S.7o\g, BULLETINS DE L'ACADEMIE ROYALE DBS SCIENCES, LETTRES ET DBS BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. BULLETINS DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. j[ wm ANNEXE AIJX BULLETINS. 1853-1854. BRUXELLES, M. IIAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACAJtl* MIK ROYALE DE BELGIQUE. 1854. TABLE DBS M^MOIRES ET NOTICES CONTENDS DANS CE VOLUME. SCIENCES NATURELLES. Synopsis des Calopte*rygines , par M. Edm. de Selys-Longchamps. Ichneumones amblypygi Europaei; par M. Wesmael. Note sur les divers Stages de la partie inferieure du lias, dans le Luxembourg et les contrees voisines; par M. G. Dewalque. HISTOIRE ET ECONOMIE POLITIQUE Recherches critiques et historiques sur la confession de Balthazar Gerard ; par M. Arendt. Me'moire sur 1'organisation des caisses de veuves , avec des applications a la caisse des veuves et orphelins des officiers de Tarmee beige; par M. le capitaine Liagre. Antiquites du droit beige.— Notice sur les Sint-Peetersmannen ou Hommes de S'-Pierre de Louvain; par M. H. Lavallee. Notice sur Auger-Ghislain de Busbeck ; par M. L. Heffner. SYNOPSIS DES CALOPTERYGINES, M. EDM. DE SELYS-LONGGHAMPS , IB1IBBI DE r, iCADBMIB. (Lu a la seance du 29 juillel 1853.) ANN. BULL., 1853. SYNOPSIS DES CALOPTERYGINES, Le travail que je presente comme un Memoire est la reproduction textuelle de faft/eawxsynoptiquesque j'ai rediges pour mon usage personnel, et dans les- quels tous les caracteres sorit exposes d'une maniere symetrique et analytique. Ces tableaux, par leur grande etendue, ne pour- raient etre d'un usage portatif et commode , c'est ce qui m'a decide a les offrir sous la forme que j'ai adoptee. Us fournissent la diagnose des divisions, genres et especes que j'ai decrits en detail pour une Histoire des insectes Odonates, dont la publication sera sous peu commencee. Cette Histoire des Odonates est entreprise avec la ( 4) collaboration de M. le docteur H.-A. Hagen (de Koe- nigsbcrg), dans les memes conditions de travail que la Revue des Odonates, on Libellules d'Europe,quej'ai publiee clans les Memoires de la Societe royale des sciences de Liege, en 18SO. Lorsque cet ouvrage aura paru, on y trouvera mentionne le concours important et digne des plus grands eloges que M. Hagen et moi avons rencontre parmi les directeurs des principaux Musees, comme chez les entomologistes les plus notables de 1'Eu- rope (1). Ce que je donne aujourd'hui , c'est un synopsis , un conspectus, un prodrome, comme on voudra I'appeler, contenant des diagnoses assez detaillees pour que Ton puisse arriver a une determination facile. Cet apercu fera juger des richesses qu'il y a lieu de faire connaitre dans cette grande coupe (le genre Libel- lula de Linne). puisque dans cette seule sous-famille des Galop terygines nous signalons 100 especes, alors que Linne n'en connaissait que 2, Fabricius 4, Bur- meister 16, en 1839, et Rambur 27, en 1841. Le tableau preliminaire montre 1'ensemble de la classification que j'ai adoptee. II servait de clef et d'as- (1) II esl impossible ccpendant de ne pas citer des aujourd'hui les Musees Britannique, de Paris, Leyde, Bruxelles, Berlin, Copenhague, Vienne, Stock- holm et Halle. (5) semblage aux quinze autres, qui contenaient, comme je 1'ai dit, d'une maniere synoptique, les caracteres des agglomerations, genres, sous -genres, groupes, sous-groupes et especes. Considered sous le point de vue geographique , les Calopterygines sont repandues sur toute la surface chaude et temperee du globe, excepte en Oceanic (les autres sous-families n'offrent pas cette exception). La moitie des especes sont de Fancien continent qu'habitent les grands groupes Euphaea, Libellago et Calopleryx. Ge dernier est cependant represente par six especes dans le nord de rAmerique. Les qua- tre autres groupes, Thore, Amphiteryx, Dicterias et Hetaerina,; sont de 1'Amerique tropicale. Ge dernier groupe, voisin des Calopteryx, est aussi tres-nom- breux, possedant comme lui un tiers des especes con- nues. Le chiffre total des Calopterygines est de cent especes environ. C'est a peu pres le dixieme des Odo- nates que nous connaissons. (6) ^ ^ J, . ^ , £ Jr* ^^S . . -5 s *j d.1-1 ^ f "s1"! "a ^ « Cft M Bi g Q « » £ jr> >, >,^ c« ^ols^^o^ bGMWW— ^ •« T! W .,, • BS -«a.-,a> ~9} "2 (5 tf 0 - c & O 5 S llvsI^Piliffifli I iliiiiflillltiij BELL AGO, 1 HNOCYPIIA , CROMERUS PHIPTERYX ALCOPTERY a^ a »> Cti -! § 0 c/3 U !S ^ W JS o^ O fe ^ J K ^ W W Q 53 Q J (A « -« o H 0 -ras a sa J H i i i n O ^ £ H ^ Is i [. AMPHITERYX. I. THORE .... *" ^ a ^ ^ ?*• > o g 1 K "•- ; • s i P n 2 "U • ' «> « ° t s a> » 2 a -f- 3 «> S g^ . S£^ • . ^ . : § o «S K 'S i 1 11 MI . . •H •M . *s-s- 1 » eg, 2 v..s • ? a "^ s I61? S ijj: • I p 28 si ~- i ^ S SasJB . o yii & S!i| o 2 * g 1 | III i II H_ 11 3 « S III > s 1. Les deux del'arcu saul ens son soin •KYa-snos vir»Ai I 1A.IO 'IV J SOUS-ORDRE DES ODONATES, FAB*. FAMILLE 3™. — AGRIONIDEES. lre SOUS-FAMILLE. — CALOPTERYGINES. Cinq nervules ante'cubitales au moins. Les secteurs median et superieur se se"parant du principal plus pres du quadrilatere que du nodus, qui est toujoufs place" beaucoup plus loin que le quadrilatere. Le nodal naissant sous le nodus ou a peu pres. Patrie : Europe, Asie, Afrique, Ame"rique (pas observers jusqu'ici dans rOc&mie). i>* DIVISION. Les deux secteurs de Tarculus naissant de son milieu environ; quadrilatere a peu pres re"gulier. 1" SOUS-DIVISION. Nervules costales el sous - costales en nombre a peu pres £gal, presque toujours nombreuses. 1« SECTION. fipistome ordinaire non saillant; abdomen long, mince, cylin- drique. SOUS-SECTION A. (Les legions Calopteryx et Hclaerina] Pt^rosligma nul ou tres-court ou travers^ d'une nervule, quelque- fois remplace, chez les femelles, par un faux pte>ostigma blanc non de c6t6 et travers^ par des nervules; quadrilatere aussi long ( 8 ) que 1'espace basilaire et tres-reticule"; secteur supe>ieur du triangle notablement courbe a son exlre'mite'. CALOPTERYX. Quadrilatere presque e"gal a ses extre*mites; son c6te" supe'rieur presque droit; espace basilaire presque toujours libre. o* Appendices anals superieurs semi-circulaires, a peu pres sim- ples, peu variables. Patrie : Europe, Asie, Afrique, Ame'rique septentrionale tem- pe>e"e. Genre \. — CALOPTERYX, LEACH. Tous les secteurs simples non ramifies; ler article des antennes cylindrique, beaucoup plus court que le 2e; les quatre ailes sembla- blement colore'es. Couleur du fond du corps vert bronze, bleu, on noiratre chez les males; vert me"tallique ou noiratre chez les femelles, souvent les sutures ou le dessous jaunatre. Palrie : Europe, Asie continentale, Afrique septentrionale, Ame"- rique septentrionale temperee. Sous-genre \. — SYLPHIS, HAGEN. Pieds excessivement longs, brievement cili^s; ailes tres-e"troites; espace basilaire libre. Patrie: Ame'rique septentrionale temple. Groupe unique : (S. ELEGANS). Des tubercules pointus derriere 1'occiput; secteur principal peu ou point contigu a la nervure me'diane; nervure costale m^tallique; ailes hyalines dans les deux sexes. (9) 1. SYM'ius nj.r.\!Ns, Hagen. Abdomen 45 millimetres. Aile inferieure 40. Taille grande; ailes tres-etroites, hyalines, lavees de jaunatre; re- ticulation roussatre; la costale acierj 50 antecubitales. o* Inconnu. 9 Tete vert metallique; levres, le tour du nasus, cotes du front, an- tennes, roussalrcs; thorax roussatre avcc une bande mcdianc verte et une latcralc double tres-large, acier; abdomen vert en dessus, le dessous et les cotes roussatres j pieds bruns. Palrie : Amerique septentrionale(?) (Collection Hagen.) 2. SYLPHIS AKGI^STIPENNIS, De Selys. Abdomen environ 55 millimetres. Aile inferieure 40. Taille grande; ailes tres-etroites, hyalines, lavees de vert clair (reti- culation verdatrc) ; 29 antecubitales. 6* Vert metallique clair, levre et base des antennes jaunatre pale; pieds noirs. $ Inconnue. Patrie : Georgie americaine. (Musee britannique.) Sous-genre 2. — CALOPTEUYX, LEACH. Pieds mediocres ou longs , £ cils m^diocres ou longs; ailes larges ou assez e"lroites; espace basilaire libre. Patrie: Europe, nord de 1'Afrique, Asie continentale, Japon, Amerique septentrionale tempe"re"e. 1" groupe : (C. VIRGO.) Un tubercule pointu derriere chaque c6t6 de 1'occiput; secteur principal contigu a la nervure mediane; im faux pt^rostigma blanc chez la fenielle (except^ chez Y Apical is). Patrie : Europe, nord de 1'Afrique, Asie Mineure, Japon, rique septentrionale tomperde, ( 10) A. Nervure costale me'tallique; ailes du mMe en parlie opaques (except^ chez 1'exul?) Les especes de ce groupe sont des parties froides et temperas de riie"misphere boreal. 3. CALOPTERYX APIGALIS, Burm. Abdomen 33-35. Aile inferieure 29-30. Taille petite j ailes etroites, hyalines, un peu verdatres; costale metal- lique; environ 20 antecubitales; corps vert metallique; le dessous, les sutures et les pieds noiratres. d* Le huitieme apical des ailes subitement brun fonce. 5 Pas dc ptcrostigma. Sutures laterales du thorax un peu jaunatresj dOe segment sans pointe dorsale; ses cotes non dentes. Patrie : Pcnsylvanie. 4. CALOPTERYX DIMIDIATA , Burm. CALOPTBRYX COGMTA. Rainb. Abdomen 33-35. Aile inferieure 28-30. Taille petite ; ailes etroites , hyalines , un peu jaunatres ; costale metal- lique, le quart apical subitement brun fonce (cette couleur parfois nulle chez la femelle) ; corps vert metallique ; le dessous , les sutures et les pieds noiralres. o* 25-30 antecubitales. 9 Environ 20 antecubitales; nodus plus pres de la base que du pte- rostigma, qui est blanc, arrondi. 10e segment avec une pointe dorsale aigue'j ses cotes dentes. Patrie : Etats-Unis. 5. CALOPTERYX MACULATA, Bauvois. AGIUON MACDLVTUM , Pal. Bauvois. ClLOPTERYX PAPIUONACEA , Ilaillb. HOLOSERICEA, Burm. Abdomen 30-39. Aile inferieure 25-32. Taille petite ou moyenne; ailes tres-dilatees (surtout chez le male); costale metallique ; 25-30 antecubitales aux superieures. Corps vert me- tallique fonce ; le dessous, les sutures et les antennes noirs; pieds longue- ment cilies, noirs. (Les tibias brun jaunatre en dchors chez les jeunes.) o* Ailes opaques, noir chatoyant; 1'extremc base un peu plus clair<' (hyalines, enfumees, chez les jeunes). 9 Ailcs hyalines, enfumees; lenr dernier tiers insensiblement d'un brim plus fonce. Nodus plus pres de la base que du pterosligma, qui est blanc, tres-large, presque carre. line raie dorsale jaurie sur les trois der- nicrs segments ; Tepine apicale du 40C aigue, jaune. Pointes laterales obtuses dentees. Patric : Etats-Unis. 6. CALOPTERYX VIRGINICA, Westwood. LIBELLULA. VIRGO , Drury. Abdomen 39-42. Aile infe"rieure 34-35. Taille grande; ailes non dilatees, hyalines un peu jaun&tres ; leur extremite (*/4 aux superieures, */3 aux inferieures) opaque, noiratre chez le male, brune chez la femclle; costale metallique; environ 30 antecubitalcs aux superieures. Corps vert metallique (vert bronze chez la fcmclle) ; le dessous et les sutures noiratres ; un trait a la 2e laterale et quelques taches a la poitrine jaunes. Pieds noirs a cils mediocresj coins de la bouche livides. d* Levre superieure et antennes noircs ; dessous du 10e segment jaune. ^ Nodus plus eloigne de la base que du pterostigma, qui est blanc, assez long, non traverse de nervules. 2e article des antennes lividej levre superieure livide, bordce et traversee de noir; bords de 1'abdomen, des- sous des trois derniers segments, une raie dorsale, en dessous des memes, jaunatres. 10e a epine apicale aigue; les pointes laterales mediocres, peu dentees. Patrie : Etats-Unis. 7. CALOPTERYX SYRIACA, Gene., Ramb. Abdomen 37-40. Aile inferieure 29-33. Taille moyenne; ailes etroites; costale et reseau metalliques; 24 ante- cubitalcs; une tache aux coins de la bouche, levre superieure (un peu bordee de noir), 2e article des antennes, tache au 5e article et 2e suture laterale du thorax, jaunatres. Pieds noirs, interieur des femurs, exterieur des tibias (et souvent des tarses), jaunatres. o* Ailes hyalines a reseau acier; le tiers apical subitemcnt noiratre; corps bleu metallique (a reflets verts sur les cotes) ; le dessous en partie jaunatrc, avec une tache obscure a la poitrine. ( 12 ) $ Ailes hyalines u rdscau vert metalliquc; le tiers apical des infe- rieures brun. Nodus plus eloigne de la base que du pterostigma, qui est assez grand, place tres-prcs du bout des ailcs. Corps vert metallique bril- lant; Ic dessous jaunatre; urie raie dorsalc orangce aux 9e et 10e segments : ee dernier a epinc apicale proeminente jaune; les pointes laterales pen marquees. Appendices anals jaunatres. Patrie : Syric, Egypte. 8. CALOPTERYX EXUL, De Selys. CALOPTEHYX SPLENDKKS vnr. De Selys in Exped. de I'Algerie. Abdomen 38-39. Aile inferieure 50-33. Taille moyenne; ailcs tres-etroites, hyalines ; costalc et reseau metal- liques; 21 antecubitales; line tache aux coins de la bouchc, levre su- perieure(un pen bordee dc noir), 2e article des antennes, tache au 5e arti- cle et 2e suture laterale du thorax, jaunatres. Pieds noiratrcs ; extericur des tibias plus clair; interieur des femurs jaunatre. o* Reseau bleu acier ; corps bleu metallique ( a reflets verts sur les cotes); le dessous en grande partie jaunatre avcc une tache metallique a la poitrine. 9 Reseau vert bleuatre; nodus plus eloigne de la base quc du pteros- tigma, qui est petit, blanc, place tres-prcs du bout des ailcs. Corps vert metallique brillant; le dessous jaunatre. (Les 9e ct 10e segments manquent.) Patrie : Algerie. (Museum de Paris ct collection Selys), 9. CALOPTERYX SPLENDENS, Harris. LIUKU.UL.I SPLBNDBKS , Harris. CALOPTKRYX LUDOVICUMA , Leach. AGUION XANTHOSTOMA , Cluirp. (Var.) Abdomen 33-39. Aile inferieure 27-56. Taille moyenne ou grande j ailes etroitcs j costale et reseau metalliques ; 25-35 antecubitalesj uric tache aux coins de la bouche, levre superieure, (plus ou moins bordee et traversee de noir), devant du 2e article des antennes et 2e suture laterale du thorax, jaunatres; pieds noirs. a* Reticulation bleu acier; ailcs hyalines jusqu'au nodus environ, le rcste opaque noir bleu (gris chez les jeunes) ou la pointe hyaline. Espace postcostal simple. Corps bleu vcrdatrc metallique; sutures et dessous du corps noiratrcs avcc dcs marques a la poitrine, ct le dessous des dernicrs segments jaune livide. 9 Reticulation verte; ailcs hyalines; le nodus bcaucoup plus pres de la base quc du pterostigma, qui cst blanc et place tres-pres du bout des ailes ; corps vert metallique chatoyant; le dessous jaunatre marque de noir; une raie dorsalc jaunc aux trois derniers segments terminee au IOC par tine cpine aigue dc memo coulcur ; pointe laterale obtuse un peu dentee. Race geptentrionale ( type ) : Ailcs moyennes ; cspacc postcostal assez simple. 6* Partie opaque dcs ailes commencant au nodus ; le 6C apical hyalin. 9 Pterostigma petit, parfois nul ; raie dorsale jaune des trois derniers segments bien arretce par du bronze ; appendices anals noirs. Race prussicnne (C.ancilla, JIagen): Ailes un pcu elargies; cspacc post- costal assez complique. 6* Partie opaque commencant avanl le nodus ; Textremite souvent peu hyaline. 9 Pterostigma assez grand. (Variete accidentelle a ailcs opaques depuis le quadrilatere.) Race meridionale (C. xanthosloma, Charp.) : Ailes plus etroitcs ; cspace postcostal plus simple. o* Partie opaque commencant au nodus ; Tcxtremite non hyaline. 9 Pterostigma petit ou presque nul; raie dorsale jaune dcs trois der- niers segments, confondue avec le roux jaunatre des cotes; appendices anals jaunatres. Race de Crime'e (C, taurica, Selys) : Levre tres-fortement traversee et bordec de noir. 6* Partie opaque moins etendue, commencant apres le nodus et finis- sant a rni-chemin de celui-ci au bout de Taile. 9 Analogue a la variete septentrionale. Partie : Europe, Asie Mineure. 10. CALOPTERYX VIRGO, L. LlBBlLULl VIRGO, L. AGKION VIRGO , auct. — VESTA , Charp. — FESTIVUM, Brulle. (Var.) Abdomen 55-39. Aile inferieure 27-36. Taille moycnnc ou grandc; ailes largcs (tres-dilatecs chez le male); cos- tale mctalliquu, une tache aux coins de la bouche, la levre superieure (bordce et traversee de noir), devant du 2e article des antennes^ un vcs- tige a la 2C suture laterale du thorax et des marques a la poitrine, jau- natres. <3* 40 antccubitales environ; espace postcostal tres-reticule ; ailes bleu noiratre , y compris le reseau chez les adultes (hyalines enfumees a reti- culation roussatre, chez les jeunes) 5 Textreme base dcs quatre ct souvent la pointe des superieures plus claires. Reseau tres-serre ; 2 rangs de cel- lules entre les secteurs des leur origine. Corps vert bleuatre metallique; le dessous noiratre 5 des marques brunes a la poitrine ; dessous des trois derniers segments rougeatre. £ 50 antecubitales environ; ailes hyalines roussatres, a reticulation de meme couleur (le tiers apical dcs inferieures plus fonce chez les tres- adultes); le nodus plus pres de la base que du pterostigma, qui est assez eloigne du bout des ailes, blanc, plus ou moins allonge; corps vert bronze ; le dessous jaunatre aux trois derniers segments, termine par une epine assez aigue, courte; pointes laterales presque nulles, lisses; appendices anals bronzes. Race septentrionale (type) : Taille moyenne ; reticulation serree. o* Base des ailes le plus souvent a peine hyaline ; le bout des supe- rieures plus clair. $ Ailes brun roussatre a pterostigma mediocre; le jaune du dessous du corps terne, peu etendu. Race meridionale : Taille souvent plus petite ; reticulation moins serree. o* Base des ailcs hyaline presque jusqu'au bout du quadrilatere ; le reste opaque. $ Ailes un peu verdatres , a pterostigma mediocre ; le jaune du des- sous plus pur et plus etendu. Race de Grece (C. festiva, Brulle) : Taille plus grande; reticulation plus serree. Abdomen 55-42 ; aile inferieure 55-58. tf Ailes plus larges, entierement colorees. 2 Pterostigma plus grand et plus dilate. Patrie : Europe , Asie Mineure. B. Nervure costale non metallique ; ailes du male en partie opa- ques ou a demi transparentes. 11. CALOPTERYX IIAEMORRIIOIDAUS, Vander Linden. AGRION HAEMORRHOIDALIS , Vancler Linden. Abdomen 55-42. Aile inferieure 25-33. Taille moyenne j ailes assez etroites ; costale brune. Environ 24 ante- cubitales j reticulation peu serree ; pieds assez courts , noirs ; les tibias roussatres en dehors. cf Ailes opaques, noiratre chatoyant (hyalines, brunes chez les jeunes) 5 le tiers basal obliquement hyalin ; le bout des superieures souvent plus clair; corps noir violet; une tachc livide aux coins de la bouche; le des- sous des trois derniers segments rouge (jaunatre chez les jeunes). 9 Ailes hyalines, brun roussatre clair; le quart apical des inferieurcs subitement d'un brun plus fonce; pterostigma blanc, ovale, petit; corps verdatre bronze; une tache aux coins de la bouche, levre superieure (bordee et traversec de noir) , le 2e article des antennes, les sutures et le dessous du thorax et une de 1'abdomen et une raie dqrsale aux 2-3 der- niers segments, jaunes; le 10C sans pointe mediane. Patrie : Europe meridionale, Algerie. 12. CALOPTEKYX CORNELIA, De Selys. Abdomen 59. Aile inferieure 48. Taille enorme; ailes un peu elargies au milieu; costale brune. Environ bO antecubitales ; tubercules de 1'occiput rudimentaires ; pieds longs; a cils mediocres. o* Ailes hyalines d'un roux jaune, y compris la reticulation, qui est tres-serree ; le quart apical des inferieures un peu brunatre ; cspacc post- costal tres- reticule; corps vert noiratre, metallique; levre superieure noire; Tinferieure, une tache au coin de la bouche, le dessous du thorax et de Tabdomen, roux brunatres; pieds noirs ; rihtericur des femurs et Texterieur des tibias jaune roussatre. $ Inconnue. Patrie : Japon. 2m' Groupe .• (C. ATR ATA). Pas de tubercules pointus derriere 1'occiput; sectenr principal non coniigu a la nervure n^diane ; pas de faux pterostigma blanc chez la femelle. Nervure costale non metallique; ailes opaques dans les deux sexes a Vetat adulte. Les especes de ce groupe sont de 1'Asie meridionale et orientale. 15. CAMJPTERYX ATRATA, De Selys. Abdomen 51-55. Aile in&rieure 58-44. Taillc tres-grande j stature grele ; ailes asscz largos, arrondies, opaques, noiratres (chatoyant en vert fonce chcz le male) ; reticulation noiratre , y compris la costalc; le nodus a pen pres au tiers de Taile; 55-iO antecu- bitales, 12-20 aux quadrilateres. Espacc postcostal simple. Base du 2e article dcs antennes et coins de la bouchc brim jaunatre ; dessous du corps noir (devenant pruineux). Pieds tres-longs, noirs, pruineux en de- dans, a cils tres-longs. o* Levre superieure noir luisant; nasus ct dessus de Tabdomcn vert metallique fonce ; dessus de la tete ct du thorax noir bronze. (j> Levre superieure (bordee ct traversec de noir), bouche, 2e suture laterale du thorax et une raie dorsale aux trois dcrnicrs segments , jau- natres; le dernier a pointe mediane en epinej pointes laterales distinctes den tees; nasus cuivre; dessus du corps noiratre bronze. Patrie : Chine, Japon. (Musees de Lcyde, Britannique, coll. Selys, etc.) 14. GALOPTERYX GRARDAEVA, De Selys. Abdomen environ 56. Aile inferieure environ 45. o* Inconnu. ^ Taille tres-grande; stature grele; ailes tres-Iarges, hyalines, a reti- culation tres-serree , d'un brim roux , y compris la cote. Le nodus a peu pres an tiers de la base au bout; 40-45 antecubitales , 16-18 au quadri- latere ; espace postcostal simple. Levres noiratres ; nasus acier metal- lique; dessus de la tete, dessus et cotes du thorax vcrdatrc metallique; antennes, sutures ct dessous du thorax, abdomen, brun clair; un cercle verdatre metallique aux articulations. Pieds tres-longs, bruns, jaunatrcs en dehors, a cils longs, noiratres. Patrie : Chine. (Musee de Berlin.) 15. CALOPTEUYX SMARAGDINA , De Selys. Abdomen environ 45-50. Aile inferieure environ 55-40. tf Taille grande ; ailes un peu elargies , opaques noiralrc chatoyant ; corps vert metallique fonce; base de la levrc superieure et base du 2C article des antennes pales; dessous du thorax, de 1'abilomen et inte- rieur dcs femurs pruineux. Pieds longs , tres-cilies. ^ luconnue. Patrie : Inde (?). (Musee britannique.) ( 17 ) ome sous-genre. — BIATROIf A, DE SELYS. Pieds longs, a cils longs; ailes larges; espace basilaire bi-re"licule\ Patrie : Asie orientale. Groupe unique : (M. BASILARIS.) Pas de tubercules pointus derriere 1'occiput; secteur principal non contigu avec la nervure m&liane; un faux pterosligma blanc chez la feraelle. Nervure costale non metallique; ailes opaques dans les deux sexes. 16. MATRONA RASILARIS, De Selys. Abdomen 55-55. Aile inferieure 41-45. Taillc tres-grande; stature grele; ailes tres-larges, opaques, brunfonce chatoyant; 50 antecubitales , 20-25 aux quadrilatercs, 10-12 basilaires sur deux rangs; reticulation tres-serree; espace postcostal trcs-reticulc. Nervulcs transvcrscs de la moitie basale dcs ailes avec un reflet laiteux ; le reste du reseau brun noiratrc, y compris la costale. Pieds tres-longs, noiratrcs, longuement cilies ; un point jaune au bout des femurs. o* Lcs ailes supcrieurcs un pen plus claircs a leur extremite; levre supcricurc acier; nasus vert bleuatrc; dessus de la tcte et du rcste du corps vert metallique foncej 2C suture lateralc, dessous du thorax ct des cinq dcrniers segments, jaunatres. $ Le nodus plus pres de la base que du pterostigma, qui est long, blanc; levres jaunatres; la supericure bordee ct traversec de noir; coins de la bouchc, lcr et base du 2C article des antennes, livides. Nasus, dessus de la tete et du thorax, vert metallique fonce; dessus de Tabdomen noiratre bronze; 2C suture lateralc ct dessous du thorax, bords de Tabdo- men et unc raie dorsale aux trois dernicrs segments, jaunatres; le dO" avec une epine dorsale ; pointes lateralcs dentees. Patrie .• Nord de la Chine. (Collect, Selys, Hagen, etc.) Genre 2. — NEVROBASIS, DE SELYS. Secteur nodal et median bifurques; ler et 2° articles des antennes ANN. BULL. i855. 2 ( 18 ) e"gaux; les ailes infe'rieures du m£le autreraent colore"es que les supe"- rieures, opaques. Sous-genre unique. — NEYROIiASIS. Pieds tres-longs, cilie"s; ailes assez larges; espace basilaire reticule. Patrie : Inde, Chine, Malaisie. Groups unique : (N. CHINENSIS.) Pas de tubercules pointus der-riere 1'occiput; scctetir principal non contigu a la nervure mediane; un faux pterosligma blanc, fparfois nul) chez la femelle, place enlre le nodus et le bout de Faile. Nervure coslale metallique; ailes hyalines, excepte les infe'rieures dumale. 17. NEVROBASIS CBISESRIS, L. LIBEI.LULA CHINSNSIS, L. AGRION NOBILITATA, Fab. C\LOPTERYX DISPAHIUS, Rafilb. Abdomen 42-51. Aile inferieure 51-o9. Taille assez grandc, grelej ailes un pen elargics; reticulation serree; espace postcostal complique 5 nodus presque a ini-chemin de la base au bout de Taile ; levres jaunes j un point noir a la superieure (qui est par- fois bordee de noir au milieu chez le male). Corps, a partir du front, vert metallique vif. Pieds Ires-longs: femurs bronzes, jaunes en dedans; tibias noirs, jaunes en dehors, a cils noirs; 6-9 basilaircs, 54-42 ante- cubitales. a* Ailes superieurcs hyalines, un pen verdatres; reticulation vert me- tallique, surtout les grandcs ncrvures et la costale; nodus brun clair; niles infericures opaques, d'un vert metallique changcant en bleu avcc le tiers apical subitcmcnt brim fonce; reticulation verte, deux sutures late- rales ct le dessous du thorax, jaunes 5 hurnerale ct lrc laterale brunes; abdomen tres-Iong, noir en dessous. $ 18-50 postcubitnlcs. Ailes hyalines a reticulation roussatre; costale vert metallique; les superieurcs lavecs de jaunatrc, les inferieures, de brun jaunatrc plus fonce au commencement du dernier tiers; les quatre avecun point nodal et un pterostigma blancs; ce dernier (parfois presque nul) place entre Ic nodus ct le bout, plus long aux inferieurcs. Sutures humerales, les trois latcrales, le dessous du thorax, arete dorsalc ct cotes de Tabdomen, jaunes; dixienic segment a epine dorsale et pointcs late- rales aigues. Appendices anals jaunatres. Race de la Sonde. tf Levre siipericurc tres-bordce ct traversee de noir. 9 Ailes presque incoiores ; point nodal et pterostigma nuls ou presque nuls. Patrie : Inde, Chine, Malaisie. Genre 3. — ECHO, DE SELYS. Nodus place presque a la moitie de Faile; pterostigma rhomboide , large, regulier; tousles secteurs simples, non bifurque's. Patrie : Asie et Afrique. let sous-genre. — ECHO, DE SELYS. Pieds assez longs; ler article des antennes cache"; 2e long; espace basilaire reticule". Patrie : Chine (?). Groupe unique : (E. MARGARITA.) Secteurs de 1'arculus separcs des leur origine, le principal con- tigu a la nervure m^diane. Nervure costale non metallique; ailes en partie opaques. 18. ECHO MARGARITA, De Selys. Abdomen environ 40. Aile inferieure 57. o* Inconnu. (Ailes opaques noir chatoyant) (??). $ Taillegrande, grelcj ailes assez largcs, hyalines, presque le quart apical subitemcnt d'un brun noiratre chatoyant; cette nuance, un pen convcxe en dedans, comprcnant le pterostigma , qui cst place pres du bout deTaile, blanc, court, arrondi en dessous; reticulation tres-serree, noire, y compris la costale. 50-57 antecubitalcs ; environ 57 postcubitales ; 6-9 basilaires; espace postcostal assez simple. Corps noiratre, a reflets bronzes; (20) levres superieures noir luisant; nasus vert metallique ofoscur; base du 2e article des antcnnes lividc. Pieds Ires-longs, longucment cilies, noi- ratresj interieur dc quatre tibias posterictirs brun fonce. Patrie : Chine (?). (Collect. Saunders, Selys.) 2mc sous-genre. — MNA1S, DK SELYS. Pieds assez longs; ler article des antennes cache; 2e assez long; espace basilaire libre; rameau infe'rieur du 2e secteur du triangle courbe en dehors. Patrie : Japon. Groupe unique : (M. PRUINOSA.) Secteurs de 1'arculus se"pares des leur origine, le principal contigu a la nervure me'diane. Nervure costale non me'tallique; ailes non opaques. 19. MNAIS STRIGATA, Hagen. Abdomen 40-44. Aile inferieure 37. Taille grande, robuslej ailcs assez etroites, hyalines, un peu ver- datres ; reticulation noire, large 5 espace postcostal tres-simple ; la costale et la medianebrunes; aux superieures environ 26 antecubitales et 06 post- cubitales: 2 raies jauncs, arquecs, sur les cotes du thorax. Pieds noirsj levre superieurc et nasus vert metallique. o* Pterosligma rouge, mediocre; antcnnes noires; dessus de la tcte ct du thorax vert bronze; abdomen bronze foncc, un peu pruincux aux deux cxtremites. $ Pterostigma blanc jaunatrc , un peu plus court ; un point basal jatme an 2e article des antcnnes. Dessus de la tete, du thorax et abdomen bronze tres-fonce, a reflets rougeatrcs. Patrie : Japon. (Musee de Lcyde; collect. Selys, etc.) 20. MNAIS PRUINOSA, De Selys. Abdomen 44-45. Aile inferieure 36-40. Taille grande, robustej ailes un peu elargies; le tiers basal hyalin, le rcstc jaunc d'ocre; cette couleur un peu plus foncce et brunic au milieu; (21 ) reticulation roux clair, asscz large ; pterostigma rougcatrc, mediocre ; aux superieures environ 28 antecubilales ct 50 postcubilalcs ; cspace post- costal tres-simple. Levre superieure et nasus vert metallique; dessus do la tete, dessus du thorax ct abdomen vert bronze cuivreux; deux raies jauncs arquccs aux cotes du thorax (le dessus ct lc.s cotes du thorax pruineux chez les adultcs) ; antennes noires. 9 Inconnu. Patrie : Japon. (Musec de Leydc; collect. Selys, etc.) 5™ sous-genre. — SAPUO, DE SELYS. Pieds courts; ler article des antennes cache"; 2C court, fort. Espace basilaire libre; rameau inferieur du 2e secteur du triangle rejele" en dedans. Patrie : Afrique tropicale occidentale. Groupe unique : (S. CILIATA.) Secteursde 1'arculus naissantd'un mdme point; le principal non contigu on presque contigu a la nervure m^diane; nervure cos- tale metallique; ailes en partie opaques chez le male, hyalines chez la femelle. 21. S.M'HO P.ICOLOR, De Selys. Abdomen tf 49- $ 41. Aile inferieure 36-58. Taille grandc, tres-robuste ; ailes larges (inferieures tres-dilatees au milieu); espace postcostal assez simple; reticulation noire; costale vert metallique; aux superieuros 51-55 antecubitales; 38-42 postcubitales. Corps vert metallique brillant (plus fonce sur rabdomcn) ; 2e article des antennes et 2e suture laterale du thorax en partie jaunatrcs. Dessous du corps noiratre , un peu pruineux. 6* Ailes hyalines incolores ; un pen plus du quart apical subitement noir violet chatoyant, cct espace concave en dedans; pterostigma long, large, noiratre; poitrinc noire. Pieds noiratres (pruineux chez les adultes). $ Ailes hyalines un peu salies; un peu plus du quart apical lave do ( 22 ) jaunatre sale, cet espace concave en dedans. Pterostigma assez long, large, jaune, cntoure de noir; poitrinc jaunatre; pieds noiralres; interieur des femurs jaunatre. (Pas d'epine dorsale au 10e segment.) Appendices anals noiratres, un peu plus longs que le 10e segment. Patrie : Guinee. (Collect. Saunders.) 22. SAPHO CILIATA, Fab. AGKIOW citUTi, Fab. Abdomen 43-47. Aile inferieure 57-40. Taille grande, robuste; ailes larges; espace postcostal assez simple; reticulation noire; costale vert metallique; secteur principal presque contigu par un point a la mediane; aux superieures 50-55 antecubitales et 55-4-0 postcubitales. 48-50. Aile inferieure 57-40. Taille grande, tres-grele, abdomen tres-long; ailes a peine elargies au milieu, plicees, hyalines, a peine irisees; la cote des superieures et les inferieures dumale, les quatre chez la fernelle, lavees dejaunatre. Reti- culation serree, noiratre (excepte une partie des transversales antecubi- tales jaunatres) ; la mediane et le seetcur superieur roussatres ; espace postcostal simple. 28-36 antecubitales, environ -45-58 postcubitalcs aux superieures. Nodus aux 2/5 de la base au bout. Corps vert metallique brillant en dessus; rhinarium, raic au front, ler ct 2e articles des an- tennes, dessous du thorax, sutures humerales et laterales, bords de 1'ab- domen, jaunc pale. Picds longs, jaunatres, a cils noiratres ; cxterieur des femurs, interieur des tibias et tarses, brims. o* Appendices anals superieurs dilates en dedans, tronques, un peu echancrcs a leur extremite. $ 10e segment avec une epine dorsale et une laterale de chaque cote. Appendices anals bruns. Patrie : Inde. 2- Mgion. Quadrilatere plus large 5 son exlr£mit£; son c6t£ superieur con- vexe; Fespace basilaire toujours relicul^. a* Appendices anals superieurs semi-circulaires, plus ou moins dilates et denies en dedans. Patrie : Ame"rique tropicale. (27 ) Genre unique. — HET^ERINA, HAGEN. Ailes longues, non pe"tiole"es; secteur principal contigu a la nervure me"diane; nodus place* un peu avant la moitie" de 1'aile; secteur infe>ieur du triangle tres-courbe en dehors; ler article des antennes cache" , en demi-anneau. Pieds longs. Pterostigma mil ou tres-petit. Rameau infe>ieur du 2e secteur du triangle nuL ler sous-genre. — LAIS, HAGEN. Coulter du fond du corps bronze", vert, ou noir dans les deux sexes; ailes hyalines (excepte" L. pvdica) ; espace poslcostal avec deux rangs de cellules re"gulieres. 1" groupe : (L. HYALINA.) Ailes hyalines assez eHroiles; tubercules de Toccipiit bien marques. Pieds longs. A. Une gouttelette apicale brune aux ailes infe>ieures du male. 28. LAIS GLOBIFER, Uagcn. Abdomen o* 64. 9 42. Aile inferieure 35-39. Taille trcs-grande 5 ailes etroites, hyalines; 18-25 antecubitales. Corps noir; levre superieure jaune, traversee de noir; epistome bleu metal- lique; second article des antennes jaune; 2 raies jaunes aux cotes du thorax. Pieds noirs. o* Tache apicale des inferieures petite , parfois un vestige aux supe- rieures. Corps noir; pas de bande jaune en avant du thorax. Abdomen presque double de la longueur des ailes; un fort tubercule sous le pre- mier segment. Dilatation des appendices superieurs formant 2 dents rapprochees aux 2/3 dc leur longueur; les inferieurs tres-courts ay ant */6 des superieurs. 9 Ailes un peu jaunatres ; 2 bandes orangees et une raie humerale devant le thorax ; abdomen plus court , avec un petit tubercule noir en dessous du premier segment. Patrifi : Bresil (Nouv.-Fribourg). (Collect. Hagen, Selys, etc.) (28) 29. LAIS .*NEA, De Selys. Abdomen 28. Aile inferieure 25-24. Taillc tres- petite; ailes etroites, hyalines; corps bronze violet ou cuivrc rouge brillant, surtout chez la femclle; tetc noire; epistome violet metallique; pieds noirs. o* Tachc apicale dcs superieures assez graudc; ailcs hyalines; 24-26 anteeubitales ; mi vestige de ligne lateralc pale au thorax. Abdomen un peu plus long quc les ailes. Dilatation des appendices supcricurs formant deux dents mediancs rapprochees , les infericurs ayant */s des supericurs. 9 22-26 antecubitales; ailes hyalines un peu salies; 2C article des antcnnes, un vestige humeral et trois lignes lateralcs etroites, jaune pale. Patrie : Para. (Collection Dale, Sclys, etc.) 30. LAIS ctTRjEA, DC Selys. Abdomen 28. Aile inferieure 24. Taille tres-petite; ailes etroites ; tete noire; epistome violet metallique; corps bronze violet ; pieds noirs. cf Tachc apicale dcs superieures assez grande ; ailes hyalines avcc une raie noire entre la sous-costale ct la mediane, de la base au nodus; 28- 52 antecubitales. Abdomen un peu plus long que les ailes. Appendices (comme ^Encal). o" Inconnue. Patrie : Brcsil. (Musee britannique.) B. Pas de gouttelette apicale foncee aux ailes. 31. LAIS IIYALINA, Hagen. Abdomen 35. Aile inferieure 29. o* Taille moyenne; ailes assez etroites, hyalines; le bout des infe- rieurcs un pen sali, brunatre; 20 antecubitales. Levrcs noires; les bords de la superieurc un peu jaunatrcs latcralcment; epistome vert bronze; thorax bronze, avec deux lignes laterales etroites, jaunes; pieds noirs; appendices (inconnus). $ (Inconnue). Patrie : Brcsil. (Musce de Vicnne.) 32. LAIS PHII.VOSA, Hagen. Abdomen 56-42. Aile inferieure 28-31. Taille moyenne; ailes assez larges; 18-20 antecubitales. Corps bronze (29) obscur; Icvre supericurc jaunatrc, noire a la base. Un vestige humeral et trois ligncs latcrales etroites jaunatres au thorax. o" Ailcs hyalines; la base dcs supericures a reflets laitcux; une raie brim clair cntre la mcdiane ct la sous-costalc, de la base au nodus. Di- latation des appendices superieurs formant 2 dents apres le milieu; la scconde aigue, les inferieurs ayant la moitie des superieurs. Pieds noirs ; interieurs dcs femurs brun ou pruineux. 9 Ailcs hyalines, lavces dc jaunatre; second article des antennes jaunatrc. Pieds noirs; interieur dcs femurs jaunatrc; cxterieur des tibias brun. Patrie ; Brcsil. (Musee dc Berlin.) 2"« groupe .• (L. PUDICA.) Ailes tr^s-larges , color&s en rouge chez le m&le, en brun chez la femelle. Tubercules de Tocciput presque nuls ; pieds courts; le bout des quatre ailes hyalin. 55. LAIS PUDICA, Hagen. Abdomen 26-28. Aile inferieure 21-25. Taille petite; ailes tres-larges; 17-19 antecubitales. Epistome noir lui- sant; cotes de la levre supcricure, 2e article des antennes jaunc (une ligne humeralc ct deux laterales jauncs chez les jcunes ct la femelle) ; pieds courts, noirs. o" Ailcs rouges (bruncs chez les jeunes); le 5e apical, au plus, hyalin incolore; le bord antcrieur brun. Devant du thorax bronze cuivrcux; une ligne laterale jaunc, ctroitc; abdomen noir. Dilatation dcs appendices superieurs formant apres le milieu une dent forte; les inferieurs plus longs que la moitie dcs superieurs. 2 Ailcs cnfumccs, surtout au bout antcricur; la base ct le centre brims; corps bronze fonce; intericur des femurs postericurs jaunes a la base. Patrie : Bresil (Ypanema). (Musees de Vicnne et de Berlin.) 2™ sous-genre. - HET^EIUNA, HAGEN. o* Couleur du fond du corps bronze rougeatre ou noiratre. Ailes hyalines (except^ //. titia); la base de quatre avec une tache rouge. Espace postcoslal rempli de petites cellules irregulieres aux ailes su pedicures. 9 Couleur du fond du corps vert bronze. Ailes hyalines (excepte" //. tilia) , plus ou moins jaunatres ou salies. \" groups : (II. CAJJ.) Ailes e"troites; pas de pterostigma. A. Le bout des ailes du male sans laches; tibias noirs. 34. HET.*RINA SIMPLEX, DeSelys. Abdomen 27-55. Aile inferieure 23-27. Taille petite; 14-18 antecubi tales ; tubercules de 1'occiput presque nuls. o* Tache basale des superieures commencant a la sous-costale, s'arre- tant au bout du quadrilatere, ou elle est un peu arrondie en dehors; celle des inferieures s'arretant aussi au bout du quadrilatere, cchan- cree en dehors ct touchant le bord posterieur dans sa moitie basale. Levre superieure noire; epistome, dessus de la tete, prothorax et thorax bronze cuivreux; ce dernier avec trois lignes laterales jaunes tres- fines (une tache laterale a la levre, base des antennes, des lignes humerales fines, et tache a la poilrine jaunes chez les jeunes). Appendices superieurs a dilatation mediane large, echancrce au bout, ou elle se termine par une petite dent aigue; les inferieurs moitie plus courts, amincis au bout. Pieds noirs. $ Ailes hyalines jaunatres. Levre superieure jaune, bordee et traversee de noir; epistome et vertex bronzes; front vert metallique; base des an- tennes jaune; prothorax vert, tache de jaune; thorax jaunatre avec une bande mediane, une premiere laterale complete et deux autrcs laterales incompletes, vert bronze; dessous tache de noir. Garene du 10e segment complete, tcrmince par une pointe tres-eourtc. Pieds noirs, Tinterieur des femurs marque parfois dc roussatre a la base. Palrie : Bresil (Minas Geraes). (Collect. Selys, Hagen.) R. Le bout des ailes supe>ieures du male hyalin; celui des iufe- ricures avec une gouttelette rouge; tibias noirs. 35. UET^GRIXA SANGUINEA, Oe Selys. Abdomen 36. Aile inferieure 26. Taille petite ; tuberbules de Tocciput presque nuls. o* 23-25 antecubitales. Tache basale des superieures depassant a peine le quadrilaterc ; ccllc des inferieures brun clair, ne depassant pas le qua- drilatere, s'arretant a la postcostale, ayant un prolongement superieur jusqu'a mi-chemin de celui-ci au nodus. Levre superieurejaune, bordee et travcrsee dc noir ; epistome cuivre rouge fonce ; une bande frontale plus claire; thorax bronze, violet en avant, avec une ligne humerale et trois laterales jaunes; dessous jaunatre, tache de noir; 10C segment trcs-court. Appendices superieurs presque deux fois plus longs que le dixieme seg- ment ; leur dilatation formant au milieu une large dent a angle droit , suivie de 2 excavations, les inferieurs ayant */4 des superieurs, epais, tronques, presque fourchus. Picds noirs; la moitie interne des femurs posterieurs jaunatre. $ 25 antecubitales. Ailes enfumces, uri peu jaunes a la base. Thorax vert metallique avec une raie humerale et trois laterales plus larges , jauucs. Pieds noirs. Patrie .- Para. (Collect. Selys.) 36. HET^RINA ROSEA, De Selys. Abdomen a* 33-36. $ 28. Aile inferieure 24-27. Taille petite, grele. o* 19-20 anlecubitales. Tache basale des superieures ne commcncant qu'a la mcdianc ou a la sous-mediane et ne depassant pas le quadrilatere ; ccllc des inferieures brune, s'arretant a Torigine du quadrilatere, avec un prolongement superieur a mi-chemin de celui-ci au nodus et ne de- passant pas la postcostale. Levre superieure jaune, avec une petite tache basale mediauc, noire; epistome bronze cuivreux; une bande brune au front; base des antennes jaunatre; lobe postericur du prothorax borde de jaunatre j thorax bronze, cuivre rouge en avant, avec une raie hume- (52) rale et trois laterales jaunatre; dessous jaunatre, tache dc noir. Appen- dices supericurs un pcu plus longs quc le 10C segment, leur dilatation for- mant apres le milieu unc forte dent visiblcment echancrec; les infcricurs ayant les s/4 des superieurs greles. Picds noirs ; interieur des quatrc femurs postericurs jaunatre ; exterieur des tibias brun. $ 17-19 antecubitales. Ailes tres - legcrcment jaunatres. Levre supe- ricurc, front, base des antcnnes jaunatres; bande basale a Tcpistome ct dessus de la tete vert bronze ; prothorax vert bronze a tachcs jaunatres ; thorax orange avcc unc bande mediane et une premiere laterale vert- bronze, et deux autres ligncs laterales etroites noircs ; dessous tache de noir. Carene du 10C segment complete, terminee en epinc. Pieds noi- ratresj interieur des femurs, surtoutdes posterieurs, jaunatre. Patrie : Bresil. (Collect. Selys, Hagen.) 37. IlKT.KiiiYt CAJA, Driiry. LiBELLUt* CAJA , Drury. IJKT.T-RINV HKRA, Hagen (collection). Abdomen d* 57-40 $ 31. Aile inferieure 25-27. Taille petite, grele. 6* 19-21 antecubitales; tache basale des superieures nc commencant qu'a la mediane, dcpassant un pcu le quadrilatere ; ccllc des inferieures rougeatre, s'arretant an bout du quadrilatere, ayant un prolongemcnt superieur a mi-chemin de cclui-ci au nodus et nc depassant pas la post- costale. Levre superieure jauric, avcc unc tache basale mediane noire la travcrsant souvcnt; cpistome bronze; base des antenncs brunc; lobe postericur du prothorax borde dc roux; thorax bronze, cuivrc rouge en avant, avcc unc lignc humcralc et trois raics laterales jaunatres; des- sous jaunatrc tache dc noir. Appendices supcricurs un pcu plus longs quc le 10' segment, leur dilatation formant apres le milieu une forte dent tronquee, les inferieurs ayant les */- des supcricurs, greles. Pieds noirs ( interieur des femurs postericurs jaunatre chcz les jeunes). 9 17-20 anlecubitalcs. Ailcs lavees dc jaunatre, surtout a la base. Levre supcricure, front, bord de Tocciput et base des antennes jau- natres; epistomc ct vertex vert bronze; prothorax jaunatre; thorax jaunatre avec une bande etroite mediane et deux vestiges lateraux bronzes. Carene du 10« segment incomplete, en petite epine, Pieds noiratres; femurs jaunatres en dedans. Patrie : Venezuela. (Collect. Hagon, Selys.) (35) 38. IIiTi:mx\ DOMIMU.A, H;i:;en. AGRION CAJA, Erichson. Abdomen o* 35; 9 29. Ai!e inferieure 25-27. Taille pclite. d" 26-50 antecubitales. Tachc basalc dcs quatre ailcs rouge j cello des supcrieures touchant la cote, atteignant aux *IB de la base au nodus, arrondie en dehors ; cclle des inferieurcs allanl prcsque jusqu'au nodus, depassant notablement la postcostale, oblique, un pcu convcxe ct dente- lec en dehors, ou clle depassc beaucoup Ic quadrilatere. Levre superieurc noiratre; cpistomc bronze obscur; front, dessus de la, tete, prothorax, bronzes; thorax noiratrc, bronze violet en avant; ses cotes avec trois lignes jaunatres tres-fines, rintermcdiairc seule bicn visible. Appendices superieurs un pcu plus longs que Ic 10C segment; leur dilatation formant apres Ic milieu une forte dent largement echancree, suivie en dessus d'unc petite dent au bord superieurj les inferieurs greles, ayarit les 2/3 dcs superieurs. Pieds noirs. 9 22-20 ante'cubitales. Ailes notablement jaunatres ; la pointe dcs infericurcs un peu salie. Levrc superieure noire, a tache laterale jaunc 5 epistome bronze cuivrcux ; front ct dessus dc la tcte vert bronze ; base des antenncs jaune ; prothorax et thorax vert metallique; un vestige hume- ral, trois lignes laterales etroites, et le dessous jaunatres; ce dernier tache dc noir. Carene du 10e segment bien marquee, terniince en epine tres-courtc. Picds noiratrcs. Patrie : Guyane. (Musee de Berlin , collect. Hagen , Selys.) 39. HET-*:RINA AURIPKKNIS, Burm. CA.LOPTERYX AURIPERHIS, Burm. (Q). — CAJA, Burin. (Q*), Ramb. (pars). Abdomen 6* 55-39; $ ol-3o. Aile inferieure 24-28. Taille petite. o* 24 (21-29) antecubitales. Tache basale des supcrieurcs ne touchant la cote qu'asa base, longeant ensuitc la sous-costale, atteignant aux 2/5 de la base au nodus, prcsquc droite en dehors; celle des infcrieurcs allant, par un prolongcmcnt superieur, prcsque au nodus, depassant notablement la postcoslalc, oblique, angulcusc. un peu concave en dchors, ou elle depassc pcu Ic quadrilatere. Levre superieurc jaunatre ; sa base et uu prolongemcnt median noirs; epistome bronze violet; front et dessus de la tete noirs ; a reflets cuivres; base du 2C article des antennes brune; ANN. BULL. 1853. 5 ( 34 ) prothorax ct thorax bronzes; Ic dcvant dc cclui-ci cuivre rouge violet; une lignc humerale peu visible et trois raies latcrales, la lre tres-fine, jaunatrcs ; le dessous jaunatrc tache de noir. Appendices supcricurs un pcu plus longs qtie le 10e segment; la dilatation formant subitement, apres le milieu, une dent tres-saillanle obtuse. Les inferieurs grelcs, ayant les 5/, dcs supcricurs, attenues au bout. Pieds noirs. $? 21-24 antecubitales. Ailes notablemcnt jaunatrcs, surtout a la base; levre superieure (excepte un point basal median), basedes antcnnes, jau- nalres; epistome vert cuivreux, bien horde dc jaunatrc; front et dessus dc la tete vert bronze fonce; prothorax vert bronze; thorax vert bronze en avant, avec une large bandc humerale orangee ; poitrine jaunatre avec quclques tachcs brunes; carene du 10° segment a cpinc noire assez longue. Pieds noirs. Patrie : Bresil. 40. HETEKIM IHXE , De Selys. Abdomen 31-38. Aile inferieure 24-30. Taille petite. o* 20-26 antecubitales. Tache basalc des superieures touchant la cote dans sa inoitie basalc et atteignant auxs/4 de la base au nodus, presque droite en dehors; cellc des inferieures touchant le nodus par son prolon- gement supcrieur, depassant notablement la postcostale, oblique, con- cave en dchors, ou ellc depasse notablement le quadrilaterc ; le bout des superieurcs souvent avec un vestige rose. Levre superieure noire ; epi- stome ct dessus dc la tetc bronze cuivre; prothorax bronze; thorax bronze, cuivre rouge en avant, avec trois raics lateralcs jaunatrcs, la lre tres-fine; dessous jaunatre, un peu marque de brun (levre supe- rieure, base des antennes, une raie humerale jaunes chez les jeuncs). Appendices supericurs dc la longueur du 10° segment formant une dent mcdiane triangulairc large, suivic d'une echancrure et d'une petite dent superieure ; les inferieurs plus de inoitie plus courts, epais, tronques au bout. Pieds noirs. 9 18-20 antecubitales. Ailcs jaunatrcs, surtout a la base. Lcvre supe- rieure jaunc, bordec et travcrsec de noir; epistome violet bronze; front ct vertex bronzes ; base des antennes jaune ; prothorax vert bronze jauna- tre sur ses cotes; thorax vert bronze en avant avec une large bande hume- rale orangee; les cotes ct le dessous jaunatres, avec deux vestiges de raics (35 ) laterales, courles, verdatres; carcne du 10e segment terminee par une epine assez courtc. Pieds noirs. Patrie : Bresil. (Collect. Selys, Hagcn.) 41. URT.cntNA SAWGUiNOu;;%TA, Ilagen. Abdomen 26-35. Aile infe"rieure 21-24. Taille tres-petitc. Tubercules de Tocciput a peine visibles. o* 20-25 antecubitales. Tache basale des superieures touchant la cote presque jusqu'au nodus par un prolongement superieur, presque droite en dehors, ou elle atteint aux2/3 de la base au nodus; celle des inferieures presque semblable, mais touchant completement le nodus, un peu oblique et concave en dehors, touchant le bord posterieur dans sa moitie basale. Tetc noire, un peu bronzee en dessus; epistome un peu violet ; pro- thorax noir; thorax noir bronze, un peu cuivre en avant, avec 3 raies laterales jaunatres ; la lre tres-fme. Dessous du thorax noiratre (levre su- pericurc, base des antennes et lignehumerale, jaunatres chez les jeuncs). Appendices superieurs peu courbes; dilatation formant subitement une dent mediane, saillante, obtuse, non echancree, suivie d'une echan- crure ct d'une petite dent superieure distincte; les inferieurs moitie plus courts, epais, tronques au bout. Pieds noirs. ^ 19-20 antecubitales. Ailes jaunatre sale. Tetc noire, un peu bronzee a Tepistome et au front ; levre superieure noire avec une tache laterale jaune ; base du 2e article des antennes jaune ; prothorax noiratre; thorax robuste, vert metallique fonce en avant, avec une fine ligne humerale jaunatre (large chez les jeuncs) ; les cotes et le dessous jaunatres, avec 2 raics incompletes courtes, vertes; carene du 10e segment a epine assez longue. Pieds noirs. Patrie : Bresil. (Collect. Hagen, Selys.) 42 IfKT.KIilSA MORTLA, HagGll. Abdomen 28. Aile inferieure 22. Taille tres-petite; tubcrcules de Tocciput tres-prononces. o* 21-25 antecubitales. Tache basale des superieures obtuse en dehors, depassant le quadrilatcre (auxs/5 de la base au nodus) commencant a la sous-costale ; celle des inferieures ne touchant pas tout a fait la costalc, finissant obliquemcnt un peu apres le quadrilaterc, et touchant le bord postericur dans sa moitie basale; la poinle des infericures a tache rose mal arretee. Levre superieure noire, jaune sur scs cotes; epistome et ( 36) dessus dc la tele bronze cuivreux ; base dcs antennes jaune; thorax noir, bronze en avant, avcc uric bande humcrale arquee et 5 raies lateralcs jaunes; la lre tres-finc. Dcssous jaune tache de noir. Appendices supe- ricurs robustes; la dilatation mediane fonnant 2 dents, la lre plus petite, aiguej la 2e obtuse; les inferieurs inoitic plus courts, tres-amincis au bout. Picds noirs. $ Inconnue. (Collect. Hagen.) Patrie : Guyane. 43. HET.EIUXA SEPTEHTRIOKALIS, De Seiys. Dimensions analogues a celles de I'//, tricolor var. limbata. Taille petite. Tachc basale des superieurcs depassant Ic quadrilatere ; celle dcs inferieures arrivant presquc jusqu'au nodus. Epistoinc melal- lique; thorax brun bronze, ligne de jaune. Dilatation des appendices supericurs forniant 2 dcrits assez aigues, assez eloignees Tune de Tautrc; les inferieurs greles, epaissis a leur pointe, plus longs quc la moitie des superieurs. $ Inconnue. Patrie : Georgie americaine. (Musee britannique.) C. Le bout des quatre ailes du male avec une gouttelette rouge. Tibias noirs. 44. HET^RIHA L.ESA, Hagen. Abdomen d* 40; $ 54. Aile inferieure 29-31. Taille assez grande. 6* 26-30 antecubitales aux superieures, 24-26 aux inferieures, dont le bout cst obtus, comme tronque. Base dcs ailes superieures jaunatre, a laehe rouge, petite, coinmcncant a la sous-rnediane, finissant au bout du quadrilatere j base des inferieures jaunatre, avec une nuance brune entre la sous-costale et la incdianc, a nervules blanchatrcs en dessous. Levre supericure jaune, noire au milieu j epistome, front et vertex bronzes; base des antennes jaune; thorax bronze, cuivreux en avant, avcc une large bande humcrale jaune, suivie d'une bandc bronzec isolec; les coles jaunes avec deux bandes bronzees; la premiere courte, superieurc; la deuxieme mince. Dessous jaunatre. (Appendices anals rnanquent.) Pieds trcs-longs, noirs, a cils assez courts; la base interne des lemurs poste- rieurs a pcine jaunatre. ( 57 ) 9 2i- 27 anlecubitales aux supericures; 20-25 mix infcricurcs. Ailes tres-salics, jaunatrcs, surtout a la base. Coloration du corps vert bronze , a dessins jaunatres, comme chez le male. Carene du 10e segment terminee par une pointe asscz longue. Pieds noirs; inlerieur des femurs posterieurs ct Ja base interne des autres jaunes. Paine : Surinam. (Musec de Berlin.) 45. HET^KINA LOSGIPES, Ha gen. Abdomen a* 44; $ 36. Aile inferieure 33-34. Taille grande. Levre superieure jaune, bordee de brun avec un point basal median; base des antennes jaunatre; epistome, front, vertex et prothorax bronze fonce. o* 21-28 antecubitales. Tachc basale des superieures commcncant a la sous-coslale, finissant obliquement en dehors, plus prcs du nodus quo dc la base , quittant le bord posterieur sous le quadrilatere ; celle des in- ferieures depassant un pen la postcostale, s'arretant an bout du quadri- latere, avec un prolongement superieur aux 5/4 de la base au nodus, ce qui la rend concave en dehors. Thorax bronze cuivrcux fonce , avec une raie humerale et une premiere laterale jaunes, assez larges, confluentes par en haut ct par en has ; dessous jaune. Appendices superieurs non renfles a la base en dessous, tres-courbes au bout; Icnr dilatation me- dianc en dent obtuse forte, un pcu echancree au bout, au niveau d'une petite dent superieure; les infericurs ayant '/. des superieurs, tronques an bout. Pieds noirs, tres-longs (tibias posterieurs S'/g-lO™1"). 9 20 antecubitales. Ailes un peu jaunatrcs, surtout a la base. Thorax jaune obscur avec uric bande mediane ctroite, vert bronze, en avant, dilatec vers les ailes, et deux raies laterales de meme couleur; la pre- miere cuneiforrne , courtc ; la seconde rudimcntaire. (L'extremite de Tab- domen manque.) Pieds bronzes, tres-longs (tibias posterieurs 10ram). Patrie : Bresil. (Collect. Hagen.) 40. IIETVERINA CARKIFEX, flagen. Abdomen Taille grande. 25-27 antecubitales (H. lineata, Hagen). Patrie : Bresil, Colombie, Mexique, Martinique. 49. HLT.KRIKA VULNERATA, Hagen. Abdomen j 45-50; $ 42. Aile inferieure 28-52. Taille mediocre. 19-25 antecubitales. Le bout des ailes superieures non limbe; celui des inferieures parfois un pen sali ; tachc basale des superieures courte, commcncant a la mediane, finissant a mi-chcmin de la base an nodus, oblique en dehors; celle des inferieures un pen plus courte, ne toucharit la cote que dans sa moitic basale, depassant notablement la postcostale, touchant le bord posterieur dans son premier tiers, finissant an bout du quadrilatcre , avec un prolongemcnt superieur tres- court. Levre supe- ricurc roussatre, tres-bordee de noir a la base; epislome noir bronze, borde dc jaunatre en avant; front en partie brun clair; vertex noir; prothorax brun metallique, sans tachc; devant du thorax noir bronze, a reflets violets et cuivres ; raic humerale jaunatre, suivie d'une pre- miere bande laterale noir bronze, large, jusqu'a la premiere suture; le restc des cotes roussatre, avcc une tachc cuneiforme siiperieure asscz longuc, bronzec , avant la seconde suture. Appendices superieurs jaunes a la base et en dedans, plus longs quc le 40C segment, peu courbes; dila- tation commencant des la base, finissant en dent mediane tres-obtuse, suivie d'une trcs-petite echancrure; les inferieurs moitie plus courts. Pied$ noirs; une bande laterale aux femurs ct Texterieur des tibias jaunaHre. $ 17-19 antecubitales. Ailes lavees dc jaune a la base ct an bord anterieur. Levrc siiperieure, base des antennes, front, jaunatres ; epistome jaunatre avcc une petite tacheacicr; vertex noir, prothorax brun avec quatrc laches jauncs ; thorax orange avcc unc bandc medianc etroite, a pcinc elargic vers les ailes, vert metallique; une raic bronzee egale avant la premiere suture lateralc, et unc tachc cuneiforme vert metallique avant la sccondc. Carene du 10° segment nc depassant pas le Lord. Appendices anals jaunes, noirs au bout, pieds noirs ; interieur des femurs et des tibias largement jaunatre. Patrie : Bresil, Colombie, Mexique. (Musee de Berlin, collect. Hagen , Selys.) 2m« groupe .• (H. TITIA.) Ailes etroites; un petit pterostigma (parfois rudimentaire) dans les deux sexes. A. Le bout des ailes sans taches. Pieds jaunes en dehors. 50. II KT .i:r.i v\ AMERICANA, Fab. ACRION AMKIUCAM, Fab. — Burm., Ramb. Abdomen 45 46. Aile inferieure 25-30. Taille moyenne; tete robustc; pieds noirs; iritericur des tibias, exte- rieur des femurs , jaunatres. d* 20-24 antecubitales. Pterostigma assez grand, jaunatre ; tache basalc des ailes allant a mi-chemin de la base au nodus, depassant un peu le quadrilatere auxsuperieures, oil clle estun pcu convexe en dehors ct ne commence qu'a la medianc, presque droite en dehors et touchant le bord posterieur dans presque toutc sa longueur aux inferieures, oil le prolon- gement supe'ricur est rudimentaire. Levrc superieurc jaune roussatrc avec une tache medianc ; epistomc vert bronze ; fj'ont et dcssus de la tete vert dore, 2e article des antcnncs jaunatre j prothorax bronze; thorax vert cuivre en avant, bronze dc cote; suture humerale et pre- miere laterale finement jaunes; la scconde et le bord poslerieur lar- gement jaunes, ainsi que le dcssous. Appendices jaunatres, noirs a leur extrcmite; dilatation des supcrieurs en dent mediane subite, large, a peinc concave en dedfus, les inferieurs, ayant 1/3 des supericurs, obtus. ^ Ailes lavecs de jaune sale a la base ; pterostigma blanc; corps vert fcronz6; une bande jaune interroinpue au-devant de la tete; levre supe- rieure ct 2C article des antennes jaunes. Patrie : Mexique , sud des Etats-Unis. (42) B. Le bout des quatre ailes limbe" de brun ch.ez le male; pieds noirs dans les deux sexes. 51. HET.EIIINA MOUIBUNDA, Hagen. Abdomen 0" 30; $ 27-31. Aile inferieure 26-28. Taille petite. d* 27-28 antecubitalcs. Pterostigma Ires-petit, noir; ailes a Hmbe brun, large a partir du pterostigma ; tache basale des supericures allant au bout du quadrilaterc, obtuse en dehors, ne commencant qu'a la nervure me- diane et touchant le bord posterieur dans sa dpe moitie seulement; celle des inferieures presque droite en dehors; commencant a la sous-costale, ne depassant pas la postcostale, n'occupant pas le quadrilatere, mais ayant un petit proloiigcment superieur brun jusqu'a mi-chemin du qua- drilatere au nodus. Levrc superieure jaunatre, bordee et traversee de noir; epistome brun cuivreux; dessus de la tete noir; base des antennes jaunatre; prothorax noiratre; thorax cuivre rouge en avant, bronze sur les cotes ; la suture humerale et la lre laterale etroitement, la 2e laterale> le bord posterieur et le dessous jaunatre obscur; carene du I0e segment aigue. Appendices noirs; dilatation des superieurs un peu evidee en de- dans, commencant pres de la base, finissant aux 2/3 de leur longueur; les inferieurs ayant la moitie des superieurs. Pieds noirs. 9 22-23 antecubitales. Ailes lavees de vcrdatre sale ; pterostigma tres- petit, livide, brun au centre. Tete comme le male; epistome vert noiratre; prothorax noir bronze; thorax roussatre; le devant vert metallique avec une raic humerale orangec ; trois raies noiratres, etroites sur les cotes; iO« segment a carene pointue. Pieds noiratres; interieur des femurs plus clair. Patrie : Guyane. (Collect. Hagen, Selys.) 52. HET^EUI^IA TRIC(!I-OR, lUirm. CALOPTKRVX TRICOLOR, Burm., Ramb. Abdomen o* 51 ; $ 42. Aile inferieure 31. Taille moycnnc ; tete robuste. o* 24 antccubilales. Pterosligma «nssez grand, noir; limbe brun dubout des ailes etroit ; tache basale des superieures depassant un peu le quadri- latere, arrondie en dehors, ne commencant qu'a la mediane; celle des in- ferieures brune, depassant a peine la postcostale, s'arretant en ligne droite au bout du quadrilatere, avec un prolongement superieur allant a mi- ( 43) chemin du quadrilatere au nodus. Tete noiratre ; epistome et antennes bruns; prothorax noiratre; thorax noiratre en avant, avec une bande humeralc jaune; les cotes et le dessous jaunes, avec trois bandes noiratres plus ou moins incompletes. Carenc du 10e segment aigue. Appendices superieurs a peine plus longs que le 10e, noirs, avec une tres-forte dent basale interne, obtuse, suivie de la dilatation qui finit subitcment aux 5/4 de leur longueur en dent obtuse ; les inferieurs moitie plus courts. Pieds noirs ; tibias bruns en dehors. $ 20-23 antecubitales. Ailes a peine jaunatres vers la base, ptero- stigma assez grand, blanc jaunatre. Levre superieure, epistome, une bande anterieure et bord de Tocciput, jaunatres ; bord posterieur du protborax jaunatre ; thorax orange en avant, avec une bande mediane etroite, noire; les cotes jaunatres avec trois raies noiratres courtes. Carene du 10e aigue. Pieds noirs, interieur des femurs jaunatre; exterieur des tibias brun. Patrie .- Sud des Etats-Unis. (Musee de Vienne et collect. Winthem.) Race. (H. Hmbata, De Selys.) d* Plus petite, plus grele. Pterostigma tres-petit; le limbe brun apical commencant au pterostigma aux infe- rieurcs. Levre superieure brunc, avec une tachc basale mediane noire; une raie froritale brune, interrompue au milieu. Appendices superieurs plus longs. (Abdomen 40. Aile inferieure 27.) Patrie. Georgic amcricairic. (Collect. Selys,) 5-3. HRTARIKA TITIA, Drury. LIBELLULA TITIA, Drury. CILOPTERYX — Burm., Ramb. Abdomen a* 38; Q 32. Aile inferieure 25-29. Taille petite ou moyenne. 6* 22-24- antecubitales. Pterostigma assez long, jaune; ailes opaques, brun fonce ; les superieures obliquement hyalines entre le nodus et le pterostigma, ct portant a la base une tache rouge commencant a la me- diane et depassant le quadrilatere (une bande moins hyaline large aux ailes inferieures du jcune). Tete, prothorax, thorax et pieds noir luisant; (bruns avec une ligne hurnerale et trois lignes lateralcs jaunatrcs, chez les jcunes.) Carene du 10e segment aigue. Appendices noirs; les superieurs egaux au 10e segment, avec une dent basale interne obtuse, tres-forte, suivie de la dilatation qui finit subitoment aux s/4 de leur longueur en dent obtuse ; les inferieurs un peu plus courts que la moitie des superieurs. P 19-20 antecubitales. Pterostigma assez grand, blanc; ailes opaques, brunes; le tiers apical des superieures (excepte le limbe) insensiblement hyalin. Tele noiratre; 2° article des antennes ct Lord de la levrc supe- ricurc roussatrcsj prothorax noiratre; thorax noiratre, le dcvant vert metalliquc fonce, les cotes avec deux bandes incompletes vert bronze ; la 2C suture et le bord postericur jaunatres. Gareiie du 10l segment aigue. Pieds noirs ; la base interne des femurs plus claire. Patrie : Mcxiquc, Amerique centrale. C. Le bout des qualre ailes du male avec une gouttelette hrune; pieds noirs dans les deux sexes. 54. HET/EUIMA MACROPUS, De Selys. Abdomen ieure a bord ante'rieur tronque, au milieu seulement. o* Appendices anals supe"rieurs en tenailles, avec de fortes dents; les infe"rieurs longs; bord posterieur du 10e segment non releve', un peu enlarging. Patrie : Asie Mineure (Grece?), Inde. ler groupe : (E. INDICA.) Ailes un peu pe'tiolees, etroites; secteur principal tres-contigu a la nervure me"diane; quadrilatere libre. Bord posterieur du 10e seg- ment non releve". J'ai nomine* ce groupe Bayadera. Lorsque les appendices anals du male de la fatime seront connus, on pourra plus surement deci- der s'il y a lieu de former un sous-genre pour YIndica. CO. EPAU.AGE IKDICA, DC Selys. Abdomen 59. Aile inferieure 34. Taille forte j 19-20 antecubitales aux ailes superieures. Corps noirj devant du thorax avec deux lignes olivatres , les cotes olivatres avec trois bandes noiratrcs. Cotes dc Tabdomcn et arete dorsale sur les six pre- miers segments , interieur des femurs et exterieur des tibias , olivatres. Levre superictire bleuatre clair, a pcine limbee de noir. d* Ailes hyalines un peu jaunatres j rextremite, a partir du ptero- stigma, brun sale; pterostigma brun fonce. Unc partie du thorax saupou- dree de bleuatre pulverulent chez les adultes. Appendices superieurs en tenailles, contournes, aplatis au bout, qui est muni d'une pointe ex- tcrne ; une forte dent inferieure pres de la base , suivie d'unc petite me- dianc. Appendices inferieurs un peu plus courts , pointus , ecartes. $ Inconnue. Patrie : Inde. (Musec britannique ; collect. Selys.) ANN. BULL. 1853. 4 2m« groupe .• (E. FATIME.) Ailes a peine peliole'es, etroites; secteur principal non contigu a la nervure m&Kane; quadrilatere libre. Gl. EPALI.ACK FATIME, Charp. Abdomen 951. Aile inferieure o* et $ 28-32. Taiilc forte; pterosligma jaunc (jeune), bruri (adulte); 14-15 antccu- bitalcs aux stipcricures. Corps noir; dcvant du thorax avcc deux raics jauncs larges ; les cotes jaunatres avec trois bandes noiratres. Abdomen avcc unc raie dorsalc ct une bande later.ale jaunes. Levre superieurc jau- natre a peine bordce de noir, avcc une virgule mediane de meme couleur. Picds noirs ; femurs lignes dc jaune en dedans ct sur les cotes. a* Ailes hyalines un peu jaunatres ; leur extremitc, a partir du ptcro- stigma, brun clair. Une grande partic du corps saupoudree de bleuatre pulverulent chez les adultcs. (Appendices inconnus.) 9 Ailes hyalines jaunatres a la base; leur pointe noiratre a partir du pterostigma. Patrie. Asic-Mineure , Grecc? (Collect. Hagen; Schneider.) 5rae sous-genre. — EUPILEA, Du SEI.YS. Le nodus plac6 avant la moili^ des ailes; moins de nervules ante- cubitales quo de poslcubitaic-s aux superieures. Levre superieure transverse, presque droite ant^rieurement. o* Appendices anals superieurs peu courbes; leur bord interne Ires-dilate inferieurenient; les inierieurs rudimentaires. Bord posle- rieur du IOC segment tres-relev^. Oreillettes du 2e segment trian- gulaires. Patrie : Asie Iropicale et Malaisie. 1" groupe : (E. DISPAR.) Ailes un peu pe'tiole'es; reticulation en partie pentagone, peu ser- re"e; les quatre ailes hyalines, excepte une bande ou unc tache aux inferieures du male. A. Les quatre ailes tres-e'troites. 62. Ei IMI I;A Dispvit, Kami). Abdomen Q" 44. 9 57. Aile inferieure 58. Taille trcs-forte; pterostigma grand; thorax roussatre on jaunalrc, avcc quatre bandes anterieurcs noires de chaquc cote; levrc supeVieure vertclair, avec un point et une bordure noirs; picds noirs; intcricur dcs femurs , exterieur dcs tibias , jaunc roussatre. 0* Ailes hyalines, unpeu jaunatrcs; une petite tache apicalc aux supe- ricures, et Ic tiers apical des inferieures subitenicnt noiratrc chatoyant. Abdomen roux ; les quatre dernicrs segments noirs; un bouquet dc poils aux cotes du 9e. 9 Ailes hyalines, un pcu jaunatres. Abdomen noir; les cotes des seg- ments et leurs articulations jaunatres. Patrie : Bengale (Nelgherries). B. Les ailes supe>ieures ^troites; les inferieures dilates. 65. ElIIMI l.A DECORATE, Ila^l'U. Abdomen 52. Aile inferieure 26. Taille mediocre; ailes inferieures dilatecs au milieu ; pterostigma petit. o" Ailes hyalines lavees de jaunatrc, surtout a la base ; les inferieures avec une large bande transverse rioiratre luisant apres le nodus, n'attei- gnant pas Ic pterostigma. Corps noiratre avec vestige de six raies roussa- tres de chaquc cote du thorax et quelques marques cffacees a Tabdo- mcn. Pieds noirs ; exterieur des tibias roussatre. $ Inconnue. Patrie : Chine. (Musee de Copenhague.) 2me groupe : (E. VARIEGATA). Ailes non p^tiol^es, souvent larges, arrondies; reticulation en grande partie letragone, serr^e; les qualre ailes en partie colordes et opaques chez le male. A. Une pointe droite de chaque c6te du penis chez le male. ( 52 ) 64. EUPH.*A ASPASIA, DC Sclys. Abdomen d* 56. $ 27-30. Aile inferieure 26-28. Taillc mediocre ; ailcs inferieures non dilalees. d* Ailcs hyalines un peu salies, passant insensiblemcnt au brun noi- ratrc dans le dernier tiers, ainsi que le bord costal a partir du nodus. Corps noir, avec 5-6 lignes jaunes dc chaque cote du thorax, ct dcs mar- ques a la base de rabdomcn; pointes du penis courtcs; pieds noiratrcs; base des femurs jaunatre en dedans ; tibias bruns cri dehors. $ Ailes hyalines, un peu jaunatres a la base et au bord costal. Corps noiratre marque de jaunatre; cotes du thorax jaunatres; pieds rioirs, in- terieur dcs femurs jaunatre. Patrie .• Sumatra. (Musees de Halle, de Leyde; coll. Selys.) C5. El-PII'EA VARIEGATA, Abdomen 31-39. Aile inferieure 25-29. Taille assez forte ; ailes inferieures dilatees. cf Ailes noiratres (ou brunes, jcuncs) ; le quart basal des superieures, presque la moitie basale dc leur bord posterieur, et la base extreme dcs inferieurcs , hyalins ; le milieu des inferieurcs vert metallique changeant en violet. Corps noir; le thorax avec trois lignes incompletcs de chaque cote ; rabdomcn avec une fine arete dorsale orangee; pointes du penis fortes. Pieds noiratres ; tibias en partie bruns en dehors. 5 Inconnuc. Patrie : Java. B. Penis du m&le sans pointes laterales. 66. EUPILEA SPLENDENS, HagCD. Abdomen 57. Aile inferieure 50. Taille forte ; ailes inferieures tres-dilatees. o* Ailes supcrieures noiratre chatoyant; leur quart basal hyalin, sali ; rextrcmite apres le ptcrostigma inscnsiblement plus claire ; les infe- rieures noiratres; leur extreme base hyaline, brun clair; le milieu a reflets vert et violet metallique. Corps noir avec quelqucs vestiges rous- satrcs aux cotes du thorax ct a la base de Tabdomen ; un petit bouquet aux cotes du 9e segment. Pieds noirs. $ Inconnue. Patrie : Ccylan. (Musee de Vienne ; collect, Sclys.) ( 55 ) 67. Eri'ii.iu BEFUI.GEKS, Hagen. Abdomen 36. Aile inferieure 29. Taille forte ; ailcs inferieures dilatees. o* Ailcs noiratres ; plus de la moitie basale changeant en vert metal- liquc; 1'extremite des superieures hyaline apres le pterostigma, limbec de noiratre a la pointe; Textremite des inferieures plus clair apres le pte- rostigma. Corps et pieds noirs, sans taches. 9 Inconnue. Patrie : Manille. (Musee dc Vienne.) 68. EUPH^EA GUERINI, Bamh. Abdomen 32. Aile inferieure 25. Taille mediocre ; ailes iriferieures tres-dilatees. d* Ailes superieures noiratre chatoyant, a peine plus claires a la base; leur dernier cinquieme subitement hyalin avant le pterostigma; 1'extremite limbec de brun; les inferieures entierement noiratres a reflets vert ct violet metallique, surtout au milieu. Corps noir, avec quelques vestiges bruns aux cotes du thorax et a la base de 1'abdomen. Pieds noiratres. $ Inconnue. Patrie .- Cochinchine. (Collect. Selys.) 69. EUPH.CA OPACA, De Selys. Abdomen 43. Aile inferieure 58. Taille tres-forte; les quatre ailes tres-etroites; les inferieures a peine plus larges. d? Les quatre ailes en entier noiratre chatoyant, a peine plus clair a leur base et au bout des superieures. Corps et pieds noiratres, sans taches. Patrie : Chine. (Collect. Selys.) 4me sous-genre. — DYSPILEA, DE SELYS. Le nodus plac£ a la moitie" des ailes; plus de nervules ant^cubi- tales que de postcubitales ; levre superieure transverse, presque droite en avant. ( 34) d* Appendices nnals supe>ieurs scmi-circulaires, simples; les infe*- rieurs rudimentaires; oreillettes dn 2e segment rudimentaires ;bord poste>ieur du 10° segment de'prime', Patrie : Malaisie. Groupe unique : (D. D1MIDIATA.) Ailesnon pe'tiole'es, tres-e"troites, pointues; reticulation serr4e,en partie pentagone. Les quatre ailes en partie colorees et opaques chez le male. 70. DYSPHJ3A DIMIDIATA, De ^ClVS. Abdomen 58. Aile inferieure 52. Taille forte ; 52-55 antecubitales ct 24-26 postcubitalcs aux ailes supc- rieurcs. o* La moitie basale des ailes noiratre ; cctte couleur finissant subite- menl en ligne droite ; le reste hyalinj rextremite limbec do noiratre apres le pterostigma. Corps noir. Quelqucs vestiges bruns, oblitcres sur les cotes du thorax. Pieds noirs. 9 Inconnue. Patrie : Java. (Collect. Selys.) 4me legion. - - DICTERIAS. Secteur infdrieur du triangle droit; espace postcoslal d'un seul rang de cellules; ailes tres-pieurs rudimentaires. Groupe unique : (H. AMAZON A.) Quadrilatere traverse* par une nervule. o* Bord posle>ieur du iOe segment droit. 71. Hi LICK nuns AMAZON*, DC Selys. Abdomen et aile inferieure, environ 35. Taille forte; pterostigma brun, trcs-long, dilate; 4- nervules basilaires; onvion i6 antecubitales aux superieurcs. o* Ailes hyalines , un peu jaunatres a la base. Dessils de la tete vert fonce; corps vert blcuatre; devant du thorax olivatre; appendices anals superieurs simples, assez longs, un peu courbes en dedans (les inferieurs rudimentaires). 9 Inconnue. Patric : Bords de 1'Amazone, dans la Bolivie. (Collect. Bates.) Genre 2. — DICTERIAS, DE SELYS. Espace basilaire libre ; secteur median naissant du principal vers la fin du quadrilatere; pieds excessivement longs, gr^les, presque Patrie : Para. Sous-genre unique. — DICTERIAS , DE SEL\S. Le nodus place" avant la moitie" de Taile; le secteur principal 5 peu pres contigu a la nervure m^diane. ( 36 ) o* Appendices anals supe'rieurs semi-circulaires, simples, peu coin-he's ; les infferieurs rudimentaires. Groupe unique : (D. ATROSANGUINEA). Quadrilatere traverse par une nervule. o* Bord posterieur du 10C segment largement mais peu profon- de"ment e'chancre'. 72. DICTEIUAS ATROSANGUINEA, Dale, MS. Abdomen 50. Aile inferieure 25. Taillc petite; pterostigma tres-long, mince, noir; 10-i2 antecubitalcs aux superieurcs. d* Ailes hyalines. Corps rougeatre ; le devant du thorax marron , avec deux raies rougeatres ; levre superieure noire, tachee de roux j appendices anals superieurs simples, assez courbes en dedans; (les inferieurs rudi- mentaires). 9 Inconnue. (Collect. Dale, Saunders, Selys.) Patrie : Para. SECTION II. (La legion Libellago seule.) fipistome tres-saillant en bee; abdomen court, de'prime; ple*ro- stigma long (manquant aux supdrieures chez les males du G. nii- cromerus); quadrilatere reticule, beaucoup plus court que 1'espace basilaire. Patrie : Asie et Afrique tropicales. 3"" 16giou. — LlltELLAGO. C6te supe>ieur du quadrilatere droit ; espace basilaire libre ; 2e sec- teur du triangle droit; un seul rang de cellules postcostales; ailes e"troites, notablement pe'tiole'es. Appendices anals supe*rieurs semi-circulaires, simples; les infe- rieurs tres-courts. Patrie : Asie et Afrique tropicales. Genre \. — L1BELLAGO, DE SELYS. Les deux secteurs de 1'arculus se"pare"s des leur origine; un pte>o- stigma dans les deux sexes. Patrie : Asie et Afrique me"ridionales tropicales. l«r sous-genre. — LIBELLAGO, DE SELYS. Ailes non colore*es; 2* secteur du triangle ondule"; deux secteurs suppl^mentaires interposes en Ire le bref et le median; 6pistome moins saillant que chez les Rhinocypha. o* Abdomen tres-d(5prime , rouge ou bleu , marque" de noir. Patrie : Afrique me>idionale tropicale. Groupe unique : (L. DISPAR.) Taille petite. A. Les tibias du male iris-dilates ; ceux de la femelle non dilal^s. 75. LlRELLAGO (ALICATV, Abdomen c^ 22. 9 20. Aile inferieure ieures au moins) en partie colonies chez le mAle, hyalines (except^ Rh. tincta) chez la femelle; 2e secteur du triangle non ondule* a sa base; trois secteurs supple"mentaires interposes entre le href et le median, fipislome plus saillant que chez les Li- bellago. o* Abdomen peu de"prime\ noir, marque" de jaune on debleu. Palrie : Asie tropicale et Malaisie. § ler. Deux rangs (parfois rudimentaires) de cellules postcostales; ailes plus ou moins Margies; taille plus grande. Lesquatre ailes co- lories chez le male, hyalines chez la femelle. I*r groupe ,• (RH. FULGIDIPEN1SIS.) Coin me'solhoracique Ires-long, touchant les sinusante'alaires. A. Un seul rang de laches vitre"es aux ailes infe>ieures du m&le. 77. IkHIKOCYPHA FULGIDIPENNIS, Glicrill AGRION FULGIDIPENWIS, Guerin. Abdomen 19-20. Aile inferieare 22. Ailes excessivement elargies. o* Le tiers basal des ailes hyalin; le reste d'un brun transparent, a reflets dores et verts; les superieures ay ant le bord, apres le nodus jus- qu'au pterostigma et une tachc mediane superieure, brun marron; les inferieures de la meme nuance entre le nodus et le pterostigma , mais ne touchant pas le bord posterieur; cet espace marque d'uneserie trans- verse mediane courbce de trois grandes taches presque carrees, vitrees. Coin mesothoracique rouge, $ Inconnue. Cocliinchine. (Collect. Selys.) (60) n. Deux rangs de laches vitre"es aux ailes inferieures du male. 78. RniNOCYPIIA QUADRIMACULATA, De SelyS. Abdomen d* 25. 9 21. Aile inferieure o* 25. $ 29. Ailes tres-elargies. o* Ailes noiratrc chatoyant (adultc) ou gris brun transparent (jeune) , le tiers basal des quatre, hyalin; le bord posterieur etroitemcnt (un cinquieme a peine) gris violet irise hyalin, cette bordure s'arretant avant Textremitej les inferieures marquees d'une serie transverse mediane courbee de trois grandes taches; 1'intermediaire plus petite, externe, et d'une grande tache transverse vitree un peu avant le pterostigma. Coin mesothoracique roussatre. 9 Ailes hyalines; pterostigma court, jaunej sa moitie interne noire. Coin mesothoracique brun roussatre. Patric .- Inde. (Collect. Selys, Dale, etc.) 79. RHIXOCYPHA FENESTRELLA. Bamb. Abdomen d* 19. 9 17. Aile inferieure d* 23. $ 25. Ailes elargies. ieures du male. 85. KHINOCYPHA BISIC.NATA, Hagen. Abdomen 20. Aile inferieure 25. Ailes etroites, le nodus plus rapproche de la base que du pterostigma. o* Le dernier quart des superieures nettement, et le dernier quart des infcrieures brun fonce uniformej la partie brune marquee aux infe- rieures dc deux bandes transverses vitrees; la premiere mcdianc, I'enta- niant seulement en dedans, composee de trois taches ; la dcuxieme reunie en une tres-grande tache presque sous Ic pterostigma. 9 Ineonnue. Palrie : Bengale (Nelgherries). (Collect. Westermann.) 86. UlIINOCYPHA FEKESTRATA, IJui'lll. CALOPTBRYX FBKESTRATA, Burm. R.HINOCVFHA VITRELLA, Railll*. INFUMATA, Ilailll). Abdomen tf 21. $ 19. Aile inferieure d* 24. 2 25-29. Ailes etroitcs; le nodus plus rapproche de la base que du pterostigma. ( 03 ) o* Les s/5 posterieurs des ailcs brun fonce ; le bord postericur ct 1'ex- tremite plus clair chatoyant 5 la partic brunc marquee aux inferieurcs de deux series transverscs dc taches vi trees, la premiere mediane courbee dc 2-5 taches j la deuxieme dc 3 taches (parfois reunies) un peu avant le ptcrostigma. £ Ailes hyalines. Patric : Java. (Collect. Selys, etc.) 87. Iliiivu.YiMiA PERFORATA, Perclicron. AGRION FKHKOIUTA , Perch. Abdomen 16-18. Aile inferieure 24-25. Ailes pointues tres-etroites ; le nodus a mi-chcmin de la base an pte- rostigma. d* Le dernier quart des superieures (cxccptc le bord postcricur) ct les 2/5 des inferieurcs, nettcmcnt brun fonce 5 cette coulcur marquee aux infe- rieurcs dc deux series transvcrses, droitcs, de 5-4 (aches oblongues vitrecs. $ Inconnue. Patric : Cochinchine. (Collect. Selys.) 4me groupe .- (RH. HETEROSTIGMA.) Ailes superieures hyalines ; les inf^rieures en partie colorees dans les deux sexes, avec une tache me'tallique chez le male. 88. P.mnrocYPHA HETEROSTIGMA , llamb. Abdomen 20. Aile inferieure 25-28. Ailes pointues, ctroites ; les superieures hyalines ; les inferieures en partie colorees; le nodus bcaucoup plus rapproche de la base que du ptcrostigma, qui cst noir aux superieures, en partic jaunc aux infe- rieures. Femurs jaunatres en dedans ; libias brims. d" Les s/5 posterieurs et inferieurs (excepte le bord antericur) brun violet , avcc une tache mediane subvitree de 4 rangs de cellules. $ Ailes inferieures hyalines, salies, avec un image brun clair median avant le pterostigma. Patrie ; Java. (Collect. Selys). 5me groupe .- (RH. TINCTA.) Les quatre ailes colorees dans les deux sexes , sans laches vilre*es. (64) 89. RniNOCYi'iiA TIKCTA, Ramb. Abdomen cT 18. $ 15. Ailc inferieure 19-25. Ailcs un peu clargies; Ic nodus beaucoup plus rapproche dc la base quc du ptcrostigmaj les quatrc en partic colorecs dans Ics deux sexes, sans taches vitrecs. d* Lcs J/3 posterieurs dcs ailcs brun noiratre; la base hyaline (Ic bout hyalin apres le pterostigma chez Ic male jeune). 9 Ailes hyalines, avec unc bande brune transverse apres le nodus , nial arretec du cote du pterostigma , qu'ellc n'atteint pas. Palrie : Manille. (Musee dc Berlin.) Genre 2. — MICROMERUS, RAMB. Les deux secteurs de 1'arculus naissant d'un meme point; pas de pterostigma aux ailes supe'rieures chez le male. Patrie : Malaisie, Inde. Sous-genre unique. — MIC ROME l\US, RAMB. Ailes non colorees, excepte le bout des superieures du male; 2e secteur du triangle ondule* ; pas de secteur supple"mentaire inter- pos6 entre le bref et le median. Epislome plus saillant que chez les Rhinocypha. o* Abdomen tres-deprime , jaune ou bleu , raye de noir. Palrie : Malaisie, Inde. Groupe unique : (M. LINEATUS.) o* Abdomen, avec une bande dorsale noire. $ Abdomen , avec deux bandes dorsales noires. 90. MicnouF.nfs RI.ANDI'S, Hagen. Abdomen ox 18. 9 15. Aile inferieure 19-21. Noir varie d'orange; pas de taehe claire au milieu du prothorax, dont le lobe posterieur cst noir; raie anlehumeralc orangee, tres-etroite ; rhumcralc incomplete ou nullej lrc bande latcrale maculaircj abdomen plus etroit, marque dc noir et d'orange. ( 65 ) a* Tachc noire apicalc des ailes superieures plus longue que large (de 4mm), ayant le cinquieme de leur longueur 5 femurs anterieurs tout noirs. $ 9e segment noir avec une tache laterale jaune arrondie. Pieds noirs. Patrie : Nicobar. (Musee de Copenhague.) 01. MlCROMERUS I J\! VI! S, lilll'111. CALOPTBRYX LINEATA, Burin . MICIIOMBRUS LINEATCS (Q*), Ramb. UXOR (9) , Ramb. Abdomen 13-16. Aile inferieure 16-22. Noir varie de jaunatre; des laches jaunes au milieu du prothorax, dont le lobe posterieur est jaunatre. Raie antehumerale jaunatre assez large en avant; ligne humerale complete ; lre bande laterale entiere. Abdomen plus large, marque de noir et de jaunatre. o* Tache noire apicale des ailes superieures aussi large que longue (de 2mm), ayant environ le 10e de leur longueur ; femurs anterieurs avec une tache jaune. 9 9e segment noir, avec une raie dorsale et une tache laterale jaunes. Pieds jaunes en dedans. Patrie : Java, Inde. (Collect. Selys, etc.) 2mc SOUS-DIVISION. — (La legion Amphipleryx seule.) Nervules costales peu nombreuses; les deux ou trois premieres seulement, prolonge'es dans 1'espace sous-costal, qui n'en possede pas d'autres. Epistome ordinaire, non saillant; abdomen long, mince, cylindrique. Pte"rostigma rhomboide, 4pais, pointu en de- dans; quadrilatere libre, beaucotip plus court que 1'espace basilaire. Patrie : Colombie. ANN. BULL. 1853. OG 6™ legion. - AMPHIPTERYX. C6te" supe>ieur dti quadrilatere droit ; espace basilaire libre ; secteur infe>ieur du triangle notablement courbe^ a son extreimte" ; espace postcostal de plusieurs rangs de cellules au bout ; ailes notablement petioles. o* Appendices anals supe>ieurs semi-circulaires simples; les infe"- rieurs courts. Genre unique. — AMPHIPTERYX, DE SELYS. Les deux secteurs de Tarculus se"pares des leur origine; iOe seg- ment du male excessivernent court; corps robuste; pieds me"diocres. Sous-genre unique. — AMPHIPTERYX, DE SUMS. Ailes hyalines on un pen blanchatres; secteur principal non con- ligu a la nervure me"diane; le nodus aux deux cinquiemes de la longueur de 1'aile; le secteur nodal se s^parant du principal beau- coup plus loin que le nodus. Patrie : Colombie. Groupe unique : (A. AGRIO'lDES.) 92. AMPHIPTERYX ACRIOIDF.S, De Selys. Abdomen 37. Aile inferieure 57. a* Inconnu. $ Ailes hyalines un peu salies ; pterostigma brun , peu allonge , en- toure d'une forte nervure noire, mince et tres-pointu en dedans, ne touchant la cote qu'a son sommet, ou il est oblique et epais. Cote inferieur des quadrilateres plus long que le superieur; 2e secteur du triangle aboutissant au bord posterieur notablement plus loin que le niveau du nodus; 8 antecubitales , les trois premieres seules prolongees jusqu'a la (67 ) nervure mediane; 30 postcubitales aux ailcs superieures, 25 aux infe- rieures. Thorax noiratre, raye de roussatre en avant, olivatre sur les cotes; abdomen noiratre; ses cotes et le 10e segment en partie roussatre terne. Appendices anals bruns. Patrie .- Colombie. (Collect. Selys.) 93. AMPHIPTERYX LESTOIDES, DC Selys. Abdomen 34. Aile inferieure 32. a* Ailes hyalines un peu salies ; une bande blanchatre laiteuse trans- verse entre le nodus et le pterostigma, qui est noir, assez long; le bout des ailes enfume apres le pterostigma ; cote superieur du quadrilatere a peu pres egal a Tinferieur ; 2e secteur du triangle aboutissant au bord posterieur, au niveau du nodus; 6 antecubitales; les deux premieres seu- lement prolongees jusqu'a la nervure mediane ; 18 postcubitales aux ailes superieures, 16 aux inferieures. Thorax brun, raye de roux en avant, jaunatre sur les cotes. Abdomen bleu verdatre clair ; une bande dorsale au 2e segment et les sutures noires. Appendices anals noirs. 9 Inconnue. Indiquee de 1'Australasie (sans doute par erreur) au Musee britan- nique. Elle habile vraisemblablement 1'Amerique tropicale. 2me DIVISION. (La legion Thore seule.) Les deux secteurs de 1'arculus naissant ensemble d'un m^me point, a son sommet superieur, contre la nervure mediane. Nervules cos- tales nombreuses, en nombre a peu pres ^gal aux sous-costales. Pterostigma long, epais, pointu en dedans; quadrilatere reticule, plus court que 1'espace basilaire. fipistome ordinaire, non saillant; abdomen long, cylindrique. Patrie : Amerique meridionale tropicale. (68) 7me legion. — THORE. Espace basilaire reticule; ailes pe"tiole"es; 2C secleur du triangle ayant trois ramifications, la supe'rieure tout au moins, courbe"e. Genre unique. — THORE, HAGEN. Corps assez robuste ; pieds courts. a* 10e segment court, tronque et releve" au milieu; appendices anals supe"rietirs peu courbes; les infe"rieurs rudimentaires. Patrie : Amerique me>idionale tropicale. ler sous-genre. — CII ALCOPTE1VYX , DE SELYS. Ailes tres-e"largies , pe"tiole"es jusqu'a mi-cbemin de 1'arculus; les supe"rieures hyalines; les infe>ieures opaques, metalliques dans les deux sexes; le nodus au tiers de la longueur de 1'aile; 2e secteur du triangle courbe"; ses trois branches ondule"es. d* Appendices anals superieurs presque simples, ayant un leger tubercule interne avant la fin. Patrie : Para. Groupe unique : (C. RUTILANS.) Taille tres-petite; corps noir^tre; quatrc raies orangees de cha- que cote" du thorax. 94. CHALCOPTERIX RUTILANS, Ramb. RHINOCYPHA RUTILANS, Ramb. Abdomen 24-25. Aile inferieure 16-17. Le nodus plus rapproche de la base que du pterostigma , qui est non dilate, noir, plus court aux inferieures; les superieures hyalines un peu verdatres ; les inferieures plus courtes , tres-arrondies et tres-dilatees au bout, opaques, metalliques, changeant en vert, violet et cuivre brillant ( 69) (semblables , mais la base antecubitale et leur extremite apres le ptero- stigma hyalines chez la femelle). Environ 25 antecubitales et 35 post- cubitales. Corps noiratre, levre superieure en grande partie orangee; thorax ayant en avant deux bandes submedianes et une ligne humerale rouge orange , et de chaque cote trois lignes jaunes. Patrie: Para. (Collect. Selys, Dale, etc.) 2me sous-genre. — THORE, HAGEN. Les quatre ailes Margies, p£tiol£es jusqu'a mi-chemin de 1'arcu- lus, en partie opaques ou hyalines dans les deux sexes ; le nodus place* aux deux cinquiemes de la longueur de Faile. 2e secteur du triangle courb£; ses trois branches non ondul^es. Corps noiratre; 4 lignes jaunatres de chaque cdte" du thorax. o* Appendices anals supe>ieurs munis d'une branche infe>ieure avant la fin. Patrie ; Br^sil , Para , Colombie. \" groupe : (TH. GIGANTEA.) Taille eiiorme; reticulation tres-serr^e, tetragone. 95. THORE GIGANTEA, De Selys. Abdomen 50. Aile inferieure 44. Le nodus plus rapproche de la base que du pterostigma , qui est tres- epais, brun jaunatre; ailes tres-arrondies et larges au bout} leur tiers basal hyalin, sali vers la cote; le reste brun a reflets irises; 48 antecubi- tales, 86 postcubitales aux ailes superieures; 38 antecubitales et75 post- cubitales aux inferieures. Corps noiratre ; la levre superieure noire; thorax ayant cinq lignes jaunatres de chaque cote. $ Inconnue. Patrie : Colombie. (Collect. Selys.) 2me groupe : (TH. PICT A.) Taille grande; reticulation serr^e, tetragone; ailes elargies au bout, qui est arrondi. ( 70 ) 9C. TIIORE PICTA, llamh. EUPH.EA PICTA, Baml). Abdomen 44. Aile infe'rieure 39. Le nodus plus rapproche de la base que du pterostigma? qui est large r noir (brun jaunatre, ,/eime); ailes tres-arrondies , larges, la moitie basale hyaline, salie; le tiers apical brun irise (enfume, jeune), precede d'une bande transverse, blanche, laiteuse, qui occupe le milieu. Environ 50 ante- cubitales et 64 postcubitales. Corps noiratre ; levre superieure noiratre ? thorax ayant cinq lignes roussatres de chaque cote. 9 Inconnue. Patrie : Guyane. (Musee britannique.) 97. TIIOUE SAUNDEP.SII , De Selys. Abdomen Ailes hyalines, salies, ayant, entre le nodus et le pterostigma, une bande blanchatre, suivie d'une bande brune, 1'une et I'autre mal arretees; meme rudimentaires aux ailes superieures. Corps noiratre ; levre supe- rieure avec deux taches orangees; thorax ayant six lignes jaunatres de chaque cote. Patrie .• Venezuela. (Collect. Hagen ; Selyjs.) 99. THORE HYALINA, De Selys. Abdomen 40. Aile inferieure 33. Le nodus a mi-chemin de la base au pterostigma, qui est mediocre, noir; ailes un peu arrondies, assez larges, non dilatees au milieu, hyalines un peu jaunatres; le limbe apical a peine sali. Environ 30 antecubitales et 40 postcubitales aux quatre. Corps noiratre ; levre superieure noiratre ; thorax ayant cinq lignes livides de chaque cote. $ Inconnue. Patrie : Bahia. (Collect. Selys.) 3me sous-genre. CORA, DE SELYS. Les quatre ailes tres-e"troites, petioles jusqu'a Tarculus, hyalines dans les deux sexes; le nodus plac6 a la moiti6 de la longueur de 1'aile; 2e secteur du triangle peu courb^; ses trois branches ondulees. o* Appendices anals superieurs munis d'une branche inferieure avantla fin. Patrie : Venezuela. Groupe unique : (C. CYANE.) Taille mediocre; corps bleuatre ou jaun&tre en dessus, ayant les sutures noires. 100. CORA CYANE, De Selys. Abdomen 32-34. Aile inferieure 25-27. Le nodus un peu plus eloigne de la base que du pterostigma, qui est noiratre, allonge; ailes etroites, pointues; hyalines uri peu jaunatres , a ( 72 ) peine salics au bout. Environ 50 antecubitales aux superieures; 25 aux inferieuresj 20-24 postcubitales aux quatre. Corps noir en dessous, bleuatre pale en dessus; levre superieure et face orangees; une raie mcdiane en avant du thorax, les sutures de 1'abdomen et deux points apicaux a chaque segment, enfin les deux derniers presqu'en entier, noirs. $ Inconnue. Patrie : Venezuela. (Collect. Selys; Hagen; Musee britannique.) ADDITIONS ET CORRECTIONS. § 1 . Sur les especes. — Quelques-unes ont besoin d'etre revues , avant d'etre defmitivement adopte'es; ainsi : Sylphis angustipennis est tres-probablement le male de Yelegans; Calopteryx exul pourrait etre une race ou le jeune age de la Syriaca, et la Lais cuprcea Tadulte de 1'cenea. Mais, d'un'autre cote , j'ai signale, surtout parmi les Hetcerina , plusieurs races, dont quelques-unes vien- dront, sans doute, apres une nouvelle etude, combler les vides que ferait la sup- pression d'especes moins bonnes. § 2. Nomenclature et classification. — Afin d'aider la memoire , il me parait utile de donner aux divisions, sous-divisions et sections de mon tableau, des noms qui expriment, pour chacune, son caraclere dominant j et pour ameliorer la classification, je supprime les legions Hetcerina et Dicterias , ces groupes n'etant pas d'une valeur egale aux cinq autres. Le premier est un derive des Ca- lopteryx, et le second possede les caracteres essentiels des Euphcea, aux- quelles nous Tadjoignons. Ainsi je rectifie mes divisions primaires comme suit (voir les caracteres au tableau , p. 6. ) : SECT. A. Hetcerina) . C9 / S i lremvis. (lre SOUS-DIV. Equinervulees. Planinases. SECT. B. 2. EUPH«A (avec Dicterias). -a } Regulieres. I Produclinases. — 3. LlBELLAGO. •s £ / 2e SOUS-DIV. o ) \ InftnttinpTfiul^t1^ — 4. AMPHIPTEKYX. j 1 2« D1VIS. \ ^l \ Irreaulieres. \ . — 5. THOUE. La reunion des ffetcerina et des Dicterias aux legions Calopteryx et Eu- cRa m'a ete conseiltee par le docteur Hagen, qui est mon collaborateur pom- ( 73 ) la Monographic des Calopterygines , sous presse en ce moment. Je me rap- proche aussi, en partie, des vues de cet ami, en modifiant de la maniere sui- vante I'arrangement de la legion des Calopteryx (avec ffetcerina). Rien, du reste, n'est change aux caracteres que j'ai donnes dans le present Synopsis. J'ai du seulement rapprocher les Phaon des Nevrobasis et les Cleis Ues Sapho. M. Hagen penchait a re"unir les Phaon (Ph. iridipennis) aux Fes- talis. / Espace basil, libre. Pas de vrai pterostigma. \ 1. SYJLPHIS. 2. CALOPTERVV. Genre 1. CALOPTBRYX. i Cote supeiieur 1" art. des an- \ Esp. bas. reticule. 5. MATROKA. du quadrila- tennes beau- tere droit. coup plus court que le 2« art. Esp. basilaire lib. 4. CLKIS. Un pterostigma 5. SAPBO. Genre 11. ECHO. Ci. MNAIS. Esp. bas. reticule. 7. ECHO/. !«• et 2e art. des ant. egaux, pas de pte- ( EsP- basilaire lib. 8. PHAON. rostigma. - Genre III. PHAON. ( gsp. has. reticule. 9. NEVROBASIS. Cote superieur du quadrila- l*™wnvexe-)l..art. des an- f teunos beau- Secteurs bifurques. . . Genre IV. VBSTALIS. Esp. basilaire lib. 10. VESTALIS. I coup plus court Secteurs non bifurques. Esp. bas. reticule. 11. LAIS. | qu« le 2« art. Genre V. HBTSRINA. 12. HKT^R^A. Firs ICHNEUMONES A1HBLYPYGI EUROPAEI AUCTORK €. WE9IIAEL. PROFESSORE BRUXELLENSI. (Mars 1854. APP. BULL. 1853-1854. AHBLYPYGI EUROPAEi. 1CHNEUMONES AMBLYPYGI (Tentam. pag. 11, 12 et lll)(l). Subgenus LIMERODES. 1. LIMERODES ARCTIVENTRIS $o*. Tentam. 112. 1. — Mantis. 57. On a pu voir, dans mon Tentamen, que j'avais d'abord employe ime autre denomination , celle cle L. Ophioniven- tris. En 1847, ayant eu la visile de M. G. Schiodte, il m'assura que cette espece avail deja ete decrile par M. Boje sous le nom d' Ichneumon arctiventris, dans un journal danois d'hisloire nalurelle. Cest a la suite de cetle asser- tion que, dans ma Mantissa, j'ai adopte ce nom specifique. (1) Je renvoie a ravertissement place en tele de ma notice precedente , sur les Ichneumones platyuri, inserde dans le Bulletin de la seance du o decem- brc 185o. (78) Gependant j'ignore encore aujourd'hui a quelle date, et dans quel journal M. Boje a fait sa publication. Subgenus AMBLYTELES. JTai essaye de partager Ics especes, assez nombreuses, de ce sous- genre en petits groupes, de maniere a conserver, autant que possible, leurs rapports naturels. Malgre Tiraperfection du resultat auquel je suis arrive, je me hasarde neanmoins a 1'exposer ici, ne fut-ce que pour en provoquer la critique et, par la meme, engager d'autres a faire mieux. Je propose done de repartir les especes dCAmblytclcs de la maniere suivante : AMBLYTELES. MlCROSTICTI. MACKOSTICTI. ; Polyxanthi. 1 Xanthopyri. Trichromi. Nothochromi. Leploceri. Crioceri. Coryphaei. AMBLYTELES MlCROSTICTI. Gastroceles des femelles petits, separes par un large in- tervalle, qui estordinairement tres-peu convexe; ceux des males parfois un pen plus grands, mais tres-peu profonds. Areole superomediane du metathorax derivant en general du type quadrangulaire. Males ayant la premiere moitie du flagellum, an moins, composee d'articles parfaitement cylindriques. ( 79) 1. POLYXANTHI. Femelles ayant les orbites internes des yeux jaunes ou blanches, au moins sur le front ou le vertex; le dernier segment de leur abdomen, au moins , marque de jaune ou deblanc. — Males a face jaune ou blanche, rarement noire au milieu ; abdomen comme celui des femelles, ou a der- nier segment tout noir. — Couleurs dominantes chez les deux sexes : le jaune r le blanc et le noir. a. Cuisses noires. A. palliatorius, trifasciatus, spoliator, monitorius, fas- eiatorius, infractorius, amalorius, indocilis, latebricola, mar ginegut talus , novitim, oratorius. aa. Cuisses fauves. A. viridatorius, atratorius, natatorius, subsericans. 2. XANTHOPYRI. Femelles ayant les orbites des yeux fauvesy. au moins en partie ; leur abdomen en partie fauve avee la base du 5me segment noire; derniers segments jamais marques de laches blanches. — Males a face jaune, quelquefois noire au milieu; leur abdomen, a segments anterieurs ou inteiv mediaires jaunes , noirs ou fauves a la base. ^4. crispatorius, antennatorius, litigiosus. 5. TRICHROMI. Femelles a orbites des yeux noires, les internes rare- (80) ment en parlie fauves; leur abdomen a 1C1 segment noir, 2 et 5 fauves, rarement noirs , les derniers laches ou hor- des de blanc. — Males a face tantot jaune ou pale, tantot noire a orbites des yeux jaunes ou pales, tantot toute noire; abdomen colore comme celui des femelles, quel- quefois varie de noir et de jaune. a. Cuisses fauves. A. glaucatorius, pallidicornis, vadatorius. aa. Cuisses noires. A. occisorius, Gravenhorstii , negalorius. 4. NOTHOCHROMI. Especes a type vacillant ou mal determine, ou a place douteuse. — Femelles a orbites des yeux noires. Abdomen fauve et noir, rarement presque tout noir, quelquefois ta- che de blanc au bout, mais differant des precedentes soil par leurs antennes toutes noires, soil par leur ecusson noir. — Males a antennes et face noires, celle-ci quelque- fois a orbites des yeux blanches; abdomen variant comme celui des femelles. A. uniguttatus , ignotus, Goedarti, conspurcatus , bipus- tulatus, lusitanus, effcrus, injucimdus, rubriventris, inter- sertor. II. AMBLYTELES MACROSTICTJ. Gastroceles sous forme de fosses profondes , d'une lar- geur notable ; leur intervalle convexe , acicule on ride. (81 ) 5. LEPTOCERI. Areole superomediane du metathorax quadrangulaire, - Males ayant la premiere moilie du flagellum des an- tennes, au moins, composee d'articles parfaitement cylin- driques. — Dans les deux sexes , lete toute noire, abdomen tout noir, ou a segments 2 et 3 fauves; ecusson ordinaire- ment noir. A. sputator, haereticus, homoccrus, camelinus. 6. CRIOCERI. Areole supe'romediane du metathorax quadrangulaire. — Males a articles du flagellum plus ou moins saillants a leur extremite interne, et faisant ainsi paraitre les an- tennes un peu crenelees ou en scie. Tote toute noire, ra- rement a orbites faciales des yeux blanches chez les males; abdomen noir ou fauve , ou noir et fauve, dernier segment toujours sans tache ni bordure blanche ou jaune; quelques- uns des precedents rarement a bordure blanche ou jaunatre chez les males. .4. castigator, inspector, fossorius, divisorius, messorius, mesocastanus, melanocastanus, funereus, Panzeri. 7. CORYPHAEI. Areole superomediane du metathorax etroi^e et allon- gee, en ellipse tronquee en arriere, ordinairement plus luisante que les areoles contigues, quelquefois lisse et po- lie. Orbites des yeux blanches sur le vertex ou sur le front, au moins. Abdomen noir ou fauve, ou noir et fauve avec les derniers segments hordes de blanc. A. laminatorius , fuscipennis, strigatorius. 82) r. AMBLYTELES MICROSTICT1. 1. POLYXANTHI. 1. AMBLYTELES PALLIATORIUS o*$. Tentam. 118. 8. Aux varietes enumerees dans mon Tentamen, on peut ajouter la suivante : Var. 5. o* : Segmento 4 nigro. — 1 mas. In hac varietate, abdomen segmentis 2 et 5 sordide ilavis, fascia apicali nigra in medi acuminato; 4-7 nigris, 7 margine rufo. — Caetera sicut in plerisque aliis ma- ribus. Je possede aussi un male absolument semblable a la var. i de VI. erythropygus Grav. par la coloration des seg- ments 2-4 de 1'abdomen, mais dont les segments 5-7 sont colores comme chez son /. palliatorius. On rencontre, mais rarement, des femelles ehez qui la bordure noire terminale des segments 2 et 5 s'elargit, soil au milieu seulement , soil en outre sur les cotes, et peut alors presenter, dans ces portions dilatees, une ou plusieurs dents. 2. AMBLYTELES TRIFASCIATUS a* 2- Tentam. 119. 9. Les femelles ont quelquefois la bande basilaire jaune du 5me segment complelement interrompue au milieu, et transforme'e ainsi en deux grandes laches jaunes. (83) 5. AMBLYTELES SPOLIATOR $ o*. Tentam. 117. 7. Dans la description de cette espeee, il s'est glisse quel- ques inexactitudes que je dois rectifier ici. D'abord, chez la femelle (genuina), p. 118, la colora- tion des jambes doit etre indiquee comme suit : Tibiis flavo fulvis, intermediis postice apice fuscis, posticarum apice et summa basi nigris; et quant a 1'abdomen : Segmento 2 rufo apice nigro; 5 rufo apice nigro, dor so medio fusco; 6 et 1 fulvis; ventre fulvo, segmentis 5 et 6 basi fuscis; tere- bra fulva. Chez le male , la meme correction est a faire pour la coloration des jambes, sauf que les intermediaires n'ont pas de tache obscure au bout. J'ai rec,u recemment de M. Sichel un second male, des environs de Paris, dont 1'abdomen est colore a peu pres comme celui de la femelle var. \ , et dont voici d'ailleurs la description : Caput, antennae, thoraxque cum scutello, sicut in mare genuine, sed lineola flava ante alas. Alae stigmate et radice fulvis , squamula nigra. Pedes femoribus anterioribus apice fulvis; tibiis fulvoflavis , anterioribus linea interna fusca , posticis apice nigris ; tarsis anteriori- bus fulvis, posticis nigris basi rufa. Abdomen segmento 2 basi summa rufa, 5 angulis basalibus obscure rufis; 4-7 totis nigris; ventre fusco, segmento 8 apice valvisque genitalibus fulvis. Enfin, je possede en outre une troisieme femelle, tres- voisine de la var. 1 : Caput, antennae, thorax cum scu- tello, alae et pedes, sicut in var. 1. 5, sed lineola flava ante alas. Abdomen segmento 2 fasciola basali fulva; 6 apice summo flavo ; 7 dor so flavo , later ibus usque ad ventrem fulvis; vcntris segmentis 2 et 3 fulvis macula utrinque qua- drata nigra; 4 vitta media fulva; 6 apice fulvo ; terebra fulva. Jusqu'a plus amples eclaircissements, je laisse subsister mon A. spoliator, en me bornant a certiiier que les males et les femelles, reunis sous ce nom, appartiennent reelle- ment a la meme espece, malgre la difference de couleur de Tecusson; du reste, j'ai une grande propension a croire que ce n'est qu'une variete de YA. palliatorius. 4. AMBLYTELES MONITORIUS Tentam. 114. 2. Cette espece semble etre excessivement rare en Bel- gique. 5. AMBLYTELES FASCIATORIUS d* ?. Tentam. 113. 1. M. Gravenhorst , dans la synonymic du male de cette espece (p. 579), regarde comme identique 17. armatorius de Forster. S'il en est ainsi , c'est ce nom qui devrait etre prefere, puisque 1'ouvrage de Forster date de Tannee 1771, tandis que le Systema entomologiae de Fabricius n'a paru qu'en 1775. D'un autrecote, je regarde comme certain, avec Illiger, que c'est bien reellement YL fascialorius de Fabricius qui a ete represente par Panzer. ( Fn. Germ. 45. 15), quoique, d'apres !a figure , Textremile de 1'abdomen paraisse etre toute noire. (85) 6. AMBLYTELES INFRACTORIUS o* $. Tentam. 121. \ 2. 7. AMBLYTELES AMATORIUS ? de diverses varietes. Je ne puis cependant m'empecher de conserver les doutes les plus graves a 1'egard de 1'identite specifique de ces males, et void pourquoi : les femelles ayant 1'ecusson jaune, il semble difficile d'admettre que les males aient 1'ecusson d'un blanc jaunatre ou blanc, comme 1'indique M. Gra- venhorst; car je n'ai jamais rencontre un soul exemple d'une pareille difference de coloration entre les deux sexes d'aucune espece cl'Ichneumon, bien que le conlraire ait lieu quelquefois, c'est-a-dire qu'il y a des femelles a ecus- son blanc dont les males out 1'ecusson jaune ou jaunatre. II y a cerlainement une bien grande analogic de formes et de coloration enlre 17. culpatorius 9 Grav. et 17. an- tennatorius 9, el cela est si vrai que M. Gravenhorst lui- meme les a places i'un a cote de 1'autre. II serait fort sin- gulier que cette analogic de caracteres ne se reproduisit pas egalemenl entre les males de ces deux especes, et je me crois tres-fonde a croire le contraire; de sorte que 17. antennatorius 9 ayant un male a face et ecusson jatines et abdomen en partie jaune (/. equitatomis Grav.), je regarde comme tres-probable que le male de 17. culpato- rius Grav. doit eire colore d'une maniere analogue. Tel les sont les considerations qui m'ont guide dans la recherche de ce male, sans que je pretende etre arrive a un resultat exempt d'incertitude. Apres avoir prouve que 17. culpatorius Fab. appartient a une autre espece que 17. culpatorius 9 Grav., je me vois, (97 ) bien a regret, oblige de dormer a celui-ci mi aulre nom, el je le nornrnerai litiyiosus, en le plac.ant provisoirement parmi mes Ambly teles, parce que son abdomen est un pen obtus au bout; de plus, afin que Ton puisse juger si, lout en faisant celte critique, j'ai eu reellement sous les yeux 17. culpatorius $ Grav., j'en donnerai la description d'apres mes exemplaires, et j'y ajouterai celle des males qui me semblent lui appartenir: AMBLYTELES LITIGIOSUS 9 : Scutello flavo; segmentis 2 et 3 rufts, incisura secunda fusca; tarsis tolls tibiisque fulvis, harum posticis apice nigris; antennis involutes albo-annulatis. = 4 J-5 11. — 1. CULPATORIUS $ Grav. I. 513. 215. — 2 feminae. Gaput orbitis facialibus et frontalibus rufis. Antennae arliculo 1 subtus rufo aut castaneo, 8-15 albis subtus fla- vicanlibus. Thorax inlerdum colii marline supero rufo. Scutellum flavum. Alae subhyalinae, sligmate squamula et radice fulvis. Pedes femoribus anterioribus rufis, postice basi nigris; libiis larsisque omnibus fulvis, illarum pos- licis apice nigris. Abdomen segmeiito 2 rufo, inlerdum puncto in gastrocoelis margineque apicali summo fuscis; 5 rufo, basi surnma nigra, interdum summo apice fusco; 4 margine lateral! rufo; 5-7 nigris, 7 interdum dorso obscure rufo. ? AMBLYTELES LITIGIOSUS o* : Scutello et facie flavis ; segm,entis 2 ct 3 flavis, incisura nigra; tibiis tarsisque flavis, illarum posticis plerumque apice nigris. = G li. — 5 mares. Caput palpis flavis; mandibulis flavis, basi apiceque nigris; clypeo flavo, margine apicali interdum nigro; facie (98 ) llava, interdum macula media nigra, vel puncto medio punctisquc tribus infra antennas nigris. Antennae nigrae, articulo 1 subtus llavo. Thorax lineola aut punctis dnobus in margine supero colli, lineola ante alas (interdum sub- obsoleta), lineola infra alas, et plerumque lineola infra scutellum, flavis. Scutellum ilavum. Alae subhyalinae, sligmale fulvo, squamula llava interne nigra vel lota nigra, radice flava tola vel interne nigra. Pedes coxis et trochan- leribus nigris, coxis anlicis subtus interdum puncto flavo; femoribus nigris, anteriorum latere antico toto tlavo vel basi nigro, latere postico apice flavo, posticorum geniculo interdum flavo; libiis flavis, posticarum apice plerumque nigro ; tarsis flavis, posticorum articulis apice summo in- terdum fusco. Abdomen segmento 1 vel toto nigro , vel puncto flavo in utroque angulo apicali ; 2 flavo , basi summa fusca vel gastrocoelis cum spatio interjacente ni- gris. margine apicali summo nigro; 5 flavo basi summa nigra aut fusca, et plerumque margine apicali summo toto vel medio nigro; 4 nigro, angulis baseos vel lateribus totis flavis, dorso interdum irregulariter flavo-punctato ; 5-7 nigris; valvulis genitalibus interdum margine flavi- cante. Remarques. — Quoique la description de 17. culpato- rius $ Grav. paraisse generalement applicable a mon A. litigiosus $ , je dois cependant faire remarquer que ce dernier n'a pas aux ailes cette teinte jaunatre qui est indi- quee par 1'expression : silaceo-fuscescenti-hyalinae (p. 514, Grav.). Mon A. litigiosus cf est certainement bien different de 17. luctatorius o*; mais il a neanmoins avec celui-ci et d'autrcs males d'especes voisines, une si grande analogic de coloration, qu'on pourrait facilement les confondre. (99) La difference la plus appreciable me semble consister dans la forme du 2me segment de 1'abdomen qui , chez 17. lucta- lorius o% est assez fortement re'treci vers la base, et dont les gastroceles sont, chacun , aussi large que leur inter- valle commun; landis que, chez \'A. litigiosus o", le 2me seg- ment esl a peu pres aussi large a la base que dans le reste de son etendue, et que les gaslroceles sont tout a la fois plus etroils et separes par un plus large intervalle. Sous le rapport de ce 2me segment, on peut assez exactement comparer ce male a celui de YA. palliatorius. L7. culpatorius o* Grav. (genuinus) me semble etre identiquement le meme que mon /. gracilentus a* (Tentam. 55. 49. — Mantis. 25. var. 5), qui a aussi la face et 1'ecus- son d'un blanc jaunatre. Quant aux nombreuses varietes decrites par M. Gravenhorst, il ne serait pas etonnant qu'elles conlinssent un melange de males apparlenant a diverses especes de sa 5me section, et dont les femellesont des laches blanches au bout de rabdomen. 5. TRICHROMI. 20. AMBLYTELES GLAUCATORIUS o* $. Tentam. 122. 15. Var. 1 : Scutello toto nigro. = 4 | li. — Grav. I. 433. 170. Var. 1. — 1 femina. Var. 2. d* : Segmentorum 2-7 margine apicali latera versus albo. = 6 li. — 1 mas. Var. 3. 5 : Segmento 7 toto nigro. — 1 femina. Varietales 1 et 2 a D°Sichel, e Parisiis , accepi. Mas var. 2 a plerisque aliis maribus differt praeterea (100) macula mandibularum alba, antennarum articulo 1 sub- tus albo, alarum squamula et radicepuncto albo. 21. AMBLYTELES PALLIDICORNIS d* $. Tentam. 121. 13. Cette espece n'esl pas bien rare aux environs de Bruxelles. Les deux sexes out quelquefois les cuisses de derriere noires vers le bout. Une temelle dont le 5e segment abdo- minal est entierement noir, m'esl sortie de la cbrysalide d'une noctuelite, an mois de mai 1846. 22. AMBLYTELES VADATORIUS o* $. Tentam. 122. 14. 25. AMBLYTELES OCCISORIUS a* $. Tentam. 122. 16. — Mantis. 59.— Adnot. 8. Les males genuini out tres-rarement les segments 2 et 5 de I'abdomen entieremeiil jaunes; j'en ai re^u un de M. Sichel qui presentececaractere. 24. AMBLYTELES GRAVENHORSTII d* 9. Tentam. 127. 21. — Mantis. 60. Var. 5. a* : Segmento 4 toto nigro. — ? I. CYLINDRICUS a* Grav. 321. 117. — 1 mas. Var. 4. o* : Segmentis 2 et 3 flams, macula media nigra. = 5 f li. — 1 mas. Chez la var. 5, le 5me segment a un petit point blanc apical, presque efface : a cette legere difference pres, ce (101 ) male cst parfaitement conforme a la description de 17. cyiindricus Grav. Le male de la var. 4 me semble si remarquable, que je crois necessairede le decrire completement : Caput ore clypeo et facie tlavis , hujus margine summo infra an- tennas nigro. Antennae articulp 1 subtus flavo. Thorax puncto ante alas et lineola infra alas flavis. Scutellum ilavum. Alae subsilaceo-hyalinae, stigmaie fulvo, radice et squamula flavis, hac postice nigra. Pedes femoribus anterioribus flavis, intermediorum basi nigra; libiis flavis, posticarum apice nigro; tarsis anterioribus et posticorum basi flavis. Abdomen segmento 2 flavo, ante apicem ma- cula magna rotundata nigra , hujusque ad utrumque latus puncto fusco; segmento 5 flavo, in medio baseos lineola transversali bipartita , in dorso medio macula magna sub- irregulari, hujusque ad ulrumque latus macula contigua parva, nigris; segmentis 4-6 puncto apical! , 7 macula dorsali, albis. — Hab. in Gallia. Remarque. -- Dans mon Tentamen, page 113, j'ai eu tort de ranger \'A. Gravenhorstii parmi les especes dont les males out le 8me segment ventral ac; mine : en realite, I'extremite de ce segment esi seulement aigue. A la meme page , il existe une erreur analogue a regard de YA. arnpu- talorius. 25. AMBLYTELES NEGATORIUS 0*9. Tentam. 135. 29. — Mantis. 66. 102 ) 4. NOTHOCHROMI. 26. AMBLYTELES UNIGUTTATUS 9 o*. Tentam. 124. d8. — Mantis. 60. La var. 5«» $, telle que je 1'avais indiquee dans ma Man- tissa, doit etre supprimee, et remplacee de la maniere suivante : Var. ob. $> : Segmentis 6 et 7 margine apicali media albis. — 5 | li. — I. ATRIPES Grav. I. 309. 108. — \ femina. Var. 5C. $ : Segmentis 5-7 margine apicali albis. = 5 1-6 li. — 2 feminae. La premiere de ces varietes est parfailement con forme a la description de 17. alripes Grav., mais elle a un point fauve aux orbites du vertex, et, au lieu d'une longue ligne transversale blanche sur le bord des segments 6 et 7, elle n'a sur chacun d'eux qu'une lineole blanche tres-courte; 1'ecusson est blanc avec la base et l'extremite noires, comme chez les autres A. uniguttatus $. La derniere variete a sur rextremile des segments 5-7 une ligne Iransversale blanche qui n'alteint pas les bords lateraux. L'une de ces femelles a les articles 11-14 des an- tennes d'un fauve obscur en dessous, et elle n'a pas de point blanc sous Torigine des ailes; chez 1'autre, ce point blanc existe, et les antennes sont toutes noires. Toutes deux ont 1'e'cusson entierement blanc. Pour le reste, elles ne dif- ferent pas des autres A. uniguttatus $. Parmi les femelles de 1M uniguttatus , soit genuinae, soit de la plupart des varietes, il se rencontre des individus qui ( 103) out les segments 2 et 5 de 1'abdomen fauves, et d'autres qui les ont roussalres : dans ce dernier cas , il y a sou- vent quelques nebulosites noiratres plus ou moins dis- linctes. Dans ma Mantissa, p. 66, j'ai dit que M. de Fonscolombe m'avait envoye, sous le nom de /. fumigator, une femelle constituant une variele fort remarquable de YA. negatorius. Tout recemment, j'ai regu deM. Sichel une aulre femelle, provenan t egalement de la collection de M. de Fonscolombe, et portant aussi le nom de /. fumigaior : cette derniere est, sous tous les rapports, un A. uniguttalus $ de ma var. 2 (Tentam. p. 124). Au nombre des Ichneumonides que j'ai rec.us de M. Tischbein, de Herrslein, j'ai trouve un Amblyteles male, que sa singuliere coloration m'avait d'abord fait regarder comme une espece nouvelle, mais qu'un examen appro- fondi m'a fait reconnaitre pour une simple variete de VA. uniguttalus o*. Je vais en donner la description , en continuant la serie des varietes deja enumerees dans mon Tentamen : Var. 9. o* : Abdomine nigro, scgmentis 1-5 margim apicali cbo- rino. — ?I. PRATENSIS Grav. I. 212-62. = 6 li. — 1 mas. Caput cum antennis nigrum. Thorax colli marginesu- pero, linea longa ante alas, lineola infra alas, lineolaque infra scutellum, albis. Scutellum album. Alae subfumalo- hyaliriae, stigmale rufo, squamula et radice albis, hac interne fusca. Pedes nigri, coxis anterioribus externe, posticis superne, albo-maculatis; lemoribus anterioribus antice et apice rufis, femoribus posticis vesligio liturae pallidae ante summum apicern anlicum; tibiis fulvo-stra- mineis, posticis apicem versus late fuscis; tarsis anticis ( 104 ) fnlvo-stramineis. Abdomen nigrum, segmento 1 margine apicali medio eborino; 2 basin versus ad piceum vergente, margine apicali eborino ; 5 margine apicali eborino; 4 el 5 margine apicali eborino, in medio nigro. Remarques. — Les laches des handles, ainsi que les bordures des segments de 1'abdomen, ne sont pas d'un blanc pur, mais Ires-legeremenl leinles de jaunatre. La disposition de ces couleurs donne a ce male une grande analogie avec ma var. 6 o* ; d'un aulre cote, si les handles n'avaient pas de laches blanches, et s'il y en avail une sur le dernier annean de 1'abdomen, il serait presque sembla- ble a ma var. 10 o* (/. praedator Fonscol.). Enfin, je dois aussi attirer I'atlenlion sur ce leger vestige d'une tache pale a 1'extremite des cuisses de derriere, caractere qui se retrouve, mais plus prononce, chez les/. flavolimbatus et conspurcatus Grav., et qui se reproduil, sous forme d'un poinl blanc, chez les /. Duponchelii et nigripes Fonscol. En examinant les Ichneumons de M. de Fonscolornbe, qui m'ont ete con lies par la Societe Entomologique de France, j'ai trouve un exernplaire de son /. praedator, et un autre de son /. ignotus, etiquetes de sa main. Apres mur examen, je ne puis voir, dans le premier de ces Ichneu- mons, qu'utie variele de YA. unigullatus o*. Je vais d'ail- leurs donner la description de 1'individu que j'ai sous les yeux : (A. UNIGUTTATUS) Var. 10. o* : Abdomine nigro, segmento 2 antice rufo; 2-6 margine apicali, 7 macula, albis. = 6 li. — I. PRAE- DATOR Fonscol. n° 20. — ? I. QUADRICINGULATUS Grav. 1. 297. 102. — 1 mas. Capul mandibularum medio rufo. Antennae nigrae. Tho- rax colli margine supero, iinea longa ante alas, el lineola ( 105 ) infra alas, albis. Scutellum album. Alae stigmale rufo, squamula el radice albis interne fuscis. Pedes nigri, anti- corum femoribus apice et libiis sublus rufoslramineis. Abdomen segmento 1 margine apicali medium versus rufo, et in ipso medio puncto albo; 2 rufo, plaga niagna dorsali subapicali fusca, lateribus anguste fuscis, margine apicali albido; 3 margine summo apicali albido; 4 et 5 margine apicali sinislro punctis minutisalbidis (li neae a Ibidae ves- tigia simulaniibus) ; 6 margine aj)icali medio albido; 7 macula rotundata sublransversa alba. Hab. in Provincia. Remarque. — II exisle chez le male que je viens de de- crire, quelques legers defauts de symetrie dans la coloration des segments 5-5 de Tabdomen, de sorte que leur moitie gauche reproduit Ics caracteres de 17. quadricinyulatus mieux que la moitie droile. En effet, le noir du 5me seg- ment passe au chalain sombre vers le milieu du bord late- ral gauche, et la fine bordure blanchatre de son extremile s'iulerroinpt lout pres de Tangle apical gauche, qui parait ainsi marque d'un point blanc isole, tandis que, du cote droit, cette bordure se continue sans interruption jusqu'a Tangle apical lui-meme. Ainsi la moitie gauche de ce seg- ment est noire, avec un vestige d'une lache laterale fauve, et un point blanc a Tangle apical, ce qui est analogue a la description de M. Gravenhorst. Quant aux segments 4 et 5, les petits points blancs dont est marque leur bord apical vers la gauche, sont aussi les indices de la bordure blanche mentiorinee par M. Gravenhorst. Get 1. praedator de M. de Fonscolombe prouve que, chez ['A. uniguttatus , s'il y a des femelles (var. 5C) riches en couleur blanche sur les derniers anneaux de Tabdomen , il y a aussi des males colores d'une maniere analogue. ( 106 ) 27. AMBLYTELES IGNOTUS o*. Scutcllo albo-bipuslidato; segmento 2, tibiisque anticis, rufis; thoracc toto nigro; alarum stigmate rufo, squamula ct radice nigris. = 5 li. — I. IGNOTUS Fonscol. n° 57. — ? I. UNIGUTTA- TUS a* var. — \ mas. Adnot. — Melathorax denticulo acuto utrinque instruc- tus, areola superomedia subquadrala. Postpetiolus subti- liter aciculalus. Gastrocoeli minuti, spalio inlerjacente piano. Ventris segmentum ultimum apiceacuminatum. — His characteribus , sicut et habitu toto et proportione om- nium partition, cum A. uniguttato 0" congruens; a quo tantum recedit defectu lineolarum albarum juxta origi- nem alarum, harumque squamula et radice totis nigris. Caput cum antennis nigrum. Thorax niger. Scutellum pustulis duabus subapicalibus albis. Alae subfumato-hya- linae, stigmata fulvo , squamula et radice nigris. Pedes aniici femoribus antice et apice rulis, tibiis rufis, tarsis subfuscis; intermedii tibiis fuscis basin versus obscure rufis; postici toti nigri. Abdomen segmento 2 rufo, mar- gine laterali e basi ad medium nigro, linea transversali subapicali nigra in medio subdilalata; 5 litura laterali rufa, margine apicali summo pallido; 4-7 totis nigris. Hab. in Gallia meridionali. Remarque. — Ce male n'est peut-etre qu'une variete de 1M. uniguttatus o% chez laquelle, en meme temps que la couleur noire a envahi la plus grande parlie de 1'ecusson, recailletle et la radicule des ailes sont aussi devenues noires, et il n'y a plus de ligncs blanches pres de leur origine. (107) 28. AMBLYTELES GOEDARTI 9. Tentam. 125. 19. Apres avoir de nouveau examine Pindividu indiquesous ce nom dans mon Tentamen, je snis reste convaincu qu'il n'offre aucun caractere de nature a le fa ire separer de YA. uniguttatus 9, et qu'il doit prendre place dans ma tar. 1 $ de ce dernier. Mon exemplaire a les segments 2 et 5 de 1'abdomen d'un roussatre legerement souille d'obscur, avec tous les bords un peu plus pales; M. Sichel m'en a envoye un autre ayant les memes segments d'unc teinte plus fauve et uniforme, et les articles 10-15 des antennes d'un fauve obscur en dessous. 29. AMBLYTELES CONSPURCATUS 6*. Scutcllo, linea ante alas, sey mentis 2 et 3 totis, 4 margins medio inlerrupto , tibiis et latere interno /emorum , flavis ; tibiis pos- ticis apice niyro = 7-7 { li. — Grav. I. 409. 161. — 3 mares. Var. \ . o* '. Segmenti o margine apicali latera versus flavo. = 7 li. — 1 mas. Var. 2. o* : Seymentis 2 el 3 disco niyro fusco, 4-7 niyris; femo- ribus poslicis antice puncto subapicali albo. = 7 ~ li. — I. DUPONCHELII Fonscol. Ich. Prov. Supp. 3. — 7 -~ li. Var. 3. 6* : Seymentis 2 et 3 fcrrugineis, maryinibiis flavicanti- bus; 4-7 niyris; femoribus poslicis sicut in var. 2. = 6 ~ li. — I. NIGRIPES Fonscol. Ich. Prov. 11° 48. — ?I. FLA- VOLIMBATUS Grav. I. 516. 113. — 1 mas. ? Var. 4. o" : Seymentis 2 et 3 rufis; 4-7, pedibusque, niyris. = 6 J-7 f li. — A. UNIGUTTATUS var. 8. Wesm. Tentam. 124. 18. — I. NIGRIPES Grav. I. 476. 193. — Fonscol. Ibid. — 3 mares. APP. BULL. 18U5-1854. 8 (108) Adnot. — Metathorax dente utrinque instructus et supra utrumque dentem emarginatura parva insignis; ejus areo- lae superae acute rnarginatae. Postpetiolus aciculatus. Gas- trocoeli parvi, intervallo lato et laevi. Ventris segmentum ultimum apice acuminatum. - - His plerisque characte- ribus, sicut et forma et proportione capitis antennarum pedum et spiraculorum metathoracis, A. uniguttato o* aflinis , a quo abdomine paulo laliore vix recedere videtur. Abdominis segmenta 2 et 5 , in nostris genuinis mari- bus sicut in Gravenhorstianis, ferrugineo maculata. In var. 1. a*, clypeus cingulo basali flavo; orbitae fa- ciales puncto flavo. Coxae anteriores macula parva externa flava, posticae superne fere totae flavae. Abdominis seg- menta 2 et 5 fere tola flava; 4 fascia apicali, in medio attenuata et vix interrupta , flava; 5 margine apicali latera versus flavo. — Caetera sicut in genuinis. In var. 2 ( 126 ) et de Suede ont les cuisses (fun fauve roussatre; chez deux males du midi de FEurope, les cuisses sont d'un fauve rougeatre, et lesjambes sont d'un blanc plus pur qtie chez les autres. Les males de la var. I ne different des genuini que par la coloration des pieds, pour laquelle je renvoie a la description de 1*7. pallipes de sorte que, sous ce rapport, il se rapproche davantage du type femelle. ( 132 ) On pourrait croire, au premier abord , que cette var. \ serait plutot une variete a abdomen noir de PA. mesocas- tanus o*; mais ce dernier a le labre noir, tandis que PA. funereustf, aussi bien la var. i que les genuini, a le labre blanc. II m'a ete , jusqu'a present, impossible de deviner ce que peut etre VI. funereus o* de M. Gravenhorst. 48. AMBLYTELES PANZERI 0* $. Tentam. 136. 35. Mantis, p. 66. Dans mon Tentamen, j'ai dit , dans la diagnose du male, que les segments 2-7 ont le bord terminal d'un blanc jau- natre : c'est une erreur; il n'y a que les segments 2-6 qui aient cette bordure , et le 7* est toujonrs enlierement noir. 7. CORYPHAEI. 49. AMBLYTELES LAMINATORIUS I. LAMINATORIUS ); de 1'infra-lias de 1'Yonne de M. Colteau (7), au moins en partie; des arkoses et psammites de 1'Auxois de deBonnard(8);dugresinferieurderinfra-liasdeM.Leyme- daires de la province de Luxembourg; 1851. —MEM. coim. PAR PAcAD. DE BELG., t. XXV; 1854. (1) Abrege de geologic, 1855, p. 515. (2) Note sur le terrain liasique du Luxembourg; 1852. — BOLL. Soc. GEOL. DE FR., 2e ser., t. IX, pp. 509-575. (5) Note sur le gres d'ffettange; 1852. — BULL. Soc. GEOL. DE FH., 2cser., t. X,pp. 575-579. (4) Note sur le gres d'Hettange et sur le grds de Luxembourg; compo- sition generale du lias en Lorraine; 1852. — BULL. Soc. GKOL. DE FR., 2e ser., t. IX, pp. 289 et suiv. (5) Description geologique et mineralogique du departement du Bas- Rhin; 1852. (0) Memoire sur la geologie des environs de Lons-le-Saulnier ; 1819. — ANN. DES MINES, lre ser., t. IV, pp. 554 et suiv. (7) Etudes sur les echinides fossiles du departement de 1'Yonne; 1850. (8) Notice geognostique sur quelques parties de la JBourgogne ; 1824. ANN. DES MINES , 1 825, X , pp. 1 95 et suiv. (151 ) rie (1); des gres de la partie iriterieure du lias des environs de Lyon de MM. Dufrenoy et E. de Beaumont (2); du gres d'Auxy et probablemcnt du calcaire lumachelle des memes auleurs (5), couches que M. Manes (4) ne separe pas du trias; du gres du lias des Cevennes des memes auteurs (5), qui n'est pas compris dans le lias par M. E. Dumas (6) , et qui est le gres infe'rieur au lias de M. Dufrenoy (7); des sables et des gres inferieurs au calcaire de Valogne et a celui d'Osmanville de De Caumont (8) ; enfin, du gres infra- liasique des Ardennes de MM. Sauvage el Buvignier (9) ; et, en general, des couches infra-liasiques des savants au- leurs de la carte geologique de France. II nous parait represente, en Angleterre, par les schistcs noir fonce et les gres des environs de Dundry, de Wes- bury-on-Severn , etc.; par les marnes et calcaires allernant, inferieurs au lias blanc , au voisinage de Lyme-Regis, etc. (1 ) Memoire sur la partie infe'rieure du systems sccondaire du departe- ment du Rhdne; 1 838.— MEM. DE LA Soc. GEOL. DE FR., 1. Ill, pp. 521 et suiv. (2) Explication de la carte geologique de France; 1848, t. II, p. 741. (5) Ibid., p. 749. (4) Statistique mineralogique* geologique et mineralurgique du depar- tement de Sad ne-et- Loire; 1847. (5) Explication de la carte, geologique de France; 1848, t. II, pp. 711 et suiv. (G) Notice sur la constitution geologique de la region superieure ou cevennique du depariement du Gard; 1846. — BULL. Soc. GEOL. DE FK., 2- -se>., t. Ill, p. 602. (7) Memoires pour servir a une description geologique de la France; 18oO,t. I, p. 342. (8) Essai sur la lopographie geognoslique du departemsnt du Calva- dos; 1828. — MEM. Soc. LINN. DE NORMASDIE. (9) Statistique mimmlogique ct geologique du ilepartement des Arden- nes; 1842. (152) II en est probablement de meme des couches inferieures du lias a (Sand und Thone-Kalk) de MM. Schmidt, Quend- stedt, etc., ainsi que de certains gres (Sandstein, Quader- sandstein, etc.) de M. Roemer et de beaucoup d'auteurs, gres qui sont inferieurs au lias a gryphee arquee. Nous ne pouvons rien dire de plus precis; d'ailleurs, c'est en vain qu'on chercherait a retrouver dans les bassins les plus divers Fequivalent parfaitement exact de chaque subdi- vision, celle-ci n'etant, pour ainsi dire, qu'un accident mineralogique dans les grandes formations que, seules, on peut retrouver partout. 2. Marne de Jamoigne. Ce depot, si remarquable a plusieurs titres, augmente en puissance de la partie orientale de la province a la partie occidental; aussi peut-on, dans cette derniere re- gion, le considerer comme forme de deux assises distinctes, au moins par les fossiles. L'inferieure est remarquable par la presence de petites cardinies tres-nombreuses, surtout les C. unio'ides et lamellosa, de YAstarte consobrina, Ch. et Dew.; de la Lima plebeia, Ch. et Dew.; de YOstrea irregu- laris, du Montlivaitia Itaimei, Ch. et Dew. : la superieure conlient abondamment YOstrea arcuata et le Montlivaitia Guetlardi qui manquenl ou sout extremement rares dans la premiere. On retrouve la pluparl des especes que nous venons de ciler dans celle-ci jusqu'a Luxembourg; on ne les relrouve jamais, sauf peut-etre la Lima plebeia et YOs- trea irregularis, dans la marne de Strassen, dont la faune est meme distincte de celle des assises a gryphee arquee de la marne de Jamoigne. A Helmsingen, nous avons ren- contre la Cardinia lamellosa, etune autre petite espece dans un bloc de calcaire sableux, passant a un macigno gris jaunatre; malheureusement, il etail hors place, mais nous sommes sur qu'il appartenait aux couches les plus infe'- rieures du lias, car il provenait d'une carriere ouverte a la base du gres. II est impossible de voir dans cet etage une partie du calcaire argileux et de la marne de Strassen que Ton en separerait a tort, trompe par des failles. Nous Favons suivi constamment uniforme danstoute la province et dans une grande partie du Grand-Duche , au nord et a la base des escarpements du gres de Luxembourg; seulement, son epaisseur y est considerablement diminuee, comme nous 1'avons deja dit. On le rencontre parfois au S. de la limite generate du gres, dans des vallees profondes : a Eischen , par exemple, ou il commence a paraitre au bureau de douane de la Scierie, il est assez bien developpe dans le village, surtout sur la route deSteinfort; peut-etre meme que les couches inferieures appartiennent au gres de Mar- tinsarl; de la il se prolonge le long du ruisseau jusqu'au dela d'Hopscheiden , ou nous 1'avons abandon ne. La coupe d'Arlon a Eischen est des plus demonstratives, ainsi que beaucoup d'aulres, d'Arlon vers le nord-esl, le nord ou nord-ouest. Pres de Luxembourg, on retrouve cet etage dans la meme position, formant une couche peu epaisse de marne grise schisto'ide et de calcaire greseux, don t la presence fut signa- lee, pour la premiere fois en 1827, par M. Dufrenoy (1). Celte couche, que Ton trouve au-dessus des marnesirisees, (1 ) Observations geologiques snr les different?* formations qui , dans le systeme des Fosges , separent la formation houillere de celle du lias ; 1 827 . — ANN. DES MrNES , 2e ser., 1. 1, p. 395. ( 154 ) le long des rives de 1'Alzette, est frequemmenl cachee par des eboulemenls de sable; mais on rencontre presque tou- jours a la surface du sol des cailloux qui lui apparliennent; ils sont formes de calcaire gris de fumee, en apparence argileux, mais, en realite, contenant bcaucoup de sable exlrememenl fin, avec une notable quantite de pyrite, lout comme noire marne de Jamoigne. Ses fossiles se retrouvent chez nous dans le gres de Martinsart el dans la marne de Jamoigne. Elle reparail plus au sud, dans les vallees pro- fondes; ainsi, nous 1'avons relrouvee, avec M. Moris, pro- fesseur a Palhenee de Luxembourg, pres de Mamert, le long du ruisseau qui coule vers Kopstal. Sa puissance doil etre encore assez forle, car, dans un sondage execute a Cessingen (1) , on a oblenu plus de 25 melres qui repre- sentent cet elage et le precedent. C'est probablement a la hauteur de la marne de Jamoi- gne qu'il faut placer le calcaire a gryphee arquee de Dis- iroff, qui parail situe entre le gres infra-liasique de Kedange et le gres d'Hetlange. C'esl un fail a verifier. Malgre Tobservation de M. Dufrenoy, eel etage n?a pas ele indique par M. Sleininger (1828, L c.); il ne parait pas 1'avoir reconnu dans noire province, pas plus que Felage precedent; sinon, il 1'aura confondu avec la marne de Slrassen, donl il differe plus encore par les fossiles que par les caracteres mineralogiques, et dont sa position lesepare netlemenl; mais les details locaux que Ton trouve dans son Memoire nous font croire qu'il ne 1'a pas vu. On trouve seulement, dans la plancbe qui accompagne (I) Levallois, Note surun sondage execute d Cessingen; 1859. — ANN. j)F,s MINES, 5« sdr.,t. XVI, p. 295. ( 155) son travail , une coupe (fig. 7) , ou Ton voit des argiles et marnes yrises sous ie gres dc Luxembourg, mais en stra- tification discordante, comme les marnes bigarrees; c'est la tout ce qui peut se rapporter a nos etages 1 et 2. Ce silence de Steininger a eu la plus grande part dans les erreurs ou bien des savants ont verse (1). Ainsi Puillon- Boblaye (1829, /. c.), ne trouvant, dans les environs de Florenville, qu'un calcaire a gryphee arquce sur du gres (gres de Martinsart) , crut pouvoir rapporter avec certitude son lias an calcaire a gryphee de Strassen , et separa ainsi le gres de Luxembourg en deux etages distincts. M. d'O- malius (1853, /. c.) suivit Boblaye, el decrivit cet etage sous le nom de calcaire a gryphites. C'est la marne de Jamoigne de M. Dumont (1842, 1849, 1852, II. cc.), de M. d'Omalius (1842, 1855, IL cc.). Nous Pavons decrile sous le meme nom en 1851. L'opinion de Puillon-Boblaye, reproduite dans V Expli- cation de la carle ge'ologique de la France, a etc renouvelee dernierement par M. Poncelet el M. Terquem (1852, /. c.). A part toule autre raison , nous ne concevons guere com- ment des failles puissent rendre raison de la prolongation du calcaire a gryphee de Florenville, d'une part, par Metzert, Loevelange...., jusqu'a Helmsingen, elc., ce qui est incontestable; de 1'autre, par la vallee de la Semois et Arlon jusqu'a Strassen. La marne de Jamoigne se prolonge dans le department des Ardennes, oil elle devient les marnes et calcaires a gryphee arquee de MM. Sauvage et Buvignier (1842 , /. c.). (1) Cf. d'Omalius d'Halloy, Note sur le gres de Luxembourg; 1844. - BULL. Ac. DK BRUX., 1. XI, 2, p. 192. ( 156) En considerant plus specialement sa parlie inferieure, sous lesgryphees, nous y rapportons, en France, le calcaire de Valogne et celui d'Osmanville de de Caumont (1828, /. c.), les marnes et calcaire places entre le calcaire lu- machelle et le calcaire a gryphee du departement de Saone-et-Loire de M. Manes (1847, /. c.), le choin bdtard et les macignos et calcaires quartziferes du departement du Rhone de M. Leymerie (1838, /. c.), Pinfra-lias et la dolomie infra-liasiquedes Cevennesde M. E. Dumas (1846, /. c.) , ou le calcaire compacte esquilleux et la dolomie de M. Dufrenoy (1850, /. c.) et de MM. Dufrenoy et E. de Beaumont (1848, /. c. passim); les marnes et lumachelles a plagiostomes de 1'Auxois de de Bonnard (1825, /. c.). En Angleterre, nous y rapportons le lias blanc de Wesbury, dans le Glocestershire; en Allemagne, elle correspond, sans doule, a une partie du liasade M. Quenstedt, ou de Vunterer Lias-Sandstein de M. Roemer. 3. Gres de Luxembourg. Get etage se compose de sables, de gres calcariferes et de calcaires sableux que nous ne decrirons pas. Malgre la grande variete qu'ils presentent dans les diverses parties de la province, on trouve general emen t , dans le grain ou la couleur des assises compactes exploiters comme pierre de construction, paves, ou simplement cailloux d'em- pierrement, unecertaine con form i le de fades qui echappe a la description. Quand on s'est familiarise avec le gres dans la partie orientale, ou la presence de la rnarne de Strassen peut , a chaque pas , fixer le niveau geognostique, on est rarement embarrasse pour dire si le gres d'wne car- Here de la partie occidentale appartient ou non a Pelage qui nous occupe. II n'y a guere que les calcaires sableux de la partie superieure, a 1'ouest de Florenville, qui puis- sent offrir des difficultes. L'inclinaison des couches nous a paru generalement de- passer 2 a 5° vers le sud-sud-est ou le sud-est. Leur allure est remarquable et uniforme depuis Hettange jusque dans les Ardennes; ce sont des banes lenticulaires tres-deprimes , a surface ondulee, qui ont ele decrits trop souvent pour que nous insistions. II n'est pas bien rare de rencontrer du sable argileux assez impermeable pour donner lieu a des sources; on en trouve plusieurs banes pres d'Arlon, entre Frassem et Guirsch , pres de Clairefontaine , etc. Dans la partie orientale de la province , les assises su- perieures renferrnent un ou deux banes pelris de grandes coquilles bivalves; ce sont surtout les Cardinia copides et concinna, et YHettangia ovata, qui ont apparu deja a un niveau inferieur. Dans la partie ou le calcaire argileux de Strassen n'est pas represente, on les retrouve souvent, et ils torment un bon point de repere; seulement, ces especes s'elevent plus baut, et sont alors associees a d'au- tres qui appartiennent plus specialement au calcaire de Strassen, surtout a un grand Pecten lisse, que nous croyons etre le P. disci/ormis, Schiibler, et a quelques belemnites. Hors de la , les belemniles sont des plus rares dans le gres; nous n'en avons jamais trouve autour d'Arlon. La limite meridionale de eel elage n'a pas ete indiquee par M. Dumont ; j'en ai reconnu quelques points avec mon ami M. Chapuis; nous sommes parvenus a la determiner en grande partie, 1'annee derniere. Elle entre dans la province, pres de Steinfort, un peu au sud de la route d'Arlon a Luxembourg, qu'elle croise bienlol pour passer au nord de Wolberg , puis, en tournant au nord , a 1'ouest (158) de Clairetontaine, un pen a Test de Waltzing; elle coupe la route d'Arlon a Mersch un peu plus has que la Nouvelle- Esperance , passe a Frassem , a Test, puis au nord et pres de Bonnert, traverse la route d'Arlon a Liege un peu au nord de la Belle-Vue, continue vers 1'ouest jusque pres du bois de Benert ou elle tourne au sud , passe a 1'ouest et pres de Viville, entre Stockem et Frelange , a la Papeterie sous Heinsch , lourne au sud-ouest et penetre dans les bois de Slockem. Sur ce trajet elle est clairement indiquee par le calcaire argileux et la marne de Strassen. Plus loin , vers 1'ouest , sa determination presente parfois des diiJi- cullesinsurmonlables, notammentde la Papeterie a Vance, oil le gres de Virton n'est represenle que par des sables dont les eboulements out recouvert les sables et gres de Luxembourg. Ajoutez a cela que la limite traverse de vastes forets ou il n'y a pas de earriere , que le caractere mineral ogique est sujet a caution , et que Ton ne trouve pas souvent des fossiles caracteristiques. Cependant , si nous reprenons le gres a la irontiere du departement des Ardennes, nous verrons sa limite supe- rieure passer au sud de Lime et de la route de Florenville a Virton jusque pres de Gerouville , ou elle lourne a Test , puis au nord, passe entre Gerouville et les forges de La- soye, longe la forel de Medgibois, penetre dans les bois de Meix, et arrive un peu au nord de ce village. Ici le gres de Luxembourg s'etend dans la vallee que parcourt la route de Florenville a Virton; il remonte au nord pendant plus d'un kilometre, et se prolonge au midi jusque vers Houdrigny, en poussant des embrancbements dans les vallons lateraux, nolamment dans celui des forges de Bergiwez, jusqu'au pied de 1'eminence ou est bali Robel- mont. A partir du sud de Meix, la limite se dirige au ( 159) nord-est, longeant Ics collines qui se trouvent a gauche clu chemin de Meix a Ethe, passe a un kilometre environ au nord de la ferine de Harpegny, croise la route de Virlon a Elale un peu au sud de 1'inlerseclion du chemin de Meix a Ethe. Plus loin, nous 1'avons perdue dans les hois d'Ethe; mais on la rctrouve a peu de distance, dans le vallon du ruisseau de Rahay, a Test de Virton; elle passe de la au nord de Belmont, d'Ethe, ties forges de Claireau, a trois kilometres environ a 1'ouest de S'-Le'ger, toujours dans les hois. Nous croyons 1'avoir retrouvee plus loin entre Ghatillon ct Chantemelle; mais au dela de ce point, entre Vance et Chatillon , entre la Papeterie et le pont de Lagland , nous avons desespere de la trouver. Les hauteurs qui se trouvent au nord de cette ligne sont ordi- nairement couronnees par du gres de Virton ; mais nous n'en possedons pas les limiles. Nous passerons sous silence les discussions qui ont en lieu sur la position du gres de Luxemhourg dans la serie des terrains j usque vers 1828 : il y aurait peu de profit aujonrd'hui a iaire passer en revue au lecteur tout ce qu'on a ecrit pour decider si c'etait un quadersandstein , un keupersandslein ou meme autre chose. En 1828, il fut decrit par M. Steininger (/. c.) et classe definilivement dans le lias; quant a son extension , ce savant y compre- nait le gres de Virlon, et. peut-elre meme une parlie du macigno d'Aubange. Peu apres, Puillon-Boblaye (1829, /. c.) le de'crivit a Florenville et dans les departements des Ardennes et de la Meusc; mais Steininger, comme nous 1'avons deja dit, n'ayant pas decrit la marne de Ja- moigne et le gres de Martinsart, Boblaye rapporta cette marne au calcaire argileux de Strassen et fut force de faire du calcaire sablcux un depot superieur a ce qu'il est Arp. BULL. i853-i854. 12 ( 160 ) reellemcnt quant a sa partie inferieure. II Tut suivi par M. d'Omalius (1855, L c.) , qui decrivit le tout sous le nom de calcai.re a belemuites d'Orval. En 1842, M. Du- mont (/. c. ) retablit le parallelisme enlre le gres de Luxembourg et le calcaire a belemnites : il decrivit i'etage dont nous parlons comme forrnant les assises inferieures de son deuxieine elage liasique ou gres de Luxembourg, dans lequel il comprenait deux autres assises, le calcaire argileux et le sable superieur. M. d'Omalius adopta cette maniere de voir, et indiqua dans le Coup d'ceil (1842), sous le nom de gres de Luxembourg, 1'etage entier que M. Dumont venait de faire connaitre. Plus tard, ce der- nier le divisa (1849, /. c.) , reservant ce nom a 1'etage qui nous occupe, denommant a part le calcaire argileux et la marne de Strassen, el reportant le sable superieur a 1'etage du macigno d'Aubange, ou il devenait sable infe- rieur. Nous avons suivi celte maniere de voir dans notre travail ave'c M. Chapuis; enfm, M. d'Omalius vient de 1'in- diquer sous le meme nom (1855, /. c.). D'un autre cote, M. Terquem (1852, /. c.) est revenu a 1'opinion de Boblaye : notre gres de Luxembourg est son gres infra-liasique et uue partie de son gres d'Arlon ou caicaire sableux; 1'autre est du gres de Virlon (c'est celle qui recouvre le calcaire argileux de Strassen). M. Poncelet parail du meme avis. Envisage comme nous le faisons, le gres de Luxembourg correspond done a la partie inferieure du calcaire sableux de Boblaye, du calcaire a belemnites d'Orval de M. d'O- malius, et du calcaire sableux de MM. Sauvage et Buvi- gnier, dont la division inferieure est 1'exact equivalent et la continuation de notre gres de Luxembourg, tel qu'il existe sous le meridien de Virton. C'est le gres d'Het- tange, au moins par sa par lie ioferieure. { 161 ) Hors des depots sableux du goli'e do Luxembourg, nous ne trouvons qu'incertitude dans la synonymic. En Angle- terre, il correspond a une partie indeterminee du lias bleu, du lower lias shale; et, si nous n'elevons pas la limite superieure jusqu'aux dernieres couches du lias bleu , c'est que nous avons surlout en vue le gres des envi- rons de Luxembourg et d'Arlon, supportant le calcaire a gryphee de Strassen. On peut en dire autant pour la France : le gres d'Hettange, de Luxembourg et d'Arlon n'est ni infra-liasique, ni supra-liasique; il est subordonne au lias a gryphee arquee, lias interieur ou lias propre- ment dit. En Allemagne, il parait avoir un correspondant assez exact dans le gres d'Halberstadt, dont M. Bunker a fait connaitre la faune recemment. Ailleurs, on pourrait peut-etre y rapporter la parlie superieure du lias « de M. Quenstedt, et des gres inferieurs au calcaire a gryphee deM. Rosmer et des auteurs. Du reste, ces rapprochements, plus ou moins forces, ont pour nous d'autant moins de valeur que la limite superieure du gres est variable et peut atteindre celle du lias a gryphee arquee. 4. Calcaire argileux et marne de Strassen. Get etage, par lequel se terminent les depots sinemuriens de la plus grande partie du Luxembourg, se compose de marne gris bleualre, paribis jaunalre ou brunatre, ordi- nairement plastique, rnais contenant parfbis du sable dans sa partie superieure, disposee en couches assez epaisses, atlernant avec des banes de calcaire argileux, compacie ou sub-compacte, tenace, de meme couleur; il passe assez souvent a un macigno grisatre ou gris jau- natre, pointillede grains noirs charbonneux ou de petites ( 162 ) laches jaunatres, argileuses. Sur les limiles du depot, il passe souvent au gres. II forme une bande generalement elroite, qui separe le gres de Luxembourg du gres de Virton dans la partie orien- tale de la province, comme dans le Grand -Duche. Plus a 1'ouest, cette bande s'amincit et disparait, de sorte que la formation sableuse inferieure, plus developpec, est imme- diatement recouverte par la formation superieure ou gres de Virton. Nous avons vu la limite inferieure de cette bande; la limite superieure passe a la base des deux eminences de Sterpenicb, coupe la route d'Arlon a Luxembourg, a 4,060 metres d'Arlon , passe enlre cette ville el Waltzing, a 1'ouest de Frassem, a Bonnert, a la Belle-Vue, a Viville, a la chapelle Ste-Croix pres d'Arlon, traverse la route de Florenville presde la Fontaine, en se dirigeant vers Schop- pach , retourne vers le nord et traverse, de nouveau, la roule de Florenville pour aller passer au nord, tout pres de Stockem, aux environs de la Papeterie; elle se termine un pen plus loin dans le bois de Stockem. Get elage forme en outre deux petits massifs sur la region occupee par le gres de Luxembourg : 1'un couronne les plateaux de Guirscb et d'Hecbous; 1'autre, celui de Frelange et de Hcinsch , ou il supporte un lambeau de 1'etage suivant. II contient un assez grand nombrede fossiles, entre au- tres YOslrea arcuata, le Pecten disci for mis , le Belemnites aculus , {'Ammonites bisulcalus et le Spirifer Walcotti. Les gryphees sont de forme tres-variable; il s'en trouve que Ton confondrait avec VOstrea cymbium, sans parler dc petites varieles, larges et arrondies, a petit crochet, que nous rapportons a la Gryphea suilla, Schl., ou G. ova- lis, Ziet, especes que d'autres considerent comme varietes (165) del'O. cymbium. D'ailleurs, la meme chose s'observe dans la marne de Jamoigne, quoique a un moindre degre. On ponrrait supposer que cet etage est recouvert, dans la partie occidentale, par le gres deVirton, qui aurait deborde vers le nord; mais nous croyons qu'il n'en est rien. L'amincissemenl progressif du depot tend deja a faire croire le contraire; et, nulle part, dans les nombreux endroits ou nous avons constate la superposition imme- diate des deux gres, nous n'avons retrouve le calcaire de Strassen, meme dans les localites les plus meridionales, telles que les environs de Sl-Leger et de Virton. Remarquons ici que M. Terquem (1852, /. c.) a decou- vert, a Hesperange, dans le Grand-Duche, un gres a gry- phee arquee entre le vrai gres de Luxembourg et un gres a G. cymbium, ou noire gres de Virlon. Ainsi, tout a fait a Test du Luxembourg, la cause ensablante aurait agi sans interruption et remplace les argiles et les calcaires par des gres depuis 1'epoque du depot du gres de Luxembourg jusqu'a celle des marnes feuilletees de Cessingen, comme elle 1'a fait dans la partie occidentale, jusqu'au depot des schisles d'Ethe, qui ne sont autre cbose que les marnes que nous venons de nommer. De telle sorte que , si Ton considere le gres de Luxembourg comme inffa-liasique, tout le lias inferieur serait represenle la par quelques minces assises de gres. M. Terquem (1852, /. c.) croit avoir trouve que le depot du calcaire argileux de Sirassen a ele precede, dans le Grand-Duche, par tine calastropbe qui aurait ravine, de- nude le gres de Luxembourg, dans les anfractuosites du- quel se serait fait plus tard le depot du calcaire a gryphee arquee. Nous n'avons pas assez etudie le Grand-Duche pour oser affirmer le contraire; mais nous pouvons dire ( 164 ) que nous n'avons jamais rien vu de pareil dans notre pays. D'ailleurs, si notre manieredevoireslexacte, — c'est-a-dire si le calcaire argileux de Strassen est un depot local, con- tcmporain des assises superieures du gres de Luxembourg de certaines localites on la cause ensablanle, plus ener- gicjue, s'est fait senlir d'une maniere continue, depuis les couches inferieures de ce gres jusqu'au depot des marnes feuilletees, — il est evident que la surface du gres de Luxem- bourg doit presenter des inegalites, des bassins plus ou moinsetendnsqui pourraienlfairecroire a une denudation. Mais, contrairement a ce qui devrait etre, si celle-ci existait reellemenl, il y a des passages frequents en ire les deux eta- ges, et nous ne croyons pas etre le sen! qui les ait observes. Le calcaire argileux de Strassen est le calcaire a gry- phites de Sleininger (1828, /. c.), non celui de Boblaye 1829, /. c.), ni de M. d'Omalius ( 1855, /. c.); c'est le calcaire argileux et la marne, troisieme assise du gres de Luxembourg de M. Dumont (1842, /. c.), de M. d'Oma- lius (1842, /. c.), la marne de Strassen de M. Dumont (1849, /. c.) , le calcaire argileux et la marne de Strassen du meme auleur (1852, /. c.), de M. d'Omalius (1855, (/. c.). Enfin, nous I'avons decrit sous le norn de marne de Strassen dans notre memoire avec M.Chapuis.Ii n'existe pas dans les Ardennes; c'est, au contraire, le calcaire a grypbee qui recouvre le gres d'Hettange. II correspond a la partie superieure du lias bleu ou inferieur des Anglais, du lias inferieur, lias proprement dit ou caloaire a gryphee arquee des Fran^ais (nous en exceptons MM. Sanvage et Buvignier). Nous y rapporlons de meme le Lias-Kalk ou Gryphilen-Kalk, et le lias /3, argile a ammonites Turneri des auteurs allemands. Au moins , peut-on dire avec cer- titude que ces couches term 'men t le lias inferieur dans ces pays, comme chez nous, le calcaire argileux et la marne de Strassen. Nous joignons a cette revue quelques coupes destinees a montrer la superposition reelle des quatre etages qui constituent chez nous le lias inferieur. Fig i. — Coupe d'Attert a Arlon. ( Voy. Fig. 2. — Coupe d'Arlon a Loevelange, Dumont, 1842, 1. c., p. 21.) par Guirsch. Attert, I!clle-Vue. Chapelle-S"-Croix. Attert, U. Metzert. Quatre- Vents. Arlon. Frassem. Guirscli. Loevelange. Fig. 3. — Coupe d'Arlon a Monl-Quintin. Ruisseau tie Mont-Quintin. Virton. Rabay. Elbe. abay-la-Ncuve. Fig. 4. — Coupe d'Eischen a Habay-la-Neuve, passant a cote d'Arlon. Plateau Cbapelle- Lottert. de Ueinsch, de Frelange. Viville. Sle-Croix. Arlon. 1. Terrain rhenan. 1. Terrain (riiisi((uc. a. Grfs de M::rtinsart. b. Marne tie Jam. encore ar- gileux , mais [>lns compacte; 0° quelques couches de marne jaunalre, alternant avcc un caleaire fmement sableux, jaune grisatre, poinlillc de noir; 7° du caleaire semblable (167 ) mais plus sableux; 8° les sables et gres de Luxembourg. Les couches 1-4 representcnt le gres deMartinsart, 5-7 la marne de Jamoigne. La parlie inferieure du lias du Luxembourg nous offre une exception remarquable dans la nalure mineralogique des depots de cette epoque , specialement de ceux du bassin de Paris. En general , nous les voyons ailleurs constitues parliculierement, pour ne pas dire en lolalite, de marries ou d'argiles et de calcaire; a cette uniformite slraligraphi- que et petrographique correspond la presence de YOstrea arcuata. Ici , au contraire, on remarque une abondance de sable quartzeux qui remplace les aulres elements de maniere a former des sables plus ou moins ealcariferes, des gres et des calcaires sableux. Nous n'avons pas a re- cbercber la cause de cet disablement : c'esl un fait excep- lionnel que nous constalons. Mais celte cause n'a pas agi partoul avcc la meme energie, la meme duree ni la meme conlinuile. Apres avoir produil d'abord le gres infra-liasi- que des Ardennes, celui de Marlinsart, les minces couches de calcaire greseux dTIelmsingen , le gres de Kedange, de meme que les arkoses, les psammites, les lumachclles de 1'Auxois, elle cesse d'agir pendant pen de lemps a Helm- singen , plus longtemps a Distroff et a Jamoigne, plus encore dans les Ardennes, et il se depose des couches ar- gilo-calcaires. Apres ces depots, dont la grande inegalite de puissance temoignede i'inegale duree de leurformalion, rensablement recommence plus fort que prececlemment, et produit le calcaire sableux des Ardennes, les gres de Luxembourg et d'Hetlange; mais il ne se prolonge pas jus- qu'en Bourgogne , el le lias de 1'Auxois est rentre dans la regie generale. Plus lard , la cause ensablante ccsse de se faire sontir a Hellange, l\ Luxembourg el a Arlon, et il se ( 168 ) depose le calcaire a gryphee d'Hettange et la marne de Strassen, pendant qu'a Hesperange, a Florenville et dans les Ardennes se produisent les assises superieures du gres de Luxembourg et du calcaire sableux inferieur. Uu nouveau changement a lieu dans le regime des mers; il marque la fin de Pepoque liasique inferieure, et le lias moyen commence dans le golfe luxembourgeois par im depot quartzifere qui a lieu sur toute la ligne. Et tandis que le calcaire sableux moyen se depose sur le calcaire sableux inlerieur a Fagny , que le gres de Virton recouvre celui de Luxembourg a Virton, a Hesperange, ce merne gres deVirlon recouvre la marne de Sirassen, enlre Arlon et Luxembourg. L'ensablemenl ne parait pas s'etendre jus- qu'a Hettange, ou se deposent probablement les marnes de Boust a Ammonites planicosta. Ainsi, on peut dire que, dans le Luxembourg, la for- mation liasique inferieure, le calcaire a gryphee arquee, a ete divise en deux parties par une puissaute formation sableuse, le gres de Luxembourg, dont Pepaisseur varie beaucoup, au point que, dans certaines localiles, Pun ou Pa litre des depots argilo-calcaires est considerablernent reduit ou merne remplace par du gres. Et, comme la gry- phee arquee est t res-rare dans le gres, ou qu'elle s'y trouve presque toujours nial developpee, les uns ont pu croire qu'elle ne s'y rencontrait pas, les autres ont pu prendre pour des 0. cymbium les mauvais e'chantillons qu'ils ren- contraient. De sorle qu'a ce fait exceptiounel, Pensablement du lias inferieur, correspond un autre fait exceptionnel, Pexis- tence de deux calcaires ou inarnes a gryphee arquee; et c'esl la un fait capital qui nousexplique la diversite d'opi- nions des meilleurs auteurs sur ce sujet, qui nous donne ( I(t9 ) la clef fie la constitution geologique de ce pays, el nous apprend avec quelle prudence il faut se servir des meilleurs caraclcres, si Ton ne veut s'exposer a aller 5 1'encontre de la stratigraphie. On a dit, par exemple. : Le gres d'Heltange , celui de Luxembourg sont recou verts par le calcaire a gryphee; done ils sont infra-liasiques. A quoi on a repondu avec raison : Non, legres d'Hettange n'est pas infra-liasique, car il repose stir le calcaire a gryphee de Dislroff, qui recouvre le gres de Kedange, un type infra-liasique; le gresde Luxembourg repose sur des argiles a ammonites de 1'age de la gryphee arquee; done il n'est pas infra-liasique. Toutes ces super- positions sont exactes, rnais les conclusions des premiers sont erronees. Leurs adversaires , a leur tour, sont tombes dans 1'erreur du moment ou, ne se bornant plus a nier 1'age infra-liasique, ils ont atfirme que ces gres apparte- naient a Tune ou 1'autre couche du lias moyen. Lorsqu'on eut admis que ces gres se rattachaienl l'un a 1'autre, on a dit qu'ils appartenaient au lias moyen, parce qu'ils n'etaient que le prolongement du calcaire sableux des Ardennes, lias moyen a Gryphaea cymbium. On croyait poser une equation : on avail affaire a une inegalile; on avail pu preridre les mauvais echanlillons de gryphee ar- quee oblenus du calcaire sableux inferieur pour une variete de la G. cymbium, Ires-abondante dans le calcaire sableux moyen et superieur, ou lout au moins comme une espece aulre que Varcuata; de sorte que Ton considerait le cal- caire sablenx tout entier comme du lias moyen, d'auiant plus qu'il reposait sur le lias inferieur, disait-on . au lieu do dire, sur du lias inferieur. Je passe sous silence les arguments de superposition donnes pour Hettange; il y a la des soulevements qui onl pu en imposer an point de faire prendre ce gres pour ('equivalent dn macigno d'Au- bange ou du calcaire ferrugineux des Ardennes. L'existence de deux marnes a gryphee arquee est aujour- d'hui un fait incontestable; annonce, il y a 12 ans, par M. Dumont, on s'est generalement retranche derriere des confusions d'especes ou de varietes; aujourd'hui que Ton n'en peut plus douter, surtout depuis 1'excursion de la Sociele geologique de France a Luxembourg, on a voulu 1'expliquer par des failles. G'est le deus ex machind, comme dit M. Buvignier; or, non-seulement on ne les a pas de- monlrees, mais, en outre, elles ne suffiraient pas a I'expli- caiion des fails. II faut bien reconnaitre ici I'influence de Tidee generalement admise du synchronisme complel des couches a gryphee arquee : comme il n'y a ailleurs qu'un calcaire a grypbee, il ne pouvait y en avoir qu'un dans le Luxembourg. On expliquait alors la difference de faune de la marne de Jamoigne et de celle de Strassen par la difference mineralogique; (nolons que, sur environ 70 es- peces d'Heltange que nous connaissons, une seule se trouve dans la marne de Slrassen , el c'est TO. arcuala; 8 ou 9 especes nous sont connues dans notre gres de Luxembourg, et 7-8 dans la marne de Jamoigne). Mais nous pouvons repondre que la marne de Jamoigne, a Chiny, est au moins aussi bitumineuse qu'aucune assise de la marne de Stras- sen, puisque M. Poncelet est parvenu a la faire bruler comme le schiste bilumineux (il est vrai (jue la pyrite y conlribue pour beaucoup), tandis que ses fossiles sonlceux de la marne de Jamoigne; el, inversement, que le calcaire argileux de Strassen a Bonnerl, cite comme cxemple de marne sableuse avec diverses local ites de la marne de Jamoigne, nous oiTre les memes fossiles que dans les antres localites de cet etage. (17! ) Nous repeterons, pour rcsumcr cc qui precede, que, a 1'ensaljlemenl du lias inferieur dans le Luxembourg, fait excepiionnel, correspond un autre fait exceptionnel , !a division du lias a gryphee arquee par un depot sableux ou ce fossile est Ires-rare; nous ne voyons nullement en quoi cela ne serait pas conforme aux principes qui doivent gui- dcr dans 1'application ralionnclle de la pale'ontologie a la geologic. RECHERCHES C1UT1QUES ET HISTORIQUES SUR LA CONFESSION DE BALTHAZAR GfiRARD, PAH M. ARENDT, PROFESSKUK A t/UMYEHSITE OE LOUVAI> , CORRESPOMUNT DE L' ACADEMIC. (Lues au\ scuuce* du 7 nuvcnibre ct du i> deccmbre 1853-) APP. BULL. 1853. RECHERCHES CRITIQUES ET HISTORIQUES SDK LA CONFESSION DE BALTHAZAR GERARD. La communication faite a la derniere seance (1) , par I'honorable M. Gachard, au sujet de la decouverte de la confession de Balthazar Gerard, £tait de nature a fixer d'une maniere toute particuliere 1'attention de la classe. 11 sutfit, en effet, d'une premiere inspection du document que les archives du royaume doivent au zele e"clair£ de notre savant confrere, pour se convaincre que les questions sou- levies par ce document meritent, a plus d'un point de vue, d'etre approfondies avee soin. J'ai fait dans ce but quelques recherches dont je viens soumetlre le resultat a la classe. Des doutes sur 1'au- thenticit^ du document ayant e"te eleves par un savant Stranger fort respectable (2), je crois qu'il importe de ne pas retarder 1'examen de quelques materiaux que j'ai pu reunir, et qui me semblent pro- pres a faciliter la discussion et a la placer sur son veritable terrain. Le document qui nous occupe donne lieu a trois questions prin- cipales, dont chacune a droit a un examen particulier. La piece est-elle ('original de la confession que le meurtrier du prince d'Orange, d'apres le temoignage unanime des sources, redigea peu d'inslants apres son arrestation, ou en est-elle seulement une copie? Renferme-t-elle bien le texte authentique de cette confession, et, (4) en dernier lieu, son authenticity admise, quelle en est 1'importance historique? La premiere de ces questions, la seule qui ait £te agitee jusqu'ici, me parait etre exclusivement du domaine tie la diplomatique; il faut, pour la re"soudre, des etudes paleographiques que je n'ai pas faites, aussi n'ai-je pas 1'intention de m'en occuper; elle est d'ailleurs secondaire an point de vue de 1'histoire. Ce qu'il importe a ce point de vue de constater, c'est 1'authenticite du texte. Du moment ou cette authenticity peut 6tre consideree comme demontree, il est jus- qu'a un certain point indifferent si le document qui le renferme, est 1'original, ou une copie faite sur 1'original. Je demanderai done a la classe la permission d'abandonner a des savants plus exerces que moi en paleographie , 1'examen de la premiere question, et de m'oc- cuper exclusivement de la seconde et de la troisieme. Le document communique par notre honorable confrere contient-il bien la con- fession de Balthazar Gerard, et, si son authenticity ne peut £tre contestee, quelle est son importance pour 1'histoire? Commengons par rappeler quelques faits. L'assassinat de Guil- laume d'Orange avail eu lieu a Delft au couvent de Sainte-Agathe, le mardi 10 juillet 1584, entre une et deux heures de 1'apres-midi. L'assassin fut arrete presqueimme"diatement, conduit en la chambre du concierge et interroge par les hommes de la loi , accourus en hate. Au lieu de r^pondre aux questions qu'on lui posait, il demanda du papier et de 1'encre, en protestant que, puisqu'il elait arrete el prisonnier, il dirait toute la verite. L'ecrit qu'il redigea ainsi est cit6 dans les sources sous le nom de Confession. Leproces de Gerard fut instruit, avec une grande rapidit^, par une commission forme'e des juges ordinaires de la ville de Delft et de quelques membres du Grand-Conseil. La sentence qui condamnait le meurtrier a un affreux supplice fut prononc^e le 14 juillet, et 1'execulion cut lieu le meme jour. Dix jours apres, le 24 jtiillet 1584, les fitats de Hollande prirent une resolution d'une importance tout a fait capitale pour la question qui nous occupe, et dont voici le texte (5) : « De Staten van Hollandt hebben, op het verzoek van de Staten » General , verklaert ende geconsenteert dat de confessie van den MM » moordenaer, ofte dubbelt van dien, zal gelevert werden in handen » van den president Meerkerken , omme te moegen dienen tot het » maecken van het discours van het fait dat tegens Sijne Excellence » is geperpetreert, t'welck bij Monsr. Villers, den voornoemden » Meerkerken ende Mr. Nicasius Sille geconcipieert ende daer nae » de Staten gecommuniceert sal werden , sender dat voornoemde » confessie yemandt anders gecommuniceert, nochte visie, dub- » belt, ofte lecture daervan sal gegunt nochte gegeven werden, » maer dat het dubbelt van de confessie voornoemt weder daer nae » in handen van den magistraet van Delf sal gelevert werden, ende » voorts geordonneert , dat den officier der stadt Delf belast sal » werden, alle neerstigheijdt te doen, omme te bekomen alle )> boeckskens die alreede op 't overlijden van Sijne Excellencie sou- » den moegen zijn uijtgegeeven; ende voorts te informeeren, wie » autheurs daervon moegen wesen , en bij wien deselve ook souden » moegen zijn gedruckt , om voorts tegens deselve geprocedeert te » moegen werden, als nae behooren. » Trois choses sont ordonnees par cette resolution : la redaction d'un recit officiel de la mort du prince , la quasi-siippression de la confession de son meurtrier, et, en dernier lieu, une stricte sur- veillance au sujet de toutes les publications qui poiirraient paraltre sur Tevenement. Par quels motifs les l£tats-Gene"raux furent-ils amends a provo- quer ces mesures? L'acte ne s'explique pas sur ces motifs; essayons de supplier a son silence. II existe une brochure de i4 pages in- 4°, intituled : Historic BaWiazars Gerards, alias Serach, die den Tyran van 'tNederlandt, den Prince van Or angle, doorschoten heeft : ende is daerom duer yrouwelijke ende vele tormenten binnen de stadt van Delft openbaer- lijk ghedoodt. Sur la page du litre se trouvent deux passages de 1'Ancien Testament (Numer. XXV et I Machab., 2) , une vignette et le millesime de M. D. LXXXIIII; toute indication de nom d'auteur on de lieu d'impression manque absolument. Cette brochure est un essai d'apologie du crime de Gerard. L'a'u- teur se place au point de vue qui fut dans la suite celui des histo- riens espagnols les plus marquants. II represente le meurtre du (6) prince comme un acte l£gitime, com;ne rexe"cution d'une sentence legale, fait l'e"loge du meurtrier, exalte son courage et sa fermet6 an milieu cies pins airoces tourments, et donne de son supplice line description fort detaill^e, qui accuse un lemoin oculaire. Aux deux dernieres pages se trouve une piece de vers intitulee : « Ref'ereijn ter eercn rir,s- voora. Balthazars. » L'examen uttenlif du papier, des caracteres d'impression et d'au- tres partieularite"s typographiques rendent tres-probable, on pour- rait dire certain, que cette brochure a e"t6 imprime"e en Hollande, et, en la comparant & des opuscules imprimis a Delft dans 1'espace compris entre les annexes 1581 et 1591 , on pourrait 6tre tent£ de croire qu'elle est sortie d'une presse de cetle ville. D'autres circon- stances , surtout 1'omission de certaines particularity qui se trou- vent dans la publication officielle, qui prouvent la ferniete' et l'e"ner- gie du meurtrier, et qui auraient figure^ avec avantage dans son apologie , paraissent indiquerque la brochure fut mise en circula- tion pen de temps, peut-e"tre ni^me imme'diatement, apres 1'ex^- cution de Gerard, et anterieurement a toute publication officielle. S'il en est ainsi , la resolution des rttats de Hollande s'explique parfaitement; on devait emp^cher que la maniere dont Tauteur de V Historic envisage le crime ne fit des proselytes, les fitats-G^nei-aux ne pouvant souffrir que 1'assassinat du prince fill publiquement consider^ et pr6ne comme un acte de justice, comme Texecution d'un jugement rggulier. A cet effet, on decida qu'un recit ayant le caractere d'une relation officielle serait redig£, et qu'en m^me temps on exercerait une stride surveillance sur la presse. Comme la confession de Ge>ard ren ferine des passages qui viennent a Tap- pui de ce que Tauteur de Y Historic dit sur lui , on jugea ^ propos de la soustraire a la publicite', et on d^fendit d'en prendre connais- sance, aussit6t qu il en aurait b\& fait usage pour la redaction de la relation officielle. Cette derniere, faile sur les pieces de la procedure, la confession du meurtrier et ses interrogators, parut, probablernent pen de temps apres, sous le litre de : Verhael van de moort, ghedaen am clan pcrsoone r/e.s* doorluclitif/her) hoochyheboorn fursten ende heern, hcern Wilhehm, by der yratien Godts, prince van Oraengien, grave (7) van Nassau, Katzenelnbogen , Vianden, Dielz , Lingen, Bueren, Leerdam, etc., mar quiz van der Veere ende van VHssinyhen , heere ende baron van fired a, Grimberyhen , Arlay , Nozeroy, etc., erff- burchyraef van Anlwcrpen ende van Bezanson, hooch -loflycker tnemon'en, in syn leven youverneur general van Brabandt, Hollandt, Zeelandt. Frieslandt, ende Utrecht , admirael van der zee. Tot Delfy by Aelbrecht Hendricxz , drucker ordinuris der Stolen s'landts van Hnllandt. Anno 1584, 20 pages in-4°. Sur le litre se trouvent les armoiries du prince d'Orange. On en publia en m6me temps une Edition francaise sous le litre de : Discours du meurdre commis en la personne du tres-illuslre prince d 'Orange, en fan M.I). LXXXIIII, 29 pages petit in-4°. II est necessaire d'analyser avec quelque detail cetle relalion, qui a servi de source principale el souvenl unique a la plupart des his- toriens hollandais. Dans Texamen de 1'aulhenticit^ de la confession, eile forme la piece decisive, si je puis m'exprimer ainsi. Le Verhael commence par une courle introduction dans laquelle Tauteur expose les motifs qui 1'ont determine a publier cette relation de la mort du prince d'Orange : il considere comme un devoir de faire connaltre aux coniemporains et a la posterity la ve>it6 sur les ev^nements. Apres ce pr&imbule, il parle d'abord de diffierentes tentatives faites centre la Vie d« prince, par Jauregui a Anvers, Salzedo a Bruges, par un homme rest^ inconnu, et par un capitaine franyais du nom de Gott ; il arrive ensuile a Tattental de Balthazar Ge>ard. 11 raconte en detail Tapparition de celui-ci a la cour du prince, son premier sejour a Delft, son envoi en France, son retour, el les mesures qu'il prit pour assurer Tex^cution de son dessein. Puis vient le r^cit de 1'assassinat, de 1'arrestalion de 1'assassin, et des circonstances au milieu desquelles il ^crivit sa confession. L'auteur fait suivre ce r^cit d'une analyse de la confession, d'exlrails des inlerrogatoires subis par le meurtrier, et de considerations pieuses, dans le ton des pr&licateurs du temps, et entrem6le"es de citations de 1'Ecriture sainte. L'auteur termine en reproduisant le texte de la sentence prononc^e contre Gerard, et en mentionnant Ires-succinc- temenl Tex^cution de celui-ci, ainsi que les fune>ailles du prince. Cette relation a servi de prototype a tons les recils de 1'assassinat (8) a , quoiqu'ii » deust advenir, d'executer sadicte deliberation , esperant prendre » la commodite de ce faire, quand le conte de Mansfeld seroit au » camp proche de quelque lieu ou seroit le prince, et partit secre- » tement, faisant semblant qu'il seroit de la religion du prince, et ( 10) » lui presenter certains cachets volants insculpez en cire rouge, » nvecq 1'anneau (Indict conte, pour en temps opportnn exe"euter » sur sa personne son entreprise, avecq le moindre danger a lui pos- » sible. Suivanl ceste inv£tere"e deliberation (ce sont ses propres » mots), il demanda au mois de juin , y a un an passe, conge" atidict » du Pre, estant en la ville de Diest, d'autant qu'il ne ve"oit appa- M rence d'avoir meilleure commodite d'approcher ledict prince, » parce que cedict de Mansfeld retournoit au Luxembourg; mais » estant importune" par ledict du Pre* , son maistre et cousin , qu'il » le suivist, espe>ant (aiusi que ledict du Pre lui faisoit entendre) » que ledict conte retourneroit bient6t au camp dedans un mois; » mais voiant qu'il differoit, il s'advisa, estant toujours poinconne' » de son entreprise, de prendre quelque fascherie avec sondict » maistre pour le quieter; mais il ne pust obtenir conge : que de- » puis encores, il tftcha de partir de Luxembourg pour veuir » poursuivre son entreprise; mais qu'allors sondict maistre trouva » qu'on lui avoit rob£ dedans son coffre quattre cents cinquanle » escuts. A cette cause (pour n'estre suspect d'avoir fait ce larcin), » il demeura encores audict service, et, ledict argent s'estant re- » trouve , il cberchoit toutes les occasions pour venir trouver ledict » prince, comme lorsque les compaignies wallonnes, qui estoient en » Luxembourg, furent mande"es au Pais-Bas; mais il fut encores » empesche" par la maladie dudict du Pre", laqnelle dura huit jours » devant Noel, et fut quinze jours apres a se refaire; finalement, au » mois de mars dernier, il prinst conge de sondict maistre : et, de- » vant que venir par dega , s'en alia a Treves, ou il de"clara en con- » fession a un jesuiste, re"sidant au college des je"suistes a Treves, » tout entierement sa de'libe'ration , et lui montra lesdicts cachets, » et le pria de le tenir secret jusques a Pasques, et qu'alors il le (ist » entendre audict conte de Mansfeld; que, suivant 1'avis dudict » je"suiste, il a faict entendre sa d6libe"ralion au prince de Parme, » et fut-ce par une lettre qu'il compila en la ville de Tournay, et la » presenla lui-mesme atidict prince; mais qu'il n'osa attendre sur » ce aucune response, craignant qu'il ne prendroit de mauvaise j> part le transport desdicts cachets vollants , et par ainsi s'en est » venu en ceste ville de Delft, et delivra des cachets signcz soubs le ( 11 ) » nom dudict conte, ce qu'il a fait espgrant de trouver oppor- » lunit^ d'exe"cuter son entreprise. Taut est qu'il fut conseille" d'aller >, en France avec M. Caron, et donner lesdicts cachets au ma- » reschal de Biron et autres partisans de feu Mons. le due d'Anjou; » mais, estant ledict seigneur due decide, a este" a sa requisition » renvoie par-dec^ , portant lellres dudict Sl Carou , tant pour le » prince que pour les estats, par lesquelles ils estoient advertis de » la mort de Son Alleze, et des lors, il a advise fonts les moiens » d'ex^cuter son entreprise, et,n'en aiant trouve autre plus propre » que de donner un coup de pistolle , soil quand le prince iroit au » presche, ou bien quand il viendroit disner en has, ou quand il » sortirait du disner, il avoil achete le jour precedent deux pis- » tolles , et , aiant charge" Tune de trois balles et 1'autre de deux , il » avoit ce jour tir£ et desb'ande celle qui estoit charged de trois » centre 1'estomach dudict prince, et pour la resistance qu'avoient » foit les hallebardiers, il n'avoit pu tirer le second coup : dont il » avoit grand regret et desplaisir, asseurant que, s'il estoit pr£sen- » tement a mille lieues loing d'ici , il retourneroit par-deca pour » suivre la mort dudict prince : ces choses furent deposees et es- » critics par ledict Gerard en la charnbre du concierge. » Voici maintenant le texte de la confession : Je, Baltazar Gerard, de Vallaffans en Bourgoigne, scavoir faitz a tons que j'ay heu en volunte, dez sont passez six ans, et mesrnement dez le temps que la paix de Guant ful rompne et violee par Guil- laume de Nassau , prince d'Oranges , de luer et occire iceluy de Nassau, pour austant qu'il me sembloit que, tant qu'il \ivroit, il demeureroit rebelle contre le roy catholique , nostre sire, et feroil lous ses efforts, par Unites voyes illicites, de troublcr 1'estat de l^glise catholique et apposlolique, dicte romaine, ainsi qu'icelluy de Nassau a fait, et persistejusques a maintenant, ayanl caus£une infi- nite de maulx, tant au regard de la spiritualite que du lemporol, dedans ces provinces de Pays-Bas. Et qu'il soil vrey que j'aye heu ladicte intention, je le demonstra, estant a Ddle, en la niaison de Jehan Villaux, y a environ six ans, par ce que, tenant en main une dague dvagine, je la planta de toule ma force centre une porte, et disant que je vouldrois que ce coup- la fiit este" donne dans le coeur du prince d'Orange. A quoy ung nomine Jehan-Guillame Ponthier, de Vercel, en Bourgoigne, qui uravoit veu jetter ladicte dague, et ouy ce que j'avois dit, me tanc.a bien fort, disant, s'il m'apparlenoit de tuer ny menasser les princes, et que, si c'estoit la volunte du Roy, nostre sire, que le susdict de Nassau fiit tue", que Sa Majeste" avoit puissance assez pour ce fait, et le commanderoit, mais qu'il ne vouloit pas perdre ainsi Increment ung si bon capitaine, lequel se pourroit reduyre. Sui- vant ceste remonstrance, je remeit le tout a la bonne disposition de Dieu et de Sadicte Majeste. Mais comme, depuis environ trois ans en ca, j'ay entendu que Sadicle Majfeste avoit donne sentence de inort, en forme de proscription, allencontre dtidict de Nassau, et voyant qu'on tardoit si longtemps d'accomplir la justice et bonne volunte du Roy, je me partit de Bourgoigne (apres avoir dresse quel'que- ment mes affaires particuliers), et m'acbemina par dec,a, a intention d'effectuer realement ladicte sentence. Et fut-ce au mois de feb- vrier 1582. Et, estant parvenu en la ville de Luxembourg, au mois de mars suyvant, oil je sejourna quelque peu de jours, j'entendis illec que ung certain personage du pai's le Biscaye avoit occis et tue ledict prince : desquelles nouvelles je fus fort aise, tant pour estre (comme j'eslimois) la justice faite , que pour avoir excuse de me mettre au danger. Et conlinuerent les nouvelles de ladicte mort et occision bien longtemps, de fac,on que j'advysa de me metlre au service d'un nomine" Jehan Duprel, qui est secretaire de 1'Excellence de monsei- gneur le compte de Mansfelt et chevalier de 1'ordre du Toison d'or, du conseil d'Estat du Roy, governeur et capitaine general des duche" de Luxembourg et compte de Chiny, marescbal general de Farmed de Sa Majest^, chefz de cincquante hommes d'armes des ordon- nances de Sadicte Majeste", etc. Mais, comme intendis par apres que ledict de Nassau n'avoit este occis dudict coup a luy donne, comme dit est, je de1ibe>a de poursuyvre ma prece'dante deliberation, quoi qu'en deust advenir, esperant de prendere la commodity de ce faire, lorsquo mondict seigneur le compte de Mansfelt seroit au camp, proche de quelque lieu oil ledict prince d'Orange seroit, et me partir ( 13 ) secretement dudict camp, pour venir pardevers icelluy prince, et faire semblant que je serois de 1'irreligion, comme il est , et luy presenter certains cachetz vollans, insculptez en c.aire rouge, avec I'auneau dudict seigneur compte, lequel j'ay lieu en main maintes f'ois, comme estant clercq et ecrivant soubz ledict Duprel, son secre- taire, ayant de ma propre meutte fait lesdicts cachetz, a 1'insceti dudict Duprel etde tout aultre,et estimoistrouver acces en la maison dudict de Nassau au moyen desdicts cachetz, pour, en temps oppor- tun, executer stir sa persone ladicte sentence, avec le moindre danger qu'il me seroit possible. Selon ceste invete're deliberation, je demanda mon conge" audict Duprel, y a hen ung an au mois de juin dernier passe , et fut-ce en la villede Diest, lorsque je ne veois apparance d'avoir meilleur commo- dite d'aprocher susdict de Nassau , parce que susdict compte de Mansfelt s'en retournoit, pour les affares de son gouvernement , a Luxembourg; mais je fuz si avant importune dudict secretaire , mon maistre et cousin, que finalement je le suyvis et le servis encoir, esperant (ainsi qu'il me faisoit entendere) que ledict seigneur compte retourneroit de breff audict camp , et deans ung mois. Et veant qu'il luy survenoit plusieurs affaires, je m'advisa (estant tousjours poin- c.onne de mon entreprinse) de prendre quelque facherie avec mondict maistre , pour le quitter, et, ayant cela fait, j'escrivis ung passe-port pour moy, et le pre"senta a mondict seigneur le compte, pour le signer ; et, 1'ayant prins et leu, il ne me dit aultre chose , sinon qu'il en parleroit a Jehan Duprel. Tant est que je ne peust avoir mon conge. Encoir depuis, je t&cha de me partir dudict lieu de Luxembourg, pour venir tousjours poursuyvre mon entreprinse. Mais advint alors que mondict maistre trouva qu'on luy avoit robe dans son coffre quatre cens cinquante escuz : a ceste cause, pour me ne rendre suspect d'avoir fait ce larcin, je demoura encoir audict service. Et s'eslant ledict argent retrouve, je cherchois toutes les occasions pour m'en venir trouver ledict de Nassau : comme, lorsque les compa- gnies de Vallons, qu'estoient au pays de Luxembourg, furent man- dees au Pais-Bas, je voulu marcher avec; mais j'en fus encoir empesche par la maladie dudict Duprel , mon maistre et cousin (U) laquelle dura dez huict jours devant Noel jusques audict jour, et 15 jours apres a se refaire. Finalement, veant aparance de beau temps an mois de mars dernier, je pris mon conge de moy-mesme, et me partiz dudict service, a 1'insceu de mondict seigneur le compte de Mansfelt, et contre le gre et volunte de sondict secretaire , mon maistre, auquel je dis adieu, et luy faisois entendre que je m'en alois en Espagnes. Et , avant que de venir par decji, pour ne proceder en ma delibe- ration en quelque sorte que tournast au prejudice du service du Roy, aussi pour vuyder les scrupules que j'avois en ma conscience, je m'en alia en la cite" de Treves, ou j'ay de'clare', en confession, a ung certain personage, liomrne de bien et docte, qui est de la com- pagnie de Jhesus, resident au college dudict Treves , toutentiere- ment le fait de madicte deliberation , et luy monstra ce de cachetz que j'avois pour apporter par de^a , luy priant de le lenir secret jusques aux Pasques lors prouchaines, et que alors il le feisse sgavoir a mondict seigneur le compte de Mansfellet. Et s'efforga ledict pere je"suiste de m'oster de tesle ceste mienne deliberation, pour les dan- gers et inconveniens qu'il m'allegoiten pourroient survenir, au pre"- judice du service de Dieu et du Roy, par le moyen desdicls cachetz vollans; disant, au reste, qu'il ne se mesloit pas voluntiers de telz affaires, ny pareillement tous ceulx de leurdicte coinpagnie. El, par son advis et admonition, j'ai fayt entendre rnadicte deliberation a 1'altesse de monseigneur le prince de Parme et de Plaisance, lieute- nant et capitaine general pour le Roy en ses pais d'embas; et fut-ce par une leltre que je compilla en la ville Tournay, et la pre"senta moy-mesme a Sadicte Altesse; mais je n'ay poinct sur ce ose" attendre quelque commandeinent ny responce, craignant qu'il pren- droit de mauvaise part le transport desdicts cachetz vollans. Et par ainsi m'en suis venu, en grand hazard des gens de guerre, tant d'ung cousle que aultre, jusques en ceste ville de Delff, ou j'arriva au mois de may dernier, et m'adressa a de Villers, ministre de la secte de feu Jehan Calvin , sans que j'eusse jamais veil ledict personage : mais je m'asseurois qu'il seroit bien ayse desdicts cachets, aiin de faire quelque emprinse par ceux de sa ligue; et j'avois ceste asseurance, d'austant que c'est le propre de telz impos- ( 15 ) teurs et seducteurs de peuple, comme luy, de s'ayder de faulsetes, pour suyvre leurs affaires per fas et neffa,s, oblians et ne"gligeans la droile voie qni conduit a la vie e"ternelle, pour dominer et estre r^putez grans, ung bien peu de temps, en ce has monde. Est advenu (jue ledict de Villers ne m'a pas trompe de ce que j'estimois de luy : car, aulieu de me taxer de tellefaulsete, il m'a fait traicter aux des- pens dudict prince d'Orange, m'a requis de luy bailler des blanc- seelez, signez soubz le main dudict compte et garnis desdicts cachetz : cequej'ai fait, esperant tousjours trouver mon opportunity d'ex^cuter mon entreprinse. Tant est que ledict Villers me conseilla d'aller en France, avec le Sr Caron, de Barges, et bailler, audict pays, des susdicts cachetz a monsr le mareschal de Biron et autres partisans de feu I'altesse de mons1 le due d'Anjou; mais comme , pendant mon sejour au lieu de Chasteaul-Thie>y , en France, Sadicle Altesse fut lousjours malade, et enfin est de'ce'de, le dixieme du mois passe, audict Chasteaul- Thiery, j'ay este renvoie par dega , a ma requisition , portant lettres dudit Carron , tant pour ledict prince que dtfputez des estas de par dec.a, par lesquelles ilz furent advertis de la mort de Sadicte Altesse. Et des lors j'ay advise tons les moyens qu'ay peu , pour mettre a tin mon entreprinse, et n'en aiant trouvd aultre plus propre que de doiiner ung cop de pistole audict prince d'Oranges , soit quant il yroit au presche, ou quant il viendroit disner en bas, on bien en sortant dudict disne, ct, pour ce faire, j'acheta bier deux pistoles, et, en ayant charge Tune de trois balles et 1'autre de deux, j'ay de jour- d'huy tire et debende celle portant les trois balles contre 1'estomach dudict prince d'Orange; et, pour la re"sistanse qu'ont fait ses halle- bardiers, je n'ay beu la commodite de donner le second cop : dont j'ai regret et desplaisir. Asseurant que, si j'estois pr&sentement a mille lieues long d'icy, je m'efforcerois de retourner par dega, pour suyvre la mort dudict de Nassau, pour austant qu'il est invetere" en son erreur et malice , sans espoir de recipiscence et amendernent : estimant que je ferois sacriffice aggreable a Dieu dc faire le monde qtiitte d'un si nieschant et malheureux homme, qui, par sa seulle ambition et cupidite de dominer et estre repute grand seigneur, sest s&juestre" de la vraye et catholique religion, considerant que ( 16) c'est la le seul moyen de fournir argent aux pauvres subjectz de pays rebelles au Roy : car, sans ce pretexte, il cognoit assez que son regime seroit de pen de duree, et de breff aneanti du tout. Par ainsi je prie a Dieu de bon co3ur de mettre ordre en ces troubles et pre"sentes controverses de la religion, per sa bont£ infmie, afin que lesdicts pauvres subjectz facent service aggreable a Sa Majeste immense, et recognoissent en dehu debvoir le roy calholique, leur prince et seigneur naturel , ainsi que de moi : priant en oultre a Dieu, du plus proffond de mon coeur, qu'il donne a Sadicte Ma- jeste tres-heureuse et longue vie et victorie stir tous ses ennemys, et a moy la grace de inorir paciemment , et avec entiere force et fer- mete, en la vraye et catholique religion. Fait en la prison ou je suis detenu , en la maison des religieuses jadictes, a Delff, le dixieme jour de juillet, 1'an de grace mil cinq cens octante-quatre, soubz mon signe manuel cy-mis, les an, jour et lieu susdict. BALT. GERARD. On le voit, la concordance entre 1'analyse du Verhael et notre piece est parfaite. Le Verhael donne la substance de presque cha- que phrase de la confession avec les mdmes mots qui se trouvent dans notre texte; il cite des termes de 1'original en ajoutant que ce sont les propres expressions de Gerard, et ses termes se re- trouvent dans le document de nos archives. 11 semble difficile de fournir une preuve plus forte, une demonstration plus complete de la parfaite authenticity de ce document. Le Verhael omet plu- sieurs passages de la confession , mais cette omission ne s'explique pas seulement, elle parait meme necessaire du moment ou Ton se rappelle le but de la publication officielle, et qu'on fait attention a la nature des passages supprime"s. La commission devait retrancher et a retranche ce qu'il y avail dans la confession d'insultant a la me- moire du prince d'Orange ou au nouveau culte, elle ne potivait pas reproduire les termes meprisants dans lesquels Ge"rard parle de 1'un deses membres,du prgdicateur Villers; elle devait en general ecarter tout ce qui etait de nature a donner de Fatten tat, et de son auteur, une opinion autre que celle qu'exigeait l'inte>6t de la cause pour (1- ) \n defense de laqiielle le prince avail perdu la vie. QiTon examine tous les passages stipprimes, on n'en trouvera aucun dont 1'omission ne s'explique par un de ces motifs. En presence de cet accord parfait, de cette entiere concordance entre 1'analyse de la confession qui se trouve dans la publication oilicielle et notre texte, croira-t-on demander encore d'autres preuves de 1'autlienticite de celui-ci ? Je ne sais, inais je ne serais pas erabarrasse* d'en fournir. J'appellerai rattention sur la verite intrin- seque, psychologique de la confession : il ne s'y trouve pas un seul mot qui ne s'accorde parfaitement avec ce que nous savons ducarac- tere et des antecedents du meur trier. II y a des choses si intirnement conforrnes a la situation morale ou celui-ci dut se trouver, qu'il est impossible de concevoir qu'un autre que lui ait pu les ecrire. Quoi de plus nature! , de plus profondement et intimement vrai que le sentiment de soulagement que Gerard dit avoir eprouve", lorsqu'il apprit la nouvelle de Fattentat de Jauregui. « Et estant parvenu, » dit-il, en la ville de Luxembourg, au mois de mars suyvant, ou » je se'journa quelque pen de jours, j'entendis illec que un certain » personnage du pa'is de Biscaye avait occis et lue" ledict prince, » desquelles nouvelles je fus fort aise, tant pour estre (come j'esti- » mois) justice faite, que pour avoir excuse de me mettre au danger. » Ce cri de la conscience humaine qui respire quand elle se croit de'livre'e de la necessite" de commeltre un meurtre dicte" par Fexal- talion fanatique, est frappant de verite, et ne saurait etre invent^. Un autre point a examiner de plus pres, dans le cas ou 1'autheu- ticite fut encore serieusement con testae, serai t le langage et 1'or- thographe de la piece, dans lesquels il y a des choses qui peut-etre prouveraient 1'origine bourguignonne de 1'auteur. Je remarque que Gerard termine sans exception la premiere personne du de"fini en a : j'alla, farriva, je demonstra, etc., il aspire des mots qui ne sont pas aspires; il dit lieu pour eu, cop pour coup, per pour par, et ernploie des mots inusite's dans le francos litteraire, tels que eva- fjine pour hors du fourreau, meulte pour mouvement, realement pour re'ellemcnt, etc. II importe de mentionner une derniere difficulte qu'on pourrait soulever : comment, en presence des niesures prescrites par la reso- APP. BULL. 1855. 2 ( 18 ) lution des etats de Hollande du 24- jnillet 1584, la veritable con- fession a-t-elle pu venir dans le commerce? Remarquons d'abord que 1'acte de 1584, quand il ordonne la remise an magistral de Delft, ne mentionne que la remise de la copie, il deTend d'une maniere absolue la communication, 1'inspec- tion ou la lecture de la confession; mais il ne s'exprime pas sur ce que Ton doit faire de ^'original. Nous ne savons absolument pas ce que I'original est devenu , il disparait de 1'histoire. Quand les histo- riens mentionnent la confession, c'est ton jours d'apres ce que le Verhael en dit, et d'apres 1'analyse qu'il en donne. Dans les nombreux auteurs hollandais, espagnols, italiens, fran$ais et allemands que j'ai parcourus, je n'ai trouve rien qui indiquat quaucun d'eux ent eu la confession sous les-yeux. Je n'ai pu renconlrer que deux traces, desquelleson pourraitpeut-elre conclure que, malgre les precautions prises pour empScher que le texte de la confession ne fiit connu, il transpira pourtant quelqtie vague tradilion indiquant line connais- sance plus exacle de son contenu. Ces deux traces assez fugitives sont fournies par Campana et Reijd. Voici ce que dit le premier de ces historiens dans son ouvrage Delia yuerra di Fiandra (12). u Finalmente stretto lo condussero (Balthazar Gerard) prigione. » Dove alcuni giorni con vari tormenti afflitto, per haver altra » confessione che quella, ch' egli senza tormenti scritt' haveva di » sua mano, tosto che lo cominciarono ad essaminare » Cette difference que Campana signale en Ire la confession ecrite, et les re"ponses de Gerard dans les interrogaloires, existe reellement; mais, pour avoir pu la signaler, il fallait avoir lu la confession, on avoir eu d'une autre maniere connaissance tie son contenu. Une autre indication assez singulicre, mais dont il est peut-6tre permis de tirer une forte preuve en faveur de I'authenticile de notre document, se trouve dans les annales de Reijd a 1'annee 159i2. Voici ce que raconte cet auteur a 1'occasion d'une excursion que fit le prince Maurice dans les environs de Wesel sur le Rhin ( 13) : « Ms » hy by Sevener still lach , reedt hy eenen dach met Gr. Willern » ende Hohenlo aen den Eltenerberch jageri , en na by Emmerick » komende , beklaecht hy sich tegen eenige des magistraets aldaer, » dat sy de predicatien van Gods woords , die over de veertich jaren ( 19 ) » daer gheleden waren, verboden , den predicant uitgejaecht ende » dejesuiten wederom ingeplant hadden, afgheseyde en geswoorne » vyanden van de nederlandsche gerechte saeck ende stifters van » alle quade nabuerschap. Die magistral ontschnldicht sich dat » sulks niet haer luyder, dan 't werck van de vorstelyke raden ware. » Volgbenden daechs komen drie van de raden in't legher, gaven te » kennen dat d'instellinghe der jesuiten al by den olden vorts voor- » ghenomen ende nu door zynen soon volbracht ware, verhoo- » fende prinsMaurits, ende die Nederlanden souden hem als eenen » vorst des rycks, die macht had uyt crachte van de religions- » vrede, soodane religie als hy goed vond in syn land te doen oef- » fenen, hier in ghene mael stellen; goede nabuerschap soude niet » te min onderhouden, ende den jesuyters anders niet dan de » schoole bevolen worden. Prins Maurits antwoorde , hy begeerde » den vorst van Cleye in zyne regieringe oite religie gheen regel » voor te schryven, maer dat hy de jesuylen voor ghene nabueren » soude lyden, wiste wel sy des conincks van Spanien verspyers » waren , ende darom soo nae als mogelyk by dese frontieren hae- » ren stoel sochten le stellen; dat sy ook synen vader vermoordt » hadden, daerom hy syn leven lanck haer vyandt wilde blyven, » want de moorder van de prins had bekent dat een geleert gees- » telyk man van de roomsche religie hem had afgheraden, rnaer en » jesuyt le Trier aengelroost. » Dans 1'analyse de la confession telle que le Verhael la donne, Gerard ne dit nulle part qu'un eccl^siastique ait cherche a le de- tourner de son projet; mais dans un des passages de la confession, que la commission a supprimes et qui se retrouvent dans noire texte, Gerard declare s'elre confesse a Treves « a ung certain per- » sonnage, homme de bien et docte, de la compagnie de Jesus » , ce qui res.semble bien au ghelcert gheestelijk man de Reijd, « lequei » jesuite, ajoute-l-il, s'eiforga de m'6ler de l^le cesle mienne d^libe- » ration. » Reijd, en mentionnant celle tenlalive de delourncr G4- rard de ses projels, tentative que le Verhael passe complelement sous silence, devail avoir connaissance de la confession, el, comme ce qu'il en cite, se Irouve precisemenl dans un ties passages retran- ch^s du Verhael et conserves dans noire texte, ne sommes-nous pas ( 30 ) en droit d'y voir line nonvelle et concluanle preuve dc la parfaite authenticity de celui-ci? Le second fait dont parle Reijd, qu'un je- suite aurait encourage Ge*rard, se trouve dans les extraits des inter- rogatoires produits dans le Verhael. S'il faut reconnattre qne nous ne savons rien de certain du sort de 1'original de la confession, savons-nous mieux ce que la copie au- tbentique, deposee, d'apres la resolution du24juillet 1584, entreles mains du magistral de Delft, est devenue? On in'assure que des recherches ont etc failes re"cemment a Delft pour retroiwer cette copie, mais qu'elles sont restees sans re'sultat, et qu'on croit que la piece a etc perdue lors du grand incendie qni detruisit, en 1618, Fh6tel de ville de cette cite. Cela est possible, mais il est egalemenl possible que la copie de la confession ait e"te egaree en cette occasion et soil tombee dans des mains etrangeres, desquelles, dans la suite, elle a passe dans le commerce. Voici ce que je lis dans une description dela ville de Delft, publiee a Delft inejne, en i667, par Dirck Van Blyswyck. L'auteur, apres avoir declare tenir les details sur 1'incen- die de temoins contemporains, raconte ce qui suit : (14) « Yverigli » waren vele burgers in den beginne ook besich, om so veel bet » met mogelyke middelen doenlyk was, te salveren stadts boecken, » papieren en bescheyden, ook schilderyen en al hetgeen eenigh- » sints te behouden was. » La copie de la confession ne peut-elle pas s'etre trouvee parmi les pieces sauvees, et son apparition dans le commerce ne s'explique-t-elle pas alors d'une facon tout a fait plau- sible et naturelle? Avant d'aborder la question de Timportance de la confession an point de vue historique, il est necessaire que je m'occupe des sources autres que le Verhael, dans lesquelles les auteurs contem- porains ont puise leurs recits. En premier lieu, parmi ces sources, se place la publication deja mentionnee et intitulee : Historic Bal- thazar d Gerards, alias Serach, die den tyran van 't Neder landt den prince van Oranyie doorschoten heefl; endc is daerom duer grawwelykc ende vele tormenten binnen de stadt van Delft openbaer- lyh ghedoodt; MDLXXX1HL Cette publication sans nom d'auteur ni lieu d'impression a servi de source et de prototype aux historiens espagnols, exactement (31 ) comme le Verhael a servi do source aux auteurs hollandais. Au point de vue de la critique historique, quoique n'ayant pas de caractere official, elle a autant d'inler^t et d'importance qae le Verhael. L' Historic repre"sente la version, le theme, si je puis m'exprimer ainsi, du parti espagnol sur le meurtre et le roeurtrier. Tous les ecrivains qui appartiennent a ce parti adoptent la relation de I'His- torie, la copient souvent litteralement, sans se preoccuper le moins du monde de son exactitude ou de 1'authenticite des fails qui s'y trouvent relates, pas plus que les ecrivains hollandais n'ont exa- mine" le degre de f'oi que me>ite la narration du Verhael. J'ai donne" une analyse de celui-ci, je vais en faire autant pour V Historic. L'auteur de cette publication, ecrite dans un style plus familier que le Verhael, commence par etablir, en s'appuyant de 1'autorite de Ciceron, que la domination de ceux qui se sont empares du supreme pouvoir par violence ou par sedition , ne dure pas. 11 en trouve une nouvelle preuve dans 1'histoire du prince d'Orange, qu'il raconte fort brievement, et telle qu'elle devait paraitre aux Espagnols, en la terminant par la mention de la sentence de proscription pro- noncee par le roi contre Guillaume. Cette sentence, auxyeux de 1'au- teur, donne a cbacun le droit d'attentera la vie etauxbiensdu prince. Apres avoir raconte" deux tentatives faites dans ce but, 1'auteur arrive sans autre transition a Gerard. 11 connalt celui-ci de bien plus pres que les auteurs du Verhael: il dit que son pere exercait le com- merce, que sa mere e"tait de Besancon, que Ge"rard lui-m^me avait de rinstruction,parlait bienet^tait fort actif dans tout cequ'il enlrepre- nait (14"). D'apres lui, Gerard avait form£, depuis plusieursann^es, le projet de tuer le prince , et, depuis la publication de l'6dit de pro- scription , il s'y etait tout a fait decide. L'auleur passe sous silence le premier sejour de Gerard a Delft, son voyage en France et tout ce qui s'y rattache; il dit seulement, qu'apres la mort du due d'Alen- gon, la reine mere, ayant voulu en donner connaissance a Guil- laume, en avait charg£ Gerard. II fail de celui-ci une espece d'ambas- sadeur, et dit que, pendant quelque temps, il avait compt^ parmi les gentilshommes du prince. Arriv6 a 1'assassinat, 1'auteur cite des par- ticularites qui ne se trouvent pas dans le Verhael, etqui sembleraient protiver qu'il y avait eu des rapports entre lui et Gerard. G'est ainsi ( 22 ) qu'il parle de mesures prises par cclui-ci pour assurer sa fuite apres le meurtre. II raconte 1'assassinat avec des de" tails tout particulierssurla maniere dont le prince a e"te" blesse. Les trois balles dont le pistolel etait charg^, ont perc6 le mantenu du prince du c6te gauche, et lui onl fait sous leseingaudieune plaie large de deuxdoigts; 1'une des balles, apres avoir traverse^ le corps d'outre en outre, en est sortie; les deux autres y sont resides, labourant profondement les intestins (Ufr). Le meurtrier, d'apres 1'auteur, a failli s'e"chapper, il £tait deja pres de la porte, hors de laquelle un cheval 1'attendait, lorsqu'il fut arrete par deux pages qui avaient vu tirer le coup, et qui, en se jetant sur lui et en luttant corps a corps avec lui, donnerent a d'autres domestiques le temps d'accourir. L'auteur menlionne la confession , mais il n'en a qu'une connaissance fort vague, il est Evi- dent qu'il ne 1'a pas vue. « Gerard a demand^, dit il, du papier et » de 1'encre, et a declare" haulement, avec beaucoup de discours no- » toires et avouables devant tout le monde et avec des motifs, la » justice de son projet. » II fait tenir ensuite an meurtrier un Ian- gage qui t^moigne de toute sa fermet6 et donne un recit circon- stancie des tourments qu'on lui fit subir. Cette partie de \Hislorie est ^crite avec une certaine empbase, Tintention de Tauteur de re- presenter Gerard comme un martyr, est manifesto dans le choix et la description des derails, aussi bien que dans la conduite et les paroles qu'il lui pre"te. Gerard, d'apres Y Historic, fut suspendu, dans la nuit qui suivit 1'assassinat, cinq fois au cbevalet, et baitu de verges ; ses plaies furent enduites de miel, et on fit venir un bour pour qu'il les Ie"chat avec sa langue raboteuse. Mais le bouc fit, dit 1'auteur, au corps de Gerard, comme les lions au corps de Daniel : il n'y voulut point toucber. On le garrotta ensuite roule" sur lui- me'me, et le mit dans une curve pour 1'empecber de dormir. Pendant les trois jours suivants on le hissa de^nouveau au cbevalet, les mains liees sur'le dos, on suspendit a cbacun de ses orteils un poids de trois cents livres, et on le laissa pendant une demi-heure dans cette position; au bout de ce temps, on le descendit, on lui mit des souliers fails d'une peau de cbien Ires-rude, trop courts de deux doiijts et bien graisse"s. On le plac_a ainsi cbausse' devant un grand feu et on 1'y laissa jusqu'^ ce que ses pieds fussent tout racornis. (23) L'auteur entre encore dans le detail d'autres tourments des plus af- freux que, d'apres lui, on fit subir au meurtrier, et que celui supporta avec beaucoup de fermete. II le nomine notre Balthazar, notre pieux Balthazar, le ihontre absorbe dans la priere et presque insensible aux plus atroces douleurs, exalte son calme, sa patience, la douceur dont il fit preuve dans les moments de re"pit qu'on lui accordait, rapporte les entretiens qu'il cut pendant ces moments avec les assistants et passe ensuite au re"cit detaille de 1'execulion qui eut lieu, comme le jugement le prescrivait, avec une grande recherche de cruaute". Ce dernier re"cit parait exact , il est conforme aux remits que des te"moins oculaires, non suspects de partialite" pour Gerard, en ont fait. Mais peut-on en dire autant des details horribles sur les tourments auxquels Gerard fut sonmis pendant 1'instruction de son proces? Je ne voudrais pas 1'affirmer absolument; voici cependant ce que je trouve dans les sources. Le \\ juillet 1584, le lendemain de 1'arrestation du meurtrier, les £tats de Hollande prennent la resolution suivante (15) : Is ge- hoordt het rapport van de gecommitteerden op de examinatie van de yevange Balthazar Gerards, die hem hadde doen noemen Francois Guyon, als dat deselve op de laatse torture niet meer en hadde bele- den , dan in de voorgaende ende dat apparentelyk met geene tormen- len denselven iet verder sal moogen werden geextorqueert , of daar- omme tot exemplare straffs en executie niet geprocedert souden mogen weerden. Waerop verklart is en gheresolveert, dat overmiets veele steden alsnog niet en waren angekomen, dat men als nog vier ofvyf dagen met de voorseyde executie sal supersedeeren , en middlertyden den scherpregter van Utrecht sal ontbooden werden, om nog eens tot scherper examen te procedeeren. II existe une seconde resolution des 6tats de Hollande, de la- quelle il resulte que les tortures furent renouvele'es encore la veille de la mort de Gerard ( 16) : Zyn gecommitteerd deselve die op de exa- minatie van den moortdader syn geivest , ornme vorts te procedeeren tot andere examinatie , ende ook met die van den geregte van Delf, tot uitterlyke sententie van de stra/fe en de executie, die exemplarlyk over den voernoeniden moortdader gedaan sal werden. Par les extraits des interrogatoires qui se trouvent dans le Ver- had, on voit que Gerard a e"tc" applique a differenles reprises a la question ordinaire et extraordinaire, et les sommes fort elevens ac- cord^es par les etats de Hollande aux exe"cuteurs des hautes oeuvres, qui furent employes a sa torture et a son execution, montrent qu'on leur avail demande plus qu'un service ordinaire. Voici, en effet, une resolution prise sous la date du 16 juillet 1584 (17), par les etats de Hollande : Zyn gepasscert : meester Jacob Michielsz, scherprechter van Utrecht, sestig ponden, ende meester Willem Willemsz, scherp- rechter, vyftig ponden, uit sake van de torture ende executie by hem aan den moordenaer gedaen (1 7"). Je mentionnerai en dernier lieu les relations de ternoins oculaires, appartenant an parti hollandais et, par consequent, peu portes en faveur du meurtrier. J'ai trouve dans un manuscrit de la bibliothe- que de la ville de Mons, sur lequel je donnerai plus loin de plus am- ples details, une piece intitulee : Translat de certain extrait dune lettre escrite en flamen (sic) en la ville de Delft I'onzieme de juillet 84 , par Cornille Aertssens , pensionnaire de Bruxelles, a ceux du magis- tral illec, touchant la torture de Balthazar Gerard. La meme piece existe aussi dans un manuscrit de la hibliolheque royale (fonds Van Hulthem), et comme, dans le dernier, le texte de la piece est plus complet, je vais le reproduire d'apres le manuscrit de Bruxelles (18). EXTRAIT D'CNE RELATION FAITE A CEUX DU MAGISTRAT DE BRUXELLES PAR CORNEILLE AERTSSENS, ALORS LEUR GREFFIER , ET ENSUITE DES E^TATS GENERAUX DE DELFT, LE il JUILLET 1881. Nobles discrets et Seigneurs , fat escript a, Vos Seigneuries seule- ment que Son Excellence estoit griefvement blcsse, et en danger de mourir, ce quefai fait saivant la resolution de mexseignetirs les estats generaulx; mais il faut que Vos Seiyneuries par ceste entendent avec grand regret, que Sadicte Excellence, apres avoir recu le coup qui lui a este donne sous la mamelle gauche , est trepasse et flni en Dieu, naiantparlc auhre chose que ces nwts bien haults: « Mon Dieu, aiez pitie de mon ame )>, et apres, « Aiez pitt'e de ce pauvre peuple », demeurans les deux dernier s mots quasi en la bouche , dont par toute la ville on est en grand deuil, tellement que les petits en fans en pleu- rent par les rues, etc. ( 25 ) Post-scriplum ajoute' a la m&me relation : fai este toute cette nuit et devant diner present a la torture du malfaiteur, main rial omj de ma vie une plus yrande resolution d'hommeni Constance, Una oncquesdit a ay my », mats en toustour- mens il s'est tenu sans dire mot , et sur tous intcrrogatoires a respond Men a propos el avcc bonne suite , disant quelquefois : « Que voulez- vous faire de moi? Je suis resolu de mourir, aussi d'une mort cruelle, queje neusse laisse mon cntreprise, ni encore sifelois libre, la lais- seroie , combien queje deusse mourir mille morts. » Et n'a-t-on tire de luy aultre chose, seulement quil a ddtnent son entreprise avec d'As'son- ville, par avis precedent du prince de Panne. Les estats estoient bien en peine, doubtant quil eust ete" employe d'un aultre coste, mais, Dieu merci, lecontraire est tout noloire, sur quoy i'on prend bon courage. C'est le mesme qui a apporte la nouvelle de la mort de son Alteze (le due d'Alemon}. II confesse quil a fait en France tout plain de mau- vaises pieces en la maison de Caron, a fin d-estre envoye du meme par deed avec lesdictcs nouvclles , ou par aultre occasion pour exe- culer son entreprise. 11 prend son pretexte sur ce que S. E. auroit rompu la pacification de Gand et pour remettre au pays la religion catholique romaine, comme elle I'a este il y a trente ans. Dans les monies manuscrits je Irouve 1'extrait d'une seconde lettre d'Aertssens, ou il fait le re"cit de 1'ex^cution. Comme ce re"cit est, autant que je sache, in vre homme. Quand tout est dis n'a tue qu'un bomme, et on le fait » mourir de mille morls. » Les bourgeois oyant ce propos la pous- » serent arriere, avec injures. Ceux qui estoyent un petit plus loin, » oyans un bruit qui se menoit, ne sachant que c'estoit, cornmen- » cerent a s'esmouvoir et a murmtirer, aucuris cryant arme et le > tambourin touschant. Cest assassin estant ja couche sur le bane, » les bourreaux avoient peur, sur le point de le quitter et luy a se » vouloir lever et fuyr, surquoi le magistral cria aux bourreaux » que ce n'estoit rien el qu'ils fissent leur devoir. II est a croire, si » c'eust este quelque trouble et qu'il eust e"le abandonne seul sur » reschaffaiilt, que mal en point qiul fut, il eust tacbe' a se sauver, » tant y a que tons les lourments qu'on luy fil jamais , il ne crya » point ni fu sernblant sentir aucune douleur, a quoi il s'estoit » resolu , et mesmes s'en estoit vante" , dez qu'il estoil sur la geine. » ( 28 ) Apres celte digression, qui m'a paru ne*cessaire afin deconstater la ve"racite" de Y Historic, revenons aux questions concernant plus specialement cette publication. Differentes circonstances rendent tres-probable que Y Historic a etc ecrite a Delft, par un homme fort devout au parti espagnol. L'auleur, en parlant du convent de Ste-Agathe, cite des particularity's toutes locales, il paratt avoir Goiinu personneilement Balthazar Gerard, et ne dit assur&nent pas tout ce qu'il savait de lui et de son projet. Les auteurs espagnols qui copient son recit ont soin d'ajouter que ce recit provient de personnes pre"sentes sur les lieux et qui assisterent a tout (20). Haraeus, apres avoir reproduit la substance de ce que Y Historic rapporte de rexecution, dit expresse"ment (2!) : « Hoc certamen » Balthasaris Gerardi Burgundi, 27 annorum juvenis, ut a fide )> digno viro Delfensi nobis est relatum. » S'il etait perrnis d'e*- mettre, une conjecture, voici ce que je dirais : il est infiniment pro- bable qu'Alexandre Farnese entretenait a Delft des e"missaires charges de surveiller le prince d'Orange, de lenir Farnese au cou- rant de ce qui se passait autour de celui-ci, aux etats et ailleurs, et je croirai volon tiers que c'est avec un de ces hommes que Gerard se trouvait avoir eu des rapports fort cache's et secrets sans doute, mais toujours des rapporls. Apres la niort de Gerard , cet homme s'eni- pressa de publier le re"cit du fait, en ayant soin de lui donner le caractere qui convenait le mieux aux interns de son parti. J'avais forme cette conjecture, lorsque je fis une decouverte assez curieuse, qui parait bien la confirmer. Tl existe, a la bibliotheque de la ville de Mons, un nianuscrit intitule : Recoe'd de cc qui est advenu plus digne de mcmoire depuis I' an de salut 1575 jusques a Van 1 585, qualriesme volume. Tout recoeille par Jean Ballin, reliyieux a Clcr- maretz-lez-S^Omer. Ballin raconte un certain nombre d'evene- ments de celle epoque d'apres des sources qui meritent toute Tatten- tion de Thistorien; arrive a la mort du prince d'Orange, il donne un long re"cit intitule : Le glorieux et triumphant marlyre de Balthazar Gerard, Bourguignon : sa tres-hcureuse issue de ceste vie advea-ue en la ville de Delft en Hollande, le 14 de juillet 1584, apres quit eust execute la sentence de mort donnee par le rot nostrc sire , comte de Flandre , Holande , etc. , a I'enconire de Guillaumc de Nassau , jadis prince d'Oranye, convaiacu de crime de lese-tnajcsle divine ct hu- maine, vraye peste et ennemi de la re'publique cliretienne,et flambeau de tons les troubles de ces Pais-Has : le lout traduit du latin. » En 1'examinant de plus pros, je constatai que ce recil n'est en graride partie que la traduction en frangais du texte hollandais de Y His- toric. Le traducteur a change en quelques endroils la place et 1'ordre des phrases, et remplace 1'exorde de 1'auteur hollandais par des considerations pieuses, mais an fond c'est le meme £crit. A la lin du recit, apres avoir mentionn£ le jour et 1'hciire de 1'ex^cutiori de Gerard , Ballin ajoute : Le meme jour que un homme fidele et QCCuUement catholique escrivit ce discours, et, quelques lignes plus loin, se trouve, sous forme d'un post-scriptum, la notice sui- vante : Le discours ci-dessus a este escrit en latin en la ville de Delft en Hollande par quelque homme docte et fidele, ay ant este present a {'execution, lemoiny de veue, et depuis envoy e par deed es mains de quelque (/rand personnaye en court, lequel a eu soiuy de le faire tra- duire en /rancais. A Dieu soil la yloire (22). N'est-on pas en droit de conclure de tout ceci, que I'homme docte et lidele, occultement catholique, qui se trouve a Delft, as- siste a 1'execution et envoie a la cour un recit circonvStancie de lout 1'ev^nenient, ^tait un agent du prince de Parme? La relation de YHistorie a servi aux historiens espagnols de source principale, on peut dire unique, pour tout ce qui concerne les circonstances du crime, du proces et de {'execution de Balthazar Gerard. Les uns la reproduisent mot a mot, d'autres en donnent des extraits, d'autres encore transcrivent les fails et les particula- rites qu'elle renferme , en changeant seulement la forme et les termes de la narration. Herrera, le plus ancien et le plus estime" de ces auteurs, traduit litteralement le r£cit de YHistorie, il y ajoute tout au plus. deux ou trois lignes pour dire que Gerard repoussa les ministres calvinistes qu'on lui avail envoye"s (23). Cette reproduc- tion litterale s'explique, du reste, parfaitement. Herrera avail etc nomine par Philippe II coronisla major de las Indios; en cette qua- lite, il puisait aux sources oflicielles. Des lors , quoi de plus nalurel que, Alexandre Farnese ayant envoy^ a Madrid le rapport de son ( 50 ) agent de Delft sur I'^v^nement, Herrera en ait eu connaissance et Tail traduit et inse're' dans son ouvrage, d'autant plus que le ton et les tendances de Yflistorie s'aecordent parfaitement avec le ton et les tendances de YHistoria del mundo en el reynado del rey don Phelipe II. Herrera exerc,a une tres-grande influence sur lesauteursespagnols qui ont ecrit 1'histoire de ces temps apres lui. Carnero le copie litte- ralement, mot pour mot (24). Don Francisco Lanario de Garpiniano, dans 1'edition italienne aussi bien que dans celle faite en espagnol de son histoire des guerres de Flandre, donne tres-brievement la substance du re"cit de Herrera (25). Le pen de details que Miniana, le continuateur de Mariana, produit sur T^venement, ont e"te em- pr ante's encore a Yffifstorie (26). Ferreras n'en parle qu'en passant et mentionne a peine le fait. Parmi les e"crivains du parti royaliste, Haraeus merite une men- tion particuliere (27). 11 ne connait que fort inexactement les antecedents de Gerard, qu'il dit avoir ete attache" au due d'Alenyon, apres avoir servi le prince d'Orange; mais par centre il est tres- bien inforrne de ce qui s'est passe" apres le crime. II suit en general YHistorie com me les autres ecrivainsde son parti, rnais il donne en m^me temps des details qu'aucun atitre auteur ne produit, et qu'il ne pouvait lenir que d'une personne an courant de la tradition locale de Delft. G'est ainsi qu'il cite une circonstance assez particu- liere: d'apres lui, la commission, charged d'instrtiire le proces du meurtrier et de le juger, aurait voulu le detenir plus longtemps en prison, mais le grand conseil, craignant un soulevement du peuple, aurait envoye, des le 13, Tordre en la prison de preparer Texecu- tion pour le lendemain. Ge detail est parfaitement d'accord avec les resolutions des etats de Hollande, du II et du 13 juillet, que j'ai cities plus baut. Le dernier des auteurs contemporains de ce parti qu'il convient de mentionner est de Tassis (28). Dans ses Commen- larii de tumullibus Belgicis sui temporis , il parle de 1'assassinat du prince, mais sans details particuliers et se bornant a relever, dans le sens de YHistorie, le courage et la fermete" de Gerard. Avant de passer aux recits des auteurs Strangers, je dois dire uu mot de quelques publications qui parurent apres r^venemerit, et ( 51 ) dans lesquelles on pourrait espe"rer peut-6tre de renconlrer des sources inde"pendantes du Verhael et de YHislorie. Je n'en ai Irouve" indiquees que deux qui me'ritent line mention spe"ciale. 11 exisle, a la bibliotheque de La Haye, une brochure de 51 pages, pelit in -4° et intituled : Cort Verhael van de moort ghedaen aen den •persoone van den seer door luchtiy hen prince van Orangien; anno MDLXXXllU. Je n'ai pas \u celte brochure, mais je ne pense pas qifelle renferme des fails nouveaux ou imporlanls qui ne se tro.uve- raient pas deja dans le Verhael. Les historiens hollandais devaienl avoir connaissance de cette publication, et, comme ilscitent et repro- duisent uniquement le Verhael, il est a presumer que le Cort Ver- hael ne conlient rien de parliculier sur I'^v^nement. Dans la bibliographic Douaisienne publie"e, en 1845, par M. Du- thilloeul (29), je trouve mentionnee une brochure in- 12 de56 pages, intilulee : Le glorieux el triomphant martyre de Balthazar Gerard avenu en la ville de Dcffl en Hollande , le XlllJ* jour de juillet 1584 ; ensemble le tombeau de Guillaume de Nassau, jadis prince d'Orenge lermine audict lieu, le Xdudict mois de juillet audict an 1584. Cette brochure paralt etre extr^mement rare, comme le sont du reste Joules celles qui ont paru sur I'assassinat de Guillaurae. M. Duthil- loeul n'en cite qu'un seul exemplaire. Je ne 1'ai pas vu, mais en rap- prochant son litre de la suscription qui se trouve en tele de la piece du manuscrit de Ballin , je dois soup^onner que le glorieux et triom- phant martyre n'est autre chose qu'une traductiou frangaise de \Historie. M. Duthilloeul cite encore un ecrit public a Rome en 1584, sous le litre de : Batthazari Gherardi Borgondi morte e costanza per haver ammazzato il principe rf' Orange. 11 se pour- rait fort bien que ce ne fut encore qu'une edition de fHislorie en i I alien. Je passe mainterianl aux recits des auleurs contemporains, fran- cais, allernands el ilaliens. A la l^te des auteurs francais, il convienl de placer Kichard Dinolh de Coutances, dont I'ouvrage parut, en 1586, sous le litre : de Bella Belgico libri VI (30). deux ans apres r^v^ncnient. Dinolh, en ge*ne*ral assez impartial, donne le recit de Y Historic sans ajouter d'aulres details. De Thoux se borne a traduire le Verhael en latin , il n'ajoule rien , et n'en retranche que les fails qui ne se rapportent pas dircctement a 1'assassinat du prince (51). Brant6me est etonnant, je sais que le mot ne convicnt guere a la gravite du sujet, mais, en verite, je n'en trouve pas d'autre pour qualifier 1'inconcevable credulite de cet auteur. Qu'on ecoute plutdt. Brant6me commence par indiquer ses sources : il ticnt ce re"cit, dit-il, d'un gentilbomme qui £tait a Delft et de nouvelles qui vinrenl a la cour, ou lui Brantome se trouvait an moment de I'e've'nement. Gerard arriva pres de Guillaume cl' Orange , « tout gueusement ha- bille et tout malolru , » se donnant pour le fils d'un certain Briel qui avail etc" an service du prince, et pendu a la suite d'une entre- prise centre la ville d'Orange. Guillaume le rec^it a son service, lui lit apprendre a ecrire par ses secretaires, a le fit tres-bien habiller et le mettre bien en point; « Gerard finit par devenir secretaire du prince et, apres 1'avoir servi fidelement pendant cinq ans, il forma le projet de le tuer. Un jour, apres avoir epie le tenjps et 1'occasion, il entre dans le cabinet du prince ou celui-ci s'etait retirti apres son diner, tenant a la main un grand fatras de lettres a signer, decharge un pistolet sur Guillaume et lui donne trois ou quatre coups de dague. II sort ensuite sans que personne se soil aperc.u du crime, engage a la porte un entretien avec le capitaine des gardes pour lui donnerle change, monte un cheval d'Espagne, qu'on lui tenait pr£t et sen va le plus vite qu'il peut. D'un temps de galop il arrive a Dordrecht; mais la, par malheur, il doit s'arr^ter, le bateau de pas- sage se trouvant de 1'autre c6te de 1'eau. Pendant ce temps, on a enfin decouvert le crime a Delft, le capilaine et les gardes du prince courent apres le ineurtrier, arrivent a Dordrecht et trouvent sur le port Gerard, qui attend apres le bateau. Il est arre"le, et « on s'6- » tonna, dit Brantome, qu'il ne se precipitat pas a la mer (a Dor- )> drecht!), lui et son cheval. » On fit son proces, il fut condamne a mort, eut la gene ordinaire et extraordinaire, et on mil dix-huit jours a 1'executer (33). Le premier jour on lui brula la main dont il avait fait le coup, le lendeinain on lui coupa le bras, « lequel etant » lornbe a ses pieds, lui tout constamment le poussa du pied du » haul en has de 1'echafaud , » le troisieme jour il fut tenaille" , et ainsi de suite jusqu'au dix-huitieme, oil il eut encore un enlretien avec le bourreau, apres quoi il fut etrangle. « Le gentilhomme qui » vit lout, (lit Brantdme, me 1'a ainsi raconte" et telles nouvelles » arriverent a la cour a Paris. » Voila bien un my the en plein XVIC siecle , ou bien n'est-ce que le recit d'un Gascon raconte" par un autre Gascon ! Parmi les auteurs allemands, il y en a deux qui doivent fixer I'altention : Tun, parco qu'il est contemporain , et que son ou- vrage s'occupe specialement des e"venements qui eurent lieu dans les Pays-Bas; 1'autre, a cause de sa position e"levee qui lui don- nait un acces plus complet aux sources; tons deux donnent des recitsde'tailles des fails. Le premier est Wilhelm Mai, de Goettingen, qui publia, en 1594, a Cologne, un ouvrage intitule" : Polemogra- phia belgica, dans lequel il raconte les evenements d'une maniere assez impartiale, et la plupart du temps d'apres des documents con- lemporains. Arrive" a la mort de Guillaume d'Orange, il Iraduit d'abord litteralement le Verhael, et reproduit ensuite \ Historic, d'apres un exemplaire, dit-il, imprime a Cologne (34). II paraitrait, d'apres cela , que \' Historic, dont nous connaissons deja un texte latin , un texte frangais et une traduction hollandaise, cut aussi line Edition allemande. A part quelques reflexions generates tout a fait insignifiantes, Mai ne fait absolument que transcrire les rela- tions des deux parties. Cette impartiality lui attire les vifs reproches de Van Reyd , qui , dans la preface de son ouvrage intitule : Van de voornaemsten yeschiedenissen in de Nederlande en elders, appelle Mai eenen Sax van Goltingen die nu visch dann vleesch is. Le second historien allemand qui merite d'etre cite, est le comte Khevenhuller. II parle, dans le second volume de ses c^lebres Annales Ferdinandei (55) , longuement de 1'assassinat du prince d'Orange, mais il se borne a copier le Verhael; je le soupc,onne m6me de ne s'etre donne d'autre peine que celle de Iraduire en alle- mand 1'extrait du Verhael, que de Thou avant lui avail traduit du frangais ou du hollandais en latin. Les Italiens sont en general moins explicites que les Allemands. Campana puise dans les deux sources (56) : dans le Verhael pour raconler 1'evenernent, et dans Yffistorie pour exalter le courage et la fermete" du meurtrier, et pour fa ire connaitre les motifs de son action. Le cardinal Bentivoglio se contente de caractdriser en traits APP. BULL. i8r,5. 5 ( 3*) lout a fait ge'ne'raux le meurlre et le meurtrier, et s'applique plus particulierement a modifier quelques opinions erronees qui avaient cours sur les motifs de Gerard (57); Strada donne succincteinent la substance de la version espagnole sur l^venement (58). Constatons maintenant ce qui resulte de cette longue revue d'his- toriens contemporains. II en ressort, me semble-t-il, que la tradi- tion historique sur 1'assassinat de Guillaume d'Orange, sur les cir- conslances qui out accompagne" 1'evenement, les particularity's qui concernentla personne du meurtrier, son proces el son execution , s'est forme'e d'apres deux sources princi pales, le Verhael et \ His- toric, auxquelles viennent se joindre quelques rares traditions locales, conservces par un petit nomhre d'e*crivains et portant sur des fails d'une importance secondaire. Cette iradition historique ne soccupe, qu'on le remarque bien, que du cote" exterieur, apparent, de Tevenemenl; elle louche pen ou point a une question infiniment plus imporlanle pour I'histoire, telle que nous la concevons et telle qu'elle pent £tre faite aujour- d'hui. Celte question est celle de savoir quelle fut la part du gou- vernement espagnol dans 1'assassinat du prince d'Orange? La plu- parl des hisloriens hollandais se sont pen appliques a -rechercher cette part; sous 1'impression de Feve'nemenl et de ce que Ton disait 6tre les aveux de 1'assassin, 1'opinion attribua au roi Philippe II, lui-me'me, le meurtre. Voici ce qu'ecrivit, immediatement apres la mort du prince, un proche parent de Guillaume , le comle Philippe de Nassau, a son pere Jean de Nassau (39) : « Puisqu'il a pleu a » nostre bon Dieu de relirer monseigneur le prince de ce monde j» izi, lequel non-seulement est ung grande perle pour nous autres, » mais aussi pour lout le pays par dec,a, plus que je ne serois » escrire, mais d'atitanl que sc.al est^ la volont4 a Dieu, il en fault » avoir la pacience et le prier de mainlenir les affaires en ung bon » estat, affin de pouvoir r^sister a ung lei lirannique roy, letjuel » n'a poinl seu vencqre ce bon prince par gores, mais par ihreisons » et par ung mortrir. » Le public et un grand nombre d'auteurs hollandais el clrangers adoplerent cette opinion, sans songer a examiner de plus pres, el aulanl que les moyens dont on disposait alors le permetlaienl, les fondements sur lesquels elle repose ; on ( 35 ) alia tout au plus jusqifa reproduire les quelques mots que Strada dit de Fintervenlion du prince de Parme, mais, dans 1'ignorance de fails precis, on resta dans le vague. Cetle absence de recherches plus completes a de quoi e"tonner, surtout quand on corisidere que pen d'annees apres l'4venemenl, et des le commencement du XVIle siecle, les auteurs espagnols, qu'on pourrait croire interess^s a taire pluldt la verite sur la question, 1'ont dite avec une precision de details et de noms propres, qui con- traste singulierement avec les assertions vagues et incertaines des auteurs hollandais. La sincerite des Espagnols dans une question de cette nature n'a toutefois rien d'e"tonnant : elle est la consequence, en quelque sorte, n^cessaire de la maniere dont le parti espagnol envisageait en general le meurtre du prince. Ce meurtre, aux yeux des Espa- gnols, n'est pas une action criminelle, cest l'exe>,ulion d'une sen- tence parfaitement reguliere et legale, rendue par le juge compe- tent, et il n'y a lieu pour personne de cacher ce qui a £te fait, pour assurer son cours a la justice du Roi. Pour cette opinion, Gerard est un homme courageux, si ce n'est pas un martyr, qui a bien merite" du Roi et du pays, et qui a droit a la reconnaissance de tons. Et ce ne sent pas seulement quelques ecrivains exaltes ou interesse"s qui pensent et parlent ainsi, c'est 1'opinion des personnes les plus eminentes. Je trouve dans un manuscrit de la Bibliotheque royale, renfermant 1'analyse de lettres et pieces diplomatiques de Charles V, Philippe II et des ambassadeurs, le resume" d'une lettre du car- dinal Granvelle au prieur de Bellefontaine, du 23 juillet 1584, pen de temps apres le meurtre du prince. Dans cette lettre Gran- velle parle tres-bien de Gerard , et regarde son action comme he- roique (40). La ve>ite" dite d'abord par les historiens espagnols, nous pouvons la completer et la mettre a Tabri de tout doute par des documents qui existent dans nos archives et nos bibliotheques. Ces documents ne confirment pas seulement le recit des Espagnols , ils nous per- mettent encore de verifier Inexactitude des assertions contenues dans la confession de Gerard , et de supplier aux reticences a Taide des- quelles celui-ci cherche parfois a voiler une partie de la verite. Je ( 36 ) vais, en m'appuyant de ces documents, essayer d'elablir les tails en suivaiit et en conmientant la confession de Gerard. Gerard commence par declarer son veritable nom, qu'on ignorait a Delft, an moment de 1'assassinat, et le lieu de sa naissance. A pro- pos de sa qualite de Bouguignon, je ne puis m'empecher d'indiquef le rapprochement que voici. Le manuscrit precil£ dela Bibliotheque royale renferme aussi 1'analyse de la correspondance de Granvelle d^posee a Besan^on ; au snjel d'une lettre du cardinal ecrite au mois de Janvier 1585, et conservee au 53° volume de ses papiers d'E- tat, je trouve la notice suivante : « Gaspard Anastro (qui fut 1'in- > stigateur de la tentative d'assassiner le prince d'Orange, faite en » 1582 par le biscayen Jauregui), s'e"tait retire aupres du prevdt » Foncq, qui etait natif de Bourgogne, et qui avait etc place par » Granvelle aupres de Philippe II, com me secretaire. » « Foncq, dit » la notice, etait fache de ce que 1'assassin avait manque son coup, » et souhaitait qu'il parut une Judith parmi sa parente" pour tuer » cet Holopherne. » Moins de deux ans apres, le V03U du secretaire de Philippe II etait rempli, non par quelqu'un de sa parente, mais bien par un de ses compatriotes. Gerard aflirme, au debut de sa confession, qu'il avait con^u depuis six ans, et me'me depuis plus longtemps, le projet de tuer le prince, et il n'existe aucune raison de douter de la verite de cette assertion. Elle detruit 1'opinion g^neralement re^ue, que Tidee du meurtre se- rait venue au meurtrier a la suite de la publication de 1'edit de pro- scription. S'il fauten croire la declaration faite par lui, pendant qu'on Je mettait a la torture une troisieme fois, la veille de sa mort, alors qinl ^lait de"ja brise par les tortures pr^cedentes, il aurait commis le meurtre pour devenir riche; mais, quand meme cela serait vrai , il n'en resulterait rigoureusement qu'une chose : c'est que la per- spective du prix promis dans 1'edil de proscription aurait muri en lui le projet conc,u bien ant^rieurement. Gerard dit qu'il quitta la Bourgogne au mois de fevrier 1582, et qu'il arriva au Luxembourg au mois de mars suivant; il y sejourna quelques jours, et c'est la qu'il apprit Tattentat de Jauregui. Les dates sont exactes, la ten tali vcdece dernier eutlieu le 18 mars 1585. Le bruit de la mort du prince ayant couru longtemps, Gerard entra ( 37 ) au service de son cousin Jelinn Duprel , qui e*tait secretaire du comte de Mansfeld, gouverneur de Luxembourg. Lorsqu'il apprend que Guillaume d'Orange n'est pas mort, il demande un conge" au mois de mars 1585, a Diest, au moment ou le comte de Mansfeld va retour- ner a Luxembourg pour affaires de son gouvernement : ces indica- tions s'accordent encore parfaitement avec les fails. Pierre Ernest de Mansfeld avail pris Diest le 28 mai, et mis, au commencement de juin, le siege devant le chateau de Westerloo. Le conge demands' est refuse a Gerard, son maitre le retient et divers incidents 1'empe'chent de le quitter. Ce n'est qu'au mois demars d584 qu'il part: « Finale- » ment, dit-il, veant apparance de beau temps au mois de mars » dernier, je pris mon conge de moy-mesme, et me partiz dudict » service, a 1'insceu de mondict seigneur le compte de Mansfelt et » contre le gre" et volunte" de sondict secretaire, mon maistre, au- » quel je dis adieu , et luy faisois entendre que je m'en alois en » Espagnes. » Ici, je crois, Gerard ne dit pas la verite. On verra tout a 1'heure que le comte de Mansfeld le recommanda au prince de Parme, et il est probable qu'avant de partir, Gerard lui avait parle de son projet. Apres 1'incident de Treves, Gerard arrive a Tournay, et fait connaitre son plan a Alexandre Farnese, et « fut-ce, dit-il, par une lettre que » je compilla en la ville de Tournay et la presenta moy-mesme h » Sadicte Altesse; mais je n'ai poinct pu ni ose attendre quelque » commandement ny response, craignant qu'il prendroit de mau- » vaise part le transport desdicts cachelz vollans. » Dans cet endroit la confession de Gerard est pleine de reticences : il devient necessaire, pour contr6ler la veriie' de ses assertions, de faire connaitre le recit de Herrera. Voici ce qu'il dit (41) : « Queda dicho antes como fue declarado por rebelde, por senten- » cia de juezes competentes, el principe de Orange, y condenado a » muerte, pero faltava quien lo executase, y, porque tal enemigo » tuviese castigo, andava el principe de Parma buscando maneras » como quitarle del mundo. Dispacho para esto algunos que se le » venian ofrecer, y entre ellos Balthasar Gerardo, Borgonon natu- » ral de Villafant, secretario del conde Pedro-Ernesto de Mansfelt, » mo^.o de veynte y siete annos, con harta menos esperanza que ( 38) » a los otros, y, con consejo de mons de Hautepena y del conde de » Mansfelt, le di6 el favor y ayuda que havia hecho a los demas, » que todos eran Loreneses, Franceses, Ingleses y Escoceses, cada » nno de por si , sin saver el uno del otro, sin valerse para esto de » Italianos ni Espanoles, por ser muy suspechosos en la corte del » principe de Orange. Mostro este valeroso mancevo gran voluntad » de emprender este hecho, y afirm6 que avia siete annos que lodes- » seava, sin temer el peligro de la muerte, por librar la patria de » las manos de un hombre quebrantador de la fee y traydor a su » principe, y que con achaque y son de libertad priv6 de la eterna » a tantas y tan ynnumerabile multitud de animas, y a los cuerpos » de la temporal y bienes de fortuna. » Este mancevo pues, bien endotrinado, eloquente y en sus hechos » de una prudencia y destreza sennalada, tomando del principe de » Parma los recaudos que huvo menester, fue a Holanda a la ciudad » de Delft, adonde residia el principe de Orange, so color que le » llavava despachos de la reyna madre de Francia, y el aviso de la » muerte del duque de Alan<*on , su hijo, que sucedid en aquel yn- » stante. » Arr£tons-nous un instant a ce recit. Herrera puisait, nous 1'avons dit plus haut, aux meilleures sources; il pouvait, il devait savoir la veYite, et quand il raconte les rapports entre le prince de Parme et le meurtrier de Guillaume d'Orange, je ne vois aucune raison de ne pas ajouter foi a ce qu'il dit. Cela me paralt encore plus impossible quand je considere le fait suivant: En 1575, un Portugais, D. An- tonio Caruero, fut nomme contador de 1'armee espagnole dans les Pays-Bas. Carnero fut en rapports suivis et journaliers, pour ainsi dire, avec le prince de Parme et les principaux chefs de Farmed. Aynnt quill6 le service, il publia une histoire des guerrcs civiles en Flandre depuis 1559 jusqu'eri 1609. Dans la preface de cet 011- vrage, il affirme qu'a partir de 1'an 1585, il ne raconte aucun eve'ne- ment qu'il n'ait vu lui-m^me ou appris de personnes qui y furent pr^sentes (42). Pour les fails qui precederent son arrived a 1'arm^e, et noiamment pour tout ce qui concerne la mort du prince d'O- range, il reproduit litleralement et d'un bout a 1'autre le r6cit de Her- rera. L'aurait-il fait, lui qui devait connattre la verite par sa posi- ( 39 ) lion et par ses rapports, si les choses entre le prince de Parme et Gerard ne s'e*taient pas passes, ou s'&aient passes autrement que le dit Herrera? Pour ceux qui ont lu Carnero, la r^ponse ne saurait 6tre douteuse. Mais j'ai mieux que des raisonnements et des rapprochements pour prouver que la relation de Herrera est exacte. El d'abord le t&noignage d'Alexandre Farnese Iui-m6me. II existe, aux archives du royaume, et dans un manuscrit de la Bibliolheque royale, une lettre du prince de Parme a Philippe 11, dans laquelle il rend compteau roi de ce qu'il a appris du meurtre du prince d'Orange, et des rapports qu'il a eus avec le meurtrier. Voici cette lettre , telle qu'elle se trouve dans le manuscrit de la Bibliotheque royale (43) : RELATION DU DUC DE PARME AU ROY PHILIPPE II, DU 12 AOUT 1584. Sire , Par mes precedentes je n'ai donn& part a f^otre Majestb de la mart d' Oranyes , parce que je n'en estois pas assure , encoires que fen eusse nouvel/es de divers costes : tant y a qu'elle est veritable, /'ayant un jeune homme bourguignon, natif de f^illafan an comte de £ourgogne, nomme Balthasar Gerard, tue d ung coup de pisto/et qui lui donna au venire le 10 du mois de juillet : ledit jeune homme avoit este serviteur quelques annees en la maison du comte de Mansfelt, et, passe trois ou quatre mois, m'avoit commu- nique sa resolution , de laquelle , pour dire la verite ,je tenois peu de compte , pour ce que la disposition du personnaige ne me sembloit promettre emprinse de si grande importance. Toutesfois , je le lais- sois aller , apres V avoir fait exorter par quelques ungz de ceux qui set vent id. Lepovre homme est demenre prisonnier, et Va-t-on tor- ture , et depuis execute , avec les plus cruelz tourmens que I' on ait oncques oy, et sans qu'il ayt monstie aultre chose quune merveilteuse Constance , persistant toujours que rien ne I'aroit meu a ce faire , sinon le desir et zele qu'il avoit de delivrer la chrestiennete d'un subjet si pernicieulx , selon que V. M. sera seroie de veoir par les copies qui vont sijoinctes. L'acte est tel qu'il merite grande louange., ( 40 ) etje me vais informant des parents du deffunct , duquel j'entends le pere et la mere estre encoires pivants, pour appres supplier /^. M. lenr faire le mercede qiiune si genereuse resolution merite. Sire, etc. On le voit, la relation d'Alexandre Farnese est tout a fait con- forme aux paroles de Herrera. « Despach6 con harta menos espe- ranza. » Elle confirme aussi le recit de Strada : « Conceperat » (Gerardus) jam tune animo facinus, quurn proscriplum Oran- » gium audivit, quin et operam in id suam Parmensi obtulerat, » spretusque ut impar, baud desiit tamen. » Mais ce n'est pas tout. II existe tine preuve plus forte, si c'esl possible, plus completement irrecusable encore; nous avons la lettre que Gerard ecrivit au prince de Parme. II en remit Iui-m6me une copie de sa propre main au pere gardien du couvent des Corde- liers a Tournay, qui 1'avait confesse, et duquel il parle dans ses in- terrogatoires. Cette copie fut transcrite pour 1'eveque d'Anvers Mgr de Nelis, et cette transcription , ainsi que celle d'un second document, ^galement de la main de Gerard et dont il sera question tout a 1'heure, se trouve dans un manuscrit de la Bibliotheque royale, et probablement aussi dans un manuscrit de la Bibliotheque de la ville de Mons (44). Voici cette lettre : elle fut ecrite le 20 mars, et d'apresla propre declaration de Gerard, remise a Alexandre Far- nese le 2 1 : M on seigneur j Le vassal ou sujet legitime veut toujours pieferer la justice et volonte de son roy a sa vie et celle des siens; or, est assez notoire la tres- juste sentence du roy catholique, nostre roy et prince souverain, contre Guillaume de Nassau, prornoteur principal des heretiques et rebelles : ncanmoins (hormis le gentil Biscayen defunt) nul d'entre tant de vassaux, soldats , sermteurs que S. M. a en I 'infinite de ses royaumes , pays et provinces, s'est mis en devoir d'effectuer laditte sentence, du moins qu'on sache. Si ce n'est pourtant ainferer qu'ils aient doute dn juste jug ement en cet endroit , car leur generosity connue et desmontree tant de fois ne merite telle odieuse interpre- tation : mats considerant n'ctre seulement necessaire, a ins perni- cieux, sexposer a la mart en vain et sans exploit, Us ont ju- dicieusement retarde ladite execution, laquelle, toutefois, estplusque tres-requise , et avec celerite, pour les raisons que chacun sait; mais, pour y parvenir, font necessairement avoir acces vers la personne du condamne, et la principaletnent consists la difficulte. C'est done a celui qui peut avoir ledit acces de s'evertuer de tout son pouvoir pour extirper ceste peste , postposant, a cetejfet, tout danger a la jus- tice et bonne intention du roy , afin que S. M. soye servie, et que ses ennemis, et les autres envieux de saprosperite, n'aient plus matiere ni argument de sen railler, et d' envoy er les bons serviteurs et sujets d'icelle querir a Borne tin chevalier, puisqite nul entre cux s'o/fre a ce dernier service , pour se precipiter dedans ce gouffre venineux qui, par sa contagion , infecte et tue les antes quant et les corps des pauvers sujets abuses et circonvenus qui lui adherent. Estant de longtemps durement pique et stimule par ces deux points , et poin- sonne extremement de deplaisir et amertume de voir ce malheureux obstine si longuement afuirsonjustejugement, contre Vespoir et desir de tous les gens de bien , com me bon et fidele serciteur de S. M. fay mainte fois, et quasi par inquietude d7 esprit, pourpense aux moyens qui seroient propres pour satisfaire de ma part a ce devoir et service a Dieu et an roy et a la republique, si finalement me suis advise (sous tres-humble correction ) de donner une amorce a ce renard pour avoir acces chez lui, afin de le prendre au trebu- chet en momens opportuns, et si proprement qu'il n'en puisse echapper. Mais d'autant, serenissime prince, que ce moyen exco- gite, voir dejd prepare, importe beaucoup pour la consequence, joint qu'il y intervient de I'incivilite, mais qtioi qu'il est necessaire , je ne I'ai ose ni voulu pratiquer a I'inseu de V . A. et sans I'expres commandement .d'icelle, ajoutant ( sous mcsme correction ) que cela pourra servir non-seulement pour faciliter I' execution susdite, mais aussi pour faire reconnoistre aucuns des espies servans aux enne- mies , et meme quelqu'uns non soupgonnes d'entre les gens du roy , hantans et frequentans iibrement tant es villes et forteresses de robeissance de S. M. qu'au camp, qui pourront avoir des intelli- ( 42) gences et correspondances secretes et proditoires (par la vote d'iceux espies) avec lesdits ennemis , pour prevenir et pourvoir a leurs me- nees , et jointement les attaquer, et chastier ainsi que F. A. trou- vera convent? , a laquelle je declarerai verbal ement et par ecrit le surplus, quand elle sera servie de me le commander, delaissant, pour quelque ban respect, d'en faire mention jusqu'alors; et neanmoins je veux bien encore ajouter que je ne pourchasse de faire cet exploit pour raison du prix et fareur mentionnee en laditte sentence, ne voulant imiter un qui demande prix de son office, et moins encore etre veu si presomptueux que de prefcrer la liberalite immense de S. M . , a ms seririr a icelle perpetnellement de tout mon pouvoir et d'une sincere affection } selon que je suis en ce temps en cet endroit. On Ta vu , le prince de Parme se montra d'abord peu dispos^ a prendre Gdrard au se'rieux; d'apres Herrera ce seraient les recoin- mandations de Haullepenne et de Mansfeld, qui 1'auraient fait revenir sur ce premier sentiment, et qni devinrent ainsi cause que le prince de Parme donna ordre a son conseiller d'Assonleville d'entendre Gerard. D'Assonleville vit alors celui-ci, 1'interrogea sur le contenu de sa lettre du 20 mars, et lui demanda de lui remettre par ecrit une declaration detaillee des moyens qu'il se proposait de mettre en O3uvre pour gagner la confiance du prince d'Orange, et ensuite ex^cuter son dessein. Gerard re"digea cette declaration le di avril, et la remit le meme jour a d'Assonleville, qui la commu- niqua au prince. En voici le texte : Monsieur d'Assonrille, conseiller au conseil d'Estat du roy, aiant par commission de S. //., lieutenant et capitaine general de S. M. , interroge Balthasar Gerard sousigne, sur le contenu de ma lettre du 20 mars dernier presente a S. A., et nommement sur les deux points, I'un touchant I'acces pour parvenir a rexecution de la .sen- tence de S M. contre Guillaume de Nassau , Vautre concernant les moyens pour faire reconnoistre aucuns des espies servans aux en- nemis et quelquuns qui Icur correspondent , Je declare sur le premier, Que j'entends m'acht miner incontinent la part ou ledit Nassau sera , et me nommer ung N., fits de N. , demeurant sur lepont a Bezan- con, qui, aiantete exile dudit lieu a cause de la religion reformee^fut, quelque temps apres , arreste pri&onier et depuis execute audit Be- zangon, arec les auties pauvres exiles qui s'etoient retrouves a la sur- prise de laditte cite avenue sur la fin du mois dejuin 1 575; et, comme faurois este edifie et none de jeunesse en la rneme religion , aussi que Dieum'aroitfait la g race d'y perseverer , quuique tacitement,jusqua maintenant , finalement faurois pris resolution , apres avoir endure plusieurs reproches , injures et insolences des papaux, de m'absenter dudit Bezangon , pour me retirer an lieu oujepuisse, sans crainte de mourir, faire service au Seigneur, et vivre totijours a la mode des evangelistes et fideles de I'cglise re/brine , et qu'a cet effet, me serois achemine par deed, Us sont passe deux ans, a intention de me ranger avec ceux qui tiennent le parti de S. E.y pour lui faire tres- humble service j mats aiant etc surpris d^une forte maladie au pays de Luxembourg , ne mauroit e1e possible passer plus outre alors, obstant ma debilite et disette d'aryent; ains me serois addresse a un tiomme Du Prel , de Salins en Bourgogne , secretaire de monsei- gneur le comte de Mansfeld. lequel, voyant la pitie qui estoit en moi, estimant que je serois papiste} niauroitj en faveur du pays d'ou je suis, donne assistance, et m'aiant quelque pen embesoigne, m'auroit lors retenu pour lui servir de clerc. Mais comme il me semble t res-difficile de contenter le Seigneur, en ne lui faisant service qu'en cachette , fuvois eu crainte qu'il m'ad- viendroit quelque infortune par permission divine, et me serois departi d'avec cedit secretaire , apres avoir a son inseu insculpeplu- sirurs cactiets volants en cire rouge du propre anneau et cachet dudit seigneur comte el de la meme forme que son secretaire avoit accoutume caclieter les passeports que ledit comte , comme marechal general du camp de S. M. , donne aux soldats , vivanditrs et autres dudit camp , lesqmls cachets volants faurois estime pouvoir quel- quement serrir t.l assister aux valeureux desseins de S. E. , mesrne- ment pour moit'nner plus assure acces et reces de ses espies , qui cstant garms des passeports, ecrits et sigties sous le nom dudit comte , tt qui seroient munis dudit cachet , pourroient bien plus surement atleretvenir tant audit camp qu'ailleurs , ainsi que 5. E. le desire- roit; et suivant ce lui voudrois presenter lesdits cachets , en le sup- (U) pliant bien humblement prendre cela de bonne part, et esfimer que, si feusse eu le moyende faire quelque meilleur office pour son service, quo tres-volontiers je m'y fusse emploic , ainsi que S. E. le pour r a reconnoistre quand il lui plaira etre servi de moi, et de permettre que dorenavant je puisse vivre sous sa jurisdiction, faire etat et pro- fession de ma religion susdite , de laquelle le Seigneur I'auroit elabli et constitue , selon lejugement de tous , chef et principal protecteur et defenseur; par ainsi qu'un chacun fidele evungeliste seroit tenu de servir et assister a S. E. par tons les moyens et inanieres qui se pettvent, auquel effetje me serois ingere a ce que dessus, et venu pat- devers elle , au grand hazard et peril de ma vie, expressement pour lui faire bien humble service. Lesquelles choses, ou autres frivoles et feintises, je desire faire entendre audit de Nassau , pour avoir acces vers lui et subsecutive- tnent accowmoder laditte execution. Quant a I'autre point, par avanture qu'icelui condamne se voudra prevaloir desdits cachets, et pour eviter qu'il n'en puisse avenir du mal , sera bien (sous correction tres-humble] que S. A* fasse donner de bonne heure advertence de tout a mondit comte de Mansfeldj afin que S. E. se tienne sur ses gardes, etque son secre- taire ne iaille plus en forme de losange les cachets qu'il mettra sur ses passports. Ainsi S. A. sera servi d'ordonner aux goucerneurs des I'llles et forteresses qu'ils fassent defense a leurs gens de laisser entrer aucun inconnu en icelles qu'il n'ait passeport suffisant, les- quels ceux qui seront de garde esdits lieux leur envoieront montrer avant que de laisser entrer iceux inconnus , sans toutesjois que leurs- dits soldats et gens sachent I'occasion de cette defense. Et s'il advient que I'on trouve qu'ils sont faits ct signes sous le nom dudit seigneur, et garnis do tels cachets de losange, Von se pourra assurer qu'ils sont faux , les laissant entrer sans pour lors leur demontrer mauvais visage ni faire deplaisir, mais meUre en aguet apres eux quclques fideles , accorls et stiles per sonnages . qui, sans faire setublant . sac/ient dextiement considerer et speculer en quel logis Us s'addresseront, avec qui Us communicqueront et quelles mines et contenances Us tiendront, et, en cas quits ne seroient fiombre suffisant pour mal exploit, semble qu'il ne seroit incommode de les laiaser retourner pour la premiere et la deuxieme /bis , aiant cependant bon ceil sur ceux qui auroient eu communication avec iceux espies , a/in queja puisse avoir du loisir pour jouer mon per- sonnage a I'endroit du susdit premier point . Et , avenant le retour d} iceux espies pour la troisieme fois , Von se pourra saisir d* iceux, et de tons les traistres qu'on aura reconnu hanter et communiqucr avec eux , et les trailer comnie il appartient. Le mesme se pourra observer au camp, donnant semblable ordre aux capitaines etprevdts bien connus : remettant le tout a la bonne discretion ct correction de S. A., pour me regler en cet endroit selon qu'elle sera servi de me le commander. Et jaroit Dieu soit temoin que rien ne m'a incite et promu dans cette deliberation , sinon tin bon zele que fai enters la foi et vraie religion tenu ct garde sen nostre mere sainte eglise catholique apos- tolique romaine, et notamment au service de S. M., toutesfois je supplie tres-humblement a S. A » me donner, verbalement ou par ecrit (comme il plaira a icelfe)j grace, remission et pardon des faus- setes commises par les moiens desdits cachets volants , asseurant a icelle que, si je les eusse faits a d'autres fins que dessus, et pour en matigner, je nc voudrois etre si impudent que d'alleguer ma turpi- tude, ni si hebete que de m'empetrer cle moi-mesme et sans contrainte au piege de la justice , en hazard de me faire avancer une mort honteuse, laquelle faimerots mieux souffrir mille fois que d' avoir cause un desordre a S. M., par faute de n'avoir fait scavoir ces choses susdits qu'autrement. Et m'est necessaire avoir laditte grace et remission avant toute ceuvre, a fin que je puisse aller a confesse et rececoir la sainte et sacree communion a ces Pdques, sans scrupules de conscience. Au reste , comme il me faudra converser par quelque temps avec les heretiques et attheistes. et aucunement maccorder a leurs faqons , neanmoins le plus modeslement que cela pourra se faire, je supplie encore en toute humilite que S. A. soit servi d'empetrer de sa Sainctcte une absolution et pardon pour moi > touchant ce fait et autres cas susdits , a/in que je ne perde I'dme avec le corps. Fait a Tournaif , sons correction tres-humble, le \\e jour d'acril 1584. .( 46 ) La lecture dc cette exposition du plan de Gerard parait avoir determine" lout a fait le prince de Parme. D'apres Herrera, il or- donna de donner a Ge'rard : « los recaudos que huvo menester, » et lui tit faire, toujours par d'Assonleville, diffe>entes recommanda- tions : « Toutefois, dit Farnese dans la lettre precitee a Philippe 11 , » je le laissai aller, apres 1'avoir fail exhorter par quelqu'un de » ceulx qui servent ici. » Sur quoi porterenl ces exhortations? Nous le savons par Gerard lui-m£me : voici les aveux qu'il fil apres avoir e"te mis tine seconde fois a la torture : « 11 confessa d'avoir donne ce cas a cognoistre a » Mc Gery, docteur en theologie, gardien des Cordeliers de Tournay, » au mois de mars dernier, en laquelle confession il persista estant » oste de la geine. Sur laquelle ayant derechef este pose, il dit, » que, parce qu'il estoit pauvre compagnon et pour se acquerir des » biens, il avoit donne son faict a connaftre au prince de Panne, » lequel ordonna au conseiller Mr Christophle d'Assonville d'en » trailer avec lui plus amplement. Le conseiller lui ayanl mis au » devant les dangers qu'il y avoit a ex^culer un si grand faict, luy » dit qu'il feroit ung grand service.au roy d'Espagne, mais, au cas » qu'il fust descouvert, qu'il se gardast bien d'en inculper le prince » de Parme. Et, parlant du difficile accez a la cour d'Orange, il » respondit qu'il se feroit nommer Francois Guyon, bourgeois de » Besan^on, fils de Pierre Guyon , jadis execute pour la religion, » avec confiscalion de biens, et luy, estanl povre compagnon, se » faigneroit estre fort z^k; a la religion reforme, et s'en iroit en » Hollande a la cour du prince, ou , pour estre lant mieux receu , » presenteroit ces cnchets vollants. ("e que sambla fort bon a » d'Assonville, 1'admonestant de perseverer en ceste deliberation » et de la conduirea boutt,le priant (comme dessus) de ne jamais » faire mention du prince de Parme, parce que cela ne luy servoit » de rien. — Le lendemain il confessa, sans estre geine, outre ce » que dessus, il dit davantage que d'Assonville, apres avoir com- » munique" ensamble de cesle affaire, luy promit d'en faire rapport » au prince de Parme : ce qu'ayant fait, il declara qu'il le trouvoit » bon : et, s'il le savoit amener a ce chef, qu'il lui feroit donner » la mercede promise par la proscription. Que d'Assonville lui » proposa encore quelques diilicnilt's; mais, apercevant sa resoln- » lion et son bon courage, il luy dit : « Allez, nion iils, si vous » achevcz ce faict, le roy vous tieudra tout ce qu'il a promis, et » acque>ez un nom irnrnortel. » Sur quoi il respondit qu'il espgroit » si bien se faindre de la religion, qu'il pourroit entrer au service » de quelque secretaire, et par ce moyen espier 1'heure de pouvoir » presenter quelques lettres a signer audit sr prince, signant la- » quelle, il lui donneroit de la dague an corps. - Le 13 dudict mois, P il confessa encore outre ce que dessus, que d'Assonville lui avoit » promis que le prince de Parme 1'assisteroil a estre satisfait de ce » quele roy promettait par la proscription, et qu'il avoit entrepris » ce faict pour se faire riche : que ledit d'Assonville avoit montre" » cesdits cachets volants au prince de Parme, qui les luy rendit, » disant qu'il estoit content qu'on s'en servit, rnais que le comte » de Mansfeld feroit renouveler son cachet d'une aulre fayon qu'il » avoit este". Que d'Assonville lui avoit commande que, venant en » Anvers, avant qu'il tut mene devant le sr de Ste- Aldegonde, » qu'il lui monstra hardiment ces cachets, et que, lorsqu'il entre- » roit dedans la ville, qu'il en cacheroit toujours en quelque lieu, » decant qu'y entrer , plus les iroit requcrir. » Je tire ces declarations de Gerard de ses interrogatoires, dont les extraits se trouventconsignes dans la publication faile sur les docu- ments officiels par ordre des Etats de Hollande, dans le Verhad (45). Elles s'accordent en lout point avec la leltre de Gerard au prince de Parme , et avec 1'expose qu'il remit , le H avril , au conseiller d'As- sonleville. La parfaite authenticite" de ces dernieres pieces se trouve ainsi demonlree et e*levee au-dessus de tout doute par des documents emane"s desautorites hollandaises elles-m6mes (46). Les interrogatoires de Ge"rard servent en meme temps a expli- quer les reticences qui se trouvent dans sa confession. Lorsque Ge- rard ecrivit celle-ci, il se sentait lie par les promesses failes par lui a d'Assonleville de ne charger en aucun cas le prince de Parme, et c'est pour donner le change, qu'apres avoir mentionne la remise de sa lettre a Farnese, il ajoute : « Mais je n'ai poinct sur ce ose » attendre quelque commandement ny responce, craignant qu'il » prendroit de mauvaise part le transport desdicts cachelz vollans. » ( 48 ) Ce n'est que dans les interrogations rigoureuses qu'on lui fit subir, qu'a force de tortures on parvint a lui arracber la verite sur le concours qu'il avail trouve* cliez le prince de Panne. Le reste de la confession se rapporte aux fails qui se sont passes a Delft, et qui doivent derneurer en dehors du cadre de ces recber- clies. La taclie que je me suis imposee se trouve remplie du mo- ment ou I'aulhenticite de la piece acqtiise pour les archives du royatime ne semble plus pouvoir etre sdrieusement re*voque"e en doute, et ou son importance, an point de vue de 1'histoire, parait dans son veritable jour. NOTES. (1) Voyez : Bulletins de 1'Academie royale de Belgique, t. XX, n° 9. (2) Voyez : Algemeene Konst- en Letterbode, 1853, n° 42, p. 259. (3) Voyez : Register der resolutien van de Staten van Holland en Westfries- land, resolutie van de 24 julii 1584, p. 480. (4) Voyez : D'oude chronyke ende Historien van Holland met West-Vriesland , van Zeeland ende van Utrecht. Door W. Fan Gouthoeven. Tot Dordrecht, ghe- druckt by Peter Verhaghen, 1620, t. II, p. 190. (5) Voyez : La grande Chronique ancienne et moderne de Hollande, Zelande, Westfrise, Utrecht, Frise, Overyssel et Groeningen, jusques a la fin de Tan 1600. Recueillie tant des histoires desdites provinces, que de divers autres auteurs, par Jean Francois Le Petit, greffier de Bethune en Arthois. A Dordrecht, de 1'im- pression de Jacob Canin, pour Tauteur, t. II, pp. 491 suivv. (6) Voici comment Le Petit s'exprime dans la dedicace du second volume de sa chronique au Prince Maurice de Nassau : «. Monseigneur, Tobligation que j'ay » a vostre tres illustre maison , m'ayanl feu monseigneur le Prince d'Orange » (de pieuse, louable, digne et haute me"moire), vostre pere, daigne recevoir au » nombre de ses serviteurs domestiques, etc. « (7) Voyez : Oorspronk ende voortgang der Nederlandschen Beroerten , door Joannem Ghysium. Tot Delf, gedruckt by Jan Andriesz Cloeting, 1626, 4l°, bl. 585. (8) Voyez : Eman. Fan Meteren : Historic de nederlandschen ende haerder naburen orloogen, etc. S'Gravenhaghe, 1635, fol. blad, 228 verso ff. (9) Voyez : Vervolgh der nederlandschen oorlogen, beroerten ende borgerlyke oneenicheyden. Beschreven door Piefer JBor Chrisliaensz., 1621, tweede deel, blad 421. (10) Voyez: P.-C. ffoofts, Nederlandsche historien, met aantekennigen en ophelderingen van de hoogleeraren M. Stegenbeek, A. Simons en J.-P. Fan Cappelle. Zesde deel, bl. 109. Amsterdam, 1823, in-8°. (11) Voyez : Vaderlandsche historic, vervattende de geschiedenissen der nu vereenigden Nederlanden, etc., door Jan TFagenaar. Zevende deel, bl. 529. Amsterdam, 1792; 8-. APP. BULL. 1853. 4 ( 50 ) (12) Voyez : Delia guerra di Fiandra, etc., descritta da Cesare Campana, Aquitano. Vicenza, 1602; 4°, parte secunda, p. 50. (13) Voyez : Van de voornaemsten geschiedenissen in de Nederlande ende elders, 9e boek ad ann. 1592; dans : Historic der Nederlandschen orloghen, begin ende voortgank tot den jaere 1601, door Everhard van Reyd. Tot Leuwaerden, 1650,fol. 93. (14) Voyez : Beschryving der stadt Delft, etc., etc., door Dirck van JBleys- voyck, Evertszoon. Tot Delft, gedruct by Arnold Bon, 1667; 4to, bl. 116. (14°) Les de'tails que le Ferhael et YHistorie donnent sur la famille et les antecedents de Gerard sont fort peu exacts, et s'accordent peu avec ceux que fournissent sur le meme sujet les documents authentiques dont Fhonorable M. Gachard prepare la publication, et qu'il a bien voulu me communiquer, en m'autorisant a en faire Tusage dans Pinteret de mes recherches sur la confession de Gerard. Au premier rang, parmi ces documents, figurent les lettres patentes par lesquelles le roi Philippe II confere la noblesse aux he"ritiers de Gerard. [1 resulte de ces lettres que le pere de Balthazar Gerard , Jean Gerard , etait cha tellain et juge a Villefans, et que sa mere , Barbe van Eemskerke, etait d'Anvers. La famille ne paralt pas avoir ete tout a fait depourvue de fortune , car voici ce que je lis dans une lettre de Philippe II au due de Parme du 6 decembre 1590, conservee dans le manuscrit deja cite de la Bibliotheque royale et publiee dans le cinquieme volume des Nouvelles archives historiques de M. de Reiffenberg, p. 370 : « Mon » bon nepveu , suivant la remontrance que m'a este faicte de la part des heritiers » de feu Baltazar Gerard, que, nonobstant la donation et transfert que je leur « ay faict, selon vostre avis, des trois seigneuries de Lievremons, Hestal et Damp- » martin, confisquees en mon compte de Bourgogne par la felonnie de feu » Oranges, pour par eulx en jouir aux conditions reprinses en la patente qu'ilz » en remportent, en lieu de la recompense de vingt-cinq mille escus d'or, qu'avoit « este promise, ilz se trouvoient grandement interesses, a cause des fraiz qu'ilz « avoint supportes en la poursuite de ladite recompense, pour y avoir consomme » six annees et avoir dependu de leur patrimoine plus de six mille escus, j'ai « esle meu , mesme en consideration de ce que m'en avez escript par lettre du « 16 de mars passe en ceste presente annee, de accorder audits heritiers en don » la somme de quatre mille francs monnoye couranle , etc. » (14* ) « On montre encore aux etrangers, dans la ville de Delft, en Hollande, « les marques de ces balles, qui entrerent dans une pierre de taille d'une porte; « apres avoir perce le corps du prince : et on me les a fait voir en ma jeunesse. » M^moires pour servir a Thistoire de Hollande et des autres provinces unies, par Messire Louis 4ubery , chevalier-seigneur du Maurier. Paris, 1680; in-12, p. 126. (15) Voyez : Register van Holland en West-Friesland van den jaere 158-1, resolutie van de 11 julii 1584; p. 417. ( 51 ) (16) Voyez : Ibid., resolutie van de 13 julii 1584, p. 420. (17) Voyez : Ibid., p. 452. (17a) Ces sommes sont exorbitantes. Dans les Documents pour servir a 1'histoire des troubles de Gand de 1539, publics par M. Gachard, on trouve les extraits d'un compte de Thieri de Herlar, prevot general de {'hotel de 1'empereur, relatif aux frais d'execution d'un grand nombre de condamnes. On y voil, p. 495, que, d'apres une convention faite avec l'exe"cuteur des hautes oeuvres , celui-ci rece- vait pour une execution faite a Gand , 50 sous, pour une torture, 24 sous. Quand 1'ex^culion avail lieu hors de la ville , elle coutail plus. « Et pour ce que c'estoit » hors de la ville de Gand, le maistre des haultes oeuvres dudil Gand, a voulu » avoir vi livres, mais ledit prevot a fail appoinctement avec le maistre des » haultes oeuvres des Allemans, de chascune execution hors la ville de Gand » pour in livres. » (Ouvrage cite, p. 502.) (18) Bibliotheque royale, manuscrit n» 17386 (Van Hullhem, n°792). (19) Voyez : Le Petit, ouvrage cite, torn. II, p. 496. (20) fferrera, apres avoir raconte le supplice de Gerard d'apres la relation de VHistorie , ajoute : « Y esto escrivieron de Olanda diversas personas desapa- « sionadas que a lodo se hallaron presentes. » Voyez son ouvrage intitule : « His- toria del mundo, en el reynado del rey D, Phelipe II. Valladolid, 1606, in-fol., lib. XIV, cap. 10, torn. II, p. 550. » (21) Voyez : Francisci Haraei, Annales ducum seu principum Brabantiae totiusque Belgii, torn. Ill, p. 365. (22) Voici le texle de celte piece d'apres le manuscrit de Ballin ; je le dois a 1'obligeance de M. Watricq, bibliolhecaire de la ville de Mons. « Le glorieux et triomphant martyre de Baltazar Gerard, Bourguignon : en- semble la tres-heureuse issue de cesle vie, avenue en la ville de Delft, en Holande, le 14 de juillet 1584, apres qu'il cut execute la sentence demort, donnee par le roy nostre sire, comte de Flandres, Holande, etc., a 1'encontre de Guillaume de Nassau , jadis prince d'Orange , convaincu de crime de lese-majeste divine et humaine , vraye peste el ennemy de la Bepublique chrelienne , et flambeau de tons les troubles de ces pais bas, le tout traduit du latin. *> Jesus-Christ est intervenu en ses martyrs, et ses martyrs operent aussy par luy loules choses. C'esl lui qui leur a promis donner sapience el bonte pour parler. A raison de quoi aussi les saincts marlyrs se glorifient avoir de quoy pour respond re. « Baltazar Gerard esloil Bourguignon de nation, natif de Francheville, gentil- homme de bonne rache : sa mere estanl nalive de Besancon, el esloit aage d'en- viron vingt-huil ans seulement, homme dispos, jeune et de bonne erudition et bien en parle, et, aveoce, doue et nanty d'une grande dexterite a trailer affai- res : cestuy avoil autreffois esle de la maison dudil prince d'Orange, et y avoit longtemps frequente". Et en Tan de Nostre-Seigneur 1584, le xe en juillet, heure ( 52 ) et demie apres midy, il se re"solut de faire mettre en execution une emprise tres- grande et digne d'eternelle memoire, que ja passe longtemps il avoit conceu et delibere en son esprit, ainsy que lors promptemenl il commence et perfeit. Or, comme il soit ainsy que ce jeune homme avoit pense" a part luy plusieurs ans en son coeur, comme Guillaume de Nassau, prince d'Orenge , par sa perfidie estoit cause de la perte d'une infinite d'hommes, qui en corps et en ames, avec tous leurs biens alloient a perdition et damnation eternelle, sous couleur d'une faulse liberte, qu'il leur promettait, ce jeune homme, a Texemple de Notre-Seigneur Jesus-Christ et de tous ses saints, delibera et conclud tout, el outre, mettre sa vie en danger tout evident, pour delivrer le pauvre peuple et le pai's d'un tel encom- brement. Et partant, apres avoir attendu sur ce faict la volonle de ce grand et tres-bon Dieu , par Tespace d'environ six ans et demi, il meit toute paine d'exe- cuter son project et dessein , a 1'encontre de ce perfide et malheureux condamne a mort , par sentence de son roy et prince , a qui et a Dieu il estoit rebelle. Aiant done trouve opportunile et occasion pour ce faire commodement, advint que la reyne mere des roys de France Tenvoiaen Holande, portant les lettres de la mort du due d'Alencon a ce prince d'Orange, lequel il trouva au monastere de Saincte- Agathe & Delft, en Holande, ou il faisoit sa demeure, et comme il fut receu entre les genlilshommes domestiques, le dixiesme de juillet 84, heure et demi apres midy, faindant vouloir retourner en France, aiant prins conge" du prince, retourna derechef au logis dudit prince pour luy vouloir dire encore quelque chose, et le prince en estant adverti, vint parlor a luy en une grande salle, accom- paigne seulement d'un page, et s'approchant de luy, il luy deslacha une pistole chargee de trois bales, desquelles il 1'alteignit et le perga en dessoubz de la mammelle gauche, luy faisant une plaie de la largeur de deux doigtz : duquel coup il trebucha incontinent a terre et mourut tost apres, s'enfuiant le jeune homme le mieux qu'il peut. Incontinent se feit un grand bruict par toute la mai- son; mais comme le jeune homme estoit presque sauve par derriere une grange, aiant le seval prest hors la ville, il fut prins assez pres des rempartz de la ville, et de la fut mene en prison : il persevera avec une incroyable tranquillite et repos d'esprit en tout ce que Ton luy voulut faire , jusques au dernier poinct de sa vie, respondant avec grande suite et prudence a tous les interrogations qu'on luy voulut faire. » En premier lieu , estant enquis par le magistral de la ville des causes et rai- sons de son faict, il en parla fort perlinemment et discourut elegament, avec bonnes et solides raisons, disant qu'il avoil faict une ceuvre tres agreable a Dieu, au roi et a tout le peuple chrestien, et que partant, esiant son corps entre leurs mains , qu'il s'attendoit bien qu'on le mettroit es mains des bourreaux , et que bien il 1'avoit preveu auparavant. Quant est de moy, ce dit-il, jay parfaict ce que par la grace de Dieu j'avoy propose ; vous autres, dict-il, faictes ce que vous semblera cstre de vostre office, j'en suis tres-content. Commenf ant done les bourreaux la nuict ensuivant , ils le battirent cincq fois de verges a outrance et fort cruellement , et apres 1'avoir ainsi barbarement fouelte, adoubans son corps tout de miel, ils firent venir un bouc pour le lescher avec sa langue, fort sca- breuse et aspre, a ce qu'en leschant le miel, il importast quant et quant de sa langue la peau et la chair tout ensemble; mais le bouc, plus humain que les bourreaux, n'y voulut toucher aucunement. Que depuis, apres avoir ete par diverses fois rigoureusement torture par la question, le mettant dans un bac, les piedz liez et garrotez avec les mains en forme de boule, ils ne cesserent de le tourmenter pour Fempescher de dormir (ce que neantmoins Ton tient avoir este faict sans charge de la justice). » Les jours et nuicts ensuivantes , inventans tous les genres de tourmens et de questions dont ils se purent adviser, ils ne cesserent oncques de le tourmen- ter. Comme il estoit pendant en Tair a la question, ils luy lierent au grand orteil du pied , un poids de cent et cinquante livres de pesant. Et apres , luy chaussans des souliers de cuir crud engressez d'huyle, ils firent decouler sur son corps de la gresse ardante, estant icelluy pres d'un grand feu tout a nud, ainsi deplaye et escorche comme il estoit, le bruslant, en outre, soubz les aisselles, ils luy endosserent une chemise trampee en eau de vie, que Ton appelle, et y mirent le feu ; luy meltant apres cela des longues esguilles entre les ongles et la chair des doigtz, les enfonsans bien avant. Mais comme ils perceurent sa con- stance de plus en plus , et qu'il ne faisoit aucun cris ny signe de douleur, luy faisans raser le poil, qui luy restoit encore en aucuns endroitz du corps, ils 1'ar- rouserent entieremenl de vielle et puante urine, luy faisant apporter apres cela un vestement de quelque malade de 1'hospilal (aucuns disent que c'estoit 1'ac- coustrement d'un sorcier), ils Ten vestirent, pensant par ce moyen faire cesser le charme, duquel ils estimoient qu'il usoit, pour ne sentir point les paines et les tourmens qu'ils luy faisoient. Mais voians qu'ils n'y proffitaient rien par ce moien, ils lui demanderent derechef a quoy il pensoit lorsqu'on le tourmentoit. Bon Dieu, respondit-il, patience, sans repliquer autre chose. Estant enquis d'eux comment il ne se ressentoit, ny ne se meuvoit autrement aux paines et tourmens qu'on luy faisoit, et pourquoy, il respondit que c'estoit par le benefice des saincts et de leurs prieres. » Ainsi que le consul se donnoit de merveille de sa Constance, la Constance (ce dit-il) vous le pourez voir a ma mort. Estant hors de la torture , il parloit a chacun fort bdnignement et francement, de sorte que les bourreaux mesmes s'en esmerveilloient, et ceux qui le regardoient en avoient pitie jusques a en jester larmes d'oeil , aucuns mesmes nyoient que ce fust un homme. Aultres, envieux de sa Constance et vertu, ne croyans ny a Jesus-Christ ny a son Evangile, a Timitation des malheureux et desloyaux juifz, s'enquestoient de luy et luy demandoient combien de temps il y avoil qu'il f'estoit donne au (liable; auxquelz il respondit fort debonnairement et avec mode\^ie qu'il n'avoit nulle cognois- ( 5i ) sance ny aucune accointance avec le dyable, ainsi qu'autreflbis i! avoit respondw lorsqu'on Tappelloit traistre, parricide, meurtrier, usant d'autres semblables contumelies, et bien souvent mesmes, lorsque Ton luy mesdisoit, Finjuriant grandement, jectant la veue contre-bas, il se taisoit dissimulant les calomnies. II respondit neantmoins tousjours fort doulcement aux juges, lesquels il remercia de la nourriture qu'ils luy avoient donnee en prison (chose pour vray admira- ble), et dont il disoit qu'il les recompenseroit, et meme cbmme ils lui demande- rent comment et ou. En paradis, ce dit-il, vous servant d'advocat. Et ainsi que quelcun replique, de quel paradis il parlait : je n'en cognoy, ce dit-il, qu'un. Par ainsi done ce jeune homme, aiant este examine souvente fois, et mis pareille- ment sur la torture, ne disanl chose qui leur peut plaire , fut enfm adverly, le 13e de juillet, que le lendemain il auroit la sentence de mort, laquelle, le jour venu, il ou'il fort patiemment et doulcement, et icelle finie, dit ce que le tres- sainct martyr saint Cyprian avoit dit autreffois : Deo gratias. » Du depuis, il persevera tousjours en mesme Constance, avec demonstration de toutes sortes de vertus, present et allegre de courage et d'entendement, sans qu'il fust aucunement trouble, aiant la couleur et les yeux vifs, mais estropie des piedz, les doigtz desquelz estoient rompus et pendans, avec la peau demy- bruslee el rostie, devant ainsi sur I'eschauffaut, ou il endura estre lie a un pal ou estache, sans rien quieter ou perdre de sa premiere vertu et Constance, ny sans monstrer un seul signe d'avoir peur des peines, tourmens, la memoire seule des- quelz pouvoit donner asses d'horreur; car aucuns des spectateurs mesmes au seul regard tomberent en pasmoison. Mais lout ainsi avoit endure les tourmens passez, et la sentence de mort, de fort grand courage, et sans se mouvoir, ainsi endura-il, en la presence de tout le peuple de ville, Texecution d'icelle sentence d'un coaur invincible, aiant benist et consacre par son sang noslre pai's, plan- tant la racine et la tige des martyrs qui apres lui floriront; car, attendu que les ennemis de Dieu n'ont point puissance de coupper la racine, qui est Jesus-Christ, en couppant et recouppant souvenl les bourgeons qui recroissent, en ce faisant, comme ilz sont cause quilz renaissent plus drus, ils cooperent avec Jesus-Christ sans qu'ils s?en appergoivent. « Estant done lie et garrotte a un pal, apres que les bourreaux eurent tasche rompre sur Fenglume, avec marteaux de fer, la pistole avec laquelle il avoit donne le coup (laquelle finallement ilz ne peurent lors metlre du tout en pies- ses), venans au patient, lequel estoit comme ravy du tout en oraison, ilz luy desvestirent le pourpoint, laissans lomber son haut de chausses sur ses piedz, relians sa chemise a Tendroil des parlies honteuses. Et tost apres , Tun des bour- reaux, prenant sa main droicte, la meit dans un gauffrier que 1'autre avoit la prest tout ardant, lequel la pressant entre deux fers, la brusla, de sorte que tout Teschaffaul et le marche en estoit remply de Fodeur. En apres, continuant leur execution avec des tenailles toutes rouges comme brasier qu'ils avoient (55 ) apprestees, empoignerent Fextremite du meme bras, et incontinent les antres bourreaux ou leurs aides firent le mesme aux muscles d'en haul des deux bras , aux cuisses et aux jambes les tenaillans ; estant cependant le patient , comme dit est, du tout ententif et ravy en prieres, recilant les sept psalmes, de sorte qu'on le pouvoit bien entendre, le tout tousjours sans changer aucunement de couleur, ny retirer pied ny mains ou espaulles, seulemenl autant que les cordes avoient faicl lorsqu'on 1'avoit lie au pal ou a Tatache : estant en tel estat, il se signa fort reveremment du signe de la croix sur le front. II avoit aussy une grande plaie en la poitrine, mais on ne sgait pas encoire au vray si les bour- reaux la luy avoient faicte ou non. » Lorsqu'on le deslia de 1'estache on pal, il jecta luy-mesme ses haulte chausses hors de ses pieds, et monta comme il peult, en levant le pied sur le bane appreste ou Ton le debvoit de"sentrailler. Estant sur le bane , ils luy coup- perent, en premier lieu, les membres honteux, et puis apres, procedans fort lentement , luy ouvrant le ventre avec un cousteau en forme croysee, ilz lui arracerent les entrailles et le coeur, qu'ilz lui jecterent au visage. Pandant qu'on lui faisoit tout cela, il remouvoit tousjours les levres accoustumeez a prier, sans jecter ny donner aucuns soupirs, comme s'il eut seulement la bouche et la voix pour faire acte de vertu. Et par ainsi , aiant tousjours le mesme port de visaige et le coeur invincible, sans se mouvoir, comme grand et excellent martyr (lequel sera cy-apres noslre patron) rendit son ame immortelle et glorieuse a Dieu , en telle bataille el triumphe, le samedy 14e de juillet 84, heure el demie avant le midy, le mesme jour que un homme fidele el occultement catholique escrivil ce discours. Sa leste aiant depuis dte couppee et mise sur une lance au rampart , a este veue, plus belle que paravant, de plusieurs. Son corps, apres avoir ete mis en quartiers, a este mis sur des fourches aux quatre portes de la ville. A Dieu en soil Thonneur et la gloire, chef et prince de tous les martyrs. Amen. « « Le discours cy-dessus a este escrit en latin , en la ville de Delft, en Holande, par quelque homme docte et fidele, aianl este present a 1'execution, tesmoing de veue , et depuis envoie par-dega es mains de quelque grand pessonnage en court, lequel a eu soing de le faire traduire en frangais. A Dieu soil la gloire. (2o) Voyez : Herrera, ouvrage cite*, torn. II, p. 550. » (24) Voyez : Historia de las guerras civiles que ha avido en los Estados de Flandes, desde el ano 1559 hasta el de 1609, y las causas de la rebellion de dichos Estados. Recopilada y escrita por el contador Antonio Carnero, que lo ha sido de los exercitos de dichos Estados. En Bruselas, 1625, fol. lib. VI, cap. 22, p. 182. » (25) Voyez : Le guerre di Fiandra, brevemente narrate da Don Francisco Lanario y Arragon, duque di Carpiniana , del consiglio di guerra di S. M. Cattolica ne' Paesi Bassi. Anversa, 1615, in-4°, p. 91 . (26) Voyez : Joan. Marianne } Historiae de rebus Hispaniae , libb. XXX, ( 56 ) nccedunt Fr. Jos. Minianae, continuations novae libri X, Hagae Comit. 173o, 2 vol. in-fol., lib. VIII, 13, p. 341. (27) Voyez : Haraeus, ouvrage cite, p. 505. (28) Voyez : Joan.-Bapt. de Tassis, Commentariorum de tumultibus BeJgicis sui temporis libri octo; dans Hoynck van Papendrecht, Analecta Belgica, torn. II, pars 2, lib. VI, 26, p. 441. (29) Voyez : Bibliographic douaisienne , on Catalogue historique e raisonne des livres imprimes a Douai, depuis Tannee 1563 jusqu'a nos jours, etc. 5 par ff.-R. Duthill&ul, bibliothecaire de la ville de Douai, etc., nouvelle edition, considerablement augmentee. Douai, 1842; in-8°, p. 28. (30) Voyez : Richardi Dinothi Normanni Constantinatis, de bello civili Bel- gico,libb. VI. Basiliae, MDXXCVI; in-4", p. 396. (31) Voyez : Jac.-Auy. Thuani Histor. sui temporis, torn. IV, lib. LXXIX, c. 17, p. 212. Londini, 1752; in-folio. (52) Voyez : JBrantdme , Hommes illustres etrangers; discours 44, art. 1. (33) Ce conte d'un supplice qui aurait dure plusieurs jours ne se trouve pas seulement dans Brantome; voici ce que je lis dans un auleur infmiment plus grave, dans Tassis, Commentarii de tumultibus Belgicis, lib. VI, c. 26, p. 442 : « Cumque apprehenderetur (Gerardus), non magis se commovit quam si nihil deliquisset; ductus postea ad supplicium, quod diversis ac exquisitis modis, im- manique ac barbara crudelitate per complures dies (quo tarditate cruciatus auge- retur) de eo fuit sumptum. « (54) Voyez : Polemographia Belgica, das ist Niederlandische Kriegsbeschrei- bung u. s. w., durch M. Gulielmum Majum, Gotlingensem. Collen, im Jahr MDLXXXXIV; in-4", p. 521. (55) Voyez : Khevenhuller, Annales Ferdinandei, torn. II, p. 551. (36) Voyez : Campaua, ouvrage cite, p. 50. (57) Voyez : Opere del cardinal Bentivoglio. In Parigi, MDCXLV, in-fol. Delia guerra di Fiandra, parte secunda, lib. 11, p. 275. (58) Voyez : Famiani Strada , Romani e Soc. Jes., de bello Belgico, decas secunda. Antwerp., 1648, in-8°, p. 526. (59) Voyez : Groen van Prinsterer, Archives de la maison d'Orange, t. VIII. (40) Voyez aussi : Raumer's Briefe. , 1 , 1 87. (41) Voyez : fferrera } ouvrage cite. Voici la traduction franchise du passage : « Le prince d'Orange, comme il a ete dil auparavant, resla declare rebelle par sentence de juges competents et condamne a mort. Mais il manquait quel- qu'un qui Texeculat, el le prince de Parme , afin qu'un tel ennemi regut chati- ment, chercha une maniere de le faire sortir du monde. A cet effet, il depecha plusieurs qui etaient venus s'offrir a lui, et parmi eux Baltasar Gerard, Bour- guignon, natif de Villanfan, secretaire du comte Pierre -Ernest de Mansfelt, jeune homme de vingt-six ans; avec beaucoup moins d'espoir que les autres, et (57) sur le conseil deM. de Hautepenne et du comte de Mansfelt, lui donna la faveur et 1'assislance qu'il avail donne"es aux autres, qui tous etaient Lorrains, Frangais, Anglais et Ecossais, chacun separemenl et sans que Pun sut quelque chose de 1'autre, et sans employer a cet effet des Italiens ou des Espagnols, comme e*tant Ires-suspects a la cour du prince d'Orange. » Ce valeureux jeune homme montra grande volonte" d'entreprendre cette action , et affirma qu'il y avail six ans qu'il avail congu ce de"sir, sans craindre le peril de la mort, pour delivrer la patrie des mains d'un homme destrucleur de la foi et traitre a son prince, el qui, avec celle passion el ce vain mot de liberle, prive tant el de si innombrables multitudes d'ames de I'eternelle liberte" et les corps de la fcemporelle et des biens de la fortune. » Ce jeune homme done, instruil, eloquent, et, dans ses actions, d'une pru- dence et d'une habilele signale~e, recevanl du prince de Parme les choses donl il avail besoin , alia en Hollande , a la cile de Delft , ou residait le prince d'Orange , sous pre"lexle qu'il avail des depeches de la reine-mere el 1'avis de la morl du due d'Alencon, son fils, qui avail eu lieu dans ce moment » (42) Voyez : Camera , ouvrage cite : Al lector : Desde el principio del ano de 1585 no he escripto cosa a que no me aya hallado presenle y vislo o por la menos en las que no yo me he hallado he lenido relazion de las personas que las ban execulado ado y vislo. (43) Mon honorable el savanl confrere, M. Gachard, qui m'a assisle" dans toutes les recherches que j'ai du faire, avec une obligeance et un empressement dont je lui offre mes vifs remercimenls, m'avail d'abord communique un exlrait de la copie de la lettre du prince de Parme , qui exisle aux archives du royaume. J'ai Irouve" ensuile une copie de la leltre entiere dans le manuscrit deja cile de la Bibliotheque royale, n° 17,386 (Van Hullhem, 792). Ce manuscril renferme, sous le lilre de : P articular ites touchant Balthasar Gerard, sa leltre au prince de Parme, son memoire remis au conseiller d'Assonville, les deux extrails des relations de Corneille Aertsens el la lellre d'Alexandre Farnese a Philippe II. (Voir, sur ce manuscril, Bibliolheca Hulthemiana, vol. VI, manuscrits , p. 233.) A 1'exception de la lettre de Farnese a Philippe II , ces pieces avaient e"te publiees par M. de Reifferiberg sous le lilre de « Lettres relatives a Balthazar Gerard, » dans le cinquieme volume des Nouvelles archives hisloriques des Pays- Pas, pp. 262 el suiv. M. de Reiffenberg n'ayanl poinl indique" la source dont elles elaienl lirees, el ayanl laisse" subsister plusieurs inexactitudes dans le texte, j'ai reproduil ce dernier d'apres le manuscrit cite de la Bibliolheque royale. (44) Voici ce que dil M. Gachard, dans sa preface (p. xi) au premier volume de la correspondence de Guillaume le Tacilurne , public par lui en 1847 : « J'ai >> exlrail d'un manuscril achele" pour la bibliotheque de la ville de Mons, dans » la vente des livres de feu M. Leclercq, qui eul lieu, a Bruxelles, au mois » d'avril 1829, deux pieces tres-inte"ressantes : la premiere est un e"crit que Bal- APP. BULL. isss. 5 ( 58 ) » thasar Gerard pr^senta a Alexandra Farnese , et dans lequel il lui faisait part » du dessein qu'il avail congu d'assassiner le prince d'Orange ; la deuxieme est » la declaration que Gerard delivra, le 11 avril 1584, au conseiller d'Assonville , * deiegue a cet effet par le gouverneur general des Pays-Bas, des moyens qu'il « se proposait de meltre en oeuvre pour 1'exe'cution de son entreprise. » (45) Le Petit donne, dans le second tome de sa Grande chronique, p. 494, une traduction assez fidele des extraits des interrogators qui se trouvent dans le Ferhael. C'est cette traduction que j'ai reproduite dans le texte. (46) Le president du grand conseil, Renom de France, dont les relations avec d'Assonleville sont infiniment probables, confirme dans ses Memoires inedils, 5e partie, chap. XXVI, le re"cit de Herrera ettout ce que j'ai elabli sur les rap- ports du prince de Parme avec Gerard. Mon honorable confrere, M. Gachard, se proposant de publier ce chapitre en entier, dans le sixieme volume de la Correspondance du prince d'Orange , je dois me borner ici a re"sumer succincte- ment les principaux faits que le president Renom raconte. Gerard , d'apres lui , a peine sorti d'enfance, etait clerc au greffe du parlement a Dole. Ses condisciples et les greffiers ont alteste" que deja a cette epoque , il manifestait avec tant de violence, 1'inlention de tuer le prince d'Orange, qu'il dut en etre repris serieusement. Parvenu a i'age viril, il se mil au service du comte Pierre Ernest de Mansfeld, gouverneur general de Luxembourg, comme clerc attache au secretaire du comle. Apres la publication de 1'edit de proscrip- tion , sa resolution fut tout a fait arreiee. II en fit part d'abord au comte Charles de Mansfeld , fils du gouverneur , qui ne 1'ecouta point , et ensuite au prince de Parme , auquel il demanda cent ecus, pour faire le voyage. Farnese le renvoya a d'Assonleville, qui 1'examina et lui fit voir les difiiculte's et les dangers qui de- vaient entourer son entreprise. Tout ce que Renom rapporte des entretiens de d'Assonleville avec Gerard est conforme aux details que Gerard lui-meme donne sur ces entretiens dans ses interrogatoires , dont les extraits se trouvent dans le FerhaeL D'Assonleville ayant confere avec le prince de Parme, il fut resolu qu'on n'avancerait aucune somme d'argent a Gerard, pas meme les 50 ecus, qu'il avail demandes en dernier lieu, qu'on lui dirait seulemenl en lermes generaux , qu'on procurerail en sa faveur ou en faveur de ses heritiers la recompense promise dans l'e"dil. Renom ajoute, pour expliquer ce refus, queplusieurs individus,ilaliens el soldals , avaient auparavanl oblenu de 1'argenl , dans le meme but , el n'a- vaienl ensuite rien entrepris , qu'en outre , 1'exterieur de Gerard ne prometlail guere des acles de vigueur, el qu'on n'esperail rien de lui. « Gerard, continue- .> t-il, ainsi rebute, dil que ce nonobstant, il deliberoil parlir sur sa bourse, et » qu'on entendroit devant six sepmaines de ses nouvelles. » Parmi les historiens modernes, M. Dewez est le premier, que je sache, qui mentionne les documents conslatanl les rapports d'Alexandre Farnese avec ( 59 ) Gerard. Dans son Histoire generate de la Belgique, il donne, t. VI, pp. 180 el suiv. , des extraits de la lettre de Gerard du 20 mars, et public en entier Fexpos6 remis par celui-ci a d'Assonleville, ainsi que la lettre du prince de Parme a Phi- lippe II , du 12 aout 1584. M. Dewez dit qne des copies de ces pieces existent aux Archives a Bruxelles et lui ont ete communique"es. 11 ne parait pas avoir eu connaissance du manuscrit de M. Van Hulthem, qui renferme les copies des memes documents prises pour Peveque de N6lis. Comme ces copies semblent avoir ete faites avec un soin particulier, et que la lettre de Gerard y esl donnee en entier, j'ai juge utile de les reproduire , telles qu'elles se trouvent dans le manuscrit pr^cite. MEMOIRS [/ORGANISATION DES CAISSES DE VEUVES, DES APPLICATIONS A LA CAISSE DES VEUVES ET ORPHEL1NS DES OFFICIERS DE L'ARME"E BELGE ; M. LE CAPITAINE LIAGUE, Mcmbre de 1'Acadcmic. . BULL. 1853. MEM01RE L'ORGANISATION DBS CAISSES DE VEUVES, DES APPLICATIONS A LA CAISSE DES VEUVES ET ORPHEL1NS DES OFFICIERS DE I/ARMEE BELGE. INTRODUCTION. Au point de vue de Teconomiste, un des fails qui caracte>isent particulierement 1'^poque actuelle, c'est le d^veloppernent rapide et general qu'ont pris de nos jours les institutions de pre\oyance. Ces institutions, fondles presque toujours dans un but e'minem- ment philanthropique, ont eu des destinees tres-diverses : les unes, apres avoir lutte p^niblement centre les difficultes inh^rentes a une premiere organisation , sont entrees pea a peu dans une voie de ( 4) prospe'rite' croissante et solide; d'autres au contraire , apres des debuts brillanls qui paraissaient leur promettre un avenir assure", n'ont pas tarde a voir de"croitre leurs be"neTices; bientdt elles ont entame* leur reserve, et enfm, apres 1'avoir e"puise"e, elles orit du, pour eviter la liquidation, imposer a leurs membres de penibles sacrifices , on avoir recours a des subsides Grangers. Parmi les institutions auxquelles ce dernier sort nous semble particulierement reserve", nous citerons les Caisses de veuves. On sait que Ton entend par la une tontine on association, formee g&ieralement entre un certain nombre de fonctionnaires maries on celibataires , dans le but d'assurer plus tard une pension viagere aux veuves qu'ils pourraient laisser. Le fonds de la caisse se con- stitue, partie aTaide de retenues ordinaires, ope"re"es mensuellement surles traitements de tous les employes, partie a 1'aide de versements particuliers pre'vus par les reglements de 1'institution. En outre, dans les caisses militaires , on impose une contribution extraordi- naire a Tofficier qui se marie , et Ton n'accorde 1'autorisation de contracter mariage qu'a un nombre d'officiers limite, et propor- tionne" a la totality du personnel. Malgre" ces dernieres conditions si prudentes, la caisse des veuves et orphelins des officiers de I'arme'e des Pays-Bas nous montre, par son exemple, combien il est difficile a une pareille institution, non pas de prosperer, mais simplement de vivre pendant un certain temps. Depuis Tepoque de sa fondation, le Gouvernement est venu plusieurs fois a son secours lorsqu'elle periclitait; et le Roi lui- m^me, pour la soutenir, a du lui accorder a diverses reprises des subsides particuliers. La caisse des veuves et orphelins des officiers de I'arme'e beige, instituee en 1831 , a etc" jusqu'aujourd'hui dans un etat florissant; maisdepuisun an ou deux, lamarche de ses affaires a commence a inspirer quelque defiance au comite directeur. Dans leur sollicitude pour cet etablissement si utile, M. Tintendant en chef de 1'armee, et M. le directeur du personnel m'onl engage^ a calculer les chances d'avenir de la caisse. Je me suis charge" avec plaisir de cet impor- tant travail , et les documents necessaires a 1'etablisseinent de mes calculs m'ont el^ fournis par M. De Bassompierre , sotis-intcndant (S) militaire de lre classe et secretaire de la caisse des veuves. Ces documents, re'dige's et classes avec beaucoup d'ordre et de precision, me paraissent de nature a inspirer une entiere confiance : ce sont eux qui ont servi de base anx resultats nume>iqucs que Ton trou- vera dans le corps de ce me'moire, et je saisis avec plaisir cette occasion pour remercier M. de Bassompierre des pre"cieuses res- sources que je dois a son obligeante amitie. Je ne me dissimule pas qu'il existe une discordance se'rieuse entre plusieurs de mes conclusions et celles qui ont preside a 1'e'ta- blissement de la plupart des caisses actuellement existantes : c'est ce qui m'a engage* a ineltre la plus grande circonspection dans mon travail. J'ai recherche* alien tivement et e'tudie avec soin la cause des discordances que je viens de signaler, et je crois pouvoir dire qu'elle provient en majeure parlie de ce qu'on n'a pas suffisamment ana- lyse jusqu'ici les details de la question. On a calcule le nombre maximum des veuves qu'une caisse peut avoir a entretenir, en fai- sanl simplement usage de la duree moyenne du veuvage d'une fernme, et Ton n'a pas eu egard a la lot que suit le nombre des veuves pendant sa periode d'accroissement. Or, la dure'e moyenne du veuvage est un element difficile a obtenir avec exactitude , et la moindre erreur comrnise sur sa determination a une influence tres-grande surle nombre maximum des veuves. En outre, lorsque Ton neglige de suivre pas a pas la marche qu'affecte 1'accroissement du personnel des veuves, on se met dans I'impossibilite' de calculer avec quelque precision le jeu des capitaux engage's dans 1'entreprise, point tres-important sous le rapport financier. Une institution comrne celle que nous nous proposons d'etudier peut etre comparee a un etre organise" qui vit, crolt et marche : pour pouvoir assigner avec quelque probability son e"tat i'utur a un instant quelconque, il faut avoir analyse soigneusement toutes les phases de son e"tat passe. Le probleme traite a ce point de vue pre- senle, il est vrai, une apparente complication; mais les resultats auxquels on parvient apres avoir ainsi pe'netre jusqu'au fond du sujet, offrent un caractere de ge'ne'ralite' et de clart6 qui satisfait pleinement Tesprit. Pour justifier la remarque critique que nous avons presente'e prec&lemment, nous aliens reproduire le raisonnement dont on fait ordinairement usage pour etablir le nombre maximum des pensions que la caisse pourra avoir a payer. Voici ce raisonnement tel qu'il est expos^ dans un memoire adresse a M. le Ministre de 1'interieur, en date du 9 decembie 1844 : ce memoire est intitule" : Observa- tions sur la caisse des pensions des veuves et orplielins des fonction- naires et employe's de I'Etat, par A. Pioch. L'auteur y discute les bases adoptees par la commission instituee pour elaborer la loi sur les pensions. « Pour trouver, dit-il (p. 25), la solution relative a la tontine » indefmie qu'il s'agit d'etablir, il faut admettre que le personnel » qui contribue a la caisse et 1'age moyen des f'onctionnaires soient » des nombres constants; dans cette hypothese, le revenu annuel » de la caisse, la mortalite annuelle parmi les fonctionnaires, seront » aussi des nombres constants; de la il suit qu'a parlir d'un cer- » tain nombre d'annees, on aura annuellement le meme nombre » de pensions a payer. » Voici maintenant comment 1'auteur calcule, quelques lignes plus loin, le nombre de ces pensions : « Le nombre des femmes qu'on aura a pensionner la premiere » annee sera, dit-il, 0,92 p. °/o du personnel; il en sera de meme )> chacune des annees suivantes; mais la dur^e moyenne de la pen- » sion des veuves etant supposee de 12 ans, on pent admettre qu'il » ne rnenrt pas de veuves pendant les 12 premieres annees et qu'a » la derniere le nombre des pensions a payer soil 12 fois 0,92 on )> 11 p. °/o environ; ce nombre derneurant constant pendant les an- » nees suivantes par 1'efFet de la mortalite parmi les veuves. » On sent tout ce qu'il y a de force dans ce raisonnement qui re- vient a supposer qu'aucune veuve ne meure pendant 12 ans, pour faire ensuite disparaitre annuellement, a partir de la I5e ann^e, un douzieme du total , et passer ainsi brusquement de la mortality zero a Tenorme mortalite de Via, qui est celle des femmes de 75 ans. Cetle anomalie choquante monlre a vec evidence que la duree moyenne de la pension, sur laquelle est base le resultat final, est beaucoup trop faible, puisqu'elle entralne comme consequence necessaire tine mortality moyenne de '/I2 dans le personnel normal d'une caisse de (7) veuves, mortalite qui est en contradiction flagrante avec lout ce que 1'experience nous enseigne. La commission qui a £te charged en Belgique de pr^parer les me- sures d'execution de la loi generate des pensions dit, il est vrai, a la page 9 de son rapport (pp. 10 et 16 du memoire) : « En France, et Ton pent admettre ces dormers comme applica- M bles h la Bclgique, Ton a constate par l'expe>ience d'un grand » nombre d'ann^es, et en operant sur 65,000 fonctionnaires, que » la dun'-e nioyenne du payement d'une pension de veuve est de onze » ans et demi. » Mais n'y aurait-il pas eu ici une inadvertance dans le travail de la commission? Le chiffre de 11 ans */a est tire" du rapport fait & la Chambre des Deputes de France par M. Mathieu, dans la stance du 20 juin 1840 (voyez le supplement an Moniteur framais de ce jour); or voici la phrase que je trouve en consultant ce document : « Les six dixiemes des fonctionnaires qui meurent en retraite » sont remplac^s par leurs veuves, qui jouissent de la pension pen- » danl onze ans et demi. » 11 suit de la que le chiffre de onze ans et demi indique la dure"e nioyenne de la pension d'une veuve dont le mart meurt en retraite, c'est-a-dire dans un age avance, et nullement la duree moyenne du veuvage pour les femmes de fonctionnaires en general. Si notre re- marque est juste, elle sum'rait, a elle seule, pour faire voir que 1'orga- nisalion des caisses de veuves en Belgique repose sur une base fausse. Une autre objection que je ferai a 1'emploi de la duree moyenne du veuvage comme element de solution du probleme qui nous oc- cupe, c'est que sa valeur est toujours trop faible, a moins qu'on n'exclue du calcul toutes les observations faitesavant 1'extinction de la premiere generation des veuves. On sent en effet que les observa- tions faites dans les cinq premieres annees de 1'existence d'une caisse donneront forcement pour la dur6e moyenne de la pension une quantite inferieure a cinq ans; celles qui se rapportent auxdix pre- mieres annees donneronl une durde moyenne inferieure de beaucoup a dix ans, et ainsi de suite (*). Get inconvenient n'existe pas lors- (*) La caisse des veuves de Farmee des Pays-Bas, par exemple, a et6 fondee en 1815, et cependant aucun releve statistiqne ne permet encore aujourd'hui ( 8) que Ton remplace, comme nous 1'avons fait dans noire travail , 1'idee absolue de la pension moyenne des veuves par la consideration rela- tive de leur mortality moyenne. Enfin un dernier tort que Ton a d'ordinaire, dans les calculs rela- tifs aux caisses de veuves (voyez i'ouvrage d&ja cite, p. 25), c'est de faire entrer en ligne de compte la mortalite des femmes mariees. La consideration de cette mortalite n'est ne"cessaire que dans un cas: c'est lorsque Ton impose une contribution extraordinaire au fonc- tionnaire qui se marie, et que Ton veut calculer les ressources pro- bables de la caisse. Mais qu'il meure dans une anne"e plus ou moins de femmes mariees, cela ne changera absolument rien au nombre d'hommes maries qui mourront, et par consequent au nombre des veuves qui viendront participer a la caisse. La mort d'un mari met surement une veuve a la charge de rinstitution ; la mort d'une femme permet au veuf de former une nouvelle union , ou d'etre remplaee" dans la categoric des maries par un celibataire qui contracte ma- riage. De toutes ces differences entre nos manieres de voir, il requite que 1'auteur du me"moire en question fixe a 11 p. °/o du personnel le nombre maximum des pensions annuelles qui pourront £tre poriees au budget d'une caisse de veuves; tandis que nous ferons voir qu'il doit s'elever au dela des 5|s du nombre des couples, c'est-a-dire a plus de 50 p. °/o du person nel, si Ton admet, avec 1'auteur et avec la commission des pensions, que les fonctionnaires se divisent par moitie" en celibataires et maries. De plus, au lieu d'arriver a I'&at stationnaire en 12 ans, le personnel d'une caisse de veuves doit crot- tre, suivant nous, pendant au dela d'un demi-siecle. Bien que les raisonnements qui nous ont guide dans notre theorie de 1'organisation des caisses de veuves nous semblent exacts, nous aurions, par une juste defiance de nous-meme, hesite a publier les re"sultats de nos calculs , en presence des grands disaccords que nous d'en deduire la duree raoyenne de la pension d'une veuve. En efiet sur six veuves datant de 1815 que la caisse des Pays-Bas a leguees a la notre, trois existent en- core en 1853; et il nous en reste 20 anterieures a 1830. La mort actuelle de ces 2C veuves eleverait de deux ans la dure'e moyenne de la pension calculee d'apres 1 es deces enrefjistres jusqu'a co jour. venons de signaler. Mais les documents que nous avons recueillis sur la caisse des veuves et orpbelins des officiers de 1'arme'e beige sont venus confirmer pleinement notre rnaniere de voir. En effet dans cette institution, qui date de 1851 , le nombre actud des veu- ves surpasse deja la proportion de 32 p. °lo du nombre des couples (ou 16 p. °/o du personnel, tel que 1'enlend la commission); et quant a la durde de la periode d'accroissement, on peut en juger d'apres le tableau suivant dresse" sur les documents authentiques qui nous ont ete fournis par Tadministration de la caisse des veuves de notre armee. Augmentation annuelle du personnel des veuves, de 1851 a 1852. Moyenne de 7 en 7 ans. Exces de 1852 sur 1851 11 — 1855 1852 11 1854 1855 20 1855 1854 11 10,7 1856 1855 10 1857 1836 9 1858 1857 3 1859 1838 17 1840 1859 7 — 1841 1840 12 1842 1841 28 1845 1842 21 1844 1845 10 1845 1844 9 1846 1845. 18 — 1847 1846 26 — 1848 1847 14 - 1849 1848 19 17,6 — 1850 1849 17 1851 1850 . 15 1852 1851 16 On voit qu'apres une periode de 22 ans, le nombre des veuves est loin d'etre arrive a son maximum. Son accroissement, en efiet, au lieu de tendre a devenir mil, paralt augmenter d'anne"e en anne"e. Ce fait est d'autant plus frappant que, depuis 12 ans, le nombre des couples participants n'a fait que decroltre : il e"tait de 1251 an iw Janvier 1840, et de 1206 au I er Janvier 1832. La the'orie ordinaire des caisses de veuves est done en disaccord complet avec 1'experience : on verra, au contraire, que les r£sul- tats de mes formules sont pleinement confirmed par robservation. C'est ce double molif qui m'a encourage au milieu des calculs longs et penibles qu'a exiges uion travail; c'est lui qui m'a engag£ a pre*- senter ce me* moire avec quelque confiance. Pour faciliter au lecteur Intelligence des raisonnements que j'aurai a faire dans le cours de mon ouvrage; pour lui donner d'avance une id^e claire des principals conditions auxquelles doit satisfaire I'etablissement des caisses de veuves en general, je crois utile de terminer cette introduction par un re'sume' succinct des dispositions reglementaires qui regissent aujourd'hui la caisse des veuves et orphelins des officiers de Tarmee beige. Cette institution a etc fondee par un arr6t6 du 10 mars 1831, basd sur 1'arreteMoi du H Janvier 1815 : elle a pour objet d'assurer a la veuve de tout officier une pension viagere proportionnee au grade qu'occupait le mari, et d'accorder des secours aux orpbelins mineurs. Le taux de la pension d'une veuve est fixe de la maniere suivante : Pension an- Krais nuelle. d'enterrem. Pour la veuve d'un lieutenant general . . . . fr. 5150 (I'lin general-major 2500 d'un colonel 1 000 j d'un lieutenant -colonel 1250 ' 520 d'nn major 1000 ) d'un capitaine 850 ) d'un lieutenant ou sous-lieutenant . . 040 ' La veuve re^oit en outre, pour cbaque enfant mineur, en sus de trois, une gratification annuelle de 1 10 francs. A la rnort d'une veuve pensionnee ou d'un offieier veuf, la pen- sion est transported en tout on en partie sur la tete des orpbelins mineurs, a raison d'un tiers du montant de cell e pension pour chaque orphelin jusqu'a concurrence de trois. Independamment de ce sccours, une gratification annuelle de 110 francs est accorded a chaque orphelin niinour au-dessus du nornbre trois. La gratification ou le secours cesse pour les en fan Is qui ont ac- compli leur dix-huitieme annee. Quant aux orphelins de pere et de mere, auxquels les deux allocations peuvent etre applicables a la fois, la gratification de HO fr. cesse d'abord , et le secours ensuite; de maniere que les trois plus jeunes enfants restent les derniers en jouissance du secours. Pour faire face a ces defenses, la caisse est alimentee par deux especes de contributions : D'abord, tons les officiers de 1'armee, en activite, en disponibilite\ en non-activite, a la reforrne et pensionnes, payent mensuellement une contribution au profit de la caisse des veuves et orphelins, dans la proportion suivante : *2 p. °/o de tous les traitements montant a plus de 5050 francs par an ; 1 */2 p. °/o de tous les trailemenls de 5350 a 5050 francs inclus par an ; I p. °/o de tous les traitements au-dessous de 5350 francs par an. Cette contribution, dite ordinaire, esl acquittee au moyen d'une retenue a exercer sur les traitements. En second lieu, tous les officiers en activite (*) qui re » 13 » 16 » » 14 » 25 » » 15 » 56 » » 16 » 4-9 » » 17 » 64 » » 18 » 81 » » 19 » 100 » » 20 » La contribution decennale ne merite re"ellement ce nom qwe pour les officiers qui se marient avant d'avoir accompli leur 45e ann^e. Passe 45 ans, ils doivent verser wwiediatement, en deduction de cette contribution, autant de dixiemes du montant de la pension qu'ils ont d'anne'es d'age en plus; de sorte que Tofficier qui contracte mariage apres 55 ans, doit acquitter immediatement tonte sa contri- bution decennale. Cette mesure a pour but d'eviter autant que possible d'operer des retenues sur les pensions des veuves ou des orphelins. ( 13 ) Lorsqu'un oflicier devient veuf et qu'il a un ou plusieurs enfants de son mariage, il doit liquider les contributions decennale et quin- quennale jusqu'a la majorite de ceux-ci. S'il est veuf sans enfants, ou que ceux-ci viennent a deader, il n'est pas tenu de fournir ces contributions au dela du mois dans lequel a lieu la mort de sa femme ou de son dernier enfant. Tout officier qui contracte un second mariage paye de nouveau toutes les contributions mentionnees ci-dessus; et s'il a des en- fants mineurs de son premier mariage, il doit en outre, s'il ne 1'a deja fait, liquider entierement les contributions decennale et quinquennale impulses au profit de sa premiere femme et de ses enfants. Lorsqu'un officier participant a la caisse vient a decider avant d'avoir fourni le montant d'une annee de la pension a laquelle sa femme a droit, le complement en est fourni au moyen d'une retenue de 10 p. °/o sur la pension de sa veuve, ou sur le secours accorde aux orphelins. Les sommes perc.ues, a quelque litre que ce soit, par la caisse des veuves, lui restent acquises, et ne sont, dans aucun cas, remboursees aux contribuables, ni a leurs he>itiers ou ayants cause. La retenue relative aux officiers mane's s'exerce dans toutes les positions. L'officier qui ne jouit que d'une partie de son traite- ment y est astreint comme s'il jouissait de son traitement entier; celui qui est absent sans traitement la subit a son retour pour tout le temps de son absence, sur le premier pavement qui lui est fait. Les pensions, gratifications et secours dus par la caisse sont in- cessibles et insaisissables , excepte en cas de dcbet envers I'Etat, et dans les circonstances pre"vues par les articles 205, 205 et 214 du Code civil (aliments dus aux parents). Dans les deux cas, les pen- sions, gratifications et secours precite"s sont passibles dc retenues qui ne peuvent depasser le cinquieme de leur montant, pour cause de debet, et le tiers pour aliments. La participation a la caisse des veuves et orphelins est perdue par 1'officier qui donne ou rec,oit sa demission, ou qui subit une con- damnation emportant sa radiation des cadres de Farme'e. Les statuts de la caisse ne parlent pas du divorce d'un officier : le cas s'est presente, et il a et6 decide qu'a la mort d'un officier di- vorce", ses enfants sont conside>es comme orplielins et traites en consequence. Toute veuve qui se remarie ou qui passe a 1'etranger perd ses droits a la pension pour elle et pour ses enfants. CHAPITRE PREMIER. .'iOMRRE MAXIMUM 1)E VEUVES QU UNE CAISSE PEUT AVOIR A SA CHARGE. (1). Lorsqu'une association perd annuellemeiit un certain nombre de ses membres, et s'entretient en recevant dans son sein des mem- bres nouveaux, 1'dge moyen de cette association, envisaged comme un etre collectif, pent croltre, de"croitre ou rester stationnaire : le resultat depend, en effet, du nombre plus ou moins grand, et de 1'Age plus ou moins avanc£ des membres entry's et sortis. Si , comme le fait se pr&ente pour le personnel d'une caisse de veuves, la plupart des membres sorlanls quittent Fassociation par suite de de"ces (done en general dans un age avance); si en outre les membres nouveaux y arrivent dans la premiere annee de leur vouvage, ce double mouvement tendra sans cesse a diminuer 1'Age moyen du personnel ; tandis que la presence des membres survivants tendra a 1'augmenter. On conceit done que, dans ce cas, il puisse s'e"tablir une espece de compensation qui maintienne a peu pres in- variable, pendant plusieurs anne"es, Fage moyen du personnel, et par suite sa mortalite" moyenne. Cette bypothese d'une mortalite moyenne sensiblement constante servant de base a une partie du travail que j'entreprends , je dois commencer par verifier sa legitimite : j'emploierai a cet effet les documents memes qui m'ont 6te fournis par la direction de la caisse des veuves et orpbelins des officiers de 1'armee beige. On remar- quera toutefois que, dans la question que je traite ici, je donneune certaine extension a la signification du mot mortalite. La mortalite des personnes marines n'exprime pas simplement pour moi le degr4 de rapidit^ avec lequel elles meurent : elle indique la loi suivant laquelle elles disparaissent de la participation, soit par la mort, soit par le divorce, soit par suite de demission ou de condamna- tion du niari. De inline une veuve, cessant de toucber la pen- sion lorsqu'elle conlracte un second manage on lorsqu'elle passe a 1'etranger (*), ineiirt alors pour Tassociation. Ceci entendu, on trouvera dans le tableau ci-dessous la marche qu'a suivie la mortalite du personnel dc la caisse, deptiis 1851 jusqu'a 1852. Tableau A. AJSKKKS. DES I10MMES. MORTAMTE — — - -~ — — DEf FEMMES. DES VEUVE*. 1831 74 11 120 sur 10000 1852 122 10 106 » 1833 ..... 115 106 190 n 1854 201 119 520 i> 1855 . . 155 97 441 « 1836 158 86 205 » 1837 101 109 451 11 1858 82 41 127 » 1859 149 87 114 n 1840 151 69 550 • 1841 156 61 155 » 1842 257 150 225 • 1845 205 78 82 » 1844 95 55 257 « 1845 118 65 267 » 1846 197 24 557 * 1847 287 52 527 » 1848 194 75 250 » 1849 217 88 554 • 1850 255 41 594 n 1851 218 48 190 » 185^ • • 186 40 254 n 22 ans .... 162 67 249 (¥) Cette distinction est Ircs-importante : ainsi, sur 157 veuves qui out disparu de rassociatioii depuis 1850 jusqu'a 1852, 106 soul rcellement decedees; 22 se sont reraariees, et 9 ont passe a relranger. (17) Un simple coup d'ceil jete" sur ce tableau fait voir que les nom- bres y sont distribues d'une man iere tout a fait irre"guliere. Ainsi, depuis 22 ans que la caisse existe, il ne s'est manifeste" aucune loi bien tranchee, suivant laquelle la mortality des hommes, des fem- mes ou des veuves ait vane" d'une ahneV a 1'autre; el nous sommes autoi-ise* a admettre comme constants la mortalite" pour cbacune de ces trois categories. On remarquera que la mortality annuelle des femmes marines est celle qui a present^ les irre"gularites les plus fortes; mais, ainsi que nous avons de*ja eu occasion de le dire dans 1'introduction, nous n'avons pas besoin de faire intervenir cet e'le'- ment dans nos calculs : nous 1'avons fourni comme simple ren- seignement slatistique. Les mortality annuelles des hommes mari^s et des femmes veuves offrent des variations beaucoup moins fortes, mais qui, nftinmoins, sont encore tres-sensibles. La cause en est d'abord aux fle^aux qui ont frappe* notre pays a plusieurs reprises depuis 1851; ensuite a ce que les nombres annuels sur lesquels nous avons ope"r£ n'e"taient pas assez considerables pour amortir 1'influence des causes accidentelles. En 1831, le nombre des couples participants n'etait que de 941 ; il s'est eleve graduellement jusqu'au dela de 1300 en 1841. Depuis cette derniere epoque, il a diminue le^gerement, et est aiijour'd'hui de 1240 environ. Quant aux veuves, leur nombre rie s'6levait qu'a 83 a la fin de 1831 , et il a augmente progressivement jusqu'aujourd'hui , ou il est de 385. Comme Font fait observer avec raison les commissaires charge's par TAcade'mie d'examiner notre travail , ces irre'gularite's dans la marche des nombres sont de nature a jeter quelque incertitude sur les conclusions num^riques auxquelles nous sommes parvenu (*). Les anomalies que nous offre le passe" pourront, en effet, se repre*- senter dans Vavenir; et il y aurait imprudence de notre part a vouloir assigner, par des chiffres absolus et precis, l^tat futur de 1'institution qui nous occupe. Le temps pourra amener quelques variations dans les constantes sur lesquelles sont bases nos cal- culs numeriques, et modifier ainsi les re"sultats que nous dedui- sons de ces elements : mais si la the'orie qui a guide" nos calculs est (*) Bulletins de I' Academic, tome XX, n° 10, pp. 137 et suiv. APP. BULL. less. 2 ( 18) rigoureuse; si les documents sur lesquels nous nous sommes appuye sont exacts; si enfin , nous avons fait usage de toutes les observa- tions que nous avons pu recueillir, nos provisions ne s'ecarteront guere de la realite", et nous croirons dans tous les cas avoir rem- pli aussi comple'tement qu'il e"tait possible la tache que nous nous etions imposed. La mortality moyenne des officiers mane's a fob de 0,0198 pour les onze dernieres annees qui se sont ecoule"es : d'apres les tables ge'ne'rales de mortality construites pour la Belgique,elle correspond a 1'age de 50 ans. Or les documents statistiques qui ont e"te" mis a notre disposition montrent que 1'age moyen d'un officier, a 1'instant de sa mort, est de 50ans,6 : il en resulte que la mortalite" des officiers beiges s'ecarte tres-peu de la mortality gene"rale. Ainsi qu'on le verra plus loin , 1'age moyen de la femme d'officier, a 1'instant ou elle devient veuve, est de 44ans,6, et la duree moyenne d'une pension doit s'e*lever a 25 ans environ. L'age moyen d'une \euve, a 1'epoque de sa mort, est done de 70 ans, tandis que la mortalite 0,0265 (de"duite de la meme pe>iode de 11 ans et com- prenant les remariages) ne correspond qu'a 1'age de 58 ans. II suit de la , ou bien que la vitalite des veuves est supe>ieure a la vitalite ge*ne*rale, ou bien que 1'etablissement de la caisse ne date pas d'assez longtemps pour que la mortalite* des veuves pensionnees ait atteint sa valeur normale. Dans notre opinion, Tune et 1'autre cause ont agi a la fois. Les nombres inscrits au has du tableau (A.) expriment la moyenne des mortaliles annuelles pour chacune des trois categories d'indivi- dus, hommes, femmes et veuves; mais ils ne repre"sentent pas a la rigueur leur mortalile moyenne. Pour calculer exactement celle-ci, il faudrait multiplier chacune des mortalite's annuelles par le poids qui lui correspond, et diviser la somme des produits par la somme des poids. Or, le poids de chacune des mortalite's annuelles est pro- portionnel aux nombres d'individus sur lesquels on a ope're' : soierit done v, »', v" le nombre de personnes vivantes que renfermait une catt'gwie pendant les annees 1,2, 3 de la periode de 22 ans que nous ons; m, m', m" le nombre de deces survenus pendant chacune de ces anne'es : la mortalite moyenne sera m — • v m' m" — • t) -4- -77 v' -u" Elle s'oblient done « en divisant la somme des de"ces enregistres » pendant toute la pe"riode, par la somme des nombres annuels de » participants. » Les documents qui nous ont servi a dresser le tableau precedent montrent que, sur 26500 couples, il est mort 433 homines et 178 femmes, et que, sur 4882 veuves, il en est mort 127. On en deduit : MOHTAUTB VOIDS moyenne. du resultat. Officiers maries .... 0,0164 26500 Femmes mariees .... 0,0069 26500 Femmes veuves .... 0,0260 4882 La precision du dernier re'sultal est done a celle des deux pre- miers, comme V/4882 : 1/26500, ou comme 1 : 2,3. (2). Chaque annee, il entre a la charge de la caisse un certain nom- bre de veuves provenant des maris qui sont morts dans le courant de cette anne"e; et il en sort un certain nombre par suite de ce que nous sommes convenus d'appeler la mortality des veuves. L'excedant de ces entrees sur ces sorties constitue raccroissement du personnel des veuves a charge de la caisse. Or, ce personnel continuera a s'accroltre aussi longtemps qu'fl mourra annuellement plus d'hommes mane's qu'il ne disparaltra de veuves; et il ne deviendra stationnaire quelorsque le nombre annuel tfes extinctions sera egal pour les deux categories que nous compa- rons. On voit deja qu'en supposant une eyale vitalite chez les honi;- mes maries et chez les femmes veuves, le nombre annuel des extinctions sera proporiionnel au nombre d'individtis que renferme chaque categoric; que, par suite, « la caisse commencera a perdre ( 20 ) » chaque annee autant d'anciennes veuves qu'elle en regoit de nou- » velles, lorsque le personnel des veuves (qui fournit les departs) sera » e"gal au personnel des hommes mari6s(qui fournit les arrives). » Dans la realite" , 1'Age moyen des veuves est de beaucoup supe>ieur a celui des hommes marieV, de sorte que la mortality des premieres est notablement plus grande que celle des derniers. Les seconds manages des veuves augmentent encore pour nous cette 'difference. D'apres le tableau A, le rapport est de 249 a 162 pour la caisse des officiers de Tarmee beige. Si nous voulons calculer, dans ce ens, la Jimile a laquelle peut atteindre le nombre des veuves touchant une pension, representons par Vm ce nombre maximum inconnu; par - la mortalite annuelle des veuves : lorsque leur personnel sera au complet, il en disparaitra annuellement un nombre represent^ Par V' De m6me soil H le nombre d'hommes mari^s participant a la caisse; ^ leur mortalite annuelle: -r sera le nombre de veuves qui, chaque annee, arrivent a la charge de la caisse. La condition d'equi- libre de celle-ci sera doiic exprime"e par liquation H Vm k~ V = °> d'ou theoreme que nous traduisons ainsi : « Le nombre maximum de veuves que la caisse peut avoir a » entretenir est e"gal au nombre de couples admis a participer aU » be"ne"fice de 1'inslitution, multipli^ par le rapport de la mortality » des hommes maries a la mortalite des femmes veuves. » Admettons, comme cela a lieu a tres-peu pres aujourd'hui dans la caisse de 1'armee beige, que le nombre de couples admis a la participation soil de 1200 : le nombre maximum des veuves que 1'institution pourra un jour avoir a sa charge sera, en faisant usage de la moyenne des mortalites annuelles, 1200 X'62 = 780. 249 ( 21 ) En calculant d'apres la mortalile moyenne, on trouverait *200 X 164 _ 260 Ces nombres sont bases sur la pe>iode entiere comprise entre i85I et 1852 inclus. La demi-pe>iode, qui s'e"tend de 1842 a 1852 6tant plus voisine de nous, doit donner un re"sultat qui repr&ente- rait probablement mieux 1'etat actuel des choses : en calculant d'apres elle , on trouverait 1200 X 198 265 == 897, pour le nombre maximum de veuves que la caisse pent avoir a sa. charge. CHAPITRE II. DE LA LOI QUE SUIT L*ACCROISSEMENT ANNUEL DU NOMBRE DES VEUVES. (5). La theorie que nous venons d'exposer permet de calculer quelle est la somme la plus forte qu'une caisse de veuves peut avoir a de"bourser annuellement : il suffit pour cela de multiplier le nombre maximum obtenu plus haut par la valeur moyenne de la pension d'une veuve. Nous avons maintenant a rechercber la marche que suit 1'accrois- sement annuel du nombre des veuves, et a calculer 1'^poque a laquelle cet accroissement sera nul , ou du moins insensible. Ici la mortality moyenne ne suffit plus : il faudrait connaltre et introduire la lot que suit la mortalite" des veuves dans la lre, la 2e..., etc., annee du veuvage. Toutefois, pour simplifier la question , nous eommencerons par la trailer en supposant cette mortalite constante et e"gale a la mortality moyenne: cette hypothese, d'ailleurs, ne s'e"carte beaucoup de la verit^ que pour les ages tres-avanc^s ; en- suite nous modifierons notre premier raisonnement en ayant e"gard a 1'accroissement de la mortality avec 1'age. (22) Les extinctions s'effectuant indifferemment pendant toute Tan- ne'e, il faudrait, pour 6tre rigoureux, calculer la mortality d'apres le nombre de couples et de veuves qui existent au milieu de chaque anne*e; mais nos formules seront un peu plus simples si nous calcu- lons, pour la fin de chaque anne"e, ce que sont devenus les nom- bres qui existaient au commencement. La difference entre les deux proce'de's ne donne, du reste, qu'une difference insensible dans les re"sultats. D'apres cela, au commencement de la lre annee de la fondation de la caisse, il existe H couples et ze"ro veuves. A la fin de cette an- T| ne'e, il y aura done T = <* veuves. Au commencement de la 2e anne"e, il y a encore H couples (car nous supposons ce nombre constant, de nouveaux manages rempla- c.antcontinuellement ceux qui onte"t6 dissousparlamort): cesH cou- ples produiront pendant l'anne"e a nouvelles veuves; mais sur celles la lre anneX il en meurt : reste done, a la fin de la 2e anne"e, en d^signant par q la quantit^ | J — l- j , que Ton peut regarder comme le coefficient de vitalite des veuves, est leur coefficient de mortalite. Sur les veuves qui existaient au commencement de la 5e annee , il en meurt pendant cette annee ( a -f- aq ) — = , ce qui montre qu'il existe une asymptote CD, parallele in 1'axe des jj, et distante de cet axe d'une quantity -£— , nombre maximum des veuves. (4). Le r^sultat precedent est base, avons-nous dil, sur Thypothese d'une vitality constante, m^me pour les ages les plus avance"s : telle est la raison pour laquelle le personnel de la caisse met un temps infini a arriver a son maximum. Pour etre plus exact, il faudrait ( 25 ) rem placer la mortality constante J- par les mortality's variables i-', ^ .... se rapportant a la 2e, la 5e .... etc., anm'>e du veuvage moyen. On aurait alors : A la fin de la lrc annee .... .« veuves; » » 2e » « •+- * I 1 - -- 1 = « -f- « •*• Ms H- Ms?4 + '•••• -*-9a78?4 •••• gn = v-l. • • (2) On poussera la somnie des termes du premier membre jusqu'a ce qn'elle soit egale a v — 1 ; et Ton verra ainsi au bout de combien d'annees le nombre des veuves deviendra stationnaire. Si les divers coefficients devilalite ontete bien choisis, on aura une verification, car la somme des termes du premier membre devra devenir e*gale a v — I lorsqu'on arrivera a un coefficient qn^.i sensiblement e"gal a zero. La vitality des veuves ne doit £tre considered comme nulle que vers iOO ans; la premiere ann^e du veuvage peut d'ailleurs 6tre fixee, comme nous le verrons plus loin, a 1'age de 45 ans : il suit de la que la p^riode d'accroissement du personnel d'une caisse de veuves est d'environ 55 ans. (5 . La marche que nous avons adoptee pour calculer 1'accroisse- ment progressif du nombre des veuves, a partir de 1'epoque de la fondation de la caisse, peut encore £tre suivie lorsqu'on veut partir d'une e*poque quelconque de son existence. Soit Vn le nombre de veuves existant a la fin de la we anne"e, ou au commencement de la (n n- })e : — sera le nombre de veuves qui ( 26 ) meurent dans cette (n -f- l)e anne*e (*); et a, — ^ sera 1'accrois- sement du nombre de veuves. II en restera done, a la fin de Tanned (»+!), v, = vn +*- -^ =¥„« + «. En continuant le m6me raisonnement, on trouvera pour le nom- bre de veuves a la fin de 1'annge (n H- 2) , V2 = Vn q* -f- aq H- ?g veuves; mais la correction est negli-. geable, surtout lorsque Ton CQasidere Tincerlitudp de la mortalile. (27) est une autre constante qui exprime le nombre de veuves qui man- quaient, au commencement de la pe>iode en question, pour com- plater le nombre maximum. Notre Equation definitive devient done V«' = \m - \m> .,.!•• ' observe. BIFFKHEHCES cailcul-observation. 1852 . 383 385 — 2 1851 572 369 H- 3 1850 356 356 0 1849 341 339 H- 2 1848 325 320 H- 5 1847 303 306 — 5 1846 287 280 H- 7 1845 . . c>70 262 -+- 8 1844 . . . 254 253 -+• \ 1843 235 243 — 8 1842 212 222 —10 1841 199 194 -f- 5 1840 . 185 182 -4- 3 1839 172 175 — 5 1838 157 158 — 1 ( 30 ) Les signes des differences variant sans aitcune loi, on voit queles hearts entre les rdsultats du calcul et ceux de Fobservation sent purement fortuits : la grandeur absolue de ces ecarts est d'ailletirs tres-faible, eu e*gard a Hnconstance de la mortalite" suivant les an- nees. L'accord entre notre the"orie et 1'observation est done aussi grand qu'on peut le de"sirer; et com me la courbe calcule'e se con- fond sensiblement avec la courbe observe'e, pendant les 15 annees qui ont precede" 1853, il est probable que les deux courbes ne se se"pareront pas davantage pendant les 15 anne"es qui suivront. L'accord que nous venons de signaler montre en meme temps que, pendant un temps assez long, il est inutile de tenir compte de la variation du coefficient moyen de vitalite" des veuves; et on le comprendra sans peine, si Ton songe que ce coefficient, qui est de 0,98 a 40 ans, ne descend pas a 0,91 pour les veuves de 80 ans. Veut-on du reste avoir e"gard a sa variation, on proceMera comme on Fa deja fait au § 4. Soit V le nombre de veuves existant an commencement de la lre annde de la pe"riode; A leur age moyen; ^ la mortalite corres- pondant a cet age : les V veuves seront r6duites, a la fin de la lre anne"e, a V (1 — £) = \pr D'ailleurs il en est entre" a nouvelles pendant cette annee : on aura done , A la fin de la lre annee a-f-Vp, veuves; » » 2e » (x L'equation a r^soudre pour obtenir le nombre maximum de veuves Vm==at), est par consequent et le nombre determes du premier membre qu'il faudra ajouter pour obtenir (v — 1) indiquera le nombre d'annees au bout duquel le personnel des veuves cessera de s'accroitre. (51 ) (7). Nous avons fixe precedemment a 45 ans 1'age moyen de la femme d'un officier au moment de la mort de son mari. Get age a varte d'une maniere progressive depuis la fondation de la caisse des veuves et orphelins des officiers de notre armee; il serait un pen trop faible pour 1'epoque actuelle. En effet, la discussion des documents statistiques relatifs a cette institution fournit les resul- tats que voici : Tableau ». KPOQUE MOYEINNE OU VEUVAGE DE LA 1 KJHMK. De 1815 a 1850 . . 40,7 ans par 74 observations. 1850 a 1841 . . 42,3 » » 125 1841 a 1848 . . 45,5 *> » 175 » 1848 a 1852 . . 48,6 . » 115 1815 a 1852 . . 44,6 » » 485 » Les chifFres de ce tableau suivent une progression bien marquee : 1'age moyen des veuves qui viennent participer a la caisse augmente annuellement. On verra plus loin que 1'age moyen du mariage des hommes s'est accru presque exactement dans la meme proportion; tandis que, pour les femmes, il a pen vari£ et peut £trefixe* a 26ans,91. Si Ton retranche de l'e"poque moyenne du veuvage des femmes I'e*- poque moyenne de leur mariage, on trouvera 44, 6—26, 9=17aD9,7 pour la dure"e du mariage moyen d'un officier qui laisse une veuve a la caisse. Get element etant tres-important pour calculer les ressources probables d'une caisse de veuves, nous avons cherche a l^tablir par voie directe, en relevant les duress de 449 manages dissous par la morl de 1'officier : nous avons trouv6 ainsi : Tableau fS. DATB de LA MORT DO MARI. DURtfg MOYUNNB clu mariage. NOMBRE (T'observatlons. 1815 a 1837 . . . 1838 a 1842 . . . 1843 a 1846 . . . 1847 a 1850 . . . 1851 a 1853 . . . 1815 a 1855 . . . (*) De 1815 a 1830 nous vations : la date du mariag plupart des officiers morts ans 15,2 17,2 17,6 20,6 21,6 mo 100 100 100 38 17,9 n'avons recueill e n'a pu elrc ret jendanl cette pei 449 que H obser- •ouvee, pour la •iode. Le resultat general Concorde parfaitement avec celui qui a etc" obtenu par voie indirecte. L'augmentation progressive de la duree moyenne du mariage provient naturelleraent de ce que la se>ie pre"ce"dente est ordonne"e par rapport au temps, et de ce que les manages les plus lon'gs viennent s'inscrire les derniers. Flagons ici une remarque importante, c'est qu'a 1'age de 44 ans */«, e"poque moyenne du veuvage d?une femme , la vie moyenne est de plus de 25 ans : ilresulte de I& que la dure"e moyenne du pavement de la pension d'une veuve est pre"cise"ment double de celle qui a e"te adoptee par la commission des pensions en Belgique. Au moment ou nous ^crivons ces ligries (d^cembre 1853) nous avons sous les yeiix 1'etat des veuves d'officiers qui ont disparu de la participation pendant les onze premiers mois de l'anne"e 1853 : elles sont au n ombre de 15, et ont touch^ ensemble 348 pensions an- nuelles : la dure"e moyenne de leur veuvage a done e"te" de 23 ans et trois mois. Et il est a observer que , de ces 15 veuves, 10 seulement sont de"ce"dees; 5 d'entre elles existent encore aujourd'hui , mais leur pension a e^e" portee a charge du budget de la guerre (pension des Indes). ( 53) (8). Voulons-nous calculer maintenant les ressources dont la caisse dcvra disposer pour faire face a ses besoins probables. Puisque nous connaissons, d'apres la derniere colonne du tableau B, les nombres successifs de veuves qu'elle aura a sa charge d'anne'e en anne*e, il nous suffira de connaitre en outre la valeur de la pension inoyenne d'une veuve, y compris les secours accordes aux orphelins. Or, de 1831 a 1852 inclusivement, la caisse a paye" 3 976 700 francs, repartis en 4755 pensions, ce qui donne pour moyenne 837 francs; mais cette valeur est un pen trop faible pour 4tre appli- quee a l'e"poque actuelle : la pension moyenne suit une marche ascen- dante, probablement parce que le nombre d'oificiers superieurs en retraite, participant a la caisse, augmente d'annee en anne'e. Voici les valeurs successives de la pension moyenne d'une veuve de 1831 a 1852. 1831 fp. 709 1852 . . 763 1833 " 837 1834 732 792 1835 897 1836 799 1837 809 1858 906 1839 825 1840 817 1841 806 827 1842 804 1845 805 1844 827 1845 827 \ 1846 990 ] 1847 824 I 1848 . 849 V 7 Xin ; 1849 860 / ' 1850 855 I 1851 848 \ 1852 . . 877 / La valeur inoyenne de la pension d'une veuve pent done elre APP. BULL. i8oo. 3 ( 54) estimee aujourd'hui a 860 francs. FVapres celte donne"e, si nous calculons, au moyen de la derniere colonne du tableau B , ce que la caisse aura probablement a payer par annee dans 1'avenir, nous trouvons : Tableau AWSKK. SOMME PUOBABLE a payer. AX WEB. SOMMK PROliBLB ft payer. 1855 343000 1 803 445600 1854 . . 354200 1864 452200 1855. . 565550 1865 460800 1856 375650 1870. 499450 1857. . 586000 1875. . . . 533850 1858 596300 1880 . 565050 1859 406600 1885. . 589700 1 860 . . 416100 1890. . 612100 1861 425500 1895 651850 1862 455000 1900. . 649900 Ce tableau montre que, jusqu'en 1860, les defenses de la caisse augmenteront d'environ 10 a 12 mille francs par annee: De 1860 a 1870, Paugmentation annuellc sei-a de 1870 a 1880 1880 a 1890 1890 a 1900 fr. 8500 6500 4900 3800 Ce ne sont done pas des ressources constantes , ce sont des res- sources croissantes que doit se procurer une caisse de veuves ; et pour les obtenir, il faut que, dans les premiers ternps de son e*la- blissement, elle realise des benefices exorbitanls en apparence, et les fasse fructifier par des placements avantageux. Les charges probables de la caisse seraient un peu moins lotirdes, si on les calculait au moyen de la premiere colonne du tableau B, (55) c'est-a-dire en se basant siir les resultats dcs 22 armies d'observa- lion : on trouverait ainsi : Tableau V . AltWKE. SOMMK PROBABLE a payer. AlfNKK. SOMMB PROBABLE a payer. 1853 359700 1863 . 413700 1854 . . . 347400 1864 419700 1855 356000 1865 425700 1856 . . . . 363800 J870 454900 1857 371500 1875 480800 1858 . . . . 379300 1880 .. 503100 1859 . ... 386100 1885 522900 1800 . . . . 393000 1890 . . 540100 1861 ..... 1862 . ... 399900 406800 1895 1900 .... 555600 569300 D'apres ce qui precede, on voit que la pension moyenne d'une veuve represente pour nous le total des depenses effectuees annuel- lemeni par la caisse, divise" par le nombre de veuves existantes. Cette fiction a pour but de simplifier le probleme, en re"partissant e"galement stir chaque veuve deux ordres de defenses qui ne les concernent pas directement, savoir : 1° Les gratifications annuelles de 110 francs, accorde"es aux enfants mineurs, au-dessus du nombre trois, qui restent a charge des veuves ; 2° Les secours accorded aux orpbelins de pere et de mere, pen- dant leur minorit^. Les defenses effectuees du premier chef sont insignifiantes. Pour savoir a combien s'eleve le budget particulier des orphelins de pere et de mere, j'ai fait un releve" special depuis J831 jusqu'a 1855 inclus , et j'ai Irouvequ'en 23 ans : 43 veuves e"taienl mortes laissant 98 orphelins mineurs; 32 officiers veufs ^taient morts, laissant 74 orphelins mineurs; (36) En tout, 172 orphelins ont rec,u des secours de la caisse. Comme le secours accorde" a chacun d'eux est egal au tiers de la pension d'une veuve, on trouve que les orphelins de pere et de mere, arrives annuellement a la charge de Finslilution, equivalent a Farrive'e annuelle de 2,5 veuves, devant toucher la pension pendant un temps egal a la duree moyenne de la minority d'un orphelin. Or, la duree moyenne de cette minorite est : Pour un orphelin laisse par une veuve, 7 ans 11 mois; par un officier veuf, 6 ans 5 mois. La moyenne gene'rale est de 7 ans 2 mois, c'est-a-dire a pen pres le tiers de la duree moyenne de la pension d'une veuve. Tous les orphelins re'unis occasionnent done moins de depense a la caisse qu'une veuve de plus qtii arriverait annuellement. CHAPITRE III. DE LA MARCHE DES CAPITAUX ENGAGES DANS UNE CAISSE DE VEUVES. (9). L'experience, avons-nous dit dans 1'Introduction de ce me- moire, prouve que souvent une caisse de veuves, apres avoir passe par une premiere phase de prosperite, arrive peu a peu a une e*poque de decadence, et voit hient6t son deficit s'agrandir dans une effrayante progression. La raison de ce fait est facile a saisir : le chiffre annuel des pensions a payer croit pendant un temps beau- coup plus long qu'on ne le suppose ordinairement ; tandis que celui de la contribution reste invariable. Nous savons maintenant assigner la loi que suit 1'accroissement des charges d'une caisse de veuves; mais cette connaissance ne suffit pas pour asseoir 1'etablissement sur des bases solides : il faut encore etudier le jeu des capitaux dont il dispose, afin de pouvoir rdpondre aux questions suivantes : 1° Une caisse e"tant organise'e, calculer Tinstant probable de sa (57) decadence, c'est-a-dire de 1'epoque a laquelle ses payements annuels commenceront a de"passer ses recettes annuelles; 2° Calculer 1'instant probable de son deficit, epoque a laquelle sa reserve dtant ejDuise"e, elle devra imposer de nouvelles contributions a ses membres, ou avoir recours a 1'emprunt, ou, enfm, re"clamer des subsides etrangers ; 3° Kianl donne a organiser une caisse, quelle est la contribution fixe a imposer chaqueannee & ses membres, pour que la reserve ne commence a 6tre entamfo qu'au bout d'un temps assigne* ; 4° Enfin, calculer cette contribution sous la condition que la reserve soil entierement fyuisee a une Epoque donnee. Pour resoudre ces importantes questions par des formules atissi simples que le comporte la nature du probleme, nous regarderons comme des quantit^s constantes : Le nombre de couples, C, participant a la caisse; La contribution annuelle, K, provenant des retenues ordinaires et extraordinaires ; Enfm , la mortalite des hommes et des femmes. Designons par P la pension moyenne d'une veuve, y compris les secours accorded aux orphelins; Par r I'inte"r6t d'un franc que la caisse*retire des capitaux qu'elle place; Continuons a repre"senter par j- la mortality moyenne des maris; par - celle des veuves ; et posons c * -' v = R -h (R — ise line situation tres-impor- tante pour la caisse, aurait pu s'ohtenir par une autre voie. Lorsque l'4tat des finances de Finstilution sera tel que ses recettes et ses defenses annuelles se contre-balanceront, il faudra quel'int^r^t de la reserve, augments' de la contribution annuelle, soil pre'cise'ment Equivalent au montant des pensions a servir. L'interel de la reserve est Egal a l'expression(5), multiplied par I'inter^t d'un franc (p — 1); le nombre des pensions a servir est a ^~ J J : on a done alors liquation Simplifiant cette expression , on a -1 p — q ou , enfin , (10). Pour calculer 1'Epoque a laquelle commencera cette p^riode de decadence, resolvons par rapport a n liquation exponentielle qui pi'^cede : dans ce but, mettons-la sous la forme g* _ R(p-q) (40) egalant a une constante, A, la quantite" connue R(p — q) qn P- ^>, on a ^ = d'ou, en appliquant les logarithmes, - (8) Soient, pour trailer un exemple, les donne"es nume'riques suivantes : R = 250000 a = 20 P = 860 p = 1,05 q = 0,9735, on en de"duit A = 1,05 — 1,023 = 0,027, d'ou 1,58985 n == J - = 48»n8,39. 0,05285 C'est done apres environ cinquante ann^es d'existence qu'une eaisse, e"tablie comme nous venons de le supposer, atteindrait le plus haul point de sa prospe'rite'. Jusqu'a cette ^poque, sa reserve se serait accrue tous les ans ; a partir de cette m6me epoque, elle dimi- nuerait d'ann^e en annee. Si Ton veut connaitre la valeur a laquelle s'^leve cette reserve maximum , il suffit de calculer numeriquement Texpression (5), en y faisant ^ = 50 : elledevient = 4 954 000 fr. p -1 l-q_p -1 pjq-l Arriv^e h 1'epoque que nous eonside"rons , la eaisse aurait a sa charge un nombre de veuves exprim^ par q™-} x ± - = 545. q -1 (41 ) Un e*tablissement fonde" sur les bases que nous venons d'indiquer , qui aurait vu sa reserve s'accroitre chaque anne"e, et qui posse"de- rait pres de 5 millions au bout de 50 anne"es d'existence, croirait son avenir assure; et cependant, ce m£me e'tablissement (les choses suivant leur cours ordinaire) serait en deTicit de plus de 8 millions apres cent anne"es d'existence. En effet, si Ton calcule la valeur de la reserve, en faisant successivement n = 60, 80, 100, on trouve que : Au bout dc la 60e annee elle est de fr. 4462100 80e » 1 391 000 » 100C » —8 191 008 Le signe ne*gatif du dernier nombre indique un deficit, provenant d'abord de ce que la somme des pensions a de"pass6 celle des reve- nus, et, en second lieu, de ce qu'il a fallu que la caisse empruntat au taux r, auquel elle avait d'abord place". (il). Apres avoir assigns' l'e"poque de la decadence, calculons celle du deficit. A cet instant, la reserve etant r^duite a zero, nous devons poser i\ . *p r^-1 y-g' = o ~l| 1-9 LP -1 P/2-1 -1 et re*soudre, par rapport a n, cette Equation transcendante. De"sie;nons par B la constante — — - (I — q) (p~ \) p — l » » D » _ aP — — — j il viendra (10) Cette equation ne peut se re'soudre que par approximation; mais on obtiendra tres-aise"ment une premiere valeur de w, exacte a une ou deux unites pres. Il est a remarquer en effet que le nombre n devant £tre considerable, la fraction q" sera en ge'ne'ral fort petite, et pourra £tre ne"glige*e vis-a-vis du nombre p". (Test ainsi, par exemple, que pour p = 1,05 q = 0,9735 n = 80 on a p" = 49,561 g« = 0,117 Cette supposition de qn — 0 permettra de re"soudre par voie directe liquation (10), qui devient alors B-D d'ou log p Appliquons le calcul en continuant a nous servir des donne"es num£- riques e"tablies dans le § pr^c^dent , et nous trouverons quantit6 un peu trop grande, a cause de 1'hypothese q" = 0. Faisons maintenant qn — ^86'8 et transportons cette valeur dans 1'equation primitive : il viendra B(r-l) =D(p«- 0,100); d'ou _ log (B - 0,100 D) — log (B — D) 11 — ----- _ ------ - ------ . ------- 5 log p n = 84,6 ans , valeur exacte a une fraction d'ann^e pres. (12). Les deux dernieres questions que nous nous somrnes propo- sees au commencement de ce chapitre sont maintenant bien aisees a re"soudre : elles sont pour ainsi dire inverses des deux premieres. Voulons-nous calculer le montant de la contribution annuelle et constante a im poser aux membres de 1'association, pour que la re- (45) serve ne commence a e"tre entamee que 50 ansapres la fondation de la caisse? — Re"solvons, par rapport a R, Te'quation (7) P ~ en v faisant n = 50. II vient appliquant les nombres, on a R = 230700 fr. Telle est la contribution normale a imposer, dans le cas ou le nom- bre des veuves atteindrait son maximum au. bout de 50 ans. Au lieu de n = 50 , posons n = 400, nous aurons R = 235900 fr. Enfin, si Ton voulait que la reserve ne fut jamais entame"e, il fau- drait poser n = oc dans 1'expression ge"ne>ale de la valeur de R. On trouverait alors „ dou R == 236100 fr. Tel serai t le maximum absolu de la contribution annuelle. On voit de quelle importance il est d'e"tablir des le principe cette con- tribution sur des bases exactes ; car de tres-faibles variations dans la valeur de R ont, au bout d'un demi-siecle, une immense influence sur le sort de 1'institution. Resolvons entin la quatrieme question, qui a pour objet de calcu- ler le laux de la contribution annuelle, sous la condition que la re- serve soil, non pas entame'e, mais lotalement absorbed a une epoque donnt^e. Le probleme revient a r^soudre, par rapport a R, liqua- tion (9) ~ = o, p_l l~gp ( 44 ) dans laquelle on suppose n connu. On obtienl ainsi Soil n = 50, les autres donne"es nume'riques restant les memes que ci-dessus : on aura R = 206900 fr. pour n= 100, il viendrait R = 233150 fr. La difference qui existe entre ces nombres et les nombres analogues calcules prece"demment caracterise la distinction que nous avons e"tablie entre 1'epoque de decadence et celle de deficit. Si Ton veut que la reserve ne soit jamais epuise"e totalement , il faudra faire n = oo dans 1'equation (H), qui devient alors K = p— q p — q Ainsi, a 1'infini, la decadence se confond avec le deficit : pour que la reserve ne soit jamais epuisee, ou pour qu'elle ne soit jamais enta- mee, le versement annuel doit etre le meme. Nous avons deja cal- culi ce versement maximum qui , dans les circonstances ou nous nous sommes place, est de 236100 francs. (45 ) CHAPITRE IV. ETAT DES FINANCES D'UNE CAISSE DE VEUVES A UNE EPOQUE QUELCONQUE DE SON EXISTENCE. (1 3). A pi usieurs reprises deja nous avons fait ressortir, dans le cours de ce travail, la ne'cessite qu'il y a de calculer tres-exactement la valeur du revenu fixe, necessaire a 1'existence d'une caisse de veuves. II est important surtout qu'elle touche ce revenu des les premieres aunees de sa fondation, carles benefices qu'elle fait alors sontcon- side>ables en eux-m6mes, vu le petit nombre de veuves existantes, et les inte'reHs qu'ils rapportent sont destines a s'accumuler pendant line longue suite d'anne"es. Cette verit^ est e'le'mentaire, et c'est a tort que certains regle- ments, apres avoir fixe* les retenues a imposer aux fonctionnaires ou employes , laissent a la direction la faculte de rester au-dessous des limites posees, tant que les besoins de I'etablissement riexigeront pas que les retenues soient portees a ces limites. User de cette faculte" , reviendrait h diminuer la partie variable des revenus de la caisse, c'est-a-dire la reserve ; ce serait preparer pour 1'avenir des retenues hors de proportion avec les trailements. Lorsque la caisse, a I'^poque de son etablissement , doit prendre a sa charge un certain nombre de veuves deja existantes, commele fait s'est presente" lors de la fondation de la caisse des veuves des officiers de I'armta beige; ou bien, ce qui revient an m6me, lorsqu'a une certaine ^poque sa reserve n'est plus en rapport avec le nombre probable de veuves qu'elle aura a entretenir, il faut faire imme'dia- tement tin sacrifice pecuniaire pour la ramener a son etat normal : quelque penible que soil ce sacrifice , il n'est permis ni de recu- ler ni d'he'siter devant lui. Des que la reserve cesse de s'accroitre dans la proportion voulue, Finstitution periclite, et chaque annee qui s'ecoule approfondit Toi-niere ou Ton se trouve : pour en sortir il faut, ou modifier radicalement les principes de 1'association , ou r&ablir imme'diatement F^quilihre dans la marche des recettes. Principiis obsla : c'est ici surtout qu'il faut appliquer cet axiome dans toute sa rigueur. Avant de songer a porter un reinede au mal , il faut connattre parfaitement l'£tendue de ce mal, c'est-a-dire savoir calculer quelles sont les nouvelles ressources qu'on doit se procurer d'une maniere ou d'autre, lorsque la caisse est parvenue a la ne anne"e de son exis- tence, et que Ton s'apergoit que ses ressources ne sont plus en rap- port avec ses besoins probables. Soil done V le nombre de veuves que pensionne la caisse a la fin de la nf annexe; Q la reserve, pre"sumee insuffisanle, qu'elle possede a cette epoque. En conservant les notations que nous avons posees au § 9, et sans repeter des raisonnements qui seraient entierement analogues a ceux que nous avons fails dans ce paragraphe, nous trouverons : Avoir de la caisse a la fin de la (n-t-l)c annee. R -4- Qp — [a -h ¥7] P, R-4- (R-f-Q/J— [a-l-Vg]P)p — [^cH-ag-i- Vg2]P, (R— [aH-«grH-\ - [cr, -h aq H- «g2 H- Vg8] P — [a -h iode entire de 1831 a 1852, on obtient R = 233 800. (Test presque exactement le montant de la contribution annuelle que louche maintenant la caisse : si Ton avail admis ce chiffre des le principe, on n'aurait aujourd'hui aucun deficit a combler. En transportant dans liquation (16) la valeur pre"c£denle de R, on en drduil Cette relation montre que le capital de reserve varie en raison directe de q et en raison inverse de p, c'esl-a-dire qu'il doit 6tre d'autant plus considerable que le coefficient de vitalite" des veuves est plus fort, el querinterSt de 1'argenl est plus faible. Pour 7=0,9755; p = l,05,ona p — q ainsi « la reserve, a un instant quelconque, doit s'e"lever a 13 on » 14 ibis la valeur annuelle des pensions que la caisse a a servir. » Divisant Tune par 1'autre les deux equations ~ p — q on a R ; Q = o; et c'est ce qui a lieu en effet, puisque Ton a alors at _ V(l — g) = 0. (16). Le capital de reserve dont nous avons forme 1'expression g^n^rale (12) croltra aussi longtemps que la difference entre 1'avoir d'une aniii-e et celui de Tannee pr^c^dente sera positive. Cherchons la fonnule qui represente cette difference pour les ann^es n' et (n' — \ ). Dans ce but, il faut de la quantite* retrancher celle-ci P-\ 11 vient alors, toutes reductions faites, X == Q< -^ (R _ Q) p»'-* - («P - ^ VPg £galant cette expression a ze"ro, on indiquera que la reserve cesse de s'accroltre et va commencer a etre entanitie : c'est Fere de la decadence et non plus celle du deficit qui est ainsi caracte>isee. On en d£duit 0 = p—q - Rp'"- "-1 L P-9 p — -] -Q(P-I) (23) Si, dans ces Equations, on suppose n'= oo,elles conduisent aux ni&nes resultats que les formules (46) et (17) : en effet, elles se r^- duisent, dans cette hypothese , a Q = VP et q"'~l, vis-a-vis dep"' et pn'~{\ puis on fera une ou deux substitutions successives , aiusi que nous Favons montre dans le § 11. Cette meHhode d'approximatiori sera u'autant plus rapide que le nomhre cherche, •/*', sera plus conside- rable. 2° « Calculer le taux de la contribution annuelle et constante, » R, que I'associarion devrait imposera ses membres, pour que la » reserve ne fut entaniec ou epufsee qu'au bout d'un certain nombre » d'annees. » 3° « Assigner le montant du capital Q qu'elle doit avoir en » caisse, a Tinslant du bilan, pour que sa reserve ne commence a » de"croitre ou ne soil entierement depensee qu'apres un temps n. » 4-° t( Fixer la valeur de la pension moyenne, P, a accorder a une » veuve, pour arriver au meme resultat que ci-dessus. » 5° « Les ressources supposees restant les memes, chercher le » nombre de couples que Ton peut admettre a la participation, pour » placer Fetablissement dans les monies conditions d'existence que » precedemment. » II n'y a pas lieu de considerer les cas ou Ton prendrait pour in- connues les trois autres quantite\s qui entrent dans les expressions de X et de Y, car on ne peut disposer ni du nombre de veuves exis- tantes, V, ni de leur vitalite, q, ni du taux d'interet p que Ton retire des capitaux qu'on fait fructilier. CHAP1TRE V. DE LA CONTRIBUTION EXTRAOKDINAlRfc: A IMPOSER AU MARI QUl ^POUSE UNE FEMME PLUS JEUNE QUE LUI. (18). On sail qu'en general Thornine se marie a un age plus avan- ce que la femme. Cette circonstance est defavorable aux caisses de veuves pour plusieurs motifs : ( 55 ) 1° L'homme 5ge qui epouse une femme jeune laissera probable- ment une veuve a pensionner par la caisse; 2° II lui laissera probablement aussi des enfants mineurs a se- courir; 3° La veuve et les orpbelins resteront pendant longtemps a la charge de la caisse ; 4° Enfin le capital vers6 par le mari, a 1'instant du mariage, n'aura- pas en le temps de fructifier par raccumulation des inte'- rSts. Nous ne parlons pas d'une derniere circonstance, c'est que, a e"ga- Hl6 d'age , la mortality des hommes dans les villes est plus grande que celle des femmes. 11 est tres-inte'ressant d'etudier la relation qui existe entre l'£ge des £poux, et les chances que Tun d'eux restera veuf pendant un temps plus ou moins long. Pour preciser la question et raisonner sur des documents reels, nous prendrons encore pour texte, la caisse des veuves et orphelins des officiers de farmed beige. Nos conclu- sions generates s'appliqueraient d'ailleurs a une caisse quelconque, sauf les modifications de detail exigees par la nature de 1'institution et par ses reglernents organiques. Les pieces qui m'ont et4 fournies par le secretaire actuel de notre caisse de veuves, m'ont permis de calculer l'4ge moyen d'un offi- cier et de sa femme, a 1'instant de leur union. Les r^sultats de mes calculs, consignes dans les deux tableaux suivants, embrassent une pe"riode de soixante anne"es, depuis 1792 jusqu'a 1852. Le premier, qui se rapporte aux hommes, est fonde sur 1975 manages; le second, relatif aux femmes, n'est base que sur 1956. La difference provient de ce que, pour 49 femmes, je n'ai pu me procurer la date de leur naissance. J'ai fractionne la periode totale en dix pe>iodes par- ticulieres, afm de pouvoir juger de la inarche qu'ont suivie les nombres. (56 ) Tableau DATE »l MAltlAGK. AGE MOYEH de i/OFFiciKii. NOMBRE df MA HI AGES. De Janvier 1792 a juillet 1817. . . 29,T5 198 juillet 1817 a juillet 1821. . . 29,63 200 juillet 1821 a aout 1825. . . 29,90 200 aout 1825 a decem. 1828. . . 31,09 201 decem. 1828 a Janvier 1835. . . 32,44 205 Janvier 1833 a juillet 1835. . . 52,40 199 juillet 1855 d juin 1858. . . 35,49 199 juin 1838 a mai 1841. . . 35,26 200 mai 1841 a Janvier 1848. . . 56,19 200 Janvier 1848 a decem. 1852. . . 38,54 175 MoiENNii GEAEKALE . . 52,74 1975 Tableau a. DATE Dtf MAKIAttK. AGE MOVES de Li FBMME. NOJMBIVE de MARIAUBS. De Janvier 1792 a juillet 1817. . . ans. 25,47 187 juillet 1817 a juillet 1821. . . 25,56 198 juillet 1821 a aout 1825. . . 25,89 201 aout 1825 a decem. 1828. . . 27,52 196 decem. 1828 a Janvier 1855. . . 26,46 203 Janvier 1833 a juillet 1855. . . 26,75 198 juillet 1855 a juin 1858. . . 27,54 198 juin 1858 a mai 1841. . . 27,65 200 mai 1841 a Janvier 1848. . . 27,55 200 Janvier 1848 a decem. 1852. . . 29,55 175 MOYENKE OEMJRALE. . . j 26,91 1956 Une consequence qui ressort clairement de la simple inspection dti tableau G, c'est que, depuis 1'epoque de la fondation de la caisse, l'5ge moyen des officiers a 1'instant de leur manage a augmente dans une progression constante et rapide. Ainsi, dans Tespace de vingt annees, c'est-a-dire de Janvier 1833 a de*cembre 1852, cetage moyen s'est clove" de plus de six ans; et relegation totale, depuis 1792, est de neuf ans et demi. On sentira facilement les con- se"quences fftcbeuses que doit avoir ce fait sur 1'avenir de noire caisse. A la verite 1'age moyen des femmes a aussi augment^ (tableau H), mais dans un rapport bien moindre : il n'a vane" que de deux ans, de 1792 a 1848, et ne s'est pas e1eve de quatre ans depuis la premiere e"poque jusqu'a la fin de 1852. Cette augmentation re"guliere et prononcee de 1'age moyen de rofficier beige a 1'instant de son mariage, est un fait assez frappant pour que le statisticien ne se contente pas de 1'enregistrer, et pour qu'il cherche a en pe"ne"trer la cause. Pour noire part, nous croyons pouvoir 1'attribuer principalement a ce que 1'instruction se repand de plus en plus dans les classes infe>ieures, et permet a un plus grand nombre d'hommes sans fortune de parvenir a un grade dans 1'arm^e. Le corps des officiers se de"mocratisant ainsi de plus en plus, ses membres doivent attendre plus longtemps que leur travail leur ait procure les avantages que la naissance et la fortune leur avaient refuses; et ce n'est guere que dans 1'age mur queleur posi- tion les met en e"tat de contractor tin mariage convenableetd'elever bonorablement leur famille. Les resultats que nous avons a deduire devant se rapprocher le plus possible de 1'etat actuel des cboses, nous adopterons les chiffres fournis par la derniere periode de"cennale; et nous fixerons a 37 ans 1'age moyen d'un officier beige a Tinslant ou il se marie; a 28 ans 1'Age moyen de sa femme : telle est pour nous la composition du couple moyen; 1'age de rbomme y surpasse de neuf ans celui de la femme. C'est done avec raison que le reglement sur 1'organisation de la caisse des veuves et orpbelins des officiers de notre arme"e, ne considere comme exceplionnelles que les unions dans lesquelles la femme est plus jeune que le man de 11 ans au moins; et qu'il ( 58 ) commence alors a augmenter la contribution extraordinaire payee a la caisse par tout officier qui contracte mariage. Mais la gradation elablie par l'arr£te" organique nous parait defectueuse, d'abord parce qu'elle cesse lorsque la difference des &ges a alteint vingt ans; en- suite parce qu'elleest uniquement basee SUP la difference d'age, et ne tient aucun compte de l'age absolu des conjoints. Pour fixer tTune maniere equitable le tnux relatif de la contribu- tion extraordinaire a imposer a un couple, eu dgard a 1'age des deux contractants, considerons un officier se mariant a un age A. La vie moyenne, n, qui lui reste a cet instant, se deduira de la table generate de mortalite, a detail t de table speciale construite pour les officiers mari^s. LVjoo^weeventuelle du veuvage de la femme commencera done n annees apres 1'union , et la dure'e moyenne du veuvage s'obtiendra en calculant, d'apres 1'age actuel A' de la femme, la vie moyenne, n', qui lui reslera dans n annees. Cette dur£e sera un pen trop grande, parce qu'on ne tient pas compte ainsi des veuves qui se re- marient ; mais en la calculant d'apres les tables generates de morta- lite, on compensera en partie 1'erreur commise : on sail en effet que la vitalite des veuves surpasse notablement la vitalite moyenne. En adniettant ce couple a la participation, la caisse louche un versement S, et se charge en me" me temps de n' pensions e\en- tuelles, P, dont la 1re est payable dans n annees; la °2e dans (u-t-l) annees, et ainsi de suite : mais pour simplitier leschoses, nous fe- rons une hypolhese defavorable a retablissement, et nous suppose- rons qu'il doive fournir les n' pensions a 1'epoque meme du veu- vage. Le resultat de cette hypothese est du reste contre-balauce par une circonslance dont nous ne tenons pas compte, parce qu'il serait impossible de la traduire numeriquement d'une maniere tant soil peu exacte : c'est qu'en general, par suite de Tavancement obtenu par le mari, la pension de la veuve sera superieure a celle sur laquelle a £t£ bas^ le versement fait a Fdpoque du mariage. Or la contribu- tion supplementaire que doit payer I'oflicier, lorsqu'il obtient un nouveau grade, s'acquitte en cinq ans , et rapporte a la caisse un interet insigniliant, quelquefois m&ne n^gatif. Ce dernier cas se presente lorsque 1'oflicier meurt avant d'avoir completement solde le (59 ) montant de la conlribulion quinquennale. En negligeant 1'avance- inent possible du mari, nous faisons done une bypothese favorable a la caisse et detruisant en partie 1'eiFel de la premiere. Le versement S devaut probablement fruclifier pendant n anndes, avan-t d'etre entamg pour la pension de la veuve vaut, a 1'epoque du manage, S (I +r)", en repr&entaut par r 1'interet d'un franc; ou bien S p", en faisant 1 -\-r =p. On doit done poser Sp« == n'P; d'ou 8=2*. p* Tel serait le versement a eifectuer si Ton ne eonside"rait que les chances de inort du mari. Mais la pension a payer a la veuve est simplement evenluelle; et elle ne sera fournie que si, an bout de la ue annee du mariage, la fenune est encore vivante Soil -r la proba- bilite de cette survie : il faudra, dapres la formule de 1'esperance mathematique, multiplier par elle le second membre de liquation precedente, et Ton aura Pour trouver la probabilite, |, que la femme vivra encore n aunees apres son mavia^e, on chercbera, dans la table de mortalite", le nombre N' de femmes qui ont 1'age A', et le nombre N de fem- mes qui ont 1'ftge A' H- n : le quotient ^7 sera la probabilite cher- cbee, et Ton aura enfin, pour exprimer la somme a payer par le couple a 1'instant du mariage, la formule Ires-simple ......... N pn (19). Appliquons notre formule au couple inoyen : pour le faire d'une maniere exacte il faudrait connailre'la mortalite des officiers auxdiffe>ents ages de la vie, mais les documents nous rnanquent pour etablir cette donnee. II faudrait aussi, a la rigueur, prendre la mortalite des femmes dans des tables construites specialement pour cette categoric, car on sail (tableau A) qu'elle est moindre que la mortalite ge'ne'rale. Mais comme notre but principal est de trouver les valeurs relatives des versements, eu e"gard a Vftge des dift'e'rents couples, nous pouvons, sans grande erreur, faire usage des donne'es statistiques generates inserts dans I1 Annual re de I'Observatoire royal de Bruxelles. La seule reserve que nous ayons a faire, c'est que la valeur absolue. des versements que nous calculons sera trop faible, parce que nous adoptons line vie probable trop courte pour les femmes et trop longue pour les homines. En eifet, bien que la mortalite des ofliciers, pendant les onze dernieres annees, saccorde avec la mortalile generale, les documents que nous avons recueillis depuis 1 792 la font en general plus rapide. L'homme Age de 57 ans a encore 27 ans de vie moyenne : done n = 27. L'age de la femme est de 28 ans : 1'cpoque probable de son veil- vage serait done, dans notre hypotbese, 28 H- 27 = 55 ans. A cet age la vie moyenne est de 16 ans , et Ton a ri = 16 (*). On trouve d'ailleurs que sur 4660 individus de 28 ans, il en reste 2972al'agede55ans;d'oii N=2972, N' — 4660. Admettons enfin que la caisse fasse fruclifier ses capitaux a 5 p. °/o d'intereH : nous aurons p — f£. Reportons ces noinbres dans la for- niule (25) et nous obtiendrons en definitive 4660 ('•/„)" (¥) Le tableau E (p. 52) montre que la duree moyenne d'un manage dissous par la mort de 1'officier ne s'e*leve guere an dela de 21 ans : la difference de 27 a 21 caracte"rise en quclque sorte 1'exces de la mortalite de Tofficier beige sur la mor- talite gene>ale. Si Ton ajoute cette difference de 6 ans au nombre n' = 16, on obtiendra 22 ans pour la dure"e du payement de la pension moyenne. Nous avons trouve (p. 52), par line autre voie, 25 ans pour la duree moyenne du payement d'tine pension. ( 61 ) Ainsi le couple moyen devrait verser, a Hnstant ou il contracte mariage, une somme egale a deux fois et trois quarts la valeur de la pension dont la veuve peut £tre appelee a jouir. D'apres les regle- ments actuels, il verse imme'diatement une fois la valeur de cette pension , outre pareille contribution a verser en 10 ans; ou, ce qui revienl au m6me, il verse imniedi a tement 1,79 fois la valeur de la pension : en diet, une somme payable en dix annuity's c'qui vaut aux 79 centiemes de cette somme paves immediatement. La difference entre le versement que nous venons de calculer et celui qu'a admis Forga- nisation actuellede la caisse e"quivaut done a la valeur d'uneanne'ede pension, soil a 900 francs : mais 1'officier marie paye lui-me'me pendant toute sa vie les interns de ce deficit par sa contribution ordinaire; car on pent admettre qu'il laisse en moyenne un et demi pour cent sur un traitement de 5,000 francs, soit 45 francs par an : c'est precisement 1'interet de 900 francs a 5 p. °/o. A la verite la valeur absolue 2,73 P est trop faible pour le double motif que nous avons signal^ prece"demment; mais si Ton a egard au concours ap- porte" par les officiers ce'libataires, on en conclura que la tontine e"tablie entre les ofticiers maries pour assurer des pensions a leurs veuves s'appuierait sur des bases tres-solides , si Forganisation ac- tuelle avait etc mise en vigueur des la fondation de la caisse, et si Ton ne conside>ait que le mariaye moyen. (20). Si 1'organisation de la caisse des veuves et orphelins des offi- ciers de I'arme'e beige olfre de bonnes garanties d'existence tant que Ton ne considere que le couple moyen , il cesse d'en etre ainsi pour le couple compose d'un officier ag6 opousant une femrne beaucoup plus jeune que lui. Les dispositions de I'arrete' royal du 4 mai -1842 ont e"gard a cette difference d'age (voy. Flntroduction, p. 12) mais la gradation qu'elles e"tablissent dans Taccroissement de la contribution extraordinaire est de beaucoup insuffisante. L'augmentation est de 1 p. °/o lorsque la femme est plus jeune que le mari de 11 ans au moins; elle augmente proportionnellement et va jusqu'a 100 p. °/o lorsque la difference d'Age est de 20 ans. Ainsi le maximum de Tac- croissement de contribution est aujourd'hui d'une fois la valeur de la pension; il est proportionnel a la difference des 4ges et s'arr6te lors- que cette difference s'eleve a 20 ans. Notre formule (25) montre ( 62 ) comment cette gradation doit etre modifie'e. Nous 1'avons employee a calculer, dansle tableau suivanl, les valeurs relatives des sommes que devrait verser un couple, a I'instant de son union, eu 6gard a 1'ikge absolu des deux parties contractantes. Tableau JK. AC3J-: DE i/goMME. AGK DE LA 1'KAIME. SOMMES A PAYER. VALIURS ABSOLVES. ' VALKVRI RII.ATIVCK. 37 ans . . . 28 ans. 2,73 P 1,00 15 « 2,88 1,05 50 •> ... 20 « 2,41 0,88 25 » 1,84 0,67 30 « 1,47 0,54 20 » 4,17 1,53 40 » ... 30 « 3,06 1,12 40 « 1,48 0,54 / fa? 7,37 2,70 50 ; ... 30 * 5,46 2,00 40 . 3,51 1,28 50 » 1,61 0,59 20 » 12,05 4,41 30 » 9,57 3,50 60 » ... 40 » 6,62 2,42 50 » 3,82 1,40 60 » 1,63 0,60 20 n 19,02 6,96 30 « 15,52 5,68 70 » ... 40 « 11,92 4,36 50 « 7,66 2,80 60 * 4,11 1,50 70 * 1,46 0,53 ( 63 ) La 3e colonne de ce tableau prtfsenle les sommes que devrait ver- ser chaque couple a I 'instant du manage, si la caisse n'avait d'autres ressources que les contributions extraordinaires apporte"es par les ofliciers maries. La lellre P y exprime la valeur d'tine ann£e de la pension dont la veuve peut 6lre appel^e a jouir, par suite du grade que possedele mari a I'instant du mariage. Dans la 4e colonne on a pris pour unitdi la contribution du couple moyen, compost d'un homme de 37 ans et d'une femrne de 28. Si, comme nous croyons convenable de le faire, on conserve pour ce couple la contribution actuellement etablie , savoir une anne"e de pension vers^e imm&liatement, et une anne"e de pension acquitted en iO ans, on voit qu'un homme de 50 ans 4pousant une femme de 30 devrait laisser deux fois plus, ou deux ann£es de pension payees a l^poque du mariage, plus deux ann£es de pension payees en 10 ans. De m6me, un homme de 60 ans 6pousant une femme de 20 devrait etre impose de qualre fois et demie la contribution moyenne, et ainsi de suite. FIIN. ANTIQUITES DU DROIT BELGE. NOTICE SINT-PEETERSMANNEN ou HOMMES DE ST-PIERRE DE LOUVAIN ; VVOCAT A BRUXELLES. ( Pr&ente a la seance du 7 novembre 1853. ) APP. BULL. 1833-1854. ANTIPTES DU DROIT BELGE. NOTICE SINT-PEETERSMANNEN HOMMES DE ST-PIERRE DE LOUVAIN. 1. Traditions. Opinions diverses. — II. Les hommes dc S»-Pierre, de Sl-Martin , de St-Germain, etc. — III. Les families des abbayes et des eglises. — IV. Sta- tuts de la famille de Sl-Pierre de Worms. — V. Origine des Peeler smannen. — VI. Leurs privileges. — VII. Deux categories de Peeter smannen. — VIII. Preuve de la qualite. — IX. Droits civiques. — X. Juridiction. — XI. Exemption des tailles et impels. — XII. Exemption des peages et tonlieux. — XIII. Analyse et explication des privileges ci-dessus. — APPKNDICE. I. Les traditions populaires sur 1'origine des hommes de Sl-Pierre vont fort loin. Elles ont ete recueillies et racontees par DivaBus, par Juste -Lipse, par Gramaye, par Boonen, etc., sans cependant qu'aucun de ces histo- (68) riens y ait eu une foi naive (1). Nous transcrivons ici les dates principales auxquelles se rattachent ces croyances, qui planent confusement sur trois siecles; ce sont les annees 1012, 1013, 1213, 1278, signalees par de rudes faits d'armes auxquels les gens de Louvain auraient pris la meilleure part : la defense de Louvain, assiege par Godefroid d'Ardennes, due de Lothier; la defaite des Lie- geois a Hougaerde; la bataille de Montenaeken ou, vaincu, le due de Brabant n'aurait echappe a la mort que par le courage des milices de Louvain, de Lierre, de Santhoven, qui combattaient vaillamment, rangees autour de la ban- niere de S'-Pierre. Pour reconnaitre ces grands services, le prince aurait honore ses sauveurs du nom de Sint-Pee- tersmannen, en leur accordant des privileges transmissi- bles a leur posterite (2). On voit qu'en presence de ces recits divergents, il serait difficile d'indiquer Tevenement qui doit etre considere comme la veritable source des croyances repandues dans le peuple. L'histoire et la fable sont melees dans ces traditions genereuses, qui ne mettent en relief que de belles ac- tions et des vertus railitaires. Gramaye en avail deja fait (1) Divseus, Annal.j p. 4 et 8. — Her. Lovan., lib. 5, c. 2. Juste-Lipse, Lovanium , II, c. 4. Gramaye, Antiq. Brabant. Lovanium, p. 11. Get auteur incline a consi- derer ces traditions comme suspectes : Ego antiquius aliquid videor mihi odorari et manuducor ad credendum , et familias illas antiquiores et earum privilegia, imo ex alio fonte hoc hominum genus esse. G. Boonen, Jntiquitates Lovanienses , MS., t. II, p. 497-624. — Hct boeck van de Sincte-Peetersmannen van Loven, MS., p. 66-80. Goropius Becanus, Origines 4ntwerpianae , lib. I, p. 43. — Staes, Wekelyks nieuws uyt Loven , XI , 373 , et XII , 53 , 285 , 317. •(2) Parival, Louvam, liv. 2, chap. 4. (69) la remarque : Occasio imo causa omnibus eadem virtus. De meme que Ton ne sail comment et pourquoi s'est formee la famille des hommes cie S'-Pierre, de meme on ignore son histoire, et Ton n'a pu jusqu'ici se rendre un compte exact de son role dans les institutions nationales. Parival, qui ecrivait en 1667 et qui n'a fait, dans son histoire de Louvain, que reproduire les opinions de Juste- Lipse, s'exprime ainsi : « Les Petermans furent autrefois » plus celebres qu'ils ne sont a present , et les patrices » furent compris sous cet honneur, mais non tous les » Petermans sous celui de patrices. Ces Petermans , dont » le norn n'est pas encore eteint , n'ont presque plus de » droits, ou ils sont sans mentir fort languissants (1) , » et combien que le prince jure, selon la forme ancienne, » de maintenir les droits des eglises et des hommes qui » sont de la famille de Sl- Pierre a Louvain, cela se fait » par accoutumance , et i'effet est hors de pratique (2). » Les memes idees sont repetees dans la Jurisprudence heroique de Christyn (5). Depape garde le silence dans son commentaire sur la Joyeuse-Enlree , et son annotateur Wynants avoue franchement ses incertitudes. « On ne » sait pas au juste, dit-il , quels ont ete les droits et les » privileges des Peetermans (4). » Butkens ne parle qu'en passant des « grands privileges et des droits des Peetermans par tout le Brabant (5). » De nouveaux mecomptes nous atlendent si nous recou- (1) Petermannorum nomen vivit , jura extincta , aut certe languida suntf etc. Juste-Lipse, Lovan., loc. cit. (2) Parival , ibid. (3) Jurisp. hero'ica, p. 59-61 . (4) Sur Tart. 31 . (5) Trophies dc Brabant, II, p. 15. Louvain. (70) rons aux auteurs modernes. Ou leurs vues sont embarras- sees et leurs inductions peu salisfaisantes, ou lesdiflicultes ne sont pas abordees. Un des articles des Joyeuses-Entre'es des dues de Brabant ordonnait que Ton traitat « les » Sl-Peetersmannen et ceux qui sont de 1'hommage de » S'-Pierre comme de droit Ton est tenu de les trailer et » tenir. » M. Faider reconnait, dans ses etudes sur les constitutions nationales, que cet article exige, pour etre compris, quelques explications. II est done regrettable que M. Faider n'ait fait que consulter c,a et la, en se referant aux documents publics dans les Bulletins de la Commission d'histoire, ainsi qu'aux ecrits de Loovens (1). M. Piot a inlerroge d'assez nombreux materiaux. A ses yeux, les Peetersmannen ont ete originairement des ma- nants du comte, des serfs payant le tribut, demeurant dans ses mansiones comprises dans 1'etendue de la paroisse de Sl-Pierre. Les Peetermans, dit M. Piot, ont ete affranchis, de 1'aveu de tout le monde, par le due Henri Ier; cependant, ajoute-t-il , on ne peut affirmer que ce soit ce prince qui les ait debarrasses du servage. En qualite d'hommes libres, ils devaienl jouir de certains privileges, qui tous ont ete brules pendant la revoke de Conthereel. Quels sont ces privileges? M. Piot tente de les ressus- citer. D'abord, Texemption de toutes tailles et exactions; ensuite le droit de n'etre juge's que par leurs pairs. De leur assimilation aux riches proprietaires , il est advenu que les patriciens de Louvairi ont aussi rec,u le nom de Peetermans, avec cette difference que les patriciens ont ele (1) Etudes sur les constttut. nationales, p. 52. (71 ) appeles Peetermans van de geslachte, et les aulres buy ten S'-Peelermans. Ces distinctions se sont eff'acees avec le temps (1). II y a dans cette opinion , appuyee d'ailleurs sur une erudition sincere, des fails qui laissent trop de place aux solutions par voie d'hypolhese. Nous verrons lantot jus- qu'a quel point elle concorde avec les textes qui seront invoques. D'apres M. Defacqz, les hommes de S'-Pierre elaienl les individus, nesen Brabant, qui appartenaient a Tune des sept families de Louvain designees sous le norn de lignees ou families patriciennes. Us formaient une caste qui, sans appartenir a la noblesse, avait des privileges qui les dis- tinguaient de la roture et en faisaient une classe, pour ainsi dire, intermediaire. Ils etaient en possession de four- nir la majeure partie des echevins, conseillers municipaux et doyens de la draperie. Ils etaient en outre juges les uns des autres dans toutes les affaires non reelles, et avaient le droit de demander le renvoi devant leur tribunal parti- culier, dont le siege etait a Louvain. Ceux qui reclamaient le litre d'hommes de Sl-Pierre devaient jurer, entre autres choses, qu'ils etaient vry mes- seniers mannen des hertoge van Brabant ende tot den vryen huysgesinne desselfs hertoge behoorende Les messe- niers etaient les descendants de serfs anciennement affran- chis que le prince ou le seigneur avait, en les emanci pant, allaches a son service ou a sa maison, el qu'il avait grati- fies d'exemptions et de privileges divers (2). (!) Histoire de Louvain, p. 125-125. (2) Ancien droit beltjiquv, p. 248 , 240 ( 72) M. Alphonse Wauters clot la liste des ecrivains mo- dernes que nous avons a citer. Sa remarquable histoire des environs de Bruxelles s'edite en meme temps que Pou- vrage de M. Defacqz, mais M. Wauters n'a pas la meme maniere de voir. Nous ne faisons que transcrire. « On ne salt rien de 1'origine d'une institution qui te- » moigne de 1'habilete administrative des comtes de Lou- D vain : je veux parler des Peetermannen ou hommes de » Sl-Pierre (hommes Sancti Petri), nom sous lequel on » cornprenait une multitude de personnes de condition » libre, assujetlies a payer un cens a 1'eglise de Louvain; » elles avaient droit a la protection speciale des dues, a » qui elles formaient en quelque sorte une milice de- » vouee (1). » II. Cherchons a notre tour a reconnaitre les vestiges de nos vieilles moeurs. Attachons-nous aux debris d'un etat social dont tant de siecles nous separent, comme pour 1'etudier dans un de ses elements les plus ignores. Les possessions considerables des communautes reli- gieuses leur avaient fait, au moyen age, une grande situa- tion aristocratique. Les chefs des monasteres etaient de veritables seigneurs fonciers auxquels la propriete de la terre avait donne une bonne part du domaine du monde, et les monasteres memes, comme 1'a dit un illustre auteur, etaient des forteresses ou s'abritait la civilisation et ou le faible cherchait un refuge. Les officiers, les pretres, les vassaux, les hommes libres, les feudataires, les colons, les vilains, les serfs, 1'entou- (1) ffist. des environs de Bruxelles , t. II, p. 159. (75) rage, la domesticite de 1'abbaye composaient sa famille, ou, si Ton veut, la famille du saint auquel 1'abbaye etait consacree. On trouve dans quelques documents le nombreux per- sonnel des monasteres range sous trois categories : la fa- mille ministerielle ou militaire; la famille censitaire; la famille servile ou des serfs (1). Toute cette population jouissait de la protection de 1'E- glise et participait, en certains points, a ses immunites. Les individus ainsi groupes et dependants de 1'eglise ou de 1'abbaye , devenaient necessairement ses hommes. Leur designation particuliere etait empruntee au nom du saint sous le patronage duquel la communaute religieuse etait placee. (Test ainsi qu'il y eut des hommes deS'-Pierre, des hommes de Sl- Germain, de S'- Martin, de S*-Ba- von, de Sl-Eloi, de S'-Hubert , etc. (2). (1) Tres curtes... in jus et dominium sanctae Dei genetricis Mariae et cpiscopi Argentimnsis transfuderunt... His curtibus subjecta familia trifarie secernitur. Prima ministerialis, quae etiam militarts recta dici- tur... Secunda vero censualis... tertia servilis. Sed tamen omnes sub domi- nio episcopi. (Martene et Durand, Thesaurus anecdot. Ill, p. 1128.) Curtis dominica cum omnibus appenditiis suis } ecclesia matrice cum decimis suis } mansus...agri, familia ministerialis } servilis et censualis. Ibid., p. 1 131. (Voy. Ducange, Gloss., v° FAMIIU.) (2) « Les hommes et les femmes de S'-Pierre de Lobbes, manans en toute le conte de Haynnau.... « (Record c?e!260, etc. Chroniq. beiges. Namur, Hainaut et Luxembourg, I, p. 361.) « Homines Su Eligii « (Charta Balduini, Polyptique d'Irminon, append., p. 358.) « Homines Su Huberti.... « ( Cantatorium , Sli ffuberti, n° 28. Chro- niques beiges. Luxembourg , III. ) Matthaeus, de Nobilitate, p. 1084, cite encore les hommes de S^Robert a Salzbourg, les hommes de S'-Aelbrecht en Hollande, les hommes dc S'-Ebrulf en Normandie. ( 74) Le lien qui les rattachait au monaslere etait ou un lien religieux, ou un lien de droit de nature purement feodale, justiciere ou patrimoniale. Par 1'effet de la convention qui regissait le fief, le beneficiaire, le feudataire et le censi- taire e'taient tenus, en qualite de vassaux , de remplir cer- tains engagements envers leur suzerain. Par I'effet des principes qui regissaient le territoire justicier, les colons, les manants, les vilains coukans el levans etaient soumis a la juridiction du seigneur et aux redevances justicieres. Enfm, par I'effet du droit de propriete, le serf etait au pouvoir de son maitre. Sou vent ces trois titres de suzerain , de justicier et de mailre etaient reunis sur la tete du premier dignitaire de 1'abbaye, seigneur des hommes de son monastere. On voit par ce qui precede que la qualification ft homme ne donne 1'idee exacte ni de la situation exterieure des in- dividus qui relevaient du monastere, ni de leurs droits, ni de leurs obligations. Le mot homme laisse ignorer la place qu'occupait la personnedans 1'ordre social. La posi- tion du vassal homme de SMPierre n'est pas celle de Thomme de SMPierre, tributaire ou colon. Les impositions different egalement. La charge du service militaire qui pese sur les uns n'a rien de commun avec les charrois, les jours de labour, les corvees de toute espece, auxquels les autres sont astreints. Les redevances reelles levees sur certaines tenures ne peuvent pas etre confondues avec les prestations personnelles. Et cependant il arrive que les memes services, les mernes cens sont dus par des gens de condition differente, par 1'homme libre, par le tenancier, par le feudataire, par le serf, qui lous sont hommes de Pabbaye. Occupons-nous done de demeler la signification de ce (75) mot, qui couvrc des situations sociales el des obligations aussi inegales que diverses. Ainsi que 1'a dit Guerard, dans les savants prolegomenes qui precedent le polyptique d'Irminon , le nom d'homo sert a designer nori un etat originel et permanent, mais une condition accidentelle ou variable qui se rapporte a la dependance actuelle de la personne. Quelqu'un est-il ap- pele homme de Sl-Germain , cela ne veut pas dire qu'il soil de condition Hbre ou servile, mais signih'era seule- mentque saint Germain, ou plulot 1'abbe de ce monaslere, est ou son maitre ou son seigneur (1). Le texte du Polyptique offre les preuves les plus puis- sanles de ces fails : Godoardus LIBER et ejus uxor COLONA, homines sancti Germani, tenet de terra arabiti bunuaria I 111.... (XVI, 88, p. 189). Amatgis COLONUS et uxor ejus LIBERA, nomine Ardelindis, homines sancti Germani.... (XVIII, 6, p. 197). Ermoinus COLONUS et uxor ejus LIBERA, nomine Alda, homines sancti Germani.... (XIX, 12, p. 201). Aldingus PRESBYTER, homo sancti Germani, manet in Bisconcella (XXIV, 50, p. 249). Gislevoldus SERVUS et uxor ejus COLONA Adalindis, ho- mines sancti Germani (XXIV, 59, p. 251, etc.). Ces passages, d'un des monuments les plus precieux que 1'erudition moderne ait exhumes, ne laisse aucune prise au doute. L'homme et la femme libres, le colon, la co- lone, le pretre, le serf, la serve y sonl declares hommes de S^Germain. (1 ) Polyptique d'Irminon, t. I , p. 421 . (76) A cette epoque, la vie sociale etait fort pesante pour le plus grand nombre el meme pour I'homme libre, car la liberte n'excluait pas 1'engagement des personnes et cles proprietes au service d'un chef on d'un patron. La qualite meme de rachimbourg on d'ariman n'avait rien d'incom- patible avec la dependance feodale (1). Comme on 1'a re- marque avec raison, les eveques, les abbes, les dues, les comtes, les grands feudataires etaient les homines du roi aussi bien que les gens de son palais et de ses domaines, fiscalini, homines regii (2). Des diplomes d'avoueries quali- fient 1'avoue de la meme maniere : homo ftdelis ecclesiae (5). Et dans une donation du XIIme siecle, le comte de Namur fait mention de ses homines nobiles, familiares , servientes et burgenses (4). La simple qualification tfhomme n'implique done par elle-meme aucune idee absolue de liberte ou de servage. Elle accuse seulement 1'existence de relations de depen- dance personnelle dont la nature varie selon que ces rela- tions ont pris naissance dans le fief, dans la justice, dans la recommandation ou dans la patrimonialite. Si les faits qui viennent d'etre exposes ne sont ni arbi- traires ni factices, ils permettent deja de soulever un coin du voile qui couvre Tinstitution des Peetersmannen, ils laissent entrevoir sa raison d'etre. Mais pour refaire le passe d'une fa^on satisfaisante, il est indispensable de pe- netrer intimement dans la constitution de la famille des abbayes ou des eglises, de I'etudier separement. (1) Savigny, Hist, du dr. ro-main, I, p. 160. (2) Guerard , Polyptiq., loco cit. (3) Dipl.de 1248. Sl Genois, Avoueries, p. 224. (4) Dipl.de 1163. Chroniq. beiges; Char trier de Namur. p. 127. (77) III. Dans les temps barbares, pendant que la construc- tion (Tune eglise ou d'une abbaye s'acheve et que la com- munaule religieuse se conslitue, la famille se forme et 1'entoure. L'accroissement de cette famille laique se pro- portionne aux ressources et aux richesses de la commu- naute. Lorsque 1'Eglise possede des villes, des villages, des terres considerables, qu'en un mot, elle est devenue une souverainete , un petit Etat, on voit les elements de la famille se fondre en une societe reguliere, a laquelle sont donnes des lois, des garanties, des privileges. On regie les devoirs de cette societe d'une maniere speciale; ses mem- bres jouissent entre eux de droits particuliers. Les statuts des minisleriels de Teglise de Sl-Pierre, a Cologne, qui ont ete rediges au XIP siecle, quoiqu'ils re- montent beaucoup plushaut (1), offrent quelques-uns des caracteres que nous signalons. Ilsne sebornent pas a de- terminer, avec precision , les rapports des ministeriels avec 1'eveque en ce qui concerne la defense du territoire, les obligations attachees a leur office, qui semble principale- ment militaire, la renonciation au service de 1'eveche; ils contiennent encore des dispositions sur la propriete des charges, sur le duel, sur la juridiction , lesquelles demon- trent que les ministeriels de Sl-Pierre, qui comptaient des seigneurs parmi eux , constituaient une corporation etablie dans la famille meme de 1'eveche (2). IV. L'union politique et civile de la communaule est tout a fait saisissante dans un monument legislatif dont on (1) Jura.... ab antique ordinata. (2) Jura mmislerialium beati Petri. Walter, Corpus juris Germ, q.f t. I , p. 799. (78) fixe la date a Tan 1024 environ. Nous voulons parlor des lois et des statuts de la famille de Sl-Pierre, a Worms, decretes par 1'eveque Burchard. Traduisons d'abord le preambule (1) : « Au nom de la Trinite sainte et indivisible, moi Bur- » chard, eveque de Teglise de Worms, louche des plaintes » incessantes des pauvres gens, et voulant mettre un » terme a 1'apre oppression et aux embiiches de ceux qui » dechirent,a la maniere des betes (more canino), la » famille de Sl-Pierre , j'ai , par le conseil du clerge, de » la noblesse et de la famille entiere , fait ecrire ces lois » qui lieront le riche comme le pauvre, et empecheront » de nouvelles exactions. » Voila done le droit common de la famille, decrete, d'un accord unanime , comme un remede aux desordres de ces temps si durs, comme une defense des malheureux contre des abus intolerables. C'est un premier passage de Tasser- vissement a la franchise que ces stipulations ecrites, quel- queincompletes qu'elles soient.Surtrente-deux articles que contiennent les statuts de Worms, neuf sont consacres au reglement des biens, a Tacquisition, a la transmission de la propriete. En cas de predeces du mari , la femme jouira du douaire viager donne par celui-ci (dos); si elle meurt sans enfants males, les heritiers du mari reclameront le douaire, si elle laisse des enfants, son apport passera a ces derniers, et, a leur defaut, a ses heritiers. La masse commune des acquets appartiendra au survivant des epoux (2). Les droits eventuels de la parente sur la succession sont (1) Walter, »6i'd., t. Ill , p. "75. (2) Art. lcr. ( 79) soigneusement garantis. Si quelqu'un, tombe dans la pau- vrete, vent aliener son patrimoine, qu'il donne d'abord la preference, sur tout autre, a ses successibles les pins pro- ches. Sur le refus de ces derniers, qu'il vende son bien a qui il veut (1). Le patrimoine a-t-il etc aliene sans offre prealable de preemption aux lignagers, la vente demeurera neanmoins inattaquable, si ceux-ci n'y forment aucune opposition , on si, absents au moment de la tradition, ils laissent, apres Tavoir connue, ecouler an et jour sans reclaimer (2). Celui qui, malade, ne sait plus ni chevaucher ni se tenir debout, n'a la faculte de disposer d'une partie de ses propres que pour le salut de son ame (5). La succession en ligne directe se partage com me suit entre un fils et une fille : la lerre servile echoit au fils, les vetements maternels et I'argent a la fille; le reste se divise par moilie (4). Toutes ces stipulations se ratiachent evidemment aux lois barbares. On les prend a leur berceau dans la loi des Ripuaires, des Bavarois, des Bourguignons , des Alle- mands (5). Les autres articles des staluts concernent Tetat des per- son nes, les mefaits, les violences, les mesns, les compo- sitions, les amendes au profit du ban episcopal , le combat jndiciaire, les plaids, 1'indemnitedue a I'eveque en casdc formariage, etc. Quelques dispositions saillantes s'occu- (1) Art. 2. (2) Art. 6. (3) Art. 11. (4) Art. 10. (5) Klimralh, Hist, du droit public et price, 1. 1, p. 354. (80) pent avec sollicitude des moyens de reprimer les parjures, lesquels paraissent frequents. D'autres sont redigees dans 1'interet des fiscalins, d'autres enfm punissent avec une grande energie les meurtres qui se commettent presque chaque jour, sans motif, dans la famille de Sl-Pierre. On lit dans 1'art. 30 que trente-cinq serfs de 1'Eglise avaient ete tues dans le cours d'une annee, et que leurs meurlriers avaient 1'insolence de se vanter de les avoir frappes. . Les statuts de Worms ont un caractere eminemment legislatif. La formule en est severe, imperative : lex aril, jus erit familiae, concivibus Telle sera la loi de la fa- mille. C'est ainsi que debute chaque article. Quelle est cette famille de S'-Pierre ainsi placee sous Tempire de ces statuts remarquables qui s'appliquent ega- lement au puissant , au clerc, au vassal , au soldat , au serf, en un mot aux diverses classes de la cite ? 11 est mani- fesle que cette famille n'est que la reunion des citoyens ou des habitants de la ville de Worms , possedee par 1'eve- que, qui en etait le seigneur et qui y exerc,ait les droits de la souverainete et de la juridiction (1). Ces habitants sont les hommes de S'-Pierre. Le fait que nous decrivons se retrouve dans ies institu- tions d'une des plus vieilles villes de la Hollande , qui fut aussi le siege d'un eveche. On lit dans un ancien statut local d'Ulrecht, que tout bourgeois est homme de S*-Martin (2) ; et dans le § 43 de la coutume , que tous nobles , tons horn- (1) Ipsis episcopis competit jurisdictio omnimoda, et supremum domi- nium in cives et civitatem. Schannat , Ifistor. episcop. fformatiensis } I , p. 334 et Tindex. (2) Een borger t' Utrecht is Sinte Marty ns dienstman, etc.Malthaeus, de Nobilitate,?. 1086. (81 ) mes de lief de 1'eveche d'Utrecht, ainsi que tous bourgeois de naissance, appeles depuis des temps recules hommes deS'-Martin, ont la faculte de chasser , etc. (1). L'eglise principale d'Utrecht avail ete dediee a saint Martin, que la ville entiere, dit Mattliaeus, invoquait comme son prolecteur. Devota divo urbs , devoti cives uni- versi. Personne n'aurait voulu se soustraire a 1'autorite du saint; chacun tenait a honneur d'appartenir a sa grande famille, honos id non onus, nee civi indecorum. Mattha3us n'a vti dans la denomination des hommes de S'-Martin et de S'-Pierre qu'un simple resultat des idees religieuses; il n'a pas vu qu'elle cachait autre chose qu'un lien de religion. Son erreur s'explique sans peine : il n'a pas pris i'homme de SVMartin a son commencement, il ne 1'a considere qu'au moment ou e'en e'tait deja fait de 1'insti- tution, qui n'e'tait plus un corps, maisune ombre, au mo- ment ou le bourgeois d'Utrecht n'avait plus rien de com- mun avec I'eglise qu'une qualification desormais sans but. On peut suivre dans plusieurs villes beiges les memes traces historiques qu'a Louvain. La famille deS'-Pierre, la famille de Sl-Bavon existent a Gand , mais beaucoup plus restreintes, car tous les habitants sont loin d'y entrer, comme a Worms et a Utrecht (2). V. Apres avoir expose ce qui nous a paru jeler le plus de lumiere sur le point qui doit etre eclairci, revenons aux Peetersmannen des coutumes de Louvain. (1) Dot alle edelluyden, leenmannen van de stichte van Utrecht end alle geboren borgeren } van outs genaempt S'-Martens dienstmannen } mogenjagen, etc. (2) \Varnkoenig, Droitbelgique sous les Francs, p. 169. APP. BULL. 1855-1854. 0 (82) Les archives de 1'eglise de Sl-Pierre ne nous ont trans- mis aucun document qui apprenne sur quoi reposait pri- mitivemeat cette institution. Le plus ancien diplome qui, suivant MiraBus, y ait etc conserve, ne date que de 1140, tandisque la tbndation de I'eglise remonte bien au dela (1). D'un autre cote, il semble qu'uu grand nombre de chartes et d'actes de la ville et des maisons patriciennes de Lou- vain ontete laceresen 1560, pendant la sedition fomentee par Couthereel (2). De sorleque s'il ne fallaits'en rappor- ter qu'a des monuments forniels et precis, 1'origine des Peetersmannen demeurerait dans une obscurite aussi pro- fonde que celle qui couvre I'origine meme de I'eglise. Mais est-il besoin de cartulaires parliculiers a la ville de Louvain, pour avoir le secret d'une institution qui ap- parait, d'une maniere unifbrme, dans I'enceinle du terri- toire abbatial , en France , en Allemagne, en Hollande et en Belgique? Les homines de S'-Germain, les hommes de Sl-Pierre de Worms et de Lobbes, les hommes de Sl-Martin dTJtrecht, les hommes de S^Bavon de Gand, lels que les represented les documents analyses ci-dessus, se retrou- vent a Louvain sous 1'appellation de Peetersmannen. On ne peut , a la verite, elablir leur origine que par des preuves indirectes, mais quoi de plus significatif que les exemples qui ont e'te cites? Au rnoyen age, la pluparl des eglisescollegialcsformaient des monasteres don ties clients libres et les colons accouraient prendre le patronage (5); les hameaux s'adossaient aux sanctuaires. Tout indique que le Peetersman, 1'homme de I'eglise de SMPierre, a du (1) Miraeus, Donat. belgic., 1. 1 , c. 62. (2) Divseus, Rerum Lovantens., lib. 4, c. 7. (3) Raepsaet, Hist, des Etats Gemr., n° 254. (85) upparaitre au uieme lemps que la basilique de Louvain a etc creee. Le tableau qui a etc trace plus haul de la famille des monasteres, nous I'a montree, composee d'individus de conditions Ibrt inhales. Au temps deJuste-Lipse, 1'opinion la plus accredited assimilait les Peetersmannen aux patri- ciens jouissant des droits de la noblesse; et Juste-Lipse convient qu'il n'y avail alors guere de difference entre eux, quoiqu'il ne pense pas qu'il en eut toujours ete ainsi (1). Mais comment, avec ce temperament meme, cxpliquer 1'existence de la famille censitaire, homines beati Petri censuales, si bien etablie par les diplomes qu'il avait sous les yeux et qui seront analyses plus tard ? La difficulte etait reelle, et notre historian ne s'est lire d'embarras qu'a 1'aide d'une conclusion indecise. II faudrait voir, s'ecrie- i-il, si de nolables differences ne separent pas les censi- tai res des au Ires Peetersmannen. Pour moi, j'imagine qu'ils ferment peut-etre une aggregation, une race a part (2). Cette donnee vague est aussi contraire a 1'histoire que les idees emises par les ecrivains modernes, dont il a ete parle au commencement de ce travail. II n'est pas plus exact de ne voir que des nobles on des patriciens dans les Peetersmannen, qu'il n'est vrai de dire que c'etaient, dans 1'origine, des serfs, des manants pay ant le tribut, ou des descendants de serfs anciennement affranchis, ou une milice devouee qui temoigne de I' habile te administrative des dues de Brabant! Ces appreciations systematiques meconnaissent 1'organisation des families abbatiales, qui presenlaient un (1) Lovanium, cap. 24. De hominibus Stl Petri yui item nobilitatis jus habent. (2) Pidendum an non distincti sint, et vereor non unum gemis fvisse. (84) pele-mele de grands et de petits, de patricieus et de bour- geois , de riches et de pauvres, comme le temoignent assez les documents originaux qtie nous avons parcourus. VT. Constatons a present les prerogatives des Peeler s- mannen, faisons revivre leurs privileges, deja fort oublies et en partie hors de pratique a Tepoque ou ecrivait Juste- Lipse, bien que les constitutions brabangonnes conli- nuassent a les rappeler. La premiere confirmation connue de ces privileges est emanee en 1291 , du due de Brabant, Jean Pr. Elle est ainsi conc.ue : « Nous promettons, sur les saints Evangiles, d'etre a » jamais fidele a notre eglise de Sl-Pierre de Louvain, D ainsi qu'aux autres eglises du duche de Brabant; nous p jurons de respecter et de faire respecter les droits , pri- » vileges, statuts, coutumes, possessions et libertes des- » dites eglises, et des hommes appartenant a la famille * du bienheureux Pierre de Louvain, comme 1'ont fait j> jusqu'a ce jour nos predecesseurs. Et qu'ainsi nous D soient en aide Dieu et tous ses saints (1). » La Joyeuse-Entree de Jeanne et Wenceslas recueillit, en 1555, le serment du valeureux due: « Nous promettons que Ton traitera les Peetersmannen » et ceux qui sont de 1'bommage de S'-Pierre, comme de j> droit Ton est tenu de les trailer el tenir (2). D (1) Le texle original est en latin; il a etc publie dans les bulletins de la Commission d'histoire, t. Ill, p. 332. II est, au reste, de la meme teneur que le serment prete a 1'autel de S'-Pierre par Albert et Isabelle , le 25 no- vembre 1599. Voyez Miraus, t. II, p. 919. (2) Placards de £rabant, 1. 1, p. 152. (85) La meme promesse fut ensuite reproduite dans les actes d'inauguration des dues de Brabant, jusqu'au moment ou notre pays, expiant un passe qui n'avait pas ete sans li- berte et sans bonheur, devint, a la fin du XVIIlmesiecle, la conquete de la France republicaine. Lacoutumede Louvain, homologueeen 1622, fournit, dans plusieurs de ses articles, des renseignements positifs sur ceux de ces droits qui n'etaient pas encore tout a fait tombes en desuetude. D'autre part, M. de Reiffenberg a public, dans les Bulletins de la Commission d'histoire, diffe- rents actes et diplomes qui s'y rapportent et qui n'etaient connus que par les citations qu'en avaient faites Gramaye et d'a litres. Le rapprochement de ces curieux fragments dissipera, nous 1'esperons, la plupart des obscuriles qui enveloppent la constitution de la famille de S'-Pierre. VII. On trouve dans la coutume de Louvain deux catego- ries bien tranchees de Peetersmannen. A la premiere ap- partenaient les individus, tant hommes que femmes, nes en Brabant et descendant des sept lignees patriciennes de Louvain. Ceux-la etaient reputes et tenus pour libres hommes de Sl-Pierre (1). Les autres Peetersmannen qui n'etaient point originates des lignees, s'appelaient buy ten sinte Peetersmannen , hommes de S'-Pierre forains, et formaient la deuxieme categoric (2). A cote de particularites propres a cette der- niere categorie, elle presente les caracleres communs aux buy ten-poor ters, aux bourgeoisies foraines de Bruxelles, (1) Coutume de Louvain , art. 16. (2) Ibid., art. 17. ( 80 ) de Termonde, de Courlrai et de plusieurs autres villes de noire pays. VIII. Plusieurs diplomes nous livrent les details des formes usilees dans les premiers temps, pour etablir la qualite d'homme de S*-Pierre. La preuve s'en faisait encore en 1505 dans Peglise, de- vant le doyen et le chapitre assembles a 1'autel de S'-Pierre. Le suppliant jurait stir les reliques ou sur la croix qu'il etait Peetersman, issu des veritables lignages. Comme on ne se coritentait pas de sa parole isolee, il produisait deux garants, on plutot deux conjurateurs qui, apres s'etre lies par un serment revetu des memes solenniles reli- gieuses , reconnaissaient qu'ils appartenaient aussi a la famille, et que tout ce qu'avail affirme le suppliant elait vrai. L'accomplissement de ces formalites flxait 1'etat de ce dernier, que Ton declarait rattache a l'homrnage de ^-Pierre (1). 11 existe aussi des dipiomes delivres aux interesses, dans lesquels le doyen et le chapitre attestent que la verifica- tion des registres du tresorier de I'eglise a constate que les individus y designes ont acquitle avec exactitude, de- puis de longues annees, la redevance due pour droit de capitage, et qu'en consequence, ils sont affilies a la famille censilaire eta la corporation de Sl-Pierre (2). En 1205, des lettres rogatoires etaient adressees par le doyen et par le chapitre a Pabbe du monastere de Sl-Trond, au gardien des freresm incurs, ainsi qu'au doyen (1) Diplome de 1505, Bulletins de la Commission d'htstoire, t. Ill, p. 332. (2) Diplome de 1278, Ibid., ibid., t. IV, p. 215. ( 87) du conseil du meme endroil, dans le but d'instituer une enquete el d'oblenir des temoignages qui permissent de verifier si des individus, liabilant probablement S'-Troiid et redamant le litre d'bommes de Sl-Pierre, apparlenaient reellemenl a la famille censilaire (1). II semble en effet qu'on se conienlait de I'atlestation solennelle de personnes probes et dignes de foi pour ad- mettre dans la famille censitaire celui qui , sans en ap- porter la preuve ecrite, s'y pretend ail deja engage (2). On a conserve la charte d'un affranchissement effeclue en 1550, a 1'aulel de S'-Pierre, par deux freres qui rendent leur serf a la liberle, a condition que I'affranchi payera a 1'eglise un denier de capitation annuelle. On sail que la manumission dans Pegliseavaiteteetablie par Constantin. L'acte d'aifranchissement etait remis au serf devenu homme deSl-Pierre(3). Vers le XTVme siecle, le pouvoir accorde a 1'autorite ecclesiastique se transporle insensiblement au mayeur de Louvain , qui attire a lui les receptions. Gramaye suppose que le delaissement de la juridiction ecclesiastique aurait eu lieu du consentement du chapitre, en 1445. Cest une erreurque demontre la confrontalion dequelques-uns des diplomes que Gramaye avail pourtant eus sous les yeux, car cinq des acles, dans lesquels figure le mayeur de Louvain, sont bien anlerieurs a cette epoque. Us portent la dale de 1519, 1554, 1540 el 1406 (4). D'ailleurs, 1'alleslalion, (1) Diplome de 1205, Bulletins da la Commission d'histoire, t. IV, p. 214. (2) Diplome de 1378, Ibid., ibid,, t. IV, p. 217. (5) Diplome de 1350, Ibid., ibid., t. IV, p. 217. (4) Pullet, de la Commiss. d'hist., t. HI, p. 333. Christyn, Jurisp. hero'ica, p. 59 et 60, et 1'appendice. (88) dont il a etc parle ci-dessus, delivree, en 1578, par le doyen et le chapilre, ne parait pas laisser de doute sur la faculte dese pourvoir indifteremment devant Tune ou 1'au- tre autorite, pour etablir la qualile d'homme de S'-Pierre. Les cinq actes premenlionnes offrent des particularites qu'il importe de signaler. Les hommes de S'-Pierre s'as- semblent sous la presidence du mayeur de Louvain. Le suppliant comparait assiste de deux cojurants, et demande avec deference au mayeur de semoncer les hommes de S'-Pierre, afin qu'ils lui disent par sentence comment il doit prouver sa double qualite de Peetersman et de membre de la libre famille du due. Apres la semonce, ceux-ci lui ordonnent de remplir les formalites decrites plus haut. Les serments rec,us et 1'afiiliation elablie, le recipiendaire declare que, s'il lui est arrive d'avoir perpetre quelque acle prejudiciable a son seigneur le due, il se soumet a la reparation a laquelle le condamneront les hommes de Sl-Pierre, y engageant son honneur et ses biens. Ainsi, non-seulement les formes observees dans les deux juridiclions differaient, mais tout semble meme indiquer que la reception d'un Peetersman, membre de la libre fa- mille du due, n'avait lieu qu'en presence du mayeur et des hommes de la corporation. Dans un acte du 12 decembre 1577, le recipiendaire et ses deux temoins, aussi bien que les Peeler smannen, devant lesquels s'ouvre la procedure, sont qualifies d'hom- mes liges de la libre famille de SVPierre. Cette fois, le mayeur de Tirlemont siege aupres d'eux (1). Le livre des hommes de Sl-Pierre renferme une serie (1) Voy. l'Appen causes de leurs depositions, et declarant la genealogie » et descendue, lelle qui doibve souifir par raison (2). » La coutume de Louvain maintint la meme regie. Elle exigea que la qualite de Peetersman et de libre messenier du due de Brabant, appartenant a sa libre maisnie et ne de legitime manage, fut attestee avec serment devant le mayeur et quatre libres hommes de Sl-Pierre. Cette affir- mation solennelle etait ensuite renouvelee par deux aulres Peetersmannen; puis le declarant payait, pour le relief de son hommage, une livre de vieux gros au profit du due, (1) Fol. 5. Ces acles rTont aucun interet. Le lecteur en jugera par celui qui suit : Hem int jaer 1540 may 6a, heeft Peeter Van Betlensone wylen heeren Willems Van den Berghe , riddere van Winde , gethoonl acn de gesworen ten heyliegen , dal hy was een Sle Peetersman, totten vryen huysgesinne des heeren hertoghen behoorende, ende van \vettighen bedde geboren , ende dan hebben met hem betuycht ende gesworen ten heyliegen : Jan genoempt van Raedtshoven , van Houthem ende Jan genoempt van Pelle, van Houthem, oock Sinte Peetersmannen, ende van zynen maesschappe wesende. Coram PHILIPS VAN TUUELKN , meyere van Loven , ROELOFF VAN RKDINGBEN , HENBICH genoempt Hut KI.E , WOUTKR COKSBODT ende JAN VAN BKN CALSTEHN, de jonghe , als Sl Peeters>nannen van Loven. (Het Bocck van de Ste Peetersmannen , fol. 5.) (2) Bull de la Cammiss. d'hist., t. IV, p. 218, (90) el le vin du mayeur, des quatre hommes de Sl-Pierre, du secretaire, du porle-verge et dn clerc(l). IX. Au classement des individus repondaient de grandes inegalites juridiques. Sur sept echevins du prince, le patriciat en fournissait quatre; sur viiigt et un conseillers de la commune, onze etaient pris dans ses rangs; on choisissait en outre dans son sein quatre des doyens de la draperie. Les libres hommes de Sl-Pierre, etant ratiaches par les ligriees a la population patricienne, prenaient done part, comme pa- triciens, a 1'administration superieurede la cite (2). X. Une seconde prerogative qu'il faut rapporter aux usages primitifs, a ete consacree par la coutume ecrite, c'est celle qui concerne le droit facultatifpour les Peelers- mannen de n'etre juges que par leurs pairs. Pour participer au jugement, on devait etre libre horn me de Sl-Pierre, etre issu d'une union legitime, avoir au moins vingt-cinq ans, si Ton n'elait pas marie, et n'exercer ou n'avoir exerce aucuu metier (5). Cette juridiction etait investie de la connaissance des affaires personnelles, civiles el criminelles des Peeters- mannen, tant des lignees que forains, el ceux-ci avaient le droit d'exciper de leur privilege, quand ils Etaient cites ailleurs. Ce privilege si vivace fut sou vent dispute, mais toujours (1) Cout. de Louvain, arl. 17. — Boeck van de Sinte Peetersmannen, foj. 24 : Een pont oude grooten van XXrinsfjulden. (2) Ibid., articles 4, 5,0. (3) Cout. de Louvain, art. 18. (91 ) maintenu avec energie. Malheur a celui qui osait mettre la main sur ces usances si profondement enracinees dans les mceurs. Gramaye rapporte qu'il arrivait frequemment que de grosses amendes fussent infligees a des mayeurs et a des baillis qui persistaient a juger les delits commis par des hommes de S^Pierre. Le conseil de Brabant fit meme remettre, le 14 fevrier 1445, aux magistrals de Louvain qui s'etaient rendus a Bruxelles pour le revendiquer, un Peetersman apprehende au corps par ordre du conseil (1). En 1418, le mayeur et le forestier de Meerhout s'etant avisos de trainer honteusement, les mains liees, le Peeters- man De Voeght devant le tribunal scabinal de Louvain, furent condamnes a faire un pelerinage , le premier a S'-Jacques de Compostelle, le second aRocamadour. C'etait un attentat a la juridiction du due de Brabant et aux droits de la chef-ville (2). Le manuscrit de Boonen, d'ou cet exemple est tire, cite plusieurs magistrals pun is pour des faits de ce genre : le drossart de Westerloo , en 1507, le forestier de Hersselt, J'ecoutete de Gilse, en 1514, le seigneur de Thielborch, en 1544. (1) Het Boeck van de Sinte Peetersmannen, fol. 37. — Gramaye, Lova- nium} p. 12. (2) HEX BOECK VAN DE SINCTE PEETERSMANNEN VAN LOVEN, 15de cap., fol. 55 : Dat men Sinte Peetersmannen van Loeven ontaementtyck niet en mach ghevanghen brengen f met sommige correction over eenighe meyers ter saecken van muhandelinge ende inobedientie aen den Peetersmannen. Item om alzulcken mesdaet ende mesgrypen als Joannes Clans, meyere van Meerhout } ende Goossen Mertens, vorstere van Meerhout, mesdaen ende mesgrepen hadden tegens de heerlyckheyt ons genadichs Heeren s'hertogen van Brabant, ende synre stadtrechten van Loeven, van dat zy Goossen de Foeght, die van de vryheyt ende van den rechte (92) A Lierre, le privilege d'evocation des Peetersmannen e'tait expressement consacre par la coutume. L'echevinage de la ville etait tenu d'accueillir la dernandede renvoi (1). Dans le traite fait en 1466 entre les nobles et les viiles de Louvain, de Bruxelles et d'Anvers, la meme garantie fut slipulee par ces trois cites, aussi bien en faveur des hommes de SVPierre que de leurs francs bourgeois (2). Plusieurs ordonnances de nos princes, rendues sur les pressantes instances des magistrals de Louvain, garan- tirent a la juridiction de S'-Pierre, dans toute sa plenitude, le droit de connaitre en premiere instance des causes in- teressant les hommes de la corporation (5). Ce fut une lutte perseverante et contre les viiles qui contestaient ce droit, et contre le conseil de Brabant qui, au moyen de provisions et de cassations, empechait 1'execution des let- es van Sinte Peetersmanschap van Locven, gevanghen brachten ende gebonden, ontaemelyck met zeelen bynnen Loeven, op ten stadthuys , ende in de banck aldaer voert recht, daer de meyere ende schepene te gedinghe saten, dwelck noyt gesien en was, soo e$ hem geset te beter- nisse onser genadighen Heere ende syner stadt. te weten .• den voers. Joannes Claus, een bedevaert t Sint Jacobs in Galissien, ende derwerts te porren binnen XL daegenf ende goede waerheyt daer van te brengene; ende den voers. Goessen Mertens een bedevaert tot Onser Vroutven te Ruchemadouwe ende derwerts te porren binnen XL daegen ende goede waerheyt daer van te brengene. Coram LOMBAERTS , LYNDEN , schepenen ; July ultima, anno 1418. (1) De Peeters-lieden van Loven syn gewoonlyck dat sy in rechte be- trocken wesende voor die wethouderen van der stadt van Lyer} het zy in crimineele ofle civile saken, mogen voor litiscontestatie excipieren van den gerechte, etc. COUTUME DE LIERRE, tit. I, art. 6. (2) Luyster van Brdbandt, 2dc deel, p. 157. (3) Ordonnances d'Anthoine, du 11 mars 1407; de Charles-Quint , du 9 decembre 1542, rapportees dans Het JSoeck van de Sinte Peetersmannen, fol. 13 et 14. Voy. aussi Anselmo, Codex bclgicns, v° PEETERBANS, ^ 4. (95) tres echevinales. Chaque (bis que des preventions con- traires s'agitent, le bourgmestre, les echevins, le conseil parlent de ce pouvoir de juger comme d'une pratique a laquelle on est accoulume « de si longtemps qu'il n'est » memoire du conlraire. » Nous avons la formule du mandement que les magis- trals de Louvain envoyaient sous le litre de onslachbrieven (lettres d'exemption) au mayeur du lieu oil Ton voulait proceder au jugement de conleslalions auxquelles un Pee- tersman devait prendre part. Apres avoir rappele au mayeur la prerogative de la corporation et 1'avoir averti qu'il elait tenu de savoir que sa justice ne s'etendait pas sur 1'homme de Sl-Pierre, les magistrals le sommaient , sous peine d'atleutat a la puissance publique du due, de s'abstenir de slatuer. Us lerminaient en engageant le mayeur, ainsi que ceux qui voulaient faire decider les differends nes enlre eux el un Peetersman, a comparaitre dans les quinze jours a Louvain, leur promettant qu'il serail fait droit a leurs demandes (1). Boonen a depouille les roles de la juridiction de Sl- Pierre de 1517 a 1565; il a transcrit di verses sentences qui pro- noncenl sur des affaires de droit prive (2). On conserve aux archives de Louvain les plumitifs d'audience et les jugements rendus par le tribunal des Peetersmannen , de- puis 1696 jusqu'en 1791 . Ces derniers documents forment deux volumes intitules : Rollen der geslachten ende vonnis- boeck. Us presentent peu d'interet. Le dernier acte qui y soil ecrit porte la date du 5 juillet 1791. G'est une taxe de (1) Boeck van de Ste Peetersmannen, fol. 9. (2) Ibid. ibid., fol. 38. ( 94 ) frais dans un proces soutenu par un sieur Philippi centre un raaitre menuisier (1). Les Pectersmannen clemeuraient soumis aux justices, soil ar cet auteur ainsi que par de Vadder (2). Suivant ces historiens, Arnold de Diest y reconnaitrait « n'etre encore assez instruit et informe pour (1) Chroniques beiges, De Klerck, t. I, p. 643. (2j Trophies de Brabant, 1. 1, p. 254; Preuves } p. 88. — Origins des dues de Brabant , t. II , p. 497. (96) * prononcer son arbitrage. » Cette declaration n'est pas dans le texte. L'opinion de 1'arbitre y est au conlraire ma- nifestee d'une facon si expresse qu'elle exclut 1'ide'e de la necessite d'une instruction ulterieure (1). Le second acte, qui contient la sentence de I'autre ar- bitre, est digne de remarque. II constate que la diih'culte, examinee d'abord en cour imperiale, soumise ensuite a I'appreciaiion de gens aussi verses dansles sainlesecri lures que dans le droit canonique et civil, ne fut resolue, apres mure deliberation , par le sire d'Asscbe , que sur le conseil d'hommes sages et eclaires, et alorsque, par jugementde ses pairs, il lui avail ete enjoint de statuer. Arnoul de Wesemael fut lenu pour homme de Sl-Pierre (2). A quelle occasion une pareille contestation etait-elle survenue ? On ne saurait le dire. Les documents cites sont muets sur la cause du differend; et, bien que la cour im- periale ait ete consullee , on ne pourrait pas meme allirmer que la nature de 1'affaire fut purement feodale, puisque le tilre d'homme deSte-Gerlrude fut, en definitive, ecarte pour faire place a celui d'homme de Sl-Pierre, et qu'on ignore d'ailleurs par quel lien le sire de Wesemael etait rattache a 1'une ou a 1'autre eglise. Le defendeur voulait probable- ment se soustraire a la juridiction ducale, le domaine et la justice de Nivelles constituant un fief qui relevait imme- dialemenl de 1'empire d'Allemagne (5). (1) Archives du royaume, cartulaire de Brabant, n° 1 , fol. 99 recto. Ce document merite d'etre public. Nous Pimprimons a la fin de ce travail. (2) L'acte est rapporte par Butkens, 1. 1, Preuves, p. 88. Mais les mots pa- riumnostrorumy sont omis. II faut lire : postqudmper sentenltam pariurn nostrorum judicatum fuit. Le reste est exact. (o) Butkens , t. I , p. 254. (97 ) XI. Une Iroisieme prerogative des hommes de Sl-Pierre consistait dans 1'exemption des tallies et dans raffranchis- sement des impels mis et a mettre par les dues de Bra- bant. Ce droit n'est formellement reconnu que dans un diplome emane, en 1509, du due de Brabant, Jean II, en faveur de quelques habitants de Leefdael et de Yroyen- berg qui occupaient encore d'anciens manses de S'-Pierre. Le due y defend a ses ammans, a ses mayeurs, a tous ses oiliciers en general de molester ces messeniers a Toccasion de lailles et de perceptions quelconques. Quoique les injonclions du due soient tres-formelles et que les habitants soient declares non taillables, on s'aper- c.oit pourlant, en lisant le diplome, de ce qu'avait d'inu- sile, a celte epoque, la prerogative dont nous parlons. maisnie, quant qu'il promet devant eskevins de nostre » terre, volons qu'il tiengne, si comme il le uissent en » convent devant eskevins de f'ranke ville; et en autres » coses doyen t goyer (jouir) de leur franckise de le maisnie, » en si comme les gens Saint Pierre doivent goyer (I). » Get article esl repele dans la landt-chartcr de mai 1312 (2). Ainsi, un reglement emane en 1401 de la ville de Lierre, determine les impositions auxquelles les homines de S'-Pierre, demeurant dans le territoire de cette ville, sont soumis, et celles dont ils sont affranchis (3). Nous touchons au terme de notre travail. II ne reste, pour achever de remuer a fond notre probleme historique, qu'a apprecier en eux-memes les droits des Peetersmannen, a voir ou le principe en a ete puise, atin d'assigner a fin- stilulion sa veritable physionomie. L'intervention des libres hommes de Sl-Pierre dans la gestion administrative de la cite n'a rien qui doive sur- prendre. C'etait presque partout le droit commun des hommes libres. L'origine de la plupart de nos com- munes est si ancienne qn'on ignore si leur creation a ete le resultat de lutles locales, un fait que le seigneur (1) Chroniq. beiges. Woeringen, Cod. cliplora., p. 549. (2) Art. 13. Placards de Brabant, t. I, p. 117. (3) Boeck van de Sinte Peetersmannen , fol. 53-35. (99) territorial a ete contraint de reconnaitre expressemenl, ou si 1'independance comraunale ne s'est pas develop- pee sans secousse, par des reglements pacifiques de droils, comme une consequence des moeurs germaines. Dans la periode de 1'avenement des communes du nord de la France, a la suite de conjurations violentes, les chartes beiges ne font que confirmer les franchises deja existantes de nos villes. Les premieres notions authenti- ques de 1'histoire de Louvain nous montrent cette ville comme un corps invesli de droits politiques (1) ; plus tard , quand on arrive a une vue plus netle de I'organisation urbaine, on y trouve, comme a Bruxelleset dans plusieurs autres villes, sept lignees privilegiees qui constituent une espece de patriciat. Cette aristocratic , dont la credulite des temps entoure la naissance de fables et de merveilleux, prend unegrande part dans Texercice des fonctions publi- ques (2). A. Louvain, Jes membres primitifs des lignees avaient ete hommes de Sl- Pierre, puisque leurs descen- dants possedaienthereditairement la meme qualite. Ici, la preuve par induction est evidente. Libres et riches , ils avaient obtenu une influence inevitable sur les affaires de la commune; ils tenaient plusieurs offices de 1'administra- tion interieure.Etait-ce comme Peeler smannen? Non, cette proposition serait en contradiction avec les fails de celte (1) Juravimus burgensibus lovaniensibus quod eos ammodo in Ubertate antiqua conservabimus. Diplome de 1234. Chroniq. beiges, De Klerk, Cod. diplom., p. 641. — Promittimus nostros burgenses conscr- vare in omni jure et consuetudine } quas a nobis et nostris predecessori- bus ab antiquo usque ad haec tempora perduxerunt. Diplome de 1290 Woeringen, Cod. diplom., p. 536. (2) Voyez M. Piot, p. 120, sur la fable de Bastin et de ses seplfilles, auxquelles on a rapporte roriffinedes sept families patriciennes de Louvain. (100) epoque. Anciennemenl, personne a Tournay ne pouvait aspirer a la magistrature rnunicipale, s'il n'elait homme de Ste-Marie (1). II devait en etre de meme a Utrecht, ou les bourgeois, sans exception, etaient, comme nous 1'avons deja dit, hommes de S'-Martin. Le lien religieux ou civil qui rattachait, dans la constitution native de Louvain , les habitants a 1'eglise, a ete une condition accessoire et non pas une condition principals de Texercice de fonctions administrates; car qui ne voit quel'homme de S'-Pierre se confond avec le citoyen lignager? A mesure que Ton s'est eloigne davantage du point de depart d'usages remon- tant au dela de toute memoire d'homme, on a pu croire que le droit, inherent en realite a la nolabilite du citoyen, n'avait d'autre source que le lien ecclesiastique; des ecri- vains qui ne se sont pas donne la peine de degager le sens historique de 1'institulion, ont pu assimiler tout Peetersman au patricien, et donner indislinctement aux hommes de S'-Pierre une importance administrative que certains seu- lement d'entre eux ont eue. Ce jugement errone repose sur un fait vu sous un faux jour. Le droit des citoyens, sortis des lignees, de fournir des magislrats a 1'echevinat ainsi qu'au college ou jurat de la ville, etait une prerogative essentiellement patricienne. Les chartes de 1575 et de 1578, qui reorganisenl la magistrature urbaine, ne font aucune mention des Peetersmannen, au lieu que les patri- ciens y sont denommes. Les nombreux actes, keuren et diplomes de 1211 a 1548, inseres dans le Code diploma- tique du premier volume de la Chronique de De Klerk, (1) Jntiquitus nemo poterat esse de magistratu tornacensi nisi qui esset homo beatae Mariae , sive in ecclesiae cathedralis fidem ac cliente- lam adscriptus. (Catullus, Tornacum, SYNTAGMA IX, p. 89.) ( 101 ) gardent le meme silence sur les hommes de S'-Pierre (1). Tout atteste dans la constitution communale de Louvain que le citoyen est saisi des fonclions publiques , non comme Peetersman, mais comme patricien ; et rien , a cet egard, ne dissipe mieux les doutes que la coulume de Louvain; il suffit de la laisser parler (2). Passons a 1'examen de la juridiction des Peeler smannen. A la difference de la justice romaine, qui formait un at- tribut de la souverainete du peuple et permettait a chacun d'oblenir satisfaction , la justice chez les nations de race germanique prit un caractere pureraent conventionnel. Une des plus grandes forces sociales du moyen age fut la mise en pratique, rigoureuse, du principe d'association. Applique au droit de juger, il eut pour consequence que le justiciable ne put demander droit qu'en qualite de membre (Tune famille, d'une arrhimanie, d'une marche, d'une commune, d'une corporation, d'une immunite ou d'une universite quelconque (5). On sait que lesjuridictions familiereset feodales furent aussi multipliers que les petites souverainetes qui couvri- rent 1'Europe. La nature de la juridiction des Peetersman- nen n'est done pas un mystere. C'etait une justice fami- liere, organisee comme toutes le furent, et dans laquelle les hommes libres faisaient le service judiciaireen venant s'asseoir aux plaids pour statuer sur les differends de leurs pairs, des colons, des serfs, des vassaux de condition inferieure soumis aux regies de ia confederation de S'-Pierre. (1) Pages 624, 638 £ 640, etc. (2) Voy. chap. I , art. 2 et suiv. (3) Championniere , Eaux courantes, n°$ 224 a 226. ( 102 ) Determiner avec exactitude 1'origine de cetle juridic- tion, c'est rechercher quel a ete 1'element constilutif de la confederation elle-meme. Pour nous, qui ne voyons dans les Peetersmannen que les hommes unis a la famille de S'-Pierre, il esl indubitable que, lorsque 1'eglise formait vraisemblablement avec son opulent chapitre et son do- maine le noyau principal de la cite donl elle n'est plus aujourd'bui qu'une enclave, elle a du jouir de I'immunite qui flit accordee autrefois a toutes les abbayes et aux eglises de quelque importance (1). La diselle dediplomes contem- porains empeche de fournir la preuve directe de ce fait; mais, independamment de ce que, pendant plusieurs sie- cles, I'immunite fut en quelque sorte le droit commun de 1'eglise devenue puissance, deux passages de documents ciles dans le cours de cetle dissertation, apportent des temoignages irrecusables en faveur de 1'opinion que nous defendons. La formule du serment prete, en 1291, par le due de Brabant renferme la promesse de respecter les droits, privileges, coutumes, possessions et liberles (libertates) de 1'eglise et des hommes de Sl-Pierre. Par 1'acte de 1509, le due de Brabant reconnait que les messeniers, qui resident dans les anciens manses de S'-Pierre, doivent etre vraimeiit libres et exempts de tailles et d'impots, en raison de la liberte de Sl-Pierre fratione LIBERTATIS sancti Petri). Qu'est-ce que la liberte de S'-Pierre, ce titre unique (1) Les premieres monnaies connues de Louvain portent pour legende : S'-Petrus Lovaniensis. Voyez Plot, Histoire de Louvain, p. 111. Cette legende est-elle due ^ la piete des habitants ou a la preponderance de qu'invoque ie clue, sinon 1'immunite, la franchise avec toules les attributions qu'elle comporte (1) ? L'immuuite consistait principalement dans la defense a tout juge public d'entrer sur les terres dc 1'eglise pour y sejourner, y rendre aucune decision ou assister au juge- gement des affaires, y percevoir aucune taxe ou rede- vance(2). Et le corollaire de la suppression de toute juri- diction publique devait £tre et fut en effet le transport du pouvoir judiciaire aux e'veques et aux abbes (5). L'immune concessionnaire avail doncsa juridiclion lo- cale, civile el criminelle, sur les hommes de la commu- naule, de la confederation ou de 1'eglise. Tel est, selon nous, le premier fondement de cetle jus- tice qui, entouree d'abord d'obscurile, se perpetua pendant des siecles a cote du tribunal e'chevinal, avec son caraclere propre et sa competence clairement de'finie par la coutume. Notre explication, qui s'appuie sur !a vraisemblance historique et sur des lextes positifs, rend compte de tous (1) LIBERTAS, districtus loci alicujus intra quern incolae LIBEBTATE, privilegio ac jure civitatis gaudent. Ducange, v° Libertas. Eamdem LIBEIITATEM donuvi... ut submansores ejusdem ecclesiae ab omni publica exactione liberi, omnique jugo etiam nostrae donationis absolutij nequaquam jure forensi sive alicujus decreto potestatis ar- ceantur etiam super his quae ad terrae legem pertinent requirendis. Do- nation de Philippe a Teglise de S'-Donat, en 1183. Miraeus, 1. 1, p. 716. Ipsum monasterium.... cum omnibus juribus, LIBEUTATIBUS SEU FRAN- CHISHS ac usagiis , etc., confirmamus. Dipl. de 1297, concernant Tabbaye de Villers. S'-Genois, Avoueries , 258. (2) Voir la formnle de Marculplje, I, c. 5; le diplome de saint Bavon, de 81 9 ; Miraeus, 1. 1, p. 19. (5) Praecipimus ut nullus judex , nisi cut episcopus commiserit, audeat potestatem exercere super ea loca.... Diplome d'Othon II, touchant realise de Li^ge, en 980. les fails et les laisse voir sous toutes leurs faces. II n'en est pas ainsi du systemequi repose, non sur d'impartiales in- vestigations, mais sur les inventions de 1'imagination populaire. Nous nous garderons bien de revoquer en doute que les Peetersmannen aient brille dans des actions parti- culieres ou la banniere de S'-Pierre les guidait, puisque la communaute de Louvain a du, comme toutes les coramu- nautes civiles et religieuses, fournir, a jour marque, ses hommes d'armes, chaque fois qu'elle en a ete legalement requise; nous accueillerons encore volontiers le recit de ce combat dans lequel un corps de Peetersmannen soutint une lutte inegale contre une foule d'ennemis pour sauver le due de Brabant. Cette generosite heroique est dans nos mceurs, elle nous plait. Mais c'est un en fan tillage historique que d'attribuer la creation d'une juridiction speciale a la reconnaissance du prince qui vient d'echapper a un peril serieux. L'etablisse- ment de la justice des hommes de S'-Pierre est un fait simple , expression fidele des necessites de la societe des Xme, XIrae et XIlmesiecles, et, pendant delonguesannees, cettejustice a du rester telle sans subir aucune alteration. Dans la suite, lorsque les autres institutions s'etaient mo- difiees, on l'a envisagee comme une juridiction privilegiee, parce que le temps avail en effet converti le fait ordinaire en fait exceptionnel. La condition la plus saillante de cette justice speciale, celle qui nous frappe le plus , c'est le droit du defendeur, assigne devant un autre juge que celui de sa confederation , de demander son renvoi devant ce dernier. Et pourtant on retrouve le meme principe dans la plupart des justices familieres, car elles etaient organisees a 1'instar Tune de 1'autre. En 1252, Guillaume, roi des Romains, donne aux ciloyens et habitants d'Ulrecht une charte qui ( 105 ) • defend aux princes, marquis, dues, comtes, nobles, a toule personne en un mot, de saisir de leurs differends, hors de la cite, une autre justice que celle de 1'eveque, tant que les Utrcchtois accepteront le jugement de eelui- ci ou de son delegue (1). Get exemple merite d'etre note, puisque les bourgeois d'Utrecht elaient hommes deSVMar- tin, et qu'il ne serait pas impossible que le due se fut complu a donner aux Peetersmannen , en recompense de leurs vaillantes actions, une charte identique, destinee a convrir leurs droils de la protection el de la garantie souveraine. Ainsi s'expliqueraient les legendes populaires. An fond, quoique Guillaume, a I'imitation des suzerains de son temps, ne manque pas d'exagerer rimporlance de son octroi, la defense qui y esl faile n'est que la sanction des regies ordinaires des juridictions du moyen age. On n'a pas penetre jusqu'ici assez intimement dans le meca- nisme de 1'autorite justiciere des temps seigneuriaux pour dissiper les doutes qui planent sur les rapports qui pou- vaient exisler enlre des justices differentes, a raison de leurs justiciables respeclifs. Mais, si Ton reflechit que pendant toute une epoque 1'homme fut pour ainsi dire localise, et qu'il eut constamment droit a la protection et a la justice de son association feodale, immune ou com- munale, on ne s'etonnera plus de cetle faculle d'evocation ou de renvoi, qui n'est en somme que la consequence lo- gique du principe de la juridiclion elle-meme. La charte donnee en 4192 a Vilvorde, porte que le bourgeois de Vilvorde ne peut etre cite en justice et juge que dans cette ville et par les echevins , a moins que (1) Van Mieris, Chnrterboeck van Holland, i. I, p. 267, ( 106 ) sou proces ne passe les bornes de cetle juridiction (1). Ne resulle-t-il pas de ce texie ime defense expresse a toule justice etrangere d'atlirer a elle, saufles cas excep- tionnels, les poursuiles centre les bourgeois de Vilvorde? et ces derniers n'y puisent-ils pas en nieme temps le droit de faire slaluer sur ces poursuiles par leur juge domici- liaire? On voit dans le traite fait avec les nobles en 1466, les villes de Bruxelles et d'Anvers stipuler a 1'avantagede leurs francs bourgeois le droit d'evocalion qu'elles recon- naissent aux Peetersmannen de Lou vain. Nous pourrions multiplier les citations, mais il doit suifire d'avoir demoulre par un des plus anciens litres de la legislation des communes beiges, que la facultede renvoi dont jouissaient les hommes de S'-Pierre etait tine base fondamenlale des juslices. Dans la coulumede Louvain, la reconnaissance du droit d'evocation est expresse, tandis qu'il n'esl admis dans la charle de Vilvorde que d'une maniere implicite. Voila la seule difference a signaler. L'affranchissement des tailles et des taxes perc.ues au profit du due de Brabant n'est encore qu'une des condi- tions ordinaires des immuniles. Nous avons vu qu'il elait inlerdit aux officiers publics de presier aucun acte d'auto- rite et de juridiclion dans le territoire de 1'immuniste. Celle interdiction esl renouvelee dans le plus grand nom- bre de leltres d'immunile : nous prendrons a dessein nos exemples dans le Brabant. Le reglement de 1'avouerie du monastere d'AHlighem fait, en 1210, par le due, affran- cbit de toute espece d'exaction et de tail les ceux qui vivent sur les terres du monastere (2). La charte de 1217, sur la (1) Butkens, Preuves , I, p. 46. (2) Saint-Genois, Avoueries, pieces justificatives, p. 210. (107) justice do 1'abbayede Villers, contient une disposition sem- blable(l). Comparez au surplus les expressions. Dans le premier de ces documents, le due s'exprime en ces termes : Quicumque in possessionibus et fundis ejusdem ecclesiae.... habitaverint , ab omni cxactione et tallia sint liberi. Dans le second : Eis indulsimus , ut in terra nostra ab omni exac- tione et molestia liberi existant et inperpetuum permaneant. II s'enonce non moins clairement dans 1'acte de 1509, re- latif aux hommes de Sl-Pierre : Cum... veraciter liberi et exempli esse debent super talliis et exactionibus nobis et suc- cessoribus nostris ducibus futuris faciendis ,.... mandamus amm-aniis, villicis, subvillicis et foreslariis sivc praeconibus noslris , ceterisque officiatis nobis subditis quatenus non mo- les tant super talliis et exaclionibus quibuscumque . Les opinions nesauraient elre divisees sur le sens de ces passages, qui offrent une ressemblance presque absolue, et se traduisent d'eux-memes. II existe dans les collections historiques un nombre considerable de diplomes de meme nature. Nous nous bornons a y renvoyer (2) , en pensant que les exemples cites sufiisent pour momrer qu'il ne s'agit encore ici que d'un privilege d'inimunite. D'ailleurs, qu'on ne se meprenne pas sur Fetendue de cet affranchissement. Qu'on n'en conclue pas avec M, Piot, que les Peetersmannen ne devaient payer 1'impot que de leur consentement (5). L'exemi»tion accordee par le due n'etait pasillimitee; elle ne s'appliquait qu'aux perceptions (1) Saint-Genois , Jvoueries , pieces justificatives , p. 214. (2) DipI6me de 1540, concernant Betteghem : curtem de Betteghem li- beramus ab omnibus talliis, corweidis , exactionibus. Saint-Genois, Avoueries, pieces justificat., p. 242. (3) Louvain,p. 124. ( 108) ducales , et laissail subsister le droit de taille au profit de Timmune, qui en conservait soigneusement les elements. L'homme de S'-Pierre n'etail libere de 1'obligalion fiscale qu'a I'egard du due (1). Nous avons compris dans la nomenclature des preroga- tives des Peetersmannen la dispense de payer les redevances connues sous le nom de tonlieux, bien que Parival en fasse seul mention el que nous n'ayons pu trouver la preuve de ce qu'il avance. Peut-etre la franchise de ton- lieux n'est-elle sous sa plume que la traduction du mot exactio de 1'acte de 1509. Quoi qu'il en soil, la suppression des peages, si elle etait reelle, ne s'appliquait encore line fois qu'aux possessions du due de Brabant, et n'a proba- blement eu d'autre origine que rimmunite de S'-Pierre. Godefroid le Barbu, le fondateur de 1'abbaye de Ylierbeeck, avail concede a celte communaute religieuse 1'usage de forets et de paturages, et 1'avait affranchie a perpetuite des d roils de peages et des impositions de tout genre a percevoir seulement dans son territoire parliculier et sei- gneurial, a leloneo et omni hujus modi eocactione, in omni loco mei juris (2). Ainsi 1'etablissement de ces privileges suivait partout la meme marcbe. Reconnaissons mainlenant le point ou nous sommes parvenus, car nous croyons avoir atteint notre but. Les fails qui onl ete retraces on I a nos yeux une signification frappanle. Le slalut anlique du Peetersman n'esl autre que celui des libertes et des privileges de 1'eglise deSl-Pierre. Dans le principe, le libre Peetersman est homme de 1'eglise, (1) Championniere, Eaux courantes, n° 121. (2) Cbarte de 1125, Miraeus, donat. piar. I, p. 90. (109) il tient a la famille de 1'eglise, il siege dans la justice de rimmunite, et plus tard, s'il est lignager, dans les conseils de la commune; il est affranchi , comme membre d'une communaute protegee par le due, des obligations qui pe- sent sur d'autres. Comparativement a ceux-ci, il est en realile le privilegie par excellence (1). Que si Ton jette les regards sur ce qui se passe ailleurs, on rencontre les memes denominations , les memes erre- ments, les memes choses, mais moins largement deve- loppees (2). Ce serait presque une histoire commune, si la juridiclion des Peetersmannen , resistant aux tendances d'unile civile et se perpetuant au milieu des changements qui s'etaient accomplis partout, n'avait pas survecu a la destruction des justices identiques etablies dans d'autres pays. Aussi nous pensons que le lecteur n'eprouvera aucune difiiculie a se de'partir des idecs confuses a travers lesquelles il avail entrevu, jusqu'a present, celle institu- tion aux bases seculaires, si profondement empreinte du cachet du moyen age. (1) De consuctudine antiqua et approbata et observata a tanto tern- pore quod ejus memoria non existit, homines familiae beati Petri liberi fuerunt et adhuc sunt prae ceteris hominibus. Acte de 1548 5 appendice, 1>. 47. (2) A Lille, 1'eglise de S'-Pierre a conserve longtemps sa justice speciale, fjui fut le sujet de frequents demeles entre le chapitre de S'-Pierre et les echevins de la ville. Voyez Roisin, Franchises , lois et coutumes de la ville de Lille, p. 277 s. ( 110 APPENDICE. 1244. Cartulaire de Brabant, n° 1, folio 99 recto (Archives du royaume.) Noverint universi tarn praesentes quam poster! quod ego Ar- noldus dominus de Diest, cum Wilhelmo domino de Assche super negocio sive affario quod est inter dominum meum Henri- cum ducem Lotharingiae ex una parte, et Arnoldum dominum de Wesemale consanguineurn meum ex altera infra festum beati Remigii proximo venturum arbitrabor nisi detentus sive occupa- tus fuero aliquo legilimo impedimento. Si autem infra dictum diem aliquod sicut dictum est legitimum impedimentum micbi occurrit sine dolo, quandocumque monitus fuero a dicta die deinceps praefatum arbitrium promulgabo. Promitto etiam me laliter arbitraturum in dicto negotio quod praefalus Arnoldus dominus de Wesemale consariguineus meus ad beatum Petrum debeat pertinere. Actum anno Domini 1244 dominica post Bar- tholomaei. 1534. G. Boonen, Hel Boedt van de Sinte Peetersmannen, fol. 25 et 26. Item nolum sit universis quod Godefridus Pistor, dictus VVantboulle de Wackersele, lilius quondam Henrici quondam dicti de Herbruggen, in presentia Pelri dicti de Quercu, villici Lovaniensis, et hominum sancti Petri , dicens se esse hominem sancti Petri et ad liberam familiam domini ducis pertinei cupiens boc monstrare prout sibi sufficere poterit et valei (Hi ) rogabat cum devotione villicum predictum ut monere vellet homines sancti Petri ibidem presentes qualiter boc monstrare deberet, hoc habito villicus predictus ad petitionem ipsius Godefridi monuit homines sancli Petri qualiter monstrabit se esse hominem sancti Petri ad liberam familiam domini ducis pertinere. Qui quidem homines super hoc moniti habito consilio sufficient!, judicaverunt per sententiam quod ipse Godefridus primo per se et duo secum homines sancti Petri ad liberam familiam spectantes, de progenie et parentela ejusdem ducentes originem ex legitimo thoro ad sacrosancta jurabunt ipsum Gode- fridum esse, hominem sancti Petri et ad liberam familiam dni ducis spectantem, de legitimo thoro procreatum quo facto me- moratus Godefridus prout sibi judicalum extitit, juravit se esse hominem sancti Petri et ad liberam familiam domini ducis per- tinere, de legilimo thoro, et hoc tenuerunt cum ipso ad sacro- sancta jurando, Joannes dictus Oliver! et Gerardus dictus de Hulst, de Haecht, dicentes ipsum Godefridum esse hominem sancli Petri, et ad liberam familiam domini ducis pertinere, et de progenie sua et legitimo thoro his inlerfuerunt Ludovicus dictus de Redingen, Joannes dictus de Wilre, Radulphus dictus de Redingen , et Arnoldus dictus de Wilre, homines sancti Petri etad familiam liberam dni ducis spectantes. Qui quidem homines prout premissis interfuerunt, sigilla sua una cum sigillo ipsius villici presentibus literis appenderunt. Datum Lovanii anno Do- mini 1554, sabbato ante Joannis Baptiste. 1548. G. Boonen, meme ouvrci-ge, fol. 17. Et quoniam de consuetudine antiqua et approbata et observata a tanto tempore quod ejusmemoria non existit, homines fami- liae beali Petri liberi fuerunt et adhuc sunt praeceterishomini- bus, etin pluribus privilegiati , rogamus universitatem vestram ( 112 ) in Domino et requirimus omnes et singulos ad quorum notitiam continget presentia devenire, quatenus vos et vestrum quolibet, qui beatissimis Petri clavibus desideratis protegi predictum Arnoldum ob honorem Dei , et reverentiam bead Petri ejus apostoli, pro homine beati Petri teneatis sicut et nos a quibus- cunque injuriis et molestiis fideliter protegere dignemini, et ipsum Arnoldum contra dicta privilegia nullatenus infestare : ipsumque in dictis libertate et reverentia, quibus homines beati Petri gaudere solent, tanquam hominem ejusdem beati Petri foveri firmiter et teneri. In cujus rei testimonium et munimen sigillum nostrum quo pariter utimur, presentibus duximus ap- ponendum. 1577. G. Boonen , meme ouvrage , fol. 2 et 3. Universis et singulis presentes literas visuris pariter et atidi- turis, Wilhehnus de Wangbe, Geldolphus de Tilia van Winde, Gerardus de Castro, Johannes dictus Marcolff, de Hakendovel, et Repo de Oerbeke , tanquam homines ligii de libera familia sancti Petri Lovaniensisexistentes, salutem cum notitia veritatis subscriptorum. Noverit vestrum omnium discretio, quod coram nobis personaliter co»stitutus Joannes de Bost de Wulvezeem, ostendit hodie coram nobis, per Robertum de Bost ejus fratrem, et Joannem Van der Borcbgracht, tanquam per homines ligios de libera familia sancti Petri Lovaniensis existentes : qui tactis sacrosanctis, expresse protestati fuerunt, per monitionem do- mini Joannis de Ophem, militis, villici Thenensis, de jure ac instanter ad hoc requisiti quod prefatus Joannes de Bost homo ligius de libera familia sancti Petri Lovaniensis, de et a recta linea parentela, seu legitima natione foret procreattis debita etiam sententia nostrorum hominum ligiorum predictorum mo- nitione que dicti villici super premissis subsecuta prout et secun- dum quod juris ordo in talibus dictaverit fore faciendum nullo ( 113) etiam juris articulo in premissis de jure debito et consuelo pre- termisso, harum Testimonio literarum nris sigillis sigillatarum et datarum. Datum anno a nativitate Dni millesimo tricentesimo septuagesimo septimo mensis decembris die duodecima. Quas literas sigillis predictorurn liominum sancti Petri sigil- latas non abrasas, non cancellatas, neque in aliqua sui parte suspectas, Petrus Bode, notarius, de mandato dominorum die 26 mensis novembris anno 1445, teste manu propria regis- travit. 1406. G. Boonen , meme ouvrage, fol. 26 a 28. Item notum sit universis quod Joannes Van den Scrike de Wespelaer in presentia villici et hominum sancti Petri Lova- niensis subscriptorum constitulus, dixit et asseruit seipsum et Henricum Van den Scrike ejus fratrem, pronunc apud Water- male captum, esse homines sancti Pelri Lovaniensis, ad liberam familiam domine ducisse Brabantie pertinere, et de legitimo thoro fore procreates, cupiens hoc monstrare modo debito prout sibi sufficere posset et valere, rogavit cum devotione villicum Lovaniensem predictum, quatenus monere vellet homines sancti Petri Lovaniensis, qualiter et quomodo antedictus Joannes pro se, et dicto Henrico ejus fratre capto hoc monstrare deberet. Quo facto villicus Lovaniensis ad preces et requisitionem dicti Joannis monuit homines sancti Petri Lovaniensis ibidem pre- sentes qualiter dictus Joannes prose et dicto Henrico ejus fratre monstrare deberet, se ipsum et eundem Henricum ejus fratrem, esse homines sancli Petri Lovaniensis et ad liberam familiam dne ducisse pertinere, qui quidem homines sancti Petri Lova- niensis super hoc moniti prehabito consilio et deliberatione sufficienti, dixerunt pro sententia et jure quod dictus Joannes primo per se, et duo homines sancti Petri Lovaniensis secum, de progenie et parentela dictorum Joannis et Henrici, tactissa- APP. BULL. 1 853-1 854. 8 ( Hi ) crosanctis, jurare deberent prefatos Joannem et Henricum esse homines sancti Pelri Lovaniensis, de legilimo thoro fore pro- creatos, et ad liberam familiam domine ducisse pertinere, his habitis predictus Joannes quemadmodum sibi prejudicatum extiterit, tactis sacrosantis juravit se ipsum et dictum Henricum ejus fratrem esse homines sancti Petri Lovaniensis de legitinio thoro fore procreates, et ad liberam familiam domine ducisse pertinere. Et hoc idem juraverunt cum dicto Joanne ad sacro- sancta Joannes dictus Gheerts filius Joannes quondam Gheerts, de Wespelaer, et Willelmus Kympe , dicentes sub eorum jura- mento prefatos Joannem et Henricum fratres, esse homines sancti Petri Lovaniensis, et legitimo thoro fore procreates ac de progenie et parentela eorundem Joannes Gheerts et Willelmi Kympe, et ad liberam familiam domine ducisse pertinentes insu- per tactis sacrosanctis, juraverunt jam dicti Joannes Gheerts et Willelmus Kympe , per monitionem dicti villici , et sententiam hominum sancti Petri Lovaniensis se ipsos esse homines sancti Petri Lovaniensis de legitimo thoro, de progenie et parentela dictorum Joannis et Henrici fratrum, et ad liberam familiam domine ducisse pertinentes. Et nos Joannes de Montenaken , villicus Lovaniensis Ludovicus Pynnock miles, Godefridus ex Liemingen, Ludovicus dictus Roelants, et Petrus Platvoet, ho- mines sancti Petri Lovaniensis. Quia premissis interfuimus, sigilla nostra presentibus duximus apponenda, in testimonium veritatis premissorum. Datum anno Domini millesimo quadri- gentesimo sexto in die parasceves. ( 115) ANALYSE DES DOCUMENTS CONCERNANT LES PEETERSMANNEN, CONSERVES AUX ARCHIVES DE LA VILLE DE LOUVAIN (1). I. Het Boeck van de Sinte Peeler smanncn van Loven, 1592. Manuscrit in -folio de d31 feuillets, commence par Guillaume Boonen et con- tinue par Guillaume-Antoine Van Dieve. Guillaume Boonen doit elre ne a Louvain vers Tan 1551. II elait employe, en 1581, au bureau dela comptabilite de la ville, en qualite de clerckvan het register. II termina le livre des Peetersmannen en 1592. Le premier volume de ses Antiqui- tates Lovanienses porte a la fin le millesime de 1594. II est mort a Louvain le 15 juillet 1618. Ses travaux sont inestimables pour 1'histoire de sa ville natale. Le pauvre employe fut d'un grand secours a Juste-Lipse et a Gramaye. Le der- nier seul lui a rendu justice (2). Guillaume-Antoine Van Dieve , arriere- petit -fils de 1'historien de ce nom (Divseus), etait secretaire du college des Peetersmannen. II est ne le 16 fevrier 1677, et est mort le 22 juillet 1754. Fol. 1. Memorie Boeck van den vryen huysgesinne, afcompste ende familie der kercken van Sinte Peeters, te Loeven. Iste Cap. — Wat men van Sinte Peetersmannen leest, in de Blyde Incompsten des hertoghen van Brabant, als zy het landt ontfanghen (1) M. le chanoine de Ram , dans le rapport bienveillant qu'il a presente a 1'Academie royale sur la notice qui precede , a signale , comme pouvant etre consulted avec fruit , plusieurs manuscrits reposant aux archives de Louvain , dont 1'indication lui avait etc fournie par M. E. Van Even , archiviste de celte ville. M. Van Even, a qui je me suis empresse de m'adresser, a bien voulu me donner tous les renseignements qui lui ont etc demandes , et m'a envoye avec une rare complaisance differenls extrails des manuscrits prementionnes, lesquels sont venus immediatement s'encadrer dans mon travail , sans cependant contrarier aucune de mes idees. J'ai pense que Ton serait bien aise de lire 1' analyse des materiaux precieux que possede la ville de Louvain. Cette analyse a etc faite par M. Van Even, qui m'a permis de la livrer a la publicite. (2) Boonen qui urbi a secretis est et rerum ejus diligens indayator. Gramaye , Lovanium, p. 2, note marginale, te Loeven. Extrait de la Joycusc-Entre'e de Philippe II, 5 jnillet 1549. Fol. 2, Hde Cap. — Walter geregistrecrd staet van Sinte Peeters- raannen van Loeven in de acten van 't capittel van Sinte Peeters tc Lceven. Charte de 1577 (1). — Fol. 5 : Mode de reception, acle du 11 scptcmbrc 1445. — Fol. 4, Acte de 1319 (2). — Fol. 8 : Actes concernant des Peelersmannen demeurant hors mile, 1540 a 1578. — Fol. 8, Sommighen acten geregistrecrd by den notaris Bode. Actes de 1445. — Fol. 9 : De Onslachbrieven van de Sinte Peetersmannen aen de meyers ende andere (5 actes}. — Fol. 12 : Seckere articulen nopende de vrycheyt ende d'bethoonen van Sinte Peetersmanschappe van Loeven, gecomprehendeert in sekere vonisse van wylen Philips hertoghe van Brabant, tusschen Jan Gordyn ende der stadt van Loe- ven, gegeven 28 april 1460 (5). — Fol. 15 : Hoe de schepencn brieven, porteryen van Loeven ende van Brusscl, ende Sinte Pee- tersmanscap van Loeven, al Brabant dore buyten vryen steden schul- dich syn voertganck te hebben. Ordonnance flamande d'Antoine, due de Brabant, en date du 11 mars 1407. Fol. 14. — Dat d'ierste kennisse van allc schepenen brieven Sinte Peetersmannen ende poerteren van Loeven, den wethouderen der selver stadt competeert. Ordonnance flamande de Charles F, 9 de'cembre 1 542. Fol. 16, IIIdc Cap. — Sommighe getuyghenissen van't capittel van Sinte Peetersmannen. Charles du chapitre de 1505 (4), de 1548 (5) ct de 1582. Fol. 18, IVde Cap. — Dat de vrouwen oock syn Sinte Peeterslieden. Charte du chapitre de 1378 (6). Fol, 19, Vde Cap. — Van chynsmannen der kercken van Sinte Peeters, brieven van ghctuygenissc. Charte du chapitre de 1278. Fol. 20 , VIde Cap. — Exempel van brieven van versueckinge op dat gedoceert wordde, datter chynsmannen syn van Sinte Peetcr ende van syne familic. Charte de 1205 (7). (1) Appcndice, p. 48. (2) Bull, de la Commission d'histoire, t. Til , p. 333. (3) Ibid., t. IV, p. 217. (4) Ibid., t. Ill , p. 333. (5) Appendice , p. 47. (»>) Bull, de la Commission d'hisloirc, 1. IV, p. 217. (7) Ibid., 1. IV, p. 214. ( 117) Fol. 21 , VIIde Cap. — Dat de gene gheboren vuyt een onvry ghe- slachte oock syn Sinte Peelers chynsmannen. Chartc du chapitre de 1550 (1). Fol. 22, VIIIstc Cap. — Dat de bewoonders oft bcsitters van de oude gheleghen oft wooninghcn van Sinte Peelers te Loeven syn ghe- nietende vryheyt van alle tollen en alle andere exaction van Sinte Peeler, ende dat by betuychenisse van den hertoghe, etc. Charle du chapitre de 1309 (2). Fol. 24- , IXd8 Cap. — Wat dat men totte ornamenlen Ste Peelers plachttc geven, voer den seghel. Annotations tirees des registres de I'e'glise de &-Pierre, de 1316 a 134-8. — Wat men den meyere van Loeven (tot behoef des hertoghen van Brabant) gheeft voert bethoonen van Sl Peetersmanschappe. 1408. Fol. 24, Xde Cap. — Confirmalicn ende beveslighen der privile- gien van Ste Peelersmannen van Loeven. Fol. 25. — Extrait de la Charte de Jean /er, de 1291, sur les Vrier- messeniederen. — Extrait de la Joycuse-Enlree de Jeanne et Wcnceslas, de 1355. Fol. 25, XIde Cap. — Dat de Ste Peetersmannen behooren totten vryen huysgesinne des hertogen ende der herloginnen van Brabant. Acles de 1354 (5) et de 1406 (4). Fol. 28, XIIde Cap. — Van de binnen ende buyten Sinte Peeters- mannen vuyte cosluymen van Loeven. Fol. 29. — Extrait de la Joycuse-Enlree de Marie de Bourgognc, du 29 mai 1477. — Van de buyten Sinte Peetersmannen. Reproduction a peu pres litterale des articles 17, 20 et 21 des coutumes de Louvain. Fol. 51. — Dat men niemant verantwoorden en sal met Ste Peeters- manschape, etc., de gene eenige jouffrouwen oft vrouwen ontschae- kende, tegen haeren danck, oft eenige ombejaerde kinderen wech leydende. Mention des Joyeuses-Entre'es de 1427 a 1549. Fol. 52, XIIIde Cap. — Waer vuyt dat dese twee familien des (1) Bull, de la Commission d'histoire, 1. IV, p. 217. (2) Ibid., t. IV, p. 216. (3) Appendice, p. il>. (4) Ibid., p. 49. kercken van S. Peelers haeren oirspronck hebben. L'autcur leur donne pour origine les fails d'armes de 1288 (Woeringen). Fol. 55. — Dat de gene van de goede mannen van den gheslachten, die borgemeester geweest hebben, over Sinte Peetersmanschap , sitten ende segelen sullen, boven ende voer d'andere, al waeren dandere ouder in de weth dan sy. Resolution du 24 juin 1445. — Moderatie ende maniere die men onderhouden soude int stuk van den pontgelde ende accyse art0 5 et 6 , dat de stadt van Lierc eyscht S. Peetermans van Loeven, in den byvanghe van Liere sit- tcnde. Ordonnance flamande donndc a Lierre le 4 Janvier 1461. Fol. 55 , XV*e Cap. — Dat men S. Peetersmannen ontaementlyck niet en mach ghevangben brengen, met sommige correctien over eenighe meyers, ter saecken van mishandelinge ende inobedientie aen den Peetersmannen. Actes de 1418, 1507, 1514, 1544. Fol. 57. — Watter van de S. Peetersmannen gevonden wordt in de rekcninghen van de stadt. Extraits des comptes de la ville, de 1445 « 1495. Fol. 57, XVIde Cap. — Dat de weduwen van de S. Peetersmannen niet en syn gebruyckende de vryheit van de selve S. Peetersmannen , als sy vuyte selve vryheyt oft familie niet ghesproten oft geboren en syn. Acte du 16 septembre 1564. Hiernae volghen diversche vonnissen by de S. Peetersmannen van Loven ghewesen. Ces sentences, rendues par le tribunal des hommes de Sl-Pierre (in de banck voer meyer ende S1 Peetersmannen), dc 1517 a 1565, n' out rapport qu'a des affaires d'inte'ret prive. Fol. 60. — Naemen ende toenaemen van den goede mannen van de geslachten van Loeven daeraff sonderlinge memorie is gehouden , van dat zy den eedt gedaen hebben totter heerlyckheyt ons Heeren ende den rechte van S. Peetersmanschappe van Loeven. 1400 a 1578. Ici s'arrete le travail de Boonen. Une partie en a ete inseree par 1'auteur dans le 2me volume de ses Antiquitates Lovanienses, fol. 601 a 624. La suite de 1'ouvrage , due a Van Dieve , comprend les folios 66 a 85. Elle porte pour litre : Kort Begryp van de Sinte Peetersmannen der sladt Loven, hunnen oorspronck, eerleekens ende privilegien. Fol. 66 a 69. — L'auteur rassemble les opinions de DivceuSj Juste- Lipse et Gramaye, dont il ne s'ecarle pas. Fol. 71. — Maniere hoe eertyds iemandt moest voor het consistorie van de S. Peetersmannen proberen dat hy was Sinte Peetersman. ( 119) Acte du 3 mars 1406 (1), de 1564. Een ander maniere, Actcs des 11 fevrier 1448, 10 fevrier 1504 ct 28 avril 1460 (cite1 plus haut}. Fol. 74. — Eertcekens ende tittels die de Peetermans van de gc- slachten eertyds hebben bekomen ende genoten. — Ten ecrsle soo warden sy genoempt in de charters welgeboren. Diplome de Wenceslas , de 1362, etc. Fol. 78. — Hoe de heeren S. Peetersmannen van de geslachten tot de hooghste weerdichedcn syn verheven geweest, ende in alle creygs- hondernemingen vuytmuntende jae selfs vant maegschap der herto- ghen van Brabant. Ce chapitre passe en revue les praticiens eleves a de hautes dignites. Fol. 80. — Met wat privilegien de heeren S. Peetersmannen van de seven adelycke geslachte syn door de hertoghen begifticht geweest. C'est la reproduction des privileges qui ont etc analyses. II. Antiquitates Lovanienses, par G. Boonenj 2 volumes in-folio. Les fol. 497 a 624 du 2me volume concernent les homines de S*-Pierre. L'auteur y retrace la legende de Bastin et de ses sept filles, les fastes des families patri- ciennes, leurs armoiries et les opinions des historiens sur 1'origine des Peeters- mannen. Ce volume reproduit en grande partie le livre des Peetersmannen. III. Thoon voor die S. Peetersmannen ; 1516. C'est la copie des cahiers d'une enquete faite a Louvain devant les commissaires delegues par le conseil de Brabant , dans un proces du magistral de cette ville centre le seigneur de Merode , drossard de Malines , touchant les privileges des hommes de S*-Pierre. Quarante-cinq temoins ont etc entendus. Leurs depositions portent sur les traditions connues, sur ce qui s'etait toujours pratique a 1'egard des Peeler smannen, etc. IV. Resolution ende Aden der heeren Sinte Peetersmannen der zeven adelycke geslachten der hoofdstad Loven; 5 volumes in-folio. Ces registres, qui vont de 1569 a 1794, renferment les votes emis relativement aux levees d'aides , de subsides , d'impots , ainsi que sur d'autres objels d'interet (1) Jurisprudenlia heroica , t. I , p. 59. ( 120 ) general et local dont le college des sept families avail a connaitre , en qualite de deuxieme membre de la ville. Us contiennent , en outre , les resolutions qui out rapport a la corporation, telles que les admissions , etc. V. Ac tens- en Resolutienboeck der heeren Sinte Peetersmannen der hoofd- stad Loven; 25 volumes in-folio. On a recueilli , dans cette volumineuse collection, les documents qui se raltachent aux actes inscrits dans les trois volumes qui precedent, ainsi que les resolutions non consignees dans ces derniers. — 1683 a 1794. VI. Presenlatien ende Admissieboeck der heeren S. Peetersmannen, etc.; 4- volumes in-folio. — Admissions de 1601 a 1794. VII. Genealogie des families Deens, Hermans et Van Dieve, 1696j in-fol. de la main de G.-A. Van Dieve. VIII. Deux volumes, magnifiquement relies, contenant des dessins au pinceau, representant les armoiries de plusieurs families patriciennes ; 1719. Get ouvrage n'a refu qu'un commencement d'execution. II devait contenir la lisle des membres de la corporation, avec mention des fonctions qui leur avaient etc conferees dans 1'administration de la ville. IX. Juridiction des homines de S'-Pierre : Rollender Geslachten ende Vonnisboeck; 2 volumes in-folio. — Ce sont les plumitifs et les jugements pendant les annees 1696 a 1791. Appointmcntboeck van de geslachten van Loven; 1700 a 1791. Processale stukken, presentatien , admissien ende resolutien van de heeren Sinte Peetersmannen der seven adelycke geslachten; 2 volumes in-folio, 1679 a 1770. NOTICE AUGER-GHISLAIN DE BUSBECK, M. L. HEFFNER, DOCTEUR EN MEDECINE, A WURZBOURG. L'Listoire d'un grand hooinic est aussi cellc il'un grand pcuplc. ( Presentee a la scauce du 9 Janvier i8oi.) Apr. BULL. NOTICE AUGER-GHISLAIN DE BUSBECK. Si nous prenons a lache dc relracer la biograpbie (fun bomme remarquable, el de rappeler ainsi ses meriles, qui soul assez importants pour preserver sa memoirede i'oubli, c'esl moins pour evoquer les souvenirs du monde savant dont il est deja suth'sammenlconnu, que pour exposer an peuple beige les fails memorables accomplis par lui. II est generalernent admis que, depuis la decadence de 1'empire romain, Faction incessante des grands hommes a pareille- ment decline, que les affaires d'Etat ne peuvent plus mar- cber de pair avec les travaux scientifiques, et qu'un diplo- male se Irouve rarement propre a culliver les sciences. Auger-Ghislain de Busbeck nous presente cependant un exernple pen commun de la reunion de ces deux aptitudes, et il etait reserve a notre epoque d'admirer egalement le genie d'un bomme qui, comme Busbeck, se distingua au ineme litre dans des brandies diverses des connaissances bumaines. Car, dememe que le grand naturalisle Alexandre de Humboldt, par ses voyages en Amerique, decouvrit ve- ritablemenl pour la seconde fois un nouveau monde, en ( 124 ) penelrant dans les domaincs jiivsqu'alors f'ermes de la geo- logic, de la mincralogic, dc la bolaniquc, de la zoologie, et recueiliit d'excellcntes observations sur 1'astronomic, 1'archeologie, la linguistique comparee; de meme Busbeck nous a, le premier, rouvert 1'Orient par les annotations de sa remarquable relation de voyage, oil il peint avec de vives couleurs son sejour dans 1'Asie Mineure, ainsi que dans la Turquie d'Europe. Nous exposerons successive- ment, dans le cours de sa biographic, de quelle fac,on il contribua aux progres de la politique comme de la philo- sophic, de I'histoire aussi bien que de la philologie, de 1'archeologie et de la numismatique, et enfin , des sciences naturelles en general. Auger-Ghislain de Busbeck naquit en 1522, a Comines, petite ville de Flandre sur la Lys, non loin d'Ypres, ou Philippe d'Argenleau, le grand historicn de Louis XI et de Charles VIII, avait egalement regu le jour, et oil fut cnterre Jean Despaulere, le celebre grammairien. Bien que, dans 1'origine,' on cut donne pcu de soins a son education , parcequ'il n'etait qn'un enfant de I'amour, commc il moritra de bonne heure une grande application et une intelligence tres-ouverte , son pere s'occupa de son instruction superieure, 1'adopta, et le fit legi timer et re- connailre pour heritier de tous ses biens par 1'empereur Charles V. II commen^a ses etudes au Collegium Castrense, a Louvain, oil se trouvait alors une des ccoles les plus renommees. Mais deja, des les premieres annees de sa jeunesse, le desir de s'instruire le conduisit en Italic. A Venise, il demeura longtemps enchaine par les lecons du professcur d'dloquence Jean-Bapliste Egnalius. De la, il se rendit a la celebre ecole de droit de Bologne, puis a Pavic, la vieille ville universilaire; eniin il complela ses ( 125 ) etudes a Paris, le venerable siege dcs Muses, ou il se lia intimement avec son compatriole Andre Schott, qui devint si celebre plustard. Dans toutesces universites, i! acquit, par son commerce avec les homines les plus savants , de si nombreuses connaissances et une si grande reputation, qu'a peine age de trente-deux ans il fut adjoint, comme secre- taire, a 1'ambassadeur imperial don Pedro Lassa, pour pre- senter les congratulations de 1'Empereur t\ Philippe II, a 1'occasion de son inariage avec Marie d'Anglelerre (25 juil- let 1354). Comme, dans cette circonslance solennelle, il avail fait preuve d'une aptitude parliculiere pour la diplo- matic, a son retour a Lille, le 5 novembre 1555, il fut appele a Vienne, a 1'instigation du Beige Jean Van der Aa, qui etait alors investi de la dignile de secretaire d'Elal imperial et royal. Busbeck relourna aussilot en Flandre pour prendre conge de son pere, et se hata ensuite de partir a cheval pour Vienne, en passant par Bruxelles. A celte epoque, la Hongrie etait, en grande partie, conquise par les Turcs, et, pour la partie du pays qui elait encore occupe par les Autrichiens, 1'Empereur devait payer a la Porte un tribut annuel de 50,000 ducats. Malgre la treve de cinq ans, la lutte continuait presque sans in- terruption. Une armee turque, forte de 80,000 hommes, campa, en 1551 , sur le Danube et occupa Temesvar. Jean-Marie Malvez, jusqu'alors ambassadeur imperial et royal aupres de Soliman II, fut renvoye a Constantinople avec de nouveaux pleins pouvoirs, a cause de I'echange do la Transylvanie que 1'Empereur, sans le consentement des Turcs, avail acquise par echange avec d'autres pays, de la veuve et du fils du vayvode Jean. Malvez, dangereusement malade a Komorn, qui elait alors le dernier rempart des Autrichiens, fut oblige de demander qu'on lui retirat son ( 126 ) mandat. Snr ces entrefaites, Temperenr Ferdinand Irr avail accueilli tres-favorablemenl Busbeck; au commencement dc decembre 1555, il le designa pour remplacer Malvez, et le chargea de se reridre comme envoye extraordinaire a Oten et de la a Constantinople. Bien que Ires-fatigue par une chevauchee non interrompue a travers les violenles lempetes de la fin de I'automne, Busbeck dnt repartir aussitot ponr Komorn , afin d'etudier avec 1'aide de Malvez la langue et les moeurs du pays. Malvez, horn me d'une perseverance pen commune et d'un courage indomptable, qu'nne captivite de deux annees n'etait meme pas parvenue a faire ilechir, avail deja eu tant a souffrir de I'hostilite et de 1'artHice de la cour turque, qu'il etait devenu difficile de trouver un autre ambassa- deur capable de remplir ce peuible emploi; aussi Busbeck s'acquit-il une gloire tout aussi eclatante dans la carriere diplomatique que dans la carriere scientifique. A Ofen, oil, dans ce temps-la, residait un pacha avec le- quel il iallul negocier au sujet de certaines contestations de delimitation lerritoriale, Busbeck fut relenu quelque temps par suite de la maladie de celui-ci. Le medecin qui accompagnait 1'ambassadeur, le docleur Guillaume Quac- keibeen , le compatriote et le (idele compagnon de Busbeck, dont nous mentionnerons plus tard les services rendus a 1'art medical, eul le bonheur d'amener la guerison du pacba. Enfin, le 7 decembre, Busbeck obtint la premiere entrevue officielle, du resultat de laquelie il n'eul pas lieu, a la verite, d'etre fort satisfait; car le pacha prit texte de sa maladie pour le renvoyer au sultan meme. Busbeck descendit le Danube et atteignit beureusement Belgrade. Comme il avait deja sulfisammenl observe la ma- niere de vivre des Turcs, il trouva dans cette ville 1'occa- i 127 ) sion d'acheter de vieilles monnaies romaines, dont beau- coup portaient I'inscription : Taurunum (Belgrade). De la , il continua son voyage par lerre. A Nissa, il rencontra, pour la premiere tbis, riustitution des caravanserails, vastes batimenls pour le concher des etrangers. Dans le voisinage, il se lit moulrer les montagnes blanches de Transylvanie et la region ou se trouvaient les piliers du pont de Trajan. 11 depeint avec de brillantes couletirs, dans la suite de son voyage, les 1'erliles vallons de la Bul- garie et les cimes neigeuses des Balkans. De la sorte, il arriva a Andrinople sur le magnifique pont de Muslapha. Bientot fiiisbeck atteignit la mer, ou les traces d'une ancienne digue, elevee par les derniers empereurs grecs jusqu'au Danube, attirerenl son attention. II se rejouit en voyant an Pont le jeu des dauphins et les collections de coqnilles de mer. Le 20 Janvier 1554, 1'ambassade. arriva saine et sauve a Constantinople. Elle y trouva les charges d'affaires Antoine Wranz, de Dalmatie, eveque d'Agria, et le capilaine Frary Zag, qui negociaient en vain depuis pres de deux mois. Soliman II dirigeait alors en Asie Mineure sa troisieme expedition contre les Perses, et tenait ses quartiers d'hi- ver a Amasie. Un messager lui fut depeche, pour lui porter la nouvelle de 1'arrivee de 1'ambassade. Pendant ce temps, Busbeck eut le loisir de visiter les curiosites de Constan- tinople et de rechercher particulierement les monuments et les aniiquiles. La ville, batie sur sept collines d'apres le plan de Rome , lui parut choisie pour etre la sonveraine du moude, acansedesa merveilleuse situation etde la magni- iique perspective qu'elle offre du haul de ses collines dans un ciel presque toujours clair. Cependant , la reponse de Soliman arriva; il mandait a Ilirahim-Paclia, songouver- ( i28 ) neur, de faire venir Tambassade a Amasie. Le 9 mars, les voyageurs parlirerit pour Scutari, situee dans 1'Asie Mi- neure, a 1'opposite de 1'autique Byzance. Us prirent par Gebise, 1'ancienne Lybissa, celebre par le tombeau d'An- nibal. A Nicomedie, Busbeck aperc.ut, parmi des ruines et des colonnes, une longue muraiile de marbre recem- ment decouverle, qui appartenait vraisemblablement a la residence des anciens rois de Bitbynie; puis il arriva, en francbissant 1'Olympe couvertde neigeseternelles, jusqu'a Nicee. C'est ici que Busbeck entendit pour la premiere Ibis le hurlement des loups que les Turcs appellent ciacales. Celte description du cbacal (Hyaena slriata) est si fidele- ment liree de la nature, qu'aujourd'hui meme on ne pour- rait en donnerunemcilleure. II mentionne leur cou roide (parce que souvent plusieurs vertebres sont nouees), aussi bien que leur voracite , qui les pousse a entrer de nuit dans les tentes des voyageurs pour y devorer, a defaut d'aulre nourriture, les botles, les barnais, les fourreaux (Tepee, bref, tous les objets en peau qu'ils rencontrent. II decrit aussi (Tune fac,on tres-idyllique le moyen qu'on cmploic pour s'emparerde cet animal timide et pourtant si voracc. Les anciens deja preteridaient que 1'liyene comprend la voix humaine, et cette opinion , dit-il , parait s'etre main- lenue; aussi les chasseurs la prennent-ils de la maniere suivanle. L'un d'entre eux entre avec circonspection dans son anlrc, qui est facile a rcconnaitre par la quantite d'ossemenls d'hommes et d'animaux qui gisent aux envi- rons; il tient dans ses mains une corde donl ses compa- gnons garden! Tautre bout. II pcnelre plus avant dans la cavernc, en crian! continuellernent : I'hyene nest pas d trouver. Lorsqu'il est parvenu a saisir dans la corde une palte de I'hyene qui s'etait cachee, il se bate de ressortir ( 129 ) de 1'antrc. A peine est-il dehors, qu'il pousse un grand cri : I'hyene est pourtant la-dedans. Des qu'ellc a enlendu ces mots, elle prend aussitot la faite. Mais les chasseurs qui la liennent par la palte, s'emparenl aisemcnl d'elle, morle ou vivante. Nicee, ou i'on s'arreta un jour, est situee sur les Lords de la mer Ascanienne. Busbeck decouvril sur les murs et sur les porles des inscriptions qui lemoignaienl que, sous le regne d'Anloine, la ville avait ete fort embellie. II aper- c,ul aussi des debris de bains romains, dont les Turcs employaient les pierres a batir leurs maisons. Dans une vaste plaine nominee Chiansada, ou ils passerent la nuit sous des ten les, Busbeck vit les chevres (Cervus hircus angorensis) avec les poils desquelles on fait la laineturque, dont il apprit, a Ancyra, le mode de preparation en came- lot. II decrit aussi le premier les brebis a queue grasse (Ovis steatopyra). Les masses de graisse elaient souvent si pesanles qu'on etait oblige de les placer sur une planche avec deux roues. Apres plusieurs jours de voyage penibic, 1'ambassade arriva a Ancyra (aujourd'hui Angora), capilale de la Ga- latie, qui atteignit son apogee sous le regne de 1'empereur Augusle, comme centre de la grande route commerciale de Byzance vers FOrient. Ici , une riche moisson s'ofirit aux investigations de Busbeck. 11 trouva une grande collection de monnaies du temps des derniers empereurs romains. Parrni les nombreuses inscriptions romaines (malheureii- sement en partie indechiD'rables) , Busbeck decouvrit, dans un temple de marbre blanc consacre a Tempereur Augusle, une colonne d'airain sur laquelle les hauls fails de cet empercur elaient relates. II lit iranscrire soigneuse- ment ces inscriptions et les communiqua plus tard a son ancien condisciple Schott qui , retenu a Padoue par une maladie, n'avait pu I'accompagner, et a Jean Gruter, celebre comme poete et comme critique , qui les publie- rent sous le nom de Monumentum ancyranum. Bienlot, Busbeck atteignit FHalys, celte riviere qui jadis servait de limile entre la Medie et la Lydie , et qui eut pour Cresus uri si deplorable presage. Enfin, le 4 avril 1554, 1'ambas- sadeur et sa suite arriverent a Amasie (Amasea) , capitale de la Cappadoce, sur la riviere Iris. Soliman II, alors deja fort age, accueillil 1'ambassade d'une fac,on hautaine. Introduit par son ministre Achmel- Pacha, I'ambassadeur fat admisau baise-main. Alors, dans un discours plein de franchise, il exposa onverlemenl les fautes commises des deux parts; et cela malgre le nom- breux train de cour et la contenance menagante de la garde des Janissaires. Comme un traite de paix futconclu aussitot avec 1'ambassadeur persan (evidemment dans le but d'eli'rayer les Ailemands), {'eloquence de Busbeck ne servit qu'a obtenir une treve de six mois. Au milieu des plus grandes chaleurs, il dut retourner vers son Empereur avec un ecril du sultan. Mais lorsqu'il arriva, le 24 juin, a Constantinople, il fut, par suite des fatigues du voyage, pris d'une telle fievre, que grace seulement aux soins du docteur Quackelbeen et a Ternploi de bains chauds, il parvint a se retablir assez pour pouvoir, au bout de qua- lorze jours, poursuivre sa route. Au premier jour de voyage, il rencontra de pauvres gargons el de pauvres filles qu'on amenait de la Hongrie au marche d'esclaves de Constantinople. Presque lous avaient ete infectes a Andrinople par un vayvode qui re- tournait avec eux dans sa patrie et qui etait mort de la peste. Busbeck fit chauffer une grande quantite d'eau d'ail, ( 131 ) probablement VAllium sativum qui, dans 1'Orienl, croit sans culture, et donna a ces serviteurs, qui s'elaient ap- proprie clandestinement les velements du defunt, cette decoction a boire avant le coucher; la guerison s'ensuivit promptemenl. Apres beaucoup de dangers heureusement surmontes, ilsarriverenl, le 14 aout, a Ofen, epuises par le voyage, la chaleur et la maladie; ce tut seulement a Komorn que Busbeck tut complelement delivre de la fie- vre; et encore paraissait-il en si piteux elat, qu'on raconta a Vienne qu'il avail ete empoisonne. Apres que Ferdinand lut revenu de la diete de Worms a Vienne, Busbeck lui rendit compte deses uegociations, et en novembre, il dut retourner deja aux bords inhospi- taliers du Pont, commc envoye ordinaire aupres de Soli- man. Comme I'Empereur ne voulait absolumenl rien modifier au traite fail avec la Transylvanie, et ne prelen- dait accorder aucune concession, Busbeck fut accueilli avec une grande froideur par le minislre tnrc; il persista, malgre toutes les menaces, dut-il avoir les oreilles et le nez coupes, a reclamer nne audience du sultan. Apres que les gens de I'ambassade eurent ete trailes presque cornme des prisonniers, Busbeck recut enfin I'ordre de venir a Andrinople, ou le sultan tenait sa cour pendant Thiver, a cause de la chasse. A son arrivee, le grand vizir Rustan I'accabla de recriminations au sujet des violations de ler- ritoire et des invasions des Hongrois; mais Busbeck cita a son tour les incursions des Turcs dans les domaines imperiaux, malgre la treve conclue, et monlra une ine- branlable iermete. Enfin, apreslrois mois de pourparlers, la suspension d'armes lut renouvelee pour un terme de sept mois. Busbeck retourna au mois de mars a Constantinople. Le ( 152 ) snccessenr de Rustan , un Dalmate nornme Ali-Pacha, hornme d'une grande penetration et d'un commerce agrea- ble, qui acquit peu a peu I'amilie de Busbeck, proposa alors,en depildes intrigues de 1'ambassadeur francais De Lavigne, une paix de huit ans avec 1'Aulriche , et Busbeck comprit que le moment etait opportun pour y acceder; car la discorde entre les fils de Soliman s'elait terminee par la strangulation de Bajazet, qui avail etc livre par les Perses. Deja Busbeck avail enlendu parler souventd'un peuple qui habitait la Chersonese Taurique el qui devait etre d'origine germanique, a en juger par son langagc el ses mceurs, ainsi que par sa structure physique, ses cheveux d'un blond rougeatre et ses yeu.v bleus. Tl est probable que Busbeck connaissait les communications de son compa- Iriole, le frere mineur Guillaume Ruysbroeck, qui , envoye par le roi Louis IX de France a 1'empereur mongol Man- guscban, avail visile et decril les regions de la mer Cher- sonese. Peul-elre connaissail-il aussi les expeditions des Goths sous Gelinies vers le Pont ct Trebisonde, d'apres les ecrivains remains Eulrope, Pol lion el Zosime, et nourris- sail-il 1'cspoir de faire une exploralion pi fcs complete. Or, il arriva a Constantinople une ambassade de Colchide, pays borne, d'une part, par lePont-Euxin, de 1'autre, par les monls Caucases, qui venait sans doule, a la requete meme du sultan, pour faire alliance avec lui conlre les Perses delestes, et aussilol, les inlerpreles de Busbeck amencrerit a sa table les person nes de cette ambassade : le roi Dadianus et sa suite. Interroges sur la situation physique el les rnoeurs de leur race, ils raconlerenl que leur peupladeguerriere habitail diflerenls villages et qu'ils dovaient fournir au kan de Tartarie 800 archers, la ileur (153) de scs troupes. Leurs responses c'taient toujours rapidcs et juslcs. Lcur langagc ressemblait a 1'allcmand, surloul au dialcclc ne'erlandais (pour ne citer que quelques mots : plut , sanguis; stul, sella; hus, domus; reghen, pluvia; alt, senex; broe, panis, etc.). Busbeck considera ces peu- pies soit comme des descendants des ancicrisSaxoris, qiii avaient ete dissemiues en differentes con trees par Char- lemagne, et dont Ics tribus les plus sauvages avaient peul- etre ele bannies jusqu'en Chersonese, ou elles avaient conserve ionglemps leur nouvelle religion , la religion chre'lien ne; soit comme des Goths qui s'etaient ctablis entre les iles de Gothie et de Procope. II n'y a point d'ar- gument a tirer contre cette observation de Busbeck de ce que les relations de voyage plus recenles, ainsi que les recherches ulterieuresfaites pour le grand dictionnairede Timperatrice Catherine, ne rapporlent rien sur le sejour de pareils Goths dans la Crimee, si Ton considere comment une race, repoussee de plus en plus sur les montagnes, devait a la longue etre subjugue'e par la tyrannie russe, et s'effacer comple'tement. Aussi Menzel, le remarquablc historien moderne des Allemands, dit (cap. 28, p. .57) : Au IIIme siecle avant la naissance de J.-C., une troupe de peuples allemands de la race des Bojer, partit pour FAsie Mineure,ou ilslbnderentunEtatqui se subdivisa en beau- coup de petites tribus. Les Grecs et les Remains les appe- lercnt Gallo-Grecs ou Galates, auxquels plus tard 1'apotre saint Paul adressa ses Epitres. A Te'poque de la naissance du Christ , lous les chefs qui s'e'taient eleves au rang de com- mandants d'armee perpetuels, lomberent, ainsi que tous leurs voisins, sous la domination romaine; malgre cela, ils conserve-rent leur langage gerrnanique. Un evequegrec affirmc qu'ils s'exprimaient comme les habitants de la region ( 134) de Treves. Lorsque les croises vinrent dans cette contree, ils Irouverenl, a leur grande surprise, que les habitants parlaient un dialecte germanique , bien qu'il se fut alors ecoule 1,400 ans depuis leur premier etablissement. Au- jourd'hui, ces tribus pelites, mais sauvages, s'appellent Lagi. Elles sont encore les plus proches voisines de la Russie, mais eiles se distinguenl des Turcs par la diffe- rence de race, bien qu'elles soient liees a eux par la puis- sanle sympathie de la religion. Les occupations de ces peuples sont 1'agriculture et la peche ; ils vont au combat armes d'une arquebuse petite et pesante, d'une grande et large epee et de pistolets. Ils habitent les villages qu'on trouve epars, au milieu d'epaisses f'orets de broussailles, sur le penchant des montagnes au sud de la riviere du Phase; ainsi, quoiqu'en quanliles reduites, ces peuplades se trouvent encore presque dans les memesconlrees qu'elles habitaient au temps de Busbeck. Sous le grand vizir Rustan, la peste, qui sevissait par- tout, avail penetre dans la demeure de 1'ambassade. En vain Busbeck demanda qu'on le changeat de residence; ses prieres echouerent longtemps centre le rigide fatalisme des Turcs; mais I'amitie d'AH-Pacha lui fit enfin obtenir cette autorisation du sultan , et il se rendit dans une des iles des Princes, a quatre milles de Constantinople. II y acheta un esclave qui tomba malade de la pesle. Son medecin , Guillaume Quackelbcen , qui traitait cet esclave , fut lui-meme infecte, et Busbeck eul bienlot a deplorer la perte prematuree de ce savant compatriole, qui avail annote lant d'excellentes observations. Quackelbeen avail engage, au sujel de Busbeck, une correspondance avec son ami Pierre- Andre Matthiolus, de Sienne, professeur de medecine et de botanique a Prague, et lui avail envoye une (155) caisse remplie de semences et de plantes. Parmi celles-ci, aussi bien que parmi celles que rapporta Busbeck lui- nieme, cerlaines plantes et certains remedes medicinaux , lotalement inconnus jusque-la, meritent d'etre denommes: le calmus commun (Calamus aroma(icus), qu'on rencontre a present parloul a 1'elat sauvage dans les endroils mare- cageux, fut d'abord repandu, par une culture progressive, au moyen d'un precede analogue a celui qu'on emploie pour I'Erigeron canadense, le Datura stramonium et tant d'autres plantes. Matthiolus donna, le premier, le dessin et la description de la racine et des feuilles du Calamus aromalicus, dans son celebre Traile de Botanique. L'em- pereur iMaximilien prit soin de cette planle, tenue pour ires-efficace, particulieremenl conlre la peste, et la cultiva dans son propre jardin; et comme elle se developpa et se multiplia extraordinairemenl, 1'intendant du jardin impe- rial, diaries de 1'Ecluse (Carolus Clusius], la propagea dans le jardin de la reine Elisabeth; elle arriva bientot aussi en Belgique, car 1'Ecluse la communiqua a tous ses amis botanistes. Dans les dix annees qui suivirent, la cul- ture du Calamus etaitdeja si generate, que les apothicaires pouvaieuten coniire la racine par quintaux. C'est de cette fac.on quele Calamus aromalicus penetra pour la premiere fois en Belgique au XVlme siecle. La racine de cetle plarite sert encore aujourd'hui a beaucoup d'usages medicinaux. Lorsque nous nous reposons sous 1'ombrage epais des gigantesques marronniers d'lnde (Aesculus hippocaslanum) , nous devons nous rappeler que ce fut Busbeck qui les intro- duisit le premier de TOrienl parmi nous. Selon de 1'Ecluse, les fruits de eel aibre etaient encore fort rares en 1576. Le iioni de chdtaigncs qu'on leur donne vient du mot lure caslanesi , qui signitie chdlaigne de cheval , parce qu'on en ( 156) donnail le fruil aux chevaux conlre la toux el les flalno- sites. En 1558, 1'arbre atteignait seulemcnt la grosseur de 5 a (> ponces de Paris; il n'avait pas encore fleuri, tant il restait sensible a rinfluence d'un climat inusile. Bus- beck employa les cbataignes comrae un remedc astrin- gent, proprc a arreter les diarrhees. Enduitcs de miel et de sel , dies devaient aussi etre un excellent remede conlre la morsure des chiens enrages. (C'esl assurement Tun des premiers cas oil il soil fait mention de 1'appa- rition de la rage parmi nous.) Qui nc voudrait, a chaque printemps, jouir du parfum rafraichissant du lilas (Syr ing a vulgaris, Syr. persica)? C'est aussi a notre excellent Busbeck que nous sornmes redevables de la culture de ce bel arbrisseau, qu'il apporla dans sa patrie sous le nom turc de lilas. II esldesignc, par les plus ancicns botanistes,comme un arbrisseau tou jours vcrdoyant. Les graines ameres, avec leurs capsules, elaient ordonnces jadiscontre la fievre intermittente; aujourd'hui encore, on rencontre, dans maintes pharmacopecs, un extra! l amer des capsules vertes. Un botaniste a propose, avec justice, de nommer le lilas Busbcckia, en souvenir de ce grand bomme. Un observateur remarquable, qui , com me Busbeck, occupa plus tard, la place de bibliotbe- caire imperial-royal de la conr, mais qui fut malbeureu- sement ravi trop lot a la science, Slepben Endlicber, donna le nom dc BusbecMa nobilis a un arbrisseau de 1'ile de Nor- folk, un genre de planles de la famille des capres. Von Marlius appela egalemenl unc cspece de planles (YAlropa rhomboidca) Busbeckia. Busbeck avail aussi rapporte des semenccs cl des oignons de lulipes, et il propagea la cul- ture de celle belle planle d'oniemenl dans sa palrie, qui plus lard en rclira beaucoup dc gloire. Gessner, a Augs- ( 157 ) bourg , la decrivit, encore en 1559, comme line grande rarete. D'anciens medecins, comme Dioscoride , em- ployaient les oignons de lulipe dans la pratique de leur art. Busbeck introduisit egalement dans sa patrie, sous le nom turc d'Elissoth, le Gladiolus corn-munis, cetle belle fleur rouge dont les tuberculessontentouresd'une ecorce reticulaire qui les rend invulnerables, et qui etait particu- lierement recommandee en Orient centre les blessures. 11 fit aussi venir de 1'Egyple lointaine des medicaments, parmi lesquels nous citerons la racine de zedoaire (Radix zedoariae), remede familier dans les Indes orientales; les semences du grand et du petit Cardamomum , qui sont encore prescrites aujourd'hui par les medecins. Busbeck achela, pour une grosse somme d'argent, des bezoards, qui etaient autrefois en tres-grande consideration a cause de leur action pretendue contre tous les poisons ; il est re- connu , par suite d'examens plus recents, que ce sont des concretions de 1'estomac des cbevres sativages, vraisem- blablement de la Capra aegagrus ou de YAntilope dorcas. Mais laissons de cote les plantes precieuses et les remedes que nous devons a la sollicitude de Busbeck; une enume- ration complete pourrait fatiguer nos lecteurs. Dans les dernieres annees de son ambassade, I'liabilete diplomatique de Busbeck obtint des Turcs ce qui n'avait pas meme ete accorde a 1'envoye franc,ais Salviatus. Apres que la flotte turque, sous les ordres de Pibal-Pacba, eut completement battu 1'escadre espagnole, le commandant du chateau fort de Tile de Gerbi (aujourd'lmi Dschjerbi), pres de Tunis, don Alvar de Sande, dut egalement se ren- dre par suite du manque d'eau. En septembre 1560, la ilotte turque victorieuse revint a Constantinople, et amena prisonniers les soldals espagnols, parmi lesquels se trou- Al-P. BlILL. 1853-1884. 10 ( 138) vaient aussi le commandant de la tlottille napoiitaine, don Sanche de Legoa, et celui des vaisseaux siciliens , don Bellinger de Requenes. D'abord , Busbeck chercha a ravoir, par 1'entremise d'un officier superieur lure avec iequel il elait lie d'amitie, 1'etendard de 1'empereur Char- les V, qui avail ete conquis. II fit distribuer aux pauvres prisonniers de la nourriture et du vin , et sa maison resta ouverte a tout le monde. Enfin , au milieu d'aout, Busbeck obtint, par le premier interprete, un Polonais nomme Ibrahim, et grace a ttntercession d'AH-Pacha, la Jiberte des Espagnols captifs. A la fin du meme mois, il quitta Constantinople avec Ibrahim , qui devait eclaircir a la cour meme de 1'Empereur, certaines questions non encore re- solues. L'empereur Ferdinand se trouvait alors a Francfortpour y faire couronner roi des Remains son fils Maximilien. D'apres ses ordres, Busbeck dut se rendre dans la meme villeavecl'ambassadeur turc, et il obtint une tres-gracieuse audience. Les chameaux, les beaux chevaux et un ichneu- mon vivaut qu'il apportait en present a son Empereur, causerent partout une grande sensation. Outre les nom- breuses monnaies anciennes dont nous avons parle plus haut, Busbeck rassembla, avec une application incroyable et a grands frais, environ 240 manuscrils grecs et orien- taux, ecrits en partie sur parchemin, qu'il destina a la bibliotheque de la cour de Yienne. Mais le plus precieux ornement de cette bibliotheque etait un manuscrit en par- chemin, enlumine, de Dioscoride d'Anazarba, ancien me- decin grec qui vivait sous Jules-Cesar-Auguste; Busbeck 1'avait acquis a Constantinople avec 1'assenliment de 1'Em- pereur, du fils d'un medecin juif, au prix enorme, pour ce temps, de 100 ducats. Ce codex, tres-vieux et tres-rare, (159 ) date du VIme siecle et il fut compose par ordre de la prin- cesse Juliana-Anicia, fille de Tempereur Flavius-Anicius Olybrius. Encore aujourd'liui , apres 1500 ans, nous res- tons surpris d'admiration a la vue de dessins de plantes alors usitees en medecine, superieurement colories et executes d'apres nature. Outre 1'inscription d'Ancyra, Busbeck envoya aussi la lecon d'un manuscrit de Livius inconnu jusqu'alors, qu'il eut le bonheur de reveler a Nicolas Mikaultem, son ancien condisciple en Italic, et, plus tard , ambassadeur imperial-royal a la cour de Portu- gal , ou il imita le bon exemple de Busbeck en relatant fidelement son sejour aux bords du Tage. Busbeck merite un egal tribut d'eloges pour son ecrit sur 1'art militaire des Turcs; une collection de toules leurs armes lui servit de pieces justificatives a ce sujet. 11 indiqua le premier de quelle fac,on la force des Osmans, consideree comme in- vincible, pouvait etre renversee. Comme ce peuple se dis- tingue par un mepris constant de tout droit international, il faut lui opposer incessamment une armee bien discipli- nee ; ce projet fut mis a execution dans les colonies des frontieres qu'on etablit plus tard. Jusque-la, on n'avait oppose aux Turcs que des bommes jeunes et inexperi- mentes qui avaient a peine une idee de la discipline mili- taire, landis que les janissaires surtout etaient bien exerces et instruits dans 1'art de la guerre. Dans toute campagne, 1'exercice et la discipline 1'emportent de beau- coup sur le nombre et la bravoure sans mesure. Busbeck decrit aussi exactement le culte des mahome- tans , et fait voir son peu de consistance en presence des doctrines du christianisme. Aussitot qu'il fut revenu de sa patrie, oil il avail vecu pendant queiques mois, libre d'affaires, entierementlivre ( UO) a sou repos et a ses amis, il tut appele, en 1565, a la di- rection de la bibliotheque de la cour, en consideration des nombreux services qu'il avait deja rendus a ce temple des sciences. En meme temps, 1'instruction superieure des princes imperiaux lui fut confiee. L'annee suivante, il dut, pour comple'ter leur education, les accompagner a Madrid, et introduire aupres de Philippe II les archiducs Mathias, Maximilien, Albert et Wenceslas. Ce voyage lui attira, de la part de la cour, plus d'estime encore que ses aulres ambassades. En 1570, Busbeck rec.ut de 1'empereur Maximilien II I'liouorable mission d'accompagner en France I'archidu- cbesse Isabelle, sa sceur, fiancee au roi Charles IX. II s'acquit bienlot la confiance de celte princesse, a tel point qu'il demeura a son service en qualite de grand marechal ; il dirigea , en outre, sa maison avec tant de prudence que, durant les guerres civiles, qui , en France, ebranlerent si profondement toutes les relations , il fut tenu en grande estime par chaque parti. Le 30 mai 1574, tandis que 1'infortune roi Charles IX succombait victime des intrigues de cour, Tarchiduchesse, qui craignait trop peut-etre les cabales de la reine-mere, Catherine de Me'dicis, quitta Paris et s'eloigna de la France. L'empereur Rodolphe ne pouvait trouver, pour la cour de France, un ambassadeur plus habile que Busbeck, qui avait eu 1'occasion d'y etudier les rapports diplomatiques. De 1582 a 1585, il ecrivita son souverain les celebres lettres qu'a present encore tout apprenti diplomate devrait con- suiter. Henri III , frere de Charles IX, n'etait pas capable de retablir la paix en France. Deja anterieurement, sous le roi Charles IX, son jeune frere, le due d'Aleuc.on, exlraordinairement vain, fier et ambilieux, s'etait cre'e ( 141 ) un parti a !a cour, le parli dcs politiques, auxquels s'adjoignirent bientot les protestants. Ces derniers ele- vaient des reclamations de plus en plus hardies, et Ton en vint bientot a une guerre civile. Le due d'Alenc.on rec.ut le commandement superieur des forces combinees des protestants, et lorsqu'il marchait deja sur Paris, le roi, acquiescent a la plupart des demandes des protestants, conclut la paix. Francois d'Alenc.on obtint les principautes d'Anjou, de Touraine et de Berry avec toutes les preroga- tives royales. Mais son insatiable ambition aspirait a un but plus eleve. Les Hollandais qui, bientot apres, se re- volterent contre la puissance espagnole, lui offrirent un trone, et il saisit avidement celte occasion de se parer d'une couronne. Le concours du roi son frere, qu'on cherchait a engager dans une guerre contre 1'Espagne, fut promis seulement en termes generaux; toutes les autres condi- tions que poserent les etats generaux , quelque facheuses qu'elles fussent pour 1'ambition exorbitante d'Alenc.on, furent accordees sans restriction. Neanmoins, il ne se hata pas d'aller prendre possession de sa nouvelle dignite, Henri II[ ne voulant point s'immiscer dans les affaires de son frere, dont les propres ressources etaient insuffisantes. Busbeck meme conseilla d'en agir ainsi : il ne connaissait que trop 1'imposante force militaire de Philippe IT, et d'autre part, il voulait epargner a 1'Empereur cette cause d'embarras. De sorte qu'Alen^on dut se borner a delivrer Cambray , qui appartenait a la ligue des villes wallonnes , et qui avait ete durement opprime depuis un an par le due Alexandre de Parme, gouverneur du roi d'Espagne. Mais Tarmee d'Alenc.on se dispersa dans toutes les directions, a cause du manque de solde. En vain, le prince d'Orange tenta , par ses prieres , d'amener une confederation avec les (142) troupes auxiliaires hollandaises el anglaises; en vain, la ville de Tournay, etroitement cerne'e, espera etre delivree du siege. D'Alenc,on quitla la Belgique et fit voile pour 1'Angleterre, sous pretexte de re'clamer de nouveaux se- cours pour les Pays-Bas opprimes, mais en realile pour solliciter la main d'Elisabeth. Dec.u dans son espoir, il aborda, le 10 fevrier 1582, a Flessingue, et fit quelques jours apres une entree solennelle a Anvers. La place fron- tiere d'Audenarde tomba, apres trois mois de siege, entre les mains des Espagnols, de meme que la ville de Lierre, qui fut prise par trahison. Busbeck peint d'une maniere remarquable la suite de cette expedition, qui cut, pour les desseins ambitieux de d'Alenc,on, un si funeste resultat. Le due de Parme, aussi habile politique que brave guer- rier , gagnait du terrain de jour en jour, malgre les efforts de d'Alengon , qui chercha a 1'affaiblir en attaquant, a dif- ferentes reprises, Courtray, Breda et Bapaume. Bien que, dans les derniers temps, il cut ete secouru secretement par la France, et que son armee cut ete renforcee de sol- dats nombreux sous la conduite du due de Montpensier et du marechal de Biron, il ne put cependant remporter au- cun avantage, a cause de la trop grande dispersion de ses forces. Bientot ce prince avide fut tente d'etendre la puissance qu'on lui avait conferee legalement. II resolut de faire pas- ser, par un coup de main , sous sa domination absolue, les villes beiges les plus importantes, ou se trouvaient deja des garnisons franchises. Mais, a Anvers, la population se reu- nit en corps pour chasser des envahisseurs odieux et cette entreprise e'choua egalement dans la plupart des autres villes. Le prince dut quitter Anvers; le due de Parme con- quit Dunkerque et intimida Henri III a lei point que ( 143) celui-ci refusa toute intervention. Toutefois, un accord eut lieu poste'rieurement entre le due d'Alenc.on et les etats generaux , d'apres lequel toutes les offenses furent oubliees et 1'ancien traite avec les Pays-Bas remis en vigueur. Mais deja, au mois de juin de la meme annee, le due fut oblige, par suite de sa conduite deloyale et inconsideree, de retour- ner en France. II tenta en vain, par de brillantes pro- messe, d'inciter les etats generaux a le reconnaitre, et lorsque les Beiges, trop rudement opprimes par les Espa- gnols, s'etaient enfm decides a setourner vers lui, il mou- rut subitement d'une hemorragie a Chateau-Thierry, le 10 juin 1584. Sa vie entiere fut, comme 1'affirme Busbeck, un exemple d'instabilite et d'inquietude; il semblait seule- ment apte a tout embrouiller, a tout bouleverser, et il mourut fort peu regretle. Apres le meurtre du prince d'Orange, les Espagnols menacerent simultanement Gand, Anvers et Bruxelles. Gand se rendit a cause du manque de vivres, auquel se joi- gnit plus tard la peste la plus desastreuse. Anvers fut con- quis apres une courageuse resistance, qui couta beaucoup d'hommes aux Espagnols. Dans cette necessite, les elats generaux s'adresserent de nouveau a la France. Les con- ditions auxquelles ils offrirent la souverainete a Henri III etaient encore plus avantageuses que celles auxquelles d'Alen^on 1'avait acceptee. Comme Catherine de Medicis ne paraissait pas eloignee d'acquiescer aux desseins des Beiges, et que Tambassadeur frangais Pruneaux reclamait deja la reddilion de plusieurs villes pour en faire hom- mage a Henri III, il arriva des provinces pretes a s'insur- ger une ambassade nombreuse, cbargee d'exciter le roi a accepter la regence. Les opprimes consentirent a beaucoup de demandes vexatoires, et deja lout etait pret pour une ( 144 ) conclusion, lorsque Bruxellcs, prcsse par la famine, chit se reiulre aux Espagnols, en 1585. Apres la reddition de la capitale, la cause des insurges sembla perdue. Les nego- tiations furent subitement interrompues; 1'ambassadeur anglais, comle Herbei, qui apporlait les insignes de Ford re anglais de la Couronne, et qui avail promis les secours de sa reine en troupes et en argent, dut egalement partir sans avoir rien termine. An milieu de-mars, les ambassadeurs beiges se retirement a leur tour, a la verite charges de riches presents, mais avec la seule consolation qu'Ilenri III ne pouvait, pour le moment, accepter leursoffres; qu'ils de- vaient toutefois avoir toujours les yeux tournes vers la France, et qu'il leur viendrait en aide des que les troubles qui avaient eclate de nouveau dans son propre royaume seraient apaises. Busbeck decrit fort bien 1'existence frivole et dissipee d'Henri III; comment il faisait le jour des processions reli- gieuses et organisait, avec les hieronymites, des devotions de repentance, tandis que, la nuit, il courait les rues et selivrait a des desordres de tout genre. II n'y avail femme ni fille qui ful a I'abri de ses atlentats. II abandonnait toules les affaires de 1'Etat a ses favoris, et les finances du royaume etaient gaspillees de la fac.on la plus inconsi- deree. Dans ces circonslances, I'ordre qu'il publia, le 29 mars 1585, que tous ceux qui enrolaienl des soldals sans autorisalion royale, eussenl a les liberer immediate- menl, fut le signal pour la Ligue, retablie sous le cardinal Charles de Bourbon et le due de Guise, de se montrer ouvertement. Dans leur manifeste, ils declarerent qu'ils ne voulaient nullement altaquer le roi, mais que le bien de 1'Elat les avail seui pousses a cette extremite. En vertu du Iraite conclu le 7 juillet 1585 , la religion ( "5 ) catholique devait seule regner par toute la France. Bientot la cour espagnole promit son appui ; le pape Sixte V de- clara, le 10 septembre, qu'Henri de Navarre et le prince de Conde etaientexcommunies, et il les exclut de la succes- sion au trone comme heretiques incorrigibles. La guerre se ralluma de nouveau. Busbeck mentionne encore, dans sa derniere lettre a I'Empereur, Parrivee des reitres du Palatinat electoral dans le camp du roi de Navarre. Nous laisserons de cote le recit des suites de cette funeste guerre civile, pour nous occuper de la derniere partie de la vie de Busbeck. Gomme il se voyait incapable de s'inter- poser efficacement dans ces relations toujours plus mena- c. antes, il re^ut avec joie le conge de six mois qui lui etait accorde par sonEmpereur, pour retourner encore une fois, apres une si longue absence, dans sa chere patrie. II quitta Paris et se dirigea vers la Belgique par la Normandie. Cette province fourmillait de soldats. II fut surpris , dans le village de Cailly, a quelques milles de Rouen, ou il etait heberge, par une troupe de soldats loges dans un chateau voisin. Us s'emparerent de sa personne et de son bagage; et, afin de l'emmener, ils attacherent le vieillard sur un cheval. Comme Busbeck accusait hautement ces brigands de violer, par leur action ignominieuse, tous les droits des peuples , la personne des ambassadeurs etant toujours sacree et inviolable, ses paroles furent enfin ecoutees. Apres Pavoir retenu presque toute la nuit, ils lui ren- dirent la liberte et lui remirent ses bagages. Le gouver- neur de Rouen , informe de cette infamie , exprima aussi- tot ses regrets a Busbeck, et lui promit de se livrer aux plus severes investigations ; mais ce noble vieillard , inca- pable de se venger, le pria de ne pas pousser 1'affaire plus loin , et se fit transporter au chateau de Maillot , dans APP. BULL. 1833-1854. 1 1 ( 146 ) le voisinage, parce qu'il sentait bien que ce malheureux accident avail derange sa sanle et que les forces lui man- quaient pour continuer sa route. II supporta avec le plus grand calme, avec la plus grande fermete les vives souffran- ces d'une maladie qui dura dix-neuf jours et il s'endormit, pour une meilleure vie, le 28 octobre 1592, a 1'age de soixante et dix ans. Sa depouille mortelle fut deposee, avec une grande pompe, dans 1'eglise de Sl-Germain; mais son coeur fut porte a Comines, pour y etre conserve dans le tombeau de ses aieux. L'Empereur deplora vivement la perte de Busbeck ; 1'archiduc Albert , en memoire de ce grand homme, erigea son bien de Busbeck en baronie. Les savants de cette epoque ne furent pas moins affliges a la nouvelle soudaine de sa mort. Juste-Lipse, celebre par son savoir, composa une epitaphe latine pour son compatriote et son compagnon d'etudes, et comme il le manda a son ami, le geographe Abraham Ortelius , le Ptolemee de son siecle, Busbeck laissa apres lui une renommee de vaste erudition, de profonde prudence, de haute probite. Son souvenir, ses actions, ses grands services rendus aux sciences, vivront eternellement dans 1'histoire. Nous pensons avoir offert au peuple beige un modele digne d'etre imite, en esquissant la biographic de eel homme extraordinaire, qui n'avait a remercier que son propre genie de 1'avoir fait ce qu'il a ele, et qui, malgre les nombreux et importants services rendus a 1'empire d'Allemagne, brula sans cesse d'un grand amour pour sa patrie, et lui resla toujours attache par le moyen des rela- tions amicales qu'il entret^jjjait-^iyec les contemporains il lustres de son pays. /^