jo- seph) , membre de la convention nationale et du conseil des cinq- cents , conseiller à la cour de cas- sation, conseiller-d'état, membre de la légion-d'honneur, exerçait à l'époque de la révolution la pro- fession d'avocat à Nanci, il était né. Le département de la Meurthe le nomma, au mois de septembre 1792» député à la con- vention nationale; dans le procès de Louis XVI, il vota la déten- tion de ce prince et son bannis- sement à la paix, M. Zangiacomi n'occupa guire la tribune que pour y faire des rapports au nom du comité des secours publics dont il était membre. Il passa au con- seil dgs cinq-cents par suite de la réélection des deux tiers conven- tionnels, et sortit du conseil le 28 mai 1798. Devenu membre du tribunal de cassation après la révolution du 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799), il fut con- servé dans cette fonction par l'em- pereur, qui successivement lui

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donna la croix de la légion -d'hon- neur, le nomma baron de l'em- pire et maître des requêtes. Legou- vernement royal rétabli en 181 conserva k M. Zaugiacfuui ses ti- tres et emplois, et le comprit en- suite au nombre des conseillers d'état. Il mourut en jSaâi

ZI ETH EN , lieutenant-général prussien, à Berlin en 1766, é- tait fils du fameux général de ca- valerie de ce nom, qui contribua aux victoires du roi Frédéric II, et notamment à celle de Torgau, il prit sur lui de charger, avec son régiment de hussards, les cui- rassiers autrichiens, les renversa, et décida le gain de la bataille. Ce général ne s'était marié qu'à 1 âge de près de 80 ans, et le roi, qui avait Ir. plus haute estime pour le vieux guerrier, lui annonça, en le félicitant sur son mariage, qu'il serait le parrain de son premier enfant, engag(;ment qu'il eut à remplir dès la première année de cette union tardive. Le jeune Zie- then reçut au berceau, un brevet d'o^fficier, dans le régiment de hus- sards de son père; mais celui-ci exigea que son fils ne prendrait son tourd'ancienneté que du jour il pourr.'iit rendre des services effectifs. Il fut élevé avec soin à l'école militaire de Berlin , qu'il quitta à l'âge de i5 ans; il se distingua bientôt par son courage et ses talens militaires. Après avoir passé par tous les grades, il fut nommé colonel du beau régiment de son père, et bientôt officier-gé- néral. Il commandait en cette qua- lité, un corps de cavalerie prus- sienne à l'ouverture de la campa- gne de 181 5. Attaqué par l'armée française près de Charkroi, il

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avait son quartier-général, il es- suya un échec dans les premiers jours du mois de juin, el fit »a re- traite sur Flcurus, d'où il fut en- core forcé de se retirer après avoir éprouvé des pertes considérables. Il se replia alors sur l'armée du maréchal Blucher, et prit part à la bataille de Ligny, les Prussiens furent battus par Napoléon le 16 juin. Apr^s le désastre de Water- loo, le général Ziethen fut chargé de poursuivie les Français en re-' traite, et il arriw un des premiers sous les murs de Paris. Lorque la paix fut conclue, il fut nommé commandant en chef du contin- gent prussien , qui fit partie de l'armée d'occupation que les puis- sances alliées laissèrent en Fran- ce. Il établit son quartier-général à Sedan, il résida jusqu'û la fin de 1818, quand les étrangers éva- cuèrent enfin le royaume.

ZIMMIRMANN (Jeaîs-Geor- GE>), célèbre médecin suisse, na- quit à Burg, canton de Berne, le 8 décembre 1728. Entraîné par «n pen< haut invincible vers l'étu- de de la médecine, il prit des le- çons des plus savan§ professeurs de Goeltingue, de la Hollande et de Paris. Sa réputation comme praticien le til nommer, en 1768, médecin du roi d'Angleterre. Fré- déric-le-Grand le fit appeler dans la maladie à laquelle ce prince suc- comba, muis dont Zimmermann parvint à force de soins à adoucir les vives douleurs. Catherine II voulut se l'iitlachcr comme méde- cin, mais il refusa de se rendre à Saint-Péter?bourg, et néanmoins cette souveraine bii envoya l'or- dre de Siint- Wladimir. On rap- porte qu'à l'époque il publia

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ÙIÇ)

son Essai sur la solitude, qui a été traduit en français, Catherine II venait de perdre son favori Lans- koï, qu'elle aimait beaucoup, et elle nourrissait sa profonde dou- leur dans une solitude, quand le livre de Zimmermann lui tomba entre les mains; elle reparut aus- sitôt à la cour, et ce fut à cette lec- ture qu'elle attribua sa consola- tion. Zimiriermann revint dans sa patrie vers 1795. H y devint som- bre et mélancolique, état déplora- ble qui s'accrut encore par une maladie mentale dont son fils fut atteint, et par une maladie de lan- gueur qui s'empara de sa fille, et la lui ravit peu de temjjs avant qu'il cédât lui-même à ses propres souffrances. Il mourut le 7 octo- bre 1795, dans 5367" année. Sa vie a été écrite par iM. Tissot, son aini et ancien condisciple. Outre l'ouvrage que nous avons déjà ci- té, on loi doit encore une Disser^ talion physiologique sur l'irritabi- lité, un Poème sur le désastre de Lisbonne, etc. Zimmermann a laissé en mourant , la réputation d'un homme vertueux et d'un grand praticien.

ZIMMERMANN ( Pierre- Jo- seph-Ccillaume), professeur à l'é- cole royale de musique et de dé- clamation , est ù Paris le 19 mars 1785. Il a étudié sous la di- rection de M. Boïeldieu, le forté- piano au conservatoire de musi- que, et a remporté en 1 799, ayant à peine atteint sa i4' année, le prix de cet instrument. Deux ans après, en 1801, il remporta au'*si le premier prix d'hartnofiie, qu'il avait étudiée sous M. Catel. M. Zimmermann a composé un grand nombre de romances , det

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Sonates et des concertos pour le piano.

ZliNGARELLI (Nicolas), ct- IcLre coiiJpo.'-ilcur ilalitn , à Naples en i'y'^'2, est sorli du con- servaloire de Loretle , i! a eu pour inaîlre Fenaroli , et pour ca- marades Cimarosa et Giordanello. II apprit en peu de temps à bien jouer du violon, et les règles prin- cipales du chanl et de ï\i eoujpo- sition. Avant de quitter cet éta- blissement, il conjposa un inter- mède, intitulé : / Quattro pazzi, qui l'ut très-applaudi. Il réussit mieux encore dans une musique d'église, son style grave et soutenu fixa tous les suffrages. Malgré ces succès, il fréquenta quelque temps l'école de Speranza pour se perfectionner dans la théo- rie de son art. Speranza était l'un des meilleurs élèves de Durante , et presque aussi bon contrappan- tistc que son maître. Il obligeait les jeunes gens à refaire trente fois de suite le même morceau , en variant toujours le ton et la mesure, sans trahir l'intention du poète. Mais son style était aride , recherché et ennuyeux. La musi- que de Montezuma , que Zinga- lelli composa , en 1781, pour le théâtre de Saint-Charles , se res- sentit de tous ces défauts. Le pro- fesseur ne se les dissimula pas; et dans l'.<i/si«c^û, qu'il écrivit en sept jours pour le théâtre de Milan , il. suivit un autre système d'harmo- nie. Cette pièce fut très-applaudie; mais ce qui mit le comble à la réputation du maître, fut l'opéra de Juliette et Roméo, qu'on dit ne lui avoir coûté que quarante heu- res de travail, et qu'on ne cesse pas d'admirer sur tous les lhé5-

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très de l'Europe. Parmi ses autres productions, il faut rappeler //>/«<• f^riiie, Artaxerce, ApeLeset Cuni- paspc, le Comte de Saldagna, Pyr- r/ius, I nés de Castro, Clytemnes- tre , et surtout la Destruction de Jérusalem, l'un des meilleurs ora- torios iiali. us. E:i i7t<9, M. Zin- garelli donna à l'Aïademie royale df musique, à Paris, l'opéra d'An- tigone, \u)ëiiiv de Marmonlel, qui, à cause des évéueniciis politiques, n'eut que deux représentations. A son retour en»italie, il com- posa un canon à huit \oix, pour un concours ouvert à Milan , et qui lui valut la nomination de maître de chapelle de la cathé- drale. En i8ot), il remplaça Gu- glielmi au Vatican, il resta jus- qu'à l'année 181 1. S'etant refusé de prendre part à un Te Deum pour célébrer la naissance do roi de Rome, le général Miollis, qui lui en avait adressé la demande, eut le tort de l'envoyer escorté des gendarmes à Paris, ^apoléon, qui désira le voir, lui demanda pourquoi il n'avait pas voulu qu'on chantât pour le roi de Rome ? Zingarelli lui répondit en souve- rain : <: Parce que je ne connais «d'autre roi de Rome que le pa- ope. » L'empereur lui haussa les épaules, et le lendemain il lui fit remettre douze mille francs, avec l'ordre de composer une messe pour la chapelle impériale. Murât, sur la proposition du comte Zurio (wj. ce nom) , appela ce compo- siteur à Naples, le décora de Tor- dre des Deux-Siciles , et le plaça à la tète du conservatoire de mu- sique, avec Fenaroli , Paë?iello et Tritto. M. Zingarelli, qui a sur- vécu à ses collègues, continue à

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diriger ocl élahlii-semenl ; mais son grand âge, et certains préju- gé.', peu dignes d'un si beau ta- lent, rendent son influence pres- que nulle sur ses élèves. M. Ziii- gareili est dévot jusqu'à la supei"S- tition , et il a une aversion pro- noncée pour l'école uaoderiio. Un jour que M. Rossini alla visiter le conservatoire de Naples , le direc- teur lui dit : « J'ai défendu à mes «élèves de s'exercer sur vos pa- piers ; votre musique peut plsir» »au ihéiltre , mais elle doit être "bannie des écoles. » En atten- dant, le jeune Jiercadante , élève le plus di-tingué de Zingarelli, n'a trouvé d'autre moyen pour plaire au public que celui d'étudier les productions de Rossini. Son Jpo- théose d'Hercule est tout-à-fait dans le stvie du Cygne de Pesaro. ZOUBO^V (Platon), dernier favori de l'impéralrice Catherine II , est issu d'une famille honora- ble mais sans illustration. Son édiicati(jn fut Irès-soignée; il par- lait bien le français, avait des con- naissances littéraires et faisait pas- sablement de la nmsique. Il eutra dans le régiment des gardes de l'impératrice, bientôt il devint lieutenant. Un pli_yi,ique agréable, une taille moyenne , mais bien prise, de l'aisance dans les ma- nières, !es dons ain).ibles de l'es- prit, Gxérenl l'attention des dantes de la cour, qui , par leurs éloges, •ippelérent l'intérêt de l'impéra- trice sur le jeune lieutenant. A cette époque, en i78(), Catheri- ne Il etail plus que sexagénaire, et Zoubow n'avait pas encore at- teint SOI) cin({uième lustre. Une si grande distant c entre les Sges n'ar- rêta ni l'amliition de l'un ni la bicn-

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veillance de l'autre, et au prin- temps decette même année, le lieu- tenant des gardes sollicita ou reçut l'ordre de prendre le commande- ment du détachement qui accom- pagna l'impératrice à Trarskoé- Selo. Il dina seul avec S. M. ainsi que cela était d'usage, et par suite de cette faveur il reçut un présent de cent mille roubles , fut installé dans l'appartement des favoris , et vit successi\enient son crédit s'accroître ainsi que sa fortune. «Veis la fin du règne decette prin- cesse , dit-on, tout l'empire était aux pieds de l'heureux Zoubow; mais la mort de l'impératrice le replongea dans le néant d'où il était sorti, » Quoique le favori de Catherine n'eût point fuit un usage tyrannique du pouvoir que la fai- blesse de sa souveraine lui avait abandonné, son arrogance natu- relle augmentée par une aussi hau- te fortune lui avait attiré un grand nombre d'ennemis; et peu après ravènenient de Paul 1" an trône, il dut s'éloigner d'abord de la cour et quitter ensuite la Russie. Il se rendit en Allemagne, se reti- raient pre^que toujoins les favoris de l'impératrice lorsqu'elle les avait disgraciés; il y étala tout le luxe et les prélenlions qu'il avait déployés à Saint- Péti;rsbourg. Bientôt il poussa l'insolence jus- qu'à vouloir enlever de vive force la princesse aînée de Courlande. Paul I", à qui le duc s'en plaignit, rappela Zoubow en Russie, d'où il l'éloigna peu de temps après. En >8o2, Zoubow étant à Varso- vie, les Polonais indignés de la part qu'il avait prise dans les mal heurs de leur patrie {voy. Catue-

&IME, STA.MSLiS-AlGUST£,REl>MN),

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voulurent le chasser de leur ville. Etanl à Carisbad , i>I. do (iiel{»ud lui rcproclia les malheurs de la Pologne, el le provotjna en duel. «Zonhovt^, disent les auteurs de dif- férentes biographies, influa aussi beaucoup avec ses frères sur l 'évé- nement tragique qui amena la mort de Paul I", etn'a plus joui d'aucun crédit sous le règne d'Alexandre.» Celle assertion est inexacte en ce qui concerne ses frères. Il est aus- si inexact de dire, comme le font ces biographes, que Plalon Zou- bow tua en duel le chevalier de Saxe. C'est au prince ;>cherbatoff à qui ce fait doit être imputé.

ZOUBOW (Valérien), frère cadet du précédent, naquit en 1^60 et suivit lu carrière des ar- mes, où il montra du courage et quelques talens dans les grades inférieurs, mais une entière inca- pacité comme général en chef. Valérien Zoubow partagea avec son frère la faveur de Catherine II. Dans la guerre contre les braves et malheureux Polonais, Valérien ayant perdu une jambe, l'impé- ratrice lui envoya sur-le-champ «on propre chirurgien , le cordon de Saint-André, le brevet <le gé- néral en chef et une gratifica- tion de 100,000 roubles, qui fut suivie presque immédiatement d'une autre de 5o,ooo pour payer ses dettes. Chargé, en 1796, du commandement général de l'ar- mée envoyée contre les Perses, il n'obtint aucun résultat important et l'armée «eut également à souf- frir de l'incapacité de son général, de l'insalubrité du pays et des at- taques des peuples du Caucase qui la harcelèrent continuelle- ment. Campée sur les bords du

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Cyrus , elle était depuis long- temps dans l'inaction lorsque Zou- bow reçut la nouvelle de la mort de l'impératrice avec l'ordre de faire prêter serment à Paul I", et d'attendre de nouvelles instruc- tions pour agir. » Il les attendit peu; trois semaines après il reçut l'injonction de partir sur-le-champ pour rentrer en Russie. Aussitôt son arrivée, pour éviter une des- titution, ildonnasadén)issionetse retira en Courlande, il était pro- priétaire de presque tous les biens des anciensducs.il mou ru ta Saint- Pétersbourg le 4 juillet 1804.

ZOUBOW (NicotAs), frère des précédens, eut part comme eux aux libéralités et à la faveur de Catherine II. Après avoir parcou- ru la carrière militaire il par- vint au grade de général , il ob- tint une place de sénateur. Ni- colas Zoubow mourut l'année même de la mort de son frère Va- lérien.

ZUCCARELLI (François), cé- lèbre peintre-paysagiste italien, naquit en 1702 à Pitigliano, et mourut à Venise en 178g, dans la 87* année de son 3gc. Il montra de très-bonne heure un goût pro- noncé pour les arts de dessin el sur- tout dans le genre du paysage, ses progrès furent rapides; s'étant fixé à Venise, il acquit bientôt de la réputation, et à la fin de sa car- rière , il jouissait, parmi les pein- tres et les amateurs, de la plus haute renommée pour ses talens comme paysagiste. Ses moeurs douces et régulières ajoutaient à l'estime qu'il avait acquise par ses talens. Parmi ses protecteurs il citait avec reconnaissance M. Smith, consul d'Angleterre près

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du gouvernement vénitien. Cet amaleur t-clairé des aris s'était pin constamment à favoriser les talens de Ziiccarelli, et l'avait f.iit connaître en Angleterre, Zuc- cart'lli alla passer quelques an- nées. Le musée du Louvre pos- sède pitisieurs tableaux et dessins de ce ui.ùlre.

ZLCC^HI (le bakon Chables), <;x-général de division au service de France et depuis feld-niaré- chal-lieutenant au service d'Au- triche, est vtTs 1776 a l\eg{»io, et a fait toutes les campagtie» des Français df puis la conquriede l'I- l.ilie par le général en chel Bona- parte jusqu'aux événemens de 1814. M. Z-ncchi, sous lieutenant en 1796, était chef de bataillon en iHo.l. Il fut nommé, le 5 mai 1807, major des veilles royaux; le 6 novembre de la même année^ colonel du 1" régiment de lif^ne italien; le aa juin 1H09, général de brigade, et le 28 septembre 1812, général de division. Cet utricier-général a montré, dans les difîerens grades qu'il a occupés, beaucoup de talent et de courage et a été cité comme un général du plus grand mérite à la prise de Laun en vSilésie, le 18 août 181 5 II a fait les campagnes des année» 5, G , 7 , 8, 9 de la répu- blique en Italie et en France; de iSo5 dans le royaume de Naplcs; de iMoO et 1807 en Dalmatie; de 1809 en Aulriclie: de 1812 et i8»r> à la grande-armée, et d'I- talie en 1814. L'em[)(reur Napo- léon qui avait une estime [)iirti- culière pour le général /ucchi, l'avait iion»mé baron de l'empire, et l'avait décoré des dinéren> or- dres de France et d'Italie. Il lotiail

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à^o

surtout la discipline qu'il avait su maintenir parmi ses troupes; il lui ténn)igna publiquement sa sa- tisfaction pour sa conduitt distin- guée dans la campagne de Saxe en 18 13, lors de la bataille de Leip- sig et de la retraite qui la suivit. Le général Zucchi' dégagé , en i8i4, par l'abdication de l'empe- reur Napoléon , des sermens qu'il lui avait prêtés, passa à cette épo- que au service d'Autriche en qua- lité de fcld-maréchal-lientenant. ZLMSrEEG (Jean-Rodolphe), violoniste et compositeur de mu- sique, de la chapelle du duc de Wurtemberg, naquit vers 17^0, à Gausingen dans le pays de Laut- fenbourg. Il commença son édu- cation musicale à Tacadéniie du duc de Wurtemberg, sous la di- rection du maître de chapelle Po- li, qui le prit en amitié, et se per- fectioiuia ensuite par l'étude des ouvrages de Mattheson, de Mar- purg et de d'Alembert. « Il jouait, disent les auteurs du Dictionnaire historique des Musiciens, non-seu- lement de son instrument avec beaucoup d'expres.-ion , mais il était aussi excellent compositeur tant pour le violoncelle que pour le chant. Ses compositions se dis- tinguant par leur gravité et leur dignité. » Zumsteeg mourut à Stuttgard, le 27 janvier 1802; il a laissé en nianuscrit les composi- tions suivantes : la Loi Tartare , opéra ; Renaud et Armide , opéra; Tantira, duodrame, par Huber; Schuss de Gœnseivifz, opéra; ZaU' lor, opéra, de l.avaux ; les chan- sons du drame les Brigands; la Fi- te du Printemps , par KIopstock ; une messe et plusieurs composi- tions pour instrumens.

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ZL'RLO (le comte Joseph ) , ex - iniiiijir»; de rintérieur à Na- ph;s, dons cette ville ei» 1759, employa acs premières amiées ù l'étude des belles- lettres et de la philoso])1iiie. Son déveIopj)«;ineiir fut tellement précoce, qu'à l'âge de 14 an» , il était en clat de com- prendre les ouvrages des écrivains Jes plus profonds. Un jour qu'il était entré dans une bil>lioth^que publique pour y lire les œuvres postbuiues de Leibnilz, le conser- vateur auquel il en avait adressé la demande , frappe de son ex- trême jeunesse, lui dit que le li- vre existait, mais qu'il n'était jias fait poui' être mis dans les mains d'un enfant. Fiqué de ce refus, M. Zurlo reprit qu'il serait em- barrassé de chercher ailleurs que dans Leibnitz lui même l'explica- tion d'un passage incompréhensi- ble de son Art combinatoire ; et il se mit aussitôt A développer avec une étonnante facilité les princi- pes les plus abstraits du système métaphysique de l'auteur des mo- nades. Le vieux bibliothécaire , que la joie transporte , prend par la main le jeune philosophe , et l'emmène dans l'intérieur de la bibliothèque , en lui disant que tout ce qu'il voyait serait désor- mais à sa disposition. M. Zurlo usa amplement de cette permis- sion, <.'t eu peu de temps, il embrassa un espace immense dans le domain»^ d«i l'intelligence. Il passait de la lecture à la médita- tion, et de la méditation à la lec- ture : il fréquentait aussi la so- ciété de gens de lettres, et eut le bonheur d'être reçu dans le cer- cle et parmi les amis de Filan- gieri, dont il a toujours révéré la

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mémoire. Obligé de faire choix d'une profession, il se décida pour le barreau, qui était alors presque la seule carrière ouverte à Naples aux talcns et ù la fortune. Mais ù l'éloquence près, il ne possédait aucune des qualités nécessaires pour y rdjtenir de grands succès, qu'il dédaignait d'ailleurs, n'ayant jamais eu l'ambition de devenir un avocat célèbre. Ses vues étaient tournées vers un but plus élevé : la science du gouvernement, l'é- conomie et l'administration des états, les sources de la prospériié et de la grandeur nationales lui pa- raissaient bien autrement impor- tantes que la défense des intérêts privés. Il s'était adressé à un per- sonnage puissant, qui lui Ot espé- rer une place dans une missiDii étrangère. C'était le commence- ment d'une carrière qui répon- dait en grande partie, aux vœux de iVl. Zurlo, et il se félicitait de s'y voir engagé. Il allait rece- voir sa nomination, lorsqu'il ap- prit qu'un de ses amis , l'abbé Panzini , briguait le même em- ploi, et qu'il y fondait toutes ses espérances. M. Zurlo ne trouva pas difficile de lui faire le sacri- fice des siennes , et il employa tout son crédit auprès de son Mé- cène, pour le décider en faveur de son compétiteur. Il rie tarda pas j\ être récompensé de cette généreuse action, lïn 1783, le gouvernement de Naples l'envoya dans les Calabres , qui venaient d'être bouleversées par des trem- blettiens de terre. Le chef de cette expédition était le général Pigna- telli ( t'oy. ce nom ), honnne dé- nué des qualités indispensables pour remplir dignement une pa-

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reille commission. M. Ziirlo,qni gémissait de voir doux provinces livroes à la cupidité et à l'igno- •rance d'un tel administrateur, cherchait ù en balancer l'influen- ce, en représentant au roi les be- soins et les espérances des Cala- brais. Ses rapports doimèrent une haute idée de sa capacité , et s'ils ne purent opérer le bien qu'il s'en était promis , ils suffirent pour le faire apprécier, et lui obtenir une place èminente dans la ma- gistrature. Il fut ensuite (en 1798) appelé à la direction des finances ; elles étaient à cette époque dans l'état le plus fâcheux, line admi- nistration vicieuse et les Irais d'un armement considérable avaient é- puisé toutes les ressources, et créé tme dette de plusieurs millions, qui avait miné le crédit public. M. Zurlo allait proposer des re- mèdes énergiques pour guérir de* plaies aussi profondes , lorsque l'arrivée des Français sur le ter- ritoire napolitain vint traverser ses projets, et l'exposa «ux plu» grands dangers. Le peuple , qai avait chargé le dernier ministre des finances de toutes les fautes de ses prédécesseurs, se porta en foule à l'hôtel de M. Zurlo, et le saccagea de fond en comble : il n'aurait pas épargné le maître , si le» chefs du gouvernement mu- nicipal, qui s'était formé i\ Naples •après la fuite du roi , n'étaient venus retirer le ministre des mains de celte multitude effré- née, pour le mettre dans un fort à l'abri de sa fureur. Dès que la républi«iue fut organisée, M. Zurlo quitta son asile, et alla s'enfermer dans une mai->on de campagne non loin du la capitale. Au retour

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du roi de Sicile, il fut replacé à la tête du ministère des finances, dont le désorilre n'avait fait qu'aug- menter. Les perceptions des im- pôts étaient devenues presque im- possibles , à cause des troubles excités dans le royaimie par l'en- treprise du cardinal Ruffo ; le nu- méraire avait disparu, et les cof- fres de l'état élaient surchargés d'inie masse considérable de pa- pi<'r-mnnnaie, qui n'avait presque plus de valeur dans le commerce. Une somme d'environ trente mil- lions de ducats, que le roi avait emportés en Sicile, aurait été plus que suffisante pour réparer en un instant taiil de maux ; mais ce prince, qui n'avait négligé aucun moyen pour grossir son trésor, ne paraissait nullement disposé à le verser sur se* peuples ; et le mi- nistre Qc vil plus de ressource que dans son propre génie. Son pre- n)iersoin fut d'amortir le papier- monnaie, qui était le plu» fort obstacle au rélaWissemeut du cré- dit public. Sans reoonrir aux me- sures ordinaires deis emprunts et des banqueroutes, il fixa une épo- que où le papier cesserait d'avoir cours dans le royaume; et il rapi- tatlsa , d'après leur valeur nonn'- nalc, le* billets de banque, dont le gouvernement se chargea de payer les intérôls sur des fonds spécialement hypothéqués au ser- vice de celte dette. Par ime opé- ration aussi simple que juste, la nation fut délivrée du fléau du pa- pier-monnaie, et elle recouvra son crédit au moment elle croyait ravoircoinplétenienlp(îrdu.Aprè5 cet important service rendu à l'é- tat, M Zurlo entreprit des réfor- mes utiles dan» toutes les bran-

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ches de l'adminislralion. Le roi voulut récompenser son zèle par «ne dotation en leire.'*, dont il ne iixa que la valeur, accordant au ministre la faculté de choisir les propriétés qui lui auraient le mieux convenu. M. Zurlo ne vou- lut rien acc«'pler, et il poussa son désintéressement jusqu'à renon- cer à ses appoinîeuiens , disant que les grands fonctionnaires de- vaient donner celte preuve de dé- vouement à leur pays, qui me- naçait de rester écrasé sous l'é- nonnité des charges. Mais l'exem- ple de M. Zurlo ne trouva point d'imitateurs , et on fut même obligé de rapporter une ordon- nance qui clasi^ait le paiement des trailemens les plus forts à la suite de la solde des troupes et de celle des petits employés, pour mettre fin aux clameurs et mê- me aux invectives de quelques- uns de ses collègues. Lu atten- " dant, la nation applaudissait aux travaux de M. Zurlo , qui devait bientôt ex|ner ces louanges si bien méritées. La dextérité avec laquel- le il avait retiré son pays du bord de l'abîme, vers lequel on l'avait poussé, réveilla la jalousie d'Ac- lon , qui profita d'un moment oii, par un excès de zèle , le minis- tre des finances avait obéi sans restriction aux ordres de la rei- he , pourle perdre dans l'opi- nion publique. L'ordre de sa des- titution lui fut communiqué, lors- qu'entouré de ses commis , M- Zurlo signait des papiers pour le service de l'état. Il se lève tran- quillement de son fauteuil, prend congé de ses employés , et entre dans la voiture, en ordonnant au cocher d'aller tout droit au fort

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de VOEuf. C'était la prison qui lui avait été destinée, et il resta jusqu'à ce que son innocence fut reconnue et proclamée. On lui accorda alors sa liberté ; mais ou se garda bien de lui rendre sa place. A la seconde invasion du royaume de Naples , M. Zurlo n'était point obligé de suivre !a cour en Sicile ; mais le souve- nir de? dangers qu'il avait courus lors de la première révolution, lui fit prendre le parti de s'embarquer à bord de l'escadre qui devait transporter la famille royale à Palerme. Il vécut dans celte ville tant qu'il se flatta de n'être à charge à personne ; mais lors- que la cour ne fut plus en état de payer la pension des émigrés , et que les parens de M. Zurlo furent nienacés d'un séquestre général à Naples, il sentit la nécessité de rentrer au sein de sa patrie. Il y arriva en 1809, au moment le roi Joiichim Mr.ral appelait au- tour de lui les hommes les plus é- clairés pour opérer des change- mens nombreux dans toutes les parties de l'administration. M. Zur- lo fut désigné pour le ministère des finances, qu'il ne voulut point ac- cepter : à peine consentit- il à faire inscrire son nom sur le tableau des conseillers-d'état, espérant échap- per ainsi aune plus grande respon- sabilité. Maison avait trop besoin de sa coopération pour y renon- cer. On fît de nouvelles démar- ches, on mit en mouvement tous les ressorts, et on ne cessa de l'as- siéger que lorsqu'il se laissa em- porter. Joachim lui confia d'abord le département de la justice et du culte : il le mit ensuite à la tête du ministère de l'intérieur, qui devait

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remplacer la féodalité par les communes, les ordres monasti- ques par des établissemens de bienfaisance et d'instruction; de ce ministère, en un mot, qui, après avoir sapé les hases de l'an- cien édifice, était chargé de pré- parer les matériaux pour la cons- truction du nouveau. M. Zurlo , embrassant d'im coup-d'œil l'é- tendue de.ses devoirs, ne fut point découragé de la grandeur de sa tûche. Plus il apercevait d'obsta- cles autour de lui, plus il se sen- tait d'énergie pour les combattre. Un jugement sûr et une grande pénétration d'esprit, une activité rare et un goût pour les vastes entreprises , telles étaient les qua- litésde M. Zurlo, qui, fortifiées par son désintéressement et par l'a- Jnour du bien public, en faisaient le levier le plus puissant pour soule- ver le fardeau qui lui avait été imposé. Dans un pays l'on est habitué à voir les moindres pro- jets passer d'un ministre à l'autre, sans jamais s'accomplir , chacun regardaii,avecime satisfaction mê- lée de crainte, M. Zurlo terrasser d'un bras vigoureux les vieilles institutions, quidevaient faire pla- ce au nouvel ordre de choses qu'on voulait établir. La féodalité fut abolie, et trois cent mille co- lons vinrent se rHiigcr au nombre des propriétaires : on cessa de persécuter les talens; et les éco- les, les collèges, le» lycée», les universités, rivalisèrent de zèle pour former «les citoyens ver- tueux et utiles à Tétai : la fai- néaiitis<- fut proscrite, et les rou- ven?. furent fermés , le nombre de» irêlrcs réduit, le commerce protégé, le-» Ateliers multipliés,

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les efforts de l'agriculteur, les tra- vaux de l'artiste, les veilles du savant, encouragés, récompen- sés, applaudis. Du laboratoire de chimie, un jardin botanique, les cabinets minéralogique et zoolo- gique, des collections de tableaux, de vases , de marbres , de bron- zes, de médailles; le magniâque observatoire sur la colline de Ca- podimoute, les écoles de clinique et le théâtre anaiomique des In- curables, la maison des fous à A versa, et tant d'autres établisse- mens philantropiques et scientifi- q;u-squi s'élèvent muintenant sur un sol jadis eiicoiubré de couvens et d'églises , déposeront long- temps en faveur du patriotisme et des lumières de M. Zurlo. On en trouvera la trace même hors de son pays; à Uome, par exemple , où, en i8i4j il employa le peu de teu)ps que celte ville resta au pouvoir des Napolitains, pour or- donner dilTérens travaux, entre autres ces grandes cloisons qui garan lissent ;'» présent les fres- ques (le Raphaël contre les acci- dens de l'atmosphère. Les Floren- tins se rappelleront aussi d'«voir vu un ministre de Joachim s'envi- ronner de leurs savans pour en accueillir les vœux et eu honorer le mérite. Ils n'oublierontpas non plus le jour M. Zurlo implora comme une grâce auprès de son souverain de l'aider à payer la rançon de Séralti, capturé sur un bâtiment sicilien au moment il comptait aller achever tran- quillement ses jours auprès de sa famille en Toscane : cet homme ;)Ourtant avait été le plus impla- cable ennemi de M. Zurlo, dont il avait été lu successeur au minis-

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têre dos finances en i8o3. Le cœur «le 1>J. Znrlo se montra encore pins généreux lorsque Joachiin, préci- pité du trône par les soldats des puissances dont il avait impru- demment épousé les intérêts, lais- sa sa famille entourée de dangers et à la merci de ses persécuteurs. Dans ce changement soudain du sort , M. Znrlo s'attachant aux personnes dont il ne pouvait dé- sormais que parta-çer l'infortune, s'embarqua sur le même vaisseau qui devait conduire la reine à Triesle. Après avoir apporté quel- que consointion dans le cœur con- tristé de cette malheureuse prin- cesse , il lui demanda la permis- sion de la quitter pour aller vivre incognllo à Venise. La reine crut devoir lui témoigner sa reconnais- sance en lui offrant une forte som- me d'argent, dont elle savait que le ministre pouvait avoir besoin dans l'exil auquel it s'était con- damné. M. Znrlo la remercia, en disant qu'il ne s^ serait jamais permis d'accepter d'une famille tombée dans le malheur, ce qu'il avait constamment refusé quand elle était dans la fortune. En effet, il sortait presque pauvre de ce long et brillant ministère qui avait présidé à la destinée d'un royau- me. En arrivant à Venise, il fut attaqué par une terrible maladie, qui faillit lui coûter la vie. A peine fut-il rétabli, qu'il prépara quel- ques notes pour une nouvelle édi- tion d'Anacréon , que son ami , le général Winspeare, venait de tra- duire en italien, et qtic M. Mus- toxidi enrichissait de la vie du poète. Le désir de se rapprocher de sa patrie, dont l'entrée lui était toujours fermée, lui fit préférer

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le séjour de Rome, n\\ il resta jus- qu'à l'autoujne de 1818, époque de son rappel i\ Naples. Il y vivait dans la retraite, au milieu d'un cercle d'amis, et honoré de l'es- time publique, lorsque le prince- régent l'appela, en 1820, à faire partie du nouveau ministère cons- titutionnel. M. Znrlo obéit à re- gret : mais une fois engagé au ser- vice de l'état, il déplojia la plus grande activité pour s'acquitter dignement de ses nonrbreux de- voirs. Il reprit le portefeuille de l'intérieur, et son premier soin fut de rassembler les collèges é- lectora.ix qui devaient procéder à la formation du parlement natio- nal. En butte à la haine incon- sidérée des carbonari f qui lui re- prochaient des mesures sévères employées sons Joachim pour arrêter les écarts de leur secte, il brava courageusement leurs me- naces , et ne daigna pas répondre à leurs calomnies. Lorsque le roi Ferdinand reçut l'invitation de se rendre à Laybach , M. Zurlo , qui craignait une émeute dans le royaume, s'empressa d'annoncer aux préfets le prochain départ du roi, avant qu'il en eût obtenu l'au- torisation des cortès. Cette infrac- tion à un article de la constitution espagnole, attira sur lui la rigueur du parlement, qui le mit en état d'accusation. M. Zurlo se démit de ses fonctions, et entraîna dans sa retraite tous ses collègues, qui voulurent partager sa disgrâce. Il parut ensuite devant les représen- tans de la nation pour se justifier de l'imputation qui lui était adres- sée. Sa défense, remplie de digni- té, triompha de toutes les pré- ventions, et M. Zurlo fut acquitté.

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11 restait cependant dans le cœur des bons citoyens un genliinent pénible, en réfléchipsant que le ministre qui avait consacré toute sa vie à l'éiBancipation des com- munes, trouvait dans leurs dépu- tés, ses plus implacables ennemis. C'était comme un tuteur mal- traité par des pupilles qu'il se serait efforcé d'enrichir. Avant de soitir du ministère, M. Zurlo a- vait eu le temps de remettre au roi un papier contenant ses idées sur le rôle que ce prince aurait jouer au congrès. Ces conseils étaient marqués au coin de la grandeur, et ^lût à Dieu que celui qui avait juré de défen- dre les droits de son pays, n'en eût Jamais écouté d'antres! La nation napolitaine n'aurait point à rougir de sa faiblesse , ni à pleu- rer la perte de sa liberté et de son indépendance. On sait ce que le roi de Naples fit à Laybach , et on ne doit pas s'étonner si, à son re- tour dans ses états, il n'a plus jamais voulu se rencontrer avec M.Zurlo,qui se consola facilement de cette disgrâce, en cherchant des distractions dans l'étude et dans la société de ses amis.

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ZliYLEN-VAN-NIEVELT (le COMMANDEUR van), est d'une famille noble et s'est fait honora- blement remarquer dans la car- rière militaire qu'il a suivie suc- cessivement sur terre et sur mer. Lors des révolutions de son pays, et quoique dévoué à la maison d'Orange, il ne repoussa pas néan- moins les faveurs dont Louis Bo- naparte [VOY. BONAPARTE-LODIS) se

plut à le combler, lorsque ce prin- ce occupa le trône de Hollande ; il devint alors un des maréchaux des armétîsdu royaume. Ln 1810, la Hollande ayant été réunie à l'empire français, l'empereur Na- poléon nomma successivement M. Van-Zuylen c(unte de l'em- pire, gouverneur du palais d'Ams- terdam et grand'croix de l'ordre de la réunion. Ces faveurs étaient plutôt accordées à la considération personnelle que M. Van Zuyieu avait acquise parmi ses conci- toyens, qu'atix services qu'il a- vait rendus à la France. Depuis les événemens politiques de 1814, M. van Zuylen vit dans la retraite commandée par son grand 3ge; il jouit d'une pension conuidtrable que lui a faite le roi des Pays-Bas.

FIN DU XX' ET DERNIER VOLUME.

SUPPLEMENT GÉNÉRAL

des articles omis J.ins les 20 vol. de cet ouvrage, avec indication, suivant l'ordre alphabétique, des noms des personnes qui ont des notices dans les Supplérnens placôs à la suite de chacun des volu- mes précédens.

ABBE (Baron) , voy. le Supp. du I" volume.

ALSACl':-HÉNIN-LIÉTARD (Comte de), voy. le Supplément du 12' volume.

ANGELIS (André de), com- mandeur de l'ordre de Charles III, ex-conseiller-d'étal, estnéàNaples en 1^80. Après avoir tait de bril- lantes études à l'académie mili- taire, fondée dans cette ville par le général Parisi,il lut nommé offi- cier d'artillerie en 1798. Il servit successivement sous les ordres du chevalier de Saxe et de Roger de Damas, et se fit remarquer par son aciivilé et par son intelli- gence. Les revers de l'armée na- politaine le dégoûtèrent du mé- tier de la guerre : il demanda et obtint une place dans le ministère des affaires étrangères , dirigé alors par le général Acton. Il avait été désigné pour une mission diplo- matique , lorsqu'on 1806 , peu avant l'entrée de l'armée fran- çaise dans la capitale , il reçut l'ordre de suivre la cour en Si- cile. Le vaisseau sur lequel il s'é- tait embarqué, et qui faisait par- tie de l'escadre royale, en fut sé- paré par ime horrible tempête au moment il allait jeter l'ancre dans la rade de Palerme. Après trois jours de périls et d'alarmes, il fut enfin rejeté dans le port de Naples, oO le nouveau gouverne- ment venait d'être proclamé. Le dévouement que M. de Angelis

avait témoigné à l'ancienne dy- nastie, ne lui nuisit aucunement auprès de la nouvelle. Le marquis de Gallo , en prenant le porte- feuille des affaires étrangères , confia à cet en)ployé la division des relations politiques, la plus im- portante de son ministère; et il en fit ensuite récompenser le zèle par la nomination de chevalier de l'or- dre des Deux-Siciles et de maître Citi requêtes au conseil-d'état. M. de Angelis resta à son postfe jus- qu'au printemps de l'année 181 5, époque à laquelle il fut envoyé à Vienne, pour prendre part aux travaux du congre*. Après la chute du roi Joachim Murai, il se rendit à Naples , ses talens et son ex- périence dans les affaires vainqui- rent la répugnance du marquis de Circollo, homme entêté et médio- cre, qui regardait comme ennemis des Bourbons tous ceux qui ne les avaient pas suivis en Sicile, com- me si une nation entière était obligée de se déplacer pour accom- pagner ses princes dans l'exil. Malgré ces maximes , le vieux ministre ne put s'empêcher de faire connaître au roi les ser- vices rendus par M. de Angelis, qui reçut la seule croix de com- mandeur de l'ordre deCharlesIII, que Ferdinand VII avait mise à la disposition de son oncle. En 1820, M. de Angelis était allé passer quelques mois à la campagne pour y rétablir sa santé, lorsque pressé

presqn'en même temps d'nccom- pagiitr le roi à La3'bach , <le rein- pliicer iDinistre des affaires é- tranfrères ou «le siéger au conseil- d'état, il hc décida pour ce der- nier, qui lui parut un a,*ile sûr et honorable dans des temps d'orage. Il y avait élé porté par les vœux du parleini-nf et par le libre oboix du monarque ; et il était bien loin de supposer qu'on dût un jour lui faire un crime d'avoir accepté une place qui lui avait été conférée par décret. Mais le roi, qui lui avait envoyé le brevet de rouseilier- d'élat à l-i veille de son départ, eu approuva la destitution peu après son retour; et ce n'a été qu'après deux années d'atleute que M. de Angelis a enfin obtenu une pen- sion de retraite, qui a réparé en partie la preniière injustice.

ANGELIS ( PiEBRE de), frère du précédent , à Na[)les en 1782, et élevé comme lui ;\ l'aca- déuiie u»ilitaire, obtint en 1801, uu brevet de «ous- lieutenant dans l'aruiée, qu'il quitta ensuite pour se livrera l'étude. Il était profes- seur de l'école pcdytechuique, lorsque le roi Joachim Mmat l'ap- pela à la cour, pour lui C(u»fier I é- ducation de ses eufans. Il lui en- voya eu même temps, la croix de l'ordre des Deux-Sîciles, et la nomination de conseiller cle la pré- fecture de la ville de Naples. Tant de bienfait;^ l'attachèrent à ce prince, dont il suivit la famille jusqu'à Giiëte, dernier asile que le royaume de Naples ofiiait à ceux qui lavaient gouverné. Rentré daris se» foyers, M. de An- gelis, qui ava/t perdu toutes ses places, sentit le besoin de s'occu- per, et il accepta un emploi sc-

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condaîre dans le dépôt de la guer- re : mécontent de son sort, et n'espérant pas de le ^ir amélio- rer, il prit en 1818, la résolution de voyager en Europe. Il avait dé- jà parcouru l'Italie et la Suisse, lorsque la révolution éclata à Na- ples, en 1820. Il en apprit la nou- velle, sur les bords du lac de Constance, il ne larda pas à rerevoir une dépêche de son gou- vernement, qui l'engageait à se rendre imiuédialem'""t au con- grès de Tropp" . - 'ourner les empereurs de tout* -res- sion hostile contre Naples. Angelis, qui ne se dissimul.» les 'iiflicultés de cette mission,* lut s'y soustraire. Mais de nouv., Ics instances de la part des minis- tres , et des ordres ennorc plus pressaus qui lui furent adressés au luuTi d'un personnage auguste, ne lui permirent pas de persister dans sa résolution. Il accepta la place de chargé d'affaires auprès de la cour impériale de Pétersbourg, il n'a jamais été, n'ayant pu dans le temps obtenir «es passeports de la légation russe à Paris. Il regarda donc de cette dernière ville le nau- frage de sa pairie, qu'il lui a été en- suite défendu de revoir. Le roi de Naples, en sortant des conférences de Laybach, etavani même de ren- trer dans sa capitale, bannit de ses états tous les agens diplomatiques du gouvernement constitutionnel; et son ordonnance n'a pas encore été rapportée sous le rèfçnede son successeur. M. de Angelis viclime de c«'t acte arbitraire, a cherché h oublie| l'injustice des hommes, dans les jouissances de l'esprit. Li- vré entièrement à l'étude et aux travaux littéraires, il a déjà pris

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BAI

rang^ parmi nos écriv^ains,quî le re- gardent coitiîtic leur cuulrèic. II est un de nos cq,Uahorateur.s,etil tra- vaille en même temps pour la JB/o- grnpliic universeUe,où il a remplacé Giuguené; il a enrichi ce dernier ouvrage de plusieurs articles im- portans, tels que Sahator Rosa, Sunnazar , Servet , Spallanzani , Spinoza , etc.

ANSIAUX , peintre, roy. le Supplément du tome i5.

ARRIGHI, duc de Padoue, voy. le Supplément du tome i".

ARRIGHI (Hyacinthe), voy. le Supplément du tome 1.

ARRIGHI ( Antoiise - Lovis ) , voy. le Stipplén)enl du tome I.

ARRIGHI (Joseph-Philippe), 9oy. le Supplément du lomc I.

ARRIGHI (Jean), voy. leSupp. du tome I.

AUUREE, général de brigade, voy. TErraîa du tome XIII.

AURRÉE, cheC de bataillon, vôy. l'Errata du tome XIII.

AUBRÉE, colonel, voy. l'Er- rata du tojne XIII.

AURREE, aidc-de-camp , voi/. l'Errata du tome XIII.

AUDOUIN, graveur, voy. le Supplément du tome XV.

RACHEVILLE (Les frères), voy. le Supplément du tome II.

RAILLOT ( Etienne-Catheri- ne) .membre de l'assemblée cons- tituante, naquit en 1768 ; il exer- çait la profession d'avocat au bail- liage de Troyes, lorsqu'il fut élu député aux états-généraux en 178g. Sa modestie ne lui permit guère de paraître à la tribune qu'illustraient les lalcns Itf plus remarquables; mais il travailla beaucoup dans les bureaux. Après la session de rassemblée, et dès

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la création du tribunal de cassa- tion qu'il concourut à organiser, il cessa de prendre part aux évé- nemens politiques , ne s'occupant plus qae de remplir les devoirs de sa place.II pas-:a ainsi tout le temps de la terreur; mais en 1796» épo- que où le directoireexéçulif après avoir renversé l'hydre révolution- naire , voulut à son tour gouver- ner décemviralemtnt et exiger d'un corps aussi indépendant que devait l'être la magistrature, une adhésion servile aux systèmes di- vers inspirés tour à tour par la crainte et la violence ; il donna sa démission cl retourna dans son pays, , depuis celte époque, il partagea son temps entre l'élude et les travaux agronomiques. Sa passion pour la langue latine la lui faisait préférer à toute autre. C'est sans doute cette passion qui le porta à traduire entièrement les Satyres de J uvénal ( un vol. in-8°, i8.2'2) ; il y joignit des notes plei- nes d'érudilion et de gofit. Il a laissé en manuscrit des Recher- ches sur rhistoire de la Champa- gne, particulièrement dans les gé- néalogies. M. Baillot était un hom- me de bien; il mourut générale- ment regretté, en i825, à Ervy, déparlenient de l'Aube.

BARRAL Cde), voy. le Supp. du tome XVII.

BARllAL, colonel du génie, voy. le Supplément du tome IX,

B ASC AN S (Pierre-Prosper), capitaine, à Villeneu^e-de-Ri- vièrc, départeuient de la Haute- Garonne, le i5 janvier 1788, se destina dès son enfance à la car- rière des armes. A peine ûgé de 18 ans, il s'enrôla comme volontai- re dans le /iS"' régiment de ligue.

BAS

qui alors fiiisait partie du premier corps d'année, sous les ordre» du maréchal BernadoUe. Le jeune Ba«can« ne tarda pas à se l'aire dis- tinguer par son aptitmle et sa bra- voure. Lor^qu'en i8u8, il fut ap- pelé à raraiée d'Espagne, il avait déjà passé par le grade de sous- oUicier. Bépondant toujours aux espérances de ses chefs, il sut se faire remarquer dans beaucoup d'action.s. auxquelles le 117* ré- giment dont il fe«ait partie prit une part active. Il rivalisa d'ar- deur avec ses vieux compagnons d'armes à la bataille de Tudella, et aux sièges de Saragosse , de Torlose, de Sagonte. de Lérida et de Vairnce. Dans ce dernier siège, ri fut blessé par un obus en défen- dant une redoute avec autant de sang-froid que d'intrépidité, ba conduite dans la prise de ces pla- ces importantes, lui valut siicces- sivemenl les grades de sons -lieu- tenant et de lieutenant. Une nou- velle occasion de se signaler se présenta à l'aflairc du 12 avril 1810, près Cobcntayna, royaume de Vidence. Chargé de commen- cer l'atlaque avec une section de tirailleurs d'élite et 8 hussards du 4"'. le lieutenant Bascans abor- de l'ennemi, le charge et le pour- suit vig()ureu^ement , ju-qu'à ce que celui-ci renforcé parSoo hom- me» anglais et siciliens, envelop- pe au détour d'un bois le lieute- nant, et réduit à très-peu d'inmi- mes les braves qui l'accompa- gnaient. Loin de céder au nom- bre, le jeune Bascans, par un nou- vel effort, parvient à se dégager, fond avec le reste des siens sur un pelotfta •imemi, et lui fait plu- sieurs priaonuiers, après l'avoir

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été lui-Miême... Mais atteint d'un coup de feu au bas ventre, il fut laissé pour mort sur le champ de bataille, d'où il ne fut retiré qu'au bout de quelques heures, ayant les intestins à jour. Le grade de capitaine fut le prix de cette nou- velle rnar'que de valeur. Lorsqu'a- près plusieurs mois de souffrance, le jeune invalide se crut en état de reprendre rang parmi les braves, le maréchal Suchet l'adjoignit à son état-major, et demanda pour lui rétoile de l'honneur que sa belle conduite lui avait si bien mé- ritée. Mais les événeoiens qui se succédaient alors vers le nord avec tant de rapidité, ne permi- rent an capitaine Bascans, d'obte- nir son brevet de légionnaire, que 2 ans plus lard. Dès son retour de l'ile d'Klbe, Napoléon le nomma chevalier de la légion-d'honneur, dont il n'a porté l'insigne que quelques mois, ayantété plus lard compris d^ns la liste de ceux à qui les minislres du roi enlevèrent cette récompense honorable de leurs services. L'estime publique, et l'amilié de .«-es anciens compa- gnons d'armes, ont suivi le capi- taine Bascans dans ses foyers.

BA13DET-LAFARGE, voi/. le Supplément du tome XII.

BAZIN (Rigomer), au Mans en «771. De nouveaux renseigne- mens sur 31 Bigorner Barin nous mettent à même de rectifier l'ar- ticle que nous lui avons consacré dans le tome 2 de cet ouvrage. Outre les fonctions publiques qu'il remplit au ftlans dans sa jeunesse, il partit volontairement pour l'ar- mée lors de la formation des pre- miers bataillons en 179»; Jnais bletsé dés la première affaire, il

334 BAZ

fut forcé d'abandonner la«carrière militaire. R«'.vemi au Mans, il y soutint très jeune encore avec »a plume, la cause qu'il avait voulu défendre avec son épéc. La jeu- nesse patriote de cette ville s'éiant ralliée à ses opinions, ces jeune* gens furent irai lés de Bazinistes et considérés comme des factieux. L'n 1790, un conventionnel en mission dans la Sarthe , les fii ar- rêter comme tels, eux et leur clief, elles fit conduire à Paris, po»Jr être traduits au tribunal révolution- naire. Leur tête était dévouée à l'échafaud, puisque ce député dit un jour en pleine société popu- laire du Mans, en regardant sa montre: « Il est (telle) beure, les » têtes des factieux baziîiisles sont «tombées surTécliafaud. » Il n'en était rien heureusement, le g ther- midor les avait sauvées. Peu de temps api es, M. Bazin publia au Mans le journal intitulé : Chroni- que manc'dle. Plus tard, il publia à Paris les Lettres françaises et les Lettres philosophiques; il l'ut.com- me nous l'avons déjà dit dans son article, compromis dans la pre- jnière conspiration de ÎMallet, qu'il prétend, dans son Lynx., avoir été entreprise dans les intérêts des républicains. Après la retraite de l'armée française derrière la Loire, à la suite de la malheureuse ba- taille de Waterloo, il publia à Or- léans le prospectus du Lynx, jour- nal dans lequel ii se proposait de relever l'esprit national si fort abattu par le événemens du mo- ment. Libéré de l'action judi- ciaire que lui avait fait intenter la politique des souverains étrangers pour le fait de cette publication, il revint dans sa famille au Mans, et

BA7.

y vécut dans la reir.iite jusqu'à l époque l'ordonranee du 5 septcir.bre offrit l'auiore d'une adrnini.?lrati(jn frar-thcnienl cons- titutionnelle. II publia alors une suite de brochures serni-p^riodi- qnes qui paraissaient chaque se- maine, et dans lesquelles il cber- chait à exalter les avantages et à signaler les conséquences du sys- tème C')n>tilutiounel. Poursuivi et enifirisonné à plusieurs repri- ses sous des prétextes fdn< ou moins vains, sous l'administration du préfet M. Jules Pasquier, avec un acharnement dont il est diffi- cile de se rendre compte en lisant ces brochuies , des jugemens ho- norables.entre autres un de la cour roy;ile d'Angers , le rendirent à la liberté. Il en profita bien peu de temps, ayant été tué en dufl par un odicier de la légion de la Sarlbe, à la suit»^ d'une querelle dont on trouva l'occasion lors de la seconde représentation au Mans d'un mélodrame que M. liazin a- vait lait jouer précédemment à Parisavec succès. Il avait réuni en un vol. in -H", sous le titre du Lynx ou Coit.p-tfœil et réflexions libres sur les affaires du temps. Ses brochures semi-périodiques; au moment de sa mort plusieurs 'autres écrits étaient destinés à composer un second volume. Il avait aussi projeté et annoncé la publication d'un journal périodi- que; c'est ce f[ui nous a fait dire dans son article, que « quelque temps avant sa mort il avait créé le journal libéral de la Sarthe»; il n'en a point existé de ce genre de- puis la restauration, VAr<^us de l'Ouest, entrepris dans ce dépar- tement, n'ayant pu y être publié.

BAZ

Il a été dit aussi inexactement dans cet article : o qu'il voulut conti* nuer le Lynx, et le rendre périodi- que sons le litre de Lynx ou Jour- nal des ftdéièsii; on a confondu les époques. Ce dernier titre était celui (In journal projeté à Paris et qu'il voulut continuer à Or- léans lors de la retraite derrière la Loire; il eût été ridicule que plu(> de deux ans après, en réu- nissant en volunoes les brochures publiées au Mans, il eCit ajouté au titre de Lynx qu'il donna à ces yoluines celui de Journal des fé- dérés, puisqu'il n'y avait plus de lédérés et que ce titre seul l'eflt cotnpromiset eût été séditieux à cette époque. Outre les ouvrages ci-dessus, M. Rigomer Bazin a publié : Charlemagne, tragédie (non-représentée) en 5 acte;* et en vers; en mars 1817, et à Paris, le mélodrame cause occasionelle de sa n>ort. Il avait écrit une his- toire de France, presque achevée et restée inédite. avec un ca- ractère ardent et impétueux, une âme forte ,^ un cœur noble, gé- néreux et sensible, il sentit son imagination s'embraser aux espé- rances de liberté que donnait le commencement de la révolnlion française. «A dix-huit ans. dit-il, je crus voir Home dans la Fran- »ce, Catori au sénat, les (iracques »i\ la tribune, le grand peuple au I) Forum, et partout de vertueux » citoyens. Les faux Gracques vou- «liinjit me traîner à l'échafaud » en riant de ma simplicité. » Cette erreur n'ayant point ahéré ses principes, il paya par six années de détention (laiis des prisons d'é- tal et par des persécutions sans nombre sou» les gouvernemens

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suivans, leur inflexible ligidité ; enOn, il fut tué d'un coup de pis- tolet (c'est le duel dont il a été parlé plus haut) en haine de ses opinions, le 19 janvier 1818.

BERGER, ex-sous -intendant militaire, vot/. le Supplément du tome XVII._

BERTEZ.ÈNE, ancien membre du corps-législatif, voy. l'Errata du tome X.

BERTH AU LT, architecte, voy. le Supplément du tome XII.

BERTON ( Jean - Baptiste ) , maréchal -de -camp, naquit, en 177/1, :'i Francheval, près de Se- dan (Ardennes). Sa famille, dis- tinguée dans la bourgeoisie , et qui jouissait d'une fortune hono- rablement acquise, hii fit com- mencer ses études à Sedan , et l'envoya, à l'âge de 17 ans, à l'école militaire de Brieune, i\ peu prés à l'époque Bonaparte en sortait. De l'école de Brienne , Berlon passa A l'école d'artillerie de Chrdons , il était encore lorsque le territoire français , me- nacé parla coalition européenne, attendait le secours de tous les amis de la gloire et de l'indépen- dance nationale : c'était en 1792. Berton entra en qualité de sous- lieutenaut dans la légion des Ar- d(!nnes , qui fit les campagnes de l'armée de Sambre-et-IMeuse ; il y gagna le grade de capitaine, Reujarqué par le général Bcrna- dotle (aujourd'hui roi de Suètle, sous Ik nom de CHARLEs-.TEAN),le jeune capitaine fut attaché A l'état- major de ce général qiii, devenu prince rojal, eombatlii contre son ancienne patrie, et oublia ses an- ciens compagnons d'armes. Il l'aé- eompagna en Hanovre etcn Prusse

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pcnduDl les années 180G et i8on, que la bataille d'Austerlilz a ren- dues célèbres. Le général Viclor, depuis mHréchal de France et duc de Bellune, remplaça Bcrnadolle, blessé au pont de Spanden {et non au pont de S[)andau, comme le dit l'auleur de la notice dont nous parlerons plus bas ; la guer- re se taisait alors dans la l'russe ducale, et non dans la Prusse roj/i - le.) Sous le général Viclor, Bertoo rendit, particulièrcînent à Tried- land,des services si iniporlans, que ce général lui promit de sol- liciter en sa laveur le grade de co- lonel.En 1 808, Bertonsuivitle ma- réchal Vicloren Espagne, et se dis- tingua de nouveau à la bataille de Spinosa. Alors le maréchal, en le •])résbntant à l'euipereur lors de la revue de Burgos , dit à ce prince : «C'est le premier chef d'escadron de mon corps d'armée, pour la va- leur et les talens ; je vous demande pour lui un régiment. V. M. peutê- tre persuadée qu'elle ne saurait le mettre en de meilleures mains. » Napoléon répondit : « Je n'ai point de corps à donner aujourd'hui, je le fais major » et après quel- ques instans : « Je n'ai point de régiment libre, mais je vous fais adjudant-commandant; vous êtes un bon otiicier; je me souviendrai de vous. •> Peu de temps après, Berton passa en qualité de chef d'état -major sous les ordres du général Valence , et de sous le général Sébasliani, commandant du quatrième corps. Il donna de nouvelles preuves de ses talens et de son courage à la bataille de Talaveyra, et surtout à celle d'Aï- manacid, il fut blessé en s'em- parant, i la tête des lanciers po-

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lonais, de la plus forte position «i'Ocana. Le prince de Sobieski , témoin de son sang-iVoid et de son intrépidité, l'embrassa en pré- sence du régiment , et lui dit : « Je ferai savoir à ma nation la manière dont vous venez de vous conduire à la tête de ses enfans ; je demanderai pour vous la croix du mérite nu'litaire; les Polonais seront Gers de la voir briller sur la poitrine d'uii brave tel que vous.» Le général Sébasliani se porta sur le royaume de Grenade, et confia à Berton un détachement de 1,000 hommes , en lui ordonnant de s'emparer de Malaga, que défen- daient 7,000 hommes de l'armée espagnole. Berton, devenu maître de cette ville, en fut nommé gou- verneur par le maréchal Soult. Sa c<induite administrative y fut digne de la bravoure dont il avait déjà donné tant de preuves. Il eut à repousser différentes ciltaques, il eut toujours du succès. Mais par suite de la bataille des Ara- piles , il dut suivre le mouvement d'évacuation de l'Andalousie. Dans la retraite, Berton soutint sa ré- putation de capacité et de bra- voure, et reçut en récompense, le 5o mai 18 15, le grade de gé- néral de brigade. Il justifia la confiance du maréchal Soult à la bataille mémorable de Toulouse , le 10 avril i8i4- Peu après, sous le gouvernement royal , il fut mis à la deiai-solde. Napoléon le re- mit en activité au 20 mars 18 15, et Berton eut sous ses ordres une brigade du corps du général Ex- celmans : c'est à la tête des i4* et 17' régimens de dragons qu'il se trouva à Waterloo. Après la se- conde restauration, il fut cnferiué

BER BER 37.7

à l'Abbaye, il resta détenu tions, et enfin , secondé d'un cer- pendant cAnf[ mois. II recouvra lu tain nombre do personnes, s'em- îiberté s ins avoir subi de juge- pare de l'iiulorilé et pourvoit au ment. Le général Berton devint reniplacement ou à la confirma- membre de la société des amis de lion des fonctionnaires publics. la presse, et publia un Précis ^wr Bertou annonçait qu'un mouve- les batailles de Fleurus et de Wa- ment semblable devait avoir lieu terloo. Ses principes politiques, simultanément par tonte la Fran- ses ouvrages, ses pétitions aux ce , et prenait le titre de général- chambres, déterminèrent M. le commandant de l'armée nationale marquis de Latour - Mauhourg, de l'Ouest. Il paraît que le cri do- ministre de la guerre, à le rayer minant fui celui de vive la liberté! des contrôles de l'armée, et Al. le quelques personnes y mêlèrent baron Mounier, fils iSo rex-cnns- celui de vire JSapotéon II ! Enfin, tituant de ce nom, directeur gé- ime coloime formée, selon l'acte néral de la {)olice, à faire exercer d'accus ition , de i5 hommes à contre lui une surveillance, dorit cheval » t de 120 hommes à pied, il se plaignit vivetrient. N«iiisem- se mit en marche, tanjbour bat- pruntons à un N' de V Annuaire tant et baïuiière déployée , vers la nécrologique le récit du procès et ville de Sauuiur; il- furent joints la fin déplorable du général Ber- en roule par qmdtpies personnes ton. Cette partie de la vie du gé- des villages environnan». Malgré néral nous a paru rédigée avec le grand nombre d'individus qui mesure et im[)artialité , et a été sont entrés dans le complot , dit d'ailleurs empnuitée aux docu- l'acte d'accusation , les autorités mens du procès. « Parti île Paris de Sauniur étaient dans la plus au mois de janvieri822, le général profonde bécurilé. I/euncuii elait Berton se refulit à Brest, à Rennes, déjà arrivé à iMontreuil, qui en et enfin à Saumur, il entra en re- est éloigné de trois lieues, qu'elles latjon avec plusieurs personnes de en ignoraient la nouvelle , tandis ces villes et clt-s environs. D.ins la que de distance en di^jtance , il nuit du 20 février, Berton quitta tiouvail des émissiiires qui lui fai- Saumnr, et se rendit à Thonars , saient conn lître les dispositions il avait des intelligences, entre prises pour le recevoir. C'est de autre? personnes, avec le com- Wontreuil, la troupe de Ber- niandant de la garde nationale et ton arriva à trois heures a()rès- l'adjoint au mair(!. I^e 2 j février, midi, que les premiers avis furent à quatre heures du matin, le gé- expédies aux autorités de Saumur, néral Berton , revêtu de son uni- par le brigadier de la genrlarme- forme , arbore la cocarde et le rie. Aussitôt quelques mesures de dra[»eau tricolore dans la ville de défense furent prises dans celle Thoiiiirs, proclame un gouverne- ville. Cependant la troupe de Ber- ment provisoire, il place les ton dépassa le pont Fouchard. noms do cinq membres de l'op- Après quelques pourparlers avec position de la chambre des dépu- le maire, le général repassa le téS) fait vt publie des proclama- pont, le barricada et établit des T. IX. aa

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postes, afin de n'être point sur- pris : les choses restèrent dans cet état pendant plusieurs heures. Des communications eurent lieu entre les insurgés et les habitans; Ber- lon et le maire eurent une confé- rence : la garde nationale demeura rangée en bataille. Les autorités de Saumur tinrent un conseil de guerre, il fut décidé que Ton attendrait le jour pour charger l'ennemi. Berton occupa sa posi- tion jusqu'à minuit environ. Il fut instruit de la détermination du conseil, et donna des ordres pour effectuer sa retraite. La ville de Saumur est munie d'un château- fort se trouvait un dépôt d'ar- mes considérable; il était occupé par une école de caralerie, com- posée de sous -officiers de touj les régimens de larmée , qui a été dissoute après ces événemens. Le général doima le signal de la re- traite; il la, fit avec ordre, en montrant uiie sécurité qui ne peut s'expliquer que par la confiance que lui inspira l'inaction de for- ces bien supérieures aux siennes. Berton , après s'être couché à Montreuil, s'y être rafraîchi avec ses troupes, continua sa marphe jusqu'à Brion. Sou intention était de se replier sur Thouars, mais déjà on y avait pris des mesures pour y eajpêcher son retour. Il iallut se séparer ; plusieurs des chefs prirent la fuite : Berton erra dans les départemens des Deux- Sèvres et de la Charente- Infé- rieure. L'acte d'accusation affirme que cette tentative fut l'œuvre d'une société secrète appelée les Chevaliers de la liberté ou Carbo- nari; que celle société est dirigée par un c<;Hiiit« dont le siège est à

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Paris, et que Berton était l'agent principal de ce comité dans les départemens de l'Ouest. Si le pre- mier complot ourdi à Saumur par Delon , Sirjan , etc. , eût réussi , il devait se mettre à la tête de»

rebelles il est désigné dans la

procéduire instruite à Nantes con- tre les carbonari , qui avaient pro- jeté le renversement du gouver- nement, comme devant prendre la direction du mouvement aus- sitôt qu'il aurait éclaté. C'est en- core lui que l'on indiquait, au mois de mars 1822, pour prendre le commandement des militaires de La Rochelle , qui avaient com- ploté une révolte. Cependant Ber- ton avait disparu. Les journaux annonçaient qu'il était passé en Espagne, lorsqu'on apprit tout- à-coup qu'il venait d'être arrêté, le 17 juin, au lieu nommé Laleu, commune de Suint- Florent, dans la maison de campagne de M. De- lalande , notaire du lieu , par un sous-olficier de carabiniers, nom- mé Wolfel ( depuis il a été fait officier ) , qui s'y prit de la ma- nière suivante : Selon lui , s;\ fidé- lité aurait été tentée par des per- sonnes de Saumur, dans les pro- jets d(!squelles il feignit d'entrer pour mieux découvrir leurs des- seins, dont il tenait son chef ( M. le colonel Bréon, aujourd'hui ma- réchal-de-camp) informé. Bientôt il fut mis en relation avec Berton, qui se tenait caché auprès de Sau- mur ; il lui amena successivement des militaires de son corps , au nombre de trois. Un jour, reve- nant de la chasse ensemble , et rentrant dans la maison de M. Delalande, ils devaient dîner avec quelques autres personnes,

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♦oui - à - coup Wolfel couche en Joue le général , en lui disant : « Vous êtes prisonnier. « Les trois autrescarabiniers en firent autant. Le général dit à Wolfel : « Je ne m'attendais pas à cela de votre part, vous qui venez de m'ein- brasser. .> Wolfel le menaça de faire l'en sur lui au moindre mou- vement ; ensuite il sortit pour al- ler chercher t\n détachement de carabiniers, qui avait été aposté à peu de dislance de la maison. C'est alors qu'il vit arriver un in- dividu ù cheval, nommé Magnan; il lui ordonna de s'arrêter, lui dé- clarant que s'il avançait, il tire- rait. Wolfel prétend qu'à cet aver- tissement, Magnan parut vouloir porter la main à ses pistolets, et à l'instant il déchargea les sien<, «t retendit roide niort. Il rentra aussitôt dans la chambre se trouvait Berton , et lui ordonna de déposer ses armes. Le général , continue Wolfel, sortit de dessous son gilet, un poignard et un pis- tolet, qu'il posa sur une table, et lui-même se plaça près d'un lit (jui se trouvait là, ayant ;\ côté de lui Baudriitct et Delulande. Peu après , des cuirassiers arri- vèrent et amenèrent le général Berton prisonnier dans le château de Saumur. La cour royale de Poitiers instruisit une procédure contre le général Berton et contre cinquante-cinq personnes, accu- *èes d'avoir participé avec lui à l'insurrection de Thouars. L'n ar- rêt de la cour de catsation , rendu sur le réquisitoire du ministère public, pniir cause de suspicion légitime , transféra le jugement de celte aflaire, de la cour d'as- «is<?8 des Deux-Sèvres, i\ celle de

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Poitiers. Quelques débats préju- diciels eurent lieu : l'accusé récu- sait la cour d'assises comme in- compétente; et, conformément à l'article 33 de la charte, deman- dait à être jugé par la cour des pairs : celte prétention ne fut point admise. La composition du jury, que la législation actuelle attribue aux agensdu gouvernement, avait fait imaginer d'appeler en témoi- gnage quelques-uns de ceux qui le composaient. Cette manière in- directe d'étendre les récusations, fut repoussée par la cour. Le gé- néral Berton avait choisi pour dé- fenseur M' Mérilhou {voy. ce nom au supplément du 18' vol. ), du barreau de Paris : l'autorisation prescrite par le décret de 1810 lui fut refusée par le garde-des-sceaux {M. de Peyronel. ) Au défaut de iM* iMérilhou, le général appela M' Mesnard , du barreau de llo- chefort; l'autorisation lui fut éga- lement refusée, en même temps qu'on décidait qu'elle lui était né- cessaire, ce qui fut contesté par lui. Berton ayant refusé de faire un autre choix, la cour d'assises de Poitiers lui nonuna d'office M" Dmult, du barreau de celte ville. Le général Berton, qui ne con- naissait point cet avocat, et qui surtout ne voulait pas le recevoir des maitjs de ses juges, refusa d'accepter son minislère. La cour enjoignit néamnoins à l'avocat de défendre legénéral; mais M' Drault refjisa énergiquement celle mis- sion, à cause dt^quoi un arrêt le raya du tableau : cet arrêt a été cassé depuis pour défaut de for- me, par la cour suprême. Dans le cours des débals, l'accusé articula les plaintes suivantes : « On m'a

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mis au Sficret le plus iignurf;ux; on m'a tenu dans des léix'^bres continuelles, comme un voya^jeur que l'on conduit dans une caverne pour l'assassiner. Je n'ai pu com- muniquer avec M" Drault que le 10 de ce mois (les débals s'ouvri- rent le 26). liC II seulement j'ai obtenu la permission de lui pas- ser des notes. I.ors de mon inter- rogatoire, M. le président m'a dit que l'avocat qu'on me nommerait d'office viendrait dans ma cham- bre conférer avec moi ; que les gendarmes se retireraient à quel- que distance , et me laisseraient maître de communiquer avec mon défenseur. Malgré cette promesse, je n'ai pu voir M'' Drault qu'à tra- vers deux grilles dont les barreaux sont très-rapprochés ; je ne l'ai pu qu'assisté du geôlier et de deux gendarmes. M. le président a eu la bonté de modifier cet ordre et de prescrire à mes gardiens de se retirer à quelque distance, en ob- servant toutefois de ne pas me laisser recevoir des papiers. Le i3 août , je remis à M* Drault quel- ques notes : le voncierge Cham- pion était ;\ côté de moi; il avait Ja tête placée d ms la porte, pres- que sur mes épaules. Comme je l'ai écrit à M. le président, j'ai le malheur d'avoir l'ouïe un peu dure , et M* Drault ne pouvait dans ces circonstances me parler bas. Jamais on n'a interprété le code d'instruction criminelle com- me on Ta fait à mon égard, jamais on n'a imaginé dte pareils subter- fuges. Le 29 du mois dernier (juillet), M. le président m'a fait prévenir que mon pourvoi contre l'arrêt de la chambre des mises en accusation devait être consigné

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sur le registre du greffe. Le 5 de ce mois, M' Drault voulut me passer ses notes; le concierge s'en <!St emj).iré , en disant qu'il avait ordre d'en agir ainsi. Ces notes lurent portées chez M. le procu- reur-général, qui défendit de me les conuiiuniquer. Je fis mon potu'voi d'après des articles de loi que je ne connaissais pas : M* Drault fut obligé de venir le len- demain m'en faire changer la ré- daction Je déclare à la cour

que jusqu'à ce jour, je n'ai eu aucune véritable communication avec mon défenseur. » « Le geô- lier et les gendarmes , ajoutait Drault, ne se tenaient pas as- sez éloignés de nous pour que je pusse parler assez bas pour n'être

pas entendu Je dois dire en

mon âme et conscience que ce mode de communication m'a paru si peu propre à remplir le vœu de la loi, si dangereux pour moi et pour l'accusé, que je n'ai cru pou- voir lui faire aucune question. Tout ce que je lui ai dit, je l'ai dit à très-haute voix, parce qu'une réponse mal saisie, mal interpré- tée , pouvait compromettre les in- térêts des accusés. » Ces plaintes furent l'occasion d'un débat qui parut en constater l'exactitude, et que M. le président termina en soutenant que le mode de com- munication appartient exclusive- ment au président et au procu- reur-général. Nous devons ajou- ter que les accusés étaient con- duits à l'audience dans des cha- liots fermés, ils se plaignaient de manquer d'air ; qu'ils jetaient attachés avec des cordes; qu'en une occasion l'un d'eux en fut re- tiré blessé ; que les nombreux sol-

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dats qui les enlouniient faisaient fermer les portes des maisons qui se trouvaient sur leur passage ; que les flls du général Berton é- prouvèrenl des entraves de plus d'un genre pour obtenir la per- mission de venir à Poitiers, avant et après la condamnation du gé- néral ; et enfin qu'on ne leur ac- corda pas même la triste faveur d'assister chaque jour au procès de leur père. Dans la séance du II septembre, W* Drault se leva et dit : « M. le président, je suis chargé par le fils du général Ber- ton de vous prier de lui donner le moyen de pénétrer jusque dans la salle de l'audience : ce jeune homme est consigné sur la place Saint-Didier. M. le président : Je ne le puis , il a déj.\ assisté à la séance d'hier... ! » Le système de défense du général Berton pen- dant l'audition des témoins, con- sista à soutenir qu'il ne s'était pas positivetiicnt insurgé et n'avait point fait acte d'usurpation de l'autorité souveraine; que son but aurait été non le changement de dynastie, ou le ch.ingemenl de la forme du gouvernement, niais seulement le redressement des griefs allégués contre l'adminis- tration actuelle. Ce système peu soutenable, laissait beaucoup do prise à l'accusation, et chargeait quelques-uns des co-accusés; aussi le général se vit bientôt réduit ii r.ibandonner. On va l'entendre lui- même présenter sa défense, que sa longueur el trop de digressions nous forcent ù ne présenter que parextr.iil. « Messieurs les jurés, j'ai été huig-tcmps le maître de ne pas parait re devant vous; j'iu- rais pu m'cuibarquer^our l'Es-

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pagne aussi facilement que l'ont fait les oiTiciers qui étaient avec moi; long-temps après leur dé- part , j'ai eu encore à ma disposi- tion un bâtiment pour m'}' con- duire. Plusieurs personnes dans le pays 01^ j'étais, m'engageaient continuellement à m'y rendre , entre autres une dame qui avait fait d'avance les frais el les prépa- ratifs de mon voyage; mais j'ai )^nsé que fuir loin de la France était indigne de moi , et que je commettrais une iHcheté en quit- tant son territoire, pendant qu'un certain nombre de mes co-accusés étaient dans les fers. De grands intérêts particuliers m'appelaient j>ourlant en Espagne. Ce que je dis, messieurs, ne vous étonne- rait pas si j'avais l'honneur d'être mieux connu de vous. J'ai eu même l'intention de me consti- tuer prisonnier avec les autres ac- cusés, afin de pouvoir faire con- naître la #érité à messieurs les juges, et je l'eusse fait, si un autre homme que M. Mangin eAt été procureur général près cette cour. On n'a rien épargné, messieurs, pour tâcher de nous avilir à vos yeux : les épithètes les plus offen- santes, peu généreuses envers des accusés, de la pan d'un magistrat revêtu d'aussi éminentes fonc- tions, ont montré un caractère irascible et peu de dignité. Le courage que l'on croit déployer lorsqu'on est certain de ne cqurir aucun risque, de n'être exposé ù aucun danger, n'est qu'une fanfa- ronade ridicule; et quand M. le procureur-général s'est cru auto- risé, sur un faux rapport, i\ so servir envers nous du mot de tâ~ chuté f nous l'avoDs méprisé... M.

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le procureur-général, par un ju- gement anticipé, m'a qualiûé d'ex- géncral sur son acte d'accusation, sans connaître la catégorie dans laquelle je me trouvais. J'ai été mis à la solde de réforme au i" août de l'année dernière, ce qui ne diminue que les appoinlemens, mais cela n'ôte pas le grade : on peut même être mis tout-à-coup en activité... Au fond de ma tran- quille retraite , je gémissais sur la détention de mes co-accu- .^és, j*ai eu l'occasion de lire des journaux; et n'ayant pas trouvé le nom de Grandménil parmi ceux des hommes arrêtés ou fugitifs, j'ai craint qu'on ne chercli.lt de nouveau à exciler les habitans des campagnes surtout , à faire des tentatives inutiles et dangereuses, pour délivrer leurs concitoyens. Je désirais pouvoir revenir dans le département de Maine-et-Loire, dans les environs de Thouars, y voir quelques citoyena» notables , afin qu'ils pussent d'abord faire connaître aux prisonniers que je ne m'étais pas sauvé en Espagne, comme l'avaient annoncé tous les journaux; et le premier fut celui des Débats, qui m'avait fait em- barquer près de La Rochelle. En second lieu , je voulais détromper ceux qui n'étaient point compro- mis et les empêcher de se com- promettre , et c'est ce que j'aurais l'ait; j'aurais rendu un plus grand service que ne l'a fait le maréchal- des-Iogis Wolfel, en devenant un des suppôts de la police. .î'ai su que Grandménil'avait envoyé quel- qu'un à ma recherche, qui n'a pu «ne trouver, mais qui avait pu ac- quérir des présomptions que j'é- lals danj lu Sainlonge. Il y est

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vftuu lui-même : par la ténacité de ses recherches, il a troufè moyen de n)e faire parvenir une lettre, par la(|uelle il me priait de le recevoir. J'y consentis; il me parla de suite de toutes les arres- tations qu'on avait faites; je ne les croyais pas aussi nombreuses. Il vit la peine que cela me cau- sait; il nje parla alors de l'esprit de quelques maréchaux-des-logis des carabiniers ; je lui répondis que tout ce qu'il me disait ne m'apprenait autre chose, ?inon qu'il allait au moins celte fois-là se faire arrêter, s'il n'en compro- mettait pas d'autres, et qu'un ré- giment qui avait à peu près, com- me tous les autres, cinquante sous- officiers, et autant d'officiers, n'é- tait pas à Iii disposition de quel- ques individus ; qu'il devait en croire mon expérience militaire. Il me supplia de venir voir cela par tnoi-même; je lui répondis que je le voulais bien, si on me promettait de suivre mes conseils; il me le promit, et crt homme avait beaucoup d'inffuence dans les campagnes. Quelques jours après, j'entrepris ce voyage, qui pouvait me donner l'occasion de calmer les esprits s'il était néces- saire ; d'empêcher les gens trop crédules de se compromettre, en même temps que j'aurais pu faire connaître que je n'avais pas quille

la France Je reviens à l'acte

d'accusation dressé par M. le pro- cureur-général, et je déclare qu'il est faux en principe et dans ses conséquences, et par les supposi- tions et inductions qu'il renferme. Le mouvement qui eut lieu à Thouars le 34 février dernier, n'a- vait pas pour but de renverser le

poiiverncment du roi. et était en- core bieij inoin^ dirigé contre S. M. , puisqu'il était l'œuvre des chevaliers de la liberté, dont le premier artticlede leurs statuts est le maintien et ta conservation du roi et de l' auguste famille réi^nante, le soutien de la charte, avec l'en- {çagement de combattre les enne- mis de la liberté, qui sont ceux dfc: la charte. Je ne me rappelle pas bien si ce sont les propres mots de ce premier article, mais je suis sûr que tel en est le sens ; il m'a été lu à Saumur, en pré- sence de beaucoup de chevaliers de la liberté, qui m'ont juré d'y persister entièrement, et m'ont l'ait promettre d'y adhérer; per- sonne de nous n'a ni pu parler de gouvernt'ment provisoire en France. Il n'est pas vrai que je sois le chef de celte entreprise ; il ne m'est pas plus permis de m'en faire les honneurs que de in'attribuer celui d'avoir fait ar- borer les trois couleurs nationa- les, que S. M. Louis XVIII a portées, qui ont di;puis flotté avec gloire dans les quatre parties du monde, et sous lesquelles le nom français s'est iumiortalisc : au- cune puissance de la terre ne peut détruire ces vérités. La résolution était prise d'arborer les troië cou- leurs, et je n'avais pas le droit d'en décider autrement. Le n)ou- vcment qui a eu lieu ù Thouars n'a point été préparé par moi ; il a pu être déterminé par ni« |)ré- sence; il aurait pu avoir lieu sans moi. Je n'y ai rien organisé, je n'y connaissais personne, j'y ai trouvé ce qui y existait. On ne crée pas de semblables choses dans un jour ni dans un mois ;

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niai? c'est le fruit d'un grand et long mécontentement. II faut s'ê- tre commtmiqué long -temps et souvent les luécontentemens ré- ciproques, pour en venir au point de prendre un parti. J'ai laissé chacun libre d'y participer ou de se retirer, ce que les uns ont fait. Les proclamations dont il est question dans l'acte d'accusation ne m'étaient pas connues. Je ne les ai point lues; j'ignore qui les a faites , qui les a apportées à Thouars, ou si elles ont été faites dans cette ville; elles ne sontpoint signées par moi , et je n'en suis pas l'auteur. La plupart des accu- sés, ici présens, n'étaient point sur la place quand on les y a lues. RI. le procureur-général prétend en outre que mon nom est cité dans une procédure instruite à Nantes contre des carl)onari , et dans i]ne insurrection militaire de La Rochelle, du mois de mars dernier, deux choses dont je n'ai eu connaissance que par son acte d'accusation. Oii e-t la prenve de ces assertions erronées? quelques délations, peut-être soulHées aux oreilles de quelques malheureux inculpés, afin de leur faire espé- rer leur grSce, qu'on attache pour les tromper, au prix honteux d'une fausse dénonciation , dont (m» a- doucit l'expression en l'appelant révélation... Je ne suis point che- valier de la liberté; si je l'étais, je serais loin de le désavouer, et j'ignore Ce que c'est que les car- bonaft,dont M. le procureur-gé- néral m'avait parlé lors de mon interrogatoire, et que par son acte d'accusation il semble confondre avecles chevaliers de la liberté... Nous avons été conduits devant

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vous, messieurs, dans des cages montées -sur quatre roues» eo- cliaînés deux à deux, traversant deux haies de soMals, précédés et suivis par des pelotiius d'infan- terie et de cavalerie, tandis que les rues aboutissant à celles qui conduisent Je la prison au paîui-;, sont t-n outre barrées par d^s troupes. Vu les mesures extraor- dinaires de sûreté, la gendarme- rie, qui voyait sa responsabilité très à couvert, prit sur elle de nous ôter les fers ; le général Ma- larlic ordonna qu'on nous les re- mît ; on fit des représentations à la cour sur les accidens qui pou- vaient en résulter; elle ordonna un traitement plus humain. On nous ôla une second»; fois nos fers ; le même général ordonna alors de nous attacher avtc des cordes, ce qui a eu lieu jusqu'au- jourd'hui. M. le procureur-géné- ral Mangin a i"ermé l'entrée de la prison à mes enfans, venus exprès de l'aris pour me voir, avec une permission du ministre de la guer- re, qui 1rs autorisait à rester trois jours à Poitiers ; tt ils étaient par- tis , l'un d'Avignon , l'autre de Nantes, pour aller solliciter cette permission à Faris. On m'a refusé la consolation d'embrasser mes deux fils. Veuillez bien remarquer, messieurs, que mes fils avaient une permission d'un des minis- tres du roi , spécialement pour venir me voir et rester trois jour» à Poitiers, afin de pouvoir juger toute l'étendue de la dictatifre de M. le procureur-général du roi, qui n'a pas voulu permettre que je les visse. Celle épieuve , mes- sieurs, m'a causé bien du cha- grin; et c'est ce que l'on voulait.

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Mes enfans ont retourner de suite h Paris , avec une douleur égale à la mierme ; iiuiis indépen- damment de l'ordre du mini.-tre de la guerre, ils obtinrent bien vite celui du ministre de l'inté- rieur, tenant le portefeuille de la ju^tice, pour communiquer avec leur père. M. le procureur-géné- ral n'a pas pu s'y refuser cette fois -ci, ni leur faire faire anti- chambre dans la cour, comme la première fois; on s'est contenté de faire prendre des mesures sura- bondantes, des précautions de sur- veillance, pendant que mes deux fils étaient A mes côtés, sous les verroux. M. le procureur-général n'a pas voulu permettre qu'ils dî- nassent une seule fois avec moi... Je oe puis répondre à tout ce que vous a dit hier tM. le procureur- général ; c'e?t ce qu'il avait déjiV dit dans î-on acte d'accusation. Il m'a de plus noté comme un Ci)l- laboraleiir de ia Miierve; c'est m'accorder trop de mérite que de m'associer aux écriv.tins qui ré- dige.îient celte feuille périodique. Je me rapj)elle d'y avoir fait in- sérer trois lettres, l'une pour ré- futer des injures que lord Slan- hope avait voujie.'- contre la na- tion française ; l'autre eu réponse à l'Ermite de la Pruvince , qui avait rendu compte de la bal.iille (le Toulouse , et elle avait pour but de faire connaître une action d éclat , la j>lus intrépide , faite par un nommé Vincent, maréehal- des - logis au 22* régiment des chasseurs. J.a troiï.ièuie était en faveur du général Cambroune , que des journaux avaient attaqué. Je n'ai jan)ais eu d'autres rapports avec la Mina've; chacun pouvait

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y taire insérer des lellres. M. le procureur - g^iéral vous a pré- senté le prétendu comité direc- teur, sur des preuves morales , comuie le Vieux de la Montagne, qui Taisait partir du mont Lib.tu un homme pour aller assassiner Saint-Louis, et qui, sur d'autres rapports avaut.igeux à ce monar- que, envoya un second émissaire pour donner contre-ordre. Il vous a parlé de son indulgence, mes- sieurs, et il vous demandt; beau- coup de «ang. Si votre conscience vous dit qu'il faut en verser, je l'erai l)i« n volontiers le sairifiee du uiit;n; j'en IV-rais surtout le sa- crifice a>ec joie, s'il pouvait ren- dre la liberté à tous ce ix (|ui m'ont suivi jusqu'à Saumur. Vous pouvez les éj»argner, messieurs, aucun sentiment intérieur ne doit vous en faire de repr(»chc ; je dé- sirerais, en ce cas, pouvoir four- nir ù moi seul assez de sang pour apaii-er la soif de ceux qui eu pa- raissent si altérés, l'cndant vingt ans , j'en ai versé sur quelques champs de bataille; j'y ai épargné celui des émigrés lorsqu'il» se bat- taient comre nous. J'en ai sauvé, connue bien d'autres de mes com- pagnons d'armes l'ont fait; et celte générosité avait ses diuigers. Je n'ai jjuiais fait couler une goutte de sang français. Celui qui me reste est pm- ; il est tout fran- çais. J'ai exposé loug-leuips ma vie avec gloire |>our imm p.tys. Si je devais la perdre par la main de mes concitoyens, je leur pré- senterais encore ma poitrine avec le même eour.ige que j'ai toujours montré devant les ennenns de la France. Nos noms , messieurs, se- ront inscrits ensemble dans This-

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toire : la France et l'Europe nous jugeront sévèrement et sans par- tialité. Quoi qu'il puisse arriver, mon cœur n'a rien à craindre, et ma devise, comme elle a toujours été , sera celle-ci :

Dutce et décorum estpro patriâ mori,

iM. Mangin, procureur- général , qui avait été chef de division au ministère de la justice sous l'ad- ministralion de 1819, soulinl l'ac- cusation avec beaucoup de véhé- mence; il inculpa même grave- ment plusieurs membres de l'op- position de la chambie des dépu- tés, qui avaient été nommés dans

I s débats. Ceux-ci demandèrent à la cour de cassation l'autorisa- tion de réclamer une réparaliotj des tiily.maux; ils n'obtinrent pas cette autorisation , njais la cour suprÇme admit dans son arrêt, la possibilité de juger peu mesurées les expressions du procur(;ur-gé- néral de l'oiliers. Après dix -sept jours de débats, le jury fit con- naître sa déclaration , A la suite de laquelle Bcrlon et cinq de ses co - accusés furent condamnés à mort. (Le colonel Alix avait été déclaré coupable de complot par le jui-y, à la majorité de s<;pt voix contre cinq; mais la majorité de la cour se réunit à la minorité du jury, pour le sauver de la mort.

II a été cond«imné à cinq ans de détention , comme non - révéla- tt;ur. ) Trente-deux furent con- damnés à l'emprisonnement. En dépeignant le tableau qu'offrit ce moment terrible, le cjarrateur des débals nous signale la circons- tance suivante : « Sauzais se jette dans les bras de son avocat, l'eni- braise le» iarni(?s nux yeux. M. le

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général Malarlic prévienl aussitôt 'es dérenseurs que, par ordr«; de M. le président , il est détendu à toutes personnes d'approcher des prévenus, ni de leur parlt-r. M* Bréc-hard : Quoi! iM. le général, même aux avocats? M. de Ma- lartic : Oui, monsieur, même aux avocats, par ordre de M. le prési- dent. » (M. de Malartic a été nom- mé comte, « en témoignage, dit M. le duôde Bellunc (»oy. Victor), ministre de la guerre , du zèle , de l'activité, de la prévoyance, avec lesquels il a dirigé le service de la place de Poitiers, pendant le jugement du général Berton. » (Lettre du ii octobre 1822.) Le général Berton se pourvut en cas- sation contre l'arrêt de sa con- damnation. MiVl. Isamhert et Mé- rilliou plaidèrent le pourvoi. Le premier s'exprimait en ces ter- mes : « Nous avons mis à profit le délai de huitaine que la cour a bien voulu nous accorder. iM. Ch. Berton , fils du général , a obtenu le lendemain , i'« la préfec- ture de police, un passeport pour Poitiers. Ses premières recher- ches sur l'îîge de M. Boisnet, le septième juré, n'ont rien produit. 11 les continuait avec toiilft l'ac- tivité qu'un fils peut mettre pour sauver la vie de son père, quand l'autorité militaire a cru devoir le mettre en surveillaïkce, sous pré- texte qu'il était militaire, et que, s'il exhibait un passeport régulier, il n'était porteur d'aucun congé. M. Berton fils est présent à l'au- dience; il nous autori'^e formel- lement à articuler les fiils sui- vans : M. le général Malartic , commandant le département, l'a consigné à domicile sous la sur-

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veillance des gendarmes, sous le prétexte qu'il était militaire, avec défense de cnmmuniquer au de- hors. M. Berton répondit qu'il avait été placé en congé illimité , ce qui le- mettait hors des cadres de l'armée ; que dès-lors il était rentré dans la vie civile, et qu'»! cette fin un passeport régulier lui avait été délivré par l'autorité ci- vile. Ces dillicullés ont forcé M. Berton fils à revenir à Paris, san.* avoir pu se procurer la preuve de l'uge du juré. » L'avocat indiquait ensuite les moyens de l'accusé, qui déclarait s'inscrire en faux contre le procès-verbal des débats tenus dcv.mt la cour d'assises de Poitiers, et porter plainte contre les membres qui la coinposaienl , spécialement confie M. le procu- reur-général, qu'il disait avoir agi par inimitié contre lui, et à l'é- gard duquel, ajoutent les coticlu- sions, « cette inimitié est prouvée notamment par les insultes por- tées au malheur de l'accusé pen- dant la durée des débats , et par les accusations de lâcheté, tout- à-fait étrangères à l'accusation. » M' Mérilhou plaida ensuite avec beaucoup de chaleur les moyens de cassation; mais la plainte ne lut point admise , et le pourvoi en cissation fut rejeté. Celte dé- cision parvint à Poitiers par esta- fette, dans la nuit du 4 'lu 5 oc- tobre. L'arrêt fut lu aux condam- nés le 5, à sept heures du matin. A huit heures, on commença les apprêts de Texécution. Le grelHer s'elant présenté à la pri?on pour donner lecture aux condamnés Berton et Caffé de l'arrêt de la cour de cassation , qui rejette leur pourvoi, Berton, après avoir en-

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tendu les premières phrases, in- lorrompit le grellier en lui disanl: « C'ost !)on, c'est bon, en voilà bien assez. » Il se plai-init ao geô- lier de ce qu'on n'avait pas fait venir un barbier qu'il avait de- mande pour se faire raser. L'exé- culeur arriva ensuite pour arrao- ger les vêleraens et la chevelure du {général , de manière à facili- ter l'exécotion : il coupa tout le collet de l'habit, et rasa les che- veux du cou. V Ne pouviez -vous »pas , lui dit le général, vous con- » tenter de raballre le collet de >»mon babil, sans le couper ain- >»si.^ » A onze heures, on le fit passer dans la cuisine de la pri- son , l'attendaient deux mis- sionnaires. Dès qu'il les aperçut, le général leur dit : « Messieurs, » dispensez -voiis de m'accompa- > gner. Je sais aussi bien que vous

tout ce que vous pourrez me

dire; n'ai pas besoin de votre «ministère. » L'ne petite charrette découverte l'attendait dans la cour de la prison; Berlon y fut placé, les Miains liées derrière le dos ; un missionnaire était à sa droite et un autre à sa gauche : l'exécu- teur était derrière lui pour le sou- tenir, lierton l'avait chargé de ce soin , attendu , disait -il , que n'ayant pas les bras libres, le mou- vement de la charrette aurait pu le renverser. Les ecclésiastiques placés à ses côtés lui adressèrent quelrjues paroles ; mais , d'après «on refus obstiné de les écouter, ils cessèrent de lui parler, et se tinrent jusqu'au lieu de l'exécii- lion , la tftfe appuyée dans les deux mains. Berton , qui par sa taille élevée dominait les deux missionnaires, promenait ù droite

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et à gauche des regards assurés. Arrivé au lieu du supplice, il fran- chit avec fermeté les degrés de l'échafaud , cria : Five la liberté! vive la France! et reçut le coup fatal. Ses deux fds étaient partis de Paris aussitôt après le rejet du pourvoi , espérant pouvoir em- luassrr leur père ; mais lors- qu'ils sont arrivés à Poitiers , il avait cessé de vivre. Ces jeune» gens, qui étaient officiers de ca- valerie, ont jugé convenable de donner leur démission. Ou leur a refusé la permission qu'ils ont sol- licitée , de placer une pierre ail lieu reposent les osseiuens de leur père. Le général Berton était officier de la légion -d honneur et chevalier de Saint-Louis. Une note, insérée dans quelques jour- naux français peu après sa con- damnation , annonça que « le gé- «néral Berton ayant cessé d'afj- ftpartenir à l'ordre royal de l'E- »pée, de Suède, son nom vient «d'être rayé de la liste des cheva- nliers de cet ordre. » A peine Ber- ton était-il mort que l'dn vit pa- raître dans le Journal des Débats lu lettre suivante , adressée au ré- dacteur, et datée de Poitiers le i5 octobre 1822 : « Monsieur, j'ai eu pendant un mois de fréqiiens en- tretiens atec le général Berton. Il n'a jamais refusé les secours de la religion ; il me promettait de remplir tous les devoirs qu'elle impose, si son arrêt de mort était confirmé par la cour de cassation. Le jour de l'exécution de Berton. je me rendis de grand matin à l;i prison avec M. Baudouin, prêtre missionnaire. Je lui exposai \A nécessité du sacrement de péni- tence, el lui rappelai la proinessii

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qu'il m'avait faite si souvent de mourir en chrétien. Il in'écouta en silence, m'embrassa, et ac- cepta le confesseur que je lui pré- sentai. Borton s'est confessé deux fois, avant son départ de la pri- son. Lorsque le moment de mar- cher à la u)orl fut arrivé, Berton devint d'une faiblesse extrême : , la pâleur de son visage, l'altéra- tion de tous ses traits, le ren- daient méconnaissable. J'ai ac- Compap;né le général jusqu'à l'é- chafaud , avec M. Baudouin. Il ne nous a point dit de le laisser tranquille, ni aucune parole dé- sobligeante. Je suis, etc. Lambert, vicaire -général de Poitiers. » Les fils du général Berton y ré- pondirent par une lettre datée de Paris, du 19 octobre, et insérée dans le Courrier français. « Mon- sieur, c'est avec un profond éton- nemeut que nous avons vu , dans le N" du Journal des Débats de ce îour, la lettre de M. l'abbé Lam- bert, vicaire-général de Poitiers. Nous concevons aisément que M. le vicaire-général cherclie à don- ner à son zèle tout l'éclat et toute la publicité possibles; mais il est une douleur légitime qu'il aurait respecter, et il nous semble qu'il y a bien peu de charité chré- tienne dans la phrase de sa lettre qui tend, en démentant la voix publique , à faire croire que le général Berton a montré une fai- blesse extrême, et à flétrir ainsi les derniers momens de notre infor- tuné père. Dans cette circonstan- ce, il ne reste pas même à i\l. le vicaire - général l'excuse de ne point nous connaître, lui qui nous écrivit à Poitiers, le 6 octobre , < qu'il faisait des vœux pour que

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la justice des hommes ne fît point retomber tôt on lard les fautes du père sur la lêle des fils. Agréer , etc. , A. Berton, Ch. Berton. » Le général Berton a publié : Précis historique , militaire et critique des batailles de Fleurus et de IV aterloo ^ dans la campagne de Flandre, en juin 18 15; de leurs vianœuvres caractéristiques et des mouvemens qui les ont précé' dées et suivies ; avec une carte pour l'intelligence des marches. Paris, 18 18, in-8°, cinq feuilles un quart; 2* Commentaire sur l'ouvrage^ en dix-huit chapitres, précédé d'un avant-propos, de i\I. le général J. J. ïarayre , intitulé : De la force des gouvernemens , ou du rapport que la force des gouver- nemens doit avoir avec leur na- ture et leur conslilulion. Paris, 1819, in-8°, douze feuilles et ât- m\e ; "ù" A M M . les membres de la chambre des pairs, et à MM. les députés des départemens au corps législatif. Paris, i82i,in-8°. une demi -feuille. C'est une pétition pour réclamer contre la mesure par laquelle le général avait été rayé des contrôles de l'armée; Considérations sur la police ; Ob- servations touchant les bruits qu'elle répand; précédées d'une Lettre à M. le baron Mounier^ directeur- général de la police du royaume. Paris, 1820, 10-8", quatre feuilles. La Lettre à M. le baron Mounier a été réimprimée plusieurs fois, savoir : deuxième édition, sous ce titre : Lettre sur la mort de Napoléon ; troisième édition , cor- rigée et augmentée. Paris, 1821 ; sixième édition , augmentée d'un Avis du budget du baron Mounier sous l'empire, et d'un extrait du

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Morning-Cfironide , du ai juil- let 1821, in -8", Irois quarts de feuille. Le gi;néral Berton adonné des articles à la Minerve française, aux Annales des faits et sciences militaires, publiées chez M. Panc- koucke en 1819, et à l'ouvrage intitulé : V ictoires et conquêtes des Français, depuis 1789, publié par le même libraire. Son nom se trouve cilé plusieurs fois dans ce dernier ouvrage.

BICQUELLEY, général , voy. le Supplément du tome XVIII.

BL.\NC HETON, médecin, vo^. le Supplément du tome V.

BOIVIN ( Anne-Victoire Cil- lais, veuve de Louis), voy. le Supplément du tome XV.

BO.MBELLES (marquis de), voy. le Supplément du tome VI.

BRICHETEAU, médecin, voy. le Supplément du tome XVL

BLLLIAllD ( N. ) , botaniste distingué. On a de lui les ouvra- ges suivans : 1* Introduction à la Flore des environs de Paris, i fasc. in-4°, Paris, 177G; i' Flora par i- siensisj 5 vol. in-S", Paris, 1776- 1780. Les planches de cet ouvrage sont fort bien exécutées. Elles sont fréquemment citées pnr les botanistes. S" Herbier de la Fran- ce, Goo in-fol. , 1780 et sequent. Ce magnifique ouvrage est le plus beau titre (k: gloire de Uulliard. 11 représenle dans d«-s planches pcrfailement exécutées, les plan- Icsdc France les plus intéressantes à Connaître, soit à cause de leurs U5ages dans les arts, soit k cause de leurs propriétés médicales ou vénéneuses. Au bas de chaque planche est une notice abrégée contenant ce qu'il y a de plus in- téressaiil ù connaître sur chaque

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végétal. 4* Plantes vénéneuses et" suspectes de lu France. On a deux éditions de cet ouvrage Bul- liard passe en revue toutes les plantes de France qui jouissent d'une action délétère. Il indique pour chacune d'elles les moyens employés pour prévenir ou com- battre les accidens qu'elles déve- loppent. La première édition de 1784 est in-fol. ; la seconde de 1798 est in-S", un seul volume. 5" Histoire des champignons de la France, 1 vol. in-fol. Paris, 1798. fiulliard est le premior botaniste français qui ait cherché i\ jeter quelque jour sur cette partie de la botaniq;ie Ses planches sont ci- tées comme les meilleures en ce , genre. Dictionnaire élémentaire de botanique , i vol. in-fol., Pa- ris, 1783. Cet ouvrage a eu trois éditions. La dernière (i vol. in -8', Paris, 1799) , a été donnée par le professeur Richard, qui en a fait un ouvrage entièrement neuf.

CARDENEAU, maréchal-de- camp, voy. le Supp. du tome IX.

CARION-NISAS, ex-tribun, voy. le Supplément du tome Y.

CARON ( AvGLSTiN- Joseph ) , lieutenant-colonel, était fort jeune encore lorsqu'en 178911 entra au service en qualité de simple sol- dat. De l'infanterie il servit jusqu'en 1791, il passa dans le 4* régiment de dragons, et fit toutes les campagnes de la révolution jusqu'en 18 14, époque du rétablis- sement du gouvernement royal. Sa bonne conduite , sa bravoure , les talens qu'il développa lui va- lurent successiveuienl tt)iis ses grades jusqu'i'icelui de liiMilenant- colonel et la croix de la légion- d'honneur. L'époque la plus re-

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marqiiable de sa vie militaire e.«l «n 1814. Le 'i.i\ février de cotte année, étant alors major du 17* régiment, il fut chargé de suivre un corps ennemi en retraite , et le poursuivit de Troyes à Bar-sur- Ornain, à la tête de 272 hommes. Un régiment de dragons autri- chiens et un corps d'infanterie, placés en embuscade dans le vil- lage de Saint-Phaar, l'attendaient dans ce village et firent feu sur lui lorsqu'il s'en approcha. Caron feint alors un mouvement de re- traite, attire ainsi lacavalerie dans une position favorable, et faisant brusquement volte-face, la char- ge vigoureusement et lui enlève plus de 200 chevaux. Retournant aussitôt sur l'infanterie, il force 2,000 hommes à mettre bas les armes. C'est à celte occasion qu'il fut nommé lieutenant- colonel. Perdu de vue jusqu'en 1820, il fut impliqué dans la conspiration de celle année, jugée, en 1821, par la chauîbre des pairs, comme coupa- ble de proposition de complot non agréée. Défendu par M* Barthe, avocat, il fut acquitté. Il se retira à Colmar (Haut-Rhin), il a- vait son domicile habituel depuis son licenciement. Le 2juilleti822, on répand le bruit ù Colmar qu'u- ne insurrection vient d'éclater parmi les chasseurs de l'Allier, en garnison dans cette ville, et l'on ajoute qu'un escadron est parti se-- crètement avec armes et bagages. Le lendemain 5, vers midi, on vit revenir cet escadron ramenant prisonniers, liés et garrottés sur un char-à-banc, le lieiitenant-c»lonel Caron et son écuyer Roger. Ils furent déposés dans les prisons de la ville. Les détails de cette affaire

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no peu vent être puisés que d.ins les pièces du procès, et nousallons rap- porter ce qu'il y a de plus remar- quable, d'après l'auteur de V An- nuaire nécrologique, qui a extrait littéralement ce qui suit des dé- clarations des principaux agens à leurs supérieurs, entre autres le maréchal-des-logis-chef Thiers, et le sergent Magnien. « Il (Gérard , maréchaldes-logis du 6' régiment des chasseurs à cheval) s'appro- cha du sergent (Maguien, sergent du4<>''de ligne) et de moi , et nous dit : Mes amis, il s'agit d'une conspiration; votre bonheur est assuré, le grade d'ofïicier v-jus est assuré et la croix. Une pareille ouverture ayant jeté un grand trouble dans nos individus, je priai Gérard de vouloir bien s'expli- quer plus clairement Gérard

nous embrassa tous deux , et nous dit : Mes amis, vos colonels é- taient à Brissac : je les ai vus et leur ai parlé ; ils ni'otit chargé de venir vous voir pour vous inviter à feindre d'entrer dans cette cons- piration , pour en suivre le fd et nous mettre à même d'en connaî- tre les moteurs, pour, dans un temps opportun, les faire arrêter. Je suis ici, à HorboMrg, avec le colonel Caron , qui m'attend pour dîner, et lequel est à la tête de la- dite conspiration. Vous pouvez compter que l'argent ne manque- ra point; et si nous n'obtenons point les récompenses promises par ces scélérats , nous aurons au moins fait notre devoir, en dé- jouant leurs infâmes projets Ayant entendu cette harangue faite par Gérard, je lui touchai cordialement la main, en lui de- mandant pardon d'avoir pu

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soupçonner un instant; mai* que néanmoins je le prévenais que je ne demandais pas mieux qire de «econder ses intentions, si elles tout pures , mais qu'il me permet- trait de douter encore jusqu'à l'instant ou je pourrais parler à

mon colonel Au moment de

mes premières ouvertures, je m'a- perçus que M. le colonel était ins- truit de la démarche de Gérard , ce (|ui dissipa tous mes doutas. Je reçus du colonel les instructions nécessaires pour me conduire dans cette aflaiie, et l'ordre de rendre compte tous les jours de mes dé- marches et de ce que je pourrais apprendre. (Extrait d'une lettre si- gnée TA/«r5, du 26 juin 1822. Pro- cès de Coron, jayg. 10 19) \ai

porte de la prison n" i, qui vient d'être murée , lui a donné ( à Ca- ron)de forts soupçons contre moi; il n'en fut dépvrsuadé (jue par les sermcns qui nous liaient et que nous jurfnnes de nouveau de con- server. ( Extrait d'une lettre si- gnée Magnien , du 28 juin. Procès de Car on, p.ig. aS).... Il fut con- venu, comme dan« mon dernier rapport, que Gérard sortirait de I. Brissac, avec un escadron, à cinq heures et demie du soir ; que moi je partirais de Colmarà cinq heu- res, et me dirigerais sur la route de Kounac jusqu'à la montée, je trouverais le colonel Caron qui m'y attendrait. Il fut convenu en outre, que le sergent Magriien se- rait chargé de prendre l'habit du colonel et de le porter jusqu'à cette montagne pour le lui donner, afin de s'en revêtir et paraître devant la troupe en uniforme. Comme je citcrchais à le tranquilliser du côté de l'argent, je lui annoopai»

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de ne point arrêter notre projet pour si peu de chose , que Gérard et moi nous avions quelques pe- tits fonds vers nous, et qui, joint» à ce qu'il pourrait se procurer, nous sufTiraient pour attendre. Or, d'après ce qu'il nous jura de nou- veau, un millier de louis devaient être mis à sa disposition. iVou.«/?flr- vinmesàle convaincre ; et il fut déci- dé que le soir du même jour il ver- rait Gérard à six heures du soir, etc.... Toutes les instructions don- nées, il (Caron) mena le sergent Wagnien chez lui, auquel il remit son sabre, son habit, son casque, qui fut porté dans ma chambre, à la caserne, jusqu'au lendemain matin , le sergent Magnicn doit venir les chercher pour les porter au lieu indiqué; excepté le sabre, qu'il est convenu que je porterai. Ce dernier article exécuté , je me rendis chez le général pour lui rendre compte de mon entrevue. ( Ex trait d'une lettre signée T/jt>r.î, du 1" juillet 1822. Procès de Ca-

ron , pag. .5i-35) La réponse

déterminative que firent les sieurs Thiers et Gérard de la nécessité de leur projet, engagea le sieur Caron à ne rien reculer. Il est donc et fut décidé que demain, a courant, à cinq heures et demie du soir, l'escadron du G* prendra sa marche par les vilhgesde Wals- heim et de Mayenhciu) (que j'ins- crivis sur mon schakos), pour de se rendre à Absheini , lieu du rendez-vous. C'est à six heures que doit se faire la sortie du i" chas'setirs, que je devancerai pour remettre au lieutenant-colonel Ca- ron son uniforme et sou sabre, dont je suis porteur depuis hier au soir. Arrivé au lieu son traves-

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tissement , il doit me remeUrc son habit bourgeois, et moi le jetor, si je le juge à propos, dans les vi-^ gnes. J'indiquerai à ma séparation d'avec le sieur Caron , la roule qu'il aura prise, afin d'en préve- 4iir le sieur Thiers, qui le suivra de près. Je serai porteur de ses habits bourgeois et vous les re- mettrai, pour en disposer selon qu'il vous conviendra. Ne pou- vant le suivre dans celte occasion, je resterai à Colmar, hors h porte de RoufFac, derrière l'auberge à droite, de huit à dix heures et de midi à quatre, afin d'instruire les affidés de Caron , qui ne se pré- senteront à moi qu'au mol et si- gnede ralliement qu'ils me feront, des démarches qu'il aura à tenir pour sa réussite. Il me parla d'un avocat arrivé depuis peu de jours à Paris, qui doit être possesseur de fonds à délivrer, etc. ( Extrait dune lettre signée Magnien, ser- gent, adressée à son capitaine, du )" juillet. Procès de Caron , p. 31 )... Dans le dernier rapport que je vous adressai, il était con- venu que l'afTaire aurait lieu le mardi 2 juillet; en conséquence, le lundi 1", à dix heures et de- mie du soir, à la suite d'un ren- dez-vous avec le sieur Caron, je le suivis, me laissant précéder de quelque pas, jusque chez lui, sa femme me remit le paquetcon- tonant son uniforme et son cas- que. Ce fut M. Caron qui descen- dit le gabre et le porta jusqu'au détour de la rue, il me le re- mit : depuis ce moment, je n'eus pas d'aulr-e rendez-vous avec lui. Le mardi 2 , à trois heures et de- mie, j'allai chercher chez le sieur Thiers l'uniforme que je lui avais

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déposé, lui-même se chargeant de lui retnetlre son sabre... L'es- cadrdn du 1" chasseurs arriva, précédé (In fourrier C .rré. M. Ca- ron in envoya voir qui c'était.... A l'arrivée de l'escadron, il pa- rut; le sieur Thiers lui remit son sahre. Il harangua alors les chas- seurs, et termina au cri de vive Vemptvvwv, 1rs fit Jurer par ce rnêm» cri , et les mil en-;iiile en marche. Je rentrai de suite en ville, je trouvai M. le préfet (i\l. de Pny- maigre), qui fil déposer les effets dont j'étais ptirteur dans le corps- de-garde de l'odicier. J'allai, le mercredi 5 , à sept heures du ma- tin, chez M""* Caron , etc. (Extrait d'une lettre signée Magnien , ù son capitaine, datée du 5 juillet. Procès de Caron, pag. 35-5^) Mon colonel, j'ai l'honneur de vous rendre compte qu'en exécu- tion de vos ordres, m'étant tra- vesti hier et mis dans les rang en simple chasseur, avec M.H. les oflTiciers de l'escadron qui devait se joindre en ap'parence à l'iu- surgé Caron, nous partîmes de Neuf-Bri.-acàcinqheures un quart du soir, SOU; le commandement des sous-olTu iers, commandés à cet effet. Après une demi-heure de marche, nous trouvâmes, près de Weckel.sheim , le domestique du nommé Roger, écuyer de Col- mar, lequel ne parut pas encore: ce domestique nous conduisit à un quart de lieue; il nous quitta avec le maréchal-des-logis Gé- rard, pour aller retrouver son maîlre qui était dans la forêt : nous profililmes de cet instant pour instruire les hommes du mo- tif de notre départ deNeuf-Brisac. Nous les trouvâmes pleins de zèle

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et anim»'?s du nirilleiir esprit. L«; iiiarticli.'il-(]»;s-Jogis Gérard élaiit i\o retour, nous cniitînnâmes no- tre, marche sur Dessenlieiin, le dotnesti(|iie ;\ la tête de la colon- ne, et Roger à la qiiene. Roger, ])arfaitement rassuré par notre at- titude, nous conduisit par Rus- tenhard à Mayeulieim, nousat- tendîines environ vingt minutes, l'escadron de l'Allier, à la tête duquel se trouvait le sieur Caron. Il déboucha bientôt de ce village en tenue de lieutenant-colonel de dragons. Après avoir fait Ibrmer son escadron, il s'avança vers nous et nous harangua en ces termes : « Braves soldats du sixième régi- »meut, vous avez juré d'obéir à «vos sous-ofliciers : les militaires «français n'ont jamais manqué à » leur sermcînt. Je suis envoyé par «l'Empereur pour vous coniman- »der : j'espère que nous le servi- »rons avec zèle. Vive l'Empe- » rtMir ! » Ce cri fut répéta ainsi qu'il en était contenu : on fit met- tre pied à terre. Le maréchal-des- logis'^)arantière adressa aux chas- seurs du régiment les paroles sui- vantes : « Le colonel Caron ne «veut pas que les chasseurs tra- » vaillent sans avoir dn profit; il «promet à chaque homme 5 fr. « par jour, à dater de ce moment ; Dînais il ordonne que tout ce qui » sera pris chez l'habitant soit exac- ntcmentpayé. » Les cris de vive r Empereur recommencèrent, et on y ajouta ceux de vive le colonel (laron... On se remit en roule, se dirigeant sur Ensisheim. D'après les ordres repus , nous refusHmes d'y entrer. A l'entrée de la ville, ('aron voyant qu'on s'obstinait à ne pas vouloir y entrer, fit p.eri-

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dre à travers les champs pour tourner la ville à gauche. Pendant ce temps, le maréchal-des-logis Géi-trd avec son ordonnance ( capitaine de Nicol ) entra darij. cette ville. L'infanterie y était sous les armes : ce capitaine se fit re- connaître par le capitaine Lafonl, sans que la vigilance de celui-ci en diminuât. De retour, le maré- chal-des-Jogis Gérard vint dire au colonel Caron que l'infanterie é- tait pour nous, et que nous au- rions les prisonniers quand nous voudrions. Néanmoins nous ne voulûmes pas y entrer, nous dé- fiant en apparence des bonnes in< tentions de cette infanterie. Caron, qui jusqu'ici avait été dans une sécurité parfaite , conçut de vives inquiétudes. Il se plaignit d'être un peu serré par les sojjs-ofîiciers, qui avaient reçu nos ordres pour ne pas perdre de vue un seul ins- tant ni Claron, ni Roger, afin d'ob- server toutes leurs démarches. Ces sous-officiers s'éloignèrent un peu; Caron profita de cet instant pour aller parler bas à Roger. On n'en- tendit pas ce qu'il lui dit ; mais un instant après, il se plaignit de ce que l'argent n'arrivait pas. Il dit qu'arrivé au premier village ( Bat- tenheim) il se mettrait en bour- geois, et qti'accompài!>né de Ro- ger, il irait chercher des fonds. IJn peloton lui fut proposé : il refusa ; après des instances réité- rées, il consentit à se faire ac- compagner par deux sous -offi- ciers. Nous jugefimes cette escorte trop faible; nous résolûmes de l'arrêter, convaincus que nous ne trouverions aucun de ses com- plices A Bail»nh»im. Arrivés j\ c<s village dis deux lîcnrcs du malin,

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nous le l.iijiàine» entrer chez le maire. Au moment oi> il s'occu- pait de faire [)ré[iar<;r des logc- mens qu'il comptait dissûmiaer , on le saisit, en lui déclarant qu'il était prisonnier. Après une légère résistance, il fut garrotté ainsi que ses deux complices. Nous le fouii- lâines, nous lui enlevâmes ses pa- piers, qui ne renfermaient rien d'important à notre connaissance.

Il en fut de même de Roger

J'expédiai sur Habsbeim les ma- réchaux-des-logis-chefs Thiers et Darantière, et le maréchal-des- logis Gérard , avec onlre de dire au nom de Garon, qu'il attendait son monde à Battenheim , la fati- gue des chevaux l'ayant obligé de s'arrêter... Le maréchal-des-logis Gérard nous joignit à Colmar. Toutes les recherches furent inu- tiles, sinon à prouver les bonnes ititentions de M. le maire du lieu et les bonnes dispositions qu'il allait prendre pour faire arrêter quiconque ferait mine de vouloir se joindre à Caron. Ces disposi- tions, au reste, sont aussi inutiles qu'ailleurs, tout le monde est resté parfaitement tranquille, paraissant beaucoup plus surpris qu'enchanté de cette révolte ap- parente. A iVlayenheina seulement le particulier qui a livré le four- rage et le vin est entré très-chau- dement dans les projets de Ca- ron. iSouslui avons entendu tenir des propos que nous avons cru de- voir rapporter à M. le procureur- jçénéral , qui a de suite lancé un mandat d'arrêt, qui doit être mis en exécution dans ce moment. ( Extrait d'un rapport à M. Jolly, lieutenant-colonel , commandant le régiment des chasseurs à che-

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rai de la Cliarente , «igné H. de Nicol, daté de Neuf-Brif>ac, 5 juil- let I Saa. Procès de Caron , p. 7)8-

4'»-) Ce lieutenant - colonel,

(Caron ) a reçu nos chasseurs aux cris de vive , etc. L'escadron s'est formé à gauche en bataille. Im- rnédiatenient après, le sieur Ca- ron en'a pris le commandement, et a harangué la troupe, à peu près en ces termes : « Chasseurs , «je suis envoyé pour vous eom- >) mander par ordre de Tempe -

«reiir Je vous jure de vous

suivre jusqu'à la mort, et de pé- »rir à votre tête : jurez aussi de »me suivre partout je vous «conduirai pour le bien du ser- «vice de S. M. l'empereur. Vive » l'empereur! » Ce cri a été répé- té dans l'escadron par tous ceux qui avaient bien saisi les instruc- tions que vous leur aviez données à leur «lépart de Colmar, et par tous les autres, au signalque nous leur en avons fait. Ensuite il a commandé par deux au trot, et nous a conduils jusqu'à Rouffac, que nous avons traversé aif pas, dans le plus grand silence, sans queles habitansaient fait le moin- dre signe d'approbation ni d'im-

probalion Après l'arrestation

du sieur Caron, le maréchal-des- logis-chef Thiers se porta avec d'autres sous-otTiciers vers FLabs- heim, qui avait été indiqué com- me le rendez-vous des partisans de Caron; mais ils n'y trouvèrent personne, ce qui prouvait qu'ils avaient eu l'éveil, ou qu'ils avaient jugé l'entreprise trop dangereuse. C'était à Habsheim que le sieur Caron disait devoir trouver les fonds nécessaires pour son expé- dition. Le maréchal-des-io"ris-chef

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T/iiers avait pour instruction , en se rendant à Habslieim , de persua- der aux personnes qu'il y attrait trouvées de se rendre àBallenlieini , Car on les attendait, sa troiipo étant trop fatiguée pour aller plus loin ( Extrait d'un rapport à Jl. Jolly, lieuteunnt-colouel des chas- seurs à cheval de la Ghai'ente , si- gné Borel de ta Rivière, lieute- nant; Aapêde, sous-!ieutenant ; daté de Colinar, le 5 juillet. Pro- cès de Caron, p. 43-46 ). Telles sont , d'après les récits de ceux- même qui l'ont conçu et eiïcc- lué, les circonstances d'tni évé- nement qui occasiona en Europe une étrange surprise, et que les rumeurs publiques ont peint sous des couleurs encore plus l'âclieu- scs. J.e i8 septembre 1822, le lieutenant-colonel Caron et son co-accu^é Roger comparurent de- vant le premier conseil de guerre de la 5* division militaire, séant à Strasbourg, présidé par M. d'Es- cordal, colonel du 25" régiment de ligne. Une décision ministé- rielle, soutenue par un arrêt do la cour de cassation , avait enlevé les accusés à la juridiction ordi- naire , qui persistait à les retenir. On s'appuyait, pour cet effet, sur les lois des 4 nivôse an 4 «t i.l brumaire an 5, dont l'effet devait cesser avec la guerre, et qui, constituant d'ailleurs une justice exceptionnelle, semblaient de voir être réputées abolies par la charte conslilulionnelle. Cette o))inion n'avait pas été contredite depuis la restauration, et M. Pasquier, ancien garde-des-sceaux, l'a dé- claré expressément à la chambre des pairs , lorsqu'il proposa à cette chambre (mars i8a3) de rendre

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aux Iribunausortlinaires, en temps de paix, la connaissance du délit d'embauchage, imputé aux ci- toyeus non militaires. Le système de défense du colonel Caron l'ut, comme nous l'avons dit, de sou- tenir que son unique but avait été de procurer l'évasion des prison- niers alors traduits devant la cour d'assises de Colmar. Les militai- res, principaux témoins à charge dans cette affaire, et à qui leur conduite avait valu dès- lors le grade d'officier, ne firent pas dif- ficulté de convenir aux débats des promesses séduisantes qu'ils a- vaient faites à Caron, par ordre de leurs chefs , et des instructions qu'ils avaient transmises à leurs soldats de pousser des cris sédi- tieux ( pag. 74, 81, 8(3, 8ç) et passini). Le journal duHaut-lÙiin, du 23 juillet, rédigé à la préfec- ture, comme l'atteste M. Sido » conseiller de préfecture, dans une lettre lue à l'audience ( Procès de Caron, p. 108), s'est exprimé en ces termes, au sujet de l'affaire de Caron : « Ici , c'est un lieute- nant-colonel assez naïf ipour SK laisser séduire par des sous-olli- ciers. » La déposition de M. Rei- thinger, maire de Battenhciin, renferme quelques détails qui mé- ritent d'être rapportés, t Le té- moin dépose, que le 2 juillet, à une heure du matin, six chas- seurs arrivèrent devant sa maison, frappant à la porte pour le réveil- ler. Il leur ouvrit , après avoir fait de la lumière. Ils lui annoncè- rent qu'ils venaient faire des lo- gemens pour deux cents chas- seurs, vingt officiers et un colo-i nel.... Sur la réponse que fit l'un des six chuâseucs , qu'ils n'avaient

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pus <le feuille de roule, le témoin leur déclara que t^aus feuille de roule il ne donnerait pa^ de billets de logeuîenl; et alors ce chas- seur répliqua : Nous ne som- mes plus les soldats du roi , nous sommes les soldais de Napoléon, du roi de Rome. Que dûcs-vous décela, M. le maire...? Si vous ne faites pas de billets , nous nous logerons mililairement. » Le té- moin fit chercher alors le greffîer de la mairie, pour faire des billets. Arrivèrent en même temps les deux cents chasseurs avec unco- lonel de dragons, qui entra dans la chambre ainsi que plusieurs sous- ofluiers et chass^eurs. On se met on devoir de faire les billets de lo- gement... Mais pendant que le co- lonel est debout, devant la table le greffier écrivait les billets, un chasseur le prend par derrière et le renverse par terre; tous les chasseurs lui tombent dessus, en criant : « Jean f. ....,nous avons ocru trouver de ton monde ici; «qu'on sabre ce conspirateur, ce » scélérat.» Le témoin entendit en- core crier : « Chasseurs , à moi o , ïnais il ne sait si c'était le colonel ou un autre individu qui était ar- » ivé avec les chasseurs et qui se iJ'ouvait aussi dans la chambre; et on demanda des cordes pour les attacher. Les domestiques que le témoin avait envoyés à l'écurie poui" chercher des cordes, furent ramenés aussitôt dans la chambre, par des chasseurs qui disaient : « Voici des conspirateurs. » On les relâcha pour aller chercher des cordes, avec lesquelles on gar- rotta le colonel et l'autre. Des offi- ciers déguisés, on des chasseurs, demandèrent ensuite au téuioia

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unchar-A-bnnc cl u!i cheval, pour jillcr A llabsheim. H leur constill i de preudie leurs chevaux, qu'ih y seraient bien plus vi.e; ce qu'il» (iront. De retour deHabshcim, ils vinrent raconter dans la cham- bre , que s'ils étaient partis un quart- d'heure plus tôt, ils au- raient trouvé à Haitsheim dix A douze conspirateurs, qui ont élé avertis h temps pour prendre la fuite... » {Procès, p. io4- ) C.t- ron et Roger furent défendu» avec beaucoup de talent et de dévoue- ment; le premier, par M* Liecli- tenberger, avocat; le second par M. Marchand, étudiant en droit. Après une demi-heure de délibé- ration, le conseil de guerre, A l'unanimité, déclara le lieulenant- colonel Caron coupable d'embau- chagf;, et le condamna à la peine de mort. Roger, déchargé de l'ac- cusation d'en^.bauchage, fut ren- voyé devant la justice civile. (Dis- trait par arrêt de la cour de cassa- tion, de la juridiction doses juges naturels , pour cause de suspicion légitime , l'accusé Roger a été tra- duitdepuis devant la cour d'assises de la Moselle , qui l'a déclaré cou- pable de conspiration et a pronon- cé son arrêt de mort. L'autorité royale a commué cette peine en celle de vingt années de travaux forcés. ) Le conseil de révision confirma la sentence du conseil de guerre. Depuis ce moment jus- qu'à celui de l'exécution, il ne fut plus permis à Garon de commu- niquer librement avec personne , même avec son défenseur. Deux exceptions furent accordées pour deux ecclésiastiques, dont la con- damné avait reçu les premières visites, durant l'intervalle de quel-

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qiies jours qui sép^u'a le premier juj^eincnt du second. Déjà même el durant ce court espace de te:nps, <^aron n'avait vu que son défen- f-vuv eu présence du concierge et de l'oincieL' de posie, et pendant une heure chaque jour. Deux au- tres permissions furent encore ac- C(u(Iéfts pour un moment, l'une à un ami dr; Garon qui venait l'en- tretenir de son fils, l'autre au dé- fenseur de Roger. Caron reçut avec calme et fermeté la nouvelle de sa condamnation. Lorsque le capitaine rapporteur vint lui en faire leclure, il était à table : après l'avoir entendue, il acheva son re- pa.-*. Dans la matinée du i" octo- bre ( jour fixé pour l'exécution ), le défenseur de Caron fit faire traiij tentatives successives, elpar diitérentes personnes, auprès de l'aulorilé supérieure du déparle- ini;nt. Il demandait à entretenir Son client au nom de sa femme et de son enfant. L'autorité per- ^i»ta dans ses refus. Dès le a4 sep- tembre, M"" Caron , alors déle- tuie dans la prison de Colmar, comme complice de 8(m mari ( la chambre d'accusation de la cour royale a déclaré depuis n'y avoir lieu à mettre en accusaliou M"' Caron ), avait éprouvé le même refus de M. le procureur du roi. Vdiei la loUre qu'elle adressa à ce magistrat, -pour lui demander la grâce de venir à Strasbourg rece- voir les derniers adicuxde son ma- ri.— Des prisons de Colmar, le a4 si'pleriihrc iSau. «A M. le procareur du roi près le tribunal de premiè- re instaure de l'arroncjissement de Colmar. .Monsieur le procureur du roi, nvanl-hier, mon mnlheu- reux ép( u.v a été condamné \

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mort par un conseil de guerre ; il ne m'appartient pas de qualifier celte condanmation. Depuis trois moiî, je suis moi-même sous les verroux, el j'ai été violemmci.t privée de la triste consolation de rendre plus supportable sa capti- vité ii Strasbourg, et d'être pré- sente à son jugement. Que lu n)a- lédiclion divine s'appesantisse sur la tête de celui qui en est la cau- se ! Demain, M. le procureur du roi, demain peut-être.... Je n'ose achever! S'il existe encore parmi les hommes quelque senliment d'humanité ou de piété, on ne peut me refuser d'aller recevoir les derniers embrasseincns et les ordres toujours sacrés j)0ur moi , de celui qui fil mon bonheur pen- dant tant d'années, et qui servit sa pairie avec tant d'honneur et de courage. J'ose vous supplier, M. le procureur du roi, de vou- loir bien perniellre que j'aille au- près de mon malheureux époux ; je vous en conjure à genoux. Qu'on me fasse conduire à mes frais , en poste, par deux, par quatre gen- darfues, les fers aux pieds, aux mains, au cou, enchaînée comme la plus dangereuse créature, s'il le faut, je supporterai tout avec calme, avec plaisir même, si je puis encore voir et embrasser la maih(;ureuse viclime de la perfi- die la plus atroce. Daignez, mon- sieurle procureurdu roi, m'houo- rer d'une très-prompte réponse. Voire respectueuse et très-hum- ble servante. Femme Caron. » M. le procureur du roi se crut dan» la nécessité de faire à Rl""Carou la réponse siiivanle : Colmar, le •if\scptetuhre 182a. «Madame , sens vivement tout ce qijc votm

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l^orfiion a do déplorable, et j'é- prouve un véritable regret de ne pouvoir l'alléger, en vous accor- dant la douloureuse consolation que vous réclamez, par la lettre que vous m'avez fait l'honneur de in'écrire, sous la date de ce jour. L'objet de votre rlemaude n'entre ni dans mes attributions, ni dans celles du tribunal. Vous êtes, ma- dame , sous le j)oids d'un mandai de dépôt, qui ne peut être annulé qu'en vertu d'une décision de la chambre du conseil du tribunal, que l'état de la procédure à l'é- gard de quelques-uns de vos co- prévenus, ne permet pas de faire intervenir encore. La nature de la prévention qui pèse sur vous, madame, ne me permet pas non

f)lus de provoquer votre mise en iberlé provisoire, moyennant cau- tion , ni même une simple trans- lation d'une prison dans une au- tre. La loi m'en fait une défense expresse, que je trouve surtout pénible aujourd'hui. Recevez l'as- surance de mes regrets et de la congidéralion distinguée avec la- quelle j'ai l'honneur d'être , Ma- dame, votre Irès-humble et très- obéissant serviteur. le procureur du roi; sig?ié VovcriET, substitut. » Peu d'inslans avant l'heure fixée pour son supplice, Caron écrivit deux billets, l'im à son épouse, l'autre à son défenseur : Voici ces deux pièces. Billet à madame Caron. «■ C'est aujourd'hui, ma bien-airaée, que ton ami te quitte pour ne plus te revoir que dans l'é- lernité. Oh, ma bien-aimée 1 qu-e celte séparation est cruelle pour mon cœur! aie bien soin de mon pauvre Alfred, ménage-toi pour lui, ne t'abandonne pas au déses-

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poir; il a encore besoin de les Cen- dres soins. Pour moi, ce soir, je ne pourrai plus lui être d'aucune utilité ; j'emporte avec moi au tombeau tes deux derniers billets ; ils seront sur mon cœur. Adieu, ma chère amie, je t'embrasse de toute mon âme, ainsi que mon trop malheureux Alfred. Cirok. Billet à M' Liecktenbcrger, avocat. «Mon cher défenseur et dernier ami, j'ai reçu vos adieux, receves ici les miens et mes derniers re- merciemens : consolez-vous, sais mourir. Si jamais vous voyea ma malheureuse femme, dites-lui bien que son souvenir et celui d'Alfred ne m'ont pas quitté ur» instant. Je vous prie de retirer mes effets et de les faire parvenir à ma femme. Tâchez aussi ^|ue l'on me paie mon trimestre; il servira à amortir quelques dettes que j'ai. On vous défend de me voir encore, mais on ne me défend pas de vous aimer : je vous em- brasse une dernière fois. Cakos.» Dans cette matinée du i" octo- bre, Caron reçut une visite de plu- seurs heures, d'un prêtre nommé M. Schiltig; il remercia cet ecclé- siastique des soins qu'il venait lui offrir. A deux heures après-midi on vint le chercher, à la prison mi- litaire où il était gardé, pour le conduire sur le glacis, devant la caserne de Finckmalt. Il monta seul dans une voiture de place, qu'escortaient des gendarmes à cheval et un piquet d'infanterie. Sa mise était soignée, son main- tien ferme et assuré. Arrivé au lieu de l'exécution, Caron descer»- dit de voiture sans le secours de personne. On lui offrit encore Ins soins de l'aumônier : il remercia

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(le nouveau. Carou, parcourant des ^eiix le lerrain , uu-stire lui- même la (lislauce qui doit le sé- parer des ^oK^ats dont les balles vont le percer. On veut lui faire une seconde lecture de la sen- tence, il la refuse, en disant : o Je la connais; c'est inutile. » Un officier se présente pour lui bander les yeux et \e faire melti|p à genoux ; il s'en défend. Debout et dans la plu» ferme attitude, (^aron d(mne le signal du roulement ; il com- mande le feu , et le jugement du conseil de guerre a reçu son exé- cution. Cependant on se débattait encore devant les tribunaux pour sauver les jours de Caron, que déjà il avait cessé de vivre. Le 4 octobre Al' I^ambert se présenta à l'audience de la cour de cassation, il parla en ces termes : «Nous avons été chargés de soumettre à la cour le pourvoi du lieutenant- colonel Caron, contre le juge- ment du conseil de guerre qui le condamne à la peine de mort. Le 37 septembre nous adressâmes à Son iixcellenco Mgr. le garde- des-sceaux une lequcte, dans la- «pielle nous lui dénoncions le ju- gement du conseil de guerre, o^in- me vicié d'incompétence et d'excès de pouvoir; et nous suppli.lmes le ministre de le dénoncer & la cour de cassation, conformément ii l'ai- ticle44"du code d'instruction cri- minelle.. l*ar surcroit de précau- tions, nous nous |)résentâmcs le lendemain 28, au greffe , pour re- présenter que rarlicle /j2'| permet- tait aux condanH)és de tléposer di- rectement, soit leur requête, soit leur demande en cassation, san» emprunter la correspondance mi- nislériellft. Legrcincrpersistadan»

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ton refus, et nous invita à nous adresser à M. le président de la cour. 11 était dans la limite de ses devoirs; car M. le président, au- quel notre requf'lc ne put parve- nir {|ue le 29, api)rouYa ce refus, cl daigna nous répondre sur-le- champ que , d'après les formes légales et les formes en usage , la requête ne pouvait être déposée au greffe, mais devait être adres- sée nu ministère. M. le président eut la bonté d'ajouter que si j'in- fiistais, il m'accorderait la parole ù la première audience. Le même jour M. le g;irde-des-sceaux nous renvoya notre requête, en nous faisant connaître par un exprés, qu'il ne croyait pas pouvoir la recevoir. Nous fîmes part à l'envoyé des obstacles que nous éprouvions de la part de la cour de cassation. Nt)us obtînmes pour le *''ic audience de son excel- lence Mgr. le garde-des-sceaux , et nous eûmes l'honneur de lui écrire que nous nous présente- rions aujourd'hui à la cour, et que nous auiioivs 1 honneur de rendre con)plc II son excellence de l'arrêt qui interviendrait. Nous avons dans l'inlervalle, écrit une secon- de lettre à Strasbourg; nous n'a- vons reçu aucune réponse; nous ne savons pas même si ces deux lettres sont parvenues. Nous nous étions préparés pour présenter ce matin à la cour, A l'ouverture de son audience , notre recours en cassation, et pour la supplier «ren recevoir le dépôt à son grelTe. Maisnuenouvellc, transmise com- me les autres par le télégraphe, insérée dans Jo journal du soir, et répétée ce matin par tous les jour- naux) aunoncc que Caron a tu\n

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i»on jugement, h; j" octobre. Il paraît que l'aotorilû militaire ne connaît aucune espèce de sursis, pas même pour lu recours à la clémence du roi, el que l'arrêt est mis à exécution 3ur- le -champ. Dans cette douloureuse circons- tance, nous demandons à la cour si nous devons plaider pour l'ad- mission de la requête. La nou- velle n'est point officielle , el nous aimons à nous persuader encore qu'elle n'est pas vraie. » La cour de cassation déclara n'y avoir lieu à statuer sur la requête présentée par M* Isambert, attendu que le pourvoi n'avait pas été régulière- ment dénoncé. »

CASTELLA, lieutenant-géné- ral, voy. le Supp. du tome V.

CASTELLA, maréchal -de- ramp, voy. le Supplément du tome XV.

GASTEX, colonel, voy. le Supplément du tome XV.

CELESIA , ancien ministre de la république de Gênes, voy. le Supplément du tome XV.

CELLES (Baron de), voy. le Supplément du tome XVI.

CHAPTAL (Père), v<7y. le Sup- plément du tome VI.

CHARRIN (Pierre-Joseph). On doit ajouter ù l'article qui le con- cerne {voy. le t. IV) , que depuis 1831 il est attaché au journal an- glais publié à Paris sous le titre de Galignani's Messenger, en qualité de rédacteur. Il y rend compte des ouvrages français de littéra- ture et des objets d'arts, tels que tableaux, gravures, etc. En 1823 vt 1823, M. Gliarrin a donné deux nouvelles éditions de son Conteur fies dames , ouvrage qu'il a beau- coup auaélioré; en i8a4j il a pu-

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nlié VU ermite rôdeur, ou obser- vations gur les mœurs et les usa-, ges des Anglais el^ des Français au commencement du 19' siècle,

2 vol. in- 12. Ce recueil, l'au- teur s'est efforcé d'être piquant et «atirique, a été suivi, en iSaO, de V Album lyrique i choix de chan- sons et de romances , 1 vol, in- 18, et de Conte^ct conseils à mes fils,

3 vol. in-12, imités librement de Kolzebue. La vente d'un ouvrage en annonce le succès, et M. Ghar- rin en prépare déjà une nouvelle édition. Cet infatigable conteur va incessamment publier les Contes de lliermite, ou les Caractères, 2 vol. in-12.

CHARÏRAND, maréchal-de- camp, voy. le Supp, du t. XIII.

CHAZEr ( Akdré-Reké- Bal- TUAZAR Aussan de),G1s de M. Alis- San de Ghuzet, receveur particu- lier et payeur des rentes, est i\ Paris le 25 octobre 1774- L'ar- ticle consacré à cet homme de lettres dans le II' tome de la Bio- graphie des contemporains, con- tenant des erreurs et péchant par des omissions, celui-ci en sera le complément et la rectification. M.4^hazet fils quitta la France en 1792, en sortant de Juilly, il avait fait ses études; fut rayé de la liste des émigrés sous le miais- tère de M. Cochon, depuis comte de l'Apparent; revint à Paris en novembre 1796, et fut condamné le 18 fructidor à la déportation comme rédacteur d'un journal royaliste intitulé le Dcjcûncr. Il n'occupa aucune place sous le di- rectoire ni sous le consulat, et se livra entièrement à la carrière di's lettres; il a fait seul ou en société, un grand nombre d'ouvrages dra-

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!iiali(juc6 dont plusieurs ont ob- tt-nu du succès; le roi le nomma clievaiier de la légion d'honneur à son retour de Gand ; fl dut cette distinction à la lettre suivante qu'il fil insérer dans les journaux de la capitale, avec sa signature : « Un honnns qui \eut bien me recom- mander périodiquementà l'estime publique par ses injures, m'a fait 1 honneur de me dénoncer dan* le Pairiole de 1789, comme auteur d'une chanson dont le refrain est, dit-il, Rendez-nous notre père de Gand; j'avais le projet de ne point ri'îpondrc, mais comme j'ai reçu un grarul nombredelettres anonymes plus ou moins polies et cerlaines visites que je ne veux pas quali- fier, je déclare que cette chanson n'est pas de moi si j'avais eu à traiter une question d'une telle importance, ce n'est pas par un calembour que j'aurais exprimé mon opinion sur un prince aussi respeclable par ses vertus que par ses malheurs. » M. Chazet est au- jourd'hui (1825) bibliothécaire du roi , receveur jtarticulier des finances à Valojaeset censeur dra- matique.

CHLAPOWSKI(I)ÉsiRÉ),i;oy. le Supplément du tome WII.

CilOPlCKI (N.), général de division, voy. le Supplément du I.. tue XVII.

CHRISTOPHE (Henri) , plus connu sous le nom monarchique de IIenbi I", roi d'IIaîli , naquit h l'île de la Grenade, l'une des Autillcs françaises, le G octobre i-;(ty. Les biographes sont peu d'accord sur l'origine de ce célèbre noir. On trouve dans l'annuaire Ufcrologique anglais, que (^hris- ioj»he fui amené en 1780 au Cap-

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Français, on le vendit comme esclave à ITigedc la ans. Le colon qui l'acheta le fit instruire dans la profession de cuisinier, par la suite il excella. Il était, en «789, cuisinier de l'auberge de la Croix, tenue par Al""" Montgeon. Chris- tophe servit dans la guerre dite de l'indépendance, et fut l.dessé au siège de Savanah. S'étanl r jndu ù Saint-Domingue, il fut employé comme commandeur ou surveil- lant de nègres de la plantation dont Durcau-de-la-Malle, traduc- teur de Tacite , était propriétaire. Dès le commencement de la guerre de l'indépendance, où, comme nous l'avons dit, il fut blessé, il se fit remarquer par beaucoup do courage, d'activité, et, malheu- reusement, de cruauté. Nommé général de brigade par Toussaint- Louverture {voy. Locvertire), le premier chef des noirs iudé- pendans d'Haïti, il le servit avec un grand dévouement. Toussaint-Lou- vcrture, homme d'un mérite peu commun et le plus modéré de ses compatriotes, désirait l'indé- pendance de sa patrie, mais, au- tant que possible, sans révolution, sans effusion de sang : il cherchait ù rapprocher les blancs des hom- mes de couleur, et à leur inspi- rer ses sentimens pacifiques, que repoussaient l'un et l'autre parti. A la tête des noirs était son neveu Moïse , ennemi implacable d<;.s blancs, et très-prononcé d'ailleurs I)Our l'indépendance complète de la colonie. Une violente insurrec- tion suscitée par Muïsé, détermina Toussaint -Louverture ii sacrifier cet homme dangereux. H chargea Christophe d'apaiser linsurr^c- lion et de ?c saisir de la personne

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Cil IV

do Moïse. Christophe jiislifiii bien- tôt la confiance de hcm chef. Il lui livra Moise dont il s'était rendu maître par trahison , et reçut en récompense le gouvernement de la province du JNord. L'enlève- ment de 31i)ïse, qui l'iil prompte- jnent mis à mort, et la nomina- tion de Christophe au poste de {Touverneur, excitèrent, au mois d'octobre 1801, un soulèvement au Cap ei dans d'autres lieux. Christophe, prompt et terrible, se porte partout est le danger, et, par les plus effroyables châti- mens, parvient en peu de temps à éloufler la rébellion. 11 com- mandait la ville du Cap lors de l'expédilion du général Leclerc, en 1802. Le général français le somma de rendre la place. Il s'établit à cette occasion , dit l'auteur d'une très - bonne no- tice d'où cet article est tiré, une correspondance sous le rapport de la générosité des sentimens et de l'originalité des expressions, qui dépose tonte entière en faveur du général noir. Nous en citerons quelques passages : « Si vous usez lie la force dont vous me mena- cez , je vous prêterai toute la résistance qui caractérise un ofli- cier-général; et si le sort des armes vous est favorable, vous n'entre- rez dans la ville du Cap que lors- qu'elle sera réduite en cetidres, et même, dans cet endroit, je vous combattrai encore.... Quant aux troupes qui, dites-vous, dé- barquent en ce moment, je ne les considère que comme des châ- teaux de cartes que le moindre

vent doit renverser Pour la

perte de votre estime,, général, je vous assure (pie je ne désire pas

cim

la mériter au prix quo TOiw y at- tachez, puisqu'il faudrait agir con- tre mon devoir pour l'obtenir (iT»

pluviôse an lo) Je n'attends

que la preuve qui doit me con- vaincre du inaintien de la liberté et de l'égalité en faveur de la po- pulation de celte colonie. Les lois qui consacixMit ces principes, v.l que la mère-patrie a sans doute rendues, porteraient dans mon cœur celte conviction, et je vous proteste qu'en obtenant cet te preu- ve désirée, par fj connaissarvce de ces lois, je nj'y soumettrai immé- diatement.— Vous me propo-^ez , citoyen général , de vous fournir les moyens de vous assurer du général Touàsainl-Louverture. Ce serait de ma part une perfidie, une trahison, et celjjc proposition dé- gradante pourmoi, est it mesyeux une marque de l'invincible répu- gnance que vous éprouvez à me croire susceptible des moindres senlimen;- de délicatesse et d'hon- neur (2 floréal an 10) 11 y a

douze ans, général, que nous nous battons pour la liberté, pour ces mêmes droits que?, comme vous, nous avons conquis au prix de notre sang, et j'ai toujours répu- gné à croire que les Français , après avoir fait de si grands sacri- fices pour les obtenir, viendraient un jour les ôter à un peuple glo- rieux de faire partie de la grande nation, et de jouir, comme elle, des avantages qu'elle a tirés de la révolution (2 floréal an jo). » Les talens du général Leclerc et la valeur des troupes françaises triomphèrent des noirs indépen- daus. Christophe et Dessalines {voj. Dessalines) se défendirent avec plus d'intrépidité et furent

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mis hors la loi. Chrislopho forcé d'évacuer le Foil-aii-Priiici!, livra cette ville aux flaiiiiiies, et courut se réunir à aon général eu chef, Toussaint- Louvcrlure. Ou sait par quels moyens ca dernier de- vint prisonnier des Français. Le mouvement général de l'indépen- dance parut un instant suspendu. Le funeste climat de ces contrées «>péra ce que n'avait pu produire l'intrépidité des indépendans : il détruisit l'armée française. « Une assemblée nationale, convoquée le 1" janvier 1804.. rendit i\ l'île son nom primitif d'Haïti. Dessa- lines fut procl.imé gouverneur- général à vie. Haïti fut divisé en fcix départemens militaires com- mandés par des généraux de di- vision. Christophe eut le com- mandement de la division du Cap; il se trouvait alors le plus ancien des généraux de l'armée après Dessalines. » Le gouverneur-gé- néral se fit élire empereur, et Christophe devint général en chef del'armée d'Haïti(i8o5). Péthion, homme de couleur (vfy.l'KTHion), commandant de la division de Port-au-Prince, s'élant mis à la tète d'une insurrection répulili- caine , et Dessalines ayant péri dans la lutte, le nouvel empire fut détruit l'année suivante^ « La province du Nord et la première division de la province de l'Ouest, rapporte l'auteur de la notice déji citée, restèrent soumises à Chris- tophe, tandis que la province du Sud et la seconde division de l'Ouest ohéissaient ù Péthion. Une assemblée composée des dé- putés des deux partis, convoquée au Port-au-Prince, se déclara «:n faveur do Pélhiuu; la iiiino-

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lité protesta, et, dès les pre- miers jours de 1807, la guerre ci- vile avait éclaté. Une nouvelle as- semblée fut convoquée au Cap hous l'intluence de Christophe, et décréta la constitution du 17 fé- vrier J807. Elle nomma Christo- phe président à vie de l'état d'Haï- ti, et généralissime des forces de terre cl de mer. La plupart des dispositions de cet acte étaient cal- quées sur les constitutions consu- laires de la France. Vers la même époque, la province du Sud-Ouest he constitua, sous le titre de ré- publique il'Haïti. » Sa constitution établie sur celle des Étals- Unis d'Aniérique, institua Pélhion pré- sident pour l'espace de quatre ans, et remit le pouvoir législatif entro les mains d'un sénat; Christophe qui visait, au pouvoir absolu, ne négligea pas néanmoins le réta- blissement de l'ordre publie et de la sécurité individuelle. Il orga- nisa l'administration, les tribu- naux, la marine, l'armée, fit des réglemens propres à favoriser l'a- griculture, le commerce, tous les genres d'industrie, et parvint en peu de temps à des résultats d'au- tant plus admirables, qu'il agissait sur une société qui lui o[)posait des obstacles de toute nature. Ses armées de terre et de mer furent bientôt parfaitement organisées, ses finances atteignirent nu état ré- gulier et florissant. Des forteresses furent élevées sur divers points; entre autres la citadelle Henri, re- marquable parle luxe de ses fortifi- calionset desespalais;enfin, toutes les côtes furent njisesen état <ie dé- fense. En même temps, Chris- tophe fournissait des secours A ses voisins les Espagnols, pour chas-

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scr los Français de Sanlo Doinia- {;n, t't |K)ussait la guerre contre la jé|)tihli(|iie sa rivale, avec activité qiioiqu'avco peu de succès. Par un acte du 28 mars 181 1 , le pré- siflont (>hrislophe se fit proclamer roi d'Haïti, sous le nom d'Henri 1*^'. Ce lilrc fut déclaré hérédi- laire dans sa famille, et entouré de tous les prestiges et de toutes les décorations des royaumes de l'Europe moderne. Aucune trace de gouvernement représentatif ne fut conservée dans la nouvelle mo- narchie, si ce n'est un conseil- d'étal nommé par le roi, et com- posé de ses généraux et de ses courtisans. Xlhristophe avait épou- sé, le i5 juillet 1763, une femme de sa couleur, nommée Marie- Lo.iise ; elle fut saluée du non) de reine ; leur fils aîné , Jacques-Vic- tor Henri, le 5 mars i8o4> devint piince royal d'Haïti. L'édit qui avait créé la noblesse fut suivi do celui de création de l'ordre r lyal et militaire de Saint-Henri (20 avril 1811), avec une dota- tion de 3oo,ooo livres de revenu. Un édit du 7 avril érigea un siège archiépiscopal dans la capitale d'Haïti , et des sièges épisco- paux dans diverses villes du royau- me; enfin, un édit du 1" janvier 1 81 3 détermina la formule des litres royaux. Mais l'acte le plus honorable , comme le plus utile, di! règne de Christophe, c'est la pnidication du Code Henri , pro- mulgué le 20 février 1812. Il est composé de neuf lois : loi ci- vile- c'est une copie modifiée, prin- cipa'.ement quant au premier li- vre, de notre Code civil. On y re- marque avecsatisfaction l'absence du dixorcc, et le maintien de Va-

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doption; a' lui commerce; 5" loi sur les prises ,• loi sur la procé- dure civile ; 5" loi criminelle , cor- reclionnelle, et de police ; elle ad- met la peine de mort et la confis- cation des biçns : les bonnes moeurs et la religion catholique y sont ef- ficacement protégées ; 6" loi sur lu procédure criminelle, police correc- tionnelle , et la simple police : elle n'admet point le jury: 7" loi con- cernant la culture ; 8" loi militaire; loi pénale militaire. Le Code Henri pourrait sans doute donner lieu à plusieurs observations cri- ti(jues ; mais, tel qu'il est, on peut affirmer qu'il fait honte <\ la légis- lation de quelques nations des plus civilisées de l'ancien conti- nent. Une époque remarquable de la vie de Christophe fut celle de son sacre etdeson couronnement. Des fonctionnaires publics de la partie espagnole de Saint-Domin- gue , et des officiers supérieurs de la marine anglaise, se rendirent à l'invitation d'y assister. La cérémo- nie eut lieuauCap, le 2 juin 1812; on y essaya d'égaler le luxe des cours de l'Europe, et, d'après les relations officielles qui ont été pu- bliées,^ paraît certain que ce but fut atteint. M. Corneille Brelle, préfet apostolique, nommé par le roi ar- chevêque d'Haïti et duc de l'Anse, présidait à la cérémoniereligieuse, qui fut pratiquée avec toutes les formules indiquées dans le Ponti- fical romain. L'année 181 3 fut marquée par diverses défections qui, déjà, présageaient à Chris- tophe sa chute prochaine et le triomphe ultérieur de la républi- que; mais plus belliqueux que Pé- ihion , il compensait, les armes à h inain , les avantages que son ri-

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val s'était acquis par l'habilclé et la iiioci/'ialioti de son goiivcrnc- iiicnt. TuulcrDis , ces (léleclions exaspérèrent le caraclère 'viulent «^l soupçonneux de Christophe, et le portèrent à des actes de cruau- té, que ses défenseurs eux-iiiênies n'ont pas entièrement dissimulés. liU paix rendue à la France par les événemens de 1814 > établit une sorte de trêve lacile entre les deux gouverneniens d'Haïti. Christophe apprit d'abord avec satir faction la restauration des Bourbons, espérant qu'ils sui- vraient à son éj;;ard une politique opposée à celle de Bonaparte. Mais des sentimens tout dilïérens ne lardèrent pas à prévaloir dans son esprit, à la suite de la négo- ciation dont furent chargés, par M. Malouet, alors ministre de la marine, MM. Dauxiou-Lavayssc, Franco-Médina , et Daverman. Les instructions de ces agens leur prescrivaient de proposer aux cl icfâ de l'île de grands avantages per- sonnels, pour les déterminer à abandonner les intérêts de leur nation; il leur était " singulière-

nient recommandé de se rappro» ncher le plus possible de l'ancien

ordre des choses colonial , et de «ne s'en écarter que il leur

sera démontré impossible de faire

autrement.» On remarquait aussi dans leurs instructions les dispo- sitions suivantes : « . . . 5* Alta- » cher à la glèbe , et rendre à leurs n anciens propriétaires, non-seu- »lement tous les noirs qui tra- » vaillent actuellement sur les ha-

bitations, mais encore y ramc- »ncr, le plus possible, de ceux »qui se sont affranchis de celte '«condition Restreindre

CIIR

505

rtla création de nouveaux libres »de la manière indiquée plus » haut. » Christophe reçut lescom- niunicalions qui lui furent faites, avec r'intlignalion qu'il eftt été facile de prévoir, si l'on se fût moins aveuglé; et il est remarqua- ble que la nouvelle situation des a/Taire» l'obligea à reKIchcr quel- que chose de son pouvoir absolu. Le 21 octobre 181 4? i' convoqua à Sans-Souci un conseil-général de la nation, afin de placer s'mis ses yeux tous les détails relatifs :\ ces négociations, et de leur di)n- n(;r ensuite la plus grande publi- cité. Cette me-ure obtint un suc- cès complet ; elle exalta , au plus haut degré, l'enthousiasme des insulaires. « Parmi les membres du «conseil, dit i'hialorien d'Haïti, » il y en avait qui avaient j.orlé

les fers des Français; les mar- sques encore empreintes sur leurs «membres' mutilés, attestaient «leurs longues et cruelles souf- «franccs, et la barbarie de nos ty- «rans; d'autres se souvenaient » d'avoir vu pendre, brftler, noyer, «ou manger par des chiens, pè- «res, mères, frères, socurg , pa- rt rens ou amis ; et l'on venait pro- «poserà ces vieux guerriers, com- » verts de nobles cicatrices, et qui «avaient vu fuir devant eux les

hordes sanguinaires des Lccbrrc «et des Rochambeau, de retour- »ner sous le joug de ces odieux

tyrans, de choisir entre l'escla- «vage et la mort ! A l'instant tou-

tes les haines et les vengeances

qui avaient été comme assoupies «parle temps, se réveillèrent avec

une force et une énergie incroya «blés.... Chacun prépare des tor- «ches pour iuccndicr sa propre

36G

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» maison; l'un arguise le tranchant "de son sabre, l'autio la pointe du «sa lance; c«;!til-ci nétoie son fii- »sil; celui-là pn';pai«; son sac de

campag-ne; déjà !a femme indns- » trieuse et prévoyanle met de côlé » le gros linge, les objets utiles et

indispensables qui doivent ôtre » conservés , et range de l'autre les » richesses, les objets de luxe et de

super jluités , désormais inutiles, «et destinés à être la proie des «flammes, etc. » ( Essai sur les causes de la révolution et des guer- res civiles d'Halte, pag. 2i2et2i5.) En même temps Christophe flt publier un plan de défense géné- rale du royaume, tout-à-fait ana- logue aux sentimens dont le peu- ple se montrait animé, a L'art. » 1" recommandait aux généraux » commandant les provinces , etc. ,

d'avoir à se munir dès à présent »même, de bois et de chandelle »en forme de torches, et de ma- » tières combustibles propres à in-

cendier. L'art. 2 prescrivait qu'au

débarquement de l'armée fran-

çaise, toutes les villes, bourgs, » habitations, manufactures et tous

autres ètablissemens situés dans «les plaines fussent incendiés de » fond en comble ; que toute la po- «pulation fût retirée dans les mon- «tagnes, les ponts cassés et dé- atruits, les digues des fleuves,

rivières et étangs rompus, etc. «L'art. 9 enjoignait aux généraux «et ofliciers, au nom de S. M., «de ne point faire aucun quartier

à tous les prisonniers que le sort

des armes aurait fait tomber en » leur pouvoir, quels que soient le «grade, l'Sge et le sexe; qu'ils se- » raient tous immolés , sans pitié

et sans rémission, dans des gcn-

CHR

«rps de supplice les plus horribles.» (//vùAp.aySet 2;'9.)L'undesagen<« français, Franco-Médina, tomba .a- vec ses iulructions, entre les mains de Christophe. Celui-ci s'empres- sa de les publier, avec la lettre que lui avait adressée le chef de la mission française, t\l. Dauxion- Lavaysse. Toutes ces pièces étaient bien propres à exaspérer la popu- lation noire de Saint-Domingue. Cependant, il ne fut point fait de iTud à Médina ; après avoir subi un interrogatoire judiciaire , il fut exposé sur la place publique, afln qu'il fût loisible à chacun de s'as- surer personnellement de la vé- rité des faits publiés à son occa- sion. A la nouvelle du mauvais succès de cette mission, le gou- vernement français désavoua les négociateurs (^Monlteurdu 18 jan- vier 1 8 1 5 ) ; mais l'efTet que pou- vait produire ce désaveu fut con- sidérablement diminué par la di- vulgation de la teneur littérale, des instructions ministérielles. Il y a , du reste , beaucoup de choses curieuses dans les lettres de M. Dauxioo-Lavaysse , et qui intéres- seraient directement les Français eux-mêmes, si, comme nous l'a- vons dit, leur gouvernement ne les avait désavouées. Les événe- mens qui agitèrent l'Europe en 181 5 et les années suivantes, a- journèrent indéfiniment les pro- jets belliqueux que certains colons se flattaient, en 1814 > de faire adopter au gouvernement fran- çais. Cet état provisoire permit à Christophe de se préparer à com- battre l'ennemi par des moyens fdus convenables à un état civi- isé ; il multiplia les imprimeries, et, ù leur aide, il répandit, avec

CHR

profusion, lc« écrite contre les vuns et les i'iteiitions des anciens colons; il voiiUit changor la lan- gue de ses peuples , et, A celellct , .i[»iès avoir fuit décréter, par le conseil de la nation , que l'inslriic- tion pubJifiUK .lierait gratuite ù Uiûli, et donnée aux frais de la nation, il fil vt-nirdes prole^seurs et arlisics anglais, afin que l'édu- oalion fût reçue par les enfans au moyen de la langue anglaise , et il multiplia, le plus qu'il fut pos- sible, d(;3 écoles d'enseignement muluel pour cette lan:^ue. Le 20 novembre iSiO, après avoir re- fusé de recevoir les connnunica- tions des nouveaux commissaire» du roi de France, MiM. de Fon- langts etEsmangarl, Christophe publia une déclaration, dont l'ar- ticle i*' portail : « Nous ne traite- «ronsavecle gouvernement fran- »çais que sur le même pied, de

puissance à puissance, de sou- » verain à souverain ; aucune né-

gociation ne sera entamée par «nous avec cette puissance, qui «n'aurait eu pour base préala- nble l'indépendance du royaume «d'Haïti, etc. » Les commissaires IVancais, également éconduils par Péthion, mais avec toutes les for- mes de la civilisation la plus ex- quise, et de la diplomatie la plus lairméc, ne tardèrent p;.'S à quit- ler les parages d'ILûti , sans avoir mieux réussi que leurs prédéces- seurs. Une trêve tacite, interrom- pue par des hostilités sans résul- tat, se maintenait, depuis plu- sieurs années, entre le royaume de (".hrislophe et la république de l'élhion. Les négociations avec la France avaient fait éclater, d'une manière irrécusable, la supério-

CHR 307

rite personnelle de co dernier; et, néanmoins, l'influence salutair»; des circonstanciés agissant sur le roi noir lui-même, l'avait entrai- , presqu'à sou insu, à adop- ter des formes de gouvernement tnoins absolues. Ainsi , par un édit du «4 juillet 1S19, il avait concédé en propriété des terres aux ofiiciersjsous-olficiers et sol- dats de son armée, tandis que, jusqu'alors, il avait réservé cette laveur pour les généraux et les dignitair^'s de sa cour. Péthion mourut au commencement de 18)8, et, conformément à la constitution de la république, le général Boycr, désigné par lui, prit les rênes du gouvernement. Il réussit d'abord à soumettre à hi république , par la force des ar- mes, la contrée appt'lée la(irande- Anse, dominait, sous la suze- raineté de Christophe, mi chef militaire nominé Goman , ou le comle de Jérémie. Le spectacle du gouvernement républicain de Boyer, à la fois ferme et modéré, contrastait, de la manière la plus étrange, avec le régime égoïste, sordide et barbare de la royauté de Christophe, et préparait iné- vitablement la ruine de celle-ci. La garnison de Saint-Marc en don- na le signal. Vers la fin de sep- tembre 1820, cette garnison, in- dignée des mauvais traiiemens que Christophe venait de faire su- bir à son colonel , j)ar l'intermé- diaire du gouverneur de la ville, se souleva , coupa la tête à ce gou- verneur, et envoya une députa- tion au président Boyer, pour lui porter son vœu de réunion ;\ la république. Celui-ci rassembla à la hntc UD corps de plus de 1 5,ogo

T>iy^

ClIR

hommes, à la iCte duquel il s'a- vança pour sout<'nir les insurgés (le Sainl-lMarc. Clirisloplie , relire dans le palais forlirté de Sans- Souci, il fai'^ait sa résidence ordinaire, s8 trouvait encore ma- lade d'une attaque de paralysie qu'il avait éprouvée au mois de juillet précédent. Obligé de déla- chcr une partie de son armée con- tre les insur|;és de Saint-Marc, il permit ainsi à rinsurredion de se propager dans la ville du Cap, capitale de son royaume. Dans la soirée du 6 octobre , le général liichard, duc de la Marmelade , et l'un des premiers dignitaires du royaume, proclama, à la tête des troupes , l'abolilion de la ro^^'iulé. La population accueillit ce changement avec enthousias- me; on mit en liberté tous les in- dividus que la tyrannie ombra- geuse de Christophe avait fait je- ter en prison. Quinze cents hom- mes environ de la garde de Chris- tophe, l'élite de son armée, lui restaient encore fidèles ; il les en- voya contre les insurgés du Cap, sous les ordres de Joachim Noëlle, duc du Port de Paix, frère de sa femme. Lui-même ne pouvant marcher à leur tête, il se fit porter dans leurs rangs avant leur dé- part, leur prodigua les éloges et les promesses , et leur commanda, dit-on , le massacre des blancs et des hommes de couleur, ainsi que le pillage de la ville du Cap. Le 8 octobre, les deux armées se trou- vèrent en présence ; quelques coups de feu furent échangés ; mais bientôt la défection entraîna aussi la garde royale, qui, mal- gré les efforts de son chef, se réu- nit au reste de l'armée pour dc-

ClIR

mander la déposition du Chris- tophe. A celte nouvelle, celui-ci se voyant réduit, pour tout luoyon de défense, à la fidélité de (pje!- qties satellites, et craignant de tomber vivant entre les main^ des républicains, se tira un loup de pistolet dans le cœur, dont il mou- rut sur la place, leSoctobre 1820, ù M heures du soir , âgé de 53 tins. Son corps resta pendant plu- sieurs jours exposé sur la grande route, sans sépulture. Son fils aîné, le prince royal, fut massa- cré; mais sa veuve et ses deux filles furent respectées, grâce à la généreuse intervention du prési- dent lioyer, dont la fermeté ne tarda pas ù rétablir l'ordre et la sécurité. Elles vivent aujourdhui reliréies aux environs de Londres, dans un état voisin de l'opulence. Le 26 octobre, la république fut reconnue par toutes les provinces de l'ancien royaume d'Haïti ; la constitution royale fut abolie, ainsi que les litres de noblesse et les décorations. Cette révolution n'a été contrariée que par les va- nités conlrislées de quelques cour- tisans de Christophe ; mais elles ont été réprimées par le président Boyer, qui a réuni, en 1822, à la république d'Haïti la partie espa- gnole de l'ile de Sainl-Dominguc, qu'il gouverne désormais tout en- tière avec une admirable sagesse. Le gouvernement français recon- naissant enfin qu'un peuple qui avait su conquérir sa lib(;rlé de- vait prendre rang parmi les états indépendans, a consenti (182.5), moyennant une indemnité de 1 5o millions en fiveur des colons fran- çais dépossédés, à reconnaître l'in - dépendance de Saint-Domingue.

COL

CIIRISTOPHLE DE SAINT- JORIJE, voy. le Supplcment du lutnt; XV.

CIVIALE , médecin {voy. son article au suj)plément du i 2* vol.) M. Civiale a poursuivi avec un grand succès ses intcressans tra- vaux pour le broiement de la pierre dans la vessie. Il a lu sur ce sujet plusieurs mémoires à l'a- cadémie royale des sciences, le célèbre Peroy fit sur les résul- lals obtenus par celte nouvelle méthode le rapport le plus flat- teur. Postérieurement, M. Civiale a obtenu une mention très-hono- rable dans le rapport de la com- mission désignée pour décerner le prix que feu le baron de Mon- thyon avait fondé pour récompen- ser les perfectionnemens de la médecine cl de la chirurgie. Ce prix semble destiné, l'année pro- (;haine , à récompenser M. Ci- viale, auteur de la découverte la plus préciiMise qui ait été faite en (hirurgie , et qui a déjà obtenu dans la pratique de cet art les ré- sultats les plus avantageux.

CLAUZÈL (le comte), lieute- nant-général, voy. le Supplé- ment du loine X.

COLMN (Pierre -Nicolas), ;mcien professeur de belles-lettres et de philosophie. Depuis l'impres- sion du V" volume M. Collin a un article sous le nom de Collis (I'Amblt , il a publié : i" Une Pe- tite gcograpfde départementale, ter- minée par les curio«ités de l'uni- vers. Elle a eu deux éditions en deux ans, i vol, in- 12. a' Logif/ue fimpiifitie, ou le Maître de logique élémentaire, à ru>age des deux pcxes, 1 vol. in-12; Gram- maire française de Lhomond aug-

T. XX.

DEN 369

raenlée, 1 vol. in-12; jP^- tile histoire de France^ i vol. in- >2, contenant les choses extraor- dinaires, plaisantes, tristes, gaies, sérieuses , louables , exécrables qui ont eu lieu, les devoirs des rois et des peuples, etc.; elle est à sa deuxième édition. Pc- tii Répertoire î\Vnsiig;e de la jeunes- se , I vol. in-12. C'est une espèce d'encyclopédie historique très-cu- rieuse. C'est par erreur, ainsi que nous l'avons dit plus haut, que le mot d'AMBLY a été joint au nom de CoLLiN. Cullin d'Ambly (Fran- çois) est auteur des trois dernier» ouvrages qui terminent la notice qui porte son nom, laquelle no- tice, A part ces trois ouvrages, ap- partient à M. Collin (Pierre-Ni- colas).

COLANGELO , évêque ita- lien , voy. le Supplément du to- me XVI II.

COUSIN, professeur i l'acadé- mie de Paris, voy. le Supplément du tome XVI.

DAMAS , lieutenant-général , voy. le Suppléaient du tome V.

DAMAS, général de brigade, voy. le Supplément du tome; V.

DARCET (Jean- Pierre -Jo- seph ) , voy. le Supplément du tome VI.

DARCET, chimiste, roy. le Supplément du tome VI.

DECANDOLLE, botaniste, tY-j. le Su|)[ilément du tome V.

DECOUZ, lieutenant-général, voy. le Supplément du tome XI.

DELAIÏRE , maréchal - de- camp, voy. le Supplément du to- me V. .

DENTZKL (le baron), maré- chal - de camp, voy. le S ipplc- mcnldu tome XI.

M

3yo DOU

DERREY (N.), ancien maire de Toulouse, voy. le Supplément du tome XV.

DEVlSaiE, voy. l'Erratadu to- me XIII.

DEWAILLY, architecte, »oj. le Supplt'iment du tome XVIII.

DëWARENGHIEN (baron), voy. le Supplément du tome VI.

DINCOUUT UE METZ, voy. le Supplément du tome XVI.

DOIJRILLE (Joseph), connu sous le nom de Dourille de Crest, membre de l'académie de Bruxel- les, et de plusieurs sociétés litté- raires, est à Crest (Drôme), le 3i mai 1790. Il entra au service en 1808, et fit les campagnes du Tyroi et de l'Allemagne, en 18^08 et 1809. Blessé à Trente, et à Wa- gram, il revint dans ses foyers avec un mémoire de proposition pour la retraite; mais le duc de Feltre (?;oy.CLARRE), alors minis- tre de la guerre, lui assigna une simple gratification, que M. Dou- rille ne voulut point recevoir. En i8i4î il était un des secrétaires de M. le marquis d'Escorches de Sainte-Croix, préfet du départe- ment de la Drôme. Son zèle, son aptitude et sa loyauté, lui acqui- rent l'estime de ce digue magis- trat, notamment pendant l'inva- sion de la France par les troupes étrangères. M. Dourille avait don- né des preuves du patriotisme le plus pur, soit en secondant les 0- pératious du sous-préfet dans ces momens difficiles, soit en contri- buant de ses propres deniers à l'habillement des braves gardes nationales, appelées i la défense de la patrie. Au retour de Napo- léon, il prit une part très-active aux événcmens dont la Drôme fut

DOU

le théâtre. A la seconde restaura- tion, il perdit son emploi, et fut proscrit de Valence. Rendu à sa famille, M. Dourille sollicita et obtint, sous le ministère de M. Decaze, un brevet de libraire; mais peu propre au commerce , il l'a- bandonna pour se livrer entière- ment à la littérature. En 1822, il fit des démarches instantes, au- près de M. le général La Fayette, pour l'engager à solliciter du gou- vernement une permission eu fa- veur du général. Carascosa, afin que celui-ci pût s'établir en Fran- ce avec-sa famille , sans courir le risque d'être livré à ses ennemis, mais M. de La Fayette lui ré- pondit que le moment n'était pas favorable. M. Dourille fut, à la même époque, le rédacteur des Tablettes de la brome, petit jour- nal qui s'imprimait à Valence, et pour lequel il fut traduit en poli- ce correctionnelle, condamné par défaut, et ensuite acquitté. Il fut aus^i le rédacteur en chef, du jour- nal l'Argus, qui parut en 1824. Nous avons de lui les romans sui- vans, qui sont d'un genre sombre : Romalino, 2 vol. in- 12, i'aris, Pi- goreau, 1821; l'Espagnol, 2 vol. in- 12, fig., Paris, Lelerrier, iSif); Holdar, ou le tribunal mystérieux^ 2 vol. in- 12, fig., Paris, Brian- chon, 1826; le Parricide, ou les Calabrais, 2 vol. iu-i2, fig., Pa- ris, Persan, 1825. On annonce du même auteur, comme devant pa- raître incessamment : Henri de Lorraine, ou la coursons Cliarles IX et Henri III, l'Enfant de l'é- chafaud, et l'Obligeant, roman de moeurs. Ces trois derniers ouvra- ges forment également 2 vol. cha- cun dans le même format que les

DUC

précédens. M. Dourillc est au??i connu, par diverses poésies insû- réesdiins plusieurs recueils, notam- ment dans celui des Muses du Midi, années 1822 et 1825. Lors de l'a- vènement de Charles X au trône, il fit paraître une épître , qui eut deux éditions. La seconde est sui- vie d'un Songe de F^apoléon, Paris, Trouvé, 1824. Il a en outre publié, à l'occasion du sacre de Charles X, un Chant dithyrambique. Ce'te pièce a été réimprimée dans la Couronne poétit/ue de Charles X , publiée par le libraire Bouquin de la Souche. M. Dourillc est aujour- d'hui (1825) attaché à la rédaction de plusieurs journaux.

DRALET, homme de lettres, voy. le Supplément du tome X.

DKOZ,, graveur, voy. le Sup- plément du tome XIII.

DUCASSE, médecin, voy le Supplément du tome XIII.

DUCHESNE (Jean), à Ver- sailles, le 28 déceujbre 1779, d'une famille attachée aux bâlirnens du roi; il reçut chez son père une bonne éducation, qui lut inter- rompue, en I7<j5, pur le< événe- mens de celte époque; il vint à Paris i\ la fin de »704i cl suivit plusieurs cours au lycée, depuis Athénée des arts, seul refuge a- lors de rinstructii)n publi(jue. Il se destinait ii entrer à l'école po- lytechni(pJo , quand le hasard lui olfrit une place à la Bibliothèque nationale, aujounrhui bibliothè- que du roi, il est coasiamment resté depuis 1795. Quelques an- nées encore, il se livra ù l'étude des mathématiques et de la chi- mie , ainsi qu'à celle du dessin , et chercha ii faire partie de l'expédi- tion du capitaine B.iudin; mais

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071

sa famille s'y étant opposée , il cul- tiva pendant quelque temps l'ait de la gravure en bois, enfin il abandonna entièrement ces di- verses parties pour s'occuper ex- clusivement de la connaissance des estampes. De nombreuses aug- mentations arrivées au départe- ment des estampes de la biblio- thèque nationale pendant larévo- lution , y avaient été seulement déposées, et il devenait difficile d'en faire jouir le public, parce qu'elles n'étaient pas portées sur les catalogues. La révolution a- vait causé quelques bouleverse- mens dans l'ordre des volumes d'estampes, d'ailleurs l'ancien ar- rangement ne pouvait plus con- venir pour une collection aussi nombreuse. M. Duchesne sentant la nécessité d'établir un ordre mieux raisonné, ciéa, d'après les idées du baron de Himecken , une méthode, an moyen de hiquelle on peut, classer facilement les grandes collections d'estampes et les simples recueils. Tous les ou- vrages d'art sont divisés en vingt- quatre classes , à chacune des- (juelles est attribuée une lettre ma- juscule; chaque classe est subdi- visée en plusieurs sous-classes, avec une lettre minuscule, un nu- méro indique la place du volume dans la sous-classe à laquelle il appartient. Lorsqu'une collection est peu nombreuse, un porte- feuille peut suffire pour renfermer toutes les estampes d'une sous- classe, ou même d'une classe en- tière. M. Duchesne fut admis au nombre des membres de l'athé- née des arts, el parl.igua les nom- breux travaux de celte société lil- térairc dans les diverses commis-

57 a DUP

sions dont il fit partie i.t dont il fut souvent rapporteur; ses con- frères lui donnèrent un témoi- gnage de confiance et d'estime en l'appelant à la place de secrélaire de la classe des beaux -arts, et plus tard à celle de secrétaire-gé- néral. Plusieurs notices de lui ont été publiées dans les journaux, ou ont été imprimées séparément, telles sont: i". Quelques idées sur l'établissement des frères Pira- nesi, 1802; 2°. Rapport l'ait à l'A- thénée des arts de Paris, sur la fonte de la statue de Jeanue-d'Arc, i8o5; 3°. Notice historique sur la vie et les ouvrages de Jules- Hardouin Mansart ; 4°- Compte rendu des travaux de l'alhénôedes arts dans la séance publique de marsi8o6; 5°. Eloge historique de Pierre Puget, 1807; 6°. L'Opéra, le Trésor et la Bibliothèque du lloi, 1819; ç°. Persiennes et Ja- lousies, 1823; Notice des estam- pes exposées à la bibliothèque du roi, 1825. La première édition avait paru en 1819. 9°. Compte rendu à S. Exe. le ministre de l'in- térieur du voyage fait en Angle- terre par l'auteur, 1824 ; 10°. Cou- pole de Sainte-Geneviève, peinte par M. Gros, 182^; 11°. Essai sur les vieilles gravures des orfè- vres Florentins du i5* siècle, 1 vol. in-8».

DUMONT (André), voj. l'Erra- ta du tome X,

DUMOURIEZ, général, voy. le Supplément du toine VL

DUPERRÉ, contre-amiral, l'oj. le Supplément du tome VI.

DU PORT (Adrien). C'est à tort que dans le vol. 6 de cet ouvrage nous avons dit, d'après des ren- seignemcns inexacts, qu'Adrien

FArU

Duport s'évada des prisons de Meluu. » Voici le fait : A peine Duport était-il arrêté, qu'il en- voya à M. Baillot, membre de l'assemblée constituante [voy. ce nom au supplément de ce vol. ) , l'abbé Juliette, jeune homme don- nant à celte époque de belles es- pérances, pour l'instruire de la position fâcheuse dans laquelle il se trouvait, et le prier d'obtenir de Danton, alors mirn'stre , qu'il serait jugé par le jury de Melun , et non par le comité révolution- naire. Danton répondit à M. Bail- lot : 0 Si je puis le faire seul , il sera jugé par le jury; si au con- traire je suis obligé do le deman- der, je ne m'en occuperai pas dans l'intérêt de ma popularité. » En effet Duport fut jugé à Melun par le jtny et acquitté.

DZIEWANOWSKI (N.) , capi- taine, voy. le Supplément du to- me XVII.

EBLE, lieutenant-général, voy. le Supplément du tome XI.

ECKART, auteur, voy. l'Erra- ta du tome XV.

ESTEVE, maréchal-de-camp, voy. le Supplément du tome VIH.

FABBRONI, littérateur, voy. le Supplément du tome X.

FABVIER, colonel, voy. le Supplément du tome VII.

FAGNANI (le comte), voy. le Supplément du tome VIII.

FALCK, savant hollandais, r^j. le Supplément du tome VIII.

FALKO^VSKI (N.), général de brigade, voy. le Supplément du lome XVII.

FAREZ, ancien avocat, voy. le Supplément du tome VIII.

FAUCHER (Les frères), voy. le Supplément du tome VII.

FON

FAURB LA JONQUIÈRE, co-

louei, voj. le Suppléineiil du to- me XII.

FITZ-GÉRALD , voj. le Sup- plément du tome XIII.

FLATÏERS ( Jean - Jacqces ) , sculpteur, membre de l'académie des sciences de Saxe-Weimar. est à Greveld, département de la Roër, sous l'empire français, et maintenant appartenant au roi de Prusse; élève distingué de M. Hou- don sculpteur, et de M. David peintre, il venait, en 18 15, de remporter le second grand-prix de sculpture, lorsque les dangers dont la patrie était menacée à cette é- poque, le déterminèrent à voler i^ sa défense. Nommé sous-lieute- nant au 2* régiment d'infanterie- légère, il fit la glorieuse, mais fu- neste campagne de France, qui fut tL'rrainée par la prise de Paris. En 1816, M. Flalters fut mis à la demi-solde; il rentra alors dans la carrière des heaux-arts, des succès ont, chaque armée, couron- né ses eflorts. Depuis 1819, il en- richit le salon du Louvre, de ses productions, parmi lesquelles nous citerons : une statue d'Hihà^ une statue colossale pour le tombeau du général Loyson, une, statue de Ganimède, enfin une statue d^Eri- gone dont le jésuitisme du jour voulait défendre l'exposilion en 182/1. Dans le nombre des bustes échappés à sa fécondité, on re- marque ctux de lord Byron, de Grétry, de Goethe, de MM. iMa- nuel, Méchin, Lafitte, etc., etc.

FONTVANNE DESJARDINS, ancien maire de Versailles, vox. le Supplément du tome XII.

FONZI, (hirurgien dentisti! , lojr. le Supplément du tome VIU.

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FODCHÉ, duc d'Olrante, coy. lErrala du tome X.

FREY, typographe, voy. le Sup- jilément du tome XV.

GAFREIS, peintre saxon, voy. le Supplément du tome XII.

GARNEREY, peintre dessina- teur, VOJ. le Supplément du tome XV.

GARNIER DE SAIiNTES, tv>y. le supplément du tome IX.

GAULÏ DE SAINT-Gl'R- MAIN, littérateur, voy. le Sup- plément du tome XVII.

GAUTIIEROT, peintre d'histoi- re, voy. le Supplément du tome IX.

GAY (M"* Sophie), voy. le Sup- plément du tome X.

GENEVAY ( Antoisk - Fran- çois), colonel en retraite, ollicier de la légion-d'honneur, chevalier de Saint-Louis, est néàMoniflenr, département du Jura, le 5o dé- cembre 1776. Il entra au *ervice comn>e volontaire dans le lo* ba- taillon du Jura, le 5 août 179-2, et y fut nomn)é capitaine; il fit aux armées du Haut et Bas<-Rhin les campagnes de 1 792, des années 2 et 3 de la république , et passa ù l'armée d'Italie en l'an 4- A la ba- taille de Mondovi, il entra un des premiers dans la redoute; i\ celle de (îasliglione, avec 12 grenadiers, il s'empara de 2 pièces de canon , et fit 40 prisonniers. Après iv. trai- té de Campo-Formio, étant en gar- nison à Alexandrieen Piémont , il obtint le 25 germinal an (i, un con- gé d'un mois, qui le priva de s'embarquer ;\ Gênes, avec sa de- mi-brigade; le 3 floréal, 8 jours après son départ d'Alexandrie, il se rendit S Toulon, d'où devait partir une 2* expédition pour l'É-

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i^yple, mais qui n'eut pai< lii!U. La ^jUerre sur le point de recom- mencer cntr«; la France et l'Aulri- che, les délachemens des diff'j- rons corps de l'armée d'Oricni se vendirent à Milan, il? furent organisés eu corps d'infanterie et de cavalerie; le capitaine Gcne- vay y cominanda une compagnie de grenadier?. Le 5 germinal an 7, à Tauffers dans le Tyrol , avec sa compagnie et une de carabiniers de la 12* demi-brigade d'infante- rie légère, il coupa de sa commu- nicalion la division autriobienne commandée par le général Lau- don , s'empara de 2 canons, et contribua à la ruine de celte divi- sion , qui en tué?, blessés et pri- sonniers, perdit dans celte action 5ooo bommes et 18 pièces de ca- non. Le i5 floréal an 7, sur la rou- te de Bellinzonna à Lugano, il en- leva 4 compagnies de grenadiers hongrois retranchées dans un ci- metière. Le i3 prairial de k mê- me année, la division du général Lecourbe, dont le corps d'expédi- tion infanterie faisait alors partie, ayant attaqué le corps autrichien, qui avait franchi le Saint Goihard, et pénétré dans la vallée d'Urse- ren , il prit le colonel autrichien commandant l'avant-garde, et un capitaine; après la défaite des ar- mées russe et autrichienne en Suisse, les officiers, sous-officiers et soldats du corps d'expédition, rejoignirent à Toulon les dépôts de leurs demi-brigades. Il com- manda la compagnie de grena- diers du bataillon de la 69* demi- brigade, faisant partie de la divi- sion du général Chabraud, qui à l'armée de réserve dans la campa- gne de l'an S, passa le petit Saint-

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liernard , et força le fort de Bard à capituler. Au passage du Mincio, le 5 nivôse an 9. le capitaine Ge- nevay fut cité par le général Seras pour s'être distingué à l'attaque des hauteurs de Vallegio. Il prit part <'i la campagne de l'an 10, dans le royaume de Napics, et à la réorgani><ation de la 69* denii-bri- gade, après son retour d'Egypte, il commanda ime compagnie de grenadiers; il a fait, à Tarmée sur les côtes de l'Océan, les campagnes des années 12 et i3. Au camp de Boulogne, il reçut la décoration des braves. Le 22 vendémiaire an 14» il se distingua à la bataille d'filchingen. Le i3 brumaire de la même année, la brigade du gé- néral Roguet s'empara à l'entrée des gorges du Tyrol, du fort de' Leutasch, et se porta à Secfcid. Le lendemain 14, la garnison du fort de Scharnilz se voyant tour- née, évacue ce fort pour se retirer à Inspruck. Chargé avec sa com- pagnie de garder à Seefeld la route qui de ce village va à Schar- nilz, et ayant entendu à 5 heures du matin un mouvement de trou- pes sur la route, il se porte à la rencontre de la colonne ennemie, que ses grenadiers enfoncent à la baïonnette. Huit cents prison- niers, un drapeau et i3 pièces de canon, furent le résultat du sang-froid et de la bravoure du capitaine Genevay. Le 25 décem- bre 1806, à la prise de Soldauw dans la Vieille-Prusse, il contri- bua à enlever un drapeau et 2 ca- nons. Nommé chef de bataillon au 76' régiment d'infanterie de li- gne 6' corps, commandé par le maréchal Ney, il reçut la croix d'officier de la légion-d'hooncur.

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pour s'Ctrc distingtiéà la balaillo de Friedland. Envoyé en Espagne et en Portugal, il y fit les campagnes de 1808, 180C), 1810, i8i I et 1812; il avait été blessé en iSoc). Nom- mé major le 28 janvier 18 15, il passa à la grande-armée, au 140* régiment de ligne division Alhert, 5' corps, commandé par le prince de la Moskowa. Sa conduite an combat de Wolseim, le 19 août i8i3, entre la division Albert et un corps de 20.000 Russes, lui va- lut le grade de colonel du iSg" régiment. Le 27 août après la malheureuse affaire de la Ratze- back , le i/<o' et une compagnie d'arlilhrJe légère furent envoyés sur la Buber, pour faire passer sur la rive gauche de cette rivière , le grand pure d'artillerie; ne l'ayant pas trouvé au lieu indiqué, il se porta sur Kolbcrg, il avait or- dre de se rendre, mais à une de- mi-lieue, une forte colonne d'in- fanterie , de cavalerie et d'artille- rie dirigée vers Kolberg, s'é- tant montrée, il rétrograda sur la Bober il arriva à G heures du soir. Les eaux en étaient tellement grossies, qu'il de venait impossible de tenter le passage avec de l'in- fanterie , sans l'exposer à une perte certaine. Un paysan dont il s'empara, refusant de lui indiquer un paîsage, il mit pied à terre, et entra dans la Bober tenant le paysan par le collet ; celui-ci ef- frayé promit alors d'indiquer un endroit à peu près guéable, ;\ une demi-licue de là. il était nuit clo- se. Le passage s'elfeclue. L'artil- lerie malgré son courage et sur» dévouement perd son matériel; l'infanterie perd un ollicier et i5 hommes; ainsi par l'aclivilû et lu

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dévouement de son m.-^or, le i4o' rejoignit le 28 août, sur le Zobau Wasser, le 5* corps d'armée, qui le croyait toudié entre le,s mains de l'ennemi. Le 14 octobre 18 ij, le général Albert ayant ordonné au colonel Genevay de s'emparer du village de Licbertwolkooell, en avant de Léipsick, il y pénètre au pas de charge à la lêle de son ré- giment, tandis que le j4>'' régi- ment l'attaquait par la droite, eu chasse l'ennemi, et fait beaucoup de prisonniers russes et autri- chiens. Le 16 octobre à la bataille de Waselnau, il parvint avec le chef de bataillon Boarin de son régiment, et l'adiudaot-njajor Ger- main du iSâ*", à retirer des mains des Un sseslcgénéral comte Maison; quelques instans après le colonel reçut un coup de feu à la tête. LeiQ juillet i8i4î le roi le nonmia che- valier de Saint-Louis, et à l'orga- nisation de l'armée, il fut placé à la suite du 24' régiment d'infan- terie de ligue, dont il prit le com- mandement. Le 10 juin 181 5, il a fait à l'armée des Aljies, sous lo maréchal Siichet, la campagne de 181 5, et fut cité par le maréchal pour s'être distingué à la tête de son régiment, le i 5 juin, à Aiguës- Belle eu Savoie , le régiment de Savoie-infanterie fui pris en entier. Le 8 juillet le colonel Ge- nevay couvrit avec son régiment la retraite de l'armée, depuis le pont d'Ain à Molon, et de à Wexi- mieux. Le 10 il fut placé au villa- ge de Saint-Georges, en arrière de Meximieux, dangereuse po- sition occupée par 2 compagnies de voltigeurs et 100 dragons du i8'. Il y fut attaqué par I'a\aut- garde du l'armée autrichienne,

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qui ne put le chasser de »a posi- tion ; à 11 heur(;9 du soir, il eut ordrt; de se njtiier et de se rendre :\ Dagneux, sous les ordres du gé- iiéial comte Mcynadier. Le 1 1 juillet, le 2'[' régiment l'ut placé siïi' les bailleurs eu avaut de Da- fjneux, un bataillon de douani<;rs à sa droite, et un du 67' régiment à sa 'gauche. Au jour l'avanl-gar- de autrichienne parut, «l le baron de Frimonf, Français émigré com- mandant en chef l'armée autri- chienne, fit ses dispositions pour chasser les Français de leurs po- >ilioUs. A io heures le baron de Figuelmont chef d'état-major de M. de Frimont, et un colonel au- trichien, arrivèrent à Dagneux , pour traiter de l'évacuation de Lyon , avec l'adjudant-comman- dant Ricci, le lieutenant-général f acthod et M. Jars maire de Lyon; vers les 2 heures après midi, M. de Frimont impatient sans doute de voir que ses envoyés ne termi- naient pas aussi vite qu'il le dési- rait, fait marcher ses troupes sur les Français, malgré la présence de M. de Figuelmont, et d'un co- lonel de son armée, au milieu des troupes françaises ; ces dernières les laissent approcher, et font sur elles un feu si bien dirigé, qu'elles sont forcées de se retirer; elles se rallient et marchent de nouveau en avant et au pas de charge: la même réception lesattendail, mais le colonel Genevay reçoit alors l'ordre de faire cesser le feu, et le ^ colonel qui avait accompagné M. de Figuelmont est envoyé près du baron de Frimont, pour l'en- gagera ne pas renouveler ses mou- vemens hostiles; M. le baron irrité de la résistance qu'il avait

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rencontrée fait marcher fe« trou- pes en avant pour la 5' fois ; si les troupes françaises n'avaient pas eu ordre de ne point faire feu, M. de Frimont aurait encore eti la douleur de voir ses troupes ré- trograder; arrivées à cin(pianle pas, les Français les somment de s'arrêter; dtjs oiTiciers autrichiens répondent qu'ils ont ordre de marcher, et les Français leur ré- pliquent qu'ils ont ordre «le gar- der leurs positions ; pendant ces pourparlers, le colonel Genevay s'apercevant qu'une colonne en- nemie est sur le point de heurter la gauche de sou régiment, s'y porte au galop, met pied à terre, se jette seul au n)ilieu de cette co- lonne, et demande à parler au gé- néral qtn" la commande; un olTi- cier autrichien l'accompagne et le conduit au général, qui était à la gauche de lacolorme. «M. le géné- ral, lui dit le colonel, vous pouvez disposer de ma vie, mais si à l'ins- tant vous ue faites arrêter vos troupes, M. le général baron de Figuelmont, qui c-t entre les mains des Français, dans dix mi- nutes a cessé de vivre. » Le géné- ral autrichien, plus humain et plus sage que M. de Frimont, fait aus- sitôt arrêter sa colonne, donne sa parole au colonel , que ses trou- pes passeraient la nuit dans la po- sition qu'elles occupaient dans ce moment, et fait accompagner le colonel par 4 olficiers , pour re- tourner à son régiment. Les Fran- çais et les Autrichiens passèrent ainsi la nuit, à 10 pas les uns des autres. La convention de l'éva- cuation de Lyon ayant été si- gnée, les Français quittèrent leujs positions le 12 à midi, pour se

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rendre à iMirebel. Après le liceii- cieraent de l'uruiéc, le colonel Gè- ne vay se retira dans le Jura, pour prix du sang qu'il avait ver- sé pour la patrie, il fut long-temps per?éculé; enfin il vit paisible- ment aujourd'hui (iSa;)), dans une modeste r<îtraile, n'ayantpour toute fortune depuis le i" janvier 1823, que la solde de retraite à la- ({uelle ses services, ses campagnes elses blessures lui ontdonné droit. GEORGET, peintre, voy. le Supplément du tome X.

(iILCHRIST, orientaliste an- f;lais, voy. le Supplément du to- me XV.

GOICOECHEA , professeur, i"/. le Supplément du tome VIII. GOUVION SAINT-CYR, ma- réchal de France , voy. lo Supplé- ment du tome XVI.

GRANGENEUVE, avocat, voy. le Supplément du tome IX.

GRAPPIN, chanoine, voy. le Supplément du tome XII.

GREGORIO (IlosAïKc), naquit à Palerjne en octobre i^SS. Il en- tra dès sa jeunesse dans la carrière ecclésiastique. Doué d'un esprit prompt, d'une mémoire heureuse, il réunissait à une imagination vive un jugement sûr. Il ne tarda pas i\ se faire remarquer par ses qualités et ses talens , qui le tirè- rent bientôt de son obscurité. Suc- cessivement lecteur en théologie, chanoine de la cathédrale, abbé de Sainte-Marie de Roccudia et historiographe du roi, il s'est li- vré avec succès à des travaux his- toriques, et particulièrement sur riiisloire de son pays. Lorsqti'en 784 parut le fameux Codice di- ptomalico di Sirilia , que l'abbé Vtlla prétendait avoir traduit de

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l'original arabe, c'est M. Gregorio qui, le premier, en 1786, com- mença t\ en découvrir et à en faiie connaître la fausseté. C'est alors qu'il s'appliqua beaucoup à la langue arabe, dont la connais- sance lui devint aussi facile que celle de la langue grecque. Il pu- blia , en 1790, dans un volume in-folio, la traduction de plusieurs morceaux d'écrivains arabes qu'il avait tirés de la bibliothèque de l'Escurial et de celle de Paris; et il y joignit la iraduclion de diffé- rentes inscriptions arabes , dont la Sicile abonde. Il parvint ainsi à lier ensemble les travaux que di Giovanni avait faits sur l'époque byzantine à ceux de Cnruso sur l'époque de la domination des Normands et des Suèves en Si- cile. Cet ouvrage mérita que RI. Dacier en fît mention et en parlât avec éloge dans son rapport à l'empereur Napoléon sur l'état des sciences, etc. On ne douta plus, en 1795, de la fausseté du Code de l'abbé Vella, ce qui fit beaucoup d'honneur au chanoine (iregorio , qui avait vaincre dans celte occasion bien des dilli- cultés et des ob>la(les. En atten- dant, on avait déjà établi dans l'université de Pnlerme la chaire de droit public sicilien, dont M. Gregorio avait été nommé pro- fesseur. Il eut alors devant lui un champ vaste pour se livrer à la diplomatie sicilienne, qui était en- core presque dans son enfance. C'est avec beaucoup de peine que visitant les archives des églises et des thancellerie? , et fouillant les lois anciennes, les coutumes (ro/j- siiàtudcfi) des villes, les chroni<]ue< et les vieux diplômes , il réus-

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sit à ramasser les malciiaux dont il avait besoin. Le premier fruit de SCS recherches fui la BibliO' tkcijue aragonaise , qu'il publia en 3 vol. en 1793, et dans laquelle il fait connaître l'état du droit pu- blic en Sicile du temps des Ara- gonais. Quelque temps après, en 1794, parut la savante introduc- tion à son grand ouvrage du droit public sicilien, et c'est en i8o5 qu'il publia les deux premiers vo- lumes de cet ouvrage, sous le titre modeste de Considerazioni suUa sloria di SicUia. 11 y prend pour point de départ l'organisation po- litique que la Sicile eut du temps des Normands, et il montre en- suite avec beaucoup de sagacité et de finesse tous les changemens survenus dans cette île sous les différentes dynasties qui se sont succédé depuis. Dans une matiè- re qu'on avait tant négligée avant lui, et dans laquelle cependant il faut avouer qu'on devait déjà beau- coup aux travaux de Moncilore et du savant archevêque monsignor Testa, on fit en peu de temps bien des progrès; et la Sicile, qui était encore restée fort en arrière, peut maintenant, après M. Gregorio, ne pas envier certainement Hume à l'Angleterre , ni Mably à la France. Il paya cher, par le ra- pide épuisement de sa santé, l'a- vantage d'avoir entrepris et exé- cuté ce que rarement il est permis de faire à un homme seul ou à un seul âge. II mourut en juin 1809, sans qu'il eût pu voir la pu- blication en entier de son ouvrage, dont les deux derniers volumes ne parurent qu'après sa mort, en 1810 et en 1816. II n'eut cepen- dant pas le regret de voir dans la

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même année 1816, avec la fin de son ouvrage , la fin aussi en Sicila de cette constitution dont il avait tracé avec tant de peine et à travers tant de siècles , l'origine et les développemens. On lui a reproché d'avoir peut-être trop favorisé les prérogatives de la cou- ronne sur les autres, et notam- ment sur celles de la classe baro- nale. Il paraîtra sans doute excu- sable, si l'on considère sa situa- tion et l'époque il écrivait On a de lui plusieurs mémoires et des articles sur différens objets de l'histoire civile et littéraire de Si- cile, qui, tirés en partie de ses manuscrits et en partie des alma- nachs annuels de la cour, on les insérail, ont été réunis et pu- bliés en 1821 , dans deux vol. in-12. La Sicile honorera toujours la mémoire du chanoine Grego- rio, et son nom fixera une époque dans l'histoire littéraire de son pays.

HADOT (madame Marie-Adé- LAÏuE Richard, veuve de Barthé- lémy ) , romancière, naquit en 1769, et mourut à Paris, en 182 1. Cette dame a été institutrice pen- dant la révolution , et a composé quelques ouvrages sur l'éduca- tion. Elle fut obligée de cher- cher dans les produits de sa plu- me des moyens d'existence que lui fournissait bien incomplète- ment son pensionnat primaire. C'est autant à cette nécessité qu'à son penchant pour la littérature que l'on doit sa trop grande fé- condité dans le genre du roman et dans le genre monstrueux du mélodrame, double genre elle obtint du succès. Son style com- me romancière est très-négligé.

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Subjuguée par son imagination , elle composait rapidement et d'a- bondance, et ne se relirait pas. Estimée dans ses relations socia- les , elle se fit de nombreux amis , et convenait, avec une modestie véritable, de l'imperfection de ses ouvrages, dont nous citerons les principaux. Ce sont : i" Zadig, ou la Destinée , mélodrame hé- roïque, en 3 actes, tiré du ro- man de Voltaire , joué sur le théâtre de la Gaîté , le 7 fructidor an 12, i8oi,in-8°; Maclovie, comtesse de TVarberg, ou la Peine du talion f mélodrame historique, en Sactes, i8o5, in-S"; '5° l' Homme mystérieux, mélodrame en 5 actes, joué sm" le (héâtTe de la Gaîté, le i>2 avril 1806, in-8°, 1806; 4" Jean Sohieski , ou la Lettre , mé- lodrame en 3 actes, joué sur le ihéAtre de la Gaîté , le 22 mai 1806, in-S" ; 5" Jules , ou le Toit paternel, mélodrame en 3 actes, joué sur le thétilre des Jeunes élèves, le )5 juillet 1806.10-8"; 6°Àlméria,ou l'Ecossaise fugitive, mélodrame en 5 actes, joué sur le théâtre des Jeunes élèves, le 8 décembre 180G, in -8°; Clo- tildc de Ilapsbourg , ou te Tribu- nal de Neœstadt, Paris, 1810, 4 vol. in-12 ; Stanislas Zamoski,ou les Illustres Polonais f 1810, 4 ^ol. in-12; 9* les Loisirs d'une bonne mère, ou le Décameron de l' adolescence y 181 1 , 2 vol. in- 12; 10° l' Amazone de Grenade, mélo- drame en Sactes, représenté sur le théâtre de lu Gaîté, le 27 février 1812, Paris, 1812, iu-8* ; ii' Claricc , ou la Femme précepteur, mélodrame en 5 actes, représenté sur le théâtre de la (iaîté, le 3omai 1812, Paris, 1812, ia-8"; 12" les

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Mines de Mazzara, ou les Trois Sœurs, Paris, 1812,4 vol. in-ia; 1 5" les Soirées de société , ou un Hiver à Paris, Paris, i8i5i, 4 vol. in-12; 14° Anne de Russie et Catherine d Autriche , ou les Chevaliers de l'ordre Teulonlque , et la Mère écuyer , Paris , 1 8 1 3 ,

3 vol. in-12; i5" Jacques I" , roi d'Ecosse , ou les Prisonniers de la tour de Londres , Paris , i8i4> 4 vol. in-12; ifi" tes Deux Casimirs , ou Vingts ans de captivité, Paris, i8i4, 4 v'- J"" 12; 17" tes Novices du monastère de Frémol, Paris, 1814, 4 ^^1. in-12; 18" les Durs de Mos- covie , ou le Jeune Ambassadeur , Paris, 1814, 5 vol. in-12; 19° la Tour du Louvre, ou le Héros de Bouvines , Paris, i8i5, 4 vol. in-i 2; 20" ta Vierge de i'Indoslan, ou les Portugais au Malabar, Pa- ris, i8iG,4 vol. in-i2; 21''/^'* Af<^- ritiers du duc de Bouillon, ou les Français à Alger, Paris, i8i6,

4 vol. in-12. ; 22° l'Honneur et rÉchafaud , mélodrame en 5 ac- tes , joué sur le théâtre de la Gaîté, 1816, in-8°; 23' Guil- laume Venn , ou les Premiers Co- lons de ta Pensytvanie, Paris, i8i6, 3 vol. in-12 ; 24° Isabelle de Po- logne, ou la Famille fugitive, Pa- ris, 1817, 4 vol. in-12; 25" les Vénitiens , ou Je Capitaine fran- çais, Paris, 1817, 4 vol. in-i2; 2G' Archambaud et Roger, ou le Siège de Metz, Paris-, 1817, 4 vol. in- 1 2 ; 27° Atelwood et Clara, ou la Montagne de fer , Paris , 1818, 4 vol. in 12; 28° Ernest et Vendôme, ou le Prisonnier de Vincennes, Paris, 1818, 4 vol. iu-12 ; 29" Fernand d'Alcantara, ou la Vallée [de Roncevaux , Paris,

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1818, 4 vol. in-13; 7)0' Laurence de Sully, ou C H ermitage en Suisse^ Paris, 1819, 4 vol. in-12; 5i° Arahelle et Matkilde, ou les Nor- mands en Italie, Paris, 1819, 4 vol. in-12; 52° la Jicvolte de Bos- ton , ou la Jeune liospilaliére , Pa- ris, 1820, 3 vol. in 12; "ôo" Pierre- le-Grand et lesStrciUz, ou la For- teresse dela'Moskowa, Paris, 1820, 3 vol. in-12; 54° Mademoiselle de Montdidier, ou la Cour de Louis XI, Paris, 1S21 , 5 vol. in-12, ornés du portrait de l'auteur. Gel ouvrage parut la veille de la mort de l'auteur.

HALEVY (Léon). Depuis l'ar- ticle que nous avons consacré à ce jeune liltérateur dans le Sup- plément de notre 18' volume, il a publié deux productions nou- velles : i" un recueil de poésies .sous ce titre : Trois élégies, sui- vies d'un fragment épique. Ce re- cueil a obtenu un succès mérité; le Sommeil de la mourante a surtout réuni tous les suffrages. Résu- mé de r histoire des Juifs anciens , un volume in -18; cet ouvrage manquait à notre littérature : il est écrit avec beaucoup d'impar- tialité et de mesure; l'auteur s'est attaché surtout à présenter les faits sous leur aspect dramatique et pittoresque. Malgré les bornes étroites dans lesquelles il était o- bligé de se resserrer, il a rendu son travail très-substantiel ettrès- complet. La partie de son i-ésumé il traite de Jésus-Christ et du christianisme naissant, est d'au- tant plus (ligne d'attention , que M. Léoif Halevy est israélite. « La religion juive, dit-il, par son dog- me de l'unité de Dieu, par l'excel- lence cl la liberté de sa morale ,

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était destinée à devenir ia religion de la civilisation moderne. Mais il fallait pour cela compléter sa morale au lieu de la restreindre. Il fallait remonter à sa source di- vine, la reprendre dans sa pureté primitive, pour lui faire subir une transfiguration conforme aux be- soins et à l'esprit du temps. C'est ce que tenta Jésus; il remonta ù Moïse, comme Luther, dans la sui- te, est remonté à Jésus-Ciirist. » Il faut voir dans l'ouvrage même, con)ment l'auteur développe cet- te idée par une analyse tidèle de l'Evangile; et comment il démon- tre en même temps, que d'après les lois juives, Jésus-Christ de- vait subir la peine capitale. M. Halevy termine son histoire à la prise de Jérusalem par Titus; et après avoir tracé en peu de pages, un tableau brillant et animé des juifs, pendant la dispersion, et de leur état présent, il adresse à ses co-religionnaires des conseils que nous voudf'ions pouvoir reprodui- re ici en entier: il les engage à in- troduire dans leur culte des réfor- mes « dont l' urgence est reconnue » par tous les esprits éclairés ; ce » culte, ajoute-t-il, n'est pas euro- opéen, il est asiatique; il gêne «dans beaucoup de parties l'exer- » cice des droits et des devoirs ci-

«viques La religion de Moïse,

«ramenée à son principe pour su- obir les nouvelles formes qu'exi- Bgent les besoins du temps, repro- «duirait le christianisme primitif, »si étrangement déûguré par les «Pharisiens du catholicisme. » Si nous nous sommes un peu éten- dus sur cet ouvrage, c'est qu'il est doublement important et par la manière dont il est exécuté, et

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par la position partic«ili«;re de l'au- teur.

HAMMER (de), orientaliste, voy. le Supplément du tome XVI.

HEIBERG, littérateur, voy. le Supplément du tonte XII.

HENAULT (Jean-François), négociant, voy. le Sup. ^du t. X.

HÉNIN DE eu VILLE lis

( ÉtIEHNE-FÉLIX , BARON d' ) , MM-

réclial-de-camp, tic. [Voy. sur le même nom ce qui en a été dit au IX* I. qui précède, pag. 1 2.'j ;\ 128, et dans le XIII' suivant, pag. 267 à 358.) Nous ajouterons ici que M. d'Hénin, auteur de plusieurs ouvrages dont nous a- vons déjà rendu compte, a pu- blié, i" la continuation de ses Archives du Magnélisine animal , tomes V, VI, VU et VIII, dans lesquels on remarque do savantes observations physiologiques des plus curieuses , avec des ré- ilexions très- piquantes sur la fa- culté de prédire, attribuée aux somnambules,sur les rêves, sur les illusions et les visions, sur le som- meil extatique, sur les miracles de la phanlmiéxoussie-oniroscopi- que , qui, suivant cet auteur, sont tous purement naturels. On v lit aussi une discussion profonde , dans laquelle M. d'Hénin admet lin»; transfusion de facultés mo- rales et une atmosphère de sensi- bilité , qui agissent réciproque- ment parmi le'K êtres animés, et qui servent à expliquer les guéri- sons et les prodiges du magné- tisme animal ; mais il prétend qu'il serait inconvenant de la part des médecins de jouer le rôle iu- signifiant de magnétiseurs exal- tés, et de déposer l'honorahle chausse de docteur, pour vêtir les

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livrées du charlatanisme. On trou- ve enfin à la pag. 97 à 129 du VHP tom. , une dissertation vrai- ment théologique, dans laquelle M. le baron d'Hénin avance que Jésus-Christ, comme fils de Dieu et comme fils de l'homme, a opéré également des miracles surnatu- rels, ainsi que des phénomènes très-naturels, improprement ap- pelés magnétiques f mais qu'on doit, dit-il , désigner sous le nom de miracles phanlaziéxoussiquea. Il en conclut que le christ était magnétiseur, et que c'est en Egyp- te qu'il a été instruit dans l'art de magnétiser. II fonde cette asser- tion sur un passage du célèbre apologiste de la religion chré- tienne, Arnobe l'ancien, qui a dit que les païens prélendaient que Jésus-Christ avait dérobé les pra- tiques secrètes des prêtres égyp- tiens, conservées dans les lieux les plus cachés de leurs temples. Mgyptiorum ex adylis remotas fu~ ratus est disciplinas. (Arnobius, lib. I, contra gentiles.) Cette matière était délicate sans doute, et l'auteur paraît l'avoir traitée avec toute la convenance que ce sujet a lui inspirer. Une nouvelle édition de la Monarchie des Solipscs, in-S". Paris, 182 îj, précédée d'un discours prélimi- naire, dans lequel M. d'Hénin y attaque avec una éloquente éner- gie les intrigues ambitieuses des jésuites ou pères de la foi, et y dévoile hardiment l'immoralité jésuitique qui, dit-il , menace au- jourd'hui l'Europe d'une invasion générale. 5" Des Comédiens et du Clergé. Cet ouvrage contient des observations historiques sur les prêtres autrefois danseurs, far-

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cciirs , comédiens, fauteurs cl spectateurs de comédies dans les églises, et est suivi de réflexions critiques sur le mandement de M. l'archevêque de Rouen.

HERMAND(E. L. J. D'.), an- cien diplomate, voy. le Supplé- ment du tome IX.

HERSENT (Louis), membre de l'institut, voj. le Supplément du tome XV.

HERVÉ (Christophe), colonel de Pex-ôg' régiment de ligne, ofli- cier de la légion-d'honneur , che- valier de Saint-Louis , est à Cernans, déparlement de la Sar- ihe, le i5 avril 1768. Il entra au service, comme simple soldai, >en 1785, et n'était parvenu en 178g qu'au grade de l'ourrier. M. Hervé, qui était rentré dans ses loyers au comuiencementde 1791, reprit de l'activité comme volon- taire au 5' bataillon de l'Yonne, en 1792, et n'a cessé d'en avoir qu'en 1816, époque il fut ad- mis à la retraite. Les campagnes de la révolution, il montra du talent, de l'activité et du coura- ge, le firent parvenir successive- ment au grade de colonel, et lui valurent la croix de la légion- d'honneur le 26 prairial aii 1 2 , et le brevet d'oflicier du même or- dre le 12 octobre 1812. Il a fait les campagnes de i 792 à l'armée de réserve , et de 1795 à l'armée du Nord; celles des années 2,3, 4 et 5 aux armées du Nord et de Sambre-et-Meuse; de l'an 6 aux armées d'Allemagne et de Mayen- ce; de l'an 7 à l'armée du Danu- be et d'Helvélitt-; des années 8 et 9 en Helvélie cl en Italie; des années 12 et i5 sur mer : il fut embarqué a Toulon, sur le Sci-

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ino7i; de l'an 14 et de i8o5 à la gramlc-armée ; de 1806 cl de 1807 en Prusse et en Pologne; de 1809 à la grande armée d'Allemagne ; de 1812 en Russie, et de i8i3 et 1814 en France, au blocus de Schclestadt. Cet officier a tou- jours montré beaucoup de bra- voure, notamment au combat d'Audeffingeu , il fit 400 pri" sonnirrs, et il fui blessé d'un coup de feu au flanc et au bras gauche. Dans la campagne de l'an g , il eut le commandeuieut d'une compagnie d'éclaireurs au passa- ge du tMincio; il fut ensuite char- gé parle général commandant l'a- vanl-garde, de différentes excur- sions en avant et sur les flancs de la division; il s'en acquitta de manière à justifier la confiance du général et à acquérir son estime. Le 5 nivôse an 9, il chargea à la lêle de sa compagnie sur les hau- teurs de Valegio, et s'empara de 5 pièces de canon. Le 21 avril 1809, le général Priant lui donna l'ordre d'enlever avec sou batail- lon le village de Pering, il fit un grand nombre de prisonniers. A la bataille de Wagrani, il comman- dait le 108' régiment. Il se fit re- marquer par sou courage cl sou sang-froid. A la bataille de Mo- saïsck, le 7 sepleuibre 1812, il entra un des premiers dans la re- doute armée de 18 pièces de ca- non, que le So" régiujent enleva à l'ennemi. Il fut blessé d'un é- clat d'obus au combat d'Ygyate, le 1*' novembre i8ji2,àla retraite de Russie. Cet officier supérieur jouit dans la retraite de l'estime générale que lui ont méritée ses longs et honorables services et son inviolable altachemenl à sa patrie.

J-c ( a<' rU^(r/i<j('/H>^/i

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HOUDON (N. ), membre de l'inslilut, vcy. le Supplément du touie X.

llUIiLIN, lieulennnt-général, voy. le Siippléuient du (orne X.

HUPPÉ, colonel, voy. l'Enata du tome X.

JEUZMANOWSKI (lr baron), voy. le Siipplémeut du tome XVII.

JOURDAIN, orientaliste, voy. le Supplément du tome XI.

JOVEN DE SALAS, conseiller- d'état espagnol, xoy. le Supplé- n)eiit du tome XI.

JUDICIS, ancien magistrat, voy. le Supplément du tome X.

^KELLERMAN , duc de Valmy, voy. le Supplément du tome XI.

KIRCKHOFF,docleur en mé- decine , %)oy le Supplément du tome XVI,

KLICKI, général de caVale- rie , voy. le Supplément du tome XVII.^

KOSSAKOWSRI, général, poj. le Supplément du tome XVII.

KOZIETULSKI, chef d'esca- dron, voy. le Supplément du tome XVII.

LAFITIIE , coI-)nel , voy. le Supplénj(!nl du tome XI.

LAMARCK, savanl naturaliste, voy, le Supplément du lome XI.

LAMARTINIÈRE, -. n. i •! de divisir)n , voy. le Suppiément du tome XII.

LAMBALLE (princesse de), voy. h; Supplément du tome XI.

LANCitRON (le comte de). ( D.ins le tome X de la Biogra- phie nouvelle des Contemporains , nous a von» consacré une Notice à M. le comte de I/jngerou,où nous avons traité avec une grande im- partialité ce général on chef étran- ger (|ui, eo France, a eu le mal- heur, par 5uitc de sa position po-

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lilique , de combattre ses anôiens compatriotes et de leur faire beau- coup de mal à des époques (i795- i^f)4' ï8i3-i8i4î) ils étaient à la fois assaillis par d'implacables ennemis et par des désastres de tout genre. Un ami deM.de Langerona jugé noire article incomplet, et nous a communiqué sur sa vie des détails que nous avons accueillis, quoiqu'ils nous aient paru sou- vent minutieux, parce que nous nous sommes toujours fait un de- voir de montrer noire parfaite im- partialité et de réunir dans cet ou- vrage tous les rcnsei-^neniens qui peuvent servir à éclairer l'histoire contemporaine. Nous n'hésitons pas à croire ;'i l'exacliludedes faits retracés dans celle nouvelle notice sur M. de Langeron , en laissant néanmoins ii l'auteur une entière responsabilité sousce rapport. )i>l. de Langeron est issu d'une ancien- ne famille noble et illustrée du Ni- vernais. Ses ancêtres s'étaient il- lustrés dans la carrière des armes; il fut aussi destiné à la parcourir, et son éducation fut dirigée vers ce but. Le désir de s'y distinguer l'en- gagea non-seulement à profiler des occasions que le liasiird lui offrit, mais encore à les faire naître. La guerre entre la France cl l'Angle- terre, déclarée en 1778, lui j)ro- cura bientôt ce qu'il souhaitait avec ardeur. Au commencement de 1770, '' H"'^'*'* '•^ régiment dis gardes-françaises, il servait comme enseigne surnuméraire, pour entrer sous-lieutenant dans le régiment deLimosin-infanterie, dontson oncle, lecomicde Damas, était colonel : ce régiment faisait partie du corps d'armée comman- dé pur M. le marquis de Langeron, cousin du jeune tuinlc, cl qui

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était desliné A opérer une descente en Angleterre. Cetic descente n'eut point lieu : mais le comte de Langeron, fuyant la vie de Paris, qui pouvait n'être pas sans attrait pour un jeune homme de 19 ans, maître d'une grande for- tune , entra en qualité de sous- lieutenant dans le régiment de Bourbonnais infanterie, comman- dé par le marquis, depuis duc de Laval - Montmorency , et partit avec lui de la Rochelle, au mois de juillet 1782, sur la frégate l' Ai-gie , pour l'armée du lieute- nant-général comte de Rocham- beau, qui se trouvait alors dans l'Amérique septentrionale , réunie à l'armée des Etats-Unis, sous les ordres du général "Washington. Le comte de Langeron se trouva (en septembre 1788) au combat glorieux que les frégates françai- ses L'Aigle et la Gloire soutin- rent contre le vaisseau anglais l'Hector, de 74 canons, et à ce- lui que les deux mc'mes frégates eurent dans la Delaware contre l'escadre anglaise du commodore Elphingston. La frégate l'Aigle, que montait le comte de Lange- ron, échoua et fut prise ; mais à l'aide de radeaux, il gagna la terre avec le général baron de Yiomes- ni'let autres officiers : ils sauvèrent 5 millions d'argent que la cour envoyait à M. de Rochambeau , et abandonnèrent tous leurs équi- pages. Débarqué près de Phila- delphie, le comte de Langeron rejoignit l'armée alliée au camp de Crampon , sur la rivière d'Hud- son , et marcha ensuite à Boston , il s'embarqua pourrAinérique méridionale sur l'escadre com- mandée par M. le marquis de Vau-

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dreuil, lieutenant-général des ar- mées navales : il fit la campagne de 1785, sous les ordres de M. le général baron de Viomesnil, à Porto-Cabello, à Caracas, dans la Terre-Ferme de l'Amérique mé- ridionale , à Curaçao et à Saint- Domingue. Au mois de juillet de la même année, la paix le rame- na en France , et il obtint le grade de capitaine au régiment de Con- dé-dragons : en 1786, il fut nom- mé colonel en second du régi- ment de Médoc, et en 1788, co- lonel surnuméraire du régiment d'Armagnac. La guerre ven lit d'é- clater entre la Turquie et la Rus- sie et l'Autriche, et entre la Rus- sie et la Suède. Le comte de Lan- geron , fidèle à ses principes et à son désir d'acquérir de la gloire, sollicita long-temps, mais vaine- ment, la permission de servir comme volontaire dans l'armée autrichienne; malgré la protec- tion que la reine de France, Ma- rie -Antoinette, lui accorda au- près de son frère l'empereur Jo- seph II, ce prince se refusa à admettre des volontaires étran- gers dans son armée, et ce refus fit perdre au comte de Langeron deux campngues brillantes qu'il eût pu faire dans l'armée russe. Le prince de NassauSiégen qui, entré depuis peu au service de Russie, avait vaincu sur mer les Turcs, prèsd'Otchakow, en 1788, et les Suédois dans la Baltique, en 1789, se chargea d'obtenir de l'impératrice Catherine II, pour le comte de Langeron, la permis- sion de servir dans ses troupes, et il partit pour Pétersbourg, il arriva le 19 mai 1790. La ré- volution française était commen-

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côe. Le comte de Langeron se flattait de revenir bientôt consa- crer à sa patrie des connaissances acquises par l'expérience; le sort en ordonna autrement, et il ne devait la revoir que 24 ans après. Admis en qualité de volontaire au servicedeRussie, le comte de Lan- geron fut d'abord employé à la flo- tille commandée par le prince de Nassau : elle était destinée à agir contre les Suédois dans la mer Baltique. On lui confia le com- mandement d'une division de chaloupes -canonnières, et il se trouva, en juin 1790, au com- bat du détroit de Biorck : sa conduite lui mérita la croix de Saint-Georges de la 4' classe. Le lendemain, il se trouva au com- bat des deux grandes flottes com- mandées par l'amiral ïchitcha- gow et par le duc de Sudcruianie , avec qui le roi de Suède se trou- vait. Ce combat eut lieu près de Rogcl, el après la défaite des Sué- dois , le comte de Langeron s'em- para, avec sa division de chalou- pes canonnières, de plusieurs bà- timens ennemis. Huit jours après, i! commanda l'aile gauche des chaloupes canonnières à la san- glante bataille de Rotchensalm, la flotille suédoise, comman- dée par le roi en personne, dé- truisit la flotille russe. Le comte de Langeron courut dans caUn bataille les plus grands dangers. Il combattit pendant vingt-deux heures , et ce ne fut qu'avec peine qu'il gagna la rade de Frédérick- sham , le prince de Nassau ras- sembla les débris de ses forces. Il s'y maintint tout l'été, et fit mê- me , au mois d'août , une expédi- tion dirigée contre l'ilcde Corgé-

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sari, dans laquelle le comte de Langeron commanda dix chalou- pes-canonnières. Après la paix avec la Suède, qui se fit au mois d'août 1790, le comte de Lange- ron demanda et obtint d'aller ser- vir contre les Turcs, en Bessara- bie, à l'armée commandée par le feld - maréchal prince Po- temkin : il fut attaché à la flotille sous les ordres de l'amiral Ribas , qui bloquait Ismaël. Cette ville fut prise d'assaut, le 21 décem- bre 1790 ( 1" janvier 1791). C'est un des faits d'armes les plus mé- morables du siècle. Les Russes , au nombre de 25, 000, comman- dés par le général Suwarow, for- cèrent et détruisirent 40, 000 Turcs dans des retranchemens très-éle- vés, précédés de fossés de plu- sieurs toises de profondeur. Le comte de Langeron monta à l'as- saut à la tète du i" bataillon de» chasseurs de Livonie, qui faisait partie de la colonne du général Arseniew : celte colonne, qui tra- versa le Danube, supporta le feu le plus meurtrier pour atteindre le rempart de la vilh^. Les débris des bateaux turcs coulés pendant le siège, empêchant de parvenir au pied de ce rempart , les Russes se jetèrent dans l'eau pour monter ensuite h l'escalade ; mais ils fu- rent repoussés et rejetés dans le fleuve : dans la chute que fit le comte Langeron , il reput une con- tusion în la jambe. C'est la seule blessure qu'il ait reçue dans plus de crut affaires de guerre il s'est trouvé. Cependant les Rus- ses, plus animés que découragés par la défense qu'on leur oppo- sait, attaquent de nouveau, et leur intrépidité est couroimée par a5

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'la victoire, que In hivivotire 'U"< .'issiiigôs qui comballiiioiit fii (iù- sespérés rendit plus éclalaiite en- core. Il y périt 3o,ooo Turcs, et les Russes eurent |)rès de i4,ooo hommes tués ou blessés; c'était beaucoup plus que la moitié des assaillans. Le comte de Langeron reçut pour ce l'ait d'armes une épée d'or, avec cette inscription : A la bravoure. En mai 1791, il servit encore en Moldavie , sous les ordres du prince Repnin, en qualité de colonel, attaché au ré- giment de Moscow grenadiers. En juin suivant, il se trouva à la bataille de Matchin. Il chargea les Turcs avec les régimens d'Olvio- pol et deVoronèje hussards , sous les ordres du général Tormazow, et reçut une lettre de remercie- mens du prince Ilepnin. En juin 1791, il se rend h Mons (Ilainault), et obtient du prince de Saxe-Tes- chen du service, en qualité du vo- lontaire, dans son corps d'armée; il se trouva au combat de la Gri- suelle , le général Gouvion fut tué. Au mois de septembre même année, le comte de Langeron se joignit à l'armée des gentilshom- mes français émigrés, sous les or- dres des princes, frères de Louis XVI; il fit en Lorraine et en Cham- pagne , avec l'armée prussienne , commandée par le duc de Bruns- wick, une campagne pénible et peu heureuse, et se trouva aux combats de Verdun , de Scy , et au siège de Thionville. Après la retraite de l'armée prussienne et la dissolution de celle des princes, le comte de Langeron retourne à Pétcrsbourg. L'impératrice Ca- therine II l'envoie avec le duc de Richelieu dans les Pays-Bas ser- vir de nouveau à l'armée autri-

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chletmc!, commandée par le ma- réchal prince do Saxe-Cobourg : il est chargé de rendre compte à Pé- tersbourg des opérations de celle armée. Il y fit les campagnes do 1790 et 1794» «-'t se trouva aux batailles de Maubeuge, de Lan- drecies, de Lannoy, deTurcoing, dcTournay, de Fleurus ; aux com- bats du camp de César, deGifl'eldt, de Lefferinkouke, de Ro/cndall, près de Duiikerquc, de la forêt de iMormal, de Vattignies, de Wa- terloo , de Maësiricht; aux sièges de Valenciennes, de Dunkerque, duQuesnoy, de Landrecies; à l'as- saut du chemin couvert de Valen- ciennes; à deux attaques du camp retranché deMaubeuge,et au bom- bardement de Dusseldorf. Lors de la prise du chemin couvert de Va- lenciennes , la vivacité de l'attaque et l'explosion des globes de com- pression ayant forcé les assiégés de s'éloigner et de rentrer dans la ville, le comte de Langeron s'a- percevant qu'ils avaient abandon- né les ouvrages extérieurs, les parcourut tous, d'abord seul, et s'y établit bientôt avec le comte François Diedrischstein , lieute- nant-colonel du génie : la ville capitule le lendemain. A l'affaire de Lefferinkouke et à celle de llo- sendall, près de Dunkerque, le comte de Langeron fut exposé aux périls les plus imminens avec le cotnte d'Alton, lieutenant-géné- ral autrichien, commandant l'a- vant-garde des alliés, qui fut tué. A l'affaire du camp de César, il sauva lu vie au duc d'Yorck, qui, par méprise , n'étant qu'à dix pas d'une colonne ennemie qu'il croyait hanovrienne et qu'il cou- rait rejoindre, est arrêté par le comte de Langeron, et échappe

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ainsi à une mort certaine. A celle époque on ne faisait pas de pri- itonniers par ordre formel de la convention. Après les revers de la campagne de 1794» et la retraite des Autrichiens, derrière le Rhin, le comte de Langeron retourna à Pétersbourg. L'impératrice lui donna le régiment des grenadiers de petite Russie, qu'il rejoignit à Dubno en l'ologne. Brigadier en juillet 1796, en juin 1797 il fut promu, par l'empereur l*aul I", au grade de général- major , et nommé chef du régiment d'Uu- timsk infanterie, alors en garni- son à Oufa, gouvernement d'O- renbourg. Pendant l'été de 1797, l'empereur se trouvant à Kasan, y passa la revue de sou régiment, et lui donna la croix de Sainte- Anne de la 2' classe; il lui offrit le gouvernement militaire d'Oren- bourg, qu'il refusa. Il fut fait lieu- tenant-général en octobre 1798. Au commencement de 1799, il fut employé en Courlande et en Samogitie , en qualité de quartier- maître - général d'un corps de a5,ooo hommes, destiné à agir contre la Prusse, sous les ordres du général baron Benkendorf. A- près la retraite de ce général, il fut chargé du commandement de ce corps. Lu guerre n'ayant point eu lieu, ^empereur Paul I" nouuna le comte de Lange- ron chef du régiment de Riagsk, et inspecteur de rinfanterie, de l'inspcxlion de Bricch : à cette é- poquc, il reçut l'ordre de Sainte- Anne de la 1" classe, celui de Saint-Jean de Jérusalem , et fut fait comte île l'empire russe. Kn i8o5, il marcha en Moravie dans la seconde armée comu)andée par le général comte Buxowden, et

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après la réunion de cette armée avec la première, sous les ordres du général Koutouzow , le comte de Langeron commanda la secon- de colonne à la bataille d'Auster- litz. Celte journée fut fatale à l'ar- mée russe : la défaite et la disper- sion prévues, mais cependant trop promptes , de la 4* colonne , com- mandée par le lieutenant-général Rliloradowickt , entraînèrent la perte de la ?>' colonne et de la se- conde , qui , étant tournées et sans appui, furent presque anéanties. Après la conclusion de la paix entre la France et l'Autriche, le comte de Langeron ramena sa co- lonne à Dubno, en Volhynie. En i8o6, la guerre ayant éclaté de nouveau entre la Russie et laTur- quie, le comte de Langeron fut employé à Bukarest, sous les or- dres du général en chef Michel- son , et au commencement de 1807, il fut envoyé en Bessarabie, il commanda un détachement du corps du général baron de Meyendorf : il se trouva au con>- bat de Babilé, près d'Ismaël ; au blocus de cette forteresse, il commanda la flotille et le déta- chement qui occupa l'île deïsche- lal , et à cinq affaires contre les Tartares et la garnison d'Ismaël. Il reçut la croix de Saint-Wladi- mir, de la 3* classe. Dans l'hiver de 1807 à 1808, il commanda sur le Pruth et observa Ismaël. Après la mort du général Michelson, le baron de Meyendorf prit le com- mandement de l'armée de Mol- davie, et fut bientôt remplacé par le feld - maréchal prince Prozo- rowski. Le comte de Langeron continua de servir sous les ordres de ce prince , et mérita sa con- fiance : il le chargea du comman-

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tlement do son aile gauche placée en Bessarabie , et de l'observation d'Ismaël pendant l'armistice, qui dura toute l'année 1808. En 1809, la guerre s'étant rallu- mée , le prince Prozorowski de- vant passer le Danube avec l'ar- mée agissante, confla le comman- dement de l'armée de réserve au comte de Langeron ; le chargea de la défense des deux Valachies et de tout le cours du Danube. Après le passage de ce fleuve, près de Galatz, le prince Bagration succéda au prince Prozorowski , décédé, et s'avança le long de la rive du Danube sur Hirsova et Silistrie. Le grand -visir était à Schumla : il n'attaqua pas le prince Bagration ; se porta sur Rouschouk, y passa le Danube, vint camper près de Giurgevo , et parut vouloir s'avancer sur Bu- charesl ; et s'il eût exécuté ce pro- jet, il dévastait la Valachie, en- levait les hôpitaux russes, et for- çait le prince Bagration à une re- traite précipitée sur la rive gau- che du fleuve. Le comte de Lan- geron était à Bucharest, il avait 40,000 hommes sous ses ordres ; mais ils étaient disséminés dans une étendue de plus de 800 wers- tes ( 200 lieues) ; depuis Kilia jus- jusqu'en Servie, les Turcs avaient alors de grands ^ucoès. Près de la moitié de ces forces é- tait dans les hôpitaux, le comte de Langeron lui-même était at- taqué d'une fièvre tierce très-vio- lente, et si affaibli qu'il lui était impossible de monter à cheval. Il ne put rassembler que 6,000 hommes pour défendre la Vala- chie; la terreur y était au comble et tous les habitans fuyaient eu 'P'ansylvnnie. Les membies du

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Divan voulaient aussi se retirer : le comte de Langeron les rassem- ble et leur dit : « Restez ici et ne «craignez rien. Je pars anjour- «d'hui, à dix heures. Après de- » main jeudi , à pareille heure , l'a- rt vant- garde du grand-visir sera

battue, et samedi il ne restera

pas un ïurc sur la rive gauche » du Danube. » Tout se passa com- me il l'avait promis. Il ne pouvait sauver le pays, l'armée et les ma- gasins que par une entreprise au- dacieuse : il la tenta, et elle lui réussit. On ne peut pas dire qu'il dut ce succès éclatant à un de ces hasards heureux qui souvent jus- tifient des entreprises mal calcu- lées : le comte de Langeron avait tout prévu et tout annoncé d'a- vance. Tout autre général, qui n'eût pas eu l'expérience de la guêtre avec les Turcs , que six campagnes faites contre eux a- vaient donnée au comte de Lan- geron , n'aurait pas osé, quelque parfaites que fussent les troupes qu'il eût commandées , braver i5o mille hommes avec 6000; le comte de Langeron l'osa. Il atta- qua,, à Fracina, l'avant-garde en- nemie , forte de i5,ooo hommes, le jour et à l'heure qu'il avait an- noncés. Il la culbuta et la pour- suivit jusque sous les murs de Giurgevo, était campé le grand- visir : il le défia au combat; mais celui-ci repassa le Danube deux jours après , et la Valachie fut sau- vée. Le comte de Langeron reçut pour cette brillante action la croix de Saint-Wladimir de la a* classe. Dans le mois d'octobre naême an- née, il est chargé du siégede Silis- trie ; repousse les Turcs dans deux sorties, et après la bataille peu heureuse de Tatarilz, livrée par

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le prince Bagralion , il repnsse le Danube an commencement de 1810. Dans l'hiver de celle an- née, il commande en Moldavie, en Bessarabie , et établit son quar- lier-général à Jassi. En juin 1810, il est chargé une seconde fois du siège de Silistrie, qu'il prend a- près sept jours de tranchée ou- verte. II reçoit le cordon de Saint- Alexandre. En juillet, le comte de Langeronfituneexpédilionlrès- heureuse à Djumaya et dans les monts Ilœmus. Il fut attaqué près de Dirikion, n'ayant que 2, 800 hom- mes, par le grand-visir qui, malgré son immense supériorité , ne put l'entamer. L'ordre de Saint-Geor- ges de la 5' classe- lui fut dé- cerné pour ce brillant combat. A[»cès le malheureux assaut de Roiischouk, le général en chef comte Kamensky lui confia la di- rection du siège de celle place et de celle de (iiurgevo; elles capi- tulèrent au mois de septembre. Dans l'hiver do 1810 à 181 1 l'em- pereur accorda à M"* la comtesse de Langeron la croix de l'ordre do Sainle-Catherine. En mars 18 n, le comte Rainenski second tombe malade: l'empereur confie le com- mandement général de l'armée do Moldavie au comte de Langcron, jusqu'à l'arrivée du général Kou- touzow. En juin, le grand-visir s'avance sur Couschouk ; le gé- néral Koutouxow garde d'abord la défensive, et lui livre ensuite une bataille, pour laquelle M. de Langeron est promu au grade de général en chef. Au mois d'août, le grand-visir, par une manœuvre imprévue, audacieuse et couron- née d'abord par le succès, passa le Danube prés de Giurgewo et s'établit dans uit camp retranché;

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le général Koutouzow l'y tient bloqué pendant trois mol» ; cha- que jour les deux partis ont des engagemens sérieux et opiniâtres ; c'est le comte de Langeron qui a le commandement de l'armée, sous le général en chef. Un des corps de l'armée russe passe le Da- nube et enlève le camp ennemi; l'armée turque enveloppée se rend à discrétion : le grand-visir *e sauve seul pendant la nuit. Après cet exploit éclatant, le comte de Langeron a le commandement des avant-postes le long du Danube; du corps de la Valachie et de l'ar- mée turque prisonnière. Pendant l'hiver, il est employé secrète- meut par le général Koulouzow, à des négociations de paix avec le grand-visir Achmet. Il reçoit le grand-cordon de l'ordre de Saint- Wladimir de la i" classe. La paix est conclue en mai 1812. Alors, l'empereur Napoléon avait passé le Niémen, envahi la Lithuanie, et s'avançait vers Smolensk. Le comle de Langeron commande une colonne de l'armée de l'amj-^ rai ïchitchagow, qui avait succé- dé au général Koutouzow, et qui avait marché de Valachie en Po- logne et ensuite en Lithuanie. Il se trouve à plusieurs combats sur le Doug, près de Brecez, ensuite à la prise de la tête du pont dcBoris- sowetau combat de laBérézina. ïl poursuitl'armée française parWil- na jusqu';\ la Vistule,et eslensuile chargé du blocus deThorn. L'em- pereur lui donne la médaille d'ar- gent de 1812. En mars i8i3, il est chargé du siège deThorn; a- près sept jours de tranchée ou- verte, cette place «e rend. Il re- çoit de l'empereur l'ordre de Saint- George» de la •!' classe , cl du roj

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de Prusse, ceux de* Aigles noir et rouge. Il marche ensuite à liol- le.n : A la bataille deKœnigsvarta, il attaque ce village; s'einpaie de cinq pièces do canon ; fait prison- niersplugieursgénérauxet environ 1200 hommes. Il se trouve à la bataille de Baiilzen. Il se relire ensuite sur Sweidnilz , et nprès la conclusion d'un armistice, oc- vnçc les bords de la Sweidnitz- Vasser. Pendant l'armistice, le comte de Langeron repoit le com- mandement de l'armée de Bar- dai : il e?t ensuite chargé de celui d'un corps de 5o,ooo hommes , qui, avec ceux du général Saken et du général prussien Yorck , composait l'armée de Silésie , commandée par le général Blii- ker. Dans le mois d'août, après la rupture de l'armistice, H passe la rivière de Bober ; son avant- garde est au moment d'être cou- pée; le comte de Laugeron vole à son secours avec deux divisions : le combat est vif et sanglant; son cheval est tué sous lui. son avant- garde est dégagée. L'empereur Na- poléon attaque le général Bliicher près de Lœvenberg en Lusace, et l'oblige à la retraite que le comte de Langeron soutient jusqu'à la nuit contre les efforts de l'armée française. A la bataille de Gold- berg, le maréchal Macdonald at- taque Bliicher; le comte de Lan- geron commande la gauche, et obtient d'ybord des succès; il o- père ensuite depuis 4 heures jus- qu'à 9 une retraite par échelons , qui lui mérite les éloges du géné- ral en chef. Il contribua, le i4- 36 août, au gain de la bataille dé- cisive de la Kazbath, l'armée française, contrainte de repasser la Bober, fit une perte C'<jnsidé-

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rable en matériel et en prison- niers : le corps du comte de Langeron combattit depuis 9 heu- res du matin jitsqu'à 9 heures du soir : il fut le pivot sur lequel le i;entre et l'aile droite conversèrent en exécutant une attaque géné- rale. Le lendemain, ce même corps fit mettre bas les armes a deux bataillons, près de Goldberg. Le 16-20, la division tlu gé- néral Puthod, acculée à la Bober, lut obligée de se rendre au prince Schterbatow et au général Rond- zewith , qui faisaient partie du corps d'armée du comte de Lan- geron. Dans ces journées, le comte de Langeron enleva aux Français un matériel nombreux et leur fit beaucoup de prisonniers, par- mi lesquels étaient le général i>u- fhod et presque tou; ses officiers: il reçut le chiffre d'adjudant de l'empereur Alexandre sur ses é- paulettes. Il soutint, en Lusace, «l'autres combats qui furent éga- lement avantageux aux armes russes : dans le mois de sep- tembre , les trois corps de l'armée du général Blucher, commandés par le comte de Langeron et les généraux Saken et Yorck, passent l'Elbe; après un vigoureux combat ils marchent sur la Saaie et se pla- cent derrière l'armée française. Cette grande manœuvre, que les /itrangers regardent comme une des plus belles dont l'his- toire des guerres modernes fasse mention, contribua beaucoup au succès de la campagne. iUais pen- dant cette marche, par un mou- vement habile et imprévu de i'empereur Napoléon, le général Blucher et le comte de Langeron furent au moment d'être surpris dans la petite ville d'Uben. JPeu

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<le jours après, Napoléon, dont les manœuvres étaient devenue? alors Incertaines, revient A Léip- sick et y est en grande partie cer- né par toutes les années des alliés. Le 4- •() octobre, il attaque la gran- de arméedcsetnpereurs de Russie, d'Autriche et du roi de Prusse, et est attaqué lui-même par le gé- néral Bliicher : le comte de Lan- geron enlève les villages deGross et KleinWetlerilz, prend plusieurs pièces d'artillerie et fait 2000 prisonniers. Mais il eut dans cette affaire un moment très-critique : après la perte de ces deux villages. Napoléon fit marcher «le grandes forces au secours de son aile gau- che ; le comte de Langeron , dé- bordé par sa gauche, et obligé de se développer sur une seule ligne trop étendue, fut vivement re- poussé sur lo ruisseau de Wete- rilz, qiii , étant très-marécageux, lui dorma des inquiétudes fondées sur son artillerie el sa cavalerie forcées de se retirer précipitam- ment. Il fallait payer d'audace et iurêler l'attaque impétueuse des Français pour donner le temps de passer ce ruisseau. Le comte de Langeron était près de son avant- garde, il savait ce qu'on peut ob- tenir de la valeur et de la subor- dination des soldats russes qui lui étaient fort attachés : il comman- de au régiment de Slunelbourg qui se retirait : « halte , front , en avant 0; le régiment obéit, quoi- (|ue.sous une grêle de balles et de mitraille. Les autres suivent son exemple; les Français s'arrêtent , hésitent tm moment, la retraite se fait «ans perte, el bientôt le comte de Langeron reprend l'of- fensive. Le 6- 18 octobre, à la ba- taille de Léiphick. le comte de

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Langeron, sous les ordres du prince royal de Suède, passe la Partha , attaque le \illage de Schœnfeld ; trois fois il le prend, trois fois il en est repoussé : il le reprend, s'y établit, et contribue ainsi sur ce point au gain de la bataille ; mais il y perd un gêné rai et près de 5, 000 hommes. Le 7-19, les corps du comte de Lan- geron et de Saken forcent la porte de Hall, entrent dans Léipsik à la baïonnette, et s'emparent de 5y canons. Il est décoré par l'empe- reur de Russie de l'étoile de l'or- dre de Saint-Alexandre, ornée de diamans, et par le roi de Suède, de l'ordre du Glaive de la pre- mière classe. L'armée du général Bliicher poursuit l'armée fran- çaise jusqu'au Rhin, et le comte de Langeron est chargé d'obser- ver lu tête du pont de Cassol , vis- à-vis Mayence. Le 1"' janvier i8i4, '' P'is^e le Rhin à Raul, enlève Rirrg(;n, et tient Mayence bloqué pendant les mois de jan^ vier et de février. Il quitte ensuite le bldcus de cett(; ville , qu'il re- met au duc régnarït de Saxe-Co- bourg, cl se rond en France au- près du général Bliicher, défend .Soissons , et combat à Laon , à GraoUne, à Glacy, à Vichi , etc. Il marche ensuite par Reims et Châlotts sur Paris. Son avant- garde force le passage de la Mar- ne ;\ Triport, .iprès un vif com- b«t, et s'approche de la capitale. Le 17-29 mars, il occupe le Bour- get et repousse les avant-postes sur la Villelte. Le lendemain 18- 3o , le comte de Langeron com- mande l'extrême droite des ar- mées combinées : il observe Saint- Denis, et emporte d'assaut, ;\ 4 heures du soir, avec le corps du

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général Rondzcwitch , la position retranchée de Montmartre; prend 29 canons, et le soirmême occu- pe les barrières de Paris. Il reçoit de l'empereur de Russie l'ordre de Saint-André, et de l'empereur d'Autriche celui de Marie-Thé- rèse de la 3* classe. Après la prise de Paris, le comte de Langeron marcha sur Lonjumeau, et prit ensuite ses quartiers à Châions et h Reims. A son retour en Russie, il eut le commandement d'un corps de 70,000 hommes en Volhynie. En i8i5, il marcha de nouveau contre la France , et après la bataille de Waterloo, il prit diffé- rentes positions en Alsace et en Lorraine, dont il bloqua les for- teresses jusqu'à la conclusion de la paix. Il tut ensuite appelé aux gouvernomens de Rherson , d'E- katerinoslaw, de la Crimée : il fut encore nommé chef de la ville d'Odessa , des cosaques de la mer Noire et de ceux du Boug. Gou- verneur-général de la nouvelle Russie (en 1822), le comte de Langeron fut aussi nommé pro- tecteur du commerce de la mer Noire et de la merd'Asoph, etc. Il reçut la démission de tous ces emplois le 11 mai 1823, et il en conserva les émolumens coinme pension de retraite. C'est à l'âge de 60 ans que le comte de Lan- geron a terminé sa carrière mili- taire, et a voué au repos une vie jusqu'alors fort orageuse, semée de beaucoup d'événemens diffé- rens et de quelques succès à la guerre. Il a quarante-six ans sept mois de service , savoir : un an sept mois comme enseigne dans les gardes-françaises, six ans deux mois comme sous-lieutenant, dix mois comme capitaine, dix ans

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quatre mois comme colonel , dix mois comme brigadier, un an cinq mois comme général-major, douze ans dix mois comme lieu- tenant-général, enfin douze ans sept mois comme général eu chef d'infanterie.

LAS AMARILLAS (le marquis de) , voy. le, Sup, du tome XI.

LE BARON (N.), procureur- général , voy. le Supplément du tome XII.

LEBLANC (Honoré), chef de bataillon , chevalier de Saint- Louis et de la légion-d'honneur, û Chinon, département d'In- dre-et-Loire, le 24 décembre 1770. A peine entré au service, il se distingua à l'armée des Py- rénées-orientales, fut grièvement blessé en montant à la redoute de Saint-Clément, it laissé pour mort sur le champ de bataille; c'était le 27 brumaire an 5, jour le général en chef Dugom- mier fut tué. Le 7 mai 1807» M. Le Blanc, alors capitaine dans le régiment de la garde de Paris, qui se trouvait au siège de Dantzick, fit partie des trou- pes d'élite qui durent s'emparer de l'île d'Holm; il reçut ordre de prendre une batterie qui faisait un feu meurtrier, il y monta par les embrasures; les canonniers ennemis furent tués sur leurs piè- ces; il se dirigea alors sur les der- rières de l'infanterie russe , et le commandant ennemi ayant re- marqué que des Français avaient pénétré dans la redoute, voulut faire résistance, il fut tué à la baïonnette , et le capitaine Le Blanc, n'ayant avec lui que 20 ou 25 grenadiers, fit mettre bas les armes à 164 soldats russes; cette action décida la prise de l'île

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ù'Holin, el Danlzick se rendit vingt jours après. Au mois de mars 1809, le caj)ilaine Le Blanc, à la têle de 60 voltigeurs, s'empara, pendant la campagne de Portu- gal, de deux pièces de canon, délènducs par 5oo Portugais. Le 16 mai de la même année, le co- lonel Dulong, ayant reçu du ma- réchal Soult l'ordre de s'emparer du pont de Ponte-Novo , de la possession duquel dépendait le salut du corps d'armée qui opé- rait sa retraite, chargea le capi- taine Le Blanc de cette expédition très-périlleuse; cet officier, mal- gré la difficulté de passer ce pont, coupé en trois endroits et gardé par un détachement portugais, promit au colonel que dans trois minutes ce détachement n'existe- rait plus , et que le pont serait au pouvoir des Français; il tint pa- role, assaillit avec la plus grande impétuosité le poste ennemi, le tailla en pièces, et par celte ac- tion mémorahle, mise à l'ordre du jour, il assura la retraite du corps d'armée. Le même jour, ( 16 mai), les troupes étant arri- vée» au pont de MisareUa, le ca- pitaine Le Blanc se trouvait à côîé du colonel Dulong [voy. ce nom), lorsque celui-t;i fut atteint d'une b.die dans la tête qui le renversa. Alors le capitaine Le Blanc, ne prenant conseil que de la circons- tance et de son propre courage, se préci|)ita sur le pont barricadé, el, passant sur les morts et les blessés, arriva au pied d'un ro- cher coupé à pic, derrière lequel l'armée portugaise était reIran - chée; le capitaine u'ayanlavec lui qu'une poignée de braves, s'él.in- ra à la baïouuelle avec inic lelb; intrépidité que l'armée ennemie,

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croyant que les Français étaient en bien plus grand nombre, se retira en désordre, el, grâce à cette manœuvre hardie, le capi- taine Le Blanc sauva , pour la se- conde fois, dans le même jour, son corps d'armée. Le 27 avril 1822, en Espagne , le capitaine Le Blanc commandait la placed'Aguilar del Campe , et n'avait pour toute gar- nison que 73 hommes; les enne- mis, au nombre de 5,5oo, com- mandés par le général Mendiza- bala, envoyèrent un parlemen- taire, mais le capitaine lui dit do se retirer, s'il ne voulait pas qu'on tirât sur lui, ayant fait serment, ainsi que les braves qu'il com- mandait, de périr jusqu'au der- nier plutôt que de se rendre : en effet, les Espagnols firent pendant dix-neuf jours la fusillade la plus soutenue et la plus nourrie. Tout vint échouer contre le courage de la brave garnison et de son intré- pide capitaine ; l'ennemi fut forcé de lever le siège, et un ordre du jour, très-brillant et très-délaillè, lu pendan' trois jours de suite, par ordre du général en chef, ù tous les régi mens, fut la première récompense de cette résistance héroïque; la seconde fut la nomi- nation du capitaine Le Blanc au grade de chef de bataillon. A Wa- terloo, M. Le Blanc donna de nouvelles preuves de ce courage intrépide qui le caractérise : ayant reçu l'ordre de s'emparer d'une b.itleric anglaise de 5 pièces de canon, il marcha en colonne ser- rée; arrivé à cinquante pas de la batterie, \s\\ obus éclata prè< do son cheval; M. Le Blanc, ren- versé an milieu de son bataillon, conservant tout son sang-froid , fit battre la charge, -c [ui'iipitu

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»ur la batterie dont il s'empara, et reçut U's plu? grands éloges des généraux témoins de cette action d'éclat. Tels sont, fort en abrégé, les principaux faits d'armes de cet officier, toujours cité comme bra- ve par l'élite des braves ; s'il n'est pas parvenu à des grades plus éle- vés, ce n'est jamais l'homme qui a manqîié à l'occasion , mais l'oc- casion qui a manqué à l'homme.

LE BORGNE DE BOIGNE (le comte), voj. le Supplément du tome XI.

LECLER.C , général , voj. le Supplément du tome XVIII.

LECOCQ, licencié ès-lois, voy. le Supplément du tome XVI.

LECOINÏRE DE VERSAIL- LES, voj le Supplémentdu tome XV.

LEE (Samcel) , orientaliste an- glais, îjoj. le Supplémentdu tome XV. ^

LEGIER, conseiller à la cour royale , voy. le Supplément du tome Xlïl.

LEGRAVEREND (Jean-Marie- Emmancel-François) , à Ren- nes, département d'Ile-et-Vilaine, en 1776, ancien avocat aux con- seils du roi et à la cour de cassa- tion, maître des requêtes, cheva- lier de la légion -d'honneur, etc., a publié, en 1808, un ouvrage sous le titre de : Traité de la pro- cédure criminelle devant l«p tribu- naux militaires et marilimes de tou- te espèce, 2 vol. in-8°, et en 1816, la première édition de son Traité de la législation criminelle eti Fran- ce, 2 vol. in-4'', qu'il a dédié à M. chancelier Dambray, et dont la seconde édition a paru en 1823, avec de nombreuses additions. Il avait fait paraître, en 1819, des Observations sur le jury en Fran-

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ce, in-S". En 1814, M. Legrave- rcnd fut nommé directeur di;s af- faires criminelles et des grâces à la chancellerie de France, depuis ministère de la justice, où, sous le gouvernement impérial, il avait été chef de division. En i8i5, pendant les cent jours, le collège électoral de- Rennes l'élut à la chambre des représentans. En 1822, il était au même collège, le concurrent de M. de Corbière, ministre de l'intérieur, A vocal aux conseils du roi et à la cour de cas- sation, en 1817, il devint, le 24 mars 1819, maître des requêtes en service extraordinaire, et fut appelé, en cette qualité, à la dis- cussion et à la rédaction des pro- jets de codes militaires. Le i3 dé- cHimbre 1821, il prit sa retraite et quitta la place de directeur des af- faires criminelles et des grâces, pour se livrer aux occupations de son cabinet.

LEGRAVEREND (Giillacme- Marie), conseiller à la cour royale de Rennes, et membre de la lé- gion-d'honneur, cousin du précé- dent, est dans cette ville, en 1765. Les faits qui le concernent sont relatés dans l'article de M. Legraverend, maître des requêtes. ( l^oy. le tome xi, page 276 et sui- vantes.) Nous nous bornerons à ajouter qu'il était avocat-général à la cour royale de Rennes, et pro- fesseur en droit à la faculté de la même ville, depuis l'origine, lors- qu'il fut destitué de ces deux fonc- tions. En 1816, il fut nommé con- seiller à la cour royale de Rennes, il continue encore de siéger au- jourd'hui (1825).

LEGUA Y (Etienîse-Chabies), l'un des peintres les plus distin- gué? de la manufacture royale de

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porcelaines à Sèvres., à Sèvres en 17G2, montra très-jeune enco- re un goftt trè.s-vif pour la pein- ture. Son père attaché à la ma- nufacture en qualité de peintre- doreur, le fil entrer dans l'école de cet établissement, les des- sins des Boucher, des Vanloo ser- vaient de modèles aux élèves qui devaient, quelques années plus tard, être témoins de la régénéra- tion de l'école française à laquelle le génie et le pinceau merveilleux de David donnèrent un si vif é- clat. M. Le Guay avait reçu de la nature avec des dispositions heu- reuses, le goût du beau, et les germes d'un vrai talent. Il se pro- curait des gravures . des dessins faits d'après de grands maîtres, et se perfectionnait dannila solitude, mieux peut-être qu'il n'eût pu le faire sous les professeurs attachés à l'établissement royal. M. Foliot j)cintre et marchand de tableaux, faisait à la manufacture de fré- quentes visites, il prit le jeune ar- tiste en amitié, l'emmena souvent avec lui dessiner et peindre d'après nature; aidé de l'expérience et des conseils de cet excellent ami, , il suivit une route nouvelle, et dès lors fit présager ce qu'il serait lin jour. A ITige de 19 ans, M. Le Guay vint à Paris, et entra comme élève à l'académie; quel- ques portraits à l'huile en minia- ture, faits dans les loisirs que lui laissaient ses études, commencè- rent sa réputation. Kn 1786, il peignit en pied et de grandeur na- turelle, les chevalier et vicomte de Labellinay. M. le comte Ducayla, premier gentilhomme de S. A. S. le prince de Gondé , vit ces por- traits et pria M. Lcguay <le fair«* celui du prince , mais à la condi-

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lion qu'il n'exigerait poinldc séan- ce de S. A.; cette singulière pro- position surprit l'artiste qui refu- sa craignant de ne pouvoir réus- sir; plusieurs peintres avaient é- choué dans la même entreprise; cependant surles instances du pre- mier gentilhomme, M. Leguay alla à Ghantilly, d'après les or- dres du prince, il pouvait se pré- senter dans tous les lieux que fré- quentait son altesse, la voir à tou« te heure, mais* elle ne consentit jamais à s'asseoir, ni à rester im- mobile quelques fninutes. Grâce à la rapidité avec laquelle M. Le Guay put saisir les traits de son modèle, et plus encore à sa mé- moire, il parvint à faire un por- trait si ressemblant, qu'il réunit tous les suffrages. Ge succès inat- tendu éveilla la jeune ambition de l'artiste, il suivit les chasses du prince, et une nouvelle circons- tance aussi imprévue que la pre- mière, lui ouvrit le chemin de la fortune que de graves circonstan- ces lui fermèrent presqu'aussitôt. Un soir au soleil couchant et par un temps superbe, un cerf se jeta dans l'étang de Cometle, qui bai- gne les murs du vieux château de la reine Blanche; l'aspect du lieu était magnilique ; des collines couvertes de bois, un moulin ados- sé à un antique castel, le plus ra- vissant paysage animé par le mou- vement des chasseurs et l'aflluen- ce des curieux, invitèrent le pein- tre à saisir ses crayons. Son altes- ^e^ l'aperçut et lui dit : « Voilii un «beau tableau à faire.» Déjà un croquis informe en était jeté sur le papier, et de retour an château, M. Le Guay I acheva. Le lende- main il soumit le proJL't de ce la- l)l«!ju à M. Du( iviii. i|'ji lui sur-

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pris de I;i rapi.Iité d'un travail si compliqué, et engagea l'artiste à l'exécuter à la gouache; il se mit à l'ouvrage, et peu de temps après le présenta au prince un jour d'au- dience. S. A. lui témoigna publi- quement sa satisfaction , et fut charmée de trouver dans le même homme, deux artistes qu'il dési- rait attacher à sa personne, un peintre de portraits et un peintre de chasses. Dés ce jour M.LeGuay eut son logement ïi Chantilly. La révolution vint détruire toutes ses espérances; le prince partit, et l'artiste dans ces temps orageux fut obligé pour vivre, de consacrer son talent à la miniature qu'il avait abandonnée. Quelque temps après le propriétaire d'une manu- facture considérable de porcelai- nes, M. Dihl, fit choix de M Le Guay pour diriger ses ateliers, fai- re des dessins, former des élèves, et exécuter les compositions ca- pitales de rétabhVsement. M. Le Guay rendit d'importans ser- vices à cet art encore dans son en- fance. Il perfectionna la peinture sur porcelaine, créa un nouveau système de couleurs, et reinplaça le camée, les grisailles, seuls gen- res qu'on fît alors avec succès dans la manufatlire de M. Dihl , par un coloris aussi vrai, aussi séduisant que l'huile. Son premier essai exposé au salon , fit une sensation très-vive surtout parmi les person- nes qui connaissaient les difficultés du genre. M. Le Guay s'était pré- paré une palette, qui lui pennel- tait d'entreprendre sur porcelai- ne des tableaux du plus beau co- loris. M. Le Guay est sans contre- dit le peintre qui a le plus contri- bué aux progrès de cet art diffici- le, par des innovai ions, des per-

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fectionnemens, qui en facilitant les moyens d'exécution, ont per- mis à d'habiles artistes, de s'occu- per de ce genre précieux de pein- ture, auquel ils ne se seraient pas livrés, sans doute, si on ne leur eût applani les premières difficul- tés. Cette émulation, ce concours de talens ont tiré la peinture sur porcelaine du néant elle était il y a 5o ans, el l'ont amenée au degré étonnant de perfection elle se trouve aujourd'hui. M. Le Guay eut un égal succès dans la peinture sur verre, que depuis long-temps on regardait comme perdue. Il fit d'abord de petits ta- bleaux qui réussirent; ensuite il en composa sur des glaces dont la dimension lui permit de peindre les figures â^ grandeur naturelle. M. Dihl pour lequel M. Le Guay exécutait ces peintures, séduit par la parfaite illusion qu'elles pro- duisaient, placées au-dehors des croisées d'un appartement, vou- lut les vendre pour orner les fenê- tres de la chambre à coucher prin- cipale du palais de Saint-Cloud, mais le prix excessif qu'il y mit en fit ajourner l'acquisition. Ces glaces sont maintenant en Angle- terre, M. Le Guay attaché depuis seize à dix-huit ans à la manufac- ture royale, est l'un des peintres qui ont le plus contribué à établir et à soutenir la réputation dont jouit cet établissement royal. Il a fait de nombreux ouvrages chez 31. Dihl, et à Sèvres; parmi les principaux nous citerons : i" une table pour le roi d'Espagne Char- les IV; elle a 4 pieds de dimension et représente l'Histoire de Psyché d'après les dessins de Raphaël.; a" un vase pour S. M. Louis XVIIl, représentant Diane au. retour de la

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chasse; un vase pour S, A. I\. madame ladauphine, dont le sujet à pour titre Un hommage à la ver- tu; 4" un déjeuner pour S. A. II. madame, duchesse de Berry, re- présentant les Peines et les Plaisirs de l' Amour, le plateau et les tas- ses ont 54 figures. \Jx\ très- grand vase représentant Diane triomphante des Amours. Ce chef- d'œuvre le seul de cette impor- tance qui jusqu'à ce jour ait été exécuté sur porcelaine, a 6 pieds de circonférence, 53 figures de onze pouces de hauteur y sont habilement disposées, la compo- sition en est à la fois savante et gracieuse, le dessin pur, le coloris d'une vérité parfaite. La réussite d'une pièce de cette importance en porcelaine est une chose mi- raculeuse. Ce magnifique vase qui a coûté trois ans de travaux à ftl. Le Guay , a été exposé au Louvre en janvier 1826, le prix en était fixé à 5o, 000 francs. S, M. Char- les X en a fait présent à l'époque du sacre, au duc de Norlhumbcr- land, envoyé extraordinaire du roi d'Angleterre. M. Le Guay a formé d'excellens élèves parmi lesquels nous citerons madame Jacotot dont le talent est l'un des plus re- marquables pour la peinture sur porcelaine.

LëLAIIGE, vice-amiral, voy. le Supplément du tome XIL

LEMAZIRIER ( Pierue- Da- vid), littérateur, à Gisors, s'est occupé pendant plusieurs année» de travaux un peu différcns de ceux auxquels il se livre aujour- d'hui. Il passa presque immédia- tement du collège dans les admi- nistrations financières : c'est pren- dre une route bien détournée pour

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arriver aux fonctions de «ecrélaire du comité d'administration de la Comédie-Française qu'il remplit depuis long-temps. Il les doit en partie à son ouvrage publié en 1810 sous ce titre : Galerie histo- rique des acteurs du Théâtre-Fran- çais , 1 vol. in-8° , dont La se- conde édition paraîtra incessam- ment. M. Lemazuriera composé un assez grand nombre de pièces fu- gitives, imprimées d;ms VAlma- îiach des Muses et autres recueils du même genre, et qu'il a lues tant aux séances publiques des so- ciétéslittérairesdont^il était mem- bre, qu'à celles de l'athénée de Paris. La majeure partie de ces pièces se compose de contes en vers, parmi lesquels on remarque Tristan et Clodion le Chevelu ; le Diable et l' Avocat ; le Roi et le Paysan; \e Roi Dagobert, l'au- teur sait alliera la facilité du style beaucoup de gaîté et de [)hiloso- phie. Quelques personnes lui at- tribuent d'autres ouvrages; niais il est douteux que ce soit avec fon - dément. On annonce qu'il va pu- blier une Histoire du Théâtre et de la troupe de Molière. Ce tra- vail, qui peut être intéressant, appartenait de droit au secrétaire du Théâtre qui s'honore d'avoir euMolière pour fondateur. M. Le- mazurier est un des collaborateurs de la Bibliothèque dramatique que publie madame Dabot-Butschert.

LEPIC , lieutenant - général , voy. te Supplément du tome XVI.

LEGUA Y, voy. l'Errata du tome XI IL

LETELLIER ( Pieriie - James- HiPPOLYTE. ) Depuis limpression du vol. XI de cet ouvrage, nous avons consacré un article àï

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M. Letellier, Il a pubiit; un nou- vel ouvrage, intitulé : Tableaux historiques de Tacite, le texte en regard, avec «les notes ( 2 vol. in -8", i8i5, Paris, Grimbert, libraire, rue de Savoie. ) Cet ou- vrage, remarquable par la par- laite intelligence de l'original, l'beureuse imitation de ses for- mes , l't'jlégance et la précision du style, a obtenu non -seulement les suffrages de la haute littéra- ture, mais encore ceux des jom*- naux de toutes les opinions ; il vient d'être adopté par l'univer- sité, pour être donné en prix dans les collèges royaux.

LETOllï , lieutenant-général , vcry. le Supplément du tome XII.

LOUIS XVIII, voy. le Supplé- ment du tome XVII.

LUlilENSRI, général polonais, voj. le Sup. du tome XVII.

LUGE IV avocat, voy. le Sup- plément du tome XIII.

LUC Y, conseiller à la cour royale, voy. le Sup. du t. XVIII.

MAGCARTHY,chefde batail- lon , voy. le Sup. du tome XII.

MAGON, général de brigade, voy. le Supplément du tome XII.

MAELZEL (Jean), mécanicien, est à Uatisbonne en 1782. Il vint fort jeune à Vienne, il étudia d'abord la musique et la mécanique, et acquit une grande réputation pour la perfection il porta l'art de piijuer (noter) les cylindres pour les orgues mécani- sés , et reçut le suffrage le plus honorable de l'institut de France et des premiers compositeurs de Paris et de Londres pour la com- position d'un pan-harmonicon, qui réunit tous le!< instruniens qui peuvent composer un orchestre

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complet d'harmonie. Cet Instru- ment exécute seul des sympho- nies, des ouv«'rture3, au moyen de ditlérens cylindres qu'on y a- dapte. Plusieurs de ces inslrnmens ont été entendus avec intérêt à Londres et à Paris. M. Maëlzel est aussi auteur d'un secrétaire de sûreté; lorsqu'une main étran- gère veut l'ouvrir, elle est à l'ins- tant saisie par deux bras factices, dont la force s'accroît à raison de la résistance qu'on leur oppose, et deux trompettes à l'instant son- nent l'alarme. La musique doit à M. Maëlzel le perfectionnement du métronome ou régulateur mu- sical, approuvé, en 1816, par l'ins- titut, et accueilli par tous les com- positeurs. Il est auteur d'une pou- pée qui prononce papa et maman, et d'un trompette mécanique qui exécute avec force et précision les fanfares les plus difficiles. Il a per- fectionné le joueur d'échecs, in- venté par Kempel, et le petit dan- seur.de corde de Enslen. Il a ima- giné un fourgon et un brancard pour transporter les blessés et les malades. Un honime seul peut transporter un blessé et le dépo- ser sur son lit sans lui faire éprou- ver aucune secousse. On doit enco- re à M. Maëlzel la voiture à moulin, un fauteuil roulant pour les ma- lades, et un appareil préservatif du méphitisme, pour lequel il a reçu de l'empereur d'Au- triche une médaille en or. M. Maëlzel mettra le comble à sa ré- putation en exécutant un nouveau mélographe ou instrument desti- né à adjoindre à tous les pianos et à obtenir la musique que l'on joue toute notée sur un papier in- térieur, etc.

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It- MALEZEWSKI (N.). :»nf^'t''> •colonel, toy. le Suppletnenl du JomeXVII.

MARANON or MARAGNON (don Antonio), plu? générale- ment connu sous la dénoniiuation <lu Trapiste, commandant une di- vision de l'armée de la Foi , est vers 1778, daus un bourg de ^K Navarre. Il s'enrôla comme slin- Hb fie volontaire , et fit ses premié- Hb res armes pendant la guerre que ■P les Espagnols soutinrent avec quel- " que gloire contre les vainqueurs <le l'Europe. Son audace, portée souvent jusqu'à la témérité, le fit parvenir au grade de capitaine dans le régiment de la princesse, mais il ne paraissait pas réunir alors les qualités nécessaires pour s'élever plus haut, ni même pour se maintenir dans ce grnde ; c'est ce qu'il prouva bientôt. Se trou- vant à Lérida, une ancienne pas- sion pour le jeu qui semblait l'a- voir abandonné, se réveilla tout- à-coup avec fureur : il s'y livra sans réserve; perdit d'abord tout l'argent qu'il possédait, mitàcon- Iribution la bourse de ses amis, et perdit encore les sommes qu'il en retira : enfin il porta le délire jusqu'à jouer le prêt de sa compa- gnie, et les épaulettes de son gra- de. Il essaya même, à ce qu on assure, de vendre son brevet d'of- ficitr. Une pareille conduite de- vait lui enlever l'estiuje de ses chefs, et toute considération par- mi ses égaux : il perdit effective- ment l'une et l'autre, et pour se dérober aux reproches de tes chefs et à la honte de redescendre, il se fit dévot, et dans sa ferveur de circonstance, il quitta de nuit Lérida, et alla s'enfermer dans un

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couvent de l'ordre de la Trappe , dont il endossa l'habit. On pense bien que le capitaine IMaranon, devenu fière (luêteur d'un cou- vent de tràpistes, ne se plaidait pas beaucoup dans son nouvel état. Ses*inclinations belliqueuses et son amour du jeu ne pouvaient être anéantis sans retour : on sait d'ailleurs qu'un joueur ne se corri- ge jamais. Cependant les voeux qu'il avait prononcés le retenaient dans sa retraite; mais lorsque les royalistes de la Péninsule poussè- rent un nouveau cri de guerre contre la constitution des Cortès, l'établie par suite des événemens de l'île de Léon, il ne manqua pas de saisir l'occasion que le prétexte de la religion outragée lui fournis- sait,pour tenter de devenir un per- sonnage important, en se faisant le défenseur de cette religioruLes préjugés du couvent favorisaient son projet; il put donc sans avoir Tair d'en violer la règle, puisqu'il conservait son froc, remplacer la besace par l'épaulette, comme il avait précédemment remplacé l'é- paulette par la besace; et par ce moyen se retrouvcrencore sur les champs de bataille et dans les maisons de jeu. Il commença par jouer le rôle d'inspiré, et parvint à rassembler sous ses ordres un assez grand nombre de partisans, qui tous exaspérés par ses dis- cours, secondèrent merveilleuse- ment son audace en s'emparant, par un coup de ujain, du fort d'Ur- gel, situé au versant méridional des Pyrénées-Orientales. C'était au moment oi'i les chefs de l'ar- mée de la Foi venaient «l'établir ime régence; Mnranon saisit har- diment cette occasion pour fairo

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hommage de sa conquête et de ses guérillas à ce nouveau gou- verneuient à qui il prêta serment, et en recul le titre de général. La régence s'établit alors à Urgel , dont elle pritlenora, et cet exploit du trapiste est peut-être vérita- blement le seul à qui il doit sa célébrité. Il ne fut pas aussi heu- reux dans une entreprise qu'il fit sur l'Arragon peu de temps après, et dans laquelle il échoua complè- tement. Attaqué le 19 août 1822, sur les hauteurs d'Ayerbe, par le général Zarco-del-Valle, il perdit toutes ses munitions, ses équipa- ges, son drapeau, trente chevaux, un grand nombre d'hommes et le seul canon qu'il possédait. Après avoir été successivement battu sur d'autres points, i! fut comme la plupart des chefs do l'armée de la Foi, obligé de se sauver en France pour éviter de tomber en- tre les mains des constitutionnels, alors victorieux sur tous les points. Maranon vint chercher un asile dans un couvent de Toulouse malgré ce qu'en ont publié cer- tains journaux, il trouva peu d'ad- mirateurs. Il est reparti de celte ville, vers l'époque l'armée française entra en Espagne, pour commander la division royaliste de Biscaye, sous les ordres du gé- néral Quésada. Ce fougueux moi- ne , qui hors du champ des com- bats, aff-iCte de paraître doux, simple et modeste, ne se montrait aux soldats qui obéissaient à ses ordres, qu'en tenant de la main gauche un crucifix, qu'il élevait en l'air, et un fouet dans la droi- te. Sa longue robe était criblée de balles, qui, selon ce qu'il dit, n'ont pu l'atteindre. Il portait par

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dessus de larges épaulettca de gé- néral, et une longue carabine sus- pendue en sautoir. L'aia grotes- que que lui donnait cet accoutre- ment bizarre, ne contribuait pas peu à attirer sur lui l'attention gé- nérale, sa taille est d'environ cinq pieds. On pourra se faire une idée du style et de l'éloquence du tra- piste, en lisant quelques fragmens de la proclamation qu'il adressa aux armées constitutionnelles, a- près le passage de la Bidassoa : « Gloire à Dieu I soldats, le chant de la tourterelle s'est fait enten- dre dans notre terre; c'est une preuve que nous avons passé la mauvaise saison de l'hiver, et que nous sommes maintenant dans le beau, agréable et fleuri prinlems. La colombe-^» quitté l'arche, et el- le y rentrera promptement avec la branche d'olivier au bec; c'est un signal de paix et de sérénité, et une preuve que les eaux du dé- luge ont cessé. Vous avez des oreilles et vous n'entendez pas : vous avez des yeux et vous ne voyez pas. Je vous dis donc que bientôt les tempêtes et les oura- gans qui ont aflligé la nation espa- gnole cesseront, et qu'au lieu de ces chants patriotiques , produc- tions de cervelles frénétiques , l'Espagne sera remplie de Jubi- lés, de plaisirs et de contente- ment, et qu'elle chantera des hymnes de triomphe et des allé- luia. Je vous dis que l'on verra bientôt voguer en paix, avec une brise agréable, le vaisseau de Pier- re, qui a été poussé dans les flots par de violons ouragans. Je vous dis que la constitution, cet lior- rible monstre, conçu par l'enfer dans l'Espagne catholique, et dont

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il ravorlcment a coûté laot de lar- P mes à nutre suinte U)ère église, et aux chrétiens ses chers Gis, va (ILsparaître Ju sol espagnol. Déjà les armées françaises sont entrées en Espagne, n'en doutez pas, et vous serez enveloppés avec la vi- le canaille, qui, profitant de votre docilité, vous a mis un bandeau sur les yeux, afin de vous jeter pieds et mains liés dans le préci- pice dont vous ne pouvez sortir. Oui , soldats et frères en Jésus- Christ, je vous appelle par ce ten- dre' nom, alln que sortant de la léthargie qui vous rend sourds aux aiguillons de votre conscien- ce, et vous fait prêter l'oreille à ces chefs de la perfidie, premiers nés du diable, vous puissiez en- core sécher les larmes de notre tendre mère... Vousavez vu exter- miner le saint tribunal de la Foi; vous avez vu exterminer la com- pagnie de Jésus; vous avez vu sup- primer les monastères et les cou- vens ; vous avez vu voler leurs re- venus, chasser les ecclésiastiques; vous avez vu la maîtresse des na- tions esclave!... Vous avez vu vos chefs politiques, érigés en papes, chasser de leurs cloîtres celles qui ont pris le voile.... Vous avez vu ; les cieux se sont obscurcis d'une transformation si déplora- ble; vous avez vu une pierre de marbre respectée, vénérée et déi- fiée ! O mon Dieul le respect et l'adoration qui vous sont si juste- ment chers, vous ont été arrachés par des tables ou des pierres éri- gées dans une place publique

Quel triomphe pour l'impiétél tel- le est la félicité que nous promet une race maudite. La ualion sans

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foi et sans religion qui offenge le fils unique de Dieu, peut-elle donc être heureuse? mes frères, ouvrez, ouvrez les yeux; vous pouvez encore éviter le gouffre fa- tal qui vous attend sans remède. Abandonnez ces satellites de Sa- tan ; venez à moi, ou courez aux royalistes qui sont le plus près de vous; faites-le sans délai; votre humble frère le Irapiste vous y invite. » (Cette pièce curieuse est datée de Vittoria le 14 avril 1825.) Nous avons omis dana celte proclamation les apostro- phes injurieuses à différens mem- bres des Corlès. Dans une secon- de proclamation, datée du même jour et adresnée aux soldats de la loi, l'indulgent Trapiste, ne coinp- tant apparenmient pas assez sur l'appui des Français, appelle ù son secours l'ange exterminateur pour anéantir le gouvernement cons- titutionnel d'Espagne. Au surplus, Maranon qui ne fit absolument rien de remarquable pendant la cam- pagne do ibijj, fut l'un des chefs espagnols qui s'opposèrent avec le plus d'énergie à l'exécution du décret d'Andujar, Rentré dans son couvent lorsqu'il n'y eut plus d'armée libérale à combattre , il a reçu, dit- on, du roi Fer- dinand une lettre de félicitatioii sur sa conduite. sans doute, se sont bornées les récompenses ac- cordées à ce singulier personnage, qui, CD raison de l'état qu'il a em- brassé, a renoncer aux hon- neurs, aux dignités, à toutes les laveurs de la cour enfin, comme aux plaisirs du monde. On n'avait point entendu parler depuis long- temps du rtivérend frère Mara- 36

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non, lorsqu'on uppril d'iihord par lus leuillos j)ubli(|ijt;s ( iK'25 ) que sa révérence accompagnée du général Santos Ladron, recru lait dans le bas Arragon, et faisait long ses efforts pour insiirrectionner cette province en favenr du par- ti de l'Infant don Carlos, ce qtii donnait de sérieuses inquiétudes au gouvernement. Presqu'aussi- tôt on annonça que ce révérend frère avait été arrêté à Logrono, et conduit i\ Pampelune. Remis en liberté, il fut arrêté de nouveau et confié à la garde de ses suj)é- rieurs. Le général Bessières qui servait la même cause, ayant été pris et fusillé, on assura en nïê- ine temps que Maranon avait été trouvé mort dans son lit.

MARGUEUIT (le baron), voy. le Supplénilnt du toiue XVI.

MARTTÙy (Henry), pieux, sa- vant et célèbre missionnaire an- glais, naquit à Truro , dans le comté de Cornwall , le 18 février 1781. Il montra dès sa jeunesse les plus purs sentimens de piété, et se détermina d aller prêcher l'évangile aux peuples vulgaire- ment nommés païens. Ce fut dans «es dispositions qu'il fut ordonné ministre du Saint-Evangile Bien- tôt après, il partit pour les Indes- Orientales; là, il exerpa avec le plus grand zèle ses fonctions apos- toliques. Après avoir traduit le missel anglais en hindostani, il célébra le service divin dans cette langue , ce qui fui un spectacle aussi nouveau qu'attendrissant. Ensuite il traduisit aussi le nou- veau testament en hindostani. Le mauvais état de sa santé l'ayant forcé d'interrompre «es prédica- tions, il se détermina d'aller en

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Perse. Arrivé à (^Iiircv, il se mit à Iniduire le nouveau leslameiil et le jj'tautier en persan, et écri- vit trois traités de cf)nlroversc en persan contre la religion musul- mane ( qui viennent d'être tra- duits en anglais par M. le Rel. S. Lee , et j)ubliés sons le litre de Persian controversies). Il eut de» conférences publiques avec des docteurs musuhnans, et avec des sofm (on déistes). Ensuite il quitta la Perse, et mourut à la fleur de son âge dans les plus grands sen- timens de piété, à Tocat, le i(> octobre 18 J2. Ses mémoires ont été publiés en anglais, sous le ti- tre de Me/noir of the Rev. Henry Mnrtyv. Il en a déjà paru sept éditions. Ses traductions du nou- veau testament en persan et en hindostani sont imprimées et ré- pandues en Perse et dans les Indes.

MARET, duc de Rassano,^o)'. le Supplément d»i tome XIII.

MAIUGNY, chef de bataillon, t'oy.leSupplétnent du tome XIII.

MÉRILHOU, avocat , rot/. le Supplément du tome XVI [I.

WEUNIER (N.), général de division, voy. le Supplément du lonie XV.

MÉVOLITON (le baron), voy. l'Errafa du tome XIII.

MONDÉTOUR, ancien maire de Paris, voy. le Supplément du tome XV.

MONGLAVE (EcGÎîNEDE),toy. le Supplément du tome XVII.

MOKRONOWSKI(Stanislas), tjoî/.le Supplément du tome XVII.

lUONNERET, capitaine, voy. le Supplément du tome XV.

MONÏÉMONT, homme de let- tres, voy. le Supplément du tome XV.

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faONTFALCON (lb cnETAUEB Jbih de), maréchal-dc-tamp, ofli- cler de la Icgion-d'honneur, et chevalier de Saint-Couis , au Pont de Beauvoisin (Isère), le 6 février 1 767, entra an service le 3 novembre 1786. Cet oITicier géné- ral qui fît toute» les campagnes de la révolution, et donna partout des preuve» du plus grand dé- vouement, avait dès l'année I703, signalé son courage sur les champs «le balaille, et mérité fort jeune encore le grade d'adjudanf-géné- ral. Nous regrettons de n'être pa» à même de citer tous les faits d'ar- mes qui illustrèrent sa valeur, et de ne pouvoir suppléer aux omis- sions involontaire» de l'histoire de nos campagnes. Quelques traits épars dans les Victoires et Conquê- tes, et dans les Fastes de la gloire, recueillis dans cet article, servi- ront i\ faire connaître le général Montfalcon. Il était du petit nom- bre de ces Français intrépides qui se rendirent le 6 juillet »8o6, maî- tres de Raguse, après avoir tra- versé avec la rapidité du chamois, et à travers les rochers, malgré la chaleur excessive et des obstacles toujours reriaissans, un pays que les Monténégrins avaient souillé de cruautés inouïes, et jonché de cadavres décapités, et de restes fu- mans d'hommes livrés aux flam- mes. La retraite de l'armée d'Ita- lie sur risonio, et l'affaire de Saff- nitz en i8i5, vinrent ajouter à sa vieille réputation de valeur, et servirent à faire briller d'un nou- vel éclat les talcns militaires de RI. Montfalcon. Le grade de géné- ral de brigade, auquel il fut promu le I*' janvier 1814, ne fut pour lui qu'une récompense tardive des

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plus honorable* services. Il com- mandait en 181 5, le département du Cantal, lorsqu'il reçut après le retour de Napoléon, l'ordre de se rendre à l'armée des Alpes, com- mandée par le maréchal duc d'Al- buféra. Chargé par le lieutenant général Desaix d'occuper Bonne- ville en Savoie, il était dans cet- te position, lorsque le 27 juin l'en- nemi s'y présenta avec dt!S forces supérieures. Le général Montfal- con l'attendit à bout portant, lui tua beaucoup de monde, le pour- suivit et lui fit un grand nombre de prisonniers. Le 6 juillet suivant attaqué de nouveau par les Au- trichiens et les Piémontais ù Oyonax, sur la route de Saint- Claude, il se défendit avec sa va- leur accoutumée, et les battit près de Dorlans. Le général Montfal- con dont la carrière militaire a été trés-aclive, n'a point été employé depuis celte époque, et a été com- pris dans rordonnance du l" dé- cembre 1824.

MONTIJO (dohi Maru-Fraw-

ÇOISE PORTOCARRERO, COMTESSE De) f

grande d'Espagne , etc. , issue d'une famille dont l'illustration remonte aux premiers temps de la monarchie, épousa très-jeune encore le comte de Montijo, grand d'Kspagne de première classe , l'un des seigneurs les plus dis- tingués de ce royaume, autant par ses qualités personnelles que par sa naissance. Son amour pour la bonne littérature et ses efforts pour en propager le goût la firent bientôt connaître sous les rapports les plus honorables; elle fit ell«- méme des progrès si rapides , qu'elle ne tarda pas h prendre place parmi lc« savan» le» plus

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recommanilables de l'Kspagne ; sa maison devint en même temps le centre de réunion d'un grand nombre d'ecclésiastiques, qui joi- gnaient les lumières aux vertus. Des prêtres et ilct^ moines intolé- rans et fanatiques, à qui ces réu- nions portaient ombrage, parce qu'elles tendaient à dissiper les ténèbres ils voulaient retenir un peuple ignorant , accusièrent de jansénisme ceux qui les compo- saient et particulièrement la com- tesse; deux d'entre eux, don Bal- thasar Calvo, chanoine de Saint- Isidore, et Antoine Guerrero, dominicain, portèrent même lu mauvaise foi jusqu';\ publier en chaire qu'il existait dans la capi- tale un conciliabule de jansénis- tes, formé sous les auspices d'une dame de la première distinction, qu'ils ne nommèrent pas, mais qu'ils désignèrent de manière à ne pas s'y méprendre. Le nonce de la cour de Home ayant informé le pape de ce qui se passait, sans avoir lui-même examiné les mo- tifs qui faisaient agir les dénon- ciateurs, sa sainteté, prenant pour un vrai zèle ce qui n'était réelle- ment qu'un scandale condamna- ble, adressa des lettres de remer- cîmens aux deux prêtres dénon- ciateurs , et celte approbation de- Tint le signal de nouvelles dénon- ciations contre la comtesse et sa société; on leur reprocha, outre le jansénisme, d'entretenir une correspondance religieuse et lit- téraire avec l'abbé Grégoire, alors évêque de Blois. Néanmoins la toute - puissance de l'inquisition fut obligée. de fléchir devant le rang et la naissance des accusés. La comtesse, invitée à s'éloigner

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de Madrid, eut l'air de ne céder qu'à une intrigue de cour, et le.l inquisiteurs qui avaient mené tou- te l'affaire, "parurent à tous les yeux n'y être entrés pour rien. La comtesse de Montijo s'était re- tirée à Logronf); elle y mourut en i8o8 , et malgré la persécution dont elle avait été la victime, elle laissa une réputation de vertu et de charité envers les pauvres, que ses ennemis même n'osèrent pas lui contester.

MONTROL (Fra^çois-Mowgin DE ) est à Langres en aortt 1798. Son père, capitaine au ré- giment de liourbon au commen- cement de la révolution , resta fidèle aux drapeaux français , et fit les premières campagnes de la république avec les armées du Rhin, de San)bre-et-Meuse et de la Vendée. Il était devenu un des officiers supérieurs des élals-ma- jors des généraux iieurnonville et Bernadotle, lorsqu'il se retira du service, à peine âgé de aS ans. Il fut nommé quelque temps après inspecteur des eaux et forêts dans le département de la Haute-Marne. Le jeune de Montrol entra aussi au pervice avant l'ûge de 16 ans, et l'abandonna plus vite encore que son père, la carrière des armes, après les événemens de 1814 t^t i8i5, n'offrant que peu de chan- ces à l'avancement. Il se rendit ù Paris, dans le dessein d'y étudier le droit; mais ù peine arrivé dans celle ville , il coopéra à la rédac- tion des Lettres normandes. Ce recueil, qui avait précédé la Mi- nerve, et qui se montra constam- ment aux avant- postes du parti constitutionnel, était alors rédigé par MM. Léon Thiessé, Bervilte,

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et par Mitt. Bert et ChSteUin, au- jounniui rédacictirs en chef, le premier du Journal du commercCf elle second du Courrier frariçaia. Quelques-uns des articles que don- na M. de Moulrolfurentremarqué?, et l'un d'eux intitulé , des Immi- grés et des nouveaux Officiers de l'armée, lui suscita une de ces affaires dans lesquelles les jeunes Saint- Aulairc, Saint- Marcellin , David et quelques autres, perdi- rent la vie. Il ne fut que blessé. En 1831, M. de Montrol publia, BOUS le nom de M"" Luce-Aimée Mcerys de M..., fille de l'uo des membres de l'asscmbb'îe consti- tuante, un roman intitulé : Saint- Léon ou la suite d'un Bal masqué, dont plusieurs journaux nommè- rent le véritable auteur. M. de Montrol a fait imprimer depuis un recueil de poésies légères. Il a été long-temps le principal ré- dacteur du Diable boiteux, qu'il a concouru à fonder; son nom est inscrit sur le titre du Mercure du nj* siècle. Les journaux politiques lui doivent aussi quelques articles. Il vient dans ce moment ( iSaS) de publier une Histoire de l'émi- gration , qui a eu deux éditions. M. de Montrol est un des auteurs de la collection des Résumés de l'Histoire de /''rance par provinces; relui de la Gbampagne lui n été confié.

MORAND, général, rv>?/. 5e Sup- pléuîfcnt du tome XVIII.

MOREAU DE COMMAGNY, auteur dramatique, roy*, le Sup- plément du tome XV.

MOS rOWSRI ( Le comte Tni- i>ée) , noble Polonais, moins cé- lèbre par stis connaissances lillé- raires et diplomatique» quc'pnr le

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rôle honorable qu'il a rempli dans les affaires de son pays, est ne à Varsovie le 39 octobre ij'Gô. Nommé, en 1790 , castellan et sénateur, il devint dès- lors en quelque sorte le régulateur de l'es- prit public, par rinfluence d'una Gazette nationale dont il était tout à-la- fois le fondateur et le di- recteur. La Pologne venait enfin de s'élever au rang des nations li- bres en }îc donnant la constitution de «791; MosloAvski, connu par son dévouement à la cause de la liberté , fut nommé membre du comité constitutionnel : mais ayant vu bientôt celte cause sainte per- due par l'adliésion du faible Sta- nislas au traité de Tergowitz, qui rendait de nouveau la cour de Saint- Pélersbourgarbitrc des des- tins do Pologne, il quitta sans* hésiter unpays l'on ne pouvait! plus vivre libre, et vint en FVnnce en 1792. Lié de principes et d'affec- tions avec les Condorcel, lesVer- gniaud, les Brissot et leurs amis, il prit part à tous leurs projets et eut, au commencement de 179^» quelques conférences avec les' membres du gouvernement chez le ministre Lebrun ; mais elles de- meurèrent sans effet par suite de- là révolution du 5i mai et i\\x, triomphe des montagnards; de-' venu suspect nu parti vainqueur,'' A cause de ses anciennes relations' avec les girondins, il courut les plus grands dangers; la mort de' la princesse Lubomirska {voy. nom ), traînée A l'échafaud parce" parti, lui fit entrevoir les dangfM'!^' qu'il courait. Après avoir été in-'' carcéré trois fois, il n'obtint (pi'a- Vec beaucoup de peine |a permis- sion de retourner dans sa patrie.

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QutiiquH inuiM du passeports en règle, il fut arrètù une quatrièuie fols en Iraversiiiit le département de la Marne, et traduit au tribu- nal révolutionnaire de Troyes. Il aurait infailliblement succombé dans cette dernière épreuve, si le hasard n'eût amené sur les lieux un membre du comité de salut public qu'il avait connu h Paris (HérauU- de-Séchelfes) , et qui le sauva. Retiré enfin, après tant de périls, danssaterredeTarkominen Polo- gne, il crovait être à l'abri de nou- veaux orages ; mais à peine habi- tait-il cette retraite depuis quinze jours qu'il vit tout-ii-coup sa mai- son inveslîo par un corps russe aux ordres du général-major Sie- vers, qui l'arrêta au nom de sa souveraine et le laissa chez lui sous bonne garde. Le héros de la Polo- gne, K.osciusko, ayant enfin tenté au commencement de 1 794 un gé- néreux effort pour relever l'éten- dard de l'indépendance, le conjte Mostowski profitant de la liberté qu'il avait recouvrée peu de temps auparavant, se plaça dans les ranjçs des défendeurs de son pays, et fit partie du conseil provisoire. Lors de la prise du faubourg de Pra- gue, il était membre du conseil de guerre sous le général Wawre- ki, que la captivité de Kosciusko Tenait de placer à la tête de l'in- surrection polonaise : ne voyant plus alors d'espoir de salut que dans une résolution désespérée , il proposa de réunir i\ la hûte les débris de Tarmée, forte encore de a5,ooo hommes et cent canons , de faire à leur tête une trouée ù travers l'Allemagne, et d'aller re- joindre l'armée française victo- rieuse sur les bords du Rhin. Dom-

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browitki chargé d»; l'exéculion de- ce plan, fut forcé d'y renoncer par suite des mésintelligences qui «e glissèrent parmi les autres chefs; et les infortunés Polonais, après avoir fait tant de sacrifices et de si héroïques efforts pour secouer le joug étranger, virent encore une fois anéantir leurs dernière» espérances. iMoslowski, insensi- ble à ses propres périls, ne vou- lut point abandonner ses compa- triotes malheureux : resté à Var- sovie avec Ignace Potocki et quel- ques autres compagnons d'infor- tune, il reçut de Snwarow la pro- messe que les personnes et les propriétés seraient respectées ; mais la modération n'entrait pas dans les vues de l'implacable Ca- therine : non contente de tenir déjà dans la plus dure captivité le brave Kosciusko, elle fit arrêter le ao décembre 1794» le comte MostOAVski qui resta enfermé par ses ordres au château de Saint- Pierre- et -Saint -Paul à Péters- bourg jusqu'au mois de janvier 1797. Rendu à la liberté par la générosité de Paul 1", il se relira dans ses terres, s'y livra à l'agri- culture tout en publiant une col- lection des classiques polonais, et devint membre de la société lit- téraire de Varsovie. Au mois de janvier i8ot), il eut auprès de l'empereur Napoléon une mission dont le moîif n'a jamais été bien connu, et resta c\ peu près étran- ger aux afiaires de son pays jus- qu'à l'abdication de Napoléon. L'empereur Alexandre étant de- venu souverain possesseur légi- time de la Pologne par les décrets de la sainte-alliance, chercha d'a- bord à s'entourer d'hommes re-

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vèhis lie lu cotinniice de leur» con- cituyeuâ, et confia au comte Tha- clée Moslowski les déparleniens (le l'inlérieur et de la police gé- nérale réunis.

MObïOWSRI (Joseph), frère aîné du précédent, concouru t coni- ine nonce de lu diète polonaise de 1791, ii rélablissenient de la constitutwn du 5 mai. lin 1792» il lut député avec le prince Adam C zarloriski , auprès de la cour de Saxe, afin d'olfrir la couronoe de Pologne ;\ l'électeur. Dans un voyage à Paris qu'il Ot eu 1799» il lut compromis dans un soi-di- sant projet de réunir une diète polonaise i\ i^liian, et obtint néan- moins l'autorisation de retourner Jans ses terres situées près de ^Vilna en Lithuauie, oi'i il a fixé sa résidence. 11 parait être resté depuis lors étranger aux affaires dij>lu>iiatiq(ies.

NANI, professeur à l'universi- té de Pnvie, voy. le Supplément du tome XV.

NICOLIM, professeur à l'aça- «lémie de Florence, voy. le Sup- plt'menl du tome XV.

ODKî'iKlO , savant Génois,, voy. le Supplément du tome XV.

OGlNSlvl , grand-général de Lithuanie, voy. le Supplément du tome XVII.

()GlNSK.I,grand-trésori(r, /(j//. le Supplémctil du tome XVII.

OGlNSkl, chef de la garde d'Imnncur de la Lithuanie, voy. le Supplément du lome XVII.

UKLOFF (le comte), toy. le Supplément du tome XV.

OUDAILLK ( N.), cultivateur, lut nomnu'; déj>ulc du tiers -état >\n l)iiiiliaj;-e de Leauvais aux élal,s- „f;nér.iui eu 1789.. P/arUiaii nio-

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déré de la révolution , il montra constamment du patriotisme ,, et parut, en 1790, à la tribune, il demanda lu résiliation des baux à louer de la régie des traites pour les bureaux établis dans l'intérieur du royaume. Après la session, il retourna dans ses foyers et ne pa- rut plus sur lu scène politique.

PAG (N.), général de division,

voy. leSupplémentdu tome XVII.

PASZKOWSKI (N.), général,

de brigade, voy. le Supplément;

du tome XVII.

PEPOLI (lb comte), voy. le Sup|)lément du tome XVI.

PÉRALDI , colonel , voy. le Supplément du tome XVII.

PERCE VAL, hotnuie d'état an- glais, voy. leSupplémentdu tome XVI.

PERCIER(CHAnLEs), membre de l'institut (académie des beaux- arts ) , à Paris vers 177^» elk regardé connue im des meil- leurs architectes de l'époque ac- tuelle , et l'arc de triomphe qui décore la place du Carrousel com- me son plus bel ouvrage. Associé à tous les travaux exécutés par M. Fontaine, quV||bail avec luj^ architecte de l'empereur Napo- léon, il existe entre eux une soli- darité de méiile qui permet dilli-, cilcnjent de fixer la part de cha-. cnri. C'est en counmm qu'ils uni publié nn miKnifique ouvrage sur l«;s palais de Rome et les maison» de plaisance qui embellissent Icâ envirolis de l;i capitale du monde çhrélieii. MM. Percier et Fontaine ont exécuté ensemble les travaux d'aclièvcmcnl et de restauration qui ovt été faits au Louvre et aux Tuileries^ ensuitt,i!s oui nonsiruii (c magnifupjc cscalicrdui^MScuui-,

4o8

PEU

enfln, le gouvernement impcri;U n'a rien fait faire de grand el de magnique qui n'eût été confié aux lalens de ces deux habiles archi- tecte,*. Personne ne dessine avec autant de précision et d'élégance que M. Percier les détails de l'ar- chitecture.

PÉRIER (Casimir), banquier, membre de la chambre des dépu- tés , el l'un de.< orateurs les plus distingués de l'opposition, est à Grenoble le la octobre 1777» do Claude Périer, négociant et pro- priétaire du château de Vezilie près de Grenoble : nous ne citons cet- te dernière circonstance que pour avoir occasion de dire que ce châ- teau, où se tinrent pour la derniè- re fois, en 1789, les états du Dau- phiné, doit être regardé comme un des berceaux de la révolution. Élevé au collège de l'oratoire à Lyon, M. Casimir Perrier, au sof- t4r de ses études, qu'il fit avec beaucoup de distinction, embras- sa fort Jeune la carrière militaire, il se montra avec honneur. Il fit les campagnes d'Italie dans les années 7 et 8 (1799» et 1800), et fut nommé advint du génie mili- taire. Il était attaché à l'état-ma- jor de celte arme, lorsqu'il se dé- cida à quitter le service pour se vouer au commerce; suivant en cela les dernières volontés de son père qii'il venait de perdre, et qui avait laissé d^ms cette profession la réputation la mieux nïéritée, el les plus honorables souvenirs. RI. Casimir Périer, en 1802, leva à Paris, avec M. Scipion Périer son frère, une maison de banque dans la direction de laquelle la péné- tration de son esprit lui fit acqué- rir des connaissances très-éten-

PER

dues, qui devaient un jonr lui ser- vir à éclaircir les questions les plus épineuses et les plus importantes sur le crédit public -el les finances de l'élat; égalcujent habile à fé- conder l'industrie, devenue le res- sort principal de la civilisation moderne et lu source inépuisable de la prospérité publique, il sut en associer les travaux dans plu- sieurs branches, aux opérations de la banque, dont il agrandit les ré- sultats. La cristallerie, la filature du coton, le rafinage des sucres, ont été plus particulièrement l'ob- jet de ses soins et de ses constan- tes invesliga!ions,dans des établis- semens à la création desquels il a concouru. La fonderie de Chail- lot, rétablie ou plutôt recréée par son frère Scipion , doit aux soins persévérans qu'il a continué à y donner, la réputation sans rivale en France, dont jouit cette tisinc pour l'excellence des machines qu'elle livre à l'industrie. M. Casi- mir Périer vient ( 1826 ) de fon- der à Passy dans l'ancien couvent des bonshommes, un établisse- ment considérable de moulins à blé, mus par la vapeur; on con- çoit de quel immense intérêt doit être pour Paris un établissement au moyen duquel une population de neuf cent mille habitans cesse d'être exposée à souffrir de l'exces- sive cherté des farines dans certai- nes années par l'effet de la séche- resse, la faiblesse du vent et con- séquemment l'insuffisance des moutures. L'intime alliance des in- térêts commerciaux avec les finan- ces de l'état, dont il avait fait une étude approfondie, ne permettait pas à M. Casimir Périer de rester étranger à la grande (jiieslioQ du

PER

crédit public, quimeltall en mou- vement lous les esprits. Il fit paraî- tre en 1816 un écrit contre le sys- tème (l'emprunt ;\ l'étranger, la cl;irté, la ju.-tesse et prinpipale- ment la nationalité de ses vues en finances, s'unissent à une noble hardiesse de pensées exprimées dans un style à la fois éléj^aiit el nerveux : cette production qui révélait à la France un de ces hommes rares dont parle Quinti- lien , habiles à bien faire et à bien (lire, fixa sur son auteur l'atten- tion publique, qu'elle avait exci- tée, el fit pressentir les servii^es qu'il rendrait à son pays, dans les hautes fonctions législatives, il fut appelé le jour mC'me il eut alleinl l'âge voulu par la loi. M. Casimir Périer élu membre de la chambre des députés en 1817, par le collège électoral du dépar- tement de la Seine, en a constam- ment fait partie depuis cette épo- que. Satisfaisant dés lors à des de- voirs plus rigoureux, que lui im- posait rintért'l général, M. Casi- mir Périer n'a jamais cessé d'ap. fiorter le tribut patriotique de ses umièrcs dans les grandes ques- tions de finances qui ont été dé- battues à la tribune législative. On l'a vu sous le ministère de M. Cor- vetto, s'opposer de toutes les for- cesdeson talent ctdesa conviction au système désastreux des em- prunts à l'étranger, et insister avec la même énergie sur l'adoption de mesures A la fois moins oné- reuses et plus honorables. Sous le ministère de M. Rny, il prononça dans la séance du 12 février i8ii, ini discours très - remarquable , dans lequel il combat, comme u- 110 très- mauvaise opérali(;n finan-

PER 4o\)

cière, la création des annuités. A propos des funestes événemens du mois de juin 1820, M. Casimir Périer fut l'un des députés qui si- gnalèrent avec le plus de cotirage et d'indignationà à la chambre, les attentats commis contre la repré- sentation nationale; il s'éleva avec une patriotique chaleur contre les mesures imprudentes de l'admi- nistration de cette époque, mesu- res plus propres à perpétuer le dé- sordre, en faisant couler le sang des citoyeus,qu'.\ maintenir la paix pu- blique; peut-être l'éloquence delà tribime, cette éloquence de l'aine, dont Démosthène et iMirabeau of- frent les plus admirables modèles, n'a-t-elle jamais été portée plus loin que dans le discours qu'im- provisa M. Casimir Périer dans la séance du 2 j février i8ii, en ré- ponse aux accusations réitérées du garde-dcs-sceaux (M. de Ser- re), tendant iV présenter les dépu- tés de l'opposition comme des provocateurs à la révolte, et com- me ayant contribué par leurs dis- cours prononcés à la tribune, à fo- menter les troubles du mois de juin de l'année précédente : «Non, messieurs, disait, en terminant, M. Périer, il n'y a point de cou- pables de conspiration, les seuls, les vrais coupables sont ceux qui ont attenté à la représentation nationale : si nous avons conspire pourquoi ne sommes-nous pas on jugement? quant i moi, je me dé- pouille du caractère de député , je repousse un odieux privilège, et vous, ministres, avant que nous quittions cette enceinte, ordonner. Il vos licteurs de se saisir de notre personne : il faut en finir de tant d'accusations : avci-vous besoin

4«o MJtt

de nos lûtes, failes-les lotnher; mais qiio ça soit dcvnnt la loi. » M. C.isimir Péiier, que la triste victoire du ministère sur les élec- tions do ï8i4 privait de l'appui de presque tous ses honorables amis, a redoublé d'efforts pour la défense des droits conslUulion- néls et des intérêts publics, dans les sessions do 1824 et i8a5, et n'a pas perdu une des nombreu- ses occasions que lui a offertes M. de Villèlc, d'augmenter ses ti- tres à la reconnaissance nationale, en démontrant jusqu'à l'évidence les malheurs qui devaient résul- ter des projets de loi de réduction, de conversion et d'indemnité, qu'il croyait contraires à la char- te et de nature à amener de nou- veaux bouleversemens dans l'état. La religieuse observation do la charte constitutionnelle lui parais- sant surtout inconciliable avec la loi proposée pour indemniser les émigrés, il a prononcé, à celte occasion, un discours de la plus haute éloquence, dont nous nous bornerons à citer la péroraison : « Dans quel intérût cette loi est-

elle présentée? ce n'est pas dans

celui de l'émigration, quia si vi- » vement faitentendresesplaintes; ce n'est assurément pas dans celui

du pays, si éminemment menacé, » si victorieusement défendu : c'est ndans l'intérêt du ministère. Il a «voulu enchaîner l'émigration, «seule force qui pût lui résister. "L'émigration n'étant pas une n fonction, elle a fait peur au mi- nnislère, qui ne pouvait la dcsll- »luer. Ne pouvant la destituer, »il a voulu la payer. C'est à von?, «mcsjiwurs, de savoirsl vous ac- x'Cepleret de passer sous les four-

PKR

»chcs dorées du ministère. L'opi- » nion (|ue nous représentons, uiu- «tilée dans ses droits politiques »pur la colère et la vengeance du » ministère , volt ses défenseurs ré- iduits à un petit nombre dans

celle enceinte. A l'aspect des » dangers qulmenacent notre pays,

il ne nous restait qu'A serrer nos

rangs et à soutenir ainsi les al-

taques dirigées par le ministère

contre les Intérêts dont la dé-

fense nous est confiée : c'est ce

que nous avons fait. Nous snc- » comberons, nous le savons ; mais

du moins aurons-nous la conso-

lation d'entendre dire aux coeurs «généreux, aux véritables amis

du roi et de leur pays, que nous «n'étions indignes ni du combat,

ni même ilii succès, filais, que »dis-je? notre cause n'est point

perdue! J'en appelle à vous, no- »bles chevaliers de l'ancienne «France, qui devez nous jugée.

Il n'est pas besoin de vous rap- » peler que les lois de la victoire

et de l'honneur, dans tous les

pays, sont de ne se partager les

dépouilles que de ceux que l'on

a vaincus. > M. Casimir Perler, dans la force de l'âge et du talent, voit s'étendre devant lui une lon- gue carrière de gloire et de suc- cès qu'il parcourra, soutenu par l'eslirae et la reconnaissance publiques. Déjà il reçoit la douce récompense de ses nobles travaux dans l'accueil touchant que .lui font les habitaus de Grenoble, sa ville natale , il se trouve en ce moment ( juin 1825 ), qui lui prodiguent les témoignages de la plus tendre vénération.

PERROT, géograph»;, voi/. le Supplément du tome XVIIl.

I>IT

PEIVVINQUIÈRES (N.), à Fontenaj dans le bas Poitou^ j exerçait la profession d'avocat a- vec distinction , quand il lut en- voyé aux état:» généraux comme député du tiers -état; il n'y prit qu'une fois la parole, ce fut pour demander que le remplacement de la gabelle fût porté à cinquan- te-quatre millions. PV Pervin- quières a, dans tous h s temps et ?ous tous les régnes, professé des principes constilutiotmels. A l'é- poque 01^ le gouvernement impé- rial donna une nouvelle organisa- tion à l'ordre judiciaire, il fut nommé l'un des présidents de la cour de Poitiers, place qu'il occu- j»e encore aujourd'hui (iS'^S). M. Pervinquières est le beau-frère du général comte Belliard , mem- bre de la chambre des pairs.

PETIET, ex -ministre de la guerre, voy. le Supplément du tome XVII.

PEYRONNET (comtb de), voy. le Supplémf.-nt du tome XVI.

PITARO ( Amtoine) nous écrit contre cette a.»scrtion de notre ar- ticle {f^oy. le tome Wl)^ qu'il avait quitté Paris en 18 j4, pour rentrer à NapteSf sa patrie. « Je n'ai jamais eu l'idée de m'expa- trier de Paris, dit M. Pitaro, et je o'ai pas l'intention de quitter cette ville je fus nommé mem- bre, en 180a, de la société gal- vanique et des sciences physiques; en 1804, de la société médicale d'émulation; en 1806, membre île l'institut royal des sciences natu- relles de Naples; enfin, en 1807, correspondant de la société impé- riale d'agriculture de la Seine. An- Inrisé en t8o8, par décision de la faculté de Paris et par décret du

POP

411

I" octobre, d'exercer ma profes- sion dans toute l'étendue de l'em- pire, j'ai reçu, par décision de la même faculté, le diplôme de doc- teur en médecine et al été nom- mé membre de la société de mé- decine pratique; en 1809 je fus nommé médecin légal à la cour impériale de Paris; en 1816 j'ob- tins des lettres de naturalisation et de citoyen français; en i8aa je devins corespondant de la s(»ciété royale de Watmester, et, en i8'i5, membre honoraire de la société royale de Londres pour la propa- gation du vaccin. » IVl. Pitaro a publié les ouvrages suivans : Traduction de la Théorie de la vie, par Andria, 180 5; 2" Lettres phi- lologiques et physiques y 1812; 3" Mémoires physiologiques et chimi- ques, même année; La science delà sétifèrc, ou l'art de produire la soie avec sûreté et avantage, i8i8; un Poëme de trois mille cinq cents vers sur le même sujet.

PIPELET, médecin, voy. le Supplément du tome XVIII.

PONCE-CAMUS, peintre, voy. le Supplément du tome XVIII.

PONS DE L'HÉRAULT, voy. le Supplément du tome XVII.

POPULE ( N. ) , ancien maire de Roanne, mérita, dans tout le cours de la révolution, par la sa- gesse de ses principes , la modé- ration de sa conduite , et son dé- vouen)entÀla patrie , l'estime do ses concitoyens. Lors de l'invasion étrangère , en 1 8 1 4 , il ^"^^ '«* •»">- mer de son courage , et contribua ainsi A la belle résistance qui les couvrit de gloire à cette époque. Le» Français n'ont point oublié et l'histoire répétera que cette ville.

4t2

POU

ù peine peuplée de gooo habitans, et n'ayant d'autre défense que la Loire, porta l'héroïsme jusqu'il ré- sister à l'ennemi , même après que Lyon, Moulins, et Nontbrisson, eurent été occupés, malgré leur immense population , et qu'elle ne »e rendit que devant 11,000 Au- trichiens. AI. Popule siégea à la chambre des représentans pen- dant les re«;_/c»ar.î, en i8i5. Nom- mé à la chambre de» députés en 1818, et placé au centre près de la gauche, il y défendit les liber- tés légales, et soutint les intérêts du département de la Loire qu'il représentait. Il réclama avec éner- gie contre la pétition d'un sieur Remy , du Haut -Rhin, qui de- mandait que les préfectures du Rhône et de la Loire fussent réu- nies et n'en formassent qu'une , et obtint l'ordre du jour. Il s'ins- crivit aussi contre la résolution de la chambre des pairs, relative- ment ;\ la loi des élections. Dans la session de 1819, M. Popule a volé contre les deux lois d'exception, et, avec les igS, contre le nou- veau système électoral. Le 4 juil- let, il demanda et obtint un con- gé; il termina ainsi ses fonctions législatives et ne fut plus appelé à en remplir de nouvelles.

POTOCKI (Wlobimib), voy. le Supplément du tome XVII.

POLDRET DE SEVREÏ (Re- né), colonel d'infanterie, cheva- lier de Saint-Louis, oUiiner de la légion-d'honneur et chevalier de Tordre royal et militaire de l'épée de Suède, à Niort (Deux-Sè- vres) , appartient à une famille es- timée dan? la magistrature. Il entra au service le 26 août 1792, comme simple soldat à la forma-

POU

tion da %* bataillon des Deux-Sè- vres, et fut nommé sous-lieute- nant le a4 octobre suivant. Il ser- vit avec la plus grande distinction aux difîérenles armées qui se sont succédé depuis 1792 jusqu'en 1816, et obtint par son courage et se^ talcns tous ses grades jus- qu'à celui d(! colonel du loG* ré- giment de ligne. Il se distingua particulièrement ;'i l'armée de Sam- bre-et-Meuse en l'an 4; ''»•' 2* pas- sage du Rhin, le 14 messidor; à l'affaire de Bamberg, aux combats de Coning et Neumarck, même année, et à la bataille de Vurlz- bourg le 19 fructidor suivant. Au passage du ïagliamento , et à la prise de Gradisca , en Italie,, en l'an 5, le courage dont il fil preu- ve lui valut les éloges du général en chef. Il s'empara à la bataille d'Austerlilz, à la têle d'un déta- chement du 9:7* régiment, d'une batterie d'artillerie de la garde impériale russe, qui lirait à mi- traille sur la division du générât Drouel, et y causait de grands ravages. Décoré de la légion-d'hon- neur en 1 806, il fut nommé chef de bataillon à l'élat-majorde l'armée, le 5 mars 1807, et aide-de-camp du prince de Ponte-Corvo(Bernadot- te)le 29 septembre suivant. Bles- sé à la bataille de "NVagram, le 6 juillet 1809, d'un coup de feu à la jambe droite, à son retour de Suè- de, où il avait accompagné com- me aide de-camp le prince royal, il entra dans le 1 06* régiment d'in- fanterie. Dans la campagne de Rus- sie, en i8i2, on lui donna le com- mandement des voltigeurs réunis de la i5* division, commandée par le général Deizons; et ce fut à la lôte de ces voltigeur*, qu'au coiu-

i

PRO

bat il'Ostrowno, prr.s Wilepsk, le '/() juillet i8 la, il repoussa le» Rus- ses avec la plus grande vigueur et «près avoir eu la moilié de ses braves hors de combat il fut atteint d'une balle qui lui traversa le cou et la tête. Sa brillante valeur etson cour.ige ainsi que le sang - froid dont il venait de donner des preu- ves multipliées, furent récompen- sés sur le champ de bataille de Wilepsck par la croix d'oflicier de la légiou-dhonneur. Il fut nommé en même temps colonel en second pour être employé à l'état-major- général de l'armée. En 18 15, il reçut l'ordre d'aller prendre le commandement du U)6* régiment en Italie, le réorgani.^a en entier et on l'ut nommé titulaire le 1 1 mai 18 13. Il mit, peu après, 4 batail- lons de guerre en campagne, sous bfs ordres du prince Eugène {voj. BEArnAB:*Ais- Eugène) , prit part avec son régiment à tous les faits d'armes de cette campagne , fil toujours preuve d'une grande va- btur, notannnent au combat de (îastagnaro, en Italie, sur l'Adige, il fut encore blessé d'un coup de feu au pied droit. Nommé par le roi en i8i/|, colonel du 87' de ligne, et chevalier de Saint-Lotiis, il fut licencié avec son régiment le i8 novembre i8i5, et admis à la retraite, quoique jeune encore, à la fin de 1816.

POUCET (le baron) , vot/. le Supplément du tome XVI.

PROTEAU ( LE vicomte). Dans le 17* volume <le cet ouvrage nous avons dit que iM. Proteau parais- sait avoir été mis à la retraite de- puis la seconde ri:slauralion. (]'est une errcjir. il a continué rl'être em- ployé. Il commande encore au-

PRO

4i3

jourd'hui (iSaS) à, la résidence de Limoges, la 5' subdivision de la 21' division militaire. Dans une lettre qu'il nous adresse à ce sujet, il nous doime des détails sursa vie active qui ne nous étaient pus en» tièrementconnus elque nous nous plaisons à rapporter en le laissant parler lui-même. « Il est très-vrai, dit M. le vicomte Proteau, que j'étais au service de l'état en 1 793, et deux voyages successifs aux In- des orientales et occidentales de 1788 i\ 1792, m'avaient valu le grade d'oliicicr. Au combat du 1" juin 1794» contre l'amiral IIoav, j'étais chargé des signaux sur uti vaisseau qui, serre -file de l'armée, eut les honneurs de la journée du 29 mai ; malgré une perle de 7)oo hommes et quoique le vais- seau fût désemparé, il se présenta en ligne à la remorque le 1" juin. Cette affaire prépara, avec l'amour de mon pays, la conduite que je tins plus tard,eni797,en Irlande et dont vous avez rendu l'exacte vérité. Je dus mon échange et mon prompt retour dans ma patrie à la sol- licitude et aux démarches empres- sées d'un ministre qui m'accueil- lit avec éloge et encouragement, et qui depuis m'honore dcsou ami- tié : il siège aujourd'hui à la cham- bre des pairs. Dans mon grade de lieutenant de vaisseau, je fus cons- tamment embarqué pour cet em- ploi et celui de major d'escadre : lorsqu'en ^98 je débutai dans le oommandcment par celui d'une corvette d'une marche supérieure, l'aviso VAt^ile : de celle époque je ne cessai plus de commander. En 1 799, dans la campagne de l'O- céan et de la Méditerranée, je commandais le Vautour^ cortrelte

4 '4 PftO

lie communication entre les ami- raux Bruix et Massaredo des ar- mécsnaTalescoinbinéesdc France et d'Espagne, En 1800, appelé A commander la frégate l'Indienne au Havre, je fis l'inaugnralion de ce bassin militaire en sortant la frégate toute armée et équipée , et forçant le passage contre une di- vision anglaise qui m'y obst^rvait. Je parcourus sur celte frégate les mers de la Manche et de l'Océan, les côtes d'Espagne et de la Médi- terranée,toujours au milieu des en- nemis; à l'aflaire du détroit contre l'amiral Saumarés, je combattais à l'arrièrc-garde près des vaisseaux espagnols VHerménégiUieel le San Caiios de 110 canons, lorsqu'ils prirent feu et sautèrent; plus tard à la paix d'Amiens, je poursuivis ma course de Cadix pour Saint- Domingue, continuant d'être armé sur le pied de guerre je fus chargé d'observer du cap Liba- ron l'escadre anglaise , avec la- quelle j'eus une rencontre qui me mérita l'éloge de l'amiral Lalou- che-ïréville et du ministre de la marine. Je fis mon retour en Eu- rope en 1801. Le commandement de cette frégate me fut toujours continué. Elle eut la destination d'être la frégate amirale de la flotte de Brest. Elle était à l'action de lîertheaume contre l'amiral Corn- walis. Au renouvellement de la guerre, en 1809, elle faisait par- tie de l'escadrequi était stationnée sur la rade de l'île d'Aix. Je com- mandais l'avant-garde, chargé de 1.1 défense de l'estacade qui cou- vrait l'escadre et sur laquelle j'é- tais mouillé quand, dans la nuit du 11 avril 1809, l'amiral Gambier laufa ses brûlots pour incendier

PRO

l'escadre française. Deux machine» infi^rnales, dites catamarans, fl»il- tant entre deux eaux précédèrent d'abord, pour rompre l'estacade et ouvrir le passage. Leur explo- sion successive se fil sous le beau- pré de la frégate; alors suivirent de tous côtés uoinbrede brûlots; déjà accroché par deux des premiers, je fus obligé de manœuvrer pour m'en débarrasser et éviter ceux qui se succédaient dans le fil du courant que j'occupais. En ma- nœuvrant avec les autres bStimens, qui tous furent dans la nécessité d'abandonner leur poste pour pen- ser à leur salut dans une nuit aussi efl'royable que désastreuse et au- dessus des forces humaines, j'é- chouai sur l'île d'Euet en voulant éviter d'entrer en rivière de llo- cheforl dont je voulais laisser le libre passage aux vaisseaux tirant plus d'eau que moi et me réserver comme bâtiment léger pour ré- sister aux attaques de vive force qui devaient avoir lieu après un tel désordre. Demeuré sans se- cours et exposé aux attaques suc- cessives de l'ennemi jusqu'au 16 avril, je fus réduit, malgré tous mes efforts , au parti extrême de ravir à l'ennemi, qui n'avait déjà obtenu que trop de succès, le fatal avantage de disposer des débris de mon bâtiment que les vagues dé- molissaient sous mes pieds, en faisant sauter ses restes pour sau- ver l'honneur du pavillon. Les lois militaires m'obligeant de rendre compte à une cour martiale de la perte de mon bâtiment, ma déter- mination fut complètemenl justi- fiée par la décision de cette cour, au nom de laquelle l'officier-général quilaprésidait me remit publique-

PRO

ment cl liOiioral)lemrnl mon t'ipéc. Je suis anivé ;»u pn&sagfi de l'ai- li^'^e vous (liles que je perdis mon etnpidi. C'est une eireiu" eoniplèle. Le gouvernement m'en- voya aussitôt en mission en Hol- lande. Cette mission remplie, j'eus le commandement du 17* équi- paçc de flottille au port de Brest, avec lequel je passai, en 1811, au commandement d'une escadrille au port de Houingne. lin iHia, j'eus l'ordre de désarmer la flot- tille de Boulognedont j'avais alors le commandement et de compo- ser un corpsde marins d'élite, avec leqirel je partis le 21 mars de la même année "pour la campagne de Jîussie. Ce cor])s de marins, connu sous la dénomination de 1 r' équi- page, rendit de grands services nautiques et militaires; avec lui j'occupai les cc'iles de Courlande et la Courlande inférijMire, dont iVJ. le maréclial Macdonald nie conlia le commamlemciit. On vit, dans la retraite, la belle contenance *\v ce corps. IMacéen arrière-garde sur lesliauteursdel'Aptaiilt, coupé d.ms cette position je me jeiai dans la forteresse de Pelow, d'où je sor- tis le 9 février ii>i5 avec ce brave corps sous mes ordres, par suite d'une capitulation honorable (ar- mes, bagages, munitions de guerre et la faculté de faire tête h l'en- nemi luie fois arrivé sur le Rhin). Dans ma marclie par la l'russe, nu milieu des armées russes qui s'a- viinçaient vers la France , cette capitulation fut rigoureusement observée et même avec des égards militaires. Le 5 avril je rentrai i^ IMayence, et le 21 le chef de l'ar- mée me dit lui-même qu'on ne naviguait plus, que ma présence

PRO

41-5

était inutile dans les ports», et j'eus l'ordre do suivre le grand quartier-général li la campagne (l'Allemagne. J'y remplis les fonc- tions d'adjudant-commandant, ca- pitaine de vaisseau employé à la reconnaissance des défilés, du ^\\k des rivières, au jet des ponts et passages de l'armée. Je me suis trouvé aux batailles de Lutzen, de Bautzen, de Dresde, de Leipzig et aux principaux combats de celte campagne, notamment à celui d'iiauau contre les Bavarois, cl qui me valut le grade de général de brigade. Je commandai en cette qualité le grand quartier-général dans la campagne de France, et j'en eus le commandement supé- rieur \ Chartres lors de la restiui- ration. Vous avez signalé à Popi- nion ce que j'ai fait de remarqua^ biedans la preuiiére; ma coa|)iuite en Prusse me valut dans le Moniteur du i" février 18 k*) cet éloge du roi : « Sa Miijesté a bien I) voulu témoigner au général Pro- ttteau qu'elle était contente de ses «services, et que par la manière »dout il s'était acquitté de sa mis- Bsion, il avait bien rempli les in- > tentions paternelles du roi pour nies malheureux militaires qu'il » était chargé de consoler et de se- » C'iurir.ii Due omission que je me plais à produire parce que j'ai tou- jours eu la résolution d'être hom- me de mes devoirs, c'est que je mar- chai sur Lyon sous les ordres de Monsieur, comte d'Artois, et mes contemporains connaissent l'éncir- gique dévouement que je marquai au prince dans celle circonstance critique, qui me valutoveo des ex- pressions obligeantes, l'assurance d'être attaché à S. A. R. J'en al teiiilti

4if;

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en vain l'ordrft jusqu'au 20 mars. La stîconde restauration me trouva à Cherbourg. Vous avez (Fit ce que j'y ai ("ait, elles journaux du temps répétèrent que je venais de con- server «par la fermeté de ma con- »duite cette place importante et «son arsenal, contre les préten- » tionsdes alliés et celles destronpes «prussiennes qui en firent le blocus «rigoureux en août et septembre, «sans m'être écarté des ménage- «niens qu'on leur devait. »

PUY ( N. ), un des généraux espagnols qui se sonb le plus ren- dus fameux par leurs cruautés dans l'Amérique méridionale , et qui ont le plus nui à la cause qu'ils étaient chargés de défendre, na- quit en Espagne, et fut obligé de l'abandonner, poursuivi pour des délits que l'honneur et les tribu- naux condamnent également. 11 passa alors dans l'Amérique du sud, et y forma des liaisons qui le préparéient au rôle qu'il ne tarda pas à y jouer. Il avait obtenu sur les esclaves une .«orte d'in- fluence dont les royalistes profi- lèrent habilement pour les soule- ver contre les indépendans et ex- citer la guerre civile dans la nou- velle république de Venezuela. Puy, l'un des agens secrets de la cause de la métropole, en devint ensuite un des généraux les plus entreprenans. Après avoir repu des secours en armes et en muni- lions des gouverneurs de Puerto- Cabello et de la Guyana , il réunit les troupes de Coro et de Mara- caybo , se porta avec elles dans la partie de l'ouest de la province de Caraccas, attaqua successive- ment Barinas, Mérida et Trnxillo, grossit considérablement son ar-

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méc f en y incorporant tous les esclaves et les malfaiteurs des lieux il passait, auxquels il donnait la liberté, et en vint au point de s'emparer de différentes villes ; mais son passage était par- tout signalé par des flots de sang et par des actes d'une férocité inouie. On peut juger de l'esprit qui l'animait par le fait suivant : Puy avait perdu la bataille d'A- raiire, et s'était réfugié dans la ville de Barinas. Au moment Bolivar marchait pour l'en chas- ser, Puy donna l'ordre d'arrêter cinq cent soixante-quatorze per- sonnes qu'il présumait mécoi»ten- les de le voir au milieu d'elles, et en fit fusiller cinq cents sur le champ, sans aucune espèce de ju- gement; cette effroyable exécution allait continuer, lorsqu'un aidc-de- camp vint annoncer que les répu- blicains approchaient de la ville. L'atroce général espagnol deman- da d'un air inquiet: «Avons-nous le temps d'exécuter les soixante-qua- torze prisonniers reslans ? » Non , dit l'aide-de-camp , et ce fut ainsi qu'ils échappèrent à la mort. Mais sa cruelle vengeance ne fut que différée ; ayant surpris quoique temps après cette même ville de Barinas, il se fit un barbare plai- sir d'y répandre le deuil et la consternation, et cette fois, il prit SCS mesures pour qu'aucun habitant ne survécût au massacre général. Cet homme affreux, au lieu de porter à l'échafaud sa tête qu'y dévouaient les mânes de tant de victimes, mourut de la main des braves. Il tomba quel- que temps après sous le fer des indé- pendans dans une affaire son ar- mée avait été complètement bat tue.

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RAliBE,IiHéi aleiir, voy. le Sup- Jilt-uiuiil liu tome WIl.

RAIlBE, ccloiiil, wy. îe Siip- plruieiil du tome XVII.

UAVliNEL (Louis Gadd, ohhtb de) naquit ù Cran ville, {teùle ville ni.iiitjtne de la Normandie, le iG se()lr:ml)re 1747- ^'' ""^^~ moire apparlient aux Castes de la ui.irinc, carrière dan.s laquelle il &e dislingua de bonne heure, et il eut un avancement rapide qn'il ne dut qu'a des laleiis mili- taires et admini;itra(irs de Tordre le plus élevé. Il reçut la décora- lion de l'ordre ro^al et militaire de Saiul-Loui> sur le chain|t de bataille, et eut la jrloire d'être sur- nommé rincori'upUhle par lecorps auquel il appartenait. iM. de Ra- venel entra au service, eu i^Gj, en qualité de volontaire et d en- seigne sur des vaii'st'aux de com- merce, armé^ à Saint-Ma!o et à Cirau ville pour-J'île de Terre-Neu- ve , le golplie'rte Sjint- Laurent , l(îs iles de Saint-Pierre et Mique- lon ; ei pendant la durée de ce service parlicnlier, qni lut de trois aii», il lit deux iiauiVages dans les ineis h}'perborées. Il s'embarqua ensuite volontairement ù Saint- Pierre de Miquelon, sur une flûte dn roi, ta Pttite fortune , com- luuudée par M. de Raveuel, son père , lieutenant de Iréj^ale. l^e jeune enseigne fut promu , en 1770 , au grade d'aide de port , et cinployé comme a-^pir.inl dans le port de Kocbefort. L'année sui- Tiuile, il reçut onlre de la cour Je prendre le counnandemenl du vaisseau le Vicomte de Clmisnil , pour aller approvisionner la f;ar- nison des îles de Saint- Pierre et iMiquelou. Ln 177.2 , il a'euibar- T. xn.

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qua sur la flûte du roi, la Por- teuse, pour le Sénégal et Gorée, comme oflicier chargé du détail. Plus lard, en 1774? '' Ui voyage des îles du Vent eu qualité de troi- sième olficier; fut nouimé ensei- gne de vaisseau et de port en 1 775, el prit succes-ivement le com- mandement des gai)aies le Crsar et l'Ours , pour des transports d'a[)prnvisionnemens el de bois de construction. Dans raonée 1777, M. de Kaveiu'l fil partie d'une expédition plus importante, li s embarqua, comme enseigne de vaisacau, sur la livgate la Sub- tile, destinée pour l'Inde, et com- uiaudee par M. Bidé de Maur- vill-, capitaine de vaisseau. La Subtile ayant mouillé à l'Ile-de- France, :M. de Kavenel fit plu- sie4M-s voy iges de cette colonie à Marlagascar. Il faisait partie des ( roisières établies à l'Ile - de- Frau'îeet au cap < e Bonne-Espé- rance lorsqu'il deint licottnant de vaisseau. En 17SU, il fut lieu- tenant de port, et Tannée suivan- te , chargé du détail à bord du vaisseau du roi le- Flamand^ sous les ordres de M. d'Orves, chef du l'escadre destinée à faire la gueiT<> dans l'Inde. M. d'Orves étant tombé dangereusement malade, remit le connnandein(;nt de l'es- cadre au chevalier ile Sufl'ren. Ce dernier signala stuV début par dei succès auxquels M. de lUvenel prit une part trè>-active. Le i*' mai 178.4, il reçut de Tamiral Suffren Tordre de débarquer di v.ii^seau du roi le Flamand, et de passer ù bord du Héros ^ pour y être chargé du détail géni:ral de l'escadre. C«!lle-ci ayant eu quel- que temps (le relâche» M. de Ra-

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vend, qui s'élait déjà t'ait con- naître comme un administrateur aussi vigilant qu'il ttait liabile ol- ficier, t'.it cboiî^i pour aller à Tran- quebar, et y faire des approvision- nemens militaires de tout genre. Le 5 de juillet J^Sa, l'escadre française partit de GnuJiIour pour aller combattre l'enuemi, qui é- lait en rade de Négap.itnani : M. de Ravenel coinmandait la se- conde batterie du Héros. Les deux escadres, fort iri.dtraitées, après Je combat, relâ'hèreut, l'une à NégaïuUnam , et l'autre à Goude- lour. Le 26 juillet, M. de Rave- nel fut du noir)i)re des oiriciers qui accompagnèrent le bailli de Saffrcn au camp du N.djab Aydor Ali Kan. Ce prince prodigua à l'amiral français les marques de distinction les plus flatteuses, et fit un accueil plein de grâce à tous ceux qui l'avaient suivi. Ce fut peu de temps après que l'amiral donna l'ordre d'appareiller pour aller assiéger Trinquemaley. Le 25 aofit, à cinq heures du soir, l'e-icadre , après avoir essuyé Iti feu de la batterie du pavillon en- neiTii, mouilla dans la baie qui porte le nom de cette place. Le débarquement se fil dans la nuit «lu 2.5 au 26. i^L de Piavencl , pen- dant le siège de 1 riiiquemaley, il se distingua également comme officier de terre et de mer, signala sa bravoure de la manière la plua éclatante dans l'assaut donné à cette place dans la journée glo- rieuse (\u 29 août; il eut l'hon- neur de mouler le second sur la hièche. M. de Suffren lui avait confié souvent des négociations délicates. Il le chargea Aexw fois d'opérer des diversions difficiles

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et périHeiises , et toujours son sang - froid , son intrépidité, sa prudence, lui méritèrent les suf- frages de son chef et les applau- dissemens de ses frères d'armes. Il pari lit au général avec cette franchise si rare, qu'un homme supérieur seul sait apprécier. Au coud>at naval de Trinquemaley, dix vaisseaux tiahissenl; les qua- tre autres supportent seuls le feu de l'escadre ennemie. M. de Suf- fifu {laiiit d'élre ent«uiré ; il s'a- dresse à M. de liavenel : « Si l 'en- nemi vire vent devant, vous pren- drez une mèche, et vous ferei sauter le Héros. Général , je n'en ferai rien. Croyez-voos que je sois homme à survivre à l'honneur de mon pavillon? Il n'y a pas de honte à succomber quand les forces sont si dispro- portionnées; toute la honte sera pour les lâches qtii nous trahis- sent ; mais mon devoir est de con- server à la France un intrépide général et 800 braves. » l'endant cet entrelien , on s'aperçut heu- reusement que l'escadre ennemie manquait la manœuvre présumée; peut-être aussi l'amiral Hugues n'avait-il pas osé la commander. Les Français se signalèrent en- core par plusieurs avantages qu'ils reniportèrent sur les Anglais pen- d 1 tt les années 1782 et 1783. iVI. de Ravenel était alors major -gé- néral de Tesiadre. On peut re- marquer, à II louange de M. de Jîavenel, qu" le baiili de SuflVen lui ayant d .mé Tordre de profi- ter de toutes ies circon-îlances qui se présenteraient de faire quehpie bénéfice sur le change des mon- naies dans les dift'érens bazars de la côte de Coromandel, l'ei-

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caJrc avait relâché, M. de Ravc- /jel fil l'aire une recelte de plu» de 5oo,ooo francs à la caisse de l'es- cadre. M. Dul'rêne, iiilendaut gé- néral de (a marine et des colo- nies, en rendit compte au minis- tre, qui acoord;i à ftl. de Ravcufl une j^ratificution de 6,000 l'ranos. Le 1 1 juin 1^85, le bailii de Stil- Iren partit de Trinquemaii-y pour aller attaquer l'ennemi; l'escidre française n'élait composée que de .quinze vaisseaux, taudis que l'es- cadre anjflaise en avait dix-huit; cependant celte dernière avait tou- jours cherché à éviter le combat, jyjais le 21 juin, M. de Suflren , qnoiijii'il n'eût pas l'avanta^ie du vent, commença l'attaque, et força bieiilôt l'ennemi à la retraite. M. de ilavenel, qui commandait la première batterie à boni du jHn'os, i'ut dangereusement blessé : une récompense aussi noblement ac- quise le dédommagea promple- inent de ce malheur; M- de Suf- fren le décora de.la croix de Saiwf- Louis t\ l'arrivée de l'escadre à Goudelour. Lu paix i'ut annoncée le '^9 juin suivant. Peu de lem[is après, i\l. de ilavenel accompagna le bailli de Suffren , qui revenait en France. On relâcha A l'Ile-de- Fraiice, un repas civique fut ofl'ert à M. d«; Suffrt n. Des cou- plets y sont chantés en son hon- neur; une couronne de lauriers descend sur sa tête; il la prend et la p(»se sur celle de M. de Kave- n«-l , en disant avec vivacité : a Messieurs, si j'ai eu des succès dans l'Inde, je les dois à Riive- nel. » Ces mots, que la postérilé doit recueillifj ne font pus moins d'honneur ù l'illustre amiral qui les prononça, qu'à celui à (j li

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il rendait ni} si ^datant témoi~ gnuge. M. de KavencI resta troij ans en France pour r,endre les comptes de l'escailre ; et d ins ce* intervalle, il fut élevé au gradp de capitaine de vaisseau, il rt;- lourn,i ensuite dans les colonies,, il continua toujours à être m activité de service. Il lut chargé, en 179O, du connnandenient de la frégate ta i-rcniase , enira dans la baie de Lauront-Marqucz , el s'empara du fort porlui^ais. Après cette expédilion, plusieurs mis- sions lui furent successivetaent conGées d;Mis les parages de Ma- dagascar : il rétablit des croisières à la pointe de cette île, dans le cynal Mozambique et à Aujouan. Il passa, en 1797, au commande- ment d'ime nouvelle frégate (/a Forte ) , et reçut du conlre-amù al Sercey, l'ordre de se renJae à ia côte de Malabar, pour y <:roiser pcndint quelque temps ; de faii;e route ensuite pour Batavia, puis de remellje au gouverneur hol- landais, Oversiralen, les ij.o hooji- nies du 12* bataillon, destinés par le gouvernement de l'Ile-de- France à soutenir nos alliés con- tre les Anglais. Le lendemain de la sortie du Port-Louis (Ile-de- France), le la* bataillon se mil eu révolte complète, et M. de Ra- venel fut sur le point d'être fu- sillé : plusiems soldats le couchè- rent en joue. Il réussit par sa fer- uielé à leur in)poser, et parvint à suivre en grande partie ses \\\^- Iructions. Une seconde insurrec- tion éclata, le 1" brumair^ Ç* relativement au retran(;hcii>enl,^e la ritiion d'e?:u, devenu j^b.sQlu- ment nécessaii;e. 1^. de Raven.;! eut à soutenir une lulltt crnelk

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avant de pouvoir calmer c»;Ue dan- » voyées, et (.elles qui nous sont an- gtîreusc effervescence, mais il y i)iioncées,prouvenlqiievousvouleï parvint, et sut mainlenir son au- «au^si luetlre la fortune à la raison, torilé. Cependant couiuie l'hon- » Nous vous prions de prendre lec- ncur du pavillon pouvait être »lure de la dépêche que nous a- compromis sur la côte de Mala- «dressons à la régence sous ca- bar, l'ennemi était en forces ncliet volant. Vous y trouverez à- très-supérieurcs, il était prudent, <> la fois le lémoif^na|;e de notre d'après l'expérience qui venait oco.ifiaiice en vous, li coiinais- d'êlre faite , de ne pas i-'exposei- «sauce de votre -itualion, et des à un désavantage évident. En cou- «pouvoiis iliitnilés , pour faire en séquence, iM. de Ravenel prit le » notre nom lout le qui pourra dé- parti d'entrer dans ie golfe du nttiininer la régence de Bal i\ia à Bengale, il fut presque tou- » venir au secours de l'Ile - de- jours à la cape, souvent à sec et «France, etc. » La régence avait entre deux eaux. Cette position, dv;mandé que la (livi>ion franpai-e qui menaçait de devenir dange- séjournât, eu totalité ou en par- rcuse, détermina le commandant tie, dans les mers de Java et dans Gosson ù être l'organe du repen- les autres colonies hollandaises, tir de ses soldats, et de l'exprès- pour les défendre contre les atlu- sion de leur obéissance. Après cet quesdes Anglais. En conséquence, événement, M. de Ravenel alla M. de Ravenel partit de Batavia en rade de Madras, et y prit une pour faire une croisière dans les corvette de la compagnie, qu'il Moluqnes. Lorsqu'on fut aux en- cxpédia à l'Ile-de-France, afin virons de Baiijermassin , le flux d'informer le contre-amiral Ser- de sang qui se déclara avec vio- cey de sa position. Pendant ce lence dans l'éqtripage . mit t'uit- temps, il alla croiser à la pointe à-coup 80 hommes hors de scr- de la Galle, puis il fît route vers vice. Une voie d'eau parut ensuite Colombo, et s'empara encore du dans l'avant de la frégate, et ajou- viisseau de compagnie, le Lord ta à cette fâcheuse position. La Sigot. Les administrateurs gêné- mous.-on s'opposant alors au re- raux de l'Ile-de-France (MM. Ma- tour à Batavia, M. de Ravenel larlic et Dupuy) lui écrivirent à n'avait d'autre parti a prendre que cette occasion : « Nousavous ap- de se rendre à l'Ile-de-France pour «pris avec peine tous les désagré- recaréner la frégate, et revenir

mens elles dangers réels aux- ensniteavec des forces pour proté- » quels vous avez été exposé dans ger l'île de Java et les autres colo- »les commenceraens de votre ex- nies hollandaises. 11 arriva ù l'ile-

jiédition. Votre courage et votre de France dans l'état h; plus tléplo- » prudence ont ramené l'ordre, et rable ; mais il fut vivement afîligé

cette épreuve, toute glorieuse en recevant l'ordre du gouver-

qu'elle est pour vous, était bien neur-général de ne faire aucune

inutile à votre brillante et an- manœuvre pour entrer dans le ucienne réputation. Deux prises port. Cet ordre était provoqué »que TOU» nous avez déjà en- par un arrêté de rassemblée co-

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loniale. En obéissant , M. de Ra- venel aurait exposé la frégate à couler sur ses ancres, et tous les malades auraient péri. I! Ut les représentations les plus puissantes an gouverneur, en l'assurant que si on lui refusait encore l'enlrée du port pendant une heure , l'iui- manilé lui imposait le devoir d'é- chouer la frégate. Celte détermi- nation lui fit obtenir ce qu'il sol- licitait avec tant d'ardeur. M. de Kavenel avait été attaqué de fiè- vres à batavia; elles se renouve- lèrent à rile-de-France , ce qui l'obligea de se démettre du com- mandement de la Uégaie la Forte. Le gouverneur-général, en rece- vant sa démission , lui exj)rima des regrets dans une lettre très- flatteuse. Telle fut la carrière que parcourut M. de Ravenel dans un intervalle de phis de f\5 ans de service. Lorsqu'il y entra, la porte de l'avancement était étroile, la concurrence nombreuse^ et les fa- Teurs étaient accordétîs, non au plus digne, mais au plus protégé. M. de Ravenel triompha de tous ces obstacles par la force de son caractère, parla supériorité de ses lalens et par l'évidence de son mérite. Ses amis l'appelaient le Catiiiat de la marine. Le bailli de Sufl'ren et les (ifliciers de ce corps, ses compagnons de gloire, sous- crivirent à celle comparaison. Le bailli de Suiïren, en le présentant à Louis XVI, dit à ce prince : bire, voilà l'olTicifr auquel vous devez la conservation de mon ar- .inée. C'est lui qui nous a nourris et a entretenu nos vaisseaux. » La réunion la plus rare des talens militaires, administratifs, diplo- matiques, à de grandes connais»

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sancesen statistique généra]e,est(;C qui dislingua particulièrement M. de Ravenel. Ilfutrecommandablfj en oulre, par des principes aus- tères, fermes , incorruptibles, par son courage à lutter contre des dilapidatenrs pjiissans, et par les services qu'il rendit à sa patrie. On ne peut lui reprocher avec justice qu'une inflexibilité de ca- ractère et un rigorisme outrés, qu'il apportait jusque dans l'inté- rieur de sa famille. Ce fut un tort qui venait sans doute de l'élat qu'il avail embrassé et des em- plois difilciles qu'il avait eus à remplir; et c'est en quoi il ditVéra de Câlinât, qui avail su joindre à un mérite transcendant les mœurs les plus douces et les plus aima- bles.^

REAL (le comte), voy. le Sup- plément du tome XVIIL , REGNALLT ( Jean-Raptiste- Etienne-Benoit-Olive), médecin- consullant du roi, à Niort, le i" octobre iy5ç), fut le disciple et l'ami de Vicq-d'Azyr, qui parvint à le fixer à Paris , dans le dessein de l'associer à ses travaux et à ses succ(8. Lorsque la révolutionécla- ta , M. Regjiault lut nommé, en 1789, président de la seclion de Saint -Ëustache. Au milieu de l'ef- fervescence qui régnait alors, il se n)onlra constanunent ami de l'ordre, et sut maintenir la tran- quillité publii|ue. Il devint, en i^ç)'! , mendue delà première mu- nicipalilé constitutionnelle de Pa- ris, fui nommé, en 1791 , méde- cin «le l'hôpitiil mililaire du (îros- Caillou , et <'iifjn médecin ordinai- re à l'armée de la Moselle. Sa mo- dération fut bien!/)! r«;gardée par des hommes exagérés comme une

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opposition au non vcl ordre flcîcho- ffs premiors grades, ol fut nom «l'S ; il lui (Irnoucf- , e\ prév»^llll nu; [)ar le roi t-n ifî)2, capitaifiR qi' un mail. I, il venait d êirc lamé iuljoinl à l'élat-inainr (te l'armée c<uilielin' )>ar le coutilé de .sfircté- du riidi, toinmaiii.'i'e par le p;éné- g;énérale,il prit la fuile pour su i\\\ Monlesquioii ; ii servit avec iousli aiie à l'échaTaud , el s(> ren- di>linelion à l'armét; des Aljies et dit à Hamltotng , pendant dix d'Italie, et venait d'être promu an ans, qu'il y exerça la inéderine, il grade d'adjudant-génèral lorsqu'il y trouva des Français réfugii's, fut arrêté aux avant-postes, parles fuyant comme lui la perséeulion, ordres du représenlant du peuple et crut, avec juste raisi>n, servir Albitte, sur une dénonciation ile son pays en leur prodiguant les la société populaire ; mais le re- secours de sop arl. Des affaires présentant (iaslon le rendit à la d'inlérêl l'ayant appelé à Londres, liberté, sur la demande du général il y fut précédé par la répnialion en chef Dumas, et d'une dépiila- qu'il s'éiail faite à Hambourg, et tion de l'armée, qui était venue le ne larda pas à y obtenir la même réclamer quelques jours avant l'at- confiance. Le rétablissement du taque du mont-Cenis. Nommé gé- gouverneinent royal, eu i8i4?ra- néral de brigade en l'an '' '"* mena tVl. llegiiault dans sa patrie. apj)elé au i8 fruclidor au com- Mommé celle même année méde- mandement supérieur de Lyon, cin-consultant du roi, il devint, mis en état de siège, el des dé- en 181 5, méde(;iii en chef-adjoint partemens du Rhône et de la Loi- de l'hôpital de la garde royale ; en re; il parvint par sa fermeté et par J817, médecin des pages de lu de sages mesure-;, à l'arrestation cha. libre du roi. et chevalier de des principaux chef» des compa- l'ordie de Saint-Wiehel. M. Ile- gnies de Jésus el du Soleil, qui, gnault a publié à Londres : Obser- en plein jour el avec la plus gran- tation sur la phlhisie pulmonaire , de audace, comnieltaient dans et sur le lichen d'Islande , considé- celte malheureuse ville et dans ses comme médicament et comme ali- environs d(!s excès atroces, et »?6n^, in-S", ouviage qui aeu trois avaient jeté la terreur parmi les éditions à Londres et deux i'i Paris, habilans. Ces bandes poursuivies Il est le rédacteur principal du et détruites, la tranquillité se ré- Jour/uil universel des Sciences me- t-iblit el les communications fu- dicules, dont il paraît un numéro renl assurées. Dans ces temps dif- par mois depuis i8i5. ficiles, le général Rey sut mériter

REGiNlER (ËDMEl, vof/. VEr- l'eslime et la reconnaissance des

rata du tome XVIIL Lyonnais, par sa justice et sa fer-

REY (Lodis-Emmaniel), lieu- meté. Chargé de l'organisation et

fenanl-général des armées du roi, de la formation fie divers corps,

grand-oflicier de la légion-d'hon- il passa en l'an 10, au commande-

neur, chevalier de Saint-Louis, menl du déparlement de Jemma-

est à Grenoble en 1768. 11 en- pes, fut enjployé en i8o5, à l'ar-

tra au service après avoir termi- mée de Boulogne, il comman-

iié ses éludes, passa rapideiVient da en 1807 et 1808, la première

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division de cclUî armée, et fut nommé à la fio de i8o8, chet'-d'é- tat-major général de l'année de (/alalng;ne, lors de sa l'ormation sous lc> ordres du maréchal Gon- vinn Sain[-Cyr; après le départ du maréchal, il remplit les mêmes Ibnctifàns sous les ordres du maré- chal ABgereau. ]l passa en Espa- gne eu iSio, et remplaça comme gouverneur génér.il du 5' gouver- ncmeul, le général Dorsenue nom- mé au commandement en chef de l'armée du Nord. Eu juin i8i3, lors de l'évacuation de Burgos, il fui chargé par le roi d'Espagne, du commandement d'un convoi considérable dirigé sur Saiut-Sé- baslien, se trouvaient les mi- nistres et les principaux olîiciers de la maison de ce prince. A son arri- vée le 22 juin dans cette place qui avait été en partie désarmée pour former un équifiage de siège, et privée de ses approvisionnemens de resserve, qui avaient été dirigés sur Santona, le général Key n'y trouva qu'un dépôt de conscrits de .")5o hommes, commandés par 4 ufliciers. Il s'occupa aussitôt du réarmement de la place ain«i que de ses approvisionnemens et des travaux extérieurs. Après la mal- heureuse atîaire de Vittoria, le gé- néral Foy qui avait réuni ù sa di- vision une partie <les débris de l'armée, jeta des troupes dans la place qui, dès le 38 juin, se Irouva cernée. Le général (îraliam avrc deux divisions anglaises et une di- vision portugaise, fut chargé de l'altnque de Saint-Sébastien. Les Anglais échouèrent dans h-s as- sauts livrés le 25 juillet et le 5i août, ils ûrenl des pertes énor- mes, auxquelles on attribue la des-

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trnction de la ville. Ueponssé aux divers assauts, le général Grahani avait donné l'ordre de la retraite, lorsqu'un obus ayant éclaté, mit le feu aux artifices qui se trou- vaient sur la brèche, et causa de grands ravages dans les rangs fran- çais. Dn chef de bataillon, 4 olîi- ciers et un grand nombre de trou- pes d'élite furent victimes de ce malheureux événement. Le géné- ral Rey accourut sur la brèche avec des troupes de réserve ; on s'y maintenait avec la plus gran- de opiuiâlrelé, lorsqu'un bataillon portugais ayant eflectué le passa- ge de la rivière, parvint sous la protection des batteries de brèche et après avoir éprouvé de grandes pertes, à s'établir au pied de la mu-, raille de mer près de la petite brè- che, et dans les décombres adja- cens, d'où l'on ne put parvenir i le déloger. Alors la retraite fut or- donnée et la ville défendue pied à pied. Le général n'abandonna qu'à 4 hetires la principale traver- se en avant de l'église, lorsque toutes les troupes eurent eflectué leur retraite sur le fort parles deux communications qui y abotilis- senl. Du i" au 8, les troupes dans les diveises po>ilions qu'elles oc- cupèrent au bivouac, eurent beau- coup à soulfrir d'une pluie conti- nuelle, et éprouvèrent de grandes perles par le feu non interrompu de 20 mortiers et de i3 obusiers. Le 8 au matin, les Anglais ouvri- rent le feu sur le Mirador, et le fai- ble mur qui entoure lo rocher ù mi-cftte, avec une batterie de 20 pièces de 24 qu'ils avaient établie sur le terre-plein de l'ouvrage ù cornes* et qui était soutenue par le feu do tuulei les batterie», les

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troupe? n'ayaiil pas d'abri la per- te riilcûii:ii(l. r3l)le; à unehenr»; Ifs brèchts «ita.erit pratiiablcs. Le g<'- néral Rey fil une convention pour renif lire le cliTilean qui «'titit d.ios un étal (le coniplèle .strnclion. Il ne restait plus une seule pièce en étal (le tirer iJans les diverses batterie.^ : les Anglais lurent éton- iu':s de la situation dans laquelle ils trouvèrent cette position, et en tcuioiguèretït !eur surprise. Pen- dant la dur- e de (C si»!gc niémo- ralile (loul l'inveslissenu nt C(un- lueuçu le 28 juin , le général Key et sa brave garnison «e couvrirent d'une gloire immorteMe dans les nombreux combats qu'ils eurent à soutenir. L'empereur en maui- fesl.i baoteuieut !-a satisfaction, confiirua tous les avanceinens faits pendant le siège, et accorda des récoiripensex. Il éleva le général Rey au grade de général de divi- sion , le nomma grand ofïieier de la lëgiou-d'hoi.iieur , et par une faveur spé< iale et très-rare, il lui accorda la totolité de se*appointe- meus pendiuit la dmée de sa capti- Tité. Le général Rey rentré en Fran- ce aprèslarestatuationen i8i4»fut nommé chevalier de Saint-Louis. Ali fin d'avril 181 5, il reçut l'or- dre de se rendre à Valeuciennes en qualité de gouverneur de cette place imporiaute, qui fut attaquée après les désastres tie AValerloOt par un corps d'armée commandé par le prince Frédéric d'Orange. Malgré tous leurs elVorîs les alliés ne purent entrer dans Vaiencien- nes, qu'après la signature du trai- té qui déterminait la ligne que de- vaient occuper les divers corps d'armées. Le général Rey a eu la catisfactiod) après avoir défendu

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vaillamment une place sur la fron- tière ennemie, d'en conserver ime à la France. Il a été mis jeune en- core à la retraite par l'ordonnance de 181 5, et s'est retiré à la cam- pagne où il s'occupe d'agricultu- re, « l jouit de l'estime de ses con- citoyens. ^

REYMOND (Geobcf.-Mabie") , dont le nom est écrit Raymokd duus plusieurs recueils litlér tires» est à chambéri, vers »7<>0- '^ est lacteur du Journal de Sa- voie, et principal du collège de Chambéri, il est aussi profes- seur de mathématiques. On lui doit les prodii'^tions suivantes: i* A l' auteur de ta. Chaumière indien- ne, ou Réfutation dusyifème de M. Bernardin dt Saint-Pierre^ s ir la figure de la Terre ^ Chambéri , 1792, in-8*; 2" De ta Peinture con- sidérée dans ses effets sur les fiotn- mes en général, et son influence sur tes mœurs et le gouvernement des peuples, 1801, in-S"; 1804, in -8°; Essai sur l'émulation dans l'or- dre social et sur son application à l'éducation; cet ouvrage a été mentionné honorablement par rin>ititut, 1802. in-8°, Genève; 4* Mctapliysique des études, ouReclier- cties sur l'état actuel des métfiodes dans l'étude des tettreset des scien- ces, et sur leur in (luencerclalivcmcnt à la solidité de C érudition, Paris, i8o'(, in-8°; Manuel métrotogi- que dadépartement duMont-Blanc, Chambéri, i8o5,in-8";G''De«j; let- tres à M. Millin, sur l'usage delà musique dans tes églises, 181 1, in- f^'; •;" Let/re à M. Villoteau, tou- chant ses rues sur ta possibilité d'u- ne tliéorie exacte des principes na- turels de musique, Paris, 1811 ,in- 8": 8" Essai sur la détermination

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des hases physico-mathématiques de l'art musical, i8i5, in-8°; <)" Notice sur tes Charmettes, Genè- ve, 1811. in-«S" (insérée dans le Magasin encyclopi'ffique de 1 H 1 i); 10" Notice sur r Institut d'Y Ver- dun, iSiZj, in-8"; w' Analyse du bioniètre, instrument pour mesurer ta vie, ou Mémorial horaire de M. Jullien, 181 5, in-8'; ii" Eloge de Biaise Pascal, qui a reiuporlé i'é- ^bndne d'or, à l'académie des Jeux-Floraux de Toulouse, en 18 iG; 2* édition, 1817, in-8". iM. Keymond a foiunibed'ioup d'ar- ticles à la Bihliolhet/ue française de M. Pougcns, ;ui Magasin en- cyclopédique de feu Millin, aux Annales de mathématiques pures et appliquées, parM.Gergonne,eto. Il est membre de la société phi- lotechniqne de Paris, des acadé- mies de f.yon. de Dijon, de Nî- mes, de Turin, etc.

KEYMOND (J. B.), capitaine au corps royal des inJjéni«'urs-géo- jfraplu'S militaires, membre de dif- ('ér«'ules académies, Jrère aîné du précédent, est à Chatnbéri en I7<>(>. Il a publié : i* en 1795, et diî n :>uveau en i8o5, avec des c\\vin^ttn\en9„\\nv.Carte génrrale du département du Mont-Bianc;'i ', en 181 5, dessinée et gravée pu- lui, une Carte physique et rninéralogi- que du Mont-Blanc et des vallées qui l'avoisinent. Elle avait été le- vée pendant les années 1797, 1798, et 1799. Il s'occupait, il y a quelques années, (Vune grande Carte topographique et militaire des Alpes, en l'i feuilb;».

RI':///.ONIC(>, liltéra'eiir ita- lien, rntf. le Sup. du t. XVIII.

RIUÈ.S, médecin . toy. le JSup- piément du tome XVIII.

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RIQUET ( COMTE DE Caraman, PRINCE DE Chimay), voy . le Sup- plément du tome XVIII.

KOBIÎKT DE SAINT-VIN-

CENT. père etûls, conseillers au p;irlemeut et à la cour royale, voff. le Supplément du tome

xvni.

KOliERT (Hcbert), peintre, voif. le Supplément du tome XV IH.

UOBERT, peintre de paysa- ges, voy. le Supplément du tome

xvni.

KO DE, célèbre violoniste, roy. le Siij>plémeiit du tome XVIII.

ROEST d'ALREMADE (An- Toi>E-JosEpn BARON de), à Dor- dreohl en Hollande, le i5 avril 1782. est entré an service comme lieutenant de bussards, sous le rè- gne du roi Louis Napoléon. Nom- mé Capitaine, écuyer et chevalier de l'ordre royal de l'union, en 1807, lieutenant-colonel des gar- d»'s à pied en 1808, colonel du 5* régiment de hussards eu 1809, et blessé Irès-dangenuscment le 27 mars de la même année à Ciudad- Réal en Espagne, il fut fut en- suite général-uiajor, grand-maré- chal de la cour du roi et grand- croix di; l'ordre de l'Union. Apre» l'abtlicaliun du roi Louis, il resta au >erviiede l'<Miipercur Napoléon conune général de brigade. Eu 1810, il fut nouuné chevalier de lu légiou-d'honncur; en 1811, il commandait le dé[iartemcut du Paiiaro à Modène : il mourut le 17 décembre de la même année. Il s'était trouvé à plusieurs actions d'éclat, dans lesq .elles il avait dé- ployé la bravoure la plus brillan- te : et mi rapport olliciel consa- cra le souvenir de sa belle cou-

/r'6 ROS

diiilK à r;tn';iir»! do, CiinKid-Ilô:»!. ROSKN.VlULLJ<:R(J*:nNEST-FRÉ- dÉric-Charles) , oriciilitlisfe alle- mand, est ne à Heisberç, le lo décembre 1768. Son père , pas- teur ilislingiié, lui fil donner une éducation soignée, et approuva sn vocation pour les sciences. M. Rosenmijiler devint, en ijqS, profe-^seur de langue arabe à l'u- niversité de Léipsick, il avait terminé ses études , et fut nom- mé ensuite bibliolbécaire de la même université, «d'est, dit-on, un savant orientaliste et exégete hardi. On lui doit un grand nom- bre d'ouvrages utiles sur plusieurs parties des antiquités; d'excellens morceaux de critique et de litté- rature de l'Orient ; enfin , un com- mentaire latin fort étendu sur les principaux livres de l'ancien Tes- tament , travail qui a le plus con- tribué à sa réputation , et qui n'est pas encore achevé. » On cite parmi les principales productions de M. Rosenmuller : i' Zolialri carmen ^ tempU meccani foribus appensum, vanc primum ex cod. Leidensi ara- birè edit. » lat. conversum et notis illustr. , Léipsick, 1792, gr. in- 4°; Selecta quœdam Arabum a- dagia , nanc primum nrabirè édita, lat. versa atque illustr., ib., 1797, gr. in-4° ; Abulfedœ MesopotU' rnia, arah. primum édita ( dans le 3* tome du liépertoire bibl. et orient, de RI. Paulus ). Com- meiilatio de Pentateurhi versione persicâ, gr. in-4°« Léipeick, i8i4; 5" Manuel bibliographique de cri- tique et d'exégèse biblique , 4 ^o\., Gœttingen, 1797-1800, in-8°; Recueil et analyse des passages de l'Ecriture sainte, qui servent de preuves dans Cexposition des

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dogmes de la théologie chrétienne ; i" vol., Léipsick, 1795, gr. iti-8*, La suite de cet ouvrage n'a })as pa- ru. 1^° Grammaire et Chrestomalhie arabes, \h., I7;)(), in-S'', S' Histoire des prétendus envoyés de Dieu et fondateurs de sectes religieuses , parmi les inahométans ( insérée dans le 1' vol. des iMélanges, pour l'Histoire des religions, par M. Staendiin , 1797 ). Poésie des Arabes , avant Mohammed, dans les Supplémens à la Théorie des beaux-arts , par Sulzcr, vol. 5, 1798. lia traduit et accompa- gné de notes les Mœurs des Bé- douins, de d'Aryieux; le Timon, de Lucien ; l'È pitre de Saint- Jacques ; les Supplémens à l'in- troduction de J. D. Michaëlis , aux livres du iV. T, publiés à Cam- bridge, en 2 vol. gr. in -4°, par M. H. Marsh; Gœttingue, 2 vol. in-4''j 1795-1803. M. Rosenmul- ler a trois frères, qui se sont dis- tingués par leurs ouvrages : Jeai»- ChbÉtien, en 1771, est pro- fesseur d'anatomie et de chirur- gie à Léipsick : il a publié plu- sieurs écrits sur son art ; Jean- JÉRÔME-CoNRAo, en 1776, cul- tive la littérature historique , et a donné différens ouvrages dans cette partie; enfin Philippe, en 1776, exerce les fonctions de pasteur, et a mis au jour des poé- sies , des traductions , etc.

ROSSIM (JoACHiMo), un de ces hommes qui , libéralement dotés pnr la nature , opèrent dans les arts une révolution violente , et changent le goût de leur siècle, en croyant eux-mêmes n'obéir qu'à leur caprice. Les chants gra- cieux de Cimarosa, la musique légère etbrillantede Paër,avaient

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')uvert la route ; M. Rossini osa ilavanfagc ; et sans autre systcmc que celui de se plaire à lui-même, il créa une école nouvelle, qui lera de mauvais inn'luteurs, mais dont le style original pt vif doit l'aire «poque dans l'histoire de J'arl musical. à Pesuro , en 1789, de pareils villageois, il ap- prit à chanter avant d'apprendre à lire, et, ajuès avoir été enfant de chœur, il entra au conservatoi- re de Naples, c'est-à-dire qu'il suivit la route ordinaire , demi- sacrée , demi - profane, qu'ont suivie dans sa patrie, tous ces gé- nies néssans fortime, qui devaient un jour briller au premier rang, *»t faire retentir d'hymnes saints et d'accens voluptueux les vofites des temples et les salles des jeux scéniqiies. Beaucoup d'étourdeiie, de dissipation, d'inconséquences, marquèrent ses premiers pas dans la carrière. Il ;ij)pril la composi- tion, comme un homme qui de- vine l'art, et qui s'embarrasse as- sez pt;u des règles. Ses premiers opéras n'eurent que de légers suc- cès. On le vit parcourir l'Italie , comme c'est la coutume, à la solde des impresarii ; toujours en relard dans les engagemensqu'il contrac- tait, toujours cité pour sa pjrcs- se, son goût pour les plaisirs, son dédain de l'avenir, et sa facili- té à se jouer du public, de son ta- lent et de sa gloire. A Veiii>c, il fut retenu par un imprésario de mauvaise humeur, et le pu- blic avait sifflé une de ses ouv(;r- tures, ilimaginad'interrompre par des poses l'ouverture nouvelle qu'il fut obligé de composer, et de marquer chacune de ces poses, d'un coup donné par chaque mu-

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sicicn avec le manche de son ins- trument sm- les chandeliers de fer blanc qui éclair.;nl les pupitres. Les exéculans soumis par devoir, et forcés par une discipline exacte à exécuter toutes les volontés du compositeur, remplirent cette sin- gulière liU'he; et l'harmonie qui en résulta fut si extravagante, si singulière, et mit les spectateurs vénitiens dans une toile furetir, que l'aKenlion publique s'éveilla, et que bientôt on ne parla plus que do l'audacieuse espièglerie du june Kossini. Son talent se dé- ploya tout entier au moment nn'me son étourderic occupait les oisifs de l'Italie. Il doima le Barhiere di Siviglia , et le Nozze di Figaro. (>'était entrer en lice avec Faësielloet Mozart. On trou- va chez 31. Rossini, avec moins d'étude, moins de perfection, une verve entraînante, une rapidité d'expression étonnante, et un /«Wo, pournousservirdu mot technique, que personne n'avait encore porté si loin. Dès lors l'enlhousiasmc italien proclama Rossini le gio' 7>ane U'ingcnio. En effet, il a ce qui constitue principalement le génie dans les arts , de l'imagination , <le la verve, et une fertilité mer- veilleuse. Il a pressé tous le? mou- V);mensmusi(^'nix,i>t sou vent, pour obtenir de relTel , il a préféré des motifs brillans, des thèmes vifs, dès inspirations gaies, rapides et riantes, à ces combinaisons dra- matiques, à ces compositions ?a- vammcnt expres-ivcs, que l'on admire chez Gluck , iMozart et Sponlini. Ces défauts se sont re-. produits avec plus de force dans ses autres ouvragtîs, et lindolen- cc <jle son caractère a joint à ces^

reprO(hcs méiilt'js celui de dé- daigner trop souvent le choix de ses motifs , de négliger l'encîhaî- nemetït des parties, et de repro- duire larnêiDe j)ensée, on (ce qui est plus inexcusable ) le uiê'ine morceau aj^pliqué à dilïérentes paroles, dans deux ou trois ou- vrages de genres différens. Sa vie aventureuse et épicurienne, et sa manière de composer, sans justi- fier ces dérauts,lesexpliqnent suf- fisamment. M. Uossiai n'a besoin ni de la solitude, ni du silence pour trouver l'inspiration. C'est au milieu des fêtes, parmi le bruit et le fracas, au sein des plaisirs, à table , en voyage , que sa verve négligente laisse échapper ces tré- sors d'une mélodie vive et élégan- te, mais souvent incorrecte, dont les accens ont charmé l'Europe. M ose inEgltlo, la Donna del tago, Otello , la CenerentoUt, la Gazza ladra, portent de fréquentes et de brillantes traces de son génie, qui ne s'est montré que par intervalles dans VElisahetta, la Semlramide , le Tarco in Ilalia,e\ quelques au- tres ouvrages plus faibles. Il a épousé M°" Colbran, et s'est re- posé depuis celte époque. A Pa- ris et à Londres, aucune produc- tion n'a encore signalé l'existence de son génie. Noirirné directeur du TbéAtre- Italien de Paris, il jouit aujourd'hui d'une juste ré- nommée, qu'il sait mettre à pro- fil , sans la soutenir et l'agran- dir : au moment nous écri- vons (1825), il s'occupe d'un grand ouvrage pour le théâtre de l'Académie royale de Musique; ^ses admirateurs et ses rivaux l'at- tendent à cette grande épreuve , qui a mis le sceau à la réputation

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de Sacchini , de Piccini et Je Gluck.

IIOSNAY. général, voy. le Sup- plément du loine XVIII.

SABATIKR , célèbre chirur- gien, roy. le Supplément du tome XVIII.

SCHIl.T (JEiN- Jacques), ma- réchal-de camp, commandeur de la légion-d'houneur , dans le département du Bas-Rhin, le i5 mai 17^1, s'enrôla le 26 janvier 177g, comme simple volontaire dans la légion de Nassau, devenue par suite de différentes incorpo- rations, 24"" régiment d'infante- rie légère. Celte légion faisant alors partie de l'armée des côtes de Bretagne, M. Schilt se trouva îi l'attaque de l'île de Jersey. Il était quartier-maître trésorier en 1791. A cette époque il passa à l'armée des Pyrénées-Occidenta- les, où il servit successivement sous les ordres des généraux en chef Servan, Muller et Moncey. Employé constamment à l'avant- garde , il participa aux brillana succès que les Français obtinrent en Espagne, et se distingua parti- culièrement à l'attaque des lignes formidables d'Iruu , à la redditori des forteresses de Fontarabie et de Saint - Sébastien , et à la prise des villes de Vittoria et de Bilbao. 11 obtint le grade de capitaine le 6 novembre 1792, celui de chef de bataillon le 26 juillet 1793, et fut nommé général de brigade, le 19 vendémiaire an 3 (10 octobre 1794). Après la paix avec l'Espa- gne, le général Schilt passa à l'ar- mée de l'Ouest, il contribua aux succès qui forcèrent les der- niers chefs de l'insurrection à se soumettre. Employé sous les or-

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scn

arts des généraux en chef Hoche , Moulin, Hédoiiville et Brune, il acqiiit successivement leur esti- me et sa conddite honorable lui valut de la part du directoire-exé- cutif, une lettre très- flatteuse. Il resta dans les dépinleinens d'Ile- et-Vilaine et du Morbihan, jus- qu'A rentière pacificatiou de ces contrées. Le général de biigade Schih fit en Tan 8, partie de l'ar- niéf de réserve, formée à Dijon; il se trouva à l'affaire du Tessin , au coirïbat de Turbigo, an blocus du châle. lu de Milan, et a la cé- li-bre bataille de Marengo : dans colle journée il donna de nouvel- les preuve? de talent et de coura- ge. Le combat était eng;igé depuis six heures; le l'en le puis violent se propageait sur toute la ligne, et de part et d'antre les charges les plus audacieuses se renouvelaient sans cesse; un corps ennemi qui hc prolongeait du côté de Gaslel- Ceriola , menaçait l'aile droite de l'armée française : pour ne pas se 1 lisser environner on fut oblige d'abandonner Marengo, et de prendre position en avant de ce village. Ce mouvement indispen- sable fut exécuté avee une préci- sion remaripi.ible, sans qm: le feu se trdUvHl interrompu un seul ins- tant. En ci; moment la division dlonnler arrivait sur le champ de hatailh; , les généraux Schilt et C.arra-Saint-Cyr, à la têle des 19' légère et 70* demi-brigades, mar- chèrent aussitôt sur la droite, et reprirent une partie du terrain que les circonstances avaient fait abandonner aux troupes françai- ses. Le général Schilt dont la ma- noeuvre habile pour se dégag«:r <iv$ forces nombreuses qui l'envi-

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Tonnaient, fut admirée des trou- pes, reçut les éloges des généraux en chef, et sa conduite obtint une mention honorable dans le rap- port du chef d'état-major-géné- ral. Emj)loyé en l'an 9, à l'armée d'Italie, sous les ordres de Brune, il se distingua au passage du Mincio, à celui de rA()ige,et à la prise des positions de Rivoli et de la Cora- na. La nature du terrain , une nombreuse arlillerie et les forces imposaiites de l'ennemi, rendi- rent l'attaque de ces positions des pins dangereuses ; le général Sehilt, avec sa brigade, composée des premier et deuxième batail- lons de II 12° légère, et9i* de li- gne, It s tourna landis que la bri- gade du général Seriziot les atta- tpjait de front, et elles furent en- levées : «Il ne fallait rien moins, disait le général Oudinot dans soi» rapport, que l'intrépidité des Fran- çais, pour gravir ces montagnes sous une pluie de feu, et empor-« ter un succès aussi complet que rapide. » Après avoir parlicipé aux succès de l'armée d'Italie jus- qu'à la paix, le général Schilt fut appelé des bords de la l'iave au commandement de la ville de Mi- lan, d'.jù il passa su.xessivement au rommaiidement de Nice, et à celui des Alpes maritimes. Ce gé- néral qui n'a dft son avancement (ju'à sim mérite, a aussi développé les talensd'unsageadininistrateur; en faisant d'une part respecter la discipline militaire, il a de l'autre réparé les maux de la guerre, et soulagé les peuples dont l'admi- ni>tratinn lui était confiée. Il a ces- sé de faire partie des cadres de l'armée en iH iG.

SCRIBE (Kugèhe) , houioïc dq

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lollrc's , ruii des plus féconds cotnine des plus iiij^fMiiciix et spi- ritiiel-s auteurs de hgcis ouvrages dramatiques, a enriefii les lliéû- tres du Vaudeville, des Variétés, de rOpéra-Coniiqne et du Gym- nase (aujourd'hui théâtre de iMa- DAME, duchesse de lierry), d'une l'oide de productions qui, presque tontes, ont ohlenu un succès de vogue. Le non.hre des pièces que M. Scribe a composées, soit seul, soit en société, se nionie à plus de cent trente; nous ne citerons que les principales. (Au Vaude- ville) , le ISouve-aa Pourceaugnac; le comte Ory; la Nuit de la Garde nationale; une Visite à liedUnn; te Fou de Peronne; la Sonmainhulc; Frontin mari. - garçon. (Aux Va- riétés) , le Solliciteur ; les deux Précepteurs ; le comte WErforl, ou l'Ennui; l'Ours et le Pacha; l'Intérieur d'une Elude. (Au Gym- nase dranialique) , te Secrétaire et le Cuisinier ; le Parrain; le Gas- tronome sans argent ; le Colonel; la Petite Sœur ; te Mariage enfan- tin ; le vieux Garçon; Michel et Christine; Philibert marié; lu De- moiselle et la Dame; C Ecarté; r Intérieur d'an Bureau; la Loge du Portier; l' Héritière ; le Coif- feur et le Perruquier; la il/ailrcsse au Logis; la Partie et -liccanclte; un Dernier Jour de fortune; la Mansarde des Artistes; les Gri- settes; Rodolphe; Coralj; la Qua- rantaine; la Haine d'une Femme; le plus Beau Jour de ta vie. (A l'O- péra-Comique), laChambre à cou- c'ja*, mnsi(piede Guénée; le Valet de Chambre, musique de Carafîa; Leycester; ta Neige; le Concert à la Cour; Léocadie; leMûçon. (^os derniers ouvrages ont été mis

en nnisique jiar M. Auher. com- positeur plein do ver^e et d'origi- nalité, qui s'c-'t ac«('iis Une juUe répulaii 11. (ArOdéon), le V O" ht de son Rn-al. (Au Théâtre- Français], Valérie, comédie en trois actes et en prose. Cette piè- ce, on M"' >jars remplit le princi- pal rôle d'une manière inimita- ble, a l;iit courir tout Paris, et est restée au courant du ré|>ertoire. Dans tous les ouvrnges cités i( i , iM. Scribe a fait preuve d'ime par- laite en ente de la scène. Si l'in- trigue est eu général légère , les flétails, en revanche, sont pleins de grâce et d'intérêt. Les pièces de cet auteur ob'iemieut, si l'on peut s'exprin.ei' ainsi, un sufc<;S de bon ton ; au^si est-ce habituel- lement dans la bonne société qu'il puise ses inspiratimis. Jeune en- core, il a déjà beaucoup l'ait pour sa fortune, et plusieurs ouviages importans qu'il prépare, dit-on, ajouteront sans doute encore à sa gloire.

SÉGUAIN (Jérôme), capitaine de frégate, chevalier de la légion- d'houneur, est à Lyi>n , dépar- tetnent du ilhône , le 28 juillet içG'). Dès sa plus tendre jeunesse il se montra passionné pour les voyages et pour les études de la marine. En i7;'i il partit pourlVo- chelort, il arma en course, si^r des vaisseaux de ct; port, jusqu'à la fm de la guerre de 1776. La paix laite, il offrit ses services à la couipagnie des Indes, qui l'em- ploya en qualité d'oflicier depuis ijîS/j jusqu'en 179"^; à cette épo- que, revenant de la Chine, il quitta le service de la compagnie pour monter ini corsaire, nom- mé le Cilojen^doiil les dilfcrenies

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courses n'oflVirent aucune chance favorable à son avancement ni à sa fortune. Dans un vovajje qu'il fit de Lurienl à Toulon, en pas- sant par liordeiux il y fut retenu pour prendre le couwnandemrnt «le la lV<'j|[atc la Citoyenne fran- çaise, C«; choix fut approuvé par le giMivernenient , qui venait de nonunt-r'IU. Scgtiaiu lieutenant «le vaiivsoau. Pendant Tespacc de vingl-dciix ujuis (pi'il cimserva ce coiniiiaii(ieuient, il e^C!)rta et pro- tégea p!u«ifur-j convois, triompha d'un grand noniUrc de diin.nillé?, et les succè? qu'il obtint ne furent dus qu'à sou expérience et à S(!S talens. De coiirert aveu la Tamise et la Républicaine, il fit, dans une croisière, plu;? de cin(|uante prises qui ne IVnricliirenl [las, car ne s'en considérant que coinine le dépo'ilaiie fidèle, il ne lui resta, après la reddition de ses compte», que l'espoir d'un nouvel eud>ar- quement. Il fil, sur le vaisseau les Droits lUl' tiomnte, la première expédiiiiin d'Irlande , dans la- quelle, assailli par des forces in- finiuii'ut supérieures, il soutint pendant iliuize heures l'un des ctunbats qui honorent le plus la marine française. Au retour d'Ir- lande sou vai'-seau fut battu par la tempête vX vint s'échouer dans la baie d'Audicrue. l'Iaoé en qua- lité d'adjudant clans l'élat-innjor du contre-amiral iMorard de Gal- les, il renon^M à celte place pour prendre l'armement de la fiégate la Résolue^ en l'absence du capi- l;une , et la conduire jusqu'au dé- part pour la «econde expéditi(W) d'Irlande , dans laquelle, pendant la traversée, il essuya trois coni- buls. Après les tleux jiremicrs, la

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frégate désemparée et faisant eau de toutes parts, s'elïorçiit d'arri-, ver en Italie , lorsque attaquée de nouveau elle fut obligée d'ame- ner. Le capitaine Séguain revint en Fianctî sur parole, et servit dans l'état-major jusqu'au mo- ment où il put être échangé. Il sollicita ensuite de l'emploi sur la flolille,et obtint le commandement delà première division dans l'Es- caut. Il exfiça continuellement SCS marins, et tint dans le meil- leur état ses équipages. A la paix, le gouvernement lui doinia le commandement de la corvette te Festin, avec laquelle il fut en- voyé aux île- du Vent. La paix ne l'ut pas de longue durée et le ca- pitaine Si'guain se retrouva présence de l'ennemi. Des péni- ches angl.iises essayèrent vaine- ment d'enlever la corvette qu'il montait; il déjoua lem' projet en ejuployant Vestacade ^ moyen ex- traordinaire de défense qu'avant lui aucun bâtiment n'avait mis en usage. De rctom' en Europe, il se signala par un acte triulrépidilô remarquable. Depuis (juelqucs jours il attendait à LaberAvzach un ujouienl favoralile pour pas- ser sans se c<>mpron»ettre à Brest, oi'i le gouvcrnemt.nt lui avait d inné l'ordre de se rendre malgré la croisière emjcmie. Son lou- voyage ne p(MiTait guère être fa- vorisé [lar les flots dans une baie les vents de iN. E. ne soufilcot que sur les cinq heures du matin. Cela ne l'empêcha pas «l'appareil- ler le la vendémiaire sur les trois heur<:sde la nuit, cachant ses feux afin de filer la côte en approchant la terre de très-près. Il avait fait prévenir quelques-uns des forts

432 SEG SHE

qui se trouvaient sur «a route et guahi. mais apr^s l'échinge rVti-

leur ré(M)u(lail au |)orltvoix pour ne soixantaine He <'oups tirés »lu

éviter toute iiiépri!»»;. l'euHiiut le part et d'autre la goélette anglaise

jour il coiïipta trois vaisseaux, l'ut oitligée de «e retirer , et vers

deux frégates et quatre corvettes neuf heures la frégate française,

à la surveillance desquelles il de- dont le capitaine et Téquipa^e a-

vail se .soustraire et qui éraieot à vaient fait preuve de la plus gran-

unc distance d'environ une lieue de intrépidité, trouva un refuge

et demie. Il avait réussi à doubler a>*suré sous le fort de fierthauuie.

le fort du Conquet, mais le fort M. Séguain, pour prtt de ses

Sainte-Barbe, qui ne le reconnut itavaux, oblintla récompense des

})oint, lui lira trois coups de canon braves. Armé d'abord sur le vais-

donl un l'atfeignil vn plein bois. La seau le Cassiird^ en radoub à Brest,

récidive était à craindre et le fort il se distingua depuissur diversbâ-

Saint-Mathieu pouvait imiter ce timens, j>ar plusieurs actions d'é-

funeste exeu)ple ; le capitaine Se- olat. lia cessé d'être compris dans

giiain fut obligé de se couvrir de les cadres des officiers de marine

ses feux de nuit, au ri-que de don- en 181O.

ner l'éveil à l'ennemi. En don- SHl'lLLEY ( Percet-Bisscre ) ,

blant le cap Saint-Malbieu il cou- t^crivain anglais très - distingué,

rait le danger d'être coupé; il un des derniers amis de lurd By-

force audacieusement le passage; ron , a acquis de la célébrité par

mais, comme il l'avait prévu, ses l'origioaliie de ses ouvrages, tant

signaux de nuit attirèrent les vais- en prose qu'eu vers, et par les

seaux ennemis à sa poursuite. Il malheurs de sa vie, qu'il termina,

les aperçut dès le point du jour, il y a peu de temps, dans les flots

courant bord sur bord pour loi delà Méditenanée. Son père, sir

couper la retraite. Il pa^^se au mi- John Shelley, riche baronnet, fit

lieu d'eux et se dispose au combat pendant long-temps partie de lu

avec sou équipage d'élite formé société intime du prince de Galles

sous son coimnaudement. Déjà il ( le roi actuel. Georges IV ) , et

avait doublé plusieurs vaisseaux donna de grands soins à l'édiica-

ennemis, qui croyant sa fuite im- tion d'un fils qui, dès Tenfance,

possible, n'avaient point fait feu. annonçait les plus heureuses dis-

Lientôt la snpériorilé de sa ma- positions, et semblait promettre

nœuvre, la célérité de ses mouve- une illustration nouvelle à sa fa-

mcus d'évolution lui firent dépas- mille. A l'âge de i5 ans, Shelley

ser les frégates, et par sa marche fut tiré d'une pension renommée,

peu ordinaire il évita les bricks et envoyé au collège d'Eton. Il y

qui le poursuivaient de plus près, développa bientôt im caractère

Une gi'ëlettc prétendait encore lui assez bizarre, ne |)renait aucune

couper le passage : elle était armée part aux ainusemens naturels à

de caronades seize que les ca- son âge, recherchait la solitude,

nous de la frégate française de- et se montrait aussi réservé que

vaient faire taire. Le combat fut mélancolique. Il aifectail un graod

commencé par le capitaine Se- mépris pour les travaux habituels

SlïK SIÎK 455

Oes classes, los amplifications He ft coiilie tons, il fut renvoyé ave»; collège, <;t surtout pour les vers éclat de l'université d'OxforJ. Uiiu Iritius modernes ; mais il fit des pareille rélég.ilion , si tïieheusc projpès rcniarqnnbles dans les pour un jenne homme, a ordinai- scleiices exactes. In physique et rement en Angleterre ime grande la chimie. La liliératiire étrangère innui^nce snr sa destinée; mais iMit aussi pour lui de grands al- Slielley ne parut nullement afTectô traits, et la k'ctnre des ouvrages d'une disgrâce qui détruisit ce- allemands lui donna de bonne pendant presque toutes ses espé- heure cet esprit romanesque qu'il rances pour l'avenir, et tievint si montra dès-lors, et qu'il a ton- fatale à son bonheur. Klle le priva jours conservé. A l'âge de 1 5 ans, immédiatement de l'objet de sou il publia «es deux premiers m- premier amour, et aliéna à jamais inans intitulés : J mtrozzi et le de lui sa lamiMe. Son j)ère refusa Rossicrucicn , dont on parla beau- pendant long- temps de le rece coup, et qui parurent fort au- voir dnns sa maison, et quand il «Icssns des moyens d'un auteur y consentit enfin , ilie traita avec tie cet âge. Quelques journalisles une telle froi<leur, que le fils crut })rélendirent y découvrir déjj des lui-même devoir r<'noncer an toit piÏMcipes irréligicuxet blâtnables. paternel, II se rendit à Londres, iShelley, après avoir achevé ses 01^ il se ]>rit bienlôl d'une grande cours à Eton , se rendit à l'tini- passion pour la jeutiecl belle miss versité d'Oxfnrd. Depuis quelque Vestbrook, qui consentit à partir temps il s'était lancé dans les «vec lui pour l'Ecosse , et qu'il cliamps arides de la plus abstruse épousa à Grelna-Grecti. Les âges inélaphysiquo, et avait entrepris, ieuni» di;s deux époux ne se mon- sous le u«m supposé d'un*? fiun- laienlqii'à .'5T)anv.Cemariageexas- n^e, une controverse théologique, péra le pèie i!<! Slielley au |»oint avec utï haut dignitaire de l'église qu'il cessa loule comnmuication anglicane. A la fin de son second avec son fils. Celui-ci, après avoir lame à l'université, il composa passé quelque temps à Edim- \u\ ouvrage dans lequel, sans res- i)onrg, se rendit en Irlandi;. Toute jiect pour les opinions les j)lus l'île élail alors agitée par des Iroii- pénérulemenl établies, il attaquait blés politi<|ues très-graves. Slul- mêmc, la doctrine révérée des eau- ley publia ù Dublin un pamjddel SCS finales, et joignant à cette té- qui eut un grand débit. 11 chcr- mérilé une jactance extravagante, chaii à cabner l'elTervePcence po- il envoya l'écrit signé de son nom ptdaire, et reconunandail une fer- à tous les évêques de l'Angle- nielé modérée aux Iil.mdais, leur terre. La conséquence naturelle prédisant qu'ils n'obtiendraient d'un acte au^si insensé, fut une jamais par la révcdte , les libertés citation devant les maîtres du col- qu'ils réclamaient. Il parla dans lége, et comme il ne voulut point le même stuis à quelques-unes désavouer son écrit, ni rétracter des assemblées publi(|ues , et fit se* opinions , se préparant , au preuve de talens oratoires Irès- conlrairc, ù les souiciiir envers distingué^. Uevctiu en Angleterre T. XX, . vS

4'î SUE

a In fin tic rannée 1812, il com- posa le poëmc de Queen Mal) (!■» IVeine Mab), qu'il envoya h plu- .•iicurs litlérateurs connus, «*t entre iuilres à lord Byron. « C'c^t un ouvrage, disait celui-ci , dans le- «]ncl il y a beaucoup d'imagina- tion et de talent. Personne ne sait mieux que l'auteur que ses opi- nions et les miennes sur la partie métaphysique de son poëme dif- l'èrent essentiellement , quoique nous soyons d'ailleurs d'accord avec tous ceux que la bassesse et Ifi bigoterie n'aveuglent point. J'admire la poésie de Quoe»i Mab «;l des autres productions do Shel- Itiy. » Plusieurs années après , le poëme de Queen Mab tomba en- tre les mains d'un libraire, qui le publia pour son pro- ]>re compte, ce qui donna lieu à (les poursuites judiciaires, qui procurèrent à Shelley l'occasion de désavouer quelques opinions (le sa fougueuse jeunesse. Son mariage, dont il eut deux enfans, ne fut pas heureux. En i8i(), une séparation eut lieu d'un consente- ment mutuel, et il partit pour le coiilinent. Pendant un long séjour vM Suisse, ce pays enivra son âme d'une nouvelle passion pour la na- ture. Il se lia d'une étroite amitié avec lord Byron à Genève, et cette amitié a duré toute leur vie. On a dit que lord Byron , qui en con- venait lui-même, était en grande partie redevable des beautés de tout ce qu'il a écrit à la Villa Dio- dati ( le troisième chant de Cliild Harold^ Maiifred et le Prisonnier Je Chillon) y aux critiques judi- cieuses que son ami faisait des imperfections de ses divers ou- vrages et aux conseils qu'il lui

SHE

donnait. Shelley composa à la même époque son églogue de Jlo- salind et llclen et une Ode aux monlagJies Eaqanéennex , il y a de grandes beautés. Il fit ensuite son premier voyage en Italie, re- vint en Angleterre , et après la mort de sa femme, il épousa en secondes noces miss Mary-Wol>- tonecraft Godwin , fille de la cé- lèbre Mary AVolstonecraft . défen- seur éloquent des droits des fem- mes, et d'im écrivain non moins renoînmé, M. Godwin , auteur de plusieurs écrits politiques et du roman de Caleh J-VilUam. Shelley, insouciant sur tout ce qui tenait à l'argent et généreux à l'excès , éprouva quelque temps après cette union , des embarras ex- trêmes ; l'héritier du titre de ba- ronnet et d'une fortune assez con- sidérable, se trouva à la veille de n^ourir de faim. Quand il eut enfin alleint sa majorité, apprenant qu'il avait droit à quelques propriétés tenues en fief, il vendit.ces droits à son père pour une rente viagère de 1,000 livres sterling, et alla s'établir à Jlarlow, il se livra entièrement à son goût pour la poésit'. Ce fut pendant son séjour dans le comté de Buckingham , qu'il composa son beau poëme iV Alastor. on l'Esprit de la soli- tude, un des plus parlaits modèles d'harmonie que possède la langue anglaise, ouvrage plein de verve et riche des tableaux que l'imagi- nation du poète avait ébauchés d'après nature, créés ou embellis pendant ses excursions dans les Alpes. Ses revenus étaient loin de suiïire au train de vie qu'il avait adopté en Angleterre ; toujours brouillé «Ytc sa famille, qui avait.

SHE SHE 435

même obtenu que le chancelier dcvirit sujet à des accès de mélan- lui rclirilt la lulèle de ses enfans colie et d'ahalteincnt. Quoiqu'il ilu premier lit, sous prélexle des contiuuiit d'écrire pendant les qtia- oniiiions hétérodoxes du père , tre dernières années de sa vie, il Snelley résolut de quitter à jamais avait pris la résolution de ne pli s sa pairie. Il repassa alors pour la rien publier, et ne s'en écarta dernière fois les Alpes, et s'éta- qu'en deux occasions. Son ardent hlit d'abord à Venise. Sa liaison amour de la liberté lui inspira le avec lord lijron y devint enccire poëme iVHcltas ou le Triomphe plus intime. 11 y Jiubiia le poëme de la Grèce, qu'il dédia à son anu allégorique de la Rcvollc d'Islam, le [>rinc^ Maurocordalo , et qui a dont plusieurs journaux anglais été traduit en grec. Son ainilié" parlèrent ravoral)lemeMt,maisque pour le poète Keats, qui mourut le Quarlcrly Rewiew critiqua avec à Rome, l'engagea à publier une amertume, mêlant, selon son ha- élégie (|u'il intitula : Adoinm. bitude, à ses critiques littéraires. C'est peut-être la plus parfaite de des personnalités injurieuses con- ses productions. Pendant les der- Ire l'auteur. Sheljey com[>osa en- niers temps , il voyait tous les suite le poëme des Amours de jours lord Byron , à qui son ama- LaonetCyfltera,ettltePrometheus bililé, sa douceur, l'élégance de uiihonnd ( Promélhée délivré ) , ses manières, ses talens et l'éten- (ju'il donna comme la traduction due de ses connaissances l'avnient d'une tragédie retrouvée d'Ks- rendu cher. Connue lord B3'- chyle. Personne n\ivait en eiret ion, Shelley dédirait mourir jeu- une connaissance plus parfaite des ne, et ce fut à peu près le seul de jïoètes dramatiques grecs que ses \oeux que' le sort exauça. Il Shelliîy ; c'étaient avec IMaton ses aimait, aius^quc son ami, à l'ain; auteurs favoris, et il en parlait des courses eu mpr, et 11 périt toujours comme des plus admi- dans un de ces voyages à l'âge de râbles modèles de style, en poésie 29 ans, entre Livourne et Lericé, et en prose. Pendant un séjour à le bateau ouvert dans lequel il sV- JVome , au milieu des ruine> cmu- tait embarqué ny:i\M , dit-on, cha- vertes de fîtuirs des bains de Ca- viié. On ne retrouva son curps racaila, il mit en tragédie l'his- que quinze jours après, et il fut toire des Cc«c/, et lord Byron pré- brftié , selon le désir qu'il avait ferait cet ouvrage à la plupart des souvent exprimé. Lonl IJyr(»n ^ tragédies modernes. Aprrs avoir fidèle :\ remplir l'ollice d'exécu-^ passé quel(|ue temps à Naples, teur testamentaire et les devoirs Shelley se fixa enfin avec sou ai- de l'amitié, '])résida à cette triste niable toujpagne euToseuie. Ca- cérémonie. Les cendres du jeun«î lomiiié en Angleterre. oiV se;.-, écrits jmète , qui avait gorilé si peu de et sa personne étaient en butte à tranquillité et de bonheur Sur la des attaques journalières, aban- terre, furent ensuite déposées prè"» donné de sa famille, éjirouvant des restes de son ami Keal>«, 'dîiiis' souvent des be-^oins, et iiiartvr le cimetière situé près de !{• pyra- d'une infirmité douloureuse, il mile d- ('aïrts'Sextlis , A AOinc.

" Cq lii'ti esl si hcaii , avait dit Slirllcv, rjti il fi raie presque iiiiinr ht mort. ') Eiil!ii;iiï'ia.-;tc de bonne l\)i , cet Iiomnic exlrnordiniiire é- l;iil dominé par une idée fixe, qu'il ;n;iil iidopléc dès sa jeunesse. Il < l'iiyail à !a perlectibililé presque infinie de l'e,«pé< e humaine ; il préJi.'^ail un nouvel h'^c d'or, dans le.que! tontes les croyances et Ions les 5yslèuu:s des hommes seraient réunis, toutes les incerlitudes (!isparaîtraient;nn âjje d'or qui délivrerait ses semblables des «.baîn-'^s imposées par le despo- lisiiie n\i la superstition , et dans le.quel « lâmc humaine, de sou tiônc (îtaccessible à la crainte, ne s'humilierait point devant une jMiissance inconnue. » L'objet de toute la vie et de tous les ouvra- i^es de Sîiclley semble avoir été de dévelopiïcr les moyens d'at- teindre à une réforme qu'il croyait nécessaire ; et quelque erronés ou visionnaiies que doivent pa- raître ce5 iTioyens dans Télnt ac- tuel do la civilisation, soîi esprit exailé ne formait d'autres vœux que pour le perreclionnemcnt de la société et îe bonheur des hom- m::s. '

SHIPLEY (sir Charles), jrou- v^'rneur de la Grenade, cet of- ficier distinp;ué mourut en i8i4» dans la Sc)" année de son âge, était major- général et le pJus ancien colonel du génie : ce fiit dans ce corps qu'il reçut son bre- vet d'officier à l'âge de i4 f»ns. Il passa trente-cinq ans de son ho- norable carrière éloigné de sa pa- trie., .Sir Charles Shjpley avait oh- tenu plusieurs l'ois des mentions honoi'ables de la chambre des communes, pour ses nombreux

sni

et importans «crvicc?. Ddus Tex- pé<lilion rontre la Giiad( loupe, il commanda en second sous les or- dres de sir James Leilh. Comme ingénieur, sir (yharle? Shipley a- vait beaucoup de science et d'ha- bileté; comme militaire, sa bra- voure, son zèle et son activité étaient au-dessus de tout éloge. Comme citoyen, il a toujours mé- rité l'estime et l'amitié de tous ceux qui l'ont connu. Il a laissé trois filles. Lady Slupley, morte en 1820, avait obtenu , il y a bien des années, par les efforts les plus héroïques, l'élargissement de son mari, prisonnii r en France.

SIMON DE LA MORTIÈRE (le chevalier), colonel d'état-ma- jor, et premier aide-de-camp du maréchal duc deTrévise, était ca- pitaine, an mois d'avril 1702» lorsque le désir de concourir d'u- ne manière active à la défense de la patrie, le fit renoncer aux pré- rogatives de son grade, pour en- trer, en qualité de sous-lieute- nant, dans le ci-devant régiment d'Auvergne, devenu 7"* d'infa'î- teiie légère, qui déjà se trouvait en présence de l'ennemi. L<; dé- vouement de cet onicier,'et le sa- crifice qu'il faisait à sa patrie, fu- rent appréciés p:ir le général en chef Rellermanu, et lui valurent le grade de lieutenant peu de ttnnps après. Au combat de Torfou,le 19 septembre 179J, les Vendéens qui ne laisaient alors aucun prison- nier, avaient repoussé l'avant- garde, commandée par Rlèber, malgré les prodiges de valeur de ce général, et des braves qui l'ac- compagnaient. La brigade Yi- menx , dont le lieutenant Simon faisait putio, reçut l'ordre de ve-

S1.U SIM 4":

IHT se joindre à l'avanl-ganle : dès capitaine , ne faisait point pariio qu'ellti parut, le cri £/i aca/i// par- de ces bataillons ; mais un de t^rs li du premier Iciiaillon du 81°" ré- amis , aussi capitaine , père d'une ginieiil, se prolongea sur toute la ramille nombreuse qui n'a de res- ligne. La brigade s'ébranle, Ira- source qu'en lui , est destiné à \erse un marais faiigetix, enirc s'embarquer. 51. Simon s'olFse dan? le village elle balaie l'en- pour le remplacer, et n'y parvient nemi, avec une impétuosité qui pas sans peine. La Dellone, ài>v>id ne lui donn»; pas le temps de se re- de laquelle fn trouvait le capital - connaître. M. Simon qui avait ne Simon, cssuva bientôt un com- parlicipé à ce mouvenienl propo- bat terrible, et l'ut forcée, après sa au capitaine Teste, de se por- avoir perdu tous ses nirtts, d'amc- ter imntédialeTiient sur la roule, ner son pavillon; M. Simon lut avec qiselqiies liommcs de bonne conduit sur les pontons de l'An- V(donté, aliu de couper la retraite gîelcrre. Vax février 1800, il coiu- aux Vendéens. Ils partent au pas n)an(lait dans les départcmens de de Course, suivis d'une poignée l'Ouest, conj(jintcnient avec Fa- de liraves, qui tous sont tués ou verot , l'avant-gurde du généra! blessés avant iParriver au but dé- Merle. A la hauteur d'une chajtel- siré , que les deux olfieiers allci- le. prés de Mauves, on reinonlie gnent seuls. A rinslaut une fusil- uu poste ennemi, et bientôt iiui^ iade terrible est dirigée cijntre vive fii.si!lade s'iîugage. Le ca])i - eux; une pluie de feu les couvre, taine Simon à la tête de sa Irotipe, mai» !e danger qui les menace ne dans un chemin creux, voit sur lait qu'ajoutera leur courage. Ils la hauteur un soldat" qui rajuste; opposent, en rij>o.stant avec leurs bien qu'il on soit séjhiré par un carabines cl leurs pistolets, la fossé fuurré de bioussaill(;s', il meilleure contenance , lorsque paie d'andaco, dirige la poiiile ;Ic Te?l<;, frappé d'une bulle, tond)e son sabre vers ce soldat, et lui cr!;- . A quel(|ues pas de »wn intrépide d'une v»»ix forte : Si tu tires, tu lieutenant q»i'U apj»ellc à son se- es mort. » Le Ion dont c<:s piro- otMirs. Celui-ci y voie. Tandi.s qu'il les furent proMoncecs intimida tel j>rodiguaît ses soins au com[ia- Icment le Vendéen qu'il ne lir.i ^ofu» de su valeur, l'ennemT vive- pas, »,'t la présence d'.,>pfit du lu.t- inisnl poursuivi COJilihuait du ve capilaiue Simon lui i>auva la iriîr l'Eure essuyer, dans j>a retraite vie. Il fil avec distinction la plu- précipilée, la dilcharge de loute part des eunipagnes qui eurent sa mou.<(quelerie. A force de »oins, lien juscpi'en i8i/|, et parvint an il i.ippelj bOn capitaine à la vie au grade de cotunel. Il reçut le i(i moment la victoire se décla- j.uivier de cette année, le com- laiteu faveur des républicains, mandement delà place de Lau- liu I7<)8, la S»"* deud-brigade fui grès. Cette ville m.nnptait ab^olu- ch ngée de fournir d«:ux bataillons ment de (oui ce qui était néoessai- pour l'expédition d'Irlande, sou» re à sa défense, aucun ouvragi; l.». ordres du général Hardy; M. n'y était terminé; elle avait \\i'> 'jiii vcj.ait J'Olic nommé caiio^:?; Uiuis poiul Je v.aao;nn(. 1 <,

:^ois

SLM

]><)iiil (le muiiilions , jioinl de vi- vres : eiinn t^a garuison >e coiiipo- .<iiit (le quarante-huit grenadiers et chasseurs delà vieille-garde, et de vingt conscrits du i53°" régi- ment d'infanlerie. Il fallait donc avec soixante-quinze baïoiineltes , garder cinq portes , des brèches praticables, et une demi-lieue de développement intérieur. L'em- pereur, trompé sur l'état des for- ces qui se trouvaient dans la place, et sur le dévouement de ses habi- tans, avait donné l'ordre formel de la défendre jusqu'à l'extrémité. La nuit du 16 au 17 fut employée par le colonel Simon à faire ses dispositions ; il établit des postes, organisa un conseil de défense, et se prépara à la plus vigoureuse ré- sistance. Dès sept heures du ma- tin quarante mille autrichiens pa- rurent sous les murs de Langres; Simon donna l'ordre au chef de bataillon Delcet, commandant la garde nationale, de faire battre la .'jfénérale , en indiquant la place Champeaux pour point de réu- nion. Il était enjoint à ce com- mandant de venir ensuite partici- per aux délibérations du conseil de défense, lui et le vieux capi- taine Logerot furent les seuls des babitans qui parurent en unifor- me, et n'y furent que les organes du découragement général. Le colonel en leur adressant les plus vifs reproches, essaya en vain de leur rendre quelque énergie. 11 se dirigea, accompagné du lieutenant de gendarmerie Isgnard , sur la place Champeaux, pour y attendre que la garde nationale se rassem- blilt, mais personne ne parut. Les tambours avaient été injuriés par les femmes de la ville. Des hoin-

sni

mes J'en capabUs d'apprécier riionncur d'être appelés à la dé- fense de la patrie, colportaient de faux avis daus les difl'érens poster», pour les prévenir que la retraite était ordonnée. Induits en erreur quelques-uns de ces postes se re- tiraient lorsque le colonel Simon courut à eux, et les ramena aux portes de la ville; quelques sol- dats lui dirent : a Quoi! colonel, » vous voulez que ïious conibal- «tionsî malgré notre couriige, »,pNOurrons-nous tenir contre toute » une armée?» «Grenadiers, leurré- » pondit-il, nous saurons mourir!» Eh bien, nous mourrons! s'écriè- rent ces braves. Vers une heure après midi, un billet du général autrichien Fresnel fut remis au maire de Langres par un paysan. Le colonel Simon ne permit i>as qu'il fût fait de réponse à ce bil- let, et consigna aux postes le mai- re et le paysan. De forts partis de cavalerie poussèrent, quelques ins- tans après, une reconnaissance au- tour de la ville, mais ils furent immédiatement éloignés à coups de fusil. Alors le commandant lit mettre en batterie une pièce de quatre : ce n'était qu'une feinte, puisqu'il n'avait rien pour faire- usage de cette pièce. Aussitôt mil- le voix s'élèvent contre lui et sa troupe. En vain le colonel Simon rappelle que six jours auparavant, ils ont tiré sur un parlementaire ennemi: qu'ils n'ont d'autre res- source que de courir aux armes et de faire bonne contenance, afin d'obtenir une capitulation hono- rable. Le nombre des nui lins augmente, une partie d'entre eux commence déjà à démolir le mur d'une poterne, et le colonel est

SIM

if dhligt; d'employer la force {lOiir P Jus contraindre à se reliier. A trois heures on reçut un nouveau billet adressé au ninire , de la part du j^énéral autrichien, conile de Oyu- liii ; le colonel Simon écrivit au lias du billet même : « Un ancien "Colonel commande dans cette n}dace; il a avec lui pour gar- » oison, des grenadiers de la X vieille garde; il se défendra njusqu'A la dernière extrémilé. >i Une heure après, un quart de di- vision ennemie prit position à 7)00 toises de la ville, et dressa «les batteries qui commencèrent à battre la place; plusieurs esca- drons de cavalerie s'en approchè- reiil; enfin trois colonjies débou- chèrent en même temps par di- vers points. Le baron de Selbilz, major au régiment de Kleneau, chevau-légers, se présenta à qua?- tre heures et demie en parlemen- taire. On t'introduisit un bandeau sur les yeux, auprès du comman- dant français, qu'il somma de ren- dre la place à discrétion : «Je ne la rendrai qu'à des conditions ho- norables, » et sur-le-champ il se mit à rédiger les articles d'une capitulation qui fut transmise au général Gyulai. Celui-ci renvoya son ultimatum que le brave colo- nel fut en quelque sorte obligé d'accepter à brûle-pourpoint; mais il avait fait tout ce qu'il fallait pour l'honneur. Le comte Gyulai cuira dans la ville ù la tète du ( orps d'armée qu'il commandait. A la joie qu'il maiirî«ait à peine, il était facile de voir qu'il s'imagi- nait avoir fait mettre ba- les ar- mes à une division de la vieille ;;.irde. 11 revint eo elTel dilTicile- tneiit de sa surprise, lorsque ayant

SUR fiZç)

demandé était le reste de 1'' garnison, le colonel Simon l'assu- ra qu'il la voyait toute entière dans ses soixante-quinze hommes. Le lendemain il fut présenté au prin- ce de Schwartzemberg , <|ui , instruit de sa bravoure, le rerut avec la plus grande distinction. Quoique c^tte glorieuse défense n'ait pas été couronnée d'un plein succès, elle eut néanmoins K: ré- sultat d'empêcher dans la journée du 17 janvier, la jonction de Ww' mée du prirjce de Schwartzem- berg avec celle que commandait le prince de Wurtemberg, et de préserver la ville de Langres du pillage auquel elle aurait été né* cessairement exposée, si quarante mille hommes l'eussent empoilée de vive force. Le chevalier Simon de la Mortière a été admis i\ la re- traite depuis la restauration.

SU REM AIN (FrançoisAlexan- DBE de) , à Auxonne le lO juil- let 1755, d'une famille noble de la ci-devant province de Bourgo- gne, olïicier de génie A l'époque de la révolution, devint maire d'Auxonne en 1790, et vice-pré- sident de l'administration du dis- trict de Saint-Jean-de-Losne. On l'arrêta, en I705, comme noble et parent d'émigré, à Luxeuil, il était à prendre les eaux. Un ma- nuscrit trouvé dans son porte- feuille, intitulé : Reflexions sur la nouvelle constitution donnée à la Franee , dans lequel il attaquait fortement l'acte constitutionnel, le fit conduire à Paris devant le tribunal révolutionnaire, et fut cause de sa mort; M. de vSure- main périt le ai mai 1795. Il a laissé trois fds, dont l'un est mort lieutenant de vaisseau; les deux uo

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TAL

trc8 servonl dans la gai ùc royale.

SUllEMAIN(jEAN-nAPIISTEDE),

liciitenant-gériéral, ficicdu pré- cédcul, était, au coiniTiencenicnt de la révoliilion. capitaine au i" régiment d'arlillcrie à pied. Il émigra en 1792, cuira en ij^^fau service de Suède , il devint, un 1811, général d'artillerie et pre- mier aide-de-camp du roi Char- les XïII. M. de Suremaiu a lait avec l'armée suédoi.-e, soit comme officier supérieur, soit comme gé- néral, les.camp.'igues de Finlande, d'Allemagne et de Norvège, el a commjindé en chef le siège de Frédericshall. Ce général ayant eu, eu i8»5, quel'|ucs démêlés avec le prince royal aujourd'hui rai Utt Suède {wj. Berisadotte ), donna b démir^siou de toutes ses places, obtint un congé honovahlc et partit pour Gaïul, se trou- vait le rai Louis XVI II , près du- quel étaient déjà ses deux neveux, l'eu après la seconile restaura- tion , il fut nommé lieuleuaut-gé- néral et lieutenant de rui à Metz; ila depuis demandé et obtenu sa retraite. On dit que M- de Sure- »nain a rédigé des mémoires eu- vieux sur les principaux événe- «jens arrivés en Suéde pendant le long séjour qu'il y a l'ait.

TALLEYRAÎSD (Charles Mau- rice DE PÉRIGORD, PRINCE De).

L'histoire complète de M. de Tal- leyrand serait rhiî^toire secrète de notre époque. Non? ne nous en- gagerons pas à remplir cette tâche immense ; c'est de M- de Talley- land lui-même que l'Europe doit attendre les révélations nécessai- res à l'accomplissement d'une œu- vre aussi compliquée qu'elle est importante. Issu d'une famille an-

T.VL .

cii.niu;. qui régna dans le moyen- age sur le Qutrcy, iVI. de Talky- raud eut pour aïeule nrKiteruclle cette célèbre princesse de,s Lr- sins, qui joua im si giiirul rôl«: j)endaiil la guerre de la succession à la (our de Philippe V. On sait que toutes les ressources de l'es- prit, asservies aux manœuvres de l'ambition, élevèrent au faite du pouvoir Celle favorite, exemple fameux de l'inconstance des cours. M. de Tallryraud sut profiler de celle leçon uiaternelle, et, à force d'esprit, de taL-nt et d'adresse, on le vil toujours maître de gou- verner à son gré sa destinée, et, plus d'une fois, celle des empires. Il naquit à Paris en 1754. On le destina de bonne heure à l'état ecclésiastique, et il entra au sé- minaire de Saint -Sulpice. Des railleries fines, un commerce plein de séduction, l'esprit des affaires, la péaélratiou des hom- mes el de leurs faiblesses, ne tar- dèrcnit pas à f;iire remarquer l'ab- bé de Pérjgord , qui avait à peine vingt six ans, lorsqu'il fut nommé, en 1780, agent général du clergé. Les taluns admiiiistrilifs ne furent pas les seuls qu'il déploya darw ces fonctions: lîvêijue d'Aulun , lorsque la révolution éclata, il avail déj;'» laissé apercevoir celte aptiliide à saisir les fils secrets des grandes affaires , et Mirabeau , dans sa correspondance secrète avec Berlin, le signalait comme un dos esprits les plus déliés et les plus puissans de l'époque. Ce ju- gement est devenu une prophétie, A peine M. Tallejrand eut-il fait les premiers pas dans la carrière politique, qu'on y reconnut la su- périorité de son esprit. Elu, ea

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i^8f), député du clergé de son diocèse aux états- généraux , il pressentit de bonne heure , ou plutôt il dirigea et bâta le mou- vement généra! des esprits, et Vf)la, dès le 19 juin de la même année, en faveur de la réunion ÙH clergé aux communes qui ve- naient de se constituer en assem- blée nationale. Ce fut lui qui, dans la séance du 7 juillet, pro- posa de déclarer nuls les mandats impératifs, de n'admettre aucune protestation à ce sujet, et d'im- poser aux bailliages l'obligation de se soumettie aux décrets. Nommé, le lendemain, membre du comité de constilutioD , il n'hésita pns à proposer la sup- pression dei dîmes du clergé, et demanda en outre qu'il fftl décla- ré que ce vote avait été unanime. Membre du second comité de constitution, après la dissolution du premier, il prit encore l'initia- tive dans k'S mesures les plus im- portantes de l'assemblée , et pré- senta un rapport et un projet de décret sur l'application dos biens du clergé au houiagement du tré- sor, public. Sourd aux vaines ré- clamations de ce corps , et parti- culièrement A celles des prCtres du diocèse d'Autun , qui écrivi- rent à l'assemblée pour désavouer des principes trop élevés pour eux, M. de Talleyrand, toujours dans le secret des variations de l'esprit public « toujours poussé par le mouvement général, et s'y allaelunt avec assee d'adresse pour le diriger vers des réformes si.tlutiiires, fut nommé président, le 16 février 1790. Le premier, il proposa d'établir, sur nn sys- tème uniforme ; la théorie des

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poids et mesures; il présenta, dans les premiers jours du mois de juin , un projet de décret à ce sujet f et fit aussi décréter de quelle manière serait célébi'ée la fédération du i4 juillet. Ainsi, mêlé à tous les évènemens ma- jeurs, il acquit une grande popu- larité, et fut vivement applaudi par le peuple dans une cérémonie l'on célébrait l'anniversaire de la constitution de la chambre des communes en assemblée natio- nale. On le vit, pendant la céré- monie religieuse de la fédératiou de 1790, officier- ponlificalemcnt sur l'autel de la Patrie, assisté des abbés Louis et Desrenaudes. Un grand nombre de rapports l'i l'assemblée, sur l'état des finan- ces, témoignèrent de son habileté à faire l'application des théories politiques. L'un des premiers, il prêta serment d'obéi,>sance à la constitution civile du clergé, et, par une adresse du 23 décembre 1790, il en instruisit les eci lé- siastiques du diocèse d'Autun , qu'il invita ;\ suivre sou exemple. Assisté des évêques de Lydda et. de Babylone, il sacra les premiers évêques constitutionnels, et fut excommunié par le pape Pie VL Les évènemens se pressaient, et la marche de l'esprit public so portait rapidement vers la réor- ganisation comi)lète de toutes les instilutions, quand iM. de Talley- rand se démit de son évêché, et fut élu n)end)re du directoire du département de Paris. Mirabeau mourant déposa ses secrets dans le sein d'un ami qui avait parla- péi s<;rvi et peut-être modifié ses dernier,'; elVorts et ses tlernieh'». suc- cès dans la carrière politicpie. €'«•»

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lai I le sort de M .(]« Talleyraïul ih; se Iruuver coiislaiiinieiit à la têletlcs idées {lorninantes , sacis en ar- borer la bannière. Nommé, avec M. le.cotule de La Marck, exécu- teur testarnenlaire de Mirabeau, ce lui lui qui vint lire à la tribu- ne l'opinion de ce grand homme sur le droit de tester. Il soumit ensuite et discuta un projet d'é- ducation publique et nationale, dont les vues éminemment phi- losophiques attachent à son nom un écl^t immortel. Il avait con- çu, (les cette époque, l'idée d'un institut des sciences et des arts , qui ne fut créé que cinq ans après par un autre gouvernement. Il lit adopter plusieurs dispositions pour l'encouragement des arts. Dans les [)remiers mois de 1792, il se rendit eri Angleterre, char~ d'une mission secrète sur laquelle on fit beaucoup de con- jectures, et qui semble avoir eu pour but l'établissement des deux chambres en France. D'abord très- bien accueilli par le ministère anglais, il commençait à s'enten- . dre avec M. Pitt, quand un ac- cord singulier de tous les partis arrêta ses démarches et neutrali- sa ses efforts. En même temps que les jacobins de France le décré- taient d'accusation comme un é- rnissaire de la cour, les émigrés d'Angleterre le signalaient com- me un émissaire des jacobins; et le ministère anglais lui donnait ordre, ainsi qu'à M. de Chauve- lin, ambassadeur accrédité, de quitter les îles britanniques sous vingt -quatre heures. Ce fut, nous le crojfons du moins , le seul échec diplomatique que l'ex- trême irritation des esprits ait fait

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subir à M. de Talleyrand. Il écri- vit vaineipent pour se justifier, et partit pour les États-Unis, il s'occupa de spéculations com- merciales. Les passions com- meuçaietit à se calmer en Fran- ce , lorsqu'il sollicita la per- mission d'y rentrer. Le rap- port de M. J. Chénier, etles vives instances de madame de Staël, lui en rouvrirent les portes. En septembre 1795, la conven- tion cassa le décret lancé con- tre lui, et bientôt on le vit ûgurer parmi les fondateurs du cercle constitutionnel qui s'établit à l'hô- tel de Salm à Paris, en 1797. Il y lut un mémoire sur les avantages que procurerait à la républiciue française rétablissement de colo- nies sur les côtes de l'Afrique jnaintenant occupées parles puis- sances barbaresques, et un mé- moire, aussi remarquable par les vues que par le style, sur le com- merce des Etats-Unis. On ne tar- da pas à s'apercevoir que M. de Talleyrand était à Paris ; son in- fluence toujours secrète et tou- jours puissante se faisait sentir; nommé, en juillet (1797), après le 18 fructidor, ministre des relations extérieures, il se vit en butte aux accusations de tous les partis qui redoutaient sa pré- sence et connaissaient son pou- voir. Ce déchaînement produisit une suite de pamphlets, de saty- res et d'épigramiues, auxquels M. de Talleyrand répondit par des Ectaircissenieiis donnés à ses con- citoyen» , et par sa démission, donnée vingt-cinq jours après la publication de cette brochure. Cette conduite ne désarma point ses ennemis. Dénoncé à la tribu-

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ne lies jacobins on 1 799, partir» cer- tain Muqiiet; à la tribun»; des cinq- cents par Briot,et par Lucien Bo- naparte ; dans dos pamphlets par Charles Lacroix, qu'il avait rem- placé au ministère des affaires ex- térieures ; enfin, par Quatremère Uijonval, il se vit, avec un im- perturbable sang-froid , harcelé de toutes parts, jusqu'au moment le général Bonaparte revenu d'Egypte, conçut le hardi projet de changer la forme du gouver- nemtMit, et de se mettre à la tête <les aflaires publiques. Il est vrai- semblable que l'audace du jeune héros des pyramides, tut puissam- ment secondée j>ar l'adresse de l'héritier de Mirabeau. Il fut d'a- bord question de le placer avec Cand)acérés au directoire , en remplacement du général Moulin et <le Gohier, pour en rendre lu renversement plus facile : Sieyes, uu(|iiel on s'adressa dans cette cir- constance, ne fit rien pour que M. de Talleyrand devînt son col- lègue. Alors fut résolue la révo- lution rlu 18 brumaire, dont la force des armes fut l'instrument visible, etdofit M. de Talleyrand, )tar des préparations habiles, et l'emploi des combinaisons d'un esprit toujours fertile en ressour- ces, fut l'arlrsan le plus actif. Rap- pelé, fb's le premier frimaire, par b'S consuls prOTîsoires, au minis- tère des affaires étrangères, et con- firmé le 4 nivôse dans ses fonc- tions par le général Bonaparte «levenu premier consul, il s'as- socia à toutes les pensées secrètes du nouveau gouvernement, et de- vint l'âme de toutes les négocia- i'.nns. (>elles qui s'entamèrent a- vvc l'Autriche i\ Lunéyjllc et qui

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furent suivies de la paix, avec l'Angleterre à Amiens, et succes- sivement avec toutes les puissan- ces, n'eurent pas d'autre agent que lui. Un bref du pape Pie VU avait rendu M. de Talleyrand à la vie séculière; il épousa madame Grandt, qu'il avait connue à Ham- bourg, à son retour des États- Unis. Admise à la cour naissante du premier consul , cette dame ne paraît pas avoir joui de la même faveur que son époux. La lutte de Fouché et de M. île Talleyrand, dont l'habileté rivale se disputait un pouvoir secondai- re , fut à la fois vive et secrète : M. de Talleyrand l'emporta long- temps sur son adversaire. Fou- ché mit sous les yeux du premier consul la minute littérale d'un traité secret aveO Paul 1", qu'il avait reçue de se8 agens à Lon- dres. Il espérait que cette pièce, qui n'avait pu être commimiquée que par le niinistre des relations extérieures, amènerait la disgrâce de M. de Talleyrand, mais il fut trompé dans son attente : on dé- couvrit que celte minute avait été soustraite du cabinet elle était déposée ; et Fouché paya liii- ' même plus tard de sa disgrâce la tentative qu'il avait essayée. Quanti Bonaparte échangea son titre de premier consul contre ce- lui d'empereur, M. de Talley- rand fut nommé grand-chambel- lan de l'empire, et le 5 juin 1806, élevé à la dignité de prince souverain de Bénévent , il conser- va le portcrcin'ilc <lcs affaires é- trangères. A la fin de mars de. cette même année, il ouvrit avec M. Fox des négociations pour lu paix, qui demeurèrent sans ré-

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suhat. IVomn, le g aoftl 1807, à la di^iihé de vicc-grand-élec- leiir, il l'iil remplacé dans son ministère ))ar M. de ÇJinuipa^ny. Quand Na|>oléon conçut le pro- jet de placer un membre de sa fa- mille sur le trône d'Espagne, le prince de Béné vent parut condam- ner unt; entreprise dont son esprit clairvoyant prévoyait l'effet né- cessaire. L'opposition du prince irrila l'empereur, elles premiers revers de nos troupes en aug- mentant cette irritation, décidè- rent la disgrâce du ministre. Eloi- gné des affaires el du conseil im- périal, M. deTalleyrand se trou- va pour ainsi dire placé dans, un état de surveillance, la suite pi ouva que son esprit ne demeura point inaclif. A peine l'astre impé- rial commençait-il use couvrir de nuages, que le prince de Bénévenl s'occupait déjà secrètement des moyens de changer la politique de l'Europe. En vain l'empereur le ra[)pela pi es de lui : la tra- îne était ourdie, et M. de Talley- rand lui-même n'aurait pu >'op- poser t\ l'accomplissement des destinées qu'iT avait préparées, de concert avec le mauvais génie q!ii enliaîiia le chef de la France dans ses dernièies expéditions, ^'ous passons ra})idement sur les événemens nous ne saurions indiquer avec précision l'inlhien- ce qu'exerça M. de Talleyrand. ISonimé , le 1" avril ibi4i i'^n des membres et président dti gou- vernement provisoire, il gouver- -na la Fiaucc jusqu'à l'arrivée du comte d'Artois. L'eiu[)ereur de Knssie habitait l'hôtel du prince dtîBénévent, qui dut exercer à cette époque la plus haute in- fluence sur le soil de la France

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cnliére. Nommé, le 12 mai 18 i», minirtre des affaires étrangères . et pair de France, le 4 juin sui- vant, sons le nofn de prince de Talleyrand , il fut «:n voyé au cou- grès de Vienne ù la fin de celle année, en qualité de plénij»i*ten- liairc français. Napoléon, de re- tour en France en i8i5, lenla vainement de rattacher à sa for- tune celui qui semblait faire I.» fortune des empires. Miis trop habile pour se fier à des prome.— ses que la nécessité dictait cl f)ar suite de cet instinct merveilleux dont il semble pourvu, il resia cette fois fidèle aux derniers sermens qu'il avait faits : de tous les plénipotentiaire? au congrès de Vienne , ce fut lui qui sollicita avec le plus il'ardeur le» déclara- tions du i5 el du 25 mars 181 ;i, contre l'empereur Napoléon. Le prince de Talleyrand rentra à Pa- ris avec S. M. Louis XVllI, et reprit, le 8 juillet, la diiecliou des affaires étrangères avec le ti- tre de président du conseil ; m;iis, l'histoire recueillera ce fait ho- norable, il donna sa démission après trois mois, ne vaulant pus attacher son nom au bas d'uu traité dont les dispositions lui pa- rai.-saient consommer la honte et la ruine de la France. Le tiirede chambellan, qu'il recul ua roi, le tint auprès li^i prince sans le rapino^îicr des affaires. Celle dis- grâce palliée l'exposa de nonvein à de nomi)reuses attaques-, el ic- veil'a les bruits caloumieux qui lui altribuèrenl une pa*rl acùve ù la mon du duc d'Enghiea. Il ne répondit à cette absurde attaque que par le silence du mépris. i\L de Talleyrand a lini par se placer à la lète Je lu noble opposition de

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la chambre drs pair*. L'iic vie si rcinpiic <le délaiîs iinpor'.ntis et si'crcl!* «'-liippe nrci'S.sairomosit aux aiueurs d'une biographie, qui ne peuvent en dessiner que !&<■ masses principales. Si Napo- léon eut en partage le génie de la victoire, M. de Talleyrand eut celui de la politique: et l'histoire n'oflVe pas deux exemples aussi élonnans de l'influence exercée sur les révolulions d'une longue époque, par les facultés d'une seuli: intelligence. Le pouvoir passa dans les mains de M. de Talleyrand, qui le donna, sans le gjirder, et qui ne conserva pour lui-mC-mc que deux puis- sances supérieures à toutes les autres, celle de l'or et celle de l'esprit. Mêlé sans danger à tou- tes les catastrophes, planant tou- jours ina|)erçu sur les évènemens qu'il |iréparnit, mobile comme la forlune elle-même, il ne faut le CDUip.ircr ni à Sully, ni à Riche- lieu, ni ù Mnr.arin, ni à Colbert , iii'à aucun des ministres dont on gardf le souvenir. Il ne ressemble (|u'à lui-même, et lui seul peut se peindre. Il est inutile d'ajouter que cet esprit, dominateur par adresse, est délicat, exercé, dé- lié, fécond en saillies piquantes et eu railleries de bon goftt. Nous avons signalé les eiTcls : l'histoire remontera aux causes, et jugera l'homme en dernier ressort.

TAl.LEYRÉdD (BAB05 de), cousin du précédent , and)assa- deur i\ Napîes, en 1789, murt dans ré'uigration, père de

TALLEYRAND (Accoste, com- te de), à Paris, en 1770, avait suivi son père îi "Napics. il re- cul avec ses frères, Alexandre et

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Anatole , une éducation distin- guée. Il rentra en France en 1800, fut nommé chambellan de Pcmpercur Napoléon, et son am- bassadeur en Suisse, fonction qu'il a continuée souS le roi, jus- qu'en 182:), époque à laquelle il a été remplacé. La conduite du comte de Talleyrand en Suisse a été constamment appréciée par les deux nations, et attache à sa vie d'honorables souvenirs. Nom- mé pair de France après la secon- de restauration, il remplit digne- ment, dans celte haute magistra- ture, les devoir.^ d'un bon Fran- çais et d'un homme éclairé sur les grands intérêts de son pays.

TALLEYRA N D ( Alexandre , BARo:» de), son frère, à Paris, en 177O, fut d'abord destiné à l'état ecclésiastique, dont il suivit les éludes dans le royaume do Naplcs. Naturalisé Napolitain , ainsi que son père, il se crut obli- gé de servir sa nouvelle patrie : au moment du danger et à l'épo- que de la déclaration de la guerre entre Naples et la république française, il prit parti dans l'ar- mée napolitaine, il servit jus- qu'en 1802. Il obtint le rang de major. Mai* la paix ayant rap- proché les deux pays, il profita avec empressement de la loi d'amnistie, et revint en France chez son frère Auguste , alors

Eropriétaire à la Firté-Saiul-Au- m, drpartemeMi du Loiret. Il fut nommé maire de cette commune. Ce fut qu'il prit ses pn;mier3 dégrés a<lniiMistratifs. Au retour de la fatnille royale, il fut nom- mé préfet du L tiret. Les circons- tances étaient difficiles; sa nomi- nation date de l'cnlrée de Mon-

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sieur, alors lieutenant-général du ro3'^aume. Il lïil assez heureux ce- pendant pour maintenir les habi- tans et l'armée, par sa fermeté et sa mofléralion, clans la plus gran- de tranquiUilé. Pendant les cent Jours, il suivit le roi à Gand, en reçut uuG mission pour Vienne, et revint occuper sa préfecture. Les temps se trouvèrent plus ora- geux. Les Prussiens lui deman- dèrent une réquisition de quatre millions, qu'il refusa. Il fut arrê- té par eux pour être conduit à Spandau , et fut mis au secret à Saiui-Cloud. Pendant celle cap- tivité momentanée, le roi, pour le récompenser de sa résistance aux exigences prussiennes , le nomma conseiller -d'état. Il re- tourna à Orléans, et fut nommé député du Loiret en 181 Set 1816. En 1817, il fut appelé à la pré- fecture de Vaucluse, qu'il refusa. En 1820, il fut nommé à celle de l'Aisne, il a continué, jusqu'en 1822, à mériter l'estime et la confiance de ses administrés; il convenait à ce déparlement ainsi qu'il avait convenu à celui du Loiret; cependant il en fut ôté pour passer à la préfecture de l'Allier, le même motif ne lui permit pas de rester plus d'un an. Le baron de Talieyrand est, de- puis ce temps, en disponibilité administrative. Il a laissé dans ses trois préfectures la juste re- nommée d'im homme de bien, d'un administrateur intégre, la- borieux , essenliellemenl conci- liateur, d'un UKigi^lrat enfin qui n'oublie ni ce qu'il doit à son pays ni ce qu'il doit à son sou- verain. Lesdeuxannéesde son ad- ministration dans le département

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de l'Aisne, ont été marquées par un grand travail ;?tatistique, pu- blié en 1823, sous les auspices de son successeur. Sic vos non valus. TALLL'YUANU PÉRIGORD (Bezok, comte de), frère du prin- ce de Talieyrand, lieutenant-gé- néral, gouverneur de Saint-Ger'- mainen-Laye.

TALLEYRAND PÉRIGORD (Archambauld, duc de), frère du précéfleut, lieulenant-iiénéral.

TALLEYRAND P^KIGORD (nue DE Dixo), fils du précédent, maréchal-de-camp, a servi sous l'empereur dès sa première jeu- nesse. Il a gagné tous ses grades sur les champs de bataille.

TALLEYRAND ( le cardinal de), oncle du prince, mort grand aumônier de France en 1820.

TALiNAY ( Charles-Auguste) , statuaire disliugué, fils du pciulie dont l'article suit, naquit à Paris en 1768. Entraîné par sa passion pour les beaux arts, il parvint r; - pidement à la connaissance d< s premiers secrets de l'art du sta- tuaire, et il gagna le prix de sculpture, qui devait le conduire à Rome aux frais du gouverne- ment. jMalheureusemeul les trou- bles politiques de l'époque ne lui permirent pas de faire ce voyage. Les conquêtes des armées fran- çaises, qui, à la suite de traités, valurent à la France les chels- d'œuvre de la Grèce et de Rome en tableaux et et>^culptmes, le dédommagèrent bientôt de celle douloureuse privalion, et il put compléter au musée du Louvre, à Paris, son éducation comme ar- tiste. Taunay obtint par de nom- breux ouvrages, la confiance du iïouvernemeut. Les événemeiis

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politiques de 1814 et ï8i5, ravi- rent à la France, par le droit de la force , les richesses immenses de notre musée [voy. Casova , LEBRrsTOx et "Wellington). Dans son désespoir, il s'expatria avec Lebrelon et plusieurs artistes dis- tingués, et alla chercher dans un pays vierge de révolutions, de lâchetés et de barbaries, un ciel paisible et la gloire d'être l'un des fondateurs d'une colonie d'ar- tistes. IVofcsseur de sculpture à l'académie des beaux arts de Rio- Janeiro, il y exécuta plusieurs ouvrages dignes de son talent, et, entre autres, la statue du Ca- iiiitëns. Il mourut à Rio -Ja- neiro au commencement de i824' \aEntreUa Brasileira, journal qui se publie dans cette ville, donna quelques jours après, un article nécrologigue, qui est terminé par ce jugement plein oe goût et de justice : « Outre le mécanisme de son art, il possédait à un haut de- gré ce qui forme le véritable ar- tiste^ une critique judicieuse, une érudition variée et un excellent gofit littéraire. C'était un homme dont le talent était supérieur aux ouvrages qu'il laisse après lui, et qui fut presque toujours contrarié par les circonstances. »

TALNAY ( Nicolas -Ahtoine), peintre de genre, membre de l'ins- titul et de la légion-d'honneur, père du précédent, et élève de Casanova. M. Taunay, l'un des artistes les plus distingués dans le genre qu'il cultive, enri- chit depuis 5o ans, de ses agréa- hies compositions, les expositions du musée du Louvre. On a re- marqué au salon de l'an <), son tableau du général Bonaparte

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recevant des prisonniers sur le champ de bataille, après une do ses victoires en Italie : ce tableau, qui est un prix d'encouragement, fait partie de la galerie du Luxem- bourg, ainsi que le Passage Ue la Guadarama, pari' année française, en Espagne^ et une Messe à une chapelle de saint Rock y dans une campagne d'Italie; au salon de l'an to, le Trait de courage d' un en- fant de 12 ans, qui, au mois de fructidor de l'an G, à Saint - l*ol de Léon, était parvenu, a- près des efforts inouïs, à sau- ver de la mer deux en fans à peu près de son âge, qui s'étant trop avancés , étaient eujporlés parles flots; au salon dt; l'an 12, un In- térieur d' hôpital militaire; Henri IV et le paysan; une Scène de carnaval; au salon de 180S, l'^;»- trée de l'empereur des Français dans la ville de Munich; le Ci- mabué et Giolto ; V Impératrice re- cueillant les ouvrages des artistes modernes; au salon de ï8i<) et de 1822, parmi une suite assez nombreuse de tableaux, plusieurs paysages, vues, etc., du Brésil , entre autrcsdeThabitation de l'au- teur, à cinq lieues environ de Rio- Juneiro; erjfin au dernier salon (t824),£/'ez6r, la Bergère des Al' pes, Henri IF et le paysan, etc. TISSOT ( Pierre- François ) , lomme de lettres, à Versaille» (Seiuc-et-Oise), le 10 mai 1^68. Il commença ses éludes dans cette ville avec un succès remarquable; dès l'âge de neuf ans, il rempla- çait sou maître pour des leçons que celui-ci donnait à iliverses personnes. Plusieurs artiîlus cé- lèbres fréquentaient la pension dans laquelle il était élevé; il prit

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dans leur coinuicrc e lu goût des arts el une véritable passion pour le dessin, qu'il cultiva pendant plusieurs atwiées, avec la secr^:te intcnlion de devenir peintre. Arri- vé à Paris en 1782, el placé dans une pension qui conduisait ses élèves au collège 31ontaijii, il fut singulièrement remarqué de deux lial)iles professeurs du temps, qui s'appliquèrent à développer' ses dispositions et à cultiver son goOl; il fit des progrès rapides, et ob- tint de brillans succès sous ces deux maîtres, ainsi que sous M. Sélis, qui pi'otessait la rhétorique au collège de Louis-le-Grand. Ses premiers vers français datent de Ct Ite époque ; ils sont consacrés à retracer les derniers momens de sa mère, qui avait assemblé tous ses enfans autour de son Ut de mort pour leur donner sa béné- diction. Au sortir de ses études, il entra chez un procureur au Cbâlelel; rebuté d'abord par les dégoûts attachés à un travail aride, il s'appliqua ensuite avec ^èle à l'étude de la procédure, et sur- tout à celle du droit; mais il n'a- biiudonnail pas les lettres, Virgile el Tibullo ne le quittaient pas; il était passionné pour Racine et les autres grands écrivains du siècle de Louis XIV. Ceux du 18" siècle eurent leur tour ; il devint en- tliousiaste de J.-J. Rousseau. Ces liavaux, le commerce de l'anli- qtiité dont il avait été nourri, et jihis encore le niouvcuncnt géné- ral des esprits dans la suciété, le disposèrent à aimer les |)rincipes sur les(juels s'appuie la révolu- lion française. Jeune encore, ct n'élanl initié dans aucun secret politique, il étail témoin des évé-

nemens et non pas aolenr. Le 14 juillet 1789, il iiiarchait dans Ta- ris avec celte légion du Châlefet qui contribua tant à rassurer les habilans; envoyé ensuite en déta- chement pour assurer les subsis- tances , il revint au bout d'un mois, et resta tranquille. Au mois de rnai 1790, il se relira à 31eu- don avec un ami pour se livrer à des études sérieuses. Il ne venait à Paris que pour assister trois fois par semaine à des cours du col- lège de France, ne voyait per- soime dans cette ville, el retour- nait de suite à la campagne , il ne recevait aucune visite. Comme tout était objet d'alarmes dans ce temps, la cour s'inquiéta du sé- jour des deux jeunes ermites dans une résidence royale; on apprit qu'ils vivaient dans une parfaite solitude et occupés seulement de leur inslrucif.>n. Une année s'é- coula ainsi ; en 1791. il fut admis, ain-i que son ami. à la société des amis de la conslitulion de Sèvres. Dans le cours de celle année, il fil des voyages et quelque sé- jour à Versailles, toujours alta~ ché aux principes de la révolu- tion, mais ne jouant aucune es- pèce de rôle politique. En 1792, il était de la société des amis de la constitution à Versailles, il se fit remarquer par une grande franchise d'opiuions , unie à i\i\ esprit conciliateur dont il donna souvent des preuves au milieu des deux partis. Il apprit à Meu- don l'événement du 10 août, dont il n'avait pas même de soupçon, ne venant qu<; très - rarement à Paris, el n'y connaissant aucvm homme influen!. M. Tissol arriva à Versailles, sou cnactère é-

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lait tellement connu , que leà ad- versaires prononcés de la liberté lui montrèrent leur satisfaction de son retour. Ils eurent plus d'une fois à se louer de lui au milieu de l'eflervescence générale; ils n'ai- maient pas ses principes; mais ils ne pouvaient s'empêther de ren- dre justice à un jeune homme dont le cœur était exempt de tou- te haine, et naturellement disposé il la tolérance politique, quoique incapable de transiger avec ses principes. W. Tissot était à Versail- les secrétaire de sa section, alors en permanence aux termes d'une loi, au moment l'on apprit les mas- sacres de septembre. A cette cruel- le époque, il n'a point quitté un seul moment; il n'aurait pas pu quitter alors cette ville , car il i'al- lait lin passe-port, qu'on ne lui aurait pas donné. Dans l'état des choses, ni les corps administra- tifs, ni sa section (c'était la pre- mière section de la ville), la conû;ince des uns et les in<]uiétu- des secrètes d(.s autres voulaient impérieu-eineat sa présence , ne lui auraient pas permis de s'ab- senter; elTectivement , il eut sou- vent à faire preuve de zèle pour empêcher ou prévenir les divi- sions et les querelles entre les ci- lo_yens; aussi obtint-il l'unanimité deâ suiVrages au moment cette section très-nombreuse fut trans- formée en assemblée électorale. A Celte époque, il eut occa>ioii de condamner hautement les massa- cres de septembre devant la so- ciété populaire de la ville , qui approuva ses sentiniens. ÎVommé par elle membre du collège élec- toral du département, qui s'as- sembla dani> la ville de Saint-

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Germain , il se trouva secrétaire j)rovisoire comme le plus jeune d'ilge ; il eût été nommé à la con- vention nationale s'il eût fait le plus petit effort; l'absence de tou- te andiition le préserva des dan- gers d'un si redoutable honneur. La cause de la faveur générale d'une réunion d'hommes dont la plupart ne le connaissaient pas même de nom , vint de la pré- sence d'esprit avec laquelle il ras- sura , par une simple adresse des volontaires, le corps électoral a- larmé de la nouvelle subite de la prise de Verdun. Revenu du corps électoral de Saint-Germain , dont il avait été exclu sous le prétexte du défaut d'âge habilement saisi par de> ambitions particulières dont il pouvait réfuter les scru- pules intéressés, il reprit sa place à sa section , et eut le bonheur de montrer un périlleux courage en contribuant, le 9 septembre 1792, au salut des prisonniers de la Geôle, Il n'était que simple ci- toyen , et n'avait de guide et de pouvoir (jue son zèle. Toute la ville fut témoin de sa conduite ir- réprochable dans cette journée du massacre des prisonniers d'Or- léans, où le maire. iM. Richand, dont il a conservé l'esliine et l'a- mitié, se conduisit en héros. Ver- sailles, à quatre lieues de Paris, cette ville il était sans cesse en vue. il était c(mnu de tout le inonde, il n'aurait pu échap- per un moment aux regards, no fournirait pas un Ixunme qui osHt et pût élever et soutenir er> «a pré- sence et en face de la justice, une accusation contre lui sur celle af- freuse journée. Nous l'avons cn- teuducentfoisen particulier com- 29

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nie en public, porter lo tléfi à la Ciiloiiiiiic elle-mêine, soit à l'é- gard de celte journée, soit a l'é- gard de toute antre. Ce fut lui qui, sans aucun autre intérêt que celui de la justice et de l'huinani- lé, se chargea de réclamer pour tous les serviteurs de la famille royale, que la chute du trône lais- sait sans pain. Tontes les personnes attachées au roi , à la reine et aux frères de ce prince, le regardaient a- lûis comme leur défenseur, et le comblaient de bénédictions. Son a- ini,son beau-frèie, le jeune et in- fortuné Goujon, qui a ])éri avec tanlde courageau i'^' prairial, était ■procureur-syndic du département, ot toute la faveur qu'il en avait reçue était une place dans un des bureaux de l'administration dé- partementale. Il les quitta en mars i^qS , presque immédiate- ment après son mariage, pour al- ler dans la Vendée avec un batail- lon de volontaires qui contribua beaucoup au salut de la ville de Nantes. Il n'exerça aucime fonc- tion dans cette ville. Mais un hom- me qui portait le même nom que lui, sans être son parent , par.ùt avoir eu dans ce temps une mis- sion importante du comité de sa- lut-public dans la Vendée; sui- vant toute apparence, on Faiira confondu avec cet individu qu'il n'a jamais ni vu ni connu. Goujon ayant été appelé à la commission de commerce et approvisioiuie- mens , M. ïissot en devint le se- crétaire - général, (j'est dans ce temps qu'il plaça, non sans cou- rir des dangers, ()lusicurs person- nes d'une autre opinion que la sienne, et notamment un prêtre poursuivi en celte qualité. Il sor-

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lit de celte commission pour se préj)arcr à suivre son beau-frère, nommé à l'ambassade de Cons- tantinople. Celui-ci ayant été ap- pelé comuie suppléant à la con- vention nationale, à la place de Hérault de Séchelles , M. Tissot fut nommé adjoint de la commis- sion d'agriculture et de,> arts, dont M. lierlholet était membre; il y rendit beaucoup de services en se- condant avec autant de zèle que d'activité l'exécution de tous les ujoyens de perfectionnement a- doptés par un comité composé des hommes les plus distingués. C'est alors qu'il s'empressa de donner asile dans les bureaux à un magis- trat distingué , M. Savoye Rollin, avocat - général du département de Gren(d)le , qui avait besoin d'appui dans ces momens diffici- les , et qui a loujunrs conservé une vive rec(ini)ai!..-auce de ce service. M. ïissot eut aussi le dé- vouement d'aller demander la li- berté d'un ancien se.'iétaire de M. de Malesherbes, employé dans les bureaux de la commission, et arrêté pour cause d'opinion par (me autorité jalouse et redoutable et dans un moment terrible. Il suivit bientôt son beau - frère , nommé commissaire de la con- vention auprès des armées de la Moselle et du Rhin. Cette mis- sion à laquelle il ne participait que comme secrétaire des repré- sentans, ifura quatre mois, ne vit que des succès, ne fit point verser de larmes, et ne coûta que 4«;'>oo francs à la république, y compris les frais de voyage. De retour après le 9 ihermidor, il reprit sa place d'adjoint, et la garda jus- qu'au mois de geroîînal de l'an-

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liée suivante. Arrêlé ù bette épo- <]i\e sur des snupoons, ou plutôt parce que son beau-frère avait des ennemis, il fut relâché au bout de vingt jours sur les bons témoi- gnages des députés de S<ùne-et- Oise, qui I«; défendirent comme un citoyen dont la conduite était <;xemple de tous reproclics. Le maire de Versailles, M. Riohaud, avait signé avec ses collègues. On ne pouvait faire de reproches à M. Tissot pour sa conduite à Ver- sailles, à moins de lui faire un crime de ses opinions ; à Paris , il n'avait pas eu d'autres occupa- lions que de? fondions admiiiis-M tratives qui ne permettaient pas nn ujorniHitde partage, au milieu d'une disette qu'il fallait combat- lr«! sans cesse par la vigilance. Aussi ne le vo_yail-on dans aucune assemblée politique. En rendant la liberté à M. Tissot, on ne lui rendit pas sa plaC(; ; il resta tran- quille jusqu'au I" pr.uiial, épo- que où Goujon fut envdioppé darjs »nie mesure de prc^crlirtion. Ils n'apprirent tojis deux le soulève- meni que sur 1rs dix hem'es du malin. Goujon conçut des s^xip- (îons sinistres sur ^.el évémMncnt trempèrent elTectiveinent qiiel- qncs hommes vendus aux comi- tés du gouvernement ; ce dernier voulait une jf)avnée pour en pf-o- liter, il parvint à son but. Goujon avait exigé de sou beau-frère la promesse et mr-me le se^ ment de ne se mêler en rien dans U'ue cho- se si suspecte. iM. Tissol ne revit son hcau-frère qii'i la commission militaire, ce dernier rtcul de lui ions les secours, tous les avis fl'un ami fidèle. M. Tissol savait ]>ourtnnt qa'on n'attendait qu'une

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occasion pour le perdre en même temps que Goujon. On a voulu ajouter la calomnie au malheur qu'il éprouva dans cette fatale cir- constance; et long- temps après, c'est-à-dire depuis la restaura- lion, on a répandu des atrocités à ce sujet eu se servant du nom de RI. Boissy d'Angla»*. Aussitôt que ce respectable citoyen a été ins- truit de ce tait, il s'est empressé d'écrire à M. ïissot la lettre la plus flatteuse, qui est eti même temps le démenti le plus formel des suppositions et des menson- ges de la calomnie. Après la mort l«le Goujon, iM. Tissot reéla seul et sans aucune fortune |)our sou- tenir deux familles. Tune aflligée par une perle irréparable, et d'ail- leurs sans fortune; l'autre entiè- rement ruinée par la révolution, ïl s'imposa alors la retraite l.i plus austère; mais aprè"? la jorn-née du iT» vendémiaire, il se jeta dans l'industrie, devint simple ouvrier dans un établissement qu'il avait contribué à fonder étant adminis* traleur, et finit par élever une fa- brique spéciale , seul moyen de fournir à tant de besoins réunis autour de lui. Les circimstances changèrent; avant le i8 fructidor, il fut appelé, comiiu! rédacteur, dans un bureau administratif au ministère de la police générale. Il demeurait alors au faubourg Saint - Antoine depuis quelques mois. On ne le prévint pas de la journée qui se préparait; et quand il reçut, pendant la nuit, l'ordre verbal de se mtder du mouve- ment, il refusa positivement, en répondant (|ucce n'était pas \i\ un devoir. Le malin, il se rendit à son bureau. Les députés arrÊlé»

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eurent bien à se louer de sa cou- (liiile; il fit en leur laveur tout ce qu'on pouvait atlcndre d'un ami de l'humanité qui avait vu, une année auparavant, sa famille dans l'état il voyait la leur. La nièce «le Pichegru , la sœur de Gilbert Demolières , et toutes les femmes des proscrits, eurent à se louer de lui. Averti du projet qu'on avait formé d'égorger les députés arrê- tés , il contribua à leur salut par ses conseils el par l'autorité de ses courageuses paroles; il décida le ministre à se transporter .-^ur les lieux, et celui-ci ne revint que le matin, .après avoir pris toutes les mesures nécessaires. Parmi les députés arrêtés éîait Bourdon, de l'Oise, qui avait fait en germinal des menaces afiVeuses à M.Tissot, et demandé qu'on fusillât Goujon dans le salon de la liberté. Il res- ta sept înois chef du bureau par- ticulier du ministre, n'ayant d'au- tre pensée que de veilier sur les divers partis pour les empêcher d'en venir aux mains; prévenir fut toute sa doctrine. Il reçut le prix de sa conduite et de son éloi- gnement pour toutes les mesures violentes dans la nomination de député de la Seine aux élections de l'an 6. Toutes les opinions con- coururent à son élection, qui eut lieu à une immense majorité dans une très -nombreuse assemblée. II était secrétaire, et Cambacérès président; celui-ci ne fut nommé député qu'après M. Tissot. Sa no- mination ayant été cachée par un indigne abus de pouvoir, il ne daigna pas même la défendre, et se retira dans une campagne près de Tours ; c'est qu'il commença à devenir homme de lettres, en

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traduisant les Bucoliques de Vir- gile en vers français. Au i8 bru- maire, quoique convaincu que le général en chef Bonaparte était nécessaire el même indispensable en ce moment, il ne crut pas de- voir se présenter à cel'ii qui avait renversé la représenlalion natio- nale, et resia dans l'obscurité, occupé des lettres. Au 5 ni\ôse, ii fut ail été; il avait prévu que les anciens ennemis de Goujon saisiraient iinu occasion de se dé- faire d'un homme qui avait eu déjà les moyens de se venger, et qui aurait pu . il est vrai , devenir =^chef de parti , s'il l'eût voulu ; mais il refusa de fuir, tant il avait horreur du crime auquel on vou- lait l'associer par une mesure de proscription qui était un coup d'é- tal. Bonaparte sut celte circons- tance; des hommes peu bienveil- laiis pour iM. Tissol, d'autres, tels que Monge et Bertholet, interro- gés parle premier consul , répon- dirent qu'il était sans reproches. M. Bourienne , qui avait à son insu nue grande obligation à M. Tissot, M°" Bonaparte, qui avait un cœur admirable , se joignirent à eux , et M. Tissot fut rayé de la liste.ialale. Le premier consul ré- sista fortement à des tentatives faites par la haine secrèle; mais il voulut savoir ce que l'homuie que l'on voulait déporter sans ju- gement avait fait pendant la ré- volution; i! ordonna un exauien sévère , et cet examen n'ayant produit aucun grief, même aucun soupçon , il promit paix et sûreté à M. Tissot, et a tenu parole. M. Tissot respira enfin ; car on lui avait tendu toutes sortes d'embû- ches pour le perdre avant l'arri-

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▼ée'de Bonaparte, auquel il dut vraiment la vie, les déportés étant tous morts en exil. La publica- tion d'un ouvrage d'un genre aii.s- si innocent que le» Bucoliques , ÉVappa beaucoup le premier con- sul. M. Tissot avait recouvré la liberté ; mais chef d'un établisse- ment, il eut une peine extrême à réparer le mal que lui avait causé une arrestation dans des circons- tances si graves. Appelé, en i8ofj, dans les bureaux de M. Français de Nantes, qui lui avait accordé toute son amitié, il rendit des ser- vices à tous les gens de lettres, artistes et savans ; il Ct beaucoup pour les autres, et ne «lemanda rien pour lui. C'est alors qu'il re- prit avec plus d'ardeur que jamais le commerce des muscs. Il leur dut la connaissance et l'amitié de l'abbé Delille, qui le choisit d'a- bord pour bon remplaçant, et en- suite l'indiqua pour son .succes- seur. Deliile avait reconnu dans M. Tissot une vo(;alion réelle pour l'enseignement littéraire; l'expé- rience a prouvé que ce célèbre poète ne s'était pas trompé. Pen- dant onze années , M. Tissot a remplacé son maître avec un bril- lant succès, mais non sans se li- vrer à un travail immense. Ses leçons étaient suivies avey em- pressement par la jeunesse , et jamais aucune d'elles ne fut trou- blée par le plus léger incident. On aurait craint de [)erdre quel- (|ue chose en l'interrompant. La jeune génération qui brille main- tenant dans les lettres, a presque toute profilé des leçons de M. Tissot; >li>L Casjniir Delavigne et Lamartine ont suivi son cours. Tout à coup, sans avoir été cn-

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tendu , sans môme avoir été pré- venu , le successeur de Delille s'est vu révoqué sans qu'aucun reproche lui ait été l'ait par les ministres, soit sur la révolution, soit sur sa conduite présente, soit enfin sur ses leçons; l'un d'eux lui a dit seulement : « Nous n'a- ))vons aucun fait à vous imputer, »mais vous n'êtes pas notre hora- nme: la jeunesse est dans vos 0 mains, nous ne voulons pas «qu'elle y soit; voilà tout notre » secret. M. Tissot a perdu sa place sans avoir même une pen- sion , après tant de travaux. Cette injustice a été suivie de beaucoup de malheurs domestiques; il a per- du successivement sou père, sa fdic , sa femme, son gendre et deux pelits-enfaiis ; c'est au mi- lieu de ces chagrins que sont ve- nue* le surprendre de nouvelles persécutions. Tout Paris se rap- pelle encore comment iM. le pré- fet de police usa d'un pouvoir ar- bitraire envers ce citoyen, en se faisant un mérite et même une gloire de sa partialité. L'entretien de M. Tissot avec Al. le préfet de police restera comuje una pièce du temps. On sait encore par quelles manœuvres il a été spolié d'un journal qui éliiit sa proprié- té, et qu'on lui a fait enlever de vive force ; ce dernier événement a causé une perle énorme ;'i M. Tissot. Et pourquoi tout cela ? parce qu'il n'a voulu n: se laisser acheter, ni trahir les intérêts de ses commanditaires. Tant de pei- nes accumulées ont failli le con- duire au tombeau. On ne devine pas les motifs de l'acharnement avec lequel on a poursiiivi M. Tis- sot. .S'il a toujours aimé sincère-

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rnenl la liberté, sa conduite poli- tique n'offre «aucun fait que l'on puisse accuser, l'an un hasard as- sez étrange, cet homme, qui a toujours 6uivi ouvertement la ré- volution, n'a pris une [)art active à au(i»me de ses. journées. Il n'é- tait pointa la prise de la Baslille; on a vu ce qu'il faisait le i4 juil- let. Aux 5 et 6 octobre, une mala- die grave le retenait dans son lit. On ne peut trouver son nom dans aucun événement politique depuis cette époque jusqu'en «792; au 10 août, il était à iMeudon; au 2 septembre et jours suivans, à Ver- sailles ; au 9 septembre, loin de mériter même un soupçon, ils'est montré courageux dans cette ville et à la face de tous ses conci- toyens ; au 5i mai, il était au camp de Saint-George-sous-Nan- tes; au 9 thermidor, à l'armée du Rhin ; au 1"' prairial, sous les ar- mes avec la section de Grenelle, venue pour protéger la conven- tion, et qui n'a pris aucune part au mouvement; au 4 pi'iiirial , dans les plus grandes inquiétudes sur son beau-frère, et occupé à consoler une mère, une soeur, une épouse, désespérées ; au i5 vendémiaire, sous les armes pour la convention , mais étranger aux combats livrés pour sa défense, il n'eût jamais consenti à tirer sur ses concitoyens; au 18 fructidor, n'ayant voulu prendre aucune part à un mouvement qu'il avait ignoré; au 18 brumaire, renfer- mé dans l'obscurité de sa retraite. C'est, armé de tous ces souvenirs, que nous l'avons entendu dans le procès qu'on lui a intenté comme rédacteur du Pilote, porter en plein tribunal, à tous ses conlem-

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porains, le défl de trouver même la trace la plus légère d'une ac- tion coupable de lui dans la révo- lution. De son aveu, il y a du bonheur dans cet assemblage «le circonstances , qu'on ne soupçon- ne guère ; mais ce qui n'est point du hîisard , c'est que depuis tren- te-six ans on ne j)uisse pas trou- ver de lui un écrit qui l'accuse. Et certes, on ne dira pas qu'il a- vail prévu le temps l'on pour- rait lui demander compte de ses opinions et de ses actes pendant une révolution qu'il n'a jamais désavouée un moment. On publie chaque jour des mémoires sur la révolution : M. Tissot n'y est pas même reconnu une seule fois. iVl. Tissot a été censeur de la Gazette de France, et s'est montré avec beaucoup de modération dans cet- te fonction, avec de la pudeur dans ?a manière de servir l'hom- me auquel il devait tout. Aucun homme de lettres n'a eu à se plain- dre de lui alors; deux traits mé- ritent d'être cités. Napoléon vou- lut savoir le non) de l'auteur d'un article qui lui avait singulière- ment déplu : M. Tissot en prit la responsabilité eu refusant cons- tamment de déclartir l'auteur. Quoique très - éloigné des opi- nions de M. de Châfeaubjiand , il ne voulut jarnais attaquer cet é- crivaiu pour complaire -h l'autf»- rité. « Je ne contribuerai pas, dit- » il , à avilir un homme de lettres, »ou à rabaisser son talent. >> Na- poléon approuva ces sentimens. On a reproché à iM. Tissot son dévouement pour l'homme ex- traordinaire qui fut son bienfai- teur; il répond : « Celui qui gou- vernait l'Europe me témoignait

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(le resliinc; il est venu au-devant (le moi par ses bienfaits, enfin il m'avait sauvé la vie; jo l'ai servi avec d'autant moins tie scrupule que sous son gouvernement j'ai trouvé mille occasions de servir et de défendre les amis de la li- berté qui avaient besoin d'appui y et enfin de faire entendre avec un courage qu'un dévonemcnt connu De rendait pas suspect, des véri- tés utiles quelquefois à toute la France, quand les ministres con- naissant ma sincérité , m'inter- rogeaient sur quelques matières d'administration ou de gouverne- ment. » On a de M. ïissot une traduftion en vers des Bucoliques de Virgile, parvenue à la qua- trième édition, et que le jury des prix décennaux proposa comme digne d'en obtenir un. Une tra- duction en vers des Baisers de Jean second^ suivie de qnelqties poésies erotiques; di'^C fiants pour le mariage de Napoléon et pour la naissance du roi de ilomc; un volume d'Introduction aux fastes civils de la France , abrégé re- marquable de riiistoire du monde jusqu'à nos jours. Il est auteur de beaucoup d'articles liltérair«!S qui lui ont valu une juste réputation de critique. M. Tissot se propose de donner successivemerl au pu- blic ses travaux au C(»l!ége de France, et publie en ce moment dt:5 Etudes sur f^irqde, qui at- testent de longues méditations. Le talent de M. Tissot , comme poète, est apprécié depuis long- temps ; c'est la griîce unie à la fttr- ce. Comme prns3l(;ur, il réunit le mérite de la pensée à riiarmonie du langage et au bonheur de l'cx- prcsiiion ; connue critique , il est

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d'une impartialité rare , et ses ju- gemens sont dictés par une raison solide et un goftt tiès-pur.

VALKENAKR (Jexn). Le der- nier paragraphe de sa notice^ re- tranché par erreur, doit être réta- bli ; il porte : M. Valkenaer mou- rut en 1822.

VALQUKLIN (Nicolas- Lotis), célèbre professeur de chimie, njembre de l'iiistilut (académie des sciences) , chevalier de la lé- gion-d'honneur et de Saint-Mi- chel, professeur honoraire de la faculté de médecine de Paris, et membre de presque toutes les aca- démies de l'Europe , est eu 17G3, dans la ci-devant province de Normandie. Il commença ses études de chimie et de pharmacie i\ Rouen, et les vint terminer à Pa- ris, en 1780. Dès «785, le j)rofes- seur Fourcroy se l'associa comme préparattîur de ses travaux chimi- ques, et bientôt s'en fit un émule et un ami. Cette honorable asso- ciation dura hm't années consécu- tives. Il y avait à peine trois mois que M. Vauquelin était membre de l'académie royale des sciences, lorsque par suite des évènemens de la révolution, les corps acadé- miques furent supprimés ( i^f)''^)- A cette épo(pie il alla occuper la place de Pharmaci(;n, à l'hôpital militaire (lelMelun;mais dèsl'année suivante, il fut rappelé à Paris le gouvernement le nomma ins- pecteur des mines, et le chargea d'établir en faveur des élèves de l'école des mines, im cours de do- cimasie, qui lui valut pres«|u'i\ la^ ujfme époque, la place de prnfes seur adjoint de chimie à l'école polytechnique. Dès la formation do l'institut national, il fut cum-

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pris au nombre des meinbres de oe corps, et dès l'établissement de la légion-d'honucur, il en reçut la croix. Devenu par la mort de Dar- cet, professeur de chimie au col- lège de France, il donna sa démis- sion de la place d'inspecteur des mines, et réunit à son professorat l'emploi de directeur de l'école spéciale de pharmacie, du mo- ment qu'elle fut créée, llron- gtiiard, professeur de chimie au Jardin des Plantes, étant mort, RI. Vauquelin fut nommé pour lui succéder, sur la présentation una- nime de l'institut, de l'adminis- Iralion, et des inspecteurs des é- tudes. L'importance de celte nou- velle chaiie, le força de donner sa démission de professeur au collè- ge de France. Après la mort de Fourcroy, en 181 1 , il se présen- ta au concours pour le remplacer comme professeur de chimie, à la faculté de médecine. Ses concur- rens par un juste sentiment d'esti- me et de respect, refusèrent de lui disputer une chaire, dont il é- tait reconnu universellement di- gne de prendre possession. Moins favorablement apprécié sous le ministère de 1822, il a été ainsi que ses illustres confrères à la fa- culté, MM, les profesi>eurs de Jus- sieu, Dubois, Pellelan, Pinel, Des- genettes, Chaussier, Lallomant, Le Roux et Moreau, mis à la re- traite, c'est à dire classé parmi les honoraire?. Mais la haute considé- ration dont il jouit, n'a reçu aucu- ne atteinte des rigueurs du pou- voir. M. Vauquelin, dit l'auleur d'une notice biographique, n'a pu- blié ex professa, que le Manuel de l'Essayeur , 1812, in-S"; mais il doit sa haute réputation aux belles

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analyses qu'il a faites, soit de con- cert avec Fourcroy, soit en parti- culier; à ses expériences publi- ques , et aux mémoires qu'il a pu- bliés d.ius les Annales de chimie, dans le Journal des mines, dan'< les Annales du muséum^ dans le Journal de physique et dausT^HQ'- clopédie méthodique, un qu'il a lus à l'académie. Ces mémoires sont très-nombreux; voici les titres des plus remarquables : 1" Sur la na- ture de l'alun, [Annales de chimie •79/)» iV«r la nouvelle substan- ce mclallique contenue dans le plomb rouge de Sibérie ( chrome ) . ibitl., 1798; Notice sur la terre du Brésil, ibiLl. Cette terre (la Glu- ciue), éliiit inconnue avant M. Vauquelin. Deux mémoires sur l'urine, en société avec F'ourcroy; ibid., 1799; 5" Surl'fuu del'am- nios des finmes et des luœhes; ibid. 1 Soo; Ci" Sur le verre d'antimoine; ibid. Observutions sur l'identité des acides pyro-muqueux , pyro- tariareux, pyro-ligneux; et sur la nécessité de ne plus les regarder comme des acides particuliers , en SMciété avec Fourcroy; ibid. 8" Sur les pierres dites tombées du ciel; ibid., i8.)5; Sur le platine, en société avec Fourcroy ; ibid. , i8o4; 1 Sur la présence d'un nou- veau sel phosphorique terreu.v, dans les os des animaux, etc.; en ?ocié- avec Fourcroy; ibid., i8o5; 1 1' Examen chimique pour servir à l'histoire de la laite des poissons; en société avec Fourcroy; ibid., 1 807; 1 2' Analyse de la matière cé- rébrale de l' homme et de quelques animaux, ibid., 1812; \ô" Expé- rience sur le daphné alpina; ibid.; i4° Analyse de l'urine de l'autru- che, et expériences sur le^ excré-

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Ik mens de quelques autres familles "' d'oiseaux; en société avec Foiir- croy ; [Annales du muséum d' his- toire naturelle , Paris, 1811.) iM, Vauquelin est l'un des fondateur? (1788) de la célèbre société phi- loinaliqjie.

VALGIKAUD (Pierre -René- Marie). On a omis à la fin de ,«a notice ces mots : Il mourut le i3 mars i8iq, dans la 78* année de »on âge.

VERNINAC DE SAINT-MAUR. La date précise de sa mort est du I" juin 1822. (Voirsa no/<>c à son ordre alphabétique dans ce 20» vol. ).

VIALA (Joseph-Agricol) na- quit ù Avignon, et était écolier de cinquième en 1792; son profes- seur eut souvent occaxion d'ad- mirer son esprit et son caractère. Jin 1793, il était commandant de la petite },Mrde nationale d'Avi- gnon. Il y avait à cette époque des gardes nationales de cette es- pèce dans presque toutes les villes de France ; elles portaient sur leurs petits drapeaux celte inscription , Espérance de la Patrie. Au mois de juillet 1795, les adrrjinistra- cursdu déparlement des Bon clies- <lu-Rhône arborèrent l'éler.dard de l'insurrection contre la con- vention. Ils levèrent une armée à Marseille, qui se mit en mou- vement pour marcher au secours des Lyonnais. A cette époqu»'. la ville d'Avif^non ce^^sait d'être le chef-lien du district de Vaucluse, incorporé dans le déparlemrnt des IJouches-du-RhAne , cl deve- nait le chef-lieu du nouveau dé- partement de Vaucbise. Le direc- toire du déj)artementdes Boucbes- dii-Rhônc avait placé à côté du

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général de l'armée marseillaise quelques comtnissaires civils, les- quels donnèrent ordre aux admi- nistrateurs du district d'Avignon de faire préparer les vivres et les logenieus pour l'armée marseil- laise. Les administrateurs du dis- trict de Vaucluse répondirent qu'A- vignon ne faisait plus partie du département des Bouches - du- Rhône, et que si Marseille mé- connaissait le décret de la con- vention qui créait le département de Vaucluse, Avignon saurait le faire respecter à coups de canon. Sur cette réponse, les Marseillais, au nombre de ^,ono homtnes , ayant avec eux ao pièces d'artil- lerie la plupart de gros calibre, vinrent occuper le villnge de No- ves, sur la rive gauche de la Do- rance, rivière qui sépare le dé- partement des Boucb.es-du-Rhône de celui de Vaucluse; les Avi- gnonais, au non)bre de 800 hom- mes, occu pèlent la rive opposée; ils n'avaient que deux vieilles cou- leuvrines de trois livres. D'abord on se caoonna de part et d'autre. Le lit de la IJiirance est très- large, et SCS eaux en changent 50uv«;nt ; elles coulaient alors sous la chaussée de Noves; le ponton èlait du côté et au pouvoir des Marseillais ; déjà on les aperce- vait y entrant, quand le comman- dant des Aviguonais demande quelqu'im <.'e bonne volonté pour aller couper la cnrde, à l'aide de la(|uelle le ponton allait ^Ire di- rigé sur la rive droite. \,k jeune Vinla se présente; le ctunniantlant le repousse et .sourit, l'enfant s'indigne;; il s'élance sur une ha- che, et part coujme l'éclair; un de *C9 coMili«r,ipU>s court après lui;

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arrivé, au milieu de plusieurs décharges» au pied du poleau la corde du bac était allachée , il ^lait déjà parvenu à la hacher à moitié, quand il fut atteint d'une balle qui lui traversa la poitrine. Il tomba, en disant en provençal : Qu'on ne le dise pas à ma mère ; je meurs pour la liberté! Ces der- nières paroles furent entendues par son condiscijde, appelé Gui- uaud, qui s'était hlolli dans un ravin. Les Marseillais passèrent la Uurance , et jetèrent dans les flots le corps de cet illustre en- l'aût, à qui la nature n'avait rien épargné du côté de la beauté. La convention nationale décréta que s.on buste et celui du jeune Bar- ra seraient portés au l'authéon. Eu attendant, ils lurent placés dans la salle de ses séances, l'un à la droite, l'aiilre à la gauche du bureau du président.

VILLELE (le COMTE Joseph de), ministre des finances, président du conseil des ministres, cheva- lier des ordres du roi, est à Toulouse, en 1773. ftl. le comte de Villéle doit, comme tant d'au- tres, au nouvel ordre des choses, sa Ibrlune et son élévation ; ce- pendant il s'est prononcé avec beaucoup de chaleur, contre les principes qui ont produit la révo- lution , et sur lesquels la monar- chie actuelle est fondée ; il est du nombre de ces enfans ingrats qui maudissent leur mère , car «ans la révolution, MM. de Corbière , de PeyronnetetdeVillèle, ne seraient jamais sortis de leur obscurité pri- mitive. Il a fallu un mouvement extraordinaire dans les choses et dans les hommes , pour les pous- ser sur les hauteurs de la société.

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Ce sont de ces jeux de la fortu- ne qui surprennent tout le mon- de, excepté ceux qui en sont l'ob- jet. (]e n'est qu'après des recher- ches très-pénibles, que nous avons rasseut.blé quelques détails sur la première partie de l'existence de M. le comte de Villèle. Il paraît qu'il fut admis de très bonne heu- re dans la marine militaire, qu'il fit une campagne à Saint-Domin- gue, et revint dans sa patrie en 1791. Peu de temps après il ac- coiripagna dans l'Inde , M. de Saint-Félix, qui venait d'être nom- mé commandant d'une station. M. de Saint-Félix devint vice-a- miral, et fut forcé en 1793, de se réfugier à l'île de Bourbon. Son attat'hemerjt à l'ancien régime fut la cause ou le prétexte de celte persécution. M. de Villèle suivit le sort de son protecteur, fixa sa résidence dans l'île de Bourbon , et y devint membre de l'assemblée coloniale; c'est que M. de Vil- lèle entouré de nègres, a étudié l'îul -de gouverner les hommes, dont il fait depuis quelques an- nées, une si heureuse application. C'est qu'il a puisé ses notions de liberté civile, ses idées du jus- te et de l'injuste, et ses théories fi- nancières. Cette éducation finie, il revint en France en 1807, et se fixa à Toulouse ov'i il resta inaper- çu jusqu'en 18 14- La société se trouvant alors fortement agitée, M. de Villèle se jeta dans le mou- vement, et fit paraître une brochu- re que nous avons eue sous les yeux. L'auteur de cet écrit de cir- constance , composé de verve et sans arrière-pensée, développe ses principes politiques, et repousse avec force le système de gouver-

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nemetU n-prcsenlatif , «ont il est aujourcJ'hiii ministre ; il s'y élève avec véhéiueiice contre l'établis- sement d'une charte constitulion- nelle. I.e pou voir ab'^olii dans ton- te son intensité, lui paraît le seul mode de jçonvernemcnt convena- ble à la France, elilnen'pugr.epas, pour y parvenir, à l'emploi des moyens extrêmes. L'ouvrage qui renl'ermait ces principes de légis- lation africaine, eut peu de succès, et il ne doit qu'à la célébrité inat- tendue de son auteur, de n'être pas entièrement tombé dans Tou- bli qui paraissait sa destination naturelle. En i8i5, M. de Villéle fut élu par le déparlement de la Haule-Garonne , membre de la chambre des députés apj>elée avec trop de précifMlation , la chamh'e introuvable. La session s'ouvrit le 1" octobre d«î la même année. Ce fut aussi le commmencement des nouvelles deslmées de M. de Vil- léle. 11 fit constan'iment partie de la majorité de cette assemblée, qui, sous le prétexte d'anéantir la révolution , ne tendait à rien moins qu'rt b^idrverser enlièie- ment la société, et à élever sur les ruines des libertés publiques et privées, le monstrueux édifice d'u- ne royauté surmontée d'aristocra- tie. C«'8 nouveatjx aristocrates aus- si turbulefis et vindicatifs, qu'ils s'étaient montrés jus(|u'alors pai- sibles et résigné}», voulaient eflVc- tuer en un jour, ce qui ne jxiuvuit être sar»s doute que l'œuvre du temps et de In pali(!nce. W. de Vil- fèlc plus confiant dan? l'avenir, se fit reniarquiT par un ton mesuré et une espèce de modération, qui contrastaient fortement avec le langage souvent fréu'-tiquc de ses

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collègues. Il avait compris qu'une irruption trop soudaine et trop vive sur les libertés nationales, pouvait compromettre la faction des privilèges, mais l'iinpulsi<)ij élait donnée. La majorité se pré- cipitait de plus en plus vers l'abî- uie ouvert sous ses pas, lorsque la célèbre ordonnance du 5 septem- bre 181G, la força d'ajourner ses sinistre? projet>. iVI. de Villéle re- tourna dans se» foyers; mais une nouvelle nomination le ramena en 1817, dans la chambre élective, la faction dite ullra-tiwnarchi- qufl, se trouva en minorité. M. de Villéle fit partie de celte minorité, et c'était un excellent calcul. Cette fraction de l'assemblée ne comp- tait dans son sein nucim talent di- i^ne d'être cité. M. de Villéle qui énonce assez facilement des cho- tes communes, parut un aigle dans son parti, et telle élait la di- sette d'orateurs ultra-royalistes, qtie M. de Coibièn; lui-même y acquit une espèce de réputation. M. de Villéle par une sorte d'ins- tinct qui l'a bien servi, s'attacha aux matières de finances; et depuis cette époque, tous nos budgets ont porté les stigmates do sou élo- quence. Cependant le crédit de la faction continuait à s'aiTaiblir , lorsque la fin tragique de M. le duc deBerry, vint réveiller ses espérances. Il fallut un crime aus- si odieux à tous le»; Français, pour donner de l'importance au parti qui recoimaissail alors ftLM. de Vil- Ule et de Corbière pour ses chefs. Une nouvelle loi d'élection ayant assuré au pouvoir le monopole des nouveaux choix de députés, et un nouveau ministère s'étnnt formé, iVJ. de Villéle fui élevé eu

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i8'io, à la vicn-présidence de la chambre; cette nomination attes- ta les pro{jrès fie l'influence du parti opposé aux libertés consti- tutionnelles, et il l'ut permis à M. de Villèle d'aspirer sans témérité an maniement du pouvoir. Le mi- nistère surnommé indifTéremment Pasquier ou Siméon, crut pou- voir enrôler sous ses dr.ipeaux le côté droit de la chambre. Il s'i- magina quec'élaitlàleseul moyen de se soutenir. MM. de Villéle et de Corbière reçurent le titre et les appointeinens de ministres; ils assistaient aux conseils, mais ils n'avaient point de département. C'étaient des ministres à la suite, des espèces de doubles tout prêts à remplacer les chefs d'emploi. Un tel ministère ne pouvait con- venir à [)er5onne, aussi fut-il bien- tôt renversé aux applaudissemens de tous les parti;*. Mi\l. de Villèle, de Corbière et de Feyronnet de vin- rent ministres; le parti respira et fut au comble de ses vœux. Mais des événeinens extraordinaires le for- cèrent à ralentir sa marche. Le pouvoir absolu miné de toutes parts, s'écroula en Espagne, la commotion se fit sentir à Naples et dans le IMémont; la sainte al- liance en frémit. Les rois absolus accoururent à Vérone , et chargè- rent le gouvernement français d'éteindi'e en Espagne, la fermen- tation populaire, et d'y rétablir l'ancien ordre des choses. M. de Vil- lèle ne goûta pas d'abord la [)ro- position ; mais il se trouva forcé d'y souscrire. Cent mille Français se montrèrent dans la péninsule, sons les ordres de S. A. R. iM. le duc d'Angoulème. La discipline des troupes, cl la magnanimité de

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leur auguste chef, jetèrent sur celte expédition tout l'éclat qu'el- le pouvait recevoir. Les généreu- ses espérances du prince furent trompées; il voulait vaincre pour le bonheur de l'Espagne; mais la faiblesse et rinca[;acilé du minis- tère français a dùrangé tous ces projets , et l'anarchie dévore le fruit lie nos victoires! cependant il fallait satisfaire aux engage- mens contractés avec le parti do- minant, qui se subdivise en plu- sieurs fractions, dont les pins im- portantes se coujposent de l'émi- gration, et de la faction ullra- montaine : il était dilficile d'y par- venir; de est venue la nécessi- té de ces manœuvres odieuses pra- tiquées à l'époque des dernières élections, si fortement improuvées des honnêtes gens de tous les par- tis , que les ministres »ux-mê- mes, et en particulier i\l. de Villè- le , ont cru <levoir les désavouer publiquement, tout en en recueil- lant le fruit. C'est (le cette source que sont jaillis le jésuitisme, la septennalilé, le milliard de l'émi- gration et la conversion des 3 pour loo. C'est ici que nous quittons M. de Villèle très-embarrassé de ses mesures, n'osant mesurer l'a- venir, vivant au jour le jour, et prêt à f.dre bien d'autres sacrifices pour conserverie pouvoir, auquel il est si péniblement monté. Mais la France e.-père dans la bonté et la sagesse royale : sou attente ne sera pas tromnée.

VINOT (le baron Gilbert-Ju- lien), maréchal-de-camp, à Soissons le 17 juillet 1772, fil» d'un avocat au parlement, com- ?nença sa carrière militaire dans le i" bataillon de Paris, il en-

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Ira comme grenadier le 5o juillet irga , à l'époque loule la jeu- nesse française se portait sur les frontières pour défendre le sol de la patrie. Il quitta son bataillon pour le 26' régiment de cavale- rie, il fut nommé successive- ment fourier, maréclial-des logis, sous - lieutenant , puis incorporé dans le 22' régiment de chasseurs à cheval , le 9 phiviôse an 3 ; lieu- tenant au même régiment le 28 brumaire an 8, capitaine le 25 pluviôse même année, chef d'es- cadron le i4 mars 1806, colonel à la suile le 2S août 1808, colonel titulaire du 2'-t* régiment de hus- sards, ci-d«tvant Chamborand, le 3 mars i8i3. il a fait les campa- gnes drt I 7f)2 à l'année du Nord, de 1793 à l'armée des Pyrénées- Orierjtales , enfin de 1791, '7'.P, 1796, à l'armée d'Italie. Il fil par- lie de l'armée d'iigypte, et fut em- ployé aux armées do Pologne et d'Allemagne en 180G et 1807, et à l'armée d'Espagne, depuis 1808 jusqu'à l'évacuation, lin iSi.^j, il était employé comtne comman- dant au corps détaché prés de Paris. M. Vinot s'est distingué particulièrement à la bataille de IVio-Seco,où il commandait une brigade de cavalerie, quoiqu'il ne fût que colonel. 11 a contmandé le 2* régiment de hussards pendant quatre ans, vt se trouvait à la tête de ce régiment en Espagne. Nom- mé gouverneur de la l'.onda «-l des pays environnaus , il s'y main- tint avec /j5o hommes pendant plus de Irois mois, contre les ef- Ibrls d'une pop(dation insurgée et les attaques réitérées de plusieurfl corps nombreux. A Fuentès de Canlos , en Ëstramadure , le colo-

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util

nel Vinot, à la tête du 2* de hus- sards, contribua puissamment :\ enlever une batterie de i5 pièces de canon. Il se distingua à la ba- taille de Gébora, sous les murs de Badajox. A la bataille d'Al- bucra, il chargea à la tête de son régiment, et protégea l'arlillerie commandée par le général Bou- chu , qui ne se retira qu'après avoir épuisé toutes ses munitions. A Yerumana , il surprit un esca- dron anglais. Dans une décou- verte sur la place d'Elvos , il défit entièremeiU un régiment hano- vricn. Dans la campagne de 181 5. le général Vinot commandait une brigade de cavalerie; à la bataille de Fleurus, il fut blessé danj^e- reusemenl. .4près avoir versé son sang dans plusieurs occasions pour son pays, cet ofïieier-général s'est retiré, eu 181 5, dans le départe- mejit des Basses - Pyrénées, M. de (^lermont -Tonnerre , mi- nistre de la guerre , lui a fait connaître son admission à la re- traite.

WALCKKNAER (Charles- Athanase], membre de linslilut (académie royale des inscriptions et bellt's-letires ) , rhevalier de la Itgion-d'honneur, l'im d(;s maires dr Paris, et secrétaire-général do la préfecture du département de la beine, est i\ Paris le 25 dé- cembre 1771. II a con)mi'noé ses éludes dans cette ville, et par suite des premiers évédemens de la ré- volution , voya^'eant dans les Prty»-Bas et en Aujïletcrre, il les a continuées à Glasf;ow en Ecosse, et les u terMjinées a Paris A l'école des ponts-et-chaussées et à l'école p(dylechnique. Sans ambition , ami de l'étude et indépendant par

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sa fortune, il paraîtrait n'avoir bri- gué îiucune place ; et durant huit années de la révolution, loin des affaires publiques, il aurait vécu dans une de ses terres à huit lieues de Paris "On prélend même que nommé professeur d'histoire à Montpellier à la formation de l'u- niversité, iln'accepta point. Safor- tune littéraire et administrative date de la fui de 18 13, époque le gouvernement impérial succom- bait insensiblement sous les atta- ques de ses ennemis de l'intérieur et de l'extérieur. Ce fut au mois d'oc- tobre de cette année que M. Walc- kenaer devint membre de l'insti- tut impérial, classe d'histoire et de littérature ancienne. Une or- donnance royale le nomma che- valier de la légion-d'honneur le Î9 octobre 181 4; »'tie autre ordon- nance royale du ai mars 1816, qui réorganisa et épura l'institut, le nomma membre de l'académie royale des inscriptions et belles- lettres; une troisième ordonnance royale du 27 du même mois, le nomma maire du cinquième ar- rondissement de Paris, place qu'il occupa peu de temps; enûn une quatrième ordonnance du i5 mai de la même année, le porta aux fonctions de secrétaire-général de la préfecture du département de la Seîne. La place de maître des requêtes et L- titre de baron , eu 1825, augmentèrent le nombre des faveurs ministérielles. Nous empruntons la liste des travaux de M. Wxdckenaer, liste que nous abrégeons un peu, à une notice biographique. Ce sont : Essai sur l' histoire de l'espèce humaine , in-8°, 1798; 2" l'Jle de Wight ou Charles et Angelina , 2 vol.

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iu-i2, 1798, 181 3. Ce roman a été traduit <'n allemand, Magde- bourg, i8o5 ; Faune parisienne on Histoire ahri'gre des insectes des environs de Paris , classés d' a- près le système de Fabricius. Pa- ris, 1802, 2 vol. in-8". L'ouvrage est précédé d'un discours sur les insectes en général , qui a été re- marqué. Ce qui concerne les arai- gnées et certairfs hyménoptères offre des observations entièrement neuves. Géographie moderne , rédigée sur un nouveau plan^ tra- duite de l'anglais de Pinkerlon , augmentée d'un tiers par les no- tes du traducteur, 6 vol. in-8°, et allas in-folio, Paris, i8o4; id. , nouvelle édition tôt. dément re- fondue, tom. I et II, 1812. Le troisième volume a été imprimé aux trois quarts, mais n'a pas été publié. L'abrégé du même ou- vrage en un gros volume in-S" , avec cartes, a eu trois éditions, i8o5 , i8o6, 1811. Tableau des Aranéides. Paris, i8o5, grand in-S" ; Histoire naturelle des Aranéides. 1807. 1808. L'ouvrage devait avoir trente livraisons ; il n'en a paru que cinq, tirées à pe- tit nombre, et avec cinquante fi- gures. L'auteur, dit-on , se pro- pose de publier cet ouvrage sous une autre forme. Dicuili liber de mensura orbis terrée , nunc pri- murn in lucem editus, 1807, in-S" ; Voyages dans l' Amérique m.éri^ dionale, par don Félix d'Azara , recueillis et publiés par C. A. Walckenaer, avec des notes de M. Cuvier. Pari^^, 1809, 4 "^'o'- Jf^-^" et atlas. Il y en a doux traductions allemandes. M. Walckenaer a tra- duit une grande partie de cet ou- vrage de l'espagnol. Il a mis de

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i'ortJre dan«« l'ouvrage « el y a ujoiité (les noUîs. Les ihjiix der- niers •volume*, qui concerneiif les oi>eaiix, sont de ftl. Sonnini. La Notice sur la vie et les ouvrages de don Azara, par M. AVaIckenaer, a été imprimée à part, iii-S". Ç)' Cos- mologie Ou Description générale de la terre ^ etc. Paris, i8i5, in- de 800 pages ; Mémoires pour sertir à i'fiistoire naturelle des a- heilles solitaires qui composent le genre halicte. Paris, in-8*, 1817; 10° Carte de l'Egypte et Carte du Delta, sur lesquelles on a tracé les ilint'-raires anciens, 1812. Cor- sica antiqua ex antiquis monumen- tis eruta. Ces cartes ont été gra- vées et distribuées en assez grand nombre à des amis de l'auteur, mais elles n'cuil jx)int été pu!)liées; elles font relatives aux ouvrages suivans , dont l'impression est commencée depuis loug-len)ps. 1 1' I tinéraire de l'Egypte ancienne, précédé de recherches sur le mille romain , in-4'' de 5oo pages , avec trois cartes. Itinéraire des Gaules cisalpine et transalpine, in-4° de 600 pages. Géographie historique des Gaules cisalpine et transalpine jusqu'à la chute de l'empire romain en occident, in-4". •2° Divers Mé- moires lus à l'institut sur les Pyles caspiennes; sur les itinéraires d'A- lexandrie et de l'Inde ; sur l'Apu- lie Peucétieune; sur Anderilum, capitale dés Gabali ( voy. les liap- por/s des travaux de la classe d'his- toire cl de littéralurc, par M. Dau- nou , I" juillet 1814). H ■'» déjà paru un «xlrait des découvcrlefl de l'auteur sur la géographie an- cienne d'Orient (c'est le plus im- portant de tous SCS travaux), dans le Classical journal; (XVI , 4^*7)-

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Cet extrait, dont on attend la $ui- ti;, et que l'on croit de la main de RI. W. Onselej, est plus anjple et mieux fait que celui du rapport dt; l'institut. iS" Mémoires sur les progrès des connaissances géogra- phiques à l'est et au sud de l' Asie, et sur l'origine du peuple mn'ais. Un extrait a élé lu par l'auteur à la dernière séance publique. 14° Le Monde maritime ou Tableau géographique et historique de l'Ar- chipel d'Orient , de la Polynésie et de l'Ausiralasie. Pari'*, 1819. Cet ouvrage s'imprime sous deux for- mats, chez Firmin Didot, in-8" et in-18. Il aura 3 vol. in-S" et 13 vol. in- 18. Les quatre pre- miers volumes ont paru. iS" No- tice historique et gé;ographique sur l'itinéraire de Jérusalem ( d.ms V Histoire des Croisades , de M. Mifhaïul ) , tirée à part et donnée en présent. 16° Dissertation sur l'or et l'argent considérés comme marchandise et comme monnaie. ( Dans le Journal d'économie po- litique de Rœdercr). 17' Une No- tice sur les UjaUu-icrits de Montes- quieu, et une Lettre sur la Ta- rentule, dans les Archives litté- raires. 18" Diverses dissertations ou extraits raisonnes de livres dans le Magasin encyclopédique , dans le Mercure étranger, dan» le» Annales des Voyages. 19" Notes sur la géographie de Virgile, in- sérées dans lu seconde édition de la traduction de l'Enéide de De- lille. M. Walekenacr a donné ime Histoire de la tie et des outrages de La Fontaine, a vol. in-8", avec portrait, etc.

>VAIIUKN (sin JouN Boriase), amiral anglais, de l'ancienne fa- mille des UoRLASB, originaire du

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pays de Cornouailles, est eu 1754. Il commença .«es éludes à Bicesler, au comté d'Oxford, les continua à l'école de AVinchesler, et les cessa tout-.'»-coup pour s'en- rôler dans la marine., Sa liitnille, informée de cette brusque déter- mination, loin de lui en montrer du mécontentement, s'employa pour lui faire obtenir l'emploi de midshipman , et il fit en cette qua- lité un voyage dans la mer du Nord, sur le sloop l' Alderney. De retour en Angleterre , il reprit le cours de ses éludes, qu'il termina à l'université de Cambridge; il y reçut, en 1776, le rliplôme de maître-ès-arls. Membre du par- lement, où il représenta pendant deux années le bourg de Grcat- Marlow, il fut créé baronnet, et passa en Amérique sous les or- dres de ramirul Howe. Peu après, en 1779. il obtint le commande- ment d'un sloop de guerre; en 1 78 I , le commaudement , comme capitaine, de l' Ariane , dont il se démit pour prendre celui de la Cléopâlre. Dans la guerre contre la France, au commencement de la révolnlion, il eut sous ses or- dres la Flora y sur laquelle il ar- bora son pavillon en qualité de «omniodore d'une escadrille em- ployée dans le canal. 11 s'empara, en 1794» de la frégate française ta Pomone. Chargé, en 1795, de porter des secours aux insurgés de la Bretagne, il fut an mom«;nt d'être fait prisonnier par l'amiral Villaret-Joyeuse.Le5juilIel(i795), avant le jour , il débarqua un corps d'émigrés prés de la baie de Quiberon, lieu que la conduite des Anglais, et les désastres des royalistes franc a is^, ont rendu cé-

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lébre. Sir John Warren , lorsque les dangers furent passés, vint en- core au secours des émigrés , moins malencontreusement cette fois, et leur livra une quantité considérable de poudre, d'armes et de munitions. A l'époque de l'insurrection des Irlarrdais, en 1798, il eut le commanden)enl d'une forte escadre, et parvint à empêcher les vaisseaux fratiçais de secourir les insurgés d'Irlande : je combat des deux escadres fut long tt sanglant; mais les forces anglaises étant bien supérieures à celles des Français, elles parvin- rent à leur enlever un vaisseau de ligne et trois frégates. Nommé en récom])ense contre-amiral, il se réunit à la flotte du canal, et croisa, en 1801, sur les côtes de France. Néanmois l'amiral Gan- thaume, à la poursuite duquel il se mit, parvint à lui éeîiapper, et se retira vers les côtes d'Egypte. Ambassadeur à Saint-Pétersbourg, à la suite de la paix d'Amiens, il eut bientôt une mission relative à l'île de Malte, et, à la reprise des hostilités avec les Élals-Lnis, lecommandeinentde l'escadre en- voyée contre eux. Peu après, il fut remplacé par lord Cocbrane. Sir John Warren a publié un ou- vrage qui a obtenu beaucoup de succès dans sa patrie , c'est ua Aperçu des forces navales de la Grande-Bretagne , etc. Cet amiral a été nommé successivement grand-cordon de l'ordre du Bain , chevalier du Croissant, et con- seiller privé.

WABREN (JiCQrEs), raajor- général américain, naquit en i7-i6. 11 était descendantdeRichardWar- ren qui , un des premiers , s'établit

à IMymouth, en 1620. Jacques Warreii fit >es éllHle^^ au collège <rHiiward, et suivit avec honneur et succès la canière Ju commerce. A lu mort de son père , arrivée en I ;-57 , il lui succéda dans la place de haut-shérif, dont il resta pour- vti jusqu'à l'époque de la j^ucrre. « Malgré la part active qu'il prit dans l'opposition aux mesures du gouvernenient anglais, dit l'au- teur d'une notice sur AVarren , il fut néanmoins nommé, en 1761, membre de la cour générale , il soutint parfailement les droits de 9011 pays. Le ministère britan- nique, qui connaissait son habi- leté et qui le redoutait dans l'op- position, essaya vainrement de le gagner par des promesses et de l'intimider par des menaces; il résista aux unes comn>e aux au- tres , et rien ne put altérer son in- corruptible intégrité. En «775, il proposa des plans pour l'établis- sement de comités de correspon- dance, qui furent généralement ;)doptés , et refusa ensuite de sié- ger au premier congrès. Mais a- près la mort de son parent le gé- néral Warren,.il accepta la prési- dence du congrès provincial, qu'il garda jusqu'au naoment les troupes vinrent à New-Yorck , et qu'on eut établi trois déparlc- mens. Deverm, en 177C, major- général de la milice, (|uoiqu'il n'eût jamais été militaire et qu'il ne connût presque rien dans coite partie, il s'acquitta de ses fonc- tions avec zèle; fut élu , après la foruiation de la constitution de

I l'état de Rlassachussetts, orateur K de la chambre des représentans ; ft, préférant ensuite servir son pays d'uue manière plus active , il

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accepta dans la marine un emp!i)i dont les fonctions étaient lrès-l;i- borieuses. » W'arren, à qui ses longs et utiles services avaient rendu la vie privée nécessaire, donna sa démission des difléren» emplois qu'il occupait; mai.tbien- tôt cédant aux instances de ses concitoyens, il accepta une place au conseil doïit il devint prési- dent. Il mourut en 1808, dauH la 8a* armée de son âge , généra* lement regretté.

WATSON ( Richard), lord- évêque de Landafl", meuibre de la société royale de Londres, etc., naquit à Éversham ver» i''5y, et commença ses études sous la di- rection de son père, ecclésiasti- que instruit, mais que sa pauvreté avait réduit à l'ob.scure condition de maître d'école à Kendal. Les heureuses dispositions de Richard le firent envoyer au collège de la Trinité de Cambridge, il se distingua par un grand amour de l'élude, et fut bientôt en état de prendre tous ses degrés. Nommi» directeur d'un collège, il donna des soins particuliers au duc de Rutland, l'un de ses élèves, qui, plus tard, devint son ami et son protecteur. Richard Watson ayant été pourvu, eii 17O4 » ''*! I»*» chair* de chimie !\ ruiuver>ilé de Cjun- bridge , s'efforça par des expé- riences qui ne furent pas sans dan- ger pour lui, et par une étud» constante, à remettre en honneur cette science qui y était h peu près uiconnue; succès qui lui valut, ea 1771, sa nomination en qualité membre de la société royale do Londres. Ses connaissances pro- fondes en théologie l'uvalcnt por- té quelq«)C temps aiipar.ivant aux'

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fVmcîions de iirofcssenr roya! de théologie à Cninbridge. lin lyrii, il fui r.liiirgo de prêcher devant l'université le discours anniver- snire de la ro«l<niriition anglaise, qu'il fit imprimer sous le litre de principes de la révoliilion juslifiés. EriirSo, il obtint rarchidiaconat d'Ely, et snoces-sivement la cure de Norlliwold et cHIe de Knap- loft. Richard Wat.son donna à cette époque son J potogie (di. chrislia- Tiisme, qu'il dédia à Gibbon, et qui respire» toute la douceur (]'un ynx'ï chrétien et toute l'urbanité d'un 1 omme bien né. » Ses Es- sais chimiques parurent en 178». L'année sui?ante, lord Rutiand, son ancien élève, lui obtint le siège épiscopal de Landaff. Celte distinction et l'estime qu'il avait j;énéra!ement inspirée, le firent élire ou parlement. Il y seconda Jes ministres qui proposaient un traité commercial avec la France, t't se réunit à l'opposition pour détendre les droits du prince de Galles. Ami de la France cl ap- probateur modéré des principes de lu révolution française, il com- battit avec force le ministère qui voulait intervenir dans les af- l'airos de ce pays. Long -temps après cependant, et par un senti- ment (le palrioiistne qu'aurait dfï inodérer le caractère (ionl il était revéhi, il approuva publiquement Lt {guerre, et soulinl , cii » 7îX) ' dans une brochure intitulée ; Adresse au peuple anglais , f|ue la guerre devait être coulinuée, et qu'il fallait à cet elTel s'imposer lie nouveaux sacrifices. « Celte adresse, dit-(>n, valut à àon au- teur des reproches très-ylfs de la part de plusieurs écrivains poli-

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tiques , notamment de Wake/reldy qui s'indigna avec raison qu'un prélat osât dire que le gouverne- ment pouvait préle.ver le dixiè- me de la fortune de chaque parti- culier ians blesser les lois divines et humaines. » Le savant et mo- deste ecclésiastique, depuis sa pro- molion ù l'épiscopat, avait insen- siblement oublié et la pauvreté béréditiîire et la niodéralion qui accompagne rarement la fortune. Les favuirs du pouvoir le sid>ju- gucrent entièrement, et les mi- nistres le comptèrent au nombre de leurs partisans intéressés. Ses richesses considérables lui permi- rent d'acheter le château de Cal- garlh, dont il augmenta les reve- nus en se livrant aux soins de l'a- grfcullure ; /es lrava(jx dans ce genre bu firent décerner une mé- daille d'or par la société des arl«. Richard Watson mourut le 5 juil- let 1816, presque octogénaire. On doit ajouter à la liste des ouvrages que nous avons cités, un Traité de théologie^ à l'usage des étudian» de Cambridge, pid)lié en 1786, une Apologie de la Bible (1796) ; (c't'stune réfutation du Siècledela Raison, de Thomas Payne), et une Histoire manuscrite de son temps, « dont on attend avec impatience la publioalion en raison des docu- mens qu'elle doit contenir. »

WAAVUZKCKT (le comte Tho- mas), ministre - d'état polonais, fl % , naquit d'une famille distin- guée, et devint, en 1788, mem- bre de la ilièle chargée d'amélio- rr^r la forme du gouvernement. Il prit une pari honorable à la cons- titution de 1791 , qui devait sous- traire la l*ob»gue -^ l'anarchie la plongeaieul les inuigues de

quelques hoiniue^i amhîtieiix, et la politique des gouvernemens é- trangers (|ui voulaient envahir et se partager ce malheureux royaii- iniî. Tant d'efforts réunis mirent la Pologne au pouToir des Russes. L'insurrection de «794» ■"''^"S h' direction de Kosciu>ko, compta un grand nombre de partisans, et avec eux le comte Wawrze<^ki. Cet honorable patriote, qui {«^lis- sait d'une popularité méritée, n'hé- sila pas dans ce danger pressante renoncer à des emplois civils qu'il avait constamuieut exercés, pour prendre les armes. Il se réunit à (îiedroye, cl pénétra avec lui en OourUnde. Kosciusko ayant été^ lait prisonnier <\ la. bataille de Ma- cijowice, il lui succéda dans le commaiulement général. Se por- tant aus^rlôt dans la Lilhuanie, il y obtint des succès. Il fortilia Prague, établit un conseil de guerre, institution nouvelle pour sescompatrioles, et réunit tous les moyens dont il pouvait disposer. Malheureusement ces moyen» fu- rent insnflisans, et malgré ses ta- lens , son activité, 8f»n couraiçe, il ne put défendre le faubourg de Prague , que Suwarnw attaqua avec des forces supérieures, et <l(int il s'empara le 4 novcuibre. Une grande partie du corps qu'il commandait, animé de son esprit, ne voulut pa< se rendre aux Rus- ses, et il se ri'lira en faisant bonne rontenaru'e. ^Vawrzi'cki se dirigea sur le palatinat de Sandomir, la division du général Giedroye (-ombalt')it bravement les Prus- siens : mais bientôt ses troupes, épuisées par la faim cl dépour- vues de uMjuilirm», Tahandonnè- renl, et il se vil, avec un petit

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notnbre de braves, pressé par le général russe Denisow et une forte division de Prussiens. Sou courage ne l'ab-uidonna pas; mais écrasé par le nombre, il tomba enfin au pou- voir du général russe , qui l'en- voya prisonnier à Varsovie. Inca- pable d'une lâcheté, cet intrépide patriote préféra les prisons de Saiut-Pétcrsbourg à la honte do prêter serinent de fidélité à la Russie. L'avènement de Paul I" à l'empire lui valut sa liberté. Il se nttlra et Lilhuanie , 01^ il vi- vait dans la retraite, entouré l'estime générale. En i8i'j, le général Wawrzecki voulut donner aux Frauçais nue preuve de l'at- tachement qu'il pijrtail à leur na- tion, l'amie filèle de ce peuple généreux. Il leva A ses irais un régiment et le commanda en per- sonne. C'était de part et d'aulro le dernier soupir des braves. Les malheurs de la France étaient irré- parables, et les puissances étran- gères envahirent Paris. 1/empe- reur Alexandre, devenu paisible possesseur de la Pologne, voulut s'attacher sa nouvelle conquête en couiblant de faveurs ses plus illustres citoyens. Le général Wawrzecki devint sénateur et en- suite ministre de la justice, et fut un des rédacteurs de la dernière constitution polonaise. Le général Wawrzecki mourut le 5 août 18 «6, regretté égniement des Polonais et des Français.

WERNEC.Kl (le BAnoiH dk ) , feld - maréchal - lieutenant autri- chien , issu d'ime famille noble, suivit dès sa jeunesse la carrière de.s armes, et commandait, en 1793, dans le Rrnbani en qualité de général-major. 11 prit pari au

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siépe de Valericiennes, et fit celui cit; Duiikerque sous les ordre.» du général comte d'Alton L'année suivante , il se distingua à l'alfaire de Cateau - Cambresi.* , et peu après, il fut fait t'eld-aiaréchal- lieuletiant. En 177G, sous les or- dres de M. de SVarten»leben , il rendit des services très-itnportans à Welzlaer, à Limbourg, à Atn- berg et à Wurtzbourg, où, après avoir retardé la marche du gé- néral Jourdan, il parvint ensuite à précijtiter sa retraite. Ces succès lui valurent le commandement en chef des forces autrichiennes sur le Bas-Rhin. Il était, en 1797, à Francfort, son invincible pas- sion du jeu le retenait, tandis que le générai Hoche franchissait le Rhin. M. de Werneck, qui s'était reposé sur ses généraux du soin de défendre le front de sa ligue, apprenant les succès du général français, arriva précipitamment à »on armée; mais il était trop tard : il fut le témoin de sa déroule en- tière, déroute qui, dit-on, fut la plus complète qu'ait offerte la guerre de la révolution. Traduit à un conseil de guerre comme «uspect de trahison, il fut hono- rablement acquitté sous ce rap-

port; mais son souverain lui or- donna de prendre sa retraite, qu'il reyul avec une demi-peusiou. Il fut cependant employé de nou- veau, eu i8o5, dans l'armée au- trithit-nne de Bavière. L'incapa- cité du général Mack , sous les ordres duquel il était devant Llm, le détermina, ainsi que l'archiduc Ferdinand, à quitter ce général qui sacrifiait ses troupes par son iaconcevable impérilie. M. de Werueck ne put cependant évi- ter le général Murât, qui le pour- suivait H outrance au moment il se rôtirait par la Franconie. At- teint, défait, il fut obligé de sa rendre. Plusieurs généraux refu- sèrent de se soumettre à la capitu- lation qu'il ajrait signée , et réunirent à l'archiduc F^dinand- {]n nouveau con-eil de guerre fui appelé ù prononcer sur sa con- duite. Il n'y put comparaître à cause de la maladie qui le rete- nait à Koenigsgratz. Tant de mal- heurs en altérant la santé de M. de Werneck lui causèrent peu aprèi une attaque d'apoplexie, à laquelle il succomba. Ce général fut plui à plaindre qu'à blâmer; il avait des talens et beaucoup de cou- rage.

FIN DU SUPPLÉME:^!' GÉNÉRAL.

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