F4 Le x g Es ÿ (te Fo PSE Le RES 2 d STATS De) 2 ee st RES MERS BAT TPE ESP d: __. ue etre D Fee Fe Porto AN u Fr = Sets CE Fe en 4 TR RTE Cas e ne PRE es is + FRE N + (e Ne jte M TR 4 ES is “ee 4 H HE, PE His Has ie SE LA # (ee ne op PE PÉTER SAS F FRE #4 < RE RE dar 16 De?é FRS, se Er 1} #1 +: #- TE re > ? ve ee = Le ete Ne 7 LA as + He Ten frais 27 ARE Te à DAC y ss x st RARES La ï à: ee Fe $ k Mecs 4 D Ç PÈT. LYS LCR rss Jai 3 0) LÉO TT ANS Pre 4 (ae de Aer Fe MER ARE RIRES + UE 4, (ke ei nr À 2 , PAU KA se x VS ? % 4 US HE ARS HR LES sie : # ARE TER FTsN ras ses MANU RECENT Hate HÉDIOR HS Fe HUPNSS Maasst 45 Les Fe Le RERE PART L À À EE CE her PE: er CT x 5 PP TE COMPLETE Tr AT ee à ET ue Li lee Li es BULLETINS DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. BULLETINS L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. ANNÉE 1835. TOME EX. BRUXELLES, M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. 1835. 17 Tang CARTES LE” F BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES | ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 4835. — No 1 Séance du 17 janvier. M: Quetelet, directeur ; M. le baron de Reiïffenberg, Fnvapt les fonctions de secrétaire. CORRESPONDANCE. H est donné lecture de différentes lettres de M. le Mi- nistre de l'Intérieur , relatives à des ouvrages sur lesquels il désire connaître l'avis de l'Académie. M. le président du Sénat et M. le bourgmestre de Bruxelles adressent des remercimens pour l'envoi des Bulletins des séances et de l'Annuaire de l’Académie pour 1835. Il est également donné communication de lettres de la Société Royale de Londres, de l’Académie Royale de Lis- bonne, et de plusieurs autres sociétés savantes, relatives aux échanges des mémoires. L'Académie décide que désor- mais la Société Géologique et la Société des Antiquaires de France, ainsi que la Société des Sciences, Lettres et Arts d'Anvers, seront portées sur la liste des Pare savans qui reçoivent ses publications. M. Van de Weÿer, Ministre Uitatenhntse de S. M.le Tom. 11. 1 (2) Roi des Belges à Londres, adresse à l’Académie , de la part de M. Henri de Beaufoy, le premier volume du bel ou- vrage sur les expériences nautiques et hydrauliques de M. le colonel Beaufoy., son père. Il est donné lecture de plusieurs autres lettres, accompagnant des envois de livres qui seront mentionnés dans le Bulletin de l'Académie. M. Cooper , secrétaire de la commission des records et correspondant de l’Académie, s’excuse de ne l'avoir pas re- * merciée plus tôt de sa nomination, attendu qu’il n’avait pas reçu son diplôme. M. Voizot, régent de mathématiques à Chätillon-sur- Seine, fait parvenir un fragment manuscrit d’une Théorie générale de l’élimination par la méthode du plus grand commun diviseur, qu'il fait imprimer en ce moment et qu’il se propose de présenter comme pièce du concours pour le prix d'analyse algébrique, que doit décerner l’Aca- démie en 1835. Commissaires : MM. Pagani, Thiry, Gar- nier. L'auteur fait en même temps hommage à l’Académie d’un exemplaire d’un ouvrage qu’il a publié , Sur les explo- sions des machines à vapeur. L'Académie reçoit également un mémoire pour le con- cours de 1835, sur la question d'histoire relative aux chroniqueurs. Épigraphe : On n’invente pas des tradi- tions. Commissaires : MM. Marchal, De Reïffenberg et... COMMUNICATIONS. Monnaies. — M. le conseiller De Macedo, secrétaire perpétuel del Académie Royale de Lisbonne, en annonçant l'envoi de dix-huit volames des mémoires de ce corps -savant, a fait parvenir à M. Quetelet la notice ci-jointe sur les monnaies actuelles du Portugal. (3) LISTE DES MONNAIES DU PORTUGAL, (Loi du 6 mars 1822.) à a ,% # | péNomINAT, : x POIDS LÉGAL. É Fa | À Peça . . . .| 7500 | 4 octaves. On... Meia peça .| 3750 | 2 octaves, Cruzado no.! 480 Grains 294 1 ou 8,125 pièces en 200 marcs. Doze vint. .| 240 | — 147 7 1 ou 6,250 idem, x JSüuswvintens.! 120 | — 73 ou 12,500 idem. ARGENT Testaô . . .| 100 | — 61 7 ou 15,000 idem. 108 Trezvintens| 60 | — 36 133) ou 25,000 idem, 54 Meio testaô,| 50 | — 30 :—,0u 30,000 idem. Desreis . .| 10 | 36àla livre. Cuivre TCinco reis. | b 172 id. Bronze [Patacaô. . | 40 | 12 id. Le titre des pièces d’or est de 22 carats. Le titre des pièces d’argent est de 11.deniers. La tolérance du titre est , pour les monnaies d’or, de 3 de grain, ou Lx en dehors, autant en dedans. La tolérance du poids est, pour les monnaies d’or , d’un grain en de- hors , autant en dedans. be tolérance du titre est, pour les monnaies d'argent, d’un grain on _ en dehors , autant en dedans. La tolérance du poids est, pour les pièces d'argent , d’un demi pour cent; c’est-à-dire que 3,125 pièces de 480 reis peuvent peser de 199 à 201 marcs; cependant , dans la fabrication, 3,125 pièces de 480 reis pèsent ordinairement 199 1/2 marcs, ce qui revient à un quart pour cent de moins. Le marc et la livre se rapportent aux mesures portugaises (4) Astronomie. — M. Quetelet communique également à l’Académie les extraits suivans de deux lettres qui lui ont été adressées par M. Schumacher, correspondant de l’Académie et directeur de l’observatoire d’Altona, et par M. Wartmann , astronome à Genève ,sur les comèles qui occupent actuellement les astronomes. (Extrait de la lettre de M. Wartmann.) « M. Santini, pro- fesseur d'astronomie et membre de l’Académie Impériale et Royale de Padoue, qui s’est beaucoup occupé de la comète de Biéla , a fait plusieurs recherches pour arriver à une dé- termination exacte des orbites des années 1826 et 1832, et pour assigner (d’après l’ensemble des observations faites en 1832, et en ayant égard aux perturbations, les nou- veaux élémens pour 1839. Ces nouveaux élémens sont accompagnés d’une éphéméride qui comprend 35 positions de la cométe avec sa distance logarithmique à la terre et au soleil, de 4 en 4 jours, du 20 mars au 3 octobre. » Dans la pensée qu’il pourrait vous être intéressant de connaître le résultat de ce beau et grand travail, qui certes présente une grande importance, aujourd’hui que l’on s'occupe sérieusement de la question de l’éther céleste, je me fais un plaisir de vous transcrire ici ces élémens, qui n’ont point encore été publiés, et que M. Santini m'a fait l'honneur de me transmettre par sa lettre en date du 4 de ce mois. Vous pourrez d’ailleurs en faire tel usage qu'il vous plaira, vous garantissant Ja fidélité de la .co- pie. (5) Élémens elliptiques de la Comète périodique de Biéla ; en ayant égard aux perturbations planétaires, compte de la résistance de l’éther. sans tenir ANNÉE 1826. ANNÉE 1832. > + ANNÉE 18394 Passage au périhélie, tspaps Prey: à Padoue . . , . Longitude du périhélie. Longitude du nœud. . 77),445152 1090455953 251 28 31,69 331),153170 1100 0/55//05 248 15 36,09 204),03907 1100 6/16//33 248 13 18, 59 Inclinaison sur l'écliptique: 13 33 51,09] 13 13 0,92 | 13.12 24,49 Angle de l'excentricité 48 17 39,70 | 48 42 34,96 | 48 43 16,80 Logar. du demi-grand axe. 0,5516037 | 0,5484533 0,5483436 Moüvem: diurne sidéral moyen: |527//,9599 : |533/’,736084 |533//,938407 Longitude rapportée À l’équi- | dpt | Soatcl .noxe moyen . . AN 0 janv. 1833.| 23 juill. 1839. 9 mars 1832. Le passage de la lettre de M. Schumacher est relatif aux deux comètes découvertes par M. Dunlop, l’üne le 1e octobre 1833, et l’autre le 16 mars 1834. La seconde est celle de M. Gambart, qui a l’avantage de huit jours sur M. Dunlop. Le même savant annonce qu'il imprime ac- tuellement dans ses Aséronomische nachrichten , un mé- moire dé M. Bessel, sur l’aberration, dont la science recueillera les plus grands avantages. © Chimie. — Il est donné lecture de là lettre suivante de MM. L. dé Koninck et J.:S. Stas, sur une nouvelle sub- stance organique, qu’ils étint de découvrir.” «Nous avons l'honneur de vousannoncer que nous venons de découvrir une nouvelle substance organique dans l’'é- corce du pommier, du poirier et du prunier et cerisier sauvages; celte substänce que nous avons nommée phlo- ridzin et sur laquelle nous aurons l'honneur de présenter bientôt un travail complets est remarquable par les pro- priétés suivantes: 4407 (&) » Elle est d'un blanc-jaunâtre, cristallisée en aiguilles soyeuses , d’une saveur d’abord amère, ensuite astringente, plus soluble dans l’eau chaude que dans l’eau froide; trés-soluble dans l’alcohol et dans l'éther; sans action sur les papiers réactifs et sur le sirop de violettes; soluble sans décomposition dans les acides sulfurique et hydro- chlorique concentrés; jaunissant après sa solution dans ces acides. L’acide nitrique concentré la dissout d’abord et donne ensuite un précipité jaune; les sulfates de fer se colorent en brun--foncé par sa solution dans l’eau ; l'acétate de plomb ÿ produit un précipité blanc très-abondant. Le nitrate d'argent et l’eau de chlore la précipitent également en blanc, mais le précipité est moins abondant. » L'eau de chaux, l’'ammoniaque, le tartre émétique, le sublimé corrosif, la colle-forte sont sans action sur le phloridzin. » Commissaires: MM. De Hemptinne, Cauchy et Van Mons. Statistique. — M. Quetelet communique les renseigne- mens suivans sur la mortalité en Belgique, au sujet d’un mémoire envoyé par M. Villermé, correspondant de l’Aca- démie, S'ur la population de la Grande-Bretagne. « La science s’est enrichie, dans ces derniers temps , de plusieurs ouvrages importans sur la statistique de l’Angle- terre et en particulier sur la mortalité de ce pays (!). Les différens documens qu’ils contiennent, ont mis en évidence un fait que je soupçonnais depuis long-temps et qui avait aussi été signalé par MM. Villermé et Francis d’Ivernois, (1) Les principaux sont : Abstracts of the answers and returns , ete., 3 vol. in 4°, 1831, par M, Rickman. — Tables of the revenue, population commerce , etc., by Porter, 2 vol in-fol., 1833. — À digest of «ll the ac- counts , etc., by Marshall , 1833. — On the natural and mathematical laws concerning population , etc., by Francis Corbaux , 1 vol. in 8, 1833. 64) c'est que la population anglaise ne mérite pas autant qu’on le croit communément, la réputation d’avoir une mortalité bien inférieure à celle des autres pays de l’Europe. » Dans un mémoire, lu à l’Académie Royale des Sciences de Paris (1), j'ai fait voir qu’en Angleterre, pour deux en- fans ,on ne compte que trois individus ayant plus de 15 ans, et aux États-Unis moins encore ; tandis qu’en France, en Suéde et en Belgique, on en compte quatre au moins. Il est vrai que cette disproportion tient surtout à l’accrois- sement rapide de population qu'ont pris l'Angleterre et les États-Unis dans les derniers temps : la plupart des enfans , provenant de ce grand développement de fécondité , sont encore peu avancés dans la carrière de la vie, et il doit en résulter un nombre proportionnel moins grand d'adultes. » M. Villermé, notre correspondant et membre de l'Insti- tut de France, vient d’envisager la question sous un autre point de vue. Ce savant , dans un mémoire sur la popula- tion de la Grande-Bretagne (:), a comparé aux tables de mortalité de l'Angleterre données par M. Rickman, celles de Duvillard pour la France, et celles que j'ai données pour la Belgique, l’une dans mon Ænnuaire de l’Obser- vatoire et l'autre dans un mémoire manuscrit, lu à l’Aca- démie des Sciences morales et politiques de Paris. Le ré- sultat de cette comparaison est que « la durée de la vie probable serait, pour les enfans qui viennent de naître , de deux années ou environ plus longue en Angleterre qu’en Belgique. Mais pour les individus dont l’âge se trouve com- pris entre un au et 30 ans, c’est l'inverse : il y a à parier 100 (1) Le 8 septembre 1834. Voyez le journal L’Znstitut, no 71, 20 septem- bre 1834 et Le Temps, 18 septembre 1834. (2) Annales d'Hygiène , tome XEL. 2e partie. (8) contre 100 qu'en Belgique ils vivront 1 , 2 ou 3 années de plus que les individus des mêmes âges nés et élevés en An- gleterre. Enfin, depuis l’âge de 30 ans jusqu’à celui de 40, on a exactement , dans les deux pays, les mêmes chances ou probabilités de vivre; et ce n’est pas avant l’âge de 45 ans que la vie probable devient un peu plus longue pour les Anglais que pour les Belges; mais la différence n’est, au maximum, que d'une seule année. En présence de ces faits qui montrent que la mortalité ne marche pas plus lentement en Angleterre qu’en Belgique, il paraîtra bien peu vraisemblable qu'au moment de la naissance, la vie soit mieux assurée dans le premier de ces pays que dans le second, où, à l’âge juste d’un an, sa durée probable est au moins de 18 mois plus longue qu’en Angleterre, et qu'iln’y ait , terme moyen annuel, qu’un mort sur 49 individus de l’autre côté de la Manche, lorsqu’en Belgique, et pour la pé- riode quinquennale de 1825 à 1829, c’est un sur environ 43, et lorsque partout un décès annuel sur 40 habitans ou sur 41 est une faible mortalité, du moins lorsqu'il s’agit d’un assez grand pays entier. Ainsi, nouvelles raisons de croire incomplètes les listes des décès del si Ai sur- tout pour les trés-petits enfans. » Pour mieux juger l’état de la question , w. Villermé a rapproché des tables de population de l'Angleterre , celles de la Belgique (1), et du tableau qu’il présente, il déduit que l'avantage est trés:sensiblement pour la Belgique, qui aurait, proportion gardée, moins d’'enfans, mais les con- serverait mieux et compterait plus d'hommes faits. IL con- vient du reste d’avoir égard, comme je l'ai fait observer, à (1) Annuaire de l Observatoire de Bruxelles. (9) l'accroissement rapide de population en Angleterre, qui contribue à placer ce pays dans une position moins favorable que le nôtre. D'après Duvillard , les nombres de la France _ seraient en général moins favorables que ceux de la Belgi- que et de l'Angleterre. : » MM. Th. Heyer et le docteur Lombard ont aussi récem- ment:comparé la mortalité de Genève à celle de la Belgique et de la France (1): il suit de leurs recherches que, dans ces deux derniers pays, les décès, pendant la première an- née, sont beaucoup plus nombreux qu'à Genève. Voici les principaux résultats de la comparaison qu'ils ont établie entre les trois pays pour la vie probable , en faisant usage de leurs tables, de celles de Duvillard et des miennes pour les villes. VIE PROBABLE TR, EN FRANCE. EN BELGIQUE. A GENÈVE. A la naissance. . 20/3 ans.. 25 ans. 47!/5 ans, AGans. .... 452/3 50 52 4/5 "A’80 ans. . , . . 29 2/5 34 34 to A GO'ans. 27. à 164/5 192/3 181) __ ». Dans cette comparaison, l'avantage est pour Genève, pendant la premiére partie de la vie; mais, à 30 ans, la vie probable n’est pas plus longue qu’en Belgique, et. elle le devient même moins ensuite. . » Les savans genevois observent que, si l’on regarde 90 ans comme l’extrême vieillesse, le rapport du nombre des indi- vidus de cet âge à celui du nombre des naissances sera la me- sure de la longévité; on trouvera de cette manière 0,0063 ’ (1) Recherches statistiques sur la mortalité de la ville de Gorge ét Bibliothéque universelle , août 1834. o ( 10 ) pour les hommes à Genève, 0,0113 pour les femmes, et pour le total 0,0089; en Belgique , on a 0,0068; et en An- gleterre, d’après les tableaux officiels de 1813 à 1830 , on ne trouve que 0,0005. » Il résulte des rapprochemens qui séobilontt'é que la Bel- gique , sous le rapport de la mortalité, n’éprouve guére de désavantage à être comparée à l'Angleterre et à Genève, les deux pays qui passaient jusqu’à présent pour les plus favo- risés, excepté peut-être pour la mortalité des petits enfans. » Histoire des sciences. — M. Dumortier fait une com- municalion sur le fameux navigateur Lemaire qui , d’après un passage d’un manuscrit de Dufief, chanoine de Tournay et évèque d'Arras, serait né à Tournay. LECTURES. Notice nécrologique. — M. de Reïffenberg annonce à l'Académie, au nom de la famille du défunt, la mort de . M. PRES Meyer, membre ordinaire, décédé à à Am- sterdam le 6 décembre dernier. «Ge savant jurisconsulte, auquel aucune des parties de la littérature n’était étrangère, était né à Arnhem le 15 septembre 1780, de parensisraélites: son premier écrit fut une thèse soutenue en 1796 et dans laquelle il envisageait le droit sous le point de vue le plus philosophique. Elle était intitulée : Disputatio juridica sis- tens dubia de doctrina Paynii, posteros ex majorum pactis non teneri. En 1803, il se mit au nombre des con- currens pour le prix proposé par l’Académie de Berlin, sur cette question : l’appréciation morale d'une action peut- elle entrer en considération , quand il s’agit d'établir une loi pénale? et, en cas d’affirmative, jusqu’à quel point peut-elle y entrer ? Le mémoire envoyé par M. Meyer étant (11) arrivé trop tard, et n’ayant par conséquent pu être admis à concourir, obtint une mention honorable dans le pro- gramme de cette société, Il a été ensuite publié à Amster- dam en 1804. Quatre ans après, il fut couronné par l’Aca- démie de Nîmes pour un mémoire sur cette question: Dé- terminer le principe fondamental de l’intérét, les causes accidentelles de ses variations et ses rapports avec la morale, imprimé à Amsterdam en 1809. Il publia en 1813 un traité intitulé : Principes sur les questions transitoires. Ce traité est écrit en français comme les deux précédens, En 1814, il fut un des principaux auteurs des Lettres de quelques jurisconsultes sur la législation prochaine. (Let- tres écrites en hollandais.) En 1817, il donna au public un Mémoire sur la nécessité d’une haute cour provisoire, en hollandais et en français. Mais le premier titre de M. Meyer, comme écrivain et comme érudit, est son grand ouvrage sur l'esprit, l’origine et les progrès des institutions judiciai- res , dont il a paru une seconde édition à Paris. On doit en- . core à M. Meyer un Mémoire sur les noms hollandais des mois, inséré dans le recueil de l’Institut des Pays-Bas, deuxième classe, premier volume; des Observations sur la règle quiétablit que chaque homme est réputé innocent ou vertueux jusqu'a preuve contraire , insérées dans la Mné- mosyne de MM. Tydeman et Van Kempen; un Mémoire sur l’origine de la différence relative à l’usage de la lanque flamande ou wallonne dans les Pays-Bas, inséré dans le 3%e volume de nos nouveaux mémoires , pp. 434-491 , etc. M. Meyer était aussi recommandable par la noblesse de son caractère que par ses talens. Il avait été successivement di- recteur de la Gazette officielle en 1808; juge d'instruction au tribunal de première instance à Amsterdam, en 1811; secrétaire de la commission chargée de rédiger un projet de (12) loi fondamentale pour le Royaume des Pays-Bas, en 1845 ; mais il avait fini par préferer l'indépendance à la carrière des emplois. Son plaidoyer en faveur de Louis Napoléon re: vendiquant le pavillon de Harlem, passe en Hollande pour un chef-d'œuvre. M. Meyer avait été compris dans la pre- miére promotion des chevaliers du Zion Belgique: » Histoire nationale. — M. de Reiffenberg communique encore une note destinée à redresser une erreur de Talle- -mant des Réaux sur le célèbre géomètre de Louvain /dria- nus Romanus, dont l'auteur des historieltes fait honneur à la Hollande; et il présente de nouvelles recherches sur Pierre-Paul Rubens , comprenant une ‘vie inédite de ce grand peintre, par son neveu Philippe Rubens, avec des notes et des éclaircissemens où l’on trouve un extrait des comptes du serment des arquebusiers à Anvers, concernant le fameux tableau de la descente de croix, l'acte original passé entre Rubens et les jésuites d'Anvers pour la décora- tion de leur église , une généalogie de là famille d’artistés nommée Quellin et une série des chefs de la confrérie dé St.-Luc, faisant suite à celle qui se trouve déjà dans | le mémoire sur la peinture sur verré. ( Numismatique, — Le même membre lit ensuite un rapport sur le mémoire de M. Carmoly, relatif à uné mé- daille en l'honneur de Louis-le-Débonnaire el en Pr l'analyse suivante : ardt « M. Carmoly a acheté, à Bruxelles, une médaille de cuivre qu’on déterra à Lyoh , il y'a à peu près deux siècles, et que le père Menestrier a décrite. Du moïns, M. Carmolvy n'hésite pas à croire que c’est ce même exemplaire et jt A est unique. » Cette médaille , de six pouces de diamètre, représenté d'un côté la tête d'un empereur couronné dé lauriér, (15 ) autour de laquelle il y a une longue légende hébraïque. Au milieu du médaillon, des deux côtés de la face, il y a encore quatre mots hébreux, au-dessous de la tête le mot wmi- litas. et plus bas le mot grec TATEINQSIS. Le revers n’est qu'un creux rond , sans figure, avec une inscription latine. » M. Carmoly examine la traduction que donnent de l’hé- breux le P, Menestrier et de Boissi. Le premier croit que c’est la nouvelle synagogue dont Louïs-le-Débonnaire avait permis l'établissement à Lyon, qui prend la parole. Quant aux abréviations, iln’en dit rien et fait seulement des quatre mots qui se trouvent au milieu de la médaille, Ben Janin Ben Cusch, deux noms collectifs, et il présume qu'ils dési- gnent deux sortes de juifs, les uns venant de la Palestine, de la tribu de Benjamin, et les autresoriginaires d’Éthiopie, ‘lesquels alors ne formaient qu’un seul corps dans le Lyon- nais; conjecture fondée sur la supposition d’un fait avancé sans preuve , comme l’a fort bien observé De Boïissi. » Celui-ci est d'accord avec le Père Menestrier pour voir dans l'inscription hébraïque, la synagogue qui parle, hormis que, suivant lui, elle ne se plaint pas d’une vicissitude de bonheur et de malheur, mais seulement de la misère qu’elle souffre après la félicité dont Dieu la fit jouir autrefois. » Malheureusement , observe M. Carmoly, on ne trouve nulle part que les juifs aient bâti une synagogue à Lyon sous Louis-le-Débonnaire, et de Boissi n’a pas mieux com- pris que Menestrier la légende hébraïque. » Les fondemens de la colonie juive à Lyon avaient été jetés par Hérode le Tétrarque, fils d'Hérode-le-Grand que l’em- pereur Caligula avait exilé dans cette ville. Son importance devint considérable sous Charlemagne. De là ,-de vives et puissantes jalousies. Sous Louis-le-Débonnaire, l’évêque Agobard chercha à persécuter ces juifs qui trouvèrent un (14 ) appui dans l’empereur. Afin de lui témoigner leur reconnais- sance, ils firent frapper la médaille dont s’oceupe M.Carmoly, honneur le plus grand qu’ils pussent décerner à ce prince, puisque leur religion défend expressément de faire aucune image. Ils sentaient eux-mêmes qu'ils avaient transgressé leur loi et demandaient pardon à Dieu de leur faute dans la légende hébraïque, touten priant pour la conservation des jours de Louis-le-Débonnaire. » Voici quelle est la traduction que propose M. Carmoly : « Par le décret de celui qui gouverne (béni soit4l), par » la volonté éternelle et la sincérité de toute justice, j'ai vu » cette figure périssable. Mais puisse-t-elle durer autant que » son effigie. Je contemplerai ta providence, 6 mon Dieu. » Rome lui légua une part de sa renommée, c’est ce qui » m'a rempli de joie. J'attends ta délivrance de jour en »_ jour. Le Tout-Puissant est grand et pardonne. » » Les quatre mots qu’on lit des deux côtés de la tête, si- gnifient Penjamin, fils de Cusch qui était sans doute le nom du chef de la communauté, et les abréviations nes dire probablement les noms de ses membres. » M. Carmoly, en remarquant le mauvais goût de cette légende , dit que ce n’en est pas moins un des plus anciens monumens qui nous soient parvenus de la littérature hé- braïque en France , au moyen âge. » [conjecture enfin que cette médaille fut d’abord sus- pendue dans la synagogue, située à mi-côte de la montagne de Fourrière, et qu’elle fut ensevelie sous les ruines de cet édifice, car on la trouva dans ce lieu , à Lyon. » Le mémoire de M. Carmoly est digne du traducteur du Tour du monde du Rabin Péthachia ; 1 forme un appen- dice intéressant aux ouvrages récemment publiés par MM. Depping et Capefñigue, et fait désirer que l’auteur ne ( 15) tarde pas à mettre au jour l'édition qu’il a promise de Bin jamin de Tadèle. » ape MM, Bekker et De Reif- fenberg , rapporteur.) | Conformément à l'avis des commissaires, il sera adressé des remercîimens à l’auteur. Botanique. — M. Dumortier communique sur le mé- moire que M. Courtois a présenté à la séance du 6 décembre dernier, le rapport suivant, que l'Académie a résolu d'imprimer dans son Bulletin. « Nous avons examiné, M. le D’ Lejeune et moi, le mé- _moire sur les Tilleuls d'Énrpé: présenté à l'Académie par M. le D: Courtois, professeur suppléant de botanique à l’université de Liége , et dont je vais avoir l’honneur de vous présenter l'analyse : » Le tilleul est l'arbre gracieux de la vicille Europe; aussi est-il en possession immémoriale d’orner nos places publi- ques et nos allées , et lorsque l’été voit éclore ses myriades de fleurs, on aime à se promener sous son ombrage, à res- pirer l'air embaumé de son parfum. Un si bel arbre avait attiré l'attention des naturalistes, et déjà les anciens bota- nistes en avaient reconnu deux espèces. Linné les réunit en une seule sous le nom de tilleul d'Europe; mais bientôt Ehrhart et après lui Hayne, qui reconnurent leurs caracté- res distinctifs, en formérent trois espèces, savoir: Les T. par- vifolia , vulgaris et platyphylla. Ces espèces étaient ad- mises par tous les botanistes , lorsque dernièrement feu M.” Host, soumettant , dans sa flore d'Autriche, ce genre à une nouvelle investigation , crut y reconnaître dix espèces nou- velles et jusqu'ici confondues. C’est dans cet état de choses que M. Courtois entreprend de donner une monographie des tilleuls d'Europe, dont il décrit douze espèces , classées en trois sections distinctes. D! ( 16) » Pour donner une idée du travail de M. Courtois, nous allons exposer ses espèces, en les rapportant aux diverses sections qu’il établit. ? » La 1° section a pour caractére les pétales nus et lès fit: les glabres en dessous, excepté aux aisselles des nervures; elle comprend deux espèces, le T. parvifolia Ehrh. et le T. Tecksiana J. Bauhin ou T. vulgaris de Hayne. » La 2° section comprend les tilleuls dont les pétales sont nus et les feuilles pubescentes en dessous. Elle renferme 7 espèces savoir : 1° T. macropoda, Court. ou T. pauciflora Hayne ; 2° T. platyptera ; Court.; 3° T. oblongata ; Court.; 4° T. bicuspidata , Court.: 5° T. obliqua, Gourt.; GT. Co- ralina, Sm.; 7 T. apiculata, Court. | » La 3° ion est caractérisée par ses pétales Dita ds appendice slaminifère ; elle comprend le T. argentia. ::» Après ces dix espéces indigènes à l'Europe, l'auteurin- dique deux espèces d'Amérique cultivées chez nous, les” T. glabra et laciniata. … » On conçoit facilement que plusieurs des espèces nouvel- les, formées par M. Courtois, doivent rentrer dans celles dé- crites par Host; l’auteuéle reconnaît, «maïs, dit-il, comme Host n’a pas figuré ses espèces, il reste encore à ce sujet beaucoup d'incertitude» , en sorte qu’il n’a pas été possi- à M. Courtois d’accorder ibtsent son travail avec celui du botaniste allemand. » Nous ne suivrons pas l’auteur dans les détails des carac- tères qu’il assigne à ses espèces de tilleuls, c’est dans son mémoire que l’on pourra les apprécier, et comme ses dia- gnoses spécifiques sont accompagnés d'excellentes figures , il'sera facile de les comparer aux plantes qui croissent sous nos yeux. Îl nous suflira de dire ici que les principaux ca- ractères employés par M. Courtois, résident dans la structure KR des bractées et des fruits , caractères qui lui paraissent mé- riter toute confiance. » En voyant les nombreusesespèces nouvelles formées dans le genre qui nous occupe, on ne manquera pas de s’écrier que la plupart ne sont que des variétés des espèces ancien- nes. L'auteur du mémoire croit avoir résolu cette objection, en disant que celui qui nie leur valeur spécifique n’a qu’à le prouver par le semis. Sans doute ce raisonnement est fort peu concluant, car, c’est à celui qui présente une es- pèce, à démontrer qu’elle est immuable dans ses caractères. Toutefois il est juste d'observer qu'ici cette preuve deman- derait une longue suite d'années, et qu’étant ainsi inexécu- table, c'est aux seuls caractères patens que le botaniste doit s'attacher. » En résumé, quelle que soit l'opinion sur ce dernier point, le mémoire présenté par M. Courtois nous paraît très-inté- ressant et très-propre à faciliter la connaissance des espèces . du genre tilleul; il est écrit avec beaucoup de méthode et nous paraît digne de figurer dans les mémoires de l’Acadé- mie, En conséquence, nous vous en proposons l'impression, tout en appuyant la nomination de M. Courtois comme mem- bre correspondant de la compagnie. » Il est encore donné communication à l’Académie : 1° du rapport de MM. Garnier et Quetelet sur le mémoire de M. Van Mons, intitulé : de la manière dont se forment les charges électriques opposées ; 2 du rapport de MM. Pagam et Quetelet sur la géométrie élémentaire de M. Wezel. Erpétologie. — M. Fohmann, membre de l’Académie, a présenté la note suivante sur l’acrochordus javanicus, qu'il a annoncée dans la séance du 22 novembre. « On considère comme animaux inspirant un intérêt Tom. 11. 2 (18) particulier, ceux qui servent de chaïnon entre les di- verses classes des êtres , ceux qui présentent les points de transition des formes d’un ordre inférieur à des formes plus parfaites. » Le passage d’un ordre de classe à un autre est moins saillant; cependant des points de transition ne manquent pas non plus ici.Ce sout ces dispositions qui attirent surtout l'attention des naturalistes ; et ce sont des particularités de ce genre que j'ai découvertes chez l’acrochorde, qui forment le sujet de la présente notice. » Les reptiles sont, sous beaucoup de rapports, " ani- maux ie ANR et l'acrochorde est un genre rare de cetie classe, un genre dont la manière de vivre n'est presque pas connue. » D'après Oppel, cet animal est vénimeux; selon Horn- sledt ,il vit de fruits : Cuvier n’a rien trouvé de l'appareil vénimeux, et, s'appuyant du témoignage de Lechenault, il contredit Oppel et Hornstedt, et regarde l’acrochorde comme non-vénimeux. ( Règne animal , tom. IE, p. 72.) Mais, dans l'examen de cet animal, Cuvier ne paraît avoir eu pour objet que les dents, car, nulle part, il me fait mention de l’organisation interne. » Meckel, qui a fait de grandes dépenses pour se procurer des animaux.rares dans le but de les examiner lui-même, n'a jamais eu occasion de disséquer un acrochorde; du moins il ne fait pas mention, dans son Anatomie com- parée , des particularités qui caractérisent cet animal. (Système de l’ Anatomie comparée , tom. IV.) » Enfin, dans le travail le plus récent de Duvernoy, tra- vail qui embrasse l'anatomie et la physiologie des ophidiens, il n’est pas question de l’acrochorde, (Ænnales des sciences naturelles. Paris, 1833.) (19 ) » Celui que j'ai eu l'avantage de disséquer, je le devais à feu mon ami, M. le docteur Boïé , le même qui, à la tête d'une expédilion de jeunes naluralistes, succomba, trop tôt pour la science, sous le climat de Java. L'animal , tout entier , élait parfaitement conservé dans l'esprit de vin, seulement la tête en était morcelée, probablement par un coup qui lui avait été porté pour le saisir. » Suivant mon examen, l’acrochorde se distingue de tous les autres serpens par son appareil digestif et respiratoire. » La particularité de l'appareil digestif consiste dans la division de l'estomac en deux sacs, comme chez les cro- codiles et les pipas. Le second sac est séparé du commen- cement du eanal intestinal par une valvule très-saillante ; c'est la valvule pylorique. Le canal biliaire et le pancréa- tique s'implantent au delà de cette valvule dans le canal intestinal, de la même manière que chez les crocodiles et les pipas. » Quant à l'appareïl respiratoire, il est plus développé que chez les autres serpens, quoique l'acrochorde ne pos- . sède qu'un poumon. » Ce poumon apparaît là où la trachée-artère donne ordi- nairement naissance à cet organe, mais il se porte beau- coup plus vers la queue et s'étend jusqu'à l'anus. Sur toute son étendue, il consiste en lobes et lobuscules, et partout ses parois sont richement pourvues de vaisseaux sanguins. Ces deux circonstances sont caractéristiques pour l’'acrochorde , en ce qu’elles ne se rencontrent pas chez les autres serpens ; dont les poumons ne sont qu’en partie organe respiratoire , tandis que le reste ne peut être con- sidéré que comme réservoir d'air, et dont les poumons ne fournissent point de sie » Enfin les voies respiratoires de l’acrochorde filet en- ( 20 ) core une autre particularité bien remarquable, c'est que la trachée-artère n’est pas seulement entourée d’anneaux carlilagineux, mais que des pièces nombreuses de carti- lages sont disséminées sur toute l'étendue du poumon, de telle sorte que cette partie ne s’efface pas et que l’insuffla- tion n’augmente que très-peu son volume. » Ces circonstances rappellent les dispositions dans les voies respiratoires des mammifères , qui vivent dans l’eau» et dont la trachée-arière et les bronches sont munies de forts anneaux de cartilage, ce qui semble empêcher une trop forte compression de la part du médium où ces ani- maux vivent plus habituellement. » Si l’acrochorde vit dans l’eau, ainsi que quelques natu- ralistes le supposent, son organe respiratoire est entière- ment construit de façon à faciliter le passage de lair dans les poumons , en tenant les voies aériennes ouvertes. » Chimie organique. — M. Van Mons, membre de l'Aca- démie, communique un mémoire intitulé : de la putréfac- . tion et des causes qui la provoquent, l’accélèrent, l’in- terrompent et lui impriment une marche irrégulière. Vie secondaire et tertiaire des matières organiques et phénomènes qu’elles présentent. eut « La vie primaire d’un corps organisé, végétal ou ani- mal, se compose, selon l’auteur, de l’ensemble des phénomé- nes que présente ce corps depuis sa naissance jusqu'à sa destruction. Or, pour la plante, cette vie consiste en accrois- sement et réparation de pertes; pour l’animal, après qu’il a reçu toule sa croissance , en réparation seule. Parmi les parties détachées d’un pareil corps , les unes meurent im- médiatement, et les autres continuent de jouir de la ie secondaire. Les fruits, certaines racines et d’autres parties d’une plante, principalement composée de fibres commes- (21) tibles, ont une seconde vie à parcourir. Après être détachées à l’état sain de la plante , ces parties ont plus ou moins be- soin de mûrir; et ce n’est qu'après avoir terminé cette vie secondaire, qu’elles passent à la destruction spontanée qu’on nomme putréfaction. Cette vie est longue pour certaines parties de plantes. On peut dire que tout ce que la cuisson peut rendre commestible pour l’homme, n’a pas cessé de jouir de la vie secondaire, Cette vie consiste en des change- mens de composition internes; en un travail dont les résul- tats sont remarquables et ne sont immédiatement percepti- bles que pour les fruits charnus ; les autres parties ne les manifestent qu’à la cuisson. » Il n’y a pas pour les matières organiques commestibles d'état stationnaire , elles doivent constamment avancer vers leur maturité ou se pourrir. La vie tertiaire commence, quand, par un feu convenable, on a détruit la vie secondaire; l'application d’une chaleur faible et lente conduit à la pu- tréfaction complète. Le légume le plus frais, le fruit le plus récemment cueilli , se putréfie de cette manière: couleur, - odeur , saveur , tout.est changé. Il en est de même des sub- stances animales. La viande fraîche a une vie secondaire qu’elle parcourt avant la putréfaction , et une tertiaire que la cuisson, à une chaleur convenablement forte, lui pro- cure. Une chaleur faible produirait la putréfaction la plns rapide. » M. Van Mons passe ensuite en revue les préservatifs qu'o oppose à la putréfaction des substances organiques, et ex- plique leur mode d’agir. Il pense que leur action consiste principalement à fixer l’eau ou à enlever à ce liquide les moyens de circuler. Le sel, l’alcohol, le sucre, agissent de la première manière; et la congélation , de la seconde. Ges préservalifs laissent l’eau dans la substance. Le desséche- ( 22:) ment qui soustrait eau, doit nécessairement empêcher la substance de se pourrir, Cette destruction se fait par l'eau qui transmet à la substance son oxigène, tandis que son hydrogène est repris et recomposé en eau par l'oxigène de l'air. | M. Van Mons présente encore trois autres mémoires qui seront lus dans des séances suivantes, savoir : . 1° Observations sur une rosée de glace , sans mélange d’obduction par brouillard. Théorie de la rosée ; 2° Sur une particularité dans la manière dont se font les combinaisons par le pyrophore ; 3° Des composans présumables de la lumière blanche. Entomologie. — M. Wesmael, correspondant de l’Aca- démie , présente la première partie d’une ÆRevue des Coléoptères de la famille des carnassiers de Belgique ; comprenant les cicindéletes et les cinq premiers groupes des carabiques , savoir : les troncatipennes , les scaritides, les simplicipedes , les patellimanes et les féroniens. L'au- teur, pour éviler ce qu’a de trop aride un simple catalogue, donne une courte descriplion de chaque espèce, et indique avec exactitude les localités où elles ont été trouvées. Il résulte de ses recherches, que la Belgique possède : 4 es- pèces de cicindeles , 1 espèce d’odacanthe ; 1 espèce de brachine, 3 espèces de cymindes , 4 espèces de lébies , 1 espèce de démétrias , 10 espèces de dromies , 1 espèce de clivine , 4 espèces de dischiries, 3 espèces de eychres, 1 espèce de procruste , 12 espèces de carabes , 2 espèces de calosomes , 4 espèces de léistes, 1 espèce de nébrie, 1 espèce d’omophron , 1 espèce de bléthise ; 3 espèces d'élaphres, 3 espèces de notiophiles dont une nouvelle que l’auteur nomme notiophilus punctulatus , et qu'il caractérise de la manière suivante : cuivreux , très-bril- (23) lantz; corselet couvert de points fins et serrés sur tous les bords, ruqueux longitudinalement dans le milieu , peu rétrécipostérieurément, presque droit sur les côtés ; elytres & stries finement et également poñctuées jusqu’à l'extrémité qui est marquée d’une grande tache d’un Jaune mat: Deuxième strie très-élotynée de la première; la quatrième et la cinquième très-rapprochées ; un point enfoncé entre la troisième et la quatrième avant le mi- lieu ; base des antennes ét jambes d’un fauve-jaunâtre. Des environs de Bruxelles. — 3 espèces de panagées , 1 espèce de loricère, 1 espèce de calliste, 7 espèces de chleenies ; 1 espèce d’oode , 2 espèces de licines , 2 espèces de hadistes , 1 espèce de patrobe, 1 espèce de prystonique, 5 espèces de calathes, 1 espèce de faphrie, 1 espèce de sphodre ; 5 espèces d'anchomènes, 11 espèces d'agones, 1 espèce d’olisthope , 24 espèces de féronies , 1 espèce de céphalote , 1 espèce de stomts , 1 espèce de zabre , 21 és- pèces d’ainates et 1 éspèce de masorée. Entomologie. — L'Académie recoit de la part de M. Morren, là première partie d’un mémoire manuscrit, sur l’éigration duf puceron du pêcher, Anis PERSICÆ, ét sur les caractère ét l’anatomie de cette espèce. Cet écrit est accompagné d’une planche qui représente l'anatomie de l'aphis, pourfprouver à l'Académie que les observations anatomiques sont faites. L'auteur observe que s’il n’envoie pas, dés à présent, la seconde partie du travail, c’est qu'il lui manque un ouvrage à consulter. Tchthyologie.— M. Cantraine ,docteur en sciences, com- munique un mémoire manuscrit Sur un poisson nouveau, trouvé dans le canal de Messine en janvier 1833.11 pense que’.ce poisson doit être rangé dans la première grande tribu, établie par MM. Cuvier et Valenciennes, dans la fa- (24) mille des scombéroïdes, C’est le Rovetto ou Roveddu des Siciliens (:). « Un fait très-singulier, dit l’auteur, et qui étonnera bien des personnes qui s'occupent d’ichthyologie, c’est qu’un poisson aussi grand, aussi remarquable par ses ca- ractères et par la délicatesse de sa chair, et qui se trouve dans des parages où ont séjourné des naturalistes distingués, soit demeuré jusqu’à ce jour inconnu à la science. Ra- finesque, il est vrai, l’a connu de nom, maïs l’a décrit imparfaitement.... Guvier, malgré la perspicacité de son génie, en passant sous silence , dans la seconde édition de son Règne Animal, différens genres de cetauteur , a fait voir assez clairement combien il est difficile de le débrouil- ler. Heureusement pour le voyageur naturaliste, Rafines- que a eu soin de joindre au nom systématique, une syno- nymie assez étendue et assez exacte des noms que le poisson porte dans les différens vals de la Sicile. » M. Cantraine nomme le genre nouveau auquel appar- tient ce poisson , acantoderma (axahoc, épine; deux, peau) et 1l dédie l'espèce type à M. Temminck, savant qui a rendu de si grands services à l’ornithologie. La description détail- lée qu’il en donne, est accompagnée de plusieurs planches dessinées avec le plus grand soin. s Ichthyologie. — Dans un mémoire manuscrit, M. L. Des- vignes, professeur à Anvers, s’est occupé de la question re- lative à l’odorat des poissons. La plupart des naturalistes (1) Roveddu est un qualificatif qui, en sicilien , signifie rude (ru- vidus) : il aura été donné à ce poisson, à cause de la sensation que l’on éprouve lorsqu'on passe la main sur sa peau d’arrière en avant, (Vote de l’auteur. ) (25) sont d'accord sur le degré minime du développement de l'ap- pareil gustatif dans les poissons. Mais M. Duméril se fondant sur ce que les poissons doivent être privés de l’odorat, vu que les odeurs n’existent point sous forme liquide, et ne. prennent cette qualité qu’en se changeant en fluide élasti- que , a transporté le siége de la gustation dans l'organe de l'olfaction. C'est à réfuter cette opinion et à éclaircir quel- ques points de l’histoire de l’odorat dans les poissons que ce travail est destiné. Mollusques.— M. Van Beneden, conservateur du cabi- net d'histoire naturelle de l’Université de Louvain, avait fait parvenir à l’Académie , dans les séances du 4 janvier et du 1*% février de l'année dernière, les deux parties d’un mémoire sur une nouvelle espèce de moule d’eau douce, L'auteur adresse aujourd’hui un nouveau travail à l'Acadé- mie sur la même espèce de mollusque qu’il établit en genre. Les faits intéressans qu’il a recueillis sur son histoire, dit-il, les erreurs qu’il avait besoin de rectifier et ses nouvelles ob- servations anatomiques, l'ont porté à refaire entiérement son mémoire qu’il a intitulé : Mistoire naturelle et anatomi- que du Driessena polymorpha, genre nouveau dans la famille de mylilacées. Pallas, dans ses voyages, découvrit le premier cette moule dans différentes rivières de la Russie, ainsi que dans la mer Caspienne. La grande variété de formes que prend ce mollusque n’échappa point à ce célèbre natura- liste qui le désigna sous le nom de mytilus polymorphus. Une véritable moule , habitant à la fois l'eau douce et la mer, parut à Lamarck une chose si extraordinaire, qu’il n’hésita pas à l’attribuer à une erreur de la part de Pallas. Plus tard, Chemnitz l’a trouvée dans le Wolga; et ( 26 ) ignorant probablement la description dé Pallas , il la dé- crivit sous le nom de mytilus Wolgæ (1). Long temps après, M. De Férussac, reconnaissant l'ident- tité de ces deux éspêces , les réunit sous le noïi de mytilus Chemnitzti(?). Mais ces synonymes ne s'arrêtent pas là; présqu'én même témps, elle fut citée par plusicurs an- teurs sous le nom que Pallas lui avait imposé, et décrite comme notvellé par quelques autres sous différens noms. Ce mollusque, selon l’auteur , se troùûvé dans tonte l'Eu- rope; l'Amérique même possède des individus qui s’en rapprochent, Habitant les mers , les lacs, les fleuves et les marais, toutes les conditions lui semblent également favo- rables. C’est peut-être un exemple unique dans l'histoire des mollusques d'habiter des tieux et des milieux si différens. M. Van Beneden présente l’ensemble de ses observations anatomiques sur le genre nouveau qu'il compare en der- nier lieu avec le genre mytilus. Le nom de Driessénæ qu'il lui donne, est emprunté du nom de M. Driessens , pharmacien à Mazeyk, de qui l'auteur reçut, à la fin de 1822, un envoi de ces mollusques vivarnis qui avaient été découverts dans un canal alimenté par la Meuse, et qui conduit de Maestricht à Bois-lé-Duc. Ornithologie. — M. Dumortier remet à l’Académie ; de la part de M. le chevalier B. Du Bus, une description d’un nouveau genre d'oiseau de l’ordre des échassiers. Le manuscrit est accompagné d’une planche représentant l'oi- seau qui fait le type du nouveau genre et que M. Du Bus (1) Chemnitz. Conchilien cabinet XI, 256, tab, 205. f. 2828. (2) Conservé en manuscrit, Elle est indiquée sous ce nom dans plu- sieurs collections. (27) appelle leptorinque (des mots Ae7rx, grêle, et séyxos, bec). Cet oiseau habite la Nouvelle-Hollande et a beaucoup de rapport avec les avocetles. Dés commissaires ont été nommés pour l'examen de ces diflérens mémoires. On procède à l'élection de deux nouveanx correspon- däns pour la classe des sciences; et MM. Charles Morren et R. Courtois sont élus à l'unanimité. L'Académie, sur la proposition de M. Quetelet, adopte les conclusions suivantes : 1° Il y aura annuellement une séance publique; cette séance aura lieu le 16 décembre, jour de la fondation de l'Académie par Marie-Thérèse. Il sera rédigé un réglement pour tout ce qui concerne une pareille séance. 2° En même-temps que le nouveau directeur entre en fonctions , on élira le directeur qui doit lui succéder à la fin de l’année. | En l'absence du directeur, son successeur désigné rem- plira ses fonctions. L'Académie décide également que le directeur qui sera élu dans cette séance, en remplacement de M. Quetelet, nommé à la séance du 22 novembre dernier , pour remplir les fonctions de secrétaire perpétuel, sera rééligible au mois de mai prochain. On procède ensuite à l'élection du nouveau directeur et la majorité des suffrages se prononce en faveur de M. le baron de Stassart. Le nouveau directeur a fixé la prochaine séance au samedi 7 février. ( 28 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. ÆEstatutos da Academia Real das sciencias di Lis- boa , etc. ; in-8°, Lisbonne, 1834. Memorias da Academia R. das sciencias di Lisboa, memorias para a historia das navigagçôes e descobri- mentos dos portuquezes ; por J. J. da Costa de Macedo, petit in-fol., 19 pages. . Bulletin de la société géologique de France. Résumé des progrès des sciences géologiques pendant l’année 1833 ; par M. Boué, tome 5%, in-8°, 506 p., Paris 1834. Compte rendu des travaux de la société philotech- nique ; par M. le baron de la Doucette (séance du 14 dé- cembre 1834), 16 pages, in-8°, Paris, 1835. R LA DRqUEs belges inédites. Extrait des procés-ver- baux des séances tenues les 5 et 6 décembre 1834 ; par la commission d'histoire; in-8, 1 feuille et demie, Dnel. les, 1834. . Annuaire de l’observatoire de Bruxelles pour l’an 1835 , par le directeur À. Quetelet, in-18 de 274 pages, avec une carte. Bruxelles, 1835; . Berliner astronomisches jahrbuch für 1836, par J. F. Encke, in-8°, Berlin, 1834. De l'influence de la lune sur l'atmosphère terrestre, déterminée par les observations météorologiques , par Eug. Bouvard , neveu (extrait de la Correspond. mathém. de l'observatoire de Bruxelles ); in-8°, 20 pag. et 2 plaoch. Bruxelles, 1834. Progrès sur l’enseignement mutuel en DARRINOE troisième rapport-général , par M. d’Abrahamson , in-# » 8 pages et 1 tableau. Copenhague , 1826. (29) 4 tableaux représentant des armes antiques du Dane- marcek ; petit in-folio. Om literaturens Tilvaext under de tre Danske konger Frederik V., Christian VIT, og Frederik VTT, in-&, _ 81 pages. Copenhague, 1828. Nautical and hydraulic experiments, with numerous scientific miscellanies , by colonel Mark Beaufoy, vol. 1, grand in-4°, édition de luxe avec planches, 688 pages. Londres, mai, 1834. , On the achromatism of the eye ; by the rev. Baden Powell, etc. , in-8°, 32 pages. Oxford, 1834. Mémoire sur les ossemens fossiles d’éléphans trouvés en Belgique, par M. Ch. Morren , in-4°, 23 pag. , avec fig. : Gand, 1834. Guide des voyageurs dans la ville de Gand > par Aug. Voisin ,in-18, 1 vol. Gand, 1831. Bataille pe Cire) ou des orné, in-8° , 54 pag., par M. Aug. Voisin. Gand, 1834. Lettres sur la révolution brabançonne, par Ad. Bor- gnet, tome 2me in-18. Bruxelles, 1834. Cercle des équivalens chimiques, faisant partie du tableau de nomenclature chimique , par M. B. Valérius. en carton, f Mémoire sur les explosions des chaudières à vapeur, contenant quelques moyens pour les prévenir , etc. , par M. Voizot, in-8°. Paris, 1838. Études morales et littéraires sur la personne et les écrits de J. F. Ducis , par Onésime Leroy , in-8&, 16 pag. Paris. Histoire du privilége de S. Romain ; etc., par Sloquet, in-8°, une feuille. Recherches sur les épopées romanesques des trouba- dours, par M. Raynouard, in-8&, une feuille. ( 30 ) Histoire de la Toison-d’Or, ête., par M. le baron De Reiffenberg. \ Eseais historiques sur les bardes , les jongleurs et les trouvères normands et anglo-normands , par M. l'abbé De la Rue, in-8°, une feuille et un quart. (Les. cinq notices précédentes , extraites du Journal des Savans, -ont été adressées à l'Académie par M. Raynouard , son correspondant.) LC] y BULLETIN DE L’ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1835. — No 2. Séance du 7 février. M. le baron de Stassart, directeur; M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. Jules Van Praët, secrétaire du Roi, annonce que Sa Majesté continue à voir avec intérêt les travaux de l’Aca- démie et qu’elle a favorablement accueilli l'envoi de son Annuaire pour 1835. M. le Ministre de l'Intérieur demande à l’Académie d'examiner la question de savoir s’il convient que le Gou- vernement forme, à ses frais, un cabinet de numismatique, et demande un rapport à ce sujet. M, Quetelet fait connaître qu'il s’est adressé au Gou- vernement à l'effet d'obtenir la franchise de port pour la correspondance officielle de l’Académie ; correspondance qui devient de jour en jour plus difficile, à cause de la mul- tiplicité des mémoires soumis à l’examen de la compagnie et de l'éloignement des membres qui résident en général loin de Bruxelles. Il donne ensuite lecture de la lettre Tom. 11. 3 (52) par laquelle M. le Ministre de l'Intérieur répond qu'il s’est adressé à M. le Ministre des Finances pour cet objet; et que, comme il ne peut être fait droit à cette demande avant la révision du réglement général relatif au service des postes, il informe l’Académie qu'il a invité MM. les Gouverneurs des provinces à recevoir et à lui transmettre successivement, sous leur couvert, les leltres, rapports, ouvrages qui leur seront remis par les membres de l’Aca- démie , résidant dans leurs provinces respectives, en tant que ces objets seront sous bandes et contresignés par l’aca- démicien. M. le Ministre consent en même temps à recevoir et à transmettre à ces membres, avec la correspondance de son département , les documens qui leur seront adressés, revêtus du cachet de l'Académie et du contreseing de son secrétaire perpétuel. L'Académie accepte ces offres avec reconnaissance , et arrête qu'il sera adressé des remerci- mens à M. le Ministre de l'Intérieur. L'Académie Royale des Sciences de Paris remercie l'Aca- démie pour l’envoi des derniers volumes de ses Mémoires et dé l'Annuaire pour 1835. Le secrétaire présente, de la part de la Société de Phy- sique et des Sciences Naturelles de Genève, les tomes 1, 2,3, 4 et la 2e partie du tome 6 de ses Mémoires, pour compléter la collection que possède l’Académie. MM. Ch. Morren et Courtois, élus correspondans à la dernière séance, remercient l'Académie de leur nomi- nation. M. Dumont, correspondant, fait connaître qu'il se pré- pare à faire un voyage géologique et minéralogique en Italie. M: le marquis de Fortia, correspondant et membre de l'Institut de France, engage l’Académie à faire les dé- ( 38 ) marches nécessaires pour que, dans le projet de loi qui doit régler sa réorganisation, elle soit autorisée à accepter des legs tels que ceux de Monthyon et de Lalande. M. De Fortia annonce à l’Académie l’envoi d’un nouvel exemplaire, magnifiquement relié, de son Jacques de Guyse, en 16 vol. in-8°. CONCOURS DE 1835. L'Académie avait proposé, pour le concours de 1835, six queslions pour la classe d'histoire et huit pour la classe des sciences. M. Quetelet annonce qu'il a reçu les mémoires Suivans : Sur la première question de la classe des lettres, Quels sont les principaux monumens d'architecture qui, dans la province de Hainaut , ont été construits, à commencer de la période chrétienne et pendant le moyen âge , jusqu’au commencement du seizième siècle, et qui, ou n'existent plus , ou existent encore de nos jours? Un mémoire portant la devise : Quand, à l’aspect d’un monument, nons pouvons déterminer à peu près l’époque de sa construction , il nous rappelle en même temps une foule de souvenirs, etc. | Commissaires: MM. Cornelissen, De Gerlache, De Stassart. Sur la seconde question, Déterminer l’état de la poésie FLAMANDE depuis l époque 4 ° LA Pr CA 1. la plus reculée, jusqu'a la”fin du quatorzième siecle. Un mémoire portant la devise : La vérité est-elle un poème, dont l'originalité soit la première condition, etc.? Commissaires: MM. De Reiffenberg, Cornelissen et Pycke. (34) Sur la cinquième question, Quelles ressources trouve-t-on dans les chroniqueurs et autres écrivains du moyen âge, pour l'histoire de la Belgique avant et pendant la domination romaine, en faisant concorder ces matériaux avec les données chronologiques dont on ne conteste pas l’authenticité, eten discutant la valeur de ces témoignages historiques? Deux mémoires portant les devises : On n’invente pas des traditions, et Res ardua vetustis novitatem dare, etc. Commissaires : MM. Marchal, De Reiffenberg et Raoux. Sur la seconde question de la classe des sciences, Déternviner le moyen le plus avantageux d'élever l'eau à des hauteurs de plus de cent mètres, par le moyen de l’air atmosphérique. Un mémoire portant la devise : Æ£ adhuc sub judice lis est. | Commissaires : MM. Pagani, Cauchy et Quetelet. Sur la troisième question, Un mémoire sur l'analyse algébrique , dont le sujet est laissé au choix des concurrens. Un mémoire comprenant une théorie générale de l’éli- mination par la méthode du plus grand commun diviseur ; par M. Voizot, professeur à Châtillon-sur-Seine. Commissaires : MM. Pagani, Thiry et Garnier. Sur la sixième question, Décrire la constitution géologique de la province de Brabant; déterminer avec soin les espèces minérales et les fossiles que les divers terrains renferment , et indi- quer la synonymie des auteurs qui en ont déja traité. (3 ) Un mémoire portant la devise : Felix qui potuit rerum cognoscere causas. Gommissaires : MM. Cauchy, D'Omalius et Sauveur. COMMUNICATIONS. Géométrie. — M. Chasles, correspondant de l’Académie, dans une letire adressée à M. Quetelet, fait part de diffé- rens résultats géométriques auxquels il est parvenu sur l'analogie de certaines courbes, considérées dans les sur- faces du second degré et les foyers dans les coniques ou les lignes focales dans les cônes. « Cette matière, poursuit M. Chasles, est extrêmement » féconde; j'en ai déduit particulièrement , sans avoir be- » soin d'aucune démonstration, beaucoup de propriétés » des axes permanens de rotation des corps; théorie qui » paraissait difficile, parce qu’on n’en parle que dans les » ouvrages de mécanique, où elle exige d’assez longs cal- » culs, et qui devient de cette maniére d’une facilité » extrême. À » Je fais faire une copie de tout cela, pour avoir l’hon- » neur de vous le communiquer. Vous rencontrerez plu- » sieurs fois votre focale à nœud (1). » Ainsi : « Étant données plusieurs coniques décrites des » mêmes foyers, si d’un point fixe on leur mène des tan- ” (1) La focale est le lieu des foyers de toutes les sections coniques, ayant un même sommet et déterminées dans un cône ou un cylindre de révolution, par une série de plans tous perpendiculaires à un plan com- mun qui contient leurs grands axes. Les focales , qui ont été examinées d’abord par M. Quetelet, sont des courbes remarquables ; elles ont fait le sujet de divers écrits de MM, Sner Dandelin, Van Rees, Kulp , Plateau, Le nie etc. ( 56 ) gentes, leurs points de contact sont sur une focale à nœud. » Étant donnée une surface du second degré, si on demande de lui circonscrire un cône dont un des trois axes principaux passe par un point fixe, placé dans un des trois plans principaux de la surface, le sommet du cône sera sur une focale à nœud. » Étant donnés trois points, si on demande une surface du second degré, dont trois diamètres conjugués aient leurs extrémités en ces points, et dont un des diamètres principaux passe par un quatrième point fixe, pris dans le plan des trois premiers, une infinité de surfaces sa- tisferont à la question, et leurs centres seront sur une focale à nœud. | » Étant donné un corps solide, si on 1 demande de dé- terminer ceux de ses points qui sont tels que l’un des Lroïs axes permanens de rotation relatifs à chacun d'eux, passe par un point fixe, pris arbitrairement dans un des trois plans principaux relatifs au centre de gravité du corps, tous ces points seront sur une focale à nœud. » » Mais cette courbe, et la focale plus générale, consi- dérée par M. Van Rees, dans lé cône oblique, jouissent d’un grand nombre de propriétés diverses, que j'ai con- signées dans un écrit Spécial. Aïnsi j'ai trouvé que ces courbes sont le lieu géométrique de tous les foyers des coniques qu'on peut inscrire dans un quadrilatère. » Si le quadrilatère est circonscrit au cercle, la focale. est à nœud; et son nœud est situé au centre du cercle, Les pieds des perpendiculaires abaïssées de ce point sur les deux diagonales, et sur la droite qui joint les points de concours des côtés opposés du quadrilatère; ces deux points de concours et les quatre sommets du quadrila- » St, LA (37) tère, sont neuf points qui appartiennent à cette fo- cale. | » Quand plusieurs coniques sont inscrites dans un qua- drilatère , si le foyer de l’une d’elles esi regardé comme un point lumineux, et qu'un œil soit placé à l’autre foyer de cette courbe, les points brillans sur toutes ces coniques seront sur une focale. » Le point lumineux peut être placé en l’un des som- mets du quadrilatère, et l'œil au sommet opposé, les points brillans seront encore sur une focale, » Quand plusieurs coniques sont décrites des mêmes foyers, si on les éclaire par un point lumineux situé dans leur plan, les points brillans, pour un œil placé en un autre point quelconque de ce plan, seront sur une focale ; et les points brillans sur les axes principaux des coniques seront sur la même courbe. » Gette focale passera par le point lumineux, par l'œil et par les deux foyers communs aux coniques. » Quand un quadrilatère est circonscrit à une coni- que, ses quatre sommets, les points de concours de'ses côtés opposés, les foyers de la conique; les deux points qui paraîtraient brillans sur les deux axes principaux, si un point lumineux était placé en l’un des sommets du quadrilatère , et l’œil au sommet opposé; et enfin les trois points qui paraîtraient lumineux sur les diagonales et sur la droite qui joint les points de concours des côtés opposés du quadrilatère , si un point lumineux était placé en un foyer de la conique, et l'œil à l’autre foyer. 1 S » Ces treize points, dis-je, seront sur une focale. » .& Ges théorèmes peuvent se démontrer directement ou se déduire de propriétés générales des courbes du troi- \ » » ( 38 ) sième degré. Par exemple, en voici une qui renferme plusieurs théorèmes différens, et qui sera susceptible d'un grand nombre de conséquences : » Quand trois coniques quelconques sont dans un plan, » il existe trois quadrilatères circonscrits à ces coniques » » » prises deux à deux; » Si, par deux sommets opposés du quadrilatère cir- conscrit à deux de ces courbes, on mène des tangentes à la troisième, ces droïtes se couperont deux à deux en quatre points; » Pour les deux autres sommets opposés , on aura sem- » blablement quatre autres points; et de même pour les deux points de concours des côtés opposés du quadri- latère ; | » En tout douze points ; » Chacun des deux autres quadrilatères donnera sem- blablement douze autres points; ce qui fera trente-six points ; » Par ces trente-six points, et par les sommets des qua- drilatères et les points de concours des côtés opposés de. | Chacun d’eux (ce qui fait en tout cinquante - quatre points), on pourra faire passer une courbe du troisième degré. » » La théorie des courbes du troisième degré me paraît devoir être beaucoup plus vaste, et plus abondante en beaux résultats de géométrie que celle des coniques; et je m'étonne qu’on tarde tant à explorer cette mine, pres- que nouvelle et d’une fécondité inépuisable. Je regrette de n’avoir pas le temps de réunir ce que j'ai trouvé sur cetle matière, quoique ce ne soit qu’une infiniment pe- tite partie de ce qu’un géomètre exercé découvrirait, » sl voulait se donner la peine de chercher; mais ce se- (39 ) | » rait un commencement, qui pourrait servir d'exemple, » et frayer la voie dans ce genre de recherches géométri- » ques. » M. Chasles ajoute dans une seconde lettre : « J'ai oublié de vous dire l’autre jour, en parlant de votre focale à nœud, qu’elle peut être décrite d’un mou- vement continu , à la manière de Newton pour la cissoïde de Dioclès. En effet, chaque point du côté indéfini de l'angle mobile, dans cette description de la cissoïde, engendre la focale. | » Un point, pris en dehors des côtés de l’angle et mo- bile avec lui , engendre une autre courbe du 3° degré, qui a, comme la cissoïde et la focale, une seule asymptote et un point double , ou conjugué, ou de rebroussement. » On peut comprendre ces divers résultats sous ce seul énoncé : » Étant donnés un point et une droite fixe , siun an- gle droit, dont le côté a pour lonqueur la distance de ce point à cette droite, se meut de manière que l’extrémité de ce côté glisse sur la droite, et que l’autre côté, sup- posé indéfini, glisse sur le point fixe, chaque point du plan de l’angle mobile décrira une courbe du troisième degré, qui sera une des hyperboles défectives à point dou- ble, ou conjugué, ou de rebroussement , que Newton a classées sous les n°° 34, 35, 36, 41, 42, 48 et 44 de son énumération. » Ce sera la cissoïde de Dioclés , si le point décrivant est placé au milieu du premier côté de l'angle ; la focale formée dans le cylindre droit, si le point décrivant est au sommet de l'angle; et la focale du cône, si le point décrivant est pris arbitrairement sur le second côté de l'angle. ( 40 ) » Il est un autre moyen de décrire ces courbes d’un mou: vement conlinu , mais qui dépend d’une théorie parlicu- lière, dont j'aurai l'honneur de vous parler dans un autre moment. ». ; Optique. — M. Quetelet communique une lettre qui lui a été adressée par M. Potter, de Manchester, sur les variations du pouvoir réfléchissant d'un rhomboïde de spath calcaire, pour différens plans et pour des angles voi- sins de ceux de polarisation. D'après différentes séries d’ob- servations dont l’idée lui a été suggérée par sir D. Brews- ter, M. Potter a trouvé, au moyen du photomètre de son invention , et en comparant successivement la quantité de lumière réfléchie dans le sens des deux diagonales, sur un rhomboïde de sphat d'Islande dont la seconde surface était noircie : | L{ INCIDENCGE CORRESPONDANTE POUR UNE ÉGALE RÉFLEXION SUR LE CROWN GLASS. ANGLE D'INCIDENCE SUR pie —— - : LESPATH D'ISLANDE. Selon la petite diagonale. Selon La grande. 50 2200 2107 1) 25,4 | 25,1 57 61,6 59,1 57 He 61,7 59,8 Il semblerait donc qu’il y a une petite inégalité entre les pouvoirs réfléchissans , selon que la réflexion s'opère dans la direction de l’une ou de l’autre diagonale du rhomboïde. Chimie. — M. Quetelet met aussi sous les yeux de l’Académie , de la salicine , deuxième cristallisation, qui lui a été remise par M. De Koninck, et qui à été obtenue d’après le nouveau procédé, communiqué à la séance du 6 décembre dernier, par ce jeune chimiste et par M. Hens- mans. (41) Histoire Nationale. — M.:Coruelissen , ‘membre de l’Académie, fait connaître qu’on se propose d’ériger, dans le jardin botanique de l’université de Gand, un monu- ment à la mémoire de M. Ch. Van Hulthem, dont les efforts généreux ont puissamment encouragé les arts, les sciences et les lettres, et'à qui sa ville natale doit, en grande partie ; la création et la conservation de plusieurs de ses établissemens. les: plus remarquables. L'Académie désirant contribuer également à honorer la mémoire de ce savant, qu'elle comptait au nombre de ses membres et qui fut son secrétaire perpétuel lors de sa réorganisation en 1816, a résolu à l'unanimité de s'associer à cet acte de reconnais- sance publique. M. Delmotte, bibliothécaire de la ville de Mons et ar- chiviste de la province de Hainaut , informe l'Académie qu'ayant été engagé par la régence de la ville qu'il habite, à publier une notice sur le célébre musicien Orlandus Lussus, depuis long-temps le sujet de ses recherches assi- dues , il s’est procuré à Vienne, par l'entremise de la léga- tion belge, les lettres d’anablissement de ce grand compo- siteur, et que S. M. le roi de Bavière à daigné lui envoyer directement le dessin du tombeau de Lassus à Munich, son portrait en buste et en pied, avec la copie de ses armoiries. Ce prince a ordonné en outre qu’on fit toutes les perquisi- tions possibles pour retrouver un fragment , au moins, de l'écriture du fameux musicien montois, afin de le faire parvenir à M. Delmotte. M. de Reiffenberg met sous les yeux de l'assemblée deux Chapitres de la chronique de Molinet, qui ne se trouvent pas.dans l'édition de M. Buchon , et que M. Le Glay a tran- serits pour lui, sur un naiuberse de la bibliothéque de Cambrai. (42) Au nom de M. de Givenchy, il invite ses confrères à as- sister au congrès scientifique de Douai, au mois d’août prochain. \ LECTURES. Histoire Nationale. — M. Marchal donne lecture de la notice sur le tombeau des ducs de Brabant, qu'il a rédigée conjointement avec feu M. Dewez, d’après les instructions du Ministère de l'Intérieur , et qu'il avait présentée à la séance du 8 novembre dernier. Les historiens donnaient autrefois à ce monument le nom d'Odeïum ou de Mausoleum , à cause de sa magnifi- cence qui a disparu pendant les désastres de la révolution française. | L'on n'a jamais connu exactement quels étaient les princes qui y furent enterrés; sa construction ne paraît point être antérieure à Jean IL, duc de Brabant, d’après les recherches des auteurs. Cette notice, composée à l’occasion de l’ouverture du cavéau où ont été déposés les restes du jeune prince dont la Belgique pleure encore la perte, contient un procès verbal de tous les objets qui y ont été trouvés ét qui peu- vent intéresser les historiens de ce pays. À la notice sont joints plusieurs dessins , exécutés avec beaucoup de soin et représentant un cercueil qu’on croit être celui de l’archidue Ernest, avec un vase en vermeil qui y élait renfermé, de même qu'une épée , une barette en velours et un crucifix qui étaient déposés sur le cercueil. M. De Reiffenberg fait ensuite part de ses nouvelles recherches sur Rubens, et lit le mémoire présenté à la séance précédente. (43 ) Numismatique. — Au rapport fait précédemment sur un mémoire de M. Carmoly, M. Bekker ajoute les obser- vations suivantes : « La manière dont M. Carmoly a interprété la légende de la médaille en l'honneur de Louis-le-Débonnaire , pour la mettre en rapport avec l'événement historique indiqué dans ce mémoire, est sans contredit très-ingénieuse. » À la première lecture de cette légende, il saute aux yeux que De Boissi aussi bien que Menestrier en ont de- viné le sens plutôt qu'ils ne l'ont compris. Leur traduc- tion de presque chaque ligne fournit la preuve qu’ils n’ont eu qu’une connaissance très-superficielle de la langue hé- braïque , circonstance qui, d’ailleurs, résulte déjà de leur méprise dans les consonnes, aussi bien que de leur sys- tème absolument faux de lier étroitement les différens versets. La traduction de De Boissi, tout en tenant moins de la paraphrase que celle de Menestrier, n’en contient pas moins des omissions, des erreurs et des inexactitudes pal- pables. | » La légende paraît , en effet , présenter autant d'intérêt pour l’histoire que pour la littérature hébraïque du moyen âge. Mais étant, selon le style des inscriptions, écrite sans voyelles, il serait difficile d'arrêter quelque chose d’absolument eertain sur le sens de son contenu, sans tomber dans l’arbitraite. Le 4e et 7Me versets, que l'auteur du mémoire lit : Hire Heeder hazzourah r.….. Rome haschschir reschumim (reschoumim). En les traduisant : J'ai vu cette fiqure périssable et Rome lui léqua une part de sa renommée, semblent fournir la preuve la moins douteuse de notre assertion. » (44 ) Îl serait donc à désirer , dans l'intérêt de la science , que M. Carmoly voulût bien ajouter à son mémoire une expli- cation plus étendue de cette inscription, soit par formede commentaire, soit en y plaçant les points et en donnant des traductions strictement littérales dans les différens sens dont elle paraît être susceptible. Comme de son propre aveu la légende trahit, par son mauvais goût, la barbarie du siècle où elle a été composée, il serait également à sou- haiter que le sens donné à plusieurs des mots aussi bien que la diction en général, là surtout où il y a déviation de l'usage ordinaire, fussent éclaircis par des notes critiques et, s'ilétait possible, par des passages parallèles tirés des monumens littéraires de là même époque. Nous pensons que, par un semblable travail, M. Carmoly parviendrait à rendre son hypothèse encore plus probable aux yeux de ceux mêmes qui ne connaissent pas, d’une ma- niére aussi profonde que lui, la PEne et die littérature hébraïques. é Lexicographie. — MM. Cornelissen et De Reiffenberg présentent leur rapport sur le Nouveau Dictionnaire Flamand-Français de M. Olinger. L'Académie adopte les conclusions de ce rapport, qui seront communiquées à M. le Ministre de nait pour satisfaire à Ja demande qu'il en a faite. : | Mollusques. — M. Dumortier lit le rapport sur le mé- moire que M. Van Beneden a présenté à la séance précé- dente, sous le titre : Histoire naturelle et anatomique du Dreissena polymorpha. (Commissaires : MM, Dumortier et Van Mons.) -« Le mollusque qui fait le sujet de ce mémoire, a été jusqu'ici confondu avec les moules et décrit sous plu- sieurs noms différens. Pallas le nomme mnytilus poly- (45 ) morphus ; Ghemnitz, M. Folgæ ; De Férussac, M, Chem- nitzii ; De Baer, M. Hagenii; Waardenburg, M. Linea- tus., et dernièrement M. Kickx fils l’a décrit sous le nom de M. Arca. Cet animal se rencontre dans la mer Cas- pienne , le Wolga, le Danube, la Meuse, le lac d'Harlem. IL a été observé pour la première fois en Belgique, par M. Dreissens de Maaseyck, qui l’a communiqué à ses amis, en sorte que MM. Kickx et Van Beneden ont publié si- multanément , le premier , la description. de la coquille, et le second , celle de l'animal qui l’habite. » La découverte d’une espèce de moule dans les eaux douces, était un fait d'autant plus remarquable qu’il était contesté par plusieurs conchyliologistes. très-dis- tingués. Le travail de M. Van Beneden a pour bnt de dé- montrer : 1° que les espèces ci-dessus indiquées se rap- portent toutes au même animal; 2° que cet animal forme un genre distinct du genre mytilus:, et que l'auteur pro- pose de nommer Dreissenæ, du nom du savant phar- macien auquel on en doit la première découverte en Belgique. » Däns le travail qui vous est présenté, l’auteur in- dique d’abord la distribution géographique et l’habita- tion de l'animal qui fait l’objet de sen mémoire. Ensuite, il en décrit tour-à-tour les systèmes nerveux, musculaire, dermique, intestinal, circulatoire, etc. ; enfin , il compare ces divers syslèmes avec ceux du genre mytilus, et finit par la description scientifique de son genre Dretssena. » Les descriptions anatomiques sont tracées avec soin et présentent des traits d'organisation très-dignes de re- marque. Nous nous bornerons à en citer quelques-uns des plus curieux. » Le manteau du Dreissena ; au lieu d’être ouvert en (46) avant comme dans les moules , est entièrement clos et eñ- veloppe l'animal de toutes parts. Il présente trois ouver- tures , l’une inférieure, qui sert de passage à la languetté et au byssus; l’autre postérieure et se terminant par un syphon; la troisième dorsale et correspondant à l'anus. Ce caractère remarquable éloigne totalement le Dreissena des moules et le rapproche de la famille des camacées. L'auteur pense cependant qu’il doit rester dans les myti- lacées , à cause de son port; mais cette opinion nous pa- raît contestable, les traits d'organisation étant toujours supérieurs à l’habitus. Quoi qu'il en soit, si cette ma- niére de voir était admise, il faudrait reconnaître avec l'auteur que les cäractères tirés du manteau réuni et de la présence du syphon ne sont plus suffisans pour ser- vir à constituer les familles des mollusques, ainsi que l'ont fait Cuvier et Lamarck. » Le système nerveux du Dreissena présente la troi- sième paire de ganglions en un seul qui occupe le milieu du muscle transverse postérieur; tandis que, dans les my- tilus , les deux ganglions dont elle se compose sont sépa- rés et se trouvent aux deux extrémités de ce muscle. » Le muscle rétracteur , au lieu d’être divisé en plu- sieurs faisceaux comme dans les mytilus , présente, dans le Dreissena , tous les cordons musculaires réunis en un seul faisceau. » Enfin, la coquille du Dreissena présente, sous le crochet , un lobule qui sert de point d'attache au mus- cle antérieur, en sorte que l'extrémité de l'animal est di- visée en trois lobes dont le muscle antérieur forme le milieu. » Ces différences , ainsi que plusieurs autres qu'il est trop long d’énumérer, et qui sont indiquées dans le mé- ( 47) . moire de M. Van Beneden, offrent des caractères très- curieux, figurés dans une planche où sont représentés les divers systèmes constitutifs de l'animal. » En résumé, le mémoire de M. Van Beneden pré- sente un vif intérêt : 11 est écrit avec beaucoup de mé- thode, et sa description anatomique du genre Dreissena est propre à éclairer l'anatomie des mollusques acéphales encore si arriérée. Nous vous proposons de voter des remercimens à l’auteur pour celte intéressante commu- cation , et de l’engager à continuer ses observations ana- tomiques des animaux de cette classe, surtout en ce qui concerne le système nerveux.» L'académie décide que, conformément aux conclusions du rapport, des remercimens seront adressés à l’auteur. Entomologie: — M. Wesmael, correspondant de l’Aca- démie, présente la deuxième partie de sa Xevue des co- léoptères de la famille des carnassiers de Belgique, comprenant les deux derniers groupes de la tribu des ca- rabiques , les harpaliens et les subulipalpes, répartis de la manière suivante : Quatre espèces d’anysodactyles , _ trente-deux espèces d’Aarpales, deux espèces de sténolo- phes , onze espèces d’acupalpes dont une espèce nouvelle, VA. cordicollis, un peu plus grand que V4. rufulus, et de même couleur que l4. harpalinus , s’éloignant de l'un et de l’autre par la forme de son corselet qui est plus alongé , plus étroit, plus arrondi sur les côtés en avant, et par les stries des élytres qui sont toutes lisses; des en- virons de Charleroy.— Quatre espèces de érechus , et trente- huit espèces de bembidions dont deux espèces nouvelles, le B. Brucellense très-voisin du 2. oblonqum dej., mais qui en diffère en ce que ses cuisses tout entières et la base des jambes sont noires; des environs de Bruxelles. Tom. x. 4 ( 38 ) Et le 2. cyanescens trés-voisin du 2. tibiale, mais con- stämment plus petit, d’une couleur plus bleue, de forme : plus étroite, etc. ; des environs de Liége. Commissaires : MM. Dumortier et Fohmann. Météorologie.-—M. Quetelet présente le résultat des 6bser- vations météorologiques faites à l'observatoire de Bruxelles, pendant l’année 1834. Il résulte de ces observations que « l’année 1834 a été remarquable par lélévation de la température et par la faible quantité d’eau qu’elle a don- née, du moins dans le Brabant. Les résultats météorologi- ques, comparés à ceux de l’année précédente , offrent des différences assez sensibles, excepté pour Phygrordetre On en pourra juger par les uolsbtes suivans : HAUTEUR MOYENNE EN 1833. EN 1854. mr, mm, D batümètre (1)... ‘76020: 4 700,10 Du thermomètre centigrade . . . 10042 12017 De l’hygromètre de Saussure . . . 76,15 77,90 > mm, mm, De la quantité d’eau tombée . . . 761,61 511,03 » La quantité de pluie tombée à Bruxelles en 1834, ne formé que les deux tiers environ de celle qu’on recueille année commune. En effet, d’après tous les documens que j'ai pu réunir sur l’état de la météorologie en Belgique, et que j'ai présentés dans le 1% vol. des Annales de l'Oh- sérvatoire , la quantité de pluie qui tombe annuellement, peut s’évaluer, (1) Le baromètre qui a servi en 1834, est d'accord avec celui de Pobsérvatoire de Paris; mais le baromètre dont il a été fait usage en 1883, était plus bas de 0,58 millimètres; il a été tenu compte de cette différence dans l’estimation de la moyenne. (49 ) Pour Bruxelles, à 669,6 mil. Observateurs. : MM. Mann et Durondeau, » Mons, à. . . 698,9 » —- » Flécher. » Liége, à. . . 711,0 » — » Courtois. » Maestricht, à 707,4 » — » Crahay. » Ce dernier nombre, que je regarde comme le plus exact pour notre climat, est déduit de dix années d’ob- servations , de 1824 à 1833 inclusivement. ( Joy. les diffé- rens volumes de la Correspondance mathématique de l'observatoire de Bruxelles.) Pendant ces années, la quantité de pluie tombée a été: ANNÉES, mm, ANNÉES. mm, 1824 886,6. 1829 821,0 1825 514,4 1830 700,1 1826 735,4 1831 693,2 1827 738,6 1832 673,2 1828 715,6 1833 596,3 » On peut donc regarder l’année 1834 comme une an- . née de sécheresse, puisqu'elle n’a donné que 511,03 milli- mètres d’eau. Cependant des circonstances locales peuvent modifier beaucoup les nombres, à des distances même rap- prochées; ainsi, les quantités de pluie tombée à Maes- tricht et à Bruxelles , en 1833, différent assez sensiblement, et ces discordancés paraissent dues à quelques pluies lo- cales très-abondantes qui ont été observées à Bruxelles pendant cette année. J'ai désiré savoir si la sécheresse n’a été que locale en 1834, et j'ai recueilli à cet effet les observations faites dans plusieurs lieux avoisinans. J'avais en vue de satisfaire en même temps à la curiosité de quel- ques propriétaires qui se plaignaient du peu d’eau que donnaient les sources dans plusieurs localités, ( 50 ) Quantité de pluie tombée en 1834. + Mois. Bruxelles(1). Maestricht(1). Bastogne(2). Paris(3). Genève(4). _— ee me a me a mm, mm. mm mm, mm, Janvier. . . 114,67 99,80 » 83,30 93,1 Février. . 16,42 13,87 » 17,80 7,4 Mars . ... 32,05 37,94. 19,48 16,10 11,5 Avril. ... 19,81 13,36 14,96 27,70 50,3 Mai. :... 26,30 48,85 74,18 43,80 79,1 Juin . .... 68,89 88,02 88,16 » » Juillet . . . 29,18 75,73 79,70 82,30 90,9 Août. ... 68,82 73,51 38,00 85,02 99,2 Septembre. 6.84 » 18,95 7,95 16,2 Octobre . . 84,80 » 22,85 » 58,4 Novembre . 25,77 » 4,67 ” + Décembre . 27,48 » 24,36 » » Années, . . 511,03 Il paraîtrait, d’après ces nombres , que la sécheresse n’a pas été locale, mais qu’elle s’est fait ressentir même à des distances assez grandes de Bruxelles. Optique. — Il est donné lecture du mémoire que M. Van Mons a présenté à la séance précédente, sous le titre des composans présumables de la lumière blanche. L'auteur examine différentes théories émises récemment sur la nature de la lumière ; il a aussi soumis à un nouvel examen la théorie de Newton, et il croit pouvoir conclure de ses recherches que, conformément à l’opinion de plu- sieurs physiciens, trois au moins des sept couleurs , qui (1) La série des observations de M, Crahay a été suspendue au mois de septembre. (2) Les observations ont été faites par M. Wautier fils, au château de Rollé. | (3) D’après les Annales de Physique et de Chimie. (4) Bibliothèque Universelle de Genève. ans. (51) ont été admises comme simples par l’illustre savant an- glais, doivent être considérées comme composées. Chimie. — M. Quetelet annonce qu'il lui a été adressé par M. Martens, correspondant de l’Académie , une Novice sur la théorie électro-chimique de l’aflinité et sur le mode de composition moléculaire des corps. Getie notice est renvoyée à une commission d'examen, composée de MM. Cauchy, De Hemptinne et Van Mons. Analyse transcendante.— Le secrétaire communique, de la part de M. Pagani , membre de l’Académie, un mé- moire sur la Æésolution d’un problème relatif au calcul des variations. En adoptant l'hypothèse de La Place sur la nature de l’action moléculaire, et en considérant les liquides comme des amas de molécules sphériques, homogènes, parfaite- ment dures et parfaitement lisses, M. Gauss a ramené la théorie des phénomènes capillaires à un simple problème de minimum. Sans examiner jusqu’à quel point la nou- velle théorie de l’action capillaire, publiée presqu’en même temps par M. Poisson, soit préférable à l’ancienne, M. Pagani s’est proposé seulement de résoudre la question du minimum dont il vient d’être parlé, en la déduisant des règles générales du calcul des variations. Ce problème étant de nature à jeter quelque jour sur l'emploi de la méthode de Lagrange, M. Pagani à donné préalablement une démonstration générale de cette méthode; mais, pour faciliter les transformations des formules , il commence par exposer un système de nota- tions relatives aux projections algébriques, qu'il a déjà fait connaître .en 1832, dans les Nouveaux Mémoires de l'Académie. Le Mémoire contient trois paragraphes, 1° propriétés générales des projections algébriques; 2° expo- (52) sition de la méthode des varialions; 3° application des formules à un exemple remarquable. Optique. -—. M. le professeur 3. G.Crahay a fait par- venir à l’Académie une note sur quelques phénomènes de vision. Le fait principal qui forme l'objet de celte note, est le suivant : . Placez un corps mince, tel qu’une épingle, à 5 ou 6 centimètres de l'œil, regardez-le à travers un trou d’épin- gle percé dans une carte ; et, pendant que vous tiendrez l’épingle dans une position immobile, faites mouvoir la carte en va-et-vient, suivant son plan et dans une direc- tion perpendiculaire à la longueur de l’épingle; vons verrez que celle-ci semablera également en mouvement, mais dans un sens opposé à celui du mouvement du trou, c'est-à- dire que pendant que celui-ci marchera, par exemple de droite à gauche, l’épingle semblera s'avancer de gauche à droite; et au contraire, elle paraît se transporter de droïle à gauche, quand le trou se meut de gauche à droite. En éloignant graduellement l’épingle de l'œil, on s'aper- çoit que l'amplitude de son mouvement diminue et qu’elle est nulle quand l’épingle est arrivée à une distance telle que l'œil la voit nettement; plus loin, l’'épingle semblera en repos. Photométrie. — M, Plateau, correspondant de l’Aca- démie, lit les considérations suivantes sur un principe de photométrie. hbsh M, Talbot a fait connaitre,ily a quelque temps, un prin- cipe de photométrie fort simple et dont on peut faire un grand nombre d'applications utiles ({). Mais ce principe, (4) Voy. le Philosophical Magaz.; nov. 1884, page 327, _— ns ES (53 ) quoique vrai, n'étant appuyé par l’auteur que sur des faits selon moi peu concluans, je me propose , dans cette note, de rapporter les résultats d'expériences que j'avais entre- prises de mon côté, sans connaître le travail de M. Talbot, et qui établissent le même principe d’une maniére directe. Ge principe peut s’énoncer ainsi : » Lorsqu'un objet lumineux agit sur l'œil d’une ma- niere régulièrement intermittente, et que ses appari- tions successives sont assez rapprochées pour que l’œil ne puisse plus les distinquer , et perçoive une sensa- tion continue, l'éclat apparent de cet objet se trouve diminué dans le rapport de la somme des durées d’une apparition et d’une disparition , à la durée d’une appa- rition seule, | » Admettons pour un instant ce principe comme dé- montré, et afin de le faire bien comprendre et d'en mon- trer l'importance, jetons un coup d'œil sur quelques-unes des applications ingénieuses qu’en a faites M. Talbot. » Si l’on fait tourner rapidement, devant l'œil, un dis- que de papier blanc sur lequel on a peint un secteur noir, on sait qu'il se produit alors une teinte uniforme grise : or, il est évident que l'œil se trouve, par rapport à un point quelconque de cette surface grise, dans les conditions du principe ci-dessus, car ce point est alternativement occupé par l’espace blanc et par l’espace noir, et envoie , par consé- quent, en un point de la rétine une lumière réguliérement intermittente, Ainsi , l'éclat apparent de la teinte grise sera à celui d’un papier blanc, comme la durée du passage de la partie blanche en un même point, est à cette même durée plus celle du passage de l’espace noir, ou, ce qui revient au même, comme la largeur angulaire de la partie blanche est à la circonférence entière, Si l’on veut avec M. Talbot (54) mesurer le degré d’obscurité et non de clarté de la teinte grise, il est évident, d'après ce qui précède, que ce degré d’obscurité est proportionnel à la largeur angulaire du sec- teur noir, En donnant donc à ce dernier une suite de va- leurs angulaires différentes , on pourra former une échelle de teintes comprises entre le blanc et le noir, et dont cha- cune aura, pour mesure , la largeur angulaire du secteur noir qui lui correspond. » Si l’on donne de même un mouvement de rotation ra- pide à un disque noir percé d’un certain nombre d’ouver- tures égales en forme de secteurs, de telle sorte que les parties opaques forment aussi une série de secteurs égaux _entre eux, et que l’on regarde à travers cet appareil un objet lumineux, l'éclat apparent de ce dernier se trouvera dimi- nué , d’après le principe en question , dans le rapport de la somme des Jargeurs angulaires d’une ouverture et d'un secteur opaque, à la largeur d'une ouverture seule, d’où l'on conclut aisément que le degré d’obscurcissement de l’objet est mesuré par le rapport de la somme des largeurs angulaires des secteurs opaques à la circonférence entière : par exemple, s’il y a douze secteurs opaques de cinq degrés chacun, l’obseurcissement des objets vus à travers un sem- blable disque, sera mesuré par le rapport de 12 fois 5, ou 60 à 360, c’est-à-dire qu’il aura pour valeur un sixième. On pourra donc, par ce moyen, diminuer dans une pro- portion quelconque l'éclat apparent d’un objet très-bril- lant, tel qu'une flamme, et le comparer avec un autre éclat dont on a déjà la mesure. | » On peut encore recevoir l’image de l’objet lumineux sur un miroir qui se meut rapidement , de manière à don- ner à celle image un mouvement circulaire. Gelle-ci pren- dra alors la figure apparente d’un anneau continu dont PERS SSP (55 ) l'éclat se mesurera par le rapport entre la largeur réelle de l'image et la circonférence qu’elle décrit. Par exemple , si l’objet lumineux est le soleil , et qu’un miroir convenable- ment disposé fasse décrire à son image une portion d’un grand cercle de la sphère céleste, la partie centrale de cette image diminuera d'éclat apparent dans la proportion de 360° au diamètre angulaire du soleil, ou de 720 à 1: la bande lumineuse produite aura donc, dans le milieu de sa largeur ,un éclat 720 fois plus faible que l'image du soleil réfléchie par le même miroir en repos. » Je ne suivrai pas plus loin M. Talbot dans les applica- tions qu’il fait du principe dont il s’agit, et j'en viens à la démonstration de ce même principe. M. Talbot l’appuie sur les considérations suivantes : » Lorsqu'on produit l'apparence d’un anneau lumineux continu , en faisant mouvoir circulairement un charbon ar- dent dans l'obscurité, l'œil reçoit de cet anneau exactement la mêmé quantité de lumière qu'il recevrait de la surface plus petite du charbon en repos: car si l'anneau énvoyait plus de rayons à l'œil, il devrait aussi en envoyer davantage dans une autre direction quelconque, et ainsi l’appartemént serait plus éclairé par le charbon en mouvement que parle charbon en repos, ce qui n’est pas. Si donc la quantité totale de lumière est demeurée la même, son intensité ‘apparente doit avoir diminué dans la même proportion que l'aire apparente de l'objet lumineux a augmenté : de là se déduit naturellement le principe en question. » Ce raisonnement me paraît peu concluant : en effet, quelle relation y at-il entre l’éclairement de l’appartc- tement, qui résulte d’une action continue de la lumière émanée du charbon, et l'éclat d’un point quelconque de l'anneau apparent, éclat qui résulte d’une suite d’im- ( 56 ) pressions successives, envoyées en un même point de la rétine ? La quantité totale de lumière qui arrive à l'œil demeure la même, à la vérité, que le charbon soit en mouyement ou en repos; mais, dans le premier cas, cette lumière agissant successivement sur différents points de la rétine, on ne peut rien conclure 4 priori sur le ré- sultat d’une semblable action. Gette expérience, du reste, ne paraît pas concluante à M. Talbot lui-même, et il puise un autre argument dans ce fait que la teinte pro- duite par la rotation d’un disque blanc, portant un sec- teur noir, est exactement la même du centre à la cir- conférence : et en effet, à une distance quelconque du centre, le rapport entre la durée du passage de la partie blanche et la somme des durées des passages du blanc et du noir étant le même, il suit du principe en question que la teinte doit aussi demeurer la même. Mais ce fait montre seulement que la teinte produite ne dépend que du rapport ci-dessus, et ne prouve nullement qu'elle soit mesurée par ce rapport, L’éclat apparent pourrait être mesuré par le carré, ou par une toule autre fonction du rapport ci-dessus , et la teinte devrait encore évidemment être la même du centre à la circonférence,. » Je vais maintenant éxposer, en peu de mois, les résultats de mes expériences. J'ai cherché à comparer directement la teinte produite par la rotation d’un disque de papier blanc, portant un certain nombre de secteurs noirs d’une largeur déterminée, avec.celle d’un morceau de ce même papier blanc. Pour y parvenir, je plaçais le disque en mouvement et le papier blanc à des distances inégales de la flamme d’une même bougie, en faisant varier l’une des deux distances jusqu’à ce que l'éclat apparent des deux objets parût le même: je mesurais alors les deux distances, (57) . et ilest aisé de voir que le rapport direct de leurs carrés me donnait le rapport cherché des deux teintes. En effet , le problème se réduit à déterminer le rapport des teintes des deux objets, en les supposant placés à la même dis- tance de la bougie : or, l'éclat du papier blanc, à la dis- tance où il paraît le même que celui du disque, serait à son éclat à la même distance que le disque, comme le carré de cette dernière distance est au carré de la pre- mière ; d'où il suit évidemment que l'éclat du disque est à celui du papier blanc, supposé à la même distance , comme le carré de cette distance est au carré de celle à laquelle il faut placer le papier blanc pour réduire son éclat à celui du disque. Ces observalions sont susceptibles de beaucoup de précision, parce qu’en plaçant le disque en mouvement et le papier blanc du même côté de la bougie, on peut les regarder de manière à voir le premier se projeter en partie sur le second ; et, dans ce cas, une très-petite différence d'éclat devient appréciable. Cependant, pour que cette expérience donne des résul- tats satisfaisans , il faut nécessairement prendre les pré- Gautions suivantes : à | | + » 1° Les distances doivent être assez grandes pour que les dimensions de la flamme n'aient que peu d'influence sur les résultats, car la formule du carré des distances sup- pose un point et non un corps lumineux. » 2° Il ne faut comparer qu’un point du bord du disque avec le point du papier blanc près duquel le premier se projette, et il faut placer les deux objets de manière que leurs surfaces soient perpendiculaires aux rayons qui vont _ de la flamme à ces deux poinls. | »..8° On sent qu'il faut cacher à l’œil, par un écran, la flamme de la bougie, et qu’il faut en outre empêcher, par ( 58 ) tous les moyens possibles, que les deux objets à comparer ne reçoivent d'autre lumière que celle qui leur arrive direc- tement de la bougie. » Voici maintenant les résultats que j'ai obtenus il cette méthode : {° Les secteurs blancs étant é gaux aux secteurs noirs. Millim. Distance du bord du disque au milieu de la | farmer .. 400 Distance du point A set ae Te FM papier blanc au milieu de la flamme. . . . . 557 Rapport entre les carrés des distances pré- cédentes. . . . 4 dits 0,5157 Rapport entre la somme 2. M angulaires des secteurs blancs et la circonférence entière . 0,5000 Différence entre les deux nombres précédens . + 0,0157 » Ainsi, l'éclat apparent d’un papier blanc étant 1, ce- lui du disque, supposé placé à la même distance, serait 0,5157, ou à très-peu près un demi. Or, la somme des largeurs angulaires des secteurs blancs était à la circon- férence entière comme 1 à 2 : ce dernier rapport me- sure donc, d’une manière très-approchée, la teinte d’un semblable disque. \ 2 La largeur des secteurs blancs étunt à celle des secteurs noirs comme 1 «à 2. Millim. Millim. Distance du bord du disque . . . 400 400 (59 ) Distance du point correspondant du papier blanc. 172 . 680 687 Rapportentre les carrés d bin . ces . mn Loeb po CN AG( 0,3390 Rapport Pt somme ip largeurs des secteurs blancs et la circon- | OO Le Re du en os ee Vo. 0,9333 Différence. . . + . . . . .+40,0127 + 0,0057 3° La largeur des secteurs blancs étant a celle des secteurs noirs comme 7 à 1. Millim, © Millim. Distance du bord.du disque. :. . 608: 611 Distance du point races du. | papier blanc . . . .: .Hbh:son » 66 Rapport entre les carrés lai ist | nof Tu TR Net COTE 0,8809 Rapport entre la somme da largeurs des secteurs blancs et la circonfé- PORT et nv 0,8780 ::0,8750 . Différence. . . . . . . . .—0,0028 + 0,0059 » Les différences que présentent les résultats de ces expériences avec ceux qu'indique le principe , sont si lé- gères, qu’on ne peut, je pense, se refuser à admettre ce principe comme suffisamment démontré par ces résultats. » Histoire des sciences. — M. Ch. Morren, correspon- dant, présente une notice historique sur François-An- toine Roncel , mais l'heure avancée en a fait remettre la lecture à la séance suivante. Le directeur a fixé l’époque de la prochaine séance au 7 mars prochain. Ch OUVRAGES PRÉSENTÉS ‘4 Mémoires de la Société de physique de Genève , tomes1, 2, 3, 4 et la 2% partie du tome 6, in-4”, avec un Aie ini, On the theory of the moon, in-&, nouvelle édition , 1834, par M. Lubbock de la Société Royale de Londres. Discours de M. le baron de la Doucette, sur la question du défrichement des bois , in-8°, 1 feuille. La Flandre agricole et munufacturière, prospectus, 3 feuilles in-8°. Notice sur les bitumes, par M. Virlet, broch. in-12. Sur le monument funéraire de feu J. H. Maesèhél par M. Cornelissen, broch. in-8°. Histoire naturelle élémentaire des animaux ; par J. Bombeke, 1 vol. in-18. Gand, 1834. ERRATA POUR LE BULLETIN PRÉCÉDENT, Page 11, ligne 4, & fut couronné : lisez : auteur fut couronné. — — — 85, Van Kempen, lisez : Van Kampeï, — 15, — 1, Bin jamin de Tadèle, lisez : Benjamin de Tudèle. | BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1835. — No 3 Séance du 7 mars. M. le baron de Stassart, directeur; M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. * Le secrétaire donne lecture de différentes lettres par lesquelles M. le Ministre de l'Intérieur consulte l’Académie - sur ile mérite de plusieurs ouvrages qu’il lui adresse. Il fait connaître ensuite qu’il a reçu dix-huit volumes des mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Lis- bonne, dont l'envoi avait été annoncé dans une des séances précédentes. La Société Philosophique Américaine. de Philadelphie remercie l'Académie pour l'envoi des derniers volumes de ses mémoires , et lui adresse en même temps deux volumes de la nouvelle série de ses transactions. L'Académie Royale de Turin envoie également le tome 37° de ses mémoires. M. Paris écrit que la Société Royale des Antiquaires de France accepte avec plaisir la proposition d’un échange Tom. 11, 5 ( 62 } respectif des mémoires des deux sociétés. M. J. Desnoyers propose, au nom de |’ administration du Muséum de Paris : un échange semblable que l’Académie accueille avec empressement. Il est ensuite donné lecture de plusieurs autres lettres également relatives tions de la compagnie. M. Voizot, professeur à Chäàtillon-sur-Seine, fait con- naître qu'il n’a pu terminer encore le travail d'analyse dont il a envoyé la première partie, au mois de janvier dernier, comme pièce du concours pour 1835. M. Schayes renvoie son mémoire sur les monumens du Brabant, dont il a revu avec soin la rédaction pour se conformer à la demande de l’Académie. Le secrétaire présente les 16 volumes de l’histoire du Hainaut, par Jacques de Guyse, dont M. le marquis de Fortia fait hommage à l’Académie. M. le baron de Stassart lit ensuite une lettre par laquelle M. de Fortia fait con- naître qu’il s’occupe actuellement de la publication d’un manuscrit inédit de Jean Lefèvre, continuateur de Jacques de Guyse, avec des notes et actes également inédits, tels que le traité de Melun , entre Fernand de Portugal, comte de Flandre et de Hainaut , et les rois de France Louis VIII et Louis IX , tels encore que les excommunications pronon- cées par plusieurs papes contre Bouchard D’Avesnes. . M. M. Canoy, major de la garde civique de Venloo, adresse à l’Académie un dragoneau vivant qu’il a ren- contré dans un ruisseau des environs de cette ville. = Remercimens. \ à l'envoi des publica- COMMUNICATIONS. Théorie des Marées. — M. Quetelet communique la ag = (65 ) letire suivante, qui lui a été adressée par M. Whewell, membre de la société royale de Londres : « Permettez-moi d'appeler, par votre entremise, l’atten- tion de votre gouvernement sur les besoins de la science, à laquelle il peut aujourd’hui, sans grande dépense d’ar- gent et de temps , rendre un service signalé. Vos compa- triotes ont le pouvoir d'accélérer les progrès de l’astrono- mie , en faisant faire des séries d'observations sur les marées des côtes de la Belgique. Les lois de ces phénomènes n’ont pas encore été déduites de l'observation ; et l'instant paraît arrivé où cette lacune honteuse et inconcevable va être comblée par les gouvernemens et les géomètres de l'Europe. On a commencé, en Angleterre, des observations et des calculs qui donneront la solution du problème , en tant qu’il regarde les côtes de ce pays. J'ai de bonnes raïi- sons de croire qu’en France l’on ne restera pas en arrière et dans peu , je pense, une demande sera adressée à ce sujet au gouvernement hollandais, par mes soins. Les côtes de Belgique, à Nieuport et Ostende , viendraient compléter * les documens relatifs aux mers que nous désirons surtout connaître : les données sur ces côtés seraient d'autant plus importantes , que les marées y sont très-curieuses et très- complexes. D’après la théorie , la marée montante doit s’ef- fectuer au même insiant, dans deux directions opposées, sur le rivage de la mer en Belgique et en Angleterre ,et le rapport qui existe entre les marées des deux côtes , ne peut être trouvé que par de bonnes observations faites dans les deux pays. » Outre ces particularités locales, une série non inter- rompue de bonnes observations sur les marées des côtes de la Belgiqne fournirait des matériaux pour la théorie générale des marées , qui ne peut être bien établie sans des + (64 ) observations faites en différens endroits. J’ose me flatter que votre gouvernement ne restera pas en arrière, quand il s’a- git de faire avancer la science ;, et spécialement l’astrono- mie qui est aujourd'hui l’orgueil et la gloire des nations les plus civilisées. Long-temps , dans chaque point de l’Eu- rope, l'on a considéré les progrès de l'astronomie comme une dette nationale ; mais nos connaissances sur les marées n’ont pas participé à l'élan donné aux autres branches de l'astronomie ; l'instant est venu de réparer cette omission, et c’est aux nations maritimes qu’il appartient surtout d’é- tablir des observations dans ce.but. Nous aurons bientôt une chaîne d'observations sur les marées le long des côtes d'Europe , et il serait bien pénible pour les géomètres de trouver une solution de continuité dans cette chaîne sur les côtes de Belgique. » Maïs il n’en sera pas ainsi, j'en suis convaincu, et bien- tôt nous pourrons enregistrer les séries d'observations belges sur les marées , à côté des meilleures observations de ce genre faites en France et en Angleterre : j'ai la persua- sion intime que le gouvernement , par les soins de qui de pareilles observalions s’établissent, doit trouver une bien douce récompense dans l'honneur qui réjaïllit sur lui pour avoir contribué à combler la seule lacune que présentent encore nos connaissances astronomiques , et dans la con- science d’avoir rendu un immense service à la navigation comme à la science purement théorique. » M, Quetelet fait connaître ensuite les travaux nombreux d'observation qui ont été entrepris dans ces derniers temps en Angleterre , pour répandre plus de jour sur la théorie des marées , et insiste sur la convenance et sur l’u- tilité qu'il v aurait pour la Belgique à s'associer à un pa- reil systéme d'observations. Tout ce qui est relatif à la ( 65: ) connaissance de nos côtes a été extrêmement négligé parmi nous, comme ce qui tient en général aux sciences d'observation. Les hommes instruits de, ce pays et de l’é- tranger s'accordent à élever des plaintes à ce sujet , et il serait d'autant plus urgent de remédier au mal, que l’état actuel des. choses peut nuire à nos relations. marilimes, et faire envisager nos côtes comme étant mal connues et peu sûres. L'Académie, ayant pris ces motifs en considération, a pensé qu’il serait bon de communiquer la lettre de M. Whe- well à M. le Ministre de la Marine, et d’insister sur l'utilité qu'il y aurait à accéder aux désirs du physicien anglais, en faisant faire des observations sur les marées aux lieux dé- signés dans sa lettre. L'Académie se chargerait avec plaisir de diriger les travaux qui concernent la Belgique , et d’é- tablir, à ce sujet, des relations avec les sayans étrangers. . Magnétisme terrestre. — M. Quetelet communique aussi une, lettre qui lui a été adressée par M. Dallas Bache:, professeur à l’université de Pensylvanie, sur les expé- riences magnétiques dont s'occupe actuellement ce savant. M. Bache trouve, par ses observations sur la variation diurne de l'aiguille horizontale, deux maxima et deux minima de variation occidentale, dans l’espace de 24 heures; la variation à été à son maximum pendant le jour et vers l'heure de la plus haute température ; elle a dimi- nué ensuite jusque vers l'instant du coucher du soleil. Le second maximum s’est présenté vers minuit; et le minimum suivant , dont la marche était assez irrégulière, entre 8 et {9 heures du matin. M. Bache a reconnu encore , au milieu des irrégularités que. présente ce genre d’obser- vations , que l’état météorologique de l’atmosphère exerce une influence très-sensible sur la variation diurné de ( 66 ) l'aiguille aimantée, qu'il parvient quelquefois à masquer complétement. Enfin, le même savant s'occupe avec acti- vité à rechercher les anomalies que produit sur la direction de l'aiguille horizontale le phénomène des aurores bo- réales. Le secrétaire lit, sur le même genre d'observations, le passage suivant d’une lettre qu’il a reçue de M. Jobn Phillips, d’York : « Je commence à faire des observa- tions journalières sur la direction de l'aiguille aimantée, à 9 heures, midi, 4 heures et 9 heures du soir; je trouve des différences trés-sensibles et caractéristiques de ces heu- res , comme aussi des variations de jour en jour, qui, peut être, se rapportent aux changemens de température. Je n'ai pas encore trouvé l’occasion de répéter les expé- riences sur les mouvemens extraordinaires qu'éprouve l'aiguille suspendue horizontalement, pendant le mouve- ment latéral des colonnes électriques (beams), et cela parce que l'aiguille était placée dans le jardinet influencée par les vents, qui sont souvent extrêmement violens pen- dant l’aurore. » M. Quetelet exprime à ce sujet le regret qu'il éprouve que l’état de l'observatoire de Bruxelles ne lui permette pas , avec les excellens instrumens qu’il possède, de ré- pondre à l’appel des savans étrangers, et de faire que la Belgique présente sa part dans le système d'observations magnéliques régulières et continues , qui s'organise main- tenant avec tant de succès chez les différens peuples les plus éclairés. La Belgique est très-arriérée sous ce rapport, et jusqu’en 1827, il n'existait même aucun point de son territoire où l’on connût la déclinaison, l’inclinaison ou l'intensité de la force de l’aiguille magnétique. Géographie physique. — M. Dumortier met sous les a ( 67 ) yeux de l'Académie une carte comparative des températures des différens mois de l’année pour Bruxelles, Paris, Maes- tricht, Upsal, et le nord cap, carte qu'il destinait à faire entrer dans une géographie botanique de la Belgique. M. Quetelet parle d’une carte semblable qui lui a été com- muniquée par M. le professeur Crahay, et qu’il a comparée dans un de ses mémoires au mouvement annuel de la po- pulation en Belgique, et particulièrement pour ce qui se rapporte aux naissances et aux décès. Fossiles. -- M. Vanbeneden , conservateur du cabinet d'histoire naturelle de Louvain , qui se trouve en ce moment à Paris, adresse à l’Académie quelques observations sur les fossiles qu’il a trouvés dans la province d'Anvers. « J'ai apporté plusieurs os fossiles des environs d'Anvers sur lesquels j'ai commencé un travail que je ne pourrai achever qu’à mon retour , lorsque j'aurai fait encore quel- ques recherches. Voici où celles déjà faites m'ont conduit : » 1° Les ossemens fossiles que j'ai vus jusqu’à présent, tant sur les lieux que dans les différens cabinets, appar- tiennent à des cétacées. ( Je parle de ceux trouvés dans le sable du bassin d'Anvers.) » 2° Il y en a plusieurs espèces, parmi lesquelles je crois. avoir reconnu un rorqgual, d’après une vertébre déterrée en 1832, à Eeckeren. Ce sont les espèces qui atteignent les plus fortes dimensions. La belle vertébré (atlas), conservée dans les galeries du muséum de Bruxelles, appartient pro- bablement à cette même espèce, d’après les comparaisons. que j'ai faites avec les squelettes du muséum de Paris. » 3° L’argile de Boom contient également des restes de cétacées , de ornitholithes et des vertèbres de poissons car- tilagineux. » 4° Ces deux terrains renferment une immense quantité ( 68 ) de coquilles fossiles, dont un grand nombre forme des es- pèces nouvelles. | » Ce travail exigeant encore beaucoup de recherches, celte communication pourrait servir à prendre date. » — M. Morren présente ensuite à l’Académie un mémoire in-4°, intitulé Descriptio coralliorum fossilium in Belgio repertorum avec 7 planches. Cet ouvrage sera renvoyé à MM. les commissaires chargés d'examiner la réponse qui a été adressée à la question du concours sur la géologie du Brabant méridional. Histoire littéraire. — Dans une des dernières séanees , M. Dumortier a communiqué à l’Académie une note d’où il résulterait que le fameux navigateur Le Maire qui dé- couvrit le détroit auquel son nom est resté, était né à Tour- nai. Or, les témoignages les plus authentiques nous ap- prennent qu'il naquit en Hollande, et que son pére, négociant entreprenant, habitait Egmont près d'Alkmaar. M. Dumortier ayant confié une copie du texte même de Dufief à M. De Reïffenberg, celui-ci y a lu ce qui suit : Chapitre at. — T'ouchant Isaac Le Maire, Tournesien, et la descouverte de ses navigations aux Indes et circuit du tour du monde.— Isaac Le Maire est né à Tournay, y a demeuré, s’y est marié avec N. de Bary, sœur à Mag- deleine de Bary, femme à maistre Guillaume de Coi…., conseiller pensionnaire dudict Tournay, et a N. de Bary, femme à Louis Gyvert(?), bourgeois de ladicte ville, le frère desquelles sœurs laissa une fille qui es- pousa M° Jean Meurisse, mayeur des finances d’icelle ville, y ayant exercé plusieurs autres estats ; le traicté de mariage duquel Isaac Le Maire est aujourd’hui en la puissance de M° Bargibant, conseiller de la même ville (ace qu'il ma déclaré), et autres titres concernant ses (69 ) moyens y estant, lesquels sont à présent possédés par ledict Bargibant et ses coo..., lesquels ledict Isaac ven- dit à leurs ancêtres. Durant les troubles de ces pays, il se retira en Hollande où il a laissé deux filles et s’est adonné aux navigations qui lui ont si bien succédé qu’il a découvert quelque détroict , etc. M. De Reiffenberg remarque qu'il est Dalle que Dufief a pris Isaac pour Jacques Le Maire , c’est-à-dire le père du célèbre nayigateur pour ce navigateur lui-même , qui est bien né en Hollande , mais d’un père tournaisien. Il serait, au surplus , très-intéressant de faire des recherches dans les registres des baptêmes de la ville de Tournai. Il ajoute ensuite : « Pour indemniser en quelque sorte Tournai, et pour attirer l'attention des personnes qui s'occupent d’his- toire littéraire , je consignerai ici les noms de deux écrivains de cette ville qu’on ne trouve dans aucune biographie. Le premier s'appelait Messire Alard Janvier qui composa, vers l'an 1479 , une histoire en vers de St. Piat et de St. Eleu- thère dont il existe une copie manuscrite à la bibliothéque de Tournai (in-4° pap.). On lit, vers la fin, ces lignes rimées qui font allusion à un travail que méditait l’auteur : .… Si Dieus par sa sainte grace Me prestoit tant sens et espasse Que d'accomplir ma volenté, Mon traittié seroit augmenté- De la fortune et adventure De Tournay et de sa structure Et des grans désolations Et nobles restaurations... etc. ” Le second, quoique imprimé , n’est pas plus connu. On a de lui un ouvrage de poésie intitulé : Harangue des- cripte au livre doré de Marc Aurèle, empereur , d’un - “ (70) paysant (sie) des rivages du Danube , appelé Milène , laquelle il fit en plain sénat dans Rome, remonstrant les grandes exactions et tirannies que les censeurs romains f'aisoient en son pays. , nouvellement mis en vers par Gasrtez Fourmenxnois, Tournisien. Utrecht, Salomon De Roy, 1601 ,in-4° de 40 pages. Les personnes qui aiment à trouver partout des imita- teurs , ne manqueront pas de dire que Lafontaine a emprunté à Gabriel Fourmennoïis sa belle fable du paysan du Da- aube. (Voy. le bulletin du bibliophile, de Techener, n° 13, pag. 14-16.) Histoire nationale. — Statistique ancienne. —M. De Reiffenberg qui a fait des recherches sur la population de l’anciene Belgique, lit , par forme de supplément aux mé- moires publiés par lui sur ce sujet , un passage tiré d’un manuscrit in-folio sur papier, de la biblothéque de Funi- versité de Louvain. Il est intitulé Chronicon Diestense, a été rédigé vers l’an 1516 et ne renferme que huit feuil- lets. Voici le passage qui donne, pour Diest, le chiffre du recensement par foyers fait en Brabant en 1480. « Ænno 1480 fuit facta in Brabantié focorum enumeratio,quam vulgo nuncupamus HrERT'-TELLINGHE , QUO tempore com- pertæ fuerunt in Diest intra portas et muros habitatæ domus XV° XLII ef non habitatæ LXXX VIN. Zn beggi- nagio magno domus habitatæ LXXXI et non habitatæ XI. Il faut remarquer que MM. Willems et Schayes, le premier dans ses Mengelingen, le second dans le Messager des Sciences et des Arts, ont parlé du recensement de 1480, mais sans donner les détails qu’on vient de lire. Une chro- nique manuscrite d’Aerschot, tirée des archives de cette ville et communiquée à M. De Reiffenberg par M. Schayes, rapporte qu’en 1486 on y comptait environ 500 maisons (A) (heertsteden), et hors des remparts environ 300, Quant à Anvers, on peut ajouter qu'en 1589, Diercxsens y comptait 55,000 habitans, et au temps du siége de 1583, 90,000 âmes. Des renseignemens inédits fournissent les données suivantes sur la population de Bouvignes. En 1554, il s’y trouvait 1,500 hommes en état de porter les armes. Henri IE, roi de France , saccagea cette ville , cette même année, et en extermina presque tous les habitans. Afin de la repeupler et d'y rétablir la batterie de cuivre, Gharles-Quint lui accorda , le 11 mai 1555, plusieurs priviléges. Bouvignes se ranima, mais les troubles de 1576 furent cause que quan- tité de personnes l’abandonnèrent pour se retirer à Huy. Avant 1554 il s'était enrôlé , le premier dimanche de mai, comme il était de coutume tous les ans, 252 maîtres bat- teurs de cuivre, qui entretenaient quatre fois autant de ménages, ouvriers et bourgeoïs avec leurs familles. En 1591, il n’y avait plus que quatre maîtres et la totalité des habi- tans , y compris le magistrat , ne s'élevait qu’à 73 personnes. Avant 1554, il s’y trouvait vingt-deux prêtres et chape- lains ; en 1591, seulement deux chapelains. Anciennement les bots de Bouvignes rendaient à la ferme 70 à 80 muids de mouture, et en 1591 seulement 16 à 17. Afin de remédier à ce dépérissement total, Philippe IL accorda à ceux de Bouvignes, en 1593, plusieurs exemptions et franchises qu’Albert et Isabelle confirmérent en 1601. M. De Reiffenberg a cru que la détermination de l’épo- que où l’imprimerie fut introduite dans chaque localité, importait beaucoup à la statistique intellectuelle, N'ayant rien précisé à cet égard pour Namur, il a trouvé depuis, dans-des documens authentiques , que la premiére impri- merie de Namur fut érigée en 1617 par Thierri Furlet, qui obtint du magistrat une certaine somme pour couvrir (72) les premiers frais d'établissement. Le deuxième imprimeur de Namur se fixa dans cette ville en 1637 et obtint exemp- tion des aides extraordinaires et du logement des gens de guerre, outre la somme de 15 écus que le magistrat lui paya. Le troisième imprimeur établi à Namur en 1650, obtint exemption du guet et de la garde, ainsi que du lo- gement des gens de guerre. | LECTURES. Ornithologie. — Al est donné lecture du rapport suivant sur un mémoire de M. le chevalier Du Bus de Ghisegnies, intitulé : Description d'un nouveau genre d'oiseaux de l’ordre des échassiers. (Commissaires MM. Sauveur , et Dumortier , rapporteur. ) : « Parmi les différentes classes d'animaux, celle qui pré- sente le plus de difficultés dans l'établissement des genres, est sans contredit la classe des oïseaux. Les caractères gé- nériques employés par quelques auteurs modernes, sont tellement futiles, que si cette marche continuait à être suivie, l’ornithologie deviendrait bientôt un chaos. Mais, lorsqu'un être présente des caractères nettement tranchés, et qui ne permettent pas de le confondre avec les genres existans, la créalion d’un genre nouveau ne peut qu’ayan- cer la science, et c’est ce qu'a fait l'auteur du mémoire qui fait l'objet né ce rapport. » La notice présentée par M. Du Bus contient la descrip- tion d’un genre nouveau, nommé leptorhynque ; 3; l'oiseau sur lequel il repose est pp et provient de la Nou- velle-Hollande. L'auteur fait remarquer que son genre a les plus grands rapports avec les avocettes dont il se rap- proche par le port, Le bec lisse et grêle, les doigts palmés, ( 75 ) les ailes et la queue ; mais il en diffère par la forme du bec qui est droit et non recourbé supérieurement , et par l'ab- sence d’un pouce aux pattes. On voit par là que le lepto- rhynque est un échassier-palmipède, et qu'il appartient par conséquent à celle pelite famille intermédiaire entre les échassiers et les palmipèdes proprement dits, et dans laquelle figurent les genres recurvirostra, dromas et phænicopterus. » La description générique du leptorhynque est tracée avec beaucoup de soin; néanmoins , il est à regretter que l’auteur ait passé sous silence quelques caractères secon- daires qui paraissent ne pas devoir être négligés. C’est ainsi qu'il ne dit pas jusqu'où s'étend le sillon supérieur du bec, qui, d’après la figure qu’il donne de cet organe, paraît se prolonger jusqu’à la moitié de sa longueur. En outre, il aurait dû indiquer si la membrane qui réunit les doigts, est égale des deux côtés du doigt médian. À ces légères observations près, nous devons reconnaître que la des- cription parie tracée par M. Du Bus, ne laisse rien à désirer. » Quant à l'absence du pouce aux paites , ce caractère se trouve dans quelques autres genres et particulièrement dans la famille des struthionées. Mais outre que, par son port et ses autres caractères , le leptorhynque n’a aucune affinité avec les oiseaux que je viens d'indiquer, l’auteur reconnaît lui-même que son échassier présente à la partie postérieure du tarse, un peu au-dessus du podium, une petite protubérancé qui peut faire soupçonner l'existence d’un pouee sous-cutanné. À cet égard , nous devons faire remarquer que déjà le pouce est presque nul et sirnple- ment rudimentaire dans le genre-avocette, quoique cepen- dant on y rencontre encore un article et un ongle. La v (74) protubérance dont parle l’auteur, est donc due à l’avorte- ment de ce pouce, et il serait curieux de pouvoir observer sur le squelette, si, comme nous le supposons ,il y existe un rudiment de pouce. «M. Du Bus donne le nom de leptorhynchus pootsrlis à l'unique espèce du genre qu’il décrit. Sa description spéci- fique est traitée avec soin ; elle est claire , précise, métho- dique et accompagnée d’une bonne figure représentant l'animal nouveau qui fait l’objet de la notice. » L'Académie , adoptant les conclusions de MM. les com- missaires , a décidé que des remercimens seraient adressés à M. le chevalier Du Bus pour son intéressante communi- cation. — Ilest donné lecture des rapports de MM. Dumortier et Fohmann, nommés commissaires pour examiner le mé- moire de M. Desvignes , intitulé : ÆÂnatomie philosophique ou considérations sur les polypes cératophytes. Get ou- vrage ayant été rendu public par la voie de l'impression depuis la présentation du manuscrit, l’Académie à cru devoir se dispenser, conformément à ses usages, de faire connaître son avis sur son mérite scientifique. MM. Cornelissen, Marchal, Raoux et Garnier présen- tent également des rapports sur des mémoires des mem- bres ou sur des ouvrages relativement auxquels M. le Ministre de l'Intérieur a demandé l'avis de l’Académie. Entomologie. — M. Wesmael, correspondant de l’Aca- démie, présente la dernière partie de sa revue des insectes de la famille des carnassiers de Belgique, comprenant les kydrocanthares et les gyrinites distribués en 14 genres de la manière suivante: cybister, 1 espèce ; acilius, 1 es- pèce ; hydaticus, 4 espèces; dyticus, 4 espèces; colym- (75) betes, 5 espèces; ilibius, 8 espèces; agabus, 8 espèces ; laccophilus, 1 espèce ; noterus, 2 espèces; hyphidrus, 1 espèce; hydroporus, 14 espèces; haliplus, 5 espèces; cnemidotus, 1 espèce; gyrinus, 3 espèces ; orectochilus, 1 espèce, Commissaires , MM. Dumortier et Fohmann. — M. Morren présente la seconde partie de son mémoire sur l’'émigration du puceron du pêcher (aphis persicæ), en 1834. On 5e rappelle que, pendant l’automne de 1834, les diverses villes de la Belgique ont été envahies par des tourbillons de petits insectes. Ils constituent l’aphis per- sicæ de M. Morren. Cette espèce émigrante vit prin- cipalement du pêcher; c’est d’entre Bruges et Gand que l’'émigration a commencé, en se dirigeant de ce point d’ir- radiation vers le nord, l’est et le sud. « La cause de ces voya- ges, dit l’auteur, se trouve, non dans l’apparition du choléra, comme on l'avait prétendu, mais dans l’extrême sécheresse de la saison, constatée depuis d’une manière authentique par les observations météorologiques de M. Quetelet. L'émi- gration de ces petits animaux est d’ailleurs puissamment facilitée par la prodigieuse fécondité des femelles et la vitesse de la procréation, un individu pouvant dès sa seconde génération en produire 10,000. » Ge qui a le plus fixé l'attention de M. Morren, c’est l’anatomie de cet animal, et on le conçoit, il fallait rechercher la raison de ce singulier phénomène que, dans ce genre, neuf ou onze générations de femelles se suivent sans qu'il y ait besoin d’accouplement pour la fécondation. Les plus habiles naturalistes, Bonnet, Réaumur, Lyonet, MM. Dutrochet, Léon Dufour, etc., ont tenté, mais en vain, de se rendre compte de cette étrange condition. M. Morren dit avoir trouyé dans l'aphis persicæ un canal digestif fort simple, (76 ) sans vaisseaux salivaires, ni biliaires. Sur les ailes infè- rieures il a trouvé un crochet qui unit ces organes aux supérieures. L'appareil mâle se trouve composé de 4 ou 5 testicules, renfermant des amas d’animalcules sper- matiques. Le canal déférent est armé d’une vésicule séminale très - grande qu'aucun auteur n'a signalée chez les aphidiens. L'appareil femelle est formé d’un ovaire à 8 gaînes ovi ou fœtigeres selon la saison. Ces gaines ont chacune 3 ou 4 loges; les fœtus s’y dévelop- pent peu à peu et M. Morren décrit et figure toutes leurs transformations. Dans la saison des œufs, on voit ceux-ci naître dans les loges terminales. Il n’y à pas de glande sébifique. Ainsi l'animal n’est pas hermaphrodite; il ne saurait être le produit d’une génération spontanée; l’action des mâles ne saurait se transmettre à neuf ou onze géné- rations successives. M. Morren croit ainsi qu’il y a éndi- vidualisation de matière organisée en individus qui ont la forme de l'espèce. C’est une génération équivoque. Les petites cornes de labdomen des pucerons qui servent à l’excrétion d’une malière sucrée que les fourmis viennent lécher, sont aussi des appareils de respiration en même temps qu’elles aboutissent à des glandes particuliéres. Le fluide sert aussi aux petits dans leur premier âge. Cest, selon M. Morren, une mamelle dans le sens rigoureux de ce mot. Les dorthesies dans les hémipières représentent les marsupiaux, comme les pucerons représentent , dans la même classe, les mammifères, et c’est une preuve de plus que la nature se joue bien souvent de nos spéculations. (Commissaires : MM. Dumortier et Fohmann.) Optique. — M. Quetelet lit le rapport suivant sur le mémoire que M. Crahay a présenté à l'Académie sur quel- (77) ques phénomènes de vision. (Commissaires : MM. Garnier et Quetelet, rapporteur. ) Pour se rendre compte des phénomènes dont il est parlé dans le mémoire de M. Crahay, 1l faut se rappeler que les différentes parties de l'œil remplissent les fonctions d’un verre convergent, qui fait concourir les rayons lumineux, émanés d’un point, en un autre point placé dans l’inté- rieur de l’œil. Ge second point ou foyer conjugué , tombe derrière la rétine, quand le point observé est très-rap- proché de l’œil ; ensorte que la rétine intercepte une petite portion circulaire du cône lumineux , formé par les rayons qui convergent vers le foyer conjugué. Cela posé, supposons un corps qu’on puisse considérer comme un point à cause de sa petitesse, une tête d’épingle par exemple; plaçons-le à 5 ou 6 centimètres de l'œil, de manière que le sommet du cône des rayons réfractés tombe derrière la rétine. Cette membrane interceptera un espace circulaire d’une certaine étendue. Maintenant faisons mouvoir, devant l’œil et à une très-courte distance, une carte percée d’une petite ouverture; et supposons que la carte avance de droite à gauche , il est clair que le petit faisceau des rayons transmis, et dont le sommet va coïncider avec le foyer conjugué, dessinera , sur la rétine, l'image de la tête de l’épingle , assez nettement à cause de la moindre diffusion des rayons réduits par la petite ouverture à un mince faisceau. Cette image avancera évi- demment sur la rétine dans le même sens que l’ouverture et aussi de droite à gauche, mais puisque nous sommes habitués à redresser les images qui se forment dans l'œil et à estimer, ainsi, qu'un objet se meut de gauche à droite lorsque son image se meut de droite à gauche, nous en agissbns de même dans le cas présent, et par Tom. 11. 6 (7 ) conséquent il nous semblera que l'image se déplace et que le déplacement se fait en sens contraire de celui de la carte. | | Telle est en résumé l'explication que donne M. Crahay du fait curieux qu'il a observé.( Foy. le Bulletin précédent.) Il est évident qu’en éloignant l’épingle de l'œil , le foyer conjugué doit se rapprocher de la rétine, et la petite section circulaire du cône lumineux doit se rétrécir sur cette membrane, et par suite le phénomène devenir moins apparent. A la distance de la vision distincte, et quand le foyer conjugué tombe sur la rétine, l'épihgle paraît en repos. Plus loin quela plus courte distance de la vision dis- tincte, l’épingle paraîtra encore en repos ; puisque, pour des yeux bien conformés, les images restent nettement terminées, à quelqu'éloignement que l’objet se trouve. Néanmoins, lors même que l’épingle serait à la dis- tance de la vision distincte, si les regards/ne se fixaient point sur elle, mais s’arrêtaient sur un point plus éloigné de 1 à 2 mètres, le mouvement de la carte produirait encore, dans l’épingle, un mouvement en sens contraire. En effet, l’œil ayant pris une distance focale par rapport à l’objet le plus éloigné, l’image de cet objet tomberait sur la rétine; et, par cette raison , l’image de l’épingle plus rapprochée tomberait derrière la rétine; cette mem brane intercepterait donc; dans le cône dés rayons de l’épingle, une surface circulaire , et l'épingle vue à tra- vers la carte , pendant son mouvement de va-et-vient, serait aussi en mouvement, tandis que dci ki plus éloigné paraîtrait en repos. Les deux objets semblent tous deux en mouvément, si les regards se fixent sur un troisième plus éloigné ; et (79) alors l'amplitude des mouvemens est la plus grande pour l'objet le plus rapproché. Si les regards se fixaient sur l'épingle que nous sup- poserons toujours au minimum de la distance de la vision distincte ou plus loin, dans ce cas la distance focale de l'œil serait telle que l’image de l’épingle serait sur la rétine, mais alors l’image de l’objet le plus éloigné tombe en avant de la rétine; et les rayons qui en émanent , après s'être croisés, continuent leur route rectiligrie et projet- tent sur la rétine une surface circulaire. L'ouverture de la carte laisse encore passer un faisceau de rayons de l’un et de l’autre point. Gelui émané de l’épingle, va toujours concourir au même point sur la rétine , et celui émané de l'objet plus éloigné , est mobile sur la rétine et se meut en sens contraire de la carte à cause du croisement des rayons. Mais le mouvement apparent sera dans le sens même de la carte ; à cause de notre jugement qui nous fait voir les objets dans une position renversée. En changeant artificiellement la distance focale de l'œil, par l'application d’un verre convexe ou concave , les’ phé- _ nomènes décrits se reproduisent encore; avec cètte diffé- renceique le minimum de la distance de la vision distincte est changé : il diminue avec le verre convexe’ et augmente avec le verre concave. De plus, par l’intervention du verre convexe , la vision distincte qui n’avait pour l'œil nu , sup- posé bien conformé, qu'une limiteen moins, en aura main- tenant une en plus. À l'égard de tous les objets placés au delà de cette dernière, l'œil se trouvera dans le même cas que s’il était myope , et d’après ce qui a été dit, ces objets sembleront toujours en mouvement dans le même sens que l'ouverture de la carte, quelqu’effort que fasse l'œil. M. Crahay explique d’après les mêmes principes, diffé- ( 80 ) rens autres faits, les uns déjà observés et d’autres qui lui sont particuliers , ainsi : Placez devant l'œil, à une distance plus petite que celle de la vision distincte, une carte percée d’un trou d’épingle, et faites avancer latéralement devant l'œil, et très-près , le bord d’une autre carte, il vous semblera que le trou se ferme par un plan qui marche en sens contraire de la carte mobile. Le phénomène cesse de se montrer , à la distance de la vision distincte. Si, à la carte mobile, on substitue une épingle, on verra se mouvoir l’image de l’épingle en sens contraire. Si la carte percée (le trou doit être de 2 à 3 millimètres) se trouve à une distance de 2 à 3 mêtres placée vers le jour dans une chambre noire, ou le soir contre la Inmière d’une lampe, et pendant que l’œil est dirigé vers le trou, si l’on tâche de modifier l'œil comme pour examiner un objet très-rapproché, et qu’on fasse alors passer l’épingle devant l'œil, la tête en haut , on verra l’ombre d’une épingle dans le trou éloigné , dans une position droite et passant dans le même sens que l’épingle réelle. Ces phénomènes s'expliquent comme ceux mentionnés plus haut, en supposant qu'ici l’épingle de la première expérience est remplacée par un trou percé dans une carte et vice versa. M. Crahay est conduit à conclure de ses expériences que l'œil présente à la fois, dans la formation des images , l’a- berration de sphéricité et l’aberration de réfrangibilité; mais cette dernière aberration est plus forte que la pre- mière. L’achromatisme de l'œil est révoqué en doute depuis long-temps par les physiciens; et, dans une de ses dernières séances, l’un des commissaires a présenté sur cet objet à l’Académie, une savante notice qui lui avait été (81) adresée par M. Powell d'Oxford (1). M. Crahay apporte à l'appui de cette assertion des expériences qui nous sem- blent la mettre hors de doute. Supposons, avec l’auteur, un seul point lumineux, blanc, à cause de l’inégale réfrangibilité des rayons diver- sement colorés, dont la lumière blanche est composée, chacun des cônes de lumière d’une autre couleur , aura son sommet en un point différent dans l’intérieur de l'œil. La distance focale la plus longue sera pour les rayons rouges, et la plus courte pour les rayons violets; les distances tocales des autres couleurs seront intermédiaires. Or, il est probable que la rétine se place vers le milieu de eet inter- valle, qui est à la fois le plus lumineux et le moins bordé de couleurs étrangères. L'image qui s’y formera sera blanche au milieu , à cause du mélange de toutes les cou- leurs, mais ses bords seront faiblement colorés en violet rougeâtre, mélange des rayons rouges, qui vont concourir derrière la rétine, et des rayons violets qui ont leur con- cours en avant de cette membrane. Cela posé, si l’on inter- cepte par un plan la moitié du cône lumineux qui tombe sur l’œil, on supprimera sur la rétine la moitié du petit espace circulaire que couvrent les rayons rouges et la moitié de celui que couvrent les rayons violets ; de plus, les deux demi-cercles colorés restans, seront opposés l’un à l’autre à cause de la position des points de concours pour les rayons des deux couleurs, dont l’un est antérieur et l’au- tre postérieur à la rétine. L'image sera donc colorée légé- rement en rouge d’un côté et en violet de l’autre; vers le centre, elle restera blanche à cause du mélange des autres couleurs, (1) On the achromatism of the eye. Yn-8° broch. 1834. Oxford. ( 82 ) Pour mettre ce qui précède en évidence , on découpe dans une carte, une petite bande à bords parallèles, large d'environ un millimètre. On tient cette carte découpée contre le jour, à environ un demi-mètre de l’œil, la dé- coupure fera les fonctions d’une ligne lumineuse ; on passe une autre carte à une trés-petite distance de l'œil , de ma- nière que son bord soit parallèle à ceux de la fente lumi- neuse , bientôt ou verra les deux bords de la fente se garnir des couleurs prismatiques qui s’étaleront à mesure que la carte mobile avancera. Le rouge garnit le bord situé du côté de la carte interposée, le bleu se voit au bord opposé. Si, à la fente longitudinale pratiquée dans la carte , on substitue une série de petits trous d’épingle , espacés d’un demi-millimètre sur une même ligne horizontale , et si on les regarde fixement à travers un prisme tenu près de l'œil, l'angle réfringent tourné vers le bas, il en résulte autant de petits spectres que de trous. Cela posé, sans bouger au prisme , on fait avancer une carte entre l'œil et lui ; à me- sure qu'elle recouvre une partie plus grande de la pupille, tous les petits spectres s’inclinent de plus en plus, l’extré- milé violette s'éloigne de la carte , et le rouge, au contraire, s'en rapproche ; et, ce qui est un fait capital , c’est que, pendant leur inclinaison, ces petits spectres n’éprouvent pas de dilatation sensible dans le sens horizontal. Les teintes sont homogènes sur la même ligne horizon- tale ; donc, puisqu'il n’y a pas de dilatation sensible dans cette direction , il s'ensuit que l’aberration de sphéricité est très-pelile dans l’œil , mais que celle de réfrangibi- lité y existe. Si l'expérience précédente se fait sans l'interposition d’un prisme, les différentes images colorées, circulaires, se superposent sur la rétine, et celle-ci se plaçant de ma- ( 85 ) nière à recevoir nettement les plus lumineuses, les jaunes- verdâtres, ces dernières seront les plus petites, et elles seront,débordées par celles qui les avoisinent de part et d'autre dans l’ordre des couleurs dans le spectre. Ainsi, la _ partie moyenne sera blanche; les images rouges et les vio- lettes , plus étalées et superposées, ne sont guère aperçues à côté de celles plus éclatantes qui occupent le centre, mais elles le seront, lorsque, par l'interposition de la carte , une partie de ces dernières sera éteinté; de là donc * l'alongement horizontal, qui produira une coloration des bords, à moins que les trous ne soient assez rapprochés pour que l’image alongée de l’un se projette sur celle de l'autre; alors la coloration sera en grande partie compensée, et la ligne des trous se change en une ligne continue, simplement obscurcie , et un peu colorée à ses deux bouts. Quand, au moyen d’un verre coloré, on ne laisse passer que les rayons d’une espèce , la ligne des trous ne cesse pas d’être discontinue. L'un de nous a vérifié avec succès les différentes expérien- ces de M. Crahay, et en général, à trouvé partout l'accord le plus parfait entre les phénomènes cités et les résultats qu’on déduit de la théorie proposée. IL a même reconnu différens faits qu’on peut déduire comme corollaires de cette théorie ; il en est un particulièrement qui lui a été in- diqué par M. Plateau , et qui semble assez curieux pour trouver place ici. On met une épingle à un ou deux cen- timètres de distance, derrière une petite ouverture prati- quée dans une carte ; et on la fixe à la carte de manière qu'elle se meuve avec elle et parallélement à sa direction. Il arrive alors qu’en donnant à la carte, dans le voisinage de l'œil, un mouvement de va-et-vient, on voit à travers la pelite ouverture, l'épingle dans un état d'immobilité com- \ 84 ) plète. C'est le cas de la première expérience de M. Crahay, en supposant l'épingle transportée à une distance infinie; et en eflet , à cause de la petitesse de la pupille et du mou- vement de l’épingle et de la carte, tous les rayons lumi- _neux peuvent être considérés comme parallèles et doivent concourir en un même point de la rétine. En résumé, le mémoire présenté par M. Crahay est l’'ou- vrage d’un observateur exercé ; il renferme plusieurs faits curieux et expliqués d’une manière ingénieuse, et peut jeter de nouvelles lumières sur la théorie si épineuse de la vision. L'Académie, sur la proposition de MM. les commissaires, décide que des remercîimens seront adressés à l’auteur. — M. Plateau lit la notice qui suit, sur un phénomène particulier qui se produit dans ses yeux: « La pupille se dilate, comme on sait, lorsque l’inten- sité de la lumière qui agit sur l’œil vient à diminuer, et l’effet contraire se produit lorsque celte intensité aug- mente; la pupille se dilate encore lorsque les regards se portent sur des objets éloignés, et elle se contracte lorsqu'on vient à regarder des objets rapprochés. Tout ces mouvemens de l'iris ont lieu sans aucune participation de la volonté, et sans que celle-ci puisse y mettre obstacle. Néanmoins, il est des personnes chez lesquelles, indépen- damment des mouvemens automatiques dont je viens de parler, l'iris exécute des mouvemens volontaires ou qui paraissent l'être : cette faculté existe chez M. Müller, professeur d'anatomie et de physiologie à Berlin (1), et (1) Voy: Arnold, anatomische und physiologische untersuchungen über das auge der menschen. Heidelberg und Leipzig , 1832, pag. 70, (85 ) J'ai constaté chez moi l'existence d’une faculté analogue. » Cependant, enexaminant avec attention le phénomène, tel qu’il se produit dans mes propres yeux, j'ai reconnu que ces mouvemens de l'iris, qui semblaient absolument dépendre de la volonté, se trouvaient , en réalité, hors de son empire et n'étaient que la conséquence automatique d'une modification volontaire imprimée à d’autres parties de l'organe de la vue. Cette modification elle-même m'a paru ‘assez curieuse pour en faire l’objet d’une communi- cation à l’Académie. » Je vais d'abord décrire le fait tel qu’on peut l’obser- ver chez moi. Mes regards étant dirigés vers un objet quel- conque, rapproché ou éloigné, je puis, à l'instant où je le veux, e{ sans que mes yeux cesseñt d’être dirigés vers le même objet, faire en sorte que mes pupilles se dilatent d’une manière très-sensible ; je puis maintenir cette dilatation pendant un temps quelconque, et la faire cesser dès que je le désire. Je puis produire ces effets soit que je regarde des deux yeux ou d’un seul, et les renou- veler sans effort aussi souvent que je le veux; mais, il m'est impossible de déterminer mes pupilles à se con- tracter au-dessous de leur état normal. Parmi les per- sonnes qui ont constaté la production de ces phénomé- nes dans mes yeux, je citerai M. Fohmann, à qui M. Müller avait aussi montré des effets de ce genre. » Cette dilatation de mes pupilles est essentiellement dis- tincte de celle qui se produit dans tous les yeux, ainsi que je l'ai rappelé ci-dessus, quand ils quittent un ob- _ jet rapproché pour se porter sur un objet éloigné. En ef- fet, dans celle circonstance, les axes optiques cessant de se croiser sur le premier objet, celui-ci, comme on sait, paraît double : c'est là un phénomène que je puis pro- ( 86 ) duire comme. tout le monde, et alors aussi les pupilles se dilatent cliez moi comme elles le font dans les yeux de toute autre personne; mais lorsque je détermine la modification dé mes yeux qui fai l'objet de cette note, mes axes, opliques ne cessent pas de sé croiser au même poiüt, car l’objet que je rdgarde € ‘cohtinue à me paraitre pârfaitement unique. sritftotos si gi :» En‘outre , je puis déterminer de mémella dilatition des pupilles lorsque l’objet est placé à la plus grande di- stance, comme une étoile, et qu'il n’est pas possibles par conséquent, de supposer que. lés axes opliques aillent se croiser en uu point plus éloigné. Ainsi, que l'objet soit placé à une vinglaine de centimètres de mes yeux, ou qu'il soit à une‘distance.infinie, je-puis, sans cesser de regarder ce même objet, sans qne mes axes opliques ces- sent de se croiser au même point, agir volontairement sur mes yeux, de telle sorte qu ke en résulte une dilata- tion des pupilles. | .» Lorsque cet effet a lieu, W vision cesse d'être diréids et l’objet que je regarde m'offre alors des contours confus; si c'est une éloile, elle se change en un disque irrégu- lièrement arrondi, d’un éélat plus faible que celui de l'astre, et d’un diamètre apparent que je puis er à un tiers environ de celui de: la lune. | » Il est difficile d'attribuer de semblables efots: à la seule dilatation de la pupille; j'ai dû croire, par consé- quent, qu'il se passait dans mes yeux un phénomène:in- dépendant de cette dilatation et d’où résultait un chan- gement .dans la posilion du foyer des rayons lumineux par rapport à la réline. C’est, en effet, ce dont je n'ai pas iardé à me convaincre par une série d'expériences _ parmi lesquelles je cilerai la suivante, qui est décisive: (87) elle m'a été suggéréé par la lecture du mémoire de-M. Crà- hay, dont. l'analyse se: troûve plus haut. Voici .d'äbord la partie de cette expérience: qui peut être faite par tout le monde : on perce dans üne carte; à l'aide d’une ai- guüille trés-fine ; cinq ou six petits trous assez räpprochés pour qu'ils soient ous contenus dans un cercle d'envi- ron deux millimètres de diamètre; puis, tenant ectte carte très-près de l'œil, on regarde; à travers l'assemblage des petites ouvertures, un autre trou percé dans une seconde carte que l'on tient contre té jour, à une distance de quel- ques centimètres de la première; alors ce trou paraît mul- tiplié : on en voit distinetement autant que l'on en a percé dans la: première carte; de plüs'; cés pelites images isolées. sont : placées ,: les unes par rapport-aux autres, dans uné position inversé! de celle qu nn les pe- tites ouvertures. 9ka10fs 8rov Ge fait s’explique-aisément : le petit trou, qui fait V'of- fice de point lumineux; étant placé à-une distance de œil beaucoup moindre que celle de Ha vision distincte ; dès pinceaux lumineux qui en émanent-et qui passént par cha- cune des pétites ouvertures de la premiére éarte ; ne peu- ventse féuuir au même endroit de la rétine; et doivent par conséquent former autant d'images isolées. Il suit de à qué si l'on éloigne graduellement lx seconde carte de lx:pre- mière ; on doit voir, et c'est ce qui arrive:en' effet ; les petites images lumineuses se rapprocher ; ét enfin'se réunir. Il est évident, d'aillewrs, que ces petites images isolées ont.sur la rétine la même disposition (que les petites ouvertures sur laearte, x ESS que l'œil doït les voir en une Literie inverse, |: 9 HO) og + 381 MEL vga outre ces effets, que ie vois comme tout le monde, je puis en produire d’autres qui dépendent du (88 ) changement d'état de mes: yeux. Je place d’abord le point lumineux à une distance de la première carte, telle qu'il me paraisse unique : alors, par conséquent; le point de concours des différens petits faisceaux, ou, en d’autres termes, le foyer des rayons qui pénètrent dans l’œil, tombe sur la rétine. Dans cette circontance, si j'imprime à mon œil la modification dont il s’agit, je vois aussitôt le point lumi- neux se diviser, et les petites images ‘isolées s'éloigner de plus en plus l’une de l’autre, jusqu’à une certaine limite, en affectant toujours entre elles une disposition inverse de celle des petites ouvertures. | » La conséquence évidente de ce fait, c’est que, lors- que je modifie l’état de mon œil, le foyer des rayons lumi- neux change de position par rapport à la rétine; et il est clair que c’est en arriere de cette membrane qu'il se place. En effet , de ce que je vois alors les images isolées dans une position relative inverse de celle des petites ouvertures, il suit nécessairement que ces images affectent , sur ma ré- tine, une position pareille à celle des ouvertures, ce qui ne pourrait avoir lieu si les petits faisceaux isolés s'étaient croisés avant d'arriver à la rétine, ou, en d’autres termes, si le foyer se trouvait transporté en avant de cette mem- brane. Aussi, lorsqu’au lieu de faire l’expérience comme je viens de le dire, je place le point lumineux à une dis- tance assez pelile pour que mon œil, dans son état nor- mal voie ce point multiplié, et qu’alors je modifie l’état de mon œil, je vois simplement les distances entre les petites images devenir plus considérables : c’est qu’alors le foyer qui, dans l'œil à son état normal, se trouvait déjà derrière la rétine, se transporte plus loin encore de cette membrane. | » Maintenant il est clair que la dilatation de la pupille n’a ( 89) aucune part aux phénomènes précédens : pourvu que l’en- semble des petits faisceaux lumineux puisse passer par l'ouverture de la pupille, il est évident qu’un accroisse- ment de cette ouverture ne peut influencer en rien la mar- che de chacun d’entre eux, ni la position du point où il rencontre la rétine. Il est bien probable, d’après cela, que la modification de l'œil, d'où résultent les variations dans la position du foyer, constitue à elle seule le phénomène volontaire, et que la dilatation de la pupille n’en est, comme je lai dit, qu’une conséquence automatique. » J'ignore si les mouvemens de l'iris que produit M. Mül- ler, sont de la même nature que ceux dont il s’est agi dans cette note : ce professeur n’a pas encore publié ses obser- vations. | » En résumé, je possède la faculté de modifier volontai- rement mes yeux de telle manière que les pinceaux lumi- neux émanés de tous les objets, soit rapprochés, soit éloignés, aient leur foyer derrière la rétine. Dans ce cas, la pupille éprouve une dilatation très-sensible , mais qui ne peut être considérée comme due à l’action directe de la volonté. Je pense, du reste, que je ne possède la faculté dont il s’agit, que parce que je me suis exercé dés l’enfance à modifier ainsi l’état de mes veux, et il est probable que toute autre personne serait arrivée de la même manière au même ré- sultat. » Nota. Dans la notice sur un principe de photométrie insérée au bulletin de Ja séance précédente, il faut ajou- ter, page 58 après la ligne 3, ce qui suit : « Maintenant ,en vertu du principe exposé au commen- cement de cette nôte, l'éclat apparent du disque doit/être à celui du papier blanc, comme la durée du passage d’un sec- teur blanc est à la somme des durées des passages d’un secteur (90 ) blanc et d'un noir; ou , ce qui revient au même , comme la largeur angulaire d’un secteur blanc est à la somme des largeurs d’un secteur blanc.et d'un noir; ou enfin, ce qui est encore la même chose, comme la somme des largeurs de tous les secteurs blancs est à la circonférence entière. Donc, si le principe en question est vrai, le rapport précé- dent devra être égal au rapportentre les carrés des distances du disque et du papier blanc à la flamme. » È Même page, dernière ligne, et page suivanteligne 11, au-dessus de la première colonne verticale de nombres, lisez : première expérience ; et, au-dessus dela seconde colonne, deuxième expérience. Chimie. — Il est donné communication de la note adres- sée à l’Académie par M. Van Mons, dans la séance du 17 janvier dernier, et intitulée sur une particularité dans la maniere dont se font les combinaisons par le pyro- phore. «J'établis, dit l’auteur, que les combinaisons effec- tuées par le pyrophore ne se font pas comme les combinai: sons ordinaires, ou ne passent pas par les degrés desaturation successive, mais sont immédiatement complètes. » Cette note présente une interprétation des phénomènes pyropho- riques d’après les principes de l’électro-chimie; M. Van Mons la nomme complémentaire de la doctrine électro- chimique. Elle repose sur la considération de l’état électri- que permanent des élémens de combinaison. L'auteur dé- clare du reste que les principes de la théorie qu’il développe, ne lui appartiennent pas. Histoire.—L' Académie décide que le cinquième mémoire sur les deux premiers siècles de l’Université de Louvain , présenté par M. le baron de Reiffenberg, à la séance du 6 dé- . . (91) cembre dernier , sera inséré dans le recueil de ses mémoires. — M. Morren, correspondant , donne lecture de la notice historique qu’il a présentée à l’Académie , à la séance pré- cédente. D’après cetie notice, François-Antoine Roucel, auteur d'un Traité des plantes rares des environs de Bruxelles, Alost, Térmonde et Gand, d’une Flore du Nord la France en 2 volumes in-8°, ouvrage fort estimé, d’un mémoire intitulé Ædversaria botanica , et d’un bel herbier manuscrit, était né à Dourlach dans le grand duché de Bade , en 1735, et mourut à Alost le 6 octobre 1831, ville dans laquelle 1l s'était établi depuis 1767. Son premier écril renferme la description de 131 plantes, et sa Flore 516 genres et près de 2000 espèces avec une synonymie des noms flamands et français. Cet écrivain aussi consciencieux qu'érudit, doit figurer parmi les meilleurs botanistes de la Belgique. M. Dumortier déclare qu'il a connu particulièrement M. Roucel, et qu'il tient de lui que ce n’est qu'acciden- tellement qu’il est né dans le grand-duché de Bade, mais qu'après avoir terminé ses études, il revint dans sa patrie et se fixa enfin définitivement à Alost; en sorte que ce sa- vant doit être considéré comme belge, au même titre que Rubens. — M. Rouler, professeur à la faculté libre des lettres de l’Université de Gand, adresse à l’Académie un mémoire manuscrit intitulé sur le mythe de Dédale considéré par rapport à l’origine de l’art grec. Le but de l’auteur n’a point été d'examiner la question dans toute son étendue ni sous toutes les faces; il s’abstient même de toute considé- ration générale. C’est le peuple grec lui-même qu'il a voulu interroger. sur l’origine ei les progrès de l’art, et il croit trouver l'expression fidèle de ses croyances dans les 2 (92 ): traditions sur la naissance et la destinée du personnage mythique, qui n’est rien autre , selon lui, que la personni- fication de l’art antique. M. Roulez examine donc le mythe de Dédale principalement sous le point de vue historique, le seul peut être dont ilsoit possible de tirer quelques induc- tions raisonnables. Commissaires MM. Bekker, De Reiffen- berg et Cornelissen. — On procède ensuite à la nomination de deux membres pour la classe des lettres, et MM. Belpaire et Grandgagnage sont élus à l'unanimité, sur les propositions faites par les commissaires désignés à cet effet. Ces deux nominations seront soumises à l’agrément du Roi. OUVRAGES PRÉSENTÉS : Memorias da Academia real das sciencias de Lisboa. 15 vol. in-folio formant les tomes I à XI, 17° partie, Memorias de litteratura portuqueza publicadas pela Academia real das sciencias de Lisbou. 5 vol. tomes V à VIII, 17° partie. | Memorias de agricultura premiadas pela Academia real das sciencias de Lisboa. 2 vol. tomes I et IT. Transactions of the american philosophical soctety, held at Philadelphia. vol. IV, 3% partie et vol. V, 1°° partie, nouvelle série. Memorie della reale Academia delle seienze di Torino. tome XXX VIF. Bulletin de la société géologique de France, tome VI, feuilles 1-4 , avec une table des matières. Annuaire du bureau des longitudes pour 1835, de la part de M. Bouvard. ( 9% ) Note sur la détermination du prochain retour de la comète du 1759, par M. G. De Pontécoulant , avec une carte broch. in-&c. | Histoire du Hainaut, par Jacques de Guyse, traduite en français avec le texte latin en regard, et accompagnée de notes, par M. le marquis de Fortia. 16 vol. in-8°. Paris. Programme des cours de l’Université de Liége. Histoire de la Delgique, par J.-J. Desmet, 2 vol. in-12, 3° édition. Nouvelle Suroi hé ve J.-J. Desmet. 2 vol. in-12, 3° édition. Lettre sur le déluge de la Samothrace , par Th. Virlet, broch. in-12. | Notes géologiques sur les îles du Nord de la Grèce, par Th. Virlet, broch. in-12. Revue du Nord fondée par F. E. Bonlet et R. V. Sparzier. Prospectus. Descriptio coralliorum fossilium in Belqio reper- . torum. In-4° avec 7 planches: par M. Morren. Groningue. … Deux exemplaires seulement ont été tirés à part. Commentatio de Carneade Cyrenæo, philosopho Academicv , Gandavi 1825. In-4°. De la part de l’auteur, M. Roulez, de même que les six ouvrages suivans. Commentatio de vità et scriptis Heraclidæ Pontici. Lovanii 1828. In-4°. Observationes criticæ in Themistii orationes. Lovanii. 1828. In-&8c. Mémoire sur les campagnes de César dans la Bel- gique,et particulierement sur la position du camp de Q. Cicéron chez les Nerviens , suivi d’une notice histo- rique sur les Nerviens et de recherches sur Samarobrivu, L ( 94 ) par P.J, B... publié avecdes notes, etc. Louvain. 1835, Gr. in-4°. Ptolemæi Hephæstionis novarum Historiarum ad variam eruditionem pertinentium exerpta, e Photio edidit , lectionis varietate instruxit et commentario il- lustravitJ. Roulez. Prœfatus est Fridericus Creuzerus Lipsiæ, Aquisgrani et Bruxellis 1834. In-8°. Sur une inscription latine conservée a l’hospice du mont Saint-Bernard. — Sur la légende de l'enlèvement des Sabines. Traité sur les phrénopathies, par J. Guislain. M. D. Bruxelles 1833. In-8°. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1835. — No 4. Séance du 4 avril. M. le baron de Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur informe l’Académie qu’un arrêté royal du 19 mars approuve l'élection , faite dans sa dernière séance, de MM. Belpaire, greffier du tribunal de commerce d'Anvers, et Grandgagnage, conseiller à la cour de Liége, en qualité de membres ordinaires de la classe des lettres. Il est donné lecture de plusieurs autres lettres de M. le Ministre de l'Intérieur , relatives à des envois de livres des- tinés à la bibliothéque de l’Académie. La Société Royale de Londres annonce à l’Académie, la ré- ception du tome vi de ses mémoires. Par uneseconde lettre, la Société Royale donne connaissance à l’Académie qu’elle propose au concours des savans de tontes les nations, deux médailles d’or instituées par S. M. le Roi d'Angleterre : ces deux médailles seront décernées en 1837, l’une au Tom. 11. ï 7 ( Pôx) meilleur mémoire sur les documens pour un système de chronologie géologique, fondé sur un examen des restes fos- siles et les phénomènes qui s’y rapportent ; l’autre à l’auteur du mémoire inédit le plus important sur la physique, qui aura été communiqué à la Société Royale pour être inséré dans ses mémoires, à parlir de cette époque et avant le mois de juin 1837. Dans le cas où il n'aurait été présenté aucun mémoire sur le sujet géologique mentionné précé- demment , ou qu'il n’aurait point été adressé à la Société Royale d’écrit d’un mérite suffisant pour être publié dans ses Transactions, une des médailles royales sera accordée au meilleur écrit sur tout autre sujet de géologie ou de miné- ralogie, présenté pendant la période déjà mentionnée. La Société géologique de Cornouailles, par l'intermédiaire de M. J. Carne, fait connaître qu'il lui serait agréable d’é- changer ses publications contre celles de l’Académie, et qu’elle se dispose à envoyer à Bruxelles les quatre volumes de ses Transactions qu’elle a publiés jusqu’à présent. ve proposé: est. accueilli à l'unanimité. M. Lenz ; professeur d'histoire à Gand , écrit que chargé par feu M. Van Hoorebeke, peu d’ Faits avant sa mort, de revoir ses papiers , il lui serait agréable d’avoir coïimu- nication d’un mémoire sur Jacques Van Artevelde, que ce jeune écrivain avait envoyé au concours de L'APAREERE pour 1827. M. Valerius adresse à l’Académie un tableau lithographié de chimie analytique et exprime le désir de recevoir des ob- æ servalions sur sa composition, avant de le faire imprimer. COMMUNICATIONS. : Théorie des marées. —Lesecrétaire fait connaître qu’il s’est empressé de communiquer à M. le Ministre de la Ma- (97) rite ;' la lettre de M. Whevwell relative aux observations sur les marées , en même témps que les offres faites par l’Acadé- mie de seconder, de tout son pouvoir, ce sujet important de recherches. M. Ie Ministre l’a informé, depuis, que des mesures ont été prises pour que les observations deman- dées puissent avoir lieu ; et ila bien voulu lui communiquer des lettres contenant des demandes directes, faites à notre Gouvernement par l'intermédiaire dé l'ambassade d’Angle- terre, pour que des observations soient failes sur nos cô- tes, du 9 au 28 juin de cette année. Le secrétaire met à ce sujet sous les yeux de l’Académie, une lettre par laquelle M. Du Bosch, major du génie, l'in- formé qu'il à été désigné avec M. Celarier, par la Société des Sciences , Lettres et Arts d’Anvers, pour faire des ob- servations régulières sur lés marées, mais qu’il désire con- naître le mode d'observation adopté en Angleterre. M. Jac- quét, licutenant-colonel, commandant maritime en non activité, à écrit également à M. Quetelet qu'il désirerait s'associer à un système d'observations dont il reconnaît le besoin indispensable pour la Belgique. « Je partage, dit cet officier , l'opinion du’ savant anglais que nos connaissances sur les marées sont très-arriérées et sont loin d'être ras- surantes pour les marins qui fréquentent nos ports et nos côtes. Les grands travaux de reconnaissance hydrographi- que des côtes nord de France et de Belgique par MM. Beau- tems Béaupré et Raoul en Pan IX et l'an X (1801 et 1802),ont béaucoup contribué à nous donner une connaissance exacte de nos côtes et des bancs nombreux et dangereux qui les bordent ; mais, depuis plus de trente années que ces grands et utiles travaux ont été faits, il s'est opéré, n’en doutons pas , bien des changemens dans le gisement, la forme et la hauteur des bancs, changemens qui ont dû nécessairement ( 98 ) en apporter dans le cours des marées et influer, parcon- séquent, sur leur temps et leur hauteur. » L'Académie, pour répondre aux désirs des personnes qui voudraient s'occuper de l’observation des marées, a cru ulile de présenter ici, d’après les instructions des sa- vans anglais, une notice sur les principaux points qu'on doit avoir en vue de déterminer. « Les observations sur les marées doivent comprendre : » 1° L’instant (en heure et minutes ) etla hauteur de la » pleine mer pour chaque jour; et, s’il se peut, pour cha- » que marée. » 20 L'énstant et la hauteur de la basse mer. » 3° La direction du vent et la hauteur du baromètre » et du thermomètre. » 4° La direction et la vitesse du flux et du reflux. » 5° L’instant de l’eau morte aprèsle fluxet après.le reflux. » La hauteur de l’eau doit être donnée à partir d’un point fixe qu’on aura soin de bien décrire, afin de pouvoir le retrouver aisément au besoin. L’observateur indiquera la manière dont la hauteur a été mesurée; d’après quelle méthode il a déterminé l'instant de la pleine mer; quelle espèce de temps il a employé; si c’est le temps solaire vrai ou moyen , et comment il l’oblenait. » 5° La hauteur de l’eau, à la fin de chaque minute, pen- dant une demi-heure avant l'instant probable de la haute mer , et jusqu’à ce qu'il n’y ait plus de doute que cet in- stant est passé. On trouve dans les Transactions philoso- phiques pour 1831, et dans le Nautical Magazine pour octobre 1832, la description de machines qui dispensent de cette observation minutieuse. » L'incertitude occasionée par les ondes peut être évitée en faisant l'observation dans une chambre où l’eau a accès par (9%) ‘une petite ouverture, ou bien en fixant dans l’eau un tube droit (en bois ou en fer, par exemple ) ouvert par le bas, ou foré sur le côté ; en tout cas, une latte verticale, graduée avec soin et attachée à un flotteur, devra monter et des- cendre avec la marée et permettre, à chaque instant , de lire la hauteur de l’eau à partir de l’anneau dans lequel il se meut, » Une longue séric d'observations non interrompue peut seule être de quelque utilité pour trouver la relation qui existe entre l'instant , la hauteur , et les autres circonstan- ces de la pleine et de la basse mer , d’une part, et les posi- tions et les distances du soleil et de la lune, de l’autre ; mais peu d'observations suffisent souvent pour déterminer l'établissement du port d'un lieu, avec plus ou moins d’exactitude , selon le nombre de ces observations : ce qu'il y aura de mieux à faire, ce sera d'établir des observations comparatives avec quelqu’endroit où cet élément est bien connu, ou bien où l’on observe continuellement. Quelques séries d'observations comparatives de points voisins, don- neront avec beaucoup d’exactitude le temps relatif de la haute mer dans ces lieux, et conduiront ainsi à la connais- sance de la marche de la marée et au tracé des lignes coti- dales (pour lesquelles l'instant de la haute mer est le même ). Il serait fort à désirer de voir entreprendre par les personnes qui en ont les moyens, la comparaison et la des- cription détaillée des marées dans un espace resserré d’une côte , comme l’a fait M. Daussy pour la côte occidentale de la France. » Météorologie. — Le secrétaire communique à l’Acadé- mie le résultat des observations météorologiques , faites à Maestricht par feu M. Minckelers, professeur de physi- que et de chimie, et membre de l'Académie de Bruxelles. ( 100 ) Ce résumé qu'il doit à l’obligeance de M. Crahay , peut être considéré comme un appendice à l’Æperçcu historique des observations de météorologie fuites en Belgique jusqu'a ce jour, qu'il a inséré dans le tome VIII des mémoires,de l'Académie. Ces observations en s’enchaînant avec celles de M. Crahay, nous donnent , pour Maestricht, une série de 32 années d'observations des températures; de 26 années pour le baromètre et de 20 pour la quantité de pluie tombée. Le Bulletin de la séance du 7 février dernier: a :fait connaître les quantités d’eau tombées à Maestricht pen- dant la période décennale de 1824 à 1833 inclusivement ; on pourra rapprocher de ces nombres les suivans , observés par M. Minckelers : ANNÉES, QUANTITÉ D'EAU. 1812 . . . . 674,83 millim. 1813 . . . . 632,84 18 15194 29 600 1816 Li D0S TNA 1816 . . . . 816,86 1817, de sr 120 1818 562,92 | Le récipient de l’udomètre employé par M. Minckelers, était de forme carrée , et ce physicien le considérait comme ayant une surface d’un quart de mètre carré, mais M. Crahay fait observer que des mesures exactes lui ont appris que l’un des côtés avait 50,35 centimètres, et l'autre 50,25; partant la surface était de 2530,0875 centimètres carrés au lieu de 2500. Il s’ensuivrait que les valeurs poriées dans le tableau précédent devraient être réduites ; et l’on trouverait pour la valeur moyenne par année 650"",85 au lieu de 658"",68. La moyenne de douze années d'observations, depuis 1822 jusqu’à 1833, a donné à M. Crahay 682"",82, nombre supérieur à celui de (101) M. Minckelers , lequel est probablement un peu au-desséus dé la valeur exacte, car, dans plusieurs endroits, il est marqué que le récipient avait débordé sans qu’il soil indi- qué de combien. Les résultats des observations de M. Minckelers seront imprimés dans le recueil de l’Académie, pour servir de documens à l’histoire de la météorologie en Belgique. — Ilest donné lecture à ce sujet d’une lettre de M. le pro- fesseur Gautier, directeur de l'observatoire de Genêve, qui confirme les observations présentées à la séance du 7 fé- vrier dernier, sur la sécheresse de l’année 1834 et sur l’état d’épuisement des sources. Les mêmes observations ont été faites à Genève, et sans les pluies qui ont tombé depuis, on aurait eu lieu d’être inquiet sur les récoltes. Magnétisme terrestre. — M. Quetelet communique à l'Académie les résultats des observations qu’il fait annuel- Ièment, à la même époque, sur l’inclinaison et la déclinai- son de l'aiguille magnétique à Bruxelles. Les observations sur la déclinaison ont eu lieu le 28 mars dernier, entre midi et trois heures, par un ciel légèrement couvert et une tem- pérature de 6 à 7 degrés centigrades, Une première série d'observations a donné une déclinaison de 22° 6/45”, et la seconde 22°6/37/5 : ce qui présente une valeur moyenne de 22° 6,7. L’inclinaison a été observée le 25 du même mois, entre midi et trois heures et demie, avec les mêmes circonstances atmosphériques, et les valeurs obtenues par trois séries d'observations ont été successivement 68° 2715, 683412 et G8°35/87, de sorte que la moyenne est de 68 32/4 environ. Il paraît du reste qu’une inexactitude s’est glissée dans la première détermination, par suite d’un renversement des pôles de l'aiguille. Ces nombres rappro- chés de ceux qui ont été observés à Bruxelles, pendant les ( 102 ) années précédentes, montrent dans l'aiguille une tendance toujours plus prononcée à se rapprocher de la ligne méri- dienne. ( Voyez le Bulletin n° 21, séance du 5 avril 1834). DÉCLINAISON, INCLINAISON. 1927 octobre. . . . . . . 220285 . 68°56',5 1830 fin de mars. . . . . . 2e 80,3 68 52 ,6 Re ad 2 68 49 ,1 1833 o diet ete 0e el RES 68 42,8 1834, 3 et 4 avril . . . . . 2215, 68 38 ,4 1835 fin de mars. . . . . . 22 6,7 68 32,4 Ces diverses observalions ont été faites, aux mêmes heures de la journée et autant que possible aux mêmes époques de l’année, pour éliminer les effets de la variation annuelle et de la variation diurne. IL est à regretter que ce soient les seules observations suivies que nous possédions jusqu’à présent pour la Belgique. Mécanique. — L'Académie reçoit ensuite communica- tion des plans d’un instrument nouveau de l'invention de M. Voizot, qui a pour objet de résoudre , sans calcul, tous les problèmes de trigonométrie sphérique. Ces plans sont ac- compagnés d’une notice sur la composition et l'usage de l’in- strument, en même temps que d’un rapport fait à l’Académie Royale des Sciences de Paris, par MM. Bouvard et Damoïiseau. On annonce de là part de la commission du Musée de Bruxelles, qu’elle se propose de faire construire, par sous- cription, le buste en marbre de feu M. Dewez, secrétaire perpétuel de l’Académie, afin de le placer dans la galerie nouvelle qu’elle organise et qui est destinée à recevoir suc ( 103 ) cessivement les bustes des hommes qui se seront le plus distingués en Belgique. L'Académie voulant honorer la . mémoire d’un savant qui, depuis sa réorganisation en 1816, n'avait cessé de lui rendre les services les plus impor- tans, a chargé son secrétaire de l’inscrire sur la liste en- voyée par la commission du Musée. LECTURES, Physiologie. — L'Académie entend la lecture du rapport suivant de M. Fehmann, sur le mémoire intitulé Remar- ques sur le‘ siège du goût dans la carpe, présenté par M. Van Beneden, à la séance du 7 décembre 1833 (com- missaires, MM. Dumortier et Fohmann, rapporteur. ) « Ces remarques occupent quatorze pages in-8°, dont le plus grand nombre sont consacrées à des considérations générales sur les organes des sens et à des réflexions roulant sur des probabilités physiologiques ; tandis que le point principal , le corps envisagé par l’auteur comme organe de . la gustation , n’est traité qu’en passant, pour ainsi dire, et dans les bornes d’une seule page. 1 Le corps, sujet de ces remarques, regardé par M. Van Beneden comme organe du goût , recouvre en partie la voûte dans la bouche de la carpe. C’est sa structure, non glandulaire, suivant l’auteur, et son analogie avec la langue des animaux d'ordres supérieurs, et surtout la grande masse des nerfs qui se jettent dans cet organe et qui tirent leur origine de la huitième paire, qui lui ont fait supposer que cette partie pourrait bien être l’organe du goût. À l'avis du rapporteur, M. Van Beneden- aurait dû développer davantage son sujet; il aurait dû dire : (104 ) 1° Quelle est la théorie qui envisage le corps à la voûte du palais de la carpe comme étant deinature glandulaire ? 2° Et sur quoi est établie l'analogie de ce corps avec la langue des animaux d'ordres supérieuts ? La langue de ces animaux consiste dans une masse mus- culaire qui est enveloppée d’une, membrane muqueuse, la- quelle est garnie de papilles de formes différentes , papilles . où s'épanouissent les nerfs qui servent à la gustation. Ge ne sont que ces particularités qui peuvent établir une res- semblance avec la langue des animaux en question, lors- qu'on ne considère pas la situation et la forme de cet organe. | Si l’auteur a reconnu dans le corps mentionné de la carpe des fibres musculaires, s’il ÿ a distingué des papilles et s’il a poursuivi des filets nerveux dans ces papilles, n AHATEIL pas dû en faire mention ? 3° Il aurait encore dû dire quels nerfs il désigne sous la huitième paire. Les poissons manquent de la huitième , de la neuvième, de la onzième et de la douzième paire des nerfs cérébraux des autres vertébrés ; de sorte que la huitième paire con- siste, chez les premiers, dans les nerfs pneumogastriques ou vagues. Une explication sur ce point, de la part de M. Van Beneden, était d'autant plus nécessaire qu'il y a heaucoup d'auteurs , et même Cuvier, qui ne s’'énoncent pas positivement à cet égard. Le corps à la région palaline de la carpe est regardé par Cuvier comme de nature glandulaire ( Leçons d'anatomie comparée ). Rathke ( Anatomie comparde de Meckel) partage cette opinion ; lui aussi envisage comme glandulenx, comme glande salivaire, Pobjet qui nous occupe. ( 105 ) Meckel considère aussi ce corps comme glanduleux ; mais il le compare à la couche des glandes mucipares qui tapisse la voûte de la bouche de l’homme et de presque tous les animaux vertébrés. Suivant lui, l'organe dont nous par- lons ;n’est pas une particularité exclusive de la carpe, d’au- tres poissons tels que l’orphie, l’épinoche, le mal , etc. offrent de pareilles dispositions. Enfin, Weber (Archives de Meckel pour la physiologie, 1827) envisage cet organe sous un tout autre jour; il le regarde comme partie sensitive servant à la gustation. Selon Treviranus, on rencontre des deux côtés du fond de la bouche de l’ânon, des corps semblables à celui de la carpe, auxquels il attribue une faculté sensitive où gusta- tive. hs» Le rapporteur a examiné , à plusieurs reprises , l'organe qui est l’objet des remarques de M. Van Beneden',fet il a dé- couvert, dans la même cavité , encore un autre petit corps d’une égale structure et de facultés pareilles à celles du pre- mier. Tandis que celui-ci, d’un volame considérable, re- ‘couvre la voûte de la bouche et les extrémités supérieures des arcades branchiales, le second , beaucoup plus petit, occupe le plancher de la cavité orale et l’espace entre les extrémitésinférieures des arcades postérieures des branchies . et les dents pharyngiennes, recouvrant en partie l'os hyoïde. - La structure de ces corps est sui generis, et elle exige, pour être déterminée, des recherches ultérieures: cependant les tissus érectiles et glanduleux y semblent prédominer, La membrane muqueuse qui les revêt , est entièrement dé- pourvue de papilles. Quant aux nerfs, ces corps en sont aussi abondamment pourvus que la langue de l’homme l’est _ des nerfs sensitifs. Les auteurs ne font pas assez remarquer cette circon- ( 106) sance; même, il semble qu'ils l'ignorent. Il n'y a que Weber et Carus qui en fassent mention; et selon eux, ces nerfs sont fournis par les branches de la huitième paire qui répondent aux glossopharyngiens ; mais 1l y a encore, de chaque côté, quatre autres rameaux, qui tirent leur origine des nerfs branchiaux qui s’y répandent également. Ces derniers ne se détachent des nerfs branchiaux qu'après que ceux-ci se sont engagés dans les rainures des arcades branchiales, et pour atteindre leur destination ils traver- sent des trous dans ces arcades. Quoique les nerfs qui se répandent dans l'organe dont nous traitons, soient considérables et nombreux, néan- moins le nom de grande masse de nerfs sous lequel M. Van Beneden les désigne , ne leur est aucunement applicable. Cé qu’il appelle grande masse de nerfs ne peut être autre chose que le tronc de la huitième paire. Mais ce tronc ne fournit pas immédiatement des nerfs au corps en question : les nerfs de cet organe sont des rameaux d’un ordre secondaire, comme il a déjà été dit. La faculté érectile, découverte par Weber, est plus pro- noncée dans ces corps que partout ailleurs. Ni les mamel- lons des glandes mammaires, ni le clitoris de la femme, ni la verge de l’homme ne semblent doués d’un aussi haut degré d'érectilité, que ces corps irrités sur des animaux vivans. Cette érectililé se manifeste encore une heure après que la tête de l'animal a été séparée du reste du corps. Partout où on les irrite mécaniquement , par exemple en les tou- chant seulement du manche du scalpel , des prolongemens se montrent aussitôt et les corps, tout entiers, se meltent plus ou moins en oscillation ou en mouvement convulsif. C'est dans de pareilles circonstances et quand ces corps étaient en oscillation ou en érection partielle, que le rap- ( 107 ) porteur a vu des fluides sortir à leur face libre, fluides qui ressemblaient au mucus. | Quant à leurs fonctions, le rapporteur les regarde comme pouvant servir à la gustation , et il pense que la théorie de Meckel et celle de Weber et Carus peuvent bien être réu- nies. Ce n’est pas seulement la langue, chez l’homme, qui sert à la gustation , ce sont encore les parois de la fosse orale et surtout celles du palais. Des papilles ne sont donc pas indispensables pour que des sensations gustatives soient produites, car la membrane muqueuse qui tapisse le pa- lais est organe gustatif sans être garnie de papilles. Ainsi, le corps particulier à la voûte de la bouche de la carpe, peut être comparé, en quelque sorte, avec la couche particu- lière qui revêt le palais de l’homme. Il peut être secréte#r et sensitif ou gustatif. La faculté érectile le rend encore: plus propre à cette dernière destination en ce que les pro- _longemens passagers peuvent suppléer , à un certain point, aux papilles. » L'Académie décide que les observations qui précédent, seront communiquées à l'auteur du mémoire qui lui a été soumis, et qu’elles seront , de plus, imprimées dans le Bul- letin de ses séances. | Tethiologie. — MM. Dumortier et Sauveur, chargés de l'examen du mémoire de M. Cantraine, sur un poisson nouveau, trouvé dans le canal de Messine, communi- quent à l’Académie le rapport suivant sur ce travail. « Nous avons examiné le mémoire présenté par M. Can- traine , dans la séance du 17 janvier dernier, sur lequel . vous”"nous avez chargés de vous présenter un rapport. Le poisson qui fait l’objet de ce mémoire appartient à _ la famille des Scombéroïdes et est présenté comme devant former un genre nouveau, désigné par l’auteur sous le nom (108 ) d’acanthoderme (acanthoderma ), qui prendra place entre les cybiunes et les thyrsites, et qui présente pour caractère d’avoir le corps alongé sans corcelet , cuirassé, cariné au ventre et sur les côtés de la queue , et muni de trois dor- sales dont la première est épineuse et la dernière composée de deux rayons branchus. Il se rapproche des cybiunes par les carènes latérales de la quete ét surtout des thyrsites par sa forme générale et son système dentaire ; mais, d’après la figure donnée , ilen diffère par la troisième dorsale qui tient lieu des pinnules postérieures, propres aux genres de cette tribu et qui s'étendent jusqu'à la caudale. L'acanthoderme, dont le nom indique là singulière structure dermiqué , habite les profondeurs du golfe de Messine:où il:est connu sous le nom de rovetto ; il acquiert une grandeur considérable et atteint jusqu’à 4 à 5 pieds de longueur. On peut donc s'étonner qu’un poisson aussi re- marquable soit resté inconnu aux naturalistes, surtout quand on considère qu’il est recherché comme un des mets les plus délicats dans les parages qu’il habite. D’après les caractères assignés, 1l est manifeste que l’acan- thoderme appartient à la grande série des poissons osseux acanthoptérigiens, dans laquelle la famille des scombé- roïdes est placée. Néanmoins, un fait digne de remarque, c'est que ses os sont spongieux et tellement lâches qué, d’après l’auteur, on les mâche pour la substance muqueuse qu’ils contiennent. M. Cantraine paraît porté à croire que cette particularité est due à ce que l’acanthoderme habite à des profondeurs considérables ; néanmoïns, nous férons observer:que beaucoup de poissons osseux sont dans ce cas, et présentent cependant un squelette solide. Quoi qu’il en soit,;:ce genre présente un nouveau fait qui prouve la fai- blesse du caractère tiré de la mollesse du squelette. ( 109 ) Mais, ce, qui rend surtout le genre acanthoderme digne de fixer l'attention des savans, c’est la structure dé son système dermique qui ne présente rien de semblable dans les autres poissons. La description de ce système, donnée par M. Cantraine, est très-remarquable. Suivant l’auteur, - là peau présente d’abord une rangéé d’écailles et de pla- ques épineuses, en dessous desquelles est une couche de pigmentum , reposant sur un tissu vasculaire assez épais, lequel est supporté par des ramifications des fibres du derme; puis, vient une cavité qui règne sur tout le corps de l’ani- mal , en dessous de laquelle est une seconde couche de pigmentum , un second tissu vasculaire et enfin le derme. Sur cette dernière partie sont implantées les scutélles for- mant une cotte de mailles qui enveloppe l'animal; chacune de ces scutelles émet un appendice qui soutient à portion externe dela peau et se termine en crête épineuse. D'après l’auteur; la partie interne dé la peau communiquerait avec la partie ‘externe par des’ filets vasculaires et dermiques adnés:à la portion saillante de chaque scutelle. Cette divi- sion:de:la péau en deux lämés distinétes, offre un fait très- remarquable ; elle est représentée par des figures dessinées avecisoin. Quel peut être le but que la nature s’est proposée dans unie telle conformatiôh ? Est-elle en rapport: avec le système squéletteux ? Voilà des questions qu’il serait cu- rieux de résoudre. Au reste, nous ne pouvons que renvoyer au mémoire de M. Cantraine pour les détails de cette struc- ture, ces détails sont présentés avec un soin minutieux qui ne permet pas de douter dé leur exactitude. » L'Académie adopte les conclusions de MM. les commis- saires , qui sont très-favorables à l’auteur, et décide en con- séquence que des remercimens lui seront adressés pour la communication de son travail. ( 110 ) Météorologie. — I] est donné lecture d'un°mémoire de M. Van Mons intitulé: Observations sur une rosée de glace sans mélange d’obduction par brouillard. Théorie de la rosée. L'auteur fait connaître, dans cet écrit, le résultat de ses observations sur deux rosées auxquelles il a trouvé des caractères particuliers; et il a donné, par suite, une exposition de ses idées sur la théorie de la rosée. Commis- saires MM. Garnier et Quetelet. Palæontologie. — M. Ch. Morren, correspondant de l'Académie, donne lecture de la notice suivante : « Dans un mémoire que j'ai publié, il ya trois ans, sur les ossemens humains des tourbières de la Flandre, j'ai avancé que le castor , dont l’espèce avait été reconnue par Cuvier différente de l'espèce d'Amérique, et dont les ossemens * sont communs dans nos tourbières, avait vécu du temps de l'homme, puisque les ossemens de l'espèce humaine et ceux de cet animal, se rencontrent enfouis ensemble dans nos tourbes. De nouvelles recherches sont venues non- seulement confirmer mon opinion, mais lui donner une grande extension. Je dois à la complaisance de M. Papejans de Morchoven et Huyttens van Tieghem , propriétaire très- instruit de Destelberghe lez-Gand, d’avoir pu examiner beaucoup d'objets trouvés dans les tourbières de cette com- mune. Des crânes de bœufs, beaucoup de restes de cerfs et de beaux bois de ces animaux, quatre crânes de cochons, deux de chiens et quelques dents ont été trouvés avec deux crânes de castor et la machoire inférieure d’une tête d'homme. J'ai fait remarquer ailleurs que les osse- mens humains des tourbières sont plus petits que ceux de nos flamands actuels. Cette machoire est plus petite, dans ses dimensions, de deux centimètres que cetle partie chez notre race. La plupart des Gaulois, disait César, sont de (111) grande taille et méprisent les Romains à cause de leur petitesse. Ces ossemens appartiendraient-ils à des Romains? Dans ces mêmes tourbières, on a trouvé une lance en cuivre, semblable à celles décrites par De Bast et Montfaucon, comme ayant élé déterrées, l’une à Teralphène, prés d’Alost et l’autre près de Paris. Destelberghe a fourni de plus un instrument en cuivre pourvu d’une belière, exac- tement semblable à celui figuré par De Bast, pl. xx, fig. 11, et qu’il dit avoir été trouvé souvent dans les Gaules. Ail- leurs, il présume qu’un instrument analogue aurait pu servir aux druides pour détacher le gui des arbres. Ce qu’il y a de vrai, c’est que, dans les tourbières dont je parle, il y avait beaucoup de troncs de chêne, tous inclinés du nord au sud, que près de l’un d’eux on a trouvé un énorme 20- letus igniarius que les curieux prenaient pour un pied d’éléphant. Or, ce champignon comme le gui croît sur le chêne. C’est au pied de ces arbres que gisaient les instru- mens et les ossemens. Parmi les premiers, je dois encore remarquer une de ces prétendues haches de pierres, vrais coins, tantôt en jade, comme ceux trouvés dans la forêt de : Soignes et à Loo, près de Bruxelles ( Voyez Burtin, Oryc- tognosie, pag. 66 ), tantôt en pétrosilex, comme l’est celui de Destelberghe. À côté de ce coin, on a rencontré la pierre qui visiblement a servi à aiguiser l'instrument. Tout cela gît dans la tourbe, à peu près à une quarantaine de pieds de profondeur. Cette tourbe est évidemment d’eau douce; elle est recouverte de trois pieds de sable que les habitans . nomment oppergrond, et sur lequel est l'humus; au-dessous . d'elle est le sable coloré en vert par le phosphate de fer; elle contient par milliers de paludines , de planorbes, etc. Les chênes ont, dans les crevasses de leur écorce, une pro- digieuse quantité de noisettes que je crois y avoir été dé- Tow. x, 8 ( 112 ) posées par les écureuils ou les castors. Je laisse aux archéo- logues l'examen de ces instrumens, maïs pour le géologue il sera important de remarquer que lorsque les castors des tourbes vivaient dans notre pays, il était habité, il y'avait société et civilisation; ce n'est donc pas un animal d'avant l'époque historique. Je suis entré dans ces détails pour prendre date, et j'aurai l'honneur de présenter à l'Académie l'histoire circonstanciée des ossemens des tourbières que je serai à même d'étudier spécialement. » Zoologie.—«M. Morren présente ensuiteun mémoire inti- tulé: Observations ostéologiques sur l’appareil costal des. batraciens, accompagné d’une planche représentantdes pré- parations des #riton cinereus, salamandra terrestris, hyla viridis, rana boans , bufo obstetricans et dactylethra. capensis. Le caractère classique ostéologique des batraciens anoures était jusqu'ici l'absence de côtes; M. Morren a dé- couvert que le squelette du crapaud accoucheur présente trois ou quatre paires de côtes. Cuvier avait admis un anta- gonisme entre les côtes et l'appareil sternal chez les reptiles, de telle sorte que, lorsque les côtes sont plus développées, le sternum l’est moins, et que lorsqu'elles disparaissent, le sternum est trés-compliqué. Meckel croit au contraire que si les côtes disparaissent, c’est parce que les membres postérieurs deviennent plus grands, comme dans les batra- ciens anoures. Le balancement organique se ferait donc au profit de la locomotion. M. Morren est complétement de cet avis, mais il généralise l'opinion de Meckel et établit que la queue chez les batraciens urodèles en se développant emporte encore l’atrophie de l’appareil costal ; il invoque les lois des analogues, du balancement des organes pour appuyer ses idées ;1l ne croit pas que les os costiformes de Meckel soient des appendices des apophyses transverses, ( 115 ) appendices de renforcement, mais il y voit des côtes armées dans le dactylethra capensis de cartilages costaux, seule- ment ces côtes sont soudées avec les.vertèbres. Les lois du balancement organique chez les urodèles sont celles-ci: Quand les membres sont petits, mais la queue grande et renforcée d'os accessoires très-grands, les côtes sont petites (triton). Quand ni les membres, ni la queue ne sont très- développés, ni très-actifs , les côtes sont dans un état moyen de développement (salamandres). Pour les anoures, les lois sont les suivantes : quand la locomotion est active, quele saut est vif, les membres postérieurs sont très-grands, les côtes nulles ( kyla ). Quand l'animal vit à terre et saute par des pattes grandes, les apophyses transverses ont un renforce- ment qui mène peu à peu à des côtes séparées ( grenouilles dactylethres, etc.). Enfin, quand lesmembres postérieurs sont trapus et que l'animal marche plus qu'il ne saute, il y a de fortes apophyses transverses et même des côtes sépa- rées ( bufo et surtout le bufo obstetricans ). » Sciences physiques. -— Le secrétaire présente, de la part de M. Jaequemyns, professeur à l’école industrielle de. Gand , un écrit intitulé Mélanges de Physique et de Chi- mie, dans lequel l’auteur fait connaître différentes parti- cularités qu’il a observées dans le cours de ses recherches; il y examine aussi quelques questions qui lui ont été sou- mises par des industriels. M. Jaequemyns cite un fait assez curieux et peu connu, qui peut être rangé parmi plusieurs autres faits semblables que présente lathéorie de la chaleur. On dit dans le vulgaire, au moins en Flandre, qu’on peut tenir sur la main un vase plein d’eau bouillante, sans se brûler. L'auteur crut d’abord que cette assertion | qu'il n'avait rencontrée dans aucun ouvrage de physique, _ était exagérée et devait être rangée parmi les préjugés, « ce- (114) pendant à force de l'entendre répéter, je résolus, dit-il, de l’examiner. Je fis chauffer de l’eau dans un vase de fer- blanc; et lorsque le liquide était en pleine ébullition, je frappai de la main le fond du vase, pour en constater la température ; bientôt la crainte de me brüler cessa, et enfin je mis la main sur le fond du vase sans éprouver une forte chaleur; mais, dès que l’ébullition cessa , le fond du vase s'échauffa très-rapidement. L'expérience me réussit égale- ment avec des capsules d'argent et de platine; elle ne me réussit pas avec'une capsule de porcelaine. » Commissaires : MM. Dehemptinne et Cauchy. Agriculture.—M. Goetmaekers, horloger mécanicien à Tournay, adresse à l’Académie un modèle en petit de la charrue - brabant, à laquelle il a appliqué un nouveau système pour la direction des forces. « Une roue d’un diamètre double de celui de la roue de l’avant-train , est adaptée dans un châssis mobile derrière le sep; ce châssis porte une crémaillère non dentelée, en forme d’arc de cercle et qui rentre dans une mortaise pra- tiquée au milieu du mancheron : de manière que, lorsque le laboureur veut donner une plus grande impulsion, il défait la broche servant à fixer le bâti; et peut, par le mou- vement de la crémaillère, réduire la perte de la force mo- trice. » De plus, pour le point de traction, à la fléche se trouve annexé un arc, de manière à pouvoir rendre le tirage beaucoup plus horizontal, sans qu'il faille raccourcir les traits des chevaux ». Le modéle de cette charrue et la description qui l’accom- pagne, sont renvoyés à MM. Pycke et Dumortier qui ont déjà été chargés d'examiner une première description de » la charrue que M. Goetmaekers a fait parvenir à l'Acadé- mie au mois de mai 1832. | (115) Horlogerie. M. Goetmaekers fait aussi remettre à l’Aca- démie un mémoire manuscrit sur l’horlogerie et qui traite en particulier de la montre à verge. Cet ouvrage est renvoyé à l'examen de MM. Pagani et Quetelet, qui ont également été commissaires pour le Traité élémentaire sur l’horlo- gerie, présenté par le même artiste au mois de mars 1832. Antiquités. — I] est donné lecture de différentes pièces que M. le Ministre de l'Intérieur fait parvenir à l’Académie, concernant les fouilles qui ont été faites par ses ordres, dans un terrain situé à Sommerain, province de Luxem- bourg. Les ruines qui ont été découvertes sont situées au lieu dit Villy ouVey, au nord-ouest du village de Sommerain, sur une éminence assez élevée au-dessus du niveau d’un petit. ruis- seau qui en baigne le pied. C’est en labourant cette terre que le sieur Buret y découvrit, il y a environ six ans, quelques décombres abondans en chaux qu’il employa pour l'amen- dement de son terrain. Des tranchées qu’il ouvrit plus tard, pour opérer cette espèce d'exploitation, le conduisirent à -la découverte d’une muraille, puis d’une série d’autres murailles qui ont dû appartenir à un édifice assez con- sidérable. Depuis que les fouilles ont été conduites avec plus de régularité par les soins de M. Quoilin, conducteur des mines, une vingtaine de chambres, toutes d'assez mé- diocre étendue, ont été mises à découvert; et il paraît qu’on est loin de connaître jusqu’à présent l’ensemble de l'édifice auquel elles ont appartenu. Les pierres dont les murailles sont composées, sont de celles qui constituent le sol de la contrée, c’est-à-dire le schiste et le grès; celles de quelques murs ont été taillées régulièrement, les autres ne sont que des moellons bruts. Elles sont liées par un ciment de gravier et de beaucoup de chaux , mais il n’a pas acquis ou du moins 1l n’a pas con- ( 116 ) servé ce haut degré de cohésion qui caractérise le ciment des constructions romaines; ilest au contraire friable et humide. Une grande partie de ces murs était revêtue d’un plà- trage soigné, peint en rouge et en blanc ; mais la cou- leur rouge y dominait. Quelques murs étaient revêtus de carreaux en terre cuite, d’un beau rouge, et de sembla- bles carreaux en constituaient aussi le pavé; ce dernier était assis sur une couche de chaux d'environ 40 centi- mètres d'épaisseur; et cette couche était à son tour coulée sur un premier pavé, formé de pierres de schiste. On avait paru prendre , dans la construction de ces chambres, toutes les précautions que l’on apporterait contre la fuite des eaux, dans des pièces que l’on destinerait à les contenir. Une circonstance digne d’être remarquée, c’est l’ab- sence de toute communication des pièces entre elles, du moins n’en a-t-on pas rencontré dans la hauteur de deux mètres ni même à des élévations plus grandes. On con- jecture que c'étaient les souterrains d’un édifice et qu’on y pénétrait par des ouvertures pratiquées dans leurs parties supérieures; on a pensé aussi que ces constructions avaient servi à des bains; et l’on cite en faveur de cette conjecture, la disposition des pièces et les soins que l’on a mis à re- vêlir les murs et à former le pavé de quelques-unes ; comme aussi dans la présence de l’eau , sur cette hauteur, qui sort à quelques pas au midi des ruines, et qui semble en pro- venir. as Une autre particularité remarquable dans quelques pièces , c’est la disposition d’une quantité de petits disques de terre cuite, d'environ 15 centimètres de diamètre, et de 3 ou 4 centimètres d'épaisseur. Ils étaient posés les uns sur les autres et composaient de petites colonnes de di- verses hauteurs, rangées sur des lignes équidistantes et parallèles aux murailles. (117) Aux documens transmis à l’Académie par M. le Ministre de l'Intérieur, se trouvent joints des plans des constructions découvertes jusqu’à ce jour, ainsi que différens objets, parmi lesquels on distingue quelques médailles en bronze, des fragmens de vases, deux aigles en cuivre de 6 à 7 cen- timètres de hauteur, un marteau et une hache en fer, un style en ivoire, etc. Parmi beaucoup d'objets anté- rieurement découverts, on cite des tuyaux en plomb et en terre cuite , des armes et des médailles qui ont été vendues ou égarées. Une de ces médailles se trouve entre les mains de M. le baron Coppens de Humain, elle est en argent et porte, dit-on, les effigies d'Antoine et de Marc-Auréle. M. le baron de Stassart donne ensuite lecture d’une lettre de M. le sénateur, baron de Baré de Comogne, concer- nant les tombeaux récemment découverts dans la commune d'Ampsin , sur la rive gauche de la Meuse. A cette lettre sont jointes quelques figures représentant différens objets trouvés pendant les fouilles , et qui paraissent être des dé- bris d'armes. Ces différens documens sont renvoyés à l’examen d’une commission composée de MM. De Reiffenberg , Cornelissen ei Marchal. M. De Reéiffenberg lit les deux notices suivantes : Histoire. — Diplôme inédit de l'empereur HenrilF. — «J'ai, dans nos mémoires, établi la série des anciens comtes de Daelhem, et j'ai marqué sous l’an 1108 la pre- mière mention précise que j'en avais trouvée. Je mets maintenant sous les yeux de l’Académie, un diplôme ori- _ginal de l’empereur Henri IV , à la rédaction duquel as- sista, comme témoin, en 1103 et à Liège, Guillaume, comte de Daelhem ou de Dolehan. On y voit figurer aussi Conon, comie de Montaigu , mort le 30 avril 1105 et dont je me (118) suis également occupé , Henri Ie, duc de Brabant , Otbert, évêque de Liége et Burchard, évêque d’Utrecht. Ce diplôme a été accordé par l’empereur Henri LV à l’abbaye de Waul- sort ou Wausore, voisine de Dinant. Il n’est pas étranger à la question des avoueries que l’Académie a mise au con- cours et qui a élé si bien résolue. On sait que l’empereur Henri IV vint chercher à Liége un asile contre ses persécuteurs et. qu'il y mourut en 1106, le 7 août. . Ce monument curieux fait partie de mes collections. J'en transcris ici le texte : In nomine sanctæ et individuæ trinitatis Heinricus divina favente clementia imperator auqustus. « Notum sit omnibus sanctæ dei ecclesiæ fidelibus et filis presentibus scilicetet futuris, audisse nos querelas fratrum Walciodorensium de injusta oppressione advocatorum, cum celebraretur Leodii nostra regalis curia in festivitate apostolorum Petri et Pauli. Et quum legimus et intellexi- mus in testamento ab eis ostenso locum ipsum , id est Wal- ciodorum à fundamentis constructum et ductum de ele- mosina priorum regum Ludowici et Ottonis, antecessorum nostrorum , Compassi sumus afflictioni eorum et auctori- tate imperiali interdiximus cunctis eos affligentibus ut ab eorum injuria desisterent ulterius. Cum autem se con- quererentur destitutos auxilio Metensis episcopi qui in om- nibus eis jure deberet auxiliari, commisimus eos episcopo Leodicensi in cujus manent diocesi, ut siquidem eis injus- tum fieret, defenderet eos auctoritate episcopali. Ut autem hæc nostri imperialis decretiauctoritas firmiter permaneat, manu nostra subtus firmavimus anuloque nostro insigniri jussimus. ( 119 ) Testes sunt hujus confirmationis domnus Otbertus episco- pus Leodicensis qui eos in defensionem suscepit. Archie- piscopus coloniensis Fredericus, Archiepiscopus Treverensis Bruno , Burchardus episcopus de Mostiers , item Burchar- dus episcopus Ultrajectensis, dux Heinricus , Guono comes, Wilelmus de Dolehan, Rainerus de Werde, Gerardus comes de Wasenberge. | Godefridus ad vicem Arnulfi Cancellarii subscripsi. Signum domni Heinrici. (Le monogramme de l’empe- reur.) | Imperatoris Augusti. (Le sceau). Data III Kalend. julii anno ab incarnatione dri MCIIT, indictione XI, anno regni serenissimi regis Heïnrici XIlviïi. Actum Leodii infra palatium , in Christi nomine felici- ter, amen. » Histoire nationale. — Introduction de l'imprimerie dans les différentes villes de Belgique. — « Je continue les recherches dont j'ai déjà eu l'honneur d’entretenir l'Académie. En m’occupant de la ville de Malines, j'ai trouvé du secours dans le respectable archiviste de cette ville , M. Gyseleers-Thys. Tout concourt à fixer l'introduction de l'imprimerie à Malines à l'an 1581, où il y parut un petit livre in-12° de &{ page, sans nom d’imprimeur et portant pour titre : Waerachtige historie en getrauwe beschryvinge van de alteratie en veranderinge geschiet in de stadt Meche- len, en oock van de groote tyrannie en ongehoorde wreedtheit van de Spaigniaerden daer na gevolgt in den jare 1572. (Joann. 7. Oordeelt met een rechtweerdig oordeel). Gedruckt tot Mechelen MDLXXXI. Réimprimé à Malines, chez J.F. Van der Elst, à cause de sa rareté. Le premier typographe de Malines dont le nom soit 120 ) parvenu jusqu'à moi, est Jacob Heyndricx, imprimeur - juré en 1582. Il existe de lui une ordonnance fiscale, portant pour titre : Ordonnantie politique op het stuck van assysen, imposten der stadt Mechelen en van het ghene daer af is dependerende , ghemaect by myn heeren den qouver- neur Schouteth, comoingnemeesters , schepenen en raedt der voorschreven stadt, vryheyt en jurisdictie van Mechelen. Tot Mechelen by Jacob Heyndricz, JRsKEAGEN drucker der voors. stadt , MDLXXXII. La même année, il a imprimé: Politicq onderwys, inhoudende diverache ende seer gewichtige argumenten en bewys-redenen, ghefondeert s00 wel in Godts-voort als gesckrevene keyserlycke rech- ten en authoriteyten der heydensche schryveren daer by chrachtelyck bewesen wort dat niet sonder oorsaecke en treffelycke motyven syn excellentie in de generale staten van de gheunieerde Nederlanden versoecken dat men met nieuwe eede den connick van Spaignien en syne adherenten soute versaecken en der tegenwoordi- ghen overigheyt d'landt ende malcanderen ieghen de selve hulde ende trouwe beloven waeromme oock den selven eedt by eenen ycyelycken (willende. goet patriot wesen) behoort ghesolemnizeertende gedaen te worden. Tot Mechelen by Jacob Heyndricx, 1582, in-8°, de 21 pages , dédié au magistrat de Malines. Selon Gérard-Dominique de Azevedo , véritable auteur de Cronyke van Mechelen ten tyde der regeringe van Philippus IT, à l'an 1582, pag. 344, le second impri- meur connu est Gillis van Cranenbroeck, aussi en 1582. On a de lui un placard sous ce 1itre : Placcart op stuck , nopende de confiscable goeden van ( KE ) de persoonen houdende de partye van den vyant oft wesende ter neutraelder plaetse. La ville de Malines s'étant reconciliée avec le roi Philippe IL, on ne voit plus paraître Jacob Heyndricx ni Gillis van Cranenbroeck. Le premier imprimeur que l’on rencontre après la sou- mission de Malines, est Heyndric Jaey ou Jaye. Son éta- blissement date de 1611. Il a été suivi de : Cornelis Devos, 1622; Godefroy Huet , 1622 ; La veuve de Henri Jaye ou Jaey, 1646 ; Robert Jaye, 1634. Gysbrecht Lints, 1665 ; Jan Jaye, 1660 ; Andreas Jaye, 1691 ; Laurentius van der Elst, 1748 ; Joannes-Franciscus van der Elst, 1768; Franciscus-Josephus van der Elst, 1788; Pierre-Joseph Hanicq, décédé le 17 janvier 1828, et dont l'établissement est continué par P. J. Hanicq. C. J. Zech, 1827; J. F. Gilis, 1829. Ces renseignemens , ignorés jusqu’à présent, appartien- : nent à l’histoire littéraire et à la statistique morale du pays. J’essaierai d’en fournir d’analogues pour les autres villes, sur lesquelles on ne sait encore rien de précis à cet égard, » — MM. Raoux et De Gerlache font leur rapport sur le mémoire de M. le baron de Reiïffenberg , intitulé : Vou- velles recherches sur Rubens, qui a été présenté à la séance du 7 février dernier. Ce mémoire sera inséré dans le recueil de l’Académie. — M: De Gerlache annonce qu'il communiquera, à la prochaine séance, des extraits d’un ouvrage qui lui a paru (122) fort intéressant et qui a pour titre : Suite des Chroniques par li Muisis. Les événemens dont il y est parlé, se rap- portent aux années 1349, 1350 et 1351. — M. Belpaire remet à l'Académie sa Notice historique sur la ville et le port d’Ostende, dont il avait témoigné le désir de revoir le manuscrit. — M. Dumortier met sous les yeux de l’Académie, un travail intitulé : Species jungermannidearum Europæ ad genera naturalia systematice relateæ. | OUVRAGES PRÉSENTÉS. De la part de M. le Ministre de l'Intérieur: Le portrait du Roi, gravé en taille douce, par Corr. Le Messager des Arts et des Sciences , 2°, 3° et 4e liv. Recueil encyclopédique, 3° livraison, tome IV , 1834. L'Encyclographie des sciences médicales | tomes Là XXVIIL, grand in-8. L'Encyclographie du règne végétal , in-4. De la part de l’université de Louvain : Mémoire sur le projet de loi relatif à l'instruction publique , petit in-f°, 20 pages, 1835. De la part des SE Recherches pratiques sur les causes qui font échouer l'opération de la cataracte selon les divers procédés , par C. J.F. Carron du Villards , in-8°, Paris 1835. Revue critique des poissons fossiles , ‘figurés dans l'Tttiolitologqia V'eronese , par Agassin, broch. in-8°, 1835. Journal de la Société de la morale chrétienne , n°1, tome VII, in-8°, Paris 1835. Analyse chimique faisant suite au tableau de nomen- clature chimique, par M. Valerius, 1° tableau. État des machines à vapeur en activité dans la Flan- dre Orientale , relevé par M. Ch. Morren, broch. in-&°. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1835. — No 5. _ Séance générale du 7 et du 8 mai. M. le baron de Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. Nothomb, secrétaire-général du Ministère des Affaires Étrangères et de la Marine, informe l’Açadémie que, de- puis le premier mai, des observations simultanées ont lieu sur le flux et le reflux à Nieuport, Ostende, Blankenberg, au fort St-Marie et à Anvers, et que les résultats en seront communiqués, chaque mois, à la compagnie. L'Institut des Pays-Bas adresse des remercimens à l’Aca- démie pour l'envoi de ses Bulletins et de son Annuaire. La société géologique de France annonce le prochain envoi de ses dernières publications. M. Quetelet lit une lettre qu’il vient de recevoir de M. Ch. Babbage, correspondant de l’Académie, relative- ment à la machine à calculer, dont différentes circon- stances, indépendantes de la volonté de l’auteur, retardent encore l'achèvement. Ton. ri. 9 (124) « Pendant les derniers six mois, dit M. Babbage, j'ai inventé une machine nouvelle, d’un pouvoir beaucoup plus grand : j'ai abandonné tout autre sujet de recherches, et j'en fais actuellement les dessins. J'avance rapidement, mais il est probable que je ne la ferai point exécuter ici. Je suis étonné moi-même de la puissance que je suis par- venu à lui donner, et que je n'aurais pas cru possible d'atteindre, il y a un an. | » Cette machine est destinée à comprendre cent varia- bles (ou nombres susceptibles de changer ); et chacun de ces nombres pourra être composé de 25 figures. Elle “exécutera alors chacune des opérations suivantes, et les combinaisons qui peuvent en résulter : DU saisie Vi00> étant des nombres quelconques , la machine pourra Additionner v, et v;; Soustraire v: de ?,; Multiplier v; par v;; Diviser : V; par v;; Extraire la racine v, de », ; Réduire v, à zéro. » Par exemple, si f'(v,, v,,...….. v,), n < 100, est nne fonction donnée quelcenque, qui puisse être formée par addition, multiplication , soustraction, division, extrac- tion de racine, la machine en calculera la valeur numé- rique. Elle substituera ensuite celte valeur à la place de +, ou de toute autre variable, et calculera cette seconde fonction par rapport à w.. » Il paraît qu’elle peut réduire en tables presque toutes les équations de différences finies. : ( 125 ) » Supposez encore que vous ayez, par l'observation ,-un millier de valeurs de a, b, €, d, et que vous désiviér les calculer par la formule p = RES cd la machine sera disposée pour le calcul de la formule, et on y ajustera la première série des valeurs de a , b, c, d; puis, elle les calculera, les imprimera et les réduira à zéro; enfin , elle agitera une sonnette pour faire connaître qu'il faut ajuster une nouvelle série de constantes. » Quand il existe une relation entre un nombre quel- conque des coefliciens successifs d’une série ( pourvu qu’elle puisse être exprimée par addition, soustraction , multiplication, division, puissances ou extraction de racines), la machine en calculera et fera connaître suc- cessivement les termes; et on pourra la disposer ensuite de manière à trouver la valeur de la série pour toutes les valeurs de la variable. » Les plus grandes difficultés de l'invention sont déjà surmontées ; mais jaurai besoin de plusieurs mois pour terminer tous les détails et construire les dessins. Cepen- dant les plans sont déjà assez avancés. » M. Babbage fait connaître ensuite qu’il vient de rece- voir une lettre de Sir J. Herschel , écrite du Cap de Bonne- Espérance, et qui contient des détails relatifs à la mé- téorologie. Par des comparaisons, déjà faites entre des observations recueillies dans l'Inde et au Cap, Sir J. Her- schel est parvenu à des résultats curieux relativement à un mouvement général de l'atmosphère; M. Babbage attend de lui un mémoire sur ce sujet. Sir J. Herschel a porté la Société Philosophique de l'Afrique méridionale à ( 126 ) prendre quatre jours par an (le 21 décembre, le 21 mars, le 21 juin et le 21 septembre), pendant lesquels on fera des observations horaires du baromètre, du thermomé- tre, etc. Les observations doivent commencer à 6 heures avant midi le 21, en prenant le jour civil et en continuant à compter jusqu’à 6 heures après midi du 22. Si le 21 tombe un dimanche, on ne commencera que le 22. Il est important que l’on choisisse les mêmes jours sur les diffé- rens points de la terre. ue Les personnes qui prendront part à ces observations, pourront faire parvenir leurs résultats à sir J. Herschel ou à M. Babbage, par l'intermédiaire de l’Académie. — Le secrétaire fait connaître, d’après une lettre imprimée et une lettre particulière de M. Schumacher, correspondant de l’Académie, qu’une coméle nouvelle a été découverte dans la nuit du 20 au 21 avril der- nier, par M. Boguslawski, directeur de l’observatoire royal de l’université de Breslau. Cette comèle, qui est très- pelite, s’est montrée vers les constellations de la Coupe et du Corbeau, c’est-à-dire vers les lieux où la comète de Halley se présentera dans un an environ. C’est probable- ment à cette similitude de position que l’on doit aitribuer la prétendue annonce, faite par sir J. Herschel à M Littrow, et répétée par la plupart des journaux, que la comête de Halley avait mis les astronomes en défaut et avait déjà passé par les lieux où on l’attendait un an plus tard. Voici les positions de la comète nouvelle : TEMPS MOY. A BRESLAU. ASG. DROITE, DÉCLINAISON. 20 avril, 12h 39,3 11 58 11,36 —12 6’ 57,57 21 » 9 175 11 53 1,78 —11 32 18,13 TEMPS MOY. À ALTONA. 26 avril, 104 43,1. 11h 25 47” — 8° 19° 18”. ( 127 ) - — Le secrétaire lit aussi l’extrait suivant d’une lettre de M. Wartmann , relative à l’observation de l’occultation de Saturne par la lune, faite par cet astronome au nouvel observatoire de Genève, le 13 avril dernier : « La lune, près de V'Épi de la Vierge, est dans le 15m jour de sa. phase; elle a dépassé le méridien d’environ 28, Un vent de nord qui soufflait avec violence depuis la nais- sance de la nuit, a tout à coup cessé une demi-heure avant le commencement de l’éclipse : le ciel est parfaitement pur, l'horizon sans aucun nuage; le thermomètre Réaumur marque à l'air libre + 1° et le baromètre 0",7314. » Le bord de la lune est tranquille et point ondulant ; on y remarque de légères inégalités qui indiquent qu ‘elle n’est pas tout-à-fait dans son plein. » L’anneau de Saturne ;, au moment de l'immersion , se présentant tangentiellement au disque lunaire, le contact se fait par le globe même de Saturne, qui déborde l’an-. neau encore peu ouvert. IMMERSION. 1er bord du globe de Saturne 16h 19° 23” temps sid. (pend. de Shelton). 24 » » » 16 19 48 » ÉMERSION. L’anneau se présente le premier, mais, par un petit incident, l’obser- -vation en est manquée ainsi que celle du premier bord du globe de Saturne. Content Qi sécond bord du globes, , 3°. +485 419 ‘ Dernier contact de l’anneau . sc 01:17:44 14,6. » La marche de la pendule ayant été vérifiée, avant l'oc- ( 128) cultation, par le passage au méridien de einq étoiles , elle s’est trouvée en avance, savoir : par æ de la Vierge . . de 1°17”,5 # de la Grande Ourse 1 18,0 a du Bouvier . . . 1 17,72 «a de la Couronne. . 1 17,92 4 du Serpent. . . 1 18,17 et immédiamt après l’occultation par & d’Ophiucus. . . 1 18,15 « La moyenne de ces six observations donnant 1° 17”,83 pour l'avance de la pendule, on trouve, en faisant cette correction : | . INSTANT VRAI DE L'IMMERSION. TEMPS SIDÉR. TEMPS M. À GENÈVE. 1er bord du globe de Saturne. . . 16h18’ 5,17 ou 2h55 49,7 24 » » » ... 16 18 30,17 ou 2 56 14,6 INSTANT VRAI DE L’ÉMERSION. Contact du 2äbord duglobe deSat, 17 2 45,17 ou 3 40 22,3 Dernier contact de l’anneau . . . 17 2 56,22 ou 3 40 33,4 » L'observation a été faite au moyen d’une excellente lunette parallactique de Ramsden, de 25 lignes d’ouver- ture, grossissant 75 fois. La lune, par la grande lumière qu’elle répandait, à complétement effacé celle des satel- lites de Saturne, qu’il n’a pas été possible de distinguer, soit avec la lunette dont je viens de parler, soit avec un instrument de Dollond de 3 3 pouces d'ouverture, grossis- sant 135 fois. » Saturne, qu’on voyait d’abord trés-distinctement avec une grande netteté, a pàli peu à peu en approchant de la lune, et, lorsqu'il en a été à une distance d’environ une ( 129 ) minute, sa lumière, se confondant avec celle de notre sa- tellite , est devenue fort sombre ; il a fallu modifier la distance focale de l’instrument et apporter beaucoup d’at- tention pour discerner le disque de Saturne et BE le premier contact de l’immersion., » Genève, le 20 avril. ee CONCOURS DE 1835. L'Académie avait proposé six questions pour la classe . d'histoire et huit pour la classe des sciences. L'examen des mémoires reçus en réponse à six de ces questions, a présenté les résultats suivans : CLASSE DES LETTRES. Quels sont les principaux monumens d'architecture qui, dans la province de Hainaut, ont été construits , à commencer de la période chrétienne et pendant le moyen âge, jusqu'au commencement du seizieme siecle, et qui,ou n'existent plus, ou existent encore denos jours? MM. les commissaires chargés de l’examen du mémoire portant pour épigraphe : Quand à l'aspect d’un monu- ment , ete., ont été d'avis que ce travail renferme beaucoup de recherches judicieusement faites et de détails curieux. L'auteur s’est en général transporté sur les lieux pour vé- rifier par lui-même ce qu’il avance : il choisit avec discer- nement ses autorités, il cite béaucoup et trop longuement peut-être, car il surcharge de notes étendues un texte déjà hérissé de citations. En général le style est la partie faible de l’ouvrage ; on pouvait y désirer quelque peu d’o- (“130 ) : riginalité et de trait, ainsi que des réflexions faites à propos qui auraient dissimulé ce qu’il y a souvent d’aride et de tri- vial dans les détails; malgré ces défauts et plusieurs omis- sions qui ont été signalées, le mémoire a paru digne d’une mention très-honorable. Déterminer l’état de la poésie flamande , depuis l’épo- que la plus reculée jusqu’à lu fin du quatorzième siècle. Le mémoire envoyé en réponse à cette question, a déjà été présenté, l’année dernière, à l’Académie, qui n’a pas cru devoir le couronner. Il a reçu cette fois des améliora- tions remarquables ; cependant on y trouve encore de nom- breuses lacunes. L'auteur ne cite presque jamais ses sources et surtout ne caractérise pas assez nettement la tendance de nos anciens poètes; d’une autre part, son style manque de couleur et de cette élégance que semblait réclamer la nature du sujet. L'Académie a jugé néanmoins que son travail, dans son état actuel, mérite une mention honorable. : Quelles ressources trouve-t-on dans les chroniqueurs et autres écrivains du moyen âge, pour l’histoire de la Belgique avant et pendant la domination romaine , en faisant concorder ces matériaux avec les données chro- nologiques dont on ne conteste pas l’authenticité, et en discutant la valeur de ces témoignages historiques ? Deux mémoires ont été envoyés en réponse à celte ques- tion: le premier, ayant pour épigraphe : On n’invente pas les traditions, a paru trop faible et trop superficiel pour mériter l'attention de l’Académie ; il n’en a pas été de même du mémoire portant pour épigraphe : Res ardua vetustis (131) novitatem dare. L'ouvrage est très-savant et rempli d'une saine critique, rien n'y est oublié, et l’on pourrait trouver qu’il pêche plutôt par abondance que par sécheresse; aussi l’Académie en lui décernant la médaille d’or, a témoigné le désir de voir élaguer des passages d’un médiocre inté- rêt, qui se trouvent indiqués dans le rapport de MM. les commissaires. L'auteur du mémoire est M. Antoine-Guil- laume-Bernard Schayes, de Louvain. CLASSE DES SCIENCES. Déterminer le moyen le plus avantageux d'élever l’eau a des hauteurs de plus de cent mètres par le moyen de l’air atmosphérique. L'Académie, en proposant cette question, n’avait pour objet que de provoquer, de la part des hommes versés dans la science de l'ingénieur , une discussion approfondie sur une nouvelle application de l’air atmosphérique comme véhicule de la force motrice. C'était moins l'espoir d’obte- * nir une solution affirmative du problême que le désir d’être utile aux praticiens ,en leur montrant les difficultés inhé- rentes à la nature de la question qui décida du choix, lors- qu'il s’est agi de rédiger le programme du concours. Le mémoire portant l'épigraphe : £'£ adhuc sub judice lis est, a paru avoir pleinement rempli les conditions imposées , et l’Académie lui a en conséquence décerné une médaille d’or. Le billet cacheté qui accompagnait le mémoire se trou- vant égaré , l’auteur est invité à se faire connaître au secré- taire perpétuel. Un mémoire sur l’analyse algébrique, dont le sujet est laissé au choix des concurrens. (132) Un mémoire sur la Théorie de l'Élimination a été adressé à l’Académie ; mais, comme les différentes parties de cet écrit n’ont pu être remises à MM. les commissaires que long-temps après le terme de rigueur, et que d’ailleurs l’ou- vrage a été livré à l'impression avant le jugement définitif, l’Académie a regretté de ne pouvoir l’admettre au concours. Décrire la constitution géologique de.la province de Brabant ; déterminer avec soin les espèces minérales et les fossiles que les divers terrains renferment, et indi- quer la synonymie des auteurs qui en ont déja traité. La médaille d’or a été décernée à M. Henri-Guillaume Galéotti, de la société géologique de France. Les mémoires géologiques couronnés jusqu’à présent, par l’Académie, étaient relatifs à des provinces où domi- nent les terrains anciens; cependant, celui de M. Dumont, sur la province de Liége, renfermait déjà une étude détail- lée des lambeaux de terrains tertiaires qui s'étendent sur la partie septentrionale de cette province: celui qui vientd’être adressé à l’Académie , a pour objet principal la description deces terrains, qui constituent la presque totalité du sol de la province de Brabant. L'intérêt que présente l’étude géo- gnostique de cette province, le succès avec lequel elle vient d’être traitée , le désir de provoquer des essais aussi bril- ans sur les terrains plus récens encore qui constituent les provinces septentrionales de la Belgique, sont autant de motifs qui ont porté l’Académie à présenter d'avance un extrait détaillé du mémoire de M. Galéotti, d’après le rapport de MM. les commissaires (d'Omalius d’ Le: , Sauveur et Cauchy, rapporteur). « Ce n’est guère que vers la limite méridionale de la (133) province de Brabant, que l’on voit percer au jour les roches du plus ancien terrain de la Belgique, celui des Ardennes. Ce vieux continent s'étend, au moins, jusqu’à la ligne si- nueuse passant par Halle, Tourneppe, Sart-Moulin , Wavre, Grez, Jodoigne - Souveraine et Huppaye, et, probable- ment, bien plus au Nord. Il a évidemment été formé sous la mer et à une époque où celle-ci commençait déjà à se peupler, car on trouve des débris d'animaux marins dans plusieurs roches qui lui appartiennent , exploitées aux en- virons de Gembloux (Namur). Ainsi, au lieu de dire que les roches, qu'il a étudiées et décrites, ne contiennent point de fossiles, l’auteur aurait peut-être mieux fait de dire qu’il n’a point trouvé de fossiles dans ces roches : et l’on doit en avoir d'autant plus de regrets, qu’ils sont de nature à exercer la sagacité d’un conchyologiste aussi distingué. Le terrain ardennais de la province de Brabant a été ou est resté recouvert , sur la presque totalité de son étendue, par la mer qui y a déposé, avec les sédimens que nous divisons aujourd'hui en terrains, les nombreuses races d'animaux qu’elle nourrissait dans son sein à cette époque, probablement bien rapprochée de nous, si on la compare à celle où s’est déposé le terrain ardennais. L'auteurfen”cite une preuve dont les géolôgues n'avaient pas besoin, mais qui est trop intéressante pour que nous ne eédions pas au dé- sir de la signaler aux personnes qui ne sont point familières avec les considérations géognostiques. Au pied des énormes roches de quartz grenu, que l'on voit apparaître auprés d’un ruisseau tributaire de la Dyle, près du village de Chapelle- St-Laurent, l’auteur à vu des huîtres incrustées dans les _ parties saillantes de ces roches par une matière siliceuse. Ges dépôts sédimentaires ont été enlevés, depuis la re- traite de la mer qui les a formés, mais à des époques qu’il ( 134 ) nous est diflicile de bien préciser , et ont mis à découvert les roches anciennes que l'on aperçoit sur un grand nom- bre de points de la lisière indiquée ci-dessus, et que l’on peut suivre, sur une étendue de plusieurs lieues en lon- gueur , dans la vallée de la Dyle, depuis Sart-Dame-Ave- line jusqu’à Court-St-Étienne et au-dessous , et dans celle de la rivière de Genappe depuis cette ville jusqu’à Court- St-Etienne. | | Mais une partie assez étendue de ce vieux continent de la province de Brabant a été soulevée au-dessus des eaux, avant l’époque où la mer a déposé ces terrains bien plus nouveaux que nous rappellerons ultérieurement : c’est celle qui , en partant de Halle, s'étend , d’une part vers En- ghien et Lessine (Hainaut), et de l’autre, vers Nivelles ; elle présente au géologue le plus vif intérêt. Il y voit, d’abord , à Glabbecq et à Lembecq, de petites éminences, occupées par un schiste ardoisier verdâtre, pénétré de cristaux de feldspath et de grains de quartz hyalin lim- pide, contenant quelquefois des paillettes de mica blanc et de talc blanchâtre ou grisâtre; des octaëdres, presque microscopiques , de fer oxidulé ; des cubes de fer sulfuré ou bien les cavités qu’ils occupaient. Le creusement du canal de Charleroi a aussi fait connaître, aux environs de Halle , la présence de cette roche, que nous appellerons volontiers, avec l’auteur, schiste porphyroïde, que nous considère- rons également comme un schiste ardoisier, altéré par les agens pyroïdes dont le voisinage nous paraît suffisamment constaté par le dyke dioritique de Quenast, mais que nous ne pouvons ranger, comme l’auteur, parmi les roches plu- toniques , pas plus que nous ne consentons à placer le dio- rite, qui est, pour nous, unê véritable roche plutonique, au nombre des roches schisto-psammitiques ou ardoisières. ( 135 ) Mais cette divergence d'opinion sur tout ce qui tient à la classification des terrains , divergence que nous serons for- cés de représenter, dans tout le cours de ce rapport, ne peut avoir aucune influence relativement au fond du mé- moire, et nous nous empressons de reconnaître que l’au- teur a parfaitement décrit, sous le double point de vue de leur nature minéralogique et de leur gisèment , toutes les roches du terrain de transition qui se trouvent dans là pro- vince de Brabant. Nous le félicitons aussi de n’avoir point dédaigné la partie technologique de leur étude; ainsi, il nous fait connaître les usages du diorite pour le pavage, ceux des roches dures de la formation ardoisière pour la bâtisse , ceux des roches plus tendres pour le dallage ; il rappelle les recherches d’ardoises qui ont été faites à Ri- pain (au S. O. de Tubise ) et à Glimes ( prés de Jodoigne), qui, quoiqu'elles n'aient point donné de résultats satisfai- sans, ne doivent pas décourager ceux qui voudraient les renouveler sur d’autres points, puisqu'on a oblenu, à Steenkerke, près d'Enghien, des ardoises qui ont servi à . couvrir, entre autres bâtimens , la halle d'Enghien. Il fait également mention de recherches de houille que l’on pour- suivait encore au moment où il écrivait, près de Rebec- que ; observe que les häbitans de ce village qui les ont entreprises, ont été induits en erreur par la couleur grise ou même noirâtre que prend ce schiste au voisinage du diorite, sans doute par suite d’une altération que lui ont fait subir les agens souterrains, et exprime assez nettement, par cetle remarque , son opinion, qui sera partagée par tous les géologues, sur l'impossibilité de trouver de la houille dans les terrains connus jusqu'ici de la province de Brabant. , Ces dernières réflexions sont applicables aux recherches ( 156 ) de houille faites, il y a quelques années , sur la commune de Baizy, près de Genappe , recherches que l’auteur paraît ne pas avoir connues, quoiqu'elles aient été plus impor- tantes, mais tout aussi infructueuses que celles qu’il cite près de Rebecque. Un seul terrain secondaire se montre dans la province de Brabant, immédiatement superposé au terrain ardoisier, c’est le terrain erétacé que, à l'exemple de M. Dumont, l'auteur divise en trois étages : gault , ou argile calcarifére, d’un gris bleuâtre ; craie qu’il subdivise en craie dure sans silex et craie tendre avec silex ; calcaire de Maestricht. Le gault constitue une assise si mince et si difficile à ob- server, dans les deux petits lambeaux de terrain crétacé que renferme la proviñce de Brabant, que l’on aurait eu , sans doute, bien de la peine à le reconnaître , s’il n’avait point été étudié sur une plus grande échelle , dans la partie limi- trophe de la province de Liége, Il est même permis de dou- ter qu’on doive y rapporter l'argile signalée dans une poche au milieu de la craie sans silex exploitée à Grez pour en obtenir de la chaux et pour la convertir en petit blanc. En effet, notre confrère M. Vandermaelen , dont la famille est propriétaire de ces carrières et chaufours de Grez, ayant désiré reconnaître, entr’autres, l'épaisseur du banc de craie et les circonstances géologiques de sa superposition au ter- rain ardoisier , y a fait exécuter , dans le courant de l’année 1834, des travaux que le rapporteur a suivis avec assiduité, et dont la description trouve naturellement sa place ici. L’é- paisseur moyenne de 15", que l’auteur assigne à la masse de craie de Grez, d’après les ouvriers employés à son extrac- tion, est celle de la partie exploitée de celte masse; la partie inférieure est considérée, par eux , comme impropre aux usages auxquels l’autre est employée ; mais cette asser- ( 137 ) tion est inexacte, selon le rapporteur, et le seul motif qui les empêche de s’enfoncer plus profondément est la diff- culté d’assécher les couchesinférieures. Cependant, M. Van- dermaelen a fait enfoncer, à partir du niveau que les eaux empêchent de dépasser , une fosse par laquelle on est par- venu à 15% environ, au-dessous de ce niveau ; mais alors, l’eauest venue en si grande abondance que dix ouvriers, travaillant jour et nuit, n’ont pu la tenir à sec qu’avec la plus grande difficulté. Il a donc fallu avoir recours à la sonde pour achever les reconnaissances projetées. Elle a d’abord traversé 1,50 de craie, qui lui a opposé une ré- sistance toujours croissante ,soit parce que sa consistance allait toujours en augmentant , soit plutôt à cause des petits fragmens de rocher plus durs que renferme cette assise inférieure. Ces fragmens de quartz grenu verdâtre, prove- nant évidemment du terrain ardoisier , sont fortement arrondis sur leurs arêtes et sur leurs angles, mais n’ont pourtant pas les formes sphéroïdales ou ovoïdes qui annon- . Ceraient un long roulis des eaux. Immédiatement au-des- sous de la craie et sans aucune interposition appréciable au moyen de la sonde, celle-ci a traversé une série de rochers qui font, indubitablement, partie du terrain ar- doisier. x L'auteur a trouvé, dans la craie sans silex de grès, un assez grand nombre des fossiles caractéristiques de cette formation , mais il s’est borné à indiquer les genres de la plupart d’entre eux. | Il n’en à point trouvé dans la craïe à silex, qui ne se montre guère qu'aux environs de Jauche. Il a fait connaître, mais en se bornant encore aux indi- cations génériques, ceux qu’il a rencontrés dans le calcaire exploité dans les immenses souterrains de la Foolz-les- (138) Caves, qui peuvent, d’après les traditions locales, rivaliser en étendue avec ceux bien plus célèbres de Maestricht, pratiqués dans le même terrain, qui devient de plus en plus intéressant pour les géologues, puisqu'il semble for- mer l’anneau que l’on cherchait, depuis long-temps , pour lier les terrains secondaires aux terrains tertiaires. Nous passons à l’examen de ces derniers, quisont, comme il a déjà été dit, les plus importans de ceux qu'avait à décrire l’auteur du mémoire que nous analysons. Ce n’est point sous ce nom, ni sous aucun de ceux qui ont été employés, jusqu'ici, qu'il les a désignés; par suite d’une nomino-. manie générale aujourd’hui, mais qui devrait, selon nous, être le partage exclusif des maîtres de la science, il a cru devoir enrichir la synonymie déjà si compliquée des ter- rains. Tous les terrains de sédiment étant, à ce qu’il paraît, pour lui, des terrains fluvio-marins, etc., les secondaires étant des terrains fluvio-marins moyens, Îles tertiaires deviennent des terrains fluvio-marins supérieurs ; ceux- ci sont subdivisés en infra-marins , medio-marins , et supra-marins. L'impropriélé de ces expressions est frapa pante, mais il suffit, pour la faire ressortir, de remarquer que l’auteur a reculé, lui-même , devant des désignalions telles que celles-ci: terrain fluvio-marin supérieur infra- marin, etc., terrain fluvio-marin supérieur medio-marin dont il aurait dû se servir pour désigner les deux terrains tertiaires qu’il admet dans la province de Brabant; il leur a, en conséquence, donné pour synonymie, celles de #ri- tonien et de bétasique qui ne sont pas plus heureusement choisies, parce qu’elles dérivent de deux considérations totalement différentes: la première, qui a déjà été d’ail- leurs employée dans une acception plus étendue par d’au- tres géologues modernes, est empruntée à la mythologie (139 ) païenne; la deuxième est tirée du nom géographique ( Betasia), que les Latins donnaient à cette partie du Bra- bant connue sous le nom flamand de het Haegeland. Les considérations géogéniques développées par l’auteur, au sujet des terrains tertiaires, pourraient donner lieu, non pas à une critique telle que la précédente, mais à une discussion moins facile sans doute et probablement moins avantageuse aux progrès de la géologie. Cette science ne possède point encore, selon nous , des théories assez sûres pour qu’on doive se häler d’assigner un mode de forma- tion, plus ou moins ingénieux, à chaque petite région géographique dont on connaît bien la constitution géolo- gique. Telle est, d’ailleurs, l'opinion qui paraît avoir pré- sidé jusqu'ici à la position des questions de géologie, mises au concours par l’Académie; elle demande des descriptions et non pas des systèmes. Nous passons donc à l’examen de la parlie purement géognostique du travail de l’auteur sur les terrains tertiaires. Il croit y reconnaître les deux étages marins que tous les géologues connaissent sous les noms de moyen et de supérieur ; mais ils.y sont très-inégalement développés, puisque le dernier n’en occupe que la partie N. E. com- prise, approximativement, entre la route de Louvain à Malines et la rivière la Velpe. Le premier, qui occupe à peu près tout le reste de la province, est divisé par l’auteur en trois étages. | l L'étage inférieur, qui n’occupe, au reste, qu'un très- petit coin de la province, vers le S. E., sur les deux rives de la Gette, est essentiellement composé de glauconie sableuse ou grossière , passant supérieurement au calcaire, à l'argile et aux sables jaunes avec fer hydraté. Elle ren- ferme de nombreux fossiles que l’auteur a spécifiés avec Ton. 1. 10 ( 140 ) soin et dont l’ensemble l’a engagé à rapporter ce groupe, comme l'avait déjà fait M. Dumont, pour la province de Liége , aux terrains tertiaires plutôt qu’au terrain crétacé. L'étage moyen occupe, à peu près, tout l’espace compris au sud de la ligne qui, partant de Ninove; ‘traverserait la routé de Bruxelles à Mons, vers Ruysbroeck; celle de Bruxelles à Genappe, vers la Pétite-Épinette ; celle de Bruxelles à Wavre ; vers Overyssche; la Dyle, aux environs de Weert-S'-Georges ét passerait ensuite près de Tirlemont et de Léau; il ést caractérisé principalement par les ro- gnons si remarquables et d’une origine encore bien pro- blématique, malgré l’ingénieuse hypothèse de l’auteur, que M. D'Omalius a fait connaître depuis long-temps, . sous le nom de grès fistuleux. Is sont disséminés avec des blocs de grès, des plaques, dès noyaux géodiques de fer hydraté, dans des sables souvent ferrugineux, argileux, calcariféres où micacés , plus rarement purs. Les fossiles ne sont point fort communs dans cet étage; l’auteur a indiqué. et spécifié tous ceux qu'il y a rencontrés. L’étage supérieur ‘présente, enfouis dans des sables gé- néralement calcarifères, plus rarement ferrugineux , argi_ leux ou micacés, des bancs et des masses du calcaire exploité, principalement au nord de Bruxelles, pour la cal- cination et la bâtisse; des blocs et des rognons fistuleux de grès blanc ; des grès ferrugineux, des lignites avec fer phosphaté. Ce groupe est riche en fossiles extrêmement remarquables, et qui ont été, pour l'auteur, le sujet d’une étude approfondie dont il nous offre le résultat, qui seul lui mériterait déjà le suffrage ‘et la reconnaissance des géologues. Écrivain aussi consciencieus que conchyologiste habile , il se plaît à reconnaître les services que lui ont rendus pour la détermination d’un aussi grand nombre d’es- pèces animales, appartenant à plus de deux cents genres, ee TS 2e UE ET MN I I IT EE ( 141 ) la belle collection et les talens de M. Nyst. Nous nous bor- nerons à citer quelques espèces principales et nouvelles, qu’il a déterminées et décrites avec beaucoup de clarté, TeHes ‘sont : un crabe et un nautile, dont il propose de faire, à M. de Burtin , la dédicace, qui sera accueillie avec empressement par tous les naturalistes belges ; une scie, dont il a trouvé à Melsbroeck, avec M. Nyst, un échantillon beaucoup plus complet que tous ceux que l’on connaissait ; 1l la considère comme appartenant à une espèce encore iné- dite et propose de la dédier à M. James Batham qui a dé- membré ce genre de la famille Linnéenne. des squales ; un émyde auquel il propose de donner le nom de l’immortel Cuvier ; etc., etc. A propos ce émydes , l’auteur fait observer judicieuse- ment que, vu le petit nombre de ces tortues d’eau douce, et la rareté des bulimes, dont il n’a pu trouver aucun échantillon , la présence de ces fossiles, sur laquelle M. Mor- ren a fondé son opinion relative à l'existence d’un terrain d’eau douce, dans, notre bassin tértiaire, peut. fort bien s'expliquer , comme celle des lignites dans quelques-unes de nos vallées, comme celle dés bois percés de traces de tarets, par l’action des courans venant de l’ancien continent, dont les limites n'étaient éloignées que de quelques lieues des points où l’on trouve aujourd’hui ces débris. En suivant pas à pas l’auteur dans l'examen palæontho- logique qu’il fait du terrain composé des trois étages que nous venons de rappeler, on est bien porté à admettre, avec lui, qu’il correspond au calcaire grossier du bassin de Paris, ou au London clay de celui de Londres ; mais nous ne som- mes point aussi convaincus de l’exactitude de son opinion relative à l’âge du terrain tertiaire qui occupe la partie N. E. de la province, et qu’il rapporte au grès de Fontainebleau ou au bagshat sand. \ fonde cette distinction : (14 ) 1° Sur des considérations théoriques que nous placerions en dernière ligne, réal il s’agit d’en conclure l’âge d’un terrain ;°; ‘#00 2° Sur l'absence de tout vestige d'êtres vivans dans le terrain supérieur au précédent ; mais indépendamment de ce qu’un caractére négatif ne peut avoir qu’une bien faible valeur , en pareille matière, le rapporteur sait que l’on a trouvé des fossiles à Zeelhem, prés de Diest, dans un ter- rain qu’il croit être identique avec celui de tous les envi- rons de cette ville ; 8° Sur la différence qu’il signale, sous le rapport dé Ja configuration du sol, entre les deux parties de la province occupées par ses deux terrains tertiaires ; celui de la partie N. E. présentant , selon lui, des vallées plus larges et plus régulières, et ces inégalités ayant, dit-il, dans cette partie N. E., une direction générale de l'E. à l'O., tandis que celles du reste de la province sont dirigées du S. S. O. au N.N.E; 49° Et enfin, sur la découverte fiite dans la pensé, par M. Kickx, fils, d’une formation bicoaiel qui s’appuie- rait , par conséquent , dit l’auteur, sur les collines béta- siques. Nous avouons ne pas saisir bien nettement cette dernière considératioh , peut-être parce qu'elle n’est pas suffisamment développée. Du reste, les roches principales de ce terrain, considéré comme plus récent, c’est-à-dire les sables et les grés ferru- gineux, sont communs à ce terrain et à celui qui l’aurait précédé dans la série des formations, et différent tellement peu d’un terrain à l'autre, que l’auteur a dû, pour fixer les limites qui les séparent, avoir égard aux bois de sa- pins qui couronnent les collines de celui du N. E. Mais ce caractère empirique est tout au plus propre à faciliter ce ÉD "De + à ( 143 ) tracé, car les collines sableuses un peu élevées et un peu escarpées des autres parties de la province sont aussi plan- tées de sapins. Les réflexions qui ont été édniie. en rapportant les considérations sur lesquelles l’auteur établit une division fort importante dans les terrains tertiaires de la province de Brabant, n’ont d'autre but que de montrer les doutes qu’elle peut encore laisser dans l'esprit des géologues qui préfèrent des preuves matérielles à des inductions théoriques. Mais, quand même il serait démontré, par la suite , que tous les terrains tertiaires de la province de Brabant correspondent au calcaire grossier de Paris et au London clay de Londres, il n’en faudrait pas moins placer, dans un étage particulier, celui qui en occupe la partie N. E., et qui serait caracté- risé par des sables et du grès éminemment : ferrugi- neux. | | Les terrains que l’auteur appelle al{luviens anciens , com- prennent tous les dépôts superficiels, évidemment dus à des alluvions, mais occupant des positions telles qu’ils ne peuvent avoir été produits par les cours d’eau actuels. Il ne reconnaît pas la nécessité de les attribuer à un cataclysme universel, et pense qu’ils ont pu être le résultat d’inonda- tions locales qu’il cherche à expliquer; il en conclut que la vertèbre d’hippopotame et quelques débris d’éléphans trouvés à Melsbroeck , n’appartiennent pas, comme les dé- bris analogues beaucoup plus communs, aux environs d'Anvers, à la formalion du erag, ainsi que l’a pensé M. Desnoyers; mais il ne fait qu’eflleurer cette question délicate qui nous paraît, au reste, ne pouvoir être traitée que par celui qui pourra embrasser, dans ses investiga- tions , les terrains d’alluvions anciennes et modernes , dont l'étude est particulièrement réservée aux géologues appelés ( 144 ) à décrire les provinces d'Anvers, des Flandres et de Lim- bourg. | La description que donne l’auteur des nombreuses tour- bières du N. E. de la province de Brabant, n’ajoute rien à nos connaïssances sur cette formation récente. Nous exprimons le regret qu'il n'ait rien dit des puits artésiens, qui méritent bien aujourd’hui de figurer dans les descriptions géognostiques des régions où l’on peut éspérer d'obtenir, par leur creusement, des indications si précieuses. | Nous lui ferons un véritable reproche d’avoir encoreem- ployé les anciennes mesures concurremment avec les nou- velles, et de les avoir associées quelquefois dans la même phrase. Nous émettons le vœu qu'il soit invité à leur substi- tuer, partout, les mesures métriques. L'Académie propose, :pour le.concours de 1836, les questions suivantes = : CLASSE D'HISTOIRE. PREMIÈRE QUESTION. L'action lente, mais inévitable du temps, les ravages des guerres et des révolutions, quelquefois la nécessité même, et plus souvent l'intérêt ou le caprice des hommes, aménent partout la destruction successive des plus anciens et des plus beaux monumens d'architecture, consacrés soît à la religion , soit à l'administration, soit à BAS grands objets d’utilité publique ou privée. nai ii: Dans cet état de choses, l’Académie désirant connaître et ce que les provinces de la Belgique ont perdu en mM0= ( 145 ) numens de cette nature, et ce qu’elles possèdent encore, propose la question suivante : … Quels sont les principaux monumens d'architecture qui, dans la province de Haïnaut ; ont été construits, à commencer de la période chrétienne et pendant le moyen âge, jusqu'au commencement duw seizieme siècle. et qui, ou n'existent plus, ou existent encore de nos jours ? Si la nature du monument, soit qu'il n'existe plus, soit qu'il existe encore, le comporte, l’auteur de la réponse en fera la description succincte, et indiquera les gravures : qui en ont été faites. Il désignera, autant que possible, l'époque de la construction , avec l'usage auquel le monu- ment est destiné, et celle de la démolition ou de la destruc- tion , avec les causes qui y auront donné lieu. L'Académie ne demande ni une nomenclature aride, ni. une liste minutieusement exacte de toutes les construc- tions anciennes. C'est au goût éclairé et au discernement des concurrens qu’elle confie le choix des monumens dont les souvenirs et les traditions méritent d’être conservés, surtout lorsqu'ils se rattachent à de grands intérêts poli- tiques ou religieux. Elle désire que les voies romaines fixent aussi leur attention. bib où [a - DÉUXIÈME QUESTION. Présenter une dissertation raisonnée sur la poésie flamande, dès sa première origine, jusqu'à la fin du règne d'Albert et d'Isabelle sem.y ajoutant un choix judicieux , mais sobre , des passages les plus saillans , propres à caractériser l'esprit.et le genre des ouvrages de poésie flamande ; publiés ou restés manuscrits? (146 ) TROISIÈME QUESTION. ‘ Faire le même travail et pour la même époque, sur la poésie française en Belgique. QUATRIÈME QUESTION. Indiquer l’époque précise des inventions , importa- tions et perfectionnemens qui ont successivement con- tribué aux progres des arts industriels en Belgique, depuis les dernières années du dix-huitième siècle jusqu’à nos jours, avec l’indication des personnes qui, les premières , en ont fait usage parmi nous. GINQUIÈME QUESTION. Quels furent les changemens apportés par le prince Maximilien-Henri de Bavière (en 1684) & l’ancienne constitution liégeoise ; et quels furent les résultats de ces changemens sur l’état social du pays de Liége jusqu’à l’époque de sa réunion à la France? L'Académie désire que cet exposé soit précédé, par forme d'introduction , d'un tableau succinct historique et critique de l’ancien gouvernement liégeois, sans toutefois que l’auteur soit tenu de remonter au delà du règne d’Al- bert de Guick. SIXIÈME QUESTION. A plusieurs époques de notre histoire, la dignité de ruwaard a été conférée à des personnages plus ou moins ( 147 ) éminens ; l’Académie désire que l'on caractérise les cir- constances où ce pouvoir extraordinaire a été exercé , et que l’on détermine en quoi il consistait lui-même. Sub- sidiairement, y avait-il en Belgique des fonctions per- manentes sous. ce titre? CLASSE DES SCIENCES. PREMIÈRE QUESTION. Décrire la constitution géologique de la province d’Anvers; déterminer avec soin les espèces minérales et les fossiles que les divers terrains renferment , et indi- quer la synonymie des auteurs qui en ont déja traité. + DEUXIÈME QUESTION. Un mémoire sur l’analyse algébrique, dont le sujet _ est laissé au: choix des concurrens. A TROISIÈME QUESTION. Exposer les phénomènes que présente le développement de l'électricité par la chaleur dans les substances cris- tallisées. 3 4e QUAFRIÈME QUESTION. : Déterminer les modifications que subissent les appa- reils sanguins et respiratoires dans les métamorphoses . des batraciens anoures. ( 148 ) CINQUIÈME QUESTION. Exposer le système des vaisseaux lymphatiques dans les différentes classes des animaux invertébrés. SIXIÈME QUESTION. Donner la faune microscopique des animaux infusoi- LU U \ . res indigènes de la Belgique. L'auteur devra joindre des dessins aux descriptions, du moins pour les espèces qui n’ont pas encore été figurées. SEPTIÈME QUESTION. La construction et l'entretien des chemins de terre, si tués dans l’intérieur des communes rurales, sont d’un inté- rêt important pour l’agriculture. Ces chemins sont d’une indispensable nécessité tant pour le transport des engrais que pour les travaux qui s’exécutent dans les champs, aux époques du labourage , des semailles et de la moisson. Ils sont en même temps la seule voie de communication pour les fermiers et les cultivateurs avec les villes et villages où sont établis des marchés hebdomadaires pour la vente des fourrages, fruits, grains et autres céréales. Déja, dans plusieurs mémoires et discussions des agronomes et des écrivains instruïts, cette question in- téressante à été traitée avec talent, et divers moyens d'amélioration ont été indiqués. Dans plusieurs provinces, des Gouverneurs et d’autres fonctionnaires s’en sont occupés et ont même prescrit certains moyens qui leur ont paru ( 149 ) les plus propres à atteindre le but proposé ; mais l’Acadé- mie a pensé qu'il serait utile de provoquer une discussion spéciale sur cette matière, qui semble appeler l'attention combinée des deux pouvoirs législatif et administratif. ‘L'Académie demande donc qu’on lui fasse connaitre : Quels sont les meilleurs moyens à employer, sous le double rapport de la solidité et de l’économie, pour re- construire et pour entretenir les chemins vicinaux , de manière à les tenir dans un état permanent de viabilité. ' 1 HUITIÈME QUESTION. | Déterminer quand et comment se forment les matières colorantes de la garance, depuis sa germination jus- qu'à l’époque de sa pleine végétation. Examiner la structure anatomique et les fonctions physiologiques des parties tinctoriales de cette plante, et appliquer les ré- sultats de ces travaux à sa culture ct & son emploi dans les arts. (Le mémoire devra être accompagné de planches.) L'Académie propose , pour le concours de 1837, quéstions suivantes : | PREMIÈRE , QUESTION. … Quelle est la quantité de matière colorante de nos ga- rances comparées a celles d'Avignon et de Zélande? | Peut-on obtenir des garances indigènes Ta même nuance | que : des qurances étrangères ? les vieilles Ed ont- elles des avantages sur les nouvelles et en quoi consistent | ces avantages ? Donner un moyen certain et facile pour | reconnaître la falsification et la qualité des garances. (150) . 2° QUESTION. Décrire la constitution géologique des provinces de la Flandre orientale et de la Flandre occidentale ; de- terminer avec soin les espèces minérales et les fossiles que les divers terrains renferment, et indiquer la syno- nymie des auteurs qui en ont déja traité. COMMUNICATIONS. M. le baron De Stassart donne communication de son rapport sur les travaux de l’Académie , qu’il a été chargé, en sa qualité de directeur faisant les fonctions de prési- dent, d'adresser à M. le Ministre de l'Intérieur. L'Académie a décidé que ce rapport serait inséré dans son Bulletin. Propriétés optiques des cristaux à deux axes. — M. Quetelet fait connaître à l’Académie une expérience importante de M. Norrenberg , professeur à Tubingue, sur la non-coïncidence des lignes intermédiaires pour les di- verses couleurs dans les cristaux à deux axes; expérience qu’il a répétée avec M. Babinet, dans le cabinet de ce der- nier à Paris. On sait que sir John Herschel a découvert depuis long-temps que les axes optiques dans les cristaux à deux axes, différent d’écartement pour les diverses couleurs, en sorte, par exemple, que pour le tartrate de potasse et de soude (sel de Rochelle), l'angle des axes optiques est beaucoup plus petit pour le violet que pour le rouge ; et que si l’on forme successivement les deux systèmes d’an- neaux rouges, puis les deux systèmes d’anneaux violets, la distance des deux centres d’anneaux rouges sera beaucoup . plus grande que la distance des deux centres d’anneaux » ( 151 ) tiolets. Sir J. Herschel n’observa point alors que dans certains cristaux non-seulement l'angle des axes varie avec la nature de la couleur, mais encore le plan des axes lui- même; ensorte que dans le borax, par exemple, la ligne qui joint les deux centres d’anneaux rouges, croise la ligne qui joint les deux centres d’anneaux violets sous un angle très-sensible. | | Cette découverte fut faite plus tard par le même savant, et il en informa, par lettres, M. Quetelet et M. Babinet. Celui-ci réclama de suite pour M. Norrenberg, à la société philomatique, ce qui fut également fait par les journaux allemands et consigné par M. Quetelet dans la traduction du Traité de la lumière de Sir J. Herschel. La décou- verte de Sir J. Herschel se trouva donc confirmée aussitôt que publiée, mais le travail de M. Norrenberg n'ayant point paru, les résullats très-importans n’en sont que peu ou incomplétement connus, et notamment le sui- vant, qui établit que, dans les cristaux biaxes, non-seu- lement les axes optiques peuvent différer d’angle et de plan pour les diverses couleurs, maïs encore que dans: certains cristaux les lignes intermédiaires (c’est-à-dire celles qui divisent en deux l'angle des axes optiques), ne coïncident pas davantage. Ainsi dans le gypse, où tous les axes optiques sont sensiblement dans le même plan, la ligne intermédiaire n’est pas la même pour les deux axes rouges et pour les deux axes violets., Ce qui confirme de plus en plus l’assertion contenue dans les lettres de Sir J. Her- schel, savoir : que la position des axes optiques est indé- pendante de la forme cristalline, puisque si la dépendance était admise pour une couleur, elle serait en défaut pour un autre rayon diversement coloré. Pour reproduire l'expérience de M. Norrenberg, MM. (152 ) Quetelet et Babinet ont placé sur le trajet d’un faisceau blanc , polarisé , une plaque de chaux sulfatée ordinaire, cristallisée, de Montmartre ( gypse ), ayant deux faces ; tail- lées à peu près perpendiculairement à la ligne intermé- diaire ou plutôt aux lignes intermédiaires des axes opti- ques , en sorte qu’en l’inchinant de part et d’autre et tenant près de l'œil une tourmaline, on voyait de chaque côté un système d’anneaux colorés. Or, les couleurs, au lieu d’être symétriques dans les deux systèmes, sont telles qu’à l’un des centres on voit prédominer le rouge et le vert, et à l’autre centre prédomine le jaune et le violet, comme couleurs extrêmes, Il est donc évident que tandis que pour le rouge, par exemple, l'un des axes optiques occupe une position extrème par rapport à tous les autres axes qui appartiennent aux diverses couleurs; 1l n’en est pas ainsi pour l’autre axe optique de cette même couleur vers l'autre centre d’anneaux, puisque les couleurs extrêmes sont là le jaune et le violet. On peut en dire autant du vert, qui est aussi extrême vers un des centres et inter- médiaire vers l’autre, et réciproquement là même re: marque s'applique au jaune et au violet de l’autre centre; qui ne sont pas non plus extrêmes des deux côtés. Ainsi dans ce cristal, où tous les groupes d’axes sont d’ailleurs sensiblement dans le même plan, la ligne intermédiaire des deux axes optiques rouges, ne coïncide pas avec la ligne intermédiaire des deux axes optiques violets, par exemple, aûtrement si le rouge eût été extérieur dans l’un des groupes d’axes, il l’eût été de même dans l’autre groupe d’axes, ce qui n’a pas lieu comme on vient de le voir. M. Babinet a communiqué à M. Quetelet un des moyens ingénieux par lesquels M. Norrenberg montre la non-coïncidence des plans des axes optiques dans le borax. ( 153 }) Il fait traverser à la lumière blanche polarisée un verre bleu de cobalt, d’une épaisseur convenable , qui éteint le milieu du spectre et laïsse passer les rayons rouges et les bleus en excès. Avec cette illumination , le borax montre quatre sys- tèmes distincts d’anneaux , deux pour le rouge et deux pour le bleu. Si l’on joint par une ligne droite les deux centres des anneaux rouges, cette ligne croise la ligne qui joint les deux centres des systèmes d’anneaux bleus. M. Babinet a encore communiqué à M. Quetelet un autre résultat de M. Norrenberg, non moins curieux que la non-coïncidence des plans des axes et la non-coïnci- dence des lignes intermédiaires , obtenu à ce que M. Babinet croit, au moyen d’un cristal de nitrate de mercure (?). Il consiste en ce que, si l’on joint les deux centres des anneaux colorés par une ligne, les couleursne sont pas symétriques de part et d’autre de cette ligne ; les deux centres rouges par exémple étant au-dessus de la ligne et les deux centres bleus au-dessous. Ainsi les lignes quijoindraient les deux centres rouges ensemble et les deux centres bleus, seraient parallèles, et les plans des axes optiques, pour le bleu et pour le rouge; ne se couperaient pas dans l’espace pyramidal limité par les quatre axes en question, ce qu’on pent encore indiquer en disant que, dans la pyramide limitée par les quatre axes comme arêtes, les deux axes optiques d’une même couleur sont situés dans une même face et non pas, comme dans le borax, dans un plan diagonal. Ceux qui cultivent l'op- tique doivent regretter que le travail de M. Norrenberg, n'ait été connu que par des communications verbales et in- complètes de ses amis. Histoire et antiquités. — M. le Ministre de l'Intérieur fait parvenir à l’Académie de nouveaux documens sur les découvertes d’antiquités, qui ont eu lieu récemment dans la ( 194 ) province de Liège. Ces documens sont renvoyés à MM. les commissaires nommés à la séance précédente. — M. Dumortier ayant, à propos de la question sur les monumens , donné des renseignémens curieux sur des dé- couvertes archéologiques faites à Tournay , il y a quelques années, on le sollicite de présenter à l’Académie un rapport écrit sur ce sujet, et M. Dumortier en prend l’engagement. M. Le Jeune est également invité à donner à l’Académie des renseignemens ultérieurs sur les antiquités qu’il a re- marquées dans les environs de Verviers. — M. De Reiflenberg met sous les yeux de l'Acsdénrie un busie en bronze massif, de quatre pouces de hauteur et pesant environ deux livres. «Il semble représenter un Anti- noüs ou peut-être même un Néron. La tête est couronnée de lierre; les épaules et la poitrine sont recouvertes de la tü- nique rattachée sur les deux épaules ; les yeux sont formés d’une incrustation d'argent , dans laquelle devaient se trou- ver deux pierres. Ce morceau, incontestablement antique, a été trouvé, au mois d'août 1834, par un cultivateur du hameau de Poulseur, dépendance de la commune de Hody, canton de Nändrin, province de Liége, en défrichant un petit taillis, non loin de la rive gauche de l'Ourthe, un peu plus bas que l’endroit où l’Amblève vient se réunir à cette rivière. Au même lieu, on trouva, presqu’à la surface du sol d’où venait d’être enlevé le taillis, des ruines assez étendues, paraissant avoir fait partie de constructions con- sidérables, et qui servirent d’abord au cultivateur dont on vient de parler , comme d’une sorte de magasin de ciment à la chaux, dont il fit usage pour engraisser ses terres. « Ce buste, qui n’est pas le seul objet découvert à Poul- seur, se trouve maintenant entre les mains de M. l'avocat Jotitrand , à Bruxelles. » V4 a g- LI LR . ? A4 € mi ZE, 7o ( 155 ) « M. De Reïffenberg lit, en outre, la notice suivante : Étut des mœurs. — « Les curieux s’estiment heureux quand ils peuvent recueillir. quelques-uns de ces album qui servent à donner une idée de l'état de la société à une époque bien antérieure à la nôtre, et qui en est aussi bien différente, quoique les album nous soient restés. En voici un que je communique à l’Académie, et qui est intéressant à cause de la femme aimable à laquelle il à appartenu primitivement, et du grand nombre des personnages il- lustres de la fin du XVI siècle et du commencement du XVIL qui y ont inscrit leurs noms, des devises et des vers, ou tracé des dessins allégoriques et des armoiries. Cet album provient de Richard de Grez, ancien roi d’armes . de Namur, de Lothier et de Brabant ; il a été d’abord la s propriété d Hélène Mancie, franche baronesse de Mérode et Petersem , comtesse d’Oellen, née, c’est l'album qui nous l’apprend , au château de Pelersem le 4 juillet 1578, vers six heures après midi, et baptisée en présence de Jean de Mérode, baron de Moriammés, de Renier de Renesse, seigneur d’Elderen ; d'Hélène, comtesse de Man- derscheïdt , dame de Cluytingen, et de Mademoiselle Marguerite de Mérode, m marquise de + dame de Berzele, sa demi-sœur. » Il contient un grand nombre de vers en différentes lan- gues, principalement en. français. On conçoit que l'amour et la galanterie y tiennent la principale place , maïs l'amitié n’en est pas exilée, Ces deux sentimens ne's’expriment pas toujours d’une manière heureuse, il faut l'avouer; l'or- thographe et le sens ont quelquefois à souffrir; cepen- dant il est des pièces qui respirent de la grâce et de la finesse, et dont les défauts mêmes sont un témoignage de l'esprit du temps. Nous ne mettrons point de ce nombre Tow. 1. 11 ( 156 ) ce compliment du sire de Créqui, probablement l'écho dm chansonnier en vogue : Amanté quy d'amour pipez Cest (cesté) Magdelone, Vrayment si vous la troussez Je vous le pardonne, ( 1597.) i » Ni celui-ci du capitaine Matheis de Wächtendonck, sicur de Hulhausen, sous l'an 1598 : Anchor que je vois en Ungarie ë Tiene moy toujour en vous bonne grace Se vous en prie. » Ni ce troisième du seigneur d'Haynin (1597) : Ne soyez pas contre raison Envers moy si dure-et farouche, . Mais en me donnant guerrisson D bouche à bouche. » Mais nous citerons un madrigal latin de Joseph Scaliger, un madrigal du savant des sayans, sous ce rap- port, un madrigal académique et qui prouve qu'Héléne de Mérode comprenait les douceurs qu’on. lui adressait non- seulement dans les langues vivantes, mais encore dans les langues mortes : Hæc Helena est, Helena sed multum distat ab illa, : Quam peperit CROP Leda Lacæna Jovi. Nam formam illa, viris ob quam raperetur, habebat, Mores ista, siri queis rapiantur, habet, Uilustri puellæ et rarissimi exempli Manciæ Helenæ Merodæ Josephus Séaliger Jul. Cœæs. F. scribebam Lugduni Batavorum V kal. Januarii Juliani M DCI. Fuimus Troes, ( 157) ». Le poète en pied d'Hélène de Mérode ne 86 nomme pas et se cache modestement squs les initiales G. T. C'est de lui qu'est ce sonne : Ce sont de grands seigneurs, ce sont gens d'importance j Qui de leur simple nom te pensent émouvoir ; Mais toute leur grandeur, leur crédit, leur pouvoir ” Ne doivent point, m& dame, ébranler a constance: Ils pensent vaincre tout sans trouver résistance, Ils font métier de feindre et de bien décevoir; Qui veut d’un doux amour les plaisirs recevoir Avec ces grands de court ne doit faire accointance. Les biens dout.ils sont forts, quand et eux (avoc eux) périront ; Leur crédit, leur faveur, leur grandeur passeront, Leur mémoire et leur nom s’en iront en fumée; Mais, ma dame, en m’aimant, sur laile de. mes vers Ta beauté volera toujours en l’univers; Et jamais par les ans ne sera consommée. » Il faut convenir que les beaux esprits qui faisaient les délices du Louvre, auraient eu mauvaise grâce de dédai- gner leur confrère de Petersem. » Ce sonnet est suivi de ces mots grecs, qui semblent attester que G. T. n’était pas un de ces hommes de cour dont il suspectait l'amour : Ilsipa dÿy réyra TehEira. » Voici maintenant un sonnet en flamand par le même auteur : Vergeeft my, och vergeeft, à Liefd! ic maec u eigen, Den tyt ic leven zal, myn stem en myn gedichten, My hermen , myn geschrey , myn tranen ende suchten , : Besitten veil ic niet, dan t’gunt voor u sal neïgen, (158 ) Hiaes ! fortuin, hoe hout ghy dus met my den spot? Sertyts-heb ic : de Liefd versmadelic geagt. Ic heb gedoolt : ic ben gevangen onbedagt. Myn hert bewaerd’ ic zeer : maer nu leg ic het lot. Indien door sulc verhoen u zeech mach syn verlengt : Daerom niet straffer syt : u lof men meer gedenct. Want z00 de eerste schoot myn niet en heeft gevelt : Weet, dat een veinnaer clouc en dapper. van gemaëts Syn nieu-gevangen pryst, hem vallende te voet; Als hy met vroom gevegt zich heeft getoont een helt. Ricn de noble ne se faict sans hazard. » Je terminerai cette notice , en indiquant les personnages principaux qui ont déposé dans l'album des marques de leur souvenir, le tribut’ de leurs hommages, et qui ont fait de ce rent le rendez-vous de la haute compagnie du siècle ; je suis l’ordre qe rl même : k 1601 Zabore et patientia , Jan de ge pe : Jamais ; Croy. AT di Ou serasse, J. Mérode.… Fil 1600 Je maintiendray Maurice de Nassau. 4 | nait PE Dieu vouldra , Jehan Carlo de Li Affay tadi , Sr. de Borchaüt. ns * Grand nombre de personnes de’ ta maison 1 de Mandér- scheidt. 3 je fr fol » » de L maison Falckinatein. 1597 Contra audacius ito, Éberhardt , comte de Solms. PHRASE CERER I 15 3 . 1692 Le Siegneur est la ANT qui PTS : Sabine d’ a à …. = mont; comtésse de Solms:: 1397 non en tout, Jean , jeune comte né Nassau Catae- nellenbog. Friedrich ; conte de Berg. 1597 En vertu ma gloire, Marie de Renty. Elle seule, Charles de Lalaing, Er LI ie Te OS ( 199 ) 1596 Dieu accroisse Myrbicht. Je n'aime rien qui soit sujet aw éage, Alexandrine de Gavre. 1596 Æonneur ow mort, Philippe de Landas. 1599 ZLibertas non venditur auro, D. van Pallant, seigneur de Bredenbent. J’aymeray, mais aymes, Guillaume de Mérode. B. Stochman,, au bas d’une chanson française. 1604 Je vive en espoir, César Affaytadi : baron de Ghistelles , | Sr. de Hilst. 1597 J'espère et crains , M. A. Riot. Raison le veult, G. de Horion. 1897 Tout par vertu, Claude, contesse Rheyngrave. 1597 Soufrir pour parvenir , Hector de . © Frédéric-Henri ju ma 1601 Hornes. | | 1601 Je m'en contente , te de Brédeiodeno) | ‘1601 Ce que Dieu veut , Élisabeth, comtesse de Shen burgh. 1603 L’espérance me contente, Marie de Licques. Herman-Adolphe, comte de Salm, Sr. de Rcifferscheidt. 1600 7e duce Marra sulco, Justinus de Nassau. 1597 Audaces fortuna juvat timidosque repellit, Philippe de Meroede (sic), Ar ee ALERT conte de Mont- © fort. 1603 À ung l’asseurance, Philibert Philippe Spa 1603 Serviendo consumor , Casp.-Charles de Bentinck. 1599 Antoinette de Lorraine, duches de Jullien: _ te Bergae (sic). | ai 1603 Qui est blessé d'amour ne craint Dies d’autre FRA À Busquoy. 1596 Raison m'oublye, G. pa de Lynden. 1601 Constanze veincrait (sic) , W. Boetzeler ; baron Daspren. 1602 Espoir quide , G. B. , baron de Hamal et de Monceauxe Espoir ni crainte, Machtelt van der Duyn. ( 160 ) 1600 Constant , Ernest-Casimir , conte de Nassaw. 1597 Nec sorte neo morte, Lauys, comte de Nassaw. 1603 Faire et faire, Jean-Jacques de Bronckhorst et Baten- berg , baron d’Anholt, Tentandum | Henry de Chàlon , etc. , etc. » Je me propose de revenir sur plusieurs de ces person- nages dans le Æecueil héraldique, dont je m'occupe. De pareils détails, suivant moi, tiennent d’une manière intime à l'histoire des mœurs, et à ce titre ils méritent d'échapper à l'oubli. » Tombeau d’Henril°, 4° duo de Brabant.— M, DeReif- fenberg confirme ensuite et développe par de nouveaux dé- tails, l'avis inséré dans les journaux sur la découverte du tombeau d'Henri Le , duc de Brabant, dont les deux femmes, Mathilde, comtesse de Boulogne, et Marie, fille de Philippe Auguste , roi de France (1), ont leur sépulture dans les bas- côtés du chœur de la même église, celle de S'-Pierre à Lou- vain, ce qu’exprime Butkens, en disant qu’elle a été placée en arcure dans la muraille de la carolle du chœur du costé de l’autel des houlengiers. Quant à la tombe d'Henri Le, également gravée dans Butkens, mais d’une manière très-incorrecte , elle était au milieu du chœur. Ce monument qui date de l'an 1235 et n’est pas très-remarqua- ble sous le rapport de la perfection de l’art , mais qui n’en est pas moins très-curieux et très-vénérable , comme témoin historique , a beaucoup souffert. La tête da duc et une des (t) La chronique flamanc de Laurent Van Haecht-Goidtsenhoven , dit à tort, page 58, que Marie fut enterrée dans l’église PAGE | on y célébrait seulement son osé, ( 164 ) figures d'ange ont été détachées violemment de la pierre qui est demarbre bleu; Butkens dit que cette pierre fut primitivement toute dorée, et qu’on pouvait s’en apercevoir encore de son temps en quelques endroits. Aujourd’hui on n’aperçoit plus de traces de cette dorure, et il semble même que jamais elle n'a été employée. Le mausolée de Henri I, qui avait disparu lors de l'invasion française, a été retrouvé le 29 du mois d'avril, enfoui dans la terre, à plusieurs pieds de profondeur sous la tour de l’église, et cela par les soins de M. G. Van Weverenberg, secrétaire de l'Académie des beaux-arts. Il va être restauré ainsi que celui des duchesses Mathilde et Marie, objet des réclamations si long-temps inutiles de M. De Reiffenberg. Il est d'autant plus heureux d'avoir recouvré la tête d'Henri, qu'Haræus dit que c'était un portrait : ewjus corpus sui ( Colonit ) Lovanium deferentes , in medio chori condiderunt mo- numento lapideo, cui formam corporis ejus ad vivum inseulptam esse satis apparet. Ann. Brab.#E, 249. — M. Cornelissen fait hommage à l'Académie d’une col- lection dé mémoires, dissertations et autres écrits qu'il a publiés ;, et dans lesquels il a essayé d'éclaircir diverspoints de l’histoire nationale et d’en rectifier d’autres qui parais- saïent douteux. Il y a joint un grand nombre de discours qu’il a prononcés dans des solennités publiques, à Gand, dans l'intérêt de l’histoire, des beaux-arts et de la littérature ancienne et moderne. Gette collection, enrichie de notes manuscrites, se compose de quatre volumes ; l'Académie dé- cide qu'elle sera déposée dans ses archives. M. Cornelissen fait aussi hommage à l’Académie, au nom de M. C. P. Serrure, archiviste de la Flandre Orientale, d’un écrit intitulé: « Le jeu d’'Esmorée , fils du roi de » Sicile, drame du XIIE siècle, traduit du flamand. » À (162) L'Académie, à cette accasion, apprend avec intérêt que M. Serrure donnera le texte même de cet ancien drame flamand, et qu’il s'occupe de publier une collection de « poésies flamandes des XIII, XIV et XV® siecles, » ouvrage qui manque jusqu’à ce jour à l’histoire littéraire de ces siécles dans les provinces flamingantes. — Feu M. Raepsaet, ancien membre MP Académnié: avait reçu en 1787, au nom de la châtellenie initio une médaille d’or de très-grand module , en reconnais- sance des services qu'il avait rendus à cette adminis- tration, comme rédacteur des réclamations faites vers cette époque à l’empereur Joseph IL, au sujet de plusieurs innovations arbitraires. M, Raepsaet, par son testament, a légué cette médaille ; avec trois volumes MSS, à l'Univer- sité de Gand, pour y être déposés à perpétuité dans la col- lection numismatique; sur la demande qu’il a également exprimée par son testament, le collége des curateurs a fait confectionner quelques clichets en métal ais être distri- bués à sa famille et à ses amis. Un de ces clichets a été offert à l'Académie, qui a | chargé son secrétaire d'exprimer ses remercimens à MM. les cura- teurs de l’Université de Gand. Invention de l'éclairage au gaz. — À propos d’un article sur M. Minckelers, inséré dans le Bulletin de l’A- cadémie, M. Morren fait observer qu'on peut attribuer à ce savant l'invention de l'éclairage au gaz extrait de Ja houille. D’après Les physiciens français et d’après le Traité de Chimie de M. Dumas en particulier, tome I, pag. 641, ce ne fut que vers 1785 ou 1786 qu'un ingénieur fran- çais nommé Lebon , eut l’idée d'appliquer à l'éclairage, les gaz provenant de Ja distillation du bots ; tandis que M. Minckelers aurait l’antériorité d’un an au moins. ( 163 ) « En effet, le 1° octobre 1784, M. Minckelers, de Lou- vain , pre a de philosophie au collége du Faucon, obtint pour la première fois le gaz inflammable , du char- bon de terre, gaz qu'il enflamma et qu'il faisait brûler, obtenu de la même manière, chaque année, à son cours de chimie. Il est vrai que Minckelers n’avait pas retiré alors ce gaz de la houille, dans le but de le faire servir à l’éclai- rage; sa premiére intention était de l'appliquer à l’ascension des ballons. C'était sur l'invitation du duc d’Arenberg, que MM. Thysbaert, Van Bouchaute et Minckelers faisaient en- semble des expériences sur l'air inflammable qu’ils reti- raient de diverses substances, dans l'espoir de connaître quelque matière de bas prix qui pût fournir cet air en abondance. Ges trois savans se déclarérent tous pour la houille. Minckelers, depuis 1797, donnait un cours de phy- sique où annuellement il répétait l’expérience faite pour la première fois en 1784, Ce savant, mort en 1823, a publié sur sa découverte , en 1784, une brochureüïntitulée : Mé- moire sur l'air inflammable tiré de différentes substan- ces rédigé par M. Minckelers ; de Louvain, in-8° de 49 pag. On y trouve annexé une table des pesanteurs spécifiques de différentes espèces d'air, par M.J. Thysbaert, directeur de l’école des arts à l'Université de Louvain. :» Minckelers mettait de la houille en poudre dans un canon de fusil et chauffait ce récipient ; quatre onces de houille lui donnaient un pied cubique de gaz, qu'il trouva quatre fois plus léger que l'air atmosphérique. Or, cet in- strument découvert en 1784, n'est-il pas au fond le même que le thermolampe de Lebon inventé en 1799? Cela me paraît incontestable. | ». La découverte de Minckelers glissa tout aussi inaper- çue en Belgique que celle de Lebon en France. Ce ne fut qu’en 1809 que l'éclairage au gaz se fit en grand, en An- (C184) gleterre; mais il n’en paraît pas moins démontré que si la France revendique l’honneur de l'extraction du gaz en fa- veur de Lebon , la Belgique a ses droits plus certains en fa- veur de notre ancien collègue , M. Minckelers. » LECTURES. Mollusques. — M. Dumortier donne lecture d’un Mé- moire sur les évolutions de l’embryon dans les Mollus- ques gastéropodes. « L'auteur a examiné les diverses évolutions de l’em- bryon dans les mollusques aquatiques, depuis la sortie de l'oviductus, jusqu’au moment où l'animal est éclos, et il en a décrit et figuré toutes les phases. L'embryon apparaît d’abord sous la forme d’un globule muqueux qui semble attaché à la paroi de l'œuf, et peu après il s’en détache pour rester inerte vers la base de l’œuf. Pendant les premiers jours, l'embryon subit des modifications de formes; alors, commence une ère nouvelle, il devient doué de mouvement, et tourne lentement sur son axe, sans cependant qu’on puisse y observer aucun organe propre à la mobilité. Bientôt il s'opère une cicatrice à la surface de l'embryon et cette cicatrice produira plus tard le pied et la tête de l'animal. Vers la même époque , on commence à apercevoir, à l'in- térieur, un tissu cellulaire, qui deviendra chaque jour de plus en plus distinct. La cicatrice, de son côté , s'’augmente chaque jour et finit par être une large ouverture qui occupe la moitié de l'embryon. Celui-ci ne cesse de culbuter sur lui-même, l'extrémité postérieure en avant, et en décrivant une spiro-cycloïde qui détermine la forme que prendra plus tard la coquille. Alors, s'opère un phénomène impor- tant. À l’intérieur des cellules primordiales, on commence ( 165 ) à apercevoir des cellules secondaires qui, chaque jour, s’accroissent de plus en plus, finissent par détruire les cel- . lules primordiales dont les parois seules persistent, et de- viennent un lacis de petits vaisseaux. Jusqu'ici le tissu cellulaire avait formé une seule masse centrale, mais lors- que la partie gélatineuse s’alonge pour former la tête, on aperçoit, en même temps, qu'il s'opère une production médiane qui tend à diviser la masse cellulaire en deux parties, c'est le système intestinal qui se forme. Le système musculaire se présente sous l'apparence d’un feutre d’in- filtrations fibrillaires qui se dirigent de dehors-en dedans. De son côté, la grande veine latérale de la spire apparaît presqu'en même temps. Bientôt ensuite, on commence à distinguer les yeux qui annoncent la formation du système nerveux; le cerveau apparaît sous la forme d’un lobule Jaunâtre , et alors le cœur commence à battre entre les deux lobes du tissu cellulaire; il est excessivement mince et complétement diaphane. Dans le même moment, le test commence à se former à l'extrémité postérieure de l’em- = bryon ; d’abord il présente la forme du test d'une patelle, mais en s’accroissant chaque jour, il passe tour-à-tour par les formes de la testacelle, de la cupidule, de l'ancyle , du cabochon'; et , lorsque l’animal éclot, il présente celle de la suocinée. ÿ Après l'apparition du cerveau et des yeux, l'embryon cesse de tourner et de culbuter sur lui-même. Le manteau se détache , le collier se distingue , la tête et le pied se for- ment; l'embryon marche en avant et se meut avec autant de facilité que l'être parfait. Le pied est doué d’un mou- vemeñt propre et peut se dilater jusqu’à toucher l’extré- mité du crochet. L’embryon se contourne en spirale et reste la tête en bas pour former sa coquille. On aperçoit ( 166 ) alors , au milieu-de la face antérieure , une large ouverture qui se dirige vers le dos et communique avec le cœur ; c’est l'ouverture de la respiration. Le cœur, qui avait d’abord ap- paru vers le côté droit de l'embryon, se porte vers la région dorsale, et peu à peu il se dirige vers le côté gauche où il se fixe définitivement dans une large cavité ; son aspect est celui d’un sac ouvert par l'extrémité libre. L’embryonreste alors tranquille , tous ses organes étant formés , 1l s'occupe à parfaire sontest et finit enfin par sortir de l’œuf. Le nom- bre de jours nécessaires à la formation de l'embryon n’arien de réguliers l’auteur a observé à cet égard des différences notables, en raison de la température du moment: les œufs d'une même espèce seront tantôt 25 jours , tantôt 35 jours, depuis la ponte jusqu’au moment de la sortie de l'œuf. » — M. Dumortier présente ensuite les dessins du premier volume de son Sertum Belqgicum ou choix de plantes rares indigènes à la Belgique. | * Mollusques. — Le secrétaire donne lecture de la note suivante, qui lui a été adressée par M. Van Beneden, sur une nouvelle espèce du genre Dreissena, qui vient d’être rapportée du Sénégal. (Voyez le Bulletin du 7 février der- nier p. 44). « Ge nouveau mollusque, que je dois à l’obligeance du célèbre naturaliste voyageur M. Quoy, et qui lui a été rapporté par M. Dutailli, officier de la marine royale de France ,habitele haut du Sénégal, avec les nombreuses et in- téressantes espèces fluviatiles dont l’histoire naturelle s’est enrichie dans ces derniers temps. L'envoi était accompagné de nayades et de cyrènes tous également bien conservées. » Grâce à la sagacité des voyageurs , qui portent aujour- d'hui toute leur attention sur les animaux des classes infé- rieures, et ne considèrent plus leurs coquilles et leurs dépouilles comme les seuls objets dignes d'intérêt, on ( 167 }) obtient ces êtres curieux avec tont ce qui leur appar- tient ; et les naturalistes peuvent leur assigner , avéc beau- coup moins d’arbitraire, la place qu'ils doivent oecuper dans la série animale. Le mullüsque dont je vais donner la description était encore dans sa coquille. : DREISSENA AFRICANA. Nob. Car. Coquille oblongue: crochets arrondis bord inférieur droit sans échancrure ; surface extérieure régulièrement feuilletée parcourue par deux crêtes longitudinales. » Tous les-caractères génériques, attribués au D. poly- morpha ; qui fait le sujet de mon dernier mémoire ; sont également: prononcés dans le D, africana, Ainsi le man- teau.est de même réuni de tout côté, et présente sur sa sur- face, qui est en contact immédiat avec l'élément ambiant , un repli plus ou moins épais, en forme de bandelette. Ce repli se montre surtout dans l'animal du Tridaene, oùil offre son maximum. de développement, et se trouve dans la même place, le long du: bord inférieur des valves: ce carac- tère; qui coïncide avec.le bord non échancré de la coquille, sidi l'épaisseur du byssus, semble nous. indiquer que l'animal a presque. toujours sa coquille béanie, et ne ferme ses valves qu’accidentellement. .».Ce repli du manteau se divise à la base rs sphou. et forme un collier qui embrasse les deux tubes. Le bord,de ce collier est garni de papilles, si on peut se ainsi les dentelures du manteau. .». Le siphon est plus scies du cette espèce que dans le polymorpha ; et la seconde ouverture, qui donne issue: aux excrémens , s’alonge de même en.simulant ou plutôt en formant un second tube rudimentaire., La disposition ( 168 ) de ces tubes, qui est plus manifeste pendant la vie de l'animal qu'après la mort, fait le passage aux Caractères assignés à la famille des cardiacés. » Le système nerveux offre la même distribution dans les ganglions nerveux, et la paire postérieure se trouve également réunie en un seul ganglion sur le muscle trans- verse postérieur. L’appendice cœcale de l'estomac est aussi très-développé, et se distingue à travers la peau de l’ab- domen. Les branchies, les tentacules labiales, la languette et tous les autres organes sont disposés absolument comme dans l’espèce précédente, » La coquillé est alongée, sub-ovale, réguliérement ar- rondie des deux côtés. Elle est légérement feuilletée et d'une manière uniforme. On aperçoit , à l'extérieur, deux lignes qui divisent cette surface dans toute sa longueur, et qui sont formées d’un petit appendice de chaque lame d'accroissement. Ces appendices se trouvent sur deux ran- gées qui partent, en divergeant, du crochet vers l'extrémité opposée , et donnent à la coquille l'apparence d’une doublé carène. Le crochet est arrondi, dénudé et ne fait pas dé saillie. Le bord inférieur de chaque valve est droit et sans échancrure. » L'intérieur de la coquille est d’un blanc légèrement nacré. On distingue nettement les impressions muscu laires et surtout l'impression palléale, qui nous aurait seule fait connaître par son échancrure, que le siphon est plus alongé que dans le polymorpha. La cloison sous Je crochet a son bord libre, légéremént sinueux. | » Il est à espérer qué nous aurons, sous peu, des docu- mens positifs sur les espèces de l'Amérique du Nord, ' qui semblent appartenir à ce genre. M. le baron de Férussac vient d'adresser sur ce sujet, ainsi que sur les autres co- (169) quilles fluviatiles de cette contrée , quelques observations aux naturalistes qui habitent cet intéressant pays; et mon ami M. Robert, qui est parti avec M. Gaymard , dans l'in- tention d'explorer une partie de l'Islande et du Groen- land, m’a promis de porien toute son attention sur cès animaux, . , » M, D'Orbigny; qui a parcouru l'Amérique du Sud dans différens sens, et qui a formé, avec tant de soins, de pré- cieuses collections dans les différentes branches de l’his- toire naturelle, n’a point rencontré de moule fluviatile dans les pays qu'il a visités; mais il a rapporté des ano- dontes bissyfères, qui vont sans doute lier ces diflérens genres fluviatiles les uns aux autres , et réprésentent peut être les autres espèces dans.ces contrées, » Tchtiologie. — L'Académie entend la lecture du rap- port suivant sur le mémoire de M. Desvignes, présenté à la séance du 17 janvier dernier, relativement à l’odorat des poissons. (Goinmissairee MM, Dumoriier et Fohmann, rap- porteur.) « Les appareils de la vie de relation, les organes des -sens, se montrent, comme on sait, sous bien des modifica- tions dans les diverses classes et familles des animaux. Leur nombre diminue en descendant dans l’échelle du règne animal. Le développement de tous les organes des sens, avec une perfection à peu près égale, est le partage exclusif de l'homme, Les organes des sens sont, en Mdr. caractérisés par leur richesse en nerfs et en vaisseaux sanguins qui s’é- panouissent dans des parties membraniformes , lesquelles donnent souvent naissance à des prolongemens, à des vil- losités et à des papilles, Puis, ces organes sont recouverts de liquides, ou de corps de diverse densité, selon leur ( 170 ) diverse destination, de sorte que ces parties ne reçoivent les impressions que leur causent les objets extérieurs, que par l'intermédiaire des liquides fournis par l'organisme. C'est principalement par l'intermédiaire de celui renfermé dansle labyrinthe membraneux, que les sonsirritent l’épa- nouissement du nerf acoustique : c’est au travers des divers corps et humeurs de l'œil'que la lumière arrive à la rétine. Les corps qui excitent les sensations tactiles, agissent sur le derme et ses prolongemens par l'intermédiaire de l’épi- derme et du mucus de Malpighi. Enfin, les substances qui excitent particulièrement les nerfs gustatif et olfactif, ne se mettent en contact avec les parties propres d’en être affectées , que par l'intermédiaire des liquides pe sosie tent les fosses nasale et orale. Tandis que l'oreille ét l'œil consistent dans des appa- reils très-compliqués , les organes du toucher, du goût et de l'odorat ne sont que des développemens du système cutané. Quant à ces deux dérniers ; leur mode d'impression est le même, c’est-à-dire qu’ils doivent être tous deux péné- trés des liquides qui les arrosent et qui viennent d’être chargés de matières propres à exciter les sensations du goût et de l'odorat. Les liquides qui humectent les fosses nasale et orale, sont donc une condition indispensable pour que ces organes remplissent leurs fonctions. Dans des maladies où ces fosses deviennent sèches, les substances qui excitent, dans l’état normal, des CES ne produisent point d'effet. | Quant à l'organe de l'odérat les ‘poissons d'écanteni du type général qui caractérise des vertébrés, en ce que leurs fosses nasales ne communiquent pas ave l’arriére- bouche, et en ce qu’elles ne-sont pas en contact avec l'air, mais avec l’eau, Les substances odorantes. ne peuvent donc (171 ) agir sur elles que parl’intermédiaire de l’eau : tandis qu'en règle générale, ces subslances ne parviennent aux organes olfactifs que, par la voie de l'atmosphère, sous formede gaz. » Voilà les circonstances que M. Duméril a pris en con- sidération particulière, et qui l’ont décidé à regarder les fosses nasales des poissons comme servant au goût, vu que les substances odorantes ne font pas impression sur elles à l'état gazeux, mais sous forme de solution. C’est ce sujet que M. Desvignes examine dans son mémoire: c’est l’opinion de M. Duméril qu’il combat comme inexacte. ». Quant à l’introduction du mémoire et à la description anatomique de l'organe en question , elles n’offrent rien de particulier ; le rapporteur se croit donc dispensé d’en faire l'analyse ; il fait néanmoins remarquer, sur ce point, que M. Desvignes a négligé de puiser dans l'excellent ouvrage de M. Treviranus, des observations précieuses en faveur de la théorie que les fosses nasales des poissons sont organes de l’odorat. s » Ni Treviranus, ni Rudolphi, ni d’autres auteurs n’ad- mettent la théorie de M. Duméril suivant laquelle les fosses nasales des poissons serviraient à la gustation. M. Desvignes est en erreur sous ce rapport : 11 paraît qu'il ne sait pas l'allemand ou qu’il a mal compris le paragraphe où Trevi- ranus s’'énonce en résumé sur ce point, t. VI, page 306. » Voici comment s'exprime le célèbre auteur de la Biologie : | | « D’aprés cet exposé, l’on ne peut méconnaître une » grande ressemblance des instrumens de l’odorat des » poissons avec leur appareil respiratoire. Les uns et les » autres sont d’une structure lamellaire, et très-riches » en vaisseaux sanguins, et l’eau est reçue et rejetée aussi » bien par les ouvertures des ouïes que par l'organe ol- Tow. 1. 12 (12 ) » factif. Ce n'ést pas léau, mais l'air qui y est contenu » que les poissons respirent au moyen des ouïes. Quélqué » chose désemblable à probablement aussi lieu par lé nez » de cés änimatux. Il n’existé pas de raison d’ admettre que » ce’sont les substances dissoutes dans l'eau mêmé ‘qui » irritent lés nerfs olfactifs des poissons." Si c'était le bé: » leur nez serait, nôn pas organe de l'odorat, maïs dû goût, » et, par cbrééquent, n'aurait pas une “AtrüBtire qui, » quoique différente sous maint rapport de la conforma- » tion des organes de l'odorat des animaux d’ordrés supé= » rieurs, n’en ressémble pas moins sous d’autres rapports » à cette conformation, à tel point que Y'hypothèse d’une » différence des élémens de l'odeur entre les poissons et » ‘les animaux réspirant Pair, n’a aucune probabilité. » » Rudolphi adopte met l'opinion de Treviranus : et Carus s’énonce à peu près de même sur ce sujet: » Voici les considérations principales dont M. Desvignes s'appuie pour réfuter M. Duméril. | » La membrane muqueusé qui tapisse les creux nasaux des poissons , est pourvue de prolongemens plus où moins considérables, de feuillets qui sont réunis de différentes ma- - niéres et dont l'assemblage ressemble beaucoup aux bran- chies de ces animaux. Les poissons, dit M. Desvignes, ne décomposent pas l’eau qu'ils respirent;ce n’est pas l'oxigène qui entre dans la composition chimique de ce liquide, qui leur sert d’hématose, mais Pair atmosphérique qui y est mêlé séatiiquüément. M. Desvignes suppose que les feuillets brarichiaux séparent l'air de ce liquide: ét il at- tribüe aux lamélles nasales une faculté analogue, celle de séparèr de l’eau les molécules adorantes qu'il suppose y être à V état gazeux! Quant au renouvellement de l’eau dans les fosses nasales, nécessaire pour avertir l'animal du milieu (173 ) qui l'entoure, M. Devignes, niant l'existence de muscles à ces parties , l'explique par le mouvement de la tête de l'animal. Par ces mouvemens, dit-il, l’eau est repoussée au delà des limites du corps, celle avoisinante y afflue pour remplir le vide, et il en découle des narines par les orifices les plus déclives; cette eau est aussitôt remplacée par celle qui entoure l'animal. De cette manière s’opérent l'entrée et la sortie du véhicule adorant. » Jetons maintenant un coup d'œil sur la manière de voir et sur les conjcètures de notre auteur , relativement au mode dont les braänchies respiratoires ét les olfactives agissent sur l’eau} et à celui dont le renouvellement à lieu dansles fosses ivigateg: Les lamelles branchiales et olfactives, en fendänt Peau ; doivent en faciliter l’action sur elles. Mais comment pourtaient-elles séparer ces déux fluides ; l'air etl'éaü , l'ün de l’autre? C’est cé qu'il est difficile de con- cevoir, Cétté'séparation n’ést aucunement nécéssaire pour expliquer l'action de l'air et de substances odorantes sur lés branchiés; car il est constant que des substances dis- soutes dans l'eau, ou y étant à l'état gazeïforme, peuvènt passer de ce hquids à un autre flnide. Or, les branchies respiratoires et olfactives sécrétant des hümeurs , Pour s’en entourer, et l’eau étant dans un contact d’é éébie avec ces humeurs, celles-ci servent de véhicule de transmis- sion de Pair au sang et des molécules adorantes à la pulpe nerveuse, ainsi que nous l'avons dit au commencement de ce rapport. | » Pour expliquer le renouvellement de l’eau dans les fosses nasales, on n'a pas besoin d'hypothèses qui sont, outre cel, en opposition avec V'hydrostalique. Les poissons fendent l'eau comme les oîiseaux fendent l'air. Dans leurs mouvemens, ils rencontrent sans césse de nouvelles cou- ( 174 ) ches de leur milieu ambiant. Des vides ne se forment jamais entre eux et ce milieu , dont les couches se succé- dent sans solution de continuité. » Les fosses nasales des poissons n'étant que des creux peu profonds, la pression de l’eau, contre laquelle ils di- rigent leurs efforts moteurs , doit avoir également lieu sans interruption aussi bien sur ces fosses que sur le reste du Corps. » Finalement nous ferons remarquer que les orifices de ces fosses , ou un seul quand il y en a deux, sont munis de muscles qui peuvent favoriser ou non l'entrée et la sortie de l’eau, suivant qu’ils agissent ou non. » Quoique le rapporteur soit en opposition avec l’auteur sur les points que nous venons d'examiner, néanmoins il admet avec lui que l'organe de l’odorat des poissons peut suppléer jusqu'à un certain point aux autres sens qui ne sont, en général, que peu développés; et que ‘cet organe doit être affecté par un plus grand nombre de substances que ne l’est celui des animaux respirant l'air, vu que le milieu qui entoure ces premiers, leur amène beaucoup de substances en état de dissolution, état qui doit en favo- riser les émanations. » Enfin, il pourrait se faire que des substances adorantes, dissoules dans l’eau, affectassent les nerfs olfactifs et pro- duisissent des sensations de l’adorat; de sorte que leur état , ou gazeux ou fluide, n’influerait que sur leur mode d'impression. | » Quant aux sensations mêmes, elles nous paraissent être le résultat d’une série de phénomènes autres que la per- ception primitive par les organes; elles sont le résultat de l’action du cerveau, centre du système nerveux : cette aclion, on essaierait en vain de l'expliquer. » (1% ) Du semis des ‘pommes de terre. — M. Pycke lit l'extrait d'un mémoire de M. Van Mons, membre de l’Aca- démie , relativement au semis de la pomme de terre et au moyen d’en améliorer l'espèce. Comme le semis de ce tuburcule est depuis long- temps très-négligé en Belgique, l'Académie a pensé qu'il serait utile de publier cet extrait dans son Bulletin. « Chaque plant de semis produit une variété, ayant une époque de maturité et une durée de cuisson différen- tes : 11 convient donc de ne point semer, récolter ni plan- ter pêle-mêle. ». La graine d’une même pomerés donne également des variétés de production. » La pomme de terre doit être récoltée en temps op- portun; car, mangée avant ou après la maturité, elle est - de mauvais goût, et ressemble en ceci à la poire; mais les variétés précoces doivent être entre-cueillies et recevoir un complément de maturation dans une cave ou lieu obsçur : ce sont celles de printemps et d'été. Les variétés d'hiver doivent rester assez long-temps en terre jusqu’à ce que la fane jaunisse; tandis que les autres maturités doi- vent être cueillies quand la fane est encore verte. Mais aucune ne peut rester en terre jusqu’à ce que la fane soit sèche, ou que le tubercule n’y tienne plus Ru on l’arrache. » Il ya des variétés, mais en petit nombre, qu'on peut planter à des époques différentes, en mars, avril et juin, pour les avoir de trois saisons. » Pour propager la pomme de terre par le semis, on recueille la graine sur une bonne variété et qui soit récente de procréation : elle doit être cueillie mi-verte, comme ( 176 ) celle des légumes. IL faut donc éviter de ramasser les pommettes que la maturité a détachées de la fane. ..». La pomme de terre, récoltée mûre, est impropré.à la propagation ; les hâlives y perdent leur précocité. ». Lorsque le plant est de force convenable, on:choisit un temps couvért ou de pluie interrompue, pour le lever avec une-apparence de motte et repiquer à trois quarts de pied d'intervalle. On repique en terre fumée, et la distance de trois. quarts de pied: donne la facilité de tenir assorties les différentes variétés. L'on ne recueille que les tubercules qui adhèrent encore aux racines, afin de ne pas confondre les différentes sortes. On les conserve dans des caisses divisées en autant de compartimens qu'il y a de sortes. On ne peut encore jusqu'alors faire aucune dégus- tation. F0: ». L'année suivante , on plante pour essai aux'deux'épo- ques de mars et de mai : on pourra juger de la saison à laquelle les différentes variétés appartiennent ; au moins on saura si elles. sont hâtives ou tardives. Les plus gros tu- bercules sont dégustés alors en différens temps: une qualité mi-bonne ne doit pas encore être rejetée; on ne supprime qu'après un second, un troisième essai défavorable. La pomme de terre comme la poire:ne marque pas de suite par toutes ses qualilés natives:, et elle n’a pas besoin de la fécondation étrangère pour produire des variétés. » Quelques-uns laissent le plant en place et lèvent de bonne heure, pour que lés tubercules, en se détachant des racines, ne s’entre-mêlent pas : on en obtient un plus grand nombre, mais presque tous très-petits et dont la plupart seraient impropres à la propagation, si on ne les conservait en sable frais : on perd toujours un an pour la jouissance. | (. 497 ) » Les tubercules de moyenne grosseur sont à préférer pour la replantation. » Pour le semis , on laisse mûrir, jusqu’à blancheur, la pommette ( zaed-appel); et on l'écrase sous l’eau en la macérant dans la main. On laisse déposer la graine, dé- barrassée de sa moëlle (parenchyme) : on la lave et on l’étend sur une toile où on la laisse sécher. .»,.On. sème en mars : quelques-uns sèment en même temps qu'ils lévent les tubercules de terre, et enfouissent les pommettes entières dans un terrain préparé ; mais la graine ne lève pas plus 1ôt pour avoir passé l'hiver en terre. Le semis se fait en exposition chaude : l'essentiel est de tenir bien séparés les tubercules de chaque plant et de cultiver chaque sorte à part, sur des planches séparées, jusqu’à, l'admission de l’espèce dans la grande culture. Une variété récente peut occuper la même localité durant plusieurs années; une ancienne doit changer de lieu, au plus tard, après vai ans ; mais elle peut y être D après. . » Le semis de la pomme de terre ne doit pas être pratiqué comme moyen de multiplication , mais de bonification. Le semis doit être employé et encouragé dans le but de renouyeler l'espèce vieillie, que l’âge a rendue décrépite , improductive , dénuée je: bon goût et de toute bonne qualité : il sert enfin à perfectionner les variétés et à en augmenter les espèces. La pomme de terre a moins de temps à rester bonne que la poire, et ce temps s’abrège encore selon que Fespèce est plus fine. » L'instruction de M. Van Mons sur le semis de la pomme de terre ne saurait être trop répandue et encou- ragée en Belgique : c’est le seul moyen d’y faire renaître la qualité primitive de ce tubercule, qui sert à la nour- (178 ) : riture presque universelle de la société. Le semis fera gagner des variétés nouvelles ; les variétés produiront de meilleures espèces de pommes de terre : c’est donc pour encourager l'amélioration de l'espèce et pour la reproduc- tion de nouvelles variétés, que nous proposons d'insérer cette notice dans le Bulletin de l'Académie. » Une question incidente a donné lieu à une observation. M. Cornelissen a rappelé combien un grand nombre de végétaux tendait graduellement à s’affaiblir et à dégéné- rer dans les champs d’un même canton, si, à des époques que l'expérience fait connaître aux cultivateurs qui con- naissent leurs intérêts, des graines provenant d’autres champs et même d’un pays étranger et éloigné , ne venaient après quelques années, remplacer les produits du semis annuel, et former en quelque sorte une génération toute nouvelle et vigoureuse des plantes, qui à son tour ne tardera guère à dégénérer, et exigera le même remplace- ment. Or, l’auteur de cette observation , appuyé par quel- ques membres de l’Académie, ne paraît pas éloigné de croire , que ce même procédé, fondé sur l'expérience, pour- rait être appliqué avec succès ou du moins essayé, comme un nouveau moyen à ajouter à ceux dont le savant auteur du mémoire qui précède, conseille l'emploi. Il croit sur- tout qu’en ayant soin de ne faire d’autre choix que parmi lés meilleurs espèces, l'usage des tubercules étrangers, bien mieux que celui des graines, pourrait atteindre le but. L'Académie, frappée de cette observation , dont de sim- ples essais, sur un champ de peu d’étendue, pourraient bientôt constater l’utilité, en a ordonné l'insertion, en forme de complément à l’analyse qui précède. Chimie. — L'Académie avait réçu, dans sa séance du 7 févrièér, un mémoire de M. Martens, contenant des ré- , ( 179 ) flexions relatives à la théorie électro-chimique de Paffinité et à la composition moléculaire des corps. MM. les com- missaires nommés pour examiner ce travail, lui ont pré- senté le rapport suivant (commissaires MM. Van Mons, De Hemptinne et Cauchy, rapporteur) : « M. Martens, déjà connu, sousles rapports les plus favo- rables, des chimistes qui ont eu l’avantage de lire son mé- .moire sur les chlorures d’oxides , dont M. Ballard vient de leur offrir la contre partie (1), a fait part à l'Académie, dont il a été récemment nommé correspondant, de ses réflexions sur la théorie électro-chimique. Les idées qu'il développe dans ce mémoire, et dont on trouvait déjà des aperçus dans le précédent, sont tellement conformes à celles que le rapporteur professe depuis quinze ans, qu'il se voit, à regret, forcé de supprimer les éloges qu'il voudrait pouvoir donner à ce dernier travail; il se bornera donc à en présenter un résumé qui fera connaître l'opinion de M. Martens sur les principes fondamentaux de la chimie moderne. » M. Martens commence par résumer tous les motifs qui ont porté les premiers chimistes, dignes de ce nom, a admettre comme cause principale des combinaisons et in décompositions chimiques, la force attractive agissant entre les molécules dissemblables et qu'ils ont nommée afinité. Les mêmes motifs doivent encore , selon lui, dé- terminer les hommes qui s'efforcent d'achever l'édifice dont ils ont trouvé les premiers fondemens, à conserver cette idée si simple et si féconde, mais ne pas les empêcher de la modifier suivant les exigences nouvelles qu'ont pro- {1) Ann. de Chimie et de Physique, 1.57, p. 229. ( 180 ) duites les découvertes modernes. Il reconnaît que l'in- fluence électrique est une des forces secondaires qui mo- difient, le plus fréquemment et le plus énergiquement, les effets: dûs primilivement à l’affinité, mais il se: réfuse à croire que les combinaisons chimiques ne sont que l'effet des‘attractions électriques ou des états électriques divers dans lesquels les corps se constituent, au moment de leur contact; et, tout en rendant justice à l’ingénieuse hypo- thèse imaginée par Ampère pour soutenir cette docirine, il trouve un obstacle insurmôntable à son adoption dans la difficulté d'expliquer la persistance et l'intensité de l’union des molécules combinées, aprés la neutralisation des'deux fluides qui l'auraient provoquée. Il admet donc que cette force venant ; dans certains cas, seconder celle de l’afinité, provoque la formation de certains composés, qui, sans elle, eussent été impossibles ; « de même que la force vitale, » chez les êtres vivans, y détermine , conjointement » avec la force chimique, des combinaisons que cette » dernière force, prise isolément, n'aurait pu: pro- » duire, dans les mêmes circonstances. » Il admet , éga- lement, la proposition inverse; rappelle et explique, avec une grande lucidité, plusieurs des phénomènes connus de tous les chimistes, dont la théorie oblige à accorder un rôle actif au fluide électrique; « mais, dans tous les cas, » ajoute-t-il, l’action électrique ne peut empêcher l’affi- » nité chimique de produire soneffet, que lorsque celle- » ci est trés-faible et qu’il faut des circonstances favo- » rables pour qu’elle puisse produire une ‘combinaison. » Ainsi, le potassium s’oxide entièrement dans l'air, lors » même qu'il est enu constamment électro-négatif, en » le mettant en communication avec le pôle négatif d’une » batterie galvanique dont le pôle positif communique ( 181 ).. » ayec le:sol. Un fil de zinc est attaqué par l'acide sulfu- »..rique étendu d’eau et dégage de l’hydrogène , lors même » «qu'on letient constamment chargé d'électricité négative, » er le. faisant communiquer avec le conducteur négatif »d'unèhforte machine électrique en mouvement; et le ».- dégagement d'hydrogène est:même absolument égal que » le fil soit électrisé négativement ou qu’il le soit positi- _»'vement:»comme je l'ai reconnu , enle mettant successi- ». vement énxcommunication avec le conducteur négatif »..et de,conducteur positif d’une bonne ét forte machine ». électrique..Un fil:de ‘cuivre ‘en communication avec le », pôle négatif d'une pile ;'et, par conséquent, électro-né- »! gatif, n’en'estpas moins oxidé et dissous par l’acide ni- » trique dans lequel on le plonge , etc.» v Cette première partie du mémoire de M. Martens en estäussi , selon nous, la plus remarquable. Les considéra- tionsqu'ilprésente ensuiterelativement àl’influence queles corpssimples exercent sur la ‘disposition des composés du premier ordre à prendre telle ou telle espèce d'électricité, né nous paraïssent ni développées ni motivées avec le même soin. Nous admettons, parexemple, que l'acidité ou la ten- dance-à prendre l’état électro-négatif est produite par l’oxi- gène ;et;ajouterons-nous, par les autres élémens acidifians ou-électro-négatifs; Valcalinité ( en étendant l’acception de ce nor à tous les composés du premier ordre basiques), ou la tendance à prendrel'état électro-positif, par les élémens - alcalifians ou électro-positifs ; nous croyons aussi que «l’aci- »sdité ou l'aléalinité d’un corps ne’peut pas être due uni- »-quement à la prédominance de tel ou tel état électrique ;» et:cependant-:nous ne sommes pas convaincus que si «le » protoxide d'azote, qui est neutre , ne devient pas acide, » en passant à l'état de deutoxide, c’est qu'il est possible - ( 182 ) » que, malgré son état électro-négatif, qui doit lui donner » de la tendance à se combiner avec les bases , il n’ait cepen- » dant point pour elles assez d’affinité pour pouvoir s’y unir » et présenter ainsi la propriété caractéristique des acides.» » L'auteur termine sa notice par quelques considérations générales sur la composition moléculaire des corps. Il com- bat l'hypothèse dans laquelle, pour éluder des difficultés bien connues de tous ceux qui se sont occupés de cette matière, on établit une différence entre les molécules chi- miques, supposées indivisibles, et les groupes de ces mo- lécules auxquels on a proposé de donner le nom d’atomes physiques. I] appuie , au contraire , celle de Berzelius, d’a- près laquelle les gaz composés peuvent contenir, sous le même volume, un plus grand nombre de molécules que les gaz simples, et ne voit même pas de raisons suffisantes pour admettre que ceux-ci en renferment tous un égal nombre. Ces observations, quoique présentées avec beau- coup de talent, n’ont pas, comme les premières, le mérite de la nouveauté. » Des remercimens seront adressés à M. Martens pee la communication qu’il a faite à l’Académie. Technologie. — MM. Pagani et Quetelet, qui avaient été chargés de l’examen d’un mémoire de M. Goetmaekers sur l'horlogerie, font connaître que cet ouvrage sort entière- ment du cercle des travaux de l’Académie, l’auteur n'ayant considéré que la partie purement matérielle de son art, et n'ayant pas touché à des questions relatives à la science. L'Académie entend encore la lecture de plusieurs autres rapports sur des mémoires des membres ou sur des ouvrages envoyés par M. le Ministre de l’Intérieur pour avoir un ju- sement motivé de la compagnie. On s’est occupé ensuite du renouvellement des com- ( 183 ) missions, soit pour l'examen des mémoires des membres, soit pour la présentation des candidats dans la classe des sciences et dans celle des lettres. La séance a été terminée par différentes élections : M. Le baron de Stassart a été continué dans ses fonctions de directeur. M. De Gerlache a été désigné comme directeur pour l’année prochaine. | M. le professeur Grahay a été nommé membre de la classe des sciences, sauf l'approbation de Sa Majesté. M. Delmotte , bibliothécaire et archiviste à Mons et M. le baron De la Doucette, de la société des antiquaires de France, ont été nommés correspondans dans la classe des lettres. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Rapport fait au nom de la section centrale, par M. Ad. Dechamps sur le titre IIT du projet de loi sur l’instruction publique , petit in-folio. Abrégé de Chimie , à l’usage des leçons , par J.-B. Van Mons, tome V, in-12, Louvain , 1835. Règlement pour la conservation du Cadastre du Royaume de la Belgique, 1 vol. in-4°, avec un volume de modèles in-folio , Bruxelles , chez M. Stapleaux , 1835. Sur Homme et le Développement de ses Facultés , ou Essai de Physique Sociale , par À. Quetelet, 2 vol., in-8e, Paris ; chez Bachelier, 1835. Annales de Hainaut , par Jean Lefèvre , publiées pour la première fois avec des notes par M. le marquis de Fortia d'Urban , 1 vol. in-8° , Paris chez l’auteur , 1835. Essai général d'éducation physique, morale et intel- lectuelle , suivi d’un plan d'éducation pratique, etc. , + ( 184) par M. A: Jullien ” Paris, 2° édition, 1 vol. in-&. Paris, 1835. Projet d'établir à Paris une société centrale d’édilité, brochufe in-8° ; par M. A. Jullien de Paris. Esquisses des premiers principes d’horticulture, par J. Lindley, trad. de l’anglais par Ch. Morren, #. vol. in-18, Bruxelles chez Dumont 1835. Les Tournois de Chauvenci, par Jacques Bretex, an- notés par Ph: Délmoité et publiés par H. Delmotte son fils, 1 fort vol. in-8° Wälenciennes , 1835. Ménoiré sur lo érigine Japonais, Ardbé et Basque dé la civilisation des péuples du platiau de Bagota, par M:iParavey'/brôch. in286/ 1835. Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut, 2° anniversaire , broch..in-8. Société philanthropique. Prix en faveur des mémoires qui auront le mieux établi les bases et les conditions d'association applicables aux sociétés de secours mu- tuels et de prévoyance. Broch. in-4°. Journal de l Académie d’ horticulture, toi. I, "ge li- vraison. us Herbarii timorensis descriptio cum tabulis 6 aeneis, auctore Josepho Decaisne. 1 vol. in-4°, Paris, « chez Poe 1835. HAE Mémoire sur la division et la nomenclature des mon- naîes , par M: L. Costaz, broch. in-4°, Paris. Annonce des prix décernés par l’Académie des Séiences de Paris, pour l’année 1834. In-4°. © Sur la mortalité proportionnelle des peuples , consi- dérée comme mesure de leur aisance et de leur civilisa- tion, par sir Francis d’Ivernois, broch. in-8°, Genève 1834. Là congiura de” Tessitori, tragedia di Diego Piacen- tini, 1 vol. in-12, Gand, 1835. ( 185 ) Recherches sur les coquilles fossiles de la province d’ Anvers , par H. Nyst, broch. in-8, Bruxelles 1835. Analyse chimique, tableau in-folio par M. Valerius, Bruxelles 1835. Annales de l'école flamande moderne, prospectus in-8° par M. Voisin, Gand 1835. RAPPORT A MONSIEUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR, SUR LES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXEL.LES ; PENDANT L'ANNÉE 1834— 1835. Moxsreur LE MunisTRE , Je dois à l’indulgente bienveillance de mes confrères un titre qui m'impose une tâche d'autant plus difficile à rem- plir, que les précédens rapports annuels sur les travaux de l'Académie Royale de Bruxelles, vous ont donné le droit d'être exigeant. | L'ère de l'indépendance de la Belgique est à peine com- mencée, et déjà se fait sentir d’une manière frappante son heureuse influence sur les sciences et les lettres. Une jeu- nessé, avide de savoir, montre pour les études solides une ardeur qui n’a besoin que d’être bien dirigée; de nombreux ‘efforts attestent de toutes parts l’activité des esprits et le dé- sir de voir notre beau pays occuper une place HORUrAINe dans les rangs de la civilisation moderne. Tom. nr. 15 ( 188 ) En mettant au concours plusieurs questions importantes, l'Académie a secondé l’impulsion donnée aux études his- toriques par le Gouvernement. Si les mémoires présentés à la classe d'histoire, n’ont pas complétement rempli ‘son attente, ils offrent du moins des détails bons à connaître et des matériaux précieux. M. De Reifflenberg, membre de cette classe, et que le premier corps savant de l’Europe, l'Institut de riibe. vient d’ se rl M. De Reiffenberg, avec cette flexibilité de ta- lent qu’on lui connaît, a payé dignement son tribut. Il suf- fit, pour s’en convaincre, de lire les procès-verbaux de nos séances. Il a publié , depuis notre dernière réunion générale , son cinquième mémoire sur l’universilé de Louvain, et la se- conde partie de sa Sfatistique ancienne de la Belgique, destinée à jeter un jour si lumineux sur les mœurs et les usages de nos ancêtres. Son recueil de légendes intitulé le Lundi, va paraître incessamment; on lui doit encore une édition corrigée et augmentée de l’Histoire politique de l'Europe par Heeren ,3 vol. in-18, un mémoire sur Ru- bens, plusieurs articles sur notre histoire , insérés dans le Journal de l’Institut historique, dans le Messager des arts, etc., des notices dans la Biographie universelle, où j'ai moi-même déposé de faibles hommages à la mémoire de quelques-uns de nos compatriotes qui se sont illustrés dans ces derniers temps. Les travaux de M. De Reiffenberg, à la commission royale d'histoire , et ceux de M. De Gerlache vous sont con- nus, Monsieur le Ministre. L'un et l’autre, ainsi que MM. Cornelissen, Raoux, Marchal, Pycke et Bekker ont fait à l’Académie d’ jiléé communications et des rapports trés-intéressans sur divers mémoirés manuscrits. ( 189 ) M. Marchal continue avec un zèle sans égal , la rédaction de’son catalogue de la bibliothéque de Bourgogne ; l’Aca- démie s'intéresse d'autant plus à ce beau travail, qu’il doit lui procurer , pour ses recherches , d'immenses facilités. Nous avons été satisfaits d'apprendre que M. Van Heusde, qui habite toujours Utrecht, venait de mettre la dernière main à son /nitia philosophiæ platonicæ. Un de nos correspondans, M. Goëthals-Vercruysse , avait composé/sur la bataille de Courtray ou des éperons , une dissertation flamande assez étendue; elle était restée dans son porte-feuille ; M. Auguste Voisin l’a traduite en Fran- çais, et le public jouit maintenant de cette élégante ver- sion. D'autres correspondans de la classe d'histoire ont enri- chi notre bibliothéque de leurs ouvrages : M. le Marquis de Fortia , de sa belle éditiou de Jacques de Guyse et d’un Traité sur l’immortalité de l'âme; M. Raynouard , de son Histoire du droit municipal et de ses Recherches sur les épopées romanesques des troubadours ; M. Leglay, du Balderici chronicon, et M. Jullien de Paris, de son Ta- bleau synoptique des connaissances humaines. Je ne crois pas sortir du cercle qui m'est tracé, si je mentionne , ici, deux compositions historiques favorable- ment accueillies par le public et que leurs auteurs ont présentées à l’Académie : la troisième édition de ?His- toire de la Belgique , par M. l'abbé de Smet ; et les Lettres sur la Révolution Brabançonne , dans lesquelles M. Bor- gnet a su juger, avec impartialité | une époque mal appré- ciée jusqu'ici, parce qu’elle n’avait guëre eu pour appré- ciateurs et pour juges que des hommes passionnés, que des hommes de parti. L'Académie met au nombre des objets dont elle s'occupe ; | ( 190 ) tout ce qui tient.à Ja science numismatique, et plus par- ticulièrement encore, les médailles qui consacrent nos souvenirs historiques; elle vous offre sa coopération :et ses services pour la collection-que:vous vous proposez de former: La conservation de nos anciens monumens a plus d'une fois excité son zèle. Aussi ne manque-t-elle pas d’ap- plaudir à la sollicitude avec laquelle le-Gouvernement y donne aujourd’hui tous ses soins. Ses réponses empressées, toutes les fois que vous avez jugé convenable de la consul- ter, doivent vous avoir convaincu de son vif désir de s’as- socier à vos vues d'utilité publique. Les sciences ont puissamment contribué, de nos jours, aux progrès de l’industrie et de la prospérité générale : les mathématiques leur ont été d’un secours inappréciable ; on connaît les prodiges opérés par la physique et la chimie. Le siècle 19° sera, par excellence, le siècle des découver- tes : chaque jour , chaque instant pour ainsi dire, en voit éclore de nouvelles. Si la Belgique n’a pas, sous ce rapport devancé ses voisins, elle s’empresse au moins de suivre la marche qu’ils ont tracée ,'et les hommes désintéressés qui consacrent-leurs veilles à Té tude ont assurément bien mé- rité de la patrie. La patrie ne leur refusera pas sans doute ,en échange de nombreux sacrifices, quelques témoignages de cette considération si propre à les consoler des trop fré- quentes contrariétés auxquelles les expose cet esprit de routine et de dénigremént, espèce de modestie envieuse qui fait qu’on se croit incapable de rien de grand , mais qui ne permet point de supposer chez les autres de plus heu- reuses dispositions. É Des mémoires d’une importance réelle ont été soumis à la classe des sciences : MM. Van Mons, Kesteloot, Thiry, d'Omalius, Garnier, Quetelet, Dandelin , Pagani, Cau- ( 191 ) chy, Dumortier , Sauveur, Timmermans, De Hemptinne, Fohmann et Lejeune les ont appréciés dans des analyses d’une précision et d'une clarté remarquables. Plusieurs d’entre eux , indépendamment de ces travaux académiques, ont acquis de nouveaux droits à l'estime des savans par la publication d'ouvrages fort recommandables. M. Quetelet, doué de cette prodigieuse facilité de tra- vail qui permet de tout entreprendre avec la certitude de tout achever, a donné, cette année, outre une nouvelle édition de son Astronomie Élémentaire ( 2 vol. in-18) et l'Annuaire de l'Observatoire de Bruxelles pour1835,deux volumes imprimés à Paris sous ce titre : Sur l’ Homme et le Développement de ses facultés, ou Essai de Physique Sociale. I a complété son huitième volume de la Corres- pondance Mathématique et Physique ; enfin il a réuni, dans un mémoire sous presse en ce moment, les observa- tions météorologiques faites à observatoire pendant l’an- née 1834. M. Van Mons, chez qui l’âge n'a point affaibli l'amour de l'étude et de la science, a terminé son Æbrégé de Chimie ;le cinquième et dernier volume vient de paraître. M. Vandermaelen, à qui Bruxelles est redevable d’un de ses plus beaux établissemens scientifiques, en est au 6° volume de son Dictionnaire géographique des provinces de la Belgique. M. Blume continue de cultiver avec succés la botanique; les dernières productions qu’il nous a fait parvenir et qui sortent des presses de Leyde, en fournissent de nouvelles preuves. Nous devons à nos Re eue étrangers divers ou- vrages intéressans : A M. Ampère, l'Essai sur la Philosophie des sciences ; E ( 192 ) À M. Moreau de Jonnès, la Statistique de l'Espagne; À M. Encke, l'Annuaire astronomique de Berlin ; À M. Villermé, Recherches sur la population de la Grande-Bretagne ; À M. de Candolle, un Mémoire sur la famille des Com bretacées et une Notice historique’sur le savant botaniste Desfontaines ; A M. Geoffroi Saint-Hilaire, les Fra gmens sur la struc- ture et les usages des gr A mamellaires des cétacés ; À M. Matteuoci , de Forli, Recherches sur l’origine de la chaleur animale. M. Chasles nous a fait part de divers résultats géométri- ques obtenus par lui. | Nos correspondans régnicoles nous ont également fourni leur quote-part ; M. Schmerling, par la continuation 49 ses Recherches sur les ossemens fossiles ; M. Dumont, par un Mémoire sur lastructure des cônes volcaniques de l'Eissel ; M. Martens, par une Notice sur la théorie chimique de l’affinité, et sur le mode de composition moléculaire des corps ; | M. Morren, par des dissertations qui décélent l’observa- teur judicieux et par des découvertes propres à jeter quel- que jour sur les temps primitifs de la Belgique ; MM. Wesmael et Plateau, par de savantes notices lues à nos séances qu'ils ont, ainsi que M. Van Praet, corres- pondant de la classe d'histoire , suivies avec assiduité. Deux noms dont l’Académie s’enorgueillissait à Juste titre, viennent d’être effacés de la liste de ses membres : la mort nous enlève M. Dewez ( dont toute la vie, si pleine et si laborieuse, ne fut, pour ainsi dire, qu'une constante ( 193 ) penséé pour la gloire de son pays), et l’illustre auteur de l'Esprit des institutions judiciaires (1). qui, bravant de mesquins préjugés , écrivit son livre dans la langue la plus propre à rendre, en peu de temps, sa réputation euro- péenne, MM. Quetelet et de Reiffenberg ont été , dans cette circonstance, les dignes interprètes de nos regrets. L'Académie a fait aussi d’heureuses acquisitions. MM. Bekker, Belpaire et Grandgagnage ont été nommés mem- bres ordinaires de la classe d'histoire ; MM. De Hemptinne, Fohmann et Lejeune , de celle des sciences. Tous avaient acquis des droits à ses suffrages par les palmes académiques qu’ils avaient cueillies, et-par des ouvrages d’un mérite incontestable. MM. Martens, Matteucci, Morren, Cubeiaie et le baron Sylvestre de Sacy, Son ta parpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, ont été mis au nombre de nos correspondans. . L’affiliation de M. Courtois a été de bien courte durée; ce savant, si modeste, si recommandable, vient d’être ravi presqu’inopinément à sa famille, à ses amis, à ses douces occupations, et cela dans la force d l'âge, lorsqu'il parais- sait pouvoir compter encore sur de longs jours (*). _ L'Académie a publié, dans l’espace d’une année, deux volumes de ses Mémoires (le huitième et le nhpvidiie) et le dixième volume des Mémoires Couronnés. Je ne pense (:) Meyer ( Jonas-Daniel } , mort le 6 décembre 1834, à Amsterdam. Il était né à Arnhem, le 15 septembre 1780. (2) Charles Courtois est mort à Liése, sous-directeur du jardin bota- nique de l’université de cette ville, le 14 avril 1835. Il avait composé, avec M. Lejeune, le Compendium floræ Belgicæ. La moitié de l’ouvrage a déjà paru; il faut espérer que le Gouvernement favorisera l’impres- sion de la dernière partie. (194) pas qu'ils soient inférieurs à ceux qui les ont précédés. Nos Mémoires, plus connus à l'étranger qu’ils ne le sont dans la Belgiqüe même, nous ont valu de précieux témoignages d'estime de la part des principales sociétés savantes. Une correspondance active s’est établie entre elles et l'Académie de Bruxelles. Il est permis de s’en pro- mettre les plus favorables résultats. Je ne m'étendrai pas plus longuement sur les nombreuses communications qui nous ont été faites; les Bulletins mensuels renferment à cet égard des détails qu'il serait superflu de reproduire ici. Ces Bulletins, sous la plume correcté et précise de notre nouveau secrétaire-perpé- tuel, offrent un intérêt toujours croissant. Vous y aurez sans doute remarqué , Monsieur le Ministre, combien nos séances sont remplies; toutefois on ne peut se le dissi- muler, la séparation dés deux classes, pour leurs travaux habituels, serait désirable sous beaucoup de rapports; elle permettrait d'approfondir davantage les matières. Chacun, ne parlant plus qu’en présence de personnes livrées aux mêmes études, aurait la certitude d’être toujours compris et ne craindrait pas sans cesse de prolonger, outre mesure, des discussions qui, cependant, pour être fructueuses, ont besoin d'être en quelque sorte épuisées. C'est une modifi- cation qu’il sera facile d'introduire dans notre règlement lorsqu'on s’occupera de l’organisation définitive de l’Aca- démie. Alors sans doute sera créée une classe des beaux- arts. L'Académie ainsi réunira, comme en un glorieux faisceau , les Sciences, les Lettres et les Arts, ces trois puissans leviers de l'intelligence humaine. Nos statuts viennent d’être réimprimés dans un petit vo- lume intitulé: {nnuaire de l’ Académie Royale des Scien- ces et Belles-Lettres de Bruxelles. Le public pourra les ( 195 ) apprécier et l’on sera plus à même de juger des change- mens rendus nécessaires par les progrès de la civilisation. L'Académie jusqu'ici n’avait pas eu de séance publi- que;elle a décidé qu'il y en aurait une cette année , et l’époque en a été fixée au 16 décembre, jour anniversaire de sa fondation sous l’immortelle Marie-Thérèse. Une petite fille de cette magnanime princesse , dont la mémoire nous - est si chère, occupe aujourd’hui le trône de notre Belgi- que à côté d’un Roi qui se plaît à protéger toutes les ins- titutions utiles... De prospères destinées s’annoncent pour les Belges redevenus enfin nation indépendante. Puissent les sciences, les lettres et Les arts, encouragés par un Gou- vernement éclairé, jeter aussi quelque éclat sur la patrie _ qui nous est rendue. Bruxelles, le 6 mai 1835, Le Baron DE STASSART , Directeur de l’ Académie. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1835. — N° 6. Séance du 6 juin. M. le baron de Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur informe l’Académie que le Roi, par arrêté du 20 mai dernier, approuve l'élection faite de M. le professeur Crahay, en qualité de membre ordinaire de la classe des sciences. | M. Crahay est présent à la séance, ainsi que M. Delmotte, bibliothécaire de la ville de Mons, récemment nommé correspondant pour la classe des lettres. M. le Ministre de l'Intérieur annonce à l’Académie que, regardant la culture de la garance comme avantageuse à la Belgique, et ne voulant négliger aucun moyen de l’amé- liorer et de la répandre, il proposera au Roï- d'ajouter un prix de 500 francs à la médaille promise par l’Académie pour la solution de la huitième question de son programme, SAVOIT : | Déterminer quand et comment se forment les matières Tom. 11. 15 (198 ) colorantes de la garance, depuis sa germination jus- qu’à l’époque de sa pleine végétation. Examiner la structure anatomique et les fonctions physiologiques des parties tinctoriales de cette plante, et appliquer les ré- sultats de ces travaux à sa culture et à sa dessication. (Le mémoire devra être accompagné de planches.) Des remercimens seront adressés à M. le Ministre de l'Intérieur. Le secrétaire lit un extrait d’une lettre qu’il a reçue de Lisbonne, et qui contient les positions géographiques sui- vantes, indiquées par M. Philippe Zugallo. « Observatoire de Coïmkre, lat. N. 40° 12’ 30”; et re à l’ouest de Greenwich, 8° 24 4,2. » Ville d'Oporto, dans la rade, lat. N. 41° 854’; long. à l’ouest de Greenwich, 8 36’ 28,2. » Hauteur de la tour du château de Lisbonne au-dessus du niveau de la mer, 111 mètres. » Le museum d'histoire naturelle de Päris annonce à l'Académie la réception des derniers volumes de ses Mé- moires , et lui fait parvenir en même temps les volumes, publiés jusqu’à ce jour, de la nouvelle série de ses Annales. Remercimens. | Le secrétaire annonce que l’auteur du mémoire cou- ronné dans la dernière séance de l’Académie, sur l’épui- sement des eaux par le moyen de l’air , et dont le billet cacheté, portant l'épigraphe ef adhuc sub judice lis est, se trouvait égaré, est M. Jean-Adolphe-Joseph Devaux, ingénieur, faisant les fonctions d'ingénieur en chef des mines dans la 3° division, à Liége. L'Académie avait décerné aussi une mention honorable au mémoire sur l'état de la poésie flamande, depuis l'époque la plus reculée jusqu’à la fin du XIV: siècle. Le (: 19% ) secrétaire annonce qu'il a reçu une lettre de M. F. La- beye, de Maestricht, professeur au collége. de Tirlemont , qui J’autorise, à faire l'ouverture du billet -cacheté ui accompagnait ce travail, dont il est l’auteur. 09 M. Voizot , auteur du mémoire d'analyse qui n’a pu être admis au concours, parce que les différentes parties de cet écrit n’avaient point été énvoyées à l’époque désignée par lé programme, fait hommage à l’ Frodrie d'un exem- plaire imprimé de son travail. | 09 M., Van Mons écrit à l’Académie. las lettre nie au sujet du mémoire de M. Martens, sir la théorie électro- chimique de l’affinité, sur-lequel un rapport a été lu: à la séance précédenté. ( Voyezde Bulletin:, pag. 179.) «M. Martens, correspondant dé l'Acidémie | m'écrit.de Maestricht,,en date du 1%, juin :, « J'ai lu: le travail de M. Balard, sur les chlorures d’oxide, Ce travail établit qu’ou- tre les combinaisons (acides) déja connues du chlore avec l’oxigène, telles que. l'acide perchlorique, l'acide chlori- que et l’oxide (deutoxide) de chlore ; qué l’on peut consi dérer aussi comme un, acide, puisqu'il forme avec les oxides alcaliris, de véritablés sels, ainsi que je l'ai dé+ montré dans mon mémoire sur les chlorures d’oxides:s0+ lubles, ét que j'ai appelé acide chloreux, d'après Berzelius, il reste encore un autre composé oxigené de chlore, éga- lement acide ;et que M. Balard propose, d’après sa composi- tion, de désigner sous le nom d'acide hypochlorèeux : cet acide diffère essentiellement de! l'acide chloreux,:car une solution aqueuse très-concentrée de cé dernier n’at- taque pas à froid l’iode, là limaille de fer , le mercure ; de la même manière que le fait Facide Leu de M. Balard , c’est ce que j'ai constaté par l’expérience. J'ai, reconnu aussi que l'acide chloreux liquide est sans action ( 200 ) sur l'acide oxalique et sur le chlorure de sodium; ce qui établit une grande différence entre cet acide et l'acide hypochloreux. D'après M. Balard , les chlorures d’oxide dé- colorans seraient des hypochlorites mêlés de chlorures métalliques , et ce serait aux hypochlorites qu’ils devraient- leurs principales propriétés. Mais les expériences sont loin de prouver cette asserlion. Il n’est point parvenu, en effet, à extraire l'acide hypochloreux des chlorures d’oxide dé- colorans, et il n’a point obtenu des composés identiques à ces derniers en unissant l'acide hypochloreux aux oxides alcalins. Il suit, au contraire , de ses expériences que les hypochlorites diffèrent des chlorures d’oxide: 1° en ce que, par l'addition des acides, ils laissent dé- gager de l'acide hypochloreux, tandis que les chlorures d’oxides, dans les mêmes circonstances, ne donnent que du chlore; 2° en ce que les hypochlorites n’ont qu'une existence éphémère et se changent très-vite, à une tempé- raiure peu élevée, en chlorate et chlorure, tandis que beaucoup de chlorures d’oxide et, entre autres, celui de potasse, ne se décomposent pas ainsi par la chaleur. Ces caractères, montrent assez la grande différence qui se trouve entre les hypochlorites et les chlorures d’oxide décolorans, et je persiste à croire que, dans ces derniers, le chlore n’existe point à l’état d’un oxacide. » M. Goetmaekers, horloger à Tournay, écrit qu'il lui serait agréable d'obtenir la solution d’une série de ques- tions dont il adresse le catalogue à l’Académie. Le secrétaire fait connaître qu’il vient de recevoir un mémoire en réponse à la septième question sur les che- mins vicinaux, proposée pour le concours de 1836. ( 201 ) COMMUNICATIONS. Minéralogie. — Le secrétaire présente de la part de M. H. Galeotti, membre de la société géologique de France, él récemment couronné par l’Académie de Bruxelles , la notice suivante sur la wavellite de Bihain, minéral à peu près inconnu en Belgique jusqu’à ce jour (1). CARACTÈRES DE LA WAVELLITE DE BIHAIN. « Synonymie.— Alumine hydro-phosphatée ( Zauy ) ; hydrargillite, devonite , lazionite. » 1° Caractères chimiques (2): » Infusible au chalumeau. » Les fragmens , exposés à la flamme d’une bougie, ou mis sur un charbon, se gonflent et deviennent de transparens qu’ils étaient, d’un blanc de neige ; ils deviennent en outre très-friables. ; | » Poussière soluble , sans effervescence, dans les acides nitrique et sulfurique chauffés, en dégageant une vapeur qui corrode légèrement le verre ; également soluble à froid. » La solution donne, par l'ammoniaque, un précipité gélatineux calciné; elle fournit une eau acide. » 2° Caractères géométriques : » La wavellite de Bihain se présente sous la forme glo- buliforme radiée et aciculaire radiée, les aiguilles qui (1) M. Dumont , qui le premier en a fait mention, le cite, mais avec doute , comme se trouvant à Angleur près Liége (tableau des substances minérales de la province de Liége , dans son mémoire couronné ). (2) Ces essais chimiques ont été répétés plusieurs fois, et chaque expérience nous a fourni les mêmes résultats ; résultats que nous consi- gnons ici, : ( 202 ) composent les globes ou mamelons sont souvent terminées par un sommet dièdre. » Les aiguilles examinées à la loupe , se présentent en prismes-quadrangulaires, quise rapportent facilement à la forme primitive de la wavellite,ou prisme droit rhomboïdal. » Quelquefois les mamelons s’aplatissent et donnent naissance à dés étoiles, d’une épaisseur pour ainsi dire im- perceptible, tant elle minime, et d’un diamètre de 80 à 100 millimètres. » 3° Caractères mécaniques : » Facile à pulvériser, poussière assez douce au toucher ; » Rayant le calcaire; | » Fragile. » 4° Caracteres optiques: » Les aiguilles prises isolément , sont RE HT : mais réunies, elles sont d’un blanc clair. | La nr est douée d’un éclat plutôt nacré que vitreux; quelquefois cet éclat est soyeux, selon le sens dans lequel .on regarde le minéral. Gisement. La wavellite globuliforme radiée et aci- culaire radiée se trouve en veines dans les schistes ardoï- siers de Bihain ) qui renferment aussi la pyrolusite (man- ganèse ete on doit surtout la rechercher dans certains schistes violàtres, luisans, à à surface pointillée et très- raboteuse;un mince enduit de fer hydraté ochracé, recou- vrant le Rae accompagne la wavellite, et communique quelquefois aux aiguilles une légère teinte jaunâtre. » Les caractères extérieurs ou facies de la wavellite, en général, ont quelque chose de si particulier, qu’une simple comparaison d’ échantillons de Bihain, avec d'autres pro- : vénant de Barnstaple, d'Irlande ou de Bamberg, aurait seule suffi pour en constater l'identité, si nous n’avions cru ( 203 ) la coopération des caractères analytiques nécessaire pour confirmer d’une manière indubitable cette identité, et la présence d’un minéral qui offre un double intérêt , et comme substance indigène, et comme substance rare; le nombre des gîtes où elle se trouve étant encore très-limité. » Les échantillons, qui ont servi à décrire notre wavellite ont éié trouvés, par nous, à Bihain en 1833, et figurent dans les belles collections de M. P. Vander Maélen (section de la minéralogie indigène). » L Botanique. — M. Morren fait part à l’Académie des Observations sur la Flore du Japon , dont il a commencé la publication à Paris conjointement avec M. J. Decaisne, naturaliste, belge, employé au Muséum du Jardin du Roi à Paris. Les plantes du Japon méritent aujourd’hui une attention spéciale , parce que peu de botanistes s’en sont occupés depuis Thunberg, et l’on sait que ce dernier rap- portait assez légèrement les espèces à celles déjà décrites pär Linné. Le Japon semble réunir dés végétaux tropicaux, et d’autres dont les genres appartiennent aux régions bo- réales. Ceux sur lesquels MM. Morren et Decaisne ont publié leurs observations ont été rapportés par M. le docteur Von- siebold, médecin attaché à l'ambassade hollandaise au Japon, et déposés en partie au Jardin botanique de Gand. Les espèces décrites par ces botanisies sont les sui- vantes AÆohdea japonica, Roth; Æspidistra elatior, Blüume ; Liliuwm speciosum ; Thunb; Æcorus gramineus, Aït. Celles-ci sont connues et méritaient seulement des détails. nouveaux: Mais, dans le genre Polygonatum , MM. Morren et Decaisne établissent deux espèces nouvelles: 1° Polygonatum japonicum : caule angulato , compresso , arcuato; foliis ovalibus obtusis basi in petiolum brevem attenuatis, floribusaxillaribus abortu solitariis, pedunculis ( 204 ) cernuis, Corolla campanulatà ; 2° Polygonatum Tunbergü : caule tereti arcuato, foliis lanoeolatis-ellipticis, apice atte- nuatis, breviter petiolatis, pedunculis axillaribus 3-floris, floribus pedicellatis cernuis, staminibus filamentis subu- latis glabris. Le genre scutellaria renferme aussi une es- pèce nouvelle: Se. japonica qui diffère de la Se. indica par ses tiges munies de quatre rangs de poils très-courts, par la grandeur et la forme des feuilles, par ses fleurs pu- bescentes, enfin par les anthères qui sont toutes les quatre barbues. MM. Morren et Descaisne se sont occupés ensuite du genre £pimedium, dans lequel ils établissent deux sections: les macroceras et les microceras;les premiers ont des cor- nets très-longs; les seconds les ont très-courts. Les macro- ceras contiennent {rois espèces propres au Japon: 1° Æpi- medium macranthum ; foliüs triternatis, floribus albidis, nectariis magnis violaceo pictis, stylo apice incrassato, stigmate plano : 2° Epimedium musschianum , foliis ter- natis, floribus squalidé albidis, nectariis petala superanti- bus, stylo filiformi subcentrale, stigmate sublobato; 3° Epi- medium violaceum, folüs triternatis, floribus violaceis subsolitariis, nectarïis petala superantibus, stylo filiformi sublaterali. La section des microceras est formée des Epi- medium alpinum , pubiygerum (sp. nov.), elatum (sp. nov.) qui ne sont pas originaires du Japon. Comme genres nou- veaux, les auteurs établissent que l’'Epimedium diphyllum de Loddiges doit former celui des aceranthus dont la fleur est le type régulier de celle des epimedium qui peuvent être considérées comme des: pelories. Lès caractères sont les suivans : Flores dispositione partium quaternarià, 6p- positivä. Calyx 4 vel rariùs abortu 3-sepalus caducus. Petala 4, patula, sepalorum numero æqualia. Nectaria pe- ( 205 ) taloïdea plana. Stamina 4, filamentis brevibus. Antheræ oblongæ 2-loculares, loculis a basi ad apicem valvulà de- hiscentibus. Stylus cylindraceus stygmate parvo sessili coro- natus. Ovarium oblongum siliquæforme uniloculare plu- riovulatum, ovulis anatropis longitudinaliter dupliei serie aflixis, L'E’pimedium hexandrum de Kooker deviendrait le type d'un genre nouveau ’ancouveria , dont l'unique espèce se trouve en Californie. Deux autres nouveaux genres occupent également MM. Morren et Decaisne, ce sont les genres Æeterotropa qui n’a qu’une espèce À. asaroides et Hoteia qui n’est aussi représenté que par une seule espèce l'A. japonica. Les caractères du genre Æeterotropa sont ceux-ci : Perianthum ventricosum coloraium trilobatum, fauce plicata introflexa, introrsum reticulato-venosum, venis verticalibus prominentibus. Stamina 12 ; 6 exteriora stigmatibus opposita, filamentis triangularibus adnatis: antheræ basi fixæ subintrorsæ; 6 alterna sessilia : autheræ evidenter extrorsæ. Styli 6 concreti, stellatim expansi, sin- gulis obcordatis, parte inferiore stigmatifera. Sligmata ovalo-atienuata papillosa. Ovarium 6-loculare, liberum. Ce genre est voisin des Asarum. Le genre Æoteia dédié au botaniste japonais Ho-tei par les auteurs belges, est voisin de celui des Astilbe et présente comme caractères: Calyx 5-parlitus, lobis erectis obtusis, parte adhærente subtur- binatà, Petala 5 spathulata. Stamina 10. Styli 2. Stigmata obtusa. Ovarium calyci semi-adnatum vel subliberum bi- loculare, loculis multiovulatis : ovula anatropa adscen- dentia. Carpella 2 calyci semi-adnata vel sublibera bilo- Cularis apice bivalvis, valvis introflexis placentariis loculi ferè ad mediam partem seminiferis. Semina scrobiformia , abortu in quoque loculo solitaria vel duo , rarius tria testà, basi et apice ultra nucleum elongatà cellulosà. Ainsi sur ( 206 ) 17 espèces que décrivent MM. Morren et Decaisne, ils en comptent onze nouvelles; ils établissent de plus quatre genres nouveaux. | Histoire des sciences et des lettres.—M. Cornelissen fait hommage à l’Académie des tomes I et III du recueil de ses différens opuscules (le tome second a été offert à la séance du 7 mai dernier). Dans l’un de ces volumes, l’auteur a spa l’ensemble dés discours sur la botanique et l’agriculture , qu’il a pro- honcés dans différentes solemnités publiques. L'autre ren- ferme des mémoires et des dissertations sur les beaux-arts et sur plusieurs points de l’histoire ancienne de la Belgique. L'un des plus remarquables de ces écrits est le mémoire De l’origine, des progrès et de la décadence des Chambres de Rhétorique, étahlies en Flandre ; avec une notice histo- rique sur Jacques Van Artevelde. C'était pour la premiére fois qu'après cinq siècles, à Gand même, où la mémoire de Jacques Van Artevelde était flétrié comme dans le reste de l'Europe , il s'élevait une voix pour la réhabiliter. Cés deux volumes , comme le précédent, sont accompa- gnés de notes manuscrites ; dont plusieurs offrent un grand intérêt. | | | Monumens et inscriptions. — M. Cornelissen présente aussi, au nom de M. Louis Roelandt, architecte de la ville et du palais de l’université de Gand , quelques gravures au trait ou lithographies de diverses constructions que cet artiste habile a exécutées tant à Gand qu’à Anvers et à Alost. Les principaux édifices sont le palais de l’université, l'entrepôt du commerce d'Anvers, la maison de ville d’Alost et le nouveau Casino qui s'élève à Gand et qui sera destiné à réunir les sociétés de Flore et de S'-Cécile. À cet hommage est jointe une copiede l'inscriptionlatine, (. 207 ) frappée sur le bronze, où sont consignés tous les détails historiques sur l’origine de la société d’horticulture et'de botaniqué!, et sur le but qu’elle se propose par la construc- tion de ce somptueux édifice, La pose de la première pierre est énoncée dans les formes suivantes : : Hoë autem solenni die IL mens. juni, ann. MDCCCXXXV, Designati et invitati : Ad principes aedis lapides ponendos, Alterum quidem nob. vir Karol. vice-comes Vilain XIV, Provinciæ gubernator civilis, | Sed incidenti morbo inpeditus; 11 Alterum consult. vir Joseph. van Crombrugghe, J. D. \"Urbis consul et soc. botanicæ Rector. L'inscription se termine par le vœu suivant : His omnibus ceteris que Qui de cultura florum et artis musicæ Ut scientia sic beneficiis clarissimi In hac civitate bene meruere F D. O. M, faveat, . Et posteritas grata grates rependat ! LECTURES. * Tchthyologie. — M. Cantraine, docteur en sciences, fait parvenir à l’Académie un mémoire sur le Serranus tinca, qui est accompagné d’un dessin de ce poisson. « Les Sici- liens, dit l’auteur, donnent le nom de Tenca ou Ti inca à trois hr de poissons qui vivent dans leurs parages: Rafinesque nous en fait connaître deux , la première de la ( 208 ) famille des Gadoïdes est le Tenca dimare ; il en fit son genre Strinsia (1), qui doit être rayé de la nomenclature parce qu’il rentre dans le sous genre Lota de Cuvier ; l’au- tre qui est connu sous le nom de Tenca di Sciumi; est le Cyprinus tinca, Linn.(2) Pendant notre séjour à Messine, nous rencontrâmes la troisième, qui constitue une espèce nouvelle dans le genre Serran, Cuv. et se nomme Pesce tinca. Ce poisson, qui appartient à la section des Serrans dont la machoire inférieure est garnie de petites écailles et que Cuvier nomme Mérous. » (Commissaires MM. Dumor- tier et Sauveur.) Histoire. — L'Académie , après avoir entendu le rap- port de ses commissaires, décide que la notice historique de M. Belpaire : Sur la ville et le port d’Ostende , sera imprimée dans le recueil de ses mémoires. — M. de Gerlache lit des observations sur un manuscrit retrouvé de Li Muisis, et donne une traduction de quel- ques fragmens de cet auteur. Cet écrit est destiné à pa- raître dans les nouveaux mémoires de l'Académie. Le ma- nuscrit de Li Muisis, récemment acquis par le Gouverne- ment , fait partie de la bibliothéque de Bourgogne: Antiquités. — Les commissaires nommés pour l'examen du mémoire de M. Roulez, intitulé : Sur le mythe de Dédale considéré par rapport à l’origine de l’art grec, présentent le rapport suivant (commissaires : MM. Cor- nelissen, De Reiffenberg, et Bekker, rapporteur) : « La connaissance de la littérature et des antiquités (1) Indice d’Ittiologia siciliana , pag. 12, esp. 33, et pag. 61-52, esp. 4. (2) Loc. citat. pag. 33 , esp. 242. ( 209 ) grecques a ; sans contredit, fait d'immenses progrès depuis upe trentaine d'années. À l’aide d’une critique sévère, appuyée des témoignages d’un bon nombre d'ouvrages inédits et d’un téxte plus complet et plus correct de ceux que l’on ne possédait que dans un état trés-imparfait, on est parvenu à éclaircir une foule de questions obscures et souvent mème à faire changer de face des parties en- tiéres de la science de l'antiquité. » De toutes les difficultés cependant qui nous empêchent d'approfondir celte science dans ses moindres détails, celles qui s’attachent aux questions sur la première civilisation des Grecs, sur l’origine de leur littérature et de leur art, ne pourront jamais trouver une solution positive et satis- faisante sous tous les rapports. Quand même nous aurions le bonheur de posséder tous les monumens littéraires des Grecs, depuis les poésies homériques jusqu'aux produc- tions des derniers temps du Bas-Empire, l'origine de leur littérature nous resterait encore un problème difficile à résoudre. Les premières traces de son histoire , aussi bien que celles de l'histoire politique, se perdent dans les té- nébres des temps fabuleux. Les données que les anciens auteurs avaient conservées relativement à cette grande époque, données qui auraient pu nous servir de guides dans nos recherches, ont disparu pour la plupart. Pour ne parler ici que d'Homère, il nous reste à peine la soixan- tième partie de tout ce que les grammairiens Grecs avaient écrit sur ce chantre fameux. Il à fallu toute l’opiniâtreté de travail, toute la puissance de génie d’un Frédéric-Au- guste Wolf pour découvrir à travers ce chaos de traditions, trop souvent fabuleuses ou même contradictoires, les ‘traces presqu'imperceptibles de-la vérité, et pour y éta- blir , à l'égard des premières poésies épiques, une hypo- (210 ) thèse plus conforme aux principes d’une saine critique. Si ce système , mis en vogue depuis près de quarante ans, a rencontré-autant d'antagonisies que de partisans, et si, jusqu’à ce jour même, les premiers Hellénistes n’ont en- core! pu tomber d'accord sur les points les plus essentiels de la question , les efforts de Wolf, ainsi que ceux de ses adversaires ; n’ont pas été perdus pour la science. Ils ont exercé une grande influence ‘sur la manière d'envisager l'antiquité entière, et donné l'impulsion à de nouvelles re- cherches sur une foule de questions du même genre, »' L'mtérêt qu'inspirent aux philogues les discussions critiques sur Homère et les premiers chantres de la Grèce, se rattache également à la question sur Dédale, le repré- sentant de lart grec dans sés premiers commencemens. Mais pour la résoudre d’une manière plus ou moins satis- faisante il y a à vaincre des obstacles semblables à ceux que l’on rencohtre en essayant de lever les difficultés qui embarrassent la question Homérique. | » La premiére mention de Dédale se trouve dans l’Iliade. Hérodote, Platon et d’autres ne font que le nommer en passant. Tous les auteurs qui ont pris à tâche de recueillir les traditions dé l'antiquité sur ce célèbre artiste ; appar- tiennent à une époque postérieure. Outre Pausanias, Diodore de Sicile, Pline l’ancien, Philostrate, d’autres encore se sont empressés de nous donner des notices sur son origine ; sur ses descendans et ses élèves et sur les mo- numens qu'on lui avait attribués. Maïs ces notices sont très-incomplètes , incohérentés et ne se basent le plus sou- vent que sur des traditions altérées par les siècles. ». Les savans des premiers temps qui ont suivi la renais- sance des lettres, n'étaient point éncoré habitués à cette critique scrupulense et sévère qui domine les recherches | ( 211 ) historiques de nos philologues actuels. Ils se contentaient d'amasser les traditions et de les présenter telles qu'ils les trouvaient chez: les anciens. Aussi l'archéologie n'ayant été élevée au rang des sciences que vers le milieu du siécle passé, on n'avait guère attaché d'importance aux recherches sur l’origine de l’art chez les Grécs. Même le célèbre Heyne , l’un des créateurs de l’archéologie, et qui a écrit une dissertation sous le titre : Æntiquior artium inter Græcos historia ad tempora sua revocata ; s'est abstenu, en parlant de Dédale, de vouloir démêler la vérité _ àtravers les traditions fabuleuses. Vihil attinet persequi ea quæ fabulose de Dœdalo narrantur (Opuse. Acad. V. p: 340). La plupart des autres savans, tels que Winkel- mann, Henri Meyer, Thiersih, qui ont écrit sur l’histoire de l'art grec , ont suivi son exemple. Ils réunissent les diverses traditions sur Dédale , sans les expliquer , en se bornant à remarquer que ce nom doit être regardé comme réprésen” tant l’époque primitive de l’art chez les Grecs. » Mais cet art a-t-1l pris sa naïssance en Égypte ou en Phénicie , ou bien est-il un produit du sol de la Grèce ? Voilà la question que l’auteur du mémoire soumis à no- tre exameu, a pris à tâche de résoudre, en avançant sur le mythe de Dédale une e hypothèse savante, neuve et fort ingénieuse. » Il y a une grande divergence d’opinions entre les sa- vans qui se sont occupés de cette question. Les uns, pre- nant au pied de la lettre les anciennes traditions sur la première civilisation de la Grèce ; pensent que les premiers élémens de l’art grec ont été importés par d'anciennes colonies étrangères; Winkelmann prétend que cet art doit son origine exclusivement à la Grèce elle-même. Son opi- nion a été appuyée par un des premiers archéologues de nos jours, Ch. O. Müller de Gottinguüe. Mais ce dérnier a ren- (212) contré un adversaire en M. Thiersih , membre de l’Aca- démie de Munich. M. Thiersih s'attache à revendiquer, par rapport à l’art grec, non pas l’origine, mais l'influence étrangère, en se basant sur le fait que cet art avait con- servé son ancien type de rudesse, même jusqu’à l'époque où la civilisation des peuples grecs avait déjà atteint un si haut degré de perfection. Il fait remonter cette influence jusqu'aux temps fabuleux , tandis que Hirt, partageant en partie l'avis de M. Dhisesihi la fait descendre jusqu'a au règne de Psammétique. » Winkelmann et Müller ont avancé leur opinion sans la développer et sans l’appuyer de preuves suffisantes. Cette tâche a été réservée à M. Roulez. En rattachant la question à la nouvelle hypothèse de M. Müller, qui re- jette toute influence étrangère relativement à la premiére civilisation des Grecs, il trouve les preuves propres à dé- montrer que l’art des Grecs a partagé le sort de leur eivi- lisation entière, dans les traditions sur le personnage fabuleux de Dédale. » Notre but n’est pas, dit-il, d'examiner la question dans toute son étendue ni sous toiiten ses faces ; nous nous abstiendrons même de toute considération générale. C’est le peuple Grec lui-même que nous voulons interroger sur l'origine et les progrès de l’art, et nous croyons trouver l'expression fidèle de ses croyances dans les traditions sur la naissance et la destinée du personnage mythique, qui n’est rien autre que la personnification de l’art antique. Nous examinerons donc le mythe de Dédale principalement sous le point de vue historique, le seul peut-être dont il soit possible de tirer quelques inductions raisonnables. » Nous essaierons de donner les principaux résultats des recherches de M. Roulez , en nous servant , autant que possible, de ses propres expressions. ( 213 ) .:». L'étymologie même démontre que par le nom de Dé-. dale (Axtx1x) on désignait l'artiste par excellence, l'être symbolique dans lequel l’art était personnifié. Il appartient à la race antique des Pélasges, qui apparaissent sur le sol de la Grèce bien loin derrière l'époque fabuleuse des mi- grations. Les lieux de naissance que lui assignent les tradi- tions, sont Athènes et la Crète, toutes deux également siége d’établissemens pélasgiques. Quelle que soit la divergence des récits relativement à son origine , ils s'accordent à le faire descendre d’Erechthée, roi d'Athènes. La tradition qui lui donne pour père Eupalamus ou Palamaon, ne s’y oppôse pas, ces noms n'étant que la désignation embléma- tique d’un arliste habile et distingué. Erechthée était le petit-fils d'Erichthonius, fondateur des mystères d'Eleusis. Or ces mystères se rattachant eisentiellement au culte Pélasgique, il s’ensuit qu'Erichthonius (fils de la Terre, donc xÿréy3«) n’est pas venu de l'Égypte, comme raconte Diodore de Sicile , mais qu’il était d’origine pélasgique et que pourtant Dédale appartient à la même race. * Les motifs donnés pour la condamnation de Dédale par l'aréopage contiennent , selon toute probabilité, l’indica- tion d’une rivalité qui, dans des temps postérieurs, aura éclaté entre diverses familles d'artistes à Athènes. Le pas- sage de Dédale en Crète, où il a trouvé un asile auprés du roi Minos, nous fait voir la transplantation de l’art pélas- _gique de l’Attique dans cette île ; ou plutôt l’heureux ac- croissement qu’il y prit à la suite d’une impulsion commu- niquée de la Grèce centrale. _» Le séjour de Dédale en Crète, se rattache à l’époque où cette île était le principal foyer de la civilisation grecque à son berceau , où elle s'était élevée au rang de première puissance maritime de la Grèce d'alors. Aussi le nom de Tom. #1. 16 ( 214 ) cet artiste se mêle-t-il aux perfectionnemens qu'y reçut la navigation. On lui attribue l'invention de la voile et de la mâture des vaisseaux. Sa fuite de l’île avec son fils Icare, au moyen: d'ailes attachées avec de la cire , exprime la même tradition d'une manière symbolique. 7 » Quant au fameux labyrinthe de Cnosse, il a été, au rapport d’'Apollodore et de Diodore de Sicile, construit sur le modéle de celui d'Égypte. Les savans qui attribuent à l'art grec une origine étrangère, ont cru découvrir dans cette tradition une forte preuve à l’appui de leur système. Mais , en accordant même que le récit d'Hérodote ; qui place la fondation du labyrinthe d'Égypte au milieu du septième siècle avant J.-C. , soit faux , et que l’on fasse re- monter la construction de ce monument aux temps les plus reculés ; il resterait encore à prouver que l’œuvre admirable de Dédale, telle qu’on nous l’a dépeinte, a existé ailleurs que dans les récits fabuleux et poétiques que nous en a transmis la renommée. Tous les efforts faits depuis Diodore et Pline jusqu’à nos jours, pour découvrir quelques traces, sont restés sans résultat. Mais les anciens font mention d’une grotte souterraine à Cnosse. On doit y voir sans doute des carrières servant de tombeaux, semblables à celles qui existaient à Nauplie, et que Strabon appelle cyclopéennes, voulant dire certainement pélasgiques. Ge sont probable- ment ces souterrains de Cnosse (ouvrage pélasgique et pour cetie raison attribué à Dédale) que la fable a métamorphosés en labyrinthe idéal , dont elle emprunta le type à l'Égypte. » Ayant dans la suite vécu en Sicile et, selon d’autres, aussi en Sardaigne, Dédale laissa dans ces deux îles un grand nombre d'ouvrages qui portaient l'empreinte de la main des Pélasges et dont des restes se sont conservés jus- qu’à nos jours. La tradition qui le fait passer de Crète, di- ( 215 ) rectement en Sardaigne, l’associe même à la colonie que conduisait dans cette dernière île Aristée , l’une des divi- nités des Pélasges, que l’on retrouve dans la plupart des établissemens de ces peuples. Aristée ayant été adoré sous le nom d’Apollon us ou äypeë, il est presqu’évident que c'est à cette même divinité que l’on doit rapporter la tradi- tion qui attribue à Dédale la construction d’un temple en l'honneur d’Apollon, à Cumes, ville qui, dans l'opinion commune, passe pour le plus ancien établissement des Grecs en Italie, On rencontre aussi notre artiste à Copone, et, au rapport de Scylax, des monumens élevés par lui en Libye attestaient qu'il avait étendu ses courses jusque dans ce pays, le siége de la colonie pélasgique à Cyrène. » Au reste, Dédale ne se distingua pas seulement dans l'architecture, il fut encore statuaire renommé, Les anciens font mention d’un grand nombre de ses productions en ce genre que l’on admirait dans différentes parties de la Grèce. Il fit en outre preuve de son habileté en mécanique, par la fabrication d’un char d’airain à deux roues. Il passe enfin pour l'inventeur de la scie, du rabot, de l’aplomb, et de la tarière. Cette dernière tradition sur l'invention dans la Grèce, d’instrumens appartenant à l’art de travailler le bois, dépose , du reste , déja en elle-même contre l’impor- tation de cet art par va étrangers. » On peut soutenir avec assurance que; loin d'offrir le moindre indice de l’origine orientale de l'art grec, le mythe de Dédale témoigne en faveur de son origine pélas- gique. Dans l’architecture , comme dans la sculpture, Dé- dale représente une époque de progrès; ou, pour mieux dire, à la suite de ce progrès commence l’art dans la véritable acception. du mot, C’est parmi les Pélasges et hors de l’at- mosphère de toute influence étrangère , que l'art grec prit ( 216 ) naissance et se développa, pour s’élancer bientôt dans les voies de la perfection et de l'originalité. » Voilà un faible résumé de cet intéressant mémoire. Il est impossible d’ailleurs d’en apprécier tout le mérite, sans suivre l’auteur pas à pas dans le détail de la discussion. L'ordre, la précision, le plus grand discernement dans l'usage des sources et l’examen le plus scrupuleux des assertions émises dans les ouvrages modernes , une critique sévère, mais sage et modérée, sont autant de qualités qui distinguent le travail de M. Roulez, et à l’aide desquelles l'auteur est parvenu à faire disparaître avec facilité les nombreux obstacles qu'il a rencontrés dans le cours de ses recherches. -» Il pourrait paraître surprenant que M. Roulez, qui n’a laissé échapper aucune notice relative à son sujet, n'ait pas fait mention d’un ouvrage de M. Sickler , intitulé Æiéro- glyphes dans le mythe d’Esculape , suivies d’un traité sur Dédale, etc.; Meiningen, 1819. Ce savant rattache la question de Dédale aux traditions sur les fêtes appelées Daidala , et s'efforce de prouver que le nom de Daidalos, ainsi que ceux d’Æs0opos et de Xithairon , qui se rencon- trent dans la description de ces fêtes, sont d’origine phé- nicienne; de là, il conclut que les monumens attribués par les anciens à Dédale , attestent l'introduction de l’ancien art phénicien en Grèce, en Asie mineure et dans les îles, et que ces monumens n’ont rien de commun avec le Dédale d'Athènes, qu’on pes nr entre 1200 et 1500 ans avant 1. -C, | » Cependant nous n’entendons nullement faire à M. Ron- ‘lez, un reproche de cette omission. Les étymologies de M. Sickler, et les théories paradoxales auxquelles elles servent de base, ne trouveront plus guère de partisans ; parmi les hommes qui s'intéressent sérieusement aux re- ( 217 ) cherches sur l'histoire et les religions des anciens peu- ples, et qui leur accorderont tout au plus le mérite d'un jeu brillant de l'imagination. » Au reste, le jugement que M. Roulez a donté (pag. 5, not. 8) sur une brochure dont l’auteur paraît avoir adopté les rêves étymologiques de M. Sickler, peut s'appliquer aussi à l'ouvrage de ce dernier savant. » Des remercîmens seront adressés à l’auteur pour la com- munication de son travail. . Histoire littéraire. — M. le baron De Reïffenberg lit la notice suivante sur le Cataloque de la Bibliothèque de l'ancienne abbaye de S'-Amand. | « Occupé pour la commission royale d'histoire dont j'ai l'honneur d’être secrétaire, et pour d’autres travaux qui me sont particuliers , de la recherche des manuscrits. qui ont existé autrefois dans le pays, je donne une atten- tion spéciale aux anciens catalogues des monastères et des abbayes, qui souvent renferment des notions impor- tantes pour l’histoire littéraire. Le plus curieux en ce genre et le plus substantiel qu’ait publié Sanderus, c'est sans contredit le catalogue de l’abbaye d’Elnone ou de S'-Amand, dans le Tournaïisis, dont il devait communi- cation à Dom Idephonse Goetghebuer , bibliothécaire de cette maison. Ce père avait tiré sa notice d’un catalogue très-ancien dont j'ai eu le bonheur de retrouver une partie de l'original dans un manuscrit de la bibliothéque de Tour- nay qui provient de Dufief, est marqué n° 11 (hist. et litt. ) et a été mal désigné dans l'inventaire de cette bibliothéque, attendu qu’on l’y signale comme ne concernant que l’his- toire de l’abbaye de S'.-Martin, erreur née sans doute de ce que le manuscrit commence par un extrait de Li Muisis. Jen ai tiré les extraits suivans, qui sont inédits. Il faut remarquer que le catalogue de St.-Amand indique presque ( 218 ) toujours les abbés ou moines qui ont fait copier les manus- crits , et donne des renseignemens sur leur personne. L’au- teur est postérieur à Tritheim puisqu'il le cite , mais il se sert de documens d’époques très-reculées. | Pagina 8.— Floruit Hugo abbas 36 Elnonensis a° 1088, qui existens pr æpositus cœpit reedificare ecclesiam et abbas consummavit. Suæ nempe ordinationis anno 3 in- censæ ecclesiæ parietibus ac turri usque ad cryptam fundi- tus eversis, ante dictam ecclesiam per 22 annos sub abba- tibus Fulcardo et Conone, ampliorem et altiorem prima, a se reedificatam, convocalis episcopis Ratbodo Torna- censi et Gerardo Cameracensi, eo die quo a S. Eligio anterior ecclesia consecrata fuerat, fecit dedicari. » . :Pagina 22:— 57. Hieronymi explanationum in Ezechie- lem prophetam libri XIV.B. «& Volumen hoc scriptum est cura et providentia Gual- teri abbatis, quo cedente a 112%, ordinatur in concilio Belvacensi Absalon anno 1124, forma et speculum totius religionis et a puero Elnonensis monachus. Hic disciplinam, quæ pro magna parte deperierat, reformavit. Obiit tandem Absalon, vir in Christi ecclesia magnæ reverentiæ anno 1146 12 kal. octobris. » Pagina2%.—61.Hieronymiin Mathæum commentarius. « Volumen hoc acquisitum est cura et providentia ab- batis Gualteri ( et quamvis fuerint quatuor Gualteri hujus ecclesiæ abbates, crediderim ego ex variis conjecturis esse Gualterum tertium, scilicet abbatem S. Nicasii Rhemensis cujus tempore anno 1196, quidam sacerdos et hujus S. Amandi cænobii, nomine Radulphus, à tribus perfidis, gladiis detruncatur in paludibus Aquicinctensi monasterio vicinis, pridie cal. april. Obiit hic abbas Gualterus a° 1204. =» Folio 31 in hoc libro scriptum reperi qaomodo Lam- ( 219) bertus abbas noster 34 per cartham et atramentum ( sic enim ipse scribit) posteritati intimavit qualiter quædam fidelium beneficia mensæ fratrum ipsius sunt restituta tempore quæ Genulphus abbas 29 inde abstraxerat….Actum die primo adventus dominici anno di MLXXI, ep. XX VIII concurrente. R. Philippo sceptrum Francorum tenente, Ratbodo Noviomorum cathedram regente. » Hujus Lamberti ( qui et Fulcardus vocatus est ) ab- batis tempore ecclesia combusta fuit anno 1066 negli- gentia cujusdam. Elnonæ accensæ sunt domus in foro hora fere 3, anno ab incarnatione 1066, a transitu S. Amandi 406, sabbatho ante dominicam septuagesimæ, 3 idus Fe- bruarii. De quo incendio et miraculis S. Amandi exstat libellus Gilberti decani Elnonensis IV libellis subdivisus, quem hic etiam infra, suo in loco, annotabimus. Tandem hic venerabilis Fulcardus qui et Lambertus, senio gra- vatus diem clausit extremum, idibus decembris anno 1076, cujus hoc epitaphium : Marmoris hac tumba Fulcardus conditur alba, Qui sibi non vile commissum rexit ovile ; Præfuit huic claustro , qui tali clauditur antro ; Vivat ut in cœlis cui poscat quisque fidelis. » Vient ensuite une notice sur Guellehert ; « Claruit hic Guillebertus anno dri 1076, primus ec- clesiæ S. Andreæ Elnonensis decanus post etiam monachus qui in vitiorum tumultus et diaboli versutias viriliter dum viveret dimicans, tam cleri quam populi doctor egre- gius et prædicator enituit eximius. Obiit tandem 1096 ,in medio ecclesiæ apostolorum primo humatus a venerabili Hugone abbate, nunc vero ejus sepulchrum cum epitaphis in erypla ante-martyrumsacellum legitur : 220 ) Hoc Gislebertus sub marmore pausat opertus, Forma pastoris qui nostri gessit in horis (lisez oris ), Dogmata diva gerens et Christo totus inhærens, Tandem sublatus terris, petit astra vocatus. » ol. 54. — 125. Eugippii liber collectus ex floribus S. Augustini. « Volumen in-4° scriptum jussu Lotharii, sic enim le- gitur in ultimo folio: -Presbyter exiguus librum Lotharius istum Ad decus et laudem domini sic scribere jussit. » » Lotharius iste monachus noster floruit circa annum dni-810, quo tempore erat abbas Arno, antea Elnonensis cœnobii hujus monachus, vir bonus qui et exemplo suo mul- tos ad virtutem provocavit, ita ut post in archiepiscopum electus sit. Obiit tandem hic archiepiscopus anno 821 et in ecclesia nostra S. Petri sepultus. Obüit vero hic noster vir vita venerabilis, ecclesiæ S. Amandi archicustos et ædi- tuus. Lotharius ( qui post annos 150 a B. Amandi transitu corpus ipsius incorruptum repertum secundo à terra levans, nam primo S. Eligius levaverat , per 32 dies multis vivendum prœbuit ) anno d" 828 , et hic sepultus quies- cit cum hoc epitaphio: Respicis oppositum marmor procul? in urna Lotharius pausat , celeberrimus iste sacrista, Qui pius et prudens, industrius et reverendus Sanguine vernantem tumulo relevavit Amandum, Nostras structuras augens et bibliothecam. » Fol. 57. — 128. Alcuini exceptiones super priscianum. « Habitum est volumen hoc cura et providentia Gille- berti qui in hoc monasterio Elnonensi a puero monachus, (. 221 ) 14 abbas et paulo post Noviomagensis ac Tornacensis epis- copus effectus est. Vir virtute honorabilis veritateque cons- picuus. Qui inter cætera quæ gessit, commutavil cum epis- copo Attrebatensi jus diæcesanum quod habebat in villa et monasterio de Marchennis ad parochiam S. Martini de Sto Amando. Tandem infirmitate tactus ad suum hoc mo- nasterium se referri curavit, et hic mortuus et supultus est in sacello SS. apostolorum Petri et Pauli cum hoc epi- cu anno dri 782: _ Qui pastoralis fastum ambitis honoris , Cernite quam cito gloria transiit hujus honoris Et quam districtum manet hune examen honorem, Quod tamen eyasi domino mihi subveniente, Me Gillebertum quem prætulit Elnonensis ; Me vermes rodunt :nunc virga nec infula prodet. » :Fol, 81. VitaS. Amandi episcopi et OO tsRE, passio SS. martyrum Cyrici et Julittæ quæ celebratur 16 junii ; item eorumdem reliquiarum translatio facta ab Hugbaldo. Auctore À. D. Philippo abbate de Eleemosyna qui hæc omnia ornatissime scripsit ad nostros Elnonenses abbates Hugonem et Joannem. » Hic est ïlle noster 41 abbas Hugo qui prius prior S. Joannis Laudunensis, post abbas Humolariensis, demum abbas Elnonensis, qui ipsam ecclesiam strenue rexit annis 18 intus et foris, depravata reparavit. Utpote vir discretus, eloquens et religiosus et totius Flandriæ consiliarius , qui tandem obiit anno 1169 ; qui apud Deum per retributionem vivit, et apud nos per memoriam et laudes. « Joannes vero qui huic Hugoni successit ( quemque multa laude prosequitur in prologo dictæ vitæ S. Amandi idem Philippus abbas de Eleemosyna, quam ad eundem scripsit ornalissime ) cum {4 annis laudabiliter præfuisset, (22) apud Atrebatum, in præsentia Guilelmi , archiepiscopi Rhemensis et Flandriæ comitis , abbatiam resignavit anno 1182 et ibidem D. Eustachius thesaurarius S. Petri Gandensis est electus, qui dormitorium et capellam S. An- dreæ renovari fecit , et alia bona fecit monasterio. Obiit anno 1191. Fol. 97—244. Milonis opera, etc. | (Loi se trouve une notice sur Milon, qui fut de his de Drogon et de Pepin, fils de Charles-le-Chauve; notice . que je réserve pour mon édition de la Chronique métrique de Philippe Mouskes, laquelle est sous presse et sera enrichie d’un assez grand nombre de pièces inédites de cette espèce, ainsi que: un COMMENTAIRE PERPÉTUEL, philologique , critique et historique. ) Fol. 104—249. Liber de analomia corporis humani. « Volumen hoc scriptum est anno di 1430 temporibus scilicet hujus cœnobi abbati 65. De Leonis de Branda , in sacello S. Huberti ante altare tumulati cum hoc epitaphio : Marmore sub pulchro Leo de Branda jacet isto, Clara de gente Cortraco prodiit iste. Pollet ei pietas; viginti quatuor abbas Exstitit hic annis datus et curis heus! magnis MC quater sumpta , semel L et V littra Demonstrant certe cum pastor transiit orbe. Augusto mensi, viginti junge diesque Et septem, tune mors absolvit hunc sibi consors. Hinc omnis dicat : Deus omnipotens sibi parcat, Ut sanctis iste societur da bone Christe ! » « Les renseignemens qui précèdeut révèlent des noms ignorés ou peu connus. Si l’on ne tire de l’oubli de sem- blables matériaux, l’histoire littéraire de la Belgique, cette œuvre si belle, et qui appartient à l'Académie, est impossible à faire. Les savans auteurs de l’histoire litté- ( 223 ) raire de la France sont là pour en administrer la preuve. :» Dom Martène et dom Durand qui visitèrent au com- mencement du XVIII siècle l'abbaye de St-Amand, di- ‘saient que, quoique la bibliothéque eût été pillée en plu- sieurs occasions, il y restait encore un grand nombre de manuscrits tous anciens et fort beaux (Y’oyage littéraire, 1717, in-4°, 11, 214). C’est à ceux qui comprennent sur quels fondemens doit s'appuyer la vérité historique, à tâcher de réunir ce qui reste encore de tant de richesses. » — Je joins à cette notice, quoiqu’elle n’y ait aucun rapport, la copie lithographiée du buste trouvé à Poulseur, et dont j'ai parlé à la dernière séance; j'exprimerai en même temps le vœu que toutes les personnes qui décou- vrent des antiquités, prennent la peine de les commu- niquer à l’Académie avec des détails exacts sur les circon- stances de la découverte et sur les localités où elle aurait eu lieu; de cette manière seule il nous sera permis de compléter et de rectifier le recueil de feu le chanoine De Bast, en préparant un tableau général des faits archéolo- giques qui peuvent intéresser le pays. Numismatique. — Enfin M. De Reifenberg f fait passer sous les yeux des membres de la compagnie un dessin à la plume, d’un médaillon d'argent de douze lignes, quise trouve dans le cabinet de M. J. P. Meynaerts à Louvain. Cette pièce, qu'il croit inédite, représente, suivant lui, l'empereur d'Orient Justin sur son trône et imposant les mains à Chilperic dont le monogramme surmonte la figure. Le revers offre ce même monogramme et celui de Justin. Les deux princes doivent être Chilperic, roi de Soissons, et Justin I, dit le Vieux , qui monta sur le trône en 518, ou Justin IT, dit le Jeune, qui mourut en 578 tandis que Chilperic fut assassiné en 584 , après avoir commencé à régner en 561. ( 224 ) Ge médaillon qui attesterait un fait trés-curieux et ignoré; sera gravé et expliqué dans l’édition de la Chronique de Philippe Mouskes, que fait imprimer en ce moment M. De Reiïffenberg , par ordre du Gouvernement, -— M. De Hemptinne donne lecture d’un rapport sur un travail qui a été soumis à son examen. L'Académie procède ensuite à l’élection de deux nou- veaux membres dans la classe des lettres; et, sur la pro- position des commissaires pour la formation des listes des candidats, MM. Willems et de Smet ont été élus membres. Ces deux nominations seront communiquées à M. le mi- nistre de l'Intérieur, pour obtenir l'agrément de Sa Majesté. M. le Directeur, en levant la séance , a fixé au samedi 4 juillet , l'époque de la prochaine réunion. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Philosophical transactions of the Royal society of London. For the year 1834, part. II, Londres 1834. Report on the adjudication of the Copley, Rumford , and Royal medals. Londres , in-4°, 1834. The Royal society. 15 december , 1834, broch. in--4°. On the satellites of Uranus , by sir J.-F.-W. Herschel, broch. in-4°, Londres 1834. A list of test objects , principally double stars, elc., ; by sir J.-F.-W. Herschel, broch. in-4°, Londres 1834. A second series of RE measures of double stars, etc., by sir J.-F.-W. Herschel, broch. in-4°, Lon- dres 1834. Proceedings of the Royal Drm n°5 17, 18 et 19, broch. in-&°. . Experiments on the transverse strength and other ( 225 ) proprieties of malleable iron, etc. , by P. Barlow, Lon- dres in-8° 1835. ; 2 Nouvelles annales du museum d'histoire naturelle, ou Recueil de mémoires publiés par les professeurs de cet établissement et par d’autres naturalistes. Tom. 1, 2 et 3 ,in-4°, Paris 1832, 33 et 34. Théorie générale de l'élimination , suivie de notes di- verses, par M. Voizot, 1 vol. in-8°, Chatillon sur Seine, 1835. De la part de M. le Ministre de l'Intérieur : 1° Messager des sciences et des arts de la Belgique, 19 livraison, 1835. 2° Revue Belge, publiée par l'association nationale, dore, 2e et 3° livraison, 1°"° année. Notice sur le cabinet d’antiquités nationales de feu M. F. D'Huyvetter, par À. Voisin, broch. in-8c. Bulletin de la société de médecine de Gand. Année 1835, séance du 7 avril. | | BULLETIN DE L’ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1835. 2 No 7. Séance du 4 juillet. M. le baron. de Slassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur fait connaître à l'Académie que le Roi , par arrêté du 16 du mois dernier, approuve les nominations de MM. Willems et Desmet, membres de la commission royale d'histoire, en qualité de membres de la classe des lettres. En conséquence MM. Willems et Desmet prennent place à la séance. M. De Givenchy, secrétaire-général de la troisième ses- sion du congrès scientifique de France, adresse le pro- gramme de cette session qui doit s'ouvrir à Douai le 6 septembre prochain. L'Académie apprend avec plaisir que plusieurs de ses membres se proposent de se réunir aux savans Français. To. nr. | 17 230 ) M. le professeur Van Mons adresse à l'Académie l'extrait d'une letire de M. De Koninck qui voyage actuellement en Allemagne et qui lui communique les résultats d’un grand travail de M. Liebig sur l'éther oxidé de Dœbereiner, M. Lie-. © big avait dit, dans un précédent mémoire, que cet éther était formé d’acétal et d’une autre substance plus volatile : c’est sur cette dernière substance que ses recherches ont été di- rigées actuellement : il la nomme aldehyd. M. Van Mons, . dans une seconde lettre, annonce que M. Stas vient de trouver , dans son jardin et à une profondeur de cinq pieds environ, une masse métallique remarquable, qui, par sa position et par les caractères qu’elle a présentés en étant soumise à différentes épreuves, paraît être un aérolithe. Cette masse qui venait d’étre retirée de Lerre fort récemment, fera l’objet d’un examen ultérieur ; M. Stas promet en même temps d’en faire parvenir des PTE à l'Académie. . M. le marquis de Fortia fait hommage d’une Dire contenant sa correspondance avec M. l'abbé Peyron de Turin, au sujet de la campagne de‘ Sésostris ou de Rham- de Con contre les Schéta et leurs alliés, et du SYS- tème d'écriture des Égyptiens. Il informe en même temps la compagnie que M. Emmanuel Miller, attaché à sa per- sonne, et qui voyage maintenant en Italie pour y compul- ser les manuscrits grecs, a découvert à Venise de longues scolies inédites d’Aristophane, que M. Dindorf doit publier et qui sont très-curieuses. M. Cauchy fait parvenir à l’Académie, de la part de M. D'Omalius d'Halloy, l’un de ses membres, un exem- plaire de la deuxième édition des Élémens de géologie. Remércimens. M: de Nobele écrit, au nom de la société de médecine de Gand, pour demander la continuation des envois ré- ( 281 ) ciproques des bulletins scientifiques ; cet échange est ac- cepté avec plaisir. COMMUNICATIONS. Chimie.—MM. Hensmans et De Koninck font part à l'A- cadémie des nouveaux résultats auxquels ils sont parvenus dans leurs recherches relatives à la préparation de la sali- cine (voy. le Bulletin n° 25 , de la séance du 8 novembre dernier ). « Encouragés par le rapport que l’Académie a fait sur le procédé que nous lui avons soumis, l’année derniére, pour l’extraction de la salicine, disent les auteurs, nous avons cherché à le rendre plus expéditif et plus économique, par la suppression de l'emploi du sousacétate de plomb, dont la quantité, qui doit servir à la décoloration de la liqueur, est assez considérable et dont , ensuite, il est assez difficile, en même temps que trés-désagréable, de débarrasser en- tièrement la solution à l’aide de l'acide hydrosulfurique. » Convaincus que la plus grande partie des corps étran- gers, qui d'ordinaire empêchent la cristallisation et la dé- coloration de lasalicine, consiste en tannin , nous essayâmes de le précipiter par une solution de colle forte. Par son ad- dition, nous eûmes, en effet , un précipité abondant ; mais, il nous fut pour ainsi dire impossible de le séparer au moyen du filtre. La liqueur était gluante et poisseuse, bien que la colle eût été employée en très-petite quantité. Le peu de liquide qui passa à travers le filtre, était encore très-co- loré et présentait un aspect louche. «Cet inconvénient, auquel nous étions loin de nousatten- dre, ne nous découragea point. Nous ajoutâmes à la liqueur, qui avait déjà été traitée par la colle forte, du lait de chaux en quantité suffisante , pour qu'il y en eût üun léger excès. ( 232 ) Dés lors la liqueur filtra claire et pour ainsi dire inco- lore , etavec la plus grande facilité. Le précipitététait extré- mement abondant et présentait la couleur du café au lait. » En évaporant, nous obtinmes directement, sans au- cune opération ultérieure, des cristaux de salicine, qui , à la seconde cristallisation, étaient déjà d’une blancheur re- marquable , et même plus blancs que ceux que nous avons obtenus par notre premier procédé, comme l’Académie pourra s’en convaincre par l'échantillon que nous avons l'honneur de joindre à la présente note, et pour la prépara- tion duquel il n’a été employé ni alcohol, ni charbon ani- mal. run st Pet oi sé sl oriocitzs| :» Pour l'obtenir d’une blancheur éclatante , on n’a qu’à le traiter par l'alcohol et le charbon animal: La promp- titude de ce procédé est telle qu'il ne faut qu'un ‘jour pour obtenir plusieurs onces de salicine passablement-pufe. Celle que l'Académie a SOUS les Dpt a eue ‘obtenue en deux jours. » | curioe sf forms1ô: Géologie: — IX est donné communication de la ss ds M. Galéotti, d’un ee , un Essai de A AE ot phique. L'auteur déduit dé ses raisonnemens Comme obolinitof qu'à l'hornme succèdera un être organisé d'une nature plus compliquée, à essence plus parfaite, en rapport avec: son milieu ambiant et réacteur , en rapport avec la nature des phénomènes qui régiront alors le globe. | M. Galéotti fait connaître en même temps qu'il se ob pose à faire un voyage au Mexique et à explorer ce: pays sous le rapport géologique. | Météorologie. — M. Quetelet annonce qué, pour répon- dre aux désirs:exprimés par sir J. Herschel ; il vient de-fare à l’observatoiré de Bruxelles une série d'observations: mé- ( 233 ) téorologiques d’heure.en ‘heure (1). Ges observations: ont commencé le 22 j it dernier, à six heures du matin, et ont été continuées j jusqu’au lendemain à onze heures du soir, L'Académie a résolu que les résultats qe ces observations seraient insérés dans son Pulletin (2). 1 m1 Quelques membres, à cette occasion , ee pltmrent le” re: gret de ne pas encore avoir: reçu les tableaux des observa: lions sur les marées qui avaient été démandés par les savans et par le gouvérñement anglais, el que M. le Ministre des Affaires Étrangères et de la Marine avait. bien voulu pro= mettre de communiquer, chaque mois, à la compagnie. Il paraît que ces observations ont élé faites avec beaucoup de régularité chez nos voisins; et il serait à désirer que les résultats de celles qui ont été faites simultanément chez nous, pussent également être livrés bientôt aux investiga- tions de la science. | M. Quetelet annonce ensuite à l’ AcHélie que M. Gami bey se trouve actuellementià Bruxelles, et que cel artiste distingué s'occupe du placement des grande iustrurens dé l'obséryatoire, pour lequel il a construit la lunette méri: dienne, instrument qui est le pendant de celui de l’observa- toire de France. Malheureusement l'état des tourelles qui sont restées inachevées jusqu’ à ce jour, ne permettra pas d’ opérer le placement de l'équatorial, l'un des derniers et des plus beaux ouvrages de l’habile artiste anglais Trough: ton qui vient de mourir dans sa 81° année. É «1 ay rdv: la lettre de M. Babbage insérée dans le cinquième Bulletin de l’Académie pour 1835. (2) Pendant les observations , le ciel a été assez lieu dl - de nuages et le vent fort, La quantité de pluie me? le 23, a ét£ de 7,77 millim. (234) Observations météorologiques horaires faites à l'Observatoire de Bruxelles, en correspondance avec les observations de sir J, Herschel, au Cap de Bonne-Espérance. 22 JUIN. BAROM.. / THERM. Heure. réduit à 0e, centigrade, UE re gr dr YReP: mm, o o M. 6 755.17 +12.È 96.0 0.-S.-0, 7 755.15 13,3 95.5 » 8 754.99 14.2 92.5 » 9 755.00 15,7 88.0 » 10 754.92 16.2 86,3 S.-0. 1h 754.88 16.7 85.3 » 12 754.57 18.3 80.0 0.-S.-0. À £ 754.13 20.1 75.0 » 2 753.49 20.9 74.0 » à 753.24 21.2 71.5 » 4 752.94 21.3 71.5 S.-0, 5 752.82 21.1 74.3 » Ù 6 752.66 19.9 75.0 » 7 752.79 18.8 76.2 » 8 752.74 17.8 80.5 » 9 752.87 16.0 87.0 » 0 752.72 15.1 90:0 0.-S.-0. 11 752.50 14.5 91.5 » 12 752.28 14,1 91.5 » 23 juin. M, 1 751.92 13,7 93.0 » pluie 2 751.66 13.9 93.0 S.-0. » 3 751.33 14,2 93.0 » 4 751.14 14.5 92.5 » pluie 5 750.98 15.2 89.0 » 6 750.73 16.2 87.0 » 7 750.29 18.0 82 0 » 8 750.11 19.1 76.5 » 9 750.13 18.9 75.0 » 10 749.74 20.3 70.0 » 1 749.70 19.0 72.5 » 12 749.89 17.8 81.5 » 8. 1 7590.00 17.1 89.0: » 2 759.31 14.4 91.0 » 3 749.99 15.7 84.5 S.-S.-0. 4 750.47 14.1 91.0 S,-0, 52 750.20 13.9 93.0 » 6 749.95 14.7 93.5 ‘ » 7 750.11 13.3 03.5 » 8 750,41 13.1 94.0 S.-S.-0, 9 750.86 12.3 97.0 » 10 751.16 11.8 97.5 8.-0. 11 751.41 11.2 98.0 » ( 235 ) Fa | Mollusques. — M: P.-H. Nyst, fils, fait parvenir à l'Aca- démie la notice suivante sur une nouvelle espèce de moule trouvée à Anvers. | «La connaissance de ce nouveau mollusque , probable- ment inédit, et au moins nouveau pour la faune belge, est due à M. Van Haesendonck , pharmacien à Anvers, qui le trouva attaché aux pilolis, dans l'Escaut, et en adressa à M. Kickx, professeur, qui me le communiqua, et me fit part du résullat de ses observalions, en m’engageant à le faire connaître. Devant me rendre à Anvers, je profitai de cette cir- ‘constance pour observer la localité; je trouvai la moule attachée en très-grande abondance dans le bassin, aux ra- deaux qui servent à radouber les vaisseaux ; elle y était accompagnée de balanes, et de coralliophages , association qui me fait présumer que celte espèce n’est pas fluviatile, mais qu’elle aura probablement été amenée par des bâti- mens de mer (1). | M. le professeur Kickx l’ayant nommée dans sa collec- tion mytilus cochleatus, à cause du cuilleron qui se trouve placé sous la lame septiforme , je lui ai conservé ce nom, attendu que ce caractère très-saillant est constant. Mysiius Cocucearus Kickx ( coll. Nob. pl. 1, fig. 1,92,5). Car. spèc. : coquille oblongue , subcylindrique un peu (1) Malheureusement l’auteur n’a pas réussi encore à se procurer l'animal, | ( 236 ) courbée, postérieurement déprimée, comprimée vers le bord supérieur et un peu dilatée à l'extrémité postérieure du ligament cardinal , couverte de fils aranéeux, qui la font paraître finement et transversalement striée et qui se réu- nissent avec l’âge en des espèces de lamelles courbes. Les crochets sont pointus, faiblement courbés, la co- quille est munie à l’intérieur d’une lame septiforme , telle que dans plusieurs espèces de ce genre, mais elle est en outre munie d’un appendice en forme de cuilleron, placé sous la lame septiforme du côté du bord supérieur. La valve droite de cette espèce est plus grande que la gauche; ce caractère est trés-sensible sur le bord inférieur, Cette coquille est ordinairement de couleur brune, cen- drée, et traversée par des zones blanchâtres; les jeunes individus paraissent quelquefois zébrés. : Explication de la Planche. No 2. Valve gauche vue à l’intérieur. No 1. Valve droite vue sur le dos. No 3. Les valves réunies vues du côté du byssus. Quadrumanes. — M* C. Wesmael, correspondant de l’Académie, communique la description suivante d’une nouvelle espèce de quadrumane : « Parmi plusieurs objets donnés récemment au cabinet d'histoire naturelle de Bruxelles par M. le Ministre de l’In- térieur , un superbe quadrumane que je regarde comme inédit, a particulièrement attiré mon attention, Malheu- reusement, l’état dans lequel il a été apporté en Eu- rope ne permet pas de le décrire d’une maniere complète, tous les os sans exception ayant été enlevés; de sorte qu'il est devenu impossible d'apprécier exactement la grandeur fuge 236. 1S D | P/7 ge: 14 His cochllaliti 7e DR) fé | Grandeur naturelle . À. de Burograaff. 7724, ( 237 ) de l'angle facial, et de s'assurer de la disposition des dents, Je ne pense pas néanmoins qu'il puisse exister de doute sérieux sur le genre auquel il appartient ; car , 1° la cloison de ses narines est étroite ; et elles sont percées sous le nez; 2° ses: fesses ont de fortes callosités ; 3° son museau est peu proéminent ; 4° ses mains de devant n’ont qu’un rudiment de pouce ; 5° sa queue est très-longue. Or, la réunion de ces Cinq Caractères n’est ss qu aux nn) theques. » : MM. Fréd. Cuvier et Geoffroy - SL Hilaire, fa leur Histoire naturelle des Mammifères, décrivent cinq espé- ces de semnopithèques : melalophos , entellus, maurus , comatus et nemeus. Dans son Cours d'histoire naturelle des Mammifères, M. Geoffroy-St-Hilaire en cite une sixième espèce, le leucoprymnus. Enfin, J.-B. Fischer, dans son excellent Synopsis Mammalium , place dans une. division de son genre simia , correspondante aux semnopithèques, outre les six espèces précédentes , une septième, son simia aurata (1). La descriplion d'aucune d'elles n’est applicable à celle que j'ai sous les veux, èt qui, sous le nom de sem- nopithèque bicolor portera à sn le nombre des espèces connues de ce genre. S emnopithecus Bicolor à. Niger, fascia frontali, -mystacibus, barba, natibus (sub tyliis), caudaque longissima albis. » Le Semnopithèque bicolor a la peau généralement (1) I y place encore le simia larvata que je ne compte pas parmi les semnopéthèques ; parce ss c’est le type du genre nasalis de quel- ques auteurs, ( 238 ) noire. Les tempes, les joues, le menton et la gorge sont couverts de poils blancs ; le front est ceint d’une bande transversale blanche haute de 2 centimètres. Les poils des tempes, des joues et de la gorge sont très-longs, dirigés en arrière, et cachent entiérement les oreilles; ceux du menton sont dirigés partie en avant et partie en bas. Les poils du reste de la tête, ceux du tronc et des membres ( les fesses exceptées), sont noirs. Les poils du dos, depuis le cou jusqu’à la naissance de la queue sont remarquables par leur longueur qui est de 8 centimètres environ, et ils sont épais, doux, soyeux et couchés. Sur la poitrine et le ventre les poils sont beaucoup plus courts, et sont clair- semés. Sous l’espace calleux, les fesses sont d’un blanc lé- gérement mélangé de noir, ce qui provient de ce que chaque poil est blanc avec le bout noir. La queue est entièrement d’un blanc sale. Centres. Longueur totale du corps depuis le museau jusqu’à l’origine de ; la :queue. 1: 1) 7, :, 10,76 Id. Des extrémités antérieures. . . :. . 0,40 Id. Des extrémités postérieures. . . . . 0,55 Id. MOI EUR se ne te NU ee «te 2 D « Les autres espèces de semnopithèques que j'ai eu occa- sion d'examiner, ont le pouce des mains antérieures beau- coup plus long que le S. bicolor chez qui il est presque nul, et qui, sous ce rapport, semble être intermédiaire entre les semnopithèques et les colobes. Le S. bicolor parait être originaire des côtes d'Afrique.» Batraciens.— L'Académie entend la lecture du rapport suivant, sur les Observations ostéologiques sur l’appareil costal des batraciens, que M. Morren lui a présentées dans sa séance du 4 avril dernier. Par suite de ce rapport, ( 239 ) l'Académie a ordonné l'impression de ce mémoire. (Gom- missaires MM. Fohmann, rapporteur, et Dumortier.) « En 1805,dit M. Morren, Cuvier,dans ses Leçons d’ana- » tomie comparée, énonçait un singulier antagonisme en- » tre le développement respectif de l'appareil sternal et des » côtes chez tous les reptiles. Les grenouilles, allégue-t-il, » ont un sternum et point de côtes; les serpens ont des » côteset point de sternum, etc. » M. Morren trouve dans ce passage , une tendance à faire pressentir la loi de balancement des organes : quand les côtes ne se développent pas, le sternum se développe, et vice-versa. « À la même époque, continue M. Morren, Cuvier a » observé, dans les salamandres, des osselets attachés à la » colonne vertébrale qui semblent contredire le balance- » ment organique entre les appareïls costaux et sternaux. » Les salamandres, dit Cuvier, ont des côtes si courtes » qu’elles ressemblent aux apophyses transverses des ver- » tèbres. Ces reptiles n’ont pas de sternum proprement » dit, mais l'épaule en tient lieu en partie. Ainsi, voilà » des côtes très-courtes , dit M. Morren, ou même, comme » Cuvier les appelle aussi, des rudimens de côtes qui co- » existent avec un sternum si peu développé qu’on hésite » de l’admettre. D’après la loi de balancement entre les » côtes et le sternum, les côtes des salamandres devraient » être grandes , bien prononcées. » Cette disposition dans les salamandres a fait naître chez M. Morren la supposition que l’antagonisme, admis par Cuvier, n’existe pas entre les côtes et le sternum, mais bien entre les côtes et les autres appareils. En 1824, dans son Anatomie comparée, Meckeltraite du même sujet et démontre ayec une rare sagacité, à ce qu'il paraît à M. Morren, l’antagonisme des côtes, non pas avec ( 240 ) le sternum , mais avec les organes de la locomotion ; avec. les membres... … | | detispates Le rapporteur estime à propos de reproduire à ici lés 48 pres expressions de Meckel : 'sbeniqeds Sr « Les batraciens urodeles et anoures différent entre ‘eux d’une manière très-frappante, en ce que, très-géné- ralement chez les premiers, les apophyses transverses, du moins plusieurs d’entre elles, surtout de celles de la :parlie antérieure, supportent des os minces, Courts, droits, pointus et mobilement articulés avec ‘elles; tan- : dis que les seconds ne présentent pas ces 05.00 » : Ordinairement on considère comme des côtes les os mobilement articulés des batraciens urodeles, etes os soudés des batraciens anoures comme des apophyses transverses , en leur refusant les côtes; mais peut-être ces deux parties peuvent-elles recevoir absolument la même détermination , et les premiéres et longues apophÿses dés batraciens anoures sont-elles composées des apophyses courtes et des os accessoires des hatraciens urodèles qui sont: mobilement articulés avec ces apophyses. Le déve- Joppement plus considérable des membres chez les ha- traciens anoures est sans doute (1) cause du non-déve- loppement d’une partie de ces apophyses en un.os propre. Peut-être aussi les os des hatraciens urodèles , considé- rés comme des côtes , ne sont-ils pas des côtes, mais $eu- lement les os accessoires des apophyses transvérsés, qui chez ces animaux ne seraient pas soudés avec le reste de (1) Cette traduction n’est pas exacte: dans l’ouvrage allemand il y a vermuthlich , ce qui peut se traduire par conjecturalement , mais non par sans doute, TOI RUE HET Et » (241) Javertèbre , tandis qu'ils le seraient chez les hatraciens »ranoures ; qui leur sont supérieurs. | si» Quoiqu'il én soit , les différens genres des hatraciens TS Y Y :urodèles se distinguent entre eux sous le rapport du nombre et du volume de ces os. :» Ainsi, chez la sirène (siren), ils n'existent que sur sept vertèbres, depuis la seconde jusqu’à la huitième; chez le protée, seulement sur six, de la cinquième à la dixième ; - chez les salamandres, ils existent sur toutes les vertè- ‘bres situées en avant de la queue, à l'exception de la ‘premiére. » On remarque, en atentie avec la différence des apo- :physestransverses qui se distinguent chez les étritons et les …salamandres , que l'extrémité interne se bifurque , chez «les salamandres ; plus profondément en deux têtes, si- tuées l’une au-dessus de l'autre. Chez les mêmes: sala- mandres , extrémité interne de la côte la plus antérieure est considérablement élargie , et se termine par un bord arrondi. » : Le derniér de ces os ROME deobds FA les uns. et les autres ; brusquement beaucoup plus gros que tous les autres, plus long que ceux situés plus immédiatement en avant ; et constitue le sacrwm conjointement avec la vertèbre unique qui le supporte, et qui ne différé ps avec le reste des autres vertèbres. .». Le sacrum supporte los coxal:, ce qui, és à vi mo- dification précitée de l'os costal ; se plus vraisemblables les présomptions que nous avons émises sur la détermi- nation de ces os chez les batraciens urodèles.» :: Meckel ; dans les considérations que nous venons de ci- ter, n’a aucunement l'intention de démontrer un antago- nisme entre les côtes ou les os costiformes et les membres. ( 242 ) Ce n'est qu’en passant qu'il dit que peut-être le développe- ment plus considérable des membres, chez les hatraciens anoures, est la cause du non-développement d’une partie de leurs apophyses transverses en un os particulier. Et ce peut- être , dit en passant, il le détruit par une seconde conjec- ture, entièrement opposée à la premicre, en disant que peut-être les os des batraciens urodeles , considérés comme des côtes, ne sont-ils pas des côtes, mais seulement les os accessoires des apophyses transverses qui, chez ces animaux, ne seraient pas soudés avec le reste de la vertébre, tandis qu’ils le seraient chez les batraciens anoures, qui leur sont supérieurs. | Puis, Meckel mentionne encore , en faveur de cette sup- position, la circonstance que les os coxaux des sa/amandres ne s’articulent avec la vertébre que présente le sacrum, que par l'intermédiaire des os costiformes. — Et, dans ses hy- pothèses relatives à la détermination des os costiformes , il s'appuie tacitement, à l’avis du rapporteur, sur la génèse des vertèbres. La formation des apophyses transverses de cet os ne s'achève que par le développement d’une pièce osseuse à leur extrémité libre, et par la réunion de cette pièce à son apophyse respective. Cette pièce se voit très-distinctement chez de jeunes in- dividus des mammifères et de l'homme, et elle nese soude à l’apophyse à laquelle elle répond, qu'à une époque assez éloignée de celle de la naissance. Enfin cette pièce, comme les os en général, est originairement représentée par un cartilage qui, en subissant de certaines métamorphoses, donne naissance au noyau d’ossification. Les animaux d’ordre inférieur n’atteignent pas, comme on sait, le développement de ceux qui occupent un degré plus élevé dans l’échelle animale; ils s'arrêtent, en général, ( 243 ) à des-types qui sont des transitions chez ces derniers. Considérant ces circonsiances, on ne trouvera plus surprenant de rencontrer aux apophyses transverses des vertèbres des animaux d'ordres inférieurs des parties carti- lagineuses et osseuses; mais en inférera-t-on que ce sont là des côtes? Au contraire, on sera plutôt disposé à les regarder comme des pièces qui appartiennent à l’apophyse transverse , mais à laquelle elles ne sont pas encore soudées; ou bien, on les regardera comme des pièces destinées pri- mitivement aux apophyses transverses, mais qui , par une cause quelconque, ne sont: pas encore soudées aux apo- physes, et ont acquis un développement plus considérable et tel qu’elles se rapprochent de la forme des côtes. - Quant à la remarque de Meckel, que, dans les sa/aman- dres , Yarticulation des os coxaux avec la vertébre sacrale par lintermédiaire des os costiformes, parle en faveur de l’opimion que ces os sont des pièces qui appartiennent aux apophyses transverses , mais qui né se sont pas soudées à elles; cette remarque est encore fondée, selon nous, sur des circonstances dont Meckel ne fait pas mention et qu'il semble supposer présentes à l'esprit de ceux de ses lec- teurs à qui cette matière n’est point étrangère. Voici ces circonstances sous-entendues : Partout où les os coxaux s’articulent avec la colonne vertébrale, ils s’attachent à ces parties du sacrum qui . correspondent aux apophyses transverses. Nulle part cette articulation ne se fait par l'intermédiaire des côtes. Meckel a traité son sujet comme il doit l'être, avec pleine connaissance de cause. S'il a montré de la sagacité, ce n'est pas, comme nous venous de le faire observer, pour démontrer un rapport d’antagonisme entre les côtes et les membres, mais tout simplement pour développer que les ( 244) os attachés aux apophyses transverses des batraciens uro- dèles que l’on regarde généralemement comme côtes, ne paraissent pas être des côtes, mais appartenir aux apophyses. Si M. Morren démontre un antagonisme entre ces parties, à lui l'honneur de cette découverte. Voyons maintenant le raisonnement de cet auteur et les faits nouveaux dont l'observation lui appartient exclu- sivement : -« Ghez les serpens, dit M. Morren, il y a un grand nombre de côtes, et toutes sont bien développées. A quoi servent les côtes chez ces singuliers animaux? Non-seu- lement, comme organes protecteurs, elles défendent par leurs arceaux les viscéres et contribuent à la respiration, mais elles servent évidemment à la reptation , à la loco- motion. Les ophidiens, sans pieds, sans membres exté- rieurs, marchent par les plis de la peau, et ces plis sont déterminés en grande partie par les mouvemens des côtes. Ainsi, le développement intrinsèque et la multiplication de ces organes se font au profit de la locomotion. » Chez les sauriens, on voit les pférodactyles, animaux des temps antédiluviens, posséder aussi un système de locomotion extraordinaire ; ils volent, et l’aile se forme par l’amplification du deuxième doigt du membre an- térieur. Ici, la loi du balancement s'établit d’après le type des chiroptères ; mais nous sommes dans un monde ancien, alors que les lois de la nature ne pouvaient pas frapper en grand un règne dont tous les membres n’exis- taient pas encore. ». Comme pour nous donner une preuve nouvelle de la fixité de ses principes , la nature nous offre dans la ‘création actuelle les dragons, sauriens que les rapports ( 245 ) les plus saillans classent près des prérodactyles et qui, sans voler à proprement dire, se laissent choir sans danger des branches d'arbres, parce qu’ils sont armés d'ailes ou de parachutes. Or, ces organes, formés évi- demment pour accroître la locomotion, se développent par l'hypertrophie des six premières fausses côtes qui déjà ne font plus l’arceau autour. des viscères, mais s'étendent excentriquement comme des doigts du mem- bre antérieur des ptérodactyles. Voilà donc certaine- ment les côtes qui, encore une fois, contribuent à mieux établir pour l’animal ses rapports avec l’espace et le monde extérieur; c’est encore une fois au profit de la locomotion que les côtes subissent l'effet du principe du balancement organique. » Les côtes disparaissent chez les batraciens anoures. Voilà un fait non moins certain que celui-ci: les ba- traciens urodeles présentent des côtes, très-simples à la vérité, mais enfin des côtes. Or, chez les wrodèles le système locomotif peu développé dans les membres (tritons, salamandres , etc.), se renforce par le déve- loppement de la queue, elc. — Chez les batraciens anoures, la fonction locomotive prend un caractère particulier , celui du saut ; aussi la queue disparaît-elle et le profit de cette absence tourne tout entier au dé- veloppement des membres, mais les côtes elles-mêmes ne restent pas étrangères à cette mutation. Les gre- nouilles sautent mieux et plus que les crapauds , et les - crapauds présentent encore de pelites côtes dans une des espèces et de grandes apophyses transverses dans d’autres, tandis que les grenouilles avec leurs longs membres postérieurs n’offrent rien de semblable. Ce sont là des faits sur lesquels les naturalistes n’ont pas porlé une Tom. 11. 18 ( 246 ) altention suffisante et l’existence des côtes, chez un cra- paud adulte, est même quelque chose de neuf dans les fastes erpétologiques; du moins nous le croyons. » Que la disparition de la queue chez les tétards se fait au profit du développement des membres, organes loco- moteurs dont la queue ne remplit que le vicariat, cela -est incontestable. Chez les anoures quand la queue se résorbe, ce sont les membres postérieurs qui se mon- trent les premiers; désormais ils seront les plus déve- loppés; chez les wrodeles , où les quatre membres ont proportionnellement avec les anoures, un développe- ment plus égal, ce sont les antérieurs qui se montrent, quand la queue se raccourcit. » Nous n’attribuons pas au surdéveloppement des mem- bres seuls, chez les batraciens anoures , l'absence com- plèle ou presque complète des côtes, mais nous croyons que cette absence se lie au système total de la locomo- tion , quelqu’en soit l'appareil principal ou accessoire. » Ainsi, nous pensons que les batraciens urodeles à membres petits ont de petites côtes, parce que leur queue comprimée est grande et renforcée d'os par- ticuliers. » Nous présumons que, chez les batraciens urodeles dont la locomotion, au moyen des membres et de la queue n'est pas trés-active, les côtes peuvent se con- server dans un état moyen de développement , comme dans les salamandres , etc. » Nous croyons que, dans les batraciens anoures , quand les membres et surtout les postérieurs convien- nent à un saut vif et que l'animal vit sur les arbres où la locomotion doit être trés-active, ce sont les côtes qui disparaissent et que même les apophyses transverses des ( 247 ) » vertèbres se ressentent de cette atrophie et deviennent » plus courtes et plus fuhles comme dans les. uyla viri- » dis, etc. ». Quand les membres postérieurs servent au saut, mais », quand l’animal vit à terre et que sa Doleution n’est » pas, trés-active, les côtes avortent encore; mais les apo- » physes transverses montrent un renforcement dans leur » extrémité qui parfois dégénère en un appendice parti- » culier. — Enfin, etc, » Cet exposé de l’auteur est accompagné d’une planche qui contient quinze figures représentant les particularités qu’of- frent les os costiformes dans les batraciens, particularités dont il s'appuie dans son raisonnement. Ce qu'il dit du crapaud-accoucheur, est une découverte qui lui appar- lient; car nulle part ailleurs il n’est question des côtes de cet animal. Le seul fait à ajouter aux observations recueil- lies dans le travail qui nous occupe, c’est celui relatif au pipa, dont les apophyses transverses de quelques vertèbres offrent des parties cartilagineuses et osseuses. (Carus Zoo- tomie, 1818, Ç 182). Suivant Meckel, chez les salamandres et les céciles , les apophyses transverses des vertèbres situées au devant de la queue, sont divisées en une moitié supérieure et en uneinfé- rieure; et l'extrémité vertébrale des côtes imite cette forme, c'est-à-dire qu’elle est pareillement fendue en deux moitiés ou branches qui s’articulent avec celles des apophyses dont nous parlons. Meckel rapporte tout simplement ces fai sans entrer dans des considérations. Cette particularité paraît être échappée à M. Morren; du moins il la passe sous silence. Cependant ces formations sont de la plus haute importance dans la question agitée : “ ( 248 ) si les os attachés aux apophyses doivent être regardés comme côtes, ou comme épiphyses de ces parties? A cette disposition des os costiformes, on ne peut mé- connaître un rapprochement de la forme de l'extrémité vertébrale des côtes des animaux d’ordres supérieurs, où ces parties offrent deux branches dont l’une est représentée par la tête de la côte, tandis que l’autre l’est par le tuber- cule. Celte forme des côles est d'autant plus remarquable qu'on ne peut dire que les os à deux apophyses à leur extrémité vertébrale, sont des épiphyses des parties aux- quelles ils s’articulent, des épiphysés de cette forme n'ayant jamais été observées. Nous dirons brièvement que cette forme est en général celle de l’extrémité vertébrale des côtes. Dans les poissons, cette extrémité est simple : dans des reptiles , elle se développe en deux apophyses qui s’ap- pliquent à deux parties d’une vertèbre ou seulement à une partie, mais de deux vertébres. Puis, ces apophyses devien- nent têtes et tubercules et s’attachent presque toujours à deux vertèbres. En résumé, il paraît que les os attachés aux apophyses transverses des vertèbres des batraciens sont en partie des épiphyses, en partie des côtes à extrémité vertébrale sim- ple, comme dans les poissons, et en partie des côtes à deux branches à leur extrémité vertébrale. Nous partageons done en partie l'opinion de M. Morren, en ce qui concerne les os costiformes , qu'il regarde comme côtes; quant à l’antagonisme qu'il admet entre les côtes et les organes de la locomolion; son raisonnement nous semble fondé; du moins ila su bien discerner toutes les circonstances à l'appui de cette théorie. » Botanique. — « M. Morren présente le commencement d'un grand travail, résultat de onze ans d'observations et ( 249 ) qu'il intitule : Recherches physiologiques sur les Hydro- phytes de la Belgique. Le premier mémoire qu'il soumet aujourd’hui au jugement de l’Académie, est l'Æistoire d’un genre nouveau de la tribu des Confervées , nommé Apha- nizomène , par l’auteur, et il fait accompagner son mé- moire d’une planche coloriée dessinée par lui, qui repré- sente dans ses plus minutieux détails la plante nouvelle, M. Morren avertit l'Académie que son but est de compléter les travaux entrepris sur l’hydrophytologie de la Belgique, par MM. Bory de St-Vincent, membre de l’Institut de France, et Desmazières, botaniste à Lille. La physiologie des espèces occupera, dans ses mémoires, le premier rang. Celui sur l'Aphanizomène est divisé en trois parties : l'organologie, la taxonomie et la physiologie de ce végétal singulier. Cette plante colore parfois des étangs entiers d'une teinte d’un vert blanchâtre; elle forme des lamelles semi-lunaires ou fusiformes, qui se soudent parfois entre elles. Tout à coup et quand on s’y attend le moins, ces lamelles se résolvent en amas d’un vert de mer qui se dissipent à leur tour en nuages floconneux. C'est de cette circonstance que l’auteur a tiré le nom de végétal : dpayibôueres, qui se dissipe. L'examen microscopique décéle que la plante est tout entière formée de filets confervoides qui, sans s'accoupler comme les zygnèmes, se soudent pourtant entre eux, mais possèdent comme les oscillatoires une locomotilité remarquable. Du reste, leur composition est celle des confervées proprement dites : ce sont des articles, joints bout à bout, remplis de globulines ou de sphérioles , qui se réunissent en conceptacles plus ou moins réguliers et capables de reproduire l'espèce. En outre, il y a des articles ovoïdes particuliers , renflés et pourvus à leurs pôles d’un conceptable sphérique. Quand ( 250 ) les articles se séparent, ils se meuvent comme les navicules et les baciHaïres. Mais quand leur dislocation est générale, il n’y a pas de mouvement. » Ces particularités organologiques ont fait adopter à M. Morren, pour caractériser le végétal nouveau, la des- cription suivante : » Aphanizomenon : filamenta simplicia, cylindrica, flexilia, membranacea, vitrea, articulata, articulis in lamellis planis, apice laciniatis, coadnatis, rectis aut hic et illic inflatis , materia viridi farctis , oscillan- tibus, spontè dissilientibus.—ApHANIZOMENON INCURVUM : lamella plana, albo viridi, incurva, filis coadnatis articulis 2-8 duplo longioribus; discretis cæruleo viri- dibus. M. Morren, voit dans cette plante une preuve remarquable de son système sur les hydrophytes qu’il con- sidère comme des piles galvaniques. Les filets confervoïdes se soudent parce qu’ils jouissent d’une force attractive qui n’est autre que l'électricité de nature contraire que déve- loppe incessamment l’enveloppe vitrée et le noyau résineux de chaque cellule. Une force électromotrice est constam- ment le résultat de la composition binaire ou de l’hétéro- génité des élémens qui forment les articles. La résolution des filéts confervoïdes , subite, instantanée, leur passage à l'état de cellules séparées ne sont que les suites d’une dé- charge électrique qui a fait passer les lamelles , de l’élec- tricité positive ou négative à l'électricité naturelle, et eelte modification en apporte une autre dans la disposition moléculaire ; ce qui explique le changement de coloration qu'a l'instant même on aperçoit dans les amas de ces plantes. Pour expliquer sa manière de voir à cet égard, M. Morren, met en rapport les belles expériences du pro- fesseur Schubler, sur l'électricité des nuages, de la vapeur ( 251 ) et de la pluie avec ses propres recherches, et il trouve qu'il y a entre les propriétés électriques de la vésicule aqueuse répandue dans l'atmosphère par la précipitation de la vapeur, et celle de la vésicule élémentaire végétale, isolée ou associée à ses congénères, les plus grands rapports. (Que ce soit une hypothèse, je laccepte pour le moment, dit-il, mais encore sera-t-il que cette hypothèse rend compte des faits observés; et en physiologie où toutes les idées se heurtent, parce qu’elles expriment une foule de systèmes différens, nous n’aurons sans doute d'ici à long tems que des hypothèses plus ou moins heureuses. Il n’y à point de plus notable folie au monde, dit Montaigne, que de rame- ner à la mesure de notre capacité et suffisance, la volonté de Dieu et la puissance de notre mère nature. » (Commis- saire MM. Dumortier, rapporteur, et Lejeune). Météorologie. —M. Crahay lit un mémoire sur les instans du maximum et du minimum de hauteur diurne du baro- mètre , aux diverses saisons, pendant le jour. D’après ses observations horaires, continuées pendant les trois années 1831, 1832 et 1833, vers les époques du marimum et du minimum de la colonne barométrique , l’auteur est par- venu aux résultats suivans : D'abord, en prenant les moyennes des trois années en- tières, il obtient pour l'instant du maximum 9", 259 du matin ; et pour celui du minimnm 3} 812 de l'après-midi. Calculant ensuite les instans , mois par mois, M. Crahay trouve que les instans du maximum , en février et en juin, s’éloignent considérablement de ceux des autres mois, et qu'ils arrivent beaucoup plus tôt dans la matinée. Les instans du minimum après midi , présentent aussi des relations remarquables; en avril, mai, juin, juillet, août, ils arrivent notablement plus tard qu'aux autres mois. ( 252 ) La discussion de ces résultats conduit à cette conclusion importante qu’en été (avril, mai, juin, juillet, août et septembre), l'instant du mazrimum arrive de meilleure heure et celui du minimum plus tard que pendant le reste de l’année; qu’ainsi, en été, l’espace compris entré l'in- stant du maximum et celui du minimum est plus grand que celui compris entre les mêmes périodes en hiver. Dans la première saison, la durée de l’oscillation diurne est de 7%, 6754; dans la seconde, elle n’est que de 5", 7227 (com- missaires, MM. Quetelet, rapporteur , et Thiry ). | Chimie. — MM. Sauveur, Dehemptinne et Dumortier lisent ensuite différens rapports sur des mémoires relatifs à la chimie et à la botanique. L'Académie décide que deux mémoires de M. le profes- seur Van Mons, sur la manière dont se font les combinai- sons par le pyrophore, seront insérés dans ses recueils. … Analyse.—M. Pioch, professeur à l'institut de M. Gag-- gia, et répétiteur à l’école militaire, fait parvenir à l'Aca- démie la note suivante, comprenant une nouvelle méthode d'évaluer les fonctions symétriques élémentaires renfer- mant un nombre quelconque de lettres. « On appelle fonctions symétriques , celles qui conser- vent la même valeur lorsque l’on échange , de toutes les manières possibles, les quantités qui les composent. Une fonction symétrique renfermant un nombre quelconque m de lettres est dite à » lettres, lorsque chacun de ses termes en contient un nombre #3 si tous les termes de la fonction sont des produits de n lettres, de la forme at b8 cd? elle est appelée fonction symétrique élémentaire. Nous ne considérerons ici que ces sortes de fonctions : soit done ( 253 ) m le nombre des lettres a, b, ce, d,etc., qui entrent dans une fonction symétrique à # lettres; si l’on forme tous les produits n à n avec les m lettres données, et que l’on affecte respectivement les » lettres de chaque produit des exposans &, 8,7, 2, etc. (au nombre de »), on obtiendra évidemment une fonction symétrique élémentaire à n let- tres. Je représenterai cette fonction par l’expression V(m,n) = =(m,n) (atbBc”d?....) Le signe £ indique l’aggrégation de tous les termes que l'on déduit du terme général a*h£e%d°.... en y échangeant les lettres a, b, €; d , etc., entre elles de toutes les ma- nières possibles. Il est bien clair que la fonction ©,» (a*b#c7d”...) peut s’écrire comme suit : . 4 te PART . Hi. d' ; (ere. Tr tés 2 fu. ie æ_B 7. a y B a B à cha Dos. Lea sh …. etc. 0 # . . . . . ° ° ” . Mettant respectivement a, bË, e7, etc., en facteur com- mun , dans la première, deuxième, troisième, etc., ligne horizontale : on aura, d’après la définition du signe E£. A né AT 6 si.) B y d Ebe, nn) so A . cd 4) es (rod ,,.) (m—1,n—1) moi ri rain, ( 254 ) Remarquons maintenant qu'une fonction symétrique à n—1 lettres de m» lettres a, b, ce, d, etc., ou Ga 1) (m,n—1) se décompose en deux parties, l’une qui renferme a et l’autre qui en est indépendante. On aura donc = (32 af ) (m--1,n— 1) | as de ER D” e°d”...) B,9 d Ë ES be d D pré à PE su 1 Sd.) je: (afro 53) (m—1,n—2) etc. Multiplions les deux membres de cette équation par a*, nous en tirerons aisément la valeur : + à € Con) (m,yn—1) arts ( se ) a B y d "v TT"? ? TA B 0% 4 g Cat giga CAF tu Let AE a 1° r ) etc. L L L2 L] . LL 2 qui exprime la réunion des termes qui affectent a“ dans Vimn). Pour ceux qui affectent b*, c*, d*, etc., il faut changer respectivement , dans cette dernière, a enb,c, ( 255 ) d, etc. et réciproquement; la somme de toutes ces valeurs exprimera celle de V(r,». Remarquons d’abord que le coefficient de a* dans l'expression 8 y d a © (a bc La) (m,n—1) reste le même : donc la somme des résultats que l’on ob- tiendra en changeant dans cette expression a en b, c, d, etc., sera 5 16e) xs (a ed). Considérons maintenant l'expression FE: tuer Kai (m—1,n—)2) Si l’on y change successivement à en a&,b,c, d, etc., la sômmé des résultats sera évidemment une fonction symétrique de la forme ( are DS. je FANS) De même, si l’on change successivement dans .B d ‘+ (1° Ô du) (m—1,n—2) aena,b, c, d,etc.,et réciproquement, on trouvera pour la somme des résultats \ cs Mid soir) $ £ (m,n—1) et ainsi de suite. Substituant ces valeurs dans V{,,»), on aura la formule ( 256 ) remarquable et que je crois nouvelle nie ( a)x (st # RATE LEE) ds 4 (OP Gm,n—) LA (a he dus (8 eat (m,n—1) a+ À y — 2 Le c' 1 (m,n—1) etc. — Le nombre de ces termes né- gatifs étantn = 1 ; elle donne l'évaluation d’une fonction symétrique élémen- taire à n lettres de m lettres a, b, c, d, etc., à l’aide de fonctions symétriques à #—1 lettres des mêmes lettres a, b,c, d, etc. Je ne pense pas que ce problème ait été résolu jusques ici avec autant de généralité. Appliquons maintenant cetie formule à l’évaluatiou des fonctions symétriques à 2, 3, 4, etc., lettres. Remarquons d’abord qu’en général Pour n—2, on aura de suite Vos 8 LÉ PTPLE, 4 Pour n=—3, il vient d’abord By a+ B p” Ph d B V9, Erio)À b )-5,, (a )—=< (mi (s p') ( 257 ) Mais B ,y 5 0 A FH OR (a Ts 8 © (m3) Va+B fauo à 2 je is Le s —— 8 T(,2) y a+8 a+B+9. Substituant ces valeurs dans V(,,3), on trouve Res M ie PE AN | es: de VGm:3) x By ‘a Biy B'ary y'a+b a+ B+7y. On trouvera aussi aisément Mes Es us à —$ S 8 —$ 8 $ a By au B y+d . a y B4d à d B+y ss!s 8 $:s —s $$ —6s Boyard Bd auty y d'atB a+ B+y+ d (CR Er 8 Na HA 8 + ss 8 a+8B +0 a+y B+-d a+d B+y +2/s +8 8 +s ss +s s ÜaB+y+rd Bato+d 9 a+B+d d'a+B+», Staphyloraphie. — M. Ch. Phillips, docteur en méde- cine à Liége , fait parvenir à l’Académie un mémoire inti- tulé : Quelques mots sur la Staphyloraphie ( commis- saires , MM. Fohmann , rapporteur , et Sauveur). Histoire nationale. — M. Delmotte, correspondant de l'Académie, transmet la note suivanie sur l'existence des anciennes chambres de Rhétorique à Mons. « Le savant M. Gérard a écrit une nolice succincte sur nos anciennes chambres de Rhétorique, notice qu’a pu- bliée M. De Laserna Santander dans son Mémoire histori- que sur la bibliothèque de Bourgogne, pag. 161 et sui- vantes. Malheureusement M. Gérard a ignoré l'existence de ( 288 ) ces sociétés dans beaucoup de villes, et quand à celles qu'il connaissait, il s’est borné à nous transmettre sur leur compte des renseignemens trop concis. M. Dumortier, en 1830 , je crois, découvrit un ma- nuscrit contenant toutes les pièces de vers envoyées aux concours de la société de Rhétorique de Tournay , de 1477 à 1491. L'existence d’une société de Rhétorique à Tour- nay, sociélé dont n’avait pas parlé M. Gérard, fut dés lors incontestable. M. Hennebert , archiviste de la ville de Tour- nay, est occupé en ce moment à transcrire ce manuscrit précieux , et il le publiera sans doute bientôt. On ignorait que Mons eût aussi possédé une société de Rhétorique. Les passages que je vais citer du manuscrit autographe des Annales du Hainaut, par Vinchant (1), prouveront qu’il en exista jadis une dans celte ville. Le manuscrit dont j'extrais ces articles, est trés-intéressant, et Ruteau, en publiant l'ouvrage de Vinchant, l’a mutilé et écourté d’étrange façon; il l’a rendu méconnaissable , et il a retranché entre autres choses, sans aucun scrupule, presque toutes les particularités qui concernaient Mons, et surtout ces détails naïfs qui ont tant de prix pour l’histoire des mœurs de nos ancêtres, Voici ce que contient ce manuscrit sur les rhétoriciens montois : « L'an 1431. Les bourgeois de Mons quise nommaïent » Réthoriciens, se trouvent avec ceux de Valenciennes, » Douay, Cambray, Hesdin et d’autres lieux circonvoisins » en l’abbaye de Liessies, à cause que l'abbé du lieu ap- » pelé Gilles Du Cesne, personnaige vertueux et scavant, (1) Ce manuscrit, qui appartient à la bibliothéque publique de la ville de Mons, est en trois volumes in-fol.. sur papier. ( 259 ) avoit fait publier qu'une dispute de réthorique:se tien- droiten saditte abbaye pour décider ceste question : » Pourquoy la paix ne cognoissoit le royaulme de France. Res » Car il faut entendre qu’en ce temps la France estoit merveilleusement aflligée de guerres que suscita Phi- lippe-le-Bon, duc de Bourgoigne, par le moyen des An- glois, pour venger la mort de son père traiteusement occis par mandement de Charles VII, roy de France, lors dauphin en lan 1419. » Or‘ ledit abbé adjugea prix à ceulx qui pouldroient mieux respondre à laditte question , en sorte que ceux de Hesdin emporterent le premier prix qui estoit un paix (sic) de VIIT onces d'argent. Ceulx de Valenciennes eureni le second qui fut un agnus Dei d'argent, mais trés-magnifique. » : Remarquons en passant que c’est cette même année 1431 qu'eut lieu le concours d'Arras où figurèrent, dit M. Gé- rard , les sociétés dé Valenciennes, Douay, Cambray et Hes- din. « L’an 1559. Quant aux réthoriques, commédies et farces , elles estoient en ce temps fréquentes en la ville de Mons, de sorte que les manans d’une rue souloient provoquer ceulx d’autre pour emporter les prix, et d’au- tant que ceulx de la rue des rattes qui se nommoïent les réthoriciens de Notre-Dame emporterent le plus souvent le dessus, laditte rue changea‘lors de nom et fut appellée {a rue Notre-Dame comme encore elle s’apelle présentement , et à cest effect fut posée l’imaige de la vierge par lesdits réthoriciens d’icelle rue, maïs à cause que lesdites réthoriques et commédies incitoient la jeu- nesse, fils et filles, à méchanceté et impudicité, oultre ( 260 ) » ce qu'en icelles se mestoient quelques hérésies , les prin- » cipaux bourgeois d’icelle ville défendoient bien étroit- » tement à leurs enfans de s’y trouver à telles réthoriques, » mesme d’user de langue françoise en leurs bénédictions » et action de grâce quant ils prenoient leur repas, à » cause que ces réthoriciens et aprés eux les heretiques » occultes en usoient en leurs banquetz.» - — M. le baron De Reiffenberg fait ensuite part à l’Aca- démie de l'examen d’un pussage de Jacques Meyer , sui- vant lequel un évêque aurait été donné pour la première fois à la Flandre, dans le concile de Troyes , en Cham- pagne , l'an 879. Il a été résolu que cette communication serait insérée au Bulletin des séances. « J'ai toujours fait un cas particulier de l'historien Jacques Meyer, et j'ai lieu de croire que mon opinion à cet égard est partagée par plusieurs de nos confrères , puis- que l'honorable M. Raoux m'engagea, il y a quelques années , à traduire en français cet auteur , afin de le rendre plus populaire. Cependant l'estime que je professe pour Meyer ne me ferme pas les yeux sur ses défauts. Je dois convenir avec ses censeurs, que, pour ce qui concerne les premiers temps, sa critique manque quelquefois de fer- meté et d’exactitude, et qu’il ne s’est pas fait une loi cons- tante de remonter aux vraies sources de l’histoire. En voici un exemple assez remarquable et qui tient à un fait im- portant de nos annales. Meyer, sous l'an 879, s'exprime ainsi: Coaucta dés in Tricassibus ab Joanne VIIT, inter cœtera illic acta, Flandris qui tum primum (ut scribunt Itali) ex locis nemorosis ad meliorem cultum venerant, episcopus datus est. Hoc est (si satis dispicio) Flandri una cum ( 261 ) Tornacensibus Noviomagensi episcopo sunt attributi. En cela Meyer est d'accord avec Platina et Ciaconius ; l'un dans la vie de Jean VIIT, l’autre dans celle de Jéan IX, ainsi qu'avec d’autres écrivains plus récens. Néanmoins, malgré ce concours, Meyer se trompe et son erreur, qui avait frappé Buzelinus (1), se démontre d’abord par les actes mêmes du deuxième concile de Troyes ; tenu par le pape Jean VII lui-même, aux mois d'août et de séptembre 878. Le pape Jacques Sirmond a publié, dans son troisième volume des Concilia Galliæ , un abrégé des actes du con- cile de Troyes d’après un manuscrit de S'*-Marie de Verdun, avec les actes mêmes d’après des manuscrits de Rheïms et de Beauvais, et l'historien Aimoin, au liv. V de Gestis Fran- corum , Chap. XXX VIL On peut consulter aussi le cardinal Baronius , Annal., ad ann. 878, Or, dans ces monumens authentiques, non-seulement on ne voit point de mention directe qu'un évêque ait été donné alors à la Flandre , mais l’on n’y trouve pas un mot d’où l’on puisse inférer , de la manière même la plus dé- tournée , l'existence de ce fait. Dans les prémières sessions, le souverain pontife se plaignit de la conduite des comtes Lambert et Adalbert qui l'avaient réduit à quitter la ville de Rome. Aussitôt l'assemblée confirma l’excommunica- tion qui avait été fulminée contre eux. On renouvela éga- lement celle dont avait été frappé l’évêque Formose : on statua contre ceux qui se remariaient du vivant de leurs épouses et contre les évêques qui abandonnaïent leurs églises pour de plus considérables; on termina le différend (1} Gallo-Flandria , lib. IL, cap. HI. Tom. 11. 19 ( 262 ) des prélats qui avaient les siéges de Rheïms et de Laon, et l'on s’occupa d’une loi sur les sacriléges. Tels furent les objets des délibérations du concile: rien, je le répète ,n’y montre la Flandre placée pour la première fois sous ladmi- nistration spirituelle d’un évêque. D'ailleurs, la chose était-elle nécessaire, lorsque depuis long-temps la Flandre avait des évêques ? En eflet, pour le prouver, il sufhrait des actes du concile et du texte du diplôme que les évêques des Gaules et des provinces bel- giques y présentèrent au pape Jean VIIL Voici le com- mencement de cette pièce : Domine sanctissime ac reve- rendissime pater patrum Joannes catholicæ et apostolicæ ecclesiæ , sanctæ videlicet Romanæ prime sedis, papa : nos filii, famuli ac discipuli vestræ authoritatis Gal- liarum et Belgicarum episcopi, his quæ super vulnera dolorum vestrorum maligni homines ac ministri dia- boli addentes ad sanctam matrem nostram ac magis- trum omnium ecclesiarum, commiserunt, compati- mur, etc. À ce concile assistaient donc les évêques de la Belgique, Belgicarum , et ce qu'il faut entendre sous ce uom est expliqué par l’ancienne division de l'empire d'Oc- cident. Belgica regio, dit le commentateur du Votitia imperii occidentalis , cap. 87, inter Mosam et Sequanam flumina clauditur quam Phrudis interfluit. À Mosa usque ad eum fluvium est Belqica prima seu superior, nunc Brabantia dicitur ,cujus metropolis est Treveris, inde ad Sequanam est Belgica secunda , nunce Flandria vocata cujus metropolitæ erant Remi. Meyer lui-même avait adopté cette division au commencement de son ou- vrage: Romani, dit-il, dividebant Galliam Belgicam in primam, cujus caput Treveris cum Mediomatri- cibus, Leucis et Virodunensibus ; et in Pelgicam se- ( 265 ) cundam ubi principatum tenebant Remi habentes sub se Suessiones, Catalaunos , Camaracos, Nervios , Mo- rinos , Atrebates, Ambianos , Bellovacos, Noviomagen- ses. In hac Belgica secunda qua Flandria includitur, habebant Romani posterioribus temporibus suos co- miles , centenarios , agentes præfectos littoris saxonici, elc. Que l'Église se soit conformée à cette division civile, cela ressort de différentes preuves très-fortes , entre autres, de la lettre du pape Denis, vers l'an 269, lettre qui a été recueillie dans le tome 1° des conciles, ainsi que de celle du pape Innocent I, sur la division des provinces par métropoles, et des lettres de l'archevêque de Rheims, Hinemar, transerites par Flodoard, au liv. nr de son his- loire. À propos de Gothescale, il s’exprime ainsi : /n Mo- quntina civitate habita synodo ; Rhabano archiepiscope libellum sui erroris porrigens, damnatus ab omnibus Germaniæ episcopis : cum libris synodalibus ad metro- polim Remorum est remissus, postea autem a Belqicæ Remorum ac Galliarum provinciarum episcopis au- ditus et inventus hœæreticus, etc. Il termine ainsi ce qu'il dit de Gothescalc : Quæ Remis nec minor est Tre- verorum urbe prima provinciæ Belgicæ, propter quod ante est condita , nec inferior quia in secunda est pro- vincia regionis Belqicæ constituta. Dans les capitulaires de Charles-le-Chauve, lus à Metz en présence et à la de- mande d’Adventius, évêque de cette ville, ilest dit: Quo- niam Remensis et Treverensis ecclesiæ in hac regione Belgica commissis ecclesiis sorores et comprovinciales habentur, sicut authoritas ecclesiastica et antiquis- sima demonstrat consuetudo , etc. (1) (1) Un excellent ouvrage sur cette matière esi l’Essaë sur le Système ( 264 ) D'après cette distribution , à la seconde Belgique ou à l'église métropolitaine de Rheims appartenaient les évé- chés de Soissons, Chäâlons-sur-Marne, Térouane, Noyon, Tournay, Senlis, Beauvais, Laon, Cambrai et Arras. En ce sens Hincmar de Rheims, Hildebold de Soissons, Berno de Chälons, Autbert ou Hadebert de Senlis et Hedenulphe de Laon , qui assistérent au deuxième concile de Troyes, pouvaient prendre le nom d’évèque des provinces belges ; et à eux se serait certainement réuni Jean , de Cambraï, qui , en 866, assista au concile de Pavie et en 876 à celui de Pontion, près de Vitri, s’il n'était mort le 5 août 878, au rapport de Molanus. Dans leur assemblée, on aurait vu aussi Odo ( Ado, Hatdo, Atto ), de Beauvais, qui assista en 862 au concile de Pitres-sur-Seine, en 866 à celui de Soissons et la même année (d’autres disent en 867), à celux de Pavie, à la consécration de l'archevêque de Trèves Ber- told cu Bertulphe en 867, au sacre de Charles-le-Chauve en 809, au traité d’Aix-la-Chapelle en 870, enfin au concile de Pontion, en 876, si l’infirmité de Louis-le-Bègue , au- quel il était attaché, lui avait permis de s'éloigner. La mort empêcha également de se trouver à ce concile Ran- celin (Raymelin, Reinelme), de Noyon et de Tournay, qui souscrivit les actes des conciles de Soissons et de Pontion. Après son décès, le siège de Noyon et de Tournay fut long-temps vacant, attendu que Carloman et Louis n'étaient pas d'accord avec Hincmar sur le successeur qu’il fallait lui donner. | Enfin, Meyer se réfute lui-même, puisque sous l’an 484 des divisions territoriales de la Gaule . depuis l'âge romain jusqu’à la fin de la dynastie carlovingienne , par Mr B. Guerard ( depuis membre de l’Institut }, Paris , 1832, in-8o, D. R. ° ( 265 ) al dit que le pape Félix FE créa Éleuthére évêque de Tournay. Le passage suivant de la vie de St-Éloi ( qui vivait vers l'an 660 ), par saint Ouen , n’est pas indigne d’at- tention et sert encore de correctif à Meyer : oc ergo modo aurificem invitum detonsum constituerunt cus- todem urbium seu municipiorum quorum hœc sunt vocabula : Veromanduensis scilicet quæ est metro- polis, urbs Tornacensis g quæ quondam regalis fuit civitas, Noviomensis , Gandensis atque Corturiacensis. Ob hoc autem vel maxime eum his locis dederunt pas- torem quod ejus regionis incolæ magna adhuc ex parte gentilitatis errore detinerentur. Je finirai par faire remarquer que Meyer, contre le témoignage des meïlleurs chronologistes, place en 879 et non pas en 878 le second concile de Troyes, et que l’évé- que de cette ville était alors Otulphe, appelé par Claude Robert, dans le Gallia christiana, Augustæ Tricarum episcopus , mots au lieu desquels Miræus, dans ses Rerum _— annal., lit Antricorum episcopus, ce qu'il explique par évêque FOTO » Histoire. —Le secrétaire présente de la part de M. Musi lez, professeur à la faculté libre des lettres à Gand, un écrit intitulé : Observations sur divers points obscurs de l’histoire de la constitution de l’ancienne Rome. Dans le chap. I, l’'anteur s'occupe de l’origine du sénat et de ses accroïssemens sous, les rois. Selon lui, ce que les an- ciens racontent sur la création de cette assemblée par Romulus, ne s'applique pas à la formation du sénat de la Rome primitive, mais à son organisation sur de nouvelles bases à l’époque de la réunion des Sabins aux Romains. À propos de l'élection d’un certain nombre de sénateurs par Brutus, l’auteur observe qu’on leur donna le titre de Con- ( 266 ) scripti, non pas comme indice d’infériorité à l’égard dés anciens membres , mais parce que les nouveaux membres choisis parmi les chevaliers patriciens, n'étant pas chefs de famille, ne pouvaient pas prendre le nom de patres que les anciens sénateurs ne devaient qu’à cette qualité. Il est facile de se convaincre par la lecture des historiens que l’or- ganisation du sénat n’était pas la même dans les premiers temps de la république que sous les rois. Les anciens ce- pendant se taisent sur le fait d’une réforme qui aurait eu lieu ; M. Roulez croit la trouver indiquée indirectement dans une expression de Tite-Live (IT , 1 ), et place cette ré- forme à l’époque de l'abolition de la royauté. — Le chap. II traite des chevaliers sous les rois. M. Roulez y avance une hypothèse nouvelle suivant laquelle les Celeres auraient été les chevaliers de la Rome primitive, les Ramnes. Il y eut d’abord 300 chevaliers (trois centuries ou centaines d'hommes }; à la suite de l’accession des T'ifienses et des Luceres , leur nombre se monta successivement à 600 et ‘à 900; le doublement de Tarquin Priscus le porta à 1800. C'est précisément le chiffre indiqué par Tite-Live, et que les savans , ne sachant trop l'expliquer, ont voulu corriger mal à propos. À la fin de ce chapitre, M. Roulez s'appuyant sur l'autorité de Varron, cherche à établir l’existence chez les Romains d’un corps d'hommes de remplacement pour la cavalerie, comme on sait qu’il en exista pour l'infante- rie. — Le chap. IIT à pour objet les centuries de Servius, eu égard surtout au passage de Cicéron de Rep. , IT, 22, devenu célébre par les longs débats littéraires qu’il a sus- cités. L'auteur s'attache d’abord à réfuter le système d'O- relli, un de ceux émis en dernier lieu , et qui a la prétention de se rapprocher le plus du texte altéré. Il prend ensuite la défense de la derniére des explications proposées par ( 267 ) Niebubr, toutefois en la modifiant. Cicéron paraît recon- naître 195 centuries dans l'institution de Servius, Tite-Live n’en indique que 194, et Denys 193. M. Roulez, au lieu d'adopter comme on a fait jusqu'ici une de ces données à l'exclusion des autres, explique ainsi cette contradiction : Cicéron, qui parle des centuries par rapport aux comices, nomme deux centuries d’accensi et de velati, qui payant un cens différent, votaient séparément. Mais à l'armée, les accensi-velati se trouvaient réunis dans le bataillon de ré- serve, et ne comptaient probablement que pour une cen- turie. C’est pour cette raison que Tite-Live, qui décrit l'organisation des classes, principalement sous le point de vue militaire, n’admet qu'une seule centurie d’accensi. Quand les hommes de remplacement ne suivirent plus les drapeaux d’après l’ancien système, la centurie des accensi ne figura plus sur le cadre de l’armée. Comme conséquence naturelle de celte élimination, on aura retranché égale- ment les deux centuries d’accensi-velati dans les: co- mices, et on en aura probablement refoulé les membres dans la centurie des proletärii. Lesrenseignemens, dont De- nys se sert pour le temps de Servius, appartenaient, selon toute apparence, à une époque postérieure à ce changement, c'est pourquoi il ne connaît pas d’accensi- velati, et n’a que 193 centuries. (Commissaires, MM. l'abbé Desmet, Bekker et le baron De Reiïffenberg. ) Le directeur en levant la séance , a fixé l’époque de la prochaine réunion au, samedi, 8 août. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Élémens de Géologie ou seconde partie des élémens d'histoire naturelle inorganique, par J.-J. D'Omahus d'Halloy, 2° édition, 1 vol. in-8°. _( 268 ) Du Spiritualisme au XIX° sièele, ow examen de la doctrine de Maine de Biran, par L.-A. Gruyer, in-&. Programme des prix, proposés par l’ Académie royale de dessin, peinture, sculpture, architecture et gravure de la ville de Gand, pour le concours de 1835. Bro- chure in-&°. Bulletin de la société de médecine de Gand ; pour les cing premiers mois de 1835 , 4 feuilles 1n-8°. Instructions sur les Machines à vapeur, faisant partie de la bibliothéque populaire de A. Quetelet, par Ed. Lefrançois , 1 vol. in-18. Historiographie de la table , par C. Verdot, 1 vol. in-18. Rapport sur l'Établissement gymnastique ef ortho- pédique de M le colonel Amoros , par M° Julia de Fon- tenelle, broch. in-8°. Écriture hiéroglyphique , par M le marquis de Fortia D'Urban , broch. in-8. Extrait des procès-verbaux de la commission royale d'histoire. Séance du 3 avril 1835 , broch. in-8. De" Errata pour le 6° numéro du Bulletin. Page 211, ligne 14 et plus bas Thiersih lisez Thiersch. — 215 — 10 Copone, lisez Capoue. _— 219 — 23 Guellebert, lisez Guillebert. — Ib. — 30 Epitaphis, lisez epitaphio. — 220 -- 18 Tuus. Lotharius, effacez le point. — Ib. — 23 Procul? in urna, lisez procul? hujus in urna. — Ib. — 28 priscianum, lisez Priscianum. — 21 — 15 Prodet, lisez prodest. (…— 222 — 17 Cœnobi abbati 65. De Leonis…, lisez Cœ- nobii abbatis 65 D. Leonis.…. — Ab, — 21 Vivendum prœbuit, lisez videndum praebuit. BULLETIN DE L’ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES, 1835. — Nc 8. Séance du 8 août. M. le baron de Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. GORRESPONDANCE. Le secrétaire donne lecture d’une lettre par laquelle M. le ministre de l’intérieur communique à l’Académie le résultat des nouvelles fouilles qui viennent d’être faites dans les ruines de Sommeraing. Celte lettre accompagne l'envoi de trois médailles, de divers morceaux de vase, ainsi que de quelques autres objets en cuivre récem- ment découverts. Les médailles sont d'époques différentes. Sur l’une d'elles, les empreintes sont presque totalement effacées. La seconde est parfaitement conservée, et on y voit distirictement les mots Zmperator Gordianus Pius Fe- lix Augustus. Le revers semble porter une Minerve ayant une lance et une palme : autour de la figure sont les mots V'irtus Auqusti. Enfin, sur la plus petite, on remarque une efligie assez bien conservée , mais la légende est presque To. 11. | 20 (270 ) illisible, on croit y reconnaître les mots /’alentinus Au- gustus. Ces documens sont renvoyés à l'examen de la com- mission précédemment nommée pour faire un rapport sur les fouilles de Sommeraing. M. le ministre des affaires étrangères et de la marine adresse à l’Académie les tableaux des observations faites sur les marées, pendant les mois de maï et de juin 1835, à Blankenberg, Ostende, Nieuport, au fort St°-Marie et à Anvers. Ces observations sont relatives à l’heure et à la hauteur de la haute et de la basse marée, à la direction et à la force du vent ainsi qu’à l’état du ciel. Commissaires, MM. Belpaire et Quetelet. | M. Desnoyers, bibliothécaire du muséum d”histoire na- naturelle de Paris , envoie de la part de cet établissement, la première livraison, pour 1834, des Annales du muséum. : M. le baron de La Doucette remercie l’Académie de l’a- voir porté sur la liste de ses correspondans et lui adresse le compte rendu des travaux de la société philotechnique de Paris. M. de Almeiïida Garett, chargé d’affaires du gouverne- ment de S. M. la reine de Portugal et des Algarves, adresse “à l'Académie un ouvrage intitulé : Rofeiro de Dom Joam de Castro da Viagem que fizeram os portuquezes ao mar roxo no anno de 1541. C’est le journal d’un voyage scientifique dans la mer rouge, entrepris par l’ordre du gouvernement portugais, au XVI siècle. Il est écrit par le célèbre capitaine qui fut chargé de cette expédition. L'ouvrage a été publié à Paris, en 1833, par les soins du docteur Antonio Nunes de Carvalno ; il est suivi de l’Zti- nerarium maris rubri. M. Jullien de Paris, correspondant de l’Académie , fait parvenir les prospectus de diflérens ouvrages avec ( 271 ) des renseignemens sur quelques publications nouvelles. Il est donné lecture d’une lettre de M. Renault de Bé- court, ancien officier , concernant la publication du nou- veau dictionnaire de l'Académie française. M. Wautier, fils, adresse à l’Académie un minerai trouvé dans les environs de Bastogne ; il désirerait en con- naître la nature et, s’il est possible, l'analyse chimique. Commissaire, M. Dehemptinne. M. le baron De Reiffenberg fait hommage de la premiére livraison d’un nouveau journal pour la littérature, les sciences et les arts, qu’il a intitulé le Polygraphe Belge. Le secrétaire donne ensuite communication d’une lettre de M. Jules de S'-Genois, qui réclame la médaille d'argent décernée en 1834 pour son mémoire sur les avoueries. L'Académie espère que les nouveaux coins qui lui ont été promis par M. le ministre de l'intérieur, la A mettront bientôt à même de satisfaire à la demande de M. de S'-Genois. M. le baron de Stassart présente, de la part de M. Baron, les premières feuilles imprimées de l'ouvrage relatif à Callinus et à Tyrtée, et aux poésies militaires de l'antiquité, sur lequel l'Académie a entendu, dans sa séance du 2 fé- vrier 1833, un rapport très-favorable de ses commissaires. COMMUNIGATIONS. - Paléonthologie. — M. le doctour Schmerling, corres- pondant de l’Académie, communique les renseignemens suivans sur une caverne à ossemens qu’il vient de décou- vrir dans la province de Luxembourg. « J'ai déjà visité un grand nombre de cavernes creusées dans les bandes calcaires qui bordent les rives de l'Ourte; (272 ) mais jusqu'ici je n'ai point été dédommagé des peines que je me suis données. Plusieurs de ces cavités se trou- vent dans la dolomie; souvent elles sont vastes; mais, en général, je n’ai rencontré que du sable sur le sol et point de limon ossifère. Aussi y ai-je ne une absence totale de fossiles. » D'autres sont creusées dans le calcaire anthraxifére ; dans celles-ci, il est également rare de trouver quelques débris d’ossemens fossiles, de sorte que les cavernes des bords de lOurte sont les moins productives de toutes en fossiles , si on les compare à celles qui sont situées sur les bords de la Meuse et de la Vesdre. ..» En 1832, je fis une excursion de reconnaissance des cavernes sur l'Ourte jusqu’à Barveau, près de Bommal. Je parcourus le vallon de l’Aïsne, petite rivière qui se jette dans l’Ourte en cet endroit. » J'y reconnus l'existence de quelques cavités. Jen vi- sitai une entre autres, connue dans le pays, sous le nom de Trou de Hogheur. La position, la forme, l'étendue de cette caverne attirérent d’abord mon attention ; mais la na- ture du sol était, surtout, le point essentiel de mes inves- tigations. En eflet, un examen superficiel et quelques fouilles faites çà et là, suffisaient déjà pour me faire re- connaître l'existence de débris d'animaux antédiluviens, tels que d'ours, de loups, etc. Ce fut à regret que je quit- tai ce souterrain d’une si haute antiquité. Récompensé, cependant, par cette premiére découverte , de l’excursion difficile et peu satisfaisante que j'avais faite jusqu'alors, je partis dans l'espoir de revoir bientôt plus en détail, ce repaire de débris d'espèces éteintes, » Trois années, cependant , s’écoulérent avant que je pusse me rendre dans ces contrées, pour voir plus en détail, ( 273 ) le spectacle aussi curieux qu'imposant que nous offre l'E- tude des cavernes. Aujourd’hui, j'ai la satisfaction d’avoir examiné de nouveau cet endroit; et je m'empresse de pré- senter un aperçu peu détaillé, d’une caverne que je con- sidère à la fois, comme une des plus belles et des plus intéressantes de celles qui se trouvent dans la Belgique. » Cette caverne est située dans la province de Luxem- bourg, à un quart de lieu de Villers S'e-Gertrude, sur le bord de la colline de calcaire anthraxifére qui se trouve sur la rive gauche de l'Aisne. Elle est connue depuis long- temps des habitans des environs; beaucoup d'étrangers même l'ont visitée ; mais personne avant moi n’y avait fait de fouilles. C’est à fleur de terre que se trouve l'entrée, dont la direction est horizontale et d’une forme elliptique; elle conduit à un portail assez spacieux , dont le sol est in- cliné en pente douce de l'ouest à l’est, recouvert d’une grande quantité de pierres anguleuses, provenant de la même roche , et de terre végétale, composant le reste du sol. . Beaucoup d’ossemens d'animaux existans , tels que de loup, - de renard, de cochon, de cheval, de bœuf, de mouton, -se trouvent dispersés entre les pierres. Tous ces débris y ont été introduits à une époque récente, et ne méritent pas de fixer notre attention. | » Dans la direction du nord de ce portail, se trouve une ouverture peu profonde et remplie de même, de limon et de pierres. Mais la galerie principale se dirige en ligne droite vers le midi ; l'ouverture de cette galerie a neuf cen- timètres de largeur et deux mètres de hauteur. Le sol s’in- cline insensiblement. En descendant continuellement, on se trouve bientôt dans la partie la plus large de ce souter- rain, laquelle est de cinq mètres et la hauteur de six. Toutes ses parois sont abondamment garnies de stalactites. ( 274 ) Plusieurs colonnes formées par la concrétion calcaire sont placées en ligne droite sur toute la longueur. La dernière est surtout d’une forte dimension. L'eau y filtre encore en abondance au travers des parois , et augmente beaucoup la grande fraîcheur qui règne dans cette caverne, et qui exige des précautions de la part des visiteurs avant qu’ils y pénètrent. La voûte est partout égale et en rapport avec l'inclinaison des couches, c’est-à-dire, que la partie la _ plus élevée est dirigée vers l’ouest, Le sol s'élève en pente plus rapide vers la fin, qu’on ne peut atteindre qu’en se traînant sur le ventre. La longueur de cette cavité est de quatre-vingt-cinq mètres. » Mais ce qui intéresse le plus, c’est le limon qui est très-abondant dans cette caverne. Je n’ai pu encore m'’as- surer de sa puissance; mais tout porte à croire que c’est vers l’entrée ainsi que sur la fin qu’il en a le plus; du reste, une couche de stalagmite épaisse, compacte, strati- fiée, couvre presque partout le limon. C’est en brisant cette couche que l’on s'aperçoit d’une odeur désagréable qui émane du limon contenant des ossemens fossiles, des cailloux roulés de différente nature et des pierres angu- leuses. Une grande partie de ces os sont engagés dans la face inférieure de la couche de stalagmite; d’autres se trou- vent sans ordre dans le limon, à différentes hauteurs, dis- posés de la même manière que j'ai eu occasion de l’observer dans un grand nombre de localités. Une terre noire , très- grasse au toucher , est mêlée çà et là avec le limon ; tantôt elle se trouve répandue sur les pierres et la couche de stalagmites. Des pierres d’une dimension considérable se sont détachées de la voûte et recouvrent le sol. » Enfin, la première recherche m’a fourni les débris de l'ours nommé mal à propos par Blumenbach wrsus spe- ( 275 ) lœus ; des denis, des mâchoires, des vertèbres, des côtes, des os des extrémités de cette espèce y paraissent le plus abondans, Nous y avons aussi trouvé quelques restes de loup et un os de métacarpe du petit doigt de lion, plus petit que celui du felis spelæa ( Goldfuss) ; que nous avons recueilli à Goffontaine. » L'humidité du limon rend ces os trés-friables, là au moins où j'ai entrepris mes premières fouilles. » Je termine cet aperçu succinct par la remarque que dans la province de Luxembourg aussi bien que dans celle de Liége , les ours, les lions, les loups, etc., n’ont pas ha- bité ces antres. Cette dernière caverne me fortifie encore dans mon opinion que ces os. y ont été introduits le plus souvent dégarnis de chair, en même temps que le limon et tout ce qu'il renferme. » Chimie. — M. le professeur Van Mons fait parvenir une notice sur la préparation du chlorate de potasse. Le mode de préparation est le suivant : « On prend deux livres de fausse potasse d'Amérique et une livre de sel de tartre. On dissout dans l’eau froide de manière à laisser la moitié indissoute; on charge de chlore obtenu au moyen de l'acide hydrochlorique fumant et de . peroxide de manganèse en poudre fine du commerce; on l'expose à une chaleur peu intense. D'abord, la silice est précipitée, et pas une seule bulle d’acide carbonique n’est dégagée. Aux premières bulles de cet acide qui paraissent, on sépare la silice et on recommence l'introduction du chlore. Alors le dégagement de l'acide carbonique devient tumultueux, et en même temps cristallise du chlorate. Quandil ne se dégage plus d'acide et qu'il ne cristallise plus de sel , on recueille celui-ci et on le lave à l’eau froide. Si on essaie le sel dissout à l'acide sulfurique , il ne donne pas ( 276 ) de chlore. Si on l’essaie au nitrate d'argent , il ne donne pas de précipité, et la liqueur résidue débarrassée de chlore, ne donne pas de chlore avec l'acide hydrochlo. rique. » Météorologie. — M. Quetelet entretient l'Académie d’un phénomène qui a été observé dans la soirée du lundi 3 . août, vers 11 heures du soir. D'après les divers rensei- gnemens qu'il a pu recueillir, ce phénomène présentait, dans la direction du N.-E,, une lumière blanche très-vive qui subissait des oscillations rapides et qui s’est montrée pendant une demi-minute environ. On a entendu ensuite une explosion semblable au bruit d’un tonnerre éloigné. D’après les journaux, il paraît que cette explosion, du côté de Liége et de Namur, a été assez intense pour faire trem- bler des vitres. - Sciences administratives. — M. Thiry fait part du ré- sultat de ses travaux pour arriver à l'établissement d’un bon système de conservation du cadastre. Sa longue expé- rience dans les opérations cadastrales, qui ont été ter- minées en Belgique sous sa direction , l’a mis à même de résoudre d’une maniére très-satisfaisante, cette importante question , dont on s’occupait depuis long-temps dans plu- sieurs pays. Le mode auquel, après de nombreux essais, il a donné la préférence, consiste à opérer les mutations dans des plans , tableaux indicatifs et matrices cadastrales supplémentaires , en laissant inlactes les pièces primitives, et en conservant les traces de tous les changemens suc- cessifs, sans qu'il soit besoin de renouveler aucune piéce. Ce système a été adopté par le Gouvernement, qui en a prescrit l’exécution dans un réglement dont M. Thiry a présenté en exemplaire à l’Académie. ( Foir le Bulletin, n° 5.— Année 1835.) (277 } Physique sociale. — M. Quetelet communique à l’Aca- démie diflérens renseignemens statistiques, récemment publiés par le Gouvernement français, qui confirment de plus en plus les idées qu’il a émises sur la reproduction constante des mêmes faits dans tout ce qui se rapporte au physique et au moral de l’homme, quand l’état social ne subit pas de changemens brusques. Ainsi, les documens sur le recrutement de l’armée française montrent qu’on exempte à peu près annuellement le même nombre d’in- dividus soit pour perte de doigis, de dents, pour surdité, goîtres, claudication , maladie des os, faiblesse de consti- tution, défaut de taille; soit comme aînés d’orphelins , fils de veuves, d’aveugles, etc. La même constance s’observe dans le nombre des jeunes gens qui savent lire et écrire. ou qui n’ont reçu aucune instruction, dans le nombre de ceux qui se sont rendus impropres au service militaire, soit temporairement soit d’une manière permanente; et ainsi de suite. Le tableau suivant fera mieux comprendre | jusqu’à quel point se reproduisent avec régularité des faits qui semblent dépendre des causes les plus fortuites. Il est textuellement extrait du Compte rendu au Roi (1) qui vient d'être publié en France, sur le recrutement de l'armée. (1) Pages 128 ct 129. (278 ) Nombre des jeunes gens exemptés en France du service militaire. Perte de doigts... . … : . 1 . … Perte de dents . Surdité et mutisme , + +. *, + ee Perte d’autres membres ou organes Gites na eue Claudication. . Difformités autres que les deux précédentes . Maladies des os . . DEVOPIS 1 CS POMPES RTE UE Maladie des yeux autres que la myopie M D le en it 4 AU SU RU Te 0 D a ue Le 5 Autres maladies de la peau . Vices scrophuleux. . . . . , Maladies de poitrine. Hernies . Épilepsie. RENE A ss loue Te Maladies Aivniles autres que les précédentes . Faiblesse de constitution . . Défaut de taille Force de la classe 1831. 1,730 561 4,044 463 9,168 11,783 15,935 295,978 1832, 1833, 647 743 1,243 1,392 736 725 1,530 1,580 1,231 1,298 912 1,049 7,630 8,494 617 667 891 920 1,714 1,839 10 10 800 794 19 29 983 895 1,539 1,272 423 359 3,579 4,222 367 342 9,058 | 10,286 9,979 | 11,259 14,962 | 15,078 277,477 | 285,805 « M. Quetelet ajoute qu’il tient de bonne source que non-seulement le nombre des lettres que reçoit la poste de Paris est à peu près annuellement le même, mais encore ( 279 ) que l’on compte environ le mêmé nombre de lettres qu’on a négligé de fermer ou qui ont été mises au rebut pour écriture illisible, pour adresses défectueuses, etc. Depuis long-temps il avait cherché à mettre en évidence que la société paie au crime un effrayant budget qu’elle acquitte avec plus de régularité peut être que le budget financier ; et, dans son dernier ouvrage Essai de physique sociale ; il avait cru pouvoir avancer par induction que si les états statistiques que publient les Gouvernemens, men- tionnäient -aussi les crimes dont les auteurs sont restés inconnus , leur nombré ne présenterait pas moins de constance dans sa reproduction. Gelte conjecture vient d'être en effet pleinement justifiée, chez nous, par les. relevés qui ont été faits au ministère de la justice et qui ne tarderont pas à paraître. Il existe entre les phé- nomènes sociaux et les causes qui les produisent, des liaisons trop intimes pour que le philosophe et l'homme d'état puissent encore en négliger l'observation; et sans doute la science qui a pour objet cette étude, est destinée à prendre un rang très-élevé parmi les connaissances hu- maines, » LECTURES. Entomologie. — Observations sur les espèces du genre sphécode, présentées par M. Wesmael, correspondant de l'Académie. « Tous ceux qui s'occupent de zoologie descriptive, ont pu remarquer que la création d’un nouveau genre est ordi- nairement suivie de l'annonce et de la description d’un certain nombre d'espèces nouvelles : ce qui peut s’expli- quer, soit parce que les recherches, dés lors mieux diri- gées, font réellement découvrir des espèces jusque là res- ( 280 ) tées inconnues ou confondues avec d’autres ; soit, parce que l'importance que nous attribuons généralement à l’établis- sement d’un nouveau cadre générique, s'étend, presque à notre insçu , à tous les êtres qui s’y rattachent , cxagère à nos yeux leurs différences et nous fait prendre pour des espèces de simples variétés. » Si tel est le cours ordinaire des choses, il y a lieu de s'étonner que le genre sphdcode , créé depuis long-temps par Latreille, n’ait été jusqu'ici l’objet d'aucune revue particulière, à moins toutefois que des diflicultés impré- vues n'aient rebuté ceux qui peuvent avoir tenté un pareil travail ; et je serais d'autant plus porté à ne pas rejeter cette dernière hypothèse, que, pour ma part, aprés un examen long et minutieux, je ne suis parvenu à établir dans ce genre que des espèces problématiques et dont les caractères se nuancent d'une manière presque insaisissa- ble ; aussi, malgré l'énorme différence de taille entre les plus grandes sphécodes et les plus petites (6 lignes à 2 lignes), je ne serais pas éloigné de croire qu’il n’y en a qu'une seule espèce, espèce qui se partagerait en plusieurs races entre lesquelles les accouplemens n'auraient d'autre limite que celle qui est le résultat de la disproportion de taille (1). » Avec une tendance à une pareille opinion , on me de- mandera pourquoi j'ai parlagé les sphécodes en espèces ; d’abord, c’est qu’il ne m'est pas prouvé clairement que ces (1) C’est ainsi qu’un chien de Terre-Neuve et un Bichon, quoiqu’ils ne puissent pas produire ensemble , n’en appartiennent pas moins à la même espèce ; l’instinct de la reproduction les porte l’un vers l’autre; et ils ne sont arrêtés que par des circonstances indépendantes de leur volonté, ( 26 ) espèces n'existent pas, et que, jusqu'à ce que la question soit jugée, il est plus commode de désigner les groupes d'individus par des dénominations spécifiques que de toute autre manière ; en second lieu, j'ai craint qu'on ne regar- dât mon opinion comme basée sur un examen superficiel ; je me suis donc cru obligé de prouver que j'ai minutieu- sement examiné les sphécodes , et la meilleure preuve était sans doute de signaler les différences que j'ai observées : quant à la valeur de ces différences, il suffit que j'aie averti qu'il y a doute. + GENRE SPHÉCODE. — sSpécodes. — Lar. Sphezx ; Lin. Fab.— Nomada; Lin. Fab. — Amis; Christ. Geoff. Foure. — Proabeille; Deg. Reaum.— Melitta “a; Kirby. — Andrena; Jur. — Dichroa ; Ulig. Les sphécodes sont des hyménoptères porte-aiguillon, de la famille des mellifères, tribu des andrenètes, ayant pour caracières dans cette tribu : division moyenne de la languette pointue, triangulaire, droite, de même lon- gueur environ que les divisions latérales; trois cellules cubitales complètes; pattes postérieures des femelles non pollinigères. — Il résulte de ce dernier caractère, que probablement ces insectes sont parasites et déposent leurs œufs dans les nids d’autres melliféres. 1. Sreconss GisBus. — S'phécode renflé. — Lar. V'ertice crassiusculo ; alis subhyalinis ; niger , abdomine rufo, segmento quarto et sequentibus (et primo basi, &) nigris. 3-4 li. Meusrra ca. Kirby, 2, 42, 7, (el ejus synonym). ( 262 ) Mezrvrra moniziconnis. Kirby, 2, 47, 10. x. Seuecones eiBsus. Lat. Hist. nat. gen..et partie. , t. XIE, 568. Le principal caractère de cette espèce (au moins de la femelle ), c’est l’épaisseur du vertex et des joues. Sur le ver- tex, les points enfoncés sont beaucoup moins nombreux et moins serrés que sur le front et la face. Chacune des faces latérales du métathorax est couverte de rugosités fines, un peu courbes et concentriques, dirigées du haut en bas. Tout l’insecte est noir avec les trois premiers segmens de l'abdomen d’un fauve-rougeûtre. Les ailes sont à peu près incolores, ou n’ont qu’une légère teinte cendrée uniforme. Sa taille est de 3 à 4 lignes. : Les mâles que je crois appartenir à cette espèce, ont le vertex et les joues moins épais que les femelles, mais moins minces que chez les espèces suivantes; les rugosités des faces latérales du métathorax sont moins régulières. La couleur est noire, avec l'extrémité du premier segment, le second et le troisième d’un fauve-rougeâtre. Quelquefois le second et le troisième ont en outre, vers le milieu, une bande transversale abrégée et noire. Le premier segment n’est pas distinctement ponctué. 3 à 37 lignes. D’après la description de Kirby, le mâle est noir avec les deux premiers segmens de l’abdomen d’un fauve rou- geâtre ; je n’en ai jamais trouvé de cette couleur. La melitta monilicornis de cet auteur appartient probablement à celte espèce, ou peut-être à la suivante. Chez les deux sexes, les jambes de la première paire sont quelquefois fauves par-devant ; les articles des tarses ont aussi plus ou moins de fauve vers l'extrémité. Cette espèce est commune aux environs de Bruxelles. ( 283 ) 2. Srnecones simiis. — S'phécode semblable. — Mini. Métathoracis faciebus lateralibus reticulato-rugosis ; alis hya- linis ; niger , abdomine rufo, segmento quarto et sequentibus (et primo basi, g ), nigris. 3-34 hi. Cette espèce diffère surtout de la précédente, par la forme de la tête qui est beaucoup moins épaisse. Le vertex n’est pas plus élevé que les deux ocelles postérieurs, et la largeur de la tête ne dépasse pas celle du corselet : deux caractères qui l’éloignent dü sphécode brun. Les rugo- sités des faces latérales du métathorax sont réticulées. Les ailes sont transparentes. La couleur est noire avec les trois premiers segmens de l’abdomen d’un fauve rougeûtre ; le troisième segment est souvent noir vers l’extrémité. Les mandibules sont ordinairement marquées, vers le milieu, d'une petite tache rougeûtre. Les jambes de la première paire sont quelquefois fauves par devant. Taille : 3 à 34 lignes. Les mâles ont le premier segment de l'abdomen plus ou moins noir vers la base. Quelquefois aussi le deuxième et le troisième ont une tache transversale noire. Commun aux environs de Bruxelles. Observations, — Les plus grands individus de cette espèce ont la plus grande analogie avec le sphecodes piceus, tandis que les plus petits se confondent avec l’espèce suivante , le sphecodes geoffrellus. 3. SPHECODES GEOFFRELLUS. — 9phécode de GEOFFROY. Niger, alis hyalinis, abdominis segmento primo, secundo, (raro tertio), mandibulis, genubus tarsisque rufo-testaceis, LS. x, | ( 284 ) Niger totus, vel abdomine cingulo uno pluribus ve angustis rufis; g* Mezxrra @eorrreira. Kirby, 2, 45,8, Q. Mezxrra Divisa. ibid. 12, g'. Var. d\ €. Cette espèce semble ne différer de la précédente que par la taille et les couleurs; le dessous des antennes est d’un fauve plus ou moins obscur vers l’extrémité; les man- dibules sont fauves, avec la base et l'extrémité noirâtres. Les genoux, les tarses et souvent une partie des jambes sont d’un fauve-testacé; le reste des pattes est ordinaire- ment d’un brun plus on moins foncé. Les deux premiers segmens de l'abdomen , et rarement le troisième , sont fauves. Taille : 2 à 23 lignes. Le mâle est tantôt entièrement noir ; tantôt il a, vers le milieu de l'abdomen, un ou deux anneaux étroitset fauves. 4. Srnecones Rurivenreis. Panz. -Sphécode a ventre fauve. Niger , alis subhyalinis, abdominis segmentis quatuor, prioribus rufis, $ 3; — 4} li. Tim Rurivewrris. Panz. Fn. Germ. 53. 4. Cette espèce qui par sa taille se rapproche du sphecodes : gibbus s’en éloigne: 1° par la forme de la tête qui est moins épaisse ; 2° le vertex, le dos du mésothorax et l’écus- son sont couverts de points beaucoup plus nombreux et plus rapprochés; 3 les faces latérales du métathorax ont des rugosités réticulées ; 4° les quatre premiers segmens de l'abdomen sont toujours en entier d’un fauve-rougeûtre. Les ailes ont une très-légère teinte obscure-uniforme. Je ne connais que la femelle de cette espèce dont ; j ’ai pris six individus aux environs de Bruxelles. ( 285: ) 5. Sexecongs Larrercur. — Sphécode de LarnetiLe. mihi. . Niger , abdomine rufo ; alis infuscatis, apice saturatiore; d' Q: 5. Éngisu-s 6 li. Sruecones.…. Lat: Jist. Gén. et partie. : &. xx, p. 368. Cette espèce se distingue des autres 1° par sa taille plus forte ; 2° par son abdomen entièrement fauve. Les ailes ont une teinte obscure avec le bord postérieur plus foncé. La tête est peu épaisse, de la largeur du corselet. Le dos du mésothorax est couvert de gros points enfoncés très- serrés et souvent confondus plusieurs ensemble. Les faces latérales du métathorax, presque lisses en avant, ont en arrière des rugosités réticulées. Cette espèce est assez rare aux environs de Bruxelles, où j'en ai pris deux femelles et deux mâles ; un de ces der- niers a une tache noire à la base du premier segment de l'abdomen. Latreille ayant déjà décrit cette espèce, mais sans lui donner de nom, j'ai cru ne pouvoir mieux faire que de la consacrer à sa mémoire. 6. Spnecones Hispanicus. — Sphécode Espagnol. mihi. Niger, abdomine tibiis tarsisque rufis ; alis infuscatis. L312— 4H. Cette espèce est noire, avec l’abdomen , les jambes et les tarses fauves. Les jambes de devant et celles du milieu sont noires au côté externe vers la base. Quant à la taille et aux proportions des diverses parties du corps, le sphe- codes Hispanicus a la plus grande ressemblance avee le Tom. 11. 21 ( 286 ) sphecodes similis. Les ailes ont une teinte obscure uni- forme. | J'ai établi cette espèce sur l'inspection de deux femelles qui font partie de la collection de M. Robyns, et qui lui ont été envoyées d'Espagne. 7. SPHECODES PICEA. — Sphécode brun. Niger, alis infuscatis apice saturatiore ; abdomine rufo , segmento primo basi, quarto et sequentibus nigris. & Q NE Le Var. $ : abdominis segmento primo toto rufo. Merrrra spuecoines. Kirby. 2, 46, 9. (et ejus synon.) : Merrrra ricea. Kirby. 2, 48, 11, &. Cette espèce s'éloigne des précédentes et particuhère- ment du sphécode renflé avec lequel on pourrait la con- fondre , par la forme de la tête qui est plus large que le thorax, et dont le vertex est mince et s'élève plus haut que les deux ocelles postérieurs. Le dos du mésothorax et l’écusson sont marqués de points épars, distans et peu nombreux. Les ailes ont une teinte noïrâtre avec l’extré- mité plus foncée. Tous les segmens de l’abdomen sont assez fortement ponctués (tandis que le premier segment est entièrement lisse chez les sphécodes renflé et sem- blable). Chez la femelle, le premier segment est fauve avec plus ou moins de noir à la base; chez le mâle, il est noir avec l'extrémité fauve, le deuxième et le troisième seg- mens sont fauves, les suivans sont noirs. Il y a des femelles qui ont le prémier segment de l’ab- domen entièrement fauve. Cette espèce est très-commune aux environs de Bruxelles. < = ( 287 ) 8. Srnecones Outvierr. — Sphécode d'Olivier. Ferrugineus, albo villosus ; capite nigro ; alis hyalinis, apice fuscis. » Excyc. mern. /nsectes, tom. X, pag. 448. « Longueur 41 lignes. Antennes d’un brun-ferrugineux; tête noire, avec des poils blancs; labre et bord inférieur du chaperon ferrugineux , ainsi que le milieu des man- dibules ; corselet et pattes de couleur ferrugineuse avec des poils blancs ; abdomen glabre ferrugineux ; ailes transparentes, brunes à l'extrémité. Mâle. » » Il a été rapporté d'Arabie par feu M. Olivier. Je n’ai pas vu cetle espèce que je place ici d’aprés MM. De Saint-Fargeau et Serville. Conchyliologie. — Le secrétaire communique, de la part de MM. Nyst fils et Galeotti, la notice qui suit, sur un nouveau genre de coquilles de la famille des arcacés, » « Monsieur Deshayes s'exprime en ces termes, en dé- crivant le pectunculus granulatus , Lamk. » Cette coquille présente à la charnière une singuliére modification, que nous avons retrouvée dans d’autres de Valognes et d'Italie, ainsi que dans quelques-unes placées actuellement au nombre des nucules, Il serait possible, avec les 5 ou 6 espèces de coquilles fossiles dont nous parlons, de faire un petit groupe, ou un nonveau genre, qui viendrait se placer dans la méthode immédiatement après les pétoncles; la charnière de ces coquilles reste presque complétement celle des péton- cles. On y voit une série de denis en ligne courbe; og remarque par derrière un petit talon, ou un espace sem- ( 288 ) » blable à celui qui donne insertion au ligament; mais » immédiatement sous le crochet, on observe une petite » cavité triangulaire, semblable à celle des peignes ou » des limes, s’'avançant jusqu’au bord cardinal, sans ce- » pendant interrompre dans toutes les espèces la conti- » nuité des dents cardinales, il n’est pas douteux que » cette cavité ne soit destinée à recevoir un ligament » épais (1), différent de celui des arches et des péton- » cles; on en resie d'autant plus convaincu, qu’on ne » trouve plus sur le talon des valves les sillons anguleux » dans lesquels le ligament doit prendre ses points d’at- » tache les plus solides (2). » Le doute que cet habile conchyliologiste élevait sur la parenté qui liait cette espèce et quelques autres au reste de la famille des pétoncles était bien fondé, et peut en quelque sorte nous servir de pièce juslificative pour la création d’un nouveau genre, dans lequel viennent se ranger différentes espèces de coquilles signalées par un ligament triangulaire; caractère, sur la présence et l’im- portance duquel se trouve basée la formation du nouveau genre que nous nommons Trigonocælia. Le genre Trigonocælia , tel que nous le spécifions, con- tiendrait les espèces de pétoncles qui offrent le ligament triangulaire, et différentes espèces du genre nucule, le- (1) Dans deux individus du pectunculus auritus Brocchi, que nous possédons et qui viennent d'Italie, nous avons pu nous assurer “ue la fassette triangulaire contenait le ligament. (2) Nous avons en outre observé que le talon anguleux des valves dans lequel le ligament prend ses points d’attache, dans les pétoncles, est Tisse, et ne contient aucune trace de ligament dans les espèces que nous mentionnons, ( 289 ) quel se trouve donc par l'extraction de celles qui rentrent dans notre nouveau genre, uniquement composé d'espèces à ligament inséré dans un cuilleron. L'extraction d'espèces du genre pétoncle et du genre nucule nous a permis d'établir deux coupes ou sous-di- visions dans le nôtre : la première, les pectunculacés, qui comprend les espèces désignées auparavant sous le nom collectif de pétoncles; la seconde, les nuculacés, qui comprend eelles qui faisaient partie des nucules. L’éta- tablissement de ces deux coupes indique suffisamment que la place que doit occuper ce nouveau genre, est entre les pétoncles et les nucules. GENRE TRIGONOCOELIA (1). Car. GÉNÉR. — Coquille orbiculaire, oblique ou ovale trigône; équivalve, subéquilatérale, close; charnière ar- quée, ou linéaire brisée, interrompue au milieu par une fossette triangulaire; à dents nombreuses; ligament in- terne, inséré dans la fossette ; talon des valves lisse. LES PECTUNCULACÉS, Neo 1. Tric..…… GRANULATA. PEcTUNCULUS GRANULATUS, Lamk,, Ann. du Mus.,t. VE, pag. 217, no 4, PECTUNCULUS GRANULATUS, Lamk., Ann. du Mus., t, IX, pl. 18, fig. 6 ab. (1) De Tpeëg trois, voix angle et xo/A0ç, creux, fossette : par allu- sion à la fossette triangulaire qui sépare ce genre de celui des pétoncles et de celui des nucules. ( 290 ) P&CTUNCULUS GRANULATUS, Desh., Desc. des coq. fos. des env. ds Paris, t.1, pag. 227, pl. 36, fig. 4,5, 6. Localité. — Le bassin de Paris, à Grignon, Varnes, Mouchy, Senlis et les environs de Bruxelles. N° 2. TRiIG..….…. MULTISTRIATA. ARCA MULTISTRIATA, Forsk., Faune kair., pag. 123, n° 68. PECTUNCULUS MULTISTRIATUS, Desh. ARCA MULTISTRIATA , Martini, Conch.,tom. VIT, pag.240, tab. 58, fig. 573. Localité. — Les rivages de la Mer Rouge. N° 3. TRiG..... AURITOÏDES. Galeotti, Desc.du Brab., planche supplémentaire. Cette espèce particulière au terrain tertiaire du Bra- bant, semble lier les érigonocælia granulata et aurita ; elle présente le test granulé de l’une, et les expansions latérales qui ont valu à l’autre le nom d’awrita. No 4. TRIG...…. AURITA, PecruncuLus AURITUS, Procchi, pag. 485, n° 14, tab. XI, fig. 9. Localité, — L'Italie. Nous avons trouvé cette belle espèce à {leyne Spawden, près de Maëstricht. N° 5. TRIG..... SCALARIS. PECTUNCULUS SCALARIS, Sow., Min. conch., pl. 472, fig. 2. Localité. — Hordwell, en Angleterre. (291 ) N° 6. TRiG....? NUGULATA. PEcTUNCULUS NUÇGULATUS, Lamk., Ann. du Mus., t. VI, pag. 217, n° 5. PecruncuLus NUCULATUS, Lamk., Ann. du Mus., t. IX, pl. 18, fig. 8 ab. Pegruncuzus nucuLATUuS. Desh., Desc. des coq. fos. des env. de Paris, t.1, pag.225, pl. 86, fig. 1,2, 3. Localité. — Grignon. Nous n’osons aflirmer que cette espèce fasse partie de ce genre, n'ayant pu vérifier que d’après des figures. LES NUCULACÉS. » N° 7. TRIG....… DESHAYESIANA. -NucuLa DESHAYESIANA (Duch. coll, ), Nyst, Rech. sur les cog. fos. de la prov. d'Anvers, pl. 8, fig. 63. Localité. — Boom. Neo 8. TRIG. STRIATA. L Nucüra stRarATA , Lamk., Ann. du Mus.,t. VI, pag. 162, no 2. — —- — t. IX, pl. 18, fig. 4 ab. — Desh., Desc. des coq. fos. des env. de Paris, t. X, pag. 236, pl. 42, fig. 4, 5, 6. Localité. — Grignon, Mouchy, Parnes, Chaumont, Courtagnon et Bruxelles. N° 9. TRi1G..….. ACUMINATA. Nucura AcumINATA , De Buch, Labèche, par Dechen. Berlin 1832, pag. 390. Nucuia acuminaTA, Zieten, pl. 57, fig. 6, pag. 77. Localité. — L'Oolite inférieure, à Stuifenberg. ( 292 ) N° 10. TriG. mINUTA. AncA miNUTA , Lin., Brocchi, pag. 483, n° 10, pl. XI, fig. 4. AucA FRAGILIS, Martini, tab. 65, fig. 546? (Cit. de Brocchi}. Hab. — Les mers du Groenland et l’Adriatique; fossile en Italie. N° 11. TRIG.... wiTipa. Nucuza niriba, Brocchi, pag. 482, no 11, pl. XI, fig. 8. Localité. — Le Plaisantin. N° 12. TRIG...... MUCRONATA. Nucuia mucronara, Sow., Min. conch., pl. 476, fig. 4. Loonlité = Aochil ét Be N° 13. TRIG.... PELLA. Anca PELLA, Lin., Syst, nat,, édit, X, n° 143, pag. 693, ARCA FRAGILIS, Chem., Conch., tom.7, tab. 55, fig. 546. Encye., pl. 309, fig. 9. Hab. — La Méditerranée. N° 14. TRIG..…. EMARGINATA. NocuLa EmaRGINATA, Lamk., Ann. 5. v.,t. VI, 1re part., pag. 60. Nocuza »ecra , Brocchi, pag. 481, n° 9, pl. 11, fig. 5. ARCA MINUTA GROENLANDICA, Chem., Conch., tab. 170, fig. 1657, 1658 ? - Localité. — Léognan, Saucats et Dax; en Italie, dans la vallée d'Andona. ( 293 ) N° 15. TRIG..... DELTOÏDEA. Nucura peLroïpea , Lamk., Ann. du Mus., tom. VI, pag. 126, n°3. ci — — — tom. IX, pl.18, fig. 6. — — Desh., Desc. des cog. fos. des env. de Paris, tom, Ï, pag. 136, pl. 87, fig. 22 à 25. Localité. — Parnes, Mouchy, Chaumont, Grignon, Courtagnon, Houdan, Beauchamps, Pontoise, Senlis, Val- mondois, Acy en Mulitien. N° 16. TRIG....… LOEVIGATA. Nucuca niripa , Nyst, Rech. sur les foss. de la prov. d’Anvers, pl. 3, fig. 62. Localité. — Anvers. Nous n’avons pu conserver le nom que nous avions donné à cette espèce dans le mémoire que nous avons publié sur les fossiles de la province d’An- vers, ayant reconnu que M. Brocchi en avait déjà une qui portait ce nom. he N° 17. Tri. AmyGpaLoïpes. É Nucuza AmMYGDALOÏDES, Sow., Min. conch., pl. 554, fig. 4, Localité. — Trouvé à Hyde Park et à S' James’s Park. N° 18. TriG...….. PALM. Nucura raLmæ, Sow., Min. conch., pl, 475, fig, 1. Localité. — Dans le Derbyshire. N° 19. TRIG..... LANCEOLATA. Nucura LAncEoLATA, Sow., Min, conch., pl. 180, fig. 1. Localité. — À Bawdsey, dans le Crag de Suffolks | ( 294 ) No 20. TRIG..... NICOBARICA, Nucora nicopanica, Brug., Dict. encyc., n° 20. ARGA LOEVIGATA NIcoBARICA, Mart., Conch., tom. VIL, pag. 194, | tab. 54, fig. 641. Hab. — La côte de Coromandel, à Nicobar. N° 21. TRiIG.... ROSTRATA. Nucuza ROSTRATA, Mart., Abhandlung, tab. 7, fig. 17, 18. — — — Conch.,tom. VIL, pag. 206, tab. 65, fig. 550, 551. Localité. — Hab. les rivages de la Suède, de la Norwége et les côtes du Groenland. ESPÈCE DOUTEUSES. N° 22. TRiG..... ANGULATA. Nucuza AnGuLATA, Sow., Min. conch., pl. 476, fig. 6. Localité. — À Blackdown. N° 23. TRiG..... LACIRYMA. Nucuza LacurymA, Sow., Min. conch., pl. 476, fig. 8. Localité. — Dans le calcaire d'Aneliff. N° 24. TRIG..….. CLAVIFORMIS. Nucuca eLAviFoRMIS, Sow., Min, conch., pl. 476, fig. 2. Localité. — Le Northamptonshire. N° 25. TRIG...…. INFLATA. Nucura 1xxLarTA , Sow., Min. conch., pl. 554, fig. 2. \ — — Lieten, pl. 57, fig. 4. ( 295 ) Localité. — Les Marnes du Lias, à Pliensbach , près de Boll ; dans l'argile de Londres. N° 26. Tnic.….... UNDULATA. Nucuza uxpuzata, Sow., Min. conch., pl. 554, fig. 8. Localité. — Dans l'argile de Folkstone. N° 27. TRiG...... Oovum. Nucuca ovum, Sow., Min. Conch., pl. 476, fig. 1. Localité. — À Whitby. No 28. Taic...…… VARIABILIS. Nucura vaRlABiLis, Sow., Min., pl. 476, fig. 2. -— —— Lieten, pl. 57, fig. 9, pag. 77. Localité. — Les Marnes de l'Oolite inférieure, à Stui- fenberg et près de Gamelshausen. N°,29, TRIG..... OVALIS. Nucuza ovauis, Hehl. — — Lieten, pl. 57, fig. à, pag. 76. Localité. — Les Marnes du Lias, à Stuifenberg, prés de Boll, en Wurtemberg, avec la frigonia navis. N° 30. TRiG...…. COMPLANATA, NucuLa comPLANATA, Phillips, Geo/ogy of Yorkshire, pl.12, fig. 8. — — Lieten , pag. 67, fig. 8. ( 296 ) ARCGAGITES ROSTRATUS, Stahl, Æeuille de Corresp. de La soc. d’écon, rurale de Wurtemb., vol. VI, fig. 24. Localité. — Les Marnes du Lias, à Teufelsloch. ESPÈCE ANOMALE. ON AT: Tara... MILIARIS. Nucura MILIARIS, Desh., Desc. des coq. foss. des env. de Paris, tom. I, pag. 235, pl. 36, fig. 7, 8,9. Localité. — Mouchy, Grignon, Parnes, CG. G. M. Des- hayes, en parlant de cette singulière coquille, s'exprime ainsi : ( elle n’a ni la charnière des pétoncles, ni celle des » nucules, et cependant il serait difficile de l’éloigner de » ces deux genres; mais c’est surtout avec ce dernier » qu’elle à le plus de rapports, et c’est ce qui nous a » déterminé à la placer à côté des espèces qu’il contient. » Cette coquille mériterait sans doute, à elle-seule, de » faire un nouveau genre, et nous l’aurions proposé, si ». nous avions connu quelques espèces à joindre à celle-ci. » Le secrétaire annonce ensuite que M. Galeotti se dis- pose à partir pour le Mexique, et qu'il fait des offres de service à l’Académie pour tout ce qui pourrait se rat- tacher à ses travaux. Des remercimens seront adressés à M. Galeotti, et ce jeune savant sera en même temps invité à donner communicalion de ce qu’il jugera le plus propre à intéresser dans son voyage scientifique. —M. Dumortier annonce aussi le départ de quatre natu- ralistes belges, MM. Jean Linden, Auguste Griesbregt, Fran- çois Goede et Nicolas Funck , pour le haut Brésil, et fait de leur part offre de service à l'Académie. M. J. Linden étudiera les productions du règne végétal; M. A. Griesbregt, les animaux verlébrés; M. F. Goede, les animaux invertébrés ( 297 ) et la minéralogie ; M. N. Funck fera les fonctions de dessi- nateur de l'expédition. L'Académie acceptant les offres de service de ces natu- ralistes, charge M. Dumortier de leur rédiger des instruc- tions. — M. Van Beneden fait parvenir à l'Académie une Mé- moire sur l’Æelix Alqira. « Quelques zoologistes, dit l’au- teur, avaient senti depuis long-temps la nécessité de ne point ‘s'écarter de la méthode naturelle, et M. De Blainville avait même déjà signalé sur quels organes intérieurs la distinc- tion des espèces pouvait se baser; mais jusqu’à présent on n’avait point cherché à mettre ces principes en pra- tique; et le véritable moyen de parvenir par la connais- sance anatomique à l'établissement des genres, sous genres et espèces était encore négligé. C’est en partie pour par- venir à ce but que j'ai commencé ces recherches, et j'ai pris une hélice d’une subdivision dans la coupe artifi- cielle, pour m’assurer de la valeur de cette subdivision, et pour savoir jusqu'où s'étendent les variations dans les différens appareils. » Commissaires MM. Fohmann et Du- mortier. | Physiologie végétale. — «M. Morren, correspondant de l'Académie, présente un second mémoire de ses Àe- cherches physiologiques sur les hydrophytes de la Bel- gique; il est intitulé : Observations sur les closteries, et comprend trois parties. Dans la première, l’auteur traite de l’histoire littéraire, des lieux d'habitation, de l’orga- nologie et de la physiologie de ces singulières algues. En France, on les nomme lunulines; M. Morren adopte avec M. Ehrenberg le nom plus ancien de closteries et voit dans ces êtres de véritables plantes qui, organisées comme les zygnèmes, s’accouplent comme elles par un tuyau de com- munication pour produire un sporule. Suivant l’auteur, les ( 298 ) elosterium ruficeps, cornu, rostratum, acerosum, inœ- quale de Ehrenberg, les lunulina vulgaris, mougeotii, diaphana, moniliphora de Bory, les echinella acuta de Lyngbye (frustuliu Agardh), ne sont que des âges ou des états diflérens du closterium lunula, de Nitzsch. Chaque closterie est formée de deux cônes qui se soudent par leur base ; leur enveloppe extérieure, qui est la cuirasse, le test ou la lorique, est très-dure et de nature épidermoïde; elle a deux membranes intérieures qui renferment la chromule composée de globulines, où se manifestent des stries qui deviennent des séries de propagules. Chacun de ceux-ci est une globuline vésiculisée, comme le veut M. Turpin. Une closterie se meut faiblement, non par un mouvement volontaire, mais par une force automatique qui, selon l’auteur, prend sa source dans l’électricité que dégage tout végétal à l’état de vie. M. Morren étudie les phases de la vie évolutive des jeunes closteries. M. Ehrenberg a signalé chez un grand nombre de microscopiques, l'existence d’un ou de plusieurs points rouges, qu’il considère comme un œil; il y a, chez les closteries, à chaque pointe, un point rouge analogue, mais suivant l’auteur, ce n’a jamais été un œil. L’inspection microscopique lui a montré que c’est un utricule transparent dans lequel il y a un grand nombre de sphérioles rouges qui oscillent continuellement d’une manière trés-vive, et finissent par se séparer de l’utricule, dont elles entraînent le mucus pour se répandre sur les propagules, ou, dans l’accouplement, sur la malière orga- nisée qui devient le séminule ou l'embryon. M. Morren y voit le représentant de l’utricule pollinique. » Dans la seconde partie, l’auteur s'occupe de la repro- duction par propagules et par séminules. L'éruption des propagules se fait selon trois modes différens ; la membrane ( 299 ) extensible sort comme deux cornes d’abondance, pour en- traîner les corps reproducteurs au dehors, ou bien les cônes se disloquent, ou bien encore les propagules sortent par la fente de déhiscence entre les deux cônes. La formation des séminules dépend d’un accouplement préalable : deux individus se rapprochent, contractent adhérence et s’en- voient mutuellement un tube de communication, comme dans les zygnèmes et les mougeotia, mais le séminule se forme dans le tube et non dans l’article accouplé. Ce corps est le résultat d’une condensation de la chromule, et se compose de deux hémisphères dont chacun a sa membrane propre; 1l se meut sur lui-même, et sorti de ses enve- loppes; il voyage pendant un quart d’heure. Après le mou- vement, il se fixe, se polarise et acquiert un axe dont la direction est perpendiculaire à celle de l'axe des closteries- mères. M. Morren explique à cet égard sa manitre de penser sur une rotation qu’il observe dans la direction des axes des plantes, rotation qui devient complète en quatre gé- nérations chez les closteries, en cinq chez les colchiques, en sept générations chez l’orchis bifolia, etc. » La troisième partie du travail de M. Morren a rapport aux corollaires et réflexions physiologiques. Il propose pour ce nom quatre principes : 1° Z{ y a des êtres chez lesquels les organes de la nutrition forment seuls et à la fois les organes reproducteurs et les êtres reproduits; 2° la for- mation des embryons végétaux, dans les alques, dépend d’une concentration de la matière organisée; 3° les embryons végétaux, chez les alques, se forment sous l'influence d’une force organisatrice qui procède de la circonférence au centre. Ce principe, dit l’auteur, com- porte une évidence mathématique. Nous voyons chez les closteries (et la loi est la même chez les zygnèmes, les ( 500 ) conferves, ete., etc.) la matière organisée répandue d'a- bord au pourtour de l'être reproducteur, quitter cette cir- conférence pour graviter vers un point qui devient le centre du sporule, 4° Si la génération a pour effet une multi- plication d'individus, dans l’ordre ordinaire des choses, il y a, parmi les alques, des générations qui restret- gnent le nombre des individus et qui, au lieu de pro- pager l’espece, la feraient promptement disparaître de la série des êtres actuels, si la nature n'employait pas un autre moyen de reproduction. Si deux closteries, dit l'auteur, en produisent une, quatre en produiront deux, six en produiront trois, elc., d'où il suit que par accou- plement, l’espèce décroît comme une progression géomé- trique décroissante, dont le facteur constant est 2; elle devrait donc promptement s’éteindre, si la nature ne se hâtait de réparer ces pertes par les propagules. » M. Morren a joint à son travail trois planches colo- riées, in-4°, représentant 43 sujets qu'il a dessinés et colo- riés lui-même. » (Commissaires MM. Dumortier et Sauveur.) Après cette lecture, M. Dumortier rappelle qu'il a ob- servé la même loi de conservation et de formation dans l'état primitif de l'embryon des lymnées, ainsi qu'il la exposé à l’Académie , dans la séance de mai dernier. M. Dumortier annonce ensuite la présentation d’une monographie du genre libertia, sh il sera donné lecture à la prochaine séance. Physique. — MM. Dehemptinne et Cauchy, chargés de l'examen du mémoire intitulé Mélanges de Physique et de Chimie, par M. Jaequemyns, font le rapport sui- van : | «M. Jaequemyns, sous le titre précéden, traite de divers objets réunis par ordre de numéro. (301 ) Dans le premier article, l’auteur rend compté d’une expérience par laquelle, à l’aide de la vapeur, il a amené à 100 degrés de température, la couche supérieure de l’eau placée dans un tube, sans que la partie qui se trouvait à quelques centimètres plus bas , se suit échauffée sensible- ment; tandis que dans une expérience analogue, faite avec le mercure, la chaleur a pénétré rapidement dans toutes les couches inférieures. M, Jaequemyns conclut de ce fait, que les physiciens ont posé à tort, en règle générale, que les liquides étaient mauvais conducteurs de la chaleur, Le résultat de l'expérience faile avec l’eau étant connu des physiciens et de tous les distillateurs, ne présente quel- qu'intérêt que par sa comparaison avec le mercure, L’au- teur pouvait rendre son article plus intéressant en obser- vant par des expériences convenables, l'influence que la faculté conductrice du mercure peut avoir sur son échauf- fement par locomotion, lorsque l’application du calorique a lieu par les couches inférieures, Dans le deuxième article, M. Jaequemyns doute que les zoologistes aient observé la différence de température que prennent les diverses couches d’eau dans un étang qui se gêle ; il décrit la cause de ce phénomène et admire l’éco- nomie de la nature, d’avoir ainsi conservé aux poissons une température de 4 degrés de chaleur, dans un étang cou- vert de glace; la respiration , dit-il, est trop faible et trop peu active chez ces animaux pour pourvoir à la déperdition de calorique, qu’occasionerait l’eau à zéro. Des physiciens ayant décrit les phénomènes précédens de la congélation de l’eau, cet article n’a plus ici l'intérêt de la nouveauté. Quant aux poissons, 'si l’on considère les phénomènes de la congélation des eaux courantes, on trou- vera que toutes les couches de la masse doivent, en Tom. 1. 22 ( 322 ) général; être descendues au minimum à zéro lorsqu'elles charient des glaçons , et que néanmoins les poissons des riviéres, moins favorisés que ceux des élangs, peuvent très-bien vivre pendant l'hiver. Dans son troisième article, l’auteur rappelle l'apphiéition .qu’a faite M. Molarà pour redtéiset un mur au Conservatoire des arts et méliers de Paris, par la dilatation et la contrac- tion des métaux, et donne la description d’une machine à leviers dont il se sert dans son cours à l’athénée de Gand, pour démontrer la puissance de ces effets. Dans le quatrième article , M. Jaequemyns vient se ran- ger avec ceux qui pensent que le fond d’un vase métallique contenant de l’eau en ébullition, est moins chaud que l’eau bouillante elle-même, et que l’on peut ainsi , sans se brûler, tenir le vase sur la main aussi long-temps que dure l’ébullition. Nons pensons que cette expérience a été mal jugée. Soit que l’eau bouille ou ait cessé de bouillir, on peut tenir un instant le vase sur la main sans se brûler, et si l’on se brûle en continuant l'expérience après ces- sation de l’ébullition , cet effet n’est pas dû à ce que le fond du vase en soit devenu plus chaud , maïs ce résullat doit être’ attribué à une plus longue durée du contact de la main avec le foyer de chaleur. L'auteur expose, dans son cinquième ri ols: que l’inéga- lité de volume qui résulte d’une trempe inégale, fait déjeter l'acier dans sa trempe, parce que le côté le plus trempé se recourbe eur celui dont la trempe est moins forte, et 1l démontre cet effet , dans son cours de chimie appliquée aux arts, au moyen d’une barre d'acier soudée à une barre de fer de la même dimension. Cette barre se courbe chaque fois qu’on la trempe ; elle se redresse lorsqu'on la détrempe en la chauffant au rouge, et reste droite si on la laisse re- froidir lentement. | ( 323 ) Dans le sixième article, il observe que ‘la présence de l'acide hydrochlorique dans le chlore dépend principale- ment de la température à laquelle s'élève le mélange pen- dant son dégagement , et conseille de le préparer au bain- marie , pour éviter la présence de cet acide. Ce mode d’opé- rer est bon ,et est employé dans plusieurs établissemens où l’on fait du chlorure de chaux. Les fabricans qui font cette opération à feu nu ou au baïn de sable, peuvent éviter l'inconvénient { rappelé par l’auteur ), de l’action de la vapeur d’eau sur le chlorure de chaux, en se servant d’un vase intermédiaire pour condenser cette vapeur ct dissoudre en même temps l'acide hydro-chlorique qui se dégage du mélange. Nous observerons ici, en passant, qu’on se trompe assez souvent sur le degré de chaleur qu’acquiert un liquide chauffé au bain-marie. M. Jaequemyns dit : On pourra maintenir le liquide à 100 degrés, en chauffant le mélange au bain-marie. Dans les opérations ordinaires, cette chaleur peut être moindre d’une trentaine de degrés, et jamais elle ne peut s'élever à 100 , à cause de la déper- dition de calorique qui a lieu par la disposition des ap- pareils. ù L'article sept rappelle l'usage de plusieurs moyens pra- tiqués dans notre pays pour faire disparaître l'humidité et l’efflorescence que certaines murailles montrent à leur surface, et l'emploi de l’acide sulfurique y est proposé comme moyen étranger plus simple, plus eMicace et plus économique que les autres : on s’en sert en passant sur les endroits humides, un pinceau trempé dans un mélange d’une partie en volume d’acide sulfurique et de 6 à 8 par- ties d’eau ; opération que l’on répète deux à trois fois à quelques AE d'intervalle. M. Jaequemyns ne s’expli- quant pas, je suppose qu'il applique l'acide sur l'enduit ( 304 ) de la muraille, parce qu'il dit qu'il y a formation de sul- fate de chaux qui empêche l'humidité de sortir. L’acide sulfurique a été employé, depuis cinq à six ans, pour le même usage par un horloger dans la rue des deux Sablons , et depuis cette époque, le mur qui élait aupara- vant fortement salpétré et humide, est resté sec. Mais, ici, on n’a pas employé le même procédé; l’enduit a été entiè- rement enlevé, et l'acide a été appliqué sur la brique nue, qui a été recouverte aussitôt de mortier ordinaire, de ma- nière que le sulfate de chaux formé se trouve immédia- tement placé sur la brique. Cette méthode me paraît pré- férable à celle indiquée par l'auteur. | Dans le huitième article, il fait connaître qu'il a déposé dans la collection du laboratoire à l’école industrielle de Gand, un bout de tuyau de pompe qui n'avait servi que deux ans, et qui était percé en plusieurs endroits, quoique l'épaisseur du plomb fût de prés d’un centimètre. Ce tuyau présentait çà et là de petites cavités coniques contenant une malière jaune qu'il a reconnu être du carbonate de zinc. : Ç L'auteur s’est ensuite livré à quelques expériences dont voici les principales. Il a exposé dans une cornue de fer, à une température de 140° Wedgwood , du plomb et du zinc, etil ne s’est volatilisé que les deux tiers de ce dernier. Le même mélange chauffé au rouge blanc pendant une heure et demie, dans un creuset ouvert, a perdu plus de zinc, mais il en a retenu opiniàtrément une petite quantité. Trois parlies de plomb et une de zinc ayant élé fondues et bien mêlées, ont élé coulées dans un moule. Le zinc s’est en partie séparé et est venu occuper la parlie supé- rieure de la plaque. Cette première couche était du zinc pur, la seconde présentait des parcelles de zinc et de plomb ( 305 ) qu'il était facile de distinguer à la premiére vue. La troi- sième était bien égale , molle et flexible, mais contenait une petite quantité de zinc. L'auteur conclut de ses expériences que la présence d’une quantité, même très-petite, de zinc dans le plomb devient trés-nuisible, si l’on n’a pas soin de bien remuer le plomb au moment de le couler, et de le refroidir aussi vite que possible. Qu'il est très-difficile de séparer complétement le plomb du zinc quand ces métaux ont été fondus ensemble. Qu'il est bien remarquable qu'on en obtienne aussi fa- cilement du zinc pur, et qu'il soit aussi difficile d’en obte- air du plomb pur. Le neuvième et dernier article traite de l'herbe com- mune des prairies. Comme l’auteur annonce que son travail n'est pas terminé, j'ai cru pouvoir en ajourner le rapport. Quoique tous les articles de M. Jaequemyns n’offrent pas un égal intérêt, et que plusieurs ne soient pas traités avec tout le développement désirable, nous pensons que la com- pagnie pourrait adresser des remercimens à l’auteur pour la communication qu'il Jui a faite. » Ces conclusions sont adoptées. ul : — M. le professeur Van Mons adresse à l’ hoitéhiin une suite à son travail sur les pyrophores, qui doit paraitre - dans le prochain volume des mémoires des membres. Seiences chirurgicales. — MM. Fohmann et Sauveur font, sur un mémoire de M. Philips, relatif à la staphylo- raphie, le rapport suivant dont l’Académic adopte les con- ‘clusions. .« L'opération de la staphyloraphie, inventée, à peu près en même temps, par M. Graef à Berlin et par M. Roux à Paris, élait susceptible de perfectionnement comme ( 326 ) toutes les opératious; aussi l'ingénieux Dieffenbach , pro- fesseur à l’université de Berlin , ne tarda point d'y apporter des améliorations importantes; et c’est ce dernier procédé que M. Philips fait connaître dans son mémoire sur le- quel l’Académie nous a chargés de faire un rapport, M. Philips ayant fait à Paris la connaissance de M. Dieflenbach, il apprit de cet opérateur célèbre sa méthode de l'opération en question et fut autorisé à la rendre publique. | Le mémoire de M. Philips peut être pensidéné comme une histoire succincte et précise de la staphyloraphie. L'auteur ne se borne pas à exposer la méthode de M. Dieffenbach, . äl la compare en outre avec les autres méthodes, afin d’en démontrer les avantages et les désavantages, et, pour plus de clarté, il ajoute deux planches à son travail. Quant à la question si le sujet de ce mémoire est du ressort de l’Académie, nous estimons que non, et que l’auteur ferait nai dans l'intérêt de l’art, de communi- quer son travail à des journaux édite destinés aux sciences médico-chirurgicales. » — M. Dumortier présente, de la part de M. Garin, chirurgien à Tournay, un mémoire intitulé : Quelques considérations sur la section et la ligature du cordon ombilical. Commissaires MM. Kesteloot et Fohmann. Histoire nationale. — M. Delmotte communique la pièce suivante qu'il a achetée à la vente de M. De Sau- lages , (cette vente a eu lieu à Paris, en juin dernier). Ælle contient des documens curieux pour l'histoire de Tournay, et spécialement pour celle de la construction du château ou citadelle de la même ville. Elle ne porte pas de daie, mais elle a été évidemment écrite en 1513, époque où Henri VII, roi d'Angleterre, assiégea et prit (827 ) Tournay. Elle porte la signature autographe de ce souve- rain en tête et au bas de la pièce, ainsi qu'il avait l’habi- tude de le faire. Il a de plus poussé la précaution jusqu'à bâtonner de sa main royale les blancs que l’on remarquait dans sa réponse. Henry, Cy ensuit la responce qui a este faicte a Sire Jehan de Thoamonlt prevost de Tournay maistre Jehan Dupuis con- seiller dicelle et Eloy de la Rue procureur général de lad, ville et eyte de Tournay commis et depputez par lad. ville et cyle envoiez par devers le Roy nre. souverain Seigneur Henry par la grace de Dieu Roy d'Angleterre et de France et Seigneur d'Irlande sur certains pointz et articles quilz ont remonstrez et exposez au Roy nred. (notredit) souverain Seigneur et à Messeigneurs de son conseil par l'ordonnance des consaulx dicelle ville et cyte. Fe . Premiérement en ce qui touche et fait mencion de la court souveraine et du ressort des appeaulx interjectez des prevostz et jurez de lad, ville et cyte pour congnoisire et scavoir ou doresenavant lesd. appellans pourront et debvront relever leur appel. R Le Roy nred. souverain Seigneur pour tousiours de- monstrer la bonne voulente tresgrande affection quil parieia.ses POUs, VTAIE loyaux subgectz de sad. ville et fyla.de Tour sy non moins quil fait a ses propres sub- geciz P'anfs dedens cestuy son Roiïaume dAngleterre a par lnvis et meure deliberacion de mesd. $"° de son conseil ordonné et appoincté pour le bien de justice Que lad. court et ressort se Liendra pardevant son chancelier dAn- gleterre en sa chancellerie et que lesd. appellans dores- ( 308 ) enavant pour leurs reliefz deument obtenir se retireront devers led. chancellier en lad. chancellerie ou la ou il sera. Et a ceste fin que le Roy nred. Seigneur et mesd. sieurs de son conseil sachent et entendent la forme et manière comme ilz ont use et acoustume a linterposicion des ap- peaulz obtenans reliefz et autres proces en la court de parlement a Paris lors que leur ressort estoit la son plai- sir est que lesd. de Tournay luy envoient en escript soubz le seau de la ville et signe du greffier la forme et manière quilz ont use en semblable ressort a intencion que le Roy puisse establir lad. court souveraine en sa chancellerie en la pareille sorte et manière sur quoy temps convenient sera appoincte pour la procecusion et reliefvement de leurs appeaulx. | Touchant le second article de la contribucion de la cytadelle que le Roy nred. souverain Seigneur fait bastir et edifhier en sad. ville et cyte de Tournay. Et combien quil semble au Roy nred. S' et a mesd. S's de son conseil veu et considere que sest pour le bien commun et universal de toute lad. ville et cyte et pour la seurete garde preservacion et deffence dicelle et de sesd. bons vraiz et loiaux subiectz pour le temps advenir quilz ne deuvoient faire aucun reffuz difficulté ou contra- dicion destre coniributaires a ce Touteffois en considé- racion des remontrances et offres des cinquante hommes manouvriers que lesd. commis et depputez ont offert au Roy nred. S'. Sa Haulteur pour tousiours monstrer sa benyvolente affection envers eulx considérant les grandes charges quilz ont eu et ont journellement est contant que lad. ville et cyte paieront demy an durant seulement éent manouvriers oultre les charges et despens du Roy nred. S'. ouvrans en lad. cytadelle comme manouvriers, ( Blanc bâtonné par le roi). «309 ) Quant au üj° point et article qui concerne ceulx de lad. ville et cyte qui ont eu leurs maisons et heritaiges demoliz pour le bastyment et construction de lad. cyta- delle afin diceulx recompenser par le Roy nred. Sr. Il leur a este sur ce respondu que sil semble au Roy nred. Sr. et a mesd. Srs. de son conseil que recompense leur doit estre faicte Sa Haulteur en consideracion desd. grandes charges mises et despences quil a convenu à sad. ville et cyte de Tournay porter et soustenir depuis la re- ducion dicelle et ce en plusieurs et mainctes manieres desquelles lesd. commis et depputez luy en ont faict re- monstrance et declaracion bien au long est content et a advise que sur la somme des quatre mille livres tournois que lesd. de Tournay luy sont lenus de paier chacun an oultre et par dessus les six mille dordinaire fera rem- bourser les heritiers desd. heritaiges par ses tresoriers ou recepveurs sur lesd. quatre mille frans comme ilz echer- ront moiennant touteffois que lesd. de Tournay paieront la vraye moictie de lad. recompence laquelle moiclie le Roy nred. Sr. prestera à lad. ville et icelle ville sera tenue luy rendre et paier lad. moiclie incontinent apres que les annees ordonnees el appoinctees pour le paiement annuel- lement des quatre mille francs seront expirez en telle forme et maniere et selon quil est mainctenant racte et paie jus- ques ad ce que lad. moictie prestee par le Roy nred. Sr. a lad. ville pour satisfaire a ceulx qui ont leursd. maisons demolies soient entierement satisfailz et contentes. (Blanc bâtonné par le roi.) Au quatreiesme article de la provision des gens du bail- liage et conseillers dicelluy lesquelz ont impetre du Roy nred. Sr. certaine provision par laquelle ilz s'efforcent voul- loir doresenavant eulx (ici finit la page, le roi a bâlonné la ( 830 ) marge du bas.) leurs familiers et domesticques boire tant vins bieres que cervoises sans charges dassises et mallelottes. (Blanc bâtonné par le roi.) Le Roy, nred. souverain seigneur pour les bonnes gran- des justes et raisonnables remonstrances que lesd. commis et depputez luy ont faictes et a mesd. Srs. de son conseil par lesquelz entre plusieurs autres choses a este remon- stre le proces qui parcydevant par les predecesseurs en offices desd. impetrans encommence contre lesd. consaulx aussi lors estansavoir este par sentence decide et determine a este ce nonobstant ordonne et appoincte par le Roy nred, Sr. et mesd. Srs. de son conseil que entant que les autres parties ne sont pas icy ne nul pour eulx la matiere en question sera mise en surceance jusques ad ce que lad. matiere soit ouye et entendue par le Roy et mesd. Srs. de son conseil estans lez luy ou par sond. chancelier en sa chancellerie Et si lesd. conseillers dud. bailliage veullent proceder allencontre desd. consaulx sur le fait de lad, exemplion faire le pourront en lad. chancellerie et grant conseil quant bon leur semblera pour icelles parties ouyes dun couste et dautre leur faire droit et justice. HENRY. Plus bas : MEAUTESsAZ. Littérature ancienne. — M. Bekker présente les remar- ques suivantes sur une notice relalive à la guerre Pho- céenne , attribuée aux historiens Céphisodore, Éphore et Aariièné de Lampsaque , et conservée par le commen- tateur de l'Éthique d’Aristote. : : «Aristote, dans son Éthique à Nicomaque. , III, 8,9, (331 ) soutient que les soldats, ne se fiant que sur l’habileté ac- quise par les exercices, ne méritent pas toujours le nom de courageux, et qu’en. s’apercevant d'un grand danger, ils sont d'ordinaire les premiers à tourner le dos à l’en- nemi, tandis que les citoyens, rangés en bataille, sont toujours prêts à mourir dans le combat. Pour prouver son asserlion par un exemple éciatant, 1l ajoute : Orcp XATTÉ To) Eppao auvé{fin. L'un des interprètes d’Aristote expli- que ce passage et nous communique, en s'appuyant du té- moignage de trois historiens anciens, une notice précieuse sur l'événement auquel se rapportent les paroles d’Ari- stote. «Ce fut, dit-il, dans la plaine appelée Epuæe (1), que les Coronéens se rangèrent en bataille avec les soldats Béotiens accourus à leur secours et commandés par les béotarques. Ils reprirent leur ville, mais Onomarque garda la citadelle qui lui avait été livrée par trahison. Les citoyens, entrés dans Coronée, fermèrent eux-mêmes les portes de la ville, pour se couper la retraite, et se laissèrent massacrer par les soldats du général Phocén. Les soldats Béoliens, au contraire, s'élant aperçus que Charon, l’un des béotarques, avait succombé, prirent la fuite dès le commencement du combat. » | On voit que cette notice comble une lacune dans l’his- toire de la première guerre sacrée (353 et 352, a. Chr.), dans laquelle Onomarque, après la mort de son frère Philomèle, avait pris le commandement de l’armée Pho- céenne, ainsi que rapporte Diodore de Sicile (XVI, 32, cf: Démosth. nepi racances(. p. 443, 25. Rsk.). Mais cet historien dit uniquement qu'Onomarque a vaincu les Béo- tiens et pris la ville de Coronée (XVI, 35) (2). Ni chez lui ni ailleurs on ne trouve mentionné l'événement auquèt à se réfère Aristote. | (312 ) “Nous allons transcrire, en adoptant deux corrections essentielles dues à nos devanciers, le passage grec dans toute son étendue, et essayer d'en faire disparaître , à no- tre tour, quelques taches qui semblent le défigurer en- core. Il se trouve dans l'ouvrage intitulé : Æ'ustratii et aliorum insignium Peripateticorum Commentaria in libros X Aristotelis de Moribus ad Nicomachum , una cum textu suis in locis adjecto. Venet. ap. Ali hæredes, 1536(3), fol. 46 vers., lin. 16. "Epuouov ë y Koporée Ths Bornrias Téro cUTu je og EoTt nedvès 0 aÙTn, TOY AY GopAdMY OYTOY. É © Tapateræy- uéver notè Kopuÿeïs ou Toïs Benisas TOiG CTPATINTOUS EX rod Metæyoiou ei Ty Bourap{é , 07e Tv ré xatélafov, Lo TV 26. ts a a Dp auto Ovéuaoyes à Does Tpods- Seisay adtw. adroi pèy HEVaVTEs am Savoy Ur ray dut TOY Ovs- Lapyov , ATonAETAUTES TAG TUAG , va aùTote LndË Bovhouéveus bein A na 2aTaMTEY Thy TaTpix. oi Toy Bouwroy Pons GavTes aTois gr parue éx Toù Metæyoto Equyor etS ds év à pyn TÂS MAYNS) ATIMEVOL Eva TESVH VOL TOY Boutapcy dv Xäpoya(l). Lotopoo: REpi Ths LAYNSTAUTNS Krgurédpos (5) & + dodxarn T@Y Tepi Tob iepoÿ TOAÉUOU , moi Avafuévre Éy tn RETÉAT Ty roi Déunnoy, 4ai | Egapcs éy Th TELLLOTTT, à ‘Au lieu de Meraæyoto le texte porte yet reiyou, puis à pévanyos, Ty bévapyot, au lieu de Ovéuapyos, tèv Ovéapyor. Cette dernière correction, appartenant à Giphanius, a été tacitement approuvée par Wesseling (Nott, ad Herodot.IX, 39). Le même savant ne se prononce qu’en hésitant sur la premiére, faite par Camerarius. Mais quand on considère qu'Étienne de Byzance, en nous apprenant que Meréycu: était le nom d’un fort situé entre Orchomène et Coronée, s’en rapporte au trentième livre d'Ephorc, cité également (:315 ) par le commentateur d’Aristote, la correction de: Came- rarius ne paraît plus sujette au moindre doute (6). Nous n'avons pas hésité à changer en outre GonSiscuow en fBon- Sigarw, le futur étant absolument contraire au sens de la phrase (7). Ces corrections d’ailleurs ne suflisent pas, selon nous, pour donner au passage un sens et une forme raisonna- bles. Les mols y avt (à Kopovere, dans le district, dans Ja banlieue de Coronée) après redvoc, sou trop oiseux pour y étre tolérés. On pourrait, en plaçant la virgule après redès , les réunir aux mots suivants : ty ao évoux}oy GYTRY. Mais nous pensons que ces derniers mots eux-mêmes ont été, pour mieux faire ressortir la force de red, ajoutés sur la marge par une main secondaire, et que s’élant glissés plus tard dans Je texte, un autre out \ A , de son côté, ajouté €y tn » Yoyant que Toy. a6» , sans êlre micux dutérnihé. laissait trop de vague. Nous dou- tons même de l'authenticité de cts }eyéueves et préfére- rions, par conséquent, lire tout simplement : "Epmoucy é Kopoveia ris Bowrias rénos éoti Tedvéc' €) © TapaT. 47. M. Marx (ad Ephori Fragm. pag. 256), croyant que la conjonction cte avant Ty} tél xaté)a{Bc embarrasse la mar- che régulière de la période, voudrait en outre changer cette particule en zére et , en la déplaçant , écrire ueræ rôv rére Bauwraoyy tv tr. atélafor. Mais ce changement, loin de faire disparaître le désordre qui, au premier abord, semble régner dans ce passage, ne servirait qu'à l’em- brouiller davantage et à lui donner une dureté que lon ne rencontre guère chez le dernier des scholiastes grecs. Comment, en effet, réunir € d Taper. Tr: Kopoveic… Th mr. xa= ay aux mots suivans za Th dapér. ty dp ë. Ové- ( 334 ) bapyos ? Comment ‘justifier, si la phrase suivante ne dé- pendait point de & © Rapate tou, son commencement œdtoi My MEVANTES x au lieu de avroi uey c0y Où oi Dèy o% Ü Kopovets ? Le remède doit, selon nous, être uniquement cherché dans la ponctuation. Trés-négligée dans tout notre pas- sage , ainsi que dans la plupart des anciennes éditions de ce genre, M. Marx l’a dérangée encore davantage, au lieu de la rectifier. Nous considérons les mots & 6 RAPATET ay LÉVOL jusqu à Xapava comme une seule période. Quoiqu’un peu longue et moins leste qu'une période de Xénophon ou d'Isocrate, elle marchera néanmoins fort bien si, indé- pendamment des changemens de ponctuation que nous avons déjà faits dans le texte en le transcrivant, on l'en- chaîne de la manière suivante : & © rapareræyuéyor morè oi Kopwveïs où tois BorSnoaou durois OTo. x +. M: u. Bow- Tapyäv, otre Tv m. xatéla{Boy nai Ty Gp. eÈyey dp ë. Ov. 6 D. rpod. adro, œbroi pèy petvavtes éméSavoy" ratpida, oi d roy B. BonSyravres auroïs otoatiütou EpuycY évOdc #TÀ. Au reste, nous ne pouvons guère prétendre à ramener cette notice à son intégrité primitive. La collection des commentaires sur l’Ethique d’Aristote, d’où elle est tirée, est attribuée à différens auteurs, en partie entièrement inconnus. Il est très-probable que ce corps d'ouvrages, composé d’abord des travaux d’Aspasius, d'Eustratius, de Michael Ephesius et d’autres, ait subi après coup des changemens considérables et faits à plusicurs époques différentes; et que de celte manière il ait été propagé en plusieurs manuscrits, s’écartant les uns des autres. En effet, quand'on examine la traduction latine, publiée par Jo. Bern. Felicianus, Venetiis, 1541, et répétée ensuite à Pâle et à Paris, non-seulement on voit d’autres noms que ( 335 ) dans l'édition grecque, à la tête des commentairés de plusieurs livres, mais on remarque encore, en beaucoup d’endroits, une différence très-sensible entre cette traduc- tion et le texte grec publié par Manutius (8). En fixant de plus notre attention sur la préface ajoutée à l'édition Pa- risienne (1543) de la traduction de Felicianus, où l’éditeur dit avoir fait corriger et compléter le travail de ce savant d’après une traduction latine en manuscrit, trouvée à la bibliothéque de la Sorbonne, il est hors de doute qu'il existe ou qu'il a existé de notre collection, sinon trois, du moins deux manuscrits, différens les uns des autres. Abandonnant aux éditeurs d’Aristote le soin d'établir ces différences, de juger du prix de chacun de ces manuscrits et de rapporter les diverses parties ÿ contenues à leurs auteurs primitifs, nous nous contenterons > pour prouver la vérité de notre asserlion, de mettre sous les yeux du lecteur la traduction latine de notre passage Lelle qu'elle se trouve dans l'édition de Paris que nous venons de citer, fol. 69. La voici : . « Horum utrague (9) in Hermæo Coroneæ Pœotie urbis loco olim contigisse visa sunt : nam cum arcem urbis per proditionem captam Onomarchus Phocensis occupasset, Coronei acceptis a Bœotiis auxiliaribus mi- litibus in campestri urbis loco, qui Hermœus appella- batur, cum Onomarchi copiis conflivere : occlusisque portis, ne fugæ aditus cuipiam pateret, fortiter pro patria decertarunt,omnesque bi interfecti sunt. Milites vero statim a principio, ubi Charonem ex ducibus suis unum in prœlio cecidisse audiverunt, in fugam sunt versi. De hac pugna meminerunt Cephissodorus in se- cundo historicrum libro de sacro bello ; et Anaximenes in quarto rerum gestar um à Philippo : et Euphorus (1°) ( 316 ) guoque in trigesimo. Non igitur ob virtutem malites, sed ob peritiam fortes videntur. » En comparant le récit dans les deux idiomes, on se convaincra aisément qu'il est défectueux dans l’un et dans l'autre. Les mots que nous avons cherché à éliminer du texte actuel, font présumer un texte ancien plus complet. Selon la traduction latine, une bataille a été livrée près du Hermæum, tandis que le texte grec ne parle que du combat dans la ville. En revanche, cette traduction omet un fait essentiel, celui de la reprise de la ville. Sans la mention de ce fait, 1l ne serait guère conséquent de dire qu'ils y ont succombé après s'être mis dans l’impossibi- lité d’en sortir. C’est pour cette raison que nous ne croyons pas pouvoir adopter le changement du verbe xatélx5cy en #aT#o5e, proposé par l'ingénieux M. Müller (11); qui du reste nous a devancé en introduisant une meilleure ponc- tuation. Quant à l’auteur auquel on doit rapporter les commen- taires sur le troisième livre, qui renferment cet extrait historique, il paraît y avoir également divergence dans les manuscrits. L'édition grecque les attribue à un ano- nyme, la traduction de Felicianus à Eustratius, en ajou- tant néanmoins que selon d’autres ils sont l'ouvrage d’un inconnu. Les savans qui en ont fait usage, Îles citent tantôt sous le nom d’Eustratius, comme Meursius ad Chal- cidium pag. 37, tantôt comme l’œuvre d'un anonyme, ainsi que Wesseling ad Herodot. IX 39. Rubhnkenius (Hist. crit. orat, græcor. pag. 82), habitué à distinguer le style des différens auteurs grecs à travers les moindres nuances et dont, par conséquent, l'autorité nous doit être d'un grand poids, croit y reconnaître Aspasius, cé- lébre Péripatéticien du premier siècle après J.-C. (12). ( 317 ) NOTES.—(1)L’auteur aurait peut-être dit avec plus de précision : dans la plaine où se trouvait le "Epgucy. Il est très-probable que ce lieu con- sacré à Hermès séparait le pays des Coronéens de celui des Orchomé- niens , et que c'était en général un ancien usage d'établir des "Epyzeuw sur les limites des territoires, En effet , nous en trouvons , au rapport de Pausanias , un sur la frontière des Messéniens et des Mégalopolitains ( VILL, 34, extr.), un autre sur celle de la Laconie et de l’Arcadie, près de Belemina ( VILLE, 35, 3), Tite-Live (XXXV , 50, extr.) fait mention d’un Æ/ermœum placé sur l’extrémité de la Béotie, à l’en- droit où l’on passait de ce pays à l’île d’Eubée. Polyen (out VI, 24), ou plutôt Charon de Lampsaque (flor.c.500.a.Chr.), dans son ou- vrage intitulé "Op (cf. Creuzer. Histor. Gr. Antiqu. Fragm. p.119, sqq.) raconte que les habitans de Lampsaque , se trouvant avec leurs voi- sins de Parium en procès au sujet des frontières, ont, par une ruse, étendu leur territoire jusqu’au "Epuarwy. Quand cet auteur dit : £7? Tr Epguawy oSérayres AGoy, il faut sans doute entendre le "Epuauoy à l'endroit où on le voyait de son temps , ou bien supposer qu’il avait déjà antérieurement existé au même endroit comme signal de fron- tière, mais que les habitans de Parium avaient, dans la suite, au détriment de ceux de Lampsaque , agrandi leur territoire.—Pour ne pas parler d’autres endroits qui tirent leur nom de ‘Epuÿs, nous rap- pellerons seulement le passage de Pausanias (II, 38, extr.), où, à la mention des frontières sur le mont Parnon (Sluiter Lectt, Andocid. p. 45. corrige HapSéyioy ) qui séparaient les Lacédémoniens des Argiens et des Tégéates, il est ajouté : éoryxaos dE êri toïg 0 pois 'Epuai MSov, xai ToD yopiou Tà ovcua. Quant à la question de savoir quel était le caractère distinctif d’un "Epgooy , si c'était un temple , ou bien un autel, ou tout uniment un monceau de pierres, surmonté de la statue ou du buste de Hermès, les notices que nous possédons sur ce point sont trop incomplètes pour en déduire un résultat certain. Déjà, dans l'Odyssée (7, 471), nous trouvons un ‘Epuos 6006 aux environs de la ville d’Ithaque, sur la hauteur où Eumée dit avoir découvert le vaisseau des poursuivans de Pénélope, Eustathe , en expliquant ce vers d’Homère (p. 1809 , 1. 26— 43, Rom,.), nous rapporte les différentes opinions des anciens sur l'origine de cet usage. Les uns, dit-il, prennent ‘Epwxos A69oç tout simplement pour un endroit consacré à Hermès , d’autres pour un amas de pierres près d’un chemin, servant dé base à la statue de ce Dieu; d’autres encore entendent sous ‘Epuaos Advoç des signaux desti- Tom. ui. 23 ( 318 ) nés à marquer les distances, Car, poursuit-il , Hermès ayant le pre- mier purgé les routes et amassé les pierres qui les entravaient , à côté du chemin, on croit que ceux qui, plus tard, ont suivi l’exemple de ce Dieu, appelaient en son honneur de pareils monceaux de pierres "Epgua ou Epualous Aépouc, Il y en avait aussi , selon le même Eustathe, qui donnaient aux mots ‘Epuaos A6goç une signification allégorique , les uns les rapportant à son épithète de Adyws, les autres à celle d’ 'Apyeigéyrys. Cette dernière tradition, communiquée par un scho- liaste sur la foi d’Anticlides , auteur antérieur à Plutarque , avait déjà été consignée par l'historien Xanthus (né vers 505, a. Chr. cf. Creuzer. Hist. Gr. Fragm. p. 179 , sq.). Expliquer toutes les traditions relatives à ce sujet et poursuivre leur enchaînement par les différentes époques de l’histoire grecque , exigerait des développemens trop étendus pour être renfermés dans cette note. En les remettant à une autre occasion, nous nous bornerons ici à remarquer, 1° que ‘Epwaos A6pos dans l'Odyssée n’est point le nom propre d’un endroit y désigné, mais que cette dénomination indique un usage alors déjà répandu en Grèce ; 2° que les anciens regardaient, au moins très-fréquemment , comme identiques Epuoñios 6906 et" Epuacy. Aussi le grammairien Démosthène le Thracien, qui a traduit l'Odyssée en prose attique (Valcken. Diss. de Scholiis in Homer. co. xiv. p. 111-115, adj. Virgilio coll. scr, gr. illustr. Leov. 1747), a-t-il rendu ‘Epgaog 16906 par Epuwaicy, chose qu’Eustathe a cru devoir relever en ajoutant &y oùderépc yévei : et le scholiaste (ed. Buttm. p. 475) dit également aux mots de ‘Epu' Adwos" 6 copôs réy Aldoy y ro OO € puauoy évouäteræ. Une comparaison dont s’est servi Strabon (XVIL. p. 1173. B), conduit au même résultat. Nous remar- querons enfin 3° que l'usage d'établir des"Epwz sur les frontières et près des chemins , est intimement lié avec le mythe de Mercure en général, et notamment avec ses fonctions de conducteur des trépas- sés. Ce Dieu est appelé #yeuéyioc, évédios, rouruïog pour la mème raison qu’on l’appelle Luvæyoyès, Luyerourèe, vexporourés (Interprr. ad. Aristoph. Plut. vs. 1160 , cités par Creuzer, Symb. IL. p. 620, not.). L'emploi du mot £ puæoy dans le sens de trouvaille, bonne aventure, bien inattendu, et le proverbe Komèdg ‘Epuÿç se rattachent sans doute au même usage, bien que les grammairiens grecs ne nous donnent pas sur ce point des explications claires et suflisantes ( Vid. Ætymol. Magn. »."Epmuioy , copié en partie par le grammairien dans Bachmann. Anecd, gr.1, p.235, et Eustathe, | 1. lin. 48 cf, Notae ad Alciphron. (319 ) ed. Wagn II, 29 ). — Au reste, Epuioy , étant le neutre substantivé de épmoios, doit toujours être écrit comme proparoxytonon et non pas comme properispomenon , ainsi qu’on le trouve encore souvent dans nos éditions , et notamment aussi dans les passages cités de Pausa- nias et de Polyen. Æustathe , 1. 1, p. 1809, 1. 44, Rom. cf. Creuzeri Melett, X, p.66, not. Le précepte que donne sur ce point le gram- mairien Grec Arcadius ( De Accent. p. 43,8 ) n’est point assez clair. Notre exemple, avec tous ceux qui suivent la même analogie, a même échappé à la scrupuleuse exactitude de F. V. Reiz, dans son excel- lent traité De Prosodiæ Gr. Acc. Inclinat,, ch. XIT et XIIT, p. 110, sqq. Wolf. (2) 3. Vallois, de la seconde guerre ‘sacrée, Mém. de l’Acad. des In- seriptions et B. L.t. XIT, p. 181. (3) L'édition a été soignée par Paul. Manutius, comme on voit par l’épître dédicatoire adressé à Grégoire Selva, évêque de Lavour et am- bassadeur du roi de France auprès du sénat de Venise, (4) MM. Marx (in £phori Fragm,. p. 256) et Zell (Comm. ad Aristot. Eth. ad Nicom. p.103) donnent X/cwyx, sans doute par inadvertance. Nous ne connaissons pas dans l’histoire d’autres traces d’un Charon béotarque pendant la guerre sacrée. Rien ne nous empêche cependant d’entendre ici le célèbre Charon, qui 26 ans avant (378) a secondé l’af- franchissement de sa patrie, soumise à la domination des Spartiates, en accueillant dans sa maison les chefs de la conspiration dirigée par Pélo- pidas(Xenophon Hellen, V. 4. 3). Élu à cette époque béotarque avec le même Pélopidas (Plut. Vié. Pelop. c. 13), s’étant fait remarquer encore dans la suite par ses talens militaires (Plut, s4id. c. 25) et jouissant en général d’une haute considération parmi ses concitoyens (Plut. sbid. ce. 7-9), il serait bien possible qu’à un âge avancé, ce même Charon eût été encore une fois élevé à la première magistrature de Thèbes. (5) Il y a dans le texte K/gooddkopos, dont MM. Marx et Zell ont fait Kegioaédopos. Mais il n’y a plus guère de doute aujourd’hui que l’on doive écrire Kyp96dwpc, ainsi que les noms semblables Kÿgrsédoroc, Kygisédyuos, Kypiolor, Kypocquy, Kypioox fe, ces noms étant tous dérivés du fleuve Kysocc. Or, quel que soit le nombre des manuscrits qui présentent Kypsooù, et Kypioois (Aiuyy) (Siebelis ad Pausan.X,33.4), les critiques modernes, en suivant les traces de Dan. Heinsius ( ad Ovid. Met, LI, 343), ont constaté que les meilleurs retiennent constamment Kypioès et Kyguois, Dans Pindare (Pyth. IV, 81. ed. Dissen. vs. 46) on lit Kyp170Ù, même sans aucune variation, et il en est de même de la plupart ( 320 ) des passages où l’on rencontre des noms propres dérivés de Kyywdc (Jacobs ad Anthol. Palat, p.886, nr. 8, et K. O. Müller Orchomenos , p. 479 sq.).—Quant à l’auteur de cette histoire de la guerre sacrée, on n’en trouve plus mention ailleurs. Vossius ( De ZZist. Gr. IL. p. 166, a. Opp. t. IV ), en se bornant à citer notre passage, nous avertit de ne pas confondre ce Céphisodore avec le célèbre ami et disciple d’Isocrate du même nom et auteur d’une apologie de son maître, dirigée contre Ari- stote (Fabr. B. Gr.t. Il, p. 792, VI, p. 126). Jonsius (Ser. Hüst. Philos. I, 13,1, p. 80) présume que c’est Céphisodore de Thèbes, cité par Carystius de Pergame, chez Athénée, XII, 12, p. 548, E. Et en effet, Carystius ayant été lui-même, selon toute probabilité, contemporain des premiers g'ammairiens d'Alexandrie (Fabr, Z. Gr. IL, p. 288. coll. Casaub, ad Athen. t. VIEIL, p. 370, sqq. Schwgh.), ce Céphisodore pourrait avoir vécu à une époque très-rapprochée de la guerre sacrée, et sa qualité de Thébain l’avoir déterminé à écrire l’histoire d’une guerre qui avait coûté de si grands sacrifices à sa patrie. Cependant, il y a deux motifs qui nous empêchent d’approuver la conjecture de Jonsius. D’abord ce Céphi- sodore de Thèbes n’étant connu que par ce seul passage d’Athénée, n’y est pas même désigné comme historien; et ensuite nous ne croyons pas qu’un commentateur d’Aristote ou en général l’auteur d’où cette notice est tirée, ait allié l’autorité d’Anaximène et de Théopompe, à celle d’un écrivain aussi obscur que ce citoyen de Thèbes. Nous préférons, par conséquent, nous ranger de l’opinion de Ruhnkenius (Zsst, Cr. Or. Gr. p. 82). Malgré l'avis donné par Vossius, ce savant critique assigne l’hi- stoire de la guerre sacrée à Céphisodore, le disciple d’Isocrate, voyant qu’il était en quelque sorte propre à l’école de ce grand rhéteur de fournir des historiens célèbres. (6) Il est vrai que nous manquons de toute autre notice sur la situa- tion de ce fort, et que les mots de l’art, d’Étienne, ajoutés sur la foi d’Androtion, sont très-corrompus dans les manuscrits. Mais nous ne sormmes guère plus heureux à l’égard d’une foule de bourgs et d’au- tres petites places dépendantes des cités principales de la Béotie. Voyez Clinton, Fasti ellen. p. 407, not. m. et Müller Orchomenos p. 479 —500. (7) Pour conserver BoySfooui, on dévrait supposer une autre rédac- tion de la phrase, de laquelle serait tombé le verbe Gpuf>yray ou un autre semblable, (8) Conf, Fabricius Bill. Gr. t. LIL. p. 264. sq. — Au reste , il ne faut nullement croire que cette différence soit en partie l’effet d’une tra- duction trop libre. Car dans sa préface, Felicianus fait de longues ex- (321 ) cuses d’avoir rendu tout littéralement le texte grec, au risque mème de sacrifier la correction et l’élégance du style latin. (9) On voit que dans le texte suivi par le traducteur, le commentaire n’est pas adapté à ‘Epwærwy, mais aux mots précédens : o{ crpxrirau dË delo viyyoyrau TA, Tà dè rolMrixà méyoyra droSyfoxe. C’est pour cette raison aussi que l’on trouve ajouté à la fin : Von igitur-videntur, tandis que dans le texte de Manutius cette phrase du commentaire est rattaché aux mots d'Aristote æoAAX xev ToD moéuou. (10) Au lieu d’Æphorus : confusion extrêmement fréquente dans les manuscrits. Voy. les commentateurs cités par Marx, ad Ephori Frag- menta , p. 4, sq. (11) Orchomenos, p. 421, not.6. (12) Nous ne voudrions cependant pas, sans restriction, citer l’ou- vrage sous le nom de cet auteur, ainsi qu’a fait M. Zell dans l’Index de son édition de l’Éthique d’Aristote , v. Cephissodorus. L'Académie procède ensuite à la nomination d’un cor- respondant dans la classe des lettres, et M, Roulez, sur la proposition précédemment faite par les commissaires pour la formation des listes des candidats, a été nommé à l'unanimité. | M. le directeur, en levant la séance, a fixé au samedi 10 octobre, l’époque de la prochaine réunion. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Nouvelles Annales du Muséum d'Histoire naturelle, Paris, in-4°, [re liv., tome IV, 1835. Roteiro de Dom Joam de Castro da V'iagem que Fize- ram 0$ portuquezes ao mar roxo no anno de 1541, 1 vol. in-8°, 1833, Paris, chez Baudry. ( 322 ) Salon d'Eté, 1835. Cinquante - troisième exposition publique de la société royale d'agriculture et de botani- que à Gand, broch. in-8&, de la part de M: Cornelissen, membre de l’Académie. Recherches sur les causes, Phistoire et le traitement de l’ophthalmie militaire par M. V'andermeer; suivis de considérations anatomico-physiologiques sur l’œil, par M. Fohmann , 1 vol. in-8°, Liége chez Dessain , 1835. Conférences littéraires lues à l'institution de S'-Ser- vais, & Liège, et publiées par M. l’abbé Louis, 1 vol. in-8°, Liége, à la librairie catholique, 1835. On the Refraction and Polarisation of heat, by James D. Forbes, in-4°. Edimburg , 1835. Instructions for making and resgistering meteoro- logical observations , by sir John Herschel , broch. in-8°. De la Configuration de la Grèce dans ses rapports avec la Géognosie, par MM. Boblaye et Virlet, broch. in-4°, Écriture hiéroglyphique. Lettres de MM. le marquis Fortia d'Urban et l’abbé Peyron ; broch. in-8°. De la part de M. Desnoyers : 1° Bulletin de la société de l’histoire de France. In- troduction. Broch, in-8°. Paris, chez Renouard, 1834. 2° Discours de M. le baron de Barante, extrait des Bulletins de la société de l'histoire de France, broch. in-8°. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1835. — No 9. Séance du 10 octobre. : M. De Gerlache, faisant les fonctions de Directeur. M. Quetelet, Secrétaire perpétuel. GORRESPONDANCE,. M. le Ministre des affaires étrangères et de la marine communique à l'Académie les observations faites sur les marées pendant les mois de juillet et de septembre. Le Secrétaire donne lecture d’une letitrede M. Monticelli, et présente en même temps les mémoires de l’Académie royale de Naples qui lui ont été adressés par ce savant, pour être remis à l'Académie royale de Bruxelles. M. Émile Jacquemin écrit à l’Académie qu’il vient de fonder un nouveau journal, la Minerve, ayant pour ob- jet de présenter les mémoires les plus importans qui pa- raissent dans les pays étrangers sur les sciences naturelles. M. Goetmaekers, de Tournai, soumet des observations sur l’état de l'horlogerie en Belgique et sur les chronomètres et les pendules qui ont été présentés, cette année, à l’expo- Tou. 24 ( 324 ) sition des produits de l’industrie ; il insiste sur la nécessité de déposer ces instrumens dans un observatoire et de con- stater la régularité de leur marche, avant de porter un jugement sur le degré de leur mérite. L'Académie recoit de M. Garinu, chirurgien à Tournai, des notes faisant suite au mémoire sur la section et la liga- ture du cordon ombilical, présenté à la séance précédente. Ces noles seront renvoyées aux commissaires chargés de l'examen du mémoire. M. Cornelissen présente les discours prononcés le 3 août 1835, lors de la distribution des prix, au salon de l'Académie royale de dessin, peinture et architecture de Gand, et dans ce nombre une notice historique de sa composition sur l’o- rigine et les progrès et sur les diverses vicissitudes de FAca- démie depuis 1751 jusqu’en 1835. Le Secrétaire présente de la part de M. de Wautier, fils, une médaille romaine trouvée dans les environs de Bastogne. L’empreinie en est presque totalement effacée ; sur l’une des faces on distingue cependant assez bien l’image d’une femme portant une corne d’abondonce et placée entre les deux lelires S et C. COMMUNICATIONS. Le Comète de Halley.— M. Quetelet communique quelques renseignemens sur la comèle de Halley, qu'il a commencé à voir, à l'observaloire de Bruxelles, vers lecommencement du mois dernier , et dont il n’a pu suivre la marche , depuis celle époque, qu'au moyen de lunelies et de télescopes, le bel équatorial de Troughton n'ayant pu, jusqu’à ce jour, être mis dans la place qui lui est destinée. Ce n’est que ( 325 ) dans la nuit du 29 au 30 septembre qu'il a commencé à voir la comète à l'œil nu; elle se présentait alors avec l'éclat d’une étoile de cinquième grandeur. La nébulosité a continué d'acquérir plus en plus d’étendue et d'éclat ; la partie la plus lumineuse, et que l’on peut considérer comme le novau, est à peu près au centre; jusqu'à ce jour (10 octobre) il a été assez difficile de distinguer la queue. M. Quetelet cite, au sujet de celte circonstance remarquable, le passage suivant d’une lettre qu'il vient de recevoir de M. Wartmann, astronome à Genève. « Lors de son précédent relour en 1759, cette comète mon- trait une physionomie singulièrement variée aux diffé- rens astronomes qui l'observaient, À Paris, vers le crépus- cule du soir, elle était presque sans queue et si vague que on avait beaucoup de peine à distinguer une légère che- velure de un à deux degrés ; tandis qu’à Genève et à Mont- pellier, le 29 avril, 48 jours après le passage au périhélie, elle avait une queue de 25 degrés détendue, et qu’à l’île Bourbon, Lacaille la vit, dans sa plus grande longueur, de 47 degrés. Ces bizarres anomalies, difficiles à expliquer, doivent engager les astronomes de tous les pays à rassembler maintenant le plus grand nombre possible d'observations, afin de jeter, s’il se peut, quelque lumière sur un sujet de physique céleste si important et encore si obscur (1). » (1) La comète qui , à cause du mauvais temps , n'avait pu être observée les deux nuits précédentes , avait parcouru, depuis les dernières obser- vations, une partie assez considérable du ciel. Elle se trouvait dans la soirée du 19 octobre (jour de la séance), nn peu plus haut que & de la grande ourse, et elle était presque aussi apparente que cette étoile, quand on l’observait à l’œil nu. Elle a pu être observée aux instrumens méridiens, à l’instant de son passage inférieur ; elle suivait de très-près & de la grande ourse par son mouvement en ascension droite ; malheureu- sement la force des instrumens méridiens, même avec les plus faibles ( 326) Météorologqie.—M. Quetelet communique aussi à l’Aca- démie les observations météorologiques qu’il vient de faire, d'heure en heure, à l'observatoire de Bruxelles, pour répondre à l'appel fait à tous les astronomes par sir John Herschel , dans la vue de déterminer les oscillations atmos- phériques et leurs relations réciproques dans les deux hé- misphères. Ces observations ont commencé le 21 septembre à 6 heures du matin, et ont continué, d'heure en heure, jusqu'au 22, à six heures du soir. M. Crahay commu- nique, de son côlé, les observations horaires qu'il a faites à Malines, mais qui ont été interrompues pendant une partie de la nuit. Les deux séries d'observations barométriques sont réduites à la température zéro. oculaires, n’a pas permis de la voir avec toute la netteté désirable. Les différentes éphémérides , calculées sur les anciennes observations, se sont généralement accordées à faire passer la comète plusbas que la place qu’elle occupe effectivement dans le ciel; d’après ces mêmes éphémé- rides, la comète devrait aussi se trouver plus avancée dans sa marche. Il vient de paraître une éphéméride, calculée sur les nouvelles observa- tions, qui semble très - exacte, c’est celle publiée par la rédaction du Nuutical Almanac (30 septembre), qui adopte les élémens de M. De Pontécoulant, et, pour passage au périhélie , le 16, 1935 novembre. La queue de la comète s’est très-rapidement développée dans l’espace de quelques jours. Dans la soirée du 14, l’astre se trouvait un peu au- dessus de la Couronne, et sa queue, dirigée vers la tête du Dragon, occupait dans le ciel un espace de plus de cinq degrés. F4 (327) Observations météorologiques horaires faites à l’observatoire de Bruxelles, en correspondance avec les observations de Sir TJ. Herschel, au Cap de Bonne-Espérance. (1835.) BAROMÈTRE| THERM, | HYGROM, F' HEURES. ENTS. | ETAT DU CIEL, réduità 00, |centigrade. | Saussure. & | | 21 SEPTEMBRE. mm Gmat.| 756.69 |-+100.4 9900 SO. | Légers nuages. 7 756.98 13.7 97.7 » » 8 757.09 14.8 95.5 SSO. | Légèrem. couvert. 9 756.92 16.4 93.2 » Éclaircies, 10 756.42 | 18.3 | 86.5 | » | Nuages. 11 755.86 18.8 88.0 SO. | Légers nuages, 12 755.13 20.0 86 0 » » 1lsoir.| 754.17 21.4 84.5 » » è 753.45 22.9 81.0 » » 3 753.11 23.5 78.0 SSE, » 4 752.79 22,5 77.0 SSO. » 5 752.34 21.4 82.0 » » 6 752.47 20.0 83.0 SO. » 7 752.48 19.1 84.0 SSO. » 8 752.85 : 18.7 85.5 ? Serein. 9 753.01 18.4 86.5 ? » \ 10 753.06 18.2 88.0 ? » 11 752.97 18.0 88.0 ? » 12 752.85 17.7 89.5 ? » 22 SEPTEMBRE. imat.| 752.89 17.4 91.0 ? » 8 752.69: 17.1 91.5 SO ? » 3 752.55 17.0 92 0 ? » 4 752.39 16.6 92.0 ? » 5 752.24 165 92 0 ? » 6 752.26 15.7 93.0 S. Quelques nuages. 7 751.98 16.6 89.0 SSO. » 8 751.80 17.7 86.0 SSO? » 9 751.69 19.2 80.8 S. » 10 351.31 20.7 77.0 SSO. » 11 751.01 22.0 72.0 » Nuages. 12 750.71 22 2 71.0 » » 1soir.| 750.33 | 22.8 71.5 » Légers nuages. 2 749.71 23.1 69 5 » » 3 749.57 23.0 69.5 » » 4 749.38 22.4 715 » » 5 749,22 21.4 74.0 SO. | Légèrem. couvert. 6 749.33 20.1 77.0 » » ( 328 ) Observations faites à Malines par le professeur Crahay , les 21 et 22 septembre 1835. HEURES. © Q0 «1 GO O1 à © D pi [=] BAROMÈTRE réduit à 00, 761.099 61.398 61.558 61.432 60.857 60.396 59.509 58.745 57.767 57.187 57.040 56,442 56.568 56.920 57.195 57.371 THERM. : BAROMÈTRE | THERM. = ETAT DU CIEL, HEURES. ETAT DU CIEL, extérieur. réduità 00. | extérieur. 21 SEPTEMBRE. 22 SEPTEMBRE. mm. s Quelques petits nua » S. Petits nuages. 6mat.| 756.605 » "Ÿ ges à Pouest. 120.3 | S. Pet. nua., lés. brouil. 7 56.529 160,4 14.4 | S. Le ciel se couvre. 8 56.154 17.7 Eclaircies rares, le . 14.7 gi La presx. disp. 9 56.141 19.2 Petits nuages rares. 16.3 Nuages. 10 55.653 20.7 18.4 Idem. 11 55.102 21.6 Petits nuages. 20.1 | S.-E, Quelques nuages. || 12 54.751 22.7 |S. 21.0 Petits nuages rares. 1soir. 54,449 22.8 22.3 Idem. è 53.988 23.4 22.9 Idem. 3 53,736 23.2 Nuages. 227 |S. Idem. 4 53.634 22.4 Éclaircies. 21.1 Idem. 5 53.548 21.6 19.9 Idem. 6 53.637 20.3 | S. Quelq. petits nuag. 19.1 Clair, un peu de vent.| 7 = » 18.5 Clair. 8 » » $ | 18.1 Clair. 9 53.878 18.2 Eclaircies. 16.7 Clair. 57.384 ( 329 ) — M. Quetelet parle ensuite d’un abaissement considé- rable du baromètre, qu’il a observé dans la matinée de ce jour. Vers 9 heures du matin, le baromètre se trouvaità une hauteur de 726,95, et le thermomètre de l'instrument indiquait 18°,0 cent.; ce qui a donné, en faisant les ré- ductions à zéro, une hauteur de 724,59, Cet abaissement est le plus considérable qui ait été observé, depuis trois ans que les instrumens météorologiques sont placés à l’ob- servatoire de Bruxelles. Le plus grand ahaissement, en 1833 (1), a été de 726,10; et, en 1834, de 736,89, Le thermomètre extérieur marquait à Y heures 11°,2 cent., et l'hygromètre de Saussure 86,5; un vent fort soufflait du S.-0., et l’on a recueilli, dans l’espace de 24 heures , une quaniité d’eau qui s'élève à 35,89. Ce grand ahaïssement du baromètre a également frappé M. Crahay qui , avant son départ de Malines, à 10 heures du matin, a observé son baromètre à 729 mm ,80, et le thermomètre as yestaltaché, indiquait 14°,0 cent. | M. Roulez, correspondant de l’Académie, fait connaître ensuite qu’en revenant de Nivelles, il a trouvé partout, sur sa route, les traces d’un violent ouragan ; des toits ont été renversés et des arbres brisés ou déracinés (2). — M. Morren, correspondant, communique à l’Académie que, pendant une grande partie du mois de septembre, il a observé, depuis Blankenberg et Heyst jusqu’à Nieuport, la phosphorescence de la mer et du sable encore mouillé, que les flois venaient de quitter; ilditavoir constaté que ce beau (1) En tenant compte des comparaisons faites entre le baromètre ob- servé en 1833, et celui qui a servi ensu:te aux observations , il faudrait estimer cet abaissemeut à 725mm,54, (2) On a appris, depuis, que l’ouragan a étendu ses ravages beaucoup plus loin. ( 330 ) phénomène est dû à une espèce de gleba , sur laquelle il présentera plus tard un travail zoologique à la compagnie. Mécanique. — Le secrétaire met sous les yeux de l’Aca- démie les dessins d’un nouveau moulin à farine qui lui ont été adressés par M. Leclercq, ingénieur civil à Mons. — M. Ch. Tandel adresse à l’Académie , avec un ouvrage imprimé, une note manuscrite sur les vitesses des billes élastiques après le choc, calculées d’après la méthode des pertes, et des remarques sur la métaphysique des méthodes employées dans les mathématiques. Commissaires MM. Cau- chy et Crahay. Tératologie ou histoire des monstruosités. — M. Mor- ren, Correspondant de l’Académie, communique à l’assem- blée le portrait et le dessin des yeux d’un jeune homme de Gand, nommé Joseph Guitard, qui présente le phéno- mène si peu connu d’une fissure iridienne aux deux yeux. « Les anomalies dans la structure de l’œil, sont aussi rares qu'intéressantes; celles qui affectent l'iris méritent particulièrement de fixer l’aitention , parce qu’elles pour- ront jeter quelque jour sur la formation et le développe- ment de cette membrane. L'iris peut offrir des arrêts de développement et même ne pas s'être formé du tout, sans que la vision en souffre beaucoup, bien que l’anatomie comparée ne ferait pas soupçonner celle vérité, puisque. l’œil, chez les insectes et les mollusques, présente encore un iris ei une pupille ou tout au moins un anneau iridi- forme. Quand la pupille est déformée chez l'homme, elle rappelle ce qui a lieu chez quelques animaux voraces comme le chat, le crocodile, chez lesquels elle est ovale et perpendiculaire , tandis que sur les animaux herbivores comme le cheval, le bœuf ou sur ceux qui se nourrissent de petits mollusques comme la baleine, elle est horizontale. ( 331 ) Ïl est à remarquer que la fissure iridienne ramène l’homme au type des mammifères carnassiers, comme la fissure con- nue sous le nom de bec de lièvre , le ramène à celui des poissons chez qui cette anomalie est très-commune. L’in- dividu qui présente la pupille oblongue qui fait le sujet de cette communication, est le quinzième enfant de deux parens bien conformés. Sur leurs seize enfans, lui seul a offert ceite conformation. Agé aujourd'hui de 15 ans, il a une vue excellente, lit à 16 pouces de distance un petit caractère et trouve à terre les moindres objets. Pour regar- der une lumière fort vive, il abaisse la paupière de manière à ne laisser à nu que l'extrémité de la fissure de l'iris, fis- sure qui va jusqu’au bord inférieur de cet organe. Son œil présente une sensibilité exquise pour saisir les couleurs complémentaires ; ainsi, il lui faut peu de temps pour apercevoir, en fermant les yeux, du vert, lorsqu'il les a fixés sur une surface rouge. Sa pupille est beaucoup plus grande que d'ordinaire et dénote ainsi que l'arrêt de dé- veloppement a porté sur toute l'étendue de l'iris, ce qui rappelle les yeux des poulpes, des poissons , des reptiles et des oiseaux. Le docteur Heyfelder a remarqué sur un œil fissuré d’un jeune homme que la fissure se dirigeait vers …+#angle interne de l'organe; il a consigné cette observation dans le 14° volume des Æctes des curieux de la nature, de Bonn; Joseph Guitard présente cette particularité qu'aucun auteur ne cite, c’est que les deux fissure se di- rigent vers la ligne médiane de la face, de telle sorte que leurs axes prolongés viendraïent se joindre au menton. Ce fait est curieux, parce qu’il modifie une idée ingénieuse émise par M. Isidore Geoffroy-S'-Hilaire, dans sa nouvelle Histoire des anomalies. En effet, l'œil offre ceci de re- marquable qu’il a, comme le corps entier , un axe autour ( 332 ) duquel se fait la formalion excentrique de ses organes. Dans l'opinion de M. Morren, l'organisme entier exerce pourtant une influence marquée sur le développement des parties qui entrent dans la composition de l'appareil ocu- laire. Ainsi, dans le cas cilé, c’est la portion externe des iris qui s’est développée davantage, l'arrêt a frappé de pré- férence la moitié interne, Ii s'en suit que la pupille chez Guitard a la forme d’une abeille qui se dirige obliquement de dedans en dehors. On sait encore que, dans le premier âge fœtal, les yeux sont placés sur les faces latérales de la têle, comme chez les mammifères et les autres vertébrés et qu'ils vont plus tard se placer en avant pour donner à l’homme et aux quadrumanes l'aspect qui les caractérise, Cette attraction vers le centre ou la ligne médiane a laissé des traces visibles sur les yeux de Joseph Guitard dont l'étude offre, comme on le voit, des détails intéressans pour la lératologie. » (La figure sera jointe au prochain Bulletin), Géologie. — M. Cauchy, membre de l’Académie, dépose la note suivante dont l’Académie ordonne l'impression dans son Bulletin. «On a trouvé, il y a quelques années, dans des murs, près de Bastogne, quelques fragmens d’une roche noire et com- pacte, pénélrée de grains et de cristaux. La roche paraît être un trapp ou un basalte; les grains et les cristaux sont bien $ertainement des grenats. J'ai fait beaucoup de re- cherches pour reconnaître le gisement de ces deux sub- slances minérales, et je crois maintenant qu’elles ont été extraites d’une prairie située près de Bastogne et apparte- nant à M. Civile. Le carrière étant aujourd’hui comblée et le sol rendu à la culture, il est malheureusement impos- sible d'approfondir l'étude de cette roche extrémement (333 ) intéressante, puisque tout porte à croire qu’elle appartient aux terrains de soulèvement. | — M. le professeur Crahay présente quelques coquilles recueillies sur les deux versans des montagnes de calcaire marneux qui bornent la vallée de la Galoppe dans les en- virons de la ferme de Caersveld, commune de Galoppe, province de Limbourg. Elles semblent établir la plus grande analogie entre ce terrain et celui de Ciply dans la province de Hainaut : ce sont des ostracées recouvertes de calcédoine concrétionnée, des bélemnites, cranies, térébratules, hui- tres, elc.; des débris du catillus Cuvieri, des empreintes ow moules de coquilles, des vertèbres de poissons, et des ossemens de batraciens. MM. Sauveur et Cauchy sont invités à examiner ces diflérens débris. LECTURES. Botanique. — M. Dumortier fait parvenir à l'Académie la note suivante, sur les espèces du genre platanthera de la Flore belgique, qui lui a été adressée par M. le docteur Lejeune, membre de l’Académie. «Le grand-duché de Luxembourg, si peu connu sous le rapport de ses productions végétales , avant les excursions de M. Dumortier et avant la publication de ma Aevue de la flore de Spa, est cependant la plus riche contrée en orchidées de notre royaume. ÿé «MM. Marchand, Tinant fils, et Crombaek , botanistes ré- sidens de ce pays, m'ont envoyé une si grande quantité de plantes de cette province, pour les soumettre à mon examen, qu’ils m'ont à peine laissé le loisir de les mettre en ordre. « En visitant, au commencement de cette année, mon magasin de doublettes, quelle n’a pas été ma surprise d'y (334) trouver confondues sous le nom d’orchis bifolia L., trois espèces du genre platanthera, créé aux dépens du genre orchis, par Richard pére. Je vais les énumérer : 1° Platanthera bifolia. Richard, Reich. Centur., IX, icon. 1143. 3° Platanthera brachyglossa. Wallroth, Reich. Cen- tur., IX, icon. 1145. An var.montana. Dumortier, Florul. belgic.? 2° Platanthera chlorantha. Custor, Reich. Centur., IX, icon. 1145. {n var.virens. Dumortier, Florul. belqic.? La troisième espèce n’a été trouvée à ma connaissance qu’en Suisse, par Gaudin, qui l’a nommée orchis bifolia p. elatior floribus inodoris. Gaudin, Florul. helv., V, ‘pag. 425. C'est l’orchis virescens, Lollikoofer et Custor. Vide Gaudin, Florul. helv., V, pag. 497, in appendice. » Description d’une nouvelle espece du genre oxalis, par le même. (Voyez la planche.) OXALIS ZONATA Ne. « Scapis pubescentibus cylindraceis decem - quindecim - floris in umbellà dispositis; foliolis quatuor obcordatis supra glabris, bruneo-undulato-zonatis, subtus subglauco-pubescentibus ; sta- minibus intermediis (D. C.) stylis stamina longiora multo bre- vioribus. » Observation. Cette plante, d’un joli aspect, forme des gazons denses très-feuillés; ses feuilles sont longuement pétiolées ; la racine est assez grosse, fusiforme, quelquefois fourchue; elle est très-productive, s'élève à un ou deux décimètres, et produit, après sa végétation, une quantité ( 335 ) de bulbes qu'on arrache avant l’hiver pour la propager l’année suivante. Ses fleurs sont assez grandes, d’un rouge pâle aux deux tiers supérieurs et d’un vert jaunâtre strié inférieurement, à cinq pétales, souvent soudés à la base, beaucoup plus grands que les sépales, aigus. Sa capsule est couturée. Elle fleurit pendant trois mois et se mange comme l’oseille (rwmex acetosa L.) dont elle a le goût. « Cette plante provient, d'après ce qu’on m'a assuré, du cap de Bonne-Espérance; elle doit avoir été apportée en belgique par M. David de Francomont , confondue avec d’autres graines. Elle se cultive trés-bien en pleine terre et est une précieuse acquisition pour les jardins potagers. » Conchyliologie. — Le secrétaire présente de la part M. G. D. Westendorp, chirurgien à Bruxelles, une note renfermant la description d’une espèce de paludine que l’auteur regarde comme nouvelle. Les considérations sur lesquelles M. Westendorp se base sont les suivantes : « On sait que le genre paludine a été démembré par Lamarck des Cyclostomes, pour les espèces aquatiques que ce dernier genre renfermait. On sait aussi que M. Drapar- naud a décrit et assez mal figuré un cyclostoma simile dont il a négligé de faire connaître et l'animal et l’habi- tat, négligence à laquelle on peut attribuer le silence gardé a l'égard de cette "espèce, par Lamarck, Brard, Sturm et Pfeiffer, dont aucun ne la mentionne dans ses ouvrages. C'est à ce cyclostoma simile Drar., indiqué plus tard par Michaux sous le nom de paludina similis, que M. Kickx, auteur de la WMalacologie Brabançonne, crut devoir rapporter une paludine vivant dans les eaux claires et stagnantes des environs de Bruxelles et de Louvain, où elle se rencontre fréquemment, après sa mort, dans ces ( 356 ) fourreaux (1), citadelles flottantes , que se construisent les larves des phryganes. « Ayant eu l’occasion de se procurer depuis peu des échantillons authentiques de l'espèce de Draparnaud, re- cueillis aux environs de Montpellier et de Cette, M. Kickx s’est assuré que la coquille qu’il a appelée paludina similis mérite à tout égard d’être élevée au rang d'espèce distincte, qu’il m’a engagé à décrire, «ILest cerlain qu'à toute annonce d’une espèce nouvelle s'attache de nos jours une sorte de défiance légitimée jus- qu’à un certain point par l'excès que l’on a mis à les mul- tiplier. Mais il n’en est pas moins vrai d'autre part que celui qui est bien imbu de la subordination et de la valeur relative des caractères, et qui a eu préalablement recours à tous les moyens de vérificalion possibles, doit, dans l'intérêt de la science, qui serait condamnée sans cela à rester sta- tionnaire , faire connaître dans tous ses détails la produc- tion qu'il croit nouvelle. Afin. de mieux faire senlir les différences qui existent entre le cyclostoma similis Drar. el notre coquille, nous les décrirons comparativement et les ferons figurer toutes deux. De celte manière nous aurons en même temps l’oc- casion de rectifier ce que la figure donnée par M: Drapar- naud pour l'une d'elles a de défectueux. Quant au nom à donner à l'espèce, je ne puis mieux faire que de la dédier au naturaliste qui l'a décrite en premier lieu. (1) Les autres espèces que lon ytrouve le plus souvent, sont: Pa/udina impuraDr., Planorbis vortex Dr. nautileusFer. margenatus Dr.,contortus De., valvata obtusa Dr., crustata Muix. Lymneus minutus Dr., Cyclas cornea et Ancylus lucustris, qui, au reste, sont toujours disposées de ma- nière à avoir leurs ouvertures libres : ( 337 ) 1° Paludina Kickæii. Nos. Paludina similis. Kx. syn. non. Micu. Nos. fig. 1 a. b. Dracx. — Testa perforata, conoidea, albido-cornea : anfractibus superne planulatis, suturis valde im- pressis. Descripr. — Animal blanc à dos ponctué de noir, à tentacules cendrés. Coquille de 5 3 mill. de longueur sur 3 de hauteur et 4 de largeur : diaphane, mais souvent souillée. Spire de cinq tours dont le dernier forme près de la moilié de la coquille. Sommet plus ou moins obtus. Ouverture elliptique. Péristome simple. Opercule fermant exactement l'ouverture. Hasrre les eaux claires et stagnantes du Brabant et de la ‘province d'Anvers. 2° Paludina similis Mon. non Kx. Cyclostoma simile Drap. Nos. fig. 2 a. b. Dracn. — Testa perforata , ovata, fusco-virescente , anfractibus superne declivibus ; suluris distinctis. Descripr. — Animal noiraire à dos noir , à tentacules cendrés. Coquille de 3 ; mill. de longueur sur 2 3 de hau- teur et 3 de largeur , transparente , loujours plus ou moins souillée. Spire de 5 tours dont le dernier forme la moitié de la coquille. Sommet légèrement aigu , ouverture ovale. Péristome simple. Opercule plus ou moins enfoncé. Hasrre — Les sources et ruisseaux du midi de la France. « Ces descriptions prouvent que notre Paludina Kickæii est à la Paludina similis. Micx., ce que la Paludine Vivipare est à la Paludine Achatine; ou en d’autres termes que l'espèce nouvelle que nous venons d'établir diffère autant , el pas plus, des autres espèces du même genre que ces dernières différent entre elles : ce qui est en quelque sorte le contrôle de sa validité. » (338) EXPLICATION DE LA PLANCHE. (Elle sera donnée au prochain Bulletin). Fig. 1. a. Paludina Kickxii. ob. b. Le même operculé vu du côté de l’ouverture. Fig. 2. a. Paludina similis. Mich. b. Le même vu du côté de l’ouverture, Entomologie. — M. Wesmael présente la description suivante d’un nouveau genre d'insectes coléoptères, de la famille des Xylophages , tribu des Bostrichins. Genre Anommate. Antennes de dix articles , termi- nées par une massue solide et glo- buleuse formée du dernier ; premier article plus gros que le second. Dernier article des palpes maxil- laires ovoïdo-conique, tronqué au bout. Mandibules bifides à extrémité. Tête sans cou distinct, Pas d’yeux distincts. Corselet en carré long, rebordé, de la largeur des élytres, appliqué entièrement contre leur base. Pas d’écusson. Élytres arrondies à l’extrémité, couvrant tout l’abdomen , soudées. Pieds épais; jambes élargies et denticulées vers l’extrémité; quatre articles aux tarses, tous entiers, les trois premiers très-courts , le der- nier long. GENUS ANOMMATUS, Antennæ decem articculatæ, ab- rupte clavatæ , clava solidu ex ul- timo articulo globoso constante ; ar- ticulus primus secundo crassior. Palporum maxillarium articulus ultimus ovoido-conicus , apicetrun- cutus, Mnndibulæ apice bifidæ. Caput absque collo exserto. Oculi non distinct. Thorax (1) elongato -quadratus, marginatus, elytrorum latitudine, corumque basi arcte applicatus. Scutellum nullum. Elytra apice rotundata, anum tegentia , connuta. Pedes validi, tibiæ apicem versus dilatatæ et denticulatæ ; tarsi qua- driarculati, integri, tribus priort- bus brevissimis , ultimo longo. « Ce que l’insecte qui est le type de ce genre, offre de plus (1) J’emploie encore ici le mot #horax dans l’acception la plus ordi- naire chez les coléoptères , c’est-à-dire comme synomyme de prothorax. Bulleteres te d'Evene. f'lanche Z Tome IL. f A Ve Ye #’ te SATA LA loue % lue 2)0, ‘ 0 __( Voye l'uge D00 ré Severeiyns. Lilh À Eur nf Pas er à (339 ) extraordinaire , c’est le manque d’yeux , dont je n’ai pu aper- cevoir la moindre trace. Du reste, par l’ensemble de ses caractères , il appartient évidemment à la famille des xylo- _ phages, et doit être placé entre les rhyzophages et les céry- lons. Il s'éloigne des uns et des autres par le manque d’yeux et d’écusson; ildiffére en outre des cérylons par son corselet qui est rebordé latéralement, et des rkyzophages ; par la forme du dernier article des palpes maxillaires, qui est plus long et plus aminci vers le bout, et par la longueur des élyires qui recouvrent l'abdomen jusqu’à l'extrémité. » La seule espèce qui me soit connue est : L' Anommate terricole. — ANOMMATUS TERRICOLA. Testaceus, pilosulus, capite et thoruce vage, elytris serie punclatis. à di. » Ce petit insecte est de forme cylindrique un peu dépri- mée. Il est entièrement de couleur testacée. La tête et le cor- selet sont couverts de points enfoncés épars. Le corselet pré- sente, de la base à l'extrémité, un espace médian, linéaire, tout-à-fait lisse, Les élytres ont six rangées régulières de points enfoncés. Chacun de ces points, ainsi que ceux de la tête et du corselet, donne naissance à un petit poil vertical. » Je dois la connaissance de ce singulier coléopière à M. Robert qui l'a découvert à Chenée près de Liége, et qui a eu lacomplaisance de m’en envoyer plusieurs individus, en accompagnant cet envoi de renseignemens curieux sur leurs habitudes. Pour se procurer ces petits insecles , il met des planches sur la terre légèrement remuée, et bientôt ils To. 1. 25 ( 340 ) viennent se placer à la face inférieure de celles - ci. Ayant étendu des planches sur le gazon d’une prairie, il n'en a pris aucun; mais ayant Ôté le gazon, il n’a pas tardé à en prendre plusieurs, d’où il suit, comme le dit M. Robert, qu'ils sortent bien réellement de terre. On conçoit donc que la nature a pu, sans se montrer trop injuste, refuser l’organe de la vue à des êtres destinés à mener une vie toule souterraine. De pareilles habitudes sont sans doute assez extraordinaires de la part d’un xylo- phage, mais elles ne suffisent pas pour faire exclure de cette famille un insecte qui y appartient par tous les traits de sa conformalion. D'ailleurs des exemples d’anomalies analogues ne sont pas rares : ainsi, une espèce de sylvain (que je crois inédite) se trouve constamment sous les pier- res; parmi les carabiques, les dromies vivent sous les écorces; quelques amares grimpent sur les tiges des gra- minées pour en dévorer les grains; le bouclier à quatre points (silpha-4-punctata) ne se rencontre jamais dans les chairs putréfiées comme ses congénères, mais toujours dans les taillis sur les chênes, etc., etc. » EXPLICATION DE LA PLANCHE, (Elle sera donnée avec le prochain Bulletin.) Fig. 1. a. L’anommate terricole grossi, b. Sa grandeur naturelle, — À. Une antenne très-fortement grossie. — 3, Un palpe maxillaire, — 4, Un palpe maxillaire de rhysophaye. (34) Chimie. — L'Académie avait reçu, dans sa séance du 17 janvier dernier, une lettre de MM. L. De Koninck et J. S. Stas de Louvain, sur une nouvelle substance orga- nique que ces jeunes chimistes avaient nommée Phlo- ridzine (Voy. Bulletin n° 1). M. De Koninck ‘adresse aujourd’hui à l'Académie un mémoire sur les propriétés et la composition de cette substance; ce travail est dédié à M. Van Mons, son ancien professeur. L'auteur qui voyage en Allemagne , a trouvé moyen de continuer ses recherches par l’obligeance de M. Mitscherlich qui a bien voulu mettre à sa disposition et son laboratoire et ses instrumens. Commissaires MM. Dehemptinne, Cauchy et M. Van Mons. Histoire. — M. Le baron de Reiffenberg annonce la premiére partie d’une chronologie historique des sires de Diest. Cette chronologie commence en 1130, et entre autres documens contient la charte de commune de a ville de Diest. Cette pièce inédite remonte à l'an 1228. M. Quetelet annonce un travail sur les températures de la terre observées à Bruxelles. On procède ensuite à l’élection d’un correspondant dans la classe des letires ; et M. S. Vandeweyer, ministre pléni- potentiaire à Londres, sur la proposition précédemment faite par les commissaires pour la formation des listes des candidais, a élé nommé à l'unanimité. Le secrétaire dépose sur le bureau le 9° volume des Vou- veaux Mémoires qui vient de paraître, en même temps que le 10° volume des Mémoires couronnés par l’Académie. Le 9° volume des Nouveaux Mémoires contient les écrits suivans : De la classification des connaissances humaines , par M. J.-J. D'Omalius d'Halloy ; ( 342 ) Essai carpographique présentant une nouvelle clas- sification des fruits, par M. B.-C. Dumortier; Notice sur le genre maelenia de la famille des Orchi- dées, par le même; Observations météorologiques faites, en 1834, à V'ob- servatoire de Bruxelles, par M. A. Quetelet; Essai sur la statistique ancienne de la Belgique , par M. le baron de Reïffenberg. | Mémoire sur les tilleuls d'Europe, par M. R. Courtois, correspondant ; Monographie des Braconides de Belgique, par M. Wesmael, correspondant. Le 10° volume des Mémoires couronnés contient un Mémoire sur les chlorures d’oxides, par M. Martens; Un Mémoire sur les troubles de Gand en 1540, par M. Steur; Un Mémoire sur l'établissement des communes en Flandre, écrit en hollandais par M. J.-J. Van Hees Van den Tempel; Un Mémoire sur les monnaïies depuis 1500 jusqu’en 1621 , écrit en hollandais , par M. Grœbe. M. le directeur, en levant la séance, a fixé au sa- medi 7 novembre, l’époque de la prochaine réunion. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Atti della reale accademia delle science di Napoli. 3 vol. in-4° formant les tomes I et IL. Naples, 1819—25. Ragquagli de Lavori accademici per gli anni 1826, 27, 28 et 29. 3 brochures in-4°. Mémoires de la société géologique de France, tom. E°", 2° partie, in-4°. 1834. ( 843 ) Mémoires de la société de physique et d'histoire nu- turelle de Genève, tom. VII, 1° partie, in-4°. 1835. Commission royale d'histoire, extrait du procès-verbal de la séance du 20 août 1835 , 4° bulletin. Petit cours d'astronomie ou courte exposition du vrai système du monde, ete., par Demonville, 1 vol. in-8c. Paris, 1835. Coup d’œil sur la génération , la circulation du sang, la respiration, ete., par Demonville, broch. in-8°. Paris, 1835. Bulletin de la société de médecine de Gand, feuilles 6,7et8. De la part de M. le Ministre de l’intérieur : 1° Encyclographie du règne végétal, n° 15 à 20. 2° Encyclographie des sciences médicales, tom. XXIX à XXXIL | | 3° Revue belge, Liv. 4 à 8. Discours prononcés à l’occasion de la distribution des prix au salon de 1835, de la part de M. Cornelissen. An accurate and descriptive account of ten pièces of sculpture in wood , chef d'œuvre of P. Fandermeu- len, etc., by M° N. Cornelissen, broch. in-8°. Gand, 1835. Observations sur le genre Leiodina et sur l’établisse- ment d'un genre nouveau de Kinia, parmi les animal- cules microscopiques, ete., par M. Ch. Morren, broch. in-8, Notice sur le village d’'Esne, en Cambresis, par le docteur Leglay, broch. in-8°, Cambrai, 1835. Documens statistiques sur la France, publiés par le Ministre du commerce, 1 vol. in-4°, De la part de M. Mo- reau de Jonnés. s Énumération des plantes , recueillies par M. Bové ( 344 ) dans les deux Arabies, la Palestine, la Ed et lÉ- gypte, par M. J. Decaisne. Relation abrégée d'un voyage botanique en Égypte, dans les trois Arabies, en Palestine et en Syrie ; par M. Bové. Observations sur les cultures del É gypte, par le même, broch. in-&. Journal de la société de la morale chrétienne, n° 1,2 et 3,tom. VIIL. | Institute of british architects. Adress and requlations — Questions upon various subjects , 2 brochures. Nouveau dictionnaire françuis-flamand et flamand- français à l’usage des commençans , par l'abbé Olinger, 2 vol. in-8°, à Malines chez P.-J. Hanicq, 1835. Manuel des antiquités romaines , par Alex. Novent, 1 vol. in-18, Bruxelles, 1834. Dictionnaire des terminaisons grecques, suivi de frag- mens de grammaire sur cette langue, par Gh. Tandel, 1 vol. in-18, Bruxelles, 1834. La mal S'-Lambert — La mal S'-Jacques — De la souveraineté indivise des évêques de Liége et des états- généraux sur Maestricht, avec trois aut-es notices extraites de la ÆRevue belge, par M. Polain, archiviste à Liége. Dictionnaire des sciences mathématiques pures et ap- pliquées , par une société d'anciens élèves de l’école poly- technique , sous la direction de A. S. De Montferrier , tom. Ie, Paris, 1835. Notice sur les institutions gallo-frankes , 420—752, par M. Tailliar, conseiller en la cour royale de Douai , bro- chure in-8°. 1835. Mémoire sur la meilleure proportion entre la hauteur ( 345 ) et le diamètre d’une cheminée, etc., par P. E, Morin, ingénieur des ponts et chaussées , broch. in-8e, Arbres fruitiers , leur culture en Belgique , etc. par J.-B. Van Mons, membre de l’Académie; tom. er, in-12. Louvain, 1835. Observations sur la flore du Japon, par MM. Morren et J. Decaisne, 2 broch. in-8°. ERRATUM POUR LE SEPTIÈME NUMÉRO. Page 261 , ligne 10, Ze rare Jacques Sirmond , lisez le père. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1835. — N° 10. Séance du 7 novembre. M. le baron de Stassart , directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. Le secrétaire donne lecture d’une lettre de M. S. Vande- weyer, Ministre plénipotentiaire de S. M., à Londres, qui remercie l'Académie de l'avoir porté au nombre de ses cor- respondans , et qui promet la communication de recherches ralenties, mais non interrompues, par d’autres occupations. Il est également donné lecture d’une lettre par laquelle M. Roberton , secrétaire adjoint de la société royale de Londres, annonce l'envoi de diverses publications de socié- tés savantes d'Angleterre. Ces ouvrages sont arrivés depuis et seront annoncés au Bulletin. M. H. Nyst, fils, écrit à l’Académie pour lui communi- quer le supplément suivant à sa note sur le nouveau genre trigonocælia qu’il a établi avec M. Galéotti. «Depuis la création de ce nouveau genre annoncé au Bul- Tom. 11. 26 ( 348 ) letin de l’Académie, pour le mois d'août de celle année, nous avons continué nos recherches, et nous sommes parvenus à reconnaître que nous pouvions encore augmenter le nom- bre des espèces de ce genre, de deux, qui entreraïent dans la coupe des pétonculacés, immédiatement après l'espèce n° 3 denotre mémoire précédent ; ces deux espèces nous prouvent encore plus, que l'établissement de ce genre était néces- saire; l’une des deux étant nouvelle, elle a été décrite dans le Supplément du mémoire sur la géologie de la pro- vince du Frabant, par M. Galéotti, couronné cette année par l’Académie royale. TRIGONOCÆLIA. N° 5 a. TRiG. NANA. Pecruxcuzus nanus, Desh., Coq. fos. des env. de Paris,tom. I, pag. 226, pl. 36, f. 4, 5, 6. Localité. — Les environs de Paris, Grignon, Parnes, Mouchy, Vivray. N° 5 b. Tic. Lima. Galéotti, sup. du Mém. de la prov. du Brabant (manuscrit). Localité, — Jette, dans les énvirons de Bruxelles. » COMMUNICATIONS. Paléonthologie. —L'Académie, informée que:des osse- mens fossiles ont été trouvés dans les localités actuellement parcourues par le chemin de fer, a résolu de prier M. le Ministre de l'intérieur de vouloir bien faire rechercher ces débris organiques; qui sont du plus haut intérêt pour l’é- tude dela constitution géologique du royaume. (349 ) Statistique. — M. Quetelet communique à J'Académie les résultats du recensement qui vient d’avoir lieu à Bruxelles, et qui porte à 102,702 le chiffre de la popula- tion, sans y comprendre la garnison, qui compte de 2 à 3,000 hommes. Cette population est divisée de la manière suivante : ire section. . . . , . . 14,000 âmes. Mi Tien Giiius 0 vu 2D 1 ROMDO: fe 3e — LAS sell ee LR TMD te 4e — PE RER PE 8,835 — 5e — A A AT AMEARES à À. Me 6e — sERTIAU LUS ESS LRO NE EN AE RG PACES à 4 AT Moine vin Wie TorTaz. . . 102,702 âmes. D'après les registres de l’état civil, on a aussi compté en 1834: 4,230 naissances, donc 1 naissance par 26 habitans. 3,862 décès, 1 décès par 29 — 1,092 mariages, 1 mariage par 100 ii 8 divorces. Avant le recensement , l'on ne portait qu’à 94,000 âmes environ le chiffre de la population de Bruxelles; M. Que- telet pense que le chiffre actuel est encore trop faible, et dans le calcul précédent , il a cru pouvoir le porter à 110,000 âmes, en y comprenant la garnison. Il appuie ses conjectures sur la considération du nombre des naissances, des décès et des mariages, qui placeraient Bruxelles dans une position plus défavorable que la plupart des grandes villes de l'Europe, comme il l’a déjà fait voir dans son Essai de physique sociale. | convient cependant de re- marquer que le nombre des décès, dans une grande ville, ( 350 ) s'accroît toujours de celui des décès de personnes étran- gères qui viennent augmenter le nombre des morts dans les hôpitaux , ou qui ont été appelées par l'espoir d'obtenir des secours plus efficaces des gens de l’art. Botanique agricole. — M. Morren, correspondant de l'Académie, montre à la compagnie un tronçon de quarante pieds d’une racine de garance, qui en avait plus de soixante- douze dans son intégrité. Elle a de sept à neuf lignes de dia- mètre ; les entre-nœuds ont huit pouces de longueur, et les fibrilles qui partent des nœuds sont aussi grosses que le pi- vôt principal des garances ordinaires. « La racine présentée à l'Académie vient du Levant, et a été envoyée à MM. Ver- plancke de Gand. Tous les Mcitiouts conviennent que la garance venue de semis, est plus forte que celle venue de rejetons. La longueur et la grosseur de cette racine extraor- dinaire ne feraient-elles pas soupçonner que de la graine recueillie au Levant produirait chez nous une garance plus développée en racines que celle employée jusqu’à ce jour ? Et le Gouvernement qui protége cette culture naissante, ne pourrait-il pas faire distribuer de cette graine ? on intro- duirait en un mot, dans la culture de la garance, un sys- tème analogue à celui qu’on emploie dans le sémis du lin, puisqu'on sème de préférence, pour ce dernier , la graine de Riga. » Physiologie végétale. —M. Morren donne aussi lecture de la note suivante : « Dans un terrain trés-fertile, où les plantes abondent, si elles se touchent, elles se compriment mutuellement et s’entregreffent quelquefois. Il est bien rare qu’elles se percent les unes les autres. Cependant, ce cas arrive, mais alors le phénomène se fait de deux manières. Dans l’une, on voit lé végétal, croissant très-vile, enve- lopper un autre végétal en laissant autour de lui un canal ( 351 ) par lequel il passe. Cest le cas du pol/yporus versicolor qu'on trouve si souvent traversé par des brins d’herbe, . des tiges, des feuilles , etc. Ce n'est point le corps étranger qui perce le champignon, mais c’est celui-ci qui enclave celui-là. On voit l’'hymenium entourer, sous forme de tubes plus ou moins longs, la plante qui passe par lui, fait qui prouve encore que cet organe croit long-temps après la partie supérieure du chapeau, qui jamais n’accompagne au- dessus le corps étranger. Cette partie supérieure croît hori- zontalement, maïs sans force ascensionnelle ; l'hymenium croît de haut en bas. Il est évident que dans ce cas le corps étranger joue un rôle passif, et c’est la plante percée qui l'a entouré par l'effet d’une soudure, non avec lui, mais entre ses propres parties. » Dans la seconde manière qu’emploient les plantes pour en percer d’autres , et c’est celle propre à quelques phané- rogames , on trouve de part et d’autre un rôle actif: une ac- tion directe de la part du végétal qui perce et une action de résistance de la part de celui par lequel le premier.tend à passer d'ordinaire, c’est cette seconde force, force végé- tative et de vie, qui l'emporte, et la plante dont la racine ou la tige arrive contre une autre plante, se détourne et vire de bord; mais le contraire a lieu, et je citerai, comme exemple, un tubercule de pommedeterre traversé d’outre en outre et sans qu’il y ait eu de trou ou de cavité antérieure ment creusé, d’un rhizome de triticum repens. Gelui-ci a rencontré le tubercule où il avait quatre centimètres et demi d'épaisseur , et au lieu de se détourner de sa marche, il a percé le tubercule en ligne droite. À deux centimètres de distance, dans l’intérieur du tubercule, le rhizome à poussé ses racines d’un nœud, comme d'ordinaire, mais ces racines ne se sont pas répandues dans la masse du tu- ( 352 ) bercule , comme le feraient celles d’une plante parasite. Les filets radicaux ont longé le rhizome qui était entouré, sur toute l'étendue contenue dans le tubercule, d’une couche branâtre formée au détriment de la fécule envi- ronnante et de l'écorce même du triticum. » Je ne sache pas qu’on ait jamais cité un fait tete dans l’histoire des racines. » Biographie. — M. Cornelissen présente à l’Académie un exemplaire d’un écrit intitulé : Quelques souvenirs autour d’un tombeau ; donne en même temps quelques détails biographiques sur M. Jean Henri Mussche, jardinier en chef du jardin de l’université de Gand, et sur les ser- vices que ce botaniste instruit et laborieux a rendus à ce jardin et à l’horticulture en général, pendant 35° ans. L’épée de François I* à Pavie. — M. le baron De Stassart dépose la note suivante, qui lui a été adressée par M. le baron De Reiffenberg. « J'entends dire tous les jours que les études historiques font des progrès merveilleux, et tous les jours les erreurs les plus grossières, même sur les faits les mieux avérés, sont mises en circulation. En voici un nouvel exemple : M. Casimir Delavigne vient de faire représenter au Théâtre Français un drame intitulé : Don Juan d'Autriche. Plusieurs journaux ont prétendu que ce célèbre écrivain n'avait pas le droit de produire un effet de scène avec l'épée de François Ie", laquelle, suivant eux, n’a jamais été au pouvoir de Charles-Quint, qui n’a pu, par conséquent, en faire présent à don Juan d'Autriche. Cette critique, répétée par le Courrier Français, et qui n’est pas d’une grande solidité sous le rapport liltéraire, pèche encore davantage sous le point de vue historique. Car on sait que François Le", au moment d’être tué par Diégo d’Avila et ( 358 ) Juan d'Urbiéta, fut sauvé par un Français appelé La Mothe de Noyers, qui le reconnut et l’exhorta à se rendre au duc de Bourbon, mais le roi répondit qu’on appelàt Charles de Lannoy, sire de Maingoval. C'est à lui seul qu’il con- sentit à remettre son épée. Ge trophée fut déposé à Madrid dans l’Ærmeria royale. Mais le 4 août 1808, elle en fut tirée par ordre de Ferdinand VIT, qui venait de monter sur le trône, en vertu de l’abdication de Charles IV, et remise avec solennité à Murat, alors grand-duc de Berg, par le duc d’Astorga, grand-écuyer de Sa Majesté Catho- lique. C'est ainsi qu’elle est revenue à la France et qu’elle a été déposée au Musée d'artillerie. Un littérateur ingénieux et instruit, M. Arthur Dinaux, en visitant l'arsenal de Madrid, demanda à voir celte épée, le gardien avoua, la larme à l'œil, qu’on l'avait rendue aux Français. Des étriers et des éperons, qui paraissent avoir fait également partie des dépouilles de François [°, ont été conservés jusqu'à ces derniers temps dans la famille de Lannoy, en Espagne, d’où ils sont passés dans le cabinet de M. du Sommerard à Paris. «Le premier qui commença à désarmer le roi, dit Brantôme, fut Diégo d’Avila, qui lui ôta ses gantelets, et les autres qui étaient près de lui, lui arrachèrent sa cotte d'armes... la déchirérent et mirent en cent pièces, à qui en aurait une pièce ou un morceau. Les uns lui ôtérent la ceinture, les autres les éperons; bref, un chacun tâcha à avoir quelque part de sa dépouille, quoi qu'il fût, les uns pour en faire montre et parade, en signe de gloire et de triomphe, et les autres pour en demander récompense et loyer. » — Aprés la lecture de la notice précédente, M. Marchal ajoute qu’il a vu un grand nombre de fois à l’ancienne chambre de Bruxelles, pendant les dernières années du gouvernement autrichien , de 1792 à 1794, le bouclier de ( 354 ) François I. Ce monument du règne de Charles-Quint et beaucoup d’autres relatifs à l’histoire de nos provinces, parmi lesquels se trouvent les riches et magnifiques robes du grand maître de la Toison-d’Or, furent embarqués au canal de Bruxelles, transportés à Wezel et de là à Vienne en Autriche. — M. Roulez présente à l’Académie une médaille qu'il croit romaine, et dont les empreintes sont totalement effa- cées; cette médaille a été trouvée à Poulseur, sur les lieux où l’on a trouvé également le busie en bronze décrit dans le Bulletin n° 5 de cette année. LECTURES. Météorologie. — Il est donné lecture du rapport de MM. Thiry et Quetelet sur le mémoire présenté par M. Cra- hay à la séance du 4 juillet dernier, concernant les instans du maximum et du minimum de hauteur diurne du baro- mètre aux différentes saisons (voyezle Pulletin n° 7, 1835). Le mémoire de M. Crahay sera imprimé dans le recueil de _ l'Académie, conformément aux conclusions de MM. les commissaires. Physique. — M. Quetelet lit la première partie d’un mémoire de sa composition swr les variations diurnes et annuelles de la température, et en particulier de la tem- pérature terrestre à différentes profondeurs , d’après les observations faites à l'Observatoire de Bruxelles. Avant de faire connaître ses propres observations, l’auteur expose les résultats auxquels sont parvenus le peu de physiciens qui se sont occupés de rechercher la marche des tempéra- tures à l’intérieur de la terre, et de déterminer les deux cou- ches où cessent de se manifester les variations diurnes et an- nuelles du thermomètre. « Si les observations suivies des températures Lerrestres sont rares , celles faites à différentes ( 359 }) hauteurs dans l’atmosphère le sont bien plus encore ; Fon peut dire même qu’on ne connaît à peu près rien sur les va- riations diurnes et annuelles des températures à différentes hauteurs ; on ignore encore s’il existe des couches où ces variations cessent de se manifester. Il serait intéressant au moins de rechercher si les limites des variations se resser- rent en s’élevant dans l'atmosphère, et de tâcher de recon- naître où se trouvent les couches dans lesquelles les va- riations diurnes et annuelles ont le plus d'intensité. Ce sont des problèmes curieux de la physique du globe qui sont restés jusqu’aujourd’hui sans solution. » A la suite de ces considérations générales, l’auteur pré- sente les résultats des observations faites en Belgique sur les températures au-dessus du sol. Quant à la variation diurne, elle n’a été constalée par aucune série connue d'observations horaires du thermomètre ; la seule dont M. Quetelet ait pu faire usage, est celle qu'il a faite à l'Ob- servaloire, au mois de janvier 1834, en correspondance avec les observations météorologiques horaires que faisait en même temps M. Hudson, à la société royale de Londres. Le tableau suivant renferme les moyennes des résultats. HEURES. MATIN. SOIR. MOYENNES des heures homonymes. — — — | a 90.96 cent. pan 2 Fe 10,08 ph 3 ke 9.80 Lis 4 Dee 9.50 Lis 5 80,02 cent. 9.29. 80,65 cent. 6 8.12 8.93 8.52 7 8.20 8.39 8.29 8 8.45 8.14 8.29 9 8.58 7.85 8.36 10 9.22 7.71 8.46 11 9.58 7.52 8.55 12 9.82 ae _ ( 356 ) Le thermomètre avait donc atteint son point le plus élevé vers 2 heures de l'après-midi, et son point minimum avant cinq heures du matin. En considérant, avec M. de Humboldt, la moyenne ten- pérature des heures homonymes comme moyenne tempé- rature de la journée, on aurait 8,47 ; d’où suivrait. que le thermomètre était à sa hauteur moyenne un peu après huit heures du matin et avant sept heures du soir. Si l’on considère les variations annuelles du thermo- mètre, et si l’on cherche d’abord le jour le plus chaud et le jour le plus froid de l’année, on trouve les résultats suivans, en faisant usage de tous les documens recueil- lis dans ce pays, et que M, Quetelet a présentés dans son Aperçu historique de la météorologie en Belgique. SÉRIES D’OBSERVATIONS, ra à ; NTINLIM LUI, MAXIMUNT « De 1763 à 1788... .. 17 janvier. 20 juillet. De 1800 à 1834. . . . . 14 janvier. 21 juillet. Moyenne. . . . 15 janvier. 20 juillet. « Ces résultats s’accordent fort bien entre eux, et ils ne sont pas moins bien d'accord avec les résultats auxquels est parvenu M. Kæmtz, dans son Traité de météorologie. En faisant usage des meilleurs documens recueillis en Eu- rope, ce physicien a trouvé que le jour le plus froid est le 14 janvier, et le jour le plus chaud le 26 juillet. » En recherchant si notre climat doit être rapporté aux climats constans, variables ou excessifs (1), on ne trouve (1) L'on sait qu’on désigne ainsi les climats, selon que la différence des températures du mois le plus chaud et du mois le plus froid de l’an- née , est plus ou moins grande, ( 357 ) pas un accord moins satisfaisant entre les observations de ce siècle et celles du siècle précédent. En réunissant en effet les résullats des observations, qui semblent mériter le plus de confiance, on trouve : TEMP. MOY. TEMPÉRAT, DU MOIS de l’année. le plus chaud. le plus froid. PIE — — — ne D’après l'abbé Mann. . . 10°.50 200,25 0.62 190.63 ea) M. Kickx . . . . 10.63 20.60 1.30 19.30 pin M Crahay. . . . 10.88 20 23 0.70 19.53 Moyennes . . . . . 10.67 20 36 0.87 19.49 » D’après ces résultats , notre climat devrait être rangé parmi les climats variables avec une tendance à se rappro- cher des climats excessifs. » Chimie. — Rapport sur un mémoire relatif à la phlo- ridzine, présenté par M. De Koninck. (Commissaires MM. Cauchy, Van Mons, et Dehemptinne, rapporteur.) « À la séance du 17 janvier, il a été donné lecture à la compagnie , d’une lettre par laquelle MM. De Koninck et J. S. Stas, annonçaient qu'ils venaient de découvrir dans l'écorce du pommier, du poirier, du prunier et ceri- sier sauvages, une nouvelle substance organique à laquelle ils donnaient le nom de phloridzine. Depuis lors M. De Koninck a continué ses expériences, et c’est le résultat de son travail qu’il présente maintenant dans son mémoire. » Le nom de phloridzine, tiré de deux mots grecs olous, écorce, px, racine, a été choisi par ces messieurs parce qu’ils ont extrait leur nouvelle substance de la partie cor- ticale des racines, et l’auteur du mémoire présenté à l'Académie, en a changé la terminaison en ine, comme plus conforme, dit-il, à la nomenclature adoptée pour les substances analogues. ( 358 ) » La phloridzine pure est d’un blanc mat, ordinairement cristallisée en aiguilles soyeuses; mais on peut l'obtenir, par une cristallisation lente et bien dirigée, en aiguilles longues, plates et larges, d’un aspect nacré. Sa saveur, dit M. De Koninck, est d’abord légérement douceâtre qui se change bientôt en amertume et devient astringente peu après. Le rapporteur n’est pas sur ce point d'accord avec l'auteur. Il n’a trouvé dans la phloridzine pure qui lui a été remise, qu'une légère amertume, non précédée d’une saveur douceâtre, mais accompagnée de celle-ci et sans être suivie d’astringence. D’après les expériences de l’au- teur, la phloridzine est très-peu soluble dans l’eau. De 0 à 22 degrés, ce liquide n’en dissout qu’un peu plus d’un millième de son poids, mais cette solubilité va en aug- . mentant avec l'accroissement de température. À 50 degrés l'eau en dissout déjà une quantité assez considérable, et à 100 degrés elle la dissout en toute proportion. La phlorid- zine dissoute à chaud, se cristallise par le refroidissement du liquide, et si la solution est bien concentrée, la quan- tité de cristaux qui se forment est si grande que le tout paraît former une masse solide, et on peut même ren- verser la vase sans que l’eau s’en échappe. » À la température ordinaire , l’alcohol dissont mieux la phloridzine que l’eau ; mais lorsque les deux liquides sont arrivés à leur point d’ébullition, la différence cesse, car ils la dissolvent alors tous les deux en toute proportion. » L'éther froid, de même que l'éther bouillant, dissol- vent peu de phloridzine, et les trois solutions dont nous venons de parler sont sans action sur la couleur des papiers réactifs. » Séchée à la température ordinaire de l'atmosphère, la phloridzine retient encore environ 7,00 d'humidité ; ( 359 ) mais si on la chauffe jusqu’à 100 degrés dans un air sec renouvelé, elle abandonne cette eau, et dès qu’elle en a été privée, elle ne la reprend pas, même lorsqu'on l’ex- pose à un air humide. » Chauflée au delà de 100 Re elle se fond peu à peu suivant que la température augmente; à 177° elle _bout et à 197° elle se décompose en donnant naissance à une petite quantité d'acide benzoïque qui se sublime. » Les acides sulfurique, nitrique et hydrochlorique con- centrés décomposent la phloridzine, les acides sulfurique et hydrochlorique faibles et l'acide acétique concentré la dissolvent sans lui faire subir aucun changement. Les alcalis précipitent la phloridzine de sa solution dans l'acide acétique concentré. » L’ammoniaque liquide et les solutions des autres alcalis caustiques dissolvent la phloridzine sans altération, et celle- ci est précipilée de ces solulions par tout acide qui s’em- pare de la base alcaline. » Le deuto-sulfate de fer colore la solution de phloridzine en brun foncé et y produit un précipité d’un jaune d'ocre. Le proto-sulfate, au contraire, n'altère pas sa couleur. Ea phloridzine pourrait ainsi, suivant la remarque de l’auteur, être employée comme un trés-bon réactif pour décéler la présence de ce dernier. » La phloridzine enlève une partie de l’oxide de plomb à l’acétate , et transforme ainsi le sous-sel métallique en sel neutre. Le précipité formé est regardé par l’auteur comme un phloridzate de plomb. L'auteur énumère beaucoup d’au- tres propriétés de la substance qu'il serait trop long de détailler ici. » L'analyse de la phloridzine sèche, faite par M. De Koninck, lui a-donné pour moyenne : ( 360 ) PAR L'EXPÉRIENCE. PAR LE CALCUL. Carbone .° :°. . . . 51,0475 51,368 Hydrogène , . . . . 5,6695 5,393 Oxigène . . .. . . . 43,2830 43,219 » La première expérience avait donné : 50,905 carbone. 5,569 hydrogène. 43,526 oxigène. » La deuxième : 51,190 carbone. 5,770 hydrogène. 43,040 oxigène. » L'auteur a trouvé comme principes constituans de la nouvelle substance 14 atomes carbone, 9 oxigéne et 18 hydrogène. » On obtient la phloridzine par deux procédés, dont l’un consiste à faire subir aux écorces fraîches une décoction aqueuse et l’autre une infusion alcoholique. Pour opérer par la première méthode, on recouvre ces écorces d’eau, on fait bouillir pendant 4 ou 5 heures et on décante le liquide dans un vase convenable. » Le résidu est soumis, avec de l’eau pure, à une nou- velle ébullition de deux heures, et le produit est décanté dans un second vase, Après 24 ou 36 heures de repos, la phloridzine sera déposée sur le fond et les parois des deux vases, en cristaux grenus plus ou moins bruns. » Dans la seconde méthode, l'écorce fraîche est recou- verte d’alcohol faible et soumise à une température de 50 à 60 degrés pendant l’espace de 7 à 8 heures, et cette in- fusion est renouvelée une ou deux fois avec de l’alcohol nou- veau. Toutes ces teintures sont ensuite réunies pour en retirer l’alcohol par la distillation. Après 24 heures de repos, on retire la phloridzine qui est plus abondante et moins (361) colorée que dans le premier procédé. Les eaux méres de ces deux opérations donnent une nouvelle quantité de phloridzine par leur évaporation. Le procédé par l’eau fournit 3 p. °. de phloridzine, et celui par l’alcohol en donne cinq; ces quanlités correspondent à 9 et 15 p. °7, d’écorces supposées sèches. » L'expérience a démontré à l’auteur que la phloridzine se trouve dans:les écorces susdites en rapport inverse avec la matière colorante. C’est ainsi que la racine du cerisier, qui contient beaucoup de matière colorante, donne peu de phloridzine, et que celle du pommier, au contraire, qui en contient le moins, est la plus riche. Dans les procédés d’exiraction, on a recommandé de prendre des écorces frat- ches, parce que l’auteur a trouvé que les sèches ne don- naient point ou que très-peu de phloridzine. Ce fait nous pa- raît d’une importance assez grande pour engager l’auteur à chercher si cet effet provient de la disparition de la phlo- ridzine, ou s’il est dû à une combinaison que contracterait cette sileues par la dessication de la racine et qui ai BE cherait son extraction. » L'auteur a également retiré de la phloridzine de l'é- corce, du tronc et des branches, et même des feuilles des végétaux qui ont fait l'objet de ses expériences, mais elle s'y trouve en quantité infinement plus faible que dans l'écorce de la racine. » Les expériences que l’auteur a faites l'ont décidé à placer la nouvelle substance dans la classe des produits organiques appelés indifférens. » En résumé, M. de Koninck, en augmentant le nombre des produits immédiats des végétaux, a déjà bien mérité de la science; mais si, comme le fait espérer l’auteur dans son mémoire , la phloridzine peut entrer dans la catégorie (- 362 ) des fébrifuges précieux, et rivaliser d'utilité avec le sulfate de quinine, sa découverte méritera une considération toute particulière. » En attendant que l’expérience médicale ait prononcé, la commission propose à l’Académie d'adresser des remer- cîimens à l’auteur pour son intéressante communication, et aussi pour l’engager à multiplier les expériences qui doi- vent fixer l'opinion des praticiens sur le nouveau produit. » Ces conclusions sont adoptées. — M. Le professeur Van Mons adresse à l'Académie un mémoire écrit en Hollandais, par M. Koene, pharmacien à Gand, et annonce que « L'auteur a trouvé que, dans l'opium, la base speudoalcaline sur laquelle son mémoire roule en majeure partie, est combinée avec de l'acide acétique. Le travail est précédé de considérations sur le principe qu’on peut supposer alcaliser les bases orga- niques, et sur la nature de l’engagement qu'il y contracte pour les faire agir comme alcalis. » Commissaires MM. Kes- teloot et Van Mons. Paléonthologie. — M. le docteur Schmerling, correspon- dant de l'Académie, fait parvenir un mémoire sur les ossemens fossiles à l'état pathologique, qu'il a recueillis depuis quatre ans dans les cavernes de la province de Liége. L'auteur fait observer que, dans les dépouilles si nombreuses de ces races primitives, la majeure partie ne nous esl connue qu’à l’état normal. Une nouvelle étude doit donc venir prendre place à côté de celle qui est déjà si vaste, pour faire utilement marcher de front tout ce qui se rapporte à l’histoire et à la structure de notre globe. Les ossemens malades que l’on rencontre parmi ces fossiles méritent en effet de fixer toute notre attention. D'abord, il est probable que beaucoup de ces débris à l’état patho- ( 363 ) logique ont échappé aux observateurs, faute de connais- sances d'anatomie pathologique ; ensuite il se pourrait que de pareilles pièces difformes fournissent matière à établir de nouvelles espèces: car on a déjà donné de nouveaux noms à des individus jeunes, appartenant à des espèces depuis long-temps connues. M. Schmerling fait connaître ensuite les travaux déjà entrepris sur le sujet qui l’occupe, et finit par présenter le résultat de ses propres recherches. Son travail est accom. pagné de plusicurs”planches. En résumé, l’auteur regarde comme évident que la ma- jeure partie des ossemens fossiles à l’état pathologique provient de l'ours, et que, lorsqu'on examine les genres d'affection qui ont altéré leur structure, on peut se con- vaincre que ces os pathologiques, observés jusqu'ici, doi- vent pour la plupart ces lésions à une cause mécanique externe. Des fractures, des caries mêmes, des nécroses sont les maladies les plus communes; mais d’autres portent des caractères de maladies qui n’appartiennent pas à cette ca- tégorie. Le mémoire de M. Schmerling est terminé par les obser- vations suivantes : « Les ossemens fossiles à l’état morbide datent certainement d’une époque où la civilisation n’avait pas encore établi son empire sur ces races gigantesques. Nous devons donc protester dans la justice de la cause, dans l'intérêt de la science, convaincu par l'évidence des faits, que c'est un nouvel échec que la pathologie éprouve; mais en prévoyant que ce ne sera pas le dernier , je me console d’avoir pu démontrer que le fot capita, tot sensus, doit être combattu avec énergie , lorsqu'il s’agit de l'application de la théorie à la pratique, et que le bon observateur, dans l'intérêt de l'humanité, doit être préféré au faiseur de théo- Tom. 11. 27 ( 864 ) ries & priori. Du reste, les maladies des os dont il a été question dans ce mémoire, nous autorisent à conclure qu’elles sont au moins aussi anciennes que l’existence de notre race, et que des affections identiques à celles de nos jours, alléraient déjà alors les parties les plus solides du corps animal. » Je me suis empressé de composer ce mémoire, non dans le but d’en faire un traité pathologique, maïs uni- quement pour engager les paléonthologistes à fixer leur at- tention sur les difformités des os qu’ils peuvent recueillir, Comme nous possédons tant de données d’une zoologie et d’une phytologie antédiluvienne, bien certainement , il est trés-intéressant de former les bases, quoiqu’encore incom- plètes , de l’histoire des anomalies auxquelles les êtres qui vivaient alors, étaient sujets. » Commissaires, MM. D'Oma- lius d'Halloy et Cauchy. — L'Académie reçoit de la part de M. Henckelius, phar- macien à Maestricht, des observations sur une notice de MM. Van Breda et Vanhees, relative aux dents des rumi- nans, des pachydermes et des carnassiers , trouvées dans un des piliers qui soutiennent la voûte du plateau de la mon- tagne de St- Pierre, près de Maestricht ; notice insérée dans les Annales des sciences naturelles du mois d'août 1829. Commissaires MM. Crahay et Sauveur. Tératologie. — M. le docteur Burggraeve adresse à l'Académie des considérations sur quelques monstruosi- tés remarquables faisant partie des collections anato- mico-pathologiques de l'université. de Gand. Gommis- saires, MM. Fohmann, Dumortier et Kesteloot. Littérature grecque. — M. Roulez, correspondant de l'Académie, lit une. notice contenant quelques variantes et notes critiques sur Parthénius et Antoninus liberalis. ( 865 ) Cette notice sera imprimée dans le prochain PBülletin. M. le directeur, en levant la séance, a fixé l’époque de la prochaine réunion au samedi 5 décembre prochain. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Philosophical transactions of the royal society of Lon- don. 1835, 1°° part., in-4°. 1835. Proceedings of the royal society , n° 20 , 1834—1835. Composition de la société royale, broch. in-4. Transactions of the Cambridge philosophical society, vol. 5 in-4°, 1834. Report of the fourth meeting of the british associa- tion for the advancement of science , in-8°, London 1835. De la part de l'association britannique. An account of the rev. John Flamsteed, the first astro- nomer-royal, compiled from his own manuscripts, etc., by F. Baily, in-4° 1835. De la part de l’amirauté. Bulletin de la société de médecine de Gand. Séance du 7 septembre 1835. Notice sur deux planisphères célestes de grande di- mension. — Explication de la grande carte céleste., représentant la position et la marche des comètes pério- diques de Halleyet d'Encke.— Trois grandes cartes cé- lestes. De la part de l’auteur, M. Wartmann de Genève. Mémoire sur le Dreissena, nouveau genre de la famille des Mytilacées, par le docteur Vanbeneden, broch. in-8°. 1835. Histoire naturelle des isles Canaries, par MM. Barker- Webb et Sabin Berthelot. Prospectus. Annales de l’école flamande moderne , par Aug. Voisin 1"e et 2° livraisons, in-8°, Gand, 1835. ( 366 ) Quelques souvenirs autour d’un tombeau, par M. Cor- nelissen, broch. in-&e, Essai sur la culture, la chimie et le commerce des garances de Vaucluse, par J. Bastet, 1° livraison. Orange. Recuey héraldique, par M. le baron de Reïffenberg, {re livraison. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1835. — No 11. 9 - Séance du 3 décembre. M. le baron de Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. ‘En réponse à une demande qui lui avait été adressée par l’Académie , M. le ministre de l’intérieur écrit qu’il a fait déposer au cabinet d'histoire naturelle de la ville de Bruxelles , les ossemens fossiles découverts par les ouvriers terrassiers occupés à la fouille des déblaïs pour la construc- tion du chemin de fer; et qu’il se fera un plaisir de commu- niquer à l'Académie les objetsqu’on pourrait trouver encore et qui lui paraîtraient de nature à intéresser les sciences. M. le gouverneur du Brabant promet également à l’Aca- démie la communication de ce qui, dans les travaux qu'on exécute dans la province, pourrait mériter de fixer son at- tention. M. le ministre des affaires étrangères et de la marine, en transmettant les états des observations faites sur les marées Tom. nr. 28 ( 368 ) à Anvers, au fort S'e-Marie, aux ports d'Ostende ; Blanken- berg et Nieuport, pendant le mois d'octobre, fait observer que l'échelle pour l'observation des basses mers à Blanken- berg, qui avait déjà été replacée plusieurs fois depuis le mois de juin, a été de nouveau emportée le 9 septembre dernier, et que celle pour la haute mer a subi le même sort pendant l’ouragan du 12 du mois d'octobre. On a dû suspendre le placement des nouvelles échelles à cause de la mauvaise saison. Le chenal de Nieuport présentant les mêmes difficultés, il devient également impossible d’y ob- server les marées avec quelque précision. Ge travail sera repris dès que la saison le permettra. L'Académie royale de Berlin envoie le programme des questions proposées au concours par la classe des sciences physiques et mathématiques pour les années 1837 et 1839. M. S. Vandeweyer, ministre plénipotentiaire à Londres et correspondant de l’Académie, fait parvenir de la part de la société royale de littérature de Londres, les dernières pu- bhications de ce corps savant. La société royale des antiquaires de France, par l'inter- médiaire de M. Jollois son président, adresse le tome XI de ses mémoires, (tome I de la nouvelle série). La société d’'émulation de Cambrai annonce aussi l'envoi de deux volumes de ses mémoires pour 1830—1833. L'Académie reçoit, par l’intermédiaire de M. le chevalier de Almeïda Garett, chargé d’affaires du Gouvernement de S. M. la reine de Portugal , des mémoires de M. le conseiller Da Costa de Macedo, secrétaire de l Académie royale de Lis- bonne. COMMUNICATIONS. Astronomie. — M. Quetelet met sous les yeux de l’Aca- ( 369.) démie deux nouvelles éphémérides de la comète de Halley, qui lui ont été adressées, l’une par M. Stratford, chargé de la rédaction du Vautical Almanac d'Angleterre, et l'autre par M. le professeur Schumacher, directeur de : l'observatoire d’Altona en Danemarck, et correspondant de l'Académie. La première éphéméride, calculée pour le mois de novembre, est basée sur les élémens suivans de l'orbite, d’après 112 observations faites du 20 août au 19 octobre. Passage au périhélie nov. 15j,86376 t. m. de Greenw. a — 17.8829151 e = 0.9671809 | FT — 304 32’ 13”.6 ) depuis l’équinoxe moyen de Nœud descend. 55 59 49.0 nov. 15,1835 ëË 17 13 46. 7 HU Mouvement rétro grade. La seconde éphéméride, calculée pour la fin de no- vembre, le mois de décembre et le commencement de janvier, par M. le professeur Rosenberger, directeur de Vobservatoire de Halle, emploie les élémens suivans : Log. a — 1,25498073 | LRU AE e = 0,96738879 Périhélie, — Nov. 15,945424 temps moyen de Paris. n — 655 9 47/,26 © — 110 37 68,72 i — 162 14 43, 21 Physique sociale. — M. Quetelet présente ensuite quelques observations au sujet du compte de l’adminis- tration de la justice criminelle en Belgique , qui vient de paraître pour les années 1831 - 34, et qui fait suite à la statistique des tribunaux de la Belgique qu'il a publiée avec M. Ed. Smits pour les années 1826-1830. (370 ) « Ce recueil, dit M. Quetelet, qui pour la forme ne pré- sente rien de neuf(1), est remarquable par les rapproche- mens qu'il permet de faire entre les deux périodes séparées par la révolution de 1830. Le plus curieux sans contredit est celui qui concerne l'influence du jury sur le nombre des acquittemens ; c’est la première fois en effet que l’on peut constater cette influence par des documens irrécu- sables : nous tàcherons de la faire ressortir ici parce que, par une omission difficile à comprendre, il n’en est pas fait mention dans le rapport au roi qui est en tête de l'ouvrage, et que l’on ne cite pas même l’époque où le jury a été rétabli en Belgique (pendant l’année 1831). Cette omission pourrait causer des erreurs graves, si, pour Com- parer ces deux époques, on avait égard au nombre des condamnations, comme on l’a fait dans quelques écrits récens et comme on l’a fait encore dans le rapport même, à la page XIE, où l’on met en parallèle les condamnations des neuf années de 1826 à 1834, sans prévenir que ces résultats ne sont nullement homogènes et n’admettent aucune comparaison entre eux. Ce sont ces rapprocheméns forcés qui multiplient les erreurs dans la science et qui, aux yeux des personnes superficielles ou peu versées dans ces sortes de recherches, jettent du discrédit sur la statistique etles applications aux phénomènes sociaux. «L'induction basée sur la théorie des probabilités m'avait porté à soutenir, dès l’année 1829 et d’après les seuls docu- mens de 1826, que le grand nombre des condamnations (1) I faut cependant citer une innovation heureuse ; l’ouvrage indique le nombre des crimes dont les auteurs sont restés inconnus, et, selon mes prévisions énoncées antérieurement, ce déficit au budget des tri- bunaux forme annuellement des sommes aussi constantes que celles des crimes connus et punis. A. (. (371) devant nos cours d'assises, comparativement à celles de France. et d'Angleterre, devait tenir à l'absence du jury. Qu’on me permette de citer à ce sujet l'opinion que j'émet- tais dans mes Recherches statistiques sur le royaume des Pays-Bas, et l'on jugera mieux après si mes assertions étaient fondées. « En 1826, nos tribunaux criminels ont « condamné 84 individus sur 100 accusés; les tribunaux » » » } ) ) » es APT. _ 477 Gen ARS. À } ) } » » A ft 5» » Y Y français 65, et les tribunaux anglais 65 également , pen- dant les 20 années qui viennent de s’écouler. Ainsi, sur 100 accusés , 16 seulement ont été acquittés chez nous, et35 en France comme en Angleterre; ces deux derniers pays , si différens par les mœurs et les lois, prononcent cependant de la même manière sur le sort des malheureux qu’on soumet à leurs jugemens; tandis que notre royaume, si semblable à la France par ses institutions, acquitte une fois moins d’accusés. Doit-on chercher les causes de cette différence dans l’absence du jury qui existe chez nos voisins ? nous le croyons. Examinons en effet, ce qui se passe devant les tribunaux correctionnels, où des juges prononcent comme devant nos tribumeux ; nous trouve- rons en France la même sévérité que chez nous: sur 100 accusés , 16 seulement ont élé acquittés ; exarainons les tribunaux de simple police, même sévérité : sur 100 accusés, 14 seulement sont acquittés. Ce qui précède nous porterait donc à conclure que, quand 100 accu- sés paraissent devant les tribunaux , soit criminels, soit correctionnels , soit de simple police, 16 seront acquittés s’ils ont affaire à des juges, et 35 s'ils ont affaire à un jury. Sans chercher si ces résultats prou- vent pour ou contre le jury, nous les abandonnons aux méditations des législateurs et des amis de l'humanité. » « Passons maintenaut à l'épreuve, et prenons nos docu- (372) mens dans l'ouvrage même du ministère , nous trouvons à la page XVI sur 100 accusés, prévenus ou inculpés : 1826-29. 1831-34. 18 acquittés 37 acquittés par les cours d’assises, 24 — 23 e par les tribunaux correctionnels, 14 — 16 — par les tribun. de simp. police Aïnsi , devant les tribunaux correctionnels et de simple police, la répression est demeurée sensiblement la même, tandis que l'influence du jury, devant les cours d'assises, a fait plus que doubler le nombre des acquittemens et Pa élevé au même taux qu’en France et en Angleterre. » Poids et mesures. — Le secrétaire communique sur le nouveau système des poids et mesures adopté en Portugal, les renseignemens suivans, qui lui ont été adressés par M. le conseiller de Macedo, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Lisbonne (1). « D’après la loi monétaire du 24 avril 1835, la monnaie d'argent sera du titre de 11 deniers. La valeur du marc d'argent monnoyé sera de 7,750 reis. « La monnaïe d’or sera du titre de 22 carats. La valeur du marc d’or monnoyé sera de 120,000 reïs. « On rie fabriquera plus que quatre espèces de mon- naies d'argent, savoir : Monnaie de 1,000 Res, nommée corôa (couronne), du poids de 8 octaves, 18 #Æ 100 grains à peu près, de manière que 31 pièces de cette monnaie pèseront 4 marcs. 500 Reis, nommée meia corôa (demi-couronne) , avec la moitié da poids des couronnes , de manière que 31 pièces de cette monnaie pèseront 2 marcs. (1) À la page 3 de ce volume, ligne 5, au lieu de s%s vintens, il faut lire seis (six) vintens. (378) 200 Ras, du poids de 1 octave, 46 2 nière que 155 pièces pèseront 4 marcs. grains à peu près, de ma- 100 Rs, avec la moitié du poids des précédentes, de manière que 155 pièces pèseront 2 marcs. « On ne fabriquera plus que deux espèces de monnaies d’or, savoir : ‘ Monnaie de 5,000 Ras, nommée corôa d’ouro (couronne d’or) du poids de 2 oc- tayes et - d’octave. 2,500 Reis, nommée meia corôa d’ouro (demi-couronne d’or) du poids d’une octave et à d’octave. « Ces deux monnaies, prises ensemble, pèseront quatre octaves et auront la valeur des monnaies courantes de 7,500 reis. « Les nouvelles monnaies auront cours conjointement avec les anciennes monnaies qui sont en circulation dans le pays. | « La fabrication de la monnaie de bronze est défendue. N. B. Cette loi n’est pas encore en vigueur à cause des arrangemens qu’on fait à l’hôtel de la monnaie, pour la fabrication de la nouvelle monnaie, POIDS ET MESURES, — lotus. Quintal, ARR +. . À ArrobDas, Arroba, mn CE os + "D AIPRTOIS. Arratel, — . … . . 2 meios arrateis. Meio arratel — . . . . ,. 2 quartas. Quarta , sie ++) 0. 440nças. Onça mm +) SL site ter DT OUEVAS, Outava — . . . . 8 scropulos. Scropulo ge: RU ARE graûs. « L'unité de poids est le arratel, qui est égal exacte- ment à 459 grammes du système métrique français. (374) Mesures linéaires. Vara, égal à. . . . . 6 palmos, Palmo, — . . . . . 8 pollegadas, Pollegada — 3.2 + + 18 Linhas, Linha, mue el. ‘18 pontos: « La vara est égale à — du mètre, de manière que le palmo de craveira, qui est l’unité des mesures linéaires, est exactement 0,22 du mètre (1). Mesure de capacité pour les liquides. Almude, égal a. "0 UNSS Le pates Pote, tai 3 : 37 CB canada, Canada, =. + + + . . À meias canadas, Meia canada, —. . . . . © quartilhos. Quartilho, — . 4 + . + R meios quartilhos. « L'unité des mesures de capacité pour les Hquides est la canada. Mesures de capacité pour les matières sèches. Moio, égal à. . . . . 4 fangas. Fanga, — , . . . + 15 alqueires. Alqueire, —. . . + . À meios alqueires. Meio alqueire, —. . . . . 2 quartas. Quarta, M 0 + + 0 ONUIYON, Outava, — + . + + . À meios outavas, ou bien 2 salamins. « L'unité des mesures de capacité pour les matières sèches est le alqueire. « L’alqueire et la canada varient considérablement dans les diverses villes et bourgs du Portugal. Une com- mission est chargée par le gouvernement de les rendre uniformes. | (1) Ce rapport est d'autant plus remarquable que l’étalon de la vara actuelle est celui même qui a été établi par une loi du roi D, Sébastien en 1575. (1375 ) POPULATION. « D’après les dernières données statistiques que nous avons, la population du Portugal, sur le continent de l'Europe, est de 3,099,146 individus; cependant il est probable qu’elle est un peu plus forte. On travaille à un nouveau dénombrement, » (Le 28 août 1835.) Antiquités. — M. Roulez, correspondant, adresse à l’Académie la note suivante : «J'ai eu occasion d'examiner le buste en bronze dont une lithographie se trouve jointe au n° 5 du Pulletin de cette année. Je crois y reconnaître non pas un Néron, mais un Bacchus. La couronne de lierre avec les grappes de corymbes, l’'ample tunique sans manches (bassara) et sur- tout la figure dont les traits douteux tiennent plutôt de la femme que de l’homme, me paraissent indiquer suflisam- ment qu’on a voulu représenter le dieu du vin. Toutefois je n’ose décider maintenant si nous devons y voir simple- ment le fils de Semelé, ou bien Antinoüs-Dionysus, c’est- à-dire, le favori d'Adrien, adoré après son apothéose sous la forme de Bacchus. Quant à la destination du buste, la bélière, dont la tête est surmontée me l'avait fait prendre d’abord pour un ex-voto, qui avait été suspendu dans un sanctuaire ou dans un laraire. Maïs en perforant le plomb qui bouche la petite ouverture carrée qui se trouve à la partie inférieure du buste, je me suis convaincu que tout l'intérieur était rempli de la même matière. Cette circon- stance, jointe à la présence de la bélière, ne saurait plus guère laisser de doute sur l'usage de cette pièce; elle doit avoir servi de poids à l’espèce de balance dite romaine. Dans son état actuel, elle pèse 1,300 grammes. Or, la livre romaine valant, d’après l'évaluation obtenue par Letronne (376 ) au moyen de monnaies d'argent, gr. 325,97, ou d’après la moyenne de plusieurs autres bonnes pesées de monnaies, 324,38, il devient évident que le buste nous offre un poids romain de quatre livres ou as (quadrussis). » LECTURES. Conchyliologie. — L'Académie entend, sur le mémoire de M. Vanbeneden, intitulé : Sur l’helix algira, le rapport suivant de MM. Dumortier et Fohmann rapporteur. « Parmi les diverses branches de zoologie qui attirent l'attention des naturalistes, on remarque les coquilles flu- viales et terrestres ; on en recueille partout et l’on en en- combre, pour ainsi dire, les cabinets d'histoire naturelle. » Selon M. Vanbeneden, c'est le genre des hélices qui a fourni des espèces nombreuses ; mais la création de ces es- pèces n'étant fondée que sur la forme des coquilles, 11 la regarde comme vicieuse et se livre au travail méritoire d'examiner ces mollusques anatomiquement, afin de s’as- surer s’il y a des différences d'organisation qui autorisent d'admettre des sous genres tels qu’on les a créés. » En entreprenant cet examen, l’auteur réalise la pro- position d'un naturaliste célébre, M. De Blainville, qui conseille de considérer la structure des mollusques, pour la création des nouvelles espèces, et indique les organes qui pourraient servir de guide dans ce travail. » M. Vanbeneden donne d’abord la description anato- mique de l’helix algira, ensuite il en compare l’organisa- tion avec celle de l’helix pomatia, animal regardé comme type de ce genre , et dont l'anatomie est connue, » Le rapporteur borne sa tâche à la mention du résultat des recherches de l’auteur, c’est-à-dire à la mention des différences de structure remarquées dans ces deux animaux; ( 377 ) et dans cette vue, il établit les propositions suivantes où leurs organes sont comparés : » » » « Nous résumons nos différences principales : » 1°1lya deux ganglionsreprésentant le cerveau dans l'A. algira, et quatre ganglions inférieurs à l’œsophage ; dans l'A. pomatia il n'y a qu'un anneau nerveux sans ganglions véritables ou distincts (4). » 2° Le nombre de filets nerveux sortant de l'anneau nerveux est beaucoup plus considérable, et les filets d’une minceur plus grande dans l’A. algira. » 3° Les glandes salivaires entourent Lssolohie ie dans l'A. algira, et dans l'A. pomatia Y'estomac. » 4 L’appendice de la verge est beaucoup plus long dans l’h. pomatia, de même que le conduit de la vessie de la pourpre. » 5° Il n’y a point de dard dans l'A. algira, et la poche qui le contient sert de canal dans l’h. algira aux organes femelles. s » 6° Les vésicules multifides sont représentées par un corps glandulaire sans aucun appendice flottant ‘dans l'A. algira. » 7 La bourse de la pourpre est libre et flottante au bout de son long canal dans l’. pomatia , et adhérente dans l’oviducte dans l'aigira. » » De ces comparaisons l’auteur croit pouvoir conclure qu’il ya bien des genres de mollusques qui n’offrent pas un si (1) C’est une erreur : l’anneau nerveux autour de l’œsophage dans l’heliz pomatia n’est pas dépourvu de ganglions à.sa partie sus-œæsopha- gienne ; au contraire, cette partie offre un renflement considérable qui par un rétrécissement antéro-postérieur à sa partie moyenne , commence déjà d’être séparé en deux ganglions. Voyez Cuvier et tous ceux qui traitent de ce sujet ts (Note du Rapporteur). ( 378 ) grand nombre de différences que celles entre les deux es- pèces en question. Malgré ces différences si saillantes, il ne veut pas encore proposer une division sous-générique ; mais avant tout, il veut examiner sous le rapport anato- mique les autres espèces des hélices. Cependant, il fait observer que les divisions génériques et sous-génériques pourraient être établies sur la présence ou sur l'absence des visicules multifides, ainsi que sur leur nombre, comme M. De Blainville l’avait déjà proposé, tandis que les carac- tères spécifiques se trouveraient dans les pièces cornées qui arment la bouche, et dans les autres différences qu’offrent les vésicules multifides. : » Les dessins joints à ce mémoire, sont de la main de l’au- teur et paraissent ne laisser rien à désirer sous le double rapport de l'exactitude et de la correction. » Nous sommes tout-à-fait d'accord avec l’auteur, qui regarde la voie anatomique comme le moyen le plus sûr de résoudre des questions difficiles de zoologie : et nous voyons avec plaisir qu’il a l'intention d'étendre ses recherches à toutes les espèces des hélices et de ne se prononcer sur la justesse de leur création qu'après avoir comparé leur orga- nisation. » Quant à l’état atrophié des organes génitaux observé par l’auteur dans l’helix algira , nous faisons observer que cet état se montre chez beaucoup d'animaux après l’époque du rapprochement , époque pendant laquelle le dard ou flèche d'amour est expulsé chez l’helix pomatia , de sorte que cet animal n’offre pas toujours ce corps. Ces circonstances font supposer que l’auteur a disséqué des animaux pris après l'époque de l’accouplement. » Nous engageons M. Vanbeneden à poursuivre son plan de travail, à continuer ses recherches, et surtout à sou- ( 379 ) mettre à la dissection des animaux pris dans les diverses saisonsde l’année. Toutefois il nous semble superflu de faire la description de tous les organes : que l'on s’étende davantage sur les parties caractéristiques , et que l’on ne donne des dessins que de ces parties. » Si l’auteur continue de poursuivre sa tâche comme il l’a commencée, son travail sera digne d’ gr 4 une place dans les annales de l'Académie. » L'Académie adoptant les conclusions de ce rapport a dé- cidé que des remercimens seraient adressés à M. Vanbene- den pour son intéressante communication et pour l’ engager à continuer les utiles recherches qu'il a entreprises. Paléonthologie. — MM. D'Omalius d'Halloy et Cauchy, nommés commissaires pour l’examen du mémoire présenté à la séance précédente, par M. le docteur Schmerling, sous le titre : Description des ossemens fossiles à l’état tue logique provenant des cavernes de la province de Liége, font connaître leur avis sur le mérite de ce travail, qui semble devoir faire partie du bel ouvrage que publie l’auteur sur les ossemens fossiles de la province de Liége. Des remer- cimens seront adressés à M. Schmerling, conformément aux conclusions de MM. les commissaires. Chirurgie et accouchemens.— L'Académie entend aussi le rapport de MM. Kesteloot et Fohmann sur le mémoire que M. Garin, chirurgien el accoucheur à Tournay, a fait par- venir à l Atodémite relativement à la section et à la ligature du cordon ombilical. Elle a pensé, avec MM. les commis- saires, que le sujet traité dans ce mémoire sort du cercle des travaux habituels de l'Académie. Tératologie. — M. Morren, correspondant , présente le moule en platre du monstre humain acéphale-coccycéphale sur lequel roule le mémoire envoyé par M. le docteur Burg- ( 380 ) graeve de Gand, dans la séance précédente. Il demande qu’on le communique aux commissaires chargés d'examiner ce mé- moire. M. Morren remet aussi à la compagnie les quatre nu- méros parus du Cultivateur- Belge, journal Somme rurale , dont il est collaborateur. Phsiqus — M. Quetelet présente la seconde partie de son mémoire sur les variations diurne et annuelle de la température terrestre à différentes profondeurs , d’après les observations faites à l’Observatoire de Bruxelles ; et demande à en remettre la lecture à une autre séance, vu le grand nombre de sujets qui doivent encore fixer l'atten- tion de l'Académie. Zoologie. — M. Dumortier , par des motifs semblables, demande qu’on renvoie à la prochaine séance la lecture d’une notice de sa composition contenant des recherches sur l’anatomie et la physiologie des polypiers composés. Mollusques.— M. Cantraine fait parvenir à l'Académie la notice suivante, contenant les diagnoses ou descriptions succinctes de quelques espèces nouvelles de mollusques. HYALEA VAGINELLINA. — Nos. Testa elongata, teretiuscula , levi, vitrea, postice macula purpurea lineari notata, inferne cuspidibus tribus incurvatis, acutissimis terminata. On la trouve dans le canal de Messine. BULIMUS PUPÆFORMIS. — Nos. Testa cylindracea, nitida , levi, lutescente; anfractibus 7 convexiusculis ; apice obtusiore ; apertura parva rotun- dato-ovata ; labro simplice ; rima umbilicali subnulla. — Altit. 31 lin. Elle vit sous les pierres, dans les champs, aux environs de Zara et de Spalato. ( 381 ) CLAUSILIA ELONGATA, — Non. Testa elongata corneofulva, nitida; apertura ovata, patula; anfractibus 12 : columella biplicata labro uniplicato. — Cette clausilie vit dans le cercle de Zara. CLAUSILIA OLIVACEA. — Nos. Testa ventricosa, nitida pellucida , levi, fulva ; anfrac- tibus undecim planulatis, sutur& papillis albidis, evigquis munita ; apertura elongata ; columella biplicata sicut et labro. — Altit. 8 lin, — Diam. 2. Cette espéce vit en Dalmatie. CLAUSILIA DEENIA. — Nos. Testa parva , cylindraceo fusiformi, fulva, leviter striata; anfractibus 10 convexiusculis ; sutura papillis albidis, distantibus ornata; apertura ovata, lutea, colu- nella biplicata, labro triplicato, — Altit. 6 & lin. — Diam. 1 2. Elle vit en Dalmatie. CLAUSILIA REFLEXILABRIS, — Nos. Testa parva , cylindraceo fusiformi, griseo-fuscescente ; sutura levissima; columella biplicata; labro uniplicato, valde reflèxo. — Altit. 6 lin. — Diam. 1 345. Cette espèce se trouve sur les pierres, dans les endroits arides des environs de Raguse. CLAUSILIA MACROSOMA. — Nos. Testa ventricosa, cinereo albida , exquisite longitudina- liter costata ; costis crebris, pliciformibus anfrac- tibus 9, planulatis ; apertura ovata , patula ; columella, labroque biplicatis. — Altit. 7 lin. — Diam. 1 4. ( 382 ) Je rencontrai cette belle espèce à Syracuse , à l'endroit nommé Oreille de Denis, et à Malte où elle est trés-com- mune. CLAUSILIA ELEGANS. — Nos. Testa elongata , gracili, fusca, longitudinaliter costata ; costis pliciformibus, creberrimis, albidis ; anfracti- bus 9; apertura ovali, patula; columella biplicata , labro uniplicato. — Altit. 5 3 lin. — Diam. |. On la trouve en Dalmatie, surtout aux environs de Raguse. CLAUSILIA ACICULA. — Nos. T'esta elongata, gracili, cinerea, longitudinaliter costata ; costis obsoletis; anfractibus 12 ; apertura auriculari ; columella labroque biplicatis. — Altit. 6 : lin, — Diam. 1 TZ. Cette espèce se trouve sur les picrres des environs d'Um- bla dans le cercle de Raguse. CLAUSILIA BREVIS. — Nos. T'esta parva , cytindracea, cinereo-fusca , longitudinaliter levissime striata ; anfractibus 7 planiusculis ; apertura magna ; ovali ; columella biplicata , labro uniplicato. — Altit, 3 £ lin. — Diam. 1. | J'ai trouvé cette petite clausilie sur les murs d’une maison située dans les marais d'Umbla. Je n’oserais garantir toutes ces espèces pour nouvelles : les travaux sur les clausilies sont immenses , et chacun sait que dans ce genre il est bien difficile de donner une diagnose assez philosophique pour éviter de doubles em- plois, le meilleur burin y parvenant à peine. ( 383 ) AURICULA DUBIA. — Nos. * Testa ovata , levi, cornea ; anfractibus 6, ultimo maxi- mo ; apertura elongata ; columella triplicata. — Altit. 217 lin. Élle est commune sur le littoral de la Dalmatie. DORIS ELEGANS. — Nos. Doris corpore elongato, levi, cœruleo, maculis au- rantiacis asperso; radiis branchialibus 13 aut 14 lanceolatis, subæqualibus. — Longit. 3 1 — 4 poll. Elle vit dans l’Adriatique particulièrement dans les pa- rages de Spalato. DORIS PULCHERRIMA. — Nos. Doris corpore elongato , levissimo , cœruleo , lineolis maculisque albidis variegato. — Longit. 4 lin. Je l'ai prise dans le détroit de Bonifacio. DORIS TRICOLOR. — Nos. Doris corpore elongato, levissimo, cœruleo; dorso tri- bus lincis longitudinalibus notato, duobus lateralibus aurantiacis , media albida. — Longit. 4 lin. Je trouvai cette petite doris prismatique dans le détroit de Bonifacio et dans l’Adriatique. DORIS RAMOSA, — Nos. Doris corpore érasso, elongato, miniaceo; dorso sub. verrucoso , lateraliter quinque, antice 6 ramoso : radiis branchialibus quinque ramosis, — Longit. 18 lin. Je la pris dans l'Adriatique. Tom. 11. 29 ( 384 ) TRITONIA DECAPHYLLA. — Noe. Tritonia corpore prismatico elongato , levi, puniceo subreticulato ; inferne viridi ; branchiis lateralibus 10, frontalibus 8 ramosis, — Longit. 20 lin. Je pris cetie tritonie dans l’Adriatique, près de l’île Brazza. CAVOLINA RUBRA. — Nos. J'appelle ainsi une cavoline que je pris à Livourne; et qui a le corps rouge-clair, les bords du pied blanc-sale, les papilles vert-olive , terminées de blanc et disposées sur onze rangées transversales. — Long. 14 lin. ELISIA VIRIDIS. — Nos. J'avois créé pour cette espèce le genre Rhyzobranchus, dénomination tirée de son appareil respiratoire, mais M. Risso m'avait devancé ; je conserve le nom fort insigni- fiant qu’il donna à ce genre intéressant. Cette espèce qui est l'Æplysia viridis Montagu, l’Æcteon viridis Oken, et l'Aplysiopterus napolitanus Delle Chiaje, n’est point, comme le pensentiquelques auteurs identique avec l'Eti- sia timida Risso. On la trouve fréquemment sur les côtes de Toscane. ELISIA TIMIDA RISSO. Risso en a bien décrit les couleurs, mais pas les orga- nes. Je la trouvai dans le golfe de Cagliari, près du lazaret de cette ville, et à l'île San-Pietro , dans l’Adriatique. ( 385 ) ELISIA MARMORATA, — Nos. Elisia corpore griseo - viridescente | nigro variegato, maculis fusco-viridescentibus notato, cæruleoque punc- tato ; pede viridi immaculato. Long. 4 lin. Je la pris dans les parages de Livourne où elle est rare. DIPHYLLIDIA VERRUCOSA, — Nos. Diphyllidia corpore elongato, superne cinereo - vio- lacescente , verrucoso; verrucis luteo-albescentibus. — Long. 16 lin. Cette belle espèce habite dans le ae de Gênes et dans celui de la Spezia. PLEUROBRANCHUS TESTUDINARIUS. — Nos. Je donne ce nomà l’espèce méditerranéenne que M. Delle Chiaje avait rapportée à tort à celle que Forska avait figurée. M. Ruppell a retrouvé depuis peu la vraie espèce de Forskahl , dont il lui donna justement le nom. 7. Leuckart. PLEUROBRANCHUS ELONGATUS. — Nos. Pleurobranchus corpore orato, crasso, subconvexo , levi, obscure aurantiaco , lateribus. pallii ac pedis subæ- qualibus. — Long. 6 lin., latit. 4. Je la pris près de Zara où elle est rare. Quoique Cuvier et après lui M. De Blainville, ne don- nent aux Pleurobranchus que deux tentacules, on doit pourtant en noter quatre, la paire inférieure élant formée par les pointes latérales du chaperon céphalique. APLYSIA DEPRESSA, — Nos. Aplysia corpore ovalo elongato , subdepresso, viridi- lutescente ,. nigro variegato, pede marginato , viridi, maculis pluribus ovalibus griseis notato.— Long. 21 lin. ( 386 ) La drague me rapporta cètte espèce dans les parages de l'antique Épidaure, aujourd’hui Raguza V’ecchia. APLYSIA DUMORTIERI, — Nos. Aplysia corpore elongato fusco - viridescente , leviter vermiculato, tentaculorum apice palliique margine cœæ- ruleis ;.pede griseo.— Long. 6 lin. Cette petite espèce se trouve avec la précédente. DORIDIUM MARMORATUM. — Nos. Risso a bien décrit les formes externes et les couleurs de cet animal, pour lequel il créa sans nécessité le genre Eidotée , mais la figure qu'il en publia est détestable , et les renseignemens qu'il nous donne sur son organisation sont peu salisfaisans ou inexacts. La doridie marbrée est munie d’une coquille partie calcaire , partie membraneuse. TROCHUS POLYMORPHUS. — Nos. Des observations très-suivies sur les Troques m'ayant convaincu qu'aucun caractère invariable, aucune limite certaine, ne peut être établi pour distinguer plusieurs espèces de ce genre décrites par les auteurs, je réunis sous cette nouvelle dénomination les Trocnts convzus, Linn. Lam. — 2YPHINUS, Linn, Lam. — CONULOIDES, Lam. — AURATUS, Costa. — SMARAYDUS, Costa. — GONIFORMIS, Bronn. . — QUADRICINGULATUS, Bronn. — LAUGIERI, Payraud. — CINGULATUS, Brocc. Etc etc. ( 387 ) TROCHUS SEMIGRANULARIS, — Nos. Testa conico - depressa, transversim striata ; striis con- fertis, superioribus granulosis , inferioribus simpli- cibus; onfractibus rotundatis; umbilico patulo. — Altit. 8 lin. Diam. 10 lin. Cette espèce se trouve dans les terrains tertiaires du cap Pélore, où elle n’est pas rare. TROCHUS BORNII — Nos, Born. Mas. Vinp., p. 330, t. XI, fig. 19-20. Born ayant bien figuré cette espèce, qu'il rapporta au cinerarius de Linné, je la lui dédie, conservant le quali- ficatif cinerarius pour l'espèce utiésine, Le ér. bornii est intermédiaire entre les #r. magnus et wumbilicaris, et vit dans l’Adriatique près de Zara. TURBO CARINATUS, — Nos. Testa subconica, crassa, glabra; anfractibus supremis carinatis , ultimo superne depresso, medio levissime striato; basi nitida, levi. -- Altit. 5 lin, Diam. 5 4. Je lai trouvée dans les terrains tertiaires du Pélore. TURBO PELORITANUS. — Nos. Testa subconica, crassa, levissime striata, transversim subcostata; costis subgranosis; anfractibus convexis; basi nitida, levi. —- Altit. 6 lin. Diam. 6 3 lin. Cette espèce se trouve dans la même localité que la À ja cédente. OLIVIA. Testa ovato-conica ; columella multidentata ; labro calloso ; umbilico nullo. J'établis ce sous-genre pour une coquille fossile qui a ( 388 ) le port des rissoaires courtes et ventrues , la columelle ter- minée par un pli oblique dentelé, la lèvre calleuse et point d’ombilic. Il tient aux Boutons, Desm. (Otavia , Riss.). OLIVIA OTAVIANA. — Nos. Testa. transversim striata, striis granosis inæquali- bus alternantibus, anfractibus convexis ; basi striata; columelle subbidentata ; apertura maxima rotundata , subpatuta : labro intus plicato.— Altit. 4 lin. Diam. 4. C'est une des belles espèces que je trouvai dans un des terrains tertiaires du cap Pélore et qui paraît avoir échappé aux recherches géologiques de M. Ch. Lyell. TURRITELLA POTAMOIDES. — Nos. Testa cylindracea ; attenuata, lutescente, longitudina- liter costata, transversim subtilissime striata , an- fractibus 9 convexiusculus ; apertura ovali , labro pro- ducto. — Altit. 3 1 lin. — Diam. à lin. Elle vit dans la Méditerranée, particulièrement dans le golfe de Cagliari... SCALARIA SUBDECUSSATA. — Nos. Testa elongata, conoidea, brunnea aut livida, levi ter transversim striata; anfractibus convexiusculis, apertura ovato-rotundata ; labro simplici, acuto. — Altit, 11 lin. — Diaiu. 3 lin. Elle est commune dans la mer de Sardaigne. . PARTULA GLABRATA, — Nos. Je rapporte au genre Partula Feruss., la Paludina -glabrata Liegler, qu'on trouve dans la Salone et dans d’au- ( 389 ) tres rivières de l’Ilyrie. Si les observations des naturalistes de l’Uranie sont exactes, ce genre renferme ainsi des es- pèces fluviatiles et terrestres. N'est-ce pas sur de telles paludines que RE a établi son genre Pleurocere ? PALUDINA UNICARINATA, — Nos. Testa elongata , turrita, nitida lutea; anfractibus 7 unicarinatis, ultimo bicarinato, carina acuta ; aper- tura ovali ; labro simplice ; rima umbilicali angustis- sima, — Altit 2 ÿ lin. Diam. 1. Cette paludine est sicilienne. a fé EULIMA RISS. — Nos. Testa nuda, ovata; spira acuta; anfractibus obso- letis ; apertura ovali labro acuto , producto. N. Je conserve ce genre pour les. coquilles marines non épidermées, qu’on avait réunies aux mélanies : on les re- connaît à leur surface trés-lisse, luisante, souvent d’un blanc de lait, à leurs tours fondus à leur ouverture sans trace de danal, et à leur lèvre tranchante un ae Dre en cuiller. EULIMA DISTORTA. —- Nos. MeLanra pisrorTA, Desh. — NitipA, Lam. Hecix NITIDA , Bron. PHASstANELLE INFLÉCHIE , De Blainv. EULIMA SUBULATA Riss. — Nos. è Tonso rorirus , Lin. MELaNtA CAMBESEDESSIT , Payr. Hacix SUBULATA , Bron. ( 390 ) EULIMA INTERMEDIA — Nos. Testa parva, subulata, recta, vitrea, levi. — Altit. 5 lin. Diam 1 «. Elle vit dans la Méditerranée et on la trouve dans les terrains tertiaires de Sienne et du Pélore. NERITINA SENA. — Nos. Cette espèce repose sur des individus fossiles que je trouvai à Sienne hors la porte Olive, où ils sont très-com- muns. Elle à sa spire trés-courte, presqu’entiérement en- veloppée par le dernier tour. Sa surface est trés-lisse vermiculée . de brun et marquée ordinairement de trois zones transverses plus claires. La callosité columellaire au lieu d’être excavée ou plane, comme dans la Ver. fluvia- tilis, est un peu convexe. Elle ressemble beaucoup à la Ner. Duchastelii Desh., IT, tab. 17, fig. 21-25. ” SIGARETUS AUDOUINI. — Nos. Cette coriocelle diffère du Sigaretus stomatellus Riss., qui est l’Æelix pellucida L. Gm. n° 151, par les grosses bosses qu’on trouve sur son manteau, par sa couleur grise, les bosses seules étant isabelle pointellées de brun foncé, et par sa coquille dont la spire est plus saillante. Sa taille est aussi moins forte. Je l’ai trouvée dans l’Adriatique et le savant professeur du jardin des plantes, auquel je la dédie, l’a rencontrée dans le golfe de Lyon. CONUS IGNOBILIS, — Ozrvr. Je conserve ce nom aux nombreuses variétés du cône vulgaire qu’on trouve dans la Méditerranée sur lesquelles sont établies les espèces de Bruguières, Brocchi et Bronn, ( 391 }) nommées C. mediterraneus, franciscanus, turrioula, ponderosus , striatulus, mercati, etc., Le grand nombre d'individus que j'ai recueillis tant à l’état natif qu’à l’état fossile ne me permet plus de douter de leur identité. OVULA VIRGINEA. — Nos. Cette espèce que M. Costa confondit avec la /actea Lam. mesure 13 lignes : elle est d’un blanc calcédoine ou lacté quelquefois légèrement teint de rose : son test est fragile. Elle vit dans l’Adriatique où elle n’est pas rare. J'ai entendu citer une Ovula siculaz; mais ses carac- tères et son auteur me sont inconnus. Je dirai ici en passant que /’Ovula spelta Lam. est Ovuza srRostais , Lam, (fossile). — — Costa, Simnra N1IGEENSIS, Risso. — PURPUREA — (jeune âge). et que l’Ovula spelta du Musée de Paris était, en juin 1835, un individu de {’Ovula carnea tant soit peu plus alongé. MITRA OLIVOIDEA. — Nos. Testa ovata, fusca, glabra, transversim striata; an- fractibus subplanis; apertura sublongitudinali, sub- æquali ; columella biplicata. callosa ; labro intus pli- cato, acuto. — Altit. 3 4 lin. Je l’ai rencontrée dans la Méditerranée et dans l’Adria- tique. CANCELLARIA FUSIFORMIS. — Nos. Testa elongata turrita, longitudinaliter costata, trans- versim striata; anfractibus convexis; columella tri- plicata , umbilicata. — Altit. 5 3 lin. Diam. 2 4. Cette espèce peu commune se trouve dans les collines siennoises où j'en recueillis quelques individus. ( 392 ) BUCCINUM POLITUM. — Non. Cette espèce, qui fut découverte par Renieri et décrite par lui sous le nom de Murex politus , puis ballottée par les auteurs dans lés genres Fuseau, Pleurotome , etc., est par son ouverture, malgré sa spire élevée, un vrai buccin, voisin du Buccinum Linnœi Payz. Elle est d'un gris jau- nâtre tirant plus ou moins sur lé brun, une ligne d’un -blanc-sale se voit ordinairement au milieu du dernier tour; à l’état de vie elle est recouverte d’un à marin émid de la couleur de la coquille. CERITHIUM KIENERI. — Non. Testa ovato-acuta, solida, nigricante, luteo zonata , anfractibus 8; longitudinaliter bistriatis ; striis valde nodosis ; ultimo subventricoso , gibbo ; basi striata , co- lumella subcallosa ; labro producto. M:'Kiener, qui par son obligeance a tant de droits à notre reconnaissance, a retrouvé cette espèce dans le golfe de Lyon. CERITHIUM SARDOUM.: — Nos. Testa turrita concidea , griseo-fulva, glabra; anfrac- tibus 11 subplanis , longitudinaliter tristriatis ; striis subnodosis : ultimo carina basili munito. — Altit. 8 lin. Cette Potamide se trouve dans les marais ste de l’île Sant-Antioco. CERITHIUM PELORITANUM. — Nos. Testa turrita, conoidea brunneo-nigrescente, glaberrima; anfractibus 10 convexis, tri-aud quadrifariam striatis: labro producto. — Altit. 7 lin. Cette potamide vit sur les bords des deux petits lacs salins que l’on voit près du phare de Messine. (393 ) MUREX BICOLOR — Nos Testa ovato-oblonge , crassa, fusco - alboque varia , longitudinaliter costata , transversim striata ; anfracti- bus convexis, superne excavatis ; sutura marginata ; apertura angusta ; labro labioque dentatis. Elle vit dans l’Adriatique. MUREX BROCHII — Nos. Nous désignons sous ce nom le petit chicoré qu’on trouve dans l’Adriatique et que Renieri et Brochi regar- daient comme une variété du Mus. saxatilis L. Les plus grands individus natifs ne mesurent que 6 lignes. TRITONLUN RETICULARE — Nos. C'est le murex Fur) Linn. dont Lamarck a fait sa ranella gigantea. FUSUS MONILIGER -—— Nos. Testa turrita fusifirmi, nitida, lutescente, transversim striata, anfractibus. convexis, subtricarinatis; labro simplice, cauda brevi. — Altit. 3 3 lin, Le seul individu que je recueillis de cette jolie it espéce a été pris dans le golfe de Cagliari. “FUSUS COSTULATUS. — Nos. Testa ovata, ventricosa subfusiformi, transversim subtilis- sime striata, longitudinaliter costata, costis confertis flexuosis; apertura elongata, edentata; cauda brevi, subascendente, — Altit, 4 lin. Je recueillis cette espèce dans les terrains sortilires du Pélore. ( 394 ) FUSUS SEMICOSTATUS, — Nos. Testa ovato-elongata, transversim striata; anfractibus convexiusculis, superioribus transversim costulatis , apertura ovali ; labro 5 val. 6 dentato ; cauda brevi. — Altit. 4 3; lin. On la trouve avec la précédente. PLEUROTOMA COSTULATUM. — Nos. Testa turrita, crassa, lutea, longitudinaliter costata , costis subtilioribus, confertis, flexuosis, anfractibus 7 convexiusculis apertura ovali ; cauda nulla. — Altit. 5 ? lin. Je la pris dans le golfe de Cagliari. | STROMBUS PUSILLUS. — Nos. Testa ovata, grisea, longitudinaliter costata, trans- versim striata, crispa : anfractibus 5 subcarinatis; labro producto integro ; columella subumbilicata. — Al- tit. 7 J lin. Je range parmi les strombes à bord externe (lévre) peu ou point dilaté cette rare coquille que je pris en Sardaigne. SILIQUARIA COSTÆ. — Nos. Cette petite espèce de siliquaire, dont nous avons re: cueilli des fragmens dans la Méditerranée et vu des indivi- dus entiers dans la collection de M. Costa, auquel nous la dédions, est assez rare et échappe aux yeux par sa petitesse. EMARGINULA COMPRESSA. — Nos. Testa compressa , valde elata , decussatim striata ; dorso canaliculata, vertice valde producto revoluto. ( 395 ) Cette coquille est une des belles espèces qu’on trouve dans les terrains tertiaires des environs de Messine. PARMOPHORUS PATELLOIDEUS. — Nos, Testa ovato-rotundata, valde depressa, levi, albicante epidermata , epidermide fusca aut lutea ; apice subcen- trali. Cette rare coquille se trouve dans la mer de Sardaigne. PATELLOIDEA VITREA — Nos. Cest l'ancylus gassonii de M. Costa, qu’il a confondu avec les ancyles d’eau douce; la même erreur a été commise par M. Bronn, son ancylus acutus s y rapportant. Cette co- quille se rencontre assez fréquemment dans la Méditerra- née ; on la trouve aussi dans les terrains tertiaires. Ce genre fut établi avec raison par les naturalistes de l’astrolabe (Zoo. IL, pag. 349); Eschscholtz, dans le cin- quième cahier (pag. 16) de son Zoologischer atlas, publié en 1833 après sa mort par Rathke, avait aussi créé le genre acmaea , qui repose sur les mêmes bases. J'ai préféré la dénomination des premiers comme plus expressive à cause des rapports qu’elle indique. PATELLOIDES PECTINATA. — Nos. C'est la patella pectinata des auteurs. PATELLOIDES VIRGINEA. — Nos. C'est la patella virginea de Muller, Zoologia danica, pl. 12, fig. 4, 5. Il est fort possible que la patella virginea Mull., patella pellucida Mull., patelloidea vitrea Nos., appartiennent à la même espèce. ( 396 ) PECTEN SUBCLAVATUS, — Nos. T'esta œquivalvi, ovato-rotundata , compressa 9 - 10 radris obsoletis , rotundato - subplanis signata , verticaliter striata; auriculis exiquis, inæqualibus, cancellatis ; margine cardinali obliquo , subcrenato. — Alt. 16 lin. — Long. 15.— Crass. 8 ? lin. Elle est fossile dans le sable grossier des terrains ter- tiaires du Pélore. PECTEN PULLUS. — Nos. Cuemx. XI, tab. 207, fig. 2,039— 2,040 ? Testa parva, rotundato-flabellata, subæquivalvi, com- pressa , intus extusque levissima ; subpellucida ; auri- culis magnis , inæqualibus , margine cardinali integro, horizontali ; colore subargenteo rubro albidoque notato. — Alt. 25lin. — Long. 3. Elle vit dans la Méditerranée et se trouve à l’état fossile dans les collines du Plaisantin. PECTEN SOLEA. — Nos. Testa æquivalvi, ovato-rotundata, tenui , convexo-plana , intus extusque glaberrima ; auriculis exiguis subæqua- libus, margine cardinali obliquo, integro. — Alt. 20 lin. — Long. 18 3. Je la trouvai dans de la marne au promontoire de Sant- Êlia près de Cagliari, à une hauteur de 50 pieds au-dessus du niveau de la mer. ARCA MODIOLOIDES. — Nos. Testa ovali, inœquilatera , utrinque rotundata , decussa- ( 397 ) tim striata; striis ,verticalibus medio divisis ; natibus subcontiquis, margine integro clauso. — Alt. 4, lin, — Long. 6. — Crass. 3 3. Fossile des collines de Sienne. LIMOPS:S REINWARDTII. —. Nos. Testa verticaliter ovata, obliqua, crassuiscula , superne leviter anqgustata, decussatim striata ; intus lateribus costulatis. — Alt. 4 1 lin. — Long. 3 &. — Crass. 24. MYTILUS CRISPUS. — Nos. Cette espèce se distingue des autres moules européennes par les réticulations ou granelures qu'on voit à la surface de ses valves, particulièrement dans le voisinage du bord pos- térieur ; elle est souvent bien carénée, munie d’un byssus épais et court : sa forme varie beaucoup. Les valves sont noires ou brunes ou grises à l’extérieur , presque toujours d'un blanc-argenté avec une teinte violette à l'intérieur. J'ai compté 7—8 dents sous les crochets. Longueur 10 lignes. Je la pris à Ancône. PL MODIOLUS BARBATELLUS. — Nos s Testa transversim valde elongata ; antice subcylin- drica, postice compressiuscula , leviter striata, pilosa , ‘epidermide fusta margine postico crenulato. — Long. 6 lin. — Altit. 3. _ On la trouve dans la mer Adriatique. MODIOLUS SUBPICTUS. — Nos. Testa transversim, elongata ; cylindrica , fragili, ni. tida , viridescente lineolis ferrugineis variegata , antice , tu convextiuscula subrecta, postice subangulata. — Tong. x #83 din, — Altit, 2 lin di Le Je la pris dans le golfe de Venise. ( 398 ) MODIOLUS AGGLUTINANS. — Nos. Testa ovato -oblonga, ventricosa , glabra, castanca, antice subcoarctata , postice obliqua, rotundata ; inferne setosa- barbata ; margine ventrali sæpius sinuoso. — Long. 17 lin. — Altit. 97. — Crass, 9 &. Je nomme fripière une coquille que je recueillis dans les parages de Malte, qui est peut-être la mod. imbricatus Sow. Min. conch. pl. 212, fig. 1, et qu'au Musée de Paris on a confondue avec le mod. albicosta, Lam. ; elle doit son nom à l'immense quantité de coquilles dont elle s’entoure à l’aide de son byssus, au point que souvent elle ne se laisse pas voir du tout. | | TELLINA BROCCHII. Nos. C'est la tellina serrata Brocc. Je change cette dénomina- Lion parce qu’elle fut employée antérieurement par Renieri (Catalogo sistematico delle conchiglie Adriatiche) pour une coquille, qui vit dans l’Adriatique, et que Brocchi crut identique avec les individus qu’il recueillit dans les collines subapennines, et que je n’ai vus natifs dans aucune collec- tion. C’est pourquoi, je propose de laisser le nom de-serrata à l'espèce de Renieri , qui est aussi celle de M. Costa (et non de Brocchi comme il le croit), et de dédier celle-ci à l’in- fortuné Brocchi, qui a rendu des services trop signalés aux sciences géologiques, pour n'avoir pas droit à notre recon- naissance. TELLINA POLII, — Nos. C'est la tellina lactea Poli. Cette dénomination ayant été employée par G. Melin pour le loripes lacteus des mo- dernes, on doit la changer, afin d'éviter des erreurs que ce ( 399 ) double emploi occasionerait, comme cela a déjà eu lieu dans Lamarck. Nous expliquerons plus tard comment la tellina lactea Poli, se trouve citée deux fois dans Lamarck. Cette espèce ne me paraît être que le £e/l. inflata Gm. La figure que M. Costa donne de sa Psammobia cumana lui convient parfaitement. ASTARTE AFFINIS. —— Nos. Testa cordato - trigona , inferne rotundata , compressa , lutea aut fusca , levi; costis concentricis frequentibus, obsoletis, margine acuto , integro. Elle vit dans la Méditerranée et se trouve à l’état fossile dans les terrains tertiaires. ASTARTE CRISPATA. — Nos. Testa crassa, cordato-trigona, compressa | concentrice confertim |costata ; costis crassiusculis, lamelliformi- bus, crispatis, erectis incurvis ; margine crenulato. — Long. 9 : lin.— Altit. 7 :. — Crass. 5 lin. Je la recueillis dans le Siennoiïs à Monte-Aperto, dans. le sable jaune. CYCLADINA. — Nos. J'établis provisoirement ce genre pour une coquille qui, par sa charnière , son pelit byssus et ses mœurs ne me paraît pas pouvoir trouver place dans un des genres connus. _ CYCLADIUS ADANSONII. — Nos. Testa Foblonga , ‘ suborbiculari, inæquilatera , glabra , fragili ,' brunneo-purpurea , concentrice substriata ; utrinque rotundata ; natibus prominulis.—Long. 17 lin. — Altit. 15. Cette petite espèce, qu’on prendrait pour une cyclade Tow. 11. AE ( 400 ) estle Poron décrit et figuré par Adanson qui était jusqu'à ce jour une espèce énigmatique. Elle est globuleuse, pres- qu'orbiculaire, d’un brun pourpre tant à l'intérieur qu'à l'extérieur: sa charnière est composée de deux dents laté- rales, l’antérieure assez forte, déprimée; la postérieure un peu plus petite: point de dents mi d’'échancrure :api- cales: son byssus est trés-grèle, à peine visible. Elle vit dans le Méditerranée sur les pierres. ANATINA PRÆTENUIS. — Nos. C'est la Mya prætenuis des Montagnu ou Odocyneta papyracea Costa. « TEREBRATULA SCOBINATA. — Nos. LEE ù E Moss Testa transversim elongata , levissime granulosa, su- perne recte truncata, griseo rubra, variegata ; costis magnis rotandatis. Je la trouvai dans le golfe de Cagliari et dans les ports de Messine et d'Épidaure (Ragusa Vecchia). TEREBRATULA DECOLLATA, — Nos. C'est l’Anomia decollata de Ghemnilz , qui en a donné une très-bonne figure. Je crois que la plupart des auteurs l'ont confondue avec la T'erebr. arm catg, | GYMNOLEPAS PALINURE, — Nos, Cette petite espèce, d’un beau rouge, vit sur les x chies du F'alinurus vulgaris. PETALEPAS SCHLEGELII, — Nos. Gette espèce a son pédicule rougeûtre : ses valves à l'état (401 ) de vie ont une teinte rouge de chair. Elle vit sur les bran- chies du Maia squinado. Nous donnerons plus tard de plus amples détails sur ces deux intéressans cirrhopodes. Histoire nationale. — M. De Reiïffenberg, qui a cherché à compléter en ce qui concerne la Belgique, l4ré de vérifier les dates par les bénédictins, présente la première partie d'un mémoire sur les sires de Diest, dont le nom intervient si souvent dans notre histoire. Il en fixe la chro- uologie à l’aide de documens tant inédits qu’imprimés, et donne un texte flamand inconnu de la charte de commune de 1228, déjà publiée en latin par Kremer. Cette partie commence sous Godefroid de Bouillon et finit en 1385. Elle est ornée de l'empreinte de l’ancien sceau de la ville de Diest, tel qu'il est appendu à un acte de confirmation de la charte de Cortenberg, aux archives de Louvain. Antiquités romaines, — L'Académie, conformément à l'avis de ses commissaires, MM. le baron De Reiïffenberg, Bekker et l'abbé De Smet, a résolu d'imprimer dans le recueil de ses mémoires, le travail que M. Roulez lui à présenté dans la séance du 4 juillet dernier, sous le titre : Observations sur divers points obscurs de l’histoire de la constitution de l’ancienne Rome. (Foy. le Bulletin n° 7, page 265.) . TES Littérature grecque. — La notice suivante, conte- nant quelques variantes et noles critiques sur Parthenius et Antoninus Liberalis, a été lue à la séance du mois dernier par M. Roulez, correspondant de l’Académie. «.Parthenius de Nicée, écrivain et poète distingué du siècle d'Auguste, l’ami de Cornelius Gallus et le maître de grec de Virgile , avait laissé de nombreux écrits, dont le seul qui nous reste est intitulé : Aventures amoureu- ses, et peut être regardé comme le précurseur des romans (402) grecs. Cet ouvrage n'existe plus, pour autant qu'on sache, que dans un seul manuscrit qui, ayant appartenu autre- trefois à la bibliothéque palatine électorale d'Heidelberg passa de là au Vatican , alla ensuite enrichir pendant quel- que temps les trésors de la bibliothéque de Paris et fut rendu en 1815 à l’université d'Heidelberg où il se trouve aujourd'hui. Depuis Jean Cornarius, premier éditeur de Parthenius (1531), personne ne consulta plus le manuscrit, jusqu'à ce que Bast l'examinât de nouveau et publiât les résultats de son examen dans sa Lettre critique à M. J.-F Boissonade sur Antoninus Liberalis, Parthe- nius et Aristénète. Paris, 1805. 8. Pendant mon séjour à Heidelberg, en 1829 , ayant collationné à mon tour le texte d’Antoninus Liberalis, conservé uniquement aussi dans le même manuscrit , et dont je me proposais alors de don- ner une nouvelle édition, j'étendis cette collation à l’ou- vrage de Parthenius. Ce qui avait échappé à l'œil exercé de Bast, ou que peut-être il n'avait pas jugé convenable de été, était de peu d'importance, et je n'aurais même jamais Fer à en entretenir le public, si je ne fusse tombé dbrtibebnidut sur un passage de la préface de Passow dans le vol. [7 de sa Collection des Érotiques grecs, où le savant éditeur de Parthenius blâme la prétendue négli- gence de Bast dans les termes suivans : Æaud enim ubi- que eâdem diligentià versatus est Bastius et, quod maximè dolendum , in ipsis poëtarum fragmentis , al- tissimé vitiorum sorde obrutis , sœæpiuscul nobis in- vidit auxilia Palatina. » Une pareille accusation lancée par un helléniste d’une aussi grande autorité que feu Passow, par cela seul surtout qu’elle se trouve répétée plu- sieurs fois (voy. Notes critig., p. 59, 63, 69), pourrait faire naître, chez quelques savans, l'espoir trompeur de ( 403 ) découvrir encore dans le manuscrit palatin des secours im- portans pour l’épuration du texte de Parthenius. Afin de les désabuser à cet égard , j'ai cru devoir rendre publiques les variantes omises par Cornarius et Bast : un futur édi- teur fera bien d’en tirer parti; car, pour les auteurs qui, comme celui-ci, ne reposent que sur un original unique, il est bon de tenir compte même des plus petites choses. Dans un grand nombre de ses notes , Passow invoque l’au- torité de Cornarius, incertain qu’il est si cet éditeur a reproduit ou non la leçon du manuscrit. Quand je ne fais aucune remarque à ce sujet, c’est un signe que Cornarius a suivi fidèlement le manuscrit. Chap. 1, pag. 4, lig. 1 de l’édit. de Passow éyéovrol mst. éyuvevro. Chap. IL, p. 4, 35, Afoudor tu] mst. tic. Chap. IT, p- 5, 23, éracyxsSæ] Passow p. 52, soup- çonne à tort que le manuscrit soit favorable à la correction de Legrand ; il porte, comme l'édition de Cornarius , érep- yäaSou. Chap. VI, p. 7, 28, Oparne| Le manuscrit a aussi 1% souscrit; il manque as l'édition de Legrand, ainsi que dans les précédentes. P. 8, 12, repueppünaar | mst. Mepuspunrey et plus bas xatapæyévroc; le copiste omet as- sez fréquemment le redoublement du L. L. 18, xpeoa- pevos| mst. &pesaueyos. Ch. VIII, titre Tepe Hocrennc] Pas- sow, en rappelant dans sa note, p.56, que le msi. offre dans tout le chapitre Hotrm et non Han , témoigne son regret de n'avoir pas adopté cette première orthographe, qui a également pour elle l’analogie de plusieurs autres noms. J'ajouterai que la table des chapitres, qui se trouve avant le texte dans le manuscrit, présente aussi ce nom écrit avec l'esprit rude. L. 32, AùT par | mst. AüTpa. P. 10,4, adrw | mst. œùt 6. L.9, adoue rue] mst. addoëe twac. Ch, IX, ( 404 ) p- 11,7, poupireu] mst. rpoëupnre. L. dernière, Sexcas- Sou Thv xépnv] mst. et Cornarius Brice So. Cette léçon est évidemment fausse; je pense qu’il conviendrait de lire Xapisasdo %n xépn, où bien, avec un changement plus léger» riu&oOer r. uépnv. P. 12, 2, émppireouléur| : mst. émeperroouéyoy. Ch. X, p. 12, 13, ëc BaSdvy | mist. &e B. L. 16, xp0pa | mst. xpüpa. C'est ainsi qu’au liéu de A&- Spa le copiste écrit constamment hatpa. Poy. Bast, Let- tre à Boissonade, etc., p. 163; peut-être avait-il ici en vue xmows. Ch. XI, p. 12, 1. pénult., Jéya| mst. Ney (sic) et plus bas oixovouvy (sic). P. 13, 1. 6. Bñ À réom Aa] mst. £ñ doepeydos (sic). L. 11, BvBlx| Le ma- nuscrit n'offre que trois fois ce nom écrit par un v, savoir dans cet endroit, au dernier mot du présent chapitre et dans la table des chapitres placée au commencement de l'ouvrage; 1l n’est donc pas exact d'avancer , comme le fait Baumgarten-Crusius(ad Ovid. Metam. ,1X, 453, p. 358), que Parthenius écrit ByBli. Passow , il est vrai, a adopté exclusivement cette forme; cependant la forme B:BX, qui est aussi celle que viennent d'admettre les nouveaux éditeurs du Thesaurus Ling. Gr. de À. Estienne , vol. ÎT, p. 248, ne manque pas non plus d’autorités. Foy. les Comment. d'Antoninus Liberalis, p. 258, éd. Koch. Au chap. LIL de ce dernier auteur , le manuscrit palatin ne porte qu’une seule fois Bu6%6. L. 20, xayvirou] mot. xämrvitou (sic). L. 22, népr| mst. mepe (sic). L. 25, M:- Mots] mst. Mode. Ch. XIII, p. 14, 13. One | mst. Jeu. L. 18, is To Nes | ets 7. Ni, et au commencement du chapitre suivant, ét réôy Na- Aerdiy (sic). Ch. XIV, p. 15, 2, éunxaväro| msi. éun- xavaro, et 1. 4, éppodeiy. L. 5, rpcioydueve|] Le mst. a, ( 405 ) comme Cornarius et Gale, roosuryéueves. L. 20, :pynoti| mst. porn. Li 21, Euosouémc] Cornarius élocouém, mst. uscouéyn. L. 24, Sapoc] mst. £apoc. L. 25, Snhiaer| Cornar. Sélnae, mst, Séloau; ce qui est favorable à la conjecture de Passow: 7’oir sa note, p. 62 suiv. L. 33, à d'ére] mst. n doter. P. 16, 3, x] most. dx (sic) et npuré. L. 6, one. mst. duo. L. 9, oSéyées | mst. o%- yËaS ; plus loin ére (sie). L. 16, Aïw] Aïw, c.-à-d, ay, forme déplacée en cet endroit. Ch. XV, p. 16, 25 ; dlopévns] mst. douéme; même manière d'écrire, plus haut Ch. Il; voyez Passow, p. 51. P. 17,4, mpoïdeuém | mst. TpoEL don (sie). Ch. XVI, p. 17, 26, Troxw| Le manuscrit a également 1 souscrit; il manque dans les éditions précédentes. Ch. XVI, p.17, 37, row ré90 | ré est une addition deGale. Dans le mst. ona indiqué l’ab- sence d’un mot par un pelit trait(’)inscrit à la marge. P. 18, 10, émmpordiaSoi| mst. rposSéose ; d'où ilappert que la le- çon de Cornarius, émporSaoSæu, n’est nullement, comme Va cru Passow, le résultat d’une erreur MERE ET Cette leçon, du reste, a trouvé un défenseur dans J.-G. Schneider, Leæic. Gr., au mot émrp, tom. I, p. 522. L. 13, acyv| mst. arm. L. 23, avoue] mst. éouoy (sic). Plus loin xa%0p% , et au commencement du chapitre sui- vant, Toluäy sans ? souscrit. Ch. XIX, p. 19, 24, ci- xNTOpES p.] mst. Kropos oi Opens ; je serais d'avis de lire Khtopos êx Opens dans ce sens : fils de Cetor et de Thrace. Ch. XX, titre repi Aïipoïc] La table des chapi- tres dans le manuscrit porte Aïoobc. Comp. la note de Passow, p. 68. Chap. XXI, p. 20,1 23, Aäurero po] mst. Adpredy po; c’est donc à tort que Passow regarde ( 406 ) la leçon de (Cornarius comme une faute typographique. P: 21063 0} enty0ato | Cornar. dérayéagero, mst. © To YATGETO. Ch. XX, p. 21, 21, rw] most. roc (sic). Ch: XXII, ire. TEpi Xadawe] Quelques savans ont voulu restituer Xe. Voyez Gale et Passow sur cet endroit. La table des chapitres porte Iow@%x. Ch. XXIV, p. 22, 7. rokeuioy tu] ‘mst. 6, plus loin Zvparobooas (sic). Ch. XXV, p. 22, 25.4 té tos| comme dans le manuscrit, Gale, Legrand, Teucher , & re ruwès. Ch. XXVI, p. 23,1 6, dénes. | mst. d éxer. L. 14, éx Sewv (sic). Gb. XXVIL, titre, rex Aluwéx] Ce titre paraît ajouté dans le manuscrit par une main plus récente. Ch. XXVIIT, p. 24,8, Aüpusoo» | mst. Aopioar. C'est ainsi qu’au lieu de oxpisoa, on écrit quelquefois ctpsa. Diodor. de Sic. , XVII, 57, p. 1191, éd. Dindorf. Comp. Wesseling sur cet endroit, p. 205. Ch. XXXI,p. 25, 9, évaptfse ai- cv] mast. «rw. Ch. XXXII, p. 25, 17, Lerpaniauos Ti] mst. tés. Ch. XXXIII, titre, TEpi “Asaäovos |. La table des chapitres dans le manuscrit porte Asäoyos (sic); à la fin du chapitre, quacruaroy daypnoas Sa (sic). Ch. XXXIV » p. 26, 27, drodunSsïo | !mst. drodumOeie (sic) et au vers suivant mparo (sic). Ch. XXXV, p. 27,1 , Kpüqa] mst. Koûpa (sic), c’est-à-dire Kpoa , comme sus haut, ch. X, P- 12£LAE, “Anrepes|] mst. "Anrapos , quoique plus haut on y lise ‘Anrepes. D'autres auteurs écrivent ‘Anrépas. Voyez Gale et Legrand sur cet endroit. Ch. XXXVI, p. 27, 19, pari |: mst. pévmy. L. 20, Trot (sic), et p. 28, |. 1, énomreu. Je terminerai cette série de variantes par uné remarque paléographique sur une particularité du manuscrit palatin. C’est que presque toujours la particule ( 407 ) re dans te-xa! s’y trouve accentuée et l’adverbe rapaypñuz écrit en deux mots Tapa ypñua (sic). Dans l’édition de Legrand, ainsi que dans celle de Pas- sow, le ch. XXXI n’a pas de titre. Je l'avais cru d’abord inédit, maïs j'ai reconnu plus tard que les éditions pré- cédentes portaient comme le manuscrit : ioropez Dulac- xs. On admet unanimement que Phylarque, dont il est question ici, ainsi qu'aux ch. XV et XXV, est l’histo- rien de ce nom, contemporain d’Aratus et auteur d’une histoire en 28 livres (depuis la mort d’Alexandre-le-Grand jusqu’à celle de Cléomène III, roi de Sparte) citée par Suidas (au mot Do t. III, p. 643), sous le titre d’Æ5s- toire de l'expédition entreprise par Pyrrhus contre le Péloponnèse. Mais serait-ce bien à cet ouvrage que Parthe- nius a emprunté ses narrations ? C’est l'opinion de Voss- ius, suivie par Gale ( Sur Parth., p. 132 des Script. Hist. Poetic.). Quant à Lebeau (1), il ne s'explique pas à cet égard. J'avais soupçonné d’abord , à n’en juger que d'aprés la nature des récits, qu’ils pourraient bien être tirés du Précis de Mythologie, attribué aussi à Phylarque par Suidas. Cependant l’invraisemblance qu’il y aurait à sup- poser que cet ouvrage se soit composé d’un assez grand nombre de livres pour que Parthenius pût en citer le quinzième, et plusieurs autres raisons encore m'ont en- gagé à me rallier au sentiment général. Maintenant si l’on ‘fait attention au tilre donné par Suidas à la composition historique de Phylarque, on ne doutera pas un seul ins- tant que le ch. XXIIT de Parthenius, qui ne porte de Et (1) Recherches sur les auteurs dont Parthenius de Nicée a tiré ses nar- rations (Hisrotre ne L’AcapémiE pes Inscr, ET Becres-Lerr.,t. XXXIV, p. 70. ( 408 ) nom d'auteur ni dans les éditions ni dans le manuscrit, ne soit tiré également de Phylarque : en effet, le contenu de ce chapitre n’est rien autre qu’une légende sur lori- gine de la guerre de Pyrrhus dans le Péloponnèse. J'avais commencé , il y a quelques années, à m’occu- per, peu activement à la vérité, des travaux préparatoires pour une nouvelle édition des Métamorphoses d'Anto- ninus Liberalis, que j'ai même annoncée au public dans la préface de mon édition de Ptolémée Chennus. Entre temps cet auteur a été publié de nouveau en Allemagne par G.-A. Koch, et la vaste érudition de l’éditeur s'étant emparée des matériaux que j'avais déjà recueillis, j'ai aban- donné entièrement mon projet. Je me bornerai en consé- quence a faire ici pour Antoninus Liberalis, ce que j'ai fait plus haut pour Parthenius. Chap. I, p. 1, L. 21 de l’édit. de Koch, dxlaSoïox Toy HOTÉDO , VUYLOY érérheusey | Dans le manuscrit la virgule est placée, par erreur, je pense, après wyzv. Ch. IT, p. 7, 22, uni xat | mst. party. Une singularité du manuscrit palalin, c’est d'avoir toujours le » dit épsuorixo, devant une consonne, non-seulement à la fin, mais encore au mi- lieu d’une phrase et quand il ne s’agit nullement de faire appuyer sur le mot auquel il est ajouté. Voyez les exemples cités par Koch, dans sa Préface, p. L, auxquels on peut ajouter les suivans : ch. X, p. 16, 17, OpETw, XIV, p. 23, 1 eoye XV, p. 24, 5, éxékeoe. Comp. Bast, ouv. cité, pp. 104, 108. Ch. IX, p. 15, 18. Elxw] mst. Ex. L. 24, LyË] mst. ” l'avait voulu corriger, et comme on lit entre autres dans Pindare Pyth., IV (381), 214, éd. Dissen. On retrouve la même accentuation dans la table inédite qui, dans le manuscrit, précède celle qu’a publiée Bast, et contient Ibyé, comme Muncker ( 409 ) uné liste des oiseaux cilés par Antoninus. Ch: X, p. 16, 21 ,ñ Bobo] Plusieurs commentateurs d'Antoninus vou- draient remplacer ce mot par Büxs. Voyez p. 160, éd. Koch. Schneider regarde les deux mots comme sy- nonymes (Leæic,, au mot fx, t. I, p. 278.) G. Dein- - dorf au contraire (Stephani, Thesaur. Ling. Gr., vol. IE, p. 459 , éd. Paris) pense que Gi£x n’est qu’une autre forme de Bisou. Je remarquerai, à l'appui de cette dernière opi- mon, que la table I dans le manuscrit, au lieu de Biba, porte Gvoca, et que, dans le présent chapitre, comme au XV°,ce mot se trouve accolé à yhadé. P. 18, 10, Ila- peu] mst. Iavdapeou (sic). L'omission de l'accent, qui manqué également plus loin 1. 12, paraît provenir du doute, où se trouvait le copiste au sujet des formes Ilay- dapens et Ilavdzcéo. L. 28, rélemv| correction de Munc- ker, appuyée par le manuscrit. Dans les éditions anté- rieures, on lisait neshéxuv. L. 29, xar éorw] amst. xa! éotw; accentuation répétée p. 23, L 18. Gh. XIV, p. 28, 10; reevrioovras cvriot Sovarw] D'après la correction de Verheyk, au lieu de teleutioavtas , que donnent le ma- nuscrit et les éditions antérieures. Quant à moi, je ne vois pas la nécessité de rien changer. L’aoriste tient con- venablement ici la place du futur, et la phrase doit être interprélée de la manière suivante : « Dévoués à une mort malheureuse et certaine. » Consultez sur cet emploi de Taoriste R. Kuehner, Gramimat. der griechischen Spra- che, $ 443, n. 2, th. Il, s. 78. L. 13, ci © ax] mst. où dada. L. 21, éd], mst. époudw (sic), c'est-à-dire poto, comme portent les éditions de Xylander et de Gale. Le manuscrit a également l'£ dans les deux tables qui précèdent le texte; circonstance que Bast a négligé de (410) noter. Zbid , ox | msi. cùx, c'est-à-dire 2. L.' 22; thy dpv] mst. rè d5y; il est possible que le copiste ait écrit d’abord 7%, car il y a quelque chose de gratté à la place occupée par lo L.23, xt ea] mst. rai a oi ; même maniére d'écrire p. 28, L. 9. Ch. XV, p. 23, 28, Kô] mst. Kw. p. 24, 2, cipyabovro| le manuscrit et l'édition de Xyland, #cya£oyto. Ch. XVII jp. 26,2, à | conjecture de Muncker, confirmée par le manuscrit; avant lui on lisait oi. Ch. XIX, p. 27, 25, Aaoc], mst. Aoios et plus bas Aaïxr. La même accentuation se reproduit dans la table I du manuscrit. Les éditeurs auraient dû, ce semble, la suivre, comme le fait Schneider (Leæic. t. IT, p. 4). Dans Aristote, ist An., IX, 19. Les différentes leçons semblent mener à Acè. Ch. XX, p. 29, 1. 16, Toserd | lisez, d’après le mst., Isa , l’a étant long dans ITcsadiwy. C'est pour la même raison qu’ au ch. XXVIIT, le mst. donne partout Tuo. L. 23, obtés éat| mst. éotis 00,1 aiyiSalos | Le manuscrit donne ici d&- 7Jalos (sic), et à la table I deux fois ainSahés. Ceci mérite d'autant plus d’être remarqué, qu’on n’est nulle- ment d'accord sur la manière d'écrire et d’acceniuer ce mot. Voir Jacobs, ad Ælian., N. À.,t. II, p. 49, 360. Stephan. , Thesaur. Ling. Gr., vol. I, p. 897, éd. Paris. Ch. XXI, p. 81, 28, orùûé] Le manuscrit offre à cet endroit, ainsi qu'à la table [, o70Ë, et dans la table IT otuya. On voit que le copiste à été conséquent avec lui- même. Il est probable que ce mot était déjà corrompu dans le texte, lors de la confection des tables. Ch. XXHIF, p. 33, 14. dodixa] mst. d'. P. 34, 13, épparsey| d'a- près la correction de Muncker; mst. Xyl. et Gale épor- ce. Ch. XXV, p. 35, 9. dméOvnouo| mst. àréOvnouer. ( 411 ) Cet «, ajouté là on ne sait trop pourquoi, reparaît encore plus bas, p. 44, 6, droSvuoe (sic), et p. 52, 3, aré- onoxov. P. 35, 17, ai Oo] mst. &. Ch. XXVI, p. 36, 21, éÉepeuva | mst. eéepauva. L. 16, dgoryicr | mst. ToayoY (sie); je voudrais lire ox, forme autorisée par Hip- pocrate, où l’on trouve czayat, p. 637 et 271, Foes. Foy. Schneider Zeæic. 1. IT, p: 568. Ch. XXVIIT, p. 38. 14, büa] mst. Caux, c'est-à-dire Cox. L'? se trouve aussi ajouté dans la table IT, où on lit &Gey; Bast l’a omis sans en parler. L. 15, iépaë] mst. iépan (sie), mais la table IL donne correctement iépax«. Ch. XXX, p. 40,11, Zaproidrves | mst. Zœprmdéves. Ch. XXXI, p. 42, 5,70 vEr,0 Gp mr E. YoULoas ,| Le manuscrit a le signe d inter- rogation après vüuoac. Ch. XXXIT, p. 42s 14, eBasieucs é Tÿ: Orn] mst. éBasiersey. Ch. XXXIV, p. 45, 20, de: épyoy] mst. dx € ecyoy. Ch. XXXVI, p. 46, 22. AE vouon | mst. ÀË. Voyez sur cette manière dauabo tee le traité de Jean d'Alexandrie, intitulé Touxà Tacay- yéhuera, VIT, 26. Ch. XXXIX,p. 49, 29, pive] il, faut lire cie avec le mst. Ch. XL, p. 50, 24 , tepèr| mst. ipcy (sic). Je pense avec Bast (Lettre Cri. p. 164) et _ Koch (Præfat., p. XLIX) que Verheyk a eu raison de restituer icè, qui est la forme ionienne. Toutefois 1l paraît que le copiste n’était pas aussi sûr de son fait que nous; car ila mis à la marge un pelit trait, par lequel il indique ordinairement un mot ou un sens corrompu. Ch. XLI, p..51, 9, Oogeu| mst. Oo, et plus bas Oopuav (sic). Peut-être le copiste voulaitl qu’on écrivit Oopus et Oépcey , comme dans Strabon , Geogr. ; lib. IX, p. 382, éd. Basil. (1549). P. 53,7, | mst. à ( 412) Nécrologie. — M. le professeur Kesteloat lit sur le gé- néral-major Huguenin, ancien membre de l’Académie et directeur de la fonderie de canons à Liége, une notice nécrologique qui sera insérée dans lÆnnuaire de l'Aca- démie pour 1836. L'Académie s'occupe ensuite des dispositions à prendre pour la séance publique, qui doit avoir lieu le 16 de ce mois, conformément à la résolution prise le 17 janvier dernier. La séance commencera à une heure de relevée ; et se terminera par la distribution des médailles qui ont été décernées aux concours de 1834 et 1835. Le lieu de la réunion sera ultérieurement désigné. Cette séance publique sera précédée d’une séance HA rale de l’Académie, qui aura lieu la veille et qui aura prin- cipalement pour objet la révision de plusieurs points réglémentaires et la nomination de deux membres et d’un correspondant dans Ja classe des sciences. L'Académie a décidé que désormais les nominations ne se feront qu’en séance générale , le 7 mai et le 15 décembre de chaque année ; et que tous les membres seront spéciale- ment invités à concourir à ces nominations, pour leur donner le plus de solennité possible. En conséquence , M. le directeur a fixé l’époque de la prochaine réunion (séance générale) au 15 décembre. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Transactions of the Royal Society of Literature of the united Kingdom. vol. H, part. IT, in-4° London 1834. Supplement to the second volume of the Transactions of the Royal Society of Literature in-4°. ( 413 ) Royal Society of Literature. Annual report ; presi- dent’s address ; List of membres 1835 ,in-&, broch. Mémoires de la Société Royale h Antiquaires de France , nouvelle série , tom. I°", in-8°. Paris, 1835. Additamentos a primeira parte da memoria sobre as verdadeiras epocas em que principiaräo as. nossas navegacôes e descobrimentos no Oceano Atlantico por J. J. Da Costa de Macedo , etc. ,in-fol. Lisbonne 1835. Florula Belqica, operis majoris prodromus , auct. Dumortier, in-8°. Tornaci Nerviorum, 1827. S'ylloge jungermannidearum Europæ indigenarum , earum genera et species systematice complectens, auct. B. C. Dumortier ,in-8°. Tornaci Nerviorum , 1831. Mémoire sur le mouvement d’un pendule dans un milieu résistant, par J. Plana, astronome royal, etc., in-4°. Turin, 1835. Le cultivateur, journal belge d'économie rurale ; in-8. Bruxelles 1835 ; présenté par M. Morren , correspon- dant de l’Académie. Re NS À À Es 2 ù té Fi BULLETIN L'ACADÉNIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES ditioidens: 4 AGE. No 1 à M. le baron de Stassart, directeur. M, Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M.le ministre de la justice fait parvenir à l'Académie un Ame du PAP de l administration de lu LJus- F522 | 1834. : NT en Et mass re grand, NE d'ou- yrages, et entre autres des dernières publications. de V'A- cadémie Impériale des sciences de Saint-Pétersbourg. . M. Quetelet communique l'extrait suivant d’une lettre de M. l'astronome Wartmann de Genève , relativement à la réapparition de la comète de Halley. « C’est probable- ment vers le milieu de ce mois-qu’on la reverra le matin, avant le jour; mais, d'après les prévisions du docteur Olbers, on ne doit pas s'attendre à la retrouver bien bril-_ Ton. 11. 31 (416) lante, quoiqu’à sa précédente apparition, en 1759, elle présentàt encore le 29 avril, 48 jours après le passage au périhélie, une queue de 25° d’étendue. » Voici: le tableau que ce savant docteur avait calculé, à priori, de l'éclat graduel de cette comète, et que l'événe- ment a assez bien justifié. 1835. VALEURS RELATIVES, 1835, VALEURS RELATIVES. D APTE | PP PE |: Octobre . 12. . . . . . 318.80 Septembre 4,..,, 2.05 — 14... . . 290.00 _— D'HEURES — A es sc 108,10 us 104: 100 ee DAS 5. DO _— 10:56:54 770 — Dee € 6 «1: 04,00 sie "OU D: M M 2: 301 00 — 24, .,. 12.78 Novembre 3... .,.. 31.15 _ 28... . 22.26 AS PRG ne Octobre. . 2.... 43.80 ne 115 S'PENTETES — ii LOS -— PRE ee CU — Mn: 1 OUIE RER: ANA — 10 . . . . 258.80 » AT époque où la comète a été Le plus près de la terre, c’est-à-dire à 7 millions de lieues environ, le 9 et le 10 octobre, nous avons remarqué ici un abaissement extraor- dinaire du baromètre qui.a persisté péndant deux! jours et qu’on a observé aussi, à ce que j'ai appris depuis, , à de grandes distances (1): Je ne pense pas toutefois que cette singulière coïncidence se rattache à aucune cause que : on doive osténsiblement attribuer à la comête. » M pe Koninck, Ph de à à l'Université de Gand, ‘ännonce © (1) Cét abaissement a été si remarquable chez nous que deuvmembres de J'Acädémie, MM; Crahay et Quetelet, en ont fait l'observation dans la séance qui avait lieu justement le 10 octobre, et que leur observation a été consignée au bulletin. ( 417 ) à l'Académie l'envoi d’un mémoire sur la préparation de la caudéine et de T'as autres aps contenus dans l’opium. . GOMMUNICATION. Histoire nationale, — M. Pycke, membre de l’Acadé- mie, communique la note suivante sur un travail qu'il a entrepris, concernant les attributions “ss gs de nos anciens états de provinces. «Dans la séance générale du 14 mai 1833, j'eus Éhari- neur de vous présenter un rapport détaillé sur un mémoire envoyé à l’Académie en réponse à une question très-inté- ressante pour l’histoire, et tendant à connaître les attri- butions politiques dont jouissaient nos anciens états de provinces sous le triple rapport de la souveraineté, de la législature et de l'administration publique:et, provinciale. » Le mémoire envoyé au concours fut reconnu insuf- fisant par tous les membres présens à la séance, et il fut décidé, à la même unanimité, rude la < portés serait retirée du concours. ÿE l'rFos LC » À cette occasion, tu th dis oblige 34 m’en- gagérent, et je consentis à traiter cette même ‘question , dans un mémoire spécial, quiserait soumis à Vexamen de l'Académie, sans néanmoins ‘fixer: l'époque à laquelle mon travail lui serait présané. Une indisposition grave; dont je suis à peine remis, m'a a empêché j jusqu'ici d'exécu- ter mon projet, dsfoliqno, 28H61. 291 Éensb :» Maintenant que j'ai pu tar ses mes études es riques et littéraires, j'ai l'honneur d'annoncer à la com- pagnie que mon intention est de m'occuper de ce trernil et de l’achever le plus tôt possible. D 45 ( 418 ) _» Je me propose de lediviser en deux parlies principales : « Dans la, 1%, je traiterai des ‘attributions, droits et prérogatives des anciens corps de nos états de provinces en général. » Dans la 2°, je ferai connaître les attributions et préro- gatives spéciales et propres à chaque province. de partirai du règne dé Charlemagne, y compris ses capitulaires, ‘et suivrai les règnes et les siècles jusqu'à la pacification conclue à La Haye “ps ‘lé traité du 10 décem- bre 1790. » J’ajouterai, par curiosité boütidtre, ce qui; à mon avis, constituait notre: droit politique pendant le moyen âge, s’il'était possible de:tracer un pareil droit là où l’on ne rencontre qu'invasiôns de barbares ; ae civiles et ravages. nn HO ques » Je dirai. posliqaile: mots: de la: Situation pulitietio: én nôtre patrie , avant le règne de Charlemagne; les lois sa lique et ripuairesine seront pasomises:, mais je me: propose d'examiner avec un soin particulier la question de savoir si nos anciens états ont concouru à la législation; ‘ou bien, si le pouvoir législatif a tn sans partage, à nos ci-devant princes: 0 201 | 30 9f199 € » Je finirai montravail par hdi cb Fe causés et les évé- nemens, qui, d’après! ma conviction: ont fait passer le pouvoir législatif des mains die nos: Er je _—. en nées dessoiverainescihut on) used tie104 tul Liavsii mor » Je m'oblige à puiser mes renseignemens:et mes notions dans les chartes, traités, capitulations et autres documens authentiques ou’officiels ; et là où.ces autorités manquent j'aurai: recours: aux: traditions de l’histoire et au témoi- gnage de nos anciens écrivains ; doritr; jindiquerai les livres et les écrits. (419 ) » Pour répondre, autant qu’il dépendra de mes faibles moyens, à l'honorable attente du corps académique, je _traiterai les questions sous leurs rapports politiques ; -c’est- à-dire, qu’au lieu de donner une organisation matérielle des états ; je tracerai leurs dfoits constitulionnels, leurs relations » administratires sous le point de vue social et moral. . li LÉ 61 » Tel est le plan que.je me propose fe. suivre dans le travail qe J'ai osé entrèprendre : c’est vous dire, Messieurs, combien j'aurai besoin de votre indulgence. ft » Je demande; donc, qu’il plaise à l’Académie de. me donner acte de mon inscription pour prendre date de ce jourd’hui. | Bruxelles , le 15 décembre 1835. LECTURES, Ornithologie. — L'Académie ordonne l'insertion dans son Pulletin de la notice suivante, contenant la Descrip- tion d’un nouveau genre d'oiseau de l’ordre des échas- siers ; notice qui lui a été présentée dans sa séance du 17 janvier dernier par M. le chevalier B. Du Bus, et sur laquelle un rapport aété lu à la séance du 7 mars. GENRE LErrorRyNQUuE. — Leptorhynchus. Bec très-long , droit, grêle, comprimé à sa base, déprimé vers son 1 extrémité, lisse, terminé en pointe obtuse ; mandibules sil- lonnées latéralement jusqu'aux trois quarts de leur longueur. Narines longitudinales, étroites, linéaires, percées à la base du sillon _ supérieur. Jambes en grande partie nues. Pieds à tarses très-longs, très-grêles, réticulés ; les trois doigts anté- rieurs réunis par une membrane He échancrée dans le | milieu; pouce manquant totalement. jap (420 ) Ailes. ne dépassant pas la queue, pointues ; la première rémige ia ; plus longue. | | Queue - composée de douze rectrices, courte, arrondie. Ongles courts, en forme de faux. : Loiséau'qui fait le type de ce nouveau genre a beaucoup de rapports avec les avocettes dont il a le facies et la plu- part des caractères. Gomme elles , il a le bec aminci, dé- primé:et lisse; il a aussi les tarses très-longs et les doigts palmés ; il a les mêmes ailes, la même queue et probable- ment les mêmes habitudes; mais’il en diffère essentielle ment parce que son bec est droit et’non terminé en pointe aiguë, et parce qu'il est totalement dépourvu de pouce ou doigt postérieur (1), réduit d’ailleurs à l’état rudimentaire chez les avocettes. C’est donc à côté de ces dernières qu’il devra prendre place dans la série ornithologique. Nous l'avons appelé Zeptorhynque (Aerrèe, grèle, et püyxes, bec), à cause de l’extrême ténuité de son bec relativement à sa taille, LEPTORAYNQUE À POITRINE ROUSSE, — ZLeptorhynchus pectoralis. L. Corpore albo; pectore transversé rufo fasciato, fasciâque pectorali antrorsum nigro murginatà ; abdomine nigro fuliginoso ; alis fusco- nigricantibus ; rostro nigro; pedibus luteis. La tête, le cou, la partie supérieure de la poitrine, le (1) Cependant en examinant bien attentivement la dépouille séchée - de l’oiseau qui fait le sujet de cette notice , on distingue à la partie pos- térieure du tarse un peu au-dessus du podium , une très-petite protubé- rance qui pourrait faire supposer l’existence de quelque rudiment de pouce sous-cutané. Il est possible que l’oiseau vivant présente ce carac- tère d’une manière plus saillante, mais il n’en est pas moins tridactyle. 2.7. ) es Dr 1 2 MU NV Le ptorhynchus pectoralis, (Dub L'esueur del et Sc" LE dl re PER (421) dos ; les flancs et l'abdomen sont blancs; une large bande transversale rousse , bordée antérieurement de noir, occupe lé, centre de la poitrine et se termine en avant du pli de l'aile ; le milieu du ventre est marqué longitudinalement d’un noir fuligineux qui descend jusqu’à la région arcale; les grandes scapulaires , les couvertures des ailes et les ré- miges sont d’un brun-noirâtre foncé; les dernières pennes primaires sont terminées de blanc et les secondaires sont presqu’entièrement de cette couleur. La queue est blanche à l'exception des quatre rectrices du milieu qui. sont blan- châtres. Le bec est noir.et Les pieds sont livides. La longueur totale de cet oiseau est de trente-neuf cen- timètres depuis la pointe du bec jusqu’à l'extrémité de la queue; le bec a sept centimètres et demi; la partie nue du tibia cinq; le tarse huit et demi et le doigt du milieu trois centimètres. Le Jeune âge se dsingse de l'adulte par la couleur du ventre qui est tout blanc et par celle de la bande de la poi- trine qui est d’un gris ardoïsé; les ailes sont aussi d’un brun plus pâle; les plumes des couvertures et des scapu- laires sont bordées de blanchâtre, et les rémiges sont ter- minées de la même couleur. Cet oiseau habite la nouvelle Zélande et ses mœurs me sont inconnues. Géologie.—M. Cauchy , ingénieur en chef des mines et membre de l’Académie, dépose sur le bureau le manuscrit d’un mémoire présentant un Tableau synoptique des mi- néraux et des roches dela Belgique , considérés sous les rapports minéralogique , géologique, géographique et technologique , ce mémoire sera lu dans une prochaine de ah Zoologie. — M. Dumortier expose à l’Académie qu’il est ( 422 ) parvenu à observer les divers systèmes constituans des po- lypes composés d'eau douce, ainsi que leur circulation, leur respiration et qui reproduction. ” donne Lo000en de la notice suivante : 9 SO | Rucherches à sur + Puma et. vé shunislhgie des poly- Set: …piers composés. d'eau douce. « Tout cé qui se rapporte à l'étude intime des êtres infé- rieurs présente un intérêt marqué pour la connaissance de l'organisation générale, Les lois de la nature, qui, dans les êtrés supérieurs, nous étonnent à hide: in- stant par la variété de leurs effets, sont bien plus dignes d'admiration par leur extrême LT ET et plus les appa- reils destinés à les desservir perdent de leur complication, : plus elles se généralisent, plus elles apparaïssent dans toute leur grandeur. La vie dont le mécanisme est si compliqué dans les animaux supérieurs, se réduit , dans les animaux. infimes, à un petit nombre de fonctions qui amènent ce- pendant les mêmes résultats généraux. Tandis que dans les animaux supérieurs tout est indirect et occulte, dans les êtres inférieurs tout est direct, tout est patent, et les or- ganes s’y trouvant réduits à leur plus simple expression, leur destination devenue immédiate, dévoile les grands se- crets que la nature semble avoir pris à tâche de dérober à nos regards dans les animaux supérieurs. * Les recherches sur les animaux inférieurs sont donc du plus haut intérêt pour l'étude de l'anatomie ét de la phy- siologie animale ; mais , ces recherches acquièrent encore plus d'importance lorsqu'elles se rapportent à ces êtres singuliers placés à la limite de deux régnes, qui, vivant en communauté comme les divers bourgeons d’un arbre dont ïls simulent les rameaux, ont été pris tour-à-tour ( 423 ) pour des plantes ou pour des animaux , et que leur ressem- blance avec les végétaux a fait désigner sous le nom de zoophytes. Chose étrange! quelque communs que soient les polypiers dans toutes les mers, nous ignorons jusqu'ici les fonctions et les organes des polypes, nous ignorons ce qui, dans ces êtres singuliers, appartient à la vie commune, ce qui appartient à la vie individuelle. C’est pour éclaircir ces diverses questions que j'ai entrepris ce mémoire. Les polypes que l'on rencontre dans nos eaux douces, sont simples ou composés. Les premiers sont les hydres, les seconds constituent les genres cristatelle, alcyonelle et naysou plumatelle. Ces derniers forment des polypiers ana- logues aux espèces marines, quoiqu’infiniment plus petits. Parmi les polypes à polypier d’eau douce, les crista- telles sont libres, tandis que les plumatelles et les alcyo- nelles sont fixées et ne peuvent se transporter d’un lieu à un autre. Cependant l’analogie de leur structure est frap- pante, et c’est bien à tort, suivant moi, que M. Cuvier, tout en confessant cette analogie, les a séparés en plaçant les uns près des hydres et des vorticelles, les autres, près des tubulaires , dans deux ordres différens. Il est encore à remarquer que le genre plumatelle de Lamarck, s'éloigne de celui que Bosc a fondé sous ce nom, en ce qu'il renferme non-seulement des espèces à tenta- cules ciliés comme son nom l'indique, mais aussi des es- pèces à tentacules nus ou tuberculeux. Ces dernières ne possédant pas le caractère primordial du genre, doivent en être séparées et former un genre distinct que je pro- pose de nommer Lophopode (ZLophopus (1) )), et dont voici les caractères. (1) De À5g0:, panache, et ToÜs , pieds ; pieds en panache. ( 424 ) LOPHOPUS, Animal anosteum ‘compositum, “gelatina viva involitum , stirpe basi affixa, membranacea, tubulosa , ramosa; brachiis duobus postice reflexis, margine utroque tentaculis; tentaculis ciroiter 60 nudis, in semilunam dispositis ; ano subapicilari, postico. | Les espèces de ce genre sont: 10 Lopnorus cRYSTALLINUS; Corpore extra vaginam tractili. a. Ramosus; vaginaramosa.—Trembl., Polyp., tab. X, fig. 8et 9. B. Lobatus ; vagina lobata. Ic. nostra. 20 LoPHoPus CAMPANULATUS ; corpore intra vaginam abscondito. Ce genre, avec les plumatelles, les cristacelles et les alcyonelles , doit former dans l'ordre des polypiers une petite famille ou tribu que je nomme les Lophopodées , intermédiaire entre les alcyonées et les tubulariées, et qui diffère des 1r°° par l’absence de fibres réticulées au cen- tre de la masse, et des seconds par sa rangée unique de tentacules; de tous deux par les tentacules disposés en fer à cheval et insérés en majeure partie sur deux bras. Les ZLophopodées différent des Jydracées,avec lesquelles Latreille les.a confondues, par leur système intestinal sé- paré du système cutané, par la présence d’un anus dis- tinct, par leurs tentacules nombreux disposés en fer à cheval, portés sur deux bras situés au sommet postérieur de l'animal. En ontre, les Hydracées sont des polypes sim- ples, tandis que les Lophopodées sont composés. L'être qui fait l’objet de ce travail, fait partie des poly- piers composés et fixés d’eau douce. IL appartient aux polypiers à panache de Trembley et c’est lui, si je ne me trompe, qui a élé nommé tubularia crystallina par Pal- las, tubularia reptans par Gmelin, nais rampante par ( 425.) Lamouroux, plumatella cristata par Lamarck. Cependant il,me.reste quelque doute à ce sujet, car le polypier de, Trembley est rameux et a la forme d’un arbuste; le mien, au contraire est plutôt lobé et a plutôt la forme d’une ulva ou d'un fucus. Les individus qui le composent sont aussi moins coniques, et la base générale est dépourvue d'empatement, Après avoir exposé ce qui est relatif à la. ire et à la classification de l'animal qui nous occupe, voyons ce qui est relatif à ses organes et à leurs fonctions. $ 1. — STRUCTURE GÉNÉRALE. : Le Lophopode crystallin forme ; comme nous l'avons vu, un polypier composé et fixé, dont l’ensemble, rameux et diversement lobé, est enveloppé dans une masse gelati- neuse à peu près comme les batrachospermes. (PI. V, fig. let 2), Pour bien comprendre la structure des Lophopodes, il faut d’abord se pénétrer de cette idée, que dans les poly- piers composés certains organes appartiennent à l’ensem- ble des animaux formant le polypier, certains autres À chaque individu polype. | | Le corps commun ou la tige, est creux à l'intérieur et formé par une membrane coriace; chaque lobe est ter- miné par un polype rétractile dans la masse générale, et dont le sommet est couronné par environ soixante tenta- cules, qui jouissent également de la faculté de pouvoir être retirés dans l’intérieur du corps commun. Dans l'intérieur de chaque polype on voit d’abord flotter le système intes- tinal qui, se recourbant sur lui-même, se termine par un anus supérieur , placé postérieurement derrière les bras. En examinant attentivement ; on ne tarde pas à reconnaître (426 ) les muscles qui attirent et relâchent le polype (PLV, fig: 3,m,n; PI VI, fig. 2, à, k), ainsi que les ovaires situés à la base du cul-de-sac de l'estomac, En poursuivant ces observations , on peut aussi apercevoir les ganglions sus- œsophagiens qui forment le cerveau de l'animal. Enfin, dans la cavité qui existe entre la peau et les intestins , il est facile de voir quantité de nue circulant avec 6 rapidité dans un fluide incolore. Examinotis successivement chacun de ces divers systèmes ainsi que les phénomènes qu’ils présentent. $ 2. — SYSTÈME CUTANÉ. Le système cutané du Lophopode se présente sous la forme d’une pellicule continue et diaphane; il'est absolu- ment libre et nullement adhérent aux organes intestinaux, si ce n’est à l'endroit de la bouche et de l'anus. On ne lui reconnaît aucune organisation cellulaire, mais cependant, en le soumettant à un pouvoir très-amplifiant, on aperçoit que sa surface est parsemée d’une foule de granulations diaphanes analogues à celles qu’on observe chez les Aca- lephes et qui y représentent des plaques de forme et de grandeur variables, entremélées de stries et de points, de manière à faire paraître la peau comme chagrinée. (PI. VI, fig. 1). La peau étant continue d’un polype à l’autre, il en résulte que le polypier est comme un sac diversement ra- meux dont tous les polypes communiquent entre eux par leur base. | Pour bien comprendre la structure du polypier et des polypes , il importe de distinguer le système cutané en com- mun ou général, et en individuel. Le système cutané gé- néral est celui qui forme le corps commun du polypier ou sa tige, ils’étend depuis la base du polypier jusqu’à Fan- ( 427 ) neau d'insertion du système cutané individuel à chaque po- lype. (PL. V, fig. 2, a ; fig. 3, a, b,c, d,e). Sa substance est plus consistante et plus épaisse’que celle de’ce dernier, | et, par sa surface extérieure , il exsude une matière mu- quéuse que tient bite d' PRE et Son tout le po- Iypier. tion tas bionduéé Tor Le système cutané sindividéel est: celui qui appartient exclusivement à chaque individu polype: Il est inséré sur le'systétie général à l'endroit de l'anneau de joction etn’en est qu’une continuité (PLV, fig: 8 ;@, f; gb; ét PI. VE, fig. 2,a>b,e, d); mais il n’est soumis qu'à l'action de ini idu tédues il appartient, et jouit de la propriété de pouvoir être retiré dans l’étui formé par le système der- mique général (Pl. V, fig. 38, e; h). Le systéme cutané indivi- duel est beaucoup plus mince et plus pellucide que celui du polypier (PL V, fig: 3). Comme lui , ‘il est homogène ét couvert de granulations diaphanes: étsqu an polype se contracte , il retire dans l’intérieur, en le renversant tout son système cutané individuel jusqu’au point de sa jonc- tion au système cutané général , et alors le premier sert lui:même d’étui aux tentacales qe il ie totale- ment. oi rorquiog NH SHD JR Le 19 119819 “Ainsi à dutéidn les are ; le système éutaié tout entier est susceptible de sé contracter, mais ces ‘contractions sont beaucoup moins prononcées. Toutefois , je puis assurer que lorsqu'on ivrite l'enveloppe générale, tout le polypiér se contracte d’une maniere sensible, et alors tous les polypes prennent part à cette contraction en rentrant dans l'en- veloppe générale, tandis que si un’ seul individu se retire, les autres continuent à fonctionner sans s en out a M moins du monde: | Sri est ( 428 ) n + 8. — SYSTÈME TENTACULAIRE. Au sommet tbagee polype sont situés les tentacules qui garnissent l'ouverture buccale. Dans le Lophopode, ces tentacules, au nombre d'environ soixante, sont unisériés, el présentent une espéce d’entonnoir recourbé en forme de croissant (PI. V, fig. 3; f,1,:k,q), au fond duquel la bouche est située. Les tentacules forment antérieurement une rangée semi-circulaire; postérieurement ils sont in- serrés sur les bords des deux bras( PL: VI, fig. 2). Ces bras sont concaves et canaliculés, leurs bords sont garnis de tentacules, ce qui donne au système tentaculaire la forme d'un double fer à cheval. | dite cutané dont ils ne sont que des pronsssus mani- festes ; ils sont tubulés, caves à l’intérieur, et leur texture, celle des tentacules surtout, paraît plus épaisse et plus consistante que celle du système dermiqué individuel. La cavité qui existe à l’intérieur des tentacules com- munique manifestement avec celle des bras (PL VI, fig. 3), et celle-ci avec la cavité du corps, et par suite ävec la cavité générale du polypier, tellement que le polypier tout entier est comme un sac rameux contenant un polype à chaque extrémité de ;ses lobes. Nous aurons occasion : de revenir sur cet. objet lorsque nous traiterons de. la circulation. La base des tentacules est garnie d'une membrane con- forme à celle du pied des oiseaux. palmipèdes (PL, VI, fig. 3). Gette membrane qui forme l’entonnoir.est destinée à amener dans la bouche les matières alimentaires que l’eau tient en dissolution. Chaque tentacule est garni de tubercules diaphanes, mais seulement sur sa surface ex- térieure, la face intérieure et les faces latérales étant ab- ( 429 ) solument lisses; on n’y observe jamais de cils comme dans les plumatelles. ; Les tentacules sont doués de divers mouvemens qu’ils exécutent avec facilité. Comme ‘organe de motilité, ils servent, par leurs mouvemens, à faire entrer dans l’onverture buccale, les objets destinés à l’alimentation ; nous verrons bientôt qu'ils remplissent aussi les fonctions d’organe respiratoire. Lg: Lorsque l'animal est thasoieitles il vient à la surface étaler ses tentacules, mais au moindre attouchement, au moindre choc il rentre subitement dans l'enveloppe géné- rale en resserrant préalablement ses tentacules en faisceau (PLV, fig. 2, c, c). Mais si le calme se rétablit, il sort bientôt de sa cellule et vient Eee de nouveau ses ten- tacules. | Les Lophopodes se nourrissant de matiéres en dissolution, les tentacules ne servent pas comme dans les hydres, à saisir leur proie et à la porter à la bouche; ces organes n'ont pas non plus, comme ceux de ces dhboidre animaux ; la faculté de se contracter fortement; ils ne peuvent exé- cuter ; des contractions rtilieitéds | $ 4. — SYSTÈME MUSCULAIRE. … Le système musculaire dés Lophopodes se divise en mus- cles du systéme cutané commun èt en musclés dé SAR cutané individuel. | Les muscles du système cutané sudividéel, se composent, pour chaque polype, de quatre muscles longitudinaux, in- sérés par leur base sur le système cutané commun, un peu au2déssous du système eutané individuel (PL V, fig. 3, n et PLVE, fig:2, à et k). Deux de ces muscles s insèrent aux extrémités latérales du système dermique individuel, en ( 430 ) divergeant sur les côtés, et envoient des rameaux muscu laires jusque dans les bel: ce sont les muscles cervico- tentaculaires, (PL..VI, fig. 2, k.). Les deux autres longent le: système intestinal, et s'insérent près de. l'ouverture buccale ; ce sont les muscles labiaux (PLVE,. fig. 2, à ). On. conçoit par ce qui précède, que,ces; muscles se.con: tractant avec force, doivent retirer le-polype dans la masse générale, c’est ce qui a lieu pour peu qu’un-polype.re- çoive la moindre secousse; alors les muscles secontractent rapidement, les bras et les tentacules (sont ramenés en faisceau , et immédiatement l'animal s'enfonce dans .la cavité générale. . | Los or. Indépendamment des quatre muscles que je: viens s de décrire, il existe encore à la base de chaque. polype des muscles semblables qui se rapportent au système général, et dont l'extrémité supérieure :s’insére à l'anneau qui re- çoit chaque polype. Leur structure et leur situation sont les mêmes que celles des muscles du système cutané indi- viduel (PI. A'ÉP TOO PE LEE, CAPES de bin Les polypes du Lophopode ne sont pas, pr de se contracter comme les hydres , tout ce qu’ils peuvent faire lorsqu'ils sont tourmentés, c’est de se retirer sous l’enve- loppe commune. | Lorsqu’après être rentré dans la masse générale, un po- lype: veut en sorlir, il opère d’abord Ja, contraction des muscles de l'enveloppe générale; par là, l’anneau, qui,sou- tient, l'enveloppe individuelle est retiré vers le polypier. Alors les muscles du système. cutané, individuel agissant en sens inverse, se relâchent, et ce.système se: déroule, abandonnant successivement: Le diverses portions des ten- tacules , qui finissent par, se trouver libres dans le liquide ambiant, et ne tardent pas à s'y épanouir. Au moyen de ce ( 431 ) | Ù mécanisme , l'œsophage, le gésier et l'intestin qui se trou- vaient plongés dans la cavité commune, s'élèvent et pren- nent place dans la cavité individuelle , sauf à rentrer dans la masse commune lorsqu'une nouvelle contraction aura lieu. Examinés à un très-fort grossissement, les muscles pa- raissent composés de fibres longitudinales, et on distingue çà et là les nodosités que chaque fibre forme en se con- tractant. Dans ce dernier état on aperçoit parfois les fibrilles qui s'incurvent et se séparent les unes des autres, tout en conservant leurs nodosités. J’ai aussi quelquefois aperçu des filets musculaires isolés, dont la structure et l'insertion m'ont paru conformes aux filets composés. Il n’est pas facile d’apercevoir le système musculaire du Lophopode ; pour cela, il faut que les polypes soient à jeun. Alors l'enveloppe externe devient diaphane et la cou- leur nacrée des muscles les fait bien reconnaître. Le meil- leur moyen de les observer est de les étudier à la lumière de la lampe et de se servir d’un miroir plan pour réfléter les rayons lumineux sur le porte-objet. $ 5. — SYSTÈME OSSEUX. Les polypes étant des animaux asquelettés, c’est à tort que l’on prendrait les sécrétions de plusieurs d’entre eux pour l’analogue du système osseux ; ce que jai dit du test des mollusques dans mes Æecherches sur la structure compa- rée des animaux et des végétaux (1), reçoit ici son entière application. Si quelque doute pouvait s'élever sur la ques- tion de savoir si les polypes sont ou non dépourvus de (1) Pages 70 el suivantes. Tom. 11. 32 (432 ) squelettes, il suffirait de faire remarquer que, chez plu- sieurs d’entre eux, et le Lophopode est de ce nombre, les tissus ne sécrètent aucune matière inorganique. Ainsi il serait ridicule de prétendre que ceux-là possèdent un squelette qui sécrètent ces matières, car alors il faudrait admettre que des animaux aussi voisins peuvent être , les uns squelettés et les autres asquelettés. $ 6. — SYSTÈME NERVEUX. La petitesse des polypes permetdifficilement d’y distin- guer le système nerveux, cependant je suis convaincu qu'il y existe. Une observation très-attentive m’a fait recon- naître les deux ganglions susæsophagiens qui y béni le cerveau (PL VE, fig. 2, 0, b).. | _ Ghacun de ces ein dites est situé à la base de chaque bras dans une cavité particuliére , que l’on aperçoit lors- que le polype est dans la position que les dessinateurs désignent sous le nom de trois-quarts. Cette observation étant trés-délicate, il ne faut pas se rebuter si on ne tombe pas dans une circonstance favorable pour distinguer les ganglions cérébraux. Ges ganglions sont ovales et font saillie dans la cavité dont j'ai parlé; leur aspect incolore et nacré ne permet je de les confondre avec les autres té- gumens. | Lorsque le polype est vu db côlé, on aperçoit sur l'œsophage un corps réniforme (PI. VI, fig. 5, a), que je crois être le même ganglion, et qui est jaunâtre par la irans- parence des parois qui l’entourent; quant à ce qui est des ganglions sousæsophagiens et des nerfs, il m’a été impos- sible de les reconnaître. ( 433 ) $ 7.— SYSTÈME RESPIRATOIRE. ‘°° Ainsi que je. lai déjà indiqué, le système respiratoire, de chaque polype de l’espèce qui nous occupe, appartient à la surface cutanée externe et réside dans les tentacules. qui sont à la fois organes de motilité et de respiration, D'après des observations réitérées, je puis déclarer avec certitude que les tentacules des-polypes composés, sont. autant de branchies servant à-la décomposition de l’air de l'eau dans laquelle ils sont situés , et à l’oxygénation du sang; je puis déclarer que la respiration leur est aussi in- dispensable qu'aux animaux les plus élevés dans l'échelle organique. Pour s'assurer de cette destination, il-suffit de, jeter dans l’eau un peu de liquide coloré au moyen d’un. corps non complétement soluble. Alors vous ne tarderez pas à aperçevoir les particules colorées ; attirées par les branchies, former des courans divers et ballottées entre, les tentacules, précisement comme cela a eu lieu dans les branchies des autres animaux. Le mouvement que les ten- tacules impriment au fluide ambiant, procure dans l’eau un tournoiement continuel, déjà observé par Raspail dans _ des êtres analogues et qui partant du col dans deux di- rections opposées, porte les globules contenus dans l’eau jusque dans l'ouverture buccale, au moyen de deux cou- rans marchant en sens inverse (P1..V, fig. 4). Il est très- difficile de se rendre raison de ce phénomène; mais je crois en avoir trouvé l'explication dans l'observation suivante. En examinant les tentacules au moyen d’un très-fort grossissement et à l’aide d’une lumière vive , on aperçoit le long des deux côtés de chaque tentacule un courant moniliforme qui, remontant d’un côté passe au-dessus de l'extrémité supérieure, redescend de l’autre côté, remonte le ( 434 ) tentacule suivant , le redescend ensuite et ainsi de même, de manière à ce que tous les courans ascendans soient d’un côté des tentacules et tous les courans descendans de l’autre (PI. IT, fig. 4). Lorsque l’animal respire, ces cou- rans sont comme un mouvement perpétuel et présentent un aspect admirable à l'observateur; on dirait une chaine sans fin, se mouvant continuellement et sans aucune in- termittence. Quand je les aperçus pour la premiére fois, j'avais d’abord pensé que ce que je voyais était une illu- sion d'optique, mais je fus bientôt détrompé en considé- rant que les paroïs des autres parties de l'animal n’offraient rien de semblable, et que même si un tentacule était placé de côté, de manière à présenter en contour ses faces inté- rieure et extérieure, alors les chapelets disparaissaient complétement. Ce sont donc les faces latérales des tentacules qui ser- vent à la respiration ; les chapelets que forment en ap- parence les courans que je viens de décrire, paraissent manifestement en dehors de l'enveloppe dermique, et sont par conséquent formés de globules de liquide ou d’air con- tenu dans Île liquide. Cette dernière opinion me paraît plus probable à cause de leur réfrangibilité qui ne pour- rait avoir lien s'ils étaient formés de globules d’eau. Au reste, les chapelets sont composés de globules adhérens les uns aux autres, et qui circulent avec une telle rapidité qu’il est trés-difficile d’en déterminer la forme. Quelle est la force qui pousse ces chapelets ? Quelle est leur nature ? Voilà des questions qu'il serait à désirer que l’on pût résoudre. Pour le moment je me borne à con- stater les faits et à montrer que ce travail si curieux est en rapport avec la circulation chez ces animaux si infimes, comme chez les êtres les plus élevés dans l’échelle. Nous ( 435 ) verrons au paragraphe suivant que, lorsque l’eau est viciée et que la respiration ne peut pres s'effectuer , les polypes tombent en état d’asphyxie et n’en sortent que lorsqu'on les replace dans de l’eau pure. L’analogie des phénomènes que je viens d'indiquer avec la décomposition de l’eau par la pile, est trop remarqua- ble pour la passer sous silence. Il est donc présumable que les tissus respiratoires ont sur l’air un pouvoir analogue et que tous ces mouvemens sont dus à sa décomposition. 6 8. SYSTÈME CIRCULATOIRE. ‘Il n'existe dans les Lophopodes ni cœur, ni artères, ni vaisseaux, et cependant la circulation y est aussi réelle que dans tés animaux supérieurs. L'espace contenu entre le système cutané et les intestins de chaque individu, forme une grande cavité communi- quant avec la cavité générale, et remplie comme elle d’un fluide incolore : ce fluide est le sang que occupe, par con- séquent, tout le vide laissé par les viscères. Dans le sang sont contenus des globules de forme et de grandeur diffé- rentes ( PI. VI, fig. 9), déja observés par Trembley et par Carus, globules de mucus, qui, entraînés par le sang, en montrent la circulation. En examinant un polype bien dé- veloppé au microscope, on voit le sang monter dans la cavité individuelle, se porter vers les bras et redescendre de l’autre côté, tandis qu’une partie entre dans les bras, s’y met en contact avec le système respiratoire, s'y oxygène et redescend ensuite dans le torrent de la circulation (PL V, fég. 3, et PI. VI, fig. 2). Cette circulation ne ressemble en rien au phénomène de la circulation animale, telle que nous l’observons dans ( 436 ) les animaux supérieurs, puisqu'elle a lieu dans la cavité générale, et elle rappelle entièrement la cyclose des vé- gétaux aquatiques; comme chez ces derniers, c’est un mou- vement de rotation imprimé au fluide respiratoire. Mais, ‘ce qui est encore bien plus remarquable, c'est que la cir- culation est commune à tous les polypes formant le poly- pier, et que le sang élaboré par l’un d'eux, profite à tous les’ autres. C'est ce qu’il est facile de déterminer avec cer- iitude en suivant attentivement les globules contenus dans le sang; alors on verra que le sang se porte d’un in- dividu dans l'enveloppe générale, et ensuite dans tous les autres. Les globules contenus dans le sang sont arrondis ou ovales, et de grandeur différente; ils sont complétement diaphanes et paraissent de la nature du mucus. Il n’est pas douteux HEC sont des globules de chyle; car, lorsque Tanimal est à jeun , on en observe très-pêu et de trés-petits, tandis que si on lui donne à manger, on voit aussitôt de ‘gros globules plus nombreux et plus rapides, arriver dans Ta masse circulatoire, Il était donc présumable que ces globutes sünt ?e résultat de la digestion. Pour m'en assurer je pris un polype qui venait de manger, et je lui enlevai avec précaution son systéme cutané de manière à mettre l'estomac entièrement à nu, Au bout de quelques instans, je vis une foule de globules analogues à ceux du sang sortir des pores de l'estomac et se répandre sur le porte- objet, ce qui démontre que lés globules que l’on aper- : çoit dans la circulation, sont fournis par les tissus de cet :. organe. dire — J'ai dit que ces globules paraissaient être de la nature du mucus , Car, outre qu'ils sont produits par l'estomac, ‘organe éminemment muqueux; leur substance ne pérmet ( 437 ) pas de supposer sk soient doués dauçun tissu orga- nique... …. | BE En effet, quand ces slobules Las arrivés aux exsrémilés des, bras, on. les voit très-fréquemment se réunir én grand nombre , et.se confondre en un seul, corps diversement lobé (PI. IL, fig. 10), mais qui ne laisse: voir à l'intérieur aucune trace. de leurs parois, aucune facelte, aucune surface. réfrangible, ce qui semble: indiquer ;que ce sont des globules de mucus qui. s'agglomérent entre eux. . Ges gros globules, après ayoir été long-temps ballottés dans la, cavité des bras, retombent ensuite dans le corps, et ne tardent pas à passer dans la cavité généralé; nons verrons tout à Vheure: qu'ils servent à la, formation des nouveaux bourgeons. 25. 9saro | Je ne dois. pas te de menlionnes qu'à. la Dons de chaque bras, il existe une cavité circulatoire: très-mani- este dans Donsiie la circulation s'opère toujours avec rapidité. Gette cavité semble faire les fonetions de'cœur et c'est laque l’on aperçoit le ganglion cérébral. Enoutre, on aperçoit. encore vers la région de la bouche ges vibra- tions intestines très-rapides et perpétuelles, qui.me parais- sent dues. à la circulation soit, intérieure soit extérieure, ce qu’il ne m'a pas été, possible de définir avec certitude. , Il importait beaucoup :pour l’objet de mes recherches, de m’assurer si le liquide. qui.se trouve dans.la cavité, du corps élait bien un fluide propre, et si c'était de l’eau ou du sang. Ce, qui devait surtout augmenter l'intérêt de cette recherche, c’est que les belles observations de Grant ont établi que , dans les éponges, l'eau attirée à l'intérieur , y circule pour que les particules qu’elle renferme puissent . servir à la nutrilion, et que , d’un autre côté, Garus assure que le corps de la Plumatella calcarea , renferme de l'eau (438) claire qui y circule quelquefois (1). J'étais d'autant plus disposé à avoir des doutes à cet égard, que l’on aperçoit antérieurement de chaque côté du col, une place arrondie et complétement diaphane que l’on pourrait supposer être deux pores béans pour l'introduction de l’eau. Enfin, pour connaître la vérité sur cet objet important, j'interrogeai la nature en plongeant divers polypiers dans des solutions de plusieurs espèces. Le résultat de ces expériences a tou- jours été que le liquide coloré ne pénètre pas dans la cavité intérieure, et que le fluide qui s’y trouve contenu, a constamment conservé ses caractères sans jamais se colorer. Plongés dans les substances qu’ils affectionnent le plus, comme dans une forte dissolution d’encre de la Chine, les polypes se gorgent l'estomac des matières noires qui s’y trouvent , mais quel que soit le temps qu’on les y laisse, le fluide interne reste toujours complétement diaphane. Il suit de ces expériences que c’est à tort que l’on sup- poserait que chez les polypiers composés , la circulation se fait au moyen de l’eau ambiante comme dans les éponges, et il fau bien reconnaître que le fluide circulatoire des premiers est un fluide propre, analogue au sang, qui, comme lui, se met en contact avec les organes de la res- piralion , et revient ensuite servir. à la nutrition. Dans les expériences que j'ai faites à ce sujet, j'ai eu occasion d'observer que lorsque j'employais des teintures qui se dissolvent parfaitement dans l’eau , comme celle du phytolacca , la respiration cessait d’avoir lieu, et bientôt l'animal tombait en état d’asphyxie; mais, en remeitant les polypiers dans de l’eau douce, au bout d’un certain (1) Anat, comp., IH, pag. 301. ( 439 ) temps, ils revenaient et reprenaient l'exercice de leurs facultés. $ 9. — SYSTÈME MANDUCATOIRE. Au fond de l’entonnoir formé par les ‘bras et les tenta- cules, on aperçoit la bouche (PI. VE, fig. 5 et 6), dont l'ouverture est réniforme et munie de deux lèvres l’une supérieure (PI. VI, fig. 5, b et fig. 6, a) et l’au!=3 infé- rieure (PL VE, fig. 5, e et fig. 6, b). Dans l'état habituel, la bouche est ouverte et béante , et la lèvre supérieure pla- cée plus haut laisse entrer'dans la cavité buccale les ma- tières alimentaires tenues en solution dans l’eau, et qui y sont apportées soit par les courrans formés par les tentaculés, soit par les tentacules eux-mêmes. Lorsque la bouche est suffisamment pourvue d’alimens, on voit très-distinctement la déglutition s’opérer: à cet effet, l’ani- mal ferme la bouche, fait un mouvement de contraction vers le pharynx, et les alimens passent avec rapidité, dans le gésier qui les transmet ensuite à l'estomac. Chaque polype répèle ces mouvemens de déglutition au moins une fois par minute, et quelque fois davantage suivant que l’eau dans laquelle ils se trouvent, est plus ou moins chargée de matières alimentaires. Ces petits animaux étant trés-voraces, recherchent avec avidité toutes les substances en solution qui se présentent, cependant je ne pense päs qu’ils soient carnivores, car je les ai vus rejeter les animaux infusoires qui se présen- taient, et même les vibrions et autres petits vers; en re- vanche, ils paraissent affectionner la teinture d’encre de la Chine, probablement à cause de la gomme qui entre dans sa composition. Ce moyen facilite singulièrement l'observation de la déglutition, qui est très-curieuse à voir. ( 440 ) Le système manducatoire des Lophopodes rapproche beaucoup ces animaux des mollusques acéphales, dont un grand nombre présentent une structure analogue. $ 10, — SYSTÈME DIGESTIF. Le système digestif des Lophopodes se compose de qua- tre parties (PI. V, fig. 3) : l’œsophage o, qui naît à la bouche; le gésier p, l'estomac g, et l'intestin s; qui se termine par l’anus #. La grandeur de ces organes Les fs apercevoir au premier coup d'œil. L'œsophage a la forme d’un sac cylindroïde et est plus diaphane que le gésier dans lequel il communique. Lors- que la déglutition s’opére , on voit facilement les matières alimentaires traverser rapidement Fœsnphage pour se ren- dre dans le gésier. Le gésier est ovale ou pyriforme, suivant qu ÿl est chargé EAHraERRS par sa partie supérieure il communique direc- tement à l’œsophage, par sa partie inférieure 1l commu- nique obliquement à l'estomac; ses fonctions paraissent les mêmes que celles de ce dernier organe, car, lorsque par les mouvemens péristaltiques de l'estomac, les matiè- res alimentaires sont ballottés dans la cavité digestive, on les voit souvent transportées dans le Bésier et revenir ensuite dans l'estomac. L’estomac est trés-grand, cylindroïde , et présente infé- rieurement un grand cul-de-sac qui pend dans la cavité générale (PI. V, fig. 3, r). Sa substance, ainsi que celle du gésier , paraît fortement musculaire, car lorsque l'animal est à jeun, on aperçoit des plis.et des rides qui indiquent de fortes contractions, Mais c’est surtout lorsque la diges- tion s'opère que ces contractions sont curieuses à étudier. (441 ) Si l’on donne à un polype à jeun des substances alimen- taires en abondance , on le voit de suite dévorer avec avidité tout ce qui se présente à lui; bientôt le gésier et l'estomac se gonflent, et on voit ces alimens ballottés au moyen des mouvemens péristaltiques de ces organes. Les matières ali- mentaires ainsi ballottées, remontent jusqu’au sommet de l'estomac et du gésier, puis redescendent jusqu’à l’ovaire, jusqu’à ce qu'ils en aient extrait tous les sucs propres à l'alimentation. Alors le résidu se porte dans l'intestin, s’v forme en excrémens et sort par l'anus qui est situé pos- térieurement un peu au-dessous de l'insertion des bras, à peu près comme dans les actiniés (PI. V, fig. 3,£#, et PE VE, fig. 2, n). Ces fonctions se répétent à chaque in- stant et peu de minutes après qu’il a NORES on voit l’anus donner sortie aux excrémens. La présence d’un anus dans les polypes fixes, est un fait trés-remarquable et trés-digne d'être noté ; car , en généralisant la structure des hydres et en l’appliquant à tous les polypes , on avait indiqué leur système intestinal comme formé d’un sac sans issue. L’extrême analogie de l'être qui nous occupe avec les polypiers marins, doit faire supposer que ces derniers présentent la même structure, et qu’ainsi celle des hydres est en quelque sorte excep- tionnelle dans cette nombreuse famille. La situation de l'anus au voisinage de la région buccale, rapproche beau- coup les polypes des actinies, des ascidies et des mollus- ques acéphales ; ‘elle démontre la vérité que j'ai précé- demment posée, que les polypes sont ‘des céphalopodes réduits à leur plus simiple-expression. Comme chez ces der- niers', le système intestinal dés polypes est replié sur lui- même; tandis que dans les insectes ses deux: extrémités sont constamment (situées aux deux extrémités du corps, (42) ainsi que cela a lieu dans les animaux vertébrés. C’est une nouvelle preuve que les zoophytes se rapprochent bien plus des mollusques que des exostés. $ 11. — SYSTÈME SÉCRÉTOIRE. Je n’ai pas pu apercevoir d'organes sécrétoires dans le Lophopode, mais je pense que l'estomac et le gésier y sont enveloppés dans un organe sécrétoire qui déverse son produit par des pores béans dans l'estomac. Je base cette pensée sur la grande épaisseur évidente de l’esto- mac, sur sa Couleur bilieuse, sur ce que les excrémens sont colorés de substance bilieuse, enfin sur l’analogie avec ce qui se passe dans les mollusques agrégés, dont l'extrême affinité avec les polypes ne saurait être révo- quée en doute. Je pense donc que ce qui donne tant d'épaisseur à l’estomac, c’est la présence d’un appareil hépatique qui l’enveloppe et y déverse le produit de ses sécrétions. Quant aux appareils pancréatique et urinaire , je n’ai pu en observer aucune irace dans les êtres qui nous oc- cupent. $ 12. SYSTÈME GÉNITAL. À la base du système intestinal, on voit un filet incolore présentant ordinairement trois renflemens (PL V, fig. 3, u; PI. VI, fig. 19, 20 et 21), c'est le système génital consis- tant en un ovaire à trois renflemens. Pour bien aperce- voir ce système, il faut que les polypes soient à jeun et sortis de leur loge; alors l'enveloppe commune devient plus pellucide et on peut micux distinguer les organes contenus dans son intérieur ; autrement , l'extrême ténuité ( 443 ) du système génital et sa transparence, ne permettraient de le distinguer que très-difficilement. - L'ovaire est unique et central; il est inséré d’une part à l'extrémité du cul-de-sac de l'estomac, et de l'autre à la paroi latérale du système cutané général. Un peu au- dessous de l’extrémité inférieure du cul-de-sac , on aper- çoit un gros renflement presque globuleux, qui est suivi d’un second de même forme mais moitié plus petit; puis vient un troisième renflement allongé et fusiforme , après quoi le filet s’insère à l’enveloppe générale. Vus à un trés- fort grossissement, ces renflemens paraissent contenir des globules. Lorsque l'animal s’allonge fortement, on voit l'ovaire s’allonger de même, se retendre et les renflemens disparaître presqu’entièrement. Au contraire, si sa traxion n’est pas grande, on peut facilement remarquer qu'il est ballotté çà et là dans l’espace. Enfin on aperçoit quelque- fois que l'ovaire est dans un élat remarquable de turges- cence, ainsi qu'il est représenté PI. VI, fig. 21. Plusieurs fois j'ai observé , au-dessus des renflemens de l'ovaire, une masse de globules qui paraissaient en sorlir et que J'ai représentés PI. VI, fig. 20. Je soupçonne que ce sont des œufs qui tombent dans la cavité générale pour s’y déve- lopper en embryons. D'autre part, j'ai vu aussi une fois, mais très-distinctement, de semblables globules sortir en masse par l'anus, d’où je conclus que l'ovaire a une ou- verture dans le cul-de-sac de l'estomac et qu'il émet par là, pendant sa vie, des œufs destinés à propager l’espéce. Je viens de décrire le système génital tel que je l'ai ob- servé dans les polypes composés d’eau douce, maintenant il me reste à indiquer la manière dont s'opère leur re- production. La multiplication des polypes s'opère de trois manières : (444) par bourgeons, par propagules et par œufs; la première détermine l'accroissement du polypier, les deux autres ser- vent à former de nouveaux polypiers. 3 Les naturalistes ont dit et répété que les polypiers s’ac- croissent au moyen des œufs qui viennent se déposer à leur surface et qui y forment des ramifications ; c’est ainsi que l’on a généralement cherché à expliquer le phénomène de la ramification des polypes et de leur végétation appa- rentes. Une observation attentive m’a démontré qu’il n’en est rien et que le mode d’accroissement des polypiers com- posés diflère essentiellement de celui que l’on a supposé, du moins pour les polypiers d’eau douce. Déjà en étudiant la structure des tiges de gorgones et de madrépores, j'avais compris qu’il devait en être autre- ment , puisque les tubes qu’on y rencontre, communiquent du sommet jusqu’à la base; or, cette continuité de la ca- vité générale n'aurait pas lieu, si de nouveaux polypes venaient extérieurement se superposer aux anciens. Main- tenant je puis donner l'assurance que, dans les polypes composés, l'addition d’un nouveau polypier sur un an- cien est un fait rare et accidentel, mais que dans l’état ordinaire les nouveaux bourgeons se forment à l’intérieur de la cavité générale et n’en sortent qu’aprés leur entier développement (PI. V, fig. 2,e, e). Le premier état d’un bourgeon nouveau se présente sous la forme d’une masse muqueuse attachée à la paroi intérieure du système cutané général d’un polypier, et communément vers l'endroit où le systéme cutané indi- viduel se réunit au système cutané général. Cette masse müqueuse adhère fortement à la peau, et elle paraît for- mée de plusieurs lobes contournés les uns sur les autres {PL VE, fig. 10). J'ai dit que, lorsque le sang est arrivé ( 445 ) dans les -bras, les globules muqueux qu’il renferme se réunissent entre eux, se confondent en une masse di- versement lobée qui, aprés avoir long-temps été ballottée dans la cavité des bras , retombe dans celle du corps et rentre dans le torrent de la circulation générale. Or, on conçoit facilement que si une de ces masses muqueuses se rencontre dans le corps d’un polype au moment où il se contracte , elle se trouvera comprimée entre l'enveloppe individuelle et le système cutané général, et qu’ainsi elle pourra facilement s’y attacher. En effet, j'ai vu à diverses reprises ces grosses masses muqueuses par leur viscosité s'attacher aux paroïs du système dermique, de sorte que je ne doute aucunement, que ce sont elles qui donnent naïssance aux bourgeons adventifs. Ce bourgeon adventif une fois formé, il s’y établira un foyer d’irritation qui excitera d’une part son développement, d’autre part une protübérance à la peau , comme le ferait un bubon sur le corps d’un animal d’un ordre plus élevé, Le deuxième état de développement d’un bourgeon ad- - ventif présente déjà une protubérance du système cutané; c’est d’abord une faible bosselure qui tend à s’accroître avec rapidité. Les lobes des globules muqueux se dévelop- _pent et prennent une forme allongée. Ce corps embryon- naire est immobile et stationnaire, toujours collé par le dos à la paroi latérale du système cutané (PI. VI, fig. 12). _Le troisième état présente les lobes qui se séparent; on voit que les plis de l’orbe primitif se métamorphosent en intestins. On aperçoit l'estomac, le gésier et l'intestin; l'estomac replié sur lui-même, est inséré parallèlement aux autres viscères. On ne voit encore aucune trace du | système tentaculaire, seulement la protubérance du sys- tème cutané se prononce fortement et fait une notable saillie en dehors (PI. VI, fig. 13 ). ( 446 ) Au quatrième état, on voit l'estomac se détacher du sys- tème cutané; seulement il y laisse un filet muqueux qui deviendra l'ovaire. En se détachant , l'estomac est contourné, sur lui-même. Au sommet du gésier on voit l’œsophage qui apparaît obscurément dans la proéminence toujours croissante du système dermique (PI. VE, fig. 14 ). Le cinquième état laisse voir le système intestinal se sé- parant de plus en plus; on voit aussi distinctement les muscles. De la proéminence du système cutané apparaît un bouton renfermant le système cutané individuel, et les premières traces des tentacules. Le système intestinal est manifestement cave à l’intérieur et on aperçoit son épaisseur dermo-musculaire comme sur les jeunes polypes tout formés (PI. VI, fig. 15). Le sixième état présente un sysième intestinal parfaite. ment formé, bre, et se mouvant dans la cavité générale. On y distingue l'estomac, le gésier et l'intestin , et l’on aperçoit déjà leurs mouvemens péristaltiques. Les tenta- cules sont de plus en plus apparens et paraissent roulés dans la proéminence supérieure. Celle-ci se perfore dis- tinciement au sommet, et le jeune polype commence à avaler de l’eau par cette ouverture. On voit distinctement le sommet de l’œsophage opérer de temps à autre ses mou- vemens de déglutition comme le ferait l'animal parfait, mais ses mouvemens sont seulement plus faibles ( PL IV, fig. 16). # Au septième état, le polype étant entièrement formé, on aperçoit les tentacules qui s'efforcent de sortir de l’en- veloppe générale (PI. VI, fig. 17). Ces tentacules ne sont pas droits et fasciculés comme dans les polypes adultes, ils sont au contraire repliés sur eux-mêmes, de manière à sortir de l'enveloppe générale, le milieu en avant. « ( 447 ) Le huitième état est la dernière phase de l'embryogénie. Les bras se redressent en sortant de l'enveloppe générale, les tentacules se déroulent les uns après les autres en com- mençant par les supérieurs , pour ne plus se rouler jamais. A peine les tentacules sont-ils déroulés que la respiration s'établit immédiatement avec force, et bientôt le système cutané individuel ne tarde pas à sortir entièrement formé. Alors un polype nouveau existe à la surface du polypier. La proéminence de laquelle il est issu forme un lobe nouveau qui ; lui-même, produira à son tour des lobes en suivant les mêmes phases, et ainsi le polypier se ramifiera indéfiniment. Le temps nécessaire à l'évolution d’un polype par bour- geon varie suivant la température de l’atmosphère. Dans les chaleurs quatre à cinq jours suffisent; huit à dix jours sont nécessaires par les temps froids pour qu’un polype arrive à son entier développement. Tel est le mode que la nature emploie pour le dévelop- pement des nouveaux bourgeons chez les polypiers d’eau ‘ douce. Ces bourgeonsne sont pas, comme on l’a dit, produits par des œufs de polypes qui viennent se superposer exté- rieurement à la surface du polypier, ils sont produits par : des polypes nouveaux qui se développent à l’intérieur par le déroulement des orbes primitifs des globules muqueux attachés à la surface interne du système cutané. Ge mode de propagation permet à tous les polypes d’un polypier de se trouver en rapport au moyen de la cavité formée par l'enveloppe générale, elle permet une communauté dans certaines fonctions de la vie, communauté qui n’aurait pas lieu si les polypes composés comme les flustres, les cellé- pores et autres polypiers agrégés, n'étaient que contigus les uns aux autres. La structure des éponges et des polÿpiers composés marins, ne permet guère de douter que leur Tom. 11. 33 ( 448 ) mode d’accroissement ne soit le même que celui que je viens d'indiquer. | Nous venons-de décrire la propagation par nul mais les lophopodes se multiplient encore par œufs el par propagules. Nous avons vu que les siobrulié muqueux sortis des ovaires sont: tantôt rejetés par l'anus , tantôt sécrétés dans la cavité générale (PI. VI, fig. 29). Ces globules sont des œufs proprement dits, d’abord inertes , mais qui ne tardent pas à devenir des embryons doués de mouvement et de lo- comotilité ( PI. VI, fig. 22). Leur extrême transparence ne m'a pas permis d’apercevoir ce qui se passe pendant cette transformation, mais toujours est-il vrai que les œufs une fois devenus embryons , jouissent de la faculté de se trans- porter d’un lieu à un autre comme le feraient des volvoces. Ce sont ces embryons que Tembley et Roesel ont pris pour des animalcules infusoires, et qu’ils ont désigné sous le nom de pous ou enflure de pous. On peut les voir exactement représentés dans Roesel, tom. IIL, PI. LXXXIIT, fig. 4. Pendant long-temps j'ai eu des doutes sur ce qu’étaient ces prétendus pous , attendu leur ressemblance aux ani- maux infusoires ; mais une observation attentive m'a fait acquérir la certitude que ce sont des embryons de polypes. Si on rompt un polypier adulte par sa base, on ne tarde pas à en voir sortir une quantité de ces embryons (PL VI, fig. 23 ), qui se mettent à nager dans le liquide qui les environne avec la même facilité que le ferait un volvoce. Il'est donc évident que ces petits êtres provien- nent'de l’intérieur de la cavité générale. En effet les œufs sortis par les côtés des ovaires (PI. VI, fig. 20) tombent dans la base de la cavité générale, et là se transforment en embryons. Ils restent constamment dans cette région C9 ) du polypier sans se porter vers les lobes supérieurs. Si le polypier n’est pas détruit à sa base , les embryons en sortent en formant dans cette partie des sacs latéraux (PI. VI, fig. 27) qui en sont entièrement remplis , et dans lesquels on aperçoit les embryons rouler les uns sur les autres, se glisser de mille manières sans aucune interruption. J'au- rais désiré suivre le développement des œufs en embryons, mais cela ne m'a pas été possible, attendu que la base du polypier est tellement opaque qu’elle ne permet pas de distinguer ce qui se trouve dans son intérieur. Lorsque les embryons sont sortis , ils nagent librement dans l’eau, tantôt s’allongeant ou se contractant, tantôt en se courbant de diverses manières , la pointe toujours en avant , mais sans qu'on y, aperçoive aucun cil, aucun or- gane extérieur. Enfin ils finissent par se fixer (PI. VI, fig. 28), alors leur peau se gonfle et ils ne tardent pas, en suivant les évolutions que j'ai indiquées, à donner naissance à un polype (PI. 1, fég. 4), qui, à son tour, en produisant des bourgeons successifs, formera par la suite un polypier rameux. Souvent les polypes naïissans sont géminés, quelquefois, au contraire, l’un des deux ne se développe pas, ainsi qu’on le voit PL I, fg. 4. Ces embryons locomotiles sont analogues à ceux que Grant a découverts chez les éponges, mais on a eu tort, sui- vant moi, de les donner pour des œufs. Contrairement à l'opinion de Carus, je pense que l’œuf des polypes comme celui des animaux supérieurs, est inerte, mais que chez -ces animaux la faculté locomotile est d'autant plus forte chez l'embryon qu’elle est moindre dans l’animal parfait. C'est ainsi que l'embryon des mollusques , animaux lents et inactifs, est doué de mouvemens rapides, tandis que l'embryon des insectes, animaux vifs et rapides, est tenu dans un état complet d’immobilité. ( 450 ) Indépendamment de la multiplication par bourgeons et de la reproduction embryonnaire , les Lophopodes ont en- . core un troisième moyen de conservation, savoir l'émis- sion de propagules. Voici comment j'ai observé ce mode de conservation. Ayant rompu un polypier par sa base (PL. VE, fig. 23), je vis d’abord, ainsi que je l’ai dit, les embryons éclos sortir par son ouverture. Le lendemain je m’aperçus que le tube inférieur était fermé à son extrémité, mais que ses côtés indiquaient des renflemens distingués du reste par autant de resserremens (PI. VI, fig. 24); je suivis ce polypier, et au bout de peu de jours je vis que ces ren- flemens se formaient en globules (PI VI, fig. 25) qui ne tardaient pas à se séparer les uns des autres et qui tom- baïent au fond de l’eau. Ge sont des propagules que la na- ture forme pour la conservation de l’espèce. J'ai conservé long-temps ces propagules sans y avoir vu d'autre chan- gement , si ce n’est qu'ils devinrent plus transparens et qu’ils paraissaient formés de cellules dont les marginales semblent plus diaphanes et plus grandes (PI. VI, fig. 26). En écrasant ces propagules entre deux lames de verre, on voit qu'ils sont formés d’une agrégation de corpuscules muqueux exactement analogues aux œufs et aux globules du sang (PI. VI, fig. 29). Tels sont les moyens que la nature a donnés pour la con- servation et la multiplication des Lophopodes. Quant à la propagalion par rameaux détachés, quoi qu’en ait dit Trembley, je ne pense pas qu’elle ait lieu naturellement, si ce n’est lorsque le polypier est fort avancé en âge et que sa base se détruit pour donner sortie aux embryons. Je pense d’ailleurs que, dans ce cas, ces rameaux ne sauraient être doués de locomotilité, ainsi que l’assure ( 451 ) Trembleÿ, et par la structure du polypier, cette prétendue locomotilité me paraît impossible. Le système cutané gé- néral est bien susceptible de contraction, mais je ne com- prends pas comment il pourrait exercer un mouvement de transport d’un lieu à un autre. Résumé. Après avoir décrit successivement la structure et l’or- ganisation des divers systèmes constitutifs des polypiers composés d’eau douce, il nous reste à présenter quelques réflexions qui découlent des faits que nous venons d’expo- ser. Parmi les organes constituant le polypier, il en est qui sont propres à chaque individu , tandis que d’autres au contraire sont communs à tous les individus polypes qui constituent le polypier. Le système cutané individuel, le système tentaculaire, le système digestif, le système musculaire individuel, le système génital, voilà ce qui appartient à chaque individu. Le système cutané général, le sang, le chyle, voilà ce qui appartient à la communauté. Et le produit des fonctions individuelles profite ainsi à la masse commune. Ainsi, quoi- que la respiration et la digestion soient individuelles, l’oxy- génation du sang et le produit de la digestion d’un polype profile à tous les individus; de sorte que, quand un polype a respiré, tous ont respiré; quand un polype a mangé, tous ont porfité de l’excédant du produit de la digestion. C'est comme un bicéphale qui n'aurait qu'un cœur. Nous avons vu que les parois de l'estomac, organe émi- nemment muqueux, transsudent des globules de mucus. Nous avons vu d’autre part que les propagules, les embryons, les bourgeons proviennent de globules de mucus dont les plis, en se déroulant, se métamorphosent en viscères. Il faut ( 552 ) donc bien reconnaître cette grande loi que j'ai déjà pro- clamée, que le mucus est la base de tout développement organique. Le mode de développement des bourgeons des polypes diffère essentiellement de celui des végétaux. Dans ces der- niers , lorsqu'un faisceau de fibres se détache pour former un rameau , les lames qu’il produit et qui sont destinées à se métlamorphoser en organes vitaux externes, et moins en- core les organes vitaux eux-mêmes, ne se forment pas à l'in- térieur ; ces lames et ces organes ne sortent pas tout formés de l'enveloppe générale, mais il se détachent de la surface externe pour se métamorphoser ensuite en organes vitaux. Chez le polypier , au contraire, la formation tout entière s’accomplit à l'intérieur ; les organes vitaux formés contre la paroi interne de l'enveloppe , s’en détachent pour se diri- ger vers le centre (PI. VI, fig 14, 15, 16). L'animal, dans toute son évolution, se forme de l’extérieur à l'intérieur, et ce n’est que lorsque les évolutions du polype sont entière- ment terminées , que celui-ci, par un mouvement d'anima- lité, sort tout formé de dehors l'enveloppe sous laquelle il a pris naissance. Ainsi dans l’évolution organique, le déve- loppement de l’animal est centripète, le développement du végétal est centrifuge. C’est une confirmation de la grande loi organique que j'ai précédemment démontrée. (453 ) EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE V. Fig. 1. — Polypier du Zophopus crystallinus, de grandeur naturelle, inséré sur une tige de jonc aquatique. Fig. 2. — Le même grossi. a, Masse commune, formée par le système cutané général et enveloppée dans la gélatine qu’il exsude. b. Polypes épanouis. ce. Polypes sortant de leur étui, d. Polypes rentrés dans la masse commune. e Formation de nouveaux polypes. a’,b’. Les deux polypes représentés sous la figure suivante. Fig. 3 — Deux polypes formant un rameau du polypier ci-dessus, dé- tachés et fortement grossis ; l’un des deux est adulte et épanoui; l’autre est jeune et rentré dans la masse commune. a, b,c, d,e. Système dermique de la masse commune, a, f, g, db. Système dermique individuel sorti de la masse commune. e,h. e,h. Le même rentré dans la masse commune èt ser- vant d’étui aux tentacules qu’il renferme. a-b, a-b. Anneau du système cutané général, ou s’in- sère le système cutané individuel. 3 & +, . + Bras partant du sommet du polype et portant une partie des tentacules. k, 1, . . . . Les tentacules. a, f,t... La face antérieure. b, g, à, k. La face postérieure. f; g:. .:.. Le col. ë, 4, k, g. Entonnoir, au fond duquel la bouche est si- | tuée. m...... Muscles du système cutané général. n ..:,... Muscles du système cutané individuel. 0 ,.... + OEsophage. Pr... Gésier, ( 454 ) «+ + + Estomac. . Cul-de-sac de l’estomac. 05 25 NON HR ES ARE # ..: :.". Ovaires, Fig. 4. — Un polype nouvellement éclos, isolé et destiné à devenir un polypier. On y distingue les systèmes cutanés général et individuel ; le premier étant trop petit pour contenir lani- mal, celui-ci doit se contourner pour entrer dans la ca- vité générale. Sur le côté est une seconde cavité de l’en- veloppe générale. Autour des tentacules on aperçoit les courans produits par la respiration. ee © © PLANCHE VE Fig 1. — Portion du système cutané général présentant ses granu- lations squamiformes. Fig. 2. — Un polype vu par le dos. a,'b.,.. Le col. a, b,c, .: Système dermique individuel. b,g,e. . . Le bras droit et ses tentacules. a,h,f . . Le bras gauche et ses tentacules. d,t. . . . Les deux muscles labiaux, k,k, ... Les deux muscles cervico-tentaculaires. L 0. total Ms..6 ce... D'intestin, fn 53: 2, QUE. 0,0... «. Les ganglions sus-æsophagiens. Fig. 3. — Extrémité d’un des bras d’un jeune polype avec ses to cules. Fig. 4. — Plusieurs tentacules avec les chapelets qui apparaissent pendant la respiration, les flèches indiquent Ja course des chapelets, Fig. 5. — Région buccale et anale, à un très-fort grossissement. a, Corps réniforme sus-œsophagien, que je crois être le cerveau. b. Lèvre supérieure. ce. Lèvre inférieure, d, OEsophage. e. Intestin. f. Anus, À. Lesueur Cith. crystallinus .Dmrt. ELG rh. Lesueur Anatomie du Lophopus crystallinus. (455 ) Fig. 6. — La bouche située au fond de l’entonnoir formée par les ten- | tacules et les bras, a. Lèvre inférieure, b. Lèvre supérieure. lig. 7. — Muscle avec ses fibres munies de leurs nodosités, Fig. 8. — Muscle fortement contracté et dont les fibres sont disjointes par divers mouvemens d’imcurvation. Fig. 9. — Globules du sang. Fig. 10 — Agrégat de globules du sang formé dans les bras et qui retombe enfin dans la cavité générale. Fig.11.— Premier état du bourgeon qui se forme à la paroi intérieure de la cavité générale,-et deviendra plus tard un polype. Fig. 12. — Deuxième état : les lobes de la masse figurée au numéro pré- cédent présentent une forme allongée. Fig.13. — Troisième état : les lobes se séparent pour former les in- testins Fiy. 14. — Quatrième état : le cul-de-sac de l’estomac se sépare et reste attaché par l’ovaire. Fig.15, — Cinquième état : les intestins se séparent de ana en plus et laissent entrevoir les muscles; l’enveloppe générale forme une proéminence marquée dans laquelle on com- mence à apercevoir la formation des tentacules. Fig.16,— Sixième état : le système intestinal est parfaitement formé; on y distingue le gésier , l'estomac et l'intestin, et l’on D aperçoit déjà leurs mouvemens péristaltiques. Les ten- tacules sont plus apparens ; la proéminence de l’enve- loppe générale se perfore au sommet, et le jeune polype commence à avaler par cette ouverture, Fig.17 — Septième état : les tentacules tout formés , paraissent com- mencer à sortir par l’enveloppe générale ; ils sont repliés sur eux-mêmes, Ci Lig.18.— Huitième état : les bras sortent de l’enveloppe ; les tenta- cules se déroulent ; l'animal respire de suite comme les autrés. Fig.19.— Ovaire avec ses trois renflemens. Fig.20.— Le même fortement grossi. On voit une masse de globules qui paraît sortir du renflement supérieur, Fig.21.— Le même gorgé d'œuf. Fig, 22, — Corps nageans librement que Trembley et Roesel ont désignés . sous le nom de pous, et que je crois être les œufs de Vanimal, (456 ) Fig.23.— La base d’un polypier de laquelle sortent ces œufs. Fig.24.— La même. présentant des renflemens qui se formeront en propagules. Fig.25.— La même, dont les propagules sont formés et prêts à se séparer. | Fig.26.— Un propagule quelques jours après sa séparation. Ftg.27.— Trois sacs formés à la base du polypier et dans lesquels on aperçoit une grande quantité d’œufs roulant avec rapidité les uns sur les autres. Fig.28.— Un œuf fixé et qui va se développer en polype. Fig.29. — Masse de globules muqueux et inertes rendus par l’anus et analogues à ceux qui se trouvent dans la cavité basiliaire du polypier. On voit quelques globules détachés qui pa- raissent semblables à ceux du sang. Biographie. — M. Frédéricx, directeur de la fonderie de canons à Liége, fait parvenir à l’Académie des notes biographiques sur le général major Huguenin , oncle de l’auteur; ces notes sont remises à M. Kesteloot, comme documens à consulter dans la révision de la notice biogra- phique sur le même savant, qu'il a présentée de son côté, à la séance précédente. L'Académie procède ensuite à l'élection de deux nou- veaux membres et d’un correspondant pour la classe des sciences. Les candidats élus sont MM. les professeurs Wesmael et Martens comme membres, sauf l'approbation royale; et M. Cantraine, professeur de zoologie à l'Université de Gand, comme correspondant. La fin de la séance est employée à l’examen des disposi- tions à prendre pour la séance publique du lendemain. L'époque de la réunion qui suivra cette séance publique, est fixée par M. le directeur au 9 janvier prochain. SÉANCE PUBLIQUE DU JEUDI 16 DÉCEMBRE 1835, Dans la ÿrande salle Gothique de l'Hôtet- | de- Ville. M. Le baron de Stassart , directeur. M. Quetelet , secrétaire perpétuel. M. le directeur , à une heure et demie , ouvre la séance par la lecture du discours suivant : « Messrgurs, C’est avec un sentiment de crainte que je parais de- vant cette imposante assemblée , sans avoir eu le loisir nécessaire pour m'y préparer : je dois me borner à vous retracer, confusément et tels qu'ils se présentent à ma mémoire, quelques souvenirs de notre ancienne gloire nationale; mais des cœurs Belges, en pareil cas, sont toujours disposés à l’indulgence. Quel charme ne trou- verai-je pas d’ailleurs à vous parler de la patrie ? les fastes du monde offrent peu d’époques sur lesquelles la Belgique n'ait exercé une influence honorable; on peut s’enorgueil- lir d’être au nombre de ses enfans. L'opiniâtre résistance que nos ancêtres opposérent aux Romains fut célébrée par le vainqueur lui-même : les noms de Boduognat, d'Ambiorix et de Cativulce ne ( 458 ) sont pas dépourvus d'éclat à côté du grand nom de Jules- César. Le sol belge servit de berceau tout à la fois à la dynastie des rois francs-saliens, Clodion, Mérovée, Clo- vis, et à cette race héroïque des Pepins dont le génie héréditaire sembla descendre dans la tombe avec Charle- magne. | Nos regards s'arrêtent ensuite avec complaisance sur ces temps chevaleresques des croisades dont les exploits rappellent tout ce que l’antiquité fabuleuse présente de plus merveilleux. Ce héros qui, le premier, s’élança dans la ville sacrée et que tous les héros de la chrétienté pro- clamérent leur modéle, ce Godefroi de Bouillon, auquel ils décernérent unanimement la glorieuse couronne de Jérusalem, avait pris naissance dans le Brabant même, au village de Baisy. Nos princes flamands firent admirer bientôt après, sur le trône de Constantinople, leur bra- voure et leur sagesse, Nos villes, si florissantes par le commerce et si re- doutables par l'esprit d'indépendance de leurs milices bourgeoises toujours prêtes à déposer les paisibles instru- mens de l’industrie pour courir aux armes, lorsqu'elles croyaient leurs libertés en péril, nos villes peuvent être considérées, au quatorzième siècle, comme le principal théâtre des luttes d’une démocratie sans cesse agissante contre l’ascendant de la noblesse dont la puissance com- mençait dès lors à décroître : la figure de Jacques d’Arte- velde, qui nous apparaît, forte de génie et d'audace, au milieu de ces scènes populaires, doit être l’objet d’une étude toute spéciale. Vu constamment de profil, exalté par les uns avec enthousiasme, outrageusement déprécié par les autres, en butte aux opinions passionnées tour-à-tour ( 459 ) dominantes, ce tribun habile autant qu'ambitieux n’a pas trouvé jusqu'ici de juges impartiaux. La Belgique, sous les princes de la maison de Bour- gogne, devient pour ainsi dire le centr® de la civilisation européenne; la Cour de Philippe-le-Bon et de Charles-le- Téméraire est la meilleure école de courtoisie, d'élégance et de goût ; la langue française s’y parle avec plus de pureté qu’en France sous l’ombrageux Louis XE. Aussi les Mémoi- res de Philippe de Comines et ceux d'Olivier de la Marche sont-ils à peu près les seuls livres de cette