T -.' V hr / n BOTANIOIE CRYPTOGAMiaUE PHARMACO-MÉDIGALE COULOMMIERS. — IMI'. PAUL BRODARD. Fig. 1. — For.:( di! lépuquu jjaléopliytiquc restaurée d'après les docunienls publiés par M. Graud'Kuiy daus sa Flore carbonifère du département de la Loire, 1877. PHARMACO-MÉDICALE PROGRAMME RAISONNE D UN COURS PROFESSE A l'école supérieure de pharmacie de paris PAU N. LÉON MARCHAND Professeur agrégé, chargé du cours de Botanique cryptogamique ■ù l'École supérieure de pharmacie, docteur en médecine et docteur es sciences PREMIER FASCICULE Avec ^O figures dans le texte DESSINÉES PAR PAGUET UBRA«Y NEW YORK BOTANICAL QARDEN PARIS OCTAVE DOIN, ÉDITEUR 8, PLACE DE L'ODÉON, 8 1880 - ^ ^ Tous droits réservés. PRÉFACE Les plantes cryptogames sont peu attrayantes au pre- mier abord; aussi, en général, dédaigne-t-on leur étude pour s'adonner à celle des plantes p^hanérogames ; mais si, surmontant ce premier sentiment, l'on se prend à les examiner d'ini peu près, on se passiomie bientôt pour elles et l'on ne peut plus s'arraclier à leur contemplation. Cham- pignons ou Mousses, Algues ou Lichens, Fougères ou Fer- ments, etc., etc., captivent même l'attention du natura- liste avec un soin si jaloux qu'il se trouve pour toujours comme fasciné par le groupe qu'il a abordé ; pour celui-là^ il oublie tous les autres et passe sa vie à en scruter les moin- dres détails. C'est ainsi que se sont créées ces sciences qu'on nomme Mycologie, Phycologie, Bryologie, etc., etc., possé- dant toutes des représentants émérites qui, spécialisant leurs recherches, ont amené chacune d'elles à un point de plus en plus grand de perfectionnement. Jusqu'à ce jour, ces différentes branches de l'étude des VI IM\KFACE Ciyiilogiuuos sont restées isolées les unes des autres, indé- pendantes, s'ignorant })resqu(\ quoique de même origine, séparées, eji apparenee, j)ai' d'infranchissables barrières. Elles sont comme ces Etats voisins qui sont restés désunis parce qu'une montagne s'élève entre eux ou qui sont de- venus ennemis par suite de la présence malencontreuse d'un bras de mcv on même d'un simple cours d'eau. Aujourd'hui, un souftle d'union est dans Tair : pour se joindre, les peuples perforent les montagnes, percent les isthmes, passent sous les mers, et les sciences s'unissent pour se féconder les unes pai' les autres. La Botanique cryptogamique a pour rôle de tenter l'union des sciences diverses qui s'occupent des Cryptogames, les reliant toutes en un faisceau auquel chacune apporte sa part de lumière, étante en échange, appelée à profiter de l'apport général. D'une grande portée par ses applications, intéressante au plus haut degré par les horizons qu'elle fait découvrir, elle est ardue et difficile, par suite des détails multiples qu'elle emprunte à chaque spécialité. Aussi me suis-je trouvé bien perplexe lorsque je fus chargé d'enseigner cette science nouvelle et de la faire agréer du public. Quelle marche suivre dans cet ensei- gnement, quelle forme donner à ce livre? Je pouvais, en empruntant les matériaux de mon travail AUX œuvres éparses des spécialistes les plus en renom, pré- senter une série de gênera et de sj)ecies groupés en une sorte de conipendium plus ou moins développé et indi- geste. L'œuvre était facile et se réduisait à une compilation naïve ou dissimulée, ou aune traduction plus ou moins terre PKKFACK VII k terre ; l'œuvre était fructueuse, car elle me fournissait le moyen de me faire placer d'emblée au rang des plus com- pétents en chaque matière. Que de gens, en effet, jugent les hommes au vernis d'érudition ipie produit l'accumu- lation de mots barbares, de termes incouipréhensil)les et de jets de cette prose latinisée qui donne comme des éblouis- sements!... Malgré tous les avantages que m'otfrait cette manière de faire, j'en ai préféré une toute opposée. M'inspi- rant des travaux des maîtres, j'en ai ù\v la (jnintessence, et je l'ai présentée sous forme de généialités, me contentant pour l'instant de tracer les grands contours et réservant les détails pour d'autres temps. C«*tte manière de faire était plus laborieuse^ plus délicate et de tous points plus désavanta- geuse pour moi; mais elle me permettait de supprimer, pour le lecteur^ une partie de l'aridité du sujet; en outre, elle devenait plus lyiieniw ; enfin, elle me semblait plus logique. L'amateur de tableaux qui veut se rendre compte des qualités et des défauts d'une toile l'envisage tout d'abord dans son ensemble; pour cela, il l'éloigné de lui et fait jouer sur la peinture les rayons de la lumière sous des incidences diverses; ce n'est ([ue lorsqu'il a saisi l'effet général qu'il passe à l'examen des détails et les scrute minutieusement les uns après les autres. On doit agir de même pour les œuvres de la nature. C'est cette considération qui m'a dé- cidé à m'en tenir aux généralités. Puissé-je avoir réussi à faire désirer à mes lecteurs d'entrer plus avant dans l'étude de ces végétaux? car, alors, les minuties que je laisse de côté aujourd'hui prendront tout leur relief, et les détails Mil PKKl'ACE •seront acteptés avec un empressement d'auUuit plus grand que rintéiêt aui'a été plus vivement excité. La nature du sujet à traiter m'a placé en face de phéno- mènes (pii, pour rinstant du moins, ne peuvent s'expliquer qu'en ayant recours à des hv])othèses. Les êtres dont j'ai à retracei' Ihistoire ont été les premiers à apparaître à la sur- face du globe; d'où sont-ils sortis? Les premiers ils ont été favorisés de cet élément non encore défini qu'on nomme la vie; d'où l'ont-ils tirée?... Ils se sont perpétués jusqu'à nous à travers les couvulsions de notre planète; comment se sont-ils accommodés aux changements successifs de milieu amenés par ces révolutions? Ces végétaux que nous voyons aujourd'hui sont-ils tels qu'ils étaient autrefois, ou bien ont- ils subi des changements dans leur composition et dans leur structure? Pour le savoir il nous faut faire une enquête... 11 nous faut ressusciter les anciens témoins de ces époques, les reconstitu(M' à l'aide de débris enfouis depuis des mil- lions d'années (de siècles peut-être), les interroger, essayer de surprendre leurs secrets, et, alors, aller à la recherche des origines et des causes. On comprend quel large champ se trouve ouvert aux vues de l'esprit, aux théories. Mais est-il une science qui vive sans hypothèses? Le physicien sait-il bien ce que sont la lumière et la chaleur? n'est-il pas obligé, pour expliquer les phénomènes électriques, de s'ap- puyer sur l'hypothèse des deux fluides? Et les chimistes n'ont-ils pas la théorie des atomes, et celles des équiva- lents, des proportions définies, des radicaux, etc., etc.? Pourquoi refuserait-on aux sciences biologiques le même PREFACE IX droit d'admettre certaines hypothèses? Il est dans la nature de l'homme de demander à chaque être d'où il vient et où il va ; nul ne se désintéresse de ces questions que s'il les croit résolues. Je ne suis pas de ceux qui pensent ainsi; l'histoire naturelle admise par la Genèse ou par F Apocalypse ne me satisfait pas, et je n'hésite pas à déclarer qu'elle a be- soin d'être revue et sérieusement corrigée. Je cherche donc! Mais^ dira-t-on, à quoi bon s'inquiéter du passé, pourf[U()i sonder ces abîmes et chercher à découvrir les secrets de l'avenir? N'y perd-on pas un temps qui serait mieux em- ployé à démêler les phénomènes actuels. M. .Miliie-Edwards répond pour moi à cette question : «. Dans quelques écoles de physiologie, on professe un grand dédain pour les vues de l'esprit, et l'on répète à chaque instant (jue les faits seuls ont de l'importance dans la science^ que la philosophie doit se borner à les enregistrer? Mais c'est là, ce me seml)le, encore une grave erreur... Il en est de même pour les théo- ries dans les sciences : ce sont elles qui y donnent la forme et le mouvement, qui servent de lien entre les faits dont la réunion en faisceau est une des conditions de leur emploi utile, qui guident et excitent les explorateurs dans la voie des découvertes.... Exclure les vues théoriques de l'histoire des phénomènes de la vie serait priver les sciences natu- relles d'un élément qui leur est nécessaire, et, dans les études auxquelles je vais me livrer avec vous, je ne crois pas devoir négliger l'usage de leviers aussi puissants, tout en m'appliquant à n'en faire qu'un sage emploi ^ » 1. Milne Edwards, Physiologie et anatomie comparées, vol. I, p. 9. X PREFACE Quoi qu'il en soit ce livre, qui n'est (jiie U^ prognuunic raisoiuié d'un Cours de Gryptogamie, a été écrit non pour ceux (jui savent, mais pour ceux qui veulent apprendre; je ne m'étonnerai donc pas si les érudits lui reprochent d'èti'e trop ('lémentaire ; j«^ ne redoute qu'une chose : c'est que les commençants le trouvent trop savant. Mais, quels qu'aient été mes efforts pour bien faire, je n'ose me flatter d'avoir ét('' assez heureux pour satisfaire tout le monde, car est bien fou du cerveau Qui prétend contenter tout le monde et son père. Au reste, il n'y a que ceux qui ne font rien qui soient assurés de ne pas commettre d'errores, et quiconque écrit (jnelques lignes s'expose à se voir reprocher des errata. Je m'attends donc à la critique et m'en réjouis à l'avance, car j'y trouverai une nouvelle source d'enseignements. De plus, comme je ne serai jugé que dans un milieu où chacun est homme d'esprit et avant tout homme de science, je suis certain de ne pas rencontrer de ces critiques « qui sa- vent siffler et non causer », de telle sorte que, si l'on trouve mon livre mauvais, on se hâtera d'en faire un meilleur. Cela tournera au j^rofit de la Botanique cryptogarnique. C'est là ma seule ambition. Léon Marchand. Thlais. ce 13 avril 1880. PREMIERE PARTIE IMIIODLCTIO.N A 1, CTLUli UES CRYl'TOGA.MliS B Lorsque nous examinons quelques points pris à des dislances nssez considérables, des diflé- rences remarquables se présentent ; mais quand nous passons successivement des uns aux autres par tous les degrés intermédiaires, nous voyons les différences se nuancer et se fondre. « (J.-B. Pavep, Des classifications et des méthodes, p. 8.) BOTANIQUE CRYPTOGAMIOUE PHAEMACO-MÈDICALE PREMIÈRE PARTIE iNTiioDi ciiM.N A j;i:iiiii; i»i;s ciîyptugames DKFIMTION 1)L MOT cnYPTOGAMK i^a /iol((/n't/i(r c/'tjptofjrn/urjup ' est cette partie de la Botaiiiiiiic (iiii traite des plantes cryptoijauies. Les Ciyptooaines - 'fiof. 2i sont des plantes à noces cachées (xpuTiTo; et Yi;i.o,-), et. t'H rllel, elles se distniiiuent a première vne des Phanén litanies (pii sont des plantes à noces bril- lantes (.iavipô; t'vident et vau.ô,- noce": elles n'ont prtint de fleurx^ ces ct»nchelles nnj»tiales, connne disent Linné et Van-U(»yen, ces rédnits aux senteurs parfumées, à voiles de couleurs élilouissantes , au fontl desquels s'acconiplit la fécondation ico/tjifgationi ipii peipétue la vie, permet la variété des formes, peut-être même celle des espèces? Chez les Cryptogames, point de fleurs! c'est-à-dire point 1 . Pour simplifier, ou dit aussi Cryptofjamie, ce nom désignant la vingt- >iuatrième classe du système sexuel de Linné créée pour les végétaux qui nous occupent. 2. Toujours pour simplifier, on emploie substantivement l'adjectif crypto- game, et Ton dit : les Cryptogames. L'Académie fait de ce suJbstantif un fémi- nin et écrit ime Cryptogame ; malgré cela, beaucoup d'auteurs disent et écri- vent un cryptogame, sous-enteudant le mot végétal et non le mot plante. 4 BOTANIQUE CUVPTOGAMIQUE de ces organes qui semblent être pour le végétal comme la parure du jour de fête et qui, par la coquetterie des formes, l'éclat des couleurs, la suavité des nectars, la délicatesse et la finesse des tissus, flattent tous les sens à la fois et accumu- lent tant d'attraits, qu'elles forcent Fattenliuii des êtres de V: Fig. Clathrus cancellatus (Champignons) la création, hommes et bêtes, les invitant à partager leurs joies, provo(|uant même les plus distraits à intervenir et à déterminer, par leurs attouchements ^ l'acte d'union en vue 1. Cette vérité autrefois soupçonnée par Hall et Cliristian Conrad Sprengel, soutenue par Curtius Sprengel, semble être prouvée par les observations de MM. cil. Darwin, Hildebrand, Delpino, Millier (Ilerm.), Lubbock, Kerner, Kuntze (0.), Behrens, Wilson (Alex.), elle est adoptée par M. Sacbs dans son livre Traité de Botanique (traduction de M. Pb. Vau-Tiegbem, 1874). Les recherches de ces observateurs, entreprises en vue de prouver la fécondation croisée, ne laissent que peu de doute sur l'attention fjue portent les insectes aux colorations^ odeurs et parfums des fleurs. Ce que résume cette phrase INTRODUCTION A L'KTUDE DES CRYPTOGAMES 5 duquel la plante phanérogame semble avoir ajusté tous ses joyaux, étalé toutes ses séductions, revêtu, en un mut, la livrée des arnours... (fig. 3j. Chez les Cryptogames, point de fleurs ! et, s'il y a union ou conjugation, le phéno- mène doit se passer bien discrètemoîit. bien obscurément, car l'icn ne raniioiice, rien ne le pul>lie, rien ne le trahit, elles noces passent si inapereues (xpuTriô,-, viaoçi que dillus- tres savants et «pie de pidlunds (tbsei'vateurs oui pu croire (preiies n'avaient point lien et nul . en liiisoii de rette croyance, projjose de sui)stitnei- le nom d'Ai^iinies (i pi'i- vatil", yiao;) il cebii de CrvptitLranies. qui seiublail encoi'e trop prétentieux et (|iii. de phl^. deNciiail eirniK'. Agames? ipn serait teiilc de le nier "/ bien phis. (-(Miunent ne |)as le penser? Cionnnent supposer rhe/ ces Alignes (pii remplisseiU les mares, les conrs d'ean on hérissent les ro- chers de nos cotes, chez ces (lliampiLjnons th-anx des cul- tures ou moisissures qui s'installent pailout jus(pie snr nous, chez ces Lichens, lèpres des arbres, des nuns, des pierres, chez ces Mousses ou ces Lycopodes, gazons de nos bois que nous tonlons aux pieds, voii-e même ehe/ les jdns belles Fongèi'es, — (pn poni'rait siq)posei-. disons-nous, luie union, une co|)ulation anal(»i;iie ii celle qui se fait avec tant d'éclat et tant de ponq)e eliez les plantes à fleurs, conuue la Rose on le Lis.' Et |tonrtant cela est. il n'est plus possil)le d'en douter. Le niicroscoj)e a permis de découvrir de Lubbock, « uon-seulemeut la forme et les couleurs actuelles, les teintes brillantes, la douce odeur et le miel des Deurs ont été peu à peu déve- loppés par la sélection inconsciente exercée par les insectes ; mais Tarran- gement même des couleurs, les bandes circulaires, les lignes radiales, la forme, la grandeur, la position des pétales, la situation relative des étamines et du pistil sont tous disposés par rapport aux visites d'insectes, et de façon à assurer le grand objet que les visites sont destinées à effectuer » {British wild Flowers m relation to Insects, p. 44). Lhomme. lui-même, lorsque toutefois sou admiration ne va pas jusqu'à se traduire par la cueillette, attiré par le coloris et le parfum des fleurs, apporte souvent le pollen au contact du stigmate et produit, inconsciemment aussi, la fécondation croisée. 6 nOTANlnUE CRVPTOGAMIQUE chez ces Gryptog-anies toute une série de phénomènes pliv- siologiqiies,plLis intéressants les uns que les autres, etpai'nii eux se place en première ligne la copulation, l'union des sexes se montrant sous des formes variées, mais se rame- nant toujours au même phénomène essentiel^ la fusion de deux petites raasses de j^r otoplasma. Or le i)liysi<»l(»g-isfi' ([iii cDinpare, aujuiiiiriiiii. les noces des PhaiiciTjgames à celles des Gryptog-ames et qui juge les phénomènes d'une manière impartiale ti'ouve que celles de ces dernières sont, pour le monde des microscopiques, aussi brillantes et aussi tapageuses que le sont, dans leur monde, celles des premières; et quiconque aura suivi' les phases de la reproduction des Volvox., des Sphseroplœa annulina., àesFucus.1 etc., etc., en restera à jamais convaincu. Nous dirons ]»lus : la comparaison serait. ]»ent-être, à l'avantage des Cryptogames. Toutefois il t'sl hicn certain que ces noces obscures et cachées paraissent, au premier abord, n'avoii' aucun rapport avec celles des plantes d'organisation supé- rieure ; c'est ce qui fit proposer de remplacer le nom de Cryptogames par celui d'^Ethéogames , ou mieux Aéthéo- games * , substitution qui, au reste, n"a jias été adoptée. Modestes dans leurs allures , peu compliquées dans leur organisation, de structure réduite à sa plus grande simpli- cité, d('>])arrassées ainsi de tous les voiles qui chez les Pha- nérogames masquent les phénomènes , les Cryptogames laissent volontiers surprendre leurs secrets. Aussi, si les unes, parla richesse et la complication de leur organisation, attirent les botanistes descripteurs, les autres sont recher- chées des physiologistes, qui viennent leur demander l'expli- cation de faits qu'il est impossible de conqjrendre chez les 1. Aéthéogames (à^ privatif ; -î.Oo:, coutume; yaao:, noces) : Palissot de Ban- vols. INTRODUCTION A L'P:TUDE DES CRYPTOGAMES 7 premières. C'est ainsi, singulière antithèse, que c'est à ces plantes à noces cachées qu'il faut s'adresser si l'on veut saisir toutes les phases de l'acte de la fécondation ; on voit, sous ses yeux, s'accom])lii- le phénomène ; on assiste à la fusion de l'élément mâle et de l'élément femelle, amalgame de deux protoplasmas se contractant en un seul germe dont sortira un être qui participera, dans ses formes et ses habi- tudes, des deux parents qui ont concouru à sa génération. Fig. 3. — Cajophora lateritia. Est-ce donc à l'absence de fleurs qu'on reconnaîtra les plantes cryptogames? Au premier abord , ce caractère semble très exact, très réel, tout à fait incontestable; mais, en y réfléchissant un peu , on se sent bien vite gêné par l'insuffisance de tout caractère négatif et, en même temps, on se trouve embarrassé par le vague de la signification du mot fleur. Qu'est-ce qu'une fleur? De ce que nous disions à l'instant il ressort : que la fleur (fig. 3) est un appareil complexe, composé d'enveloppes co- lorées et parfumées (voiles ou rideaux de la couche nuptiale : 8 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE calice cl corolle;, qui entourent les mâles (etaminesj et les femelles (pistilsj portés sur un réceptacle : les étamines et les pistils étant les organes indispensables de la génération puisque le germe en procède , les sépales du calice , les pétales de la corolle nV'tanf (jue des organes accessoires provoquant et protégeant l'acte de reproduction. Tout le monde ne voit pas cette fleur de la même façon. Le fleuriste, l'horticulteur et la j)liij)art de ceux qui ai- ment les fleurs ne voient en elles que les organes accessoires ; la fleur est pour eux essentiellement constituée par ces lames colorées qui donnent l'éclat à la plante. Les étamines et les pistils importent peu, si peu, même, qu'on cherche tous les moyens possibles de les faire disparaître et de les faire se transformer en pétales. — La fleur la plus belle sera, dès lors, celle où les organes mâles et femelles s'étant transformés , auront fait place à des lames colorées de nuances variées, se mêlant avec celles de la corolle, et dans laquelle le calice, voire même les bractées de l'inflo- rescence, ayant échangé leur coloration verte pour une plus attrayante, viendront joindre leur éclat à celui des autres parties de la fleur. Une telle fleur est une monstruosité; elle n'a rien de ce qui fait l'essence de la fleur, et pourtant c'est la fleur parfaite pour bien des personnes qui, par contre, ne connaissent pas les plantes privées de ces enveloppes aux vives couleurs , et pour qui le Chêne, le Châtaignier, l'Arroche, ou la Patience, etc., sont des plantes sans fleurs, des Cryptogames par conséquent ! Le botaniste organographe, de son côté, ne voit de fleurs que dans les organes mâles et dans les organes femelles. Une fleur existe dès qu'il y a une étamine ou un pistil ; séparés, ces organes donnent des fleurs unisexuées, réunis, on a les fleurs hermaphrodites. Quant à cette enceinte INTRODUCTION A L'KTUDE DES CRYPTOGAMES 9 brillante, dont les fleuristes faisaient tant de cas, pour lui, elle n'est que secondaire : c'est un périgone (TCpi, autour ; yo'voç, ce qui engendrcj ou un périantlie Uz^l, àvôoç), car la fleur (av9o?) c'est l'appareil de reproduction. Le périantlie et le périgone peuvent servir à la classification ; mais, en- core, n'a-t-on pas reconnu ({u'on trouve réunies dans la même famille liicii plus dans le même genre, des espèces avec périantlie et des espèces qui en sont dépourvues, c'est-à-dire des plantes à tleurs et des plantes sans fleurs. La fleur est donc constituée essentiellement par Tandrocée (ensemble des mâles) et le gynécée {ensemble des femelles). — Toute plante qui n'a pas ces deux verticilles d'organes unis ou séparés n'a point de tleur et devient, de ce fait, une Cryptogame ! Le physiologiste, s'attachant au fond plus (ju'à la forme, et voyant, avant tout, le phénomène de la repioduction, ne demande point aux étamines d'être formées de deux sa- chets su|)portés,ou non, par un filet, et aux pistils d'être des feuilles roulées contenant un placenta portant des ovules; de même que l'organographe, le physiologiste dédaignant aussi les parties accessoires, oubliera anthères et filets, stigmates, styles, ovaires, placentas ou trophospermes, ovules, etc., et ne verra dans la fleur que le grain de pollen, d'une part, et le sac embryonnaire, de l'autre. — Toute plante qui pos- sède une telle fleur est une Phanérogame ; les Cryptogames seront celles qui n'ont rien d'analogue. Et maintenant qu'entendre par ces mots : « Les Crypto- games sont des plantes sans fleurs? » Nous n'avons point les fleurs éclatantes si recherchées des horticulteurs, cela est bien vrai ; mais, à ce compte, nous faudrait-il admettre au même titre les autres plantes qui sont aussi mal partagées au point de vue de l'éclat : les Rumex, les Ghénopodes, 10 IJOTANinUE CRVPTOGAMKjUE les Chênes, les Gliàtîiip:niers, etc., etc. Nous n'avons point de pistils ni (FtHamines construits snr 1(> type réglementaire décrit par l'organographe ; mais ce type ne varie-t-il jamais dans les Phanérogames, et dans certains cas, chez les Cryp- tagames, ne sent-on pas que, si la forme n'est pas tout à fait seml)lal)l('. il y a des passages qui empêchent toute coupure, toute séparation? Les (Conifères, les Cycadées, cei'taines Amentacées n'ont (piïme écaille yerdàtre pour représenter leur fleur, tandis que nos Mousses, nos Hépatiques pour- raient peut-être montrer des périanthes plus perfectionnés. Si Torganographe est un peu physiologiste, il ne dira plus : en deçà de cette frontièiv il y a des plantes à fleurs, au delà il n'y a que des plantes sans fleurs : il sentira qu'in- sensihlement on passe des unes aux autres, et qu'au fond archégones et pistils, anthr-ridies et étamines sont des organes homologues. I^e philosophe ira plus loin encore : s'élevant au-dessus des limites de formes, qui ne sont que des limites de convention, et ne voyant que l'essence des choses, il ne tiendra compte que des protoplasmes et déclarera que oosfones et vésicules embryonnaires sont choses identi- ques, de même que le sont les anthérozoïdes et la fovilla. Nous pouvons donc dire avec raison que la définition tirée de la considération des fleurs est aussi vague et aussi indéterminée que l'était celle tirée de la considération de l'acte reproducteur. Si le nom d'Agame doit être rejeté comme erroné, ceux de Ananthées * et de Gryptanthes^ ne peuvent, non plus, être acceptés j)our remplacer celui de Cryptogames, qui lui-même est loin de satisfaire Tesprit, la limite qu'il caractérise et qu'il affirme se résumant en une simple (piestion de perfectiomiement du microscope. — Ne 1. à privatif, âvOo:, tleur : Martius. 2. y.p-jTîTOî, caché ; 5.vf»oç, fleur : Wachendorfi'. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES H serait-il donc pas possible de trouver un critérium^ un caractère précis (pii permette de reconnaître une Crypto- game d'une Phanérogame . et de former un nom qui défi- nisse bien la chose? C'est ce que la suite nous apprendra; pour rinstant, recherchons comment la notion de la sexua- lité des plantes a pris naissance et comment elle a amené la création du mot que nous venons d'essayer de définir. Le nom de Cryptogame, que nous préférons, est le plus ancien de tous ceux (pii ont ('t»' pi'oposés pour désigner ces plantes ; il est du ii Linné, et il porte le cachet parti- culier allégorique qui a présidé à l'éclosion du Système sexuel. Mais, tout en reconnaissant la valeur de celui (fui a donné cette classification hardie, meilleure encore que beaucoup d'autres que l'on a inventées depuis, nous pen- sons utile de montrer comment elle a été préparée, nulrie par les observateurs ({ui ont précédé Linné, de telle sorte que son avènement était forcé et ne demandait plus que la témérité du génie échauffé \yAv la poésie de la jeunesse, — il n'avait que vingt-quatre ans Ji peine, — pour affirmer tout haut, ce que chacun pressentait et comprenait sans oser le dire. L'histoire de la découverte du sexe des plantes est le prélude nécessaire de celle du groupe des Cryptogames. l''^ PÉRIODE. — Empédocle , Aristote, Phanias et les dis- ciples d'Aristote. 2^ PÉRIODE. — Les Arabes. 3« PÉRIODE. — Rabelais, Césalpin, Zaluzian, Robert d'Oxford, Schrad, Blair, Ray, Camérarius (R.-J.), Burkhard, More- land, Geoffroy (Cl.), Bradley (R.), Vaillant (S.), Pontédra, Leuwenhoëk, Kramer (H.), Linné (C), Van-Royen, Wachen- dorff, Palissot de Beauvois. 4* PÉRIODE. — Adanson, Bernard de Jussieu, Ant.-Laur. de Jussieu, de Candolle, Endlicher, Richard (Cl.), Wil- komm (M.), {'2 BOTAMoUE CRYPTOGAMIQUE DES CRYPTOGAMES EN GÉNÉRAL Les Gryptoprames sont des plantes qui, le plus souvent, gardent des allures d'indépendance et d'insoumission, telles qu'il est bien difficile, parfois même impossible à l'expéri- mentateur, de les faire se reproduire par la culture quand il tente de suivre toutes les phases de leur développement. Par contre, ]ivré(>s à elles-mêmes, elles se montrent, en général, peu difficiles sur les conditions de vie et de nuiltiplicatiou. Rien de plus commun, et^ eo même temps, de plus envahis- sant, que les moisissures et les mucédinées de toute espèce : elles viennent partout ou on ne les vondi'ait pas voir ; mais, si Ton s'attache à l'une d'elles et qu'on veuille la suivre dans son évolution, elle semble se refuser à se laisser surprendre, affecte des formes variées, devient méconnaissable, et se soustrait parfois complètement à nos investigations, en lais- sant à sa place toute autre congénère qui n'aura point été s^mée. Ces résultats tiennent moins encore à leur nature qu'à l'ignorance dans laquelle nous sommes des conditions nécessaires ii la vie de ces végétaux ; or, comme elles sont de structure fort réduite, presque exclusivement composées d'une matière encore malléable et très sensible aux agents extérieurs, elles se déforment pour ainsi dire sous leurs efforts ; les plus inférieures sont de vrais protées et celles qui sont plus élevées en organisation, conservent \x\\j)oly- morjihisine très étendu, derniers vestiges de ce protéisme. Les agents atmosphériques et météorologiques impres- sionnent vivement les Cryptogames dans leurs fonctions ; pourtant si elles se laissent modifier elles ne se laissent point facilement anéantir : elles résistent aux éléments de destruc- tion. Au reste ces plantes présentent à ce point de vue des variations d'aptitudes très grandes. Certaines se rencon- INTRODUCTION A L'KTUDE DES CRYPTOGAMES 13 trent sous les pôles, sur les glaciers, dans les neiges ; mais on en recueille d'autres dans des sources thermales dont la température coagiderait l'albumine ordinaire ; on pré- tend, même, qu'il en est qui se trouvent à merveille d'être portées à la température de 100 degrés et plus, comme si une telle température excitait leurs fonctions végétatives. Quelques-unes bravent la plus grande sécheresse, et on les trouve dans les déserts arides et brûlants; d'autres se mon- trent partout où il y a (pichpie humidité. On en rencontre sur It's plus hautes montagnes, à des altitudes où la pres- sion atinosphéri({ue est bien près d'être ludle, et par contre on en a retiré du fond de la mer, où elles se trouvaient H une profondeiu' de iOOO mètivs , ayant " ii siq)porter l'énorme jjression de 375 atmosphères, pression capable de faire éclater un canon '. » Le groupe des Cryptogames contient les plantes les plus grandes et les plantes les plus petites. On y trouve des végé- taux tels que, suivant Schleiden, il en faut 111,500,000 réunis pour atteindre le poids d'un gramm»* (de telle sorte que chacun pèse la millionième partie d'un milligranunej, et qu'il en tient 41,000 millions sur un pouce carré; il y en a de plus petits encore ! A côté on trouve des Ma- crocystis dont un échantillon mesuré par de Hundjoldt avait 500 mètres de longueur ; la llèche de la cathé- drale de Strasbourg trois fois superposée donnerait une hauteur de 460 mètres seulement; il s'en faudrait donc de 40 mètres pour qu'elle égalât celle du Macrocystis en question. De telles plantes seraient dignes du nom de géantes, si leur grosseur était en rapport avec leur lon- gueur; il n'en est rien : leurs tiges sont relativement minces 1. Pouchet (F.-A.), L'Univers, 3e édit., p. 18. li BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE et flexi])los pour leur permettre de flotter au gré des flots. Les Cryptogames se rencontrent partout : dans les eaux, sur la terre, dans le sol, dans les airs, dans les corps vivants et dans les corps morts. Leur r(Me dans Téconomie du globe terrestre est de la plus haute importance. I. Dans les eaux. — Les eaux sont remplies de ces Cryptogames qiron appelle Algues; les fleuves, les rivières. Kjg. 4. — Lessonia fueescens (Algues). les étangs, les eaux stagnantes en nourrissent d'innom- brables quantités ; les mers en. sont pour ainsi dire tapis- sées : elles forment dans leur profondeur des forêts qui, par la multiplicité des formes et la beauté des couleurs, ne le cèdent en rien aux forêts des terres émergées. Lorsque l'œil ne distingue plus rien dans ces eaux, si Ton s'arme INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 15 d'une loupe ou découvre de nouveaux paysages ; bientôt la loupe ne suffit plus : on veut voir encore, on s'aide du mi- croscope, et l'on s'aperçoit que c'est en vain que, par des grossissements de plus en plus puissants, on élargit son horizon, car on découvre toujours de nouvelles végétations, et l'on pressent que la nature réserve encore de ce côté un infini à sonder. De même, en sens inverse, les perfec- tionnements du télescope, tout en nous faisant pénétrer de plus en plus loin dans les profondeurs du ciel, nous le montrent partout parsemé de soleils et de mondes nou- veaux. Toutes ces Cryptogames, petites et grandes, vivent, et c'est de leurs vies plus encore que des nôtres, peut-être, qu'est taite celle de la Terre. En l(*s voyant îi l'œuvre, on comprend quelle grande part leur revient dans les phéno- mènes qui se passent dans notre jjlanete; en soutirant, pour vivre, l'acide carbonique des eaux surchargées de bicarbonate, elles font du carbonate de chaux insoluble qui se dépose, et prt'parent ainsi des couches de pierre h bâtir, au milieu destpielles elles laissent leurs débris comme témoi- gnage de la part qu'elles ont prise au travail. Certaines autres agissent sur l'acide silici({ue : elles l'eunnagasinent^ s'en servent pour se construire des enveloppes protec- trices, et, se multipliant avec une rapidité vertigineuse, elles arrivent à former des rochei's qui s'élèvent rapidement ; les générations qui se succèdent s'établissent sui- les cadavres de celles qui ont vécu et qui restent là enveloppés de coquilles sihceuses leur servant de linceul. C'est ainsi que se forment un grand nombre de roches et de terres. D'autres fois, ces petites Cryptogames aquatiques char- riées par les fleuves viennent échouer leurs cadavres en si grande quantité qu'elles enlizent les embouchures de ces cours d'eau. « Aux bouches de l'Oder et de maint autre 16 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE fleiivo, dans le port de Wismar, sur la barre de Pillau, la vase est formée en partie, ou même pour un tiers ou la moitié, d'espèces vivantes en nniltitudes incalculables '. C'est à un million de mètres cubes qu'il faut évaluer les masses de ces « animalcules » qui se déposent cliaque siècle dans le port de Pillau )> -. Et rappelons que ces Cryptogames sont de celles dont il laut 41 000 millions pour couvrir 1 pouce carré. Gela ne se passe pas seulement là où coulent des eaux limpides, comme dans les fleuves et dans les océans, mais se rencontre entre les couches du sol où se trouve quelque humidité ; ainsi une partie de la ville de Berlin est bâtie sur un sol argileux dont l'épaisseur varie de 2 à 33 mètres et qui, pour les deux tiers, est composé de ces Algues microsco- piques formant comme une colonie vivante, si bien vivante, que non seulement elles résistent à la pression énorme qu'elles ont à supporter mais que^ s'accroissant continuel- lement avec une rapidité inouïe \ elles soulèvent la couche du sol qui leur est superposée avec une force telle que des rues entières ont eu leurs maisons ébranlées et que quel- ques-unes, même, se sont écroulées. II. Sur la terre. — A peine les roches viennent-elles émerger^ que d'autres Cryptogames s'en emparent : ce sont en général des Lichens (fig. 5). Attachées aux roches, elles décomposent les plus dures. Ces plantes singulières, qu'on rencontre partout où il y a un terrain à préparer pour permettre l'étaljlissement de végétaux d'ordre plus élevé, 1. Ehreiibers, 1839. Auton von Etzel, Die Oxtees, p. 421. 2. Reclus (Élisée\ La Terre, 2" édit., 2 vol., p. 581. Nous verrons, page 40, comment le nom A'anirnalrnles a pu, avec quelque apparence de raison, être donné à ces plantes pair des observateurs des plus sérieux. 3. D'après Ehrenberg, un seul des organismes dont il est question peut en produire i million en im jour et, en quatre jours, 140 billions, ce qui repré- sente 2 pieds cubes à peu près du terrain sur lequel repose cette portion de la ville de Berlin. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 17 Algues par partie et Champignons par l'autre, sont aptes à toute espèce de travail; aussi les trouve-t-on partout, végé- tant sur le quartz, les grès, les schistes ardoisiers,les basaltes, les porphyres des volcans éteints et, même, jusque sur les laves à peine refroidies de ceux qui sont encore en éruption. Toutefois il est bon de remarquer que les Cryptogames ont toutes des habitudes a({nati({ues ; elles sont toutes plus ou Kij?. 5. — Sticta pulmonaria (Lichens). moins hydntphih^s ; c'est à peine si les plus élevées en oi-ga- nisatioii se hasardent dans les lieux un peu secs; celles que nous avons signalées dans les déserts brûlants sont des Li- chens qui n'y meurent pas, mais qui n'y vivent que lorsqu'ils rencontrent quelque humidité. On sent chez toutes comme un lien secret de parenté avec les Algues dont, .sans doute, elles sont sorties. Les Charagnes et les Rhizocarpes sont aquatiques ; les Hépatiques le sont presque : il leur faut un air saturé d'humidité, et les Sphaignes ne vivent que dans nos marécages, où elles entassent leurs générations pour former la tourbe. Les Mousses n'exigent pas tant d'eau," 2 18 I50TANIQUE CRVPTOGAMIoUE mais la plupuit vrulciit lOmbrage des bois; de même poul- ies Isoëtes, les Lycopodes et les Prêles toutes aiment un sol humide. Il n'y a que les Fougères qui deviennent ter- restres, à condition toutefois, pour le plus grand nombre, que Fatmosphère soit fortement chargée de vapeur d'eau. Toutes ces Cryptogames, qui par leur couleur verte se rapprochent des plantes que nous appelons phanérogames, partagent avec elles la fonction de prendre les atomes inor- ganiques , de les combiner de manière à en faire de la matière organisée, et de les transmuter de cet état en leur propre substance, c'est-à-dire à en faire une matière vivante. Grâce à ces plantes vertes^ tout atome inorganique passe, à son tour^ par une phase particulière pendant laquelle non seulement il vit^ mais encore apporte sa part de vie à un être plus complexe, une plante, qui n'est en résumé qu'un ensemble d'atomes matériels réunis en colonies et coordon- nant toutes les vies spéciales de façon à en dégager la vie générale. Les Cryptogames vertes ont donc à ce point de vue, dans l'harmonie du globe, une fonction en tout sem- blable à celle des autres plantes munies de chlorophylle. Il y a des Cryptogames qui ont un rôle complètement inverse ; ce ne sont plus des êtres qui fabriquent , ce sont des êtres qui consomment. La vie est faite de mouvements, c'est-à-dire de changements d'états , de changements de formes^ de changements de nature. La plante verte, ou plante à chlorophylle^ avec les atomes minéraux du sol, de l'air et de J'eau. fal)rique de la matière organique et même un peu de matière organisée; si cela continuait longtemps, les matériaux finissant par être utilisés, la fabrication s'arrê- terait par manque de matière première : car il ne ftmt pas oublier que nous sommes sur un globe où, pour ce qui est de la matière du moins, rien ne se perd, mais, aussi, où INTRODUCTION A L'KTUDE DES CRVPTOGAAIES 19 rien ne se gagne. Un semblable arrêt de fabrication serait la cessation de la vie à la surface de la planète. 11 n'en est point ainsi; les forces exigent le mouvement; aussi, tandis que, d'un côté, il se fait une cnnition de produits nou- veaux à l'aide des matériaux inorganiques, il s'opère, d'autre part, une restitution au Règne minéral des matériaux (jui lui avaient été empruntés et (pii ont été iitilisi's. Cette restitution se fait pai' les êtres nrganist's ipii ne sont |)oint colorés par la ehloropliyUc. Les animaux ont une grande part de ce travail, t(tutelnis la plus consid(''rable jevient ii certaines Cryptogames, au.\([n('lles, m tin de e(»nq)te, in- condte la fonction de loiil ramener a r(''tat initial, pour ipie la faltrieation puisse continuer sans entrave. Ces Cryptogames qui di'truisent nu consomment torment le grand groupe des Champignons et celui des l-'enneuls. Les Champignons n'ayant point de chlorophylle, ne j)ouvant faire de substance organique i)oui' vivre, sont obligés de vivre aux dt'pens de ceux (pii tnnt des livdiales de carbone ; partout oii ils trouvent cet élément, ils sen enqiarent. Si le corps qu'ils adoptent est un être vivant, animal nu |)lante, ils s'établissent en connnensaux ou en parasites, le i-endenl malade, et souvent, si l'être animal ou végétal est mort, ils ne l'en dévorent pas moins et le transforment en leur propre substance. dissé([uant pour ainsi dire ces cadavres en ne laissant d'eux que les matières minérales et brûlant les autres par l'activité de leur respiration. Ils rendent ainsi aux milieux ambiants la substance ors^anisée sous forme d'acide carbonique et d'eau, éléments de départ. Quant à eux, ils deviennent, à leur tour, la proie d'autres Cryptogames plus petites, des Ferments, qui finissent par tout balayer, net- toyer et déblayer, et se résolvent en particules , en atomes protoplasmiques, qui retournent au travail. '20 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE 111. Dans l'air. — Des Ferments microscopiques, des atomes vivants, voyagent dans l'atmosphère, de même que soo.D Fijr. 6. — Fructifications cryptogamiques qui flottent dans l'air de Paris, d'après M. P. Miquel. les semences des Champignons, des Mousses, des Lichens, des Fougères, des Algues (fig. 6). On le pensait autrefois; mais les travaux récents et les observations modernes ne permettent plus de le nier '. C'est même en s'appuyant sur 1. Boudier (E.). Obftervatioiis sur la quantité et la nature des corps étrangers contenus dans la neige, comme moyen de reconnaître facilement le plus ou moins de pureté de l'air à différentes hauteurs. Joum. de pharmacie et de chimie, 1876. Miquel [P.). Étude sur les poussières organisées de l'atmosphère, \n Ann. de YOb- servatoire de Montsouris , 1 879 . Les fig. a et 29 ont été empruntées à ce travail. .Miflet (de Kew). Untersuchungen iiber die in der Luft suspendirten Bactérien Beïlr. zur Biolog. der Pflanzen, von F. Cohn. Dritter Band. Erstes Heft. 1879, p. 119, planches VII et VIII. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 21 ces faits que les panspermistes ont échafaudé toutes leurs théories. La résolution de cette question est intéressante au plus haut point, puisque ce serait, au dire de certains physiologistes et pathologistes, par cette voie que se pro- pageraient les Cryptogames-ferments de ces fléaux de la terre qu'on nomme peste, charbon, typhus, choléra, fièvre typhoïde, etc.; ces maladies étant causées, suivant l'hypo- thèse admise aujourd'hui, par le développement et la mul- tiplication de Cryptogames microscopiques qui viennent du dehors et s'installent dans les humeurs du corps de l'honune et des animaux. Le domaine de la Cryptogamie est donc bien plus étendu que pourrait le faire supposer un examen superficiel, et il faut se garder de croire que l'on doit s'en tenir, pour l'étude des Cryptogames^ à distinguer quelques Champi- gnons à couleurs variées et à chapeau plus ou moins re- troussé, un certain nondtre de Mousses qui se ressemblent assez à première vue, une petite quantité de Fougères et les Algues les plus apparentes. Il y a plus a faire, comme on peut en juger par ce que nous venons de dire, l'impor- tance de ce groupe est autrement grande; cependant l'on doit connaître plus encore, car l'étude des Cryptogames actuelles doit, pour être complète, être éclairée par celle des Cryptogames des temps passés. IV. Dans le sol. — Si, au lieu de nous en tenir à la simple exploration de la surface du globe, nous fouillons un peu les profondeurs du sol, nous nous apercevons rapidement que les phénomènes naturels auxquels nous assistons ne sont que la continuation non interrompue de ceux qui se sont passés . aux époques qui nous ont précédés. Le même travail se faisait, le même fonctionnement s'opérait, l'équilibre vital 2-2 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE s'établissait par l'action coiiibinéo rri^éments fabricateurs et d'éléments consoDiniateurs ; mais, à eu juger par les témoins (jui restent de ces âges, tout le travail était fait par les Cryp- togames, les Phanérogames n'étant apparus que plus tard à la surface du globe, pour les aider d'abord, les suppléer ensuite et, enfin, tenter de les remplacer dans leur fonction cosmique. Ces témoins, qu'on nomme des fossiles, nous permettent de faire l'histoire des premiers temps de la vie de notre pla- nète ; nous pouvons parfois aj'iiver a les restaurer assez com- plètement pour qu'U soit permis de rétablir les forêts de ces époques et même d'en retracer les paysages (fig. 1). Dans ces temps, les Cryptogames avaient des tailles et des allures que ne nous feraient guère soupçonner celles qui vivent de nos jours : car tandis que, par exemple, nos plus grandes Prêles mesurent à peine quelques pieds et, dans ces cas, sont obligées de s'appuyer sur les plantes voisines pour leur de- mander soutien, alors que nos plus grandes Fougères n'ont que quelques mètres , les forêts de ces époques montraient des Prêles de 10 à 15 mètres et des Fougères de plus de 20 mètres de hauteur, avec des tiges robustes, résistantes, comme le sont celles de nos Palmiers ou de nos Conifères. Ces forêts, submergées par suite de mouvements d'abaisse- ment du sol, puis enfouies, sous des couches de limon et de graviers, nous donnent les mines de houille et d'anthracite, par suite de phénomènes que nous comprenons d'autant mieux qu'on les a vus se renouveler à notre époque, et que nous assistons à la formation continue des tourbes et des lignites. De même, pouvons-nous nous convaincre que les Algues microscopiques des époques anciennes travaillaient . de la même façon que celles de l'époque actuelle, unissant leur action à celle des autres « travailleurs de la mer » (Elisée Reclusj, « faiseurs de monde » (iMicheletj, pour fabriquer INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 23 les roches crayeuses , dolomitiqiies et siliceuses de l'écorce, terrestre. Dételle sorte qu'on peut dire avec Burmeister que « toutes ont été mangées et digérées par ces infiniment petits. » Parfois même, comme cela arrive pour certains Iripolis et pour la farine fossile ffig. 7), ce sont les sque- Fig. 7. — Farine fossile (Algues). lettes eux-mêmes de certaines espèces qui forment presque toute la roche. Il semble donc que l'étude de la Gryptogamie serait incom- plète, si l'on passait sous silence ces ancêtres de nos mo- destes Cryptogames actuelles. Gela paraîtra surtout hors de doute si l'on vient à admettre que c'est d'elles qu'est sortie toute la végétation ultérieure, les plus élémentaires aména- geant le terrain pour de plus compliquées. En effet, s'ac- commodant des dures conditions d'existence qui étaient faites dans les commencements de la formation de la Terre, elles ont pu vivre alors que, par suite de la haute tempéra- ture du globe à peine refroidi, toute autre végétation était impossible. Elles préparaient ainsi l'avènement de Grypto- 24 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE ,games d'organisation plus élevée, usant les roches et fai- sant, de leurs cadavres, de l'humus pour de nouvelles ve- nues, épurant les eaux et modifiant l'atmosphère de manière à fournir, à celles (|ui leur succédaient, de tout autres condi- tions de vie. Celles-ci, à leur tour, opéraient de même et^ peu à peu, les milieux changeant, la végétation^ après une série de périodes dont les « jours » se calculent par millions d'an- nées, est arrivée à être ce (pie nous la voyons aujour- d'hui. Le groupe des Cryptogames forme donc un vaste ensem- ble dans lequel on sent se produire un perfectionnement successif nous amenant , insensiblement , à des types plus élevés qui passent aux plantes supérieures. La plante n'est d'abord représentée que par un globule de matière orga- nisée, à peine visible avec les plus forts grossissements du microscope^ accomplissant, sans enveloppe protectrice, tous les actes de la vie végétative ; puis c'est une cellule unique ; à un degré plus élevé, elle est formée de plu- sieurs cellules réunies en un tissu plus ou moins varié ; nous arrivons insensiblement à des végétaux chez lesquels les tissus s'agencent de manière a former des organes, puis des appareils qui se partagent les fonctions, se di\i- sent le travail, et Ton monte, ainsi, aux échelons supérieurs occupés par des plantes assez perfectionnées pour qu'on hésite ta les maintenir parmi les Cryptogames. Il résulte de là que ce groupe forme un tout parfaitement homogène se- subdivisant, toutefois, en un certain nombre de sous- groupes de valeur ^iariable , bien distincts quand on consi- dère le type qui sert de centre, mais se reliant entre eux, sur les limites, par des transitions que nous aurons à faire ressortir en temps utile. Les sous-groupes sont : INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 25 1" pour les plantes sans chlorophylle : les Ferments et les Champignons ; 2° pour les plantes à chlorophylle : les Algues, les Gharagnes, les Mousses, les Hépatiques, les Prêles, les Fougères, les Ophiogiosses , les Isoëtes, les Lycopodes et les Rhizocarpes. LIMITES DU GROUPE 11 faudrait bien se garder de croire que les caractères des êtres organisés sont tellement précis, tellement clairs, tel- lement absolus en un mot, qu'il soit possible de les ranger dans des casiers spéciaux sans qu'il puisse y avoir un ins- tant d'hésitation. Bien des gens, bien des savants, même, croient que tout végétal, que tout animal porte sur lui une livrée assez définie pour que, de suite, on puisse l'étiqueter et savoir dans quelle classe, dans quel genre, dans quelle espèce il rentre; l'on est, pour eux, un sujet de grand étonnement quand on prétend qu'il n'en est point ainsi et que plus on étudie, plus on voit s'émietter les différences, disparaître les caractères. Pourtant cela est vrai : il n'existe de critérium ni pour l'espèce, ni pour le genre, ni pour la famille; bien plus, et nous allons le prouver dans un ins- tant, il n'en est pas pour séparer les Règnes de la nature. 11 y a loin de là à l'opinion qu'on se fait volontiers quand on ne juge que par les contrastes : quand on compare un cheval à l'herbe du pré qu'il tond ; mais , quand on nous aura suivi dans l'étude des infiniment rudimentaires, on verra qu'il est devenu impossible de décider si leurs repré- sentants appartiennent à un Règne plutôt qu'à l'autre. Au reste , en est-il autrement pour les espèces d'ordre plus élevé? Quel est le classificateur consciencieux qui n'a pas 20 r.OTANIQUE CRYPïOGAMIoUE souvent hésité sur la place à assigner à telle ou telle plante? ne s'est-il pas senti ccnnnie tiraillé en sens divers par des espèces difïV'i-entes réclamant, toutes avec le même achar- nement et les mêmes honnes raisons, l'échantillon à placer? 11 n'en peut êti-e autrement. Lorsiju'un rayon de lumière Idanclic traverse un |)risme, elle se décompose, et l'œil aperçoit sept c(julears différentes partageant le spectre en sept bandes superposées. Les couleurs de chacune de ces bandes sont bien nettes, bien distinctes les unes des autres 4|uand on examine la partie centrale de chacune d'elles; mais qu'on essaye de passer d'une bande à l'autre et de dire, par exemple, quelle est la limite absolue qui sépare le rouge de l'orangé, l'on verra que cela est impossible : on passe insensiblement du rouge à l'orangé et, de même, de l'orangé au jaune, du jaune au vert, du vert au bleu, du bleu à rindigo, qui nous ramène au rouge; les teintes voi- sines se fondent entre elles. Il en est ainsi de tout. Dans la nature, tout s'enchaîne, tout se tient; c'est ce qui fait l'har- monie; pour établir une espèce, un genre, une famille, il faut nécessairement rompre des affinités naturelles : à cette cause tient la niQliilité de nos classifications. Brewster, trou- vant difficile de séparer les sept bandes du spectre, n'en admet c{ue trois : le rouge, le jaune et le bleu ; mais il est tout aussi difficile de séparer ces trois qu'il était difficile de limiter les sept. De même, pour les organismes vivants, on a beau étendre ou rétrécir les limites dans lesquelles on les enserre, la coupure est toujours une divulsion violente. Chez les Cryptogames, on peut dire aussi que toute déli- mitation est une dislocation, natura non facit saltus. Cependant, Fenchaînement ne peut se faire toujours, et l'on reconnaît qu'il existe des abîmes entre certains groupes; vainement on cherche parmi les organismes vivants, on ne INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 27 pout trouver les chaînons, et l'on est un instant tenté alors de croire que ces séparations sont naturelles ; mais on ne tarde pas à reconnaître que ces chaînons ont existé ; chaque jour la paléontologie retrouve Tun d'eux égaré parmi ces débris des âges qui nous unt précédés et que nous avons appelé des fossiles. Donc, dans la natiue, aucun caractère absolu, et par suite rien de séparé, rien dt' limité brusquement^ partout des transitions. Si cela se rencontre à chaque pas en Phanéro- gamie, comme le prouvent les interversions que les classifi- €ateurs t'ont sans cesse subir aux mendircs qui conq)osent les espèces, les geiu'es, les familles, etc., on doit s'attendre il ce que cela se retrouve, d'une nianière bien })lus accen- tuée encore, en Gryptogamie. Les Phanérogames, en ctlVl, grâce à la complication de leur organisation, présentent des caractères d'ordres différents qui, pour n'être pas absolus, n'en sont pas moins appréciables et permettent en les réu- nissant de foinnder une diagnose; les Cryptogames n'ont, en général, que des caractères négatifs, et leur simplicité de structure n'olfre pas grande ressource au descripteur. Aussi ce groupe a-t-il été bien diversement composé par les classificateurs : les uns le rétrécissent, les autres l'élar- gissent suivant la tendance de leur esprit ou la prédomi- nance d'une idée préconçue qu'ils prennent au sérieux et au nom de laquelle ils décrètent des lois à la nature. De même, on voit les frontières des nations fluctuer, suivant les hasards de la guerre ou les habiletés de la diplomatie, et se placer tantôt en deçà tantôt au delà, les provinces limitro- phes passant au plus fort ou au plus habile, ce qui prouve que les frontières politiques ne sont , pas plus que les au- tres, absolues et naturelles. Toute frontière n'est qu'une ligne fictive et de convention. En histoire naturelle, nous 28 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE sommes obligés d'en poser, afin de morceler le sujet et de l'envisager par portions successives, parce que nous ne sommes pas de taille à l'embrasser dans la grandeur et la majesté de sou ensemble. Ces lignes frontières nous sont indispensables, mais il ne faut pas leur attacher plus d'impor- tance qu'elles n'en ont. Le groupe qui nous occupe, cons- Fig. 8. — Lycopodiwn clavatum (Lycopodes). titué comme nous l'avons dit (p. 25), n'a donc que des limites artificielles. Les premiers sous-groupes : Fougères, Prêles, Lycopodes, etc. (fig. 8), par leurs formes extérieures, et par leur structure, se rapprochent beaucoup des plantes Phanérogames, assez même pour que certains botanistes les y aient réunies; les Algues et les Champignons, au contraire, par leurs derniers représentants, par ceux qui ne se composent que d'un atome de substance vivante, se rapprochent des derniers animaux, qu'ils côtoient un cer- INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES "29 tain temps, pour se fondre avec eux et aller ensenilile a la rencontre de la matière azotée non vivante ''?i. dei'iii(M- et suprême terme de la chimie organi([ue. Avant de pousser plus loin et d'étudier en détail les richesses de notre domaine, il nous faut voir quelles sont au juste nos rapports de voisinage; il nous faut démontrer l'état des hariières qui. d'après ce que nous venons de dire, sont établies : I" entie les (Iryptogames et les Phanéro- games, 2" entre les r]rv|)t(»games et les animaux. 3" entre les Cryptogames cl les r\)ï\i> iitm dduo de ee qu'on est con- venu d'appelei' la \ii et ijui sont dits corps non organisés. l. I^KS i-iMiiiN cai'actères, on exa- mine, an coiitraiie. des |\|i('s limitrojdies les Cycadées, par exenqjle, qui sont rangées parmi les Phanérogames, et les Fougères, qui prennent place dans ims Cryptogames, les différences dtnitMuient moindi-es et Ton conçoit (|ue Ton ne lioiive plus autant de raisons de séparation. Les Cryp- togames présentent une série de caractères négatifs divers (pion a nus successivement en saillie pour en faire des caractères dominateurs; nous avons à les passer en revue; s'ds sont tels i[u"ils permettent de faire immédiatement leur séparation . de manière que chaque groupe soit bien isolé du voisin, nous aurons autant de caractéristiques qui marqueront la limite que l'on prétend exister; si^ par contre, Us ne sont tels qu'une plante de l'un puisse passer à l'autre, la barrière ne sera ({ue factice et notre proposi- 30 ' r.OTANlQUE CRVPTOGAMIQUE tion prouvée. Une première réflexion nous viendra, dès maintenant, en face de la nniltiplicité des caractères pro- posés successivement : c'est que, si l'un d'eux eût été irré- prochable, on n'en eût pas cherché de meilleur. Etudions donc successivement ces caractères et comparons-les dans les deux groupes. Que nous examinions un Wellingtonia, géant du monde dit phanérogamique, ou un Exacimi fillforïne^ qui en est regardé comme le pygmée, ou encore un Aconit (fig. 9)^ nous trouvons que la plante peut se réduire à deux systèmes d'organes : 1" le système des organes de végétation, 2" le système des organes de reproduction sexuée. Les organes végétatifs sont les racines, les tiges et les feuilles, chargés de la fabrication, préparation, emmagasi- nement et utilisation des substances alimentaires. Ils ont pour fonction d'assurer la vie de l'individu et la continua- tion de l'espèce par ynultipU cation, des organes constitu- tifs. Ils sont les organes essentiels, indispensables, urgents; une plante qui les possède peut vivre dans le présent et dans l'avenir; ses bourgeons sont autant de colonies qui perpé- tueront sa race. Au reste, pour chacun de ces organes, la forme, la taille, la couleur importent peu : les racines peu- vent être pivotantes comme dans l'Aconit, rameuses comme dans le Qerisier, ou fasciculées comme dans les céréales; les tiges peuvent être élancées comme dans les peupliers ou surbaissées en toupie dans le Wehritschia ; les feuilles peuvent être longues, ovales, ensiformes, roncinées, pandu- riformes, etc., etc., rouges, violettes ou vertes; tout cela im- porte peu, pourvu que chacune remplisse les fonctions qui lui sont dévolues. Bien plus la nature, peu exigeante, leur permet de se suppléer et, même, de se faire remplacer par des organes accessoires ; c'est ainsi que dans les Melo- INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 3t cactus^ les Cereus, la tige cumule ses fonctions avec celles des feuilles, celles-ci s'étant transformées en épines, organes de dé- fense qui d'une autre façon, dans la lutte pour l'existence, assurent la conservati( »n de l'espèce; c'est ainsi (pic cliez les Lat/ty7'Hs lii Ifuillr se décharge de ses fonc- tions (le respiration an profit des stipules, en se transformant en vrilles, parce qu'il est ingent ([lie les tiges s'accro- . client pour aller cher- cher Tair et la lnnii(''re, sans quoi elles périraient et avec elles l'espoir de générations fntin-es étouffées par les plantes du voisinage plus ro- bustes et plus touffues. Les organes de la re- production sexuée se résument t(ius dans la tleur et dans ce qui en dérive. Une fleur n'est en résumé qu'une adap- tation de certains orga- nes végétatifs qui ont Figr. 9. — Aconit Napel. 32 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE pris des formes et des couleurs variées en vue d'une mul- tiplication spéciale, plus compliquée que la reproduction par bourgeonnement. Le bouton de la fleur n'est au reste qu'un bourgeon modifié : les feuilles prennent les noms de sépales^ pétales, étamines et 2^istils, et la portion de la tige qui les supporte se nomme toriis ou t ha lame. — Le polymorphysme est ici tout aussi grand qu'il l'était pour les organes de la végétation : la forme, la taille, la couleur des lames du calice et de la corolle, androcée et gynécée, chan- gent à l'infini : le torus s'allonge, se surbaisse, se creuse ou s'étale, changeant par ce seul fait les rapports des pièces qu'il supporte. Toutes les variations spécifiques et généri- ques se réduisent à cela; ce qui ne change pas et ce qui ne doit pas changer^ c'est la fonction, ou dès lors il y a maladie. Or la fonction consiste à donner ])ar le vapproçhemeni des sexes, des graines on semences qui, comme les bour- geons, reproduiront la plante, mais avec cette différence : que, dans la multii)lication par ])ourgeons, la plante se reproduit toujours telle qu'elle est^ tandis que, dans la reproduction par génération, la plante donne des rejetons qui participent du mâle et de la femelle qui lui ont donné naissance. Le mariage peut se faire dans la même fleur, puisque étamines et pistils s'y trouvent réunis : on comprend qu'alors la graine reproduise exactement la plante, tout comme le bour- geon. La complication de la fleur ne semble pas s'être pro- duite pour arriver à cette simple union; il ])araîtrait même (jue, cbez les plantes, ces unions consanguines ne seraient pas plus heuieuses que chez les animaux et. qu'en lait de reproduction sexuelle, le mélange des protoplasmas serait le moyen d'assurer la vigueur des races. Mais, on le comprend, ce mélange de protoplasmas amène , peu à peu , la modi- iication des espèces. Le rôle de la multiplication par bour- INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 33 geon étant de conserver le caractère des espèces , le rôle de la multiplication par sexes sera de la modifier. Si la multipli- cation par bourgeonnement eût seule existé, la végétation eût disparu du globe, les espèces premières n'ayant pu se plier aux changements successifs de l'état cosmique de la Terre, tandis que l'on conçoit conmient, par génération, il ait pu se faire successivement des êtres, des espèces (?) s'ac- commodant à l'étal de vie qu'ils étaient appelés à subir. Quoi qu'il en soit, la fonction des organes reproducteurs se réduit à la production des graines. La graine est très complexe : sous des enveloppes protectrices plus ou moins résistantes se trouve le rudiment de la j)iante nouvelle Vnnb7vjon^ montrant déjii le point de dépait de la racine, de la tige, et un ou deux corps particuliers, les cofylrdons, gorgés d'une provision de matière nutritive qui servira à élever la jeune plante jusqu'à ce qu'elle puisse fabri({uer elle-même ses aliments. Ajoutons ({ue si rou suit les plan- tules dans leur développement on verra qu'elles grandis- sent toujours par leur extrémité supérieure, qu'elles sont par conséquent acropètes ou acrogènes, et que, d'abord exclusivement formées de tissu cellulaire, elles prennent, par la suite, une structure plus compliquée par transfor- mation de certaines portions de ce tissu primitif en fd^res et en vaisseaux. Que par opposition nous prenions maintenant un Champi- gnon (fig. 2 et 27), une Algue (fig. 4 et 28), un Lichen (fig. 5), et nous nous trouvons en face de végétaux si différents de ceux que nous venons d'examiner que nous sommes tentés d'affirmer qu'il est bien facile d'établir la caractéristique demandée. Les organes végétatifs ne présentent rien de commun avec ces racines, ces tiges, ces feuilles dont nous parlions il y a un instant; tout cela se confond dans un seul 3 34 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE organe qui est toutes ces choses à la fois et qui, cependant, n'est rien d'analogue ; cet organe végétatif est nommé thalle ; nos plantes ne pourraient-elles pas dès lors être désignées sous le nom de Thallogènes ^ ou sous celui de Thallophytes 'P D'autre part, toutes les Cryptogames qui, nous le savons, sont dépourvues d'enveloppes florales proprement dites^ d'étamines et de pistils ou d'organes sexuels ^ construits sur Fig. 10. — Fructification du Lijcojmdimn clavatum. le type reconnu, donnent comme résultat de la fécondation non plus une graine, mais une spore (fig. 10) ; alors on -est porté à les nommer Sporidées \ Spoî'oj^hytes » ou S2J0- rophorées ^ De plus, cette spore, qui est une semence et qui, par cela même, est assimilable, comme fonction, à la graine, est d'une simplicité d'organisation très grande, et, si la membrane recouvrante est une enveloppe protec- trice, le contenu ne ressemble point à ce que nous nom- 1. Thallogènes (0a).)>6:, fronde; yî^'Oî ^ic) : Endlichcr. 2. Tlmllopbytes (Oa/.Xôç; çy-rôv, plante) : Lindley. 3. Asexuées [a privatif; sexus, sexe) : Lindley. 4. Sporidées {anopy., spore) : Fries. 5. Sporophytes ((rnopà, ç-jtôv) : Wilkomm. 6. Sporophorées (o-Tiopà, /erre, porter) : Horouinow. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 35 niions tout à l'heure un embryon, et rien ne rappelle les réservoirs de nourriture que nous avons appelés cotylé- dons. Ces plantes pourraient donc être désignées par les noms de Inennbryonnées * ou diAcotylêdonées ^ Cette simplicité de structure se retrouve au reste , pendant toute la vie, et, le plus souvent, l'on ne rencontre que du tissu cellulaire ou tissu alvéolé ; les noms de Homor- (janées \ de Ce/in/airrs ' ou de Favées ' représenteraient donc bien leurs caractères. Enfin, en examinant le déve- loppement des Algues ou des Champignons, on remarque ([u'ils ne s'accroissent plus seulement par l'extrémité, mais bien par toute la circonférence : ils sont amphirjimes ^. Ceux, donc, qui Jie voudraient pas conserver le nom de Cryptogames à renseml)le des plantes qui forment le groupe dont nous avons à nous occuper, ont à choisir, pour le rem- placer, parmi tous ceux que nous venons d'énumérer et d'autres encore, car, quelque nombreux qu'ils soient, nous n'avons passé en revue que les principaux. Malheureuse- ment cette richesse de synonymie ne prouve qu'une extrême pauvreté, et il est facile de démontrer ({u'aucun d'eux ne mérite d'être substitué ii celui que nous avons adopté. Aucun des noms proposés plus haut n'est correct et ne peut servir de définition, car toute définition pour être bonne doit contenir tout le défini et ne rien contenir que le défini. 1° ThaUogènes ou Thallophytes. — Si un grand nom- bre de Cryptogames ont tous leurs organes végétatifs réduits 1. Inembryonnées (m privatif et emhryo) : L.-C. Richard. 2. Acotylédonées [a privatif, cotylédon) : A.-L. Jussieu. 3. Homorganées (oiaô;, même; ôpyavov, organe) : Schultz. 4. Cellulaires : de Candolle. 5. Favées (favus, faveolus, alvéole) : Trautwetter. 6. Amphigènes (àiJiçI, autour; ysvri?, né) : Ad. Brongniart. 36 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE à cette lame que nous avons appelée thalle, il en est qui sont plus compliqués ; et, sans parler des Lycopodes , des Fougères, des Mousses (fig. 11), qui présentent des organes de formes différentes et de fonc- tions déterminées rappelant celles des racines, des tiges, et des feuil- les , nous verrons des Algues , Thallophytes par excellence, pré- senter cependant elles-mêmes, des frondes où ces organes divers sont assez nettement distincts pour que bien des auteurs aient voulu les désigner par des noms rappelant les organes analogues des Phanérogaiïies, et quelque- fois par les mêmes noms. Au reste, n'avons-nous pas vu chez ces Phanérogames des tiges , comme celles des Cactus^ Me- locactus, Cereus, Opuntia^ cumuler presque toutes les fonc- tions du système végétatif? Les noms de Thallogènes et de Thal- lophytes sont donc incorrects. 2° À nan th ées , Cryp tan- thes ^ jEthéogames. — Ces noms ne sont pas meilleurs ; comme ceux à'Agames ou {['Asexuées , ils impliquent une notion fausse. Quant à celui (['Iiiembryonnées^ s'il peut s'appliquer à certaines Cryptogames, il doit être rejeté pour beaucoup d'autres : (Rhizocarpes, Lycopodes, Prêles) ; bien plus, le mot à'Aco- tylédonées est lui-même erroné; non seulement nous M. Fig. 11. — Pohjtrichum commune, Polytric (Mousses). INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 37 verrons les Sélaginelles posséder des embryons, mais nous reconnaîtrons que ces embryons eux-mêmes sont munis de cotylédons, qui s'étalent au moment de la germination. 3° Homorganées^ Cellulaires^ Favées. — Les mêmes reproches s'appliquent à ces trois noms. D'une manière gé- nérale, on ne peut dire que le tissu cellulaire soit le tissu unique des Cryptogames ; cela est absolument faux pour les Rhizocarpes, les Fougères, les Lycopodcs, les Prê- les, etc., et cela n'est même pas tout à fait vrai des Cryp- togames regardés comme les plus rudimentaires : on a trouvé des espèces de trachées dans les Champignons et jusque dans les Myxomycètes. 4° Les noms de Sj^oridées^ Sporophorées ou Sporo- p>hytes nous sembleraient plus acceptables, si le mot spore était, lui-même, suffisamment défini, s'il désignait toujours le même organe et s'il ne désignait jamais que celui-là, mais il est loin d'en être ainsi comme nous le verrons par la suite. 5° Il ne reste que la désignation A'Amphigènes. En l'adoptant, nous serions obligés de limiter le groupe qui nous occupe aux Algues et aux Champignons. De ce qui précède, il résulte : 1° qu'aucun des caractères qui ont été proposés pour remplacer celui tiré du peu d'éclat des fleurs n'a les quahtés nécessaires pour le supplanter, c'est ce qui nous amène à préférer le nom de Cryptogame à tous les autres. Nous ne lui reprocherons pas le vague qui l'entoure; au contraire, il a sa parfaite raison d'être dans ce cas où il faut désigner un groupe de plantes dont tous les caractères sont à peu près d'ordre négatif. Cryptogame dit ni trop ni trop peu, et il peut aussi bien s'apphquer à celles qui sont les plus élevées en organisation qu'à celles qui ne sont formées que d'un globule de matière vivante : aux Lycopodes aussi bien qu'aux Bactéries. 38 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE De ce qui précède, il résulte, encore : 2° qu'aucun des caractères invoqués ne peut servir pour séparer les Cryp- togames des Plianérogames : aucun ne remplit la condi- tion nécessaire de pouvoir caractériser toutes les plantes d'un des groupes et de ne s'appliquer qu'à celles-là. Ne pourrait-on pas espérer qu'en les combinant on aurait un meilleur résultat ? C'est dans ce but qu'on a inventé Fig. 12. — Azolla caroliniana (Rhizocarpes) l'expression de Cryptogames-cellulaires opposé à celle de Cryptogames-vasculaires, et celle d'Acrogènes-cellulaires opposé à celle d'Acrogènes-vasculaires, etc., qui indiquent lu difficulté qu'on a toujours ressentie à établir les limites supérieures, les uns les faisant passer en deçà, les autres au delà. Certains auteurs, embarrassés par les groupes supé- rieurs, les ont rejetés dans les Monocotylédones, montrant par là l'affinité de ces deux groupes l'un avec l'autre. C'est ainsi que, dans quelques ouvrages, nous voyons les Chara- gnes, les Prèles, les Fougères, les Rhizocarpes (fîg. 12), clas- sées sous le nom de Monocotylédones ou Endogèues-Cryp- INTRODL'CTION A L'KTUDE DES CRYPTOGAMES 39 togames. Pour d'autres, par contre, ces mêmes groupes attireraient à eux des Dicotylédones, ainsi les Gasuarinées, les Gnétacées, les Gycadées,les Kaflésiacées, etc., etc. Nous n'avons point à nous porter juge des raisons qui ont provo- (|u«3 ces rapprochements ou amené ces séparations; nous nous contentons de rapporter les faits. Toutefois ces oscilla- tions portent leur enseignement; tout rapprochement opéré par un savant mérite d'être pesé, car, s'il a été fait, c'est ([n'ini caractén\ jusijuc-lii rcst»'" dans l'omhre, aura frappé Tespiil (le rautriu'. G't'st pour avoir dt'daigneusement ac- cepté certaines vues, nu mriiic les avoii* repoussées sans pitié, (pi'on se voit à chaque instant aiin'ut' ;i faire de trop tardives réparations à des savants (pii «mt vu, de leur vi- vant, leurs opinions traitées par leurs contenq)orains avec la plus malveillante sévérité (p. I39j. Malheureusement, les archives de la Science sont renqjlies de ces cireurs, (pi'on ne saurait trop llétrir. Les familles ijui ont le plus souvent ét('' mêlées à nos Cryptogames et cpii ont, [)ar cela même, le plus d'affinités avec elles sont les suivantes : Rhizanthées, Balanophorées, Cytinées, Raflésiacées. Podostémacées, Lemnacées. Gasuarinées, Gnétacées, Cycadées, Conifères. Beaucoup des caractères invoi[ués pour opérer quelques- uns de ces rapprochements sont des caractères de végétation et n'ont, par conséquent, qu'une importance restreinte aux yeux de ceux qui classent, artificiellement aussi, les plantes d'après les caractères de la fructification. Pourtant ils ont leur valeur quand il s'agit de plantes comme celles dont nous nous occupons qui, vu la simphcité de leur structure, n'ont qu'un petit nombre de caractères à mettre en évi- 40 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE deiice. D'un autre côté, nous ne pouvons nous empêcher de rappeler ce que nous disions plus haut (p. 33) : que c'est par les organes de végétation que la plante se transmet avec ses caractères primitifs, ou primordiaux. La fructifica- tion est le moyen d'adaptation de l'espèce, mais la végéta- tion est son moyen de perpétuation ; pour nous , il nous semble par conséquent qu'il y a lieu^ à ce point de vue, de tenir un grand compte des formes des organes végétatifs. Nous ne pourrons, du reste, juger ces rapprochements que lorsqu'une étude attentive des Cryptogames nous permettra de bien saisir les passages qui peuvent les relier à leurs affines. II. Les limites qui séparent les cryptogames du règne ANIMAL SONT ARBITRAIRES. — « Gomiiient ! il n'y aurait pas de difTérence entre un végétal et un animal? Il semble oiseux de s'arrêter à démontrer qu'on ne peut confondre la Umace avec le Champignon qu'elle dévore; les Lapons eux-mêmes n'admettraient pas que le moindre rapport puisse exister entre les rennes dont ils font leurs attelages et le Cladonia rangiferma dont ils se servent pour les nourrir ! Linné a parfaitement traduit le sentiment que chacun éprouve en donnant sa caractéristique : Vege- talia crescicnt et vivant j animalia crescunt^ vivunt, sentiimt et movent. La sensibihté et le mouvement, voilà les signes diagnostiques qui séparent l'animal de la plante^ et nous pourrions ajouter, avec certains auteurs, que l'un est fait pour dévorer l'autre, puisque la hmace se nourrit du Champignon et que les renues mangent le Lichen. Au reste, est-d possible de comparer sérieu- sement la plante à un animal? L'animal a une tête, un thorax, des membres, une bouche, un œsophage^ des orga- liNTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 4t nés de digestion, un cœur qui chasse le sang dans des artères, d'où il revient par des veines au poumon, pour être vivifié par l'air et redevenir de nouveau apte à la nutrition ; l'animal a des nerfs ; il se meut, et il se meut, non pas auto- matiquement ou par instinct^ mais certainement par volonté, après raisonnement , car il possède un cerveau qui coor- donne ses pensées. Chez la plante rien de cela : attachée au sol par des racines, elle élève dans l'air ses tiges et ses rameaux chargés de feuilles remarquables par leur couleur verte, due à de la chlorophylle qu'on ne rencontre point dans le Règne animal. Et, si l'on interroge la chimie elle trouve que l'animal est formé de matière quaternaire, tandis que la plante est composée de matière ternaire. Encore fai- sons-nous la part belle, car nous avons pris une plante supé- rieure, c'est-à-dire celle qui, étant la plus complexe, la plus perfectionnée, doit se rapprocher le plus de l'animal; que serait-ce si la conqiaraison portait sur les Cryptogames? Est-il possible de supposer un instant l'ombre d'une ana- logie? » Ainsi raisonne l'école des contrastes. Les physiologistes de l'école des ressemblances raison- nent à l'inverse, et, sans toutefois confondre la limace avec le Champignon, ni la Cladonla avec le renne, ils soutien- nent que les différences de forme masquent de grandes analogies biologiques. « Les extrémités des racines {sjjon- gioles des anciens) sont l'estomac; cet estomac est doué d'un instinct parfait qui lui fait ne prendre que ce qui lui est profitable et laisser de côté ce qui lui est inutile et sur- tout ce qui lui serait nuisible. Il s'opère une vraie digestion dont le produit est emporté par des vaisseaux qui sont des veines, dans des feuilles qui sont des poumons. Là, au con- tact de l'air^ le liquide alimentaire devient nutritif : c'est du sa7ig végétal^ « de la plante coulante », autrement dit de 42 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE la sève, qui, se précipitant à travers les artères, se rend par- tout où il y a besoin cle réparation ou d'accroissement, puis redescend vers la racine, où il se débarrasse par excrétion des produits qui sont devenus impropres à la vie. Une force appelée vis à ter go remplace les contractions du cœur et ne lui cède en rien comme énergie. Le résultat de tout cet ensemble de fonctions amène, comme chez les animaux, l'accroissement et la production de la chaleur. Qui donc prétendra que le végétal n'a aucune analogie avec l'ani- mal? )) Voilà comment raisonnent les physiologistes qui ne voient que les ressemblances. Ce dernier tableau , plus vrai que le premier dans son ensemble^ est erroné dans plusieurs détails : ainsi la nutri- tion se fait par les feuilles autant, sinon plus, que par les racines ; la circulation n'est pas aussi correctement calquée sur la circulation animale qu'on le dit; la respiration, qu'on avait fait l'inverse de la respiration animale, est la même : le Champignon fait concurrence à la limace dans l'absorp- tion de l'oxygène. L'opinion contraire avait été émise^ sans preuves, afin de pouvoir démontrer par le « tourbillon vital » rharmonie des œuvres du Créateur ; l'expérience a prouvé la fausseté de l'assertion , et l'harmonie n'en reste pas moins la même. — Toutefois il y a chez la plante : une digestion, une respiration, une circulation; les résultats de ces fonctions sont analogues non pas peut-être à ceux que l'on voit chez les animaux supérieurs, mais, certes, à ceux qu'on rencontre chez les animaux inférieurs^ et sont pro- duits parfois même d'une manière plus parfaite. L'analogie ne s'arrête pas là; la plante se meut et est irritable : vegetalia sentiiLnt et movent! h'Hedysarwni (jijranshiii continuellement l'air de ses folioles; celles de VOxalis, du Marsilea (fîg. 13), des Légumineuses, en INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 43 ffénéral, se couchent la nuit et s'étalent le matin ; certaines fleurs s'ouvrent au soleil ; les capitules du Tournesol et les épis du Tritoma le suivent dans sa marche et s'inclinent vers lui; les étamines du Cajoi^hora (fig.3) vont l'une après l'autre rendre visite à la femelle et verser sur son stigmate le contenu de leurs anthères, puis, l'acte accomph, retour- nent reprendre leur place dans la concavité des pé- tales (jui leur servent de couchettes, etc. ^ Dans tous ces cas, dira-t-on, le mouvement n'est , peut- être, qu'automatique, s'il n'est instinctif; il se fait naturellement, et l'on ne peut affirmer qu'il y ait eu réellement sensation des agents extérieurs qui sont regardés comme les provoquant; mais il y a d'autres cas où l' affirma- tion est possible, parce que le mouvement se pro- duit à la suite de l'im- nreSSion reOUe Tn Sen- Fig. 13. — J/ar«i7ea celles des corps bruts, puisque les éléments constituants de ces deux ordres de corps sont les mêmes? Tous les corps vivants sont exclusivement formés d'éléments minéraux empruntés au milieu cosmique. Descartes, Leibnitz, Lavoi- sier nous ont appris cpu^ hi matière et ses lois ne ditïerent pas dans les corps vivants et dans les corps bruts ; ils nous ont montré qu'il n'y a au monde (pTune seule mécanicpie, une seub' ciiimie, comnuuies ;i Idiis les êtres de la nature '. » Il n'y a donc pas lieu d'admctlie de barrière entre les corps organiques et les corps bnits. « Cette distinction, outn^ qu'elle (>st arbitraii'c . rsl le pins souvent peu nette ou même iiia|»|»lieable -. » Prenons les corps inorganisés (pii eonqioseuf le Kègne miiK'ral, et disposons-les d'après les principes qui nous ont guidés pour ranger les deux séries d'êtres organisés, végé- taux et animaux, c'est-à-dire de façon que les plus par- faits se trouvent au somme! de la pyramide et les moins parfaits à la base. Nous voyous (juiei poui- les minéraux la perfection est la simplicité : c'est l'état dans lequel le moins d'actions s'opèrent: ces pluMiomènes se i'(''duisent à une simple attraction encbaînant ensend)le plusieurs atomes de même nature; la conq)lexité les éloigne de plus en plus du type. Ainsi rangés, les corps inorganisés jH'ésenteront quatre séries, qui seront : 1° les corps sinqiles ; 2° les corps binaires; 3° les corps ternaires; 4"* les corps quaternaires. A mesure que nous descendons, nous sentons qu«» nous abandonnons peu à peu le type minéral, et la cbimie, qui étudie ces corps inorganisés, a été forcée de reconnaître que certains prenaient des caractères spéciaux et méritaient le nom de substances organiques. Aussi s'est-elle scindée en 1. Bernard (Claude), Science expérimentale, 1878, p. 178, 182. 2. Bernard (Claude), Leçons sur les phénomèiies de la vie, etc., II, p. 392, iOl. 60 lîOTANloUE CRYPTOGAMIQUE chimie minérale et chimie organique. A la chimie minérale reviennent les corps simples, une portion des composés binaires; la chimie organique prend l'autre partie des com- posés binaires, passe aux substances ternaires et enfin aux quaternaires. Qu'est-ce? et que disions-nous donc? que nous étions dans le Règne des inorganisés! C'est qu'insensible- ment nous sommes, en effet, arrivés à des corps (piaternaires qui ont eux aussi pour formule : G^H^O'Az' -f- P ou S. En résumé, tous les êtres qui composent notre globe peu- vent se répartir en trois Règnes, qui sont : le Règne animal, le Règne végétal , le Règne minéral. Si Ton essaye de ranger les représentants de chacun de ces groupes en série ordonnée d'après leur perfection typique, on obtient trois pyramides aux sommets desquelles sont les êtres les plus parfaits et dans lesquelles le type s'altère à nïesure qu'on descend. La série animale nous conduit au sarcode, la série végétale au protoplasma, la série minérale à la ma- tière organique. Or il se trouve que ces trois substances ont toutes une même formule : G'"H"0''Az^ -|- P, ou S, c'est- à-dire que toutes les trois sont des matières quaternaires additionnées de phosphore ou de soufre. Les trois séries convergent donc vers un même point commun , comme vers un centre. Nous sommes ainsi amenés à réunir, à nouer ensemble, ces trois séries par ce centre; il en résultera une sorte d'étoile à trois branches (fig. 18), figure schématique qui rend bien, pour nous, les rapports des séries les unes avec les autres. Le centre de Tétoile sera le confluent des trois Règnes^ qu'on peut appeler, encore, centre or- ganique. Si l'on part de ce centre et si l'on se rend aux sommets, on trouve que chacun est occupé par les représen- tants les plus parfaits du type de chaque série : les vertébrés pour la série animale, les dicotylédones pour la série végé- INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 61 taie, les corps simples pour la série minérale. Or chaque sommet, comme le montre la figure, se trouve au point d'éloignement le plus grand possible des deux autres. C'est ce qui expli([ue comment on peut, lorsqu'on se place à Fig. 18. — Confluent des trois Règnes. l'un de ses sommets, déclarer qu'il fout être aveugle pour ne pas voir les barrières qui existent entre les Règnes, in- sensé pour les nier, car ce sont non pas de simples limites, mais des abîmes qui les séparent. Pourtant, que Ion des- cende de l'un ou de l'autre de ces sommets, alors l'on sen- tira, peu à peu, les abîmes se combler, et l'on arrivera à voir les limites se rapprocher insensiblement, se toucher, se con- 62 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE fondre, puis disparaître pour nous amener dans un milieu où elles n'existent certainement plus, c'est-à-dire dans ce centre organique. Cette matière, dans laquelle tous les êtres se confondent et qui occupe le centre organique est celle que M. Huxley' nomme base physique de la vie ou matière de vie^ et que ^I. de Jouvencel' appelle eomjyosé vital, parce que, sous l'influence de conditions particulières pressenties, mais non encore déterminées, il devient végétal ou animal, ou bien se résout dans ses éléments minéraux constitutifs. Cette sub- stance, dans quelque Règne qu'on l'examine, est toujours la même, chimiquement parlant : c'est du carbone uni aux éléments de l'eau, à de l'azote, le tout additionné d'un peu de phosphore ou de soufre. C'est l'azote, on peut le dire, qui, surajouté aux éléments de la substance ternaire, leur com- munique, grâce à son indifférence chimique, une instabilité (jui détermine des successions de combinaisons et de dé- compositions produisant des mouvements d'atomes , des déplacements de force, des changements sans cesse renou- velés, d'où cette multiplicité de phénomènes physico-chimi- ques exagérés qui fait la vie. « L'usure moléculaire est pro- portionnée à l'intensité des manifestations vitales ! » Ici, ce n'est plus la vie lente du minéral, c'est la vie active. Une statue de marbre mettait des milliers d'années à s'user, sa vie était si lente qu'on la croyait absente, mais il n'en est plus ainsi de statues faites de composé vital. « La combi- naison vitale formée, son instabilité, qui est due ii lindiffé- rence de l'azote, a pour conséquence une extrême aptitude à des modifications ultérieures. En sorte que l'indifférence chimique qui relègue l'azote au dernier rang d'importance 1. Huxley, Co}if. se. dEdimbourg, ia Rev. cours scient., 1869, VI, p. 514. 2. Jouvencel (P. de), Genèse selon la Science : La Vie. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 63 dans la chimie élémentaire ou minérale, le place au premier lang dans la chimie physiologique >. » Qu'est-ce donc que le composé vital que Ton admettrait, volontiers encore , comme matière originelle des deux Règnes organisés et que nous regardons, de plus, comme connnuiic an Règne inorganicpie (^t provonaiif (1(^ lui par suite de cond)inaisons conqjlexes? Est-il pussihlc ([u'un al)îui(' ne S(''|)ar(' pas les organisés des inorganisés? L'his- toire du fameux llft(lu/bius va peut-être nous renseigner. En 185(). en plaeaut le eùhie ti-ansatlanti([ue, on trouvait au tond de la nier qui st'pai-e llilande de Terre-Neuve, à iH'Ai près vers iOlKl mètres de piotuudeiu', un limon uiou, glaireux, gélatineux, reideruiaid dans sa gangue de petites concrétions calcaires {lig. lOj. En IHIJS, MM. Wvville Tli(»ui- son et W. Garpenter retrouvaient le même limon dans le golfe de Gascogne, à une profondeui- de oOriO mètres envi- ron. L'examinant de suite à la sortie de l'eau, ils reconnais- sent « que ce limon est réellement vivant, qu'il s'agglomère eu masse comme s'il contenait de l'albumine, que sous le mi- croscope ces masses vis(pieuses avaient l'aspect de masses de sarcode animé. » Le limon conservé dans l'alcool est envoyé à M. Huxley pour être examiné par lui. M. Huxley le reconnaît vivant et organisé ; c'est une monère ; il reçoit le nom de Batliybius Ilaeckelii. M. Haeckel , devenu son parrain (comme il le dit. l'ohserve à son tour, con- firme et développe les assertions de M. Huxh'y. Il n'y a plus de doute à avoir, c'est le limon générateur de tous les êtres vivants qui peuplent notre planète ; et ce limon rem- plit le fond de toutes les mers!... Mais voici un revirement soudain ; le Challe/ige?\ dans son expédition , drague en t. Marchand (L.), Des classifications et des méthodes en bot., 1867, p. 76, ilaprès Jouvencel, loc. cit. 64 BOTANIQUE CRYPTOGAMIOUE vain le foiiil des océans et ne le retrouve pas. Il n'existe donc pas; on a été le jouet d'une illusion ; la prétendue ma- tière de vie n'était que du sulfate de chaux précipité à l'état floconneux par l'alcool. M. Huxley croit devant de telles affirmations revenir sur sa première opinion; toutefois, il ne le fait pas sans réserve. Gomment a-t-il pu prendre aussi facilement un précipité inorganique pour une matière orga- nique? « Mais ce qu'il y a d'étrange, dit-il, c'est que ce joréci'pité inorganique i^eut à peine être distingué d'un précipité albuniineux, et qu'il ressemble encore plus, peut- être, à la pellicule superficielle des infusions putrides, qui se colore irrégulièrement, mais très fortement, de carmin, forme de petites masses aux contours déterminés et se comporte en tout comme une chose organique'^. » Et pourtant M. Mœbius fait apparaître cet étrange précipité en versant simplement de l'alcool dans de l'eau de mer ! . . . Voilà quel est cet inorganique qui se comporte en tout comme une chose organique. Pour nous , nous con- cluons de cette histoire du Bathybius à la parfaite identité du composé vital, à quelque Règne qu'il appartienne. Le Bathglnus (et le Protobathf/bius découvert depuis par M. E. Bessels), existe bien réellement, et, pour nous, nous n'en voulons d'autre preuve que l'expérience de M. Mœ- bius ; sa place se trouve être précisément au centre orga- nique, au confluent des trois Règnes, car il n'est ni végétal, ni animal, ni minéral, et il est les trois à la fois. C'est bien VUrschleim d'Oken ; le générateur de toute matière vivante, qu'on nous pardonnera peut-être de faire naître spontané- ment au fond des mers par simple réaction chimique, puis- qu'il nous suffit pour la faire apparaître dans nos laboratoires 1. Haeckel (E.), Le règne des protistes, trad. de J. Soury, p. 89 et passim. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 65 de verser quelques gouttes d'alcool dans de l'eau de mer. Considérons maintenant les Règnes au point de vue de l'origine des êtres qui les constituent. Marchons du simple au composé. Nous voyons le Règne minéral n'être d'abord représenté que par les corps simples ; puis nous passons aux composés binaires et aux ternaires, pour arriver aux quaternaires. Il est à supposer que, dans la nature, lapro- fi^ression n'a pas î'-t*' autre. Quand notre planète n'était qu'une nébuleuse, les minéraux flottaient à l'état de fluides inqiondérables, comme nous voyons encore l'oxygène et l'azote de l'air vivre côte à côte, sous forme de simples mé- langes (fig. 19). Plus tard, sans doute, se sont faits des corps binaires, dont l'eau, l'acide carbonique, les carbur<>s d'hydrogène nous ofTrent des exemples; puis des corps ter- naires', dont un groupe fut les hydrates de carbone, qui, eux, ont fini par donner cette matière quaternaire organi- que, matière de vie, composé vital, Urschleim. Formé au fond des eaux qui occupaient toute la surface du globe, ce composé vital a donné, sous l'influence des agents exté- rieurs, les protistes, les monères, ces êtres qui ne sont ni plantes ni animaux, mais ([ui ont d'égales aptitudes à de- venir l'un ou l'autre : pâtes molles , indifférentes, que façonnent les agents cosmiques. De structure rudimentaire, ils se montrent partout où les conditions sont identiques : ils sont d'origine 'polyphylétique. Une fois apparus, ils se modifient toujours de la même manière, sous les mêmes influences, mais aussi changent-ils avec une grande facilité, 1. 0 Les carbures d'hydrogène sont les plus simples des composés orga- niques. Une fois obtenus par la synthèse directe des éléments, ainsi que cela résulte des persévérantes recherches de M. Berthelot, on peut les transformer, par des méthodes régulières, en composés ternaires, puis quaternaires. Ils ont donc été considérés, à bon droit, comme les composés fondamentaux de la chimie organique. » (E. Bourgoin, Vrincl})es de la classif. des suùst. orga- niques. Paris, 1876.) 5 0(3 I50TANIQUE CKYPTOGAMIoUE si les iiitlueiices varient elles-mêmes. Ils se couipliciuent, deviennent végétanx on animanx , et leur polypliylétisme diminue au fur et à mesure que leur complication augmente. Leur structure devient bientôt telle, et résume en elle tant de modifications ac(|uises successivement, qu'il n'est plus possible d'admettre qu'un autre être puisse rencontrer les mêmes conditions et passer par les mêmes phases avant d'ai'river au même résultat, à la même condjinaison vitale. Les origines des êtres sont donc ainsi de plus en plus spé- cialisées, de telle façon qu'à ce point il ne peut plus y avoir que monophylétisme'. Notre schéma (fig. 18) retrace cette progression : partis du sommet du Règne minéral , nous arrivons par combinaisons successives au centre organique, et de là nous entrons dans chacun des deux Règnes par deux bases élargies qui correspondent aux régions où les êtres jouissent du polyphylétisme le plus t^xagéré. En s'éloi- gnant de ce centre, le polyphylétisme disparaît peu à peu, et, aux sommets, où les êtres sont les plus compliqués, on trouve le monophylétisme le plus accentué. Ceux qui, recher- chant les origines des êtres, se placent vers les sommets, déclarent que toute genèse spontanée est impossible; ceux qui se placent vers le centre organique admettent le con- traire : il n'y a dans toutes ces discussions qu'un malentendu. La genèse spontanée est impossible pour les êtres placés aux degrés supérieurs, mais elle semble indiscutable pour ceux qui se rapprochent du centre organique. A quelle limite cesse-t-elle d'être admissible'^ C'est ce qu'il faut chercher. Si, au lieu de considérer les groupes d'après le degré de perfectionnement typique, on les envisage en tenant compte surtout des variations qu'entraîne ce perfectionnement, le 1. Haeckel E.), Origine nionogénétique et poli/génétigue des règ7ies organiquca et des organes: Anal, de J. Soury, in Rev. intern. se, III, p. 481. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 07 schéma (fig. 19j que l'on obtient prend une forme ditTércMite de celui que nous avons donné page 61, sans que toute- fois les rapports des groupes les uns avec les autres aient changé. En effet, on les voit sortant tous de la matière qua- ternaire uiii({ue base de vie, subir des variations successives <> ^ -5a V ^A > \ ^ V •- .-«. - /V ^ ^ <" -, *' ^^^ ^ > ^ , -, oT«<^ ^^o t. -^ -^ Q^ t/, V'"\ ..V Kig. 19. — Schéma montraul les rapports des trois Rè^es au point de vue de leurs origines. et d'autant plus nombreuses qu'ils deviennent plus élevés en organisation. De telle sorte que chaque Règne a bien encore la forme d'une pyramide; mais les sommets continent vers le centre où elles se touchent, tandis que les bases sont tournées vers la circonférence. Cherchons maintenant à tracer, d'après ces données, le 68 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE cadre de notre étude de la Gryptogamie. Les Cryptogames se détachent des Phanérogames, s'unissent aux animaux en englobant une partie des protistes d'Haeckel, et enfin, se fondent, par les plus élémentaires de leurs représentants, avec la matière minérale organique. Il nous faut pourtant nous limiter, et le moins arbitrairement possible. La matière de vie ou composé vital formant notre centre, nous prenons autour de ce centre une zone, comprenant tous les êtres chez lesquels les phénomènes physico-chimiques sont assez prononcés pour donner la réaction vitale. Nous les appelons Pi'otorganisés ; ils s'éloignent de suite des représentants du Règne minéral , chez lesquels ces mêmes phénomènes tendent à s'affaiblir de plus en ])lus. Ces protorganisés ^ souche commune des êtres organisés, sont complètement confondus à la base, si bien que protoplasma et sarcode sont identiques. C'est dans ces régions que se placent les Mo- nères, que nous voulons croire aussi végétales (|u'animales. Au-dessus les Protistes ; là, nous commençons déjà à pres- sentir la séparation en protozoaires et en protophytes. Les différences entre les rois Règnes s'accentuent, les végétaux, les animaux, les minéraux se dégagent peu à peu les uns des autres et prennent définitivement leurs caractères. Poui- nous, nous sortons du groupe des Protorganisés, voici bientôt les Champignons et parallèlement, les Algues et autres Cryptogames vertes que nous avons déjà «mumérées plus haut. Mais la séparation ne s'est pas faite brusquement. Les Myxomycètes dont nous faisons des Champignons sont récla- més par les zoologistes qui en font des Mj'xozoaires ou My- cétozoaires, car leur mobilité les rapproche bien des ani- maux. — D'un autre côté nous côtoyons le Règne minéral, et nous nous en apercevons à ce que les Diatomées, voire INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 69 même les Corallinées, sont tellement encroûtées de silice ou (le calcaires, que l'examen superficiel les a fait ranger autrefois parmi les minéraux. Au reste, le Règne animal ressent aussi les effets de ce voisinage, qui opère les mêmes effets sur ses Coraux et ses Madrépores. Nous n'insisterons pas sur les Monères et les Protistes ; nous commencerons notre étude aux Protorganisés, et nous la terminerons au moment où se rencontreront les Gymnos- permes, les Monocotylédones et les Dicotylédones. IMPORTANCE DK ('.ROIPH D'après ce que nous venons de duc. les limites du groupe des Cryptogames ne présentent rien d'absolu et n'ont rien de la rigueur mathématique ({u'on croirait pouvoir y trouver, puisque chaque auteur peut les faire varier suivant la nature et les tendances de son esprit. 11 en résulte qu'U est difficile de supputer le nombre des espèces et qu'on ne peut donner que des chiffres approximatifs. D'autre part, ces chiffres sont expos(''s à des variations (pii di'pendent de la nature des objets en observation ; c'est ce que Payer exprime en ces termes : « Les Cryptogames sont, pour la plupart, d'une extrême petitesse, et ne peuvent être distingués qu'à l'aide de verres grossissants ; aussi le nombre des espèces que nous connaissons va-t-il constamment en augmentant à mesure que nos microscopes se perfectionnent, sans qu'on puisse jamais assigner une époque où un grossissement plus considérable n'amènera plus la découverte d'êtres nouveaux, parce qu'on aura atteint la Hmite de la plus grande petitesse possible. La Gryptogamie, sous ce rapport, offre quelque analogie avec l'astronomie, qui nous montre dans le ciel d'autant plus d'étoiles que les lunettes dont on se sert sont 70 I50TANIOUE CRYPTOGAMIQUE plus puissantes ; dans Tune et dans l'autre, le champ des observations est comme un horizon qui fuit à mesure qu'on s'en approche : il n'y a point d'autres bornes que celles de nos sens; et toutes deux prouvent que, dans les œuvres de la nature, les dimensions des objets ne sont que relatives \ » Toutefois les observations modernes permettent d'affirmer que les progrès de la Science amèneront de nombreuses réductions ; les espèces sont en efTet bien souvent polymor- phes, et ce polymorphisme a fait regarder parfois deux ou trois formes de la même plante comme des espèces distinc- tes, (|uand en réahté il n'y en a qu'une seule. Grâce aux infiitigables chercheurs, le nombre des Crypto- games ~ est devenu assez grand, pour qu'on ait été amené à faire presque de chacun des anciens types le centre de vastes- classes divisées elles-mêmes en sous-classes, et aussi dis- tinctes les unes des autres que les Cryptogames pouvaient, il y a quelques années à peine, sembler l'être des Phanérogames. D'où il ressort qu'aujourd'hui ces dernières ne paraissent être dans le Règne végétal qu'un terme de même valeur taxi- nomique que les Algues, les Champignons, les Fougères, les Gynmospermes.... Ces groupes semblent équivalents. M. T. Caruel ^ va plus loin encore : il propose de diviser le Règne végétal en cinq groupes, qui sont : 1° les Phanéroga7nes, et, sur la même ligne comme importance; 2° les Schisto- games (Charagnes) ; 3" les Prot/mllogames (Fougères, Prêles, etc.) ; 4" les Bryogames (Mousses) ; 5° Gymno- ganies (Algues et Champignons). Au premier abord, cette équivalence paraît difficile à ad- mettre, et non seulement, en suivant les errements anciens, 1. Payer (J.-B.), Botanique cryptogamique, p. 1. 2. Voir Liuué, Lyndley, Steudel. 3. Caruel (T.), Nuovo Giomale Botanico Italiano, vol. ÏX, ii" 4, ottobre 1877 INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 71 l'on ne met pas chacun de ces groupes au même rang que les Phanérogames, mais on maintient encore la Gryptogamie en un état de subordination marquée vis-à-vis de la Phané- rogarnie. En apparence, on a raison ; quel est le naturaliste, en effet, qui songera à assimiler, comme valeur, les Phané- rogames à chacun des groupes de Cryptogames? Les Pha- nérogames, à elles seules, ne comptent-elles pas, à la surface du globe, deux fois plus d'espèces, que tous les groupes de Cryptogames réunies? Cette façon de raisonner, plus mathé- matique que naturelle, perd au reste chaqne jour de sa valeur, grâce au progrès de la Paléontologie , cette science nous démontrant la raison de la prédominance actuelle des Phanérogames, dans ce fait que la tlore phanér()ganii([ue est dans sa croissance, tandis que la flore cryptogamique est dans son déclin (fig. 25). Les dillerents groupes de Cryp- togames ont eu, eux aussi, leurs grands jours, et celles que nous possédons aujourd'hui ne sont que des représentants d'âges anciens s'étant perpétués jusqu'à nous, bravant les conditions nouvelles d'existence qui leur étaient faites. L'équivalence peut donc se soutenir, mais il résulte de ce que nous venons de dire que le cryptogamiste ne doit pas borner ses observations aux Cryptogames actuelles, et qu'il doit les étendre aux espèces disparues. Pour chaque groupe, il lui faut tenir compte des espèces éteintes et les comparer à celles qui vivent de nos jours, et, pour la même raison, il ne doit pas oubher dans ses herborisations d'explorer les forêts des temps anciens, ensevehes dans les couches de l'écorce terrestre aux diverses époques de la vie de notre planète. Ainsi donc, sans que pour cela la Phanérogamie ait perdu de sa valeur, la Cryptogamie a conquis une importance considérable. Elle devient une science de premier ordre, si l'on veut rassembler en un faisceau toutes les connais- 72 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE sauces apportées par rétiide des groupes ([ui la composent. Le morcellement a facilité le travail de détail, l'analyse de chaque partie ; aujourd'hui, on tend à la réunion, à la syn- thèse. Après avoir taillé et préparé chaque pierre de l'édi- fice, on rassemble ces matériaux, on les agence pour voir si tout se tient, s'enchaîne et s'harmonise. Déjà au com- mencement du siècle, en 1819, Sprengel l'a tenté; en 1850, J.-B. Payer l'essaya de nouveau, et, depuis lui, M. Ber- keley, en 1857. a préparé, par la publication de son traité de Gryptogamie générale, l'avènement d'un enseignement nouveau. Nous avons été, certes, devancés dans cette voie 1, toutefois nulle part aucune chaire officielle n'avait encore été créée, lorsque M. Ghatin, en 1877, comprenant que la Gryptogamie ne pouvait rester une vague dépen- dance de la Phanérogamie et ({u'elle avait des droits légi- times à son autonomie, obtint pour l'Ecole de Pharmacie un cours officiel de Botanique cryptogamique^ . Mais, si la France peut réclamer le bénéfice de cette initiative, à l'Amérique revient l'honneur d'avoir créé en 1879, à l'Uni- 1. Cependant l'enseignement de la Gryptogamie s'imposait peu à peu en France. Chaque année, M. Duchartre, dans ses leçons à la Sorbonue, tenait ses élèves au courant de la science cryptogamique; au Muséum^ Ad. Bron- gniart, qui jusqu'à la fin de sa vie se montra avide de découvertes modernes, consacra à la Gryptogamie tout sou cours d'organographie et de physiologie de 1874, qui fut repris eu 1877 par M. Max. Cornu. Dans les départements, il en fut de même; je ne citerai que M. Micé à Bordeaux (1869 et 1872), et M. Lemoyne à Reims (1871-1872). J'avais aussi, en 1866, à l'École pratique de la Faculté de médecine, fait, pour les étudiants en médecine, un cours de Gryptogamie appliquée, dans lequel j'avais surtout insisté sur l'étude des Champignons comestibles et vénéneux, reproduisant dans ces leçons l'article qu; je prépa- rais pour le Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques (t. VH, p. 1). 2. « Ce double caractère, à la fois théorique et pratique, de notre enseigne- ment, se retrouve encore dans le troisième des cours complémentaires. Ce cours aura pour objet l'étude de ces êtres, qui ne sont inférieurs que par le rang qu'ils occupent dans la série végétale, mais non pas dans celui qu'ils réclament dans nos études; il vous familiarisera avec les diverses formes, les migrations, les métamorphoses de ces ferments, de ces vibriouiens, de ces végétaux parasites qui s'imposeront plus tard et bien souvent à votre examen. « (Ad. Ghatin. Discours de rentrée de l'École de Pharmacie, 15 novem- bre 1877, et Union pharm., XVHI, p. 342.; INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 73 versité d'Harvard, la première chaire de Gryptogamie , qu'elle a confiée à M. le D' W. T. Farlow. Cryptogamistes . — Si Thomme eût vécu aux temps de la houille , et si, à cette époque, la passion de la Bo- tanique eût été seulement ce qu'elle est de nos jours, les Cryptogames eussent en la phis belle place dans l'his- toire des plantes, même en admettant qu'elles aient eu pour rivales les Phanérogames. Ceux qui fréquentent les serres à Fougères ne nous démentiront pas, surtout s'ils se reportent à ces temps où les frêles représentants qu'ils ont sous les yeux étaient remplacés par leurs ancêtres, for- mant des forêts analogues à nos forêts vierges actuelles ; il en était de même des Prêles , des Lycopodes, et, sans doute, aussi des autres Cryptogames qui, plus délicates dans leur structure, ont disparu sans laisser de traces. Mais, aujourd'hui, les Cryptogames sont devenues si modestes dans leurs formes (fig. 20) et souvent tellement réduites dans leurs dimensions, elles attirent si peu le regard, qu'il ne faut pas s'étonner qu'elles aient été délaissées et que tout l'intérêt se soit concentré sur les Phanérogames. Ces der- nières tlattent l'observateur et attirent toute son attention. Combien admirent la majesté du Chêne et dédaignent les milliers de Cryptogames qui l'envahissent ! combien s'en- thousiasment pour la Rose et n'ont pas un regard pour les microscopiques Champignons qui vivent de ses feuilles ! Les Cryptogames semblent se dérober à nos recherches par leur petitesse extrême, par leur habitat et voire même par leur peu d'éclat. Aussi , la plupart des botanistes passent-ils indifFérents devant ces végétaux dont Sébastien Vaillant disait : « Ces captieuses Fleurs sans fleur, race maudite, qui semble n'avoir été créée ou inventée que pour en im- 74 IIOTANIQUE CRYPTOGAIMIOUE poser aux plus habiles, et désoler entièrement les jeunes Bo- tanistes, lesquels, en étant débarrassés, se trouvent d'abord en état d'entrer tète levée dans le vaste empire de Flore. » Quel attrait, en elFet, un botaniste peut-il trouver à l'étude de ces Mousses, de ces Fougères, ou à celle de ces Algues, Fig. tO. — Marchantia polymorpha (Hépatiques). (le ces Lichens, de ces moisissures et même de ces Cham- pignons dont les meilleurs ne peuvent être utilisés par la crainte qu'on a de les confondre avec leurs congénères vénéneux. Aussi les Cryptogames ont-elles été longtemps ignorées et, depuis qu'elles ne le sont plus, sont-elles res- tées dans le plus grand discrédit : à peine leur fit-on une place dans la classification. Quatre ou cinq genres leur étaient attribués ; la Phanérogamie accaparait presque toutes les faveurs des savants et du public. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 75 On peut s'en convaincre en suivant l'histoire du dévelop- pement de la Gryptogamie. Aristote, Phanias, Théophraste. Césalpin, J. Bauhin, Spiegel, Barrelier, Ray, Breyn, Plumier, Marchant. Pétiver, Sébastien Vaillant, Micheli. Dillenius, Schmiedel, Ginnani, Peyssonnel, Hill, Ellis, Baster, Targioni-Tozetti, Gmelin, Maratti, Borkhausen. etc. Modernes et contemporains. BRANCHES DE LA BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE Toute plante, qu'elle soit Cryptogame ou Phanérogame, doit, pour être étudiée d'une manière complète, être envi- sagée successivement à quatre points de vue différents : 1" On doit l'examiner dans tous ses détails de forme, de structure et dans ses variations morphologiques, afin de pouvoir arriver à la décrire de telle façon que chacun puisse la reconnaître : Botanique descriptive, 2" On doit rechercher quelles sont les fonctions diverses remphes par les organes, les appareils et les tissus étudiés^ précédemment, voir quelles peuvent être les déviations de ses fonctions et quels moyens pourraient être employés pour rétablir leur marche naturelle : Botanique 'physio- logique. 3" On doit, se servant des connaissances déjà acquises, tenter de trouver la place qu'une plante occupe parmi celles déjà connues et rangées dans les cadres de la classification : Botanique systématique. 4" Enfin on doit rechercher à quoi chaque plante peut être utilisée pour le bien de chacun en particulier et le bien- être de tous en général : Botanique ajypliquée. C'est la partie pratique, c'est le but utihtaire vers lequel convergent 76 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE toutes les autres études. Rien dinutile ne se fait. Le travail est une force, et la force ne se perd pas. Seul l'ignorant peut admettre qu'un travail peut ne servir à rien. Il est vrai que, souvent, le savant défriche le terrain de la Science sans trop savoir où il va; mais un jour ses découvertes, complétées et fécondées par d'autres, se trouvent utilisées au moment où il y pense le moins. Notre cours justifiera ces allégations. Prise séparément, chacune de ces branches de la Botanique est un vaste champ à parcourir, comme on va pouvoir en juger par le détail (jui va suivre ; aussi la plupart du temps, ne pouvant tout étudier à fond, les savants se parquent-ils dans l'une ou dans l'autre suivant leurs aptitudes naturelles, celui-ci faisant de la Botanique descriptive , celui-là des Classifications, cet autre de la Botanique physiologique, et enfin , ce dernier, des Applications. Il serait désirable que les botanistes qui se partagent ainsi l'histoire du Règne végétal , au lieu de former des écoles ennemies cherchant, par tous les moyens possibles , à faire triompher l'une quelconque de ces parties aux dépens des autres , com- prissent qu'ils doivent s'unir pour le bien de la Science et former un seul et unique faisceau de lumière. Qnk cer- taines époques un courant se fasse au profit de Tune ou Tautre de ces branches, cela est dans la nature des choses; que les savants naturalistes qui représentent Tétude mo- mentanément en honneur soient fiers de voir le progrès se faire dans le sens qui leur plaît, cela se conçoit; mais ils ne doivent pas se griser de leurs succès jusqu'à oubher que, prises séparément, leurs études, quelque brillantes qu'elles puissent être, resteront nécessairement incomplètes, si elles ne sont fécondées par les travaux qui se font dans les trois autres branches. Si nous enseignions la Botanique phanérogamique, nous INTRODUCTION A LÉTUDE DES CRYPTOGAMES 77 nous contenterions de l'exposé qui précède; mais, en Bota- ni(iue cryptoganiique, il n'en est plus de même : il est cer- taines des branches sur lesquelles il est utile de fixer l'atten- tion à cause de l'intérêt tout particulier qu'elles présentent pour nous. Au reste, cela nous permettra de dégager cer- taines notions générales indispensables pour la suite. A. — Botanique cr« pto^niiiiqiie «le.*tci*i|»tive. on l^ryptoff.'iiiiic- ']n?,- qu'ici elle n'a produit que des classifications plus ou moins artificielles, ce qui se conçoit, puisque, d'une part, on ne connaît pas toutes les plantes à ranger, et que, d'autre part, on ignore souvent les caractères complets de celles qu'on a essayé de classer. La classification naturelle a la prétention de retracer le plan de la nature; mais ce plan existe-t-il? Nous avons déjà eu l'occasion de répondre ailleurs que ' : 1° Si , comme on semble l'avoir fait jusqu'à ce jour, 1. Marchand (L.), Des classifications et des méthodes en botanique {Anii. Soc. Linn. de Maine-et-Loire, 1868, X, p. 37 et suiv. Tirage à part, 1867, p. 84 et suiv.) 86 BOTANIQUE CRYPTOGAAIIQUE l'on eiiteml par j^lan de la nature une sorte de casier à compartiments remplis par des espèces ; si l'on admet que ce casier a toujours été le même depuis la création , et qu'il restera tel jusqu'à la fin des siècles; si enfin l'on croit que ses compartiments sont en nombre limité, restreint, que les espèces qui les remplissent sont fixes et invariables, qu'aucune ne peut disparaître et qu'aucune ne peut se produire, nous ne pensons pas qu'un tel plan puisse exister. L'observation d'une part, le raisonnement de l'autre, démon- trent la mutabilité des espèces, la disparition de certaines d'entre elles, existant autrefois, et l'apparition probable de certaines autres qui n'existaient pas. Ne cherchons donc plus par des efforts inutiles, par des tentatives superflues, à retracer ce plan dans une classification. 2° Que si, au contraire, l'on regarde le plan comme l'en- semble des effets de la force qui crée les êtres, les maintient et les détruit, on peut admettre qu'il existe. Mais dès lors on aura, par l'action constante de la cause, la succession des êtres sur le globe, et, par la variabilité d'action de cette cause, on s'expliquera les modifications de ces mêmes êtres. — En saisissant les rapports de cause à effet, l'esprit peut en tirer des conséquences : ces conséquences sont ce que nous appelons des lois de la nature. On conçoit dès lors que, par induction, l'homme puisse chercher à appli- quer aux phénomènes futurs ces lois déduites de la consi- dération des phénomènes passés ; mais il ne peut le faire que dans les limites de son horizon borné, en se retranchant derrière un conditionnel qui résume toute son impuissance. Est-il possible de construire ce plan infini que nous admet- tons? Si nous nous sommes bien fait comprendre, on répon- dra : non, car la classification parfaite est impossible ; elle ne pourrait être tentée que le jour où la force épuisée s'arrê- INTRODUCTION A L'KTUDE DES CRYPTOGAMES 87 terait ! Cette classification, s'appiiyant sur la connaissance exacte de tous les êtres ayant vécu depuis l'origine du globe, les saisirait dans leur enchevêtrement, dans leurs rapports ; alors les séries complétées présenteraient une union, un enchaînement, une liaison par passages insen- sibles qui feraient de ce Règne végétal un tout parfaitement homogène, où la moindre séparation serait artificielle et arbitraire. Voilà comment nous pouvons nous figurer une classification parfaite; mais, nous le répétons, cette classi- fication est impossible à faire pour l'instant, car, la force agissant toujours et créant sans relâche, elle ne serait plus vraie le lendemain du jour où elle serait formulée : c'est un problème toujours posé et qui ne sera jamais résolu. La science botanique est comme toutes les autres : infinie comme la force ; l'homme tend sans cesse à la perfectionner, mais ce but, dont il se rapproche insensiblement, fuit devant lui et, sans cesse aussi, se dérobe à son étreinte. De ce que nous ne pouvons retracer la classification PARFAITE, s'ensuit-il que nous ne devions pas tenter de ranger les plantes qui croissent autour de nous ? Sans vouloir régler ce qui sera dans la suite des siècles, sans prétendre donner un arrangement déterminé des plantes qui ont été, sont et seront; en un mot, sans vouloir faire de l'immuable quand tout change autour de nous, réduisons nos pré- tentions à bien connaître les plantes qui ont existé et celles qui existent de nos jours ; nos successeurs s'occuperont de celles qui apparaîtront désormais. Cherchons à faire mieux que nos prédécesseurs si c'est possible, et espérons que nos descendants feront mieux que nous. N'oubhons pas que, plus que tout le reste, la Science est perfectible. La classification que nous pouvons donner peut-elle être naturelle, quoique le plan de la nature soit variable d'ins- 88 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE tant en instant? Nous le pensons ainsi. Que nous im- porte, en effet, cette variabilité?... Saisissons un de ces instants, et tâchons de retracer ce que nous voyons ; si la peinture est exacte et fidèle, le tableau que nous aurons obtenu sera naturel, c'est tout ce que nous devons cher- cher. C'est pour n'avoir pas voulu s'astreindre à copier la nature, c'est pour s'être obstiné à tout généraliser et à réglementer pour jamais, que l'on n'a fait le plus souvent que des tableaux de fantaisie, qui ne ressemblent pas à l'original. Gomment comprendre cette classification 7iaturelle ^ qui n'est pas la classification parfaite? Gomme une de ses parties, car cette classification, retraçant une des époques de la nature sera, si elle est bien faite, un des aspects de cette classification parfaite dont nous parlions tout à l'heure; mais, au lieu d'avoir ce tout complet par- faitement uni, parfaitement soudé en une seule masse homogène, ce ne sera qu'un ensemble de fragments dis- persés. G'est une vaste et splendide mosaïque en voie d'exé- cution, dont certaines parties ont déjà été détruites par le temps, tandis que les autres sont éparses de tous côtés. Le naturaliste a mission de rechercher ces fragments et d'en composer un ensemble naturel, en se servant, pour les réunir, des caractères extérieurs arbitraires de peu de valeur, tels que la taille, la forme, la couleur, etc., etc. Ces arrangements donnent des groupements artificiels. Avec de la patience, par l'analyse, par une étude approfondie de toutes les parties, on peut arriver à des agencements plus naturels. Une chose servira surtout : c'est la considération que ces morceaux forment des fragments parfaitement limités par des espaces vides, qui font des lignes de démarcation, des séparations ; cela simplifie le travail en le décomposant, INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 89 en le divisant ; on peut ainsi arriver à reconstruire un lam- beau assez grand par l'examen des diverses pièces, en les rapprochant suivant leurs degrés de ressemblance, en les éloignant, au contraire, d'après leurs différences. Ces pre- miers groupes obtenus, on agit pour eux comme on avait fait pour les pièces isolées, et l'on forme des fragments d'une plus vaste étendue. En suivant la même méthode, on finira par rétablir en place tous les objets. La mosaïque sera res- taurée. Et, s'il reste certains espaces libres, on peut affirmer ou bien que ces vides étaient occupés par des morceaux déjà disparus, ou bien (ju'ils seront comblés par des por- tions qui se trouveront plus tard. Le botaniste fera de même pour ses plantes : il pourra les disposer dans un ordre tout à fait artificiel, ou bien il tentera de les ranger dans un urdre naturel, c'est-à-dire dans un ordre tel que chaque plante occupe bien sa position réelle. Pour cela, sans s'inquiéter de ce qu'ils ont été ou de ce qu'ils deviendront, il réunira les Individus pour faire un groupe qu'il appellera Espèce; les espèces donne- ront un lambeau (ju'il nommera Gerive ; avec plusieurs genres il formera une Famille^ avec plusieurs familles une Classe; il arrivera ainsi à restaurer cette mosaïque végétale. Ici encore, il y aura certains espaces qui resteront vides, certaines espèces, certains genres, certaines familles même étant encore ignorées ou ayant été détruites. Jusqu'ici, les botanistes n'ont trouvé ni la classification parfaite, ni même la classification naturelle imparfaite; c'est à peine si l'on est en droit de dire que celle qui prend ce titre est un peu moins artificielle que les autres, et encore cet avantage est-il bien compensé, pour les débutants sur- tout, par la difficulté extrême qu'ils rencontrent pour s'y re- connaître. C'est pour cela qu'on a inventé la classification 00 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQIJK par la méthode dichotomique. Artificielle plus que toute autre mais, par cela même, d'un usage plus commode et qui conduit, eu mettant successivement en saillie les caractères différentiels les plus marquants, à l'espèce que l'on cherche, elle ouvre la porte du sanctuaire à plus d'un passant; c'est ce qui lui valut, peut-être, le nom de clef aiuily tique. Elle est pour la botanique d'un secours aussi puissant que le sont pour s'y reconnaître, sur une carte de géographie, les carrés tracés par les méridiens et les lignes de latitude. Elle sim- phfie la Science ; elle permet à un grand nombre de s'en approcher sans être rebutés par les difficultés que présente la classification naturelle; elle a droit à tous nos égards. Au reste, on semble l'avoir compris de touttemps, dans toutes les classifications, les grandes divisions se ramènent au système dichotomique. Lamarck n'a eu qu'à générahser la méthode et à l'appliquer à la détermination des genres et des espèces, comme on le fait pour les groupes plus élevés. Nous aurons souvent recours à cette méthode pour tracer nos tableaux. La Gryptogamie, pas plus que la Phanérogamie, n'a de classification parfaite ; nous essayerons de trouver celle qui se rapproche le plus d'elle ; mais nous ne devons pas nous dissimuler que l'entreprise est difficile. Ce qui surtout sera pour nous un embarras, ce sera le nombre des classifications déjà proposées. En effet, non seulement on a essayé bien des fois de. ranger, les uns par rapport aux autres, les grands groupes que nous avons reconnus , mais chaque groupe a été lui-même vingt fois classifié, chaque auteur remaniant, celui-ci les Algues , celui-là les Champignons , cet autre les Mousses ou bien les Fougères, etc. Nous ferons tous nos efTortspour ne point augmenter de la nôtre toutes ces classifications; nous essayerons, au contraire, d'établir pour INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 91 chaque groupe la concordance des vues des divers spécia- listes. Nous allons, nous aidant des. connaissances acquises par l'étude que nous venons de faire des différentes bran- ches de la Botanique cryptogamique , essayer de ranger les groupes de premier ordre. Nous classerons plus tard les sous-groupes que nous trouverons dans chacun d'eux. Une première question se pose ici : devons-nous tenter cet agencement? Payer, dans son Traité de Cryptogamie, comparant les Monocotylédones et les Dicotylédones aux deux grands continents, fait des Cryptogames une Océanie végétale^ dans laquelle chaque groupe formerait un îlot séparé de son voisin par une étendue de mer plus ou moins considérable. Cette ingénieuse comparaison pouvait sem- bler vraie il y a trente ans (1830), mais elle ne l'est plus au- jourd'hui, et chose curieuse, c'est Payer qui, le premier, par une contradiction singulière, a tenté de démontrer, quelques lignes plus loin, que des liens naturels devaient réunir ces groupes. A ce propos il gourmandait les savants qui, ren- fermés dans leurs ilôts, travaillaient isolément sans entrer en communication avec leurs voisins. Lui-même il se met- tait à la besogne, essayant de leur faire adopter un lan- gage commun à l'aide chiqnel ils pourraient se compren- dre. « J'ai cherché, dit-il, à obvier à ces inconvénients, en adoptant le même nom pour le même organe, quelle que soit la famille à laquelle il appartienne, quelque forme qu'il affecte et en n'ayant égard qu'à son origine et à son mode de développement '. » Les recherches modernes, les découvertes de chaque jour ont opéré la réunion. De même, en effet, qu'entre les îles de l'Océanie il se montre, peu à peu, des îlots nouveaux, par soulèvements madré- 1. Payer (J.-B.), Botanique cryptogamique, 2^ édition, revue par H. Bâillon, 1868, préface, p. vu. 92 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE poriques , de façon que l'on entrevoit le jour où l'Océa- uie formera un vaste continent, de même, dans notre eoRDiEe Fig. 21. — Chara frarjUis (Charagncs). Océanie végétale , sont apparus des îlots qui réunissent entre eux les groupes anciens , de telle façon que nous INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 93 n'avons plus qu'on vaste ensemble qu'il nous faut classer. Dans quel ordre les groupes seront-ils placés pour que les rapports que nous disons exister entre eux soient le mieux conservés ? La plupart des savants semblent avoir une préférence pour la série linéaire. On parle partout d'échelle et d'échelon supérieur et inférieur ; on avait rnéme inventé une grande échelle organique ; les plantes étaient en bas et les verti'bn's tout à fait en haut, avec riionune couronnant le tout. Mais on a vu que cette ('chelle unique était irrationnelle, et Ton en a inventé deux, reliées par les échelons inférieurs, à la façon d'iuie échelle double : l'une serait IV'clielle M'o-t'lale . l'autre rt'éhelle animale. Ne nous occupons que de cette dernière, et es- sayons de ranger nos grou})es sur les ('chtdons de cette échelle. Il est de toute évidence que l'on nous a réservé les échelons inférieurs, les derniers. Quel est le groupe auquel nous donnerons l'échelon le plus bas ? Discussion sur la question de préséance des Algues ou des Champignons. Opinions diverses. Supposons, toutefois, ce premier point réglé, qui prendra place sur l'échelon n° 3? les Gharagnes (fig. 21 j? Opinions diverses : Ant.-Laur. de Jussieu, Robert Brown, Ad. Brongniart. Serons-nous plus heureux pour le choix du groupe au- quel on doit nous assigner la place supérieure ? existe-t-il un groupe qui tranche assez par sa supériorité pour que la première place lui revienne de droit ? Prétentions des Lycopodes, des Rhizocarpes, des Prêles, des Fougères, etc., etc. Raisons invoquées en faveur de la su- périorité des unes et des autres. 94 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE La classification en une série linéaire unique est donc impossible à établir; nous sommes, ainsi, naturellement conduits ;i admettre la classification en séries parallèles, classification parallélique ou classification dans l'espace. Nous mettons d'abord à la partie inférieure, au même rang^ se confondant même par un certain nombre de leurs représentants, les Algues et les Cbampignons, leur base étant comme enchâssée dans le groupe des protorganisés. Ils se ressemblent, en ce qu'ils n'ont ni prothalle ni proto- néma et qu'ils sont amphigènes; ils diffèrent les uns des au- tres en ce que les Algues ont de la chlorophylle, tandis que les Champignons n'en ont pas. Les Champignons semblent former une série interrompue qui ne se retrouve avec le caractère atténué de parasitisme que dans les Cytinées, les Balanophorées et les Raflésiacées, famifies d'ordre plus élevé. La série des plantes vertes réductrices, commencée par les Algues se continue par les Gharagnes, les Hépatiques, les Mousses , plantes à j^'f'otonema qui tentent d'échapper à la vie aquatique : cellulaires comme les Algues , elles sont acrogènes comme toutes cefies qui les suivent. Sur le troi- sième rang, les six autres groupes en cohorte, devenant terrestres^ ayant tous un prothallium et non un proto- néma; acrogènes, ce qui les rattache au deuxième groupe; mais vasculaires, ce qui les élève et les fait tendre vers les Phanérogames. Au reste, celles-ci semblent venir puiser leur ressemblance sur ces six types de Cryptogames, ainsi que nous aurons à le faire ressortir plus tard. Le tableau suivant nous semble bien rendre les rapports des différents groupes les uns avec les autres, et il nous montre la concordance des principales classifications pro- posées jusqu'à ce jour. En l'étudiant en détail il est facile de se rendre compte de l'enchaînement des séries. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 95 n •w y, a Q ■M o u Q 2 s I 1^ o .r ACULOROPHYLLÉKS couiburautes, dé"a"eutdu carbone. H O C3 •1) 11 •4) 3 73 •a o Q •M -4 H O O <: 09 CllLOROPHYLLÉES réductrices, fixeut du carbone. 5J g ai c ■fj «. Zl «1 îT -a ;-' "■f L. o .~ O ■j; ^ ai ■a 'a, 5^1= = 3 4^ î o ::. y, o a te H 1 s: o ^ O 1 te '^ s O C. ^i t-, o u a ce U' rt. < s ^ ■OJ U a c -< es t- — 1 tt o î- 1 O es o ^ s >-i v: 1^ O — ' a te a C3 «3 es c t-l o H O Ferments, Monère?. Bathvbius. 96 BOTANIQUE CRYPTOGAMIoUE [" Les Champignons n'ont point de chlorophylle et sont comburants ; toutes les autres sont réductrices ; les Cham- pignons doivent donc être séparés de toutes les Cryptogames à chlorophylle. 2° Les Algues et les Champignons, renfermant un certain nombre (Vi^spèces aussi réduites que possible, doivent se partager la place inférieure. 3° Les Champignons et les Algues sont amphigènes et doi- vent se côtoyer. 4" Les Charagnes, les Mous- ses, les Hépatiques sont cellu- laires, comme les Champignons et les Algues, et s'en rappro- chent plus que les autres grou- pes. o°Mais, en même temps, étant acrogènes, comme les Fougè- res, les Rhizocarpes, les Prêles, les Ophioglosses, les Lycopo- des, les Isoëtes, ils sont supé- rieurs, par ce fait, aux deux premiers groupes. 6° Les Fougères, les Rhizo- carpes , les Prêles , les Ophioglosses , les Lycopodes , les Isoëtes (fig. 22 î, étant acrogènes et vasculaires, présentent une complication (|ui les place de suite au rang le plus élevé. 7° Les Cryptogames dont les spores reproduisent de suite un végétal semblable à celui dont ils sont sortis sont sur le même rang : Champignons, Algues. Ceux dont les spores produisent un protO)ie?na se trouvent réunis : Cha- INTRODUCTION A L'iVrUDE DES CRYPTOGAMES 97 ragnes, Mousses, Hépatiques. De même les autres groupes qui produisent un prothallium. Cette classification en séries parallèles de beaucoup meilleure que la classification en séries linéaires, ne donne ridée du plan naturel qu'à la condition de supj)oser (jue ces séries se coordonnent les unes par rapport aii.v autres, non seulement dans tous les sens, sur un plan dispositio)t mappaire i), mais bien dans tous les sens, dans l'espace {disposition coarn i(jve'^\ . (Àda es! dfi au monophylétisme^ qui, ('(ininic luuis lavuiis dit 'p. i\X , se pnmimre di» j)liis en j)lus il mesure (pidn scicvr diuis le lirgiie végétal. .Xoiis ne pouvons, poiu' la repi-esenlation giapliicpie, ipie leproduire la disposition mappaire, et pour l'exposition orale nous sommes forcé de suivre la série sinq)le, ce qui n'a aiu un inconvénient dès qu'on est pénétré des avertissenn'uts que nous venons de donner. d. Paléontologie (zaXatô;, ancien, ovtx, êtres, Ypâ-?''''' décrire). Il V a (piel({ues années Ji jii'ine . le naturaliste pouvait penser (jue sa tàebe était terminée (piand il était ai'rivé à donner un nom a eba((iie (Cryptogame et qu'il était par- venu à la placer tians un ordre à peu près rationnel, en s'ap- puyant sur les données fournies par les autres branches de l'étude (jne nous avons successivemiMit envisagées jusqu'ici. Aujourd'hui, il n'«Mi est plus de même : la Paléontologie, cette science née d'hier ^ et ({ni a déjà été si féconde en résul- 1. Liane : Plantœ omnes afpnitatem monstrant uti territoriuin in mappa yrapliica. •2. Jussieu (Ad. de;, Dict. uniu. dhist. nat. d'Orbigny, XU, p. 407. — Cours élémentaire il' hiat. nat. (Botanique), p. 401. 3. Haeckel (E.), Origine rnonogénéiique et polygénétique des trois Règnes organiques, aoal. Jules Soury in Revue intei-n. des sciences, UI, p. 481. 4. Nous n'ignorons pas que oOO ans avant notre ère, Xénophon de Colo- phane parlait des débris d'êtres organisés trouvés dans le sol ; nou^ savons 98 BOTANK.^UK CIVYPTOGAMIgUE tats, il (léniontro que la végétation cryptogami({i]e actuelle n'était composée que de représentants dégénérés d'une végétation aiitéi'ieure où les prédécesseurs des Crypto- games actuelles formaient des forêts composées de plantes atteignant des dimensions colossales ; ce sont ces forêts qui, ensevelies dans les eaux (ainsi que cela se fait encore de nos jours), ont formé, pour une grande partie du moins, ces vastes l»iissins de houille (ju'on exploite actuellement et dans lescpiels on retrouve leurs gigantesques débris. Aussi la j)aleoiitologie est-elle une partie intéressante de l'étude des Cry|»togames ; elle le dcîvient surtout quand on songe que, seule, elle peut donner la clef de bien des questions d'une haute portée scientificpie. C'est surtout pour elle qu'on peut dire avec M. Crépin, « elle a restauré de gran- des et magnilicjues pages de l'histoire de la Terre; par la comparaison des formes éteintes avec les formes vivantes et par l'étude d(^ leur succession et de leur distribution dans l'espace et dans le temps, elle a foui ni des éléments pré- cieux pour la solution du grand ])roblème de l'origine et de l'évolution de la vie sur le globe '... » Nous nous arrête- rons donc ici (juelques instants, poin- iiidi(juer sommaire- mfrnt les régions de l'écorce terrestre dans lesquelles nous aurons par la suite à placer les Cryptogames fossiles, ancê- ti'es de celles (jue nous possédons. qu'après lui, Uérodote, Aristote, Théopliraste, etc., se montrèrent fort intrigués par ces fossiles ; nous reconnaissons, de même, que, dans une époque bien plus rapprochée de nous, Albert le Grand, Léonard de Vinci, Bernard Palissy, Gesuer, Bufl'on, etc., etc., ont interprété leur production de façons fort diverses, malgré cela nous ne pensons pas qu'on puisse faire remonter l'histoire de la Paléontologie, en tant qv science, plus haut ({ue le commencement de ce ï^iècle : J. Lamarck, G. Cuvier, W. Smith, nous en semljlent les fondateurs. Eucore ajouterons-nous qu'elle ne prit toute son importance et tout son in- térêt que depuis lHa9, époque à laquelle M. Darwin, par la publication de son livre sur VOriçfhic des espèces, força les savants naturalistes à compulser avec lui les archives de notre planète. 1. Crépin, Gwîrfe (hi botaniste en Bel;/i(/ue. 1878. INTRODUCTION A L KTLDE DES CRYPTOGAMES \)\) Tous les savants s'accordent à peu pi'«>s pour penser que notre planète, en prenant tonne, commença par être une masse incandescente lancée dans l'espace . mais retenue dans le système solaire par une iurce d'atti'action qui ne lui |ieiinil de s'éloiLjiier (|ira une certaine distance. En ron- lanl SIM' SUN axe et toiniiaiil. en iiieiiie temps, anliiiir du soleil i|iii la letienl captive, la IxMile pàleiise s'aplatit aux deux extrenntes de l'axe, la mi sont ce (|iie nous appelons les pùies. l'Jiiettaiit dans loiis les sens des ravons lumineux el caloi'i(pies, elle perdd peu a peu de sa lunnère et de sa clia- leui-. pâlit, s'assondtril. se retV(»idd el se \oila dahoi'd dune croûte leiiei'c : tel on \oil le ter lii'c hlanc de la l'oriic roiii^ir, s'ass(nnlii"ii'. brunir. |»uis s'éteindre, (letle prennere cr(»nte retVoidie eut ii se redissoudre l»ien des fois, sans doute, mais il vint un instant ou elle se mauitint. emprisonnant dans S(»n centre un noyau en pleine liision et toujmus houil- Icnmant. Noti-e planète s'i'fait ('teinte, tontetois il est à croire qu'elle resta longlenqts encore a une tempeiatin'e prodi- gieusement élevée. Pendant ce tenq)s. ratmosjdière, com- posée de particules volatilist'cs mainteinn's eli>ignées les unes des antivs, par sinle des re})nlsioiis devel(»j)p(''es par la chaleur, se l'approchail au fur et à mesni'c ([ne le refroi- dissement s'opéi-ait : la vapeui' d'eau se trouvait formée. En tournant avec la Tei're. les couches les plus externes de cette atmosphère brûlante se refroidirent elles-mêmes et, entraînées par leur })oids, descendirent à la surface du sol; mais, aussitiM volatilisées, elles remontaient. 11 se pro- duisit ainsi d'énormes courants incessants, remportant du caloriticpie pour le perdre, à chaque fois, dans les espaces. On comprend que, peu à peu, le globe, ainsi déchargé de sa chaleur, permit enfin à la vapeur de demeurer sous sa forme; cette concession fixité, la vapeur se condensa, 100 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE des nuages se formèrent, et ini nouveau voile s'étala entre le noyau terrestre et le soleil. Ce voile fut luie nouvelle cause de refroidissement, car il intei'ceptait désormais les rayons lumineux à la manière d'un écran. Un jour, la pluie tomba ])0ur se volatiliser sur la siu'face encore brû- lante ; mais ce (|ui ('tait arrivé pour la vajjcur se passa pour la pluie, et bientôt la pi-emière g-outte se déposa sur le sol, assez refroidi pour ne plus produire d'ébullition. Cette goutte fut suivie de bien d'autres, et la Terre se vit entourée d'eau. Celle-ci, toujours à une haute température, dissolvait les éléments de la couche solide, qui s'épaississait peu à peu en dessous. Le noyau emprisonné sous l'écorce première se refroidissait , et en se refroidissant il se rétractait ; or , comme la nature « a horreur du vide » , le noyau ne pouvait se rétracter sans être suivi de l'écorce durcie ; mais celle-ci, devenue trop grande, se plissa, se déprima en certains points, tandis que d'autres restaient en surélévation. A ce moment, les eaux se précipitèrent dans les excavations. Les pre- mières mers étaient formées et les premiers continents émergeaient , les premières chaînes de montagnes se des- sinaient, il nous est permis, grâce à la géologie, de connaître la conqjosition du sol de ces temps primitifs. Ils sont formés d'assises de granités, de micachistes, de talchites ; ce sont ces couches qui devinrent le point de départ de toutes les autres. Toutefois la Terre ne restait pas en repos, et ce (jui s'était passé une première fois se reproduisit à des intervalles plus ou moins longs ; l'écorce se pliait et se repliait^ les mers étaient déplacées sortant de leur lit inondant, bouleversant, arrachant tout sur leur passage, usant les roches, roulant leurs débris, les réduisant eu poussières qui se déposaient au fond de leurs cuvettes dès que le calme était rétabli. On INTRODUCTION A L'KTUDE DES CRYPTOC.AMKS lOI conroit qu'avec ces limons et ces sables ont tlù être broyés tous les êtres, plantes, animaux qui pouvaient se trouver soit dans les eaux, soit sur les continents. Peu à peu, le globe prit la configuration qu'il a de nos jours. L'atmosphère re- froidie se glaça sur le haut des montagnes, et c'est de là que descendirent les fleuves qui vont à la mer: d'autre part, les continents ont des di'pressions où se di'posèi'ent les eaux pluviales, et dans ers bassins d'eau douce il se forma, connue an iniid des mers, des dépôts eu lils, en .strates, connue \\n\ dil , formés j)ar les eaux. C'est ainsi que maintenant (»n |)eiit compter une siM'ie de couches succes- sives (|ni forment. au-d<'ssus des roches j)rinntives. (piatre groupes de tei'raiiis d'(»i*igiin' aipieuse. (|n"oii nonnn<' en les suivant de bas en haut : 1" terrains de tiansition, 2" ter- rains secondaires, 3" terrains tertiaires, i" terrains (piatcr- naiics ivoir fig. 25). Il en est une autre es})èce : ce sont les teriains d'm'igine ignée. Le craquement de l'écorce a laissé des interstices, et. par ces voies ouvertes, la matière miné- rale (pii bouillonne au centre du globe se précipite, arrive jusqu'an sol. sur lequel elle vomit des roches en fusion; s'arrètant parfois en chemin, quand le ti'ajet n'est pas assez direct, mais partout sur son passage déposant ses produits, et de plus, remaniant et taisant entrer, de nouveau, en une sorte de fusion secomlaire les teriains s^klimentaires (qu'elle touche et avec eux tout ce qu'ils peuvent contenir {roches métamoi'p/nques). Telle est en résumé l'histoh-e de la vie de notre planète depuis sa naissance jusqu'à nos jours. Fossiles. — Ce qui a permis le classement des diverses roches dans l'état que nous venons de donner, c'est bien moins la différence de leur nature minérale que la présence de ces débris d'êtres organisés , animaux et végétaux , H)-i KOTA.MoUE CRYPTOGAMIQUE enfouis dans les sédiments, surpris par les cataclysmes, qui non seulement ont modifié la configuration et la position respective des mers et des continents, mais qui, en outre, déplacèrent les êtres vivants dans les eaux et sur les terres, changeant ainsi brusquement leurs conditions d'existence. (( Une feuille en automne tombant sur le sol. dans les al- lées humides des bois, foulée aux pieds, laisse sur le sable ou sur la terre des empreintes ; celles qui tombent sur les eaux gagnent le fond et produisent des empreintes analogues dans le limon des eaux. Si après des siècles ces couches se transforment en roches, on pourra entre les feuillets de celles-ci trouver des empreintes que Ton retrouvera plus tard. (( Telle est la façon dont un grand nombre d'empreintes végétales se sont produites. Que celles-ci proviennent de feuilles, de racines, de tiges, de rameaux, de fleurs, de fruits, elles ont exigé le concours de l'eau et d'éléments minéraux. « Les plantes aquatiques se sont déposées au fond des eaux où elles croissaient ; les plantes riveraines se sont dépo- sées sur les bords limoneux des cours ; enfin les plantes des lieux secs n'ont pu se conserver que si les eaux les ont saisies sur leur passage pour les enseveUr dans leur vase. Ajoutons que ces trois catégories de plantes ont pu, dans certaines circonstances, être entraînées par les eaux cou- rantes et déposées à des distances plus ou moins considé- rables, éloignées de leur habitation, soit à l'embouchure des fleuves, soit sur les rivages de la mer. « L'envasement ou les eaux minéralisantes étant abso- lument indispensables pour la conservation des végétaux à l'état fossile, il en est résulté que les espèces aquatiques ou riveraines et celles des bas-fonds ont été conservées en plus INTRODUCTION A LKTUDE DES CRYPTOGAMES 103 giaud nombre «|iie celles qui uiit vécu dans les lieux secs. Il est probable qu'un très grand nombre ont disparu sans laisser de traces. Si les végétaux de ces deux catégories s'étaient conservés dans une égale proportion, nous trouve- rions sans aucun doute moins de vides, moins d'interru()ti(Ui dans les cadres toxinomi([ues des tlores fossiles ', )> En résumé, l'écorce du trlobi' se trouve formée de cou- Fig. Si. — X'iiinpleris .ipeciosii (Koiigrics). ches qui se superposent et se suivent connue les pages diiii livre. Sur clKupie |)age ifig. 23', les enq)reintes fossib's en forment connue rillustration reproduisant la forme, la figure, les dimensions des êtres qui vivaientalors et qui, surpris dans leur vie par les révolutions de la planète, sont restés comme les témoins de ces époques. Le paléontologiste a pour mis- sion de déchiffrer ce livre, et, pour cela, il fait une enquête dans laquelle chaque témoin vient déposer. Quand, jiar acci- dent, une page a été arrachée et emportée au loin, il la cherche pour la remettre en place ; si, par contre, il lui tombe sous la main une page égarée, fourvoyée au miheu 1. Crépin, Guide du botaniste belge, p. 166. 104 BOTANIQUE CRYPTOfiAMIQUE d'auties dont elle n'est ni le début ni la suite, il force pour ainsi dire les fossiles à parler, et par ce moyen il arrive à connaître les raisons de l'accident (jui avaient amené le dé- placement. C'est ainsi qu'on est arrivé à écrire l'histoire de la Terre ; c'est ainsi qu'on a pu connaître le passé de nos Cryptogames. Si donc nous ouvrons le livre et que, pour prendre une notion générale de l'histoire que nous voulons retracer, nous en parcourions rapidement les pages, nous constatons que les Cryptogames sont les plantes qui se sont montrées les premières ; pendant longtemps sans doute, elles ont été les seules qui pouvaient exister ; à l'époque où aucun con- tinent n'était émergé, il y a tout lieu de croire que les Al- gues seules occupaient la niasse liquide. Aussi ne ren- contre-t-on qu'elles dans les couches laurentiennes. Quand les terres se sont montrées , les défricheurs du sol, les Lichens ont dû apparaître (p. 10), pour préparer l'appari- tion des plantes qui suivent. Tournons un feuillet, et nous voici tout à fait au commencement de l'âge primaire ou pa- léozoïque. qui nous montre les Mousses et les Fougères ; tournons une page encore, et nous voici arrivés aux grands jours des Cryptogames (fig. 24) ; nous y sommes en pleine période houillère; mais, avec elles, se rencontrent justement une partie des ancêtres aussi de ces végétaux, qu'on ne peut s'empêcher de rapprocher d'elles : les Conifères et les Cor- daïtées, les Cycadees, etc. Si nous poursuivons, nous voyons les Crypt(»games se succéder jusqu'à nos jours, mais en dimiiHiant de taille et d'importance : on sent comme un groupe qui s'éteint et tend à disparaître \ Par contre, ils 1. Nous reuvoyons au tableau que Ad. Brongniart a donné des végétations aux différentes époques. Nous nous contenterons de citer quelques chiffres seulement. A l'époque carbonifère, sur 500 fossiles, 352 étaient fournis par les Fougères, les Lycopodes, les Prêles, 135 par les Gymnospermes^ pas une IMKUbLLllUN A L ÉTUDE DES CRYPTOCUMES lu:. sont j-(Mni)lacés jmmi à pou par les Dicotylédones, qui, ii r«'po(Iu(' actuelle, semblent être clans leur puissance ; quant aux Gymnospernies et aux Monocolytédones, ils paraissent être désignés pour suivre les Cryptogames dans leur dispa- iilioii. M. Ilacckrl professe une opinion ' qui ne difTère ([ue par Kl g. l"i. Leptdodeiidjon gracile (Lycopodes). des détails de (t'Ilrs ijuc nous \cnoii> d csjKjser, ri il est appuyé de l'autorile de .M. Ch. .Marlins -. Au reste, il est curieux, comme preuves, de rajtprocher le tableau (jue domie la paléontologie de celui ampiel nous sonunes arrivt's Dicotylédoue, 1j Moaocotylédones très douteuses; à répoque miocène, il u'y a plus que 33 Cryptogauies, 40 Gymnospermes et 143 Dicotylédones. Les noms d'espèces ont pu varier depuis que cet article a»été écrit, mais la con- sidération générale ne change pas (Voyez Brongniart (Ad.), Dkt. hist. nat. d^Orbigny, article Végét. fossilesi. 1. Cependant les Algues marines ont paru les premières, les Mousses et les Champignons à Tépoque dévonienne avec les Fougères et les Lycopodes. Pendant la période houillère, les Conifères et les Cycadées se sont réunis aux deux classes précédantes. L'apparition des Monocotylédones ne remonte qu'à la période jurassique; celle des Dicotylédones est contemporaine de la craie; et dans cette division les plantes dont la Heur n'est entourée que d'une seule enveloppe ont précédé celles qui ont deux enveloppes florales, (llaeckel, Histoire nat. de la a-éaiion, 1870; analyse in Bull. Soc. bot. de France, XWUl, 1871, Bibl. p. 33.) 2. Martins (Ch.), Revtce des Deux-Mondes, 15 décembre 1871. ion 150TAMOUK (:KYPT0GAMI^)UE par l'examen de tous les aiiti'es caractères; on les voit se correspondre prt'sqne tei'nies îi ternies: — laurentin : \\- (Tiies; — dévonien : Hépatiqnes. Mousses, commencement des Fougères; — Carbon ifèri» : Fougères, Lycopodes, Prè- les, Khizocarpes 'fig. 25). D. — Roi.'iiiiqiie C'i>«pios:iRni<|ii(' appliquée ou ci'vptoi^aïuie nppli<|iiée. Nous n'avons à traiter ici que des applications de la Cryj)- togamie dans ses rapports avec les sciences médico-phar- maceutiques. Quoique enserrée dans ces limites, l'étude des Cryptogames offre encore un grand intérêt, comme on peut s'en convaincre par le simple exposé suivant, dont tout notre cours ne sera que le développement. Nous divisons ces applications en deux sections. Nous plaçons dans la première toutes celles (]in intéressent le pharmacien dans l'exercice de sa profession : ce sont les applications directes; nous plaçons dans la seconde celles qui intéressent le pharmacien en tant que naturaliste et savant : ce sont les ajjplications indirectes. A. Applicaïioxs directes. — Étant donné cet ennemi, la maladie, le médecin et le pharmacien se lignent contre lui : le médecin l'observe, en démêle les embiicli(\s, tire les plans, dirige la défense; le pharmacien fournit les moyens de com- bat, les médicaments, et répond de leur action, de leur pureté, sinon de leur efficacité. L'un pense, l'autre agit, l'un est la tète, l'autre est le bras; si le pharmacien ne peut rien sans le médecin, celui-ci ne peut rien s'il n'a l'aide du pharmacien. Le sens commun l'a si bien compris, qu'eu cas d'erreur la loi les fait sohdaires : le médecin a le droit d'or- donnance, le pharmacien celui de contrôle. En vain vou- dra-t-on snbalterniser l'un des deux, ils sont égaux; toute INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 107 Tour lie s cS ^ ^ ^ ^ ^ tf)rociles Crjphitcs . . . et Dijnijiid «a SjthytliLii 5 S: -va?ij-;sfe5 1 ! -•; j^ JZîT 'c>c oco Alfut/'ons S D,tuv,un, ( C|)lasiiia (^n sarcodc est parfois iiu, tout ;i fait di'pourvii de membrane celliil(tsi(|ii('. en sorte ([u'on ne saurait dire, j)endaiil iiiic ioiii^nic juMiodc de smi existence, s'il est végétal on animal ; ce (|n'(iii peut ariiiniei'. c'est qu'il est fait de matière vivante, car on la voit s'agiter, se dt'pla- cer, changer de forme. Elle est, là, représentée par (piel([ues atomes de carl>one, d'azote, d'oxygène, de soufre, de phos- phore, maintenus dans leurs rapports icspectifs par les forces d'affinité et d'attraction , et poui'tant cette matière sent, respire, se nourrit : elle vit, en un mot. Onelle est donc l'essence de la vie ? réduite a cette simplicité, il est à espérer qu'on arrivera à résoudre cette cpiestion. L'étudt; attentive de ces infiniment petits éliMuentaires, de ces êtres débarrassés de toutes les complications cpramène une organisation à fonctions nndtiples, nous renseignera peut- être bientôt, et nous saurons si la rie de ces plasmodies est la résultante des actions physico-chimiques des atomes en contact ou si elle est une émanation d'un p]tre supérieur. A côté de ces questions capitales vient s'en poser une autre qui en est comme le corollaire. Ce sarcode, si simple dans sa composition, osciUant sur la limite qui sépare l'or- ganisé de l'inorganisé, est-il de création mystérieuse ou bien s'est-il simplement formé, comme les corps organiques qui l'ont précédé sur la Terre, par les simples lois de l'affinité 132 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE et de la cohésion? en d'autres termes, doit-on admettre une genèse naturelle, une formation spontanée par union d'éléments préexistants? ou bien doit-on soutenir que sa production est due à une intervention surnaturelle appor- tant un élément qui ne préexistait pas, en un mot a-t-il été le produit d'une créatmi F Grand problème posé depuis (|ue l'homme raisonne, mais resté insoluble parce qu'il a raisonné sur des êtres complexes. Ramené à des termes plus simples, il deviendra plus abordable, et l'on peut affirmer que, si jamais on en trouve la solution, on la ren- contrera sur le terrain de la Gryptogamie. Problème insoluble ! dira-t-on ; pourquoi ? La Grypto- gamie n'a-t-elle pas déjà prouvé que, dans ce sens, le mot insoluble n'est pas scientifique, et, pour ne citer qu'un fait, n'a-t-elle pas donné la solution du problème de la féconda- tion ? La lumière jetée par l'étude des Gryptogames sur cette fonction permet d'assurer qu'il en sera de même des autres. Ge n'est point sur des êtres à structure et à fonc- tions complexes qu'il faut chercher l'explication de ces pro- blèmes, c'est sur des êtres simples où chaque fonction se trouve dégagée des autres, comme par une sorte d'analyse opérée par la nature elle-même. Nous verrons que, déjà, on a trouvé le moyen d'expliquer les modes de formation, d'accroissement et de multiplication des cellules. De ces formes rudimentaires où le protoplasma est à nu, dépourvu qu'il est de membrane cellulaire, on monte aux formes qui touchent aux Phanérogames, auxquelles on passe insensiblement. Nous verrons qu'il y a comme une marche ascensionnelle par complication successive des êtres qui s'élèvent à mesure que les fonctions deviennent plus nom- breuses, se spécialisent et se limitent dans des organes ap- propriés, de telle sorte qu'en suivant pas à pas le dévelop- INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 133 peinent du monde des végétaux on a comme le sentiment d'un perfectionnement qu'on voit s'accomplir ; c'est comme la physionomie de ce perfectionnement que doit rendre la classification naturelle. — Mais pourquoi ces plantes rudimen- taires? pounjuoi n'a-t-on pas que des plantes parfaites? d'où viennent les unes, d'où vien- nent les antres? poun[iioi cette intV'i-iorité d'organisati(»n des Cryptogames? Les paléonto- logistes ont répondu à cette question. En fouillant l(^s pro- fondeurs de l'écorce terrestre, ils ont découvert le secret de son histoire. Ils ont vu (pie les couches superposées con- tiennent les débris des végé- taux qui se sont succédé à la surface de la terre depuis ipie le sol est assez refroidi ponr permettre la végétation. — Mais, en même temps, ils ont vu que plus on descend vers les premiers âges du monde plus se fait sentir la prédomi- nance des Cryptogames, si bien ^''- ''■ " ^*"^^'"" *^'"''"'^"" ^^"'"^• qu'à certaines époques elles représentaient à elles seules tout le Règne végétal, et cela tant par leur nombre que par leurs puissantes dimensions : les prédécesseurs (je ne dis pas les ancêtres) de nos maigres Equisetum (fig. 30), de nos chétifs Lycopodes (fîg. 8j étaient des arbres gigantes- 13 4 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE ques, et les majestueuses Fougères des époques carbonifères (fig. 1) n'ont plus, pour les représenter, que quelques espèces qui ont été obligées de se réfugier dans certaines contrées spéciales, pour échapper à la décrépitude complète qui, dans nos climats, a frappé leurs congénères. Ainsi donc, lorsque l'on trace l'échelle d'apparition, on trouve encore les Cryptogames à la base et les Phanérogames au sommet. L'échelle d'apparition aurait-elle quelque concordance avec l'échelle de perfectionnement? ne pourrait-on pas même, en superposant les deux échelles, reconnaître que les échelons se correspondent terme à terme? Les Crypto- games de nos jours ne seraient-ils que les derniers restes d'un monde végétal qui s'efface peu à peu pour faire place à une flore nouvelle plus perfectionnée *??? Mais alors quel horizon se découvre ! que de questions se pressent dans notre cerveau ! que de problèmes nouveaux se posent à notre raison! si cette progression existe, comment expli- quer la création, ou inversement comment la création en exphquera-t-elle la succession? par les créations suc- cessives !.... Mais c'est arriver par un autre chemin à la doctrine du transformisme Lamarck et Darwin ont- ils donc raison? Alors l'espèce ne serait plus fixe ni innnuable ! la généalogie des êtres les ramènerait tous au limon pur et simple, c'est-à-dire à la matière inorga- nique ! Questions, problèmes qui sont inextricables quand on les veut étudier sur les êtres complexes, mais qui se poseront certainement, et se résoudront, peut-être, si on les étudie chez les Cryptogames. Il n'entre certes pas dans notre cadre d'insister sur ces 1. Lire sur ce sujet lintéressant article de JM. Gilkinet : Du développement du Règne végétal da?is les temps géologiques iu Revue intern. des sciences, 3^ auuée, p. 327. INTRODUCTION A L'KTUDE DES CRYPTOGAMES 135 points et d'essayer de résoudre ces questions de philosophie naturelle ; toutefois, nous pensons qu'il est de notre devoir de donner au j)harmacien ([uel({ues notions élémentaires qui peuvent servir de hases aux ohservations futures. Au reste, ce résultat sera, nous l'espérons, atteint sans grands efforts et sans perte de temps, par suite de l'enchaîncîment des sujets et de la nn-thode. Mais, (piaïul même nous essayerions d'élever cet ensei- gnemenl, ({ni S()ni;eiait îi nous le rei)r(»eh('r? T.c n'est pas au moment où notre Ecole réclame le tilrc dr l-'iicnitc, titrtî qnc Ini ont compiis les liaumé, les Cadet, les Chaptal, les Uohi([Uct, les iN'llelier et les Caveutou, les iierthollet, les Van({uelin, les Uonillon-Laiirani'c. les Ihissv et les Uiiignet, les Berthelol, pour ne citer tpie ci'U.v qni ne sont plus des nôtres, ce n'est pas à ce moment, disons-nous, ({u'on nous en voudra de tenter de sortii' un peu des hanaliti's élémen- taii'cs. On nous encouragera plutôt dans les efforts cjue nous faisons pour ouvrir des horizons plus larges et plus saisis- sants (jui sollicitent ;i Tétude et décident le travailleur à se lancer ii la n'cherche de ces incomiues que nous ne pou- vons encore, malheureust'ment pour nous, (pie faire entre- voir. 136 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE DIVISION DU COURS Quelle marche suivrons-nous dans Tétude des Crypto- games ? Gomment arriverons-nous à remplir le programme que nous venons de tracer? La marche la meilleure, la plus naturelle, serait celle dans laquelle, prenant le protoplasma comme point de dé- part, on s'élèverait, par une suite non interrompue de per- fectionnements, jusqu'aux Cryptogames supérieures. Mais nous ne pouvons agir ainsi; dans l'histoire de ces protoplas- mas, il est des points encore contestés que nous ne pou- vons aborder qu'en descendant des organismes plus com- plexes vers les plus simples. Il nous faut donc non plus aller du simple au composé, mais en sens inverse, marcher du connu à l'inconnu; car, chose singulière! c'est le plus simple qui est le plus inconnu, ou du moins le plus dis- cuté. Les débats passionnés engagés sur les questions afférentes à ces points de l'histoire naturelle, qui ont pour la Science un intérêt exceptionnel, ont même pris les pro- portions d'une guerre de religion '. Pour en faire l'étude, il nous faudra procéder par déductions successives , élimi- nant peu il peu les complications qui, masquant les phéno- mènes, en rendent l'interprétation difficile et laissent prise à l'erreur. Descendrons-nous des Cryptogames supérieures vers le 1. Mallieurcusemeut, dans les questions de genèse spontanée, de création, dimmntabilité de lespèce, etc., on a fait inter\'enir des raisons de métaphy- sique transcendentale qui les ont fait sortir du sérieux que devraient toujours garder les questions de science. Les plus hasardées de nos hypothèses scien- tifiques n'ont rien à démêler avec celles de la théologie, car elles ont pour base solide Texpérience ou l'observation, tandis que les autres ne s'appuient que sur le terrain mouvant du surnaturel. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES 137 protoplasma? Nous pourrions le faire, s'il nous était dé- montré que les groupes sont disposés eu série linéaire ; mais nous avons prouvé qu'il n'en est point ainsi, et il suffît de jeter les yeux sur le taijleau que nous avons donné page 95, pour voir combien une senihlahle méthode serait difficile à suivre. Le groupe, uni(pie au départ, va comme en s'étalant en forme d'éventail, de telle s(jrte ({u'on se trouve avoir, ii la partie supérieure, six groupes de perfection éipiivalente. Par lequel d'entre eux commencerons-nous? l^uis conuiicnt faire ressortir convenablement les affinités de eluicun, les groupes inférieurs n'ayant pas été décrits, et les Phanéro- games, leurs limiti'ophes, étant supposés ne pas l'être; de telle sorte (pie pour en faire comprendre les rappoits multi- ples nous serions condanmes à des répétitions contimielles. Autant vaudrait, pour un architecte, conuiiencer la cons- truction d'une maison par h* premier étage! Il faut donc, de toute nécessité, remonter la série et non la descendre, c'est-à-dire aller des organismes les plus élémentaires vers les plus complicpiés, en amenant successivement ceux-ci en rapport de leurs affines phanérogames. Mais comment faire ! puisque nous venons de constater, d'autre part, l'impossibilité de procéder de cette façon? C'est pour sortir de cette perplexité que nous avons admis le groupe des Protorganisés, comprenant les êtres dont l'organisation est la plus rudimentaire. A sa base, nous trou- vons les Monères et ces organismes douteux, ni animaux ni végétaux, que les botanistes et les zoologistes continueront à se disputer sans y avoir plus de droit les uns que les autres ; au sommet, nous rencontrons les deux amorces des deux Règnes végétal et animal : celle-ci comprenant les êtres plus végétaux (\n\mmdM\,protophytes^ celle-là contenant, au contraire, les êtres plus animaux que végétaux, proto- 138 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE zoaires. De telle sorte que les êtres dits protorganisés sont îi la jonction de la végétalité et de l'animalité. La division en Protorganisés et la subdivision en Protophytes et Proto- zoaires sont des séparations arbitraires ; elles ne sont ni meilleures ni plus mauvaises que toutes autres ; toutefois il nous fallait faire connaître les raisons qui nous ont déter- miné à les conserver. Pour l'étude, on est obligé de morceler le vaste tout qui compose la nature ; sans cela, on ne pour- rait rien voir distinctement ; mais lorsque l'on a peu à peu acquis, par l'analyse, la connaissance de tous les détails, il faut par la synthèse rapprocher toutes les parties un instant disjointes et comprendre comment elles s'enchaînent. Ajoutons que la séparation que nous faisons des Prcto- phytes a, pour l'étude spéciale à laquelle nous nous livrons, un avantage sérieux, qui nous déciderait, peut-être, à la conserver, quand même nous n'y serions pas forcés par les raisons exposées plus haut. Cet avantage est celui de réunir sous un même titre les Ferments dont la description et l'étude physiologique ne peuvent se scinder. Les Protophytes se rattachent, ainsi que nous le verrons, d'une part, aux Cryptogames comburantes et, de l'autre, aux Cryptogames réductrices. Ainsi, dans notre étude trois parties : 1° Protorganisés-protophytes ; 2° Cryptogames sans chlorophylle (comburantes) ; 3° Cryptogames avec chlorophylle (réductrices). Enfin 4° nous résumerons les connaissances acquises et nous essayerons de répondre aux desiderata signalés dans cette Introduction. DEUXIÈME PARTIE l'KOTOItGAMSK.S — l'ROTOI'IIVTKS • Les créations do la nature ne sont que des combinaisonB, et les combinaisons se modifient en raison des influences; la nature est un cercle où rien ne finit et rien ne commence, mais où tout progresse et se modifie à l'inflni ; les êtres sont le résultat des influences combinées entre elles, et les influences sont des lois; la nature n'a d'autre volonté que les lois éter- nelles; cbanger le cours de ces lois, ce serait les supposer impar- faites et mensongères, et Terreur et la nature sont deux mots qui jurent de se rencontrer ailleurs que dans la bouche des hommes. La nature ne saurait donc créer aujourd'hui, à l'instant où je parle, une seule des formes compliquées de l'organisa- tion, s'il est établi que chacune de ces formes est la somme d'une succession infinie d'imperceptibles modifications; l'opinion contraire serait contradictoire dans les termes ; la même chose ue saurait se faire avec des éléments différents; s'il faut la progression de myriades de générations pour arriver à ce terme de gradation organisée, il est absurde de penser que ce terme se manifeste en un jour au début de la progression même. >> (F.-V. Raspail, Nouveau syst. de phys. végét. et de botanique, 1837, II, 316). DOTAMOUE CRYPTOGAMIOUE PHAliMACU-MÉDlGALE OUVRAGES DU MEME AUTEUR Redierclies botaniques et thérapeutiques sur le Crolon Tiglium (Thèse de la Faculté de Médecim', Paris, 18G1, in-4°, avec 2 planches). Sur des Fleurs monstrueuses d'Epiniedium llusschianum [Adansonia, mai 1864). Monstruosités végétales, premier fascicule, avec une planche gravée (Adan- ■"onia, juin 1864). Recherches organographiqiics et organogé niques sur le Coffea ara- bica L. (Thèse de l'École supérieure de pharmacie de Paris). Paris, 1864, in-S°, avec 4 planches gravées. Des Tiges des Phanérogames (Des points d'organisation communs aux types des Monocotylédones et des Dicotylédones). Paris, in-8% 3 planches. Sur l'origine, la provenance et la production de la .llyrrhe {Balsamo- dendron Myrrha Nées). Adansonia, Vif, 1867, Paris, une pi. eu coul. 1 -'JO Observations sur les genres Prolium et PrfAionopsis. Adansonia, Vil, 1867, Paris. j Observations sur les genres Gariuja et Thyrsodium. Adansonia, VII, 1867, Paris. Des classifications et des méthodes en botanique. Mémoire présenté à la Linnéeune de .Maine-et-Loire. 1867. Des recherches sur l'organisation des Burséracées. (Thèse pour le doctorat es sciences naturelles.) 1868. Paris, 6 planches en couleur. Histoire de l'ancien groupe des Térébinthacées. 1869. Paris. Énuniération des substances fournies à la Médecine et à la -Phar- macie par l'ancien groupe des Térébinthacées. 1869. Paris. Révision du Groupe des Anacardiacées. (Thèse pour l'agrégation à l'École supérieure de pharmacie.) Paris, 1869. Reproduction des animaux infusoires. (Thèse agrég. Faculté méd. 1869. 2 planches. Eléments de Botanique (Enseignement secondaire spécial). 3 années. In-18. 1872. Organogénie des ovaires du Datura Stramoniuin et du Nicandra physa- loidi's, in liull. Soc. bot. de Franc/, 1877. 2 planches. Organisation et structure de VHygrocrocis arsenicus, végétal qui se dé- veloppe dans la solution arsenicale de Fowler. Comm. Acad. des sciences. 1878. Monstruosité du Linariu elatiiu- , iu ■ Bull. Soc. bot. de France, 1879, 1 pi. gravée. \ote sur la phycocolle ou gélatine végétale produite par les Algues, in Bull. Soc. bot. de France, 1879. i\ote sur une Aostoehinée parasite, iu Bull Soc. bot. de France, 1879. Monstruosité de Pa'onia Moutan, in Bull. Soc. bot. de Finance, 1879, 1 pi. Des Virus-A'accins, in Journal de raicrograplde, 6' année, 1881. CouLOMMiERS. — Typ. Paul BRODARD. PH4RMAC0-MÉDICALE PROGRAMME RAISONNE D LN COLRS l'ROFESSK A LÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHARMACIE DE PAUIS PAR N. LEON MARCHAND Professeur de Botanique cryptogain iqne i l'École supérieure de pharmacie Docteur en médecine et docteur ùs sciences TOME PREMIER fr'" |»ai'lie : INTRODUCTION A l'ÉTUDE DES CRYPTOGAMES. ?f^ partie : LES FERMENTS (Protor(janisés et protopliyti's). Avec l'-iO figures clans le texte ET INE PLANCHE EN TAILLE DOUCE HORS TEXTf. Dessinées par FAGUET PARIS OCTAVE DOIN, ÉDITEUR 8, PLACE DE L'ODÉON, 8 1883 Tous droits réservés AUX LECTEURS Le tniv.'iil ([iir in';i (h^mandé la confection de ce fascicMlc^ ex|)li([iic le retard de son apparition. En vous le présentant, je ne sais si je dois m'excuser d'avoir été trop concis ou, au contraire, d'avoir été trop pro- lixe, car, peut-être, ai-je été, en même temps, l'un et l'autre. Toutefois, k ceux qui me reprocheront d'avoir trop dit, je répondrai ([ue je n'ai rien pu dire moins ; et, à ceux ({ui me reprocheront de n'avoir pas dit assez, je répondrai que je n'attends que leurs ordres pour donner des développements qui ne pouvaient trouver place dans un programme. Thiais, 14 juillet 1882. Léon Mauchaxd. y -^) ^", m-% .r \ \\ '"<^)^V\\^^, ■Il v_ ^1 '\Vx)^^>./\v/v,:. ^ 0 ^ • ; 1 • -^ V ■' ; ' 1 M M'\?\; 12 'M- .Viti'cha/ui , Cocariin^ et J''at/ut't dfl . Debray Je . HYGROCROCIS ARSENICUS DEUXIEME PARTIE PROTORGANISÉS — PROTOPHYTES GENERALITES Le groupe des Protopganiséa-protoplnjlcs coni})reiul tous les êtres chez lesquels s'ébauche la véf/lf/i(f's ; si la mort survient ils cèdent la j)laee a d antres (|iie l'on dit l'cniiciils de 1(1 ijulrrfthiitjn (jes lèrmeiils icilouta- bles, nos " eimemis invisibles », comme on les a appelés, ipii. tous, (Maient autrefois ren-ardi's comme des êtres virtuels et insaisissaldes, prennent dans certains cas des formes si bien détinies (pi'on a pu les décrire et les fitj-urer dans un certain nond)re d'allèctions morbides : variole, vaccine, (barbon, ete.. ete. (lerlains de ces jHdtopbvtes ont même pu êti'c cultives et donner soit des êtres semblables aux parents, c'est-à-dire l'cproduisant la maladie ipii les avait fournis, s(»it des êtres modilics par la culture, qui reprodui- saient bien aussi les mêmes accidents, mais en les aggravant + P. . . ou S, devient : C^'E^CTAz}' + P ou S. La chaleur, les acides, les alcalis et les autres réactifs agissent sur eux comme sur l'albumine ; jusqu'à présent, on n'a vu aucun d'eux cristalHser. {'!) Toutes les matières correspondant à cette caractéristique peuvent, le plus souvent, donner plusieurs espèces de fer- mentations; mais toutes, même dans les circonstances les plus favorables, ne produisent pas les fermentations d'une façon aussi complète, aussi immédiate et aussi efficace. En sorte que chaque fermentation^ tout en pouvants opé- rer avec des ferments divers^ a toujours un ferment spécial^ qui agit plus vite, plus sûrement, plus efficace- ment. Ainsi les Sacchai^omyces sont les ferments spé- ciaux de la fermentation alcoolique, le Bactermm lineola celui de la fermentation lactique, la diastase celui de la fermentation maltosique, etc., etc. Leur conqiosition géné- rale, qui est toujours à peu près la même, explique assez comment certains ferments peuvent être comme des succé- danés les uns des autres, mais on ne sait encore comment expliquer leur spécificité. On comprend bien que ces diffé- rences doivent résider dans le groupement et la proportion- nante des atomes, peut-être dans la quantité de P. ou de S.,^ qui varie dans les différents cas: mais la petite taille de ces êtres les soustrait pour l'instant, et les soustraira longtemps encore, sans doute, à la curiosité des chimistes. Tous les ferments sont insolubles dans Téther, et tous peuvent arriver à l'état solide par dessiccation, mais tous ne se présentent pas avec les mêmes caractères de solubilité. PROTORGANISÉS-PROTOPMYTES 103 Ceux qui sont ainorph«*s, comme la diastase ou l'émulsine, c'est-à-dire dans lesquels la matière protoplasmi(jue , non enserrée dans une membrane, est complètement nue, peu- vent devenir diffluents; ils se fondent clans l'eau, mais ils y sont plutôt diku's et suspendus (jue dissous. Ils ne sul)is- sent point la dialyse; on les dit fi'rmenls suluùles. Les autres, comme les S((cc/ui/-o//)i/ces ou les Daclerium, (pli sont fi,i,nin''s, c'est-à-dire dont le jji'otojilasîiia est limite par ime enveloppe plus ou moins résistante, (pioiipie plon- gés dans les li([uides, y f^aident leurs l'ornies; on les dit /'ermcnlH i/isoh/hlrs. Nous veirons jilus tardée qu'on iloit penser de cette division. Les ferments figurés sont tous des Ci yptoganu's : pour rinstant, les savants se sont nus d'accord sur ce point. Tou- tefois, à les entendre et a lire leurs inenioires, on ne sait trop s'ils en sont bien convaincus; les dénominations les plus contradictoires, en elfet, tour ii tour se heurtent et s'entrechoijuent : microphytes et microzoaires, infusoires, mycrozymas, et surtout celle de //licrobcs. (\\n a, sur les autres, le grand avantage de ne rien préciser. Après ce que nous avons dit. nous aurions mauvaise grâce a nous étonner ; ne sommes-nous pas sur un terrain (»u toute séparation entre la végétalité et ranimalité est une affaire de convention plutôt que de conviction .' Quant à nous, quels que soient les doutes que nous puissions avoir sur la parenté de certains d'entre eux, nous les recevrons tous, heureux de voir un sujet d'un intérêt aussi palpitant rentrer dans le cadre de notre travad. Bien plus, comme il nous semble que l'his- toire de ces ferments figurés est incompréhensible si l'on ne fait, en même temps, celle des ferments amorphes, nous les étudierons conjointement. Quelque simple, en effet, que soit l'organisation d'un ferment figuré, elle se trouve encore i:,i HOÏANlyUE CRYPTOGAMIOUE trop complexe pour que les phénomènes qui se passent à son intérieur puissent être facilement saisis. Il faut arriver à avoir la matière azotée complètement nue et, par consé- (juent, eu un état qui nous montrera peut-être sans voile cette « force vitale » qui se dissimule encore trop derrière la simple membrane cellulusi(|ue. Il y a quelques années à peine, les fermentations étaient exclusivement du ressort de la chimie , on expliquait les phénomènes par l'intervention d'une force particulière, la force catalytique; on sentait liien, peut-être, qu'il y avait comme une production d'une sorte de vie, se traduisant pai' des réactions chimiques sous l'influence d'agents physiques; en tout cas, tout s'arrêtait là. Mais, lorsqu'on eut découvert, dans certaines fermentations chmiiijues et pathologiques, \\ présence d'êtres figurés acconqjagnanl presque toujours, sinon toujours, la production des phénomènes, la question changea l)rusquement de face : l'être devint la cause du phénomène ; on n'eu douta bientôt plus, lorsqu'on eût cultivé certains d'entre eux et qu'on les eût vus reproduire, après culture, des phénomènes semljlables à ceux auxquels avaient présidé les parents dont ils étaient sortis. De là à prétendre que toutes les fermentations avaient leur protophyte, il n'y avait qu'un pas, qui fut bien vite franchi, et dès lors chaque fermentation chimique, végétale, animale, normale, patho- logique, cadavérique, etc., fut sommée de montrer son ferment figuré et vivant, sous peine de se voir déclarer fermentation fausse. Beaucoup, il faut l'avouer à leur lionte, se hâtèrent d'obéir et, parfois, se hâtèrent si bien que presque toutes possèdent au moins deux microbes, qui se disputent l'honneur d'être le vrai, le seul, l'uniciue agent spécial de chaque fermentation I Les ferments devenus des ét?'es vivants et les fermen- a PKOÏORGAMSKS-PROTOPIIVTES l.Vh talions (loiinécs coiniiie des résaltatii cl'élaho/'atio/if< ritales, telles s pour le reinienl ale(n»li(pie ; mais il etail réservé à -M. i'asleur de la ,i,'-(''néi'aliser. (iiMiie iuventil". oliservateui' lialiile. expiM-imeiitaleur adroit, orateui' eiiti'aî- nant, apj»ortaiit des raisons pliiiisiltles |)oui' explnpiei' des laits resti'S jusipi alor> ineoiii|)i'eliensil)les. il i-evolutioniia la science des fei'ineiitations. l ne brillante jdeiade de elier- elieurs s'éprit de s;i théorie : chacun a|»porla son concours : les uns niontei'ent a l'assaut des doetrim'S elunu(|ues de liei'Zi'lius et de LieliiLr. (pii lurent reléiruees, eitmme a peine salislaisantes poiu' e\pli(juer les pln-nomènes (pii se passent chez les iin>ri(aiù(pies. pemlant (pie daulres conquéraient la physiologie et la médecine; les novateurs n'apporlaient- ds pas l'explication des maladies, le cnusa nini-biifii m si unpatiennnent recherche depuis tant de siècles? Toutefois le point (lillicile n'était |»as d'ariiiiuer l'existence des mi- crobes de maladies, c'<'tail de les niontrei'. non seulement sur les malades, mais encore dans les milieux qui les entou- raient ; c'était encore de découvrii- comment et par ([mdles voies se taisait leur infiomissitm. 11 fallut ressusciter la panspermie, concei)tion de (Ji. Bonnet, qui jure de ne plus avoir, comme corollaire, la fameuse théorie de l'emboîte- ment des germes. Bientôt le terrain devint brûlant, la pan- spermie éveillait son ancienne ennemie, la génération spon- tanée. Tant que les ferments étaient restés du domaine de la chimie, c'est-à-dire tant qu'ils avaient été considérés comme des inorganisés, leur origine spontanée avait semljlé 156 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE naturelle, et nul n'avait songé à leur en faire un crime; il n'en était plus de même actuellement, que les ferments avaient été reconnus pour être des microbes. Un microbe qui se respecte ne peut, puisque les savants lui ont accordé l'honneur de la force « vitale •>, avouer une aussi basse extraction I Les panspermistes voulurent leur faire répudier les forces physico-chimiques et prouver qu'ils avaient des parents, des ancêtres, une généalogie ; les spontéparistes n'en voulurent rien croire, et la lutte devint aussi vive et aussi acharnée, si non plus, (ju'aux temps de Needham et de Spallanzani. Ces discussions, comme nous aurons occasion de le voir, ne sont que les principales; bien d'autres, tout aussi difficiles à démêler, viennent se greffer sur elles et, parfois même, sortent tellement de leur caractère purement scientifique que nous préférerons renvoyer nos lecteurs aux comptes rendus des Académies savantes, pour qu'ils les jugent. Il fiuit toutefois, faire la part de l'état d'irritation qu'entraînent ces questions toujours débattues ; chaque combattant, tour à tour vaincu et vainqueur, croit à chaque fois avoir fait la preuve de la réalité de ses assertions; mais, au moment où il pense pouvoir prendre du repos, la question renaît sous une autre forme. Il y a lieu de reconnaître, à cet acharnement, qu'il y a dans chaque camp une certaine somme de vérité qu'on ne peut étouffer et qui survit toujours. II est résulté de tous ces débats que la question des ferments et de la fermentation devient chaque jour plus obscure et plus inextricable; il n'est pas un point qui ne soit contesté, et non pas par les premiers venus,, mais par des esprits supérieurs, par des maîtres en l'art d'observer et en l'art d'expérimenter. Aussi, est-on tenté, au premier abord, de s'enrôler dans l'une ou l'autre de ces écoles, qui PROTORGANISKS-PROTOPHYTES lôT prétendent, toujours au nom des faits, posséder le privilège de les bien voir et de les bien interpréter; dans cette sorte de guerre des Dieux, on prend fait et cause pour le premier qui parle et l'on adopte sa doctrine, exclusivement à toutes les autres, autant par lassitude que par conviction. Tontes ces écoles, en effet, (pioiijue complètement opposées, ont chacune un corps de doctrines qui s'cnchaincnt et se jus- tifient; toutes sont logiques; dans toutes, les conclusions semblent parfaitement sortir des /?rr7??/.s.sr.s'. L'élève dirigé dans l'une ou rautrc ne comprend pas (juc la vcrib' puisse être autre part que dans les dogmes (jue lui (N'-montre le maître (pi'il s'est doiiiK' ou au({uel le liUNaid l'a confié. L'éloquence de ce maîti'e et l'attraction (pu naît forcé- ment de son contact avec ses disciples établissent, et entr(3- tiennent, des malentendus qui faussent la Science et la font dévier de sa voie droite, s'il est trop autoritaire et trop absolu. N'appartenant à aucune coterie, nous avons essayé de juger les opinions émises parles diffi'rentes écoles, en <'tu- diant les travaux de chacune d'elles et en nous aidant des (pielques expériences <(ue nous avons pu faire nous-méme. Dans ce travail, nous avons été frappé, tout d'abord, de ce fait que certains chefs de parti étaient, avant toute chose, trop persuadés, à j^riori, que seuls ils pouvaient s'occuper du sujet. Le terrain des fermentations est traité par eux en pays conquis, qu'ils défendent avec un soin trop jaloux et sur lequel ils ne permettent aucune incursion ; ils enten- dent dicter des lois ; malheur à qui ose ne pas les admirer. Et cependant la chimie, franchissant ses anciennes limites pour entrer dans le domaine des sciences naturelles, aurait tout à gagner à tenir un peu compte de la nature et des caractères des êtres sur lesquels elle étend son empire; car 11 158 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE il ne suffit pas d'avoir découvert cpie les ferments sont des microphytes, qu'ils sont doués de la force vitale j\\ faut les traiter suivant leur nouvelle dignité et suivant le rang qu'on réclame pour eux. Si ce sont des organismes, qu'on ne s'obs- tine pas à expérimenter sur eux comme sur des inorga- nisés; toutes les expériences faites par les chimistes, dans des fioles ou dans des ballons, sont à r (éprendre à un point de vue plus physiologique. Cependant, nous l'avouerons, il nous plaît de voir ces Illustres abaisser eux-mêmes les barrières ({ue l'on préten- dait exister entre les organises et les inorganisés, et nous, ({ui disions que les phénomènes dits citaux ne sont que des phénomènes chimico-ph}jsiquei<. nous sommes heu- reux de voir V Ecole l'italiste^ celle ({ui explique la fermen- tation par la fonction vitale d'un être organisé, essayer de venir déceler les mystères de cette cie avec une cornue et des réactifs. Néanmoins, nous nous hâtons de reconnaître, avec les naturalistes qui suivent les ferments dans la nou- velle conditi(jn ({u'on leur a créée, que peut-être l'on ferait sagement de tenir un peu compte de ce que montre le microscope et de ce qu'on a découvert chez les Cryptogames très proches voisines, sinon très proches parentes, de celles qui doivent à des circonstances exceptionnelles d'être plus particulièrement désignées sous le nom de ferments. Ce sont ces considérations qui nous ont portt's à étendre les limites du groupe des protorganisés^ pour y faire rentrer des protophytes qui nous fournissent le moyen de relier les microbes appelés ferments avec les Champignons, d'une part, et les Algues, de l'autre, comme, d'un autre côté, nous y avons conservé les amorphes afin de nous relier aux inorganisés. Quelque embrouillée que soit l'étude des protorganisés PROTORGANISÉS-PROTOPIIYTES 159 par suite de raccumulatioii de faits contradictoires , de mémoires de toute sorte sur les (juestions qui touchent à leur histoire, nous ne pensons pas que, résumée, celle-ci soit bien compliquée en elle-même. Rien n'est bien arrêté ni bien prouvé; mais cela vient surtout, croyons-nous, de ce que l'un a évité, la ]jhq)art du temps, de bien s'en- tendre siu' le sujet qui (Hait en discussion ; il en résulte que beauc(»up de travaux seniblciil n'être ([iie des tins de non-recevoir ou des feintes deslniees à parer certains coups. Poiu' nous, au reste, dont le lole se réduit à résumer les faits iivee le [)lus d'impartialité (pi'il nous est possible, nous ferons cette ex^josition sans faiblesse, niais aussi sans rigueur, répétant a|)rès Sennebier : » .le me garderai bien de faire la censure des autres naturalistes ipii se sont trompés en s'occupant de ce grand sujet ; je crois que ceux qui se trompent méritent des éçjards^ parce 'juifs ont cherché ta vérité et (/u'its ont cru tUivoir t/'ourér. » Le plus grand nombre des savants ipu se sont occupés des ferments, peu familiarisés avec l'Histoii-e naturelle, ont pensé (pie ces êtres, dont les fonctions leiii- piuaissaient si étranges, formaient un groupe essentiellement (k'-lini. sans relations aucunes avec les autres formes végétales, ([u'ils ignoraient, au reste, et dont l'étude les eut entraînés trop loin. Dès lors, dans rimpossibilité de pénétrer plus avant dans la connaissance du Règne végétal, ils se sont parqués dans un terrain étroit, où ils se sont tiguré être plus a l'aise et ont essayé d'isoler ce qu'ils nomment les vrais ferments des autres protorganisés. Nous ne sommes point de leur avis ; aussi étudierons-nous : 1° Les protorganisés figurés ou protophytes, en com- prenant sous cette dénomination non seulement les fer- 160 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE menis vrais, mais encore les groupes (jui les relient aux Cryptogames proprement dites; 2° Les protorganisés-amorphes ou p,seudo7^ganisés , et la matière protoplasmiquc; qui les relie aux corps les plus élevés de la série des inorganiques. LIVRE PREMIER PROTOI'IIYTES Les protophytes sont des urguiiisiiies ligures, à forme déterminée on définie, parfois polymorphes, doués dans certains cas de mobilité; ils se nourrissent, s'accroissent et •se reproduisent, c'est-à-dire jouissent de toutes les fonc- tions qu'on reconnaît aux êtres organisés vivants. Ils brûlent de l'oxygène, font de l'acide carl)onique et produisent de la chaleur; ils absorbent de l'azote^ du soufre et du phosphore à l'état d'azotate, de sulfate et de phos- phate. Ceux d'entre eux (pii méritent plus spécialement le nom de ferments sont tués par les poisons organiques et inorganiques, et leurs actions ou fermentations sont arrêtées ou plus ou moins fortement entravées par la créosote, l'es- sence de moutarde et de mirebane, l'acide cyanhydrique , l'acide salicylique, l'acide borique, le borax^ le bisulfite de chaux, le silicate de soude, la morphine, le chloroforme. Tous ces caractères rapprocheraient ces êti'es des ani- maux; toutefois, à tort ou à raison, ainsi que nous l'avons déjà expliqué plus haut, on les range tous parmi les végé- taux. Considérant même qu'ils présentent des phénomènes de nutrition, analogues à ceux que l'on rencontre chez les Champignons, la plupart des savants proposent de les incor- 162 nOTANIQUE CRYPTOGAMKjUE porertous dans ce groupe. D'autres, au contraire, les voyant se développer surtout dans les milieux li(|uides, les ont tous placés dans les Algues. Faisant toutes réserves sur la nature probablement ani- male de quelques-uns , mous croyons pouvoir dire qu'on peut les partager en deux sections. Dans la première, nous placerons tous ceux qui se rapprochent des Champignons: nous les appellerons Schizomycètes (ff/itsw, si'jiarer: [^u/ji;, Champignon). Dans la seconde, nous placerons tous ceux qui, s'enchaînant avec les Algues d'une façon très étroite, semblent être, pour ce groupe, ce que les Schizomycètes étaient pour celui des Champignons, c'est-à-dire leurs repré- sentants les plus amoindris: nous les nommerons Schizo- phycètes (T/i^ih et œuxo?, Algue). Nous traiterons donc séparément : 1" des Schizomycètes, 2° des Schizophycètes. GIIAPITFU-: PREMIER Sr.niZOMVCKTES Cl HAC TER ES G ÉSEHA i.\ Ce sont les Frotupliytes-l^haiiipigiioii-s; les principaux, ceux qui ont, pour ainsi dire, accaparé l'attention des physio- logistes et des botanistes, sont ceux que l'on a trouvés liés à la fermentation alcoolique et ([u'tui a nommés levains (du latin levamoi, action de leveri, ou encore levures, de ce que leui- action, par suite du développement d'un grand nondjre de bulles de gaz, s'accompagne d'une sorte d'effervescence qui soulève la masse fermentescible à laquelle ilssont incorporés. Il est résulté de là que, pour plusieurs auteurs, le nom de Scbizomycètes est devenu synonyme de levures. D'autres ont proposé les dénominations de Saccha- romycètes ' et de Glycomycètes, le premier parce que les levures n'agissent qu(^ sur les sucres, et le second parce que le sucre qu'elles dédoublent est la glycose. Ces noms, à notre sens, ne peuvent être regardés comme synonymes de Scbizomycètes, car, s'ils s'appliquent parfaitement aux protophytes de la fermentation alcoolique, ils ne com- 1. Une des couséqiifuces de cette mauière de voir a été de faire douner le nom générique de Saccharomyces à tous les protophytes qu'on faisait rentrer dans ce groupe. 164 HOTANloLK Cl'iVl'KxiAAIInLE prcimerit pas certains autres (jiii rentrent, suivant nous, dans ce groupe. Nous étudierons les Scliizomycètes : 1° dans leurs formes. 2° dans leurs fonctions. Ai»t. ■ '. — Dcîicripiioii des Scliizomycètes. Les Schizomycètes se divisent en trois sections : 1" les chro- mogènes, 2° les zymogènes, 3° les pathogènes. Tous, peut- être, peuvent occasionnellement se suppléer, mais chacun a sa spécialité^ c'est-à-dire opère de préférence dans telle ou telle condition et agit plus sûrement en donnant des pro- duits plus perfectionnés ; c'est ce qui autorise la subdivision. V Section. — ScnizOMYCÈTEs chromogènes. Ce groupe n'était, il \ a deux ans à peine, représenté que par une seule espèce, le Cryptococcus gliitinis Fres., qui colore en rouge la colle d'amidon ou empois laissé longtemps exposé à l'air et à l'humidité. On rencontre ce protopliyte dans des gouttes de glaire rose-pâle ou rose-rouge qui se forment à la surface de la colle. Il se présente sous forme de cellules ovales, elliptiques ou cylindriques, isolées ou bien réunies en chapelets courts, de deux à trois anneaux. La colle de pâte ou d'amidon peut être aussi colorée en rouge par un organisme dont nous parlerons plus tard, le Micrococciis prodi- giosus, qui s'en distingue par la petitesse des cellules et qui se déve- loppe (Irrns la matière fermentescible et non à ta surface. M. Hansen admet les faits suivants : 1° Sous le nom de Crypto- coccus glutinis Fres., se cachent en réalité plusieurs Saccharomyces colorés en rouge et des cellules rouges qui ressemblent à des orga- nismes de ce genre. 2° Outre la forme décrite par M. Gohn, sous le nom de Saccharomyces, il en existe deux autres, dont la première est pourvue d'ascospore, comme un véritable Saccharomyces, et la se- conde, de cellules qui, dans un liquide fermentescible, se comportent comme un Saccharomyces et se multiplient par bourgeonnement, tandis que, sur un substratum solide, elles développent des tubes ger- minalifs. 3" Les tubes, de même que la cellule mère dont ils sont issus, poussent des bourgeons dans un liquide fermentescible. PROTOPHYTES-SCHIZOMYCETES 165 2* Section. — Schizomycètes zymogènes. Les plus importants sont ceux qui semblent être plus spécialement chargés de décomposer les solutions sucrées et de faire de l'alcool et de l'acide carbonique; ce sont eux qui peuvent être appelés Sac- charomycètes, ou Glycomycètes ; mais, à côté, se trouvent d'autres protorganisés qui donnent naissance à des fermentations d'une autre nature : tels sont ceux ipii pi'oduisent la maladie des vins qu'on nomme Vamer, tels sont ceux qui déterminent la fermentation gal- lique, et tous les Hygrocroria qui ami''nont des fornifutalions cer- taines, mais non encore cliiniiqiiemenl délinies. — Nous aurons donc à passer en revue : 1" les ferments alcooliques. îl" les Uygrocrocis. § I. — Ferments alcooliques. Quel est le mortel qui, le premier, imagina de faire agir les unes sur les autres des substances ayant la propriété de produire ce liquide singulier, l'alcool, qui concentre en lui toutes les forces vivi- llantes du soleil? Comment l'homme est-il devenu possesseur de ces li(|ueuis fermentées, eaux-de-vie ou breuvages de mort, qui, suivant la provenance, la dose ou le mode d'administration, soutiennent, excitent, exaltent les forces physiques et rintelligeuce, ou bien les dépriment, les abattent, les annihilrnt, donnent des ailes à la pensée ou produisent l'abêtissement, l'abrutissement et la dégradation? Son invention se perd dans les lointaines obscurités de l'histoire: aussi loin (pic nous en sondions les profondeurs, nous trouvons l'alcool sous une forme ou sous une autre. Qui pourra nous expli- quer comment il se fait qu'à cette heure, sur n'importe quel point du globe, chez les peuples encore barbares comme chez les nations civilisées, dans les déserts aussi bien que dans nos villes, dans les huttes des sauvages qui habitent les îles perdues ou encore à dé- couvrir, aussi bien que dans les luxueux cafés des capitales du monde civilisé, chacun sabreuve de liquides dont l'esprit est tou- jours la base, chacun l'ayant obtenu par un procédé différent : les pasteurs ayant utiUsé le lait de leurs troupeaux, pendant que les peuples chasseurs l'obtenaient de la chair de leurs victimes, et que les agriculteurs le tiraient de leurs céréales, de leur miel et des fruits de la terre? Faut-il admettre qu'un Dieu soit descendu de l'Olympe pour en- I(j0 r.OTANloLE CKYPTOGAMlQUK seigner la fabrication de ces liqueurs? faut-il croire à un Prométliée dérobant au ciel V esprit de feu pour le faire connaître aux mortels? ou liieii faut-il admettre que ce soit par instinct que Thomme ait eu tout temps, à toutes les époques, dans tous les pays, fabriqué de l'alcool, comme labeille fabrique sa cire? Nous sommes plutôt portés à penser que c'est de la contemplation des pliénomènes des fermentations naturelles que l'homme est arrivé, par des déductions intellinentes, à conclure à la possibilité de la fermentation provo- quée. C'est de même, sans doute, qu"il est arrivé à découvrir lefen : Tembrasement spontané d'amas de feuilles ou d'herbages lui a donné la première étincelle, qu'd s'est bien gardé de laisser éteindre en attendant qu'il ait trouvé le moyen de la produire à volonté; de même, sans doute, a-t-il été conduit à la découverte de Yesprit de feu. et le soin jaloux avec lequel le Jerain était gardé dans chaque famille rappelle tout à fait celui avec lequel le feu était autrefois confié à l'incessante vigilance des prêtresses de Testa. Dans l'un comme dans l'autre cas, l'art n'a été que l'apphcation intelligente des données fournies par l'observation des phénomènes naturels. Or, comme ces phénomènes sont universellement répan- dus, on s'explique par là, à merveille, comment l'usage des bois- sons excitantes peut se retrouver pai- tout le globe, même chez les peuples qui n'ont jamais eu de rapports avec les nations civilisées. Bien mieux, rien ne s'oppose à ce que nous admettions que, comme le feu, son congénère, l'alcool ait une origine bien autrement re- culée que celle qu'on serait tenté de lui supposer, et que l'homme préhistorique des terrains miocènes ait été en possession du secret tir la fabrication du pain et des liqueurs feniientées. Cependant, quand on veut l'aborder scientifiquement, le problème se montre très compliqué, et il a fallu les efforts de bien des géné- rations pour arriver à le saisir dans son ensemble. Il faut arrive!' jusqu'en 1300 pour voir Arnaud de Villeneuve isoler l'alcool. Historique. Clr. : Alchimistes. — I'etrus Boxls de Ferrare, Ba- sile Valentin, LiiiAVius, Vax-Helmont, ^YILLIS, Sylvius de La BoE, Wrex, Lémery, Staul, Bùeruaaye, L.woisier. « Les effets de la fermentation vineuse, dit Lavoisier '. se ré- duisent à séparer en deux portions le sucre qui est un oxyde, à oxygéner l'une aux dépens de l'autre pour en former de l'acide 1. Lavoisier, Eléments de chimie, I. 2'^ oïlit., page 139. PROTOPHVTES-SCEIIZOMÏCETES 167 carboniflue, à désoxygéner l'autre en faveur de la première pour en former une substance combustible qui est l'alcool, en sorte que, s'il était possible de recombiner ces deux substances, l'alcool et l'acide carbonique, on reformerait le sucre. » Donc : Moût de raisin = Alcool + acide carbonique. Cfr. : Gay-Lussac, Dumas et Boullay, SciiMinx, Dubrunfaut, Pasteur, Bertuelot, Bécuami' , Duclaux, (jUGini . Bonnafé , MiNTZ. etc. La fermenlalioii alcoolique peut se déllnir la transformation de la glycose en alcool, en acide carbonicpie et en (luelques principes d'une importance tout à fait secondaire. Quels sont les agents de cette transformation? Les levures et les levains semblent avoir été connus et empiri- quement utilisés depuis presqii'aussi longloraps que les fermen- tations; dès la plus liaulc antiquité, on semble s'être aperçu que non seulement les liquides sucrés et la farine réduite en pâle, aban- donnés à eux-mêmes, pouvaient fermenter, mais on paraît avoir compris que certains produits de ces actions pouvaient, étant mé- langés à des liquides neufs ou à de la pâte fraîcbe, déterminer plus sûrement et plus rapidement une fermentation nouvelle. C'est dans ce but que partout on prend soin de conserver des levains. Mais il faut arriver au xv« siècle pour voir découvrir le ferment proprement dit; cela se conçoit, la découverte du microscope devait précéder celle des objets qu'on ne peut voir qu'avec lui. En 1678, Leeuwenhoeck découvrait, dans la mousse de bière, des corpuscules, qu'il décrit avec une netteté telle que sa description est meilleure que bien d'autres données depuis. Sa découverte ne semble pas, cependant, avoir fortement impressionné ses contemporains ni ceux qui le suivirent; peut-être, comme aujourd'bui, accusait-on le microscope de montrer trop de cboses? Quoi qu'il en soit, Staid, Boerbaave, Willis, Fabroni, détournés de toute autre considération parleurs préoccupations d'ordre purement cbimique, ne virent dans le ferment rien autre cbose qu'un corps de nature azotée. Il faut arriver au commencement de ce siècle pour voir reprendre en sous- leuvre la découverte de Leeuwenhoeck. En 1813, le pbarmacien Astier écrit : « L'air est le véliicule de toute espèce de germes origines du ferment; ce ferment d'essence animale est en vie et se nourrit aux dépens du sucre, d'où il résulte une rupture d'équibbre aux dépens 168 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE du sucre. » Astier ouvrit ainsi lère des grandes discussions et des grands débats; sa définition les contient toutes en germes. Cfr. : KiESER, Persoon, Desmazières, Meyen, Gagniard-Latour, TURPIN, SCHWANN, MlTSCUERLISCD, ThÉNARD, KUNZE, KÏJTZING. De nos jours, on s'accorde pour regarder les ferments alcooliques comme appartenant au groupe des Champignons et on les range • dans deux genres qui sont nommés, le premier Saccharomyces, le second Carpozyma. Ces ferments varient suivant l'âge et suivant l'espèce et sont composés d'une ou plusieurs cellules de formes et de tailles diverses. L'enveloppe extérieure est composée de cellulose, et le contenu se présente sous forme de plasma granuleux. Les ferments alcooliques, ainsi que nous venons de le dire, don- nent deux produits principaux : l'alcool et l'acide carbonique; dans l'industrie, on a utilisé ces deux produits, le premier pour la fabri- cation des boissons, le second pour celle du pain. Nous aurons donc à examiner successivement : 1" les fermentations alcooliques pro- prement dites, 2° la fermentation panaire. 1'' Boissons fermentées. Nous faisons rentrer dans ce groupe toutes les fermentations qui ont non seulement pour effet de produire de l'alcool, mais qui ont comme but de le fixer dans les liquides de la fermentation qui deviennent des boissons alcooliques. Il se présente deux cas : dans le premier, les matières fermentescibles sont d'origine végétale; dans le second, elles sont d'origine animale. A. — Boissons fermentées d'origine végétale. Les boissons alcooliques d'origine végétale sont nombreuses ; aussi serons-nous obligés de les classer en trois catégories, d'après la nature des moûts. Dans la première, le moût est naturel, c'est-à-dire qu'il se trouve tout préparé dans le fruit; on le fait fermenter directement sans addition d'eau. — Ce sont les Vins. Dans la seconde, la glycose se trouve aussi formée naturellement dans les fruits ; mais on ajoute de l'eau aux jus pour faire un moût qu'on fait ensuite fermenter. — Ce sont les Cidres et les Poirés. PROTOPHYTES-SCHIZOMYCÈTES 169 Dans la troisième, le moût est fait artificiellement d'eau et de gly- cose obtenue par une fermentation préliminaire. — Ce sont les Bières. a. — Des Vins. D'après Littré, le mol vin serait tiré de Tliébreu iiu, qui signifie vin et qui vient lui-même de ioiim, faire etfervescence. On conçoit pourquoi on a autrefois désigné sous ce nom toutes les boissons fnmentées; nous le rési-rvons spécialement à celles qui sont obte- nues par la fcrmenlation directe d'un suc végétal sucré, que ce suc r t te ]y Fifr. 31. — Saccharomyces eltipsotdeus Reess, d'après Engel. soi! une sève ou un jus tiré par expression des fruits. Le plus intéressant pour nous est celui (|uoii rtjtire du rai.sin; c'est aussi de ce vin ipiil sera plus .spécialement question ici. « C'est avec le jus de raisin qu'on fait le vin; ce jus est formé de beaucoup d'eau, d'une grandt- quantité de sucre, d'une matière par- ticulière, très soluble dans l'eau, et d'une petite quantité de mucilage, de lartrate acide de potasse, de tartrate de chaux, de sel marin, de sulfate di' potasse '. » — « Les vins rouges proviennent du moût des raisins noirs avec l'enveloppe de leurs grains; et les vins blancs, des raisins blancs, ou bien encore du moût de raisin noir fermenté sans enveloppe "^ « Ces définitions succinctes résument à peu près tout ce (jue Ton savait de positif, il y a quelques années, sur le pro- duit de la fermentation du fruit de la vigne. La Vigne. — Sa patrie, son aire de dispersion, son importation; conditions de sa .végétation ; ses espèces et ses variétés. Viticulture. 1. Thénard, Traité de chimie, t. lil, paye tl7. :*. Thénard, Traité de cliimie. t. III, page Hr». 70 I50TANIUUE CRYPTOGAMIQUE Du Vin. — Son histoire. Sa fabrication ou Vinification, récolte ou vendanges, égrappage, foulage, cuvage ou fermentation, refoulage, pressurage, envaissellage , soutirage, collage, élevage. Conditions de conservation du vin; ses maladies, sa longévité, sa mort... Distillation de l'alcool, eaux-de-vie. Pendant tout le cours de sa vie, le vin est sous Finfluence des ferments. Ce sont eux qui décident de son existence. On connaît Kig. :î2. — Sacchuroiiiycei Past'ifin,}ii< iUF>i<. il'.unrw M. Pasleur. surtout ceux du cuvage ou fermentation primitive et ceux de la première enfance; les premiers se trouvent dans le moût, où ils apparaissent spontanément : on trouve les seconds dans la mousse ([ui se produit vers la bonde au début de l'envaissellage et qui, à la lin de celte période, se précipitent au fond du tonneau, où ils foi-- meut la première lie, M. Pasteur a indiqué, décrit et ligure deux ferments primaires du PROTOPHYÏES-SCHIZOMYCÈTES 17 1 vin. Ce sont : l** le Saccharomyces ellipsoidrits lîEESS (lig. 3i), el 2" le Saccharomyccs Pmtorianm Ueess (fig. 32), auxquels il faut ajouter trois autres espèces, découverles depuis, qui sont : 3" le Sac- charomijces e.rujnus JlEESS (fig. 33) ; 4° le Saccliaroinyces ReesH SciiiiTZ.; o° le Saccharumyces conylomemtm Rkess (fig. 34) : Description de ces différentes espèces de ferments du vin. Cfr. : I'asti;i I!. Rkkss, Ex'.ki,. 1 ,<^ i I \l> vi Kig. 3.3. — Saccharomyccs criyuus Reess, Kiff. -ii. — Saccharoun/ces conglomeratii^ iVa\n-è-^ M. Kriirrl. Rekss. d'npr("'s M. Engol. Les ferments de la preiiiièrc lie ne sont, en général, que les cel- lules usées et précipitées des ferments du cuvage ; ils peuvent, toutefois, encore se rajeunir et opérer, à l'occasion, de nouvelles fermentations. Cependant, en outre, il paraît en exister d'autres. « J'ai constaté, dit Cl. Bernard, que le ferment de la lie du vin est plus gi'os (jue le ferment de la surface ; ce ferment ajouté à du jus de fruits pourris donne lieu rapidement à la fermentation. » Description. — Cfr. : Gay-Lussac,Colix, Boucu.^kdat, Rkkss, Engel. Des vins naturels et des vins artificiels ou frelatés dans les rapports avec la santé publique. — De la classification théra- peutique des vins naturels : A. Bolchardat. — Des vins médi- cinaux ou œnolés : Clr. E. Boup.goin. Nous devons rappi'ocher du vin de la Vigne certaines autres liqueurs qui, comme lui, sont préparées par fermentation directe 172 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE et sans addition d'eau au liquide. On fait ainsi du vin avec la sève de l'Érable à sucre {Acer Miccharimnu), du Bouleau [Betula alba], des Palmiers et de l'Agave ; ces deux derniers sont les plus inté- ressants. 6. — Cidres. Le mot cidre dérive, paraît-il, du lalin sicera, qui lui-même sort du .urec GÎ/.epa, dont on arrive à trouver la racine dans le mot hébreu schi'car, boisson enivrante, de schùcav, enivrer. Le nom de cidre a été donné à toutes les boissons enivrantes autres que le vin ; les bières elles-mêmes ont été, paraît-il, désignées à un moment sous cette dénomination. Nous avons dit pourquoi nous réservions une classe à part aux bières ; il nous reste donc encore dans ce groupe, outre les boissons obtenues par la fermentation des pulpes de fruits sucrés frais (pommes et poiies), toutes celles dans lesquelles on est obligé, comme pour les premières, d'ajouter de l'eau dans le bul de composer le moût fermentescible. Les boissons faites avec les dattes, les figues, les jujubes, les raisins secs, etc., rentrent dans ce groupe, aussi bien que les boissons obtenues par la macération dans l'eau des marcs provenant du pressurage de la vendange. Toutefois, l'usage a réservé le nom de cidres aux boissons faites avec les poires (poires) ou avec les pommes (pomés ou pomades). Les Poiriers et les Pommiers. — Leur patrie , ont-ils été introduits en France ou bien sont-ils indigènes? — Espèces et variétés. Leurs qualités diverses pour la fabrication des cidres. Du Cidre. — Son histoire; sa fabrication; récolte ou gaulage, triage, maturation, pilage, fermentation; procédés divers, premier pressurage (gros cidre), deuxième et troisième pres- surage (petit cidre); soutirage et éliage, collage; coloration; élevage (cidres mousseux et cidres gracieux); cidresse. Con- ditions de conservation du cidre, ses maladies, sa mort. — Eau-de-vie et alcool. Le caractère le plus saillant de la préparation du cidre est l'addi- tion d'eau à la pulpe des fruits pour en composer le moût. De l'avis de tous, le choix de cette eau a une importance capitale : la qualité du cidre en dépend : mais, là où l'on cesse d'être d'accord, c'est sui- le choix lui-même. On croyait autrefois, et quelques personnes PROTOPHYTES-SCHIZOMYCEÏES 173 soutiennent encore aujourd'hui, que l'eau qui doit être préférée est l'eau croupie des mares ; pour elles, les eaux de sources, de rivières, de puits et de pluie donnent des cidres pointus. Pour d'autres •. au contraire, c'est là « un préjugé fâcheux, contre lequel tous les hommes sensés doivent s'élever avec énergie... Les eaux séléniteuses et les eaux des mares mal entretenues sont donc tout à fait impropres à la fabrication du cidre et nuisent essentiellement Fig. 35. — Carpozyma apiculatum Knoel, d'aprèH M. Engel. à sa (|iialité comme à sa salubrité. >' Certains cultivateurs piétrii- dent même que le cidre fait avec les eaux croupies se tue rapide- ment, ce qui signifie ([ue sa couleur de blanche ou jaunâtre devient verdâtre, sombre ou même noire, pendant que le goût et le parfum disparaissent pour laisser un liquide plat et insignifiant. Gela s'ex- pliquerait assez par l'action des elîroyables quantités de micro- phytes de toute espèce (particulièrement ceux de l'acide butyricpie) qui ont été incorporés aux jus avec ces eaux. D'autres attribuent ces accidents soit aux terrains ferrugineux qui ont donné les fruits, soit à l'état d'acidité des tonneaux où l'on a enfermé la liqueur. Le ferment qu'on rencontre surtout dans la fermentation des cidres est le Carpozyma apiculatum Eng. (fig. 35). « Le ferment le plus remarquable et, en même temps, le plus abondant de la nature est celui que j'ai désigné jusqu'ici sous le nom de ferment apiculé ; on le rencontre sur toutes les espèces de fruits, principalement sur les baies et les drupes et, par conséquent, dans les moûts qui en sont extraits. M. Reess l'a trouvé dans une bière belge. Je l'ai rencontré dans une bière de l'Obernai. La plu- 1. De Boutteville (L.) et Hauchecorne (A.), Le Cidre, page :J01. 12 IT'i FÎOTANIQUE CRYPTor.AMIQUE part, je pourrais presque dire toutes les fermentations de moûts de fruits sont provoquées parla végétation de ce ferment. C'est lui, sauf quelques rares exceptions, qu'on voit bourgeonner en premier lieu. » D'après M. Hansen, les spores se développeraient sur les fruits mûrs et tomberaient à terre en assez grande quantité pour qu'on puisse en recueillir sur le sol. D'après M. L, Boutroux elles seraient emmagasinées par les insectes et conservées ainsi jusqu'au retour de la saison où elles pourraient végéter à nouveau. Description du ferment aTpicnlé, Carpozyma apiculntum : Cîv.Eyc.EL. Le cidre est une excellente boisson , qui j);ii- son acide tan- lùque tonifie les fonctions de l'estomac; de plus, la faible proportion d"alcool qu'elle contient, 4 à 5 0/0, la rend excitante, sans cepen- dant la faire irritante. Toutefois, en Normandie, bien des gens ne pensent pas ainsi et, la trouvant trop froide, prennent l'habitude de couper le repas par une rasade d'eau-de-vie. Les principales boissons qu'on peut classer dans les cidres sont : celles des fruits du Groseillier rouge (Rihes ruhnim), du Groseilliei' à maquereau {Ribes ura-crispa, var. grossularia), du Prunier (Prunus domestica), du Prunellier (Prunus spinosa), du Pêcher (Persica rul- garis), du Cerisier (Cerasus communis), du Sorbier (Sorbus domestica) , du Merisier (Cerasus arinm dont l'alcool est appelé Kirsch-Wasser), du Grenadier (Punica Granatum), de la Canne à sucre (Saccharum offîcinarum) . etc., etc. ; et parmi celles fabriquées par fermentation de fruits secs, celles de raisins secs de Sakaroum des Arabes), de figues, de dattes, de jujubes, de pommes et de poires desséchées, etc., etc. 0. — Bières. « La bière, dil Olivier de Serres, est une boisson faite avec des grains ; diversement nommée suivant les pays et les langues, chacun aiant sa particulière appellation, comme Medon, Guttal. Cervoise, Queute, Aile, et semblables, usitées en Lorraine, Angle- terre, Ecosse, Flandre, Allemaigne, Pologne, Bohême, Danemarch, Moscovie, et aux nations septentrionales... » C'est encore la boisson la plus généralement répandue: il n'est, pour ainsi dire, aucune ma- tière féculente qui n'ait été mise à contribution pour fabriquer cette li(|ueur alcoolique. On la rencontre dans tous les temps et à peu près chez tous les peuples, aussi Tacite pourrait-il répéter pour tous ce qu'il disait des Gaulois : « Ainsi le pays entier s'enivre, car ils avalent ces boissons pures sans les tempérer ni les affaiblir par PROTOPHYTES-SCHIZOMYCETES 175 Teau (comme on le fait pour le vin). La terre semble n'avoir donné <|ue (les grains à ce peuple, or, admirez le génie du vice, il a trouvé le moyen de rendre l'eau enivrante. » De la Bière. — Son histoire chez les anciens : Egyptiens, Grecs. Romains, Germains et Gaulois: chez les modernes: Chinois, Japonais, Américains, etc. Fabrication de la Bière. — 1" Maltage (mouillage, germination, dessiccation, touraillage et mouture); 2" cuvage (préparation du moût, houblonnage, guillage). fermentation spontanée ou fortuite ; fermentation provoquée : 1° par haut ou par levure supère ; 2° par bas ou par levure infère. r)ans la fi;rmenlaliun iii(t\(M|ucr, si Ion trouve des ferments à la lin de l'opération de la fermentation, on sait quels ils sont et don ils viennent. On les a semés en nombre proportionnel à la quan- tité de sol fermentescible à exploiter; c'est donc une simple cul- ture. Les Saccharomyces se sont conduits comme toute autre plante en semblable occurrence : trouvant un sol pai-faitement approprié à leurs besoins, ils se sont multipliés, et, lors de la récolte, on recueille le produit de leur végétation, leurs germes (Indbilles et .spores) pour une autre fermentation. Mais la production des fer- ments n'est pas précisément le but pour lequel on les cultive, car. s'ils sont les facteurs de l'opération, c'est la modilîcation du sol qu'ils provoquent dont on s'inquiète surtout. Ici, on veut la transformation du sol sucré en sol alcoolique, d Ton profite des appétits àxi Saccharomyces pour obtenir ce que l'on ■désire. Quant à lui, lorsqu'on a prélevé sur la récolte la quantité nécessaire pour les opérations suivantes, on le rejette le plus sou- vent comme inutile. Aux deux sortes de fermentations par haut et par bas correspon- dent deux sortes de levains ou de levures, et les brasseurs le savent si bien qu'ils se gardent de les mélanger; ils attribuent à chacune d'elles des propriétés particulières et admettent qu'elles donnent aux produits des saveurs différentes. Au reste, les ferments se présen- tent avec des caractères appréciables. On les nomme tous Saccha- romyces cerevisiœ Mey. C'est le ferment qui a été, le premier, aperçu et décrit, en 1678, par Leeuwenhoeck, et c'est lui qui a donné Tidéf de rechercher tous ceux que nous avons déjà signalés dans les bois- sons fermentées. 17(i BOTANIQUE CUYPÏOGAMIQUE jo Ferment mpève. — Les collules sont ovales, ellipti(iues, mesu- ranl 10 à 12 millièmes' (le millimètres ' dans le sens de leur plus grand diamèlre. Sous la membrane enveloppante, mince, élastique, incolore, est un proloplasma granuleux contenant une ou deux gout- telettes graisseuses, de dimensions variables, réfractant fortement la lumière. En vieillissant, le contenu perd son aspect granuleux et ses gouttelettes. Un espace^lijalin se montre au centre et grandit; c'est Fig. 36. — Saccharomyces aircoisiss Mey, levure haute (en végétation). probablement ce que Kûtzing appelait la vésicule [vesicula cava interna). A Tétat de repos, les cellules sont isolées ou bien accolées deux par deux (lig. 37) ; dans l'état de végétation au milieu du moût, elles sont réunies par douze ou quinze, formant de petits flocons de chapelets se ramifiant du centre (fig. 36). Cette plantulc, placée dans le milieu fermentescible préparé pour elle, végète avec vigueui'. si on lui donne une température d'au moins 14 degrés, pouvant monter jusqu'à 18 et 20 ; l'elîervescence qu'elle détermine est rapide, intense, la température du liquide qui fermente s'élève jusqu'à 21 et 1. Ou a pris pour uuité le uiillième du uiillimètre et ou le représente par le signe [x; 10 à 12 millièmes de millimètres égaleut donc 10 à 12 [;.. PROTOPHYTES-SCHIZOMYCETES 177 même 28", et les bulles de gaz, plus grosses, plus abondantes, plus répétées, s'échappant des cellules qui roraposenl les flocons, les (•'ig. 37. — Saccitaruimjces curcuisix Mey, levure liaute (vieillie). «oulèvcnt et les entraînent avec elles à la surface du liquide, oi"i «lies "forment la mousse. Kig. 38. -- Saevharomyces cerevisix Mev, levure basse (en végétation) • 2o Ferment infère (fig. 38). — Les cellules sont rondes ou ovales; elles mesurent 8 à 9 pi dans le sens de leur plus grand diamètre. 178 lîOTANIQUE CRV l'TOGAMIQUR (|U('lqucfois sont plus petites. Leur membrane et son contenu sont tout à fait semblables à ce que nous avons décrit chez le ferment supère et se conduisent de même en vieillissant. Au repos, les cel- lules sont plus souvent isolées, et, quand elles sont en action dans le moût, elles se réunissent par quatre ou six tout au plus. Cette plan- tule se plaît et végète à une température de 7 à 12". Son action est calme et lente : elle met plusieurs jours à opérer les transformations ; aussi la chaleur produite par les actions chimiques est répartie en un plus long espace de temps; il en résulte que la température du moût s'élève à peine de quelques degrés : il marque 13 à 14". tandis Fig'. 3!'. — Nouvelle lc\iire haulc. d'.i|iirs M. l'a-liiir. que celle des caves est maintenue au-dessous de 10°. L'effervescence est lente ; aussi, la bulle qui s'échappe de la cellule la soulève bien pendant quelque temps, mais elle s'échappe avant de l'avoir remontée à la surface ; abandonnée à elle-même, la cellule redes- cend, pour s'élever et retomber encore. Plus la fermentation se calme, moins les voyages de chacune des cellules sont longs et fré- (|uents; bref, à la fin de l'opération, toutes sont couchées au fond (le la cuve. Le ferment est infère. Sont-ce deux espèces différentes ou deux variétés? Opinions, des brasseurs; opinions de I'astriii. Rf.kss, ïiiÉcuL. — Nou- velle levure haute (fig. 39). Levure caséeuse (fig. 40). Fer- ment de la lie de bière (fig. 41) : A. Boucuardat. PROTOPHYTES-SCHIZOMYCETES 17!) Pour M. Pasteur, chacune de ces levures a son mode d'action, et le goût de la bière, ainsi que ses caractères physiques, varie encore en raison de l'emploi de tel ou tel ferment, en particulier. Chacun Fig. 40. — Levure caséeuse, d'après M. Pasteur. donne une saveur spéciale : ainsi le Saccharomyces Pastorianus donne un goût vineux parfaitement reconnaissabie. Il y a donc intérêt à séparer les levures^ afin de les utiliser, à l'état de pureté, Fig. 41. — Ferment de la lie de bière. Ferrnentvm foscis A. Bolch.: Saccharomyces fœcis. suivant le résultat qu'on veut avoir. C'est pour cela que les bras- seurs se gardent bien de mélanger la levure haute avec la levure basse et qu'ils les recueillent séparément. Mais cela ne suffit pas, car, malgré toutes les précautions que l'on peut prendre, il y a ton- 180 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE jours mélange, en quantité diverse, de Saccharomyces etlipsoïdeus, pxiguus, Pastorianus, etc., etc. Il faut, pour arriver à avoir chacun d'eux en état de pureté parfaite, lui faire subir une série de cultures souvent assez compliquées. M. Pasteur est, dit-il, arrivé à ce résultat après avoir étudié atlentivomenl les conditions favorables à chaque ferment ; il a pu faire l'élimination successive de ceux qui y étaient mêlés et qui, dans cette lutte pour l'existence, renonçaient suc- cessivement à apparaître, ne trouvant pas les conditions qu'ils dési- raient; il finissait par ne plus avoir que celui qui s'y trouvait le mieux. Il opérait artificiellement la sélection naturelle, en épuisant à plusieurs reprises la levure impure par de l'eau sucrée et la rajeu- nissant ensuite alternativement dans un moût purifié. Nous admettons, avec M. Pasteur, que les Saccharomyces peuvent, suivant leur espèce, donner aux bières des saveurs diverses. Mais il nous semble que leur rôle est moins important qu'on semble le croire : on doit tenir compte du milieu fermentescible, du mode de préparation des moûts et de la rapidité de la fermentation. C'est même, peut-être, à la différence d'activité des diverses variétés qu'est due surtout la différence des saveurs. Tous les Saccharomyces cerevisiœ ont, sans doute, le même type originel et les variétés ne se sont produites que parce que, dans la culture, on a fait varier les conditions extérieures, ce qui a amené des changements dans la forme, les dimensions, les appétits et, par conséquent, dans les produits. Mais tout n'est pas là encore, et le goût d'une bière dépend du mode (ïempdtagp autant que de V ensemence ment. Tou- tefois il est certain que le goût doit être bien plus franc dans les bières pour lesquelles le levain est composé uniquement d'un même ferment que dans celles où le levain en contient plusieurs, et qu'il doit différer surtout des bières où la fermentation alcoolique est aidée ou modifiée par l'intervention de toutes sortes d'orga- nismes dont les actes peuvent varier, se contrarier, et qui, absorbés en quantités innombrables dans la bière, peuvent lui donner des saveurs bien diverses '. Envaissellage de la bière. — Sa conservation. Ses maladies; leurs causes; moyens de les traiter. — Mort. D'après M. Payen, un litre de bière représente de 48 à 50 gram- mes de matières solides, dont le pouvoir nourrissant est presque 1. Hanseu (E.-Ch.), Co/tlrihulion à la connaissance dea organismes qui peuvent se trouver el vivre (/am la bière et le moût de bière. Carsberg, 1879. PROTOPHYTES-SCIIIZOMYCÈTES 181 égal à un poids équivalent de pain. En effet, cet extrait est com- posé d'une petite quantité de matières azotées assimilables, de sels terreux et d'une forte porportion d'aliments respiratoires. « Cepen- dant il est probable que le pouvoir nutritif réel de cet extrait est plus considérable, en raison de ce que les principes alibiles de l'orge ont revêtu, pendant le maltage, la forme la plus favorable à Tassimilation de la jeune plante *. » Peu cbargée d'alcool, mais très aqueuse, la bière n'est pas la boisson qu'il faut choisir quand on a besoin de surexciter le système nerveux et de relever l'énergie; elle donne de la graisse, lave les muscles, rend le sang lourd et les idées épaisses. Elle peut être utilisée dans les cas où l'on a besoin d'un breuvage sain, frais, apéritif, nourrissant, mais peu alcoolique. En moyenne, la bière ne contient (jue 4 0/0 d'alcool. Les peuples qui n'ont pas, comme nous, le choix des boissons et ne peuvent user du vin quand il leur parait utile, remédient à la platitude de la bière en buvant de l'eau-de-vie de genièvre. Remède pire que le mal. La bière est une boisson diurétique, et, à ce point de vue, on peut l'employer comme médicament. Hippocrate donnait de la bière à ses malades et parfois la faisait couper de lait, ce qui composait le Zytiwr/ala. Pour certains médecins, elle semble avoir été un spé- cilique; de nos jours, on l'emploie, parfois encore en médecine, mais en l'unissant avec des médicaments divers, ce qui compose les bières médicinales ou brutolés. Ce sont des breuvages que Ion obtient, soit en faisant fermenter directement les plantes médica- menteuses avec le moût non houblonné, ce qui rappelle la bière des anciens ; soi! en prenant du moût houblonné, ou, encore, en se servant de la bière toute faite et en la faisant agir par fermentation secondaire sur les médicaments. On a ainsi la sapinelte, la bière au lichen, la bière au quinquina, la bière diurétique, la bière anti- scorbutique, la bière iodée, etc. B. — Itoissou» l'ei*iuentées d'origine auimale. Cette classe de boissons semble bien différente des précédentes ; pourtant nous pouvons passer facilement des unes aux autres. L'hy- dromel lui-même, qui est obtenu par la fermentation du miel, produc- tion animale, pourrait, dans certains pays, être regardé comme un cidre ou comme une bière, ce qui embarrasse fort les étymolo- 1. Paveu (A.), Traité de li fabrication de diverses sortes de bières. Paris, 1829. 182 BOTANIQUE CFUTTOGAMloUE gisles •.D'après Denis d'Utiquc 2, Fliydromcl était faljriquù en faisant bouillir du jus d'une pomme spéciale, sorte de fruit de Cognassier (Maki mationa) avec du miel et de Teau : jus de coings 1 partie, miel iî parties, eau 3 parties. D'autre part, chez les Ethiopiens, on sup- [irime le jus de coings, mais on le remplace par l'orge. Pour cela, on malle l'orge, on le fait griller ensuite, on le réduit en poudre, et Ion fait le moût en délayant avec l'eau miellée; on ajoute, sans doute pour lui donner du goût, une racine indigène (Taddo), qu'on a préalablement broyée. Dans ces deux cas, l'hydromel pourrait être reclamé soit parmi les cidres soit parmi les bières. Les Scythes, les Russes et les Cafres se contentent de faire fer- menter le miel dans l'eau; de môme les Bachapins, qui nomment i-etle boisson IJo/alloa, et les Hottentots, qui l'aromatisent avec une racine d'Ombellifère. Chez nous, on agit de même, mais, le plus sou- vent, on détermine la fermentation en ajoutant de la levure de bière. Les médecins ordonnent l'hydromel comme une boisson tempé- rante et laxative; et les pharmaciens, d'après le Codex, le prépa- rent simplement avec le miel et l'eau. L'hydromel devient la base de quelques médicaments : le Laudanum de Rousseau est un hydro- mel opiacé dans lequel la fermentation a été activée par l'addition de levure de bière. Les Lapons font, avec le lait de renne, une liqueur alcoolique (ju'ils nomment Pinna; mais la plus connue de ces boissons, dans lesquelles l'alcool est produit par la fermentation de la lactose, est celle que les Kalmuks et les tribus tartares-mongoles font avec le lait de leurs juments : c'est l'ancien breuvage des Scythes. Ils le nom- ment Kumiss ou Koumiss, et ils en retirent une eau-de-vie appelée Rack ou Racky. Cette boisson, qui, en Asie, est confinée chez les races tartares, se retrouve, en Afrique, chez les Cafres. Le Saint- Barnabîfs cow's thick milk, employé dans le Coi'nwall et le sud du Devon, semble avoir, avec cette boisson, une parenté qu'on ne sait trop comment expliquer. Les Rirghis unissent le lait au millet pour en faire une boisson fermentée qu'ils nomment Bmha. e lU tendent, avec tout autant de raison, qu'hydromel a pour origine les deux mots •jôtop, eau, et (jls/i, miel. i. Gassii Dionysii Uticencis, de AgricuUurâ, lib. XX, Jano Cornario interprètes. Lvon, 1502. PROTOPUYTES-SCHIZOMYCETES 185 Le Lambicine, ou vin d'agneau {laïub, agneau; wine, vin) se pré- pare avec un moût fait d'une pâte de chair d'agneau délayée dans le lait et abandonnée à la fermentation. Les Tartares-Mandchoux, qui fabriquent de cette boisson, remplacent parfois le lait par du riz broyé et, alors, font leur moût en ajoutant de l'eau; ils la consom- ment sur place ou l'exportent en Chine et en Corée. "2" Pain. On comprend que Tliommc, obligé do prendre pour vivre les tlilTérenls fruits qui l'entouraient, ait utilisé les grains des céréales; les animaux les moins intelligents, guidés par leur instinct, en font autant, mais lui seul perfectionna leur emploi. Une première inven- tion, pour lui, fut do broyer entre des pierres les grains les plus durs, afin d'éviter ce travail à ses mâchoires ; la seconde fut de délayer la poudre grossière ainsi obtenue dans l'eau, pour la réunii- en masses plus faciles à conserver et à transporter; le séchage au sohùl lui donna l'idée de la cuisson *. Mais il est à croire que, de 1)011110 heure, il découvrit la fermentation et" le levain (çu[j.7], de iéw, houillir,) et distingua l'un de l'autre : le pain levé du pain azyme (a privatif, ^u[jl-/i, levain). Il suffit, en effet, de prendre de la farine et de la délayer avec de l'eau chaude, en en faisant une pâte très molle, et de la laisser exposée ainsi dans un endroit chaud pour la voir spontanément lever, c'est-à-dire se soulever et se remplir de cavités [dus ou moins grandes. Ce procédé est connu de nos jours sous If nom de procédé de Dessable; on comprend comment, naturelle- ment, la pâte a dû fermenter, surtout dans les contrées où se trou- vaient réunies toutes les conditions extérieures exigées. Il suflil souvent de douze heures pour que le phénomène s'accomphsse. Le hasard aura bientôt démontré (pie la fermentation se fai- sait plus rapidement si Ton mélangeait un peu de pâte levée à de la pâte fraîchement préparée : de là sera venu l'usage du levain. Le pain levé et l'usage du levain ont dû être connus avant la fer- mentation de la bière et avant qu'on ait remarqué que la fermenta- lion du vin produisait, elle aussi, un levain. On sait, toutefois, que, chez les Romains , on n'ignorait pas la possibilité de remplacer un levain par l'autre, car l'histoire nous apprend qu'ils préparaient 1- Dans l'Exode, ch. XXIX, nous trouvons cette phrase : Panet7i non comedistis,. rimim et siceram non bibitis. i.S4 BOTANIQUE CUYPTOGAMIQUK leur levain du pain au moyen de la levure du vin en pleine fermen- lation. Ils unissaient ce moût en action à de la farine de millet, en confectionnaient des boules qu'ils faisaient sécher pour s'en servir, au besoin, pour leur pain. Ils avaient même remarqué que ce levain était plus actif que le levain de pâte et donnait un pain moins aigre. Les Gaulois, buveurs de cervoise, étaient arrivés au même résultai avec la levure de bière, comme le prouve cette phrase de Pline : « GaUiœ et Hispaniœ frumentoiit potiun resoltito, spuma ita concreta pro fermento utuntiir, qua de causa leviorillis, quam cœteris, panis est. » Toutefois, il faut dii'e qu'en France l'usage du levain aigre a longtemps prévalu sur celui du levain donx ou levure de bière, et, même, ce n'est pas sans de grandes difficultés qu'on a laissé persister l'emploi de ce dernier. Dans un mémoire humoristique, " Lp pain mollet et la levure devant la Faculté de médecine et le Par- Fig. 12. — Saccharomi/ces minor Eng. lement, 1668-1670, » M. Ch. Nisard a retracé les graves débats qui eurent lieu à ce sujet. De nos jours, si, dans les campagnes, on se sert encore du levain, la levure est presque exclusivement employée dans les villes, les citadins préférant le pain blanc au pain bis. En Angleterre et en Allemagne, on se sert des différentes levures de bière, quelle qu'en soit la provenance. De ces observations, il ressort que : 1" La fermentation panaire n'est qu'une forme de la fermenta- lion alcoolique, car ici encore la glycose est décomposée : elle donne de l'alcool et de l'acide carbonique. Ce dernier tend à s'échapper; mais, emprisonné par la pâte élasti(iue au milieu de laquelle il se développe, il y forme des cavités d'autant plus grandes que la fer- mentation est plus active. Quant à lalcool, il se change en acide acétique en d'autant plus grande proportion que l'opération est plus PROTOPllYTES-SCmzOMYCETES I8r> lente. C'est ce qui fait que le pain obtenu par le levain a plus de tendance à devenir aigre. De plus, le levain apporte toujours avec lui des ferments acétiques qui ne demandent qu'à agir. :2o La fermentation par la levure n'est pas identique à celle pro- duite par le levain; on en est persuadé par le seul fait de la rapi- dité d'action plus grande dans le premier cas que dans le second. Toutes ces raisons ont conduit à la recherche du ferment spécial de la fermentation panaire, ((u'on a trouvé être le Sncchnromycea minor Eng. Description du Sdccharomyccs niiiurr F.\g. ; lig. 4!^). — Ce ferment figuré n'est pas le seul à agir dans la panification, des fer- ments amorphes interviennent plus ou moins. (Voy. Ferments solubtes). ^ II. — Hygrocrocis. Le nom iVHijgroci'ocis (ôypo;, humide; xpoxtç, duvet) a été donné à un grand nombre de productions végétales qui apparaissent dans les li(|ui(les de toute nature. Ces organismes, formés de fdaments très déliés, allongés, sinueux, ramifiés et entrelacés, plongés dans une glaire abondante plus ou moins épaisse, ont été pendant long- temps rangés parmi les Algues; Agardh les classait, même, dans les Confervacées. Des recherches récentes ont démontré que ce n'étaient point des Algues mais des Champignons du groupe des moisissures dont les appareils végétatifs, les mycéliuim, prenaient une forme anormale par suite de l'humidité exagérée du milieu où ils appa- raissaient. Les Hygrocrocis ne constituent donc pas un genre de plantes autonomes, mais simplement un groupe d'organismes qui, comme les Mycodcrnui, doivent la forme spéciale sous laquelle ils se présentent à la nature de l'habitat, car ils reprennent leurs formes de moisissures ordinaires s'ils viennent à sortir des liquides où ils vivaient d'abord . a. — De la. fermentation, g-allique. Schéele pensait que l'acide gallique préexiste dans la noix de galle. M. Pelouze dit qu'il se forme par la transformation du tannin au contact de l'air. Robiquet supposa l'intervention d'un ferment que M. Laroque affirma et que M. Ed. Robiquet crut devoir con- fondre avec la pectase. « La fermentation gallique se confond avec 186 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE la fermentation pectique ». La question en était en cet état lors- qu'elle fut reprise, en 1867, par M, Van Tieghem S qui renversa toutes ces liypothèses et arriva à prouver que, pour que le tannin se transforme en acide gallique, il sufftt qu'un mycélium de Mucé- (linée se développe dans la solution. « Ainsi, dit-il, Tair tout seul est inactif; seules, les spores du Pénicillium et de VAspergillus sont impuissantes ; il faut et il suffit que la dissolution reçoive à la fois une spore de la Mucédinée active et le contact d'une quantité suf- fisante d'air, pour faire germer cette spore et la développer en un abondant mycélium. C'est donc l'air qui apporte au tannin deux principes dont l'action commune est nécessaire h sa destruction : les spores et l'oxygène ; il est à la fois véhicule et aliment. » 11 faut que les spores trouvent dans la dissolution aérée, à côté du tannin qui n'est pour elles qu'une source d'aliments carbonés, à côté de l'oxygène qui est nécessaire à la réparation dont tout être vivant est le siège, les principes azotés et minéraux indispensables à leur déve- loppement. Dans l'infusion de noix de galle ces principes abondent; aussi, la végétation est-elle très active. Le ferment est représenté ici par des filaments longs, plus ou moins renfiés de distance en distance, ramifiés, entremêlés, plongés au milieu d'une glaire plus ou moins épaisse qui les réunit en une masse comme gélatineuse. Quand ce ferment est plongé dans le liquide, il y a dédoublement du tannin et le végétal reste à l'état de mycélium ; mais, « lorsque la plante vit et fructifie à la surface, elle brûle directement le tannin sans le dédoubler. » C'est dans ce dernier état qu'il est permis de reconnaître, aux fructifications qui se produisent, la nature du végétal auquel appartenait le mycélium. C'est alors qu'on peut reconnaître si l'on a atTaire au Pénicillium ou à VAspergillm. I). — Altération des licjuicies médicamenteux. Dans un grand nombre de liquides divers et, en particulier, dans les liquides médicamenteux des officines, se développent souvent des masses de matières comme glaireuses, lactescentes, qui forment bientôt des flocons plus ou moins denses, plus ou moins serrés, qui parfois envaliissent la totalité du flacon , restant tantôt en suspen- 1. Van Tiegliem (Tli ), Fermentation gallique, iii Compl. rend. Aead. des Se., 1867, LXV, page 1091, et in Ânn. se. nul. Bot., b' série, 1867. VIII, 210. PROTOPnVTES-SCHIZOMYCETES 187 ^ion, tantôt s'accolant aux parois. Examinés au microscope, ces flocons se présentent sous forme de filaments ramifiés , plongés dans une glaire, devenant peu à peu distincts d'elle et montrant des renflements et des nodosités de forme, de couleur et de taille yariables. Autrefois, on a regardé ces êtres comme des plantes autonomes, qu on rangeait, à cause de leur station habituelle, dans les Algues et auxquelles on donnait le nom d^Hygrocrocis; mais ce ne sont, comme dans le cas de la fermentation gallique, que des mycéliums qui, changés de milieu et placés dans des conditions d'aération convenables, donnent des Mucédinécs qu'on peut alors reconnaître et dénommer. C'est, au moins, ce qui résulte des obser- vations ([uc M. Van Tiegliem a publiées dans le Bulletin de lu So- ciété de botanique de France, à propos de ses recherches sur la végétation dans l'huile et de celles plus anciennes que nous avons faites sur YHi/grocrocis arsenicus (voy. pi. I) et présentées à VAcn- démie des Sciences en 1878. « Dans la solution apparaissent de petites taches lactescentes : ce sont des nuages opalins qui flottent dans le liquide ; c'est le débnl de l'envaliissement. Examinée à ce moment, la tache se présenli' sous forme d'une masse glaireuse, amorpbe, parsemée de globules •(|ui forment comme une poussière brillante à grains si fins qu'ils ne peuvent être mesurés. « Plus tard, le nuage grossit du centre à la circonférence ; il se <^olore en jaunâtre au centre. — Examiné alors , on trouve les mêmes détails à la périphérie ; mais la partie la plus ancienne montre que les globules sont endigués en des tubes ; ces globules sont, au reste, de forme diverse et semblent tendre à s'allonger. — Quand la plante est plus vieille encore, les parois des filaments deviennent parfaitement appréciables; ils montrent leurs ramifica- lions, et leur contenu, devenu homogène, les remplit en totalité. Us mesurent environ 0°'°',001. « Plus âgés, ces filaments se cloisonnent. Les disques de sépara- tion, d'abord rares et fort espacés, se rapprochent peu à peu el finissent, à mesure qu'on se rapproche des points les plus anciens, par se montrer assez fréquents pour donner des cellules dont la longueur égale la largeur. Il est à noter, cependant , que certains filaments conservent toujours un écartement plus grand des cloi- sons, en sorte que les cellules restent toujours sensiblement plus longues que larges. « A ce moment, les masses sont encore opalines et fiottent au milieu du liquide, surtout si le flacon est demeuré en repos. Si, an 188 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE contraire, le flacon a été agité, les masses se précipitent au fond , (|uelqiies-unes restent allachées aux parois intérieures, même au- dessus du niveau du liquide. « Bientôt surviennent de nouveaux phénomènes : les filaments grossissent, passent du blanc au grisâtre, puis au gris brun, et alors se montrent de nouveau, dans leur intérieur, des globules bril- lants, deux, rarement trois par cellule, parfois quatre dans certains filaments qui ont un rôle à |iart. C'est dans ces conditions que se fait la maturation. « La niasse tout entière passe au brun foncé ; vue à un faible gros- sissement, elle ressemble à une petite châtaigne, de ^ à 8 millimètres de diamètre, hérissée de pointes. Ces pointes sont les extrémités des filaments; ils sont coniques et moins chargés de globules que le reste, en général, à contenu homogène. Les filaments se modifient diversement. Les uns, à cellules allongées, à contenu homogène de 0™™,00o à 0'""\007 de diamètre, se ramifient, continuant à en- voyer de nouvelles pointes à la périphérie ; d'autres, à contenu gra- nuleux, à cellules égales dans tous les sens, de 0™"'.01, deviennenl bossus, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre, comme cagneux : ces bosses donnent d'abord des ramifications comme les précédents, puis à un certain moment, au lieu d'une ramification, apparaît un renflement pyriforme. Les filaments les plus cachés au centre deviennent plus gros encore; ils mesurent de 0""",010 à 0""",015 de diamètre; ils se gonflent vers l'équateur et prennent la forme d'un ciiapelet. Dans chaque grain sont quatre globules brillants, arrondis, disposés en croix; leur membrane s'épaissit de plus en plus, et leur couleur tranche déjà sur la couleur des filaments voisins. « On peut dire alors que la période de fructification va com- mencer. « Elle s'annonce par l'apparition , autour des masses brunes iïHygrocrocis, de filaments blanchâtres qui s'allongent, s'enchevê- trent et finissent par se fondre en une glaire qui voile la masse d'un nuage grisâtre. Cette matière glaireuse, ces filaments entremêlés, retiennent les spores qui vont sortir des organes à maturité ; on trouve, en elTet, dans ce réseau une foule de corps qui sont, à ne pas en douter, des spores, et des débris des organes qui les ont données. « Si, à ce moment, on examine la masse des filaments, on la trouve presque noire, et, si l'on veut la disséquer, on est frappé de la fragilité des éléments, qui se désarticulent avec une facilité extrême. C'est avec peine qu'on reconnaît les organes décrits tout à l'heure, tant leur apparence a changé. PROTOPHYTES-SCHIZOMYCETES 189 « Les filaments toruleux ont grossi, ils alteignent près de 0'"™,02, ils sont devenus noirs, ce qui empêche que l'on puisse reconnaître leur contenu. « Les filaments bossues, irréguliers, sont restés brunâtres, mais leurs ampoules pyrifoi-mes se sont grandement développées, ont pris une teinte noire à la partie rélrécie qui touche le fdament; cette teinte s'atténue en passant sur la portion renflée qui est colorée de brun rosé, rehaussé de jaune. Tout à fait en haut, l'on voit une ligne de déhiscence qui s'entr'ouvre pour laisser échapper deux ou trois spores hyalines. Ce sporangiole mesure 0'n"',04 en longueur sur 0™'",02 dans son épaisseur. — Il est, cependant, des filaments [dus petits portant des sporangioles ([ui sont aussi un tiers plus petits. Quant aux spores hyalines, elles mesurent moins de 0""",01. Les sporangioles se groupent en épi, en verticilles. ou se montrent isolés, soit sur la longueur, soit à l'extrémité ; parfois, ils sont réunis en capitule. Quand ils sont vides, ils se désarticulent el forment des débris rougeàtres ((ue l'on trouve dans la gangue péri- phérique. « Les filaments non bossues, réguliers, à contenu homogène, à cellules plutùl allongées, portent, de même, des fructifications qui viennent s'épanouir à la périphérie. Ces fructifications sont fort dif- férentes de celles que nous venons de décrire ; elles produisent des -spores conidiennes analogues à celles des Spicara, dont elles se rap- prochent, au reste, beaucoup. Certaines de ces fructifications sont, en effet, formées de chapelets de petites spores arrondies, de O'"'°,00o à 0""",007 de diamètre, qui sont plantés côte à côte, en pin- ceau, au haut de la cellule terminale du filament, tandis que les autres forment comme des épis ramifiés de spores allongées en bâtonnets, épis dont la longueur va en décroissant et dont les plus longs mesurent 0™"', 02 de long sur O-'^.OOS de diamètre. — Ces ditfé- rentes spores se rencontrent dans le lacis glaireux qui entoure les petites masses. « Peut-être à ces organes de reproduction, déjà nombreux, doit-on en ajouter un autre encore. J'ai rencontré, pris au milieu des fila- ments glaireux, des corps arrondis mesurant de 0""",02 à 0™"i,03, à surface réticulée, à enveloppe transparente qui laisse entrevoir, à l'intérieur, des globules sphériques et qui est marquée d'une étoile Jioire k trois ou quatre rayons. Je les ai toujours trouvés libres de toute adhérence ; cependant, dans un cas, l'un de ces corps se trou- vait à l'extrémité d'un filament, mais sans qu'il me soit possible de décider s'il y avait ou non continuité entre lui et le filament. Ajou- ta 190 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE Ions que dans ce cas le corps était, en outre, accompagné de deux autres filaments recourbés vers lui. Dans les mêmes préparations, on trouve des masses noires «pii semblent être des débris de mem- branes enveloppantes. Y aurait-il riiiolques rapports entre les corps réticulés et ces débris ? » Nous le répétons, des végétations analogues se rencontrent dans un grand nombre de préparations pbarmaceutiques et y produisent nécessairement des fermentations variées, dont il serait utile et intéressant de connaître la nature ; il y a là un sujet d"étude bien fait pour tenter la sagacité d'un cbimiste et surtout d'un pharmacien . c. — Altérations des vins. Les vins, les bières, les cidres sont, dans certaines circonstances, pris de maladies qui les détériorent, changent leur composition chi- mique et, par là, toutes leurs propriétés normales. Dans ces mala- dies, on constate la présence d'organismes complètement analogues à ceux que nous venons détudier dans les préparations pharma- ceutiques : ce qui a conduit quelques savants à déclarer que ces^ organismes étaient la cause de ces maladies. Nous citerons en par- ticulier la graisse et ïamer. La graisse attaque les vins blancs et les rend tilants, huileux, de telle faron que, lorsqu'on verse ces liquides, il semble qu'on verse de l'huile. Au microscope, on trouve que le liquide est envahi par des filaments rameux pris dans une glaire et composés de globules sphériques, très petits, disposés en chape- lets (page 46) ; ces filaments forment comme de longues houppes soyeuses ; ce sont eux, qui, versés avec le vin, lui donnent l'appa- rence que nous venons de décrire. L'amer attaque les vins rouges et occasionne les plus grands dommages aux viticulteurs de Bour- gogne. Ici encore, on trouve des houppes de filaments ramifiés, de diamètre variable, colorés en rouge, jaune ou brun, associés à des amas mamelonnés de matière colorante ou- de cristaux. Ces fila- ments sont plus volumineux que les précédents, semblent noueux, aussi plongés dans une glaire abondante. Nous aurons à parler plus loin de Vacescenre et de la pousse. cf. — Altération du. lait. Le lait s'altère facilement et souvent présente des végétations analogues à celles quf nous venons de voir dans les vins malades. PROTOPHYTES-SCHIZOïMYCETES 191 On a décrit un grand nombre de ferments du lait ; mais tous pour- raient très bien n'être aussi que des formes d'un seul et même organisme, variant suivant les conditions dans lesquelles on l'a ren- contré. C'est un de ces Hygrocrocis que M. Fauvel a rencontré dans les biberons des nourrices et qui a été accusé de déterminer des diarrhées et de devenir, ainsi, une des causes de la mortalité qui sévit sur la première enfance. 3^ Section. — Sciiizomycètes pathogènes. L'analyse microscopique ayant démontré la présence à iifu près constante de certains microbes dans cpielques alîections morbides, on a été porté à croire que ces êtres en étaient, aussi, la cause déter- minante ; les expériences tentées dans le but de vérifier cette ma- nière de voir ayant, dans certains cas, autorisé à penser que cette croyance était suffisamment justifiée, on s'est hâté de généraliser cette doctrine, et l'on a admis que, toutes les fois qu'un microbe se montrait dans le cours d'une maladie, c'était lui qui devait en êtrr regardé comme la cdiise. C'est ainsi que nous nous trouvons ici en face de Schizomycètes dits pathogènes (TraOb?, soufirance ; yswaw, j'engendre). Ce n'est point l'instant de discuter la doctrine; nous n'avons pour le moment qu'à signaler les espèces qui ont été accu- sées, à tort ou à raison, d'engendrer les maladies. Tous sont des êtres d'organisation très simple, faisant partie autrefois du groupe des Mucédinées, ces Ciiampignons à caractères indécis, (jui ne sont très probablement que des phases d'espèces supérieures, mais, toutefois, espèces assez inconnues pour que. dans la plupart des cas , on ne sache à laquelle on peut rattacher chacune de ces phases. Au reste, arriverait-on à le trouver, ce qui a été fait pour quelques-unes, que cela ne nous empêcherait en rien de placer ici ces Schizomycètes, car, dans l'accomplissement de leurs fondions pathogéniques, ils se présentent, toujours, avec les mêmes formes et se reproduisent, toujours, avec des caractères tellement identiques que quelques savants peuvent, avec une cer- taine raison, les déclarer autonomes, alors qu'ils ne sont probable- ment, pour la plupart, que des états mycéliens, conidiens, de végé- taux pohTiiorphes dont le cycle de vie est bien plus étendu qu'on ne le suppose. M. Reess ayant retiré des Mucédinées, pour le rappro- cher des Saccharomijces , VOïdium du muguet, il nous a semblé 192 BOTANIQUE CRYPÏOGAMIQUE logique de faire passer du coup dans le même groupe tous les pro- torganisés qui peuvent se trouver dans les mêmes cas, sauf à indi- (juer ce qu'ils peuvent devenir quand ils sont placés dans d'autres milieux. 1" Muguet \GuHum albkam Ch. Rob. (fig. 43). — Saccharomyces albicans Reess.) (>fr. Gruby, Reynal, Vogel, Robin, (jubler, Quinquaud, Grawitz. 03 <^ Fig. 43. — Saccharomyces albicans Reess, d'après M. Ch. Robin. Le Saccharomyces albicans n'est pas la seule cryptogame que l'on ail trouvée sur la langue dans l'étal de santé, comme dans l'état de maladie; la bouche est remplie de microbes de toute espèce, et ce serait une dure besogne d'entreprendre de donner la flore crypto- gamique de cette cavité. Cependant, il serait urgent que ce travail se fît, car l'examen microscopique des enduits de la langue peut devenir une indication pour le diagnostic des maladies, surtout si Ton admet que les maladies sont dues à des êtres, protophytes aériens, en quête d'un terrain fei^mentescible. Il faudrait donc éta- blir, d'abord, quels sont les microbes de la langue et de la bouche chez l'homme en santé ; ce point de départ établi, on n'aurait plus qu'à rechercher ceux qui se montreraient d'une manière constante dans telle ou telle atïection déterminée. Cfr. Hanover, Robin, Lebert. Luys, Pouciiet (G.) et Guicuard, Rappin. PROTOPIIYTES-SCHIZOMYCETES 193 2° Pneumothorax {Oidium pulmoneuw Benn.) — Description du microbe, d'après M. BE^^ETT. 3° Catarrhe utérin (Toiula utero-catarrhalis et T. aggregata Salisb.^ fig. 44). m Fig. 4i. — Torula aggregata Salisb., d'après M. Salisbuiy. 0-6, spores se développant [lar segmentation. ^ c, spores se développant par bourgeonnement. 4° Choléra. Opinions diverses sur la nature du choléra : MuHRAY (J.) ; Macnamara ; Blanc (H.'i. Le microbe est-il un Schizomycète ou un Schizophycéte, un Oidium. un Leptothrix ou un Micrococem? VAv. PouciiET ; Williams ; Reichart et Leuburcher ; Pacini ; Buul ; TiiOMÉ (0. W.) ; Bkale ; Klob (J. M.) ; de Bary ; Cooke ; Rallier ; WlîIGER : Danet. 5° Diphthérie {Micrococem (liplitheriticna ; — Zygodesnins fuscus HALL. ; — TUletiu diitlitlteritica LETZ.). Gfr. Hallier ; Tigiîi ; Trousseau ; Peter ; Reyxal ; Trendelkn- berg; OKrted ; Ducamp; IIueter; ïomasi et Hueter, Lktzerich ; Senator ; SciiULTZ ; Talamon. 6° Eczéma : Lichen érysipélateux de Devergie. Porrigo, impé- tigo, etc. CIV. Weisflog (G.), qui considère cette maladie comme une mycose due au développement de diverses formes dune Mucorinée. 7° Mentagre {Microsporium mentagrophytcs Ch. Rob.). 8° Muscardine des vers à soie [Botrytis bassiana MONT.). 9*> Pébrine ; gattine, atrophie, négrone des vers à soie. Gfr. GuÉRiN - Menneyille ; Filippi; Leydig ; Cornalia ; Balbiam ; Pasteur ; Béchamp ; Hallieb ; Pelletan ; Luersen. l9/i 150TANIQUE CP.YPTOGAMIoUE 10° Onychomycosis. Rogne ou carie sèche de l'ongle chez rhomme : Fourmilière des Solipédes. Cfi'. Baerensprug ; Korber ; Hivoi.ta ; Kuciienmeister, Rallier, Ercolam. 11° Otomycosis. Végétations parasites de Toreille. Cïv. Mayer ; Cramer; Gruber ; Hallier ; Bocke (I.) ; Hagen ; Versari ; KoRSTEN (H.) ; Lœyenberg ; Burnet. 12° Pityriasis discolor {Microsporoii fnrfur CJi. lion.). 13° Plique polonaise (Tiirhophyton '^ ^poruldides Cn. ROB.) 14° Pneumomycosis ou mycose des voies respiratoires. Cfr. Eudes-Deslongcuamps; Sluyter; Wircuow; Friedreich; Dursh ; Pagenstecher ; James Mûrie ; Gouniieim ; Ferbinger ; Bainier. d^ Fig. iô. — PenkiUiarn prurinsum Salisb., d'après M. Salisbury. a, s))ûres provenant de la vulve et de la vessie. — b, spores se développant dans répitholium de la vessie. — c, mycélium dans la vessie. — d, fructifloalion dans la vessie. 15° Prurit de la vulve {Pénicillium pruriosum SAUSB.) (fig. 45). 16° Psoriase ou mycose de la peau. Ses causes d'après ^VERTl^:lM. 17° Teigne décalvante {Microsporon Andouini GRUB., Microspo- rium Andouini Cn. Bob.). 18° Teigne laveuse iOidinni Schœnleimi Leb., Achorion Schmi- leinii REM.). CÂv. Remak ; ScHfENLEiN; Gruby; Lebert; Robin; Vincent; Glaudat. 19° Teigne tondante (Tricliophyton tonmrans Malms.). 20° Ulcères atoniques (Tricfwphyton iilccrum Ch. Rob.). PROÏOPHYTES-SCHIZOMYCETES 21" Trichose du chat (Trichosis felinis Salisb.) (tig. 46). 22° Trichose du chien [Trichosis caninis Salisb.). m Fig. iO, Trichosis felinis, Salisb., d'après M. Salisbury. u. Spores dans les cellules épithéliales de la peau du cliat. — 6, Mycélium dans les cellules épithéliales de la peau du chat. — c, spores dans les cellules épithéliales de la peau des enfants. — ; I. — Etude du protophyte. Il est essentiel de choisir, poiii' nos recherches physiologiques, un ferment facile à se procurer et qui se prête à la culture, de tt'llc façon qu'on l'ait à volonté, et avec des caractères assurés ou à peu près. Le choix n'est pas grand, peu remplissent les conditions réclam(''es ; le Saccharomyces cerevisiœ répond à nos dcsiderala. Cela explique pourquoi Leeuwenhoeck l'a choisi, dès 1680, et pourquoi c'est toujours lui qu'on met en expérience ; les autres, jusqu'ici du moins, étant moins domestiqués, sont plus difficiles ;i obtenir. Puis, il est en nombre assez grand pour que les résul- tats des expériences aient quelque apparence de valeur. Il en est des plantes comme des animaux : certaines races semblent prédestinées à l'honneur des martyrisations des physiologistes 1 Pour les cas présents, sans nous apitoyer outre mesure sur le sort du Saccharomyces cerevisiœ, nous ne pouvons appeler d'un autre nom toutes les tortures qu'on lui a infligées; la diète, la submersion, la compression à de nombreuses atmosphères, le broiement, la congélation, l'ébullition, la carbonisation, etc., J9S BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE rien ne lui a été épargné. Pour apprendre comment fonctionne son mécanisme, on en a Ijrisé tous les rouages, et Ton a étudié sa vie normale sur des cas tout à fait anormaux. Cela s'explique, <^ar, la plupart du temps, les expérimentateurs, étant des chimistes, ont oublié qu'ils expérimentaient sur des êtres organisés et les ont traités comme de simples corps bruts. Nous dirons même qu'ils > ont mis moins de ménagements qu'avec certains de ces derniers, (pii, au reste, se chargent trop souvent, hélas! dans nos labora- toires, de rappeler brutalement aux imprudents qui les manient «ju'ils sont sensibles à la chaleur, à la pression, àla lumière, à l'élec- tricité, etc.; les ferments, plus dociles, ont tout supporté sans pro- tester, de telle sorte (juïl est arrivé souvent que l'expérimentateur, après avoir, à son insu, fait passer le patient de vie à trépas, ■ayant continué ses expériences sur des cadavres, en a tiré des conclusions sur lesquelles on s'obstine à échafauder l'histoire de leur vie!... Aussi (jue de contradictions et que d'erreurs, sans I. 3Iitsclierlicb et isolé par M. Borlbolot. r. — Aliments azotés. L'azote n'est pas pris directement à lalmosplière; les levures, en <'ela, se conduisent, comme tous les autres végétaux; elles sont obligées de l'emprunter à des combinaisons azotées. Lesquelles? Les pbysiologistes ne sont point d'accord sur ce point : les uns pen- chent pour les nitrates et croient que ceux-ci, pour être absorbés, iloivent repasser à l'état d'ammoniaque; les autres, au contraire, soutiennent que les ferments préfèrent les sels ammoniacaux, mais (pie, pour les utiliser, ils les font passer à l'état de nitrates. Quoi (ju'il en soil, il résulte des expériences de M. Pasteur que la levure vit et prospère dans un milieu où il n'y a que des sels ammonia- caux. « La levure a donc la faculté de faire la synthèse des matières albuminoïdes (ju'elle renferme, aux dépens du carbone et de l'hydro- gène du sucre et de l'azote de l'ammoniaque. Elle ne semble même pas dédaigner cette source d'azote et n'avoir recours à elle que lors- qu'il n'y a pas autour d'elle de matière organique azotée plus facile- ment assimilable, car je me suis assuré que des sels ammoniacaux introduits dans l'eau de levure, si propre pourtant à la nutrition du petit végétal, disparaissaient pendant la fermentation. » Le jus de raisin renferme presque toujours un composé ammoniacal qu'on ne retrouve plus dans le vin (]u'il produit. « L'addition de sels ammo- niacaux, à des fermentations faites dans de mauvaises conditions a eu pour résultat de faciliter la fermentation et la conservation du litre en azote (0,1), de la levure. » Rôle de l'azote. — Observations de Couturier et Jodin sur les Mycoderma. •:02 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE ri. — Aliments minéraux. Quels sont les sels les plus favorables à la fermentation alcoolique? Les cendres de levures, contenant tous les résidus minéraux de ces organismes, ont été, en général, proposées pour leur culture ; on est même, dans cette voie, arrivé à démontrer que la suppres- sion des éléments de ces cendres de levures dans un milieu arti- liciel rendait la fermentation presque impossible. « M. Mayer * a léussi à spécifier davantage rinfluence relative des diverses subs- tances salines sur le développement de la levure. Il a trouvé que le pbosphate de potasse exerçait une action prépondérante; la fer- mentation et le développement de la levure se font d'autant mieux ([u'il y a davantage de ce sel; si on le supprime, tout s'arrête, et on ne peut pas alors le remplacer par du pbospbate de soude. La potasse est donc indispensable. Il en est de même de la magnésie. En revanche, la chaux peut être absente sans gi-ands inconvé- nients. La levure peut aussi se passer de silice, de fer, de soude et de chlore. Le soufre paraît n'exercer aucune action, lorsqu'on Tolfre à la levure sous forme de sulfates. Cependant, la leATire en renferme toujours. A quoi l'emprunte-t-elle, et sous quelle forme le désire-t-elle? C'est ce que Ton ne sait pas encore. e. — Air atnnosptiérique. L'azote del'airn'est pas, ainsi que nous lavons vu, utilisé par les Saccharomyccs, mais se servent-ils de son oxygène? On ne sait; on nage en pleine hypothèse, et, en résumé, la vérité devient chaque jour plus difficile à saisir. Pour répondre à la question, il faut, tout d'abord, considérer le sujet en observation. Or, le Saccharouiyces est un être qui est ap- pelé à vivre dans des litiuides, du moins c'est dans cet état qu'il est ferment alcoolique. Lorsqu'il vient à surnager, quand il monte à la surface des liquides fermentescibles, il change la nature de son action, et, au lieu de faire de l'alcool, il en consomme. On peut déjà conclure de cette observation que ces protophytes, sortis de leur sol fermentescible, sont dans des conditions anormales et que les expériences faites dans ces conditions peuvent bien prouver que la levure continue à vivre, pendant un certain temps, en fabriquant 1. Mayer (A.), Manuel de la chimie des fermentations. Heidelberg. 1871. PROTOPHVÏES-SCHIZOMVCETES 'M des produits aux dépens des matières qu'elle a empruntées an sol et dont elle est saturée, mais ne prouvent rien sur ce qui se passe 0 Fiff. i8. — Mycodernvi fini Dksm.. d'après Uesmazièies. à l'étal normal, cest-à-dirc lorsque le ferment est plongé dans un sol convenablement ménagé. Expériences de Pasteur sur le Mijcoderma rini (lig. 48;. li. — Les iiup<»iiil«'i-altU>«i. o. — Action de la température. Nous avons vu ijut' les levures qui ont pu être soumises à l'obser- vation demandent toutes, pour agir, un certain degré de tempéra- ture; de plus, nous avons constaté que ce degré varie suivant les sortes de Saccharomyces. Ceux de la levure haute demandeni -[-14° à -[-20° pour opérer la fermentation d'une façon convenable, tandis que ceux de la levure basse s'accommodent mal d'une tempé- rature qui dépasse -j- 11° ou -\- 12°; ils préfèrent même n'avoir que -j- 7^ Au-dessous de -\- 14° pour la levure baute, comme au- dessous de -{- 7° pour la levure basse, la fermentation se fait en- core, mais avec moins de force, en sorte que -\- 16° à -f- 18° repré- 204 BOTAMQUE CRYPTOGAMIQUE sente la moyenne, dans le premier cas, et -{- 10" à plus + 11», dans le second. Recherches de Cagmakd-Latoi n. 31ki.sk.ns, Schlm.uikkr, Wies>'er, .Manasskin sur les températures extrêmes que peuvent sup- porter les Sacrharomyces. Quoi qu'il en soit de la température extrême que l'organisme du Sacrharomijres peut supporter en conservant la faculté de revivre ensuite, il n"en ressort pas moins que la vie de celte plante se trouve i-alentie ou activée suivant les circonstances ; que la chaleur, comme le froid, l'impressionne désagréablement : c'est pour cela qu'on em- ploie ces deux agents pour arrêter la fermentation et conserver les boissons fermentées. fj. — ActioiTi de l'électricité. Les phssiologistes actuels paraissent attacher peu d'importance à l'action de l'électricité. M. Schulzenberger dit seulement : « Les étin- celles d'une machine Holtz, ou les étincelles d'induction passant à travers de l'eau contenant de la levure, ne modifient ni son pouvoir inversif, ni son pouvoir comme ferment. » Toutefois 3L Béchamp a constaté que, sous l'influence de l'électricité, il fallait ajouter aux produits excrétés : « matières fixes, 3,690; matières minérales, 0,984; — soit '21 0/0 de sa substance supposée sèchp. s Expériences de Coi.i> sur l'action de l'électricité sur le fer- ment alcoolique. c. — A-ction de la. lumière. Un semble s'être fort peu occupé de cette (picstion. " La marche des fennentations est plus lente à l'obscurité, » dit M. Schulzenber- ger. Pour les vins, les cidres et les bières, on s'est préoccupé de savoir s'il fallait couvrir les cuves ou bien les laisser découvertes ; mais ce n'a jamais été au point de vue de l'action de la lumière sur les ferments. Il est vrai que dans tous les cas, ou à peu près, le cuvage se fait dans des vases en bois, et que, si la partie supérieure reste ouvoile, elle se trouve bientôt recouverte par ce qu'on nomme le rltaiieuit, en sorte qu'on peut dire que, dans tous les cas, la vie des Sncrharomf/rpfi en ft^rmentation se passe à l'abri de la lumière. PROTOPHYTES-SCmZOMYCETES 205 d. — Action du mou.vement. D'après M. Hansen, Tagitalion accélère la production de la levure; cette conclusion est contraire à celle que nous trouverons formulée pour les Schizophycètes par MM. Rert et Horwatii. § m. — Étude des fonctions. Comnu'nt le Sciiizoravcèle rèa*ril-il sur les milieux? comment s'y <-omporle-l-il? (|ne fait-il des aliments qui s'offrent à ses appétits excités par les impondérahles? en un mot, comment vit-il? Telles sont les questions (pii nous restent à résoudre. Tous les phénomènes, il ne faut pas l'oublier, se passent dans iiiir masse de protoplasma enveloppée d'un sac de cellulose : d'où il suit (|u'il est difficile d'étudiiM- .séparément ceux ties phénomènes (|ui sont du ressort de l'assimilation et ceux qui relèvent de la désassimilation; c'est là ce qui fait que les auteurs qui ont écrit sur ce sujet se trouvent souvent en contradiction , la plantule fonctionnant alternativement dans un sens ou dans l'autre, sous l'inlliience de causes qui leur ont échappé et les ont induits en erreur. Nous étudierons successivement : 1" les fonctions de nutrition, c'est-à-dire celles qui tendent à entretenir la vie de l'individu et à préparer celle de ses descendants; :2<' les fonctions qui assurent la perpétuité de l'espèce par le moyen de la génération. 1" Fonctions de nutrition. Comment se nourrit le protophyte? quels éléments emprunte-t-il Huxalinifiits pour en faire sa propre substance? quels sont ceux, au contraire, qu'il rejette après les avoir utilisés, et, en un mot, comment cet ensemble de phénomènes donne-t-il, en résumé, ces produits ijui nous font, suivant les cas, craindre ou rechercher leur inter- vention? Ce sont là autant de questions capitales, qui, il faut l'avouer, sont loin d'être résolues, malgré les travaux des physiolo- gistes éminents qui les ont traitées et retournées sous toutes leurs faces. Cependant, après avoir attentivement étudié tous ces débats, nous croyons pouvoir dire que, dans bien des cas, l'entente eût pu se faire si, dans l'ardeur des discussions, les adversaires se laissant 14 -206 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE trop emporter par la certitude où ils étaient de rexcellence de leurs opinions respectives, n'avaient pas oublié de s'assurer, avant tout, s'ils étaient bien sur le même terrain. Nous avons à examiner : 1° la végétation du protopbyte; 2" son accroissement. A. — Végétation. Les Schizomycètes, étant des cellules végétales, vivent comme toute cellule végétale, c'est-à-dire qu'à travers la membrane, comme à travers un fdtre, il s'établit un courant qui fait passer, de fex- térieur à l'intérieur, les substances assimilables du milieu, tandis (pi'un autre, en sens inverse, emporte les substances usées et les rend aux milieux d'où elles étaient sorties. Il y a donc absorption et excrétion ou sécrétion. Les savants ne se sont pas encore mis d'accord sur ce point ; aussi, en est-il résulté qu'ils ont différemment interprété le phénomène. Hypothèses diverses : Béchami", Beutuelot, Mitscherlich, Pasteuh. En résumé, les uns attribuent la décomposition du sucre à l'ali- mentation du ferment tiguré, les autres admettent que c'est la matière excrétée qui agit après coup comme ferment soluble. Il y a, dans chacune de ces hypothèses, une somme de vérité qui explique comment chacune conserve sa place dans la Science et compte parmi ses défenseurs d'illustres expérimentateurs. Nous verrons dans un instant comment, au lieu de s'exclure, elles se complètent. Ceux qui soutiennent que la décomposition du sucre est un effet de la nutrition du microphyte sont obligés d'expliquer cette nutri- tion ; ils ont trouvé la théorie de la vie sans air. Aérobies et Anaérobies. Idées de ("01. in. de Boichardat. Théorie de Pasteip, : la fermentation s'explique par la vie sans air des ferments vrais; opinions contradictoires : Trécll, Beh- THELOT et Ce. Bernard. Dans nos études sur la fabrication des différentes boissons fer- mentées, nous n'avons pas vu que l'on ait songé à éviter à la levure le contact de l'air. La fermentation ne se fait donc pas nécessaire- ment à l'abri de l'air et dans des liquides purgés d'oxygène. Alors. PROTOPflYTES-SCrUZOMVCETES 207 n'y aurait-il pas d'anaérobiens et Tanaérobiose serait-f^lle une hypo- thèse à rejeter? « Ici, les avis sont très partagés, même chez les partisans de l'explication de M. Pasteur. Pour les uns, la présence de l'oxygène activerait la fermentation ; pour d'autres, elle la retar- derait; ceux-là soutiennent qu'il n'y a pas de multiplication ni d'ac- croissement, mais simplement fermentation des substances sucrées; pour d'autres, la décomposition porterait sur les matières albumi- noides, etc. » Cfr. : BuEFEi.i) (0.), M.vyek (\.), TuAritE, Mauker (Max.), ScnuTZE>i- UERGI'K (p.). TyNDAI.L, W.EG.MîK, PeUEKSEN. Que penser, après cela, dr lanaérobiose? Nous pensons (|iie la compétence des contradicteurs ne laissera pas de nous jeter dans nu embarras profond. Comment admettre que des expérimenta- teurs aussi ingénieux, et des observateurs aussi sagaces puissent s'être trompés les uns ou les autres, et même les uns et les autres, de si étrange façon que nous les trouvons aflirnuint des thèses aussi opposées et aussi contradictoires avec la même impétuosité et la même confiance en la vérité de leurs assertions? Pour nous, envisageant la question dans son ensemble, et tenant compte des préoccupations individuelles de chaque adversaire, nous croyons pouvoir avancer (jue ces deux opinions, en apparence aussi contra- dictoires, ne sont pas aussi difficiles à concilier qu'on pourrait le craindre de piinie abonl. 'SI. Pasteur voit dans la levuie un être organisé, une cellule végétale, et ne veut voir que cela; hors de cette cellule, point de fermentation; l'école opposée voit dans le ferment une substance amorphe, ^ protoplasma ou zymase, » et ne lient pas compte de l'appareil organi(iue, surajouté ici, que l'on nomme membrane. Un désaccord était inévitable, le sujet en obser- vation n'étant pas, en réalité, compris de la même façon. La levure est membrane cellulosique et protoplasma : si l'on oublie l'un ou l'autre de ces deux facteurs, l'erreur se produit. Le proloplasma, nu ou inclus (nous le prouverons), assimile et désassimile, absorbe et respire, transforme la glycose en alcool et en acide carbonique, cela est évident; mais, tandis que ces phénomènes sont simples et s'arrêtent là pour ceux qui considèrent la levure comme du proto- plasma pur, ils se compliquent pour les autres du fonctionnement de la membrane surajoutée qui vit aussi, pour sa part, organisant les hydrates de carbone, et, par là, participe à la résultante générale. Mais, de ce que la vie de la membrane s'ajoute à celle du proto- 20S BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE plasma, il ne s'ensuit pas que le protoplasma n'a aucune action. L'étude des deux espèces de ferments, figuré et amorphe, est insé- parable, l'une explique l'autre et la complète. L'alcool et l'acide carbonique se produisent, qu'il s'agisse de protoplasma inclus, ou de protoplasma nu et amorphe; mais, dans le premier cas, l'action de la membrane apporte un perfectionnement, car si le protoplasma prend de l'oxygène, comme dans l'autre cas, en plus, il décompose du sucre pour faire de la cellulose. Il se peut donc, et cela s'expli- querait naturellement, que la portion des phénomènes de fermenta- lion alcoolique due au protoplasma ne soit pas explicable par la « vie sans air », ainsi que le veulent MM. Cl. Bernard et Berthelot, mais que, pour le cas des ferments figurés, la privation d'air libre soit une condition favorable à la décomposition du sucre et, par là, amenât encore, par un autre procédé, la formation d'alcool et d'acide carbonique, comme le veut M. Pasteur. Il y a là une com- plication qui peut masquer le phénomène général et qui nécessite de nouvelles expériences . Remarques de Gumixg sur rimpossibilité d'obtenir un milieu absolument privé d'oxygène. En résumé, tous les Schizomycètes sont des microphytes qui, pour vivre, ont besoin d'oxygène. Mais, comme cela se voit dans le Règne animal, certains d'entre eux ont des métamorphoses et peuvent, dans certaines phases de leur vie, respirer l'air libre ou bien l'air dissous; ils sont amphibies. Les Saccliaromyces vivent de l'air dissous dans l'eau, les Mycoderma et les Mucédinées, leurs congénères, vivent de l'air libre. De plus, les Sncchnromyces ont la faculté de décomposer les sucres pour leur emprunter l'oxygène qui leur est indispensable. La résultante varie suivant les cas. Quand le Schizomycète vit à l'air libre, il agit à la manière des Champignons aériens : il brûle les hydrates de carbone ; c'est poui- cela que l'alcool disparaît des solutions à la surface desquelles végètent les Mycodermes; quand, au contraire, il est submergé, sa respiration devient aussi faible que possible, puisqu'il n"a plus que Toxygène dissous dans Feau; il ne détruit pas l'alcool, et, de plus, il décompose le sucre pour obtenir de lui l'oxygène qu'il ne trouve pas ailleurs ; il en fait CO^ et laisse comme résidu : C^H'^O-, l'alcool. C'est là toute la fermentation ! De la non-spécificité des Saccliaromyces. Cfr. : Bellynck, Reess, B.\RÉ^ETZKl, DE LucA, Vax-Tieghem, Mlntz, Fitz. PKOTOPFIVTES-SCIIIZUMVCETES 209 Dépossédés de leur spécificité, les Saccharomyces rentrent dans la règle générale et ils produisent de l'alcool avec la glycose, parce que « l'alcool est un produit de végétation, et, si la levure en produit en si grande quantité, c"est (ju elle se reproduit avec grande acti- vité. » Nous ajouterons (jue le ferment, étant dans les conditions de la vie sans air, no peut brûler lalcool formé. On comprend ainsi comment il se fait qu'il opère mieux. Ses aptitudes l'ont fait choisir pour être cultivé, comme les agriculteurs ou les horticulteurs enlou- ii'iil de soin les plantes qui N'iir rapporlfut le plus d'agrément ou de profit. Restés en face de ce nncrupliNli', ampifl nous reconnaissons la su[»éi'ior'itè sur tous les autres pour la prodinlioii di' l'alcool, nous nous dnuandons auqutd des éléun-nls ipii cntmil dans sa structuic nous devons le déilouldemenl du sucre. Tous deux sont certes utiles à l'accomplissement régulier du [diénomène : mais tous deu\ sont-ils ègalemtiii iiiil.>. tous deux sont-ils indispensables; en un mot, i»eul-on se passer di- l'un on di' l'autre? Le Saccharonii/res se compose d'un protoplasma entouré d'ime enveloppe cellulosiipie; il faudrait pouNoir les isoler l'un et l'autre et les faire travailler successivement et séparément. Ces conditioir- sont si difficiles à réaliser qu'on a essayé de tourner la difticulté. Expériences de Bolcmaiidat (A.), LiitEHSiiourr, ScMMiiti, Béchamp. La préoccupation de mettre leurs résultats d'accoid avec la théorie cellulaire a troublé les physiologistes i|ui se sont occupés de la question, et leur a fait voir avant tout, dans le microphyle, le sac enveloppant : la membrane cellulosique; delà, l'hypothèse de M. Iléchauq) des zymases contenues dans la membrane; de là, celle de M. Berthelol. soutenue par M. Fremy. et dans laquelle ces savants admettent des ferments solubles sécrétés : « Il s'agit, dit M. Berthelol, de savoir si le changement chimique produit dans toute fermentation ne se i-ésout point en une réaction fondamen- tale, provotiuée par un principe défini, spécial, de l'ordre des ferments solubles, lequel se consomme, en général, au fur et à mesui-e de sa production, c'est-à-dire se transforme chimiquement pendant l'accomplissement même du travail qu'il détermine. » M. Pasteur n'admet pas cette sécrétion, tout au moins il nie le rôle des matières sécrétées, et l'un de ses élèves, M. Cochin, a cru pouvoir prouver l'exactitude de cette manière de voir. Ces contradictions s'expliquent par ce fait que le facteur de la fermentation n'est point 210 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE la cellule, mais bien la masse proloplasmique; cela donne raison à tous, mais, du même coup, le rôle de la membrane cellulaire s'efface, ce que Cl. Bernard déclare implicitement dans ses notes posthumes. (( L'alcool, dans les jus retirés des fruits, augmente par un ferment soluble. Car cette augmentation n"a pas lieu si le jus est cuit. Dans le verjus et les jus pourris, Faugmentation de Talcool a lieu sans levure. Dans le jus mûr protoplasmique, toute la levure se montre avec formation d'alcool, et encore « il faut prouver que la formation d'alcool est indépendante de la présence de toute cellule. » S"il en est ainsi, les albuminoïdes doivent produire la fermentation alcoolique. C'est ce qui a lieu. Cfr. : CoLi>, Boucii.utDAT, Bkchamp, Berthelot. Il y a dans les phénomènes végétatifs deux choses que l'on semble confondre, c'est : i° l'accroissement, 2° la fermentation ou production d'alcool, d'acide carbonique, etc., etc. On est tenté d'y voir deux phénomènes qui sont corrélatifs l'un de l'autre et qui marchent parallèlement. L'accroissement est un phénomène d'assi- milation et la fermentation un phénomène de désassimilation; mais ils ne sont pas nécessairement proportionnels l'un à l'autre. Sup- posons de la levure à l'état d'entretien; elle ne perd ni ne gagne; dans ce cas, il y a fermentation, parce qu'il y a eu remplacement d'éléments usés par des éléments neufs, et l'on peut comprendre (jue, si le mouvement d'entrée s'équilibre avec le mouvement de sortie, la fermentation a lieu sans qu'il se fasse d'accroissement de levure. Mais l'équilibre peut être rompu, et alors, suivant les circon- stances extérieures dans lesquelles la levure est placée, il y a ac- croissement ou diminution. S'il y a accroissement, il peut porter sur les matières protoplasmatiques, alors l'alcool et l'acide carbonique peuvent ne pas augmenter de proportion ; mais il peut, au contraire, se faire que le travail porte exclu.sivement sur la consolidation des cellules; alors, l'hydrate de carbone étant fortement décomposé, les proportions d'alcool et d'acide carbonique augmentent. De même, s'il y a décroissance, l'usure peut atteindre exclusivement le proto- plasma, et les proportions du détritus augmentent seules, les produits de la fermentation restant les mêmes; par contre, leur proportion peut fortement augmenter si l'usurf porte sur les cellules. Or ces questions n'ont encore été (pi'entrevues, et la difficulté de se bien rendre compte de l'état de prospérité de la levure empêche d'arriver à des résultats complets. PROTOPHÏTES-SCEIIZOMYCETES 21 1 Ou peut comprendre, d'après ces considérations, combien 1»- j)Ouvoir et raclivité du ferment sont exposés à varier; car, tous deux, ils se trouvent subordonnés à un ensemble d'impressions diverses, provenant dune part de létat de sànlè du Sacc/uiromyce-'i, de Tautre, des actions exercées sur lui par les agents extérieurs : un sol plus ou moins dense, une température plus ou moins élevée, de l'oxygène en plus ou moins grande abondance, etc., etc. MM. Schutzenberger et Pasteur ont fort agité ces questions, sans |)Ouvoir arriver à un accord. Pour nous, il nous semble (jue si l'on pt'ut, avec M. Pasteur, admetti'e i|ue le pouroiv d'un fernit^nt peut étie mesuré par lu ijuantilé de travail accompli, on ne peut juger de sa puissance (|u'en faisant, avec M. Schutzenberger, entrer en ligne de compte son urtii ité, c'est-à-dire le rapport entre le travail fourni |iar l'unité de |ioids de levure dans l'unité du tem|is. Le fermeul le plus puissant serait celui (|iii, à pouvoir égal, aurait une activité plus grande. Le pouvoir étant susceptible d'être augmenté ou diminué indépendamment de l'activité, (iui,de son côté, pourrait être excitée ou ralentie sans (|uc le iiouvoir soit changé. Quant aux causes de ralentissement ou d'excitation de l'activité, « le désaccord est, suivant l'expression de M. Pasteur, complet et absolu. » B. — AceroÏNsenieiit vt niiilliplicatioii. L'assimilation et la nutrition amènent l'accroissement des êtres un moins considérabli' de cf'ilult's.^Oii aperçoit des cliapelt^ts composés de d('i[\ ou trois cellules srult^- Kig. r>i). — ■'^(icc/taroiiiyces eerei'iiii;e .Mt;v. Buiii-geonnemeiit de Ui levure iufùre, d'après M. Kng-el. ment, dautres dim plus faraud nombif. Os i liaix-iets sont alors dus au bourgfonnement de la levure. On rencontre aussi, dans ce dernier cas, des globules isolés qui commencent à bourgeonner; d'autres enfin sont complètement libres et n'ont encore poussé aucun bourgeon K » Dans les Sacc/iaiomyces cererisiip Mev. (fig. 36, 38, 39 et349, 50), au moment où la cellulf a acquis ses dimensions normales ^ on voit I. Lacroix (Léon). De la levure de bière et de la fermentation alcoolique. Thèse pharm., 1870, pag. 14. '2. Les figures de ce fascicule ont été tracée? à la même échelle afin ifiie 1« 214 BOTANIQUE r.RYPTOGAMioUE 4ipparaître, sur un des points de la périiiliéiic (llg. 48), en général vers une des extrémités, quand la cellule est ovoïde, une petite Fig. Saccharomyces cerevisiie. Bourgeonnement de la levure supère, forme arrondie, d'après M. Luerssen. hernie de protoplasma. Au déliut, un petit bourgeon est nu et simplement plongé dans la zone glaireuse; mais, à mesure qu'il grossit, il s'enveloppe d'une membrane qui devient apparente et (jui le >iiil dans son développement ultérieur. Quand il a acquis environ les deux tiers de ses dimensions normales, il a tendance à se séparer dans la levure basse: il reste, au contraire, adhérent Fig. 52. — Forme allongée (action de la chaleur), d'après M. Engel. dans la levure haute et peut alors lui-même bourgeonner, et les liourgeons secondaires, tertiaires et quaternaires agissant de même, lecteur puisse les comparer entre elles. Toutefois, à tort, peut-être, nous avons cru devoir en amplifier quelques-unes plus que les autres, afin de per- mettre de pouvoir saisir plus facilement certains détails. Ainsi, les figures 49 ■et ;J0 ont été doublées et les figures iil à 60 ont été quadruplées. PROTOPHYTES-SCHIZOMYCETES Mo on a (les groupes de cellules qui forment comme des flocons dans le liquide fermentescible. Pendant que chaque cellule fournit ainsi du proloplasma pour faire un ou plusieurs bourgeons, on voit se faire des vacuoles au milieu des cellules-mères (lig. oO, ol). Les mêmes phénomènes se retrouvent dans les autres Succharomijces et aussi dans le Curpozi/ina aphulutum (fig. 35). Dans les autres Schizomycètes, le bourgeonnement se fait de la même mainère, et c'est ainsi que se forment les ramificalioiis des tnyceliuws ou /n/iilnis qui constituent les Mycodermes ou les Hni/ro- crocis que nous avons signalés (hins certaines fermentations zymo- gènes ou pathogènes et (|rn' nous allons étudier à un autre jKpint de vne. /j. — Sporulation ou enkystement. Lorsque les milieux s'appauvrissent et deviennent, par là, inaptes non seulement à l'accroissement, mais encore à la végétation, le pro- toplasma, menacé dans son existence, se fragmente et entoure cha- cune de ses portions d'une membrane cellulosique. Ces fragments de prolaplasme l'ornienl alors des sphérules au\(|nelles on a donné le nom de .spores et (jui, contenues [M-ndanL (pitdque temps dans l'inté- rieur de la cellule mère, forment aloi-s quelque cjiose d'analogue à ce que nous appellerons plus tard thèque ou asqup. En sorte que les Schizomycètes nous amènent, de ce fait, aux Ascomycètes, comme, ^l'autre part, ils nous amenaient aux Basidiomycètes par leur bour- geonnement. Cfr : LEKrwTXHOECK, Cacmaiui i»k Latolk, ue Seynes, Trécil, Reess, Engel, Sein maker. ho:> Siin/i(iiotiit/rcs Mi/roilrinui Reess on Mj/co- (leriiia Viiii Desm et .)/. ceiecisiœ Desm. Nous empruntons les détails suivants, sur la sporulation, au ti-avail de 3L Engel » (lig. o3). « Les cellules (du Saccharornyces cerevisiœ) les plus vieilles et les moins riches en protoplasma périssent et tombent en détri- tus. D'autres cellules, au contraire, agrandissant leurs lacunes, disparaissent, et le protoplasma se disperse en ferment dans le suc cellulaire. Au bout de six à dix heures, on voit apparaître 1. Engel (L.), Les fermenU alcooliques. Thèse inaug., 1872, pages 27 et suiv. 216 BOTAMglE CUYPTOGAMIQUE au milieu de ce protoplasma deux à quatre îlots plus biillauts et l)his denses autour desquels se rassemblent, de fines granulations. Ces îlots denses n'olïrent point l'apparence de nucléus, et ils se ditîé- rencient de plus en plus en devenant exactement sphériques. Douze à vingt-quatre heures plus tard, chacune de ces sphérules se revêt d'une membrane très fine, mais (jui s'épaissit peu à peu et olTre alors, à un grossissement de 600, un double contour. Lorsqu'il n'y a que deux spores, elles sont placées suivant le grand diamètre de la cel- lule mère; lorsqu'il y en a trois, elles sont ordinairement disposées Fig. 53. — Saccharomyces cerevisix Mev. Sporulation, d'après M. Engel. u. Division du protoplasma. — b. thèque avec diade de spores. — c, tlièque avec triade. — d, e, thèque avec tétrades. en triangle ; lorsqu'il y en a quatre, elles sont disposées en croix ou bien trois d'entre elles forment un triangle auquel la quatrième est superposée en forme de tétraèdre. « Pendant leur évolution, les spores se touchent; il se produit par conséquent au point de contact une surface plane ; elles restent attachées entre elles pendant ((uelque temps après leur maturité el forment ainsi des diades, des triades et des tétrades. Les deux spores des diades n'ont qu'une face plane ; celles des triades en offrent deux inchnées entre elles à 120°; enfin les spores des tétrades dis- l»osées en croix ont aussi deux faces planes, mais inclinées entre elles à angle droit. Lorsque les spores mûrissent, les thèques se moulenf sur elles et prennent aussi des formes diverses. La thèque des diades est elliptique : celles des triades sont triangulaires, à angles arrondis ; enfin celles des tétrades, empilées, sont létraédriques. « A la maturité complète, la membrane de la thèque — c'est ainsi ijue l'on appelle la cellule mère transformée en fruit — se déchire PROTOPHYTES-SCHIZOMYCETES 217 et laisse échapper les spores. Les thèqnes mûres mesurent 10 à lo mi- cromillimètres ; les spores ont un diamètre de 4 à 4,o micromil- li mètres. » Ces spores germent (fig. 34) dès qu'elles trouvent un milieu fer- Ki r. 3i. — ^Saccharomyces cerevisix Mey. Sporulalion, d'aprÙ3_M. lleess. Ktal divers du développement des spores. iiKMitescible.Cliatiuc spore se gonfle, puis donne un buiirgt'un. -< Ce Itiemicr bourgeon (ou cellule de ferment) reste toujours plus petit Kig. ô5. — Saccharomyces ellipsoîdeus, Reess. Fig. 50. — Saccharomyces exiguus, Reess. S. — Saccharonn/ces minor, Eng. Fig. 59. — Sacckaromyces conf/lomeratus, Ueess. d'être décrite chez le S. cerevisiœ; on peut s'en convaincre en jetant les yeux sur les figures 55, 56, 57, 58, 59. Sur la sporulation des Sacckaromyces ellipsoidens, S. exiguus, S. Pastorianus, S. minora S. conglomerntus. Nous avons vu le Carpozyma apiculatum se singulariser des autres ferments alcooliques par lamanière dont se fait son bourgeonnement; la sporulation est plus étrange encore (fig. 60) et nous permet de relier intimement les Schizomycèles, dont il est le représentant le plus parfait, avec les derniers du groupe des Champignons. Nous laisserons encore la parole à M. Engel, à qui revient l'honneur de la découverte. PROTOPHYTES-SCHIZOMYCETES 21'.) « Lorsque le ferment apiculé est déposé sur les plâtres luimieles, 011 voit, au bout de dix à quinze îieures au plus, un petit amas de matière proloplasmique, clair et brillant, se former à Tune des extré- mités de la cellule, du côté de la sadlie. Quelquefois, mais rarement, il se forme un amas semblable, mais ordinairement plus pelit, à l'extrémité opposée. — Lorsque l'amas est unique, il s'agrandit encore pendant quelque temps, sans changer de place, puis il che- mine vers le centre de la cellule, en traînant quelquefois après lui une queue cflllée. Arrivé au centre de la cellule, il prend la forme d'une sphère en s'agrandissant de plus en plus. Lorsque la cellule a présenté au début (b'u\ amas proloplasmiques, les deux portions se rejoignent d'ahord au centre et Unissent par se fondre l'une dans l'autre en prenant la forme spliéri(|ue. Pendant ce temps, les parois de la cellule subissent aussi im cliangenient profond ; la membrane cellulaire s'épaissit considérablement et linit [tar pré- senter deu\ contours très neis el foncés, séparés par un iiilervalle clair qui, sous certaines inclinaisons de la lumière, prend une jolie teinte rosée. Au fur et à mesure que la sphère intérieure grandit el (pie la membrane cellulaire s'épaissit, les saillies de la cellule de- viennent de moins en moins saillantes et Unissent par s'effacer com- plètement; la cellule est alors elliptique et sans apicules. » « La sphère centrale s'est, pendant ce temps, recouverte d'une enveloppe cellulaire, A celte époque du développement, la plante présente : i" une enveloppe extérieure épaisse et qui parait com- posée de deux couches de densité ditïérente; 2° à l'intérieur de cette enveloppe, un espace ovoïde, ou circulaire, rempli de suc cellulaire, clair: 3'^ tout au centre et nageant dans le hquide, la sphère prolo- plasmique entourée de sa membiane. — La sphère interne continue à s'accroître ; l'espace rempli de licjuide se rétrécit peu à peu; le dia- mètre transversal de la membrane extérieure s'allonge rapidement, et le tout huit par prendre l'aspect d'une sphère revêtue simplement par une épaisse membrane extérieure. Tous ces phénomènes se pas- sent dans un espace de quarante-huit heures. » « A cet état de développement le sporange (ou thèque) complet mesure 9 à 12 ix, la sphère interne 6 à 9 a et la membrane exté- rieure 1 [X 5 d'épais.seur. Ces organes de fructification entrent alors dans un état de repos et sont destinés à passer l'hiver sans se déve- lopper ultérieurement. La majorité des thèques produites, au com- mencement d'octobre, quoique conservées humides, n'avaient point encore changé d'aspect à la fin du mois de janvier et au commence- ment de février, c'est-à-dire au bout de quatre à cinq mois. Vers la -220 BOTANigUE CRYPTOGAMIQUK fin (le février, trois ou quatre de ces thèques ont présenté un déve- loppement précoce, et j'ai pu observer quelques-unes des phases (le cette transformation. » « La sphère interne (thèque ou spoi'ange) coiilinuanl à s'accroître, l'enveloppe extérieure est soumise à une pression interne croissante et à laquelle elle finit par ne plus pouvoir résister. La couche la Fig.'60. Carpozyma apiculatum Eng. Etats successifs de la sporulation, d'après M. Engel. plus externe, ou épisiiorannf, se déchire alors en un point de sa cir- conférence, mais elle continue encore à envelopper complètement les couches les plus profondes. La membrane moyenne, ou mésospo- range, s'imbibe alors d'eau au côté qui correspond à la fissure; elle se gonfle en ce point et liiiil par former hernie. L'épisporange se déchire alors tout à fait et laisse échapper le sporange encore recouvert du mésosporange. Les organes ne deviennent pas immé- (Uatement libres; ils traînent encore avec eux l'épisporange, qui leur reste accolé au moyen du mésosporange gonflé et gélatineux. PROTOPHYTES-SCHIZOMYCETES 221 L'épisporange s'est roulé en spirale et recroquevillé. Le mésospo- range finit par se déchirer aussi en plusieurs points et disparaît. Le sporange s'agrandit encore un peu ; sa membrane, quoique très dé- licate, ofîre un double contour, et son protoplasma, très finement granulé et répandu dans toute la cellule, surtout vers le centre, contient quelques granules plus gi'os qui paraissent de nature grais- seuse. Plus tard encore, le protoplasma tapisse la paroi interne du sporange; en quelques points, la couche paraît plus mince; en d'au- tres, l'accumulation semble être plus forte; le tout présente ainsi iii) aspect réticulé, les granules graisseux ont complètement disjmrii. — Au commencement de mars, (iiielqiies sporanges sont encore plus avancés; on y voit un grand nombre de petits grains, assez épais, de protoplasma, séparés entre eux par un réseau de granulations plus fines. Nul doute, pour moi, que ces petits grains de protoplasma ne soient rébauche de spores futures. > Fig. 57.) La transformation en thèques se fait soit sur des spores isolées, soit sur deux cellules encore réunies, la cellule fille fructifiant seule, soit sur les deux cellules filles reliées par la cellule mère stérile; . enfin, une fois, M. Engcl a vu les trois cellules fructifier ensemble. Ce mode de fructification du Caijiozi/ma tend à le rapprocher d'un genre de Champignons mucédinés parasites qu'on nomme Pro- lotnyces, dont le plus connu est le P. niarrosjiorus. qui vit en para- site surWEijopodiiim jiodagraria et sur le Metnii utIunnantUuin. Tou- tefois on n"a pu jusqu'ici rencontrer de (liupozijina avec mycélium, en sorte qu'il dilTérerait par là des Protomi/res. « Il occuperait dans le système mycologi(|ue, à côté du Piotoiin/ccs, la même place (|ue le Saccharonnjces à l'égai'd de VEroascus. >-> (E>gel) . 1'' Fonctions de génération Pour beaucoup de physiologistes, l'histoire biologiiiue des Scliizo- mycètes s'arrêterait ici. Xe les a-t-on pas vu vivre, s'accroître, dé- croître, se reproduire et disparaître ? Le cycle de leur vie n'est-il donc pas fermé ? A peine resterait-il à parler de la dissémination de leurs germes, car il ne peut être question pour ces infimes orga- nismes de reproduction par le concours des sexes! Cela est vrai peut-être ' ; mais, si nous n'avons pas à rechercher la génération par sexes, qui est la plus haute expression i\Q\di division du travail, nom i. Nous renvoyons à notre chapitre : Reprodudioyi des protoplasmes, pour justitier peut-être ce qui. ici, semblera un peu hasardé. 15 222 ROTANlgUE CRYPTOGAMIoLE avons à discuter la génération spontanée qui en est l'expression la plus rudimentaire. En elTe-t, si dans certains cas la fermentation est provoquée par ensemencement des feraients, ces cas sont exceptionnels, et le plus souvent, au contraire, nous avons reconnu qu'elle avait lieu sans que rensemencement ait été fait par la main de l'homme, et cependant, dans ces derniers cas, comme dans les premiers, l'opération terminée, on trouve qu'il s'est fait dans le liquide une production considérable de ces mêmes micropliytes. La (|ucstion qu'on se pose devant un semblable résultat est celle-ci : D'où viennent-ils? Tant que l'on n'a pas su (|ue le ferment était un Biicrobe, on a admis sans la moindre hésitation (lu'il se formait naturellement, comme l'on dit. au fond des liquides fermentescibles ; c'était un précipité inorganique, voire même organique, et personne ne son- geait à inciiminer sa spontanéité. La formation de certains prin- cipes par l'action des miheux est chose habituelle, et, voyant, dans les moûts sucrés, apparaître certaines substances qui en troublaient la limpidité, qui surnageaient ou. inversement, gagnaient le fond des cuves, on était porté à admettre que ces substances n'étaient , que le produit des réactions qui s'accomplissaient en vertu même des affinités chimiques opérant sous l'influence des agents phy- siques, « comme un précipité engendré par le gluten devenant insoluble en s'oxydant, » disait Liebig. Tous les savants, à peu près, étaient d'accord sur ce point que, dans ses mémoires, trop peu con- nus, ou du moins trop peu cités. Colin résume en cette phrase : a La fermentation engendre les levures, c'est-à-dire des matières opérant sans aucun aide, rapidement et dès le principe, avec plus d'énergie ([ue les corps dont elles proviennent, la transformation du sucre en alcool '. » Cette manière de voir exphquait l'univer- salité de la connaissance du phénomène des fermentations et sa production en l'absence de tout ensemencement artificiel. Mais, dès iju'il fut reconnu que ce précipité était formé de micro- bes, les choses changèrent brusquement de face, et de simples qu'elles étaient, devinrent de la plus grande complication. Les savants se divisèrent, les uns continuant, comme par le passé, à croire à une formation spontanée, les autres la déclarant impossible. Ce (|ui était la vérité avant la découverte devait être l'erreur; ces microbes ne sont-ils pas des plantes et non plus de simples corps 1. Colin, Now. M&m. sur la fermentation, 1838, in Mém. de la Soc. des Se. natur. de Seine-et-Oise, II, pag. 18. PRO TOPH YTES-SCH IZOMVCETES 223 inorganisés, comme on le supposait? Dès lors, ils n'obéissent plus aux forces naturelles physico-chimiques, mais à cette force métaphy- si(|ue, à ce flatus qu'on nomme la « force vitale » . Or, admettre la formation spontanée de ces microbes, c'est admettre la genèse spontanée, cette grosse hérésie 1 La matière inorganisée seule pcul s'agencer d'elle-même. Mais il n'en est pas de même de la matière organisée. La première était inerte; la seconde est dirigée par une (lamme qui donne la vie et qui ne peut se perpétuer par la génération. Or le microl)e est soumis à la même loi que tous b's êtres vivants, il ne peut se produir(\ il faut (pi'il provienne d'un microbe ancêtre. Ainsi s'élevèrent en face l'une de l'autre deux écoles : l'une, Vho mofjénie, qui n'admet pas de microhe sans parents; l'autre, V hétéro- génie, qui professe que la matière s'organise seule avec les éléments inorganiques et forme ainsi un corps dont les molécules, sous i'in- (luence des agents extérieurs, accéléreront leurs mouvements, (jui par là, devenant plus apparents, prennont le caractère de ce que les homogénistes appellent « la force vitale ». D'après la première de ces deux hypothèses, le suj.\, deSki.nes, I'asiku;, Tin.i;u., Poicuet, .loi v et Mrssii, IhiiiKit, Cdi.iN, Mns- cnui.iscn, Rhéfeli», etc. De l'état mycrozymique : Cag.maiju- Latolr, Tlui'IN, Thécll, Harz, etc. En résumé, en faisant abstraction du passage à l'état de levui-e laclicjue, quin'a encore été qu'entrevu et sur lequel peuvent encore l)laner des doutes, la doctrine du polymorphisme admet quatre phases bien déterminées et qui sont : la phase microzymiiiue, la phase toruleuse, la phase mycodermique, la phase mucédinienne. Ajoutons que, dès lors, on est amené à ajouter à celles-là les phases supérieures, car il a été prouvé qu'un certain nombre de ces mucé- •) M. (Clmrtara) (Jï- dium lactis. '■) •> S. albicans. M. Oïdium albicans. 9 ■) CAirpozyma apku- laluin. 9 Aspeigilliis qlau- rus. B. — Hétérogénie. Prenez : miel, loO grammes: eau à oO% loOO grammes; crème de tartre, 30 grammes; malt, oOO grammes. Remuez bien le tout et PKOTOPHYTES-SCHIZOMYCÈTES o^- ahandonnez-le pendant deux ou trois heures ou jusqu'à ce que la température soit descendue à 20"; alors couvrez jusqu'à ce que la fermentation sunienne. Telle est la méthode qu'on emploie pour fahriquer de toutes pièces la tecuie de bière urtificielU' '. Si l'on abandonne au contact de l'air des solutions simplement composées de sucre candi, de phosphate d'ammonia(pie et d'eau distillée, elles ne tarderont pas à devenir le siège de phénomènes organiques fort intéressants. Elles peuvent, suivant les circonstances, produire d'abondantes végétations mycodermi(iiies.ou engendrer la fennt'titalion alcuolique.... •■ l'cndant la lerniontalion spontanée, il se. développe un fernicFit dont lorganisalion olhv les plus grandes analogies avec la levure df bière; mais il s'en dislingue par des propriétés bien dignes de IIm r l attention des chimistes et des phy- siologistes 2. » D'où viennent ces ferments? Cette question, nous avons pu nous la luire pour tous les cas où nous n'avons pas vu intervenir l'ense- mencement direct? La panspermie répond : de Saccliaiomyces ré- pandus dans lair. Si nous ottservons ipion ne les peut rencontrera lélalde suspension, on nous répond qu'ils sont disposés en provision sur les substances destinés à fermenter, et, si nous observons que nous ne pouvons les reconnaître dans ces poussières, le polymor- phisme nous exphque comment ils peuvent sortir de germes qui, au premier al)ord, semblent n'avoir rien de commun avec eux, mais qui, en généralité, leur sont alliés par des liens d'une étroite parenté. Ces allirmalions ne satisfont pas tous les savants, et il en est un assez grand nombre qui cherchent une autre origine à ces ferments apparaissant ainsi spontanément et présentant la singularité de sembler choisir leurs milieux. D'après M. Pasteur ^, à ties li(piides de composition déterminée cor- respondent des fermentations déterminées : et, ajoute M. Hansen \ « si placés dans les mêmes conditions, dans la même atmosphère, ils ne fermentent pas de la même manière, et s'ils contiennent des organismes ditlérents, on peut être sûr qu'ils ont une composition chimique ditïérenle. Chuiiue organisme miscroscopique a un li(]uide 1. DoRVAL'LT, Officine, 1872, 8« édition, Miscellanée?, page 1246. 2. JoDCf, Étude sur la fermentation alcoolique dextrogyre, in Comptes rend. Acad. se, 1861, LUI, 1252. 3. L. Pasteur, Compt. rend. Acad. se, 1880, XC, 242. 4. H.4NSE>', Rech. sur les organismes qui peuvent se développer dans le moût de Bière. Trav. du labor. de Carisberg, 1879. Aual. in Rev. se, 2" série, 9° année, page 855. 228 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE nourricier de prédileclion, une température de prédilection, des conditions d'agitation, d'aération telles que si on les change c'est un autre organisme qui se développera et étouffera le premier. II y a, entre les êtres intimes microscopiques, une lutte pour la vie, un combat pour l'existence, comme, dans les profondeurs de la mei-, entre les grands poissons et les mollusques, comme, dans les forêts vierges du nouveau monde, entre les arbres de différentes es- pèces, etc. » Pour peu qu'on change le milieu où se débattent les Saccharomyces , les Mycodenna , les Bacillus, les Bacterium, les Mucor, les Pénicillium, c'est lun ou l'autre de ces êtres qui se développera, triomphera, pullulera, empêchant les autres de vivre. » Cette influence du solfermentescible et des conditions extérieures n'indiquerait-elle pas que c'est de ce côté qu'il faut chercher la raison de leur apparition, bien plutôt que dans les ensemence- ments opérés par l'air. M. Fremy résume celte opinion dans les termes suivants : « M. Pasteur donne, selon moi. une importance exagérée à l'in- ffuence des poussières atmosphériques dans la destruction des orga- nismes ; il la croit nécessaire et constante; je la considère comme accidentelle et accessoire. M. Pasteur croit qu'une fermentation ne peut se produire que quand l'air est venu apporter aux milieux fer- menlescibles les germes qu'il lient en suspension. Pour moi, les poussières de l'air n'interviennent pas dans la génération des fer- ments; lesmiheux organiques sont doués d'une force végétative qui leur permet, au contact de l'air et par l'action de l'oxygène, de créer des ferments sans l'intervention des germes atmosphériques : cette production des ferments par les organismes vivants peut même dans certains cas se faire à l'abri de l'air. » C'est sous l'inlluence de ces préoccupations qu'ont été proposées les hypothèses que nous avons actuellement à examiner. Elles ont toutes pour caractère commun de n'admettre pour la production des ferments aucune nécessité de fdiation entre les organismes formés et les substances productrices, et toutes reconnaissent qu'ils peu- vent naître d'éléments qui leur étaient jusqu'alors demeurés étran- gers, qui, pour les former, s'organisent directement sous l'influence des milieux. Les hétérogénistes reconnaissent qu'une fois formés ces microphytes prennent les caractères et les habitudes que nous avons reconnus aux Saccharomijces et à leurs alliés. En effet, nous retrouvons parmi ces physiologistes un certain nombre de ceux qui croient à des métamorphoses, et aucun d'eux ne doute que des spores de ferments, ou tout au moins des mucédinées qui leur sont PROTOPHYTES-SCHIZOMYCÈTES -229 alliées, ne se rencontrent accidentellement parmi les poussières de l'air. Toutefois, il y a une distinction à faire parmi les liétérogénistes, ear leurs théories varient entre elles suivant la prépondérance qu'ils donnent aux milieux ou à la force vitale : les uns n'acceptent la production nouvelle qu'à la condition que les substances aux dépens desquelles elle se fait vivent, ou tout au moins ont vécu. Les autres ne tiennent, au contraire, aucun compte de la « force vitale ». S'ils la reconnaissent, c'est simplement lorsque l'être a été produit, c'est-à- dire que, pour eux. elle n'est plus la cause de l'organisation, mais bien seulement la lésullante. Cette dilTérence fondamentale sépare nettement Ibémiorganisme du spontéparisme ou genèse spontanée. (I. — Hémiorganisn-ie. Les partisans de celle doctrine admetlenl - ([ue les cellules vi- vantes et certains liquides qu'elles contiennent possèdent une force d'organisation qui leur permet d'engendrer des ferments. La vita- lité des cellules dans lesquelles les ferments se produisent n'a pas besoin d'être démontrée, elle est admise par tout le monde. Mais il n'en est pas de même des liquides dans lesquels l'inspection micros- copiiiue ne permet pas souvent de distinguer des formes organiques bien nettes'. ^Xous étudierons successivement deux tliéorics : 1" celle de la mutabilitc' des (jermes, "2° celle de Vliémioiganisme propre- ment (lit. Elles ne dilTèreut que parce que, dans la première, ou admet que la production des ferments exige la présence, autour de la matière vivante productrice, de la membrane cellulosiiiue de l'or- ganisme producteur. Dans la seconde, la production peut se faire liors de la présence de cet appareil protecteur. o 1° Théorie de la mutabilité des germes ou intra-genèse. Obser- vations et conclusions de J. Duval. 2" Théorie de l'hémiorganisme proprement dit ou zymogenèse. Observations de Cag.mard-Latolr, Mitscherlicii, Tlupi.n, Kaksten, Hartig. Expériences de Fuémy. Débats contradictoires : Pasteur, Frémy, Trécul. Fermentations alcooliques intra- cellulaires dans leurs rapports avec la théorie de l'hémiorganisme. 1. E. Frémy, Génération des ferments, 1875, chap. IX. Expériences qui éta- blissent ta vitalité et ta force végétatice de certains liquides organiques, page 93. 230 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE Cl. Bernard se prononce aussi pour la formation spontanée du ferment dans les liquides sucrés. « Il opère sur des raisins blancs, de treille, très mûrs et conclut : Le liquide n'étant pas assez an- cien, il n'avait pas acquis encore le degré d'altération nécessaire pour donner naissance à l'alcool et à la levure, qui se fait en quelque sorte d'une manière simultanée. Quand le liquide est ancien et con- servé à une température trop basse pour que le ferment se fasse, alors une élévation de température l'amène plus rapidement : ce qui revient à dire que le degré d'altération nécessaire à ce résultat est plus vite atteint ^ » Lorsqu'on voit ainsi en présence l'hémiorganisme et le pansper- misme et qu'on assiste aux débats tumultueux de leurs luttes jour- nalières, on reste profondément étonné, surtout lorsqu'on vient à rappeler quelles sont les origines des deux doctrines ennemies. En eiîet, en nous reportant à 1838, nous trouvons qu'elles tirent toutes les deux leur origine du même mémoire, et que Turpin peut être in- voqué, à aussi juste titre, par les deux écoles. L'une s'est emparée de la phrase : « Fermentation comme elïet et végétation comme cause sont deux choses inséparables dans la décomposition du sucre; )> la seconde a inscrit sur son frontispice cette autre, aussi profondément pensée : « C'est encore ce qui arrive dans l'intérieur des fruits pulpeux et sucrés. » Comment ces deux idées, qui étaient si largement développées par Turpin et qui. loin de jurer de se trouver réunies, dans la large conception du maître, se complétaient et s'éclairaient réciproquement, comment ces deux idées, disso- ciées, exploitées isolément, développées séparément, sont-elles arrivées à se détruire l'une l'autre si complètement qu'on ne sait plus à laquelle croire? Toute l'explication ne serait-elle pas dans ce jugement, porté par Cl. Bernard, au dire de M. Pasteur lui-même : « Les expériences de M. Pasteur sont exactes, mais il n'a vu qu'un côté de la question, » et dans cette riposte : « Tant que nous sommes^ nous ne voyons jamais qu'un côté des choses? » b. — Spontéparisnae ou. protorganie 2. Il s'agit ici de la genèse spontanée telle que l'entendait Burdacb ; nous insisterons plus longuement plus tard sur cette question qui ne doit nous occuper ici qu'en ce qui regarde la génération des 1. Cl. Bernard, Dernières expériences, iu Rev. se, 2' série, 8"= année, page 51. -2. Germain de Saint-Pierre. PROTOPIIYTES-SCIIIZOMYCETES 23t Saccharojnyces. Jusqu'ici, nous avons vu attribuer leur naissance à des Saccharomyces leurs ancêtres, à des mycodermes leurs con- sanguins, à de la matière organique vivante ou matière hémiorga- nisée; maintenant, nous allons les voir procéder de matières qui ont perdu celte étincelle qu'on appelle « force vitale » et qui peuvent être tout simplement de la matière inorganique. Ceux qui admet- tent cette génération acceptent-ils que la vie peut sortir de la mort et qu'un corps fermenlescible peut communiquer une force ([uil ne possède pas? Non pas ; mais ils comprennent la force vitale d'une aulic façon que les vitalistes. L'iiémiorganisme, qui, nous l'avons vu. n'accepte pas de généra- lion en dehors d'une matière génératrice douée de la propriété Nitale, a une façon de concevoir celte matière tjui lui permet de se rapprocher bien près du spontéparisme. « Les licpiides qui sortent de l'organisme sont loiijoms \ivanls; ils possèdent toujours une force végétative suffisante i)our créer les organismes. » Ce que les hémiorganistes disent des liquides, il l'admettent pour les so- lides, puisque nous les avons vu reconnaître ces propriétés au\ molécules organiiiues qui sont charriées par les airs. L'ampleur de cello interprétation nous fournit un passage naturel et facile de l'hémiorganisme au spontépari.sme; il sérail, en effet, aussi diffi- cile de dire où Unit l'un et où commence l'autre que de séparer ce qui a appartenu à un organisme vivant de ce qui n'y a jamais appartenu. Est-il un atome sur notre globe qui n'ait été mêlé à une vie quelconque, animale ou végétale. Mais ce sont là des subtilités, el l'on nous comprend lorsque nous parlons d'éléments appartenant à des organismes ayant vécu ou provenant de composés inorga- niques. Génération spontanée des Schizomycètes et. en particulier, des levures, d'après Polchet. Observations de TittcLi.; objections de P.VSTELH. Or, Jodin a vu naitre des ferments alcooliques dans une solu- tion composée de sucre candi, de phosphate d'ammoniaque et d'eau distillée, et M. Trécul a vu de même « des cellules de même forme et de même nature que celles de la levure, mais de contenu ditférent, naître spontanément dans une solution de sucre pure et simple ou additionnée d'un peu de tartrate d'ammoniaque. » M. Berthelot a produit de l'alcool avec du sucre de canne, de la gélatine et du bicarbonate de potasse, et aussi avec du carbonate de 23-2 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE chaux et une matière animale. M. Béchamp regarde comme des Microzymas le dépôt de granulations qui, dans le premier cas, s'est produit au fond du vase, et il attribue, dans le second, la production de la fermentation aux Micro zy ma crettr, qui ne seraient pour lui que des ferments. Ces ferments sont encore vivants ; la craie de Sens présente des Microzymas très mobiles, en sorte qu'on se voit obligé de croire que ces microphytes sont enfermés depuis l'époque crétacée dans la craie en conservant depuis des milliers de siècles, ce que M. Pasteur appelle la vie latente: ou bien il faut admettre qu'ils se sont formés par genèse spontanée, se confectionnant, se précipitant pour ainsi dire à l'état vivant d'une sorte de matières glaireuses primaires inorganiiiues qui rentrent dans ce que nous avons appelé les pseudorganisés K 1. A. Béchamp, Sature des produits de la fermentation de la fjtycérine {Comp. rend. Acad. des se, 1869, LXIX, page 669). GHAPlTKJi SCIIIZOIMIVCKTKS J^orsqu'oii abaïKlomu' an contact de laii- imc iiifiisinii de matières ore^aiiiijiM's, elle ne tarde pas à (^trc pciiplct' d'une niasse grouillante {\' infiniment petits, qu'en raison des conditions de leur naissance, on a iioiiinK' des Inf'ii- soirea. Que^iues heures suftisent, surtout pendant lele on k une température de 15 à 25°, pour qu'à l'œil nu, on puisse jug-er de leur présence. Le liquide se couvre d'inie pellicnlf fine, nacrée, à retlets irisés. Quehjues heures plus taid. le liquide se trouble au-dessous de la pellicule, puis prend des teintes variables suivant la nature des matières employées. La teinte est parfois uniformément jèpandue dans toute la masse; tantôt, elle est plus prononcée en certains points et forme des nuages qui tlottent plus ou moins près de la sur- face. Lorsque l'on touche à la pelhcule, on s'aperçoit qu'elle est assez résistante; si on la soulève d'un bout, on voit qu'elle se tient tout d'une pièce; lorsqu'on a attendu assez long- temps, la traction d'une extrémité amène son froncement, son plissement et, si l'on tire plus fort, produit une déchirure irrégnlière, se prolongeant parfois loin du point touché. On a assisté à la création d'une membrane organisée, mince (pellicule], ou plus épaisse (mycoderme). Pénétrons dans le 234 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE liquide, et avec une aiguille amenons à nous un de ces nuages flottants; nous voyons qu'ils se déplacent en niasse; ils semblent plus épais au centre qu'à la circonférence et sont formés d'une sorte de glaire de couleur variable en- voyant à son pourtour des prolongements qui se soudent peu à peu dans le liquide. Ce sont des jzooglœa. Examinés au microscope, pellicules^ mycodermes ^ zooglaea se montrent tous formés de myriades de petits êtres d'espèces variant à l'infini ; dans la pellicule et dans la glaire, ils sont relativement immobiles; mais, dès qu'ils sont en liberté dans le liquide, ils vont, viennent, courent, rampent, roulent, se retournent comme un doigt de gant, se culbutent, se pour- chassent, s'évitent, se saisissent, s'entre-dévorent. Ce sont les Infusoires; les uns ont des cils, les autres des panaches; quelques-uns n'ont rien, sont nus; certains semblent avoir des évents, comme les baleines et les cachalots; beaucoup produisent en effet une aspiration à l'aide de laquelle ils introduisent dans leur estomac ceux de leurs voisins qui leur plaisent le mieux ; il en est qui ont des habitations résistantes; d'autres sont armés; ceux-ci sont mous et glai- reux, ces autres sont allongés et se tordent comme des serpents; d'autres, enfin, sont contournés en hélice comme un tirebouchon ou bien plies en zigzag comme des bâtons rompus. Presque tous sont libres, mais il en est qui sont attachés par un pédicule au bout duquel ils se balancent ; plusieurs peuvent être réunis, associés ensemble, comme cela se voit chez certains polypiers. Les zooglœa ne sont qu'une forme de ces associations dans lesquelles les mem- bres sont sévèrement maintenus; il est une autre forme d'association dans laquelle les individus sont libres et vivent par troupes, peut-être pour pouvoir se protéger : ce sont les essaims. •235 PROTOPHY TES-SCHIZOPHYCETES Lorsque, par une étude un peu attentive, on se sera fami- liarisé avec les formes et les allures de ces Infusoires. on reconnaîtra bien vite que les infusions ne sont pas les seuls milieux où ils se rencontrent : ils apparaissent, en effet, par- tout où s'est opérée quelque décomposition organicine. C'est ainsi qu'ils se montrent dans les vins, les bières (fig-. 61), les Fig. 61. — Saccharomyces cerevisix avec Micrococctts. cidres, le pain, là où se passent des fermentations anor- males, et paraissent concomitantes de leurs maladies. L'eau croupie, les eaux stagnantes, celles des mares, des fossés, des fosses à fumier en contiennent d'incalcidables quantités; au- cune eau, au reste, n'en est exempte, et nous verrons que les panspermistes en ont trouvé jusque dans l'eau distillée. Les liquides végétaux et les humeurs des animaux en seraient pénétrés, soit normalement soit anormalement, et nous verrons que ce sont eux qui sont regardés par certains savants comme la cause de nos plus terribles maladies. Ce sont eux, enfin, qui s'emparent de tous les organisme* chez lesquels la mort est survenue : les cadavres sont leur proie. 236 liOTANlQUE CKYI'TOGAMIQUE ilsv pulliiloiit. On peut donc dire que la mort est leur vie, car les éléments dont l'harmonie a été brisée ont été rem- placés par ceux-là. Leur fonction est de ramener les corps complexes à leurs éléments constitutifs et de nMidrela lilierté aux molécules de carbone, d'azote, d'oxygène, d'hydrogène, (pii. dès lors, peuvent prétendre à de nouvelles alliances. Tels sont les Infusoires, extrêmement nombreux, de formes très variables; ils constituent tout un monde, « le monde des hifiniincrtt peiits ». Celui (pii aura une seule fois examiné au microscope, à un faible grossissement de 130 à 200 dia- mètres, une goutte d'eau stagnante, comprendra que des savants aient pu passer leur vie à essayer de se reconnaître au milieu de ces êtres si divers, de classer, de surprendre les secrets de leurs relations, de leurs amours et de leur filiation. Mais que sont ces êtres? à quel Règne appartien- nent-ils? sont-ce des plantules ou des animalcules? les nom- mera-t-on microphytes ou microzoaires? Les plus sages, peut-être, sont ceux qui s'en tiennent à la dénomination vague de microbes ou de microscojnques ; car il est fort difficile de se prononcer sur la question. Tous ces êtres ont tant de caractères communs qu'on est bien embarrassé pour les séparer, quoique cependant on sente que les uns tendent vers l'animalité et les autres vers la végétalité. I.EELVVEiNHOECK, 0. F. MlLLER, BOHY SaINT-ViNCENT, EnRE>BERG, DU.IARDI>', DAVAliSE, RaBENHORST, CoI1>. En opérant la répartition des IxFusomES, on a concédé au Règne végétal les genres qui appartiennent aux genres suivants : 1° Vihrio Mull., 2° Bacterium Ehr. 3° Sjnro- chsete, Ehr. 4° Spirillum Ehr. o" Bacillus Gohx, 6" Mi- crococcus Hall., 7° Amylobacter Trécul, 8° Clathro- cj/stes Henf., 9" Sarcina Goods., 10" Ascococcus Billr.. PROTOPIIYTES-SCHIZOPHYCÈTES 237 11° Leptothrix Kutz., i2° Beggiatoa Trev., 13° Creno- thrix GoHN, 14° Streptococcics Billr., 15° Myconostoc GoHN, 16° Ophidomonas Ehr.^ 17° Spiromonas Warm., 18° Wiabdomonas Gohn, 19° Leitconostoc Van-Tiegh.^ 20° Cladothrix Gohn, 21° Sti'eptotkrix Gohx. Nous de- vrons, chemin faisant, ajouter à ces noms une certaine quan- tité d'autres, tels que ceux de Crypta, Zymostosis^ Bio- lysis^ etc., imposés par M. Salisbury et qui ne sont sans doute que des synonymes ; de plus, nous verrons se réduire le noml)re des premiers; mais ces additions et ces réductions ne poiu'ront être faites que plus tard, (|uand nous les con- naîtrons mieux. Pour l'instant, nous devons les prendre tels qu'ils se présentent ; aussi, sans nous inquiéter si ce sont des espèces autonomes ou bien des formes distinctes, nous les réunissons sous la dénomination de Schizophycètes. Mais sont-ce bien des Algues, comme le mot Schizophy- cètes (ff/t'Ce'v, diviser ; ^w-o;, Algue) prétend l'indiquer? ne sont-ce pas, plutôt, des Ghanq)ignons? Le désaccord recom- mence. M. Robin dit : « Tous les corpuscules décrits sous les noms de Bacterium ^ Zooglieci , Micrococcus et sous bien d'autres encore, sont des cellules végétales, des spores de Ghampignons de plusieurs espèces distinctes certaine- ment, spores ou corps producteurs de premier ordre, déri- vant soit les uns des autres par gemmation ou scissiparité, soit du mycélium, corps reproducteurs, en un mot, de Tordre de ceux que M. Tulasne a rangés sous le nom de conidies, etc. »;MM. Nœgeli et Bréfeld partagent cette opi- nion. Il est vrai que l'absence de chlorophylle chez la plupart de ces êtres, en fait des consommateurs bien plutôt que des producteurs et qu'à ce point de vue, ils méritent bien une place à côté des Ghampignons ; mais il ne faudrait pas atta- 16 238 I50TANIQUE CRYPTOGAiMlQUE cher à ce caractère une importance par trop prépondérante, car on serait alors amené à les rejeter parmi les animaux et à y mettre, en même temps, tous les Champignons, pour la raison qu'eux aussi sont des consommateurs. MM. Davaine, Rabenhorst et surtout M. Cohn placent les Bactériens dans les Algues, où, suivant eux, ils forment le groupe le })lus dégradé. En effet, on sent que ces êtres, phy- siologiquement alliés aux Champignons, sont entraînés mor- phologiquement vers les Algues. Les phases de végétations. Fig. 62. — Leptothrix buccalis, Cu. Uob., d'aprùs M. Cli. Kobin. certaines modalités de formes peuvent bien rappeler les Schi- zomycètes, les Micrococcus (fig. 59j, les Zooglœa (fig. 63], /.■î"''/- '■ .r'_"', ■^^:P-\2- i'%'y:. ■■:'«'.il.\ ,v,.,. ■-. :■' ■■'-■ ■'■;■-■■ ■';■■'■■,. '■■^"^'^'-■■■' ,.':^. •■■■ S."/, {y. ■ '■•*'■•!,?■ / '•■■■i.i>i-! V vîâ?" J^?A Fig. 63. — Ascocoeeus Jiillrotkii, Cohn, d'-iprès M. Cohn. Familles réunies en zoogUea. les Microzymas, les Leptothrix (fig. 62j, les Leptomi- tus, ressemblent tellement à ce que nous avons déjà vu chez PROTOPIIVTES-SCHIZOPHVCETES 239 eux, et parfois, même, il y a telle identité, ([u'oii reste fort h»'sitant; mais, malgré cela, et (jnelles que soient les erreurs ({iii j)uissent se commettre dans l'exacte délimitation des genres et des espèces, il n'en reste pas moins vrai qu'on se sent entraîné vers les Algues et non vers les Champignons. On a, presque à chaque instant, affaire à des types qui, sui- vant les circonstances, restent incolores, se colorent eu rouffc. ou tirent siu' le vi'rt; l't. si l'on voulait se montrer exigeant, la moitié des espèces d'un genre, voiic même la moitié des mdividus d'une même esj)êce, pour ne pas dire la moitié d'un même individu, serait Cliamjtignon j)arce qu'elle serait incolore, tamlis ([ue l'autre moitié serait Algue parce qu'elle serait colorée. Ainsi faudrait-il séparer les Merismoprdl(( fig. 70), les Clathrocf/stis ifig. 921, etc. M. Colm est a ce point persuade (|iie ces séparations sont tout au moins inutiles qu'il a fonilu en un seul groupe les liaeteriens et les plus intV'rieures des Algues colorées. C'est a ce groupe qu'il a donne lt> nom de Srhizophijfp^. M. Sachs avait, dès 187i. inditpié um' autre solution: sentant, d'une part, cpi'il y avait des liens naturels entre les Saccharomyces et les Bactériens, reconnaissant, d'au- tre part, qu'il n'y avait pas moyen de séparer les Bactériens des AUues, il avait inventé une classification fort ino-é- nieuse , dans laiiuelle tous les groupes des Chanq)ignons se plaçaient parallèlement avec ceux des Algues ; cela lui permettait de garder les Schizomycètes comme groupe de Thallophytes sans chlorophylle, inférieur à celui des Sac- charomycètes. Si l'on veut se reporter au schéma que nous avons donné page 67, l'on comprendra la raison de ces dissentiments qui ne sont pas aussi grands qu'ils le paraissent. Si l'on examine la place respective des Schizomycètes et des Schi- 240 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE zophycètes^ on voit qu'ils se séparent; si ou les considère dans le sens radial de la figure , les uns répondent aux Champignons, les autres aux Algues; mais on voit qu'ils sont, en même temps, sur la même parallèle, en sorte qu'ils se touchent et se confondent, comme nous l'avons indiqué dans le tableau page 95. Or MM. Robin, Nsegeli, Bréfeld voient les rapports de voisinage latéral, et ils ont raison; MM. Da- vaine, Rabenhorst et Gohn les considèrent suivant le sens radial, et ils ont raison aussi. Dans notre conception, le mot Schizomycète ne peut pas couvrir les Bactériens et les levures; d'autre part, le mot Schizophyte de M. Cohn, s'appliquant à un groupe plus large que celui auquel nous nous limitons, nous avons choisi le mot Schizophycète pour éviter toute erreur d'inter- prétation . En 1872, M. Cohn avait classé les Bactéries, d'après la forme des cellules et leur mode d'association, en : libres, globuleuses. Spuérobactéiues. Micrococcus . libres en bâtonnets. Microbactfries. Bâcler ium. Bactéries à ^ réunies en filaments Desmobactéries. Bncillus. cellules : i droits. réunies en filaments Spirobactéries. Spirillum, Vihrio, Spiro- en hélice. chœte. Nous étudierons les Schizophycètes : 1° dans leurs formes, 2° dans leurs fonctions. Ai't. I®^ — De$iCi*iptiou des Schizophycètes. Si nous traitions la question au point de vue systéma- tique, nous suivrions la classification cpie nous venons de donner, et nous verrions, successivement, les espèces qui rentrent dans chacun des genres que nous venons de re- connaître; mais, placés au point de vue des applications PROTOPnVTES-SCniZOPriVCÈTES 241 pratiques, nous adopterons la marche que nous avons suivie pour les Schizomycètes et nous étudierons : 1° les chromo- gènes, 2° les zymogènes, 3° les pathogènes. l""*^ Section. — Schizopiiycètes ciiromogèxes. La pluparl des Scliizopliycètes sont incolores; il n'y a pas long- temps encore que ce caractère était donné comme absolu, tout au moins pour ceux qui faisaient partie de l'ancien groupe des Bac- tériens. Une étude plus approfondie a démontré qu'on avait tort de penser ainsi et qu'il était facile de prouver que ce caractère était loin d'être exclusif. Un grand nombre de ces microphytes, et des plus remaniuables, peut-être, se colorent sous l'influence de cir- constances spéciales; mais comme ces circonstances sont restées, jusqu'à ce jour, indéterminées, les naturalistes n'ont rien trouvé de mieux que de les donner comme des espèces dilTérentes. Il semble pourtant qu'il y ait là quelque chose de plus intéressant à rechercher ; on dirait, en effet, que la nature, avant de s'arrêter à la coloration chlorophyllienne, a essayé de ditïérentes teintes rouges, bleues, jaunes, violettes, et nous retrouvons la continuation de ces essais jusque dans le groupe des Floridées. Une grande partie des genres ont des représentants pour\iis dune coloration plus ou moins éclatante, et, lorsqu'ils sont réunis en grandes masses, ils produisent des elfets souvent remarquables. Nous signalerons tout d'abord le Micrococcus prodigiosus CoH^ (fig. 64), qui est rouge carmin et qui partage avec le Cryp- tococcus glutinis (voy. page 164) le privilège de colorer en rouge la colle de pâte, l'empois, le pain, les matières amylacées cuites et placées dans une atmosphère liumide. C'est lui qui produit sous sa forme la plus saisissante le phénomène si remanjuable du pain sanglant sur lequel Ehrenberg a appelé l'attention ; par suite de la décomposition profonde qu'il détermine, le pain se trouve en partie réduit en une gelée liquide, rutilante, qui tombe en gout- telettes rappelant plus ou moins des gouttes de sang. Il a été particulièrement étudié par M. Wernich. On prétend que c'est la même espèce qui produit le lait rouge, qu'on attribuait autrefois à une affection des glandes mammaires '. MM. Schrœter et Cohn ont 1 . Nos expériences personnelles et les cultures que nous avons tentées ne nous permettent pas de croire que ce soit la même espèce qui se ren- contre dans les deux cas. Le M. prodigiosus n'a pas voulu se développer dans le lait bouilli ou non bouilli. 2/i2 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE observé, sur les pommes de terre cuites, un schizophycète jaune {M. luteus CoH>), un autre jaune (l"or {M. aurantiacus Cohn), un Jaune-verdàtre (.]/. chlorinus Coh.n), un bleu {M. cyaneus CoH>j et un violet {M. riolaceus Cohn), déjà vus avant eux par le D'' Schnei- der, et auxquels il faut ajouter le M. cdiulidus Cohn, qui est blanc de neige et le .1/. fiilrus. observé par Eidam et Kirchner sur du crottin de cheval. Les M. aurantiacus et M. chlorinus ont été aussi rencontrés par MM. Schrœter et Cohn sur du blanc d'œuf durci. La plupart du temps, ces productions se montrent sous forme de Zooglœa, c'est-à-dire qu'on les trouve englobées au milieu d'une gangue glaireuse ou gélatineuse qui prend la forme de gouttes ou de plaques plus ou moins largement étalées. Nous devons rapprocher de ces Micrococcus des organismes singuhers qui ont été trouvés par M. Eberth dans la sueur, à laquelle ils communiquent des colorations variées, produisant ce que l'on u\ « & Fig.64. — Jlicrococcus protligiosus Fig. C5. — Bacillus ruber Fig. 66. — Afonas vinosa Cohn, d'après M. Cohn. Cohn. Cohn, d'après M. Cohn. nomme les sueurs bleues, les sueurs jaunes et les sueurs rouges. Il faut en rapprocher aussi ceux qui, d'après Chalvet et M. Gessard, donnent au pus la teinte bleue qu'il présente parfois. Enfin il y a lieu de rattacher à ces Micrococcus celui que M. Pril- lieux a indiqué dans les grains de blé colorés en rose. Dans beaucoup de cas, les Micrococcus sont associés aux Bacterium et parfois remplacés par eux. Dans le lait de vache altéré, on trouve, au dire de 3L Schrœter, un Bactérien qui lui communique une couleur jaune {Bacterium .ranthinum Schr.) et un autre qui lui donne une couleur bleue [B. syncyanum Schr.), de même qu'on en trouve un aussi dans le pus bleu {B. œruginosum Schr). Les infu- sions corrompues de maïs contiennent parfois un Bacterium (B. brun- neiim Schr.) qui lui communique une coloration brune. Citons, aussi, le Bacillus ruber observé par M3L Franck et Cohn sur des grains de riz \ûg. 65). Les Monas * qui se distinguent des Micrococcus par leur taille en 1. Daus un travail réceut, M. Ollivier a cru pouvoir rejeter à nouveau les Monas parmi les animaux (V. Bull. Soc. bot. de France, 1881, 22juil. , XXVIII, p. 216. \ PROTOPHYTES-SCHIZOPHVCETES 243 général beaucoup plus considérable, prennent, en outre, des formes variées qui les rapprochent non seulement des Bacterium, mais encore des autres types de Schizophycètes, et cela par des passages si insensibles qu'il est difficile de les séparer génériquement. C'est ainsi ipi'à eùté des Monas vinosa Eim (fig. 66), M. Okrni Eim., M. Wanuingii Cohn, M. gracilis Waum., on est obligé de placer le Hliabdomonas rosea Coii> (fig. 69), ÏOp/iidomonas sanguUwa Eiik, Fig. 6". — Ophidi/twinas sanf/uiitea Cohn, il'jiprès M. \V'-Tn:GFn:M. Des Ij'jttomitus, Microhaloa et Splicrotilus rencontrés dans les préparations liquides des pharmacies : leurs rapports avec les Iliigi'ocrocis. La fermentation butyrique a été, pour la première fois, signalée el étudiée par MM. Pelouze et Gelis, en 1844. On attribua d'abord cette fermentation à la décomposition des substances azotées qui entraient dans la composition du milieu fermentescible, et on expliqua le dé- doublement par la théorie de Liebig; mais ici, encore, M. Pasteur in- tervint et démontra, dès 1861, que, dans la fermentation butyrique du lactate de chaux, il y a présence d'un ferment spécial, qu'il nomma Fermentum butyricum, et qui devint le Vibrion butyrique. « Ce fer- ment est constitué par de petites baguettes cylindriques arrondies à leurs extrémités, ordinairement droites, isolées ou réunies par chaî- PROTOPIIYTES-SCHIZOPHYCÈTES 249 nés de deux à quatre et plus. La largeur du bâtonnet est de 2 [jl, et la longueur des articles isolés varie de 2 u. à 20 [x. Ces organismes s'avancent en glissant. Pendant ce mouvement, le corps reste rigide ou bien éprouve de légères ondulations ; ils pirouettent, se balancent et font trembler leurs extrémités : souvent ils sont recourltés. Ces êtres singuliers se reproduisent par (issiparité. » En les cultivant dans une solution de sucre contenant des pbospbales, ils se repro- duisent en déterminant la fermentation butyricjue. La température de 40" est celle qu'ils préfèrent. Non seulement ils n'absorbent pas d'oxygène libre, mais ils meurent dès qu'ils en rencontrent. Ce sont ces êtres singuliers (lui sont devenus le point de départ de la théorie de Tanaérobiose. Au signalement précédent donné par M. Pasteur des animakulcs \^'qC1 ^ Fig. 72. — Bac'dlus de la biùre tournée, d'après M. Pasleur. (sic) qui vivent dans les fermentations butyriques, M. Cohn, et bien d'autres avec lui, ont cru reconnaître le BaciUm subtilis; il n'en serait rien, à ce que prétendent MM. Prazmowslci et Van-Tiegbem. Ce BaciUm doit être innocenté : il paraiti'ait que le microphyte de la fermentation butyrique ne serait autre que le Bacillus Amylo- bacter. Peut être est-ce ce microbe qui produit ce qu'on nomme la bière, le vin et le cidre tournés ffig. 72). Expérience de Bkchami' sur la formation de l'acide butyrique sous l'influence de la craie ; du Microzijnui cretx. c. — Fermentation, lactirxu^e. En 1780, Schéele retirait du lait aigri un acide nouveau, qui prit, en raison de son origine, le nom d'acide lactique. Le sucre de lait en fermentant avait donné cette substance acide. Depuis, on l'a 250 BOTANinUE CRVPTOGAMIQUE trouvé à peu près dans tous les cas où un sucre tend vers la putré- faction : le riz abandonné sous Teau de fermentation, l'eau de fer- mentation des pois et des haricots bouillis, le jus de betterave, l'eau sucrée des amidonniers. la choucroute donnent de Tacide lactique. Fi^. 73. — Ferment uni butyricum des chimistes. Fis ,i^ *=^, :f ^ X ^■ V. V '• ) , i / i\ ' ■^ . 73 bis. — Fennentum lacticum d'après M. SchiJtzenberger. Rappelons, au reste, que c'est cette fermentation qui, au dire de MM. Pasteur et Trécul, se montrerait la première dans la fermen- tation alcoohque, à tel point que M. Trécul a pensé que le ferment du Saccharomyces pourrait bien n'être que la transformation du fer- ment lactique. La fermentation alcoolique l'emporte bientôt, et le ferment lac- tique disparaît devant le Saccharonujres; mais il arrive parfois qu'après un certain temps la fermentation lactique se développe de nouveau; alors les liqueurs perdent leur saveur, leur vinosité, de- viennent plates: on dit qu'elles tournent. Les maladies des vins, des bières et des cidres sont dues bien souvent à la formation de l'acide lactique. / ^ ." - / "^^ çT^ 0^0 Jn'o «•".3 «3» fo 9 I \ y ./ Fig. 74. — Bacicrium Termo Ehrb., d'après M. W'arming. Toutes. les glycoses et toutes les matières susceptibles de se con- vertir en glycose peuvent donner de l'acide lactique. La facilité de transformation des sucres en acide lactique semble être en raison PROTOPHYTES-SCHIZOPHÏCETES 25 1 inverse de la facilité de leur transformation en alcool. C'est ce qui explique comment le sucre de lait, qui donne difficilement de Tal- cool, donne plutôt de l'acide lactique; toutefois l'action est lente, au dire de Luboldt et Proust. Recherches chimiques de BouTRON-CHARLARn et Fké.my, de Peloize et Gélis; de Kkio. — Du ferment lactique : Pik.mak, Bi.ondeau, Pasteur. — Qu'est le Fcimi'ntuui lucticuni ou Vibrion lactique de Pastelr? (lig. 7o) Ihicterium ciitcntihi ou 11. 'l'i'inio (lig. 74j Oïdium lactia ou (Iharluru mycodenna ? :' :' d. — Fermentation -visqueuse on glaireiase. Cette fermentation s'établit dans les jus sucrés, ainsi dans le jus de betterave, dans ceux de carotte, d'oignons; c'est elle qui se montre cluuiue jour dans les officines, détruisant les juleps et les po- tions. Les li(piides tournent au gras, deviennent glaireux, visqueux, épais, et, lors([u'on les verse d'un vase dans un autre, ils fdent comme de l'huile ou du sirop. Desfosses a donné un moyen facile de la provoquer à volonté : il suffit de faire bouillir la levure de bière avec de l'eau et d'ajouter cette décoction aux solutions sucrées abandonnées à SO". Nous avons déjà vu les vins présenter quelque chose d'analogue dans les maladies nommées la graisse ou Vamei\ qui semblent être dues au développement de mycélium de Schizo- mycètes. Peut-être faudrait-il regarder comme analogues tous les microbes décrits dans la fermentation visqueuse ; ce n'est pas l'avis de la plupart des auteurs ; aussi est-ce sur leur responsabilité que nous les maintenons ici. Fermentation visqueuse. Pélicot, PASiErii. Des ferments gom- mique et gommo-mannitique : sont-ce des Micrococcus ou des HnciUus :' — De la viscose : Bkciiami'. Fermentation du sucre de canne, gomme des sucreries. Obser- vation de Texeira-Me>dès, Jlbert, Durix, Cienkowski, Vax- TiEGHEM. Du Leuconostoc mesenteroïdes Vas-Tiegh. e. — Fermentation. cellulosiç£ue. Jusqu'ici, nous avons vu les ferments s'attaquer aux substances (jui se dissolvent facilement dans l'eau; ici, nous les voyons porter leur action sur une matière organisée insoluble, la cellulose; le 252 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE problème est donc plus complexe puisqu'ils doivent, avant de déter- miner la fermentation, rendre la cellulose apte à fermenter. Toutes les celluloses ne sont cependant pas attaquables, et, parmi celles qui le sont, il y a des degrés. Toute membrane cellulosique incrustée, cutifiée, subérifiée, lignifiée ou minéralisée : le liber, les vaisseaux laticifères, la moelle des tiges d'un certain âge, les cel- luloses des plantes aquatiques, résistent, tandis que les cellules des parenchymes mous, jeunes : celles des tubercules, des rhi- zomes, des bulbes, etc., se laissent facilement atteindre. Mitscherlich ^ est le premier qui annonça que la cellulose pouvait fermenter. Il avait va que des tranches de pommes de terre cou- pées et abandonnées à la macération dans Feau se fondent, pour ainsi dire, et que Teau devient de plus en plus apte à opérer la dis- solution de nouveaux tissus qu'on y plonge. L'eau se remplit de vibrions, et l'auteur les accuse de reproduire le phénomène. Quinze années plus tard, M. Trécul présentait à TAcadémie des Sciences de Paris un mémoire dans lequel il démontrait que, pen- dant la putréfaction des tissus végétaux, il apparaissait dans les cellules des petites plantules amyUfères, et il les nommait Ami/lo- bacter. Ces plantules, pour lui, ressemblent à des Bactéries, et il en admet trois formes, Urocephaliim, Amylobacter et Clostridium. Il les croit formées spontanément par transformation des matières contenues soit dans les cellules, soit dans les laticifères. Nous réser- vons la question de générations pontanée pour la discuter plus tard; pour l'instant, nous ne nous occupons que de la biologie des plan- tules. M. Nylander a revu les Amijlobacter de M. Trécul; pour lui, ce ne sont rien autre chose que des Bactéries et les trois genres n'en doivent faire qu'un. Il a vu les individus se diviser par scissiparité. Travaux de Va>-Tieghem. — V Amylobacter devient un Bacillus; son mode d'action. — Puazmo\vski annonce que le B. amylo- bacter détermine la fermentation butyrique. Le B. amyln- bacter est-il le vrai B. subtids :' Opinions contradictoires de PuAZMO^vsKI et Va>-Tieghe.m. La fermentation cellulosique , quels que soient les agents qui l'opèrent, est utilisée dans l'industrie pour la fabrication de lami- don, le rouissage des chanvres, des lins et de tous les textiles ; c'est elle qui, dans la nature, se charge de la destruction de la cellulose \. Mitscherlich, Monalsberichte der Berliner AUademie, 1830. PROTOPHYTES-SCIIIZOPHVCETES 253 par la voie humide, et elle a eu la môme fonction dans toutes les périodes géologiques, ne laissant que les tissus qui lui ont résisté et qui forment nos plantes fossiles. C'est là ce qui explique com- ment on a pu reconnaître des traces de son existence sur ces débris trouvés dans les anciens terrains , et comment M. Van- Tieghem a pu être autorisé à soupçonner sa présence dans les fossiles de la période houillère. Recherches de B(j(:iim (J.) sur les gaz produits pendant la fer- mentation des plantes terrestres et dans celle des plantes paludéennes et aquatiques. — Formation des graphites an- thracites, houilles, tourbes. h'Ann/loIxictcr s'uUaquc aussi aux plantes vivantes, mais en mauvais étal de santé ; c'est à lui qu'on doit la pouniture des végé- taux; il est inoculable et sans doute a quelque parenté avec le Bacterium putredinis de M. Davaine. Peut-être est-ce lui qui se l'encontre dans les tubercules ou sur les racines de certaines légu- mineuses; son action dissolvante de la cellulose expliquerait ces traînées glaireuses dans lesquelles certains savants ont voulu voir fjuelque chose d'analogue au phnmodium des Myxomycètes. f. — Fermentation de l'acide tartricjue, etc. Tous les acides organiques peuvent fermenter et se décomposer ou se transformer en présence des Schizophycètes; le plus singulier de tous est peut-être le ferment tartriiiue. Ce ferment, encore indi- qué par M. Pasteur, ressemble presque tout à fait au ferment lac- tique; il est formé de petits articles globuleux de l \x de diamètre et réunis en chaînettes de oO a. Ce vibrion ne s'attaque qu'à Vacide tartrique droit; en vain lui en olTrira-t-on un autre, semblable comme composition, comme réaction, comme nature, n'ayant de différence que le pouvoir rotatoire, l'acide tartrique gauche ; il ne s'y trompera pas, il le respectera. Mélangez les deux acides, com- binez-les, faites, par leur union molécule à molécule, de l'acide racé- mique; bien plus, combinez cet acide racémique avec de l'ammo- niaque et mettez le ferment en présence du composé, vous le verrez faire son choix, s'attaquer directement, et tout de suite, à l'acide tartrique droit, le décomposer jusqu'à la dernière molécule et laisser intact l'acide tartrique gauche, — Cela touche au merveil- 17 254 BOTANIQUE CUYPTOGAMIQUE leiix ; malheui'eu.semenl pour la vanité de notre vibrion, les spores de Pénicillium opèrent comme lui! elles, aussi, déterminent une fermentation élective. M. Colin a rencontré dans une solution d'acide tartrique aban- donnée à l'air un organisme analogue à celui que nous avons vu pré- cédemment se produire dans la fabrication du sucre de canne. Ce sont aussi des cellules liyalines, petites, arrondies, étroitement l'éunies en familles globuleuses ou ovales, irrégulièrement lobées et lobulées, entourées d'une épaisse enveloppe gélatineuse, cartila- gineuse, formant une membrane molle, lloconneuse, se dissociant et Fig. 75. — Ascococcus BiUrnlhU Cohn. d'nprès M. Cohn. facilement. Les familles atteignent de 20 à 160 r^ et sont entourées d'une membrane mesurant environ 15 [x d'épaisseur. C'est \ A^co- rocctis BiUrothii (fig. 75). M. F.Kœnig a reconnu dans cette fermen- tation le Bacterium termo. g. — Acide succinique. L'acide succinique se forme, ainsi que nous l'avons dit, pendant la fermentation alcoolique. M. Dessaignes est arrivé de même à transformer en acide succinique les malates, maléates et les fuma- rates de chaux, ainsi que l'acide asparlique et l'asparagine. Jusqu'ici, aucun auteur n'a songé, à notre connaissance, à attri- buer le phénomène à l'action d'un microbe spécial ; cependant les uns en font responsable le ferment de l'alcool, tandis que d'autres PROTOPHYTES-SCHIZOPHYCÈTES 255 seraient plus tentés peut-être de le rattacher aux ferments deracide acétique. On indique vaguement à la surface des liquides la for- mation d'une pellicule composée de microbes sur la nature desquels on ne s'est point prononcé. h. — Fermentation zymocflu conique. M. Boutroux, étudiant la production de Facide lactique, crut pou- voir annoncer que le ferment lactique se présentait le plus souvent sous la forme d'un voile placé h la surface du liquide dans lequel on le cultive; ce voile, d'une très faible ténacité, se montre, sous le microscope, formé de cellules ovales disposées deux par deux ou en chapelets de forme plus ou moins courbe. Cet organisme se déve- loppe l'apidement quand on le sème dans des mélanges de sucre et de li(piides contenant des matièi-es azotées, telles que le petit-lait, l'eau de levure. Le mélange qui réussit le mieux est formé de levure et de giycose. L'auteur crut, d'abord, avoir atïaire à de l'acide lacti- que ; mais, examinant la (luestion de plus près, il vit que c'était un nouvel acide qui se produisait; il le nomma acide glyconique ou zumngJficoniqiw. Le ferment, par sa forme, est semblable au Myco- (U'iiita (ircli ; de plus, comme lui, il transforme l'alcool en acide acéli([ue; néanmoins M. Boutroux croit devoir ne pas admettre l'identité et, pour cette raison, le nomme Micrococcus oblongus. § II. — Fermentation de l'ammouiaque ou nitrification. Les corps organisés végétaux et animaux rendent à la nature, sous forme d'ammoniaque, l'azote qui entre dans la composition de leurs tissus. Pour cela, l'hydrogène s'associe à lui (AzH^O), puis se combine sous cet état avec des acides pour faire des sels ammonia- caux ; ces sels ne sont qu'une étape dans la décomposition ; et le retour des divers éléments à l'état de liberté se fait ensuite par une série de réactions successives. L'azote se trouve ainsi prêt à ren- trer dans la « circulation de la matière », en s'associant à la vie de nouveaux organismes végétaux qui le transmettent plus tard aux animaux, et ainsi de suite. Il y a peu de temps encore toutes les transformations chimiques de l'ammoniaque et de ses sels étaient du ressort exclusif de la chimie; aujourd'hui, il n'en est plus ainsi; on a cru pouvoir prouver que ces phénomènes relevaient des Bac- tériens. 256 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE Du rôle de l'ammoniaque et des sels ammoniacaux dans la végétation : opinions des agronomes et des chimistes ; asser- tions de BoLciiARD.u (A.), Clokz, Dëhérain, Er.i).MA>N, Me.nsel, Piiii'soN, 8(:iii,Ksi>T. cl Mlmtz. — Du microbe de la fermentation de l'ammoniaque : Microccocciis ou Mio'ozynia?? § III. — Fermentation des sulfates, des sulfures alcalins, etc. Lorsque nou.s avons étudié les Algues chromogènes nous avons parlé, entre autres, d'un Bacterium sulfuratum. Ce microbe est ainsi nommé en raison de la singulière propriété qu'il présente de fixer du soufre sous forme de cristaux plus ou moins gros, mais facile- ment reconnaissables soit au mici"oscope par leur couleur, soit aux réactifs par leurs caractères chimiques. Nous avons insisté alors pour montrer comment les différents Monas (fig. 76, 77), Rhabdomo- Fig. 76. — Monas Warmingti, Cohn, d'après M. Cohn. Fig. 77. — Monas Okeni Cohn, d'après M. Cohn. nas (fig. 69), Clathrocystis (llg. 9ij, etc., ressortaient pour ainsi dire de ce Bacterium. Or, tous contiennent aussi du soufre, — et c'est Fig. 78. — Deggiatoa alba, Var. minima, ^^'ARM.. d'après M. Warming. le cas encore des Merismopedia litoralis des bords de la mer, — de sorte que Ton pourrait presque dire que, à peu d'exceptions près, PROTOPHYTES-SCHIZOPHYCETES 257 les Schizophycètes colorés qu'on rencontre sur les vases des rivages de la mer sont des organismes qui fixent du soufre. Nous ne doutons pas qu'il en soit de même des micropliytes qui colorent les plages humides des étangs salés, les bords des marais salants et môme des marais saumàtres ou d'eau douce dans lesquels on rencontre des végétaux en décomposition; car, dans ces cas comme dans les premiers, la présence de ces microbes aux colorations si curieuses s'accompagne du même phénomène, la production d'hy- drogène sulfuré. Il ne faudrait pas inférer de là que les microbes colorés en rouge soient les seuls qui sécrètent du soufre; non, il en est d'autres, plus singuliers encore, qui jouissent de la même propriété et dont la présence se trouve dévoilée, pour ainsi dii'c, pai- celle de ce gaz, d'odeur si nauséeuse d'œufs pourris, qui semble incompaliblf avec la vie, soit (|ii"il s'épanche directement dans l'air, soit ipi'il se trouve dans l'eau à l'état dr dissolution. Ces protophytcs se présentent sous l'aspect de masses onlinairement blanchâtres ou plutôt incolores, composées de lilamcnls enkystés plus ou moins longs, de forme et de taille diverses. On les nomme Bcggiatoa et Suif avaria; tous les deux ont leur existence liée à celle d'une sub- stance glaireuse particulière, parfois extrêmement abondante, d'où ils semblent sortir et en laquelle ils paraissent retourner. Nous y reviendrons bientôt. Description des Sulfiunria et Hpor/iatoa fllg. 78^. De la décom- position des sulfates et de la production des eaux sulfurées. Observations de Plauchud, Coii.n, Warmiisg. De même que toutes les eaux en général, celles dites eaux miné- rales, c'est-à-dire tenant en dissolution des minéraux soit simples, soit à l'état de sels, sont habitées par des Algues d'espèces diverses; il serait curieux de rechercher quelle est l'action de ces végétaux sur ces eaux. Le cas des eaux sulfureuses n'est certes pas un cas unique; il doit y en avoir d'autres dans lesquelles la minéralisation se trouve aussi en rapport avec certains microphytes qui, vivant aux dépens des matières en solution, les décomposent et donnent des principes qui sont dès lors utilisés en médecine. § IV. — Fermentation des matières quaternaires azotées. Les matières azotées animales et végétales retournent, elles aussi, aux milieux cosmiques, et pour cela doivent être dédoublées par des ■:.-,8 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE actes de fermentation. Aucune des matières de cet ordre n'échappe à cette loi; mais, jusqu'à ce jour, on n'a trouvé de microphytes que dans les fermentations de Tasparagine, de la caséine, de l'urée, des albuminoïdes. a. — Fermentation de l'asparagine. L'asparagine est un produit azoté végétal qui, provenant de la décomposition de l'albumine, peut, sous l'influence des hydrates de carbone, se retransformer en albumine. En i8o8, Hartig afflrma que l'asparagine était universellement répandue dans le Règne vé- gétal. « La présence universelle de cet élément cristallisable dans tout tissu cellulaire jeune, montre que sa solution est la forme sous laquelle se transmet, de cellule en cellule, la nourriture azotée des plantes formées d'éléments mis en réserve. » Cette afllrmation, contredite par M. Pfeffer, a depuis été justifiée par les travaux de plusieurs naturalistes et, en particulier, par M. Portes et M. Boro- din. Il serait intéressant de savoir comment cette matière peut (Usparaîlre et se dédoubler en ses éléments constitutifs. Dès 1844, M. Piria a réconnu que l'asparagine, tirée du jus de féverolles et abandonnée à l'air, entre en fermentation , donne naissance à du succinate d'ammoniaque et prend une odeur de sub- stances animales putréfiées. « Le hquide se recouvre d'une pellicule lilanche dans laquelle on observe une multitude d'infusoires. Ceux- ci, placés dans une solution d'asparagine pure, opèrent de nouveau la fermentation succinique et en même temps se multiplient . » Ces iitfiisoircs n'ont point été suffisamment étudiés. f'. — Fernnentation de l'urée. L'urine abandonnée à l'air, dans un vase, fermente. D'acide (lu'elle était, elle devient alcaline et exhale une odeur particulière d'ammoniaque. Ces tranforniations s'opèrent plus ou moins rapide- ment après la miction et sont plus ou moins prononcées suivant les cas. La rapidité de la fermentation dépend des conditions de température, d'électricité atmosphériiiue, et l'intensité semble être surtout en rapport avec l'état de santé ou de maladie du sujet qui fournil le liquide en expérience. Les chimistes ont reconnu que la décomposition portait sur l'urée, et M. Dumas ' lui a donné le nom 1. Duiuap, Traité de chimie, 1843, YI, 380. PROTOPHVTES-SCHIZOPHYŒTES 259 de fermentation ammoniacale. Une formule rend facilement compte de ce qui se passe chimiquement : C2H4Az202 + 4H0 = 2C02 + 2AzH40. Urée. Eau. Aoide carbonique. Ammoniaque. En fixant deux équivalents d'eau les éléments de l'urée se sont dis- posés d'une façon nouvelle ; ils ont constitué de l'acide carbonique ^ a 000 / CP 00 Fig-. 7!'. — Mlcrococciis urex Van-Tieg., d'après M. Dudaux. et de l'ammoniaque, (|ui, en se réunissant, ont donné le carbonate d'ammoniaijue, que l'on retrouve au fond du vase avec les antres matières de l'urine, sels divers, dépôts variés, qui s'v forment. f 0 (J r. fl r ^ Fig. 80. — Bacilliis urex Mio., d'après M. Miquel. Liebiget son école professaient que la fermentation se faisait par simple action du mucus vésical entrant en décomposition. 260 BOTANIQUE CKYPTOGAMIQUE Recherches de Jacquemart, Mulleh, Pastelr, Ordonînez, Hiller, Caze.-seuye et Livon, Richeï (Ch.). — Nephrozymaze de Béciiamp, ferment diastasique de Mlsœlv^. Micrococcus urex (flg. 79) de Yan-Tiegiilm et IJariUus urav de P. Miqlel (fig. 80). De l'action des antiseptiques sur les Bactéries de l'urine, par Haberkorn. c. — Ferm.enta.tion de la caséine. La fabrication des fromages repose sur la fermentation du sucre de lait et sa transformation en acide butyrique. Elle prend spéciale- ment le nom de fermentation raséique. Le ferment apporté par la présure serait, d'après M. Cobn, le Bacillus subtilis. Toutefois, il fait remarquer que certains sucs végétaux agissent de la même façon sur le lait et qu'il en est de même de l'extrait alcoolique de pré- sure, qui pourtant ne contient plus de Bactéries. M. Duclaux a particulièrement étudié cette fermentation. Quant aux transformations ultérieures du fromage, elles sont dues à un ensemble de fermentations successives déterminées par la présence de Mucédinées de toutes sortes, qui se développent à sa surface ou dans sa substance même. d. — Femnentation des albunainoïdes ou. fem:i.entation putride. Cette fermentation, en ce sens qu'elle engendre des gaz d'une odeur repoussante, se rapproche beaucoup des précédentes; au reste, il est difficile de les séparer complètement au point de vue des produits, les matières fermentescibles engendrant par leur dé- composition complexe les mêmes réactions et en plus de l'hydro- gène sulfuré ou phosphore. Cela tient à la composition même des substances décomposables, dans lesquelles il entre, outre du car- bone, de l'hydrogène, de l'oxygène et de l'azote, d'autres éléments, tels que le soufre ou le phosphore. N'avons-nous pas, en effet, la formule générale : C'^H-^Az^O^ + S ou P. Plus les corps sont azotés, plus ils sont instables, ce qui dépend de la nature même de l'azote (voy. page 62). C'est ce qui fait que plus les êtres sont azotés, plus les réactions dont ils sont le siège sont actives, variées, répétées, plus, en un mol, la vie est mani- feste; d'où résuJle, comme conséquence, la supériorité des ani- maux, qui ne sont formés presque que de substances albuminoïdes, sur les végétaux dans lesquels ces matières sont masquées par des PROTOPnVTES-SCniZOPHYCETES 261 hydrates de carbone. Tant que toutes les actions des albuminoïdes divers sont astreints à s'iiarmoniser, les résultats partiels des actes physiologiques se combinent pour donner le résultat général qu'on est accoutumé d'appeler la Vie. Mais que Tharmonie, par usure des parties ou par un accident quelconque, vienne à se trouver ronq)ue. qu'en d'autres termes la Mokt survienne, les éléments retombeni dans l'isolement, se dissocient, tout en conservant leur composition ôlémentah'e. Chaque partie fonctionne encore, vit comme un orga- nite à part et tend à se séparer de la colonie commune; bientôt même chaque organite se décompose en ses éléments premiers. C'est cet ensemble de réactions de désorganisation ipi'on nomme fermentation putride. En résumé, tout se réduit à hi déconq)osilion des albuminuïdes avec des variantes de détail dépendant des dilfé- rences qu'il peut y avoir dans la valeur des exposants n, m, .c ely de la formule ci-dessus. Connaître ce qui se passe dans lune d'elles, c'est, à i)eu près, connaître ce qui se passe dans toutes. On admettait autrefois, d'après la théorie de Stahl, revue par c Fig. 81. — Baclerium lineola, d'après M. Warming. Willis et perfectionnée par Liebig, que, sous l'influence de l'oxygène (le l'air, les albuminoïdes s'oxydaient et formaient des principes nou- veaux qui, eux-mêmes, subissaient des décompositions successives jusqu'à ce que tous aient été ramenés aux éléments C, H, Âz, 0, S et P. Les travaux d' Appert et de Gay-Lussac ne laissaient aucun doute sur la vérité de cette explication : l'oxygène était l'agent unique de la transmutation des corps. C'était fort simple. Expériences contradictoires de Schwann, d'L'RE, d'HELMOTZ, de ScHLLTz, de ScHRŒDER et VoN-Duscu, de Pasteur. — Opposition de PorcHET. — Théorie de Pasteur : rôle des aérobies {Moiias i'ri'pusruluni, Mull., Bacterium Termo, Eur.) et des Anaérobies {Bacillus subtilis et B. Ulna Ceux, Bacterium catenula Duj. et B. punctum Ehrb., B. lineola Cows [fig. 81], Vibrio rugula Mull. 262 BOÏANinUE CRYPTOGAMIQUE J]'^. 82j. V. SpiriUlun volutans Ehrb.. etc.). — Nouvelles obser- vations de M. Béciiamp, de Gautier (A.) et Étard (A.). Fig. 82. — Vibrio rugula, d"après M. Warming. De la putréfaction des œufs : observations de Do^É, Bécîiamp, Gayo>. Adaptation de la théorie de Pasteur à l'explication du phénomène. Observations de P. Miquel. Nouveau Bdcillus de fermentation putride. Fermentation cadavérique : Chevreul, Orfila, Lesueur. Gras de cadavre. — Ptomaïnes : Brouardei. et Bout.my, Gautier, Selmi. 3*^ Section. — Schizophycètes pathogènes. Ici, peut-èlrft plus encore ((ue pour les Schizophycètes zymo- gènes, on doit se tenir sur la réserve et n'accepter que sous béné- fice d'inventaire tout ce que Ton a dit sur l'intervention des pro- torganisés. Ce qui donne, en etTet, fort à réfléchir, c'est la défiance avec laquelle les médecins, seuls juges compétents en pathologie, acceptent les aftirmations des chimistes qui, exagérant les idées émises par F.-V. Baspail, de leurs expériences, faites dans des cornues plus ou moins flambées \ dans des ballons à becs plus ou moins ejjilés ^ ou sur le plateau des cent tubes '\ conclucnl à ce qui doit se passer dans l'économie animale. « Il n'y a pas un département des Cryptogames au sujet duquel on ait tant écrit que celui des maladies infectieuses et de leurs relations avec les Bac- téries (et que celui des Bactéries en général). 3Iais sur aucun autre terrain on n'a commis peut-être autant d'erreurs, soit que des observateurs ignorants eussent entrepris des recherches qui 1. Chamberland (Ch.). Rôle des êtres microscopiques dans la production des maladies, in Rev. Scient., 1882, pa;^. 430. 2. Duclaux (E.). Fermeyits de maladies. Paris, 1882, p. 21. 3. Tyadal (.lohu). Les Min-obes, trad. de L. Dollo. 1882, page 123. PROTOPllVTES-SCHIZOPHYCÈTES 263 étaient au-dessus de leur compétence, soit qu'on affirmât avec la plus grande naïveté des faits qui sont en contradiction directe avec les autres résultats scientitiques. Les innombrables notes des méde- cins sur l'action des Bactéries sur l'organisme liumain ou animal, en général, doivent donc être traitées avec la plus grande défiance *... » Toutefois, comme il est urgent que chacun se fasse une opinion, et comme il est indispensable que, poui- la formuler, chacun ait les pièces du procès, nous allons passer en revue les différentes mala- dies dans lesquelles on les a fait intervenir, en insistant surtout sur celles (|ui ont le plus altiré rallention (bi public savant. Nous avons relevé aussi complètement qu'il nous a été i)Ossible les faits qui ont été publiés, et nous les exposons impartialement. Nous n'entendons ni les appuyer ni les révoipicr en doute; quelb- f(ue soit la source d'où ils puis.sent provenir, le nom des inventeurs reste leur garantie vis-à-vis du lecteur. Qu'il se garde, toutefois, d'un jugement troj) précipité ; c'est ici, surtout, qu'on doit se dire qu.- le vrai peut être invraisemblable, et ([u'il est utile de se rappeler que c'est le vraisemblable (jui conduit aux inductions les plus erro- nées. Au reste, chacun a besoin d'indulgence, et tel qui accuserait son prochain d'avoir une foi robuste pourrait bien lui-même ajouter créance à des erreurs encore plus grossières. Nous eussions pu, pour la présente exposition des faits, adopter la division en maladies attribuées aux sphérobactéries, maladies attribuées aux mirrobactéries, etc., etc. ; mais ici, moins qu'ailleurs lieut-être, une telle classification n'est possible. En effet, on trouve signalé souvent, dans la même maladie, des organismes appartenant à des classes dilTérentes, ce qui n'étonne nullement ceux qui croient au passage des Bactéries d'un groupe aux Bactéries du groupe suivant. — Nous pourrions, peut-être, alors adopter une classifi- cation nosologique? Nous avouons que nous serions embarrassé dans notre choix, d'autant que nous exposons justement une doc- trine qui, si elle venait à être admise, aurait poui- effet de ren- verser toutes les autres et, par consé(|uent, leurs classifications : c'est au reste, déjà, ce qu'a essayé M. Klebs. En un tel état de choses, nous avons adopté la classification par ordre alphabétique. 1° Abcès et collections purulentes non exposées à l'air. — Observations du D"" Aj.. Bekgeko.n. Les "Vibrions se forment dans 1. Luerssen (Chr.), Medicinisch-phannaceutisckc Botrmih, trad. in Joio-n. de Microgr. du D' J. Pelletau, i" ann., p. 1'j6. 264 BOTANIQUE CKYPTOGAMIQUE les foyers sans que l'on puisse invoquer le contact de l'air. — Opinion du D^ Bouloumié. 2° Abcès sous-cutanés. — Présence de Hnctermm : 3° Albuminurie ou maladie de Bright. Zijniostosis gracilis S.iLISB. 4° Anthrax et furoncle. Cfr. Observations du prof. Salisbury : Micrococcus et Crypta caihuncida. — Expériences de Pasteur. Autre microbe du fu- roncle. Contagion; expériences de Lcevemberg et de TitASTOiis. 5° Blennorrhagie. Crypta (lonorrhœa SALISB. M. Salisbury a écrit et figuré sous le nom de Crypta gonorrhxa une production algoïde qu"]! regarde comme étant la cause de la gJSB Fig. 83. — Crypta f/onorrhxa Salisb., d'après M. Salisbury. blennorrhagie. Elle se développe sous forme de Micrococcus dans les cellules épilhéliales de la muqueuse uréthrale. Ses spores, en germant, donnent des filaments plus ou moins longs. On peut ren- contrer soit les deux isolés, soit les deux réunis dans le pus du méat urinaire. Les filaments sont parfois tout à fait cylindriques et (|uel(juefois moniliformes. Les cellules du pus peuvent avoir été envahies par les spores du Crypta (fig. 83), et alors elles semblent renfermées dans un sporange. Ce protophyte limite sa végétation au îissu épithélial, ce qui le distingue du parasite de la Syphilis. l'KOTOPMVTES-SCllIZOPHVCETES 205 6° Bronchite. — Coryza et Otite chronique. Observations de Polchet et de Ber>aku. Bactériens [T) dans les mucosités rejetées. 7° Catarrhe utérin. — Cfr. S.\lisi5lry : Torula {Sarcina) aggre- gitta SALiSB. et Zymostosis [Bacterium) catarrhalis Salisb. 8° Charbon. Bacillus anthracis Cohn (fig. 84). Cette maladie, appelée aus.si pustule maligne, se retrouve chez le.s animaux sous des noms qui varient : le sang de rate est le charbon Fig. Si. — Bacillus anthracis Cohn. )/i, m, les microbes : s, s, les globules du sang plus ou moins déformés. des moutons; la maladie du sang est le charbon du bœuf, et chez le cheval on la nomme maladie charbonneuse. C'est toujours une maladie virulente se manifestant par une altération du sang, un abattement des forces et la production de tumeurs cutanées inflam- matoires qu'on a nommées tumeurs charbonneuses. Parfois spon- tanée, quelquefois sporadique, elle se transmet ordinairement par contagion. C'est un fléau redoutable ; il résulte de relevés officiels que, dans le seul État de Newgorod, le charbon a enlevé en trois ans (1867-1870) plus de 56 000 animaux et de o28 personnes, et qu'en Saxe, le district de Mansfelder a vu périr de ce fait 186 000 moutons. On conçoit donc que, de tout temps, on se soit 266 rtOTANlnUK r.RYPTOGAMIQUE occupé de cette maladie et (iiToii iiii clicielK'' hms les moyens pos- sibles de la combattre; aussi, depuis surtout qu'on a reconnu la présence ordinaire (riin microbe cliez les individus atteints de maladie charbonneuse, il i.'Sl devenu le Scbizophycète le plus étudié, le plus mis en expérience, le plus décrit; c'est par centaines qu'on pourrait compter les mémoires qui ont été publiés pour en raconter les faits et gestes. Nous n'entreprendrons point de retracer l'histoire de la maladie elle-même, nous n'en voulons savoir que ce i|iii louche au Bacillus anthracis (fig. 84). Recherches de Davaine et Rayer, Pgli.endek, Bp.alei.l. Delafom), Pasteir, Signol. — Opposition de Leplat et Jau^lahh ; interven- tion du microbe de la septicémie. Confirmation de la pré- sence du Bacillus anthracis : Hoffmann, Bollinger, 3Ieybi:rg, Sie- itAMGUOTZKi, Toussaint, Bofley, Cohn. — Description du microbe : r>oii>. f]wART, Frisch. — Sa culture : Pôicii, Léwis, Gp.kknfilld. — Enkystement ou sporulation du Haci/his (nithrach découverte par Kdcii. — Résistance des corpuscules brillants aux agents extérieurs; sensibilité extrême des Bacillus. — Opposition de G. Colin et P. Bert. Expériences de I'asifi h, Joibert etCHAMBf:R- i.ANii. — Déductions thérapeutiques : Davaine. Relations entre le Bacillus aiitliracis et le Bacillus suhtilis Hans Buckner. (^iioi iiii'il en soil, nous a^0lls deux furniL'S nuisil)]i,'S du Bacillus anthracis. « L'inoculation peut se faire : 1° lorsque les bacilles sont à l'état frais, 2" lorsqu'ils sont desséchés et qu'ils possèdent encore leur activité, ou enfin lorsque leurs spores ont pris naissance. Le premier mode de contagion est le plus fréquent cliez l'homme ; chez les animaux, la maladie est produite le plus souvent par l'ab- sorption du parasite, soit à l'état de dessiccation, soit à l'état de spore. La plupart de nos bestiaux présentent, en efTet, sur la peau de petites plaies, de simples excoriations causées par des coups qu'ils se font eux-mêmes en se grattant, en se heurtant contre les corps résistants; les plaies sont autant de portes ouvertes par les- quelles le microphyte peut entrer dans le torrent circulatoire et s'y développer. Il est probable que cette voie n'est pas la seule et que les bacilles et leurs spores peuvent pénétrer par les voies digestives et respiratoires.... Le cadavre d'un animal mort de sang de rate, enterré pendant la saison chaude dans un sol humide et à peu de profondeur, les excréments des animaux malades renfermant du PROTOPllYTES-SCIIIZOPHYCETES :2G7 sang, mêlés au fumier des étables ou tombant dans un terrain ma- récageux, se trouvent dans les conditions les plus favorables au développement des bacilles et à la production des spores. Nous avons vu que ces spores ont une résistance très remarquable : une dessiccation de plusieurs années, leur macération dans Teau ou un liquide en putréfaction, une alternative de sécheresse et d"lnimi- dilé ne leur font pas perdre leurs propriétés germinatives. Il sullil donc d'un cadavre pour donner naissance à une quantité considé- rable de spores et infecter toute une région. On s'explique dès lors très facilement l'apparition des épizooties à la suite des inon- dations et, dans les saisons chaudes et pluvieuses, l'existence en- démique des affections charbonneuses dans les contrées maréca- geuses ; les bacilles se trouvent dans un milieu semblalde à celui dans lequel on les fait se reproduire expérimentalement' ». Comment s'opère la contagion, par quelles voies les lhirillN<; ou leurs spores entrent-ils dans 1 économie? — Recherches de Toussaint. — Étiologie du charbon : Pasteur et Polxcarué. — Les vers de terre messagers des germes : Pasteuh, Colin. Comment agit le Badllus miUinuis sur l'économie animale? Hypothèse de Pasteur; expériences de Kleds ; hypothèse de Toussaint. Que devient le lUtcUhis. niillifitris introduit dans l'organisme d'un animal réfractaire à lïnfection? Expériences de (iUAivEAu. L'histoire déjà si accidentée du charbon nous réservait encore d'autres surprises : on vient de trouver le moyen de vaincre cette terrible maladie et conférer aux animaux une immunité telle qu'il n'y aura plus pour elle à craindre l'inoculation. On a découvert coup sur coup deux vaccins. M. Pasteur - écrit à M. Dumas : «... De nombreuses expériences m'ont démontré que les cultures de la Bactéridie dans un milieu épuisé par le microbe du choléra des poules, quoique réelles, sont retardées, peu abondantes, fort pénibles. Contrairement à mes prévi- sions (Note, fév. 1880), il se pourrait donc que les poules vaccinées pour le choléra fussent réfractaires au charbon. Ce serait l'immunité 1. Lps maladies charbonneuses et leurs t^auses, in Rev. se. 2= sér. 6» année, pag. 734. 2. Pasteur (L.). Sur un nouveau vaccin du charbo7i, in Compt. rend. Acad. se, 1880. XCI. 268 DoTA.NlnUE CRYPTOGAMIQUE créée sur un animal au moyen (Tune maladie j^arasitaire de toute autre nature Tel est précisément le résultai inattendu que j'ai obtenu dans quelques expériences, encore trop peu nombreuses pour que je puisse donner le fait comme établi sûrement, mais assez intéressantes pour mériter d'être communiquées à l'Académie. Si ce résultat se confirme et principalement s'il se généralise pour d"au- picr_ Sd. — IJaciUua anthrucis en culture dans de l'humeur aqueui=e, d'après M. Richard Lewis. très maladies virulentes, on pourra en espérer les conséquences thérapeutiques les plus importantes en ce qui concerne même la pathologie des maladies virulentes propres à l'espèce humaine. » M. Toussaint propose un tout autre vaccin; il vaccine avec le sang charbonneux lui-même, après l'avoir au préalable défibriné et dé- barrassé de ses Bacillus par la filtration plusieurs fois répétée et par la chaleur. Il porte le liquide à 00°, température plus que suf- fisante pour tuer toutes les Bactéries que le sang pourrait contenir. C'est avec cette lymphe stérilisée qu'il fait l'inoculation préserva- trice. Il la pratique en plusieurs points successivement au voisinage des ganglions de l'aine et du cou. Il se fait une évolution morbide locale, mais non généralisée, semblable à celle des vaccins ; son résultat est de rendre le sang impropre désormais à la multiplica- tion de la Bactérie charbonneuse. Toutefois, cette immunité n'est acquise qu'après douze jours écoulés. Il y aune sorte d'incubation. Les expériences de M. Toussaint sont trop récentes encore pour qu'il puisse dire combien dure l'immunité. Mais le Bacillus anthracis est-il donc le facteur indispensable de la maladie charbonneuse ? Du charbon spontané ou sans Bacillus : observations de Chava- NES, Decroix, Touss.uxt, Mauxolry, Salmon, Chauveau, etc. — Etio logie du charbon spontané : Rayxal, Leblanc, Barreau, etc. PROTOPHYTES-SCHIZOPHYCETES 269 Colin : analyse expérimentale de la pustule maligne et de l'œdème charbonneux. 9° Charbon symptomatique. Ne doit pas être confondu avec le sang de rate. Observations de Aiu.oiNG, CEvi\ et Thomas. Il est déterminé par un mi- crobe autre (?) que le Bacillus anthracis. 10° Choléra des poules. Cette maladie est pour les volailles aussi redoutable que le char- bon l'était pour nos moutons et nos bœufs ; contagieuse une fois déclarée dans une basse-cour, olle en a bientôt atteint tous les habi- ,^f: êf '3^^3 Fig. 86. — Microbes du choléra des poules, d'après une figure du journal la Natun- faite sur des préparations de M. Pasteur. tants, et en quelques jours, elle l'a décimée. Ce n"est (|ue dans ces derniers temps qu'on s'est aperçu que la cause de la maladie pour- rait bien être un microbe ; M. Pasteur a fait en ce sens de nom- breuses recherches et est arrivé à des résultats remarquables. Le microbe serait un Schizophycète d'une extrême ténuité, sorte de Bacterimn en articles étranglés à leur milieu et qu'on prendrait au premier abord pour des points isolés. Cultivés dans du bouillon de muscle de poule neutralisé par la potasse et rendu stérile par une température de 110 à Mo", ils se multiplient avec une rapidité « qui tient du prodige ». Ce petit organisme est fatalement mortel pour les poules qui le rencontrent. Quelques gouttes dune culture comme celle dont nous venons de parler, « déposées sur du pain ou de la viande quon donne à manger aux poules, suffisent pour faire péné- trer le mal par le canal intestinal, où le petit organisme microsco- pique se cultive en si grande abondance que les excréments des poules ainsi infectées font périr les individus auxquels on les ino- cule. Ces faits permettent de se rendre compte de la manière dont se propage dans les basses-cours la très grave maladie qui nous 18 270 lîOTAMgUE CRVPTOGAMInUE occiipo. Evidemiiienf les excri^ments des animaux malades ont la plus grande part à la contagion. » De là on peut tirer des indications générales de prophylaxie. Le microbe inoculé h des cobayes s'y développe, mais en se localisant dans des abcès, en sorte que l'ani- mal ne meurt pas, mais conserve en culture dans les abcès le micro- phyte toujours aussi disposé à reproduire la maladie première s'il est fortuitement ou volontairement inoculé à des poules. Or cet ennemi terrible cultivé d'une certaine façon perdrait toutes ses propriétés nocives, bien plus, deviendrait un être bienfaisant ; inoculé, non seu- lement il ne donnerait plus le choléra, mais encore il empêcherait les poules de le contracter. Au lieu et place de la maladie, il leur donnerait limmunité. La spécificité se trouverait changée : il ne serait plus virus mortel, mais un raccin sauveur. Curieuse découverte, (jui deviendrait bien autrement intéressante si l'on pouvait en tirer parti pour la thérapeuti(fue humaine. Car il pourrait se faire que le microbe du choléra des poules se retrouvât chez l'homme, de même que le Bacillus anthrucis du charbon des animaux s'y retrouve pour produire la pustule maligne. La maladie connue, il deviendrait facile de la guérir, puisqu'on en a le vaccin ou préservatif. Recherches de Tai.my, Nicolas. Déci.at sur les analogies qui peu- vent exister entre le choléra des poules et le Nélavan, la ma- ladie du sommeil, l'hypnosie. — Recherches de Tolssaim sur le microbe : son identité avec le Micrococcus septicus. Mais alors, si le microbe du choléra des poules n'est autre que le Micrococcus septicus, ^l. Pasteur, ayant trouvé le moyen de le trans- former en vaccin, a. du même coup, trouvé le moyen d'empêcher le développement des maladies qui relèvent de la septicémie, depuis linfeclion purulente jusqu'à la péritonite puerpérale. M. Pasteur se montre effrayé de la déduction à laquelle il se trouve entraîné . « Je ne suis pas davantage d'accord avec M. Toussaint sur liden- tilé (piil affirme exister entre la septicémie et le choléra des poules. Ces deux maladies diffèrent du tout au tout.... » Pourtant, si quel- qu'un a autorité pour parler en cette circonstance, c'est bien M. Toussaint, qui est vétérinaire et ([ui. de plus, le premier en France, a signalé ledit microbe. 11° Coqueluche. Hypothèses de Rose>. Bœi.li;, Biexxer, Poulet. — Expériences du Leizeuicii. Observations d'OLTRAMARE, PROTOPHVTES-SCHIZOPHYCETES 271 12** Cystite. Recherches de Davaine, Ordoînnez, Salisblry, Mi- crococcus; Zymostosh elongatus SALISB. 13° Diarrhée épidémique. De la présence dans cette maladie de vibrions et de monades : Rallier. 14° Diphthérie. N'est point produite par un Schizomycéte (voy. pag. 193), mais par un Schizophycète, d'après Ebertii; opinion de LABOiLOÈiNE. Recherches de Dlcamp, SciiuLTzet Klébeu. 15° Endocardite ulcéreuse. Observations de Hiller. Travaux de Gerber et Bniscii-HutsciiEELi». 16° Érysipéle. Recherches de Hi eter, Nepveu, Orth, Li komski, Recklix-.ilvisen. DiTEYBAT. Culturcs des Microcuccus trouvés dans le sang des érysipélateux par Salisbi ry. 17° Fièvre aphteuse ou cocotte des animaux. Cfr. BouLEY : Expériences de Strebel (1856); Rossignol. 18° Fièvres intermittentes. La fièvre intermiUeiite, lièvre des marais, malaria, a de loul temps été regardée comme causée par des émanations particulières s'éle- vant des surfaces marécageuses, soulevées dans les airs avec les brumes, chassées par les courants aériens et portant avec elles une sorte de poison qui, s'abatlant dans certaines localités, amenail chez les animaux qui les respiraient un état fébrile particulier qui, à la longue, se terminait par des accidents souvent d'une gravité très grande. Certains pays sont ainsi devenus inhabitables, soit parce qu'ils se trouvent dans le foyer où se produisent les effluves (Marais Pontins, Sologne, etc.); soit parce qu'ils se trouvent sur le trajet des vents dominants, certains hameaux de Corse, par exemple. L'in- fluence pernicieuse des brouillards maremmatiques est manifeste ; on sait parfaitement qu'on ne doit pas aller en plaine avant le lever du soleil qui les dissipe, et Ion a parfaitement remarqué que les localités infestées se trouvent non seulement sous le vent, mais en- core à un certain niveau au-dessus duquel tout danger cesse, parce que les brumes ne les atteignent jamais. On conçoit donc quon ait recherché ce qui pouvait exister dans ces brouillards et sur les ter- rains qui les engendrent, car il semble naturel de penser que le poison prend naissance sur le sol et s'en élève ensuite avec la vapeur d'eau qui s"en échappe. 272 botâniqup: CRYPTOGAMIoUE Recherches de Pkyrot, (I'Ancei/», Gigot, Polm, Le.maire : Bacte- rium Trnno, Vihrio, Spirillum. — Observations de Sausuury {Gcmiasmaj. de Hallier, Schlp.tz, Ha»o.\, Va> de.n Corplt {Oscil- tarires] ; de Bai,estra Mkrocystis œruginosai ; de Van-Dyke {Spi- riUiDiij; de Castraca.ne, de Gmifkim, de Ki.eiîs et Tu.m.masi-Crudei.li, de Lavera>- {BaciUus et corpuscules, : de Curom et Marchia- Fava ; de Bares et Rozaheggi; de Richard {OsciUaria malariœ RiCH.). Opinion de Magmn {Chlorococcum coccoma). Expériences de P. MiQLEL. Observation de Blrdel. — Comment expliquer le retour des accès : Van-Ticghem, Lewis. 19° Fièvre et péritonite puerpérale. Le sang puerpéral, inoculé à des lapins, produit, d'après MM, Coze et Feltz, des phénomènes nerveux, Tasphyxie, les convulsions et la mort. Ces auteurs ont trouvé dans le sang des tractus fibrineux abondants, des points mobiles et des petites chaînettes à deux, trois ou quatre grains, quelquefois en ligne droite, quelquefois disposés angulairement ; les chainettes remuent soit dans leurs articles, soit dans leur ensemble. MM. Heiberg et Orth ont retrouvé ces Micrococcus en quantités considérables dans la lymphe. M. Kisner nomme ce microphyte Microsporon septicum, Tassimilant au micro- phyte de la septicémie, et, en effet, la plupart des nosographes rapprochent la péritonite puerpérale de la septicémie. M. Pasteur ne semble pas de cet avis dans ses essais médicaux! et, sans aller aussi loin pour celte affection que pour Tostéomyélite, dont il fait une espèce de furoncle, il incline à voir dans le Bactérien de la fièvre puerpérale un proche parent de celui quil a constaté dans le furoncle. « La première culture (de sang de péritonite) ne ren- ferme que l'organisme des furoncles; la culture suivante contenait un organisme voisin de celui du furoncle, mais qui en diffère assez pour en être distingué. En effet, tandis que l'organisme du furoncle est par couples de grains, rareiuent même réunis en petits chape- lets de trois ou quatre, le nouveau est en longs chapelets dont ce nombre des grains est, pour ainsi dire, quelconque Les cha- pelets sont flexibles, et on les voit souvent en petits paquets enche- vêtrés comme des fils de perles embrouillés; on trouve parfois, il est vrai, le vibrion pyogénique, organisme « du pus », mais il n'y a pas de confusion possible. » — De ses études, il conclut que « Von range sous l'expression de fièvre puerpérale des maladies très variées; mais toutes paraissent être la conséquence du déve- loppement d'organismes qui, par leur présence, infectent le pus PROTOPHYTES-SCHIZOPHYCETES 273 naturellement formé à la surface des parties blessées et de là se répandent dans toutes les parties du corps. » M. Engel a, dans un cas analogue, trouvé un Bacillm qu'il nomme B. puerperalis, sur lequel il a pu constater la sporulation, et M. Feltz un Leptothrix. 20° Fièvre récurrente ou typhus à rechutes. Observations de Litte> et de Weissembeiïg, de Wmciiow et de Obermeier. — Découverte du Spiriltum parasite dans le sang; sa confirmation par Buisii-Huisfeld, E>gei., ^YEIGERT, Birdon- Sa>derson, Laskolsky, Heydenreu:ii. — Le Spirillum devient le Spirochœte Obenneieri Cohn (fig.87). Réflexions de G. Richari» Lewis. Fig. 87. — Spirochxte Obei'vieieri Cohn, dans la fièvre récurrente; m, microbes; s, globules sanguins. 21° Fièvre rémittente du cheval. Observation de Salisblry; Micrococcm et Zymostosis [BaciUus) esciilaris Salisb. 22° Fièvre typhoïde du cheval. Observation de Sig:\ol, Mégmn. Expériences de Davaine et Dupuis. Le microbe serait le BaciUus anthracis. 274 P.OTÂNIQUE CRYPTOGAMIQUE 23° Fièvre typhoïde du porc. Observations de I.kisi.rix;, de Ki.ki.n et de Fai.ke. — Recherches de Detmers. Le microbe ne serait-il pas encore ici le Badllus anthracis? 24° Fièvre typhoïde de l'homme. Contagieuse, infectieuse et épidrmiijin', hi \\!'\rr typhoïde devait attirer l'attention des paitisans de la théorie parasitaire. Le caractère fébrile que présente cette affection a porté tout d'abord à rechercher le ferment pathogénique dans le sang; cependant d'autres savants ont porté leurs recherches sur les matières qui proviennent de l'intestin. f CL/ ./ ky Fig. S8. — niolysis typhoïdes Salisb.. de la fièvre typhoïde. Différents états de développement du microbe, d'après M. Salisbury. Recherches de -1. Giérin et de Ely VA>-r)E-WARKER, de Feltz, de Rrai Ti.Ecirr. Microbe de la fièvre typhoïde Tir.Ri(?), Coze et Feltz : Bacte- rium fuitctiuld. — SAUsuLiiV : Hiolym typhoides Salisd. fig. 88). — Hai.i.ier : Pleospora herbarum{?). 25° Flacherie des vers à soie. Recherches de Pastixk. Des différents microbes que l'on trouve PROTOPHYTES-SCmZOPHYCÈTES 275 dans cette maladie et en particulier du Micrococciis Bom- bycis. 26° Gangrène traumatique du cheval. Présence des bactéries dans le sang des chevaux atteints de cette affection; Signol. 27° Lèpre tuberculeuse ou éléphantiasis des Grecs. Travaux de Haissen, de Hkii!Khg, de Bidenkap, de Winge, de Klebs, de Neisser (de Breslau), de Cohn, de Eklu^d, de Armacer, de Gaucher et Hii.laret, de Cor>'il et Suciiaru. — Le microbe est un Bacillm. 28° Morve et Farcin. Observations de CiiRisroetKiENER, deCiiAuvEAi, Bkdoi i>.etc.3/ù'/vj- coccus? De la virulence morveuse : G. Coli>, Gai.tier; nouvelles expériences de G. Colin sur la transmission de la morve des solipèdes au lapin. Morve et farcin spontanés, c'est-à-dire se développant sans intervention de microbe : Bo^rsAUD, CiiÉiNiER, Taiwii uln, Dela- MOTTE, etc. 29° Mycose intestinale. Cfr. : SuLi'PEL, Wagner, Lueliu: et .AIli.ler, Blckard. 30° Ostéomyélite. .< Si j'osais mexprimer ainsi, je dirais que, dans ce cas, tout au au moins, rostéomyélite a été un furoncle de la moelle des os. » (Pasteur.) 31° Peste bovine. Typhus des bêtes à cornes. Cattle-plague des Anglais; Render- pesta des Allemands. Les microbes. — Leurs ravages : Boui.ey. 32° Péripneumonie. Recherches de Lenglen, de Weiss et Zlr?s, de Capitam et Fran- cuESciii, de ^YILLEMS, Bruylams et AYerriest. de Hallier, de BouLEY, Leblaîsc et Mathieu. Observations de Poincarré. 33° Phthisie ou tuberculose. Hippocrate affirmait la contagiosité de la phthisie pulmonaire, et, depuis, bien des autorités médicales furent de son avis; de tout temps, en elïet, on a cité des cas dans lesquels on voyait une femme 276 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE saine, bien portante, gagner la phthisie à soigner son mari malade de la poitrine, et vice versa un mari, ne présentant aucune prédispo- sition constitutionnelle ou héréditaire, devenir tuberculeux et suc- comber sans autre cause apparente (|ue la cohabitation avec une femme poitrinaire. Mais, si la croyance en la contagiosité de cette terrible aiïection date des temps les plus lointains, ce n'est que dans ces cinquante dernières années qu'on a essayé de se rendre compte de la manière dont pouvait s'efïectuer le transport de Taf- fection. On eut recours à linoculation. Opinions contradictoires des observateurs : Albers; Klencke; ViLLEMiN ; Colin ; Lebeut et Wyss ; Simon ; Blrton-Sanderso.n ; /i ^'^■■à Fig. 89. — Mici'ococcus... Salisb., de la tuberculose, d'après une pliolographic d'E. Culler. \Yilson; Fox; Waldenbirg: Lebert, Crooq. Nouvelles expé- riences : ToLss.uNT, Martin (H.), de Brinet, Giboux. — Microbe du tubercule : Mycrozymas de Béchamp et Estor. — Micrococcus (fig. 89) : Sai.isriry. Citter. Bacillns .-Kocm, Ehrlicii, Zan Ermen- GKM. — Voies d'introduction : Colin, Ciiauveai , Toussaint, Peic». PROTOPHYTES-SCHIZOPHYCÈTES 277 34° Plaies. Observations de Tigiu, Chalvet, Bouloimié, Nepvei:. Des pus colo- rés; du pus comme production microbiotique. Des Bactériens divers trouvés dans le pus. Micrococcus, Vibrio, Bacillus, etc. « Pour me résumer, je dirai que, en ce qui concerne rinfluence des Bactéries sur les plaies elles-mêmes, nous ne savons rien encore de positif, puisqu'on trouve ces parasites à la surface des solutions de continuité qui marchent le plus rapidement et le plus sûrement à la guérison. Mieux renseignés relativement à la généralisation du processus et à l'infection de l'organisme par les produits formés à la surface de la plaie, nous ne pouvons nous dissimuler que beau- coup de nos données frisent de bien près l'hypothèse et qu'il serait impi'udent de les accepter comme invarial)lemeiil assises \ » 35" Pyohémie. C.fr. : WniciKiw, Be!u;man.\, Piouhv. Biucu-HutscHFEiii, Reckiinghai- SEN, Waldeyeh, Beyisaui) (M.), HiETEH, Ki.Eiîs. Oktii, Bn.l.UOTII. Nepvei" : Micrococcus... seplicuft? 36° Rougeole. Observations de Coze et Fei.tz, Bacterium: expériences de Sai.is- BIRY. 37° Scarlatine. Observations de Coze et Feltz : Bacterium: — de Rieus : Baih'- vium punctum, B. cateniila, Micrococcus. 38° Septicémie. On a nonnné septicémie une atïection morbide caractérisée par une altération particulière du sang, une sorte d'empoisonnement le plus souvent généralisé , s'accompagnant de fièvre et amenant la formation de pus dans les tissus et les vaisseaux sanguins, lymphatiques, les ganglions. De sorte qu'elle se présente sous des aspects multiples; l'infection purulente, la pyohémie, les abcès mé- tastatiques, la lièvre puerpérale épidémique, etc., etc., n'en sont que des formes. Elle se produit parfois spontanément, mais, le plus souvent, même, elle se transmet par contact et par l'inoculation directe, telle que les piqûres anatomiques. On a beaucoup discuté aussi la nature de cette maladie ; mais, malgré les nombreux travaux qui ont été faits sur ce sujet, on ne saurait encore trop se prononcer. 1. Magnin (A.), Les Bactéries. Tlièse agrég. à la Faculté de iiiéd. de Paris, 1876, pages 149 et suiv. ->78 r?OTANIQUE CRYPTOGAMIQUE On considéi'ail la septicémie comme un empoisonnement produit par le virus de putréfaction amenant, chez le malade, une sorte de putrefactio aiite mortem, lorsque M. Sédillot, en 1849, fut amené, par une série d'expériences, à Tattribuer au développement et à la propagation d'éléments figurés. Mais cette opinion fût peut-être tombée dans TouJjli sans une discussion qui vint, incidemment, attirer Fattention sur la maladie septique. — M. Davaine venait d'annoncer que la Bactéridie (Bacillus anthracis) était constamment présente dans la maladie du charbon; or MM. Leplat et Jaillard, voulant vérifier les assertions de M. Davaine et reprenant ses expériences, arrivèrent à tuer les animaux par leurs inoculations, mais sans, pour cela, trouver à lautopsie de trace de Bacillus anthracis. Donc, concluaient-ils, la Bactérie n'est pas la cause du charbon. Car le sang de rate est d'autant plus inoculable qu'il en contient moins. M. Tigri essaya de mettre les auteurs d'accord, en prétendant qu'il y avait Bactéries et Bactéries, que celles du charbon pouvaient être absentes, mais qu'il y en avait d'autres; malgré cela, on admit qu'il y avait deux charbons, l'un sans Bactéries, le plus terrible, l'autre avec Bactéries. Le premier fut appelé maladie de la cache. Cette maladie de la vache était la septicémie. Cette discussion fut le point de départ de travaux qui conduisirent à la conllrmation de fidée émise par M. Sédillot. Recherches de Coze et Fei.tz, Davaine; de Rallier, Klebs, Orth, TiEGEL, Frisch, Siool; de Breh.m : Microsporon septicum, Micro- roccus septicus. Observations de Bert. Pasteir : explication de la production de la putréfaction chez le vivant. Pasteir, Jolrert et Chamber- LA>'D : des corpuscules ou spores; vibrions. Expériences de Vulpian, Moxon et Goodhart, ^YIRCHo^v, Béhier et LioLviLLE, Semmer, Solbbotine, etc., etc. C-ette maladie, la septicémie ou putréfaction sur le vivant, n'est point une maladie unique ; autant d'espèces de vibrions, autant de septicémies diverses, bénignes ou terribles!... Bien plus, grâce aux découvertes de M. Pasteur, on peut faire des combinaisons de maladies, des associations de fléaux. « Ce microphyte est le microbe générateur du pus; s'il s'associe avec le vibrion, il forme l'infection purulente. Seul il donne le bon pus... De même on peut associer la Bactéridie du charbon avec le microbe du pus, et l'on a la maladie charbonneuse purulente ou le vibrion... Toutefois, il ne faut pas PROTOPHYTES-SCniZOPHYCETES 279 ajouter trop de l'un, car on peut éloutïer la Bactérie du charbon. » « En résumé, on voit qu'à volonté on peut produire des infections purulentes exemptes de tout élément putride, des infections puru- lentes putrides, etc., etc. » La nosologie n'est que de la chimie... biologique!... M. Birsch-Hirschfeld ne trouve point tant d'espèces de microbes dans le sang des septicémiques ; il y rencontre des Micrococciis Hppticus, et nul autre parasite. Cependant M. Toussaint semble en avoir découvert un nouveau. Maladie à forme charbonneuse causée par un nouveau vibrion aérobie : Toussalnt. A côté de cette théorie, dans laquelle on admet que le microbe est l'agent infectieux et pathogène, il y en a une autre qui, tout en recon- naissant l'existence ordinaire du microphyte, n'attache aucune im- portance à sa présence ; cela explique comment la maladie peut exis- ter sans ({ue le microscope révèle le ferment incriminé. Observations de Cfiassaignac, Blrtû>-Sam)ersun, Cavafy, Moiutz- Traube et GscHLEiDEN, LivoN, Henrot. Celte théorie nous conduit naturellement à une troisième, qui soutient que les Bactériens ne sont pour rien dans la maladie et que toute la virulence dépend du liquide; cette opinion n'est autre ((ue celle qui avait cours avant qu'on ait songé à faire intervenir des parasites. Les uns, comme MM. Billroth et Weber, croient que le principe peut devenir gazeux; d'autres, comme MM. Panum et Bergmann, pensent qu'il reste liquide, qu'il est azoté, résistant à une température de 100°, traversant les lillres, soluble dans l'eau et les humeuis. MM. Zuelzer et Sonnenschein l'isolent et reconnais- sent en lui un alcaloïde : la sepsine, ce que confirment, d'autre part, les recherches de Biemsclineider, d'après lesquelles on aurait ainsi un alcaloïde analogue à l'atropine et pouvant par conséquent former des sels... Ne seraient-ce. point ces composés que MM. Brouardel et Boutmy ont rencontrés dans les cadavres et qu'on nomme ptomaïnes? 39° Syphilis. Le Crypta syphiUtica et le Crypta irregularis ont été trouvés par M. Salisbury dans la syphilis. Le Crypta irregularis se rencon- tre dans le pus des ulcérations de la membrane uréthrale et jusque dans la vessie. Il se présente en de longs filaments plus ou 280 BOTANIOUE CRYPTOGAMIQUE moins enroulrs, renflés par endroits, se divisant à la manière des Lcptothrix. arcompagnés de spores qui se montrent sous forme de Micrococcns.'LQ Crypta syphilitica se rencontre aussi dans l'ulcère chancreux, soit sous forme de spores, soit sous forme de filaments |i]ns ou moin=; roulés en spirale. M. Salisbury a suivi le développe- Fifr. 90. — Crypta syp/dliticn Salisb. d'après M. Salisbury. ment de ces spores {Micrococcus) et les a vus s'allonger et parfois se sectionner. Il a retrouvé spores et filaments dans le sang des malades, et parfois les uns et les autres sont enchevêtrés comme des embolies. Ce Crypta pénètre dans les tissus, les os et les cartilages, ce qui explique comment cette atTection se généralise et devient constitutionnelle. Nous devons dire que, dès 1836, M. Donné avait attiré Tattention sur des animulcules qui se produisaient dans les sécrétions dues à un travail infiammatoire des organes génitaux. 40° Sueurs des pieds. Observations de G. Tni\. Bartnhim fœtidum. 41° Ulcères putrides. Pourriture d'hôpital. Observation de Leheim. 42° Typhus intestinal et typhus exanthématique. MirrororcuR découverts dans le sang des personnes atteintes de cette maladie par ll.vi.i ikh. PROTOPHYTES-SCHYZOPHVCÉTES 281 43° Variole chez l'homme. Travaux de Seigneurge.ns, de Serres, de Coze et Feltz : Baciltus ilna. Bacterium Punctum; de Baudoin, de Lugemjiïhl, de Wei- GERT, d'HALLiER, de Broiardel, de CoiiN : Micrococus; de Salis- i!( RY : los variolosa, vacciola. 440 Variole chez les animaux. L'espèce humaine n'est pas la seule à jouir du privilège d"ètie •cilleinte et parfois décimée par cette terrible maladie : on la ren- contre chez les moutons sous le nom de clacelée, chez les oiseaux sous le nom de pkotte; chez le cheval, c'est Véquine ou pour les Anglais horse pox; chez la vache, c'est la vaccine en France et le coiv-pox en Angleterre; le porc aurait aussi la petite vérole, et Ton pense que la maladie des chiens n'est pas autre chose, etc. On com- prend que nous n'insistions pas, d'autant que les auteurs qui ont décrit ces maladies se sont contentés d'accuser vaguement des Schi- zophycètes sans les déterminer. Mais l'étude comparée de ces ({ues- lions a une portée extrême, et, depuis que l'on conclut des recher- ches sur l'animal à ce qui se passe chez l'homme , la science vétérinaire devient une brandie de la médecine humaine. A ce point de vue, relevons, d"abord, en passant l'aftirmation de M. Jolyet (jue, dans la variole des oiseaux, le microbe habite non le ■sang, mais la lymphe, et appesantissons-nous un peu sur l'étude de la variole de la vache ou vaccine et celle des moutons. Vaccine. C'est la petite vérole des animaux de l'espèce bovine (coœ, vache; po.r, vérole); elle ressemble à notre petite vérole : c'est une maladie pustuleuse et contagieuse par inoculaliun. On a prétendu «prelle n'est pas spontanée chez la vache et qu'elle lui est communiquée par le cheval, et pour cela on s'est appuyé des observations de •lenner : « Tliere is a disease to ivhich tlie horse, from his state of domestication, is frequently subject, » et plus loin : « Thus tlie disease ninkes it progress from tlie horse to the nipple of the coïc, and from tlie COU' to the human subject. » C'est une maladie à laquelle le cheval domestiqué est souvent sujet... Cette maladie passe du cheval à la mamelle de la vache et de la vache à l'homme. » On a fort discuté, depuis Jenner, sur certains détails de ces affirmations; mais ce serait sortir de notre sujet que d'insister; il nous suffit de savoir qu'il est démontré que, lorsque le cow-pox a été transmis à l'homme par inoculation et s'est développé, chez lui, sous forme de 282 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE maladie légère, le corps est devenu par cette seule raison inapte à la contagion de la petite vérole, et, d'autre part, que le horse-po\ peut en effet, inoculé à la vache, donner à celle-ci le cow-pox. Voici en quoi ces conclusions sont importantes : la considération qu'en se soumettant volontairement et par précaution au désagrément d'une maladie bénigne on s'assure contre une maladie mortelle quelque- fois, mais toujours grave, a donné lieu à la pratique de la vaccina- tion. On prend dans la pustule de cow-pox un peu duli(]uide qu'on nomme vaccin, et on Tinocule par piqûre aux enfants, de préférence; après quelques jours d'un malaise léger, l'immunité est gagnée. Le cow-pox est une maladie rare, de telle sorte qu'on a rarement le moyen de vacciner directement avec du vrai cow-pox; mais on a remarqué que le vaccin pouvait se transmettre de l'homme à l'homme, d'enfant à enfant, en ayant soin de le puiser vers le cin- quième ou sixième jour de l'inoculation. On a donc eu la ressource de la vaccination de bras à bras. Après la vaccination de la vache à l'enfant, cette méthode est la plus certaine; toutefois elle n'est pas toujours applicable; alors le vaccin est desséché entre deux lames de verre, ou gardé dans des tubes, où on le reprend au moment du besoin; il conserve encore ses propriétés. Cependant, le virus s'use par ses transmissions successives, et son activité finirait par disparaître; il faut donc qu'il soit renouvelé. Autrefois, on était réduit à attendre patiemment qu'un cas de cow-pox se déclarât spontanément, chose rare, nous l'avons dit; maintenant qu'on a reconnu la réalité des rapports qui existent entre le cow-pox et le horse-pox, on possède une ressource nouvelle et précieuse, puisque l'équine {e q nus, -chexal) est plus fréquente que la vaccine. Etant donc donné un cas de horse-pox, on peut, par inoculation sur la vache, refaire du cow-pox et ainsi renouveler ses provisions de vacciu. On a fort discuté la composition du virus vaccinifère qui se trouve dans la vaccine provoquée. M. Gliauveau, dès 1868, l'analysait et trouvait qu'elle était composée : i" d'une lymphe, ^2° de granulations élémentaires. La lymphe est regardée par lui comme indifférente, inoffensive, elle n'entre pour rien dans l'action morbifique du virus. Les granulations élémentaires qui nagent dans la lymphe accapa- rent, au contraire, toute l'activité de vaccin. Pour M. Chauveau, ces granulations d'origine protoplasmique ne peuvent être confon- dues avec nos Micrococcus, Bacterium ou autres microbes. « Au lieu de constituer des êtres indépendants, doués d'une vie propre, les virus vrais peuvent être le produit du protoplasme des cellules irri- PROTOPHVTES-SCniZOPHYCETES . 283 tées par le contact de la matière infectante. » Depuis ses premiers travaux, M. Chauveau a fait passer ses granulations protoplasmi- ques au rang de ferments figurés ; mais il n'en faut pas moins com- prendre que les corpuscules sont pour lui différents des Mkro- coccus des auteurs. Ils sont différents surtout de ceux que M. Hallier h^ y 71^ ky \\\\ J y m€) Fig. 91. — los vacciola Salisb.. à divers états de développement, d'après M. Salisbury. signale dans le vaccin et qui seraient munis (Tun appareil caudal très délicat et qu'il a vu réunis en forme de bâtonnets allongés qu'on retrouve dans la lymphe, les canaux lymphatiques et les ganglions. Peut-être sont-ce ceux signalés par M. Kerber et par M. Jacob; mais ils paraissent différer des organismes rencontrés par M. Stropp. Ils se distinguent surtout de ceux décrits, en 1868, parM.Sahsbury sous le nom de los vacciola (fig. 91) micropliyte, dont le début 284 ■ BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE correspondrai l au Miciococcus el qui ressemble aussi au\ spores (lu microbe de la variole. Ces Micrococcus seraient engendrés dans des sacs (que l'auteur appelle des zoospores), ils se rendraient libres en les déchirant. Ces zoospores se développeraient quelque- fois dans les cellules de l'épiderme. Les spores (ou Micrococcus...) se disposent par fds ou par chapelets qui restent plus. ou moins droits ou se contournent de ditïérentes façons, puis prennent la forme de fdaments cyhndriques à contenu homogène. Dans les croûtes, lauteur a trouvé des filaments renflés de distance en dis- tance, très gros, à côté de filaments filiformes. Pour M. SaUs- bury, le los vacciola ne serait qu'un état de Vlos vanolosa-vac- eiola, qui ne se montrerait qu'au cas où la variole est inoculée à la vache. Il résulte des recherches de M. Maurice Raynaud que, contraire- ment à ce qu'annonce M. Chauveau, l'élément vaccinal se rencontre- rait dans la lymphe et que ce serait elle (|ui serait la partie active du virus et produirait Fimmunité recherchée par la pratique de la vaccination. Variole des moutons. Clavelée. Expériences de Chauveai . Culture du microbe, inoculations par Toussaint. En terminant cette longue énumération qui ne pouvait, ici, qu'êtr»' un programme succinct, rappelons ce que nous avons dit en com- mençant. « Nous n'entendons ni appuyer les faits énoncés, ni les ré- voquer en doute; quelle que soit la source d'où ils puissent provenir, le nom des inventeurs reste leur garantie vis-à-vis du lecteur. Qu'on se garde, toutefois, d'un jugement trop précipité ; c'est ici surtout qu'on doit se dire que le vrai peut être invraisemblable et qu'il est utile de se rappeler que c'est le vraisemblable qui conduit aux inductions les plus erronées. Au reste, chacun a besoin d'indul- gence, et tel qui accuserait son prochain d'avoir une foi robuste pourrait bien lui-même ajouter créance à des erreurs encore plus grossières. » Art. 11. — Physiologie. Dans l'étude que nous avons à faire des phénomènes physiologiques qui caractérisent la vie des Schizophycètes PKOTOPHYTES-SCHIZOPHYCÈTES 285 que nous avons passés en revue^ nous adopterons le plan que nous avons suivi pour celle des Schizomycètes. Du reste^ dans l'ensemble, ces phénomènes ont la plus grande analogie ; on peut môme dire que cette analogie va souvent jusqu'à l'identité ; car si les Schizophycètes^ perdant leur chlo- rophylle, sont devenus les associés des Champignons comme destructeurs et comme f(M-ments, les Schizomycètes ont bien souvent partagé les liabitudes des Schizophycètes, se sont fait une vie a(piati(pie et ont été jusqu'à se transformer à tel point (pie l)eanc()up encore, sans doute, sont égarés dans un casier de classilication (pii n'est pas le leui'. Quel est le naturaliste qui, dans l'état actuel de la Science, se charge- rait de distinguer, sous le microscope, ceux qui deviendiont des Algues de ceux ipii deviendront di^s Champignons, lorsque souvent ce serait l)eaucoup tlemander que de ne pas confomh'c ces Micrococcus avec les corpuscules inor- gani({ues qui sont mélangés avec eux? C'est dans de telles conditions que se poseront à nous des questions telles que celles de l'origine des Bactériens, de leur culture, de leur spécificité, etc., questions intéres- santes si on les considère seulement dans leurs rapports avec les fermentations chimiques, mais t[ui deviennent d'un intérêt capital, quand on les transporte dans le domaine des fermentations pathologiques, car on sent que, là, elles sont appelées à donner la clef des phénomènes physiologiques telles que les vaccinations, les immunités, les contagions, les virulences, etc., etc. Existe-t-il des contagium viviim, s'il n'existe que des réformes en hygiène? Mais aussi, s'ils exis- tent, d'où viennent-ils, où vont-ils? Qui les a engendrés? Sortent-ils des milieux tout armés? Il faut le savoir, U y a, là, des descendants dont il faut rechercher la parenté; c'est urgent, c'est indispensable, le sort des sciences médicales 19 Î86 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE dépend de la solution qui sera trouvée. La tâche est pénible, entourée de difficultés de toute espèce. § I. — Étude du protophyte. « Tous, dit M. Naegeli, sont constitués par des cellules courtes, qui, avant la segmentation, sont une fois et demie plus longues que larges, et qui, après la segmentation, ont une longueur égale seule- ment aux trois quarts de la largeur. Tous se montrent tantôt mo- biles, tantôt immobiles. Ils ne difTèrent les uns des autres que par l'inégalité de la taille et par ce fait que les cellules peuvent, après la segmentation, se séparer les unes des autres ou bien rester unies en bâtonnets et en fdaments droits ou contournés en spirale. » Lorsqu'on considère isolément des Bacterlum, des Micrococcus, des Bac'dlus, des Vibrio, etc., etc., la première opinion que Ton se fait est que chacune de ces formes représente un genre bien net- tement séparé des autres; il seiiit)le, en elfet, difficile par exemple de réunir les Vibrio et les Bacillus, les Micrococcus et les SpirillKm ; de même aussi lorsque, sous le microscope. Ton voit s'agiter des Micrococcus ou des Bacillus de taille et de forme différentes, la pre- mière idée qui vient est de considérer chacun comme une espèce. Que dirons-nous si nous considérons les microphytes agrégés en chapelets ou chaînettes [Torula), ceux qui sont plongés dans une masse glaireuse [Zooglsea], ces autres qui vivent en familles [essaims), ou encore ceux qui forment des filaments libres, flottants [Mj/cothrix, Leptothri.r, Streptothrix) ou enchevêtrés à la surface des liquides, donnant des voiles irisés, fragiles (pellicules), ou plus ou moins épais [Mycoderma). De plus, il y en a qui sont droits, réguliè- rement cyhndriques, d'autres courbés, d'autres brisés ou spirales, ceux-ci renflés en toupie ou en fuseau ; il y en a de colorés et d'au- tres incolores; les uns se terminent brusquement aux deux bouts; ceux-ci s'étirent et portent des cornes, des queues, des panaches; ajoutons que tous s'agitent, courent, marchent, sautent et tressau- tent pour s'arrêter et reprendre leurs jeux. Il semble donc qu'on peut admettre que chaque microphyte doit être regardé à coup sûr comme autonome, quand il présente, réunis, un certain nom- bre de ces caractères différentiels. Observations de Kocii sur le Bacillus anthracis; de Trécul, Nylan- DER , Vax-Tieghem suf VÀmylobacter : de Ray-Lankester . de PROTOPHYTES-SCHIZOPHYCETES 287 Coii.N sur le CUit/trocijstis (fig. 92) ; de Warmi:ng sur le Bacte- rium salfuralHin. Assertions de Lleders et Schaffhausen ; de Colin, Robin, Hoffmainn, Maggi, Crlvelli sur les Leptothrix et les Leptomitus. Fig'. 92. — Clathriicystis œruginosa Cohn, d'après M. Warming. l)"après ces considéralions, on admet que tout ce qui pouvait être réputé, à simple vue, comme des espèces ou comme des genres, ne peut être considéré que comme des formes déterminées, par l'action des milieux : Mirroroccus. Zooglxa, Leptothrix, Bacterium, Vihrio, Spinllum, Mycodcrma ne sont ({ue des phases de végétation de types, peu nombreux sans doute, mais, à coup sûr, encore indéter- minés. Nous étions arrivés pour les Schizomycètes aux mêmes con- clusions, et nous avions vu les mêmes conditions extérieures amener des formes tellement analogues que cette considération n'a pas été sans peser d'un grand poids sur l'esprit de ceux qui se sont décidés à ranger tous ces Cryptogames inférieurs dans un même groupe sous le nom commun de Schizomycètes. M. Billroth a trouvé le moyen de simplifier encore la classifica- tion des Schizophycètes pathogènes. Recherches sur les formes de végétation du Coccobacteria sep- tica. Une telle simplification n'est point du goût des chimistes qui font de la médecine, ni de celui des médecins qui ont tourné au chimisme. 288 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE Habitués par leurs éludes à classer les corps d'après leurs réactions, ils ont transporté cet ordre d"idées dans la classification des Bacté- riens zyraogènes ou pathogènes. Au reste, Tapplication est facile : le Micrococciis est-il dans Turine, on dil M. urese ; se montre-t-il dans la septicémie, M. septicus : dans la vaccine, M. vaccinœ. Cette Science est à la portée de toutes les intelligences. De plus, une telle méthode a im -iiand avantage : elle permet à ceux qui la soutiennent de réclamer à leur actif tous les cas où la fermentation se produit et de ne point admettre à leur passif ceux où elle n'a pas lieu. Les par- tisans de la théorie vitale oublient trop souvent que le microphyte vit aux dépens du milieu, et qur le milieu commande au microbe bien plus souvent qu'il est commandé par lui. Loin d'être tout dans la fermentation, comme ils semblent le croire, souvent il n'est qu'un accessoire et peut-être, même, un produil. Composition chimique. Dimension. Coloration. Phosphores- cence : FAiiiiiciLS, >'lescii, Ba-ncel et Hlsson. — Mouvements; cils : Ehhenp.eïu;, Coun, Dai.i.inger et Dp.ysdai.e, Waisming, Kocii, CussAi'.T-EwAiii. — Structure : Hoffmann. Coii.n, Waiîmeng, Roze. Vax-Tiegiiem. — 'Vitalité : antiseptiques et antiputrides : Décl.vi et Lister. Mais on ne peut dire d'eux : « Morte la bête, mort le venin. » Quand ils se trouvent gênés par les conditions d'existence qu'on leur fait, ils se transforment en cellules dormantes, et, sous cette forme de cystoblastions, de germes brillants, etc., ils sont indestructibles, pres- que, impérissables, pour ainsi dire ; non seulement ils résistent à tous les agents qu'on déchaîne contre eux, mais, s'il faut en croire certaines obser^^ations, ils puisent dans ces tracasseries une activité nouvelle et une plus grande énergie d'action ; de telle sorte qu'ils se perpétuent d'âge en âge, malgré tous les efforts qu'on peut faire pour en dé- truire l'espèce. Ozanam et Guérard rapportent des faits qui tendent à prouver que les restes d'individus morts de la variole depuis vingt ou trente ans conservent les Micrococcus intacts et encore en état de propager la maladie. Guersant et Blaclie prétendent que, par contre, le microbe du vaccin meurt avec l'individu qui le porte. Contradiction qui doit bien gêner ceux qui prétendent que le Micrococcus du vaccin n'est autre que celui de la variole. Pour échapper à la mort, ils s'enkystent, se transforment en germes brillants. C'est du moins la théorie de M. Pasteur; elle n'est pas PROTOPHYTES-SCHIZOPHYCETES 289 admise par tous les savants. « Les « spores » sont donc, dit M. Lé- wis, des organismes extraordinaires, puisqu'elles résistent à des influences destructives de toute forme de vie végétale et animale. Il est vrai que ce pouvoir merveilleux est, en général, reconnu aux « germes invisibles » ; mais ces « spores » sont les seuls corps visi- bles chez lesquels cette vitalité persistante ait été reconnue par d'éminentes autorités. Cependant, comme il a déjà été démontré par le D"" Cossart-Ewart qu'elles ne sont pas plus exemptes de la « tendance à la mort » que les autres organismes de même sorte, voyant qu'elles ne peuvent sui)porter ni l'action de Toxygène com- primé, ni celle de l'eau bouillante, il est probable que MM. Pasteur, Kocli et leurs adhérents trouveront encore à appliquer la doctrine présentement à la mode et certifieront que, bien que les spores puissent être mortes, leurs « germes invisibles » vivent encore et peuvent, sous l'influence de circonstances favorables, réapparaître. » § II. — Etude des milieux. Ce que nous venons de dire de rimpressionnabililé des Schizo- phycètes suffirail à démontrer de quelle importance sont pour eux les influences des milieux dans lesquels ils sont appelés à vivre. En a(hnet(ant même, avec certains naturalistes, le rôle prépondérant du microbe, on est obligé de reconnaître qu'il n'est pas tout, mais qu'il est soumis aussi bien que les organismes supérieurs, et peut- être plus que les organismes supérieurs, à l'action de conditions extérieures; ce sont lesmUieux qui décident de leur sort; leur vie, leur mort, leurs transformations sont à la merci des miheux; tout dépend d'eux. La meilleure preuve que nous en puissions donner ost celle même que nous fournissent les partisans les plus déter- minés des microbes, car c'est sur ces considérations ([u'ils ont basé leurs cultures. Chimiste avant tout, M. Pasteur et ses élèves ont poussé l'art des cultures de microphytes à un degré remarquable. Ils sont arrivés par des tâtonnements nombreux, mais toujours scientifiquement dirigés, à composer des sols fermentescibles et des conditions de chaleur, d'électricité, de lumière, tels qu'ds peu- vent, à coup sur ou à peu près, du moins ils le prétendent, se pro- curer tel ou tel microphyte, à l'exclusion de tous les autres. Tel l'agriculteur qui sur un sol couvert d'herbes diverses, à l'aide de sarclages, de labours, d'engrais savamment combinés et d'amen- dements appropriés, arrive à chasser toutes les importunes et à ne 290 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE conserver que celle à laquelle il s'intéresse. Quand il s"agit de plantes phanérogames faciles à reconnaître, l'œuvre est déjà difficile ; mais il faut reconnaître quelle Test bien autrement ([uand on a affaire à des plantes qu'il faut grossir des centaines de fois au micro- scope pour les rendre apercevables. Aussi ne saurions-nous trop admirer l'adresse, le savoir et Thabileté que les chimistes ont dû déployer pour mener à bonne fin des défricliements d'une telle nature. Culture des Bactéries : Pastelr, Roux, Dlci.aix, Toissaixt, Salo- MU.NSE>i, BotHLEMlUllF, etC, etC. Certains physiologistes vont plus loin encore et font jouer aux milieux ambiants un rôle bien autrement considérable. En effet, si l'on considère que, d'après ce qui vient d'. de Toissvim. de (ii!(i>sMA>\ et .MAVKiui.usr.i;. Action de l'air comprimé, expériences de Heim, etc. b, — Matières fermentescilDles. Elles sont composérs ^.W'^ dilïéreiits alinienls dissous dans l'eau. Eau. — Les Schizophycètes contiennent approximativement 7o à 80 0/0 d'eau, d'où l'on peut conclure que l'eau est pour eux un élé- ment indispensable à l'accomplissement de leurs fonctions et à leur multiplication. Ce milieu leur est, peut-être, plus uruont qu'aux Schizomycètes, car, il ne faut pas l'oublier, ces microphytes sont les premiers rudiments des Algues dont l'eau est l'élément naturel; ils ne peuvent s'accommoder des milieux où les Schizomycètes pou- vaient parfois se plaire; ils ne se contentent pas, en général, d"une petite quantité de li(iuide ou simplement d'air imprégné de vapeur d'eau. Aussi, lorsque cet aliment n'est plus en quantité suflisante, la nutrition s'arrête, la multiplication cesse, et, si la dessiccation survient, les Bactéries disparaissent tout à fait, ou bien font place à des germes brillants plus résistants aux actions extérieures. Il peut arriver cependant, comme l'a vu M. Eidam poui- le Bacterium Termo, qu'elles se dessèchent en conservant la ])ropriété de revenir à la vie et de reprendre leurs fonctions interrompues, dès que l'eau leur est restituée en proportion suffisante. C'est ce qui arrive tous les jours pour le vaccin, qui peut être conservé à l'état de dessiccation complète pendant des années et qui, humecté et ensuite inoculé, produit l'éruption comme si rien ne fût venu suspendre ses fonc- tions. c. — Carbone. Les Bactéries contiennent du carbone ; elles se le procurent en agissant sur les matières hydrocarbonées qu'elles rencontrent. 202 lîOTAMQUE CRYPTOGAMIQUE L'Àmylobacter est fort remarquable à ce point de vue, car non seu- lement il use des matériaux hydrocarbonés pour son propre déve- loppement, mais on peut facilement saisir une période de sa vie pendant lai|uelle il emmagasine les liydrates de carbone qui servi- ront plus tai'd aux générations futures ; c"est môme à la constatation de ce fait (ju'il doit son nom. M. Mitscherlisch a vu que les Schizo- phycètes s'assimihnl le carbone du sucre de c^^nne, delà glycérine, du sucre tli- lait. etc. M. Pasteur les a vus se développer dans les lactates et 31. Colin ilans du succinate d'ammoniaque. Quand on les cultive dans du taitrate d'ammoniaque, c'est l'acide tartrique qu'ils décomposent. d. — Azote et éléments minéraux. En voyant les Bactériens paraître et se développer de préférence dans les matières protéiques, on en a inféré, naturellement, que c'étaient là leurs aliments de prédilection; aussi, pour les cultures, choisit-on des liquides chargés de ces matériaux : urine, bouillon, etc. — Mais par des études chimiques suivies et à la suite de tâtonne- ments nondireux, on a pu s'affranchir de la nécessité d'introduire, toujours , dans les solutions artillcielles destinées aux cultures lies microbes, des substances organiques. On leur a offert l'azote sous forme de tartrate d'ammoniaque. M. Pasteur a ainsi composé une solution composée de : eau distillée, 100; sucre candi, iO; tar- trate d'ammoniaque, 1, et cendres de levure, 0,075. — Dans ce milieu où tous les composants sont des inorganiques et des inorga- nisés, les Bactéries se développent avec une rapidité telle qu'on croirait assister à une genèse .spontanée. Le liquide de M. Cohn est plus simple encore; le sucre a été supprimé, et l'on a : eau distil- lée, 1 ; tartrate d'ammoniaque, 1 ; cendres de levure, 1. — Les cen- dres (h' iPMirr' ponvrnt même être remplacées par de simples pro- duits I liiiiiii|ii.>. M. .Mayer emploie ainsi une solution formée de : eau, '20; |)liu.-phate de potasse, sulfate de magnésie cristallisé, phosphate de chaux tribasique, de chaque 0 gr. 10. Ainsi donc, les aliments nécessaires à la vie des Schizophycètes, c'est-à-dire à l'entretien et à la multiplication du protoplasma et de la matière mucilagineuse, sont tirés : 1° l'azote, de la décomposition de l'ammoniaiiue, ou des principes protéiques organiques; 2" le car- bone, des hydrates de carbone, glycoses ou des acides organiques; 3° l'hydrogène, de l'eau ou bien de ces mêmes hydrates ; 4° l'oxygène, de l'air libre ou de l'air dissous et peut-être, acci. Les hautes températures non seulement ne tuent pas les Bactéries, mais leur donnent un regain de vitalité. — Tem- pérature iiiiiiliiiii : (idU.N, Kuis<:ii. La sensibilité des Schizophycétes varierait, ;iu reste, suivant les espèces (si tant est qu'il y en ail) ; aussi, ne peut-on en aucune façon faire de généralités sur l'action des dilléronls agents; c'est tout au plus s'il est possible de dire que la température (|ui semble la plus favorable à leurs actions oscille entre 20" et 40"; M. Oninius a trouvé que c'était 35° *. Expériences sur le Bacterium Teinto : Euiam, Friscu. — Sur les liiicillits : CoH>", Pasteiu, I)a\ ai?ortés, dans l'organisme animal, par la lutte qui s'établirait entre les microbes envahisseurs et les microbes normaux. Il nous faut, pour arriver à notre but, étudier : 1" les fonctions de nutrition ; 2° les fonctions de reproduction. l» Fonctions de nutrition. La matière ne se créant pas, la somme des éléments qui com- posent les corps et les êtres existant à la surface de la planète ne varie pas ; ce qui change c'est le groupement des éléments, c'est-à- dire les associations. Qu'elles s'appellent eau, carbonate de chaux, microbe, chien ou homme, de nouvelles combinaisons d'atomes matériels ne peuvent se former qu'au détriment de combinaisons antérieures : les unes ne vivent que des autres, et Lucrèce a raison de dire : Vita unius est corriiptio alteriiis : La vie sort de la mort ; mais, par un phénomène corrélatif, la mort est la nécessité fatale de la vie. Une combinaison, par le fait même qu'elle existe, est des- 298 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE tinée i'i disparaître dans un temps qui varie suivant les conditions extérieures. La mort des uns fait vivre les autres. La vie et la mort sont deux termes du mouvement des molécules et atomes enserrés dans les combinaisons qu'on nomme corps organisés. Les Schizo- phycètes ne font point exception à la loi générale ; ils décomposent les matières dites fermentescibles pour s'assimiler certains de leurs ■éléments et abandonnent le reste sous forme de matières fermen- tées. Les matières dont ils se nourrissent sont, la plupart du temps, ■des matières azotées ou sulfurées, on sorte que, lorsqu'ils les ont décombinées pour y prendre ce qu'il leur convenait, il reste comme résidu des gaz nauséeux ammoniacaux et sulfurés qui caractérisent la putréfaction. Ce qui explique pourquoi M. Cobn * les nomme saprogènes, les opposant aux moisissures dont il fait des saprophytes. A. — Végétation. Assimilation. Endosmose. Observations d'HoFFMANN, de Cohn, de GitiMM. Respiration. Aérobiens et anaérobiens. La vie sans air chez les Schizophycètes et en particulier chez les Schizophycétes pathogènes. Pasteur, Hoffma>n, etc. etc. lî. — Aceroîsseineiit et iiuiltiiilieatioii. Les actes d'absorption et d'assimilation se traduisent par l'accrois- sement des cellules et leur multiplication. La plupart du temps, les cellules se dissocient dès qu'elles se sont formées et se mettent à vivre en liberté, en restant plus ou moins écartées les unes des autres, parfois plongées dans la glaire (Zoo^/rt'(/);mais certaines se soudent en plaques {Sarcina, Clathrocystis) ou en chapelets {Torula), en filaments [Leptothrix), qui au premier abord ne paraissent point cloisonnés, mais qui se brisent en bâtonnets courts avec une rapi- dité extrême, dès qu'on vient à changer leur condition d'existence. a. — Scissiparité. Opinion de PtuciiEi. Observations de Davalne, de Cohn, Grossmann I et MaYER-HaI SER, ToLSSAIM, ^VAR>U^G. 1. Cohn (F.), Zur Bactprienfragf. in liotan. Zeit., n" 51, 1872. PROTOPFlYTES-SCmZOPHYCÈTES 299 b. — Sporu.la.tion ova enkystement. « Lorsque, dans un liquide, les éléments nutiilifs sont épuisés, les Bactéries cessent de se multiplier, tombent au fond du récipient, et le liquide s'éclaircit de plus en plus. Le dépôt formé de la sorte peut acquérir une épaisseur très appréciable à l'œil nu. Les Bacté- ries qui forment le précipité ne sont pas mortes, mais dans un état de repos temporaire; si Ton ajoute, en etTet, de nouvelles ([uantités de matières alimentaires, on les voit se mullii)lier de nouveau jus- qu'à ce qu'elles les aient épuisées '. » La formation des spores n'est donc qu'un simple enkystement du protoplasma, une sorte de précaution par kKiuelle h?s Bactéries assu- rent la continuation de l'espèce, lorsipu^ les conditions de milieu ne sont plus favorables. Sous cet état nouveau, elles peuvent, comme nous l'avons vu, alTronter les conditions les plus rigoui-euses, résis- tant au froid, à la chaleur, à la pression, à tous les agents destruc- teurs, en un mot. Ces spores sont des corpuscules qui atteignent les limites de la vision, même aidée des plus fortes amplilications du microscope. On arrive à des dimensions telles qu'on ne les voit pas avec des gros- sissements de loOO". Il faut avoir la foi pour y croire. Il en est cepen- dant qu'on peut voir, et alors elles se présentent sous forme de glo- bules brillants auxquels on a donné, comme nous l'avons vu, des noms divers : cystoblastions, noyaux, corpuscules, etc., etc.; on passe insensiblement de ces spores aux Micrococcus ou aux Microzyma, avec lesquels on les a confondus bien souvent. Pourtant, c'est de ces erreurs qu'est faite, actuellement, la Science des ferments et il est à craindre qu'il en soit longtemps ainsi, car beaucoup de ceux qui manipulent ces petits êtres professent pour les notions morpho- logiques un dédain tel (|u'il n'est pas probable qu'on soit renseigné jamais sur les rapports qui existent réellement entre tel ferment et telle fermentation. Du mode de sporulation : Robix, Pasteur, Hoffmann, Exgel, Kocii, Toussaint, Cohn, Waiohng, Van-Tiec.hem, Lewis. Sporulation de Y Amylobacter , du Leuconostoc, du SpiriUum, des JJactcrium, du Spirochœte, du Bacillus. ■1. Cohu (F.), in MagniD, Les Bactéries, thèse agrég. Faculté de méd., 1878, pag. 34. 300 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE Ascospores. Observations de Toussaim sur le Bacillus cinthracis. Germination des spores : Kocii, Con>", Vax-Tieghem, Brefkld, CossAR-EwAiiï. Résistance des spores. Germes brillants. Opi nions contradictoires. Il est facile de comprendre que tous ces phénomènes, accomplis par les microbes, suffisent cà expliquer comment leur présence peut déterminer des changements considérables dans les milieux où ou les rencontre. Leur vie, en résumé, rend compte des phénomènes de fermentation clùmique et liiologique des matières fermentesci- bles chimiques et pathologiques; et, dès lors, les partisans de la théorie vitale peuvent avoir facilement raison de ceux qui vou- draient prétendre que le microbe n'entre pour rien dans les effets produits. 11 semble donc prouvé que les microbes sont des causes de fermentation ; il nous reste à voir dans quelles limites, et sur- tout à nous rendre compte de la façon dont on peut expliquer leur action, car les partisans de la théorie vitale tirent des conclusions qui ne sont pas toujours d'accord avec les faits. Nous ne revien- drons pas, cependant, sur les discussions cjue nous avons suivies dans la première partie; nous voulons simplement voir si les con- clusions que nous avons tirées, à propos de cette discussion, pour les Schizomycètes , peuvent s'apphquer également aux Schizo- phycètes. Étant admis que les Bactériens agissent par leurs propriétés vitales et qu'il y a corrélation entre leur vie et les actes accompUs, la première conclusion qu'on semble devoir tirer de ces prémisses, c'est que chaque Bactérien est chargé d'un travail bien précis, bien limité, bien spécial; on arrive, en un mot, à la spécificité d'action. Considérant, en effet, qu'on a affaire à des végétaux, il semble aller de soi que chacun doit porter des fruits spéciaux et non d'autres ; que le Bactérien de la syphilis ne doit avoir rien de commun avec le Schizophycète de la septicémie, ni celui-là avec le Bacillus subtilis : il semble que le Mi/rodenna aceti produit du vinaigre, comme les fraisiers donnent ties fraises. C'est en partant de ces données qu'on a tenté d'expli(juer certains phénomènes pathologiques. Explication des accès de la fièvre récurrente : Van-Tieghem ; opinion de Riciiaiui LÉ^vls. Chaque Schizophycète aurait-il donc, sur les milieux, une action spéciale, et peut-on dire qu'ils ont chacun une spécialité de produc- PROTOPHYTES-SCHIZOPHÏCETES 301 tion telle qu'on ne la retrouve jamais hors de leur présence. M. Pas- teur le pense, et il a traduit sa pensée par cette phrase : « Il n'existe pas dans un pays quelconque une goutte de vin aigri spontanément au contact de Tair, sans que le Mycoderma aceti ait été présent, au préalable. » On est bien tenté, au premier abord, de généraliser Taxiome du savant chimiste. En etîet, inocule-t-on le virus syphili- tique, on produit la syphilis ; inocule-t-on le virus vaccinal, on pro- duit la vaccine, et c'est de même que l'on décompose les sulfates alcalins, grâce aux Snlfuraria, Beggiatoa, etc. Hypothèse de Ty.nd.vi i., Pastei li, Ouclaux etc., ou théorie parasi- taire en médecine. Puurlant, en y réiléchissant un peu, il est facile de voir (|ue la spé- cilicilé n'est pas plus défendable en médecine qu'en chimie. On fait du vinaigre par l'action de la mousse de platine sur l'alcool; on reproduit, sans le secours des microbes, la plupart des fermentations où nous les avons vus se montrer. De même en pathologie : est-ce que la vaccination utilisée pour assurer l'immunité contre la petite vérole ne peut être remplacée par la nirioUsuliotr? à moins qu'on prétende que vaccine et petite vérole soient i(b3ntiques, soit, pas- sons; mais comment l'inoculation du microbe du choléra des poules peut-il préserver du sang de rate (voir pag. :268) ? Imaginera-t-on que sang de rate et choléra des poules soient une seule et même maladie? Nous ne savons, mais il faudrait ne pas oublier que déjà le microbe du choléra des poules a été considéré comme identi(iue à celui de la septicémie. Au reste, il ressort de l'étude, faite plus haut, des ferments pathogènes, qu'aussi bien que pour les zymo- gènes, il est impossible d'en indiquer un seul qui puisse se prétendre spécilique; dans tous les cas, nous avons trouvé autant d'espèces tie Bactériens incriminés qu"il y a eu d'auteurs qui se sont occupés de la question. Le difficile n'est pas de trouver un microbe dans telle ou telle maladie; cette recherche est enfantine : il y en a partout, sur tout et dans tout ; mais il s'agit de trouver tel Bactérien spécial qui se rencontre, invariablement et toujours le même, dans une même maladie et qui soit lié à elle comme l'Acarus est lié à la gale ; de plus, il ne doit jamais se rencontrer, comme cause, dans aucune autre affec- tion. Or il nous semble, n'en déplaise aux inventeurs, que la preuve, la plupart du temps, n'a pas été suffisamment faite. Existe-t-il une seule maladie dans laquelle il soit prouvé que le microphyte soit la condition sine quâ non. Il y a des maladies charbonneuses où le 20 302 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE Bacilliis anthracis, ce microbe i|ui supporte le temple des germi- nistes, fait lui-même défaut ! Des caractères physiologiques et de la classification basée sur les caractères : Cohn ; opinions de N.^îgei.i, de Toussaint. Le Schizophycète n'est donc pas un être doué d'une spécificité d'action déterminée, et s'il possède une force, « la force vitale, » il doit la plier aux exigences des milieux ; ce n'est point lui le primum movens des fermentations, c'est l'humble sujet des conditions exté- rieures ; au reste, s'il ne s'en accommodait pas, il disparaîtrait et serait remplacé par d'autres agents : le ferment caséique, par exemple, a pour suppléant un ferment amorphe, et, si le Mycoderma aceti se i-efusait à fabrii[uer du vinaigre, on le remplacerait par la mousse de platine. En un mot, en l'absence d'un ferment figuré, on aurait ou le ferment amorphe ou, tout simplement, la catalyse. Dès lors, comment devons-nous nous représenter le microbe? Comme une cellule renfermant un protoplasma amorphe et agissant sous l'in- tluence des forces physico-chimiijues. Il fait le môme travail que le ferment amorphe inclus dans la cellule ; mais, par ce seul fait qu'il est figuré, c'est-à-dire qu'il a une organisation plus complexe, il accomplit le travail d'une façon plus complète, plus nette, plus rapide; de plus, étant limité par une membrane, isolé et libre, il jouit de la propriété de pouvoir être transporté dans l'espace et de devenir, suivant les cas, messager de fermentations ou de mala- dies, son protoplasma étant imprégné de certains éléments par- ticuliers. Alors, il est bien un germe vivant à la recherche de mi- lieux favorables à son développement et à sa multiplication, mais dans toutes les circonstances il n'agit que par son plasma, que par son sarcode. "1° P'ONGTIONS DE GÉNÉRATION. Lorsqu'on prend une goutte de vaccin dans une pustule vacci- nale du bras dun enfant, ou dans celle du pis d'une vache, et qu'on la transporte sous lépiderme du bras ou de toute autre partie du corps d"en enfant sain ou d'un individu n'ayant jamais été vacciné, le Micrococcus vaccinœ se multiplie avec une telle activité que la fièvre survient, les quelques graines semées en ont engendré des milliards, et, si l'on revient le dixième jour après l'opération, on retrouve, dans les pustules qui se sont produites à chaque plaie, du PROTOPHYTES-SCmZOPHYGETES Mi Micrococcm vaccinœ apte à être transmis à son tour. Quand, sur un mouton qui vient de mourir du sang de rate, on prend du sang et qu'on rinocule à un autre mouton, à un lapin ou à un homme, le Bacillm anthracis se multiplie et reproduit la maladie chez les inoculés, mouton, homme ou lapin. De même, si l'on dépose un peu de mère du vinaigre dans un tonneau de vin, de manière qu'elle flotte sur le liquide, le lamheau de Mijcoderma aceti s'élargit, en- vahit bientôt toute la surface. Le vin est changé en vinaigre. Que l'on prenne du Bactérien de la putréfaction des plantes et qu'on le porte sur une plante charnue, une plante grasse par exemple, parfai- tement saine, en l'y faisant entrer par une légère piqûre, et la putré- faction s'établira sur la partie touchée; bientôt le foyer s'élargira, un lambeau de la plante tombera en gangrène, il faudra avoir recours à l'amputation pour sauver le reste du végétal. On sèmerait de même la putréfaction dans du bouillon ou sur des viandes, en projetant sur ces objets un mélange de graines de Bacillm suljtillt, de Hacte- rium Tenno et de Vihrio Rufjula, etc., etc. Il n'y a donc pas à hésiter dans ces cas, il y a eu une reproduction en tout comparable il celle que nous aurions obtenue en semant des haricots ou du blé dans un sol favorable; les haricots ont donné des haricots, etchaqu»- grain de blé a repro(Uiit d'innombrables grains de blé. La fdiation des Scliizophycètes n'est pas toujours aussi facile à suivre et, dans bien des cas, on ne peut que former des hypothèses sur leur origine. Le cowpox est spontané chez les génisses ; le charbon et la pustule maligne se développent sans qu'il soit possijjle d'entrevoir par où est entrée la graine de Bacillus ; du vin aban- donné à l'air à une certaine température devient du vin aigri et se couvre de Mycoderma aceti; la putréfaction se produit chaque jour sans qu'on ait pris la peine de la déterminer, et l'on y trouve les Bacillus subtiUs, Bacteriiim Tenno, Vibrio Rugula en aussi grande ([uantité que si on les fût ensemencés, etc., etc.: on peut en dire autant de tous les cas de fermentation chimique ou pathologique. Bien plus, on peut presque affirmer qu'U n'est aucun cas dans lequel, pour se produire, l'ensemencement direct soit indispensable, tandis que, par contre, on peut dire que dans tous les cas la putréfaction spontanée semble être la règle. Y aurait-il donc la genèse spontanée? M. Croce Calvert prend un (euf frais pondu, dans lequel il n'y a aucune Bactérie, le casse et le laisse exposé à l'air libre : un quart d'heure après, l'œuf est envahi par une quantité prodigieuse de microbes. Que s'est-il passé là? Van- Helmont renferme dans un bocal une chemise sale et des grains de 304 BOTANIOUE CRYPTOGAMIQUE l)lé. Quand il examine l'appareil, il y trouve une souris; a-l-il eu raison de conclure que c'était la réaction qui s'était produite qui a donné naissance à la souris ? En apparence^, oui, puisqu'il ne l'y avait pas mise, mais certes non, et nous pouvons, sans être bien forts physiologistes, affirmer que l'animal s'est furtivement introduit dans l'appareil. N'en serait-il pas de même des Schizopliycètes qui se montrent dans l'œuf brisé et exposé à l'air? N'y aurait pas une introduction subreptice de germes, de telle sorte que, dans ce cas, il y aurait ensemencement fortuit? — En d'autres termes, l'iiomo- génie explique-t-elle tous les faits ou bien faut-il croire à l'iiétéro- génie ? A. — Hoiuogéiiîe. Si l'on adopte la théorie de l'ensemencement ou l'oviparisme, il faudra démontrer d'où viennent les germes et quel chemin ils ont suivi pour arriver dans le sol, où ils se sont ensuite multipliés ; il faudra, de plus, trouver le moyen de séparer, d'étiqueter chacun de ces microbes, prouver qu'ils sont'bien autonomes, pouvoir les repro- duire à volonté, montrer iiu'ils donnent toujours telle ou telle fermen- tation, telle ou telle maladie et qu'ils ne donnent jamais que cette fermentation ou que cette maladie. Ces desiderata sont difficiles à satisfaire, à cause de la petitesse infinie des objets; quand il s'agit de séparer un mélange de graines de vesce et de blé, un blutoir suffit ; la difficulté commencerait déjà s'il fallait séparer le seigle de l'orge, mais la tâche semble impossible quand on songe que les grains à ranger, à séparer sont tellement petits (ju'il en faut 633 millions pour remplir une mesure cubique de 1 millimètre de côté, et le deside- ratum que nous produisons ici semblerait dérisoire si certains chi- mistes ne se faisaient fort, ainsi que nous l'avons dit, grâce à des températures variées, d'éliminer ceux-ci et de garder ceux-là en usant de certains'moyens de culture et de chauffage. Où sont les germes ? Partout dans l'air, dans l'eau, sur tous les objets qui nous entourent et sur nous-mêmes. Il a été possible, lorsque nous avons parlé des Saccharomyces, en général, et du Sac- charoinyces cereiisiœ, en particulier, d'admettre qu'on puisse, en raison de leur consistance et de leur manière d'être, discuter leur transport et leur ensemencement ; ici, nous ne trouvons aucune raison valable pour nous opposer à [l'adoption de la théorie de la dissémination. Depuisj Anaxagore de Clazomène, le maître de Socrate, qui vivait 428 ans avant notre ère, et Théophraste, le dis- PROTOPHYTES-SCHIZOPHYCETES 305 ciple d'Aristote, on croit que, dans beaucoup de cas, la reproduction des végétaux s'expli(iue naturellement par le transport des semences par la pluie, les inondations et même l'air. Il n'y a donc pas à discuter la réalité de la présence autour de nous des microbes et de leurs germes. Nous avons vu certaines formes de mers colorées et d'autres se réunir en nuages qui retombent en pluies de sang comme si les cas exceptionnels ne se produisaient que pour nous indiquer que la même chose' peut se passer à chaque instant pour les microbes inco- lores. Il semble donc oiseux de s'arrêter à prouver qu'il est impos- sible de nier l'existence des microphytes dans les milieux qui nous entourent, et, si jamais on a pu le faire, personne n'y songe plus aujourd'hui. Panspermie : a. Des Schizophycètes de l'atmosphère. Observa- tions de Samielso>, de Dlclalx, de Ll.maiiu:, d'HoKF.MA.>.\, de Tvn- DALL, de TissA.NDiKK, etc. Opinion de I)(nT.i.AS-CLN.MN(;iiAM, de Biiiii()N-SAM)i:its(iN, de Pasti.i ii. Recherches de ^Iiqiki.. Air des salles d'hôpital et des foyers épidémiques : .Minit:!-. Relation entre le nombre des Bactéries de l'atmosphère et le nombre des maladies épidémiques : Miqiei.. I). Dans les eaux pluviales, neiges, etc. : Lemaire et Gratiolet, BOIDU^U, Bu.LUOTH, CoHN. MlFLET, MlQLEL, FuAXKLAiMt. — DanS leS eaux courantes, dans les eaux distillées : Pastel u et Jolbert, 1)IHI)0n-Sa.mieuso>- , Ui.MHi.Eicu, Xei vii.i.E. — Dans les eaux d'égout : Miqlel. Sans aller jusqu'à admettre le panspermisme défendu par cer- tains académiciens et dont se mo(iuait ajuste raison Pouchet, nous croyons que nous sommes enveloppés, envalus, pénétrés, par ces microbes de toute sorte, de maladies ou de fermentation, de putré- faction, que l'on a nommés nos ennemis invisibles. Loin de nous la pensée de vouloir les réhabiliter; mais nous ne pouvons nous empê- cher de reconnaître qu'ils ne sont ni si méchants, ni si terribles qu'on veut bien le dire. C'est par milliards qu'ils nous habitent, et la plu- part du temps nous ne nous apercevons pas de leur présence. Quoi qu'il en soit, mieux vaut peut-être ne pas les héberger en aussi grand nombre. Cherchons donc quelles sont les voies par lesquelles il y a plus de chance de les saisir, et d'autre part quels sont les moyens par lesquels ils pénètrent dans l'économie. La plupart des panspermistes accusent surtout les microbes atmo- sphériques; cependant on semble revenir sur cette opinion, comme 306 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE nous le dirons plus tard, et admettre qu'ils se rencontrent de préférence dans les eaux. Mais, qu'ils soient dans les airs ou dans les eaux, cela ne suffit pas; il faut qu'ils soient mis en rapport avec le sol fermentescible et (ju'ils s'implantent dans ce sol, ce qui nous forcera à étudier : 1° la contagion : 2° rensemencement, lorsque nous aurons tous les éléments nécessaires à cette étude. Polymorphisme. Lorsque nous nous sommes occupés de cette question à propos des Schizomycètes, nous avons vu que sa solution présentait un double intérêt; d'abord, il était intéressant d'être renseigné sur ce sujet au point de vue purement spéculatif de la Science; ensuite cela était utile pour les Saccbaromyces surtout, dont on niait la pré- sence dans l'air, car il fallait savoir s'il n'était pas possible d'expliquer leur ensemencement dans les milieux par le fait qu'ils s'y seraient introduits sous un déguisement qui les rendait méconnaissables au milieu des poussières atmospliéricfues. Ici, pour les Schizophy- cètes, l'étude se trouve simplifiée. On admet volontiers que. si tous les micropbytes de fermentation, de maladies et de putréfaction exis- tent, il est fort probable qu'ils voyagent dans les airs avec ou sans leurs germes, mais qu'il n'y a rien de bien inquiétant, car leur présence est à peu près inofïensive. La cause déterminante des pbénomènes n'était point leur seule présence, mais bien plutôt l'état des milieux. La question ainsi dégagée ne conserA^erait plus que l'intérêt scientifique ; toutefois, comme il est probable que l'innocuité de tous n'est pas aussi absolue que certains savants le pensent, nous nous trouvons obligés d'insister quelques instants sur les opinions qui ont été émises sur le polymorphisme des Schizo- pbycètes. Variations normales, formes, divers Zooglœa, Leptotlirb\ etc. Rapprochements tentés avec les Mucorinées et les Mucédinées. — PenicilUuni glaucum. Hypothèse de Lieders, Ray-Laxkesïei!. PoLOTEBxow, Trécll, H.vrz, H.\llier. — Oplnlons contradictoires de de Bâry, de Sey>es, Man.vsse'ï.x, Coh>. Comment expliquer de telles divergences entre des savants d'un incontestable mérite, et tous habitués au maniement du micro- scope? D'un côté par l'impossibiUté dans laquelle on se trouve, un Micrococcus étant donné, d'affirmer qu'il appartient à un végétal PKOTOPHYTES-SCHIZOPHYCETES 307 plutôt qu'à un autre, à une Algue et non à un Champignon, et de l'autre par rimpossibililé tout aussi grande de se mettre à Tabri de l'envahissement des coccus de toute sorte qui, nous Tavons vu, infestent non seulement Tair de nos laboratoires, mais bien plus, qu'il est impossible d'empêcher de passer dans nos liqui- des. L'eau distillée la plus pure n'en est pas exempte, et M. Cohn affirme quil en est qui traversent jusqu'à seize filtres superpo- sés de papier buvard. Quelle culture, après cela, peut se vanter de n"avoii' pas nourri un Micrococcus étranger à ceux en observation? Parfois même, c'est l'usurpateur qui envahit tout, trouvant le liquide plus à sa convenance. Ceux à qui ces explications parais- sent forcées n'ont plus qu'à avoir recours à l'hétérogénie. B. — Hétéi'ogénii". Pourquoi donc s'obstiner à vouloir que ces Bactériens soient les causes de nos maladies? Quand on les abandonne à eux-mêmes et qu'on ne force pas leurs instincts, ne semblent-ils pas aussi inof- fensifs que possible? En effet, il n'est personne, s'il faut en croire M. Robin et bien d'autres savants, qui n'ait la bouche, l'estomac et les voies digestives remplis de millions de ces LeptotJtri.r, ces générateurs de la Bactéridie du charbon, le terrible Bacillus an- thracis, dont on nous a dit qu'un seul sufhsait pour donner la pus- tule maligne, le sang de rate, la lièvre charbonneuse, toutes ma- ladies mortelles. Il n'est personne, d'autre part, qui n'ingurgite, et par milhers encore, tous les types de Bactériens à chacun de ses repas ; enfin, c'est par centaines de mille que l'on s'introduit dans les fosses nasales et dans les poumons ces microbes de toutes sortes, spores de diphthérie, de muguet, de teigne, de rogne, de morve et de farcin, de charbon, sans doute encore de fièvre puer- pérale, de septicémie et de putréfaction, tous si malfaisants que, suivant leurs défenseurs, un seul peut nous détruire en quelques heures, bêtes et gens. Comment se fait-il qu'il y ait encore des vi- vants à la surface de notre planète? Ces microphytes ne seraient-ils dangereux que dans certaines circonstances de miheu, ou bien même, au Ueu d'être cause du mal, n'en seraient-ils que les effets? Ainsi raisonnent les hétérogénistes, et il n'est point déraisonnable de suivre leur démonstration. Les microbes naîtraient-ils sponta- nément dans les fermentations chimiques? Ici, nous aurions à répé- ter ce que nous avons dit à propos des Saccharomyces ; ce qui est vrai .jOS r-OriNIQUE cryptogamique des uns Test des autres. Mais les Bactériens qui sont des plantes, naîtraient-ils donc des animaux? La réparation des tissus et la for- mation d'une cellule nerveuse aux dépens des éléments organiques du corps seraient-elles plus faciles à admettre que la formation d"un micropliyte? Les globules sanguins, les leucocytes ne sont-ils pas des microzoaires formés de toutes pièces par les éléments organiques, et si l'on ne veut admettre la comparaison, parce que ces microbes sont attachés à Fanimal et cessent de vivre dès qu'ils le quittent, ne l'admettra-t-on pas pour les spermatozoïdes, qui ne demandent qu'à (juitter le corps (]ui les a créés et qui ne commencent à vivre que lorsqu'ils ont été transportés, sur un terrain autre que celui qui les a formés? Refuse-t-on l'équivalence, parce que le spermatozoïde est de formation normale, tandis (jue la Bactérie est de formation patho- logique? Mais on répondra qu'on admet que le globule de pus se forme de toutes pièces et qu'on n'a jamais songé à lui chercher de liliation ni de paternité. On ne discute pas son apparition spontanée, et quand, dans le même abcès profond sans communication avec l'air extérieur, l'on trouve formé côte à côte avec les mêmes élé- ments, dans des conditions toutes semblables les microbes-bactéries et les microbes-leucocytes ou globules de pus, on renie aux pre- miers ce que l'on admet pour les seconds! 1... a. — Héiiiiorganisme. Les partisans qui défendent cette théorie, tout en admettant que des formes organisées nouvelles peuvent sortir d'éléments qui ne leur ressemblent en rien et avec lesquelles ils n'ont aucun lien de parenté, n'admettent cette création nouvelle qu'à la condition que les éléments utilisés aient, non seulement été organisés, mais qu'ils jouissent encore de la propriété vitale. Deux hypothèses sont en présence, l'une dite de la mutabilité des germes ou intragenèse, l'autre constituant l'hémiorganisme proprement dit ou zymogenèse. i° Mutabilité des germes. — D'après cette hypothèse, les protoplas- mas contenus dans l'intérieur des cellules peuvent, sous l'influence des conditions des milieux, changer de nature ; de telle sorte que le protoplasma d'une Algue peut se transmuter de manière à donner un organisme relevant de la classe des Champignons, et vice versa; de telle sorte qu'il est facile, par là, de s"expli(iuer l'apparition des Bactéries dans les milieux sans avoir besoin de recourir à la théorie de l'ensemencement par les airs ou par les eaux. Cette hypothèse, PROTOPHYTES-SCHIZOPHYCETES 309 •jui n'est, en somme, que l'exagération de la théorie du polymor- phisme, côtoie en même temps Thétérogénie, car, en résumé, elle est hasée sur les mêmes données que l'hémiorganisme. Il nous semble que ceux qui admettent l'hémiorganisme et le spontéparisme doi- vent à fortiori admettre la thèse de la mutabilité des germes, qui n'est au fond (iiriiiic atténuation des dites théories. Tir. J. DuvAL, Génération drs formcnts organisés. — Remarques de Cal VET. 2" Hémiorganismp propronipnt dit on zijmogenèse. — M. Frémy ', re- prenant au reste, en cela, une opinion émise par Turpin, propose donc une nouvelle théorie : « Dans les corps organisés vivants, il se trouve des substances amorphes vivantes (jui, au contact de l'air, engendrent les ferments Je leur ai appliiiué la dénomination de corps hémiorganisés; (tx\ adoptant ce nom, j'ai voulu rappeler que les corps qui produisent les ferments ont souvent une organisation incomplète : ils peuvent être gélatineux; leur forme est ordinaire- ment insaisissable au microscope. » « Ces corps, la synthèse chi- mique ne les reproduit pas Il est impossible, selon moi, de les considérer comme des principes immédiats définis; je les désigne sous le nom de corps hémiorganisés, parce qu'ils tiennent le milieu entre le principe immédiat et le tissu organisé Ils ne sont donc pas encore organisme, mais cependant ils sont doués d'une véri- table force vitale, car, sous l'influence de l'air humide, ils entrent en décomposition comme des corps vivants et réellement organisés... En raison de la force vitale qu'ils possèdent, ils éprouvent, alors, des décompositions successives donnant naissance à des dérivés nou- veaux, et engendrent des ferments dont la production n'est pas due il une génération spontanée, mais à une force vitale préexistante dans les corps hémiorganisés et gui simplement se continue en se manifes- tant par les transformations chimiques les plus variées Les corps hémiogarnisés peuvent surtout recevoir l'ébranlement vital et s'or- ganiser eux-mêmes par l'action des corps vivants dont ils reçoivent l'influence. C'est ainsi que je comprends l'influence des substances albumino'ides dans le phénomène de développement et de décompo- sition organique et dans la production des ferments. » « Sous le rapport de la médecine, dit M. Frémy, de l'hygiène et 1. Gé/i. des ferments, pag. 6, 213, et Compt. rend. Acad. des se, 186 i, VIII, 1866, 1867, 1872. 310 r.OTANIQUE CRYPTOGAMIQUE de la Ihôrapeiitiiiue, mes conclusions sur la génération des ferments de maladies sont également en opposition avec celles de M. Pasteur. D'après lui, c'est dans l'air qu'il faut chercher tous les germes de fer- ments et probablement aussi les germes de presque toutes les mala- dies contagieuses 1 Pour moi, au contraire, l'air atmospliérique est l'élément vivifiant par excellence. S'il transporte accidentellement des miasmes, des germes de moisissures, des insectes nuisibles, c'est lui (|ni, le plus souvent, les altère et les détruit. Loin d'attribuer à l'air la cause de nos maladies, je pense qu'il faut la chercher dans les altérations spontanées qu'éprouvent les organismes vivants. C'est à la suite de ces altérations (jue naissent les ferments redou- tables. En un mot, c'est dans l'organisation même que le médecin doit combattre la génération des ferments de la maladie et non dans l'air, qui ne les transporte que dans des cas exceptionnels. On prévoit que la thérapeutique aura recours à des pratiques bien dilférentes suivant qu'elle adoptera les idées de M. Pasteur ou celles de M. Frémy. » « Les partisans des théories de 31. Pasteur chercheront dans l'air les causes de maladies qu'ils veulent combattre ; celui (|ui admettra les principes de M. Frémy s'occupera spécialement des organismes vivants et fera tous ses efforts pour éviter leur altération spontanée. qui engendre toujours les ferments destructeurs L'organisation engendre les ferments, et Tair les transporte. » Observations de Bi'iir.Eitf» (A.) Ommus, Nlesch, Sehvei., sur la genèse des Bactéries de maladies; de Tuécli. sur la genèse de VAiiinJohacter, de W(U!Tin>GT()> Smith sur la transformation des cellules de Coprinus en Bactéries. De la présence des microphytes dans des cavités non en com- munication directe avec l'air. Hypothèse de la pénétration : Pastelh, Dlclalx. Hypothèse des hémiorganiciens : néphro- zymase de Béchami»; ferment soluble de Mlscllls; observa- vations de Sai.isiu iiv, de Seynes. Altération spontanée des œufs des Gallinacés : Royer, Moxtagme, HOFF.MAX.N, AlDEMAXS, RoUIX. WmiCH, SPRING, lÏESSELmG, KOLAZECK, Paxcery, Fumagalli, Do?i>É. Pasteur, Gayon, Béchamp, Zimmerman. — Altération de l'œuf humain : opinions de Davaine et de Chalveau. — Observations de Depaul, Blot, Devilliers et celle plus ancienne de Des^eux. Que l'on transporte ces conclusions dans le domaine de la PROTOPHYTES-SCHIZOPH YCETES 3 1 ! chimie organique, clans celui de la pathogénie (la chose se com- mande au reste), et l'on aura l'explication de ces faits, qui parais- saient si singuliers, de maladies ayant les mêmes symptômes, les mômes consé(|uences, étaient identiques à un seul caractère près : dans Tune, il y avait ferment figuré, tandis que dans l'autre le fer- ment manquait. De là ces maladies dites anomales, Variola sini' variolis, Rubcola sine rnbeolis, Morbilli siiip morbillis et le charhon, le sang de rate, la pustule mahgne sans Bactéridies, etc. Mais, alors, il ressortirait de là que le ferment figuré n'aurait pas toute l'importance capital^ (pi'on a voulu lui reconnaître; le vrai ferment serait-il dans la lymphe dans laquelle il haigne? On h' croyait autrefois, mais on a ahandonné cette idée à la suite des hruyanls exploits des microbes qui ont concentré sur eux tout l'intérêt des recherches et passionné les travaux des savants. Le microbe présidant, la plupart du temps, aux fei-mentations et les déterminant même, étant le corps palpable, on s'est pris à le faire responsable de tout ce qui se produisait. Au reste, les expériences tentées pour juger la question se prononcèrent en sa faveur. Malgré cela, tous les observateurs n'ont pas été convaincus, el, nous avons vu des savants de haute valeur n'attribuer dans bien des maladies qu'une faible part au microbe dans la production de lalfection, tandis ({ue d'autres, niant complètement l'utilité de sa présence, ont reporté toute l'importance de l'action sur le sérum ou lymphe qui l'accompagne. La di.^cussion a surtout été soutenue pour la septicémie. Observations de Pamm, de Bliu:ma>>, de Richaudson, de Cuisnl\- GHAM et Lkwis. — Du vaccin charbonneux préconisé par Tous- saint. « Mais dans ce vaccin qui ne contient plus de microbe, quel est l'élément actif? la lymphe? Alors cette communication de M. Tous- saint est le renversement de la doctrine des germes, car en résumé de deux choses l'une : ou il n'y avait plus de Bactéridie charbon- neuse dans le sang qui a servi à vacciner, ou bien il y en avait. Dans le premier cas, puisque l'animal a eu le charbon bénin, ce n'est pas la Bactéridie qui le lui a donné; dans le second, on a inoculé des Bactéridies du charbon à un animal, et celui-ci n'en a pas souffert. La Bactéridie ne cause donc point le charbon ' ! » , 1. Pelletan (J.), Le charbon et les inoculatiom préventives , in Journ. méd. vét. prat., n" 12, 1880, pag. 432. 312 BOTANIOUE CRYPTOGAMIQUE Serail-il donc possible que tant de savants qui ont voué une si grande estime aux ferments figurés, au contagium viviim, se soient trompés à ce point? Nous ne le pensons pas; seulement, il nous semble qu'ils se sont montrés trop absolus dans leurs affirmations en déniant à la lymplie toute espèce d'action? La lymphe ne serait- elle pas plutôt le point de départ de tout microbe, et ne serait- ce pas elle qui lui communiquerait ses propriétés utiles ou nuisi- bles? Mais n anticipons pas. fj. — Spontéparisme ou protorganie. Les ferments ne pourraient-ils pas se former en dehors de toute matière organique vivante ou, ce qui revient au même, avec des éléments inorganiques provenant de matières ayant ou n'ayant pas vécu, mais ne possédant plus celte association particulière de molé- cules qui amène à les déclarer pourvus de la force vitale? En un mot, les Schizophycètes peuvent-ils être constitués de toutes pièces avec des éléments inorganiques ? Il est d'expérience journalière que des liquides fermentescibles d'origine regardée comme minérale se mettent à fermenter spon- tanément et qu'on les trouve remplis des Bactériens propres aux fermentations qui se sont opérées. C'est même précisément en raison de la constance avec laquelle se produisent ces effets que Ton a été porté à admettre, d'un côté, que la fermentation était spontanée, se faisant par la seule action des forces chimico-physi- ques dont le ferment était Tun des produits, tandis que, de l'autre, on a été amené à nier énergiquement la possibilité de tels phéno- mènes et qu'on a affirmé que, seul, le ferment figuré pouvait les provoquer. La lutte entre ces deux écoles, égarée hors de la voie scientifique par des préoccupations de tout autre ordre, a, comme nous l'avons vu, rempli la vie de bien des savants, et elle dure encore, aussi vivace, mais de jour en jour moins nettement définie. Toutefois, il semble que, par l'excès même des prétentions des par- tisans de l'une et de Tautre des deux hypothèses, il se prépare un terrain commun sur lequel les savants s'entendront enfin, bien étonnés d'être restés aussi longtemps divisés sur des questions d"une simplicité extrême et qui ne sont si longtemps restées obs- cures que par les éclaircissements que, de part et d'autre, on a pré- tendu apporter. Les êtres puisent dans les milieux inorganiques tous les éléments de leur constitution ; c'est, en fin de compte, avec de l'oxygène, de PROTOPnVTES-SCniZOPHVCETES 313 riiydrogène, du carbone et de Tazote qu'ils sortent tous de l'état de microbe (car tout être organisé sort de là), qu'ils se métamorpbo- sent, grandissent, se multiplient, et c'est encore des mêmes élé- ments qu'ils font les microbes destinés à perpétuer leurs races. Ce microbe n'est donc que de la matière inorganique; les sponté- paristes se demandent pourquoi on n'admettrait pas que le microbe pût sortir des milieux spontanément, c'est-à-dire sans être astreint à passer pour un organisme parent. Qu'un être supérieur soit astreint à cette fdiation, rien de mieux; il n'est supérieur que par suite de sa complexité; cette condition est dans l'essence même du protoplasma supérieur ; mais de cette nécessité où se trouve le protoplasma supérieur, le proloplasma liumain, par exemple, de ne se reproduire que par génération, il ne ressort pas celle que le mi- crobe ne puisse se l'cproduire par spontéparité, pas plus qu'il ne ressort l'impossibilité pour le polype de se reproduire par mutila- tion. De ce qu'un bomme coupé en morceaux ne donnerait pas autant de descendants seml)lables à lui, il ne ressort pas que cela soit faux du polype d'eau douce; on ne peut pas davantage s'appuyer sur ce qu'il n'a de descendant ({ue par engendrement pour aflirnifr que les micropliytes n'ont pas une genèse spontanée. C'est du moins ce qui a semblé vrai à tous ceux qui depuis les siècles les plus reculés jusqu'à nos jours ont défendu le spontéparisme, et parmi lesquels on compte les plus grands naturalistes et les plus grands philosophes. Bonnet est le premier qui, apportant aux oviparistes sa théorie de l'emboîtement des germes, circonscrivit le débat à l'ensemencement par les germes de l'air, auxquels, depuis, on adjoignit ceux de l'eau. Insensiblement, en elïet, on arrivait à la panspermie. Les germes, les germes et rien que les germes. Les germes ont toutes les qualités, dont l'une très importante : c'est de ne jamais troubler les opérations des oviparistes, ce qui est compensé par un défaut énorme, celui de s'acharner à celles des spontéparistes; réservés avec les premiers, ils sont de l'indiscrétion la plus désolante pour les seconds. Les germes sont bienfaisants : on leur doit le pain, le vin, la bière et toutes les boissons, mais par contre ils sont nos plus terribles en- nemis. Un tout petit atome, « un trillionième ou même un qua- trillionième de goutte d'un sang qui contient des germes » suffit pour amener la mort de l'inoculé. Les germes sont inusables : plus ils servent, meilleurs (ou plus mauvais) ils sont ; ils prennent de l'activité en passant d'un être dans un autre. Ils sont indestructibles par les moyens ordinaires, grâce à la pro- •jii BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE piiêtê qu'ils ont de se transformer encystoblastions; ils sont incom- bustibles : une cbaleur de 130 degrés ne les altère pas; il en est que la cuisson rend plus actifs, ce qui enlève au médecin même la ressource de flamber son malade pour le guérir; toutes ces qua- lités leur assurent l'éternité : ils sont depuis le commencement du monde et seront à la fin ; ils ont affronté toutes les révolutions et tous les déluges ; depuis le Mkvococcus du rhume de cerveau jusqu'au Crypta gouoirhœa et au Bacterium fœtidum. Où et com- ment? Que l'on joigne à cela leur présence partout en tous lieux, leur pénétration dans les cavités les plus secrètes des organes, <;t l'on jugera de la terreur qu'ils doivent inspirer à ceux qui y croient réellement, terreur qu'augmente encore l'impuissance dans laquelle ils doivent se sentir de leur résister et de leur opposer quelque barrière, puisque tous sont infiniment petits et qu'il en est même qui se dérobent à notre vue aidée des plus forts grossis- sements du microscope, et «[u'ils traversent seize filtres de buvard superposés, aussi facilement qu"un grillage aux mailles les plus larges ! ' o*- Querelles des panspermistes et des spontéparistes. Needh.v.m. BuFFO.^, Rédi, Spallanzam, Ûutrochet, Schwainn, Schultz, Mel- SENS, PoucHET, Pasteuh. — Demiers débats : Cuarlton-Bastian et Pasteur. Tous les débats entre les panspermistes et les spontéparistes ont eu la môme physionomie, et aucun n'a abouti à une solution défi- nitive. Les panspermistes ont prouvé que les germes de l'air pou- vaient se développer lorsqu'ils trouvaient des milieux fermentes- cibles à leur convenance ; mais aucun n'a prouvé que ces milieux fermentescibles étaient inaptes à former de toutes pièces des fer- ments figurés. Lamark disait : « La nature, à l'aide de la chaleur, de la lumière, de l'électricité et de l'humidité, forme des générations spontanées ou directes à l'extrémité de chaque Règne des corps vivants, où se trouvent les plus simples de ces corps. » Et nul n'a encore prouvé que l'idée de Lamarck soit fausse ; bien au con- traire, elle semble chaque jour se démontrer davantage. Mais s'il en est ainsi, et, si à la procréation par des parents, phénomène connu, sinon dans son essence du moins dans son évolution, l'on substitue la création par les seuls efforts de la nature, notre tâche, au lieu de se trouver simpUfiée, se trouve compliquée, car il nous faut étudier de plus près cette transformation de la matière. Il nous PROTOPflVTES-SCHIZOPHYCETES 3i: faut chercher quelles sont les phases par lesquelles les éléments organiques pourraient passer pour arriver à se transformer en orga- nisés; en un mot, il nous faut voir s'il n'existe pas quelque phase qui précède la phase qui est caractérisée par nos éléments figurés. En terminant notre précédent chapitre (p. 312) nous avons été con- duits à admettre que la formation des Bactériens pourrait bien être due à la transmutation de la matière glaireuse hémiorganisée en cellule figurée. Mais, là, nous avions à notre disposition une ma- tière organisée ayant une vie et chez la([uelle on pouvait expliquer le phénomène par l'action de là force vitale emmagasinée, pour ainsi dire, dans la substance. Dans la genèse spontanée, nous n'avons rien de semblable et si dans les expériences que nous avons rela- tées il y a un instant, on a mis en œuvre un liquide, l'urine, ayant appartenu à un organisme vivant, l'éltullition a tué en lui ce qui pouvait rester de force vitale, \e cas est donc essentiellement dilïé- rcnt. Or, en recherchant si nous avons là ijuclque chose qui puisse nous servir de passage entre l'état franchement inorganique et l'état organisé, nous trouvons ce que M. Baudrimont a nommé matière pseudorganisée. 11 l'a signalée dans l'eau de Vichy. « Quand on examine au microscope des paquets de plante confer- voïde (oscillaire), on la trouve entremêlée d'une substance semi- organisée (jui ne présente pas de cellules arrondies comme l'utri- cule organique piiinilif, mais paraît constituer une espèce de réseau à mailles irrégulières, comme le tissu cellulaire des animaux. Cette forme pseudo-organisée est bien certainement un passage de la barégine amorphe à la plante thermale. »... « D'après ces quelques passages, on reconnaîtra facilement, je crois, qu'il existe une cer- taine connexité entre ces idées et celles que M. Frémy a publiées récemment. Seulement, notre point de départ est essentiellement dillérent. Tandis (lue l'honorable académicien nie Thétérogénie, j'aftirme d'une manière formelle la génération spontanée. Alors môme que l'expérience ne pourrait confirmer fhypothèse, elle est un besoin légitime pour l'explication de tous les phénomènes qui se sont développés successivement à la surface du globe *. » Cette matière pseudo-organisée ne se rencontre pas seulement dans le cas spécial des eaux de Vichy, mais dans toutes les eaux sulfureuses; elle semble faire le fond de l'organisation de toutes l. Bandrimout {E.), Eaux minérales de Vichy, in Bull. Acad. de méd., XVII, pag. 722, rapp. de ^I. Chevalier. — Baudrimont (E.), Notes sur les corps pseudo- organisés, in Compt. rend. Acad. des se, 1864. 316 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE les plantes inférieures, et chez les supérieures on la rencontre par- tout où il y a une fonction à accomplir. Nous y reconnaissons la matière glaireuse des zoogisea, des mycoderma, des pellicules; c'est la membrane proligère de Pou- chet. C'est la lymphe des boutons pathogènes; c'est en un mot le point de départ de toutes les formations hétérogéniques qui ne puisent pas leurs éléments dans des substances hémi-organisées. « Mais quelle que soit leur provenance, nous avons là des éléments qui servent de phase intermédiaire entre l'inorganique et l'inor- ganisé : c'est la matière amorphe. On les connaissait sous le nom de ferments solubles, nous les nommons les Pseudorganisés ou Pseu- dorganites. RESUME Nos Schizophycètes protorgaiiisés figurés sont des cellules, et ils agissent comme des cellules, en vertu de « la force vi- tale ». Obligés qu'ils sont de vivre de la mort des corps qui les entourent, ils opèrent, comme toute cellule, au reste, deux séries de phénomènes corrélatifs, les uns analytiques, par lesquels ils décomposent les associations matérielles existantes, les autres synthétiques, par lesquels ils organisent avec ces matériaux des associations nouvelles. Le résultat de ces actions est, d'une part, leur multiplication, d'autre part, la disjonction d'associations préexistantes d'éléments; c'est ce résultat qu'on nomme fermentation. Voilà ce que nous avons appris. Mais nous n'avons pas pour cela l'explication de l'action du ferment. Le ferment agit comme une cellule végétale, voilà ({ui est bien; mais comment agit la cellule végétale"? « La difficulté n'est que reculée, elle n'est point levée. Cette hypothèse, dit M. Berthelot, place plus loin l'interprétation du phénomène, mais n'en supprime pas la nécessité... Rapporter une métamorphose chimique à un acte vital, ce n'est pas l'expliquer... Au contraire, tous PROTOPIIVTES-SCHIZOPHYCÈTES 3 17 les efforts de la chimie physiologique ont pour but d'ana- lyser les changements matériels qui se font dans les êtres vivants et de les ramener à une succession régulière d'actes chiniiques déterminés. Si donc la transformation du sucre en alcool et en acide carbonicpie, etc., résulte réellement de la nutrition des végétaux niicroscoj»iques qui constituent la levure, il devient indispensable d'étudier cette nutrition même et d'établir, [lar une analyse miiuitieuse et précise, la série des phénomènes chimiques qui se passent depuis son origine jusqu'à son accomplissement. » Ce que M. Ber- thelot (lit des Schizomycètes s'applique donc aussi anx Schiz()[)hycètes. Quebpie réduits que soient ces protorgani- sés, ils sont déjii trop conq)H(piés pour (jue l'on puisse son- ger à résoudre le problème avec eux; il faut s'adresser h de moins conq)Ii(piés. Ces êtres moins conipli(piés sont les ferments solubles ou amorphes, ceux ((ui passent pour être, par leur nature, pri- vés de toute organisation et cpii montrent à nu, pour ainsi dire, la substance intérieure des ferments figurés. Il y a, au reste, en effet, tout à présumer que ce n'est ni la forme, ni la nature d(^ l'enveloppe qui donne aux ferments leur pi'o- priété. Ce nest pas la forme, car des ferments de même forme donnent lieu à des fermentations différentes, pendant que des ferments de formes diverses se rencontrent dans des cas où les phénomènes sont les mêmes. Ce n'est pas la nature de l'enveloppe, car on obtient les mêmes dédouble- ments chimiques, que des ferments soient figurés ou qu'Os ne le soient pas. Les matières contenues semblent donc être les matières actives. Or ces substances sont les ferments amorphes. On nous objectera peut-être que ces ferments sont dé- pourvus « de la force vitale », que ce sont des principes 21 318 BOTANIQUE CKVPTOGAMIUUE qui rentrent dans le domaine de la chimie pure, et ([ue dès lors il est impossible d'en faire sortir la vie. Nous essayerons cependant. « Force vitale » n'est qu'une expression vide de sens, si l'on entend par là quelque chose d'extra-naturel, et nous l'abandonnons volontiers, et si par là on entend « com- binaison particulière des influx physico-chimiques », nous ne nous en inquiétons plus^ car nous avons déclaré croire à la vie de tous les corps, et par conséquent nous retrouve- rons la force vitale ainsi définie, quand nous aurons franchi la limite qui sépare l'organisé du pseudorganisé. Au reste, ne semble-t-il pas absurde de dénier la « force vitale » à ce que tous les physiologistes appellent la matière de vie. LIYRE II PSElDOK(;\\ITi:S Ol PSElDORCiWISÉS Nous faisons ivntnM' dans ce groupe des pseudorganites les corps qui n'ont ou ([ui, pour mieux dire, ne semldent avoir aucune organisation définie, aucune forme précise et qui, par conséquent, ne sont ni limités ni figurés. Ils sont mous, diffiuents, et parfois ils le sont à un tel degré qu'ils se fondent dans les liquides avec lesquels on les met en con- tact, si la densité de ces derniers est favorable, si des condi- tions extérieures, la plupart mal déterminées, interviennent; dans ces cas, leurs éléments désagrégés se mêlent à ceux des liquides, et ils disparaissent à la manière des corps solubles, leurs molécules entrant dans d'autres compositions en gé- néral plus simples. Par contre, avec la même facifité, et par un phénomène qui est en quelque sorte la preuve du pré- cédent, ils apparaissent dans les solutions, par suite de mo- difications chimiques dont elles deviennent le siège sous l'influence de conditions encore inconnues pour la plupart, en sorte qu'ils se constituent de toutes pièces, à l'aide des éléments minéraux des solutions employées, et par l'action des agents extérieurs. De même qu'on peut à volonté, en éle- vant ou abaissant de quelques degrés la température, faire apparaître ou disparaître des cristaux dans des solutions 320 lîOTANroUE CRYPTOGAMIQUE de sel ou de sucre, de même la matière pseudorganisée se fait et se défjiit, apparaît et disparaît. « Tous les ferments pseudorgaiiisés sont inorganiques. Ils se distinguent nettement des ferments organiques ou insolubles, dont la levure nous présente un type caractéris- tique, en ce qu'ils sont dépourvus de la faculté de se nour- rir et de se multiplier. Or tous les organismes vivants pos- sèdent cette faculté, soit à l'état latent (potentiel), soit à l'état actif ('dynamique). On ne ])eut donc appliquer aux ferments solubles l'épithète de vivants, quoiqu'ils soient exclusivement associés aux organismes vivants et prennent une part es- sentielle aux actes vitaux dont ces derniers sont le sièore ■. » -n^" Doit-on accepter cette distinction? est-il bien prouvé qu'ils ne vivent pas? Les corps pseudorganisés sont ceux qui forment la base de toute organisation ; ils en suut le point de départ et le point de retour. Chez l'animal, comme chez la plante, c'est le mu- cus glaireux qui est, tour à tour, plasma d'organisation et plasma de désorganisation. En ce point, suivant qu'ils subis- sent l'action des agents extérieurs, ils retournent à l'inorga- nisé et cristallisent, ou bien tendent en sens opposé et s'orga- nisent. La cristallisation les rend minéraux^ l'organisation les fait civants. Nous avons dit (page 58) ce que nous pensions du caractère tiré de la propriété de cristalliser, et nous savons que les minéraux ne jouissent pas seuls de cette faculté; ici, il n'est pas superflu de rappeler que les prin- cipes azotés, c'est-à-dire ceux qui nous intéressent , peu- vent se présenter soit sous l'état amorphe, soit sous l'état cristallisé. L'asparagine et l'aleurone , ces pseudorganisés par excellence, cristallisent pour repasser à l'état amorphe 1. Roberts (W.), T)ei ferments digestifs, trad. in Rei\ int. des se. 1881, VIII, V»ag. 9i. PSEUDORGANITES OU PSEUDORGANISÉS 321 et retourner prendre part à la circulation de la vie. On dirait que la nature s'est plu à établir elle-même le pas- sage du pseudorganisé à l'inorganisé. L'origine de ces corps n'est point discutée, car on n'a plus il opposer à leur formation spontanée le grand argument de la « force vitale », que nous avons laissée à la fin du précé- dent chapitre et qui, non définie elle-même, voulait tout définir par elle seule et interdisait toute explication autre que celle où elle intervenait. Nous sommes arrivés sur un terrain où les savants peuvent à leur aise manier les forces et la matière, les diriger, leur faire produire des phénomènes, sans être importunés par cette inconnue prétentieuse qui, sous prétexte d'éclairer les questions, ne faisait que les obs- curcir. De l'avis de tous, les pseudorganisés sortent directe- ment de la matière inorganisée et y retournent d'eux-mê- mes. Nous sommes sur le domaine de la chimie pure, et notre r(Me se terminerait en ce point s'il ne se trouvait que ces corps sont, ainsi que nous l'avons précédemment établi, précisément la base de toute organisation et, par là, de toute vie, de telle sorte (|ue c'est par eux que nous allons être conduits, par une sorte de dissection, à la connaissance des phénomènes qui, chez les ferments figurés, composent cette (( force vitale » et qui en font une entité si mystérieuse. Les pseudorganisés se retrouvent donc partout dans les corps organisés ; vouloir en faire l'histoire serait vouloir faire celle de tous les animaux et de tous les végétaux ; telle n'est point notre intention. Nous ne voudrions même traiter la question qu'à un point de vue général, en nous bornant à l'étude du protoplasma ou sarcode végétal, cette matière pseudorganisée par excellence qui est la base de la vie des plantes ; mais nous ne pouvons arriver là sans avoir, à l'avance, parlé de certains protoplasmes spéciaux que leurs 3-2-2 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE jap})oi'ts avec les protorganisés nous font un devoir d'étu- dier à part : nous voulons parler des ferments (ïû?, fer ruent s solubies ou ferments artiorphes^ car nous ne devons pas oublier que la théorie chimique explique l'action des fer- ments figurés par l'action des ferments amorphes. Il nous faut donc maintenant suivre les chimistes dans leurs déduc- tions, ce qui nous est facile, puisque nous sommes, comme nous le disions à l'instant, sur le terrain chimique. Nous aurons donc à nous occuper d'al)ord de ces ferments, que M. Béchamp a nommés ZymciHcs; ce n'est que lorsque nous les connaîtrons que nous arriverons à l'étude du Protoplas7na. GFÏAPÎTHE PREMIER ZVMASES CAR A C TER ES GÉNÉRA UX Toute matière organicjue azotée, placée en certaines eoii- tlitions, peut agir comme ferment, c'est-à-dire produire des dédoublements, soit pour ramener les matières complexes à des éléments plus simples, soit, inversement, pour amener la combinaison d'éléments simples en éléments complexes. Aussi, tout végétal ou portion de végétal, et surtout tout ani- mal ou portion d'animal, tout fragment de sarcode, en un mot, peut agir comme agent de fermentation par ce fait seul qu'il a, pour base, de la matière pseudorganisée. Toute sub- stance pseudorganisée est donc un ferment soluble , une zymase. Cependant, la plupart de ces matières semblent n'avoir aucun rôle spécial, et on les voit agir suivant la na- ture des milieux fermentescibles dans lesquels on les place. Elles ont les réactions générales, c'est-à-dire la vie géné- rale des protoplasmes et ne semblent pas avoir d'attributions particulières. D'autres, au contraire, ont attiré l'attention des physiologistes, en raison d'actions caractéristiques qu'elles produisent avec une constance aussi grande que celle que nous avons trouvée chez les ferments figurés. Ce sont ces 324 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE substances pseiidorganisées que nous allons étudier sous le nom de zvmases. Avi. I*'. — Des : albu- mines, caséines, substances solubles du gluten. Les éléments ont été tour à tour rendus solubles par des matières pseudorganisées de nature protéique ; ce sont elles qu'on a nommées zymases. Un grand nombre existent dans les plantes et semblent aussi nombreuses que les actes différents (ju'elles ont à accomplir; on peut cependant les grouper sous trois chefs qui répondent aux trois phénomènes principaux qui caractérisent la vie végétale. Il y a, en effet, à obtenir : 1" la (luidification des hydrates de carbone, :2" la fluidilication des matières grasses, 3° la nuidification des ma- tières azotées. Nous allons les passer rapidement en revue. I 1". — Fermentation des hydrates de carbone. D'après ce que nous avons dit plus haut des fonctions et de la nature des végétaux, il est facile de comprendre que c'est à ce groupe de fermentations que se rattachent la plupart des phéno- mènes physiologi(iues qui s'accomplissent à l'intérieur de ses cel- lules. Les hydrates de carbone forment le fond de sa constitution, et presque toutes ses fonctions peuvent se ramener à leur utilisa- tion. C'est donc ici surtout que nous rencontrerons les ferments qui servent à la vie végétale. D'abord, comme point de départ, nous pouvons dire que tous les hydrates, ou à peu près tous, doivent, pour être utilisés, pa.sser par l'état de glycose. rr. — Ferment des matières nmylaeées. Nous le connaissons déjà ; nous l'avons vu agir pour préparer la fermentation alcoolique par la levure de bière. Il agit en transformant l'amidon en glycose par hydratation. On admet que la molécule amidon se dédouble en dextrine et en glycose. 2 (C'*H'0O>«) + H202 = ci2H»20i2 -|- C>2H'00»o Amidon. Glycose. Dextrine. PSEUDORGANITES — ZYMASES 327 La diastase agit ainsi non seulement sur l'amidon des céréales, mais sur la dextrine, l'inuline, le mucilage, la bassorine, le para- mylon, la lichénine, la cellulose, etc. ; mais souvent la réaction doit -être aidée par l'addition d'eau acidulée. Ce sont MM. Payen et Persoz qui ont isolé les premiers la diastase végétale. Elle existe dans les graines des céréales et se développe pendant la germination ; c'est pour cela (lue, dans la faluication de la bière, on commence par faire germer l'orge pour oblenir le malt. L'amidon s'est, sous son action, transformée en maltosc (sorte de glycose); de C'-H'<'0'«, il est devenu C'-H'-O'- en absorbant de l'eau. Cette action n'est point une simple imbibition, comme on pourrait le croire au pi-emier abord. L'elTet est plus complexe; l'amidon a (b'i être décomposé ; ses molécules ont été dissociées par l'inb'rcalalion des molécules d'oxygène et d'iiydrogène. Une por- tion du carbono a même été brûlée, comme le prouvent la cbaleui- et l'acide carboni(|ue qui ont été produits. Puissance de la diastase : Sciiltzembeugek , Kjeldaul. — Re- cherches de L)ldul>falt, de Bécha.mi' : Morozymase ; de Kos- MA.N.N ; de Cniii i'-J)KSANEz; de Baranetzki ; de Lica; de Sacc. //. — Ferments des Saeeliaroses. Nous avons dit plus haut que le sucre de Canne ne pouvait donner de fermentation alcoolique que s'il était transformé. Il faut qu'il soit touché par un ferment et que, sous son action, il absorbe de l'eau de manière à se changer en glucose. 3Iais il se passe une chose curieuse dans ce dédoublement : les glycoses qui en sortent ont un pouvoii- rotatoire ditïérent; l'une, la glycose proprement dite, dévie à droite le plan de polarisation (+ 104), tandis que l'autre, la lévulose, le dévie à gauche ( — 106;. Cette interversion (c'est ainsi qu'on nomme ce phénomène) une fois opérée, le sucre de Canne peut fournir de l'alcool. La glycose fermente la première, puis vient le tour de la lévulose : C22H22022 4- H-'02 = Ci*Hi20'2 + c^m^^o^K Sucre de Canne. Eau. Glycose. Lévulose. Tous les sucres qui ont la même formule que le sucre de Canne, ou un multiple, se comportent de même; nous citerons : la mélézi- tose ou sucre du Mélèze ; la tréhalose, sucre du Tréhala ; la mélitose ' , 1. La mélitose se dédouble aussi en deux «lycoses, mais une seule est ulté- rieurement susceptible de fermentation alcoolique; la seconde {Eucalyne) 328 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE sucre de la manne û' Eucalyptus ; la mycose, sucre des Champi- gnons; les gommes arabique, adragante, nostras, etc. Fermentation inversive. Le ferment inversif est sécrété par le Saccharoiiiyces : Berthelot. Opinion de Béchamp. c. — Ferments pectîques. « La pectose est, d'après M. Frémy , une substance neutre, non azotée, insoluble dans l'eau et dans l'alcool ; on la rencontre dans diverses parties des plantes, mais surtout dans quelques racines et dans les fruits non encore arrivés à maturité ; sous l'influence d'un ferment particulier, elle se transforme, comme les autres hydrates de charbon, en une matière soluble. Ce nouveau corps est la pec- tine ; il est inodore, insipide, soluble dans l'eau, à laquelle il com- munique une consistance mucilagineuse, visqueuse. a La pectine, à son tour, pendant la vie du végétal, devient d'abord de Vacide pectosifjue , plus tard de Yacide pectique, et enfin de Vacide métapectlque. Ces acides s'unissent aux bases produisant des sels qui, au contact de l'eau, donnent ce que l'on appelle les gelées végétales. « Par leur apparence, ces composés se rapprochent beaucoup des gommes, des mucilages, et ils possèdent, comme eux, la propriété de donner de l'acide mucique par l'action de l'acide azotique. Ce ne sont peut-être que des formes diverses d'un même corps *. » Le ferment qui a agi dans ces cas a été isolé par M. Frémy, qui l'a nommé pectasc. Il se rencontre dans les carottes et peut en être facilement retiré. L'ébullition lui fait perdre ses propriétés. De la pectine. Cfr. Payr et Meyer (L.), Gerhardt, Figuier et Poi- MARÈDE. Fonctions de l'acide pectique : Sacc. (I, — Ferments des gljeosîdcs. Les glycosides peuvent se diviser en deux groupes : 1" ceux qui ont la composition ternaire et qui peuvent se rapprocher des diffé- rents produits que nous avons déjà passés en revue ; 2° ceux dans résiste à l'action de la levure et aussi à celle des alcalis. (Berthelot., .4 ?2;î. de l'.him. et de p/njs., 3* sér., XLVI, pag. 66.) 1. Marchand (L.), Enumér. des produits foia-nis à la médecine et à la phar- macie par l'ancien groupe des Térébinthacces, 1809, pag. 30. PSEUDORGANITES — ZYiMASES 329 la composition desquels on voit entrer l'azote et qui , par là , se rapprochent des composés quaternaires, que nous étudierons dans un instant. On ne peut, cependant, séparer les deux groupes, parce que, d'une part, dans tous le caractère dominant est la transforma- tion du glycoside par dédoublement en glycose et en un principe particulier variable, et, d'autre part, parce que l'action est déterminée par un même ferment. !«'■ groupe. Salicine, chlorisalicine, hélicine, arbutine, phlorhi- zine, esculine, daphnine. coniférine. rubbian. 2" groupe. Fermentation des amandes améres : RoruQUET, Liebig et WûEHi.EU, Blssv. Fermentation des graines de moutarde : RoBiQUET et Blssy, Boltuu.n et Imœ.mv. § II. — Fermentation des matières grasses. « Il existe dans les graines oléagineuses un ferment non encore isolé, qui dédouble les corps gras neutres, car il suffit de broyer ces graines avec de l'eau pour constater, au bout de peu de temps, la présence de la glycérine dans le liquide et la mise en liberté d'acides gras. « On sait aussi que les huiles et les graisses s'acidilient en général <|uand elles sont exposées à l'air; c'est encore le fait d'une fermen- tation plus lente, due aux. matières albiiminoïdes que contiennent les corps gras impurs. Sous l'inllucnce de l'eau aidée de la chaleur, des acides ou des bases, les corps gras se dédoublent en glycérine et acides gras. » Il est bien certain que cette fermentation se passe dans les plantes ; ce n'est pas autrement qu'on peut s'expliquer la germination des graines, dont la provision de sucs est une substance grasse. Des expériences faites par M. G. Fleury * sur la germination des graines oléagineuses, il semble ressortir que les graisses sont transformées d'abord en glycose, puis utilisées comme les autres matières ter- naires. § III. — Fermentation des matières albuminosiques. La connaissance de ces ferments intéressants remonte à peine à quelques années; ce n'est, en effet, que depuis que l'attention a été 1. Fleury (G.), Recherches sur la germination, in Ann. de chim. et de phys., XIII, pag. 478. 330 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE appelée sur les plantes appelées insectivores ou carnivores qu'on a songé à rechercher si les cadavres des victimes faites par ces plantes servaient à leur nutrition. L'impulsion a été donnée par M. F. Darwin, qui suivit tous les phé- nomènes sur le Drosera rotundifolia, en particulier, et, en général, sur les différentes plantes de la famille des Droséracées et de celle des Lentibulariées. Il vit les tentacules glanduleux du Drosera rotun- difolia se montrer d'une sensibilité extrême pour Taliment azoté, se tendre et s'infléchir sous Faction de doses infinitésimales d'une solution de sel ammoniac. Le protaplasma intérieur quitte les parois des cellules, se rapproche de Taxe et par ce mouvement produit l'inflexion des appareils. Le liquide sécrété dans ces plantes est un ferment identique à la pepsine animale. Comme celle-ci, la pepsine végétale digère les albuminoïdes, mais à la condition de la pré- sence d'un acide; or dans le Drosera l'acidité proviendrait, d'après >L Franckland, de l'acide propionique, ou de l'acide valérianique. ou encore d'un acide gras de la série acétique. La diastase végétale peut être remplacée par la diastase animale, que nous étudierons plus tard et de plus, suivant Magendie et M. Berthelot, par toute substance albuminoïde en état de se décom- poser. Dans le premier cas, l'action est tout aussi énergique; dans le second, elle l'est moins, en général. C'est à cette sorte d'action qu'on doit rapporter les fermentations glycosiques des féculents, opéi'ées par le gluten en décomposition et par un principe albuminoïde qu'on rencontre dans les graines des céréales et (ju'on nomme pour cette raison céréaline. Soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool, elle agit comme ferment sur l'amidon, la dextrine, la glycose et le sucre de Canne (et, par là, se rapproche de la morozymase); sa solution aqueuse perd de son activité par la chaleur à partir de 60* et quand on la précipite par l'alcool concentré ou les acides. Un liquide formé de 9 parties d'eau et 1 d'alcool la précipite sans lui faire perdre son activité. Elle transforme l'amidon en dextrine, la dextrine en glycose, et la glycose en acides lactique et butyrique, si le contact est prolongé. Elle altère profondément le gluten ; celui-ci, entre autres produits, donne de l'ammoniaque, une matière dont la couleur brune rappelle l'apparence des matières appelées ulmines, et un produit azoté capable de transformer le sucre en acide lactique, toutes causes de la couleur et de la saveur du pain bis '. » 1. Littré (E.), Robin (Ch.). Dictionnaire de médecine et de chirurgie. ;irt, CÉRÉAU5E. PSEUDORGANITES — ZVMASES 331 Expériences de Darwin, Reess, Will et Reess, Lawso>-Tait, Vi>es, Clémens, Witt.mach, Wurtz et Rouchut, Gorlp-Résanez et Wii.i.. — Du pain-soupe : Scheurer-Kestner. § IV. — Venins végétaux. Certaines sécrétions végétales introduites dans les tissus animaux amènent des accidents comparables à ceux que produisent certains ferments solubles que nous rencontrerons dans le Règne animal. Venins des Urticées et en particulier de Vl'rtica urcna, du La- pDitcn 'jiijns, de Vi'reia lumjij'vlia, du Trotjia, des Cnidoscolus, des Loasées, etc. Putréfaction végétale. — Lorsque, par suite d'une cause normal»' ou par accident, par vieillesse ou par maladie,, la colonie de cellules qui forme une plante ne peut plus accomplir en toute liberté et avec toute facilité les échanges qui constituent le mouvement vital d'en- semble, la communauté cesse de fonctionner avec cette barmonie (lui faisait la vie. Alors chaque organe reprend une indépendance dont il ne peut souvent bien proliter longtemps, et il se voit obligé de ren- dre à la liberté chaque cellule qui elle-même dissocie ses éléments; les molécules se désagrègent, et les atomes sont libérés des liens anté- rieurement contractés. La mort a ainsi amené la dispersion, la dé- composition, la volatilisation des éléments constituants de la plante; il n'en reste plus que le souvenir et les atomes qui sont rentrés au centre commun de production, pour être, de nouveau, utilisés à la confection d'un autre être. Tout est disparu : hydrates de carbone, albuminoïdes et graisse, les ferments et les matières fermentesci- bles ; mais la disparition ne se fait pas toujours d'une manière identique, alors même, qu'en apparence, le cadavre végétal est aban- donné aux mêmes agents de destruction; car, ici, comme dans les cas où ils travaillent pour produire la vie, les amorphes se laissent influencer par les milieux. Erémacausie. Formation du terreau, des tourbes, des lignites, des houilles, etc. )e SECTION. ZyMASES DU RèGNE AXIMAL. L'étude des pseudorganisés du Règne animal ne rentre dans notre cadre que parce que nous avons à étudier leurs rapports avec les 532 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE Schizophycètes protorganisés qui se montrent dans l'économie ani- male cl sont souvent corrélatifs d'un travail pathologique. Quels rapports de nature et d'origine peuvent, en efïet, avoir entre eux des microbes végétaux et des éléments d'essence animale? Com- ment peut-on songer à faire sortir les uns des autres, à faire naitre la végétalité de l'animalité ? Une barrière infranchissable ne sépare- i-elle pas les deux Règnes? Nous ne reviendrons pas sur ce sujet; il nous faut pénétrer plus avant dans la question et montrer com- ment cette barrière s'abaisse et devient nulle. A priori, on doit le pressentir; mais nous allons essayer de le prouver en étudiant les ferments amorphes animaux, que nous allons reconnaître identiques aux ferments amorphes végétaux et capables de les suppléer ou môme de les remplacer. Comme la plante, Tanimal peut être représenté par une sphérule de matière plasmiiiue, zooblaste, dans laquelle la première ébauche d'organisation est caractérisée par la solidification sous forme d'enveloppe de la partie extérieure, servant alors de protection au reste de la masse, qui, plus molle et plus agissante, opère à son intérieui- les échanges vitaux. Un degré d'organisation de plus, et la cellule primordiale s"ébauche distincte du reste, reconnaissable au microscope par son double contour. L'être est devenu une cellule proprement dite avec son sarcode intérieur. Dans les animaux infé- rieurs, souvent la membrane enveloppante s'incruste de calcaire, voire même de cellulose (tout comme chez les végétaux) ; mais, la plupart du temps, Tenveloppe reste composée d'albuminoïdes plus ou moins condensées. Si plusieurs sphéroïdes ainsi constitués se réu- nissent, on a des êtres plus complexes, pluricellulaires, qui peuvent, à leur tour, vivre isolés ou se réunir en colonie; on a alors les zoo- nites, (jui, lorsiju'ils sont incrustés de calcaires, prennent le nom de polypiers. Mais de même que plusieurs cellules peuvent, se réunis- sant, former des zoonites, on peut voir des zoonites se réunir pour iurmer des animaux plus élevés en organisation, différents des pre- miers en ce que chaque organisme appelé à vivre en société, fait almégation de son indépendance, consent à ne point mettre en œuvre ses facultés générales, qui, s'il eût vécu seul, lui eussent permis de sufllre à tous ses besoins, et concourt, suivant ses apti- tudes, au travail de l'association. Ainsi se sont créés les organes. — De même, dans la société humaine, les individualités s'asso- cient pour s'entre-aider et pour vivre mieux par suite des combi- naisons plus ou moins heureuses des associés : les uns s'occupant de l'alimentation, les autres du vêtement, ceux-là de la direction PSEUDORGANITES — ZYMASES 333 générale. De telle sorte que l'animal le mieux constitué peut être regardé comme une congrégation d'individualités réunies dans le but de tirer le meilleur parti possible des conditions d'existence. Les organes ou dépendances de cet ensemble sont reliées à la direction (cerveau) par des fds (nerfs) qui font connaître les besoins de chacun d'eux et rapportent les oi'dres. Des filets nerveux plus petits réu- nissent, de même, les organites de chaque organe et communiquent avec les nerfs principaux, do telle sorte que la direction est en rapport avec toutes les individualités agissantes qui dépendent d'elle et dont elle dépend elle-même. Ajoutons qu'un réseau extrêmement riche de canaux permet de transmettre, à tout instant, les matériaux de fabrication (sang) nécessaires à chaque travailleur et donne, à celui-ci, le moyen de se débarrasser soit des produits fabriqués (sé- crétions), soit des résidus de la fabrication (excrétions, lymphe). Cet ensemble, bien simple en lui-même et pourtant fort compliqué dans ses détails, forme ce qu'on nomme l'animal, dans lequel on a reconnu les organes divers, digestifs, respiratoires, etc., les nerfs, le cerveau et les systèmes des veines, des artères, et les lymphatiques. Un caractère de ces associations, assez général chez les animaux et qui est une exception dans les végétaux, c'est qu'elles forment un tout libre indépendant du sol qui les porte, pouvant se déplacer, voyager et transporter au loin leur organisation. En sorte qu'il y a, entre le végétal et l'animal, la dilTércnce qu'il y a entre une machine à vapeur fixe et une machine à vapeur moliib'. L'une fonctionne sur place, l'autre peut fonctionner partout où elle se transporte, pourvu que, là où elle s'est transportée, elle trouve les éléments néces- saires à sa vie, c'est-à-dire à son fonctionnement. N'y aurait-il donc entre l'animal et la plante qu'une aussi mi- nime différence que celle qui existe entre une machine fixe et une locomobile ? Hélas ! malgré le profond respect que nous professons pour le Règne auquel nous appartenons, nous sommes obligés de déclarer qu'il nous est difficile, au point de vue physiologique, d'y voir d'autre différence. Nous allons essayer de démontrer celle pro- position pour ce qui nous concerne actuellement. Chez l'animal, comme chez la plante, la vie est faite du mouvement d'échange qui s'étabht, sous l'influence des impondérables, entre les matériaux venus de l'extérieur et ceux qui sont déjà en place. Si l'assimilation remplaçait toujours par une quantité équivalente, et la même en tous points, la masse de matière qu'emporterait la désas- similation, le corps serait toujours en même état. Et, si semblable trouvaille venait à être faite et appliquée, l'être resterait indéfini- 22 334 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE ment dans la période d'état, qu'il soit enfant, jeune ou vieillard. On aurait découvert le moyen d'être immortel. Mais tel n'est point le cas des choses. L'existence de toute chose présente un début, un accroissement, une période d'état, un déclin et une fin. La période de début semble dominée par la fluidité des protoplasmes, qui produit des actions énergiques ; la période de fin paraît être, au contraire, le résultat de l'enkystement ou l'incrustation de ces mêmes protoplasmes par les résidus accumulés des actions vitales. Entre ces deux extrêmes est un point. la période d'état, vers lequel on tend pendant la jeunesse et d'où Ton s'éloigne pendant la vieillesse. — Chez la plante, l'incrustation des protoplasmes se fait plutôt par des matières cellulosique et terreuse; chez l'animal, elle se fait de • préférence de matière albuminoïde et terreuse; la différence est là; chaque Règne utilise ses produits : les végétaux ne sont-ils pas fabricants de cellulose et les animaux frabricants d'albuminoïde? Car si l'on rencontre chez les animaux les mêmes matériaux de composition que chez les végétaux : albumines, hydrates de carbone et matières grasses , l'analyse quantitative démontre que ces ma- tières sont réparties dans les deux Règnes d'une façon toute diffé- rente. Les albuminoïdes étales graisses, relativement peu répandues dans les végétaux, sont accumulées dans les animaux en quantités telles qu'on a pu les regarder comme en étant exclusivement formés ; par contre, les hydrates de carbone, l'amidon entre autres, sont si rares qu'il a fallu arriver jusqu'à ces derniers temps pour les voir signalés comme entrant dans lem' composition. Toutefois les hydrates qu'ils empruntent, presque tous, au Règne végétal jouent un grand rôle dans la vie des animaux, car ce sont eux qui se transforment en matières albuminoïdes et graisseuses, sorte de transsubstantia- tion dans laquelle le végétal se fait animal. Classification des albuminoïdes chez les animaux : Hoppe- Seyieh. Albumines solubles. globulines. fibrines. albumi- nates, acidalbumines, substance amyloïde, matières albumi- noïdes coagulées, peptones. L'animal doit porter en lui les ferments qui sont destinés à mettre en jeu, à dissoudre et, suivant les besoins, à coaguler les différentes substances que nous venons de passer en revue et, de plus, celles qui, introduites du dehors, sont destinées à devenir, par digestion et assimilation, partie intégrante du corps de l'animal. Ces substances fournies par l'animal lui-même sont les ferments nor- PSEUDORGANITES — ZYMASES 335 maux, les ferments physiologiques. A côté de ceux-ci, nous aurons à en étudier d'autres, qui se produisent par les mêmes procédés, mais lorsque Téconomie est dans des conditions anormales, et qui sont les ferments de maladie ou ferments pathologiques. La nature essentiellement azotée ou alhuminosique de l'animal en fait une sorte de ferment complexe, sans cesse en action de composition et de décomposition dans toutes les portions de son être; ce mouve- ment incessant, en vertu de la loi formulée page 62, lui donne une activité vitale toute spéciale, imprimant aux animaux un caractère propre qui les distingue de la plante, où les m^mes mouvements sont bien moins actifs, et des corps inorganisés où ils sont si lents (ju'ils ne sont pas perceptibles. Cette activité vitale se continue après la mort, et c'est alors (|ue se forment les zymases cadavériques. Nous diviserons les ferments amorphes animaux en : 1" ferments normaux ou physiologiques ; 2° ferments pathologiques. § I. — Ferments normaux physiologiques. Nous comprenons sous ce nom tous les ferments (fui inter- viennent pour accomplir les actes physiologiques dont l'ensemble assure la vie de l'animal ; en les considérant chez les animaux supé- rieurs, où la division du travail est plus grande et les phénomènes plus complexes, nous voyons qu'on peut les diviser en deux classes : 1" les ferments digestifs ; 2° les venins, ou ferments accessoires. 1" Feiîme>ts normaux de digestion. Les substances que les animaux ont à digérer sont : des 1° ma- tières féculentes; 2° des matières grasses; 3" des albuminoïdes. Il y a donc, à ce point de vue, la plus grande ressemblance entre l'animal et la plante; au reste, nous ne voulons pas insister; ces faits sont désormais mis hors de conteste depuis les savantes recherches de Cl. Bernard. Une nous reste plus qu'à voir quelles sont les zymases chargées de ces diverses digestions et à rechercher si elles ont quelques analogies avec celles (jui ont été produites chez les plantes dans le même but : la transformation des aliments insolubles, non transportables dans le torrent circulatoire, en aliments solubles, qui peuvent être très facilement apportés où le besoin s'en fait sentir. De même, devrons-nous rechercher s'il en est qui, par contre, sont chargées de rendre insolubles, c'est-à-dire d'organiser, les matériaux arrivés à l'état de solubilité. 336 BOTANIQUE r.RYPTOGAMinUE A. — Fcpniciitatioii des matières amylacées. Le RiXçne animal est tributaire du Règne végétal, en ce sens que c'est à lui (iu"il emprunte tous les éléments de sa composition, et ces éléments ne sont autres que les hydrates de carbone que nous avons vu fabriquer par la végétation. Si, accidentellement, Tanimal est Carnivore, il ne faut pas oublier que la chair dont il se nourrit a, nécessairement, été faite par un herbivore qui a dû opérer la trans- formation pour son propre compte. Ce sont ces considérations qui ont fait dire que, sans la végétation, l'animalité ne pourrait exister, d'où l'on a conclu que la vie végétale a dû précéder sur notre globe l'apparition de la vie animale. Déduction hasardée peut-être, car, s'il est absolument vrai que les grands animaux ne pourraient se passer de la végétation, il n'en est pas moins vrai que pour les ani- maux inférieurs cette loi n'est en rien prouvée. Les premiers protor- ganisés, animaux ou végétaux, marchent sur la même ligne et sem- blent s'être développés simultanément; la séparation bien nette ne s'est faite qu a partir du jour où. la chlorophylle étant apparue et les hydrates de carbone ayant été formés, le besoin s'est fait sentir de les ramener à leurs éléments premiers en les faisant décomposer par lanimalité. Diastases : 1" diastase salivaire : Mialhe; 2° pancréatine : Bou- CHAP.DAT et Sa>dhas; 3'^ diastase des glandes de Bru»er; 4° travaux de E. Munck : 5° diastase hépatique : Cl. Bernard. William Roi!ERts. Bektuelot. B. — Fermentation des saeeliaroses. a. — Ferment inversif. Cl. Bernard a trouvé dans le suc de l'intestin grêle un ferment soluble qui semble chargé d'opérer l'inversion des saccharoses et qui paraît être identique au ferment inversif de la levure. MM. Bou- chardat et Sandras l'avaient deviné, mais non prouvé. Il suffit, pour démontrer cette action, d'enfermer dans une anse intestinale, isolée par deux ligatures, une solution de saccharose pure, pour voir en peu de temps le sucre s'intervertir et devenir propre à réduire l'oxyde de cuivre de la liqueur de Fehling. On obtient le même résultat en mettant la solution en contact avec une infusion de membrane muqueuse intestinale. Ce ferment a été trouvé par PSEUDORGANITES - ZYMASES 337 Cl. Bernard dans Tintestin grêle du chien, du lapin, des oiseaux et des grenouilles, par M. Balbiani dans Tintestin des vers à soie, par M. W. Roberts dans l'intestin grêle du cochon, du poulet et du lièvre. Probablement existe-t-il dans l'intestin grêle de tous les animau.x. On n'en trouve point dans le gros intestin. b, — Ferment des jmatières grasses. Le suc pancréatique émulsionne instantanément les graisses, c'est-à-dire qu'il les divise en fins globules qui, dès lors, peuvent pénétrer dans les vaisseaux et circuler. Une deuxième fermentation s'opère ensuite, amenant le dédoublement des graisses en acides et en glycérine et, par là, provoquant la saponification qui rend ces corps absorbables '. Il semblerait donc qu'il y a là deux ferments : le ferment éniulsif, ciui agitinslanUuiémenl; puis le ferment saponifiant, qui agit plus lentement, commençant pendant que l'émulsion ti-a- verse les chylifères et les vaisseaux sanguins, et se terminant dans les tissus. « Peut-être, dit M. Strasburger, lorsqu'on aura réussi à isoler le ferment émulsif du suc pancréatique, lui trouvera-t-on les mêmes propriétés qu'à l'émulsine ou synaptase. » M. Paschutin ^ prétend t. II. — Physiologie des zymases. Toutes ces zymases que nous avons passées en revue sont des corps qui dérivent d'êtres vivants; ils se sont pro- duits, soit directement au contact de la matière protoplas- mique et, pour ainsi dire, d'une manière difFuse, ou bien, 348 BOTANIQUE CP.VPTOGAMIQUE au contrairr, ils ont été fabriqués par des organes particu- liers, plus spécialement destinés à leur formation et qu'on nomme des glandes; dans ce second cas, ils prennent plus spécialement le nom de sécrétions. Non organisés pour la plupart des physiologistes, ils rentrent dans le groupe des corps inertes, non vivants, et par conséquent leur étude physiologique n'est, en résumé, que l'examen de leurs pro- priétés physico-chimiques et de leurs réactions. Nous l'avons dit, nous ne croyons pas à l'inertie de la matière et, par conséquent, pour nous ces pseudorganisés sont des êtres qui jouissent d'une vie bien certaine et déjà assez active. Toutefois, la façon dont nous entendons la vie ne change rien à la manière dont leur étude doit être faite; car, si nous prétendons que ces substances, composées de molé- cules dont les mouvements amènent la vie des organites et par là celle des organes, puis celle des êtres complexes, sont vivantes elles-mêmes, comme nous prétendons, néan- moins, que leur vie est faite des simples actions physico- chimiques, nous sommes d'accord sur le fond, et nous ne différons que sur l'interprétation. Nous examinerons successivement: 1° le sujet, 2° les milieux , 3° les fonctions. § I. — Etude de la zymase. Les pseudorganisés, que leurs importantes fonctions semblent faire les dépositaires de la « force vitale » des auteurs, puisque, produits par les êtres vivants, ils déterminent les échanges qui constituent la vie de ces êtres, les pseudorganisés sont des corps si élémentaires qu'on les classe parmi les produits chimiques. Leurs actions et réactions, tout aussi bien que leurs caractères physiques, en font des substances qu'on rejette hors du cadre des substances vivantes. Cela, suivant nous, tend à démontrer quelle est la nature de cette « force vitale ». Ces pseudorganisés semblent, par là, PSEUDORGANITES — ZYMASES 349 n'être que des intermédiaires chargés d'accumuler et de combiner les forces physiques, qui est leur « force vitale » à eux, de manière que, lors([ue la matière s'est organisée, la somme des forces par- tielles qu'ils apportent en la communauté donne une résultante générale qui forme la « force vitale » des organismes créés. Dans ce cas la variété, l'activité, la multiplicité des actions la rend évidente pour tous et lui donne des caractères qui lui ont fait appliquei* plus spécialement le nom de Vie. D'où il ressortirait que la Vie, telle qu'on la comprend, ne serait, au fond, qu'un ensemble plus ou moins complexe, suivant les cas, de vies partielles physico-chimiques. Composition chimique. Difficultés que présente l'analyse. Carac- tères généraux. Précipitation des zymases en solution dans les liquides : C-umieim, Damllwski, Vu.N-Wniicii. Gonstitiation. Les pseudorganisés sont amorphes et solubles : lorscju'on leur a donné ces deux caractéristiques, c'était pour les distinguer des ferments figurés et insolubles ; ne fallait-il pas, en elTet, à tout prix, séparer les fermentations chimiques des fermentations vitales, les fermentations fausses des fermentations vraies? Or il était simple de dire : Les uns sont figurés, insolubles et sont vivants, les autres sont amorphes et solubles : ils sont d'ordre chimique, c'est-à-dire qu'ils ne vivent pas. On croyait que semblable distinction était urgente à la défense de la théorie vitale des fermentations. Voyons ce que sont devenues ces caractéristiques et quelle valeur elles peuvent bien conserver à la suite des travaux modernes. Solubles et insolubles. — Les corps solubles sont ceux dans lesquels les atomes et les molécules, réunis de manière à former un corps solide, se laissent pénétrer par les atomes et les molécules d'un autre corps, liquide, puis se séparent les uns des autres et dispa- raissent, fondent, en donnant un corps homogène dont toutes les parties sont si bien unies les unes aux autres que chaque atome de la solution participe tellement des deux corps mis en présence qu'il devient difficile de les séparer à nouveau. Un morceau de sucre mis dans l'eau s'y dissout ; chaque goutte de cette eau sucrée est semblable à sa voisine, et désormais il est peu aisé de les désunii. Pouvons-nous séparer les protorganisés en êtres se fondant dans l'eau et en êtres ne se dissolvant pas, en un mot, en solubles et insolubles ? ■23 350 BOTANIQUE CRYPTOGAMIoUE A première vue, on serait tenté de le croire; les Saccharomyces et les Bactériens mis dans l'eau s'y maintiennent avec leurs formes; on peut bien, en agitant, les répartir plus ou moins également dans tout le liquide, mais alors chaque goutte, tout en possédant une égale quantité, présente toujours, séparés, les protorganisés et le liquide; donc les levures et les Bactériens sont insolubles. Que, par contre, on mêle à Teau de la diastase ou de Idisynaptase, et l'on voit les corps fondre et disparaître dans l'eau; chaque goutte d'eau, examinée au microscope, ne présente aucune distinction entre le ferment et le véhicule; tout s'est passé, en apparence, comme dans le cas où l'on faisait fondre du sucre dans l'eau. Nous disons : en apparence, car les molécules sont loin d'être aussi intimement mé- langées dans la solution de diastase; il suffit de verser un peu d'alcool pour que les deux corps se séparent. Les zymases rompent l'alliance qu'elles avaient contractée et se précipitent sous forme de magma insoluble. On est en droit de se demander si, dans ce cas, on ne pourrait, à l'aide d'un microscope assez puissant, voir dans la solution les molécules de diastase se montrer, dans le mélange, distinctes du li(iuide ; nous répondrons tout à l'heure à cette hypo- thèse; pour l'instant, retenons seulement que la distinction en corps solubles et en corps insolubles n'est que relative et que, tout au moins, la solubilité des zymases tient le milieu entre l'insolubilité et la solubilité vraies. Toutefois, les qualifications d'amorphes et de ligures entraînent avec elles une autre notion. Les êtres insolubles sont, en effet, regardés comme pourvus d'une membrane cellulosique qui n'existe pas chez les solubles, et l'on explique par la présence et par l'absence de cette membrane l'insolubilité des premiers et la solubilité des seconds. Mais, à ce point de vue encore, toute distinction n'est que relative, car si certains ferments, comme les levures, ont, à une cer- taine phase de leur vie, une membrane d'enveloppe très apparente,^ cette membrane fait absolument défaut à leur début. Toutes commen- cent par être des masses gélatineuses plus ou moins condensées, et elles ne s'entourent de ladite membrane cellulaire qu'à une époque ultérieure. Celte membrane est une sorte de sécrétion, plus ou moins épaisse et serrée, qui ne se produit qu'avec l'âge. En géné- ralisant, on peut même dire que toute cellule commence par n'être qu'une masse de matière glaireuse, zymase mélangée de matières albuminoïdes, rentrant plus ou moins dans le groupe des pseudor- ganisécs. Encore devons-nous rappeler que la membrane semble faire défaut dans bien des cas et ne peut, par conséquent, être PSEUDORGAMTES — ZV.MASES 351 invoquée pour OU contre l'état de solubilité ou celui crinsolubilité qui se trouvent expliqués par la condensation plus ou moins grande de la substance elle-même. Amorphes et figurés. — Cette division semble juste et scientifique; au premier abord, il est bien difficile de confondre, quelque micros- copiques qu'elles soient, des celMoi de S accharomy ces avec la dias- tase. Les premiers sont des corps plus ou moins spbériques, bien distincts les uns des autres; la seconde, suivant la quantité d'eau qu'elle aura eue à sa portée, se montrera sous les aspects les plus divers, mais n'ayant jamais de forme arrêtée, nette et spéciale. On peut donc admettre la séparation des deux corps, mais on doit savoir que le caractère si précis sur lequel on se fonde n'a rien d'absolu, ((u'il est, bien au contraire, relatif; ce qui tient à l'imperfection naturelle de notre organe de la vue et à la faiblesse, encore bien gi'ande, (pioiipit' énorme, de nos moyens de grossissement. Sans l'in- vention du microscope, nul ne supposerait la composition et la forme des Saccharomyces, qui seraient des amorphes pour tout le monde. Qui donc prétendra que les objets qui se perdent à l'horizon et qui semblent être le vague et l'amorphe soient sans formes, sans contours? Celui qui le croirait n'aurait qu'à s'armer d'une longue- vue pour amener cet horizon assez près de l'œil pour que les objets puissent être parfaitement reconnus; mais cette lunette, à son tour, a son horizon amorphe qui deviendra ligure si à la longue-vue on substitue la lunette marine. Quoi encore de plus amorphe que la voie lactée et toutes les nébuleuses qui font comme des taches sur la voûte céleste? Sur elles, on n'a de renseignements que depuis qu'Herschell, en inventant le télescope, nous a ouvert l'immensité de l'espace et nous a permis de scruter les profonds abîmes qui sépa- rent les mondes les uns des autres. Grâce à lui, l'amorphe a pris une forme, et, grâce aux savants astronomes qui, à son exemple, voyagent à travers les cieux, nous avons sur ces nébuleuses des ren- seignements bien propres à confondre notre infinie petitesse par la vue de l'inflniment grand. Ce que l'on regardait comme des vapeurs opalines, indécises sont des associations de mondes, et cette voie lactée, l'une d'elles, est celle à laquelle appartient le soleil autour duquel tourne notre globe. Ces amorphes sont devenus des fourmi- lières de milliers de soleils entraînant autour deux dans leur course vertigineuse des myriades de planètes accompagnées de leurs satel- lites. Les espaces à franchir dans ces excursions sont tellement grands que les mesures ordinaires ne suffisent plus; les milliards de 302 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE lieues s'ajouuml aux milliards de lieues, la numération devient im- possible, et l'on a été forcé de prendre, comme unité et provisoire- ment encore, le rayon de l'orbite terrestre, c'est-à-dire une ligne mesurant 37 000 000 de lieues. Et maintenant, descendons vers rinfiniment petit. Si nous exa- minons nos infusions, nous les voyons parsemées, elles aussi, de nébulosités et de taches opalines qui flottent dans les liquides, A Vœilnu, ce sont aussi des amorphes. 3Iais armons-nous d'instruments qui amplifient les objets et qui nous permettent d'explorer le do- maine des infiniment petits, comme nous explorions celui des infi- niment grands ; alors nous voyons l'amorphe prendre les formes les plus variées et les plus inattendues. Ces nébulosités, que nous avons appelées zooglœa ou essaims, ces voUes que nous nommons pelUcules, sont des mondes vivants où l'on compte par millions des microbes que Ton voit assez distinctement pour qu'il soit possible de les mesurer et de les décrire et de suivre leurs évolutions vitales. Sans l'invention du microscope, qui supposerait que la bière est peuplée d'organimes rassemblés en nombre tel que c'est par milliers qu'on les compte dans une seule goutte? La limpidité et la pureté proverbiale de l'eau distillée ou de l'eau de roche ne sont plus que mensonge, caries eaux, comme les airs, sont peuplés de corpuscules invisibles, filiations de ces microbes, êtres si infiniment petits que la numération ordinaire est devenue, comme tout àllieure, mais en sens inverse, impuissante à indiquer leurs rapports, et qu'on est obligé de prendre pour unité le .u., qui est la millième partie du millimètre. Ces réserves étant faites, tenons nous-en aux corpuscules que nous avons admis, avec M. Chauveau, dans les virus ; ce sont, avons- nous dit, des granulations protoplasmiques, des corpuscules molé- culaires. « Ces granules ne sauraient être à aucun titre des êtres animés. Ce sont de simples éléments anatomiques, à peine même des éléments anatomiques. Il n'y a pas de raison pour les considérer d'une autre manière que les éléments analogues qui appartiennent aux lésions inflammatoires pures. S'ils diffèrent de ces derniers, ce n'est pas par leurs formes et leurs autres caractères extérieurs, mais par leurs qualités intimes et leurs propriétés actives exclusi- vement... Ce ne sont ni des Micrococcus ni des microzymas. » « Les granulations moléculaires, granules moléculaires, corpus- cules, molécules, sont des granulations très petites, formées de subs- tance organisée, qu'on trouve en suspension dans toutes les humeurs du corps, soit interposées aux fibres des tissus, soit incluses dans la PSEUDORGANITES — ZYMASES 353 vsuhstance des cellules, des fibres ou autres éléments anatomiques, soit surtout dans beaucoup de matières amorphes* », nous ajoutons « animales ou végétales ». Ce mot organisé, adopté ici pour la défi- nition de particules que nous avons dites inorganisées peut étonner; mais nous aurons d'autres surprises dans un instant à propos de ces amorphes. Quoi qu'il en soit, il est bon de savoir ce que M. Robin entend par ce mot. « Une matière complètement homogène, amorphe, pourra être reconnue comme substance organisée si elle a ce carac- tère : d'être constituée par des principes immédiats nombreux appartenant à trois groupes ou classes distinctes, unie molécule à molécule, par combinaison spéciale et dissolution réciproque. C'est là, il est vrai, le caractère d'ordre organi(jue le plus simple, le plus élémentaire, mais il suffit pour qu'on puisse dire qu'il y a orga- nisation, que la substance est organisée, et toute simple qu'est cette organisation, c'est assez pour que la substance puisse vivre ^ » Vivre!.... qui donc nous disait que nous étions entrés dans le Règne des inorganisés et qu'il ne devait plus être (luestion de force vitale'^ Mais poursuivons. Ces granulations moléculaires, dont les plus petites peuvent at- teindre jusque 0 [JL, 5 et les plus grosses 3 .a ne nous rappellent-elles pas vaguement certaines Ractéries sphériques qui, malgré ce qu'en peut dire M. Chauveau, seraient peut-être des Micrococcus et peut- être, en même temps, ces corps que les chimistes, peu experts en histologie, ont nommés rjprmrs brillants, corpuscules brillants, cysto- blastions? Ws, ont les mêmes formes, les mêmes dimensions, la même apparence, et on les rencontre les uns et les autres dans les mêmes circonstances. Ils jouissent des mêmes oscillations et trépidations sur place, des mêmes phénomènes de'propulsion et de recul, mou- vement (lui, suivant Vidée qu'on se fait des choses, est nommé, mou- vement brownien, par les uns, mouvement vital, par les autres. La distinction est, il faut le reconnaître, fort difficile; on en comprendra bientôt la raison. Pour l'instant, la meilleure preuve (jue nous puis- sions donner de la difficulté où l'on est de faire la distinction, c'est celle que nous fournit M. Chauveau, qui, après avoir nié tout rap- port entre les Ractéries et ses granulations moléculaires, a fini par admettre qu'elles faisaient partie du même groupe de ferments et qu'elles étaient vivantes les unes comme les autres. Les corpuscules maintenant doués de vie et élevés à la dignité de ferments ressem- 1. Robin (Ch.), Leçons sur les substances amorphes et les blastèmes, 1866. 2. Littré (E.) et Robin (Cb.), Dictionnaire de Nysten, art. Organiqw. 354 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE blcnt, dès lors, à s'y méprendre aux microzymas de M. Béchamp. Dès l'année ISoT, 31. Béchamp notait, dans les fermentations de sucre de canne, l'apparition de « petits corps » (granulations molé- culaires des auteurs) et leur attribuait la fonction de produire l'inter- ^/drsion. En 1865, il les retrouve dans la craie et le lait; il les donne comme des êtres vivants et déjà développés et leur attribue la [iro- priété de transformer, sans secours étranger, le sucre et la fécule en alcool, acides acétique, lactique et butyrique. L'année suivante, il affirme que le vieillissement des vins est dû à de petits orga- nismes ([ui succèdent au ferment alcoolique. Ces êtres sont très petits, très mobiles ; ce sont des granulations. La même année, il les retrouve dans l'urine. En 1866, dans un travail fait en commun avec M. Estor, il pose les bases de sa théorie. Les microzymas sont des granulations qui se rencontrent par- tout dans les corps organisés; ce sont des globules de matière pro- toplasmatique qui forment l'essence même des blastèmes et des protoplasmes végétaux et animaux. Dans tous les êtres, c'est le microzyma qui est le primum movens, c'est lui qui vit et qui donne la vie aux corps qu'il constitue. Les microzymas sont normaux à l'état de santé et pathologiques en état de maladie. Ils ont pour pa- rents les blastèmes où ils se trouvent. Au reste, ils peuvent évoluer en Bacterium, Bacillus, Toruhi, Leptothrix et autres microbes de toute espèce. « Dans ma pensée actuelle, lorsqu'une Bactérie apparaît dans un milieu organisé, c'est qu'un mkrozijma y a été apporté du dehors. J'ai démontré, en effet, la vitalité indépendante des granulations moléculaires de toute origine, de celles des poussières des rues comme de celles des calcaires tertiaires et même des calcaires plus anciens. Je les ai caractérisées comme microzyma en démontrant la possibilité de leur évolution en Bactéries et en Vibrions. Les Bac- téries peuvent se résoudre en microzymas pour, de nouveau, évo- luer en Bactéries '. » Bien plus : ils peuvent s'oi'ganiser et donner directement des cel- lules. Que l'on mette une parcelle de mère de vinaigre dans de l'eau peu sucrée, et les microzymas innombrables qui la composent restent ce qu'ils sont, c'est-à-dire sphériques ou en voie de transfor- mation en Bactéries. Mais, si l'on remplace l'eau sucrée par du bouillon de levure sucré, une fermentation vive s'établit et on voit 1. Béchainp, in litt. Voj'. Marchand (L.), De la reprod. des animaux inf. Thèse concours agrég. Facult. de méd., 1869, pag. 81. PSEUDORGAMTES — ZYMASES 35:. apparaître dans le liquide des cellules remplies de granules et pos- sédant un noyau. On peut noter toutes les phases de leur formation. « On constate, en effet, des points où les granulations moléculaires sont en plus grand nombre, d'autres où elles sont plus denses, mais sans limites aucunes. Dans d'autres points, on remarque que cette condensation s'est faite suivant une forme circulaire à contours peu nets : ce sont, en somme, les cndi'oits où les microzymas ont pro- liféré avec plus de rapidité. Puis, peu à peu, l'on voit la forme circu- laire se dessiner de plus en plus, les contours s'arrêter plus nette- ment; enfin, par des transitions insensibles, on arrive à voir finalement des cellules parfaitement constituées. » Ce qui se passe pour les cellules végétales se passe pour les cellules animales. C'est ainsi que les microzymas sont les constructeurs des êtres supé- rieurs. Par contre, ils se font « agents de destruction » de la matièi-r organiipic, de sorte que toute matière organi(|ue revient à l'étal de microzyma '. Il eût été intéressant de savoir ce que deviennent, à leur tour, ces microzymas restes de ces désorganisations; attendent-ils des jours et des conditions favorables? alors où sont-ils en attendant? On trouve bien leurs charniers géologiques, mais où sont ceux qui, à notre époipie, doivent se créer à cha(iue instant? Ne se résolvent- ils pas en leurs éléments en passant pai- l'état de blastème? Nous verrons cela plus tard; pour l'instant, tenons-nous-en à la théorie de M. Béchamp, qui côtoie l'hétérogénie, mais ne l'admet pas et qui a sur celle des germes l'avantage d'une simplicité et d'une net- teté très grandes. L'autonomie des corps organisés et la soumission de leurs particules microzymiques aux agents extérieurs satisfont mieux que toutes les difficultés inextricables au milieu desquelles se débattent les microbes, auxquels on accorde pourtant un ensem- ble de propriétés, toutes plus étonnantes les unes que les autres. La théorie de M. Béchamp admet, elle aussi, la possibilité de trans- mission par les milieux. § II. — Etude des milieux. Les matériaux qui servent à la fabrication des zymases et sur les- quels les zymases réagissent sont extrêmement variés, mais comme nature se réduisent toujours à des principes assez restreints, qui ne sont autres que ceux que nous avons vus en action dans toutes les 1. Béchamp (Jos.), Des niicrozymas et de leurs fonctions, 1873, pag. 26. 35r. nOTANIoUE CRYPTOGAMIQUE fermentalions à ferments figurés : des matières quaternaires qui fournissent de l'azote, des matières ternaires (hydrates de carbone), des sels qui donnent du phosphore et du soufre et certains éléments, comme la magnésie et la chaux. Tous doivent être en solution dans, l'eau, car, aussi bien pour les végétaux que pour les animaux, ils doivent circuler (sève ou sang) de manière à apporter les éléments de formation là où le besoin s'en fait sentir. Inutile d'ajouter que, de même que pour les ferments figurés, il faut Fintervention d'agents impondérables, chaleur, électricité, lumière, etc., dans des propor- tions variables pour chaque zymase. Pour les zymases, les milieux sont d'une importance plus grande encore, si cela est possible, qu'ils l'étaient pour les ferments figurés; ceux-ci, en effet, pouvaient, si les milieux ne leur convenaient pas, s'enkyster, passer à l'état de repos, résister, en un mot, et se réserver pour des temps meilleurs; ici, il n'en est plus de même et, si les conditions ne sont pas expressément remplies, Feffet n'a plus lieu, si bien que l'on peut dire que c'est le mihcu qui fait la zymase. Qu'on prenne l'une ou l'autre d'entre elles, on voit la zymase sortir (lu milieu, se créer, pour ainsi dire, des éléments mêmes qui le composent. La diastase est faite des sucs ou sève végétale chargée des éléments minéraux qu'elle emprunte au sol ou à l'atmosphère. Elle est élaborée par la cellule protoplasmique, mais sous condition qu'elle-même, à son tour, va collaborer à la formation d'autres cel- lules et qu'elle concourra à fabriquer du protopla.sma. De même, la pepsine sécrétée par les glandes de l'estomac, sortie, par conséquent, du sol fermentescible, qui est dans ce cas le plasma du sang, rendra au sang un nouveau sol fermentescible en concourant, pour sa part, à la transformation des aliments. Le milieu et la zymase se tiennent donc d'une manière toute particulière, puisqu'on peut dire que la zymase sort de la matière fermentescible et que la matière fermen- tescible est élaborée par les zymases. Les zymases ont pour destination d'agir sur place, là où elles ont été élaborées, sécrétées, comme l'on dit, par des cellules vivantes, animales ou végétales ; c'est là qu'elles rencontrent les sols fermen- tescibles normaux ; tous ceux qu'on peut leur donner en dehors de ceux-là sont accidentels. Dans ces cas, à moins de conditions spé- ciales, privées des éléments actifs de leur production, c'est-à-dire des cellules sécrétantes, elles épuisent leur action et s'épuisent elles- mêmes à la façon des composés chimiques, des poisons minéraux par exemple, auxquels elles deviennent, de ce fait, complètement comparables. L'enveloppe cellulosique qui existait dans les ferments PSEUDORGAMTES — ZY.MASES 357 figurés et derrière laquelle les zymases s'abritaient pour opérer leurs actes de sécrétion et de sélection, et grâce à laquelle elles pouvaient s'accroître par intersusception et se multiplier par divi- sion, fait défaut, aussi les voit-on se fondre et disparaître dans les liquides au milieu desquels elles se trouvent. Toutefois, il est bon de dire que cet état d'infériorité semble parfois disparaître quand certaines conditions se rencontrent. Nous verrons des faits qui nous autoriseront à penser qu'en certaines occasions les zymases peuvent passer à l'état figuré . parce qu'elles s'entourent d'une membrane, de même que, par contre, certains microbes, perdant It'iir enveloppe, retournent aux zymases. A. — .Vliuient*^. Les zymases tirent leur origine, comme nous l'avons dit, de toutes les parties de la plante et de ranimai. Les milieux sont donc l'économie animale et l'économie végétale, comme aliments; et, agents impondérables, sont tous les stimuli qui peuvent in- lliiencer le fonctionnement des organes qui concourent à la vie des animaux et à celle des végétaux, seraient-ils réduits à une simple cellule, comme les Saccharomyces et les Bactéries. Nous n'aurions donc pas lieu d'insister ici sur ces questions, déjà étudiées par nous (voy. pages 199,209), si, d'une part, l'état non figuré des ferments n'imprimait pas des caractères spéciaux à l'action de certains agents, et si, d'autre part, le sol fermentescible humain ne donnait pas lieu à des considérations toutes particulières se rattachant à faction des zymases et des microbes comme cause de maladies. B. — Iiiipondérabies. Résistance des zymases aux agents extérieurs. Action du chlo- roforme : MuMz. Action de l'air comprimé : F>all Bekt. De la chaleur : J. Wiesner. Des réactifs : Dum.\s, Bouciiard.\t. L'étude du sol fermentescible humain préparé par les ferments solubles, comme nous l'avons expliqué plus haut, ne se présente pas toujours dans les mêmes conditions de réceptivité des maladies qui peuvent lui venir du dehors; ces conditions dépendent de la ma- nière dont le travail physiologique se fait dans l'intérieur des or- ganes, sous l'influence des agents impondérables, de sorte que le corps, parfois si prédisposé à se laisser contagionner par tous les 358 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE virus qui peuvent être répandus dans les circumfusa, qu'on croirait plutôt qu'il les engendre lui-même, se montre, dans d'autres cas, complètement réfractaire à leur action. La contagion ne résulte pas nécessairement de la contamination ; rinoculation médiate ou même immédiate n"est pas fatalement suivie d'infection. La contagion dépend avant tout de Fétat du sol inoculé ou contaminé. Chaque jour, l'expérience démontre que sur un certain nombre d'individus, hommes ou bêtes, exposés aux mêmes causes d'infection, les uns sont contagionnés, tandis que d'autres résistent à l'action du virus. L'économie de certains êtres est façonnée de telle manière par les agents physico-chirniques, ou même organiques, que les ferments, qu'ils soient figurés ou amor- phes, n'ont aucune prise sur elle; elle reste indemne, elle possède ce qu'on nomme Vimmunîté. Le virus amorphe ou le Schizophycète n'a aucune prise contre elle. L'immunité peut être congénitale ou acquise. Pour l'intelligence du sujet, il nous faut étudier d'abord l'immunité acquise. 1° Immunité acquise. — Vaccin. Cette question est d'une haute portée et mérite que nous nous y arrêtions, d'autant que depuis quelque temps tout le monde s'en préoccupe. Car que nous importeraient tous les ferments de ma- ladie, si nous avions le moyen de conjurer leur action et de rendre inoffensives toutes leurs tentatives d'envahissement? Nous allons faire tout notre possible pour exposer les faits et les conclusions qui en découlent de la façon la plus claire et la plus succincte. Il est reconnu que lorsqu'on a eu une maladie contagieuse, rou- geole, variole, scarlatine, lièvre typhoïde, etc., etc., on est par ce fait, à de rares exceptions près, préservé, pour un temps plus ou moins long, de l'atteinte de ces mêmes maladies : ce qui, pour ceux qui admettent le contagium vivum, revient à dire : Le même con- tage ne se développe pas deux fois dans la même organisation, comme si une première visite du microphyte mettait le terrain organique dans un tel état qu'il n'est plus possible, à un second microjihyte de même espèce, d'y vivre après lui : de même qu'en agriculture il est reconnu que l'on ne doit pas cultiver plusieurs années de suite une même plante dans le même champ. La consé- quence à tirer, c'est que la meilleure manière de se mettre h l'abri <\e toutes les maladies serait de commencer par les acquérir toutes. PSEUDORGAMTES — ZYMASES 359 Le tribut payé, on n'aurait plus de craintes à avoir. Cette méthode, qui réussit, à ce qu'il paraît, parfaitement aux charmeurs et au\ montreurs de serpents, a été proposée pour provoquer, chez l'homme et chez les animaux, l'immunité contre un certain nombre de maladies. De la variolisation; — de la syphilisation : Sim-irino, Va>' BriRr.K, xVlzias-Tliie>..m: , Lii!i:i!M.v.n. — De la rubéolisation : Kakoa, Sai.isiury. — Inoculation préventive du typhus des bêtes à cornes : Sai.cmonv. — Inoculation préventive de la péri-pneu- monie des bêtes bovines : Wn.i kms. Celte méliiodede gagner la traniiuillité d'espiil, (pioique logi(pi(', eût couru bien des risques de ne jamais passer dans la pratiijue si de nouveaux éléments ne fussent intervenus. Un leconniil d'abord (jue l'ininiunité était aussi bien obli-nur quand l'atîcclion contagieuse avait été faible (jue lors((u'elle avait eu toute son intensité, en sorte qu'on pouvait dès lors, en accjeptant la maladie bénigne, éviter, dans la suite, l'envahissement par une alTec- lion foudioyante. Le maiché n'était plus un marché de dupe. On alla plus loin, et l'on reconnut qu'on pouvait arriver au même résultat en acceptant de nourrir certaines maladies autres que celle dont on cherchait à éviter les elfets. C'est dans ces conditions que se présenta la vaccine. Le hasard démontra que ceux qui étaient assez heureux pour être atTectés de la vaccine ou picotle des vaches n'avaient rien à craindre de la variole. La vaccine conférait l'imum- nité contre la variole ; c'est ce que Jenner eut la gloire de démêler, et c'est ce qui le conduisit à inventer le vaccin. On oublia la variolisation, même attéimée; on se garantit de la variole par la vaccination. Pendant bien longtemps, on ne parla, en fait d'inoculation pré- ventive, que de ce vaccin ; mais à lui seul il suffit à défrayer, à plu- sieurs reprises, bien des discussions au milieu des sociétés sa- vantes, tantôt sur son utihté, tantôt sur ses inconvénients, ou bien encore sur son origine, ses sources, sa nature, son mode d'action. De la vaccination. — Du Cow-Pox et du Horse-Pox. — De la nature du vaccin. — Discussions à l'Académie de médecine de Paris. Explications de Salisbury. Tout à coup, dans ces derniers temps, la question s'est généra- H60 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE Usée, a passionné de suite le monde scientifique, à tel point qu'en ce momeut on ne s'occupe plus que de vaccins. C'est à M. Pasteur que revient riionneur d'avoir attiré l'attention sur ce point. Etudiant le microbe signalé dans le choléra des poules, il reconnut qu'en cultivant le virus de certaines façons on arrivait à le changer à tel point qu'alors, au heu de donner la maladie aux inoculés, il les prémunissait contre son invasion. Les cultures inventées par l'au- teur, et sur lesquelles il y aurait trop long à raconter, amènent le microbe à un état d'affaiblissement de plus en plus grand ; le virus devient de moins en moins actif, il est atténué. Telle est la théorie de l'atténuation des virus. Ce n'est pas tout : M. Pasteur a prétendu, en outre, que ce même liquide, qui peut être dit « vaccin du choléra des poules, » peut servir en même temps de vaccin contre la maladie charbonneuse ; autrement dit, le virus atténué du choléra des poules, inoculé à d'autres animaux, les préserve de l'invasion de la Bactérie char- bonneuse autrefois nommée Bactéridie {Bacillus anthracis). Sur ces entrefaites, comme nous l'avons vu, M. Toussaint décou- vrait un autre vaccin à opposer h cette même Bactéridie; ce vaccin n'était autre que le sérum du sang d'un animal charbonneux plus ou moias débarrassé de ces ferments organisés. Il obtient cette séparation des deux éléments du virus en portant le liquide à la température de 56°. Les expériences et les déductions que M. Tous- saint en a tirées ont été infirmées par M. Colin et par M. Bouley à l'Académie de médecine et par M. Pasteur à l'Académie des Sciences. M. Pasteur a repris ces expériences. Il commence par cultiver le microbe dans un milieu conv enable ; or, ayant reconnu que la Bac- téridie, qui n'est cultivable qu'au-dessous de 45", ne produit plus de spores ni de corpuscules-germes à 42 ou 43°, il maintient sa cul- ture au contact de l'air à cette température. Au bout d'un mois ou six semaines, les microbes meurent, mais avant de mourir ils ont perdu toute leur virulence : résultat qui s'est produit peu à peu. Ce vaccin ne récidive pas ; c'est au moins ce que semblent prouver les expériences faites à Pouilly-le-Fort, à Alfort et à Chartres. Dans le charbon s^mptomatique , MM. Arloing, Cornevin et Tiiomas ont trouvé deux modes de vaccination dont l'un au moins est tout à fait inattendu. Ces expérimentateurs ont vu : 1" Que la violence de l'infection variait suivant les quantités de virus employé et que, si l'on n'inoculait que des quantités très faibles de virus naturel, l'on n'obtenait qu'une maladie avortée, mais qui assurait néanmoins l'immunité. Ces résultats sont confirmés par les PSEUDORGANITES - ZYMASES 36f expériences de M. Chauveau, qui en étend les déductions au charbon bactéridien. Cela nous rejette bien loin des affirmations qui se pro- duisaient il y a quelques années et d'après les(iuelles « un quatril- lionième de goutte de sang suffisait pour produire Tinfection. » 2° Que lorsqu'on emploie « le virus naturel dans toute son énergie, en ayant soin de l'introduire directement dans le milieu sanguin, l'expérience a appris (pi'il y rencontrait sûrement de telles condi- tions d'atténuation (ju'il s'y transformait en vaccin. La grande mé- thode de l'atténuation des virus et de Ifur vaccination trouve ici son application, mais par un procédé tout autre. C'est le miHeii intérieur de l'organisme, le sang, qui est le liiiuide de culture où l'atténuation du Nirus s'elTectue, sans doute parce que le microbe (|ui le constitue est anaérubie. » La voie est désormais ouverte, et chacun chfirhc le vaccin de nos dilïérenles alTections. C'est ainsi que M. Galtier a vu (ju'en culti- vant la morve chez le chien on obtenait peu à peu pour lui l'immu- nité, en même temps qu'on lui faisait produire un virus atténué, ({ui, transporté chez les solipèdes, y développait une morve atténuée elle-même. Le même auteur a cru remarquer, aussi, (jue l'injection de virus rabi(iue dans le torrent circulatoire ne donne pas la rage au mouton et même semble conférer l'immunité. M. Toussaint a observé qu'en hioculant directement aux poules le sang de lapins morts de septicémie les résultats furent ceux d'un virus atténué : lésions légères de la peau et du tissu conjonctif sous-jacent. Dans tous les cas, les poules guérirent et furent réfractaires à l'inoculation du choléra. Ce savant pense qu'avec cette variété de septicémie du lapin on pourrait faire un vaccin pratique qui permettrait d'arrêter les épizooties si graves qu'on observe si souvent sur les oiseaux de basse-cour. M. Dida\, de Lyon, recherche le vaccin de la syphilis. Si le courant qui entraine la Science continue, nous allons bientôt avoir plus de préservatifs que de maladies. Les vaccins ne nous feront pas défaut, et avec quelques précautions nous n'aurons plus rien à redouter des microbes. Mais que sont ces vaccins? et sont-ce bien là de vrais vaccins? Si nous prenons le vaccin jennerien pour type, nous reconnaissons que, pour la plupart, ceux découverts récemment ne lui sont pas comparables, « Le caractère fondamental du vaccin, dit M. Bouchardat, est celui de la non-rétrocession. On ne pourra réellement appeler vaccin que le microbe modifié qui pré- sentera ce caractère. On est parvenu, par une succession d'inocula- tions, à modifier plusieurs microbes, à les rendre presque absolu- 36-2 P.ÛTANIgUE CRYPTOGAMIQUE ment inoffensifs ; mais, dans les expériences et les observations, on a rencontré des exemples de retour au type primitif qu'on n'a pas rencontré dans le vaccin. » En sorte que le microbe jennérien serait une plante type, utile par nature, tandis que les vaccins pasto- riens ne seraient que des types domestiqués de plantes malfaisantes qui, bâtardies par la culture, tendent à reprendre au plus tôt leurs propriétés nuisibles. qo Immunité congénitale. Un sol fennentescible animal peut-il être naturellement inapte à nourrir tel ou tel ferment qui tente de Fenvahir? Ici, au premier abord, Timmunité paraît complètement inexplicable ; c'est par un don du ciel, par magie ou sortilège, que certaines personnes s'exposent à toutes les épidémies et ne sont point atteintes. Les médecins, les infirmiers et en général ceux qui, précisément, soignent les ma- lades, résistent quiind tout succombe autour d'eux; cela ne tient- il pas du prodige? L'immunité peut porter non sur quelques individus isolés, mais sur tous les habitants d'un pays : d'après M. Rocheux ' la rougeole et la scarlatine sont à peu près inconnues à la Guadeloupe et aux Antilles. La résistance à cerlain> virus peut s'étendre à tous les représentants dune race : c'est ainsi que les nègres d'Afrique n'ont jamais ou presque jamais la fièvre jaune; les nègres créoles d'Amé- rique ou des colonies en sont atteints quelquefois et les mulâtres y sont moins sujets que les blancs 2, pendant que les Chinois et les Malais ont une réceptivité plus grande que les mulâtres, moindre que les blancs. On dirait que l'immunité pour le miasme de la fièvre jaune, dans les races humaines, diminue au fur et à mesure qu'elles se rapprochent de la race blanche. Ce qui se rencontre dans les races humaines se retrouve aussi dans les races animales; c'est un point sur lequel on est bien fixé depuis les observations de 3L Chauveau et celles de M. Olive. Les moutons algériens ne sont pas exposés à l'invasion du charbon bac- téridien et, d'après les remarques de M. Tayon, les ânes africains jouiraient du même privilège. 3IM. Arloing, Cornevin et Thomas ont constaté, de même, lïmmunité des adultes de l'espèce bovine pour le charbon symptomatique. 1. Rocboux, in Dictionnaire de médecine, VIII, art. CoMAGio.v. 2. Laroche, YcUon- fvr. Philadelphie, I800. PSEUDORGAMTES — ZYMASES 363 Ces immunités congénitales, qui semblent au premier abord tenir du prodige, ne sont, en fin de compte, que des immunités acquises, les unes par le privilégié lui-même sans qu'il s'en soit rendu compte, les autres par les ascendants du privilégié, (jui les a reçues par voie d'hérédité. Dans Fun comme dans l'autre cas, il y a eu une sorte de vaccination, et cela peut se comprendre très bien avec les notions que nous avons acquises. On a reconnu que le sarcode animal pouvait se modifier par le contact médiat ou immédiat de ce que les hygiénistes nomment les circumfusa. Il se produit de ce fait de singuliers acclimatements. Le corps se fait aux miasmes et se vaccine lui-même ; il le fait même dans des conditions telles que c'est lorsque le sujet sort de la loca- lité empoisonnée qu'il est pris d'accidents. Tel individu qui vit sans en être incommodé au milieu des miasmes maremmatiques de la Sologne sera pris de fièvres intermittentes s'il quitte le pays. Il s'est fait comme une combinaison ciiimique qui se dédouble dès qur les conditions extérieures varient. Toute l'histoire des immunités est dans ce fait qu'un organisme plongé dans une atmosphère imprégnée de particules nocives se façonne de manière à résister à la maladie qu'engendrent ces virus. Cela explique du même coup : 1° comment les épidémies de choléra, de variole, de typhus, sont, à chaque invasion, de moins en moins meurtrières ; 2" comment les épidémies, à chaque invasion, très redoutables quand elles débutent, le deviennent de moins en moins ; 3" comment des individus venant d'un pays dans lequel une ma- ladie, la variole par exemple, est inconnue, et arrivant dans une contrée où règne une épidémie de variole, sont frappés de suite et rapidement emportés : c'est ce qui est arrivé aux huit Esquimaux qui étaient venus à Paris pour figurer au jardin d'acclimatation; aucun n'a été épargné, tous ont succombé! Comment expfKpier cette modi- tication qui s'est opérée dans la composition des tissus et des humeurs des animaux qui arrivent à acquérir l'immunité? Par l'ac- tion des virus atténues, ou, peut-être mieux, par celle des micro - zymas ou des corpuscules protoplasmatiques qui se rencontrent par- tout dans les circumfusa. L'immunité ainsi gagnée peut ne pas être suffisante si l'individu est soumis à des virus trop violents. La durée de l'immunité peut être très longue et se perpétuer par riiérédité; c'est ce qui arrive pour la variole et aussi pour la syphilis. « Ses ravages au début, au point de vue de l'intensité du mal, ne laissent aucun doute. Quand la maladie arrive aujourd'hui dans une locaUté qui n'a eu aucune communication avec les syphiUsés, elle 364 lîOTANigUE CRYPTOGAMIQUE revêt ses formes primitives. L'atténuation de la maladie dans les pays infectés depuis plusieurs siècles tient, à n'en pas douter, à l'influence de l'hérédité. Combien sont nombreuses les familles qui doivent compter aujourd'hui parmi leurs ascendants des syphilisés guéris '. » La science vétérinaire a mis à profit la connaissance de cette pos- sibilité de transmission de l'immunité par l'hérédité. M. Chauveau a démontré que, en inoculant le vaccin du charbon bactéridien à des brebis algériennes pendant la gestation, les agneaux naissaient l'éfractaires. M. Toussaint a confirmé ces observations en ajoutant qu'il n'était pas nécessaire de choisir l'instant de la gestation : « il suffirait, d'après lui, d'inoculer les femelles pour avoir des trou- peaux indemnes. » L'immunité congénitale n'est donc qu'une immunité acquise, le plus souvent par les ascendants, et transmise par hérédité à des géné- rations successives plus ou moins nombreuses. Quels sont les agents producteurs de Timmunilé acquise? Certains ne veulent voir que les microbes, c'est-à-dire les corps figurés; la lymphe ou glaire qui les accompagne est regardée comme n'ayant aucune action. Le vaccin du charbon proposé par M. Toussaint, au contraire, ne posséderait ses vertus bienfaisantes qu'à la condition de ne contenir aucun élément figuré, aucun Schizophycète ; la lymphe serait, dans ce cas, la partie active. La lymphe, regardée comme complètement inerte depuis les expériences de M. Chauveau sur la vaccine et sur la morve, se trouverait ainsi réhabihtée. Ces résultats, qui ramènent à la théorie de Liebig, émurent les partisans de la théorie vitale ; aussi M. Toussaint, à la suite de nouvelles expériences qui n'avaient qu'en partie justifié ses premières affirmations, « se hâta-t-il, dit M. Bouley ', de faire ses réserves à l'endroit de sa première interprétation dans une des réunions de l'Association scientifique, tenant sa session à Reims. De fait, ce que M. Toussaint avait inoculé, c'était non pas un liijuide destitué de Bactéridies, mais bien le virus charbonneux lui-même, atténué par l'action de la chaleur et de l'acide phénique, et pouvant, grâce à cette atténua- tion, donner à la plupart des sujets inoculés, sinon à tous, un charbon supportable, c'est-à-dire compatible avec la vie, et laissant dans l'organisme inoculé la précieuse propriété de le rendre désor- 1. Bouchardat (A.), Des principaux modes d'atténuation des microbes...., m Rev. scient., 3= sèr. ['" aun., 2e sem., XXVIII, pag. 462. 2. Bouley (H.\ Inoculation préventive du charbon, in Bull. Acad. méd. de Paris, 1880, IX, pag. 942. PSEUDORGANITES — ZYMASES 365 * « mais invulnérable au charbon. En un mot, M. Toussaint avait réussi à transformer le virus charbonneux en son propre vaccin, comme avait fait M. Pasteur pour le virus du choléra des poules. Les expé- riences de M. Toussaint ne représentaient donc plus rien d'excep- tionnel ; elles se rangeaient sous la loi générale étabUe par M. Pasteur, dont elles avaient semblé un instant être la contra- diction. » Est-il possible, néanmoins, d'expliquer l'immunité acquise? Opinion des anatomo-pathologistes : Boi ni vi u. Mais qui donne l'impulsion nocive, qui détermine ces transforma- lions pathologi(|ues? Les agents physico-chimiques, sans doute; mais alors, comment expliquer l'intervenlion des vaccins et des virus dans les maladies provoquées par la contagion et par l'inoculation. Il y a. là, un phénomène complexe, et l'on ne doit perdre de vue aucun des éléments (jui entrent en fonction. Les faits exposés par Bouil- laud servant de base, il ne faut pas oublier la présence (nous ne disons pas la production, pas plus que nous ne disons l'inlluence) d'éléments, (igurés ou amorphes, qui, dans certaines circonstances, peuvent servir à perpétuer les maladies par transmission. Les panspermistes ne veulent admettre que ceux de ces éléments qui ont une forme, tandis que les faits cliniques démontrent qu'il faut compter aussi avec les autres, avec les ferments amorphes, dût la théorie vitale concéder une petite place à la théorie chimiiiue. Un milieu n'est-il apte qu'à donner une seule et même fer- mentation, ou peut-il en donner plusieurs observations simulta- nément ? Opinions de Pasteur; Observations des cliniciens. Toutes les expériences faites sur les vaccins pastoriens nous con- duisent à ces conclusions suivantes : 1" Pour obtenir l'immunité, il faut inoculer un virus atténué. 2° Pour obtenir un virus atténué, il faut agir sur lui de manière à détruire, le plus possible, l'activité spéciale du microbe tenu en suspension au milieu de la lymphe. D'après M. Pasteur, qui trouve explication à tout, le microbe tombe- rait ainsi en état languissant par son contact avec l'air : c'est l'oxy- gène qui l'affaiblirait. Cette explication ne satisfait pas, car de deux choses l'une : ou bien le microbe est encore vivant, quoique malade, ou il est mort. S'il est vivant et malade par la faute des conditions 24 ;-îOi; BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE extérieures et abondance d'oxygène, il se régénérera dès qu'il se trouvera dans des milieux qui lui plairont et donnera la maladie et non l'immunité. C'est ce qui n'a pas lieu, à en croire toutes les expé- riences : la préservation semble être à peu près constante. Donc la vaccination se fait parce que le microbe est mort. Dès lors, le virus atténué serait le virus réduit à la lymphe, au plasma plus ou moins chargé des granulations corpusculaires signalées par M. Chau- veau ou aux microzymas de M. Béchamp. Ce qui nous ramène à la première explication que M. Toussaint avait donnée de l'action de son vaccin antibactéridien (voir p. 268). L'atténuation des virus se ferait ainsi par la destruction du caractère physiologique , cette explication du phénomène est tout au moins singulière de la pai't (le ceux qui ne reconnaissent un microbe ({u'à ces caractères phy- siologiques : en sorte qu'un microbe atténué serait, pour eux, un microbe qu'ils ne reconnaîtraient plus! L'immunité congénitale n'étant qu'une variété d'immunité acquise, il nous reste à savoir comment expliquer l'immunité acquise?M. Pas- teur pense que le sol animal est usé par le microbe. Une invasion de microbes de variole, par exemple, ayant, dans les humeurs du corps, dévoré tout ce qui peut leur être utile, il ne reste plus rien pour nourrir d'autres tribus d'envahisseurs de même espèce. M. Chauveau explique la non-récidive par « la production de ma- tières nuisibles à la prolifération de la bactéridie ». Ces deux inter- prétations ne satisfont pas l'esprit. Comment, en effet, comprendre (|uo l'économie, qui a réussi à chasser les microbes, reste inerte et ne répare pas les dégâts qu'ils lui ont causés ou n'élimine pas les corps étrangers qu'ils ont laissés derrière eux. En admettant l'action de la lymphe, on peut comprendre mieux une sorte de combinaison moléculaire du plasma animal avec le plasma déve- loppé sous l'action des microbes ou des ferments amorphes, car pour ces derniers, aussi, il faut reconnaître l'immunité acquise. Les expériences de M. Galtier le prouvent pour la rage et celles de M. Lacerda pour le venin des serpents, avec cette différence que, dans ce dernier cas, le vaccin est, parfois, une matière minérale : le permanganate de potasse, etc. Immunités acquises par les agents thérapeutiques : Soe.m.meki.nc, l.i:>n:i',(:ii:;i!, MiuriiL, etc. PSEUDORGANITES — ZYMASES 3fi7 i^ III. — Etude des Fonctions. Organiques par leur origine, inorganiques par leur nature, les zymases forment donc un passage intéressant, au plus haut degré, entre la matière à laquelle on concède la propriété de vivre el celle à laquelle on refuse ce privilège. Chose plus curieuse encore : ce sont les zymases, ces inorganiques, qui créent l'organisé et qui, par leurs actions et réactions, leur communiquent la vie, dont cer- tains les déclarent dépourvues elles-mêmes! Il est bien certain que, n'ayant point de former et ne présentant point d'organes, elles manquent de ce qu'on est accoutumé d'appeler des fonctions; ces fonctions, chez elles, ne sont plus que des phénomènes physico-chi- miques. D'où il ressoil que, la vie des végétaux et celle ties animaux, étant faites d'actions opérées par les zymases, et celles-ci se rame- nant à des actions physico-chimiques, se réduiraient, en dernière analyse, à ces simples actions. La VIE ne serait plus que le résultat de l'action du protoplasma, influencé par les agents physiques im- pondérables, sur les éléments chimiques des milieux. Si nous arri- vons à le démontrer nous aurons ainsi fait la preuve de ce que nous disions page 78 et qui paraissait tout au moins téméraire. 1° Fonctions de nutrition. La nutrition des zymases 1 Oublions-nous donc que nous sommes en pleine chimie organique el que nous avons à nous occuper de composés chimiques inorganisés et non point de substances orga- nisées vivantes? A'ous ne l'oublions pas. Cependant, avant d'entrer en plus de détails, il n'est pas sans utilité de rappeler que, si l'on peut dire que certaines zymases, sorties de leur milieu pour être transportées dans des milieux étrangers, n'agissent qu'à la manière de composés chimiques, il nous est impossible d'admettre qu'il en soit toujours ainsi ; nous n'en voulons prendre, comme preuve, que le fei-ment de la rage, qui, tout comme un ferment figuré, vit et se multiplie dans l'organisme inoculé. Il y a donc tout lieu de croire que la gouttelette de zymase inoculée s'est nourrie, s'est dévelop- pée, a envahi le torrent circulatoire en présentant une période d'incu- bation, à la façon des microbes contagieux, puis est venue s'établir au lieu d'élection, les glandes salivaires. Théorie chimique : Willis, St.vhl, Boerhaave, Berzelius, Mitscher- i.iscH, Gerhardt, Robin, Berthelot, 368 BOTANIOUE CRVPTOOAMIQUE Commeiil se fait-il que M. Berthelol soit regardé comme un des partisans de la doctrine cliiniiquc? C'est que, au lieu de tout expli- (|uer par la « force vitale », il entreprend de « bannir la vie de toutes les explications relatives à la chimie ». Leprolorganisme figuré n'est ferment que par la matière amorphe qu'il sécrète. « Il suffit d'ad- mettre que les êtres vivants qui les renferment ne sont pas les fer- ments véritables, mais qu'ils ont la propriété de les sécréter, au même titre que l'orge germée sécrète la diastase, les amandes l'émul- sine, la levure de bière le ferment glycosique, le pancréas la pan- créatine, l'estomac la pepsine. Les ferments insolubles seraient, dès lors, comme les ferments solubles, des principes particuliers pro- duits par l'action d'une plante ou d'un animal. » Tout ce tiue nous avons dit jusqu'ici nous amène à admettre l'im- portance capitale des zymases dans la fermentation. Le problème se trouve donc réduit à rechercher comment elles agissent sur les corps avec lesquels on les trouve en contact. Il y a d'abord à rechercher si les zymases, qui, nous l'avons vu, peuvent opérer des fermentations de même nature que les protorga- nisés figurés, possèdent une spécificité que nous n'avons pas trouvée dans ces ûerniers. A priori, on peut répondre par la négative, car, si l'on eût dû trouver une spécialisation de fonctions, c'eût été plutôt chez les figuréa, qui sont plus élevés en organisation et qui, de l'avis de tous, opèrent avec plus de rapidité et de régularité. L'expérience confirme la logique du raisonnement. Ainsi, par exemple, l'amygda- line, qui a pour ferment l'émulsine, peut être décomposée par la plupart des matières azotées d'origine animale; toutefois, celles-ci mettent plus de temps à agir. La salicine, qui a pour ferment cette même émulsine, est aussi décomposée par les matières azotées et la diastase; l'agent de la fermentation maltosique peut être remplacé par ces mêmes matières azotées : mais l'action est, dans tous ces cas encore, plus lente et plus irrégulière que lorsque c'est le ferment propre qui agit. Si le ferment amorphe n'a pas d'action spécifique, il agit, non pas parce qu'il est diastase ou émulsine, mais parce qu'il est matière azotée, protoplasma ou sarcode; il ressort de là que tout corps azoté pourra arriver à produire une même fermentation. Depuis longtemps on a prouvé « qu'en abandonnant à elle-même une dis- solution de sucre contenant une matière azotée d'origine animale, albumine, gluten, fibrine, caséine, gélatine, etc., le sucre entre, peu à peu, en fermentation alcoolique et se décompose ; mais, au lieu de disparaître en l'espace de quelques heures, il exige un mois: au PSEUDORGANITES — ZYMASES 369 reste, la fermentation est incomplète... La matière azotée a-t-elle agi en son état originaire, ou a-t-elle acquis la faculté à condition d'avoir pris un état spécifique? Cet état est-il spécial et lié à la nature du corps azoté primitif, ou répond-il aux propriétés et à la forme d'une levure véritable, identique à la levure de bière » '.?? Bien plus, on peut se passer du sarcode dans lequel, peut-être, est resté assez de « force vitale » pour expli(iuer la fermentation. « On peut obtenir la fermentation alcoolique en employant une matière azotée artilicieille et privée de toute structure organisée (gélatine) et en opérant uiii(piement avec des liciuides limpides et (les substances solubles. Il suflit de maintenir à une température voisine de 40" une dissolution de l partie de gélatine, 10 parties de glycose, o de bicarbonate de potasse ou de soude et 100 d'eau. La dissolution doit être saturée d'acide carbonique. Au bout de quel- ques semaines, le mélange entre en fermentation, des gaz s'écbap- pent, et on obtient une forte proportion d'alcool. Il se forme un dépôt insoluble de granulations moléculaires. » Les corps gras naturels, dont le ferment est la pancréatine, se ré- solvent en glycérine et acides gras, sous l'inlluence d'une multitude de réactions purement cliimiciues, entre autres, celles des acides mi- néraux, étendus. Or, comme on peut, d'autre part, fabriquer des corps gras artificiels, et, comme ces corps artificiels fermentent comme les corps gras naturels, il se trouve qu'il devient possible de créer artificiellement une fermentation. Sous la même action des acides étendus, la salicine se dédouble en glycose et saligénine, et le sucre de canne, l'amidon, etc., sont cbangés en glycoses isomériques. « Enfin, dit M. Bertlielot, rien ne s'oppose à priori à ce qu'un ferment soit produit par l'art et indépendamment de la vie, de la même manière qu'on prépare tout autre principe immédiat. » Les fermentations peuvent donc être assimilées aux réactions ehimiques, puisque les actions chimiques peuvent remplacer les fer- ments. Cette « force vitale, » qui nous paraissait si difficile à dé- mêler alors qu'elle résidait dans des organismes déjà compliqués, <[uoique d'une simplicité fort grande en apparence, a donc pu être ■disséquée, et on lui trouve, comme point de départ, soit des actions de contact, soit même, simplement, l'action de l'électricité, car M. Berthelot est parvenu à faire de l'alcool avec une dissolution sucrée où le ferment était la décharge électrique. En résumé nous pouvons dire : « l'étude des effets produits par 1. Colin, Fermentations in Mém. Soc. se. nat. de Seine-et-Oise, 1838. Mi) BOTANIOUE CRYPTOGAMIQUK ces ferments solubles est décisive, car elle prend les cas les plus simples, ceux dans lesquels l'analyse du phénomène peut être pour- suivie plus profondément; réludc-montre ([ue les ferments solubles une fois produits exercent leur action indépendamment de tout acte vital ulléi'ieur ; leur action ne présente de corrélation nécessaire à ré.uard d'aucun phénomène physiologique. Les résultats peuvent être l'eproduits par des procédés purement chimiques avec le concours des acides étendus. Or, il n'est point douteux que ces derniers agis- sent par action de contact. Dès lors, Tidcntité des effets obtenus sous l'inlluence des ferments solubles conduit à admettre Vanalogie des causes; dans les deux cas, mêmes éléments, mômes effets, le modificateur seul est changé.... Si une étude approfondie conduit à cette manière de voir, toutes les fermentations se trouveront ramenées à une même conception générale, et elles pourront être définitivement assimilées aux actions de présence provoquées par le contact des acides et des agents chimiques proprement dits. » 2° GÉNÉRATION ou MIEUX GeNÈSE. Nous avons ici Fheureuse fortune de trouver, à peu près, tous les auteurs en parfait accord. Les ferments pseudorganisés n'étant généralement pas reconnus comme des êtres vivants , les physiolo- gistes les ont abandonnés aux chimistes, qui les font naître tout sim- plement des corps inorganiques. Ces blastèmes, lymphes, glaires, plasmas, une fois formés, peuvent, dans certains cas, se concréter en granulations, éléments analomiques qui par conséquent procèdent médiatement des éléments inorganisés et sont créés , c'est-à-dire engendrés, spontanément par l'action des agents extérieurs sur la matière. Il y a donc bien là hétérogénie, puisque des corps, réputés inertes, peuvent par l'agencement particulier de leurs molécules donner des substances au milieu desquelles, par l'action continuée des mêmes agents extérieurs, apparaissent des pseudorganites. Cet accord des physiologistes a-t-il chance de se maintenir? Nous ne le pensons pas. En effet, si certains d'entre eux ont admis l'hété- rogénie de ces pseudorganisés, c'est qu'il était admis qu'ils n'étaient point vivants. Or nous avons vu qu'il y avait tendance à recon- naître de la force vitale dans des niicrozymas et dans des granulations protoplasmatiques. M. Chauveau, qui en 1871 pensait que ces pro- ductions étaient bien différentes des ferments figurés, a changé de manière de voir : ses corpuscules sont devenus des microbes ; dès lors surgit une hésitation sur l'origine : Comment des microbes PSEUDORGAlNITES — ZYMASES 371 doués de forces vitales proviendraient-ils d'éléments qui en sont dépourvus? « J'ai dit, en effet, qu'au lieu de constituer des êtres indépendants, doués d'une vie propre, que je n'hésitais pas à attri- buer aux ferments des maladies septicoïdes , les virus vrais pour- raient bien être le produit du protoplasma des cellules irritées pai- le contact de la matière infectante. Mais cette dernière vue n'éta- blissait qu'une distinction essentiellement provisoire entre deux catégories d'agents de même ordre appelés, par le progrès des études ultérieures, à se confondre dans une seule et même famille. Néanmoins, en voyant plus tard, dans l'écrit posthume de Claude Bernard sur la fermentation alcooli(iuo, comme notre grand physio- logiste s'est laissé entraîner à douer la matière protoplasmique ou la force plasmatiqiie des jus de raisins du pouvoir de procéder à la génération de la levure, j'ai songé à nos conversations sur les agents virulents, et je me suis demandé si je n'avais pas, à mon insu, contribué a engager dans cette voie le savant illustre qui voulait bien m'écouter ^ » Pour nous qui avons admis que la vie est partout et ilans tout, même dans l'inorganisé, il ne nous déplaît pas de voir avancer les limites du domaine des êtres vivants ; après y avoir englobé les zymases, on y recevra les blastèmes et les glaires, et chaque pas en avant dans cette voie donnera raison à notre manière de comprendre les choses. Les zymases naissent donc des éléments organisés et sont, comme tous les protoplasmes, tirées par eux de la matière minérale- Mais peuvent-elles se multiplier? Transportées dans un sol autre que celui où elles ont pris naissance, peuvent-elles se régénérer et se reproduire? On peut répondre par la négative; et ce caractère a même fourni à ceux qui veulent établir une limite entre les orga- nisés et les inorganisés des raisons pour rejeter les pseudorganisés pai-mi les êtres non vivants. Nous avons vu que les physiologistes n'ont pas tous partagé ces conclusions, et peut-être n'ont-ils pas eu toi't, car il y a des exceptions qui démontrent que, s'il n'est pas prouvé que la plupart des zymases puissent se régénérer et se mul- tiplier, la preuve est malheureusement faite trop souvent pour d'au- tres. En effet, si la diastase et les venins ne se reproduisent pas, bien plus, s'épuisent dans le sol où ils se trouvent accidentellement placés, il n'en est pas de même du virus de la rage ni de celui de 1. Cliaaveaa, Les virus, Discours au congrès de Y Association pour l\iva?ic. des sciences; session d'Alger, 1881. 3:2 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE la stomalilc, qui se multiplient et peuvent servir à nouveau à de nouvelles contagions. Comment les amorphes se propagent-ils? Comment sortent-ils du milieu où ils sont pour aller exercer leur action dans un autre lieu? Les ferments ligures, étant des organismes libres, pouvaient se pro- pager par toutes voies d'ensemencement, l'air, les eaux, le contact. Mais, pour les ferments amorphes, il n'en est plus ainsi : ce sont, en effet, des matières plus ou moins liquides, qui ne peuvent, en cet état, être propagées que par contact immédiat. Toutefois, il est bon de remarquer que les granulations plasmatiques, les microzymas i[ui entrent dans la composition de ces zymases peuvent être aussi emportés par l'air ou les eaux; et que si elles sont peu apprécia- bles à nos sens, il ne s'en suit pas que l'ensemencement ne se pro- duise pas. En résumé, la propagation des amorphes se fait : 1" par contact direct, par transport voulu, aussi bien quand le brasseur apporte de la diastase dans ses cuves à bière que lorsque le serpent frappe de ses crochets ou que le cliien enragé inocule son virus aux passants; 2° par transport inconscient, contact médiat, et alors ce sont les microbes qui leur servent de messagers. La question des contagions repose sur ce fait, autoui" duquel gravitent et la méde- cine et l'hygiène. Deux questions se posent : 1° Ces microbes, ces microscopiques dont les panspermistes se plaisent à peupler les circumfusa, sont-ils des ennemis ou des indifférents? ne les a-t-on pas trop légèrement accusés d'être des hôtes terribles, soit pour paraître avoir, enfin, mis un terme à toutes les investigations de natura morborum, soit pour se donner des airs de savants près de ceux qui n'ont pas de microscope ou ne savent pas le manier? 2" S'il est vrai que ce soient des ennemis, par quels moyens arrivent-ils dans l'économie ani- male qu'ils veulent attaquer? et comment y pénètrent-ils? En un mot, qu'est-ce que la contagion? A. — Existe-t-îl des ferments patliogènes? Les ferments de maladies existent; nous avons indiqué, pour chaque maladie, des microbes divers, et il semble bien, du moins à ne tenir compte que des formes, que ce sont ceux que nous avons trouvés dans les airs et dans les eaux (voy. p. 305), sur tous les objets qui nous environnent, et qui, de plus, se rencontrent nor- malement, à l'état de santé, dans la bouche, le canal digestif, le sang, la lymphe, etc., etc. Les ferments donnés comme ferments PSEUDORGAMTES — ZY.MASES 373 pathoc^ènes (tout comme les zymogènes, au reste) ne manquent pas, Lien au contraire. Or c'est précisément leur grand nombre, et, plus encore, la variabilité des formes rencontrées dans une même affec- tion qui a fait conserver des doutes, non sur la réalité de leur exis- tence comme microbes, mais sur leurs propriétés nocives et léthi- fères. On verrait un même microbe bien caractérisé donner toujours la même maladie ; il n"y aurait pas plus à hésiter qu'on n'hésite à reconnaître dans Tacare la cause de la gale, dans le poirier le pro- . Si iii.N(;Ai!, H.vi.i.iEit. Tiégel. — Dans les cavités respiratoires : Miqi i:l. — Dans la vessie : Salisblry (fig. 93, 94). Dans le sang : Lueders, He>se>, Nedvetzki. Billroth. — CiiALVKT, Lewis (fig. 98). o y^li<, D v,^ Kifr. 97. — Leptothrix buccalis Ch. Rob., il'après M. Charles Robin. Trouvé dans les liquides de la cavité buccale des per- sonnes en parfait élat de santé. Fig. OS. — Bacillus ? Trouvés dans le sang d'animaux sacrifiés en pleine sanlé, d'après M. Richard Lewis. « M. Pasteur affirme que le charbon est toujours produit par la Bactéridie. J'affirme qu'il se trompe, et je le prouve. Il est démontré que, sous l'influence du travail digestif, des Bactéridies se forment dans l'intestin. Ces Bactéridies sont absolument pareilles à celles qui nagent dans les lii|iii(les charbonneux; je défie M. Pasteur de dis- tinguer les unes des autres. Eh bien, les unes donnent le charbon, les autres ne le donnent point; il n'est donc pas exact de dire que la Bactéridie donne toujours le charbon, Donc la Bactéridie A, que vous ne pouvez au premier abord distinguer de la Bactéridie B, ne donne pas le charbon, ce qui contredit votre proposition; mais, si on l'inocule à certaine dose, elle produira la septicémie. Ce n'est pas tout : voici du sang pris sur un animal charbonneux et contenant des Bactéridies; je l'inocule, il ne produit pas le charbon*.... » 1. Robin (Gli.j, Traiti- du microsrofif, 1871, pag. 926. 2. Colin (G.), Discussion sur le churbun, Acad. de niod., 18 janv. 1881. PSEUDORGAMTES — ZYMASES 377 » A propos de l'intermittence des lièvres dans lest|uelles on rencontre iQsSpirocItœtc, le même savant a pu saisir dans le sang des malades le mode de disparition de ces microbes, qui ne se montrent qu'au moment des accès et disparaissent dans les intervalles, pour repa- raître à une nouvelle crise (page 300;. « La conclusion à tirer de celte observation, dit l'auteur, est que, lorsque le sang se trouve dans une condition encore indéterminée, il devient impropre à l'existence des Spirilla, et que dans ce cas les fibrilles subissent une segmentation, et les plastides séparées disparaissent de la même manière que les autres plastides (petites Bactéries, etc.), lesquelles disparaisst^nt très rapidement après avoir été introduites dans la circulation Quoi qu'il en soit, il est clairement évident que leur existence comme Spirilla est indépendante de la composition des liquides du corps. » De ce qui précède, il ressort peut-être que les microbes n'ont pas toute l'importance que voudrait leur donner une certaine école, puisqu'ils descendraient du rang de causes à celui d'épipbénomènes, c'est-à-dire d\'ffets;nvàh [\ ne ressort pas qu'ils n'aient jamais que ce rôle etTacé. Les cultures artificielles prouvent que la plupart peu- vent vivre dans des milieux autres que ceux qui leur ont donné naissance, et l'expérience démontre qu'ils peuvent, à l'état de fer- ments figurés ou de ferments amorplies, être inoculés, c'est-à-dire portés d'un individu malade à un individu sain. D'un autre côté, l'induction donne de fortes présomptions pour admettre que ceux 1. Lewis (T.-Richard). Les microphytes du sang. Trad. in Rev. inteim. des: se. 1880, V, pag. 351. 378 lîÛTANIQUE CRYPTOGAMIQUE qui, étant figurés, peuvent être emportés à travers les espaces et y rester à l'état de vie latente, lorsqu'ils trouvent un sol préparé, y germent, iléterminant par leur présence dans l'organisme pré- disposé une maladie qui, sans leur arrivée, ne se fût peut-être pas développée par les seules forces de la nature. Ces germes de maladies sont nommés contages : contagium lirum ou contagmm animât uni . Lucrèce dit : Primuin multarum semina rerum. Esse supra docui qufe sunt vitalia nobis; Et contra qute sint morbo mortiqiie, uecesse est Milita volere : eariim casu sunt forte coorta, Et perturbant cœlum, fit morbidus aër. B. — Comment les ferments pathogènes se propagent-ils? Que devons-nous entendre par contagion? La question est bien controversée. Cfr. Fernel, Lind, Adams, Nacquart. Rocheux, Anglada, Hardy et Béhier, Bouillaud, Dieulafoy, etc. Nous ne discutons pas les limites qu'on a données au groupe des maladies contagieuses; nous nous limitons, ici, à étudier celles qui ont quelque rapport de causalité avec les protorganisés-protophytes dont nous nous sommes occupés. C'est pour cela que, si nous y faisons rentrer les envenimations ; par contre, nous n'y gardons pas les ma- ladies oîi la contagion est dite nerveuse. Nous ne voulons pas dire, pour cela, qu'on ne trouvera jamais moyen d'expliquer par une contagion vraie ces phénomènes si curieux qui commencent au tic, au bùillement, pour finir aux convulsions du cloître Saint-Merry ou aux hallucinations des nonnes de Loudun ' ; très certainement, nos sens, moins parfaits que ceux de certains animaux, nous ser- vent mal, et nous sommes obligés d'appeler à notre secours des intrinnents (jui les renforcent et élargissent nos horizons. Mais, pour l'instant, restons dans les limites du connu et appelons conta- gieuses toutes les maladies qui peuvent être produites par l'action d'un contayium protorganisé-protophyte. N'oublions pas que nous faisons de la cryptogamie et non de la pathologie. La contagion sera pour nous : la transmission des contages ou fei'- 1. Beruutz, De la contagion nerveuse et. de /'imitât io7i dans leurs rapports avec la propagation des maladies nerveuses, in Bull. Arad. de méd., 1881, XXVI, pag. 818. PSEUDORGANITES — ZVMASES M'J ments pathogènes. Ainsi comprise, la contagion nous laisse encore bien des questions à examiner. Comment et par (juelles voies peut se faire la contagion ? Le moyen le plus certain est l'introduction directe et voulue du ferment dans le sujet à contagionner : rage, envenimation. Ensuite, vient le con- tact immédiat dans le(|uel l'inoculation se fait inconsciemment : ainsi se propage la syphilis. Dans ces cas, bien heureusement, il n'existe pas de microbes qui, devenant libres et voyageant dans les airs, puissent aller porter au loin ces terribles alfections, comme cela arrive pour la plupai't des autres ferments de maladies : variole, rougeole, scarlatine, choléra, etc., etc. Ce qui constitue le troisième mode de propagation : contagion médiate. Par quelles voies les microbes se propagent-ils? Lors(|u'il s'agit de maladies ayant leur siège sur la peau, comme la teigne, la iiien- tagre, etc., il est facile de comprendre comment des spores apportés par Talmosphère ou de toute autre façon se déposent sur les points d'élection et germent si le sol leur semble convenable. Mais, lors- (|u"on a alïaire à des maladies qui ont pour siège le sang et les humeurs, la (juestion devient plus compli([uée, et ceux qui veulent tout expliquer par l'introduction des microbes sont fort embarrassés et arrivent à des combinaisons (jui dénotent chez leurs auteurs, tout au moins, une grande fertihté d'imagination. Certains veulent que les germes viennent charriés par les airs, tandis que d'autres déclarent ce mode de transmission impossible. Ainsi MM. Lemaire, Cloez, Terreil et Gratiolet disent que la vapeur d'eau et les gaz qui se dé- gagent de toute matière en fermentation les répandent dans l'atmo- sphère. MM. Burdon-Sanderson, Cohn et P. Miqucl prétendent le contraire. Ce dernier Jil, à propos de ces mêmes miasmes marem- matiques : « Je prouverai, contrairement à l'opinion de plusieurs auteurs, que la vapeur d'eau qui s'élève du sol, des fleuves et des masses en pleine putréfaction est toujours niicrographi(iuemenl pure. » Et il ajoute : « Je prouverai que les gaz qm proviennent des matières ensevelies en voie de décomposition sont toujours exempts de Bactéries, que l'air impur, lui-même, qu'on dirige à travers les viandes putréfiées, loin de se charger de microbes, se purifie entiè- rement, à condition que le filtre infect et putride soit dans un état d'humidité comparable à celui de la terre puisée à 0'",30c de la sur- face du sol 1. » 1. Miqiiel (P.), Des Bactéries atmosphériques, in Compt, rend. Acad. des scien., 1880, XCI, pag. 64. .m BOTAM(jUE CRYPTOGAMIQUE Action des microbes sur les plaies. — Alarmes chirurgicales des chimistes : Pastei it, Tvm)ali,, Drci.Aix, etc. — Du panse- ment ouaté; Déclat et Lister. — Opinion des chirurgiens : GossELiN, Skdillot, Demauquay, Introduction des microbes par les voies digestives : DAVAmE , L.\FOSSE, Pasteur, CiiAMUERLAiND et Roux, Bouley, Séguin, Leudet, etc.. etc. — Opinion contradictoire de Kocii, Cossart-Ewart, Klein. Dans toutes ces discussions sur les modes de contagion, nous voyons deux écoles en présence. D"an côté sont les partisans, quand même, de la pathologie animée : sans microbes, impossibilité de mourir, voire même de vivre. De l'autre, se trouvent les spontéparistes pour lesquels le microbe n'est rien qu'un effet, un épiphénomène, dont il n'y a pas à tenir compte. Pour les uns, les microbes invisibles, éternels, résistant à toutes les causes de destruction, au feu, àl'eau^ au froid, à des compressions énormes, sont partout, dans les eaux, dans la terre, dans tous nos aliments, dans tout ce qui nous entoure ; l'atmosphère en est remplie, et là ils guettent leur proie et s'abat- tent sur elle pour l'infecter et la tuer. Pour les autres, le microbe n'a rien d'extraordinaire : c'est un produit vivant qui se forme norma- lement dans un grand nombre de circonstances et qui ne fait que parti- ciper momentanément à l'empoisonnement dont est frappé le corps (jui le porte. Peut-être voyage-t-il. Mais cela n'a aucune portée pa- thologique. Lemédecin ne peut resterdansfincerlitude oùle laissentces contra- dictions. Deux questions se trouvent liées à la présence des protorga- nisés pathogènes. C'est l'idée que nous exprimions déjà en 1869'. « La maladie se développe-t-elle par leur action? sont-ils causes? Ou bien se développent-ils parce que la maladie existe? sont-ils effets? S'ils sont causes, comment expliquer leur transmission dans les ma- ladies contagieuses et épidémiques; s'ils sont eff'ets, comment expli- quer leur formation dans les organismes malades? Au point de vue pratique, la question doit être élucidée ; car, si la reproduction par germes et, par suite, la contagion médiate sont prouvées, tous les moyens thérapeutiques devront tendre à empêcher ces germes d'être apportés du dehors, et l'on comprendra les précautions hygiéniques telles que : quarantaines, cordons sanitaires, etc. En second lieu, lors- 1. Marchand (Léou), De la reproducti.o7i des animaujc infusoives. Thèse con- cours agrégation, Faculté de médecine, 1869. PSEUDORGANITES — ZYMASES 381 que Ton n'aura pas réussi à les empêcher de s'introduire dans un lieu et de l'infecter, ce sera encore contre eux qu'on dirigera les agents médicamenteux, car l'important sera de les détruire. Mais si, par contre, il est prouvé que la genèse se fait par organisation de la matière organique ou inorganique dans des milieux favoi'ables, et qu'ils ne sont que des effets, alors le médecin devra changer son mode de défense. Il s'attachera à changer les milieux de produc- tion, à les rendre impropres à l'apparition du fléau, et, surtout, il se gardera de perdre un temps précieux à attaquer des germes illusoires et hypothétiques. Ce serait donner à l'ennemi le temps de s'établir dans la place, le seul moyen n'étant alors, qu'on me par- donne une expression triviale peut-être, mais vraie, le seul moyen n'étant, dis-je, (jue de lui couper les vivres. » Les microbes sont-ils causes ou sont-ils effets? Pourquoi ne se- raient-ils pas l'un et l'autre? pourquoi le contatjium livum (qu'il soit Schizomycète ou Sc!iizoi)hycète, ferment proprement dit ou fer- ment pathogène) ne serait-il pas d'abord effet, et cause par la suite? Les oviparistes répondent : parce (ju'il faudrait admettre l'Iiélérogé- nie ! En telle occurrence, que disent les faits? Un individu passe dans un marais; il est atteint de lièvre inter- mittente; deux, trois, dix individus sont frappés dans les mômes conditions. On est en droit de conclure que ce marais est vicié et ((u'il produit des émanations qui contiennent un principe délétère qui rend malades ceux qui s'y exposent. Le vent s'élève, souffle sur le marécage et traverse la vallée à une certaine hauteur ; sur son passage, il sème la fièvre intermittente. De ce second fait, on peut conclure que le principe mor])ilii|ue peut se transporter d'un lieu à un autre. Le marais a produit un contaijiiim, ou germe de maladie qui peut voyagei" dans l'atmosphère ou être transporté de toute autre manière, par les foins, etc., etc. Un soldat dans un camp, sous l'influence d'une mauvaise hygiène, est pris de typhus. La maladie peut être limitée à lui, mais le plus souvent elle s'étend à un grand nombre de ses camarades : il y a endémie, ce qui peut s'expliquer par ce fait que tous les soldats étant soumis aux mêmes conditions hygiéniques ont été frappés comme le premier atteint, la chose se passe de même pour la fièvre jaune, etc. Toutefois, on constate, un beau jour, qu'un individu malade, trans- porté dans un pays où les mêmes conditions hygiéniques n'existent pas, contagionne la localité : il est impossible de n'en pas conclure qu'un élément nocif a été introduit par lui et s'est attaché sur des individus sains pour les rendre malades. Le contagium a été ense- 382 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE menct^ par le premier infecté. On a vu de ces contaginm, enfermés dans la cale d'un navire, attendre pour sortir et faire leurs ravages que le navire soit entré au port d'arrivée. Le miasme peut être mis en bouteille, s'il faut en croire Marchai de Calvi. Le contaginm rknm existe donc bien et peut être transporté d'un lieu à un autre et, s'attachant à un individu en santé, le rendre malade et parfois le tuer rapidement. Dans des conditions res- treintes d'empoisonnements multiples, on dit qu'il y a endémie: le premier malade a fait tache d'huile, comme le phylloxéra. Mais il n'en est pas toujours ainsi . Au lieu d'un microbe s'installant dis- crètement dans un pays, on peut en voir d'innombrables quantités s'abattre en même temps au même lieu, apportés par les vents, comme le contarjivm de la fièvre intermittente, infecter des popu- lations entières, mais avec cette différence que, tandis que le con- tage de la fièvre intermittente s'épuisait, ceux dont nous parlons, et qui seront, par exemple, ceux du choléra, se multiplient à chaque étape et reprenant des forces, vont s'appesantir plus loin, ne s'arrê- tant que lorsque le terrain vient à être par trop impropre à leur nutrition. Alors les fléaux qu'on nomme des épidémies s'éteignent, et les contages s'amoindrissent, se font bénins et disparaissent, le microbe n'est plus. Les contages sont vulgairement connus sous le nom de miasmes quand ils peuvent être propagés par contact médiat, et sous celui de virus quand ils réclament un contact immédiat, c'est-à-dire le contact d'individu à individu, de la personne malade à la personne saine. Cette division n'est pas suffisante pour comprendre tous les contages; on doit ajouter les effluves et les venins: encore avec cette classification, il ne nous sera pas possible d'étabhr des cadres bien limités; on passera, comme toujours (voir page 2o), d'une classe à l'autre par nuances insensibles. Les effluves conduisent aux miasmes^ ceux-ci aux virus, et les virus passent aux venins. a. Effluves ou miasmes maremmatiques : Cachexie palu- déenne, malaria : Caractère des effluves, leur trans- mission : A. Galtiei!. b. Miasmes. Observations de Lemaire. Chalvet, 3Iiquei.. c. Virus. Lombrics, messagers des virus, P.\stelt.. — Pas- sage des Virus aux venins. d. Venins. On peut classer les maladies contadeuses de la manière suivante : PSEUDORGAMTES — ZVMASES 383 TABLEAU DES MALADIES QLE L ON REGARDE COMME CAUSEES PAR DES PROTORGAMSÉS-PROTOPHYTES Dans les maladies Paî-asitaires Teigne, mentcigre, pity- riasis, etc. Ef'fluviques . Effluvo-miasmatiques. Miasmatiques Virulentes , Virulento-venimemes. Fii'vres intermittentes, fièv. rémittentes, etc. Fièvres pernicieuses des pays chauds, fièvre jaune, peste, choléra. llougeole , scarlatine , variole, fièvre puer- pérale, diphtliérite , lièvre typhoïde, char- bon , pustule mali- gne, cow-pox, horse- pox, etc.^ etc. Vaccin, morve, farcin, syphihs, etc. Rage. Venimeuses Envenimations. Les ferments : Naissent au dehors de l'économie ani- male. Vivent eu pa- rasites sur les tégu- ments et se propa- gent d'un iudividu malade à un indi- vidu saiu. Naissent au dehors de l'économie ani- male, vivent (Z«?i5 les humeurs du corps, ne se transmettent gé- néralement pas. Ditl'èrent des précé- dents en ce qu'ils se traasini'tlfnt par les milieux. Naissent patlioloçfi- qwinmit d'' l'éeoîio- III ïp animale, y vi- vent.s'y développent et se transmettent aux individus sains par les milieux. Ditlerent des précé- dents eu ce qu'ils ne se transmettent que par contact. î^ait pathologiqurment de l'économie ani- male, y vit, s'y déve- loppe, ne se transmet que par contact im- médiat, par déchi- rure de la muqueuse. Naissent physiologi- quement de l'écono- mie animale et ne diffèrent que par là des précédents. y; 3 5C l ""^ \ -n Cf; 3 i) a> o ^ \ -: i- .^ 1 ^ es te o "3 L'existence de différentes espèces de contages et leurs voyages semblent donc indiscutables; mais ils ne suffisent pas, toutefois, à prouver l'apparition de toute maladie. D'abord, peut-être, a-t-on attaché une trop grande importance à ces déplacements, à travers les espaces, de ces microbes létliifères. « Eh quoi ! ces infusoires, ori- ginaires des Indes (ceux du choléra), susceptibles de se reproduire et de vivre dans Fextrême Nord, voltigeant sur l'Océan contre le cours des vents alizés, franchiraient le Caucase et les Alpes ; toujours in- visibles, ils occuperaient, d'une manière merveilleuse, les voies de communication et resteraient pour étendre leurs ravages là où arri- 384 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE veraicnt des malades atteints de diarrhée cliolérique; ils suivraient les voyageurs, le transport des prisonniers des contrées où règne le choléra, dans leurs étapes consécutives? Ce sont là des vues chimé- riques M » Bien d'autres assertions de la pathologie animée sembleraient aussi chimériques que celle-ci, si Ton voulait les examiner à fond; mais il n'entre point dans notre rôle d'engager ce débat, d'autant plus inutile qu"il nous semble reposer sur la fausse idée qu'on se fait du contagiiim, par suite de l'exclusion systématique du contage pseudorganisé. On ne veut faire entrer en ligne que les ferments ligurés, et ce sont les ferments non figurés qui doivent être pris pour point de départ. Tout le monde accorde que ces ferments se forment naturellement dans Péconomie, tout le monde reconnaît qu'ils peuvent, par contact, produire des maladies analogues à celles que produisent les ferments ligurés; pourquoi les exclure? Ne sont-ils pas bien plutôt comme les contages initiaux, les plus simples, les plus rudimentaires, ceux, par conséquent, qui doivent nous donner la clef de la manière de faire de tous les autres? Cela ressort de l'étude du tableau que nous venons de donner. On y voit, en effet, la propriété de contagion augmenter à mesure que l'on s'élève des venins aux effluves. D'abord il faut le contact immédiat, puis les contages deviennent plus libres de leurs mouvements : les plus inférieurs s'éloignent peu du sol qui les a vus naître; les supérieurs s'ébattent à travers les airs et se transportent à de plus grandes distances. Que manque-t-il aux premiers pour jouir des mêmes propriétés contagieuses que les derniers? Il ne manque que d'être des éléments figurés. Peut-être, trouvera-t-on un jour un venin à éléments figurés, qui deviendra transmissible par contact médiat; en tout cas, il est à peu près certain que les maladies réputées à éléments ligurés ne le sont pas toujours. C'est ce qui expliquerait pourquoi elles ne sont pas nécessairement contagieuses. Il y a des circonstances où elles sont sporadiques; il n'y a pas d'éléments figurés livrés à l'atmo- sphère et charriés par elle vers des individus sains. Cela arrive, parfois, pour l'érysipèle, la rougeole, la scarlatine, etc. Tout contagium commencerait donc par être amorphe, non conta- gieux, puis, suivant les cas, en raison, surtout, des conditions exté- rieures, il deviendrait figuré contagieux. Dans l'amorphe, lymphe ou blastème, se formeraient des microbes qui pourraient, devenant i. Griesiuger, Traité des tnaladies infectieuses, trad. Lemaître, pag. 420. PSEUDORGAMTES — ZYMASES 385 libres, transporter le venin du blastème renforcé, car l'organisation lui donne des facultés plus actives et, entre autres, celle de pouvoir se multiplier s'il trouve un terrain propice". Dans ce cas, il s'im- plante, il germe, il envahit le sol en déterminant de proche en proche l'irritation du blastème. C'est la période d'incubation. Si le sol ensuite ne lui fournit pas assez d'éléments de vie, il perd sa (|ualité d'élément figuré, ses propriétés actives, il s atténue, repasse à l'état d'amorphe, s'épuise et disparaît. Cfr. : Expériences de r,n wvir/ sur l'infection des spores de Champignons en culture pathologique. Sous sa forme perfectionnée, le microbe tient à son intérieur le virus amorpbe et peut, en cet état, le garder indéfiniment, pour ain.si dire : le contage est comme enkysté, il ne périt que si les circon- stances sont trop défavorables. On peut le transporter en bou- teilles, ou bien il peut venir d'.\méri(iue au Havre à fond de cale (voir page 382). Les vents, les eaux peuvent lui servir de véiiicule; il peut avec les poussières s'attacher à tous les objets. Sous sa forme amorphe il naît de l'économie animale, par suite de l'action des éléments extérieurs sur les miUeux. Il se forme de toutes pièces, ainsi que tout le monde le reconnaît; une fois né par bétérogénie, il s'organise si les conditions sont favorables, et on le trouve dans les humeurs et dans les tissus. Voilà comment s'expHque la genèse spontanée des maladies, sans qu'il soit besoin d'invoquer les germes latents qui se réveilleraient de leur engourdissement à certains instants. M. Boëns s'exprime ainsi : « Certes tout procède d'un germe antérieur, s'il vous plaît de reconnaître que, rien ne se formant de rien et ayant toujours été de toute éternité, chaque être nouveau est un composé d'atomes qui existaient avant lui. Mais, si vous entendez par germes préexistants un individu microbe, un sperma- tozoïde, organisé de la même manière que le sujet qui en résulte, ayant même propriété et même substance, vous restreignez le domaine de la panspermie en lui enlevant toutes les productions d'objets ou d'êtres qui ne sont pas absolument semblables aux élé- ments dont ils sont issus, et vous méconnaissez la loi générale nécessaire de l'évolution, dont les phénomènes, infiniment variables dans le temps et l'espace sans fin, se déroulent sous nos yeux durant le cycle éphémère de notre existence, en vertu du principe éternel de V attraction moléculaire *. » 1. Boëns, La génération spontanée, la panspermie et l'évolution, à propos d'un cas de variole spontanée, ia Journ. Micrographie, V, pag. 383. 386 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE Les contages peuvent dans un même blastème prendre les formes diverses de granulations moléculaires, de microzymas, de Micro- coccus, de Bacteniim, de Bncillm, de Leptothrix, etc., etc. Ils affec- tent la disposition en zooglfea ou en chaînettes. Cela nous explique le peu de concordance que nous avons trouvé entre les auteurs qui traitent ce même sujet. On conçoit que devant cette diversité do forme on ait pu demander que le rôle physiologique seul décidât de la nature du ferment; en effet, c'est le blastème, l'amorphe emporté par le microbe qui décide de la nature do l'affection. Mais, du même coup, on s'explique comment il ne peut y avoir de spécificité figu- rative. C'est ce que M. rScegeli confirme dans ces termes : « Je suppose, dit-il \ que les Schizomycètes acquièrent des carac- . tères d'adaptation plus ou moins prononcés, suivant que pendant un plus grand nombre de générations ils se nourrissent des mêmes aliments. Le même Schizomycète vivrait donc tantôt dans le lait en formant de lacide lactique, tantôt sur la viande en produisant la putréfaction, tantôt dans le vin en lui faisant subir la transformation visqueuse, tantôt dans le corps humain en occasionnant telle ou telle maladie. » De cette manière de comprendre la pathologie, il ressort que l'éco- nomie animale n'est plus simplement passive et qu'elle n'est pas fatalement soumise à tous les caprices des microbes ; que, loin de là, c'est elle qui leur commande ; elle les crée lorsque les circons- tances extérieures l'impressionnent de certaines façons, et, dans d'au- tres cas, c'est en vain que les microbes l'assiègent. Il faut, pour qu'ils soient reçus et hébergés, qu'il y ait une prédisposition : c'est-à-dire qu'il est nécessaire que le terrain soit pi-éparé pour les recevoir. Les chimistes et certains médecins oublient trop ce facteur, qui dans le problème en discussion est le plus important. Ces considérations dominent l'hygiène et la thérapeutique. RÉSUMÉ. L'étude des ferments figurés nous a conduit ù rechercher quel pouvait être le mode d'action de la matière contenue dans l'intérieur des cellules qui les constituent; c'est pour cela que nous avons abordé l'examen des ferments amor- phes ou zymases. 1. Ntegoli, in Rev. ini'^m. des Se. bioL, 1878, pag. 111. s PSEUDOPiGANITES — ZYMASES 387 Cet examen nous a conduit à deux conclusions princi- pales : 1° Les zymases sont les causes efficientes des fer- mentations; 2° la membrane qui, dans les ferments figurés, les entoure et les isole leur donne le moyen de sortir du mi- lieu qui les a formés pour aller, par contagion, opérer au loin des fermentations identiques ou analogues à celles qui les ont fournis; de plus, elle imprime à leurs actions un caractère d'activité et de régularité en rapport avec le degré de perfectionnement qu'elles représentent et qui se maintient tant (|ue les conditions qu'ils rencontrent sont les même que celles qui ont présidé à leur naissance. Si ces condi- tions cessent d'exister, les ferments figurés perdent l'organe de perfectionnement d'abord, retournent ii l'amorphe et se résolvent, ensuite, en leurs éléments premiers. 11 est possible de suivre, pour ainsi dire pas à pas, tous les progrés de ce perfectionnement organique, et de comparer ses résultats physiologiques : Que des éléments inorganiques, formant un sol fermeu- tescible, rencontrent des conditions extérieures particu- lières, alors, par actions de contact, ils donnent des fer- mentations restreintes : le sol a été obligé de tout créer. Que, dans les mêmes conditions, on ajoute une matière azotée artificielle, la fermentation se fait plus vite et marche mieux. Qu'on remplace la matière azotée artificielle par une matière azotée venant vivre, les phénomènes deviennent plus actifs; et, si la matière azotée toujours amorphe est vivante, ils se montrent, tout de suite, bien plus réguliers et bien plus complets. Qu'on remplace la matière amorphe par une cefiule vivante et ne demandant qu'à continuer sa vie de spore, de Champignon, de fovilla, etc., la nouvelle complication née 388 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE de la présence de l'enveloppe, par suite des besoins d'échange (|iie celle-ci exige pour vivre, amène dans le sol fermentes- cible une activité de dédoublement plus grande que toutes celles que nous avions encore. Enfin, qu'on arrive à prendre une cellule^ nous ne dirons pas spéciale, mais appropriée, un ferment, un Saccharo- myces par exemple, qu'on le mette dans un sol appro- prié lui-même, et alors, au lieu d'actions indécises, dues à une vie de hasard, à des circonstances fortuites, on aura des actions nettes, réguhères, complètes : les fermentations se feront dans toute leur plénitude et dans toute leur perfec- tion. Non seulement la cellule travaillera pour ne pas mou- rir, mais dans son élément, dans son milieu, servie par des circonstances favorables, elle grandira, s'accroîtra, se mul- tipliera. El](» fera non seulement de nouvelles quantités de matière amorphe, mais, en même temps, elle formera des enveloppes cellulosiques, et, chacun des descendants agis- sant de même à son tour, la nudtiplication ne s'arrêtera que lorsqu'il n'y aura plus d'aliments ; tout le sol fermentescible étant aussi usé que possible : la fermentation sera complète. Dans les fermentations, le ferment figuré est au ferment amorphe ce que, dans la construction de nos habitations, l'architecte est au manouvrier qui peut tout faire, il est vrai, mais qui ne fait rien d(^ fini et de conqDlet. Cette comj)araison nous tait conq)rendre comment la théorie chimique a raison cpiand elle ramène tout à des actions de contact, et comment la théorie vitale a raison en prétendant que le ferment figuré est surtout apte à pro- duire telle ou telle fermentation, et que la fermentation est corrélative d'un acte vital. Le ferment figuré s'épuise quand il ne trouve plus les con- ditions favorables à son développement, la cellule meurt PSEUDORCANITES — ZYMASES 389 (voir page 331 j, les éléments retournent à l'amorphe; en cet état, il est encore ferment, mais un ferment atténué^ déter- minant des actions incomplètes. Cette considération nous a amené à regarder la création des vaccins nouveaux comme basée sur un retour des virus morbifiques figurés à l'état de virus amorphes par des cultures débilitantes, hypothèse qui se trouve en partie justifiée par le retour de ces vaccins a l'état de virus renforcés quand ces amorphes ont rencon- tré des sols propres à l«Mir Tevivificatioii ou réfUjvra- l'ion. Les ferments figurés peuvent, dans les épidémies a formes légères, servir de vaccins, parce qu'ils sont dans ces cas des virus atténués. Le virus de la rage, quoique fer- intMit amorphe, peut êti-e atténué par cei'taiiis procédés et devenir vaccin; il est à espérer qu'il ne donnera jamais, par contre, naissance ii des Bactéries, ce qui amènerait di'^ épidémies de rage qui seraient terribles. Ce que nous venons de dire, sans infirmer la théorie (jui sépare les ferments qui s'épuisent de ceux qui se multipiit'nf. rend tout à fait impossible une classification basée sur ce caractère : suivant les conditions dans lesquelles on les iiieL les figurés se font amorphes et s'épuisent, et les amorphes, comme nous l'a montré M. Béchamp , s'organisent et peuvent se multiplier. Les Microzymas peuvent évoluer en Bacterium, Spirillum^ etc., etc., et les Bacteriurn , Spirillum, etc., rétrograder à l'état de Microzymas. Ces disparitions et ces résurrections successives, constatées dans les fièvres récurrentes et intermittentes, permettent d'ex- pliquer, par extension , comment le sang et les autres humeurs peuvent, suivant les conditions de milieux qu'ils rencontrent, présenter des microbes ou n'en pas contenir, de sorte que les microbes seraient , souvent , plutôt des effets que des causes de maladies. 390 BOTANIQUE CKYPTOGAMIQUE Les microbes des fermentations chimiques, physiologiques cl jiuthologiques étant des effets, les interprétations des pan- spermistes se trouvent être, par là, infirmées : ce qui a une très grande importance en pathologie car : 1° s'il est admis que les milieux du corps humain peuvent créer, sous Faction des agents extérieurs, des maladies, alors le rôle du méde- <'in reparaît dans toute son intégrité : hygiéniste, il doit veil- ler à ce que les conditions soient telles que les maladies ne se montrent pas ; thérapeutiste , il doit agir de façon à annihiler leur action ; 2° s'il est prouvé que sous certaines iiitluences les amorphes évoluent en ferments figurés, ce qui leur donne la faculté d'emporter au loin, sous leurs enve- loppes, les germes de certaines maladies, Thygiéniste doit établir des cordons sanitaires pour empêcher l'invisible ennemi d'entrer dans la place et, en môme temps, lui rendre le terrain fermentescible aussi défavorable que possible, pen- dant (|ue 1(^ thérapeutiste cherchera dans ses arsenaux tous les moyens propres à le déloger ou à le détruire s'il par- venait à entrer dans la place. Il semble donc juste que la médecine parasitaire ou microbiotique reste ce qu'elle a toujours été, un simple département de la pathologie générale. Il faut se gai'der d'exagérations dangereuses. Qu'on trouve des microbes dans les maladies, rien de mieux; mais que ces microbes soient fatalement la cause efficiente de la maladie, non pas : pas plus qu'il faut voir, toujours et quand même, dans un microbe figuré la cause efficiente de toutes les fermentations chi- miques. Le microbe jjeut accidentellement être cause; plus souvent^ il est effet. La médecine est obhgée, pour progresser, d'entr'ouvrir ses portes à beaucoup de proftuies qui faident de leurs connaissances dans les matières diver- ses qui sont les fondements sur lesquels elle s'appuie. PSEUDORGANITES — ZYMASES 3Jl Quelques-uns, heureux d'apporter leurs travaux, laissent à ceux qui sont compétents le soin d'en tirer parti ; cela est bien, mais, malheureusement, il n'en est pas ainsi de tous : certains, par exemple, parce qu'ils ont fait bouillir de l'urine dans des ballons ou bien parce qu'ils ont empoisonné quel- ques lapins, s'arrogent le droit de discuter pathologie. Cela est fâcheux car, si la science chimique leur doit des décou- vertes , la science médicale doit leur inq:)uter bien des erreurs. Tout compte fait, l'intrusion des inconqjétents amène plus de donnnages que d'avantages, comme le (ht M. Jousset de Bellesme. De ce qui précède, d résulte donc encore que la Uiéorie chimique et la théorie vitale, loin de s'éhminer et de s'exclure, se complètent. Il n'y a plus, en effet, à mettre en avant la distinction d'organisés et d'inorganisés, puisi^ue les vitalistes adnu^ttent la vie dans les amorphes, soit qu'ils y voient des gramdations moléculaires, microbes-ferments, soit qu'ils les nomment microzymas. La « force vitale » ne peut donc plus être invoquée, lamorphe vit, organise des graïudes plasnuques qui peuvent donner des Bactéries, des Saccha- romyces. Or l'amorphe, qui l'ait fermenter les sols fermen- tescibles sous l'intluence des agents extérieurs, tout comme le figuré, quoique d'une façon incomplète, lui est inférieur en organisation : d'où nous concluons que les manifestations vitales se produisent en raison directe tlu perfectionnement organique. D'autre part^ les amorphes, dans leurs actes, se conduisent comme des substances minérales ; celles-ci pro- duisant leurs phénomènes par catalyse, il y a lieu de croire que c'est par catalyse que ces mêmes phénomènes se passent dans les amorphes d'abord, dans les figurés ensuite. La vie serait donc le produit de phénomènes de contacts des élé- ments minéraux des corps. La comphcation des organisa- 392 BOTANIQUE CKVPTOGAMIQUE lions déterini liant, engendrant des phénomènes plus com- plexes, amènerait des distinctions entre les êtres et ferait croire à des limites qui n'existent pas entre eux. Nous admettons, par conséquent, une liaison entre les fermentations obtenues avec des éléments minéraux et des principes purement artificiels, et pour nous la vie ou fer- mentation qui s'y développerait serait les linéaments de celle qui se montre chez les organisés. Mais peut-on passer ainsi de la zymase à la matière minérale? La matière amorphe, vivante et organisée pour les uns, non vivante et inorganisé*' pour les autres, est une matière organique pour tous, et la question qui se pose est celle-ci : Les minéraux peuvent-ils engendrer les zymases? C'est ce que nous allons rechercher maintenant, en étu- diant les Blastèmes, dont les Zymases ne sont que des va- riétés. CHAPITRE ÏT BLASTEMES CAHACTEHES CEAEliAiX. Les Zymascs, flont nous venons de retracer riiistoire, doi- vent paraître de singulières substances; nous leur avons reconnu, en etïet, de bien étranges propriétés. Gréées de toutes pièces, le plus souvent au milieu des tissus végé- taux ou animaux, amorphes par nature, elles possèdent l'im- portante fonction d'engendrer des êtres aux formes les plus variées, qui, après quelque temps, peuvent se fondre de nouveau, reprendre leui' pi-emier état et disparaître sans laisser de traces sensibles. De plus, phénomène aussi curieux, les êtres ainsi créés se présentent avec des formes identiques, quelle que soit leur origine. Existe-t-il donc des Spirochsete, des Spirlllam, des liacil/iis, des Bacte- riitm^ qui soient tantôt des microphytes, tantôt des micro- zoaires? Cette hypothèse est contredite par la liaison qui se trouve étabhe entre ces microbes et les Algues inférieures (voir page 239). Il ne reste donc qu'à reconnaître que le plasma, qu'il soit de nature animale ou qu'il soit de nature végétale, engendre des Microphytes qui tous rentrent dans le groupe des Cryptogames. Cette conclusion peut soulever des récriminations de la part de ceux qui veulent que tous les êtres proviennent de 394 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE parents semblables à eux (comme forme; ; aiissi^ repoussant cette hypothèse, qui n'est autre chose que l'exagération de la théorie de la umtabilité des germes (voir pages 229, 308j, se rejettent-ils sur celle du panspermisme et de l'ensemence- ment; mais la difficulté de Tinterprétation ne s'en trouve que reculée. Car lorsqu'on aura admis qu'un microphyte : Sjyi- 7'illum ou Vibrlo^ par exemple, s'est introduit de l'ex- térieur dans les plasmas d'un animal, il faudra toujours expliquer comment ces milieux hétérogènes peuvent . non seulement nourrir des plantes, mais les faire prospérer, leur permettre de s'accroître et de se multiplier à l'infini. C'est là de l'hétérogénie et, il nous semble que ceux qui l'adoptent devraient, tout aussi facilement, admettre la for- mation première par des granulations moléculaires ou des microzymas, car ce n'est qu'une forme du même phéno- mène : dans les deux cas, on est obligé de reconnaître l'iden- tité de composition chimique du plasma formateur, quelle que soit son origine. La glaire, la lymphe, le plasma, ne sont ni d'essence animale, ni d'essence végétale; ce sont des matières de vie, et les noms de sarcodes, de protoplasmes qu'on leur donne dans les deux Règnes ne sont que des dénominations qui n'ont de valeur que lorsque, par suite de perfectionnements, ils sont venus a acquérir des proprié- tés de sélection spéciale : ceux-ci fabriquant plus particuhè- rement des hydrates de carbone^ ceux-là les consommant. Jusque-la. on les peut désigner sous le nom plus général de blastèmes. « Les blastèmes se présentent sous le microscope à l'état de substance amorphe, hquideou demi-li({uide, granuleuse, interposée entre les fibres ou les cellules, ou mélangée à ceux de ces éléments qui naissent presque au fur et à mesure de son exsudation ou sécrétion. Il v a autant d'es- PSEUDORGANITES — BLASTÈMES 395 pèces diverses de blastèmes (c'est-à-dire différents par leur composition immédiate) que de conditions dans lesquelles ils sont versés Dans les blastèmes peuvent prendre nais- sance des éléments anatomiques, normaux ou morbides (gra- nulations moléculaires, fibres, tubes, cellules, noyaux, etc.). Ce qu'on nomme lymphe plastique est le type des blastèmes accidentels ou pathologiques. » Les blastèmes sont donc sinon identi(jues, au moins ana- logues dans les Règnes; faire Thistoire du sarcode, c'est, sauf quelques différences de détail, faire celle du proto- plasme, et inversement. Pnis({ue nous faisons de la Bota- nique, nous prendrons surtout pour objectif le protoplasma ou sarcode végétal. Avt. 1<" — Description du pi'otopln.suia. Soupçonné parLamarck, qui, dans '^^ Philosophie zoo- /orjique, parle d'une « masse gélatineuse » formant à elle seule le corps des infusoires, il a été décrit, en 1841, pai- Dujardin sous le nom de sarcode dans les infusoires, pen- dant qu'Hugo V. Moll trouvait dans les cellules des plantes une substance analogue d'aspect et de fonctions, à laquelle il donnait le nom de protoplasma. Depuis ce moment, toutes les recherches ont abouti à faire regarder ces deux sub- stances sinon comme identiques, puisque deux protoplasmas même appartenant à deux espèces difTérentes ne peuvent l'être, du moins comme tout à fait analogues. Si bien qu'au- jourd'hui protoplasme et sarcode ne font qu'un. § 1. — Propriétés physiques. Le sarcode, protoplasma, ou « l^ase pliysique de la vie «, tel qu'on le comprend généralement, n'est pas une matière simple, net- •3% BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE lemcnt déterminée, mais au contraire une substance complexe. Le substratum, qui est réellement la partie vivante, emporte avec lui une quantité considérable de matériaux, éléments d'assimilation et produits de désassimilation, qui en voilent la nature et font varier il rinllni ses propriétés pliysiques et chimiques. Si à cela l'on ajoute que, par suite de Faccomplissement de ses phénomènes vitaux, il varie de forme avec Tâge, on comprendra comment les auteurs les plus autorisés ont pu en donner des définitions qui sont loin de se ressembler et qui, même parfois, peuvent paraître contradictoires. Cfr. Hur.o v. Moul, Harting, N.^-:geli, Briïcke, de Bauy, Kuhne, HuFMElSTER, VaIN-TiEGUE.M, ScIILLTZE, Ch. PiORI>, DlCHARTRE, HuXLEV, Cau\tt, Roze, Sachs, de Lanessan, Rei>ke et Rodeval. Le substratum, matière fondamentale, le blastème en un mot, pour ainsi dire impossible à obtenir à l'état complet d'isolement, est . lorsqu'il est imprégné d'eau , hyalin , muqueux , glaireux et, le plus souvent, rempli de granulations ou corpuscules molécu- laires auxquelles on a donné le nom de microsomates ou micro- sonu's, dans lescfuelles il n'est pas difficile de reconnaître les mi- crozymns dont nous parlions plus haut. Composition chimique. — Variable à l'infini suivant les es- pèces, l'âge, la saison, Iheure de la journée. Protoplasma et métaplasmas. — Pigments. Forme. — Plastides et Cytodes : gymnocytode et leptocytode. — Phytoblastes libres et phytoblastes encellulés. 1° Phytoblastes libres : Diatomées, anthérozoïdes, zoospores, spores. i° Phytoblastes agrégés : cœnobies, zooglaea, essaims, plas- modies. 3° Phytoblastes encellulés : a. Membrane cellulosique, phytocyste ou cellule. Cfr. Hugo v. Moul, Iïzigsghn (H.), Ville (G.), Weiss, Hofmeister, Débat, Wretzcuko (31.), Arch.\>geli , Hugo de Vries, Ardissone, TciiiSTL\K(iFi', Cornu (M.). Diverses formes des cellules. — Epaisseur des parois et orne- mentations variées. — Striation : Dutailly. Développement : Ma.\gi>. PSEUDORGANITES - BLASTÈMES 397 Structure moléculaire de la cellule. Cfr. Sceileiden, Hugo v. Mohl, Hartk;, ScHiMPER (Ch.) Schacht, Trécul, N.€GELi, Catoni, LeITGEI!, HaNSTELN, MiLLARDET, TrAUBE, ReIISKE , DE SeYNES , GOLDSMITH , Krauss, Sachs ; Chalon (J.). b. Plastide. — Propriétés endosmotiques. — Structure molé- culaire : microsomes ou microsomates, ou microzymas, ou granulations moléculaires, ou granulations protoplasmati- ques; leucites. — Utricule azotée, filaments protoplasmiques, plèvres et vacuoles. Hyaloplasma et enchylema. c. Nucléus ou noyau — Ses caractères chimiques : sa structure anatomique et sa structure moléculaire. — Nucléoles. — Rôle du nucléus : Cfr. Bro\v> (R.;, Tréiil, Weiss, Vugl (A.j, Ha>s- TEiN, Gris (X.), Gi illard (A..), Guign.\rd (L.). (I. Suc cellulaire. — Sa composition variable suivant les sai- sons, l'âge, etc. Corps qu'il peut renfermer. § 2. Propriétés organiques. 1'^ CONTRAGTILITÉ. Nous avons à voir successivement : 1° la contractililé, 2" la sen- sibilité. Le proloplasma, « matière de vie », est vivant lui-même, (iiioi(iiie simple Maslème, quoique simple matière organique dépourvue d'organisation. Il est vivant, et il manifeste sa vie par sa motilité. Il se meut même dans l'huile. Ces mouvements échappent facilement à l'observation quand il est emprisonné dans sa cellule ; mais ils n'en existent pas moins et se manifestent dès qu'il s'en échappe naturellement, comme nous le dirons bientôt, ou occasionnelle- ment, comme dans le cas cité, en 1847, par Laurent, cas dans lequel cet observateur, ayant écrasé de jeunes bourgeons, cons- tata des mouvements dans la matière glaireuse qui les formait. Si le protoplasma est mobile, il jouit de deux propriétés qui sont complémentaires l'une de l'autre : la contractilité et l'élasticité. La contractilité n'a pas besoin d'être démontrée lorsqu'on a vu le mouvement se produire; l'élasticité en est le corollaire. « Après s'être raccourcie en vertu de sa contractilité, si la substance con- tractile ne jouissait pas d'une très grande élasticité, elle conserve- rait indéfiniment la position acquise ; grâce, au contraire, à son 26 398 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE t'iasticité, elle reprend après la contraction les elimensions qu'elle possédait auparavant '. » M. Na^geli a, du reste, expérimentalement prouvé cette contractilité. Lorsque les phytoblastes sont nus et libres, comme dans les anthérozoïdes, les zoospores, les plasmo- (liums, la plupart de nos Scliizopliycètes et un grand nombre d'Algues inférieures, les mouvements des protoplasmes sont très apparents; toutefois, avec de l'attention on les retrouve chez les plnloblastes encellulés : alors se produit le phénomène auquel on a donné le nom de cy close. C'est en 1772 que Bonaventura Corti constata le premier ce mou- vement dans les cellules des Characées. On donna à ce mouvement Fig. 99. — Protoplasme dans une cellule de Tradescantia, d'après M. de Lanessan. de circulation des liquides, le nom de cyclose ou de gyration. Il fut souvent étudié et interprété de manières dilîérentes. On le retrouva dans le Zannichellia, dans la yallisneria^YElodea, YHydrocharis, les poils de Tradescantia (fig. 99), etc., etc. On peut le regarder comme général dans toutes les cellules. Cfr. Trevira>us, Pouchet, Do>i>iÉ, Sculltz, Becquerel et Dutrochet, Steinheu-, Morren, Meyen, Hugo v.Mohl,;Rei>sch, Hofmeister (W.), Dippel, Jesse.n, Velten, Frommann i^H.). Certains savants croient que les granules circulent dans le suc ou sève cellulaire et que les microsomes suivent, en gUssant, les bandes collées le long des parois ou tendues à travers la cavité. D'autres pensent, au contraire, que les voyages s'opèrent dans Tinté- rieur des filaments et dans la couche moyenne de Tutricule, c'est-à- dire dans la sève protoplasmique. Les deux opinions peuvent se défendre, et toutes les deux s'expliquent parfaitement. Tant que la matière sarcodique est homogène, tant que surtout il 1. Lanessan (de), Man. d'hist. nai. médicale, I, page 7. PSEUDORGAISITES — BLASTEMES 39') n'y a pas eu de différenciation assez grande, on a de la peine à cons- later la mobilité du protoplasma; il faut qu'il y ait, dans les brides cl dans les membranes, des corps qui par leur opacité tranchent sur la transparence ordinaire de la matière protoplasmique. Quand ces conditions sont remplies, on juge de l'activité extraordinaire du phy- toblaste. Rien n'est au repos dans la cellule : tout s'agite, trépigne €t court avec une vitesse vertigineuse. Avoir les travailleiu's accom- plissant leur tâche avec autant d'entrain, on croirait voir une ruche. Chacun se hâte : si l'on en suit un, on le voit souvent s'élancer en avant, puis s'arrêter, se retourner, prendre une autre direction et, parfois, encore, revenir sur sa voie première ; les microsomes heurtent les grains de fécule; des cristaux s'arrêtent, s'entassent, repartent, se croisent avec d'autres, puis disparaissent. On dirait <[ue le travail presse et que la tâche est imposée. Le protoplasma, en outre, se déplace en entier. Les bandes, l'utri- cule, le noyau se contractent, rampent et glissent lentement dans la cellule. Ces phénomènes sont surtout visibles sur les bandes qui sont tendues à travers les cellules. On les voit s'allonger, se rétracter, tirant à elles en sens divers le noyau auquel elles sont attachées, le rapprochant tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, de telle sorte qu'on ie voit se déplacer, quitter le centre, quand il y est, pour se porter sur la paroi et quelquefois y rester accolé. Ces bandes grossis- sent ou bien s'amincissent et Onissent par se rompre. Alors, deux portions protoplasmati(iues se raccourcissent, l'une du côté du noyau, l'autre du côté de l'utricule, et finissent par y rentrer et s'y fondre; pendant ce temps, des saillies se dessinent et des filaments nouveaux se forment, s'allongent, llottent dans le liquide cellulaire, vont à la rencontre d'autres cordons, s'y accolent, s'y soudent par anastomose. L'utricule elle-même participe à ce déplacement, comme cela peut se voir lorsqu'elle est représentée par des bandes, ge>houz, Senebier, de Saussure, Schultze, Chatln (Ad.), Saciis, Karmrodt, Deuérai.n. En résumé, le phytoblaste non seulement vivra, mais devra accomplir toutes ses fonctions dune façon normale, si on lui donne : 1" de l'acide carboniiiue en nature, miligé par l'azote, si le proto- plasme doit agir dans l'air et dissous dans l'eau, s'il vit dans ce liquide; 2° un sel d'oxyde d'ammonium qui représente l'ammo- niaque; 3° un nitrate, un sulfate, un phosphate de potasse; 4° un nitrate, un sulfate, un phosphate de chaux ; 5° un sulfate de ma- gnésie ; 6" un sel de fer; 1° enfin, de l'eau qui, par elle-même, est un aliment, et qui, ensuite, est tout à fait indispensable comme vé- hicule de tous les autres matériaux. C'est en s'appuyant sur ces considérations qu'on est arrivé à com- poser des sols arlihciels complètement minéraux où les protoplasmes ont pu se développer complètement et avec une grande vigueur. Le protoplasma exigeait impérieusement pour vivre C''H™0''Az'^-|- Ph ou S. Voici comment il les trouve : i° Carbone. — Le carbone est pris à l'acide carbonique directe- ment absorbé par les corps chlorophylliens dans l'atmosphère lors- que les végétaux sont aériens, dans l'eau s'ils sont aquatiques. Si le protoplasme ne possède pas de corps chlorophylliens, il l'emprunte à des composés organiques déjà formés. Dans ce cas, il agit comme un protoplasma animal : il vit en parasite. 2° Hydrogène. — Il est fourni par l'eau d'imbibition, par la dé- composition des matières azotées, particulièrement par celle de l'ammoniaque des sels ammoniacaux. 3° Oxygène. — L'oxygène de l'air n'est pas, comme on l'a cru longtemps, un ahment pour le phytoblaste : bien au contraire, il ',0/1 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE joue le rôle de destructeur; c'est, ainsi que nous le verrons, un com- burant ; au lieu de concourir à l'assimilation, il détermine la désas- similation. L'oxygène qui entre dans la composition des organes végétaux provient des dédoublements des combinaisons oxygénées qui entrent dans le végétal comme aliments : acide carbonique, eau, nitrates, phosphates, etc. 4° Azote. — L'azote de l'air pénètre dans les végétaux, mélangé qu'il est avec l'acide carbonique et l'oxygène; mais, tandis que ces deux derniers corps peuvent être retenus, le premier par le proto- plasma chlorophyllien pour faire des hydrates, le second par le protoplasma incolore pour les brûler, lazote est rejeté dans l'atmo- sphère, ou du moins, pour ne pas être trop absolu dans une ques- tion contradictoirement débattue, gardé en quantité si petite qu'elle est insignifiante et ne peut servir à entretenir la vie. L'azote pro- vient des nitrates et des sels ammoniacaux introduits dans la plante par le courant circulatoire. Les phytoblastes sevrés de nitrate de potasse et d'ammoniaque ne font pas de matières albuminoïdes; aussi, dans ce cas, les plantes n'augmentent-elles jamais la quantité de leurs matières azotées, malgré qu'on laisse libre l'accès de l'air. o° Soufre. — Le soufre provient des sulfates solubles et surtout du sulfate de chaux. Nous avons vu, page 256, qu'il se produisait par décomposition de ces sulfates, quelquefois en quantité assez considérable pour cristalliser à l'intérieur du protoplasma. Lorsque ces phénomènes se passent en grand dans des eaux thermales ou même froides, la décomposition en soufre, eau et hydrogène sulfuié peut être très forte et produire de l'hydrogène sulfuré en assez grande abondance pour rendre ces eaux efficaces contre certaines maladies : ainsi se fonneut les eaux minérales dites sulfureuses. L'hydrogène sulfuré se produit dans toutes les matières animales et végétales où, par décomposition, il peut y avoir, en présence, de l'hydrogène et du soufre à l'état naissant. 6° Phosphore. — Le phosphore est fourni au protoplasma par des phospiiales de chaux, de magnésie, de soude. Parfois aussi, et lorsque le protoplasma agit dans des plantes submergées ou dans des corps dont la décomposition peut donner de l'hydrogène à l'état naissant, il se fait de l'hydrogène phosphore par un procédé ana- logue à celui qui donnait l'hydrogène sulfuré. PSEUDORGANITES — BLASTÈiMES iOJ 7° Fer. — Le fer provient, très probablement, le plus souvent de la décomposition des sulfates et des chlorures. Il est important, puisqu'il fait pour ainsi dire le pigment chlorophyllien. § II. — Impondérables. S'il est indiscutable que les aliments soient d'une rigoureuse nécessité pour la vie du protoplasme, il est aussi peu contestable ons lumineux, et peut-être est-ce à cette recherche de l'obscurité •lu'on doit de voir les radicules s'enfoncer dans le sol. M. Thuret a vu que les anthérozoïdes des Fucacées se dirigent la plupart vers la lumière ; d'autres, au contraire , la fuient. Les anthérozoïdes desMarchantia, d'après M. Lortet, se dirigent vers la lumière. « On prend un long tube à analyse chimique, en verre, on le remplit d'une eau fortement chargée d'anthérozoïdes, et on le pose horizontalement sur une table exposée à une vive lumière près d'une croisée; une moitié du tube est recouverte d'un papier PSEUDORGANITES — BLASTEMES 409 bleu très épais. Quelques heures après, si Ton examine, on voit que la partie du tube exposée à la lumière contient des anthérozoïdes en nombre beaucoup plus considérable que celle qui était restée à Tobscurité. Le même auteur a constaté les mêmes tendances chez les spermogonies du Valsa nivea. M. Naigeli a signalé quelque chose de parfaitement identique sur les zoospores du Tetraspora. Il se sert d'un tube de verre long d'un mètre; il le remplit d'eau contenant les zoospores, le place perpendiculairement, éclaire alternativement la base ou le sommet du tube et voit les spores mobiles se diriger tou- jours vers la partie qui est éclairée. Phototactisme : spores phototactiques ; spores photomanes et spores photophobes; mouvements aphotométriques et mou- vements photométriques, (llr. Sthasburgeu (E.), Siahl (E.). La lumière a une toute autre action sur les granules chlorophyl- liens; ici, les elTets produits sont manifestes et apparents, surtout dans le cas où les cellules sont libres et plongées dans des liquides ; les spores, les zoospores, les anthérozoïdes, accomplissent, sous le stimulus qu'ils reçoivent de l'agent lumineux, des mouvements qui ne laissent aucun doute sur leur sensibilité. Qu'on mette des Oscil- laria dans une soucoupe à moitié recouverte par un cai'ton opacpie et qu'on expose l'appareil à la lumière, bientôt on verra le mouve- ment s'opérer. Si la lumière est intense et les rayons directs, les Oscillaria iront se cacher sous la partie obscure ; la lumière est-elle dilTuse, ils viendront se coller dans la portion éclairée. La même chose se produit avec les Cklamydomonas. D'après M. Famintzine, auteur de ces observations, la sensibilité de certaines Algues est telle qu'il suffit « de l'ombre d'un nuage (jui passe sur le ciel pour changer le groupement de la masse verte ». De plus, il leur fallait le liquide de la mare où ils étaient nés; « avec l'eau de la Newa, le ré- sultat n'était plus le même : ces petits êtres paraissaient pour la plu- part indifférents à la lumière. » Cfr. Famintziine, Cienkowski, Cohn. Regnard (0.). L'influence de la lumière sur les granules chlorophylliens en- traîne des conséquences particulièrement graves pour la vie du végétal. C'est, en etïet, sous cette influence que se forment les hydrates de carbone qui font la base de son alimentation. C'est le granule chlorophyllien qui avec Teau et l'acide carbonique de ',10 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE l'air compose laliment qu'il fournit au phytoblaste. La lumière esl donc indispensable h la vie végétale; qu'on en prive une plante, et bientôt on la verra mourir d'inanition, ses provisions alimentaires uétant jioint remplacées, puisque, quoique étant entourée de ma- tières premières, il lui manque ce qui lui est indispensable pour les transformer en matières absorbables. Mais, si après un long jeûne on laisse entrer quelques rayons de lumière, aussitôt la provision se trouve rétablie. M. Krauss a vu que des Spirogyra privés d'amidon, par un séjour à lobscurité, en acquièrent en cinq minutes d'exposi- tion à la lumière directe du soleil; il leur faut deux heures à la hmiière dilîuse. Le Funaria et YElodea présentent des faits ana- logues. La lumière a, aussi, une action sur les mouvements périodiques ■des feuilles. On sait que pendant la nuit certaines feuilles prennent des positions tout autres que celles qu'elles ont dans le jour : elles se ferment, s'inclinent sur leur pétiole, se couchent le long des tiges ; on a donné à ce phénomène le nom de sommeil des feuilles. Le matin, les organes se redressent, les lames s'étalent. La lumière, comme la chaleur, entre pour quelque chose dans ce phénomène ; mais que se passe-t-il? agit-elle sur le protoplasme incolore ou sur <^elui qui est coloré en vert? On serait tenté, vu la sensibilité de ce ', LUERSSE.N, RoSANOFF, PlEASOMG.N, BeUT (P.), DlCHAHTHE, Baldiumo.nt. On a, il y a longtemps déjà, expérimenté pour savoir s'il serait pos- sible, au besoin, de remplacer la lumière solaire par la lumière arti- licielle. Les résultais obtenus n'ont pas semblé assez positifs ni, sur- tout, d'application prali([ue assez démontrée, et on ne les a pas pour- suivis. L'électricité semblait seule appelée à donner des résultats satisfaisants ; nous allons voir si elle permet d'espérer beaucoup. D. — Action de rêlei'trifîlô. On n'étudiait autrefois cet agent qu'au point de vue de l'action que ses courants pouvaient avoir sur la vie et le mouvement du proto- plasma. Aujourd'hui, un nouveau chapitre s'impose à notre étude; on produit la lumière électrique, sinon économiquement, du moins assez facilement pour qu'il soit permis de se demander si l'on peut espérer composer avec cette lumière des foyers qui pourraient rem- placer la lumière solaire. Le protoplasma, qu'affecte si sensible- ment l'obscurité et qui est photométriiiue au plus haut degré, a jugé la question : au milieu des lumières de l'Exposition d'électricité, il a été ébloui, mais n'a pas ressenti ces oscillations particuUères que détermine dans tout l'être le moindre rayon de soleil. Ce sentiment de bien-être indéfinisable, ces ondes d'influx vital qui émanent de la lumière solaire ne se retrouvent point dans la lumière électrique. Il était curieux de savoir ce qu'en penseraient les phyloblastes végé- taux. Recherches de Hervé-Ma>go>, Siemens, Dehérain. Action des cou- rants électriques; — de l'électricité atmosphérique. Il est, en effet, bien difficile au milieu de toutes ces combinaisons et décompositions incessantes du végétal de reconnaître la part qui ^12 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE revient à tel ou tel agent. Aussi, de bonne heure, les observateurs onl- ils pensé à se renseigner auprès de phénomènes plus palpables et en quelque sorte tangibles ; c'est ce qui a amené à rechercher l'action des courants sur les mouvements du protoplasme. On a vu que les courants modérés activaient le mouvement, tandis que des courants trop forts l'arrêtaient momentanément, si le courant cessait à temps, et, pour toujours, si le courant continuait. Le phytoblaste est tué comme il l'était par un excès de température. Il faut ajouter un nou- veau trait de ressemblance : ces effets sont d'autant plus marqués e( d'autant plus rapides que les protoplasmes sont plus imbibés d'eau. Cfr. Action des courants sur la cyclose, Becquerel et Dltrochet, Jlrgeissen, Brucke, Max Schui.tz, KiimE, HEmEîSHAiN, Velten, Engelmaxx. — Action sur les mouvements des organes : Coiix, Kabsch, Blondeau. Art. 111. — Foiictiou.^. Le phytoblaste est surtout intéressant à étudier lorsqu'il accomplit ses fonctions et quand il se livre avec ardeur à ses multiples travaux. Sensible et contractile, comme nous l'avons vu, il s'agite pour se nourrir et s'accroître, pour se multiplier et se reproduire. Ses fonctions sont donc aussi nombreuses que celles de l'animal ; nous devons même dire qu'elles le sont plus, car il est chargé de fabriquer les hydra- tes de carbone qui font vivre l'un et l'autre Règne de la nature. Toutes ces fonctions ne sont qu'une série d'actions chimiques amenant des mouvements moléculaires; mais ces mouvements se font avec un ensemble, une harmonie particulière qui caractérise les phénomènes dits vitaux et qui sont d'autant plus énergiques que les décompositions et recompositions s'opèrent avec plus de rapidité et d'inten- sité. A priori , chaque phytoblaste est complet et jouit de toutes ses fonctions ; on voit vivre à l'état d'isolement les Profococcns, les Botrydiiim chez les Algues, et tous nos PSEUDORGANITES ~ BLASTÈMES 4J3 microbes et Saccharomyces nous en ont convaincu. Mais, le plus souvent, plusieurs phytoblastes se réunissent en asso- ciations, soit en conservant, malgré cela, une vie indépen- dante et sans unir leurs^ efforts comme dans les Pamlori- nées^ les Volvocinées, soit, au contraire, pour mener une vie commune, comme cela se voit sur les végétaux supé- rieurs. Dans ce cas, ils se partagent le travail et créent des organes qui ont des fonctions spéciales. Ceux-ci, dans les ra- cines, se chargent d'absorber les li(juides alimentaires du sol; à l'occasion, ils facilitent l'absorption en sécrétant des matières qui dissolvent les substances qui ne passeraient pas si elles restaient insolubles; ils sont pliotophobes et, par là, disposés à s'enfoncer de plus en plus profondément et à tirer les racines vers les points les plus profonds, les plus humi- des, les plus aptes à donner les aliments utiles fgéotropisme positip. D'autres par contre, photomanes, tendent vers la lumière et tirent la tige en sens opposi'^ de la racine rgco- tropisme négatifj\ ils veulent de Tair et de la lumière; le plus souvent, ils s'unissent pour former des lames apla- ties qu'on nomme des feuilles ; ils sont chargés de faire les hydrates de carbone. Entin, il en est qui, cachés dans les alvéoles du tissu de la tige, reçoivent, par des canaux con- struits exprès, les matériaux préparés par les précédents; de ces matières ils fabriquent des produits divers qui sont ou bien expédiés de suite pour être utihsés en des points de formation nouvelle, ou bien portés dans les graines pour la nourriture déjeunes, ou bien, encore, emmagasinés pour être repris plus tard lorsque le besoin s'en fera sentir, après l'engourdissement hivernal, si le végétal est bisannuel ou vivace. Ainsi, l'arbre est une colonie dont les habitants sont si nombreux que l'on ne peut en supputer le nombre, c'est une ruche où chacun a sa besogne tracée ; et, si nous 27 ili BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE voulions pousser plus loin la comparaison, nous trouverions des phytoblastes, luiiquenient chargés de la reproduction, ceux-ci mâles, ceux-là femelles; nous en montrerions qui auraient pour fonction de construire des défenses natu- relles ou de sécréter des venins destinés à blesser ceux qui menaceraient l'existence de l'association. On comprendra que nous ne puissions qu'esquisser à grands traits et donner succinctement le caractère des principales fonctions : T nutrition, 2° génération. 1° Fonctions de nutrition. Nous étudierons : A. les phénomènes de végétation ; B. les phénomènes d'accroissement et de multiplication. A. — Phénomènes de végétation. Dans la nutrition, il y a, d'une part, pénétration endosmotique des principes immédiats, pliénomène par lequel ils se répandent, molé- cule à molécule, dans l'épaisseur de la substance de chaque cellule (intussusception) ; puis, il y a combinaison de ces principes à ceux de la substance et formation, à Taide de ceux qui viennent de péné- trer, de composés nouveaux, semblables aux premiers. C'est là le fait caractéristique de V assimilation , c'est-à-dire de ce phéno- mène par lequel les principes deviennent semblables à ceux qui exis- taient dans l'élément anatomique; mais le phénomène précédent, la pénétration endosmotique, est la condition de laccomphssement de celui-ci. Il y a, d'autre part, et simultanément, formation et disso- lution de principes différents des premiers^ ce qui caractérise la désas- similation, mais avec départ osmotique de ces composés comme con- dition physique de l'accomplissement de ce phénomène. Après avoir vu : 1° la formation des hydrates de carbone, qui doit être étudiée d'une façon spéciale, comme point de départ de toute la nutrition des protoplasmes, nous décrirons successivement : 2° l'ab- sorption et l'assimilation ; 3° la désassimilation et la respiration ; 4° l'élaboration et les sécrétions. PSEUDORGAMTES — BLASTEMES 415 a. — Formation des hydrates de carbone. Le protoplasma vert, qui chez les plantes inférieures occupe toutes leurs parties, mais qui chez les supérieures se limite dans des lames foliacées disposées on ne peut mieux pour la fonction qu'elles ont à accomplir, est spécialement chargé de fabriquer des hydrades de carbone. Les aliments purement minéraux sont empruntés au sol et à l'atmosphère, et l'agent qui détermine les décompositions et les combinaisons nouvelles est la lumière. L'intensité et la quantité de lumière indispensable au phénomène varient suivant les protoplas- mes, mais, ce (pii ne varie pas, c'est l'ensemble du phénomène. L'acide carboniipie gazeux qui se trouve dans l'atmosplière est dé- composé, l'oxygène est rejeté au dehors à l'état naissant et le carbone est lixé à l'eau , qui provient du sol , de manière à donner C'H'^O'- : c'est de l'amidon. Cet amidon se retrouve au miUcu des corpuscules chlorophylliens. Si l'on porte la plante à l'obscurité, les grains amylacés disparaissent, et il s'en forme de nouveaux dès que les corpuscules sont replacés à l'air et à la lumière. Pour disparaître, l'amidon s'est changé en glycose, s'est dissous dans l'eau et est descendu vers les phytoblastes de la tige. » Cfr. Sachs, Hugo v. Mohl. Gautier (A.), de Lanessan. En résumé, d'après cette théorie, le protoplasme incolore serait fabriqué parle substratum des corpuscules colorés. Rien ne s'y oppose. Si elle est admise, ce sera une besogne dont on aura à déciiarger les phytoblastes des portions intérieures de la tige. Car, jusqu'à ce jour, on admettait que c'était dans ces points que se formaient les matières protéiques, par la rencontre des glycoses descendant des feuilles et leur combinaison soit avec l'ammoniaque, soit avec des nitrates, et addition de phosphore ou de soufre. Quant à la produc- tion de l'amidon et des graisses par décomposition de matière pro- toplasmique, elle est admise par tout le monde et prouvée par des observations, que nous avons rapportées plus haut, de la fabrication d'amidon par des protoplasmes animaux, tel que le glycogène du foie de l'homme. Dans les plantes monoblastiques vertes, il est de toute urgence que les choses se passent comme le prétend M. de Lanessan ; mais par contre, dans les monoblastiques incolores, les phénomènes doivent s'accomplir de l'autre manière. Ce qui semblerait prouver que la matière protoplasmique peut se faire d'après les deux pro- cédés. 416 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE b. — Absorption et assimilation. Ici commence l'histoire du plijtoblaste qui n'est pas pourvu de corpuscules chlorophylliens, non pas que nous entendions par là que la fonction chlorophyllienne se soit accomplie sans qu'il y ait eu absorption et assimilation, mais parce que les phytoblasles incolores prennent les aliments tout préparés, sans s'inijuiéter d'où ils viennent et comment ils se sont faits. Lorsqu'ils vivent dans la même colonie que les phytoblasles verts, il n'y a qu'un fait de division du travail ; mais, lorsqu'ils appartiennent à une autre association non chloro-, pliyllée et qu'ils viennent manger les provisions faites par la pre- mière, si l'ampliitryon est vivant, ce sont des parasites, tels les Orobanches, les Lathrœa ', etc. ; si, au contraire, il est mort et que ce soit de son cadavre qu'ils se nourrissent on les dit saprophytes : tels les Champignons, les Saccharoniyces, etc. Le Règne animal, à part quelques exceptions (Euglena, Stentor, etc.), ne pouvant tirer d'hydrate de carbone, de l'acide carbonique de l'air, est devenu tri- butaire du Règne végétal aux dépens du(iuel il vit en parasite et, plus souvent encore, en saprophyte. Voilà pourquoi les fonctions des phytoblasles végétaux que nous examinerons maintenant sont tout à fait identiques avec celles des phytoblastes animaux, et les seules différences que l'on pourrait signaler entre les deux ne sont que des différences dans le plus ou moins d'activité de telle ou telle fonction. On ne s'entend pas quand on parle d'absorption. Les uns y veu- lent voir simplement l'introduction d'éléments venus du dehors et introduits sans préparation aucune pour être mis à portée des phyto- blastes; les autres au contraire y voient l'intussusception de maté- riaux déjà préparés et (jui n'attendent plus que leur placement au milieu de substances déjà existantes dont ils doivent prendre les caractères par assimilation ou transsubstantiation. Dans le premier cas, le phénomène est tout physique, et l'absorption devient l'aspira- tion des aliments, fournis par les milieux, complétée par leur trans- port à pied d'œuvre ; dans l'autre, le pliénomène est d'ordre chimique et dès lors se confond avec l'assimilation : il en résulte que les phé- nomènes d'absorption sont déterminés par les besoins de combi- naisons chimiques, commandées par les milieux et rendues possibles par des propriétés d'ordre physique inhérentes à l'état moléculaire de la matière. 1. Schnetzer. observation sur le Lathrsea squamaria, in Soc. helvétique, août 1881. PSEUDORGANITES — BLASTEMES 417 Nous supposons que les matériaux alimentaires sont à portée du phytoblaste, sans nous inquiéter s'ils s'y trouvent naturellement ou bien s'ils y ont été apportés par les canaux d'irrigation ; et nous voyons que, dans ce cas, nous nous trouvons en face de deux phéno- mènes, d'abord, Tintroduclion des matériaux (nutrition de certains physiologistes) et, secondement, leur transfoxmation en matières semblables à celles au milieu desquelles elles ont été admises. Absorption, — Endosmose. — Exosmose : diffusion. Cfr. : Nollet, D L I HOCHE r, I^ l-EI TEK, Scil l MACHEIt . L'absorption, propriété d'ordre physique, est dirigée et mouve- mentée par le phytoblaste. C'est lui qui l'accélère ou la modère sui- vant les besoins; seul responsable de ses travaux, il tire des milieux ce qui lui est utile pour préparer tel ou tel produit qu'il doit fabri- quer, et souvent les agriculteurs ou les horticulteurs le gênent, on ne peut plus, en lui apportant les éléments dont il n'a que faire et qui lui sont souvent même nuisibles. Aussi, le meilleur horticulteur est-il celui qui connaît le mieux les mceurs de ces phytoblastes qu'il cultive. Les besoins du protoplasma ont pour point de départ des changements d'ordre chimique : ce sont toujours des transmutations, qu'il peut faire. Après avoir attiré à lui dans sa cellule ou simple- ment dans son utricule azotée, s'il est nu, les éléments qui lui sont utiles, il les transforme pour en faire des matières proléiqucs (assi- milation), puis pour confectionner avec ces matières protéiques une série de produits (élaboration). Les phytoblastes sont regardés comme doués d'un instinct parti- culier qui leur permet de juger de la qualité et de la quantité des substances qu'ils doivent laisser pénétrer jusqu'à eux. Cet instinct est d'ordre purement physico-chimique. Certains éléments sont admis, parce qu'ils sont indispensables pour la fabrication normale des produits, et d'autres sont rejetés tout simplement, parce qu'ils n'ont pas à entrer dans les combinaisons chimiques qui donnent naissance à ce produit, La même chose a lieu dans un verre à expérience. Cet instinct n'est pas d'autre nature que celle-là ; et l'instinct des animaux n'a pas d'autre base. Chez nous, colonie extra-compUquée de protoblastes d'ordre supérieur, nos besoins s'expliquent de la même façon, et nous avons faim et nous avons soif parce que les albuminoïdes ou les liquides manquent aux combinaisons chimiques de milliards de travailleurs qui demandent de la besogne. L'instinct des phytoblastes non seulement n'est pas niable, mais est très expli- 418 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE cal)lc : il ne s'ensuit pas qu'il soit infaillible. Il y a absorption de matières toxiques et parfois mort à la suite de cette absorption. Il ne faut pas exiger du protoplasme plus qu'il ne peut donner. Si, au lieu de ce qu'il demande, on lui donne tous autres aliments, si on lui donne môme des substances qui en cliangentla composition mo- léculaire, comment s'étonner qu'il les absorbe, et pourquoi ne s'as- pbyxierait-il pas avec Fétberet le chloroforme tout comme celui des animaux? Cfr. Réveil, Caivet, Roche, Raii.lox, Cojnvextz, Leclerc, Rert (P.), Bernard (Cl.). Les matériaux extérieurs sont absorbés, leurs molécules choisies et intercalées parmi celles préexistantes, sont de même nature; l'assimilation s'opère. Ainsi, la glycosc baigne les cristalloïdes de cellulose qui forment la membrane cellulosique, et l'assimilation se fait, la glycose devient de la cellulose; il y a eu transmutation, transsubstantiation ; quelques équivalents d'eau fixés restent seuls pour expliquer le phénomène qu'on n'explique pas, pas plus qu'on n'explique l'essence de tous les phénomènes. On en connaît parfois les causes, mais c'est tout. Dans un eudiomètre contenant H et 0, on fait passer une étincelle qui les unit en HO, mais on ignore le pourquoi; de même ici ignore-t-on le pourquoi de ce phénomène qui transforme C'«H'^0'' en C'^H'^O'" par la perte de :2H0. De même on ignore le pourquoi de cet autre phénomène qui fera que C*^H'"0'", en réabsorbant 2H0, redeviendra soluble et apte à donner plus tard de l'amidon C'-H'"0'° en perdant de nouveau 2H0 ; et il en est ainsi de tous les autres phénomènes. Ces secrets, il faut les demander aux énergies cinétiques développées par les agents que nous avons étudiés sous les noms de lumière, chaleur, électricité, pression. Nous ne chercherons donc pas à expliquer, dans l'état actuel de nos connaissances physico-chimiques, l'essence des phénomènes d'assi- milation et de désassimilation. c. — Respiration et désassimilation. La vie n'est qu'un mouvement d'échange : à l'apport des matériaux normaux (absorption) et à leur fixation (assimilation) correspondent deux actes corrélatifs, la désassimilation et le départ des matériaux anciens. Nous venons de dire quil était impossible de connaître PSEUDORGANITES. — BLASTEMES 419 l'essence même de la désassimilation ; il ne reste plus, par consé- quent, qu'à étudier les phénomènes respiratoires. Les physiologistes qui donnent, à tort, le nom de nutrition aux phénomènes d'apport donnent logiquement le nom de dénutrition aux phénomènes de départ ; ces phénomènes sont mieux nommés phénomènes de désassimilation. Ce sont, en effet, des matériaux qui proviennent de Tusure des suhslances qui servaient antérieurement à la vie de Tindividu. L'assimilation apportait C, H, 0, Az, P, S, et ce sont ces mêmes éléments qui s'en retournent, sous des formes autres, la plupart du temps. La respii-ation consiste dans la comhinaison de l'oxygène avec les matériaux du protoplasma. C'est une oxydation, une comhustion des matières hydrocarbonées qui se font avec dégagement d'acide car- bonique et de vapeur d'eau, en produisant de la cliab'iir, de l'élec- tricité et de la lumière. Les phénomènes sont les mêmes pour les pbytoblastes des deux Règnes. L'assimilation el l'accroissement qui en résulte ne se font {|ue s'il y a respiration; et, pourtant, la respiration ne peut se produire que par perte de substance. Ce qui se comprend, puisque ce sont les jnatériaux du protoplasme (pii forment le combustible. Ces deux [)ropositions, qui paraissent se contredire, ne s'excluent pas cepen- dant, car on comprend comment, si l'assimilation est assez grande, le phytoblaste puisse prendre sur son gain pour se chauffer et voire même, au besoin, pour s'éclairer. Et ce n'est pas par luxe, mais par nécessité; car il lui faut faire de la clialeur végétale pour accomplir .ses fonctions. La chaleur, l'électricité et la lumière co.smiques ne sont que passagères: prévoyant, il les met en réserve dans les tissus pour les utiliser en cas d'urgence et pour les régénérer, s'il le faut, à l'état où il les a empruntés. C'est ce qui explique comment, avec la houille des forêts fossiles ou avec le bois des forêts modernes, il est possible de faire de la chaleur, de la lumière, de l'électricité. Ce sont les rayons solaires emprisonnés par le protoplasme végétal qui reprennent leur liberté et retournent d'où ils sont venus; et quand jious vivons nous-mêmes des épargnes végétales, c'est de la chaleur de ces rayons solaires que se fait la nôtre, et c'est de leurs rayons lumineux que se crée la pensée. La présence de l'oxygène est urgente. Cfr. Boeum, Dehérai> et MoissAx. Aérobiose et anaérobiose. Production d'acide carbonique; production de vapeur d'eau; 420 BOTANIQUE r.UYPTOGAMIQUE production de chaleur : production de lumière; production d'électricité. d. — Élaboration et sécrétion. Des aliment.s provenant de l'extérieur pénètrent dans le pliyto- Ijlaste (absorption), s"y transforment (assimilation ou transsubstan- tiationj, pendant que d'autres qui ont servi sont éliminés idésassi- milation). Il résulte de ces échanges une série compliquée de travaux qui ont pour but de séparer (sécréter) certains produits, dont les uns (provisions alimentaires) sont destinés à servir ultérieurement et dont certains autres doivent persister comme protection (membranes cellulo-siques) ou être excrétés, c'est-à-dire éliminés au dehors (excrétions). La distinction que nous établissons ici n'est pas aussi nette qu'on pourrait le supposer de prime abord ; ainsi, par exem- ple, la membrane cellulosi(iue qui est destinée à persister pour former le squelette qui servira de support aux générations futures est, dans certaines circonstances, reprise, remise, d'autre part, en état et sert à des accroissements ultérieurs; les résines, que l'on considère, à juste titre, comme des sécrétions, peuvent être em- ployées à la protection des bourgeons. Masse complètement amorphe au début, mais contenant dans sa composition les éléments utiles à ses besoins, le protoplasma se met bientôt en mesure de les agencer de façon à les transformer en matières organisées. Ces éléments se réduisent à de la matière pro- téique quaternaire, à des composés ternaires se ramenant tous à la composition des glycoses et à quelques matières minérales. C'est là toutes les matières premières dont il dispose et qu'il transforme sous l'action des agents, chaleur, lumière, électricité et pression. Ce qui caractérise tous ses travaux de sécrétion, c'est la séparation d"ane partie de l'eau qui tient tous les corps en dissolution; il con- dense les solutions, et rejette le liquide qui se rend dans les va- cuoles. Au reste, dès que le besoin s'en fait sentir, ainsi que nous le verrons, il se hâte de reprendre cette eau et de s'en servir pour redissoudre celui des éléments qui est appelé à être utilisé. Cette constatation faite, suivons un peu ses travaux. 1° Cellulose et ses dérivés. Cfr. Hugo v. 3Iuni., Rossu;>o>, Fuk.mv, Tkkcii., Paye.x, Pelolze, Weu.l, Mitschekliscu , GoLBEP.T, Gni.xRi), V.vx-TiEGHEM, Frémv et • Uhiuix. PSEUDORGAMTES — BLASTEMES 421 Epiderme. Cfr. Brongmart, U^geh, Moruex (Ch.), Hrco v. Mohl, Coii>, Payen, Trécil, Leitgeb, Nicolaï, Petunmkow, (A.), Thomas, Krauss, de Bary, Pfitzer, Sicari), Hegelmayer. Ligneux. Cfr. Tl"rpi>, Payen, Reade, Lankester, Figuier et Pol.ma- réde, Frémy, Gulliver (G.). Pendant qu'à la périphérie, la cellule s'organise aux dépens des cristalloïdes chargés de fournir de la cellulose, le protoplasma forme, avec d'autres cristalloïdes, des leucites (globulins ou micro - somes) et un nucléus quand celui-ci n'a pas été formé avant la couche membraneuse externe. Alors, pour ne pas être incommodé par l'eau qu'il a rejelée et qui s'est réunie en des sortes de petits lacs nom- més vacuoles (voy. fig. 99), il s'en isole en créant aussi, de ce côté, une membrane serrée hyaline. L'utricule azotée et les bandes qui en parlent pour se porter au noyau sont donc partout limitées par une couche isolante; mais, entre les lames de cette membrane ankyste le protoplasma conserve ses caractères premiers et forme ce qu'on a nommé Venchylema. Là se vont opérer toutes les fabri- cations nouvelles pendant que se promenant, comme nous l'avons vu, le long des parois, le protoplasme consolide, ornemente et dé- core son habitation. 2° Corpuscules protéiques, corps protoplasmiques amorphes, granules protoplasmiques. ('.IV. TuKci I. (A. , Scin.Mi'ER (\\ .). Scissiparité des corpuscules. (I. Corpuscules incolores ou leucites. h. Corpuscules colorés ou chromoleucites des pigments : 1° xantholeucites, 2" cyanoleucites, 3° rhodoleucites, 4° chlo- roleucites ou corps chlorophylliens. Leur absence dans les Champignons. Spécialisation progressive de la fonction chlo- rophyllienne. — Algues. Du (■oiisorliion ou fti/inbio-ie chez les Lichens et chez les faux parasites. Du parasitisme : normal et accidentel. — De VlujpochloiiDc : Prixisheim. 3° Corpuscules protoplasmatiques, cristallisés; cristaux orga- nisés, cristalloïdes, etc. Cfr. Trécul, Hartig, Coux, Masciike, N.egeli, Radelkofer (L.) , Ki.Eix, Kramer, Portes, ScmMPER (W.). 4° Aleurone. Cfr. Hartig, Holle, Trécul, Maschke, R.vdelkofer (L.), Gris (A.), Pfeefer, Rafixesque. V22 BOTANIQUE CRVPTOGAMIolJE 5'^ Amidon et Fécules. C-fr. R.vsi'Aii., Fhitzciie. Glérin, Waiuiy (H.), Payen, Dumas, Biot, 3Iu>TER (J.), SciiLEiDE^, Béchami', Tkécll, Hartig, Naegeli, Hugo V. Moiu. , Gris (A.), MrsciLUS, Fami>tzi>, Wiesner, Famintzin et BoRoniN, Sachs, Sciiimper. 6° Huiles et matières grasses. Cfr. Bai DRiMo.M, Teschemaciier, Cloez, Ui.oiii, de Bary. 7° Essences, oléorésines, gommes résines, etc. €tV. Hfsse, JoiiNSKi.N, Caiioirs, ^Vll■;s.M;l!. AIai'.cham) (L.). — Canaux à résine. — Cfr. TRÉcri. (X.), Thomas, Miller, Marchand (L.). VA>-TiE(.nE.M. Glandes. — Cfr. Hanstein (J.), Martinet (B.), Chatin (J.). 8° Cristaux et concrétions minérales. Cfr. Tlri'IN, U.nger, 31orren, Paye> , Qlekett, Sciiacht, Trécll, Chatin (A.), Malaguti et Durocher, Weddel (H.-A), Sanio, Hans- tein, Carreau, Holzner, Rosanoff, Hof.meister, Pfitzer, Brefeld, Solms-Lamrach, Vesque. 9 Sucres et matières sucrées. Cfr. Peligot, Rossignon, Petolmko\\ (A.), Dlrin, Bo.nmer. 10° Inuline. Cfr. AVoKKiiESENDY, BoL (iiAHiiAT , Slhacht et Sachs, Prandlt, Dra- gendorff, Lefranc, Popp. 11° Tannins, glycosides. etc., etc. L'éniiméralion que nous venons tle donner est loin d'être com- plète: les produits les plus divers sont formés par le protoplasma. On comprendra que nous n'insistions pas sur ce sujet, qui est du ressort de la matière médicale; mais un point sur lequel nous de- vons nous arrêter est la formation d'alcool par le protoplasme. Cela nous ramène, par un chemin un peu long peut-être, à nos Saccha- romyces: mais cela nous permet de comprendre l'action si discutée de ces protorganisés et de voir comment les théories même les plus opposées en apparence se confirment au lieu de s'infirmer. fir. ScHLEiDEN, Hoffmann (H.), Lueder, Frémy, Engelma?{n, Léchar- tier et Bellemy. — Discussion : Poggiale et Colin, Robin, Blon- deau, Frémy, Pasteur, Joubert et Chamberland, Duval (J.). PSEUDORGAMTES — BLASTÈMES 423 B. — Acproisseniciit et iiiiiltiiilication. ^ L'apport constant des matériaux nutritifs au protoplasma et leur incorporation, après assimilation, aux matériaux déjà existants déter- mineraient un accroissement incessant et illimité, si, en même temps, la désassimilation ne venait rétablir l'équilibre. Toutefois, pendant une période de Texistence , si les circonstances sont favorables, Tassimilalion remporte sur la désassimilation; il en résulte un gain qui se traduit par une augmentation de volume. Dans les cas, au contraire, où les circonstances sont défavorables et quand le proto- plasme est trop vieux, la période de décroissance se dessine, le pro- toplasma diminue et meurt. Entre la fin de la première période ot le commencement de la seconde, il y a un temps variable pendant lequel il n'y a ni gain ni perte, c'est la période (W-tat ou de staln quo. « Pour cliaquc plante, dit M. Saclis, il existe une combinaison de principes nutritifs qui lui est favorable et dans laquelle elle croît plus vite et mieux; et la végétation est d'autant plus incomplète que la solution est plus éloignée de cet idéal. » La constitution moléculaire du protoplasme étant connue, on comprendra facilement comment peut se faire l'accroissement. Les cristuUoïdes qui le composent, grâce aux sphères aqueuses qui les entourent, peuvent glisser les uns sur les autres et, en se gonflant par imbibition, s'écarter. Il se fait une turgescence bien propre à permettre l'intercalation de cristalloïdes nouveaux, qui viennent augmenter le nombre de ceux existant déjà; l'accroissement est effectué. S'il s'agit de la membrane cellulosique enveloppante, le mécanisme est le même : c'est le protoplasma turgescent qui détermine l'écartement des molécules entre lesquelles il apporte des cristalloïdes nouveaux qui. plus tard, se couvriront de cellulose. Ce phénomène est d'ordre complètement physique, et M. Traube est parvenu à le reproduire sur des cellules artilicielles. Cfr. RossiGNO, Broxg.mart, Heufrey, Hugo v. Mohl, Garreal et Bravais, Moll, Hlgo de Vries, Frankhauser, Reinke, Traube. Les phytoblastes et leurs enveloppes cellulosiques ne peuvent s'accroître indéfiniment ; il existe une hmite qui varie avec chaque espèce et qui ne peut être dépassée. C'est parce que ces limites existent que les formes végétales restent à peu près fixes. Or, lors- que ce point d'accroissement est acquis, si l'apport des matériaux 424 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE continue, raccroissement du protoplasme détermine la multiplica- tion. La cellule écarte en un ou plusieurs points ses cristalloïdes, et le protoplasme fait hernie par ces points, puis la cellule mère se resserre pendant que la cellule fille s'entoure de sa membrane de cellulose et vit par elle-même. C'est ce qui constitue le bourgeon- nement que nous avons constaté chez les Saccharomyces (fig. 49, 50, 51, 52). D'autres fois, lorsque, par suite de l'accroissement, une cellule a pris une élongalion déterminée, on la voit se resserrer au centre, de manière à ressembler à un 8 de chiffre, puis, l'étrangle- ment continuant, une scission s'opère, et d'une cellule on en a deux. C'est ce mode de multiplication que nous avons vu se pro- duire chez les Schizophycètes; c'est la scissiparité (fig. 70, 71, 74). Les phénomènes ne sont pas toujours aussi simples. Le phytoblaste, à certains instants, reprend la stvucture molécu- laire qu'il avait au début : il redevient liquide visqueux. « On est par conséquent conduit à admettre que les molécules protoplasmiques solides, ordonnées en séries à l'intérieur d'un protoplasma vivant, ont la propriété de s'isoler plus ou moins complètement sous une faible intUience. Quand leur situation respective n'a pas changé considérablement, ces molécules peuvent reprendre leur position sériale primitive. » Tel le statuaire, un travail achevé, repétrit sa terre et la façonne à nouveau. Ici, toutefois, il arrive bien souvent que certaines granulations échappent à la dissolution ; aussi peut- on trouver dans la matière protoplasmatique remaniée, rajeunie, comme l'on dit, des corps chlorophylliens, des grains d'amidon et le noyau. Cette transformation est parfois suivie d'une simple reconstruction de ce qui existait ; mais, le plus souvent, elle pré- cède et annonce l'apparition de phénomènes nouveaux de multi- plication. La multiplication des cellules se fait ditïéremment suivant les cas. 1° Quand on a des phytoblastes sans noyau ou à noyaux mul- tiples, le protoplasma se divise, soit suivant une seule direction pour faire des filaments, soit suivant deux directions pour faire des lames, soit enfin suivant trois directions pour faire des tissus. Dans tous, la masse protoplasmique divisée produit des enveloppes cellulo- siques autour de chaque cellule fille. 2" Quand il y a un noyau unique, la division devient bien plus compliquée. C'est, en effet, par lui que débute le phénomène. II se développe dans son intérieur des filaments spirales se coupant en bâtonnets qui s'appliquent sur chaque nucléus à deux points opposés autour desquels ils rayon- nent, puis venant se rejoindre et formant comme des stries. Au PSEUDORGANITES — BLASTÈMES 425 centre, et perpendiculairement, apparaît la plaque nucléolaire, suivant laquelle se produit une division du noyau en deux parties qui, tirées par les bandes protoplasmiques, s'écartent Tune de l'autre mais sont reliées parles stries qui s'étirent en tilaments. Pendant ce temps, de la paroi delà cellule mère descend une cloison qui bientôt coupe les filaments qui reliaient les deux portions du noyau, en sorte que chaque cellule fille se trouve pourvue, elle-même, d'un noyau <]ui grandit bientôt. Accroissement des OEilogouinm : Piuxcsiiedi, Hautig, Hugo v. Mohl, IJE BaKV, KaRSTEN, HOKMEISTER, DlPPEL, N.EGEl.I St ScnWEM)ENElî, SrUASP.liRGER. Par rajeunissement : Piungsueim, N.bgem, Braun, Straspiiuger. Par formation libre : SciiLEn)EX, Hofmeister, de Bary, Schacht, DlPPEL, Famlmzin, Janczewski, StrashiIrger, Par division : Mirp.el, Ror. Ritowx, Vinter, Hugo v. Moul, N.egei.i, HoF.MEisiER, Hartig, Schacht, Dippei., StrasbiIrger, Tchistiakoff, Auerbacii. Le remaniement ne porte pas toujours exclusivement sur le contenu de la cellule; bien souvent il s'étend à l'enveloppe cellulosique qui, en totalité ou en partie, est ramenée à l'état de matière amorphe glaireuse, gélatineuse; c'est de l'hyaloplasma de retour, pour ainsi dire. Ce phénomène très commun et qui se montre partout où doit se passer un phénomène physiologique de quelque importance est nommé (jéliflcalion: il est très commun chez les Cryptogames infé- rieures, Champignons et Algues. C'est ce mucilage, cette glaire qui donne à ces derniers végétaux le toucher gluant qu'ils présentent tous à un degré plus ou moins grand: certains môme sont telle- ment glaireux à tout âge qu'on ne sait si la glaire est primitive ou bien si elle provient d'une gélification. Chez les Phanérogames, le phénomène est souvent masqué, mais cependant il apparaît quel- quefois d'une façon toute particuhère. C'est par une sorte de gélifi- cation que se font les gommes et les mucilages. Cfr. Gélose : Remy, Karstex, Hofmeister, Gasperrixi, Franck (A.-B). — Gomme : Morrex, Soubeirax, Hugo v. Mohl, Karstex, Frémy, WlGAXD. La géhfication partielle est utiUsée par le phytoblaste à chaque fois que son habitation a besoin d'être retouchée; c'est ainsi qu'il 426 BOTANIQUE CKVPTOGAMIQUE ouvre de nouveaux conduits pour communi(iucr avec le voisin, pour y verser son protoplasma ou pour recevoir le sien. Un phytoblaste peut bien construire un raissran d'une grande longueur, mais pour- tant il ne peut jamais le prolonger assez pour qu'il s'étende d'une extrémité à l'autre de la tige, par exemple; pour remédier à cet inconvénient, les deux voisins humectent la paroi qui les sépare ; la cellulose se transforme, se gélilie, et l'isthme est percé. Faut-il allonger un lllament, intercaler une cellule, la chose est simple. A une certaine haudur dans son intérieur se forme un anneau de protoplasma chargé de géUlierla paroi sur la largeur qu'il recouvre; la paroi est bientôt ramollie et chacune des deux portions est repoussée par le protoplasma qui s'intercale; l'anneau devient un tube qui s'allonge, puis prend une enveloppe cellulosique. Lorsque l'allongement est suffisant, un pont est jeté à travers la cavité ; la lame protoplasmique qui le forme se partage en deux par un repli en couronne de la membrane cellulosique. De telle sorte que, en fin de compte, la cellule unique a formé deux cellules juxtaposées. Dans le premier cas, la géliflcation avait pour but de réunir deux phytoblastes; dans le second, au contraire, elle a été utiUsée pour faire deux phytoblastes avec un seul. Ainsi qu'on peut en juger, d'après ce ([ui vient d'être dit, les tra- vaux du phytoblaste sont aussi nombreux que variés, et leur im- portance n'a d'égal que la rapidité avec laquelle ils sont opérés. Observations de E. Baldkimom et de Lv.ndley sur la rapidité de la production des cellules. Dans certains végétaux, les Champignons, par exemple, tout le travail du protoplasma se réduit à absorber des matériaux tout préparés ; il n'a qu'à les transformer, à les assimiler. Ces végétaux sont parasites ou saprophytes. Pour d'autres, la tâche est plus diffi- cile et plus longue : ils doivent créer de toutes pièces les aliments que les précédents ont trouvés élaborés. Les artisans protoplasma- tiques doivent commencer par faire des hydrates de carbone avec l'acide carbonique de l'air et les sels apportés du sol, et, pour cela, il leur faut recevoir l'impulsion de la chaleur et de la lumière; aussi, suspendent-ils le plus souvent leurs travaux en hiver. Avec ces hydrates et avec ce qu'ds tirent du sol par les canaux que nous avons décrits, ils doivent fabri(iuer de la matière sarcodique nouvelle, puis faire des glycoses, que, suivant la nécessité, ils transforment en cellulose, en vasculose, en lignose. Ce travail accompli, ils font PSEUDOKGANITES — BLASÏEMES 427 retourner la glycose à Tétat cramidon, de matières grasses, de tan- nin, etc., font cristalliser la matière azotée pour en obtenir de Taleurone, des cristalloïdes, et s'en composent des réserves qui seront utilisées quand le besoin s'en fera sentir : pendant ce temps, les produits devenus inutiles sont excrétés, c'est-à-dire rejetés au dehors. 2° GÉNÉRATION ET GENÈSE. Un protoplasma peut donc, d'après ce que nous venons de voir, lorsqu'il est placé dans de bonnes conditions, vivre, s'accroître et même se multiplier par simple sectionnement de ses parties. Lorsque, par contre, les milieux ne lui offrent plus ce qu'il demande, il s'enkyste soit en entier, soit après avoir, au préalable, fractionné ses parties de façon à donner plusieurs corps reproducteurs. Ces^ corps, formés, en général, par division libre et après rajeunisse- ment, sont des spores. Chez les protorganisés, les spores sont tou- jours produites ainsi, et comme il n'y a, en outre, pour amener la contuiuité de l'espèce, que la scissiparité ou le bourgeonnement, on comprend qu'avec ce mode de propagation la nature n'eût pu que bien lentement modifier les premiers protoplasmes formés. Aussi un autre mode de génération est-il intervenu, et celui-là permet le perfectionnement, la sélection, V évolution; nous voulons parler de la reproduction par fusion de deux protoplasmes différents, qui devient, à son terme le plus élevé, la génération par sexes. Mais il y a encore là comme un souvenir des procédés premiers; la jonction des protoplasmes est presque toujours précédée d'une sporulation ou enkystement, se faisant encore, là, par division libre du proto- plasma à l'intérieur de cellules qui s'appellent, suivant les cas, anthéridies ou cellules poUiniques, sporogone ou sac embryon- naire ? A. — Homogénie ou génération. Toute génération, ou pour mieux dire tout engendrement, n'étant que la fusion de deux protoplasmes différents, dans certaines limites, par leur constitution, traiter de la génération du protoplasme serait vouloir faire l'histoire de la génération dans les deux Règnes de la nature; aussi comprendra-t-on que nous renvoyions pour les détails à ce qui sera dit à propos de la génération de chacun des groupes ; toutefois, nous devons exposer ici quelques généra- 428 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE lités ayant trait à raccomplissement de l'acte lui-même. C'est, en effet, en l'étudiant sur les pi'otoplasmes réduits à eux-mêmes et débarrassés de toutes les complications organiques qui pouvaient masquer les phénomènes et en dérober la vue aux observateurs, qu'on peut en comprendre l'essence et le ramener à ce qu'il est véritablement, un simple mélange de substances organiques s'effec- tuant dans des conditions spéciales, d'autant plus compliquées et d'autant plus variées, d'autant plus voulues que l'être est lui-même plus élevé en organisation. La rencontre et la fusion de deux masses protoplasmiques : tel est le fait matériel de toute fécondation. L'affinité détermine cer- tainement le rapprochement et la combinaison ; le protoplasme mâle et le protoplasme femelle sont attirés l'un vers l'autre comme le sont le fluide électro -négatif et le lluide électro-positif, et de même se confondent pour former un corps neutre qui participe des propriétés des deux masses conjuguées. « La fécondation est une création; c'est la combinaison de deux éléments contraires qui s'attirent et se confondent par la copulation » '. Pour que la fusion ait lieu, il faut qu'entre les deux masses mises en présence il existe une certaine analogie de composition. De même que deux espèces de vin se mélangeront, de même que se mélangeront deux sortes d'huiles, de même aussi verra-t-on se mélanger deux protoplasmas analogues; mais, par contre, deux protoplasmas de nature différente refuseront de s'unir; on tenterait aussi inutilement de mélanger rimile et le vin : la conjonction est impossible. Nous avons dit que les masses devaient être de composition analogue , mais nous n'avons pas dit de composition identique ; les unions peuvent, en elîet, se faire entre masses de nature analogue : on comprend, par exemple, que l'eau puisse se mélanger au vin parce que le vin n'est que de l'eau additionnée de matières particulières. L'identité des protoplasmes semble entraver leur fusion et cela se comprend, puis- que la multiplication proprement dite est spécialement chargée de cette sorte de reproduction : s'il en était autrement, la génération serait une superfétation et n'aurait pas lieu d'exister. Toutefois il y a passage de l'un à l'autre, ce qui prouve que la génération n'est qu'une modalité de la reproduction. La génération ne semble donc être qu'une simple modalité de la multiplication proprement dite, une adaptation provoquée par des nécessités nouvelles. Il est curieux de suivre les efforts que la i. Raspail (F.-W.), Nouv. syst. de physiol. végét., B. 1837, II, p. 229. PSEUDORGANITES. — BLASTEMES 42;) nature a faits pour arriver à la génération par sexes ou proto- l)lasmes crafflnité génésiaque dilïérente. Les phytoblastes des cellules de certaines plantes, des OEdogo- nium^ par exemple, parfois se multiplient par rajcumssement : dans ce cas on voit le protoplasma se condenser, se ramasser en boule, puis s'ouvrir, par gélilicalion, une voie à Textérieur et aller fonder une colonie nouvelle; on ne peut voir là qu'un simple phénomène de multiplication. Dans VUlothrix seriata, M. Cornu a vu le proto- plasma d'une cellule se diviser en deux parties s'éloignant d'abord, pour gagner chacune une des extrémités, puis, après un certain temps, se rejoignant pour former une seule masse (jui était appelée, elle aussi, à donner une nouvelle plante. Ce n'est certainement plus le rajeunissement; il y a eu, ici, quelque chose de nouveau, comme lébauche d'une fécondation. Dans certaines Algues, dites conju- guées, la complication commence, les deux masses sont contenues dans des cellules contiguës, et la cloison doil être détruite par la gélification pour que l'union des deux masses puisse s'opérer. Cette conjuration est bien une fécondation. De la fécondation dans les Pleurocarpus, Mougeotia, Spirogi/ra, OEdogoniuni, Botvydium, Spliœroplœa. lî. — HéK^rogéiiie ou («eiièse. Les blastèmes peuvent-ils se produire autrement que par fécon- dation, et, une fois produits, peuvent-ils s'organiser, donner des organismes et devenir, ainsi, le point de départ de séries végétales et animales n'ayant aucune ressemblance avec les blaslèmes-parents, avec les sarcodes qui ont fourni les éléments de leur production ? En un mot, peut-il y avoir hétérogénie ou plasmogonie? Nous avons vu cette question se poser pour les Schizomycètes et pour les Schizophycètes. Certains savants prétendent que sous l'influence des actions extérieures un protoplasme peut subir, dans sa nutrition, des modilications assez grandes pour l'amener à pi'oduire des formes- autres que celles qu'il eût données dans des conditions autres. La puissance que nous avons reconnue à l'action des milieux nous a permis d'admettre qu'ils pouvaient modifier une race, voire même une espèce; pourquoi cette puissance serait-elle limitée, et par quoi serait-elle limitée ? il priori donc, la théorie de rhétérogenèse est défendable. Rien ne peut permettre de nier qu'un blastème ne puisse, étant repétri par les milieux, se modifier de manière à 28 /j30 botanique CRYPTOr.A>[[QUE doiinoi' naissance à des organismes autres que ceux qui, vivants ou morts, l'ont fourni. C'est la déduction logique des faits sur lesquels s'appuient et le transformisme et la doctrine de l'évolution, a. — Hénaiorcjanie. Le blastème ou la glaire, VUrschloim d'Oken, peut être, en effet, considérée comme la matière première, la substance plastique avec laquelle toute organisation est confectionnée par les agents impon- dérables : c'est la terre glaise du potier qui dans les mains de l'artiste devient « dieu ou cuvette », animal ou plante, et, parfois successivement, animal et plante. Cette tbéorie de l'bétérogénie et de la mutabilité des Idastèmes semble nécessairement inadmissible à ceux qui ont limité leurs recherches physiologiques aux animaux supérieurs ou aux plantes les plus élevées en organisation. Une poule sort d'un œuf, et l'ceuf vient de la poule, le cycle est com- plet ; de même le Chêne sort du gland et le gland est produit par le Cbêne. Mais il n'en est pas toujours ainsi, et, si la fonction de reproduction par sexes s'accentue à mesure que l'organisation se perfectionne, elle s'amoindrit lorsque, au contraire, les orga- nismes deviennent moins parfaits, et, comme nous venons de le voir, elle finit par se confondre avec la multiplication ou avec le rajeunissement pur et simple du protoplasma. De ce que, chez l'homme, un membre détaclié ne reproduit pas un homme, on ne se evoit plus autorisé à nier la scissiparité du polype ; de même, on ne doit pas se ci'oire autorisé à nier l'bétérogénie parce que rien de semblable ne se montre chez les êtres placés aux degrés supérieurs de l'échelle d'organisation. Il faut rechercher la vérité, car ceux ([ui se trompent le plus sont ceux (jui, à priori, au nom de leur au- torité propre ou de raisons métaphysiques, jugent les questions sans les entendre, La matière organisable se montre partout où la vie s'ébauche ou se poursuit: jusqu'à la mort on la rencontre dans les organismes, et, après la mort, on la reti-ouve encore prête à servir à nouveau, soit après avoir été remaniée, soit même parfois directement; les modifications qui l'ont rendue impropre à la vie de l'individu qu'elle quitte la rendent éminemment propre à s'organiser en indi- vidus d'autre nature. Dans les animaux qui ne sont que des com- posés sarcodiques, nous avons vu se former et apparaître des orga- nismes végétaux, des ferments figurés de toutes formes et de toute activité, les uns physiologiques, les autres pathologiques. S'il faut PSEUDORGANITES. — BLASTEMES i3I en croire même M. R. Lewis, la transformation en microbes et le retour à la glaire se feraient successivement et se renouvelleraient autant de fois que les conditions des milieux viendraient à le com- mander. C'est ainsi que nous avons vu ce savant expliquer les appa- ritions et les disparitions des microbes de la fièvre intermittente, suivant les alternatives d'accès et d'apyréxie. Ces interprétations adoptées par la théorie hétérogénique sont corroborées par les observations de F. -A. Pouchet sur l'ovule spontané. « Les microzoaires élevés qui naissent spontanément dans les infusions sont également produits par l'agencement des animalcules animés, puis devenus immobiles, qui composent la membrane pro- ligcrc. Ce fait est aujourd'hui de toute évidence ; c'est encore à M. Pouchet que nous en devons la démonstration Il compléta sa découverte en prouvant que les microzoaires proviennent d'œufs résultant de la concentration des cadavres de la génération éphé- mère de Bactéries, de Monades, de Vibrions qui composent la mem- brane proligère. Au bout d'un temps très court, une pellicule régu- lièrement granulée change d'aspect ; de place en place et à des distances sensiblement égales, ces granules se concentrent en amas serrés, limités par une zone plus claire, transparente, et qui rap- pelle la zona pellncida de l'œuf ovarique des animaux supérieurs. Ces amas constituent les granules vitellins de l'œuf des micro- zoaires élevés Dans une troisième série de phénomènes, l'ovule spontané se délimite. Les granules, primitivement plus serrés au centre sous forme de noyau, se disséminent uniformé- ment; une membrane enveloppante, d'abord très mince, puis de plus en plus épaisse et quehjuefois un peu colorée, succède à la simple zone blanchâtre qui circonscrivait l'œuf... Puis, le déve- loppement continuant, l'embryon apparaît ^. » Nous ne pouvons nous empêcher de comparer cette description de la genèse de l'œuf spontané avec celle donnée, page 3oo, de la production de cellules par les mycrozymas, et nous nous deman- dons ce qui ditïérencie Ihomogénie de M. Béchamp de l'hétérogénie de Pouchet. MM. Balsamo Crivelli et L. Maggi qui appellent miéline ce que nous avons désigné sous le nom de glaire, etc., la regardent comme le substratum de tout microphyte et, par conséquent, comme pou- vant s'organiser et donner ce qu'ils appellent les formes mié Unique s. Difïérentes entre elles, ces formes sont constantes dans chacune des 1. Pennetier (G.), L'origine de la vie, 18G8, pag. lO.j. 432 BOTANIQUE CRYPTOGA.MIQUE infusions où elles se manifestent, ce qui prouve Tinfluence des mi- lieux et permet de considérer ces formes comme des éléments mor- phologiques. Elles produisent des mici'ophytes. Cette production peut toujours être rejiardée comme résultant de la transformation d"un élément morphologique caractéristique de Finfusion où elle a eu lieu; ou, en d'autres termes, la production d'un microphyte est due à un changement morphologique d'un corps constituant l'infu- sion. C'est ainsi que le Vibrio Bacillus et les Bactéries, dans les so- lutions que représentent les œufs de poule, seraient produits par la transformation morpliologique des granules vitellins : les Vibrions par les granules gras, les Bactéries par les granules protéiques. « Les cellules peuvent provenir d'une génération spontanée^ daprès M. Robin; c'était le mode de formation admis par Schleiden. Dans ce cas, on verrait avant toute chose apparaître le noyau. Celui- ci se formerait spontanément dans un blastème, c'est-à-dire dans de la matière organisée vivante. Sur le noyau formé par genèse se déposerait un corps cellulaire, et la cellule serait ainsi constituée - On comprend, étant donnés les noyaux, que la matière intermé- diaire se sépare en autant de masses qu'il y a de noyaux '. » Dès 1840, ïurpin avait tracé le tableau suivant des fonctions de la matière protoplasmique '. Ce tableau est curieux à mettre en regard des opinions que nous venons de rapporter. « La matière organisable peut, suivant ses états successifs de développement ou (Vù'^e et suivant les diverses formes qu'elle prend dans les tissus, être distinguée par des dénominations parti- culières. « 1" On peut rappeler inatii're ori/anisahlc, tant que ses compo- sants globulins ne sont pas encore sensibles au microscope actuel ; « 2° Tissu amorphe ou ylobnliné , au moment où les globules, d'abord invisibles, apparaissent au microscope après s'être accrus; amorphe ou sans forme ne s'appli({ue ici qu'à l'association des globulins et non aux globules eux-mêmes; « 3" Tissu vésiculeu.ï\ lorsque les globulins, en continuant de croître, se sont vésicules de manière à offrir une masse de vési- cules contiguës encore vides ou contenant déjà une génération nouvelle de globulins ; « 4° Tissu filamenteux ou tubuleu.r, lorsque les globulins, au lieu de se vésiculer, se fdenl et se tubulisent. » 1. Cadiat, Coio's d'histol. in Revue intrni. se, l, iS'iS, pag. 710. 2. Turpin, Mcm. Acad. des se, XVII, 1840, pag. 171, PSEUDORGANITES. — BLASTEMES 433 « Par le mot pulpe, on entend le tissu cellulaire charnu mou et aqueux du sarcocarpe ou du mésocarpe des fruits. Ce tissu cellu- laire.... composé partout d'une simple agglomération de vésicules maternelles contiguës, toujours remplies de globulins plus ou moins développés, plus ou moins colorés;.... doués individuellement d'un • entre vital particulier, il n'est pas étonnant que ces globulins, une fois libres et isolés de l'organisation coniposée et de la vie fl'association du végétal, puissent, étant placés dans un milieu con- venable, végéter, sous ces nouvelles influences, en mucédinée tila- menteuse et articulée.... Ce sont ces globulins si ténus et par con- séquent si transparents qui, lorsqu'on les abandonne dans leur eau sucrée, croissent, deviennent vésiculeux en produisant traulrcs glo- bulins dans leur intérieur, germent ensuite, végètent en lihiinents mucédinés, décomposent le sucre et sont la cause de tous les effets qui constituent ce qu'on appelle la fermentation akool'«iue. » Ainsi donc, pour Turpin, l'auteur même de la formule vitaliste de la fer- mentation, les Saecliaronnjces ne seraient que des globulins accrus et CCS globulins se créeraient spontanément. Il dit autre part : « Si dans î-]80 grammes d'eau on met un l)lanc d'ieuf battu et 60 grammes de sucre et qu'après avoir filtré la licjueur ainsi com- posée, on la verse dans un bocal bouché et surmonté d'un tube deux fois coudé à angle droit, de manière à permettre au gaz carbonique lie se dégager à mesure qu'il doit se former, on finit par avoir, à la température de 30 à 35°, une fermentation vineuse assez prononcée et, en même temps, une production de levure (lui, après le travail de fermentation, se précipite au fond du bocal sous l'aspect d'un sédi- nu^nt ou dune pâte d'un blanc fauve.... Le liquide est soulevé par l'acide carbonique; il se fait une écume. Au microscope, cette pel- licule parait formée de globulins fourmillants, jaunâtres, transpa- rents, dont le diamètre n'est guère au-dessous de i/600 de millimètre ; lie jour en jour, ils grossissent et finissent par atteindre le diamètre de 1/100 de millimètre qui est celui d'un globule de bière ou de lait avant la germination. On les voit alors germer et donner des Lep- t omit us. » L'organisé étant le contraire de l'inorganisé et le figuré étant l'opposé de l'amorphe , il va de soi que plus l'organisation se perfectionne, moins la glaire reste apparente. Lors donc qu'on veut rechercher la glaire et étudier ses fonctions, il faut descendre vers les êtres les moins élevés en organisation. Faisons remarquer d'abord que si, dans les figures que nous avons reproduites fidèle- ment d'après les auteurs, nous ne trouvons pas, la plupart du temps. 434 BOTANIQUE CRYPTOGAMIOUK (rindication de cette matièi'e glaireuse, c'est que l'attention des savants était plus vivement sollicitée par le ferment ligure que par la glaire où il était plongé. C'est ainsi que les cellules du Mycoderma rm (fig. 48) sont noyées dans le mucus (fig. 99 bis). Cependant Fip. 99 bis. — Mijcaderma vini IJes.m. d'après une photographie. nous devons reconnaître que cette matière n'a pas échappé à ceux qui ont examiné les faits de plus près. C'est ce qu'on remarquera "^^^i^ -«i. '*«: 4 & "**%<: Kig. 100. •a • ■ Alicrococcus vaccime, COHN. •S V. Fig. 101. — Min-ococcus.. d'après M. Coh.n. • :* fi-9 ,'8 ?& ^ .* .« ■ -,|j ^ 4 . .. ^. -J ■% e e » ^^ « % Fig. 102. — JMicrococcm... en jetant les yeux sur les figures 100, 101. 102. La raison de cet oubli c'est que l'on ignorait les fonctions de la substance glaireuse et qu'on n'avait pas encore compris que tout animal, aussi bien que végétal, sort de l'amorphe et que c'est la glaire qui est le point de départ de tout travail physiologique. Une simple piqûre, en quel- que endroit que ce soit de notre corps, fait sourdre immédiatement la lymphe plastique réparatrice, et la moindre entaille faite aune PSEUDORGAMTES. — BLASTEMES 435 plante dans ses tissus vivants provoque l'écoulement d'une lymphe analogue dans ses caractères el dans ses fonctions. Entre l'amorphe qui forme à lui seul les êtres dont l'organisation est la plus rudi- mentaire, comme les amibes par exemple, et les organisés supé- rieurs, il y a toutes les transitions, dans l'un comme dans l'autre Règne. L'organisation, au reste, est commandée par les milieux. On comprend fort bien comment les végétaux qui vivent à l'air con- densent leurs membranes cellulosiques et s'en forment un revête- ment cuticulaire, et comment, par contre, les végétaux aquatiques ramollisent leur surface extérieure. Dans le premier cas, la zone vivante productrice, génératrice, la zone à blastème, à glaire ou à miéline est réfugiée entre le bois et l'écorce, où elle reçoit l'hu- midité du sol et la conserve, par suite de la culicularisation de répiderme extérieur. Dans les plantes aquatiijues, les Fucus par exemple, la couche qui vit, celle où s'opèrent les échanges, la zone à blastème, la zone à miéline, etc., c'est la couche externe. Ce sera donc chez les végétaux inférieurs aquatiques, que nous irons chercher les glaires les plus apparentes. Toutes les Algues en sont amplement fournies, même celles qui, comme les Corallinées, ont pris l'habitude de construire leurs cellules protectrices avec des carbonates de chaux. Mais certaines semblent n'être que mucilage, comme le Mœsoijloia ou les BatracJtospennum, ainsi nommés de ce qu'ils ressemblent à du frai de grenouille. Les Nostochs sont des colonies de filaments qui vivent dans la glaire; de même, les Volvo- cinées, les Pandorinées, beaucoup de Diatomées et de Desmidiées. Les Hœmatococcus (fig. 28, n° 1) ont leur matière rouge suspendue au milieu d'un globe de protoplasme hyalin à travers lequel pas- sent les deux cils nageurs; les Protococcus, les Oscillaires sont en- veloppés aussi d'une zone analogue, mais moins épaisse et moins visible. Elle existe alors qu'elle n'est pas perçue, et l'on s'aperçoit de son existence à certaines particularités physiologiques ; c'est ainsi que l'on est arrivé à la constater, chez certaines Diatomées et chez certains Oscillaria, en examinant le mécanisme des mouve- ments. Cette glaire se retrouve chez nos protorganisés; nous l'avons vue englober le Saccharomyces cerevisiœ; c'est elle qui forme une sorte de tube autour des BaciUus anthracis, qui, en s'étirant, produit les cils dont il est armé. Les zoogkea en sont complètement formés d'abord, fig. 63, 75, 86,103; puis les microbes s'y montrent, semblent l'absorber en s'en enveloppant pour s'étirer en filaments (fig. 100, 109), s'arrondir en sphérules (fig. lOo, 106) ou s'allonger en bâton- 4 36 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE nets (fig. 107), se contourner en spirales (fig. i08j et, en fin de compte, deviennent liltres à l'état de Micrococcus (lig, 79), BaciUus •;'■-■/; ï 1- ■•:'^:- - .v^-j Î-", ^_ f-^:y ■>._'•;;;. .-î^.^ ?^.- ■^^"' !;^ Fig. 103. — Zooglc-ea, début de ïHygrocrocis Fig. lui. — Mijcodevma aceti Des.m., arsenicus. d'après une photographie. (fig. 80), Bacterium :Tig. 74, 86), Vibrio (fig. 82) ou Spiritlum (fig. 87). Ces zooglaea se forment dans toutes les infusions et dans les solutions ,7*-.:^ -'"^iîV-J^ '•^;" >..-! ^-•" ^0 y^p f- "S-^-i -':^^-*-^.Q-„M5 Fig. 105. — Zooglma de Micrococcus fulous Fig. 106. — Zooglaea de Micrococcus ...ureœ? passant à l'étal d'essaim. passant à l'état d'essaim. minérales contenant des matières organiques en décomposition; ils ont été constatés dans l'huile par M. Van Tieghem; ce sont de sem- blables productions qui forment les nuages que nous avons cons- PSEUDORGANITES. — BLASTÈMES 437 tatés comme étant les déljiits des Hf/grocrocis; elles forment les mycoderma de la mère du vinaigre (tig. 104). Dans la bouche, elles constituent une partie des enduits de la langue, et on les retrouve dans les liquides intestinaux servant de liaison aux tubes de Lep- tothrix buccalù. Dans certains cas, ils se produisent dans le sang, oomme Ta vu M. Detmers ; peut-être sont-ce ces zooglcca ffui forment ' •''':9.-/^^ ,,V;!:iM, Fi". 107. — Zooglaa de /lacterium lineola, Kig. 108. — Zooglaîa de Spirillum tenue, d'après M. Cohn. d'après M. Coh.n. les embolies qui arrêtent la circulation; l'urine contient souvent des glaires où s'ébauclient des Microzijma, puis des Micrococcus, même à l'état de santé (lig. 106). Le développement et l'npparition des mi- crobes sont toujours précédés d'une production de glaire, soit qu'il s'agisse d'une reproduction par germe, soit qu'on ait atTaire à une production hétérogénique. Dans le premier cas, le germe a apporté avec lui la zone glaireuse ; dans le second, la zone s'est formée à l'aide des milieux, directement et sans autre déterminisme que la « propriété organisatrice » de la matière organique en décompo- sition. La constance de la production de la glaire semble n'avoir pas .échappé à l'attention des observateurs ; mais la question de son rôle -a été résolue en sens différents. Les uns, et ce sont les plus nom- breux (ceux qui ont été les derniers à comprendre que le proto- plasme est la matière végétale par excellence, comme elle est la base de la matière animale), les uns, disons-nous, ont déclaré que la glaire était une gelée de décomposition et qu'on devait la placer à côté des mucilages de la graine de lin, de psyllium ou de pépins de coings : ce n'est, pour eux, qu'une décomposition de l'amidon, un produit de mort. Ils appuient leur opinion sur des observations qui montrent ces mucilages, ces géloses produites sur les Algues marines par l'action de l'eau douce. D'autres croient que ces glaires 43S lioTAMUUE CRVPTUGAMlOUE sont les sécrétions ou, même, les excrétions des pliyto])lastes. D'au- tres, enfin, prétendent, au contraire, que c'est la matière première, le blastème qui donne naissance aux organismes figurés qu'on voit s"y former plus tard. C'est l'opinion de M. Baudrimont citée plus haut (page 345) ; c'est également, au moins pour quelques cas, celle de M. Pasteur. En parlant du prétendu microbe rabique, M. Pasteur dit : '( Cliacun de ces petits articles est entouré pour un certain foyer d'une sorte d'auréole qui correspond peut-être à une matière propre. Sans doute, en donnant une position convenable à la len- tille de l'objectif du microscope, on peut ordinairement voir se des- siner autour des organismes de la taille de celui dont nous parlons une plage un peu lumineuse; c'est un etîet de diffraction. Mais, dans le cas actuel, il semble vraiment que l'auréole soit produite par une substance muqueuse, une sorte de gangue au sein de la- tiuelle se formerait peut-être le petit organisme par un procédé analogue à celui i[iii donno naissance aux corpuscules de la pébrine des vers à soie. » Aucune de ces suppositions ne doit être regardée comme absolue. L'analyse chimique, en démontrant une grande quantité de principes divers unis à de la matière organique et, dans certains cas, à ce que l'on a nommé gélose (page 42oj qui n'est qu'un hydrate de carbone, rend plausible chacune d'elles. En fait, la glaire est du protoplasme, s'organisant, comme tout protoplasme, pour donner naissance à des êtres figurés qui, même en se séparant de la colonie, gardent autour d'eux une enveloppe plasmatiijue, plus ou moins développée suivant les espèces, et dont la fonction est de mettre le phytoblasle inclus en communication avec les milieux. Cette zone d'échange contient donc pt les éléments d'assimilation et les éléments de désassimilation; car elle reçoit, en même temps, les aliments venus du dehors et les sécrétions ou excrétions venues du dedans. Au moment de la mort, la gelée protoplasmique se mélange à celle qui est fournie par la décomposition et qui est plus franchement amylo'ide, surtout lors- qu'elle provient de la gélification de celluloses. Ces glaires sont bien plus nombreuses qu'on serait tenté de le supposer, parce que leur habitat les dérobe le plus souvent à notre observation ; mais, si peu qu'on veuille y porter attention, on finit par les trouver dans toutes les eaux : il n'est pas de sources, de cours d'eau, rivières ou fleuves, il n'est pas de mares où l'on ne les rencontre sous une forme ou sous une autre, et l'on ne peut s'em- pêcher de les comparer à ces singulières productions terrestres que nous avons nommées Mvxomvcètes; comme elles, glaireuses à leur PSEUDORGANITES. — BLASTEMES 439 début, elles prennent, peu à peu, des formes animales ou végétales variant suivant les milieux, qui les ont fournies. Il serait intéressant d'étudier toutes ces matières protoplasmi- ques dans leurs rapports avec Tétat de pureté des eaux où elles se forment; mais les éléments de cette étude manquent encore. Partant de ce fait que ces zooglsea varient avec la composition des eaux dans lesquelles ils se forment et donnent naissance à des organismes variables comme eux, il ne paraît pas impossible d'espérer qu'on arrivera à pouvoir, d'après l'inspection de la flore et de la faune microscopique des eaux, se prononcer sur leur valeur relative et sur leur degré de pureté. Cela a déjà été tenté par M. Neuville, qui a essayé de classer les eaux de Paris en prenant pour base de sa clas- sification l'étude des productions microscopiques qu'elles contien- nent. Une telle reclicrcbe pourrait bien être tentée avec fruit pour les eaux minérales. « Les glairines des sources minérales ne diffè- rent des matières glaireuses ou muqueuses des eaux douces que par les espèces d'Algues ou d'animaux qui les composent, et leur composition à cet égard varie d'une source minérale à l'autre avec sa température et autres conditions qui influent sui' le développe- ment des êtres organisés. » Glairine des eaux sulfureuses : Luchonine. Daxine, Saint-Sau- verine, Barégine. Des SnlfiDaria et des Ciciiut/nix. Si l'on en excepte le caractère que présentent les fdaments con- fervoïdes de ces productions de ne pas se ramifier, on remarquera i^Êssm^ lï^ ■f^. Fig-. 109. — Zooglœa de VHygrocrocis de la maiacue aiie : yitusstj Jb» vius. que l'organisation s'effectue d'après les mêmes règles que celle de& Hygrocrocis (pi. I et fig. 109) et des Scbizophycètes (pag. 298) .Mais le développement ne s'arrête pas toujours là. Dans bien des cas, la glairine se colore, et alors on retrouve les phénomènes que nous / HO nOTANloLE CRVPTOGAMIOUE avons in(li(|iu\N à propos des Schizophycèles chromogènes (pag. 241). On peut, d'après 31. Bonis, dire d'une manière générale que les eaux naissant sulfiuTuses à des températures supérieures à -f- 50° et + oo" ont leurs formations glaireuses pourvues d'une couleur rou- geàtre d'autant plus intense que la température est plus élevée. Le soufre se dépose à l'intérieur des tubes, romino nous l'avons indi- (|ué pour les Beijijiatoa. Les lilaments passent à la couleur verte, c'est-à-dire prennent des corpuscules chlorophylliens dès qu'on s'éloigne du griffon ; les eaux deviennent plus pures et apparaissent, dès lors, avec des carac- tères particuliers qui permettent de les ranger dans les Algues vertes ou dans les Schyzophytes de M. Cohn (voir pag. 239). Tant que les lilaments sont restés blanchâtres, hyalins, ou bien jaunâtres, rougeàtres, bruns ou noirs, on les regarde comme des Sulfuraires, et ils appartiennent aux protorganisés protophytes. « Les Sulfuraires, pour se produire, exigent quatre choses : 1° une température au- dessous de -f oO", 2° un courant d'eau froide, :> le contact de l'air, 4° la présence d'un principe sulfureux. L'abondance des Sulfuraires ne prouve donc pas nécessairement la richesse d'une source, mais seulement que les quatre ronflitions exigées sont parfaitement rem- plies. » De la glairine des eaux de Vichy. Cfr. Baidrimom- (E.), Petit (Ch.). ^ Ces glaires sont-elles mobiles à la façon des glaires des Myxomy- cètes et des autres blastèmes nus et libres? En général, on ne semble pas l'avoir constaté; toutefois Dujardin a affirmé que les Siilfurarla de certaines glaires étaient animées de mouvements plus actifs que les Oscillaria. De plus, M. Greeff a trouvé dans les eaux douces une glaire mobile, qu'il a nommée Pelomy.ra, qui ressemble beaucoup aux Bathybim des eaux salées. Au reste, que ces glaires soient mobiles ou immobiles, cela n'infirme ni no confinue leur nature protoplas- matique et sarcodaire, caries anthérozo'ides des Floridées, auxquels nul ne refuse la qualité d'être des protoplasmes nus, sont des glo- bules de plasma dépourvus de toute mobilité. L'ooze est la glairine des eaux salées; c'est elle qui donne nais- sance aux microphytes et aux microzoaires des océans ; on la ren- contre au fond des mers, et elle est remplie de coquilles de Globi- Ijninées, Diatoméps et autres microbes. Elle est le zooglaea des mers, comme les glairines sont les zooglœa des eaux minérales et des eaux douces, comme les Myxomycètes sont les zooglœa des terres PSEUDORGANITES. — BLASTÈMES 441 émergées. Si l'ooze n'était découverte, on devrait la rechercher, car il eût été invraisemblable qu'elle n'existât pas. Pourtant, on en a nié l'existence, peut-être parce que l'on a voulu voir en elle un pro- tiste, un être défini, et qu'on Ta baptisé du nom de Bathybins. Quoi qu'il en soit, cette ooze a déjà fourni aux zoologistes qui Font étu- diée, outre le Bathybius Hœckelii {i\g. 110), le Protamœba pj'iniitira, ■?!•',• ..-4 ^%^; •^i^-" '^A. V*. "ri- -,- .", '■.■■-. ; -r Fi.L'. 110. — Bathybius Eaeckelii, d'apri-s Haeckel. le Protobatlu/bias, le Prolomyxa aurantiaca, et certainement on ne s'arrêtera pas là. Rien ne s'oppose donc à l'existence de l'ooze, si ce n'est la pré- vention scientifique : nous dirons plus, l'analogie amène à la recon- naître indispensable comme substance sarcodique marine phytozoo- gène. C'est bien la matière de vie des immenses espaces des océans qui, suivant les conditions extérieures de température, d'électricité ou de mouvement des eaux, gagne le fond des mers, où elle se précipite sous forme de gelée, ou bien se réduit en particules infinitésimales et remonte ainsi plus ou moins près de la surface. Il semble, même, hors de doute que ce soient ces particules qui, par les chaudes nuits d'été, produisent le phénomène de la phosphores- cence de la mer et illuminent tous les corps auxquels elles s'atta- chent. Tantôt libres, elles jaiUissent avec la poussière liquide en flots de diamants sous la rame qui les soulève, sur la pierre où la vague se brise, ou encore autour du navire, derrière lequel elles tracent un long sillon de lumière; tantôt prisonnières, introduites par les animaux marins dans leurs cavités intérieures, elles les êclaironl o\ on font, loi-squ'ils sont transparenls, comme les Nodilu- (jiios ouïes Méduses, des sortes de lanternes vivantes sous-marines, »jui pronulMient à travers les Ilots des lueurs irisées qu'active leur respiration. Mais, a-t-on objecté, le Batliybius ou oozc ne peut être une matière organique, puisque M. Mœbius a pu le fabriquer de toutes pièces avec des matières inorganiques (voy. ()4) ! Et (]u'est-ce qui prouve qu'il n'en est pas de même de toutes les glaires, des giairines ou zoogènes ? Pourquoi ces matières de vie ne se feraient-elles pas directement avec les matériaux des milieux cosmiques? N'est-il pas prouvé que tous les éléments de leur réno- vation et de leur évolution n"onl pas d'autre source? pourquoi n'en tireraient-elles pas leurs éléments d'apparition, de genèse ; dans les deux cas, les principes à mettre en œuvre sont les mêmes, les forces agissantes sont les mêmes, les produits sont les mêmes; que faut-il de plus pour prouver l'identité des deux actes? qu'y a-t-il ({"illogique, la rénovation des sarcodes étant démontrée, d'en re- connaître la création? Pourtant, par création, on n'entend pas pré- tendre que la matière se forme de rien : « JSullam, rem à nihilo gigni divinitus unqmim ; » l'on veut simplement dire qu'elle transforme des matériaux iiun-ganiques préexistants en une série de combinaisons cbimiques déterminées par les seules forces naturelles qui régissent notre globe. C'est l'autogonie de M. Haeckel ; elle réduit les phéno- mènes vitaux h leur plus simple expression : à une combinaison chiniitjue. N'est-ce pas cette simplicité qui effraye certains esprits qui ne peuvent vivre sans faire intervenir des forces extra-naturelles et métaphysiques? On le croirait, aux efforts qu'ils font pour trouver + Ph, S. C'est une substance- azotée quaternaire, plus du soufre et du phosphore. Celte combi- naison ne varie pas dans son essence ; mais elle varie à l'intini dansv les rapports de ses éléments; ce sont ces différences qui entraînent les variations de forme et de nature. On conçoit que celles-ci doi- vent être innombrables, si l'on songe, d'un côté, à la variété des- combinaisons chimiques qui peuvent se former, et, d'un autre, si- l'on se rappelle que l'azote a pour caractère essentiel l'indifférence,. ce (pii le rend plus propre ipie tous les autres à des moditications- variées. Ces considérations montrent, déjà, que les éléments se prê- tent assez d'eux-mêmes à Vapparilion des substances azotées, qua- ternaires. On entrevoit que ces combinaisons peuvent se faire même facilement. » D'après M. Méhay, lorsqu'on expose à l'air un mélange d'acétate. i\c! nitrate et de phosphate de soude en solution aqueuse, il y a, au; bout d'un certain temps, dégagement d'azote et, dans la masse, on trouve du carbonate de soude et une matière glaireuse inflam- mable. M. Méhay suppose que ces transformations sont dues à la présence du phosphate de soude; il dit que ce phénomène rappelle la fermentation, mais qu'il y a là une fermentation due uniquement à des réactions chimiques. Dans l'expérience de M. Méhay se trouvaient réunis tous les élé- ments qui entrent dans la composition d'une matière organique. Il n'est donc pas étonnant qu'elle se soit produite. On peut procéder autrement. Nous avons admis que la nutrition ou rénovation des blastèmes se faisait par la seule action de l'ammoniaque sur un hydrate de carbone. La création a-t-elle pu se faire, elle aussi, par la réaction de l'ammoniaque sur les principes amylacés ? M. ^Yurtz * a trouvé que des aldéhydes peuvent prendre naissance par la réduc- tion incomplète de l'acide carbonique et de l'eau ; puis, que certaine ft- 1. Wurtz (A.), Évolut. des mat. organiques dans le Règne végétal, iu Rev. scient., 2 sér., III, pag. 308. PSEUDORGANITES. — BLASTEMES 445 d'entre elles, sous l'action de l'ammoniaque, donnaient naissance à de la matière azotée. Le même chimiste a vu, en outre, qu'en chauf- fant de la glycose avec des nitrates, ceux-ci se réduisaient et don- naient des composés azotés. M. Gautier dit, de son côté * : « On peut penser que, sous Tinfluence des rayons solaires, les hydrates de carljone réagissent sur les nitrates et probablement aussi sur les sulfates qu'ils puisent dans le sol, les réduisent et s'unissent à de l'ammoniaque et aux sulfures qui en résultent pour former les diverses matières albuminoïdes. » M. Berthelot, en soumettant de la cellulose, de la dextrine humide à l'action de l'air, sous l'in- lluence d'une forte tension électrique continue, a obtenu la combi- naison de l'azote avec ces substances hydrocarbonées. Dans ces divers cas, on suppose l'existence des hydrates de car- bone ; pour que la démonstration soit complète, il faudrait que ces matières pussent être créées. M. Schûtzenbcrger est arrivé à produire un véritable hydrate de carbone défini, avec des matières minérales; et, cela, par un procédé analogue à celui qu'emploient les végétaux, car il consiste essen- tiellement dans la mise en liberté du carbone en présence de l'eau. « La matière organique, si complexe qu'elle soit, n'est autre chose ((ue le résultat de la combinaison d'éléments empruntés au milieu inorganique ; les composés ternaires, les (jlijcotjènes, les graisses ou les substances alhumiitoides, ne sont que le produit de l'association chimique d'éléments minéraux : le carbone, l'oxygène, l'hydrogène, l'azote, le phosphore, le soufre, le fer et les sels alcaUns dissous dans l'eau. Un grand nombre de ces synthèses ont été réalisées artificiellement par la chimie moderne... M. Wôhler a produit de toutes pièces de l'urée ; M. Berthelot, de la glycose, de l'acide oxa- H(iuc, de l'acide formifjue, de l'alcool, des éthers, des corps gras; M. Smée, de la fibrine, de la chondrine; enfin M. Wurtz, en 1867, a présenté à l'Académie des sciences de la névrine artificielle. » On entrevoit donc comment la matière organique a pu appa- raître à la surface de la terre. C'est ce que nous avons essayé de i-endre par le schéma que nous avons donné à la page 67. Existe-t-il une distinction entre les produits organiques arti- ficiels et les composés formés sous l'influence des êtres vivants? Dyssymétrie moléculaire : Pasteur; Schûtzenberger ; JUISGFLEISCH. I. Gauthier (A.), Chimie appliquée à la physiologie, I, 2.j7. 29 446 BOTANIQUE CllYPTOGAMIQUE 2° La matière formée spontanément a-t-elle pu prendre vie? qui lai a communiqué la force de vivre, la « force vitale », lea « pro- priétés vitales », etc., etc.? « Il n'y a point de propriétés vitales, mais seulement des pro- priétés physiques., donnant lieu à des phénomènes vitaux qui sont des complexus spéciaux de propriétés physiques. L'explication des propriétés vitales par des interprétations physico-chimiques est le but que se propose la physiologie actuelle. » (Claude-Bernard.) « Tout phénomène vital a un déterminisme rigoureux, et jamais ce déterminisme ne saurait être autre chose qu'un déterminisme physico-chimique. La force vitale, la vie appartient au monde méta- physique et non au monde phénoménal ; son existence est une nécessité de l'esprit, mais nous ne pouvons nous en servir que sub- jectivement. Il faut donc séparer le monde métaphysique du monde physique phénoménal qui lui sert de base, mais qui n'a rien à lui emprunter, et conclure en paraphrasant le mot de Leibnitz : « Tout se fait dans le corps vivant comme s'il ny avait pas de forces vitales. » (Claude Bernard.) « ir faut bannir la vie de toutes les explications relatives à la chimie. » (Berthelot). « Dans mon opinion, il n'existe pas de matières organiques, c'est- à-dire que je vois seulement dans les êtres organisés des appareils d'un effet lent, agissant sur des matières naissantes et produisant des actions inorganiques très diverses avec un petit nombre d'élé- ments. » (Dumas.) a Les activités propres des éléments histologiques qu'on appelle propriétés vitales dérivent par voie de transformation de réactions physico-chimiques accomplies dans les profondeurs de l'économie; toutes ces activités ou propriétés ont un caractère de spécialité qui leur est communiqué par la spéciahté de composition et de texture des éléments histologiques eux-mêmes, » (Gavarret.) C'est dans les phénomènes physico-chimiques qu'il faut cher- cher Texplication de la viel « Un corps vivant est un foyer chimi- que où, à tous moments, ont lieu un apport de molécules nouvelles et un départ de molécules anciennes. Les combinaisons n'y sont jamais fixes, mais toujours in nisu, d'où mouvement continuel et chaleur» (Blainville). L'inertie de la matière est un contresens (voy. pag. 56) : jamais la matière n'est à l'état de repos. Les molécules qui composent un corps, aussi bien que les atomes qui forment les molécules, sont constamment à l'état de mouvement. Ces particules tendent à se PSEUDORGANITES. — BLASTEMES 447 lancer dans l'espace avec une force qui varie suivant la nature propre à chacune d'elles : c'est ce qu'on nomme leur énergie cinétique. Mais elles ne satisfont pas cette tendance, qui annihilerait bientôt notre globe ; elles sont enchaînées par une force qu'on nomme la pesanteur et qui les retient, malgré elles, à proximité les unes des autres. La lutte s'établit. Obligés de se mouvoir dans un faible espace, atomes et molécules se heurtent sans cesse les uns contre les autres et pro- duisent de la chaleur, transformation de la force cinétique domptée, car rien ne se perd dans la nature , ni la matière ni la force. La pesanteur devient affinité et cobésion, pendant que la force ciné- tique se transforme de son côté en lumière ou électricité, et la lutte continue sous de nouvelles formes en rapport avec la complexité des corps formés, et, ainsi, l'on passe de l'inorganique à l'organique, puis à l'organisé. La matière se nommait tout à l'heure : atome et molécule, et les forces en présence : énergie cinétique et pesanteur; maintenant la matière se nomme animal et plante, les' forces sont chaleur, électricité, lumière, aftinité, cohésion, et l'ensemble des phénomènes se nomme la Vie, dont le corollaire est la Mort. S'il nous était permis de voir au microscope, par exemple, ces atomes d'hydrogène dont il faudrait, au dire de M. Maxwell, deux millions bout à bout pour égaler un millimètre, si nous pouvions suivre leurs mouvements, dont la vitesse a été évaluée de 1844 mè- tres à la seconde par M. Clausius; s'il nous était possible de les voir fuir ou rechercher, suivant les conditions, les atomes d'oxygène avec lesquels ils forment de l'eau ou toute autre molécule ; si ensuite il nous était donné de compter les pulsations vibratoires de ces molé- cules, c'est-à-dire le nombre des ondulations qu'ils communiquent à l'éther en une seconde, et si nous arrivions au chiffre de cinq mille millions indiqué pour M. MaxAvell, il semble que la vie des atomes et des molécules ne serait plus mise en doute. Jusqu'à ce que les microscopes soient assez perfectionnés pour rendre les atomes ou les molécules apparentes, ou jusqu'à ce qu'on sache les voir, l'on ne pourra s'appuyer que sur les déductions tirées de la considéra- tion des phénomènes physico-chimiques. Et pourtant nous sommes sur la voie. Sous les plus forts grossis- sements du microscope, on voit de petits corps palpiter, trépider, rouler, tourner sur eux-mêmes, s'élancer, s'arrêter, se retourner, s'approcher les uns des autres, se fuir ou se rechercher. Nous sommes tentés d'en faire de minuscules Schizophycètes et de leur concéder les mêmes privilèges. Mais on nous arrête : corps inorga- nisés, nous dit-on, mouvements browniens! Eh bien, ces mouvements, /,'i8 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE poiiniuoi lie soraiciil-ils pas de même nalurt' (jue les autres, ou in- versement les autres de même nature que ceux-ci? a. M. Stanley Jevons a observé que les mouvements browniens sont modifiés, accélérés, ralentis ou même tout à fait arrêtés par une foule d'agents physiques qui exercent des effets analogues sur les mouvements de la matière vivante. M. Jevons a constaté que ce sont les particules suspendues dansTeau pure (jui offrent les mouvements browniens les plus rapides. La chaleur diminue ces mouvements, tandis que le froid les accélère ; l'acide sulfurique et les acides minéraux les arrêtent promptement ; un millionième d'acide sulfu- reux, versé dans le liquide contenant des particules agitées de mou- vements browniens, suffit pour rendre ces particules immobiles et déterminer leur chute au fond du vase. L'iodure et le chlorure de potassium, les alcalis caustiques, les sels métalliques sont aussi (les agents modérateurs du mouvement brownien, mais à un moin- dre degré. » (J.-L, de Lanessan.) L'affinité ou la cohésion sont en lutte perpétuelle avec les agents chaleur, électricité, lumière, qui sont, sans doute, trois états de la même force. La vie de l'inorganisé est le résultat de cette lutte, qui se termine toujours par la décombinaison de l'inorganisé, c'est-à- dire sa mort comme individualité, et par la recombinaison des élé- ments en des individualités nouvelles. Si la combinaison est de la matière organique, les actions sont plus mullipUées, les mouvements plus actifs et la vie plus courte, l'usure plus grande ; la séparation des éléments s'opère de la même façon. Ârrive-t-on à la matière organisée, la complexité augmente en- core, les échanges s'établissent avec des caractères nouveaux, l'affi- nité et la cohésion font l'assimilation et la nutrition, pendant qu'en sens inverse apparaissent les phénomènes de désassimilation. La lutte s'étabht sur un champ plus vaste, et les phénomènes plus appa- rents sont dits phénomènes vitaux, pendant que l'ensemble des forces est désigné par le nom de « force vitale ». Que la matière organisée se perfectionne encore, que les divi- sions du travail s'opèrent, que les molécules de même ordre et de même fonction s'unissent pour faire des organes et les organes des appareils, et, en même temps, avec la complexité anatomique, aug- mentera la complexité fonctionnelle; c'est alors que les phéno- mènes, devenus incompréhensibles pour ceux qui ne les ont pas analysés, seront désignés sous le nom de vie. PSEUDORGAMTES. — BLASTEMES 449 Au fond, il n'y a que des phénomènes physico-chimiques, que des mouvements d'atomes et de molécules commandés par une force, la chaleur, ou par ses dérivés. « La chaleur apparaît partout comme compagne inséparable et comme manifestation extérieure de tout travail organique. Partout où se trouve la matière organisée vivante, le protoplasma, même chez les végétaux, même dans un organe à l'état de repos, d'inacti- vité apparente, un travail s'accomplit : il se développe de la chaleur. Ce travail, celui de la nutrition, qui est la condition première de la vie et dont l'acte le plus essentiel est l'absorption d'oxygène, les tissus mômes qui ne produisent pas de mouvements , mais fabri- quent les substances organiques, l'accomplissent. « La chaleur, émanée du soleil, source de tout le mouvement de notre monde, la chaleur, agent essentiel de la transformation de la matière inorganique en matière organique, de synthèse des élé- ments minéraux en principes organiques, agent probable de la syn- thèse primordiale du protoplasma, est la forme de mouvement qui se trouve au début et à la fin de la vie et la caractérise pendant toute sa durée. Les rapports avec les mouvements organiques sont les mêmes qu'avec les mouvements cosmiques, et cela suffirait à mon- trer l'identité de nature et d'origine des uns des autres. « Les mouvements organiques ne sont qu'un mode de manifesta- tion plus complexe et plus parfait des mouvements cosmiques, de même que les substances organiques ne représentent que des combi- naisons plus complexes et plus élevées des éléments minéraux, de même que les formes et les modes d'activité de tous les éléments vivants dérivent du protoplasme et de ses propriétés essentielles... « Transformation des éléments minéraux en principes organiquos, transformation des mouvements cosmiques en mouvements organi- ques plus complexes, transformation du protoplasma en éléments organisés, associations de plus en plus complexes de ces individua- lités élémentaires en organismes de plus en plus parfaits : telles sont les bases fondamentales de la loi du progrès par révolution, qui régit la vie des éléments et des organismes, comme elle régit celle des sociétés humaines. » (Rouget Ch.) C'est ainsi qu'un rayon de soleil fait vibrer tous les protoplasmes du globe, c'est ainsi qu'un nuage qui le voile produit un obscurcis- sement qui a son contre-coup jusque sur nos pensées!... /,r,0 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE RÉSUMÉ L'étude des zymases ou ferments solubles des animaux et des végétaux nous avait amenés à ne voir dans les phénomènes vitaux qu'elles accomplissent que des phéno- mènes chimiques, que des actions de contact effectuées sous l'impulsion de forces physiques. La « force vitale » des savants n'apparaissait plus, dans ces cas, que comme une force physico-chimique particulière, dont les perfectionne- ments étaient corrélatifs des perfectionnements anatomi- (pies; nous arrivions même à en imiter les productions avec les simples appareils de nos laboratoires. De tehe sorte qu'on passait de la zymase, matière de vie, à la matière minérale inorganisée et même inorganique. Les zymases seraient-elles donc des substances spéciales, des proto- plasmes faisant exception? C'est ce que nous avons recher- ché dans ce dernier chapitre, et nous avons vu que tous les blastèmes : zoogènes ou phytogènes, voire même phyto- zoogènes, se comportaient comme les zymases, que tous se ramenaient à la glaire^ ei que cette glaire, matière orga- nique, se formait soit par multiplication de celle existant déjcà, soit par création spontanée. Aussi : Considérant que la matière organique retournant inces- samment à l'état inorganique, sans que pour cela sa quan- tité diminue, il est prouvé, par cela même, qu'elle se reforme au fur et à mesure qu'elle se détruit ; Considérant que cette formation de matière nouvelle se faisant par emprunt aux inorganiques sous l'influence des agents extérieurs, il est, par cela même, prouvé que les mi- lieux jouent le rôle capital dans cette production ; Considérant que la matière organique première s'étant PSEUDORGANITES. — BLASTÈMES 451 faite par la seule action de ces mêmes milieux, (^t que rien lie montrant que ces milieux aient perdu leur faculté créa- trice, il est, par ce fait, admissible qu'ils l'ont conservée; Considérant, en outre, que les actes de création de maté- riaux d'entretien étant les mêmes que ceux qu'on invoque pour les créations nouvelles, et qu'il est aussi impossible d'expliquer la cause première des uns que la cause pre- mière des autres, il semble que ces deux pbénomènes ne font qu'un; Il nous paraît juste d'admettre : 1" «[ne la création a con- liiHM' il se produire d'une façon non intern»m])ue; 2" que « la genèse sjjontanée ne parait être, comme nous l'avons dit ailleurs', cpi'une modalhé de la genèse; » 3' que cliacun pourrait la constater ii chaque instant s'il iiftait trop préoccupé de vouloir qu'elle n'ait pas lieu. De telle sorte qu'il nous semble : . 1° Que les ovnwRisïiis ont raison de prétendre que les ferments figurés ou leurs geinies pouvant se trouver dans les circumfusa, l'air, les eaux^ les objets (jui nous entourent, peuvent, par conséquent, accidentellement de- venir des causes de certaines fermentations chimiques ou pathologiques quand ils rencontrent les milieux préparés et favorables à leur développement; 2" Que les hémi-organicie\s ont raison de prétendre (|ue ces fermentations par germes ensemencés sont for- tuites, exceptionnelles, peut-être, et que souvent les mi- crobes naissent de matières hémi-organisées douées de la « force vitale », évoluant et s'organisant en ferments figurés sous rinfluence de l'action des milieux; 3" Que les hétérogémstes ont raison de croire que les 1. Marchand (L.), Des classifications et des méthodes en botanique, m Mém. Soc. Linnéenne de Maiiie-et-Loire, 1865, pag. 105. 45-2 BOTANIQUE CRVPTOGAMIQUE matières douées de ce qu'on est accoutniiK^ d'appeler « force vitale » s'organisent avec des matières organiques par l'in- fluence de l'action des milieux. 4" Que les autogénistes ont des raisons plausibles poui- admettre que cette matière organicjue peut se produire directement, spontanément, avec les éléments inorganiques, par l'action des agents impondérables sur les milieux pon- dérables. Aucune de ces hypothèses, ainsi conçues, ne s'exclut; au contraire, elles se complètent; adoptées dans leur ensemble, elles expliquent les faits dont nous sommes témoins chaque jour. Mais il faut que chacune d'elles renonce à régner d'une façon absolue et se résigne k son rôle réel. Ainsi nous^ aurons des fermentations chimiques, physiologiques ou pathologiques s'expliquant tantôt par l'ensemencement . tantôt par l'organisation des hémiorganisés, tantôt par la production directe, dans des sols fermentescibles convena- bles, de pseudorganisés s'organisant et passant ensuite à l'état figuré. Ainsi l'on comprendra Tapparition fortuite des levures, des levains, des microbes de fermentations et de maladies. Ainsi, enfin, on mettra d'accord la théorie para- sitaire, ses contagions et ses ensemehsements divers, avec la théorie zymogénique et ses productions spontanées. Et, si l'on en arrive là, la médecine, aidée de la clinique, de la chimie, de l'histoire naturelle, pourra efficacement prendre ses précautions hygiéniques, tout en préparant son arsenal thérapeutique. CONCLlSIO>S GÉNÉRALES L'étude des Pi'otdpliytcs-figiirés nous h conduits dune part à les rattacher aux groupes supérieurs de végétaux, les Schizoniycètes passant aux Chaiiipigiions et les Schizo- phycètes se rattachant nettement aux Algues; d'autre part, nous avons dû reconnaître (pie leur structure était trop complexe pour nous permettre de hien comprendre les phé- nomènes physiolugi(jues dont raccomplissement régulier constituait leur Vie. Composés, en etlèt. diuic nuMuhrane cellulosique, sorte de filtre placé entre deux couches de matière amorphe, l'une contenue et l'autre enveloppante, nous avons dû, eu face des opinions contradictoires émises par les savants, nous demandei- quel était le rôle de chacune de ces parties. L'enveloppe cellulosi({ue (pii leur donne leur forme et qui devrait leur assurer une spécificité d'action ne nous ayant semblé en aucune façon remplir ces deside- rata, et les phénomènes de fermentation, tant physiolo- giques que pathologiques, s'opérant en son absence et avec des matières non figurées, nous avons ainsi été conduits à l'étude des Pseudorganisés. C'est dans ces matières, regardées par beaucoup de phy- siologistes comme étant d'ordre chimique et, par là, comme privées de la « force vitale », que nous avons trouvé, au 4r,i P.OTA.Mnli: CRYl'TUGA.MKjUE contraire, les substances vivantes par excellence. Ce sont elles (jiii sont le iwimiim movens de tout être, à quelque Règne qu'il appartienne. Au reste, un examen approfondi nous a démontré que les expressions amorphes et solubles, ([iii sont des_ mots vides de sens dans leur acception absolue, étaient de plus, pour les cas particuliers qui nous occupaient, le plus souvriil ciiiii(jlctement fausses. Les amor- phes, en efTet, nous ont montré des particules granuleuses qui rappellent les formes les plus réduites étudiées avec les protophytes figurés. Ce qui nous a conduit à admettre que les amorphes étaient les plasmas aux dépens desquels se forment les microbes de toute nature, participant ainsi des qualités des matières dont ils provenaient, mais les exagé- rant par le fait même d'un commencement d'organisation. Cette façon de comprendre les choses nous a permis : 1° de icdiiirc (If l)eaucoup les prétentions de la panspermie, '2" d'expliquer la contagion et les innnuiiités ; 3° enfin de comprendre les faits de vaccination par les virus atténués, c'est-à-dire par l'inoculation des virus dépossédés de leurs microbes et réduits à la portion amorphe, c'est-à-dire rame- nés aux microzymes les plus fins, aux granulations molécu- laires les plus infinitésimales. La simphcité des phénomènes phvsiologiques nous a facilité leur interprétation ; nous les avons tous ramenés à des actions physico-chimiques, et nous avdiis conclu que tous les phénomènes vitaux, quels qu'ils soient, s'expliquaient par des combinaisons chimiques déter- minées, dirigées et réglées par des agents d'ordre physique. Ces conclusions avaient besoin d'être appuyées ; il nous iallait montrer que les propriétés que nous avions trouvées chez les ferments amorphes ou zymases n'étaient autres que celles des idastèmes : glaires, sarcode des animaux, proto- plasma des végétaux, qui ne sont que des variétés d'un même c CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES i55 composé quaternaire. Cette étude, faite pour contrôler les précédentes, est arrivée à les confirmer en tous points et en particulier à préciser le rôle des agents cosmiques et celui fies milieux dans la rénovation et la création des protoplas- mes. Il nous a fallu, arrivés là, étudier la question si débattue des générations spontanées, tant au point de vue des hété- rogénistes, qui exigent qu'une matière organique vivante ou morte préexiste, qu'au point de vue des autogénistes, (jui font sortir la matière organique directement des éléments inorganiques minéraux. Nous nous sommes posés la question suivante : La création de matière organisée persiste-t-elle, FIN DU PREMIER VOLU.AIE s CLASSIFICATION Que tous les protorganisés aient la lymphe ou la glaire comme point de départ^ et, peut-être, comme point de re- tour; que tous les ferments figurés ne soient que des états d'un même type, ou de plusieurs, décidés par l'action d(^s agents extérieurs sur les milieux fermentescibles, ou bien (prils ne soient ({ue des arrêts de développement de végétaux {[\n prennent, lorsque les conditions sont favorables, des for- mes que nous rencontrerons plus tard en montant Féchelle des êtres, c'est affaire de physiologie. Le classifieateur, sans se désintéresser des questions philosophiques telles que celle de la genèse, de l'évolution, de la sélection et du transfor- misme, tient à classer toutes les formes qu'il découvre; il veut leur trouver une place, et il les regarde comme auto- nomes. Il a plus de tendance à diviser les types qu'à les rapprocher; c'est même cet émiettement qui, forçant à une étude plus approfondie, provoque, par réaction, des rap- prochements ultérieurs. En ce qui concerne les protorganisés-protophytes on en est encore à la période d'émiettement, car c'est à peine si l'on entrevoit la liaison que les diverses formes observées peuvent avoir les unes avec les autres. On est obUgé d'ac- cepter chaque type comme distinct et autonome; essayer 30 462 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE une fusion serait, pour Tinstaiit, embrouiller la question et non l'élucider; il manque trop de chaînons pour qu'on puisse espérer une classification naturelle. De plus, il sem- ble bien établi, pour les protophytes dont on a pu consta- ter le polymorphisme, que les phénomènes qui se produi- sent dans les milieux sont en rapport de connexion plutôt avec les formes diverses de ces êtres qu'avec leur nature et le type même du végétal. Pour toutes ces raisons, il nous semble sage de ne nous attacher, pour l'instant, qu'au classement des formes. Nous les acceptons telles que les auteurs les ont présen- tées et avec les noms qu'ils leur ont imposés; nous ne voulons, en aucune façon, intervenir dans ces questions encore trop obscures; nous nous contentons de ranger les genres dans l'ordre qui nous paraît le plus logique. I. — AMORPHES. Matières semi-liquides, organisâmes : glaires, lymphes, blastèmes, zymases, miélines, Urschleiîn^ sarcodes, proto- plasmes, matières de vie, composés vitaux, etc. Mélanges, en proportions variables, suivant l'âge et les conditions exté- rieures, de substances hyalines fondamentales et de grains très fins, premières tentatives de figuration, composés de la matière première par sélection et concrétion de quel- ([ues-uns de ses principes. Ces grains sont les globulins de Turpin, les microzyma de M. Béchamp, les corpuscules l)rillants de M. Pasteur, les leucites des botanistes, les cys- toblastions, etc., etc. Poussières vivantes phytozoogènes, elles deviennent le point de départ de ce qui sera figuré, et, par là, elles sont les germes de tout. On peut distinguer suivant l'habitat : CLASSIFICATION 463 1" Les OozES, qui sont les phytozoogènes des océans ; 2° Les Glairines, qui sont les phytozoogènes des eaux douces, des eaux minérales, des liquides pharmaceutiques, etc. ; 3° Les Myxoamibes, qui sont les phytozoogènes des terres émer- gées; 4° On ne connaît pas les glaires de Tair et des brouillards; elles doivent exister cependant. Si l'air est encombré de microbes, à plus forte raison y doit-on trouver les poussières protoplasmatiques ({ui, dans certaines circonstances, dans les brouillards par exemple, peuvent se diluer. Ces amorphes se présentent sous des états plus ou moins concrets ou diffluents. Parfois, ces matières organisables sem- blent se fondre dans les liquides, d'où il faut les précipiter par des moyens chimiques; parfois, par contre, elles se ras- semblent à la surface sous la forme de voiles ou. pellicule s ; dans bien des cas, elles se montrent en flocons plus on moins submergés : ce sont les zooglœa, les Bathybius, les Peloimjxci^ sont les zoogUea des Oozes; la Barégine, la Lnchonine^ sont ceux des eaux minérales; les nuages sont ceux des liquides médicamenteux et des boissons fermentées ; enfin, les plasviodies sont les zooglœa des myxoamibes. Cette première condensation a grande tendance à la figu- ration, et l'on voit les êtres s'y dessiner. (Jn passe aux : IL — PROTOPHYTES FIGURÉS. Ce sont des globules ou vésicules sphériques, ovoïdes, plus ou moins allongés, ou, encore, des bâtonnets ou des cylindres. Suivant la consommation qui a été faite de la glaire initiale, ces corps peu- vent rester isolés et former des essaims qui se dispersent, ou rester groupés. Dans ce cas, la multiplication aidant, il se forme des masses tendant irrégulièrement dans toutes les directions, ou s'ajou- tant dans une seule pour former soit des Leptomitus ou des Lcpto- thrix, si les anneaux sont des cyhndres réguliers, soit des Toriila si les anneaux sont moniliformes, en chapelets, en chaînettes. 4G'i BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE Ces formes initiales, suivies dans leur développement et dans leur enchaînement, nous conduisent, sans qu'on puisse le prévoir à Tavance, soit à des types de Champignons (pi. I), soit à des types d'Algues; c'est ce qui nous les a fait diviser en : 1° Protorganisés- figurés-Champignons : SchizomyrHes; 2° en Protorganisés-figurés- Algues : Schizopltycètes. A. — SCHIZOMYCÈTES. Ils nuu.s lunl passer insensiblrmenl au groupe des Champignons,, dont ils ne semblent être que des arrêts de développement; mais, comme il est impossible à première vue de distinguer le type supé- rieur, il nous faut les regarder comme autonomes. Nous les divise- rons en : I. Saccharomycées. — Schizomycètes, globuleux plus ou moins sphériques ou ovoïdes, se reproduisant par bourgeonnement (fig. 49, oO, ol, 52), enkystement ou sporulation (fig. o3, 54, 55, 56, 57, 58, 59). a. La glaire inituile peut se conserver Mycodermo. Desm. (pro parte) [fig. 47,. 48, 99]. b. Ln glaire (linparait et laisse les cellules libres : 1° Les cellules sont globuleuses, sphériques ou ovoïdes, colorées ou non, mesurant de 1 |j. à 12 ii, vivant sépa- rées (fig. 37j, ou réunies par suite de la rapide proli- fération (fig. 34, 36). qui se fait par tous les points à la foi- Saccharomi/ces Mey . [fig. 31, .32, 33, 34, 36, 37, 38, 39, 41, 42, 61. et 111,112]. eo ^' 1 Fig. m. — Saccharomijcs glutinis Cohn. Ferment chromogène de la colle de pâle, d'après M. Cohn i . Fig. 112. — Saccharomijees niger. Fermen- tum nigrum Bolch., de la lie de vin. 1. Toutes les figures du fascicule 2 ont été ramenées à la même échelle, afin de permettre la comparaison des différents microbes. Le grossissement CLASSIFICATION 465 10 2» Les cellules sont elliptiques, apiculées, en forme de citron, le bourgeonnement ne se fait qu'aux deux pôles (fig. 3o) ; la sporulation, toute spéciale ^iig. 60), rapproche ce ferment des Champignons-Ascomycètes. Carpozyma Eng. (fig. 33, 60). II. Oïdiées. —Filamenteux, tubulés ; filaments, hyphes ou Injpha, plus au moins longs, cylindriques, réguliers ou étranglés, ramifiés ou non, se divisant par scissiparité et donnant au moment de Fen- kystement ou sporulation des spores, qui, suivant les circonstances, peuvent ou former des chapelets sur toute leur longueur (Torula) ou n'en donner qu à leurs extrémités, formant ce qu'on nomme des conidies {Oïdium). a. La glaire initiale persiste. Ces Schizomycètes sont, souvent., des parasites endophijtes . l» Vivant dans les licpiides; les filaments sont mous, flexueux, ramifiés Iljjr/rocrocis Auct. (pro parte), [pi. 1 et fig. 109, li3J. 2 «l'S.?^î?.--':lm'''l??i?Aî \ ■î •; î 4 ! ^ ! l ' '. Fig. 113. — Hygrocrocls du vin amer. 2° Vivant dans les matières intestinales ; filaments flexi- bles Moulinia Ce. Rob. 3° Vivant dans les liquides de l'économie animale : f Filaments articulés rameux Leptomitus Auct. (pro parte). tt Filaments simples rigides Leptothrix Auct. (pro parte). est 600 diamètres ; seules les figures 49, oO, 'ùi, 32, 33, 34, 33, 36, 37, 38 et 59 ont été amplifiées, à tort, et triplées de ce qu'elles devraient être pour rester comparables aux autres. 4Gti BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE b. La glaire disparaît de bonne heure; les filaments ou hyphes se feutrent en un tissu plus ou moins serré; tous ces Schizomycètes sont des ectophytes. l" Tous les filaments peuvent évoluer eu filaments spo- rifères, et prennent la forme de chapelets Tridiophyton Malms. 2" Certains filaments seuls sont chargés de donner des spores; les autres, simplement végétatifs forment un suhstralnm. Les filaments sporifères : f N'aifectent pas de disposition détei'minée : . Les filaments végétatifs forment une cupule à l'Intérieur de laquelle se produisent les spores. Achorion Remk. . . Les filaments végétatifs forment une couche à Vextérieur de laquelle se produisent les spores. Microsporon Grub., Trichosis Salisb. (fig. 46 et 114). Fig. 11 i. — Trichosis Caninis Salisb., d'après M. Salislniry. f f II y a commencement de division du travail; seuls certains filaments, ou même certaines por- tions de filaments sont chargés de l'enkystement du protopla^ma ou fahricaîion de spores. Les spores sont dites des conicUes : . Les conidies solitaires à Textrémité des fila- ments ramifiés , Botrytis Micheli . . . Les conidies sont rassemblées en chapelets à l'extrémité des filaments simples Oïdium Li>'ck. . . . Les conidies sont rassemblées en chapelets qui rayonnent autour d'un réceptacle renflé. Aspei'gillus Corda. .... Les conidies sont portées par des filaments l'amifiés réguhèrement et forment une espèce de pinceau Pénicillium Linck. (pi. 1, nos 2, 3, et fig. 43). Insensiblement, nous voici encore arrivés aux Champignons; le Carpozyma nous avait conduits aux types dans lesquels la formation des spores se fait à lïntérieur d'une cellule (endosporés) ; ici, nous avons ceux où la production se fait à l'extérieur (ectosporés). Et que l'on ne nous dise pas que ces rapports sont forcés, car le -Sac- CLASSIFICATION 467 charomyces albicans était, il y a quelques années, YOïdium albicans, et il n'y a qu'à jeter les yeux sur la figure 43 pour comprendre quelles raisons il avait pour cela. D'autre part, il n'y a qu'à consi- dérer la figure 32, qui représente la Saccharoniyces Pastorianus, pour sentir la parenté qu'il peut avoir avec les Mucédinées. B. — SCHIZOPHYCÈTES. Ces protorganisés nous font passer aux Algues, dont ils ne sem- blent être le plus souvent que des modifications commandées par les circonstances extérieures. l. Bactériées. — Ce sont des cellules plus ou moins spliériques, parfois cyliadri(|ues, qui naissent dans la glaire (fig. 86, 105). a. La glaire initiale peut se conserver; les zooylœa se multiplient en se serrant les uns contre les autres Ascococcus Billh. (fig. 63, 75). b. La glaire initiale se résorbe; les protophytes passent à l'état d'essaims et peu à peu deviennent libres. Souvent munis de cils. i° Les cellules sout aiTondi(îs ou à peu près: f Petites, mesurant ordinairement moins d'un a... Micrococcus Hall. (fig. Cl, G4, 79, 86, 89, 100, 101, 102). ff Plus grosses, rappelant les levures par leur taille, mobiles, munies de cils: . Arrondies ou ovoïdes Monas Eiiub. (fig. 66, 76, 77). . . Plus allongées, presque cylindriques Rkuhdomoaas Coun, (fig. 67, 68, 69). . . . Contournées en hélice Ophidomonas Ehrb. fig. 67. 68). .... Cuutournées et aplaties Spiro>no7ias Warm. I (D h'- • Fig. 115. — Bacterium sulfuratum "Warmg., d'après M. Warming. ff+ Petites et plus ou moins cylindriques Bacterium Duj. (fig. 74, 81). '«68 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQoE c. La glaire se résorbe encore; irmis, au lieu dépasser à l'état iV es- saims, les cellules se rapprochent, se feutrent en membrane ébauche de tissus. I" Les cellules sont cubiques et se rangent comme uu damier Meri.<;mopedia Mf.y . , = SarrJna GoODS. (fig. 70 et IIG). i" Les cellules sont arrondies, plus ou moins ovoïdes et même cylindriques ; se disposent irrégulièrement à 1.1 surface des corps Clalhrocystis Henf. = Cohnia Wlnt. (flg. 92). ici-^é^^ ^ /£c;cFi v^ o cP Flg. 110. — Mtrismopedia ventriculi Henf., ^ Sarcina ventrkuli Goods,, d'après M. Robin. II. Bacillées. — Les cellules sont allongées et s'étirent en fila- ments plus ou moins raides, ou ondulés, réguliers ou moniliformes. a. La glaire persiste, et les filaments y restent plongés pendant toute leur vie. Elles sont en colonies. 1» Les colonies se disposent eu lames plus ou moins épaisses Mycoderma Des.m. (proparte)[fig.i04]. 2" Les colonies se disposent en masses flottantes, résis- tantes à la périphérie : t Les lilaments sont cylindriques MycoîiostocConîi, juu (^S- 117). iT Les filaments sont moniliformes Leuconostoc Van TlEOH. CLASSIFICATION 469 .3° Les colonies forment des masses flottantes, diffluentes dans les liquides Ili/grocrocis A u ct. (pro parte). f Filaments à fausses rauiilirations Cladothrix Cohn, ff Filaments réellement ramifiés : . Minces et longs, ondulés régulièrement Leptomitus (pro parte), Sulfuraria Kurz. . • Minces et longs, spirales aux extrémités ' Streptothrix Coh>', (fig. 118). Ttf Filaments non ramifiés : . Gros et longs : * des eaux sulfureuses Begy ialoa Tri-.v . (fig. 78). Sulfu- raria AucT. (prn parte). " des eaux ferrugineuses. Crenothrix Cohn , Sulfuraria Auct. (pro parle). - . .Minces et longs Lfptothrix k\:cï.{\}Vo parte). Fig. 11". — Myconostûc greyarium Cohn, d'après M. Cobn. Fig. 118. — Streptothrix Foersteri Cohn, d'après M. Cohn. b. La glaire se résorbe^ et les filaments, iV abord pris dans les zooglœa (flg. 107, 108), deviennent des esaims et, plus tard, sont mis en liberté. 1" Filaments non articulés, minces, en baguettes assez courtes .". Bacillus Conyiûg. 65, 71, 72, 80, 84, 8o, 98). 470 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE 2" Filaments articulés : ■^ Cylindriques : . Longs, flexibles, à mouvements ondulatoires... Sjnrochœte Cohn, (fig. 87). . . Courts, raides, mobiles, ondulés VifjrioEnm.{hg.82]. . . . Courts, raides, mobiles, spirales Spirilbim EHRB.{fig. 108, 119.) tt -Moniliformes • • . Toi-ula (pro parte), := Streptococcus Coii\. ^^O^O^^O^K^ Fig. 119. — Spirilliim volulans Ehrb., d'après M. Cohn. Tous ces Schizophycètes trouveront leurs correspondants dans le groupe des Algues inférieures ; elles n'en diffèrent en effet que par Fabsence de chlorophylle. On ne peut donc s'empêcher d'ac- cepter le passage de ces microbes au groupe des Algues. NON CLASSES Les protophytes que nous avons rangés dans les tableaux qui précèdent ne sont pas les seuls qu'on ait signalés; bien d'autres ont été annoncés, et l'on est à la veille de voir s'accumuler non pas seulement de nouveaux types, ce qui serait un progrès, mais aussi de nouvelles illusions d'opti- que, ce qui sera un grand mal. Pour l'instant, laissant de côté les rêveries de certains micrographes, nous n'appel- lerons l'attention que sur quelques genres dont la compli- cation a empêché le classement. 1° Zymostosis Salisb. (fîg. 94, 95), qui, pour l'auteur, semble être caractérisé par la réunion de Micrococcios et de filaments noueux ou cylindriques. CLASSIFICATIOiN 471 2" Cryjyta Salisb. (fig. 83, 90j. On y trouve aussi des Micrococcus et des filaments noueux ou cylindriques; mais ici ils sont ondulés. 3° Byolysis Salisb. C'est en vain que nous cherchons, en comparant les figures précédentes avec la figure 88, ce qui a. &■ Fig. 120. — los variolosa Salisb., ;i différents étals de végétation, d'après M. Salisbury. peut différencier les deux genres et justifier la création d'un nouveau nom. 4° los Salisb. (fig. 91). Nous ne comprenons pas davan- tage pourquoi l'auteur a créé ce nouveau genre, à moins que ce caractère n^ réside dans le singulier polymorphisme admis par l'auteur. D'après lui, le los variolosa, donnant la variole, et le los vaccinad, donnant la vaccine (fig. 120), seraient deux états de la même plante ; la première serait 472 BOTANIQUE CRYPTOGAMIQUE l'état d'Algue; la seconde serait l'état de Champignon. Quand cette plante accomplit le cycle entier de son déve- loppement, elle s'appellerait le los vacciola-variolosa. L'état de Champignon rappelle beaucoup, au reste, VEn- t.ophycu^ hsemactus, que M. SaHsbury dit avoir trouvé dans le sang des personnes malades ou bien portantes. o° Eniophycus Salisb. ; ce protophyte nous paraît être une Mucédinée (fig. 96). 6° Toril lus Salisb., doit avoir été indiqué pour Torida ffig. 44), quoique nous n'y puissions en reconnaître les caractères. 7° Al(ja Ordonei Bouchut. Cette production, signalée par M. Ordonez dans les tumeurs hétéradéniques, a besoin d'être revue de près. Quelques-uns, peut-être, de ces protophytes n'ont pas toute l'importance qu'on a voulu leur accorder, mais en nous donnant la représentation de ce qu'ils ont vu, les auteurs ont fourni la base d'observations ultérieures. Cette manière de faire mérite d'être recommandée sérieusement à ces découvreurs de ferments qui voient trop et ne mon- trent pas assez. Car si l'on peut dire de toutes les Sciences naturelles qu'elles doivent plutùt se dessiner que s'écriy^e et se parler^ cela est surtout applicable à la micrographie descriptive : la phrase ne devrait être que l'exphcation des figures; quand il s'agit surtout d'êtres aussi singuliers que les microbes. TABLE DES FIGURES Figures. Pages. 1. Forêt lie l'époque paléopliy tique restaurée d'après les documeats publiés par M. Grand-Eury Frontispice. PREMlI-:nE PARTIE. — Introduction 2. Clathvus cancellatus (Champignons) 4 3. Cajophora latcritia (Phanérogames). 7 4. Lessonin puhescpns (Algues). 14 5. Sticta pubnonaria (Lichens) 17 6. Fructifications cryptogamiques trouvées dans l'air de Paris (d'après M. Miquel ) • . . 20 7. Farine fossile (Algues) 23 8. Lycopodium davatum (Lycopodes) . 28 9. Aconitum napellus (Phanérogames) 31 10. Fructification de Lycopodium clavalurn 34 11. Polytrichum commune (Mousses) 3G 12. Azolla caroliniana (Rhizocarpes) 38 13. Marsilea quadrifolia (Rhizocarpes) 43 14. Zoanthe des Moluques (Zoophytes 46 15. Amœba culgaris (Protistes) 48 16. Bathybius îlaeckelii (Protistes) 31 17. Xyphacantha Mwrayaaa (Protistes) 58 18. Confluent des trois Règnes de la nature 61 19. Schéma montrant les rapports des trois Règnes de la nature au point de vue de leur origine 67 20. Marchantia polymovpha (Hépatiques) 74 21. Cham fragilis (Charagnes) 5^2 22. Isoëtes lacustris (Isoëtes) 96 23. Nevropteris speciosa (Fougères) 1 03 24. Lepidodendron gracile (Lycopodes) 10^ 23. Coupe schématique de l'écorce de la Terre pour montrer l'impor- tance relative des Cryptogames aux premiers âges du Monde 107 26. Adianthum Copillus-V'eneris [Fougères) 109 27. Amanita muficavia (Champignons) 119 28. Cryptogames d'une goutte d'eau 123 29. Fructifications de Cryptogames flottant dans l'air de Paris (d'après M. Miquel) .' 126 30. Equisetum sylvaticum (Prèles) 133 47'i TABLE DES FIGURES DEUXIÈME PARTIE 31. Sacrharomyces ellipsoïdeus Reess 16!) 32. Saccharomyces Pastorianuf; Reess 170 .33. Saccharomyces exiguus Reess 1 71 .34. Saccharomyces conglomeratus Reess J71 3o. Ccwpozyma apiculatum E>gel 173 3G. Sarrharomyces cerevisiœ Mey., levure haute (en végétation) 176 37. Saccharomyces cerevisiœ Mey., levure haute (vieillie) 177 38. Saccharomyces cerevisia; Mey., levure basse 177 39. Saccharomyces cerevisiœ Mey., nouvelle levure haute 178 40. Saccharontyccs?.... levure caséeuse 179 41 . Saccharomyces fœcis ; fermentum fœcis Bouch 1 79 42. Saccharomyces minor Engel 1 84 43. Saccharomyces albicans Reess 192 44. Torula aggregata S.^lisb 193 4o. Pénicillium pruriosum Salisb. , 194 46. Trichosis felinis Salisb . , 193 47. Mycûderma cerevisiœ Desm 199 i8. Mycoderma vini Des.m . , 203 49 à 32. Saccharomyces cerevisiœ Mey., en bourgeonnement 213, 214 o3. Saccharomyces cerevisiœ Mey., en sporulation 216 .ï4. Développement des spores de Saccharomyces cerevisiœ 217 33. Sarrharomyces ellepsoïdeus Reess, en sporulation 217 36. Saccharomyces exiguus Reess, en sporulation 217 37. Sacchai'omyces Pastorianus Reess, en sporulation 218 38. Saccharomyces minor Engel, eu sporulation 218 39. Saccharomyces conglomeratus Reess, en sporulation 218 60. Carpozyma apiculatum Engel, en sporulation 220 61. Micrococcus et levures. „ 233 62. Leptothrix buccalis Ch. Rob 238 63. Ascococcus Billrothii Cohn , . . . 238 64. Micrococcus prodigiosus Coun 242 63. Bacillus ruber Cohn 242 66. Monas vinosa Cohn 242 67, 68. Ophidomonas sanguinca Cohn 243 69. Rhabdomonas rosea Cohn 243 70. Merismopedia glauca Wabmg . , 243 71 . 'Bacillus subtilis Cohn 248 72. Bacillus de la bière tournée 249 73. Fermentum butyricum 230 73 bis. Fermentum lacticum 230 74. Bacterium Termo Eurb . , 230 73. Aicococcus Billrothii Cohn 234 76. Monas Warmingii Cohn 236 77. Monas Okeni Cohn 236 78. Beggiatoa alba Warmg . , 236 79. Micrococcus ure.v Van Tiegh . , 239 80. Bacillus ureœ Miquel 239 8i. Bacterium lineola Cohn 261 82. Vibrio Bugula .Mûll 262 83. Crypta gonorrhœa Salisb . , 264 84. Bacillus anthracis Cohn 263 85. Bacillus anthracis Cohn, en végétation 268 86. Choléra des poules , 269 TABLE DES FIGURES 475 « •87. Spirochœte Obermeieri Cohn 273 88. Biolysis typhoïdes Salisb . , 274 89. Micrococciis de la tuberculose Salisb . , 276 90. Crypta syphilitica Salisb. ,. • • • . 280 91 . los lariolosa Salisb . , 283 02. Clathrocystis œruginosa Cohn » 287 93. Botrytis infestans (?) 373 94. Zymostosis phosphaticiis Salisb. , 373 95. Zymostosis rey ulcwis Salisb . , 373 96. Entophycus hœmactus Salisb. , 375 97. Lcptotkrix huccnlis Cii. Rob . , 376 98. Burillus dans le san^' d'animaux en santé 376 99. Protoplasma dans les cellules de Tradescantia 398 99 bis. Mycoderma vini Desm . , 434 100. Micrococcus vacdiiœ Goh.-s, avec glaires enveloppantes 434 101, 102. Micrococcus (?), avec glaires enveloppantes . . 434 103. Zoogkea (ïllygrocrocis arsenicus 436 104. Zooglœa de Mycoderma aceti. 436 105. Zooglaea de Micrococcus fulvus 43G 106. Zooglœa de Micrococcus urex Van Tiegh., 136 1 07. Zooglaea de Bacterium liaeola Cohn 437 108. Zooglaea de SpiriUum tenue Eiiub . , 437 109. Hygrocrocis de la graisse du vin 439 1 J 0. Balhyhius Uaeckelii Huxl 441 111. Saccharomyres glutinis Goiin 464 112. Saccharomyces niger; fermerdum nigrum Borcii . , 464 113. Hygrocrocis du vin amer 465 114. Trichosis caninis Salisi! . , 466 1 15. Bacterium sulfuratum Waumg 467 1 i 6. Merismopodia ventriculi .Mey . , 468 117. Myconostoc gregarium Goiin 469 118. Strcptothrix Focrsteri Cohn 469 1 1 9. Spirillum volutans Eiihh 470 12(1. los variolosa Salisb., . i71 PLANCHE EN TAILLE-DOUCE Différents états de VHygrocrocis arseiiicus depuis ses débuts à l'état de zoo- 7 /«a (nos 12 pt 13), jusqu'à sa terminaison: 1° en fructifications ascosporées et fonda (n<^^ 2, 3, 4, o, 6), 2° en fructifications conidiales (n°' 2 et 3), passant par toutes les formes (n°3 7, 8, 9, 10 et 11) qui, rencontrées séparément, ont pu être prises pour des protorganisés autonomes. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE PREMIER VOLUME Préface PREMIERE PARTIE introduction a l'étude des cryptogames définition du mot cryptogame 3 Des Cryptogames en générai 12 I. Dans les eaux 14 H. Sur la terre 16 III. Dans l'air 20 IV. Dans le sol 21 Limites du groupe 25 I. Limites qui séparent les Cryptogames des Phanérogames 29 II. Les limites qui séparent les Cryptogames du Règne animal sont arbitraires 4^0 III. Les limites qui séparent les Cryptogames des êtres inorganisés ne sont pas aussi réelles qu'on est tenté de le croire 85 Importance du groupe 69 Cryptogamistes 73 Branches de la botanique cryptogamique 75 A. Botanique cryptogamique descriptive ou cryptogamie descriptive. 77 B. Botanique cryptogamique physiologique ou cryptogamie physio- gique 77 C. Botanique cryptogamique systématique ou cryptogamie systé- matique 83 D. Botanique cryptogamique appliquée ou cryptogamie appliquée. 106 Applications directes 106 1° Cryptogames utiles 108 2° Cryptogames nuisibles 110 Applications indirectes 110 1" Cryptogames utiles 112 2" Cryptogames nuisibles 118 Division du cours 136 31 478 TABLE DES MATIERES DEUXIÈME PARTIE PROTORGANISÉS-PROTOPHYTES GÉNÉRALITÉS 1^1 LIVRE PREMIER. — Protophytes 161 Chapitre prf.mif.r. Schizomycètes 163 Caractères généraux 163 Art. I'^'. Description des Schizomycètes 164 l>-e section. Schizomycètes chromogènes . 164 2<= section . Schizomycètes zymogèncs 165 g 1. Ferments alcooliques 165 1° Boissons fermentées 168 A. Boissons fermentées d"origine végétale 168 a. Des vins * 169 b. Des cidres 172 c. Des bières 174 B. Boissons fermentées d'origine animale, 181 2° Pain 183 g 2. Hygrocrocis 18o fi r :, - fermentation gailique 185 ♦éràtions des liquides médicamenteux 186 c. ^altérations des vins 190 3^ section. Schizomycètes pathogènes 191 Art. II. Physiologie des Schizomycètes 196 § 1. Étude du prutophyte 197 § 2. Étude des milieux 199 A. Aliments 200 a. Eau 200 b. Aliments hydrocarbonés 200 c. Aliments azotés 201 d. Aliments minéraux 202 e. Air atmosphérique 202 B. Impondérables 203 a. Action de la température 203 b. Action de l'électricité 204 c. Action de la lumière 204 d. Action du mouvement 205 § 3. Étude des fonctions 205 1» Fonctions de nutrition 205 A. Végétation 206 B. Accroissement et multiplication 21 1 a. Bourgeonnement 212 b. Sporulation ou enkystement 215 2o Fonctions de génération 221 A. Homogénie 223 Polymorphisme 224 B. Hétérogénie 226 a. Iléniiorganismc 229 b. Sponté])arisme ou protorganie 230 TABLE DES MATIÈRES 479 €lIAPITRE SECOND. SCHIZOPHYCÈTES 233 Caractères généraux 233 Art. I""'. Description des Schizophycètes 240 U^ section. Schizophycètes chromogéties 241 2" section. Schizophycètes zymogènes 245 § 1. Ferment des hydrates de carbone et de leurs dérivés 240 a. Ferments acétiques 246-' b. Ferments bu(yri(ines 248 c. Fermentation lactique 249 d. Fermentation visqueuse ou glaireuse 2S1 e. Fermentation cellulosique 2ol /'. Fermentation tartrique 253 g. Fermentation succinique 2o4 h. Fermentation zymogluconiquc 23a ^ 2. Fermentation de rammoniaque ou nitrification 255 § 3. Fermentation des sulfates, des sulfures alcalins, etc 256 § 4. Fermentation des matières (juaternaircs azotées 257 a. Fermentation de l'asparagine 258 6. Fermentation de Turée 258 c. Fermentation de la caséine 260 d. Fermentation des albuminoïdes ou lermentatiL. pj '\. 200 îîe section. SrhizophycHes pathogènes '.*.".... 202 Art. II. Physiologie des Schizophycètes 286 § 1. Etude du protopliytc 286 § 2. Etude des milieux 289 A. Aliments 200 a. Air atmosphérique 291 b. Matières fermentescibles 291 c. Carbone 291 d. Azote 292 lî. Impondérables 294 ". Action de la température 294 b: Action de la lumière 296 c. Action de Félectricité 296 d. Action du mouvement 296 § 3. Etude des fonctions 296 1" Fonctions de nutrition 297 A. Végétation 298 B. Accroissement et multiplication 298 a. Scissiparité 298 b. Sporulation ou enkystement 299 2» Fonctions de génération 302 A. Homogénie 304 Polymorphisme 306 B. Hétérogénie 307 a. Hémiorganisme 308 b. Spontéparisme ou protorganie 312 RÉSUMÉ 316 * 480 TABLE DES MATIÈRES LR''JiE 'SECOND. — PSEUDORGANITES OU PSEUDORGANISÉS 319' Chapitre premier. 2^a?es 323 \ • • . Caractères généraux 323 Art. 16' . Des différentes Zymases 32i I" section. Z'jmascs du Régne végétal 32i ,^ 1 . Feimcntation des hydrates de carbone 32() a. Ferment des matières amylacées 326 6. ferment des saccharoses 327 c. Ferments.pectiques 328 d. Ferment des glycosides 328 § 2. Fermentation des matières grasses 329 § 3. Fermentation des matières albuminosiques 320 § 4. Venins 331 2e section. Zymases du Régne animal 331 § 1 . Ferments physiologiques 33o 1'^ Ferments de la digestion 33S- A. Fermentation des matières amylacées 336 B. Fermentation des saccharoses 336 a. Ferment inversif 336 b. Ferments des matières grasses 337 c. Ferment des matières albuminosiques 338 2» Venins 340 § 2. Ferments pathologiques. Virus 341 Rage '. 343 § 3. Ferments cadavériques 347 Art. II. Physiologie des Zymases 347 § 1. Etude de la Zymase 348 Constitution 349 Solubles et insolubles 349 Amorphes et figurés 351 § 2. Etude des milieux 3o.> A. Aliments 357 B. Impondérables , 3.^7 Iniiiiunité acquise, Vaccins 358 Immunité congénitale 362 § 3. Etude des fonctions 367 1° Fonction de nutrition 367 2° Génération ou rnieux genèse 370 A. Existe-t-il des ferments jiathogénes.? 372 B. Comment les ferments i)athogènes se propagent-ils.? 378 RÉSL'MÉ 386 Chapitre second. Blastèmes 393 Art. F^ Description du protoplasma 395 § 1 . Propriétés physiques 395 § 2. Propriétés organiques 397 \° Contractilité 397 2° Sensibilité 399 TABLE DES MATIÈRES , 181 Art. II. Etude des milieux »• 401 § i . Aliments 402 § 2. Impondérables 40o A. Action de la pression atmosphérique. ., 405 B. Action de la température 406 C. Action de la lumière 408 D. Action de l'électricité 411 Art. III. Fonctions 41^ 1° Fonctions de nutrition 414 A. Phénomènes de végétation ^14 a. Formation des hydrates de carbone ^15 b. Absorption et assimilation ^. . 416 c. Respiration et désassimilation 4^^ d. Élaboration et sécrétion ^2(^ n. Accroissement et multiplication 42'^ 2' Génération et genèse ^. 427 A. Ilomoirénie ou génération 427 B. Hétérogénie ou genèse ^T. 42!) a. Hémiorganio 430 b. Spontéparisme, |trotogénie, autpgonie 443 UÉsuiur: 4[JU Conclusions générales 453 Classifications des protorganisés-protophytes * 451) CocLOMMiEHS. — Typog. pALL BRODARD, ^//. New York Botanical Garden Librarv QK505 .M36 Marchand, Nestor Le/Bofanique cryptogamr 3 5185 00093 1905 gen a: _w^jï^i. à