# 1 HE Ê 1 SrALEX ju Vu + MER DONC ; , # ri RU es ir A #AUN PA TT AU PA ANT Nul EN OUR ET " MAL D à 04 AAA ED. ne " AZ < BULLETINS DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. “ ‘ L 3 # y x ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. ANNÉE 1836, TOME IEE. BRUXELLES, M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. a 1836. ANA LE PARU AM 19 RNNTTAI | FE RATES NE AM Fr. 10% ANSE dre NA L'e 45 de E BULLETIN DE L’ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1836. — N° 1. Séance du 9 janvier. M. le baron de Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur invite l’Académie à remettre à M. Galéotti, outre la médaille d’or qu’il a méritée au der- nier concours par son Mémoire sur la constitution géolo- gique du Brabant, la valeur d’une médaille semblable qui sera payée sur le fond destiné à l’encouragement des sciences et des lettres. M. le Ministre demande aussi à l’Académie son avis sur des débris d’ossemens fossiles rencontrés dans les travaux de terrassemens qu’on exécute pour le placement du chemin de fer. Ces objets sont renvoyés à l'examen de MM. Fohmann et Cauchy. M. le Ministre des affaires étrangères et de la marine communique la continuation des tableaux des observations faites sur les marées au port d'Ostende, à Anvers et au fort St-Marie; ces observations ont été faites pendant le mois de novembre dernier. Le secrétaire donne lecture d’une lettre de M. Schelling, président de l’Académie royale de Munich, qui annonce Tom. 1. 1 EA)TT que ce corps savant reprendra avec plaisir ses anciennes relations avec l’Académie de Bruxelles. Cette lettre est ac- compagnée de l'envoi des dernières publications de l’Aca- démie royale de Munich. | Il est aussi donné lecture de lettres de la société royale de Londres concernant l'échange des mémoires et l'institution de deux médailles d’or, destinées par S. M. le roi d'Angleterre aux meilleurs mémoires sur la chimie et sur les sciences médicales, qui auront été communiqués à la société royale avant le mois de juin 1838, pour être insérés dans ses Transactions. M. L. De Givenchy, secrétaire perpétuel de la société . des antiquaires de la Morinie, fait parvenir le programme de cette société pour son concours du 19 décembre 1836. M. le baron de Stassart donne lecture d’une lettre qui lui a été communiquée par M. David, membre de la Cham- bre des Représentans, et qui est relative à une variété panachée du genre Brassica, trouvée par M. Pirghaie de - Gheneux. M. le baron De Reiïfflenberg adresse une copie de la charte de Diest, écrite en flamand , pour être jointe à son mémoire sur la chronologie historique des sires de Diest. GOMMUNICATIONS. Météorologie. —M. Quetelet communique à l'Académie les tableaux météorologiques de l’année 1835, pour faire suite aux tableaux des deux années précédentes, qui ont été insérés dans les Nouveaux mémoires. I résulte de la com- paraison de ces divers tableaux et de ceux qui ont été pu- bliés par d’autres physiciens, pour le climat de Bruxelles, que l’année 1835 a présenté des résultats qui s'accordent assez bien avec les valeurs moyennes obtenues antérieure- (3) ment, tandis que l’année 1834 s'était fait remarquer par une hauteur plus grande de baromètre, par une lempéra- ture plus élevée et par une quantité de pluie moindre. Voici un état comparatif des résultats des trois années 1833 , 34 et 35 : PRESSION ATMOSPHÉRIQUE, OU HAUTEUR DU BAROMÈTRE. 1833. 1834. 1835. Pression à 9 heures du matin. . . . . 754.86 759.42 757.24 » nt ne PONT MS ORRE EAN 76912: 75708 » à À heures du soir . . . . . 754.39 758.67 756.70 » à 9 heures du soir . . + . . ‘754.80 759.19 757.16 Moyenne des maxima diurnes, . . . . 76491 768.72 767.86 » des minima. te US 2700.43," 744,48. 7AUSTET Maximum absolu de l’année . . . . . 775.29 773.48 778.67 Minimum » » . . . . + 126.10 736,89 724.60 TEMPÉRATURE, TUFRMOMÈTRE CENTIGRADE. on ——— Température à 9 heures du matin . . . 110.26 +120.1 +-100.7 » Mon TM IUES 'ale 13.50 14.3 12.8 » à 4 heures du soir. . . . 13.46 14.5 12.8 » à 9 » » * 200: 9.97 11.0 9.5 Moyenne des maxima diurnes, . . . . 15.21 16.1 14.5 » des minima » FA PET 7.00 8.2 6.7 » des températures de chaque jour. 11.09 12,1 10.6 Température maximum de année. . . . +29. 6 33.1 29.8 » minimum » JL + — 85 —3.9 —104 HUMIDITÉ DE L'AIR, HYGROMÈTRE DE SAUSSURE. mm, mm. mm, Quantité d’eau tombée. . . . . . . 761.61 511.03 617.99 Hygromètre à 9 heures du matin . . . 79.75 80.9 84. 6 D se... à 0 79,11,,:75, 0 27. à » à 4heures dusoir . . . . 71.092172, 6." 72,27 » à9 » Li a Et 20 tac 80.14 85. 6 87. 8 Moyenne des maxima du mois , . , . 92.8 96.8 99.8 » des minima Mana i re fce 53.8 658.5 59.8 Hauteur moyenne de l’année . . . . 7615 78,0 81.7 (54 } ETAT DU CIEL. A Nombre de jours de pluie . . . . . . . 180 166 161 » de:gréle. die ee 0 Re BIKBALAR » dent ei ee CAL 11 8 12 » dorelÉ ee eee de 89 21 46 » de tonnerre. de dit dures 7: 149 5 » d0 TONI, "27 ue 25 19 25 » de ciel ent, couvert. . . . 48 27 42 » de ciel ent. serein . . . . 12 30 13 On a pu voir, par ce qui précède, que la variation diurne du baromètre a peu changé d’une année à l’autre. La plus grande hauteur du mercure à été observée le 2 janvier de l’année dernière. Le baromètre qui a servi, la première année, est de 0,""66 plus bas que celui qui a servi depuis cette époque. Quant à la direction des vents, les indications ont peu varié d’une année à l’autre; les courans généralement do- minans sont ceux du SO. et OSO. , et ceux diamétralement opposés de NE. et ENE. Les deux courans diamétralement opposés dans le ciel , et dont les directions sont perpendicu- laires à celles des courans précédens sont les moins fréquens. Le secrétaire a aussi communiqué à l’Académie les ré- sultats des observations météorologiques faites pendant les dix derniers mois de l’année dernière à Alost, par M. Maas, professeur de physique au collége. Observations horaires. — MM. Crahay et Quetelet ont ensuite communiqué la continuation des observations météorologiques horaires, qu’ils ont faites le 21 et le 22 décembre dernier , époque du solstice d'hiver, pour répon- dre à l'appel adressé à tous les astronomes par sir John Herschel, dans la vue de déterminer les oscillations atmos- phériques et leurs relations réciproques dans les deux hé- misphères ( voyez les Bulletins de l'Académie , tom. IE). (5) Observations météorologiques horaires faites à l’observatoire de Bruxelles, en correspondance avec les observations de sir J. Herchel, au Cap de Bonne-Espérance. EEE FAROMÈTRE | THERMOMÈT. | HYGROMÈTRE HEURES. PERS : VENTS. réduit à Oo.| centigrade. | Saussure, | 21 décembre 1835. Matin 6h. . . . 760,56 —8,7 920,5 ? 7 760,86 — 8,4 92,5 8 2 761,13 — 9,0 92,7 NE 9 - 761,68 — 7,6 91,5 NE 10 762,11 17 92,0 » 11 . 762,09 — 6,9 92,0 » 1977: 761,99 — 65,9 88,5 NE, Soir dé è 761,80 — 5,0 87,5 » = pd Ë 761,72 — 5,5 85,5 EN done drioc. 762,21 — 5,6 86,0 NE 4 j 762,58 — 6,0 87,5 » 7 En .4} 762,70 70 89,5 » 6 . 12 D 716872 ET 91,0 » MU ee 763,11 — 8,1 91,0 ? “ 763,33 — 8,6 91,0 ? 0. 763,56 — 9,0 89,5 ? 10 4 763,92 — 9,6 90,0 ? RES 764,05 —10,0 90,0 ? | le 764,04 | —10,4 90,0 ? 22 décembre. Matin) ‘1h. 764,07 —10,2 90,0 ? LE FAR 764,20 —10,0 89,5 ? Ride 764,51 — 9,9 89,0 ? 4 764,68 — 9,9 88,0 ? 5 765,00 22607 88,0 ? 6 . 765,36 C9 87,0 ? A 765,64 — #1 87,0 ? Si: L 766,46 — 9,9 86,0 NE. | I ÉEARE s 766,98 — 9,4 86,0 NNE 10 . . | 767,14 "#0 85,0 . EL : 767,45 — 7,5 83,5 « 12" , 767,62 — 6,3 79,5 » Et ; 767,67 — 5,6 77,0 » ie 767,87 — 6,0 77,5 » = 3 . . 768,19 — 4,6 81,0 NE A. 2 768,61 — 65,0 84,0 » D". : 769,10 — 65,3 86,0 » 6. 769,56 — 5,6 88,0 5 T., 669,86 — 4,3 90,5 s0 Lie 770,13 — 4,0 92,0 ? Dr: 770,31 — 3,1 93,0 ? 1e. 770,56 — 2,1 92,5 ? (6) Observations météorologiques faites à Louvain , au Collége des Prémontrés, le21 et le 22 décembre 1835 , par J.-G. Crahay, professeur de physique à l’Université Catholique. DATES BAROMÈTRE |TEMPÉRATURE| ÉTAT DU CIEL. ET HEURES. réduit à 00. |en degré centi. mm 21 déc. 8h. du mat.| 762,779 — 80,0 g — 763,266 — 8,1 10 — 763,579 — 7,4 11 — » » 13 — 763,287 — 5,7 1 h, du soir 763,237 — 5,4 Ë ja 1e ne Ciel légèrement cou- 3 _— 763,603 — 5,9 vert pendant la jour- née, clair le soir. 4 — 763,966 » 5 — 764,179 — 8,1 —_ 764,206 — 8,6, 7 — 764,332 — 9,0 8 _ 764,545 — 9,7 9 = 764,859 — 9,9 10 — 765,122 » 22 déc. 7 h du mat.| 767,095 » À 2: 767,645 —108 | PAR ML 768,445 po 10 21 768,629 — 9,1 11 — » » 12 = 768,976 — 6,3 1 h. dusoir.| 769,226 — 5,7 Ciel clair. » 769,389 — 5,7 — 769,539 — 5,7 22 770,166 — 6,6 5 — 770,580 — 6,8 HU 771,043 084 | C4) LECTURES. . Optique. — M. Plateau, professeur extraordinaire à l’u- niversité de Gand, lit la notice suivante sur l’anorthos- cope , instrument de son invention. « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie un exemplaire de l'instrument de mon invention, qui se publie maintenant sous le nom de l’añorthoscope. C'est un nouveau genre d’anamorphoses dont j'ai donné l’idée pour la première fois dans ma dissertation universitaire, imprimée à Liége en 1829 (1). » L’anorthoscope se compose essentiellement, 1° d’une série de disques transparens, sur lesquels sont représentées des figures difformes; 2° d’un disque de carton noir percé de plusieurs fentes ; 3° d’un instrument formé d’une grande poulie à double gorge qui donne le mouvement à deux pe- tites de diamètres différens , et placées sur un axe commun. » Lorsqu'on veut faire usage de l'appareil, on attache le disque noir sur celle des petites poulies qui est placée sur le devant de l'instrument, c’est-à-üire du côté de la manivelle, et on attache de même sur l’autre petite poulie, l’un des disques transparens. Ensuite on éclaire fortement ce dernier disque par derrière, on se place devant l’instru- ment à quelques pieds de distance, en tenant les yeux à la hauteur des petites poulies, et une autre personne fait mouvoir la manivelle. » Alors les disques transparens, quoique tournant en réalité avec une grande vitesse, semblent perdre leur mouvement, et les figures difformes se changent en des- seins parfaitement réguliers. (1) Dissertation sur quelques propriétés des impressions produites par la lumière sur l'organe de La vue , pag. 22. (8) » Le principe sur lequel repose ce genre d'illusions est encore la persistance des impressions de la rétine , ce phé- nomène si peu intéressant en apparence, et cependant si fécond en applications curieuses , et même en applications utiles, comme le prouvent entre autres les belles recher- ches de M. Wheatstone sur la vitesse de l'électricité. » Considérons d’abord une seule des fentes percées dans le disque noir. Pendant le mouvement rapide de cette fente et de la figure transparente qui tourne par derrière , toutes les parties de cette figure correspondent successivement à la fente, et il en résulte évidemment pour l’œil une série continue d’impressions brillantes juxtaposées, et liées entre elles par leur persistance sur la rétine; ainsi, après une ré- volution de la fente ,il s'est produit dans l’œil l'apparence d’un dessin continu et ayant avec la figure transparente une certaine relation. Maintenant, si les choses sont telle- ment combinées qu'après chaque révolution entière de la fente, la figure transparente se retrouve dans la même position par rapport à cette fente, toutes ces révolutions produiront identiquement les mêmes résultats, qui se su- perposeront sur la rétine, et donneront par. conséquent la sensation d’un dessin permanent et immobile. » Si le disque transparent ne tournait pas, et que la fente fül seule en mouvement, l'apparence produite serait évidemment le dessin même représenté sur le disque, sans autre changement qu’une diminution de clarté, mais dès que ce disque transparent tourne de son côté, on conçoit que le résultat ne peut plus être le même , et que, si ce résul- tat doit représenter des figures réguliéres, ces figures devront être déformées sur le dessin transparent, suivant une loi qui dépend du rapport des vitesses des deux dis- ques et des directicns relatives de leurs mouvemens. (9) » Quant à la multiplicité des fentes percées dans le dis- que noir, elle n’a d'autre effet que d'augmenter la clarté # de l’image résultante : le nombre et la position de ces fentes sont déterminés de manière que les apparences pro- duites par chacune d'entre elles se superposent exacte- ment. » Enfin, lorsque les mouvemens sont en sens contraire, comme dans l’anorthoscope tel qu’il se publie maintenant, la figure difforme se multiplie en devenant régulière. En effet, un peu de réflexion suffit pour faire voir que, dans un Cas semblable, tous les points du disque transparent se sont présentés derrière la fente lorsque celle-ci n'a décrit encore qu’une partie de sa révolution, un cinquième . par exemple, de sorte que, dans le cinquième suivant, il se produit un effet identique au premier, et ainsi de suite dans les autres. Il résulte donc de là un certain nombre de figures régulières pareilles, et rangées symétriquement au- tous du centre. » Je saisirai cette occasion pour dire ici quelques mots de mes droits à l'invention d’un autre instrument, le fan- tascope où phénakisticope , droits auxquels prétend éga- lement M. Stampfer, professeur à Vienne, qui a publié un instrument semblable sous le nom de disques strobos- copiques. » Dans une notice qui accompagne la seconde édition des disques stroboscopiques, mise au jour en juillet 1833, M. Stampfer déclare qu’il a commencé, en décembre de l'an- née précédente, à répéter les expériences de M. Faraday sur certaines illusions d'optique (1), et que ces expériences (1) On a peculiar cluss of optical deceptions (Journal de l'institution royale, février 1831, vol. I, pag. 295). (80 ) l'ont conduit à l'invention de l'instrument dont il s’agit. En outre, les éditeurs affirment, dans un avant- propos, qu’au mois de février suivant, M. Stampfer avait achevé une collection de ces disques, et les avait montrés succes- sivement à ses amis, ainsi qu’à de hauts personnages. Ils ajoutent que, le 7 mai suivant , il lui fut accordé un pri- vilége impérial exclusif pour le débit de ses instrumens. » Voilà pour ce qui concerne M. Stampfer. On voit que le privilége ci-dessus mentionné n’ayant été obtenu que le 7 mai 1832, ce professeur n’a pu mettre au jour sa pre- mière publication qu’après cette époque. Or, la lettre dans laquelle je donne la première description de mon fantascope, est du 20 janvier 1832 ( cette lettre est insérée dans la sixième livraison du tome VII de la Correspon- dance mathématique et physique de M. Quetelet). Ainsi ma première publication est bien antérieure à celle de M. Stampfer. Quant à l'époque où m'est yenue la première idée de cet instrument, idée à laquelle j'ai été également conduit par la lecture du mémoire de M. Faraday, il me serait assez difficile de la préciser; cependant la planche qui accompagne cette lettre prouve que j'avais déjà ter- miné alors un premier disque, et quand je me rappelle mes essais, les difficultés que j'ai rencontrées dans cette première construction et les soins extrêmes que je lui ai donnés, je crois pouvoir faire remonter l'invention même à environ un mois auparavant, c’est-à-dire, comme M. Stam- fer, au mois de décembre 1832. » Ainsi mes droits sont évidens, s’il s’agit d'établir la prio- rité d’après la date des publications ; mais je m'en rapporte à l’assertion de M. Stampfer, d’où il résulte que nous avons été conduits, chacun de notre côté, vers la même époque, à la même invention. » ; (11) Analyse algébrique. — Le secrétaire donne communi- cation d’une lettre qu’il a reçue de M. Lefrançois, profes- seur à l’Athénée de Gand, sur les conditions auxquelles une équation doit satisfaire pour avoir des racines égales. Analyse chimique. — Le secrétaire communique éga- lement une note de M. Jaequemyns, professeur de chimie à l’école industrielle de Gand, sur l’eau de couleur des bijoutiers. L'auteur a été porté à entreprendre ses re- cherches à la demande de quelques industriels et au sujet d’un mémoire inséré par M. Berthier dans les 4n- nales de physique et de chimic, p. 337, tom. LIX, n° d'août 1835, sur la mise en couleur des bijoux d’or. Les conclusions auxquelles M. Jaequemyns dit être parvenu par les expériences qu’il a entreprises, sont les suivantes : « 1° Que le procédé de M. Berthier, pour obtenir l'or et l'argent des eaux de couleur, ne répond pas au but que ce savant chimiste s'était proposé, et qu’il ne peut donner directement l’argent privé d’or; » 2° Que, toutefois, quant aux eaux claires, le procédé de M. Berthier est exact. » Pour extraire l'or de ces eaux, on doit essayer d’abord si elles se troublent ou non, quand on y ajoute de l’eau pure. Dans le premier cas, on devrait les étendre d’eau, les laisser déposer et ajouter le dépôt, composé de chlorure d'argent, au dépôt des eaux de couleur. Dans le second cas, le seul que j'aie rencontré, il serait inutile d'y ajouter de l'eau. » Lorsque la liqueur ne contient point de chlorure d'argent ou que ce chlorure en a été séparé par l'addition de l’eau, on en obtiendra l'or pur en faisant bouillir la liqueur avec 10 à 15 grammes d'oxalate acide de potasse (sel d'oseille) par litre. (12) » 3° Quant aux dépôt, pour en obtenir les métaux pré- cieux , on y ajoutera par kilogramme un litre et demi d’eau et cinq centilitres d'acide sulfurique, on portera la liqueur à l’ébullition, on la filtrera bouillante et on lais- sera refroidir la liqueur filtrée pour en obtenir l’alun : en même temps, on lavera le dépôt à l’eau bouillante, sur le filtre, puis on le fera sécher, et on le fondra avec de la potasse du commerce : on obtiendra ainsi un culot d'argent aurifère, dont on pourra immédiatement faire le départ à la manière ordinaire. » Horlogerie. — M. Goetmaekers envoie un mémoire manuscrit sur l’horlogerie, et en particulier sur lamontre à cylindre, son caractère, ses modes, ses lois, etc., commissaires MM. Pagani et Crahay. Antiquités de Beaumont. — 1 est donné lecture des rapports de MM. Cornelissen et l'abbé De Smet , sur quel- ques antiquités trouvées dans des fouilles faites prés du hameau de la Gravelinne, sur le territoire de Beaumont. Il résulte des renseignemens, communiqués par M. le Ministre de l'intérieur que des ouvriers, occupés des travaux de terrassemens de la route de Marchiennes-au- Pont, ont découvert quaire grandes pierres qu'ils avaient d'abord prises pour des bancs de calcaire, mais qu’on a bientôt reconnues être un tombeau. Il s’y trouvait un vase en terre paraissant avoir renfermé des cendres, et dans le quel on a trouvé 8 médailles ou pièces de monnaie et deux anneaux. L'une de ces pièces est assez bien conservée pour qu'on puisse y lire le mot Æ/ntoninus et non Antonius comme on l'avait cru d’abord. L’urne a été malheureuse- ment brisée par les ouvriers , en si petits morceaux qu'on n'a pu en conserver qu'un seul débri. D'après l'examen de MM. les commissaires, il résulterait (13) que le monument en question est effectivement un tom- beau, et que le fragment de l’urne dans laquelle les mé- dailles étaient renfermées, appartient à la céramique romaine, ou du moins à celle de nos fabriques belges qui existaient sous l’ère romaine. Quant aux médailles, elles ne paraissent avoir aucune valeur; celles du moins qui ont conservé quelques em- preintes, sont très-connues. Antiquités d'Ampsin et de Sommeraing. — MM. Cor- nelissen et l'abbé De Smet, qui avaient aussi été chargés récemment de l’examen des documens relatifs aux fouilles d'Ampsin et de Villy-Sommeraing, ont fait parvenir sur les pièces qui leur avaient été soumises, des rapports détaillés dont il a été donné lecture. (Voyez le tome II des Bulletins p- 115 et 269.) Il résulterait de ces rapports que la grossiéreté avec la- quelle sont construits les tombaux d’Ampsiu et l'absence de tout indice d’art et de goût dans les anneaux et les autres objets qu’on y a trouvés, doivent faire rejeter toute supposition de l’existence d’un camp romain dans cet en- droit. Il est probable que les environs ont été occupés pendant quelque temps par l’une de ces nations barbares qui ont ravagé la Belgique au IV° et au V° siècle, et que les tombes doivent lui être attribuées. Cette conjecture, appuyée encore par la proximité de la Meuse et d’une ancienne voie militaire, n’est pas en opposition avec la tradition populaire, d’après laquelle l'endroit s'appelle le cimetière des Sarrasins. On sait qu’en Belgique , comme en Italie et ailleurs, le peuple désigne habituellement par le nom de Tures et de Sarrasins, tous ceux dont la tradition lui a légué le souvenir comme celui de déprédateurs et d'hommes hostiles au pays. (14) Les ruines découverte à Villy-Sommeraing sont d’une importance plus grande. M. Quoilin, conducteur des mines, en traçant avec soin le plan des ruines, a donné une ex- plication satisfaisante de la plupart des objets qui s’y trouvaient enfouis. On ne saurait tirer aucune induction du marteau, du fragment de hache et du cercle de fer, exécutés d’une manière irès-commune, ni des morceaux de verre , puisque Pline l’ancien nous apprend que , déjà de son temps, la Belgique possédait de nombreuses verre- ries : mais les médailles et les aigles ne laissent aucun doute sur le séjour des Romains dans le bâtiment dont on a déblayé les débris. On ne conçoit pas comment quelques personnes ont pu y voir l’œuvre des Templiers; rien ne donne lieu à une telle supposition ni dans le plan ni dans l'exécution du bâtiment, et la petite croix de cuivre qui a probablement fait naître cette conjecture , ne ressemble en rien à la croix très-facile à distinguer des chevaliers du temple; celle-ci n'est évidemment qu'un simple ornement de baudrier ou de ceinturon. Les objets découverts dans les fouilles et la structure des murailles, un peu différente de celle des bâtimens ro- mains du bon temps, portent à croire que l'édifice dont il s’agit a été construit par les Romains, mais à une époque de décadence et vraisemblablement sous les derniers em- pereurs de la famille de Théodose-le-grand. Ce n’était pas assurément une maison de particulier, mais un édifice public, et, d’après les apparences, un établissement de thermes ou de bains publics, à l’usage des soldats canton- nés dans les environs. La différence de hauteur qu’on remarque dans les murs des appartemens s'explique sans peine par l'inégalité du terrain qui les porte. Feu notre (15) confrère, M. De Bast, en décrivant un bâtiment de cette nature, indique (1) plusieurs parties qu'on retrouverait aisément dans le plan des ruines de Villy-Sommeraing; on sait d’ailleurs que les ouvriers qui ont fait les premières fouilles ont trouvé des tuyaux de plomb et autres usten- siles, dont l’usage était nécessaire à un établissement de bains. Ceux qui seraient à même de consulter le curieux MS. du P. Wilthem, intitulé Zuciliburgensia, pour- raient fournir peut-être des données plus positives sur les ruines qu'on a découvertes à Villy. Parmi les médailles qui ont été trouvées, l’une a été prise pour un Caligula, mais par erreur ; au lieu de Cali- gula, il faudrait lire Gallienus, qui appartient au IT siècle de l’ére chrétienne. Sur une seconde, il faut lire Jovi conservatori, et non conservanti. De toutes les médailles, une seule frappée sous le règne d’Auguste, puisque sous un ara lugdunensis, on lit : Rom. et Aug., a quelque valeur pour les cabinets qui ne l’ont pas, sans être cepen- dant bien rare. Numismatique. — M. Belpaire fait hommage à l’Aca- démie d’une pièce d'argent , trouvée près du chemin de fer à Borgerhout. Cette pièce représente d’un côté l’archange, patron de Bruxelles , avec cette inscription moneta Bruxel- leneiss et, de l’autre une croix, avec les mots Johannes dux Brabantie. M. Lelewel (Numismatique du moyen âge, tom. IL, p. 293) rapporte l'empreinte d’une pièce d'argent semblable et l’attriBue à Jean HIT, duc de Brabant. Des remer- cîmens sont adressés à M. Belpaire; la pièce sera déposée dans le cabinet de numismatique commencé par l’Académie. Mosaïque de Pompéi. — Note de M. Roulez, profess. ex- (1) 2e Supplément du recueil d’antiquités rom., etc. p. 16 (16 ) traord, à l'univ. de Gand. — Un des produits les plus remar- quables des fouilles de Pompéi est sans contredit la peinture en mosaïque, représentant une bataille d’Alexandre-le-Grand contre les Perses, qui y fut découverte le 24 octobre 1831, dans la maison dite casa del fauno , où elle décorait le sol d’une exedra. L'apparition de ce chef-d'œuvre est venue modifier et grandir considérablement l’idée que nous avions de la peinture des anciens. Tous les connaisseurs, qui l'ont vu, s'accordent à dire que, sous le rapport de la composi- tion et de l'expression , il est digne de Raphaël et de Michel- Ange. Mon intention n’est point d'en donner ici une des- cription et une explication achéologique complètes, qui d’ailleurs auraient besoin, pour être bien comprises, du secours d’un dessin. Je me bornerai à présenter quelques observations, que je crois utile d'ajouter à tout ce qui a été écrit sur ce monument précieux de l’art antique (1): elles (1) La mosaïque de Pompéi a été publiée par le savant directeur de l'institut des beaux-arts de Naples, À. Viccolini, dans le Real Museo Borbonico, vol. VIIT, cah. 3, pl. 36-40, et reproduite dans les Monumens de l’art. antique, par Ch. O. Müller et Ch. Oesterley. Liv. IV, pl LV, n. 273. Niccolini fit réimprimer à part son travail avec corrections et additions, Plato 1832, fol , et y inséra deux petits écrits sur le même sujet : l’un de D. Francesco Maria Avellino (extrait du Giornale del reyno delle due Sicilie , n° 258); l’autre du chevalier Bernardo Quaranta. Il existe des récensions de cet ouvrage dans plusieurs écrits périodiques de l'Allemagne, entre autres dans : //eidelberger Jahrbücher für Litera- tur, februar 1833, p. 142-163, par Gervinus; et dans : Gottingische Gel. Anseigen. Julius 1834, p. 1181-1196, par X. ©. Müller (voyez Allyemeine Literatur-Zeitung. Halle 1835. J'unius, p. 253). Je n’ai eu connaissance des travaux des savans italiens que par ce qu’en rapportent Müller et Gervinus. Un mémoire sur le puvé en mosaique de Pompéi a été lu par Le comte de Minutoli à l'Académie royale des sciences de Berlin, dans la séance du 15 janvier 1836 ; le contenu, pour autant que je sache, n’en est pas encore connu du public, { (AFS rouleront principalement sur l’auteur du tableau qui lui a servi de modéle. Personne ne s’avisera de chercher dans la mosaïque de Pompéi un morceau original; rien dans toute la composi- tion n'indique qu’elle ait été destinée à orner le sol d’un appartement. Cette peinture est donc, à n’en pas douter , la simple copie d’un ouvrage , ou peut-être même de la partie d’un ouvrage de quelque grand maître. On a de bonnes raisons de croire que le temps de la confection de l'original n’est pas éloigné de celui où vivait Alexandre-le-Grand, et l'on peut juger maintenant (ce que sans cette mosaïque on n’eût pas même soupçonné) à quel haut degré de per- fection ce genre de peinture historique, à savoir la peinture des batailles , avait été porté alors. Plusieurs peintres célè- bresde cette époque puisérent des sujets de composition dans les combats des Perses avec les Macédoniens; tels furent Aristide et Philoxène (1), tous deux contemporains d’Apelle et élèves de Nicomaque. Pour ne rien dire de l'opinion peu vraisemblable de Quaranta, qui regarde Apelle comme l'auteur présumé de la composition imilée dans le pavé en mosaïque de Pompéi, plusieurs savans avaient été d'accord pour faire tomber leurs conjectures sur Philoxène, quand un des premiers archéologues de nos jours, M. le conseiller Müller de Güttingue (2), est venu revendiquer l'honneur de cette production en faveur d’une certaine Hélène, fille de l'égyptien Timon (3). Selon le témoignage de Ptolémée (1) Pline, Züist. Nat. XXXV , 10, s. 36. (2) A l'endroit cité p.1194. (3) Ce Timon, Égyptien d’origine grecque, ne serait-il pas le statuaire - cité par Pline (Z7. V. XXXIV,8, 17),et dont la patrie et l’époque sont inconnues ? ma supposition , si elle était admise, comblerait une lacune dans la chronologie des artistes grecs. : Ton. tu. 2 (18) Héphæstion (1), cette femme avait peint la bataille d'Essus, arrivée de son temps, et son tableau se trouvait à Rome dans le temple de la paix sous le règne de Vespasien. Chacun comprendra aisément la portée de l'indication du mytographe grec: non-seulement elle lève tout doute à l'égard de la bataille qui fait le sujet du tableau, mais elle nous apprend encore comment un riche amateur de Pompéi aura eu l'idée et le moyen d'orner sa demeure de la copie d'une peinture, qu'il avait admirée lui-même à Rome (2). L'importance de ce récit mérite done bien que nous exami- nions le degré de confiance que nous devons lui accorder. - Nous remarquerons d’abord que cette Hélène n’est nommée nulle part ailleurs que dans le passage de Ptolémée, et qu'on l'y rencontre à la suite d’une liste de femmes homonymes, dont l'existence est fabuleuse ou douteuse. Cependant on se persuadera difficilement que chez une nation appréciatrice si juste et si éclairée des productions de l’art, l'artiste , dont le génie créa l’admirable tableau du combat d'Alexandre, fût demeuré ignoré, au point de n'être redevable d’avoir été sauvé de l'oubli qu'à une com- pilation dans laquelle n’est entré aucun récit historique, à moins qu'il ne fût marqué au coin de l'invraisemblance ou ne comportât plusieurs versions. Nous sommes étonnés (1) Dans Photius Myriobibl. cod. 190, p. 149. Bekk. p. 25, ed. Roulez. Lorsque parut mon édition des extraits de Ptolémée, la mosaïque de Pompéi ne m'était pas encore connue; et je n’ai pu en conséquence examiner la question que soulève l’assertion de cet auteur. (2) En émettant la conjecture que Vespasien aurait rapporté ce ta- bleau à son retour d'Égypte, M. Müller n’a pas fait attention que l’em- pereur n’est revenu à Rome que l’an 70 après J. C, , et que cependant le pavé en Mosaïque existait déjà l’an 63, où il eut beaucoup à souffrir du tremblement de terre, précurseur de la catastrophe qui, seize ans plus (19) surtout de ne pas voir Hélène mentionnée dans Pline (1),à l'endroit où il cite les noms des femmes qui ont cultivé la peinture. Mais, ce qui est plus inexplicable que l’omission Peut-être involontaire du nom d’Héléne, c’est le silence gardé par le même auteur sur son tableau, qui, s’il fut réellement exposé dans le temple de la paix sous Vespasien, aura plus d’une fois captivé l'admiration du naturaliste romain. D'où vient cette déviation de la coutume, qu'a Pline, d'indiquer les morceaux remarquables renfermés dans la galerie de ce temple? je ne vois d'autre moyen de résoudre ces difficultés que de supposer qu’il n’a connu ni l'artiste ni son œuvre. Un autre point suspect dans l’asser- lion de Ptolémée, c’est la disparition du tableau au temps où écrivait l’auteur (2), car il est notoire que l'incendie du temple de la paix n’arriva que sous Commode (3). Mais quand même on maintiendrait dans toute son intégrité le récit de Ptolémée, il ne s’en suivrait pas encore que le tableau d'Hélène eût servi de modéle à la mosaique ; ilest des argumens plus concluans que le simple renseigne- ment d’un écrivain. J’avertirai d’abord que je ne saurais partager la maniére de voir de Gervinus (4) qui, parce qu’un tard, engloutit Pompéi. D'un autre côté, les réparations grossières com- mencées au pavé donnent lieu à soupçonner que le propriétaire d’alors n'avait pas su trouver d'artiste capable de le réparer d’une manière convenable, ou n’avait pas les moyens de supporter les frais d’une pareille réparation. Dans l’un comme dans l’autre cas , l’on serait autorisé à supposer que la mosaïque datait d’une époque plus reculée. (1) Hist. Nat, XXXV, 11, 8. 40, (2) La manière dont il s'exprime, Ze tableau se trouvait ; &JEk£TTO y Vougf , prouve qu’on ignorait alors ce qu’il était devenu. (8) Herodian, I, 14, (4) A l'endroit cité, p.158 (20) grand nombre de peintres ont trailé des sujets tirés des combats entre les Macédoniens et les Perses, voudrait que l'on s’abstint de toute conjecture à l'égard de l’auteur de la peinture originale de la mosaïque. Je crois que nous pou- vons arriver ici à cette espèce de certitude, qui suffit en pareilles matières. Une considération doit dominer toutes les autres dans cette recherche, et influer puissamment sur notre jugement, c’est qu’il est impossible que cette pein- ture, véritable chef-d'œuvre, n’ait pas été vantée comme telle dans l'antiquité. Or nous ne voyons guère cette condi- tion réalisée que par rapport au tableau de Philoxène, placé par Pline à côté de ce que la peinture avait produit de plus parfait (£abula nullis postferenda). En outre l’écri- vain romain ajoute que ce tableau représentait le combat d'Alexandre et de Darius(Ælexandri prælium cum Dario), c'est-à-dire les deux monarques en présence l’un de l’autre, comme nous les voyons sur la mosaïque de Pompéi ; tandis qu’à l'égard d’Aristide , le mème auteur dit, sans rien pré- ciser, qu'il avait peint une bataille avec les Perses (prælium cum Persis), et quant à l'expression de Ptolémée, /a bataille d'Issus (ri à ‘so ueyw), elle est enveloppée de tant de vague, que sans la découverte de Pompéi, per- sonne ne se serait imaginé que, parmi les diverses scènes de la bataille d'Issus, Hélène eût précisément choisi la rencontre des deux monarques ennemis. Afin de compléter la critique du passage de Ptolémée, en tant qu'il se rapporte à la mosaïque de Pompéi, je reprendrai l'examen de la ‘question de savoir, quel est l'événement des guerres d'Alexandre retracé par la peinture en mosaïque. Avellino y découvre le passage du Granique, Niccolini la bataille d'Arbèle, Quaranta et Müller se décla- rent pour celle d’Issus. Quant au fait historique considéré ! | | | , ; | (21) en lui-même, il paraît dénué de vérité. Arrien, l'historien le plus fidèle et le plus sûr de ces événemens, ne parle point d’une rencontre entre les deux rois; seulement il rapporte (1) qu'a Arbèle, Darius voyant l'aile de son armée, où il se trouvait, enfoncée par Alexandre, s'enfuit du combat sur son char ; mais qu’arrivé dans les défilés de la montagne, il prit le parti de monter à cheval afin d'accélérer sa fuite, Quinte-Gurce (2) suivant une autre version rap- portée probablement par Clitarque ou Chares , nous fait le récit d’une rencontre à Issus entre Alexandre et Darius, avec mention de plusieurs circonstances que l’on peut re- connaître dans la peinture de Pompéi. Plutarque (3) parle aussi d’une pareille rencontre; mais il la place à Arbèle, et en cela il semble s'éloigner moins de la vérité historique , puisque d’après la narration d’Arrien, puisée dans les écrits de Ptolémée Lagus, ce fut à cette dernière bataille que les deux monarques se rapprochèrent le plus l’un de l’autre, sans néanmoins en venir aux prises, et c’est sur celte circonstance qu’il était le plus naturel d’enter Îa tradition de leur rencontre. Au milieu de cette fluctuation des récits historiques, pourquoi l'artiste grec aurait-il placé l’action de son tableau à Issus plutôt qu’à Arbèle, dont la bataille d'ailleurs est bien plus remarquable par l’impor- tance de ses résultals? On ne saurait douter qu'il n'ait eu en vue la même légende que les historiens, mais certaine- ment il ne s’est pas dirigé d’après eux. Et qui peut répondre (1) Arrian.exped Alexandr. IT, 14. p. 124. ed. Gronov. (2) De reb. gestis Alexand. Magni WX, 26 et 27 Comp. Diodor. Sicul. XVII, 34, vol. IE, p. 1167. ed. Dindorf. (3) Vit. Alex., p 684. E Comp. Diodor. Sieul, XVII, 60, p. 1192 Dindorf (22) que l’admirable production du pinceau d’un des contem- porains d'Alexandre n'ait pas donné naissance au récit peu véridique de quelques historiens. Par exemple, on con- cevrait facilement comment le peintre, voulant nous faire saisir à la fois les deux faits consécutifs de la retraite de Darius du champ de bataille, et de l'abandon de son char afin de confier son salut à l’agilité d’un de ses coursiers, a représenté le monarque à l'instant où il va prendre la fuite, et a placé à côté du char, le cheval qui doit bientôt transporter le roi des Perses. D'ailleurs, il n’est nullement probable que l’auteur du tableau se soit attaché à repro- duire scrupuleusement une bataille déterminée avec tous ses détails, mais il aura emprunté à d’autres combats et trouvé dans son imagination une partie des accessoires de sa composilion. C’est ainsi que l’on pourrait voir dans la tête non casquée d'Alexandre l'intention de rappeler le danger qu'il courut ou passage du Granique, lorsque la hache de Spithridate lui fendit le casque et pénétra jusques aux cheveux (1). Toutefois cette particularité paraît se ratta- cher encore à une autre idée. Nous apprenons qu’Alexandre, dès le début de ses conquêtes, se proposait de marcher sur les traces de Bacchus, vainqueur de l'Inde [du moins des historiens lui prêtent cette prétention (2)], et qu'après avoir égalé la gloire du dieu. conquérant, il voulut en imiter les triomphes (3). Je soupçonne que le peintre, qui n'a pas reculé devant un anachronisme en donnant au prince Macédonien la tunique asiatique, que cependant (1) Voy.Diodor. Sicul. XVIL , 20, p. 1154, {2) Quint-Curt. HIT, 24. (3) Idem IX. 35. (25 ) il n’adopta que beaucoup plus tard (1), a voulu laisser entrevoir déjà dans son héros l'émule du fils de Sémelé, le nouveau Bacchus, et il a ajouté pour cela une barbe légère à la partie inférieure et postérieure des joues. Chacun sait que Bacchus conquérant a pour marque caractéristique la barbe , qu'il est censé avoir laissé croître pendant son expédition dans l'Inde (2). Cette particularité insolite aux portraits d'Alexandre , et dont la mosaïque de Pompéi nous offre un exemple unique, n’avait pas jusqu'ici reçu d’expli- cation. Une circonstance paraît venir à l'appui de mon hypothèse : on a remarqué dans la figure du monarque Macédonien une fadeur qui contraste singulièrement avec l'air mâle et farouche des guerriers qui l'entourent (3). Ce caractère de mollesse convient parfaitement à Bacchus, tandis qu’il est en opposition avec tout ce que les anciens nous rapportent de la physionomie d'Alexandre. » Chronique de Turpin. — M. Marchal lit la note sui- vante sur la chronique dite de Turpin. «Depuis les sarcasmes de Voltaire et les savans mémoires de La Curne deSt-Palaye, sur la chronique dite de Turpin , jusqu’à l'examen que M. de Martonne vient d'en publier au tome XI des mémoires de la société royale des antiquaires de France, année 1835, on a formé un grand nombre de conjectures sur l’autheuticité de cet ouvrage et sur la per- sonne de son auteur. » La chronique &e Turpin traite : (1) Quint-Curt, VI, 14. Diodor Sic. XVIL, 77. vol, IL. pag 1211. Dindorf, (2) Voy. Winkelmann , Zist. de Part AV, 2, 6. 46. (3) Voy. Gervinus à l'endroit cité, p. 161. (24) 1° De la protection que l’apôtre St-Jacques, dont le tombeau est à Compostelle en Galice, aurait accordée à l'empereur Charlemagne, à légal de celle de S'-Denis autre patron de la France. 2° De la conquête des villes et des contrées de l'Espagne tout entière, par un effet miraculeux de cette protection, pour l’arracher aux infidèles; on y raconte les combats de Roland , le siége de Pampelune et les actions du Sarrazin Agoulant. | 3° D'un pèlerinage que Charlemagne aurait fait à Jéru- salem , avant d'aller conquérir l'Espagne. 4° De l'accueil qu’il aurait reçu de l'empereur d'Orient, à Constantinople, en revenant de ce pélerinage. 5° D'une vision que l’auteur aurait eue dans la ville de Viana, au moment de la mort de Charlemagne. » Les autres faits mentionnés dans la chronique sont peu nombreux et d’un intérêt secondaire. » Quant à son auteur, il y a cinq opinions sur sa per- sonne : 1° Ce Turpin est l'archevêque de Rheïms, ami de Charlemagne; 2° c’est un archevêque de Vienne en Dau- phiné, trois cents ans plus tard; 3° c’est un nom supposé; 4° c'est un écrivain espagnol ; 5° il est français. » Pour résoudre ces différentes questions, nous avons consulté les plus anciens textes de cette chronique, parmi les manuscrits de la bibliothéque royale des ducs de Bour- gogne; nous les ÿ avons retrouvés dans les grandes chro- niques de France et dans des chroniques détachées. 1° Celles de France commencent par ces mots : Chil qui cest œuvre : elles ont été analysées dans plusieurs mémoires de La Curne de St-Palaye. Il y en a cinq: A. Manuscrit, n° 10532 de l'inventaire général de la bibliothéque; ce volume, de la fin du XIEE siècle, a un (25) supplément terminé à l'an 1304. Le texte nous paraît quasi contemporain (s’il ne l’est pas même, de la collection primitive, on assure qu’il provient de la bibliothéque de l'infortuné comte d’Egmont; il est orné de magnifiques miniatures colomnales en or et en toutes couleurs. B. Manuscrits, n° 1, 2, 3 et 4 de l'inventaire, des années 1326, 1380, 1390 et même année 1390, provenant des ducs de Bourgogne-Valois, et ornés aussi de magni- fiques miniatures. 2° Les chroniques détachées de Turpin; elles sont au nombre de trois et en français. A. MS., n° 8505 du dernier tiers du XIV: siécle, pro- venant des ducs de Bourgogne-Valois. B. MS., n° 12192, acheté récemment par M. le Ministre de l’intérieur à M®° de Ghieseghem ; ce volume est un peu plus moderne que le précédent. C. MS., n° 7245, en trois énormes volumes sur vélin, 31 centimètres de hauteur , intitulés : Conquêtes de Char- lemagne ; composés à Bruxelles pour le duc Philippe-le- Bon, pendant le second tiers du XV® siècle, ornés d’un grand nombre des plus magnifiques miniatures en grisaille. C'est un chef-d'œuvre de la librairie protypographique. » Nous donnerons la préférence, pour nos consultations, el à cause de leur ancienneté, à la grande chronique n° 10532, et aux deux Turpin, n* 8,505 et 12192 du XIVe siècle, » La chronique de S'-Denis ou de France, n° 10532, renferme, après le IV: livre, le texte « des gestes du grand » roy Karlemaine.…., en partie par la main Egynalt son » capelain, et en partie par l’estude Turpyn l’archevesque » de Rains qui présent furent avecque li... chil Egynalt » nous descrit sa vie jusques a fais dEspaigne. Le sorplus (26) » nousdetermine Turpyns li archevesque jusque en la fin de » sa vie.» Laissons l'Éginard qui nousest inutile ici, passons au Turpin et au texte des faits d'Espagne. On y lit que Char- lemagne «une nuit esgarda vers le chyel et vit un chemin » destoile qui commenchoit si comme il li sembla a la » mer de Frise et sa dreche entre Alemaigne et Lombar- » die, entre Franche et Aquitaine, entre Bazele et Gas- » coigne et entre Espaigne et Navarre tout droit en Galice » la ou li cors mon seigneur Saint Iake reposoit sans non » et sans memoire. En chel manier vit chel signe par » pluisieurs nuits, etc., elc. » » L'empereur médite la conquête , on lit la nomenclature des villes et des contrées qu'il aurait soumises, y compris l’Andalousie ( la terre de Landeluf) et le Portingal. L’au- teur n'indique point Séville ni Cordoue en Andalousie, erreur qu'aucun espagnol n'aurait faite , d'autant plus que Cordoue, la résidence des califs ommiades était trop célébre à cette époque pour qu’on pût la confondre avec les conquêtes de Charlemagne. Le texte, comme différens cri- tiques l'ont plusieurs fois observé, ne convient pas au siècle de Charlemagne, mais à des temps plus modernes. » Passons à l’incipit de la chronique détachée de Turpin, n° 8505. Le voici: «Gelivre cy que nous trouvons en escript » parle de France, et par la priere monseigneur saint » Jacque donna notre seigneur ce don à Charlemaine afin » que on parlast de luy comme le siecle duroit voirs en » est que; plusieurs qui oient voulentiers de Charlemaine » parler ne sevent neant du voiage qui fit outre mer. Car » les bons clers qui les ystoires ont en us ne cuident mie »_ qui soit escript en trois lieux en France, forsque a Ays » la Chapelle et a monseigneur saint Denis... a tant cher- » chie es livres mons' saint Denis par quoy et a mis de Mon Rd Se dE 0 RS ne née de nt né ne hé ET ( 27 ) » latin en francois par grant estude et par quel achoison » Charles ala oultre mer devant la voye d’Espaigne, etc., » elc. » » Le MS. , n° 12192, a pour incipit : « Jey commencent » les chroniques de France. Comment Charlemaigne le roy » conquit Espaigne. Je Turpin archevesque de Rains, etc.» » J'ai comparé les faits qu’on répute pour fabuleux, avec d’autres livres imprimés ou manuscrits; la nomenclature en est trop connue pour l'indiquer ici : je ne relaterai pas non plus les observations de divers ouvrages critiques sur Turpin , elles sont également répandues. Je dirai seule- ment qu'outre la collection de Don Bouquet, outre les manuscrits de la bibliothéque de Bourgogne intitulés : Annales bertiniennes et vedastines , du X° siècle; Gesta Francorum , du XIIF siècle, je n'ai trouvé nulle part dans aucun livre authentique le prétendu voyage d’outre mer, l’entrevue chez l’empereur de Constantinople, la conquête de l'Espagne tout entière. » J'ajouterai à ces recherches , que j'ai consulté les deux Sigeberts, MS. du XIII: et du XIV: siècle, confrontés avec l'imprimé de l'an 1608; ils indiquent aux années dixième et subséquentes du règne de Charlemagne la conquête de Pampelune, duosque Saracenorum regulos , aliquasque urbes…. . Barcinone , rien de plus. » Mais sur cet objet le MS. français, n° 3542, provenant des ducs de Bourgogne-Valois, intitulé : Chronique de- puis Jules César, est un monument précieux, tant par sa beauté que par l'étendue de son texte; il finit à la cap- tivité de Baudouin IE, roi de Jérusalem, et au siége de Tyr vers l'an 1124. On y retrouve les conquêtes authentique- ment reconnues de Charlemagne en Espagne; on y recon- naît de grands fragmens de Turpin, il n'y est fait mention (28 ) ui du pélerinage de Jérusalem ni de l’entrevue de Constan- tinople, cependant le’chroniqueur n'aurait pas oublié ces événemens, s'ils eussent élé véritables, à cause de leur analogie avec l’histoire des’ croisades. » J'en conclus que le Turpin qui est l’objet de tant d'in- vesligations n'était pas encore rédigé en 1124. » À quel époque ce livre, que nous allons reconnaître pour apocryphe, fut-il publié? Je crois l'avoir deviné par la confrontation de la grande chronique, n° 10532, avec les deux Turpin, 8505 et 2172. Cette chronique, après la no- menclature des villes et des contrées conquises, ajoute : «Chlotaire, Daguebert, Pepin, Gharle Martiaux chil conqui- » rent Espaigne en partie et en partie la laisserent, mais » chil Charlemaine li grant la conquit tout entierement.» » Les deux Turpin intercalent après Charles Martel les noms de Charles-le-Chauve et de Louis ; une main du XVIe siècle a superposé au mot Louis, au n° 12192, le mot saint, c'est une erreur qui va se démontrer d’elle-même. » Quel est ce Louis dont le nom est intrepolé? ce ne peut être que Louis-le-Jeune , car avant lui les derniers Caro- liens et les Capétiens ou Angevins, jusqu’à Louis-le-Gros son père, eurent d'autres occupations que d'aller faire des conquêtes en Espagne. » C'est pour Louis-le-Jeune que ce roman a dû être com- posé, en voici preuve. Ce roi avail divorcé, au com- mencement de l’année 1152 (st. mod.), avec Aliénor ou » Éléonore, qui se remaria peu de temps après avec Henri Plantagenel : lout le monde sait qu’elle porta en dot à son deuxième mari la Guyenne et les plus belles provinces de l'Ouest. Vers la fin de l'an 1153 (aussi st. mod. ), Étienne, roi d'Angleterre, adopia Henri pour son successeur. En 1154 (st. mod.), Louis-le-Jeune se remaria avec l’infante ( 29 ) Constance de Castille , fille de ce glorieux Alfonse VITE, roi de Castille et de Léon, qui s'était fait proclamer empereur après avoir conquis plusieurs villes sur les Maures ; et après être devenu le suzerain des rois d'Aragon el de Navarre. » Tous ces événemens sont trés-connus, mais nous allons en tirer les conséquences suivantes : Louis, prince avan- tureux, ne s'était pas atiendu au mariage d'Éléonore et de Henri, et encore moins à l'adoption de ce prince à la couronne d'Angleterre; pour y remédier, il rechercha l’al- liance de l’empereur Alfonse; les deux souverains de France et de Castille devaient également redouter les résultats de l'accroissement de la domination anglaise entre leurs États respectifs. » Un autre scandale succéda bientôt à la cour de France, à celui de la conduite d'Éléonore. Roderique, de Tolède, historien espagnol, nous informe que l'on y répandait ma- lignement le bruit que la reine Constance n'étail pas la fille de la reine de Castille, mais d’une concubine de l’em- pereur Alfonse. » Louis, pour s'assurer de la vérité, et pour connaître aussi cet Alfonse, comme disent les historiens, ce qui prouve qu'il en avait besoin, alla faire un pèlerinage à S'-Jac- ques de Compostelle, un des patrons de la France. L'em- pereur Alfonse conduisit ensuite son gendre et sa fille à Tolède. If les y reçut avec la plus grande magnificence. Bé- renger , frère de la reine , se déclara l oncle de l’Infante : Louis-le-Jeune revint dans ses États avec une entière sa- tisfaction. » On peut consulter (outre les écrivains dont on lit le texte au 12° tome de Don Bouquet), Vely, Aist. de France, tom. IL, pag. 70; Marriana, Aist. d'Espagne, traduc- tion française, tom. Il, p. 554, et surtout Za Cronica ( 40 ) del emperador don Alonso VIT dirigida & Sandoval. On lit dans celle-ci, à l’année 1191 de l'ère d'Espagne (1153 de notre ère): Ælqunos mal sines desseando mal entre el Emperador y Rey su yerno, hizieron la creer que la Infanta de Castilla dona Constançu su mruger , no ero hija legitima sino bastarda del Emperador , etc., etc. » À l'appui de ces matériaux, j'ai consulté le MS. fran- çais, du XVIII: siècle, n° 9600, de la Bibliothéque de Bourgogne, intitulé : Mémoires sur l’histoire d'Espagne et d'Afrique, depuis l'an 1114 jusqu'a l’an 1198. Cet ouvrage révoque en doute la cause du pèlerinage de St.- Jacques en Galice, rejette ce prétexte comme une absur- dité éloignée du bon sens, telles sont les expressions du texte; mais on y reconnaît le pélerinage et la réception magnifique du roi Louis-le-Jeune à la cour de Toléde. Aïnsi, quels qu’en soient les motifs, il est constant, par le témoignage des historiens contemporains de France et d’Espagne : 1° Que Louis-le-Jeune alla faire un pélerinage à St.- Jacques ; 2 Qu'’ensuite il fut reçu avec magnificence à la cour de l’empereur Alfonse , à Tolède ; | 3° Qu’Alfonse avait le titre d’empereur. Nous ajouierons qu’il est également constant que Ghar- magne avait fait la conquête de l'Espagne au nord de l'Ebre, et que les rois français eurent un droit de suze- raineté sur ces contrées, jusqu'au traité de Corbeil, en l’année 1256, par lequel S'-Louis échangea, avec le roi d'Aragon , ses droits sur les domaines au sud des Pyrénées et sur le Roussillon, pour des domaines de Languedoc et d’autres, en France. Ainsi Louis-le-Jeune avait un droit de suzeraineté sur le roi d'Aragon, vassal de l'empereur Alfonse. ( 31 ) » Nous tirerons de tout ce qui vient d'être exposé , sans entrer dans de plus grands détails, parce qu'il ne s’agit ici que de l'authenticité de la chronique de Turpin : 1° Que la dévotion de Charlemagne envers St-Jacques de Compostelle, ressemble fort à celle de Louis-le-Jeune ; on n'a pas besoin d'examiner si cette dévotion était véri- table ou simulée; 2 Que Louis-le-Jeune fait un pèlerinage à Compostelle, tout comme Charlemagne est supposé en faire un à Jé- rusalem ; 3° Que Louis est reçu par l'empereur de Tolède, comme on suppose que Charlemagne le fut par l'empereur de Con- stantinople ; 4° Que le récit des conquêtes de Charlemagne dans la Péninsule espagnole tout entière, avait une apparence de réa- lité par le vasselage du roi d'Aragon, comte de Barcelonne; on pouvait en soutenir la prétention dans un siècle d’igno- rance, lorsque l'on considère que la cour de Castille par- lait alors habituellement la langue arabe, qui était celle de la civilisation espagnole , et que le Turpin est écrit en français. Langue de la cour de Louis-le-Jeune. 5° Que Louis-le-Jeune, ne portait pas le titre d'empe- reur, mais il n’en élait pas moins l'héritier et le succes- seur de l'empereur Charlemagne, qui aurait conquis la Péninsule et entre autres la ville de Tolède, capitale de l’empereur Castillan et la grande ville de Cordoue. 6° Que le MS., n° 3542, intitulé : Chroniques depuis César, libellé en 1124, rapporte un texte qui est dé- pouillé des fables de celui du prétendu Turpin, fables que ce MS. 3542 aurait eu intérêt à raconter , si elles eus- sent été reconnues pour vérités historiques ; 7° Que le nom interpolé de Louis, après Charlemagne , (32) dans les éditions subséquentes au 13° siècle de la chroni- que de S'-Denis, prouve que le texte primitif n’en faisait pas mention, et que, par conséquent, il n’est pas antérieur à un roi de France appelé Louis; 8 Que ce roi n’est point Louis-le-Gros, père de Louis- le-Jeune, qui n'eut aucuue affaire en Espagne et encore moins un des derniers Carlovingiens. Que ce ne peut être Louis Hutin, parce qu'il fut couronné roi de Navarre en 1307; tandis que le MS. 10532 finit par ses supplémens à l'an 1304; que c’est encore moins Louis-le-Lion , et enfin que ce ne peut être S'-Louis qui abandonna l'Espagne, chose totalement opposée à une conquête ; 9° Pour ce qui concerne la personne de Turpin, on le dit par erreur archevêque de Vienne : l’auteur raconte une vision qu'il eut à /’iana , ville de Navarre, au moment de la mort de Charlemagne; le nom de V’iana est répété plusieurs fois et très-lisiblement dans la chronique, ainsi on prit probablement V’iana pour Vienne. » Ex RésuMÉ : Nous pensons que la chronique dite de Tusxpin, est une amplification d’une chronique véritable et par des récits apocryphes, qu'elle fut composée par un au- teur qui usurpa le nom de Turpin, ami de Charlemagne, pour accréditer son ouvrage; que cel auteur est français, à cause de son ignorance de plusieurs faits importans de l'histoire d'Espagne, et enfin que cette chronique, comme tant d’autres fraudes politiques ou pieuses, fut composée pour relever la gloire et les prérogatives de la couronne de France, pendant le voyage de Louis-le-Jeune à Tolède, afin que le monarque français y fût reconnu être pour le moins l’égal du glorieux empereur Castillan. » M. le directeur, en levant la séance, a fixé l’époque de la prochaine réunion au samedi, 6 février. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1836. — No 2. Séance du 6 février. M. le baron De Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. GORRESPONDANCE. M. le Ministre des affaires étrangères et de la marine donne communication des observations sur les marées, faites au port d'Ostende pendant les mois de décembre et de janvier derniers. Le secrétaire rend compte des nouvelles relations qu’il vient d'établir avec l'institut impérial et royal des États Lombardo-Vénitiens, par l'intermédiaire de M. le chevalier Carlini, directeur de l'observatoire de Milan; il donne en- suite lecture d’une lettre de M. le secrétaire de l'institut impérial et royal, qui annonce l’envoi de quatre volumes in-4° de mémoires et de cinq volumes in-8, Le secrétaire est chargé de transmettre avec les remercimens de l'Aca- démie ; les divers volumes qui ont été publiés depuis 1830. Tow. 1. 3 AUDE ) M. J. Van Praet, secrétaire du Roi et correspondant de l'Académie, fait hommage d’un exemplaire de l'Znventaire des livres de l’ancienne bibliothèque du Louvre, fait en l’année 1373, par Gilles Mallet, qui vient d’être publié avec des notes et: des additions, par son oncle, M. Van Praet , bibliothécaire du roi de France. M. Devaux, ingénieur des mines dans la province de Liége, adresse à l’Académie une note imprimée servant de complément à son mémoire sur l'épuisement des eaux dans les mines au moyen de l'air, qui a été couronné par l’Académie en 1835. L'auteur propose, dans cette note, un nouveau moyen d'appliquer la vapeur à l'épuisement des eaux et à l’aérage des travaux dans les mines. M. le baron De Reiffenberg présente une notice sur le congrés scientifique qui doit avoir lieu, à Blois, le 11 sep- tembre prochain, et une invitation aux membres de l’Aca- démie, de la part de M. De La Saussaye, secrétaire-général du congrès, pour assister à cette:assemblée. M. le baron De Stassart fait hommage à l’Académie, de la, part de M Blondeau, doyen de la faculté de droit de Paris, de différens cuisses de: Meridien et dej Jeiepeos ! dence:.: :! . [LE ONCOURS DE 1836; 1m sde fais avait proposé pour le concours dé’ 1830; six questions pour la classe d'histôire et huit pour la ctaigd des sciences. Le secrétaire annonce D il a RL les! mié- moires suivans : à | 0 (Su Im rit question de la classe des lettres : : : Indiquer L'époque précise: des inventions, importa= tions. ebrperfectionnemens qui ont successivement con» (35 ) tribué aux progrès des arts industriels en Belgique, depuis les dernières années du dix-huitième. siècle jusqu’à nos jours, avec l'indication des personnes qui, les premières , en ont fait usage parmi nous. -Un mémoire portant la divise : Ze commerce tantôt détruit par les conquérans , tantôt gêné par les monar- ques ; aceourt la terre, fuit d’où il est opprimé, se teposé où on le laisse respirer (Montesquieu). Commissaires MM. Cornelissen , Pycke et Cauchy. : Sur Ja septième question de la classe des sciences : à Quels sont les meilleurs moyens à employer , sous le double rapport de la solidité et de l’économie, pour reconstruire et pour entretenir les chemins vicinaux , de manière à les tenir dans un état permanent de viabilité. | | Un mémoire portant la divise : Je demandai un jour au maire de mon village, etc. Commissaires MM. Pycke, d'Omalius et Cauchy. | Sur la huitième question de la classe des sciences : Déterminer quand et comment se forment les matières colorantes de la garance , depuis sa germination Jusqu'à l ‘époque de sa pleine végétation. Examiner la structure anatomique et les fonctions physiologiques des parties tinctoriales de cette plante, et appliquer les résultats de ces travaux à sa culture et à sa dessication. (Le mémoire devra être accompagné de planches.) (1) (1) M. le Ministre de l'Intérieur a fait connaître à l’Académie que (36) Un mémoire portant la divise : Un fait bien vu est une chose précieuse ; il y en a peu qui soient connus dans tous leurs détails (Sennebier); avec 9 planches. Commissaires MM. Dumortier, Dehemptinne et Martens. COMMUNICATIONS. Le directeur informe l’Académie que, conformément à la décision qu’elle avait prise , une députation, composée du directeur, du sous-directeur, du secrétaire perpétuel et des deux doyens, a eu l'honneur de présenter au Roi les derniers volumes des mémoires, et que Sa Majesté a té- moigné, de la manière la plus flaiteuse, l'intérêt qu’elle prend à l’Académie. Astronomie. — M. Quetelet communique l'extrait sui- vant d’une lettre qui vient de lui être adressée par M. Wart- mann , astronome à Genève, concernant la réapparition de la comète de Halley depuis son passage au périhélie. « La comète de Halley , depuis son passage au périhé- lie, a été revue ici trois fois; le 1°, le 15 et le 21 de ce mois. Le 1° janvier elle était très-pâle, semblable à une nébuleuse informe , et invisible dans les chercheurs. Le 15, quoiqu'il n'y eût pas de lune, elle était si faible de lumière qu’on avait de la peine à la distinguer, même dans la lu- nette de l’équatorial. Cependant sa position a pu être dé- terminée à plusieurs reprises , comparativement à l'étoile G du Scorpion prés de laquelle elle se trouvait. Là nébulo- regardant la culture de la garance comme avantageuse à la Belgique, et ne voulant négliger aucun moyen de l’améliorer et de la répandre, il proposera au Roi d’ajouter un prix de 500 francs à la médaille promise pour la solution de cette question. (37) sité avait alors 3’ de degré de diamètre. Le 21, elle était plus apparente que le 15 , la nébulosité, quoique toujours très-pâle, paraissait sensiblement plus étendue : son diamèé- tre avait environ 4’ de degré. Cet accroissement tient,comme vous le savez, à ce que la comète tout en s’éloignant du soleil se rapproche maintenant de nous par le fait du mou- vement de la terre elle-même; ce rapprochement , qui tend à augmenter encore, permellra sans doute aux astronomes, surtout à ceux de Paramatta et du Cap de Bonne-Espé- rance , de suivre cet aslre tout le mois prochain et peut- être même jusqu’à la fin de mars. » Voici les positions qui ont élé déterminées à notre observatoire, par M. Muller, au moyen de l’équatorial, et qui s'accordent d’une manière satisfaisante avec l'éphémé- ride de M. le professeur Rosenberger insérée dans le n° 294 des Astronomische Nachrichten, ainsi qu'avec les nou- veaux élémens que M. le professeur Gautier a calculés et qu’il n’a point encore publiés. N. B. Ces positions doivent subir la petite correction de l'effet de l’aberration et de la parallaxe de la comète. T. MOY. À GENÈVE , ASC. DROITE ASC. DROITE DÉCLINAISON. 1856. Janvier 1... à 6h 5m345,9 16h18m175,3 244034/15//,45 A. 24045/57/ — 15.. À 5h54m 35,3 16h 1m16:,5 240019 7//, 5 27012/13//7 compté de minuit, en temps. en dégrés. Bibliographie. (Note de M. le baron De Reiffenberg). — Plusieurs écrivains se sont occupés des lettres d'indul- gence imprimées en placard sur vélin , tels que Oberlin , Zapf, Meerman, Dibdin, Fischer, Van Seelen, Nyerup, Van Pract, etc., et en général elles intéressent tous ceux qui s'appliquent à l'histoire de l'imprimerie. Moi-même, ( 38 ) ans les mémoires de l'Académie , j'ai fait connaître quatre de ces-lettres encore igüorées, l'une de 1454 (on en con- naissait une autre édition), une seconde de 1500 et deux de 1502. J'ai l'honneur d'en añnoncer aujourd'hui une €in: quième qui avait également échappé aux bibliographes: Elle a été détachée de la couverture d’un ancien volume par M. Fiess, bibliothécaire de l’université de Liége et gente Ja date de 1480. M. Van Praet. (Catalogue des livres impri- nés sur vélin de la bibliothèque du roi, 11,26} signale des lettres de la même année, et délivrées aussi par le Pape Sixte IV au grand maître de Rhodes, pour la défense de cette île, mais elles sont différentes de celles dont je révèle, l'existence à l'Académie. Ges dernières. imprimées sur par- chemin d'un seul côté, ont ‘vingt-trois lignes au lieu de vingt-sept. Elles sont parlant ‘en lettres de somme et commencent ainsi : UNIVERSIS et singulis pntes litteras inspecturis nos magister et frätres sacrt nr nee Sancti Joannis Hierusalem notum facimus.… Ellesse Lerminentde larmaniére suivante : Datum sub sigillo nostro ad hoc ordinato anno dni MCCCC LXXX die mensis. Vient ensuite Forma absolutionis in articulo mortis. Antiquités de l'Inde. (Note de M. Roulez correspondant de l'Académie. ) — « Le cabinet d’antiques de l’universilé de Gand, grâce à la munificence de M. Rosseel, fabricant cn celte ville, et au zèle de M. Denduyts pour l'accroiïsse- rent des collections académiques confiées à sa surveil- lance, vient de s'enrichir de deux idoles indiennes, prove- nant de l’île de Java; ce sont des statues monolithes en granit de deux pieds environ de hauteur ;.elles appartien- vent au sivaisme ou) culte de Shiva. La plus grande des PR Lt ( 39 ) deux est d’un travail très-grossier ; l’autre, d’une exécation plus soignée, se trouve placée sur un trône, taillé dans la même pierre que l’idole. Ces deux statues représentent Ganéshkarou Pouléar, fils et ministre de Shiva, le chef et le précepteur'de)la troupe céleste, le-dieu'de l'intelligence, dé l’année, des nombres, source de‘touté sagesse el prési- dant à toutes les transactions importantes de la vie. Nous le-voyons figuré , comme d'ordinaire | avec son gros ventre de forme sphérique et avec la tête d’éléphant ( emblème de la sagesse et de la force paisible), par laquelle son père remplaça sa tête humaine, après qu'il la:lui eut coupée. Les deux statues nous offrent le dieu dans'ia même atti- tude, à savoir assis , les jambes repliées endedans , de façon que les pieds se rejoignent ; il paraît enfoncé dans une profonde méditation. Sur la main gauche, qui est tendue, setrouveun objet à l'égard duquel je n’ai pas encore d’opi- mion bien formée, et qu'il saisit avec sa trompe. De la main droite Ganésha tenait un autre objet , qui a été brisé. Ce pouvait être un sceptre ou le trait de feu. On remarque à Ja statue travaillée avec le plus de soin, que l’une des défensesest mutilée : c’est celle que le dieu brisa contre le rat ou loir-géant en voulant le dompter. Cette particula- rilé est à peine indiquée chez l’autre statue. J'observerai en dernier lieu que celle-ci se distingue par la singularité de sa coiffure, tandis que l'autre porte l'espèce de tiare propre à plusieurs divinités dé l’'Hindoustan. J'omets les autres détails el explications , me proposant de publier une notice plus étendue et accompagnée de dessins , non-seule- ment sur ces deux idoles , mais encore sur quelques autres figurines, relatives au culte idolâtrique des Hindous qui existent au cabinet d'antiques de Gand, où elles ont'été apportées également de Java. » u 2 ( 40 ) LECTURES. Paléontologie. —1Il est donné lecture du rapport sui- vant de M. le professeur Fohmann sur un os fossile trouvé à Tuyvenberg, et communiqué à l'Académie par M. le ministre de l'intérieur. « Les deux fragmens d'os adressés à M. le in À: LR de l'intérieur par M. Borgnet, ont élé trouvés au. fort de Tuyvenberg, à trois mètres de profondeur, dans une couche de coquilles qui n'avait jamais élé remuée; M. Borgnet, dans la lettre qui accompagne ces os, ne fait point mention de la nature des coquilles qui les en- touraient, circonstance essentielle à connaître. » Ces deux os ne forment ensemble qu'un fragment de vertèbre, dont une partie de la surface supérieure et an- térieure du corps est conservée; les cassures de ce frag- ment paraissent récentes; tout porte à croire que c’est par l'ignorance des ouvriers que ce débris a été mutilé, et que les apophyses, ainsi que les autres parties sont réstées sur les lieux , où l’on pourrait faire des recherches afin de compléter cet 0. » Quoiqu'il en soit, la pesanteur spécifique de ce frag- ment de vertèbre , est considérable à cause de l’oxide de fer qui a pénétré dans toute sa masse ; il est très-dur ; la face externe .est d’une couleur d’un blanc jaunâtre; çà et là se trouvent sur cette face des groupes de fragmens de coquilles réunies par le carbonate de chaux. La substance corticale et spongieuse offre dans les cassures une couleur d'un brun fauve , analogue à celle de l’oxide de fer. » Le diamètre de la face articulaire, conservée en parlie seulement dans ce fragment , est de 0,26. À . (#1) » Or, aucun mammifère terrestre, soit vivant, soit fossile, ne nous offre des dimensions pareilles dans leurs vertèbres; nous croyons donc que c’est un fragment d’une vertèbre d’un cétacée (du genre baleine). » Et quoiqu'il soit impossible d'établir des points de comparaison, lorsque la plus grande partie du corps et des apophyses manquent dans cette vertèbre , néanmoins nous sommes certain que ce n'est ni une cervicale, ni une dorsale, mais que c’est une portion d’une vertèbre lom- baire ou caudale d’un grand cétacée. » On ne peut révoquer en doute les services que l'étude exacte des corps organisés que récélent les différentes formations de notre planète a rendus à la géologie en général. Il est évident que les découvertes de ces débris d'animaux jettent un grand jour sur l’âge relatif, sur la zoologie des époques qui ont précédé l’état actuel de notre globe pour chaque localité. » Déjà en 1812, on a trouvé en déblayant le bassin d'Anvers des débris fossiles de cétacées inconnus (voyez Cuvier , Ossemens fossils, tom. V°. Ie partie, page 352). Ce fait seul et d’autres prouvent que la mer nourrissait des mammifères dont les analogues n’existent plus. Les fouilles peuvent encore ramener au grand jour des dépouilles d'êtres inconnus, ou des parties de squelette qu’on n’a pas encore trouvées jusqu'ici. -». Mais pour que l’histoire de la paléontologie du sol riche et varié de la Belgique retire tout le fruit possible des fouilles faites dans son sein, il faut des personnes capables de diriger et d'analyser toutes les circonstan- ces qui accompagnent les dépouilles fossiles, par une description exacte et détaillée du terrain et de la position de chaque os en particulier. Long-temps les progrès de la (42) paléontologie: ont été -entravés pan: le masque de détails précis,sur, le gisement. 9 .» Dans l'intérêt de la-science et pour iii de la Belgique, il est à souhaïtér que M. le ministre continue -à faire recueillir les ossemens fossiles que l’on rencontre dans les, divers travaux où l’on fouille le sol, et qu'il en fasse former une collection dontla conservation seraiteonfée à un homme versé en paléontologie, lequel ferait un eata- logue contenant tous les renseignemens nécessaires pour chaque pièce. » La Belgique occupe un rang distingué parmi les na- tions civilisées, par la manière dont les études botaniques, roologiques , celles de géognosie et de paléontologie y sont cultivées. Au moyen des mesures que nous proposons à M. le ministre, on formerait un dépôt de documens:pré- cieux pour ces deux dernières branches des’ sciences; les+ quelles, ainsi favorisées, ne marnqueraiïent pas de ‘faire briller d'un nouvel éclat le sol déjà si glorieux dé notre patrie, » | M. Cauchy, second commissaire, ajoute à ce se précède les considérations suivantes : « Je crois pouvoir ajouter au rapport de mon honorable collègue , que l'état de fossilisation de Fos qu’il décrit ‘et celui des fragmens de coquilles qui en couvrent quelques parties, semblent indiquer que ce débris d'un grandoami- mal vertébré appartient plutôt auxterrains tertiaires qu'aux dépôis alluviens. Sa découverte aurait donc pu, si ‘elle eût été complète, augmenter la liste des cétacées que Cuvier a signalés dans cette série assez ancienne de nos terrains. » Ces considérations doivent nous faire sentir plus vive- ment encore, les regrèts exprimés à la fin du rapport. Si M.le ministre ädoptait les propositions de l’Académie au 2e #5 (45 ) sujet de la confection de la carte géologique de la Bel- gique!, il deviendrait plus facile, pendant la durée des opé- rations y relatives, qui pourrait coïncider avec celle des grands terrassemens entrepris dans ce pays, dé faire diri- ger et constater les découvertes de ce genre auxquelles pour- ront encore conduire ces fouilles extraordinaires. » Au-sujet des observations précédentes, M. Crahay fait remarquer que les ossemens fossiles d’éléphans ne sont pas trés-rares dans la Belgique. En creusant le canal (Zuid- Willems-Vaart), on a trouvé en traversantle Caberg dans le ‘hameau de Smeermaas, une quantité immense de ces débris, et quelques-uns de rhinocéros. La majeure partie decces-ossemens a été déposée au cabinet de Leyde; quel- ques-uns ont été donnés par le Gouvernement à la société dés amis dés sciences , lettres et arts, de Maestricht: Tout añnônce que:lés endroits qui environnent celui où la décou- vertea£té faite, recélentiencore une grande quantité de ces fossiles: Ces ‘endroits sont fort bien connus à M. Crahay, et'en cas de besoin il pourrait les indiquer. Horlogerie. — L'Académie entend différens rapports de MM. Pagani , Crabay et Quetelet sur des mémoires présen- tés par M. Goetmaekers, horloger à Tournay. Les commis- sairessont d'accord sur ce point , que l’auteur n’estpas assez versé dans les connaissances de la mécanique analytique pour-pouvoir appliquer ; comme il cherche à le faire, les principes de cette science à l’art de l'horlogerie; plusieurs des formules qu'ilemploie sont inexactement reproduites, etses raisonnemens sont généralement présentés d’une ma- (1) Différens rapports ont été présentés par l’Académie à M, le Mi- istre, sur les moyens d'achèvement de la carte géologique du Royaume, qui est si viyement désirée par tous les amis de la science et par les Principaux industriels du Royaume, F4: ) nière obscure ou même inintelligible. L'Académie en conséquence ne peut donner son approbation à ces mé- moires. j | Entomologie. — M. Wesmael présente un supplément à sa Monographie des Odynères de la Belgique (1). « Lorsque j'ai composé cette monographie, je me trou- vais surtout dominé par cette idée, que la zoologie est encombrée d'une foule d'espèces nominales qui n'ont jamais existé que dans le cerveau de ceux qui les ont décrites. Plus tard, j'ai réfléchi que cette idée m'avait peut- être entraîné trop loin, et après avoir de nouveau recueilli un assez grand nombre d'Odynéres, j'ai revu mon premier travail; de cette révision sont résultées les modifications qui font l’objet de ce supplément. » D'abord, aux caractères tirés de la forme des mandi- bules pour distinguer les Guépiaires solitaires des Guêé- piaires sociales, j'en ajouterai un autre fourni par les crochets des tarses: ceux-ci sont toujours unidentés, ou bifides au bout, chez les Phterocheiles , les Odynères et les Eumènes ; tandis qu'ils sont entiers chez les Polistes et les Guêpes. Ce caractère est'cependant moins distinct chez les Odynères mâles de la troisième division. » Sous la dénomination d'Odynerus Parietum , je crois avoir confondu trois espèces bien réelles, quoique difficiles à caractériser, de sorte que le nombre total d'espèces se trouve porté à dix. Quant aux trois groupes ou familles que j'ai établis parmi les Odynères, j'ai cru devoir ajouter à chacun d'eux une dénominalion qui puisse le faire con- sidérer comme un sous-genre , ou même comme un genre par ceux qui sont atteints de la manie de la multiplication (1) Monographie des Odynères de la Belgique, Bruxelles, Hauman, 1833. sn + > sin le D (45) des coupes génériques, Le tableau, page HIT et IV, se trouve donc modifié de la manière suivante : 0 1 O. Reniformis . . . 2 O. Spinipes . . . . Ÿ (Sub-genus Oplopus). 3 O. Melanocephalus. . ir 4 O. Oviventris 5'0. Parietum, . : 6 O. Trifasciatus . . , 7 O0. Antilope . . (Sub-genus Ancistrocerus ). . CL . , . . . . . . . . . . . 8 O. Crassicornis. . . | 9 O0: Elegans , . + .» (Sub-genus Symmorphus). 10 O. Bifasciatus & O. Ovivenrais. &.%. Mihi. Gastrothorace (1) ruguloso-opaco ; primi segmenti. abdominis parte antica margine apicali depresso, parte postica triplo latiore quam longiore ; niger , antennarum scapo subtus et an- ice g, apicte $ capite thoraceque signaturis, abdomine fasciis simplicibus sex d', quinque punctoque anali @ ;, femoribus apice ” late, tibüs tarsisqe flavis. os … Sous le rapport des couleurs, appliquez à cette espèce (1) Les savantes recherches de MM.Latreille et Audouin sur Ja compo- sition du thorax , ont prouvé à l'évidence que la portion qui le ferme (46) la descripttion de l'O. Parietum, pag. 17—21, sauf des restriclions suivantes : | g' Articles 3—10 des antennes tout noirs. Bordure jaune du prothorax dilatée sur les côtés, atteignant les angles la- téraux. Écaille des ailes jaunes avec une tache discoïdale obscure. Ëcusson à deux petites taches jaunes on sans taches. Abdomen à six bandes jaunes uniformes. La moitié ou au moins le tiers apical de toutes les cuisses jaune. Jambes et tarses jaunes sans taches. ke rréftat + . . . ? . Premier article des antennes noir ayec une tache jaune à l'extrémité. Le reste ({lagellum) entièrement noir. Ecus- son à deux taches jaunes. Abdomen à cinq bandes jaunes uniformes et une tache anale jaune. Pieds et écailles des ailes comme chez le &. . Je possède quatre mâles et huit femelles de cette espèce, je les ai pris aux environs de Bruxelles. Observation. — Chez cette espèce et les deux suivantes, j'engage les entomologistes à ne regarder comme carac- tères réellement distinctifs, que ceux empruntés à des mo- difications de formes. J'ai dû y ajouter les modifications de couleurs que j'ai observées, mais je ne conseille pas d'y attacher beaucoup d'importance. postérieurement chez les insectes hexapodes ailés à abdomen. pétiolé, correspond au premieranneau de l’abdomen des insectes à ventre sessile, tels que les Tenthrèdes, Urocères, etc., et a été à tort confondue avec le métathorax. Cependant comme cet anneau , chez lés insectes pédonculi- ventres, est appelé à renforcer le thorax , et a ainsi en quelque sorte changé de fonctions , il y aurait de l’inconvénient à le qualifier, dans les descriptions , de premier anneau de l’abdomen ; une dénomination mixte m'a semblé préférable, et je propose d'employer à lavenir celle de gastrothorax. (47) 5. O. ParreTum à. Q. Gastrothorace ruguloso-opaco ; primi segmenli abdominis parte antica basi utrinque sulcata , margine apicali prominulo ; parte postica duplo latiore quam longiore ; niger , anteunarum fla- gello subtus per totam longiludinem vel basin et apicem versus ferrugineo ; scapo subtus, antice ( interdum anguste), capite thoraceque signaturis, abdomine fasciis 4.6 & , 4 vel 5 puncto- que sæpeanali ®, femoribus apice ( posticis anguste }, tibiis tarsis que flavis ; his interdum fuscis; tibiis sepe nigro macu- latis. | Observation. — I] faut rayer de la synonymie de cette espéce, page 16, la Vespa trifusciata. Fab. et la Vespa juncea. Christ. Les variétés peuvent être réparties de la manière suivante : d'. 1 Maculæ scutellares. A. Maculæ scutellares 4 flavæ. Var. 1. VESPA SEXCINCTA. Schrank. B. Maculæ scutellares 3 flave. a. Fasciæ abdominales flavæ 6. Var. 2. vEsPA AUCTA. Fab, Panz. b. Fasciæ abdominales flavæ 5. Var. 3. VESPA PARIETINA. Schrank. C. Maculæ scutellares 2 flavæ. Var. 4. (Fasciæ abdominales flavæ 6, rarissime 5 vel 4.) D. Lineola flava scutellaris. 3.0 Var. 5. vESPA siuPLEx. Fab,: 079 I. Maculæ pri a) nulle. "A. Fusci® abdominales, flavæ6, inf mts. Q yEsPA n°9. var. Geof. ar, 6 VESPA SEX FASCIATA Fab Schrank. Ross. " B Fasci@ abdominales flavæ 5, prima emarginatu, Var, 7. VESPA EMARGINATA. Fab. æ Cas È ? 1. Maculæ scutellares flavæ 4 (anteriores vel posteriores interdum coalitæ). À. Fasciæ abdominales 5, maculaque analis flavæ. a Clypeus maculis 4 flavis. Var. L. VESPA QUADRATA. Panz. (fascia 12 abdominis quadrate emar- ginata). b. Clypeus maculis , ? lunatis flavis. Var. 2. vespa n°9. Geoff. c. Clypeus flavus, margine toto, signaturisque disci variis NnigriSe Var. 3. B. Fasciæe abdominales 5 flavæ ; ano immaculato. Var. 4. 11. Maculæ scutellares flavæ 2. (1). » À. Fasciæ abdominales flavæ 5. a. Macula flava analis. | + Tarsi postici nigri vel fusci. Var. 5. ++ Tarsi flavi Var. 6. b. Anus immaculatus. Var. 7 vESPA ONEIPENNIS. Christ. L. B. Fasciæ abdominales flavæ 4. Var. 8. Cette dernière variété est trés-rare en Belgique: jen’en posséde que deux individus. L'un d’eux a le chaperon Ë entièrement noir, et les taches jaunes de l’écusson très- petites; si ces taches manquaient tout-à-fait, on pourrait ! 1 1 (1) Color ani et tarsorum dubius apud sequentes : V. Pariefum, Sin. Fab, Oliv. Ross. V. Parietina. Lin. V, Sexpunctata, Christ, PPS" Ve mm T € ( 49 ) rapporter ici la /’espa quadricineta. Fab. Ent. Syst. 2. 266. 47 et Syst. Piez. 262. 46. Envisagé uniquement sous le rapport des couleurs l'O. Parietum est conforme à la description pages 17-21, sauf les restrictions suivantes : œ. Articles 2 — 11 des antennes toujours plus ou moins ferrugineuses en dessous.—Abdomen très-souvent à 6 ban- des jaunes, et jamais moins de 4. Cuisses de derrière noires jusque près du bout; jambes jaunes, quelquefois marquées de noir. — Bordure jaune du protorax atteignant toujours les angles latéraux. + Premier article des antennes jaune en dessous, étsouvent par devant plus ou moins haut ; articles suivans en tout ou en partie ferrugineux en dessous. Abdomen ayant au moins 4 bandes jaunes. Pieds comme chez le mâle. Je possède 23 mâles et 34 femelles de cette espèce. Observation. — C'est encore probablement à l'O. Parie- tum $ qu'il faut rapporter les citations suivantes : 10. vespa PaIMA, Sch@®ff. Icon. Ins. Ratisb, Tab. XXIV, fig. 2. VESPA PARIETINA. (Fab. Lin.) Panz. Icon. Ins. Ratisb. Enum. System. , pag. 36. ; La figure de Schælffer représente un individu ayant des taches jaunes au chaperon, une ligne jaune scutellaire et cinq bandes jaunes minces et uniformes sur l'abdomen. 20, vesra sEcUNDA. Sch@ff, Ibid. , tab. XXIV, fig. 4, d VESPA PARIETINA. (Fab, Lin.) Panz, Ibid, pag. 36. | La figure de Schæffer représente un individu ayant la | To. mr. 4 | | ( 50 ) V tête toute noire; deux taches jaunes sur l’écusson, et cinq bandes jaunes, minces et uniformes sur l'abdomen. 6. O. TrirascrarTus &. . Gastrothorace ruguloso-opaco ; primi segmenti abdominis parte antica basi utrinque sulcata, margine apicali prominulo ; parte postica dimidio circiter latiore quam longiore ; niger, anten- narum scapo subtus (et antice G'), capite thoraceque signaturis , abdomine fasciis 3 vel 4, femoribus anticis vel anterioribus apice, tibiis tarsisque flavis; bis interdum fuscis ; war sæpe nigro. maculalis. Les variétés de cette espèce peuvent être réparties de la manière suivante : (oÿ I. Fusciæ abdominales flaræ 3 Var. 1. VESPA GAZELLA. Panz. Fu. Germ. 56.-10, IE. Fasciæ abdominales flavæ 4. Var. 2. I. Fasciæ abdominales flavæ 3 «Var. 1. VESPA TRIFASCIATA, Fab. YESPA JUNGEA. Christ? Il. Fusciæ abdominales flavæ 4. Var: 2, VESPA QUADRICENCTA. Fab. ? La description de l'O. Parietum, page 17 — 21 est ap- plicable à celte espèce, sous le rapport des couleurs, sauf les restrictions suivantes : da Bordure jaune du prothorax souvent trés-mince, n’attei- gnant jamais les angles latéraux. Écusson sans taches ou. marqué de deux petites taches jaunes. Abdomen à 3 ou 41 bandes jaunes. Cuisses de derrière noires jusqu’au bout: ! - er US en = pm T4 PL. 1. errreec del? A: Lessesr th. (51) . Chaperon noir avec 2 taches jaunes, ou entiérement noir. Trés-souvent une petite tache jaune contre chaque œil au-dessus du chaperon. Articles 3-12 des antennes tout noirs. Abdomen et pieds comme le mâle. Je possède 7 mâles et 10 femelles de cette espèce. Page 32. — J'ai eu occasion de m'’assurer récemment que le mâle de l'O. Æntilope n'a pas toujours une tache jaune sur le dernier segment ventral; il conviendrait donc de retrancher de la diagnose spécifique ces mots : Mas ano subtus macula flava. Page 39. — Autant qu'on peut en juger par la figure, Je crois que c’est à l'O. Crassicornis qu'il faut rapporter la Vespa secunda Schæff. Icon. ins. Ratisb. Tab. XXIV, fig. 3. Page 41, note 1. — J'ai pris un autre mâle de cette es- pèce qui a effectivement le cinquième segment bordé de jaune. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. Premier segment de l'abdomen de l’0. OVIVENTHIS, + Partie antérieure (pars antica). + Partie postérieure (pars postica). - Bord apical de la partie antérieure (margo apicalis partis anticæ). Pig. 2. Premier segment de l’abdomen de l'O. pariprun, Comme dans la fig. 1. . Sillon de chaque côté de la bâse. Mig. 3 Premier segment de l’abdomen de l'O, rrirasctaTUs. Comme dans la fig. 2 RS SR SR o6s & 8 DvS 86 (52) Électricité. — M. Martens présente à l’Académie une notice sur la théorie de la pile galvanique et sur la manière dont elle opère les décompositions des corps. D'après l'au- teur , la cause du développement de l'électricité dans la pile galvanique ne saurait être attribuée uniquement à l’ac- tion chimique du liquide conducteur acide sur les corps métalliques et notamment sur l'élément zinc ; mais elle pro- vient aussi, en partie, de la force dite électromotrice, en vertu de laquelle les corps hétérogènes se meltent dans des étais opposés d'électricité par le seul fait de leur contact. L'auteur montre que la théorie voltaïque de la pile doit être admise concurremment avec la nouvelle théorie dite chi- mique , et que ces deux théories loin d’être contradictoires se concilient parfaitement entre elles, et avec les dernières expériences faites sur le développement de l'électricité dans les piles. L'auteur examine ensuite les phénomènes qui accompa- ynent la décomposition des corps par les courans galvani- ques, et, par de nouvelles expériences, cherche à répandre un nouveau jour sur la question du transport des élémens du corps composé vers les pôles de la pile. D'après les expé- riences de l’auteur, ce transport ne serait qu'apparent et ne peut être convenablement expliqué que par la théorie des décompositions et récompositions successives donnée par Grothus; l’auteur éclaircit aussi par quelques expé- riences les phénomènes qui se présentent dans la décom- position d’un conducteur humide, interrompu par l’in- terposition de conducteurs métalliques, et rattache ces phénomènes à la question du #ransport des élémens du conducteur décomposé. Commissaires MM. Crahay et Cauchy. Chimie. — M. De Koninck, agrégé à l’université de * * (53 ) Gand, fait parvenir à l’Académie une notice manuscrite sur une nouvelle méthode de préparer la codéine , accom- pagnée de quelques considéralions sur la manière d'être des différens autres alcaloïdes dans l’opium et en parlicu- lier dans la narcotine. Commissaires MM. Martens, Van Mons et Dehemptine. Mollusques. — M. Van Beneden, agrégé à l'université . deGand, présente un mémoire avec planches, sur un organe corné particulier, trouvé dans la bourse de pourpre d’une nouvelle espèce de Parmacella. Commissaires MM. Wesmael et Dumortier. Tératologie. — L'Académie avait reçu , à la séance du 7 novembre dernier, un mémoire de M. le docteur Burg- graeve , professeur extraordinaire à l’université de Gand sur quelques monstruosités remarquables, l’auteur pré sente aujourd'hui la seconde partie de ce travail, sur les monstruosités humaines, considérées duns leurs rap- ports avec les lois de l’organogenie. Commissaires MM. Fohmann, Dumortier et Kesteloot. Géométrie. — M. Le François, docteur en sciences, fait parvenir à l'Académie la première partie d’un mémoire sur les transformations stéréographiques des lignes du second ordre. Commissaires MM. Dandelin et Quetelet. Littérature ancienne. — L'Académie a reçu aussi deux mémoires manuscrits sur la littérature ancienne : L'un sur l'utilité de l'étude de la langue grecque, par M. Gobert-Alvin, officier de l’université de France etancien secrétaire de la société d’émulation de Cambrai ; L'autre, écrit en latin, est intitulé : Commentatio histo- rico-critica in Lysiae orutionem funebrem , par M. Ber- nard , docteur ès lettres, professeur au collége de Louvain. (54 ) Commissaires MM. Bekker et le baron De Reiffenberg. Histoire nationale. — M. Marchal lit la notice suivante sur l’inféodation de la Flandre, d’après des manuscrits de la Bibliothéque royale des ducs de Bourgogne : « L'on a beaucoup controversé sur l'inféodation du comté ou marquisat de Flandre, par Charles-le-Chauve à Baudouin-de-Fer, gendre de ce roi et mari de Judith. Nous allons présenter ce fait historique sous un nou- veau jour, en étendant nos remarques sur la France tout entière, au lieu de nous restreindre aux limites de la Belgique moderne. » Nous dirons d'abord que nous préférons l'expression Baudouin-de-Fer à celle de Baudouin-PBras-de-Fer , parce qu’elle traduit les mots latins Balduinus Ferreus, Balduinus Yserius (voy. MS. 134...); c'est aussi la tra- duction du flamand Boudewyn den Yzeren. Car la fable d’un combat de ce Baudouin avec le diable, d’où lui se- rait venu le surnom de Pras-de-Fer, est insoutenable. » La Flandre n’est pas le plus ancien comté hérédi- taire de la monarchie franque, en la commençant à Bau- duin. Il y a d’autres comtés qui rivalisent d'ancienneté avec la Flandre; avant de le prouver, recherchons te qui a pu accréditer l'opinion commune : elle nous pa- raît le résultat peu réfléchi de ce qui est dit dans le texte du célèbre historien et jurisconsulte Wielandt rqui écrivail sous nos premiers archiducs. » Voici le texte de Wielandt (MS. 4506 du XVIe sié- dé : « Flandre est la première inféodée et précède en » antiquités toutes les autres, ce qui se démontre par » les dates de leurs inféodations. Car Flandre fut inféodée » par Charles-le-Calve, Normandie fut long-temps de- » puis par Charles-le-Simple, Bourgoigne par Robert (55) » Capet et autres tout longuement après inféodation de » Flandre. » (J’oir page 3 dudit manuscrit.) » On s'aperçoit que Wielandt, qui écrivait dans un temps où nos Souverains flamands étaient aussi puissans que les rois de France, ne fait attention qu'aux deux fiefs qui avaient encore alors un caractère dé souveraineté, la Nor- mandie, qui venait d’être reconquise sur les Anglais, et la Bourgogne que Louis XI avait réunie à la couronne. Comment Wielandt a-t-il omis la Bretagne, le plus an- cien et le plus puissant de tous les fiefs de France? » Une ancienneté égale à l’inféodation de la Flandre estrevendiquée par les comtes de Toulouse, d'Auvergne, de Quercy, de Maine, d'Anjou, etc. Les maisons comi- tales s’y éteignent en plus ou moins de temps. » Frédelon, comte de Toulouse- en l’année 850, a pour successeur Raymond I* son frère, qui, dès l'année 852, portait le double titre de comes et marchio, comme Baudouin-de-Fer, Arnoul et les autres comtes de Flandre. On trouve ce Raymond dans le texte du plaid général tenu à Crespian le 4 des ides de septembre, l'an XIII de Charles-le-Chauve. Ce plaid eut lieu en 851, si l'on calcule depuis l’an 838, date de l’avénement de Charles- le-Chauve en Aquitaine; et en 853 si c’est depuis la mort de Louis-le-Débonnaire. Ce comte est encore cité dans l'instruction d'Hincmar, concernant le divorce de la fille de ce Raymond avec le comte d'Auvergne. » Tont ceci est prouvé au 1% volume de l’Æistoire de Languedoc, par Don Vaissette (Paris 1730), et par - L'Histoire de Toulouse, de Catel, publiée en 1609. » Depuis Frédelon jusqu’à la réunion du Languedoc à la couronne de France en 1270, il y a dix-sept comtes qui se saccèdent en ligne masculine bien constatée. ( 56 ) » Laissons là l'Auvergne , le Quercy et d’autres comtés, pour nous occuper des deux comtés d'Anjou. Celui d'Ou- tre-Maine est administré, au temps de Gharles-le-Chauve , par Robert-le-Fort, descendant d'un comte, frère de Charles-Martel, et par conséquent Robert est cousin du roi. L'autre comté d'Anjou en deçà du Maine , est connu, comme tout ce. que nous avons dit, par l'Aré de vérifier les dates, par les Gesta consulum Andegavensium, par l'Histoire agrégative d'Anjou, imprimée en 1529. On y voit des foresliers anciens, toul comme en Flandre. Tertulle en était comte; il a pour successeur, en l'année 870, Ingelger son fils. Ce pays va, 300 ans plus tard, se confondre avec la domination normande des rois d'An- gleterre jusqu’à Jean-sans-Terre. | » Quant à l'Anjou d'Outre-Maine, ce comté ira se confondre avec la domination capétienne de France qui règne en ce moment; en voici la preuve : » On lit aux Annales de Metz (anno 861) : Carolus rex placitum habuit in compendio, ibique optimatum con- cilio Roberto comrrt ducatum inter Ligerim et Sequa- nam adversus Brittones commendavit. Ce Robert -le- Fort, en même temps duc de l'Ile-de-France, périt en l'éfhés 866 en combattant les Normands. » Ainsi, il avait été chargé de la défense des côtes de- puis la Loire jusqu’à la Seine, deux ans avant que Bau- douin fût chargé de défendre celles depuis la Somme (et selon d’autres, depuis l'Oise, affluent de la Seine) jusqu'aux bouches de l'Escaut, chose d'autant plus im- portante à remarquer, que l’on voit le roi confier ses frontières occidentales et atlantiques à son cousin et à son gendre. Quelques années plus tard , il confia les pro- vinces du midi, Arles et la Bourgogne, à Boson son beau-frère. | ; EN LL À Le OR. ! (57 ) » Get empiètement sur l’autorité suprême par des coni- mandans extraordinaires choisis parmi des alliés à la fa- mille royale, s’étendit insensiblement en France occiden- tale , en Germanie, en Italie, à des collatéraux plus éloi- gnés et à des étrangers. Les désordres qui suivirent la mort de Charles-le-Chauve et surtout sous Charles-le-Simple, dont le règne dura de l'an 893 à 936, pour le malheur de la France, affermirent les successibilités comitales , et, par conséquent, les grands vassaux. » Au temps de Charles-le-Chauve, Compiègne était sa cité de prédilection : il la fit appeler Carlopolis. (Foy. MS. 7360.) Nous en parlerons plus loin. » Robert-le-Fort avait sa domination sur la ville de Paris, dont la position dans des îles près de la Marne, de l'Oise et de l'Yonne, était une des clefs de la France. Eudes, fils de Robert-le-Fort, fut roi; un autre Robert, frère d'Eudes, et Hugues-Capet, petit-fils de ce dernier Robert, sont avec lui les chefs de la dynastie royale an- gevinne ou capétienne, que l’on fait commencer vul- gairement à Hugues-Capet. » Venons à l'inféodation de la Flandre. Nous allons re- connaître que tout porle à croire que Baudouin-de-Fer n’en fut pas le premier comte , mais le troisième. La généalogie sommaire des comtes de Flandre, n° 7708, MS. du XII 2 sié- cle, le dit formellement : Anno 792... Karoli Magni 24°, Lidricus Harlebeccensis videns Flandriam incultam ac nemorsam , occupavit eam, hic genuit Ingelramnum comrrex (et non Zugelrannum, comme l'écrit D. Bouquet, tom. VII). Zngelramnus genuit Audacrum , Audacer genuit Balduinum Ferreum. Le MS. 7299 en est la ver- sion française, intercalée dans une chronique plus détail- lée, aussi du XIL4 siècle. On ne peut reconnaître lequel ( 58) des deux est l'original. Le texte ajoute au comte Ingelramne ces mots : « Engherand 11 conte très vaillant home et » hardi et plain de forches.» Le titre de comte dans ces deux textes n'est pas donné à Lidric mais à Ingelramne, le second de la généalogie, donc Lidric n'était pas comte : Ja phrase explicative de la version française LI GOMTE TRÈS- VAILLANT, etc., s'appuie en quelque sorte sur cette opi- nion et la démontre. » Le MS. latin 13413... , intitulé : Vofabilis chronica , du XV ; siécle, intercale aussi le texte de Ja généalogie 7259 : nous l'avons encore retrouvé ailleurs, ce qui prouve qu'on y ajoutait foi et qu'Ingelramne est évidemment le premier comte. » Remarquons qu'il ne faut pas le confondre avec un autre comte Ingelramaus, de la fin du règne de Charles- le-Chauve, et du temps de ses premiers successeurs : ce serait comme si l’on confondait l’aïeul et le petit-fils, -» La fameuse chronique deS!'-Bavon, MS. n° 10489,recon- naît , à l'an 864, Audacer pour le second comte; en voici la preuve que nous extrayons de ce manuscrit célèbre, mais qui n’est qu'une compilation pleine d’anachronismes pour les temps antérieurs à ses derniers rédacteurs, com- pilation que ceux-ci avouent eux-mêmes. | » La chronique, conforme à la généalogie 7259 et au texte latin, place Lidric à l'an 792, mais elle en fait un dixième forestier sans rien préciser sur ses ancêtres : elle indique sa mort à l'an 835, mais désigne vaguement à l'an 844 une autorisation accordée par l'abbé de S'-Bavon , el avant cette date, àce Lidric et à Ingelramne pour chasser dans une forêt abbatiale. La chronique raconte, à l'an 847, le premier mariage de Judith avec le roi anglo-saxon Etuelwolf. Cet événement très-connu est de l'an 858. ls . . . (59 } » La chronique dit, à l’année 862, qu'elle fut en- lexée par Baudouin; mais à l'an 864, le texle ajoute : Audacer comes Harlebeccensis obiit, Balduinus filius ejus succedens Judith... desponsavit. Ge même texte dit, à l'an 867 : Carolus dedit consensum in matrimonium Judith, filiæ suæ cum Balduino et fecit eum comitem uk Flandriam in perpetuam hereditatem obtineret. » Les précieuses annales bertiniennes, MS. du X®° sié- cle, ne se prononcent que sur Baudouin-de-Fer, parce que c’est une histoire générale; tandis que les annales d’Ype- rius , abbé de St. - Bertin, MS. du XV : siècle, et d’autres répétent, comme la généalogie ci-dessus : Balduinus Ferreus, filius Odaceri filii Ingelramni, filii Liede- riei qui dono Caroli Magni Flandriam primus obti- nuit. -im: Ainsi on reconnaît qu'Audacre, père de Baudouin, était comte ‘avant lui, ce qui concorde avec les autres textes. Quant aux années antérieures au rapt de Judith, je ne vois que contradiction dans la confrontation des plus anciens textes, tout en retrouvant la généalogie des trois comtes dans ces mêmes textes. « Quant à Baudouin, la chronique bertinienne du X®° siècle lui donne, à l’enlévement de Judith, le titre de comitem ; donc il était comte avant cet événement. -» Mais le crime de l'enlèvement lui fait perdre mo- mentanément cette dignité; ainsi lorsque le pape Nicolas [°* écrit au roi en sa faveur, ce pontife se sert de l'expression : Baldwinus vassalis vester, et non point de celle : fidelis vester, selon le formulaire de ce temps, et encore moins : comes vester. On sait que Baudouin fut poursuivi en vertu du texte canonique : «93 quis viduam rapuerit:» Mais onme connait pas généralement le 34% capitulaire, de ( 60 ) l'an 862, portant, à l’article 5, une commination contre lui : Bauduinus filiam nostram.….. viduam sibi furatus est in uxorem, le capitulaire ne dit point : Balduinus comes ; donc il était suspendu de ses fonctions. » L'outrage ressenti par le roi était d'autant plus grand que le synode de Kiersy, tenu en 857 (c’est-à-dire 4 à 5 ans auparavant), prescrivait: Sancti moniales….vinuÆ.…. nullomodo opprimantur....… ab episcopis, GomiriBus re- galiter subleventur. » Le parlement de Piste, tout-à-fait contemporain de la date de la réconciliation, peut-être même antérieur , si l’on suit la chronique de S'-Bavon, porte : de viduarum causis… et summo opere de ruptoribus….. viduarum..... comitibus inquirantur. » La réconciliation se fit à Auxerre. Il faut remarquer que Conrad [*, comte d'Auxerre, était frère de l'impé- ratrice Judith, la mère de Charles-le-Chauve ; ainsi l'in- fluence de cet oncle maternel peut avoir contribué à rétablir la paix dans sa famille. » Baudouin, après sa réconciliation, eut le commande- ment du pays, depuis la Somme jusqu'aux bouches du Swyn et de l’Escaut, chacun le sait : il séjournait fré- quemment à Bruges. Après être réintégré in honores, selon les textes connus , il jouit, sans doute, de toute la confiance de son beau-père, car dans le fameux capitulaire consenti par les seigneurs français à Kiersy, en 877, lors- que Gharles-le-Chauve allait partir pour l'Italie, un conseil de régence fut nommé pour l'héritier de la couronne; ce conseil se composa de quatre évèques, de trois abbés et de quatre comtes; Baudouin-de-Fer est au nombre de ces derniers. Nous remarquerons ici, d’après un volume de la Record’s commission que la Bibliothéque cottonienne de EP PS (61 ) Londres renferme des actes diplomatiques du régnede Char- les-le-Chauve. On présume qu'ils furent importés en Angle- terre au temps des invasions des Normands: peut-être, en les consultant, on résoudrait plusieurs problèmes historiques. » En terminant cette notice, nous dirons que le règne de Charles-le-Chauve est l'époque de la transilion de l'histoire des premiers Francs à l’histoire moderne. Charles, privé de son père à l’âge de 15 ans, se trouva abandonné à son inexpérience au milieu d’évèques, de comtes et d’un grand nombre d’abbés laïques, qui confon- daient les pouvoirs spirituels et temporels. Nous avons dit qu'il résidait de préférence à Compiègne, qu'il fit ap- peler Carlopolis, et qu’il recommanda à son successeur par ledit capitulaire de Kiersy. Depuis soixante ans, le mo- narque avait préféré le séjour d’Aix-la-Chapelle, ville allemande; sous Charles-le-Chauve , la noblesse gauloise se rallia pour former insensiblement la nation française moderne ; mais les évêques, devenus les arbitres du prince sous Louis-le-Débonnaire, empiètent chaque jour. Charles souffrit qu’un concile fût convoqué à Melz, en 869, sans son aulorilé, pour procurer la paix entre ce prince, roi de Lorraine, et Louis-le-Germanique; il souffrit encore que le pape Jean VIIT le couronnât dans Rome, non comme Charlemagne , mais comme un vassal : exemple funeste dont un prince flamand, né en Espagne, Ferdinand, frère de Charles-Quint, affranchit l'empire. La mort de Charles laissa la monarchie française dans un désordre qui a plus contribué que le capitulaire de Kietsy à l'indépen- dance des grands vassaux. ». Ce temps est celui de la plus honteuse immoralité : le Roi Lothaire, neveu de Charles, se divorce avec Thietberg pour épouser Valdrade, sa concubine. Thictherg s'accuse (62) d’inceste avec son propre frère. Les archevêques de Cologne et de Trèves favorisent ce scandaleux divorce, qui trouble la Lotharingie dans la même année de l’enlévement de Judith dans la France occidentale. » Celle-ci est enlevée par un comte, chargé de faire res- pecterleslois protectrices des veuves, ce qui prouve qu’alors le faible ne pouvait qu’à peine être défendu contre la brutalité du plus fort. Six ans auparavant, cette même Judith, à peine arrivée en Angleterre avec Ethelwolf, son mari, a un commerce incestueux avec Ethelred, fils de ce roi ; les historiens n’osent pas assurer qu’elle se remaria avec lui après la mort d'Ethelwolf. Enfin Charles-le-Chauve donne une abbaye et d’autres propriétés à Boson, frère de Richilde, pour en faire sa concubine (MS. 7360, fol. 215). Carolus certo nuntio comperto obiisse Hermitrudam uxorem suam, sororem PBosonis nomine Richildem , moz sibiadduci fecit et in coneubinam accepit. Qua de re eidem Bosoni abbatiam sancti Mauritii cum aliis honoribus dedit. In die festivitatis septuagesimæ præ- dictam concubinam suam Richildem desponsavit atque dotatam in conjugium duxit. » « Antiquités nationales. — M. l'abbé de Nélis a présenté dans le tom. 1°" des mémoires de l’ancienne Académie de Bruxelles, des réflexions sur un monument du Tournaisis appelé vulgairement la pierre de Brunehaut. L'Académie a reçu un nouveau mémoire sur ce monument, par M. Pi- card, ancien conseiller et maître de la cour des comptes sous le Gouvernement autrichien. L'auteur de ce travail s’est attaché à recueillir tous les documens relatifs à la pierre de Brunehaut , et il compare ce monument, qui n'existe plus depüis quelques années, aux monumens sem- blables qui se trouvent dans d’autres pays, il examine aussi Cotes. ré i << ule D PU TE Ê (65 ) les divers systèmes sur l’origine de ces antiquités et discute leur valeur. Mollusques. — M. Cantraine, correspondant de l’Aca- démie , dépose une notice sur le genre Truncatella établi par Risso sur le Cyclostoma truneulatum de Draparnaud, et sur les changemens que l'age fait éprouver à cette es- pèce, changemens qui ont porté le même Risso à établir le genre nominal Fidelis dont l'unique espèce mentionnée par lui, F. Theresa, n’est que le jeune âge de l’espèce de Draparnaud. Il sera donné lecture de cette notice à la pro- chaine séance. Températures terrestres. — M. Quetelet commence la lecture de la seconde partie de son mémoire sur les varia- tions diurnes et annuelles de la température, et en par- tieulier de la température terrestre à différentes profon- deurs. L'analyse de cette seconde partie du mémoire sera donnée dans le prochain bulletin. Le secrétaire distribue aux membres présens | /nnuaire de l'Académie pour 1836. Cet opuscule renferme, cette année , le catalogue général de tous les mémoires publiés par l’ancienne el par la nouvelle Académie de Bruxelles. L'époque de la prochaine séance est fixée au samedi 5 mars. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Jahres berichte der Kôniglich Bayer’schen Akade- mie der Wissenschaften, 15%*, 2ter und 3t, bericht, München. à Abhandlungen der mathematisch - physikalischen classe der Koniglich Bayerischen Akademie der Wis- senschaften, 1°*% band, München, 1832. ( 64 ) Progranime des cours de l'université de Liège, pen- dant le semestre d'hiver, 1835-1836. Annuaire de l'observatoire de Bruxelles pour 1836, par Quetelet, in-18. dl Bulletin de la société géologique de France, L. VL, feuilles 12 à 20. Supplément au bulletin de la société géolog. de France. Observationes ad pharmacopeam Belgicam , auctore J. L. Franquinet , Maestricht, in-8°, 1835. Berliner astronomisches jahrbuch fur 1837, Berlin, 1835, in-8°, Collection des chroniques Liégeoises , par M. Polain, 1 vol. in-8°, 1835. Essui sur les corps étrangers développés spontané- ment dans l'articulation femoro-tibio-rotulienne, par M. Decaisne, broch. in-8°, 1835. Bulletin de la société de médecine de Gand, feuilles 11et12,;aveci planche. Essai sur la culture, la chimie et le commerce des garances de Vaucluse, par J. Bastet, 2° livraison, broch. in-octavo , Orange. Tableaux synoptiques du droit privé, par M. Blon- deau , in-4°, Paris, 1818. Chrestomathie ou choix de textes pour un cours élémentaire de droit privé des Romains, par le même, 1 vol. in-8°, 1833. Esquisse d’un traité sur les obligations solidaires , par le même, 1 vol. in-8°, Paris 1819. Essai sur quelques points de législation et de juris- prudence , par le même, 1 vol. in-8°. Constitutiones de processu juris , par le même, 1 vol. in-8°, vr. (65 ) Inventaire ou cataloque des livres de l'ancienne hibliothéque du Louvre, fait en l’année 1373, par Gilles Mallet , etc., avec des notes historiques et critiques. 1 vol. in-8°, à Paris chez De Bure frères, 1836. Notice sur un nouveau moyen d'appliquer la vapeur à l'épuisement des eaux et à l'aérage des travaux dans les mines, par A. Devaux, broch. in-8° avec planche, Liége , chez Avanzo, 1836. Philippi Bernard commentatio historiço-critica de archontibus reipublicæ atheniensis, in-4°. Lovanii 1835. Compte rendu des travaux de la société phylotechni- que , par M. le baron de la Doucette ; séance du 29 novembre 1835, broch. in-8° 1835. Fautes essentielles à corriger dans le Bulletin précédent . Page 9 , dans la note, au lieu de: page 295, lisez : page 205. — 10, ligne 10 , au lieu de : 7 mai 1832, lisez: 7 mai 1833. — 10, ligne 13, au lieu de : 20 janvier 1832, lisez : 20 janvier 1833 ot Tow. ur. N ssdr ashapen lb Le sais T à vèla a CU SE AUD LT NS ne eh la, Mt AI à Mets à See mn onda a: Émis Eat one daa ROUEN: 2 PR) tree “fe:s0 pue” Me. MEN N': MSA ré 2 detargine Eure ASIE À retenus chhée de, Palerme ni dhlegasnes ie dr « Fe dratespaté: À mt “at le ‘4 bre EN | ue bre. "4 PU 112 1H FAR ee RE asie Re 4 vel, is Ÿ ste Sd PLIS Te DENT FORM de lg PT. Er UN LIU ù PT TR PEUÉS À é: vai re BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1836. — N° 5. Séance du 5 mars. M. le baron De Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CGORRESPONDANCE. & Le secrétaire annonce qu'il vient de recevoir les trois derniers volumes des mémoires publiés par l'Académie royale des sciences de l'institut de France. M. Van Mons écrit à l’Académie pour lui communiquer les détails de quelques observations faites au moyen du microscope de Cary , en éclairant les objets par l'hydrogène en contact avec la chaux vive. M. Dumortier présente : 1° De la part de Me M. A. Libert de Malmédy, l’em- preinte d’un anneau de chevalier romain, trouvé dans les “hautes fagnes des environs de Spa. - 2 De la part de M. De Cloet , treize médailles en or, ar- gent et bronze, trouvées dans les environs de Freyr, pro- -wince de Namur. | To. nr. 6 (68 ) M. Dumorlier fait observer ensuite que c’est par crreur ._ qu'il a été dit dans le bulletin précédent que la pierre de Brunehaut, dans les environs de Tournay, a été détruite. A l'occasion des médailles envoyées à l’Académie par ! M. De Cloet, M. Van de Weyer rappelle qu'en 1829, il adressa un mémoire à la régence de la ville de Bruxelles sur la nécessité de créer un cabinet de médailles. Ce mé- moire fut pris en considération par la régence , qui nomma une commission composée de trois membres (1), chargée de la composition de cette collection. Une somme de mille florins fut affectée annuellement à ce nouvel établissement. De nombreuses acquisitions furent faites en conséquence. M. Van de Weyer soumet à l’Académie l’idée de proposer à la régence de réunir les médailles achetées pour la ville à la collection que fait l’Académie. : | | M. Cornelissen fait hommage à l'Académie; “de la sen de M. Drory, directeur à Gand de la con ra 225148 sociation , 'un exemplaire de la gravure qui représente un des deux établissemens de Gand. Il offre cette pièce non comme objet d'art, mais Comme un dés premiers mo- dèles des établissemens pour l'éclairage construits dans ce royaume sur une grande échelle, COMMUNIGATIONS. Arc-en-ciel par un temps serein.— Il est donné dec- ture d’une lettre de M. l’astronome Wartmann, concernant « l'apparition d’un arc-en-ciel par un temps serein, observé à Genève, le 12 du mois dernier. Ce phénomène météorologique s’est montré vers 10 « (1) MM Jules de Wellens, Braemt et Van de Weyer. (69 ) heures et cinq minutes du matin, par un ciel très-pur et sans nuage. « Je vis, presqu'a mon zénith, dit M. Wart- mann , et au nord-ouest du soleil qui brillait de tout son éclat, un arc lumineux présentant d’une maniére dis- tincte toutes les couleurs de l'iris : il était parfaitement circulaire, embrassait une étendue d'environ 100°, et ses branches étaient situées non dans le sens vertical mais parallèlement à l'horizon. Le soleil, loin d’en occuper le centre, se trouvait placé en dehors, vis-à-vis de la con- vexité, à une distance d'environ deux fois et demie la longueur de la corde qui soutendait l'arc. En ce moment l'air était calme, à peine une légère brise se faisait sen- tir dans la direction du nord-est; le thermomètre centi- grade marquait à l'air libre—0°5, l'hygromètre de Saus- sure 85° et le baromètre 0736. Plusieurs personnes virent le phénoméne comme moi et avec les mêmes cir- constances que je viens de rapporter. Pour m'’assurer si ce singulier arc-en-ciel, qui n'avait aucunement la forme d'un halo, ne se irouvait pas accompagné de quelque parhélie , j'examinai avec attention le voisinage du soleil, mais je ne vis nulle part la réflexion du disque solaire. À 10 heures 45”, le phénomène avait complétement cessé et le ciel était toujours très-pur; à 11 172 heures, de légers nuages se promenaient dans les régions supérieures de l'atmosphère, et dés l’aprés-midi, le ciel fut couvert. On _ doït remarquer que pendant la durée du phénomène, le ciel est resté parfaitement translucide; ce qui contredit Vopinion reçue que les halos et les arcs-en-ciel n’ont ja- mais lieu par un temps serein, On sait, du reste, que les vapeurs d'eau peuvent exister dans l'air à l’état de ésicules si ténues qu'elles n’en altèrent nullement la diaphanéité. » (170 ) Auütre météore lumineux. — I est aussi donné lecture d’une lettre sur un météore lumineux, écrite de l'Amé- rique du nord (Missouri, université de S'-Louis ), et com- muniquée par M. Maas, professeur au collége d’Alost. Ce météore fut aperçu le 17 novembre dernier , à six heures du soir , immédiatement aprés la chute du crépuscule et vers la partie boréale de l'horizon. « Il se composait de deux bandes lumineuses d’une lumière argentée sans au- cune ressemblance avec la lumière jaunâtre ou rougetre des aurores boréales. Les deux branches de la bande la plus élevée au-dessus de l'horizon, se courbaient visiblement en hyperbole dont l'axe faisait un certain angle avec la ligne menée du sommet de la courbe à l'étoile polaire. Les deux branches de l’autre bande lumineuse, de largeur variable dans leurs différentes sections, ne formaient pas de courbe bien déterminée. Au contraire, en faisant ab- Straction de leurs irrégularités, l’axe en paraissait plutôt être une droite parallèle à la tangente menée au sommet de la courbe. La lumière totale du phénomène était assez éclatante pour produire de faibles ombres des corps ter- restres, semblables à celles que produisent les planètes Vénus et Jupiter. Les parties des branches les plus in- tenses en lumière étaient celles qui se trouvaient à peu près également éloignées des extrémités visibles et du som- met de la courbe. Les étoiles qui étaient dans les direc- tions de ces bandes lumineuses étaient totalement échipsées, et l'on ne pouvait découvrir que celles qui se trouvaient sur les bords des branches. À 6 heures 174, le phéno- mêne changea d'aspect; la branche ouest intérieure qui avoisinait le carré de la grande ourse , se rapprocha de l'axe de la courbe, au point de se trouver dans le ver- tical mené par le carré de la petite ourse ; la branche es (71) se releva aussi, mais beaucoup moins que sa correspon- dante..Le phénomène étant établi, ces branches formaient plutôt une parabole qu'une hyperbole. L'axe de la courbe se confondit avec la ligne menée du sommet à l'étoile polaire. Les deux branches de la bande extérieure se re- levèrent aussi un peu au-dessus de l’horizon, et leur direction ne parut plus être une droite, mais une courbe tangente au sommet de la parabole. » À six heures et demie cette dernière apparence chan- gea aussi, et le phénomène redevint ce qu'il avait été en premier lieu, pour reprendre de quart d'heure en quart d'heure les mêmes formes alternatives. Ces sortes d’on- dulations pouvaient être aisément suivies à l'œil; elles s'opéraient avec uniformité de mouvement. Le phénomène disparut vers les huit heures, en laissant une bordure sur l'horizon , dont la lumière était évidemment la même que celle qui avait caractérisé les branches. Ce singulier spec- tacle s’est montré de nouveau vers les dix heures du soir. Quoi qu'il en soit, si l’on prend en considération la nature de la lumière du phénomène, et la direction des courbes qu’il a présentées, pour les comparer à ce que l'on observe généralement dans les aurores boréales , il ne me paraît pas qu’il y ait relation entre ces deux faits phy- siques. » Observations météorologiques du même jour. BAROM. THERM.DUBAR. THERM,EXT, ÉTAT DU CIEL. P. À, F. F. 5h. du m. 29,188 49,1 26,0 : Nuag. D © 29,200 50,0 30,6 Soleil. Midi 29,126 58,4 46,3 » 3 h. du 8. 29,041 59,6 56,6 » 0. » 29,064 56,0 41,8 Clair. (72) Aurore boréale. — M. Maas ajoute aux renseignemens précédens, qu’il a observé lui-même à Alost, le 18 novembre dernier, une aurore boréale. M. Quetelet fait connaître qu’il a observé également à Bruxelles cette même aurore boréale, qui était très-faible. Sa direction élait celle du NO—NNO ; le baromètre marquait 752,49, le thermo- mètre extérieur + 10°2 cent. et l'hygromètre de Saussure 84. Cette aurore boréale a dû être visible pour beaucoup d’autres lieux, car M. Quetelet a reçu, depuis, une lettre d'un gentilhomme anglais, M. Foster, auteur de plusieurs ouvrages sur la météorologie, et qui l'a observée de son côté à Aix-la-Chapelle. Statistique. — M. De Reïffenberg avait dit, dans la seconde partie de son Æssai sur la statistique ancienne de la Belgique, que ce fut en 1786 qu'on publia, pour la première fois, à Bruxelles, des listes de naissances, de mariages et de décès. Il écrit à l’Académie qu'il s’est assuré que cet usage était établi antéricurement dans d’autres villes, du moins à Louvain et à Malines, puis- que déjà en 1752 on y faisait connaître, par la voie de l'impression, les mouvemens de la population. Un de ces almanachs de Louvain, ornés de chroniques et d’autres renseignemens qui les font rechercher des curieux, pré- sente, pour 1752, un tableau des baptêmes, mariages et décès dans les différentes paroisses, ainsi qu’à l’hôpi- tal de ces deux villes. Voici ce tableau pour Louvain : Paroisse de Saint-Pierre. Décès de personnes faites . . . . 49 A DANS Ne LP. de Ve ee CR Mano... : el 0 OR Baptèmmes : 02 . .-oes .,.41M (75 ) Paroisse de Saint-Quentin. Décès de personnes faites . 21 — d’enfans. 80 Mariages. 17. Baptêmes 89 Paroisse de Saint-Jacques. Décès de personnes faites 27 — d’enfans. 70 Mariages. 25 Baplèêmes . 100 Paroisse de Sainte-Gertrude. Décès de personnes faites pt 3 7 | — d’enfans. 45 Mariages. 17 Baptêmes. 85 Paroisse de Saint-Michel. Décès de personnes faites . 33 — d'enfans 62 Mariages. (020 Baptèmes . 137 à Hôpital. Décès. 49 Baptèmes . 583 Toraux. . { Décès. . b40 Mariages. . 117 (74) Histoire littéraire, — Les bibliographes ne rangent point parmi les ouvrages de Miræus un écrit de peu d’éten- due, dont la bibliothéque de l’université de Liége pos- sède un exemplaire. Ce sont sept feuilles in-4°, impri- mées d’un seul côté, et contenant 1° une division de la Gaule belgique; 2°. un tableau des voies militaires ro- maines dans la Gaule belgique, d’après l'itinéraire d’An- tonin et la table de Peutinger; 3° les dignités tant civiles que militaires, dans la Gaule belgique, tirées de la Notice de l’Empire, enfin 4 une note sur les anti- quités romaines de Bavai; à la fin on lit : 4. Miraeus Brux. publicabat. G. Estrix approbavit. L’exemplaire de la bibliothéque de Liège, le seul que nous connaissions, porte celte note manuscrite : ic tractatus sew opusculum non videtur fuisse publici Juris factus; imo hoc solummodo forsitan exemplar im- pressum pro tentamine, et cum intentione authoris multa suo tempore, utpote notas, adjiciendi, cum folia ab uno dumtazat latere sint impressa , nec V'alerius Andreas alii- que authores bibliothecarii ullam hujus opusculi inter opera Miraei faciant mentionem. Jois Danielis de Riemes Sti Barth. Leod. Cunci. 1714. Cette conjecture a de la vraisemblance, cependant il se pourrait que celte brochure fût l'explication de la carte de Pyrrhus Ligorius dont parle Paquot , éd. in-fol., pag. 38, n° 41 : Galliæ Belgicæ sub Imperatoribus Romanis et viarum in ea militarium typus. Ant., 1630, fol. LECTURES, Température terrestre. — M. Quetelet termine la lec- (75) ture de son mémoire sur les variations diurnes et an- nuelles de la température , et en particulier de la tem- pérature terrestre à différentes profondeurs. Voy. t. IT, p- 354. L'auteur expose d’abord les principaux résultats de la théorie analytique de la chaleur dans ses rapports avec la physique du globe , et il les compare ensuite à ceux que l'expérience a donnés pour le très-petit nombre de lieux où des observations suivies ont été faites, dans la vue de déterminer les variations des températures terrestres. On sait que ces variations sont de deux espèces : les unes sont diurnes, et dans nos climats, elles n’exercent leur influence que jusqu'à un mètre de profondeur environ; les autres sont unnuelles et produisent des effets sensibles jusqu’à plus de 20 mètres de profondeur; c’est-à-dire que les profondeurs où s'éteignent ces variations sont comme les racines carrées des périodes de temps pendant lesquelles elles s’accomplissent. On peut dire que jusqu’à présent il n’existe pds une seule série d'observations régulières sur les variations diurnes du thermomètre au-dessous de la surface du sol. Cette lacune dans la science peut tenir à l’assujétissement qu'imposent des observations faites la nuit et le jour, et à des heures très-rapprochées. Le désir de combler cette lacune a porté l’auteur à entreprendre la pénible tâche d'observer une série de huit thermomètres nouvellement placés à l'observatoire à la surface du sol et au-dessous de cette surface jusqu’à la profondeur d’un mètre. Ces ther- momètres ont élé construits avec le plus grand soin par M. Saigey, physicien français qui s’est occupé lui-même de la théorie des températures du globe. Quant aux variations annuelles, ce sont spécialement celles que M. Quetelet a cherché à déterminer dans son (76 ) mémoire. Il a employé à cet effet huit thermométres à esprit de vin dont la boule du plus long descend jusqu’à 24 pieds au-dessous de la surface du sol. Les observations ont été commencées en 1834, et les résultats de chaque jour seront imprimés dans les annales de l’observatoire , quand les fonds de cet établissement permettront d’en: reprendre la publication. Le mémoire présenté à l'Acadé- mie donne les résuliats généraux des observations de cha: que mois, pour les différens thermomètres. | Les seules séries d'observations de ce genre qui aient été publiées jusqu’à ce jour, c’est-à-dire celles de Zurich, d'Édimbourg, de Strasbourg et d'Upsal en Suéde (1), n'ont point été discutées ei n’ont pas subi une correction impor- tante qui est relative à la différence de température que présentent généralement la tige et la boule du thermomètre quand elle descend un peu avant en terre. Dans les observations de Bruxelles, on a tenu compte de cette correction, et les résullats corrigés sont donnés dans des tableaux particuliers dont le suivant est extrait. Excès du maximum sur le mini- mum de température annuelle d’après l'observation. TIERMOMÈTRE, 1834 1835 À 0,52:pied de profondeur. . . : 13,44 12,10 1,70 E RER 11,54 2,31 # HAE PRES 10,38 3,08 ès suohçoles,7 9,64 6,00 "s l'onvs. ein 7,00 12,00 ee ssnae s je ANR 4,33 24,00 ms, mean 1,51 (1) On ne parle pas ici de la belle série d'observations de M; Arago (77) Or, la théorie indique que l'excès du maximum sur le minimum de température doit décroître en progression géométrique, tandis que l'on s’abaisse au-dessous du sol suivant une progression arithmétique. Pour juger si la théorie était ici d'accord avec l'expérience, on a pris les indications de deux des sept thermomètres précédens, et l'on a calculé quelles devaient être les températures indi- quées par les cinq autres thermomètres. Le calcul a donné les valeurs suivantes, près desquelles on a placé les écarts des observations. Excès du mazi- Ecart de l’observa- mum sur Le mi- tion et du calcul. nimum d'uprès Le calcul. | a 1834 1835 1834 : 1835 THERMOMÈTRE, Su À 0,52 pied de profondeur . . 130,75 12,10 — 00,31 0o,00 0,70 — . … 12,26 10,90 + 0,30 + 0,64 2,31 — . . 11,55 10,32 — 0,05 +0,06 3,08 — .. 10,72 9,64 + 0,06 0,00 6,00 2 EL 7,44 — 0,53 — 0,44 12,00 _ .. + 4,50 4,37 + 0,16 — 0,04 24,00 25 P #15 340 1,551 0,10 0,00 On voit que les résultats observés s'accordent d’une ma- nière très-satisfaisante avec ceux donnés par le calcul, sur- tout si l’on considère que les thermomètres peuvent avoir éprouvé de petites variations dans les points fondamentaux de leur échelle. Les formules qui ont servi au calcul sont les suivantes : log. À, — 1,16029 — 0,04226 p. log. A, — 1,10281 — 0,03849 p. ee vue LOU PORE DNS | OS dont nous ne connaissons malheureusement que quelques résultats cités dans la Théorie mathématique de La chaleur par M. Poisson; qui vient de paraitre. (78) p désigne la profondeur en pieds et A l’excès du maximum sur le minimum de température centigrade pendant l’an- née. Get excès varie d’une année à l’autre dans des limites étroites, et les constantes de la formule varient nécessai- rement en même temps. En faisant p — 0, on devrait avoir la variation annuelle de température à la surface de la terre ; or, ici la variation donnée par le calcul est nota- blement plus petite que celle donnée par l'expérience; le contraire a lieu à Paris, d’après les résultats des calculs de M. Poisson comparés aux observations de M. Arago. Gette solution de continuité tient, sans aucun doute, d’un côté à l'exposition des thermomètres et à la conductibilité du ter- rain pour la chaleur, et de l’autre aux heures des observa- tions qui compliquent, dans le voisinage du sol, les varia- tions annuelles de l'effet des variations diurnes. Mais, dans l'intérieur de la terre , le calcul est fort bien d’accord avec l'expérience. On voit que les limites dans lesquelles varie la température annuelle se resserrent trés-rapidement avec les profondeurs : à 24 pieds au-dessous du sol, par exemple, la variation annuelle n’a plus été que de 1° 40 environ; et les écarts de cette moyenne n’ont été que d’un dixième de degré. Les formules données plus haut montrent que l'excès du maæimum sur le minimum de température A LA PROFONDEUR DE EE nest plus que de : d’après 1834, d’après 1835. 10.00 centigr. 27.5 pieds. 28.6 pieds. 00.10 51.1 54.6 00.01 74.8 80.6 Ainsi, les oscillations des températures pendant le cours de l’année ne tombent que dans les centièmes de degré à (079 ) la profondeur de 60 pieds; ce résultat s'accorde fort bien avec les résultats observés dans les eaux d’un puits de l’ob- servatoire qui descend à plus dé 60 pieds au-dessous du sol. Les observations faites aux différens mois de l’année n'ont pas en effet donné un dixième de différence en tem- pérature, pendant tout le cours de 1834 et 1835, Ces nombres, comparés à ceux que M. Quetelet a déduits par le calcul de toutes les observations connues jusqu’à présent, et qui ont rapport aux températures terrestres, donnent les résultats suivans : Profondeur à laquelle les plus grandes os- cillations des températures annuelles ne sont plus que de : ER ——— — 10,00 00,10 00.01 Edimbourg. . . . . : 6.19 11m,99 17m,78 Dhs 40. Re - pe dis 8:45 14.14 20.91 RE M ol de ec UPUERZ 15.54 22.44 Strasbourg . . . . . . 19.73 17.58 25.43 Parent 210540 S141n210.48 15.80 22.40 Bruxelles 2. ..1.:.,.. .: 9,91 17.08 25.25 MoYENNE . . « . . 8.55 15,35 22.37 Au milieu des petits écarts qui tiennent surtout à la ma- nière dont Les thermomètres sont exposés à l’action des tem- pératures extérieures , il paraîtrait assez que les variations annuelles pénètrent moins profondément en terre à des la- titudes élevées ; dans nos climats, on peut estimer, d’après les observations de Zurich , de Strasbourg, de Paris et de Bruxelles, que les variations sont à peu près éteintes à 24 mètres. de profondeur, puisqu'elles n’y sont plus que d’un centième de degré; et les plus grands écarts de cette moyenne ne sont que d'un mètre et demi. ( 80 ) 11 résulte de là que l’action de la variation diurne est à peu prés insensible à la profondeur de 1°,25. La détermination des époques des maxima et des mi- nima de la température annuelle présente de grandes diffi- cultés, dans le voisinage de la surface de la terre : les variations diurnes viennent en effet se mêler aux variations annuelles , il arrive d’ailleurs souvent que la température maximum où minimum, à une certaine profondeur, se trouve être le résultat de plusieurs maxæima ou minima observés à l'air libre, et qui se sont succédé de manière qu'il serait impossible de préciser l'époque que l’on pour- rait considérer comme appartenant à leur résultante. Cette incertitude devient d'autant moindre qu’on opère sur les résultats d’un plus grand nombre d'années. À Bruxelles, par exemple, on peut prendre pour point de départ le 15 jan- vier et le 20 juillet pour les époques du minimum et du maximum de température à l’air libre. Quand on descend ensuite à des profondeurs plus grandes, la courbe des températures procède d’une manière plus régulière et per- met de mieux apprécier les instans de ses plus grandes excursions. Cependant, à ces profondeurs, la température, quand elle est près d'atteindre son maximum ou son mini- mum, varie si peu , que le thermomètre est à peu près sta- tionnaire pendant plusieurs jours. On sait en eflet que la différence de la température actuelle à la température moyenne augmente proportionnellement au sinus du temps écoulé depuis l'instant où cette température moyenne avait lieu. Dans les résultats qui suivent, on a eu soin de faire la correction nécessitée par l'inégalité de température que présentent en général la boule et la tige du thermomètre, et cetle correction est ici d’une telle importance que, a la surface du sol et a mt PL 2. = IL: 1 ot Nov DFe. Jan. 8 | | | L x 2/72 (4 Jui Al Courbes imdiquant les variations de température a la surface du sol et à T3. différentes profondeurs. P1.2 a _ ——— ne — | ] | | 1) 1834. 1835 || fer Fee Mar Av Me Jaëre Dé, Afu Sp op Noe De dén Fév, Mer Me, Ma Jai Jui Aon Sep. 0ft. Non D} ( HE E | | pe | | | | | Surface de la terre 3 pieds cle profond! Ü pieds férentes profondeurs a dif) Courbe tidiquant l'excès da mavènun sur le mu de lern- perature, perdant le cours de l'aruree et Temp. terrestre pur A.fhutelet. — (81) pour le thermomètre le plus long, par exemple, l’époque du marimum s’est présentée environ deux mois trop tôL, en faisant usage des résultats non réduits. MAXIMUM DE TEMPÉRATURE. a PROFONDEUR. en 1834 en 1835 À 3,08 pieds le 22 août + 180,30 le 24 août +. 170,12 6,00 — le30 » 16,56 le 1er sept. 15,86 12,00 — le 9Yoct. 14,95 du 10 au1i5oct., 14,75 24,00 — du10 au 20 déc. 12,66 du 10au15déc. 12,89 + En reportant l'époque du maximum de température, à Vair au 20 juillet, on aurait donc compté 148 jours en- viron jusqu’à l’époque du maximum de température à 24 pieds de profondeur pour l’année 1834. Ce qui fait un peu plus de 18 jours pour 3 pieds ou 1 mètre de profon- deur. On obtient à peu près identiquement le même ré- sultat pour 1835. M. Poisson , en discutant les observations de Paris, trouve, par la théorie, qu’à la profondeur de 24 pieds, le maximum de température doit se présenter le 18 décembre , ce qui s'accorde très-bien avec les observa- tions précédentes de même qu'avec les observations de M. Arago. Cependant ces dernières observations n'ayant point été réduites (1), l'époque du maximum pour Paris semble devoir arriver plus tard. Les époques des maxima pour les thermomètres de Bruxelles, placés à 6 et 12 pieds de profondeur , se rappro- chent également beaucoup des époques indiquées par le calcul. Quant au minimum , son époque a eu lieu du 10 au (1) Théorie mathématique de la chaleur , page 500. (82) 20 juin, à 24 pieds de profondeur; du 10 au 15 avril, à 12:pieds, et vers le 20 mars, à la profondeur de 6 pieds. EXPLICATION DE LA PLANCHE 3. La ligne horizontale la plus élevée représente la surface du sol; les quatre autres lignes, par leur abaissement, désignent les profon- deurs auxquelles descendaient les thermomètres les plus grands. Les lignes qui serpentent autour des précédentes, désignent, par leurs écarts plus ou moins grands, les oscillations plus ou moins fortes des fhermomètres. Les signes + et — indiquent les mazima et minima annuels. La seconde courbe, que l’on voit en faisant faire à la planche un quart de révolution, indique comment l'excès du maximum sur le. minimum annuel de température décroît à mesure que les pro- fondeurs augmentent. Cette courbe est une logarithmique. Paléontologie. — (Notice sur quelques os de pachy- dermes, découverts dans le terrain meuble près du village de Chokier, par le docteur Schmerling.) «Depuis long-temps on a recueilli des os fossiles çà et là dans la Belgique; mais il est, ce me semble, important, pour compléter l’histoire paléontologique de ce pays, d'indiquer avec précision ceux que l’on a relirés du terrain meuble dans la province de Liége. » En effet, on a trouvé en 1827, à Bechuron, com- mune de Vaux-sous-Chevremont, près de Chênée, une dent d’éléphant à 6 mètres de profondeur. » En 1829, M. Marechal de Liége, découvrit à Cheratte, quatre dents molaires et un fragment de défense d’éléphant à deux mètres de profondeur, dans le diluvium qui couvre immédiatement le terrain houiller dans cet endroit; mal- heureusement, on n’y a pu continuer les fouilles. » En 1830, je fis la découverte d’un dépôt osseux dans le diluvium des environs de Chokier. C'est derrière le j i\ dec A: Lesueur Cité. Der ( 85 ) village de ce nom que se trouve un cheminqui conduit à la houillére de M. Becko, propriétaire à Chokier. Pour faciliter le transport des produits de cette industrie, il fut obligé de faire élargir ce chemin. Les ouvriers trouvérent quelques fragmens d'os en déblayant le diluvium qui couvrait la bande calcaire, dans laquelle était creusée la grotte que j'avais découverte un an auparavant. Celte dé- couverle avait contribué beaucoup à fixer l'attention de quelques ouvriers sur les os; car ils m'apportérent quelques fragmens qu'on venait d'y recueillir, et une visite faite sur les lieux m'en fit découvrir d’autres. » En effet, ce chemin, situé sur la rive gauche de la Meuse, s'étend dans la direction du sud au nord; et ce fut du côté de l’est que nous vimes une coupe perpendiculaire qu’on venait d’y achever. » Immédiatement en dessous de l’humus , se trouve un limon argileux de l'épaisseur d’un et demi-mètre, conte- aant de gros blocs de calcaire anguleux du terrain anthraxi fère qu’il recouvre. Une couche de gravier d’un quart de mètre d'épaisseur séparait la premiére d’une deuxième de limon, qui ne contenait presque point de fragmens de calcaire : elle était épaisse de deux mètres. Enfin une seconde couche de gravier de la puissance d’un demi-mètre reposait en partie sur le banc calcaire, en partie, sur une troisième couche de limon argileux. » Cette dernière couche de gravier consistait en pelils cailloux de quartz, de silex, de calcaire, de grés. Ce gra- vier était dur, et très-ferrugineux en quelques endroits. C’est dans cette couche que se trouvaient les ossemens fossiles. » La stratification régulière et presque horizontale an- nonçait à coup sûr un dépôt de diluvium qui n’y avait pas été transporté en une seule fois. Tom. mr. 7 ( 84 ) » Les os, près de leur gangue, étaient trés-friables; mais séchés; ils offrent assez de résistance, Ils contiennent encore une partie de leur gélatine, mais elle est'irès-faible. C'est le carbonate de. chaux qui y prédomine. » Dans quelques endroits ces os étaient &’une couleur blanc-grisàtre, d’autres étaient noirs; la plupart ont été colorés par l’oxide de fer , qui a mème pénétré dans leur structure. » Le nombre d'os que cet. cr m'a fourni n'est pas considérable, Ils sont généralement mal conservés ; cepen- dant il est facile d’y reconnaître les débris d’un éléphant. et d’un rhinocéros. » En, effet, j'ai pris le: dessin une portion de. dent molaire : d’é léphant., C'est. une’ molaire:supétieure, an: térieure gauche d’un vieil individu; neuf lames,,seule- ment, sont conservées , les aülres ont été emporiées: avant que cetle dent fûl déposée,en cet:endroit : car lawcassure offre la même couleur que toute la portion de-cette'dent, c'est-à-dire , une couleur. d’un blans-jennñtsor H léinle par l’oxide de fer, ». IL ya deux lames au,moins qui manquent à la pättié antérieure; nous y.comptons en tout neuf lames ; qui oc- cupent. une longueur de 0%,135, La dernière lamela, au milieu, une Jargeur de 0,088, | » La minceur des lames'ést considérable, comparätive- menL à celle de Kéléphant des Indes , tout étanit new d’ ei leurs... rj ‘ » La plus éasdé nus qui, surlout,, est un'caractére essenliel ,appartenant aux ; dents Connie nous! conduit nécessairement à. considérer celle dent comme ayant ap- partenu à l'espèce le plus anciennement connue, le plus généralement répandue sur, tous les points du globe ; à (85) l'éléphas primigentus, Blumenbach; ou au mammouth des Russes. Des ossemens du rhinocéros.— | paraît qu’une grande partie du squelette d’un rhinocéros a été ensevelie dans cet endroit ; mais le degré avancé de décomposition empêchait deretirer des débris entiers de la gangue. J'ai fait tous mes eflorts pour réunir en partie ces fragmens, mais j'ai dû y renoncer. Néanmoins , on y reconnait une porlion de l’ex- trémité supérieure d’un radius, plusieurs fragmens bien reconnaissables d’un fémur, d’un astragale, etc., et des vertèbres, etc. « J'adresse à l’Académie, le dessin d’une molaire infé- rieure du côté droit; elle est fortement usée, etune partie du bord postérieur est enlevée : c’est probablement l’antépénul- tième ; la partie inférieure est engagée dans une espéce de brèche, et la dent est très-friable. La plus grande longueur du bord externe est de 0®.041, et celle de l’interne est de 0,043, Les molaires supérieures de rhinocéros présentent des caractères spécifiques qui sont peu équivoques, il n’en est pas de même pour les molaires inférieures; celles-ci ne nous offrent point toutes ces différences de grandeur et de forme pour qu’on puisse s'exprimer avec certitude à cet égard , surtout, lorsqu'il s’agit de se prononcer sur des dents presque usées jusqu’à la racine et mal conservées. Malgré ces obstacles, je crois que la dent, dont je viens d'offrir le dessin, appartient à l’espèce le plus ancienne- ment connue, c'est-à-dire, au rhinoceros trichorinus ; Cuvier. Elle est moins longue que l’analogue dans l’uni- corne de Java. » Dans le même endroit, à la même profondeur, s'est trouvée la partie supérieure d'un tibia. Monsieur Fraikin , notaire à Chokier, a eu la bonté de me confier ( 86 ) ce fragment. La cassure paraît ancienne, elle a lamême cou- leur que le reste de ce fragment, qui est d’un blanc-jaunâtre. » La tête a, en général, la forme d’un triangle équila- téral, Les surfaces articulaires sont peu concaves, presque plates. La tubérosité est extrêmement forte, dirigée en dedans ; une fossette, à sa partie externe, assez profonde, s’y fait remarquer. La forme générale de cette portion nous conduit déjà à celle d’un pachyderme, genre qui a le tibia court et large. » Mais la grandeur de la tubérosilé est un caractère spécifique qui appartient au rhinocéros : il est done incon- testable que cet os est celui d’un rhinocéros. 1» "Le genre auquel ce fragment a appartenu étant re- connu; il s’agit d’en déterminer les caractères spécifiques. Or, il est extrêmement difficile de bien reconnaître sur un fragment les détails nécessaires pour établir l’ensemble des caractères qui appartiennent à l'espèce. Cependant, la tête étant bien conservée, nous pouvons en entrepren- dre.la comparaison avec les os des espèces vivantes et fossiles. » La largeur est de 0,130 et la longueur antéro-posté- rieure depuis la tubérosité antérieure jusqu’au bord posté- rieur du condyle interne est de 0,154. L’unicorne de l'Inde actuel, d’après Cuvier, a ces dimensions de 0.146 sur 0.170; le bicorne du Cap de 0.130 , sur 0.155 ; l’unicorne de Java de 0.127 sur 0.138. Quoique Cuvier décrive, ou plutôt qu'il énumère les portions de tibias qu'il a reçues de différens endroits, il ne nous donne point les dimensions de l’extrémité supé- rieure. Il paraît cependant, que tous ces fragmens sont inférieurs en dimensions à l’unicorne actuel. s .» M. Kaup (Description d’ossemens fossiles, elc., 3° ca- ( 87) | hier, pag. 4), décrit un tibia du rhinoceros schleierma- cheri de cet auteur, dont la largeur est de 0.130, et le plus grand diamètre antéro-postérieur de 0.136. » Il paraît donc que tous ces tibias de rhinocéros fossiles sont plus pelits que ne l’est celui de l’espèce unicorne de l'Inde actuelle; que le fragment, dont il vient d’être ques- tion, a la même largeur, mais une plus grande longueur antéro-postérieure que celui qu’a décrit M. Kaup ; qu'ilest identiqne avec celui du bicorne du Cap, quant aux dimen- sions de l'extrémité supérieure. » Mollusques. —(Notice sur le genre Truncatella de Risso, par F. Cantraine). « On ignore encore la vraie cause qui porte quelques mollusques teslacés à abandonner la demeure dans la- quelle ils avaient passé les premiers momens de leur existence, au sortir de l’état embryonaire. Ce phénomène fut observé d'abord dans l’Helix decollata, Mull. (Bu- limus decollatus ; Brog.) (Rumina decollata, Ris.), qui, parvenu à un certain accroissement, forme à l’intérieur des tours de sa spire une cloison qui l’isole de sa première demeure, laquelle n'étant plus entretenue et étant sans cesse atlaquée par des agens chimiques et mécaniques, ne tarde pas à tomber en ruines : de là vient cette tron- cature à la partie supérieure de la spire que l’on voit dans toutes les coquilles des adultes, et qui a valu à l'espèce le nom qu'elle porte. Quoique l'explication que Draparnaud et d’autres auteurs nous donnent, de ce phéno- mène ne me paraisse pas bien satisfaisante, parce que, si leur raisonnement était vrai, celte modification du test se rencontrerait dans un grand nombre de coquilles univalves, je n’examinerai pourtant pas en quoi elle pêche ni comment on pourrait la remplacer; mon but est de #7 We Là ( 88 ) parler d’un genre marin dans les espèces duquel ce phéno- mène se représente dans tout son ensemble , d'examiner ce phénomène non quant à sa nalure, mais quant aux erreurs qu'il a fait et qu'il peut encore faire naître.dans la zoologie soit systématique, soit appliquée, et de soumettre ainsi au jugement du public une faible partie de mon trayail qui sera livré sous peu à l’impression, pour lui donner une idée de l'esprit qui a présidé à sa rédaction, » Guidé par l'idée que l'étude des sciences naturelles , pour ne point tomber en désuétude, a besoin d’être de nos jours dirigée sous le point de vue de rapprochemens, j'ai choisi ce petit genre pour démontrer la justesse de cette idée, et combien on s'éloigne chaque jour de la possibilité d'une classification naturelle si une concor- dance sévère ne vient bientôt à être entreprise. Ce travail tout aride qu'il est, je l’entreprends pour les mollusques européens. Je crois mieux mériter ainsi de la science qu'en décrivant quelques espèces douteuses : Linné du moins me le fait espérer : Quo plures errores apud nos detegere potes, dit ce grand réformaleur, eo gratior eris; tum possemus omnäia corrigere viviz post fata non licet emendare propria opuscula. » M. Risso de Nice créa (1) le genre Truncatella pour deux coquilles que Draparnaud. (2) avoit réunies , décriles et figurées sous, le. nom de Cyclostoma truncatulum : c’est lui aussi qui retira ces coquilles des terrestres, parmi lesquelles, les auteurs les avaient placées, pour les ranger (1) Risso. Zistoire naturelle de l'Europe méridionale. Paris 1826, 5 vol. in-8, (2) Draparnaud, Zistoire naturelle des mollusques terrestres et fluvia- tiles de France, Paris 1805 ‘in-4v. ( 89 ) parmi les marines auxquelles elles appartiennent par l’or- ganisalion et les mœurs du mollusque qui les habite. Mais il paraît n'avoir pas poussé l'observation jusqu'a voir les modificalions que l'âge apporte dans la forme de la co- quille, puisque dans le même ouvrage il crée un genre pour le jeune âge, qu'il y décrit sous le nom de Fidelis Theresa. La même erreur fut commise par Montagu (1), et par Payraudeau (2). » Aucun auteur moderne, systématique-modèle, ne s’est occupé de la place que ces mollusques doivent :oc- cuper, excepté Menke (3), qui les range entre les Mélanies et les Rissoaires ; il regarde le genre de Risso comme synonyme du genre Æemea, Hartm. M. De Blainville, Dictionnaire des sciences naturelles de Levrault , vol. 55. art. Troncatelle , parle de ce genre, mais il ne fait que rapporter ce qu'en dit M. Risso. Les Troncatelles forment-pour nous un sous-genre dans les Rissoaires (Rissoa Freminville) et nous le caractérisons animal muni d’un museau rétractile , proboscidiforme, large à l'extrémité où se trouve lu bouche au'milieu de deux lèvres formées par une fente verticale. Deux tenta- cules assez courts, conico-cylindriques ou dactyl iformes, distans, très-renflés à leur base, laquelle porte in- terno-postérieurement un œil noir et en croissant. Pied petit , rond, marginé; Coquille subeylindrique, turriculée dans lé jeune âge, à sommet tronqué dans les adultes; tours de (1) Montagu, Testacea britannica. Londres 1803, in-dv. (2)Payraudeau, Catalogue des Mollusques etdes Annelides de la Gorse. Paris 1826 , in-8o, (3) Menke , Synopsis methodica Molluscorum. Pyrmonti, 1830 , in-8». ( 90 ) spire arrondis ; ouverture ovale, un peu évasée; pé- r'istome complet et réfléchi. Opercule subsimilaire, corné , mince et complet, à sommet submarginal d’où partent quelques lignes paraboliques. 1. Trunc. cosTuraTa. Riss. Cette espèce est marquée de petits plis longitudinaux très-serrés ; sa couleur est d’un brun-jaunâtre plus ou moins clair. Risso, Z.c., IV, pag. 125 ,f. 57, — Menke, Z. c , pag. 43. Cyclostoma truncatulum. Drap, L. c., pag. 40, pl. I, fig. 28,29, — — var. @. — — —) 80. Turbo truncatus. Montagu , 2. c., pag. 801, tab. X, f. 7 Paludina truncata. Payr., L. c., pag. 116. Helix decollata. Chemn, (non Linnæiï) IX, tab. 136, fig. 1254, 1255. Le jeune âge a la coquille turriculée et l'ouverlure simple. Turbo subtruncatus. Montagu ,2.c., pag. 300, tab. X ,f.1. Fidelis Theresa. Risso , L.c., IV, pag. 121, f. 53. Paludina Desnoyersii. Payr, L.c., pag. 116, pl. 5,f. 21 ,22. Truncatella exilis ? Menke, /. c., pag. 44. Cette espèce est très-commune sur le littoral de la Mediterranée et de l’Adriatique, sous les pierres et sous les amas d'algues dans les endroits humides et souvent baignés par la mer. Je la trouvai en immense quantité dans les salines de l'Ile St.-Pierre (Sardaigne). Les M ut roulées sont hyalines. 2. TRUNCATELLA LOEVIGATA. Riss. Cetle espèce a sa surface lisse sans plis ni siries : ses (91) ours sont très-convexes et sa couleur est d’un brun-jau- nâtre plus ou moins clair, et l'ouverture comme dans l'espèce précédente. Risso, /.c , IV , pag. 125, f. b3.— Menk , Z. c., pag. 44. Turbo truncatus. Montagu, /. c , pag. 300. Cyclostoma truncatulum . o, Drap. /.c., p.40, pl. I, f..3. Les jeunes offrent les mêmes différences avec les adultes que ceux de l'espèce précédente. Les coquilles roulées sont aussi hyalines : c'est sur de tels échantillons que Desmarest a établi sa Rissoa hyalina, La Truncatelle lisse vit en famille avec l'espèce pré- cédente: les adultes des deux espèces mesurent souvent 2173 lignes en hauteur et 1 lig. en diamètre ; les jeunes ont la spire plus élevée, mesurant à peu près 3 lignes. On les trouxe fossiles dans les terrains de formation récente, à Cavalli legeri, près de Livourne, et dans les environs de Cagliari. Quelques auteurs regardent cette espèce comme une va- riété de la précédente ; ils peuvent avoir raison, les formes sont à peu près les mêmes et l’habitat est commun : ce- pendant comme les différences que je viens d'indiquer; se rencontrent dans les jeunes comme dans les adulles, j'adopterai la séparation établie par Risso. Observation. Les Troncatelles ont dans leurs mouve- mens quelque chose des Gyclostomes : à l’aide de leur mafle ou trompe , elles s’attachent au plan sur lequel elles marchent; il est ainsi pour elles le principal moyen de locomotion : l’autre organe de locomotion est la partie postérieure du pied. Elles marchent et ne rampent pas, et leur mode de progression ressemble à celui des che- nilles qu'on a nommées arpenteuses. Leurs mouvemens sont très-vifs ; on y trouve même de la pétulance. (92) Mollusques. — MM. Wesmael et Dumortiér font un rapport verbal sur la notice de M. Vanbereden, concernant un organe corné particulier, trouvé dans la bourse du pourpre d’une nouvelle espèce. de Parmacella , présen- tée à la séance précédente; et l'Académie , adoptant leurs conclusions , décide que cette notice sera D dans le présent bulletin. « Monsieur Webb (1), lors de son passage en Portugal, rencontra un grand nombre de limaces qui fixèrent son attention, Il en mit plusieurs dans la liqueur , et il les ap- porta avec lui à Paris. » Il les reconnut bientôt pour une above espèce du genre Parmacella , et il voulut bien m “associer à _ pour en faire la publication. » La dissection du premier individu me fit reconnaître une des dispositions les plus curieuses connues dans les Gastéropodes. Aussi j'ai cru devoir en faire une publica- tion à part, espérant par ce moyen attirer plus particulié- rement l’attenlion des anatomistes et des physiologistes. Le mémoire sur l'animal, avec les détails zoologiques ‘et anatomiques , sera publié dans le courant de l’année. » Les organes de la génération des mollusques gastéro- podes ont, à l'extrémité de l'organe femelle, une petite bourse, dont on a cherché , jusqu’à présent, en vain la signification. » Swammerdam croyait cette petite bourse propre à sé- créter le pourpre, et il lui donna, pour cette raison, le nom de bourse du pourpre. Maïs Cuvier, ayant reconnu la (1) 11 publie dans ce moment avec M. Berthelot l’Hastoire naturelle des Îles Canaries. (95 ) véritable glande qui sécrète le pourpre dans les murex, signala cette fausse détermination, toutefois en conser- ant. son premier nom. Aprés de nombreuses recherches sur’ les animaux inférieurs , Delle chiaie crut pouvoir as- signer à cet organe sa véritable fonction, en le considé- rant comme le testicule. » La découverte du corps singulier qui fait l’objet de celte notice, dans cette poche, permet de douter de la justesse de la détermination de Delle chiaie. » La bourse dite du pourpre, de cette espèce de Parma- cella , contient, outre le mucus des autres /imacinés, un stylet corné , différentes fois replié sur lui-même. Il paraît servir à l'animal pendant ou avant l'acte de la copulation. » J'ai disséqué un grand nombre d'individus; dans les uns je n'ai trouvé qu'un seul stylet, dans plusieurs j'en ai trouvé deux. Je ne l'ai vu manquer dans aucun de ceux que j'ai examinés. » Ces animaux ont été pris pendant la saison des amours. Plusieurs d’entre eux avaient même été surpris pendant l'acte de l’accouplement , et la verge de ceux-ci était con- servée déroulée et saillante en dehors. » Dans ces derniers individus, l'extrémité effilée du stylet n’était point retenue dans la poche , elle était au contraire étendue le long du canal qui succède à la bourse. Je crois que, dans ces derniers cas, l'animal, surpris dans la liqueur, n’a pas eu le temps de se contracter entièrement, et qu'il n'a pas pu replacer convenablement toutes ses parties dans leur position respeclive. » Description. Cet organe, comme on peut le voir par les figures ci- ( 94) , jointes, peut-être comparé pour'sa forme et quant à sa partie la plus épaisse, à une coquille d’ammonite. Sa couleur est d’un bran-obscur. El se comporte commé les pièces cornées du squelette des insectes; étant séché, il se brise avec facilité, et ramolli dans l’eau il devient élastique. Outre les bosselures, on aperçoit à sa surface des lignes qui lui donnent l'aspect d’un Annélide. Il est creux dans l’intérieur. En le pressant avec la pointe du microscope, on fait circuler l’air où l’eau dans son intérieur. La grosse extrémité paraît bouchée par du mucus , tandis que l’autre extrémité est ouverte. Dans aucun des individus je n'ai pu m'assurer s'il y avait adhérence avec les paroïs de la poche. Les stylets, dans les différens individus, sont Parfotes ment semblables. S'ils sont logés à deux dans une bourse, leur grosse ex- trémité est dirigée en sens contraire, c’est-à-dire l’une en haut et l’autre en bas. L'un des deux est enveloppé d’üne substance iliéeds qui le cache presque entièrement à la vue. L'autre est en- tiérement à nu. La forme ainsi que la longueur l'avaient d'ébori fait comparer à un entozoaire. Pour éclaircir cette question , j'ai eu recours aux connaissances du docteur Leblond , qui a fait une étude spéciale de ces animaux. Il a eu la com- plaisance d'examiner ce corps avec un soin scrupuleux; mais il n'a pu y voir un animal parasite. Le seul organe auquel on puisse le comparer, est le dard de quelques hélices. I] est comme celui-ci une substance sécrétée, dure et logée dans une poche voisine de l'ouverture de l'organe femelle de l'appareil de la génération. Il en dif- (95 ) fère cependant : 1° parce qu'il est creux dans l'intérieur ; 2e qu'il est logé dans une poche différente; 3° qu'il est à cause de sa longueur enroulé sur lui-même; 4° qu’il n’a aucune adhérence avec les parois de la poche qui le loge. L'usage du dard de l’helix pomatia , animal si commun dans nos contrées, étant encore entièrement ignoré, nous ne pourrons à plus forte raison faire connaître la fonction de cet organe du Parmacella , qui se présente pour la pre- mière fois. Espérons que le hasard mous fournira un observateur sur les lieux, qui nons révèle, d’après ses observations sur les animaux vivans ; la véritable fonction de ce corps si sin- gulier. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1. Le stylet vu de face et dans sa position naturelle, grossi huit fois, Fig. TI. Le même vu un peu obliquement. Fig. IL. La bourse du pourpre avec les deux stylets dans son inté- rieur , grossi quatre fois; a bourse du pourpre, à canal qui logeait un œuf dans un individu, c oviducte, d ouverture extérieure où vient abou- tir aussi l’orifice de l’organe mâle, e canal déférent , f le stylet. incom- plet, g l’autre stylet complet , a substance blanche pulpeuse enveloppant la partie centrale et cachant les tours de spire. » Au sujet de la notice précédente, M. Cantraine fait ob- server que M. De Blainville, dans son anatomie du Par- macellus palliolum Fer., insérée dans le grand ouvrage de M. De Férussac sur les mollusques terrestres et fluviatiles, vol. IT, pag. 96 du supplément, décrit aussi un corps sub- corné qu'il trouva dans le sac du pourpre. À la planche 7A du même ouvrage, fig. 9 p, se trouve la bourse alongée, lais- sant voir à travers ses parois le corps p’ qu’elle contient et qui est dessiné à part, en p’. (96 ) Géométrie. — M. Lefrancois fait parvenir à l’Académie la seconde partie de son mémoire sur les transformations stéréographiques des lignes du second ordre ; le manus- crit sera communiqué à MM. Dandelin et Quetelet, nommés commissaires à la séance précédente. Électro-magnétisme.—M. Gloesener, professeur extraor- dinaire à l’université de Liége, adresse à l'Académie une notice sur quelques expériences relatives aux courans élec- triques, et des observations sur le principe fondamental des phénomènes électro-magnétiques. Commissaires MM. Crahay et Martens. M. le directeur ; en levant la séance, a fixé l’époque de la prochaine réunion au samedi 2 avril. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Mémoires de l'Académie royale des sciences de l’in- stitut de France, tom. XII et XIIL | Mémoires présentés par divers savans à l’Académie royale des sciences de l’institut de France ( sciences mathématiques et physiques), tom. VI. Annuaire pour l’an 1836, présenté au Roi par. le bureau des longitudes , 1 vol. in-18, Paris. Mémoires de la société d’émulation de Cambrai, pis a 1831 et 1832, 1833, 2 vol. in-8&. Mirechond’s pesbhés te der sultane aus dem siens bujeh , persisch und deutch. Von Friedrich Wilken , in-4, Berlin, 1835. Fed de la société de la morale chrétienne, n° 1, tom. IX. Mémoire sur les propridtés et l'analyse de la joue zine, par L. De Koninck, broch. in-8°, Louvain 1836: (97) Société havraise d’études diverses , résumé analytique des travaux de la seconde année, par M. Millet-Saint- Pierre. Havre, 1835. La mal S'-Gilles; par M. Polain , in-8°, Liége. Notice sur quelques plantes de la flore d'Égypte, par M. J. Decaisne (extrait des Ænnales des sciences naturel les), broch. in-&e. Dictionnaire géographique de la province de la Flan- dre Occidentale, par MM. Vandermaelen et Meisser , 1 vol. in-8°. Carte de Bruxelles, 1 feuille, par M. Vandermaelen. ERRATA. Page 374, n° 11, (ome IT, ligne 6, au licu de 5 du môûtre, lisez : 1 mètre ct D du mètre. — Lig.11,16 et 27, au lieu de canada, lisez : cavada. Tom, HE, page 58 , 1. 5, dans la narcotine , lisez : de la narcotine. BFbssriiren É: LR ‘À Ke Riva ty rem: dre tnagiides 3 bi | - PLU Era vs Je art RE am du | LA MOEER LT SD dnshe ul. CAS ps arr = nette da BULLETIN DE L’ACADEÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1836. — No 4. Séance du 2 avril. M. le baron De Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. Il est donné lecture d’une lettre annonçant la mort de M. Henri-Florent Delmotte, correspondant de l'Académie pour la classe des lellres, Le secrélaire annonce énsuile qu'il a reçu de M. le - baron De Reiffenberg, secrétaire de la commission royale d'histoire , le premier volume des Chroniques Belges iné- dites il présente également neuf volumes des Mémoires de-l'Instilut royal du royaume Lombardo-Vénilien et le tome XXXVIII des Mémoires de l'Académie royalé de Turin, M. le ministre des affaires étrangères et de la marine communique les résultats des observations sur les marées, faites au port d'Ostende pendant le mois de février. k L'auteur du mémoire sur les chémins vicinaux, envoyé ñ Tox. mr. 8 ( 100 ) au concours de 1836, fait parvenir à l’Académie quelques observations qui seront communiquées à la commission nommée pour l'examen de ce travail. M. Marchal, mécanicien à Bruxelles, écrit à l'Académie pour l’inviter à nommer une commission chargée de l’exa- men du nouyeau système de chemin de fer mouvant dont il est l’inventeur. Commissaires MM. Cauchy, Crahay, De- hemptinne , Pagani et Quetelet, COMMUNICATIONS. L'Académie reçoit la communication suivante, faite par M. Quetelet. Magnétisme terrestre. — « On sait par les observations de nos voisins que l'aiguille magnétique , dans nos climats, a dû, vers 1663, se trouver à peu près exactement dans la direction du nord. Avant cette époque, l'aiguille déviait à l’est; depuis, elle a constamment dévié de plus en plus vers l’ouest; et il paraît que c’est vers 1814 à 1815 qu’elle atteignait, à Paris, sa plus grande excursion occidentale ; elle formait alors avec le méridien un angle de 22° 34’ en- viron, maintenant tout semble prouver qu’elle tend à se rapprocher encore du mériden. » Nous n'avons malheureusement, pour toute l'étendue de la Belgique, aucune série d'observations qui permette de constater les singuliers mouvemens de l'aiguille ma- gnétique dont la cause nous est encore inconnue. J'ai essayé de suppléer, dès l’année 1827, à cette fâcheuse la- cune, et j'ai présenté annuellement à l’Académie le ré- sultat de mes observations. Pour éliminer autant que possible les effets de la variation annuelle et ceux de la variation diurne, j'ai fait ces observations aux mêmes LI an, :: EN ONE" (“101 ) époques de l’année et aux mêmes heures du jour. On pourra voir par les résultats qui suivent, que, malgré les petits écarts qui résultent soit des observations, soit des effets de la variation, l'aiguille manifeste effectivement une tendance toujours plus prononcée à se rapprocher de la ligne méridienne. ÉPOQUES DES OBSERVATIONS. DÉCLINAISON. INCIINAISON. 1827 octobre. . . . . . 220988 68 56,5 1830 fin de mars . . . . 22 25,3 68 52,6 1832 » GS FH. 2028619590 68 49,1 1833 PRET te COTE 68 42,8 1834 3et4avril. . . . . 23 15,2 68 38,4 1835 25 et 28 mars. . . . 22 6,7 68 35,0 (1) 1836 21 et 22 mars. . . . 22 7,6 68 32,2 » La déclinaison, cette année, a été observée le 21 mars dans le jardin de l'observatoire, entre 1 et3 heures de l'après midi, par un ciel serein el ane température de 19 à 20° centigrades. Trois observations complètes ont donné succes- sivement pour valeurs 22° 9’ 533; 22° 6’ 30/4; 220 6' 18/8. » L'inclinaison a élé observée le lendemain, à pareille heure, par un ciel légèrement couvert et une température de 12 à 14 degrés. Les valeurs obtenues par deux séries d’observalions ont élé 68° 32,44 et 68° 31/,87. » Température terrestre.—M. Quetelet annonce qu'ayant dû replacer la plupart de ses thermomètres destinés aux (1) Trois séries d’observations pour l’inclinaison ont été faites en 1835; nous n'avons pris ici que la moyenne des deux dernières séries, parce que la première nous a paru fautive, comme nous l’avons an- noncé à la pag. 101 du tom. IT des Bulletins , les résultats de chaque série ont été 68° 27/,1; 680 34,1; 680 3b5/,9, (102 ) observations des températures terrestres, par suîte d’un affaissement de terrain occasioné par l'abondance des pluies qui ont tombé dans ces derniers temps, il a saisi celle occasion pour éclaircir des doutes qui lui restaient sur les profondeurs auxquelles sont placées les boules de ses instrumens. Il est résullé de cetle vérificalion que, pour le second thermomètre, il fallait écrire 45 cenlimè- tres de profondeur au lieu de 55. Pour le thermomètre le plus court, il faut aussi écrire 19 centimètres au lieu de 17. D'après ces rectificalions, le tableau donné à la pag. 77 du précédent Bulletin, serail, en conservant les même for- mules, EXCÈS DU MAXIMUM SUR LE MINIMUM DE TEMPÉRA- TURE ANNUELLE (THERM. CENT.) ns PIEDS DE RÉSULTAT-EN 1834. RÉSULTAT EN 1835. Observé. Celenlé. Différ, Observé, Calculé, Différ, — — — — — — — 0,58 130,44 13,67 —0,23 12°10 12,04 0,06 1,38 12,56 18,65 —0,09 11,54 11,21 +0,33 2,31 11,50 11,55 0,05 10,38 10,32 {0,06 3,08 10,78 10,72 +0,08 9,64 9,64. 0,00 6,00 7,53 8,08. —0,55 : 7,00 7,44 —0,44 . 12,00 4,66 4,50 “0,18 4,33 4,37 —0,04 24,00 1,30 1,40 —0,10 1,51 1,51 0,00 Météorologie. — M. Quetelet communique ensuite à J'Académie les observations météorologiques horaires qu'il a continué de faire, à l’observatoire de Bruxelles, à la de- mande de sir John Herschel, pour déterminer les oscilla- tions atmosphériques et leurs relations réciproques dans les deux hémisphères. Ces observations ont commencé le 21 mars à six heures du matin, et ont continué d'heure en heure, jusqu’au 22, à six heurés du soir. À cette occasion, ( 103 ) M. Quetelet entretient l’Académie des travaux dont le cé- lèbre astronome anglais s'occupe spécialement au cap de Bonne-Espérance et des prétendnes découvertes que l'on a récemment fait circuler à la faveur de son nom. M. Crahay transmet également les résullats des observa- tions horaires qu'il a faites de son côlé au collége des Pré- montrés à Louvain. Le secrétaire fait observer que les résultats de ces obser- valions, qui s'accordent généralement fort bien ensemble, montrent, en employant la méthode du nivellement baro- métrique, que la-station de Louvain se trouve plus bas que celle de Bruxelles de 10,25 environ. PR 9 Observations météorologiques horaires faites à l’Observatoire de Bruxelles, en correspondance avec les observations de sir John Herschel, au cap de Bonne-Espérance (1836). HEURES. BAROMÈTRE |[THERMOMÈTR.| HYGROMÈTRE VENTS. réduit à 00.| centigr. | Saussure. PRES OBSERVATIONS. 21 MARS. 6 Matin 761,78 90,1 770,0 SO. Serein. F1 761,56 10,9 78,0 » » À 7 h. 50’ un brouill. s’est formé subitemt, 8 761,30 13,2 73,0 ” » À 8 h. tout a disparu. 9 760,98 14,2 73,0 » Léger brouill, 10 760,48 17,4 62,0 » Serein. 11 759,89 18,6 59,0 ss0. » 12 759,48 19,4 58,0 » 4 1 Soir. 758,80 19,8 57,0 so. » 2 758,28 20,0 57,0 » » 3 h 757,87 20,2 57,0 » » 4 757,42 20,1 58,0 » » é ‘6 757,38 19,2 61,0 0. » 6 757,35 17,7 65,0 050. » 7 757,51 14,5 78,5 E. » 8 757,57 11,8 79,5 (1) » Vers 8h. 15’ un brouillard se forme subi- 9 757,59 10,0 92,5 ? Brouillard. tement. 10 757,71 9,8 93,0 le Brouill, hum. 11 757,71 10,1 93,0 ? » 12 757,47 10,7 93,0 ï5 Couvert. | Le brouillard se dissipe un peu. (1) L'état de l'observatoire n'a pas encore permis de placer des appareils convenables pour l'observation des vents. ( 105 ) g1‘cge 90 CG “sduequud np spieppmoiq « cetGGL sUIL3199 9p 9/[20 & [qques ‘291 1e 3 88'ceL aqin07 9P In2po oun $S9[[BAIFUL Ava *s2SEnN ge 962 RECRUE e9'9çz \ e6‘9cL &l 61/62 IL £g'LeL 0L £T'LGL 6 92'LeL 86564 06962 | ce‘oce 6L'9cL 99‘ 962 £e'962 F1'L08 “unun rie a ee ‘28899 E PIC[IINOIG 9T ‘9950Y - « “paepinoig ‘paan0 g't 8‘6 86 06 L'e p'8 08 1‘8 ‘8 ‘8 9'6 8 L 9 9 LA € & I "SUV &8 “oinssueg | ‘181jua9 | og e Jinp?4 SNOLL VAZTS4O JE ENME "SINHA AULAKOUDLAH |'ULANONYAHI| AULANOUVA "SAXNQAH “(9gg1) oouDA19ds 7 -ouu0g op doo nv 19Y984977 UYOÇ 418 2p SUOryDa488Q0 50} 0010 ooubpuodsa4.109 U9 ‘89/j0TN4T 9p 2.410704488q0) 1 D So sosvaoy sanbibojotogow suoryDa4esqO) (106) Observations météorologiques faites à Louvain , au collège des Prémontrés, par J.-G. Crahay, professeur de physique à l’Université Catholique. a © S 5 Êre à 3 1836. 2 > 2 OBSERVATIONS. 23 E 4 RAR ‘2 = © Ql = 21 mars, 6 h. matin | 762,919 | + 60,3 7 — 62,7:2 4,1 à : pe. 1 Clair, vapeurs à l’horiz. WE — 61,699 14,8 11 en » » 19,24 60,529 19,4 1h soir. 59,947 20,L CN #2 59,326 20,2 3 — 58.890 19,9 4 — 58,093 20,2 ) Clair. LP == 58,093 19,3 6 — 58,169 17,3 ds 58,321 15,2 “La 58,491 » 9 58,610 A ares. 10 — | 58,686 M og 22 mars, 6 h. matin.| 58,020 8,2 | Couv., brouil., pluie fine. | 7 — 58,133 7,9 | Couvert, mt 58,232 8,0 | ld. Fe 58,232 8,6 | Id. FO EE 58,432 » Id. 11 — » » 12 = 58,067 11,3 ? Légèrement couvert, 1h. soir. | 57,841 12,0 2 — 57,440 13,2 | Petites éclaircies, 3 — 26,878 13,6 | Eclaircies, 499 — 56,430 13,4 5 — 56,193 12,5 | Nuages. 6 56,183 11,7 ( 107 ) Abaissement remarquable du baromètre. — Au sujet de la météorologie, le secrétaire lit l'extrait suivant d’une lettre qu'il a reçue de M. Crahay : « Je vous envoie Île ta- bleau de la marche du baromètre pendant la baisse extra- ordinaire du 28. Je rappellerai ici que j'ai vu le baromètre bien plus bas en 1821, le 25 décembre; il élail alors à 714%%,63 à 9 heures du matin. Le 2 mai 1820, à 8 heures du soir, je l'ai observé à 722,36. » Barow. RÉDUIT À Oo. Midi. 732,232 2h. après midi. 740,321 28,*1 , à es Pendanttoute la journée le vent 5 4 727 514 a été trés-fort, et par inter- 6 & 72: 654 valles le ciel s’est éclairei. Il 7 L 726 217 est tombé de la pluie. 8 » 726,529 9 » 726,991 M. Quetelet a trouvé, le même jour, les valeurs suivantes à l'observatoire de Bruxelles : Banow, RéDuIT À Oo, Tuerar. cent. Hyc, Sauss. mm, Midi. 730,47 +78 76 à 2h 12’ 727,92 ? ? 3 10 727,09 ? ? 4 726,39 8,1 82 9 725,74 6,7 92 La quantité d'eau tombée depuis midi jusqu’au lende- main à midi, a été de 13m,11, Le vent soufflait dans la direction ONO. (Voyez pour les abaissemens remarquables du baromètre en Belgique , à la pag. 329 du tom. IT des Bulletins de l'Académie.) ( 108 ) Numismatique. — M. le baron De Stassart fait hom- mage à l’Académie des médailles suivantes, destinées à être déposées dans son médailler : 1. Médaille frappée par ordre des états provinciaux du comté de Namur, en 1749, après la paix d'Aix-la-Chapelle, qui a fait rentrer les provinces Belges sous la domination de Marie-Thérèse ; d’un côté l'effigie de cette princesse et de l’autre la colombe revenant dans l’arche avec une branche d’olivier. 2. Médaille frappée par ordre des états provinciaux du comté de Namur, à l'élection de Joseph II comme roi des Romains. 3. Médaille frappée pour l'inauguration de François IT en qualité de comte de Namur, en juin 1792. 4. Médaille en bronze pour l'inauguration de Léopold I*, roi des Belges, le 21 juillet 1831. 5. Médaille en bronze de la fontaine de Vaucluse 1810. — Les médailles présentées à la séance précédente, de la part de M. Decloet étaient, d’après l'examen qu’en a fait M. Marchal : 1° Un Philippe d’or, monnaie frappée en Hollande par les ordonnances des années 1499 et 1503 de l’archiduc Philippe-le-Beau. La valeur est de 24 sols de gros ou 6 fl. 6 s. de change ou des Pays-Bas modernes. Avec l6- gende: Phs. dei gra. archidux Aus. dux Bq.et Holl. Au revers sont les armoiries d'Autriche-Bourgogne supportées par un St Philippe avec exergue : Ste. Phe. intercede pro nobis. 2 Neuf Toisons d'argent ou silvere vlies simple et doubles, frappées par les ordonnances du même archiduc de 1476, 1498, 1499 et 1503, et continuées après lui par ordonnances de 1508 et 1515. ( 109 ) La valeur de la toison simple est de 2 sols de gros, monnaie de Flandre, et de 4 la double, avec légendes : Phs. dei gra. archidux Aus., etc. , etc. Au revers, il y a sur quelques-unes la toison ; sur d’autres la croix toison- née avec les exergues : Initium sapientiæ timor Domini 1498 Diligite justiciam qui judicatis terram Sit nomen Domini benedictum. 3° Deux Carolus d'argent d’après l'ordonnance de 1520 de Charles dit ensuite Charles-Quint, valeur 2 sols de gros, avec légende de Charles-Quint et l’exergue : Da mihi virtutem contra hostes tuos. 4° La médaille romaine est un Constance, ayant au revers up guerrier qui terrasse son ennemi. LECTURES. Conchyliologie. — M. Cantraine donne lecture de la notice qui suit sur les grands limaçons d'Illyrie de Varron et-de Pline. « Les anciens ont connu la plupart des Hélices édules de l’Europe méridionale, qui figurent dans nos systèmes; et à en juger par quelques passages des auteurs contempo- rains, les Romains en tiraient un meilleur parti que nous, vu qu'ils savaient en faire un objet de gastronomie. On peut consulter sur ce point Varron De Re rustica, lib. IIT, cap: 14, vol. 1, pag. 310 de la collection Scriptorum Rei rus- ticæ, édition de Schneider 1794 , et Pline, lib. IX, cap. 56, (LXXXII de l'édition de Panckoucke) de Cochlearum vivariis. De Férussac, qu'une mort prématurée vient d’en- lever à la science, a tâché de reconnaître les espèces dont Pline et Varron ont parlé, et qui paraissent appartenir à ( 110 ) celles aujourd’hui connues des naturalistes; mais ayant lu son travail, je l'ai trouvé incomplet, et j'ai remarqué qu'il n’a ‘pas su expliquer une donnée qui se trouve dans l’un et l'autre de ces auteurs. Dans Varron Loc. cit. on lil : genera Cochlearum sunt plura, ut minutæ albulæ que afferun- tur e Reatino et MAXIMÆ QUÆ DE ILLYRICO apportantur; et mediocres queæ ex Africa afferuntur…... et valde amplæ sunt quædam ex Africa quæ vocantur Solitanæ. Pline, loc. cit., en parlant de Fulvius Hirpinus qui inventa la manière d’engraisser les Hélices, dit qu’il les divisait en genres : separatim ut essent albæ quæ in reatino agro nascuntur , SEPARATIM ILLYRICÆ, QUIBUS MAGNITUDO PRÆ- CIPUA ; A/fricanæ , quibus fecunditas ; Solitanæ , quibus nobilitas. Ges mots et maximæ que de Illyrico apportan- tur de Varron et separatim Illyricæ quibus magnitudo præripua de Pline, ont été pour le naturaliste français le sujet d'une digression, pag. 113 de son Xistoire naturelle générale et particulière des Mollusques terrestres et flu- viatiles, digression dans laquelle il pèse toutes les raisons qui militent pour ou contre les quatre espèces d'Hélices (/. aspersa Mull., Cincta Mull., Lucorum Muil., Pomatia Linn.) à l'une desquelles il croit que se rapportent les grands limaçons d’Illyrie, mentionnés par les deux auteurs latins. Ne partageant pas sa manière de voir, et croyant que l'erreur dans laquelle il est tombé, provient de ce qu’il n’a connu qu'imparfaitement les Hélices qui vivent dans les contrées orientales de l'Illyrie, je vais tâcher d'expliquer ces passages de Varron et de Pline à l’aide des matériaux que j'ai recueillis pendant mon séjour en Dalmatie. » En lisant ces passages, on voit que le caractère dis- tinctif de ces limaçons, aux yeux de Varron et de Pline, est une taille très-forte (maximæ) (magnitudo præcipua)et il ur (111) paraît que pour les Romains ces Hélices joignaient à une taille extraordinaire une délicatesse peu commune, puis- qu'ils en faisaient tant de cas qu'ils allaient les chercher en Illyrie pour les engraisser et s'en régaler. En effet, on trouve dans le territoire de Raguse une grande Hélice appartenant aux Hélicigones de Férussac et qui se distingue des autres Hélices européennes par une taille très-forte, la coquille mesurant souvent en diamètre 20 à 30 lignes. Quoique peu élevée, elle dépasse pourtant de beaucoup en volume les plus grands individus des espèces cilées par De Férussac; et comme on trouve dans sa chair un aliment sain et abondant, qu'elle réunit par conséquent tous les avantages que les Romains trouvaient dans les grands limaçons d'Illyrie, je suis porté à croire que c'est à cetle “espèce que se rapportent les passages de Varron et de Pline précités. Elle ne figure pas, que je sache, dans les systèmes; je vais la d'écrire sous le nom de Æelix Varronis. HELIX VARRONIS. N. H. Testa magna, depressa, late umbilicata , alba , fasciis fuscis ; epidermide luteo-viridescente ; labro albo, reflexo. 1 » L'Hélice Varron a beaucoup du port de l'Æ.unizonalis, Lam. , à en juger par les figures qu'on en trouve dans l'En- cyclopédie méthodique, pl. 462, fol. 4, et dans {’ Histoire nat. gén. et part. des Mollusques terrest, et fluo. pl. 91, fol. 4. Elle est grande, surbaissée, d’un blanc de lait, mar- quée de trois zones brun-foncé , dont les deux supérieures très-rapprochées se montrent sur tous les tours; l'inférieure presque aussi large que les deux autres réunies entoure la base : un épiderme jaune-verdâtre souvent teint de ferru- gineux la recouvre presque en entier : les tours de spire (112) sont arrondis ; un large ombilic; la bouche est un peu versante, entourée d'un péristome blanc, réfléchi et in- complet. » On trouve une variété qui a l’épiderme jaune-citron, et qui n'offre aucune trace des zones : l'intérieur est d’un beau blanc. » « Le xsxaha d’Aristotese rapporte peut-être à cetteespéce. Quelques Grecs modernes, et les Dalmates, ont conservé dans leur langue la dénomination d’Aristote, mais ils l’'ap- pliquent au Larus melanocephalus Natier. » Cette espèce n’est peut-être que l’ÆZelix gravosaensis de Megerle de Mublfeld, qui commit un double emploi en en décrivant la variété unicolore sous le nom de Æelix brenoensis. Ces dénominations ne me sont connues que par le Synopsis de Menke(2%° édition 1830), dans lequel l’Æe- lix montenegrina Liegler est donné comme synonyme du gravosaensis. Les ouvrages de Megerle et de Ziegler sur les mollusques m'étant inconnus , et les ayant cherchés en vain dans plusieurs grandes bibliothèques, je crois rendre service à grand nombre de naturalistes, surtout à ceux du midi et de l'occident de l'Europe, en leur faisant connaître plus amplement cette belle espèce, quelle que soit la dé- nomination sous laquelle ils l'adoptent.» Entomologie. — M. Wesmael présente la Description d'une nouvelle espèce de Bolétophage de Java : BOLETOPHAGUS GIBBIFER. Piceoniger, palpis et antennis rufis, pedibus rufopiceis ; protho- race elytrisque gibosis, tuberculatis , marginibus eæplanato-di- latatis, crenulatis; vertice cornubus duobus erectis, clavatis, basi connatis armato. Tout le corps de cet insecte est d'un noir de poix lui- » # l PARA ONTES LR hp TON ETAT LE s : 4 _ re le rte RES SAR pb ce > en à 7 ARTE VA ge ro img A Pi ° » "OUT" ; 0 f , n : à 0 } é | | ‘ 4 PAUL 2% HT n7 VAT HO à : AC Te PR", 3 DEPOT) Lex: A l , La * LS TE. er esp ND LL: Etes 2e D NS OS | | | | | | | s enr] | | | | | | | PE. A Lesurar 4 | (113) sant, mais recouvert au-dessus d’une croûte brune et terne formée par une matière paraissant analogue à celle qui suinte des arbres chancreux. Les palpes et les antennes sont fauves. Le vertex est surmonté de deux cornes dirigées un peu obliquement en haut et en avant, de la longueur de la moitié du corps, se confondant à la base , à surface un peu inégale, comprimées et dilalées vers le bout. Le prothorax est fortement échancré en avant, très-convexe dans le disque, parsemé de petits tubercules , crénelé sur les bords. Les élytres sont également crénelées sur les bords, et convexes dans le disque, d’où s'élèvent en outre quatre bosses en cônes irréguliers, deux près de la base et deux vers le milieu, à peu de distance de la suture. Près de celle-ci , il y a de chaque côté une rangée de petits tuber- cules; une autre rangée s’élend depuis l'angle externe de la base jusque près de l'extrémité de la suture ; une troi- sième rangée est placée sur l’extrême bord. Toute la portion convexe des élytres est couverte de points enfoncés épars, entremélés de quelques tubercules. Les pieds sont d’un fauve obscur; les tarses des quatre premiers semblent n’a- voir que quatre articles, le premier étant trés-court, et caché dans une échancrure de la jambe. Cette espèce fait partie de ia collection de M. le Chevalier B. Dubus De Gisignies ; qui en possède deux individus ori- ginaires de Java; il est probable que ce sont deux mâles, seul sexe chez qui l’on voit ordinairement la tête armée de cornes chez les Bolétophages. EXPLICATION DE LA PLANCHE. «, L'insecte grossi trois fois. .… D. Profil de l’insecte. … c Dimensions naturelles, ( 114) Emhryologie. — M. le directeur communique ensuite une lettre de M. Jacquemin de Paris sur le développement des piéces osseuses chez le fœtus des oiseaux. Cette lettre conlient les détails suivans : « Le célèbre Cuvier s'élait proposé de combattre , dans les leçons d'histoire naturelle qu'il faisait au collége de France pendant l'année 1830 , et qui furent les dernières, la philosophie de la nature. Cette philosophie naquit en Allemagne et commence à se répandre en. France. C'était surtout la doctrihe de l'unité de composition des pièces osseuses dans la série animale qu'il voulait renverser. Pour démontrer, jusqu’à l'évidence, la fausseté de cette doc- trine, il avait insisté, comme principal argument, sur l'his- toire du développement des pièces osseuses chez le fœtus. Malheureusement la mort empêcha ce grand anatomiste de réaliser son projet; mais les préparations failes sous ses veux pour atleindre ce but, existent encore dans les galeries d'anatomie comparée au jardin royal des plantes à Paris. L'examen comparatif des préparations qui concer- nent le développement du système osseux chez les oiseaux m'a conduit aux résullats suivans. » La série des préparalions séchesconimence par celle du fœtus de dix jours d’incubation. Les rudimens de ce petit squelette dont la longueur n’est que de 2 à 2/7, centimètres, sont encore membraneux et sans trace d’ossification. Le crane n’est encore qu’une enveloppe mince transparente, au travers de laquelle on aperçoit les ramifications des vaisseaux. Sur les faces latérales , dans le point qui corres- pond au sphénoïde, on distingue un point opaque qui in- dique la naissance des parties solides de l'ouïe; les rudimens pour les os de la face sont surtout bien marqués. Les côles s’annoncent par des stries parallèles tracées dans une mem- ( 115 ) brane mince. Les vestiges des os du bassin et des vertèbres sacrées sont à cette époque les moins apparens. Les extré- mités antérieures et postérieures sont au même point de développement, leurs articulations s’annoncent par des renflemens. Les doigts sont encore très-rudimentaires, mais leur nombre est cependant distinct. Treizième jour d'incubation.Xntroduction de molécules terreuses dans diverses pièces du squelette. Le développe- ment a fait des progrès très-rapides pendant ces deux jours. Le squelette présente cinq centimètres de longueur. La premiére pièce qui s’est ossifée est la mâchoire inférieure; elle avait fait de tels progrès que les cinq pièces qui la composent étaient presque formées et qu'il m'a élé impos- sible de m'assurer si chacune de ces pièces possède un point d’ossificalion particulier comme cela me paraît bien probable; 2° la partie antérieure de l'inter-maxillaire s'était ossifiée en commençant par sa pointe; 3° les os propres du nez s'étaient chargés de molécules terreuses et chacun d'eux avait un point d’ossification particulier en- core peu développé; 4° la partie orbiculaire du frontal; 5° la partie écailleuse du temporal; 6° les parties saillantes de l’occipital et le basilaire, c’est-à-dire tous les points externes et élevés de la circonférence du crâne s'étaient faiblement chargés de molécules terreuses : le reste du crâne élait encore membraneux; 7° pour la colonne ver- tébrale , Les corps seuls des vertèbres cervicales présentaient chacun un point d'ossification; 8° les vraies côles avaient aussi chacune développé un point d’ossification placé assez près de l'extrémité vertébrale ; 9° la partie moyenne de la clavicule coracoïde; 10° la partie antérieure de l'omoplate; 11° la partie moyenne de l'humerus; 12° du _ Gubius; 13° du radius; 14° des deux branches du mé- Tox. 11. 9 (116) tatarse, et enfin 15° de la première et de la seconde pha- lange du second doigt, ainsi que 16° la clavicule s'étaient ossifiés. Quant aux extrémités postérieures, les pièces cor- respondantes à celles que nous venons d'énumérer pour les parties antérieures, élaient à peu près au même point d’ossificalion. Dix-septième jour d’'ineubation. Introduction de molé- cules terreuses dans d’autres parlies du squelette et agran- dissement de celles déjà apparues. La tête a surlout acquis beaucoup de développement. Le squelette présente 8 centi- mètres 7; de longueur; 17° l'os carré, 18° le lacrymal, 19° l'omoïde, ont pris naissance chacun par un seul point d’essification. Les cinq points d’ossification pour l’occipital sont très-dislincts. Dans la colonne vertébrale les molé- cules lerreuses commencent à former les apophyses des vertèbres cervicales. Il y a aussi des points d’ossification pour les vertèbres dorsales et lombaires, on n’en aperçoit point encore pour les sacrées et les coxigiennés; 2° les apophyses sternales des côles naissent, non pas par le mi- lieu, comme les os longs, mais par l’extrémité sternale; 21° enfin le sternum jusqu'ici tardif dans son développe- ment commence à s’ossifier. Il présente deux faibles points d’ossification pour son corps, un de chaque côlé. Les quatre autres pour les apophyses antérieures et postérieures ne sont pas encore visibles. Nous verrons par la suite que les deux premiers se soudent de très-bonne heure et que pen- dant trés-long-temps il n’en existe que cinq. A cette époque, la plus grande énergie se manifeste dans le développement des extrémités; 22° il est apparu des points d’ossification au milieu de chaque phalange ; les autres os ont pris beau- coup d’accroissement. Dix-neuvième jour d’incubation. Les pièces déjà for- (117 ) mées continuent à croître sans que beaucoup de nouvelles parties entrent dans la sphère d’ossification. Le tronc est généralement moins développé que les extrémités ét la tête. Le péroné seul à pris naissance par un point d'ossification placé vers son extrémité supérieure. Voilà trés en abrégé les grands traits de la marche du dé- veloppement fœtal du squelette. On voit que les os de la face et ceux de l'appareil du vol ontété surtout favorisés, tandis que le crâne et surtout les os du bassin sont au con- traire fort lents dans leur évolution. La partie du squelette ossifiée jusqu'ici a nécessairement diré ses molécules ter- reuses du vitellus et de l’albnmine, tandis que les pièces qui doivent plus tard se solidifier les reçoivent d’une nour- rilure prise à l'extérieur. On voit aussi par ce qui précède et on le verra encore mieux par le développement extra- ovulaire du squelette dont nous parlerons plus tard , que la marche générale de l’ossification se fait de la périphérie à la ligne médiane. Souvent une pièce osseuse paraît pres- qu’entièérement stationnaire dans son accroissement, puis arrive un moment où elle prend un si grand développement qu'elle aticint et surpasse quelquefois même les autres parties. Nous en trouverons üun exemple frappant dans le sternum du canard. Poids et mesures des bestiaux, par M. Quetelet. =— « Aux termes de la loi du 31 décembre 1835, les droits d'entrée des bestiaux dans le royaume devant être payés désormais, non d’après le nombre des têtes, mais bien d’après le poids , il devenait nécessaire d'établir des ponts à bascules sur tous les points de la frontière par où l'entrée pouvait avoir lieu. Cette mesure n'entraînait pas seulement à des dépenses considérables, mais son exécution pratique - offrait encore de grandes difficultés. M. le ministre des (118 ) finances crut qu'on pourrait utiliser avec succès, dans cette occasion, les moyens employés dans quelques parties de l'Angleterre pour substituer aux pesées, des mesures de longueur qui sont infiniment plus faciles à obtenir et qui n’exigent que des instrumens peu dispendieux; je fus invité à m'occuper de rechercher les moyens de rendre cette méthode applicable à notre royaume, et l'on me remit en même temps quelques écrits publiés en Angleterre sur le même sujet (1). Malheureusement les tables qui y étaient calculées, avaient été construites dans un but différent de celui qui devait fixer notre attention. Les tables formées pour l'usage des trafiquans de bétail et des bouchers, ne font pas connaître en effet le poids réel, mais le poids net de l'animal; du reste la méthode employée pour connai- tre le poids pouvait servir avec succès, mais comme la marche qui avait élé suivie dans le calcul des tables pour passer de la connaissance du poids réel au poids net, n'élait pas suffisamment indiquée, il fallait nécessaire- ment recourir à l'expérience pour délerminer le rapport, ou plutôt pour conslruire directement des tables nou- velles. La méthode anglaïse consiste à ne considérer dans l’ani- mal que le corps seulement que l’on assimile à un eylin- dre, dont la circonférence de base se mesure en arrière de l'omoplate ZB, et dont la hauteur est la longueur de la ligne horizontale CD, depuis la partie antérieure de l’o- moplate jusqu’à la perpendiculaire qui touche la partie la plus en arrière de l'animal. On suppose que chaque pied (1) Les principaux sont The grazier’s ready reckoner par G. Renton, in-12 , Eondres , &-édition, et les Zubles adapted to the use of furmers and grasiers , par Layton Cooke, in-8 , Londres 1813. ( 119 ) cube de ce cylindre pèse 42 livres (3 stones de 14 livres), à peu prés 19 kilogrammes. La formule est alors : 1 circonf, AB° X CD X 7 °ù AB’ x CD X 0.08, T ce qui donne le contenu du cylindre en pieds cubes; et, en multipliant par 42, on obtient le nombre de livres que pèse l’animal en vie , poids net. C’est d’après cette base que sont calculées les tables dont se servent les Angiais dans leurs transactious commerciales. M. Mathieu De Dombasle a proposé , en France, une méthode à peu près semblable, pour trouver le poids net de la viande ou des quatre quartiers d’un bœuf ou vache en vie. Dans cette méthode on ne prend qu’une seule me- sure, c’est celle de la circonférence de l’animal ; mais ici le ruban qui sert de mesure doit être placé de mamiëre à passer derrière une jambe de devant du bœuf, et devant la jambe opposée. On trouve alors sur un des côtés du ruban, la longueur du contour de l'animal, et sur le côté opposé se trouve inscrit le poids net que l’on cherche. Cette méthode, très-expéditive dans la pratique, peut donner lieu ‘à des erreurs assez grandes, car elle suppose que les bestiaux qui ont même circonférence ont aussi même longueur, ce qui ne répond pas aux résultats de l'expérience. Pour connaître la méthode à préférer et pourétablir les bases du calcul des tables, deux séries d'expériences furent faites en présence de plusieurs fonctionnaires supérieurs de l'administration des contributions, au ministère des finances et en particulier de MM. Engels et Fournier. C’est en partant de ces résultats et de la comparaison des tables ( 120 ) Æ. anglaises, que j'ai calculé les tables suivantes qui diffé- rent essentiellement de celles que l’on avait jusqu'ici, en ce qu’elles donnent le poids brut des animaux sur pied. Voici la loi empirique que j'ai adoptée dans mes calculs. Je considère l'animal comme pesant autant qu'un cylin- dre d’eau qui aurait, pour circonférence de base, une circonférence égale en longueur au contour ÆB de la section verlicale faite derrière les jambes de devant (voyez la figure); et dont la hauteur serait les = de CD, longueur ÿ horizontale de l'animal depuis la tie antérieure de l’é- paule jusqu’à la perpendiculaire qui touche la partie la plus en arrière des cuisses , de sorte qu'en prenant le centi- mètre pour unité de longueur et le kilogramme pour unité de poids, on peut calculer immédiatement les nombres des tables par la formule qui suit : Le poids du bœuf — 2 AB: x CD ep u bœuf = x CD. On concevra sans peine l'usage de ces tables qui n’exigent que l'emploi d’un ruban divisé en centimètres ; il faut que ce ruban ne soit pas extensible, et que les divisions ne puissent pas s’altérer par l'usage qu'on en fait. Dés qu’on aura pris les deux mesures comme il a été indiqué précé- demment, c’est-à-dire celle de la circonférence et de la longueur de l'animal , les lables donneront immédiatement le poids en kilogrammes. Au moyen des mêmes tables, il sera facile de calculer le poids net qui, d'après Laylon Cooke , est au poids brut dans le rapport 0,65 environ à 1; c’est-à-dire, qu’un bœuf maigre pésera, poids net, environ 0,6 de son poids brut; pour les bœufs ordinaires, il faudra prendre 0,65; et pour "g RC 715) les bœufs de première qualité 0,7. Nos tables pourront donc servir à la fois , en employant ces rapports, à connaître le poids net et le poids brut. En comparant les poids observés aux poids calculés de nos tables , pour une série de trente pièces de gros hétail, la somme de toutes les erreurs a été de 63 kilogrammes en moins , ou 2 kilogrammes par tête; et dans le nombre des bestiaux soumis à l'expérience , se trouvaient des bœufs et des génisses de races étrangères et de formes différentes de celles des bestiaux indigènes ; il faut remarquer à cet égard qu’il peut se présenter des différences assez notables, l'écart pour une génisse d’une espèce particulière a été de 36 kilo- grammes sur 585 , c’est un des plus grands écarts qui aient élé observés , de manière que si le gouvernement était disposé a admettre une tolérance pour les mesures, on pourrait l’établir à 1720 du poids; et il serait bien peu probable que l’on trouverait des bestiaux qui présenteraient des écarts plus grands. (122) prise derrière les jambes de devant. 120 | 124 132 226 233 240 246 253 260 267 274 281 288 296 303 311 318 326 334 342 350 136 233 240 247 254 261 268 275 282 289 297 305 312 220 328 . 336 344 352 360 133 237 244 250 257 265 272 279 286 294 302 309 317 325 333 341 349 357 366 140 240 247 254 261 268 276 283 291 298 306 314 322 330 338 346 354 362 371 146 250 258 265 272 280 287 295 303 311 319 327 335 344 352 361 369 378 387 148 254 261 269 276 284 291 299 307 315 323 332 340 348 357 366 374 383 392 150 257 265 272 280 288 295 303 311 319 328 336 345 353 362 370 379 388 397 (123) 619 89ç LeG 956 9€ç ré: CIS AE Y6Y sy YLY y9Y Sy LA cey Gcy 91% LOY ogl | *4SSIN9 V'T AYAIUUAQG ANÙdSOT AA VAR UT AA AUAAIAFINV AILUVd VI SINUAG SAULANMIENAI NA HNININOT ‘sauwvaboiy ua ‘sau4109 D S9)2T S2p Sp "quraap Fr op saquuef say oumop 2sud *UAINOIKI9 L. n E 2 É: a A È D s jam: bes de devant|l 152 | 154 | 156 | 158 | 160 | 162 | 164 | 166 168 | 170 172 | 174 derr. le | ( 125 ) Littérature ancienne. — Rapport sur l'ouvrage de M:Ph. Bernard, intitulé: Commentatio Historico-Critica in Lysiæ orationem funebrem. Commissaires, MM. le ba- ron De Reiffenberg et Bekker, rapporteur. - «Le discours funèbre de Lysias a été de tout temps re- gardé comme un chef-d'œuvre dans son gente, el en même temps comme la meiïileure production de cet homme cé- lèbre que Cicéron aurait osé appeler Le seul orateur ac- compli, s'il avait su réunir la force de Démosthénes à la grâce , à la pureté et à la clarté de son style. L'auteur de l'Histoire de l’éloquence chez les Grecs , M. Belin de Ballu, prend celte pièce à juste titre, pour « #n vrai mo- dèle d’un style tout à la fois simple et majestueux , » en ajoulant que « elle devrait être rendue classique et mise entre.les mains de la jeunesse. » » Quoique M. Bernard ne s'explique point sur le plan et le but de son travail, nous ne doutons guère que son prin- cipal dessein n’ait élé l’accomplissement du vœu exprimé par le savant Français; et sous ce rapport, nous ne pou- vons qu'applaudir à ses efforts. Il est vraiment temps de familiariser de bonne heure les élèves de nos colléges avec les brillantes productions de l’époque classique de la lit- térature grecque, au lieu de restreindre leur lecture à quelques morceaux de Lucien, de Plutarque et d’autres écrivains d’un âge postérieur, à la fois plus difficiles à com- prendre et moins instruclifs. » Le riche commentaire et l'introduction, par lesquels M. Bernard a tâché de faciliter l'étude de ce beau morceau de Lysias, font preuve de jugement, de méthode et de con- naissances étendues et variées en histoire aussi bien que dans les sciences philologiques. On y voit recueillis, avec soin et avec discernement, tous les passages des anciens, ( 126 ) propres à répandre plus de jour sur les paroles de l’orateur. Tous les points qui ont trait à l'histoire et aux antiquités d'Athènes, sont suffisamment éclaircis. S'il y avait un re- proche à faire à l’auteur de ce commentaire , il serait fondé sur la trop grande abondance de matières. Nous lui en fe- rions un d’avoir complètement ignoré l'édilion critique de Lysias par Foertsch, déjà publiée en 1829, si sa position ne lui servait d’excuse à cet égard. » Au reste, si M. Bernard se proposait de publier son tra- vail à l’usage de la jeunesse studieuse , nous l’engagerions à en retrancher tout ce qui pourrait paraître superflu , et à donner plus de soin à la critique du texte. » L'Académie adopte les conclusions de ce rapport, et dé- cide que des remercimens seront adressés à M. Bernard pour sa communication. Histoire. — L'Académie entend ensuite la lecture du mémoire de M. le baron De Reiffenberg, sur les sires de Diest (voyez pages 341 et 401 du tome II des Bulletins). M. le directeur, en levant la séance, a rappelé que l’é- poque de la prochaine réunion coïncidait avec celle de la séance générale du mois de mai, et a décidé qu’on se réu- nirait dès la veille. L'Académie s’assemblera donc le 6 et le 7 mai prochain. ( 127 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Memorie dell I. R. Istituto del regno Lombardo- Veneto, volumes 1, 2,8 et 4; Milan, 1819, 1821, 1824 et 1833 ; gr. in-4°. Collezione degli atti delle solenni distribuzioni de premj d'industria, volumes 1, 2, 3, 4,et5; Milan, 1824, 1827 et 1833, in-&. Monographia sulle morti repentine, par Sormani; Milan, 1834, in-8°. Memorie della Reale Aceademia delle scienze di To- rino , tome 38; Turin , 1835 , in-4°. Cozzecrion Des CnroniqQues BELGEs iNÉDITES, Pataille de Woeringen, par Van Heelu, avec des notes, par M. Willems, membre de l'Académie de Bruxelles, 1836, in 4°. Journal de la Société de la Morale Chrétienne , tome 9, n° 1 et 2, janvier et février 1836 ; Paris , in-8°. Mémoires de la Société de Médecine de Gand, année 1835, Bruxelles 1835 , in-8°. Bulletin de la société de Médecine de Gand , séances du 1% décembre 1835, et du 5 janvier, 2 février et 1°" mars 1836; 4 feuilles. Le Banquet de Warfusée, par M. Polain, broch. in-8°; Liége 1836. Annales de Hainaut , par Jean Lefévre, pour servir de supplément aux Annales de Jacques de Guyse, publiées pour la première fois avec des notes, par M. le marquis de Fortia d'Urban , tomes XVII. et X VITE , in-8°; Paris 1835. Essai sur la culture, la chimie et le commerce des garances de Vaucluse, par J. Bastet, 3° livraison , in-8°; Orange. Discours prononcé par M. La Doucette , sur la pro- position de défricher les forêts, 1 feuille in-8°. vrac k eme ALLER oi | 18 AE one pe RURPS A pe rs égards NÉ ddr la vétesL Ataiére re duree 0$ da at ut A 1694 rt sp. ; dix à ai rt34 og ATTRE sed, ER Ne lg ,oapure) où sonpaak, ob. safe, x HR obeiupran ol Nuog ,sot60 29h o9vn 2601 rai HAL se T ;0%ni , HEVX 49 "HU X tot : 2% orne sd do sis ak aa * 8m tosiærril 6 doseuff bd ASE 0 | “LS BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES - ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1836. — No 5. Séance générale du 6 et du 7 mai. M. le baron De Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. GORRESPONDANCE. M. le conseiller de Macedo adresse à l’Académie, de la part de l’Académie royale des sciences de Lisbonne, la deuxième partie du tome XI des mémoires de ce corps savant. M. De Cloet fait hommage de douze médailles d'argent récemment trouvées à Freyr, au même lieu où l’on a déterré les médailles qui ont été présentées à la séance du 5 mars dernier. M. le baron De Stassart présente également , avec l’auto- risation de M. le ministre de l’intérieur, un exemplaire en Tow. 11. 10 (:130 ) bronze de la médaille frappée pour l'exposition de l’indus- trie en 1835. M. le ministre des affaires étrangères et de la marine communique les observations sur les marées, faites, à Ostende pendant le mois de mars. Ms M. le capitaine Hochereau, aide-de-camp de M. le mi- nisire de la guerre, communique une nole manuscrite de M. Huart de Charleroy, sur la cause de la supériorité de l'emploi de l'air chaud sur celui de l'air froid dans l'ali- mentation des hauts-fourneaux. M. Hochereau demande à l’Académie, si la notice de M. Huart est jugée favorablement quant au principe qui en est le sujet capital, d'être admis à soumettre ses observalions sur l’établissement de la théo- rie intéressante qui s’y trouve exposée. Commissaires MM. Martens , Cauchy et Dehemptinne, M. Gachard fait hommage à l’Académie de la collection de ses ouvrages , et il écrit en même temps qu'ilexiste dans le dépôt des archives de l'État, dont la direction lui est con- fiée , des documens pleins d'intérêt et ignorés jusqu'ici sur l'institution de la société liltéraire de Bruxelles, en 1769, et son érection en Académie impériale et royale en 1772. Ces documens sont, entre autres, des notes du comte de Nény et de l'abbé de Nélis , la correspondance du comte de Cobenzl avec le prince de Kaunitz, les rapports dé ce prince à Marie-Thérèse. M. Gachard promet de faire prendre copie de ces piéces pour l’offrir à l’Académie. Remercimenis. M. Delafontenelle de Vaudoré annonce, par l'intermé- diaire de M. le baron De Reïffenberg, qu’il vient de mettré à la disposition de l'Académie un exémplaire du compte de la 2° session du congrès scientifique de France, tenue à Poitiers , en 1834. (131) CONCOURS DE 1836. L'Académie avait proposé six questions pour la classe des - lettres et huit pour la classe des sciences. L'examen des mémoires reçus en réponse à trois de ces questions , a pré- senté les résultats suivans : CLASSE. DES LETTRES, Indiquer l’époque précise des inventions, importations et per- fectionnemens qui ont successivement contribué aux progrès des arts industriels en Belgique, depuis les dernières années du dix- huitième siècle jusqu’à nos jours, avec l'indication des personnes qui, les premières, en ont fait usage parmi nous. Le mémoire recu en réponse à celte question et portant l'épigraphe : On ne peut porter ses regards sur les cin- quante dernieres années, etc., renferme des documens très-curieux; il se fait généralement remarquer par la pureté du style, la clarté des explications et par des ré- flexions pleines de justesse. Cependant on trouve, d’une autre part, beaucoup d’assertions que l'on peut croire au moins hasardées, et qui, en tout état de cause, ne sont ap- puyées sur aucune autorité; d’où il résulle que la vérifi- cation en est à peu prés impossible. On pourrait aussi reprocher à ce travail le défaut d’ordre dans la classification des objets qu’il énumère. " Ces divers motifs ont porté l'Académie : à décerner au mémoire qu'elle a reçu, la mention la plus honorable, en émettant le vœu que l’auteur revoie altentivement son travail pour le prochain concours. (132) CLASSE DES SCIENCES. Quels sont les meilleurs moyens à employer, sousle double rap- port de la solidité et de l’économie, pour reconstruire et pour entretenir les chemins vicinaux, de manière à les tenir dans un état permanent de viabilité. L'auteur du mémoire qui est parvenu en réponse à cette question, et qui porte l'épigraphe: Je demandais un jour au maire de mon village, ete., s’est plutôt occupé de créer un nouveau règlement d'administration publique sur les chemins vicinaux, que d'aborder d’une manière scienti- fique et pratique la question proposée au programme ; l'Académie a donc cru devoir écarter ce travail, comme n'ayant pas répondu à son attente. Déterminer quand et comment se forme la matière colorante de la garance, depuis sa germination jusqu'à l’époque de sa pleine végétation. Examiner la structure anatomique et les fonctions physiologiques des parties tinctoriales de cette plante, et appliquer les résultats de ces travaux à sa culture et à sa dessication. (Le mémoire devra être accompagné de planches.) Après avoir entendu ses commissaires (MM. Martens, Dehemptinne et Dumorlier, rapporteur), l’Académie a jugé que le mémoire portant l'épigraphe : Un fait bien vu est une chose précieuse, ete., a très-bien répondu aux con- ditions du programme, et elle lui a décerné en conséquence la médaille d’or. L'auteur est M. J. Decaisne , de Bruxelles, aide-naturaliste au muséum d'histoire naturelle à Paris. L'Académie a en outre ordonné l'insertion au Bulletin du rapport suivant, qui lui a été présenté par M. Île rap- porteur de la commission. ( 153 ) & La manière dont se forment les matières colorantes dans les végétaux, est un phénomène peu connu et sur lequel l'Académie avait cru devoir appeler l'attention des savans, en choisissant spécialement comme objet de concours la garance, dont les matières tinctoriales sont d’une grande importance pour l’industrie, C’est dans ce but qu’elle avait proposé la question suivante : Déterminer quand et com- ment se forment les matières colorantes de la garance depuis sa germination Jusqu'à sa pleine végétation 4 examiner la structure anatomique et les fonctions phy- siologiques des parties tinctoriales de cette plante et ap- pliquer les résultats de ces travaux à sa culture et à sa dessication. » Un seul mémoire a élé présenté en réponse à celte ques- tion; il porte pour devise : « Un fait bien vu est une chose précieuse; ily en a peu qui soient connus dans tous leurs détails. Ce mémoire est divisé en deux chapitres subdivisés chacun en deux parties. Le premier esl relatif à l'anatomie, à la physiologie de la garance considérée d’abord sous le point de vue de la racine et ensuite de la tige. Le second chapitre se rapporte à la question chimico-agricole, et contient l'application des observations qui précèdent à la culture et à la dessication de la garance. Relativement à la question purement botanique, l’auteur décrit et figure avec le plus grand soin les diverses parties conslituantes, soit internes, soit externes de la racine, des ti- ges et des feuilles de la garance. Il prend l'embryon dans la graine et le suit dans toutes ses phases jusqu’à sa pleine végétation , en représentant avec une rare perfection et un talent admirable tous les organes internes de cette plante. Pour rendre compte en peu de mots de cette anatomie, nous dirons que, dans l'état actuel de la botanique, il n'existe ( 154 ) à notre connaissance, rien de comparable sur aucun végétal en particubier, Ge travail est à la botanique, ce que sont à la zoologie , les anatomies de Straus et de notre célébre compatriote Lyonnet. Nous nous dispenserons d'entrer dans les détails de cette anatomie. C'est au mémoire et aux belles plinches qui l'accompagnent, que nous renverrons ceux qui voudront étudier tout ce qui a trait à cette parlie. . En selivrant à un travail aussi ardu , l’auteur avail pour but de rechercher si la garance offre dans son tissu, dés par- ties où se fixent de préférence les matières colorantes qu’elle produit, etilen est résulté cette observation que la matière tinctoriale de la garance ne se trouve ni dans des vaisseaux propres, ni dans des réservoirs particuliers, maïs que son principal siége est dans les cellules et les vaisseaux du latex qui constituentla partie charnue de la racine, et que par conséquent. elle est analogue à la séve descendante et éla- borée/dans les cellules, Arrivant aux phénomènes qui se passent dans le tissu cellulaire dé la racine, l’auteur remarque que ce tissu, incolore dans l'embryon, est d’un jaune pâle peu après la germinalion, et qu'ensuitesa couleur devient de plusenplus intense. Or en examinant le fluide contenu dans ce tissu , on voit que sa limpidité est parfaite, qu'il ne contient aucune malière tenue en suspension et que sa couleur est jaune et nullement rouge. Tel est l’élat du suc contenu dans les cellules de la racine de la plante vivanie, aussi long-temps que les parties qui le renferment sont à l'abri des agens externes. Mais, dès l’instant que ce suc est exposé à l'air, il perd sa limpidité, devient nuageux et de jaune pâle qu’il élait, il passe à la couleur rosée, si l’on opère sur une plante en germination; tandis que, dans la planteadulte, il passe du jaune an rouge foncé. Ainsi la racine de garancea CPS ( 135 ) l'état primitif ne renferme que du suc de couleur jaunesus- ceptible de passer au rouge dans des circonstances données. Pour prouver cette vérité , l’auteur établit par des expé- riences ingénieuses que c’est l'air qui détermine là colora- tion rouge. En outre, il a observé, dans laracine, des vais- - seaux ponctués dans lesquels la couleur: rouge se présente au contact de l'air par l'intermédiaire de ponctuationsoffrant dans leur milieu une raie longitudinale qui paraît, quant à la forme, avoir beaucoup d’analogie avec les stomales. Nous ne pouvons partager l'opinion de l’auteur lorsqu'il proclame d’une manière absolue l'absence du principe co- lorant rouge avant la pulvérisation, car l'observation des racines vivantes âgées de plusieurs années, présente un ré- sultat différent de celles de la première année. Ces racines présentent alors la coloration rouge quoique leur suc reste jaune. Mais l'explication qu’il donne sur la transformation du suc jaune ‘en rouge, et les nombreuses et belles expé- riencés sur lesquelles il s'appuie , n’en tendent pas moins à prouver que les trois matières colorantes indiquées comme distinctes dans la garance, l’alizarine, la purpurine et la xanthine ne sont que des modifications d’un seul et même principe. A la vérité, M. Kuhlman, et après lui M. Ed. Koechlin, avaient déjà établi que les principes colorans de la garance, dans leur état d'isolement , sont jaunes, et qu’ils ne devien- nent rouges que par leur combinaison avec le mordant d’alumine , et violets avec le mordant de fer. L'auteur arrive aumême résultat par l'observation anatomique. Il est d’ail- leurs bien excusable de présenter comme nouveau un fait déjà annoncé, alors que par suite de la diffusion actuelle des sciences, il est impossible de connaître tout ce qui s’est fait. La science n’est pas moins avancée par la confirmation de (136 ) faits contestables , que par la découverte de faits nouveaux. Mais ce principe unique, d’où procède-t-il? D'abord il est à remarquer que, lors de la germination, les cotylé- dons et la tigelle se colorent en vert, tandis que la radicule se colore en jaune. L'auteur se demande si cette diflé- rence est le résultat des tissus des parties ou de l'influence des agens extérieurs. Pour arriver à la solution de cette question , il se livre à de nombreuses expériences sur l'in- fluence de l’air et des divers rayons lumineux sur la colo- ration. Sous l'influence des divers rayons lumineux, aucune des jeunes tiges de garance n’a présenté la moindre colo- ration en jaune, tandis qu'en enterrant les tiges , l’espace de 20 jours suffit pour que la matière colorante verte (chromule ) se transforme ‘en liquide jaune. Ainsi cette transformation ne peut être attribuée qu’à l'obscurité ou à l'humidité. Or, il est à remarquer que, par une singulière coïncidence , M. Marquart vient récemment d'établir que lorsque le chromule s’unit à l'eau ou à ses élémens, il pro- duit lanthoxanthin qui est le principe colorant dés fleurs jaunes, et l’on sait que les pétales sont verts dans les boutons: … Jci se présente la question de savoir si, lors de cetle transformation, les granules de la chromule sont simple- ment décolorés, ou bien s'ils sont successivement absorbés ou détruits par le liquide. L'auteur penche pour la der- nière hypothèse, et son opinion doit paraître fondée si l'on considère que, lors de la décomposition du jaune en rouge, leliquide, de limpide qu'il était, redevint granuleux, Quant à la cause de cette transformalion , il l'explique par la suppression de la transpiration qui produit ‘une-plus grande proportion d'oxigène dans les sucs et détermine ainsi une modification du principe colorant. C'est ainsi que les cultivateurs , en enterrant les tiges de garance, empé- | ART TD DT TS EN AL qe 4 AUÉEENRE A7 ( 137 ) chent ces parties de rejeter l’oxigène, et par là la chromule passe au jaune en s’oxigénant. Ainsi, c'est avec raison que l’auteur déclare que tous les principes immédiats tirés de Ja racine de garance ne sont que des combinaisons chimi- ques d’un seul produit répandu dans tout le végétal. Cette remarque, comme il l'observe, pourra apporter quelques modifications dans les manipulations de celte racine, et qui sait si, au moyen de certains procédés chimiques, l’on ne parviendrait pas à extraire de la chromule qui est si abondante dans les feuilles et les jeunes pousses , une ma- tière tinctoriale analogue à celle que produit la racine ? Des observations dont je viens de présenter l'analyse, l’auteur déduit des conséquences importantes pour la culture de la garance et son emploi dans les arts. Le tissu cellulaire étant le siége des matières tincto- riales,, plus ce tissu sera développé dans la racine, plus celle-ci renfermera de matière colorante. Ainsi le but essentiel des cultivateurs doit être de faire prendre à ce üissu le plus d’accroissement possible. L'auteur qui a visité les garancières d'Avignon, dit qu'il paraît que c’est après 18 mois que ce tissu prend un accroissement considérable. On ne pourrait donc, sans une perte très-sensible, arracher avant cette époque les racines de garance. Mais cette observation s'applique surlout aux pays septentrionaux, comme le nôtre, où la végétation de la garance commence en mai et s’arrêle en septembre, tandis que sous le climat d'Avignon elle commence en mars et ne s'arrête qu'en novembre. Suivant l’auteur , c’est à trois ans que le tissu cellulaire de la racine a atteint son mazæimüm; nos culti- vateurs devraient donc avoir la précaution de n’extraire la racine qu'à cette époque, s’il veulent dépouiller le maxi- mum de matière colorante. ( 158 ) Quant à la dessication , l’auteur remarque que, dans le Nord, les racines de garance séchées en plein air conser- vent 10 à 15 pour cent d'humidité , ce qui peut engendrer une fermentation qui altère le principe colorant ; ainsi, dans notre climat, cette dessication exige l'emploi de moyens artificiels. Telle est l'importance de la siccité sur la matière colorante, que, dans le midi , dit-il, les poudres fabriquées pendant les mois d'août et de septembre, sont réputées plus belles que celles produites pendant les autres mois. L'observation si simple , présentée par l’auteur, que le suc de la racine de garance est jaune et ne prend sa couleur rouge que par le contact de l'air, donnera lieu sans doute à des modifications dans les préparations; toutefois , il observe avec raison que, sans qu’on s’en soit rendu compte, toutes les manipulations auxquelles on soumet la racine de garance, ont pour but de multiplier les points de contact avec l'air et d'opérer ainsi la coloration en rouge. Les considérations qui précèdent montrent assez l'im- portance du mémoire que nous venons d'examiner. Si cé travail présente quelques détails que l’on puisse contester, on ne doit l’attribuer qu’à la difficulté de la matière, à la nouveauté du sujet et à la briéveté du temps que l’auteur a eu à sa disposition; mais l’ensemble des faits n’est pas moins d'une haute importance pour la solution de la question encore si obscure, du développement des matières colo- rantes dans les végétaux. En conséquence , votre commis- sion vous propose de décerner à son auteur le prix proposé par l’Académie. » : L'Académie propose, pour le concours de 1837, lesques- lions suivantes : (139 ) CLASSE D'HISTOIRE, PREMIÈRE QUESTION. L'action lente, mais inévitable du temps, les ravages des guerres et des révolutions, quelquefois la nécessité même , et plus souvent l'intérêt ou le caprice des hommes, amènent partout la destruction successive des plus anciens et des plus beaux monumens d'architecture, consacrés soit à la religion, soit à l'administration, soit à d’autres grands objets d'utilité publique ou privée. Dans cet état de choses, l'Académie désirant connaître et ce que les provinces de la Belgique ont perdu en mo- numens de cette nature, et ce qu’elles possèdent encore, propose la question suivante : Quels sont les principaux monumens d’architecture qui, dans la province de Hainaut , ont été construits, à commencer de la période chrétienne et pendant le moyen âge, jusqu’au commence- ment du seizième siècle, et qui, ou n'existent plus, ou existent encore de nos jours ? Si la nature du monument, soit qu’il n’existe plus, soit qu'il existe encore, le comporte, l’auteur de la réponse en fera la description succincte, et indiquera les gravures qui en ont été faites. Il désignera, aulant que possible, l'é- poque de la construction, avec l'usage auquel le monu- ment est destiné, et celle de la démolition ou de la destruction, avec les causes qui y auront donné lieu. L'Académie ne demande ni une nomenclature aride, ni une liste minutieusement exacte de toutes les construc- lions anciennes. C'est au goût éclairé et au discernement (140 ) des concurrens qu’elle confie le choix des monumens dont les souvenirs et les traditions méritent d’être conservés , surtout lorsqu'ils se rattachent à de grands intérêts poli- tiques ou religieux. Elle désire que les voies romaines fixent aussi leur attention. DEUXIÈME QUESTION. Faire le même travail pour les deux provinces de, Flandre réunies. TROISIÈME QUESTION, Présenter une dissertation raisonnée sur la poésie flamande, dès sa première origine, jusqu'à la fin du règne d’ Albert et d’1- sabelle; en y ajoutant un choix judicieux, mais sobre, des pas- sages les plus saillans, propres à caractériser l'esprit et le genre des ouvrages de poésie flamande, publiés ou restés manuscrits ? QUATRIÈME QUESTION. Faire le même travail et pour la même époque, sur la poésie française en Belgique. CINQUIÈME QUESTION " L Indiquer l’époque précise des inventions, importations et per- fectionnemens qui ont successivement contribué aux progrès des arts industriels en Belgique, depuis les dernières années du dix- huitième siècle jusqu'à nos jours , avec l’indication des PAPE qui, les premières ; en ont fuit usage parmi nous. SIXIÈME QUESTION Qucis furent les changemens apportés par le prince Maximi- (141) lien-Henri de Bavière (en 1684) à l’ancienne constitution lié- geoise; et quels furent les résultats de ces changemens sur l’état socral du pays de Liége jusqu’à l’époque de sa réunion à la France? L'Académie désire que cet exposé soit précédé, par forme d'introduction, d’un tableau succinct historique et cri- tique de l’ancien gouvernement liégeois, sans loutefois que l’auteur soit tenu de remonter au delà du règne d'Albert de Cuick. SEPTIÈME QUESTION. A plusieurs époques de notre histoire, la dignité de Ruwaard a été exercée par des personnages plus ou moins éminens ; l’Acadé- mie désire que l’on caractérise les circonstances où l’on a eu re- cours à ce pouvoir extraordinaire, et que l’on détermine en quoi il consistait, CLASSE DES SCIENCES, PREMIÈRE QUESTION. Décrire la constitution géologique de la province. d'Anvers; déterminer avec soin les espèces minérales et les fossiles que les divers terrains renferment, et indiquer la synonymie des auteurs qui en‘ont déjà traité. DEUXIÈME QUESTION, r Faire le même travail pour les deux provinces de Flandre réu- nies. | | TROISIÈME QUESTION. Un mémoire sur l'analyse algébrique, dont le sujet est laissé au choix des concurrens. (14 ) QUATRIÈME QUESTION. Déterminer les modifications que subissent les appareils san- guins et respiratoires dans les métamorphoses des batraciens anoures. | Mb! CINQUIÈME QUESTION. La construction et l'entretien des chemins de terre, si- tués dans l’intérieur des communes rurales, sont d’un in- térêt important pour l’agriculture. Ces chemins sont d’une indispensable nécessité tant pour le transport des engrais que pour les travaux qui s’exécutent dans les champs, aux époques du labourage, des semailles et de la moisson. Ils sont en même temps la seule voie de communication pour les fermiers et les cultivateurs avec les villes et vil- lages , où sont établis des marchés hebdomadaires pour la vente des fourrages, fruits, grains et autres céréales. Déjà , dans plusieurs mémoires et discussions des agronomes et des écrivains instruits, celte question in- téressante a été traitée avec talent, et divers moyens d’a- mélioration ont été indiqués. Dans plusieurs provinces, des gouverneurs et d’autres fonctionnaires s’en sont oc- cupés etontmême prescrit certains moyens qui leur ont paru les plus propres à atteindre le but proposé; mais l'Académie a pensé qu'il serait utile de provoquer une discussion spé- ciale sur cette matière, qui semble appeler l'attention combinée des deux pouvoirs législatif et administratif. L'Académie demande donc qu’on lui fasse connaître : Quels sont les meilleurs moyens à employer, sous le doublerap- (143) port de la solidité et de ‘économie, pour reconstruire et pour en- tretenir les chemins vicinaux, de manière à les tenir dans un état permanent de viabilité ? SIXIÈME QUESTION. Quelle est la quantité de matière colorante de nos garances comparées à celles d”’ Avignon et de Zélande? Peut-on obtenir des garances indigènes la même nuance que des garances étrangères ? les vieilles garances ont-elles des avantages sur les nouvelles et en quoi consistent ces avantages? Donner un moyen certain et facile pour reconnaitre la falsification et la qualité des garances. SEPTIÈME QUESTION. Comme les expériences de De La Rive, et surtout les dernières recherches de Faraday , ont montré que la théorie du développe- ment et de la distribution de l’électricité dans les piles , telle qu’elle a été établie par Volta doit être modifiée ou changée, on de- mande : que l’on détermine d’une manière positive, et que l’on constate par des expériences quelles sont les causes de la produc- tion de l'électricité dans les piles voltaïques ? quel est le mode de distribution du fluide électrique sur les divers couples d’une pile isolée? d'où dépend l’influence du nombre, de la grandeur des couples métalliques de la pile sur les divers phénomènes physiques et chimiques qu’elle produit ? quelle relation existe entre les phé- nomènes chimiques extérieurs et ceux intérieurs d’une pile en activité, ow, en d’autres termes, jusqu’à quel point l’action chi- mique, exercée sur le zinc par le liquide conducteur de la pile, est-elle en rapport avec l’action décomposante du courant gal- vanique extérieur , d’où provient cette relation? HUITIÈME QUESTION. Exposer le mode de composition le plus probable et la manière de se former de l’éther simple (éther hydrique de M. Thénard)? De quelle manière al faut envisager la composition des éthers LE (144) composés? quelle est la nature du radical que l’on doit suppo- ser en former la base, et à quelles classes de composés inor- ganiques les divers éthers doivent-ils être assimilés ? L'Académie propose dès à présent, pour le concours de 1838, les questions suivantes : DANS LA CLASSE D'HISTOIRE. PREMIÈRE QUESTION. Quelles ont été, jusqu’à la fin du règne de Charles-Quint , les relations politiques, commerciales et littéraires des Belges avec les peuples habitant les bords de la mer Baltique. DEUXIÈME QUESTION. Les lettres de Libanius renferment une infinité de dé- tails précieux pour l'étude de l’état politique, des mœurs, de la civilisation et de l’histoire liltéraire du IV* siècle après J.-C. La riche collection de ces lettres, dont le nom- bre s'élève au dela de 2000, perd cependant une grande partie de son intérêt par l'incertitude qui plane encore sur la majeure partie des 500 personnages à qui elles sont adressées. Il ÿ a presque un siécle que, dans son excellente édition des lettres de Libanius, J.-Chr. Wolf avait promis de remédier à cet inconvénient, par la composition d’un Index prosopographicus ; maïs il n’a pas donné suite à sa promesse. L'Académie désirerait donc qu’un philologue, versé dans l’histoire et dans la littérature de cette époque, en reprenant la tâche abandonnée depuis la mort du savant éditeur de Hambourg, et en s’entourant, par des recherches critiques, de tous les renseignemens que ces lettres elles- (145) mêmes et les monumens de la littérature contemporaine pourraient lui fournir sur les nombreux correspondans du sophisle , en composät une prosopographie aussi complète que possible des lettres de Libanius. La Prosopographia codicis Theodosiani par Ritter, la Prosopographia Pla- tonica par Groen van Prinsterer, et surtout Historia oratorum Græcorum par Ruhnkenius, pourraient, jus- qu'à un certain point, servir de modèles à un pareil tra- vail, DANS LA CLASSÉ DES SCIENCES. Exposer la théorie de la formation des odeurs dans les fleurs. L'auteur déterminera les organes où se forment les odeurs des fleurs, il exposera la structure anatomique et les fonc- tions physiologiques de ces organes. Il examinera le mode d’exhalation et spécialement à quoi on doit attribuer que plusieurs fleurs sont odoriférantes à certaines heures de la journée et inodores pendant d’autres. Les observations de- vront, autant que possible, se rapporter à des plantes de familles différentes. (Le mémoire devra être accompagné de planches.) COMMUNICATIONS, Hydrodynamique. — M. Plateau communique à l’Aca- démie la note suivante sur une expérience qu’il a faite rela- tivement à un cas particulier de l'écoulement des fluides : « Je me suis demandé quelle serait la figure de la nappe liquide qui s'écoulerait par une fente étroite, rectiligne et verticale , partant du fond d’un réservoir et s’élevant jus- qu'au-dessus du niveau du liquide. Ton. nr. 11 ( 146 ) » J'ai soumis d'abord le probléme au calcul, en faisant abstraction de la résistance de l'air, des actions capillaires exercées par les bords de la fente , et des actions mutuelles des différentes parties de la nappe. J'ai donc supposé une fente rectiligne infiniment étroite, verticale, de chaque point de laquelle s'échappe un filet exactement paraboli- que, avec la vitesse due à la hauteur du liquide au-dessus de ce point. Partant de là, j'ai cherché quel est le lieu des intersections successives de toutes ces paraboles, ou quelle ligne est tangente à la fois à toutes ces courbes; cette ligne forme évidemment la limite extérieure de la nappe pro- duite par leur ensemble. Or , un calcul facile m'a conduit à ce résultat curieux, que cette ligne est une droite inclinée à 45° sur la verticale. Ainsi, en supposant que:chaque filet trace sa route sans 'être influencé ni par les autres filets, ni par la capillarité, ni par la résistance de l’air, et.que le réservoir soit posé sur un plan horizontal, la nappe liquide présentera la forme d’un triangle rectangle isocèle, dont l'hypothénuse sera la limite extérieure libre de la nappe. » Curieux de connaître jusqu’à quel point l'expérience s’aocorderait avec ce résultat idéal, j'ai fait construire un réservoir d'environ 40 centimètres de hauteur, dans l’une des parois duquel était percée une fente partant du fond et s'élevant jusqu’à la partie supérieure. J'ai fait trois essais avec des fentes dont les largeurs étaient successivement d'environ 1%, 1m%,5 et 2M,5, Je ne rapporterai avec détail que les nie obtenus dans ce dernier cas : on en verra la raison plus loin. » 1° En me plaçant de manière que le si de la nappe fût perpendiculaire au rayon visuel, elle me parut effective- ment terminée par une ligne entièrement droite, sans la moindre courbure apparente, excepté à une très-petite ( 147 ) distance de la paroi; en cet endroit, la ligne se relevait rapidement , jusqu'au niveau du liquide: Cette partie re- courbée avait tout au plusun centimètre d’étendue, et dans tout le reste de la ligne, il était impossible, comme je l'ai dit, de distinguer la moindre courbure. Cetie inflexion de la ligne près des parois est évidemment due à l’action ca- pillaire des bords de la fente : aussi était-elle beaucoup plus prononcée avec les deux autres fentes, surtout avec la premiére, et il n’est pas douteux qu’elle ne disparût com- plétement avec une fente d’une largeur convenable: » 2° La droite limite n’était pas toute-à-fait inclinée de 45° sur la verticale; en d’aütres termes, la base du triangle était un peu moindre que sa hauteur, efiet qui provenait sans doute de la résistance de l'air. 1» 8° Enfin cette limite extérieure de la nappe n'était pas dela même épaisseur que le reste :elle était formée d’un renflement dont l'épaisseur allait en croissant depuis la partie supérieure. » | Astronomie.—M. Quetelet donne lecture du passage suivant d'une lettre qu'il à réçue de M: Wartmann : de Genève, relativement aux derniers élémens calculés de la comète de Halley. « L'intérêt bien naturel qu'a excité: étchés la plupart des astronomes le retour de la célèbre comète de Halléy, a fait entreprendre à quelques-uns une série de:calculs la- borieux pour déterminer , au moyen des positions récem- ment observées, les nouveaux élémens de l'orbite de cet astre, en vue d'obtenir l'instant précis du passage au périhélie, et d'apprécier jusqu'à quel point les données fournies d'priori par la théorie, s ‘accordent avec les observations actuelles. ( 148 ) « Maintenant que des astronomes-géomètres de divers pays et d’un mérite avoué ont mis au jour les résultats de leurs recherches, il m'a paru qu'il y aurait quelque inté- rêt à en faire le rapprochement. « Je commencerai d’abord par vous donner ici la traduc- tion d’une lettre que M. le professeur Santini, directeur de l'observatoire de Padoue, m'a fait l'honneur de m'a- dresser à la date du 20 mars dernier elle contient un ré- sumé de ses propres calculs que les astronomes seront bien aises de connaître. «Ici, dit-il, à cause des neiges et du mauvais temps, la comète n’a été visible que le 1° septembre, et dès ce jour jusqu’au 18 novembre, nous l’avons observée ; moi et mon collègue le docteur Conti, autant que la mauvaise saison nous l’a permis. Depuis cette époque, perdue qu’elle était dans les rayons solaires, nous n’avons pu la revoir que dans la nuit du 31 décembre au 1° janvier. Elle était très-basse, excessivement faible, semblable à une large né- buleuse du diamètre de 8 à 10’, sans noyau visible, ce qui a rendu l'observation très-incertaine; ensuile le temps nébu- leux, le peu d’élévation de l’astre sur l'horizon et la clarté de la lune ont été cause que nous n'avons pu déterminer qu'un très-petit nombre de positions jusqu’au 27 janvier. Dès lors des circonstances défavorables en ont rendu l’ob- servation impossible. J'ai reconnu ensuite queles positions obtenues après le passage au périhélie étaient trop incer- taines ,.et j'ai jugé convenable de les abandonner et d’at- tendre celles déterminées au Cap de Bonne-Espérance, qui seront , on peut l’espérer , plus concluantes que celles que nous avons faites en Europe. Je me bornerai donc, pour le présent, à vous transcrire les observations qui ont servi de base à la correction des élémens ; ce sont les sui- ( 149 ) vantes : 21-22 août faites à Vienne par M. Littrow fils; septembre 1-19-28, octobre 7-11-13-26-29 , novembre 5-11-17 faites à Padoue. Ayant pris pour base les élémens publiés par M. Rosenberger dans sa circulaire du 17 octo- bre ;, j'ai converti Les temps observés sous les méridiens de Vienne et de Padoue , en jours et partie de jour comptés de- puis le commencement de 1835 et réduits au méridien de Berlin. Comme on faisait à Padoue, chaque soir, plusieurs observations successives, j'ai rapporté dans le tableau ci- joint la moyenne arithmétique de chaque détermination pour diminuer l'influence des erreurs accidentelles, en in- diquant , dans une colonne spéciale , le nombre des obser- vations faites. Je remarquerai de plus que les longitudes et les latitudes déduites des observations et qui figurent dan£ le tableau, sont comptées de l’équinoxe moyen du 16 novembre 1835, auquel se rapportaient les lieux de la - terre, que l’on a calculés toujours d’après les éphémérides si exactes de M. Encke. ( 150) | D res À nes 0er ASCENSION (DROITE | CORRECTION |: :MÉCLINAISON M TIGIDED t y ài | apparente: « | de | apparente 835. À, APR | ne xa comère. | paral-et aber, |: D LA conèré 21 août. |: 233,61389 850,26’ 54/,3 + _5”,5:. | +, 23036 284 22. » .235,62292 | 85 39 40,3. | + 5,1 | 23 42 61, | 1 septémb.| 244,58086 | 87/48 7,5 | + 2,9 ‘251 0 14 19,101! -0lege;p1290 : | 92 44 584 | * —.0,8 7 | 120737 40 D QT I 28 on 1: 27452946 À 97 52627,4 0: 118): | 718645 59) : Zioctobre. |: 280,50154: |. 121,29 29,4 |. 16,4 | ,.54,42 24,8) ' n lou ve ï 11 11 » 284,55830 191 18 29,0 + 58,8 61 33 41,0] 1 13 » 286,36999 | 222 57 657,1 + 93,8 + 48 35 20/1] ù Î 26 » 299,27214 257 40 2,9 +13,4 — 4 2 404} 29 » 302,28804 | 258 35 20,0 +11,2 7 4 44, 5 novemb. 309,23586 259 2 8,3 ER 4 Pa 11 30 474 Abiso 315,24301 258 15 43,5 + 0,3 13 59 31,(W 17 » 321,23830 256 51 22,2 — 3,1 — 15 53 27} Re ht jen (451 ) - LOXGITUDE LATITUDE FOMB£E OS observée , observée des des ..DE LA COMËÈTE. OBSERVATIONS. | OBSERVATEURS, k 7,0 85° 50° 19”,1 | + 012’ 49,6 1 Littiow. 6,8 88 211,5 0 18 50,8 1 » 8,5 88 0 53,2 1 33 34,3 3 Santini. 14,3 92 24 13,3 6 11 34,3 3 Conti. +21,4 96 32 34,3 12 29 21,0 4 » +398 111 14 72 33 33 19,1 2 » 25,1 150 29 5,2 57 33 14,4 2 ; 3 44 193 23 40,8 | 60 10 30,4 6 + — 2,0 256 59 52,3 18 51 40,1 1 Santini. — 3,1. | 258 13 39,1 15 54 69,7 2 Conf. — 2,3 | 259 2 271 11 81 52,7 2 » — 22 258 28 33,1 9 0 15 2 » — 29 | 25716272 | + 6 59 26,6 _ pe , ( 152 ) » Maintenant faisant concourir, par la méthode des moindres carrés, toutes les observations précédentes à la correction des élémens indiqués de M. Rosenberger, en conservant la valeur du grand axe qu’il a déterminée par la discussion des précédentes apparitions, et en la regardant comme ne variant pas par l'effet des attractions plané- taires, j'ai obtenu le système suivant des élémens ellip- tiques : Passage au périhélie. T — 1835 novemb. 15,978745 , temps moy. à Berlin. ou 15;,948028 , temps moy. à Paris. Longitude du périhélie. . . & — 165 49 16”,96 Longitude du nœud. . . . œ@— 65 9 52, 36 { Mouvement direct. Inclinaison . . . . . i — 162 14 25, 14 ou bien —.304 30 27, 76 Mouvem. rétrogr. 55 9 52, 36 { Equinoxe moyen du — 17 45 34, 86 16 novembre. se. © £i Il ‘ *6 Angle de l’excentricité. . . — 75 19 49,506 Excentricité .!. . … . . €,T, :0,967402334 Log. du demi-grand axe. Log, a. 1,2549807,3 Log. de la dist. périhélie. Log. q. 9,7681672,1 m ».Vous verrez facilement que ces élémens-ci s'accordent très-bien avec ceux de M. Valz, de Nîmes, que vous m'a- vez transmis; mais ils différent, à ce qu’il me semble, un peu trop de ceux que M. Stratford a envoyés à M. Arago, surlont en ée qui se rapporte à la position du plan de l'orbite, à moins qu'il ne se soil glissé quelque erreur dans les diverses transmissions. | » Pour juger de l'approximation de mes élémens, il est convenable que je vous transcrive iti le tableau des er- reurs qui restent dans les observations qui ont servi de base. Les signes sont évalués de manière que, réunis al- \ (153 ) gébriquement aux positions géocentriques calculées, on les obtient telles qu’elles ont été observées. 4 DATES. ERREUR —————î— ai En longitude. En latitude. . serres Août. .. 21 | + 8/13 + 7,22 » 22 + 13,29 + 3,64 Septemb. 1 — 11,86 + 23,87 » 19 — 35,59 MANS. Ci » 28 — 3,90 — 1,23 Octobre. 7 +: : 2,82 — 1,24 à 11 | + 8,00 + 11,50 » 13 — 9,60 — 24,64 » 26 | +. 22,58 — 11,06 » 29 + 10,62 — 12,35 Novemb. , 6 + 13,83, +. 1,94 » 11 + 190,90 + 13,16 » 17 + 35,71 + 20,11 » D'après ceci, il est suffisamment évident que, dans les observations du 19 septembre et du 17 novembre, 'il s’est glissé quelque légère erreur, et que, dans une nouvelle correction (que je compte entreprendre plus tard, quand j'aurai les observations faites après le passage au péri- hélie au Cap de Bonne - Espérance), on devra aban- donner. Cependant en les regardant toutes comme égale- ment certaines et comme également probables ; les erreurs en longitude et en latitude, on trouvera la somme des carrés des erreurs égale à 6357,9 ; d’où l’on tire l'erreur pro- bable m=15/’,64. Indiquant par Ed;, Ed,, Ed;, Ed.; Ed,, (154) les limites dans lesquelles les élémens 6,0,1,r,?, peuvent être considérés comme compris par l'influence de l'erreur probable # , d'après le théorème de Gauss, j'ai obtenu les valeurs suivantes : € d & — 60 m V/0.001822797 :—:+ 40”,06 e do — 60 m V/0.00046759178 — + 20/,29 e di — 60 m J/0.00010564796 — 9,64 edr— 7 V/U.0000000451 — 0i,0003444 10 Et finalement € d 9 — 60 m J//0.00000225907 — + 1/,41 résultat qui démontre que les deux plus importans élémens savoir, le passage au périhélie et l’excentricité (d’où dé- pend aussi la distance périhélie), sont bien déterminés, même s’il subsiste dans les observations une erreur telle qu’elle est présumée. » Comme on vient de le voir, les calculs de M. Santini, basés sur les observations faites à Padoue , et sur celles de M. Littrow à Vienne, donnent pour l’époque du passage au péribélie de la comête en temps moyen compté de midi à Paris: © 4... 1835, novembre le M. Valz, professeur d'astronomie à Nîmes, a trouvé , d’après des calculs PS sur ses propres dhorigiont 1944074 SH 4 M. Stratford, dé Londres, qui a ru sur des rrtioks faites en Angleterre, a. obfénanrnog 2110) { : L M. le professeur Rineitnogées niet de observatoire de Halle, en Prusse, qui a+ fondé ses calculs sur les observations de M. Bessel, a trouvé 15i,948028 15i,933 15i,863 15i,9454 (155 ) De son côté, M. de Pontécoulant ; après avoir revu en dernier lieu avec beaucoup de soin ses premiers calculs, et leur avoir! fail subir de légères corrections relatives à la masse de Jupiter , qu’il considère maintenant, d’après les observations. modernes de MM. Santini , Bessel et ae comme égale à <= de la masse du soleil ; au lieu de — Te qu'il avait précédemment adoptée , et aussi en admettant , comme le fait M. Encke dans le calcul des perturbations de la Li ré qui porte son nom, la masse de la terre égale à ==0 de celle du soleil, trouve, théoriquement , les élé- mens définitifs de l'orbite que voici : Instant du passage au périhélie ,1835 ,novembre 15j,01 temps moyen à Paris, compté de midi, . 304 31/ 42 Lieu du périhélie sur l'orbite .. .:', = Longitude du nœud ascendant. . = 65 10 15 Inclinaison de l’orbite à l’écliptique. . — 17 44 53 l'Demigrand axe. . . . . . ,!,, =°18,00008 Excentrieité ! , 141141,29, 1100 : = 0,9672807 .,Temps.de la révolution, de 1759 à 1835, = ,!,28005;,42 Sens du mouvement rétrograde. Ainsi les Ce fournies par la théorie ne différent plus de celles tirées de l'observation directe que d’une fraction de jour, c'est-à-dire seulement de quelques heures, Ré- sultat admirable! si l’on. considère que la période de cet astre est de 28000 j jours que dans sa marche inégale il s'éloigne du soleil jusqu’à la distance de 1242 millions de lieues, qu'il échappe à nos regards pendant trois quarts de siècle, et qu'il éprouve, de la part des planètes , des per- turbations compliquées qui altérent d’une manière notable son mouvement à chaque retour. On peut donc, ainsi que l'a dit M. de Pontécoulant , ( 156 ) regarder désormais comme complète et confirmée par l'expérience, la théorie du mouvement des comètes troublé par l’action des planètes auprès desquelles elles passent ; et la solution de cette question si importante par la grandeur de l’objet qu'elle embrasse, si épineuse par les nombreuses difficultés qu’elle présente, et que Halley lui-même regar- dait comme au-dessus des efforts de la plus profonde analyse, devra aux travaux des grands géomêtres qui en ont fait l’objet de leurs méditations, d'occuper l’une des pages lès plus brillantes de la Théorie du système du monde. LECTURES. Mécanique. — Les commissaires nommés à la séance précédente, pour examiner le nouveau système de chemin de fer mouvant de M. Marchal, font connaître les résultats des expériences qu'ils ont faites à ce sujet, et demandent à pouvoir ajourner leur rapport définitif , l'inventeur ayant exprimé le désir de les faire assister à de nouvelles épreuves. Physique. — MM. Garnier, Pagani et Thiry présentent leur rapport sur le mémoire de M. Quetelet concernant les variations diurnes et annuelles des températures terrestres (voyez tome IT, p. 354 et tome III, p. 74 des Bulletins). L'Académie adoptant les conclusions de ce rapport, décide que le travail de M. Quetelet sera inséré dans le recueil de ses mémoires. | MM. Cauchy et Crahay présentent également un rapport favorable sur le mémoire que M. Martens a lu à la séance du 6 février dernier, concernant la théorie de la pile galvanique et la manière dont elle opère les décomposi- tions des corps. (Voyez page 52 de ce volume). (157) Géométrie. — L'Académie entend aussi la lecture du rapport suivant, de M. Dandelin, rapporteur de la commis- sionpour l'examen du mémoire de M. Lefrançois sur les transformations stéréographiques des lignes du second ordre. « L'auteur de ce mémoire paraît avoir eu principale- ment pour but de réunir en un faisceau, les divers principes qui touchent les projections stéréographiques, et qui se trouvent épars dans quelques applications faites de ces principes à la solution de problèmes particuliers. Son travail est divisé en deux parties. » Dans la première, on trouve exposés avec élégance les divers théorèmes fondamentaux de la perspective stéréogra- phique : s’il n’y a pas beaucoup de neuf dans ces théorèmes, an moins il est juste de faire la part d’éloges mérités à la nettelé des démonstrations et à la méthode qui y préside. On ne peut y méconnaitre des dispositions remarquables à réussir dans ce genre épineux de recherches : il est particu- liérement convenable de citer la démonstration de ce théorème, que les sections coniques ont une infinité de cercles directeurs, à cause de son cachet particulier d'originalité, L'auteur a terminé cette démonstration en donnant les théorèmes des n° 17 et 18 qui en sont la suite: le rapporteur n'oserail assurer que ces théorèmes sont nou- veaux comme le pense l'auteur , néanmoins cela peut être. » La seconde partie contient plus spécialement ce qui est relatif à la transformation proprement dite des sections coniques. Cette théorie consiste, comme on le sait, à rame- ner la démonstration de certains théorèmes, ou la solution de certains problèmes, à des opérations analogues faites sur des courbes de la même nature, mais placées dans des circonstances particulières, où, par un choix judicieux, on ( 158 ) élimine, si je puis le dire, les difficultés originelles de la question. L'auteur a très-bien exposé et réduit en théorème la méthode générale à suivre, et en fait d’intéressantes applications, en démontrant d'abord des propriétés cu- rieuses du cercle, puis en prouvant que ces propriétés s'étendent sans restriction à toutes les sections coniques. Il termine cette partie par la-généralisation d'un théorème fort élégant et fort utile dû à M. Quetelet. | » Cette partie du mémoire, sans avoir la lucidité de la première ; est néanmoins d'un bon travail el mérite : aussi des éloges sous ce rappoñt: ) Lis » Ilest àregretterque l’auteur n’ait pas accompli v tâche qu'il paraît s'être proposée, en mentionnant le genre de transformation qui dérive du tracé de la perspective d’une courbe sur la sphère, et de la projection de ce tracé dans une nouvelle position de l’œil; il aurait trouvé une riche l matière à spéculations géométriques dans cette branche si étendue de la théorie des projections stéréographiques. Nous pensons devoir lui conseiller ce travail. » En résumé, bien que le mémoire ne paraisse pas présenter les conditions requises pour figurer dans les collections de l'Académie, la commission pense qu'il y a heu de donner‘ à l'auteur un eñcouragement mérilé ; en lui décernant une mention honorable, et en Ponts à con- tinuer ses travaux et ses vecherches. » 1 Ph Drrolpuie entomologique. — (Note de M. Wesmael). « Dans le courant de l'année dernière, les journaux scièn- tifiques annoncèrent la découverte faite par M. le docteur Behn de Berlin, d’une circulation du fluide nutritif dans les pattes des Corises! Selon M. Behn, deux courans ont lieu’ sut les deux bords de la jambe: l’un au bord postérieur , ( 159 ) pousse le liquide vers le tarse ; l'autre au bord antérieur, le ramène wers la base de la jambe, et les mouvemens de ce fluide sont sous la dépendance d’un organe particulier ayant l'apparence d’une membrane courbée au niveau de l'articulation fémoro-tibiale. Les pulsations de cet organe sont beaucoup'plus rapides que celles du vaisseau dorsal, et par conséquent indépendantes de celles-ci. Une commis- sion fut nommée dans le sein de l’Institut pour examiner la découverte de M. Behn; M. de Blainville, rapporteur; déclara qu’il pensait avoir vu les mouvemens décrits par M. Bebhn, avec æette différence néanmoins, que les globules charriés par leliquide ne lui ont'paru suivre aucun ordre les uns à l'égard des autres dans leur marche ascendante et descen- dante ; de sorte que, selon lui, le mouvement de l'organe valvulaire ne peut avoir d'autre influence sur celui des glo- bules du fluide nourricier, que celle qu’ont les instrumens employés dans les arts pour obtenir un mélange plus in- time et plus rapide entre des liquides de nature différente, -rC'est; je crois, vers la fin de l'automne dernier que la nouvelle de la découverte de M: Behn parvint aux oreilles de M. Léon Dufour. Cette découverte qui, sielle se véri- fiait, était de si grande importance pour la physiologie entomologique, piqua vivement la curiosité du savant na turaliste français; il se hâta de se procurer des Corises; et dé ‘les soumettre à un examen attentif, mais il eut beau _ obsérver leurs pattes, soit au microscope simple, soit au . microscope composé, il ne reconnut jamais la présence d'aucun liquide, d'aucun globule: abéissant à une force impulsive , et quant à l'organe pulsateur , il ne lui vit pro- duire rien qui ressemblât à une pulsation; il lui sembla seulement être dans un état d'oscillation, ou dans une sorte de frémissement. ( 160 ) Dans l’état d'incertitude ou se trouvait la solution de cette intéressante question, j'attendais avec impatience le moment où je pourrais me procurer des Gorises. IL y à environ six semaines que je parvins a en pêcher quelques- unes (1). Les ayant immédiatement examinées au micros= cope simple, j'ai vu à différentes reprises et sur plusieurs in- dividus les phénomènes rapportés par M. Bebn, c'est-à-dire, des globules charriés par un liquide vers le tarse, au côlé postérieur, des jambes de derrière, et d’autres globules dirigés en.sens inverse, au Côté opposé. J'ai vu aussi l'or- gane valvulaire signalé par M. Behn, dans un état d’agita- tion trés-vive : placé à la base de la jambe, ses mouvemens se font sentir jusqu’à l’autre bout et semblent faire vibrer la trache crurale et le nerf crural; mais je n’ai pas observé que la rapidité de la marche des globules fût en rapport avec celle des mouvemens de l’organe valvulaire, D'autres occupations élant venues me distraire de ces observations pendant quelques jours, la température se refroidit considérablement dans l'intervalle; désirant ce- pendant les vérifier de nouveau avant d’en entretenir l’Aca- démie, je retournai chercher des Corises; mais j'eus beaucoup de peine à m’en procurer un petit nombre, ces insectes paraissant s'être refugiés dans la profondeur des eaux ou dans la vase pour se soustraire à la rigueur du froid. J'employai pour les examiner le même microscope et des verres du même grossissement que ceux dont je m'étais servi la première fois; mais, à mon grand étonnement, je ne vis plus la moindre trace d'aucun courant dans les jam- [1) La Corise rayée (C. strigata). Lat , ist. Gen, etc. , tom. XII, pag. 289 5° | ( 161 ) é bes de derrière. Cependant l’organe valvulaire se mouvait toujours avec la même rapidité. » Ainsi, dans mes premières observations, j'ai vu comme MM. Behn êt de Blainville; dans les dernières, j'ai vu comme M. Léon Dufour. Ce qui m’est arrivé ne pourrait-il pas ser- vir à expliquer la différence du résullat des observations de ces naturalistes? Il faut bien remarquer que M. Léon Dufour n'a commencé les siennes que vers le milieu de novembre ; or, de même que chez tous les animaux à sang froid , la température du corps chez les insectes doit être soumise aux variations de température du milieu ambiant, ne serait-il donc pas possible que les courans ou oscillations du fluide nutritif chez les Corises devinssent excessivement lents ou fussent même momentanément suspendus à cause du froid ? ou bien, lorsqu'un certain degré de froid a forcé ces animaux à une inaction et à un jeüne prolongés, ne pourrait-il pas se faire que la quantité de leur sang dimi- nuât considérablement, ou qu’étant appauvri, il ne charriât plus de globules, et que les courans échappassent dés lors à l'œil de l'observateur ? » Espérons que la nouvelle de la découverte de M. Behn aura éveillé l'attention des entomologistes, et que les ob- servalions se mulliplieront assez pour que nous sachions bientôt d’une manière certaine à quoi nous en tenir , tou- chant l'existence plus ou moins intermittente de courans du sang dans les pattes des Corises (1). » (1) J'ai aussi examiné au microscope les pattes des Naucores et des Notonectes , et chez tous ces insectes j'ai constaté l’existence et l’agita- tion de l’organe valvulaire à la base des jambes ; mais je n’y ai découvert aucune trace de courans du sang , ce qui provient peut-être de ce que les tégumens sont plus épais ou moins translucides que chez les Corises. Tom. 1. 12 ( 162 ) Addition —Pendant le court intervalle qui s’est écoulé entre la lecture de cette notice à l'Académie et l'impres- sion, j'ai de nouveau pris et examiné des Corises; et cette fois, j'ai vu non-seulement les courans dédrits plus haut dans les jambes de derrière , mais encore dans les cuisses et dans les tarses de la même paire; mais il m’a été impossible de m'assurer jusqu’à présent , s’il y a dans chacune de ces parties une sorte de circulation partielle , ou si le liquide passe de l une Lu l'autre. Drna in nouveau genre de Lépidoptères > par M. Wesmael. « Ce singulier Lépidoptére, représenté fig. 1, m'a semblé pouvoir être placé provisoirement dans la tribu des Bomby- cites; il n’a ni langne ni palpes visibles (1), et les ailes supérieures, soit pour la forme, soit pour la direction des nervures, ne manquent pas d’ abélogte avec celles de c Cer- taines espèces dé Callimorphes et de Lithosies, mais il & s’en éloigne considérablement par la forme linéaire des ailes postérieures. Ce caractère m'a paru assez important pour autoriser la création d’une nouvelle coupe générique sous le nom de : à HIMANTOPTERUS. Antennæ filiformes , dentium se- Antennes filiformes , garnies au rie simplici intus serratæ. côté interne d’une rangée simple de dents en scie (1) Pour m’assurer de l'absence de ces organes, j’ai enlevé tous les poils qui entouraient la bouche, il est néanmoins très-possible qu’ils aient été accidentellement brisés , comme les pattes, dont il ne reste plus que les hanches. ( 163 ) Alæ postica longissimæ, linea- res. Lingua et palpi nulla ? Ailes postérieures très-longues, lineaires. Langue et palpes nuls ? HUMANTOPTERUS FUSCINERVIS. —. /ufescens, alis anticis testaceis, harum nervis et alis posticis fuscis. Ce Lépidoptère fait partie de la riche collection de M. Robyns, à quiila été cédé comme venant de Java. Description d’un nouveau genre de Curculioiides , par M. Wesmael. + bg GENUS MITORHYNCHUS, Antennærectæ, tenues , longius- culæ, 11-articulatæ ; articuli 1-8 obconici, scapo longitudine trium. sequéntium; urticuli tres ultimi remoti clavam elongatam forman- tes. Rostrum longissimum, cylindri- cum, lineare , gracile , arcuatum. Caput pone oculos elongatum. Prothorax supra depressus , basi . subsinuatus et ab alytris distans, apice truncatus , lateribus in medio rotundatus. Scutellum triangulare. Elytra :ampla, supra depressa ; basi recta humeris rectangulis, api- com versus altenuata,anum occul- tantia, dypice sinqulatim oblique subemarginata, Segmenta duo priora abdominis soquentibus multo logiora in unum subcoalita, Antennes non coudées , minces, assez longues, de 11 articles, les 8 premiers obconiques, celui de la base aussi long que les trois suivans ensemble; les trois derniers articles distincts, formant une massue alon- gée. Rostre très-long, cylindrique, linéaire , grèle, arqué. Tête prolongée derrière les yeux. Prothoraz déprimé au - dessus, légèrement sinué et écarté des ély- tres à la base, tronqué à l’extrémité, arrondi sur les côtés dans le milieu. Écusson triangulaire. Élytres grandes, planes au-des- sus, droites à la base avec les angles ‘extérieurs droits, rétrécies vers l'extrémité , recouvrant le dernier segment ; très-légèrement et obli- quement échancrées chacune au bout. Les deux premiers segmens de l'abdomen beaucoup plus longs que les suivans , presque confondus en un seul. ( 164 ) Pedes validi, basi (posteriores … Péedsrobustes, fortement écartés præsertim) valde distantes ; antici à la base (surtout les 4 derniers); paulo longiores ; femora clavata ; ceux de devantun peu plus longsque tibiæ apice muticæ ; tarsi articulo les autres; cuisses en massue, jambes quarto bilobo , et anticorum articulo sans éperons; quatrième article de primo dilatato. tous les tarses bilobé, premier article de ceux de devant dilaté. Dans ce genre de Curculionides, le premier article des antennes ne faisant pas un coude avec les suivans, et n’ayant pas derrière lui de rainure destinée à le recevoir, ce double caractère marque systématiquement sa place dans la divi- sion (1) des Curculionides orthocères de M. Schoenherr, quoique , d'un autre côté, il semblerait se rapprocher des gonatocères, par la longueur du même article des an- tennes. Parmi les douze subdivisions ou tribus que con- tiennent les orthoceres, il n’en est pas une seule où l'on puisse placer les WMitorhynchus ; celle dont le plus grand nombre de caractères lui conviennent , c’est les apionides dont ils différent néanmoins considérablement; ils ne man- quent pas non plus d’analogie avec les hrenthides et, parmi les Gonatocères, avec les cossonides, à cause de la distance qui sépare les pieds à la base, à cause de la structure des deux premiers segmens du ventre qui sont beaucoup plus grands que les suivans, et presque confondus en un seul, et enfin à cause de la rassemblance des couleurs. Je doute cependant beaucoup que la manière de vivre des Mitorhyn- chus soit la même que celle des Brenthides et des Cosso- nides, la forte courbure de leur long rostre paraissant (1) M. Schoenherr appelle cette division Ordo , d’où il résulterait que l'ordre des Coléoptères étant divisé en familles, celles-ci a leur tour se subdiviseraient en ordres !!! ( 165 ) devoir être un obstacle à ce qu'ils se tiennent facilement sous les écorces ou dans l’intérieur des arbres. La seule espèce qui me soit connue est le : MITORHINCHUS BRUNNEUS. Saturate rufus, nitidus , glaber , oculis et linea media longitudinali prothoracis nigris ; rostro corpore plus duplo longiore ; prothorace subtilissime punctulato ; elystris striatis, striis basin versus obso- lete punctatis , apice crenatis ; intersticis plerisque apice carinalis. Longit. cum rostro 10-12 lin. | Le corps, les antennes et les pattes sont d’un fauve foncé. Le dos du prothorax est parcouru longitudinalement dans le milieu par une ligne noire; sa surface est très- finement et vaguement ponctuée, et elle est marquée de chaque côté, un peu plus prés du milieu que de la base, d’une dépression large, arrondie, mais très-superficielle. Les élytres ont chacune neuf stries étroites; les cinq pre- mières partent de la base et sont à peine distinctement ponctuées, excepté vers l'extrémité où elles sont plus larges, plus profondes et crénelées. La sixième et la septième n'at- teignent pas l’angle huméral et ressemblent d’ailleurs aux précédentes. La huitième et la neuvième, encore plus courtes, sont situées au bord externe des élytres, et sont assez fortement ponctuées dans presque toute leur lon- gueur. Le premier, le deuxième , le quatrième , le sixième et le huitième intervalles sont carénés vers l'extrémité. Toutes les jambes sont velues à l'extrémité. J'ai établi le genre Mithorinchus sur l'inspection de trois individus faisant partie de la collection de M. le che- valier B. Dubus de Ghisignies, qui en a reçu deux du Cap de Bonne-Espérance et à qui le troisième a élé donné par LU ( 166 ) M: Vandermaelen , comme venant du Brésil. Les deux pre- miers se ressemblent parfaitement , et c’est d’après eux que j'ai fait ma description. Le troisième semble avoir le pro- thorax un peu moins arrondi sur les côtés; les deux dépres- sions sont moins distinctes, et il y a des vesliges de deux autres en avant des premières ; toules les stries sont aussi un peu plusdistinctement ponctuées, mais ces différences sont très-légères et ne pourraient avoir une valeur spécifique que si elles se reproduisaient invariablement sur tous les individus venant de la même localité : or, c’est ce que je n'ai pu vérifier, n’en ayant eu qu’un sous les yeux. Il n’est pas impossible d’ailleurs qu’il y ait eu erreur dans Ja dési- gnation de la patrie de l'individu provenant de la collection de M. Vandermaelen. Description d'un nouveau genre de Névropteres, fa- mille des Planipennes, tribu des Hémérobins, par M. Wesmael. GENUS MALACOMIZA» Antennæ filiformes, articulis nu- merosis, subhæmisphericis , pilosis. Mandibulæ edentulæ , apice acu- tæ. Alæ amplæ, margine exteriori haud dilatatæ, nervis. paucis, ple- risque longitudinalibus. Tarsi articulis quinque ; quarto dilatato, sub quintum inserto. Antennes filiformes , à articles nombreux, subhémisphériques, ve- lus. : Mandibules sans dents , aiguës à l'extrémité. } Ailes grandes, non dilatées au bord extérieur, à nervures peu nom- breuses, la plupart longitudinales. Turses à cinq articles, le qua- trième dilaté et inséré sous:le cinquième, Ce genre diffère tout à la fois des Hémérobes et des Sem- blides par la conformation des ailes qui ne sont pas dilatées au côté ‘externe, c’est-à-dire qui n'offrent pas en cet en- “ay ( 167 ) droit une prerniére neérvure longitudinale, fortement arquée à la base: et formant avec la suivante ude cellule parcourue par un grand nombre de nervures transversales. De plus; par les tarses, il diffère en particulier des Hémé- robes , ceux-ci ayant le quatrième article des tarses étroit comme les articles précédens ; mais d’un autre côté il se rapproche, par ses antennes , de certainès espèces d'Hémé- robes qui ont ces organes composés d'articles courts, un peu grenus et hérissés de poils, telles que les espèces nommées variegatus , nervosus , humuli , etc. (1). Il dif- fère en particulier des Semblides : 1° par les antennes qui, chez ceux-ci, sont composées d'articles cylindriques, assez alongés et à peine pubescens ; 2° par les mandibules, celles des Semblides étant dentées au côté interne; mais il leur ressemble beaucoup par la structure des tarses, les Sem- blides ayant aussi le quatrième article dilaté et prolongé sous le dernier. Je ne connais jusqu’à présent qu’une seule espèce de ce genre : MALACOMYZA LACTEA. Pallida, pube albida brevissima obtecta, alis lacteis. Long. 1 lig. 6 Le corps de ce pelit insecte est d’une couleur pâle, et entièrement recouvert d’un duvet blanc très-court. Les antennes et les pieds sont d’un blanc sale; les ailes sont d’un blanc de lait. — Des environs de Bruxelles. (1) Ces espèces et d’autres analogues, forment pour moi le genre Egnyonyz caractérisé par la position et la forme des crochets des tarses qui sont très-rapprochés à la base, divergeans , simples et légèrement arqués ; tandis que chezles Hémérobes proprement dits, ces crochets sont très-écartés, munis à la base d’une forte saillie anguleuse et fortement fléchis du milieu à l'extrémité. ( 168 ) Observations. — Les deux seuls individus que je possé- dasse et que j'ai mis en pièces pour les étudier, avaient la tête et le thorax tellement déformés, que peut-être il y a quelque inexactitude dans la figure que j'ai donnée de la première, et que je m’ai rien osé dire du prothorax dont la grandeur relative était cependant importante à déterminer, pour décider si cet insecte doit être rapproché des Hémé- robes ou des Semblides. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1. Zimantopterus fuscinervis de grandeur naturelle. Fig. 2. a. Mithorhynchus brunneus grossi deux fois. 5. Courbure du rostre de grandeur naturelle. Fig. 8. Malacomyza lactea. n. Une alle ft. 1. D... . ‘ b. La tête avec le D noroe Péueheit cilié, 3 ÉFACHABPE ÉCRARERE D. He te DANS 1 le ë, c. Une mandibule. É d. Un palpe maxilaire . . . a RASE sÈMé ê e. Une antenne ( peut-être mue au bout) È fine patte. ls RAM RSS | U Fe g. L’insecte grossi deux fois. h. Dimens'ons naturelles. Botanique. — Observations sur quelques plantes du Japon; note communiquée par MM. Ch. Morren ef J. De- eaisne. «Au nombre des plantes du Japon qui ont fleuri au jardin de l’université de Gand, et que nous allons faire connaître dans cette notice, se trouve un arbrisseau offrant, sous le rapport botanique , un assez grand intérêt. Décrit d’abord par Thunberg sous le nom d’Osyris japonica , il devint plus tard le type du genre Herwinera, établi par Willdenow dans son Species plantarum. Mais ce botaniste ( 169 ) n'apportant aucun caractère nouveau à ceux déjà donnés par Thunberg, on continua dans les ouvrages généraux, sans avoir égard au changement proposé, de ranger cette plante avec l'Osyris, dont elle a en effet le nombre des parties de la fleur, mais comme on va le voir, avec une po- sition diflérente. L'un de nous ayant eu l’occasion d'analyser la plante de Thunberg plus complétement qu’on ne l’avait fait encore, nous pourrons par là contribuer à fournir, pour l'Æelwin- gia, les élémens d’une discussion que nous nous proposons d'étendre dans un autre recueil scientifique. N'ayant , pour le moment, à proposer sur ses affinités réelles aucune opinion bien précise, nous nous contenterons de faire connaître les traits d'organisation qu'on doit ajouter à la description incomplète donnée dans la Flore du Japon et les Zcones qui en sont le complément , et comme les carac- tères de l'Æelwingia ne paraïssent s’accorder avec aucun des différens ordres de plantes établis jusqu’à ce jour, nous proposons d’en former une famille nouvelle pour laquelle nous présentons les caractères suivans : HELWINGIACEÆ « Flores dioïci. Perianthium simplex, 3-4 partitum, lacinüs ovatis, patentibus, in femineis deciduis, præfloratione valvata. Discus obscur tri-aut-quadriangulatus. FLores masc : Stamina 8-4 laciniüs perianthii alterna. Antheræ filamentis continuæ, subrotundæ , introrsæ, biloculares loculis discretis, rima lon- gitudinali dehiscentibus. Pollen leve. Rudimentum pistilli sub- nullum , punctiforme. Frores rem : Ovarium basi turbinatum, perianthii adnatum, disco epigyno coronatum , 8-4 loculare, loculis 1-ovulatis. Ovula exanguli apice interni loculamento- rum pendula , anatropa. Stylus brevissimus , crassus. Stigmata ( 170 ) 3-4 brevia , subulata, divergenti-recurva, verrucoso-papillosa. Fructus (immaturus) exsuceus rudimento styli ac disci coro- natus , subapiculatus , 3-4 coccus , coccis lenticulari-compres- sis,. chartaceis, rugosis, monospermis. Semina compressa funiculo brevi appensa, raphe excurrenti marginata, vertice in extremitate superiori affixe. Æmbryo albuminosus (?), in- versus. Genus unicum. HELWINGIA. Willd. Hezwiwera. fDioica 6. Perianthium 3-4 partitum. Stamina 3-4 segmentis perianthiü alterna — @. Perianthium superum. Ovarium 3-loculare , loculis 1-ovulatis. — Species unica. H. saponica. Nob. Helwingia rusciflora. Willd, Spec. pl. Osyris Japonica. Thunb. F1. jap. p. 31. Zcon. pl. jap. Decas. I, t.1. Pers. syn. 2. p. 606. Spreng. Syst. 1.176. Bart. ord. nat. p. 118. Suffrutex ramosus , glaber, caule ramisque subangulatis medulla suberosa repletis. Folia alterna , petiolata , stipulacea, ovata v. ovato-oblonga, acuminata, setaceo-serrata, reticu- lato-penninervia, tenuia, læte viridia (edulia Th.). Séipulæ angustissimæ , setaceæ aut setaceo-fissæ , deciduæ. Flores parvi, nervo medio paginæ superioris epiphylli, solitarii v. obscure umbellati (fasciculati); masculi minores longius peduneulati, pedunceulis unifloris ima basi bracteolatis. Observation. — Les caractères que nous venons de tracer, indiquent suffisamment les différences existant entre l'Helwingia à l'Osyris, sans qu'il soit nécessaire de nous y arrêter; eneflet, si, comme nous venons de le dire, genres , leur position est loin d’être la même; les étamines, ( 171 ) toujours opposées aux divisions calicinales dans les Santa- lacées , sont au contraire alternes dans l’AÆelwingia et l'or- ganisation du fruit ne peut offrir aucune analogie. L'aspect des rameaux avec leurs jeunes feuilles, molles, luisantes et remplies de sucs transparens , rappelle au pre- mier abord ceux d’un hortensia, mais la structure des fleurs et des fruits repousse toute affinité avec les Hydran- geacées. En passant en revue diverses familles telles que les Euphorbiacées , Célastrinées, etc., avec lesquelles l’Æel- wingia a des points de ressemblance, nous nous arrêterons plus longuement sur les analogies qu’il présente avec les Araliacées et les familles voisines , quoique ce rapproche- ment soit encore loin de satisfaire complétement l’esprit. ELÆAGNEZÆ, ELÆAGNUS REFLEXA. Nob. E. foliis oblongis acuminatis coriaceis supra glaberrimis sub- tus lepidoto-ferrugineis, floribus axillaribus 1-3 pedicellatis reflexis subcylindraceis ferrugineis, perianthii segmentis sube- rectis. — Floret ineunte octob. Observation. — Excepié dans l'E. angustifolia', le disque périgyne est presque nul et fait à peine saillie dans les autres espèces. | ARDISICEÆ. ARDISIA JAPONICA, BI. A. Caule fruticoso , foliis subverticillatis (5-nis) breviter petiolatis cüuneato- -oblongis, acutis argute serratis glabris, racemis axillaribus simplicibus pedicellis subumbellatis se- cundis , calice 5-dentato. Ardisia Japonica. BI, Bijd. FI, Neder. Ind. p, 690. (12) ASCLEPIADEZÆ:. cynancaux ( Vincetoxicum) saronicum. Nob. C. Volubile; foliis rotundis breviter acuminatis v. retusis cum mucrone brevissimo, subtus ramulisque tenuissime pu- belis ; cymarum pedunculis ramosis plurifloris folio brevioribus puberulis ; floribus albis pedicellis pubescentibus ; laciniis caly- cinis lanceolatis glabris , corollae lobis ovato-oblongis obtusis; corona 5-loba lobis rotundatis. — Floret ineunte junio. CG. (Vincetoxicum) rurPurAscens. Nob. &S Volubile ; foliis lanceolatis v.ovato-lanceolatis acuminatis v. tantum mucronulatis nervis subtus ramulisque tenuissime puberulis; cymis plurifloris pedunculatis folio brevioribus ; floribus violaceo-purpureis longiusculè pedicellatis laciniis ca- lycinis ovato-lanceolatis , laxèpilosiusculis ; corollae lobis oblon- gis. — Floret ineunte junio. C. (Vincetoxicum) ATRATUM. Bge. C. Erectum ; foliis ovatis v. ovato-lanceolatis cum acumine acuto, margine undulatis, utrinque sed præsertim subtus pube tenuissima tomentoso-velutinis ; cymis subsessilibus ; floribus atro-sanguineis, pedicellis lacinisque tomentoso-velutinis ; corollae lobis oblongis apice subemarginatis , extrorsum pube- rulis. — Floret junio. Cynanchum atratum. Bse. Enum. plant. Chin. boreal, p. 46. MARSDENIA TOMENTOSA. Nob. M. Caule volubili, ramis brevissime tomentosis ; foliis subro- ( 173 ) tundo-cordatis acuminatis , nervis subtus puberulis , supra glabratis, petiolis superne sulcatis; cymis extra-axillaribus petiolis brevioribus; floribus cernuis breviter pedicellatis ca- lycibus dense et brevissime tomentosis ; corolla fauce barbata. — Floret junio. Observation. — Nous rapportons cette plante au genre Marsdenia , quoiqu'elle ne paraïisse pas d’abord en avoir les caractères. Dans le petit nombre de fleurs que nous avons pu examiner, On aperçoit avec peine la couronne staminale toujours avortée, réduite à de simples lamelles membraneuses et appliquées contre les étamines , tantôt légèrement charnues et comprimées, constamment dé- pourvues d'appendices. Cette plante, cultivée dans le jardin botanique de Gand sous le nom de Pergularia Japonica, en diffère à en juger par la description de Thunberg, par la grandeur des feuilles et leur pubescence, la forme des divi- sions calicinales obtuses et non lancéolées. RANUNCULACEZÆ. CLEMATIS PATENS. Nob, C. Foliis pinnatim sectis , foliolis inferioribus oppositis, su- perioribus 3-natis ovato-lanceolatis acuminatis longiuscule pe- tiolulatis, supra ad nervos, subtus undique adpresse puberulis, petiolis pedunculisque laxe pilosis, floribus eximiis solititer- minalibus 8-partitis (interdum 6) patentibus obovato-oblongis acuminatis subtus medio incano-tomentosis , filamentis glabris. — Floret junio. Spec. aff. C4. cylindricae Sims. CL, FLAMMULA. L. ? C. Foliis pinnatim sectis petiolis cirrhosis, foliolis breviter « (174 ) petiolulatis lanceolatis mucronulatis glabris , pedunculis axil- laribus trifloris lateralibus inferne bracteolatis , sepmentis ca- licinis oblongis extrorsum tomentosis, filamentis glabris , antheris longioribus , stigmatibus crassiusculis. Observation. — Nous avons cru devoir rapporter cette plante au C1. Flammulu L., dont elle nous a offert et le port et la plupart des caractères, cependant elle s’en dis- tingue par ses feuilles simplement pinnées, les foliolés inférieures, distantes des supérieures, les pédunculés ne présentant jamais dans nos échantillons plus de trois fleurs, enfin par les stigmates généralement plus épais. Le CZ. Erecta qui est aussi très-voisin, se reconnaît à ses tiges Le toujours creusées au centre. EUPHORBIACEÆ. EUPHORBIA SIEBOLDIANA. Nob. E. Perennis; fois infimis abortivis squammiformibus, per- fectis lanceolatis integerrimis obtusis sessilibus subtus pallidio- ribus sæpe roseo-tinctis membranaceis glaberrimis, supremis in verticillum 5-phyllum approximatis majoribus lanceolatis ; ramis florigeris patulis coloratis in pseudo-umbellam 5-radiatam congestis foliis cuneatis ; involucris turbinatis glandulis rubris lunatis bicornibus ovarüis glabris, seminibus (haud maturis) oboyato globosis lævibus. Spec. aff, E. dulcis. — Floret februario, martio. e + Pie E. ADENOCHLORA. Nob E. Perennis; foliis lineari-oblongis , sessilibus supra glabris, subtus pilosis, integris, ciliatis subundulatis subcoriaceis, supremis in verticillum approximatis rubro marginatis ; ramis florigeris. brevibus rubris in pseudo-umbellam B-radiatam congestis , foliis cordatis , valde inæqualibus , subtus splendide (1%) rubris; glandulis éxterioribus subreniformibus intense viridi- busovariis glabris. — Floret martio. As Observation.—Cette belle espèce diffère de l'Z. Coral- loides avec laquelle Thunberg l'aura probablement con- fondue, par ses feuilles sessilés légérément coriaces et glabres sur leur facesupérieure, parles ovaites entiérement dépourvus de poils. Nous avons tiré le nom spécifique de la couleur verte des glandes de l’involucre; ce caractéré commun à d’autres espèces dans les premiers temps de la floraison, comme l’a déja remarqué M. Roeper, est ici extrêmement prononcé. Zoologie. — M. le directeur communique la lettre sui- vante, qui lui a été adressée par M. Jacquemin de Paris, et qui fait suite à celle qui a été insérée dans le Bulletin pré- cédent, sur le développement des pièces osseuses chez le fœtus as oiseaux. | « Les communications que jai eu l'honneur de vous adresser il y a peu de temps, avaient pour but le dévelop- pement du système osseux chez l'embryon du poulet. Au- jourd’hui je prends la liberté de vous soumettre brièvément les résultats principaux auxquels ces mêmes recherches m'ont conduit chez le jeune poulet, depuis le moment de son éclosion jusqu’au terme de son accroissement. 1° Dujeune poulet au moment de son éclosion. Le dé- veloppement extra-ovulaire du squelette s'opère principa- lément dans les os du crâne, dans ceux du tronc, notam- ment dans les pièces osseuses de la ligne médiane, et dans ceux du bassin. L'etmoïde dont le développement était peu remarquable à l’état fœtal, commence après l’éclosion à montrer sa lame verticale ; la cloison qui sépare les deux ( 176 ) orbites, est encore membraneuse ; le temporal est encore séparé des os qui se souderont plus tard avec lui, et l’osse- let de l’ouie est à peu près au terme de son accroissement. Toutes les autres pièces osseuses de la tête n’ont pas changé et sont encore au même état qu’au dix-neuvième jour d’in- cubation, comme nous l'avons dit dans la précédente lettre, avec cette différence qu’elles ont acquis un peu plus de consistance. Les sutures sont encore membraneuses; celle qui est commune au frontal et aux pariétaux est la moins avancée. Les deux parties latérales du frontal lui-même ne sont pas encore réunies. Quant à la colonne vertébrale , les corps, les apophyses et les surfaces articulaires des verté- bres cervicales sont presque formés; les vertèbres lombai- res et sacrées sont les moins développées de toutes. Elles commencent à cette époque leur évolution osseuse, chacune par un seul point d’ossification à peine visible. Les os du bassin sont à la moitié de leur accroissement, L'ischion se fait surtout remarquer par son développement très-pro- noncé. Les vertébres coccigiennes commencent aussi alors à se charger de molécules terreuses. La dernière de ces ver- tébres , d’une forme si singulière chez l'adulte, se compose chez le jeune poulet de plusieurs vertébres rudimentaires. Chez le canard, elles sont au nombre de cinq. Le sternum, toujours tardif dans son développement, présente six points distincts d’ossification, dont les deux pour son corps se soudent de bonne heure, de manière qu'il n’en existe plus que cinq pendant très-long-temps. Son brichet (crista ster- nalis) est encore entièrement membraneux. La portion ossifiée des côtes est encore très-écartée de celle des apo- physes sternales. Les appendices postérieurs des. côtes (hamus) commencent leur ossification par un point parti- culier. (177) » 2° Du jeune poulet de quatre jours. Xci ce n’est plus uniquement l’activité vitale qui dirige le développement, l'exercice des fonctions a sur lui une grande influence et apporte de notables modifications dans sa marche. Les os des extrémités postérieures présentent beaucoup d’ac- croissement. Les points d’ossification du sternum s'élen- dent rapidement. Le reste du squelette est resté dans le même élat à peu près qu’à l'époque précédente. » 8° Du poulet de neuf jours. Formation des apophyses de l'os carré. La lame horizontale du sacrum a commencé son ossification. Les vertebres coccigiennes se sont accrues rapidement. Le brichet s’est solidifié par la réunion de deux points d'ossificalion pour le corps du sternum. » 4° Du poulet de quatorze jours. Le squelette a beau- coup augmenté de volume sans que de nouvelles pièces osseuses se soient montrées. Le dépôt de la matière cornée sur les pieds et le bec a commencé à se colorer. Les verte- bres sacrées et lombaires, tardives jusque là, se sont sensiblement accrues. Les appendices sternaux des côles se touchent avec le sternum. La pneumaticité commence dans l’humérus. Remarquons que le poulet est un très- mauvais volier chez lequel la pneumaticité ne parvient jamais à un grand développement. » 5° Du poulet de dix-huit jours. L'occipital présente encore les cinq pièces qui le composent encore séparées l’une de l’autre. Les os qui servent à la mastication ont acquis presque toute leur solidité, mais leurs sutures sont encore très-apparentes. La {ame horizontale et trianqu- laire de l’etmoïde est très-nettement séparée des os qui l'environnent. Le siphoneum est encore entièrement mem- braneux. » Le développement du tronc continue à se faire avec len- Tow. 1. 13 (178 ) teur par rapport aux os de la face et des extrémités. L’ossi- fication de l’éschion et du pubis se fait d'avant en arrière; le sternum conserve toujours les cinq points d’ossification. La fourchette est formée, La clavicule cornoïde est privée de son extrémité sternale. Zes osselets du carpe présen- tent à peine quelques points d'ossification. Les surfaces articulaires des os de l'épaule sont les premières de tout le squelette qusesolidifient. » 6° Du poulet de ving-cinq jours. Le squelette s’est considérablement accru en volume. Les articulations des membres et des vertèbres cervicales se fortifient beaucoup; celles du tronc sont en arrière. Les sutures des os de la face tendent à disparaître. Le reste est dans le même état, » 7° Du poulet de quarante-quatre jours. Le jugal, formé de deux points d’ossification, s’est réuni avec le maxillaire inférieur. » 8 Du poulet de soixante-quatre jours. La cloison qui sépare les orbites est encore en partie membraneuse. Les vertèbres cervicales sont complètes. Celles du coccis se sont peu développées. » 9° Du poulet de quatre-vingt-deux jours. Les apo- physes antérieures et postérieures du sternum se sont enfin réunies avec son corps. » 10° Du poulet de quatre-vingt-treize jours. Le sys- tème des petits os sesamoïdes et des rotules commencent leur ossification. | » 11° Du poulet de cent trente-quatre jours. Les os de la face sont tous soudés ensemble ainsi que les cinq pièces de l’occipital. Les pièces osseuses de l’intérieur du crâne telles que les palatins formés chacun par un point d’ossification , l’omoïde , l'etmoïde formés au moins de trois points d’ossificalion, sont moins consistans que le reste de (19 ) la tête. Les vertebres dorsales ont bien acquis leur forme, mais pas encore toute leur solidité. L’ilewm est privé d’une grande portion de sa partie postérieure. Aucun des os du bassin n'est parvenu à son entier développement. Les cinq points osseux du séernum sont réunis, mais le brichet est encore membranéux dans sa partie postérieure, Les os des extrémités ont acquis leur forme et presque toute leur solidité. La rotule est aussi presque complète. L'osselet sesamoïde de l’épaule ne se développe pas chez le poulet où le peu d'usage de l'aile ne nécessite pas son existence. Les petits os sesamoïdes des phalanges présentent chacun un point d'ossification particulier. » 12° Du poulet de cent quarante jours , terme de l'accroissement du squelette. Tous les os de La tête sont formés et soudés. La cloison des orbites est achevée. Les cornets de l’etmoïde se sont faiblement chargés de molé- cules terreuses. Chez un grand nombre d'oiseaux la sépa- ration des orbites n’est jamais parfaite et les cornets restent cartilagineux. Les os du bassin ont acquis leur forme. Leur suture n’esi pas encore tout-à-fait achevée, Les rudi- mens de la dernière vertèbre caudale sont réunis en une seule pièce, Le brichet et la crête antérieure du sternum sont achevés. On voit par tout ce qui précède, que: 1° ledéveloppe- ment extra-ovulaire du système osseux est infiniment plus lent que son évolution fœtale; 2° que les os plats, et no- tamment ceux du bassin, sont beaucoup plus tardifs que les os longs; 3° que les pièces qui servent à la mastication et celles des extrémités se développent les premières et le plus promptement; 4° enfin que tout l'accroissement du squelette se fait de la périphérie vers la ligne médiane. Aussitôt que les os s’approchent du terme de leur évo- ( 180 ) lution, l'air qui s'est borné jusqu'ici à remplir les huit poches pneumatiques de la cavité pectoro-abdominale pé- nêtre dans leur intérieur, de sorte que la pneumaticité augmente à mesure que les pièces osseuses marchent vers leur entier développement. Aussitôt le développement ter- miné, les os commencent lentement à s’endurcir, à être de plus en plus privés de liquides, phénomène dont la marche est certainement aussi régulière que celle du dé- veloppement dont nous venons de faire l'histoire , et sur laquelle on ne possède encore aucun document précis. . Physique sociale. — (Influence de l’âge sur l’aliénation mentale et sur le penchant au crime, note communiquée par M. Quetelet.) « En m'occupant de l’homme et du développement de ses faculiés, je me suis attaché à présenter le peu de documens que la science possédait sur l’âge où l’aliénalion mentale se manifeste le plus fréquemment (1). Les documens de Paris, de Caen et de la Norwège, les seuls que je fusse parvenu à me procurer, s’accordaient à montrer que c’est surlout vers. l’âge de 30 à 40 ans que l’on trouve le plus d'aliénés ; afin de rendre leurs résultats comparables, j'ai représenté par l'unité la totalité des aliénés, et les nombres proportionnels aux différens âges ont été les suivans : PARIS. GAEN. LA NORWÈGE. Avant 20 ans. 0,06 0,03 0,17 de 20 à 30 0,20 0,17 0,19 de 30 à 40 0,24 0,29 0,21 de 40 à 50 0,22 0,25 0,16 de 50 à 60 0,14 0,17 0,13 Au-dessus de 60 ans. 0,14 _ 0,09 0,14 (4) Sur l’homme, etc, liv. LIT, chap. 1, 62. ( 181 ) Depuis la publication de l'ouvrage où j'ai consigné ces recherches , j'ai obtenu , par l’obligeante entremise de Sir Ch. Morgan, des détails fort intéressans sur la statistique des hospices des aliénés en Irlande, recueillis par M. Radcliffe. Parmi ces renseignemens se trouve un tableau de 5,021 aliénés dont les âges ont élé relevés sur les registres des hospices. J'ai trouvé, d’une autre part, dans l'ouvrage de M. Porter , Tables of the revenue, population, etc., pour 1834, un état des aliénés à l’hospice de Bethlem, qui présente également des renseignemens sur les âges des aliénés qui ont été admis dans cet établis- sement et qui n'étaient point considérés comme incurables. D'après cet état DANS LES ANNÉES ON COMPTAIT: AGE MOYEN DES ALIÉNÉS. 1830 201 aliénés. 37 ans. 1831 212 35 1832 163 37 1833 184 36 1834 217 36 Le séjour moyen de ces aliénés était de 204 jours. On trouvera les âges de 977 de ces malades dans le tableau suivant, où nous avons aussi présenté les documens de l'Irlande. HOSPICE DE BETHLEM, HOSPICES D'IRLANDE. a, mn, ALIÉNÉS. NOMBRE PROP, ALIÉNÉS, NOMBRE PROP. Avant 20 ans 61 0,06 500 0,10 de 20 à 30 261 0,27 1551 0,31 de 30 à 40 292 0,30 1284 0,25 de 40 à 50 203 0,21 939 0,19 de 50 à 60 107 0,11 609 0,12 au-dessus de 60 uns 53 0,05 138 0,03 ——— —_ —_, | —_— 977 1,00 5021 1,00 ( 182 ) » On peut voir que les nombres de Bethlem s'accordent bien avec ceux de la France et de la Norwège , et que c'est entre 30 et 40 ans que. l'on a compté le plus d’aliénés ; pour l'Irlande , le maximum s’est présenté un peu plus tôt. » De ce que l’on trouve généralement plus d’aliénés de 30 à 40'ans, il ne faut päs conclure que cet âge soit le plus exposé aux invasions de la maladie. Pour déterminer l’âge critique , il faut tenir compte de la population et du nombre des individus qui entrent dans chaque catégorie établie dans nos tableaux, or en prenant des nombres moyens pour les pays que nous considérons, on a Moyenne des aliénés Distribution Rapport des aliénés des cinq tableaux de la à la précédens. population. population. Avant 20 ans 0,08 0,40 0,20 de 20 à 30 0,23 . 0,17 1,35 de 30 à 40 0,26 0,14 1,86 de 40 à 50 0,21 0,11 1,91 de 50 à 60 0,13 0,09 1,44 au-dessus de 60 ans 0,09 0,09 1,00 1,00 1,00 moy. 1,00 » Aïnsi, en tenant compte de la population, et s'il est permis de généraliser les résultats précédens , c’est entre 40 à 50 ans ou plutôt c’est a 40 ans que l’homme est le plus exposé a l’aliénation mentale. J'ai fait voir, dans mon Æ'ssui de physique sociale, que c’est aussi vers cetâge que l'Angleterre et la France ont produit le plus de chefs- d'œuvre dramatiques; seulement , sous ce rapport, l'Angle- terre est encore un peu plus précoce que la France; faut-il en conclure que l’esprit humain éprouve des maladies qui se développent en raison de sa force ou de l’exercice qu'on en fait ?C’est encore un problème dont la solution intéresse ( 185 ) vivement la société et que la théorie des probabilités, basée sur une saine observation, parviendra sans doute à débrouiller un jour. » Il est une autre question qui se rattache aux précéden- tes, et qui offre peut-être un intérêt plus direct pour la société, c’est de savoir l'influence qu’exerce l’âge sur le pen- chant au crime, J'ai déjà montré depuis plusieurs années, et les documens des années suivantes n’ont fait que confir- mer qu’en France , non-seulement les nombres de crimes commis à chaque âge, conservent à peu près inyariable- ment les mêmes rapports, mais encore que ces rapports, bien que différens, conservent leur constance, en établis- sant une distinction pour la nature des crimes ou pour le sexe des coupables. » Les documens de la Belgique sont venus prouver, depuis, que cetle constance s’observe aussi chez nous, et que de plus les rapports entre les accusés de chaque âge sont à peu près identiquement les mêmes pour les deux pays (1). De cette identité de résultats, il faut donc conclure ou qu’elle se reproduit pour ainsi dire miraculeusement chaque‘année, ou qu’elle trouve sa cause dans une presque identité d'organisation sociale, du moins en ce qui con- cerne le crime. J'ai fait remarquer même que ces phéno- mènes moraux se reproduisent avec plus de constance que certains phénomènes physiques. » Les documens de la statistique criminelle du grand duché de Bade viennent d’être publiés (2) ; ils vont nous (1) Pssai sur l’homme , etc. (2) Uebersicht der strafrechtspflege, etc., in-4o, Carlsruhe 1834. En me communiquant cet ouvrage remarquable, le célèbre juriscon- sulte Mittermaier a bien voulu y joindre son jugement sur la nature des (184) présenter également des renseignemens sur les âges des accusés, et ici encore nous retrouverons une presqu'iden- tité de nombres, comme on en pourra juger par le tableau qui suit : | | DUCHÉ DE BADE, 1833. FRANCE EE or + AGE DES ACCUSÉS. NOMBRE DES ACCUSÉS. NOMBRE PROP. 1826-1829. 14 à 18 93 0,06 [4 18 à 30 784 0,48 0,08: (1) * 30 à 40 381 0,24 0,23 40 à 50 211 0,13 0,14 50 à 60 106 0,07 0,06 60 à 70 33 0,02 _ 0,03 70 et plus: 1 0,00 0,01 1609 1,00 1,00 » Que faut-il conclure de tant de documens qui s'ac- cordent d’une manière si étonnante, sans même recourir à de grands nombres?{Faut-il nier d’une maniére absolue le libre arbitre des individus ou admettre qu'il est sans influence, quand on considère les phénomènes sociaux d'une manière générale, à peu près comme dans les ’ recherches qui nous occupent. « Je suis convaincu, m’écrivait-il, que la manière dont vous envisagez les choses , en combinant les faits, est la seule par laquelle on peut espérer: de pénétrer dans les mystères de la nature. Toutes mes recherches sur la nature des crimes parviennent aux mêmes résultats que les vôtres , et les conséquences que le législateur en peut tirer , sont de la plus haute importance , c’est une triste vérité que vous professez dans votre ouvrage (vol IL, p. 325), que la société prépare le crime. Cette vérité est démontrée principalement par la statistique des récidives. » (1) Les tableaux de la France n’ont pas la même classification pour les âges. (485 ) phénomènes physiques où les actions et réactions internes d’un système, ne troublent point la marche du centre de gravité ? C’est au moins ce qui semble résulter de l’obser- valion, à moins qu’on ne rejette aveuglément tout ce qu’elle nous enseigne. » Ce qui me semble devoir apporter des modifications dans les résultats des différentes années, ce ne sont pas les effetsdu libre arbitre en tant qu’il agitactuellement , mais bien les changemens que reçoit graduellement la société, par les réformes successives de ses institutions , ainsi que par les fluctuations qu'éprouvent ses mœurs et ses besoins, et fort heureusement ces changemens s’opérent avec une lenteur extrême. Si l'état social pouvait varier d’une maniere, brusque, si les effets du libre arbitre venaient déranger incessamment nos prévisions fondées sur la con- naissance du passé, à quoi nous serviraient de combiner des institutions sages ou de songer à réformer notre législation? L'expérience nous apprendra de plus en plus qu'avec une même organisation sociale, on pourra compiler annuelle- ment sur une même Scprodnetion de phénomènes moraux. Il peut survenir sans doute des changemens brusques, des révolutions qui modifieront momentanément le cours ordinaire des choses ou dont les conséquences pourront même lui faire subir des modifications durables ; mais il en est ici comme des pestes et des famines, relativement à la mortalité. Les perturbations qu’une épidémie peut faire subir aux opérations des sociétés d'assurances sur la vie, ou les changemens de durée de la vie moyenne, feront-elles rejeter les tables sur lesquelles sont basées leurs spéculations ? Il y a plus, une révolution ou toute autre grande secousse sociale, peuvent se prévoir jusqu’à un certain point, landis qu’il n’en est pas de même d’une ( 186 ) peste ou de la plupart des autres fléaux destructeurs de l'humanité. Chaque pays a sa table de mortalité, comme chaque pays doit avoir sa table pour le penchant au crime, Les nuances que l’on rencontre en passant d'un peuple à l’autre, dépendent de son organisation sociale. Ainsi, après avoir observé, quant à l'influence de l’âge sur le crime, les mêmes résultats en France, en Belgique et dans le duché de Bade, il n’en faut pas conclure que nous trouve- rons nécessairement encore les mêmes résultats en Angle- terre; nous pourrons en trouver d’autres, mais je ne craindrais pas d'affirmer que les nombres de 1836 se reproduiront en 1836, comme ceux de France se sont successivement reproduits d'année en année; en admettant toujours que l’état social n’éprouve pas de modifications sensibles. ; » M. Porter, à qui l'on doit des publications très-impor- tantes sur la statistique, vient de donner pour la premiére fois des tableaux détaillés, présentant les âges des accusés pour toute l'Angleterre, en 1834 ( Tables shewing the number of criminals offenders in the year 1834, etc.); et ses résultats, comme nous allons voir, s'accordent avec ceux de France , de Belgique et du duché de Bade, pour reporter vers le même âge le maximum du nombre des criminels. ANGLETERRE EN 1834. FRANCE, EE . CR. 2 AGES DES ACGUSÉS. AGGUSÉS. NOMBRE PROP. 1826-1829. Au-dessous de 16 ans 2604 0,12 0,02 16 à 21 6473 0,29 0,16 21 à 30 7069 0,32 0,35 30 à 40 3146 0,15 0,23 40 à 5) 1525 0,07 0,14 50 à 60 686 0,03 0,06 60 et plus. 303 0,02 0,04 21806 1,00 1,00 ( 187 ) » Ge qui introduit une différence remarquable entre les tables d'Angleterre et de France, c’est le grand nombre des jeunes accusés qu'on trouve dans le premier pays comparativement au second. Cela tient, d’une part, à ce que les tribunaux anglais jugent aussi la plupart des crimes qui, èn France, sont portés au correctionnel. Or, devant ces derniers tribunaux, il paraît proportionnelle- nient bien plus de jeunes accusés que devant les tribunaux criminels. D'une autre part, il est une classe de criminels, en Angléterre, qui dressent les enfans comme des instru- mens pour le vol et la filouterie (1). Mais sans tenir compte de ces deux causes, ni des autres nuances qui rendent les rapprochemens si difficiles entre deux pays qui sont sous l'influence de lois et d'institutions très-différentes, je crois n'avoir à modifier en rien celte proposition, par laquelle je terminais , il y a plusieurs années, des recherches sur le penchant au crime, que l'Académie a bien voulu insérer dans lé tome VII de ses Mémoires. « Ce funeste penchant semble sedévelopper en raison de l'intensité de la force physique et-des passions de l’homme ; il atteint son maæi- mum vers l'âge de 25 ans, époque où le développement physique est à peu près terminé. Le développement intel- lectuel et moral qui s'opère avec plus de lenteur, amortit ensuite le penchant au crime, qui diminue encore, plus tard, par l'affaiblissement de la force physique et des passions. » (1) Une cause qui doit également influer sur les résultats , c’est que la population anglaise compte , toutes choses égales, plus d’enfans que la population française ; il résulte en effet des tables des deux pays , qu’en Angleterre , pour 100 enfans au-dessous de 15 ans , on ne compte que 150 individus adultes , taadis qu'on en compte plus de 200 en France. ( 188 ) Chimie. — M. Martens a présenté à l'Académie un mé- moire sur les composés décolorans du chlore, faisant suite au mémoire présenté en janvier 1834 , et couronné au mois de mai de la même année. Dans ce dernier mémoire, il avait publié des expériences et présenté des argumens qui tendaient à faire croire que les chlorures décolorans ne pouvaient être considérés que comme des combinaisons fai- bles de chlore et d’oxides basiques. Peu de temps après, le travail de M. Balard de Montpellier vint de nouveau mettre la question en doute, et par sa belle découverte de l’oxide hypochloreux et des hypochlorites décolorans, il paraissait avoir prouvé le contraire de ce que l’auteur avait avancé, savoir que les chlorures décolorans devaient être considé- rés comme des mélanges d'hypochlorites et de chlorures, conformément à l'hypothèse de Berzelius. En reprenant son premier travailet en coniparant les propriétés des hypochlo- rites avec les chlorures décolorans, M. Martens est arrivé à des résultats qui, suivant lui, ne permettent pas de con- fondre les deux composés, et qui tendent à confirmer l’an- cienne manière de voir sur la composition des chlorures d’oxides. Dans l'impossibilité de faire une analyse précise de ce travail, nous allons seulement indiquer, d’après l’auteur, les principaux faits qu'il renferme et qui sont établis sur des expériences consignées dans le mémoire en question. « Les principaux faits que je crois avoir établis par mes expériences , dans le Mémoire présenté à l’Académie, le 7 mai 1836, sont les suivans : 1° Le bioxide de chlore de certains chimistes, doit être rangé parmi les acides, sous le nom d'acide chloreux : il forme des composés plus ou moins neutres avec les oxides alcalins composés, qu’il convient de désigner sous le nom ( 189 ) de chlorites , et qui se décompôsent par presque tous Îles acides avec effervescence d’acide chloreux. 20 Les chlorites peuvent être obtenus à l'état solide par évaporation, sans qu'ils se décomposent, pourvu qu'ils soient avec excès de base, ou, ce qui est plus exact, qu'ils offrent une réaction alcaline ; mais lorsqu'ils sont saturés d'acide chloreux au point d’être neutres au papier de lour- nesol , ils se décomposent lors de la concentration ou de l'évaporation de leur solution en chlorates et chlorures à la manière des chlorures d’oxides, avec cette différence qu'ils donnent proportionnellement beaucoup plus de chlorate que ces derniers. 3° Les chlorites ont une action décolorante et oxidante très-énergique à l'instar des chlorures d’oxides ou des hy- pochlorites découverts par Balard. Ceux qui ne sont pas saturés d'acide chloreux ne décolorent que par l'inter- vention d’un acide; mais les autres décolorent instantané- ment, comme le chlore libre. & Les chlorites, lors même qu'ils sont mêlés de chlo- rures métalliques, présentent toujours des propriétés caractéristiques qui les distinguent des chlorures d'oxides décolorans, et entre autres celle de donner lieu à un dégagement d’acide chloreux par l'addition des acides, au lieu de chlore pur que donnent dans les mêmes circons- tances les chlorures d’oxides. | 5° Les chlorites sont analogues aux hypochlorites de Balard, sous le rapport de leur vertu décolorante et oxidante ; mais ils sont beaucoup plus stables. 6° Siles hypochlorites mêlés de chlorures métalliques ne dégagent que du chlore par l'addition des acides, comme Balard l'a fort bien observé, et sont, sous ce rapport, com- parables aux chlorures d’oxides décolorans , il ne faut pas ( 190 ) en inférer que leur composition chimique soit la même, puisque l'acide hypochloreux lui-même en réagissant sur un chlorure métallique ne dégage que du chlore. On peut d’ailleurs assimiler ce phénomène à celui de diverses autres réactions chimiques analogues, et entre autres au fait constaté depuis long-temps par M. Gay - Lussac, qu'un mélange d'iodate et d'iodure de potassium laisse précipiter de l'iode par les acides les plus faibles, et à celui que nous présente un mélange de chlorate et de chlorure de potassium, qui se décompose trés-facilement avec dégagement simultané d'acide chloreux et de chlore, sous l'influence d’acides assez étendus pour ne pas avoir d'action sur chacun des composés du mélange pris séparé- ment. Toutes ces réactions se représentent et s'appliquent très-aisément par les formules atomistiques. 7° La distillation des chlorures de potasse et de soude sur- saturés de chlore, produit de l’acide hypochloreux, en lais- sant pour résidu un chlorure métallique neutre; ce qui four- nit un nouveau moyen d'obtenir cet acide , que l’on n’avait cru se former jusqu'ici que dans l’action de certain soxides métalliques insolubles sur le chlore par la voie humide, 8° L’oxide rouge de mercure ne présente tant d’avan- tages pour la préparation de l’acide hypochloreux, que parce qu'il peut donner naissance à un oxido-chlorure insoluble, ce qui rend le chlorure d’oxide de mercure, quoique facile à obtenir ; très-peu stable et en détermine aisément la transformation en acide hypochloreux et en oxido-chlorure insoluble ; de sorte que ce chlorure d’oxide peut donner lieu à la production de l'acide hypochloreux, sans être sursaluré de chlore. 9 Les chlorures décolorans de potasse et de soude, lorsqu'ils sont avec excès de base, peuvent être évaporés (191) sans se décomposer et, même chauffés jusqu'a 100°, sans perdre de leur vertu dei ce qui est le contraire des hypochlorites et montre raie que leur composition doit être différente. 10° La production d’acide hypochloreux par la distilla- tion des chlorures de potasse et de soude sursaturés de chlore, sans résidu alcalin, ne peut guëre se concevoir dans l'hypothèse que ces chlorures décolorans consiste- raient en hypochlorates mélés de chlorures métalliques, tandis qu’elle se déduit facilement de la composition primitivement accordée aux chlorures d’oxides. » Électricité. — M. Gloesener , professeur extraordinaire à l'Université de Liége, fait parvenir à l'Académie la suite de sa notice sur le principe fondamental des phénomènes électromagnétiques, en même temps qu’une démonstration générale et élémentaire du parallélogramme des forces. Commissaires : MM, Martens , Pagani et Crahay. | Histoire nationale. — M. le baron De Reiïffenberg lit la notice suivante sur une croisade ou expédition projetée par l'un des fils du comte d’'Egmont. & Le nom d'Egmont est un des plus beaux de notre his- toire; les souverains de la Gueldre l’ont porté, mais son illustration vient surtout de la plus éclatante victime de nos troubles du XVI: siècle. Le vainquenr de Gravelines et de StQuentin ayant rendu le dernier soupir sur un échaffaud, on voit avec indifférence ses titres et ses biens passer aux Pignatetti et de nos jours tomber en partie aux mains d’une comédienne. Cette race illustre ne méritait cependant pas Voubli, même aprés l'extinction du plus célèbre de ses chefs , et l'onpourrait facilement trouver dans ses fastes des traits honorables , des anecdotes dignes d’être recueillies. (192 ) » Le second fils du comte d'Egmont s'appelait Lamoral comme lui. Trente-six ans après le supplice de l’auteur de ses jours, il lui vint la plus étrange des idées. Ses af- faires étaient vraisemblablement dérangées et sa foi assez chancelante. Pour réparer les unes et rassurer l’autre, il projeta d’aller dans le nouveau monde, à la recherche d’un pays dont il convertirait les habitans au christianisme (ses propres paroles semblent indiquer le christianisme réfor- mé), et dont il se ferait souverain, sans cependant ravir rien à qui que ce fût, quoique, dit-il, ses pertes parussent l'y autoriser. Le projet conçu au mois de septembre 1604, devait s’exécuter l’année suivante. Un manuscrit grand in- folio , de 64 feuillets dorés sur tranche et reliés en cuir, contient toutes les pièces originales concernant cette expé- dilion ou celte espèce de croisade. M. Errembault Du Mais- nil, de Tournay, a bien voulu m'’en faire communication, et je le mets sous les yeux de l’Académie. » Ce manuscrit contient d’abord les considérans et l'énoncé du projet en ces termes : » LAMORAL, COMTE D'EGMONT, PRINGE DE GAVRE ET DE STENHUISEN, ETC: » CGerlifions à tous qu'il appartiendra ; qu'ayant esté long-temps inutil par l'abondance des affaires qui nous sont survenues , sans nous pouvoir employer en chose digne de nostre qualité, nous nous sommes enfin résoluz d'entreprendre quelque desseing, par le labeur duquel nous puissions réparer la perte du temps perdu. Et consi- dérant qu'il n’y a rien semblable soubs le ciel que de faire résonner la louenge de Dieu jusques aux boutz de la terre el n'ayant honte de l’évangille, enseigner partout un Jé- sus-Christ crucifié, scachans bien de quel loyer Dieu ré- compense ceux qui tâchent de le servir et agréer; nous ( 198 ) nous sommes enfin résoluz d'entreprendre un voyage au mois de{en blanc) prochain, venant vers certaines parties non encore habitées des crestiens et à l’exaltation dudict nom, y mener une colonie pour y habiter et peupler etamener ces pouvyres ames esgarées à la congnoïissance de Dieu. Et pour mettre aussy une infinité de pouvres affligez de l'Europe en repos, lesquelz pour la cherté des terres et des vivres ne peuvent quasy substenter leur pouvre vye, car là mesme où le trafhcq abonde , c’est la où est la plus grande charté et nécessité de toutes choses. Et aussy pour asoufir ceste fin (faim) d'en avoir, qui faict tant de choses audacieusement entreprendre, et donner contentement d'esprit à d’autres _ de plus grande faculté et estoffe, qui peut estre par chan- gement de terre pourront aussy changer d'humeur, mais principallement pour jouyr en ces déserts de la simplicité de la vye ancienne et imiter la pureté de la primitive église, avecq liberté de conscience à tous ceux qui tien- dront foy orthodoxe et qui se pourra défendre par l’écri- ture sainte, prians Dieu ne jamais favoriser nos entreprises, si ainsy n’est; et non plus voler et ravir à personne les biens qui leurs (sic) appartiennent , encores qu'il n’y a personne qui le peut faire plus légitimement que nous qui avons receu des pertes et des dommages de tous costez; et d’au- tant que nous scavons qu’il y a trois causes principales qui guident les actions humaines, savoir l'honneur, le plaisir et le prouflit, nous avons trouvé à propos, pour contenter les ames bien nées, satisfaire à ces trois points, premiè-- rement asseurer un chascun qu'ils recevront récompense d'honneur selon leur qualité et mérite, secondement que nous avons choisy une des partyés la plus fleurissante et abondante en toutes choses appartenantes à la vye humaine, et latplus saine et serrene d'air quise puisse désirer, tier- Tow. x. 14 (194 ) cement qu'en ce qui regarde le prouffit que nous leurs feronstelle répartition de terre qu'ilz diront eux-mesmes d'en avoir suffisament selon leur mérite et qualité, sans compter une infinité de marchandises et denrées dont se pourra faire un grand commerce. Or d'autant que nous ne pouvons vacquer à toutes choses ét traicter ‘avec ün chas- cun, nous sommes résoluz de commettre et députer quel- ques-uns intentionez de faire mesme voyage , pour en- rouller (enréler), et ce'en la ville de À. jusques au nombre de mil ou douze cents hommes , c’est-à-dire, des pouvres qui ne se pourront passer à leurs despens n'y faire auleuns frais , à la nécessité desquelz et aus choses nécessaires pour le voyageil sera par nous pourveu. Lesquelz nous entendons estre la plus part gens de mestier et de fabricque et de l'or- dre des moindres habitans de la ville principale que nous faisons estat de bastir , en laquelle'ilz auront maisons äu premier rang des carrefours de ladicte ville, seulémént subjects à capitaines d’entr’eux en ce qui concerne l’ordre militaire pour la garde et tuition de la ceinture de la ville, et au reste subjects à magistrats comme les autres qui auront vingt mesures de terres ; lesquelz capitaines seront par nous choisis d’entr'eux; et monstrans leur naturelle inch- nation et affection par leur comportement seront gratifiéz ou demis tout ainsy que bon nous sembléra. Outre ce que nous avons délibéré de récompenser tous ceulx qui vieh- dront la première année en la terre, des condilions ey après plus amplement déclarées. A'scavoir que quiconque d’entr'eux fera les frais de cent cinquante florins pour 8e passer et son mesnage par delà, ét dés choses nécessaires dont lesdicts commissaires leur donneront advis, sera ré- compensé de soixante mesures de terre, avec tittre de bour- geoisye et la place pour bastir une maison en la ville‘au ( 195 ) second rang des carrefours. Quiconque d'entr’eux fera les frais de trois cens florins pour passage et des choses né- cessaires selon l’advis que dessus, sera récompensé de cent mesures de terre, avec tilire de citoyen‘;'et place pour bastir une maison enla ville au troisiesme rang des carre- fours ; et quiconque pourra faire les frais de la somme de six cens florins, en amenant à ses despens avec son mesnage six autres pouvres mesnages pour habiter: les champs, furnis des choses nécessaires selon l'advis que dessus, aura deux cens mesnres de terre dont il pourra faire part ausdictz mesnages , chascun dix mesures de terre pour le plus. Et un tel homme sera faict noble et se pourra intituler écuyer et aura oultre sa maison aux champs, place pour bastir une maison en la ville aux coings du second rang des carrefours. Quiconque pourra faire les frais de douze cens florins y amenant à ses despens avecq son mesnage douze aultres pouvres mesnages pour habiter les champs, fornis des choses nécessaires selon l’advis que dessus, aura quatre cens mesures de terre dont il pourra aussy faire part ausdictz mesnages, chascun dix mesures de terre pour le plus ; el'un tel sera faict chevallier, ayant place pour bastir une maison , oultre celle des champs, en la ville aux coings du troisième rang des carrefours. » Pour les aultres qui excéderont ledict nombre de mesnages et laditte qualité et moyens, nons avons à nous mesmes réservé le traicté avec eux, car s’il y en aväit qui en pourroient amenér cincquante ou cent mesnages aux despenses de leur compaignie , nous leur pérmietrons bastir villes ou bourgades à part; là où ils se pourront gouverner par leur magistrat, en nous donnant annuelle recognois- sance comme au seigneur propriétaire. » Et pour ceux qui viendront les aultres années aprés, ( 196 ) nous y pourvoyerons tellement que chascun aura conten- tement, non toutes fois en telz priviiéges comme ceulx du premier voyage: ti .» Quant à ce:qui regarde .lés lois et police, nous en avons desjà conceu dé telles que nous asseurons que chas- cun les aura pour agréables. Toutesfois avant qu'elles soient arrestées, elles seront examinées par les plus: ha- biles et entendus d’entr'eux, pour librement dire leur advis , prians un chascun qui veut estre de la:compaignie, par les entrailles de la miséricorde de Dieu, de ne se point adonner ny affectionner à ces faux biens, maisen user mo- destement; et y vouloir plus tost venir pour s’exémpter de n’en avoir jamais bésoing ; car le pays:eslant abondant nour- rira bien noz enfans et les enfans de noz enfans ; sans nous mettreen tellesollicitudeet soing pourleseslever comme fai- sons icy. Supplyans tous princes, polentatz et républicques aux oreilles de qui nostre ditte intention pourra parvenir, d’avoir en favorable recommandation et nous prester toute faveur et assistance, comme chose qui indubitablement leurs apportera la descharge de plusieurs pouvres subjetz (et) la bénédiction de ce grand dieu duquel nous implorons de bon cœur le secours. Donné à... ce sixième jour de septembre mille six cens quatre. | LAmoraz D'Ecmonr. Suit en latin l'évangile selon saint Jean. Tel était le plan de ce Champ d’Asile. Le prince de Gavre, avant d’avoir trouvé sa Parataria et construit sa petite. Sulente, se mettait, comme on l’a vu, à exercer d'avance l'autorité suprême, et se souvenant sans doute que ses ancêtres élaient souverains, il rendit d’abord pro- prio motu soixante-trois ordonnances , comme l'aurait pu (197 ) faire le roi des Espagnes, ordonnances! par lesquelles il formait sa maison .et conférait des dignités et des com- mandemens dans ses troupes futures. Ces patentes, toutes contenues dans le manuscrit, sont suivies d'acceptation en blanc comme elles pour la plupart. Cependant quelques- unes sont remplies et revêlues des signatures ‘des intéres- sés: Parmi ces dernières, on trouve avec surprise les noms de quelques gentilshommes respectables qui donnaient tête baissée dans les réveries du comte d'Egmont. Nous consignerons ici leurs noms avec l'indication des faveurs qui leur étaient promises. ff 1: Messire Philippe de Louchiers, PE de Solliers. = Le titre de connétable ; le pouvoir ‘de lever une com- pagnie de cinquante chevaux légers, trente-six lieues de terre en rondeur à ériger.en pairie ; de plus un traitement de 400 écus la première année ; de 800 la seconde et de 1200 les suivantes. 2. Messire de 4 ÿ de Mailly, sPgneur du Géo. — Le titre de grand-maître , le pouvoir de lever une com- pagnie de cinquante cheveaux légers, vingt-quatre lieues de terre en rondeur à ériger en pairie, plus un traitement de 400 écus la première année, 600 la seconde ei "800 les suivantes. Les patentes de gran-dmaréchal , de s nudité ét de grand écuyer n’ont pas été remplies.’ 3. Messire Cleriadus de Geneve, baron de la Basche. — Le titre de Grand échanson, permission de lever cin- quante chevaux légers, vingt-quatre lieues de pays en ron- deur à ériger en pairie, un traitement pareil à celui du grand-maître. hrs" L'office de grand panetier ne fut pas donné. 4. Messire François du Bosquet, — Le ütre de premier ( 198 ) maître d'hôtel, permission de. lever cinquante chevaux légers, 24 lieues de pays en rondeur, à ériger en pairie, traitement de 200 écus la première année, 300 la seconde, 7: les suivantes. | . Le sieur de Mauville, chevalier. — Même titre et mêmes avantages. 6. Le sieur Jean de Robaut. — Capitaine ti com- pagnie de cent hommes de pied au régiment des gardes, seize lieues de terre en rondeur, à ériger en comté, trai- tement de 200 écus la premiére année; 300 la seconde et 400 les suivantes. | 7. Le sieur Laurin de sapins Id. 8. Le:sieur Jean de aps Er se 0e voire d’As- selt. — Id. « | 9. Le sieur Joos, fiés de messire Adrien Errembault, dis seigneur dé Schipdael , etc. — Id. 10. Ze sieur Adrien Errembault, chanatien, ssÉgneer de Schipdael. — 1. 11. Le sieur Du Morin, écus yer, imaréehal de: Bou doigne. — I. l: 12. Le sieur. Georges dés Gb #É Une pe de cinquante hommes de pied, huit lieues de terrain en rondeur, à ériger en baronnie, 100 écus la première année, 150 la seconde et 200 les suivantes. ue 2° 13. Le sieur Lyon Hoston dit Gogniez, déuyer,=—1d. 14. Le sieur Carles de, Busleyden. — VW. 15. Le sieur J. de Lathem.— I. iERE 16. Jean Crul, receveur général se mes: en Cambresis: — 1. if 6 US L'expédition du” prince de Éntiés sa soahsttistt) sa cour et ses desseins philanthropiques n’eurent d'existence que dans le pays d'Utopie; terre immense, infinie et où il ( 199 ) est permis au premier venu aussi bien qu'à un petit-fils des ducs de Gueldre' et des rois de Frise!, d'élever des trônes et de fonder des empires. » — M. Dumortier communique une lettre qu’il a reçue de MM. Linden, Ghiesbrecht, Funk et Jaquet. Ces naturalistes sont arrivés à Rio Janeiro, le 20 décembre 1835, après une traversée de 85 jours. Aussitôt après leur arrivée au Brésil, ils se sont rendus chez MM. Mary chargé d’affaires du Gou- vernement belge et Thiberghien, consul , qui se sont em- pressés de leur donner tous les renseignemens relatifs au pays, et de demander aux autorités brésiliennes des permis pour faciliter leur voyage dans l'intérieur. Les voyageurs disent qu’ils se disposent à partir immédialement pour la colonie de la Nouvelle-Fribourg, d’où ils continueront leur voyage dans les provinces de Minas Geraës , Goyaz et Matto- grosso, qui offrent le plus d'intérêt aux sciences naturelles. Après ces lectures, l'académie s’est occupée du renou- vellement des commissions, soit pour l'examen. des mé- moires des membres, soit pour la présentation. des candidats dans la classe des sciences et dans celle des lettres. - L'Académie a résolu ensuite de reprendre la publication des extraits des manuscrits de lu bibliothèque de Bour- gogne , qu'elle avait été forcée de suspendre faute de fonds. Elle a également résolu que les médailles d’or, présen- tées comme prix de ses concours, seraient désormais de la valeur de 600 francs au lieu de 30 ducats. La séance a été terminée par l'élection du vice-directeur, et M. le baron de Stassart, directeur sortant, ayant réuni la grande majorité des suffrages, a été désigné comme directeur pour 1837. ( 200 ) M. De Gerlache, directeur pour 1836, est ensuité entré en fonctions et'a fixé l'époque de la prochaine séance au samedi 4 juin. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Memorias da academia R. das sciencias de Lisboa. Tomo XI, parte IL. In-fol. Lisbonne 1835. | Extrait du procès-verbal de la séance du 2 mars 1836 de la Commission royale d'histoire. 5° bulletin. In 8 br. Bulletins de la Société médicale de Gand. Feuilles 4, 5 et 6. a Annales de la Société des sciences médicales et natu- _ relles de Bruxelles. 2 broch. grand in-8°, 1836. Journal de la Société de la morale chrétienne. Tome 9, n° 3. Mémoires de la Sociëté royale des sciences, lettres et arts de Nancy, 1833-34. In-8. Nancy, 1835. Observations sur la révision du code pénal présenté aux chambres belges ; suivies d'un nouveau projet. Par J. J. Haus, professeur de droit à. l’université de Gand. 3 vol. in-8&, Gand 1835. Pihus: Exposition des produits de l'industrie Goigé en 1885. Broch. in-&e, VE 21) La Trompette française. 1"° livraison. Broch}in-8°. Derniers aperçus d'astronomie, par Demonville. Lettre lithographiée in-4°. Analectes belgiques ou recueil de pièces sédiolie mémoires , notices , faits et anecdotes, concernant l’his- toire des Pays-Bas , par M. Gachard. 1830, 1 vol. in-8°. Notice sur le dépôt des archives du royaume de Belgique, par M. Gachard. Décembre 1831. In-8°. ( 201 ) Collection et documens inédits concernant l’histoire de la Belgique , par le même. 1833, 1834, 1835. 3 v. in-8. Documens politiques et diplomatiques sur la révolu- tion belge de 1790 , par le même. Avril 1834. 1 vol. in-8°. _Lettre-sur la collection des manuscrits de Granvelle, conservés à Besançon , par le même. Décembre Es Broch. in-8, Mémoire sur les bollandistes et leurs travaux, spé- cialement depuis la suppression de l'ordre des jésuites, en 1773, jusqu'a leur réunion aux religieux de Ton- gerloo ‘en 1789:, par le même: 1835. Broch.in-8. Notice sur une collection de 180 volumes manuscrits concernant l'histoire de la Belgique, conservée à la bibliothéque du roi, à Paris ; par le même. Broch. in-8°. Notice historique sur les anciennes chambres ‘des comptes de la Belgique , par le même. 1836. In-fol. Rapport du jury départemental du Nord sur les pro- dits de l’industrie admis au concours de l'exposition publique en 1834, par M. Kuhlmann. Broch. in-4°. Enquête sur l'avant projet du chemin de fer de Paris à’ Lille. Broch. in-4°. Lille, 1835. Mémoire sur l'enquête concernant les houilles. Broch: in-4°. Lille, 1832. Mémoire sur la fabrication du pain, par Kahn Broch. in-8°. Lille, 1831. Notice sur les moyens de déterminer la qualité et la valeur de la garance ; par M. Kuhlmann. 1 feuille imp. Mémoire sur les principes colorans de la ris st Kuhlmann. Broch, in-8e, Instruction sur les formalités à observer pour la mise enactivité des machines à vapeur, par M. Kuhimann. In-8° broch. ( 202 ) Barr RAPPORT | A M. le Ministre de l'Intérieur sur les travaux dé l’Académie des sciences et belles-lettres de Bruxelles pendant l'annee 1835-1836. Moxsreur LE Minisrre, Déjà le mot patrie exerce sa magique influence sur les cœurs belges! En prenant sa place parmi les autres états de l'Europe, la Belgique est parvenue à 'sedonner un cachet distinctif; elle le doit surtout à cet esprit d’associa- tion qui ne peut jeter de profondes racines que dans les pays où la loyauté, la bonne foi, forme pour ainsi dire le type du caractère national. Cet esprit d'association fait parmi nous de rapides progrès. Notre industrie en a reçu la plus heureuse impulsion, mais elle.a puissamment été secondée aussi par les sciences qui s'appliquent à vivifier pour elle toutes les richesses de la nature. Si.les lettres ont un rôle moins flatteur à remplir, il est toutefois incontes- table que, dirigées vers les études historiques , elles peu- vent également contribuer à la prospérité commune. Les essais tentés, les efforts effectués àcet égard depuis quelque temps ont produit leurs fruits : nos anciennes institutions, chaque jour, sont mieux appréciées, les hauts faits de nos ancêtres plus connus, et les grands hommes dont se glo- rifie la Belgique commencent à devenir , ën quelque sorte, les objets d'un culte patriotique dont les résultats ne peu- vent manquer d’être favorables à la morale publique : l'enthousiasme qu’excitent les belles actions fait naître de ( 203 ) désir de les imiter, et c'est ainsi que se crée, que se fonde un, esprit national sans. Fes, il n existe point d' Por dance politique. :! «L'Académie , au miliéu. dr ce mouvement général , sent limpestance de sa mission; il me-suflira ; jé‘ctois, pour. vous en conÿaincre , de rappeler. succinctement: à votre souvenir, Monsieur le Ministre, les travaux qe déjà uos bulletins-vous ont fait. connaitre. | + La séance publique, dont MM. Quetelet, De Reiffenberg et Gauchy ont fait si convenablement les honneurs, a; me semble-t-il, été accueillie de la manière la plus encoura- geante. Les médailles que MM. Schayes, Martens, Galéotti, Déyaux et de St-Genoïs avaient obtenues aux concours de 1834 et de 1835, leur ont été remises en présence ‘d’un public dont les applaudissemens ont prouvé le plus vif intérêt pour leur triomphe. Ces solennités ; lorsqu'elles ne sont pas trop prodiguées, étendent, propagent, populari- sent, si je puis m'exprimer ainsi, le goût des sciences et des lettres. Il en est de même de ces paisibles confédéra- tions européennes où les savans se donnent rendez-vous pour échanger des idées et se communiquer d’utiles dé- couvertes. L'Académie de Bruxelles aété dignement repré- sentée aux congrès dé Bonn et de Douai. Un semblable congrès va s'ouvrir à Liége ; et le succès n’en est pas dou- teux; nousen avons pour garans les soins qu'y donne un de nos littérateurs les plus distingués, Nous avons fait, cette année, d’'heureuses ot MM. Crahay, Wesmael et Martens (1) ont été nommés membres effectifs de la classe des sciences; MM. Willems (1) M. Martens en remplacement du général Huguënin, mort à Ni: mègue le 7 novembre 1833. ( 204 ) et De Smet, membres effectifs de la classe d'histoire, Tous se recommandaient à nos suffrages par d'estimables, par d'importantes productions. M. Delmotte, que la mort vient de nous enlever (1), MM. de Ladoucette, Roulez, Cantraine, et Van de Weyer ont été mis au nombre de nos correspondans. Nous avons à nous applaudir de la disposi- tion réglémentaire qui permet aux correspondans d'assister à nos séances. Leur assiduité (je parle des régnicolés) nous a valu, notamment dela part de MM. Morren (2), Cantraïne, Dumont, Plateau ; Schmerling, Roulez et Delmotte |! d'in- téressantes notices dont se sont enrichis nos bulletins mensuels. Des questions d’une incontestable importance ont été; par eux et pardes savans étrangers à l'Académie, traitées dans des mémoires qui furent soumis à l'examen de MM. Van Mons, Kesteloot, Thiry,: d'Omalius, Garnier, Quetelet, Dandelin, Pagani , Cauchy, Dumortier, Sauveur, de Hemptinne, Fobmann, Lejeune, Crahay ; Wesmael, Martens , Cornelissen, De Reiïffenberg, Raoux, Marchal, Pycke, De Gerlache, Bekker, cbamgtidé j Un. j Willems et De Smet. :Indépendamment de rapports qui parfois sis a im- menses recherches, de rapports qui témoignent si honora- blément de l'amour désintéressé de leurs auteurs’ pour les sciences et les lettres, plusieurs de ces académiciens nous:ont fait:d’utiles communications, ainsi v* nos sise üns l’attestent. tal Ænioutre, M: Thiry a consigné d'excellentes vues: a éco- (1) A l’âge de 37 ans , le 7 mars 1836. (2) M. Morren a fait passer de l'anglais dans notre langue, avec élégance et précision, les Esquisses des principes d’horticulture de John Lindley Bruxelles, Dumont, 1835, vol. in-18 de xvi1:180 pages. EE eZ ” ( 205 ) nomie politique-dans son réglement pour la conservation du cadastre de la Belgique. 4, M. d'Omalius d'Halloy qui, tout en se préparant d'hono- rables souvenirs. dans la carrière administrative, a su mériter une réputation européenne par ses ouvrages sCien- tüifiques, vient. de publier la seconde édilion de ses Élémens de géologie. Nos Bulletins , V Annuaire de: l'Observatoire, V' An- nuaire, de l’Académie, les soins qu'a nécessairement exigés la publication du IX° volume de nos Mémoires et du X° volume des Mémoires couronnés, sont de nouvelles preuves du zèle et de l infatigable’a activité de M. Quetelet, notre secrétaire perpétuel. «M: Cauchy achève un travail dont le besoin se faisait sentir; c'est un Tableau synoptique des minéraux et des roches de la Belgique , considérés sous les rapports minérdlogique ; géologique, géographique et technolo- gique. | M. Philippe Vandermaelen , qui poursuit avec constance sa vaste entreprise du Dictionnaire géographique des provinces de la Belgique, a conçu l’idée d’une Statistique des lettres , des sciences et des beaux-arts en Belgique. Cet ouvrage ne sera pas sans influence sur l'avenir intel- lectuel de notre pays. M. Dumortier trouve le secret de faire marcher de front les travaux scientifiques et les discussions parlementaires auxquelles il ne cesse de prendre une part si active. Il ne faut, pour en être convaincu , que jeter les yeux sur les procès-verbaux de nos séances et sur la collection des mémoires de l’Académie; le dernier volume doit à notre célèbre botaniste deux morceaux remarquables et faits pour ajouter encore à sa réputation. ( 206 ) M. Cornelissen a fait imprimer , en dehors des recueils académiques , un Discours sur l’origine, les progrès et les vicissitudes de l'Académie royale de dessin, de peinture et d'architecture de Gand , depuis 1751 jus- qu'en 1835 ,et,sous le titre de Quelques fleurs sur un tombeau, une notice biographique sur Mussche, jardinier en chef de l'Université de Gand. Notre savant confrère a réuni, pour l'Académie, en quatre volumes enrichis de notes manuscrites, les dis- cours, les notices, les mémoires, qu'il a publiés dans différentes circonstances, et qui présentent , sur divers points de lhistoire belge; sur les beaux-arts et sur'la littérature , tant ancienne que moderne , d’ingénieux aperçus. Tout me porte à croire que cette collection, d'une piquante variété, serait bien reçue du public si M. Cornelissen se décidait à l’en faire jouir. M. le baron De Reiffenberg, dont l'absence excite parmi nous de vifs regrets, vient de rendre un nouveau service au pays par son édition de l’Æistoire des ducs de Bour- gogne, accompagnée de notes pleines d’érudition et de goût. Le succès qu'obtiennent en France comme en Belgique, et plus encore en France qu'en Belgique, ses charmantes chroniques ou légendes, intitulées le diman- che et le lundi, engageront sans doute leur spirituel auteur à remplir complétement le cadre qu'il s’est tracé. M. Marchal met la dernière main à son Cataloque des manuscrits de la bibliothèque de Bourgogne, ei bientôt les savans auront la jouissance de ce beau travail biblio- graphique. | 1-#390 M:Pycke s'occupe en ce moment d'un ouvrage sur les attributions politiques de nos anciens états de province ; ouvrage d'un ordre supérieur, et qui doit jeter un jour ( 207 ) lumineux sur l'histoire de nosinstitutions politiques. Le comte de Neny, l'anglais Shawet les autres publicistes qui ont parlé de cet objet, n’en ont donné que des notions incomplètes et superficielles. “M. de Gerlache nous a communiqué, pour le prochain volume de nos mémoires, une élégante traduction de quel- ques fragmens d’un manuscrit de Limuisis, 4) ph le Gouvernement. M. Willems ; comme membre de la commission d’his- toireparpublié;; en l’'acéompagnant d’uné introduction et de notesintéressantes, la chronique flimande de Van Heelu, relative à la bataille de Woeringen qui décida de la réunion du duché de Limbourg au Brabant. M. l'abbé De Smet, plus sévère pour lui-même que ne l’avaient été ses critiques, a revu de nouveau son Aistoire de la Belgique; la 4° édition vient de paraître. FRE * Un autre nom se présente encore à ma plume, mais il faut savoir respecter le modeste incognito que s'impose l'auteur d'une production ingénieuse, et dont le succès devient un véritable triomphe pour le bon goût. " Nos relations avec les principales sociétés savantes ac- quièrent, de jour en jour, plus de développement, et les livres présentés à l’Académie ont été plus nombreux cette année, que l’année précédente : l'énumération en serait fastidieuse ici, mais nous nous sommes fait un devoir de les indiquer dans les bulletins de nos séances. Parmi ces ouvrages, l’Académie a distingué particulièrement ceux que lui ont fait parvenir le doyen de l’école de droit de Paris, M. Blondeau , membre de l'institut et M. Doutrepont, belges tous les deux et fixés en France par suite des événe- mens politiques de 1814. Je ne dois pas oublier non plus les travaux d’un autre belge, M. Décaisne, qui cultive, à Paris, les sciences naturelles avec un succès remarquable. ( 208 ) L'Académie , qui s’est occupée plus qu’elle ne l'avait fait auparavant, de la numismatique et surtout de la numis- matique belge, forme un médaillier qui ne sera pas sans utilité pour ses études et qui pourrait, sile Gouvernement jugeait à propos de nous seconder, être à la longue d’un intérêt général. Rien ne contribue plus que les voyages aux progrès des sciences chez une nation. Vous l'avez senti, Monsieurle Ministre; c'est sous vos auspices que quatre jeunes belges , pleins d'espoir et d'avenir (1) sont partis pour explorer le Brésil; nos vœux les accompagnent dans cetle excursion qui promet d'être féconde en résultats. C’est au fond du Mexique qu'un de nos lauréats, M. Galéotii, recevra les encouragemens que vous avez pris, plaisir à lui décerner au nom du Roi, protecteur de l’Académie (2). Il y a tout lieu de croire qu’à son retour, et conformément à la pro- position que nous vous avons faile, vous le chargerez de dresser , avec M. Dumont, la carte géologique du royaume, attendue si impatiemment par nos industriels. Je n'étendrai pas davantage ce rapport ; je m'arrêle... Il serait superflu, Monsieur le Ministre , d'insister sur les services rendus par l'Académie, lorsque les Chambres Légis- latives, d'accord avec le Gouvernement, viennent deprouver d'une manière éclatante combien ils sont appréciés (3). Bruxelles , le 6 mai 1856. LE Baron DE STASSART. (1) MM, Jean Linden, Auguste Ghiesbrecht , François Goede et Nicolas Funck. (2) Une somme égale à la valeur de la médaille en or, remise à M. Ga- léotti père, le 16 décembre 1835. (Bulletins, t. II, n° 12, pag. 494.) (3) En doublant sa dotation au budget de l'État pour 1836, BULLETIN L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1836. — No 6. Séance du 4 juin 1836. M. De Gerlache, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. L'Académie des sciences, etc., du département de la Somme fait connaître , par l'intermédiaire de M. De la Mor- lière son secrélaire perpétuel, qu’elle vient de mettre à la disposition de l’Académie Royale de Bruxelles, le volume de ses mémoires pour l’année 1835. M. De Gerlache remet à l’Académie, de la part de la ré- gence de la ville d'Anvers, un exemplaire en bronze de la médaille frappée pour perpétuer le souvenir de l’inaugu- ration du chemin de fer à Anvers. M. Thiry présente également de la part de M. Braemt, graveur des monnaies, un exemplaire de la médaille frappée Tom. ri, 15 ( 210 ) pour inauguration du chemin de fer de Bruxelles à Anvers. Même hommage est fait par M. le baron De Stassart, de la part de M. Picard, d’une médaille en bronze à l'effigie de la princesse Anne Charlotte de Lorraine, sœur du prince Charles. M. J. G. Vloeberghs, pharmacien à Aerschot, transmet à l’Académie quelques détails sur la garance et sur la préparation des teintures où on l’emploie. Commissaires MM. Van Mons et Martens. M. L. Fumière de Mons, écrit à l’Académie pour lui soumettre quelques observations sur le jugement porté, à l'occasion du dernier concours, sur son mémoire relatif aux chemins vicinaux. L'auteur exprime en même temps le désir que l'Académie juge, son mémoire digne d’être communiqué au Gouvernement, à titre de renseignement pour le projet de loi sur les chemins vicinaux dont M. le Ministre a parlé récemment à la Chambre des Représentans. M. Bavier , major retrailé, transmet, par l’intermédiaire de M. le baron De Stassart, une notice sur l'emploi de l’air chaud dans les forges. Getle notice est renvoyée aux com- missaires nommés à la séance précédente pour l’examen du mémoire de M. Huart sur le même sujet. M. Van Mons en faisant hommage à l’Académie du tome second de son ouvrage sur les arbres fruitiers, lui fai parvenir une notice concernant le brouillard infect qui règne depuis quelque temps, et qui s’est manifesté d’une manière très-sensible à des intervalles assez rapprochés. COMMUNICATIONS. Physique sociale, — Influence de l’âge sur le penchant au crime, ( Addition à la note insérée dans le Bulletin pré- cédent par M. Quetelet.) Ç SAT ) « Chaque pays a sa table de mortalité, comme chaque » pays doit avoir sa table pour le penchant au crime, Les » nuances que l’on rencontre en passant d’un peuple à » lautre, dépendent de son organisation sociale. Ainsi, » après avoir observé, quant à l'influence de l’âge sur le » crime, les mêmes résultats en France, en Belgique et » dans le grand duché de Bade, il n’en faut pas conclure » que nous trouverons nécessairement encore les mêmes » résultats en Angleterre; nous pourrons en trouver d’au- » tres, mais Je ne craindrais pas d'affirmer que les nom- » bres de 1835 se reproduiront en 1836, comme ceux de » France se sont successivement reproduits d'année en » année; en admettant toujours que l’élat social n’éprouve » pas de modifications sensibles. » » En présentant ces réflexions à l’Académie, il y a un mois environ, j'étais loin de prévoir , je l’avoue, que les faits allaient presqu'immédiatement après confirmer mes asserlions de la manière la plus éclatante. Je citais alors les nombres proportionnels des criminels de chaque âge, tels qu'ils avaient été donnés par les documens statistiques de l'Angleterre pour 1834 ; et, en faisant remarquer qu'ils ne s’accordaient avec ceux de France, de Belgique et du grand duché de Bade que pour reporter vers 25 ans l’âge où l’on trouve le plus de criminels, je ne craignais pas d'affirmer que les discordances qui existaient sur d’au- tres points n'étaient pas accidentelles, mais le résultat de l’organisation sociale en Angleterre, de manière que cetle organisation n'ayant pas varié en passant de 1834 à 1835, on devait aussi voir se reproduire à peu près identiquement dans cette dernière année, les nombres obtenus pendant l'annéeprécédente. Les documens des tri- bunaux anglais pour 1835, que M. Porter a bien voulu (212 ) me faire parvenir, il y a quelques jours, vont décider la question. Voici les nombres extraits des deux publications : RAPPORT POUR CHAQUE AGE, TT AGE DES CRIMINELS. 1834. 1835. 12 ans et au-dessous , . . , . 1.78 1.67 12 à-16 ‘ans LSMMeON VAE ARONOISS 9.70 LOBAPL. in D, TARN SE SRI 29.65 SUB sie, M .0,2 RSR ST. 249 31.92 SONIA PONS RUE RR. cu NU 14.01 AORADO EN PE 0 FE, PI UE SE 67079 6.60 DD ANG rer en Morris tu 8108 3.24 Gp an-desause. 10e er, 1, chat ob 1.30 Age nonfconnu . + «. . * . . : 2:04 1.91 Total . . . . 100.00 100.00 « Ces résultats, qui différent assez sensiblement de ceux de France, s'accordent entre eux, comme l’on voit, d'une manière étonnante, surtout si l’on considère qu'il ne faut pas même recourir à ce que M. Poisson a nommé la Loi des grands nombres : on n'a compté en effet, pendant les deux années dont nous comparons les documens, que 22,451 et 20,731 criminels, ce qui donne, d’après M. Por- ter. 1 criminel par 619 habitans en 1834, 1 » 631 » 1835. La même constance s’observe en faisant la distinction de: sexes, car sur 100 criminels, on a compté: 84 hommes et 16 femmes en 1834. 83 » 17 » 1835. ( 215 ) La mème constance s’observe encore dans les autres rappro- chemens que l’on peut faire; ainsi, en établissant la dis- tinclion des crimes, on trouve: EN 1834, EN, 1835. Crimes contre les personnes. . . . . . . 10.94 9.72 » » les propriétés avec violence . 6.50 6,53 » » » sans violence . 73.97 74.66 Attentats à la propriété . . . . . . . . 0.72 0,75 ant jeto..: 5: Ne dpt DEA To) ox 1.92 1.78 Crimes qui ne sont pas dans les catégories récente es CE 2% 5.95 6.56 Total, .. :,...... 100.00 100.00 «Cette constance est certainement tout aussi grande que celle qu'on peut observer dans le nombre annuel des naissances ou des décès, et plus grande que celle que l’on peut remarquer dans la reproduction de certains phéno- mènes que l’on considère comme purement physiques; ainsi en Angleterre aussi, comme en France et comme en Belgique, on pourra dire: à est un budget qu’on paie avec une réqularité effrayante , c’est celui des prisons , des hagnes et des échafauds. Je le répète encore , parce que j'attache un grand prix à cette observation, ce qui se rattache à l'espèce humaine, considérée en masse, est de l'ordre des faits physiques; plus le nombre des individus que l’on observe est grand, plus les particularités indivi- duelles, soit physiques, soit morales, s’effacent et laissent prédominer , avec une constance de reproduction remar- quable, la série des phénomènes généraux en vertu desquels la société existe et se conserve. Dès lors, on doit concevoir la possibilité d'analyser d’une manière expérimentale les dif- ( 214 ) férentes facultés de l'homme; et ce qui nous manquera désormais, ce ne sont pas les méthodes analytiques , mais des observations faites avec soin et en assez grand nombre pour que leurs résultats présentent toutes les garanties dé- sirables. » Aurore boréale. — M. Quetelet annonce que M. Julius, qui se trouve en ce moment à Bruxelles, et qui vient de parcourir une grande partie de l'Amérique du nord , a été témoin de la belle aurore boréale dont il a été parlé dans les Bulletins de l’Académie, tome IIT, pag. 70 et 72, et que ce savant a bien voulu lui communiquer un extrait de son journal, concernant ce phénomène. D’après M. Julius, qui se trouvait alors dans les environs de Newhaven, l’au- rore boréale s’est montrée dans son plus grand éelat le 17 novembre (1835); les jets de lumière s’élendaient jusqu’au zénith : l'aiguille aimantée déclinait très-fortement vers l'ouest, et a subi jusqu’à 1° 50’ de variation en cinq mi- nutes de temps. Selon les observations dés professeurs OEmsted et Loomis, l'aurore boréale avait sa plus grande intensité au pôle magnétique. Le 18 novembre, quelques personnes crurent voir encore des traces d’uné aurore bo- réale; mais M. Julius n’a rien remarqué de semblable. Entomologie. — (Addition à la note de M. Wesmael, insérée dans le bulletin précédent.) «Dans la dernière séance de l’Académie, j'ai eu l'honneur de présenter la description d’un nouveau genre de Névrop- tères, le genre Malacomyze, en ayant soin de faire obser- ver que j'en avais établi les caractères sur l'inspection de deux individus mal conservés. Depuis lors, ayant pris dans le bois de La Cambre plusieurs individus de cette espèce , il ( 215 ) m'a été possible de compléter les caractères primitivement assignés. Ainsi, à la page 166 , après ces mots : Mandibulæ edentulæ, apice acutæ. Mandibules sans dents, aiguës à l'extrémité, ajoutez : Palporum maxillarium et labia- Palpes maxillaires et labiaux liumarticulus ultimus compressus, terminés par un article comprimé, elongato-subovatus , apice acutus. subové, alongé, aigu au bout. Prothorax brevis, Prothoraz court. NB. La Malacomyza Lactea a ordinairement les an- tennes de 30 ou 31 articles. (Poy. pl. 7, fig. 2, d. un palpe maxillaire. d'. un palpe labial. LECTURES. Astronomie. — (Note sur l'observation de l'éclipse de soleil du 15 mai, communiquée par M. Quetelet.) « Le temps a été très-favorable à l'observation de l’'é- clipse de soleil qui vient d’avoir lieu: L'air était seulement un peu vaporeux, mais il a permis de saisir cependant toutes les circonstances du phénomène. Le disque du soleil était couvert de taches nombreuses qui ont toutes été éclipsées successivement. J'avais eu l'intention de prendre dès le matin des mesures micrométriques, pour fixer les positions relatives de ces taches et pour les observer aux momens où elles seraient occultées et où elles reparaîtraient ensuite ; mais je dus, à mon grand regret , renoncer à ce dessein. Mon équatorial n'ayant pu être placé jusqu’à présent, à cause de la lenteur des travaux d’achévement de l’observa- toire, je dus faire usage d’un télescope réflecteur assez médiocre, donné à l'observatoire sous le gouvernement pré- cédent. Le télescope était muni d’un micromètlre, mais qui était dans un état tel, qu'il fallut renoncer à m’en ser- (216) vir. Je me suis donc vu forcé de dessiner les taches du soleil, sans détermination exacte, mais en conservant ce- pendant leurs positions respectives, de telle manière que les astronomes qui ont observé leurs occultations comme moi, pourront les reconnaître sans peine (voyez planche 7, fig. 1.) (1) » Le commencement et la fin de l’éclipse ont été vus mieux que je ne m'y attendais, et je crois les nombres ob- servés assez exacts. Je suis moins content des nombres rela- tifs aux taches, qui étaient généralement mal terminées et qui présentaient des bords anguleux. Les estimations ont eu lieu par rapport aux taches mêmes et non aux espèces de pénombres qui les entouraient, du moinsles plus grandes. » Le chronométre qui a servi aux observations est réglé au temps moyen, c’est le n° 979 de Molineux. Sa marche est très-satisfaisante et elle a été comparée avec soin , avant et après le phénomène, à la marche de la pendule placée près de la lunette méridienne et à celle d’un second chro- nomètre de Molineux. L’avance de ce chronomètre est assez considérable, parce que je n’ai pas cru devoir y toucher depuis plusieurs années. Dans le tableau qui suit, j'ai donné les nombres tels qu’ils ont été observés; et, dans la seconde colonne, se trouvent les nombres réduits en tenant compte de l'avance du chronomètre. » Le grossissement avec lequel j'ai observé le commence- ment de l’éclipse et l’occuliation de la tache a , était de 50 fois; toutes les autres observations ont été faites avec un grossissement de 90 fois. » (1) L'image du soleil est renversée et telle qu’on la voyait duns les lunettes astrondmiques. /% CE CR RE PRET À Duetelet: Del. ( 217) Éclipse du soleil et des taches de cet astre, le 15 mai 1836. Temps marqué Commencement de l’éclipse de soleil, à. . Tache a. Le milieu est à peu près éclipsé. — M. — — b. Commence à s’éclipser. b. Est éclipsée . . c. Commence à s’éclipser. D EATÉCIPRÉE 7. … | par le chronom. 2140’ 17’: . » 41 5 . » 54 2 . » 54 6 . 3 17 2 » 17 5 d. Le milieu est éclipsé ( très-pet. tac.) » 18 1 e. Commence à s’éclipser (1). e. Est éclipsée . . . f. Le milieu est éclipsé . g. Commence à s’éclipser. g. Est éclipsée . h. Commence à s’éclipser h. Est éclipsée . . . . i, Le milieuest éclipsé. . k. — — re LA — =. . Groupe n. Taches 1 et 2 s’éclipsent. n. Tache 3 s’éclipse . . ñn. Taches 4 et 5 s’éclipsent Tache 8. Commence à reparaitre b, Areparu . . c. Commence à reparaître. DAUANTEDATU … - (A-. - d. Le milieu reparait . e. Commence à reparaître. h. Cesse d’être éclipsée . g- — — : , (tache ronde, . .»s 215 » 22 2 . » 83 0 » 23 5 . » R4 8 . » 25 1 . » 26 0 . » 26 4 » 27 5 . » 82 5? » 34 4 » 40 4 .» 412 » 41 4 4 16 3 . » 16 4 . » 87 4 » 38 0 . » 88 À » 413? . » 4 3 » 43 0 Temps moyen à Bruxelles. 2k16" 0,5 » » » » 17 43 30 15. 30 42, 53 13. 53 39. 54 2. 57 46. 58 8. 58 55. 59 45. 0 15. 1 4. 1 47. 2 31. 3 38. 8 41. 10 32, 16 35. 17 2 17 30. 52 18. 52 30. 13 34. 13 54. 14 10. 17 21. 18 25. 18 55. 5 5 5 5 5 5 ü 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 ÿ + 4 4 4 4 4 4 4 (1) Les nombres marqués étaient 21/ 59’ et21/ 21//; il y a cvidemment erreur d'une minute dans l’un de ces nombres. SLI we ( 218 ) Temps marqué Temps moyen par Ie À Bruxelles. chronom, + 2 Le Tache i, Le milieureparaît . . . . . . 4 45 39 4 21 26. 4 — k. — = NON VE Te OLA EE » 22 24. 4 Groupe. Tache 1 reparaît, à . . . . .» 52 48 » 28 35. 4 RD D Die AUS MR ES MS MERE » 28 56. 4 NARE eee émet vaut Ve NN » 29 15 4 ui = Ai US M Slt, tt) EE 4 » 30 30. 4 ER. =" à Le EU T2 SIN » 31 9. 4 Tache z. Commence à reparaître , . . . 5 16 38 » 52 25. 4 Et 2 Aire. cas ne MULTI » 53 1. 4 Fin de l’éclipse de soleil. . . . . . . .n 24 0 » 59 47. 3 « Pendant l’éclipse, le thermomètre, exposé aux rayons du soleil, a sensiblement baissé; en observant sa marche, j'ai obtenu les résultats suivans : INDICATION DU THERM. CENT, Au moment du commencement de l’éclipse. . . . 260.2 RME UTER Du nc 0 lee is à SN ORNE 3 heures 30 minutes . . . . . . . . . . 20.4 minimum. 0 le 7 ie eu CU ne ONU EERrES SO MmINIES .— . 2/4, à et oc + à CRD ARTE ÉCHECS UNS Or A 200 Pendant l'éclipse, on observait aussi le thermomètre placé au nord et les autres instrumens météorologiques , et l’on a obtenu ces résultats : BAROM. TRERM. THEBM,. LIBRE. HYGROM. ÉTAT DU CIEL. RS ns. | À 1 heure 772.97 19.6 cent. 15°2 cent. 56.0 vaporeux. 2 heures 772.68 19.7 » 15,8 » 52.0 serein. 3 » 1/2 772.00 19,3 » 15.0 » 51.0 » 4 heures 771.89 102" a 147 » 52.5 » 4 » 12 771.75 19.0 » 148 » 54.0 » » Le baromètre a légèrement remonté dans la soirée. » ( 219 ) — Le secrétaire communique aussi l'extrait suivant d’une lettre de M. Crahay, relativement à la même éclipse obser- vée à Louvain, dans le collége des Prémontrés. « La marche de ma pendule a été soigneusement consta- tée par des hauteurs correspondantes faites plusieurs jours avant et après le phénomène. Ma lunette, avec oculaire astronomique, avait un pouvoir amplifiant de 38; elle montrait l’image du soleil parfaitement nette. —Je ne me suis pas borné à la seule observation du commencement et de la fin de l’éclipse, comme vous le pensez facilement; mais j'ai noté les instans de l'immersion et de l’émersion de plusieurs taches. — Je joins ici un dessin qui repré- sente approximativement la disposition des taches que j'ai employées fig. 1. Je pense avoir saisi avec exactitude les instans des diverses circonstances , au moins je crois être sûr de ceux du commencement et de la fin à une seconde près, et quant au passage par les taches, l'erreur ne peut pas comporter la seconde. Le retard de ma pendule le 15 à midi était de 40”,10, et son retard par 24 heures était de 2/’,58. «Le dessin du soleil représente cet astre renversé, c’est-à- dire, tel que je l'ai vu à la lunette. La tache a n’a pas été employée. La pénombre dont quelques taches sont entou- rées est indiquée dans la figure. c consiste dans un groupe de taches; c’est le bord supérieur de la plus grande, qui est placée vers le haut, que j'ai observé. e est également un groupe, c’est encore la plus grande placée vers le haut que j'ai observée. La tache 4 est notablement plus grande que b; sa pénombre est aussi plus large que celle de b. — Les autres taches sont composées également de plusieurs petites taches, mais avec le grossissement dont j'ai fait usage, je n'ai pu distinguer sûrement le passage par cha- ( 220 ) cune d'elles en particulier. Les nombres rapportés corres- pondent au passage par le milieu du groupe. « Je ne suis pas certain si les tachesz,k, m,dont j'ai observé l’immersion, sont bien réellement les mêmes que celles dont j'ai noté l’émersion. Commencement de l’éclipse . . Tache D. Contact avec la pénombre . . . — avec le bord antérieur de la tache même . . . . . Contact avec le bord postérieur GÉLAMUDIEN ele) Les ee Tache c. Contact avec le bord antérieur de latache même, . . nie piie re Tache e. Contact avec la plus grande des ta- ches de ce groupe, placée en haut. MADHERUUR NS IP MEET AT. — h. Contact avec la pénombre . — avec le bord antérieur de la tache même. . . . . . Contact avec le bord postérieur de la tache même . mul. LUN à . . . . — n. (let?) simultanément. sn ASS), Be RE AS PUSM NOUS — n. (4ct5) simultanément. . . . Contacts successifs du bord posté- rieur de la lune avec le bord su- périeur de la tache c. La pénombre était passée Lafache.o,.tt.5 Lab Tache h, Centre de la tache. . . — Bord inférieur de la tache . — — de la pénombre. Temps de la pendule, 2h16" 57” 2 30 40 è 31 6 è 31 28 2 54 3 2 58 35 8 0 35 3 1 7 3 1 46 3 2 27 3 3 15 3 4 20 CS C9 Co Co Co Co Co Temps moyen à Louvain, 2h17 373 2 31 20 4 2 31 46 4 232 84 2 54 43 4 2 59 15 4 3 115 4 325M id" 3 2 26 4 3 74 3 55 4 4 00 4 11 56 4 17 59 4 18 32 4 18 53 4 4 14 38 5 4 18 23 6 419 36 4 19 27 6 4 20 16 6 (221) Temps de la Temps moyen pendule. À Louvain, Incertitude sur l’identité de ces { Tache 2. 4h21’57” 4h22’ 37/6 taches avec celles indiquées — k, 4 26 26 427 66 plus hautsousles mêmeslettresŸ — m. 428 5 4 28 45 6 Enide hétlipsers FRAME, ne UN ONE NOR 5 0526 — Le secrétaire communique encore les résultats des observations de l’éclipse que M. Forbes a fait parvenir d'Edimbourg et qui ont donné les nombres suivans : Commencement de l’éclipse. . . 1h33 10” temp. m. à Édimbourg Formation de l’anneau, . . . . 2 57 21 Fin-del’anneau 4... .2.1 1.1, 8 1 4 EndePéehpsetl,L. = s. . 4 19 20 Plusieurs personnes ont observé dislinctement, au mo- ment de la formation de l’anneau, des jets de lumière qui perçaient entre les proéminences lunaires. « J'ai observé, dit M. Forbes, avec un réflecteur de 7 pieds, l'immersion et l'émersion des taches solaires (qui étaient assez nom- breuses), mais je n’ai pu remarquer la moindre distorsion produite par la réfraction sur ces objels si délicats. Mon at- tention était surtout dirigée vers l'examen de la lumière provenant des bords du soleil, au moment et vers les ap- proches de la période annulaire, afin de reconnaître si les lignes noires dans le spectre étaient plus nombreuses ou plus fortes , dans la lumière qui a traversé la plus grande épais- seur de l’atmosphère lunaire, et qui ont été regardées par sir David Brewster , et par d’autres physiciens comme dues à l’action absorbante de cette atmosphère. Un examen atten- tif m'a convaincu qu’il n'existait pas de différence maté- rielle ; je ne pus en effet en reconnaître la moindre trace, j'en conclus donc que la lumière du soleil manque ori- ginairement dans les rayons. » f Us ( 222 ) M. Forbes a pris aussi quelques mesures photométriques, mais il n’a pas encore eu le Lemps de les calculer. Hydrodynamique.— (Addition à la note sur l'écoule- ment des liquides insérée dans le bulletin précédent, par M. Plateau , professeur à l’université de Gand.) « En généralisant la question par l'analyse, toujours dans l'hypothèse des filets exactement paraboliques et indé- pendans entre eux, M. Le François est arrivé à des résul- tats qu'il a bien voulu me communiquer, el qui m'ont paru intéressans : ils transforment cetie question en un problème curieux de mathématiques appliquées, et la con- firmation expérimentale peut servir dans un cours de phy- sique à vérifier la loi suivant laquelle la vitesse de l’écoule- ment varie avéc la distance à la surface libre du liquide. Ges résultats généraux peuvents’énoncer de la maniéresuivante: La fente étant percée suivant la ligne de plus courte descente dans une paroi plane, inclinée sous un angle quelconque avec l'horizon, 1° La ligne qui termine extérieurement la nappe liquide est toujours une droite ; 2° Toutes les paraboles que décrivent les filets ont une directrice commune qui est la ligne de niveau située dans leur plan ; 3° Leurs sommets sont distribués sur une droite passant par le point où la fente coupe la ligne de niveau ; 4 Le lieu des foyers est aussi une droite passant par le même poinl ; 5° La droite qui termine la nappe coupe en deux parties égales l’angle que la ligne de niveau fait avec la droite des foyers ; 6° Comme la paroi peut être chargée d’eau successive- ( 223 ) ment de chaque côté, il existe pour une même position de la fente, deux droites qui seraient chacune la limite d’une nappe jaillissante , et ces deux droites se coupent à angles droits ; 7° Les deux branches de parabole engendrées de part et d'autre de la paroï et correspondantes au même point de la fente , sont le prolongement l’une de l’autre; 8 En nommant a l’inclinaison de la fente sur l'horizon, le lieu des foyers (4°) se confondra avec la diagonale d’un rectangle qui aurait pour côlés 2 sin. 2a suivant la verti- cale, et cot. a + sin. 2 a suivant l’horizvntale. On peut, d’après cela, construire ou calculer aisément la position de la ligne limite (5°). » Nous ayons essayé l'expérience, M. Le François et moi, pour le cas d’une inclinaison de 45°. Le liquide inté- rieur étant d’abord placé du côté de la paroi qui regardait le ciel, la limite de la nappe s’est effectivement montrée encore rectiligne, et comme le réservoir reposait sur le bord d’une table, de manière que l’eau tombait librement, nous avons pu voir celte droite se dessiner sur une longueur d'environ un mètre. Au delà, comme cela devait arriver, se manifestait la courbure de la dernière parabole. Le bour- relet dont j'ai parlé dans la note précédente, était ici beau- coup moins épais, parce que la ligne limite se rapprochait davantage de la verticale, mais la direction de cette ligne limite s'écartait un peu plus de celle qu’indique le calcul, peut-être à cause de l’action capillaire que la diminution de pression rendait plus Sensible, Nous avons ensuite placé le réservoir dans une position inverse, c’est-à-dire de ma- miére que le liquide intérieur se trouvât du côté de la paroi qui regardait la terre. Dans ce cas, le bourrelet devint si considérable, qu’en retombant de part et d'autre sur la (224) nappe, il en altérait la régularité, et que la ligne limite parut fortement ondulée; cependant, il était aisé de voir que sa direction générale était encore rectiligne , et qu’elle occupait à peu près la position donnée par la théorie.» Entomologie. — M. Wesmael présente la suite de sa Ho- nographie des Braconides de Belgique , dont la première partie a été insérée dans le tome IX des #émoires de l’Aca- cadémic. — L'Académie décide ensuite que le mémoire de M. Morren sur l’Æphis persicæ sera imprimé dans ses mé- moires, conformément aux conclusions du rapport sui- vant de ses commissaires (MM. Fohmann et Dumortier, rapporteur. ) « Ce sera toujours une époque mémorable dans les fastes de l’histoire naturelle, que celle où Bonnet et Lyonnet découvrirent simultanément, et à l'inçu l’un de l’autre, que, seul parmi les insectes , le puceron jouit de la singu- lière propriété d’engendrer et de se reproduire sans accou- plement. Une autre découverte non moins curieuse que fit peu après notre célèbre compatriote Lyonnet, c’est l’obser- vation que les pucerons sont vivipares l’été et ovipares pen- dant l'hiver. Depuis cette époque, l’histoire de ces petits insectes n'avait fait aucun progrès, et son anatomie était à peine connue, lorsque MM. Léon Dufour, Burmeister et Dutrochet entreprirent de la faire connaître. M. Morren examine à son tour l’anatomie du puceron du pêcher; il rec- tifie quelques erreurs de ses devanciers et signale des faits nouveaux ou peu connus, mais dignes d’être notés par l'intérêt qu'ils présentent. ( 225 ) Le mémoire de M. Morren est divisé en deux parties, dont la première est consacrée à des considérations géné- rales sur les pucerons et le genre Æphis, et sur l'émigra- tion de ces animaux; cette partie contient en outre la description scientifique de l’Æphis persicæ, espèce que l’auteur regarde comme inédite. La deuxième partie pré- sente l’anatomie de cet insecte et comprend le système tégumentaire, le système digestif, les organes génitaux, le système respiratoire et les organes sécrétoires. Il est à re- gretter que l’auteur n'ait pas décrit le système nerveux resté inconnu à Burmeister et à Léon Dufour. En traitant la structure des ailes, l’auteur signale, à l'aile inférieure, la présence d’un crochet qui la tient fixée au bord interne de l'aile supérieure , ainsi qu’on l’observe dans les lépidoptères nocturnes et crépusculaires. Il regarde les deux petites cornes de l’abdomen que l’on sait servir à la respiration et à la sécrélion, comme des espèces de ma- melles, en sorte que parmi les insectes, les pucerons représenteraient les mammifères comme les dorthésies, par l'existence d’un sac prolifère, y représentent les marsu- piaux. La génération du puceron est ce qui attire plus spécialement l'attention de l’auteur : suivant lui, il y a dans les gaînes fétigères individualisation de la matière orga- nisée , ce qui constitue la généralion équivoque. C'est dans ces gaines que les fétus se développent, et l’auteur décrit et figure toutes leurs transformations. Quelle que soit l'opinion que l’on se forme sur ces divers sujets, le mémoire de M. Morren est d’un intérêt réel sous . le rapport de l'anatomie et de la physiologie animale, et nous pensons que la société doit en ordonner l'impression dans ses annales. » Chimie. — M. Van Mons adresse à l’Académie des Tow. rr. 16 ( 226 ) considérations sur les éthers et sur leurs composés, pour servir de renseignemens dans la question proposée par l’Académie pour le concours de 1837, relativement à la composition des éthers. Géométrie. — M. Quetelet présente un mémoire manus- crit qui lui a été adressé par M. Adolphe Ferdinand Svan- berg de Stockholm, contenant une Analyse des polygones et des pyramides ; commissaires, MM. Pagani et Quetelet. — Le même membre lit une lettre de M. Le François sur les intersections et les contacts des courbes, qui est renvoyée aux commissaires précédemment. chargés de l'examen du mémoire de M. Le François sur les projec- tions stéréographiques. Physique. — M. Glæœsener envoie la suite de son mé- moire sur le principe fondamental des phénomènes élec- tromagnétiques, avec une note relative à l'influence des aimans sur le corps humain. Ces écrits sont renvoyés aux commissaires déja nommés pour l'examen des pre- mières notices de M. Glæsener, Histoire. — Observations sur la nature des relations des peuples de l’ancienne Belgique, dits cliens dans César, avec d’autres peuples leurs protecteurs; par M. Roulez, professeur à l'uni- versité de Gand. «César, dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules, se sert à diverses reprises du motde clientes pour exprimer l’idée de dépendance d’un peuple à l'égard d’un autre; ce qui notamment a lieu deux fois par rapport à des peuples habitant l’ancienne Belgique. Get auteur est le seul, que ( 227 ) je sache, qui ait employé, dans une pareille acception, le terme de eliens , qui du reste n’a jamais figuré au vocabu- laire officiel des Romains pour la désignation de relations des nations entre elles. Si, chez eux, il est quelquefois ques- tion d’une clientèle de cités ou de provinces entières, elle se borne au patronage d’un ou de plusieurs citoyens, qui se sont chargés de défendre à Rome les intérêts de ces localités. L'emploi nouveau de ce mot doit donc faire sup- poser un caractère particulier à la chose qu'il représente. Pour m'éclairer sur ce point, j'ai cherché dans nos meil- leurés histoires de la Belgique, quelques renseignemens sur la nature des relations entre les divers peuples qui habitaient nos contrées avant leur conquête par les Ro- mains; mais jai vu à regret que dans aucun des ces ouvrages, ce sujet n’a obtenu une attention spéciale. C’est la, ce semble, une lacune, qu'il serait désirable de voir disparaître autant que possible; car après avoir tracé le tableau du gouvernement de ces peuples, ou en d’autres termes après avoir exposé leur droit public interne, il est naturel de s'occuper de leur droit public externe, c’est-à-dire d'essayer de définir quels étaient leurs rapports récipro- ques. Je n'ai pas l'intention de traiter cette matière dans toute son étendue, et avec tous les développemens dont elle me paraît susceptible, le temps m’ayant manqué pour les recherches nécessaires à cet effet. Je me bornerai à l'examen d’une partie de la question, en cherchant seule- ment à caractériser la nature des relations des peuples cliens avec leurs protecteurs, et à découvrir le motif qui a pu porter César à les désigner par le terme de clientèle. Parmi les peuples de la Belgique qui se trouvaient sous Ja dépendance d’un autre peuple plus puissant, César Cite les Éburons et les Condrusiens, cliens des Trévi- 17e dx ( 228 ) riens (1), et les Centrons; les Grudiens, les Lévaques, les Pleumosiens et les Gorduniens, cliens des Nerviens (2); mais des relations semblables existaient aussi chez d’autres peu- ples de la Gaule : ainsi les Rémois avaient pris sous leur pro- tection les Carnutes(3), et les Éduens avaient accordé la leur aux Ségusiens, aux Ambivarèles, etc. Quelques historiens ont pris le mot de clientes dans le sens de tributaires (4) ; mais cette interprélation n’est pas probable. À l’arrivée de César dans la Gaule Belgique, les Éburons payaient un tribut aux Atuatiques (5), et bien que tributaires de ce peuple, ils n’en étaient pourtant pas les cliens. On ne peut pas non plus voir dans ces cliens de simples alliés, et moins encore des peuples sujets ou soumis par la force des armes, L'idée que l’on peut s’en former par la compa- raison des passages où il est question d'eux ; est complexe; elle offre les caractères suivans : on y trouve suprématie Cimperium (6)], mais c'est la supériorité naturelle du protecteur et non le pouvoir oppresseur d’un vainqueur. Le peuple client n’était point réduit à cette condition , ils’v soumeitait de son propre gré (7). La bonne foi, ou , si l’on oo " (1) IV, 6. (2) V, 39. (8) VI, 4. (4) Dewez, Zistoire générale de lu Belgique, Introd. p: 2. « Les Gorduniens alliés ou tributaires des Nerviens, » P. 5.« Cliens des Ner- viens ou plutôt leurs sujets. » Voy. lemême, Cours d'histoire Belyique , t.1,p.2. 3.3. Desmet, Zistoire de la Belgique, Introd, p. 3, édit. 3. (5) Cæsar, V, 27. (6) Cæsar, V, 39. Qui sub eorum émperio sunt. VI, 12: Æquiore imperio se uti videbant. VAL, 75. Qui sub imperio Avernorum. esse con- sueverunt. (7) Cæsar, VI, 18 : Se Remis in clientelam dicabant. Xbid, Qui se ad sorum amicitiam aygregaverant | ( 229 ) veut, la fidélité à s'acquitter des devoirs réciproques consti- tuait Ja base de cesrelations (1). Il paraît queïles petits peu- ples, qui se sentaient trop faibles pour se défendre dans l'éventualité d’une attaque dirigée contre leur indépendance ou leur territoire, aimaient mieux sacrifier une partie de cette indépendance et s'imposer quelques obligations volon- taires, que de s’exposer à subir le joug d’un voisin ambitieux; ils se soumettaient donc volontairement à l'empire d’une cité puissante et animée de sentimens bienveillans à leur égard (2). C'est ainsi que les Éburons et les Condrusiens el peut-être aussi les Pémaniens, les Ségniens , s'étaient serrés autoar des Tréviriens, tandis que les Centrons , les Grudiens , les Lévaques , les Pleumosiens et les Gorduniens avaient recherché l'appui des Nerviens. Les cliens étaient tenusde fournir des secours en hommes à la réquisition de leurs protecteurs (3). Nous ne savons pas s’ils étaient obli- gés en outre de payer un tribut, mais si l’on en exigeait un, il devait être très-modéré. De son côté, le peuple dominant accordait une protection efficace à ses cliens (4); non-seu- _ lement il interposait sa médiation pour aplanir les difiicul- tés qui leur surgissaient du dehors (5); mais il leur facilitait encore des alliances avantageuses (6). Ainsi ces relations (1) Cæs. VI, 4. Quorum antiquitus erat in fide civitus. In fide équivaut ici à £n clientela. (2) D’anciennes inimitiés empèchèrent plusieurs peuples de se sou- mettre à la clientèle des £duens. Voy. Cæs VI, 12 ; (3) Cæs. V, 39. (4) VI, 12. Zos illi diligenter tucbantur. (5) Cæsar, VI, 4. Carnutes-ust deprecatoribus Remis. (6) Cæsar VI,5.(Ambiorigem) per Treviros venisse Germanis in ami- citiam. Cette circonstance me paraît lever tout doute à l'égard du pro- tectorat des Tréviriens sur les Éburons , et j'ai eu tort jadis de chercher à corroborer l'opinion de Cluvier (German. antig., 15.), qui veut que dans ( 230 ) procuraient aux uns , une plus grande somme de sécurité, aux autres un accroissement de considération et une atli- tude plus imposante vis-à-vis des cités rivales. Quand par la suite un peuple client se croyait assez fort pour se passer de l'appui de ses protecteurs, ou qu’il jugeait leur protection insignifiante , il se détachait d'eux (1),etilne paraît pas que ceux-ci regardassent cetle émancipation comme une rébellion dont ils eussent à tirer vengeance; loin de la, nous apprenons que les Sénonais, anciens cliens des Éduens, réclamérent et obtinrent d’eux à ce titre leurs bons offices auprès de César (2). Cette souveraineté protectrice d’une part, cette dépen- dance volontaire de l’autre, ces devoirs réciproques cons- tituent bien les marques distinctives de la clientéle; je ne pense pas toutefois que ce soit le désir d'employer un terme caractéristique quoiqu'insolite , qui ait engagé César à préférer le mot de client à d’autres plus vagues, mais usités à Rome pour exprimer des relations plus ou moins analogues. Voici comment je soupçonne que la chose s’est faite. Dans toute la Gaule en général, les hommes faibles et dénués de ressources avaient coutume de se mettre sous la protection des grands de la nation. Ces hommes s’appelaient dans la langue du pays ambacti, mot que César explique ce passage de César, IV, 6 : « Zburonum et Condrusorum qui sunt Tre- virorum clientes » le mot clientes se rapporte seulement à Condrusorum. Voy. Mémoire sur les campagnes de César dans lu Belgique. Louvain, 1833, p.6, not. 2. (1) Je fonde cette assertion sur l’analogie de ce qui arrivait dans la clientèle des particuliers. Cæsar, VI, 11 : suos enim quisque opprèmi ct circumventri non patitur, neque uliter si faciant, ullam inter suos habent auctoritatem. (2) Poy. Cæsar, VI, 4. ( 231 ) par celui de clientes (1), le remplaçant désormais par ce dernier. Ces rapports de peuple à peuple n'étant, selon toute apparence, qu’une extension de la clientèle entre particu- liers, il n’est pas invraisemblable que les indigènes aient transporté aux peuples cliens la dénomination d’'am- bacti, et l'historien romain n'aura fait qu’en adopter de nouveau l'équivalent. » M. le baron de Reiïffenberg communique une notice né- crologique sur M. Delmotte, correspondant de l’Académie, qui sera insérée dans le prochain Ænnuaire de l’Académie. La fin de la séance a été employée à régler ce qui con- cerne la publication des mémoires qui doivent paraître sous peu. L'Académie a décidé, en même temps : 1° Que les correspondans DATES recevront désor- mais les mémoires de l’Académie; 2° Que les bulletins ne seront donnés qu'aux personnes qui auront fait des communications à l’Académie, Néan- moins les autres personnes à qui les bulletins étaient envoyés antérieurement, continueront à les recevoir jusqu’à la fin de l’année. Cette disposition ne concerne ni MM. les membres des Chambres, ni les journaux qui reçoivent habituellement les bulletins. M. le directeur, en levant la séance, a fixé l’époque de la prochaine rhin au samedi 2 juillet. (1) VI, 15 Comp. VI, 13. Dans le premier passage « Ambactos clientes- que » , il n’y a plus à douter que le second mot ne soit l'interprétation du premier , aujourd’hui qu’il est suffisamment établi que la particule que a quelquefois la signification de la formule id est. Voy. Beier, Ad Cic. de Office. X, p. 205, et IL, p. 138, Ramshorn, Gram. lat., 6 188. Ruperti, Ind in Tucit. s. voc. (232) OUVRAGES PRÉSENTES. Septième notice sur les plantes rares cultivées dans le jardin de Genève ,par M. Aug. Pyr et Alp. de Candolle, broch. in-4°, Arbres fruitiers ou Pomonie belge expérimentale et raisonnée, par M. J. B. Van Mons, tome second, Louvain 1836, in-&. Notice sur les tombeaux des comtes de Hainaut, par R. Chalen, broch. in-8°, Mons. Du caissier général, de ses avantages et de la nécessité de:sa conservation, par M. Perrot, br.in-8°, Bruxelles 1836. Des cavernes , de leur origine et de leur mode de for- mation, par M. Théodore Virlet, broch. petit in-8, Avesnes 1836. Prospectus. — Histoires des fêtes civiles, etc., par Mad. Clement. Essai d’une description générale de la Vendée, par M. J. A. Cavoleau et M. A. Rivière, Paris 1836, broch. in-4°. Report on the recent progress and present condition of the mathematical theories of electricity, magnetism, and heat, par le Rev. W. Whewell. Londres, 1836, broch. in-8°. Proceedings of the excise cemmittee, with documens relating thereto; broch in-8. Les gouttes d’eau, poésies du baron L. A. Coppens, au- teur des Ælques, 1 vol. in-12, Dunkerque 1836. Études de littérature comparée , par Gobert-Alvin, 1"° et 2e livraisons in-8°, Gand. 1836. ERRATA pour le Bulletin précédent. Page 185, lig. 16, à quoi nous serviraient, lisez : à quoi nous servirait. — 188, — 10, oxide kypochloreux, lisez : acide hypochloreux. — 190, — 14; et s'appliquent, lisez : et s'expliquent. — 191, — 9, ypochlorates, lizez : hypochlorites. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1836. — No 7. Séance du 2 juillet. M. De Gerlache , directeur. M. Quetelet , secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. ., M. le ministre de l'intérieur adresse à l'académie une expédition de l'arrêté royal suivant, par lequel il est décidé que la carte géologique du royaume sera exécutée aux frais du Gouvernement et sous les auspices de l’aca- démie. Tom. 1. 17 ( 284 ) ) , ‘ SE iopob, Ror pes BELGES, A tous présens ét à venir, salut!) Considérant que l'utilité des cartes géologiques, tant pour l'avancement des sciences que pour la prospérité de l’in- dustrie, ne peut plus aujourd’hui être révoquée en doute; Considérant qu’il convient que la carte géologique de la Belgique soit exécutée dans le plus bref délai possible, avec les mêmes soins et dans le même esprit que les meil- leurs ouvrages du même genre publiés dans les contrées voisines; Vu les rapports de l'académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles; Sur la proposition de notre ministre de l’intérieur; Nous avons arrêté et arrêtons : Arncze Premrer.— Une cärte géologique dela Belgique sera construite aux frais dû Gouvernement, sous les aus- pices de l'académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles. AA O: étude des terrains et le tracé de leurs limites devra être terminé dans le terme de trois ans, à à dater du présent arrêté. Anr. 3.—Lélsieur À.H. Dumont, professeur à l'univérsité de Liége et membre correspondant de l'académie royale des ( 235 ) sciences et belles-lettres de Bruxelles, est chargé de l’exé- cution de la carte géologique des provinces de Ziége, de Namur , de Hainaut et de Luxembourg. ART. 4. — Nous nous réservons de désigner ultérieure- ment la personne qui sera chargée de l’exécution de la carte géologique des provinces de Brabant, d'Anvers, des Flandres et de Limbourg. Arr. 5. — Il sera donné connaissance, tous les ans avant le 1° novembre, du degré d'avancement des travaux, dans chacurie des deux divisions, par un rapport adressé à l’aca- démie, qui le transmettra, avec ses observations, à notre ministre de l’intérieur. Arr. 6. — Il sera envoyé à l'académie la collection de tous les échantillons de minéraux, de roches et de fossiles reconnus dans le cours des travaux. ART. 7. — Il est accordé une indemnité de douze francs par journée de voyage ou de séjour hors de la résidence ha- bituelle employée aux travaux de la carte géologique. Arr. 8. — Notre ministre de l’intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté. Donné à Bruxelles, le 31 mai 1836. (siNé) LÉEOPOLD. Par le Roi : Le Ministre de l’Intérieur , (séné) DETHEUX. Pour copie conforme : Le Secrétaire-Général du Ministère de l'Intérieur, (stné) DUGNIOLLE. ( 236 ) M. De Koninck écrit qu'il vient de découvrir deux nou- veaux acides organiques ; auxquels il'a donné le nom d'a cide sulfo-cholestérique et. d'acide! juglandique. Tous deux sont susceptibles de former des sels cristalisables ayec un grand nombre de bases et surtout ayec les alkalis ; ils rougissent fortement le papier bleu de tournesol et sont facilement décomposables par la chaleur. La eapa- cité de saturation du dernier est des plus faibles; il a quelque analogie avec l’acide malique, dont il se distingue cependant par plusieurs propriétés SE ne possède PaRE celui-ci. L M. Van Mons fait parvenir à l'académie le compte rendu de la 33% exposition de la société d'agriculture et de botanique de la ville de Louvain ; il donne en même temps quelques détails sur cette exposition, qui a été surtout re- marquable par le grand nombre,de roses rares ou entière- ment nouvelles qui ont été exposées. M. Cornelissen fait également hommage d’une notice sur la LV° exposition des fleurs de la société d’ horticulture de Gand, contenant les noms des plantes exposées et la dé- signation de celles qui ont remporté les prix. L'académie reçoit ; de la part de M. le ministre de l'inté- rieur, une copie d'un mémoire qui lui a été adressé par M. Mévius sur la culture, la dessication et la trituration de la garance dans le midi de la France. À ce manuscrit se trouve joint un échantillon de terre provenant du départe- ment de Vaucluse, renommé par la-beauté de sa garance; M. le ministre demande que l’académie veuille bien en faire faire l'analyse. (237 ) M. le baron De Reïiffenberg invite les membre: de laca- démie à assister au congrès scientifique qui doit se former prochainement à Liége, et il présente en même temps le programme des questions qui seront examinées pendant cette session. COMMUNICATIONS. Astronomie. — M. Quetelet donne, d’après sa cor- respondance, quelques nouveaux détails sur l’éclipse so- laire du 15 mai dernier. En Angleterre , le temps n’a pas élé tout-à-fait aussi favorable à l’observation de ce phé- nomène qu’en Belgique. Les astronomes qui ont pu ob- server le commencement et la fin de l’éclipse annulaire, s'accordent sur les circonstances remarquables qu’elle a présentées. Au moment de l'entrée du bord occidental de la lune sur le soleil, on vit d'ahord différens points bril- lans sur le disque solaire; ces points prirent plus en plus détendue , en laissant entre eux de larges bandes noires. Ces bandes disparurent subitement, et l’on vit le disque de la lune avancé de 6” à 8’’ sur le disque solaire. A la fin de l'éclipse annulaire, les mêmes apparences se manifes- térent, mais dans un ordre inverse. D'après une lettre de M. Airy, astronome royal d'An- gleterre , le commencement de l’éclipse n’a pas été obser- vé à Greenwich, à cause des nuages. La fin a eu lieu à 8h 12° 56”,17, temps astronomique, ou à 4h 39° 12/32, temps moyen, en prenant la moyenne des observations de cinq astronomes. Météorologie. — MM. Quetelet et Crahay communi- quent les résultats des observations horaires qu'ils ont faites au dernier solstice d'été, en correspondance avec les observations météorologiques faites par sir John Herschel, au Cap de Bonne-Espérance. ( 238 ) Observations météorologiques horaires faites à l’observatoire de Bruxelles, en correspondance avec les observations de sir J. Herschel, au Cap de Bonne- Espérance (1836, solstice d'été) (1). | BAROM. réduit à ÉTAT DU CIEL. 0o. mm 21 juin 6h.mat,| 756,62 | +1501 7305 0. 7 756,83 | 15,5 | 74,0 | » 8 757,03 15,4 | 75,0 » | 9 757,17 15,3 | 76,0 | OSO. | Pendant toute la journée | 10 757,20 16,0 | 68,5 » du 21 et du 22, le vent 11 757,31 16,6 | 72,0 » a été assez fort. 12 757,44 16,6 | 74,0 oO. Il esttombé presque con- 1h.soir.| 757,57 16,0 | 78,0 » inuellement une pluie | 2 757,38 17,2 | 76,0 | » fine. | 3 757,32 15,5 | 82,0 » » 4 756,95 15,0 | 88,5 » | Ciel couvert, gros nuages. 5 756,78 15,7 | 88,0 | 080. : | 6 756,74 15,6 | 88,0 » » | 7 756,80 15,1 | 89,0 » » | 8 757,37 13,3 | 91,0 » Cieluniformément couvert, 9 757,46 14,2 | 93,0 » » | 10 757,43 14,4 | 93,5 | » Nuages. 11 757,41 14,0 | 93,0 P Couvert. 12 757,46 14,0 | 92,0 ? » 22 juin 1h.mat.| 757,31 14,1 | 92,0 ? Pluie. 2 757,10 14,2 | 92,5 ? Couvert. 3 756,83 14,3 | 92,0 | OSO. » 4 756,79 | 14,4 | 90,5 | » » 5 756,93 14,8 | 89,5 » Pluie. 6 756,86 14,9 | 90,0 » Couvert. 7 756,90 15,2 | 90,0 | » Pluie. 8 756,89 15,5 | 88,5 » » … 756,80 15,9 | 88,0 » Couvert. 10 756,80 17,8 | 78,5 » » 11 757,09 17,3 | 80,0 » » 12 757,23 17,8 | 79,0 » Gros nuages. 1h soir | 757,16 18,2 | 75,0 | .O. Couvert. 2 757,08 18,8 | 72,5 » » 3 757,03 | 19,0 | 75,0 | 050. rc A 756,93 19,5 | 72,5 » Éclaircies. 5 756,78 19,8 | 73,3 » » 6 756,69 19,0 | 74,5 | » : (1) Le 21 et le 22, le vent a été constamment assez fort, et il tombait quelques gouttes d'une pluie fine à des intervalles très-rapprochés. Du 21 au 22, entre deux midis, la quantité d'eau tombée a été de 0,07 millimètres ; du 21 au 22, de 8,27 mm., et du 22 au 23, de 0,25 mm. Le maximum de température a été. le 21, de + 170,2 et le 22, de + 199,8; les minima ont éte de 4- 120,0 et de +- 120,8. (239 ) Observations horaires faites à Louvain, aw collége ‘des Pré- montrés, par JG. Crahay, professeur de physique à l’uni- vérsité catholique. ÉPOQUES BAROM, des réduit à 6 à mi i ÉTAT DU CIEL. observations. Oo, | | 6h.m.| 758,007 |+1303 |+1106 Nuages, un peu de vent. | 7 758,051 13,9 EÉclaircies. 8 758,327 14,3 Éclaircies rares, vent. | mi: | 758,520 14,9 Gros nuages, pluie. 10 758,437 15,4 Id. id. vent. | 11 » » midi HR Couvert, pluie. | 12 758,536 | 15,3 0,0417 Couvert, pluie, vent. Lh.s.| 758,785 14,9 Couvert, pluie, vent. 2 758,686 | 15,7 Id. id. id. 3 758,552 14,3 Très-couvert, pluie. 4 758,293: | :13,7 | 5 757,884 » 6 758,246 |. 13,2 | 7 758,608 » | 8 758,734 | 11,6 0,8543. } Très-couvert, pluie contin. 9 759,009 » 10 758,986 5 11 758,836 » 22 JUIN 5h.m.| 758,218 v 11,1 6 758,205 | 14,1 7 758,241 » Couvert, pluie fine. 8 758,278 |. 14,6 0,5834 9 758,202 15,1 10 758,196 16,7 Couvert. 11 » » ) 01 6RE 12 758,445 17,3 Éclaircies rares. Lhs, | 758,505 | 17,7 0,0625 | Éclaircies, un peu de pluie. 2 758,479 » Eclaircies. 3 758,456 18,1 Nuages, un peu de pluie, 4 758,256 | 18,7 Éclaircies. 5 758,107 19,0 Id. 6 758,096 18,0 Couvert. 7 » » Éclaircies. 8 757,963 16,5 | Id. Total. | 1,5419 ( 240 ) Phénomène atmosphérique. — M. Van Mons écrit à l'académie que, dans la matinée du 16 juin dernier, à la suite d’une chaleur assez forte, il se manifesta un refroi- dissement subit, et il se forma, vers le zénith, un nuage noir qui disparut, après avoir conservé pendant quelques temps la même place. Presqu'en même temps, on aperçut un nombre considérable de cantharides qui couvraient les plantes et les arbres. M. Van Mons, en faisant parvenir à l'académie plusieurs de ces insectes, qui ont été recueillis par lui, demande si le nuage obscur qui s’est manifesté d’abord, n’était pas occasioné par l'agglomération des can- tharides qui ont été aperçues ensuite en si grand nombre. LECTURES. Tératologie. — L'académie entend la lecture du rapport suivant, sur les mémoires concernant les monstruosités humaines , présentés par M. le docteur Burggraeve aux séances du 7 novembre et du 6 février derniers. Commis- saires, MM. Dumortier, Kesteloot et Fohmann , rapporteur. » L'auteur de ces mémoires se propose de traiter des monstruosités qui font partie de la eollection anatomique de l’université de Gand. Le premier de ces écrits est des- tiné aux monstres acéphales, et le second aux rhinencé- phales. Ils sont précédés, l’un et l’autre, de considérations sur les progrès des études anatomiques en général, et de l'étude des monstruosités en particulier. » C'est dans ces considérations que M. Burggraeve fait connaître Ia manière dent on envisage l’organisation, la génèse et le développement des organes dans le règne ani- mal, et qu'il en fait l'application aux monstruosités qui, ( 241 ) selon les opinions modernes, sont, en grande partie, ut arrêt du développement. Puis, il expose les résultats de ses recherches faites sur un acéphale et sur deux rhinencé- phales, et ajoute quatre planches représentant les faits les plus remarquables de ces cas. » Les observations de l’auteur viennent à l'appui des faits nombreux consignés dans les traités des monstruosités par les anatomistes. L'acéphale et les rhinencéphales qu’il a disséqués offraient en général les caractères reconnus à ces’ monstres. Chez le prémier, en outre de l'absence de la tête, il y avait aussi absence du cœur, du foie, du pancréas, de la raté, de l'estomac, etc., et manque de développement de presque toutes!les parties. Dans les deux rhinencéphales, l'on remarquait également, avec la tête à trompe, la fusion des deux hémisphéres du cerveau, Je rap- prochement des nerfs Li é et en quelque sorte la f- sion des yeux. _» M. Burggraeve constatant de nouveaux faits à l'appui des théories sur les monstruosités, son travail est digne de l'attention des anatomistes et des médecins; aussi recom- mandons-nous particulièrement à ces derniers, la lecture des présens mémoires où ils trouveront , avec les faits ob- servés, un résumé des théories sur ce sujet. En ne bornant pas sa tâche à l’enseignement de la science el en montrant de louables efforts pour en accélérer la marche; ce pro- fesseur mérite bien à tous égards de l’université à laquelle il appartient. » ras aux conclusions de ce rapport, l'acailé. mie décide que des remercimens seront adressés à M. Burg- gracve pour son intéressante communication. Géométrie. — L'Académie, sur la: proposition de ses ( 242 ) deux commissaires MM. Pagani et Quetelet, a égale résolu que des remercimens seraient adressés à M. Ad. F. Svanberg, de Stockholm, pour la communication de son mémoire contenant une analyse des polygones et des pyramides. Entomologie. — MM. Dumortier et Sauveur, nommés commissaires pour l'examen de la seconde partie de la monographie des braconides de Belgique, par M. Wes- mael, demandent l'insertion de ce travail dans les recueils de la compagnie. L’académie adopte ces conclusions ; le mémoire de M. Wesmael sera en conséquence primé dans le tome X qui est sous presse. | Chimie. — M. De Koninck, agrégé à la faculté des sciences de l’université de Gand , adresse à l’Académie une note manuscrite sur l’analyse de deux calculs d’un volume considérable, dont l’un biliaire et l’autre rénal. Commissaires , MM. Dehemptinne et Van Mons. Mollusques. — Observations sur le système nerveux des Myes des mers d'Europe et sur celui de la moule commune ; par F. Cantraine, «Un savant , très-recommandable par ses connaissances anatomiques et conchyologiques, traita ce sujet, c’est M. Deshayes, collaborateur du Dictionnaire classique d'histoire naturelle ; il y donne à l’article Mye un aperçu du système nerveux des mollusques de ce genre ,succinet à la vérité, mais suffisant pourtant s’il était exact. M'occu- pant souvent, par pur exercice, à vérifier les asserlions de ces hommes que nous regardons avec raison pour nos ( 243 ) maîtres , et ayant pu cette année disposer des deux espèces de Myes qu’on trouve dans nos mers, j'en éfudiai l’organi- sation ; et comme mes observations anatomiques modifient considérablement celles publiées dans l’article mentionné ci-dessus, je vais les communiquer aux savans qui se livrent à ce genre d'étude. Le travail de M. Deshayes est très-exact comme anatomie d'espèce; son auteur a eu seu- lement tort de le généraliser en le donnant comme ana- tomie de genre; il tait le nom de l’espèce qu'il a disséquée; mes recherches me firent reconnaître son travail comme propre à la Mya truncata. I] serait à désirer que les ana- tomistes indiquassent scrupuleusement le nom technique de l’espèce qu'ils ont soumise au scalpel. Que de savans, pour n’avoir pas rempli cette formalité, nous ont laissé des travaux à peu près inutiles , parce qu'ils sont à refaire! » Les deux espèces de Myes qui vivent dans nos mers, présentent un sysième nerveux composé de trois sortes de ganglions; les céphaliques qui sont pairs, les moyens im- pairs, ainsi que les postérieurs, ce qui sera peut-être un caractère qui conviendra aux autres espèces , par consé- quent un caractère générique ; les modifications que ces ganglions présenteront, devront être regardées comme des caractères spécifiques. Nous allons en donner un tableau comparé. MYA ARENARIA,- MYA TRUNCGATA. Les ganglions céphaliques sont Les ganglions céphaliques sont sus-æsophagiens et ont une forme les mêmes. triangulaire ; leurs angles se pro- longent en rameaux assez gréles, L’antérieur donne le rameau qui se distribue aux palpes labiaux et au muscle transverse antérieur; l’angle (244) interne donne le rameau frontal qui unit les deux ganglions; l’angle pos- térieur envoie un'rameau ou filet très-gréle qui passe sur la mem- brane du foie, plonge dans cet or- gane et correspond probablement avec la branche antérieure externe du ganglion postérieur ; son ex- trême ténuité ne m’a pas permis de le suivre plus long-temps. Le ganglion moyen que je pro- pose de nommer pédieux est-très- petit, pisiforme. Il est limité en avant et en dessus par la base des muscles rétracteurs antérieurs du pied, en arrière par.la masse ab- dominale, en dessous et en avant par le pied, Je ne lui ai vu que trois filets extrêèmement grêles, deux in- férieurement qui se dirigent vers le pied et y pénètrent ; le troisième est en avant et remonte le long du viuscle rétracteur du pied pour cor- respondre en se ‘bifurcant sans doute avec la branche postérieure du ganglion céphalique. | Le ganglion postérieur est placé sur la partie antérieure et infé- rieure du muscle transverse posté- rieur ; il donne deux forts filets en arrière et quatre en avant. Les filets postérieurs coupent obliquement le muscle transverse au delà duquel ils envoient une branche en haut, püis une en bas, se continuent vers le tube anal, et arrivés près de la cloison intertubale, ils s’enfoncent dans les fibres musculaires et dis- paraissent : des filets antérieurs, les Jatéraux sont plus forts que les mé- dians; ils décrivent une certaine Le ganglion moyen offre la même forme , la même taille et les mêmes PATES LIANT Le ganglion postérieur occupe l& même place et donné naissance à 4 gros filets à peu près d’égale gros- seur,deuxenarrière, deux en avant. Ceux de derrière passent en diver- geant sur le muscle transverse pos- térieur et descendent vers la partie ventrale du manteau ; arrivés à la hauteur du milieu du siphon supé- rieur , ils envoient en avant une branche qui est destinéé entière- ment au mantean ; la branché prin- cipale se continue dans une per- pendiculaire à la direction des siphons, et s’amincit sans pourtant ( 245 ) courbe, passent.en dehors du mus- cle rétracteur postérieur et ar- rivent aux branchies où on les perd dé vue “les filets médiäns sont très- mineés et presque parallèles entre eux ; ñ! RP d ne peut guère les suivre que jusqu’ à la bifurcation du mus- éle \rétracteur postérieur qu’ils croisent. éi laisser voir qu’elle envoie. des branches à ces derniers; en face du tubeinférieur,elle s'enfonce plus profortdément dans la masse muscu- laite, et il devient très-difficile de Py suivre. Les filets antérieurs se dirigent vers les branchies j jusqu’à Ja base desquelles on peut les sui- vré même à l’œil nu”? : » En résumé, le système nerveux de la Mya arenaria et de la Mya truncata , présente des différences spécifiques qui consistent dans les quatre filets que le ganglion posté- rieur de la première espèce envoie en avant, tandis qu’à la seconde, il n'y en a que deux. Nous examinerons plus tard .de quelle importance peut être le système nerveux pour résoudre la question , si les formes des êtres organisés sont permanentes ou transitoires. .» Jusqu'à présent, personne, que je sache, n 'avait dé- montré que l'anneau nerveux cervical était taie ds ; dans lé mois d'octobre prochain, on pourra voir dans les galeries zoologiques de l’université de Gand, les préparations que je viens de terminer et qui le prouvent à l'évidence... :, » M: Deshayes dit aussi dans l’article précité, qu’on trouve dans les Myes une troisième paire de feuillets branchiaux; nous avons vu , en effet, dans la Mya truncata , entre les branchies et le manteau, une espèce de feuillet, mais qui n'a pas la texture des feuillets branchiaux et qui ne nousa aru être qu'un repli de la membrane péritonéale. Ce pré- tendu feuillet manque dans la Mya areraria : il ne peut donc pas être pris pour. caractère ni de genre, ni “ia fa- DEnte 0 4 710 ». Nous terminerous nos observations sur les Myés, par l'exposition du système nerveux de la moule commane ( 246 ) (Mytilus edulis Linn.) Ce travail ne sera pas déplacé ici, d'autant plus que ce mollusque étant très-commun sur nos côtes et sur nos marchés, chacun pourra le vérifier. Nous y joindrons, comme point de comparaison, le système nerveux donné par M. De Blainville, professeur du jardin des plantes, à l’article Moule, dans sa Malacologie, page 144, et dans le Dictionnaire classique d'histoire naturelle, vol. XI, page 66. Système nerveux de la moule, par M. DE BLAIN VILLE, ei Le système nerveux est composé de trois paires de ganglions. La première, la plus antérieure, est certainement placée sous l’œso- phage, ou mieux sous le muscle ré- tracteur antérieur du piéd en partie recouvert par le bord postérieur de la réunion de la seconde paire de tentacules labiaux. Les ganglions qui la constituent sont de forme triangulaire et de couleur blanche ;, opaque. Ils four- nissent : lo Un filet transversal très-fin qui leur sert de commissure entre €eUuXxe 2° Plus en arrière un rameau, plus gros,qui se distribue au muscle adducteur antérieur et aux appen- dices labiaux. Systéme nerveux de la moule com- mune (Mytilus edulis Linn.), par F. CANTRAINE. Le système nerveux est composé de trois paires de ganglions quoique l’une présente deux ganglions si intimement unis qu’ils paraissent n’en faire qu’un. La première ou la paire céphalique est placée sous l’œsophage précisement sous le muscle rétracteur antérieur auquel chaque ganglion paraît collé. Ces ganglions sont pyriformes et d'un gris brun corné; ils donnent naissance à trois filets, dont un an- térieur , un latéral interne et un postérieur. Le filet latéral interne est très- grèle et met les deux ganglions en rapport entre eux : il passe dans la lèvre inférieure. j Le filet antérieur un peu plus fort se dirige vers la commissure des lèvres où il donne ses rameaux aux palpes labiaux, croise un faible faisceau du muscle rétracteur et va vers le muscle transverse antérieur (muscle adducteur antérieur). ( 247 ) 8 Enfin, en arrière un très-gros filet qui se porte en dehors; s’ap- pliquersur la membrane du foie, traverse » obliquement le muscle rétracteur antérieur du pied, suit les côtés de l'abdomen au-dessous de la terminaison de l'ovaire et va serréunir au ganglion postérieur. La seconde paire de ganglions, la seule qui puisse être regardée comme à peu prés supérieure au Canal intestinal, est placée au des- sus d& muscle rétracteur antérieur du pied ; appliquée immédiatement sur lui au-dessous du foie contre le- quel elle’est collée. C’est un gan- gliongéminé ou divisé en deux par- ties latérales par unsillon médian, d’une consistance plus molle , d’un aspect plus pulpeux que les deux autres paires. On en voit sortir en âvant unfilet très-fin qui va peut- être s8 joindre au ganglion anté- rieur, cé que nous ge voulons pas assurer! et en arrière un autre filet qui se rend dans les muscles de l’ab- domen, Le filet postérieur, qui est fort, croise obliquement le muscle ré- tracteur ; arrivé au delà, il reçoit le rameau d’anastomose du ganglion moyen, passe sur le foie, y plonge dans quelques individus , longe la région abdominale, passe immé- diatement sous l’orifice de l’ovi- ducte et s’unit complétement à la branche antérieure du ganglion postérieur, La seconde paire ou les ganglions moyens ou pédieux, ést formée de deux ganglions ovalaires si rappro- chés qu’ils paraissent n’en former qu'un; leur couleur, d’un jaune orange, les rend très-distincts ; ils sont placés en arrière et au-dessus de la base du. muscle rétracteur autérieur du pied; entree foie et lui, Chaque ganglion fournit :. 1° Un filet antérieur et,ascen- dant ; il est presque collé sur le muscle rétracteur antérieur qu’il accompagne jusqu’à la hauteur de la branche postérieure du ganglion céphalique avec laquelle il s’anas- tomose, 2 Un filet postérieur et hori- zontal , qui est très-grêle; il croise les muscles rétracteurs postérieurs àleur base et embrasse le talon du pied. | 30 Un filet descendant ou pé- dieux très-mince à son origine; il descend vers la base du pied en grossissant considérablement ; là il distribue de nombreux rameaux qui traversent en tous sens les couches externes du pied. Par le volume qu'on lui voit, il est facile de devi- ( 248 ) La troisième paire de ganglions est tout-à-fait en arrière , au-dessous . Causan suain dili- genter exposuit et fraternitas tua id ipsum literis nobis evidenter asseruit, Super quod fraternitati tuæ hoc modo respondemus : ju- dicium aquæ quod ipse fecit non est canonicum e£ sancti patres censent non esse præsumendum, quod constat superstitiose inven- tum. Unde mandamus quod si non est qu prœfatum clericumi Convincat, et ipse juramento Propria manu voluerit asserere quod um cujus mors illi objicitur nec percussit nec socii uteum percu- feret consilio et auxilio affuit, si bene et honeste vixerit, prabenda et ecclesiasticis beneficiis non privetur. Sed quia idoneos testes ad Purgationem sui habere non Potest, a subdiaconatus officio sus- tur, ingressu tamen ecclesiæ non careat. £ PL A Æn levant la séance , M. le vice-directeur a remis l'époque : de la prochaine réunion au 1° octobre prochain. % | Ton. 11. 21 | | ( 290 ) LIVRES PRÉSENTÉS. Proceedings of the royal society (1834-1835), n° 21— 25, 5 feuilles. On the theory of the moon by Lubbock (2 part.) in-8e. London 1836. Transactions of the american philosophical society , held at Philadelphia , for promoting useful knowledge, vol. V, in-4. Philadelphia 1836. The American almanac and repository of useful knowledge for the year 1836. in-12°. Boston 1836, Adress of earl Stanhope, president of the Medico Botanicæ, for the anniversary meeting january 16 1836 , in-8°, br. 1836. Mémoires de l’institut royal de France , académie des inscriptions et belles-lettres, tom. 12, in-4°. Paris 1836. Journal de l’École royale polytechnique , 20, 21,22, 23et 24e cahiers in-4°. Paris. Mémoires et observations de la société de médecine d’ Anvers , premier fascicule, in-8°, Anvers 1836. Bulletin de la société de médecine de Gand , séance du 7 juin , 2 feuilles in-8° br. De la simulation et de la dissimulation des maladies , dans leur rapport avec le service militaire ; par Fallot, in-8°. Bruxelles 1836. Rapport sur la statistique du département de la Drôme de M. De la Croix, par M. Jullien, 1 f.in-4°. Paris 1836, Recherches sur les ossemens fossiles découverts dans les cavernes de la province de Liége, par le D' Schmer- ling, accompagnées de planches lithographiées ; 2° partie complétant le second et dernier volume, in-4°. Liége 1836. Le. (191) Descriptions of the inferior maxillary bones of mus- todons in the cabinet of the american philosophical so- ciety , ete. By Isaac Hays, M. D. in-4°. Philadelphia 1833. Poésies morales et historiques ; par M. Le v*° De Villiers du Terrage , 2 vol. in-8&°. Paris 1836. Journal de la société de la morale chrétienne, tom. 9, n° 6. Recherches sur la cause de l’électricite voltaïque par M. le professeur Auguste De la Rive 1 vol. in-4°. Genéve 1836. (Extrait des Mémoires de la société de physique et d'histoire naturelle de Genève). Aperçu de l’état actuel des sciences mathématiques chez les Belges, par À. Quetelet ( From the report of the British association for the advuncement of science for 1835), broch. in-8. Londres, 1836. ENS | LE Rs pus SH MS LS io 1} pates Mu as Mi Ass) 000 ent 92 ot Ant ŒateuguA uveis Ê W De Q) Mon, sh toit 29h Tasse tiger svêns {esins D Sb shrepiten sys Adi DEL MINS HN: Fait ste AE | Aa Aa ad nn na) tolotnrs D 4 ve 10 santé k FA 0% Pros he jHnaesanghe, AA 09\ daitsrios ndasbe [4 dé o CASMES TS PÉPUTITN à "0 “Hood ,(RLAT w: Ÿ at TR ‘ < Ie | Lei ST P | . “ æ #1 1 + L l 4 Le Pa, D: (REA A.” $ 3 LJ 14 Let * De lors tr ee a " D ‘$ Ps dati pre mn NE PAU RTC PR ATIE | dés 7 EC PE x D ch ur “* BULLETIN L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES, 1836. — Nc 9. Séance du 1e octobre 1836. Le baron De Stassart , vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. . M. le ministre de l’intérieuf fait parvenir à l'académie, de la part de M. Cudel], juge-de-paix du canton de Hasselt, un mémoire relatif à un fragment de colonne milliaire ro- maine, découvert à Tongres en 1817 et resté inconnu jus- qu’à ce jour. Le fragment original se trouvant actuellement à Maestricht, M. Cudell à confectionné un fac simile de ce monument, qui le représente dans sa forme et grandeur naturelles, avec un calque exact des inscriptions qu'il porte. Commissaires MM. Bekker , De Reiffenberg et Crahay. L'académie royale de Berlin fait parvenir à l'académie Tom. ur. 22 (294 ) le programme de son concours pour la classe des sciences. Les deux questions proposées sont les suivantes : Pour le 31 mars 1838: « Faire connaîlre une méthode propre à la détermination des racines imaginaires des équa- tions numériques, et qui réunisse à l'avantage d’une appli- cation facile , celui d'indiquer jusqu'à quel point il faut porter le calcul, pour obtenir avec un degré d'approxima- tion déterminé les deux parties de chaque racine. » Pour le 31 mars 1839 : «La détermination de l’orbite de la comète de Biela, telle qu’elle résulte de la comparaison des observations de 1805, 1826 et 1832, accompagnée d'une éphéméride exacte, pour l'apparition de 1839, qui puisse faciliter d’un côté les recherches des astronomes, et qui permette de l’autre côté de juger de l'exactitude des élémens ou des hypothèses employées pour fixer exac- tement le retour au périhélie. » M. Vloeberghs, pharmacien à Aerschot, adresse de nouveaux renseignemens sur la teinture au moyen de la garance. Sa lettre est renvoyée aux commissaires déjà désignés. COMMUNICATIONS. L] MM. Quetelet et Crahay communiquent les résultats des observations horaires qu'ils ont faites au dernier équinoxe, en correspondance avec les observations météorologiques faites par sir John Herschel, au cap de Bonne-Espérance. M. Quetelet annonce en même temps qu'il a aussi reçu de M. Gautier , directeur de l'observatoire de Genève, les observations horaires faites dans cette ville par M.-S. Muller, le 21 mars et le 21 juin dernier ; ainsi que les observations horaires faites à Maestricht par MM. Riemsdyk et Ryke. Enr ( 295 ) Observations météorologiques horaires faites à l'observatoire de Bruxelles, en correspondance avec les observations de sir J. Herschel, au Cap de Bonne-Espérance (1836). BAROMÈTRE|THERMOM.| HYGROM. VENTS ÉTAT DU CIEL. réduit à Oo. 21 SEPTEMBRE. min 6h.matin.| 758,03 | +72 | 840 | No. de 7 758,54 7,9 | 79,0 » à 8 758,97 8,8 74,5 » k | 9 759,60 9,0 72,0 » Éclaircies. 10 759,91 9,7 68,5 » Nuageux. | 11 - 760,34 9,3 75,5 ONO. Éclaircies. 12 760,42 10,2 73,0 NO. Nuageux. | 1 h, soir, 760,36 10,4 66,0 ONO. Éclaircies. | 2 760,50 10,4 64,0 à : | 3 760,72 10,6 65,0 » Nuageux. | 4 760,87 10,1 66,0 » » | 5 761,01 9,4 70,0 » FOES | 6 761,30 9,0 73,5 » Eclaircies. | 7 761,72 8,5 74,5 » » 8 762,04 8,1 75,0 0. Nuageux. | 9 762,23 8,0 77,0 fs k 10 762,44 8,1 77,0 $ . 11 762,60 7,9 78,0 » LRO ET 762,85 7,7 | 78,0 » Éclaircies. | 22 SEPTEMBRE | 1h.matin.| 763,06 7:12 80,0 ? Nuageux. | 2 763,14 7,1 81,0 P » Re 763,14 74 | ‘81,0 ? » | 4 763,43 6,9 82,0 ? » 5 763,54 6,7 83,0 o. FRE | 6 763,84 7,0 83,0 » Éclaircies. 7 764,16 86 | 78,0 | ONo. » | 8 764,51 9,7 735 5 : | 9 764,79 11,3 68,0 : Ë 10 765,13 12,3 65,0 » » 11 765,07 13,0 | 60,5 0: 4 | 12 765,02 13,1 57,5 » Nuageux. 1h. soir. 764,79 12,7 | 58,5 » » 764,41 13,3 56,5 Es < 764,30 13,1 57,0 »” » 763,95 12,4 59,0 » Aa 763,62 12,2 | 60,5 » Eclaircies. 764,04 11,0 || 65,5 » Nuagéux. SA Es Ib 764,07 9,2 71,0 ? Serein. Observations météorologiques faites à Louvain, au collège des Prémontrés par J. G. Crahay y, professeur de physique à l’université catholique (1836). ÉPOQUES FBAROM. | TUERY. des réduit à | exté- ÉTAT DU CIEL. OBSERVATIONS. Oo. rieur. 21 SEPTEMBRE. - Températ, ménim. du 20-21, + 60,6. 1 ° 5 + 19 & & 1 © 6h. m. | 759,761 760,510 760,733 761,704 761,741 761,890 761,774 Eclaircies. Id. pluie. Id. Id. un peu de vent. Couv. gros n. un peu pl. par interv. Eclaircies. Nuages, vent, OO © © 1 et b,s Eclaircies , id. Couvert, gros nuages. 762,024 762,120 762,357 762,582 763,124 763,350 763,513 763,825 763,988 764,251 Di pd bn 1N1mmLCcee , . . Éclaircies, to OU 0 Lo Lo Go Ut mi È 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 bd Hauteur de l'eau tomhce pendant la journée 0 c.m.,025. 22 SEPTEMBRE. Températ. ménim, du 21-22, + 00,1. ee } a. ee 6 h. m. 765,904 2,3 Eclaircies, léger brouillard. 766,153 4,6 1d. id. 766,602 6,0 Id. 766,652 7,0 Id, 766,848 10,0 766,685 11,3 Petits nuages. .766,709 11,4 1h,s 766,419 11,5 Gros nuages. 2 766,200 11,0 8 765971 11,0 ( Nuages. 4 765,804 10,3 5 765,851 9,4 6 766,034 7,5 a LS 7 766,060 7,1 Éclaircies. 8 766,037 » 9 766,037 » Nuages. ( 297 ) Physiologie végétale. — M. Morren, correspondant de l'académie, adresse la notice suivante: Effets de l’éclipse du soleil du 15 mai 1836 , sur la res- piration végétale et le sommeil des plantes. « L'occultation du soleil par la lune, au milieu du jour, alors que les fonctions vitales des plantes auxquelles la lumière préside plus qu'aucun autre agent, s’exécutent avec le sammum de leur énergie, doit permettre sans doute aux astronomes de déterminer avec quelque préci- sion la quantité de lumière que reçoit un lieu donné de la terre. La lumière, décroissant successivement avec une ré- gularité plus grande que sous aucune autre circonstance, s’affaiblit de plus au moment où, les autres jours, elle est la plus forte, c’ést-àa-dire , aux heures où la végétation est la plus active. L'éclipse de soleil peut donc servir au phy- siologiste pour rechercher si, les fonctions vitales s’exécu- tant avec force, au milieu du jour, s'arrêtent ou diminuent d'intensité proportionnellement avec l’affaiblissement de la lumière. Je ne sache pas que de telles observations aient été faites , et j'ai cru qu'il fallait principalement les diri- ger sur deux points, la respiration et le sommeil des plantes. Le 15 mai, ayant été, à Liége, favorisé d’un ciel sans nuage aux heures de l'éclipse, j'ai pu facilement obser- ver les effets que j'avais en vue. Le vent du nord étant ce jour-là assez fort, j'ai fait mes observations dans la serre chaude du jardin botanique de l’université, » Le 11 mai j'avais préparé mes appareils pour la respi- ration végétale, » Un vase renfermant de l'eau ordinaire et une branche ( 298 ) de peuplier-tremble fut renversé sur un baquet Fe ce d’eau. CFE » Une cloche également remplie d’eau ordinaire, dans laquelle j'avais fait dissoudre son demi-volume de gaz acide carbonique, fut renversée sur un baquet après y avoir renfermé une sommité du delphinium consolida , pourvue de plusieurs feuilles. » Un troisième vase renfermant de l’eau ordinaire et une branche de peuplier fut placé, étant renversé, sur un ba- quet rempli d’eau et dans lequel plongeait une autre cloche où j'avais introduit du gaz acide carbonique. L'eau du ba- quet fut recouverte d’une couche d’huile pour empêcher le coniact de l’air extérieur. » Enfin , un quatrième vase contenant de l’eau d’un bas- sin du jardin , remplie de propagules verts du zygnema quininum , fut renversé sur un baquet rempli de mercure. » Les effets de la respiration végétale s'étaient manifes- tés déjà le 11, à deux heures de l’aprés-midi, et avaient continué à se montrer les jours suivans avec une grande régularité, de sorte que le 15 mes appareils fonction- naient avec précision. | » Pendant l’éclipse, les bulles d’oxigène devinrent de plus rares en plus rares. A 3 heures ; elles cessérent de se dégager tout-à-fait, Quelques-unes venaient se montrer encore à la surface des feuilles du tremble, mais on voyait la quantité d’oxigène , qui se dégageait de cette plante, di- minuer beaucoup, et à 3 heures et demie on n’apercevait plus aucune bulle monter dans les vases, ou se former sur les surfaces végétales. Les feuilles de l'arbre , celles de la plante herbacée et les vésicules rase de l'algust ne respiraient plus. » La quantité de lumière qui éclairait alors le lieu d’ob- ( 299 ) servation était donc insuffisante pour la respiration végé- tale, etil est évident que l’éclipse du 15 mi a suspendu cette fonction chez les plantes, bien que le soleil envoyàt encore directement quelques rayons. » Il n’en a pas été de même pour le sommeil des plantes. L'influence a été moins sensible, bien qu’à priori on eût pu penser tout autrement, » Quand la lumière diminua et que les ombres des corps ne présentaient guére plus de pénombre prononcée, je remarquai que la lumière blafarde qui régnait alors, agit sur le cassia sulfurea , le tamarindus indica , V'acacia speciosa , la sensitive (mimosa sensitiva ), le mimosa pu- dicaet le mimosa arborea. Ges plantes éprouvérent toutes un demi-sommeil , une somnolence comparable à l’état où les met un fort orage d'été survenant brusquement au milieu d’un beau jour. Quand l’éclipse se dissipa, le som- meil disparut peu à peu, et l’on suivait à la fois l'épa- nouissement des feuilles et le retour de la lumière. » Ces expériences font connaître un résultat auquel on ne s'attendait pas, c’est que le sommeil des plantes de- mande , pour se produire, une plus grande ablation de lumière que la respiration végétale pour cesser de se mani- fester. De plus , il est probable que cette dernière fonction est indépendante du sommeil des feuilles , puisque la mo- dification des agens extérieurs qui arrête l’émanation de l’oxigène complétement, ne provoque pas le complet rap- prochement des limbes des feuilles ou leur sommeil, » On se trouve si rarement dans l’occasion de faire des expériences de ce genre, qu’il devenait utile de saisir celle du 15 mai dernier, où toutes les circonstances les ont fa- vorisées. » Quelques membres expriment le regret que M. Morren ( 300 ) n'ait pas répété ses expériences en se servant d’une obscu- rité artificielle au même degré que celle de l’éclipse, afin de constater sans réplique si une obscurité aussi incom- plète et aussi passagère que celle de l’éclipse, pouvait dimi- nuer aussi rapidement la décomposition de l’acide carbo- nique par les parties vertes des végétaux. Quant au peu d'influence exercée par l’éclipse sur le sommeil des plantes, on pouvait s’yattendre, d’après les expériences de M. Decan- dolle , qui a constaté que les heures de sommeil et de veille des plantes ne se changeaient pas instantanément, mais seulement au bout d’un temps plus ou moins long, par l’in- fluence d’une lumière ou d'une obscurité artificielles, dont l'effet se fait sentir à des époques différentes de celles de la lumière ou de l'obscurité diurnes. Anatomie et physiologie végétales. — M. Morren a fait parvenir encore à l'académie des recherches sur la cata- lepsie du dracocephalum virginianum ; qui paraîtront dans le prochain bulletin. LECTURES. Température des hauts-fourneaux. — MM. Martens, Cauchy et De Hemptinne présentent leur rapport sur les recherches de M. Huart de Charleroy , concernant la supé- riorité de l'emploi de l’air chaud sur celui de Pair froid, dans l'alimentation des bauts-fourneaux; ainsi que sur la note de M. le major Bavier, relative au même objet. «ÆEn lisant la notice de M. Huart sur les causes d’une température plus élevée dans les hauts-fourneaux marchant à air chaud , que dans ceux marchant à air froid , il nous a semblé que l’auteur n’avait pas envisagé la question sous son (301) véritable point de vue. On sait que, pour qu’un corps brûle dans l'air, deux conditions sont généralement requises : 1° présence d’une suffisante quantité d’oxigène et 2° éléva- tion de température pour que la combinaison du combus- tible avec l’oxigène puisse s’opérer. D'où résulte que l'on peut activer la combustion de deux manières différentes , soit en fournissant plus d’oxigène au combustible en un temps donné , soit en portant ou maintenant sa température à un degré assez élevé pour que la combustion ne soit jamais interrompue ou incomplète. Cette dernière circonstance influe plus qu'on ne le pense généralement sur l’activité de la combustion , et fait que, lorsque plusieurs combusti- bles sont réunis et s’'échauffent mutuellement en brûlant, leur combustion est beaucoup plus active et plus parfaite que lorsqu'ils brûlent isolément. De là découle naturelle- ment la conséquence que si, pour activer la combustion d’un feu quelconque, on y fait arriver un courant d'air, celui-ci l’activera bien mieux lorsqu'il est chaud que lors- qu’il est froid, puisque, dans ce dernier cas, il abaisse néces- sairement la température du combustible au moment où il vient en contact avec lui. Il est donc évident que la tempé- rature d’un haut-fourneau alimenté par de l’air chaud , doit être plus élevée que celle d’un fourneau alimenté par de l'air froid , abstraction faite même de l’excédant de calo- rique que l'air chaud apporte avec lui. Mais comment se fait-il qu'il y ait économie de combustible ? Nul doute qu'une même quantité de combustible ne produise toujours dans sa combustion , lorsqu’elle est parfaite, la même quan- tité de chaleur, quelle que soit du reste l’activité de cette combustion ; mais la même quantité de chaleur se trouvant produite dans un temps plus court lorsque la”combustion est rapide que lorsqu'elle est lente, il est clair que la déper- ( 302 ) dition de la chaleur par le contact des corps froids environ- nans, devra être moins sensible dans une combustion active ou rapide, que dans une combustion lente et faible, de sorte que de ce chef il y a déjà économie de combustible dans le cas d’une combustion activée par de l'air chaud. D'un autre côté on sait que la production de la fonte exige une tempé- rature très-élevée , et par conséquent il doit s'en produire proporlionnellement beaucoup plus dans un fourneau où la combustion est très-aclive et rapide, que dans un four- neau où la même quantité de chaleur n’est développée que dans un temps beaucoup plus long. Mais on sait que ce n’est pas là encore que se trouve le plus grand avantage de l’em- ploi de l'air chaud pour la réduction et la fusion du fer dans les hauts-fourneaux. Cet avantage existe surtout dans la substitution qu’il a permis de faire de la houille au coke, et c’est ici que se trouve la grande cause de l'économie de combustible. Il est constant, en effet, que la combustion parfaite d’un kilogramme de houille produit beaucoup plus de chaleur que celle d’un kilogramme de coke, parce que l'hydrogène contenu abondamment dans la houille, produit à poids égal, trois fois plus de chaleur en brûlant que le carbone , d’après les expériences de Lavoisier et Laplace, confirmées par celles de Davy. D'où il suit que si on parvient à brûler complétement la houille grasse, on doit , avec une quantité beaucoup moindre de combustible, produire la même chaleur que lorsqu'on opère avec le coke. Or, il est permis de croire, et toutes les expériences tendent à faire admettre ce résultat , qu’en activant forte- ment la combustion de la houille, on parvient à brûler presque complétement , etsans perte notable, tout l'hydro- gène qui s’y trouve, ce qui donne lieu à une grande éco- nomie de combustible dans l'emploi de ce mode de chauf- ( 303 ) fage. Ainsi, en employant l'air chaud pour alimenter la combustion dans les hauts-fourneaux, et en substituant la houille au coke, on a d’un côté plus de chaleur produite par la même quantité de combustible, de l’autre côté moins de déperdition par le contact des corps environnans, vu la rapidité de la combustion et enfin une fusion plus rapide du fer carburé réduit; ce qui fait que la même quantité de combustible dans un cas doit produire beaucoup plus d’effet utile que dans l’autre. On nous fera observer peut- être que , puisque la grande économie du combustible dans l'emploi de l’air chaud, provient , suivant nous, de la sub- stitution de la houille au coke, on pourrait faire la même substitution avec le même avantage dans le travail des four- neaux à courant d’air froid ; mais remarquez bien que, pour qu’on puisse retirer de la combustion de la houïille toute la chaleur qu’elle est susceptible de produire , il faut que son hydrogène soit brûlé et qu’il ne s'échappe pas en partie sous forme de gaz hydrogène carburé ou de vapeur hui- leuse sans avoir contribué à la combustion. Ce dernier cas arrive constamment toutes les fois que la combustion de la houille n’est pas extrêmement active, de même que cela a lieu dans la combustion de nos lampes. On sait, en effet, que, dans nos meilleures lampes d’Argand, dans celles même qui, surmontées d’un tuyau de cheminée, ne répandent en brûlant aucune odeur ou fumée visibles , il se dégage en- core beaucoup d’hydrogène carboné qui échappe à la com- bustion, et qu’on ne parvient à utiliser le plus de combus- tible qu’en préservant autant que possible la flamme contre tout refroidissement. De là la grande chaleur produite par les lampes d’Argand à deux mèches circulaires concentri- ques, dans lesquelles la flamme intérieure s’alonge beau- coup plus et brûle avec bien plus de vivacité que si elle ( 304 ) élait isolée. On conçoit donc que, dans un baut-fourneau alimenté par de l'air froid, la combustion de la houille pourrait être moins avantageuse que celle du coke, parce que les matières huileuses de la houille passeraient en grande partie en distillation sans avoir été brûlées, et aussi parce que la combustion de ces matières ne se fai- sant point assez rapidement, les morceaux de houille ont le temps de se ramollir et de s’agglutiner , d’où un obsta- cle au passage du courant d’air et par suite une diminution dans l’activité de la combustion. C’est donc la substitution de la houille au coke qui rend l'emploi de l'air chaud dans ces fourneaux si avanlageux, et c’esl ce qui résulte aussi directement d’un tableau inséré dans la note de M. Huart, où l’on voit que la combustion de deux kilogr. de houille activée par un courant d'air chauffé à 322°, a réduit presqu’autant de minerai que celle de sept kilog. de coke, lors de l'emploi de l'air froid. Cette différence de ré- sultats est beaucoup plus grande que celle qui devrait exister d'aprés les calculs de M. Huart , etil est surtout impossible de croire avec l’auteur de la notice qu’elle puisse être at- tribuée à l’absence dans le haut-fourneau de l'acide carbo- nique et de l’azot, produit et résidu de la combustion au foyer extérieur servant à chauffer l’air d'alimentation, ab- sence d’où ne peut, selon nous, résuller aucun avantage, puisque, si ces gaz emportent moins de chaleur du foyer extérieur qu'ils n’en auraient emporté du foyer intérieur , le coke dont ils y emportent la chaleur aurait produit aussi par sa combustion dans le foyer intérieur beaucoup plus de chaleur utile qu’au dehors où la déperdition du calorique par le contact des corps environnans est bien plus consi- dérable. » Getle dernière observation nous parait suffisante pour ( 805 ) faire rejeter l’idée que « l'absence dans le fourneau de l’a- cide carbonique et de l’azot, produit et résidu de la com- bustion au foyer extérieur servant à échanffer l'appareil... est la seule cause de tous les avantages obtenus par ce pro- cédé ( celui de l’air chaud ) »; mais, dans cet autre passage de la notice de M. Huart, «l'air chaud appliqué immédia- tement, donne, entre autres précieux avantages, celui de se combiner, à l'instant de son introduction , sans refroidir le creuset, comme le fait l'air froid, avant d’avoir acquis la température de la combustion », nous croyons voir le germe de la théorie que M. Berthier a proposée ( Ann. des mines , 3% série , tom. VI, pag. 467, et Ann. de chimie, tom. LIX , pag. 264, et que MM. Buff et Pfart ont con- firmée par leurs expériences ( {nn. des mines, 3% série, tom. VIIT, pag. 89). Nous concluons donc à ce que l'aca- démie remercie MM. Huart et Hochereau de leurs obli- géantes communications sur une question aussi intéres- sante. » M. le major Bavier qui a bien voulu envoyer à l’acadé- mie une traduction, accompagnée de notes, d’un article de journal allemand sur l'application de l'air chaud aux foyers de maréchal, a droit aussi, ce nous semble, à des remer- cimens. » Conformément aux conclusions de ce rapport, des re- mercimens seront adressés à MM. Huart, Hochereau et Bavier, pour leurs intéressantes communications. Mécanique analytique. — M. Pagani fait part de ses re- cherches sur la forme du corps doué de la plus grande attraction. «M. Gauss cite dans son ouvrage sur la Théorie de lac. tion capillaire, le rapport connu entre la plus grande ( 306 ) attraction possible et l'attraction d’une sphère de même masse ; mais cet illustre savant, dit M. Pagani, n'indique pas l’auteur qui aurait fait connaître ce rapport le pre- mier, ni comment on pourrait le vérifier. C’est pour me rendre compte à moi-même de la vérité du fait cité par M. Gauss, que j’ai entrepris les calculs qui font l’objet de cette note, Je me suis occupé en même temps de comparer les attractions exercées par la sphère, l’ellipsoïde et le corps doué de la plus grande attraction, et de présenter l'équation de la surface de ce corps sous la forme la plus simple. | 1. Onsait que l’attraction exercée par une sphère homo- gène sur un point matériel situé à la surface , est propor- tionnelle à - rr, en désignant le rayon de la sphère par r, et le rapport de la circonférence au diamètre du cercle par 7. 2. La masse restant la même, si l’on substitue à la sphère un ellipsoïde de révolution aplati, l'attraction sur un point matériel placé au pôle de l’ellipsoïde, sera pro- portionnelle à la quantité D 4e ang. tang. à 4 1 L 3 TX8(1+X) = comme il résulte de la première formule de la page 12 du tome second de la Mécanique céleste. x désigne le quotient de l’excentricité divisée par le demi grand axe de l’ellipse génératrice. 3. En comparant ces deux expressions, on voit que, pour des valeurs très-petites de À, l'attraction exercée par l'ellipsoïde est plus grande que l’attraction exercée par la sphère. Mais pour des valeurs de de plusen plus grandes, ( 307 ) la dernière expression converge vers zéro; par conséquent il doit exister une valeur de à telle que l’ellipsoïde dont la masse est constante, exerce la plus grande attraction pos- sible sur un point matériel. Il suffit pour cela de rendre mazimum la quantité 2, S Aide LE ) À u= (1x) EE. En y appliquant les règles connues, on trouve fetes x) À — ang. tang. À Fe 3 x 4. On voit d'abord que :=—0 est une racine de cette équa- tion ; mais il est aisé de s'assurer que cette valeur corres- pond au minimum de uw. On reconnaît ensuite que la der- nière équation donne à > 0,6 et < 0,7. C'est donc entre ces deux limites qu'est comprise l’excentricité de l’ellip- soïde doué de la plus grande attraction. 5. Désignons par * la valeur de À donnée par la der- nière équation; la quantité 2 (1 + 2° ” exprimera le rapport entre l'attraction maximum de l’el- lipsoïde et l’attraction de la sphère de même masse. En substituant les valeurs extrêmes de à à la place de x, on a pour les limites de ce rapport 1,023 et 1,027. * 308 ) Nous verrons plus loin que le second nombre peut même être réduit à 1,026. 6. Cherchons maintenant quelle doit être la figure génératrice du solide dont la masse est constante et dont l'attraction sur un point matériel placé à l'un des pôles de la surface, est la plus grande possible. En rapportant tous les points de la courbe à deux axes rectangulaires +,7, le point attiré étant à l’origine, et en désignant l'attraction du solide par V, on aura d T LR (=) La limite +’ de l'intégrale doit être déterminée de ma- nière à satisfaire à la condition æ’ | n Fibres td dr = À ri, (2) is y 5 L] Nous avons supposé, pour plus de simplicité, que la den- sité du solide est égale à l’unité , et que la masse donnée est équivalente à celle d’une sphère de même matière ayant pour rayon r. 7. Cela posé, l'équation du maximum, qui doit définir la courbe génératrice, sera ( 309 ) en dénotant par 4 une constante arbitraire. {Pour dévelop- per cette équation’, observons que l’on a généralement # [°'Udr = (Ur), — (Uox)o + J7 (draU — dUaz). Mais à la limite #—0 on adx—0 ; par conséquent la quan- tité qui est délivrée du signe / donnera, en remplaçant U par sa valeur et mettant x," au lieu de x, y, l'équation particulière x! RE y) Vy°+z" En substituant pour U sa valeur et en faisant les réduc- tions convenables, la quantité soumise au signe /, donnera l'équation générale ci + 2ky = 0, (y +2)? ou bien , en réduisant, CRETE dre pres) Cette équation fera connaître la courbe génératrice de la surface du solide cherché, aprés que l’on aura déterminé la constante k. 8. Si l'on fait &=—x", y—y dans l’équation (4), et si l’on combine la nouvelle équation avec l’équation (3), on trouve oo Tom, nr. 23 ( 310 ) Substituant dans l'équation (2) la valeur de y? donnée par l'équation (4), et celle de x’ que l’on vient de trouver, on aura , après les réductions , 1 Es Si —’V 35. Posons, pour abréger, Ç a—1V 8, et l'équation (4) deviendra 3 Y+r = aV'ax’. La courbe donnée par cette équation est symétrique par rapport aux axes des coordonnées ; mais le solide doué de la plus grande attraction est produit par la révolution du qua- drant des x et y posilifs. 9. L'équation précédente prend une forme très-simple lorsqu'on rapporte les divers points de la courbe aux coor- données polaires. En effet, soit : Y = p SIN. p, T— p CUS. y; on aura, en faisant les substitutions et en réduisant, pe= aV cos. p. Il sera trés-facile de construire autant de points que l’on voudra de la courbe représentée par cette équation, en fai- sant usage des tables trigonométriques. On peut même trouver tous ces points par une construclion géomélrique (311) assez simple. Pour le prouver, ilsuffit de mettre la dernière équation sous cette forme SE = V'a° — 2a° sin.° 1 ?; ce qui démontre que le rayon vecteur s est égal à l’ordonnée d’un cercle dont le rayon est a et dont l’abscisse a pour valeur aV 2. sinus. EX +. 10. Il nous reste à calculer la valeur de la plus grande attraction qu'une masse donnée de matière homogène est capable d’exercer sur un point matériel. 3 ———— a ———————— Substituons à cet effet V’a’x au lieu de Vy: + z° dans l'équation (1), et intégrons en observant que l’on a 3 = a — 128 ; nous obtiendrons kr V = ——. V 25 En comparant cette valeur à celle qui est relative à la sphère , on voit que le rapport entre la plus grande attrac- tion possible et l'attraction exercée par une sphère de même masse sur un point matériel silué à sa surface, est égal à 3 3 < 1, 026. V/25 Géologie. — M. Cauchy donne lecture de la note sui- vante, sur une roche felspathique du Grand-Manil, près ( 312 ) de Gembloux ; qui lui a été communiquée par M: Henri Lambotte, de Namur, candidat en médecine. « Gelte roche se montre au sud du village de Grand- Manil, sur les bords de l'Ornoz, dans la carrière dite car- rière aux pavés. Elle y est accompagnée de phtanite et de quarz grenu. Les figures ci-jointes donnent une idée de la disposition de ces roches. » Vers le milieu de la carrière on voit ure roche 4 d’un blanc jaunâtre, d’une lexture compacte ou peu gre- nue, qu'on prendrait au premier abord pour du quarz grenu ou du grès blanc; elle raie le verre et est rayée par le quarz ; soumise à l’action du chalumeau, sans addition, elle fond en émail blanc; avec addition de nitrate de co- balt, elle prend une teinte bleu-d’azur trés-intense, et identique à celle obtenue avec le felspath (1) ou la pierre- ponce. Cetle circonstance ne permet pas de douter de la nature alumineuse de celte roche. » Elle est presque verticale, sa direction est à peu près du SO. au NE; sa puissance est variable, plus grande vers le haut de la carrière, d'environ 0,8 vers le fond. Elle est engagée entre deux masses d’une autre roche B,B' dan blanc jaunâtre dans le voisinage de la première, et qui passe au jaune-verdâtre et au gris-verdâtre en s’éloi- gnant d'elle; sa dureté est moins grande, elle raie faible- ment le verre et se laisse facilement rayer par l'acier. Elle - présente sur un fond blanc-jaunâtre, des taches rougeà- tres, verdâtres, noirâtres; on voit des taches tout-à-fait blanches près de la roche À , tandis que les taches foncées augmentent et font paraître ainsi la roche plus sombre quand on l’examine plus loin; sa cassure est cireuse, son (1) Employé à la fabrication de la porcelaine d’Andennes, Bulletin de L'Acaderut . Tome 111. 18.36. mr un Lambotte de. L, he. 2 Bury ra af 5 FT ee none - (313) éclat mat, sa pesanteur assez grande. Soumise à l’action du chalumeau, elle blanchit et se comporte du reste comme la première; sa puissance est plus considérable ; elle occupe tout le fond de la carrière d’un côté B’, de l’autre B elle forme une masse de 22,5 à 3.0. » Après cette roche vient une bande C d’une substance d’ua blanc-jaunâtre, se divisant en feuillets, onctueuse, écrivante, pointillée de petites taches d’hydrate de fer; au -Chalumeau elle se comporte comme les deux roches précé- - dentes. La puissance de cette bande est d'environ 0,1. » À cette bande succède un banc de phtanite noirâtre D; il a une texture plus ou moins schistoïde et présente un grand nombre de petites fissures remplies par une sub- stance blanchâtre ; sur le trajet de ces petites fissures se trouvent des points de la même substance ; mais leur té- nujié ne m'a pas permis de les essayer au chalumeau. La puissance de ce banc est à peu près de 0,3 à 0m,4. » On trouve en contact ayec ce banc de phtanite D une petite bande C’ formée de la même substance que la bande C; elle a 0%,05 d'épaisseur environ. » Vient ensuite une roche B de la même nature que la roche Bet B’, et qui est, comme elle, suivie d’une petite bande C”, identique à la bande C. » Enfin, on trouve du phtanite D’, semblable à la roche D, et ensuite du quarz grenu F, d’une couleur gris-bleuâtre avec des raies d’un gris plus foncé. » Les terres qui recouvrent les roches empêchent de poursuivre la coupe plus loin. » Toutes ces roches (si l’on en excepte le phtanite et le quarz grenu ), bien que présentant des différences très- grandes sous le rapport des caractères extérieurs , doivent être regardées comme très-voisines pour la composition (314 ) chimique, puisqu'elles se comportent de la même manière au chalumeau; leur nature felspathique ou alumineuse est démontrée par la teinte bleue qu’elles prennent lors- qu’on les soumet au chalumeau avec le nitrate de cobalt. » On peut donc les considérer comme formant un dyke dans le terrain ardoisier. » Les différences que l’on remarque dans les diverses par- ties de la roche, proviennent apparemment des modifica- tions qu’elles ont éprouvées dans leur refroidissement , et par le contact des roches environnantes. » On pourrait croire que la masse päteuse qui est venue en contact avec le phtanite a pris une texture feuilletée, etc. , comme on le voit dans les bandes C, C’, C”’. La partie cen- trale se serait refroidie moins subitement et aurait pris une texture plus compacte , plus dure, comme on le voit dans la masse A; la portion de la roche qui se trouve entre ces deux parties se serait refroidie plus vite que la masse cen- trale et moins rapidement que celle de la périphérie et au- rait pris une texture et une durelé intermédiaires. » Si la masse du dyke eut été moins grande , le centre A aurait pu ne pas exister , el alors les parties B et B’ se se- raient touchées et formeraient un bloc unique , comme on le voit en B”. » Un fait qui me paraît prouver que c’est le contact des roches voisines qui a donné lieu aux petites bandes C, C’, C”’, c’est que dans la roche A j'ai trouvé des blocs D” du même phtanite que l’on trouve en D et D',et qu'ils étaient entourés d’une matière onclueuse, écrivante, etc., comme celle qui forme les bandes G, C’ , G”. En outre, la présence de ces blocs de phtanite noirâtre dans la roche À , ne sem- blerait-t-elle pas appuyer l'opinion que cette roche se- rait un dyke, puisqu’en effet, MM. Élie de Beaumont et — ul ( 315 ) Dufrénoy disent qu’on a observé cetle circonstance dans une masse de même origine, le dyke de Trockloy ? (7oyage métallurgique en Miunlstass )» Après cette lecture, M. Cauchy ajoute que les observa: tions et les expériences consignées dans la notice de M. Lam- botte lui paraissent bien propres à confirmer l'opinion des géologues qui ont rapporté aux terrains de soulèvement la roche de Grand-Manil, opinion qu'il a également adoptée en visitant, après eux, la carrière où l’on exploite cette roche. Archéologie. — Sur une peinture persane mentionnée par Thémistius, note lue par M. Roulez, correspondant de l'académie. « Les savans qui ont écrit sur l’histoire de l’art antique ne disent mot de la peinture chez les Perses (1) : leur si- lence provient non-seulement de la perte des monumens, mais encore de Fabsence de renseignemens qui nous en aient transmis le souvenir. On a négligé jusqu’à présent une courte notice sur une peinture persane qui existe dans un auteur trop connu pour qu'il n’y ait pas lieu de s'étonner qu’elle soit demeurée inaperçue, d’autant plus que le pas- (1) Voy. Winkelmann, Zistoire de l’art., liv. II, ch. 8., k. Od. Müller, Zandbuch der Archæologie der kunst. Anhang, no III, Hirt, Geschichte der bildenden hünste bei den Alten. Abschnitt 1, no II. Bôttiger, dans un ouvrage spécial sur la peinture chez les anciens (Ideen zur Archæologie der Malerei, pag. 11) et à l’endroit où il a à traiter de la peinture chez les Perses, après avoir parlé des bas-reliefs de Persépolis, ainsi que de ceux de Nakschi-Rustan appartenant à l’épo- que de la dynastie des Sassanides, continue ainsi : « Aber von eigent- lichen Gemälden aus dieser alten Zeit kann nicht die Rede seyn. Dass man aber früh schon dem buntesten Farbenreiz dort huldigte , beweisen die siebenfach-gefärbten zinnen der sieben Ringmancern der Burg von Ecbatana bei Ierodot. | ,98. » ( 316 ) sage qui la renferme , se trouve cité dans un autre but par deux savans très-versés dans l'étude de l'archéologie (1). Thémistius, l’auteur dont je veux parler , fait mention dans l’un de ses discours (2) d’une peinture représentant un roi de Perse, qu'il avait vue lui-même autrefois. «C'était, dit- il, un beau jeune homme assis sur le trône royal , la tête couverte d’une tiare ornée d’hyacinthes et d’éméraudes, avec un large collier orné de même et revêtu d’un manteau de pourpre brodé en or. » Il ne faut pas s'imaginer qu’il s'agisse ici du tableau d’un artiste grec sur un sujet persan, tel qu’un de ceux qui sont décrits par Philostrate (3). Thé- mistius a soin de dire que c'était une productiou de l’art persan ( Pepouxñ Pop Je Ce passage de l'orateur soulévetrois questions principales, savoir : Quelle était la nature de cette peinture , c’est-à-dire élait-ce une peinture sur bois (1) Jacobsius ad Philostrati Imagg. X, 22, pag. 842. Mongez, Mé- moire L, sur les costumes des Perses, pag. 78 (Mémotres de l'institut, littérature et beaux-arts, tom. IV ). 4 (2) Orat. XXVI, pag. 306. c. (pag. 269 , ed. Dindorf). (3) Zmagg., HE, 31, pag. 100, ed. Jacobs : Ka) œurèc 6 Baoiheds êri pôcou Tpéyou crikrdc oioy ras. J'ai rapporté les paroles de Philostrate parce qu’elles fournissent matière à quelques observations que je ne crois pas déplacées ici, Le sophiste grec dit à cet endroit que le grand roi est revêtu comme le paon de couleurs brillantes. La comparaison des Perses avec les paons semble avoir été assez usitée dans l’antiquité: ellea son origine, je pense, dans un passage d’Aristophane (Acharnens, vs. 63), où le poète comique traite de paons les envoyés du roi de Perse. L’au- teur d’une scolie sur ce vers , entre autres explications qu’il rapporte du motif de cette qualification , avance que les envoyés persans furent ainsi appelés parce qu’ils portaient des plumes de paon à leurs tiares, C’est sur Pautorité de ce scoliaste que Mongez, dans son mémoire précité, pag. 85, nous apprend que les rois de la dynastie des Achéménides ornaient leurs tiares des plumes de cet oiseau. Mais pour que l’assertion du savant antiquaire pût devenir admissible; il faudrait que le renseignement qui lui sert de base fût à l’abri de tout doute. Or j’ai des raisons de croire que ( 3i7 ) ou sur mur? Ensuite, quel roi des Perses représentait- elle? Enfin que nous apprend-elle de la peinture chez ce peuple? J'examinerai successivement ces lrois points, sans espérer toutefois de pouvoir donner pour solution autre chose que des conjectures. Le texte de Themistius ne nous fournit pas d'indice bien certain pour découvrir s’il a voulu parler d’un tableau ou d’une peinture murale; car quoique le mot de ya, dont il se sert, désigne ordinairement une peinture sur mur, on l'emploie cependant quelquefois dans le sens de mé table mobile, et en général pour exprimer toute espèce de peinture (1). La difficulté serait beaucoup diminuée si Themistius nous apprenait au moins où il a vu cette pein- ture, si c’est en Perse même ou bien à Constantinople, dans quelque ville de l’Asie-Mineure. Comme rien n’em- ce récit est une ineptie de scoliaste, qui ne mérite aucune foi. D’abordil est constant que les auteurs postérieurs à Aristophane, en faisant la comparaison , ont eu égard uniquement à la variété et à l’éclat des cou- leurs du costume persan; c’est ce qui résulte des paroles précitées de Philostrate, et plus clairement encore d’un passage d’Élien ( ist. Animal, V, 21) où il dit du paon: drxyds oiAoTdvog TÔ Tÿs TTEPÉTERS TohÜgopyoy ÜrEp Tv Toy Mydby écSÿra nai Tù Tlepcy roxiAuaTa Tÿy Éaurod aroÂÿy éridermyüuevos. De plus le même scoliaste d’Aristophane rapporte aussi que le poète avait voulu faire allusion aux habillemens des Perses , et la circonstance qu’il place cette explication la première prouve que c'était celle qui était le plus généralement accréditée. Enfin un motif beaucoup plus concluant encore et qui, s’il n'avait pas échappé à l’attention de Mongez , lui aurait fait suspecter la pureté de la source où il puisait, c’est que sur les monumens qui sont par- venus jusqu’à nous , tant médailles que sculptures, on n’aperçoit pas, que je sache, la moindre trace de plumes de paon à la tiare des rois persans. (1) Voy. Letronne, lettres d’un antiquaire à un artiste sur l'emploi de la peinture historique murale, etc., chez les Grecs et les Romains. Paris, 1836, nag S1, et 158 suiv. ( 318 ) pêche de supposer qu'il ait visité la Perse pendant la paix entre ce pays et Rome, qui fut rompue à la fin du règne de Constantin-le-Grand, ou bien qu'il y ait pénétré à la suite des armées romaines durant la guerre de Constance contre Sapor IT, et qu’ainsi il ait pu voir la peinture dont il parle dans le pays même, il semble que, s’il faut adopter un avis quelconque, la prudence commande de se tenir au sens le plus usité du mot ypa«wi, el par conséquent de se dé- clarer pour une peinture murale. Peut-être cette peinture décorait-elle la paroi d’un mur de quelque palais royal. On sait que les salles de ces palais étaient ornées de sculp- tures représentant des sujets analogues à leur destination. On a fait la remarque que cet usage existait encore au- jourd’hui avec la différence que la peinture avait remplacé la sculpture (1). Mais cet emploi de la peinture serait-il moderne et n’aurait-il pas déjà existé anciennement, si- mulianément avec la sculpture ? C’est là une hypothèse qui est suggérée, si non aulorisée par l'interprétation que nous venons de donner à l'expression de Thémistius (2). De ce que cet auteur ne cite que la personne du roi, il ne faudrait pas s’empresser de conclure que la peinture ne contenait pas d’autres figures, car la mention d’une seule suffisait à son but, et il a pu choisir celle-là préférable- ment, parce qu’elle se distinguait et s’isolait en quelque sorte des autres non-seulement par la richesse du costume, (1) Voir. Zeeren, Ideen ueber die politik, den verkehr und den handel der vornehmsten vôlker der alten welt. Th. I, Abth. I, pag. 232, der Ausg. 4. (2) Un passage des Septante, dont j'emprunte la citation à M. Letronne (ouvrage cité pag. 434), prouve que l’usage de peindre des figures sur les parois des édifices était ancien en Orient. Voici ce passage qui est tiré d’Ezéchiel, XXLIL, 14 : eidky dydpus Éboypagyméyous Êri To Toiyou. ( 319 ) mais probablement aussi, comme cela avait lieu dans la sculpture (1), par des proportions beaucoup plus grandes. Du reste, on peut également admettre qu'il s’agit d’un simple portrait où le monarque était représenté sur son trône tel que nous le voyons sur un grand nombre des mé- dailles des Arsacides : et cette supposition deviendrait même la seule raisonnable, pour le cas qu’on voulût rejeter l’idée d’une peinture murale. » Il serait important de connaître quel est le roi persan figuré sur la peinture, parce que cette connaissance nous fournirait celle de l'époque à laquelle la peinture remonte. Mais loin de nous donner le mot de l'énigme, Thémistius, à en juger d’après la manière dont il s’exprime (2), était lui- même dans l'ignorance à cel égard. Il ne nous reste donc qu’à chercher si, dans les détails du costume, tel qu’il le décrit, nous ne trouverons pas quelques indices capables de guider notre opinion. Ce roi, dit l’orateur, avait un manteau de pourpre; c’est précisément la couleur qu’Eu- nape donne à celui des Sassanides (3). Mais tel a pu être aussi le manteau des Arsacides et des Achéménides, quoique suivant quelques auteurs (4) la tunique de ces derniers fût de pourpre mi-partie de blanc, el que ce rouge mêlé de blanc se remarquât encore aux bandelettes qui formaient leur tiare (5). Les pierreries, comme ornement de la tiare royale, paraissent avoir été portées aussi bien par les Aché- (1) Foy. Heeren, ouvrage cité , pag. 235. (2) Ty Tleporméy Tinèg Bac iAéoy. (3) Eunap. Vit. OEdesii. pag. 5, ed. 1596. (4) Xénophon Cyrop., VII, 3, 7. Quint-Curce, IE, 3, 18. On com- prendra par ce qui suit pourquoi je n’invoque pas ici l’autorité de Cha- riton , qui donne le simple habit de pourpre à Artaxercès, (5) Quint-Curce 1, c. ( 320 ) ménides (1) que par les roisdes dynasties suivantes : ilestsin- gulier pourtant et digne de remarque qu'on ne les voie pas figurées sur leurs médailles comme sur celles des Arsacides et des Sassanides. Thémistius est le seul auteur qui, parmi ces pierreries, spécifie les hyacinthes; mais un autre écrivain qui vivait probablement dans la seconde moitié du V® siècle rapporte, dans son roman de Chéreas et de Callirhoë qu’Ar- taxercés portait une tiare de couleur d’hyacinthe (deæS1vo- Bayñ)(2). Dans ce passage, il s’agit à la vérité d’un princede la dynastie des Achéménides, mais comme il est présumable que Chariton lui aura prêté le costume des rois de son temps, l’on pourrait croire que la couleur d’hyacinthe a été une des marques distinclives de la tiare des Sassanides. Quant au collier dont parle encore Themistius , il ne sau- rait rien nous apprendre , puisqu'il était commun aux princes des troïs dynasties, et que nous ignorons les ma- nières différentes dont il a pu être orné. En résumé, l’exa- men du costume ne nous a fourni aucun indice qui dénote un Arsacide, et les présompiions qui en résultent en faveur des Sassanides sont aussi légères que celles contre les Aché- ménides. » Gomme le roi persan de la peinture yétail représenté à la fleur de l’âge, j'ai voulu essayer si, au moyen des médailles, je n’arriverais pas à quelque conjecture fondée sur l’analo- gie : celte tentative est aussi demeurée sans résultat satis- faisant. Le personnage de la peinture ne cadre avec aucune figure des médailles des Achéménides. Les médailles des Arsacides au contraire offrent plusieurs têtes jeunes et im- (1) Voy. Mongez, mém., cité, pag. 85. (2) Chariton, VI, 4. ( 321 ) berbes (1) entre lesquelles il devient impossible de faire un choix, et quelquefois le même prince est représenté dans des âges différens (2). S'il était prouvé que Themistius a vu le portrait d’un prince de la dynastie des Sassanides, alors il faudrait, je pense, y reconnaître Schapour-D'Houlactaf ou Sapor IL (3), qui fut déjà reconnu comme roi lorsqu'il était encore dans le sein de sa mère, et qui occupait le trône des Perses au temps de Themistius. » Il nous reste maintenant à considérer la peinture pour elle même, sans aucun égard au sujet qu'elle représente. On croit que les anciens Perses négligeant les règles du dessin et du coloris, ne visèrent qu'a la variété et à l'éclat des couleurs, qui, pour la plupart du temps, juraient en- semble; c’est la au moins l’idée que l’on s’est formée de leur peinture, d’après l’état actuel de cet art chez ce peu- ple (4). La notice de Themistius ne nous apprend rien con- cernant le premier point, qui, du reste, n’a plus guère besoin de confirmation en présence de l’irrégularité qu'of- frent les dessins de leurs bas-reliefs ; mais il certifie la recherche qu’ils mettaient dans l’emploi des couleurs écla- tantes. En effet, il est vraisemblable que c’est à cause de la richesse ct de l'éclat des couleurs que l’orateur a pris cette peinture pour terme de comparaison. Après avoir avancé que nous ne devons pas de l'estime à celui qui, dépourvu des qualités de l’esprit, ne possède que des biens extérieurs quelque considérables qu’ils soient, il ajoule, pour rehaus- (1) Arsace, XXII; Mionnet, tom. V , pag. 667 , no 66. Arsace, XXV ; ibid, pag. 868, no 70 et 71; Ars. XV; ibid, pag. 656, no 33. (2) Arsace, XII ; Mionnet, tom. V, pag. 654, no 24 et 26; Arsace, WEI ; Visconti, Iconographie grecque, tom. HIT , pag. 58 suiv. (3) Mionnet , ibid , pag. 695. (4) Voy. Bôttiger, ouvr. cité, pag. 12. ( 322 ) ser l'idée de ces vains dehors : « Get homme habitat-il un pa- lais plus somptueux que celui du roi de Sparte, et eût-il une mise plus riche qu'un roi de Perse. » La magnificence des ornemens royaux de Perse était assez connue dans l’an- tiquité pour qu'il eût suffi de les citer aux habitans de Nicomédie , à qui le discours est adressé ; si donc il prend l'exemple de cette peinture, c’est qu’à ses veux la variété et l'éclat des couleurs donnaient à ces ornemens un air de richesse qui surpassait la réalité (1).» L'académie, après avoir entendu les rapports de ses com- missaires, ordonne successivement l'impression dans ses recueils des mémoires suivans : Mémoire sur l'équilibre d’un corps solide suspendu à un cordon flexible, par M. Pagani ; Sur la latitude de l’observatoire de Bruxelles, déterminée par des observalions faites au cercle mural, par A. Quetelet; Mémoire sur la météorologie, par M. Crabay; Mémoire sur les composés décolorans du chlore, par M. Martens. L’académie a reçu, en outre, les mémoires manuscrits sui vans : … Recueil de quelques développemens peu connus en ana- lyse combinatoire , par M. À. Meyer. Commissaires, MM. Pa- gani et Garnier ; Notice sur une nouvelle espèce d’epilobium voisine de lepilobium augustissimum et rosmarinifolium , par M. D. Westendorp. Commissaire, M. Wesmael. (1) Cette phrase qui suit immédiatement donne de la vraisemblance à mon opinion : Ogg Hay TUUTYS Tig Te EÏxÔvos aÜTd ToIkÉA AY TOAUTEAÀI- crepoy xtÀ. Sur le verbe rox{AÂe, qui signifie peindre avec une variété de couleurs, et qui convient par conséquent à la peinture des barbares, voir Jacobs dans son commentaire sur Philostrate , pag. 467. ( 323 ) Le secrétaire présente à l'académie le supplément au tome IX des mémoires couronnés, qui vient de paraître, et qui renferme le mémoire de M. L.-J. Dehaut sur La vie et la doctrine d’ Ammonius Saccas , auquel a été décernée la médaille d'or en 1830. Le secrétaire annonce ensuite que M. Hayez, imprimeur de l'académie, vient de donner une seconde édition du tom. Ie des Bulletins des séances , années 1832, 33 et 34. En levant la séance, M. le vice-directeur a fixé l'époque de la prochaine réunion au samedi, 5 novembre. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Mémoires de la société des antiquaires de Normandie , année 1835, tome IX, in-8°, avec un atlas composé de 25 pl. Paris, 1835. Documens statistiques recueillis et publiés par le mi- nistre de l’intérieur du royaume de Belgique. Troisième publication officielle , in-4° , Bruxelles , 1836. Extrait des procès-verbaux des séances tenues par la Commission royale d'Histoire les 4 et 16 août ; et les 27 et 28 octobre 1834. (1° bulletin ) Broch. in-8°,3 172 f, Bruxelles. Mémoires de la société linéenne de Normandie, publiés par De Caumont, Années 1829, 1830, 1831, 1832 et 1833, 5 vol. in-4°, Paris, 1835. Annales de Hainaut, par Jean Lefevre. Tome XIX, in-8, Paris, 1836. De la part de M. le marquis De Fortia d'Urban , correspondant de l'académie. Nieuwve verhandelingen van het bataafsch genootschap der proefondervindelyke wysbegeerte te Rotterdam. Tome VIIL ,in-4° , Rotterdam , 1836. ( 524 ) Manuel d'antiquités grecques , par Verdeyen. Tome II, in-8&, Louvain, 1836. Sur le genre cheval , par Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. Broch. in 4°. Liste des dons faits a la bibliothèque du muséum d’his- toire naturelle de Paris. Eroch. in-#. Nouvelles annales du muséum d'histoire naturelle. Tome IV, livraisons 2, 8 et 4,in-4°, Paris, 1836. Ricerche sperimentali suql innesti, sulla colorazione dei vegetabili et sulla fosforescenza del legno infracidito; ragguaglio del professore G. Floris al sig. cav. Matteo Bonafous. Vigevano, 1836, broch. in-8. Description d’une magnanerie salubre, par M. D'Arcet. Offert par M. Bonafous. Broch. in-4°. De la greffe du mürier blanc, sur le mürier des Phi- lippines , par M. Bonafous. Broch. in-8e. Études de littérature comparée, par Gobert Alvin. 3me, 4me et 5e livraison , in-8° , Gand, 1836. Journal de la société de la morale chrétienne, broch. Tome X, n° 1et2,in-8°, Paris, 1836. Société d’horticulture de Liège, exposition d'été. Broch. in-8°, Liége, 1836. De la part de M. Morren. Nouveau programme d'études historiques et archéolo- giques sur le département du Nord, par le docteur Le Glay; 1 vol. in-12, Paris, 1836. Jean-sans-Pitié on la bataille d’Othée, par Polain. Broch. in-8° , Liége, 1836. Recherches sur les coquilles fossiles de Housselt et de Kleynspauwen , par Nyst fils. Broch., Gand , 1836. Grammaire belge, par Guillaume Van West, 1 vol. in-18, St.-Trond, chez Van West frères, 1836. ne BULLETIN L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1836. — N° 10. Séance du 5 novembre. M. De Gerlache, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. GORRESPONDANCE. L'académie reçoit différens renseignemens sur l’aurore boréale du 18 octobre dernier. M. le professeur Van Mons qui a déjà fait connaître par la voie des journaux ses ob- servations sur ce phénomène, en a pu suivre, à Louvain, les principales circonstances. M. Belpaire rend compte, de son Côté, des observations qu’il a faites à Anvers, et qui s'accordent fort bien avec celles que M. Quetelet a faites à Bruxelles. Ce dernier membre exprime le regret de ce que l’état de délabrement de la palissade qui entoure l’ob- servatoire ne lui ait pas encore permis d'établir dans le jardin un cabinet magnétique qui aurait pu l'aider à re- Tom. mr. 24 ( 326 ) connaître jusqu’à quel point le phénomène observé a exercé d'influence sur l'aiguille aimantée. « L’aurore boréale, dit-il, était à peu près dans son plus grand éclat, lorsque je l’aperçus vers huit heures et demie ‘du soir ; sa lumière éclairait alors tout l’espace du ciel, compris entre la constellation du Cocher à l’orient et celle d'Hercule à l'occident, et bordait d’une lueur rou- geâtre très-intense, à peu près tout l’horizon septentrional, en s’élevant à une hauteur assez considérable. Les jets lu- mineux qui la traversaient, sur trois points principaux, s’'étendaient même par intervalles jusque près du zénith. Vers 8 heures 40’, ceux qui partaient du côté du ciel ren- contré par le méridien magnétique , avaient une intensité trés-grande , et se dirigeaient vers la région comprise entre la tête du Dragon et la constellation de la Lyre. Peu à peu les masses rougeâtres les plus à l’orient s’affaiblirent, tandis que le phénomène semblait gagner et s'étendre davantage vers l'occident. À 8 heures 50’, les jets étaient dirigés vers la tête du Dragon avec une grande force ; et, après un ra- lentissement, ilsreprirent quelqu’activité vers neuf heures. Le phénomène alors diminua sensiblement d'intensité; et, vers 10 heures , il ne restait plus qu’un arc d’une lumière plus claire, partant du NNO. et fortement incliné à l'ho- rizon vers l’est, à peu près dans le sens de la queue de la Grande Ourse. Du reste, cet arc n’éprouva pas de mouve- ment de translation, comme ces masses flottantes d’une lumière claire et bleuâtre qui accompagnent quelquefois d’une manière si caractéristique les aurores boréales, et l’on n’entendit aucun bruit qui pût être attribué à l’appa- rition du phénomène. » La journée avait été belle et la température, depuis plusieurs jours, assez élevée pour la saison : à midi, le ther- 1 | | | | | | }| ( 327 ) momètre centigrade indiquait 17°,1; et, au moment de l'aurore boréale, 12°,2. Le baromètre était très-haut, il marquait à l'observatoire, 766,05 et l'hygromètre de Saussure 90°. Le ciel était serein ; et le vent, pendant la journée, avait été au sud. » M. C.-J. De Koene adresse à l'académie un mémoire ma- nuscrit, contenant ses observations sur les combinaisons que forment la codéine et la morphine avec l’acide chlo- hydrique , qui est renvoyé à une commission dont M. Mar- tens est rapporteur. M. De Koene écrit en même temps qu’il croit devoir insister sur ce fait, énoncé dans un mémoire dont il a été rendu compte dans une des séances précé- dentes de l'académie, qu’il regarde la narcotine comme existant dans l’opium à l’état de combinaison avec divers acides et avec des substances faisant fonction d’acides. Plusieurs personnes ayant demandé communication de la monnaie au Cavalier , provenant de l'atelier monétaire de Valenciennes du règne de Jeanne (voir Bulletin n° 8, tom. IT; pag. 258), l’académie l’a fait graver sur bois; en voici l'épreuve : Cette monnaie pèse trois grammes ; elle est d'argent au titre de celles semblables de la comtesse Marguerite, pesant 2,4 grammes, et de Jean d’Avesnes pesant 2,1 grammes. ( 328 ) COMMUNICATIONS. Astronomie. — M. Quetelet annonce qu'il vient de ter- miner les opérations astronomiques relatives au tracé de la méridienne de l’église de S'°. Gudule (1); et que sous peu, une semblable méridienne sera tracée dans la belle cathédrale d'Anvers, pour servir à régler les horloges pu- bliques , ainsi que les heures des départs sur le chemin de fer entre Bruxelles et Anvers, conformément à l'arrêté royal du 22 février dernier. Comme l’église de S'°. Gudule est assez bien orientée, la méridienne traverse la nef, en se dirigeant de l’un vers l’autre portail. L'ouverture circulaire par où passent les rayons du soleil a de trois à quatre cen- timètres de largeur ; elle a été placée à 10 mètres et demi environ au-dessus du sol, et de manière que l’image du so- leil ira se peindre à terre, vers le solstice d'hiver, à l’autre extrémité de l’église dont la largeur est de plus de 40 mè- tres. Vers le solstice d'été, l’image du soleil parcourt environ cinq centimètres par minute, tandis que pendant le même temps elle en parcourra plus de 16 au solstice d'hiver; ce qui fait environ trois millimètres par seconde. L'image du soleil a sur le sol une marche assez rapide pour que son déplacement devienne très-sensible à l’œil. Le mouvement en déclinaison n’est pas moins remarquable; l’image de l'astre parcourt en effet, dans l’espace de six mois, près des six septièmes de l’église prise dans sa plus grande lar- (1) Les filets de cuivre destinés à fixer la position de la méridienne ne sont pas encore en place ( 329 ) geur et en allant de l’un à l’autre portail. C'est surtout vers les équinoxes que ce mouvement sera sensible : comme le changement en déclinaison du soleil est alors de près de 24° d'un midi au midi suivant, l'image du soleil pendant le même temps se rapprochera ou s’éloignera de l’un ou de l'autre portail, selon qu’on sera à l’équinoxe de printemps ou d'automne, de la valeur de plus de 188 millimètres. M. Quetelet fait observer qu’une plus grande précision pour la mesure du temps dans les usages civils serait inu- tile ; en effet, avec un peu d'attention, on peut assez bien distinguer deux secondes en temps sur la méridienne; or la ville ayant plus de 2200 mètres de largeur de l’est à l'ouest , l'heure doit varier , en raison de notre latitude, de plus de cent secondes de degré ou de prés de 7” en temps, de l’une à l’autre extrémité de Bruxelles. Géodésie. — M. Quetelet communique ensuite des en- seignemens qu'il vient d'obtenir du dépôt de la guerre en France, par l'entremise de notre ministère, sur la position géographique de Bruxelles. Cette position donnée par la Connaissance des temps , ne se rapporte pas à l'hôtel de ville, comme on l’a pensé généralement , mais à la tour de St. Gudule. Elle résulte des opérations trigonomé- triques que Cassini de Thuryÿ exécuta dans les années 1746, 1747 , 1748, pour servir de bases aux cartes militaires des pays conquis par Louis XV. La longitude de la tour de Ste, Gudule serait de 2°,1’23” à l’est de Paris, et la latitude de 50°,50’56"”; ce qui donne environ 14,5 de latitude de moins à cette tour qu’à l'observatoire de Bruxelles, d’a- près la détermination astronomique de ce dernier établis- sement : cette différence s'accorde en effet fort bien avec les distances mesurées entre les parallèles des deux lieux indiqués. (330 ) LECTURES. Géologie. — M. À. H. Dumont, professeur à l’université de Liége et membre correspondant de l'académie, présente le rapport suivant sur l’état des travaux de la carte géo- logique de la Belgique qu'il a été chargé de dresser, par arrêté royal, sous les auspices de la compagnie. « Le terrain ardoisier étant celui de notre pays que l'on connaît le moins, et ce terrain ayant depuis peu fixé parliculièrement l'attention des géologistes en France et surtout en Angleterre, j'ai cru devoir de mon côté, en aborder l'étude et chercher à débrouiller l’apparente con- fusion qu'il présente. En conséquence, je me suis d'abord altaché à circonscrire les limites du massif que je voulais étudier ; mais ne pouvant avoir égard aux délimitations politiques, j'ai cru nécessaire d'étendre un peu mes opé- rations sur les territoires français et prussien , afin de figurer dans la carte tout le massif schisteux compris entre le calcaire anthraxifère de la Belgique, celui de l'Eifel et les terrains secondaires. » J'ai donc suivi et tracé sur la carte, avec le plus grand soin , la limite méridionale du calcaire inférieur depuis Eupen jusqu'à Rocquigny, et d’un autre côté la limite entre le terrain schisteux et les terrains secondaires depuis ce dernier point jusqu’au nord d’Attert, sur la chaussée de Bastogne à Arlon. » Le temps ne m'ayant pas permis, celte année, de pour- suivre cette limite vers l’est, ce travail est remis à l’année prochaine. » J'ai fait ensuite un assez grand nombre de coupes qui m'ont mis en possession de faits d’après lesquels je de- (2 Munster Eifel D. A #” A) % : Cronembourg (2 Pere dorf . ; Drers Terrain Anthraxifère > > 4 . LL ‘ nr, à Système Quarzo -Sdusteux onferreur Calcare ferveur 5 ET Lu de Purggraaff Frawelles © l'upen Mont jo1e PLAN FAGAURAUT I — du InASSIL SChLSéCUxX des ArdCnneS. B Le dorf "°Dreis _ . ns Vaux favane LS Fr, Gerolsten / f ‘La Hoche © } S!Huber: % \ 453 Hirson = L ) Se LE D C e Le Ç = RER RS re 2 leu STE SI PA Ÿ & e Terrain Anthraxifère Supérieur Mayen tferteur Système Ouarzo-Schésleur inférieur Calcaire mférreur CIE (Se nu | Système Li, de Burggraaff Braves ORDIAU OISIER D ÊRE DE L’EIFEL : Rudeshenm Gerolstem CE = À { x Ai œ ce Système quarxo Etage mo nn | ï - a - = COUPE DES TERRAINS PRIMORDIAUX DE HERVE A GEROLSTEIN TERRAIN ARDOISIER DES ARDENNES ———— È \ | È | « | Syst z rene IS ares Somme | BASSIN ANTHRAXIFERE DE LA BELGIQUE | Système supérieur Sas Fu Ée,. soyee Système supérieur | | & 1 127 HS Pepinster Theux Spy Spa Malmbdy Recht| Nider-Emmels SVith jp) in ‘ TERRAIN ARDOISIFR TERRAIN ANTHRAXIFERE Système, inférieur. Système moyer Système supérieur \ Système quario-schisteux tferieur Système calcavux inferieur NN L l Schiste Otrelitique Schiste à grairs rouges Etage inferieur Elage moyen Etage supérieur: Calcaïre ünferieur Dolomie Bleialf Sellerich Prum Système quarso-schistèux supérieur BASSIN ANTHRAXIFERE DE L'EIFEL Rüdesherm Syst. calcareux super? Gerolstem Es è È È = ( 531 ) meure convaincu que le terrain de l'Ardenne peut être déchiffré par une méthode analogue à celle que j'ai em- ployée pour le terrain anthraxifére, et qui m'a déjà mis à même de déterminer un ordre d'ancienneté. » L'étude particulière du massif ardoisier m'y a fait reconnaître trois systèmes bien distincts. __ » Le système inférieur est représenté par du schiste aïmantifére, du schiste ottrélitique, et du schiste à grains rouges manganésifères. » Le schiste aimantifère est une ardoise d’un gris pâle contenant de petits aimans octaèdres, et dont le type se voit aux carrières de Deville et de Monthermé, à 4 lieues au nord de Mézières. Ce schiste forme, au milieu du massif ardoisier , une bande qui est probablement une selle allon- gée, se dirigeant du S-O au N-E en passant par Recogne, Monthermé , Bièvre, et qui semble se terminer au N-E de Our. À » Au sud de ce massif ancien, s’en trouve un second, également caractérisé par la présence des aimans ; il s’ob- serve à Palizeul et se termine , au N-E, entre cet endroit et la chaussée de Dinant à Neufchâteau; mais il est accompa- gné, vers le sud, d’un massif de schiste ottrélilique que l’on retrouve, dans son prolongement N-E, au nord du moulin de Serpont, le long de la nouvelle chaussée de S'-Hubert à Bouillon, où il est caractérisé par de très-grandes paillettes. » Une troisième bande ancienne est formée par le massif otirélitique à petites paillettes, qui se dirige des ardoi- sières de la Géripont vers Bertrix. Celui qui s’observe à une demi-lieue au sud de Bastogne , le long de la chaussée, ne semble se rattacher à aucune de ses îles. » Enfin, on rencontre ce même schiste ottrélitique à Regné, à Colanhan, à Lierneux, à Salm-Château et à Recht ; ( 332 ) , mais dans ces dernières localités, il est accompagné , où plutôt circonscrit par du schiste à grains rouges, qui semble être le dernier membre du système inférieur. » On voit que le schiste ottrélitique qui n'avait encore été signalé jusqu’à présent que dans la contrée de Vieil- Salm , se retrouve dans beaucoup d’autres localités. » Un fait assez remarquable dans la position des roches dont nous venons de parler, est leur apparition successive, en allant de l’ouest vers l’est: Les schistes aimantifères règnent depuis Recogne jusqu’à Palizeul; les schistes ottré- litiques commencent vers le méridien de Palizeul, et se retrouvent jusqu’à Recht (entre Vieil-Salm et Malmedy); enfin, le schiste à grains rouges ne s’observe qu'entre Lierneux et Recht. Il est probable que l’ordre dans lequel nous avons cité ces roches, est leur ordre d'ancienneté. La détermination ultérieure de leur limite jettera peut être quelque jour sur ce sujet. » Jusqu'à présent on n’a trouvé aucun fossile dans le système inférieur ardoisier. » D’après ce qu’on vient de voir, le système inférieur forme plusieurs îles allongées du S-O au N-E. » Cest autour de ces îles que se trouve le système moyen, dont les principaux caractères sont d’être situé entre le système inférieur et le système supérieur, et de renfermer du schiste ardoise fin, sans aimant, otitrélite, ou grains rouges. » Jusqu'à présent-on y a rencontré peu de fossiles, car comme nous le verrons, les orthocères et autres fossiles de Martelange, les trilobites de Spa, etc., appartiennent au système supérieur , et les fossiles de Wilz et de Hozingen sont dans le terrain anthraxifere. » Le système moyen forme, au milieu de lArdenne; (333 ) deux larges bandes, dont la première, qui s'étend depuis Hirson jusqu’au delà d’Allerborn, comprend les ardoisières du Cul-des-Sarts, de Fumay, de Herbeumont, etc. La seconde commence entre La Roche et Les Tailles, et se dirige au N-E entre Montjoie et Bullingen. » Le système supérieur a pour caractère d’être situé entre l’étage moyen et le système quarzo-schisteux infé- rieur du terrain anthraxifère, auquel il passe par degrés si peu sensibles qu'on ne peut déterminer la limite entre les deux terrains que d’une manière approximative. Ce système est composé de roches plus quarzeuses que schisteuses. La roche qui doit servir de type est un psammite ou schiste quarzifère et pailletté , à surface luisante et ondulée, dont on a un exemple dans les carrières de Chevron. » C'est dans ce système que l’on trouve les quarz grenus qui sont si bien développés dans le plateau situé au nord de l’Ambléve, de la Warge et de la Roër. » C’est aussi dans ce système que les traces de vie com- mencent à prendre un peu d'extension, et que l’on voit paraître les premiers indices de calcaire qui, du reste, est assez bien développé entre la Meuse et la Sémoy, car nous pouvons le citer dans une vingtaine de localités depuis Moncy près de Mézières, jusqu’à Bouillon. Ce calcaire qui contient beaucoup de crinoïdes, est principalement re- marquable par une texture schistoïde qui lui donne souvent assez de ressemblance avec certains schistes quarzeux qui l’environnent. Il ne forme jamais de puissans massifs comme le calcaire anthraxifère, il est ordinairement en bancs d’un mètre environ d'épaisseur; quelquefois la divi- sion à lieu obliquement aux faces des bancs (Bouillon), comme cela a lieu dans beaucoup de roches schisteuses du terrain ardoisier. ( 334 ) » Les fossiles du système supérieur s’observent dans un grand nombre de localités, parmi lesquelles nous citerons Martelange pour ses orthocères, ses encrines et ses poly- piers, Mondrepuits pour ses trilobites, ses strophomènes,etc. » C’est dans le système supérieur, près du système moyen, que se trouve la roche que l’on désigne sous le nom de Pierre des Sarrasins. Cette roche est composée de grains de quarz et de grains de feldspath passés à l’état de kaolin. Elle renferme , dans plusieurs localités , des grains de horn- blende et quelquefois des grains d’orthose. » Elle présente une stratification bien prononcée; cer- tains bancs deviennent schisteux dans leur partie supé- rieure ou inférieure et passent même au schiste. » Nous l’avons suivie vers l’ouest, depuis Fepin sur la Meuse jusqu’à Mondrepuits , à la limite du terrain ardoisier. Vers l’est, on la retrouve jusqu'à Hargnies; mais au delà de ce village, elle disparaît pour ne se montrer qu’en des points isolés qui ne sont pas toujours dans la même posilion géognosfique : comme au sud de St-Hubert et à l'ouest de cette ville, le long de la rivière de l'Homme, où elle est remarquable par les beaux grains d’orthose laminaire qu'elle contient. » La bande de poudingue qui passe par Les Tailles, Salm- Château et Recht, a beaucoup d’analogie avec le poudingue de Fepin; seulement on n’y rencontre ni kaolin, ni feld- spath, mais une matière talqueuse qui lie les grains en- tre eux. » Nous ne pouvons quitter le terrain ardoïisier sans faire mention d’une découverte que nous venons de faire. » Onse rappelle que M. Cauchy, dans une notice qu'il déposa à l’académie le 10 octobre 1835, annonça qu'on avait trouvé dans des murs près de Bastogne, des morceaux ( 335 ) de trapp ou de basalte renfermant des grenats, mais qu'il ne put en découvrir le gisement. » J'ai non-seulement découvert auprès de Bastogne plu- sieurs gisemens de cette roche intéressante, maïs J'ai ren- contré dans l’une d’elles, au milieu des petits grenats dont elle est criblée , des fossiles très-reconnaissables. Cetle découverte étant de nature à mériter l'attention des géolo- gistes par les conséquences théoriques que l’on en pent tirer, je me propose d'en entretenir l’académie dans une notice que j'aurai l'honneur de lui présenter. Nous ferons en même temps mention de la découverte d’un nouveau gîte de wavellite dans les mines de manganèse d’Arbre-Fontaine, dont les échantillons peuvent rivaliser en beauté avec ceux d'Angleterre. » Revenons aux travaux de la carte géologique. » De nouvelles observations sur le terrain anthraxifère m'ont conduit à diviser le systèmel quarzo-schisteux infé- rieur en trois étages, généralement caractérisés de la ma- nière suivante: » L’étage supérieur est composé de schistes grisâtres très- fossiliféres , renfermant souvent des noyaux ou des bancs de calcaire aussi très fossiliféres. Les roches schisteuses sont rarement remplacées par des roches quarzeuses qui, dès lors, sont aussi caractérisées par des fossiles. Ce sys- tème est très-distinct, par l'abondance et la variété de coquilles et de polypiers qu’il contient , de toules les autres parties du terrain anthraxifére, » L'étage moyen a pour caractère de renfermer des psammites et des schistes rouges. Cet étage ne renferme que très-rarement des débris organiques. » L'étage inférieur est composé de roches quarzeuses grisâtres ou jaunâtres et quelquefois de roches schisteuses ( 336 ) de la même couleur, principalement à la partie inférieure; mais ne contenant ni calcaire, ni fossiles, au moins les fossiles y sont extrêmement rares, ce qui le distingue par- faitement de l'étage supérieur, Ces trois étages s’observent très-bien au sud du calcaire inférieur de la Belgique. » L'étude du terrain schisteux de l’Ardenne m'a éga- lement fait reconnaître que, dans sa partie méridionale , il était loin d’être entièrement composé de terrain ardoi- sier, mais qu'il renfermait un bassin anthraxifère très- considérable dont les roches avaient été jusqu’à présent confondues avec celles du terrain ardoisier. » Ce bassin anthraxifère a son origine entre Wilz et la chaussée de Bastogne à Arlon. » À Wilz, il a près de 3 lieues de largeur, il est composé d’une bande de schiste de l'étage supérieur qui s'étend depuis Wilz jusqu’au nord de Nertringen , des deux côtés de cette bande se trouvent deux massifs de psammite, l’un s'étendant au nord jusque vers Derenbach , l'autre au midi jusqu’à Goesdorf. Entre ces deux étages on trouve quelques traces de l'étage moyen , l’une sur la colline au sud de Wilz, l'autre entre Nertringen et Derenbach. » Le schiste gris supérieur se dirige de Wilz vers Hosin- gen et renferme, comme dans le nord, des noyaux de cal- caire et des fossiles , particulièrement des orthocères. » Ge bassin s’élargit vers le N-E et vient envelopper tout le calcaire de l’Eifel. » Dans deux grandes coupes que nous venons de faire, depuis le calcaire du bassin de la Belgique jusqu’à celui du bassin de l’Eifel, nous avons retrouvé, dans un ordre symétrique, la répétition des mêmes roches avec une ad- mirable exactitude. : » Au surplus, nous pouvons annoncer qu'il n'y a point (337 ) de terrain ardoisier entre les 4 ou 5 bandes que forme le calcaire de l’Eifel ; tout le terrain schisteux qui les sépare appartient à notre système quarzo-schisteux inférieur dont on voit ordinairement deux étages : l'étage schisteux fossi- lifère , et l'étage moyen avec sa couleur rouge aussi bien ca- ractérisé qu’en Belgique. » Il résulte de ces observations que le calcaire de Ge- rolstein n’est pas plus ancien que celui de la Belgique, et qu'il se rapporte au calcaire inférieur. » Afin de faire mieux comprendre ce que nous venons d'exposer , nous joignons à ce rapport un petit plan figuratif du terrain schisteux de YArdenne , et une coupe des terrains primordiaux de Herve à Gerolstein. » Ces observations suffisent pour faire concevoir l’im- portance des recherches auxquelles nous nous sommes livrés. L'année prochaine, nous poursuivrons nos travaux sur le terrain ardoisier et nous chercherons à déterminer, le plus exactement possible , les limites des systèmes dont nous venons de donner une idée. » Nous nous proposons en outre de donner une descrip- tion complète des terrains qui feront successivement le sujet de nos études. » Entomologie. — Notice sur un Ichneumon gynandro- morphe , par M. Wesmael , membre de l'académie. « Parmi les innombrables espèces d’ichneumons, il en est une bien connue des entomologistes, l’?chneumon Extensorius de Linné, qu'on trouve fréquemment pen- dant l’été sur les fleurs en ombelle, etmême pendant l'hiver sous la mousse qui couvre le tronc des arbres dans les bois. On ne connaissait que la femelle de cette espèce , lorsque M. Gravenhorst décrivit le mâle en 1829, dans son Zchneu- monologie d'Europe. En 1831, vers la fin de l'hiver, je ( 338 ) découvris , entre les fissures de l'écorce d’un chêne, prés de Charleroy, un de ces prétendus mâles, qui, au moment où je le saisis, me piqua fortement. En l’examinant tandis qu'il était encore en vie, je vis distinctement et à diverses reprises, l’insecte darder'sa tarière, et je m’assurai d’ail- leurs, en comptant les anneaux de l'abdomen , que celui-ci avait tous les caractères extérieurs de cette portion du corps chez les femelles. Depuis lors, je pris encore deux individus parfaitement semblables au premier, et dont je vis tout aussi bien la tarière, de sorte qu’il ne me reste pas le moindre doute à l'égard de leur sexe (1). Mais quel est donc le mâle de l’/chneumon Extensorius? Je pense que c’est une autre espèce extrêmement commune aussi, l'Zchneumon Luctatorius(2). Ge n’est pas ici le lieu d’entrer dans le détail des raisons qui m'ont porté à établir ce rapprochement ; j'ajouterai seulement que déjà depuis assez long-temps cetle opinion existait chez moi, lorsque (1) Cette espèce se trouvant ainsi ne pas avoir de nom, je l’ai dési- gnée sous celui de Zchneumon Gravenhorstii. (2) Je n’entends pas dire que le mâle de l’Zchneumon Extensorius a toujours les couleurs de l’Zchneumon Luctatorius, mais seulement que celui-ci est au moins l’une des variétés les plus répandues de ce mâle. Il n’y aurait rien d'étonnant d’ailleurs à ce que le mâle variât comme la femelle, car dans mon opinion, l’Zchneumon Confusorius, par exemple, n’est qu’une variété del’Zchneumon Extensorius, variété qui, par la cou- leur des jambes, et quelquefois la teinte fauve-jaunâtre du milieu de l’abdomen , a beaucoup d’analogie avec l’Zchneumon Luctatorius. On m’objectera peut-être que M. Gravenhorst a décrit une femelle de VIchneumon Luctutorius semblable au mâle, aux différences sexuelles près. Je répondraïque l’excessive rareté de cette femelle suffit pour faire * soupçonner, ou bien qu’elle appartient à une autre espèce; ou bien que c’est tout bonnement une variété de l’Zchneumen Confusorius privée accidentellement des taches pâles des derniers anneaux de l’abdomen. (339 ) le hasard m'a offert l'individu dont je vais parler, et dont les singuliers caractères me semblent de nature à changer mes conjectures en cerlitude. Cet individu offre le monstrueux assemblage suivant: les antennes , la tête, le thorax, les ailes et les pieds sont conformés et colorés comme chez l’IGUNEUMON exTEN- SORIUS FEMELLE; tandis que les couleurs de l'abdomen, sa forme , le nombre de ses anneaux , et les parties génitales externes sont identiquement les mêmes que chez l’icx- NEUMON LUCTATORIUS MALE. Cette monstruosité, déjà digne d'intérêt en tant qu’elle tranche une question fort délicate d’entomologie descrip- tive , n’est pas moins importante si nous l’envisageons sous d’autres points de vue. On a proposé pour les monstruosités diverses classifica- tions. Je ne parlerai ici que de celle qui a été présentée récemment par M. le docteur Asmuss, dans son traité sur les monstruosilés des coléoptères. L'auteure partage les monstres en cinq classes : 1° monstres par structure hété- rogène ; 2° monstres par défaut ; 3° monstres par excès ; 4° monstres gynandromorphes; 5° monstres par coloration hétérogène. Les monstres gynandromorphes sont ceux dont les di- verses parties du corps sont formées d’après le type de deux sexes différens. M. Asmuss n’ayant eu occasion d'observer qu’un seul cas de gynandromorphisme chezles coléoptères, n’élablit pas de subdivision dans cette classe de monstres. Mais Ochsenheimer qui, dans son Aistoire des lépidop- tères d'Europe , a décrit un assez grand nombre de cas de cette monstruosilé, la divise en complète et incomplète. Elle est complète , lorsque chacune des moitiés latérales du corps présente d’un bout à l’autre les attributs d’un sexe ( 340 ) différent ; elle est incomplète, lorsque les caractères de l’un des sexes sont prédominans , et que ceux de l’autre sexe ne se montrent que dans quelques parties isolées. Mon ichneu- mon appartient donc à cette dernière division ; et comme ce sont les organes géniteux qui constituent le caractère essentiel d’un sexe, c’est un mâle dont la tête, le thorax et tous leurs appendices ont revêtu des formes femelles. On sait depuis long-temps que, chez les insectes à mé- tamorphoses complètes, on trouve déjà chez la larve des rudimens d'organes sexuels; mais à cette époque de la vie ce sont les organes de la nutrition qui prédominent , et l'influence des organes sexuels sur les formes extérieures est nulle, ou se borne tout au plus à occasioner une diffé- rence de taille , les larves mâles étant, chez beaucoup d’es- pèces, un peu plus petites que les larves femelles, Dans le cas d’hermaphroditisme complet (dans le sens d'Ochsen- heimer), on conçoit facilement comment les choses se pas- sent, en admettant que, déjà chez la larve, les organes génitaux étaient mâles d’un côté et femelles de l’autre, et que pendant les diverses phases du développement de l'animal , ils ont continué à exercer, chacun à leur ma- nière, leur influence sur une des moitiés du corps, de manière à déterminer en définitive, la formation d’un demi- mâle et d’une demi-femelle accolés longitudinalement l’un à l’autre. Mais dans l'hypothèse d’hermaphroditisme in- complet, et en particulier dans le cas de mon ichneumon, il est plus difficile de se rendre compte des causes de la monstruosité. En effet, quoique les parties externes des organes géni- teux soient exclusivement males , on ne peut pas raisonna- blement supposer qu'il en est de même des parties internes ; car alors comment expliquer l'existence de formes pure- Palletn de t Academre Tome LI. 1836 Antenne ( Caput Z: s x AUCRSOTULS L \ lhorax Me Pedes MA Zorren Lauctatorius SLk —— lAneumon Ynandromorphus = Ceralala externe G ’ “ LI q + À l'Insecte grossi B. Grandeur naturelle ( 341 ) ment femelles dans les deux portions antérieures du corps ? On ne peut pas non plus supposer que les parties internes des organes géniteux soient entièrement femelles, puisqu'il y aurait au moins autant de difficulté à se rendre compte du développement de l'abdomen avec des formes mâles, Il n'est pas plus probable qu’il y a d’un côté un testicule et de l’autre un ovaire parallèlement disposés; car on ne saurait à quoi attribuer l'influence de l’un en arrière , et celle de l'autre en avant ; peut-être s’approcherait-on davantage de la vérité , en supposant que le testicule et l'ovaire ont subi accidentellement un déplacement qui les a amenés vers la ligne médiane, le premier au-dessous du second , et qu’ils ont influé sur le développement de l’animal , en raison de leur position respective ; ou bien encore n’y aurait-il pas un testicule de chaque côté et au-dessus de chacun , un ovaire. Ce qui pourrait donner plus de poids à cette derniére supposition, c’est le cas cité par M. Burmeister, d’un papillon (WMelitæa Dydimus) mâle, qui offrait du côté gauche quelques traces de caractères femelles, et dont la dissection démontra, outre l'existence des testicules, celle d’un ovaire placé à gauche et sans connexion avec aucun organe. C’est donc cet ovaire de gauche qui avait amené quelques modifications dans les caractères extérieurs de gauche chez le papillon. Chez mon Ichneumon, les modi- fications du type femelle ayant affecté les régions thora- cique et céphalique en totalité et par cela même avec une égale énergie et une symétrie parfaite des deux côtés, on peut conclure, en s'appuyant sur l'exemple précédent, qu'elles sont dues à la présence d’un ovaire surnuméraire de chaque côté. Ton. mr. 25 ( 342) Anatomie et physiologie végétales. — M. Morren, cor- respondant, présente à l'académie ses Æecherches sur la catalepsie du DRAGOGEPHALUM VIRGINIANUM. Le Dracocephalum virginianum a élé nommé catalep- tique à cause d’une particularité très-singulière qu'il pré- sente. Dutour prétend que c’est la seule plante chez laquelle on puisse l'observer. M. Decandolle dit que le Dracocepha- lum moldavicum l'offre également. Je n’ai pas été à même d'étudier cette dernière espèce , mais le jardin botanique de l’université de Liége que je dirige , m'ayant fourni l'oc- casion d'examiner la première de ces espèces, je me suis al- taché à découvrir la cause d’un phénomène qui réellement paraît , au premier abord , contraire aux lois les plus géné- rales de la physiologie végétale. La suile de cet écrit démon- trera pourtant que, loin d’être une exception, la propriété du Dracocéphale n’est que la confirmation de ce qu'on à observé chez toutes les plantes. L'inflorescence du Dracocephalum virginianwm est en épi très-serré. Les fleurs , opposées en croix, se trouvent éloi- enées les unes des autres d'un peu moins que les trois quarts de la longueur de chaque calice; elles naissent sur le côté aplati d’une tige carrée. Représentons(fig. 1) par o le centre de cette tige dont la coupe est reproduite à la figure citée. Les calices 1 et 2 seront ceux des deux premières fleurs en re- gard de l'observateur; les calices 3 et 4 ceux des deux fleurs immédiatement placées au-dessous de la paire 1 et 2. Ces organes sont figurés ici dans leur position naturelle. Le phénomène de catalepsie consiste en ce que, si on détourne la fleur 1 de la direction du rayon oB du cercle ABcb et qu'on la recule jusqu’en À dans la direction du rayon o , cette fleur conserve la position qu’on lui donne et recouvre presqu’entièrement la fleur 4. Si l’on ramène Ja fleur 1 du ( 345 ) rayon oÂÀ dans la direction duquel elle se trouve, vers € dans la direction du rayon 0e, en passant par B, la fleur se maintient en € dans le sens du rayon oc et recouvre pres- que tout-à-fait la fleur 3. On peut donc lui faire parcourir un demi -cercle du côté de la tige où elle se trouve, et elle garde chacune des positions qu’on lui donne. La fleur 2 qui lui est opposée, est située naturellement dans le sens du rayon ob. Elle peut de même être ramenée dans les rayons oA et oC, conserver ces posilions et cha- cune des intermédiaires déterminées par les rayons qu’on peut mener du centre o à la demi-circonférence abc. On voit donc que deux fleurs opposées peuvent parcourir un cercle entier autour de l’axe de la tige et se maintenir fixes et immobiles, dans les rayons de ce cercle; deux cercles sont parcourus par quatre fleurs et ainsi de suite. On comprend maintenant ce qu’on a nommé la cata- lepsie chez cette plante, c’est la faculté qu'ont ses fleurs de se maintenir dans la position qu’on leur donne, sans que l'élasticité les ramène au point initial de leur mouvement, comme cela a lieu chez tous les autres végétaux, Cette fa- culté a, en effet, des rapports avec la catalepsie el frappe singulièrement l'attention de celui qui l'observe pour la première fois. Elle fait du Dracocéphale de Virginie, qui offre des tiges droites, élancées et couvertes de longs épis de fleurs , une véritable girouelte qui montre par la direc- tion des corolles, celle du vent et de ses nombreuses varia- tions. Les fleurs conservent la direction qu’on leur imprime dans le sens horizontal , mais si on les fait mouvoir dans un plan vertical, elles retournent par une élasticité très-pro- noncée au point de départ, en se mouvant de bas en haut, si on les a déprimées , de haut en bas, si on les a soulevées. ( 344 ) Elles oscillent même pour reprendre leur point initial avec une rapidité très-grande et qui démontre que leur pédicelle est, au moins dans ce sens, pourvu d’une élasticité très- forte. Si on détourne les fleurs obliquement à 45° d’éléva- tion , à droite ou à gauche jusqu’au-dessus du rayon qui fait un angle droit avec celui de leur direction primitive, la même élasticité que précède la torsion du pédicelle, se manifeste et ramène en oscillant et subitement les fleurs dans leur premiére situation. Quand on amène les fleurs -obliquement en bas, vers le rayon qui faitun angle droil avec celui de la direction première et qu’on les lache subitement, elles se relèvent et semblent sauter dans la gouttière que leur forme chaque bractée. Si donc on veut voir l'effet cata- leptique , il faut détourner doucement la fleur de sa direc- tion naturelle et lui en donner une autre, seulement dans le plan horizontal qui passe par le point de leur insertion. Ces détails nous améneront à découvrir la véritable cause de la catalepsie. Il en est de même de ceux-ci : quand la corolle est tombée et que la fructification commence, les calices, d’horizontaux qu'ils étaient à peu près pendant l’acte de la fécondation, deviennent obliques el se dirigent vers le haut. Les bractées les suivent dans les changemens de position, et cela devient trés-nécessaire à remarquer. Quand cette position est prise, on a beau détourner les calices de leur direction, il n’y a plus la moindre trace de catalepsie, et ces organes sont comme partout ailleurs parfaitement élas- tiques. Ainsi, quand les parties sont disposées comme elles le sont dans la fig. 9 , il n’y a plus d'indice de catalepsie. De même, la catalepsie ne se manifeste pas pendant la préfloraison. Quand la corolle est encore blanche, quand af | : l (345) elle se montre comme un mamelon qui vient poindre entre les dents du calice (b, fig. 3), quand même elle en sort et qu’elle commence à se colorer en rose, il n’y a dans le pé- dicelle qu’une élasticité fort ordinaire, et une rigidité qu’on trouve dans toutes les jeunes parties des végétaux. Alors aussi, les bractées sont relevées et accolées de bas en haut sur la face inférieure des ealices. Quand la corolle de- vient 'exsorlile, quand elle va s'ouvrir et que la fleur est devenue horizontale, eomme la pointe de la bractée s’est inclinée en bas (c, fig. 3), la catalepsie commence à se montrer. Enfin elle est à son maximum d'effet lorsque la fleur est horizontale, que la corolle a son limbe ouvert , sa gorge bien bossue, le pistil exsortile et les anthères dé- hiscentes (d , fig. 3). - D’après cela, il est clair que la catalepsie est un phé- nomène qui accompagne l'acte de la fécondation. IL favo- rise la projection du pollen sur le stigmate par les secousses que le vent fait éprouver à la fleur en rejetant subitement à droite ou à gauche une corolle qui éprouvera un choc d'autant plus assuré que toutes les fleurs, déjà très-serrées entre elles sur quatre rangées rapprochées, seront toutes amenées el fixées du même côté. Le phénomène de la cata- lepsie est pour moi un de ces nombreux effets physiologi- ques qui se manifestent à l’époque de la fécondation chez les plantes avec tant de variété. Je dirai plus loin, si, dans le cas particulier qui m'occupe, il faut l’attribuer à une disposition anatomique , à quelque jeu d'organes ou enfin à une connexion particulière d’un appareil approprié. M. Decandolle est le seul auteur qui, à ma connaissance du moins, a tenté d’assigner une cause au phénomène si rare que présente le Dracocéphale. «Il paraît tenir, dit-il, au très - faible degré de l’élasticité dont le pédicelle est ( 346 ) doué !, » Le doute exprimé ici par ce grand physiologiste est trés-philosophique, et tout observateur qui n'aurait pas, par une disseclion soignée et des expériences nom- breuses et décisives, cherché à éclairer son opinion sur ce sujet, devrait , en effet , attribuer la catalepsie du Dracocé- phale à la cause que lui assigne le botaniste de Genève. Mes recherches conduiront à un tout autre résultat. J'ai dû naturellement examiner le sujet sous quatre points de vue différens. Est-ce un effet de l'anatomie des organes ? est-ce la suite des fonctions qu’exercent les par- ties à l'état vivant ? est-ce la physiologie expérimentale qui doit faire découvrir la cause du phénomène ? enfin, n'est-il pas le résultat d’une disposition mécanique dans l'appareil de l’inflorescence et de la fleur ? : Je vais examiner le Dracocephalum virginianum sous chacun de ces points de vue. $ 1. Anatomie du Dracocephalum virginianum. — Des botanistes ont distingué la ruptilité de l'élasticité pro- prement dite. Cette dernière se répéterait à chaque fois que l'organe se trouverait dérangé de sa place ; la première n'aurait lieu qu’une fois, comme dans la déhiscence des capsules de l’impatiente, des coques des euphorbes, des fruits du Momordica elaterium, parce qu’elle est le ré- sultat du débandement de parties dont l’ordre est dérangé. C'est au défaut de la première de ces propriétés qu’on at- tribue généralement, à l'exemple de M. Decandolle, la catalepsie du Dracocéphüle. L’élasticilé étant une propriété du tissu végétal, il fal- lait nécessairement examiner ce lissu anatomiquement. Or, 1 Physiologie végétale ,tom. 1f , pag. 14 ( 347 ) la même plante présentant un organe trés-élastique, la tige, et un autre organe qui passe pour non élastique, le pédi- celle et celui-ci n'étant qu’une production, qu’un allon- gement de celui-là, il était rationnel de rechercher la struc- ture intérieure de ces deux parties , et de les comparer entre elles. Je dis que la tige est très-élastique; en effet, si on la détourne de sa place, n'importe en quel sens, elle y revient en oscillant avec une grande vitesse. Les coupes transver- sale et longitudinale me firent voir (fig. 4 et 5): 1° Au centre, la moelle composée de cellules à parois épaisses, disposées au milieu en mérenchyme lâche. Ce mérenchyme se déchire aisément et n’occupe qu’une petite portion de la moelle. La plus grande partie de celle-ci est formée au dehors d’un parenchyme à cellules prisma- tiques à peu près aussi larges que hautes (prismenchyme). La moelle est carrée avec les angles arrondis correspondans aux quatre côtés aplatis de la tige (fég. 4 et 5 ); 2° Vers les quatre angles de la tige se montrent de gros paquets, formant couche , de trachées très-pelites, dérou- rables , à spires simples. On aperçoit parmi elles des vais- seaux ponciués (e, fig. 4 et 5); 3° En dehors des trachées, se montre une couche con- tinue, mais plus développée vers les angles de la tige, de vaisseaux séveux ou de fibres ligneuses. Longs, étroits, ils cotoïent les trachées , et leur couche s’épaissit avec celle de ces organes respiratoires ( d, fig. 5 et 6); 4° Une petite couche de tissu cellulaire sépare le sys- tème central du système cortical , dans lequel on reconnaît en dedans et avec beaucoup de difficulté, des vaisseaux latexifères continus et presque sans aucune anastomose ; 5° Une couche cellulaire très- épaisse, formée d'un ( 348 ) véritable parenchyme au dehors, vers l’épiderme et pas- sant au prosenchyme en dedans. Les cellules sont colorées en vert par de la chromule en sphérioles très-petites. Il y a peu de méats intercellulaires , et quand ils existent, ils sont très-exigus (b, fig. 4 et 5); 6° L'épiderme probablement recouvert d’une cuticule, formé d’une seule couche de cellules sans chromule, pres- que cubiques et dont quelques-unes se prolongent en poils; 7° Les poils de deux espèces, les uns coniques, formés de peu de cellules dont la dernière ou la terminale s’a- mincit au bout; les autres cylindriques , mono- ou bicé- phales, constitués par des cellules cylindriques dont la der- nière est renflée fortement en tête, en clou, en ovoïde, en sphéroïde ou en dilatation didyme. Cette dernière cellule est colorée en vert par de la chromule globulinaire. Cette structure permet de reconnaître facilement qu’une tige de cette nature doit être en effet très-élastique. Cha- que élément organique qui entre dans sa composition jouit déjà en son particulier de cette propriété, et tous les élé- mens organiques forment par leur réunion autant de cy- lindres remplis de liquide ou d'air, enclavés dans une membrane élastique et donnant au système entier une ri- gidité suffisante. Comparons maintenant la structure du pédicelle à celle de la tige. Le pédicelle est très-court. C’est à peine s’il atteint deux millimètres. Il est en outre déprimé, de sorte que sa coupe transversale montre un diamètre horizontal plus grand que le vertical. Chaque système participe de cette forme, de manière que les couches intérieures présentent dans leur coupe autant d’ellipses. 1° La moelle (e, fig. 6; 1, fig. 8 ) est moins développée ( 349 ) que dans la tige, mais elle semble remplacée par la médulle externe ou la couche cellulaire de l’écorce qui a pris beau- coup d’extension, comme dans la racine. Ici, la moelle est moins mérenchymateuse ; les cellules sont prismatiques ou cubiques, arrangées en vrai parenchyme (prismenchyme); 2° L’étui médullaire est très-développé (d, fig. 6, fig. 7, ghh, fig. 8 ); les trachées sont nombreuses, petites, déroura- bles, à spires simples, continues. Vers le dehors de la couche, il y a des vaisseaux ponctués ( AA fig. 8). 3° Les vaisseaux séveux ou les fibres ligneuses (f, fig. 8) sont longs, transparens et forment une couche moins épaisse que celle où se trouvent les trachées ; 4° Une large médulle externe ou enveloppe herbacée, verte , formée d’un parenchyme(prismenchyme) à cellules prismatiques dont la derniére rangée ou l’interne n'offre point de chromule (e, fig. 8), tandis que les cellules des rangées plus extérieures présentent toutes une chromule très-abondante , globulinaire et verte. Les méats intercel- lulaires sont très-petits et rares; 5° L’épiderme a des cellules prismatiques ou cuboïdes, à parois très-épaises. Sans doute, une cuticule la recouvre, mais elle s’observe difficilement. Des poils semblables à ceux de la tige recouvrent la surface externe du pédicelle (ce, d,a, b, fig. 8). D'après cette anatomie comparée, il est évident que, ni dans la constitution des parties élémentaires, ni dans la juxta-position des systèmes organiques, ni dans la structure de chacun d'eux, on ne trouve de quoi refuser l’élasticité au pédicelle, quand la tige qui le fournit offre cette pro- priété développée au point où elle l’est chez tous les végé- taux. Si on admettait que le pédicelle n’est pas élastique, il faudrait, d’après ce que j'ai dit plus haut sur l’élasticité ( 350 ) qui entraîne de bas en haut ou de haut en bas les fleurs , quand on les dérange dans le sens vertical, il faudrait, dis- _je, admettre aussi que c’est là où le issu cellulaire corti- cal a le plus d’extension , que l’élasticité est nulle ; car les figures 6 et 7 montrent évidemment que c’est dans le sens transversal que ce Lissu est le plus développé. Or, je ferai voir dans un moment que le pédicelle est élastique dans tous les sens , absolument comme la tige. } Il n’y a, à proprement parler, aucune différence essen- tielle d'organisation entre la tige et le pédicelle. Les cellules, les vaisseaux respiratoires et circulatoires, les fibres sont de part et d'autre formés sur un même plan. Dans Ja partie que l’on croyait non élastique, il n’y a pas un organe de moins que dans la partie élastique, pas un organe de plus, pas une connexion de changée. En un mot, de part et d'autre, c’est la même structure. On ne voit donc pas pour- quoi, dans ses élémens constitutifs, le pédicelle serait moins élastique que la tige. J’'ajouterai que des expériences variées prouvent qu'il l’est autant que cette dernière, L’anatomie est donc d'accord avec l’appréciation des fonctions. $ 2. La catalepsie du pédicelle tient-elle à quelque condition physiologique ? Pour répondre à celte question, en tachant de la résoudre par les seules lumières du raison- nement basé sur l'étude de la structure des parties, il faut simplement se demander si un cylindre à parois extensibles et naturellement élastiques, rempli d'air ou d’eau est où non élastique, et si un système composé de plusieurs cy- lindres semblables qui s'emhoîtent mutuellement doit con- server cette élasticité. Une vessie remplie d’air est élastique, | une cavité semblable remplie d’eau l’est encore quoiqu’à un degré moindre, Or, une tige et un pédicelle, comme ceux que j'ai décrits, ne présentent pas d'autres conditions ( 351 ) physiques. Ainsi, la moelle, sèche dans cette plante, forme un cylindre à parois élastiques rempli d'air; l'étui trachéen est encore un cylindre rempli de gaz; la couche de vais- seaux séveux est un cylindre que remplit un liquide, de même que celle formée par le tissu cellulaire de l'écorce. Dans cette dernière, il s'ajoute au liquide un dépôt de matière solide, la chromule qui donne aux parties de la rigidité et partant une condition de l’élasticité. À tout prendre, ce sont donc des cylindres remplis d’air ou de gaz, contenus dans des cylindres remplis d’eau ou de latex et de corpuscules solides, le tout enclavé dans une membrane (l'épiderme) élastique. Or, un tel assemblage doit par sa composilion même offrir toute l’élasticité convenable, ab- solument comme les fruits de l’elaterium ou de la balsamine qui, pour avoir des cavilés remplies d’air, closes de toute part par des tissus pénétrés de sucs, n’en sont pas moins très-élastiques. Ainsi, la série des fonctions qui s’exécutent dans la tige ou le pédicelle , favorise et produit même infailliblement l'élasticité de ces parties. Or, dans le Dracocéphale, les organes sont disposés comme dans les autres plantes et rien n'autorise à leur refuser une propriété que l’on a retrouvée dans tout le règne végétal. Cependant, on conçoit que si l'expérience venait à pro- noncer directement, les preuves a posteriori donneraient aux argumens a priori un degré de certitude et de vérité que sans cela , en bonne philosophie naturelle , on pourrait leur contester. Or, je vais relater quelques expériences qui prouveront que l’observation directe confirme les dé- ductions anatomiques et physiologiques. $ 3. Expériences sur l’élasticité du pédicelle dans le Dracocephalum virginianum. — J'ai déjà dit fqu’en dé- ( 352 ) tournant en haut ou en bas les fleurs de cette plante, elles reviennent au point initial subitement on en oscillant. Ce n’est que lorsqu'on les meut dans le plan horizontal qui passe par leur insertion , qu’elles paraissent frappées de cata- lepsie, et qu’elles refusent de revenir dans leur position primitive. D'après ces expériences, il faudrait admettre que le pédicelle est élastique de bas en haut et vice versa, ou sur ses flancs de dessus et de dessous, et qu’il est dé- pourvu d’élasticité à droite ou à gauche, ou sur ses flancs latéraux. Pourtant, la structure anatomique ne nous a montré aucune différence d'organisation dans le diamètre transversal et le diamètre vertical, sinon un peu plus de tissu cellulaire dans le premier de ces diamètres, surplus qui , du reste, est trop léger pour permettre de faire soup- çonner une si grande différence de propriété. L'anatomie des parties me fit donc penser que le pédicelle devait être aussi élastique transversalement que de bas en haut ou de haut en bas. L'expérience confirma parfaitement mes prévisions fondées sur l'intuition oculaire de l’organisa- tion. En effet, je détachai une fleur avec son pédicelle le plus proprement possible, en laissant un petit talon au pédi- celle provenant du tissu caulinaire; j'enlevai par une se- conde section la bractée. J'attachai alors par une fine aiguille la fleur sur le montant de ma fenêtre, en faisant traverser par l'aiguille le petit talon caulinaire resté adhé- rent au pédicelle, la fleur était donc attachée à une planche comme elle l’est naturellement à la tige. Je détournai alors la corolle à droite , elle revint subitement à gauche, je la détournai à gauche, elle revint à droite ; ramenée en bas, elle remonta; soulevée , elle s’abaissa. Partout, dans toutes les directions, l’élasticité se montra avec force; la fleur ne reprenait sa position qu’en se mouvant sur son pédicelle rad (353) dont le bout inférieur était fixe comme il l’est sur la tige. Cette expérience que je répétai souvent avec le même suc- cès, me mit de suite sur la voie de la véritable cause de la catalepsie du Dracocéphale que dès ce moment je puis appeler prétendue, car elle n’est qu'illusoire et appa- rente. En effet, puisque le pédicelle est élastique quand il est isolé, pourquoi serait-il cataleptique quand il est adhérent à la tige? Je pris donc une tige, j'enlevai avec des ciseaux bien acérés la bractée jusqu’à sa base , je détournai alors la fleur à droite, elle sauta à gauche; ramenée à gauche, elle se rejeta à droite; en un mot, l’élasticité avait reparu, et la catalepsie ne laissait plus de trace. Cette curieuse expérience qui ne laissa pas de m’étonner par son résultat précis et nettement prononcé, réussit chaque fois; elle aurait paru prouver à des observateurs qui n'auraient pas poussé plus loin les recherches, que la catalepsie dépendait des fonctions des bractées ; mais nous verrons plus loin qu’il n’y a pas de catalepsie à proprement parler. Une nouvelle expérience me mit encore plus à même de saisir la vraie cause du phénomène du Dracocéphale. J'en- levai avec des ciseaux fins la moilié gauche d’une bractée, en coupant celle-ci longitudinalement le long de sa ner- vure médiane ; j'eus soin de couper la moitié gauche de la bractée jusqu’à sa base; j'amenai à gauche la fleur ; aprés cette ablation, subitement elle reprit par l’élasticité du pédicelle sa position primitive, c’est-à-dire une direction perpendiculaire à la face aplatie du côté de la tige où elle s’insérait. Je la détournai ensuite à droite, elle ne re- vint pas à sa position. Voilà donc une fleur élastique du côté gauche , cataleptique du côté droit. Je fis encore la contre-épreuve de cetle expérience ; j'en- ( 354 ) levai la moitié droite d’une bractée, la fleur fut encore cataleptique à gauche, élastique à droite. Ces expériences furent répétées nombre de fois , et tou- jours avec le même succès. Elles devaient naturellement me convaincre que le phénomène dépendait de la bractée. Une dernière expérience me montra que tout l'effet provenait de la base de la bractée, car lorsque j'enlevais cet organe sur la moitié de sa longueur ou même lorsque je ne laissais de sa base qu’une étendue qui dépassait un peu la longueur du pédicelle , la catalepsie n’était pas dé- truite. Pour obtenir une élasticité parfaite , il fallait enle- ver la bractée jusqu'à son insertion. Des faits de cette nature ne peuvent laisser à l’esprit aucun doute. C’est la bractée qui joue le rôle principal dans le singulier phénomène du Dracocéphale. Maïs il faut se demander maintenant si la bractée produit la catalepsie en Ôtant élasticité au pédicelle, ou si elle agit par un moyen mécanique. Il sera facile de s’éclairér à cet égard. 6 4. La prétendue catalepsie est-elle le résultat d'une disposition mécanique dans l’inflorescence et les parties de la fleur du Dracocéphale ? La réponse à celte question est positive. Il suffit, quand on a été conduit par les expé- riences précitées, d'examiner attentivement les dispositions des organes de l’inflorescence. Les figures 2, 3, 9 et 10 rendront l'appréciation des faits trés-claire. On voit d’a- bord que la bractée cest excessivement rapprochée de la fleur, au point qu’elle couvre le calice en dessous (a, fig. 3). Cette bractée est un peu en gouttière par la dépression angulaire de sa nervure médiane, et c’est dans le creux de cetle goullière que le calice repose ordinairement. Les deux bords de la bractée sont sensiblement relevés; de plus ils sont fort aigus. Enfin , remarquons que la bractée pen- ( 355 ) dant la floraison est, quoique oblique, sensiblement plus horizontale que pendant la fructification (a ,b,c, fig. 10, représentent la coupe de la gouttière et de ses bords ). Étudions maintenant le pédicelle. Situé à l’aiselle même de la bractée, il est en quelque sorte entouré en bas par la gouttière dont nous parlons. Déprimé, très-court, sa lon- gueur dépasse un tant soit peu la demi- largeur de la brac- tée, prise à sa base , et c’est dans cette particularité bien simple que git tout le nœud de la question: Comme le pé- dicelle est à un cheveu près aussi long que la moitié de la largeur de la bractée, il est juste que la saillie du calice, là où cet organe commence à se former par la divergence des fibres du pédoncule, dépasse les bords latéraux de la bractée, quand la fleur est amenée à droite ou à gauche. Voilà la disposition des parties ; leur jeu devient main- tenant très-aisé à concevoir. Le pédicelle est moins rigide que la bractée qui, proportionnellement, renferme plus de fibres et moins de tissu cellulaire que le premier organe; par conséquent il est moins résistant. Or, qu’on pousse la fleur à gauche, on ne touche pas alors à la bractée qui ne dépasse pas le bord supérieur du calice , mais on fait avan- cer la saillie inférieure de cet organe au-dessus du bord gauche de la bractée. Le calice glissant par un mouvement d'un quart de révolution sur le plan de la bractée, pré- sente bientôt sa saillie au dela de ce bord qui le retient ; c'est le crochet d’une porte à loquet. A droite, le même mécanisme s'opère. Comme les bords de la bractée vont en se rapprochant vers le sommet de l'organe, la fleur pourra, dans toutes les directions horizontales qui suivent les rayons d'un demi-cercle, présenter la saillie de son calice au-des- sus du bord , et par conséquent rester fixée par elle. Quand on fait mouvoir doucement une fleur et qu’on ( 356 ) suit de près le mécanisme , la simple inspection suffit pour convaincre que c’est effectivement ainsi que les choses se passent. Lorsque les fleurs ont fructifié, que les calices n’of- frent plus de corolles, et que ces organes sont relevés contre la tige, la catalepsie ne se montre plus, parce que le pédicelle , par le travail de la maturation des fruits reçoit plus de matière solide, devient plus rigide et par cela même capable de vaincre la résistance du bord de la brac- tée: celle-ci, par sa position presque verticale, re peut plus retenir le calice qui glisse entre elle et la tige. Aussi, à cette époque, l'élasticité du pédicelle se montre en toute évidence. C’est donc un effet mécanique qui produit la catalepsie du Dracocéphale. Je le compare à l’échappement d’une pendule où un levier à crochet arrête la roue et régle le mouvement de celle-ci en arrêtant ses dents. Le levier est la bractée, la roue est le pédicelle. La disposition des choses est exactement la même. La catalepsie du Dracocephalum virginianum ne tient donc pas au faible degré de l’élasticité dont le pédicelle se- rait doué ; elle n’est qu’apparente, illusoire, et le phéno- mêne qu’on a nommé catalepsie chez cette plante, provient de ce que la bractée qui porte la fleur à son aiselle, retient le calice par la saillie que fait celui-ci au-dessus de son bord, dans quelque position qu’on melte la fleur horizon- talement. Cet effet est de nature à faire reconnaître une fonction de plus aux bractées, organes dont toute l'importance physiologique n’a pas été suffisamment appréciée. die L.+ sus) Ne \ eh M sont 1 tés d APE a Û “rai Ga} .%e 2 Ah he, 7: F Re qe sé LE & Fisrenti< à TITRE A Den Ar pire —— img (Ex | DA: 77 LULU LL NES, ulntlqe,0 rt Fe L) 9 W L'PTTN … 1 À QT 19 LE 4 u g! pp. PRO No) LS Bulletin de L'Acadénie. 9 Tome HI. 1836. El se 5 a MC Lrith de Barggraaff ® FA MER DiHorren, d'aprés nalate Dracocephalu in VIP EI anum Wild. _———————— (357 ) EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. Diagramme expliquant le phénomène cataleptique du Dracocepha- lum virginianum. C’est une coupe verticale de la portion fleur- rie de la tige; les calices sont seuls représentés. 1. Calice opposé au 2. Calice par paire. 3. Calice opposé au. 4. Calice par paire. o, Centre de la tige et des cercles que décrivent les fleurs. ABC. Demi -circonférence décrite par le calice 1. abc. Demi-circonférence décrite par le calice 2. BCé. Demi-conférence décrite par le calice 3. BAS. Demi-circonférence décrite par le calice 4. oB, ob, oc, oÀ. Rayons dans la direction desquels les fleurs 1,2, 3, 4, viennent se placer respectivement quand les bractées de chacune d’entre elles sont enlevées, et quand l’élasticité des pédicelles peut librement s’exercer, Fig. 2. Fleur séparée avec sa bractée. a. Pédicelle. Fig. 3. Partie de l’épi avec les fleurs à des âges différens. aaa. Pédicelles offrant des degrés de catalepsie bien différens. b. Fleur jeune pas encore cataleptique. c. Fleur qui va s’ouvrir , à peine cataleptique. d. Fleur bien ouverte et duement cataleptique. e. Fleur dont la corolle et les étamines sont tombées et qui n’est plus cataleptique. Fig. 4. Coupe horizontale de la tige dans sa portion florifère , vue au microscope et grossie de 14 fois le diamètre. a. Poils et épiderme. — 6. Enveloppe herbacée — c. Vais- seaux latexifères. — d. Vaisseaux fibreux. — e. Trachées et vaisseaux ponctués. — f. Moelle. Fig. 5. Coupe longitudinale de la même partie ; même grossissement, Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets. Fig. 8. Coupe horizontale du pédicelle, grossie de 14 fois le diamètre, a. Poils et épiderme. — à. Enveloppe herbacée. — c. Vais- seaux latexifères et séveux. — d. Trachées. — e. Moelle. Fig. 7. Même partie légèrement aplatie entre deux verres pour faire voir le cylindre formé par les trachées et les vaisseaux ponctués. Tom. ur. 26 ( 358 ) Fig. 8. Coupe verticale de la moitié d’un pédicelle considérablement grossie. a. Poils mono-bicéphales.— &. Poils coniques — c. Épiderme — d. Enveloppe herbacée chromulifère. — e. Couche de cellules achromes. — f. Vaisseaux séveux. — g. Trachées. — hh. Vaisseaux ponctués. — z, Moelle Fig. 9. Calices de fleurs fanées où la catalepsie ne se montre plus. Fig. 10. Coupe de la fleur à la base de la bractée. acb. Coupe de la bractée. e. Pédicelle. d. Fleur. Botanique.— est donné lecturedela partde G. D. Wes- tendorp , médecin de la 2° batterie d'artillerie de campagne, de la notice suivante, sur une nouvelle espèce d’Epilobe voisine de l’Epilobium anqustissimum et Rosmarinifo- lium , que l'académie a résolu d'imprimer dans le bulletin de la séance. « En 1830, le jardin botanique de Louvain reçut du jardin botanique de S'-Pétersbourg et de la part du D. Fis- cher une belle collection de semences, la! plupart de la Russie méridionale. Dans le nombre se trouvait une épilobe sans nom spécifique et avec l'indication de N. Sp. » Gette plante y fut cultivée par M. Donkelaer dont tout le monde connait la sagacité en culture. J'eus l’occasion de l’observer, de suivre en quelque sorte son développe- ment et toutes les recherches faites me prouvèrent que jusqu’à ce jour elle n’est ni répandue ailleurs, ni décrite. J'ai donc cru contribuer à la faire bien connaître en tra- çant l'exposé fidèle de ses caractères, et en lui appliquant une dénomination spécifique prise du principal d’entre eux, » Notre plante a la tige droite, très-rameuse, à rameaux diffus et soyeux, garnis de feuilles alternes, lancéolées, acu- minées, soyeux-blanchâtres. Ses fleurs, disposées en épi ( 359 ) lâche sont espacées , sohtaires sur leur pédoncule et d’un rose pâle. Stigmate quadrifide un peu défléchi ; silique de la longueur du pédoncule. » La descriplion que nous venons de donner indique assez que l'espèce dont il est question, appartient au groupe générique désigné par Decandolle, dans son prodrome, sous le nom de Chamaænerion, conséquemment à la même série où se place l'Epilobium anqustissimum. Curr. » Celte dernière espèce , confondue par tous les auteurs avec l’Epilobium Rosmarinifolium. HAexx. (non Pursch), jusqu’à la publication de la flore de Reichenbach , en est effectivement très-différente ainsi que me l'ont prouvé une longue suite d'observations dont la püblication devint inu- tile par celle de la Flora excursoria. Qu'il nous soit cepen- dant permis de dire que Reichenbach n'a pas tiré tout le parti possible des différences qui séparent ces deux plantes. » L'une en effet, l'Epilobium angustissimum, bien figurée par Curr., Bot. mag.pl.76,aune tige ascendante dif- fuse, très-rameuse, rougeâtre , ainsi que ses rameaux ; ses feuilles lancéolées linéaires, obtuses , très-glabres, mar- quées de serratures glanduleuses ; des fleurs espacées, soli- taires sur leur pédonçule et couleur de chair , un stigmate quadrifide défléchi; une silique deux fois plus longue que le pédoncule. Elle fleurit long-temps avant la suivante, et croît spontanément en Bavière, en Irlande et en Écosse. » L'autre, l'Epilobium rosmarinifolium Haewx, plante de la Bohème et du Tyrol, a au contraire une tige dressée, diffuse , très-rameuse , à rameaux pubescens; des feuilles lancéolées a cuminées, presqu’entières, légèrement pu- bescentes ; un épi plus long, à fleurs plus serrées et d’une couleur rose; le stigmate est identique , mais la silique a quatre fois la longueur du pédoncule, ( 360 ) » De la comparaison des caractères de l'Epilobium An- gustissimum et Rosmarinifolium avec ceux du nouvel épilobe précité, résulte évidemment que celui-ci doit être regardé sinon comme complétement intermédiaire entr'eux, au moins comme voisin de l’un et de l’autre. Si l’on con- sidére ensuite par quels caractères il s’en éloigne, on ne peut éléver de doutes au sujet de son existence spécifique. Je propose donc de le désigner par le qualificatif Canescens qui peint convenablement son habitus. » En récapitulant les traits caractéristiques des trois espèces prémentionnées, nous pensons que leurs affinités mutuelles et leurs caractères diagnostiques se trouvent bien exprimés par les phrases suivantes : 1° Eprrcosiux canescens Nos : Folus lanceolatis | acuminatis, inte- gerrimis ; ramisque sericeo canescenlibus; siliquä pedonculi lon- gitudine. 20 Ericosrum aneusrissimum Cunr: Foliis lanceolato-linearibus , obtusis, glanduloso-serratis ; ramisque gluberrimis, siliquà pe- donculo duplo longiori. 3° EriLorium Rosmarinirozium HAëwre : Foliis lanceolatis, acumina- tis, subintegerrimis, ramisque puberulis ; siliqu& pedunculo ? 9 ? quadruplo longiori. | » Nous ferons remarquer quant à l'Epilobium angus- tissimum Cuar., que cette espèce fournit une variété à feuilles encore plus étroites et à tiges débiles qui a été dé- signée sous le nom d’Epilobium Dodonœæi par Allioni, sous celui d'Epilobium lobelii par Villars, sous celui d'£- pilobium Halleri par Rerz, et dans ces derniers temps sous celui d'Epilobium angustissimum 8 Alpinum par SERING. ( 361 ) » Relativement a l'Epilobium rosmarinifolium HAENK., nous ajouterons que c’est une espèce totalement distincte de son homonyme l'Epilobium rosmarinifolium Purser. Gette dernière en effet est une plante de l'Amérique sep- tentrionale, découverte en 1810 aux environs de Philadel- phie, puis par Bigelon, qui l'appelle £pilobium lineare , quelques années plus tard, à cent lieues sud-ouest de celte cité , sur le territoire de Boston. Nuttal lui a donné le nom d'Epilobium squammatum. » Botanique. — M. Dumortier communique la note sui- vante : Description de deux nouvelles espèces de GESNERIA. 1. GESNERIA MACRORHIZA. G. caulibus adpressé pilosis ; f'oliis ovato-cordatis denticulatis inferné candicantibus , summis cordato-orbiculatis ; floribus secundis; pedunculis adpressé Ppilosis , corollé dimidio bre- vioribus ; nectariis post deflorationem exsertis. Cette espèce est remarquable par la grosseur de son tu- bercule qui acquiert quelquefois un diamètre énorme. Elle se rapproche par la grandeur de ses fleurs, du G, bul- bosa, et par ses feuilles du G. Houttei. Ses tiges sont cou- vertes de poils blanchâtres, apprimés et nullement étalés. Les feuilles sont opposées, pétiolées , ovales , cordiformes à rugueuses , velutineuses , fortement nervurées et blanch4- tres par dessous, finement denticulées sur les bords ; les inférieures sont Ovales-oblongues, cordées à la base , les supérieures sessiles, cordées-orbiculaires et à peine allon- gées au sommet. Les fleurs sont écarlates ; elles forment une ( 862 ) panicule dirigée d’un seul côté, et sont de la grandenr de celles du G. bulbosa ; leurs pédoncules sont horizontaux, deux fois plus courts que la corolle et couverts, ainsi que les calices, de poils apprimés. Le calice se divise en cinq segmens linéaires et pressés contre la base du tube de la corolle, La corolle , de plus d’un pouce de longueur, est tubuleuse , un peu dilatée vers l'extrémité, resserrée au- dessous de sa base, laquelle est globuleuse. Toute sa sur- face externe est couverte de petits poils blanchätres veloutés, non glanduleux, qui donnent aux bords de la fleur un léger reflet blanchâtre. Après la chute de la corolle, les deux nectaires font saillie entre les deux divi- sions supérieures du calice, ce qui donne à l'ovaire la figure d’une tête d’oiseau , dont les nectaires forment les yeux. Cette belle plante habite le Brésil où elle a été trouvée par M. Van Houtte, dans la province de Rio. Elle fait partie de la collection de M. Parthon de Von, à Anvers, et se trouve aussi au jardin botanique de Bruxelles. Elle diffère du G. bulbosa par la grosseur de son bulbe, par ses feuilles cordées à la base et non scabres, par ses poils pressés contre la tige et par son inflorescence. 2. GesnertA Hourrer. G. caulibus patentim pilosis ; fokis laté cordutis, dentatis, summis ovbiculuto-cordatis sessilibus ; floribus paniculatis, pedunculis adscendentibus, patentim pilosis , corollam æquan- tibus. Cette superbe plante dédiée à M. Van Houtte, directeur du jardin botanique de Bruxelles, qui l’a rapportée du Brésil , sera l'un des plus beaux ornemens de nos serres. ( 363 ) Sestiges, hautes de plusieurs pieds , sont couvertes d’un duvet de poils étalés. Les feuilles sont largement cordées, veloutées , rugueuses, fortement nervurées, plus pâles, mais non blanchâtres en dessous , dentées sur leurs bords, les lobes de la base se recouvrant l’un l’autre; elles sont pétiolées , à l'exception des terminales qui sont sessiles, et les pétioles sont pourprés; les inférieures sont très-obtuses et presque uniformes ; les terminales, au contraire, sont presque orbiculaires. Les fleurs sont d’un écarlate brillant et forment une panicule lâche et étagée, d’un superbe aspect. Les pédoncules communs sont divariqués et hori- zontaux; les pédoncules propres, au contraire , sont re- dressés, et laissent pendre la fleur avec grâce ; ils sont au moins aussi longs que la corolle. Les pédoncules, le calice et la corolle, sont couverts de poils glanduleux et étalés. Les divisions du calice sont lancéolées , pressées contre la base de la corolle et toujours plus longues que les nectaires. La corolle a environ deux pouces de longueur. Elle est tubuleuse, légèrement renflée au milieu, resserrée au- dessus de sa base qui est globuleuse; la gorge n’est pas sensiblement renflée. Le style est un tiers plus court que les étaminés, mais il s’allonge sensiblement après la fécon- dation. Après la chute de la corolle, le calice recouvre totalement les nectaires. , Elle croît au Brésil, dans la province des Mines , aux environs de Sabaca, où elle a été trouvée par M. Van Houtte. Elle est voisine du G. faucialis, maïs en diffère par ses feuilles pétiolées et nullement ovales, les supé- rieures non aiguës, par ses pédoncules non contournés et par sa corolle non renflée à la gorge. Elle fait, comme la précédente, partie de la collection de M. Parthon de Von à Anvers, et se trouve aussi au jardin botanique de Bruxelles. (364 ) Zoologie. — M. Dumortier communique un mémoire sur le Delphinorhynque microptère échoué à Ostende, animal à peine connu et dont il n'existe jusqu'ici qu'un seul crâne qui est déposé au muséum d'histoire naturelle de Paris. Il donne la description et le dessin de l'animal en entier, ainsi que de son squelette et de diverses parties internes. Analyse.—M. Quetelet présente de la part de M. Plana, di- recteur de l’observatoire de Turin et correspondant de l’aca- démie, un mémoire sur plusieurs intégrales définies. Dans la première partie de ce mémoire, l’auteur s’occupe de ces intégrales : œ + œ æ2mdx COS. ax æ?"dx cos. ax 1m ? 1 — Ar? cos. 0 + 4 ? o e et se propose de faire voir, par un procédé nouveau et remarquable par sa simplicité , que les formules gé- nérales qui donnent les intégrales définies en fonction des exposans entiers 2n et 2m, sont une conséquence di- recte de la formule qui se rapporte au cas primitif du dé- nominateur binome où n—=1 , m—=0o. La seconde partie du mémoire se rapporte à trois autres intégrales définies. Ce travail est renvoyé à la commission des sciences, char- gée des impressions des mémoires. Physique. — Sur un nouveau moyen de déterminer la vitesse et les particularités d'un mouvement périodi- que très-rapide, tel que celui d'une corde sonore en vi- ( 365 ) bration, etc.; par M. Plateau, correspondant de l’Aca- démie. « Le but que je me suis proposé dans cette notice, est simplement de donner une idée de mon appareil et des ré- sultats auxquels il permet d'arriver; mon intention est de développer ensuite ce sujet dans un mémoire spécial. » Soit un disque noir, en métal ou en carton, percé vers sa circonférence d’une série de fentes étroites dirigées sui- vant les rayons, et également espacées. On sait que lors- qu’un appareil semblable tourne rapidement autour de son centre, comme une roue , l’espace occupé par la série des fentes présente l'aspect d’une gaze transparente à travers laquelle on peut voir les objets distinctement. Soit donc notre disque adapté à un mouvement d’horlogerie, disposé de telle manière que l’on puisse en faire varier la vitesse à volonté; et enfin, tandis que le disque tourne, regar- dons, au travers, un objet animé d’un mouvement pé- riodique rapide : une corde en vibration, par exemple. » Nous pourrons supposer d’abord la vitesse du disque telle, que chacune des fentes passe devant l’œil à l'instant précis où la corde se retrouve à une même extrémité de sa vibration. S'il en est ainsi, l'œil ne pouvant voir la corde que dans des positions identiques (en admettant toute- fois, pour fixer les idées, que les vibrations conservent la même amplitude) , et les fentes se suivant avec assez de ra- pidité pour que les impressions successives reçues par la rétine se lient entr’elles, il devra nécessairement en résul- ter l'apparence d’une corde parfaitement immobile. Main- tenant, comme les conditions dans lesquelles j'ai supposé l'instrument permettent de faire varier à volonté la vitesse du disque, il est clair que l’on pourra toujours obtenir V'effet ci-dessus; et comme d’ailleurs les mêmes raisonne- ( 366 ) mens s'appliquent à un mouvement périodique quelconque dont la vitesse est suffisamment grande , il s'ensuit que l'instrument en question donne d’abord le curieux résultat de faire paraître complétement immobile un objet animé d’un mouvement très-rapide. On pourra ainsi, dans un grand nombre de cas, juger de la forme réelle du res que leur vitesse empêche de distinguer. » J'ai déja exposé ailleurs (1) les idées qui précèdent; mais il était nécessaire de les reproduire ici pour l'intelligence du reste de cette notice. » Avant d'aller plus loin, je dois remarquer que pour obtenir l’immobilité apparente de l’objet, la vitesse du disque ne doit pas nécessairement être telle qu’une fente passe devant l'œil chaque fois que l’objet se retrouve dans la même position ; le phénomène se produirait encore évi- demment, si un nombre entier quelconque de semblables retours de l’objet avait lieu pendant l'intervalle des pas- sages de deux fentes successives : car pendant cet intervalle l’objet étant soustraïit à la vue, les modifications qu'il peut éprouver ne contribuent en rien à l'effet observé. Il résulte de là qu'il existe, à la vérité, une vitesse limite, savoir celle pour laquelle le nombre des fentes qui passent dans un temps donné est égal à celui des retours de l’objet; mais que d’un autre côté, les sous-multiples de cette vi- tesse limite par la suite des nombres entiers, donneront encore le même résultat, du moins tant que la rapidité sera suffisante pour que l'impression paraisse continue, Il sera donc toujours très-facile, en faisant varier graduelle- (1) Supplément au Traité de la lumière de sir J.-F -W. Herschel, traduit par MM. Verhulst et Quetelet, tom. ÏI, page 481 et suiv. ( 367 } ment la vitesse du disque, d’atteindre l’un ou l’autre terme de la série de celles qui produisent l’immobilité apparente. » Ge qui précède étant admis, supposons maintenant que la vitesse du disque ne représente plus exactement l'ua des termes de la série dont il vient d’être question; mais qu’elle n’en diffère cependant que d’une très-petite quantité. Alors, si la corde, par exemple, est à l’extrémité de sa vibration quand la première fente passe devant l'œil, elle n’occupera plus tout-à-fait cette même position lors du passage de la fente suivante, et elle en paraîtra de plus en plus éloignée lors des passages successifs des autres fentes. La corde cessera donc alors de paraître immobile ; mais le mouvement dont elle semblera animée sera très- lent comparativement à son mouvement réel : on pourra même le rendre aussi lent qu’on le voudra, en rapprochant convenablement la vitesse du disque de celle qui produit l’immobilité apparente. Ainsi nous arrivons à cet autre résultat singulier , que l’on peut , à l’aide de notre instru- ment, transformer > en apparence, un mouvement trés- rapide en un mouvement de la même nature aussi lent qu'on le désire. W\ sera facile alors d'étudier toutes les cir- constances du mouvement que sa rapidité empêchait d’a- nalyser par l’observation directe. C’est ainsi, par exemple, qu’en obligeant, par les moyens connus, une corde à se diviser spontanément en un certain nombre de parties vi- brant isolément, j'ai pu diminuer à mon gré la vitesse ap- parente du mouvement, et voir la corde passer avec lenteur plusieurs fois de suite, d’une forme ondulée à la forme ondulée opposée. » Il ne reste plus, à présent, qu’à pouvoir déterminer la vitesse réelle de Vobjet : par exemple, le nombre ab- ( 368 ) solu de vibrations qu’une corde actuellement en mouve- ment, exécute par seconde. Rien ne serait plus facile si nous pouvions atteindre avec certitude la vitesse limite du disque , dont j'ai parlé plus haut ; car alors tous les retours de l’objet à la même position correspondant à tous les pas- sages de fentes, il suffirait évidemment de connaître le nombre des fentes percées dans le disque, et la vitesse de rotation de celui-ci, pour en déduire le nombre de retours de l’objet, qui ont lieu dans un temps donné. Malheureu- sement, à part quelques cas particuliers, lorsqu'on obtient l'immobilitè apparente, il est impossible de savoir quel terme ona atteint dans la série des vitesses qui produisent le même effet. On parvient cependant au résultat proposé, par le moyen de deux observations. L’instrument étant d’abord mis en mouvement avec une vitesse arbitraire, on fait varier avec précaulion cette vitesse jusqu’à ce que l'objet observé paraisse immobile; et l’on note alors le nombre de révolutions qu’exécute le disque dans l’unité de temps. L’instrument est muni pour cela d’un compteur. Cela fait, on ralentit graduellemeut la vitesse , jusqu’à ce que l’objet paraisse de nouveau immobile, et l’on note en- core le nombre de révolutions correspondant à l’unité de temps. Si l’on représente par » et n’ ces nombres de révo- lutions dans la première et dans la seconde observation , par f le nombre des fentes percées dans le disque, et par x le temps qui s'écoule entre deux retours consécutifs de l’objet à la même position , on arrive par des considérations très-simples à la formule suivante : nn nn'{ « Un ——- ae — ( 369 ) L'emploi de cette formule suppose seulement qu’en passant de la premiére des deux observations ci-dessus à la seconde, on a passé aussi d’un terme de la série des vitesses corres- pondantes à l’immobilité apparente , au terme immédiate- ment suivant. Or, il est toujours trés-aisé de diminuer la vitesse de l'instrument par degrés assez lents, pour que l'on soit certain de n'avoir pas négligé un terme intermé- diaire. » Ainsi, en résumé, étant donné un objet auimé d’un mouvement périodique trop rapide pour que l'œil reçoive de cet objet une impression distincte, l'appareil que j'ai indiqué permettra : 1° de déterminer la forme de l’objet, en réduisant celui-ci à une apparente immobilité; 2° d’ob- server toutes les particularités du mouvement, en ralen- tissant en apparence ce même mouvement autant qu’on le désire ; 3° enfin, de trouver la vitesse réelle de l’objet, ou du moins, la durée d’une période de son mouvement, au moyen de deux observations et d’une formule. » Je me propose maintenant d'entreprendre, à l’aide de cet instrument, une série d'expériences qui feront le sujet du mémoire dont j'ai parlé en commençant cette notice. Je donnerai alors la description détaillée de l'appareil et de la manière de s’en servir. » Chimie. — L'académie entend un rapport sur les diffé- rentes lettres qui lui ont été adressées par M. Vloeberghs, d’Aerschot, relativement à la teinture au moyen de la garance. Il résulte de ce rapport que les lettres de M. Vloe- berghs ne renferment que des recettes ,et comme l’auteur à négligé d'ailleurs de présenter des pièces à l’appui de ses formules empiriques , l'académie ne saurait juger de leur valeur , surtout dans l'absence de toute considération théo- rique qui aurait pu leur servir de base. (370 ) Antiquités romaines.— D'après le rapport de ses com- missaires MM. Bekker et De Reiflenberg , l'académie a or- donné l'impression dans ses bulletins du mémoire suivant de M. Gudell, sur une pierre milliaire trouvée près de Tongres (voir le Bulletin de la séance précédente). Cette pierre est peut être celle qui indique le plus grand nombre de stations intéressantes à déterminer. En 1829, M. Ch. Hennequin, d'après une communication de M. Cudell, en donna un fac simile, dans une dissertation académique publiée pour obtenir à l’université de Louvain le grade de docteur en droit; M. Cudell en a présenté une copie en relief sur une plus grande échelle et l'explique en général d’une manière plausible. » La ville de Tongres était anciennement, au rapport de l'historien Ammien Marcellin, une cité étendue et popu- leuse, et l’une des deux métropoles de la province germa- nique inférieure (Germania secunda) des Romains (1); ét si on considère les trois couches distinctes et superposées de décombres , dont se compose le terrain de son emplace- ment, on ne peut se refuser d'admettre avec un auteur moderne (2), que trois fois, au moins , la puissante cité, (1) Secunda Germania, ab occidentali exordiens curdine, A grippina et Tungris munitur civitatibus amplis et copiosis. Amm. Marcelli L. XV. cap. XI. (2) Et sanctres veluti super exaggerationes ex ruderibus et parietinis aggestæ sat innuunt terna vice splendidam civitatem subiisse ruinam… Contemplari licuit nummum ad quatuordecim infra terram pedes de- tectum. D.-P.-J. Heylen, Dissert. de Ant. Rom. Monument. in Belgio superstit., tom. IV, p. 405, des anc. mém. de Acad. de Brux. Si on dit trois fois aw moins, c'est que la province a été bien plus souvent encore exposée aux invasions et aux dévastations des barbares, et que la ville de Tongres n’en aura pas été épargnée plus que celle de Cologne qui, au compte d'Égid. Gelenius, dans son ouvrage : de Magni- tudine Coloniæ,p. 105, a été saccagée jusqu’à douze fois, — D ( 371 ) avec ses beaux et riches monumens, n'ait subi une ruine ou destruction générale de la part des peuples barbares d'Outre-Rhin. Aussi ce sol classique recéle dans son sein, une quantité de précieux restes de ces temps passés, et à toutes les époques on en a fait d’amples récoltes. » Mais parmi toutes les découvertes de ce genre, il n’en est,sans contredit aucune qui soit aussi importante, comme étant d’une application directe et spéciale à l’histoire et à la géographie ancienne de la Belgique, que celle d’un fragment , ou pour mieux dire, d’un éclat d’une ancienne colonne milliaire romaine que le hasard y mit au jour, en 1817, dans un déblai de terrain nécessité par la con- struction de la grande route de Tongres à St-Trond. » C'était à une cinquantaine de pas hors de la porte dece nom, que gisait enterré ce débris d’un monument d'utilité publique dû au grand peuple et contemporain de sa domi- nation dans notre pays. » Heureusement les employés préposés à la surveillance des travaux qui, dans l'attente d’une fouille productive, avaient reçu les ordres les plus sévères de faire main basse sur tout ce qui pourrait présenter le moindre intérêt, au profit de cabinets qui n'étaient pas ceux de la Belgique, ne surent pas apprécier la valeur de cette dernière trou- vaille, qui effectivement n’était pas d’une forme à attirer leur attention, et ils l’'abandonnèrent. » C'est celle circonstance fortuite qui fit échapper notre antiquité au sort commun de mille et un objets _ que la science doit regretter , et qui ont été enrichir les cabinets de La Haye et de Leyde, sans qu'il en soit même resté, pour souvenir, une notice dans le pays (1). (1) Entre autres pièces remarquables , on cite un dieu Priape er ( 372 ) » Cependant, sauvé des mains des infidèles et transporté à l’hôtel-de-ville de Tongres, notre pierre n'y resta pas moins , pendant plusieurs années, abandonnée dans quel- que coin obscur et ensevelie dans un oubli complet, sans que personne se mît même en peine de savoir ce que pour- raient signifier les nombreuses inscriptions qu’on y voyait tracées. » Enfin des membres de la société littéraire de Maestricht ayant fait une excursion scientifique à Tongres. furent assez heureux de faire, en quelque sorte, une seconde décou- verte du curieux fragment, et d'obtenir alors de la complai- sance du bourgmestre, feu M. Tuscar, qu’il leur fût mo- mentanément confé, afin d'en déchiffrer les inscriptions pour être publiées dans l'Annuaire de la province, que rédigeait la société. » Mais, par une nouvelle fatalité , des obstacles inutiles à rapporter, vinrent encore arrêter ce projet. | » Et voilà comment, depuis bientôt 20 ans, une des plus intéressantes découvertes archéologiques reste toujours dé- robée à la connaissance des savans qui se livrent à l’étude bronze, de 30 centimètres de hauteur, chef-d'œuvre de fonte, trouvé à quelque distance de Tongres. La tête de cette statuette, réunie au corps par une charnière, se rabaissait en arrière pour donner ouverture à un réservoir pratiqué dans l’intérieur du corps, afin d’y faire des li- bations qui alors, sur la pression d’un bouton, placé dans le dos, de- vaient s'écouler par le membre du dieu, percé à cette fin. La liqueur était ensuite recueillie dans un petit bassin de bronze, incrusté d'argent et monté sur un trépied du même métal. Aux deux épaules de la figure, il y avait des chaînettes pour la suspendre à une certaine élévation à la vénération des fidèles. Lors de la découverte, on trouva le dieu renversé entre des débris de pots et de verres, qui sans doute avaient été brisés après ayoir servi à apporter les sacrifices. ( 373 ) de nos antiquités nationales et qui, sans doute, en au- raient déjà pu faire plus d’une application utile. » On pense donc que ce sera à la fois servir les intérêts de la science et seconder le zèle du gouvernement pour la recherche et la conservation des monumens anciens qui se rattachent à l'histoire du pays, que de signaler l’exis- tence d’un si précieux reste de l'antiquité, peut-être unique dans son genre; car dans le célèbre traité des grands che- mins des Romains par Bergier (1), on ne trouve pas la moindre mention de colonnes pareilles à celle dont le frag- ment de Tongres a fait partie. » Pour donner immédiatement une idée de toute l’impor- tance de notre découverte, on n’a pas cru inutile de joindre quelques notes recueillies dans le temps pour composer les élémens d’un rapport à faire à ce sujet. Elles se trouvent, on l'avoue, en grande partie puisées dans le savant ouvrage de D’Anville sur la Gaule ancienne, où il serait facile de les rechercher : mais on pense que, pour cela il ne doit pas être moins agréable de trouver ce travail tout fait, et de voir toutes ces notes, éparses dans le volume de D’Anville, réunies sous un même point de vue et dans leur applica- tion directe à une description de notre monument. » Le fragment dont on offre le fac-simile, a appartenu à une colonne polygone, de marbre bleu ardoise, pareil à celui que fournissent les carrières de Namur , à faces po- (1) Chap. 39, p. 753, édit. de Bruxelles : « Des pierres et colomnes que les Romains ont mises sur les grands chemins et à quel usage. » De même les dictionnaires des antiquités romaines de Pitiscus et de Rosious , et les manuels d'Adam , de Meyer et de Fuss, n’en parlent pas non plus. Tom. nr. 27 ( 374 ) lies, et de tous côtés, comme on le voit, couverte d'in- scriptions. En déterminant, d’après les trois faces représentées, la périphérie du cercle qui circonscrit ce polygone, on trouve que son diamètre est de 0,39 centimètres, et que la colonne a dû être taillée à huit pans inégaux, ayant alternativement seize et quatorze centimètres de largeur. Et s’il faut en juger d’après la diversité des routes dont le fragment donne des parties, et des routes si éloignées les unes des autres, même étrangères à la province où la colonne se trouvait établie, on est autorisé à conclure que l’ensemble de toutes les inscriptions composait une espèce d'itinéraire général de la Gaule Belgique. La colonne, présentant ainsi des inscriptions de tous les côtés, a donc nécessairement dû être disposée de maniére à ce que les personnes qui avaient à la consulter, pussent librement circuler à l’entour. Or, s’il faut s’en rapporter à la déclaration faite dans le temps, par le bourgmestre de Tongres, qui avait lui-même recueilli le fragment sur les lieux, et qui avait constam- ment suivi les fouilles avec l'attention d’un amateur, il aurait été reconnu, à l'endroit (et la tradition générale- ment conservée dans la ville confirme le fait), une espèce d'étoile formée par la réunion de plusieurs voies romaines, dont les uns veulent porter le nombre à cinq, d’autres jusqu’à sept; mais par une indifférence, qu'on a peine à concevoir, personne n’a eu l’idée de faire constater, d’une manière précise, soit le nombre des voies, soit leurs diflé- rentes directions, soit le mode de leur construction, avant que le terrain fût recouvert du nouveau pavé. Ce qui est certain, c’est que la voie principale venant de Bavaï , la capitale de la Gaule Belgique, mène à cet en- ( 375 ) droit, et que la continuation de cette voie, de Tongres à Cologne, dont les vestiges se reconnaissent encore entre Tongres et le village voisin de Berg, se dirige aussi visible- ment vers le même point. S'il en est ainsi, il y aurait donc tout lieu de présumer que c’est au centre de réunion de ces diverses grandes voies militaires, ou du moins à sa proximité, que la colonne milliaire a dû avoir sa place. L'état extérieur du fragment et la dégradation des in scriplions qu'on ne peut attribuer qu’à l'influence des saisons, paraissent d’ailleurs indiquer que c’est en plein air que la colonne a dû être posée. Une remarque qui vient grandement à l'appui d’une pa- reille supposilion, c’est que l'endroit où il a été déterré, correspond à peu près au centre de l’ancienne ville ro- maine, telle qu’elle existait à la dernière époque de sa splendeur , et que son enceinte est indiquée par des pans informes de vieux murs, qu’on voit encore au loin dans les champs et qui bravent les efforls incessans et sacriléges des propriélaires riverains pour les faire disparaître aux yeux de la postérité. Ce fait on vient de le constater avec soin. En outre plusieurs grosses pierres découvertes sur le même terrain, et provenant évidemment de quelque grand monument, semblent aussi indiquer qu’en cet endroit il a dû exister une place publique. De ces pièces on voit encore , entre autres, dans un jardin particulier, un cha- piteau de colonne d’assez forte dimension, en grès blan- châtre, étranger au pays, provenant sans doute de quelque temple; et à l'hôtel-de-ville on conserve une pierre votive de 45 centimètres de largeur et dont la hauteur fracturée paraît avoir élé de la même dimension; elle était consacrée à la | ( 376 } déesse Forrvxa, par Aprionius Junius (1); ou peut juger par sa forme, et parce qu’elle n’est pas taillée au revers, qu’elle a dû être incrustée dans quelque mur d’un édifice public, et dès lors voisin d’une place. Malheureusement notre fragment n’est point celte partie de la colonne qui contenait les routes de la province ac- tuelle de Limbourg et du pays adjacent; et c’est là surtout, ce qui fait regretter qu’on m’ait point pensé, dans le mo- ment, à pousser le déblai un peu plus loin qu’à la stricte largeur de la nouvelle route , afin de découvrir également les autres morceaux de la colonne, qui ne doivent pas être dispersés à une grande distance, si tant est qu'elle ait été brisée sur les lieux, et avec violence comme la forme de l'éclat trouvé et les faits cités donnent lieu de le présumer. Cette opération aurait été d'autant plus facile que le ter- rein sur lequel il s'agissait de continuer les fouilles était une propriété communale, vague, et qu'il y avait moyen de se débarrasser, à peu de frais , des terres superflues dans les fossés contigus de la ville que la régence fait combler. Cependant le fragment tel qu’il est, ne laisse pas de présenter toujours un très-grand intérêt; et le petit nom- bre de stations qu’il nous fait connaître avec leurs distances itinéraires, sont déjà une conquête précieuse pour la géo- graphie ancienne. Elles fournissent presque autant de don- nées incontestables qu'il y a de lignes, pour la rectifica- tion de fautes de copistes dont se trouvent entachés en si grand nombre, les itinéraires manuscrits qui sont parvenus (1) Voici l'inscription : FORTVNAE APRIONIVS IVNIVS. V.L.S. ET (877) jusqu’à nous, tels que l’ancienne carte des routes de l’em- pire romain, dite la table de Peutinger (1), et l’ilinéraire qui porte le nom de l’empereur Antonin (2), ouvrages que D'Anville , avec tout son savoir, s’est souvent efforcé vaine- ment de corriger ou d'expliquer (3). Un fait remarquable que constale avant tout ce monu- ment, c’est que les Romains suppléaient, de leur temps, au défaut de cartes géographiques, et à la difficulté de se procurer des itinéraires manuscrits, en érigeant dans les villes capitales , pour l'usage des voyageurs et surtout des officiers de l’armée , des colonnes publiques sur lesquelles étaient inscrites les diverses routes du pays, avec indica- tion des distances itinéraires d’un endroit à l’autre : car telle a été manifestement la colonne de Tongres. Le fragment représente, comme il a déjà été dit, dans sa largeur trois des huit pans du polygone. Le pan qui se trouve à l’extrémité droite, le plus élevé des trois, compte 37 centimètres de hauteur sur 16 cen- timètres de largeur; celui du milieu à 33 centimètres de hauteur sur 14 de largeur; et celui du côté gauche se ré- (1) Tabula itineraria Peutingeriana,denuo collata etnova C.Mannerti introductione instructa, studio et opere acad. litt. regiæ Monacensis. Lips.,1824. æ (2) Vetera Romanorum itineraria, sive Antonini Aug. itinerarium , etc, curante Wesselingio, in-4., Amstelod., 1735 : Ad annum 360 referendum esse suspicatus est Cl. Suxius in onomas- tico Litterario, T, I, pag. 144 sq., autorem incertum itinerarii quod œulgo Antonini nomine circumfertur. Ab aliis opus habetur quod sub primis Cœsaribus natum , postea ad usum militarium commentariis | cursuum- que publicorum mappis consarcinatum fuerit , et subinde locupletatum. » W.-F.-Ch, Harles, Zrevior notitia litteraturæ roman. Lip. 1789, in-8°. (3) Notice de l’ancienne Gaule par D’Anville. Paris , 1760 , in-49. (378) : duit à 23 centimètres de hauteur sur 10 à 13 seulement de largeur , parce que celle-ci n’est plus entière, et que les premières lettres des noms des stations se trouvent plus ou moins coupées par la brisure de la colonne. Sur cette dernière face on voit une partie de la voie militaire qui , de la seconde Germanique, et , sans doute , à partir de la ville de Tongres, conduisait vers l'Italie. L'ordre des stations et leurs distances itinéraires sont . établies dans ce sens, tandis que l'itinéraire qui prend le point de départ des routes de la Gaule et des provinces germaniques à Milan (1), suit une marche inverse. Une autre différence , mais plus essentielle, qu’on aper- çoit, c'est que la table et l'itinéraire marquent les dis- tances d’une station à l'autre du signe M. P., par mille pas romains (2), tandis que la colonne désigne les mêmes dis- tances par la lettre L., en lieues gauloises qui sont d’un tiers plus fortes (3). (1) Voy, Zter u Mediolano per Alpes Penninas Magontiacum , pag. 350, de l’Itinéraire, éd. de Wesseling. — Item, pag...., {ter d Mediolano per Alpes Cottias Viennaïn, inde Durocortoro, etc. (2) Distantia , more romano, per millia passuum seu milliaria expri- mitur. Passus autem non communes sed geometrici , quinque pedum sinquli, qui apassis seu dilatatis manibus et brachiis nominari existi- mantur , accipiendi sunt, adeo ut quinque millia pedum efficeant, teste Vitruvio. | (3) Voy. Amm. Marcel. L. XVI, pag. 108, éd. de Gronovius, Amste- lod., 1693, in-fol., où il dit dans le récit de la bataille que Julien livra aux Allemands près de Strasbourg : Et quoniam a loco unde promota sunt signa, usque ad vallum bar- baricum, quarta leuga signabatur et decima, id est unum et viginti millia passuum , utilitati securitatique recte consulens Cæsar, etc. Un commentateur ajoute : Recte subducta est ratio : Jornandes enim in hist, getica et Isidor. orig. Lib. XV, cap. 6. Leucam finiri passibus MD scribunt, Conf, Ducange voce LEUCA. ( 379 ) D'Anville avait déjà reconnu que, dans les Gaules, il fallait compter par lieues gauloises , nonobstant la marque du mille romain que portent la table et l’itinéraire; mais, malgré l’évidence de cette supposition, il ne s'était pas cru autorisé à proposer leur correction formelle dans ce sens. La découverte d’un monument authentique et con- temporain, tel que la colonne de Tongres pourrait actuel- lement changer le cas au moins pour les routes qu’il porte. Non-seulement ses inscriplions sont à l'abri de tout re- proche d’altération , il se trouve encore que les mesures qu'elles marquent sont les véritables, puisqu'elles sont conformes à la situation géographique des lieux. Les noms tronqués des dix stations qu'offre cette pre- mière face du fragment, sont faciles à rétablir à l’aide des itinéraires. Elles vont depuis la ville de Bonn, le long du Rhin, jusqu’à la ville de Worms. Le chiffre XI qui apparaît à l'extrémité supérieure du plan , et qui appartient à une station dont le nom est em- porté, ne peut s'appliquer qu’à la station de Bonn, et il marque sa distance de la ville de Cologne ( GozonrA Acrrr- PINA ). Le fragment de mot maGus qui suit, et qu’il faut com- pléter RicomaGus, l’ancien nom de la petite ville de Réma- gen, située immédiatement au-dessus de Bonn, ne peut pas laisser de doute à cet égard. D'ailleurs telle est aussi la distance que donne la table de Peutinger de Cologne à Bonn, sauf l'erreur qu’elle com- met en marquant XI milles au lieu d'autant de lieues gau- loises. La colonne indique la distance de Boxxa à RiGomaGus VIII lieues. La table n’en porte que VIIE, et se trompe ainsi d’une lieue. ( 380 ) Ce qui, au reste, confirme pleinement la justesse des mesures données par la colonne depuis Colonia Agrippina jusqu’à Rigomagus, c’est une ancienne pierre milliaire dé- couverte en 1769, à quelques pas au-dessous de Rémagen , lorsque l'électeur Palatin, Charles Théodore, y a fait élar- gir et reconstruire l’ancienne voie romaine le long du Rhin (1). Sur cette pierre la distance de Cologne à Rémagen est marquée, il est vrai, XXX mille pas romains : mais réduits en lieues gauloises, ces milles rendent exactement la somme des mesures gravées sur la colonne de Tongres, savoir : De Cologne à Bonn . . . . . . . XI lieues De Bonn à Rémagen . . . . . . . VIII Au total. . . . XX lieues. Mais si c’est en quelque sorte surabondamment qu'on rapporte la preuve que fournit cette pierre milliaire; c’est 1 Une description détaillée de cette pierre milliaire qui avait une hauteur de 4 pieds 2 pouces du Rhin, sur 1 pied 4 pouces de diamètre, se trouve dans les mémoires de l’académie Theodoro-Palatine de Manheim , vol. IV, pag. 40. Voici l’inscription qu’on y lit : IMP. CAES. M. AVREL. ANTO NINO. AVG. PONT. MAX. TR. POT. XVI. COS. III. ET IMP. CAES. L. AVR. VERO. AVG. TR. POT. II. COS. II. A. COL. AGRIPP. M.P. XXX, ( 381 ) que celle-ci nous apprend encore d’autres faits qui se rattachent au sujet de cette notice, et qu'il n’est pas sans importance de constater à cette occasion. Elle nous montre d’abord que le rapport d’Ammien Mar- cellin qu’à partir de Lyon (Lugdunum ), où était la fron- tière des Gaules, on ne comptait plus les distances itiné- raires en milles, mais en lieues gauloiïses (1), ne doit être entendu que dans un sens restreint et seulement pour ce qui regarde son époque (l'an 355 de notre ére); mais qu'il n’en a pas été de même dans le commencement de la conquête des Gaules par les Romains, et même encore long-temps après, puisqu’au temps du règne des empereurs Marc-Aurèle et Lucius Verus, vers la fin du Ile siécle, comme le porte l'inscription de la pierre, on faisait en- core usage du mille sur les routes le long du Rhin. Elle nous indique ensuite, avec toute vraisemblance, que la table de Peutinger , qui date à peu prés du même temps, c'est-à-dire des premières années du siècle sui- vant (2), a été primitivement , en ce qui concerne nos pro- vinces, composée d’après l’échelle du mille romain. Et ce fait établi de cette manière, on peut à la fin se rendre compte comment, par la conversion postérieure des 2 (1) Qui locus ( Lugdunum) exordium est Galliarum : exinde non mille- ns passibus sed leucis itinera metiuntur. Amm. Marcell., L, XV, C.II, pag. 80. (2) Suivant une dissertation du professeur Mannert sur latable de Peu- tinger , tout s’accorde pour faire rapporter sa composition au temps de l’empereur Sévère , et c’est sous son règne qu’elle a été écrite et peinte telle que nous la voyons , entre 202 et 211 de notre ère. La copie que nous en possédons, et qui est aujourd’hui conservée à la bibliothéque impériale de Vienne, a été dessinée et écrite dans le XIIIe siècle. — Voy. Annales des voyages de Malte-Brun , année 1808 >t. I, pag. 346, ( 582 ) milles en lieues gauloises, tant de fautes de chiffres ont pu s’y introduire; comment la marque du mille, M.P. y a pu être conservée, par inadvertance des copistes, aprés l'introduction de la mesure gauloise, que la table annonce elle-même être celle qu’elle emploie pour les Gaules, puis- qu’elle place au-dessus de la station de Zugdunum (Lyon) cet avertissement : Caput Galliarum ; usque hic Leugas ; comment il se fait que la mesure du mille ait encore pu rester conservée, sans réduction , sur certaines routes de la Batavie (1), notamment sur celles qu’on sait y avoir été construites ou reconstruites par les empereurs Marc-Aurèle et Lucius Verus et sur lesquelles les distances itinéraires ont été primitivement marquées en milles romains, ainsi qu'il est encore constaté par une autre pierre milliaire qui a été trouvée en Hollande et dont l'inscription est exacte- ment pareille à celle de la pierre de Rémagen (2). (1) « Il y a un autre canton, dit D’Anville, pag. XIX de la préface de » son ouvrage , à l’extrémité la plus reculée vers le nord dans la Gaule, » quiest la Batavie, où l'application des distances au local m’a fait con- » naître avec évidence, que c’est la mesure du mille et non celle de la » lieue qui peut y convenir. » (2) L'inscription de cette pierre se trouve conservée, avec son dessin, d’après Scriverius, dans l’ouvrage de Menso Alting : Descriptio Agri Batavi et Frisii, secundum antiquos. Amstelod , 1697 , in-fol., pag. 67. L'inscription se termine ainsi : A. F. C. MP. XII. On peut consulter au surplus dans l’ouvrage de D’Anville les articles: Albiniana , Flenium et Fletium. Sous ce dernier mot il dit entre autres : « 11 serait assez naturel de penser que, dans les travaux faits par Drusus, » en cette extrémité de la Gaule, où la lieue gauloise pouvait ne pas être ( 383 } Il va sans dire que ces faits démontrent aussi que la colonne de Tongres, qui marque déjà les distances itiné- raires en lieues gauloises, appartient à une époque plus récente que la table. Le nom de la station suivante doit se lire ANTVNNAGUM, aujourd'hui la ville d’Andernach , et sous les Romains, se- lon Ammien Marcellin, une forteresse frontière. La colonne marque sa distance , à partir de Rigomagus, VIII lieues. La table diffère encore, en la portant à VIII lieues. L’itinéraire qui ne connaît plus la station de Rigomagus, va depuis Bonna jusqu’à Antunnacum, en réunissant les deux stations de la colonne en une seule, du reste d’accord avec elle sur la distance itinéraire qu'il indique XVII lieues. La circonstance de la suppression de la station intermé- diaire de Rigomagus dans l'itinéraire, est une preuve qu'il est postérieur à la colonne. Succède la station de Conrzventes, nom latin de la ville » connue des Bataves, sortis de la nation des Cattes, en Germanie, les » Romains se sont réglés sur les mesures qui leur étaient propres. » Mais il est fort douteux que ce soit là le véritable motif des Romains, qui, au reste, faisaient les routes principalement pour eux-mêmes et leurs armées ; et si D’Anville avait pu connaître les pierres milliaires de Rémagen et de Hollande, il aurait, sans doute, pris d’autres idées à cet égard. On ose penser que les raisons développées ci-dessus expliquent ces irrégularités d’une manière plus plausible. Peut-être les Romains ont-ils plus tard négligé à dessein de réduire les distances des stations sur ces routes en lieues gauloises, parce qu'à cette époque la Batavie s’élait déjà soustraite à leur domination. Aussi, l'itinéraire, si je me rap- pelle bien, ne fait déjà plus mention de la route de Tongres à Nimègue (Aduaca Tongrorum Noviomagum), par la rive gauche de la Meuse, que porte encore la table. ( 384 ) de Coblence, au confluent de la Moselle et du Rhin, en cet endroit, une des positions les plus importantes de la contrée pour les Romains; comme de nos jours Coblence est encore une des principales forteresses de l'Allemagne sur le Rhin. La colonne marque sa distance depuis Antunnacum VII lieues. La table, ainsi que l'itinéraire l’indiquent encore erroné- ment à VIIIT lieues. Le professeur Mannert, dans son grand ouvrage sur la géographie des Grecs et des Romains (1), en reconnaissant que la distance de VIIII lieues convenait mal aux locali- tés, a cherché à légitimer ce chiffre, en supposant que l’ancienne ronte , au lieu d’être tracée en ligne droite , au- rait suivi les sinuosités du Rhin, et que, de cette manière, la mesure itinéraire aurait pu se trouver allongée d’une lieue. La connaissance du chiffre de notre colonne l'aurait dispensé de recourir à une conjecture si hasardée. Bavpogrica ( car c’est ainsi qu'il faut rétablir le nom de la station qui vient au-dessus de Coblence), tombe là où est aujourd'hui la position de Boppart. Cette fois la colonne, la table et l'itinéraire sont d’ac- cord sur la distance de VIII lieues. L'itinéraire écrit cependant Bavposricux , la table porte Boxrogrics; on lit Boposrica dans la notice des dignités de l'empire, d'après laquelle cet endroit était un poste militaire occupé par le préfet des soldats destinés au service des machines de guerre appelées Balistes (prefectus mili- (1) Geographie der Griechen und Rômer von Conrad Mannert, etc., Isten Bandes , 2ter Theil, Gallia Transalpina. ( 385 ) tum balistariorum), sous les ordres du général résidant à Mayence. D'Anville explique le changement de l’ancien nom de Baudobrica en celui de Boppart, en citant d’abord un titre de Fulde du VITE siècle, rapporté par Schannat dans ses Traditiones Fuldenses, où il est fait mention de Marea Bodobrigensis que, dans les écrits postérieurs, on désigne par Bobardia ou Bodardus , altérations qui ont conduit insensiblement à la dénomination actuelle de Boppart. La fixation de cette station est importante, parce qu’elle doit servir de point de départ pour déterminer la position de celle qui suit et dont le nom est VosozviA. La colonne marque la distance VIII lieues. La table qui écrit Vosavia, porte VIIII lieues. D'Anville avait pensé qu’il fallait lire VosazrrA, afin de donner au nom ancien un air de ressemblance avec celui de la ville moderne d'Oberwesel, qu'il supposait occuper la place de cette station. Il citait à l'appui de cette opinion, que Itrabanus, évêque de Mayence , a écrit dans son mar- tyrologe , WasaLLA. Le professeur Mannert, égaré par le faux chiffre de la table, a voulu chercher l'emplacement de la station plus loin , au nord de Rheïnfels. La colonne vient lever toute incertitude en fixant la position de Vosolvia juste à moilié chemin, entre deux stations connues, la ville de Poppart et celle de Bingen qui représente, sans contredit, la station suivante qu'il faut lire Bixerum, et dont la colonne marque la distance de Vosolvie VII lieues ; la table trompe encore en indi- quant VIII lieues. Valesius et Cellarius et après eux D’Anville, en recon- naissant que le dernier chiffre de la table s’adaptait mal ( 386 ) aux localités, se sont perdus en conjectures pour trouver à le justifier. La colonne nous apprend qu'il y avait simplement une erreur de copiste à corriger. La station qui se rencontre ensuite ,.est MaGonTracvw , comme on lit dans Tacite et saint Jérôme ; Moconrracyw comme le portent la notice des dignités de l'empire et d’au- tres auteurs. C’est l’ancien nom de la ville de Mayence, du temps des Romains la métropole de la première Germani- que. Elle était alors la résidence d’un général sous le ti- tre de dux, commandant depuis la frontière du district particulier de Strasbourg (Ærgentoratum ), confié à un comie, jusqu'aux limites de la seconde Germanique à Antunnacum. La colonne marque la distance de Bingium à Magontia- cum XII lieues ; la table et l'itinéraire portent le même chiffre. C'est la station de Bavcoxica qu'on trouve plus loin, Selon D'Anville elle est remplacée par la petite ville d'Oppenheim, entre Mayence et Worms. La colonne place la station à VIIIT lieues au-dessus de Mayence. La table a lemême chiffre ;mais l’itinéraire porte XI lieues. Pour redresser cette faute évidente , et mettre l'itiné- raire d'accord avec la table, D'Anville avait proposé la transposilion de ce chiffre avec le chiffre VIIIT de la sta- tion suivante qui, à son tour , se trouvait fautif à sa place. La colonne de Tongres vient changer en certitude ce qui jusqu'alors n’élait qu’une conjecture de D’Anville. BorgiromaGvs (car tel est le nom de cette dernière station) est la ville de Worms. C'était, selon D'Anville, la ville capitale des Vangiones, nd ( 387 ) et il en est fait mention, sous ce nom , dans Ptolomée et dans l'itinéraire. La table porte Borceromacr. Elle est citée dans Ammien Marcellin, dans la notice de l'empire et ailleurs, sous le nom de Vangiones. Quant à celui de Worms qu’elle porte aujourd'hui, il vient, dit D'Anville, de Farmatia on Wormatia qui était en usage lorsque la seconde race des rois francs a commencé d'occuper le trône. La colonne indique la distance depuis Bauconica XI lieues. La table a le même chiffre ; mais l'ilinéraire porte erro- nément , comme il a élé déjà dit, VIII lieues. Les trois dernières stations entrent encore dans les tra- cés de deux autres routes qui se trouvent dans l'itinéraire ; mais là aussi on remarque de grandes aberrations des indica- tions de notre colonne. Dans la description de la première de ces routes, celle de Milan à Mayence, par le grand St.-Bernard, dont il a été déjà question plus haut, les distances sont données de celle manière : BorgiromAGo BAvCoNIAM. . . . . . M. P. XIII. BAVCGOnTrA MoGontrACyM. . | . . . : M. P. XI. En total. M. P. XXIIII La seconde route est celle de Trèves à Strasbourg (a Tri- veris Argentorato) par Bingen, où elle se reliait à la grande voie, qui des deux Gemaniques conduisait en Italie. Ici la distance de Mayence à Worms est indiquée en une seule station : Mocoxrraco BorgiromaGvm. . . . . M. P. XVII Suivant la colonne , il faut marquer, dans l’un comme nt ré ea. 200. 02 GES PETER EE" XX ( 388 ) La deuxième face de notre fragment , celle du milieu, décrit une partie d’une route allant de Trèves, ou pour mieux dire peut-être , de Cologne par Trèves et par Reims sur Amiens (SAMARABRIVA) La première station qu’on y voit, avant d'arriver à Reims (Dyrocorien) et qui est désignée par le mot tronqué romaAG, est, sans le moindre doute, celle de NovromaGvs, qu'on irouve également, dans cette position, sur la table de Peutinger, dans le tracé d’une route de Reims à Trèves, où elle marque la distance XII lieues , de même que le fait la colonne. D'Anville retrouve cet endroit dans La Neuville; l’ana- logie des noms est au moins frappante. En outre la distance telle qu'il la calcule, d’après les cartes modernes , se trouve parfaitement d'accord avec les mesures anciennes. Le nom de la station qui a dû se trouver avant d’arriver à Noviomagus et dont il reste le chiffre XV , manque. Ni la table, ni l'itinéraire, n’indiquent cette station. La station la plus voisine de Noviomagus, du côté de Trèves, qu'on rencontre dans la table, et que celle-ci place au passage d’une rivière, est Moss, aujourd'hui Mouson. Mais il ne peut ici être question de cette dernière station, puisque la table marque la distance de Noviomagus à Mose, XXV lieues; tandis que la station désignée par la colonne n’en est éloignée que de XV lieues. Et encore, au calcul de D'Anville, la distance depuis Neuville jusqu’au passage de la Meuse, est de beaucoup plus forte que la table ne l'indique, puisque réellement il n'ya pas moins de XXX lieues. Il faut donc nécessairement rechercher ici une station intermédiaire, à moitié chemin entre les deux endroits, c'est-à-dire à la distance de XV lieues. ( 389 ) La colonne, en confirmant ainsi les observations de D'Ân- ville au sujet de la distance depuis la Meuse jusqu’à La Neuville , indique que le chiffre XX V de la table est fautif, et qu'il y a lieu de le changer en XXX , faisant justement la somme de deux fois le nombre XV qu’on lit sur la colonne. L'itinéraire qui est d’une date postérieure , ne connaît déjà plus cette route de Rheims à Trèves, et décrit une roule toute nouvelle par Yungo Vicus (Vonc selon D’An- ville) par Epoissum (vois), Orolaunum (Arlon), etc. Dvrocorier est généralement reconnu pour l’ancien nom de la ville de Reims. Ce qui est ici à remarquer, c’est la différence qu'offre ce nom avec celui de Dvroconrosvu qu'emploient César, la table et l'itinéraire. La statiou an Fines a occupé la place de la petite ville de Fimes , en Champagne. Cette station paraît avoir tiré son nom, dit D’Anville, de ce qu’elle étaiti située aux limites de l’ancien pays des Rémois, et sur les confins du Soissonnais, où postérieure- ment les fdeux évêchés de Reims et de Soissons, modelés sur les circonscriptions des anciens gouvernemens civils, se touchaient. Le père Sirmond, en rapportant les actes d’un synode tenu en cet endroit , écrit : Synodus quæ fuit acta in loco qui dicitur Finibus, Rhemensis Paroeciæ. La colonne marque la distance de Durocorier ad Fines. XII lieues. L'itinéraire a le même chiffre. La table ne porte pas cette station et va d’une traite de Durocorier jusqu’à la station suivante : Avavsra Svessionvu , qui se retrouve dans la ville de Soissons. Tom. x. 28 ( 390 ) L'itinéraire marque la distance XIII lieues. D'Anville, en reconnaissant que ce chiffre était trop élevé , pour le terrain , puisque Fimes est à égale distance entre Reims et Soissons , a voulu le justifier par la suppo- sition que la dernière partie de la route aurait fait un dé- tour dans la vallée où coule la rivière de Vesle. La colonne, en fixant le chiffre à XII lieues, prouve et l'erreur de l'itinéraire et le tort de D’Anville. La table , comme il a été dit, en passant la station ad Fines , porte la distance de Durocorier à Augusta Sues- sionum, à XXI lieues, au lieu de XXIHIIT, qu'il en faut suivant la colonne. t IsarA désigne le passage de la rivière de l'Oise, sous Noyon. La colonne RUE la distance depuis Soissons , à XVE lieues. Il en est de même de la table; mais celle-ci donne au passage le nom de Lvra. Ce mot avait déjà paru fautif à D'Anville, qui avait pro- posé de le changer en celui d’Zsara , nom latin de l'Oise, se fondant sur l'itinéraire qui appelle ailleurs la ville de Pontoise Priva Isarae. La colonne , en écrivant Isara, vient ratifier la correc- tion proposée par D’Anville. Suivant cet auteur , la distance de xHI lieues s'accorde également avec le terrain. Ce passage , continue-t-il, a existé au lieu nommé Pont- l'Évêque ; et, de là jusqu’à Soissons, en s’y rendant par Vis-sur-Aisne, il y a XVI lieues gauloises. 11 y a d’ailleurs qu'une pierre milliaire, numérotée VII, a été trouvée à Vis-sur-Aisne, preuve qu’il y passait une voie romaine. Rovorvu se trouve écrit dans la table Roprvn. ( 99t ) Sa distance d'Isara est marquée sur la colonne comme dans la table VIIII lieues. Cette position, dit D'Anville, ne convient pas précisé- ment à la ville actuelle de Roi, mais au village de Roiglise, situé à une lieue en arrière , vers l'Oise ; et de cette ma- nière la mesure, d’un côté vers Soissons, se trouve exacte ; et de l’autre côté, elle le devient également depuis Rov- DIUM jusqu'à SAMARABRIVA , que la table porte à XX lieues. La colonne confirme encore cetle fois les raisonnemens de D’Anville et la justesse du chiffre de la table. Dans la table on remarque une station intermédiaire de Rodium à Samarabriva qu’elle nomme Servor , et qu’elle place à moitié chemin, savoir à X lieues. S'il faut en croire D’Anville, la voie est encore existante et trés-directe, sous le nom de chaussée Brunehaut ; cependant il ne se trouve point, dit-il, à cette distance, de lieu qui soit assis préci- sément au passage de la voie, pour y rapporter la position de Setuei. La colonne de Tongres porte une autre station intermé- diaire qui est SeevraE (1), et qu’elle place seulement à VII lieues. Reste à savoir si, à cette distance , on trouvera da- vantage quelques vestiges d'une ancienne station. La distance de là jusqu’à SamarABRIVA manque sur le fragment. A l'égard de cette dernière station , il est à remarquer -que sur la colonne il est écrit SamarAbriva , et non pas SamarObriva , comme on le trouve partout ailleurs. (1) J'avais d’abord cru devoir lire Selviae ; ensuite Steviae ; maïs un ämi que je viens de charger d’une vérification, m’assure que la deuxième ét la troisième lettre du mot sont absolument pareilles,et qu’il y a Secorac. Ce sera, dans l’occasion, un point à examiner de nouveau. ( 392 ) Mais Samarabriva faut-il le placer à Amiens , comme c'était jusqu'alors l'opinion générale, ou bien faut-il le transférer à Cambrai, comme l’a voulu démontrer , depuis peu, l’auteur d’un mémoire, publié à Louvain, Sur les campagnes de César en Belgique, suivi de recherches sur Samarabriva ? Il semblerait qu’en suivant notre route de Reims vers Samarabriva, par Soissons, par Noyon et par Roi, ou Roiglise , en droite ligne , ainsi que la trace la colonne, monument authentique et irréprochable, il est de toute impossibilité , en continuant la même direction , d'aboutir ailleurs qu'à Amiens. Pour aller de Roïglise sur Cambrai, il y aurait même une déviation tellement forte qu’elle constituerait plutôt une route toute nouvelle qu’une continuation de l’an- cienne. Si donc l’auteur, à la suite des argumens qu'il veut tirer en faveur de sa thèse, de la direction, en droiture, des voies romaines, dit, page 79 de son mémoire : « On » ne peut donc guëre supposer, d’après cela, que Sama- » rabriva désigne ici Amiens, quand on considère qu’il » était de principe chez les Romains de diriger leurs » routes par le chemin le plus droit et le plus court;» il n’y aurait qu’à substituer dans cette phrase le mot Cam- brai à celui d'Amiens, pour le condamner , sans réplique, par son propre argument. D'ailleurs la distance de XX lieues: gauloises que la table indique depuis Aodium jusqu'à Samarabriva , et qui, d’après D'Anville, est parfaitement applicable‘au trajet de Roïglise jusqu’à Amiens, cette distance pourrait-elle s’accorder également avec celui de jRoiglise à Cambrai ? À vue d’œil il y a une différence marquante. ( 393 ) Au besoin on pourrait tirer la même induction de la direction d’une autre route de l'itinéraire que l’auteur du mémoire a voulu citer encore en faveur de son nouveau système , savoir , la route de Samarabriva à Soissons (Sues- sonas usque) par Cæsaromagus, Litanobriga et Augusto- magus. Si ces stations intermédiaires sont aujourd'hui les villes de Beauvais , de Creil et de Senlis, comme il est gé- néralement admis, d'après D’Anville, et comme l’auteur du mémoire ne le conteste même point, il suffit de jeter un coup d’œil sur la première carte du pays pour se con- vaincre qu’il y a impossibilité de ranger la ville de Cambrai sur cette ligne , tandis que celle d'Amiens y tombe natu- rellement. Et le détour qu’on voudrait reprocher à cette route si elle partait d'Amiens par Beauvais et Senlis sur Soissons, comparativement à celle gravée sur notre colonne et celle tracée dans la table, ne serait-il pas bien plus grand encore si on allait d’abord de Cambrai sur Beauvais, et de la par Creil et Senlis sur Soissons ? D'ailleurs cette route de l'itinéraire n’ayant été établie qu’à une époque de beaucoup postérieure à celles de la table et de la colonne, l’état du pays et l'importance acquise par les villes intermédiaires citées, ont pu exiger les nou- elles communications , même avec détour; mais aujour- d’hui même, si je ne me trompe, il n’y aurait pas encore d'autre route à prendre de Beauvais à Soissons, que par Senlis. Enfin n’y a-t-il pas des exemples de détours bien plus considérables ? Qu'on veuille bien ouvrir l'itinéraire, pag. 375 de l’édi- tion citée , et on trouvera, sous la rubrique : « Zter Colonia Trajana Coloniam Agrippinam , que pour aller de la ( 394 ) ville de Xanten, sur le Bas-Rhin , à Cologne, on traversait d’abord tout le pays d’entre Meuse et Rhin, jusque dans les environs de Maestricht , à la station de Coriovallum (1), pour rejoindre, en cet endroit , la grande voie militaire de Bavai ou de Tongres à Cologne. (1) Qu'il nous soit permis de faire connaître à cette occasion, que la véritable situation de cette ancienne station , sur laquelle les savans ont émis jusqu'alors les opinions les plus divergentes et les plus erronées, sans qu'aucun ait touché au but, a été à la fin déterminée, d’une ma- nière positive, par des recherches récentes et très-détaillées, sur le cours des voies romaines à travers la province de Limbourg,et notamment de la voie de Tongres à Juliers par Coriovallum, et de celle de Colonia Trajana à Coriovallum, dont le point d’intersection doit nécessairement fixer l’emplacement de cette station. Quelques vérifications restant à faire, et l’éloignement de l’auteur des lieux l’ont empêché jusqu’ici d’achever ce travail et de le soumettre au jugement de l’académie. Ce n’est plus sur le terrain de la petite ville de Fauquemont qu’il faudra désormais marquer la place de cette station militaire avec Cluve- : rius et Dewez, ni au village de Keer ou Keyer avec Menso Alting , ni à Cortenbach avec D’Anville, Heylen et Desroches , ni à Vrelenberg avec . Wendeling, ni à Corisberg avec M. Ernst dans son Zistoire MSS, de l’an- cienne province de Limbourg , etc.; mais sur le plateau dit de Ravens- bosch, situé à trois quarts de lieue, sur la gauche de Fauquemont ou . Valkenberg. , Peut-être conviendrait-il même de proposer, à raison de la nouvelle situation assignée à la station romaine, de changer le nom insignifiant de Coriovallum que porte l'itinéraire et Cortovalliwm qu’a la table, en celui de Corvovallum, nom correspondant à la dénomination flamande _ou tudesque de Ravensbosch, qui signifie forêt à corbeaux? Cette éty- mologie paraîtrait d’autant moins à dédaigner, qu’effectivement la con- trée a été anciennement occupée par une grande forêt, dont une partie _ notable a été encore défrichée de mémoire d'homme , et que, dans le fait, il existe toujours dans le pays un tel nombre d’oiseaux du genre corbeau, savoir, du Corvus Corone et surtout du Freux , Corvus frugi- legus , vivant en grandes troupes, que dans les endroits où ils se rabat- tent, ils couvrent les arbres de leurs nids , et deviennent un véritable fléau pour les campagnes. ( 395 ) Enfin , si on ne devait pas craindre de s’écarter trop du sujet de cette notice, il y aurait encore moyen de trouver aussi dans les Commentaires de César , qui le premier a nommé Samarabriva , la preuve que sa marche pour se porter de cette ville au secours du. camp de son lieutenant Cicéron, assiégé à Mons ou dans les environs, par les Ner- viens et les Atuatiques, ne peuvent s'appliquer qu’à la situation d'Amiens. Mais en voilà déjà trop sur celle digression. Resterait encore à faire mention d’une route de l’itiné- -raire, conduisant de Lyon à Boulogne-sur-mer (Zugduno Gessoriacum), laquelle, depuis Reims jusqu'à Amiens, emprunte , en partie, les stations que porte notre colonne, afin de comparer les distances itinéraires respectives, qui présentent encore des variantes notables. L'itinéraire marque d’abord depuis Reims jusqu’à Sois- sons (Durocortoro Suessonas). . . . M. P. XXXVI. La.colonne porteæs. . : .: ., .. .. 0)! XXIIIE Il est vrai qu’à la rigueur ces deux chiffres donnent la même mesure , l’un en milles romains et l’autre en lieues gauloises ; mais peut-on admettre ici celte confusion de mesures, lorsque les stations avant et après se rapportant purement à la lieue gauloise, ne permettent du moins aucune conversion réciproque pareille (1)? Ainsi l'itinéraire porte depuis Soissons jusqu’à Noyon (Noviomagus), où était alors le passage de PR ren An En Un pente 7 5e PERTE La colonne indique, . . . . . . L. XVI (1) Ce poste perdu fournit donc encore une preuve de ce qui a été dit plus haut, d’une traduction des mesures primitivement romaines en lieues gauloises, qui doit avoir eu lieu à une époque postérieure. ( 396 ) Enfin de Noyon à Amiens, (ad Ambianos) l'itinéraire compte. . . . . . . . M. P. XXXIIIE Et suivant la colonne , la table et le cal- cul de D'Anville, il doit y avoir. . . . L. XXVIII savoir VIII lieues depuis le passage de l'Oise jusqu’à Roi- glise et de là jusqu’à Amiens XX lieues. * La troisième face du fragment de notre colonne con- tient la description d’une route de Cassel, dans la Flandre française , à Arras, sous le titre : À CASTELLO NEMETACGVM, en lettres onciales de trois centimètres de hauteur, le double des autres lettres des inscriptions. Le mot 1re qui se trouve au-dessus, indique que cette route avait élé déja précédée d’une autre route, partant du même endroit. L'itinéraire et la table ne font point mention de la route qu'indique ici la colonne. Fixes ArreBatvm est la seule station intermédiaire, qu'on y rencontre. La dénomination de cet endroit qu’on ne trouve que dans les Commentaires de César, indique évidemment qu'il a dû être situé sur la frontière du peuple de l’Artois. Mais quel a pu être son emplacement ? D'Anville, au mot Castellum Morinorum, parle d’une ancienne route inconnue qu'il y a trouvée, s’alignant, dans une direction opposée, à une roule qui conduisait de Cassel à quelque lieu situé près de la mer , au delà de Dunkerque, et se rendant, au midi, à un endroit nommé Bac-a-Tienne entre Aire et St-V'enant, en sorte, dit:il, qu’on pourrait inférer de la direction de cette voie qu’elle tendait à Samarabriva, sans se détourner, par VNemetacum ou Arras. Celte route, non-reconnue par D'Anville, ne serait-elle ( 397 ) donc pas la même que porte ici la colonne de Tongres ? Et Bac-à-Tienne , au passage de la Lys, ne représenterait-il point le Fines Atrebatum ? Il n’y aurait rien d'impossible. Du moins le passage de la Lys, si une ancienne carle qu’on a sous les yeux, ne trompe point, se trouve effec- tivement sur la frontière de l’ancien Artois, et droit dans l'alignement de Cassel à Arras. Resterait seulement à sa- voir jusqu’à quel point la distance de VIII lieues gauloises que marque la colonne, pourra y convenir , ce que, pour le moment, on ne saurait vérifier. Le chiffre de la distance ultérieure jusqu’à Nemeracvm, se trouve tellement corrodé et détruit, qu’il y a impossibi- lité d’y rien reconnaître. Il faut croire que cette route s’est terminée à une si courte distance , parce que la ville d'Arras (Nemetacum), était à son tour , d’après l’itinéraire, le point de départ de plusieurs routes nouvelles , dans diverses directions. Le mot rrex en lettres onciales qui termine cette face, annonce encore une nouvelle route qui devait suivre ; et la préposition AD dont on voit encore un reste au commen- cement de la ligne suivante , indique même que c’est d’une route partant de Cassel qu’il s’agit. Peut-être pourrait-on, au moyen de l'itinéraire, déter- miner cette dernière route, puisque la préposition A» vient assez rarement dans la description des routes, et qu’il serait bien extraordinaire qu’elle trouvât deux fois son applica- tion à des routes sortant d’une même ville. Peut-être aussi y aurait-il encore d’autres points de comparaison avec notre colonne à découvrir ; mais on à dû renoncer à des recherches ultérieures par l'impossibilité de se procurer dans le moment les ouvrages nécessaires , ( 398 ) et surtout la table de Peutinger et l'itinéraire d'Antonin. Voilà toute une série d'observations , pour lesquelles - les vingt et une lignes d'inscriptions du fragment de la colonne milliaire de Tongres viennent de fournir la ma- tière. Cependant si l’on reconnaît que dans leur nombre il y en a qui, si elles n’ont pas le mérite de présenter des faits tout nouveaux, ne laissent pas au moins d’être d’une grande utilité pour la correction de nombreuses fautes des anciens itinéraires et même pour aplanir plus d’une dif- ficulté que D’Anville et d’autres savans ont, jusqu'alors, vainement tenté de résoudre; on juge facilement de quelle importance il serait de découvrir les restes de la colonne, dont notre éclat ne fait qu’une parcelle minime, peut-être pas la dixième partie. En supposant, par exemple, que la face de la colonne qui a dû contenir la description de la route de Tongres en Italie, dont notre fragment repré- sente seulement huit stations , a dû en présenter trente- sept suivant les itinéraires, il se trouve qu'elle a dû avoir, proportion gardée avec les inscriptions du fragment , au moins une hauteur d’un mètre sept centimètres , non-com- pris le titre en lettres onciales et l’espace absorbé par les doubles lignes de quelques stations. Que, du reste, toute cette route ait dû être tracée sur une seule et même face de la colonne, résulte évidemment de ce que la face suivante, vers la droite, porte déjà une tout autre route, celle de Trèves ou plutôt de Cologne à Samarabriva , etc. Mais il faut espérer qu’un jour les fouilles, si égfiétnént abandonnées dans le temps, pourront être reprises. Si même il y avait moins de chances de réussir , qu'il ne s’en offre , d’après toutes les circonstances , l’entreprise mérite- ( 399 ) rait au moins d’être tentée ; et il semble qu’une petite part du fonds dont dispose annuellement Monsieur le Ministre de l’intérieur, pour l’encouragement des sciences et des arts, ne saurait être consacrée à une opération d’un inté- rêt plus général. Il ne s'agirait de rien moins que de l’exhumation de toute une géographie ancienne de la Gaule Belgique des Romains, et du plus ancien document des archives his- toriques du pays. » : M. Le directeur, en levant la séance, a fixé l’époque de la prochaine réunion au samedi 3 décembre. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Philosophical transactions of the royal society of Lon- don for the year 1835 ; part 2, in-4°, London , 1835. Philosophical transactions of the royal society of London for the year 1836 ; part 1, in-4°, London , 1836. Liste des membres de la société royale de Londres. Report of the fifth meeting of the british association for the advancement of science held at Dublin in 1835; 1 vol. in-8°, London 1836. A cataloque of 7385 stars, chiefly in the southern hemisphere, by William Richardson, 1 vol. in-4°, London 1835. Researches on heat. Second series by James Forbes esq., broch. in-8°, Edinburgh , 1836. Report upon a letter addressed by M. le baron de Humboldt to his royal kighness the president of the royal society; broch. in-8°, Observations of the tides, taken at his maÿjesty's ( 400 ) dockyards at Scheerness, Portsmouth, Plymouth and Pembroke;l vol. in-8°, London , 1835. Observations of the tides ; broch. in-8° 1833, The royal society in the 19" century by A. B. Gran- ville ; 1 vol. in-8° London, 1836. Adress of Earl Stanhope president of the medico-bo- tanical society ; broch. in-8°, Lonéres, 1836. Exposé de la situation administrative de la province de Brabant; broch. in-&, Bruxelles, 1836. De la part de M. le baron De Stassart , gouverneur de la province. Reinaert de Vos , episch fabeldicht van de twablfde en dertiende eeuw met aenmerkingen en ophelderingen van Willems, lid der academie; 1 vol. in-8°; Gent, 1836. Voyage en Angleterre, par M. Victor Hennequin, présenté par M. De Gerlache. Considérutions sur les éthers et sur leurs composés par J. B. Van Mons, membre de l’académie 1 vol. in-8. Notice biographique sur Roland Delattre, connu sous le nom d’Orland de Lassus, par J. Delmotte; 1 vol. in-8°. Valenciennes, 1836. Programme des cours de l’université de Liége 1836-1837. Les derniers Grignoux., ou le règlement de 1684, par M. L. Polain; broch. in-8°, Liége, 1836. Rapport du jury sur les produits de l’industrie belge, exposés à Bruxelles dans les mois de septembre et d’octo- tobre 1835; 1 vol. in-8&, 1836. De la part de M. Gachard, secrétaire général du jury. Hymnes et cantiques, en langue hébraïque par M. So- merhausen; broch. in-&. Bulletin de la société de médecine de Gand. Séances du 2 août 8 novembre, 3 feuilles in-8°. Notice sur les mollusques du genre Parmacella de ( 401 ) Cuvier et description d’une nouvelle espece de ce genre , par Vanbeneden et Web. 3 feuille avec deux planches. Relazione academica dell’ultima eruzione accaduta nelvulcanetto aereo, di Giovani de Brignoli di Brunhoff; broch. in-8°; Reggio, 1836. Alla memoria del dottor Luigi Venturi il can. Gian- Carlo Gentili di sanseverino ; broch. in-8°. Journal de la société de la morale chrétienne; (tome 10, n° 3) in-8°; Paris, 1836. Gli arcani gentileschi svelati dal Geronta Sebezio ; n° 18 sabato 16 Luglio; n° 22-27 Agosto, 1836. Recherches historiques sur la monnaie au type du ca- valier armé, frappée à Valenciennes et dans quelques autres lieux, de 1280 à 1356, par M. E. Cartier; 1'7: feuille in-8°, avec une planche. Observations et notes sur les recherches historiques de M. Cartier, sur la monnaïe au type du cavalier armé par M. R. Chalon, ‘7, feuille in-8. Description d’un appareil de sureté, pour prévenir les diverses chances d'explosion des machines à vapeur; par D. Tack , broch. in-&e. Messager des sciences et des arts de la Belgique , ve- cueil publié par MM. De Reiffenberg, deS'.-Genois, Serrure, Van Lokeren, et Voisin (année 1836), 2° livraison, in-8°, Gand, BULLETIN DE L’ACADEÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1836. —— No 11. Séance du 3 decembre. M. De Gerlache, directeur. M. Quetelct, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. Le secrélaire présente à l'académie différens ouvrages qui lui sont parvenus depuis la dernière séance; et, entre autres, trois volumes des Mémoires de l'académie royale de Stockholm , etun volume des Mémoires de l’académie royale de Berlin. M. le Gouverneur du Brabant adresse à l'académie , de la part de M. le Ministre de l'Intérieur , le rapport du jury sur la dernière exposilion des produits de l’industrie. M. Kesteloot fait hommage d’un exemplaire assez rarc aujourd’hui et qui manque à la bibliothèque de l'aca- démie , d’un mémoire de M. Huguenin , ancien membre de la classe des sciences , contenant l'examen de la solution donnée par Euler du problème de la pression qu'un corps exerce sur trois ou plusieurs appuis qui le soutiennent. M. Huart, de Charleroy, fait parvenir à l’académie de Tow. 1. 29 ( 404 ) nouvelles observations sur les causes d’une plus haute température dans les hauts- fourneaux , marchant à air chaud , que dans ceux marchant à air froid. Des remer- cimens seront adressés à M. Huart pour cette communi- cation. | Les M. Vloeberghs, pour satisfaire aux désirs exprimés par l'académie dans sa séance précédente, au sujet de ses com- munications antérieures, lui adresse, avec de nouveaux développemens sur la teinture par la garance, vingt- cinq échantillons de draps teints par lui-même et d’après les procédés qu'il a indiqués. COMMUNICATIONS. Étoiles filantes. — M. Quetelet fait part à l'académie que , dans la nuit du 12 au 13 novembre dernier, il s’est occupé de l'observation des étoiles filantes , dans la vuc de reconnaître si effectivement leur apparition aurait élé plus fréquente, comme on était en droit de le conjec- turer , d'après ce qui avait élé vu les années précédentes. Ses observations , qui n’ont pu comprendre qu'une partie de la nuit, ne lui ont rien présenté de remarquable quant au nombre de ces méléores. Le même membre donne lecture de la note suivante, dans laquelle il a essayé de résoudre la question proposée par M. Arago, à l’une des dernières séances de l'institut de France , sur le nombre moyen des étoiles filantes que l'on peut observer , dans une même nuit, à une époque quelconque de l’année. « M. Brandès paraît être le premier physicien qui ait remarqué l’apparilion plus fréquente des étoiles filantes en automne que dans toute autre saison. Ses nouvelles recherches sur ces sortes de météores, publiées en 1825, sont venues confirmer ses premières conjectures. L’immense ( 405 ) quantité d'étoiles filantes observées entre le 11 et le 14 novembre, pendant les années 1832, 33 et 34, devait naturellement fixer l'attention des observateurs et les porter à rechercher si cette époque était plus particulie- rement celle de leur apparition, M. Kaemtz, en Allemagne, en rappelant les remarques de M. Brandès, a eu l’idée de former un catalogue des principales apparitions d'étoiles filantes ou d’aérolithes qui ont été observés, entre le 11 et le 14 novembre, à différentes époques , et l’on doit con- venir que leur nombre, comparé à celui qui a été donné pour les autres époques de l'année, présente de très-fortes probabilités qu'il existe une Cause pour la fréquence de ces apparitions. Ses recherches ne se sont pas bornées aux étoiles filantes ; il s’est également occupé des aérolithes et des pierres météoriques les plus remarquables, dont il a soigneusement dressé le Catalogue d’aprés Chladni et les autres observateurs qui onttraité de ce sujet. En se servant du relevé de ce catalogue, M. Kaemtz a construit le tableau suivant , dans lequel il a donné les nombres observés et ceux calculés par une formule empirique. ait É d :S ET PIERRES MÉTÉOK. PIERRES MÉTÉORIQUES AÉROLITRES ET PIERRES MÉTÉ [ MOIS. seulement. Nombre observé. Nombre calculé, RER. C0 10 53 55,2 En 4 + 11 46 49,3 M TA 47 44,2 ASPENT.6 Et lg 41 39,8 ai dtobte ren 17 al 36,5 A on dc 0 25 35,9 AN er 40 39,8 D. . 1 6! 46,7 Septembre . . , 14 45 55,3 Octobre , . . ad 53 61,7 Novembre . , , 10 76 63,5 Décembre , , . g 59 60,6 ( 406 ) Le nombre des picrres météoriques pris isolément , est encore trop petit pour qu’on en puisse déduire des con- clusions ; cependant elles paraissent plus fréquentes au printemps. Le rapport est tout différent, quand on prend les aérolithes avec les pierres météoriques ; le maximum tombe incontestablement en novembre, et la formule d'interpolation indique le 10 de ce mois. M. Kaemtz pense que les nuits d'hiver, plus longues, sont à la vérité plns favorables à l'observation d’un nombre plus grand de mé- téores, mais que d’une autre part la rigueur de la saison, en diminuant le nombre des observateurs, établit une espèce de compensalion. Quoiqu'il en soit, celle apparition plus fréquente des aérolithes qui semble avoir la même période que les étoiles filantes, mérite d'être remarquée ; et ce n'est pas sans raison que M. Arago, dans l’Ænnuaire de cette année, a invité les observateurs à fixer plus particulièrement leur attention sur le ciel, du 10 au 15 novembre. Ce savant célèbre a annoncé depuis, à l'institut (séance du 14 novembre), que, dans la nuit du 12 au 13, les élèves astronomes de l'observatoire ont compté 170 étoiles fi- lantes; et il fait observer avec raison, qu'il resterait à connaître, pour permettre d'élablir une comparaison , combien communément on peut observer de ces météores dans une nuit , à toute autre époque de l’année. Or le désir de déterminer ce nombre, m'a porté à re- venir sur un travail que d’autres occupations m'ont tou- jours empêché d'achever jusqu’à ce jour, et qui se rapporte à une série d'observations sur les étoiles filantes , que je fis en 1824, avec plusieurs autres personnes. Ges observa- tions néanmoins n'ayant pas eu pour objet d'observer le nombre des étoiles filantes qu’on peut compter en un £ A à : ( 407 ) temps donné, mais bien de réunir les élémens nécessaires pour calculer la hauteur , la vilesse et tout ce qui se rap- portait à la trajectoire de ces météores , on ne doit regarder les résultats que je donnerai que comme une limite in- féricure, puisque beaucoup d'étoiles filantes n'ont pas élé enregistrées, parce que les élémens qui devaient servir à les calculer n’élaient pas assez précis. La même re- marque doit s’élendre aux observations faites par Ben- zenberg et Brandès , en 1798, dont j'ai fait également le relevé , ainsi qu'à celles faites par ce dernier physicien, en 1823. On pourra juger même combien mon estimation est au-dessous du véritable nombre que l’on peut observer, d’après les résultats oblenus isolément par divers observa- teurs, le même soir et dans des lieux assez voisins pour sup- poser que les circonstances atmosphériques n’élaient pas tellement dissemblables, pour que l’on pût croire à une fréquence d'étoiles filantes plus grande dans une station que dans une autre. En suivant l’ordre des dates, nous trouvons que les pre- mières observations un peu régulières sur les étoiles filantes, ont été failes, comme il a été dit, en 1798, par Benzenberg et Brandès. Ces deux physiciens ont observé dans les environs de Gôttingue ; ils élaient d’abord seuls et placés à une distance de 27050 pieds de Paris, l’un de l'autre; après trois séries d'observations, ils senlirent le besoin de s'éloigner davantage, el ils se mirent aux extré- mités d’une base de 46200 pieds de longueur; et, cette fois , ils prirent chacun un aïde pour écrire sous la dictée, les observalions dont j'ai réuni les résultats dans le tableau qui suit. (408) D'APRÈS BENZFNBERG. D'APRÈS BRANDÈS. Étoiles filantes. Temps. Etoiles filantes. Temps. 11 septembre . 9 24 0’ il 2:19" 13 » ARSTONG ae 8 1 36 Btactohre (0 20m 1t11 2 8 13 2 24 DS ERP AN EN 2 46 63 8 12 14 » MP pret) 7 46 123 7 47 4 novembre . . . 62 6 34 49 5 35 Totaux. . . 135 22h21" 267 27/53 On voit que Benzenberg a observé seulement 135 étoiles filantes, en 22b-21’, c’est-à-dire 6 environ par heure ; tandis que Brandés , dans une station voisine, en a compté 267 en 27h53’, ou environ 10 par heure. Pour ne pas exagérer , nous ne compterons que 8 étoiles filantes par heure, comme Benzenberg l’a calculé de son côté (2); mais nous prenons évidemment un nombre que l’on peut regarder comme inférieur à celui qu’un observateur seul pouvait compter dans de pareilles circonstances. Si nous passons maintenant aux observations de Brandés et des observateurs qui l’aidèrent en 1823 , nous trouyons en faisant le dépouillement de tous les résultats contenus dans l'exposé qu’il en présenta en 1825 (3), les élémens du tableau suivant. Les observations se faisaient pendant _— (1) L'aide , pour cause de santé , a dû quitter à minuit; on a déduit, pour cette nuit et celle du 14 novembre, les intervalles de repos pris par les observateurs, et une pause d’une demi-heure , prise par Benzen- berg , à cause de la présence de nuages. (2) Ueber die Bestimmung der Geographischen Lange durch Stern- schnuppen, page 15. (3) Untersuchen üeber die Entfernung und die Buhnen der Sternschup- pen ; Leipsig. 1825. ( 409 ) deux heures consécutives, vers les époques des nouvelles lunes et pendant les mois d'avril, mai, août , septembre et octobre. LIEUX CT DNS MSC RIRE NOMBRE d'observation. des étoiles des par heure. des observateur. filantes. heures. Breslau . , . 650 50 13.0 M. Brandès et ses aides. Neisse , . . 307 3) 102 lusieurs observateurs Airkan..:. 65 8 8.1 1 observateur. Gleiwizs. . . 356 44 8,1 2 — He pd 144 20 7.2 1 — Trebnitz. . . 36 6 6.0 1 — Cracovie. . . 43 8 5.4 1 — ÉeIue De. 36 8 4.5 1 —- Benne 0 7 4 1.8 1 — Brechelshof. . 26 16 1.6 1 —- 2 LA Dresde . . . 40 26 16. D'après la remarque déjà faite, comme les observations n'avaient pas pour objet de constater le nombre des étoiles filantes que l’on peut observer en un temps donné, mais que la plupart des observateurs se bornaient évidem- ment à ne donner que les indications des étoiles dont ils avaient remarqué les principales particularités, nous pouvons admettre encore, d'après ce tableau, que le nombre moyen des étoiles filantes, vues en une heure, a été de huit ; et même pour les lieux où se trouvaient plu- sieurs observateurs, il était évidemment plus grand, puisque Brandès , avec ses aides, dans l’espace de 50 heures, dis- tribuées sur 25 soirées , en a vu 13 par heure. Il faudrait même , pour plus d’exactitude, élaguer la première des trois périodes d'observations de Brandès, parce qu'il s’est trouvé seul dans la station de Breslau, pendant plusieurs soirées , et que même les nuages ont été si fréquens, que, ( 4i0 ) pendant la moitié du temps, d’après ses propres paroles, il ne faisait les observations que parce qu'il les avait provoquées lui-même. Cette première série se compose de 24 heures, distribués sur 12 nuits, pendant lesquelles 127 étoiles filantes ont été vues, ou terme moyen 5,3 par heure. Les deux autres séries présentent 523 étoiles filantes qui ont élé aperçues en 26 heures, ce qui donne 20 étoiles filantes par heure. Ce nombre peut paraître élevé et tenir à des circonstances particulières ; et effectivement le mois d'août de 1823, en a présenté beaucoup; surtout le 10 (1), on en a vu à Breslau plus de 140 en 2 heures, tandis que je n’en trouve que 20 pour Cracovie et 14 pour Gleiwirs, où, à la vérité, quelques nuages ont entravé les observations; je crois néanmoins que nous pouvons ad- mettre sans invraisemblance, d’après tout ce qui vient d’être dit, qu’un observateur isolé peut voir , terme moyen, huit étoiles filantes par heure, et que plusieurs observateurs placés de manière à voir les différentes régions du ciel, peuvent en apercevoir un nombre double. Voici maintenant les résultats que j'ai obtenus, pendant 10 soirées, en réunissant les observalions qui ont été faites à Bruxelles, en 1824, ainsi qu’à Liége et à Gand (2). J'obser- (1) Il est remarquable que parmi le très-petit nombre de nuits citées pour la fréquence de ces sortes de météores , nous trouvons encore le 10 août 1815, cité par Chladni, Feuer-Meteore , page 89, comme devant être cité sous ce rapport On peut voir que la table formée par M. Kaemtz, relativement aux aérolithes et aux pierres météoriques, présente aussiun écarten plus pour ce mois, qui me semble devoir être signalé à l'attention des observateurs. (2) Les observations se faisaient à Liége par MM. Van Rees, Plateau et quelques autres personnes; à Gand, elles étaient faites par MW Morren et Manderlier. ( 4#il ) vais avec les personnes qui me secondaient, autant que pos- sible, les différentes régions du ciel; à Liége , les observa- tions étaient plus particulièrement dirigées vers l’ouest , et à Gand au contraire vers l’est. Quoique le ciel ait présenté assez souvent des nuages, dans le cours des observations, je n’ai cru devoir rejeter que les résultats d’une soirée pour Liége et pour Gand, lorsque le ciel était manifestement trop chargé de nuages pour que les observations pussent être prises en considération. J’ai trouvé de cette manière : , MOYENNE Etoiles filantes. Temps. par heure. Pour Bruxelles . . 155 10226" 15,0 — Liége. . . . 42 5 0 8,4 — Gand. . . . 61 5 30 9,3 Or , on trouve pour Liége et pour Gand, plus de huit étoiles filantes par heure, quoique les observateurs ne fussent tournés que d'un côté du ciel , et pour Bruxelles il s'en est présenté 15 par heure; on en aurait même 17 en ne tenant pas compte de deux soirées où différens nuages ont entrayé les observations. Je crois donc qu'on peut admettre comme très-probable, d'après tout ce qui vient d'être dit, qu'un observateur isolé ou plusieurs observateurs dirigés vers une même région du ciel, peuvent voir , terme moyen , huit étoiles filantes par heure, et que plusieurs observateurs placés de maniere à voir les différentes régions du ciel, peu- vent en compter un nombre double. En admettant celte estimation très-modérée, voici, toutes choses égales, le nombre d'étoiles filantes que l’on peut compter dans nos climats pendant une nuit où l'ob- servalion n'est pas entravée par des nuages ou par la ( 412 ) lumière trop vive de la lune, Je suppose aussi que les observations ne commencent qu’une heure après le cou- cher du soleil, et finissent une heure avant son lever. HEURES NOMBRE d'observation, des étoiles filantes. JRUVIET NS D Le COLOR CUS Ut 216 Février Pau Pit TM AUTO) 192 Mars VAL en RENNES TOUL 153 ANAL EUR 8 15 132 Mai On etre M O0 104 OLA RÉ du ue e VON 89 Juillet . 6 0 96 AO ME ue UT MOTIRE 7 30 120 Septembre. NO 0 24 150 OCTOBER URSS TITETS 181 Novembre NRA es dort 208 Décembre, . , . , . . 14 0 224 En admettant l'estimation que nous venons d’élablir, plusieurs personnes placées de manière à voir à peu près tout le ciel, pourront donc observer , terme moyen, plus de 200 étoiles filantes pendant une nuit de novembre. Aïnsi, le nombre de 170 de ces météores qui ont été vus à l'observatoire de Paris, pendant la nuit du 12 au 13 novembre dernier, ne forme pas une anomalie, mais se rapproche au contraire beaucoup du nombre de ces mé- téores qu’on peut observer, terme moyen. » — Après cette lecture, M. Sauveur annonce qu’étant sur la route de Bruxelles à Liége, pendant la nuit du 8 au 9 août dernier , il a observé un nombre trés-considérable d'étoiles filantes, dont plusieurs étaient remarquables par leur grandeur et par leur éclat. M. Quetelet fait remarquer que cette époque présente une concordance singulière ( 413 ) avec celle du 10 août, signalée par lui à l'attention des physiciens, dans une note de la communication précé- dente , qu'il avait omise pour abréger la lecture. — Désirant pouvoir contribuer de tous ses moyens à répandre plus de jour sur cette partie intéressante et en- core peu connue de la météorologie, l’académie a résolu de proposer, pour 1837, un système d'observations sur les étoiles filantes, et d'inviter les observateurs et en particu- lier ceux de ses membres de la classe des sciences, qui en auraient le loisir , à l'aider du concours de leurs lumières. Ouragan du 29 novembre dernier. — L'académie reçoit différentes communications sur les dégâts causés par le dernier ouragan , dont les ravages , d’après les nou- velles reçues jusqu’à présent, se sont étendus jusque sur les côtes de la mer du Nord. Le thermomètre, au plus fort de l'ouragan, avait une élévation assez considérable eu égard à la saison ; il marquait 17°, 2 cent., entre une et deux heures de l'après-midi; le baromètre , vers la même époque, atteignait son point minimum et, réduit à zéro de température, il indiquait à deux heures 738%" ,46. Voici quelle a été la marche du baromètre, du thermomètre centigrade et de l’hygrométre-de Saussure, à l'observatoire de Bruxelles, pendant la journée du 29. BAROM. RÉDUIT à 00 de temp. THFRM. CENT. HYGROM. mu. Le 28, à 9h.dusoir . . 747.33 1306 83°0 Le 29, à 9h du matin. , 740.21 14.9 85.5 Annidi 4. nisuts 738.47 16.8 78.5 à 2h. dusoir, . . 738.46 HAN . —. , 742.98 12.0 66.5 4‘ SUR ES 748.68 10.0 80.6 Le 30, à 9h, du matin. , 746.69 11.5 86:5 (4l4) Le vent, qui soufllait du SO, paraît avoir alleint sa plus grande force vers 3 heures du soir, il s’est calmé vers 6 heures; à 7 heures et demie, le ciel était en partie découvert. Du midi du 28 au midi du 29, il est tombé 9mill ,29 d’eau. » 29 » 39, » 8mill,95 » Pendant la journée du 29 , il n’en est presque pas tombé. Histoire naturelle. — M. Dumortier communique une leltre de MM. Linden et Gyesbrecht, voyageurs naturalistes au Brésil, qui annoncent l'envoi de plusieurs caisses d'ob- jets d'histoire naturelle, et de la première parlie de la relation de leur voyage. Le secrétaire communique également une lettre de M. Galeotti, qui voyage actuellement au Mexique dans l'intérêt de la science ; et il présente, de la part de ce jeune naturaliste, deux mémoires , l’un renfermant ses observa- Lions sur la phosphorescence de la mer , et l’autre, qui sera inséré dans le prochain Bulletin, offrant le résumé des observations recueillies dans un voyage qu’il vient de faire au sommet du Coffre de Perote, en se dirigeant par Jalapa. Des remercimens seront adressés à ce jeune savant, pour ses deux intéressantes communications. Littérature nationale. — Le secrétaire annonce qu'ila reçu de M. Voisin , bibliothécaire de l’université de Gand, une notice biographique manuscrite, sur M. Joseph Gérard, premier secrétaire de l’ancienne académie de Bruxelles et l'un des fondateurs de ce corps. Cette notice sera insérée dans le prochain Ænnuaire de l'académie. L'assemblée ordonne l'insertion dans le même recueil d'un supplément que M. le baron De Rciffenberg envoie ( 415 ) à sa notice sur le marquis Du Chasteler, publiée dans l'Annuaire de 1835. M. Cornelissen promet de son côté des articles nécrolo- giques sur deux anciens membres de l'académie, l’un sur le chanoine De Bast, auteur des Antiquités qauloises ; l'autre sur M. Raepsaet, à qui l’on doit un grand nombre d’ôuvrages sur notre histoire nalionale. LECTURES. Botanique. — M. Dumortier donne lecture de la note suivante, sur la place que doit occuper le genre adoxa dans les familles naturelles des plantes. « L'adoxa, cette petite plante printanière, si fréquente dans les endroits ombragés et humides de nos bois , est encore, quant à la place qu’elle doit occuper dans les familles naturelles, un vrai problème. Bernard de Jussieu, dans ses Ordines naturales, établis en 1759 à Versailles, la plaçait dans ses sempervivæ, entre le chrysosplenium et le samolus , et c’est aussi dans la même famille, près du chrysosplenium , que Linné la place dans ses ordres naturels. Ant.-Laur. de Jussieu , dans son Genera planta- rum , place ce genre dans la famille des saxifragées, où il forme avec le chrysosplenium ; une seclion caractérisée par son fruit succulent et bacciforme. Pour sanctionner cette analogie, le célébre auteur des familles naturelles considère la corolle de l'adoxa comme un calice, et son calice comme des squamules. Gette classification fut adoptée par Batsch , Lamarck, Decandolle, Hooker, Lestiboudois, Lindley, enfin par tous ceux qui suivirent la classificalion naturelle. Le genre adoxa a en effet des rapports de forme avec le chrysosplenium ; V'un el l'autre censistent en une ( 416 ) plante herbacée et rampante, croissant dans les lieux hu- mides, à tige simple, munie à l'extrémité de petites fleurs verdâtres ; en outre, la plupart des espèces de chrysosple- nium ont les feuilles opposées comme celles de l’adoxa. Toutefois l'adoxa diffère notablement du chrysosplenium par sa corolle monopétale , son fruit indéhiscent, ses styles en nombre égal à celui des divisions de la corolle, ce qui est cause que dans mon Prodromus j'en ai formé la tribu des adoxinées. L'existence d’un double périgone y est in- contestable, et ce ne peut être que par une explication forcée, que M. de Jussieu a considéré la corolle comme un calice analogue à celui du chrysosplenium , puisque ce dernier est marcescent , tandis que la corolle de l’adoxa est caduque et que ce que Jussieu considère comme des squa- mules, constitue véritablement un calice marcescent. Dans le quatrième volume de son Prodromus regni vegetabilis (pag. 251), M. Decandolle, s'appuyant sur les conseils de M. de Jussieu, place le genre adoxa dans la famille des araliacées, Genus, dit-il, diw cum saxi- fragiis confusum , huc suadente de Jussieu pertinet ex embryone inverso, fructu baccato indehiscenti stylis 4-5, habitu ad panaces herbaceas accedit. Malgré le poids de l'opinion de deux savans aussi célé- bres, je pense que celte analogie ne peut être admise. D'abord la corolle de l’adoxa est monopétale et non poly- pétale , ses feuilles sont opposées et non alternes, enfin son fruit ne présente pas les loges rayonnantes qui carac- térisent le péricarpe des araliacées. IL.y a quelques années, en recucillant des plantes d’a- doxa pour les étudier , je fus frappé de cette particularité que leur odeur avait de l’analogie avec celle du sureau. Ce fut pour moi un trait de lumière, et je reconnus bientôt ( 417 ) que ous ses caractères la rapprochaient de celte plante. En effet, ses feuilles sont opposées et pinnatisectées ; ses fleurs sont réunies au sommet d’un pédoncule commun, sessiles à la vérité; mais leur capitule n’est qu'une grappe resserrée. Dans l’adoxa comme dans le sambucus , le calice est semi-infère , et le nombre de ses divisions est variable comme dans le viburnum. La corolle est égale- ment monopétale et supère , le nombre des stigmates égal à celui des loges du fruit. On pourrait même soutenir que le nombre des étamines est égal à celui des divisions de la corolle, car ce que l’on regarde comme des étamines géminées, ne consiste réellement qu’en des étamines pro- fondément bifides, ainsi que le prouvent les loges des anthères qui sont uniloculaires. Les loges de l'ovaire de l'adoxa ne sont pas rayonnantes comme dans les aralia- cées, mais circulaires comme dans le sureau. Le péricarpe est une baie tétra-penta-sperme, dont les graines sont rap- prochées de la périphérie et non de l’axe du fruit comme dans les araliacées. Ces graines sont lenticulaires, ellipti- ques, comprimées antérieurement et postérieurement, comme dans les viburnacées ; elles renferment un grand albumen charnu, qui porte à son sommet un embryon inverse, à radicule supère. Tous les caractères rapprochent donc l’adoxa des vibur- nacées , où il formera la tribu des adoxinées , basée sur la différence que présente la structure des étamines. J'ajoute- rai que son port est celui d’un sureau lacinié en migna- ture , à la seule différence près que ses fleurs sont sessiles et non pédonculées. Un fait bien remarquable, c'est que déjà Gœrtner, par la seule considération du fruit, a reconnu celte analogie, étque dans son admirable traité De fructibus et seminibus (418) plantarum (t. WE, p. xrvi), il place l’adoxa parmi les dico- tylédones inférovariées à radicule supère , auprès des gen- res viburnum , sambucus , triosteum et caprifolium. » Anatomie comparée. — Sur une particularité dans l'appareil de la génération de l'nexrx aspersa , par P.-J. Vanbencden, professeur à l’université catholique. « La question de la détermination des organes de la géné- ration des mollusques gastéropodes hermaphrodites , a été agitée depuis bien long-temps. Cuvier avait changé la détermination de Swammerdam ; Prevost et Dumas découvrant des animalcules spermati- ques dans le premier oviducte, crurent devoir revenir à l'opinion du célèbre anatomiste hollandais ; mais Carus, ayant repris ces mêmes travaux dans ces dernières années, semble avoir arrêté définitivement les points essentiels en faveur de la détermination de Cuvier. Il a trouvé les œufs avec tous leurs caractères, dans l'organe même que Cuvier regardait comme ovaire. Il me semble que, dans une question agitée par des hommes aussi distingués, on doit s’empresser de signaler tous les faits qui ont quelque rapport avec cet appareil. Dans les mollusques hermaphrodites incomplets, on aperçoit le premier oviducte qui se perd dans le testicule, et l’on voit naîlre de cet organe deux canaux, dont l’un se rend à la verge (spermiducte) et dont l’autre, soutenant en grande parlie le premier, se rend à l'ouverture femelle (oviducte.) C'est celle disposition qu'on retrouve dans presque lous ces mollusques. Dans l’helix aspersa, j'ai reconnu une particularité que je vais signaler, et qui se retrouvera peut-être encore dans quelques espèces qui n'ont pas été examinées. ( 4i9 ) Îl naît, dans cette espèce, outre les deux conduits dont nous venons de parler, un troisième canal, qui va se rendre, ainsi que l'oviducte, du testicule à l'ouverture femelle, et qui établit ainsi une double communication. Ce canal est de la grosseur du canal déférent libre, trés-long , différentes fois replié sur lui-même, et en rap- port avec la longueur de l'extrémité libre de la verge; son diamètre est le même dans toute son étendue. Il naît de l'extrémité antérieure du testicule, à côté de l’oviducie et du spermiducte. Il ne se rend point directement vers l’ou- verture femelle : vers la moitié de la longueur du canal de la vésicule du pourpre , il se réunit avec celui-ci en un seul conduit, qui va se jeter dans la poche du dard, à la hauteur des vésicules multifides, à côté de l’oviducte. Ses parois sont dures et résistantes, sa forme arrondie dans toute sa longueur. La vésicule du pourpre se trouve disposée sur le trajet de ce canal ,à peu près comme la vésicule séminale dans les insectes. J'ai retrouvé cette même disposition dans l’helix vermi- cularis. Dans cette espèce , ce troisième conduit est beau- coup plus long et l’appendice libre de la verge plus court, Il se rend de même dans un canal commun avec le conduit de la vésicule du pourpre. Si cette disposition se retrouvait dans toutes les espèces, on serait tenté de croire que l'un des canaux livre passage au fluide fécondant de l'individu agissant comme mâle, et que l’autre, beaucoup plus large, donnerait uniquement passage aux œufs, Par un conduit se ferait l'inlromission - du sperme et par l’autre, l'évacuation des œufs. Je joins à celte nolice une figure qui représente l’appa- reil de la généralion en entier de l'helix aspersa, qui fera Tow. ur. 30 ( 420 ) mieux saisir la disposition des différentes parties que la meilleure description. » EXPLICATION DE LA PLANCHE. (Figure grossie deux fois.) a Testicule, b. Canal déférent (spermiducte). c. Verge. d. Appendice de la verge. e Le canal qui établit la double communication. f. Tartillon (foie), g. Ovaire. h. Premier oviducte. i. Second oviducte. k, Bourse du dard, 1. Vésicule du pourpre. m. Son conduit. n. Canal commun. o, Appendices multifides. p. Ouverture commune de l'organe mâle et femelle. Chimie. — Note sur la combustion lente de la vapeur alcoholique, autour d’un fil de platine, chauffé au rouge, par M. le professeur Martens, membre de l'académie, «On sait depuis long-temps que si on surmonte la mèche d’une lampe à alcohol d’ur fil fin de platine, tourné en hélice, que si on y met le feu et qu’ensuile, après que le fil métallique a rougi dans la flamme, on éteint celle-ci par le souffle, le fil de platine reste ordinairement incan- descent par l'effet de la combustion incomplète que con- tinue à subir la vapeur alcoholique qui s'élève du bout de la mèche. L'expérience faite de cetle manière, comme on l'a indiqué jusqu'ici, donne rarement un résultat très-salis- faisant. L'incandescence du fl de platine, après l’extinc- Bulletin de l'Academie. Tome D" 4 1856. V2, Lith.de Burggrasf Hehix Aspersa hs Dé h av. Li 2 fo: M dE | | ar # st # fa pra k # re sé ( 421 ) tion de la flamme à alcohol, n’est le plus souvent que passagère , et parfois même on ne réussit pas à la produire d’une manière assez sensible au grand jour; de plus, il est impossible de recueillir de cette manière les produits de la combustion , ce qui fait que l’on s’est entièrement mépris sur la nature de l’altération subie par l’alcohol dans cette circonstance. On peut rendre le phénomène beaucoup plus frappant , et recueillir en même temps, au moins en grande partie, les produits de la combustion, en opérant comme je vais l'indiquer. On prend un flacon de 2 à 4 pintes de capacité, à large ouverlure; on en chauffe légèrement le fond, de manière à ce que sa température soit de 30 à 50° au plus ; on y verse ensuite une mince couche d’alcohol, marquant 36 à 40° au pèse-liqueur de Beaumé : cela fait, on descend dans le flacon, jusqu’à un pouce environ de distance de son fond, une hélice en fil de platine de = de pouce environ de dia- mètre, altaché par un autre fil à un disque de carton, qui vient se poser lâächement sur le col du flacon, en ayant soin de rougir préalablement le fil de platine dans une flamme à alcohol, au moment de le descendre dans le flacon susdit. Le fil alors continue non-seulement à rougir, mais devient même plus incandescent, et si le flacon était rem- pli de trop de vapeur alcoholique, ce qui peut avoir lieu lorsqu'on l'a trop chauflé, il se produit même quelquefois une petite explosion, qui projette au loin le disque de carton , avec le fil de platine. Si on a eu soin de ne pas chauffer le fond du flacon au delà de 50°, et qu’on ne l'a point agité avec l’alcohol, le phénomène se manifeste ordinairement dans toute sa beauté, sans qu'on ait d’ex- plosion à craindre; l'incandescence du fil, qui est ordinai- rement trés-vive, persiste pendant plusieurs heures, si on ( 422 ) a soin de maintenir le fond du flacon à une douce chaleur de 25 à 35°, qui favorise l’évaporation de l’alcohol, et qu'on insuffle de temps en temps un peu d’air par l'ouverture du flacon, pour l'entretien de la combustion. Pendant la réaction, on voit des stries d’un liquide particulier, dé- couler le long des parois du flacon, surtout si on le re- froidit , en l’entourant dans la partie supérieure d’un linge trempé dans de l’eau froide. Lorsque, malgré le renouvelle- ment de l'air, l’incandescence du fil cesse, c'est que tout l'alcohol se trouve brûlé ou altéré, et en bouchant ensuite le flacon après avoir retiré la spirale et le laissant refroidir, on y trouve un liquide d’une odeur piquante et éthérée, nullement acide , et brûlant avec une flamme bleuâtre pâle. Je me propose d'en examiner la nature et les diflé- rentes propriétés, lorsque, par un procédé particulier, que je vais incessamment mettre en usage, J'aurai pu m'en procurer une quantité plus considérable. Tout ce que je puis annoncer dés à présent, parce que je l'ai constaté plus d’une fois, c’est que le produit de la combustion lente de la vapeur alcoholique autour du fil de platine incandes- cent, n’est point, comme on l’a présumé jusqu'ici, un acide particulier, que les uns nomment acide lampique,, que d’autres prennent pour de l'acide acétique impur, mais que c'est un fluide éthéré parfaitement neutre au papier de tournesol, et qu'indépendamment de ce fluide, il ne se produit pendant la combustion que de l'acide car- bonique et plus ou moins de vapeur d'eau. Quand on ne se propose pas de recueillir les produits de la combustion, et qu'on veut simplement constater le phénomène , alors pour en prolonger davantage la durée et n'avoir pas besoin de renouveler l'air par des insufllations répétées de temps en temps, on doit prendre un flacon ( 423 ) muni d'une tubulure près de son fond, que l’on bouche par un bouchon de liége , légèrement troué, afin de donner un libre accès à l’air au-dessus de la couche d’alcohol;alors l'incandescence du fil se prolonge sans interruption tant qu'il reste de l’alcohol au fond du flacon, pourvu que son fond soit maintenu à une douce chaleur. Faite de cette maniére , l'expérience est extrêmement satisfaisante , et le phénomène de l’incandescence du fil est tout aussi marqué que lorsqu'on opére avec l’éther sulfurique. Le phénomène de l’incandescence peut aussi être pro- duit à l’aide de la mousse ou du noir de platine , que l’on descend dans le flacon à l’aide d’une petite capsule en verre ou en mélal, aprés les avoir chauflés un peu au delà de 100°; la mousse ou le noir de platine rougit dans la vapeur alcoholique, et il ne paraît encore se produire ici que le même liquide éthéré , qui se produit avec le platine en fils. Ge n’est que lorsqu'on substitue l’éther sulfurique à l’alcohol , que l’incandescence du fil de platine est accom- pagnée de la production d’un acide particulier, ayant une odeur très-piquante qui se rapproche de celle de l'acide formique, et qui, comme lui, réduit les sels d'argent à une douce chaleur. Jusqu'ici cet acide n’ayant été obtenu qu'en quantité excessivement petite, on n’a pu convenable- ment l'examiner pour décider si c’est effectivement un acide nouveau. M. Liebig croit que c’est le même acide que celui qui se produit lors de l’oxidation de l’aldéhyde et l'appelle acide aldéhydique. Mais comme jusqu'ici aucun chimiste, à ce que je sache, ne s’est procuré cet acide lampique en assez grande quantité pour le soumettre à une série d'expériences, on peut dire que la vraie nature de ce corps est encore inconnue, J'espère par un nouveau ( 424 ) procédé , obtenir bientôt cet acide en quantité suffisante pour pouvoir lever le voile qui couvre encore sa composi- tion. Mais ce que je puis dès à présent établir comme certain, c’est que la combustion lente de la vapeur alcoho- lique et de la vapeur éthérée autour d’un fil de platine incandescent, ne donne pas lieu, comme on le croit , aux mêmes produits, mais bien à des composés tout-à-fait dif- férens. » Chimie. — Observations nouvelles sur un sel double de codéine et de morphine, par G.-3. Koene , à Gand. « Parmi les substances que le règne végétal nous four- nit, il en est fort peu qui méritent plus l'attention du chimiste et du médecin que l’opium. Aussi beaucoup de sa- vans distingués s’en sont-ils occupés avec tant de soin, qu’il m'a toujours semblé dangereux pour moi, encore novice dans la science, de rechercher l'honneur d’avoir fait après eux quelque chose de neuf sur une matière aussi impor- tante. Cette considération est la principale cause qui m'a empêché jusqu'ici de publier un mémoire sur un fait que j'ai l'honneur de présenter maintenant à l'académie. Je me propose de démontrer dans ce travail que la codéine dans sa préparation ne se trouve pas en état de sel double de chlorhydrate d'ammoniaqgne et de codéine , mais en état de chlorhydrate de codéine et de morphine, et ceci est d'autant plus remarquable, qu’on n’a pas encore reconnu aux autres alcalis organiques du premier ordre, des pro- priétés analogues à celles que j’ai constatées pour ces deux alcalis. Je n’ignore pas que mon travail est incomplet et que j'aurais dû rechercher si le sel double se forme avec un acide quelconque , si ce sel est décomposable par une autre base que la potasse, comme, par exemple, par la ( 425 ) magnésie; si c'est l'acide qui est le corps électro-négatif _ seul, ou si c'est une combinaison de l'acide chlorhydrique et d’une des deux bases ; combinaison envers laquelle l’autre base pourrait être électro-positive, comme la chimie inorga- nique nous en fournit plusieurs exemples ; mais les circon- stances dans lesquelles je me suis trouvé, ne m'ont pas permis de compléter un travail aux frais duquel je ne saurais entièrement pourvoir. » La découverte de la codéine date depuis 1832. Elle était la suite d’une modification donnée à la préparation de la morphine par Robertson, au moyen du chlorure de calcium. Robiquet, chargé d’en faire un rapport, examina le nouveau procédé. Parvenu à cette partie de l'opération où la morphine se trouve en état d’un chlorhydrate pur, il fit une analyse comparative entre ce sel et celui qu’on obtient en traitant la morphine de l’ancien procédé par l'acide chlorhydrique, et remarqua que la quantité de morphine du premier sel était moindre que celle du se- cond, quand on décompose leur solution par l’ammonia- que étendu. Cherchant la cause de la différence entre les propriétés des deux sels, Robiquet y parvenait en évapo- rant la solution saline qui reste quand on enlève la mor- phine au moyen de l’ammoniaque. Il traite le sel pur et cristallisé par une quantité de potasse suffisante pour dé- composer le sel double d’ammoniaque et de codéine. Alors la codéine se précipite et l’'ammoniaque se volatilise. Il lave le précipité et le traite par l’éther. Par l’évaporation spontanée de l’éther , la codéine cristallise. » Cette préparation que l’habile chimiste exécuta avec tant de sagacité, m'a offert au premier instant quelques difficultés, toute simple qu’elle est, parce que la quantité de codéine que j'obtenais pour la première fois était très- ( 426 ) minime. Je croyais devoir en chercher la cause dans la potasse que je n’avais pas employée en quantité suffisante. Je préparai donc de nouveau la codéine avec un kilo- gramme d’opium. Quinze parties de sel double de chlor- hydrate d'ammoniaque et de codéine ont été décomposées par treize parties de potasse, dissoute dans trois fois son poids d’eau pure; la quantité de codéine était alors beau- coup plus considérable. » L'eau mère dont j'avais séparé la codéine et qui con- tenait un excès de potasse , avait une saveur sensiblement amère. J'ai essayé d'isoler la substance qui causait l’amer- tume, et je commençais à saturer la liqueur par l'acide chlorhydrique. Il se formait un précipité pendant la sa- turation de la liqueur alcaline. J’y ajoutais une nouvelle quantité d'acide, mais aussitôt qu'il s’y trouvait un léger excès, le précipité disparaissait et se formait de nouveau par l'addition de quelques gouttes d’une solution de potasse. » J'ai ensuite filtré, et j'ai lavé à l’eau distillée ce qui restait sur le filtre. Je reconnus bientôt cette substance pour de la morphine, ce qui m’étonnait d'autant plus que j'étais sûr d’avoir ajouté assez d’ammoniaque pour la précipitation de la morphine sans avoir employé un trop grand excès. Il était donc probable que la morphine comme la codéine formait un sel double avec le chlorhy- drate d’ammoniaque ; mais je m’aperçus bientôt du con- traire, en préparant de sept gros de morphine un chlorhy- drate. Ce chlorhydrate de morphine dissout dans vingt parties d’eau pure, a été décomposé par l’'ammoniaque étendu en quantité suffisante. J'ai séparé la morphine que j'ai lavée, séchée à la même température que celle que j'avais employée pour l'essai, et je l’ai pesée. La quan- tité de morphine n’était pas sensiblement diminuée. La ne I fe PU PT ( 427 ) orphine et la codéine me parurent alors former un sel triple avec le chlorhydrate d'ammoniaque, et pour savoir quelle serait la quantité de morphine qui entre en com- binaison, j'ai préparé un chlorhydrate avec un gros de codéine et un gros de morphine (le gros à 60 grains ); j'ai décomposé ce sel par l’'ammoniaque, j'ai séché le précipité et j'ai oblenu 38 grains de morphine. J'ai éva- poré le prétendu sel triple pour le faire cristalliser. Je voyais, ce que j'avais déjà remarqué , que le sel qui cristal- lisait le premier, avait une forme cristalline tout-à-fait autre que celle du sel de la seconde cristallisation de l’eau mère. J'ai traité à part, par la potasse, les premiers cris- taux qui s'étaient formés. Le dégagement d’'ammoniaque qui ordinairement a lieu en abondance, n’était presque pas appréciable, et la petite quantité qui se dégageait, pourrait bien provenir du chlorhydrate d’ammoniaque qui avait été entraîné par ce sel, du moins la chose me parut ainsi. J'en conclus qu'il était probable que la co- déine et la morphine formaient avec l’acide chlorhydri- que une combinaison indécomposable par l’ammoniaque; que l’ammoniaque n'entre pas dans cette composition, et que la quantité de morphine est à celle de la codéine pour former un sel double avec l'acide chlorhydrique d’après l'expérience ci-dessus, comme 1 : 3. Pour m'en assurer, j'ai fait l'essai suivant : » Neuf grains de codéine et trois grains de morphine, toutes deux bien cristallisées , ont été réduits en poudre dans un verre de montre. J'y ai ajouté de l’eau et j'ai sa- turé les deux alcalis par l'acide chlorhydrique très-étendu. La saturation a été faite avec le plus grand soin. J’es- sayais à chaque instant, après l'addition d’une goutte de cet acide, s’il y en avait assez. J'ai employé pour réactif ( 428 ) un papier de tournesol très-légérement coloré en rouge, de -telle sorte qu’il pouvait démontrer s’il y avait un al- cali ou un acide en excés. » La saturation étant faite, J'ai laissé refroidir la li- queur chaude et j'y ai ajouté ensuite quelques gouttes d'ammoniaque étendu. La liqueur, sans avoir été trou- blée par l’'ammoniaque, a été évaporée presqu’à siccité. » J'ai décomposé par la potasse sans que le dégagement d'ammoniaque fût appréciable ; preuve assez évidente que la codéine et la morphine forment, en combinaison avec l'acide chlorhydrique , un sel double indécomposa- ble par l’'ammoniaque. » Reste à savoir si la formation du sel double aurait aussi lieu avec un autre acide. La petite quantité de codéine qui restait encore à ma disposition, ne me permettait pas d’en faire l'expérience, et un seul essai avec l'acide sul- furique sur une quantité aussi minime, ne saurait être suffisant pour le constater. Cependant , comme j'ai fait l'expérience, il ne me paraît pas superflu d'en communi- quer les résultats; ils pourraient être utiles à ceux qui désireraient poursuivre mes expériences. » Les deux alcalis de l’opium ont été saturés par l’a- cide sulfurique, dans la même proportion et avec la même précaution ci-dessus indiquée. La solution a été divisée en deux parlies; je les ai marquées Z et B. La solution marquée À , a été traitée par trois goultes d'ammoniaque étendu et à froid, et l'autre B à chaud. n'était pas troublée , mais la décomposition avait lieu avec 2. La co- déine se séparait et venait nager à la surface de l’eau chaude comme des gouttelettes huileuses, tandis que la morphine se précipitait. » La solution 4, qui n'avait pas élé décomposée par ( 429 ) l'ammoniaque, a été de nouveau divisée en deux parties Cet D. J'ai ajouté dans € encore dix gouttes d’ammo- niaque étendu, et j'ai ensuite chauffé cette solution dans un verre de montre placé sur une lampe à esprit de vin. La liqueur se troublait aussitôt qu’elle devenait chaude, et la décomposition avait lieu de la même manière que quand on ajoute de l’ammoniaque pendant que la solution devient chaude. L'autre partie D , qui contenait à peu près une goutle et demie d’ammoniaque étendu, a été évaporée. La liqueur ne s’est pas troublée pendant l’éva- poration , et lorsque le tout était presque sec, je lai dé- composé par cinq gouttes d’une solution concentrée de potasse à l’alcohol , mais l’'ammoniaque n’était appréciable ni par l’odeur ni même par l'acide chlorhydrique. On peut donc conclure de ce qui précède : 1° Que la codéine et la morphine forment, en combi- naison avec l'acide chlorhydrique, un sel indécomposable par l’ammoniaque ; 2° Que l’ammoniaque n’entre pas dans la composition du sel double ; 3° Que la quantité de morphine est dans le sel double moindre que celle de la codéine, et d’après une seule expérience comme 1 et 3; , 4 Que le chlorhydrate de codéine et de morphine en solution avec le chlorhydrate d’ammoniaque cristallise le premier , et que le dernier sel reste dans l’eau mère ; 5° Que l’ammoniaque décompose entièrement à chaud le sulfate double des deux alcalis végétaux, mais que la combinaison reste constante, si, pendant l'évaporation , l'ammoniaque ne se trouve pas en trop grand excés. » Physiologie végétale — M. Dumortier, rapporteur de ( 450 ) la commission chargée de l'examen du mémoire de M. Mor- ren, intitulé : Histoire d'un nouveau genre de la tribu des confervées, nommé Aphanizomène , présente le rap- port suivant. € La plante qui fait l'objet du mémoire de M. Morren habite les eaux stagnantes des Flandres; l’auteur qui la regarde comme inédite et formant un genre nouveau, lui donne le nom d’Æphanizomène et lui assigne le caractère générique suivant : Filamenta simplicia , cylindrica, flexilia, membranacea , vitrea, articulata, articulis in lamellis planis apice laciniatis, coadnatis, rectis aut hic et illic inflatis, ma- teria viridi farctis, oscillantibus , spontè dissilien- tibus. Le genre ne renferme qu’une seule espèce nommée par l'auteur Æphanizomenon incurvum. Gette espèce se ren- contre au commencement de l'été, sous l'aspect de petits flocons d’un vert blanchäâtre et de la forme d’une demi- lune. Soumis à un fort grossissement, chaque flocon se compose d’un faisceau de filets confervoïdes réunis dans toute leur longueur. L'auteur a remarqué que ces flocons jouissent de locomotilité, qu'ils ont une attraction l’un vers l’autre et que leur extrémité jouit d’un mouvement reptatoire et oscillatoire. Cette considération nous paraît rapprocher le genre qui nous occupe, bien plus des oseil- latoriées que des confervées , et surtout des conjugées et des laminaires avec lesquelles M. Morren établit une ana- logie. Dans leur jeunesse, les filets confervoïdes sont for- « més d'articles une fois plus longs que larges, et qui ren- ferment des corpuscules verts très-petits. Plus tard, ces ( 431 ) corpuscules se réunissent en globules ; alors les filamens se déverticulent, les articles se séparent et on voit les cel- lules nager en avant et en arrière comme les bacillaires et les navicules. Quelquefois on aperçoit dans les filets, cer- taines articulations renflées et présentant un globule à chacune de ses extrémités. Après que le végétal a atteint le maximum de son dé- veloppement , il se résout subitement en nébulosités infor- mes et verdatres, qui ne présentent plus d'organisation. Votre rapporteur a eu occasion de vérifier ce fait, sur des individus que M. Morren a eu l’obligeance de lui remettre. L'auteur cherche à expliquer ce phénomène ainsi que celui de la locomotilité des faisceaux d’aphanizomène, en les comparant à une pile dont les propagules fourniraient le fluide résineux, et l'enveloppe le fluide vitré. Suivant Jui, l'oscillation, la reptation, la natation de l’aphanizo- mène seraient l'effet de forces électromotrices; suivant lui encore , la résolution subite des filets confervoïdes en né- bulosités verdâtres serait amenée par une décharge élec- trique. Ainsi s’expliqueraient les particularités qui signa- lent l’histoire de l’aphanizomène. Nous n’entreprendrons pas de discuter celle théorie qui peut être controversée, el qui d’ailleurs se rapporte à des faits que l’on peut en majeure partie expliquer par les forces vitales. L'auteur reconnaît lui-même que ce n’est qu’une hypothèse; mais il appelle sur elle l'attention des _savans. En résumé, le travail de M. Morren présentant la descrip- tion d’un nouveau genre de conferves indigènes et des ob- “servations aussi neuves qu'intéressantes à ce sujet, nous “avons l'honneur de vous en proposer l'impression dans les “mémoires de l'académie. Nous engageons aussi l’auteur à ( 432 ) continner ses recherches sur les hydrophytes dans lesquel- : les il trouvera une ample compensation à ses travaux.» Conformément à ces conclusions , l'académie a résolu de faire imprimer le travail de M. Morren dans le recueil de ses mémoires. L'académie ordonne également, après avoir entendu ses commissaires, l'impression du mémoire de M. Plana, cor- ! respondant de l'académie, concernant plusieurs intégrales définies, et des remercimens seront adressés à l’auteur. | Des remercimens seront aussi adressés à M. Mayer, pour la communication qu'il a faite de son ouvrage manuscrit, » intitulé : Recueil sur quelques développemens peu con- « nus en analyse combinatoire. L'académie s'occupe ensuite des dispositions à prendre 4 pour la séance publique du 16 de ce mois. Cette séance * sera précédée , la veille, d’une séance particuliére , où se M feront les élections des membres et des correspondans pour les places devenues vacantes dans les classes des sciences et des lettres. Ouvrages présentés. Chronique rimée de Ph. Mouskes , tome I, in-4°, 1856, à chez M. Hayez, publiée par M. le baron De Reiflenberg ; de la part de la Commission royale d’histoire. Extrait des proces-verbaux des séances tenues les 2 juillet et le 5 novembre 1836, br. in-8°. Chez M. Haÿez. | Abhandlungen der kôniglichen Akademie der Wis-k -senschaften zur Berlin (aus den jahre 1827) 1 vol in-4°, Berlin, 1830. | Arsherättelser om V'etenskapernas framsteg, afgifne af kongl. Vetenskaps-Academiens embetsmän d. 31 mars 1834, 1 vol. in-8. Stockholm, 1834. ( 433 ) Kongl. Vetenskaps - Academiens Handlingar fôr ar 1834, 1 vol. in-&. Stockholm , 1835. . Tal om jernhandteringens tillstand inom Fädernes- landet, med anteckningar üfver dess framsteg à andra länder ; halled vid præsidii nedläggande uti kongl. Ve- tenskaps-Academien den 8 April 1835 af P. A, Tamm, 1 vol. in-&. Stockholm , 1836. Mémoire sur l'anatomie de l’Hélix Alqira, par le docteur Van Beneden, br. in-8&. Paris. Notice sur la bataille de Courtrai ou des éperons d’or, par À. Voisin , br. in-8°. Bruxelles, 1836. Le livre de Baudoyn , comte de Flandre, par Serrure et Voisin, 1 vol. in-8°. Bruxelles , 1836. Vues pittoresques des principaux monumens de la ville de Gand; par A. Voisin, 1 vol. in-8. Bruxelles, 1836. Charles et Elegast, ancien roman en vers, traduit du flamand , par Jules de Saint-Genois, br. in-8°. Gand, 1836. Essai monoÿraphique sur les campagnols des envi- rons de Liége, par Adam de Sélys-Longchamps, broch. in-8°, Liége, 1856. Bulletin de la société de médecine de Gand. Séance du 6 septembre , 2 172 feuilles in-8°. Mémoire sur un nouveau procédé de carbonisation dans les usines, par Th. Virlet, 1 vol. in-8°. Paris, 1836. Journal de la société de la morale chrétienne ( tome 10, n° 4 )in-8°. Paris, octobre 1856. Klagtschrift van Joan Desid. Waelkens of Aude- naerde door de Geuzen ingenomen. Anno 1572, in-£°. Audenaerde, 1836. De la part de l’auteur M. De Kesel. De l’origine des différens combustibles minéraux et des bois fossiles qui se rencontrent a la surfuce du globe; par Théodore Virlet, broch. in-18. ( 434 ) Quelques mots sur l’histoire de l'horticulture , suivis du rapport sur la première période décennale de la so- ciété d’horticulture de Liége; par M. Morren, broch. in-8°, 1836. Messager des sciences et des arts de la Belgique , pu- blié par MM. De Reiffenberg, De Saint-Genois, Serrure , Van Lokeren et Voisin (année 1836, 8° livr.), 1 vol. in-8°. Gand, 1836. BULLETIN DE L’ACADEÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1836. — N° 12. Séance du 15 décembre. M. De Gerlache, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. GORRESPONDANCE. M. Aug. Voisin, bibliothécaire de l'université de Gand, fait parvenir à l’Académie différens ouvrages et manuscrits qui appartiennent à la bibliothèque de la compagnie et qui se sont trouvés parmi les livres laissés par feu M. Van Hul- them. Des remercimens seront adressés à M. Voisie. M. Ch. de Chénedollé, professeur de rhétorique au col- lége de Liége, adresse, par l'intermédiaire de M. le secré- taire, une nolice sur Hilarion-Noël de Villenfagne d'Ingi- houl, membre de l'académie, né à Liége en juin 1753, mort dans la même ville, le 23 janvier 1826. Celle notice sera insérée dans l'Annuaire de l'académie pour 1837. M. Cornelissen présente, de la part de M. Den Duyts, conservateur des collections d'histoire naturelle et des médailles de l’université de Gand, deux lithographies exé- Tom. 1x. 31 . ( 436 ) cutées d’après l’hippopotame femelle et son squelette (H. amphibius fem.) déposés dans les collections. COMMUNICATIONS. Voyage au Coffre de Perote par M. Henri Galeotti. Nous partimes du bourg de Coatepec (1) à deux lieues et demie de Jalapa; aussitôt passé le bourg, nous com- mençâmes à monter ; le chemin se dirige directement vers le Coffre ;la température dans ces premières élévations est de 20 à 25° cent°s. (égale à celle de Jalapa). La végétation y est la même que dans les monts Pacho, Alto, etc., près de Jalapa ; elle consiste de même que dans ces monts, en liquidambars, chênes, duranta jalapensis , mélastoma- cées , fougères arborescentes , palmiers , euphorbiacées, musacées , convolvulacées. Une grande quantité de plan- tes épiphytes où les agames (mousses lycopodiacées et (1) J'étais accompagné de deux guides qui portaient des provisions absolument nécessaires pour faire ce voyage, car on ne trouve que des galettes (tortillas) à Atopan, hameau où l’on va dormir. Il est bon d’être armé d’un fusil, à cause des animaux féroces qui sont assez communs. Pour faire les 5 lieues qui séparent Coatepec d’Atopan, on doit monter un cheval très-vigoureux, vu le chemin qui est abominable. Du reste, avant d’entreprendre cette excursion, il est nécessaire de bien s’in- former des difficultés qui y sont attachées et d’emporter tout ce dont on a besoin. On part de Coatepec à 6 heures du matin et l’on arrive à Atopan (Vaqueria) à 2 ou à 3 heures de l’après-midi; on se repose dans ce hameau jusqu’au lendemain à 4 heures du matin, où l’on se met en marche pour monter au Coffre; cette ascension demande 7 à 9 heures, suivant le temps plus ou moins chaud. Après une ou deux heures de repos, on des- . cend à Atopan en 3 ou 4 heures. On doit encore passer une nuit dans ce hameau , pour se rendre le lendemain à Coatepec ou à Jalapa. ( 437 ) fougères) jouent un grand rôle, couvrent les arbres; plusieurs espèces d'Epidendrum ; beaucoup d’autres or- chidées (lirios) , pour la plupart indéterminées; mais, à cette époque, sèches et inflores (1); des aroïdées, des Pothos , des Tillandsia (connus sous le nom indien de Tenchos), qui animent ces bois sauvages par leurs jolies grappes ou par leurs élégans capitules ; des Polypodium , des Zycopodium , et une foule d’autres fougères , couvrent les arbres ou le sol. On arrive aux premières hauteurs, en partant de Coa- tepec, par une pente rapide formée d'argile impure rou- geâtre , verdàtre ou jaunâtre , parsemée de boules de la même matière durcie , de petits fragmens de lave noirûtre, et de blocs de lave décomposée et argileuse; lÆ/hite s'y trouve aussi en cristaux kaolinés ou en petites masses blanches et terreuses ; l'inclinaison de cette côte, trés- difficile pour les chevaux , est d'environ 45 à 50°. Pen- dant deux lieues, le chemin cotoie un profond ravin (Bar- ranca de Caxcapula) (2); le chemin, toujours montant et fort mauvais, est semé de blocs de trachyte grisätre avec albite souvent fort altéré et ayant donné, par sa décom- position, une terre argileuse d’une grande épaisseur, où croissent avec vigueur des fougères arborescentes de 10 à 15 mètres d'élévation. La grande quantité d'arbres en- tretient dans ces bois une fraîcheur et une humidité éter- nelles , augmentées par les pluies fréquentes auxquelles ils sont sujets par suite du voisinage du Coffre de Perote ; ces bois sont habités par beaucoup de serpens vénimeux. (1) L'année passée a été remarquable par sa sécheresse. (2) Se prononce cachcapoula. ( 438 ) À environ 1700 mètres d'élévation au-dessus du niveau de la mer, les orchidées deviennent plus rares les Til- landsia sont toujours fort nombreux; on remarque un Bromelia à feuilles étroites et longues qui croît sur les arbres et dans l’humus végétal. À 50 mètres plus haut commencent à paraître quelques pins, au milieu d'une riche végétation de fougères arborescentes, de convol- vulus, de malvacées, de mimosa, de passiflorées, de légumineuses et de chênes; les liquidambars sont devenus plus rares; plus loin le chemin s’abaissant, ne supporte plus de pins; à 1750 mètres environ, lorsque le sol se relève de nouveau, se montrent çà et la quelques pins. La température élait de 18 à 20° cenl® au soleil et de 12 à 15° à l'ombre, par un vent assez frais de l'O. et un ciel | | ü 4 nuageux; ici, sur les vieux arbres , nous avons rencontré une jolie orchidée en fleur (£pidendrum), à labelle tri- partie : le grand lobe est blanc, les deux autres jaunes, à sépales et pétales blancs , veinés de violet ; les Til/andsia sont ici en pleine floraison et garnissent les branches des arbres les plus élevés; à l'ombre des gros arbres et des rochers, croissent des Begonia et des Oxalis ; le Cervus Mexicanus (venado) habite les bois, tandis que des écu- reuils (ardillas) sautent d'arbre en arbre; les flancs de : cette montagne (que l’on peut nommer de Caxcapula), qui est une continuation du Cerro de Huilotepec, sont escar- pés et présentent des inclinaisons diverses de 20 à 45», la direction de la montagne est vers l'O. ou vers le Coffre de Perote; du sein de la terre argileuse qui la couvre, se montrent de.gros blocs de trachyte grisâtre ou noirâtre . | avec cristaux incomplets d'albite; la texture du trachyte est solide , de petites vacuoles en altèrent cependant quel- quefois l’homogénéité; rarement y observe-t-on des. ( 439) lamelles de mica noirâtre ; ces blocs se retrouvent avec les mêmes caractères dans le ruisseau qui coule dans la Bar- ranca de Caxcapula. Outre le trachyte, on rencontre des téphrines d’un noir grisàtre avec cristaux de mica ; tous ces blocs sont arrondis, souvent décomposés, et gisent probablement sur des roches solides analogues , qui com- posent sans nul doute ces montagnes, L'humidité extraor- dinaire, la température souvent élevée de ces boïs, doivent avoir eu une grande influence sur la décomposition des trachytes, sur la formation de la terre végétale, et sur l'agrandissement de la vallée, vallée de soulèvement. Ici les orchidées sont devenues fort rares et sont remplacées par des fougères, des lycopodiacées et par d’autres aga- mes parasites; de petites légumineuses garnissent le sol, composé de terre argilense et rougeàtre d’une grande fer- tilité; les mousses sont fort nombreuses. Plus haut, au Cerro de Huilotepec, la végétation des chênes a entièrement cessé, elle est totalement remplacée par des pins d’une hauteur extraordinaire; leurs troncs s'élancent en ligne droite à la hauteur de 30 à 35 mètres. Ici le terrain est plus uni, moins incliné ; la terre argileuse rougeàlre avec blocs de trachyte gris-noirâtre , ne donne plus naissance qu'a quelques plantes herbacées et à des fougères non-arborescentes; la vue ne saurait être plus triste que celle de ces forêts de pins, sombres et silen- cieuses, diverties seulement par le bruit mélancolique de quelque ruisseau. Le Cerro de Huilotepec a environ 2200 mètres d’éléva- tion au-dessus du niveau de la mer, et 844 mètres au-dessus de Jalapa; il consiste en une sommilé arrondie ; des laves téphriniques et des trachytes la composent ; une épaisse couche de terre végétale, qui couvre toutes les roches, em- ( 440 ) pêche d’en distinguer les composés variés. Sur les: pins croît un Tillandsia, qui nous paraît être une nouvelle espèce ; elle se trouve en grande quantité et égaie la som- bre couverture des pins, par ses grandes feuilles vertes el ses fleurs pendantes et rouges. Le chemin est bon jusqu’au hameau d’Atopan (Ranchito d’Atopan ou La Vaqueria), composé de 4 à 5 maisons qui servent d'asile aux bûcherons qui vont couper les pins, qu’ils débitent en morceaux (dont on se sert pour s’éclairer la nuit dans les bois);les trou peaux de chèvres et de vaches qui paissent dans les prés qui avoisinent ce hameau , la température basse du lieu, la scène mélancolique semée de pins et souvent blanchie par la neige, l'air vif et pur que l’on respire dans ce séjour , feraient aisément prendre cet endroit pour quelque hameau de la Bohème ou de l'Erzgebirge en Saxe. Le ciel était couvert , nous étions alors dans les nuages, une pluie froide nous battait de tous côtés; le thermomètre marquait à 3 heures de la ma- tinée 8° cent‘; la pluie eessa pendant la nuit, et le matin à 5 heures, l'herbe était gelée, la nature raide et glacée , le thermomètre était descendu à — 1° cent°. Les Conifères élevés qui forment et garnissent les bois d'Atopan, ne nourrissent plus de Tillandsia, mais une espèce, peut- être nouvelle, de gui presque noir, très-rameux et très- fragile; tous les pins en sont couverts, ainsi que de mousses, longues quelquefois de plusieurs mètres. Les forêts recélent beaucoup de loups, des cerfs , des écureuils et un grand nombre d'oiseaux , parmi lesquels on remarque des faucons et des vautours. Des blocs de trachyte noi- râtre très-compacte avec cristaux d’albite, sont dispersés çà et là sur les versans des monticules d'Atopan. | Nous commençâmes à gravir la montagne qui conduit au ( 441 ) Coffre de Perote; car il est à remarquer que ce mont n’est point une seule masse élevée de 4089 mètres au-dessus du niveau de la mer, mais se compose de différentes monta- gnes qui s’y lient par de petites vallées et de petits pla- teaux. La pente de la montagne est d'environ 25 à 40°. A l'ombre des pins croissent des Ÿ’accinium à petites baies noires et malsaines, des Lupinus Mexicanus (1), à jolies et grandes fleurs bleues, beaucoup de mousses, mais peu de fougères. Les pins sont chargés d’un gui semblable à celui d'Atopan, mais de couleur jaune-citron et de li- chenées de diverses formes. Des loups, des cerfs, des lapins et des écureuils, habitent les bois; on rencontre sous les pierres diverses espèces d'araignées et d'Oniscus, mais point de serpens, ni de scorpions , ni de forficules, enfin des phalènes volent çà et là. D'énormes blocs de téphrine noirâtre passant au grisâ- tre , fort tenace et cependant se décomposant assez faci- lement en une terre argileuse rouge-jaunâtre , de téphrine rougeätre, noirâtre ou grisàtre,albitique, tantôt compacte, tantôt celluleuse ou scoriacée; ces laves, en se décomposant, donnent une terre argileuse, sèche, blanchâtre et. semée de lamelles de mica, de grains d’albite et de fragmens de téphrine noirâtre et grisâtre ; des conglomérats formés de morceaux plus ou moins altérés de téphrine et de trachyte, réunis entre eux par un ciment argiléo-ferrugineux. Tous ces produits couvrent le sol, d’où sortent des roches analogues aux blocs; ces roches ne présentent point de (1) Depuis nous avons reconnu des Sulvia , 2 espèces ; des Cineruria, des Myosotis, des Stachys, des Fuchsia, des Viburnum et des Co- ‘T@opsis. (442) traces de stratification quelconque, mais des fissures plus ou moins nombreuses et dirigées en divers sens, séparent les roches en parallélipipèdes plus ou moins réguliers; parti- cularité qu'offrent les trachytes de Drachenfels. Le ther- momètre indiquait au bord d’une source et au soleil, à 10 heures du matin, 25° cent‘; dans l’eau, le mercure descendait à 2° cent; l'air était frais et même froid; nous.étions alors à environ 3,000 mètres d’élévation. Nous remarquâmes ici une grande espèce de vautour. 200 mêtres plus haut, nous cotoyàmes de hautes mu- railles d’un trachyte gris-clair avec cristaux d’albite; il passe à la pholérite et se divise en grandes plaques tabu- laires de 2 à 3 centimètres d'épaisseur. Cette espèce de stratification fictive est assez régulière, mais son inclinai- son varie tantôt de 5° à 7°, tantôt de 15° à 30°, en se dirigeant vers l’E., c’est-à-dire plongeant vers la vallée de Coatepec et se relevant vers le Coffre, On voit au milieu de ces trachytes pholéritiques des trachytes de couleur plus foncée, presque noirs, avec cristaux d’albite grisätre et de petits grains d’olivine ; des laves tantôt rougeûtres, cellu- leuses, avec quelques lamelles de mica noirâtre , tanlôt jaunâtres, assez légères, à petites cellules; un peu d’oxide de fer les colore quelquefois en brun et y forme de minces plaques. Ces laves jaunâtres sont intéressantes en ce qu'elles contiennent des petites masses de quarz hyalin limpide amorphe:; des laves grisûtres celluleuses (dans quelques-unes des cellules nous avons cru reconnaître un peu de soufre ); cette variélé de lave se décompose plus facilement en une terre onctueuse analogue à celle provenant des schistes de Tubise, près de Bruxelles; elle se laisse aisément rayer par l'ongle en laissant à la place une poussière fine el argileuse; elle se trouve au pied des trachvtes et forme quelquefois ( 445 ) des masses imposantes qui y sont intercalées ou accotées. La variété des laves jaunâtres est la plus abondante et donne naissance , par sa décomposition, à une terre pul- vérulente jaunâtre très-abondante et qui fatigue beau- coup. Un peu plus loin on trouve des trachytes hexagones de 15 à 20 cent®* d’aire; ces trachytes hexagones paraissent se trouver avec les trachytes pholéritiques tabulaires ; leurs prismes sont assez réguliers mais de peu de grandeur ; ils sont plus aplatis que les prismes basaltiques de l’Alle- magne. La roche est fort unie et d’une belle couleur gri- sâtre avec petits cristaux d’albite ; l’inclinaison du versant de la montagne est ici d'environ 50°. Outre les trachytes on remarque des téphrines basaltoïdes, qui passent même au véritable basalle avec cristaux d’olivine et grains nom- breux de la même substance, ainsi que quelques-uns d’albite; parmi ces téphrines, nous en avons observé de compactes porphyroïdes, avec des parallélipipédes d’al- bite blanchâtre, des grains de fer sulfuré, peut-être magnétique , et de petits cristaux d’olivine ; on prendrait ces léphrines porphyroïdes pour des dolérites ; vu leur as- pect terne et leurs teintes sombres. Au pied du véritable mont qui constitue le Coffre de Perote, se trouve un ruisseau alimenté par une eau qui sourd des rochers de la montagne; on est ici à environ 3,200 mètres d'élévation ; les pins n’atteignent plus cette taille extraordinaire qui les signale prés d’Atopan, mais ils sont courts et gros, couverts de mousses et de lichens. La terre jaunâtre supporte des Zupinus Mexicanus en grande quantité , plusieurs espèces de graminées ( Trise- tum, Dactylis? etc.); sur les pierres on voit de petits Iquanes se chauffer au soleil, tandis que des phalènes s'envolent des pins ( Pinus occidentalis, Leiophylla , (444 ) Tevcote ? et peut-être le Religiosa, qui se trouve sur les versans du volcan d'Orizaba (5,295 mètres) ). Ici le thermomètre indique au soleil et à 12 heures 20° cent‘; à l'ombre 7° cent®s. À 200 mètres plus haut, sous d’énor- mes murailles de trachyte et de laves, descendent des eaux , lesquelles, en hiver (de novembre à avril) se chan- gent en belles colonnes de glace de 10 à 20 mètres de hauteur et en nappes transparentes ; la température est, dans ces lieux, de 0° à 3° cent*. Des graminées et une petite espèce de Sempervivum à fleurs jaunes sont les seules plantes qui garnissent les rochers. Le chemin devient de plus en plus fatiguant à mesure que l’on gravit sur la montagne; la terre argileuse , pulvéru- lente avec fragmens de lave et de trachyte, s'oppose beau- coup à la marche; elle nourrit des Lupinus Mexicanus qui paraissent monter jusqu’à 3,600 mètres environ de hauteur, des graminées, beaucoup de mousses de petite taille ; les pins deviennent rabougris et sont chargés de lichenées ; des lapins seuls habitent ces déserts. L’inclinaison de la pente est de 45° à 50° et même va jusqu’à 70°. Des trachytes simples ou pholéritiques, tabulaires , hexagones ou mas- sifs, grisâtres-ou noirâtres avec cristaux d’albite et quel- quefois d’olivine , des laves rougeûtres et jaunâtres ; des conglomérats de fragmensde téphrine et de trachyte forment des rochers plus ou moins aigus et plus ou moins abruptes, dont les roches semblent incliner suivant la pente; mais le tout présente beaucoup d'irrégularité et de désordre, qu'augmentent les blocs de téphrine basaltoïde , de tra- chyte et de lave qui couvrent la montagne et les rochers ; effets dus aux soulèvemens qui ont agité, bouleversé cette montagne et formé beaucoup de vallées profondes : déchirures immenses qui sillonnent le sol des environs de ( 445 ) Jalapa ( Barrancas de. Caxcapula, de Teoselo, de Teololo et beaucoup d’autres qui partent du pied du Coffre de Perote , ou convergent vers lui ). À 3,700 ou 3,800 mètres cessent les pins dont les der- niers individus sont fort petits; les lupins ont été rem- placés par les S'empervivum qui garnissent les premières éminences perpendiculaires de la montagne du Coffre; on marche toujours sur des graminées qui sont, avec les Sempervivum et les lichens, les dernières plantes qui croissent dans ces hauts parages ; on trouve encore des phalènes et des araignées et même des lapins. Le thermo- mètre indiquait à 1 heure 17° à 18° cent‘ au soleil, et 4 : a. 5° à l'ombre; l'air était frais : nous étions alors au-des- sus des nuages qui planaient sur les montagnes de Huilo- tepec, et nous dérobaient par la la vue des plaines de Coa- tepec et de tout le pays qui s'étend de Jalapa à Vera Cru. Le Coffre de Perote (1) (en indien Naucampatepl, à cause des rochers anguleux de sa crête) est formé d’un haut escarpement presque vertical couvert de Zecidea geographica qui décore les rochers de ses belles teintes rouges et jaunes; à son pied se trouvent encore quelques graminées et des Sempervivum. Au SO. de-cet-escarpe- ment s’en trouve un autre moins élevé; 200 mètres plus bas sont d’autres éminences, des crevasses desquelles coulent des eaux presque toujours gelées lorsqu'elles sont situées à l'ombre. 1 On appelle ainsi la plus haute éminence prismatique de la montagne; elle est située à 4,089 mètres au-dessus du niveau de la mer et à 2,733 mètres au-dessus de Jalapa; elle est 1,206 mètres plus basse que la cime d’Orizaba , et de 1,311 mètres moins élevée que le Pohocatepetl (grand volcan de Mexico). ( 446 ) Le trachyte de ces éminences est grisâtre avec cristaux laminaires d’albite ; ce trachyte passe à une eurite por- phyroïde très-dure et fort lourde, à texture empätée; sa pâte d’albite renferme beaucoup de cristaux laminaires de la même substance, des prismes tronqués de pyroxène vert et des grains d’amphibole noire. Cette roche, qui forme , par elle-même, des masses importantes, présente quelquefois une texture un peu celluleuse, et offre une similitude d'aspect avec quelques dioriles grisàtres de Quenast ( Brabant méridional), et avec quelques por- phyres de la Saxe. Les véritables trachytes affectent quel- quefois une posilion voisine de l'horizontale, déterminée par un grand nombre de fentes ; ils se présentent aussi en prismes hexagones et en plaques tabulaires fort minces. Les trachytes et eurites porphyroïdes de la plus haute éminence sont fendillés perpendiculairement ; ils forment une grande masse carrée un peu allongée du SSE. au NNO., élevée de 50 mètres environ au-dessus du sol; ses côtés sont à angles droits et assez nets ; on y remarque et des trachytes hexagones , tabulaires et amorphes, et des eurites porphyroïdes. La troisième éminence de 60 à 70 mètres moins élevée que la première, présente des roches ondulées ou fort irrégulières, inclinant au SE. vers la val- lée. Ses roches sont des téphrines rougeûtres avec de nom- breux cristaux d’albite limpide, des masses amorphes d’amphiboles, des cristaux triunitaires de pyroxène à sur- face terne et de couleur rougeâtre, de parties vitrifiées; des grains d’un vert clair que l’on remarque dans ces té- phrines, ont l'aspect de l’olivine. La pâte de ces laves est albitique, rougeûtre, la texture est un peu grésiforme; on croirait voir une multitude de cristaux d’albite lim- pide disséminés dans une pâte argileuse grenue, sorte de ( 447 ) conglomérat. La surface de ces laves présente du quarz mamelonné opaque, et de l'hyalite en globules limpides; cette substance est même assez souvent dissiminée dans la pate. Cette troisième éminence contient, outre ces té- phrines intéressantes, des téphrines basalliques fort noi- res, celluleuses, avec cristaux d’albite grisâtre, et de véri- tables basaltes un peu celluleux gris-noirâtres avec grains d’olivine, des traces de fer sulfuré amorphe et de petites masses de soufre jaune-citron, tapissant l’intérieur des cellules. Ces basaltes ressemblent beaucoup aux laves ana- logues du Monte-Somma près de Naples, mais ne recèlent point comme celles-ci une foule de substances rares et précieuses pour le minéralogiste. Au pied de cette émi- nence, où le trachyle est moins abondant que dans les autres, se trouvent des téphrines ; laves d'apparence ré- cente, légères, noires, remplies de vacuoles, dans les- quelles se découvrent de magnifiques globules d'hyalite ; leur surface en est de même parsemée, maïs les mame- lons sont assez souvent colorés en jaune de paille ou en brun-rougeûlre par une pelile quantité d’oxide de fer ; l'hyalile est quelquefois décomposée en petites masses blanches ct opaques. Ces laves forment en grande partie, conjointement avec des conglomérats , tout le versant qui conduit aux diverses éminences; des espaces, dessinés en creux, occupent quelques portions de ce versant et servent pendant la saison des pluies (mai, juin, juillet, août), de receptacle aux eaux. Des congiomérals allernent avec lesié- phrines que nous venons de décrire, tantôt les surmontent, quelquefois occupant des positions plus élevées, d’autres fois des posilions plus basses que ces laves ; ils sont durs, tenaces , lourds , formés de fragmens irréguliers assez gros de trachyte gris-noirâtre albitique comme celui des émi- (448 ) nences, de trachyte gris-clair et de petits fragmens de trachyte et de lave leucostinique; nous n’y avons point en une terre vu de téphrine, mais il est probable qu'ils en renferment ; ces divers fragmens sont unis entre eux par une pâte très-dure de sable grossier , cimenté par de l'oxide de fer et des sublimations siliceuses qui ont donné nais- sance à des mamelons de quarz hyalin et de hyalite tapissant l'intérieur de quelques cavités ; l’oxide de fer y forme de petites plaques résineuses. Parmi les morceaux de diverses nâtures qui se sont détachés des éminences (trachyte, eurite, téphrines, basalte ), et qui couvrent les versans, se trouvent des échantillons séparés de quarz hyalin opa- que qui présente des couches ondulées et luisantes comme la dolomie; sa surface est mamelonée, et chaque ma- melon est surmonté d’une infinité de globules et tuber- cules qui passent à l’hyalite. Les téphrines albitiques rougeâtres offrent souvent cette variété de quarz, qui forme des masses de 2 à 3 centimètres d'épaisseur. Parvenus à quelques pas derrière la grande éminence, la température élait à 20° cent* au soleil à 2 heures de l'après-midi, le ciel était couvert de nuages ; ils montaient vers nous avec la rapidité de la fumée, et nous enveloppè- rent bientôt de leur manteau humide , en nous fermant la vue de tous côtés, excepté vers le Nord, où nous pûmes distinguer le plateau d'Anahuac avec le mont Malinche (Cerro de Flascala), les monts Redumbados , avant-postes de l’Orizaba , etc., elc., etc. En cet endroit on aperçoit l’ancien cratère, d’où sorli- rent les laves du Coffre de Perote ; il consiste en une cavité circulaire, présentant la forme d'un cône plus ou moins tronqué et irrégulier, d'une profondeur de 200 à 300 mètres (le fond n’est point uni, mais offre des saillies ( 449 ) montueuses); ses parois méridionales sont détruites, tandis que les parois septentrionales sont entières et composées de trachyte grisätre trés-albitique ; ce trachyte , comme celui de plusieurs autres points cités, est tantôt tabulaire , tantôt prismatique et tantôt amorphe et massif; il présente à lextérieur , de même que par la décomposition , uneteinte ferrugineuse ochreuse. On rencontre des graminées, des Sempervivum et plusieurs espèces de lichens. Une grande fente a séparé la grande éminence prisma- tique des parois méridionales et orientales ; les roches tra- chytiques, qui forment les murailles perpendiculaires et élevées de cette fente, sont bouleversées et fendillées en tous sens; d’autres déchirures au S et au SO, divergent au loin ; en donnant naïssance à des ravines (Barrancas) plus ou moins profondes et étroites, et à versans presque perpendiculaires; les parois septentrionales et occidentales sont restées entières; les flancs du cratère qui regardent le N et l'O (c’est-à-dire vers le plateau d’Anahuac), ne pré- sentent qu'une inclinaison de 25 à 30°, tandis que les autres flancs (c’est-a-dire plus ou moins tournés vers la mer) sont presque à angles droits, d'environ 70 à 80°. Les roches des parois N'et O sont cependant très-pointues, re- levées, mais peu bouleversées; de gros blocs trachytiques arrondis ou à arêtes saillantes, surmontent ces roches et sont disséminés sur les flancs. Si on réunit par supposi- tion , et que l’on juxta-pose, les masses séparées par les grandes déchirures, les unes près des autres, on obtient un cône assez parfait et à versans presque égaux. Les di- verses éminences que l'on rencontre avant d'arriver au cratère, sont des portions plus dures qui ont résisté plus facilement que les autres, aux révolutions qui agitèrent et démantelèrent ce foyer d’éruption, dont l’action s’est ( 450 ) “ étendue à plusieurs lieues de delane (Penotés la Hoya ù | Naulingo, etc.). Cry Îl devient évident, d'après toutes ces observations, que - les trachytes ont été soulevés et relevés, que les agens. in: térieurs et de soulèvement ont principalement exercé leurs effets sur les portions orientales et méridionales du cratère, en y opérant diverses fentes rayonnant au loin: soulèvemens sémi-circulaires, d'où les profondes ravines des environs du Coffre et qui s élendent au loin, telles. ‘que la Barranca de Teoselo, de Gilotepec, etc. réel leur origine. Les trachytes nous paraissent dater de l'époque tertiaire el être contemporains de l’âge pendant lequel se formaient les dépôts fluvio-marins-supérieurs de Papantla: La mer qui recélait les matériaux de ce sol nouveau, fut sans doute influencée dans sa retraite par l’action des feux souterrains ; une grande porlion de Lerrain qui s’élen- dait vers ces rivages, devint le domaine des trachytes et des basalles; plus tard, les agens volcaniques ouvrirent une voie à des tee laviques et à un cralére qui ‘ils détruisirent ensuite, en portant toutes les malières sorties ou vomies du sein de la terre à une grande hauteur au- dessus du niveau de la mer (600 mètres à 4089 mètres), Les laves téphriniques et surtout les conglomérats (quoi « qu'il ait pu s'en former à différentes occasions), sont des productions plus récentes que les trachytes et datent de l'origine primitive du cratère; elles ne sont point mêlées … avec ces premiers produils ne poussés de bas en hautet sortis sous forme de pâte, mais intercalées dans les cre- | vasses qu’engendra la naissance du cratère et qu’elles com- blérent en se développant en nappes téphriniques au pied” 3 de la montagne ; soulevées plus tard ou découpées par des vallées , soit de soulèvement ou de fracture, soit d'érosi Bullet de l'Vadenie Tome (1. 1856 l: Montagnes Caleaires de Sonouantla . | LE Len "+ à me . ee ( 451 ) (Monte Pacho, Monte Alto, près Jalapa, montagnes près San Andres-Hanelhuayocan , etc.), elles assistérent à la des- iruction du cratère ; destruction signalée par les déchi- rures divergentes qui s'échappent du Coffre et qui suffisent seules pour démontrer les soulèvemens qui ont réagi sur ec volcan. À cette même époque s’opéraient des soulève- mens en sens divers ou entre-croisés ou se coupant sous des angles assez ouverts (Barranca de Teololo, etc.). De l'époque du soulévement et du brisement des trachytes du Coffre et des basaltes des environs, datent plusieurs vol- cans particuliers qui se trouvent au pied des montagnes conduisant au Coffre, dans la vallée de Coatepec et près de Jalapa , tels sont ceux : Cerro de Macuiltepec (1) sur le versant méridional duquel est bâtie la ville de Jalapa, du Cerro de Coatepec (environ 150 mètres au-dessus de Coatepec), de San Marcos (volcan triangulaire qui s'élève de 250 mètres environ au-dessus de la Barranca de Teoselo) du Cerro de Zinpizagua (montagne conique élevée de 60 à 70 mètres au-dessus de l'Hacienda), de celui près la Hacienda de la Orduna (grosse montagne à versans peu inclinés et à cratère distinct), et quelques autres qui sem- blent avoir servi de soupiraux, par où les agens souter- rains ont exhalé une fraction de leur rage. Ges volcans particuliers résultent en partie de soulévemens en vessie et sont en partie formés par l'accumulation de matières ignées ; le voisinage de la mer peul avoir exercé un grand pouvoir sur Ja force des gaz et autres agéns de soulèvement. Du reste nous nous proposons d’examiner dans un autre mémoire, la constilution oryctognostico- géologique du {1) 222 mètres au dessus de Jalapa. Tou. sr. 32 ( 452 ) pays situé près de Jalapa; ayant été assez heureux pour observer la nature de cet imposant volcan, et démontrer les révolutions qu'il a subies et que le sol environnant à ressenties en même temps : il est probable que les divers grands volcans du Mexique, l'Orizaba, le Popocatepetl, la Sierra Nevada ou Iztaccihuall, le Malinche ou Sierra de Tlascala , le Cerro de Toluca et enfin le Coffre de Perote, sont les grands débouchés des feux intérieurs qui ont sou- levé et élevé ces masses colossales à plusieurs mille mètres au-dessus du vaste plateau d’Anahuac (2200 à 2400 mètres d’élévation au-dessus du niveau de la mer), formé de leurs produits divers, proposition que nous espérons pouvoir résoudre plus tard. L'Académie procède ensuite à la nomination de trois membres et de six correspondans dans la classe des sciences, et de deux correspondans dans la classe des lettres, pour ” remplir les différentes places devenues vacantes. ou qui restaient encore à remplir. Le résultat de ces élections a élé le suivant : Classe des sciences. MEMBRES » MM. Plateau, professeur de physique à l’université de Gand; And. Dumont, professeur de minéralogie et de géolo- gie à l’université de Liége ; Cantraine, professeur de zoologie à l’université de Gand. CORRESPONDANS : MM. Decaisne, de Bruxelles, naturaliste au jardin du roi à Paris; ( 453 ) MM. Devaux, ingénieur des mines à Liége ; Van Bencden, professeur d'histoire naturelle à l'uni- versilé de Louvain; Kickx, professeur de botanique à l’université de Gand; De Koninck , agrégé à l’université de Liége ; De Macedo, secrétaire perpéluel de l'Académie de Lisbonne. Classe des lettres. CORRESPONDANS : MM. Blondeau , de Namur, prof. de la faculté de droit à Paris ; Borgnet, à Namur. La fin de la séance est employée à des dispositions à prendre pour la séance publique du lendemain. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Berliner astronomische Jahrbuch für 1837. Herausge- geben von J.-F. Encke, 1 vol in-8°, Berlin 1836. Mémoires de la société de Physique et d'histoire na- turelle de Genève, tom. VII, 2e partie, 1 vol. in-4°, Genève chez Vignier 1836. Congrès scientifique de France, 3° session, 1 vol. in-&», Douai 1836, de la part de M, Jobard. Additions et Corrections à la Votice sur les archives de - la ville de Mulines de M. L. P. Gachard, etc.; par G.-T. À. D. M; in-8°, 169 pages. Bruxelles, chez L. Hauman et “comp°, 1836. (454) SÉANCE PUBLIQUE Du vendredi 16 décembre 1836 , dans le palais des arts et de l’industrie. M. De Gerlache, directeur. M. le baron De Stassart , vice-directeur. M. Quetelet , secrélaire perpétuel. M. le directeur , à deux heures, ouvre la séance par la lecture du discours suivant. MEssIEURS , Étranger aux hautes sciences que cullive spécialement ct avec tant de succés l’une des deux branches de cette acadé- mie, permettez-moi de me borner à vous dire dans cette occasion solennelle quelques mots d’une étude qui nous préoccupe tous plus ou moins fortement, et qui est en quelque sorte l’objet de nos communes affections. Je veux parler de l’histoire de la patrie. Je désirerais pouvoir . vous retracer ici quelques souvenirs de nos grandes épo- ques et de nos vieilles institutions, comparées à celles d’autres pays, et signaler les causes qui ont tour à tour. arrêté ow précipité l'élan des esprits vers celte source originale et féconde de notre littérature. Mais la matière est vaste et difficile, et mes moyens bornés. J'ose à peine ( 455 ) réclamer votre attention pour un instant (1). Je vous pro- mets du moins d’en abuser peu s’il est possible. Jamais le désir de connaître à fond notre histoire natio- nale n’a été plus impérieusement excité que depuis l’épo- que de notre récente indépendance. Tous ceux qui s’occu- pent des affaires publiques, ceux qui veulent que notre Belgique se consolide, et ceux qui ne le veulent point, de- mandent au passé des leçons, des armes, des prédictions pour l'avenir. Mais cet empressement à rechercher de vieux ti- tres , à compulser de vieux livres, à en composer de nou- veaux, prouve combien ceux qui existent sont loin de satisfaire aux besoins de l’époque. En effet , si vous consi- dérez la masse énorme d'ouvrages qui ont paru sur-notre histoire, elle est telle que je ne pense pas que la vie de l’homme le plus laborieux suflise à la parcourir en entier. Et cependant parmi tant d'auteurs, quels sont ceux qui prédominent sur tous les autres? ceux dont la réputation, populaire chez nous, a relenti à l'étranger ? ceux qui peu- vent nous servir de flambeaux dans nos études sur les évé- nemens , les mœurs , les lois et les intérêts du pays? Ce n’est pas sans doute le génie; ce sont les circonstances qui ont manqué à nos écrivains. Telles étaient , Messieurs, les hautes considérations qui préoccupérent vos prédécesseurs quand cette société savante fut fondée. On s’étonnait en effet que le pays qui a donné le jour à cette grande famille des Pépin , des Charle-Martel, des Charlemagne ; d’où sont sortis presque tous les souve- rains de l'Europe ; qui a donné des rois à Jérusalem et des (1) Ce discours ne content en effet que des fragmens d’un assez long travail sur le même sujet. (456 ) empereurs à Constantinople ; qui a porté la puissance des ducs de Bourgogne au niveau de celle des plus redoutables souverains ; qui a élevé Charles-Quint, où le bras puissant de Philippe IT, quoique à demi-brisé , a pourtant contenu l'effort du luthéranisme prêt à envahir le midi de l'Europe; on s’élonnait que ce pays n’eût point eu un plus grand nombre de véritables historiens. Ceux de ces beaux sujets qui nous appartenaient le plus légitimement ont été en quelque sorte usurpés par des étrangers, qui y ont attaché leur style et leurs noms, sans pouvoir toutefois s’en rendre définitivement propriétaires, parce qu'ils n’ont connu que fort imparfaitement nos institutions, notre caractère na- tional, notre vie intime, et les trésors de notre vieille et moderne érudition. Notre pénurie, sous ce rapport, était une conséquence nécessaire de nos longs malheurs poli- ques. Pour se livrer à la culture des lettres avec succès, il faut qu’une nation ait de l'indépendance et de la dignité au dehors, de la sécurité au dedans ; un centre d'unité où vienne se réfléchir l’esprit public; de l'émulation , de no- : bles récompenses , el de la gloire à offrir aux talens. Or tout cela nous a manqué pendant les deux siècles qui vien- nent de s’écouler. La brillante civilisation qui avait porté chez nous de si beaux fruits aux XVe et X VE siècles avait fini par avorter au milieu des orages civils, des guerres étrangères, et des oppressions systématiques de la diplo- matie. Ce qui distinguait en général la Belgique des autres « États de l'Europe jusqu’à la fin du siècle dernier, c'était w l'ancienneté, la puissance , et la permanence de ses insti- lutions communales qui lui offraient des garanties incon- nues chez la plupart de ses voisins. Lorsqu’en 1789 la France annonça qu’elle voulait des réformes radicales dans son (457) gouvernement , il n’y avait plus en réalité ni ordre de no- blesse , ni ordre du clergé, ni tiers-état. Le prince était le centre de toute puissance, de toute grâce , de toute justice. Sous le règne de Louis XV, qui ne passait pas pour mé- chant , on avait distribué, dit-on, 150,000 lettres de ca- chet (1). Et chez nous, Joseph IT, pour ne citer que ce seul trait , ayant fait enlever de vive force un nommé De Hondt, homme assez peu recommandable par lui-même, pour le traduire à Vienne devant une commission, les trois États de Brabant réclamérent unanimement et avec tant d'énergie, que De Hondi fut bientôt relâché. M. l'abbé de Pradt , qui dit quelque part (2) que Ze hollandais est un belge perfec- tionné , ajoute qu’en 1790, les États belges étaient en- core placés au faîte des idées aristocratico-théocratiques. Ce mot leste et tranchant peut sembler joli de la part d’un abbé, et surtout d’un archevêque de Malines; mais il n’est point vrai. Voila pourtant comme on nous juge à l’étran- ger! La vérité est que les Belges avaient une fort vieille constitution , et qu’ils y tenaient. Je ne prétends point que cette constitution fût parfaite : loin de là, puisqu'elle était fort vieille. Mais nos pères se défiaient avec une sorte d’instinct , qui leur était particulier, des lois parfaites sur le papier, des utopies et des beaux discours. Je ne dirai pas jusqu’à quel point ils ont pu changer depuis : je ne parle pas ici de politique contemporaine. Le titre seul d’une brochure en France fut un coup de foudre pour le pouvoir : Qu'est-ce que le tiers-état? Rien ! Chez nous, cette brochure eût été un non sens. On ne pou- (1) Montgaillard, Zistoire de France, t, X, p. 282. (2) De la Belgique depuis 1789 jusqu’à 1794. ces) M vait pas soutenir que la noblesse et le clergé étaient tout, - car ils n'étaient rien que d’après la constitution. On ne pou- vait pas les représenter comme ennemis du peuple, car depuis des siècles, chaque fois que le peuple s'était plaint, la noblesse et le clergé avaient fait cause commune avec lui. Tout le monde y était égal devart la loi; tout le monde y était jugé par les magistrats du pays; le pauvre y était protégé contre le riche et le puissant, et contre le prince luimême. Quand le gouvernement avait besoin d'argent, il présentait une supplique respectueuse aux États : la noblesse et le clergé accordaient l'impôt, s'ils le jugeaient nécessaire, mais à condition que le tiers-état suive, et autrement pas! en France l'impôt était permanent depuis Charles VIL. Les charges de magistrature élaient vénales. De grandes villes, après s'être obérées pour racheter les places de maires et d’échevins, durent finir par y renoncer (1), Louis XIV avait proclamé en deux mots son pouvoir absolu, en disant : l’État, c’est moi! C'est-à-dire, qu'il n’y avait plus d'État, mais un roi sans barriéres, sans contradicteurs et sans appui. Notre petite Belgique au contraire avait con- servé au bout de six siècles les mêmes priviléges et les mêmes lois constitutionnelles. Dans d’autres pays, le pouvoir royal, d’abord faible, avait favorisé l'émancipation des communes, pour écraser la féodalité, et après y avoir réussi , il avait anéanli les com- (1) «La Provence (qui était un pays d'États\rachetait toutes les charges » oppressivement fiscales. Avant l’édit de 1771, elle avait déjà dépensé » pour subvenir à ce rachatet payer le maintien des libertés municipales » de chaque ville et bourg, la somme de douze millions cinq cent mille » livres, » (Raynovarp, Histoire du Droit municipal en France , t. WE, p.362.) ( 458 ) munes à leur tour, qui ne s'étaient pas trouvées assez fortes pour opposer une résistance énergique. Chez nous, cepen- dant, quelques villes étaient devenues si grandes et si redoutables que les princes les plus despotiques et les plus audacieux désespérèrent de les subjuguer jamais entière- ment. À la vue de ces combats acharnés que les Flamands soulinrent contre Philippe-le-Bon, contre le Téméraire, contre Charles-Quint, contre Philippe IE, l'esprit se reporte involontairement vers cette lulte si longue et si obstinée de Charlemagne contreles braves compagnons de Witikind, dont on dit nos Flamands descendus. Lors même qu'ils étaient vaincus, ils n'étaient point soumis; ils se relevaient plus terribles. De sorte que leurs maîtres jugérent enfin plus à propos de leur laisser une partie de leurs libertés , pour les apaiser, que de les désespérer. Voilà comment chez nous, toujours la commune resta debout. Certes, si l'Espagne, si l'Autriche elle-même avaient pu gouverner la Belgique comme leursautres provinces, elles n'y auraient pas manqué ; mais elles reconnurent que c'était trop pé- rilleux. Ceci est un fait, Messieurs, un fait qui donne la elef des grandes époques de notre histoire; du bouleverse- ment de nos provinces sous Philippe IE, et de leur récon- ciliation avec ce prince; de la révolution brabanconne, et de bien d’autres événemens encore qui se sont passés depuis. Je n'ai pas besoin d'entrer dans le détail des preuves. Vous savez comment ce peuple, que M. l'abbé de Pradt appelle aristocratico-théocratique, vrepoussait äjla fois le duc d’Albe , et son tribunal de sang, et l'impôt du 10° et du 20° deniers, et l'inquisition | C’est le commerce qui a élevé chez nous la commune. C'est le commerce, c’est la navigation, ce sont nos fré- quens rapports avec l'Orient et l'Italie, depuis l'époque des ( 460 ) croisades, qui ont érigé, développé et aflermi ces colosses populaires. La Belgique, et particulièrement la Flandre, furent pendant deux siècles le centre des communications entre l'Orient et l'Occident, et le centre de la civilisation européenne entre le Nord et le Midi. Les croisades ont été l’une des principales causes de la prospérité et de Ja richesse de nos villes maritimes. Nos flottes , après avoir transporté des armées (1) en Italie, et dans l'Orient dont la vieille civilisation, quoique déchue, brillait encore d’un si merveilleux éclat, en rapportèrent de nouveaux arts el des idées nouvelles ; et les Belges com- mencérent dés lors à établir ce commerce d'échange entre le nord de l'Allemagne et le midi de l'Europe, qui produisit plus tard de si incroyables résultats. Nous avons figuré dans toutes ces expéditions, et presque toujours au pre- mier rang. Godefroid de Bouillon, cet Achille chrétien, qui l’emportait sur tous ses rivaux par sa bravoure et son sublime héroïsme, était arrivé à la Terre-Sainte, commé vous le savez, suivi d’une armée nombreuse, levée en grande partie dans le Brabant et dans la province d'Anvers. Beau- doin, comte de Flandre, celui qui fut empereur de Con- stantinople, était aussi le plus puissant des princes croisés. Ces faits, qui prouvent l'état de prospérité relative de nos provinces , dès les 11° et 12° siècles, doivent être notés par l'historien. Le Tasse a chanté Godefroid de Bouillon. Si le Tasse eût été belge, tout l'univers saurait que Godefroid était né belge; (1) Thierry d'Alsace, comte de Flandre, fit quatre fois le voyage de la Terre-Sainte, dit d’Oudegherst; et Philippe d'Alsace y passa, pee la seconde fois, avec un convoi de 27 navires. Meyer dit 37. ( 461) et vous n’entendriez pas dire à l'étranger : Notre Godefroid, notre Baudoin ! La gloire d’une nation (ne l’oublions pas, Messieurs) se compose de deux élémens : des grands hommes qu’elle produit , et des grands écrivains qui les célébrent ! Le commerce et l’industrie paraissent tellement inhé- rens au sol et au caractère belges, qu'ils s’y sont réveillés avec une vigueur nouvelle, après deux siècles d’oppression; et cependant , il faut l'avouer, rien ne ressemble moins à ce que l’on voit aujourd’hui , que ce qui se passait alors. Quand les auteurs nous racontent la prospérité de Gand et de Bruges, qui mettaient à elles seules de grandes armées sur pied ; qui gagnaient de grandes batailles; qui faisaient des alliances, des traités de paix et de guerre avec des peuples et des souverains étrangers, on croirait entendre quelque vieille histoire renouvelée de Tyr ou de Carthage. On peut lire dans vos Mémoires, et entre autres dans un sa- vant travail de M. De Reïffenberg (1) sur le commerce des Pays-Bas aux 15° et 16° siècles, de curieux détails sur la _ richesse et le luxe inouï que déployaient alors les bour- geois et les marchands. Mais il ne faut pas penser que cet immense développement commercial fât uniquement l'effet de l’heureuse situation de quelques villes, et des circon- stances du temps. La législation était tournée en grande partie vers cet objet. Les étrangers étaient protégés chez nous, dans leurs personnes et dans leurs biens, avec une sollicitude touie particulière. Au dedans, l'administration s’appliquait à multiplier les routes et les canaux; à l’exté- rieur, la politique se dirigeait le plus souvent d'aprés l’in- (1) Couronné en 1820. ( 462 ) térêt du commerce, C’est pour continuer à recevoir les laines d'Angleterre, que Jacques d’Artevelde fit alliance avec Edouard IIT, contre la France, jalouse de notre pros- périté et dont le voisinage et l’inimitié étaient si redoutables pour la Belgique. C'est là, je pense, le principal secret de l'étonnante fortune de ce puissant démagogue, qui devait réunir de grands talens à de grands desseins : car on ne domine pas pendant sept années une république aussi mobile et aussi tumultueuse que celle des Flandres, en la trompant toujours sur ses véritables intérêts (1). (1) Pour cette première période , c’est la Flandre qui revient toujours sous la plume de l'historien. C’est la Flandre qui doit jouer le premier rôle dans nos annales, comme elle le joue en effet sur la scène du monde, L’honorable auteur de l’Zistoire générale de la Belgique, et d’autres écrivains , ont donné la prééminence au Brabant, prééminence fondée sur je ne sais quels droits de suzeraineté que les ducs de Brabant, ou de Lothier, auraient exercé sur les autres provinces. (Voir l’Abrégé d’His- toire Belgique de M. Dewez, 2me édition; note de la p. 180.) Mais ils ont ainsi perdu de vue l’époque la plus remplie, la plus dramatique et la plus instructive de notre histoire. Il n’y avait de liens communs entre nos anciennes provinces, que leur commune antipathie pour le joug de l'étranger ; que leur commun attachement pour leurs vieilles libertés et leurs vieilles croyances. Quand elles étaient menacées, on voyait par- fois les races flamandes, brabançonnes et wallonnes s’unir spontanément pour les défendre. Cela amenait alors des fédérations et parfois des révo- lutions nationales. Aujourd’hui que nous sommes constitutionnellement réunis, cette vieille communauté d'intérêts, de sentimens, et surtout de croyances , me paraît former encore leur plus fort lien. Il est à sou- haiter qu’on s’en souyienne toujours. En supposant donc que l’on puisse ramener les faits capitaux de nos annales, depuis les croisades jusqu'aux ducs de Bourgogne, à l'histoire de Flandre, nous pensons que celle de Liége ne pourrait être comprise dans le même cadre: d’abord parce que cette province a-formé un État indépendant depuis l’évêque Notger jusqu’à la fin du siècle dernier ; et ensuite parce que les annales de Liége , jusqu’à Maximilien de Bavière, sont par elles-mêmes d’un tel intérêt, qu’elles captivent l’attention du ( 463 ) Le régime des communes franches était un grand pro- grès, si vous le comparez au régime féodal. C'était un avan- tage immense que d’être jugé d’après des coutumes ou des Jois fixes , par des magistrats de son choix, et de ne pouvoir être taxé que de sa volonté. Mais l'inconvénient de ces Etats populaires, c’est qu’on n’y jouissait point d’une complète sécurité (1). La guerre intestine y était pour ainsi dire en permanence. Cette population pressée dans les grandes villes, et organisée en corps de métiers, gagnant beaucoup, et dépensant de même, était d’une turbulence et d’une li- cence excessives; loujours agilée par des ambitieux et des factieux : les uns, sous prétexte de défendre les droits du prince; d’autres, ceux du peuple. Du côté du prince, étaient le plus souvent les nobles et les riches bourgeois; du côté opposé, les petits, et les gens de métiers. À ceux-ci il ne fallait que des chefs pour régner en maîtres dans la cité ; et les chefs ne manquaient jamais, quoique presque tous périssent d’une manière tragique. Gand eut ses Arte- velde, ses Jean Yoens : Louvain ses Couterel; Liége ses lecteur presqu'’autant que celles des Flandres. Du reste, quand on con- naît bien le jeu de la commune liégeoise, on connaît presque la com- mune flamande ; et vice versa. La principale différence entre l’une et l’autre, c’est qu'ici Ja scène est plus vaste. Aussi a-t-elle eu bien plus de retentissement à l'étranger. Le Liégeois a son type particulier. Ce peuple d’origine wallonne, je dirais presque méridionale , brave et généreux, comme le Flamand , non moins entêté de ses priviléges et de ses fran- chises, mais d’un esprit vif, mobile, enjoué, et d’un caractère vain, prompt et communicatif, ne doit pas être confondu dans le même ta- bleau, avec les graves descendans des vieux Saxons. (1) On comptait dans la seule ville de Gand 1,400 meurtres par an; non sur la place publique, c’eût été peu, puisqu'il s’y livrait parfois des espèces de batailles rangées, ais dans les cabarets et les lieux de débauche, ( 464 ) Henri de Dinant, ses Dantin , ses Raes de Heers, qui s’eflor- çaient d'organiser la commune en république ; d'en élimi- ner le prince, pour se constituer dictateurs. Car vous voyez pour l'ordinaire ces prétendus champions de la liberté s’efforcer de rassembler à la fois sur leurs têles tous les pouvoirs du prince, et tous les pouvoirs du peuple. L’é- meute a dépeuplé et ruiné toutes nos grandes villes : Liége, Louvain, Bruges, Gand. Aussi quand la maison de Bour- gogne eut établi son autorité sur la plupart de nos pro- vinces, le pouvoir populaire se trouva restreint ; et le pays n’en fut que plus tranquille (1). (1) Le premier devoir d’un historien, c’est d'établir son plan avec tant d’ordre et de clarté , que le lecteur puisse en saisir l’ensemble d’un coup d'œil ; c’est de caractériser et de grouper les faits culminans de chaque époque, de manière à pouvoir y ramener tous les événemens accessoires comme à un centre commun. Il y a sous ce rapport tant d’in- cohérence et de confusion dans la plupart de nos auteurs, que je crois pouvoir dire un mot ici du plan de notre histoire nationale telle que je la conçois. IL me semble qu’on pourrait la résumer assez facilement en quatre ou cinq grandes périodes naturelles, savoir : une époque de créa- tion, de vie populaire , ou communale ; une époque de prospérité pro- gressive pour le pays, mais avec accroissement du pouvoir du prince, aux dépens des libertés de la commune; une époque de troubles, de guerres civiles et religieuses ; une époque stationnaire, et enfin une époque de rénovation ou d’innovation. La première est cette grande pé- riode communale qu’on peut dater des croisades, et qui s’étend jusqu’au moment où Philippe-le-Bon réunit presque toutes nos provinces sous sa haute suzeraineté. La seconde, partant du règne brillant de Philippe-le- Bon , s'étend jusqu'aux sanglantes guerres de la réforme. La troisième commençant à Philippe IT, s’arrête à la scission définitive des 17 pro- vinces. La quatrième embrasse les dominations espagnole et autri- chienne, depuis la paix de Westphalie, jusqu’à la révolution braban- çonne. La cinquième comprend les temps écoulés depuis l’invasion française jusqu’à nos jours. Il y aurait bien sans doute encore quelques distinctions à faire dans ces principales divisions; mais il suffirait, je pense , de les indiquer à mesure qu’on avancerait dans le déteil des faits. ( 465 ) Le règne de Philippe-le-Bon fut peut-être l'époque de la _ plus grande prospérité réunie au plus grand éclat pour les Belges. La cour du Grand-Duec était , au 15° siècle, le foyer de la civilisation dans l'Occident. Les lettres et les arts y florissaient, et l'abondance régnait partout. Meyer (1) compare avec un sentiment d’orgueil national, la prospérité de sa patrie à l'état misérable d’un pays voisin , accablé de tous les fléaux à la fois, dont les villes étaient désertes, et les campagnes incultes, en proie à la double rapacité des gens de guerre et des animaux féroces. Si Charles-le-Téméraire eût hérité de la sagesse de Phi- lippe, il aurait pu mener à fin peut être le vaste projet qu'il avait conçu, d'étendre et d’affermir ses États, pour tenir en échec un voisin redouté. Après le Téméraire, la Belgique cessa d’être un cen- tre d'action politique. Elle ne fut plus pour l’ambitieux ‘Charles-Quint , et pour Philippe IT, qu’une position impor- tante, un point d'appui pour remuer l’Europe. Charles- Quint y leva plus de 40 millions de florins, somme con- sidérable, pour le temps, et outre cela les meilleures troupes du monde. Elles faisaient le fond de toutes ses ar- mées. On en pourrait citer mille traits dont vous vous res- souvenez. À Ingolstadt, se trouvant entouré et presque accablé sous le nombre de ses ennemis, on lui annonça l’arrivée d’un corps de 10,000 Belges commandés par Maximilien d'Egmont, comte de Buren , et Charles-Quint s'écria : « Ah, nous sommes sauvés, mes braves troupes des Pays-Bas viennent à notre secours ! » Les Belges ont toujours passé pour invincibles, quand ils ont eu des (1) Anno 1438, ( 466 ) chefs actifs et habiles, qui savaient les discipliner et les conduire. | La réforme, le plus grand événement des temps moder- nes , qui a changé la face de Lant d’empires, et dont le mouvement se fait sentir encore de jour en jour sous des transformations si diverses , a amené la séparation du nord et du midi, et la mort politique de la Belgique. Chose étrange ! nos provinces, après avoir été déchirées pendant une lutte de 80 ans, ont eu presqu'aulant à se plaindre des combinaisons de la politique pour assurer la paix gé- nérale, que des fureurs mêmes de la guerre. La Belgique, depuis celte époque, a été constamment le jouet des plus forts; livrée à la diplomatie qui l’a étouffée et disséquée sans pitié; à la diplomatie, plus terrible pour elle que la verge de Moïse pour les Égyptiens. La Hollande s’enri- chit de ses pertes el s'élève sur ses ruines. Le commerce d'Anvers passe à Amsterdam. Ce traité de Munster, qui doit établir l'équilibre entre les grandes puissances , et de- venir une sauvegarde pour les pelites, consacre en quel- que sorte notre anéantissement. La Hollande garde tout ce qu’elle a conquis : le Brabant septentrional, Maestricht , les deux rives de l'Escaut, une parlie du cours de la Meuse, et nous tient sous ses pieds par terre et par mer. Le port d'Anvers est fermé. Et plus tard, quand Ostende veut ou- vrir le sien, la France et l'Angleterre s’y opposent. À son tour Louis XIV , reprenant les projets de Philippe-le-Bel, de Philippe-Auguste, de Louis XI et de Richelieu ,recom- mence une suite de guerres loules dirigées vers le même but, la réunion de la Belgique à la France; et il ne s’en | relire presque jamais sans en emporter quelques lambeaux, tantôt l'Artois, tantôt une partie de !a Flandre, tantôt du Luxembourg, tantôt du Hainaut. ( 467 ) : Vous savez, Messieurs , que les Belges retrouvèrent un instant d'énergique patriotisme , lorsqu'ils connurent le trailé d'Utrecht. Celui-ci , en confirmant la paix de Muns- ter, abandonnait à la Hollande, à qui on avait déjà livré nos ports, la garde de nos forteresses, tout en nous im- posant d'énormes contributions pour payer les garnissaires hollandais : c'élait le comble de l’humiliation. Un bour- geois de Bruxelles, Anneessens, périt victime de cette no- ble, mais vaine tentative d’insurreclion. Il n’y a plus de vie polilique ni commerciale, quant à l'extérieur. Toutefois, pendant le reste du 18° siècle où no- tre Belgique ne fut troublée que par une seule guerre, elle recommence insensiblement à prospérer. Alors le polilique et l'historien peuvent observer encore avec intérêt la vie intime de ce -peuple dont on a disposé tant de fois sans consulter jamais ni ses désirs ni ses intérêts, qui sert et respecle toujours ses maîlres , mais sans oublier cependant les conditions du vieux contrat qui lie le prince aux su- jets. Refoulée sur elle-même , la Belgique, désormais ob- scure, mais paisible, mais verlueuse, s'attache à réparer sespertes à force de travail et d'économie; elle s'attache aux seules ressources qui lui restent , et cullive soigneuse- ment le sol étroit dans lequel on a circonscrit son indus- trie. Tous les capitaux refluent vers l’agriculiure qui prend un développement inouï. C’est une proposilion qui peut paraître paradoxale , ct qui est pourtant vraie, que jamais la Belgique n'avait joui d'autant de bonheur , que jamais, en somme, elle n'avait été aussi riche et au si peuplée que pendant la derniére partie du 18° siècle (1). (1) Raepsact, Supplément à l'analyse historique des droits civils des Belges et des Gaulois , p.235. Tow. xx. 33 (468 ) “Les grandes villes manufacturières demeurérent , il est vrai, presque vides d'habitans, mais les campagnes of- fraient l'aspect le plus riant et le plus animé. Tant il y a de ressources dans celte Belgique, pourvu qu’elle repose! C'était une bonne ferme aussi pour la maison d'Autriche que notre pays. La Flandre seule avait fourni à Marie-Thé- rèse , dans l’espace de 31 ans, au delà de 74 millions de florins , indépendamment des droits considérables d'entrée; de tonlieux, et des revenus des biens domaniaux. C'est ce que représentérent à Joseph IL, prince trop philosophe et trop avancé, pour eux et pour lui, les Élats de cette pro- vince , en le suppliant de vouloir bien les laisser tranquilles avec leurs prêtres, leurs processions et lenrs kermesses, et de continuer à prendre leur argent , en les gouvernant à l’ancienne mode (1). Il est vrai que Marie-Thérèse était adorée de ses sujets. Les Belges, quoi qu'on en dise, élaient alors le plus endurant et le plus résigné de tous les peuples. Je n’en excepterai pas même ceux de nos compatriotes à qui le Téméraire adressail jadis ces rudes paroles, parce qu'ils lui refusaient obstinément des subsides pour la con- tinualion deses folles entreprises : « Vous Flamands , avec » vos têtes dures, avez toujours contemné, ou haï vos » princes; car quand ils n’éloient pas bien puissants, » vous les contemnâles, et quand ils éloient puissants, » et que vous ne leur pouviez rien faire, vous les haïles. » J'aime mieux que vous me haïssiez que contemniez (2). » Charles-le-Téméraire est peut-être le seul prince, depuis la dynastie de Bourgogne jusqu’à nos jours, qui, ayant vécu (1) Représentations à l’empereur, 3e partie du 1er recueil, p.133. (2} Gachard, Document inédits, Bruxelles 1833, ( 469 ) de bonne heure et intimement avec les Belges , les ait mé- connus , et ne les ait point aimés. Aussi le payérent:ils de rclour. Eh bien, Messieurs, ce même peuple était si prompt à prodiguer son argent à Marie-Thérèse qu'il le lui envoyait au milieu de ses guerres. Et les fréquens emprunts de l’Au- triche dans nos provinces se trouvaient ordinairement remplis avant d’avoir élé publiquement annoncés. Ces Bel- ges si souvent révollés jadis contre le pouvoir, devinrent les plus doux des hommes. Nos vicillards parlent encore ayec vénéralion et attendrissement de ce prince Charles de Lorraine, qui élait toujours à demander de nouvelles grà- ces à la cour de Vienne pour ses chers Belges, et auquel la bonne Marie-Thérèse elle-même répondait : « Mon frère, » laissez aller les choses comme elles vont; et contenter- » vous d'être le coq du village. » Leur attachement pour leurs gouverneurs el surlout pour leurs gouvernantes était passé en proverbe. Comme ils avaient eu au moins cinq ou six gouvernantes, toutes tendrement chéries, respec- tées et obéies, on dit que c'était évidemment un peuple fait pour la gynécocratie. En effet, quelle que fût l’exas- péralion populaire contre les violentes mesures de Phi- lippe IF, il est remarquable qu'elle n’éclata qu’au moment où la duchesse de Parme se retira pour faire place au duc d’Albe. La même chose arriva sous Joseph IT, quand Marie- Christine et l’Archiduc furent remplacés par le général d’Alton (1). Qu'on n’en conclue pas toutefois que les Belges en passant tour à tour sous les dominations espagnole ou autrichienne, soient devenus tour à tour espagnols ou autrichiens. Non! (1) Borgnet, Déclaration des États de Brabant, t. 1°", page 02. (470 ) ils se sont vivement attachés aux princes qui ont vécu et sympathisé avec eux, mais t/s ont refusé le service (1), ils se sont soulevés même contre ceux qui ont voulu les gou- verner de loin et despotiquement , en foulant aux pieds l'antique et solennel contrat, le contrat bilatéral, le contrat de co-souveraineté, réciproquement juré. Nul peuple peut- être, au centre de la civilisation européenne, au milieu du mouvement général qui a emporté les esprits, depuis la ré- forme jusqu’à la révolution française, et presque bouleversé le vieux monde, n’a gardé une empreinte plus forte de son caractère primilif et original, plus d'attachement pour sesanciennes croyances et ses anciennes libertés, et ne s’est montré, sous ce double rapport, plus semblable et à ses aïeux et à lui-même que le peuple Belge. Ce fait qui do- mine toute son histoire , doit dominer aussi la politique de son gouvernement. EL j'oserai demander même, si ces mœurs , plus fortes que les lois, ne sont pas encore aujour- d'hui son meilleur point d'appui au dedans, et sa plus so- lide barrière contre l'étranger ? Je termine, Messieurs, par la pensée première de ce dis- cours, en vous demandant pardon de m'en être trop écarté peut-être. Marie-Thérèse, en fondant en 1772 l'académie royale, songeait à combler une grande lacune. Et certes, ni l’ancienne académie , ni la nouvelle, n’ont failli à leur noble mission. Toutefois on ne peut se dissimuler que les circonstances n’élaient pas alors aussi favorables qu’au- jourd’hui. La Belgique ne se gouvernait pas & la vue de son prince et seigneur, le plus grand bonheur qui puisse arriver à& un pays, disait Philippe II lui-même (2). Le (1) Rapsaet, De l’origine des Inaugurations , in fine. 2) Nény,t 1, c 1, a. 9. | Yo : 1 LL + ( 471 ) gouvernement autrichien, quoique très-paternel, se diri- geait d’après des maximes de pouvoir absolu ; il était assez ombrageux, et fort parcimonieux (1). La censure était là, le secret environnait tous les rouages de l'administration. Mais depuis que la nation belge s’est constituée , la cause des lettres est devenue celle du pays. De son côté, le Gou- vernement et les Chambres vons ont prêté le plus généreux appui. La liberté dont vous jouissez ne peut subir d’entra- ves que celles que vous vous imposez vous-mêmes, dans l'intérêt de votre propre dignité. Votre unique règle peut se résumer en peu de mois : amour de la patrie; propa- galion de la science ; triomphe de la vérité. Vous avez pu vous convaincre naguèëres que le génie qui animait les Rubens et les Vandyck n'avait point déserté la Belgique ; il lui a suffi, pour s’y rallumer, d'y retrouver des appréciateurs. La peinture et l’histoire ont entre elles plus d’un rapport. L'une et l’autre ont pour but de perpé- tuer la mémoire des hommes et des événemens dignes d’être transmis aux générations futures. L'esprit naturelle- ment grave, judicieux, positif de nos compatriotes leur donne, ce semble, une aptitude particulière pour ce genre de littérature. Nos annales renferment des trésors abondans (1) L’on hésita quelque temps pour savoir si l’on permettrait la continuation du grand travail des Bollandistes , le seul ouvrage par le- quel la Belgique fût connue à l’étranger, depuis un siècle et demi. On craignait que cela ne coûtât quelque chose au trésor Et puis, ces sa- vans enterrés dans leurs livres étaient des jésuites. Et il était convenu et prédit parmi les rois, leurs conseils et leurs parlemens, que le plus grand danger que courussent les trônes, à la fin du XVIIIe siècle, prove- nait de ces vieux jésuites. L’orage qui devait éclater, sous Joseph IH, grondait déjà sous Marie-Thérèse Et un médecin hollandais ( Van Swie- ten )en fut le promoteur Quels rapprochemens ! ( 472 ) et inexplorés que nous seuls pouvons bien comprendre. Les révolutions dont nous avons été témoins doivent nous avoir doués d’une sagacité que n'avaient pas la”plupart de nos prédécesseurs pour deviner les causes des révolutions anciennes. Espérons, Messieurs, que la terre qui a produit les Froissard, les Comines, les Monstrelet, les Chatellain , les d'Oudegherst, les Meyer ; et depuis, les Nény, les Nélis, les Vandervinckt, dont je vois siéger ici les successeurs et les heureux émules, répondra dignement à votre appel!! M. le directeur , après celte lecture, accorde successi- vement la parole à M. le baron De Stassart , et à M. le secré- taire perpétuel. Notice biographique sur le général Dumonceau, par M. le baron de Stassart. Messieurs, Point d'esprit national, point de patrie sans le culte de Ja gloire! Il est temps que la Belgique indépendante paie aux hommes qui l'ont illustrée le tribut d'éloges que ré- clament leurs mânes. Parmi ces hommes, dignes d’être proposés pour modèles aux générations qui les suivent, je vais en choisir un que l'indifférence contemporaine n'a peut-être pas encore placé dans la pensée aussi haut qu'il devrait l'être et qu'il le sera sans doute, après avoir entendu le simple récit de ses belles actions, de ses bril- lans faits d'armes. Jean-Baptiste Dumoxceau naquit à Bruxelles le 6 novem- bre 1760, au sein d’une famille bourgeoise qui trouvait l'aisance dans le travail. Placé fort jeune au collége des jésuiles de sa ville natale, il y fit de bonnes études qu’il ne poussa pas néanmoins jusqu’en rhétorique, À 16 ans, il ( 473 ) prit des leçons d'architecture , et, pour se perfectionner dans cet art difficile, il alla chercher des inspirations et des modèles au milieu des imposantes ruines de l'antique Rome, Assailli par des brigands, à son retour d'Italie, et dépouillé de tout ce qu’il possédait, il gagna non sans peine, et tou- jours à pied , la ville de Lyon où l’attendaient des lettres et des secours de sa famille. Il s’acquit en peu de temps, à Bruxelles, la réputation d'habile architecte : c’est d’après ses dessins et sous sa direction que furent construits l'hô- tel des finances et la boulangerie publique. Cependant au goût des arts il unissait une âme ardente et qui s’enflam- mait au nom seul de patrie. Il fut des premiers, en 1787, à se faire inscrire pour le corps de dragons volontaires organisé par les États de Brabant, et bientôt licencié, sur les promesses du gouvernement Autrichien de faire droit aux justes plaintes d’un peuple dont Joseph IL avait mé- connu les priviléges. Des demi-concessions produisirent ce qu’elles produisent toujours; elles ne servirent qu'à mécontenter de plus en plus les esprits; des mesures ar- bitraires, des arrestations illégales furent regardées comme des indices tout à la fois de despolisme et de faiblesse; on résolut de recourir aux armes , et la ville de Breda de- vint, sous la protection tacile, mais évidente du stadhou- ‘der ( Guillaume V ), le rendez-vous militaire de la jeune milice belge. C'est de là que, le 27 octobre 1789, elle se précipila sur les Autrichiens à Turnhout et pénétra d’a- bord jusqu'à Diest, où Dumonceau s'empressa de la join- dre. Il obtint une lieutenance ; la part qu'il prit aux premiers succès de celte armée, conduite par Vander Mersch à Louvain ! et bientôt aprés aux frontières de la (1) Vander Mersch fit son entrée à Louvain le 13 décembre : Bruxelles était parvenue dés la veille à se débarrasser des troupes autrichiennes, ( 474) province de Luxembourg, lui mérita le grade de capi- taine, le 14 mars, et celui de major le 10 juin 1790, avec le commandement d'un bataillon de chasseurs Na- murois que la couleur jonquille de l'uniforme fit dési- gner sous le nom de Canaris. À la tête de celte troupe légère et bien disciplinée , Dumonceau fit des prodiges de valeur ; s’agissait-il de surprendre l'ennemi, fallait-il com- mencer une attaque ou couvrir une retraite? il était constamment là. Son nom fut bientôt dans l’armée pa- triote ce qu'était dans l'armée impériale le nom de Pforz- heim, colonel des dragons de Latour. Ses talens et ses infatigables efforts ne purent toutefois empêcher sa pa- trie, gouvernée par des hommes d'état mal habiles et dé- chirée par les factions, de retomber sous la puissance autrichienne. Dumonceau revint dans ses foyers; mais en butle à de petites persécutions qui se multipliaient de jour en jour , il crut devoir enfin se réfugier à Lille, où plusieurs de ses anciens camarades l'avaient devancé. La France ayant déclaré la guerre à la cour de Vienne, le 20 avril 1792, Dumonceau, nommé commandant du premier bataillon belge, servit sous le général Dumouriez contre les Prussiens , revint au camp de Maulde , après la bataille de Valmy , et se distingua dans de fréquentes es- carmouches. Sa belle conduite, à la mémorable journée de Jemmappe où la foudroyante redoute de Quareguon fut enlevée par les baïonnettes belges que dirigeait ce chef intrépide , et ses exploits dans tous les combats qui se suc- cédérent, pour ainsi dire, sans interruption jusque sur les bords de la Roër, lui valurent le brevet de colonel; celui de général de brigade (le 28 janvier 1794) devint le prix des importans services qu'il avait rendus après la dé- faite de Nerwinde et pendant loute la campagne de 1793. ( 475 ) Ce fut lui qui s'empara de Menin , au mois d'octobre de cette année ; précédemment il avail battu la division hol- landaise près de Tournay, et taillé en pièces, après l'avoir altiré dans une embuscade , un corps d'émigrés français, connu sous le nom de Æulans britanniques. Les nombreux prisonniers qu'il fit, et parmi lesquels se trouvait le fils du marquis de Bouillé, lui durent la conservation de leurs jours : ils étaient condamnés à mort par les lois révolu- tionnaires, et, pour les soustraire à l’échafaud , Dumon- -ceau qui, proscrit dans sa patrie, connaissait l’amerlume de l'exil et les droits sacrés du malheur, n’hésita point à favoriser leur évasion. Dénoncé, pour ce fait honorable, au sanguinaire représentant du peuple, Joseph Lebon, il n'évita de livrer sa tête au proconsul que par la généreuse fermelé du général Souham, chef d'état-major, qui lui défendit de quitter l’armée pour se rendre à Arras, et le chargea d’une expédilion militaire. Consulté sur la cam- pagne projelée pour la conquête de la Belgique , en 1794, il en traça le plan, de concert avec l’adjudant-général Regnier. Il partagea la gloire des principales actions qui suivirent la bataille de Fleurus, et contribua beaucoup à la prise de Breda, de Bois-le-Duc, de Nimègue ; puis, di- rigeant ses légions victorieuses sur la surface glacée des marais bataves, il se rendit maître, par surprise, de plu- sieurs forts, pénétra dans Rolterdam avec l'avant-garde française , et fit son entrée dans la ville de La Haye dont le commandement supérieur lui fut confié par le général Pichegru. Il y trouva plus d’une occasion de montrer la noblesse et la générosité de son caractère. Si l'esprit de réaction se fit peu senlir en Hollande, on le dut surtout à son heureuse influence; il protégea la retraite des émigrés qui n'avaient pu chercher encore un refuge en Angleterre, ( 476 ) et plus d’une fois l'hôtel qu’il occupait servit d'asile à l'in- fortune. Le nouveau gouvernement hollandais, songeant à former une armée sous les auspices de la France, demanda quelques généraux français pour la commander , et Du- monceau devint, le 11 juin 1795, lieutenant-général au service de la république Batave. Son premier soin fut d’or- ganiser des moyens de défense contre une invasion de l’en- nemi, tant du côté de la mer que du côté de la Prusse et du Hanovre. Il sut , grâce à une conduite ferme et tout à la fois modérée , réprimer, en janvier 1797, un mouvement insurreclionnel qui s'était manifesté dans la Frise. Cette province et celle de Groningue, ainsi que le pays de Drenthe, l'en récompensèrent d’une manière digne de lui, par d’éclatans témoignages d'estime, de reconnaissance et d'affection. Au mois de mai suivant, il s'embarqua dans la rade du Texel , avec sa division, pour joindre la flolte fran- çaise destinée à l'expédition d'Irlande ;mais cette entreprise n'eut point de suite. Une descente des Anglais el des Russes, sous le duc d’Yorck, au mois d'août, lui permit de nouveau de déployer ses talens et sa bravoure. Chargé de commander le centre de l’armée gallo-batave, il débuta par différentes affaires d’avant-posle, et défit complétement l'ennemi près de Bergen , le 19 novembre; il lui tua beaucoup de monde et fit prisonnier le général russe Hermann , avec plus de trois mille hommes. Dumon- ceau avait élé grièvement blessé vers Ja fin de l'action, et le général en chef Brune, pour prouver qu’il reconnnaïissait lui devoir les résultats de cette journée, vint le féliciter en personne le soir même et déposer, au pied de son lit, les dra- peaux, trophées de la victoire. Dumonceau, sans attendre la guérison de sa blessure, reprit le commandement de son =Corps et ne cessa de harceler l’armée anglaise qui, malgré ( 477 ) les renforts qu’elle venait de recevoir, fut bientôt contrainte, après la capitulation d’Alkmaar, de regagner ses vaisseaux. Il conduisit en Franconie, au mois de juillet 1800, le con- tingent de troupes que la république batave élait tenue de fournir à la France; il fut chargé du blocus de la cila- delle de Wurtzbourg , et parvint, avec des forces infé- rieures , à repousser, par d’habiles manœuvres, les sorties presque continuelles d’une garnison agnerrie; la conven- tion conclue, à la suite de la bataille de Hohenlinden , fit tomber cette forteresse entre ses mains. La paix de Lunéville lui permit de se retirer dans les ter- res qu'il avait achetées aux environs de Groningue et d’y commencer des défrichemens; toutefois son repos ne fut pas de longue durée. La rupture de la paix d'Amiens le rap- pela bientôt à la tête de l’armée batave, réunie au camp d'Utrecht avec deux divisions françaises pendant les années 1803 et 1804. Nommé général en chef et inspecteur-géné- ral, le 28 juin 1805, il ne tarda pas à s'embarquerau Helder, attendant le signal qui devait partir de Boulogne; mais comme le théâtre de la guerre s'était porté tout à coup sur le Danube, l'empereur Napoléon le chargea de garder le point très-important d'Augsbourg, pendant son attaque sur Ulm. Le général Dumonceau débouchant ensuile par Dona- werth sur les derrières des Autrichiens, contribua puissam- ment à la défaite de leur infanterie, près de Nordlingen, ct ne laissa d'autre moyen de salut à la cavalerie de l’archiduc Ferdinand , échappé d'Ulm , que celui de gagner en toute hâte les provinces prussiennes d’Anspach et de Baireuth; puis, avec une rapidité sans égale, il s’assura de Passau , se- conda le maréchal Mortier au brillant combat de Dirnstein, Je 14 novembre , marcha sur les traces des Russes dans les plaines de la Moravie , revint garantir le pont de Crems, ( 478 ) alla faire sa jonction avec le corps du général Marmont sur la route de Styrie, et couvrit la ville de Vienne, tandis que se donnait la bataille d’Austerlitz. Napoléon, de retour à Schoenbrunn, lui fit l’accueil que méritait l'importance de ses services. Rentré dans ses foyers, Dumonceau vit la république batave se transformer en monarchie. Le nouveau roi (Louis Bonaparte) le combla de faveurs : ministre plénipotentiaire à Paris, il en échangea presqu’aussilôt les fonctions contre celles de commandant en chef des troupes hollandaises qui devaient seconder les opérations de l’armée française dans la campagne de Prusse. Après avoir forcé la place de Hameln à capituler , il fut chargé de la défense des côtes de Brême et de Hambourg. Dumonceau reçut successive ment le titre de conseiller-d’état , la grand’ croix de l’ordre de l'union, celle de la Fidélité de Bade , que le grand-duc avait mise à la disposition du roi, et le bâton de maréchal de Hollande, Napoléon lui avait envoyé le brevet de grand- officier de la légion d'honneur, le 21 décembre 1806. Légionnaire dés la création de l’ordre , le 17 juillet 1804, il avait, depuis, obtenu l'étoile d’officier et celle de com- mandeur. En 1809, il repoussa glorieusement les Anglais débarqués dans l’île de Walcheren. Cependant le roi Louis, qui ne s'était jamais rendu bon compte de sa posilion en Hollande, et qui s'était fait, sur son indépendance, d’inconcevables illusions, avait, en s'écartant du système de blocus continental, fourni des prélexles et même des molifs pour décider la réunion de son royaume au grand empire. Afin d'y préluder sans doute, l’empereur saisit toutes les occasions d'humilier son frère; il avait vu surtout avec déplaisir la création de maréchaux qu’il considérait comme la caricature des ma- ( 479 ) réchaux de France; ce sont ses propres expressions dans une lettre du 21 décembre 1809;les maréchaux furent donc supprimés, et, pour dédommager Dumonceau de la perte de ce grade, le titre de comte de Bergendael , qui devail perpétuer le souvenir d’un de ses plus beaux faits d'armes, lui fut conféré. Enfin le moment de la catastrophe arriva. Les provinces hollandaises devinrent des départemens français ; Dumon- ceau alla prendre le commandement de la seconde di- vision mililaire : quatre cardinaux ilaliens , exilés à Charleville, furent les objets de sa bienveillance particu- lière et de ses attentions soutenues ; les prisonniers espa- gnols n’eurent pas moins à se louer de ses généreux secours. Il quitta Mézières pour se rendre en Allemagne et reparut à l'avant-garde de l’armée française, son ancien poste d'honneur , au mois de mars 1813, vers les rives de l'Elbe. Inspirant aux jeunes soldats, rassemblés sous ses ordres, une confiance sans bornes, toujours à la tête de leurs colonnes, ce noble véléran de la gloire leur apprenait le pénible métier des armes, comme il l'avait appris lui- même au début de sa carrière. Il manœuvra d’abord de manière à rendre impossibles les communications que le général russe Czernitscheff voulait établir avec Hambourg; puis, se dirigeant vers Dresde, il délogea des hauteurs de Pyrna , le 26 août, 15,000 russes sous les ordres du prince royal de Wurtemberg, et les battit, le lendemain, dans les gorges de Peterswalde. Il se couvrit de gloire, le 30, à la bataille de Culm; sa division , abandonnée dans la plaine, se relira seuic en bon ordre, opposant partout des carrés formidables aux charges tumullueuses des ennemis et ne se laissant jamais entamer ; elle parvint à gagner les bois de Peterswalde qui lui présentérent un abri contre ( 480 ) toute nouvelle attaque ; mais, dans ce moment, Dumon- ceau , frappé d'une balle et de toutes parts assailli de coups de lance, est entrainé par des prussiens. Heureusement ceux-ci se laissérent conduire par leur prisonnier, qui réussit ,au moyen des détours de la forêt, à les ramener au milieu de ses soldats; il n’abusa pas du succès de son stratagéme, el ne priva point le major prussien de sa liberté , voulant reconnaître ainsi les bons procédés dont il avail été l'objet. L'empereur lui donna, le 7 septembre, en passant la revue des troupes, les témoignages les plus flalteurs de sa salisfaclion. Laissé dans Dresde avec le maréchal Gouvion-Si.-Cyr, Dumonceau subit, après la désastreuse retraile de Leipsig, le sort de la garnison, qui resla prisonnière malgré les termes formels de la capitulation. Il ne revil la France que le 1% juin 1814; il songea pour lors à rentrer dans sa patrie, mais déjà l'esprit de l'ancienne oligarchie hollan- daise cherchail tous les moyens de tenir éloignés des affaires, les belges que leur réputation semblait desliner à jouer les premiers rôles dans la Belgique réunie à la Hol- lande, et les réponses évasives, qui furent failes à ses avances indirectes, le décidèrent en faveur de la France. Nommé chevalier de Saint-Louis, il reprit son ancien commandement de la division de Mézières qu'il conserva pendant les cent jours impériaux. Après le second retour des Bourbons, il quilta le service français (le 30 septem- bre 1815) et vint rejoindre, à Bruxelles, sa famille qui l'y avait précédé. Il obtint la pension de lieutenant-général, le 1e juin 1817, et trois de ses fils furent placés dans l’armée des Pays-Bas. Il vivait à la campagne près de Bruxelles, heureux de ses honorables souvenirs, lorsque les états pro- vinciaux du Brabant méridional l’élurent député, le 22 ( 481) février 1820, à la seconde Chambre des États-Généraux, où l'indépendance de son caractère ne se démentit point. Réélu l'année suivante, il ne jouit pas long-temps de cette nouvelle marque de l'estime et de la confiance de ses con- -ciloyens; une maladie grave le contraignit à partir de La Haye pour retourner à Bruxelles. Enlouré de ses enfans inconsolables et dans les bras d'une femme dont l'esprit et les vertus avaient fait le charme de ses jours (Agnès Wil- helmine Cremers, qu’il avait épousée en secondes noces, à Groningue, le 21 mai 1796), Dumonceau rendit le dernier soupir , le 29 décembre ; il élait âgé de 61 ans. Sa première femme, qui l'avait rendu père d'un fils et d’une fille, était morte à Bruxelles, en 1795. Son désinléressement égalait ses autres qualilés aussi le désignait-on chez les peuples conquis par le beau surnom de général sans re- proche ; ses soldals et ses camarades l'appelaient le brave Dumonceau. {| se faisait pardonner ses vertus par une indulgence vraie , par une indulgence sans faste , et la su- périorilé de ses talens par une modestie qui ne se démen- tail jamais. Personne ne flaltait moins le pouvoir et ne tenait avec plus de force à ses principes : rien ne le fera mieux connailre, sous ce rapport, que Île passage suivant d’une de ses lettres au général Savary, duc de Rovigo : « » » » » » » Si je sais faire respecler mon autorilé, jamais je ne sus en abuser pour l’appesantir sur des pays et des habitans assez malheureux déjà par les inévitables suites de la guerre ; du reste on ne peut me soupçonner de vouloir contrarier les intentions de l’empereur ; mes sentimens pour lui sont connus depuis longues années. Que vous ayez envoyé un courrier extraordinaire à Sa Majesté, comme vous voulez me le faire craindre, pour la pré- venir injustement contre moi, peu m'importe... Cette ( 482 ) »’ démarche précipitée n'aura point d'influence sur ma » conduite et n'altérera en aucune manière ma tranquil- » lité. » É Par un inconcevable oubli, que sans doute le gouverne- ment français s’empressera de réparer, le nom du héros belge se trouve omis sur l'arc triomphal de l'étoile... J'en- tendais , il n’y a pas quatre mois, des vétérans de la grande armée, en faire la remarque, et, dans celle énergique éloquence militaire dont j'essaierais vainement de repro- duire les naïves expressions, ils rappelaient les souvenirs d’une gloire qui doit être chère à la Belgique comme à la- France. Rapport sur les relations de l’académie royale de Bru- æelles avec les savans étrangers, par À. Quetelet. Parmi les phénomènes sociaux, l’un des plus remarqua- bles sans doute , est la rapidité avec laquelle la pensée est parvenue à se transmetlre à vingt peuples à la fois; et, quand elle se présente sous une forme utile, à laisser par- tout des traces durables de son passage. On cite comme un bienfait de la civilisation l’allonge- ment de la vie physique de l'homme; mais on n’a guëre songé à apprécier son influence sur l'allongement de la vie intellectuelle, c’est à-dire sur la possibilité de faire en peu de temps ce qui exigeail autrefois de longues années. Ce pro- blème intéressant, comme tant d’autres qui tiennent aux sciences morales et politiques , altend encore un analyste habile qui dévoile une série de faits curieux dont nous ne soupçonnons pas même l'existence. . Sans moyens de communiquer la pensée, point de science, point' de civilisation. Ces temps que nous nommons barba- ( 483 ) res, n'avaient cerlainement rien à envier à nos temps mo- dernes ni pour la profondeur du savoir , ni pour l'élévation et l’étendue du génie; que leur manquait-il donc pour réa- . Biser les merveilles que nous voyons se succéder avec tant de rapidité de nos jours? c’élait cette facilité de communi- quer avec les autres hommes, de mettre à profil leurs dé- couvertes, de ne pas refaire laborieusement ce qui déjà était bien fait, et de s’électriser pour ainsi dire mutuellement en mettant leurs pensées en présence. L'édifice des sciences ne “peut s'élever ni prendre un développement avantageux que quand il y a de l'unité et de l'harmonie entre ceux qui tra- vaillent à l'agrandir. Autrefois un fait nouveau restait dans le cercle étroit de quelques personnes, et passait inaperçu; ou, sil parvenait à se faire jour, il lui fallait souvent des siècles pour porter ses fruits; aujourd'hui, il est presqu’aus- sitôt connu par tous les peuples civilisés, examiné, étudié dans tous ses détails , sous toutes ses faces, et l’on en dé- duit tout ce qu’il peut donner à la science. Nous en avons eu naguëères un exemple éclatant : le physicien danois OErs- ted eût l'idée de mettre une aiguille magnétique en présence d’un fil conducteur qui unissait les pôles d’une pile voltaï- que, et il s’aperçut qu’elle éprouvait des déviations. Ce fait, peu important en apparence, fut un germe heureux qui, fecondé par le génie des plus habiles physiciens de notre époque, produisit, en peu d'années, une science si mûre qu’il en est peut-être peu qui se trouvent maintenant dans un élat de perfectionnement plus avancé. Nos prédécesseurs avaient senti la puissance qu’acquiert la pensée quand elle a la faculté de se répandre sans ob- stacles ; aussi avaient-ils cherché à lui donner le champ le plus vaste pour se manifester, et il est peu de causes qui Tom, 1. 34 ( 484 ) aient plus contribué à nous placer, sous le rapport lit- téraire et scientifique, dans la position avantagense où nous sommes, que la fondation de la plupart des grandes Académies de l'Europe pendant le cours du dix-septième siécle. Ces vastes fanaux, allumés dans des circonstances où les lumières étaient tellement éparpillées qu’elles ne paraissent briller qu’en faveur de quelques individus pri- vilégiés, qui étaient dans leur voisinage, devinrent des points de ralliement précieux, placés sur la route de la civilisation. Ils établirent des rapports plus nombreux en- tre les différens peuples ; les questions qui y étaient trailées appartenaient à l'humanité entière. C'est alors que l’on vit commencer ces grands travaux scientifiques devant les- quels seraient venus échouer les efforts d’un seul individu ; des entreprises périlleuses furent tentées; et la science eut aussi ses martyrs. L'impulsion était donnée : les peuples avaient appris à se connaître , à s’entenüre , à s’estimer. Tous leurs eflorts ten- dirent depuis à rendre ces communications plus nom- breuses et plus rapides. Il semblait que ce füt le seul problème qui dût occuper leur attention ; ce problème fut résolu, corame le seront tous ceux qui appartiennent es- sentiellement au bonheur des hommes, et il fut résolu avec un succès tel qu'on put se demander si les corps scientifiques qui avaient tant contribué à en amener la so- luticn, avaient encore un but d'utilité. Chaque individu se crut désormais affranchi d'une espèce de tutelle incom- mode qui froissait son amour-propre; et, au même instant où il proclamait les avantages de l'association pour tout ce qui Lenail à ses intérêts matériels , il les niait pour ce qui concerne l'intelligence. Cependant les sociétés scienli- fiques, souvent méconnues, dédaignées même, n'en ont ( 485 ) pas moins continué leur honorable mission; leurs rapports sont devenus plus fréquens ; ils se sont multipliés en rai- son de l'activité plus grande qui anime le corps social. Le lien indissoluble qui existe entre elles est sacré comme l’a- mour de la vérité et comme le désir d’être utile aux hommes, qui lui a donné naissance. Notre académie, nous sommes fiers de pouvoir le dire, appartient à celte noble alliance. Jeune encore , étouflée presqu’à sa création , elle a eu des commencemens difficiles; des appuis lui ont sou- vent manqué au dedans, mais elle n’a jamais désespéré de Ja sainteté de sa cause, et ses sœurs à l'étranger ont con- stamment encouragé ses efforts el lui ont donné des témoi- gnages nombreux d'une vive sympathie. C'est un devoir, je crois, et je suis heureux de pouvoir m'en acquiller pour l'académie, de déclarer publiquement combien nos rapports avec les savans étrangers ont répandu d'intérêt et de charme sur ses travaux. L'académie, lors de sa restauration en 1816, se compo- sait , en grande partie, de membres résidant dans les pro- vinces scplentrionales du royaume , qui préféraient porter leurs travaux à l'Institut dont le siége était plus voisin d'eux. Elle se composait aussi des débris de l’ancienne aca- démie impériale de Bruxelles, savans honorables qui avaient payé leur tribut aux sciences et aux lettres et dont le grand âge avait besoin de repos; enfin elle comptait en- core plusieurs professeurs qui appartenaient à nos jeunes universilés et dont les nouvelles fonctions réclamaient les premiers soins. Il était donc naturel que l'académie n’eût pas , dès sa naissance, toute cetle aclivilé qui commençail à se répan- dre dans la nation ; et c'était moins à elle qu'il fallait en D fareun reproche, qu'au Gouvernement qui en avait réuni ( 486) les élémens. Cependant elle produisait, mais avec lenteur; elle rétablissait peu à peu ses relations avec les sociétés étrangères, choisissait ses membres parmi les savans qui étaient plus à portée de prendre part à ses séances ; elle résolut aussi de s'associer des correspondans à l'étranger ; et ses travaux prirent insensiblement une extension telle qu'il est permis de croire que, pour l’activité du moins, notre compagnie ne le cède point aux autres corps savans de l'Europe. L’académie de Bruxelles fut une des premières à admet- tre le mode de publication des Bulletins destinés à faire connaître rapidement les résultats de chaque séance; mode avantageux, qui se trouve actuellement adopté par presque toutes les sociétés scientifiques les plus célèbres. Indépendamment du volume de ses Bulletins, la compa- gnie présentera, encore , à la fin de chaque année, un volume des mémoires de ses membres et de ses correspon- dans, où se trouveront les onvrages traités d’une manière plus approfondie et plus développée, et qui, par leur éten- due, ne sauraient trouver place dans les Bulletins. Le vo- lume qui est sur le point de paraître, formera le dixième de nos nouveaux Mémoires. Le onzième volume des Mémoires couronnés paraîtra presqu’en même temps, et complètera, avec l'Annuaire de l'Académie, pour 1837, la série de nos publications annuelles. Nous avons eu souvent à exprimer le regret de ne pou- voir comprendre dans nos recueils , des travaux remarqua- bles communiqués par des savans nationaux ou étrangers qui ne faisaient point partie de l’académie, et de devoir nous borner à en présenter de simples analyses dans n05 à ( 487 ) Bulletins (1). Bruxelles , si avantageusement placée entre la plupart des grandes nations civilisées de l'Europe, de- viendrait un centre qui pourrait acquérir une grande im- portance pour le développement des sciences et des lettres. Déjà , nous avons pu apprécier par les seules communica- tions de nos correspondans étrangers, dont le nombre est peut être trop restreint, combien nous serions en droit d'attendre sous ce rapport. J'ai parlé tout à l'heure de l’électro-magnétisme et du développement rapide qu'avait pris cette branche nouvelle de la physique; aucun savant ne contribua plus efficace- ment à conduire, dés le principe, cette partie de la science vers son perfectionnement que le célèbre Ampère, génie heureux qui unissait à la profondeur et à la variété des connaissances de Leibnitz, la simplicité de mœurs et les habitudes du bon Lafontaine. Ce grand physicien inséra dans nos mémoires l'aperçu général de ses travaux impor- tans sur l’électro-magnétisme, et ce beau mémoire, dont nous sommes dépositaires, est l’un des plus précieux mo- numens qu'il a érigés à la science. Ampère aimait à cor- respondre avec l'académie; nous en avons des preuves multipliées dans nos archives et dans les communications qu’il nous à faites ; notre Musée renferme le premier mo- dèle de l'appareil qu'il avait imaginé pour mettre en évi- dence ses découvertes électro-dynamiques; et l’un de nous, qui a eu le bonheur inappréciable de jouir de son amitié, possède encore quelques manuscrits inédits qui lui furent remis par ce savant, peu de temps avant sa mort , et qui ne tarderont pas à être publiés. (1) Je dois particulièrement signaler deux beaux Mémoires de géo- nrétrie de M. Michel Reiss, de Francfort ( 488 ) M. Hachette, l'ami et le collaborateur de Monge, fut également un des correspondans actifs de notre académie; lui aussi, il enrichit nos recucils d'un mémoire de sa com- posilion et de communications nombreuses. Il fut un ar- dent promoteur des méthodes géométriques vers lesquelles s'élait dirigée l'attention de plusieurs de nos membres et qui, sans avoir la généralité ni la puissance de l'analyse, présentent quelquefois des avantages incontestables dans les questions épineuses, dont elles donnent des solutions aussi lucides qu'élégantes. M. Chasles en a offert des exem- ples nombreux dans sa correspondance et dans trois mé- -moires insérés dans nos recueils : l’un sur les lignes et les surfaces du 2° degré ; le second sur les propriétés des co- niques sphériques , et le troisième sur les propriétés gé- nérales des cônes du second degré. M. Plana, le compatriote, le parent de l'illustre La- grange , el dont les nombreux et importans travaux prou- vent que ce ne sont pas les liens naturels seuls qui le rapprochent de ce grand géomètre, a aussi voulu enrichir nos recueils de ses recherches, et nous a fait parvenir récemment un travail remarquable sur une classe d'inté- grales définies, qui paraîtra dans le 10° volume de nos Mémoires, actuellement sous presse. Vouloir énumérer toutes les communications scienlifi- ques qui ont été faites par des savans étrangers, ce serait m'exposer à des longueurs que ne comportent pas les limi- tes de ce rapport. Je ne puis cependant me dispenser de rappeler ici ce que l'académie doit de reconnaissance à ceux de ses correspondans qui l’ont le plus activement secondée dans ses travaux. En France MM. Bouvard, Gam- bart, Bory-de-St-Vincent, Villermé, Moreau de Jonnès; en Angleterre, MM. Herschel, Babbage, Barlow, Granville, ( 489 ) le capitaine Sabine; en Italie, en Allemagne et ailleurs, MM. Decandolle, Brewster, Matteucci, Frullani , Schüma- cher, Crelle, etc. La classe des lettres a eu également à se féliciter de la coopération de plusieurs de ses correspon- dans, MM. le marquis de Fortia d'Urban, le baron De la Doucette, Raynouard , Le Glay, Jullien , le baron Silvestre de Sacy, etc. Pourquoi faut-il qu'a ces témoignages de reconnaissance viennent se mêler des regrets sur la mort de plusieurs de nos confrères? L'académie a successivement perdu , parmi ses correspondans étrangers, MM. Ampère , Gambarti, Ha- chette, Früllani, Raynouard. On a déjà pu juger combien ces perles ont dû nous être sensibles: MM. Ampère et Ha- chette étaient nos deux correspondans les plus actifs; le cé- lèbre auteur des Templiers avail aussi montré sa sympathie pour nos paisibles travaux , ainsi que MM. Frullani et Gam- bart dont la jeunesse promellait encore une série de recher- ches utiles. M. Gambart, dont le nom rappelle la découverte de treize comèles et qui mérilail incontestablement autant que Biéla de le voir attacher à celle dont la période est de 6 ans 374, avait témoigné, vers la fin de sa vie, le désir de venir se fixer en Belgique. Espérant voir s'améliorer sous un autre ciel, une santé chancelante que le beau climat de la Pro- vence n'avait pu rélablir; et mû peut-être par une espèce de fraternilé que nous avait inspirée notre ami commun et notre maitre, le bon M. Bouvard , il m'avait écrit qu'il au- rail été charmé d’être attaché à notre jeune observatoire, etil faisait à ce sujet les propositions les plus modestes, Mais ce désir ne devait pas se réaliser; il mourut presqu'immé- diatement après, « dans cette même chambre, comme le dit M. Arago, où dix-huit ans auparavant il était entré avectant de bonheur et d'espoir! » ( 490 ) Tandis que la mort lui portait des coups si cruels à l'extérieur , l'académie ne faisait pas de pertes moins sensibles parmi ses membres et ses correspondans régni- coles. Mais je n’arrêterai pas plus long-temps l'attention sur un sujet aussi pénible , il me tarde d’ailleurs de compléter l'esquisse du tableau de nos relations extérieures. L'académie a conservé et multiplié les rapports qui existaient déjà entre elle et l’Institut de France, les Socié- tés royales de Londres et de Copenhague, les Académies de Berlin, de Stockholm, de S'.-Pétersbourg, de Turin, de Naples, de Lisbonne et de Munich; elle a été particulière- ment secondée par les secrétaires de ces corps illustres, dont elle se félicite de compter plusieurs au nombre de ses correspondans , MM. Arago, Encke, Berzélius, Wilken, le baron Silvestre de Sacy, De Macedo. À ces précieuses relations, l’Académie en a ajouté de nouvelles avec le Muséum d'histoire naturelle de Paris, les Sociétés géolo- giques de France et de Cornouaïlles, la Société royale d’E- dimbourg, la Société royale astronomique de Londres, celle de littérature de la même ville, la Société des anti- quaires de France, la Société philosophique de Cam- bridge, l’Académie royale de Dublin, la Société de physique et des sciences naturelles de Genève, l’Institut impérial et royal du royaume Lombardo-Vénitien, les Sociétés philosophiques américaines de Philadelphie et de Bos- ton, etc. (1). (1) L'état actuel des choses ne nous a pas encore permis de rétablir nos communications avec les Sociétés savantes des provinces septentrionales de l’ancien royaume des Pays-Bas. ( 491 ) Ces relations diverses et les échanges réciproques des pu- blications faites par toutes ces sociétés, mettent l'académie à même de se tenir au courant de l’état des sciences et des lettres chez les différens peuples, et de selivrer ainsi avec plus de succès à ses propres travaux. Je n’ai point encore parlé de nos concours académiques, qui ont tant contribué à multiplier nos points de contact avec l'étranger. Plus d’une fois nous avons eu à nous félici- ter de voir de dignes champions se présenter dans la lice que nous avions ouverte. Ce fut en 1820 que l’académie “eut à décerner pour la première fois l’un de ses prix à un savant étranger. Il fut remporté par M. Vène, officier du génie au service de France. IL s'agissait de la solution d'un problème de mécanique analytique; le même savant remporta, deux ans aprés, un autre prix sur une question d'analyse algébrique, et l'académie, pour lui témoigner sa satisfaction, l'inscrivit au nombre de ses correspon- dans. L'année suivante, M. Moreau de Jonnés fut couronné pour une réponse à l’une des questions les plus intéres- santes que l'académie ait proposées, et un second prix fut décerné à M. Bosson, de Mantes-sur-Seine. Le gou- vernement annonçait alors le projet de laisser abattre plusieurs de nos forêts , et l'académie s’empressa de mettre au concours la question de savoir quels changemens peut produire le déboisement dans la constitution physique d’un pays. En parlant du Mémoire de M. Moreau de Jonnés dans un de ses rapports sur les travaux de l’Institut de France, M. le baron Fourier, que nous avions l'avantage de compter au nombre de nos membres, félicita notre compagnie du discernement qu’elle mettait dans le choix de ses questions. Les recherches relatives au déboisement ( 492 ) : sont en effet d’une si haute importance, qu’elles ont fait dans ces derniers temps, en France, l’objet de sérieuses enquêtes. Ce furent encore des considérations d'utilité publique qui firent proposer au concours de l'académie la descrip- tion géognoslique de nos diverses provinces. La queslion relative au Luxembourg fut traitée par M. Steininger , sa- vant allemand, dont le Mémoire couronné présenta les documens les plus intéressans pour l'exploitation du Grand-Duché , qui fixait alors l'attention générale. Le mémoire couronné sur la constitution géognostique de la province du Brabant est dû à M. Galéotti, dont la Bel- gique est devenue la patrie adoptive. Une voix éloquente nous a profondément émus l’année dernière, dans une so- lennité sembable , en nous parlant des explorations scienli- fiques que ce jeune et intrépide naturalisle projetait de faire dans l'Amérique du Nord. Nos espérances n’ont point été déçues ; nous venons en effet de recevoir deux Mémoi- res qui nous ont élé adressés par lui du milieu des monta- gnes qui se trouvent de ce côté-ci de l’ancienne capitale de Montézuma. Le concours de 1830, qui présenta des résultats si bril- lans, nous valut encore un travail d’une grande impor- tance, composé par M. Chasles, que l'académie comptait déja parmi ses correspondans. Ce travail, dans lequel l’au- teur a si bien répondu à notre attente, avait pour objet l'examen des diverses méthodes géométriques, surtout de celles qui ont été présentées dans ces derniers temps. Non- seulement M. Chasles a discuté avec le plus grand discerne- ment l'esprit de ces différentes méthodes, mais il a donné encore l’histoire la plus complète qui existe sur la géomé- trie ancienne et moderne. Ce grand travail, fruit d’immen- ( 493 ) ses recherches, formera à lui seul l’un des volumes de l'académie. Un de mes savans confrères, plus compétent que moi pour vous parler des recherches les plus délicates de la phy- siologie végétale, vous entreliendra tout à l'heure des beaux travaux récemment faits à la demande de l'académie, sur les matiéres colorantes de la garance, par un de nos com- patriotes actuellement attaché au jardin du Roi à Paris, et dont le nom n’est pas moins cher aux sciences qu'aux beaux- arts. M. Decaisne, quoiqu'éloigné de sa patrie, a voulu lui donner une nouvelle preuve de sa sympathatie, en répon- dant à notre appel et en nous présentant le fruit de ses re- cherches dans une branche qui intéresse au plus haut point notre industrie. L'académie a voulu lui témoigner à son tour combien elle portait d'intérêt à ses travaux, en l'admetlant, dans sa dernière séance, au nombre de ses correspondans. Quel que soit le pays qu'habitent ses enfans , la patrie reconnaissante applaudira toujours avec enthousiasme à leurs succés ; et l'académie , en les voyant se ranger autour d'elle , quand il s’agit de marcher dans la voie du progrès, sera fière de pouvoir porter la bannière qui doit leur servir de point de ralliement. M. Dumortier donne ensuite communication du juge- ment prononcé par la commission dont il était rapporteur, sur le Mémoire présenté par M. Decaisne, aide-naturaliste au jardin du roi à Paris, sur la question suivante , présen- tée au concours de l'académie pour 1836 : Déterminer quand et comment se forment les matières colorantes de la garance , depuis sa germination jusqu'à #a pleine végétation, examiner la structure anatomique (494 ) et les fonctions physiologiques des parties tinctoriales de cette plante , et appliquer les résultats de ces travaux a sa culture et à sa dessiccation. (Voyez ce rapport dans le bulletin du mois de mai dernier.) M. Dumortier termine en ces mots : « Si quelque chose peut ajouter encore au mérite de ce beau travail, c’est qu’il est l’œuvre d’un de nos compatrio- tes qui honore le nom belge dans la capitale de la France. Le nom de Decaisne est déjà célèbre parmi nous; le frére de l’auteur du Mémoire dont nous venons de vous entrete- nir, a figuré si honorablement dans nos expositions de peinture, qu'il est aujourd'hui considéré comme une de nos gloires nationales. Il est beau pour la ville de Bruxelles de voir deux de ses enfans illustrer ainsi la Belgique à l'étranger ; et nous Belges, nous éprouvons un noble or- gueil en pensant que la couronne qui va être décernée à l’auteur du Mémoire, sera un double titre de gloire pour la patrie. » L'auteur dont le travail a été couronné, ne se trouvant pas présent à la séance, M. Dumortier est invité à lui faire parvenir la médaille d’or qui lui a été décernée. M. Cornelissen donne ensuite lecture du rapport suivant sur un second mémoire envoyé en réponse à l’une des ques- tions de la classe des lettres. Messœurs, « Parmi les recherches auxquelles l’homme studieux de nos jours aime à se livrer , il en est peu, ce me semble, qui aient plus d’attraits pour lui que celles qui l’aménent y à connaître à quelle origine primitive se rattachent les ( 495 ) découvertes et inventions successives de l'intelligence hu- : maine, les premiers pas qui en marquèrent l'existence, leurs progrès et les développemens graduels qu’elles ont reçus. Les découvertes les plus éloignées, contemporaines des premiers âges de la création, ne pouvaient être en géné- ral que le développement même de cette intelligence, et devaient être nombreuses; et cependant le plus ancien de nos livres sacrés, le Pentateuque , celui qui nous a conservé les tradilions de la période anté-diluvienne , ne nous à transmis qu'un seul nom qui se distingue par une grande découverte, Tubal-cain qui forgea le fer et fit des instrumens d’airain. Une autre découverte, mais qui ne précéda pas le grand cataclysme, appartient à Noé, le patriarche, qui subit le premier l’abrutissant effet du fruit de la vigne qu'il avait soumise à la culture, Je comprends bien, Messieurs, que déjà vous vous de- mandez si, à propos d'un simple mot que j'ai à vous dire sur les découvertes de l’époque, il serait bien nécessaire de fouiller dans les annales fossiles du globe ; aussi pas- serai-je sans transition à la Grèce mythologique, et je n’en aurai que mieux fait saisir dans quel sens je fini- rai par rattacher ces époques éloignées à la question qui occupe actuellement l'académie. Quel pays admirable que cette Hellade des temps hé- roïques! sa religion cachait la vérité sous le voile diaphane de l’allégorie et de la fable, et son histoire primitive n’était qu'un recueil ingénieux de traditions et de contes; aussi sans recourir au principe intellectuel de l’homme, la Grèce trouvait plus simple et sans doute plus religieux, d'attribuer les grandes découvertes aux dieux. Céres enseigne à Triptolème Vart d’ensemencer la terre; Bacchus , le premier, verse aux hommes ce breu- (46 ) vage délicieux , auquel ne se rattache pas, comme dans nos livres saints, la malédiction d’un fils, mais des jouis- sances parcilles à celles des dieux de l'Olympe, quand Hébé et Ganiméde leur versent le nectar dans des coupes d’or. Quel dieu, quelle déesse, ou dans un transport de joie, ou dans un jour de douleur , ne fit pas éclore une fleur nouvelle ? Ce furent sans doute encore d’autres divinités qui ap- prirent aux Grecs à cultiver les arts, les sciences, la philosophie et la poésie; et lorsque nous admirons ces péristyles, ces colonnades qui entouraient les temples et les édifices publics, et la justesse inégale, mais toujours sage , savante et classique de leurs proportions ; justesse à laquelle la science de Vitruve et de Michel-Ange n’a rien pu modifier après tant de siècles, n'est-il pas pieux de croire encore que la Pallas-Athéné d'Homère avait elle- même révélé les élémens de l'architecture aux Hellènes ? Malheureusement, et je l'ai dit, ce n'étaient là que des contes; conlinuons. Prométhée enlève au soleil un de ses rayons. Au moyen de leurs ailes artificielles, Dédale et son fils volent dans les airs. Salmonée apprend à imiter la foudre et le tonnerre du maître des dieux. Aux sons de la lyre d'Orphée les pierres se remuent. Éole renferme les vents dans une outre et dirige les vais- seaux d'Ulysse ; | Jason et ses Argonautes vont chercher au loin de nou- velles terres el conquérir des trésors. Podalyre et Machaon, fils de Jupiter, pansent les blessés de l’armée d'Agamemnon.….. Partout la main de l’homme s’efface; partout vous ren- ( 497 ) contrez les enfans des dieux ou des temps héroïques. Et chez nous, hommes positifs et matériels, Dédale eût été Mongolfier , et le comte Zambeccari le malheureux Icare ; Prométhée, Newton peut-être ou Buffon, dont l’un décomposa les rayons du grand astre, et l’autre les força de se concentrer dans un miroir; Salmonée sans doute Priestley et ce Benjamin Franklin dont un vers énergique fait ressortir l'audace : Eripuit cœlo fulmen sceptrumque tyrannis. Ce que la lyre d’Orphée avait de pouvoir eût été attri- bué par nous aux inspiralions de Mozart, de Beethoven et de Rossini. Nos Ulysses et nos Jasons sont Colomb et Vasco de Gama , qui, guidés par la boussole, vont au loin chercher de nouveaux mondes. Tout cela, j'en conviens avec vous, Messieurs, est bien terne, bien prosaïque; mais en points d'histoire , nous ne sommes plus d’ Athènes, comme le voulait le grand fa- buliste. Passons donc à une période plus rapprochée de nous, et, pour restreindre ce terme, fixons-en le commence- ment du XIIE au XIV siècle, qui fut aussi une époque de renaissance, où, par suite des premiers coups de ha- che portés à la féodalité par l'affranchissement graduel et l'institution des communes, les progrès de l'esprit humain permirent à l'homme de ressaisir sa dignité et de secouer la servitude. Eh bien! Messieurs, dans ces siècles, la matière qui nous intéresse lant, semblait ne pas beaucoup occuper les an- nalistes et les chroniqueurs. Les inventions se mullipliaient en raison même des progrès de la civilisation , et les po- ( 498 ) pulations en profitaient; mais bien loin de décerner encore des honneurs aux inventeurs, l'ignorance et la supersti- üon s’en emparaient souvent pour les persécuter , et sou- vent aussi (et vous en comprenez la raison) une grande et prudente obscurilé couvrait ces noms. Et c’est après cinq siècles que tous nos efforts tendent à remonter à la source et à la dégager des nuages qui la couvrent, qu'armés de cet esprit d’observalion et de cri- tique dont nous sommes si fiers, nous ne réussissons qu'à élever de nouveaux doutes. En voulez-vous un exemple, qui cependant n’ait rien de commun avec le moyen âge ? Sept cilés de la Grèce déjà désillusionnée en partie de ses gracieux contes, s’entre-disputaient l'honneur d’avoir donné naissance à Homère, et aujourd’hui quand Trois mille ans ont passé sur la cendre d’Homère, Que depuis trois mille ans Homère respecté Est jeune encore de gloire et d'immortalité (1), des rhéteurs , nos contemporains, bouflis d’argumens spé- cieux, viennent nous soutenir gravement que jamais poète du nom d’Aomère n’a écrit l'Zliade et l'Odyssée. Voilà à quelle espèce de pyrrhonisme le flambeau de la critique raisonnée nous conduit aujourd'hui! Arrétons-nous un moment à la poudre. Et d’abord, par quelle combinaison de l'intelligence où du hasard, l'homme a-t-il pu être induit à découvrir le pouvoir détonnant du salpêtre mêlé au souffre et au charbon? et à qui la triste gloire de cette invention? Vous me dites que c’est (1) Chenier, ( 499 ) à un moine; mais est-ce à l'anglais Æoger Bacon; ce moine si supérieur par son génie aux Connaissances comme aux erreurs de son siècle, ou à l'allemand Schwartz qui ne nous est guère connu ? Mais ne voilà-t-il déja pas la poésie qui vient leur con- tester l'invention ? Roland, dans l’Arioste, fier de son épée, ne veut pas de l’arquebuse : « l'arme du lâche» semble-t-il dire, et il la jette au fond de la mer. Ne viendrez-vous pas dire que Bacon et Schwartz y ont trouvé l'arme chargée, et en ont découvert le mystère ? Eh mais, les esprits infernaux dans le Pandemonium de Milton , connaissaient aussi l’usage du canon ; laissons donc aux seuls esprits infernaux l'honneur d’une invention in- fernale , et moquons-nous de la présomption de notre sié- cle où tant de gens voudraient faire croire qu’ils ont seuls inventé la poudre. Passons à l'invention de la peinture à l'huile, et d’abord Jean Van Eyck était-il bien réellement le grand peintre, et ne fut-ce pas plutôt son frère Aubert? Feu M. Zié- vin De Past a fortifié de l'autorité de ses recherches et de celle de sa signature cette dernière opinion. Lequel des deux inventa la peinture à l'huile? ni l'un ni l’autre sans doute, si les registres de la compta- bilité des villes de Gand et de Bruges tendent à prouver que bien avant l’épaque de Philippe-le-Bon, on savait peindre à l'huile. À l'imprimerie le dé. Et qui parmi nous, quand il atteint sa cinquantaine, n’a cru que les noms de Laurent De Coster et celui de la ville d'Harlem s’attachaient à cette grande invention? Et voilà Guttenberg et Faust d'un côté, Mayence et Strasbourg de l’autre, qui viennent s'opposer à des pré- To. nr. 35 ( 500 ) tentions qui paraissaient prescrites. Une statue a été élevée à Laurent ; mais déjà Guttenberg avait la sienne ; et comme si l’injure du doute seul ne suffisait pas pour faire couler les larmes des nymphes de l’Amstel, ne voilà-1-il pas que feu M. Van Hulthem aussi, dix vénérables bouquins à la main, vient prouver que jamais âme vivante ne s’appela ni même ne fut Laurent De Coster, et une opinion qui aurait eu autrefois ses martyrs en Hollande, y trouve, oserai-je le dire? des incrédules! Et la boussole que les dieux de la Grèce n’ont eu l’es- prit ni l'adresse de découvrir, sera-t-on bientôt d'accord pour nommer l’heureux navigateur qui le premier en connut l'usage ? | La machine papinienne, pour ne pas pousser nos re- cherches plus haut, nous a fait connaître depuis long- temps l'intensité de la force de la vapeur comprimée, et. souvent l'explosion d’une bouilloire ou d'un chaudron, nous avait appris l'imminence du danger de les fermer hermétiquement ; mais à l'Anglais Watt, dit-on, car on finit par ne plus savoir à qui en croire, à #att appar- tient la gloire d’avoir découvert, le premier, le moyen de faire de cette force même une application si libérale et si multiple. Mais déjà combien de perfectionnemens et de simpli- fications dans l’action mécanique de l’admirable engin ! que d'économie sur les combustibles, dans la main-d'œu- vre, en un mot, que de bienfaits graduellement pro- gressifs ! Et si du pouvoir brutal de la vapeur nous passons à une action plus douce, celle du gaz lorsqu'il éclaire, quel autre motif de reconnaissance les deux mondes n'ont-ils pas à exprimer envers ceux qui les premiers en firent ( 501 ) l'application à l'éclairage des rues, des fabriques, des monumens ? Et nous Belges, quand nous rechercherons à quelle époque, par qui et dans quelles localités les pre- miéres , nous ayons vu l'expérience de ce pouvoir du gaz, n’aurons-nous pas à nommer le professeur Minckelers, an- cien membre de cette académie, pour l'invention, et la ville de Liége, pour le premier essai d'éclairage (1)? Je n'oublierai ni la vapeur qui, par sa force, sur une frèle embarcation, triomphe des ondes et des vents, ni le gaz qui, par sa légèreté cette fois-ci, dans un appa- reil bien plus faible encore, ose s’élancer vers le ciel , et vogue dans les régions les plus élevées de l'atmosphère ni ces chars ailés, animés, dirait-on, par le feu et plus rapides que le vent. Une loi a consacré la date de cette introduction sur notre sol, et au Gouvernement Belge en appartient l'honneur ; deux belles médailles ont consacré l’époque de cette fondation, dont la raison humaine ne peut pas encore soumettre à des calculs les résultats im- menses, matériels et moraux, qui en découleront. Et à présent, par rapport à la fabrique même, généra- lement mue par la vapeur, comme elle est éclairée par le gaz, je me restreindrai, pour en finir, à celle du coton, parce qu’elle est récente : ainsi, déjà sous l’auguste Marie- Thérèse , fondateur de notre institution , nos pères avaient vu s’importer l'impression sur calicots, cherchée en An- gleterre ; mais au commencement de ce siècle, presqu’en même temps que parut la vaccine, ce bienfait inap- préciable, révélé, sans doute, à Jenner, et dont l'impor- (1) Murdoch avait introduit l'éclairage à Londres de 1800 à 1806. Un procès-verbal prouve que l'essai, à Liége, dans une salle de concert, eut lieu avec succès en 1811. ( 502 ) tation dans la Belgique, due à un chirurgien de Gand, M. Demanet, fut consacrée par une médaille, un autre Gantois, Liévin Bauwens , alla ravir aux Anglais le mono- pole de l’industrie cotonnière et les secrets de leurs mé- caniques. Ce fut une grande époque que celle de lapparition subite sur le continent de l’Europe de ces mécaniques, animées, pourrait-on croire, d’une intelligence haute et instinctive, et appliquées à divers genres d'industrie. Lais- sons aux économistes, raisonneurs moroses et doués par on ne sait quel génie malfaisant, de la triste faculté de ne voir que les inconvéniens qui résultent d'un nouveau procédé, et de ne pouvoir jamais en calculer les avan- tages ; mais doué de la petite dose de raison qui m'est départie , j'admire cette puissance et ces progrès immenses du génie et de l'intelligence de l’homme, qui, dans l’es- pèce dont s’agit, a su découvrir le moyen de décupler ;- de centupler en quelque sorte les forces actives dans un pays de petite étendue et d’une population moyenne. Aünsi donc, depuis les premières années du siècle, les cotons chez nous comme en Angleterre, ont été succes- sivement cardés, teillés, tissés, puis blanchis, teints et imprimés, et l’un engin à vapeur après l’autre, et d’après divers systèmes, a fait sa première apparition dans nos nombreuses fabriques. Honneur à ces hommes audacieux dont le patriotisme s’est aventuré à aller reprendre en Angleterre, aux risques de leur vie et de leur liberié, quelques branches de cette ancienne prospérité qu’à trois époques, par suite de nos dissensions civiles , elle avait enlevées aux riches et popu- leuses Flandres ! 2 Watt, méconnu cependant aussi pendant sa carrière, ( 503 ) toute de travail el d'utilité, en Angleterre, y a aujour- d’hui ses statues et ses monumens; n’envions donc plus aux hommes industrieux qui ont introduit parmi nous, et souvent perfectionné les inventions des autres peuples, quelque part dans la reconnaissance de la nation, ils ont bien mérité de leur patrie, qu'ils jouissent en paix et dans l’aisance du bien qu’ils ont fait et qu'après la mort leur mémoire soit bénie ! Je me résume en deux mots. L’académie qui, voyant qu’on entasse volumes sur vo- lumes dans le seul but de retrouver et de revendiquer des droits d'invention et de découverte en faveur d'indi- vidus, nationaux ou étrangers, sur la tombe desquels ont passé des siècles, s’est aperçue, non sans quelque surprise, quelle apathie ou négligence inconcevable nous mettions nous-mêmes à prendre acte d’un si grand nom- bre de découvertes ou perfectionnemens de procédés mé- caniques ou chimiques, au fur et à mesure que l'usage en est introduit et devient familier dans nos fabriques in- digènes, et cela s'opère d'année en année, de jour en jour , au milieu de nous et sous nos yeux! D'après cette remarque, l'académie a voulu remplir celle lacune, et créer, si je puis m’exprimer ainsi, une espèce de registre d’état-civil où les industriels, jour par jour, iraient consigner la première annonce de leurs dé- couvertes ; ainsi le nom de l’auteur et celui de l'enfant de ses œuvres, ne seraient jamais un problème, et nos ar- rière-neveux ne perdraient plus leur temps à faire des recherches qui ne ménent souvent qu'à commettre de nouvelles erreurs ou à faire naître de nouveaux doulcs. ( 504 ) En conséquence, elle avait posé une question dans ces termes : « Indiquer l’époque précise des inventions importantes » et des perfeclionnemens qui ont successivement con- » tribué aux progrès des arts industriels en Belgique ; » depuis les dernières années du dix-huitième siècle, » jusqu’à nos jours , ayec l'indication des personnes qui, » les premières, en ont fait usage parmi nous. » Un seul mémoire, avec l’épigraphe : « Le commerce, » tantôt détruit , etc.,» a concouru. Comme ce Mémoire. n’est pas mis sous vos yeux, Messieurs, et que par le grand nombre des points et des articles qu’il traite, il serait impossible de vous en soumettre une analyse, je me bornerai à vous annoncer que, par plusieurs molifs, il a su captiver l'attention des commissaires de l’acadé- mie et mériter leurs suffrages, et la grande distinction au- rait pu lui être accordée, si défectueux sur quelques points seulement, il n’eût paru incomplet sur plusieurs autres; l'avis de l’académie a été motivé dans ce sens, et, fondée à espérer que l’auteur inconnu soumettra son premier Mémoire à une révision consciencieuse et rai- sonnée, la compagnie a de nouveau remis au concours de l’année suivante la même question, de manière que d’autres concurrens encore, frappés de l'intérêt de la question en elle-même, et de la satisfaction que l’acadé- mie éprouverait à ce qu’elle pât produire un beureux résultat, puissent également entrer en lice et obtenir la palme dont la munificence du Gouvernement de S. M. le Roi vient de doubler non pas le prix et le mérite réel, mais la valeur spécifique. » M. Cauchy résume dans les termes suivans l'opinion de ( 505 ) la commission dont il était membre, sur le mérite d’un troisième Mémoire envoyé en réponse à l’une des questions de la classe des sciences. : « L’académie avait mis au concours de 1835 et 1836, une question qui ne peut: exciter aucun étonnement , dans un pays comme le nôtre, où l’ona toujoursattachéunehaute importance aux grandes communications, mais qui ne peut revendiquer la même supériorité pour ses chemins vici- naux. Elle avait demandé quels sont, sous le double rap- port de l’économie et de la solidité, les meilleurs moyens de les construire et de les entretenir en état permanent de viabilité. Elle n’a reçu , en réponse à cetle question, qu’un Mémoire commençant par ces mots : Je demandais un jour au maire de mon village, etc. Elle a reconnu que l'auteur n’a point envisagé son sujet sous son véritable point de vue; qu'il s’est principalement occupé à critiquer les différens modes qu'il croit être en usage dans quelques provinces, pour l’entrelien et la réparation des chemins vicinaux , et à proposer des vues administratives qui sor- tent entièrement des attributions de l'académie. Elle est donc forcée de se horner à remercier l’auteur des peines qu'il a pu se donner pour composer son travail. » M. le directeur a levé la séance à trois heures et demie. FIN DU TROISIÈME VOLUME, so mp sa£ ve # LE #4 APONSED te “ais LS ou É MA : 34 posa] HS yours ji pk spi «es 3 A - La ait TC * H4n fa (+ LS 4 " "4 P L L LR AE SRE Me} P La Lt _. ss oi ep 34 cal PE ee ns 4 cr ces We She a et F4 Eve 3 TABLE DES MATIÈRES DU TOME EIX DES BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BRUXELLES. A. Académie Royale de Berlin, programme, 293. — Mém, 403. Académie de Boston, 257. Académie Royale de l’Institut de France, mém, 96. Académie Royale de Lisbonne , mémoires, 129, Académie Royale de Munich , mémoires, 1. Académie Royale de Stockholm, mémoires, 403. Air chaud (sur l’emploi de l’), 130—210—300—404. Analyse algébrique. — Lettre de M. Lefrançois, 11. — Mémoire de M. Meyer, 322—432 — Note de M. Plana, 364—432, Analyse chimique. Sur l’eau de couleur des bijoutiers, 11. Anatomie comparée , 275—418, Anorthoscope, 7. Annuaire de l’académie, 63. Antiquités de Beaumont, d’Ampsin et de Sommeraing, 12 et 13. — De l'Inde, 38. — De la Belgique, 67. — Sur une peinture persane, 316. Sur une colonne milliaire, 293—370. Arc-en-ciel, communication de M. Wartmann, 68. Association britannique, 258, Astronomie, comète de Halley, 36—147. — Éclipse de soleil, 215— 219— 221 —237—259. — Latitude de Bruxelles, 264—329, — Méri- dienne de Ste-Gudule, 328. Aurore boréale , 72—325, Tom. nr. 36 il TABLE DES MATIÈRES. 5. Bavier, sur l'emploi de l’air chaud, :10—300. Bekker, rapport sur un mémoire de M. Bernard, 125. Belpaire, sur une pièce d’argent trouvée à Borgerhout, 15. — Sur l’au- rore boréale du 18 octobre, 325. Bernard , mémoire manuscrit sur la littérature ancienne, 53—125. Bestiaux (poids et mesures des), 117. Bibliographie, lettres d’indulgence, 37. Bibliothèque de Bourgogne, 199. Blondeau, sa nomination, 453. Borgnet, sa nomination, 453. Botanique, plantes du Japon , 168. — Comptes rendus , 236. — Sommeil des plantes, 297. — Dracocephalum virginianum , 300. — Epilobium angustissimum et rosmarinifolium , 322—358. — Sur deux nouvelles espèces de gesneria , 861.—Sur le genre Adoxa , 415.— Sur l’Aphani- somène , 430. Bulletins ; — leur distribution, 231 ; — leur réimpression, 323. Burggraeve, sur les monstruosités humaines , 53—240. C. Carte géologique de la Belgique; arrêté royal, 234. — État des tra- vaux , 330 Cantraine, sur le genre Z'runcatella, etc. , 63—87.— Sur les grands limaçons d’Illyrie, de Varron et de Pline , 109.— Sur le système ner- veux des Myes, 212; — sa nomination, 452. Cauchy, sur un os fossile trouvé à Tuyvenberg , 42 — Rapport sur un mémoire envoyé au concours, 504. Chénedollé (Ch. De) 435. Chimie, sur la codéine, 53. — Sur les composés décolorans du chlore, 188. — Sur les éthers, 226 — Nouveaux acides organiques , 236. — Analyse de deux calculs, l’un biliaire, l’autre rénal , 242 —279. — Codéine et morphine , 327—424 — Vapeur alcoholique, 429, Colonne milliaire , 293—370. Comète de Halley , 36—147. Conchyliologie ; 109. Concours de 1836, mémoires présentés, 34, — Rapports sur les mémoi- res, 131, — Concours de 1837 et 1838. Cornelissen , antiquités de Beaumont , etc. , 12, —- Exposition de plantes TABLE DE MATIÈRES. lil de Gand , 236. — Rapport sur un mémoire envoyé au concours , 494. — Notice sur M. Raepsaet, 415. Crahay, observations horaires, 6. — Ossemens fossiles d’éléphans, 43. — Observations horaires, 106. — Abaissement remarquable du ba- romètre , 107.— Sur l’éclipse de soleil du 15 mai, 219. — Observa- tions horaires , 239. — Observations faites à Maestricht , 271. . Sur la grotte de St-Pierre, 271.— Observations horaires, 296. Cudell, sur un fragment de colonne milliaire trouvé à Tongres ,293—370. D. Dandelin, rapport sur un mémoire de géométrie de M. Lefrançois , 157. David, sur une variété du genre Prassica , 2, Decaisne, mémoire sur la garance, 132. — Des plantes du Japon, 168. — sa nomination, 452; la médaille d’or Jui est décernée, 494 De Cloet, médailles anciennes, 67—108—129. Dehaut, sur la vie et la doctrine d’Ammonius Saccas, De Koene, sur les combinaisons de la codéine et de la morphine avec l’acide chlorydrique , 327—424. De Koninck, sur la codéine, 52, — Sur deux nouveaux acides organi- ques, 236. — Sur deux calculs, lun biliaire, l’autre rénal, 242— 279.— Sa nomination, 453. De la Morlière, mémoires de l’Académie de la Somme, 209. Delmotte ; sa mort, 99. — (Notice sur) 231. De Macedu; sa nomination, 453. — Mémoires de Lisbonne, 129. Devaux, sur l'épuisement des eaux dans les mines, 34, — Sa nomina- tion, 453. Dumont, carte géologique , 234—330. — Sa nomination, 452 Dumortier, commissaire pour des mémoires de MM. Van Beneden et Burggraeve , 53.— Présente des médailles, 67.—Observations sur la pierre de Brunehaut , 68.—Rapport sur le mémoire de M. Decaisne, re- latif à la garance ,132—493.— Lettre de MM. Linden, Ghiesbrech, etc. 199 — 414. — Rapport sur un mémoire de M. Morren, relatif à Vaphis persicæ, 224.— Rapport sur le mémoire des braconides, 242. — Note sur deux nouvelles espèces de Gesneria, 361. — Lettre de M. Galeoti, 414. — Sur le genre Adoza, 415, — Rapport sur un mé- moire de M. Morren relatif à un nouveau genre de confervées, 430, — Rapport sur le concours de 1836, 494. E. Éclipse de soleil, 215—219—221 - 259. 1 TABLE DES MATIÈRES. à Électricité, théorie de la pile galvanique; 52—156. Électro-magnétisme, notice de M. Gloesener, 96—191—226. Embryologie, 114-175. Entomologie , monographie des Odynères de la Belgique, 44. — Physio- logie entomelogique, 158. — Nouveau genre de Lépidoptères, 162.— Névroptères, 166 —214. — Braconides , 224—242, — Ichneumon gy- nandromorphe , 337. Étoiles filantes, 404. F. Fohmann, sur un os fossile trouvé à Tuyvenberg, 40. — Rapport sur un mémoire relatif aux monstruosités humaines, 240. — Sur l’organe de la vue des animaux et de l’homme , 275. Forbes, sur l’éclipse de soleil du 15 mai, 221. Fumière, sur les chemins vicinaux, 210. G. Galeotti, médaille, 1. — Sur la phosphorescence de la mer, 414. — Sur le Coffre de Perote, 414—436. Géologie, 234—311—330—436. Géométrie, 53—96—157—226—241. Gerlache (De), discours sur l’histoire nationale, 454. Givenchy (De), programme de la société des antiquaires de la Mori- nie, 2. Gloesener ; sur l’électro-magnétisme, 96—191—226. Gobert-Alvin, mémoire manuscrit sur la littérature ancienne , 63. Goetmaekers, sur la montre à cylindre , 12. — Rapports sur ses mé- moires, 43. Gray, académie de Boston, 257. Grotte de St-Pierre ,, 271. Hemptinne (De), rapport su: le mémoire de M. Decaisne, relatif aux garances , 132. Histoire littéraire, ouvrage de Miræus, 74. Histoire nationale, notice de M. Marchal, 54. — Mémoire de M. De Reiïffenberg, sur les Sires de Diest, 126, — Notice du même, sur une croisade projetée par l’un des fils du comte d’Egmont, 191,— Notice TABLE DES MATIÈRES. v de M. Roulez, 226. — De M. Willems, 248. — De M. Marchal, 283, — Discours de M. De Gerlache, 454. — Notice sur le général Du- monceau, Horlogerie, sur la montre à cylindre, etc., 12, — Rapports sur des mémoires présentés par M. Goetmaekers, 43. Hossart , sur une pièce de monnaie ancienne , 258—327. Huart, sur l'emploi de l’air chaud, 130—300—404. Hydrodynamique, notes de M. Plateau, 145—222, L Institut de France, ses mémoires, 96, 290. Institut impérial et royal de Milan, ses mémoires , 34. J. Jacquemin , du fœtus des oiseaux , 114—175. Jaequemyns, sur l’eau de couleur des bijoutiers , 11. K. Kesteloot, fait hommage d’un ouvrage de M. Huguenin , 403, Kickx, sa nomination, 453. EL, Lambotte, sur une roche feldspathique du Grand-Manil, 312. Lefrançois, lettre sur l’analyse algébrique , 11. — Mémoires sur Ja géo- métrie, 53—96—157. Littérature ancienne. Mémoires manuscrits, 53. Littérature nationale, 248—253- 414, M. Maas, observations météorologiques à Alost, 4 — Sur une aurore boréale, 72. ILE TABLE DES MATIÈRES. Magnétisme terrestre, 100. Marchal, sur la chronique de Turpin, 23. — Sur l’inféodation de la Flandre, 54. — Médailles anciennes, 108. — Sur les épreuves judi- ciaires, 283, Marchal, chemin de fer mouvant, 100 et 156. Marées (observations des), 1—3399-130. Martens, théorie de la pile galvanique , 52—156, — Composés décolo- rans du chlore, 188. — Rapport sur des recherches relatives à l’em- ploi de V’air chaud, 300. — Sur la combustion lente de la vapeur alcoholique autour d’un fil de platine, chauffé au rouge, 420, Mécanique analytique, 262—305. Hédailles , 199. Météore lumineux, 70. Météorologie, observations de 1835, à Bruxelles, 2; — à Alost, 4. — Observations horaires, 102—237 — Observations de Maestricht, 271. Observations horaires, 294. — Ouragan, 413. Mévius (De), sur la garance, 236. . Meyer, recueil de quelques développemens peu connus en analyse combinatoire, 322-432, Mollusques , 53—63—87—242. Monstruosités, 53—240. Morren, plantes du Japon, 168. — Sur l’aphis persicæ, 224. — Sur la respiration végétale et le sommeil des plantes, 297. — Sur la cata- lepsie du dracocephalum virginianum, 300—342.— Sur un nouveau genre de confervées, 430. N. Numismatique, pièce d'argent trouvée à Borgerhout , 15. — Médailles anciennes, 67—108—129-—209—258—327. s 0. Olbers, sur l’éclipse de soleil du 15 mai, 259. Optique, notice sur l’anorthoscope , 7. Ossemens fossiles, 1—49—82-—258, Ouvrages présentés par l'académie de Munich , l’observatoire de Berlin et de Bruxelles, la société géologique de France, la société de mé- TABLE DES MATIÈRES. vii decine de Gand, par MM. Franquinet, Polain, Decaisne, Bastet, Blondeau. Van Praet, Devaux, Bernard, De la Doucette, 63 à 65; par l’Institut de France, le bureau des Longitudes , la société de Cam- brai , la société de la morale chrétienne , MM. Wilken, De Koninck, Millet St-Pierre, Polain, Decaisne , Vandermaelen et Meisser, 96 à 97; par l’Institut de Milan, l'académie de Turin , la commission des chroniques, la société de médecine de Gand , MM. Sormani, Willems, Polain, le marquis De Fortia, Bastet et le baron De la Doucette, 127; par l’académie de Lisbonne ; les sociétés médicales de Gand et de Bruxelles , la société de la morale chrétienne , la société de Nancy, MM. Mauss, Demonville , Gachard, Kuhlmann , 291 ; par MM. Decan- dole, Van Mons, Chalen, Perrot, Virlet, Rivière, Whewell, Cop- pens et Gobert-Alvin, 232 ; par l’académie de Berlin, l’école poly- technique , la société des antiquaires de France , la société de Cambrai, la société philotechnique , les sociétés d’horticulture de Gand et de Louvain, MM. Bécart, Blommaert , le chevalier de Kirckhoff, le chevalier De Paravey , 255 à 256 ; par la société royale de Londres, la société américaine de Philadelphie , les sociétés médicales de Lon- dres, d'Anvers et de Gand, MM. Fallot, Jullien, Schmerling , Hays, Devilliers du Terrage, Aug. De la Rive, À. Quetelet, 290 à 291; par la société des antiquaires de Normandie, par le ministère de l’inté- rieur , la commision royale d’histoire , la société linéenne de Nor- mandie , la société batave de Rotterdam, le Muséum d’histoire naturelle, MM. le marquis de Fortia, Verdeyen, Geoffroy de St- Hilaire, Bonafous, Morren, Le Glay, Polain, Nyst, Van West, 323 à 324; par la société royale de Londres , l'association britan- nique, l’amirauté anglaise, MM. Forbes, Granville, le baron De Stassart, Willems, Hennequin, Van Mons, Delmotte, Polain, Ga- chard , Somerhausen, Van Beneden , Brunhoff, Chalon, Tack, le baron De Reiffenberg, 399 à 401 ; par la commission royale d'histoire, l'académie de Berlin, l’académie de Stockholm, MM. Van Beneden, Voisin , St-Genois, Selys de Longchamps, Virlet, Morren, 432 à 434; par la société de physique de Genève, le congrès scientifique de France , NH. Encke, etc., 453. P. Pagani , note sur un point de mécanique analytique , 262.— Sur la forme du corps doué de la plus grande attraction , 305. VIII TABLE DES MATIÈRES, Physique, mouvement d’une corde sonore, 364. Physique sociale, 180—210. Plana, sur des intégrales définies, 364—431. Plateau, sur l’anorthoscope, 7. — Sur l'écoulement des fluides, 145— 222. — Sur un moyen de déterminer la vitesse d’un mouvement pé- riodique très-rapide, 365 — Sa nomination, 452. Pompéi (mosaïque de), 15. Q. Quetelet, observations météorologiques de 1835, 2. — Observations horaires , 4—103—237—294, — Température terrestre, 63—74—101. Annuaire de l’Académie, 63. — Aurore boréale du 18 novembre 1835, 72. — Magnétisme terrestre, 100. — Abaissement remarquable du baro- . mètre, 107. — Du poids des bestiaux, 117. — Sur l’aliénation mentale et sur le penchant au crime, 180—210. — Sur l’éclipse de soleil du 15 mai, 215—237—259. — Sur la latitude de l’observatoire de Bruxel- les, 264. — Sur l’aurore boréale du 18 octobre 1836, 325. — Sur la méridienne de Ste-Gudule, 828. — Sur la position géographique de Bruxelles, 329. — Sur les étoiles filantes, 404. — Sur l’ouragan du 29 novembre , 413. — Discours sur les relations de l’Académie, 482. R. Reiffenberg (De), charte de Diest, 2. — Lettres d'indulgence, 37. — Statistique ancienne de la Belgique, 72. — Ouvrage de Miræus , 74. — Sur les sires de Diest, 126. — Sur une croisade projetée par l’un des fils du comte d'Egmont , 191. — Notice sur M. Delmotte , 231. — Addition à sa notice sur M. Du Chasteler , 414. Roulez, mosaïque de Pompéi, 15. — Antiquités de l’Inde, 38. — His- toire nationale, 226, — Peinture persane mentionnée par Thémis- tius, 315. S. Sauveur, sur les étoiles filantes, 412. 4 TABLE DES MATIÈRES, IX Schelling , académie de Munich, 2. " Schmerling , notice sur quelques os de Pachydermes, 82. — Ossemens fossiles, 258. Schumacher , éclipse de soleil du 15 mai, 259. Smet (De), antiquités de Beaumont, Ampsin, etc., 112. F Société royale de Londres , mémoires, médailles, 2. — Procès-verbaux des séances, 257. Société des antiquaires de la Morinie, programme, 2. Stassart (baron De ) présente une médaille en bronze, 129—210, — Notice sur le général Dumonceau, 474. — Rapport sur les travaux - de l’Académie (de 1835—1836), 292. Statistique ancienne de la Beloique, 72, Svanberg, analyse des polygones et des pyramides, 226241. T. Températures terrestres, 63—74—156. Thiry, rapport sur un mémoire de M. Quetelet, 156, — Présente une médaille , 209. Turpin (chronique de), 23. Lie Van Beneden, sur une nouvelle espèce de Parmacella, 53. — Sur l’Zelix aspersa, 418.— Sa nomination, 453. Van de Weyer, sur la nécessité de créer un cabinet de médailles, 68. Van Hasselt, notice sur un ménestrel flamand, 253. Van Mons, microscope de Cary, 67. — Sur les arbres fruitiers, 210, — Sur un brouillard infect , 210. — Sur les éthers, 226. — Exposi- tion de plantes de Louvain, 236. — Sur un phénomène atmosphéri- que , 240. — Sur l’aurore boréale du 18 octobre, 325. Van Praet, inventaire de livres, 34. Vloeberghs , sur la garance , 210—369 — 404. Voisin, 414—435. W. Wartmann, comète de Halley, 36. — Sur un arc-en-ciel observé par un temps serein , 68. — Comète de Halley, 147. — Éclipse de soleil du 15 mai, 260, esmael , sur les Odynères, 44, — Sur une nouvelle espèce de Boléto- 4 TABLE DES MATIÈRES. phage, 112. — Sur les corises, 158 — Sur de nouveauxgenres d’in- sectes, 162 — 163 — 166 — 214, — Braconides, 224 — 242; — Sur un ichneumon gynandromorphe, 337. & Westendorp, sur l’Epilobium angustissinmum et rosmarinifolium , 322 — 358. « Willems, sur le poème ancien du Renard, 248: FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. nù if Use AA 1 \ Ni ñ 4 ve 4 Au Va 7 f À 1 71188 A LA » { A di NU 1 ni! ie ,) Q a da ta 2 eS Te L re Ce Êr Past 2 £